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TROISIÈME ET DERNIÈRE
ENCYCLOPÉDIE
THËOLOGIQIIE ,
OU TROISIÈME BX DERNIÈRE
SÉRIE Dl DICnOniAffiES SUR TOUTES LES PARTIES DE U SCIENCE BEU6IEUSE|
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BAnniEUB D ENFER 0E PARIS.
1858
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1
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a INTRODUCTION. ««
Testaments des douze Patriarches et autres compositions déjk connues. Nous ne reparlons
pas du Livre tAdam^ conservé chez les Hendaîles, ou Sabéens, mais une publication
récente nous a mis k même de faire connaître d'autres écrits en circulation parmi ces
sectaires si peu connus jusqu'ici.
Nous avons compris dans notre travail les liturgies qui portent le nom de quelques-uns
des apôlres. Leur authenticité a été contestée, mais il est positif qu'elles remonteni à
une haute antiquité et qu'eNes sont de vénérables monuments do l'ancienne discipline de
r£glise.
II nous semble qu'il serait superflu de nous livrer k l'appréciation générale des œiiTres
diverses et d'étendue si variée qui ^figurent dans notre collection. A côté de circonstances
évidemment controuvées, qui n'ont pu être adoptées qu'k des époques d'ignorance ou qui
étaient le fruit de l'imagination peu réglée des rabbins, on trouvera des traditions qui ne
sont pas toujours k dédaigner et chez lesquelles un fond de vérité repose sous une couche
de détails qu'une critique judicieuse n'admettrait pas. Ne perdons pas de vue que dans
l'absence de toute donnée authentique sur l'histoire des apôtres» dès le point où s'arrêti) le
récit de saint Luc, dans la privation où nous sommes d'informations sur les premières
années de la vie de la sainte Vierge et sur la fin de sa carrière, il est d'un grand intérêt
de connaître les récits qui ont circulé depuis bien des siècles k cet égard, récits où tout
n'est pas vérité, où tout n'est pas mensonge, mais qui offrent souvent un mélange où la
part de l'erreur et celle de l'exactitude n*est pas toujours facile k faire.
Nous sommes loin de prétendre que notre travail soit exempt d'imperfections, mais tel
qu'il est, nous le soumettons au jugement du public, avec l'espoir qm'il paraîtra intéressant
aux hommes sérieux qui, même en dehors des rangs du clergé, s'occupent de l'étude des
livres saints et des origines de l'Eglise. La lecture des écrits apocryphes est un compté-
ment fort utile de celle des écrits canoniques; le caractère qui se manifeste, dans les
œuvres des hommes est une preuve palpable de l'inspiration des livres qui renferment la
parole divine. Sans cette inspiration, les ouvrages qui composent la sainte Ecriture
n^auraieut pas différé des productions auxquelles on a, avec raison, refusé le cachet de
Tauthenticité. Ces dernières renferment parfois quelques beautés, mais entre elles et celles
Que l'Esprit-Saint a dictées, la différence est incommensurable. C'est un point qui se
trouve développé dans le cours de notre recueil.
En réunissant sous une forme accessible aux lecteurs français un grand nombre de com-
positions diverses, écrites en hébreu, en grec et en latin, en y joignant une masse d'infor-
mations puisées dans les écrits des rabbins et dans des ouvrages k peu près inconnus
parmi nous, soit parce qu'ils ont été publiés k l'étranger, soit parce qu'ils ont paru en
allemand, langue peu répandue en France, nous espérons avoir rendu un service aux
études sérieuses. Cette pensée nous a soutenus dans l'exécution d'une tiche qui a été
longue et qui n'a point été exempte de difficultés.
G. B.
DICTIONNAIRE
DBS
APOCRYPHES
Zxù\0iimt ^SLXiit.
LÉGENDES ET FRAGMENTS APOCRYPHES QUf SE RATTACHENT A L'ANCIEN ET AU
NOUVEAU TESTAMENT.
A
ABDIAS.
(Biitoire apostolique^ ou Histoire du combat apostolique par àbdus , premier évéque
de Babylone.)
Tel est le titro d*un ouvrage qui joue nn
rAle important parmi les écrits apocryphes;
il f pour but de retracer l'histoire des tra-
Taux et de la mort de chacun des apôtres;
reproduisant des traditions fort anciennes,
où des faits évideminent controuvés se sont
mêlés à un fond de vérité, il a servi de
guide aux légendaires du moyen âge; les
artistes se sont inspirés de ses récits, et son
inQuence a été des plus considérables.
On comprend quelle importance extrême
les premiers Chrétiens durent attacher à
Thistoire des apôtres, de ces généreux
athlètes qui annoncèrent l'Evangile avec
autant de courage que de succès, et qui por-
tèrent jusque dans les régions les plus eloi*
guées le flambeau de la foi; malheureuse-
ment il n'est parvenu jusqu'à nous aucun
récit authentique de leurs travaux et de
leurs souffrances.
Les Actes rédigés par saint Luc et qui
figurent parmi les livres canoniques ne con-
tiennent que rhistoire des deux principaux
apôtres Pierre et Paul ; encore ne les accom-
pagne-t-elle pas jusqu'à leur mort; ce n'est
que dans les premiers chapitres qu'il est
question des deux Jacques, de Philippe et
ae Jean ; d'autres apôtres tels que Matthieut
Simon, Jude et Barthélémy ne sont nommés
Su'une seule fois (ch. i, 13); il n*est rien
it sur le genre de mort de chacun de ces
serviteurs de Dieu.
Des traditions orales conservèrent d'abord
parmi les fidèles le récit de la vie et des
actions des divers apôtres; ces traditions
reposaient dans le principe sur un fonde-
ment de vérité, mais elles ne tardèrent point
à se mêler à des récits d'une exactitude
douteuse. Bientôt les traditions cédèrent la
place à l'histoire écrite^ et dès le commen-
cement du n* siècle, on vit circuler de
prétendus Actes des apôtres, composés
pour la plupart par des hérétiques qui vou-
lurent mettre leurs erreurs sous rabri de
noms vénérés. Les manichéens eurent sur-
tout recours à ce stratagème. Ouelaues-uns
de ces Actes sont parvenus jusqu à nous,
mais la majeure partie a péri, ainsi que la
presque totalité des productions hétérodoxes
aes premiers siècles.
Il n'existe qu'une seule composition an-
cienne qui ait eu pour but d'offrir l'histoire
collective des douze apôtres; c'est celle qui
porte le nom d'Abdias et oui est divisée en
dix livres; de fait elle n est pas complète,
puisqu'elle passe entièrement sous silence
saint Matthias qui remplaça le trattre Judas ;
l'histoire de saint Jacques le Mineur, de
saint Simon et de saint Jude est réunie et
resserrée en un seul livre; la vie de saint
Philippe est d'une étendue bien moins con-
sidérable que les autres.
Abdias est mentionné dans je livre vi de
cette Histoite comme ayant été ordonné
évoque de Babylone par saint Simon et par
saint Jude ; il se présente ainsi comme un
contemporain des apôtres, comme ayant
vécu avec eux et comme devant être parfai-
tement instruit de toutes les circonstances
qui les touchent. Il est inutile de dire que
43
DICTIONNAIRE DES APOCRYPnES.
16
tout cela est supposé et que Texistence
^Abdias lui-même est plus que douteuse.
L'ouvrage est annoncé comme avant été
écrit en hébreu, comme ajant été traduit
en grec par un nommé Eutrope, et comme
ayant été ensuite mis en latin par Jules
l^fricain. Nous allons placer ici la Préface
de ce prétendu traducteur.
Il a existé un auteur de ce nom qui vi-
vait au iir siècle ; ses ouvrages historiques
sont perdus, car on ne peut, ainsi que 1 ob-
serve M. Berger de Xivrey (Nolicei et ex-
iraitê des manuscrite de la Bibliothèque du rot,
t. XIII, II* partie, p. 170), ranger dans cette
catégorie m son livre grec intitulé kictoi ,
ni sa lettre à Aristide. Il avait écrit une
chronologie qui ne nous a été conservée que
par la chronique d'Ëusèbe.
Préface de Jules F Africain.
<i Quoique les saints Evangiles et que le
livre qui a reçu le nom d'Actes racontent
beaucoup de choses au sujet des miracles
faits par les apôtres, il nous a paru cepen-
dant convenable de recueillir tout ce que
nous avons pu trouver des écrits rédigés en
langue hébraïque par Abdias, qui avait vu
le Sauveur en sa cnair et qui, après avoir
suivi les apôtres Simon et Jude en Perse,
fut le premier évéque de Babylone, et qui a
fait le récit des travaux de chacun des anô-
tres, de sorte que la personne qui veut s en
instruire, rencontre facilement ce qui con-
cerne celui des apôtres dont elle a è cœur
de connaître les mérites. Beaucoup d'écrits
ont été composés par les anciens sur ce
sujet, mais il ne nous en est parvenu aucun,
si ce n*est les monuments de leur martyre,
ce que nous regardons comme étant d'un
grand prix, sachant qu'il est écrit : « 0 Dieu,
tes amis sont dignes d'être honorés. » {Psal.
Gxxxix, 17.) S'ifen est qui ont montré aux
peuples des miracles plus grands que ceux
que d*autres ont accomplis, il ne faut pas
J attribuer è la fragilité humaine, mais re-
connaître humblement que Jésus -Christ,
Notre^eigneur, opère seul ce qu'il veut, eu
habitant dans ses apôtres, par la bonne vo-
lonté et la pureté des sentiments, comme l'a
dit le prophète : « J'habiterai en eux et je
marcherai en eux, et je serai leur Dieu. ^
Œzeck. xxxYii, 27.) C'est donc au nom de
Jésus-Christ, Fils de Dieu tout-puissant, que
nous avons traduit en langue latine et di-
visé en dix livres ce qu'Abdias, évéque de
Babylone, qui avait été ordonné évéque par
les saints apôtres, a écrit en langue hé-
braïque touchant leur histoire, et ce qu'Eu-
trope (1), disciple d' Abdias, avait fait passer
(!) Fabridui fait, à Tégard de ce nom , la note
•uivanitf : Bie eomnunlitiut Euirojinu$ uSem forte
axctluf âctam epislolam Lentuii de Christo reperi$$e
in arimviê Romanorum. Falluntur enim qui de
Eutrai^o àreriant auctare ibi cogiiani , neque veto it
mmales êcripdip neque dicitur efnttolam nperitu in
AnnaMuê mù, sed reperisu in Ànnalibuê /lomanv-
mm, L I, ûi Actii annalibui unatuê Romanu
(t\ ld;ice, évéïfue portugaU, mort vem Tan 470.
Sa ilkroniqMS , écrite il*un style Jur ei |iou correct.
dans la langue grecque, nous avons toujours
voulu rendre gloire à Dieu le Père par son
Fils unique, Notre-Seigneur et notre Ré-*
dompteur, dans l'Esprit-Saint qui éclaire nos
Âmes et maintenant et toujours, et dans les
siècles des siècles. Amen.i»
On ne sait trop pourquoi le traducteur
latin est désif^é sous le nom de Jules l'Afri-
cain> au m* siècle.
Grabe {Spicileg. Patrum^ 1. 1, p. 314) a ob-
servé que V Histoire d'Abdias faisait des em-
prunts à la Chronologie; Fabricius conjecture
uue quelque traduction latine de Jules
1 Africain aura, è des époques d'ignorance ,
fait connaître ce nom et qu'on l'aura appli-
qué au personnage que l'on présentait
comme ayant traduit l'ouvrage du prétendu
évéque de Babylone.
A répoqiie de Charlemagne, un compila-
teur puisa dans Jules l'Africain, dans la
Chronique de l'évèque Idace (2) et dans quel-
ques autres auteurs les matériaux de six
livres de Collectanea chronologica. ( Voir
Vossius, De Hist. Lat.^ 1. xui, part, iv, c. 3,
p. 756.)
Woligang Laze, Vossius (De Bistor. Grœc.^
p. 100) et Cave (Hist. lilter. script, eecles)
ont dit qu'Abdias était un des soixante-dix
disciples de Jésus-Christ; Fabricius con-
vient qu'il n'a pu découvrir d'où provient
cette opinion ; le pseudo-Abdias ne men-
tionne point cette circonstance, qu'il n'au-
rait certes point omise si elle s'était présentée
k son esprit, et le nom d'Abdias ne se ren-
contre pas dans le faux Dorothée (3), dans
Nicéphore Calliste et dans les autres auteurs
qui ont énuméré les soixante-dix disciples.
Il est facile de recontiatlre d'ailleurs que
le prétendu original hébreu et gue la ver-
sion grecque sont del choses inventées à
plaisir. On rencontre parfois des formes do
style qui ne sauraient être du fait d'un tra-
ducteur, par exemple, dans l'histoire de
saint Thomas : In nomine Domini mei Jesu
impetrabam^ non imperabam. L'auteur fait
usage de la Vulgate toutes les fois qu*il cite
r£criture sainte, et dans l'histoire de saint
Jacques le Mineur* il rapporte un passage
d*Hegésippe, le transcrivant d'après la ver-
sion qu'a faite Rufin de YHistoire ecclésias-
tique d'Eusèbe. Tout ceci démontre si bien
uue rédaction latine qu'il est inutile d'insister
sur ce point.
L'œuvre du pseudo-Abdias a été appréciée
avec quelque sévérité par divers auteurs.
Fabricius rapporte (Codex apocr. Nov.
Test.f 1. 1, p. 392 et suiv.) les jugements de
Sixte de Sienne, de Mélanchthon, de Bellar-
min, de Combefis et de bien d'autres.
a été publiée par Caiiisiui, d*aprês un mauuttcrit
défectueux, dans ses Yariœleciioneê.iAl^ (pag. 2H9j.
Le p. Sirmond en a donne, à Pans, en 1019, une
édilion meilleure et qui a seivi de base k élrerbcê
réimpressions comprises dans les RecueiU dtê hii-
toriem de France et d'Espagne el dans la BibUo^
thèque de$ Pèrei.
(3) On trouvera, d^ns la suite de ce Dictionnaire,
Touvrage sappo»é mis sous le nom de révÀiM
Dorulliee.
17
ABD
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ABD
18
Tillemonl s'exprime ainsi dans ses Mi-
moires sur Vhistoire ecclisitistique , t. 1,
p. 1701 : « Ce qui n*est que dans Abdias peut
passer pour n'être nulle part. Quand il dirait
quelque chose de vrai, on ne saurait le dis-
cerner des contes et des fables qu'il y inéle. »
La rigueur de celte appréciation n empêche
pas que VHistoire apostolique ne soit digne
d'être connue à cause des traditions qu'elle
a.conservées et où il y a un fond de vérité.
La première édition de VHistoria aposto-
lica vît le jour è Bâie, en 1551, in-folio; elle
fut donnée par Wolfgang Laze , qui se servit
de deux manuscrits trouvés dans des bi-
bliothèques de couvents en Allemagne.
L*ou?rage fut réimprimé à Paris en 1560, et
trois fois à Cologne , en 1566, 1569 et 1576,
avec quelques autres écrits du même genre.
On les rencontre joints également è une édi-
tion de Paris, 1571.
Laurent de la Barre comprit Abdias dans
son Historia christiana veterum Palrum,
Paris, 1583, in-folio; mais il n'est pas exact
de dire, comme l'ont prétendu quelques sa-
vants, qu'elle ait été insérée dans les Biblio-
thèques des Pires.
Fabricius mentionne, d'après un autre bi-
bliographe, une traduction française ano-
nyme datée de 1569, et une traduction fla-
mande de J. de Berkelaer ; nous ne connais-
sons oi Tune ni l'autre.
Un poète, qui eut de la réputation au
^•elau xvi* siècle, Jean-Baptiste Mantuan,
dans ses Fastes des apôtres a emprunté beau-
coup à Abdias ; il se borne souvent à mettre
en vers, en les abrégeant, les récils de ce
prétendu historien; nous en offrirons quel-
ques exeeples.
Dès Je XIII* siècle, Rodolphe de Tongres
avait signalé le peu de critique de cet ou-
vrage, et le danger d'y ajouter foi. {Abdiœ
hisloriam hinc inde sub quadam devotione
indiscreta cotlectam^ periculose in Ecclesiis
legi. )
Nous observerons que la première édition
publiée par W. Laze en 1551, ne comprend
point le prologue de Jules l'Africain; ce
fragment se trouve dans l'édition de Fabri-
cius, qui nMndique point où il Ta pris; telle
<^u*elle est, cette préface paraît étrangère à
1 ouvrage, et y avoir été jointe par quelque
copiste inintelligent.
Jl est difficile de savoir s'il a existé réel-
lement, dans les premiers siècles de notre
ère, un auteur du nom d'Abdias; ce qu'il y a
de sûr, c'est que d'autres personnages ont
porté ce nom ; il se rencontre deux fois dans
Esdras (/// Esdr. viii, Sk ; IV Esdr. ii,
39). Eusèbe fait mention, dans son Histoire
ecclésiastique^ liv. ii, ch. 1, d'un certain Ab-
don, nom qui est rendu par Abdias dans la
traduction de RuQn.
Au chapitre 6 du livre vi de VHistoire
apostolique^ il est question d'une histoire de
saint Simon et de saint Jude, écrite par
Cralon, disciple de ces apôtres. Cet ouvrage
est égalenrient cité dans les Fragments apos-
tolique» édités par Prœlorius. S^il a existé.
ce qui est douteux, il n'en est rien parvenu
jusqu'à nous.
Eu parcourant l'œuvre du pseudo«Abdias,
on sera choqué de l'inégalité qu'on observe
dans le choix des expressions, de la mala-
dresse dans la construction des périodes;
tout accuse une époque de décadence; il n'y
a point de proportion dans le pian de l'ou-
vrage, ce qu'il faut attribuer au plus ou
moins de matériaux que le rédacteur avaii à
sa disposition. Il s'étend longuement sur
saint André (liv. m), sur saint Jean (liv. v),
sur saint Thomas ( liv. ix), tandis que saint
Pierre et saint Paul sont, au mépris du rang
qu'ils occupent, l'objet d'une narration assez
sèche, et à l'égard de saint Philippe (liv. x)
il n'y a, comme nous l'avons déjà dit, qu'un
simple fragment.
Des récits merveilleux et apocryphes se
trouvent placés à côté de sentences et de dis-
cours empreints de l'esprit le plus pur du
christianisme; ces discours sont, sans nul
doute, des fragments de prédications qui re-
montent à une très-haute antiquité, et l'on
pourrait, à bon droit, y voir la reproduction
de paroles prononcées par les apôtres eux-
mêmes. Sous ce rapport, et sous celui de la
connaissance des opinions répandues parmi
les Chrétiens dans des temps reculés, l'ou-
vrage d'Abdias, quoique composé de mor-
ceaux hétérogènes etjremontant à des épo-
2ues différentes, est digne d'attention; il a
té trop négligé par les auteurs modernes.
On ne saurait assigner à sa rédaction une
époque antérieure au v* siècle ; c'est ce qui
résulte de l'examen des sources où il a puisé.
Bède,()ui écrivait au vu* siècle, s'accorde
avec lui en beaucoup d'endroits; mais il est
impossible de dire si Bède a suivi Abdias, ou
si l'un et l'autre ont fait usage d'un ouvrage
antérieur aujourd'hui perdu.
Le docteur 'Borberg, qui a examiné cette
question, pense, d'après les particularités du
style, qu'on peut assigner le vin* ou le ix*
siècle pour l'époque de la rédaction de T^tV
toria apostolica telle que nous la possé-
dons.
Bien des héllénismes et même des hé-
braismes se remarquent dans ce livre; |mais
faut-il eu conclure, comme l'a fait Kleuker,
qu'il n'a pas été, dans le principe, écrit eu
latin, mais seulement traduit dans cette lan-
gue. Bien des expressions grecques s'étaient
introduites dans le latin, et le compilateur a
pu avoir sous les yeux des traductions faites
sur des textes grecs ou hébreux. Nous nous
bornons d'ailleurs, en ce moment, à donner
une idée générale du livre mis sous le nom
d'Abdias; nous plaçons ses récits sous le
nom de chacun des apôtres qu'ils concer-
nent. Voy. les articles Andrà, Barthélémy,
Jacqdbs, Jean, etc.
Pour ce qui concerne l'histoire véritable
des apôtres, déûgurée par le pseudo^Abdias,
y\ faut consulter les commentateurs catho-
liques des ActeSf parmi lesquels nous signa-
lerons J. Ferrus (Paris, 1568} ; G. Sanctius
(Lyon, 1616); J. Lorin (Cologne, 1621,in-fol.);
B. Pierre (Douay, 1622) • Marie te Soint-^
19
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
SO
BonaTenture (Gènes, 1621, in-fol.); J- da
Sylveira (Lyon, 1627, in-fol.), etc.
On estime TouTracçe de J. Lami, De erudi"
iione apoêtolorumy Florence, 1738, in-8*. Ci-
tons aussi quelques ouTra^es écrits par des
protestants, qui offrent cfes reclierches et
dont on fera usage sous toutes réserves :
Cave^ AntiguitaUê apoêlolicœ^ or the hiitory
ofthe aposlUs ^ Londres, 1677, in-8';i.-J.
Hess, Geschichte und schriften der Aposiel
Jesu (V édit., Zurict), 1820-1822, k vol. in-8-;
A Jacobi, GeaehichU der Aposiel Je$u^ (lOlba,
1818, in-8'; C. Wilbelmi, ChrisU aposiel
und erste Bekenner^ oder die Geschichte der
AposieU Heidelberg, 1825, in-8*; A. Nean-
der, Geschichte der Pflanxung und leitung der
ChrisU. kirche durch die aposiel^ Hambourg,
1832-33, 2 vol. in-8". On trouvera Tindica-
lion d autres ouvrages dans la Biblioiheca
theologica de Walch, t. III, p. hkh, et dans
le Diclionnëire universel {en allemand) delà
littérature théologique de Danz, p. 69.
Thilo, qui avait le projet de comprendre
VHistoria apostolica dans son Corpus apo^
cryphorumj )}ensait qu'il était inutile de
E rendre la peine de collationner les nom-
reux manuscrits qui existent de cette pro-*
duction, qu*il regarde comme ne remontant
pas au delà du vr siècle, et dont le mérite ne
consiste guère qu'à avoir fait parvenir jus-
qu'à nous des aétails pris dans des apocry-
phes plus anciens, et notamment dans les
Actes apostoliques de Leucius.
AnG\RE.
{Lettre d^Abgare (4)d Jésus-Christ et réponse du Sauveur.)
Ces lettres sont citées dans des auteurs
fort anciens; Eusèbe {Histoire ecclésiastique^
1. 1 , ch. 13) , dit les avoir trouvées dans les
archives de la ville d'Edesse (5); Nicépbore
{Hist. ecclés.9 I. ii, ch. 7), confirme ce té-
moignage. Voici une traduction fidèle de ces
deux épltres :
«Abgare, roi d'Edesse, à Jésus Sauveur
qui est apparu à Jérusalem. J'ai appris les
guérisons que vous faites sans le secours
des herbes ni des remèdes, que vous ren-
dez la vue aux aveugles, que vous faites
marcher les boiteux , que vous guérissez la
lèpre , que vous chassez les démons et les
esprits immondes, que vous délivrez des
maladies les plus iavélérées et que vous
ressuscitez les morts. Ayant appris toutes
ces choses, je me suis persuadé ou que vous
étiez Dieu, ou Fils de Dieu, qui étiez des-
cendu sur la terre pour y opérer ces mer-
veilles. C'est pourquoi je vous écris pour
vous supplier de me faire l'honneur de venir
vers moi et de me guérir de la maladie dont
je suis tourmenté. J'ai ouï dire que les Juifs
murmurent contre vous et qu'ils vous ten-
dent des pièges. J'ai une ville qui, bien que
petite , ne laisse pas d'être assez propre » et
qui suffira pour nous deux. »
Donnons maintenant la prétendue réponse
du Sauveur à la lettre du roi d'Edesse,
(4) Ost ainsi que ce nom est écrit dans les mé-
dailles d*Antoiiin le Pieux , de Sévère et de Gor-
dien . et daus uDe inscription éditée par Sirmond
{ad Sidottium ApoUingrem , p, 50). Dans quelques
auteurs, tels que Dion et Xiphilin, on lit Àugare.
Henri Valois écrit quMl faut lire Àcgare, Touies ces
différences sont sans importance, fabricius trace la
note suivante : i Edessenorum reges communi no-
mine Aligaros, h. e. magnes Arabum lingua appel-
lari, uti eonim fllios Asgaros sive parvos ex Pococ-
kio observai Ez. Spanbeniins dissertationibus De
nsm ae prœstamiia finmtimalam , p. 421. Abgarorum
regulorum stve toparcbarum Edess» seriem qualis
ex veteribus Kriptoribus constat , exbibuit J. £•
K Vous êtes heureux, Abgare, d'avoir cro
en moi sans m'avoir vu. Car il est écrit de
moi que ceux qui m'auront vu ne croi-
ront pas , a6n que ceux qui ne m'auront pas
vu croient et soient sauvés. A l'égard de ce
Î|ue vous me priez de vous aller trouver, il
aut que j'accomplisse ce pour quoi j'ai éto
envoyé et qu'après cela je retourne vers ce-
lui qui m'a envoyé. Lorsque j'y serai re-
tourné, j'enverrai un de mes disciples qui
vous guérira et qui vous donnera la vie à
vous et à tous les vôtres. »
Olivier Maillard, prédicateur célèbre k la
fin du XV* siècle , a inséré k la suite de ses
Conformités des mystères de la Messe f unu
traduction des lettres échangées entre Abgare
et le Sauveur, ainsi que i'épltrede Lentulus
(voy.ce mot); un bibliographe fort laborieux ,
M. Peignot, a reproduit ces divers fragments
dans 1 édition qu'il a donnée (Paris, 1828,'
in-8*) de \ Histoire de la Passion de Jésus^
Chriit ^ composée en 14% par Olivier MaU^
lardf et il a également inséré la lettre d'Ab-
gare dans ses Recherches historiaues sur la
6 er sonne de Jésus-Christ et sur celte de Marie ^
ijon, 1829, in-8% p. kl. Nous reproduisons
les textes de la lettre du Sauveur dans ce
vieux langage, dont la naïve simplicité prête
à ces compositions un attrait particulier :
«Abgarus, seigneur et prince deJa ville
Grabe in notis ad SpiciUgfum Patrum t. I. p. 314*
J. Reiskius, lib. De imoginibus Jesu Oriilf, p. 24,
ei anie utrumque Henricus Valerius ad Emurpta
Peireteitma^ p. iOl. •
(5) Cette ville était située dans la Syrie, sur le
fleuve Scîrtus ou Bardesanes (aujourd'hui le Dai-
San) ; c'était la capitale de rOsrhoéoe ; elle portait
aussi le nom d'Antiochia Galtirrboô. Ost \k qoif
Caracalla fut mis k mort. Sous Justin I", elle fui
renversée par un tremblement de terre; cet empe-
reur la releva et rappela Jui^tinopolis. Un érudil
allemand, T.-S. Bayer, a publié Vantorta Osrkoena
et tdessoHa ex nummis illustrala. Petropoli , 1754,
in-4*.
fl
ABG
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ABG
22
d'Kdesse h Jésus bon Sauveur vivant à Hie-
rasalem. Jay ouy parler de vous et des cures
qae faictes sans aucunes drogues ny herbes.
Car comiDe le bruict est, les aveugles tu fais
veoir et les boiteux cheminer; tu nettoies
la ladrerie, jectes et chasses 1« vilain et mes-
chant espent, le dyable, hors des corps , et
ceulx qui pour grieves maladies ont longue-
ment languy, tu les refais et metz sus ; et
ceux qui sont morts, réveHlés et ressuscites.
Lesquelles choses, fune après Taultre, en-
tendant de TOUS jay juge qu'il faut ou que
tu soys Dieu venu du ciel pour ces choses
faire, ou bien le Fils de Dieu. Pour autant
je te supplie qu'il te plaise prendre la peine
de venir vers moy afin que tu guérisses mon
mal. Car aussi bien l'on dict que les Juifz se
laschent de toy et te veulent surprendre
pour te molester. Jayicy une petite ville,
toutes fois honneste, laquelle jespere pou-
voir estre assez pour vous et pour moj (6).»
Cette correspondance a été insérée par Fa-
bricius dans le Codex apocryphus Novi Te-
Miameniif t. I, p. 317; elle a donné lieu , en
Allemagne, à quelques dissertations spécia-
les, écrites par B. Gumaël (De epistola ad
Abgarum^ Lund., 1772, in-Hi'.,); J. Semler
(Diisert.de Christi ad Abgarum epistola ; Ha-
lis, 1759, in-4') ; W. F. Kink ( Uber denBrief
d. K&nigs Abgare^ dans le Morgënhlatt,
1819, n* 110). — Voy. aussi Bayer, Historia
Edessina^ 1. m, p. IM, Assemani, Biblio-
ikeea orientalis clementino^atieana ^ t. I;
p. 554 ; t. II , p. 393 ; fiasnage. Histoire des
Juifs^ t. I, p, 500; Le Quien, Oriens chris-
tianuSf t. Il, p. 624 ; Monachi, Origines ec-
clesiatticœf t. I. p. 301.
Tillemont ( Uémoires pour F histoire de
VEglise^ t. I, p. 993) dit que cette lettre, at-
tribuée à Jésus-Christ, ne fut pas reçue par
l'Eglise, parce qu'elle ne venait pas d'une
main sûre, ni par la voie ordinaire. On
craignit que de fausses pièces ne se fussent
insérées dans les archives d'Edesse , et la
lettre fut placée au rang des écrits apo-
cryphes.
Ricbard Simon [Histoire critique du Nou^
ttau Testament , 1. 1, ch. 3) admet que ces
pièces ont pu en effet se trouver dans les
archives de la ville d'Edesse ; mais ce n'est
pas une raison pour qu'elles soient authen-
tiques, les dépôts de ce genre ont souvent
renfermé des documents supposés.
Le Ttêtament de saint Ephrero (écrit dont
l'authenticité a été contestée) s'exprime à
cet égard dans les termes suivants :
« Que votre ville d'Edesse et votre mère
(6) Toici le texte de cette lettre :
€ Abgarus Ucbanlae filîus Toparclia , Jesu Salva-
tori booo qui apparaît in locis Uierosolyroorum sa-
luleoi. Auditum roihi est de te et de saniiaiibus
quas facis quiid sine medicameQlis a ut berbis flant
itta per te, et quod verbo lantum caecos facis Tîdere,
H clandos ambulare , et leçrosos mundas et im-
mandes sptritas ac dsemoaes ejicis, et eosqui e longis
sgriiudinibuB sfflictaulur curas et saues , moriuos
quoqoe aufcitas. Quibus omnibus auditis de to
Biatui in animo meo uiium esse e duobus, aut quiu
tu sis Deus et desccuderis de cœlo ut baec facias ,
soit bénite , puisqu'elle a été bénie publi-
quement de la bouche du Seigneur, par ses
disciples, qui sont nos apôtres ; car le roi
Abgarus, qui l'a rétablie, a envoyé et daigné
recevoir le Christ, Maître et Sauveur de
tous, et Jésus-Christ, admirant sa foi, bénit
cette ville par les anges éternels qu'il avait
envoyés, affermissant parla les fondements
de cette ville qui doit durer éternellement.
Que cette bénédiction subsiste donc jusqu'à
ce que Jésus-Christ paraisse. »
Procope [De bello Persico^ lib. u) rapporte
Îu'Absare, tourmenté par la goutte, ayant
puise tout l'art des médecins, pria Jésus-
Cnrist, dont il avait entendu parler h quel-
ques étrangers qui étaient venus à Edesse, de
quitter l'ingrale Judée et de se retirer chez
lui. Le Sauveur refusa cette retraite ,. mais
il guérit le malade. « On a ajouté , » dit
Procope, «que la ville ne pourrait jamais
être prise par les Barbares. » Mais ceux qui
ont écrit Tnistoire de ce temps-là ont ignoré
cette aventure ; les habitants d'Edesse pu-
blient que cela est contenu dans les lettres
de Jésus-Christ , et ils ont afGché ces lettres
aux portes de la ville au lieu de toute autre
fortification.»
L'historien grec, Georges Cédrène, qui écri-
vait au XII* siècle, nous apprend qu'onlpréten-
dait posséder à Constantinople, sous le règne
de Tempereur Michel le Paphiagonien, vers
l'an 1035, Toriginal de la lettre du Sauveur^
et qu'on l'y conservait avec vénération.
{Voy. son Compendium historiarum ab orbe^
condito, orrcpce; Paris, IGA»?, in-fol., ou Bonn,
1838, in-S'.)
Dom Ceillier {Histoire des auteurs ecclésiasr
tiques^ t. I, p. 476) a réuni les preuves qui
établissent la supposition de ces lettres.
Voici les principales : les évangélistes n'ont
fait aucune mention de l'ambassade d'Ab-
5 are; on a peine h concevoir comment ces
eux lettres sont restées ensevelies dans
l'oubli pendant trois siècles entiers. Quand
elles parurent , au commencement du iv*
siècle, elles ne trouvèrent croyance pres-
que auprès de personne. Saint Jérôme , qui
les avait lues dans Eiisèbe, n'y ajouta point
de foi, puisqu'il a affirmé que Jésus-Christ
n'avait rien écrit par lui-même (7). Saint
Augustin, dans son ouvrage contre Fauste,
rejette une autre lettre attribuée au Sauveur,
{»ar,Ifl raison que si elle était authentique,
es apôtres et ceux qui leur ont succédé dans
le ministère ecclésiastique en auraient sans
doute eu connaissance et en auraient parlé
dans leurs écrits (8).
aut quod Filius Dei sis qui haec facis. Propterea
er(|0 scribens rogaverlm te ut digneris usque ad me
faiigari et aegritudinem meain, qua jam diu laboro,
curare. Nain et ilUid comperi, quod Judael murmu-
rant adversum te, et volunt libi insidiari. Est autem
civitas miht parva quidem, sed honesla, quae suHl-
ciat utrisque. i
(7) 4 Salvator nulium voiumen doclrinae suae pro-
prium dereliquit, quod in pterisque apocryphorua
delirameni» confingunl. » (fn cap, xliv Ezechielis,)
(8) f Si enim prolaUe fuertnt aliquse littene qu»
uullo alio narrante ipsius proprie Christi esse di-
DICTIOMNAIRB
Le saraDt BénédictiD que nous venonii de
cUer, observe que les actes qu*Eusèbe a tirés
des archives d'Èdesse sont sans authenticité.
On y donne à saint Thomas le surnom de
Judas, et kThadée la qualité d*apôtre. Or
Thomas ne fut jamais surnommé Judas , ni
Thadéedu nombre des apôtres, et dans le
temps que les douze apôtres étaient encore
en vie» on ne voit point que Ton ait com-
muniqué leur Qualité à leurs disciples» ni
môme à ceux au Sauveur. 11 v est dit que
saint Thomas envoya Thadée a Edesse, et
que Thadée alla d*abord chez un nommé To-
uie, d*où il ne se rendit chez Abgare que
quand ce roi Teut fait venir; ce qui ne
s'accorde point aven la prétendue lettre
de Jésus-Christ à Abgare, selon laquelle
le Sauveur devait envover lui-même un do
ses disciples , avec ordre d'aller droit à la
cour se présenter au prince, et non à Tobie,
fils de ce prince. On présente le petit roi
d'Edesse comme un fanfaron qui, avec une
poignée de troupes, forme le proietde faire la
Suerre aux Juifs, de détruire Jérusalem et
'exterminer les habitants.La date de ces actes
en fait voir la fausseté. Il y est dit que la con-
version d'Abgare et de son royume se fit par
Thadée, l'an 3M de l'ère des Esséniens qui,
selon Eusèbe, était la même que celle des Se-
leucides, et commençait k la 117* olympiade,
Or cette année était précisément la 29 'ou 30*
de rdre chrétienne, en laquelle Jésus-Christ
n'ayant pas encore commencé k prêcher , ne
pouvait être connu d'Abgare (9).
Le P. Noël Alexandre, dans son Histoire
feelésioêtiaue 9 le cardinal Bellarmin, N. Ri-
gault 9 Adrien Baillet , et bien d'autres
auteurs partagent aussi l'opinion qui range
toute cette correspondance au nombre des
écrits apocryphes.
Valois {Noie sur Eusibe , 1. 1, ch. 13, t. 1,
p. 27) regarde comme téméraire de s'em-
presser de rejeter un écrit qui ne lui parait
pointindigne d'êtreattribuéau Sauveur,etqui
remonte k l'antiquité la plus respectable. Il
cite un écrivain protestant,Pearson,qui a dit :
Egovero Eusebium tanta diligeniiOitanioque
judicio in examinandis Ckrisiianorum pri-
tnœvœ an$iquitati$ seriptia , m guibus tradi-
tionem ajfostolieam coniineri arbitratus est ,
usum fuisse çontendOf ui nemo unquam de
9jus fide aut de scripiis quœ ille pro indubù
Mis habuii postea^ dubitaverii.
Un savantallemand, que nous avons sou-
vent mentionné, Thilo, avait l'iuleution de
placer la lettre d'Abgare dans la collection
des apocryphes du Nouveau Testament qu'il
voulait mettre au jour, et dont il n'a pu pu-
DES APOCRYPHES.
U
blier que le premier volume. 11 avait colla*
lionne dans ce but les textes que présentent
les manuscrits grecs, n* 950 et z315, de la Bi-
bliothèque impériale de Paris, tous deux du
XII* siècle. Les manuscrits latins de la mémo
bibliothèque, 1652, 2688, 3159, 6041, offrent
une rédaction qui diffère parfois de celle que
donne la traduction d'Eusèbe par Ruiln. Les
traductions arabes, syriaques et arménien*
nés pourraient aussi être consultées ave^
profit
Une ancienne tradition rapporte que le
Sauveur, touché de la foi d'Abgare, lui en-
voya son portrait. Cette tradition est racontée
par Nicéphore IHisi. eceles.^ 1. ii, ch. 7);
elle relate que le Sauveur, pour récompen-
ser le zèle du roi d'Edesse, appliqua sur son
visage un morceau d'étoffe, et obtintainsi uo
fortraitd'une ressemblance parfaite; un roi de
erse en fit faire une copie. Divers auteurs
anciens ont raconté les mêmes circonstances »
aujourd'hui regardées comme très-suspectes;
Grotius les a défendues dans son Syniagma
de imaginibus nou tnanufactis^ imprimé à Pa«
ris en 16tô, avec le traité de Georges Codi-
nus Curopaldte : De officiis magnœ ecclesiœ
et aulœ Constantinopotuanœ ; mais il a trou-
vé bien des contradicteurs. On peut consul*
ter d'ailleurs VHistoire ecclésiastique de
Fleury, livre iv;on y trouvera un* extrait
d'un discours de l'empereur Constantin Por-
phyrogenète, lequel raconte que la puissance
de cette image miraculeuse lorça les Perses
h lever le siège d'Edesse, et que l'empereur
Romain Lécapène, obtint enfin qu'elle lui
fût cédée en échange de grands avantages
qu'il accorda aux Musulmans, devenus ies
maîtres d'Edesse; l'image apportée à Cons-
tantinople y arriva le 16 août 9kk.
Les écrivains du moyen Age n'ont pas ou-
blié de parler de la prétendue image du Sau-
veur conservée à Edesse, ei de raconter à ce
sujet des circonstances apocryphes. Selon
eux, aucun hérétique, aucun païen, aucun
idolâtre, aucun Juii ne saurait vivre dans la
ville d'Edesse, à cause du portrait de Jésus-
Christ, qui sy trouve. Les Barbares ne peu-
vent jamais entrer dans cette cité; car, lors-
qu'une armée ennemie s'en approche, un
enfant y [ayant son innocence, se place au-
dessus de la porte de la ville , et lit la
lettre du Sauveur adressée au roi Abgare, et
aussitôt les Barbares, saisis d'effroi, s'en-
fuient comme des femmes. ( Voy. les recueils
si répandus au moyen Age sous le titre de
Gesta Romanorunif thap. 154; Gervais de
Tilbury, Olia tmpera/ia, I. lu, c. 26.)
Toutceciest d'ailleurs formellement réfuté
1820, 1" cahier. En fait de travaux ua peu su*
rannés meniioimons la Bibliothèque allemûndet
47i8, L XYlli, p. fO. et U Bibliothèque italienne,
1757. t. Xlll, p. \%i.
episcopis usque ad li»c tempera propagata dila*
taiur... quiii et illae liiiere si prorerretilur, ulique
coubiderandum erai a quibus proferreniur, ai ab
ipso, îllis primiius sioe dubio proferri polueninl
qui tuuc eidem cobarrebani et p«r illoê eiiaro ad
alioi perveiiire. Quod si înciiim esset pcr illoh quas
comroeiDoravi praepositorum ei populorum succès-
aioiies conarmati^isiinx auctoriiate claresoereiit.i
{Contro Fatulum, lib. xivui, c. 4.)
J^) On peul aussi consulier k cet écard les An-
es de philoêophU chrétienne, I. Ylll, p. 366,
569, et le Manuel d'iconoaraphie chrétienne de
M. DIdron, 1845 , in-8S p. 12. En 1819, un savant
allemand soutint dans le Morqenhtatt^ n«1tO, l*au-
theoticilé dta deux leures dont il s*atii; il fut c«>m-
baitu par Roebr * Kritiiche Prediffcrbibliotheà ,
«5
ÂBG
PART. i:i. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ABG
26
par ]'as5ériion de saini Augustin qui consialè
que de son temps on ne possédait aucune
image réelle du Sauveur : Qua fuerit ille facie
nonpenitus ignoramus.., nam et ipsius DomU
nicœ faciès camis immemorabilium cogitatio-
num diversUale variaiur et fingitur^ quœ lamen
una eratf quœcunaue erat. {De Trinitate^
lib. vui, c. &, 5.) M. Raoul-Rocbette (Z^tscour^
sur Fart, du christianisme^ p. 15), donne le
dessin d*une monnaie gnostique sur laquelle
est gravée la figure de Jésus, dessin qui sert
de irontispice à son livre.
Emeric-Oavid {Histoire de la peinture au
moyen Age^ 1842, in-12, p. 23) parle des ima-
ges archeiropoletes^ c'est-à-dire faites sans
la participation de la main des hommes; il
s'exprime ainsi sur le portrait envoyé à Ab-
gare selon la tradition. «Ce portrait fut, dit-
on, transporté d'Edesse à Constantinople sous
le règne de Constantin le Porphyrogénète,
et ce prince assure que Abgare Tavait fait col-
ler sur bois. On croit le posséder h Rome dans
l*égHse de San Silvestre in capite. Il est gravé
dans l'histoire de cette église publiée par
Carletti. Les formes du nez ont un assez bon
caractère, mais les yeux sont ronds, les sour-
cils très-arqués, l'ensemble manque de crrâce
et de noblesse. »
Il existe un ouvrage apocryphe que nous
insérerons plus loin et qui, attribué à saint
Jean l'Evangeliste, renferme un récit du pas^
sage {de transitu) de la bienheureuse Vierge
Marie; il contient une pièce qui montre que
de prétendues lettres d Abgare s'étaient ré-
pandues chez les fidèles il y a bien des siè-
cles; celle-ci est adressée au roi Tibère et
elle annonce qu'un des soixante-douze dis*
ciples du Sauveur s'étant rendu à Edesse, y
a prêché l'Evangile et y a opéré de grands
miracles; Abgare irrité contre les Juifs qui
se sont conduits è l'égard de Jésus d'une
manière aussi injuste que cruelle, a d'abord
eu le projet de marcher contre eux et de les
châtier, mais pensant ensuite que c'était plu-
tôt à Tibère que revenait le soin de tirer du
peuple déicide une pareille vengeance, il s'en
remet à cet égard à ce que fera le souverain
des Romains. (10)
Louis de Dieu, dans les notés qu'il a jointes
à YHistoria Christi Persice scriptà par le
P. Xavier, (ouvrage dont nous reparlerons),
rapporte, p. 612, une rédaction un peu diffé-
rente de la lettre du Sauveur à Abjçare, d'après
un manuscrit arabe de la bibliothèque de
Leyde.
« Lettre de Notre-Seigneur Jésus- Christ
à Abgare, roi d^ Edesse, qu'il envoya disant:
«Moi, Jésus-Chrisl,Fils de Dieu vivant et éter-
nel, è Abgare, roi dans la ville d'Edesse.
Paix avec toi. Je te le dis: tu es heureux, et
bienheureuse est ta ville qui s'appelle Edesse,
de ce que, ne m'ayant pas vu, tu as cru en
moi. Tu es h jamais heureux, ainsi que ton
peuple; la paix et la charité se multiplieront
en ta cité et une foi sincère en moi y brillera,
et la science sera dans ses places. Moi, Jésus-
Christ, roi du ciel, je suis venu sur la terre
afin de sauver Adam et Eve et leur race.» Et
il lui envoya sept sentences en grec. Premiè-
rement: « je me soumets volontairement aux
souffrances delà passion et à la croix. «Secon-
dement: « je ne suis pas simplement un
homme, mais un Dieu parfait et un homme
parfait. » Troisièmement:* j'ai été enlevé
vers les Séraphins. » Quatrièmement: a je
suis éternel, et il n'y a pas d'autre Dieu que
moi. » Cinquièmement : «i je suis devenu le
Sauveur des hommes. » Sixièmement: « à
cause de mon amour pour l'hoiume. »» Sep-
tièmement :« je vis en tout temps, toujours
et éternellement. »
t LeSeigneur envoya celte lettre et il l'écrivit
de sa main et il l'envoya disant: « J'ai ordonné
3ue tu fusses guéri et délivré de les mala-
ies et de tes souffrances et de tes infirmités,
et quêtes péchés te soient remis. Et en tout
lieu que tu placeras cette lettre, la puissance
des armées ennemies ne pourra prévaloir ni
te renverser, et ta ville sera à jamais bénie
à cause de toi. » Ce sont les sept sentences,
que Notre-Seigneur Jésus-Christ envoya à
Abgare, roi d'Edesse au sujet de sa divinité
et de son humanité, et comment il est Dieu
parlait et homme parfait. A lui soit à jamais
la louange. »
cantur ; iinde fieri poterat, ut si vere ipsîus essent,
iioD legeireniur, noo accipercntur, non pra^cipuo
culmine auctoriialis eminerent in ejus Ecclesia ,
ma» ab ipso per apostolos succedenlibus sibimet
(iO) Nous croyons à propos de placer ici la ira*
ducUou laline que M. Enger, rédlleiir de Touyrage
apocryphe donl il est question , a faite d*apiès un
texie arabe :
f Apud nos est discipulus qui unum se e septua-
gînia dnobus Chrisli discipulus esse perhibel , et
muUomni hominum inorîios sanavll , ac signa mira-
bilia fecii in nomine bujus (Ihristi ; exbiruiilque
Ecclesiam, muttique ei ndem dederunt. ei nie
docoeraul, quis nunc fueril hic Cbristus, et
quae apod vos roiracuU perpétra verit , ita ut amor
ejus in cor meum incideret ; et eum , cum apud
me vel in mea diiione esseï, vidisse opiarem ,
H magnum deloreoi cepi ex eo quod iudaei eo
fecerunt, et quod in cruccm adegerunt, etsi nnl-
iam contra eum causam quae id posiularet inve-
nlebant, quanqiiam inter eos miracula etroulia lK)na
perpetravil. £t euro omnibus sociis Hierosulyni»&
prolectus sum , ut eas vastarem , quique ibi sunl
Judasos omnes interûcerero , ut ter ab eis vindic-
lam sumeres. Sed cum expedilio paraia esseï, co-
gitatio mibi in aiiinioorta est, wrebarque ne, Tiberi
rex, mihi irasceris, et belluui inter no» orirelur,
quare bonum ceiisui, ut a j te soi ibens, te inlerro-
Jarem, qnemadmodura inter reges fieri (as est, ut
udaios pro me punires et ab eis vindictaro sumeres
propter quae ei fecerunt. Nam si ut scivisses ante-
quam cruci adigeretur, res longe aliter cecidissel ;
et te latet, cur id quod tibi dixi susceperlm ; pne-^
feroque bac in re, te volo meo saiisfacere et pœnaa
sumendo id ad quod ego paratus eram , perliceie»
Id conQduet ob id tibi graiias ago. »
«7
MCTIONNÂIRE DES APOCRYPHES.
28
ABRAHAiM.
Les livres attribués a ce patriarche et meo-
tionnés par d*anciens auteurs sont des pro-
ductions supposées, aujourd'hui perdues et à
regard desquelles on manque de renseigne-
ments précis; nous les indiquerons succinc-
tement.
Livre de Vidolâtrie attribué à Abraham, —
Il est cité dans le Taimud de Babylone/traité
Aboda-Zara, chap. i , fol. Ifc verso.
TEXTE.
: p-ic«pn
Tradttction littérale. — « Rab Hisda dit à
Abimi : Nous savons par la tradition que le
traité d*idolâtrie d'Abraham , notre père ,
contenait quatre cents chapitres ; et nous
en avons appris cinq, sans comprendre ce
3u*ils disent (c'est-à-dire sans les compren-
re). »
Psaumes attribués à Abraham. — D'après
le rabbin Salomon (ad locum in Rata Bathra^
cap. i), David écrivit 1*^ livre des Psaumes
fier la main de dix patriarches , en répétant
es paroles dont ils s'étaient servis avant
lui. C'est ainsi qu'Abraham se trouve l'au-
teur du psaume lxxxix qui commence
ainsi : « Je chanterai éternellement les misé-
ricordes du Seigneur.»Fabricius observe que
divers auteurs, notamment Salomon van Til
{De musica Hebrœorum » 1. ii, c. 2), ont pensé
que le psaume Lxxiviii,c|ui porte le nom
d'Heman en Etian , pouvait être d'Abraham ;
mais cette opinion est d'autant moins soute-
nable qu'Heman est un personnage contem-
porain de David, et mentionné dans le I"
Livre des Rois (ch. iv, 31), ainsi que dans
les Paralipomènes (1. i, ch. ii, v. 6). Aboa
£sra suppose sans preuve que ce jtsaume
est l'œuvre d'Elieser , le serviteur d'Abra-
ham.
Apocalypse d'il&raAam.— L'existence de ee
livre est constatée par saint Epiphane qui* en
parlant des Sethieus {hœres. 39) , dit qu'ils
ont attribué à divers patriarches des produc-
tions apocrvphes et au'ils ont mis .sous le
nom d'Abraham une Apocalypse remplie de
toute méchanceté (« lihros etiam certos cou-
scrisperunt sub nominibus magnorum errorum
ut Sethi... alium item sub Abrahami nomine^
quem et pro Apocalypsi venditantf omnine-
quitia refertum.
Origène mentionne un écrit où il était
question des anges et des démons se dispu-
tant au suiet du salut d'Abraham et voulant
les uns et les autres rester en possession de
ce patriarche (11); mais on ignore si cet
ouvrage , où se trouvent les rêveries du ju-
daïsme, est le même que VApocalypse d A-
braham.
Prières contre les pies qui mangeaient les
semences des terres des Chaldéens , attribuées
à Abraham,
Le livre Zohar (12).
(11) c Legimus (si tamen oui placet hujuscemodi
scripluram recipere) juslitiae et uniqiiiutis angelos
super Abrahae sainte et interitu disceptantes , dum
ulraque ttirma siio eum Yoliint cœliti vin»iicare. i
(12) Le livre Zohar (Ere de la lumière) a été si-
gnalé, mais à tort, comme ayant été composé par le
rabbin Siméon, fils de Jocbai vers Tan liO de notre
ère {*) ; c*est une explication cabalistique du Peu-
tateuque. Le texte, tel qu'il est parvenu jusqu'à
nous , est rempli d'interpolations ; il a été inséré
avec une traduction latine dans le volumineux ou-
vrage de Knorr de Rosenroth, Kabbala deniidata*
(Sulzbacli, 1677M684, 4 vol. in-4*.)
Il existe aussi plusieurs éditions séparées ; nous
en citerons deux : Zohar $eu Sepher Huzohar^ liber
splendoris, seu comment, antiq, Pentaieuchum my<-
tic. et cubbalist.^t Cremonae, 1559, in-folio; Zohar ^
id est splendor^ Mantu», 1560, 3 vol. in4*.
Le livre des soixante-dix ordonnances du Zohar, ^.^
Explication du livre appelé Zohar ^ par Hierakbe-
miel de Gracovie, Amsterdam, 1685, in-folio (ea
hébreu).
Spécimen anliquitatum Hebraicarum , ex Ubro
Sohar^ auctore Chr. Scbvellirenio, Dnesdx, 1750,
in-4'.
P. H. Joël. Die lieligions philosophie der Sohars^
Leipzig, 1849, in 8*.
Consultez Wolf, Bibliotheca Hebraica^ tom. I,
pag. 1154-1 U4; tom. 111, pag. 1UMU8; Brucker,
niit, criu philosophiœ^ tom. Il, pag. 711 ; Franck,
la Cabbale, Voici en quels termes ce dernier écri-
vain apprécie Touvrage dont nous parlons : c Le
Zohar est le code universel de la Cabbale ; sous la
forme modeste d'un commentaire sur le Pentateu-
que, il toucbe avec une entière indépendance à
toutes les questions de l'ordre spirituel ; quelquefois
il s'élève à des doctrines dont la plus forte intelli-
gence pourrait encore se glorifier de nos jours,
mais il est loin de se maintenir toujours à cette
hauteur. Parfois à côté de la mâle simplicité et de
l'enthousiasme des temps bibliques, des faits, des
noms nous transportent au moyeu âge. >
C) R. Siméon ben-Tohhaïn*apas rédigé une ligne. Tout
son enseignemenl fut oral. Ce soûl ses disciples qui l'ont
uiiS par écrit peu à peu pendant un long espace d'années,
et y onl ajouté bf^aucoup de choses nouvelles. Le Zohar
mentionne des noms de pays et de peuples inconnus en
core du temps de Siméon. Il nomme Mahomet.
Rosenroth est une autorité peu sûre. Sa version est
pleine d^inexactitudes. J'en ai relevé de curieuses dans
un traviil sur le Zohar, Il afUrme que le Zohar ne men-
tionne nulle part le Taimud, et que Ton n'y rencontre
pas d'attaques contre le christianisme. Deux points faux .
Le Zohar cite souvent la Mischna et la Ghemara, ainsi
que leurs divisions actuelles. J'ai cité dans mon Harmonie
entre C Eglise ei la St/nagoque, un passage du Zohar, qui
est un blasphème horrible contre notre divin Sauveur
Jésus-Christ, nommé en loutes lettres.
{NoU de M. le chevalier I>rach.)
ABR
PART. m. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
ABR
30
Sepher letxirahi livre de la création et de la
formation des choses. — Divers rabbins n'ont
f»as hésité k attribuer cet ouvrage à Abraham
ui-roême; il en existe plusieurs éditions;
la première vitlejour à Mantoue, 1567, in-4';
Ja plus complète est celle d'Amsterdam, 1642.
in4*; elle a été publiée par J.S. Rittanselus,
et elle est accompagnée des notes de divers
auteurs juifs et de celles de l'éditeur.
Les manuscrits de ce livre ne sont pas
rares et ils offrent entre eux des différences
considérables. Quelques critiques ont pensé,
non sans une certaine vraisemblance, que
cet écrit pourrait bien être l'œuvre du fa-
meux docteur juif Akiba , qui fut mis à mort
lors de la révolte des Juifs contre l'empereur
Adrien. M. Hatter {Histoire du gnoslicisme)
regarde cette opinion comme fondée; il at-
tribue à Akiba la rédaction du Sepher letzirah
ainsi que celle du Zohar d'après d'an*
ciennes traditions. L*un et l'autre de ces ou-
vrages ont été fort altérés et, dans le cours
des siècles, chargés de beaucoup d'additions,
mais ils renferment souvent des doctrines
antérieures à l'époque où ils ont été com-
posés.
Fabricius (Cod. pseud. fet. Test.^ t. I,
p. 382) a pris la peine de reproduire les ju-
gements que quelques écrivains ont portés
de celte production ; il cite P. Lambécius
(Prodromus Hist. litterar.^ I. i, p. 52), Bar-
tolonius {Biblioth. rabbinica, t. 1, p. 15),
Pianiavit {Biblioth, rabbinica], Scipion S^am-
balas qui s'exprime ainsi {Archiv. Vet. Test,^
p. 93) : Finis libri est docere omnia a Deo
emanare quod argumentum^ ab eo susceptum
esse dicunt interprètes in eum finem, ut thaï-
dœos oppugnaretf a quibus alia rerumprin-
cipia ponebantur, R. Abraham ben Dier ait ,
hujas libri partes esse très; primam^ quœ agit
de mundo: secundum quœ de motu et tempore;
tertiam^ quœ de anima.
On nous saura gré sans doute d'insérer
ici le jugement qu'un membre de l'insiitut,
M. Franck, a porté sur la production qui
nous occcupe dans le Dictionnaire des scien-
ces philosophiques ^ tom. 111 , p. 38<^.
« Le Sepher letzirah est une espèce de
monologue placé dans la bouche d'Abraham,
et où nous apprenons comment le père des
Hébreux a dû comprendre la nature pour se
convertir à la croyance du vrai ^Dieu. Cette
bixarre composition ne renferme que quel-
ques4>ages écrites d'un style énigmatique et
sentencieux comme celui des oracles; mais
sous cette obscurité étudiée et à travers le
voile de ralléKorie,' elle nous laisse aperce-
voir l'idée mère de la Kabbale. Elle nous
montre tous les êtres, tant les esprits que
les corps, tant les anges que les éléments
bruts de la nature, l'unité sortant par degrés
de limite incompréhensible, qui est le com-
mencement et la fin de l'existence. C'est à
ces degrés touiours les mêmes, malgré la
variété intioie des choses, c'est à ces formes
immuables de l'être, que le Sepher letzirah
dooue le nom de Sephiroths ; elles sont au
nombre de dix. La première, c'est l'esprit
du Dieu, vivant en la sagesse éternelle, la
sagesse divine identique avec le Verbe ou
la parole. La seconde, c'est le souffle qui
vient de l'esprit, ou le signe matériel de la
(censée et de la parole; en un mot, Tair dans
equel, selon l'expression figurée du texte,
ont été gravées et sculptées les lettres de
l'alphabet. La troisième , c'est l'âme , en-
gendrée par l'air, comme l'air est engendré
par la voix ou par la parole, l'Ame éjaissie
et condensée, produit la terre, l'argile, les
ténèbres et les éléments les plus grossiers
de ce monde. La quatrième des Sephiroths,
c'est le feu qui est la partie subtile et trans-
parente de 1 Ame, comme la terre en est la
partie grossière et opaque. Avec le feu, Dieu
a construit le trône de sa gloire, les roues
célestes, c'est-à-dire les globes semés dans
l'espace, les séraphins et les anges. Avec
tous ces éléments réunis, il a construit son
palais et son temple oui n'est autre chose
3ue l'univers. £oun, les quatre points car-
inaux et les deux pôles nous représentent
les six dernières Sephiroths. Le monde,
selon le Sepher letzirah^ n'est point séparé
de son principe, et les derniers degrés de la
création forment un seul tout avec les pre-
miers.... La conclusion de ce livre, c'est
l'unité élevée au-dessus de tout et regardée
à la fin comme la substance et la forme des
choses; c'est Dieu considéré comme la source
commune des lettres et des nombres dont
les uns nous représentent la nature des let-
tres, et les autres leur argument, leurs com-
binaisons et leurs rapports; c'est enfin le
principe de l'incarnation substitué ouverte-
ment a celui de la création. »
Dans l'édition d'Amsterdam , que nous
avons sous les yeux, \e Sepher letzirah forme
un volume de 208 pages; à côté du letzirah,
texte hébreu, est la traduction latine en re-
gard. Nous ne prétendons pas donner place
ici à ces rêveries cabalistiques sur les intel-
ligences, les vertus des lettres, les émana-
tions; la version latine est fort obscure;
remplie de mots hébreux, elle n'est guère
plus facile à comprendre que Toriginal. Il
suffira d'en transcrire un passage :
Duœ titterœ œdificant duas domus^ très œdi"
ficant sex domos; quatuor œdificant viginti et
quatuor domos^ quinque œdificant centum et
Tiginti domos^ sex œdificant 720 domos. Et
exinde et ultra egredere et cogita mid os non
potest eloqui nec auris audire. Et hœ sunt
septem steilœ in mundo : Sol , Venus , Mercu-
rius , Luna^ Satumus^ Jupiter^ Mars. Et hœ
sunt dies in anno^ septem dies creationis. Et
septem portœ in anima^ ut duo ocu/i, duœ
aures et os et duo foramina narium. Et in
illis exsculpta sunt septem echansa et septem
terrœ et septem horœ. Et propterea dilexit
septimum in omni negotio sub cœlis. (p. 20^.)
Parmi les traditions apocryphes relatives
à Abraham , et ayant cours parmi les Orien-
taux, il faut signaler celles qui le représen-
tent comme ayant été jeté dans le feu par
Nemrod et comme en ayant été miraculeu*
SI
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
5â
nemenC préserré. Voici le récit de ce, miracle
tel que le fournit la Bibliothiaue orientale de
d'Herbelot (13) :
« Nemrod, fils de Chanaan» qui est regardé
comme le premier roi après le déluge, rési-
dait dans la ville de Babylone* qu*il avait fait
bâtir; il vit en songe une étoile qui avançait
sur Thorizon et dont la lumière effaçait celle
du soleil; ayant consulté ses devins sur Tex-
plicaUon de ce songe« ils lui répondirent
d'une voix unanime qu'il devait naître dans
Babjlone un enfant qui deviendrait en peu
de temps un grand prince» et qui devait être
pour Je roi un grand sujet de crainte, quoi-
qu'il ne fût pas encore engendré. Nemrod,
effrayé de cette réponse, ordonua aussitôt
que les hommes fussent séparés de leurs
femmes, et il établit un officier de dix en
dix maisons pour les empêcher de se voir.
Mais Azar, un des plus grands seigneurs de
la cour de Nemrod et qui était son gendre,
trompa ses gardes et passa une nuit avec sa
femme, nommée Adna. Le lendemain , les
devins qui observaient tous les mouvements
des astres, vinrent trouver Nemrod et lui
dirent que l'enfant dont il était menacé, avait
été conçu cette même nui4, ce qui obligea
ce prince à ordonner que Ton gardât soi-
gneusement toutes les femmes enceintes et
que l'on fit mourir tous les enfants mâles
ciu'elles mettraient au monde. Adna, qui ne
donnait aucun signe de grossesse, ne fut
point gardée, de sorte qu'étant près d'accou-
cher, elle eut la commodité d'aller à la cam*
!m^ne pour se délivrer de son fruit. Elle le
it dans une grotte dont elle ferma soigneu-
sement l'entrée, et elle revint à la ville, où
elle dit à son mari qu'elle avait mis au
inonde un enfant qui était mort aussitôt
après sa naissance.
« Adna cependant allait souvent h la grotte
pour visiter son enfant et l'allaiter, mais
elle le trouva toujours suçant le bout de ses
doigts, dont l'un lui fournissait du lait ei
]*antre du miel ; ce miracle la surprit extrè-
moment d'abord, mais son étonnement se
changea bientôt en un excès de joie lors-
qu'elle considéra que la Providence prenait
le soin de nourrir son enfant, et quelle ne
devait plus en être en peine; cela n empêcha
néanmoins qu'elle ne le vit de temps en
temps, et elle s'aperçut bientôt qu'il croissait
autant en un jour que les autres enfants en
un mois. Quinze lunes furent è peine écou-
lées que ret enfant parut un jeune garçon de
quin/.e ans, et il n était pas encore sorti de
la ^rnite qu'Adna dit h Azar que cet enfant
dont elle était accouchée et qu'elle lui avait
dit être mort, se trouvait plein de vie et qu*il
était d'une beauté parfaite. '
« Azar se transporta aussitôt è la grotte et
après avoir considéré et caressé son nls, il dit
(15) Fabricuis oliserve que ce récit se trouve
flans divers auteurs; il cite Hottinger, Smegma
orientaL, 1. I, c. 8, p. !29t ; A. Mullcr, ad fragmen-
tum Âtati lariari^ note Hd; Bocbirl, Hieroxoieon^
t. Il, p. 673 ; Chr. Wagner, ExtrcUtiiio de ilr Chai-
à la mère qu'elle le fit venir à la ville, parce
qu'il voulait le présenter k Nemrod et le pla-
cer à la cour. Adna alla prendre son fils vers
le soir et le Qt passer par une prairie où pais-
saient des troupeaux de vaches, de chevaux,
de chameaux et de moutons. Abraham qui
n'avait rien vu iusqu'alors que son père et
que sa mère, demandait le nom de toutes
les choses qu'il voyait, et Adna l'instruisait
des noms, des qualités et des usages de tous
ces animaux. Abraham lui demanda ensuite
qui était celui qui avait produit toutes ces
espèces différentes; Adna lui répondit : il
n'y a aucune chose en ce monde qui n*ait
son créateur et son seisneur, et qui ne soit
dans sa dépendance. Abraham lui repartit
aussitôt : Qui est donc celui qui m'a mis au
seigneui
père, repartit-elle. Abraham n'en demeura
pas là et demanda qui était le seigneur
d'Azar, et ayant entendu dire que c'était
Nemrod, il voulut savoir quel était celui de
Nemrod ; mais sa mère , se trouvant trop
pressée, lui dit : Il ne faut pas, mon flls, re-
chercher les choses si avant, car il y aurait
du danger pour toi. »
Il y avait déjà en ce temps plusieurs sortes
d'idolâtres dans la Chaldée, oi^ régnait Nem-
rod. Les uns adoraient le soleil, d'autres la
lune et les étoiles, d'autres se iirosternaieiit
devant des statues dans lesquelles ils révé-
raient quelques divinités; enOn, il y en avait
qui ne reconnaissaient d'autre dieu que
Nemrod lui-même. Abraham marchant pen-
dant la nuit de sa grotte jusqu'à la ville, vil
AU ciel des étoiles et entre autres celle de
Vénus que plusieurs adoraient et il dit en
lui-même : Voilà peut-être le Dieu et le
Seigneur du monde. Mais après quelque
temps de réflexion, il dit en lui-même : Je
vois que cette étoile se couche et disparaît ;
ce n'est donc pas ici le mettre de l'univers,
car il ne peut pas être sujet à ce change-
ment. Il considéra ensuite la lune en son
plein et il dit : Voici peut-être le Créateur
de toutes choses, et par conséquent mon
Seigneur. Mais l'ayant vue passer sous l'ho-
rizon comme les autres astres, il en fit le
même jugement (^ue de la planète de Vénus.
Enfin, ayant ainsi passé le reste de la nuit en
considérations et en réflexions, il se trouva
proche de Bat)ylone au lever du soleil ; alors
il vit une infinité de gens qui se proster-
naient et qui adoraient cet astre, ce ^ui lui
fit dire : Voici assurément un astre merveil-
leux, et je le prendrai assurément pour le
Créateur et le niattre de la nature, mais je
m'aperçois qu'il décline et qu'il prend la
route du couchant aussi bien que les autres;
il n'est donc pas mon Créateur, ni mon Sei-
gneur, ni mon Dieu.
dœorum, Leipzig, 1681.
(U) «lu Talmodt'. Bava Batra f. 91 a, mater
Abraliami vocalur Eroiolai quae lUia fuerit Cor.
Nebo. Wagfnscil, Suta, AUdorf, 1674, p. 160. >
{Note de Fabncîu$,\
S8
ABR
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ABR
U
tt Lorsqu'Azar présenta son fils Abraham
h Nembrody ce prince étail assis sur un trône
fort éleyé, autour duquel un grand nom-
bre d^esclaves dçs mieur faits de Tun et de
l'autre sexe étaient placés rhacun en son
rang. Abraham demanda aussitôt à son père
quel était ce personnage si élevé au-dess(]s
des autres ; il lui répondit que c'était le sei-
gneur de tous ceux qu'il voyait autour de
lui, et que tous ces gens-là reconnaissaient
pour leur dieu. Abraham, considérant Nem-
rod qui était fort laid de visage, dit à son
père : « Comment se peut-il faire que celui
que tu appelles le dieu ait fait des créa-
tures plus belles que lui, puisqu'il faut
nécessairement que le Créateur ait des
perfections beaucoup plus grandes que
celles de ses créatures?» Ce fut la pre-
mière occasion qu'Abraham prit de désa-
buser son père de l'idolâtrie et de lui prê-
cher Tunite de Dieu créateur de toutes choses
qui lui avait été révélée. Ce zèle qu'il témoi-
gna d'abord lui attira la colère de son père,
et le jeta ensuite dans de grands démêlés
arec les principaux de la cour de Nemrod,
qui refusaient d'acquiescer aux vérités qu'il
leur enseignait. Le bruit de ces disputes
éiaot parvenu jusqu'aux oreilles de Nem-
rod , ce prince superbe et cruel le fit jeter
dans une fournaise ardente d'où il sortit sain
et sauf, sans avoir reçu la moindre atteinte
du feu. »
Parmi les nombreux détails fabuleux que
renferment, au sujet d'Abraham, les écrits
des rabbins, nous en mentionnerons un
d'après Bartolocci (Biblioiheca rabbinica;
Rom», t680-96, 5 vol. in-folio, t. II, p. 612.)
—Quando circumcUus estpaler nosterAbra^
ham^ die tertio cruciabatur ivtenso dolore
ex piaga sua. Quid fecit Beus sanctus bene"
dictxAs? Ut lentaret eum^ perforavit foramen
unum inlra gehennam et fervorem œstumque
invexit in mtitidum, juosia diem impiorum,
Exiit ergo Abraham, {Gènes, xviii. i.) ^ Et
itdebat prœ foribus tabernaculi, »Dixit Deus
ianetus benedictusangelisministerii : Descen-
damus etvisitemuê infirmum.Dixitque{iterutn)
angetis : Venite et videte quanta sit virius
circumcisionis quandiu enim [Abraham) non
erat cireumeisus^ cadebat in faciem^ et tune
ego itlum alloquebar^ nunc vero ex quo ctr-
cumcisus estt ipse sedet et ego sto,
Fabricius est entré, à l'égard d'Abraham,
eo des détails étendus dans lesquels nous ne
le suivrons pas ; ils sont étrangers au sujet
que nous avons en vue; nous mentionne-
rons seulement les titres de quelques-unes
des sections de la dissertation de cet érudit :
Abraham Zoroasler. Libri a Persis et Ara-
oibus ei iributi; Abraham doctor astrologiœ
et arithmeticœ; anni solaris rectio et nomina
duodecim mensium ab Abrahamo tradita;
Abrahami scriptum de astrologia apoteles-
matica (15) ; Abrahamus monitor litterarum
Chaldaicarum.* Ab angelis edoctus linguam
Hebraicam ; Liber de magiœ modis ac effectif
bus. (Ce prétendu livre est mentionné par
quelques rabbins. On lit dans Nischmut
chaym, orat. 3, c. 29; Abraham^ pater no-
ster^ composuit Massichtam^ in quo traditi
erant omnes modi magiœ^ et effectuf ejus per
potentiam immundorumspirituum;) Abrahami
numi et reliquiœ; Mysterium nominis Abra-
hami,
Les légendes bibliques des mahométans
renferment, touchant Abraham, des récits
fort peu connus; nous en signalerons quel-
ques points d'après le curieux ouvrage de
M. G. Weil : Biblische legenden der Musel-
manner^ 184-2, in-J2.
Les Musulmans prétendent que ce no fut
point Isaac, mais Ismaël qu'Abraham voulut
sacrifier, et voici comment ils défigurent le
récit de la Genèse :
. « Lorsque Ismaël eut atteint l'âge de treize
ans, Abraham entendit, pendant son som«
meil, une voix qui lui disait : « Sacrifie-moi
ton fils Ismaël. » En se réveillant, il resta
dans le doute si ce songe était une inspira-
tion divine ou une suggestion de Satan; mais
la même voix s'étant fait entendre une se-
conde fois, il n'osa plus différer. Il prit donc
un couteau et une corde, et il dit : a Ismaël,
suis-moi. » Iblis, voyant cela, dit : a il faut
que j'empêche une action aussi méritoire.»
il prit donc la forme d'un homme, il alla
vers Açar, et lui dit : « Sais-tu ot Abraham
est allé avec son fils? » Et Agar répondit :
a II est allé dans la forêt pour couper du
bois. — Ce n'est pas vrai, dit Iblis; il veut
tuer ton fils. — Comment est-ce possible?
dit Agar; il l'aime autant que moi. » Et
Iblis répondit : «c 11 croit que Dieu lui en a
donné l'ordre. — S'il en est ainsi, dit Agar,
il doit faire ce qu'il ref^arde comme la vo-
lonté de Dieu. » Et Iblis voyant qu'il ne
pouvait rien auprès d'Agar, se rendit vers
Ismaël, et dit : « Sais-tu à quoi doit servir
le bois que tu ramasses? » Ismaël répondit :
« C'est pour l'usage de la maison. — Non, »
répliqua Iblis, o ton père veut te sacrifier,
parce qu'il a rêvé que Dieu le lui avait
commandé. — Que la volonté de Dieu
s'accomplisse sur moi, » dit Ismaël. Iblis
s'approcha alors d'Abraham, et lui dit : « Où
vas-tu? — Je vais couper du bois.— Et dans
quel but? » Et comme Abraham se taisait,
Iblis continua : « Je sais que tu veux immo-
ler ton fils Ismaël, parce que Iblis le la
suggéré pendant aue tu dormais. » A ces
(15) Voici, à cet égard, la noie de Fabricius :
< 0|>os asirologicttin siib Abrahami nomiiie videtur
Kiuiii esse % Vi^ilio Valeiilî Aiiliocheno ms., et
Jiilio Firmico, qui ambo inler astiologos scriptores
fViosiriiB, Necep5onem,Crilodeinuai aliosque, eliani
Atirabami menlionem Tacium, eumque allegant. Lau-
dauir etîam sed junior, ni fallor, Abrsihamus Ju i;iMï>
aslrologiis ab Albohazen llaii. » (Abeiiiageli F. p
400. De Vetii» lehiimomo. Vide DfMiWilli D x.
de ^abulii cœli ^ §5, lu Svkilegio Grabiauo, l. I,
p. 351.»
35
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
mots, Abraham reconnut Tesprit malin» et il
lui jela sept pierres , en disant : « Eloigne-
toi de moi 9 ennemi de Dieu; je te traite
selon Tordre du Seigneur. • Satan se retira
furieux, et se présentant de nouveau sur une
autre forme» il chercha encore k détourner
Abraham de sa résolution , mais le patriar-
che le reconnut et le chassa de nouveau en
lui jetant sept autres pierres.
« Lorsqu'ils furent arrivés à Tendroit où
Isniaël devait être immolé» il dit à Abraham :
« Mon père, attache-moi bien, afin que' je ne
remue pas; abaisse mon habit pour qu'il
ne soit pas teint de mon sang et que ma
mère ne se trouble pas en le voyant;
plonge ton couteau bien fort, afin que je
meure vite et sans souffrance, car la mort
est une chose dure. Et quand tu revien-
dras, console ma mère. » Abraham accom-
plit en pleurant les recommandations de son
tils, et il était au moment de le frapper lors-
que les portes du ciel s'ouvrirent et les an«
ges crièrent : « Cet homme est vraiment
«Ji(jne d'être appelé l'ami de Dieu. » Et le
Seigueur mit autour du cou d'Ismaël une
plaque invisible en cuivre» de sorte qu'A-
liraham ne put Je blesser, malgré tous ses
efforts. Et comme, pour la troisième fois, il
appliquait son couteau sur le cou d'Ismaël»
il entendit une voix qui lui dit : < Tu as ac-
compli l'ordre qui t avait été transmis pen-
dant que tu dormais. » Et Abraham leva
les yeux et il vit l'ange Gabriel qui était près
de lui; il tenait un beau bélier, et il dit à
Abraham : « Immole ce bélier en remplace-
ment de ton fils, n C'était le bélier qu'Abel
avait sacrifié, et qui depuis avait séjourné
dans le paradis (16).
« Abraham revint ensuite en Syrie et
Isuiaël resta auprès de sa mère parmi les
Amalécite», ei il prit pour femme une de
leurs filles. Un jour, Abraham voulut aller
le voir; il était à la chasse, et sa femme
seule était au logis. Abraham la salua, mais
ulle ne lui rendit pas sa salutation. Il lui de-
manda de le lOKer, mais elle repoussa sa
demande; il voulut boire et manger, et elle
répondit : « Je n'ai rien, si ce n'est de la
mauvaise eau. «Alors Abraham la quitta, et
dit : « Quand ton mari reviendra, salue le
de ma part, et dis-lui qu'il peut changer
les poteaux de sa maison. »
« Lorsque Ismaël revint chezlui,il demanda
è sa femme si personne n*était venu en son
absence; elle lui dit ce qui s'était passé, et
elle lui fit le portrait d'Abraham. D'après
cette description, Ismaël reconnut son père,
et il comprit, d'après ses paroles, qu'il devait
se séparer de sa femme, ce qu'il fit sur-le-
champ. Peu de temps après» les Djorhami-
des, venant des régions méridionales de
l'Arabie, expulsèrent les Amalécites, qui
avaient, par leur conduite impie, provoqué
la colère du Seigneur. Ismaël épousa la tille
du roi des 1)jorhamides, et il apprit d'elle la
langue arabe. Abraham vint un jour auprès
de cette femme, et lorsqu'il l'eut saluée, elle
lui rendit avec empressement son salut, elle
se tint debout devant lui, et elle lui sou-
haita la bienvenue. Et lorsqu'il lui demanda
comment allait son ménage, elle répondit :
c Très-bien , nous avons beaucoup de lait,
de l'excellente viande et de l'eau douce. —
Avez - vous aussi du grain? ^ demanda
Abraham. Elle répondit : «r Nous en avons
en quantité, et de la meilleure espèce. —
Que le Seigneur vous bénisse, » dit Abra-
ham, « mais je ne puis m'arrèter. » Car il
avait promis a Sara qu'il ne retournerait pas
auprès d'Agar. « Laisse-moi du moins te
laver les pieds, » dit la femme d'ismaël,
car tu es tout couvert de poussière. » Alors
Abraham étendit le pied droit et ensuite le
gauche sur une pierre qui était au-devant
de la maison d'Ismaël, et il se laissa laver.
Et l'on voit encore les traces du pied d'A-
braham.
-t « Et quand le patriarche eut lavé ses pieds,
il dit : « Lorsque Ismaël reviendra, tu lui
diras : « Affermis les poleaux de ta porte. >
Ismaël étant revenu, sa femme lui raconta
qu'elle avait accueilli un étranger et elle lui
rapporta ses paroles. Ismaël lui demanda quel
était son extérieur, et, d'après la description
qu'elle lui fit, il reconnut Abraham ; il se
réjouit fort, etil dit à sa femme : «C'est mon
père, l'ami de Dieu, et sûrement il a été très-
satisfait de ta réception, car ses paroles
signifient que je dois toujours rester attaché
à toi.
r « Abraham ayant atteint l'âge de cent dix
ans. Dieu lui transmit en songe l'ordre de
suivre Sakina, c'est-à-dire un esprit qoi
préside au vent et qui a deux tètes et deux
ailes. Abraham accomplit cet ordre et l'es-
prit le conduisit à la Mecque où il se trans-
forma en nuage. Et une voix se fit entendre
et dit : « Construis un temple à l'endroit où
le nuage s'est arrêté. » Abraham commença
à creuser et il trouva la pierre d'Adam.
. « L'ange Gabriel lui apporta la pierre noire
qui, depuis le déluge, avait été enlevée au
ciel ou, selon quelques docteurs, cachée
dans les flancs de la montagne Abn Kabew
(17). Cette pierre était autrefois si blanche
et si éclatante qu'elle éclairait, durant la
nuit, toute l'enceinte consacrée k la Mecque
h la prière. Un jour, Abraham étant occupé
avec Ismaël à construire le temple, Alexandre
(16) Le Talmud affirme, d'après Tautoriié de
Aubbi Jeboscbua, qu*uii ange avait amené un bélier
du paradis; il paissait sous Tarbre de la vie éier-
nelie , H buvait au ruisseau qui coule dessous ; il
répandait une odeur délicieuse qui embaumait le
monde entier, et il avait été apporté dans le paradis
le soir du siiiènie jour de la création.
(17) Citons au sujet de cette pierre si célèbre
ehei les musulmans, ce qifon lit dans uue relation
de voyages fort iuiéressauts :
57
ABR
PART. ni. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ABR
38
te Cornn (18) vint à lui et lui demanda ce
qu'il faisait; Abraham lui ayant répondu
qa*il élevait on édifice en l'honneur du Dieu
oaique» Alexandre le reconnut pour renvoyé
de Dieu et fit sept fois à pied le tour du
temple.
Après avoir construit la Kaaba, Abraham
LT8Tit le mont Abn Kabew, et s*écria : v O
habitants de la terre» Dieu nous commande
lie nous rendre en pèlerinage à son saint
leoiple; accomfilissez ses ordres. » Dieu fit
parvenir la voix du patriarche à tous les
nommes vivants alors et à tous ceux qui
n'étaient pas encore créés, ainsi qu'à tous
les enfants qui étaient dans le sein de leur
mère, et ils répondirent tous d'une voix
unanime, c Nous obéirons è ton ordre, ô
Seip^neurl »
Abraham régla alors- la circoncision que
les pèlerins observent encore aujourd'hui, il
confia à Isinaêl la direction de la Kaaba, et il
retourna en Palestine avec son fils Isaac.
Abraham étant parvenu à la vieillesse, sa
barbe et ses cheveux blanchirent, ce qui ne
IVtonna pas médiocrement, car avant lui, ce
nétait encore arrivé à aucun homme ; Dieu
ariit voulu ce miracle, afin de le distinguer
disaac. Comme il était centenaire lorsque
Sara engendra Isaac, les habitants de la Pa-
lestine le raillèrent et doutèrent de la vertu
de Sara; alors Dieu rendit Isaac tellement
semblable i .<on père que chacun, en le
▼oyant, resta persuadé de la fidéliié de Sara.
Mais pour qu'on ne pût confondre le père
arec le fils. Dieu fit blanchir les cheveux
d'Abraham (19j.
c Lorsque Abraham eut l'flge de cent soixante-
quinze ans (on dit deux^ents selon quelques
auteurs) Dieu lui envoya l'ange de la mort
sous la forme d'un vieillard tout décrépit.
Abraham l'invila à manger, mais l'ange de la
mort tremblait tellement qu'avant d'avoir pu
approcher un morceau de sa bouche, il s'en
barbouilla le front, les yeux et le nez.
Abraham lui demanda alors : «r Pourquoi
trembles-tu si fort? C'est h cause de mon
grand Âge, » répondit l'ange. « Et quel âge
as-tu? » demanda Abraham, a J'ai un an de
plus que toi, :> répondit l'ange. Alors
Abraham leva les yeux au ciel et dit :— Sei-
gneur, appelle mon âme à toi, avant que je
ne tombe dans un étal semblable. » De
quelle manière voudrais-tu mourir, ami de
Dieu? »lui demanda l'ange de la mort. « Je
voudrais quitter la vie au moment où je me
prosternerai devant le Seigneur pour le
prier, » répondit le patriarche. L'ange resta
auprès d'Abraham jusqu'à ce que celui-ci
s'agenouilla pour prier , et il expira au
même instant.»
Le Coran (ch. 11) rapporte une autre lé-
gende relative h Abraham ; nous l'insérons
ici en faisant usage de la traduction de
Savary :
Lorsque Abraham s'écria : « Seigneur,
fais-moi voir comment tu ressuscites les
morts. — Ne crois-tu point encore? » ré-
Eondit le Seigneur. « Je crois, v reppit Abra-
am, K mais affermis mon cœur dans la foi. »
Dieu ajouta : <c Prends quatre oiseaux et
coupe-les en morceaux ; disperse leurs mem«
A filfrinage io Médina and Meccah , par le lieute-
naat anglais Burlon , dont la Revue britannique
(dficembre 1855, avril 4856) donue des extraits.
c La fameuse pierre noire {hajar-ei-aswad) appor-
tée par les anges à Abraham, lorsqu'il était occupé à
foftsiniire le samt temple, Tut p'acéc à qtiatreoucinq
l'ifds au-dessus du sol, elle Torme une partie du
sailbnt de ranglc deTédittce. G*e$t un ovale irrégu-
Ker de six à sept pouces de diamètre, dont la sur-
Uce initie esi composée d'une douzaine de frag-
ments de formes et de dimensions différentes, bien
nais eiisenable par un ciment et parfaitement polis.
Od dirait que la pierre, ayant été brisée par un
cfMip violeui, les morceaux en ont été rassemblés et
cimentés. Sa couleur est un brun rouge si foncé
qu'il approche du noir, et on Ta enchâssée dans iiu
oertle uasaif d*or et d'argent doré. 11 est très-difli-
oie de délenniner la nature de Vhajar-el-aêwad ,
tl<ntta surface a été usée et polie ; les uns la preti-
Mai pour un morceau de lave , les autres pour un
aérolitbe. M. Burton adopte cette dernière opinion, i
itS) II y a parmi les écrivains orientaux bien des
ublcs au sujet de cet Alexandre; les uns disent que
c'était un Grec, qui , tel que Nemrod et Saiomon ,
lut Diitre de la majeure partie du monde ; les au-
tres lui attribuent des privilèges surnaturels, il
mît «B drapeau noir et blanc , et selon qu'il le
déployait, il pouvait produire une obscurité com-
plue au miliea du jour et une clarté éblouissante
M milieu de la nuit. Il rendait, quand il le voulait,
t<s soldats ijiYlsibles. 11 parcourut toute la . terre
pour découvrir la source d'immorUlité ; celui qui
(a bovait, obtenait une jeunesse éternelle, mais elle
tt pouvaii conférer ce privilège qu*à une seule per-
Mttoe, et le ministre d'Alexandre, Albidr, le pré-
irint, et épuisa la source miraculeuse. Le surnom
de Cornu donné à ce conquérant, vient, selon les
uns , de ce qu'il avait sur le front deux mèches de
cheveux semblables à des cornes ; selon les autres ,
de ce que sa couronne était ornée de deux cornes
d'or, emblèmes de la Grèce et de la Perse soumises
à son empire. Les docteurs musulmans sont égale-
ment fort loin de s'accorder sur la patrie , sur les
parents, sur la biographie d'Aleiandre. Le Coran
(c. 28) parle d'un personnage de ce nom qui fit de
grandes conquêtes, qui parvint jusqu'aux lieux où
se couche le soleil , et qui vit cet astre disparaître
dans un lac de boue noire ; il pénétra dans des con-
trées où vivaient des hommes sauvages sans vête-
ments, sans maisons, se creusant des trous dans la
terre , et il flt construire un mur qui sépara du
reste des hommes les peuples sauvages de Gog et
Magog.
(19) Un récit semblable se rencontre dans le
Talmud :
c Lorsqu'Isaac fut sevré, Abraham donna un
arand banquet. Les païens dirent : c Voyez ces vieux
époux qui ramassent un enfant dans la rue, et qui
veulent le faire passer pour leur fils, et qui donnent
un festin en son honneur, abu que l'on ait fol en
leur fraude. Mais que fit Abraham 1 II invita les
' chefs du peuple et Sara invita leurs femmes : elles
vinrent et apportèrent toutes leurs nourrissons , et
Dieu donna par un miracle unt de lait à Sara »
qu'elle put satisfaire tous les enfants. Mais les
païens disaient toujours : « Comment est-il possible
qu'un homme âgé de cent ans eût un fils ? i Et sou-
dain le visage d'Isaac devint tellement semblable à
celui d'Abraham , que chacun s'écria : c Abraham
est le père d'Isaac. >
59
dittionlNâire des apocryphes.
40
. Augusti. Dissertatio defatis et faetis
imU uotha, 1730, in-fc* ; J.-F. Wilhof.
k'res sur la cime des montagnes \ appelle-les
ensuite; ils voleront'à toi. »
Les commentateurs arabes ajoutent que
les oiseaux sur lesquels Dieu opéra ce mi-
racle, furent un paon, un aigle, un corbeau et
un coq. Abraham dispersa les membres et
garda les têtes près de lui. A sa voix les
membres se réunirent et vinrent retrouver
leurs tèles. Les doutes du patriarche lui
avaient été suggérés par le diable qui, lui
apparaissant sous une forme humaine, lui
demanda comment il était possible que les
diverses parties d*un cadavre qui gisait sur
le bord de la mer et qui avait en partie été
dévoré par des bétes féroces, des poissons
et des oiseaux, pussent se réunir au moment
de la résurrection.
Il existe quelques ouvrages spéciaux rela-
tifs à Abraham ; nous en citerons cinq : trois
sont publiés en Allemagne, deux en Angle-
terre :
J.-A
Abrahami^
Programma de Abrahamo^ amico DeU Duis-
burgi, 17^3, in-4*; H. Hobbing. Bistory of
Abraham^ Londres, ilk6, in-S"; W. Gilte-
bank. Scripture history of Abraham^ Lon-
dres, 1773, in-8*; A.-T. Holst. Scenenausdm
Leben Abrahams^ Chemnitz, 1826, in*8.
L'histoire d'Abraham a été le sujet d*un
assez grand nombre de compositions drama-
tiques: répisode du sacriGce d*Isaac a sur-
tout inspiré les écrivains qui ont voulu
transporter sur la scène des traits empruntés
h l'histoire sainte; nous pouvons mention-
ner en ce gtnre :
Isaac victima^ par Michel Denis, Vienne,
179^, in-B* ; IHalo^s de.Iioaci immolationCf
Auctore PetroPhilicino, Anvers, 1546, in-8*;
Isaaci immolation cinq actes, vers, ()ar Jérôme
Zcgler, dans les Dramata sacra^ Bûle, 1547,
ir)-8*; Abrahamus in spem contra tpem ^
drama sacrum^ en trois actes, par G. Moral,
Paris, 1645, in-4* (20); Abrahœ «acri/Sctum, dia«
logue dans les Musœ rhetorices, Paris, 1745,
in-12; Tentatus Abrahamus^ actio $acra co-
micerums descripta; auctore Jacobo Schœp-
pero, Anvers, 1551 ; Abrahamug patriarcha^
auctore J.-A. Commeuio, Amsterdam, 1661.
Quant aux compositions en langue fran-
çaise, nous trouvons le Sacrifice d'Ahrakam^
snns date, Paris, 1539, in-é*, TOlome fort
rare (21) ;
La tragédie française du Sacrifice d*Abra-
ham, par Théodore de Bèze, 1550, souveni
réimprimée et traduite du latin, a Jonn,
JacomotOf Barrensi, 1598 ;
liaoCf comédie en cinq actes, dans les
Poèmes français de Jean Rosier, Douai, 1616,
in-8° : c'est la reproduction presque serTJIe
de l'épisode compris dans le Mystère dutieil
iestament (voir le Catalogue de tabiblinthè-
que dramatique de M. de Soleinne, 1843, 1. 1,
p. 208) ; le Sacrifice d Abraham^ potae lyri-
que en vers, par Nogaret, 1786;
Le Sacrifice d'Abraham^ tragédie, par le
P. Dumoret de !a doctrine chrétienne, Tou-
louse, 1699, in-12. Cette pièce est singulière,
Tanteur y ayant intercalé une foule de vers
pris à Racine.
Parmi les pièces d*Hanssijchs nous re-
marquons le Sacrifice d'Isaac^ joué en 1533.
Une tragédie envers allemands sur le même
sujet, composée par N. Chytraeus, fut im-
primée à Herboru en 1591 ; une autre pièce,
intitulée Abraham^ écrite par Ch. Weise,
parut en 1682.
Dans une ancienne collection de mystères
anglais, appelée les mystères deTowneley
(d*après le nom du propriétaire du manus-
crit), et publiée à Londres en 1836, in-V,
on trouve un mystère d'Abraham» Il s*ea
rencontre également un dans un autre re-
cueil du même genre, les Mystères jonés h
Covenlry et édités par Th. Sharp, 1817, iû4\
La littérature italienne nous présente
la Rappresentatione di Abraham et Uaac
suo fighuolo, Florence, 1585, in-4* ; // sacri-
ficio d'Abramo^ sacra rappresentazione de!
R. P. Agnola Loltini, Florence, 1613, in-8%
En fait de pièces relatives à d'autres cir-
constances de la vie d'Abraham, nous ne
connaissons que la comédie d'Abraham et m
servante Agar^ laquelle fait partie d'un vo-
lume extrêmement rare: Cornédies françaises
de Gérard de Firre, Gantois, pour tutilité de
la jeunesse et usage des écoles françaises,
Anvers, 1589, in-8*.
ADAM.
{Ouvrages attribués à Adam.
Il peut paraître étrange qu'on ait placé
Adam au nombre des auteurs et qu*on ait
signalé des livres comme ayant été son ou-
n*ouuliuii5 pas cependant que quel-
via^je;
(lO) Ceue pièce offre un singulier mélange de
*'e!> la ;<io, i\e |iro»e laline et de vers fraiiçiii» ; elle
•si II iiiUt'ur» dénuée de guûl; Isaac, éiendu sur boii
^uci»", lail iiu bel espni :
Trop heureui condamné qa*one riguenr propice
Fail dessus un auUl rencoBlrer un lombeju ;
ques critiques ont pris la peine de discuter
au sujet des bibliothèques qui existaient,
selon eux, avant le déluge ; rappelons _ici
.les écrits de J. Mader, de Scriptis et hmo-
J« rends grâces an ciel qni ro'olTre on sf»rl si beau
ïx meurs en ador»ui l'arrèi de mon suppUce.
(il) La bibliolbèiue de M. de Solcinne rcnfer-
mM (il- 6.'8, 1. 1, p. M8 du Calal^^ue), mi martu-
scrii du h^itère d» VimmolaitQn d'Abrakatn^ ou"
Vf agc lout à fail difféi-enl de celui qui a eie im-
primé.
«I
ADA
PART. lîl. — LEGENDES ET FKAGIfENTS.
ADA
M
ihecis antediluviànis (notice placée en tèle du
liwre dt cet auteur : De bibliotheeis atque ar-
chivis virarum clariaimorum ^ Helmstadt,
1702. %*); de Vockerodt {Historia tocieta"
ium et rei UUerariœ mundi primi $eu ante-
diliHani, Jenœ, 1687 et ITOi) ; de J.-F. Reim-
inaD» Versucheinn Einieilung in dieHiètoria
litteraria antediluviana , Halle , 1709. 8**.
D'autres écrivains^ sans faire des collections
de livres antérieurs au déluge, Tobjet de re-
cherches spéciales, R*ont pas donlé de leur
existence : telle est Topinionde J. Boulduc :
De ecclesia ante hgtm (Paris 1626; Lyon
16â8j ; et d*Ange Rocca : Appendix ad des-
^ripiionem bibiiolhecœ Yalicancù^ p. 38^.
Los [gnostiques avaient fabriqué des ré-
vélations qu'ils faisaient circuler soUs le
nom d'Adam» comme nous l'apprend saint
Epiphane (hœres. 26, § 8).
BÉBimonide, More Ne^ochim^ m, 29 (22),
dit que les Sabéens prétendaient qu'Adam
avait appelé les hommes au culte de la lune
et qu*il avait composé des livres sur la cul-
tore de la terre.
Des rabbins ont attribué à Adam le
psaume xcii. On lit à cet égard dans Je Tal-
nuid : Caïn était plein d'allégresse lorsqu'il
s*éloignade la présence deDieu. Adam courut
«u-devanl de lui et lui dit : « Comment as-lu
obtenu de ton juge qu'il le fit miséricorde ? »
Caïa répondit : « J'ai fait pénitence et j*ai
aftaisé le Seigneur. » Alors Adam commen-
ça à se frapper la face et à dire : « Telle est
donc la vertu de la {)énitence, et je !*ign'i.
rais. » Et aussitôt il se leva et il dit le
psaume du jour du sabbat (le xoii') : « Il est
tmn de meure sa confiance dans le Seigneur.»
Rabbi Lévi dit : tt Adam composa ce psaume,
et ses descendants l'oublièrent. Moïse vint
et il le renouvela sous le nom d'Adam. » Uii
autre docteur juif, David Kimchi (Prœfat. in
Pialmon) rejette ces détails. Fabricius ren-
voie sur tout ceci à divers auteurs tels que
LambecciuSy Prodomut Hiet.liUer.^ p. 162;
Sgambatus, Archiv. Vet. Tt9U p. 105; Ca-
rtwright, Meilif. Ae6r., 1. 1, c« k (dans les
Critici «acri, édit. de Londres, t. IX, p. 2959);
Heidegger, Histor. patriarch.f 1. 1, p. 215;
Chr. Soatag, Diatriba de titulis p$almorum.
Cet érudit cite également un passage d'un
autre écrit rabbinique {liber laikut): n^os
docteurs ont enseisné que le jour oii Adam
fut créé, il dit : « Malheur à moi, parce que
j'ai péché; c'est pourquoi Je monde péril
et retourne au chaos. Et voilà cette mort qui
m'a été annoncée comme un châtiment. » Et
pensant à cela, il s'assit et pleura toute la
nuit, mais quand la première colonne dd
lumière mOnta dans le ciel, il <lit : « Tel e>t
donc l'ordre de la nature. » Alors il se leva
et il offrit un veau dont les cornes étaient
sorties avant les pieds, ainsi qu'il est écrit ;
le veau nouveau présentant ses conies et
ses ongles plut à Dieu. » (Fiai, lxix, 32 )
On a prétendu qu'Adam avait écrit des
livres d'alchimie; mais comme le dit fort
bien un auteur assez crédule cependant et
dépourvu de critique» Martin Delrio, pareil-
les rumeurs ne sont qu'impostures et rêve-
ries de gens désoeuvrés (23). Il faut quali-
fier de même ce que l'on dit des prétendus
ouvrages sur le grand oeuvre attribués h
Moïse, è sa sœur Marie, à Salomon; Si de
pareils écrits ont existé, ce c|ui est fort dou-
teux» ils étaient Toeuvre d'imposteurs vou-'
lant mettre leuVs imaginations extravagantes
sous le couvert d'un nom célèbre. Antoine
Vandale range l'assertion qui fait d'Adam
un alchimiste au même niveau que celles
qui ont été écrites par des érudits allemands,
lesquels représentent le premier homme
comme un mattre en philosophie^ comm»
un professeur dç théologie, ayant fondé des
accadémies (2^). Les rabbins prétendent
qu'Adam avait écrit un livre sur la diviuité,
et qu'il y avait inséré tout ce que Dieu lui
avait dit dans le paradis terrestre et tous les
préceptes qu'il lui avait donnés.
Ajoutons que Fabricius cite comme s'élant
occupés des écrits attribués à Adam les au-
teurs suivants très-peu connus en Fran* e;
mais que nous croyons ne pas otirir de
grandes ressources à la critique : J. Braun,
Select, sacr., p. 570; G. Schott, IJecAntra
curiosa^ p. 556; Christophe Hendreich, Pan*
dectalBrandenburgicQ : J« A. Schmid, pseud*
VeU Test.; J. J. Reimm^n, m specimine
Jsagogis ad historiam titterariam aniedilu*
tianam.
Testament d^Adam. — Un auteur arabe,
Etmacin (25), rapporte qu'Adam se trouvant
près de la mort^ fit son testament et qu'il y
recommanda è Seth de rester avec ses frè-
res, leurs enfants et leurs femmes sur la
montagne sainte (Horeb), et de ne point
en descendre^ de ne point se mêler avec la
(22) Le plus célèbre des rabbins qu'aient eu les
Juifs; né à Cordoue vers Tan 1155, il mourut à
Tibériade en 1209. On peut consulter le savant
article ooe lui a consacre U. Labouderie dans la
Biographie universelle^ (• XXVI , p. 255. Le Moreh
Netokim^ ou docteur des perplexes que nous citons a
pour but de montrer comment U faut entendre les
iocalloDS de TEcriture sainie qui s'éloignent de
rasage ordinaire , et qui ne sont pas susceptibles
du sens littérah
(25) < Cbryaopaeiae originem quidam nobis valde
fatiuDl aiitiquam qui pneclaro Adauii tiiulo libeU
loiK qoemdara insignem oblruduut... Hxc euim
immia pro imposturis babeoda et otiosorum bomi-
nem somniis. i (Disants, mag,, 1. i, c. 5.)
(2i) t Nec dubiiandum est quin inter ilios fue-
DiGTioan. DES Apocryphes, II.
rînt lîbri Adami i quem quidam ciniflooes primam
cbymicum ponunt, ac cbymia! ariis magistrum« sicut
Georgids Hornius {Hi$ti philos., 1. i, c. 2); pri-*
mum pbilosopbi», utquealius Gerinanus, io tractai»
de antediluvianis ( G. Yoeker ) primum theologiae
professorem : acadeniias namque ille erexii. Credi*
mus an qui ita amaut, ip^i sibi somnia ling^nt?!
(tHs$erL de hisioria Aristem, p. 56.)
(25) Voy., à cet égard, Cb. Cellarius {Notilld
orbig aniiqui, 1. i, c. 4) ; Fabricius indique au suj t
de la sépulture d*Adam, Sam. Audrae, disserlatiotitis,
Marborg, 1679; SuïceTi^ Thésaurus ecclesiasticus 4
voce Kranion ; M. HoynoYius, DisurL, Kœnigsbergi
1706; J. Nicotaî, De »epulcris Hebrœorum% Leydei
1706, in 4-, p. 119. ^
DICTtONNAmE DES APOCRYPHES.
44
voce de Gain, leur recommandant de plus,
a*ils avaient h s*éloîgner, d'emporter avec
eux son corps et de Tensevelir au centre de
la terre (c'est-è-dire à Jérusalem) (26). On
observera que ces Iradilions se retrouvent
<laBs le livre de la Pénitence d*Adam qui
figure dans la première partie do ce diction-
naire.
Les Musulmans ont débité bien des fa-
bles au sujet «lu testament d*Adam : voici
ce que mentionne Fabricius {Cad. apocr.
Vit. Test.t i. 1, p. 35}« d'après le Livre de la
génération de Mahomet (apud S^ambatum,
p. 111). Adam voyant approcher sa Hn, prit son
iils Setli par la main et le conduisit au lieu
de la prière et lui dit : « J*ai reçu de Dieu le
précepte de te laisser un testament de lu-
mière. » L*ançe Gabriel fut présent avec
soixante-dix millions d'anges, ayant chacun
des pages blanches et une plume prise par-
mi les ))lumes du paradis. Adam laissa donc
cet écrit sous le témoignage des anges et
signé du sceau de Gabriel.
On lit dans V Histoire universelle d'Eutj-
chius, patriarche d*Alexandrie (27), 1. 1, p.
19, <iu\\dam étant proche de la mort, appeta
h lui Seth, et Enoch, fils de Selh, et CHÏnan,
lilsd*Enoch,et MahalaëUfils de Caïnan, et il
leur laisiia son lestamenl, disant : « Voici le
testament que tous vos fils doivent obser-
ver; quand je serai mort, embaumez mon
corps uvec de la myrrhe, de Tencens et de
]a cannelle, et placez-le dans une caverne
cachée; et que celui de mes enfants qui se
trouvera en vie lorsqu'il quittera le voisi-
nage du paradis, prenne avec lui mon corps,
et le dépose au point central de la terre; car
de là sortira mon salut et le salut de tous
mes descendants. »
Les rabbins et les orientaux ont avancé,
au sujet d'Adam et d*Eve, une foule de fa-
bles ridicules; il suffira d'en citer quelques
éclianlilions. Voici d'abord ce que nous li-
sons dans Hottinuer, Hist. orient,^ t. i,c. 3,
d'après Beidavi (28) : cum Eva uterum gesta-
retf accessit eam aiabolus^ assumpta forma
viri, eique dixit : n Quis indicavii tibi^ quid
in ventre tuo gestes t Forte bestia est, aut
canisf Quis etiam notum tibi fecit unde
fatus tuus sit proditurus ? » Eva igitur^
hoc nuntio valde perculsa^ indicavit Ada-
mOf quid obtigisset sibi^ unde timor utrique
Quctus. Postea idem ad eam reversus dixit :
ego veniens a Deo^ locum ejus suppleo^ Deum
autem rogavi ut concédât creaturam similem
tibif facifemque et largiatur exitum; tuvero
appellabis eam Abdol Bareth {nomen enim
hoc ejus erat inter dœmones) ; consensit iaitur
Eta^ partuique recens nato nomen Abdol Ha-
relh imposutt.
Un autre auteur arabe, Kessœtis, raconte
la même fable : Diabolum Harethum persua-
sisse Adamo ut primogenitum suum Abdot
Harethum nuncuparet; quod si faceret, fore^
ut longiorem solito lucis hujus usuram ton-
sequeretur,
Heidegger, dans son Historia patriarcha-
rum, L 1, p. 118, parle des significations
mystérieuses qu'on a cru découvrir dans le
nom d'Adam. Des caba listes trouvèrent dans
les trois lettres A D M une preuve de
la transmigration des ftmes, celle d'Adaui
ayant passé successivement dans le corps do
David et du Messie. D'autres se bornèreni
h y relever les m tiales de trois mots hé-
breux signifiant cendre, sang et fiel, subs-
tances qu'ils signalèrent comme formant
les bases de la constitution du corps hu-«
main. Le mot Adam présente également en
grec les premières lettres de mots qui dési-
gnent rOrieni, l'Occident, le Nord et le Midi;
on en a conclu que les quatre parties du
monde étaient désignées dans le nom même
d'Adam comme devant servir de demeure
h sa postérité. L'auteur que nous venons de
citer mentionne aussi, p. 128, les étranges
questions soulevées au sujet de la forme
du corps d'Adam :
De corpore Adami antiqua in Judœorum
scholisagitata quœstio^anfuerit uniforme con^
ditum^ an biforme^ ita ut a fronts Adamus^
a lergo Eva^ et utrumque cotpus ad scapu^
las quasi pice aggiutinatum fuerit f Affirmât
in Bereschit Rabbah Babbi Samuel Bar AaA-
man contra Babbi Samuel, Nuper testatus
idem estf Menasse Ben-lsraeU conciliât ione
in Gtnesim^ quœ est viii ; ti6t inter sujfra^
gia numerat B. Salomonem Jarchif Aben^
Esra^ Babbena Babye^ B. Elirxer et Isaacum
Karus^ Pot erat enim Maimonidem laudare qui
in Moreh Nebochim^ p. ii, cap, 30, consens
tit magistris illis qui dicunt : Adam et Eva
creati sunt sicut unus et tetgis vel dorso
ct^njuncti, Postea vero a Deo diviéi aufif,
qui dimidiam parttm accepitf et fuit Eva et
adducta est ad ipsum.
Un érudil qui tit partie de V Académie des
imcriptions ^ mais qui était un peu vision-
naire, Uenrion, mort en 1720, avait annoncé,
dans un travail sur les poids et les mesures
des anciens, qu'Adam avait une taillade cent
viri^t-trois pieds neuf pouces ; Eve présentait.
(SB) Dsctierschctf Ibn Alainîd ou Al Makin dont
les occidenuux cm fait Georges Elmacinus, était
Clirétieii , né en Egypte. 11 mourut ù Damas Tan
1175 de rére clirélieune ; il a laissé une liislotre de
rAr»liie qui c<»miiience à la création du nioïKle. La
C^mière partie, qui s*é(end ju^qu^à Tépiique de
homet , est restée inédite ; la seconde a éié pu-
bliée il Levde en I6i5, in-4*, avec une traduction
laMna d*£fpénius.
. \n) Eatychitts mourut Tan 940 de notre ère. Son
Bisioire universelle porte, selon un usage assex
commun en Orient, un titre oui n*a guère de r^p*
port avec le contenu du livre : Sadhm algtaii uhtr
ou Rangée de pierret précieuseê, Pococke en a pu-
blié, en 16.S8. une version latine, 2 vol. in 8*.
^18) Cei écrivain persan , mort vers t*au 6d2 de
THégire ou iSllS de i*ére cbrétienne, a laissé nu
ouvrage inlitulé : Ketab nixMm altewarik ou Chro-
nologie de rhUtoire; un orientalisie illustre, M. Sil*
vesi: e de Sac , en a donné des ei traits dans les ÂVoft-
ces et exiraiti des manuscrits de la bibliothèque du
roi. I. iV, p. 67i-69'i. La huitième partie de cette
histoire est rclaiive à la Chine; elle a été traduite
eii latin et publiée par A. Moellcr, avec des uottHy
lé.ia, t6l9, ifi-4*.
AD\
PART. m. - LEGENDES ET FKAGMENTS.
ADA
a
99(00 lof, nne slalure de cent dix-huit pieds«
neuf poQceSy œais ces dimensions colossales
se rédaisirent proraplement ; Noé avait d(^jà
Tiogt pieds de moins qu'Abraham; Abra-
ham n'avait plus que vin^At sept à vingt-
hoit pieds, et Moise fût réduit à treize.
Bartoloccii, dans $>a Bibliotkeca ra66tntca,
t. H, p. 65, extrait également des rabbins
bien des choses étranges à Tégard du père
du genre humain ; transcrivons-en qiiehiues
passages.
Inilio creaius est [tum vaslœ molis) ul e
(erraad cœlutn usque pertingeret. At quando
cngeli minislerii illum viderutUf commoii
ittut, timueruntque ; quid fecerunt ? ascen^
derunt omnes coram Deo in superiori (Aafri-
taeulo) ei dixerunt : « Domine mundi , duœ
potettates sunt in mundo, « Tune Dtus posait
uKHitim 8uam super caput Adœ^ illumque ad
miiie cubitus redegit.
D*autres rabbins réduisent cette stature à
neof cents et même à trois cents ou à deux
cents coudées. Il y en a qui ajoutent qu'il
était hermaphrodite : d*au très en font un vé-
ritable monstre : Dixit Rabbi Jeremias ben
EUazar: duplicemvuitum seu duas faciès Ao-
Mat Adamus, sicui scriptum est : Beiro et
anteformcutime. RabbiJudeus dixit : Fecerat
Deus Adamo caudam ad instar ferœ^ sed pos^
ita abstulii ab eo decoris gratia.
Ces docteurs racontent de plus, qifavant
de créer Eve, le Seigneur avait formé, avec
le limon de la terre, une femme nommée
Lilith, oui ne tarda pas à se quereller avec
Adam. Elle lui disait: Je suis ton égale,
Euisque Tun et Tautre nous sommes faits de
mon. Et elle refusait de lui obéir.
Lilith invocavit nomen Dei expticatum^ et
illico per aerem evotavit. Adam Dominum
oratit et dixit : ^Domine mundi^ mulier qtiam
dedisti miki aufugit a me, » Subito Deus
benedictus très angelos expedivit , ut illam
reducerent, Nomina angelorum sunt Sennot^
Sunsennoi, Sumanghetopk, Quibus dixit: <t Si
redire voluerit^ bene; sin ati/em, conlestamini
ilU fuod singulis diebus centum ex ejus filiis
moriuntur et relinquite eam. » lerunt itaque
post eam et apprehenderunt illam in média
mans, in aquis validis , ubi in futurum su6-
mergendi erant Mgyptii, Narrarerunt ei
verba Dominî, at ilJa reverti notait^ et cum
PoluissefU illam in médium undarum demer»
0ere, dixit : Sinite meabire quia ad nihil aliud
creata sum^ nisi ut debilitem infantulos^ nam
in mascutis per octo dies mihx potestas erit^
in femellam per riginti. Hoc audientes angeli
instiierunt utjuraret per nomen Deijoiventis
ut quotiescunque eos^ aut iUorum nomina vel
figuras inamuletis scriplas vel etiamdelinea"
tas invenir et i damnum non inferret infant i-
6u«, et centum filiarum suorum quotidiemori^'
turos sepœnam mulctari sciret. Hinc est (ad"
dunt) quod singulis diebus centum dœmones
moriuntur. (t. 11, p. 69; voy. aussi p. 350.)
(29) Moise Maîmooide rapporte que Seth rapporta
do Paradis t«:rresire un arbre ayant des feuillei el
des branches d*or ; un autre arbre dont les feuilles
ae pouvaient être attaquées par le feu ; un autre
. Voici encore une autre idée étrange que
signale Tauteur de la Bibliotkeca rabbinica*
Qunndo Deus creavit hominem primum^ creii'-
vit corpus solum et accesseruni ad illud mille
spiritus a latere sinistro, qui omnes voltbant
intrare in iilud^ nisi increpuisset eos Vo^
minus.
Empruntons aussi deux Hlations à un
savant allemand, qui s*e$t livré à des re-
cherches étendues sur la langue et rhisloiro
des Israélites: Kabbalistœ insulsi dicunt
ires litteras in Adam significare Adam, David ^
Messiam quasi hinc concludipossit Adamispi-
ritus in Davidem^ Davidis in Messiam migrasse
(H. Olho. Lexicon rabbinicum, Genève 1(575,
p. 8). Cet érudit cite, p. 176, de nombreut
rabbins qui pensent que le corps d*A(l/)m .
était biforiiie : Qua ratione Adamus fuit a
fronte et Eca a tergo. et utrumque corpus ad
scapulas quasi pice agglutinatum
Le moyen A^e connaissait peu les tradi-
tions des rabbins, mais il les remplaçait par
d'autres détails non moins empreints de
merveilleux; nous citenms ce qu*un auteur
du XIII* siècle, Gervais de Tilbury, avance
au sujet de farbre du paradis dans les Oiia
imperialia , compilation géograuhiquc H
historique, remplie de fables, écrites h la
demande de l'enipereur Othon IV, et (jue
Leibniiz a publiées dans ses Scriptcres
Brunsvicenses (t. I, p, 881).
Inter alia paradist ligna duo prœcipue le»
gimuSf lignum scientiœ boni et mnli et lignuin
vitœ,
Nec mirandum de ligno vitœ, eum in gestls
Alexandre legatur ad Aristotelem epistola
ejus, in qua opponitur terram esse, qumi
mors nulla tentavit, quinimo decripili efferri
sefaciuni, ut moriuntur, ut infra decisionê
secunda, Deo duce, in descriptione Jndiœ di-^
cetur. Sic etiam lanugo fit m foliis arborum
apud Seres, cujus esu vita protelaiur. Sed et
Alexander scrtpsit Aristoteli de sacerdotibus
arborum solis et lunœ, quod cum sol oritur
et splendor tangit arborum summitatem, ar-
bores ad radices usque concutiuntur^ et tune
responsa dant interrogantibus, Illic Aleaan-
der de uxore et familia sua, de morte quoqne
sua, cum Babytoniam intraret^ responsum
accepit» Hœ arbores poma faciunt, quorum
esu sacer dotes illarum quadringentisannisvi"
vunt (29).
Les Musulmans ont égalé tout au moins les
rabbins lorsqu'il s*est agi de raconter, h Té-
gard d'Adam, des circonstances dues à une
imagination exaltée. Nous allons derechef
mettre, sous ce rapport, è contribution l'ou-
vrage allemand de M. Weil, que nous avons
déjà cité à Tarticle d'Abraham.
Adam fut créé un vendredi, h l'heure de
assr ou de midi, celle à laquelle les Musul-
mans récitent la troisième prière qu'ils doi-
vent dire chaque jour. Les quatre archanges,
Gabriel, Michel, Israfel et Asrael, apporté^
enfin dont les feuilles étaient d*one dimension tella
qu*une dVlles pouvait couvrir dii mille bainme« 46
la taille d^Adam.
47
nXTlONNAlRE DES APOCRYPHES.
4S
rentf des quatre eiirémîtés du monde» la
terre avec laquelle Dieu forma son corps;
pour former Ta tète et le cœur* la terre fut
Brise sur remplacement de la Mecque et de
[édine, à Tendroit où plus tard s'élevèrent
la Kaaba et le tombeau de Mahomet. Quoi-
qu'il ne fût pas encore animé du souffle de la
vie y il excita i*ftdmiralion et la surprise de
tous lesangesi quis*empressèrent d*accourir
à la porte du paradis (30) où Dieu Tavait
placé. Mais Iblis, qui était jaloux de la belle
ligure et de Tair aimable d*Adam, dit aux
anges : « Comment pou vcz-v|)us trouver plai*
sir à uu être fait de terre et dont on ne peut
attendre aue faiblesse et ignorance? > Après
que tous les habitants du ciel» à l'exception
d'Iblis» eurent admiré xYdam, dans un silence
* respectueux, ils louèrent Dieu, le créateur
du premier homme. La taille d*Adam était si
grande que» lorsqu'il se tenait debout sur la
terre, sa tète touchait au premier des sept
deux. Dieu Qt alors pénétrer dans l'océan de
lumière qui rayonnait du corps d'Adam,
l'flme qu'il avait créée mille ans auparavant ,
et il lui ordonna d'animer ce corps. Elle
montra quelque répugnance k quitter les es-
paces inlinis du ciel, et à fixer sa demeure
dans le corps étroit d*un homme. Mais Dieu
lui dit : « Anime Adam contre ton gré, et
pour te punir de ta désobéissance, tu seras
un jour séparée de lui également contre ta
volonté.» Et Dieu poussa 1 &me avec une telle
force qu*elle entra par le nez dans la lôte
d'Adaui. Aussitôt Qu'elle atteignit ses yeux,
ils s'ouvrirent. Adam vit le trône de Dieu
avec l'inscription : c II n'y a pas d'autre Dieu
que le Dieu unique, et Mahomet est l'envoyé
de Dieu. » L'flme se rendit ensuite aux
oreilles, et elle entendit les chants des anges,
et la langue d'Adam* fut déliée, et il s'écria t
« Sois loué, ô Créateur, Dieu unique et éter-
nel; » et Dieu lui répondit : « Te voilk créé^
tu dois, ainsi que tes descendants, m'adres-
ser tes prières, car c'est ainsi que vous trou-
verez grflce et miséricorde auprès de moi. »
L'flme parcourut ainsi tous les membres
d'Adam jusuu'À ce qu'elle arriva à ses pieds,
et elle lui donna la force de se lever. Mais
(50) Nous avons donné d'assez nombreuses indi-
caiioBi bibliographiques reUiives au Paradis ter-
lestredaiis le Dictionnaire de$ tégenda du ehrii"
iianisme (Migne , til55, col* 948), nous n*y revien-
drojis pas ; nous ajouierons seulement qu*une carte
de rEden se trouve dans un ouvrage d*un érudit
danois K. Rask : Den œtdue hebrahke Tidêregumti
ittdlH Êioui {Ancienne chronologie de$ Hébreux
iMM«*à Motith Copt^nliague, l8iH, in-8*
Uu des ouvrages les plus rares qui se rattachent
aux légendes répandues sur le Paradis leirestre est
sans doute un peiit in-4* de 10 feuillets* iniprinié k
Uurgos, en i55o, et intuulé : La vida del ^teiiovaii*
îurado tant Amaro, y de lot peligrot que pasto hatta
que elego al Parayto terrenaL
Adam ne passa qu*un jour dans le Paradis selon
divers auteurs ^ d*atttres portent la durée de son
séjour à trois, sis, h neuf ou à quaranus jours ; il
eu t*sl qui Téien Jeiit jusqu'à quarante ans.
Thomas Malvenda, dans son livre : Ue Paradito^
Rouis, 4605, iH'4*, p. Î4I et suiv., rapporte ces
«Lvcrscs ooiiiio>ts , et couclut eu disant : Tutint e$9
lorsqu'il se fut levé, il dut fermer les yeuc»
car il no pouvait* supporter la lumière qui
sortait du milieu du trône de Dieu en lace
de lui.
Ridhwan, le portier du paradis, amena
alors à Adam le cheval ailé Meiman, et il
conduisit pour Eve une chamelle aux pieds
rapides. Gabriel l'aida à y monter, et il la
mena dans le paradis, où tous les an^es et
tous les animaux les accueillirent en disant:
« Soyez les bieti-venus, père et mère de
Mahomet. • Au milieu du paradis était un
fiavillon de soie verte, soutenu par des pi-
lers d'or, et contenant un trône sur lequel
Adam et Eve s'assirent
Ils se rendirent ensuite dans le jardin, et
Dieu leur parla en ces termes : « Je vous «i
assigné ce jardin ^ur demeure; vous n'y
aurez à redouter ni le froid, ni la chaleur t
ni la faim, ni la soif. Jouissez, seloi: vos dé-
sirs, de tout ce qu'il renferme; le fruit d'un
seul arbre vous demeure interdit. Gardez-
vous bien d'enfreindre ce commandement, eC
armez^vous contre les ruses de votre ennemi
Iblis; il vous suit et vous cherche aOn de
vous tromper et de vous perdre. »
Adam et Eve écoutèrent avec attention la
parole de Dieu, et vécurent cinq cents ans
dans le paradis , à ce que rapporte la tradi-
tion, sans s'approcher du fruit défendu.
Iblis, qui avait entendu la défense que Dieu
avait faite, rô<la longtemps autour du para-
dis, dont l'accès lui était interdit et que gar*
datt l'ange Ridiewin; il avait l'espoirde trou-
ver l'occasion de s'y glisser, et de faire tôm«
ber en faute nos premiers parents. Un jour
un paon se plaga devant la porte du paradis:
Cet oiseau, au plumage semé d'émeraudes
et de rubis, était le plus beau de tous les
oiseaux ; sa voix était aussi pleine d'harmonie
et de charme; car chaque jour il était appelé
k proclamer la louange du Très«Haut sur les
chemins du ciel.
Iblis, voyant le paon, se dit k lui-même :
fl Ce bel oiseau est sans doute plein de va-
nité; peut-être, en le Battant, le déciderai-je
k me faciliter l'entrée du paradis. » Il aborda
donc le paon, en lui disant, lorsou'il fut as-
adhœrere eommuniori opinion! uno eodemque die et
ereatum ei ejectum, W examine, p. 281 , la question
suivante : Chrinui quadraginta diebus poit retur-
reciionem^ num fuerit in Paradiêo terreUri^ tum
Saiietii qu^i eduxit e limbo, p. iSI.
Il ne serait pas diruciie de signaler de nom-
lirenses opinions singulières émises au sujet de
lEilen. *
Gonxalez, dans son Itinéraire dm nouvemn mottdt^
Cé 8, dit qu'un roi du Bengale, instruit que le Pa-
radis était à la source du Gange , envoya une eipc-
dition pour remonter le fleuve jusqu'à son origine;
auVlle parvint dans un endroit charmant rempli de
eurs embaumées et de parfums , mais ne put jamais
avancer malgré tous sen effurts ; le courant la
rapporuit toujours au même endroit.
Quelques auteurs ont cru que le Paradis terrestre
était dans File de Ceylan ; le visionnaire Postel ,
dont nous avons déjà parlé (t. I, eol. i009), affirme
dans son Compendiu«% eoimographieum , qu*il éiatt
sous le pèle arctique.
49
ADA
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ADA
5a
sez loin de la porte du poradis pour que
Ridhwan ne pût Tenlendre: «Ole plus admi-
rable de tous les oiseaux, n*appartiens-tu pas
aux oiseaux du paradis? — Oui» répondit le
paon; et qui es-tu» toi» qui parais si craintif
et aussi troublé que si tu étais poursuivi? —
Je suis du nombre des chérubins qui sont
tenus de louer constamment le Très-Haut; je
suis venu ici inaperçu» aûn de jeter un coup
d*œi] rapide sur le paradis que Dieu destine
aux hommes pieux ; veux-tu me cacher sous
tes ailes magniQques? — Pourquoi ferai-je*
une chose qui attirerait sur moi le déplaisir
de Dieu? — Prends-moi avec toi, créature
charmante; je t'enseignerai trois mots mys-
térieux qui te préserveront de la maladie, de
la vieillesse ej de la mort. — Est-ce que les
habitants doivent être frappés de la mort? —
Tous, sans exception; si ce n*e$t ceux
qui su préservent de la mort au moyen
des trois mots dont je te parle. ^ Dis-tu la
Térité?— Oui, par Dieu le Tout-Puissant. »
Le paon ajouta foi à ce serment; il ne crut
pas possible qu'une créature fit un faux ser-
ment en invoquant le nom du Créateur.
Craignant toutefois que Ridhwan ne le visi-
tât avec rigueur à sa rentrée dans le paradis,
il avoua à Iblis qu'il éprouvait une grande
répugnance à faire ce qui lui était demandé,
et il lui conseilla d'avoir recours au serpent
qui trouverait» dans son habileté, quelque
moyen pour lui faciliter l'entrée du paraais.
Le serpent fut» dans l'origine» le roi des
animaux. Sa tête était comme le rubis, et ses
yeux comme des émeraudes. Le§ plus belles
couleurs se jouaient sur sa peau, et sa che«
'Telure était ondoyante et souple comme celle
d'une jeune vierge. Le safran lui servait de
nourriture; le musc et l'ambre se faisaient
sentir autour de lui; sa résidence était sur
les bords charmants du Kanchar {fleuve du
furadiê). Il avait été créé mille ans avant
l'homme. Cette belle et intelligente créature,
pensa le paon, sera encore plus que moi
animée du désir de conserver une jeunesse
et une santé éternelles, et aûn de connaître
les trois mots mystérieux» elle se hasardera
à quelque entreprise à l'insu de Ridlewin.
qu
[^ paon ne s'était pas trompé; car dès
'il eut parlé au serpent, celui-ci s'écria ;
t Quoi! est-ce que la mort doit me frapper?
Est-ce que mes yeux doivent se fermer, mes
dents tomber et. mon corps être réduit en
poussière? Dut la colère de Ridhwan m'at-
teindre, je cours vers le chérubin, et je le
conduise Adam pourvu qu'il m'apprenne les
trois mots mystérieux, v
Allant donc vers Iblis» le serpent se lit ré-
péter ce que le paon lui avait dit. Iblis con-
firma de nouveau, par un serment solennel,
ee qu'il avait dit. « Comment pourrai^je t'in^
troduire dans le paradis sans que tu sois
aperçu? demanda le serpent. — le me ferai
SI petit que je trouverai è me placer dans
rintervatle de tes dents de devant. — Mais
comment peurrai-je alors r^ondre si Ridh-
wan m'appelle? — Ne crains rien; je connais
des noms sacrés qui feront que Ridhwan
gardera le silence. »
Le serpent ouvrit la bouche; Iblis y entra»
se plaça entre les dents du reptile, et les
empoisonna à jamais. Après êtro entré dans
le f)aradis, sans que Ridhwan se fûtaperçu de
rien» le serpent ouvrit la bouche» dans I idée,
que le chérubin reprendrait sa tigure habi-
tuelle; mais Iblis voulut ne pas paraître trop
tôt devant nos premiers parents» et le ser-
pent» toujours curieux de connaître les trois
mots sacrés, lui obéit. Ils s'approchèrent
d*£ve, et Iblis poussa un profond soupir.
a Pourquoi es-tu aujourd'hui si triste» cher
serpent? demanda £ve. — Je suis inquiet de
ton sort et de celui de ta race, répondit Iblis
en imitant la voix du serpent. — N'avons*»
nous pas dans ce jardin tout ce que nous
Couvons désirer? — C'est vrai, mais le plus
eau des fruits qu'il renferme,, celui qui
vous donnerait une félicité parfaite,, vous est
interdit. — N'avons-nous pas en abondance
des fruits des plus belles couleurs et déli-
cieux au goût? Ne pouvons-nous pas renon*.
cer à un seul? — Si tu savais ce que vous
donnerait ce fruit qui vous est défendu, lou-s
les autres vous paraîtraient sans aucun mé-
rite. ^ Dis-moi donc quelles sont ses pro-
priétés? — Ce fruit est le seul qui procure
une jeunesse éternelle, tandis que tous les
autres attirent à leur suite la maladie, la-
faiblesse» la vieillesse, et enfin la mort. —
Tu n'avais jamais parlé ainsi ;. comment sais-
tu pareilles choses? ^ Je les ai apprises
d'un ange que j'ai trouvé sous l'arbre dé-
fendu. — Il faut que je le voie et que je lui
Earle, )» dit Eve, et elle se dirigea vers l'ar-
re défendu. 'Iblis sortit aussitôt de la bouche
du reptile, et se trouva sous l'arbre, revêtu
de la forme d'un ange , avant qu'Eve n'y tfii
arrivée» « Qui es-tu» créature merveilleuse? n>
demanda-t-elle ; « je n'ai rien vu qui te res-
semble. -— Je suis un homme devenu un
ange. — Comment es-tu devenu un ange?
— par l'usage de ce fruit qu'un Dieu jaloux
m'avait défendu. J'obéis longtemps à cet or-
dre», et je devenais de plus en plus faible et
souffrant;. mes yeux cessèrent de voir» mes
oreilles d'entendre ; mes dents étaient tom-
bées, mes mains tremblaient; ma tète pen-
chait sur ma poitrine, mon dos se courbait;
j'étais devenu si hideux que tous les animaux
habitants du paradis s'enfuyaient avec effroi
dès qu'ils m'apercevaient; je désirais la mort ,
et j'espérais la trouver en goûtant ce fruit;
mais à peine i'eus-je dans la bouche, je me
trouvai rajeuni comme aux premiers jours
de mon existence, et quoique des milliers,
d'années se fussent écoulées» il n'y avait paa
le moindre changement dans mes traits, la.
moindre diminution dans mes forces. — Dis-
tu vrai? — Par le Dieu oui m'a créé ^ »
Eve crut le serpent; elle arracha une tige
de l'arbre. Cet arbre magnifique avait le
tronc comme de Tor» les branches comme de
l'argent, les feuilles comme des émeraudes..
Chaque branche portait sept rameaux: cha-
que rameau soutenait cinq fruits blancs
comme la neige» doux comme du miel, par-
fumés comme le musc et gros comme des
œufs d'autruche. Eve mangea un de ces
«I
DICTIONNAIRE DES ÂPOCUYPIIES.
fruits, et le trouva biea plus savoureux que
tout ce qu'elle avait KoAté jusqu*alors; die
on tendit un autre è Adam. Adam résista
pendant longtemps, selon quelques savants,
i)cndAni une heure, période correspondante
I quatre-vingts ans de la mesure actuelle du
leuips. Il céda entin, et mangea le fruit que
lui présentait son épouse.
Aussitôt la couronne qui entourait la tète
d*Adam remonta vers le ciel ; ses vêtements
de soie se déchirèrent; il resta dépouillé et
tremblant, ainsi qu'Eve, et ils entendirent
une voix qui disait : « Grande est votre in-
fortune et longue sera votre douleur. » Le
cheval Heîmoun,sur lequel Adam avait cou-
tume de monter, le repoussait dit :« Est-ce
ainsi que tu as observé Tordre que Dieu l'a-
vait donné? h Tous les habitants du paradis
s'éloignèrent d'eux et prièrent le Seigneur
de les expulser d'un séjour aussi saint. Dieu
lui-ii.êrae parla h Adam d'une voix de ton-
nerre, et lui dit : « Ne t'ai-je pas interdii ce
fruit et recommandé de le («réserver des ru-
hes dlblis? » Adam et Eve^voulurent fuir,
mais iU n'en eurent pas la force, et une voix
]»artant de l'arbre, dit : « Il est impossible
d'échafiper à la vengeance de Dieu, h
Le Seigneur dit alitrs : « Sortez du paradis
avec les animaux qui vous ont accompagnés
dans votre péché; ce n'est que par un rude
travail que vous vous procurerez votre nour-
riture; Eve sera frappée de bien des iuflrmités
et n'enfantera qu'avec de grandt'S douleurs;
le paon sera privé de sa belle voix et le ser-
f»ent de ses pieds; les trous les plus obscurs
ui serviront de résidence, la poussière sera
sa nourriture, et ceux qui le tueront com-
uiettront une œuvre méritoire. Iblis sera
condamné aux peines éternelles de l'enfer. »
Ils furent ensuite emportés hors du pa-
radis avec une rapidité extrême; Adam sortit
par la |)orte de la Pénitence, comme indice
que son n^pentir pourrait lui faire mériter
de rentrerdansTEden; Eve sortit par la porte
de la Gr&ce; le paon et le serpent par celle
de la Colère, et Ibli^ par cçlle de la Malédic-
tion. Adam tomba dans l'Ile de Serendib, Eve
auprès de D^idda, le serpent dans le désert
lie Sahra, le paon en Perse et Iblis dans le
fleuve Eilas.
Lorsqu'Adam toucha la terre, l'aigle dit
à la baleine, avec laquelle il avait vécu jus-
qu'alors en bonne amitié, conversant fré-
3 uemment ensemble sur les bords de la mer
es Indes : 4 11 faut maintenant que nous
nous séparions pour toujours, car il n'y a
nulle sûreté sur la terre en présence de
l'homme; les profondeurs de l'abîme peuvent
seules le garantir de sa malice et de sa ruse,
et je vais me réfugier sur les hauteurs les
plus inaccessibles. »
Adam fut tellement troublé de se voir seui,
que son visaj^e jusqu'alors uni, se couvrit
de f)oiis; il s'affligea de se voir ainsi barbu,
mais une voix lui cria : « La barbe est l'or*
uement de l'homme ; c'est ce qui le distingue
ou sexe plus faible. » Adam versa tant de
larmes que tous les animaux et tous les oi-
beôux Durent s'en dé^faltérer, et comme il
avait encore en lui la Sf^ve fournie par les
aliments du paradis, celles qui pénétrèrent
dans la terre donnèrent naissance aux éptces
les plus précieuses et h des arbres parfumés.
Quoiqu'il fût encore d'une taifle si élevée
que sa tète touchait le firniament* et qu'il
|M)uvait entendre le chant des anges, Eve,
qui était h Djedda, ne le voyait pas, et elle
versa des larmes qui , tombant dans la mer,
se changèrent en perles, et qui, sur la terre,
produisirent les plus belles fleurs. Tous deux
se lamentaient si hautement que le vent leur
apportait de t'unk l'autre le bruit de leurs gé-
missements. Les pleurs d'Adam coulèrent en
telle abondance que ceux qui sortirent de
son œil droit formèrent TEuphrate , et ceux
de l'œil gauche formèrent le Tigre.
Le monde entier retentissait de cris de
douleur, et toutes les créatures pleuraient
avec Adam, depuis l'insecte invisible à cause
de sa petitesse, jusqu'aux anges çfkn tiennent
la terre dans une de leurs mains, lorsoue
Dieu lui envoya l'ange Gabriel , avec les
mots qui devaient aussi sauver Jonas dans
le ventre de la baleine : « Il n'y a pas d'autre
D eu que toi : j'ai péché; pardonne-moi, par
Mahomet, le plus grand et le dernier des
prophètes dont le nom est gravé sur ton trône
saint, h
Aussitôt qu'Adam eut proféré ces paroles
d'un cœur plein de repentir, les (aortes du
ciel s'ouvrirent, et Gabriel lui cria : « Adam^
Dieu a accueilli ta pénitence; adrésse-lni
tes prières ; il t'accordera ce que tu demandes,
et môme te retour dans le paradis après un
temps déterminé. »
Adam pria et dit : « Seigneur, protége-moi
contre les tentatives de mon ennemi Iblis. —
Dis : il n'y a d'autre Dieu que Dieu ; ces pa-
roles sont aussi funestes è Iblis qu'une flèche
empoisonnée. — Les aliments, et les bois-
sons, et les habitations qu'il v a sur cette
terre ne m'induiront-ils pas a pécher? —
Bois de Teau, ne mange d'autre chair que
celle d'animaux purs qui auront été tués au
nom de Dieu ; b&lis des mosquées pour y ré-
sider; alors Iblis n'a aucune puissance sur
toi. — Et si, pendant la nuit, il m'assaille
avec de mauvais rêves et des pensées cou|»a-
bles? — Alors lève^toi, hors de ton lit, et
prie. — Seigneur, comment pourrai-je tou-
jours distinguer le bien d'avec le mal? —
Je te guiderai, et deux anges habiteront en
ton cœur pour t'encouragerau bien et te dé-
tou'^nor au mal. — Seigneur, accorde-moi
aussi le pardon de mes péchés è venir. —
Tu ne peux l'obtenir que par de bonnes œu«>
vres; mais le mal ne »era puni qu'une fuis
et le bien sera récompensé dix fois. »
L'ange Mîchaël avait, de sou côté, été en-
voyé auprès d'Eve, allu de lui annoncer que
Dieu lui pardonnait.
« Et avec quelles armes, demanda-l-elle,
dois-ja combattre le péché, moi qui Suis si
faible de cœur et d'esprit? — Dieu, » répondit
l'ange, « t'a donné un sentiment de pudeur
qui contrôlera tes passions, de môme qu'une
foi sincère réprime celles de l'homiiie. —
Et qui me piotégera contre le pouvoir de
53
ADA
PART. Ilï. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ADA
54
rbomme, ani m*est bien supérieur sous le
rapport de la force duxorps et de la vigueur
de Tespril? — Tu seras protégée parl*amour
que rbomme aura pour toi, et par le senti-
ment do compassion que je place dans son
cœur. — Dieu ne me donne-t-il aucun gage
du pardon qu*il m*accord(^^ — Tu recevras
la récompense des souffrances que tu éprou-
Teras pendant toute la grossesse et à Tépo*
quederenfantementi et la femme qui mourra
en couche sera regardée comme une mar-
tyre. »
Ibiis, enhardi par le pardon accordé è
Adam et à Eve» implora aussi du Seigneur
un adoucissement à. ses peines; il oblint que
les tourments de Tenfer seraient suspendus
jusau'à la résurrection, et un pouvoir illi-
uiité lui fut donné sur tous les pécheurs qui
méprisent la parole de Dieu.
« Kt où dois-je résider? demanda-t-il. —
Dnns les ruines, dans les cimetières, et dans
les endroits impurs qu*évilent les hommes.
— Quelle est la nourriture qui me sera
allouée? — Tout ce i]ui sera tue au nom d«s
idoles. — Avec quoi pourrai-je apaiser ma
soif? — Avec du vinet les autres liqueurs
enivrantes. — Quelles seront mes occuper
lions à mes heures de loisir? — La musique,
la danse, le chaut et les vers lascifs. — Com-
ment puis-je combattre Thomme qui a reçu
la révélation, et à qui tu as donné deux au-
ges pour le protéger? — Ta postérité sera
plus nombreuse que la sienne, car pour
chaque homme qui naltra^ il viendra au
monde sept esprits malins qui, toutefois, ne
pourront rien contre les vrais croyants. »
Dieu Gt un pacte avec les descendants d'A-
dam; il toucha le doa du premier homme,
et aussitôt tous les hommes qui doivent
naître jusqu'à la fiodu monde, en sortirent,
gros comme des fourmis, et se placèrent à
droite et è gauche d'Adam. A la tète des pro-^
raiers se trouvait Mahomet, ensuite les au-
tres prophètes et les croyants, qui se- distin-
guaient, par une couleur blanche et écla-
tante, des pécheurs placés h gauche sous la
direction de Kabil (Gain) le fraificide. <
Dieu fit connaître h Adam le nom et la
destinée de chacun denses descendants, et
quand vint le tour du roi David, auauel ,
dans le principe, il n'avail été accordé que
trente ans de vie, Adam demanda : « Quelle
doit être la durée de mon existence ? » Dieu
répondit : « Milleans. » Et Adam dit : « Sei-
gneur, je donne à David soixante-dix ans à
prendre sur ma vie (31). » Dieu v consentit;
mais , lonnaissant qu*Adam n'était pas sta-
ble en ses enga^^ements , il ût inscrire cette
donation sur du parchemin et il y fit mettre
Bon-seulement (a signature d*Adaui, mais
encore celle de Gabriel et de Michel comme
lémoins.
(3i) Ub récit à peu près semblable se lit dans
le Tainiud : Dien roonira à Adam tous ses desceii-
Uatiu , les rois , les propbéies , les ducteurs. Adam
vil qu*uae exisience de irois heures seulement était
accordée à David, et il dit : < beigneur ei Créateur
du mondje, est-ce ^ue c'est immuable? — Dieu ré-
pondit : Telle. avait d*abord été ma pet:bcc. — Corn-
Quand tous les descendants d'Adam furent
rassemblés , Dieu s'écria : « Reconnaissez-
vous que Mahomet est mon firophète? » Les
hommes placés à la droite d'Adam s'empres-
sèrent de répéter celte profession de foi;
mais ceux qui étaient à gauche hésitèrent
longtemps ; les uns ne dirent que la moitié,
d'autres se turent. Et Dieu dit à Adam : a Les
rebelles, s'ils persistent daus Teadurcisse*
ment de leur cœur, seront condamnés à l'en-
fer, les croyants seront heureux dans le pa-
radis. » « Qu'il en soit ainsi, » dit Adam , et
c'est ainsi que lui-môme au jour de la ré-
surrection appellera tous les hommes par
leur nom et leur annoncera leur sentence.
Dieu toucha ensuite derechef le dos d'A-
dam, et tous les hommes rentrèrent dans le
corps de leur ancêtre.
Dieu voulant ensuite éloigner Adam de
lui pour toute la vie, celui-ci poussa un cri
qui fit trembler la terre entière. Le Seigneur
miséricordieux étendit alors derechef sa
grflce sur le premier homme, et lui recomi-
manda de suivre un nuage qui le condui-
rait à un endroit situé exactement au des-
sous du trône de Dieu ; là il devait bAtir un
temple. ^ Tu seras alors ,^)> dit le Sei^^neur,
« aussi près de moi que les anges qui sont
rangés autour de mon trône. »* Adam , qui
conservait encore la structure gigantesq^uo
qu'il avait reçue lors de sa création, Gt eu
(quelques heures le chemin depuis l'Inde
jusqu'à la Mecque; là s*arrêta le nuage qui
le guidait. Il retrouva Eve, et ils bâtirent
un temple dont Gabriel lui apporta le plan*
Cet ange remit ensuite à Adam une pierre
|icécieuse qui devint plus tard toute noire ài
cause des péchés des hommes. Cette pierre
était d'abo(d un ange qui était chargé de
veiller sur l'arbre de vie et d'empêcher
Adam d'en approcher. 11 fut changé en pierre,
aQn d'être puni de sa négligence, et ce n'est
qu'au jour du jugement qu'il reprendra sa
forme primitive et qu'il se réunira aux bons
anges. Gabriel désigna ensuite à Adam toutes
les cérémonies prescrites aux pèlerins et
conGrmées depuis par Mahomet. Adam re-
tourna ensuite avec Eve dans Tlnde; il y
séjourna jusau'à la (in de sa vie, mais cha-
que année ils faisaient le pèlerinage de la
Mecque. Sa taille se réduisit à soixante au-
nes par suite de l'effroi et de la doulear que
lui causa la mortd'Abel. Lorsqu'il eut atteint
l'âge de neuf cent trente an:», l'ange de la
mort lui apparut sous la forme d*un bouc
hideux et réclama son âme; la terre s'ouvrit
devant ses pieds et demanda son corps. Adam
frémit d'épouvante et dit à Tango de la mort :
« Dieu ma accordé une existence de mille
ans; tu viens trop tôt. » k N'&s-tu pas, » ré-
pondit l'ange ,« donné au prophète David
soixante-dix ans de ta vie? skAdam nia le
bien d'années ai-je à vivre? — Mille ans. — Pcut-oii
dans te ciel faire d«*s donations? — Assurémeni. —
Alors je donne à David soixaute-dix ans a prendre
sur ma vie. i Et Adam dressa un acte de donatioa,
H y mit son sci^au , et Dieu , ainsi que Tarcban^o
MetatroD, eu Ûront auiam.
»5
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
56i
fait, car il Tavait oublié. Hais l'ange tira
f]*eQtre sa barbe Tacte de donatioi) , et le
montra h Adam ; alors celui-ci rendit Târoe
sans résistance. Eve mourut un an après.
Voici encore une des nombreuses tradi-
tions orientales du même genre.
Les Persans, ennemis des Turcs, racon*
lent pour expliquer le ton discordant et im-
périeux de cette langue que, lorsqu*Adam
fut condamné à sortir du paradis, Tange
Ciabriel, chargé de signi(ier à nos premiers
Carents leur expulsion, s*étaut exprimé d'a-
oni ep persan , Adam refusa d*obéir. Sans
se rebuter, lo divin messager employa suc-
cessivement larabe, le sanscrit et toutes
les langues alors connues» mais il ne pro-
duisit pas plus d'effet.... Enfin, cédante
l'impatience et à la colère, il s'écria en turc :
Kiopek oghhet chik lioorien (sors d'ici,
chien I), et Adam épouvanté prit la fuite.
{Revue britannique. 1856, p. 309.)
Fabricius a réuni dans une longue disser*
talion tout ce aue des auteurs sans critique
ont avancé à Tégard de divers points relatifs
è riiistoire d'Adam; nous ne le suivrons pas
dans tous ces détails qui sont étrangers à la
littérature bibli(^ue apocryphe; nous nous
bornerons k indiquer les titres des chapi-
tres du travail de férudit Allemand.
Adami eommentarius de nominibus anima*
Hum; Adamus edoctus ab angelis; Adamu^
apoetolus Luna; ejus de culiura terrœ libri.
Ceci ne s'appuie aue sur Tautorité de Mai-
monides qui dit {More Nevochim^ ii(, 29) que
les Sabéens prétendaient qu'Adam avait été
l'apôtre de la lune, qu'il avait appelé les
hommes au culte de cet astre, et qu'il avait
écrit des ouvrages sur l'agriculture. Adamus
propheia. Quelaues Pères de l'Eglise, tels
que Clément d'Alexandrie, saint Justin,
saint Epiphane, ont donné à Adam l'épitliè-
le de prophète. Dans l'ouvrage connu sous le
nom de Récognitions et attribué a saint Clé-
ment le Romain, on fait dire à saint Pierre
3u'il est certain qu*Adam a' été un prophète,
-.i.JW.)
Adamus Prometheus^ repertor omnium
diseiplinarum et arlium. C'est ce qu'aflirme
le lexicographe Suidas et divers rabbins,
ainsi que des auteurs du moyen âge, qui
ont grandement vanté les connaissances
astrologiques d'Adam. Adtmi niira po-
testas m omnes res creatas; Adami vita.
Georges le Syncelle, dans sa Chronique^ re-
late minutieusement le nombre de jours
qu'Adam passa dars le paradis terrestre.
/Ldami pamitentia . Nous avons parlé en dé-
tail de celte production dans la première
|iartie du Dictionnaire des apocryphes.
Adami vestigia in insula Ceylan, Traditio
Adami de duratione mundi. (.Menassch bea
Israël relate , d'après Tautorité des cabalis-
tes, qu'Adam avait prédit que le monde in-
férieur durerait sept mille ans et le monde
supérieur (ou Its cieux) cinquante mille;)
Aaami nomen: Hœretici ab Adamo nomen
sortiti: De reliauiis Adami.
Fabricius Indique aussi, p. 48, divers au-
teurs qui ont fait des recherches spéculas
De Adami pœnitentia. De saptentia Adamif De
Adami seputtura. De Adamo non Androgyno^
De sulule Adami. Il serait inutile de donner
en détail les titres de ces écrits sans valeur
critique et qui, pour la plupart, sont im-
primés en Allemagne et peu laciles à se pro-
curer en France.
Un grand nombre de poètes ont cherf:hé
dans l'histoire d'Adam matière à leurs écrits.
Si nous parlons des œuvres dramatiques »
nous pourrons citer : Adamus. dans les Fa^
buta eomicœ de G. Macropedius, Ulrecht,
1552, in-8* ; Eva, actio Micra Xysti Betuleii
dans les Dramata sacra ^ Bâie, VAl.
La littérature française présente entre au-
tres productions :
Le Paradis /erresrre f divertissement spi-
rituel, par l'abbé Nadal (imprimé dans ses
Œuvres, Paris, 1738, 3 vol. in-12); iidam
et Ev€f ou la Chute de rhomme. par Tanne*
TOt, Amsterdam, 1742, in 8* (et dans les
Poésies diverses de cet auteur, Paris , 1766^
3 vol. in-12); La mort d'Adam, tragédie de
Klopstock, traduite de Tallemand (par l'abbo
Romain), Paris , 1762, in-12; Adam et £te,
tragédie nouvelle et lyrique {le titre esi
txactem^i reproduit). Amsterdam, 1762,
in-12.
Une œuvre plus remarquable et plus cu-
rieuse a été mise au jour récemment sous
le titre d'iidam, drame anglo*normaod du xii*
siècle, publié pour la première fois d'après
un manuscrit de la bibliothèque de Tours par
Victor Luzarches, in-8*, pages LxiivellOl.
Ce drame est le plus ancien que l'on con-
naisse en langue française et en vers fran-
çais. 11 se partage eu trois actes avec des
chœurs et un épilogue, il se compose de
treize cents vers environ; la chute de l'hom-.
me , la mort d*Abel et des prophéties sur
l'avènement du Sauveur eq forment le sujet.
Le tnanuscrit est d'autant plus intéressant
qu'il contient en rubriques fatineslamiseea
scène de la représentation (ordo représenta^'
cionis Ade] et des instructions sur Tes déco-
rations, le costume» les gestes et la pronon*
ciatioii des acteurs ; l'éditeur n'a fait tirer
ce volume qu'à deux cents exemplaires.
Nous rencontrons en allemand le Jeu de
la création d'Adam et Eve et de leur chuie
dans le paradis, composé par Jacob Rueff»
Zurich, 1550, in*8*; Comédie de la chute
d*Adam et Eve (représentée à Kœnigsberg ,
le jour de la fête de Saint-André , en 1573},
Ear G. RoU ; Comédie spirituelle sur la chute
tmentable d'Adam et Eve. par J. Stricker,
1590. A une époque bien plus rapprochée,
Klopstock a fait un drame sur La mort iA-
dam et Eve.
La littérature italienne nous offrira d'a-
bord une pièce devenue fameuse, parce que
l'on suppose qu'elle a fourni è Milton le fon-
dement et quelques détails de son poëme
célèbre, nous voulons parler de V Adamo ^
sacra représentations de G. B. Andreini »
Milan, 1613, ou 1617. Les biographes de
Hilton ont traité en détail la question du
service que le drame italien a pu rendre à
l'épiipée anglaise. On peut surtout coi^salteo
AiND
PART, \». — LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
5ft
Hajlej, life ofMilton, BAIe, 1800. p. 291 ,
nui donne une analyse sc&ne par scène de
vAdamo. Parmi les écrivains français qui
s'en sont occupés « nous mentionnerons Sal-
ti (Histoir$ lUtérair$ d^ItalU, t. Xli , p. 510-
517) , et M. le marquis Du Roure lAmUcta
Biblion , 1638, t. II , p. 86).
On rencontre encore dans la langue ita-
lienne : Adamor caduto^ tragedia sacra da
Serafino Salendra, Cosenza , 16^7, in-8*; Ia
scena tragica d'Adamo ed Evalue TroUo Lan-
cetia, 1^1.
Parmi les épopées consacrées à l'histoire
de nos premiers parents» on ne doit pas
oublier celle du Jésuite J. Masenius, Sarc(H
li#, publiée pour la première fois à Colo-
gne, en 1661| dans un recueil Inlitulé : Pa-
ïœsira eloquefUiœ , et réimprimé en 1771. On
a prétendu que MiHon* d(^ns son poëme du
faradU perdu ^ avait fait des emprunts à
cet écrivain peu connu du public. O'est ce
qu*»ni discuté Pabbé Dinouart, dans sa tra-
duction de U SarcodSf Paris i 1757» et
Tauteur d'un article inséré dans le Journal
étranger 9 octobre 1754. Plus récemment M.
Sainl-Marc Girardin a inséré dans la Revue
de Parité t XLI» p. IM, une notice intéres-
sante sur Masenius. ( Voy. aussi l'article
que M. Woiss a consacré à cet auteur dans
la Biographie universelle^ t. XXyil« p. 357.)
Il existe aussi un pcëme italien, Adamo^
dû Giovanni Soranzo (les deux premiers li-
vres) » (^énes» 1604 » in-12.
En espagnol» on remontre une production
singulière intitulée : Libro de cavaUeria ce--.
lestiat del pie de Rosa fragrqnie^ par Hiero-
nimo San Pedro^ Anvers, 1554» in-8''.L*autear
a fait d^ récits de la Bible une espèce de
roman de chevalerie ; il appelle le serpent»
le cavalit^r du Serpent {et cavallero dell9»
Sierpe); il parle du prince Adam et de la
belle princesse £ve. Son livire est divisé en
cent douze merveilles» au lieu de cb^pitres»
et la septième merveille riw^onte : Comment
le prince Adam combattu contre le chevalin"
du Serpent et fut vaincu en cçtte ba^tailU»
AMMONIUS.
Cet écrivain, qui vivait à Alexandrie i^pror
bablement vers le milieu du m' siècle» et
qu'il n'est pas aisé de discerner bien exac-
tement des autres Alexandrins qui portèrent
le même nom» est indiqué par Zacharie»
<^vèquedeChrjsopolis,au xu' siècle» comme
l'auteur d'une Harmonie des Evangi les. (Com-
ineni. in Diatessaron^ dans la Bibliotheca
iHoxima Patrum^ Lyon, t. XIX» p. 732.) Un
travail de ce genre, offrant un résumé assez
imparfait des narrations contenues dans les
quatre Evangiles » a été publié à Augsbourg
en 1523» par O. Lucinius, Depuis on a suppose
3ue c'était l'écrit qui était sorti de la plume
e Tatien et que d'anciens auteurs ont men-»
tionné. {Voy. des détails à cet égard k l'ar-
ticle Tatibn.)
Il y a tout lieu de croire que l'œuvre»
mise au jour au xyr siècle» est plus récente
que l'époque où Qorissait Ammonius, et que
1 £f armonie des é va ngélis tes» composée en
grec par cet auteur» est perdue pour nous.
ANANIË^ AZARIE ET MISAEL.
Ces trois jeunes Hébreux» préservés mi-
raculeusement des Qammes {Daniel^ ui^»
écrivirent un Traité sur lejeûne^ à ce que di-
sent les rédacteurs du Talmud ^Tract, de Sab-
(a/o» cl): Ananic^ et socii scripserunt^
Meghilla Tacenith. Cette assertion ne rc-
]:ose pas sur une grande autorité.
Bartolocci mentionne {Biblioth. rabbin.^
t. Il» p. 283) un conte ^ leur ^g(trd : L'auge
Jorkiami» le prince de la grêle» ayant offert
de descendre pour les rafraîchir» cette mis-
sion fut contiée è lange Gabriel , le prince
du feu» pour que le miracle fût encore plus
grand.
On trouve dans la Poesia dramatica du
P. Nicolas Avancini, de la Société de Jésus,
une pièce en cinq actes et im vers intitulée .«
AnaniaSf Azarias et MisaeL
ANDRË.
{Histoire de saint André, d'après VHistoire apostolique d^Abdias^ lib. ui.)
CHAPITRE PREMIER.
L'apôtre André frère» de Simon Pierre,
qui avait le surnom de Bar-Jonas.' fut Gis de
Jonas; il fut un des premiers qui s'attache*'
rent à Jésus, après qu'il eut été baptisé par
saint Jean dans le Jourdain. Car ayant en*
lendu dire h Jean»' dans le désert (32), que
Jésus était Tagueau de Dieu» il fut frappé
de surprise» et aussitôt qu'il eut quitté Jean»
il s'empressa d'aller è son frère» et de lui
(3S) Joan. I, 56u
parler de Jésus ; et aussitôt Pierre résolut de
suivre son frère, aQn de voir Jésus.
tlt peu de temps après, comme Simon je-
tait» avec ses frères» ses filets dans le lac, le
Christ parut devant eux. Il appela les deux
frères, et sans hésiter» ils le suivirent com-
me des disciples suivent leur maître. Après
qu'ils eurent longtemps suivi Jésus en cette
qualité» il les appela enûii avant sa (passion k
la dignité d'apôtres,
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ۥ
Et ces choses sont celles qui arrÎTëreut
h cet homme de Dieu avant la oassiou du
Seigneur.
CHAPITRE II.
Après le glorieux triomphe de Tascensioa
du Seigneur, les bienheureux apôtres com-
mencèrent à prêcher la parole de Dieu dans
diverses contrée<<, et Tapôtre André se ren-
dit dans la province d'Achain (33)t pour y
annoncer le Seigneur Jésus-Christ.
En même temps Tapôtre Matthieu, qui
était aussi un évangéliste, annonçait dans
la ville de Myrmidon (3^) les paroles du sa-
lut. Mais les habitants de celle ville accueil-
lirent avec colère et mauvais vouloir ce
qu'ils enleodaient des miracles de notre
Sauveur, et ils ne voulurent pas détruire
leurs temples ; ils arrachèrent les yeux à
Tapôtre, le chargèrent de chaînes, renfer-
mèrent dans un cachot, avec Tintention de
Je tuer après une période de quelques jours.
Avant que cela n*arrivâl| un ange fut envoyé
i André de la part du Seigneur, et il lui
commanda de se rendre en hftte à la ville de
Myrmidon, et de délivrer son frère Matthieu
de la prison obscure où il était détenu. An-
dré répondit à Tange : « Seii^neur, je ne sais
pas le chemin, et comment ferai-je pour me
rendre où tu médis d'atlerT» Mais Tange lui
répondit: « Rends-toi auprès de la côte de la
mer, et tu y trouveras un navire; moutes-y,
et je seras ton guide pendant ton voyage. »
André obéit ; il Irouva le navire, il y
monta, et poussé par un vent favorable, il
arriva heureusement à la ville. Lorsqu'il y
fui rendu, il se dirigea vers la prison, et il
y trouva Matthieu parmi les autres prison-
niers ; alors il pleura amèrement, et, s*ap-
pliquant à la prière, il dit ces paroles :
«Seigneur Jésus-Christ, que nous prê-
chons fidèlement, et au nom duquel nous
avons supporté lant de souffrances, toi qui,
par ta grâce inépuisable, rends la vue aux
aveugles, Touie aux sourds, aux paralyti-
ques la faculté de se mouvoir, la pureté aux
lépreux, et la vie aux morts, ouvre Ws yeux
de tun serviteur, afin qu'il puisse annoncer
ta parole. •
Et aussitôt ce lieu trembla (35), et une
grande clarté illumina la prison , et les
veux du saint apôtre lui furent rendus, et
les chaînes de tous les prisonniers furent bri-
sées, et la poutre à laquelle leurs pieds étaient
attachés fut rompue. Voyant ces choses, tous
(33) C*é{ail le nom qu*on donnait k toute la Grèce
après qu'elle fui dev«;iiue une province romaine ;
ou cohiioua cependant de rappliquer plus spéciale-
ment à la contrée située sur la cdte »epteiilrionale
du Péloponése. Saïul Jérôme (Eput. îiH, Ad Ma-
nulUm) , dit que saiat André prêcha Ja foi dans
TAraUe.
(54) Ville d*£tliiopie. Mcéphore dit qu'elle s'appe-
U\i Êiffrmène . et qu'elle éuit située dans le pays
à^n anthropophages. Un ancien poème allemand
sur Mui André, luis au iour par J. Grirom, parle
aussi de ces cannibales. Plus urd, dans Tbistoire
de ?iaint liatiliien, ou verra (prAb..ia8 uoniwc ctrttc
bénirent le Seigneur, et dirent: c Grand est
le Dieu que prêchent ses serviteurs. » Etc^est
ainsi que tous ceux qui étaient dans la pri*
son obscure furent délivrés par le bienheu-
reux AnJré, et chacun s*en retourna en ta
maison, et André était parmi eux (36}.
CHAPITRÉ III.
André resta à Myrmidon, et prêcha aux
habitants la parole de Dieu; mais ceux-ci
ne la recevant pas, attaquèrent André, lui
lièrent les pieds et le traînèrent dans les
rues de la ville. Comme au milieu de ces
tourments le sang coulait de son corps, et
que ses cheveux étaient arrachés, TapAtre
adressa au Seigneur une prière en ces mots:
« Ouvre, SeigneurJésus-Christ, les yeux de
leurs cœurs, aQu qu'ils te reconnaissent
f)our le Dieu véritable et qu'ils renoncent à
eur injustice, et ne leur impute pas à péché
la manière dont ils me traitent (37), car ils
ne savent ce quMls font (38).
Lorsque Tai^ôlre eut parlé ainsi, les habi-
tants de la ville furent ^ai8is d'épouvante,
et ils délièrent l'apôtre, ils reconnurent
leurs péchés et dirent : « Nous avons péché
contre le Juste. » Et ils se jetèrent aux pieds
de l'apôtre (39), et ils le supplièrent de leur
pardonner leur faute et de leur montrer le
chemin du ciel.
Il leur dit de se relever, et il leur prêcha
la parole de Jésus-Christ, leur racontant les
merveilles qu'il avait accomplies en ce
monde, et comment il avait, en versant son
sang (iO), racheté le monde qui était perdu.
Il gagna ainsi au Seigneur les habitauU de
cette ville, et, après leur avoir accordé le
pardon de leurs péchés, il les baptisa tous,
au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Es-
prit.
CHAPITRE IV.
Après qu'André eut accompli ces choses,
il quitta ces lieux et revint en son pays. Et
lorsqu'il le parcourait un jour, un aveugle
vint à lui et lui dit : « André, apôtre de Jé-
sus-Christ, je sais que lu peux me rendre
la vue, mais je ne la recouvrerai pas. le
viens vers toi pour te demander de faire
que ceux qui sont avec toi me donnent assez
d*argent pour que je puisse acheter des ha*
bits et de la nourriture, r
André lui répondit : « En vérité, je recon-
nais que ce ne sont pas le les paroles d'un
homme, mais celles du diable, qui ne veut
pas que cet homme recouvre la vue. >» Et il
ville Radaver, et qu*il ne fait point mention des
mauvais traiiements que l*apôtre y aurait subis.
(55) Comme dans les Aeu$, xvi, 16.
(36) On Taisak passer les pieds des captifs dans
des trous percés dans une lourde pièce de bols, île
façon que ces capiifs ne pouvaient ni s'évader, ni
M mouvoir. (Voy, Turuébe, Advenaria, l. xx, c.
(37) Aet. vu, 60.
(38; Laur., xiiii, 34.
(39) Comme Corneille au9 pieds de r.ipôlre.
(lOj Act. XX, 28.
61
AND
PART. m. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
62
b^approcba, et il toucha les youx de Taveu-
Kle,-et aassitôt Taveuglt^ vit, et il loua Dieu.
Bt comme il avait des vèlemeuls mauvais
et grossiers, Tapôtre dit à &es disciples :
« Otez-lui ses vêtements saies et revAlez le
de nouveaux habits. »
Et lorsqu'on eût A(é è Thomroe qui avait
été aveugle ses vieux \ètements, fapôtre
dit : « Il faut qu'il ait ce qui est suffisant. »
Il reçut donc âes habits, et, rendant grâces,
il retourna en son logis.
CHAPITRE V.
En ce temps-là un certain Démétrius, le
firiiici|)al personnage de la ville d*Amasa
U), avait un esclave égyptien qu'il aimait
extrêmement ; cet esclave fut attaqué de la
tièvre, et il mourut.
Alors Démélrius ayant appris les mer-
veilles que faisait le saint apôtre, vint vers
lui, et tomba à ses pieds en versant des iar«
mes et il dit : < 11 n*est rien de difficile pour
toi, ô serviteur de Dieu ; viens ; iison esclave
9ue j'aimais si tendrement est mort, mais
Jai confiance en toi, et je te prie de venir
en ma maison et de me le rendre, comme
d4jà tu las fait pour d^autres, »
Le saint apôtn*, l'entendant parler ainsi,
eut pitié de ses pleurs, et il vint dans la mai-
fon où gisait l'esclave, et après qu'il eut
prêché ce qui servait pour le salui du peu-
pie, il s'a()procha du lit où le cadavre était
<:lendu, et il dit: «Je te dis, esclave, au nom
de Jésus-Christ, de te lever et d'élre guéri
(&2}. » Et aussitôt l'esclave égyptien se leva,
et l'apôtre le rendit à son maître. Alors
tous ceux oui étaient infidèles crurent en
Dieu, et le bienheureux André les baptisa.
CHAPITRE VI.
Tandis que cela se passait, il vint un
jeune homme, norpmé Sostrate, qui s'ap-
procha avec une grande affliction du bien-
oeureux André, et qui dit ; « Ma mère s'est
éprise de ma beauté, et elle me presse
pour avoir commerce avec elle; mais j'en ai
une extrême horreur, et je me suis enfui.
Pleine de courroux, elle est allée au pro-
consul de la province (43), et elle m*a im-
puté le crime qu'elle voulait commettre. Je
aais, si je suis accusé, que je n'ai rien^à
répondre pour me sauver, car j^aimerais
mieux perdre la vie que révéler le crime
de ma mère (U). Je t'instruis de cela, afin
que tu daignes prier pour moi le Seigneur
et afin que je ne sois pas privé de la vie,
malgré mon innocence. »
Tandis qu'il parlait encore, les serviteurs
du gouverneur vinrent et ranélèrent. Le
bienheureux apôtre, aptes avoir terminé sa
prière, le suivit dans la prison du gouver-
neur. La mère Taccusa fortement, disant : « 6
Seigneur 1 il a oublié le respect qu'il devait
avoir pour sa mère, et >l a voulu me faire
violence ; c'est avec grande peine que j'ai
pu réussira lui échapper.»
Alors le gouverneur dit : ii Parle, jeune
homme ; ce dont la mère t*accuse est-il vé-
ritable? «Mais l'accusé se tut' Le gouver-
neur réitéra plusieiit'S ibis sa demande, et
le jeune homme gardait toujours le silence.
Alors legouverneur, le croyant obstiné à ne
pas répondre, tint conseil' avec ses officiers
sur ce qu'il devait faire. Mais la mère du
jeune homme commf*nça à pleurer.
Alors le bienheureux apôtre André se
tourna vers elle, et lui dit : «Malheureuse,
lu pleures de colère, parce que tu n'as pa
accomplir le forfait que tu méditais 1 la pas-
sion t'a tellement entraînée, que tu n'a pas
honte d*accuser ton fils unique, que tu as
nourri de ton lait, v Lorsqu'il eut parlé de
la sorte, la femme dit : « Ecoute, gouver-
neur ; depuis que mon fils a voulu ainsi
se rendre criminel, il s'est attaché intime*
ment à cet homme. »
Le gouverneur, rempli de courroux, or-
donna aussitôt que le jeune homme fût en-
fermé dans le sac réservé aux parricides, et
jeté dans le fleuve, et qu'André fût retena
en prison en attendant qu'il perdit la vie
dans des tourments terribles. Alors le bien-
heureux apôtre pria, et aussitôt un grand
tremblement se manifesta, un fort tonnerre
se fit entendre, et le gouverneur tomba de
son siège, et tous les assistants furent ren-
versés; et la mère du jeune homme fut
frappée de la foudre et brûlée, et elle mou-
rut.
Lorsque le gouverneur vit ces choses, il
se jeta aux pieds du bienheureux apôtre, et
il dit: « Aie pitié de nous, serviteur de Dieu»
afin que la terre ne nous engloutisse pas. »
Alors le saint apôtre pria, et aussitôt le trem-
blement de terre cessa, et les éclairs et le
tonnerre cessèrent aussi. Et l'apôtre s'appro-^
cha de tous ceux qui étaient renversés, et
il leur rendit la force. Et depuis ce temps ^
le gouverneur de la province d'Achaïe, ainsi
que beaucoup d'autres habitants reçurent
la parole du Seigneur, et ils crurent en Jé-
sus-Christ, et ils furent baptisés par rai>ô-
tre du Seigneur.
Et il arriva dans le même temps que le
fils de Cratin de Sinope fut, tandis qu'il se
baignait dans le bain des femmes (i^5), saisi
d'un esprit malin qui lui ôta la raison, et
le tourmentait extrêmement. Et comme il
soutirait beaucoup de la fièvre, et que sa
femme était, de son côté, malade d'une hy-
dro|)isie, il envoya une lettre au gouver-
neur, dans laquelle il le priait d'engager
(41) Diaprés le récit consacré i saint André, dans
l«*s Minée* des Grecs, Déinéthus était Juil (circons-
tance très- peu vraisemblable), et le nom de la viUe
éidit Aoiynsf .
(4i) C'est ainsi que saint Pierre parle an boi-
t«t«it, Aeu$ Ml, 6.
ii3) L'Achaie est une province proconsulaire,
comme l'ont montré W. La2iu8, Sigonius et autres
crudits.
(44) Vincent de Beauvats (Jftrtir hhtorial, 1. ii,
c. 70), raconie une histoire semblable au sujet du
philosophe Secundus.
(45) CirciMisUnce indiquée pour signaler le dé«a-
glcu;eut des mœurs de Cruiiu. .
mCTlOSNAIRE DES APOCRYPHES.
a
Je bienheureux André de venir le trouver.
André, cétiant aux prières instantes du
fiuverneur, monta dans un charioti et vint
\a ville. Lorsqu'il fut entré dans la mai-
son de Gratin, I esprit malin agita le jeune
homme, et celui-ci vint et se prosterna aux
)Meds deTapôre. André s'écria : « Ennemi
du genre humain, éloigne-toi du serviteur
de Dieu, » et Tesprit s^enfuit en poussant de
grandes clameurs.
Et Tapôlre vint ensuite auprès du lit de
Gratin, et il dit : c G'esi justice si tu es frappé
de maladie, parce que tu délaisses ta femme,
et que tu vis en adultère ; relève*toi au nom
du Seigneur Jésus^Ghrist» et sois guéri, et
ne pèche p!us de peur que tu n'éprouves
des maux encore pires (%6) ».. Et Gratin fui
guéri sur l'heure; et l'apôtre dit à la femme ;
« O malheureuse, la concupiscence des sens
t*a trompée (!^7), puisque tu es infidèle k
ton mari, et tu te livres k un autre homme 1 m
£t il dit : « Sei^^neur Jésus-Ghrist, j*ai in-
voqué ta miséricorde, alin que tu daignes
entendre ton serviteur, alin que tu fasses
3ue cette femme ne soit point guérie si elle
oit retomber dans Timpureté dont elle s'est
déjk souillée. Mais, Seisneur, toi qui con-
nais l'avenir, si cette femme doit doréna*-
vatit mener une conduite vertueuse, or-
donne qu'elle obtienne sa guérisoo. »
Après qu*il eut ainsi parlé, l'hydropisie
de la femme disparut, et elle fut guérie
ainsi que son mari. Et le bienheureux apô-
tre, après qu'il eut rendu grâces, rompit le
pain ((«), et le leur donna. Après qu'ils
l'eurent reçu, ils crurent au Seigneur avec
toute leur maison ; et, k l'avenir, ni l'un ni
l'autre ne retombèrent dans les fautes qu'ils
avaient commises. Et Gratin se jeta, ainsi
que sa femme, aux pieds de l'apôtre, et ils
voulurent lui faire aussitôt de grands pré-
sents, mais l'homme de Dieu dit : « Il ne
convient pas que j'accepte ces dons, mais
vous ferez mieux en en distribuant la va-
leur parmi les pauvres. >»
GHAPITRE VIL
Il n'accepta donc rien de ce qui lui était
offert, et il se rendit k Nicée, en Asie; Ik
étaient sept esprits malins qui se tenaient
parmi des tombeaux k côté de la route (49);
ils jetaient tout le jour des pierres aux gens
qui passaient, et ils leur donnaient aussi la
mort. Quand le bienheureux apôtre arriva, la
ville entière vint au-devant de lui, en por-
tant des rameaux d*oliviers, et les habitants
chantaient des cantiques, et disaient : «No-
tre salut est en tes mains, ô homme de
pieu 1 »
Et après qu'ils lui eurent exposé tous l'é-
tat des choses, l'apôtre répondit : « Si vous
croyez au Seigneur Jésus-Ghrist le Fils du
pieu tout-puissant, qui fait un seul Dieu
(iè) Paroles eiiipruiuees k VÉtangiU de $amt
Itam. V, 14.
\47) i'* EpUrt de fini Jean^ n, 16.
I48i Le pain de rEiicliarisUe.
(i9)H7esl ainsi qu*etl représenlé le possédé dont
il est question dan» $aint Uarc^ v, 5.
avec le Saint-Esprit, vous serez, par son se*
cours, délivrés des malins esprits. % Kt ils
s'écrièrent : « Nous croyons ce que tu nous
prêches, et nous accomplirons ce que tu
nous prescriras, afin d'<^tre délivrés de nos
f>ersé«;uteurs. » Et André remercia Dieu do
eur foi, et ordonna aux mauvais esprits,
çn présence de tout le peuple, de paraître,
et ils se montrèrent sous forme de chiens.
Alors l'apôtre se tourna vers le peuple,
et dit ; « Voici les esprits malins qui vous
tourmentaient. Si vous croyez que je puisse,
au nom de Jésus-Ghrist, leur ordonner de
s*élaigner , confessez - le devant moi. »
£t tous s'écrièrent : « Nous croyons quo
Jésus-Ghrist est le Fils de Dieu, ainsi que
tu nous le prêches. »
Alors le bienheureux André s'adressa avec
empire aux esprits malins^ et leur dit : € Al-
lez dans les déserts et les lieux stériles (50),
et ne faites de mal k personne, et tenez-vous
éloignés de ce lieu ou le nom du Seigneur
est invoqué, jusqu'k ce que vous soyez li-
vrés k la peine du feu éternel qui vous est
réservée. » Et lorsqu'il eut parlé ainsi, les
mauvais esprits poussèrent de grandes cla-
meurs, et disparurent de devant les yeux
des assistants, et la ville en fut délivrée dès
ce moment. Le bienheureux apôtre baptisa
^e% habitants, et leur donna nu évoque nom-
mé Galixte (51], un homme sage, qui ob-
serva fidèlement ce que son maître lui avait
recommandé'
GHAPITRE VIIL
André partit ensuite de Nicée, et comuio
il approcùait de la porte de Nicomédie, un
jeune homme, qui était mort, en sortait, et
était porté k son tombeau ; son vieux père»
soutenu par les mains de ses esclaves, pou-
vait k peine lui rendre les derniers devoirs
funèbres. La mère, également kgée, suivait
le convoi, ses cheveux épars, et disait :
«i Malheur k moi, de ce que ma vie s'est pro-
longée jusqu'k cette heure oit je dois ein-
ploj^er, pour le service de mon enfant, le
su/iire que je m'étais tissé moi-môme (52;. •
-Et tandis qu'au milieu de ces pjaintes, et
d'autres semblables, le corps avançait vers
sa destination, Tanôtredu Seigneur le rt;n-
contra, et, saisi de compassion k la vue de
ces larmes, il dit: « Dites-moi, je vous en
conjure, ce qui est arrivé k ce jeune hom*
me, pour qu il se trouve ainsi avoir perdu
la vie 7 » l^es assistants, frappés de Irayeur,
restèrent longtemps sans pouvoir répondre,
enlin ils reprirent leur esprit, et ils dirent :
«i Tandis que ce jeune homme était seul dans
la chambre où il dormait, sept chiens sont
venus, et se sont jetés sur lut. Il a été hor-
riblement déchiré par eux, il est tombé et
il est mort. »
Alors le bienheureux André soupira, et
(50) Maiih. zn, iZ.
(51) 11 ne reste sucudc trace coosUUoI Texis-
leDce de ce premier évéïiue de Nicée.
(52) Un usage répandu chez les anciens portail
les femnes, surtout cell^ avancées eu âge, à tiMcr
elles-mêmes leur linceul.
es
AND
PART. III. - LEGENDES ET FtCAGMENTS.
AND
66
il leva les feux au niel, et il dit, en versant
des larmes : < Je reconnais le» Seigneur, les
embûobes de v.es esprits méchants que j*a-
vais chassés de Nicée; maintenant je te prie,
6 Jésus plein de bonté, de rendre la vie à
ce mort» aGn que Tehnemi du genre humain
ue iriompbe pas de sa perte. »
Et, après qu'il eut ainsi parlé, il dit au
père du mort : « Que me donm s-tu si je te
rends ton fils frais et bien portant?» Et le
))ère répondit : « Je ne possède rien de pré*
deux, mais je te donnerai mon fils hii-mé*
me, si« oonformément è ton ordre, il revient
à la vie. » Alors Tapôlre étemJit ses mains
▼ers le ciel, il pria et dit : « Je te prie, Sei*
guear, de faire que Tâme de ce jeune hom-
me revienne dans son corps, afin qu'après
sa résurrection, tous ceux qui adorent les
idoles les quittent et se tournent vers toi,
et afin que son relonr à la vie soit le salut
pour tous ces hommes éç^arés, de sorte qu'ils
ne seront plus sujets à la mort, mais qu'ils
t'adoreront , et qu'ils obtiendront la vie
éternel le. »
£t après que tous les fidèles eurent ré->
pondu am«n, l'apôtre se tourna vers la bière,
et dit : « Au nom de Jésus-Christ, Tève-toi
el tiens-toi sur tes pieds.» Et aussitôt le mort
se leva à la grande surprise de tout le peu-
ple, de sorte que ceux qui étaient présents
s*écrtèrent à haute voix : < Grand est le Dieu
Jésus-Christ, que proche son serviteur An-
dré. •
El les parents du jeune homme offrirent
au bienheurt;ux ap6«re de grands présents
i*n témoignage de leur reconnaissance ;
mais il ne voulut rien accepter^ et il ordonna
au jeune homme de le suivre dans la Ma-
cédoiue, et il lui adressa des paroles de
salut.
CHAPITRE IX.
L'apôtre sortit donc de Nicomédie* et
monta sur un navire, el se rendit dans
rUellespont, et il traversa le détroit afin
d arriver à Bjrzance. Et voici que la mer
étail agitée, et une grande tempête s'éleva»
et le navire était' au moment de périr : et
tandis que tous ceux qui étaient k bord
étaienl livrés à l'effroi, se croyant au mo-
moment de perdre la vie, le bienheureux
André adressa sa prière au Seigneur^ et il
donna des ordres à la tempête, et le calme
fut rétabli, et aussitôt les vagues de la mer
s'apaisèrent, et ils lurent tous sauvés du
danger qui les menaçait, et ils arrivèrent à
Byzance.
De là, ils poursuivirent leur route, afin de
parcourir le pays de Thrace, et uue foule de
gens accoururent de loin au-devant d'eux ;
ils tenaient en leurs mains des épées nues et
des lances, et ils voulaient se jeter sur eux.
Quand l'apôtre André vit ces barbares, il lit
dans leur direction le signe de la croix^ el
il dit: «Je le prie» Seigneur, de terrasser leur
(53) A regard de Remploi des couronnes chet les
aocicns conime signes Ue réjouissance, voir les
tniiés spéciaux de Pasclial, de Mader, eic.
père qui les pousse à agir ainsi. Puissent-
ils être retirés de l'erreur par la grâce do
Dieu, et ne faire aucun mal à ceux qui met-
tent leur confiance en loi. »
El, lorsqu'il eut parlé, un ange du Sei-
gneur apparut entouré d'une grande splen-
deur, et il loucha leurs épées, et aussitôt ils
tombèrent tous parterre^etces hommes qui,
auparavant se montraient ennemis» jetèrent
leurs armes et adressèrent leurs prières à
l'apôtre, et l'ange du Seigneur se retira en-
veloppé d'une lumière immense.
CHAPITRE X.
t^ Andréavait cependant terminé son voyage
el était arrivé k Perinthe, ville siluée sur tes
côtes de la Thrace, el il voulait y prendre un
navire pour se rendre dans la Macédoine.
Et après que, conformément à l'ordre de
range qui lui apparut derechef, il fui monté
sur un navire, il prêcha la parole de Dieu à
tousceux qui étaient avec lui à bord de ce na-
vire. Tous furent louches par la parole du
salut, el, avec le capitaine du navire, ils cru-
rent en Jésus-Christ et ils louèrent Dieu.
Et le saint apôlre se réjouit de ce que»
même sur la mer, il ne innn(|uaii [lasde per-
sonnes qui entendissent la parole de Dieu el
qui se convertissaient au Fils du Dieu toul-
puis«:ant, et il loua el glorifia Dieu le créateur
du ciel el de la terre.
CHAPITRE XL
Tandis que cela se passait, el avant que
Tapôlre ne fdt venu dans la Macédoine, il
y avait dans la ville de Philippes, deux frè-»
res, gens de distinction, qui possédaient une
grande fortune-; l'un d'eux. avait deux fils el
I autre un pareil nombre de filles. Et commor
parmi les autres habitants de cette ville, il
nV avait personne qui pût prétendre k s*unir
à leur famille, ils firent entre eux un pacte
réciproque que les fils de l'un épouseraier>t
leshlles île 1 autre, et le jour des noces étail
déjà fixé, lorsque la parole du Seigneur vint
à eux et dit : « N'unissez pas vos enfants,
avant l'arrivée de mon serviteur rAndré ; il
vous montrera ce que vous devez faire. » Les
lits de noce étaient déjà dressés et les hôtes
invités, et tous les apprêts faits pour lalête,
et, iroisjourss*éiant écoulés, le bienheureux
André vint» et lorsque les deux frères te vi-
rent, ils furent remplis d'allégresse, et ils
allèrent au-devant de lui avec des couron-
nes (5.^^ et ils tombèrent à ses pieds et ils
dirent: « Nous t^avons entendu, serviteur do
Dieu, afin que tu nous fasses savoir ce que
nous devons faire. Car une voix du ciel nous
a ordonné de t obéir et il nous a été pres-
crit de ne point marier nos enfants avant
que tu ne vinsses. »
Alors le visage du bienheureux apôtre de-*
vint brillant comme le soleil {^^), De sorte
3ue tousfurenlfrappés de surprise et remplis
e respect pour lui. Et après qu'il eut appris
(54) Circonslanee qui reproduit ce que «alm Ma$»
thteUf xvii| 2, dit du buveur. lu i-iDéiiie«
67
DICTiONNAlRE. DES APOCRYPHES.
•S
ce qui s*était passé aTftnt sà venue^ il dît: (
« Ne vous laissez pas égarer* ô mes flls« el '
n'unisst z pas ces jeunes gens* auxquels le
trait do 1a ju^^lica peut apparaître, mais plu*
tôt faites pénitence, parce que vous avez *.
péclié contre le Seigneur, vous qui avez
Toulu un mariage qui aurait été souillé par
Taffinité du sang. Nous ne condamnons nul-
lement le mariage (5S), et nous reconnais-
sons qu*il a été ordonné de Dieu, qui dans le
principe a fait Thorome et la femme (56),
mais nous réprouvons rigoureusement l'in-
ceste (57). h
Et tandis au*il parlait ainsi, les parents
furent plongés dans une grande affliction et
ils disaient: «Nous te prions, Seigneur, de
demander à Dieu qu*il nous pardonne, car
nous étions dans l'ignorance du péché que
nous aurions commis. » Et les jeunes gens
qui avaient vu le visage de ra|>ôtre brillant
comme celui d'un ange de Dieu (58}, s*écriè-
renl: « Ta doctrine est grande et san^ tttclie,
6 homme saint ; tu nous as appris ce que
nous ignorions, et, dès ce jour nous recon-
naissons en vérité que Dieu parle par ta
bouche. »
Alors le bienheureux André se tourna
vers eux et dit: ^ Observez en toute pureté
ce que vous avez entendu de moi, afin que
Dieu soit avec vous et que vous receviez la
récompense de vos œuvres, c'est-à-dire la
vie éternelle qui n*aura aucune fin. »
CHAPITRE XII.
Après que Tapôtre eût parlé ainsi, il leur
donnasabén«^dictionet il quitta Philippes et
se rendit è Thessalonique. Le, il y avait un
certain jeune hooime d*une famille distin-
guée et ayant de la fortune, il s'appelait
Éxous, et^es parents tenaientdaus celte ville
un rang élevé. Lorsqu'il eut reçu la nouvelle
des prodiges qu effectuait le bienheureux
André, il vint vers l'apôtre sans que ses
rrents en eussent conniissanco, et il tomba
ses pieds, et il le pria, disant: « Montre-
moi, A Seit^neur, le chemin de la vérité (59),
afin que je gagne l'immortalité, car j'ai re-
connu que lu es vraiment le serviteur de
celui qui t'a envoyé. »
Le saint apôlre lui prêcha alors le Sei-
gneur Jésus-Christ, et te jeune homme crut«
et depuis cette heure, il resta atiachéà
l'homme de Dieu, sans être arrêté par con-
sidération pour ses (uirents ou pour sa fur-
tune. Et, de leur c6té, les parents cher-
chaient leur fils, et lors({u'ils apprirent qu'il
se tenait auprès de l'apôtre, ils vinrent avec
des présents el ils s'efforcèrent d'éloigner leur
(55) On sait que plusieurs sectes hérétiques des
premier» siècles, telles que les luontaiiistr» et les
niaiiictiéen«, coiidaniiiaieiit le mariage.
(66; Geii. ui, Si.
(57) Lia toi divine n*a point inienlii le mariage
entre couriiis, quoiqu'un dorleur allemand cilé par
Fatirjcius (Cod. apocr. iVor.ÎMi., 1. 1, p. 470), ail
soutenu le contraire dans une di8»i*rtJtion imprimée
à Ko tock en Ie93. L'empereur Théodose le dé-
Icudit, ainsi que d'autres empereurs, el réalise
fils du bienheorenx André. Mais il refusa
de les suivre et il dit : « Puissiez-vous ac-
quérir la véritable richesse, et reconnaître
le créateur du monde qui est le Dieu réel, et
sauver vos Ames de la condamnation qui
les menace. »
Et lorsque le jeune homme parlait ainsi,
le bienheureux apôtre descendit du troisième
étage, et leur prêcha la parole de Dieu, mais
comme ils refusèrent de l'entendre, il re-
tourna auprès du jeune homme et ferma les
portes de la maison. Les parents excitèrent
un grand tumulte et vinrent imur brûler la
maison. Et ils avaient déjà jeté des fagots
embrasés, et la flamme s*elevait déjà à une
grande hauteur, lorsque le jeune homme
frit un vase rempli d'eau et dit : « Seigneur
ésus-Christ, dans les mains duquel réside
la puissance de tous les éléments, toi qui
rends humide ce qui brûle et qui fais ()tje ce
qui est humide brûle, toi qui refroid fs ce
qui embrase et qui éteint ce qui brûle, fais
que ce feu s'étei^^ne, et qu il ait été allumi^
non |>our faire aucun mal à tes serviteurs,
mais pour propager la foi. »
Et après avoir parlé ainsi, il jeta de Feau
qui était dans le vase, et aussilût le feu di:$-
oarut comme si jamais il n'avait été allumé.
Lorsque les parents du jeune homme virent
ce prodige ils dirent: « Vovez, notre fils de*
venu un enchanteur. » Et ils apportèrent des
échelles, et voulaient monter au troisième
étage pour le tuer ainsi qu*André. Mais
l'apûtre les frappa d'aveuglement (60), de
sorte i|u*ils ne pouvaient se servir des échel-
les.
CHAPITRE XIU.
El lorsqu'ils étaient dan^ cet embarras, uq
certain Lysimaque (61), un des habitants de
la ville, dit: «Que prétendez vous faire aven
ce travail insensé? Car Dieu comt)at pour
ces hommes et vous ne le reconnaissez-
pas 1 Revenez de votre folie, afin que le cour*
roux du ciel no vous chfltie pas rudement. •
Et uuand il eut parlé de la sorte, ceux aux-
quels il s'adressait dirent dans la sincérité de
leurs cœurs: € Le Dieu véritable est celui
que ces gens vénèrent, et nous sommes dé-
cidés à le suivre, i^
Les ténèbres de la nuit étaient alors ve-
nues, et soudain une lumière éclata, et tous
les yeux furent éclairés, et les hahitanu de
Thessalonique montèrent à l'endroit où
Papôtre était avec le jeune homme, et ils le
trouvèrent en prières. Ils se jetèrent è ses
pieds, et ils s'écrièrent : « Nous te conjurons,
romaine ne Tautorisa que moyennant une dis*
pense.
(58; Expresâinn empruntée h ce que les Acie$
deiapàtrih.Mu 15* disent de saint Etienne.
(39) Demande semblable Ji celles airon trouve
dans ëainLilaHhieu, &ix, 1G« et dans les AiUê. u»
37.
(60) Comme dan^ la Genèse^ liz, il • et U /»•
Livré été Roii, vi, 1H.
(61) Ce personnage porte un nom qui lui a é»i
i9
AND
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
70
6 Seigoeur, de prier pour les serviteurs qui
araient élé aveuglés par l^erreur. »
Et telle était la componction qui avait tou-
ché le cœur de tous, que Lysimaque, qui
éuit un des habitants de la ville» dit:
« En vérité Jésus-Christ est le Fils de Dieu*
comme le prêche son serviteur André. « Et
tandis qu'ils étaieqt tous fortifiés par Tapô-
tre dans la foi et qu*its croyaient, les parents
s^ndormirent dans Tincrédulité, et ils mau-
dirent le jeune homme, et ils revinrent chez
eux, et ils firent donation de tout ce qu'ils
possédaient è des établissements publics.
Et peu de temps aurè^, lorsque quarante
jours se furent? écoulés, ils rendirent Tes-
prit è la même heure. Et ensuite, le jeune
nomme, qui par sa douceur s*était acquis
rattachement de tous les habitants de la
ville, fut remis eu possession de rhéritagc
de ses parents. Et quoiqu'il possédât tout ce
qu'ils avaient eu, il ne s éloigna pas de Tapo-
tre, mais ii employa le superflu de ses biens
ifô) è pourvoir aux besoins des pauvres et
i soulager les malheureux.
CHAPITRE Xiy.
L'apOtre du Seigneur demeura longtemps
è Thessalonique avec le jeune homme. Et
beaucoup de milliers d'hommes se réunirent
un jour au théAtre (63), et non-seulement
André leur prêcha la parole de Dieu, mais
encore le jeune homme en fit autant, de sorte
que tous admiraient sa sagesse.
Et il arriva que le fils d'un homme du pays
deCarpie (iA) tomba très-gravement malade,
et beaucoup de gens se rendirent auprès de
TapAtre et auprès du jeune homme afin d'in-
tercéder pour lui. Mais le bienheureux An*
dré dit: « Il n'est rien d'impossible au Sei-
gneur (65) ; si vous croyez, apportez-le de-
vant nous, et le Seigneur Jésus-Christ le
guérira. »
Lorsque le père du malade entendit ces
paroles, il s'empressa de retourner chez lui
auprèsdesontils : «C'est aujourd'hui, )» dit-il,
I que lu te trouveras guéri, Adimant » C'était
le nom du jeune homme malade. El le fils
répondit: « Je vois déjà l'accomplissement
de mon songe, car j*ai vu en songe cet
homme qui me rendra la santé. »
Et après qu'il eut ainsi parlé, il mit ses
vêtements, et il se leva de dessus son lit, et
il courut au théAtre avec un tel empresse-
ment que ses parents ne pouvaient suivre
ses pas, et il tomba aux pieds du bienheu-
reux apôtre, et il lui rendit grâces de ce que
la santé lui était rendue. Et le peuple qui
était le, fut frappé d'étonneraent, de voir
marcher un homme qui, depuis vingt-trois
ans, n'avait pu quitter sou lit, et tous louè-
rent le Seigneur et dirent: «Le Dieu d'André
n'a pas d^égal (66). »
donné diaprés le rôle qu'il joue ilans ce récit. Lysi-
maiiae signifie celui qui fait cesser, qui oélruii les
querelles • t les combats.
(6i) Yoy. les Acttif iv, 5i.
(|S3) Méuiti circonstance dans les Arfrt, xix, 29.
CHAPITRE XV.
Cn autre des habitants de Thessalonique,
qui avait un fils tourmenté par un esprit
imj)ur, vint ensuite vers le bienheureux An-
dré et lui dit: « Homme de Dieu, guéris, je
t'en prie, mon fils, car il est* cruel lement
tourmenté par un esprit malin. » Mais l'es-
prit méchant, qui savait qu'il serait expulsé,
entraîna le jeune homme dans une chambre
écartée et l'étrangla, et le fil mourir. Lorsque
le père trouva son fils mort, il pleura beau-
coup, et il dit à ses amis : « Apportez le ca-
davre au théâtre, car j'ai la confiance que
mon fils puurra être rendu à la vie par cet
étranger qui prêche la parole de Dieu. »
Et lorsque le corps eut été apporté devant
l'apôtre et que la chose lui eut été racontée,
André se tourna vers le peuple et dit:
«Hommesde Thessalonique, à quoi vous pro-
fitera-t-il de voir de pareilles merveilles si
vous persistez dans votre incrédulité? » Mais
ils répondirent: « Ne doute pas que si ce
mort est rendu à la vie, nous tous nous ne
croyions en ton Dieu. »
Et lorsqu'il eurent ainsi parlé, l'apôtre dit :
« Au nom de Jésus-Christ, lève- toi, jeune
homme. » Et aussitôt il se leva, et tout le
peuple fut frappé d'étonnement, et il s'écria :
«Maintenant nous croyons tous au Dieu q.,()
tu prêches, et ce que nous venons de voir
nous suffit. » Et ils accompagnèrent l'apOtro
jusqu'à sa demeure, en portant des torches
et des flambeaux, car la nuit était fort avan-
cée, et ils restèrent troi^ heures auprès do
lui, et il les instruisit suffisamment pendant
ce temps de tout ce qui concerne Dieu.
CHAPITRE XVL
Tandis que ces choses se passaient à Thes-
salonique, il y vint un homme de Philippes,
nommé Médius, dont le fils était atteint d'une
grave maladie. Il sollicita avec instance la
guérison de son fils et il manifesta tantd'émo-
tion que ses larmes coulaient en abondance.
Le bienheux apôtre essuya ses joues et te
toucha de sa main sur la tête et dit : « Con-
sole-toi, mon fils; aie seulement la foi, et tes
souhaits seront accomplis. » Et il le prit par
la main et al>aavec lui h Philippes.
Et lorsqu'ils étaient è la porte de la ville,
un veilla: d vint au-devant d'eux, et les im-
plora en faveur de ses fils, que Médium tenait
renfermés dans une prison, couverts d'ulcè-
res et de plaies causées par la longueur de
la captivité. Alors le bienheureux apôtre se
tourna vers Médius etilit:« Ecoute, ô homme,
tu t'adresses à moi avec instances pour que
je guérisse ton fils, et tu retiens en prison
des hommes'donl la chair est déchirée. Si
tu veux que tes prières arrivent au Seigneur,
brise les chaînes de ces malheureux, afin
que ton fils soit délivré de ses maux. Car je
(61) Pays dans la Dacie, non loin du Danube»
Plolémée en parle {Gtographia^ 1. ni, c. 5.)
(65) Èiaith. Xit, iU; Marc, xiv, 36; Lue. i 7^^
(66) CVst ce qui esl dit du Dieu de Daniel. (D^h.
VI, ÎO.)
71
MCTIONNAIRB DES APOCRYPHES.
7*
5ens que 1(i méchanceté que tu commets forme
un obstacle à ce que mes prières soient eiaa-
oées. »
Et quand Médius eut entendu ces paroles,
il tomba aux pieds de Tapôtre, et il les cou- .
▼rit de baisers, et il dit : c Ce n*est pas seu-
lement ces deux captifs que je ferai mettre
en liberté, mais encore sept autres dont tu
D*as pas entendu parler, et maintenant fais
que mon fils soit guéri. » Et il fit amener
les prisonniers en présence du bienheureux
apôlre. Cclui'-ci imposa ses mains sur eux,
et pendant trois jours, il nettoya leurs plaies
et il leur rendit la santé, et il leur donna la
liberté.
£t le lendemain il dit au Qls de Médius :
c Lève-toi, au nom du Seigneur Jésus-Christ
qui m*a envoyépour te suérir dates maux. »
Et il le prit par la main, le releva, et le jeune
homme se tint debout, il marcha, et il loua
Dieu. El ce jeune homme s'appelait Phiio-
mèdes, et depuis trois ans il était retenu au
lit par sa maladie.
Et le peuple s*écria, disant: « Guéris aussi
nos malades, serviteur de Dieu, y* Et André
se tourna vers le jeune homme et dit : « Va
dans la maison des malades, et, au nom de
Jésus-Chnst par lequel tu as été guéri, ordon*
ne-leurde se lever : » Et le jeune homme, au
grand étonnement de tous, se rendit chez les
malades, do maison en maison, et chaque
jour, au nom de Jésus-Christ, il rendait la
santé è beaucoup de gens.
Et depuis ce temps tout le peuple de Phi->
lippes crut au Seigneur, et Ton apportait des
présents h André, et beaucoup de gens le
SrièrenI de leur faire entendre la parole de
jeu, et le bieuheureux apôtre leur prêcha
Je vrai Dieu, mais il refusa tous leurs pré-
aents.
CHAPITRE XVII.
Enfin, un certain Nicolas* un dea habi-
tants de Thessalonique, amena un chariot
doré, avec quatre mules blanches et autant
de chevaux, et il les offrit au bienheureux
apôtre, en disant : « Prends ces objets, ô ser-
viteur do Dieu; je n*ai rien trouvé de
plus précieux parmi ce que je possède; fais
seulement que ma fille, qui est malade de-
puis longtemps, soit guérie, n
Le bienheureux apôtre lui répondit en
riant : < J^accepte tes présents, Nicolas,
mais non pas ceux qui s'offrent aux re-
gards. Si tu viens nVapporter ce que tu yios-
sèdes de plus précieux en la maison pour
obtenir la santé de ta fille, quel présent bien
plus précieux dois-tu offrir pour obtenir le
aalul do Tftme? Mais je ne désire accepter de
toi qu'une seule chose, c*est <]ue l'homme
intérieur (67) reconnaisse le vrai Dieu comme
son Créateur et comme celui qui a fait toutes
choses, qu*il méprise ce qui est terrestre et
qu'il prétende ^ce qui est céleatCi qu*il né-
(C7) Rom. vil, i) ; / Pttr. ni, 4.
(OS; C*eftt le dénioD qui s'exprime par la ImucIic
4cft ûMiédés, coitime dans êaini Mqtc^ i, i4.
gli^e ce qui est fragile et quM chérisse ce
qui est éternel, qu'il s'attache aux choses
que fait apercevoir la contemplation de Tin-
tention spirituelle, afin que, fortifié par un
pareil exercice, tu sois digne d'obtenir la
vie éternelle. Tu peux, après que ta fille
aura recouvré ici la santé, partager avec elle
la joie éternelle. »
Après qu'il eut parlé de la sorte, tous
les assistants furent convertis; ils renon-
cèrent aux idoles et crurent au vrai Dieu.
Et la fille de ce Nicolas se trouva guérie sur
l'heure, et tous louèrent l'apôtre du Sei-
gneur, et la nouvelle des guérisons qu*il
opérait se répandit dans toute la Macédoine.
CHAPITRE XVIII.
Et le lendemain, tandis que le bienheu-
reux André exhortait le peuple, il arriva
qu'un jeune homme s'écria à haute voix, di-
sant (€>8) : « Qu'avons-nous à démêler avec
toi, André, serviteur de Dieu? Es-tu venu
KurnousexpulserdenotredemeureT»Alor5
pôlre appela auprès de lui le jeune liO!u-
mei et dit : t 0 toi, auteur du mal, quel e^t
l'objet de tes plaintes? »
Et l'esurit malin répondit : «J'ai résidé en
ce jeune nomme depuis ses premières annexes,
dans l'opinion que je ne serai jamais obligé
d*en sortir. Et depuis trois jours, j'ai en-
tendu son père dire à ses amis : J'irai
vers l'homme qui est le serviteur de Dieu,
vers André, et il guérira mon fils. Gomme
JH crains les peines que tu nous inflige^,
je sortirai de lui devant tes yeux. nEt après
avoir ainsi parlé, il se jeta par terre aux
pieds de Tapôtre , et il sortit du jeune
homme, et celui-ci fut aussitôt guéri, et il
se leva, et il loua Dieu à haute voix.
CHAPITRE XIX.
Et Dieu avait prêté au saint apôtre une telle
grice que beaucoup de gens venaient chaque
jour auprès de lui, afin d'entendre la parole
du salut. Les philosophes venaient aussi et
s'entretenaient avec lui, et personne ne pou-
vait résister i sa doctrine (69).
Tandis que l'homme de Dieu opérait ces
choses à Thessalonique, il s'éleva un ennemi
de la prédication apostolique. Il vint devant
le gouverneur de la ville, nommé Quirinus,
et il lui exposa que chaque jour André
détournait è Thessalonique beaucoup de
gens do la religion de leurs ancêtres et du
culte des dieux, et qu'il prêchait qu'il fal-
lait renverser les temples et détruire toutes
les prescriptions de I ancienne loi, et qu'il
enseignait qu'il n'y avait qu'un Dieu du ciel,
pour le serviteur duquel il se dounait.
Le gouverneur, irrité par ce langage, en-
voya des soldats avec ordre de se saisir d'An-
dré. Lorsqu'ils furent venus è la porte, ils
s'informèrent en quelle maison l'apôtre de-
meurait, et ils y entrèrent; mais, lorsqu'il
0
(69) Cest ce qui est dit de saint Etienne. (Ath
VI, iO.) ^
n
AND
PART. III. -- LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
7;
Tirent que sori visage resplendissait d^une
clarté qu*on ne pouvait contempler, ils fu-
rent remplis d*etIroi, et ils tombèrent aux
pieds de Tapôlrei et il raconta aux assis-
tants ce que Ton avait dit de lui au gouver-
neur. Alors les gens vinrent avec des épées
et des bâtons» et ils voulaient tuer les sol-
dats, m<iis le saint apôlre les retint.
£t lorsque le gouverneur apprit que ses
ordres n'étaient pas exécutés, il fut outré de
fureur, et il envoya vingt autres soldats, et
ceux-ci pénétrèrent dans la maison, mais
lorsqu'ils virent le bienheureux apôtre, ils
furent tous troublés et ils ne dirent rien. Et
je gouverneur en étant informé, fut rempli
d^une colère nouvelle, et il envoya une autre
troupe .de soldats avec ordre de se saisir de
force de Tapôtre. Et quand André les vit,
il dit : « Est-ce que c*est pour moi que vous
êtes venus ?» El ils répondirent : «Oui, si lu es
vraiment Tenchanteur qui prêche qu'il ne
faut pas respecter les dieux.» Et il leur ré-
pondit : ffJenesuispointunenchanteur, mais
je suis Tapôtre do Jésus-Christ, mon Sei-
gneur, que je prêche. »
CHAPITRE XX.
Tandis que ces choses se passaient, uu
des soldats, excité par Tesprit malin, tira
son épée du fourreau, et s'écria: «Qu'avons-
nous de commun, toi et moi (70j, 6 gou-
neur Quirinus, pour que tu m'envoies à un
homme qui non-seulement peut me chas-
lev de ce vase, mais qui peut encore me
brûler par son pouvoir miraculeux? Plût à
Dieu que tu vinsses à sa rencontre, et que tu
no Qsses- aucun mal à son égard 1 » Et après
avoir ainsi parlé, Tesprit malin sortit du sol-
dat, et le soldat tomba et mourut. Le gou-
verneur était enûammé de colère, et quoi-
qu'il se trouvât auprès du saint apôtre, il
ne pouvait le voir. Et Tapôtre lui dit : «Je
suis celui que tu cherches, ô gouverneur.»
£t aussitôt ses yeux s'ouvrirent, et il vit An-
dré, et il dit avec courroux : « Es-tu insensé
pour oser ainsi mépriser nos ordres et faire
sentir ta puissance à nos serviteurs? 11 est
maintenant évident que tu es un magicien
et uu inalfaiteur, c*est pourquoi je te livre-*
rai aux bêtes sauvages, parce que tu nous
méprises ainsi que Tes dieux, et je verrai
alors si le Crucitié que tu prêches pourra te
sauver. »
Le bienheureux apôtre lui dit : « Tu dois
croire au vrai Dieu, et à ce qu'il a envoyé
son Fils Jésus-Christ; tu vois qu'un de tes
soldats est mort. » Et l'apôtre s'agenouilla
poiir prier, et après qu'il eut adressé au Sei-
gneur une longue prière, il toucha le sol-
datet il dit :«Lève-toi, etque mon Seigneur Jé-
sus-Christ que je prêche te rende la vie. » Et
aussitôt le soldat se leva et se trouva,guéri.
Et le peuple s'écria aussitôt : « Loué soit
(70) C^est un esprit malin qui parle ainsi par la
bouctie de ce soldai qui était possédé. \
(71) B<icliart (Hierozotcon, part, j, I. m, c. 8),
croit que le léopard ne se montra pas dans les cir-
«lues avant répO((ue de Consianiin , mais roplnlou
DfCTiOKN. DES Apocryphes. II.
notre Dieu 1 » Et le gouverneur dit : « O
hommes de peu de sens, ne le croyez pas; c'est
un magicien. »Mais ils crièrent et répondi-
rent : « Ce n'est point là de la magie, mais
une doctrine saine et vraie. » Et le gouver-
neur dit : « Je livrerai cet homme aux bêtes
sauvages, et j'écrirai à voire égard à l'empe-
reur, afin qu'il vous extermine |)roivple-
menl, parce que vous méprisez ses lois. »
Mais les habitants voulaient le lapider et
ils dirent : « Ecris à l'empereur que le.3
Macédoniens ont reçu la parole de Dieu, et
qu'ils abjurent le culte des idoles, afin de
prier le vrai Dieu.v
CHAPITRE XXL
Et quand le malin fut venu, le gouver-
neur fit amener des bêles sauvages dans le
cirque, et il y fit conduire le bienheureux
apôlre afin de le livrer à ces animaux. On lo
saisit, et on le traîna par les cheveux, et on
le frappa à coups de bâton, et on le laissa
seul sur l'arène: on lâcha ensuile un san-
f;lier sauvage et terrible, et il tourna trois
bis autour de l'apôtre du Seigneur, et il ne
lui fit aucun mal. Et quand la» assistants
virent cela, ils rendirent gloire à Dieu.
El le gouverneur fil amener un taureau,
qui fut amené par trente soldats, cl deux
chasseurs l'excitèrent, mais au lieu défaire
h André le moindre mal , il mit tes chas-
seurs en pièces, et enfin il poussa un hurle-
ment, et il tomba et mourut. Ki aussitôt le
Eeuple s'écria : « C'est le Christ qui est le
►ieu véritable. »
Tandis que cela se passait, on vit un ange
descendre du ciel el venir fortifier l'apôtre
dans le cirque. Et le gouverneur, bouillaut
de colère, commanda de lâcher un léo-
pard (71) des plus féroces. Mais quand celui-
ci eut sa liberté, il s'élança d'un bond vers
le siège du gouverneur, et il saisit son fils
et il le tua. El le gouverneur fut tellement
frappé de stupeur qu'il ne donna h cet égard
aucun signe de douleur et qu'il ne dit
rien.
Alors le bienheureux apôtre se tourna
vers le peuple et dit : «(Reconnaissez, hommes
de Thessalonique, que vous adorez le vrai
Dieu dont la puissance adoucit les bêles fé-
roces, etque le gouverneur Quirinus ne re-
connaît pas. Mais afin que vous croyiez plus
facilement au Seigneur, je vais ressusciter son
fils au nom de Jésus-Christ que je prêche,
et l'endurcissement insensé de ce père sera
confondij^. » Et André se prosterna de nou-
veau et fit une longue prière, et il prit la
main du mort, et il le ressuscita.
Et quand les habitants virent ces choses,
ils louèrent Dieu, et ils voulurent tuer Qui-
rinus, mais l'apôtre les en empêcha. Et le
gouverneur fut confondu et se relira dans
son palais.
de cet infatigable érudit a trouvé des adveriairea
dans d'autres savants dislingues. (Fay. Pearson,
Apologia pro Jgnalii epistoti» ^purL n, p. 576, et
Colclier, ad Ignaiium^ p. 20, cdit. de Lcclerc.)
75
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
76
CHAPITRE XXII.
Après que toutes ces choses se furent
passées» uo jeune homme, qui depuis long-
temps suivait. rapôtre, fit part à sa mère de
ce qu*il avait vu, et il rengagea è venir sa-
luer le bienheureux André. Elle vint et elle
toml>aà ses pieds, eteileexprima le désird*en»
tendre la parole de Dieu, et elle le pria avec
les plus vives instances de venir à sa cam-
pagne où était u.'i serpent d*une grandeur
monstrueuse qui dévastait tout ce pa^rs. Et
quand l'apôtre s'approcha, il entendit un
grand sifflement, et le serpent sortit d'une
caverne et il leva la tôle, et il menaça An-
dru. Sa longueur dépassait cinquante cou-
dées (72), et tous ceux qui le virent furent
saisis d'effroi nt renversés par terre.
Alors le saint do Dieu dit au monstre :
«Courbe la lélcque tu as élevée depuis lecom-
mencement pour perdre la race humaine, et
soumets-toi au serviteur de Dieu et meurs.)»
Et aussitôt le serpent Gt un grand bruil, et
s'entortilla autour d'un chèue qui était près
de là, et il cracha un torrent de poison, et il
mourut.
Le saint apôtre vint ensuite h une maison
do campa^^nc où gisait un petit garçon que
le serpent avait mordu et qui était mort. Et
quand il vit ses parents qui pleuniont, il
dit : tf Notre-Seigiieur qui veut que vous
soyez sauvés m!a envoyé ici, afin que vous
croyiez en lui. Sortez mainlenanl, et voyez
le meurtrier de votre flis. » Et ils dirent :
« Nous n'aurons aucune douleur de la mort
de notre fils, si nous voyons que vengeance
d été tirée de l'ennemi. n
Et quand ils furent partis, Papôtre parla
ainsi a la femme du gouverneur : « Va et
réveille ce jeune garçon. » Elle n'hésita pas,
et elle s'approcha du cadavre, et elle dit :
« Au nom de mon Dieu Jésus-Christ, lève-
toi etsoisguéri.» Et aussitôt il se leva. Quand
ses parents revinrent, après avoir vu le ser-
pent qui était mort, et qu'ils trouvèrent leur
tils vivant, ils se prosternèrent devant l'apô-
trcy et ils rendirent grftces h Dieu.
CHAPITRE XXIII.
Dans la nuit suivante , l'apôtre vit en
songe une vision qu'il raconta aux frères,
en leur disant : «Ecoutez mou songe, ô mes
bien-aimés.
c Je vis une grande monta^^ne qui s'éle-
vait jusqu'au ciel, et il n'v avait rien sur
elle de terrestre, et elle resplendissait d'une
clarté telle i|ue l'on pouvait croire qu'elle il-
luminait le monde. Et voici que les frères
bien-aiméSj Pierre et Jean, étaient auprès de
moi. Et Jean étendit la main vers 1 apôtre
(72) Cet scrpeiiis «rmic diiiieii»ioii éiiornie se
rcncoiitrciit dans les ccrivainsde ranliquité. Kreiiis-
ItctiH {ad Curtii u, 1) en a icuiii di-s excmiiles ;
mai:i il faut , dans de (larcU tcciis, faire uiiv large
pan à l'exa^éiaiion.
(75) CV'sl-à dire, i l» périras de la mcmc mort
que Pierre, lu seras crucifié, i CcUc eipre^sion est
c.i»pruiilée à VEtaugiUde taûti àiatUtUu, xx, 2i.
(7i} Cela veut dire proiililenioni que la ue
Pierre, et le guida vers le sommet de la
montagne, et il me dit de monter après
Pierre, et il dit : «André, tu partageras le ca-
lice de Pierre.» Et il étendit les mains, et il
dit : «Viens vers moi, et étends les mains (73j,
afin qu'elles se joignent h mes mains, et que
ta tète s'approche de la mienne, v Et après
que j'eus fait cela, il se trouva que ma taille
n'é^^alait point celle de Jean (74).
« Et ensuite il me dit: « Veni-lu connaître*
l'image de l'objet que tu vois, ou veux-tu
savoir quel est celui qui te parle? » Et jo
dis : « Je le désire, i» Et il me répondit : « Je
suis la parole do la croix sur laquelle tu
seras bientôt attaché, pour le nom de celui
que tu prêches.»
«Et il dit beaucoup d'autres choses que je
dois maintenant passer sous silence, mais
qui se publieront lorsque je serai venu au
terme de ma course. Je vous prie donc de
vous rassembler tous, vous qui avez reçu la
parole de Dieu, afin que jo vous recom-
mande au Seigneur Jésus-Chiisl, pour qu'il
daigne vous maintenir sans tache dans sa
doctrine. Je serai bientôt délivré de mon
corps, et je vais vers l'accomiilissement des
promesses que m'a faites celui (lui gouverne
le ciel et la terre, qui est le Fils du Dieu tout-
fuissanlavec le Saint-Esprit , vrai Dieu« et
demeurant dans toute l'éternité. »
Lorsque les frères eurent entendu ces
paroles, ils pleurèrent amèrement, et ils
frappèrent leur visage avec leurs mains (75).
Entin, après qu'ils furent tous réunis, l'a-
F)ôtre parla encore, et dit: «Sachez, mes
bien-aimés; que Je dois me séparer de
vous. Mais je crois en Jésus dont je prêche la
parole, il vous préservera du mal, pour que
la récolte que j'ai semée en vous ne soit
pasarrachée par l'ennemi; c'est elle qui est la
connaissance et la doctrine de Jésus-Christ ,
mon Seigneur. Priez sans relâche et demeu*
rez fermes dans la foi , afin que le Seigneur
arrache toute l'ivraie du chamfi, et alin qu'il
vous rassemble comme du pur froment dans
le grenier céleste (76). »
Et l'apôtre les enseigna ainsi durant cinq
jours, et les confirma dans les commande-
ments de Dieu.
CHAPITRE XXIV.
Il étendit ensuite ses mains, et il pria le
Seigneur, et il dit : « Je ten supplie, ô Sei-*
gneur, veille sur ce troupeau qui a déjà
connu ta doctrine ; ne permets pas que le
démon remporte, mais fais que tes tiddlis
méritent de conserver sans violation, dans
les siècloi des siècles, ce que je leur ai re*
mis selon tes ordres. »
d*André devait être plus courte que celle de Joid*
(75^ Indice 0*une lrèi*vive doideur. CeA aiuti
que Virgile a dit:
Uuguibtts ora soror fcedans et peclora pognift.
(ViaoïL., jEneid. 1U>. xu, 871.)
{Voy. Kirchinariti , De futur., lib. u, c. I , cl D
Geicr, De lucnt NeOncor , c. 10 cl iC )
(76; lf«.'//i xi:i. U,
77
AND
PART. m. - LEGENDES Et FRAGMENTS.
AND
n
Et quand il eut parlé ainsi, tous les assis-
tants répondirent : «Amen. ^
I/ap6tre prit ensuite le pain, et, après
avoir rendu grâces, il le brisa, il le donna à
tous» et il dit : « Recevez la grAce (77) que
Jésus-Christ, le Seigneur, notre Dieu, vous
a donnée par moi, son serviteur. » Et il les
embrassa tous, et il les recommanda au Sei-
gncur, et il partit de Philippie pour se ren-
dre à Thessalonique ; là il enseigna durant
deux iours, et il repartit ensuite. Beaucoup
de fidèles partirent de la Macédoine avec lui»
et ils avaient deux navires.
Et ils voulaient tousmontersurlemèmena-
vire qui portait Tapôtre, afin d'entendre ses
discours et pour ne pas étreprivés sur merde
la parole de Dieu. Mais le bienheureux
André se tourna vers eux et dit : « Je con-
nais vos intentions, mes bien-aimés, mais ce
navire est fort petit. Je vous demande donc
de laisser passer les esclaves avec les bagages
sur le plus grand navire ; vous pouvez venir
avec kious sur celui qui est le plus petit. i»
Kt il leur donna Anthime (78) pour les
tranquilliser, ei il les fit monter sur Tautre
navire qui dut toujours se tenir rapproché,
afin que les fidèles eussent la consolation
de voir Tapôtre et d*eûtendre la parole du
Seigneur.
Et il arriva qu'un des fidèles, s'étant en-
dormi f79), fut jeté par le vent dans la mer.
Lorsqu Anthime s*en aperçut, il se tourna
vers i*apôtre et dit : a Assiste-nous, ô notre
bon maître, car un de tes serviteurs va pé-
rir. 9 Alors le saint apôtre commanda au
vent, et aussitôt il se calma et la mer fut pai-
sible. Et rhomme qui était tomt)é dans la
mer fut ramené par une vague à côté du na-
vire. Anthime lui prit la main et le fit re-
monter à bord, et tous admirèrent le pou-
voir miraculeux de Tapôtre, auquel la mer
même était soumise.
CHAPITRE XXV*
Après une traversée de douze jours, ils
débarquèrent à Patras, ville d*Acbaïe, et ils
sortirent du navire et ils prirent leur rési-
dence dans une certaine hôtellerie. Et beau-
coup de gens les priaient instamment d'eU'^
(77) C*est-à-dire le sacrement de rEucbarisiié.
Àccipite graliam est pris ici dans le môme sens
Iu'on observe chez saint Oplat {Sermo de mema
>ominica) : Veniunl géntet ad graliam.
(78) Trois .personnages portant le nom d*An*
thime souffrirent le martyre lors de la pérséctitîon
4e Dîoclélien ; Tan d'eux euit évoque de INicomédie ;
voir Ëusèbe . Bi$ivire ecclésiastique, viii, 6.
n Episode reproduit de Thistoire d*lLutycb1oSi
ail partie des Actes supposés de saint
'anl.
(90) C*est«^-dir6 de t*empéchcr, .en te faisant
nourir, de propager la doctrine que la prêches.
(81) Il s^agit de deux esprits malins «e tnontrant
sous la forme de nègres , ainsi que les anciens au-
teurs en fournissent d*a$sez nombreux exemples.
Thîlo, dans Tédition qn*il a donnée à Haie, en 1857,
à'Actes grecH de saint Pierre et de saint Paul, dont
nous aurons roccasioii de reparier, fait à cet égard
les observations suivantes : c Causa hujus imaj;ina-
tîouîs in promplii est. Etenim principes lenebra-
trer dans leurs maisons^ André dit : c Aussi
vrai que le Seigneur vit» je ne sors pas qu*il
ne m'ait manifesté où il m'appelle. » Kt il se
livra au sommeil pendant cette nuit, et il
n'eut aucune révélation. Mais dans la nuit
suivente, comme il se livrait à l'afQiction, il
entendit une voix qui lui dit : « André, je
suis avec toi et je ne te quitterai pas. » Et
quand il eut entendu ces paroles, il loua
l)ieu.
Tandis que cela se passait, le gouverneur
Lesbius fut porté, par une inspiration de
Dieu, à recevoir le bienheureux apôtre. 11
lui envoya des gens pour l'accueillir d'une
façon hospitalière et pour le conduire auprès
de lui. Alors André se rendit auprès du
gouverneur, et il etilra dans sa chambre, et
il le vit étendu les yeux fermés et comme
mort. Et il le toucha au côté et lui dit;
« Lève-toi et parle. » El Lesbius parla ainsi :
c Je suis celui qui déteste la voie que tu
enseignes, et j'ai envoyé des soldats avec
des navires au gouverneur de la Macédoine,
afin que l'on te conduisit h moi garrotté, et
je t'ai condamné h mort; mai.s les navires
que j'avais fait partir ont fait naufrage et
n'ont jamais pu arriver où je leur avais
donné Tordre de se rendre.
«Ettandis que j'avais l'intention dedétruire
ainsi le chemin que tu suis (80), deux Elhio-
piens (81) apparurent devant moi, et me
frappèrent de verges et dirent : « Nous ne
pouvons plus exercer ici quelque puissance,
puisque cet homme que tu voulais poursuis
vre, arrive. C'est pourquoi nous nous venge-
rons sur toi cette nuit, tandis que nous
avons encore du ()ouvoir. i» Et après m avoir
fortement battu, ils ont disparu de devant
moi. Maintenant je te demande, homme da
Dieu, de vouloir bien prier le Seigneur,
afin qu'il me pardonne mes fautes, et pour
que je sois guéri des souffrances que j'é-
prouve. »
Après que le gouverneur eut dit ces cho-
ses devant tout le peuple, le saint apô're
prêcha avec un zèle infatigable la parole du
Seigneur, et tous crurent.
ruth , formldolesos bommum seductores et vcxato-
res, liorritica decet nigrities ; prsterea plagam
meridianam, loca illa prôpter intensum solis calo-
rem arida et déserta ^ olim sedcs esse putarunt
daemonum et roortis; Màiiichaeos (pioque mcriiiianas
regiones assignasse da:monibus minus recle colligit
Beausobre, HisL Manich., t. il, p. 382, etc.;
Simplicii Comment, in Epicieti Enchir., p. IG5, etc. ;
Tbeodorcti, Hœretic, fabul., 1. 1, c. 26, qui id potius
tradunf , ex Manctis sentenlia Deum anlc l»elluMi
cum tenebranim principe gestuin tenuisse part* s
septentrionales, orientales et occidentales, mato-
riam vcro meridion^iliis. ilonf. C.-F. Daor, bas mani^
chaeische Religions System . p. 27. Hieronymus , fis
Psal. xc, observât dsemones quosdam bin{;ulart'A
esse nomine Meridianorum censiios. Loc 'S scripto-
rum Ecc-lcsiae cum Gnecse lum Laiinne do d.tmonilm^
meridinnis in unoin collectes in C:ingii Gloxnar. mré,
et inf. Latinit., s. v. dasmon nieridianns. Yid, rtian
Catnielum {ad psal. xc, 0), qui Euselni, Atba*
naçii alioruinqiie npinifuicj» rccfnsct. »
7}
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
(9
CHAPITRE XXVI.
El le gouverneur, après avoir élé guéri,
crut, et il s*affermil dans la foi. £t il advint
3ue Tropliime» qui avait élé la concubine
u gouverneur et qui s*était depuis mariée
avec un autre homme, le quitta afln de s*at-
tacber è la doctrine de Tap&tre; car elle élait
très-souvent dans la maison du gouverneur
où Papôire enseignait constamment. Cela
riciia le courroux de son mari, et il alla
vers la femme du gouverneur et lui dit :
« D*où vient c{ue lu ne sais pas ce qui se
passe? Trophime est la maîtresse de ton
mari; il Ta unie à moi sous de certaines
conditions, afm de continuer à avoir com-
merce avec elle comme il le faisait.»
Lorsqu'elle eut encndu ces paroles, sa
jalousie fut enflammée, et elle dit : « Voilà
donc pourquoi mon mari m*a abandonnée,
car il y a plus de six mois qu'il n'a pas ha-
bité avec moi 1 Je sais maintenant qu'il aime
Sè servante. » Et quand elle eut parlé ainsi,
elle appela l'intenJaut de la maison, et elle
lui ordonna de faire traiter Trophime com-
me une prostituée et de la conduire dans
une maison de prosliiulion. Et immédiate-
ment Trophime y fut amenée et livrée au
matire de ce lieu infAme. Lesbius ne savait
rien de tout cela ; il s^informait de Trophime,
mais sa femme le maint nait dans Ter*
reur.
Et Trophime, depuis le moment où elle
fat menée dans la maison de prostitution,
ne cessa de prier, prosternée sur la terre. Et
quand il venait des gens qui voulaient la
toucher, elle mettait sur sa poitrine l'évan-
gile qu'elle portait sur elle, et aussitôt ils
perdaient leur force.
Un certain jeune homme d'une conduite
fort déréglée s'approcha un jour d elle , et
voulut lui faire violence; il déchira ses vê-
tements et il Gt tomber Tévangilo qui était
5ur sa poitrine; alors Trophime pleura et
étendit les mains vers le ciel, et dit : « Ne
permets pas, ô Seigneur, que je sois souillée,
car c'est à cause de ton uom que j'aime la
chasteté. »
Et aussitôt un ange du Seigneur lui appa-
rut, et le jeune homme tomba h ses pieds et
mourut. Et la pieuse femme fut rassurée, et
elle bénit et loua Dieu qui était venu à son
Assistance Elle était, depuis ce moment,
parvenue à une telle fermeté dans la foi,
que peu de temps après elle ressuscita, au
nom de Jésus-Christ, un enfant qui était
mort, et la ville entière assista à ce spec-
tacle.
CHAPITRE XWU.
Tandis que cela se passait, la femme du
gouverneur se rendit au l)ain, accompa;{née
e son intendant; et tandis qu'ils se bai-
gnaient, un démon d*un aspect horrible leur
opparut et $*empara d'eux, et ils tombèrent
et ils forent morts. Et quand cela fiit connu,
il s'éleva un grand tumulte, et on annonça à
{9$) Jâi. Il, i5.
I apotrc et au gouverneur que sa femme était
morte avec l'intendant.
Le bienheureux apôtre, ému par cette
agitation du peuple, parla à la foule dans les
termes suivants : « Vous voyez, mes bien-
aimés, combien l'ennemi est puissant. Car
Trophime fut, à cause de sa chasteté, jetée
dans une maison de prostitution; mais le
jugement de Dieu ne se fit pas attendre, et
bientôt celle qui avait donné cet ordre a été
exterminée avec son complice tandis qu'elle
était au bain. ^
Quand il eut ainsi parlé, voici que la nour-
rice de la morte arriva, et, h cause de son
grand âge, elle était portée sur les bras de
plusieurs hommes. Et elle déchira ses vétc*
mcnts, et elle dit en poussant des cris .
« Nous savons que tu es aimé de Dieu, et
nue ton Dieu t'accorde ce que tu lui deman-
des;.aie donc pitié de nous cl rends cette
morte h la vie. »
Le bienheureux apôtre , touché de ses
pleurs, fut ému de compassion, et dit en se
tournant vers le gouverneur : « Veux-ta
qu'elle ressuscite? » Et il répondit: « Elle
ne doit pas vivre, celle qui a amené une
telle ignominie dans ma maison. » L'apôtre
répondit : n N'agis pas de la sorte, car nous
devons avoir compassion de ceux qui sont
dans la douleur, afin qu'à notre tour nous
obtenions que Dieu ait pitié de nous (82}. »
Et quand il eut ainsi parlé, le gouverneur
retourna à son priais, mais te bienheureux
apôtre ordonna que l'on apportât le cadavre
sur la place publique; il s'en approcha et il
dit : « Je le prie , Seigneur Jésus-Christ, de
faire que celle femme revienne à la vie, afin
que tous reconnaissent que toi seul es Dieu,
et que tu ne permets pas que les innocents
succombent. » Et il se tourna vers le cadavre
de la femme, il le toucha et il dit : « Lève-
toi au nom de Jésus-Christ, mon Seigneur. »
Et aussitôt la femme se leva. Et elle pleura
et soupira, et tint les regards attachés vers la
terre.
Et l'apôtre lui dit : « Va en ta maison, et
reste dans la retraite occupée à prier jusqu'à
ce que le Seigneur t'ait fortifiée.» Et elle ré-
pondit : « Fais que je me réconcilie d'abord
avec Trophime, contre laquelle j'ai fait tant
de mal. » Mais l'apôtre répondit : « Sois sans
crainte, car Trophime ne pense nlus aux
torts que tu as eus envers elle, et elle ne sait
pas ce que c'est que la vengeance; mais elle
rend grâces au Seigneur en tout ce qu'il «
accompli. » Ensuite Trophime fut appelée,
et elle se réconcilia avec Gallista, la lemoie
du gouverneur,
CHAPITRE XXVJIL
Et le gouverneur Lesbius fit de tels pro-
grès dans la foi, qu'un jour il s'approcha de
Papôtre et lui confessa tous ses péchés. El
le bienheureux apôtre lui dit : < Je rends
grâces, mon fils, au Seigneur de ce que la
crains le jugement à venir ; mais conîluia-
toi avec vigueur, et fortifie-toi daiu le 8ei«
•I
AND
PART. in. ^ LUSKDfii KT FRAGMEISTS.
A!SB
82
goeur, en lequel tu crois. » El ii lui prit la
maîDi etiii lui prêcha ia foi, e^ ils allèrent en-
suite sur le bord de la mer.
£t après sa promenade, André s'assit, et
tous ceux qui étaient près de lui se placèrent
sur le sable, et ils entendaient la parole
de Dieu. Et voilà que le cadavre d'un bom«
me qui avait péri sur la mer fut jeté par les
flots sur la c6te et vint presque aux pieds
d'André. Lorsque le bienheureux ap6lre le
vil, il se réjouit dans le Seigneur et H dit :
« Cet homme doit ressusciter, atin que nous
sachions ce que l'ennemi du genre humain
a accompli en lui.»
Et après s'èlre mis en prière, il prit la
main du mort et le souleva, et aussitôt le
mort revint à ia vie et parla. Et comme il
était nu, l'apAlre lui donna un vêtement et
dit : « Kaconte-nous ce qui t'est arrivé. » Et
ceivi*ci répondit :
« Je ne cacherai rien : je sois le fils de
Sosti'ate* habitant de ia Macédoine, et ie suis,
depuis peu de temps, revenu de rllalie.
Etant de retour dans ma patrie, j'ai appris
qii*il se répandait une doctrine nouvelle de
laquelle nul homme n'avait encore entertdu
parler, et que des miracles et des choses
merveillonses s'accomplissaieat, ainsi que
des guérisons surprenantes qu'opérait un
homme qui s'annonçait comme le disciple
du vrai Dieu. En apprenant cela, je m'em-
r-ressai de partir aûn de voir cet homme,
car je pensais qu'il m'enseignerait la vérité.
« ie m'embarquai sur un navire avec mes
amis et mes compatriotes, et quand je fus
sur la haute mer, il s'éleva soudain une
tempête, et nous fûmes engloutis dans les
vagues. »
Et lorsqu'il eut ainsi parlé, il jeta les yeux
sur André dont le visage était resplendissant
de lumière, et il pensa alors qu'il devait
se trouver en présence de l'homme gu'il
avait cherché au milieu de tant de dan-
gers, et il tomba aux pieds d'André en di-
sant : « Je sais que tu es un serviteur de
Dieu. Je prie pour ceux qui étaient avec
uioi dans le navire, afin qu'ils reviennent
aussi à ia vie [lar un effet de ta faveur, ei
qu'ils reconnaissent le vrai Dieu que tu
prêches. •
Alors le bienheureux apôtre, plein du
Saint-Esprit, lui prêcha la parole du Sei-
gneur, de sorte que le jeune homme fut saisi
d'admiration pour celle doctrine. Et enfin il
dit, en étendant les mains : « Montre-nous,
je t'en prie, seigneur, les autres cadavres de
ceux qui sont morts en même temps que
moi afin qu'ils reconnaissent , sous ta direc-
tion, le Dieu unique et véritable, n
Et, après qu'il eutainsi parlé, apparurent
soudain trente-neuf cadavres qui furent potis-
sés par les flot> sur la côte. Alors le jeune
homme pleura, et tous les assistants se mi-
rent aussi à pleurer, et ils se jetèrent aux
pieds de l'apôtre, et ils le prièrent de ressus-
citer aussi ces morts.
CHAPITRE XXIX.
Mais Philopator (car c'était le nom du
jeune homme) dit : « Mon père a , dans sa
bonne volonté, envoyé ses amis h bord avec
moi, et il m'a donné une forte somme d'ar-
gent, et il m'a envoyé ici. Quand il apprendra
ce qui m'est arrivé, il blasphémera ton Dieu
et insultera sa doctrine. Que telle chose soit
loind'arriverl»
Et tous les assistants pleurèrent derechef |
mais l'apôtre leur commanda de réunir tous
les cadavres m un même endroit, car ils
étaient épars de côté cl d'antre. Ils les ras-
semblèrent tous , et l'apôtre dit à Philopa-
tor : ^t Qui désires-tu qui ressuscite le pre-
mier ?»El il répondit :«Que ce soit Varus, moa
frère de lait. »
L'apôtre ayant entendu ces paroles, fléchit
ses genoux sur la terre, étendit ses mains
vers le ciel, et pria très-longtemps en ver-
sant des larmes, et il dit : «0 bon Jésus!
réveille vo mort qui a péri avec Philopator,
afin qu'il reconnaisse ta gloire, et que ton
nom soit honoré parmi les peuples. »
El aussitôt le jeune homme se leva, et tous
ceux qui étaient présents furent frappés
d'admiration. L'apôtre se remit à prier pour
les autres, et il dit : « Je te prie, Seigneur
Jésus, de faire que ceux-ci, qui sonlsorlis de
la profondeur des mers, ressuscitent aussi. »
Et après qu'il eut prononcé ces paroles, il
ordonna aux frères de prendre chacun d'eux
un des morts, et de dire : «Que Jésus-
Christ, le Fils du Dieu vivant, te rappelle à
la vie, »
Et quand cela fut fait, trente-huit morts
ressuscitèrent, et ils louèrent Dieu de con-
cert avec tous les assistants, et ils dirent :
tk Le Dieu d'André n'a pas d'égal. »
Le gouverneur Lesbius fit des présents
considérables h Philopator, et lui dit : « Ne
t'inquiète pas, mon frère , si lu as perdu <:o
que tu possédais : je le conseille de ne pas
récarter du service do ton Dieu. » Et dès
cette heure Philopator resta constamment
avec l'apôtre, et ii accomplit avec zèle tou-
tes les choses qu'André lui prescrivit.
CHAPITRE XXX.
Tandis que ces choses se passaient h Pa*
Iras , la ville de l'Achaïe, il advint qu'une
femme de Corinthe , nommée Calliope, qui
s'était unie à un meurtrier, fut saisie des
grandes douleurs de renfaolemenl, et elle
ne pouvait être délivrée dufruitde son corps.
Et elle parla à sa sœur et dit : « Va, je ten
prie, et invoque Diane (83), noire déesse, afin
qu'elle ait compassion de moi ; car c'est elle
qui préside aux accoucliements desfommes.t
La sœur fil ce qui lui était recommandé
mais te diable vint à elle durant ia nuit, e!
dit :« Pourquoi m'appelles*tu inutilement,
lorsque je ne puis l'assister? Adresse-toi
plutôt k l'apôtre do Dieu, André, qui est
dans l'Achaïe, et il aura compassion de ta
(83) 11 fautcîier ici le passajçedc Ciréron {De na- Locîferîiro, sic apud noslros Jap9|Çp. Lucinam ta
titra iii&rnm, 1. n) m Ut spiid Grsecos Dia»!ain atqne pariendo iiivocani. •
êl
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
U
sœur. » L4 femme fit ce <iui lui était dit, et
elle vint à rapdlre, et lu: raconta tout ce qui
s'était passé. Celui-ci ne différa point. 11 se
rendit h Corintlie» et il alla à la demeure de
la femme malade» et Lesbius, le gouYerneur»
était avec lui.
Et quand Tapôtre vit celte femme éprou-
vant les souffrances de l'enfantement, il dit :
« C*est avec justice que tu souffres ainsi ,
parce que tu n'as pas contracté une union
nouorable et que tu as conçu dans le péché.
Tu as d'ailleurs demandé conseil à de mau-
vais esprits , qui ne peuvent ni aider per-
sonne, ni se secourir eux-mêmes. Crois en
Jésus-Christ, Fils de Dieu, et ton enfant
viendra au monde; mais il sera mort, parce
que tu as conçu dans le péché. »
Et la femme crut , et aussitôt, tous étant
sortis de la chambre, elle mit au monde un
enfant mort^ et elle fut délivrée de ses souf-
frances.
CHAPITRE XXXI,
Tandis que l'apôtre accomplissait beau-
coup de merveilles à Corintne, Sostrate,
père de Philopator, fut averti en songe de
se rendre auprès d'André, et il se h^ta de se
mettre en route pour l'Achaie. Et quand il
apprit où était l'apôtre, il se rendit a Corin-
the ; et lorqu'il vint à l'apôtre et le salua, il
reconnut aussitôt les traits de l'homme qui
lui avait été désigné ensoni^e. Et il embras-
sa ses pieds, et il dit : «Aie pitié de moi,
je t'en prie, serviteur de Dieu, de même
que tu as eu pitié de mon fils. »
Et Philopator dit & i*apôtre : «C'est mon
père qui est devant toi; il te demande
maintenant ce qu'il doit faire. » Et le bien-
heureux apôtre dit : «Je .sais qu'il est venu
vers nous pour connaître la vérité. Nous
rendons grAces au Seigneur Jésus-Christ,
qui daigne se révéler aux fidèles. » Tandis
iju'André parlait ainsi, Léontius, l'esclave de
bostrate, dit à son maître : « Vois-tu, sei-
gneur, de quelle splendeur brille le visage
de cet homme? & Et Sostrate répondit : f Je
le vois , très-cher , et c'est pourquoi je ne
me sépare pas de lui ; mais nous passerons
tous deux notre vie avec lui, et nous enten-
drons les paroles de la vie éternelle. »
Et ie lendemain Sostrate envoya à l'apôtre
beaucoup de présents; mais l'homme de
Dieu lui dit : «Il ne convient pas que j'ac-
cepte rien de vous, si ce n'est vos person-
nes elles-mêmes, lorsque vous avez la foi en
Jésus, qui m*a envoyé pour prêcher TEvan-
gile en ce lieu. Si j'avais voulu de l'argent,
j'aurais déjà trouve en Lesbius un homme
plus opulent que vous et qui m'aurait enri-
chi. Mais je désire seulement quo vous me
donniez ce qui peut servir à vous conduire
à la béatitude éternelle. »
CHAPITRE XXXII.
Et lorsque ces choses se furent accomplies
h Corinthe, peu de jours après, le saint apô-
tre serenditau bain.Etquandil fut venu pour
f H bajgner, il vit un homme qui était possédé
'Xw es|)rtt malin, et qui tremblait beaucoup.
Et tandis qu'il le regardait avec surprise, un
très-jeune homme sortit de la piscine, tomba
aux pieds de l'apôtre et dit : « Qu'avons nous
h démêler avec toi , ô André? es-tu venu ici
pour nous chasser de nos demeures? »
L'apôlre se tourna vers lui , et lui di|
en présence du peuple : « Soyez sans
crainte, mais croyez en Jésus notre libéra-
teur. » Et tous les assistants s'écrièrent :
« Nous crovons ce que tu prêches. » Alors
André parla rudement aux démons , et ils
sortirent aussitôt des deux corps qu'ils pos-
sédaient, et lorsqu'ils furent éloignée, le
jeune homme et le vieillard retournèrent
dans leurs maisons.
Et tandis que l'apôtre se baignait, il ne
cessait d'instruire ; car il savait que l'enne-
mi du genre humain dresse partout ses piè-
ges, et dans les bains ainsi que dans les
fleuves. Et c'est pourquoi il disait qu'il fal-
lait sans cesse invoquer le nom de Dieu, afiQ
que celui qui prépare aux hommes des
embûches perde tout son pouvoir.
Et les habitants de la ville voyant cela, vin-
rent auprès d'André , et ils apportèrent des
malades, et ils les placèrent devant lui, et ils
furent guéris , et beaucoup d'habitants des
autres villes, qui avaient aussi reçu la parole
de Dieu, venaient chaque jour au saint apô-
tre afin qu*il les instruisit.
CHAPITRE XXXIII.
Pendant que ces choses se passaient à
Corinthe, voici qu'un vieillard, nommé Ni-
colas, couvert de vêtements déchirés, vint Ik
l'apôtre et lui dit : «Serviteur de Dieu,
voici qu'il s'est écoulé soixante et quatorze
années de ma vie durant lesquelles ie n'ai
cessé de me livrer à la débauche et a l'im-
f cureté, et j'ai maintes fois, dans les mauvais
ieux , commis toutes sortes d'infamies. Et
il y a trois jours que j'ai entendu parler des
merveilles aue tu fois, et de tes prédications
qui sont pleines de la parole de vie : j'ai
alors conçu la pensée de renoncer è ma con-
duite déréglée et de venir à toi, afin (]ue ta
m'enseignes la voie à suivre. Et tandis que
je roulais cette pensée en mon esprit, il
m'en est venu une autre» celle d'abandonner
ma bonne résolution et de ne pas faire le
bien dont j'avais eu l'idée
« Et pendani quo ma détermination flot*
tait indécise , je pris l'Evani^ile, et je priai
le Seigneur qu il me fit oublier ces choses
pendant quelque temps.
« Et peu de jours après, j'oubliai l'Evan*
gîle qui était sur moi, et je fus embrasé de
pensées coupables, et je me rendis de nou-
veau dans une maison de prostitution. Et
voici qu'une prostituée qui me vit s'écria ;
« Sors d'ici, vieillard, car tu es un ange du
Seigneur, et lu ne dois plus me toucher,
ni t'approcher de ce lieu, car je vois eu toi
uu grand mystère. «
« El tandis que je restais immobile, rem-
pli d'étonnement, et ne sachant pas ce aue
cela signifiait, je me souvins que j'avais I B-
vangile sur moi. Je me retirai, et je suis
venu vers toi, qui es le serviteur de Pieu 9
85
AND
PART. m. - LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
SG
afin que tu aies pitié de mes erreurs. Car
j*ai le plus grand espoir que je ne périrai
pas y SI lu veux prieur pour moi malgré mon
indignîlé.»
Le bienheureux André, !*ayant entendu
parler ainsi, fil un long discours contre Tim-
purett^t et il se jeta à genoux, il étendit ses
mains, et il pria le Seigneur. El il versa des
larmes mêlées de soupirs, depuis la sixième
heure du jour jusqu'à la neuvième; il es-
suya ensuite son visage et il ne voulut pren-
dre aucun repas, et il dit : « Je ne goûterai
à aucun aliment jusqu*à ce que je sache si
le Seigneur a compassion de cet nomme, et
s'il est du nombre de ceux qui sont rache-
tés. »
Et après quil eut de même jeûné le len-
demain , il ne lui fut rien révélé au
sujet de cet homme jusqu'au cinquième
jour, et il pleura amèrement, et il dit :
c Nous obtenons ta bénédiction pour les
morts, Seigneur (8%), et pourquoi ne veux-tu
pas révéler si tu daignes guérir cet homme
qui aspire à reconnaître ton autorité? »» Et
quand il eut dit ces paroles, il vint une
voix du ciel qui dit : « André, ta prière en
faveurdece vieillard est exaucée. Maiscomme
tu i'esfatigué par tesjeûnes, il fautqu*ils'ap-
pliuue aussi au jeûne pour être sauvé (85). »
Et 1 apôtre Tappela et lui prêcha Tabslinence.
Et le sixième jour, le bienheureux André
appela tous les Chrétiens, et leur demanda
de se réunir et de prier pour le vieillard ;
ils se prosternèrent, et prièrent en disant :
« Seigneur, toi qui es compatissant et mi-
séricordieux , accorde aux hommes le par-
don de leurs fautes. » Alors Tapêtre se pré-
[)ara des aliments, et permit aussi aux fidè-
es de prendre de la nourriture.
Et Nicolas revint dans sa maison, et il dis-
tribua aux pauvres tout ce qu*il possédait.
Et il se soumit à une rude pénitence; car il
passa six mois sans prendre d'autre boisson
3ue de l'eau et sans manger autre chose que
u pain desséché. Apres que ce vieillard
eut ainsi fait une digne pénitence, il ne tarda
pas à sortir de ce monde. Le bienheureux
André était alors absent. El, à Theure de la
mort du vieillard, une voix se Qt entendre à
André, et dit: « André, mon serviteur Nico-
las est endormi. » Et l'apôtre rendit grAces,
et dit aux frères que Nicolas était entré dans
Téternité, et il pria pour qu'il pût reposer
en paix.
CHAPITRE XXXJV.
Tandis que ces choses se passaient à Co-
rinthe, et cjue la renommée des actions de
5ap6tre croissait chaque jour, un habitant de
Mégare, nommé Antiphane, vint vers lui, et
(84) C'est à dire : cTu nous donnes le pouvoir de
tel ressusciter, i
(85) 13 n jeûne de pareille durée pour implorer le
secours du Seigneur est fflenlionné dans le Uvre de
Hdjih^ viii, 23.
(86) Luc. VI, 36.
(87) Ad. X, 34.
(88) iùan. uf, 16 : L Tim iv, 10.
dit: • Puisqu'il y a en toi une bonté conforme
au commandement du Sauveur (86) que lu
prêches, montre-la à noire égard, homme de
Dieu, et délivre noire maison des pièges
auxquels elle est livrée. » L'apôtre lui ré-
pondit : « Raconte-nous ce qui t'est arrivé. »
El Anlipbane parla ainsi :
c Lorsque je revenais dans ma maison,,
après un voyage, et que j'élais arrivé à la
porte, voici c\ue j'entendis la voix du portier,
qui poussait des cris lamentables. Et
quand je demandai ce que sif^nifiait ce
bruit, ceux qui étaient là me dirent qu'il
était, ainsi que sa lemme et ses fils, tour-
menté par des esprits malins. Je montai
alors à l'étage supérieur de la maison, et je
vis de jeunes garçons qui grinçaient des
dents et qui se jetèrent sur moi , et qui
poussaient des éclats de rire insensés. Je
montai ensuite è un étage supérieur, ot se.
trouvait la femme, qui était horriblement,
tourmentée par le démon, et elle était en
proie au délire ; ses cheveux pendaient
sur ses yeux , de sorte qu'elle ne put ni
me voir, ni me reconnaître. Je te con-
jure , homme de Dieu , de vouloir bien
me rendre cette femme. Quant aux autres»
je n'en ai nul souci. «
Après qu'il eut parlé de la sorte, le bien-
heureux apôtre fut saisi de compassion, et
il répondit : « Dieu ne fait pas acceplion de
personnes (87) ; il est, venu pour sauver tous
les hommes, aQn qu'ils ne périssent pas
(88); » et il ajouta : « Allons à ta maison. »
Et André partit de Corinlhe, et lorsqu'il
fut venu à Mégare et qu'il se fut rapproché
delà porte de la maison, les malins es-
prits s'écrièrent lout d'une voix :« Pour-
quoi nous poursuis-tu ici, André? Pourquoi
entres-tu dans une maison qui ne l'est pas
assignée? Garde ce qui est à loi et ne pénè-
tre pas dans ce qui nous est accordé. »
Le bienheureux apôtre fut surpris de ces
choses extraordinaires. U entra dans la
chambre où gisait la femme, et il pria après
s'être agenouillé, et il prit les mains de la
femme, et il dit : «Que le Seigneur Jé-
sus-Christ te guérisse. «Et aussitôt la femmi»
se leva, et elle loua Dieu.
Et l'apôtre imposa de m6:r.e les mains sur
tous ceux qui étaient possédés du malin es-
prit, et il les guérit tous, et il eut doréna-
vant Anliphane et sa femme parmi ceux
qui l'aidèrent le plus à Mégare à prêcher la
parole de Dieu.
CHAPITRE XXXV.
Après que le bienheureux apôtre eut ac-
compli ces choses (89), il revint dans la ville
de Palras, où était le gouverneur ^Egeus,
(89) Les H^n^és grecques, Nicéphore, et divers au-
tres auieurs racontent des choses accomplies par
saint André, et qu^ou chercherait en vain dans Ab-
dias ; on le représente comme ayant ordonné Phi-
lologue comme évéque de Sinope en Achaie et Sla-
chys à Byzance ; selon Nicctas de Paphlagoniu
lOraliode S. Andréa, publiée dans VAtktcarium U«
CombeÛs), il prêcha l'Evangile sur tous les rivage»
17
DlCTIONNAinE DES APOCHYPUES.
S8
quifavnit >ur:céU6 à Lesbiiis. Et une femme,
nommée Ephidama (90), qui avait été ame«
néo à Jéfus-Christ par les tnstrnclions de
SosiuSt disciple de l*apôlre (91), vint trouver
André, et elle embrassa ses pieds, et elle dit :
< Je te prie, 6 homme saint, de vouloir bien
te rendre auprès de ma maîtresse Maximilla,
qui est tourmentée par une fièvre ardente,
car ello désire entendre tes instructions. » Et
Maximilla était la femme du gouverneur, quç
cette maladie plongeait dans un si vif cha^
grin qu'il tira un poignard et voulut se don--
lier la mort.
£j)ljidama alla doncdevanf, et Tapâtre vint
dans la chambre où gisait la malade, et lors-*
qu'il vit le gouverneur tenant h la main son
poii^nard, il lui dit : « Ne te fais point de
iiuil, mais rooiels ton poignard à sa place,
car il viendra un temps où tu Teniftloieras
contre nous. » Mais le gouverneur ne com*
f)rit pas ce que disait l'apôtre, et il lui fit
place pour qu il s'approchât.
Et.l'apôtro vint devant le lit de la malade,
et après avoir prié, il prit sa main, et aussitôt
Ja femme fut toute trempée de sueur, et la
lièvre la quitta, et l'apôtre ordonna qu'on lui
donnât à manger. Lorsque le gouverneur vil
cela, il ordonna de compter cent pièces d'ar-
gent à l'homme de Dieu, mais celui-ci ne
voulut pas les recevoir.
CHAPITRE XXXVK
Il sortit ensuite de cette maison, et il aper-
çut sur sa route un homuio très-faible gisant
dans la boue, et beaucoup d'habitants de la
ville lui donnaient des aumônes aGn qu'il pût
i^cheter de (|uoi vivre. Et André eut compas-
sion de ce malheureux, et il lui dit : « Au nom
de Jésus-Christ, lève-toi et sois guéri. » Et il
se leva aussi ôt et loua Dieu.
El, ayant été un peu plus loin, il vil en un
autre endroil un aveugle avec sa femme et
ses fl!s, et l'apôlre dit : « En vérité, voici une
œuvre du diahle qui rend cet homme aveugle
de corps et d*âme. Voici que je vous rends,
au nom du Seigneur, la lumière des yeux du
corps; puisbc-t-il de même dissiper les té-
nèbres de vos ânies aûn que vous reconnais-
siez la lumière qui éclaire tout homme venant
en ce monde {d'2) el que vous puissiez être
sauvés.» Etilmit les mains sureuxetilouvrit
leurs yeux.
El ils se jolèrenl è ses pieds el ils les em-
brassèrent, et ils dirent : k H n'y a pas
d'autre Dieu que celui que prêche André,
son serviteur. »
CHAPITRE XXXVIf.
Tandis que le bienheureux apôtre accom-^
plissait ces merveilles à Patras, quelqu'un
conduisit le bienheureux André vers la côte
•fil Pont-Euxin , el il appoya ses prédications par de
iioiiihrcux miracles, i Omîtes l)Orea!es oras oninem-
i;«ic Ponti maritinism in vjrtuie sennonis, sapien-
i):e ac hitelligeiitiac, in \ir(u(e signorum et prodi-
;:i«»i-iim Evangelii complexus est pra;dicalione. i
^'lint (irépoire de iNarianre (oral. 2.i) dit airij prô-
ciia dans rp.plre.
OÙ un certain marin, qui depuis cinquante
ans restait étendu dans la boue, accablé par
une faiblesse extrême, couvert d'ulcères et
de vers, et il ne pouvait èlre guéri par au-
cune des ressources de la médecine. Après
qu'il eut vu l'apôtre, il dit : « Peut-être es*
tu le disciple de ce Dieu qui seul peut gué-
rir. » El le bienheureux André répondit :
« Je suis celui qui te rend la santé au nom
de mon Dieu. » El il ajouta : « Au nom de
Jésus-Christ, lève-toi cl suis-moi. »
• Et le malade ayant jeté les étolTes pleines
de pus qui le couvraient, il W suivit tandis
que le pus coulait de son corps avec les vers.
El quand ils furent venus auprès de la mer,
tous deux entrèrent dans l'eau, el l'apôtre le
lava au nom de la Trinité, el le guérit si
bien qu'il ne restait sur son corps aucune
trace des maux qu'il avait soutferts, et ayanl
recouvré la santé, cet homme s'enflamma si
fort pour la foi qu'il courut nu dans la ville
en criîinl : « Le vrai Dieu est celui qu'André
prêche. » Et tous furent saisis de surprise et
le félicitèrent de sa guérison.
CHAPITRE XXXVIII.
Pendant que ces choses et beaucoup d'an-
tres dignes d'admiration étaient accomplies
à Patras par le bienheureux apôtre, Stralo-
clès, frère du gouverneur, arriva d'Italie. Il
avait un esclave nommé AIcman» dont il
faisait un cas tout particulier.
Et' il advint que cet esclave fut saisi du
démon, et il restait éteu'Ju dans le vestibule,
écumant et faisant un grand bruit. Et lorsque
Slraloclès le vit en cet état, il fut extrême-
ment affligé et désolé du malheur qui frap-
pait un homme qu'il chérissari. Et voici
que Maximilla et Ephidama le consolèrent
et dirent : «No le trouble pas, frère, car tu re-
couvreras bientôt ton esclave. Car il y a ici
un homme qui n:ontre la voie du salut et
qui rend une sanlé parfaite à beaucoup de
malades. Nous enverrons vers lui et aussitôt
il guérira ton esclave. >»
Et l'apôtre ayant accouru sans retard, les
femmes l'implorèrent, et il prit la main du
malade et il dit : « Esclave, lève- toi, au nom
de Jésus-Christ, mon Dieu, que je prêche. »
Et aussitôt l'esclave se leva guéri et sain.
Et depuis Stratoclès crut au Seigneur el
s'affermit si fort dans la foi que dès celte
heure il ne s'éloigna plus de 1 apôtre m.iis
il resta toujours à sqs côtés, el il recueillait
la parole du salut.
CHAPITRE XXXIX
Pendant que ces choses se passaient k
Patras, il advint que le gouverneur se mit en
roule pour la Macédoine, el Maximilla, sa
femme, touchée par la parole de salut du
(90) Ipbidamia dans le passage de Leucius cité par
saint Augustin.
(9i) On ignore quel élaii ce Sositis. En tout cas
il n'avait rien de commun avec le dUrreSosius.qui
souffrit sous Oiociciieu et <pii est indiqué au Ûar-
1 y reloge romain, 23 sopictribrc.
t*)^) Joau, I, 0.
S9
AND
PART. 111. _ LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
90
bieDheoreox apA(re, $*iit(aciia si fort à lui
«l'je lorsque lo gouverneur revint, il trouva
une grande foule d'hommes que sa femme
avait réunis au palais, où ils écoutaient la
l^arole de Dieu.
Le bienhcareux André, prévoyant ce qui
arriverait, fléchit les genoux, et il dit : « O
bt'i^near, ne permets pas que le gouverneur
entre en ce lieu jusqu'à ce que tous ces gens
suient sortis. ^ El aprt'^s qu'il eut dit cela, le
g'Miverneur, avant d'entrer au palais, eut la
T'Iontédedécharger son ventre. El tandis qu'il
se retrait dans un lieu écarté et qu*il était
ainsi retardé, le saint apôtre étendit les
uiaifjs sur chacun des assistants et fit sur
eux le signe de la croix (93) et les renvoya,
e( il se signa lui-même et sortit.
Et depuis, Maximilla se rendit souventà la
maison oi!l l'apôtre réunissait d'autres Chré-
tiens, et elle entendit la parole de Dieu avec
un zèle plein de persévérance. Et il en ré-
silia quelle eut moins souvent commerce
avei' son mari (9&}. Il en fut irrité, et comme
i: s vu prit à lapôtre, il tit venir André, el il
lui ro) rocha la pureté de sa religion, et il
bViforça de lui persuader qu'il devait rendre
un culte aux idoles, mais le bienheureux
a; 0 re lui répondit sans aucune inlimida-
« Je suig, ô gouverneur, celui qui prêche
h parole de la vérité, et le Seigneur Jésus,
dlin que les hommes renoncent aux idoles
(|ui sont fœuvre de la main, et afin qu'ils
i^j'iimencent à reconnaître le vrai Dieu qui
a tait toutes choses. Quoiqu'il fût le Seigneur
de la majesté, il est descendu du ciel, et il a
I ris la forme de l'homme qui avait péri le
premier, et, quoiqu'il fût Dieu, il s'est sou-
mis h la souffrance, afm de délivrer de la
mort ceux qu'il avait créés. »
Et le gouverneur ayant entendu André
l^arler de la sorte, le lit enfermer en prison,
et, tant que le bienheureux apôtre fut dé-
tenu, une grande foule d'hommes se rendait
tiia'iue jour auprès do la prison, cl l'apôlre
leur parla en ces termes :
« J'ai été envoyé de Dieu vers vous, mes
irès-chers frères, pour conduire vers la voie
ue la vérité et de la lumière les hommes qui
iiabiieot dans les ténèbres et dans les ombres
de la mort. Je ne me suis jamais désisté de
cotte entreprise, vous exhortant toujours à
rnoncer au culte des esprits malins et à
«liercber le vrai Dieu, vous aifcrmissant
ù:^ïïs l'observation de ses commandements,
aiin qae vous soyez les héritiers de ses pro-
ii)es$es;je vous exhorte et je vous averlis,mes
Uen-aimés, aGn que votre foi, qui est ap-
i93) V Histoire apûstoliqMe fait plusieurs fois mcn*
tioii é\i 8iî;ne de U croix ; on ignore si dès le lemps
(les apéir.'s Ci; signe élail en usage, mais dés le
<•> cond »iécle il clail forl répaiulti, ainsi que Icmon-
iK un passage bien connu de Tertiillicn ; < Ad om-
ii«-m progressum alquc promolum» ad omiicm adi-
uiai el e^ilom, ad veslitum er calc^alum, ad lava-
i^^, ad rnensas, ad luniina, ad cubilia, ad scdilia,
(;nvcum|ue nos conversaiio cxcrcet, fronlcm critcis
*> ([naciilo lersmus. > {Oe corona miiilis, c. 3.) Voy^
i. b. Durand, De rii EccL 1. i, c. 6, 1. ii, c. io, et
puyée sur la base de Jésus-Christ, mon Sei-
gneur, croisse pour l'espérance et pour la
gloire du Seigneur.
« Je désire de plus que vous no ressentiez
aucun trouble au sujet de ce qui m'arrive.
Car ces choses ont élé annoncéos par Nolre-
Seigueur Jésus-Christ, et il est écrit que
nous devons beaucoup souffrir pour son
nom (95); que l'on nous flagellera, et que
nous paraîtrons devant les juges, afin de
rendre témoignage à son égard. Celui qui
persévérera jusqu'à la fin sera sauvé (96).
Priez donc sans interruption, afin que le
diable, qui rô.lecomme un lion dévorant (97)
et qui cherche h prendre tous les hommes
dans ses pièges, soit vaincu et renversé par
les serviteurs de Dieu »
CHAPITRE XL.
Après que l'apôtre eut passé la nuit en-
tière à adresser aux fidèles ces paroles de
consolation et d'aulrcs semblables, et que
ses discours eurent duré fort longtemps, le
gouverneur iEgeus monta sur so^n trit)unal,
et il fit amener devant lui le bienheureux
André, et il lui dit : » Sais-tu pourquoi je
t'ai fait enfermer dans la prison? C'est parce
que tu répands parmi le peuple je ne sais
quelles opinions vaines et superstitieuses;
j'ai donc voulu avoir de toi une connaissance
plus certaine. J'apprends, en attendant, que
tu as tenu toute cette nuit des^discours ab-
surdes. V
André lui répondit : « Je ne cesse pas
d'annoncer ce que le Seigneur m'a prescrit
de prêcher, afin que le peuple soitaffranchi de
la roule de l'erreur et qu'il soit conduit à la
connaissance de la vérité. » Le gouverneur
répliqua : « Reviens de cette folie, et n'égare
pas les gens qui vivent selon les lois. » Et An-
dré répondit : « Jésus-Christ, mon Dieu, m'a
ordonné de prêcher sa parole à propos et
hors de propos (98), et de monîrer à ceux
qui sont égarés le chemin de la pénitence. »
EtiEgeus répondit : «Promets-moi que tu
cesseras de prêcher cette doctrine supersti-
tieuse et vaine; autrement je te fais sur-le-
champ mettre à mort. » Et André répondit :
c Je suis prêt à souffrir non-seulement la
mort, mais encore beaucoup de tourments^
avant de m'abstenir de prêcher la parole de
Dieu. »
Alors le gouverneur ordonna qu'on lui
donnât trois fois sept coups de fouet el qu'on-
le mît en croix, et il ordonna aux bourreaux
de l'attachersur lacroix, n*)n avec des clous,
mais en lui liant les pieds el les mains (99)^
afin que ses souffrances fussent do plus ion-
Pelan, De inearnafionef Itb. xv, c. 10.
(94) Saini Augiisiin {De fide cûalra Mmiickœo»^
c. 58) rapporte, «raprés les faux Actes des apôtres
rédiges p^ir Leucius, un récit assez étrange relatif
à Maximilla.
(95) MattlK X, 17.
(96) iftirf., 22.
(97) / Peir. v, H,
(98) ;/7im. iv,2.
(99) Juste Lipse {De cruce, 1. ii, c. 8), parle de
cclta substitution des cordes aux clous dans la
Il
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES,
gue durée. Et quand le peuple vit cela, il
fut très-affliçé de ce qui arrivait au serviteur
de Dieu» et il dit en pleurant : « Un homme
juste et ami de Dieu et qui enseigne le bien
fst conduit à une mort non méritée. » Mais
André leur adressa bien des paroles, et il
vint enOn à Pèndroit où était la croix, et
lorsqu'il la vit de loin, il s*écria à haute
voix, disant : ■ Salut, ô croix ; après de lon^s
délais, et après t*élre fatiguée è m^altendre,
tu te reposes maintenant. Je sais que tu te
réjouis de recevoir le disciple de celui qui
a été attaché sur toi. Je viens donc avec joio
▼ers toi, car je connais tes secrets et je sais
le mystère à cause duauel (u as été élevée.
Reçois donc aujourd'hui celui auquel
tu aspires, puisque je trouve enfin en toi la
félicité que j*attendais, car je vois en toi ce
que le Seigneur m*a promis. Reçois donc, ô
croix d'élection, celui qui est résigné à la
volonté de Dieu et ramène au Seigneur son
serviteur, h Et après que le bienheureux
André eut dit ces choses, il ôta ses vêtements
et il se livra aux t>ourreaux. Ceux-ci lui liè-
rent les mains et les pieds selon ce qui leur
avait été ordonné et rattachèrent sur la
croix (100). ^
CHAPITRE XLl.
•
Et il y avait tout autour une foule im-
mense, près d6vingtmillepersonnes,etparmi
elles se trouvait Stratodès, le l ère d'iËgeus,
et le bienheureux apôtre ouvrit la* bouche,
et dit :
« Je rends grâces à Jésus-Christ, mon Sei-
gneur, de ce qu'enfm, après avoir accompli
ses commandements, je peux quitter ce
corps, et obtenir, en confessant son nom, la
miséricorde éternelle, et être aimé et re-
connu de celui oui m'a envoyé vers vous.
Persévérez dans la parole que je vous ai an-
noncée; instruisez-vous et exhortez-vous
mutuellement pour que vous soyez dans
Téternité auprès de mon Dieu, et que vous
résidiez près de lui. »
Et après que les Chrétiens qui étaient ras-
5emhl6s eurent répondu : « Amen, » l'apôtre
parla sans interruption pendaiit tout le jour
et toute la nuit qui suivit, et il n*éprouva
aucune faiblesse et ne ressentit aucune fati-
gue. Et quand le lendetnain la foule vit sa
uatience et la fermeté de son Âme, ainsi que
la sai^esse de son esprit et l'énergie de sa
conscience, elle se porta vers £geus, tandis
qu'il siégeait sur son tribunal, et tout le
peuple s'écria : « Quelle est donc la cruauté
de ta sentence, ô gouverneur? Pourquoi con-
damner, à la peine de la croix un homme
juste et qui n'a fait aucun mal ? La ville en-
tière est dans un grand tumulte, et nous pé-
rissons tous avec André. Nous te prions de
ne pas livrer à la destruction une ville si
précieuse pour l'empereur. Rends -nous
nipplice du crociûeroent , et il cite ce passage
l'Abdiat.
(leU) On donne généralement à la croix de saint
André la forme d'un X, mais Juste Lipse (De cruct
lili. I, c. 7) montre que c«lte opinion né repose pas
sur des bas«-8 Men certaines. Voy . Holauus, D€ imik'
i
l'homme do bien , remets-nous lliomme
saint, ne fais pas périr un homme qui est
cher è Dieu, ne condamne pas un homme
innocent et pieux. Vuici deux jours qu'il est
suspendu à la croix, ce qui est une circons-
tance merveilleuse, et ce qui est plus encore,
il parle et il nous édïGe par ses paroles.
Rends-nous donc cet homme, aOn que nous
vivions ; délivre-le, et toute la cité sera dans
la joie. »
CHAPITRE XLII.
Le gouverneur, ému de ces paroles, et
craignant les menaces et le soulèvement du
peuple, se leva de son siège, et il eut Tiu-
tention de relAcher André, et il alla vers
l'endroit où était la croix, tandis que le
peuple se livrait à la joie, en voyant c|ue le
serviteur de Dieu serait rendu è la liberté,
et il s'approcha, triste et regrettant ce qui
s'élait passé , du lieu où était André, et une
grande foule le suivait.
Etl'apôlrelui dit : « Pourquoi es-tu ven*j
vers moi, ^gensî Veux-tu me délivrer tl
viens-tu, ému de repentir, défaire ce que tu
as fait? Crois-moi, tu ne me persuaderas
as de descendre de cette croix. » Et quand
e peuple cria qu'il fallait délivrer le saint,
André éleva la voix et dit :
«Ne permets pas,ô Seigneur Jésus-Christ,
que ton serviteur qui est attaché sur la croix
a cause de ton nom soit délivré, et, je t*en
conjure, ô Dieu miséricordieux, ne soutfre
pas que celui qui pénètre dans ton intimité
rentre dans les rapports avec les hommes.
Prends-moi vers toi, ô maître que j'ai chéri,
3ue j'ai connu, que j'accompagne, que je
ésire voir et dans lequel je suis ce que je
suis. Reçois ma sortie de ce monde, Jésus
miséricordieux et bon. »
Et quand il eut dit ces paroles, il loua en-
core longtemps le Seigneur, et il se réjouit,
et il rendit l'esprit.
Maximilla, lafemmedu ffouvernetir, se ût
remettre son corps, elle I Inhuma avec des
épices, et elle Tensevelit avec honneur, et
depuis ce temps elle vécut dans la continence
et une chasteté absolue, et elle reçut la foi
et elle s'y affermit. Mais Afigeus, son mari,
fut dans la même nuit saisi d'un esprit ma-
lin, et il se précipita d'un lieu élevé, et il
mourut.
Slraloclès, son frère, quand ces choses se
furent accomplies, ne voulut en rien toucher
aux biens du gouverneur, et il dit : « Que
ce qui estii toi périsse avec toi (101). Le Sei-
gneur Jésus, que j'ai connu par André, son
serviteur, me sutlit. »
Le saint de Dieu, l'apôtre André souffrit
dans l'Achaïe, dans la ville de Patras, sous le
gouverneur ililgeus, le trentième jour de
novembre, sous la domination du Seigneur
Jésus-Christ ; à lui soit Ja gloire. Amen.
ginibui^ 1. m, c. 51 ; Grelser, De rmce, lib. i, c. 4;
Combefis , noies sur l'opuscule dilippolyie la Tbc-
baio. De xu apostoiUf dans IMMC/artiim
t. Il, p. 835.
(lui) /le/. VIII, iO.
e
AND
PART. III. ~ LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
n
La narration d*Abdias, accompagnée de
direrses circonstances fabuleuses, a formé
lâ Vie de saint André telle qu'on la lit dans
le célèbre ouvrage de Jacques de Voragine,
si goâté au moyen flge, la Légende dorée.
Une traduction de cette Vie a été insérée
d«ns le Dictionnaire des légendes du christia-
nisme, Paris, Migne, 1855, col. 37-48.
Cesl également Abdias qui a fourni les
éléments d*uu mystère assez singulier, inti-
tulé : Vie et mystère de sainct Andry^ à 86
ftrsonnageSf Paris (vers 1510), in-4.% On
trouvera des détails sur celte composition
daDslei>ic/tofinatredf5mj/5/^e.<,Migne,1854,
eol. 136, On peut consulter ce même Dic-
tionnaire (col. 99), au sujet du rôle que joue
saint André dans le Mystère des Actes des
apéires^ composition dramatique immense
ei remarquable , dont les circonstances ra-
coQlées par Abdias forment la base ; elles
sy trouvent d'ailleurs accompagnées d'une
multitude de détails accessoires et souvent
étranges.
Vincent deBeauvais,dans son Miroir his-
torial, livre x, ch. 4^, raconte avecdesdétails
plus circonstanciés ce que nous trouvons
dans la Légende dorée, roy. le chapitre 70,
Du serpent qu'il occit et des 40 hommes juHl
ressuscita.
Etangile de saint André. ^ Il figure parmi
les ouvrages condamnés par le décret du
Pape Gélase. Le Pape Innocent I" (epist. 3,
Ad Exuperiumt can. 7), déclare apocryphes
entre autres écrits ceux. qui sont sub nomine
AndreŒf et saint Augustin signale de môme
cuniine supposés des écrits qui ont été mis
sous le nom des apôtres André et Jean {Con-
tra adtersar» Legis et Prophetarum^ 1. i, c.
20). Jean Gerhard^ dans ses Prolégomènes
sur saint Matthieu^ pense que saint Augustin
veut parler du prétendu Évangile de saint
André, mais ce passage, de même que celui
emprunté à Innocent 1", peut fort bien s'en-
tendre des Actes de saint André. Il ne reste
d'ailleurs rien de cet Evangile.
Lettre des prêtres et des diacres d^Achateau
sujet du martyre de saint André. — Voici
comment dooi Ceillier {Histoire des auteurs
ecclésiastiques, t. J, p. 489)» s'exprime au su-
jet de cette composition :
« Les Actes apocryphes de saint André ne
doivent pas être confondus avec ceux que
i on possède sous le nom des prêtres et des
diacres d'AchaJ'e; ces derniers sont tout dif-
férents et sont beaucoup plus dignes d'atten-
tion. L'évêque d'Orma', Ethère, au yai*
siècle, les citait comme authentiques (Contra
£/(>afid.; Biblioth. Patrum, t. IV, p 525),
et son opinion était parlugée par Remy
d'Auxerre (Comment, in psal. xxi), par Lan-
franc (De corp. et sang. Dom.), par Pierre
Damien (serm. 2 m natal. S. Andreœ)^ par
saint Bernard (serui. 1 De S. Andr.), par
Ires de Ciiartres (Serm. de convenientia vête-
(10%) Voy, les Mémoires pour servir à Viùstoire
*<cli$ja*i'uime^ tom. I, pag. 317-325, et notes pag.
*M-^H , surtout la note 2, txamen des Ac(es, de
ris et novisacrificii)f etc. Dès le viii" siècle, ils
faisaient partie de l'Office public, ainsi que
le montre l'ancien Missel des Gaules|, cité
par Thomassius {Cod. sacr., p. 303). » '
Dom Ceillier (t . I, p. 489), observe que
cependant le sentiment des personnes qui
rejettent ces Actes est le plus suivi.. Il y a,
en effet, dans cette pièce, tant de marques
de nouveauté qu'on ne peut guère s'empê-
cher de la soupçonner de supposition, ou au
moins d'avoir perdu beaucoup de sa pureté
primitive.
l** On n'y remarque point cette noble sim-
plicité qui fait le caractère des écrits aposto-
liques.
2" Le titre en est extraordinaire : il porte :
A toutes les Eglises de Jésus-Christ qui sont
à l'Orient, au Couchant, au Midi, au Septen-
trion.
3* Les auteurs de ces Actes font d'abord
une profession très -expresse de trois per-
sonnes en Dieu avec le propre terme de Tri-
nité, qui toutefois n'a commencé à être en
usage que vers le milieu du second siècle.
4* L'expression grecoue que le Saint-Esprit
procède du Père et demeure dans le Fils^
n'est point non plus une expression des pre*
miers temps de l'Eglise.
5M1 y a tout lieu de douter si Ton com-
mençait dès lors à parler de plusieurs empe-
reurs romains à une époque où il n'y en
avait qu'un, et oix l'on n'en avait pas vu deux
régner à la fois.
6* Le silence des six ou sept premiers
siècles, où l'on avait assez souvent occasion
de parier de ces Actes^ est un grand préjugé
de leur nouveauté; les anciens auteurs oui
ont fait mention de faux Actes de saint André
n'auraient pas manqué de citer ceux-ci, s'ils
en avaient eu connaissance.
La lettre dont il s'agit a été insérée en
latin dans le t. I (col. 1514 et suiv.) de la
PatrologiaGrœca Latine edita^cotnprenani les
OEuvres de saint Clément (Migne, 1856, gr.
in-8*); elle est précédée d*une savante intro-
duction de Gallandi d'après les Prolegomena
de sa Veterum Patrum Bibliotheca; nous y
renvoyons le lecteur.
Un érudit allemand, Woog, en a fait !e su-
jet d'une dissertation mise en tête de l'édi-
tion qu'il en a donnée d'après un manuscrit
grecdelabibliothèqueBodleienne, à Leipsig,
en 1749 ; il les regarde comme authentiques
et écrits vers l'an 80. Thilo ne partage pas
cet avis, mais il croit que cette pièce est d'une
antiquité suffisante pour figurer parmi les
apocryphes du Nouveau Testament. Ce savant
voulait donc la faire entrer dans son Corpus
apocryphorum f en indiquant les variantes
que donne le manuscrit de la bibliothèque
impériale de Paris, n«880, fol. 282-291.
Nous ajouterons que la lettre dont il s'a-
git a été regardée comme apocryphe par
TïWemoni {Ilfémoires, U 1 [102]), et par de
saint André. Leur pieux et judicieux auteur dit
il regard de. la lettre qui nous occupe, que ceUe
pièce recevant tant de diliicultés par eile-aiéniCA ^
•5
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
•3
nombreux criliqucs ; son aulhenlrcilé a élé
soutenue par le P.Alexandre (Hisi. eccles.,
1. 1).
Du reste, les témoignages des Pères va-
rient sur les localités dans lesquelles saint
André porta le flambeau de la foi. Saint Jé-
rôme (epist. 148) dit qu'il prêcha dans TA-
chaïe; saint Grégoire de Nazianze aflirme
qu'il enseij^na surtout dans TEpire. Saint
Paulin (rarm. 24) raconte qu'à Argos il ré-
duisit les philosophes au silence. Origène
ci»é par Eusèbe h' représi-nte comme ayant
prêciié d«ms la Scythie. Sophronius, qui a
traduit en grec divers ouvrages de saint Jé-
rôme., ipenlionne Tapôtre comme ayant
Ïiorté TEvangile dans la Colcliide. Saint Phi-
astre dit qu*il vint du Pont dans la Grèce et
que la ville de Sinope se vantait de possé-
der son portrait et la chaire dans laquelle
il avait annoncé la parole divine.
Théodoret (tn psa/. cxvi) écrit qn*il vint
en Grèce. Les Russes ))rétendent qu'il por-
ta ses pas dans Tintérieur de leur pays, cir-
constance peu probable. Le fait est que
Tantiquité ne fournit à cet égard aucune
flonnée positive, mais la plupart des auteurs
s'accordent à dire que ce fut à Patras que
Kapôtrc reçut la couronne du martyre et
fut crucifié; saint Pierre Chrysologuo ajoute
(serm. 133) que ce fut sur un arbre: et dans
un des écrits attribués à tort à saint Hip-
polyte, il est dit que cet arbre était un oli-
vier.
Quoi qu'il en soit, nous plaçons ici um
traduction française de cette lettre qui est
digne d'attention :
< Nous tous, prêtres et diacres de PEglise
(j'Achaïe, nous écrivons à toutes les Eglises
établies au nom de JésusClirist qui sont dans
l'Orient et dans l'Occident, dans le Midi et
dans leSeplentrion, leurraronlant le martyre
du saint apôtre André que nous avons vu
de nos yeux. Paix à vous et h tous ceux
qui croient en un seul Dieu, parfait dans \û
Trinité» vrai Père non engendré, vrai Fils
unique, vrai E.sprit-Saint procédant du Pè-
re, demeurant dans le Fils, afin qu'il soit
montré qu'il y a un seul Esprit dans le Père
et dans le Fils, et que c'est le Fils unique
qui est celui qui a engendré (103). C'est la
foi Que nous a enseignée saint André, apô-
tre de Notre-Seigneur Jésus-Christ dont nous
raconterons, selon notre pouvoir, le marty-
re, que nous avons vu :
« Le proconsul iEi^eus, étant entré dans la
ville de Patras, commença h contraindre
Ceux qui croyaient en Jésus-Christ à sacri-
fier aux idoles. Saint André, allant au-de-
vant de lui, lui dit : <c 11 faudrait que toi,
qui te monlres le juge des hommes, tu con-
nusses ton juge qui est dans le ciel; que le
connaissant, tu lui rendisses hommage, et
que lui rendant hommage, puisqu'il est le
vrai Dieu, tu détournasses ton esprit de ceux
étniii combaUue par le silence des six ou sept pre*
iiiicrb fttècles, oii Ton avait assex souveni sujet ifen
pmlcf il est à craindre qnc ce no soit une pièce
composée <lan» lea sied*? po5>iérieurs sur ce que la
Îui ne sont pas des dieux véritables. ■
Dgeus lui répondit : « Ta es *André qui dé-
truis les temples des dienx et oui prêches
aux hommes des superstitions, les amenant
à une secte qui a été découverte depuis |)cu
et que les empereurs romains ont ordonné
d'exterminer. » André dit: « Les empereurs
romains n'ont pas su encore que le Fils do
Dieu, venant en ce monde pour le salut àes
hommes, a enseigné que vos idoles non-
seulement n'étaient point des divinités» mais
encore que c'étaient des démons très-mé-
chants et ennemis du genre humain; ils
enseij^nent aux hommes ce qui doit offenser
Dieu , afin qu'étant offensé, il se détourne
des hommes et ne les exauce pas, et qu'a-
lors ils tombent au pouvoir du diable, de-
venant ses captifs, et il les trompe jus<{a*à
ce qu'ils sortent de leurs corps coupables et
nus, n'emportant avec eux que leurs pé-
chés. »
* iEçeus dit : « Ce sont là les paroles su-
ferstitieuses et vaines que prêchait voire
ésusque les Juifs ont allaché au gibet de
la croix. » André répondit :« Ohl si tu vou-
lais savoir le mystère de la croix et com-
ment l'auteur du genre humain, cédant à sa
grande charité, a souffert ce supplice ) car
notre rédemption et par un effet de sa vo-
lonté I » ^^eus répondit : «Il a été livré par
un de ses disciples, saisi par les Juifs, amené
devant le gouverneur, et crucifié par ses
soldats, suivant. la demande des Juifs ; corn»
ment peux-tu dire qu'il a spontanément
soutrert le supplice de la croix? «André ré*
pondit : «Je dis qu'il a souffert de son plein
gré, parce que j'étais avec lui lorsqu'il a été
Hvré par un de ses disciples, et avant d'ê-
tre livré, il nous a dit qu il devait être livré
et crucifié pour le salut des hommes; il
nous a prédit qu'il ressusciterait le troisiè-
me jour. Et mon frère Pierre lai ayant dit :
« Seigneur, sois clément pour toi-même et
que ces choses n'arrivent pas; » il lui ré-
pondit avec indignation : «Retiro-loi, Satan,
car tu ne connais pas les choses qui sont Je
Dieu. » Et afin do nous instruire plus am-
plement comment il souffrait la passion de
son plein gré, il nous disait : « J*ai le|)0Q*
voir de déposer mon Ame et j'ai le pouvoir
de la reprendre, v Enfin, lorsqu'il soupait
avec nous et qu'il disait : « Un de nous doit
me trahir, » comme nous fumes, à ces pa-
roles, tous saisis de tristesse, afin que Tin-
quiétude et l'incertitude ne nous Gsst-nt fui^
périr, il dit : « C'est celui auquel je donnerai
de ma main un morceau de pain. » Et lors-
qu'il en eut donné à l'un d>nlre nous et
qu'il eut raconté les événements tuturs
comme s'ils étaient déjà passés, il enseigna
qu'il était trahi par un effet de sa volonté,
puisqu'il n'eut point recours k la fuite |H.iur
échapper au traître, et qu'il resta dans le
tradiiion avait conservé de la mort de saint AnJré.
(103) Le sens de celte phrase emlirouillée est qu'np
seul et même Esprit étant dans le Père et le Fib, il
procède de Fuit et de l'autre.
V
AND
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
98
; rtt OÙ il 5a?ail que ses ennemis se saisi*
rbienlde lui.»
I £geos dil : « Je in*é(onne de ce que toi,
qui es un homme prudent, lu te fasses le
freiMleur d*un homme qui a été crucifié,
ainsi que tu l^STOues, soit de son gré, soii
HiiUré lui. 9 André répondit : « Je t ai déjà
dit qu'il y arait dans la croix un grand mys«
\vtk'\ 51 lu Teui le connaître, je le le révèle-
lerai. 9 .€geus dit : « Cela ne peut s'appeler
unmyslère, mais un supplice. » André dit :
« Tu reconnaîtras, si tu veux m'écoutcr avec
raiieoce, que ce supplice est le myslère de
la resiauratioD du j^enre humain, p ^figeus
'iit : « Je l*écouterai avec patience, mais si,
oe tou côté, lu ne m*écoutes pas lorsque je
t'dounerai mes ordres, tu feras eu la per-
vnne Tépreuve de ce mystère de la croix. »
Aùiré répondit : «Si je redoutaisie supplice
;e la croix, je ne pr&berais pasJa gloire de
.a croix.» jEgeus dil : « Tu parles en insen-
sé; tu vantes la gloire du supplice et ion au-
dace ne craint pas la peine de la mort. » An-
dré répondit : « Ce n*est point par audace,
mais k cause de ma foi que je ne redoute
pas la o)ort. La mort des justes est précieu-
5e, mais celle des pécheurs est horrible. Je
leui donc que tu entendes le mystère de la
fpitx aûn que, le connaissant, tu puisses le
(r.'ire, et que le croyant, tu arrives à la
rcsiauralion de ton Ame. »iEgeus dit :« On
De re>laure que ce qui a été détruit. Est-ce
-]Qe mon Ame a péri pour que tu viennes
Gire qu*il faut qu*ellesoit restaurée par une
fol, je oesais laquelle? »
• ÂDdré répondit : « Quand je t*aurai mon-
tré que les Ames des hommes élaient per-
dues, j*exposerai devant toi leur restaura-
ii.*Q ftar le mystère de la croix. Le premier
tiu;nme en péchant par le bois a introduit
a niorl en ce monde, et il était nécessaire
juVIie fût chassée par le bois de la pas-
vun. Et le premier homme uui, par sa chu-
tai a introduit la mort dans re monde ayant
ta fait de terre, il était nécessaire que' Je*
SiS-Chrisl«homme parfait et Fils de Dieu
qui avail fait Tbomme, naquit d*une vierge
^ns lâche et rendit aux hommes la vie
qods avaient tous perdue, et qu'il détruisit
:<ir le bois de la croix la concupiscence du
>":s; il fallait qu^à cause des mains éten-
^^ues dans la désobéissance, il étendit sur la
'Toix $vs mains sans lâche, Qu'il prit du fiel
'^'ur nourriture à cause de lalimenl agréa-
*->e de larbre défendu, et que prenant en lui
^ «re mortalité, il nous ott'rit son immorta-
« E^eus dit : < Tu dois raconter ces choses
à leux qui te croient; quant à moi, si tu
ne m'obeis pas et si tu n offres pas un sacri-
Cce aux dieux tout-puissants, j'ordonnerai
-e faiiacher, après avoir été ilagellé, sur
' Ue croix que tu vantes. » André répoa-
'•H : « J'offre chaque jour un sacritice au
Dieu tout- puissant qui seul est le véritable,
non la fumée de Tencens, ni les chairs des
l^ureaux mugissants, ni le sang des boucs,
Diais je sacrifie chaque jour sur l'autel de la
croix i Agneau sans tache, qui reste l'Agneau
immortel et vivant, après que tout le peu-
ple fidèle a mangé sa chair et a bu son san^;
et après qu'il a été sacrifié, et que sa chair
a été mandée par le peuple, et que son sanç
a été bu, il reste cependant, comme je l'ai
dit, entier, sans tache et vivant. »
niEgeus dit: « Comment cela peut-il être? »
El André répondit : « Si tu veux savoir com-
menl cela peut se faire, deviens le discipledu
Seigneur, aûn de pouvoir connalire ce
que tu désires, j» ^i^eus dit : ^ Je t'arracherai
par les tortures la connaissance de ces cho-
ses, )» André dit : « Je suis surprisdece mi'un
homme habile comme toi parle d'une raçori
aussi dépourvue de sens. Penses-tu réussir
par des tourments à me faire révéler les
saints mystères? Tu as entendu le mystère
de la croix ; tu as entendu le mystère du sa-
crifice. Si tu crois que Jésus, Fils de Dieu,
2ui a été crucifié par les Juifs, est le vrai
ils de Dieu, je t'expliquerai comment l'A-
gneau est en vie après avoir été tué, et com-
ment après avoir été sacrifié et mangé, il
reste entier et sans tache en son royaume. »
£geus dit : «Comment^ après avoir été tué et
mangé par tout le peuple (à ce que tu af-
firmes), peut-il demeurer entier et vivant? »
André répondit : « Si tu crois de tout ton
cœur, tu pourras le comprendre; si tu no
crois pas, lu n'arriveras jamais à la connais-
sance de cette vérité. »
«Alors iËgeus, plein de courroux, ordonna
que l'apôtre fût enfermé en prison. Et une
grande multitude accourut de toute la provin-
ce,voulanttuer^geus et délivrerAndré, après
avoir enfoncé les portes. Mais saint An:irô
s'adressa au peuple et dit : « Ne troublez
fas le repos de Jésus -Christ en vous livrant
une sédilion excitée par le diable. Le Sei^
gneura montré, lorsqu'il a été livré à ses
ennemis, une patience infinie, il n'a point
résisté, il n'a pas fait entendre une plainte,
et personne ne Ta entendu élever sa voix
sur les places. Gardez donc le silence, le re-"
pos et la paix» et non-seulement ne vous
opposez pas à mon martyre, mais encore
préparez-vous, comme étant les athlètes du
Seigneur, à triompher des menaces par vo-
tre intrépidité, et àsurmonter les tourments
par l'endurance du corps. S*il faut avoir de
la crainte, c'est du tourment qui ne finira
jamais. La crainte humaine est semblable
à la fumée; elle disparaît aussitôt qu'elle
s'est montrée. Et si la douleur esta craindre,
c'est celle qui durera étcrnellemeilL il existe
des douleurs éternelles où sont les pleurs
conliuuels, les hurlements, le deuil et les
supplices sans fin, auxquels le proconsul
^geus ne craint pas de s'exposer. Soyez
prêts à arriver aux joies éternelles en tra-
versant les tribulations temporelles ; là vous
serez constamment dans 1 allégresse; vous
serez toujours florissants et vous régnerez
à jamais avec Jésus-Christ. »
«Le saint apôtre ayant de la sorte enseigné
le peuple durant toute la nuit, lorsque le
jour vint, £gous s'assit sur son tribunal, et
envoyant chercher André, il le flt amener de-
vaut lui y et il dil : « Je pense que tes ré-
99
biCTiONNAlIŒ DES APOCRYPHES.
iOO
flexions de cette nuit t'ont amenée renoncer
è ta fulie et k cesser de loaer ton Christ,
afin de pouvoir c^nserTer avec nous les joies
(le la Tie, Car il est insensé de vouloir aller
an supplice de la croix et de se condamner
aux flammes et aux supplices les plus
cruels. »
« André répondit : « Je ne puis prendre
Îart ètesjoiesy à moins que, croyant en
ésus-Christ, tu renonces au culte des ido-
les, car Jésus-Christ m*a envoyé dans cette
province où je lui ai gagné un nombre con-
sidérable de fidètes. » .£geus dit : « C*est
[»our cela que je te force à sacrifier, afin que
es gens aue tu as trompés reconnaissent
la vanité cte ta doctrine et qu*ils fassent des
offrandes aux dieux. 11 n'y a pas dans TA-
chaïe de ville où les temples des dieux
n'aient été abandonnés. Il faut que le culte
des dieux se rétablisse par ton entremise,
afin qu'ils s*apaisent k notre égard , ne de-
meurant pas irrités contre nous, et afin que
nous puissions jouir de leur amitié. Si tu
refuses, tu subiras divers tourments et tu
mourras ensuite, attaché & ce gibet de la
croix dont tu as fait l'éloge. » André répon-
dit : « Ecoute, fils de la mort, paille desli«
née aux flammes éternelles, écoute-moi, moi
qui suis le serviteur de Dieu et Tapôtre de
Jésus<-CbrisU J*ai jusqu'à présent agi envers
toi avec douceur, afin que comprenant la
raison et devenant le défenseur de la véri-
té, tu méprises des idoles vaines et que tu
adoresle Dieu qui est dans le ciel. Mais puis-
que, persistant en ton impudence, tu crois
pouvoir m'effrayer par tes menaces, ima-
gine tous les supplices que ta pourras trou-
ver comme les plus cruels. Plus je persis-
terai dans les tourments h rendre hommage
k mon roi, plus je lui serai agréable. »
c Alors ÎSgeus ordonnadeflageller rapôtre»
et après qu'André eut subi vingt-sept coups
de louet, il fut détaché et ramené devant le
gouverneur, quiluidit:« Ecoute-moi, André,
et ne persiste pas k vouloir que ton sang soit
répandu; si tu ne m'écoutes pas, je te ferai
périr sur la croix. » André dit : «Je suis le
serviteur delà croix de Jésus-Christ, et je
dois plutôt souhaiter que redouter le tro-
phée de la croix. Quant k toi, tu peux éviter
les supplices éternels qui te sont dus, si,
•près avoir éprouvé ma patience, tu crois en
Jésus-Christ. Je redoute que tu ne te per-
des; je ne me trouble pas de ce que je puis
souO'rir. Mes souffrances dureront un jour
ou deux au plus, mais tes tourments ne
pourront, après des milliers d'années, arri-
ver k leur terme. Cesse d'augmenter ton
malheur et d'aitiser le feu que lu te pré-
pares, m
« Alors iEgeus, furieux, ordonna d'atta-
cher André k la croix, et il recommanda
aux bourreaux de ne pas employer de clous,
mais de lui lier les pieds et les mains,
comme sur un chevalet, afin qu'il souffrit
de longues tortures. Lorsque les bourreaux
le conduisirent au supplice, le peuple s'as-
sembla, criant :« C'est un homme juste et un
ami de Dieu ; qn'a*t-il fait pour être cru-
cifié? «Mais André pria le peuplade ne point
s'opposer k son martyre, et il y allait plein
de joie et d'allégresse, sans cesser de prê-
cher.
«Quand il fut parvenu k l'endroU où h
croix était préparée, et qu'il la vit de loin,
il s'écria k tiaute voix : « Salut, croix, qui
as été consacrée par le corps de Jésus-Chrt^^
et ornée des perles de ses membres. Avant
que le Seigneur ne fût monté sur toi, lu ins-
pirais de la crainte ; maintenant tu es i'dI»-
jet de l'amour céleste, et tu deviens le but
de nos désirs; les fidèles savent combien
tu renfermes de joies, combien de biens
sont préparés chez toi. Je viens k toi avec
sécurité et avec allégresse, afin que tu re-
çoives avec bonté le disciple de celui qui a
été suspendu sur lui; je t'ai toujours cbéne
et j'ai toujours désiré l'embrasser. O bonne
croix qui as reçu des membres du Seigneur
ta beauté et ton éclat, toi que j'ai longtemps
désirée et que j'ai toujours aimée avec ar-
deur, toi que j'ai toujours cherchée et qui
es enfin accordée k mes vœux, retire-mui
d'entre les hommes, et rends-moi k mon
Maître, afin que celui qui m'a racheté pur
toi me reçoive par toi.» Et, disant ces nio(<«
il se dépouilla et remit ses vôtemenls aux
bourreaux. Ils le prirent, rélevèrent sur :a
croix, et attachèrent son coriis avec des cor-
des, seloa l'ordre qui leur était donné. Il y
avait une foule de spectateurs qui n*étaient
pas au dessous de vingt mille homme^t par-
mi lesquels était le frère d'iEgeus, nooimé
Stratociès, qui criait avec le peuple que
c'était un homme saint et condamné injus-
tement. Mais saint André reconfortait les
esprits des fidèles qui croyaient en Jésus-
Christ, et les exhortait k la patience, leur
enseignant {que rien n'est di^ned*ètre pris
en considération lorsqu'il s'agit d'obtenir la
récompense éternelle.
« Le peuple se rendit alors» en poussant
des clameurs, vers la demeure d'^geos, et
tous disaient : « Cet homme saint, chaste,
irréprochable en ses mœurs, pieux, mo-
deste, excellent en sa doctrine, nedoil point
être traité ainsi; il doit être détaché de la
croix, d'où il ne cesse de prêcher la vérité
depuis deux jours qu'il y eslattaché.»£geas
craignit la colère du peu^^le', et promenant
de délivrer André, il se dirigea vers lui ; et
saint André l'apercevant, dit : « Pourquoi
viens-tu vers moi, ^geus? Si tu veux croire
en Jésus-Christ, la voie du pardon t'est ou-
verte, comme je te l'ai promis ; si tu es vena
seulement pour me délivrer, je ne saurais
être détaché vivant de cette croix. Je yoi^
déjk mon Roi, je Tadore, je jouis de sa pré-
sence. Hais j'ai pitié de ton malheur, parce
qu'une perte éternelle t'attend. Agis, mal-
heureux, tant que tu le peux encore; lors-
que tu le voudras, tu ne le pourras plu^. «
Kl les bourreaux, élevant leurs bras vers )a
croix, ne purent toucher rai:ôtre. ils ap^^e-
lèrenl d'autres hommes pour les aider, ma:>
les bras de tous ceux qui voulaient détacher
André étaient frappés d'ongourdisscment, et
personne ne pouvait le toucher.
fut
AND
PART. m. •-. LEGENDES ET FRAGMENTS.
AND
40t
c Alors saint André dit à hante voix ; «Ne
permets pas, Seigneur Jésus, que ton ser-
Tjteur qui est attaché à la croix en soit dé-
livré; ne permets pas que celui qui, par la
croit, a déjà connu ta grandi^ur, soit humilié
par i£;:;eus, un homme sujet à la corruption ;
reçois-moi, Seigneur Jésus» mon mattr«ique
jai connu« que j*ai aimé, que je confesse,
que je désire voir, avec lequel je suis ce
que je suis. Reçois, Seigneur Jésus, mon
esprit en paix, car le temps est venu où je
puis arriver à te voir. Reçois-moi, Seigneur,
mon bon maître, et ne permets pas que je
SOIS détaché de cette croix avant que tu
Q*aies reçu mon esprit. » Et quand il eut
ainsi parié, une lumière éblouissante, telle
qu*an éclair venant du ciel, Tentoura devant
tout le peuple, et les yeux humains ne pou-
vaient soutenir cette splendeur. Et quand
cette lumière eut demeuré Tespace d*une
demi-heure, elle disparut; et en ce moment
Tapôtre rendit fesprit, retournant avec cette
lumière au Seigneur, auqut^l sont honneur*
et gloire dans les siècles des siècles. Amen.
nUne femme nommée Maximilla, femme
ri*un sénateur, amie de la chasteté et de la
sainteté, se rendit vers la croix, dès qu*elle
sntque l'npôlre était avec le Seigneur, et
elle détacha le corps avec le plus grand res-
pect; elle Tembauma avec des parfums, et
elle le déposa dans un lieu qu'elle avait pré-
paré pour sa sépulture, ^geus, irrité contre
je peuple, se disposait à porter devant Cé-
sar une accusation contre le peuple et con-
tre Moximiila ; mais il fut saisi par le dia-
ble, tandis qu'il exerçait les fonctions de sa
charge, et il expira au milieu de la place
publique de la ville. On apporta cette nou-
velle à son frère, qui se nomoçiait Slratoclès,
et il envoya ses esclaves, et il leur or-
donna de Tensevelir parmi les biothanates.
£t il ue voulut rien prendre de ses biens,
disant : « Que Jésus-Christ, mon Seigneur,
auquel j*ai cru, ne permette point que je
prenne quoi que ce soit du bien de mon
irèrc, de peur que je ne sois souillé par te
crime de celui qui, inspiré par Tamour de
l'argent, a osé faire périr Tapôtre de Dieu.»
« Ces choses se sont passées dans la ville
de Patras, dans la province d*Acbaïe, la
veille des calendes de décembre, et les bien*
bits du saint se font ressentir dans leur
gloire jusqu'au jour actuel. Tous lurent sai-
sis d*une telle frayeur, qu'il n'en resta au-
cun qui ne crût au Sauveur notre Dieu, qui
TPiil que tous les hommes soient sauvés, et
qu'ils arrivent à la connaissance de la vérité.
Gloire à lui dans tous les siècles des siècles.
AnicQ.9
Tliio (Aei. S. Thomœ, Lipsias, 1823,
p. Lxvi), mentionne un récit que lui a olfert
le iitânuscril grec de la bibliothèque impé-
iialtt de Paris, n* 881, et qui est relatif k
>ôïiit André. L'apôtre y est représenté com-
ti^e se trouvant en un grand danger ; il im-
plore son divin Maître, qui lui apparaît et
lui p:omct de le secourir, et lui ordonne
de se rendrf) dans un pays habité par des
barboros qui se nourrissent de chair hu-
maine. Se revètissant ensuite d'une autre
forme, le Sauveur dirige lui-même le navire
sans être connu d*André, et il demande à
Tapôtre de lui raconter les miracles que Jé-
sus a opérés en présence des Juifs. Ceci sert
à amener le récit que fait André, récit qui
est interrompu par une lacune de plusieurs
feuillets dans le manuscrit. On retrouve
TapAtre dans la contrée des anthropophages,
où il combat les démons et accomolit do
nombreux prodiges. Entre autres fables ri-
dicules qne contient ce récit, il y est ques-
tion de statues de bronze représentant des
sphynx qui sont douées de la parole.
Un autre manuscrit de la bibliotneque
impériale (c. 1536, olim 24U, xv* siècle),
contient, fol. 1 à 11, une relation semblable
relative à saint André, et à la Gn de ce ma-
nuscrit, rapporté de TArchipel par Vansleb,
on trouve huit feuillets écrits en lettres on-
ciales, au yiir siècle; ils renferment des
Actes de saint André et de saint Matthieu;
mais ce fragment est dans un état fort im-
parfait, le commencement et la fin man-
quent. C'est dans le même genre qu'est une
histoire de saint André et de saint Pierre,
qui se trouve à la .bibliothèque Bodieienne
(fond Barrocci, fol. 111-119). Grabe avait eu
le projet de la publier; Thilo la regarde
comme trop moderne et trop dénuée d'inté-
rêt pour qu*on lui fasse cet honneur.
£n 1832, un savant allemand^ occupé de
recherches dans les bibliothèques de rilaliOt
le docteur Blum, découvrit à Verceil un
gros volume manuscrit d'homélies et dépolî-
mes anglo-saxons.
Quelques-uns de ces poëmes furent pu-
bliés par un Anglais très-versé dans la con-
naissance de cet idiome, M. Thorpe, grflco
au patronage de la Record commission (com-
mission des archives). Cette publication ne
fut point mise dans le commerce, elle ne
donnait d'ailleurs qu'un texte nu, sans in-
troduction et sans commentaire. Un érudit
connu par d'immenses travaux sur les lan-
gues du Nord, H. J. Grimm, le savant
auteur de la Grammaire de l'ancienne langue
allemande (i82S^ k vol.), et d'autres ouvrages
du;plus grand mérite, fit imprimer à CasseJ,
sous le titre d'Andréas und Elene^ les deux
compositions les plus considérables du ma-
nuscrit de Verceil, en y joignant une intro-
duction et des notes, le tout en allemand.
En 18(k), un Anglais qui s'est aussi beau-
coup occupé de la littérature anglo-saxonne,
M. J. M. Kemble, a mis au jour, pour la
troisième fois, ces vieux textes, en y joignant
les interprétations qu'ils réclament. Cette
publication eut lieu aux frais d'une associa-
tion littéraire, comme il en existe bon nom-
bre dans la Grande-Bretagne, YMlfrie So^
cielt/i créée dans le but de publier. des tra-
vaux relatifs h la langue et à l'histoire de
l'Angleterre avant \à conquête des Nor-
mands.
Les poèmes conservés dans le manuscrit
de Verceil sont au nombre de six : le pre-
mier et le plus considérable peut être dé-
signé sous le titre de Légende de saint André;
105
DICTIONNAIRE IWS APOCRTPUCS.
101
il se compose de 3,Hi vers (rès-oourls (lOSk).
Le seconil poënie peiUètreinlilulé le Sort
des douze apôtres; il cooiprend 190 vers ; le
troisième se compose de 3i0 vers, el ila
pour lilre : Adresse de Idme au corps quelle
a quitté. Le quatrième est un fragment reli-
gieux de 92 vers. Le cinquième est un Récit
de la sainte baguette^ el renfenne 310 vers.
Le sixième el dernier n'a pas moins de 2,048
vers : (irimm Ta appelé EUne^ et Thorpe l'a
désigné sous le nom do VInvention de la
croix. Il raconte une légende trop connue
pour que nous nous y arrêtions. Ces diver-
ses compositions sont dans le dialecte saxon
occidental : il est diincile de déterminer
répoque et le lieu où elles furent écrites;
leur auteur est resté ignoré. Grimra les at-
tribue au viir siècle; Kemble les regarde
comme étant moins anciennes.
Les récits relatifs 5 saint André sont ceux
qui doivent nous occuper en ce moment.
Le poëme dont nous parlons a pour objet
de raconter la conversion des Mermédo*
iiiens qui étaient plongés dans le paganisme
el auxquels saint André vient annoncer la
fui. En voici une analyse fidèle :
Après la mort du Sauveur, les apôtres
s'étaient partagé le monde aGn d*y aller
annoncer i*£vangile. Saint Matthieu avait vi-
sité les Mermédoniens« race de i^orciers et
d'anthropophages qui dévoraient tout homme
débar(|uant sur leurs rivages. Le saint avait,
comme toutes leurs'victimes, été jeté dans
une prison, avec un graml nombre d'hom-
mes et de femmes. Suivant leur usage, ces
barbares lui avaient arraché les yeux et lui
avaient donné à boire une potion qui ré-
duit rhomme au niveau de la brute, et qui
ramène à se nourrir d'herbes et de foin
comme un vil tiétail. La foi de Tapôlre le
sauve de celte destinée; il prie Dieu de ne
pas soutfrir qu'il perdît rintelligcnce qui
met rhomme en état de glorifier son Créa-
teur, et une voix venant du ciel lui certifie
que sa prière est exaucée, el que saint An-
dré est envoyé pour le retirer de la déplo-
rable situation où il est tombé. Saint André
reçoit de son côté Tordre de se mettre en
route pour la Mermédonie ; il refuse d'abord
de tenter ce voyage rempli de dangers, mais
Dieu lui ayant reproché sa tiédeur, il part
avçc des compagnons qu'il a choisis. Au
bord de la mer, il trouve un bateâu dans
lequel sont trois rameurs, lesquels lui ap-
prennent qu'ds sont originaires de la Mer-
médonie et qu*ils vont y retourner. André
les prie de le prendre avec eux, ils y con«
sentent pourvu qu'il les paye, mais en ap-
prenant que le saint el ses compagnons
n'ont ni or ni argent, et qu'ils sont les ser-
viteurs de Jésus-Christ, les étrangers con-
sentent à les liansportcr gratuitement dans
la Mermédonie. Les irois rameurs sont de
fait Dieu toul-puissant et deux de sçs au-
ges. Pendant le voyage, André raconte di-
vers événements de la vie de son Maître,
dans le but d'instruire les prétendus navi-
Sateurs et d'édifier ses camarades. Un de ce«
pisodes reproduit une légende qui ne se
trouve point dans les évangiles apocryphes,
mais qui remonte sans doute à de très-a-i-
ciennes traditions.
Les Juifs ayant demandé au Sauveur un
signe qui leur ftiurntt une preuve de sa di-
vine origine, Jésus (il un grand miracle pour
les confondre. Stir les murs du temple, h
droite et à gauche, étaient sculolées deux
images de Séraphins; le Sauveur les fit des-
cendre de leur place et leur donna l'usage
de la parole ; il les envoya ensuite dans le
désert à la plaine de Membre où Abraham,
Isaac et Jacob étaient ensevelis, el il leur
ordonna d'appeler les patriarches hors de
leurs tombeaux afin qu'ds pussent lui ren-
dre témoignage. Le miracle s'accomplit, et
les patriarches, un instant rendus à la vie,
ne retournent dans leur repos que lorsqu'ils
ont attesté que Jésus est le Messie, le Fils
du Dieu vivaut.
Un profond sommeil s'appesantit sur An-
dré et sur ses camarades, et c'est en cet état
qu'ils sont déposés sur les rivages de la
Mermédonie; il leur est alors révélé quel a
été le guide qui les a conduits. lnvisil»le
pour tous les yeux, le saint sr rend à la pri*
son où saint Matthieu languissait avec ses
compagnons d'infortune. Il arrive , el les
gardes tombent morts, l'apôtre recouvre
Porgane de la vue, et sort avec tous ses corn-
pa^^nons en louant Dieu.
Le lendemain est un jour que l'usage dé-
signe, pour les cannibales, comme celui pen-
dant lequel ils s'assemblent pour égorger et
pour dévorer quelques-uns do leurs captifs;
ils trouvent la, prison ouverte, les geôliers
sans vie et leur proie échappée. L'horreur
et le désespoir .s'emparent d'eux, ils sont ré-
duits à la nécessité do choisir une victime
parmi eux; ils la tirent au sort; il désigne
un vieillard, un de leurs chefs; pour rache-
ter sa vie, celui-ci otTre son projtre fits en
sacrifice. Saint André est ému de comj)assion ;
il émousse miraculeusement les armes diri-
gées contre le jeune homme elil lui sauve
la vie.
Pendant que la confusion et la terreur des
Mermédoniens sont h leur comble, te dé-
mon, toujours attentif h saisir l'occa^on de
nuire aux serviteurs de Dieu, appelle l'at-
tention des barbares sur saint André, et le
signale comme le libérateur de saint Mat-
thieu. Le saint est saisi et jeté en prison ;
on lui fait endurer de cruelles soutfrances
en le couchant sur un terrain pierreux, de
sorte que la chair est arrachée do dessus sv$
os ; dans sa prison, tes diables le raillent et
l'insultent, mais il les repousse |>ar une foi
constante el les force h s'éloigner de lui tout
couverts de confusion.
Sa patience finit toutefois par lui échap-
per; il adresse ses plaintes à Dieu; il ré-
clame une prompte mort ; le Seigneur lui
(IM) Voici les trois premiers :
Bwael ire gerrunon
On f^rrodegiim
Twelf^ uuiiar tonglum.
105
ANT
PART. m. ^ LEGLNDES ET FRAGMENTS.
ANT
i06
fait savoir qw son martyre est accompli. Il
fait alors venir une grande inondation gui
submerge les plus acharnésdeses ennemis ;
les autres, frappés d*efl'roi, se convertissent
et reçoivent le baptême. Après avoir passé
quelque temps avec eux, André se rembar-
que et retourne dans TAchaïe.
Ou a conjecturé avec vraisemblance que
le poème dont nous venons de donner IV
nalyse, avait pour base quelque légende
apocryphe ; il s'en est en effet trouvé des
traces dans un manuscrit grec de la biblio-
thèque Impériale de Paris, dont il fut fait
sans doute une version latine qui passa dans
la Grande-Bretagne, et qui fut utile au poite
anglo-saxon.
ANNE (SAINTE).
On a déjà vu dans le tome I*' de ce Die-
Mionnaire que les Evangiles apocryphes don-
naient à regard de la mère de la sainte
Vierge des détails assez étendus, mais qui
manquent d'authenticité.
Bollandus {AclaSanctorum^ âOmars.p. 77)
dit que tout ce que les auteurs anciens ont
dit de saime Anne et de saint Joachim n^est
fondé que sur un écrit intitulé Dt (a fiaUfanee
de la Vierge^ attribué faussement à saint
Jacques de Jérusalem ou à saint Cyrille d'A-
lexandrie» rejeté par les Pères comnae ajso-
crypbe» et sur J imposteur Seieuque qui a
attribué à saint Matthieu un écrit sur le
même sujet. Cest pourquoi il ne veut pas
rapporter ce que TiÊglise d*Orient a tiré de
ces sources corrompues.
On trouvera dans le Dictionnaire des Ie«
gendts du chrisiianisme (Migne, 1855 , gr.
in-8", coi. lâaM)), des détails sur les légendes
relatives à sainte Anne et les litres de divers
ouvrages relatifs à cette sainte.
Nous n'eu citerons qu'un seul, la Vie de
sainte Anne^ mère de la sainte Vierge^ impri-
mée à Epinal. M. Ch. Nisard, dans son Ilis^
ioire de$ litres populaires, t. il, p. 206, eu a
parlé avec quelques détails.
Cette légende qui a pour base la Legenda
de êuncia Anna et de universa ejus progenie^
Cologne, 1510, remonte au xvi* siècle; elle
a été retouchée, mais elle conserve sa naï-
veté primitive. On y voit que sainte Anne
était fille de Slolano et d*£mérantiane ; à sa
naissance, il parut sur sa poitrine quatre
lettres d'or faisant le nom d Anne. Ce nom
était resplendissant comme pierres précieu-
ses. Un aveugle rayant touché, recouvra la
vue.
A dix-huit ans, Anne épousa Joachim;
▼in^t ans après, elle mit au monde Marie, et
elle devint veuve Tannée même où Marie
fut présentée au temule. Elle épousa en se-
conde noces, et par le commandement du
Seigneur, Cléoi^has « duquel elle enfanta de-
dans Tannée une fille qui fut nommé Marie,
{icvr U ré?érence de la première.» Cléophas
mourut avant l'accouchement. Aune le pleu-
rait encore, quand un ange lui apparutet lui
enjoii^nit de se préparer à passer à de troi-
sièmes noces.
« Anne, tu sais bien que tout témoignage
est posé en nombre ternaire; pour ce qu'il
te faut prendre un troisième mari qui a été
trouvé juste devant Dieu , nommé Salomé,
duquel tu enfanteras une fille que tu nom*
meras Marie comme les autres, m
Anne épouse donc Salomé, et un an après
elle eut une fille qu'elle nomma également
Marie. Quelque temps après, Salomé tré-
f)assa, et Anne le pleura comme elle avait
ait de ses nulres maris, et après sê mort
elle quitta tous ses joyaux et beaux habits,
proposant de vivre le reste de sa vie en aus-
tère pénitence comme elle le fit.
Le reste du livre est en majeure partie
consacré à l'histoire de la sainte Vierge ; ce
n'est qu'à la fin qu'on retrouve sainte Anne
retirée au désert, Jésus vient la voir, et Anne,
sentant sa fin approcher, « posa sa tôte contre
la poitrine de Jésus, et Jésus mit sa tète
contre son sein, lui parlant amiablement.
Dans ce moment, Anne étendit les bras,
Marie les lui soutenait^ les arrosant de ses
larmes. Lors on aperçut une clarté qui des-
cendait du ciel, laquelle environna Anne.
Alors elle prononça ce verset du psaume de
David : Comme le cerf lassé désire la fon-
taine rafraîchissante^ ainsi mon âme soupire
après roux, ô mon Dieu (105) ! qui êtes la
fontaine de vie; quand apparaitrai-je devant
ta face du Père céleste? » £lle continua ce
psaume jusqu'à la fin. Etant à la fin, elle
rendit Tesprit à Dieu, et ceux qui étaient
assistants se prosternèrent à terre, rendant
bénédiction à Dieu en diverses manières,
par des psaumes et des cantiques; mais par
fragilité ordinairei ils versèrent beaucoup
de larmes. »
On trouve également parmi les livres po-
pulaires de i Allemagne une légende de
sainte Aune.
ANTIOCHUS ÊPIPHANE.
{Histoire d'Antiochus Epiphane,)
Cet écrit relate avec quelques différences
les faits contenus dans les livres desMacha-
bées ; il est imprimé en hébreu dans quel-
/l05)Pia/. XII, 2, 5.
DlCTIOXR. DES ApOCRTPHI.S.
Sues ouvrages de liturgie à Tusa^e des
uifs Bartolocci l'inséra dans sa Bibliotkeca
rabbinica^ t. 1, p. 583), avec une traducirien
407
DICTIONNAIRE DES APOCUYPHES.
)Oft
latino que Fabriciusa reproduîle à la fin du
tome I*' de son Codex apocryphus Vet. Test.,
et nous croyons devoir ici donner place à
une traduction française (106).
« Voici ce qui arriva du temps d*Antiochus,
roi dos Grecs ; c'était un roi grand et fort
et puissant dans ses Etats, et tous les rois lui
obéissaient, il subjugua de nombreuses pro-
vinces et des rois puissants ; il détruisit
leurs palais, brûla leurs temples, et fit
beaucoup de captifs. 11 éleva une grande
villo sur le bord de la mer, aGn qu*elle lui
sorvtt de résidence, et il l'appela Anlioche,
d'après son nom. Et le vice-roi Bagris fon-
da une autre ville à laquelle il donna aussi
son nom, et elle le conserve encore au-
jourd'hui. Dans Tannée vingt-troisième de
son règne, c'est-à-dire, dans Tannée deux
cent trente-deuxième depuis TédiGcation de
la maison de Dieu, il résolut de monter
à Jérusalem, ei il dit à ses princes : « Ne
savez-vous pas que le peuple des Juifs qui
est à Jéru»alem est contre nous 7 Ils n'of-
frent point de sacrifices à nos dieux, ils
n'observent point notre loi, ils ne se con-
forment pas aux ordres du roi afin d'être fi-
dèles à leur loi. Ils espèrent un jour briser
les rois et les princes, et ils disent : Quand
notre roi régnera sur nous, nous domine-
rons sur la mer et sur la terre, le monde
entier sera remis en nos mains. 11 est
contre Thonneur de notre royaume de to-
lérer de pareilles choses sur la face de la
terre. Venez, et abolissons les usages qui
sont établis parmi eux, c'est-à-dire, 1 obser-
vation du sabbaiet des fêtes, et la circonci-
sion. »
« Ce discours plut aux princes et à toute
Tarmée. Et à celte heure même, le roi An-
liocbus se leva, et il envoya le vice-roi
Nicanor avec une grande armée et beaucoup
de gens, et il vint à la ville de Judas, à Jé-
7usalem, et il massacra beaucoup de Juifs,
et il éleva un autel consacré aux idoles dans
le sanctuaire, au lieu où le Dieu d'Israël
avait dit aux prophètes ses serviteurs : « Je
mettrai là pour toujours la demeure de ma
divinité. » Ht en ce lieu, ils tuèrent un pour-
ceau, et ils répandirent son sang dans Je
sanctuaire.
« Lorsque ces choses furent faites, la
nouvelle en étant parvenue au grand prê-
tre, à Jean, fils de Mathatias, il lut rempli
do colère et de fureur, et la splendeur de
son visage fut changée. El il pensa en son
cœur à ce qu'il fallait faire en cette circons-
tance. Alors Jean, Gfs de Mathatias, fit une
épée ayant deux palmes et une spithame de
longueur, et une autre spithame de largeur,
et il la cacha sous son manteau. Et il vint
à Jérusalem, et il se tint à la porte du roi,
et il appela les gardiens, et leur dit : « Je
suis Jean, fils de Mathatias ; je suis venu
pour paraître devant Nicanor. » Alors les
gardes allèrent vers Nicanor, et lui dirent :
< Le grand prêtre des Juifs est à ta porte. ^
Et Nicanor leur répondit et iCur dit : « Qu'il
entre, » et Jean vint ainsi devant Nicanor.
« Et Nicanor dit à Jean : « Tu es un de
ces rebelles qui se sont révoltés contre le
roi, et qui n'ont pas voulu observer la paix
dans mes États. » Jean répondit à Nicanor :
« Seigneur, je suis venu devant loi , afin
de faire toul ce que tu voudras. » Nicanor
répondit à Jean : « Si tu veux faire ma vo-
lonté, prends ce pourceau et tue-le sur
l'autel (des idoles), et tu seras revêtu des
vêtements royaux, et lu monteras sur Je
cheval du roi, et tu seras Tun de ses favo-
ris. » Lorsque Jeati eut entendu ces paroles,
il répondit: «Seigneur, je crains que les
fils deslsraélitesn'apprennentce que j'aurai
fait, et Qu'ils ne me lapident. Ordonne
donc qu'ils sortent tous de ta présence, afin
qu'ils ne sachent pas ce que je ferai.» Alors
Nicanor commanda à tous les assistants de
se retirer. Et Jean, fils de Mathatias, éleva
les yeux au ciel, et adressa sa prière à Dieu,
et dit : « 0 mon Dieu, et le Dieu de uics
pères, Abraham, Isaac et Jacob, je te conjure
de ne pas me livrer en les mains de cet iu-
circoncis, de crainte qu'il n'aille dans le
temple de Daghon, son dieu, lui rendre des
louanges, et qu'il ne dise : Mon dieu Ta
livré entre mes mains. » Et il fit trois pas
vers Nicanor, et il lui enfonça son épée
dans le cœur, et il le renversa blessé dans
la cour du temple, devant le Dieu des cieux.
Et Jean dit : « Seigneur, ne m'imjmte [tas
à péché si je r«i tué dans le (anctuair»", de
crainte qu'il u'irritAt contre les Juilk et
contre Jérusalem tous ceux qui étaient ve-
nus avec lui. » El Jean, -fils de Mathatias ,
sortit en ce jour, et il combaKit contre les
infidèles, et il en fit un grand carnaj;c. Le
nombre de ceux qui furent tués ce jour-la
fut de soixante-dix mille, et soixante-douze
mille se tuèrent entre eux. Et en revenant,
Jean érigea une colonne, et l'appela Ifimme/ A
Uachaxakim^ c'est-à-nlire à cause de la mort
des forts.
« Lorsque le roi Antiochus apprit que le vi-
ce roi Nicanor avait été tué, il lut saisi'd'uu
trouble extrême, et il fit venir devant lui l'im-
pie Bagris qui avait fait tomber son peuple
dans Terreur. Et Antiochus dit è Bagris^
tf Ne sais-tu pas ce qu'ont fait les fils d'Is-
raël ? Ils ont massacré mon armée, ils ont
prllé mon camp et chassé mes généraux. Ils
se flattent de nous subjuguer et do s'empa*
rcr do nos possessions. Allons et détruisons
le pacte que Dieu a fait avec eux ; obolissuns
le sabbat, les fêtes et la circoncision. » Alors
Bagris vint avec une nombreuse armée à
Jérusalem, et ils y firent un grand carnage,
et il fut rendu un décret défendant d'obser-
ver le sabbat, les fô:es et la circoncision. £t
une femme qui, le huitième jour après la
mort de son mari, avait circoncis son enfant,
se jeta avec lui du haut du mur de Jérusa-
lem, en disant: « O impie Bagris, nous te
déclarons que nous ne renoncerons pas aux
(i06) Fofif. sur rbisloire d* Antiochus, Polybe, Wn , HUioirt ancienne ; les Mémoins de P Académie
Ap|/ieii, ioiéçhetAntiquiiés iudaîques^ I, si:; Roi- ^ dn in9cnptiofi$ , t. XXI, p. 503; t. XXI. p. 505.
m
ANt
PART. îil. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ANl
lia
pratiques de nos pères.» Et !a mère el
renfdnt périrent. Beaucoup de fils d*I.sraël
en agirent de môme en ce temps-lè, et ils ne
quittèrent point la foi de leurs pères.
« Et des fils dlsraël se dirent les uns aux
autres : « Allons et habitons dans les caver-
nes, de peur de prc^aner le jour du sabbat. »
Cela fut rapportée Bagris, et cet impie en-
voya des satellites qui vinrent et se placèrent
à rentrée de la caverne, et qui dirent : « O
Juifs, sortez ; yenex, mandez de notre pain»
et buvez de notre vin, et laites ce que nous
faisons. » Et les fils d*lsraël se dirent entre
eux : « Seigneur, nous nous souvenons de
ce que tu nous as ordonné sur le mont Si-
nai : TU travailleras six jours, et tu te re-
poseras le septième. Nous aimons mieux
mourir dans la caverne que profaner le jour
du sabbat.» Lorsque les soldats virentijue les
Juifs ne voulaient pas venir à eux, ils ap-
{)or(èrent du bois et l'ayant entassé à ren-
trée de la caverne, ils y mirent le feu, et
un roillier d'hommes et de femmes péri^
reot.
« Ensuite Jean, fils de Mathatias, el ses qua-
tre frères se levèrent, et ils combattirent
contre les gentils, et ils en tuèrent beau-
coup parce qu'ils avaient mis leur espérance
dans le Seigneur, Dieu des cieux. Alors l'im-
pie Bagris se réfugia sur un navire, et
s'enfuit vers le roi Anliochus, Qinsi que ceux
qui avaient échappé au combat. Et Bagris
dit au roi AiUiochus:^Oroi, il y a une gran-
de rébellion parmi les Juifs, et lors même
quêtons les peuples et toutes les nations
combattraient contre eux, on ne pourrait rien
contre les fils deMathatias.lls sont plus coura-
geux quedes lions, plus agiles que desai^lesi
plus terribles que des ours. Suis, ô roi, le
conseil que je te domie ; ne combats pas con-
tre ces nommes sans employer toutes tes
forces, car lu serais humilié devant tous les
rois. Envoie d^s lettres dans toutes les pro-
vinces de ton royaume afin que tous les
princes qui sont tes sujets viennent avec
toutes leurs troupes, et qu'aucun ne reste
en arrière, et quils amènent aussi des élé-
phants couverts d'armures de guerre. »
f Et l'impie Bagris retourna à Jérusalem ;
il fit une brèche aux murailles du temple,
et il arracha trois des portes du sanctuaire,
et il réduisit en poudre beaucoup de pierres
elil pensait en son cœur : u Ils ne pourront
maintenant l'emporter sur moi, car je pos-
sède une armée nombreuse et des forces
redoutables. » Mais le Pieu du ciel n*en
pensa pas ainsi. Lorsque les cinq fils de Ma-
thatias eurent appris ce qui se passait, ils
se levèrent , et ils vinrent à Maspha Galaad
où était le refuge de la maison dlsraël aux
jours de Saùl ie prophète, ils prescrivirent
un jeûne et ils s'assirent dans la poussière
aOn d'ol^teoir miséricorde devant le Dieu
des cieux*
Judas était Valné d'entre eux , Siméon le
second, Jean le troisième, Jonathas le qua-
trième, Eléazar le cin()uième. Leur père los
bénit et dit : « Judas , je tb célébrerai comme
Judas, fils de Jacob, qui fut assimilé à un
lion; Siméon, mon fils, je te célébrerai
comme Siméon, fils de Jacob, qui tua les
habitants de Sichem ; Junathas, mon fils, je
te célébrerai comme Jonathas, fils de Saûl,
qui tua les Philistins; Eléazar, mon fils, je
te célébrerai comme Phinée, fils d*Eléazar,
3ui s'enflamma de zèle pour son Dieu et qui
élivra les fils d'Israël. ^ Les fils de Matha-
tias marchtreut le même jour contre les
gentils, et ils combattirent contre les gentils,
et ils en tuèrent un grand nombre, et Judas
fut aussi tué.
«( £t quand les fils de Mathatias virent que
Judas élfiit mort, ils retournèrent vers leur
père qui leur dit : « Pourquoi étes-vous re-
venus? » Et ils répondirent : « Parce que
notre frère qui était supérieur à nous tous
a été tué. » £t Mathatias, leur père, leur dit :
« Je marcherai avec vous et je combattrai
contre les gentils, pour que la maison d'is-
ravl ne périsse pas, et vous serez les libéra-
teurs de vos frères. » Et Mathatias marcha ce
jour-là avec ses fils, et ils combattirent con-
tre les gentils. Et le Dieu du ciel livra en
leurs mains tous les guerriers les plus in-
trépides* et il livra à un grand carnage qui-
conque tenait un glaive et quiconque ten-
dait'un arc; il ne resta aucun des chefs de
Fermée, et tes autres gentils s'enfuirent dans
les villes maritimes. Eléazar était occupé à
tuer les éléphants, et il périt étouffé dans
leurs excréments.
« Et les fils d'Israël se réjouirent de ce que
leurs ennemis étaient livrés en leurs mains ;
ils brûlèrent les uns, exterminèrent les au-
tres par le glaive, et en mirent d'autres en
croix. Les Israélites firent périr dans les
flammes l'impie Bagris , qui avait persécuté
lé peuple de Dieu. Et lorsque Antiochus ap-
prit la mort de Bagris et de tous les généraux
qui étaient avec lui, il se réfugia dans une
barque, et il s'enfuit dans une province
maritime. Tous les endroits où il voulait
aller se révoltaient contre lui et l'appelaient
le fuyard. Les fils d'Hassamen vinrent en-
suite dans le sanctuaire; ils rebâtirent les
portes qui avaient été brisées, et ils réparè-
rent les brèches ; ils débarrassèrent le parvis
des cadavres et des immondices : ils cherchè-
rent de l'huile d'olive pure pour allumer le
candélabre, et ils ne trouvèrent qu'un vase
d'huile scellé de l'anneau du grand prêtre,
et ils surent que c'était de l'huile pure ; mais
il n'y eu avait qu'une Quantité suffisante
pour un seul jour. Mais le Dieu du ciel donna
sa bénédiction, et, avec cette huile, ils allu-
mèrent les lampes pendant huit jours. Et les
filsd'Hassamen, d'accord avec les fils d'Israël,
firent un statut pour que ces huit jours fus*
sent dorénavant consacrés aux festins et à
l'allégresse, comme dans les autres solenni*
tés prescrites dans la loi, et pour que, pen-
dant leur durée, les lampes fussent allumées
afin de rappeler les victoires que Dieu leur
avait données. Et ils prièrent devant elles.
Et les fils d'Hassamen, et les fils de leurs
fils exercèrent la domination depuis ce temps
jusqu'à la désolatioT^ #!e la maison de Dieu,
v'est-à-dire pendant deux cent six ans. Le9
1 1 1 DICTIONNAIHE
fils d'Israël , depuis ce temps, observent ces
{'ours do fête, et les appellent les jours du
^anquclet de rallégresse» et ils durent de«
puis le vingt-cinquième jour du mois de
rasieu (novembre) jusqu'au troisième jour
du Hioisde tevelh (décembre). El les prêtres,
et les Lévites, et les docteurs qui ont été
d<ins la maison de !a sanctineation, ont re-
commandé à leurs enfants et aux enfants de
DES APOCRYPHES. Ili
leurs enfants Tobservation de cette fête à
tout jamais. Que Dieu, qui a fait avec eux
des miracles et des merveilles, fasse aussi
])0ur nous des merveilles et des miracles, et
que notre confiance soit ferme en ce qui est
érrit : Selon les jours de la sortie delà terre
dEgypte [Osée ii, 15) fais-nous voir tes
merveilles. Amen. »
APELLE.
( Evangile d'Àpelle. )
Saint Jérôme en fait mention dans Plntro-
duclion à son Commentaire sur saint Mat"
thieu^ ainsi que Bède dans son Commentaire
sur saint Luc.
Apelle était disciple de Marcion, et vivait
nu ir sir^cie. Il ne parait pas qu'à proprement
parler il ait rédigé un évangile, mais il avait
remanié les Evangiles canouiques,en s'y per-
mettant des suppressions, des interpolations
et des modifications dans le texte. C'est ce
que montre un passage d'une lettre d'Ori-
gène contre ceux qui, de son vivant, avaient
corrompu ses écrits, lettre citée dans \ Apo-
logie de ^uWn pour Origène : Videte qualipur-
gatione (adversarius) disputationem nostram
purgavitf tali nempe qnali purgatione Mar^
cion Evangelia furgavit vel Apostolum^ vel
quali succcssor ejus post ipsum Apelles. Nam
sicut au subverterunt Scripturarum verita-
tem^ sic et iste sublatis quœ vere dicta sunt ad
nostri criminationem inseruit quœ falsa sunt.
Saint Epiphane (hœres. kï) a fait du travail
d'Apelle une citation fort brève : Sic enim^
aitfChristus in Evangeliis dixit : EstoteproKi
argentarii, Utere^ inquit^ omnibus ex Script
tura quavis utilia seligens,
Zachario de Chrysople, qui écrivait aa
X' siècle, iudique c|u'Apelle avait compo>é
des écrits pleins d'idées téméraires : Multi
non tam numerositate quam haresium diter»
sitate ut Basilides et Apeiles^ temeraria prœ^
sumptione conati sunt scriberederebusnostrct
salutis.
On peut consulter au sujet des doctrines
d'Apelle : Matter, Histoire du gnosticisme,
18^(3, t. I, p. 300-312; Tillemonl, Mémoires
pour servira Vhistoire ecclésiastique^ L li;
Cave, Historia scrivtorum ecclesiasticorum^
t. I, p. 83; Walch, K et zer historié, t. J,
p. i84-&37; Neaader, Genetische entteickluhg
der vornehmsten gnostischen SyslemCf BeriiQf
1818, in-8% p. 276 313.
APOTRES.
ÉCRrrS ATTRIBLÉS OU QUI ONT RAPPORT AUX APÔTRES.
Symbole des apôtres.
Rufin d'Aquilée rapporte (107) que, sui-
vant la tradition, le Symbole fut composé
par les apôtres réunis, chacun d'eux y coo-
pérant pour un esentence.,C'est éi.;dlcment co
que disent, à peu près dans les mièmes ter-
nies, Isidore de Séville {De Officiis ecclesia*
sticiSf 1. Il, c. 22), et l'auteur d un sermon sur
le Symbole, rangé dans Tédition des Bénédic-
tins (édit. d'Amsterdam, t. Vl, p. 758) parmi
les écrits faussemenlattribués h saint Augus-
tin. Unautre sermon, égalenientattribué, mais
à tort, à ce môme Père (t. V» serm. 2^0, de
l'édition des Bénédictins), dit que lorsque les
apôtres eurent reçu le Saint-Esprit le jour
delà Pentecôte, ils prirent successivement l«
farole. Pierre dit : « Jb crois en Dieu, le
ère tout-puissant. Créateur du ciel et de la
terre. » André ajouta : « Et en Jésus-Christ»
(107) f*?rai1unl maiorcs nostri, quod post ascen-
fiioiiem Domifii, cum per adveiiluiii sancli Spiritus
(«ii|>cr «ingiilot quosque apostolas igncae lingu»; se-
difsc'iil, ul loqtielis dîvfisis \ariisqiie loqiierciitur,
p(*r quod cis lailla gciis cxtcra« iiulla liiigu.x* liar-
Luiics iiiarcessa vidtreiiir cliiivia; praci-rpluin cis a
l^omino datum ob pra'dicaiidiim Dei voibum adsiii-
£ulasqueinqueprolicisci naiioncs. Dltcessuri iiaqtie
son Fils unique, notre Seigneur. » Les att^
très apôtres continuèrent comme suit : Jao*
ques : « Qui a été conçu de l'Esprit-Saint,
est né de la Vierge Marie; » Jean : « Qui a
souffert sous Ponce Pilate, qui a été crucifié,
est mort et a été enseveli; » Thomas : « Qui
est descendu aux enfers et qui est ressuscité
d'entre les morts le troisième jour; » Jac-
ques : « Qui est monté aux cieux, qui est
assis à la droite de Dieu, le Père tout-puis-
sant; to Philippe : « D'où il viendra juger les
vivants et les morts. » Barthélémy : « Jecrois
en TEsprit-Sainl; » Matthieu : «i Lasainlo
Eglise catholique; » Simon : « La rémission
des péchés; » Thaddée: « La résurrection de
la chair; » Matthias : <i La vie éternelle. »
Ce qu'avance l'auteur de ce sermon se re-
trouve (avec quelques chaiigemcnts cepen-
dant au sujet des articles attribués à tel oo
ab Invicem, normaro prius fuiuraQtilH prardicalionia
in commune constiluuni, ne forte aliu» ab alio ai>-
ducli diversum aliquid bis qui ad fiJem CbrisU in-
viuibanlur, Oiponcrciit. ONU)es igîtur in iino posili
et Spirilu sancto repleti, brève isiud ftitiinc sîbi,
ut dicimus, 'pra^dicationis indicium confcrendo ia
nnum qood scntiebat iinusquisque coroponunl, ati|M
banc credentibiis dandam esse regulaoi slaluanL i
113
APO
PART. 111. ^ LEGEiNDES ET FHAGMENTS.
APO
lli
tel apdtrc) dans l'écrU de Primînius, auleur
du viii* siècle, sur les livres canoniques : cet
écrit a été inséré daus les Analecla de Mabil-
lon (»oy. t. iV,p.575 [108]). Guillaume Du-
rand, dans son ouVMge si connu (109) sous
le lilre de RaiionaU divinorum Officiorum
(lib. IV, cap. De symbolo)^ insère aussi ces at-
tributions, avec quelques raodificalions nou-
velles; dans UB autre de ses ouvrages il con-
vient, d'ailleurs, que cet arrano'ement est
arbitraire et qu'il ne mérite pas qu'on s'y
arrête (110).
L'auteur de l'ouvrage composé au moyen
è^e et intitulé f/ore/Mf (111) s'exprime ainsi:
Articuli fidei sunt bis sex corde tenenili
Qtios Chrihti socii docnerunt Piieuinale pleni :
Credo Deum Patrem, Ptlrut inquit, cuncta
[créante n.
Andréas dixU : e.o credo Jesum fore Glirislum
Couceplum, iiaium. Jacobus^ pjssuiuque. Jo-
[hannes
Inféra Philippus fregit, Thomasque revixit.
Scandit BarUtolomeus ; veniet censerc Mat-
[ihœus.
Fncuma tninor Jacobut ; Simon peccaia re-
[rniUil ;
Resiitujt Judas carnem vitamque Maihxas.
Bivers auteurs, protestants pour la plu-
part, se sont occupés de la manière dont. le
Symbole avait été rédigé; nous en citerons
quelaues-uns d'après Fabricius (Codex apo-
çryphuê Nov. Test,^ t. Il, p. 361) :
j.-G. Neumann, Dissert, historico-theolo^
gica de conditoribus Symboli apostolici^ Wi-
leberj^œ, 1694. W.-E. Tenlzel, Disserl. de
Symbolo aposiolico (Ejcercii. selectccy pars i,
L'psiœ, 1692, in-^'j. (îisbert \oeiy Dissert, de
Symbolo apostolico{i. 1, p. 66j. J.-G. Vossius,
Liber de tribus symbolis^ ApostolicOy Atha-
nasiano et ConstanlinopoUtanOy Amsterdam,
16i2» in-4% et dans ses Opera^ 1701, in-fol.,
l. Vi. Moïse AmyrauL, Ëxercit. ad Symbo-
lum apostolicum, p. 16. J.-B. Carpzov., Isa'
gogead libros SymholicoSf p. ^O.J.-H. Heideg-
ger, Vissert. de Symbolo aposiolico (Exercitùti
sciertŒf t. Il, 15). J-C. Suicer, Thésaurus ec*
clesimHieuSf L 11, p. 1089.
108) f El cœpernnt (aposloli) loqui alîis linguis,
el competuerunt Symboluin. Petrus : Credo in Deum
Patrem omnipotentem , creatorem cœli et terr».
Jaannes : Et in Jesum Cbristum Filium ejus uni*
ctim Doiiûnum nosirum. Jacobus : Qui coiiceptus
c&l de Spirittt saiicto , natus de Maria Virgitie. An--
drœûê ail : Pasaus sub Pontio Pilalo , crucifiKus,
Biortuus est, el sepuUus. Pimlippus dixii : Deseen-
«lîi ad iuferna. Thomas ail:Tertia die surrexil a
iQortuis. BùTikolomasus ait : Ascendit ad coelos : ae-
àei ad dexteram Dei Palris omnipotentis. Matthœns
ail : Inde veniurus judicare vivos et ntortuos. Jaco-
but Ahhmi di\il : Credo in Spir ilum sanclum. Si-
mon Zeloies ait ; Sanctam Ecclesiam calbolicam.
JudusJacobi dixit : Sanctonim comiiiunioneni, re-
uiisbionem peccaloruiu. llem Thomas ait : Cariiis
reâ^urreciioMem, vitam apternam. »
(109) On sait qu'il existe de nombreuses éditions
de cet ouvrage, dont}M. J. T. Leclerc a donné une
Analyse daus VHisioire litlérairede la France^ toni.
XX. La première édition, imprimée âMaycnce par
J. Fus! et Pierre de Gernzheym (Mayence H59 in-
fulio), esl épaulant plus précieuse qu'elle passe nour
1« premier Yolume imprimé en caracléres mobiles
é^ foule, et préseniant une data ai le nom de l'iui <
Neuf canons décrétés au synode d'Antioche
par les apôtres.
Fabricius a placé dans son Coaex apocry^
phus Novi Testamenti^ f. 11, p. 336, les ca-
nons d'un synode tenu par les apdtrcs à
Anlioche; leur aulhenticilé n*est nullement
admise. Ils ont élé publiés pour la première
fois par Français ïurrianus (lib. i Pro ca-
nonibus apostolicis , adtersus Cenluriatores
Magdeburgicos , cap. 25); il dit les avoir
trouvés dans un fort ancien manuscrit de
saint Pamphyle martyr. Baronius (ad an. 102,
n** 19) les a donnés ensuite, avec quelques
différences; de là ils ont passé dans les re-
cueils de conciles de Binlus (t. 1), et de f^b-
be (l. I, p. 02); Hardouin les a rejelés
comme supposés. C'est aussi Topinion qu'a
défendue J. Dallé {De pséudepigraphis apos-
tolicis ^ c. 22-25), el ses arguments ont élé
succinctement reproduits par Anl. Pagi
{Critica BaronianUf ad an. 56), et par Noël
Alexandre (Hist. ecclesiast.f sœc. i, dis-
sert. 20).
Les Actes des apôtres f ch. xi, v. 26) ap-
prennent que saint Paul et saint Barnabe
passèrent une année à Antioche, et que ce
fut là que les disciples commenceront à être
nommes Chrétiens. Tel est sans doute le
fait qui a servi de base aux canons que nous
allons traduire :
I. AQn que ceux qui croient dans le Sel*
gneur Jésus, et que Ton a jusqu'à présent
appelés Galiléens, soient dorénavant ai»pelés
Cliréliens (112).
II. AQn c^ue ceux qui reçoivent le baplé-
me ne soient plus circoncis à la manière
des Juifs, le baptême étant une circoncision
non opérée à la main.
III. Atin que les hommes de (oui pays et de
toule classe soient admis à la foi orthodoxe.
IV. Eviter l'avarice et les gains illicites.
V. Réprimer l'inlempérance, éviter le
spectacle des jeux qui se célèbrent dans les
cirques et s'abstenir du serment.
VI. Eviter les conversations indécentes et
les mœurs des gentils.
primeur. Une vieille traduction française publiée à
Paris en 1503 par Ant. Yerard n*a d'autre mérite que
celui de la rareté; M. Ch. Barthélémy en a récem-
ment entrepris une autre.
(tlO) € Alii assignant distinctîonem et numenini
articulorum secundum nunierum apostolorum, qui
primum Symbolum condidcrunt. Sed quia talis as-
signatio per accidens est et nimis ariiBcialis, ideo
dimitlitur. i (Sentent, lib. m, dist. 25, qu. 3, n. 9.)
(111) Floretus, quasi flos de saerœ Scrîpiurœ libris;
c*e&l un peiU poème contenant MG8 vers latins ri-
mes dits léonins. 11 a été mal à propos attribué À
saint Bernard. Il a eu dès Tan U73 plusieurs édi>
lions séparées. Il en eiisle une traduction française
en vers de 8 syllabes dont on peut citer deux édij
tions très-peu communes aujourd'hui : Rennes, 1485
in-'i'', et in-8«, sans lieu ni date.
(112) fiaronrus et Binlus lisent diseîpulos au lieu
de Gatilœos Fabricius fait Tobscr^aiion suivante :
f Csetcrum Galilasorum nomine Chrittiani veniunt
pridem ante Julianum etiam Luciano in Phiiupn-
tride qui nt Pagio prol)e observatum Pauluni FaXU
Xaiiov appellat : et nota îudxorum blàsphcmia apud
iusttnuin mariyrem de socta a Jesu Galiîjoo. >
(Malth. XXVI, 69.)
115
DICTIONNAIRE DBS APOCRYPHES.
lie
VII. Pour que les Cbréliens s'abstiennent
du sans y de la chair des animaux suffoqués
et de là fornication; (prescription renou-
velée parle décret du synode de Jérusalem.
(Âct. ïv, 20.)
VIII. <}ue les fidèles ne tombent pas dans
Terreur à cause des idoles , mais qu'ils pei-
gnent au contraire l'effigie dirine et humaine
du Sauveur Jésus-Christ le Dieu vivant, ré-
sistant ainsi aux idolâtres et aux Juifs. QuMIs
ne croient point aux idoles et qu'ils ne se
rendent pas semblables aux Juifs (113).
IX. Que lesChrétiens n'imitent pas les Juifs
en s'abstenantdecertaines nourritures; qu'ils
fassent mômeusagede lacbairde porc, car le
Seignaur a dit : Ce ne sont pas les choses
qui entrent dans la bouche qui souillent TAom-
me, mais celles qui sortent de la bouche
{Matth. xvy 11), parce que celles-ci sortent
du cœur. Qu'ils ne suivent pas selon la lettre
les prescriptions des Juifs, mais qu'ils se
conduisent selon l'esprit et la raison. La
Synagogue des Juifs a le pourceau en hor-
reur, mais elle vit d'une manière honteuse,
et elle est dans les liens de l'iniquité comme a
dit le Prophète : Ils se sont saturés de la chair
du porc^ et ils en ont laissé les restes à leurs
petits, (Psal, xvii, ik.) De môme il n'est pas
interdit aux Chrétiens de se nourrir de tes-
lacées et de poissons sans écaille. On peut,
tout en vivant selon l'esprit, user de testa-
ێes comme d'un aliment, tandis que les
hommes dont le cœur est stupide et imprudent
rejettent la prédication de la vérité comme
on rejette la coquille d'un animal aquatique.»
Des écrits portant le titre de Doctrine^
Didascalie ou Canons apostoliques ^ sont ré-
pandus dans l'Orient ; les Coptes les connais-
sent, et Ludolphe dans son Historia Mthio^
pica^ p. 334, observe c]u*il en est fait men-
tion dans la confession de Claude, roi
d'Abyssiuie.
^ •«
(115) Dans les Actes da second concile de Nicëe,
(pnu en 787, Tévèque Grégoire s*appuya sur Taulo-
riié du canon que nous venons de relaier, et le ciu
en ces termes : i Et que les fidèles ne soient plus dans
TerreuK au sujet des idoles , mais qu*ils se fassent
Timage de la statue virile de Dieu (Dei statuam
virilem)^ de Notre-Seigneur Jésus-Clirist. >
(lli) c Pi-ff-terea aposiolorum aWoa. Actus appel-
lant, in quibus plurinia sunt impietatis itlorum vo-
Bligia.quique potissimum auctorilate libri ad oppu-
gnandam veriiatem annantur. Quippe certes illic
Itradus in iisque Jacobi narrationes quasdam ex-
plicant, quibus adversus teniplum et sacrîficia,
ixnemque qui est in altari , declamans inducitur.
Acceduni et alfa quam pluiiroa longe stolidissima.
Ut vel Paulum ipsum ilLîc accusare non erubuerint
loendacissimis quibusdam sermonibus quos falso-
rum ex lilo grege apostoloruin error atque impro-
bitas excogitavit. Siquidem Tarsensem iUum nomi-
iiantes, id quod ipsc non negat, imo palani proflte-
baïur, addunt et a geutilibus oriunduro esse, cujus-
dam occasîoue loci quod Tarsensis esset, liOn
obscurae urbis civis. Ilaque gentilcni fuisse affirmant,
ulroque parente penlîli procreatum; cuinque Hiero-
bolymaro accessisset , et ibidem aliquaiidiu man-
Mssct, pontilicis Tiliaro ducere statuisse; quare
prosclyturo se fecissc ac cinrunicisionem usur-
passe; postea quod ab eo conjiiglo cxcittisficl, iratum
Un livre de La doctrine des apiires t$i cité
dans le Synopse de VEcriture sainte^ attribué
à saint Athanase (t. II, p. 202, de l'édition
des Bénédictins). C'était un ouvrage consi-
dérable, car il se composait de six mille vers
selon la Stichométrie imprimée à la suite de
la Chronographie de Nicéohore (p. 312), édi-
tion de Scaliger.
1 Actes des apôtres à Fusage der. ébionites.
Il en est question dans saint Epipbane
(hœres. 30, n. 16), qui les représente comme
remplis d'erreurs et de faussetés ridicules.
Ils en contenaient des récits fabuleux à l'é-
gard de saint Paul, qui était représenté
comme ayant abjuré l'idolâtrie et ayant em-
brassé le judaïsme, atin d'épouser la fille
du grand prêtre. Saint Jacques y était in-
troduit comme déclamant contre le temple et
contre les sacrifices (11^).
Les ébionites donnaient au judaïsme la
prédominance dans leur doctrine. Ils regar-
daient comme obligatoires toutes les céré-
monies de la loi ; pour eux Jésus-Christ n'é-
tait qu'un homipe, ûls de Joseph et de Marie.
Ils rejetaient tous les Evangiles, excepté
celui de saint Matthieu , où ils ne trouvaient
pas de témoignages aussi formels du dogme
qu'ils comballaientl,
Paul Orose a fait mention d'un ouvrage
atttrihué aux apdtres par des hérétiques du
V siècle. Foy. son Avertissement sur les
erreurs des priscillianistes et des origénistes^
écrit qui figure dans les œuvres de saint
Augustin, en tète de son livre contre les
priscillianistes (115).
Transcrivons ce passage assez digne d'at-
tention.
Tradidit autem ( Priscillianus ) nomina
patriarcharum memhra esse mimœ , eo quod
esset Rubenin capite, Juda in pectore^ Levi in
corde^ Benjamin in femoribus^ et similia. Con»
tra autem in membris corporis cœli signa (116)
adversus circumcîsioiiero et Sabbatum legemqoe
scripsisse. i
(145) S. Atf^tfsrinî Opéra (edit. Denadîct., I.
TIll, p. 611). Nous n'avons pas liesoin de dire que
ces bérétiqucs devaient leur nom k Tespagnoi Pris-
cillien qui, vers la fin du iv« siècle, précba un sys-
tème où dominaient des idées empruntées aux gnos-
liques. ( Voy, Sul pi ce-Sévère , llist. sacra , n ,
4(>'5I ; Antonio, BitUùlheca Hitpana têtus ^ t. 1,
p. 168 ; Ceillier, Hinoire générale dés auteurs sacrés,
t. V. p. 630» t. Vlll, p. 451 ; Schroc k, Kireheft-
geschichîe^ Lcipz'g, 1768-1805, 35 vol. in-8*, I. XI,
p. 316-535; Walcb, Gesctiichteder Keitereien^ Leip-
zig, 176:2-85, 11 vol. în-8% t. III, p. 578-481; F.
Girvcsi, Distert, ctironol. de historia Priuilliamsia*
rttifi, Romae, 1750, in-8* ; S. de Vhes, Dissert, critica
de Priieillianisiis, eurumque fatis^doctrinis ef m9rh
bus, Traj. ad Rben., 1745, in-4-.)
(116) Fabricius place ici la note suivante : c Con-
fer Augustinum, De hœres, ^ c 70; Leonem Magnum,
cpist. 95 ; Synoduni Braccarensem , can. tl , 10 ;
J. Molanuin. ifûl. sacrarum imaginum^ I. n, c. i6.
Porro aniiquum boc superstitionis astrologie» gu-
nus, de quo vide Maniiium, 1. n, v. 456; Jubum
Firmicuro , I. n,c. 27; Seitum Emptricum . I. v
Advenus maihemadcos ; Kirchnerum , iÉkdipus
A'gypiincuif part, ii, p. 188, 558, 509^ >
in
Aro
PART. III. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
APO
lié
9Ut diâpoêita^ id' est'arieiem in capiie^
loiiniiii m cervice^ geminos in brachiis^ can^
cmm m pectore^ ete, Volens subinUliigi tene-
braswiernaê et ex his principem mundi prn-
testiêse. Et hoc ipsum confinnans \ex libro
qnodam fUi inscribitur Memoria apostoh-
rum^ uôi Salvator interrogari a diecipulis
ridetur secretOj et ostendere quia de parabola
evangelica quœ kabet : « Exiit seminans semi^
nare semen suum » (Matth. xiii , 3) , non
fueriî seminalor bonus: asserens^ ^uia si
bonus fuisset^ non fuisset negligens^ vei secus
riant, tel in petrosis , vd in incuUis jacere
semen; volens inteltigi hune es$e seminantem
gui animas captas spargeret in corpora dl-
rersa quœ vellet. Quo etiam in libro de prin-
cipe humtdorum et de principe ignis pïurima
dicta suntn volens inêeltigi arte^ non potentia
Dti omnia bona agi in hoc mundK>, Dicit enim
esse virginem quamdam lucem quam Deus vo-
ims dore pluviam hominibus^ principi humi-
dorum osieÂditf qui dum eam apprehendere
e^pilf commotus consudal etlpluviam facile et
dtstitutus ab ea mugitu sho tonitrua concitat.
Fragments des Apôtres.
Etienne Prœlorius publia en 1593, à Ham-
boarg, in-i'' en allemand , sous ce titre up
£ea pompeux, à la suile de la prétendue
pitre de saint Paul aux Laodicéens^ des sen-
tences altribuées aux apôtres et puisées dans
tes Récognitions Clémentines^ dans Y Histoire
apostolique d*Abdias et dans Vincent de
RcauTais. Fabricius {Codex apocr, Nov.
Tesl.^ t. I, p. 928) a reproduit ce travail, qui
a du moins le mérite de la brièveté.
On trouve dans le recueil des ouvrages
posthumes de Pithou un traité intitulé Le»
sorts de.*iïp<^(re5. C'est apparemment le même
i|ue celui oui est condamné comme apocry-
phe par leclécretdeGélase, décret qui frappe
éj^alement Les louanges des apôtres ^ pro-
duction que le temps a fait disparaître.
Cn fragment grec publié par Du Cange,
d'après deux manuscrits de la bibliothèque
du Roi {ad calcem Chronici paschalis^ 1688,
in-fol., p. &37), et par Cotélicr {ad Côns-
titut. apostoL^ lib. ii, c. ull.)» a été repro-
duit par Fabricius {Codex apocryphus Nov.
Test, f U II f p. 590). Il donne les noms
des })arenls ues douze apôtres : Pierre
et André, tils de Jean et de Jeanne; Jacques
et Jean, fils de Zébédée et d'Hiéroctée; Phi-
lippe, fils de Philisanon et de Sophie ; Tho-
mas ou Didyme, fils de Diophane et de Roa;
Barthélémy, fils de Sosthene et d'Uranie ;
Taddée, fils deNécrophane et de Séléné ; Jac-
ques, fitsd'Andron et d'Euiychie; Matthieu^
tils de Rufus et de Chérotée ; Simon le Ca-
nanéen, fils de Gallion et d'Ammia; Simon^
surnommé Zélotes, fils de Z^non.
Constitutions et Canons des apôtres.
Ces écrits ont été compris à diverses re-
prises dans les Œuvres de saint Clément le
Romain, d'après Tautorilé d*anciens monu-
ments qui lui en attribuent la rédaction.
Les constitutions et les canons des apôtres
ont été Tobjel des travaux d*uR savant allé*
mand» te docteur J. -S. de Drey [Neue Unier-
suchungen ueber die Constitutionen und Ka^
nonen der Apostel.)
Le Journal de Vïnstruction publique a
publié dans son numéro du 5 octobre 1854,
p. 86, un article signé Ad. T. qui donne sur
les Constitutions y et d'après Tauteur alle-
mand que nous venons de citer, des détails
dont nous offrirons un résumé :
Les Constitutions apostoliques se montrent
au commencement du iv siècle. (Eusèbe
{Hist. ecc/cf .,1. III, c. 25) semble les mention-
ner au nombre des livres apocryphes, vo6«;
il les présente sous un titre un peu modifié :
Tûv ocTroar^XMV «é Xtyojicffvai ài$ax,Ai. Saint Atha-
nase {Epist. Fest,) en parle comme d'un
livre qui n'était pas regard4S comme ca-
nonioue, mais que les évèques faisaient
toutefois lire devant les fidèles; ailleurs
{Synops. S. Script.) il le range parmi les
ouvrages sujets à controverse, «vTatyoutw.
Saint Kpiphane le d'ésigne sous le titré de
Constitution des apôtres^ et il observe que
l'authenticité de ce livre était contestée,
mais qu'il ne devait cependant pas être re-
jeté, car il contient des renseignements pré-
cieux et il n'offre rien de contraire à la foi
ou è la discipline ecclésiastique.
Crabbe en publia le premier des extraits
en latin dans la première édition de ses
Conciles y 1557; Bovins en donna une tra-
duction complète que Surius a insérée dans .
sa Collection des conciles, 1567, 1585. Nico-
linus en fit une autre traduction (Venise,
1563), Turrianus la revit et y ajouta des notes
(Anvers, 1578); elle a reparu dans la collec-
tion des conciles de Biniu's, 1606, et dans
quelques autres. Le P. Fronton Duduo pu-
blia le texte çrec d'après Zonaras avec une
traduction latine; ce travail servitdebaseàla
publication que Ht Cotelier dans ses Patres
apostolici. (L'édition d'Amsterdam, 1724,
2 vol. in-f", renferme sur les Constitutions
et sur les Canons apostoliques de longs tra-
vaux des protestants G. Beveridge^, Th. Bru-
non et J. Leclerc.)
On. voit d'après les passages des Pères que
nous avons cités, qu'au iv siècle les Cons-
titutions apostoliques trouvaient des adver-
saires de leur authenticité, mais qu'elles
jouissaient cependant d'assez d'estime pour
qu'on crût pouvoir les lire publiquement
dans les assemblées des fidèles; celte estime
s'accroît à mesure que l'origine du livre vaen
s'éloignanl; l'auteur d'un Commentaire sur
saint Matthieu, inséré dans les OËuvres de
saint Chrysoslome, donne à entendre qu'il
regarde cette production comme émanant
des apûtres; jusqu'au vu* siècle, les opinions
se partagent. Le canon 2 du concile m
Trullo se fait l'image de ces hésitations
lorsqu'il rejette les Constitutions aposto-
liques du nombre des livres saints à cause
des interpolations qu'elles ont subies. Kn Oc-
cident, le concile tenu à Rome sous le Pape
Gélase, l'an. 494, a rangé les Constitutions
parmi les apocryphes, et ce décret fixe Topi-
nion de i'K^^lise.
Au xvr siècle, .orsque le texte de ces
ConstUHiions fut mis bOus les yeux dei
119
DICTiONNAFRC DES APOCRYPHES.
liO
savants, lorsque des traductions les fami-*
Uarisèrent avec les lecteurs peu au faîi de la
langue grecque « on reclicrcha quelle était
la source» la taleur, réuooue de la compo-
sition du livre.
Un examen superficiel montrait nu'il ne
remontait pas au i" siècle; Tensenible pré*
sente la discipline, la hiérarchie, la liturgie
en vigueur au iv* siècle. Mais en même
temps il rè^ne dans ce livre Tesftrit dire-
lien, une simplicité vraiment apostolique,
unn pureté de doctrine remarquable, et, en
maint passage, on croit reconnaître le lan«
ga;çe des apùlres.
Parmi les modernes, les premiers éditeurs,
Ilovius et Turrianus, les rej^ardaieht comme
authentiques. Les iliéolo^iens anglicans se
sont en général rangés de cet avis, dans le
but de combattre les presbytériens qui ru-
poussaient toute hiérarchie.
Les écrivains c&tholii]ues L?s plusestimés
ont, au conlrairo, refusé, avec raison, de voir
Tœuvre des apôtres dans ces Constitutions:
tel est ravis de divers cardinaux illustres, de
Baronius qui Jes tient cependant pour iden-
lifjnes avec les àtoa/^ai d'Eusèbe et de saint
Alhanase, de Bellarmin, de Bona qui main-
tient judicieusement qu'elles sont anté-
rieures au concile de Nicée et qu'elles
contiennent la discipline en vigueur dans
r£glise jusqu'à Constantin.
L*évèque anglican Vévéridge pense que
Clément d'Alexandrie a pu en être l'auteur,
et Basnage est disposé à y voir ToBuvre de
&aint Hippol^'te.
Mémo variété d'opinions quant au texte
même de ces Constitutions. Usser suppose
qu'elles ont été interpolées au vi* siècle.
Tillemont partage cette fnçon de voir. Snan-
heim, cherchant dans l'histoire des points
de comparaison, avance qu'une partie de ces
prescriptions étaient en vigueur vers la fin
du m' siècle et que le tout doit être rc-
])orté à la fin du v*. Cotelier regarde comme
certain que les Constitutions no sont ni des
apôtres, ni de saint Clément. Elie Dupin
leur donne pour date le m* ou tout au plus
le IV* siècle.
La première question qu'il faudrait ré-
soudre serait celte si les ^i^a/^mi d'Eusèbe et
de saint Athanase, la AiâcraSt.-'de saint Epi-
phane sont identiques avec les Constitutions
que nous iiossédons. Cotelier et Dupin ont
discuté ce problème, mais d'une manière
insuiQsnnle. Au lieu de se préoccuper du
contenu de ces ouvrages, ils se sont arrêtés
à examiner les titres sous lesquels les Pères
les indiquent et les citations qu'ils en font.
Une autre question devrait aussi être sé-
rieusement étudiée; les Constitutions o\]i''
t-elles été interpolées? Rien è cet égard ne
se trouve dans les Pères du iv* siècle; le
concile in Trullo est le premier qui fasse
mention de ces inlerpo'aliuns, mais les évo-
ques réunis dans cette assemblée attribuent
le livre dont il s'agit è ^aîAt Clément do
Rome; ils devaient donc considérer comme
des interpolations tout ce qui oe se rappor-
tait pas aux temps apostoliques. En repor-
tant l'ouvrage à sa véritable date, l'argu-
mentation tombe d'elle-même, et l'interpo-
lation reste sans preuve.
Examiner avec soin le contenu des
Constitutions^ leur forme» les particularités
au'elles présentent, c'est le seul moyen
'arriver à quelque donnée vraisemblable
sur le nom de leur auteur et sur l'époque
de leur rédaction.
Cet examen mène aux résultats suivants :
Les Constitutions apostetiguesy telles que
nous (es possédons aujourd'hui, se compo-
sent de quatre écrits différents; le premier
(et son étendue est la plus considérable]
forme les six premiers livres; le second
forme le se|Hième livre; le troisième com«
pose le huitième livre jusqu'à la fin du M*
chapitre; le quatrième comprend le reste du
huitième livre et les quatre-vingt-cinq
canons.
Ces divers traités sont ranzés dans Tordre
chronologique ; la rédaction des six premiers
livres doit êlre rapportée è la seconde moi-
tié du m' siècle, le se()tième et le huitième
appartiennent au iv* siècle, à l'époque où
les Chrétiens commencèrent à jouir de quel-
que repos, sGus Constantin et Licinius; il
serait plus difficile de déterminer avec une
certaine précision l'époque de la rédaction
des Canons. Le premier, le troisième et le
quatrième traité sont d'auteurs différents;
pour le second on ne saurait affirmer si c'est
une addition au premier ou un ouvrage en-
tièrement distinct. Ils ont du être rédigt'S en
Orient, peut-être en Syrie ou en Palestine,
et ils ont été réunis très-vraisemblablement
avant saint Epiphane par un compilateur in-
connu.
Dans les éditions actuelles, les huit livres
sont mai coupés et les rubriques n'indiquent
pas exactement ce que les chapitres contien-
nent. Il y a d'ailleurs des lacunes évidentes
ui s'aperçoivent surtout dans le premier cl
ans le quatrième livre.
Le premier livre, lapl ).aaiûy, contient des
M'éceples généraux contre l'avarice, la haine»
a vengeance, l'orgueil, la prodigalité, ^o^^i-
vtté, la paresse, l'impudiciié, la loquacité et
la colère. On y recommande vivement ta
lecture des Livres saints, ce qui témoi^^ne
de la diffusion des saintes Ecritures à celle
époque et d'une culiure intellectuelle plus
S;énérale qu'on ne le sup|)0sc ordinairiMiient.
^armi les détails de mœurs un remart]ue.''a
les conseils donnés aux femmes de ne pa> .se
baigner dans les bains communs aux drux
sexes, d<* ne pas se baigner tous les jour2> et
de choi.sir la dixième heure de prefértMice
au milieu du jour (117j. Ces cunseits se
reirouveul dans Tertullipn, dans saïut Cj-
prien, dans Clément d'Alexandrie
3
(117) < Dovila confusnm uiin cum vins in baliieo facial, neque inii'lam, iioqiie frequcntem, nequc In
lotioiieni; roulta ciiim sunt relia innli. Millier IMe- lucritlie, soil si Ueri potesl, iioque de die, hura %i\
|i» cum viris ne lave*.. . iioqtic titperituam l )(iuncui tibi constilula butiico itecima. >
{ii
APO
PART. IH.^ LEGENDES ET FHAGMENTS.
AFO
122
Le n* Virr^ De tpiscopii^ presbyttris
H diaconiSf traite en soixante-sept chapi-
tres des devoirs du clergé« et il entre dans
ties détails qui |>euyent servir à fixer l'épo-
que de sa rédaction ; Inen qu'il y soit ques-
tion de toute la hiérarchie ecclésiastique,
jusqu'aux portiers, lecteurs, chantres, diaco-
nesses, on s*3rréte surtout sur l'épiscopat,
très-peu sur les devoirs des prêtres qui se
confondent du reste en partie avec les de-
voirs des évèques, mais on expose longue-
ment les devoirs des diacres (pii doivent être
l'œil, l'oreille, la bouche, le cœur et l'âme
de l'évê |ue, ce qui est encore une trace d'an-
tiquité, ainsi que les prescrif)tions sur la
juridiction épiscopale. Puis viennent des
préceptes sur le service divin du dimanche,
sur les prières du matin et du soir qui se
faisaient tous les Jours en commun dans
réglise. On invile les Chrétiens à ne pas mon-
trer moins d'empressement que les païens et
les Juifs; cette recommandation, rapprochée
de la défense d'entrer dans les temples et
dans les synagogues, montre que ce livre a
été rédigé à une époque où le paganisme
éiiiit encore en vigueur.
Le ni* livre traite, jusqu'au chapilre
15. des veuves, de l'âge auquel elles peu-
vent s'engager au service de l'Eglise, de
leurs devoirs. Les derniers chapitres sont
consacrés au baptême et à l'ordination des
diacres, prêtres etévêques.
Le IV' livre emploie les dix premiers
chapitres à traiter des orphelins et des
)iauvres, ainsi que du devoir imposé aux
Chrétiens de recueillir les uns et de soula-
er les autres. Leschapitressuivanls règlent
es rapports des parents et des enfants, des
luailres et des serviteurs, des supérieurs et
des inférieurs. Ce livre est incomplet.
Les douze premiers chapitres du v*
livre sont consacrés aux martyrs, les huit
chapitres sui vants, aux jours de fêle, aux vigi-
le$etàrobservaliondujeûneduCarême,que
Tou distingue du jeûne de la semaine sainte
ou de Pâques; ce dernier jeûne était beau-
coup plus austère.. Tout ce que les Chrétiens
épargnaient en jeûnant devait être donné
aux pauvres.
Le vr ii vre, De schismale, traite des hérésies
et des schismes. Il énumère les sectes héré-
tiques chez les Juifs et chez les Chrétiens,
les écrits dangereux des sectaires, les livres
apocryphes des Juifs.
Le ¥11* livre, De conversaiione^ et vitœ
moribus deque graiiarum acétone, est un
traité de morale chrétienne et des for-
mules de prières pour le clergé et les fiJèles.
On y remarque surtout la liturgie du bap-
léme, la liste des évèques établis par los
nfiètres à la têle des premières Eglises, et
quelques autres fragments réunis sans ordre.
Le VIII* livre porte pour litre: lUpi y^api^
c^RT^y, Decharismatibus :6'Qsi un ponliLlcal.
It traite de la hiérarchie sacerdolaîe, du
t'hoix et de l'installation des évèques qui
doivent être élus par tout le peuple el con-
sacrés, le dimanche suivant, par trois évè-
ques. Vient ensuite la plus ancienne liturgie
f
connue. Les derniers diapitres sont relatifs
à la consécration des prêtres, diacres, sous-
diacres, lecteurs, exorcistes, à la bénédic-
tion de l'eau et de l'huile du baptême, aux
jours de fête, aux prières quotidiennes, aux
F prières pour les moissons, pour les «léfunts;
e chapitre 47 et dernier n'est autre que les
canons des apôtres.
Selon Krabbe (Ueber den Ursprung und
JnhaU der apostolichen Consliiuiionen der
Clément, (einesCoUectionnamene)^ Hambourg,
1829, in-8", les sept premiers livres ont été
rédigés à. l'époque- de saint Cyprien, et le
huit ème compilé au iv'ouau v'siècle d'après
desdocumrnts succincts.
On peut consulter, au sujet des ouvrages
relatifs aux controverses sur l'authenticité de
cet écrit, Cotelier, Patres apostoUci, 1. 11, ap-
pendix, p. 491, et Uolîmann , Lexkon biblio-
graphicum, 1. 1, p. 500. On trouvera aussi des
détails à cet éj^ard chez Dupin, Bibliothèque
des auteurs ecclésiastiques ^ t. I, p. 50; dom
Ceillier, Histoire des auteurs ecclésiastiques ^
t. 1, p. 598; Tillemont, Mémoires pour servir
à l'histoire ecclésiastique^ t. Il, p. 149 ; et parmi
les auteurs protestants, dans les ouvrages de
Cave (t. 1, p. 28), et de Oudin (t. I, p. 21-
47, De scriptoribus ecclesiasticis). Voir aussi
Cœin, dans ï Encyclopédie de £rscb, t. XIX ,
p. 36.
Un écrivain protestantdonlnoussommesfort
loin de partager toutes les opinions, mais dont
l'érudition et l'activité ne doivent |>as être
méconnues^ M. Bunsen, ancien ambassadeur
de Prusse à Londres, s'est beaucoup oc
cupé des constitutions et des canons aj>os-
toliques dans un volumineux travail publié
sous le titre de Christianisme et Humanité
(Chrislianity afid Mankindi^ Londres, 1852,
7 vol. in-8%
Il a publié avec soin le texte grec des
Constitutions qui , selon lui , a été remanié
et interpolé; les six |)remiers livres ont été
revus par un écrivain qui a voulu leur don-
ner une forme mieux en harmonie avec les
principes de la rhétorique; les vu* et viii*
livres paraissent l'œuvre d'une autre main.
Quant è la substance de cet écrit, elle est l/i
mêmedans les traductionscople, abyssinienne
et syriaque, que l'on a examinées depuis peu
de temps ; c^est une preuve de son antiquité.
Les manuscrits grecs ne sont pas très-
rares, mais ils sont en général assez in-
corrects.
Un manuscrit fort précieux, de la biblio-
thèijue Barberini à Rome, écrit en lettres
onciales et qui remonte au ix' siècle, offre
le texte le plus pur des liturgies grecques et
un fragment des Constitutions ^ lequel com-
mence avec le 57* canon de l'édition Cotelier
(il est numéroté 62dansle manuscrit), et finit
avec le 75' de la même édition (chiflré 80). Le
canon 76, suivant réditiun que nous citons
clqui renferme uncataioguedeslivres canoni-
ques, manquedans le manuscrit où l'épiloj/uft
vient après le 75' canon. Les variantes qu of-
fre la confrontation des textes sont insi-
gni&antcs. D*autres feuillets viennent ensuite
et présentent les chapitres 15 à 26, ainsi
itt
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
3ue le titre du 27' chapitre du viii* livre
es Constitutioni,
Un manuscrit syriaque, conservé à la Bi-
t aothèque impériale de Paris (fonds Saint-
Germain, n* 38 )« donne sous le litre de
Didoêcalia apoUolorum^ et en vingt -sii
chapilies , le traité des sii premiers livres
des Constitutions.
M. MartkM {Catahgus codicum Grœcorum et
LatinorumBibliothecœimperiaUs^PeiropoWSf
18i^0j signale un manuscrit grec du xv* siè-
cle, renfermant le texte grec des Constitu-
tions ^ suivi du texte ordinaire des Canons
et d*une autre collection mutilée de ces
mômes canons ; quatre-vingt-cinq sont re-
])roduits, et trente-neuf laissés de côté.
On connaît aussi deux bons et anciens
manuscrits à Vienne. Celui indiqué dans la
Bibliotheca Coisliana de Montfaucon (p. 271)
sous le n* 212, et qui a passé h la Bibliothè-
que impériale de Paris, était égaré lorsque
M. Bunsen voulut le consulter.
M. Bunsen regarde d'ailleurs comme in-
contestablement antérieure au iv* siècle To-
rigine de« Constitutions ; elles reprodui-
sent des matériaux d*une antiquité fort re-
culée. L'é|>tlre de saint Barnabe fut mise à
profit. Les six premiers livres sont, aux
yeux de ce savant, une production de i*Asie
Mineure; leur origine orientale lui paraît
établie, mais ils n'appartiennent ni à An-
tioche^ ni à Alexandrie.
Débarrassés des interpolations qui s*y sont
glissées, ces livres montrent un ordre na-
turel dans Parrangement des ordonnances
qui ii'offrent dans le texte ordinaire qu'une
iiisposition dépourvue de logique.
Il est digne de remarque que le vu* li-
vre, qui l'orme la seconde collection grec-
que, ne se retrouve pas dans les autres col-
lections de ce genre conservées en Orient.
Le texte du viif livre, tel qu'il esi im-
primé habituellement, aurait besoin d'ê-
tre revu d'après les manuscrits conservés
à Vienne et à Oxford.
Ce recueil se rattache aux écrits de saint
Bippolyte par l'introduction qui forme son
début et qu'on peut regarder comme repré-
sentant en substance 1 ouvrage aujourd'hui
perdude ce saint : Lalradin'onapoi^o/ifue/ou-
chantUsdonsdasaint'Esprit, Les principaux
matériaux de cette collection sont contenus
djtns la dernière partie du recueil des or-
c /^nuances apostoliques conservé en Egypte,
et dont le texte copte a été publié. Une partie
du texte éthiopien est également d'accord
avecles statuts apostoliques. Un savant la-
borieux, mais dont les travaux sont aujour-
d'hui un peu arriérés, Ludolphe, a donné
dos détails sur ces cauons conservés par
! Ëgiise d'Abyssinie. Il avait eu une copie
d'uu manuscrit éthiopien étendu et fort pré-
cieux, qui est conservé dans la bibliothèque
du Vatican et qui présente la collection des
livres canoniquesdes Abyssiniens. Un manus-
crit arabe , déposé dans la Bibliothèque bod-
bjicnne d'Oxiord , donne une traduction de
VAS canons; un antre manuscrit arabe est au
ÀJii^éo bhinnniqne, mai? il est presjue il-
lisible. Le texte éthiopien, qui n'a point
encore été publié, renferme les quatre-vingt-
cinq canons du texte çrec, il les range en
cinquante-six paragrapnes. M Bunsen pense
que le rituel alexandrin, contenu dans le texte
abyssinien des Constitutions apostoliques^
doit appartenir au milieu du ii* siècle.
Il existe dans les grandes bibliothèques
de l'Europe des manuscrits d'une traduction
arabe des Constitutions; sept de ces manus-
crits ont été examinés par M. Bunsen; trois
sont à Paris» deux h Londres, deux à Ox-
ford.
M. Pell Plat publia k Londres, en 183V, la
majeure partie de la traduction éthiopienne
d'après un manuscrit conservé à Berlin
{The ethiopie didascalia^ or the eth'iopic
version of the apostolical Constitutions re-
ceivedin the Church ofAbyssinia^ with an
engtish translation^ in-i*).La traduction copte
a été éditée par M. Tattam, Londres, 18'i8.
Quant au vu* livre des Constitutions , on
n'en trouve d'autre vestige en Orient qu*une
indication placée dans le r' livre de ces Cou-
stitutions coptes.
Le vnr livre se rencontre pour la ma-
jeure partie dans les canons qui portent le
nom d*Hip|)olyte et qui sont répandus en
Orient. Ils existent en arabe, en syriaque, en
éthiopien et en copte.
M. Bunsen, dans ses Analecta antinicœana
(t. II, soit t. VI du grand ouvrage que nous
avons cité), a réimi)rimé les Canoni et les
Constitutions apostoliques, enîoi^nani, p.225-
338, un texte revu des six premiers li-
vres, et p. 451 et suiv., les deux livres des
Constitutions de l'Eglise égyptienne. A côté
du texte grec est la versiou latine de Denys
le Petit.
Disons maintenant quelques mots du re-
cueil des Canons apostoliques.
L'édition oiiginale est celle que le juris-
consulte Grégoire Haloandre mit au jour en
1531, avec une version latine de sa façon, à la
suitedesiVote//«deJustinien (Nuremberg, in-
folio, p. 259). Le texte grec a'vec une double
traduction, celle de Denys le Petit et celle
d'Haloandre, reparut dans la Collectio con^
ciliorum omnium^ imprimée à Cologne en
1338, in-folio, 1. 1 ,p. Set scq. (T. 1, p. 21|de
la réimpression de Cologne, 1567; 1. 1, p. iï
de celle d'Ulrecht, 1585.) On le trouve dans
la Collection des conciles de Bintus, Cologne,
1G06, in-4*, t. I, ]». 5; dans la collection
d'Uardouin (Paris, 1715), 1. 1, p. 10 : dans celle
de Mansi (Florence, 1757-1798, 31 vol. in-
folio), t. 1, p. 30-66. Ehinger l'avait pu-
blié à Wittemberg,16U,in-4"; Bcveridge le
lit figurer (avec les Scolies de Théodore Bal-
samon et de Jean Zonaras, et avec des cor-
rections faites d'après des manuscrits de la
Bibliothèque bodléienne), dans on Synodi-
cum seu Pandectœ canorncœ^ Oilord, 1C72,
in-foliu, 1. 1 , p. 1-57.
Leur authenticité a été attaquée et s lute-
nue par divers écrivains, (Voy. tes ouvrages
^lgnalés par Fabricius, Jsagoge in theolo-
yiam^ p. 7V2; par Ittig, Ihssertatio de Pa*
tribus nposf ïliriSf p. :4I2; et par Danz, Bi-
m
APO
PÂRÎIt, IIL^LEGENDES ET FRAGMENTS.
APO
!S6
bliotheea pairtstica^ p. 280); mais les meil-
leufs crHiques reconnaissent que ces canons
remontent à une très-haute antiquité et que
l'étal où lis nous sont parvenus est l'effet
d*une rédaction qui a en lieu au coiomen-
cernent du vi" siècle, (Foy. Cotelier, Patres
apostolici^ t. II, appendix, p. 177, et Spit-
ler qui heur a consacré une dissertation spé-
ciale dans son Histoire (en ahemand) du
droit canonique f Haile, 1778, in-8*, p. 65;
Carsien Krabbe , De eodicibns canonum qui
apostolorum nomine circumferuntur^ Gottin-
gue, 1829, in-4*; E. Resenbrecht, De eano^
nibns apostolorum et coaicibus Ecclesiœ His^
panicœf Uratislaviœ, 1829, iu-S*.)
LITURGIE DES DOUZE SAINTS APOTRES,
Mise en ordre pur Tévangéliste Luc^ disciple du grand Pauï^ et traduite du syriaque
var Eusêbe Renaudot (118).
Cette liturgie est la première que nous
ayons à offrir de celles qui portent les noms
(les divers apôtres. Les critiques les pins
judicieux sont d'accord pour reconnaître
qu*elles ne sont point l'œuvre des person-
nages révérés auxquels on les a attribuées;
mais elles remontent certainement à une
haute antiquité, et elles sont fort dignes
d*attention.
Parmi les différents ouvrages qui en ont
fait mention, nous nous bornerons k citer
les Réflexions sur les règles et sur Vusage
de la critique par le P. Honoré de Sainte-
Marie, Carme décBaussé; Lyon, 1720, in-4%
t. m, p. 166 et suiv. Cet écrivain regarde
comme ud fait constant, appuyé du suf-
frage de tous les savants, que les liturgies
de saint Pierre, de saint Matthieu, de saint
Marc, de saint Barnabe et des douze apôtres
sont certainement supposées, qu'elles n*ont
eu aucune autorité dans TEglise catholique,
et qa*elles n*ont été en usage que parmi les
schismatiques et les hérétiques.
nCesi un sentiment qui doit être reçu
parmi les savants, soit qu*ils regardent la
liturgie de saint Jacques coipme supposée à
cet apdlre, soit qu'ils la lui attribuent, que
l'on s'est servi de cette liturgie dans les
premiers siècles, quoiqu'on y ait ajouté
quelque chose peu à peu... Les liturgies au
tribuées à saint Pierre, à saint Matthieu, à
saint Marc, à saint Barnabe et aux douze
apAtres ont été inconnues et sans autorité ;
(le toutes celles qu'on suppose avoir été
composées dans les premiers siècles, et qui
sont venues à notre connaissance, il n'y a
que celle qui porte le nom de saint Jacques
cl celle qu on attribue à saint Clément dont
on ait pu se servir depuis les temps apos«»
loliques jusque vers le iv* siècle, et qu'on
puisse regarder comme la source de toutes
les liturgies de l'Eglise grecque et latine. »
Cesarant religieux montre ensuite que
l'Eglise grecque n'a eu d'autre liturgie que
celle qui porte le nom de saint Jacques.
Léon Allatius a fait une longue dissertation
pour en maintenir Tauthenticité, mais elle
contient des cérémonies qui ne conviennent
point au temps des apôtres. On a retranché,
iijouté ou changé diverses choses ; le sens
seul de Toriginal a été conservé, de sorte
quH n'est pas aisé de savoir exactement ce
(il8) Renaudot a îiisérë la traduction de cette
Tertion dans sa ColUciio lUHrqiarHmy 1715, iuA" ;
qui vient de saint Jacques. Divers témoî-
§ nages anciens conGrment d'ailleurs la tra«
ition qui représente ce saint apôtre comme
aérant rédigé une liturgie. Saint Proclus, qui
vivait au v' siècle , le dit expressément :
Mysticœ liturgies expositionem in scriptis re-
lictam Ecclesiœ tradidit. Le canon 32 du
concile in Trullo^ tenu l'an 692, appuie cette
tradition. Saint Justin (Apologia pro Chris-
tianis) nous indique diverses cérémonies
qui se pratiquaient dans les assemblées des
fidèles, et qui faisaient sans doute partie
d'une liturgie écrite; il n'est aucune d'elles
qui ne se rencontre dans la liturgie qui
porte Te nom de saint Jacques. Elle a été
la source et le fond de celles attribuées à
saint Basile, à saint Jean Chrjsostome, de
celles enfin en usage chez les Grecs.
Nousobserveronstoutcfoisque,denos jours»
des savants d'une incontestable autorité se
sont montrés plus favorables à ces produc-
tions.
Le savant abbé de Solesmes, dom Guéran^
ger, traite cette question dans ses Institu-
tions liturgiques^ Paris, 1840, t. I, p. 28.
D'accord avec les critiques les plus judi-
cieux, même parmi les protestants, il pose
en principe que les apôtres doivent être in-
contestablement regardés comme les créa-
teurs de toutes les formes liturgiques uni*
verselles, et qu'on n'est pas moins en droit
de leur attribuer un grand nombre de celles
qui, pour n'avoir qu une extension bornée,
ne se perdent pas moins , quant h leur ori-
gine, dans la nuit des temps ; il ajoute :
<c Concluons donc que ce n*est point une
raison pour refuser d'admettre l'origine
apostolique des liturgies générales et parti-
culières, de ce gue celles qui portent les
noms de saint Pierre, de saint Jacques, de
saint Marc, etc., ne s*accordent ni entre elles
ni avec celles de l'Occident, dans les choses
d'uneimportance secondaire, telles que l'ordre
et la teneur des formules de supplication.
On ne saurait non plus leur disputer cette
même origine, sous prétexte que, dansTétat
oîi elles sont aujourd'hui, elles présentent
plusieurs choses qui paraissent visiblement
avoir été ajoutées dans des temps poslérieurs.
Les apôtres tracèrent les premières lignes,
imprimèrent la direction ; mais Kœuvre li-
turgique dut se perfectionner sous fin-
e( Fabricius Ta reproduite dans son Codex apocryphuê
Sov. Te$l.t part, ni, p. 5i5 2J53.
1S7
DICTI05NÂ1RE DES ÂPOCRTPUES.
i3S
fluence ae l'esprit de vérité» qui était donné
à TEglise pour résider en elle jusqu'à la Gn
des lenaps. T Ile est la manière «suivie
dVnfisagpp les controverses ag'téeS plu-
sieurs fois |.ar Hes hommes (Jor(e$,è pro|»os
de ces liturgies; assez ^éut^ralemenl ou a ex-
cédé de part et d autre, eu soutenant des prin-
cipes absolus.
c Laissons donc saint Jacques auteur de
la Ijtur^^ie qui porte Sfm nom, puisque Tan-
tiquité Ta cru ainsi I QuMmporlent quelques
changements oti a«iditions7 Ne faii-elle pas
le fond de toutes celles de l'Orient? »
Quoi (|u'il en soit, nous nous contenterons
de plarer dans notre recueil une traduction
de ces diverses, liturgies, en les classant
sous le nom de Tapùlre que les manuscrits
désignent coiuoie auteur de chacune d*élles.
On observera que quelques-unes d'entre
ePes portent tous les signes d'une origine
grecque, et, sous ce rapport, elles pour-
raient donner lieu èi un travail qui ne serait
pas ici à sa place, mais qui aurait sans doute
d'autant plus d'intérêt qu'on connaît ff>rt
peu dans l'Europe occidentale les ouvrages
de liturgie à l'usage des Grecs. Ceux oui
sont unis è ]*Ëglise romaine ne sont guère
mieux partag* ssous ce rapport que les schis-
matiques. Depuis Léon Allatius, qui avait
étudié ce sujet, l'attention des savants ne s'y
est pas arrêtée; les Missels, les livres de
chœur, les Heures des Grecs sont tombés
dans l'outili, et Renaudot, en parlant d'eux,
a pu dire avec raison : Viœ nostris Meo-
logit noti. Harles, dans J'édition qu'il a
dounéo de la Bibliolheca Grœca de Fabri-
cius, est resté aride et incomplet; Mone s'est
montré mieux instruit dans le serx)nd vo-
lume de son édition des Hymnes latines du
moyen âge^ Fribourg, 1854 (préface, pag. ix
à wu). Nous rencontrons aans un journal
consacré h la bibliographie, et publié en
Allemagne(5er/i;)eum,Leipsigl856,p.l3o),un
catalogue de ces ouvrages qui sont impri-
més pour l'Orient et qui n'en sortent pas. Le
rédacteur de cetie notice observe, pour mon-
trer la rareté de pareils ouvrages en Alle-
magne, que la Bibliothèque royale de Mu-
nich ne |>ossède qu'une édition du Triodion^
de 1536; que la bibliothèque de TUniversilé
de Heidelberg n'a que les Menées de i62V-
1638; et que dans aucune autre bibliothè juo
gcnnanique, on ne trouve ces livres pas
plus que VEuchologionJ*Horolochionf TOc-
toichis et le Penteustarion,
Les anciennes éditions des livres litur-
giques des Grecs sont plus exactes que les
impressions récentes; il en a été mis au
jour quelques-unes en Moldavie et en Va-
lachie, mais elles sont introuvables. L'in-
ventaire publié dans l« Serapeum ne com-
prend que des impressions modernes, exé-
cutées à Venise, Tipographia çreca di S.
Giorgio ; les passager favorables aux erreurs
des schismatiques, qui se tiouvent dans les
manuscrits et dans les anciennes éditionsi
ont été retranchés.
Revenons au texte de la liturgie des doute
a)}6trcs.
•
PaiÈRE AVANT LA PAIX. — Seîgneur» Dieu
miséricordieux et saint, qui, par ton Fils
uniuue, nous a préparé cette table spiri-
tuelle et sainte, reçois de nous l'offrande de
ce .sacriGce non sanu'lant, et accorde- nous
le don d<- Ion Rsprit-Saint, et nous te rau-
porterons la gloire, eic.
Le prêtre élevant la voix: Que ta tran-
quillité et ta paix. Seigneur, et ton amour
véritiible, ta grA»e et tes miséricordes, na-
turelles à ta divinité éternelle, soient avec
nous et entre nous, tous les jours de notre
vie, et nous te rapporterons, etc.
Le peuple: Amen.
Le prêtre élevant la voix : Etant en ta pré-
sence. Roi des rois et Seigneur des souve-
rains, nous t'adofons, te prions et t'invo-
quons; regarde nous avec miséricorde et
accorde-nous d'approcher de ton. saint au-
tel avec la pureté du cœur et la sainteté de
rame.
Le peuple: Amen.
Le diacre: Donnez la paix. Tenons-noas
dans le respect.
Le prêtre: La charité de Dieu le Père, etc.
Le peuple: Amen.
Le prêtre: Elevez vos cœurs.
Le peuple : Nous les avons vers le Sei-
gneur.
Le prêtre: Rendons grâce.
Le peuple : C'est digne et iuste.
Le prêtre, s'inclinani : Il est vraiment
juste et digne, il convient, et c'est un devdir
que nous te rendions grâces, parce que tu es
saint et que tu donnes la vie. Car il est juste
que nous te gloriûions ; c'est à toi (|ue la
louange est due, et il est h prpposcfue nous
te louions et te rendions grâces, parce que tu
es t)éni , ensemble avec ton Père et ton
Esprit vivant et saint.
Elevant la voix: C'est devant toi que se
tiennent rangés les chérubins a.yant quatre
faces;autourdetoisontles séraphin» pourvus
de six ailes, dont deux leur serventà se lou-
vrir la face, deux à se couvrir les pieds et
deux h voler, et s'adrossant mutuellement
leurs voix pures et leurs concerts divins, ils
crient et chantent:
Le peuple: Saint, saint, saint.
Le prêtre s'incline et diP: Tu es saint,
saint, saint. Seigneur, plein de conipa!»sion
et de bontc'' et miséricordieux. Saïut es'
aussi ton Fils unitpie. Saint est aussi ton
Esprit-Saint et vivifiant. Tu es saint et tu
donnes les biens, car à cause deni»tre salu',
ton Eils uni(]uc a pris chair dans le sein de
la Vierge Marie; et, par son entremise divine,
il nous a sauvés et nous a délivrés de la
captivité. Il s*estfait homme pour nous, et
il est, sans changement, venu à la croix, ft
avant sa passion vivifiante, il prit du pain
dans ses mains saintes, le bénit, lesanctilia,
le brisa, le mangea et le donna à ses disci-
ples, disant : Prenez et mangez-en; c'est mon
corps qui est brisé pour vous et pour lieau-
( oup, et qui est donné pour la rémission dea
pé< nés et pour la vie éternelle.
Le peuple: Amen.
Le prêtre: De môme, après qu*ils Gureui
«29
APO
PART. III.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
APO
130
soopé, il prît le calice, y floêla du vîn et de
Ic^aii, le bt^nil, le sanctifia el quand il en eut
^oùlé, le donna à ses disciples, disant : Pre-
nez et buvez-fn tous; cî'est l'alliance nou-
TeUe;c'est mon sangqui est versé pour vous
et pour beaucoup pour Fexpiation des fautes
et pour la vie éternelle.
Le peuple: Amen.
Le piètre : Toutes les fois que vous man-
gerez ee pain et que vous boirez ce calice,
vous renouvellerez ma mémoire jusqu'à ce
que je Tienne. .
Le peuple: Amen.
Le prêtre élevant la voix : C'est pourquoi
nous autres tes serviieur^, pauvres pécheurs,
conservant la mémoire de les bienfaits, nous
te prions et te supplions, loi qui aimes les
iionime^, de nous épargner el d'avoir de la
miséricorde pour les aJoraleurs lorsque tu
viendras è la tin des leiiips et qïie lu ren-
dras équitablement à chacun selon ses œu-
vres. El c'est pourquoi ton Eglise t'invoque
aujourd'hui, et par toi, et avec toi, lou P^re,
en disant :
Le peuple : Aie pitié.
Le prêtre : De nous aussi
Le diacre: Souviens-toi, Seigneur {et il
ajoute): Que cetle heure est rïMloulable!
Le prétreB" inclinant récite V invocation de
rE$prit 'Saint: Aie pilié de nous. Seigneur,
aie pitié de nous, et effvoie-nous du haut
de ton ciel saint ton Esprit vivifiant; qu'il
repose sur celte offrande, et qu'il en fasse
le corps vivifiant, et qu'il nous puriQe et
sanctitie.
Il bénit et dit: Exauce-moi, Soigneur.
Le peuple : Kyrie, eleison.
Le prêtre : Atin qu'il fasse de ce pain le
corps de Jésus-Christ, notre Dieu.
Le peuple : Amen.
Le prêtre: Et que le vin qui est dans ce
calice devienne le sang de Jésus-Christ ,
notre Dieu, aQii que ces sacrements saints
et vivifiants servent à l'expialion de nos* fau-
tes, à la rémission de nos péchés, et à la
guérison de l'Ame et du corps et à fortifier
notre esprit. Ne permets pas qu'un seul des
membres de ton peuple fidèle périsse; ac-
corde-nous à tous que, gouvernés de ton
esprit, nous menions une vie sainte et que
nous te rendions gloire et actions de grâces.
Le peuple: Amen.
Le diacre récite la prière convenable en ce
l'ottr et celle qui est pour les morts.
Le prêtre s'incline et dit : Nous t'offrons,
Seignenr tout-puissant, ce divin sacrifice
pour tout ton troupeau, mais principalement
pour nos bienheureux Pères, notre palriar-
N. et notre évoque N., ton servileur, et pour
les autres év(^<{ues orthodoxes ^ aQn que,
menant une vie exempte de fautes , ils gou-
vernent tes brebis dans la pureté et la sain-
teté et qu'ils t'offrent un peuple fidèle, ton
troupeau spirituel, rendant hommage à ton
nom. Souviens-toi , Seigneur, des' prêtres
justes, des diacres purs et des sous-diacres.
Souviens-toi , Seigneur , de ion peuple ,
principalement de ceux qui l'ont présente ces
offrandes, et épargne cette assemblée qui est
réunie devant toi.
Elevant la voix: Afin qu'ils vivent de-
vant toi exempts de corruption et qu'ils se
préparent aux l)iens que tu leur as prou)is
par suite de ta miséricorde è jeur égard ,
sois-leur propice comme un Seigneur bon
et abondant en grices; nous te rendons
gloire, etc.
S' inclinant : Souviens-toi, Seigneur, des
rois fidèles qui rendent des bienfaits à ton
peuple et qui sont cléments à l'égard des
orebis rachetées de ton sang ; donne- leur le
courage qui vient de toi elque leurs enne-
niis ne l'emportent pas sur eux.
Elevant la voix: Et envoie, Seigneur, tes
sainls anges pour secourir h s fidèles; ilcli-
vre-b'S de la ruse deslyransehh^s pié es ciu
démon ; fais qu'ils ne tombent | as dans les
embûches des enne is de ta fidèle E Jise ,
pour que, persévéïant dans la paix, la Iran-
quillilé el la concorde, nous te rendions
gloire, etc.
S(>uviens-loi, Seigneur, de ceux qui l'ont
été af^réables, et surloul de la sainte, glo-
rieuse et toujours vierge, Marie, Mère de
Dieu, de Jean-Baptisle , d'Eiienne le chef
des diacres et le preutier martyr, avec les au-
tres prophètes , les saints apôtres el les Pères
pieux qui ont trépassé. Souviens-toi aussi,
Seigneur, de tous les fidèles défunts qui sont
morts et qui sont parvenus ver^ toi. Reçois
ces offrandes que nous te présentons aujour-
d'hui pour eux, et fais qu'ils reposent dans
le sein bienheureux d'Abraham. Tous les
morts recevront le repos avec l'espoir de ta
miséricorde, et ils attendront l'effet de ta
compassion, ô notre Dieu adorable. Accorde-
leur de mériter d'entendre cette voix vivi-
fiante, afin qu'elle les a|>pelle et qu'elle les
conduise jusqu'à ce qu'ils soient invités à
ton royaume. Accorde-nous aussi une fin tran-
quille par ta grÂce, et efface nos erreurs t^ar
ta miséricorde.
Elevant la voix : Personne n'a él6 vu sur
la terre exempt de péché, si ce • n'est ton
Fils unique , Notre^Sei^neur Jésus-Christ ,
celui qui intercède pour notre race et par
lequel nous espérons obtenir miséricorde et
la rémission de nos péchés.
Le peuple : Donne-n#us ie repos » Sei-
gneur.
Le prêtre: Sois propice pour nous et pour
eux, Seigneur, et pardonne les péchés, afin
Sue ton nom béni et très-glorieux, soit glori-
é, loué, et honoré en nous,, par nous, et à
cause de nous, ainsi que celui de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ et de l'Espril-Saint et
vivant, maintenant
Le prêtre récite la prière avant VOraison
Dominicale : Seigneur miséricordieux el
doux, qui es élevé au-idessus de toutes cho-
ses et célébré par des louanges infinies , ac-
corde-nous, Seigneur, à nous ifis serviteurs
pauvres et faibles, de prier purement et
saintement, de crier et de dire : Moire Père
qui es dans les cieux.
Le peuple : Qu'il soit sanctifié.
' le prêtre : 0 Seigneur plein de bonté* M
fsl
dictionnaihe des apocryphes.
13t
nous rejette pas^ de peurf[ue la tenlation ne
{>ré?a1e contre nous , mais délivre-nous de
'esprit malin et rebelle et de ses voies tor-
tueuses et perverses» parce que Tempire est
à toi et è ton Fils unique et à ton Esprit
très-saint, bon» adorable et vivifiant.
Lb peuple: Amen.
Le prêtre : Inclinez-vous et priez. )
Que la paix soit avec vous.
Le peuple: Et avec Ion esprit.
Le prêtre élevant la voix : Bénis» Sei-
gneur, ton peuple fidèle qui est incliné de*
Tant toi ; préserve-nous des maux que nous
pourrions souffrir ; accorde-nous de partici-
per purement et saintement à tes mystères
divins et d'être purifiés et sanctifiés par eux»
et nous te rendrons louange et actions de
grâces ainsi qu'à ton Fils unique.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : La paix soit avec vous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
Prière après la réception des sacrements :
— Nous te rendons grtces» Seigneur Dieu» te
priant efr te suppliant de nous accorder que
cette communion divine nous serve pour
l'expiation de nos fautes et la rémission de
nos péchés et de toutes nos prévarications »
ainsi qu*à la gloire de ton nom saint et de ton
Fils unique.
Le prêtre: La pait avec vous.
Le peuple: Et avec votre esprit.
Le prêtre: Seigneur» Dieu du salut» qui
es devenu homme à cause de nous» et qui
nous a sauvés par le sacrifice de ta personne,
sauve-nous aussi de la corruption perni-
cieuse et fais de nous un temple pour toa
nom saint» parce que nous sommes toa
peuple et ton héritage ; k toi reviennent la
gloire» rhonneur et la puissance» avec ton
Père et ton Esprit-Saint et vivant» mainte-
nant» et dans tous les siècles.
Le peuple: Amen.
£eprAre:Seigneur»bénis tout ton troupeaUé
Le diacre : Bénissons le Seigneur.
ACTES APOCJIYMES DES APOTRES.
Les Actes apocryphes des apôtres ont été
composés par les hérétiques des premiers
siècles» dans le but» non de compléter les tra-
ditions relatives aux premiers disciples du
Sauveur, mais afin d^appuyer leurs doc-
trines erronées au moyen d'histoires sup-
posées et d'opinions revêtues de l'autorité
apostolique. C'est ce que dit expressément
Eusèbe {Hist. ecclés.^ t. jll»c. 15)» et le célèbre
décret du Pape Gélase range parmi Ie& livres
qu'il faut repousser, l'Itinéraire de Pierre Jes
Actes de saint André» de sajnt Thomas» de
saint Philippe» etc. Saint Epiphane (hœres«
47» 61» 6Sj atteste que les Actes de saint An-
dré, do saint Jean» de saint Thomas» étaient
en usage parmi les encratites» les apostoli-
ques ou aputactiques et les origéniens.
Saint Augustin, dans sa Controverse avec
Félix (II, 6j, montre que les manichéens
invoquaient l'autorité de prétendus Actes
des apôtres, écrits par Leucius. (In Actibus
conscriptis a Leucio quos tanquam Actus
apostotorum scribitf haoes ita positum^ etc.)
Evode d'Uzel» contemporain du grand évê-
2ue d*Uippone»dit do son côté que les Actes
crits par Leucius étaient invoqués par les
mêmes sectaires. (De Me contra Manichœos^
cap. S.) Plus lard» Photius parlant des re-
lations des vo.yages des apôtres écrites par
LeuciusetCharinus» dit qu'on ne s'éloignerait
Î;uère de la vérité en appelant cet ouvrage
a mère et la source de toutes les hérésies.
(Bibliotkeca, cod. 114 et 179.)
Ces compositions apocryphes ne peuvent
aujourd'hui avoir aucun danger pour la foi ;
les erreurs des gnostiques sont mortes et
ne revivront jamais. D'autres adversaires
attaquent de nos jours l'orthodoxie; en at-
tendant qu'ils tombent à leur tour dans le
discrédit et le dédain où gisent les partisans
des doctrines éteintes de Basilide, de Mar-
cion et de Valenlin , les pseudo-Actes des
af)ôtre$ ont leur utilité comme fournissant
des matériaux pour l'histoire , assez peu
connue» des croyances des anciens hérésiar*
3ues et comme indiquant la source de bien
es traditions qui se sont conservées à tra*»
vers les siècles» et que les artistes du moyen
Age ont reproduites. D'ailleurs, au milieu
des détails fabuleux qu'a entassés l'imagi-
uation des écrivains hétérodoxes» il se ren-
contre des circonstances qui ont un fond de
vérité historique» et ce fond» mêlé parfois à
bien des récits Irès-suspects» a passé chez les
légendaires. il faut remarquer aussi que» dès
une époque reculée» des écrivains catholi-
ques, s'em parant de ces Actes, les ont rema-
niés de façon à s'efforcer à ne rien y laisser
qui pût blesser la foi ; c'est le but que parait
s'être proposé l'auteur de Y Histoire apos-
tolique qui porte le nom d'Abdias. Au
X* siècle, un ha^iographe célèbre» Siméon
Métaphraste» dirigea dans le même sens les
travaux qu'il consacra à la Vie des apôtres.
Le travail le plus important qui ait été mis
au jour sur les faux Actes des apôtres» estcebii
de M. Tischendorf» publié è Leipsig, en 185K
(ln-8*, Lxxx et 276 pag.) Ce volume mérite
que nous en parlions avec détail* Voici ce
qu'il contient :
Actes de saint Pierre et de saint Paul. —
. Entre autres détails on y lit que saint Paul
ordonna à Messine Barchyrius (ou Bac-
cliy lus) pour premier évêque de cette ville ;
cette.circonstance détermina Constantin Las-
caris à traduire en latin une partie de ces
Actes»d'après un manuscritqu'ilavaittrouvé
dans un couvent de la Calabre» et à Toffrir
au sénat de la ville de Messine. {Voy. Placi-
dus Rayna» Notitia historica urbis Aessanœ^
p. Il» col. 91.) Cette traduction est insé-
rée dans l'ouvrage deGrœvius : Thésaurus
antiquitatum et histotiarum Siciliœ^ t« IX.
Leyde» 1723.
Du Cange» dans son Glossarium medim 0i
infimes Gracitatis (Lyon» 1688» 2 vol. in-
folio), et Cotelier dans ses Notes sur U$
C (institutions apostoliques fCMèreui ces Actes
155
APO
PART. II!.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
APO
iU
d*après (les manuscrits; Thilo fut ]e premier
qai les publia en grec dans deux program-
mes ou* ii fit paraître à Hâle, en 1837 et en
1838 (xxYiiiel 30 pag. in-4.') ; il s'était servi de
deux manuscrits grecs de la Bit)liothèque
impériale de Paris (n*» iWO et 897), et ii y
joignit une version latine d'une portion de ces
Actes d'après deux anciens manuscrits dont
l'un parait remonter au viir siècle. Cet infa-
figable érudit mit en tète de son travail une
Introduction judicieuse^ et il y joignit des
notes utiles. Il avait déjà parlé de ces Actes
dans un livre qu'il avait publié à Leipsig ,
en 1823, et qui servait de prélude à ses
vastes recherches sur les apocryphes : JVo-
tilia novœ Codicis apocryphi Fnbriciani edi^
tionis prœmissa Acfis S. Thomœ apostoli,
M. Tischendorf a établi sou texte d'après
le manuscrit de Paris n' 11^70 portant la date
de 890. (Montfaucon, Palœographia Grœca^
p. 270y a donné un spécimen de l'écriture
de ce respectable codex).l\ a consulté les n'^'
897 et 635 ainsi que le n" 621, 897 el 635,
fonds Coislin. 11 s est également servi d*un
manuscrit de la bibliothè que Saint-Marc à Ve-
nise, n"9,et d'un autre de la bibliothè()ue de
Vienne.
. On trouvera à l'article Paul de notre Re-
cueil la traduction de ces Actes.
Actes de saint Barnabe, ou plutôt Voyages
el martyre, de saint Barnabe^ Vapôtre. —
M. Tischendorf s'est servi de l'ancien ma-
nuscrit grec de la Bibliothè(tue impériale,
n' 1^70, et d'un autre manuscrit conservé
au Vatican (n" 1667), dont Daniel Papebroch
avait fait usage dans les Acta sanctorum
(t. U Junîi, p. 421-^35, Anvers, 1698):
S, Barnabœ apostoli Acta et passio in Cypro,
iiib nomine Joannis Marci Barnabœ consO'
brini, édita tx ms. Vaticano et Guit, card.
Sirled interprétations Ce manuscrit est un
i)t'U moins complet que celui de Paris. No-
tons en passant que Baronius s'est trompé
(Annal, ad an. 31, u* 51) en disant que
les Actes de saint Barnabe se retrouvent
dans Y Histoire apostolique d'Abdias, Actes
qu'il juge d'ailleurs en termes fort rigou-
reux. Quœdam Barnabœ Acta^ quœ nomine
Joannis ab aliquo nebulone scripta circum-
ftruntur et ab imperilis magno applausu ex-
cipiunlur, multis^et apertissimis coagmentata
mendaciis.
Au moyen ft^e, on ne révoquait pas en
doute l'authenticité de celte relation , et
Jac<{ues de Voragine, dans sa Légende dorée^
en invoque nettement l'autorité : Ejus (Bar^
naba] passionem compilavit Joannes qui et
MarcuSf ejus consobrinus^ maxime a visions
illius Joannis usque fere in finem quatn Beda
de Grœeo in Latinum creditur transtulisse.
Les Boilandistes ont joint aux Acles'du saint
sa Vie telle qu'elle se* trouve dans Moml)ri-
tins : c'est le même récit quant au fond, seule-
ment queiqiues circonstances ditrèrent ; ils y
ont ajouté plusieurs dissertations relatives à
saiat Barnabe et le texte grec, d'après un
m><nuscrit du Vatican, d'un écrit d*Alexan-
dre, moine cypriote^ avec la traduction la-
tine de François Zonius, Cet ouvrage est di-
visé en quatre chapitres dont voici les titres :
Barnabœ ortus et educatio , conversio ad
Christum^ Paulus excefftus ; Evangelium so*
cio Joanni Marco prœdicatum^ martyrium in
Cypro ; De Petro Fullone Antiocheni patriar-^
-chatus invasore^ Cyprum sibi subjicere uo-
lente: Inventio corporisS, Barnabœ^ ethujus
exinde celebris cultus.
Actes ou Pérégrinations de saint Philippe.
— On sait qu'Anastase le Sinaïte, dansson
livre sur les trois Carêmes^ avait cité un frag-
ment de cet écrit, fragment qu'on trouve
dans les Monumenta Ecclesiœ Grœcœ^ édités
par Got^îlier, t. III, p. 428-430; Fabricius l'a
reproduit, Cod. Nov. Test,^ t. Il, p. 806, et
Beausobre l'a traduit dans son Histoire du
manichéisme^ t. I, p. 346.
Les Boilandistes ont connu des Actes de
saint Philippe, que leur fournissait un ma-
nuscrit du Vatican, mais ils ne les ont
pas jugés digues d'être publiés [quœ non est
operœ pretium edere. (Act. Sanct, 1. 1 Maii,
p. 8); ils signalent seulement entre autres
miracles qu'ils renferment, laguérison d'un
aveugle dont la cécité durait depuis qua-
rante ans, et l'usage de la- parole humaine
accordé à un léopard et à un bouc. Il faut
observer que ces traits ne se rencontrent
pas dans le texte qu'a édité M. Tischendorf,
Les récils apocryphes relatifs à saipi
Philippe ont passé dans les hagiographes
anciens. Nous citerons le Ménologe de Basile
Porphyrogénète, rédigé avant le vir siècle,
et dont les Boilandistes ont publié co qui
concerne le saint apôtre ; ils ont également
donné un extrait d'un Synaxaire grec de
l'Eglise de Constantiiiople, et traduit les
Actes publiés par Siméon Méiaphraste, en
ajoutant (p. 14 et suiv.) les miracles du saint
d'après les grandes Menées des Grecs. £u-
sèbe, dans son Histoire ecclésiastique^ I. m,
c. 31, dit fort peu de chose de saint Philippe,
mais Nicéphore [Hist. eccl.f t. II, c. 39) ra-
conte en détail des circonstances prises chez
les apocrj'phes.
Pour établir son texie, M. Tischendorf a
consulté un manuscrit de la bibliothèque
Saint-Marc à Venise, n** 881, xi' siècle. Un
autre manuscrit de Paris (n* 1454, x* siè-
cle) donne un texte incomplet vers la fin, et
celui de la Bibliothèque impériale de Paris
est fort-difficile à lire, l'écriture étant très-
ctîacée. Un manuscrit de la Bibliothèque
Bodiéienne, cité pat Grabe, fournit un texte
qui est une portion de l'écrit publié par
M. Tischendorf. Lambécius, dans ses Com^
mentarii Bibliothecœ Cœsareanœ (Vienne,
1665-79, 8 vol. in-fol.), signale aussi un
manuscrit è Vienne, intitulé : Actes de
saint Philippe dans la Grèce^ production qui
est loin d'avoir l'antiquité de celle dont
nous avons parlé. Les Boilandistes en ont
fait mention d'après un manuscrit du Vati-
can, (t. 1 Maii, p. 9; t. 1 Junii, p. 620.)
M. Tischendorf n'a rencontré qu'un manus-
crit qui lacontint.(Bibl.imp.de)Paris,n*881.)
Actes de saint André. — Ils furent célèbres
dans l'antiquité, et sont répandus parmi
diverses sectes hérétiques, notamment parmi
f."^
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ÎIO
les manichéens, ainsi que l'attestent saint
Kpiphane, saint Augustin, saint Philastre et
d'autres auteurs, qui nous apprennent que
ces Actes circulaient sous le nom do Leu-
cius. 11 leur arriva sans doute ce qui advint
à la plupart des écrits de Lcucius; ils furent
corrigés par des orthodoxes, et entrèrent
ainsi dans Tusage général. Dans leur état
actuel, tels qu'ils nous sout parvenus, ils
s'accordent avec la Lettre des prêtres et des
diacres d^Achaie sur le martyre detsaint 4»-
dréf composition remarquable que nous
avons insérée (col. 95 ), et que des au«
leurs d'une grande autorité, tels que Baro-
niuset Bellaraiin, ont regardée coinmeautlien-
tique et connue datant do Tan 80 de aolre
èr«. C'est aussi l'opinion qu'un critique pro-
lestant, Woog, auquel ou doit une édition
s^péciale de cette Lettre, a chaudement ap-
puyée, tandis que l'avis contraire a été sou-
tenu par des protestants, tels que Fabri-
ci us ot Walcli. D{\j^\u\{Biblioth, des auteurs ec-
c/^«.) etd'aulres critiques sont restés dans l'in-
certitude. M. Tischendorfnecroitpas pouvoir
trancher la question, mais il pense que l'écrit
de Leucius était assez différent de 1 écrit qui
nous est parvenu^ et que celui-ci, remontant
à une haute antiquité, conserve le locd de
la vérité historique. On peut remarquer
que plusieurs Pères signalent, dans des
Ouvrages apocryphes, l'eiaclitude des Taits
mêlés à l'exposition de doctrines erronées.
Deux écrivains anciens ont cité des traits
do rhistoire de saint André empruntés à ces
faux Actes; ce sont £vode d'Uzel dans
son traité De fide contra Manichœos^ c. 38, et
Tauteur du Litre de la vraie ei de ta fausse
pénitence^ à peu près contemporain d'Evode
et de saint Augustin.
Vers le x* siècle, un moine grec, nommé
Epiphane, écrivit une Vie de saint André,
dans laquelle il reproduisit presque textuel-
lement bon nombre le passages empruntés
aux Actes de cet apôtre.
M. Tischendorf a établi son texte d'après
deux manuscrits de la Bibliothèque impé-
riale de Paris (n* 881 et n' 121, fonds
Coislin), et il a réussi par là à le donner
avec bien plus d*élendue que Woog, qui
n'avait fait usage que d'un seul manuscrit
conservé à Oxford, et qui n'offre qu'une re-
lation abrégée. Une traduction latine de ces
Actes avait été insérée par Mombritius,
dans son Sanctuarium^ sive Vitœ sanctorum,
imprimé à Milan t;Q 1^7^, et de là elle a
passé dans les Vies des saints recueillies par
Surius [Coloniœ, 1617, ad 30 iVoi;., t. VI,
\u G53).
Ai' tes de saint André et de saint Matthieu
dans la ville des anthropophages^ — Compo-
sition gnoblique qui a été l'objet d'un pro-
gramme de Thilo : Acta 55. apostolorum
Andréas et Matthiœ^ et commentalio de eorum-
detn originCf Halle, 1846. Fabricius (Cod.
Aav. Test,^ t. 11, p. &37) avait rapporté un
|)assage extrait du Martyrologe Ue Floren-
liuius, et qui s'accorde aveo le récit de ces
Actea.
Lo moine Epiphane, que nous avons déjh
cité, fait aussi menlion d'un trait emprunté
à ces Actes. Remarquons que, sans trop
qu'on devine pourquoi, il donne à la ville
des anthropophages le nom de Sinope, tan-
dis que le texte grec ne désigne aucun iw.n
de lieu, et que la scène est placée en Ethio-
pie, dans un poëme anglo-saxon qu'un éru-
dit allemand, Jacob Grimm, a publié dans
l'Introduction d'un volume intitulé : Andréas
und ^e/ene,Cassel,18-V0;nousenavons parié.
Thilo a fait usage de trois maituscrils de
la Bibliothèque impériale de Paris, a* 15aG,
viit' siècle, en lettresoncialesn'881, XI* siècle,
et n*l 555, X.V* siècle. Ce dernier est le seul qui
mentionne l'ouvrage entier ; le plus ancien
manuscrit ne donne que des fragments;
l'autre, incomplet à la fin, présente de plus
une lacune. U. Tischendorf entre, h l'égard
des différences qu'offreiil ces Codices^ dans
des détails minutieux qui ne sauraient trou-
ver place ici : il a consulté aussi un manus-
crit de la bibliothèque Saint-Marc, et un de
la Bibliothèque ambroisienne à Milan.
Actes et martyre de saint Matthieu. — C'est
une continuation des Actes de saint Pierre
et de saint Andréa édités par Woo^. et des
Actes de saint [André et de saint MatthieUy
publiés par Thilo ; aussi ces savants les
ont-ils compris dans les publications que
nous avons déjà citées : les faits sont les
mêmes que ceux qui sont relatés dans h's
Acta sanctorum, t. VI Septemb., p. 194.-227;
dans ['Histoire apostolique d'Abdias, I. vu;
dans Nicéphore, Jlist. eccles,^ 1. xi, c.
<^1, etc.
M. Tischendorf a eu recours à deux ma-
nuscrits, l'un de la Bibliothèque impériale
de Vienne, Tautre de celle de Paris (a* 881,
XI* siècle) ; ils présentent entre eux des
variantes assez sensibles, que l'éditeur a
soigneusement relevées.
Actes de saint Thomas. — Ils étaient en
grande réputation parmi les hérétiques drs
premiers siècles, et surtout parmi les mani-
chéens. Saint Epiphane en fait mention,
ainsi que Turibe, révè(|ue espagnol, dans
son Epitre à Idacius et à Ceponius, Saint
Augustin en parle à trois reprises [Deser-
mone Lfomini in monte^ l. i, c. 20; Adversus
Adamantum^ c. 17 ; Contra Faustum^ I. xxii»
c, 79}; il rapporte dans ce dernier passage
le trait de Tollicier du roi qui frappa l'apù-
Ire, et qui fut déchiré par un lion. Les récils
contenus dans ces Actes se retrouvent dans
V Histoire d'Abdias.
En 1823, Thilo publia le premier, en grec,
les Actes qui nous occupent, el s*attadia à
mettre en lumière le caractère manichéen
qui s'y trouve ; les notes savantes qu'il y
aiouta remfjiissent plus de cenl pages r il
s était servi des quatre manuscrits de la
Bibliothèque impériale de Paris (n**881,
1176, ik^ï el U68). M. Tischendorf les a
revus avec soin, el ils lui onl fourni iit^s
corrections noiuiireuses. Il a noté les va-
riantes, et il a également examiné le manus-
crit n" 1556, qui est intéressaul en ce quM
offre une rédaction qu'on s'esi etfurcé de
dégager des erreurs des hétérodoxes. Nous
157
BAI
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
BAI
138
avons traduit en entier ces Actes qui offrent,
à certains égards, plus d'intérêt que quel*
ques-unes des compositions du même
genre.
Consommation de Papôtre Thomas ('H «-
>icM€i» 6«*fu( ToO flc^ro^To^ou). — Tel est le titre
que porte ei't écrit dans le manuscrit 881, oii
il fait suite aux Actes du saint apôtre : le
manuscrit 1556 en présente une analyse
abrégée ; le fond du récit est le même aue
dans VBistoive d*Abdlas. M. Tischendori a
fait usage des. deux manuscrits que nous ve-
nons d'indiquer.
Martyre de saint Barthélémy, — Récit ana-
logue à celui d*Abdias. M. Tischendorf a
publié pour la première fois le texte grec
d'après un manuscrit de la bibliothèque
Saint-Marc (xiii* siècle), et il a placé au
bas des pages les passages des Histoires
opostoliques qui reproduisent le texte quli
édite.
Les témoignages des anciens auleers sur
rbistoire de saint Barthélémy présentent de
grandes différences. Voy, Tillemont, Mé»
moires pour servir à Vhist. eccUs.f t. I,
p. 960 et 1160, ainsi q^ie Fabricios, Coé.
iVor. Test,, i, II, p. 66§ et 686.
Actes de saint Paul et de sainte Thècle. —
Ils sont d'une haute antiquité. TertulHen
nous en fait connaître l'origine : Quodsi qui
Pauli perperam scripta leguntj exemplum
Thtclœad licenliam mulierum docendi tingen-
dique défendant^ sciant in Asia preshyterum
qui eam scripturam construxit^ quast titulo
Pauli de su o cumulans^ convictum atque con^
fessum id se amore Pauli fecisse loco deces^
sisse. (De baptismo, e. 17.J
Saint JérôéTie, De script, ecchsiast.f c. T,
rapporte la témoignage de Tertullien , et
ajoute qua ces Actes sont rejetés comme fa-
buleux, fies circoastnnces imaginées à plai*-
sir avaient été ajoutées au récit très-réal.du
inartjrre de sainte Thècle, et les Pères grecs
et latins sont unanimes pour rendra hom«
mage h celle vierge célèbre. Nous ren-
voyons aux témoignages de saint Méthodius
IConviv «îrg^., dans la Bibliotheca de Gal-
landi, t. ill, p. 742), de saint Grégoire de
Nysse (Iiom. 14 inCant,^ 1. 1, p. 676, éd. de
Paris, 1615) ; de saint Grégoire de Nazianze
{Prœcept. ad virgines, p. 59, éd. de Cologne,
1690); de saint Epiphane (hœres.78); dp saint
Chrysostome {hom. 25 m Act, apost.) ; de
saint Cyprien d'Antioche (Oratio pro marty-
ribuSf et dans la prière qu'il dit lors de son
martyre); de saint Ambroise (De virginibus^
1. n) ; de saint Augustin (Contra Faustum^
c. 30, n. 4): de saint Zenon (De virgin,^ I. i,
c. 8), et d'autres auteurs qu'il serait trop
long d'énumérer..Faj^. Baronius, Annal, ad
ann, 47, et Annotât, ad Martyrol. Romanwn
(23 mens: Sept.); Basile de Séleucie, De vita ac
miraculis D, jTieclcBj que G. Pontin publia
h Anvers en 1608, en y joignant Simeonis
Metaphrastœ de eadem martyre tractatus
singularisa K, Grabe inséra les Actes de saint
Paul et de sainte ThècU^ en grec et en latin,
dans son Spicitegium SS. Patrum (Oxford^
1698, 1. 1. p. 95-128), en faisant usage d'un
manuscrit de U bibliothèque BodIeycnne«
que Thilo déclare très -incorrect et fort cor-
rompu (negligentissime ejcaratum et textum
{)erquam depravatum); il s'y trouvait utih
acune considérable (sect. 27 à 32} que Tho-
mas Hearne combla en 1715, dans le sup-
plément aux Collectanea de Jean Leland,
t. VI, pars H, p. 67-69.
M. Tischendorf a doené le texte grec do ces
Actes, après avoir eu recours à trois manus-
crits de la bibliothèque impériale de Paris,
iC 1454, X' siècle, 520 et 1468, xi* siècle.
Une traduction latine est jointe parfois
au texte grec dans des manuscrits» comme
l'observe un des Bollandistes, le P. Stiltin^,
dans ses^Z^e Thecla commentarii historu:t
cnVtct^Junii, t. V.
ASSIMAHj MÈRE DE MOÏSE.
D'Herbelot (Bibliothèque orientale) men-
tionne un livre de conjurations magiques ,
é^^rit ea arabe i ;8t attribué à cette femme.
Cette absurde production existe dans des
manuscrits conservée dans quelques gran-
des bibliothèques,
B
BALAAM.
(Prophéties de Balaam,)
Les rabbins ont avancé bien aes laoïcs ri-
dicules, et parfois fort indécentes , au stijet
de ce faux prophète. (Voy. Bartolocci, Biblio-
theca rabbinica.)
D'après Ovigène, cité par l'auteur d^une
Chaîne $ur te Peniatenque-^ iï eut des disci^
pies auxquels il ensei^a la magie, et, dans
ses prédictions, il avait annoncé l'étof le que
DiCTiorm. DBS Apocryphes. Il
les mages viren^t plus tard, et qui ïes con-
duisit a Bethléem.
Selon les écrivains arabe.9 , Balaaui ayant
reçu ées présents pour vomir des impréca-
tions contre Moïse, en porta la peine. La
langue lui sortit de la bouche et tomba jus*
que sur sa poitrine.
4
i!;3
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
110
BARCABBAS ET BARCOPH OU PARCHOR.
[Prophéiies de Barcabbas e( Barcoph,)
Ecrits qui avaient cours parmi les snosli-
ques et les manichéens. Isidore, fils ae Ba-
silidot eu fitTobjet d'un commentaire aue
mentionne Clément d'Alexandrie. Eusèbe
en parle aussi {Hist. eecles. L it, 7), et il dit
(]ue Basilide avait supposé ces deux prophè-
tes, avec quelques autres auxquels il donnait
des noms barbares pour étonner etsnrpren-
dreje peuple. Quelques critiques pensent que
des imposteurs auraient plutôt produit de
pareils écrits sous des noms vénérés, et ils
croient que ces prétendues prophéties étaient
des livres apocrvphes ayant quelque auto-
rite parmi les Juiis.
BARDESANE.
Bardesane, Syrien, né à Edesse, et chef
d*unc des écoles gnostiques. Il composa des
hymnes, et on le regarda comme auteur de
divers écrits qui rentraient dans la catégo-
rie des apocryphes bibliaues, mais qui ne
sont point parvenus iusqu à nous. .
Les Récognitions clémentines^ I. ix, c. 19-
29, ont reproduit un fragment du dialogue
De fato de Bardesane, fragment qu*a con-
servé Eusèbe, Prœpar. evang.^ I. vi, ch. 10
(t. I, p. 289-297 de la traduction de M. Sé-
Suier de Saint-Brisson« Paris 18^6), et qui a
té inséré dans la Bibliotheca grœco^lat. vet.
Pair um de Gallandi, t. I, p. 681 , ainsi que
dans le recueil des ouvrages de Fato pu«
lilié à Zurich, en 182^, par le savant Orelli.
Il a trouvé jplace dans les Dta/o^ue^ attri-
bués à saint Gésaire, frère de saint Grégoire
de Nazianze (dialog. 11, interr. 109 et 110).
M. K. Renan a rencontré, dans un manuscrit
syriaque du Musée britannique (n* 1&6S8) ,
un extrait de ce même dialogue sous le titre
de Livre des lois des pays; il en a publié
deux passades , accompagnés d'une traduc-
tion, dans Te Journal asiatique^ h* série,
t. XIX (1852), p. 295. Cefragment ne va pas
aussi loin que celui qui est fourni par Eu-
sèbe, mais il commence.plus haut et il donne
tout le début et la mise en scène du dialo-
gue de Bardesane.
Divers auteurs se sont occupés de ce
gnostique dans leurs ouvrages : on peut con*
sulterCave, Scriptores ecclesiastici ^ t. 1^
p. 77; Dupin, BibliotMque des auteurs ecclé-
siastiques, t. I, p. S8; Tillemont, Mémoires,
t. II, p. kik et 676; Beausobre, Histoire du
manichéisme^ t. II, p, 128 ; Matter, Histoire du
Jnosticisme, 1. 1, p. 300. Fr. Struntz a publié
Wittemberg, 1710, in-fc*, une Histo-
ria Bardesanis et Bardesanistarum^ qui est
aujourd'hui bien arriérée; plus récemment,
deux érudits allemands ont envisagé Barde-
sane, l'un comme auteur d'hymnes, et Tau-
tro comme professant l'astrologie. (Foy. A.
Hahn, Baraesanes gnosticus , Syrorum pri-
mus hymnologus^ Leipsick. 1819, in-8', et
G. Kuehner, Aslronomiœ et astrologiœ in do-
ctrina gnosticorum vestigia, pars i, Bardesa-
nis gnostid numina astralia^ Hildburghau-
sen, 1833, in-<^*.
Un savant anglais , M. Cureton , a publié
en 18S5, èLoudres, d'après un des manuscrits
syriaques du Musée britannique , un dialo-
(;ue de Bardesane sur divers points de phi-
osophie
MRNABË.
Evangile de saint Barnabe.
11 est mentionné dans le décret du Pape
Xjélase et dans une liste grecque d'ouvrages
apocrvphes que Cotelier a insérée dans son
travail sur les Constitutions apostoliques. Il
ne nous en est d'ailleurs parvenu aucun
fragment. Quelques auteurs ont cru , mais
•ans preuves, que c'était saint Barnabe qui
avait traduit en grec l'Evangile que saint
Matthieu avait écrit eu hébreu. Selon plu-
sieurs écrivains grecs du Bas-Empire (Théo-
dore le Lecteur, Cédrène, etc.), et selon cer-
tains chroniqueurs du moyen Age, le corps
de saint Barnabe fut découvert dans l'Ile de
Chypre, sous le règne de l'empereur Zenon,
et une copie de l'Evangile de saint Matthieu
reposait sur la poitrine du saint.
Il 8'«st répandu un ouvrage portant aussi
le litre d'Evangile de saint Barnabe ei tout
différent de l'ancienne composition grecque.
Fabricius {Cod. apoer. Nov.Test,^ i. U^
p. 375) entre dans de longs détails au sujet
d'un manuscrit italien qui le renferme et
2ui se trouve à la bibliothèque de la Haye.
'est une production d'origine musulmane.
Les Turcs (à ce que dit une lettre de J. F.
Cramer, datée du 20 juiu 1713; opposent ce
prétendu Evangile aux quatre Evangiles ca*
noniques comme le seul véritable. Baraabév
qui se dit chargé de l'écrire, y passe pour
un apôtre ayant vécu dans la iamiliarité du
Jésus-Christ et de la sainte Vierge, mieux
instruit que saint Paul du mérite de la cir-
concision et de l'useee des viandes tolérées
ou défendues aux fidèles. On y voit que les
peines infernales des mabométans ne seront
pas éternelles. lésus-Christ n'y est appelé
simidement que prophète. Il y est dit qu*au
roomeut oi!t les Juifs se préparaient à 1 allpt
prendre au jardin des Olives, il fut enlevé
m
BAR
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
BAR
m
ta froisièine ciel par le ministère de quatre
anges, Gabriel, Michel. Raphaël et Uriel;
qu*il ne mourra qu*à la fin du mande, et que
ce fut Judas qui fut crucifié i sa place. Dieu
ayant permis que ce traître parût aux yeux
(ies Juifs tellement ressemblant à Jésus-
Cbrist qu'ils le prirent pour lui-, el^ comnie
U'\. le livrèrent à Pilaie. Celle ressembtance
était si grande qu*il n'y eut pas jusgu'à la
Vierge Marie et aux apôtres qui H*y lussent
trompés, mais Jésus obiint depuis de Dieu
la permission de venir les consîoler. Barnabe
demanda à Jésus comment la bonté divine
avait soutferi que la Mère et les disciples
(l\in Prophète si saint crussent un seul mo-
roeot qu il était'mort avec tant d*ignomiiiie.
«C'est, * répondit Jésus-Christ, « que Dieu
élaut la pureté m4me, ne peut voir dans ses
serviteurs le moindre défaut qu'il ne le châ-
tie sévèrement ; et comme, ajouta-t-il, l'aU
lachemeni pour moi un peu trop humain de
ma Mère et de mes disciples est une faute
devant lui, il a voulu les en punir par cette
douleur, pour leur sauver celle du feu de
Teafer. A mon égard, tout innocent que je
suis, sa justice néanmoins^ offensée de ce
que le peuple m'appelait Dieu et Fils de
Dieu, a ordonné, pour m*emp6cher d'être le
jouet des démons au terrible jour du juge^
meut, que je serais, en cette vie, le jouet des
hommes, lesquels, sur ce que Judas est
mort en croix sous ma ressemblance exté-
rieure, croiront fermement que c'est moi qui
ai été crucifié, et demeureront tous en cette
erreur jusqu'à oe que Mahomet, l'envoyé
de Dieu, vienne les en tirer. »
Le texte italien est assez corrompu ; il
sufiira d*en citer un court échantillon :
RUomo ta vergine chon cholai che scrive
hejachobo ht ioannt inierusakm quel giorno
ntl qualle uscUe il dechrelo del pontifice pero
Idtergine cheiemeva ce diose benechonossera
il dechrelo del pontifice iniusio
Fabricius en donne une traduction latine,
qu'à notre tour, nous ferons passer en fran-
çais:
« LaVierge(Marie)revintà Jérusalem avec
l'écrivain (Barnabe), Jacques et Jean, le jour
où avait été publié le décret du grand prôtre.
La Vierçe, qui craignait Dieu, ordonna k
ceux qui résidaient avec elle d'oublier son
Fils quoiqu'elle sût que le décret du grand
prêtre était injuste. Dieu, qui connaît ce qui
se passe dans le cœur des hommes, voyait
que nous étions pénétrés de douleur a cause
de la mort de Judas que nous regardions
comme étant Jésus, notre Maître, et que
nous éprouvions le plus vif désir de le voir
après sa résurrection. C'est pourquoi les
ailles qui gardaient la Vierge Marie, mon-
tèrent au troisième ciel où était Jésus ac*-
compagné des anges, et ils l'instruisirent de
tuui ce qui se passait. Alors Jésus demanda
à Dieu de lui donner les moj^ens de voir sa
Mère et ses disciples. Dieu plein de miséri-
corde ordonna à quatre de ses anges les plus
chéris, Gabriel, Michel, Raphaël et Uriel, de
|)orter Jésus dans la maison de sa Mère, et
de l'y^ garder peuplant trois jours consécu-
tifs* ne le laissant voir que de ceux qui
croyaient en sa doctrine. Jésus, entouré de
splendeur* vint dans la chambre où étaif
la Vierge Marie avec ses deux sœurs, ei
Marthe avec Marie Madeleine, et Lazare
avec l'écrivain (Barnabe) et Jean avec Jac-
ques et Pierre, et quand ils le virent, ih
furent saisis d'une telle frayeur qu'ils tom-
bèrent tous comme morts. Mais Jésus, rele-*
vant sa Mère et se$ disciples, dit : «r Ne crai*-
gnez rien; je suis Jésus ^ ne pleurez pas^
car je suis vivant et je ne suis point mort,
comme Vous le croyez. » Chacun resta long-
temps comme hors de soi, par suite de l'é*
tonnement de voir Jésus qu'ils croyaienf
mort? Et la Vierge dit en gémissant: « Mon
Fils, dis-moi, je te prie, pourquoi , Dieu
t'ayant donné la puissance de ressusciter
les morts, tu as souffert d'être ainsi mis à
mort, avec une grande ignominie pour tes
parents et tes amis, et beaucoup d'opprobre
pour ta doctrine, de sorte que tous ceux qui
t'aimefit sont comme frappés do stupeur el
de mort. ^ Jésus, embrassant sa Mère, dit :
« Crois moU ma Mère; j'afiirme que je n'ai
iamais été mort; Dieu m'a réservé jusqu'à
la fin de ce monde. » Ayant ainsi parle, il
demanda aux quatre anges de se laisser voir
et de rendre temoij^nage de la manière dont
toute la chose s'était passée ; les anges appa-
rurent alors comme quatre soleils éblouis*
sants, et derechef tous les assistants, saisis
de frayeur, tombèrent comme morts. Alors
Jésus donna quatre voiles aux anges afin
qu'ils se couvrissent, de façon que sa Mère
et ses disciples pussent supporter leur as-
pect et les entendre parler. Et les ayant
relevés, il les encouragea et il dit : i Ce sont
les ministres de Dieu, Gabriel qui apporte
et qui annonce les secrets divins, Michel qui
combat les ennemis de Dieu» fiaphaël qui
reçoit les âmes des trépassée, et Uriel qui,
au dernier jour, appellera tous les hommes
au jugement. » Les anges racontèrent à la
Vierge ce que Dieu leur avait commandé et
comment Judas avait été transformé afin de
subir la peine qu'il avait voulu infliger à
un autre; alors l'écrivain (Barnabe) dit ;
« O Mattre, est-ce que j'ai la permission de
t'adresser une prière, comme je l'avais Iors«>
que tu habitais parmi nous? » Et Jésus dit ;
« Demande, Barnabe, tout ce que tu vou-
dras, el je te répondrai. » Et récriyain dit :
«0 Mattre, puisque Dieu est miséricordieux,
pourquoi nousa-t-il ainsi tourmentés, ol pour*
quoi a-l-il fait que nous croyions que tu étais
mort, ta Mère te pleurant au point d'être tout
près de son trépas? Et toi, qui es le Saint
de Dieu, comment Dieu t'a-t-il laissé,exposé
à l'infamie de mourir sur le Calvaire entre
deux larrons? » Jésus répondit : «OBarnabé,
crois-moi, un péché, quoique petit, reçoit de
Dieu qu'il offense un châtiment sévère;
comme ma Mère et mes disciples m'avaient
aimé d^une affection tro{) terrestre. Dieu,
qui est jusie, a voulu punir cei amour dans
ce monde et ne pas le laisser expier par les
flammes de l'enfer. Quoique j'eusse mené
dans ce monde une vie innocente, cepeod/iQt
143
OICTlONiN4IRfi DES AROCtl¥PHHS.
là
comme tes hommes m'avaient a|>pelé Dieu
et Fils de Dieu , Dieu ne voulant que je
fusse au jour du jugement un sujet de rail-
lerie pour les démons, a voulu (]ue je fuise
en ce monde Tobjet de Tignominie des hom-
mes par la mort de Judas, tous étant persua-
dés que j*avais subi la moit sur la croix.
Et cette ignominie durera jusqu'à la mort de
Mahomet qui, lorsqu'il viendra en ce monde,
délivrera de cette erreur tous ceux qui
croient en la loi de Dieu. »
Actes et passion de saint Barnabe,
Cet écrit a été publié en ^rec, avec la tra-
duction latine du cardinal Sirkt, par les Bol-
landistes (iéc/asanc/arum, t. 11 Junii,p. ^31);
il est tiré d'un manuscrit du Vatican, et il est
attribué, bien à tort, à Jean-Marc, cousin
de Barnabe. Le P. Papebroch, Tun des
plus judicieux continuateurs de Bolland, Va
fait précéder d'une dissertation sur saint
Barnabe, sa vie, ses prédications, son apos-
tolat et son martyre. Il y a joint un fttrait
delà Vie de Tapôtrc, tiré de Mombiitius.
Baronius a porté sur ces Actes unjugcment
un peu sévère, il les réprouve nettement :
Quœdam Barnabœ Acta quœ nomine Joannis
ab aliquo nebulone scripta circumferuntur^ et
ab imperitis magno applausu excipiuntur^
muitis et apertissimis coagmeniaia mendaciis^
et sunt ea potissimum quœ Actorum apostO"
torutn historiée a Luca conscriptœ répugnant.
Voici la traduction de celte composi-
tion :
«Après Tavéneraentde notre Sauveur Jé-
sus-Christ, Pasteur miséricordieux et Mé-
decin secournble, après ce mystère saint,
digne de toute louange, et que nulle parole
ne pourrait expliquer, la foi se ré|iandit
f)armi les Chrétiens qui placèrent saintement
eur espérance, et qui furent marqués du
signe de Jésus-Christ ; jeconteniplai, et je vis
ces grands événements, et je me consacrai
avec empressement au service du Seigneur,
et je pensai qu*il était nécessaire de racon*
ter les mystères que je vis et que j'enten-
dis. Ainsi, moi Jean, qui ai suivi les apôtres
Barnabe et Paul, j'avais été auparavant au
service du prêtre Cyrille (119), mais je
participai à la grâce de TEsprit-Saint par
l'entremise de l'apôtre Pierre, de Barnabe et
de Paul, hommes dignes que Dieu les appelât
à lui, et qui me donnèrent le baptême. Après
que j'eus été arrosé de l'eau du baptême, un
liomme revêtu d'un liabit blanc se présenta à
ma vue, et me dit: «Aie bon courage, Jean; tu
changeras ton nom pour t'anpeler Marc,et la
gloire sera annoncée dans l'univers , et les
ténèbres qui s^étaient d'abord introduites
dans ton esprit en seront expulsées , et il
t'est donné rintelligence qui fera que lu
pourras comprendre les mystères de Dieu.»
t Quandje vis cela, je tremblai de tout raou
corps, et je me réfugiai aux pieds de Bar-
nabe, et je lui annonçai ce que j'avais vu»
et les mystères que j'avais entendus de cet
homme. L'auôtre Paul était absent au mo-
ment où je ils cette communication à B r-
nabé. Et alors Barnabe me dit :•« Aie soin de
ne révéler h personne cette vision , et ap-
prends que cette nuit même le Seigneur s'est
montré à moi, et m'a dit : « Aie bon courage,
tu as exposé ton ftme à la mort à cause de
mou nom, et tu as souffert d'être sé|)aré de
ta nation ; prends ce serviteur qui est auprès
de vous, car des mystères divins lui ont été
révélés. » Conserve donc en toi, mon Gis, ce
que tu as vu et ce que tu as entendu ; il
viendra un temps qui apportera Texplica-
de ces choses. »
«Après qu'il nous eut ainsi rassnrés par
ces paroles, nous restâmes bien des jours à
Jérusalem, et nuus vînmes è Antioche, d*où
nous nousrcndlmesàSéleucie, etaprèsy être
demeurés trois jours, nous nous embarquâ-
mes pourTile de Chypre. Je les accompagnai
dans leurs pérégrinations à travers l'ile en«
tiëre. Et ayant quitté Chypre, nous fuites
poussés à Perga, ville de Pampliylie où je
séjournai deux mois environ. Je voulais me
rendre vers les régions de l'Occident, mais
le Saint-Esprit ne me le permit pas. £t,
étant retourné en Chypre, j appris que les
apôtres étaient è Aniioche; jo m'y rendis»
et j'y trouvai Paul accablé par la fatigue de
ses travaux et de ses voyages. Barnabe pro-
posa à Paul d'aller ensemble & Tlle de Chy-
|)re, d'y passer l'hiver, et de se rendre en-
suite i Jérusalem |)our les iêtes; et une
grande discussion eut lieu entie eux à ccl
égard (120).
c Barnabe me pria de les suivre* moi nui
dès le commencement avais été attaché à
leur personne et qui les avais accompagnés
dans nie entière de Chypre. Paul ne goA-
lait pas l'avis de Barnabe, et disait qu'il n'é-
tait pas possible que j'allasse avec eux. Los
frères qui étaient là disaient que je devais
les suivre, puisque j'avais promis de les ac-
compagner jus<]u'aux extrémités du monde.
J^aul soutenait le contraire, et il dit è Bar-
nabe : n Si lu veux avoir avec toi Jean qui
est surnommé Marc, prends une autre route
que celle que je suivrai, car il ne viendra
pas avec nous. « Alors Barnabe réfléchit eC
dit : « Celui qui a servi la cause de l'Evan-
gile et qui a cheminé avec nous ne doit pas
être écarté des faveurs de Dieu ; ainsi , si
tu le permets, Paul, je prendrai Marc avec
moi, et me mettrai en route d'un autre cô-
té. » Alors Paul dit : « Va avec la çrâce de
Dieu, de même que nous irons assistés |mr
l'Esprit'Saint.»
« Ils fléchirent les genoux et prièrenlDieu«
(119) D*aprcs Mombritius, ce Cyrille étail prélre
df Jupiter : Nefamtissimi lemptilovit: Baïunius
regarde ceUe circonslance comme très peu vrai-
semblable. On ne trouve d*ailleurâ , parmi les
i;rands jirétres des Juifs, aucun qui ail porté le nom
«icCfrille; mais on donnerait sans doute aux asser-
tions contenues dans les écrils apocryphes une im-
portance qu'elles ne méritent pas, si roo s'eiîoi^ail
d*cclaircir et de justiOer des choses qui sont souveu*
le résultat de Terreur.
(t'iO) C'est aussi ce que rapportent les Actes ^
c. XV, 39
I4S
BAR
PART. IH.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
BAR
146
el Paul pleura el gémit, de mâmô que Bar-
nabe qui dit à Paul s « Il conr^nait qu'après
avoir exposé ensemble notre rie, nous per*
sévérassions jusqu'à la (in parmi ces hou)-
mes; puisque tu en as jugé autrement,
Paul, prié Dieu pour moi, afin qu'il toe
donne la force d'accomplir parfailement ce
Iravail, et qu'il m'accorde ensuite le repos,
car tu sais comment Je me suis dévoué à ton
service et à celui des grâces que Dieu a
Bitses en toi. Je pars pour l'île de Chypre,
et je m> rends dans le but de trouver le
luartjjre", et je sais, Paul, que je ne te re-
verrai jamais, v Et se jetant aux pieds de
l'Apôtre, il pleura amèrement. Alors Paul
dit : «i Le Seigneur m'a apparu celte nuit, et
m*a dit : « N'empêche pas Barnabe d'aller
en Cbjpre, car la puissance divine fera qu'il
)c éclairera beaucoup de personnes par les
prédications de la fni. Quant à toi, soutenu
de la grâce qui t'a été donnée, va h Jérusa-
lem, afin d'adorer Dieu dans le lieu saint,
et il l'y sera révélé en quel endroit ton mar-
tyre doit s'accomplir. » Nous nous saluâmes
ensuite mutuellement, et Barnabe me con-
duisit avec lui.
« Etant sortis de la ville des Lapithes, nous
traversâmes des montagnes, et nous vtnmes
dans un château nommé Lampadistum où
était Timon ; nous y trouvâmes Héracléon,
et nous nous reposâmes auprès de lui. Il
était de la ville de Tamarie, et il était venu
pour voir ses parents. Barnabe l'ayant re-
gardé, le reconnut pour l'avoir déjà rencon-
tré dans la ville des Ciliens, lorsau'il y
était avec Paul; ils lui avaient donne l'Es-
prit-Saint, et ils avaient changé son nom en
celui d'Héracléon; nous l'ordonnâmes évo-
que dans rtle de Chypre, et nous fondâmes
une église dans une caverne qui était au-
]irès de Taraatum , ^t nous prêchâmes la
parole de Dieu aux frères qui s'y réunirent.
«Nous franchîmes ensuite \à montagne
appelée Chionodès, c'est-à-dire, couverte de
neige, et nous vînmes à l'ancienne ville de
Pa^)hos, où nous trouvâmes un nommé Rho-
don, ministre du temple, qui, s'étant con-
▼erti à la foi de Jésus-Christ, nous avait
suivis. Nous rencontrâmes ensuite un Juif
nommé Bar-Jésu (121),qui venaitde la ville
de Paphos, ei il avait autrefois vu Barnabe
avec Paul, et il le reconnut. Il ne nous laissa
pas entrera Paphos; nous revînmes donc en
un endroit qu'on appelle Curium.
«Nous vimes de là célébrer, sur la monta-
gne qui était près de la ville, une fête exé-
crable : une foule d'hommes et de femniies
couraient dans un état de nudité. Barnabe
ayant va cela, se retourna, et exprima son
courroux, et aussitôt la portion de la mon-
tajine qui était du cdté de l'Orient s'écroula ,
et beaucoup de gens furent blessés, un grand
nombre furent tués ; les autres s*enfuirent
dans un temple d'Apollon qui était près de
là. Et une grande multitude de Juifs excités
par Bar-Jésu ne souffrit pas que nous en-
trions dans Tendroil qu'on appelle Cu-
rium. Nous passâmes la nuit sous un chéno
qui est auprès, et nous nous y reposâmes.
, « Le lendemain nous vînmes dans un châ-
teau où était Aristochius ; il avait été léj'reux,
et Paul et Barnabe l'ayant guéri à Antioche,
l'avaient ordonné évêque, et l'avaient envoyé
en Chypre Où' était son château, et où se
trouvaient beaucoup 'd'idolâtres. Nous res-
tâmes auprès de lui un jour que nous passa"
mes dnns une caverne. située sur In monta-
gne. De là nous vînmes à Amaihonte, et
nous trouvâmes une grande multitude de
gentils, d'hommes el de femmes san*? mœurs,
faisant des libations dans leur temple, en
riionneur de leur dieu. Ce Bar-Jésu s'y ren-
dit aussi, et excita les Juifs contre nous, et
ils ne voulurent pas que nous entrions dans
la ville; mais une pauvre veuve , âgée de
quatre-^ vingts ans, qui ne partageait pas les
erreurs des idolâtres, nous reçut en sa mai-
son, et nous y passâmes une heure. Quand
nous en sortîmes, Barnabe souleva la f.ous-
sière de ses pieds, maudissant ce temple où
se célébraient des cérémonies exécrables.
« Etant descendus è Laodicée, nous y trou-
mes un navire qui partait pour Tllé de
Chypre, et nous voulûmes en proGter; mais
le vent nous étant contraire, nous ne pûmes
jamais arriver où nous voulions aller. Nous
vliines à Corcetium, et restant sur le rivage,
h un endroit où il y avait une fontaine, nous
nous y reposâmes pendant une heure, et
nous ne nous montrâmes à personne, car
nul ne connaissait en cet endroit que Bar-
nabe s'était séparé de Paul. De là nous vîn-
mes dans risaurie, et ensuite dans une lie
nommée Pithiuse. Et une tempête s*étant
élevée, nous nous y arrêtâmes trois jours,
et nous fûmes reçus chez un homme nom-
mé Euphémus. Nous vînmes après dans une
ville appelée Anémevrium, et quand nous y
fûmes entrés, deux gentils nous demandè-
rent qui nous étions, et Barnabe leur ré-
pondit : « Jetez le vêtement que vous avez,
et je vous revêtirai d'habillements qui ne se
déchirent jamais, et qui restent toujours
splendides. » Ils furent fort étonnés de ce
langage, et ils nous demandaient ce que c'é-
tait que ce vêlement que nous leur donne-
rions, et Barnabe leur dit : « Si vous con-
fessez vos péchés, et si vous vous réconciliez
avec le Seigneur Jésus-Christ, vous recevrez
ce vêtement qui demeure toujours exempt
de corruption. »
« Touchés alors du Saint-Esprit, ils se je-
tèrent aux pieds de Barnabe, et ils lui di-
rent s « Père, nous le conjurons de nous don-
ner ce vêtement. » Aussitôt il les Gt descen-
dre dans la fontaine, et il les baptisa au nom
du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et ils
reconnurent qu'ils étaient revêtus do ce vê-
tement saint clont Barnabe leur avait parlé.
Ils lui offrirent leurs richesses qu'il distri-
bua aussitôt aux pauvres, et ce fut un grand
profit pour les mariniers. Lorsque nous fû-
(lil) Il en esl q^osiion dans les AcWn, c. xni» oii il est qualifié de magicien et de faux prophète;
uint Paul le frappa de céciié.
U7
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES^
fit
mes déseendus au riirage« nous les saluftmes,
et nous les instruisîmes des choses divines,
et nous priâmes pour eux, et nous les bé-
nîmes ; et l'un d*eui, nommé Ktienne, you-
lait nous suivre, mais Barnabe ne le permit
pas. Nous nous rembarquâmes ensuite, et
Dous arrivâmes dans Plie de Chypre, et nous
entrâmes dans Tendroit qu*OBi appelle Cro-
niiaciales » et nous y trouvâmes Timon et
Ariston, ministres du temple sacré, et ils
nous donnèrent Thospitalité. Timon souf-
i'rai.t d*une forte fièvre ^ nous lui imposâmes
les mains, et ayant invoqué le nom de Jésus,
il fut aussitôt guéri. Barnabe avait reçu du
bienheureux Matthieu le livre contenant
le récit des paroles et des actions du Sei-
gneur. Il posait ce livre sur tous les mala-
des, et aussitôt il les délivrait de tous leurs
uiaux, par la vertu de la grâce qui nous était
accordée. Nous allâmes ensuite à la ville des
Lapithes, et comme Ton célébrait des bac-
chanales dans le théâtre des idoles, les ha-
bitants ne voulurent pas nous laisser entrer
dans leur ville, mais nous nous reposâmes
un peu à la i)orte, et Timon étant guéri de
sa maladie, vint avec nous.
« Etant partis ae ce lieu, nous vînmes, en
traversant des déserts, dans la ville des Cy-
tiens; nous éiions accompagnés de ce Timon
dont nous avons parlé» et une grande foule
s*y livrait au tumulte.
«Nous passâmes au delà de la ville, se-
couant la poussière de nos pieds; personne
ne nous accueillit, et nous restâmes une
heure h nous reposer, non loin de la porte
de la ville, k côté d'un cours d'eau. Nous
vînmes ensuite par eau à la ville de Sala-
mine, et nous fûmes poussés vers l'endroit
qu'on appelle les Iles. Les habitants de cette
contrée étaient adonnés au culte des idoles,
et ils cé'ébraient des sacrifices en l'honneur
de leurs dieux. Nous y retrouvâmes Héra-
cléon, et nous lui apprîmes à prêcher avec
zèle l'Evangile de Jésus-Christ; nous tra-
vaillâmes à fonder des églises, et à y placer
des ministres appliqués au service divin.
Etant entrés dans la ville de Satamine, nous
«liâmes à une synagogue qui est auprès et
dont le nom est fiiblia. Et Barnabe se mit à
expliquer le livre qu*il avait reçu du bien-
heureux Matthieu et à enseigner les Juifs.
« Et deux jours après, comme il avait déjà
enseigné beaucoup de Juifs, Bar-Jésu vint,
et, rempli de colère, il réunit toute la mul-
litude des Juifs, et il chercha Barnabe afin de
ie livrer au gouverneur Hypalius. Les Juifs
se saisirent donc de l'apôtre; ils le chargè-
rent de chaînes et se proposaient de le mener
au gouverneur; mais ayant appris qu'un
nommé Jébussœus, parent de l'empereur
M22) L*an 102 de b période julienne, cortespon-
dant k Tannée 53 de Tére cliréiienne.
(IS3) Papehrdcb, après avoir inséré ces AcUh ob-
serve que Tauteur n*esi pas évidemment le di&ciple
Jean-Marc, et il ajoute : c Sicut autcm accurate
prosequliur praecipua nomina civitatum Cypri, sic
non dubiiem quin Timon, Arislon, Heracliles, Rlio**
Jon, Aristbclianus vera sini itouiina sancloruro a
pjinaba ibidem ordinalorum , quihus suus olim
^éron, étart au moment d*arriver dan^^
nie djtChypre, ils traînèrent, pendant la
nuit Barnabe hors de la svnagogue dans
la campagne, et ils le brûlèrent; de sorte
que ses os marnes furent réduits en cendre, et
prenant cette cendre, ils l'enveloppèrent dans
un linceul, qu'ils mirent dans un vase de
plomb avec l'intention de le jeter è la mer.
«Et moi Jean, surnommé Marc, ayant
trouvé dans la nuit un moment favorable;,
je vins avec Timon et avec Rhodon, et em-
portant ces précieuses reliques, nous ga-
gnâmes les montagnes, et ayant trouvé une
caverne située dans un endroit fort caché,
nous les y déposâmes avec les écrits que Ta-
pôtre avait reçus de saint Matthieu. Celait la
quatrième heure de la nuil,le second jour du
sabbat, ledix-seplièmejour du mois de payni,
selon les Egyptiens, Tan cent deux (122), et le
onzième jour de juin suivant les Romains.
« Nous restâmes cachés quelque temps en
cet endroit; mais les Juifs mirent beaucoup
de soin à nous chercher, et ayant enfin,
après s*être donné bien de la peine, réussi à
nous trouver, ils nous poursuivirent jusqu'à
un château appelé Lvdranum ; nous décou-
vrîmes auprès de ce château une autre ca-
verne où nous nous réfugiâmes, et nous
pûmes ainsi échapper à nos ennemis. Nous
restâmes cachés dans cette caverne pendant
trois jours, et lorsque les Juifs se furent re-
tirés, nous en sortîmes et nous quittâmes
cet endroit. Ayant avec nous Ariston et
Rhodon, nous vînmes au château appelé
Limnetes, et nous y trouvâmes un navire
égyptien sur lequel nous montâmes; nous fi-
mes voile pour Alexandrie, et,yéiantarrivés«
j*y séjournai, enseignant la parole de Dieu
aux frères qui s'y étaient réfugiés, les éclai-
rant et prêchant ce que les apôtres de Jésus-
Christ m'avaient enseigné lorsqu'ils me don-
nèrent le baptême au nom du Père, et du
Fils, et du Saint-Esprit, et lorsque, changeant
mon surnom, ils me donnèrent celui de
Marc en répandant sur moi l'eau baptismale,
vers laquelle j'espère que beaucoup d'hom-
mes seront amenés par la grâce de Dieu et
pour sa gloire; h lui hommage dans les siè-
cles des siècles. Amen (123). »
A la suite de ces Actes, lesBollandistesont
publié (pages kdQ-k^'i) le texte grec d*un
panégyrique de saint Rarnabé, composé par
Alexandre, moine cypriote, au ix' siècle, vi
ils y ont joint la traduction latine que Fran-
çoisZeni a faite de celte pièce. Elle n'apprend
rien de nouveau, mais elle s'écarte des Acie^
que nous venons de faire connaître sur un
point assez remarquable. D'après cet histo-
rien, les Juifs lapiclèrent Rarnabé et jetèrent
ensuite son corps dans un bûcher enOammé ;
culius fueril, lorlassis et nunc sit. Verosimile r^i
eiiam mcdia et uliima apostoli Acia in Cypro fuisse
conjuncl^, ab auclore ignorante quid inlêr'm llle mi
lialia egeril , quoniam ejus rei nuUa vigebai apuJ
C}^prios mcmoria, coin isixc scriberenlur ; necduin
rliam naïus cral supposililius DoroUieii^, un<le de
ascri)ilo illa Mcdiolancnsiuin episcopaiu atiquid
disccrenl <^ypt ii. »
149
BÂIl
FAUT. m. — LEGENDES ET FRAGlIENTS.
BAR
150
mais Dien TOutut que le corps restftt intact,
sans être nullement atteint par le feu. Marc
quitta Chypre et rejoignit) saint) Paul à
Epbèse; plus tard il devint évoque d*Alexan-
drie, et il mourut pour la foi. On voit que
le moine Alexandre signale ainsi Tévangé-
liste Marc et Jean -Marc comme ne faisant
qu*une seule personne. Il ajoute que, plus
tard, saint Barnabe apparut è l'évoque de Sa-
lamine, AnthimiuSi prélat des plus recom-
roandables par ses vertus et par sa piété ; il
lui révéla où son corps avait été enseveli ; on
le trouva, en effet, avant sur la poitrine T^-
yangile quM avait écrit de sa main et qu'il
avait reçu de saint Matthieu ; et l'on rendit k
ces Yéoérable&reliques tous les témoignages
do respect qu'elles méritaient. Ce fut au
V* siècle que ces événements se passèrent;
Uempereur Zenon fit apporter le corps du
saint dans son palais, et donna en récom-
pense , k nie de Chypre , le droit de métro-
I>ole. Cédrène et divers autres auteurs rela-
ient les mômes faits.
On peut consulter, au sujet d'une lilui^ie
qui a été attribuée k ce saint, Touvrage du
cardinal Bona : De rebu$ tUurgicis^ 1. 1,
p. 13i.
Quant è l'Epure mise sous le nom de saint
Barnabe, son authenticité a trouvé des dé-
fenseurs et des antagonistes ; nous n'avons
pas ici à discuter cette question. Elle a été
placée dans quelques recueils d'apocrvphes,
mais nous pensons qu'il vaut mieux la ran-
(;er parmi les écrits des Pères, et c'est ainsi
qu'elle figure en latin, précédée des disser-
tations de Cot^lier et de le Nourry, et ac-
compagnée de notesdans le tome I", col . 1191,
de la Patrologia grœco'laiina (MignCi 1856,
gr. in-S*).
Fabricius, Biblioih. grœca^ t. IIL, p. 173 ;
t. IV, p,827; et t. VII, p. 5 de l'édil. de
Harles ; Hoffman, Lexicon bibliograjfhicumf
1. 1, p. hâhf ont donné à Tégard de cet ou-
vrage des détails bibliograptiiques étendus
dont nous offrirons ici un résumé.
La première édition du texte grec fut don-
née par Hugues Ménard, Paris, 1645, in-V ;
Vossius la reproduisit avec ses notes dans
son édition des Epltres de saint Ignace, 1646
et 1680. J. Mader en fit l'objet d une publi-
oition spéciale, Helmstadt, 1655, in-4*. Fell
la fit paraître, en y joignant le Pasteur d'Her-
mas» Oxford , 16iB5, in-12, et Etienne le
Moyne l'inséra avec l'Epitre de saint Poly-
carpe et avec des notes étendues dans ses
Varia $acra^ Leyde, 1685, in-4*. Elle fut com-
prise aussi dans les diverses éditions des Pa-
ires aposlo/ict de Colelier, 1672, 1700 et 172^,
dans les Patrtê apostolici de Tussell, Lon-
dres, 1746 (.in-8% 5 vol.), et dans la Biblio-
theca Patrum de Gallandi (Venise , 1788,
jn-fol.)f t. I;en latin, elle figure dans la
Biblioth. max. Pa/nim,Lyon, 1677, in-f", t.I,
part. II, p. 16-22. Leçras en plaça une tra-
duction française dans son Recueil d'écrits
apocryphes, Paris, 1717, 2 vol. in-12.
Hoffmann cite dix-septauteurs quiontécrit
sur I Epttre attribuée à saint Barnabe: nous
nous bornerons à indiquer parmi les prin-
cipaux: Le Nourry, Diit. de S. Bamabœ
Epistola dans VApparatus ad biblioth. max,
Palnim, 1703, t. 1, p. 38-47; Cailleau, De
S. Bamaba ejusque ecriptis (Introductio ad
sanctorumPatrum leetionem^ 1830, 1. 1, p. 19-
24); E. Henke, Comment, de Èpistola quœBar-
nabœ tribuitur, léna, 1827, in-8% 74 p. ;
J.-C. Rordam , Comment, et authentia epi^
stolœ Bamabœ^ Hafuiœ, 1827, in-8", 100 p. ;
Fleury, Histoire ecclésiastique^ h ii, § 57,
1. 1 , p. 273-280 de l'édition de Paris, 1758.
Tillemont, Mémoires^ 1. 1, p. 408, Ceillier,
Histoire des auteurs ecclésiastiques ^ t. I,
p. 408, et même des écrivains protestants,
tels que Cave, Scriptor, eccles. hist.y X. I,
p. 18; Oudin» Comment, de script, eccles.^
t. I, p. 8 , et Lardner (Credibility ofgospeU
part. II, vol. I, p. 23-47), se sont prononcés
en faveur de l'authenticité de cet écrit.
N^oublions pas l'ouvrage du docteur C. J.
Hefele, professeur à la faculté théologique de
Tubinçue. (Tubingue, 1840, in-8% x et 267
pages.) Ce savant avait fait de cet écrit l'ob-
jet de leçons orales, et il avait^ l'année pré-
cédente, publié un premier travail sur l'in-
tégrité de celle Epître. ( Tubing. theolog.
Quartalschrift, 1839, 1, pag. 50-108.) Il s'at-
tache d'abord, dans son livre, à retracer avec
soin la biographie de l'apôîre ; ensuite, vient
la traduction de VEpitre accompagnée d'un
commentaire destiné à éclaircir le texte et à
en. faciliter l'intelligence, tant pour aplanir
les difficultés qu'il présente, qu afin de re-
dresser les interprétations erronées qu'on a
données de certains passages, et indiquer
la suite et l'ordonnance rigoureuse de I en-
semble. A ces travaux principaux se joi-
gnent des recherches sur les Chrétiens aux-
3uels s'adressait saint Barnabe, sur le but
e sa Lettre, sur l'époque de sa produc-
tion, enfin sur la forme et le style de cette
Œuvre. Le docteur Hefele se livre ensuite à
des considérations sur l'auteur et l'occasion
de celte Epltre, considérations destinées à
en prouver l'authenticité et à en démoqtrcr
l'inlégrilé.
BARTHELEMY.
(Uistoire de saint Barthélémy d'après VMistoire apostolique d*AbdiaSf\iyve nu {iih)>
CHAPITRE I". contrées qui portent le nom d'Inde (125) ;
Les historiographes disent qu'il y a trois la première est l'Inde qui touche à l'Ethio-
(tii) La Légende dorée a reproduit en partie les le Dictionnaire de% Uqendei^l\\%\\e, 1855, col. ^i.)
reciud*Âbdîai en yjoignaiil de nouvelles circonslan- (t25) Clicz les Indiens le nom d*lnde fui donné
ces fabuleuses. (Vov.l^xlrail qui en a été donné dans aux contrées les dIus diverses, on rappliqua non-
m
MCTiONfilAlU tes ilOCRYPHfiS.
mt
pie; ia tecmidB, edlo qui est aupràs du pays
des Hèdos ; la troisième, celle qui esA aux
confins du inonde; car d'un c6(é, elle a(-
(eini la région des ténèbres (126j,<le Tautre,
rOcéan. L'apôtre Barthélémy étant donc
venu dans les Indes (127), entra dans un
temple où était une' idole d'Astaroth (128),
et il se mit à y séjourner comme un étranger.
11 y avait en celte idole un démon qui pré-
tendait guérir les malades et les steugles
qu'il privait lui-même de la vue, car tous
ces hommes étant éclairés sans le Dieu
véritable, il était nécessaire qu'ils fussent
le jouet du faux dieu. Le perfide démon
trompe ainsi par ses artifli:es ceux (jui ne
connaissent pas le vrai Dieu. Il leur inflige
des souffrances, des infirmités, des dom-
mages, des [Dérils, et il donne des réponses
afin qu'ils lui offrent des sacrifices, et quand
il ôte ce c|u'il a envoyé, tous pensent qu'ils
sont guéris. Mais ce n'est point une guéri-
son, c'est une cessation de son action de
nuire. De là il advint que le bienheureux
Barthélémy séjournant en ce temple, Asta-
rotb ne put donner aucune réponse, ni as-
sister aucun de ceux qu'il avait frappés. Kl
comme le temple était rempli de malades
et qu'Astaroth ne faisait aucune réponse h
ceux qui , char]ue jour, offraient des sacri-
fices, ceux qui étaient venus de pays éloi-
gnés et ne pouvaient rien oiuenir, ni en sa-
crifiant, ni en se déchirant à leur manière,
se retirèrent dans une autre ville où Ton
adorait un autre démon (|ui avait pour nom
Beireth (129). Et, lui fai>ant des sacrifices,
ils demandèrent pourquoi leur dieu Asta-
roth ne leur donnait plus de réponses. Et
Beirelh leur répondit : « C'est parce que
notre dieu est captif et qu*il est retenu dans
des liens, n'osant ni soupirer, ni parler, de-
puis l'heure où ce Barthélémy est entré
dans son temple.)» Et ils lui dirent : « Et qui
est ce Barthélémy? » Le démon répondit :
f^ulemeat aux pays voisias du Gange, mais encore
1 la Libye, à TEgypte, à la Paribie, à i'£lhiopie, à
TArabie, à la Palesliiie.
(126) La région des ténèbres ou Textréniilé du
inonde.
(i27) Eusél)e (//»/. tecles,, v, iO), $ainl Jérôme,
Eusèbe. et d'autres disent simplement que Tapôtre
ie rendit dans Tlnde. Ptiiloslorge raconte qu'il alla
chez les Sabéens, et Sopbronius parle des Indiens
fortunés ; Nicéias ie Paphlagonien prétend qu'il ge
rendit 4ans l'Arabie Heureuse ; Sk>€ratc raconle
iiu'il alla dans l'Inde iointe à l'Ethiopie qui avait
été le ibéâire des prédications de saint Maitliieu.
(128) Josèphe parle d'un lemple eii Palestine
consacré à Àstarté • (Antiquii., lib. vi , in fin.)
Astarlé fut !e nom donné par les Grecs à la divi-
nité que les Phéniciens révéraient sous le nom
d*Astarotb. [Voy. Selden, De dit» Syrii ; Spenser,
»e legibuê Hebrœorum; Kircher, Œdipuê AgypliO"
CHS, p. 515; \an Date. De origine idolvlairiœ^
c. 2, etc.)
(129) Lisez Berith comme dans le livre des Juget^
n, ^ ; l'idole de Baai Berith est mentionnée dans
le même chapitre, vers. 40. ( Voy, lescomuieniatifurs
de la Bible sur ce passage, et Bochart, Chanaan,
1. Il, cb. n.)
iôO) Le texte porte ; Vetlitut cotobh olbo. Le
(ulbbinm était une lunique sans inunchià Les cicrcs
« C'est un ami de Dieu le Tout-Puissaat, cl
if est venu dans ce pays pour en chasser
les démons qu'adorent les Indiens. » Et ils
répondirent : « Indique-noua k quels signes
on le reconnatt afin que nous puissions le
trouver, car parmi beaucoup de milliers
d'hommes, il nous serait difficile de le dis-
tinguer. 9
CHAPITRE IL
El le démon, leur répondant, 1eurdit:c Sa
chevelure est noire et crépue, son visage est
^lanc, ses yeux grands» son nez est droit et de
moyenne grandeur, ses oreilles sont recou-
vertes par ses cheveux, sa barbe est éi>aisse
et mêlée de peu de poils blancs ; sa taille est
moyenne etne peut être appelée ni petite ni
grande.II est vêtu d'une tun)que,blanche (130)
avec une bordure de pourpre. Il porte
un manteau blanc , et une tunique ayant à
chaque coin des pierres précienses de cou*
leur pourpre. Il se sert de ces vêlements de-
puis vingt-six ans, sans qu*ils se soient ja«
mais salis. £t de même . il porte depuis
vingt-cinq ans des sandales qui ne bC sont
pas usées (131). 11 adresse ses prières h Dieu
cent fois par jour en fléchissant les genoux
et tout aulani de fois la nuil. Sa voix est
comme une trompette retentissante. Les
anges de Dieu marchent avec lui, et ne souf-
frent pas qu'il éprouve de la fatigue ou
qu'il se ressente de la faim. Il a toujours ta
même disposition d'esprit et la même ex-
pression de figure; il est à loute heure gai et
alègre. Il prévoit tontes choses, il sait toutes
choses, il parle et il comprend les langues
de toutes les nations. Il sait déjà quelles
sont les demandes que vous m'avez faites et
quelles sont les réponses que je vous ai don*
nées; les anges de Dieu raccompagnent et
ils lui révèlent toutes choses. El lorsquo
vous aurez commencé à le chercher, s'il lo
veut, il se montrera à vous; s'il ne le veut,
et les moines s'en revêtaient souvent ; Voy. A. Ru.
benius. De te vetliana^ 1. i, c. 48. Du Caoge dans
son i^lostaire cite ce passage d'une lettre du Papo
Etienne Ui à Tabbé HiUluin : c'Et vidi ante altarc
bonum pastorem D. Peirumet inagistruoi geutium,
D. Paulum, ei nota mente illos recognovi de illf»ruui
sculariis, ci 1er bealuin D. Dionysiura ad deitram
1). Pclri sublilem el longiorcm puicbra fatie, ca-
pitlis camiidis , colobio indutiini', candidis&imu
purpura clavato, p:illio toto purpureo .luro iniu»
tellalo, ei sermocînabantur inter se la*tantes. i
(131; Ceci est emprunté au Dcutéronome itiï on
lit : Ton vêtement n^a point vieitli wr tûi^ et ton pied
ne sVcl point enflé^ voilà auarante am, (i>«tii.'\ui,
4.) Je vou» ai conduite penaunt quarante an» dam le
déurt; vos vilement» ne »ont pa» tombé» dedeêâus
VOM, et ta chau»»ure n'e»t pa» tombée de de»»ui ton
pied, {Deul. xiix, 5.) La plupart des uiterprèie^
chrétiens ou juifs auribuent la conservation de^
vêlements des isracliies à un miracle. Rabbi
Jarchi dit qu*ils grandissaient sur le corps des en-
fants. Quelques savanl^ ont cru qu*il ne fallait %otr
dans ces passages qu*une de ces ligures conformes
au génie de la Langue hébraïque cl qn*ils signilialenl
que les Hébreux n*av.iient point manqué de vêle-
ments : ils avaient des troupeaux dont leurs fem-
mes flUicnl la Uinc el la lissaient.
J5S
RAR
PART. lU. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
RAR
i54
I0U8 ne pourrez pas le voir. Je vous prle^
lor9i|ue 9CXÏS l*aurez trooTé, de lui deruan-
der de ae pas venir ici, ou que les anges
qui soBt avec lui ne me fassent pas ce qu'ils
oui fait à mon collègue Astaroth. »
CHAPITRE Uk
El, étant de retour, ils se mirent è par-
courir toutes les hôtelleries où étaient des
étrangers et h regarder tes usages et les cou-
tumes de chacun, et pendant deux jours ils
cherchèrent en vain. Et il arriva qu'un
boioitie possédé du démon s'écria et dit :
•Apôtre Barthélémy, les prières me brûlent.»
Kt Tapôtre dit au démon : « Garde le si«*
lenre et sors de cet homme. » Et aussitôt cet
homme, qui depuis beaucoup d^années était
tourmente par le démou, fut délivré. £t
Polymnius, roi de cette province, avait une
tille atteinte de fulie, et il apprit la guéri-
son de ce possédé. El il i^nvoya vers Bar-
Uiélemy des hommes f>our lui dire : « Ma
elle est cruellement tourmentée, ei je te
prie de la guérir tout comme tu as guéri
lepossédé qui souffrait depuis beaucoup d'an-
nées. » Et l'apôtre se levant, se rendit vers
le roi. Et étant arrivé auprès de sa fille, il
la yit attachée avec des chaînes (132), parce
qu'elle voulait mordre tous ceux qui l'ap-
prochaient, et parce qu'elle déchirait et bri-
sait tout ce qu elle pouvait saisir, et l'apôtre
ordonna d'abord de la détacher. Et comme
les serviteurs n'osaient pas approcher, l'a-
}'ôtre leur dit : « Je tiens déjà lié le démon
qui était en elle, et vous le craignez encore?
Allez et détacheE-la; donnez-lui des véte-
meols et de la nourriture, cl demain matin
coodaisez-ia à moi. » Et ils firent ce que l'a-
pôlre avait ordonné, et depuis le démon ne
la tourmenta jamais. Le roi ayant vu ces
choses, chargea des chameaux d*or et d'ar-
genl, de pierres précieuses et de riches v6-
lemenls. £t il se mit à chercher l'apôtre,
mais il ne le retrouva plus. Et tous ces tré-
sors furent rapportés au palais du roi.
CHAPITRE IV,
Et il arriva que, lorsque la nuit fut passée
et que l'aorore d'un jour nouveau parut,
Tapùlre apparut au roi qui était dans sa
chambre, les portes fermées (\33)i et il lui
dit : « Pourquoi m'as-tu cherché toute la
jr»uraée, lu'offrant de l'or et de l'argent, des
pierres précieuses et des vêtements ? Ces
présents sont nécessaires à ceux qui cher-
clipnt les biens de la terre, mais moi, je ne
désire rien de terrestre, rien de charnel.
C'j'si pourquoi je veux le faire savoir que le
Fils de Dieu a daigné naître comme homme,
sortant du sein d'une VierjAe, et conçu
conoQie homme dans le corps d'une Vierge,
il resU le Dieu qui a fait le ciel et la terre
^ (15i) Gonune le possédé dont il est question dans
yEtaugUe de taint Marc^ ch. v, 3.
{\^)Joan. XX, 19.
ilôi) Adam est appelé le lils d'une vierge, parce
n^'il avait été fermé avec de la terre vierge. Voy
^^phe, Antiquités, lib. l, cti. !.
et la mer et tout ce qui y est contenu. Et
naissant comme homme, celui dont le com-
mencement était de Dieu le Père avant tous
les siècles, a pris sa naissance comme hom me,
en étant enfanté par une Vierge. 11 n'a ja-
mais eu de commencement et il a d^inu^
commencement è toutes les créatures visi-
bles ou invisibles. Et la Vierge ne voi'lait
connaître aucun homme et elle avait la pre-
mière fait à Dieu le vœu de conserver sa
virginité Je dis la première, parce que de-
nuls que rhomme avait été créé et depuis
le commencement du monde, nulle fonjme
n'avait fait è Dieu on vœu semblable. C'est
donc la première qui dit eu son cœur : « Sei-
gneur, je t'offre ma virginité; w ce qui n'avait
jamais été dit encore, et ce qui n'avait pas
eu d*excmples. Et tandis qu'elle était enfer-
mée dans sa chambre, l'ange Gabriel lui ap-
f»arut resplendissant comme le soleil. Et elle
ut saisie de frayeur à sa vue, mais il lui
dit : « Ne crains rien, Marie, car tu con-
cevras. » Et elle, avant déposé sa crainte,
dit : « Comment cela pourra-t-il se faire,
puisque je ne connais point d'homme?»
Et range répondit î « L Esprit-Saint vien-
dra en toi, et la vertu du Très-Haut te cou-
vrira de son ombre. »Et c'est pourquoi ce-
lui qui naîtra de toi sera appelé le Saint de
Dieu. Lorsqu'il sera né, il souffrira d'être
tenté par le diable qui a vaincu le premier
homme en lui persuadant de manger du
fruit de l'arbre auquel Dieu lui avait dé-
fendu de toucher. Et il permit au diable
d'approcher de lui ; car le diable avait dit à
Adam, c'est-à-dire au premier homme, par
la voix de la femme, fftnange,v *"{ il mangea,
et c'est pourquoi il fut expulsé du paradis et
exilé en ce monde où il engendra toute la
race humaine, et il dit de même au Sei-
gneur : « Dis à ces pierres de devenir du
pain et man^es-en pour apaiser ta faim. »
Et le Seigneur lui répondit : « L'homme
ne vit pas seulement de pain, mais de toute
parole de Dieu. » Et c'est pourquoi le diable
qui avait vaincu l'homme en le faisant man-
![er, fut vaincu par l'abstinence et la morli-
ication. Il était juste que celui qui avait
vaincu le flis d'une vierge (134) fût vaincu
par le Fils d'une Vierge. »
CHAPITRE V.
Alors le roi Polymnius dit h Vapôtre :
«t Et comment as-tu dit que cette femme d'où
naquit l'homme qui était Dieu fut la pre-
mière vierge? » Et l'apôtre répondit : « Je
rends grâces à Dieu de ce que tu m*écoutes a vec
attention. Le premier homme fut appelé Adam
-parce qu'il fut fait de terre; la terre avec
laquelle il fut fait, était vierge, car elle
n'était point souillée de sang humain et elle
ne s'était jamais ouverte pour donner la sé-
pulture 2^ un mort (135j.ll était donc juste,
(155) Terlullien, Adv. Judœot, c. 13, en donne
une autre raison : c Utiqiie terra illa virgo, non-
duin ptuviis rigala, nec imbribus fecundaia (ne<
tacta aralru), qua bomo lune pninum plasmaluf
est, ex quo nuno Cbristus secundum carnem ei
Viiginc uattis est. »
ii;5
DlCTIONNAIllE DES Ai'OCRTPIIBS.
I»
comme je . ai oit, que'celui qui avaii vaincu
1p tllsd*iine vierge fût vaincu parleFilsd^une
Vierge. £t de même que celui qui est vain-
queur d*un tyran, envoie ses compagnons
pour placer dans tous les lieux où le tyran a
des possessions» les titres du roi qui a triom»
phé.'de même cet homme Jésus-Christ qui a
vaincu le diable, nous a envoyés dans tous
les pays afin que nous chassions les minis-
tres du diable qui résident dans les temples,
et afin que nous délivrions les hommes qui
les adorent dnjoug de celui qui a été vaincu.
C'est pourquoi nous n'acceptons ni or, ni ar-
gent, mais nous les méprisons tout comme
il les a méprisés. Nous ne voulons avoir de
richesses que la où rè^zne sa seule domina-
tion, là où il n'y a ni souffrance, ni maladie,
ni tristesse, ni mort, mais où se trouvent une
félicité perpétuelle et une béatitude conti-
nuelle, et une joie sans fin, et où l'on goûte
des délices éternelles. C'est pourquoi étant
entré dans votre temple, je tiens le démon
qui donnait des réponses dans l'idole en-
chaîné par les anges de Celui qui m'a envoyé.
Si tu étais baptisé et si tu recevais la lumière,
je le ferais voir et connaître de quels maux
ti] es délivré. Car tu saurais comment tous
ceux qui sont malades et couchés dans le
temple sont guéris par l'artifice du démon
(]ui les abuse et les trompe. Le diable qui a
vaincu le premier homme, comme je l'ai dit,
))aralt avoir obtenu, par sa détestable vic-
toire, du p luvoir sur la race humaine ; et ce
pouvoir est plus grand sur certains hommes
et moindre sur d'autres, c'e>l-à-dire qu'il
est en proportion de leurs péchés. Et par ses
artifices, he diable fait gué les hommes tom-
bant dans des maladies, il leur persuade
de croire aux idoles. Et afin d*obtenir de la
puissance sur leurs Ames, il cesse alors de
leur nuire, lorsqu'ils ont dit à la pierre ou
au métal : « Tu es mon Dieu. » Mais comme
le démon qui était caché en cette statue a
été garrotté par moi, il ne peut donner aucune
réponse è ceux qui l'adorent et qui lui offrent
dus sacrifices. Et si tu veux éprouver la vé-
rité de ce que je le dis, je lui ordonnerai de
rentrer en sa statue et je lui ferai faire l'aveu
qu'il est enchaîné et qu'il ne peut plus don-
ner de réponses. » Et le roi dit à l'apôtre :
« Demain, à la première heure, les prAtres
seront prêts K lui offrir un sacrifice et je
viendrai avec eux afin d'être témoin de celte
luerveille.»
CHAPITRE VI.
Le lendemain, à la première heure du
jour, le démon se mil à crier aux sacrifica-
teurs : a Cessez, malheureux, de m'offrir des
sacrifices, de peur que.vous n'éprouviez des
souffrances idres que' les miennes, car je
suis lié i>ar (les chaînes de feu dont j'ai été
chargé par les anj^es de ce Jésus-Christ que
les Juifs ont crucifié, pensant ùu*il pouvait
être retenu par la mort. &lais il a réduit en
servitude celte mort qui est notre reine et il
a lié de chaînes de fau notre prince (136),
le mari de la mort, et le troisième joar, il
est ressuscité vainqueur de la mort et du
diable, et il a donné le signe de la croix à
ses apôtr«s qu'il a envoyés dans toutes les
parties de l'univers, et celui qui me tient
enchaîné est l'un d'eux. Je vous supplie de
le prier pour moi, afin qu'il me laisse aller
dans une autre région. » Et Barthélémy,
ayant entendu ces paroles, dit : « Confesse,
esprit très-immonde, quel est celui qui frappe
tous ces hommes qui sont ici souffrant de
diverses maladies. * Et le démon répondit:
a C'est notre prince, le diable qui, hienqu'il^
soit enchaîné, nous envoie vers les hommes
pour que nous frappions d'abord leur corps,
car nous ne pouvons avoir de puissance sur
les âmes des nommes, s'ils n'ont pas sacrifié.
Mais quand ils nous ont offert des sacrifices
pour le salut de leur corps, nous cessons de
les tourmenter, puisque nous commençons
dès lors è avoir de la puissance sur leurs
âmes. Et, en cessant de leur nuire, nous
semblons les guérir, et ils nous adorent
comme des dieux, tandis que très-assuré-
ment nous sommes des démons, ministres
de celui qui a renoncé Jésus, le Fils de la
Vierge, mis sur la croix. El depuis le jour
que son apôtre Barthélemv est venu ici, je
suis consumé par les chaînes ardentes qui
me lient et je dfis ces choses parce qu'il m'a
ordonné de parler, autrement je n'aurais pas
osé parler en sa présence, et notre prince
aurait également eu peur de lui.» Alors l'apô-
tre, s'étanl tourné vers le démon, dit:
« Pourquoi ne guéris-fu pas tous ceux qui
sont venus vers loi? » Et le démon répon-
dit : « Lorsque nous avons frappé le corps de
l'homme, ce corps reste frappé, si nous ne
frappons aussi Tâme.» Et l'apôtre, se tour-
nant vers le peuple, dit: « Voici le dieu que
vous adorez, voici celui que vous croyez ca-
pable de vous guérir. Apprenez de moi à
connaître le vrai Dieu, votre créateur, qui
habite dans les cieux ; ne mettez pas votre
croyance en des pierres vaines. Mais si vous
voulez que je prie pour vous et que tous ces
hommes reviennent à la santé, renversez
cette idole et brisez-la» et lorsque vous
aurez fait cela, je consacrerai ce temple au
saint nom de Jésus-Christ, et je vous donne-
rai h tous en ce temple le baptême de Jésus-
Christ.» Alors, par l'ordre du roi, tout le peu-
ple ai)|>orla des cordes et des poulies, mais
on ne pouvait renverser l'idole. Mais Tapô-
tre dit : « Laissez \h vos liens, » et quand on
les eut ôtés, il dit au démon qui était dans
l'idole : « Si tu veux que je ne te fasse pas
envoyer dans l'abîme, sors de cette statue et
brise-la et va dans les déserts où il n'y a ni
oiseau qui vole, ni laboureur qui laboure,
et où la voix de l'homme ne s'est jamais
fait entendre.» Et aussitôt le démon, en sor-
taiit, brisa toutes les statues des idoles, et
il fracassa n^n-seulement l'idole la plus
grande, mais encore ^toutes les images oui
(iSC) Pareille idée se irovve dans 1c ps«Mi(lo- Fabricius : i Murs ab iidcris dislliiguiiur. i y^poc*
F.vjiigile tic Nicoilèmc, rli. 20, çt cuiiimc rubsowc \i, 8; xx, 14.)
157
BAR
Part. UI.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
BAR
158
('laient placées }X>ur Fornement du temple,
de sorte qa*il n en resta pas de traee,
CHAPITRE VU
Alors tout le peuple commença h s*écrier
d'une Toix unanime :« Il n'y a qu^un Dieu
tout-poissant, celui que prêche son apôtre
Barlbélemj. » Et ensuite Paçôtre, étendant
ses mains vers le ciel, dit : « Dieu d^Abraham,
Dieu dlsaac et Dieu de Jacob , tu nous as
enTOjé pour notre rédemption ton Fils uni-
que, notre Dieu et Noire-Seigneur, afin qu'il
Tious rachetât de son sang, nous tous qui
Plions les esclaves du péché, et qu'il nous
rendit tes enfants. Et tu es ainsi reconnu
pour le vrai Dieu, parce que lu es toujours
leméffle,elque tu restes itnmnahle, un Dieu
Père non engendré, et un Fils unique, No-
ire-Seigneur Jésus -Christ, et un Esprit-
Saint, docteur et illuminaleur de nos âmes ,
qui nous a donné la puissance de guérir les
malades, de rendre la vue aux aveugles , de
puriûer les lépreux, de faire marcher les
paralytiques , de chasser les démons et do
ressusciter les morts, et il nous a dit (137) : En
téritéje vou$ le dis , tout ce que vous deman*
ieres en mon nom à mon Père,, il vous le
donnera. Je demande donc en son nom que
toute cette multitude soit guérie, afin que
tous reconnaissent que tu es le Dieu unique
[1ms le ciel, sur la terre et sur la mer, toi
qui nous accordes le salut par Jésus*Christ
N')ire- Seigneur, par lequel honneur et
gloire sont à toi. Seigneur Père, avec
i'Espril- Saint, dans les siècles des siècles
éternels. »£t quand tous eurent répondu :
Amen, Tange du Seigneur apparut resplen-
dissant comme le soleil et ayant des ailes,
tii Tolant vers les quatre coins du temple, il
lu avec son doigt le signe de la croix sur
(^es pierres, et il dit : « Voici ce qu*a dit
le Seigneur qui m'a envoyé : de même
que TOUS serez tous euéris de vos infirmités,
(te même j'ai purifié ce temple de toute
souillure et de celui qui Thabitait, auquel
fapôlrede Dieu a ordonné de se retirer dans
un désert, loin des hommes. Le Seigneur
m'a ordonné ausi^i de vous dire de ne point
craindre, et lorsque vous ferez sur voire
front ce sigu3 que j'ai tracé du doigt sur la
pierre, tous les maux fuiront loin de vous. »
Ensuiie l'ange leur montra un grand Egyp-
tien, plus noir que la suie, ayant un visa-
ge pointu avec une barbe épaisse et des
cliereux tombant jusqu'aux pieds,/ètdesyeux
éliacelanls comme un fer rouge ; des élin-
nelies sortaient de sa bouche, et une flamme
sulfureuse sortait de ses narines. Il avait des
ailes, et ses mains étaient liées derrrièrc
son dos par des chaînes de feu. Et l'ange lui
dit : K Comme tu as entendu la voix de Dieu
et que tu as puriGé ce temple de tout ce qui
)o souillait, je te laisserai, suivant la pro-
messe de l'apôtre, aller en un lieu oîi nul
liomroe ne subsiste et ne peut subsister, et
tu y demeureras jusqu'au jourdu jugement.»
El alors le démon s'envola en poussant (fune
(tr»7) Joan» XVI, Î5.
voix rauque un hurlement affreux, et on ne
le revit jamais. Et l'ange du Seigneur s'en-
olâversie cieljen présence de tout le peuple.
CHAPITRE Vlir.
Alors le roi se fit baptiser avec sa lemme
et ses deux fils, et avec toute son armée, el
avec tout le peuple qui avait été guéri, et avec
les habitants des villes voisines qui dépen-
daient de ses Etals, et ayant déposé le dia-
dème el la pourpre, il se mit à ne pas quitter
l'apôtre. Et pendant ce temps, les prêtres de
tous les temples des idoles se réunirent e(
allèrent vers Astyage, frère aîné du roi , et
ils lui dirent : n Ton frère est devenu le
disciple d*un magicien qui nous expulse de
nos temples et qui a brisé nos dieux. » Et
lorsqu'ils eurent ainsi parlé en pleurant, le
roi Astyage, rempli de colère, envoya avec
les prôlVes mille hommes armés, avec Tordre
de saisir Tapôlre partout où on le trouve-
rait et de le lui amener. Et quand cela fut
fait, Astyage lui dit : « Est-ce toi qui as osé
séduire mon frère?» Et le bienheureux Bar-
thélémy répondit : « Jen'ai point séduit ton
frère, mais je l'ai Converti. »Elleroi répliqua :
«Est-ce toi qui renverse nos' dieux? )» Et
Tapôtre dit : «v J'ai donné aux démons, qui
étaienten eux, le pouvoir de briser de vaines
idoles qu'ils habitaient, afin que tous les
hommes, abandonnant l'erreur , crussent
au Dieu tout-puissant qui réside dans les
cieux. V El le roi dit : « De même que tu as
amené mon frère à abandonner son dieu et à
croire au tien, je te ferai abandonner ton
Dieu, et croire au mien, et lui offrir des
sacrifices. » Et Tapôlre dit : « J'ai nionlré
enchaîné el lié le dieu que ton frère adorait, et
je lui ai fait briser son simulacre ; si tu peux
en faire autant à mon Dieu, tu me décideras à
sacrifier au tien ; mais si tu ne peux rien
faire à mon Dieu, je briserai tous les dieux,
et tu croiras au mien. »
CHAPITRE IX.
Tandis que l'apôtre parlait ainsi, on ari-
nonça au roi que son dieu Yualdulh était
tombé et brisé en petits morceaux. El le roi,
plein d'indignation » déchira le vêlement de
pourpre qui le couvrait, et ordonna de battre
Barthélémy de verges, el il commanda en-
suite qu'où lui tranchât la tète. El quand cela
fut connu, les nabilants des douze villes qui
avaient embrassé la foi selon les instructions
de Barthélémy, vinrent avec le roi Polym-
nius, et emportèrent son corps en chantant
des hymnes et avec beaucoup de pompe. El
le huitième jour après la sépulture du saint,
le roi Astyage fut saisi par le démon , el il
vint dans le temple, et tous 1rs prêtres fureni
possédés par des démons ; et, confessant que
Barthélémy élait l'apôtre de Dieu, ils mou-
rurent tous, el une grande frayeur s'empani
de tous les incrédules. Et tous crurent ei
furent baptisés par les prêtres que Barthé-
lémy avait ordonnés. Et il arriva que, pai
une révélation divine, au milieu de l'accla-
mation de tout le peuple, le roi Polymniui
t5lF
fut ordonné évëquc» et il commença depuis
ce temps h faire des miracles au nom de
Tapôlre» et il exerça Tépiscopat durant vflmt
ans; et ensuite, ayant accompli beaucoup de
BICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. «tO
bonnes choses, et les laissant fermes el sta-
bles, il émigra vers le Seigneur, auquel
soient honneur el gloire dans tous les siècle»
des siècles. Amen (138).
Un poète célèbre au xti* siècle, Baptiste
Mnntuan , a raconté Thistoire des apôtres
dans un ouvrago intitulé FaWorum, jeu ^a
sncris diebus^ libriXii, 11 a pris les récits
d'Atidias pour base de ses narrations. Celte
produnirm étant aujonnJMiui fort peu con-
nue et partageant Toubli dans lequel sont
ton bés les poètes latins modernes, nous
croyons pouvoir en extraire queltjucs cita*
lions. A| rès avoir fait le portrait de Va\)ù'
tre, et après avoir dit qu'il avait pénétré dans
les régions les plus reculées de l'Inde el jus-
qu'aux bords du Gange, le poëte continue
ainsi :
Tandem
Proditur a genio qui membra obsossa leiiebat,
Cujtisdaiii de plèbe liomiiiii» cui noiiiiiia Pseusto :
Mox lare depulso régis perveiiil ad aiires
Famaviri ; pop lis auleiii l*oleniicus Indis
Ri'X eral ; hic divo iialam commiiiil arerl)is
Vesaiani fuiiis lemurum phlc^elhoiuincoruniy
^«re caten lain geiiinqneagiiante rreiiieiilem.
Ui conspexii eas claaiavii aposlulus airain
lu Siyga ; itec div'nio operi gravis ainplius eslo.
Nec nioia ; cum slicpiiu discossii in aeta magna.
Cum vem nierilis vellel prolalibus ingens
Argeiilumet g« mnias primeps imlundere et auium.
Vif plus ex ocul.s bomiuum disparuit ; orlo
Sulealio forii us clausis co<>cla\ia regs
Ingredieiis \ullii sic eM affadis aperlo:
Di\iiia$, rex magne, t as non quaerimus ; istos
Me Deus ad pfipulos inisit, quo s;«n«:ia revel'm
Sarramenla quibus terras iliuminal umnes;
Multaque subjecit veniens ab origine Cbrisli
Uéque ad siiproniiim lenipus, quu régna reversas
In sua, lia ni manies fecil descendere linguas.
Anuuii bis • sacrisque comam rex abbiii undis.
Iiigrediens a:dcm lum Barplboloniaeus in alum
Cum Ûerel populo sacrum solcuine frequenli.
Ad simulacra inanum exlendil , gcniunique iaientem
Sctilpiilibns saxis in aperlum exire cocgil;
Kcce ferens formam JClbiopis cum grandibus alis,
Nydinii nés instar, crine ad «ilcanea fiiso,
Per deUibra volai, spargilque per acia llammas
Nuribus, et divi iinperio hiniulacra repente
Contriv.t prostrata solo , mox ire coactus
Ad gelidas ultra Capricornia sidéra terras.
Si quas l'une videt terras Antarcticus axis:
Nec mora, de sup^ris unus iucentior astre
Lucileri cncunnoliians, crucis undique signum
Scripsit, et cxpiilso teniplum lustravit averuo.
Astyagt^s auteni régis germanus aniaro
Fiuniniigerans odio, uivum cutcnudal alroci
Supphi 10, sed < uni nndato viscère, nonduin
Crb^urct v.ilgare fiJem populumqne ciere,
Pdstt'ia lux qu» inensiscial vicesima quinla
Abktnlil ensecaput, divumque iu sidcra misil.
Evangile de saint Barthélémy,
Il figure parmi les apocrypbcs condaoonés
par le décret du Pape Géiase. Saint Jérôme
[Prolegom. comment, in Matth,)^ et Bède
\Proet*» in Lucam) en ont fait mention. Se-
lon quelques savants, entre autres dom Cal«
met [Discours et dissertations sur lès livres
du Nouveau Testament ^ 1715, in-8% t. 1,
p. 179), il y a apparence que cft nesl anip?
chose que TËvangile hébreu desaini Mallbieu
qu'Eusèbe {Ilisl. eccles., l. v, c. 10), Ni« «-•
phore IHist. eccles,, I. iv, c. 32) et d'antres
auteurs anciens disent avoir été apfmrté par
saint Barthélémy dans l'Inde, où Panlénus
Je trouva et le porta à Alexandrie. Dan^ un
des ouvrages qui portent le nom do sainl
DenysV Avéopa^\ie(Demysticatheologia^c. I )♦
on trouve les paroles suivantes citées sous le
nom de saint Barthélémy : « La théologie est
abondante etlout à la l'ois resî^errée; TEran-
gile (le même est en même temps auiple et
concis.» Plusieurs érudits ont pensé que cette
sentence se trouvait dans rEvani;ile en ques-
tion ; d*autres ont cru qu'elle était dans unn
Epitie de i*apôtre; d'autres euûn que la tra-
dition Tavail conservée.
Nicétas de Paphla^^onie, dans son Pané^
fyriquê de saint Barthélémy, inséré dans
Aucluarium novissimum du P. CoInbéli^,
398, et l'auteur d'une Vie de saint Barthé-
lémy qu'a publiée P. Possin en grec el en
latin d.'ins son Thésaurus ascelicus , citenl
aussi cette sentence : Sic igitur divinus Bar-^
tholomœus ait et copiosam esse theologiam tt
minimam atffue Evangelium tum amplum et
magnum tune rarius concisum, {Voy. la nide
de D. Gurdérius sur ce passaj^e, dans s«»n
édition des OEuvres de saint Denys l'Aréo-
pagite^ note reproduite t. I, col. I2')2de la
Ptttrologia grœco'latina Mienne, 1856, gr.
in-8--
Bévélation de saint Barthélémy.
Tel est le titre qu'on peut donner- à un
fragment en parchemin conservé à la bildio-
thèque impériale parmi d'autres débris de la
littérature copte; il faisait partie d un ou-
vrage aujourd'hui perdu el dont il ne reste
que ces deux feuillets. Leur écriture rap-
pelle le viii* ou le i\* siècle. Dn orienlali^te
des plus dislin^^ués, M. Edouard Dulaurier,
a publié, en 1835, ce texte curieux avec une
Iraductiou française. Il y a j(dal quelques
autres fragments.
« Séraphins du Père, accourez, réjouissez-
vous du pardon qu'Adam a obtenu, car il
sera rendu à son état primitif. Alors le Père
ordonna à Michel d'amener Adam el sa fem-
me Eve qui sont ses enfants, el de les faire
comparaître en présence de Dieu. Crojez-
raoi, 6 mes frères les a|>dtres, croyez Bar-
thélémy, et sachez que je n'ai vu d» <na
vie l'image d'un homme semblable à l'image
d'Adam, si ce n'est celle du Sauveur, lue
parure de perles le couvrait, des rayons lu-
mineux s'élançaient de son visage («areils à
ceux du soleil levant , des caractères écrits
et éclatants étaient empreints sur son front,
des caractères qu'aucun œil mortel n'aurait
(138) Ou retrouvera dans la Légende dorée de abrèges cl décolorés. ( Voy. le Dieiionnaire des U
lacqiies de Voragine ks récits d'Abdias , mais tjendn du ehritiianisme, Migne, 18ô5, col. iSf.)
m
a\R
PART, m.— LEGENDES ET rUAGMENtS.
BAR
463
fiu lire; on y distinguait le nom du Père, du
'ils et do Saint-Esprit. Eve à son tour bril-
lait de tous les ornements de TEsprît-Saint.
Des vierges, purs esprits, chantaient avec
elle, l'appelant Zoé (la vie), la mère de tous
ks vivants. Alors te Père hon, prenant la pa-
role, dit à Adam : « Puisque tu as trans-
gressé mesordres, puist]uetu n*as point gardé
mes préceptes, mon Fits est allé te précéder
pour opérer ta rédemption, et c'est Marie qui
lui a dODBé le jour. Eve aura comme elle le
liire de Mère dans mon royaume. » Le Sau-
veur s*adressant à Michel lui dit : ^ llassem-
bie (ous les anges que renferment les deux;
qu'ils viennent m'adorer en ce jour, carj*ai
ohtenu la réconciliation de celui oui est
mon image. »;Dès qu'Adam eut aopris le bien-
fait immense qui lui avait été accordé, la joie
s'eQif)ara |dK son cœur, il tressaillit d'allé-
gresse et adressa ses hommages à la Divinité
en cestermes:^ Accourez, ô troupes célestes!
n|"uissez-vous avec moi , car njon Créateur
o/a pardonné mes péchés. » Les chœurs des
engess*écrièrent : « Jésus, Fils du Dieu vi-
Tant, ta miséricorde s'est étendue sur Adam,
tacnature. » Alors arrivèrent tous les justes,
Abraham, l'ami de Dieu ; Isaac que le péché
ne souilla |>oint; Jai ob le saint ; Job, si grand
par sa patience, et Moïse, le premier des pro-
phètes, ainsi que tous les hommes de bien
<|ui n'ont jamais cessé d'accomplir les vo-
lontés divines. Et moi, Barthélémy, j'ai passé
plusieurs jours sans manger et sans boire, la
s{»lenJi'ur du spectacle qui s'offrait à mes
regards suffisant pour ma nourriture. 0 mes
frères les apôtres,' vous à qui j*8i raconté
toutes les visions dont j'ai été le témoin, par-
l4^ez ma joie et la grAce que Dieu a faite à
Adam et à ses lils. Tous (les a|)ôlres) lui ré-
|>^jnilirent : « Tn'»s-bien, notre frère chéri;
on t*appellera Barthélémy Tapôlre , relui à
qui le^ mystères de Dieu ont été révélés. »
Barthélémy leur dit : a Pardonnez-moi, mes
frères, je suis le dernier d'entre vous, et la
[>auTreié règne dans ma maison. Lorsque
Tces concitoyens me verront, ils s'écrieront :
« N'est-ce pas là Barthélémy le cultivateur?
N'est-ce pas lui qui habite la ferme d'Hiero^
cales, le chef de notre ville, et qui va ven-
dre des légumes au marché? Où a-t-il donc
ris la nouvelle grandeur dont il sa pare?
) n'était brait auparavant que de sa misère,
et aujourd'hui il fait des miracles divins.
Dans le temps que le Sauveur nouscoudui-
fit sor la montagne des Oliviers, il nous
f,
entretint dans une langue qui nous était in«
connue et dont il nous a découvert depuis
l'inielligence, en disant : Anelharath. En
ce moment, les cieux s'ouvrirent de pari
en part, ses vêlements devinrent éclatants
comme la neige, et le Sauveur s'éleva datis
les cieux à nos regards surpris. Se proster-
nant devant son Père bon, il lui dit : « 0
mon Père, prends pitié de mes frères les a|)ô-
tres; accorde-Ie<ir une bénéiiclion qui n ait
f)oint de un. » Alors le Père, de co'ncerlavec
eFits et le Saint-Esprit, étendit sa main sur
la tôle de Pierre ; il le consacra achevèque de
l'univers, et le bénit en lui disant : «Tu se^
ras le chef et le prince de mon royaume; tu
le seras aussi du monde entier; car moi,
mon Fils et le Saint-Esprit nous t'avons im-
posé les mains » 11 bénit ainsi André :
"1 Tu seras l'étoile lumineuse de la Jérusalem
céleste; et toi, Jacques, dans toutes les villes
et les villages où lu iras, tu me verras, ainsi
que mon Fils, avant que d'y entrer. Jean,
mon bien-aimé et le bien-aiu)é de mon Fils
lu seras béni dans mon royaume. Toi, Phi-
lippe, dans toutes les villes 1 1 les bourgs «{ui
te recevront dans leur sein, la croix de mon
Fils marchera devant loi jusqu'à ce qu'on
ajoute foi à la missiou.Toi, Matthieu, ton pou**
voir s'élèvera si haut, que ton ombre pourra
ressusciter les morts. Jacques, Qls d'Àlphée,
toute la puissance du diable ne prévaudra
ni contre ton corps ni contre tes prédica-
tions dans aucun lieu du monJe; celui à
aui lu t'attacheras ne sera pas séparé de toi
e réternilé. Simon Zéloles, aucun des lieux
où tu auras annoncé la parole de mon Fils,
ne pourra être envahi par une puissance en-
nemie. El loi, bieniieureux Mathias, ta re-
nommée sera l'œuvredu monde, parce que tu
étais riche suivant ce monde, et que tu as tout
abandonné pour me suivre. » Les légions cé-
lestes ayant entendu les béné^iictions que la
Père avait départies à chacun des apôlres, s'é-
crièrent à la fois, Amenl Et maintenant,
vous^ mes frères, les apôtres, pardonnez à
Barihélemy. » Alors les apôtres, se levant,
l'embrassèrent. Après avoir prononcé ces«
paroles, ils allèrent offrir te sacrifice. La
sainte Vierge se trouvait auprès d'eux en ca
momenL Dès que Jésus leur eut dit : « Venez
en Galilée, c'est là où je vous donnerai ma
liaix, «dès qu'ils eurent pris du corps et da
sang du Fils de Dieu, l'odeur suave de leur
sacrifice s'éleva jusqu'au septième ciel. »
BARUGH.
Elle s'est conservée chez les Syriens et elle
1 été insérée dans les Polyglottes de Paris et
ie I/)ndre$; Fabricius Ta placée en latin dans
»on Codex pseudepigraphus Vel. Teslamenti^
^. 11, p. ikl, Huet, dans sa Dtmonstratio evan-
gclicGy remarque fort bien que la supposi-
tion de cet écrit ne saurait faire Tobjet du
moindre doute. 11 a dû être composé à l'é-
poque des Machabées. (Voir Eichhorn, Ein-
( EpUre de Barueh. )
leilung in die apocryphen Schriften rfer
Allen TeitamentSy Leipsick, 1795, in-8*; De
Weite, Enleilung in das Allen TesLamenl
p. 402.)
CHAPITRE PREMIER.
« Voici les discours que Baruch, fils de
Neria , envoya aux neuf tribus et demie qui
étaient au delà du fleuve de TEuphratC; et ils
165
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
164
se trouvent écrits dans cette lettre. Barucli,
fils de Neria, s'exprime ainsi ; Aux frères cap-
tifs paix et miséricorde. Je me souviens, mes
frères, de l'attachement de Celui qui nous
créa et qui nous a aimés et ne nous a ja-
mais haïs, quoiqu'il nous ait chAtiés, et je
sais que nous avons été, nous qui formons
les douze tribus, réunis tous par un seul et
môme lien, comme étant engendrés d^un
seul et même Père ; c'est pourquoi je me
suis attaché h vous laisser les paroles de celte
Epltre avant de mourir, afin que vous
éprouviez quelque consolation dans Ks
maux que vous souffrez, ei pour que vous
vous affligiez des malheurs qui sont sur-
venus h vos frères, et pour que vous recon-
naissiez aussi la justice du jugement de Celui
qui a porté contre vous la sentence de la
captivité (car ce que vous avez souffert est
moindre que ce que vous avez fait}, afin
qu'aux derniers temps vousso^ez trouvés di-
gnes de vos ancêtres. Si vous êtes dans ces
sentiments, vous souffrez maintenant pour
votre bien, et vous ne serez pas condamnés
au jugement suprême, vous no serez point li-
vrés aux supplices, mais vous recevrez l'es-
pérance éternelle, et surtout si vous 6tez de
votre cœur cette vaine erreur à cause de la-
quelle vous avez changé de pays. Si vous
agissez ainsi, Celui qui en tout temps a pro-
mis à ceux qui étaient supérieurs à nous de
ne jamais nous oublier et de ne point nous
al)andonner, se souviendra de nous, et dans
sa grande clémence il réunira derechef
ceux qui sont dispersés. Ainsi, mes frères ,
il faut d'abord quo vous sachiez ce qui est
arrivé à Sion , lorsque Nabuchodonosor ,
roi de Babylone, s'est élevé contre nous.
(Car comme nous avons péché contre Ce-
lui qui nous a faits, et que nous n'avons
pas observé les précei)tes qu*il nous avait
donnés, il nous est arrivé ce qui vous est
arrivé, et notre malheur amène sur nous des
souffrances bien plus grandes que les vô-
tres.) Je vous fais savoir, mes frères, que
lorsque les ennemis eurent assiégé notre
ville, le Très-Haut envoya des anges qui
détruisirent les remparts les plus forts et
renversèrent les barrières de fer que rien
ne semblait pouvoir briser. Mais ils cachè-
rent les vases sacrés du sanctuaire, atin
qu'ils ne fussent pas saisis par les enne-
mis, et lorsqu'ils l'eurent fait, ils livrèrent
aux ennemis les murailles déjà renversées,
le temple saccagé, l'éditice livré aux flam-
mes et le peuple vaincu qui fut ainsi livré
pour que les ennemis ne se glorifiassent pas
disant : « nous possédons une telle puissance
que nous avons détruit par la guerre la
maison du Très-Haut. » Ils conduisirent à
Babylone et ils y placèrent vos frères en-
chaînés, et nous y sommes restés en petit
nombre. C'est la douleur au sujet de laquelle
je vous écris, car je sais parfaitement que
l'habitation de Sion nous apportait une
grande consolation. Plus vous étiez assurés
au'elle était heureuse, plus a été grande la
ouleur dont vous avez été affectés lorsque
vous vous en êtes éloignc^s. Mais écoutez
ma parole et qu'elle vous serve ae consola-
tion. Tandis que je pleurais sur Sion et -{ue
j'im[)lorais la miséricorde du Très-Haut et
que je disais: « Jusques à quand dureront
ces maux que le Très-Puissant a fait tom*
ber sur nous selon sa miséricorde et que le
Très-Haut nous inflige suivant la grandeur
de sa clémence, et combien de temps en
supporterons-nous le poids? » voici que le
Seigneur m'a révélé sa parole pour que je
sois consolé, et il m'a montré des visions
pour que je ne me livre plus à la douleur ;
il tu 'a fait connaître le secret des temps et
il m'a indiqué Tavénement des moments.
C'est pourquoi, mes .frères, je vous écris
afin que vous soyez consolés de la multi-
tude de ^otre tristesse. - Vous savez que
nous nous vengerons un jour de nos enne-
mis, leur faisant ce qu'ils nous ont fait, et
le moment est proche où le Très-Haut met-
tra fin à nos malheurs et où il fera verser sur
nous sa miséricorde, et le terme de son ju-
gement n'est pas bien loin. Nous voyons les
grandeurs de la prospérité des nationsiufidè*
les, quoiqu'elles agissent d'une façon impie;
mais elles sont semblables k une vapeur.
Nous voyons la multitude de leurs richesses
(|uoiqu'elles se conduisent d*une manière
inique, mais elles sont comme des gouttes
d'eau. Nous voyons la solidité de leur puis-
sance, quoiqu'elles résistent à tout moment
au Très-Haut, mais elles n'auront pas plus de
valeur qu'un coachat. Nous contemplons la
fumée. Nous portons notre attention sur la
splendeur de leur vie,quoiquelles se condui-
sent d'une manière honteuse, mais elles se tlé*
triront comme de l'herbe aride. Nous consi-
dérons la barbarie de leur cruauté, tandis
qu'elles ne songent jamais k leur fin, mais
elles tomberont comme retombent des va,^ues
soulevées. Nous roulons dans notre esprit la
magnificence do leur pouvoir, quoiqu'elles
refusent de confesser là gloire de Celui qui
donne la puissance, mais elles passeront
comme des nuées que le vent emporte. Car
le Très-Haut accélérera très-rapidement ses
temps, et il amènera les moments qu'il a
fixés, et il jugera ceux qui sont dans son
univers, il examinera toutes choses dans la
vérité, scrutant les actions cachées de cha-
cun, et il pénétrera exactement dans les
pensées intimes, et dans tout co qui est le
plus celé dans l'homme, et il le manifestera
ouvertement devant tous les hommes. C'e>t
pourquoi n'appliquez pas votre es}irit à
rien de ce qui est présent, mais prenons pa-
tience, parce que ce qui nous est pruui:>
arrivera. Ne nous arrêtons pas au speciai U^
des voluptés des nations étrangères, uiais
souvenons-nous des biens qui nous ont été
finalement promis». Car les temps et les Age»
passeront avec tontes les choses qu'ils con-
tiennent, mais à la fin des siècles, le Souve-
rain du monde montrera sa grande puib-
sauce, lorsque toutes choses viendront au
ju;^emenl. Préparez donc vos ca?urs :»our ce
465
BAK
>ART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
BAR
166
que voas croyez déjà et riélachez-vous de ce
siècle; vous êtes captifs ici, mais vos en-
nemis seront tourmentés là-bas.
CHAPITRE II.
« iDans ce qui est maintenant le présent,
ou dans ce qui est passé» ou dans ce qui
doit advenir, ni le mal est absolument mal,
ni le bien est parfaitement bien. De môme
que toute la santé présente se tourne en
maladie, toute la force présente se change en
impuissance, toute la sécurité présente se
change en anxiété, toute la vigueur de la
jeunesse se change en vieillesse et en tré-
pas, toute beauté présente change, se flé-
trit et disparaît, toute puissance superbe se
change en abjection et eu confusion, toute
splendeur et magniticence présente se change
en ruine; toute volupté et toute allégresse
présente se change en ver et en corruption ;
toute rumeur de gloire présente se change
en poussière et en silence ; toute possession
de richesses se réduit à la seule fosse, toutes
les rapines de l'avidilé se changent en une
mort luneste; toute concupiscence de la pas-
sion se change en une condamnation et en
supplice; toute fraude etrusese changent en
un reproche de la vérité; toute douceur des
plaisirs présents se change en jugement et
en condamnation, tout amour de la faus-
seté se change eu opprobre par la vérité.
Quand toutes ces choses se produisent en
ce monde, quelqu'un pens^l-il qu'elles ne
doivent pas être châtiées? Toutes choses
doivent arriver selon la vérité. Je vous ai
instruits à ce sujet, je vous ai dit à quelles
vertus vous deviez vous attacher ; car le Très-
Puissant m'a commandé de vous exhorter et
de vous avertir de son jugement, avant que
je ue meure. Souvenez-vous que Moïse a
dit: < Si vous violez la Loi, vous serez dis-
4>ersés ; si vous Tobservez, vous serez les
souverains. » Mais il vous a donné des pré-
ceptes que vous avez après sa mort rejelés
loin de vous, lorsque vous étiez encore douze
tribus dans le désert; c'est pourquoi ce qui
vous avait été prédit est arrivé. Car Moïse
vousavait annoncé, avant qu'elles n'arrivas-
sent, les choses que vous avez souffertes,
parce que vous avez abandonné la Loi. Et
voici ce que je vous dis après que ces cho-
ses sont survenues : Si vous aviez observé
ce qui vous a été commandé, vous auriez
reçu du Tout-Puissant tout ce qui avait été
réservé et préparé pour tous. Que celte Let-
tre soit entre vous et moi un témoignage
que vous vous souviendrez des commande-
ments du Tout-Puissant, aGn que j'aie ma
justification devant Celui qui m'a envoyé.
Souvenez-vous de la Loi de Sion, de la terre
sainte et de vos frères, et du pacte de vos
ancêtres, et n'oubliez pas les fêtes et les sab-
tjats. Transmettez celte Lettre à vos fils après
vous avec la tradition de la Loi, de même que
vos pères vous l'ont transmise. Priez avec
ferveur en tout temps, et adressez-vous au
Seigneur de toute votre Ame, afin que le
Tout-Pui55ani mette sa complaisance en
vous et qu'il ne vous impute pas la multi-
tude de vos péchéSj car, s'il ne nous juge
pas selon l'abondance de ses miséricordes,
malheur à nous tous. Il faut que vous sachiez
en outre que dans les temps anciens, nos an-
cêtres avaient des soutiens, c'est-à-dire des '
justes et des prophètes, qui, lorsque nous
étions dans notre terre, nous assistaient
lorsque nous péchions, et priaient pour nous
Celui qui nous a créés, et le Tout-Puissant
entendait leur prière et avait pitié de nous.
Maintenant les justes ont été enlevés et les
prophètes ont succombé ; nous sommes sor-
tis de noire terre, etSion nous a été ôtée, et
il ue nous reste rien, si ce n'est le Tout-Puis-
sant et sa Loi. Si nous dirigeons et si nous
disposons nos cœurs, nous recouvrerons
tout ce que nous avons perdu, et nous aurons
même beaucoup plus et en bien plus gran-
des quantités, car les choses que nous avons
perdues étaient sujettes à la corruption, et
celles que nous recevrons .«^ont incorrupti-
bles. C est de cette manière que j*ai écrit à
nos frères àBabylone et je le leur répète
encore. Que tout ce qui a été dit ci-dessus
soit toujours devant vos yeux, parce que
nous sommes toujours animés de Tesprit et
dans la puissance de notre liberlé. Le Très*
Haut agit à notre égard avec une patience
extrêtae ; il nous fait savoir les choses qui
doivent s'accomplir, et il ne nous cache pas
celles qui sont dans l'avenir. Avant que le
Juge n^eiige ce qui est à lui et que la vérité
ne demande ce qui lui est dû, préparons noire
esprit afm de recevoir, et de ne pas être sai-
sis, aQnde triompher, et afin de ne pas être
jetés dans la confusion, afin de reposer avec
nos pères, el afin de ne pas êlro tourmenlés
avec nos ennemis. La jeunesse du 'momlo
passe et la vigueur des créatures finit, et la
durée des temps est très-courte ; le vase est
près du puits, le navire du port et la vie de
son terme. Préparez-vous donc afin de vous
reposer après avoir navigué et après être
descendus du navire, non pour vous reposer
lorsque vous êtes en roule. Car voici que
lorsque le Seigneur aura accompli toutes ces
choses, il n'y aura plusde lieu pour la péni-
tence, ni de terme aux temps, ni de durée
nouvelle pour les moments, ni de change-
ment de voies, ni de lieu pour les prières,
ni d'émission de supplications, ni moyeu
d'acquérir la science, ni d'expiation pour la
faute, ni de supplicalions de parents, ni
d'oraison de prophètes, ni de secours des jus-
tes. Mais il y aura la sentence de la corrup-
tion, le chemin conduisant au feu et la roule
menant à la géhenne. C'est pourquoi il n'y a
qu'une loi el un siècle, el tous ceux qui sont
en lui, auront une fin, et le Seigneur sau-
vera ceux dont il pourra avoir compassion,
et il perdra ceux qui seront enveloppés dans
leurs péchés. Lorsque vous recevrez ma Let-
tre, lisez-la donc soigneusement en vos as-
semblées et méditez-la, surtout aux jours do
vos jeûnes, et souvenez-vous de moi par
cette Lettre, de même que par elle je me
souviens de vous. »
Cette Epltre attribuée à Baruch n a d'ail-
leurs rien de commun avec le Livre de Ba^
167
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
lea
ruch écrit par hii ^noslique des premiers
siècles nommé Josiin et que nous connais-
sons fiffr la mention qui en estfaitedans le cin*
quiètne livre des Pkih$opkumena , publiés
par M. Miller et dont lorigine a donné lieu
a de vives controverses. D*après le récit fruit
dt l'imagination de Justin, Elohim envoya
Baruch à Jésus qui élail le fils de Joseph rt
de Marte et qui, a Tâge de douze ans, gardait
les troupeaux; il lai apporta le message du
vrai Dieu et Tencourageaà Tannoncerfiarmi
les hommes. Jésus dit : « Seigneuri je le fe*
raiy » maïs le serpent irrité le fil périr sur
croix*
BASILIDE.
Né en Syrie, cel hérésiarque, chef d'une
des écoles du gnosticisme, élait originaire
df la Perse. On a fort peu de détails sur sa
vie ; il séjourna à Alexandrie, où il se trou*
vaicde Tan 130 à 135 de notre ère. Il avait
composé un Evangile à Tégard duquel nous
manquons de renseignements précis. On lit
dans Origène (homil. 1 in Luc.) : Ausum fait
«I Basilides 3cr ibère evangelium , et suo iliud
nomini titulart. Saint Jérômo ( Prœfat. in
Ualth.) rindique aussi parmi les évangiles
des hérétiques; saint Ambroise en fait au-
tant.
Origène en dit encore un mot dans son
tractât. 26 in Matthœum^ en parlant de Tem^
ploi qui est fait de livres sans nulle auto-
rité : Ûiunttir quibusdam fictis Hypythiani
[Cerinthiani ?\, aliis auêem qui sunt BasHi-'
dis. Eusèbe {Uist, eccUs^, , U iv, c. 7) en a
parlé un peu plus longuement, mais sans
offrir touterois à la critique moderne ces
données positives quelle recherche avec
empressement (139). £t, de fait, on ignore
si Sasilide avait rédigé un nouvel Evangile*
ou s'il s'uiait contenté de commenter soit
i Evangile do saint Matthieu, ou quelque
autre des Evangiles canoniques; peut-èlre
avait-il écrit sur l'ensemble de l'histoire
évangélique.
11 prétendait que son enseignement élait
la véritable et primitive doctrine des Chré-
tiens, telle qu'il Tavait reçue de Glaucius,
interprète de saint Pierre ; il citait aussi
saint Paul , mais il lu mettait au - dessous
de saint Pierre, et à la prétMtfue tradi»
tion de (ilaucius il joigmdt les opinions
contenues rians^Ja»' soi-disant prophéties
de Cham et de Barchor.
Afin d'expliquer sa doctrine et de mon-
trer dans quel sens i! fallait entendre Ici
Evangiles, Basilide composa vingt -quatre
livres d'interprétations, dont il ne reste que
quelques fragments épars dans les Stromate$
de Clément cTAlexandrie, et queGrabe (5pi-
cikgium), et Massuet (dans son Edition de
saint Irénéê) ont recueillis. L*exposé des
doctrines de ce «gnostique serait étranger à
notre sujet; il se trouve dans Touvragedo
M. Matter, t. I", p. W2-433.
On peut aussi consultera cet égard Cave,
Hiêt. liiter. script, eccles.^ t. 1**, p. W; Til-
lemont, Mémoires, t. H , p, 43, 219; Beau-
sobre, Histoire du manichéismt , t. Il , p. 5 ;
Walch , \Historie der Ketzereytn , t. I , p.
287 ; Neander, Entwirklung der vomehmsttn
gnostischen 5y5Éimc(Berlin, 1818), p. 28-9-2;
Baur, Die chnslUche Gnosis (Tubingcn,i83o\
p, 219; Guericke, Kirchenaeschichte ^ t. I",
p. 136; Pluquet, Dict. des hérésies^ etc.
Doux passages cités par Clément d'Aiexsn-
drie {Stromates, I. ni) et par saint Entphane
(harcs. 24, n. 5), comme se trouvant aans Ba-
silide, sont de fait des citatious peu alté-
rées de saint Matthieu (c. xix, 11 ; vu, 6).
Neander , dans son ouvrage sur les èyf-
tèmss gnostiques^ p-84, pense que TEvan-
fple de Basilide élait celui des Hébreux ,
es sectes juives en Syrie en faisait usage.
BEN-SIRA.
( Adages de Ben -5tra. )
Ben-Sira passe pour avoir été le petit-fils
de Jérémie; on manque d'ailleurs de rensei-
gnements sur son compte ; les proverbes ou
sentences qu'il a recueillis se retrouvent
en grande partie dans le Talmud, et, (]uoi-
qu on ne les ait Jamais rangés parmi les
ouvrages canoniques, la réputation dont ils
jouissaient doit leur faire trouver une place
dans notre recueil. Un érudit hollandais,
Drusius, donna une édition de ces adages
sous le titre suivant : Proverbia Ben Sirœ
auctoris antiquissimi, opéra /. Drusii in
(139) cBasilîdem vero praHextu arcanieris ëoctriiiae
(ftigiiiiicailrenxus), in immensuni leteiidisse menlis
itiipi<ecngiiaUiin,uumprodtgiotta fabulariioi figmeiita
sibimct coiiiminiscereiur... Pervenil ad nos liber
celeberrimi scripioris id umporls Agrippx Castoris,
roiifutalioi)ciu Basilidls vatidissiuiuiii conlirieiis in
qua boroinis pra*^tigix ac fiaudcs dctoguiitur.
latinam tinguam conversa sckotiisque ilh-
strataj Franeckerœ^ /Egidius Ruderus^ 1597,
in-V.
M. G. Duplessis, dans sa Bibliographie
paremiologique^ Paris, 1847, p. 39, signale
cet ouvrage comme digne de l'attention des
érndits et iïe% curieur. Il existe une traduc-
tion française de ces proverhes, mise au
jour au XVI* siècle: mais elle est devenue
d'une rareté telle, que les recherches les
plus actives n*ont pu réussir à nous en faire
rencontrer un exemplaire. En voici le titre :
Duinqne cuncta ejas arcana prorert In locem, xiit
libres in Evangelium al> iUo eonscriptos esse^memo-
rai, ipsumque sibi propheias conGiiiisse Barcal>uia
Cl Barcopb, aliosquenonnullosquiuttitquainextiiits-
sent , iisf|uc barbara quxdam Domina taiptfsaiftbt*,
ad percellendos conim aiiimot qui biiiusinodi rcrwa
'admiralione cipiiitiliir. i
169
BEN
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
BEN
170
Lt9 Sentences de Ben^Sira, neveu de Jéré-
min le prophète^ traduites de chaldée en fran"
çais, et commentées par Barthélémy Du Poii,
Gascon Auxitain , Angers^ René Piqucnol ,
1569, in-16.
Nous allons, d*après Drusius, faire con-
natlre les plus remarquables de ces prover-
bes, dont la conctsion n'échappera pas au
lecteur; nous y joindrons quelques explica-
tions nécessaires.
« Ronge Tos qui est tombé en ta bouche. »
Cette image peu gracieuse assimile
rhomrae h un chien affamé ; le commentateur
hébreu l'applique à un homme qui doit gar-
der sa femmelorsmème qu'il aurait sujet de
s'en plaindre, et ne pas la répudier; car cette
faculté,quoiqueauloriséepar la loi> était vue
de mauvais oail.Cetannotateur ajoute: « Ce*
lui qui a une femme méchante , et qui ne la
renvoie pas, fait bien, car il ne vient pas au
jugement. S'il la renvoie, il fait mal, car
aprèse!le,pas une heure ne lui sourit. (C'e^N
à'dire^ il n'est pas heureux dans un autre ma^
riage.) Le monde se couvre de ténèbres
pour lui lorsqu'il la répudie. {Cest-àrdire^ il
tombe dans diverses calamités,)
« Ne livre pas ton cœur au chagrin, car le
cba^rio tue beaucoup de persounes. »
La première partie de cette sentence se
retrouve dans l Ecclésiastique^ xxxviii, 21 :
Ne dederis in tristitia cor tuum , sed repelle
sam a te.
«r Ne sois pas de ceux iqui ont une barbe
peu fournie ou épaisse, car tu ne suis pas
ce qui est ordonné •
Les Hébreux avaient mauvaise idée de ceux
qui soignaient leur barbe avec affectation.
Rabbi Aquiba dit dans luGémnre: Homo rara
barba callidus est ; densa barba stultus.
« Les enfants mâles sont chers à chaque
homme, mais malheur aux pères des fem-
mes. »
« Détourne ta fac9 des méchants et ne
chemine pas avec eux ; éloigne d'eux ton
pied, de peur que tu ne sois saisi dans leurs
tilets (IM). »
c Cache tes richesses, mon fils, pendant ta
vie et ne les laisse pas voir» et ne les donne
pas à tes héritiers jusqu'au jour de ta mort.»
On connaît les risques de la propriété en
Orient*
« Procure-ioi des richesses, une femme
bonne et craignant Dieu ; engendre aussi
beaucoup de lils , fussent-ils au nombre de
cent. 9
«Eloigne-toi des méchants, et ne fré-
quente pas leur société; car leurs pieds cou-
rent v^fs le mal, et se hâtent d'aller répan-
dre le sang. Aie cependant compassion de
tes voisins, qooiquils soient méchants, et
donne-leur de ta nourriture , aflo que lors-
(110) Pro». 1, 15;n, 1«.
(141) P$aL XV, 3.
(Ut) Prov. XXVII, 1:
(143) EcdL xuu 12.
044) Nous traduisons lilléralement : i Oprinil non
dvDiit > Cela veut dire qu*il dort peu ou quesoo
Bvrmeil est toujours inquiet. On observera que la
r«usée qui a iiispiié cet adage ei le précédeni se
Diction?!, des Apogrtphks. IL
que tu seras au jugement de Dieu, ils
rendent témoignage en la faveur. i>
« Ecoute mes discours , et penche ton
oreille pour recevoir mes paroles. Cesse de
te quereller avec tes voisins, et si tu remar-
ques en eux des choses mauvaises, que ta
langue ne les diffame pas (Ul). »
« Si tu as des pièces d'or et des richesses
ne dis pas à ta femme, lors même qu'elle
serait bonne, en quel lieu ton trésor est dé'
posé. »
Drusius observe que d'autres sentences
sont répandues chez les Juifs sous le nom
de Ben-Sira; il en cite deux :
« Le jour est court et l'ouvrage considé-
rable. » ' • ^
On peut rapprocher cet adage de la maxi-
me célèbre énoncée par Hippocrale : Vita
breviSy ars vero longa. On dit que Ben Sira
parla ainsi à son maître, lorsqu'étant fort
jeune, il voulut se livrer avec zèle à l'étude
de la loi.
«r Que le souci du lendemain ne te tour-
mente pas, car tu ne sais pas ce qu'enfantera
le jour (14-2). »
« Une fille est un vain trésor pour son
père qui, lorsqu'il est livré à la crainte, ne
dort pas la nuit (U3). »
« Le gardien d'une petite fille dort et ne
dort pas (U4); peut-être elle est trompée
en son adolescence, et, devenue plus gran-
de, elle sera débauchée, p
«I Quand ta fille sera mariée» tu auras k
son éqard de grandes inquiétudes, disant :
Peut-être aura-t-elle des enfants; peut-être
n'en aura-t-elle pas, et quand elle sera
vieille, elle pourra exercer des maléfices. *
DrusiusciteàcetégardIepassagedePolIion:
Qui multiplicat uxores, multiplicat veneficia.
Bien de plus commun chez les Orientaux
que les plaintes sur les soucis que donnent
les femmeSi
« Délivre-toi de la femme méchante qui
domine sur toi au moyen de sa langue : la
femme mt'xhante est semblable aux chiens
enragés ; que les portes lui soient donc fer-
mées, quoique sa bouche prononce de douces
paroles lorsqu'elle répond. >
« Honore le médecin avant que tu n'aies
besoin de lui. »
ff Laisse k la surface de l'eau, afin qu*il
nage, le fils qui n'est pas un fils (1!^5). »
« Bonge l'os que le sort t'a adjugé (1{^6). >*
Il L'or et l'enfantuntbesoifid'étre frappés.»
« Sois bon, et ne retire pas ta main de ce
qui est bon. »
c Malheur au méchant et à ceux qui s'at-
tachent à lui. »
ff Place ton pain sur la face des eaux et sur
le sable du désert, et lu le retrouveras k la fin
des jours. »
retrouve dans VEecUiia9iiifU€f e. xlii, v. O-I I.
(145) G*e8i-à-(iire, corrige sévèrement ton flU,
mais si les cliâliments ne peuvent rien cootm
l'endurcissetuent de son mauvais naturel, aban-
donne-le.
(146) N'épouse jamais une femme pour ta ri-
chesse, mais assure-toi de son mérite et qo^lla
appartienne à des parents vertueur
0
Vi\
niCTlONNAIRE DES APOCHTPIIES.
175
c As^-lu vu un fine roux? il n*esl ni roux,
ni blanc [iVJ) »
c Ne fais pas du bien au méchant, de peur
qu*il ne t*en rt^sulte du mal. •
« Ne détourne pas ta main de faire le
bien(l^»8).>i
« Tu corrigeras le sage avec un signe, et
le fou avec un bAion. »
c Celui qui honore son ennemi est sem-
blable à un Ane. »»
« Une nammo ardente dévore beaucoup
d*amas de provisions (1^»9). »
c Un vieillard dans la maison est un bon
signe pour la maison (150). »
41 Si tu as quelque chose de commun avec
un autre homme, et si tu le lui demandes,
tu ^adresseras inutilement cent fois à lui
s'il est bon, et mille fois s*il est méchant. »
« La table étant préparée , la querelle
cesse. »
« Si tu te trouves dans la nécessité de con-
clure une affaire avec un autre homme, soit
que tu donnes, soit que tu reçoives, ne
traite qu'avecun homme de bien. »
« Lorsqu*une affaire se conduit dans un
lieu proche, sort maître en jouit; mais si
elle se fait dans un lieu éloigné, elle Tab-
sorbo. »
« Ne sois pas ingrat pour un viei. ami. »
« Lors même que tu aurais soixante con<-
fteillers, n*abandonne pas le, conseil de ton
âme. »
« Que ta main soit aussi libérale que si tu
étais toujours rassasié, etn*attends pas, pour
agir ainsi, d*èlre réellement dans Tabon-
danco (150^).»
(ÏAl) Cet ada^e trouve son explicalion dans le
récit suivant : Un Juif était un jour sur la place
publique, et un païen s*approcha de lui et lui dit :
c Vas*tu pas vu ici un àne eniiérement blanc? »
le Juif lui répondit : i J'ai en effet vu un ànc blanc
avec des oreilles noires- i Le païen demanda alors :
c Quelle roule a-t-il f^uivic f i ei le Juif ayant ré-
pondu, f celle-là, I le païen se dirigea de ce côié, en
cberchant son âne ; ne Payant pas trouvé, il revint
vers le Juif et il dit : i Viens avec moi et cherchons
enscmbh*, mon âne jusqu'à ce que nous Payons
renconiré. i Tous deux s*élant mis en route et ne
trouvant pas Tàne, le païen dit au Juif : c Rends-
'inoi mon à ne que tu as volé i Et il se rendit vers
le gouverneur delà ville, disant : i Cet homme nra
volé un àne blanc, » et le gouverneur condamna le
Juit' à payer cents deniers. Ne sVn tenant point là,
le païen accusa le Juif d'un autre crime, «lisant au
Souvei-neur que le Juif lui avait de plus dérol)é un
abit d*un grand prix et dans lequel était déposée
«ne bourse renfermant deux cents deniers ; le
gouverneur condamna alors le Juif à payer nne nou-
velle amende de quatre cents deniers. Et de là est
Tenu TaJage : Enseigne à ta langue à dire : c je ne
sais pas ; c'est préférable à Tor et à l'argent, i
(148) Un commentateur juif, à propos de cette
recommandation relative à Taumônc ciie Texcmple
de Benjamin le Juste qui donnait en tout temps Tau-
môiie; il vint an jour au service d'une malheureuse
veuve qui avait sept enfants et qui était livrée aux
horreurs de la famine ; peu de temps après, il
tomba malade et il était près de sa lin, lorsque les
anges qui sont les messagers da Seigneur, dirent à
Dieu : c Seigneur, Maître du monde, tu as dit que
•I quelqu'un sauvait Tàme d'un Israélite, c*ct.it
oomme s'il sauvait le monde entier. U'Mij;iniin le
o L'épouse entre oans la chambre nuptiale,
mais elle ne sait pas ce oui lai arrivera
(151). »
« Le sage par un geste , l'insensé avee
le bAton. v
Sous-entendu, $e corrige^ se dirige.
Drusius a réuni une collection d'antres
f)roverbes et sentences ayant cours parmi
es anciens Hébreux; nous pensons qu'il oe
sera pas hors de propos d'en citer ici quel-
ques-uns :
« Deux morceaux de bois sec brûlent un
morceau de bois vert. »
« Deux hommes assez faibles peuvent ve«
nir à bout d*un homme fort et courageux. »
On connaît le proverbe grec : Ne Éfereulu
quidem duobus par est.
« Un éléphant entre plus facilement parle
trou d'une aiguille. » — On lit dans la Gé^
mare : « Les hommes disent qu'il n'y a pas
d*éléphant qui entre par le trou d'une ai-
guille.» Rabbi Siméon, fils de Gamaiiel, dit
de son côté : a Tu es peut-être du pars da
Pombodite, où Ton dit que les éléphants
passent par le trou d'une aiguille. » Cet
adage rappelle celui dont le Sauveur fait
usage (lfa//A. xix,2b},afin de signaler la dil-
ficuTlé que les richesses opposent au salut-
c Nier son péché, c'est pécher deux fois. »
c Le vin entre, le secret sort. >
« Otes*en le sel et jetle-le aux chiens. »-i-
Ceci signifie qu'un aliment dépourvu de sel
n'est bon à rien, et dans un sens figuré, que
les gens dépourvus de sagesse (le sel en est
Temblème) ne sont d'aucune valeur*
Juste a conservé une veuve avec ses sept fils en loi
donnant du secours, el voici qu'il éprouve une
maladie qui le réduit à la mort, i Les anges ob*
tinrent ainsi en s'adressani à Dieu que la sentence
de mort qui était rendue contre lui lût suspendue,
et vingt-deux années furent ajoutées à sa vie.
Une autre anecdote du même genre est relative
à un rabbin qui vit deux bûcherons sortir d*un6
forêt avec des fagots sur la lête ; il remarqua 4|ue
dans le fagot de l'un d'eux, éiait un serpent qui ne
lui faisait aucun mal. Il lui demanda s'il iravait
pas fait l'autnéne, et le bûcheron lui ayant répondu
qu'il avait partagé son pain avee un pauvre qui
manquait d aliment, le sage s'écria : i Tu es beu«
reifx, car tu as été délivré de la mort. >
(149) Cet adage est une allusion aux malbeort
que peut entraîner la médisance.
(150) Le commentateur hébreu traduit par
Drusius fait, à cet égard, la remarque suivante :
€ Quisquis honorât senem, perinde est ac si bo-
noret Deum sanctum benedicium. Nisi enim senes
essent, mundus non consiiterel. Unde si dixcrini
tibi senes : Destrue domum tuam et fac ex ea
stercoranum,destrue consilio senum. Si verojuvem'S
ad le dixerint : Fac ut loco stercorarii istius, domus
extniatur, conteuine eos nec acquiesce cens lio
eorum. Destructio enim senum est aedificatio, et
xdiGcalio juvenum estdestriictio. >
(150*/ C'est ce que le commentaieur explique par
le proverbe arabe : i Personne n'est plus pauvre
qu'un riche qui n'ose p^s faire usage de be»
richesses, i
(151) Cet adage se rapporte à une jeune fille qui
mourut subitement le soir de ses noces : il hignifi *
que l'avenir est plein d'incertitude et qu'on ue doil
compler sur rien.
175
BEN
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
BEN
VIA
ftl^ 5ef&bfable babile près d«3 son $em-
bLible. »
< La brebis suit la brebis. »
« Que celui qui ne travaille pas ne mange
pas. B Tout le monde sait que saint Paiil a
reproduit ce précepte (//• Epitre aux Thés-
saïoniciens^ m , 10) : Si quis non velit ope-
rari^ ne comedat. Pareille pensée se trouve
chez divers rabbins.
« Le ventre plein, tonte espèce de mal. »
On rencontre de même cette sentence
dans ditlérents écrits rabbiniques : la Gé-
mare s*exprime ainsi : Vulgart dictnm est :
implevU ventrem euum omne genu^s mali.
(Sous-entendu : fecit.) Rappelons le proverbe
grec d'après lequel tatietas ferociam parU.
« A la portv du marchand de vin, les frè-
res ot les amis, v La Gémare reproduit et
complète cet adage : Ad osiium taoernœ fra-
très et amici^ ad ostium carceris neque fra-
tres^ nequt amici.
f Un grain de poivre T^amporte sur une
corbeille de citrouilles. >»
4 II est bote dans sa maison, père de fa*
mille dans ce,lle d'un étranger. » Cette ex-
pression se rapporte aux gens qui usent
chez eux de parcimonie, et qui, au dehors,
étalent du faste.
« Ecris-le sur la corne d'une chèvr^e. i> Se
dit d'un objet perdu sans espoir de le re-
couvrer, et d'une chose qu'on ne doit pas
revoir,
f La charge suivant le chamedu. »
« Tobie Ta fait et Zigod est puni. » —
Voici l'origine de cet adage : un nommé To-
bie fut surpris par un autre Juif du nom de
Zigod lorsqu'il commettait un délit; mais
comme iJ n'y avait qu'un seul témoin, et que
la loi n'admet pas de condamnation en pa-
reille occurrence, le juge relâcha Tobie, et ût
donnera Zigod, pour le punir d'avoir accusé
trop légèrement son compatriote, le nombre
de coups de fouet prescrit , quarante moins
un.
« 11 cherche ce qu'il n'a pas perdu. »»
c Un ami sur la place publique vaut mieux
que de l'or dans une cassette. »
« De la lumière à midi. » — Faire une
chose inutile; Tertullien a cité le proverbe :
Lucemam in meridie accendere,
« Mesure pour mesure. »
«Orne-toi toi-même, tu orneras ensuite
les autres. j»—Orner doit se prendre ici dans
le sens de corriger.
« Attache-loi au puissant i et lés hommes
te vénéreront. »
' « Q:\\^ qui bfltit beaucoup devient pau-
vre. »
c L'ht/mme âgé de soixante aris court au
bruit des timbales comme une petite Glie
«le six ans. » — A tout âge on court aorès les
kias^ on recherche le plaisir.
« L'ouvrier déteste Touvrier.*»— Les Latins
avaient un adage semblable : Figulus figulo
invidet.— Quelques rabbins ont exprimé l'i-
dée assez étrange que le serpent tentateur
cita à Eve ce proverbe. Drusius transcrit
divers passages è ce sujet :
I in Thargum Jonathœ, G en. îii : « Ea ipsa
fiora dixit serpens delator Crealoris suù dixit,
inquamy mulieri : Non morieris, sed omnis
opifex opificem odit. » — /n Medrasc.^ TehilUm
adpsalmi primiversumprimum; ^ Et serpens
Evam aggressus est eamque his verbis allô-
quitur : Cur vos non comeditis de ista albo»
re ? Cui mulier : Quia Deus nos vetuit ea vesci.
Tum iterpens : De ista arbore Deus comedit et
mundum creavit: si vos itidem de ea cowcda-
ritis, tune mundum creare sicut ipse poteri»
lis. » Hoc est quod dicitur Gen. m, 5 : « £/
eritis sicut du. » Verum omnis opifex odit
eum qui est sui opificii.
« Prépare- toi dans le vestibule* afin que
tu puisses entrer dans là chambre. »— G'esl-
è-dîre : Prépare-toi duns le cours de ta rie,
afin de pouvoir entrer dans le ciel. Les Juifs
avaient aussi un proverbe qu*on peut rap-
procher de celui-ci ; « L'homme qui prépare
la veille du sabbat mange le our du sab-
bat. )>
« La mesure dont tu te sers pour les au-
tres leur servira aussi à ton égard. * — Rap-
procher ceci de ce (lui est dit dans l'Evan-
gile : Matth. vit, ^; Marc, ir, 2^; Lul\
VI, 38.
« Tout ce que tu fais , fais-le au nom do
Dieu. )»
« Tout ce qui arriva aux pèreis fut un si-
gne f)Our les fils. »
« N'Dntre|)rends point des choses trop dif-
ficiles pour toi. 9
« Sois plutôt la queue des lions que la
tète des renards. » — C'est-à-dire : il vaut
mieux être le dernier parmi les hommes
courageux et mac;nanimes qiie le premier
parmi des gens timides et astucieux
« Celui qui a gardé les oères gardera aussi
les enfants. »
« Moudre de lâ farine moulue tuer des
lions morts. »
« Depuis les prihces jusqu'aux bateliers
haleurs. » —Helœarii^ hommes qui traînent
une barque avec une corde le lon^j d'un
chemin de halage.
<( il y a de vieux chameaux qui portent
les peaux de jeunes chameaux. » — C'est-à-
dire, un âge plus avancé ne met pas è l'abri
de la mort.
« La hache vient de la forôt, et elle y
entre. »
« Il vaut mieux entendre que dite des ma-
lédictions, y»
« Le chameau demanda des icornes, et il
perdit ses oreilles. »
c La faute amène la faute. »— 11 existait
chez les Romains un adage identique : Pee-
catum trahit peccatum. Les Hébreux expri-
maient aussi la même pensée d'une autre
façon en disant : « Le précepte amène le
précepte. »
tt Sans farine, il n'y a pas de loi. » — La
pauvreté, le dénûment, s'opposent à l'é-
tude.
« Sichem le fit, et le cultivateur en pâtit. «
— Allusion à la conduite de Sichem qui en-
leva Dina, fille de Jacob; les frères de Dina
173
MCTIONNAmE DES APOCRYPHES.
176
la vénèrent en tuanl Sichem, son père et
tes babilauts de la ville (lo2)
Qaicquîd délirant reges , plectuntur Achivi.
(lIoftAT., Epiêt,, 1. i.epist. 2, Ad LotHum^ x, U.)
c L*intérieur est comme l'extérieur. »
« L*archer périt de la flèche qu*il avait
ftite lui-même. »
« Science sans œuvre n*est pas science. »
« Ce o*est pas le discours qui est le fonde-
ment, mais I œuvre. »
< Le péché est le salaire du péché. »
« Il fouette un mort. » — C'est-à-dire : Il
fait une chose inutile et vaine.
« Ne regarde pas le vase. » -— Il faut corn-*
pléter le sens en aioutant : « Mais ce qui est
dedans. » C'est-à-dire : Envisage les choses
et non les personnes ; ne juge pas du mérite
d'un homme diaprés son apparence.
c Si tu as pris une femme de petite taille,
penche-toi pour lui parler, i»
■ Il n'y a pas de mort sans péché. »•— C'est-
l^-dire : Toute faute reçoit son châtiment.
Les Hébreux regardaient la mort comme la
peine du péché, et cette pensée se retrouve
dans saint Paul, Epiire aux Romaint.
9 L'erreur dans la science engendre l'ar-
rogance. »
« La préméditation du péché est pire que
le péché. »
Nous trouvons dans une brochure de dix-
huit pages, imprimée à Paris f^n 18^1 {Prot-
peciui d'une traduction du Talmud)^ quel-
ques adages qu'on peut joindre à ceux oue
nous venons de transcrire.
« Le mauvais penchant est d'abord mince
comme un fil d'araignée, ensuite gros comme
un timon de voiture. »
« Le mauvais penchant est d'abord un
passant, puis un hôte, enfin le maître. »
« Accoutume ta langue à dire : je ne sais
pasf »
« Descends d'un degré pour prendre fem*
me; monte d'un degré pour prendre un
ami. »
BEROSE.
Historien et astrologue, Bérose écrivait
à l'époque de Plolomée Philadelphe ; il
composa vers l'an 260 avant l'ère chrétienne
trois livres sur les antiquités cliAldéennos
et t}abyloniennes ; il les dédia à Antiochus
Soter. Malheureusement cet ouvrage est
perdu ; il n'en reste que quel^upsfrai^ments
conservés par Josèphe {Ânt. Jud.^ lib. x,
c. 11 ; Adv. Apion. lib. i, 19), et par Eu-
sèbe(Prœpar. evangel., 1. ix et xi)(153};
ainsi que dans li^Chronographiede S^ucelle.
Ils ont été re[)roduils j.ar Scalig^r : De emen-^
datione temporum^ Genevœ, 1629, et par Fa-
bricius, Jîi6/iorteco Grœca^ t. XIV, p. 175 et
211 ; on les trouve aussi dans les Fragmenta
historicorum Grœcorum,{Par\Sf F. Didot,t. Il,
fK 1^95-510.) Ri ciller en a donné en 1825
Leipzig, in-8*} une bonne édition.
Il ne faut pas confondre cet on vrageavec ce-
lui qu'Annius de Viterbe publia à Rome en
1&98, sous le titre de Commentaria super
opéra divenorum auctorum de antiqmtati-
bus loquentium. Ce livre fit grand bruit;
las éditions se multiplièrent pendant lexvr
siècle, mais les progrès de la critique firent
de plus en plus reconnaître que les fragments
d'historiens anciens publiés par l'éditeur
étaient supposés ou interpolés par lui ; aussi
on trouve à cet égard d'assez longs détails
dans la Biographie unirerselle, t. II. (Article
de Giùguené.) La bonne foi d'Annius a ren-
contré quelques défenseurs; entre autres,
BusèbeSal verte. (f'Mat sur les noms propres
d'hommes et de heux^ t. II, p. 363. — Voy.
aussi Jagemann : Histoire (en allemand) des
sciences en Italie^ t. III, p. Mk.)
Transcrivons ici quelques extraits de l'ou-
vrage attribué à Bérose, ils suffiront pour en
(152) Gen, xxtiv, 25 et seq.
(153) T. U, p. 52 et 94 de la traduction de M. Se-
guierdc Saint-Orinaon. Paris, IS46, 2 vol. in-8*.
(154) < Maodiiciluuit bonaioes et procuraliaitt
donner une idée ; il serait fort superflu de
prendre la peine de traduire en entier celle
production justement délaissée.
a Aux environs du Liban se trouvait Enos,
ville d'une très-grande étendue et peuplée
de géants qui dominaient dans tout l'un -
vers depuis l'Orient jusqu'à l'Occident.
Pleins de confiance dans leur vigueur et
dans leur haute stature, ils opprimaient tous
les autres hommes, et se livraient à tous les
excès de la débauche la plus eiïrénéc (15&).
Ce furent eux qui inventèrent les instru-
ments de musique. Des hommes justes prê-
chaient et annonçaient ce qui devait arriver
au sujet de la destruction du monde et le
gravaient sur les pierres; mais les géants
s'en moquaient; ef, par leur impiété, ainsi
que par leurs crimes, ils appelaient sur eux
la colère et la punition céleste.
«Parmi eux se trouvait un homme prudent
et respectant les dieux ; sa vertu était con-
nue dans toute la Syrie. Il se nommait Noé,
et il avait trois fils, Sem, Japhet et Cbam;
leurs femmes se nommaient Tvtée, Pando-
re, Noela et Noeyia. Craignant la catastrophe
qu'annonçaient les astres, Noé ^omnienga
I an 78 avant l'inondation, à construire un
navire en forme d'arche couverte» Quand
rette période fut accomplie, l'Océan et toute
la mer Méditerranée débnrdèrentsulûlemcnt.
Les fleuves et les fontaines inondèrent la
terre ; des pluies très-abgndantes tombè-
rent pendant bien des jours avec une impi^-
tuosilé extraordinaire, et les plus hautes
montagnes furent cou vertes d'eau. Le genre
humain tout entier fut ainsi noyé dans ie^
eaux, à l'exception de Noé et de sa famiile
qui se sauvèrent dans l'arche. Celle-ci, sou*
aborsus in eduliumque pneparahant, et commisce»
liatitur matribu*, tthabus, sorurlbus, ei muiculis n
brûlis, et ndiii erat iceleria qaod mm ailinittc-
refit.»
!77
CAI
PART. III. LEGENDES ET FilAGMENTS.
CAI
178
tenue par l'onde, s*arr6(a sur le soumet du
mont Gordien où Ton dit qu'il en reste en-
core une partie; on prétend quedes hommes
en retirent du bitume dont ils font grand
usage pour leurs édiilceâ. Après Je déluge
Noé engendra des géants et un grand nombre
d'enfants ; ils se marièrent et leurs femmes,
à chacune de leurs couches, mettaient tou-
jours au monde deux enfants, un garçon et
uDe Glle. Lorsque Noé sortit de I arche, il
grava sur une pierre les choses qui s'étaient
passées ; il mit par écrit sur les secrets des
choses naturelles et sur l'astronomie beau-
coup de livres que les prêtres de l'Arménie
ont seuls le droit d'étudier et d'expliquer.
L'an 131 après le déluge» la première villa
qui fut fondée par Saturne, ce fut Babylone,
3ui augmenta rapidement sous le rapport
e la richesse et du nombre deses habitants.
11 voulut construire une tour, mais il ne
put la terminer et après cinquante-six ans,
il disparut subitement, ayant été enlevé par
lesdieux.il
c
CAIN.
On n*a point signalé le meurtrier d'Aboi
eouime ayant composé des ouvrages, mais
on a débité à son égard bien des circons-
Unces apocryphes.
Le testament de Joseph, inséré dans les
Testaments des douze patriarches (voy. Dic-
lionnaire des apocryphes f L I, col. 905), fait
mention de la septuple vengeance auquel
devait être expo^ié le meurtrier de Caïn*
{Gen. IV, 15, 24.)
Saint Basile en parle aussi (epist. 317,
Operaf t. Il, p. 1083) ainsi que Suidas {Lexi-
con, V* Katv. Des rabbins ont cru follement
(ju'nne corne aurait poussé sur le front de
Laïu; d'anciens auteurs ecclésiastiques ont
pensé quMl était agité d'un tremblement
continuel. Le P. Mersenne dans ses commen-
taires sur les six premiers chapitres de la
Genèse^ et l'anglais J. Grégory dans les Cri-
tici xacrt, t. IX, ont recueilli les diverses
opinions émises à cet égard,
J.-C. Ortlob [Dissertatio de Caino non
desperante^ Leipsig, 1721, a soutenu, d'ac-
cord avec quelques rabbins, que Gain avait
fait pénitence et avait obtenu rémission
d'une partie au moins de la peine que Dieu
avait résolu de lui infliger, mais celte opi-
nion a compté fort peu de partisans.
Pabricius. Codex. pseud. Yet. Test.f t. Il,
p. 48, cite quelques ouvrages spéciaux fort
peu connus relatifs k Gain, tels que :
J. Fecht, Historia Caini et Abelis^ Ros-
tock, 1708, îu-4*;J.-A. Danz., Nomen Caini
vindicatum^ lenœ, 1682. It mentionne
aussi J.-U. Foppius, ^ut/ac/a Caini ex prin-
cipiis Jurispruaentiœ naiuralis diseutienda
iusceptt singulari diatriba^ Bremœ, 1716,
in-4%
Selon Josèphe (I. i, c. 2), Gain fut l'inven-
teur des poids et mesures; selon George
Syucelle qui s'appuie de l'autorité de la Pe-
tite Genèse^ il périt écrasé par la chute d'une
maison, l'an du monde 930, et l'année mémç
de la mort d'Adam.
Saint Epiphane (hiBres.39) fait connaître
également une autre assertion prise dans le
même ouvrage apocryphe :
ExstantinJubilœis qui liber Genesis parva
dicitur^ uxorum Caini Sethique nomma ut
^i confictas illas fabulas in hominum ifùam
tnvexerunt pudore omnino suffundantur.,..
Cainus sororsm natu majortm dixit Juven
nomine; Sethue porro^ Adami filiorum tertius
post Abelem genitus, cum alia sorore Axura
conjunctus est. Fuerunt et alii Adamo liberi
ut m parva illa Genesi scriptum est^ noveni
scilieet secundum priores ill%islres^ ut in to-
tnm filias duas^ mares duodicim suueperit^ e
auibus oecisus uniM, undecim suptrstites re-
iictisunt.
Le signe dont Gain fut marqué (G en. iv^
15), a été l'objet de bien des assenions apo-
cryphes.
Quelques auteurs ont avam^é que Dieu
g!'ava une lettre sur le front du fratricide,
ou bien uu'il y mit le signe de la croix. On
a prétendu aussi que le chien d'Abel lui fut
donné pour compagnon, ou que son visage
fut couvert de lèpre, ou bien qu'un air
effaré et des yeux ensanglantés le désignaient
aux regards. Procope (in Gènes.) et divers
écrivains affirment que son corps tremblait
continuellement au point qu'il lui était im-
Cosslble de mettre de la nourriture daosst
ouche. Ona dit aussi que, dans quelque
endroit qu'il s'arrêtât, la terre tremblait au-
tour de lui. 11 y a eu des rabbins qui ont
avancé qu'une eorne poussa sur le front de
Gain afin d'aveitir qu il fallait éviter sa ren-
contre. ( Vof. Heidegger, Hist. pairiarch.^
t. 1, p. 129.) Ges fables ne méritent pas
qu'on s'arrête à l'indication des auteurs qui
les rapportent.
Une ancienne tradition indique, comme le
lieu oit Abel fut tué, une colline auprès de
Damas. Diverses opinions se sont produites
au sujet de la façon dont ce meurtre fui
commis. Eutycfaius et des écrivains ara*
bes disent que Gain brisa d'un coup de pier-
re la tète de son frère. Quelques ralibins af-
firment qu'il le déchira avec les dents, d'au-
tres qu'il t'assomma avec une mAchoire
d'âne; d'autres auteurs l'arment d'une
fourche, saint Ghrysostome d'une épée,
saint Irénée d'une faux et. Prudence dune
serpe.
Les docteurs juifs ne^pouvaient manquer
d'ampliller le récit de la Genèse^ ch. iv^
179
DICTIONNAIHE DES APOCRYPHEa
180
Le Targum de Jérusalem (155) s'exprime
ainsi : « EtCaïn dit h Abel son frère zViens et
allons dans la campagne. El il arriva que
lorsqu'ils Turent sortis tous deux pour aller
dans la campagne, Caïn répondit et dit à
Aboi son frère : «« Il n'y a pas dejugement ni
de Juge, et il n*y a pas d'autre siècle, et le
juste n'aura point de récompense, et il ne
sera point tiré vengeance des méchants, et
le monde Va pas éié créé par la niiséricprde
et n'est point j;ouverné par la miséricorde.
Pourquoi ton olïrande a-t-elle été reçue et
agréée, et pounpioi la mienne n'a-t-elle pas
élé agréée?» Abel répondit et dit à Gain: «H
y a un jugement et un Juge, et il y a un autre
viècle, et les justes reçoivent leur récom-
pense, et vengeance doit être tirée des mé-
chants, et le monde a été créé avec miséri-
corde et il est gouverné avec miséricorde.
Il est véritahiement gouverné selon le fruit
lies bonnes œuvres, et comme mes œuvres
sont meilleures que les tiennes, mon of-
frande a été reçue et agréée , et la tienne n'a
f>asété reçue. » Et les deux frères se querel-
aient ainsi dans la campagne, j^
Le Targun) de Jonathan ben Aziel s'ex-
prime ainsi: « Et Caïn dit h son frère Abel :
Viens, allons tous deux dans les champs, et
lorsqu*ils furent tous deux dans les champs.
Gain répondit et dit à Abel : « Jt> comprends
que le monde n'a pas élé créé par la miséri-
corde, et qu*il n est pas gouverpé selon le
fruit des œuvres et qu'il y aura au jugement
acception des personnes. Pourquoi ton of-
frande a-t-eile élé reçue, et ^)ourquoi la
mienne n'a-t-elle pas été reçue et agréée? »
Abel répondit et dit à Gain : « Le monde a été
créé dans la miséricorde, et il est gouverné
selon le fruit des bannes œuvres, et il nya
pas au jugement acception des personnes,
et parce que les fruits de mes œuvres ont
été meilleurs que les tiens et plus précieux
que les tiens, mon offrande a été reçue et
ai^réée. » Gain répondit et dit à Âbel : « Il
Il y a pas dejugement ni de Juge nid^autre
(15$; Les Targum ou paraphrases soni les pava-
Ïfliases de la Bible failcs en langue cluMaîque pour
àciliier aux Juifs rinielligence des livres écrits en
langue lié'.iraîipte, ou cliaiianéennc, langue que les
Israélites avaient oubliée dans les soixante et dix
aniiéos de leur captivité parmi les Cbaldéens, dont
08 avaient Uni par iidopt«'r le langage. Le Targum le
pins ancien est celui d'Oiikelos : on le croit du n«
siècle; il ne contient que le Pont^leuque; il est
écrit en un style fort pur, qui se rapproche du chai-
dcen du Litre de Daniel, Les Juifs en lisent tous les
samedis un chapitre avec un chapitre du texte de
la Loi, tant est grand \^. respecl qu'ils lui portent. Le
Targum est inséré dnns toutes les polyglottes; celui
de Jérusalem est imprimé dans la Bible hébraïque
f>ubliée par Buxtorf, a Bàle en l(iI8, 4 tomes in- fu-
ie. Le travail d'Onkelos sur le Pentateu(|ue compte,
aans parler d*i ni pression s plus anciennes, les édi«
lions d*Amsterdam, 17Gi, 2 vol. in-i"; Vienne,
f7*.l5, 5 vol. in-8« ; Lunéville, 1807, 5 vol. in-S*;
Monasch, 1857, 5 vol. iit-8*.
Il existe au moins trois traductions latines des
Targum : celle d^Alphonse de Zaïnora, dans les p<i-
lyglultes d*Alcala, d*Aavers,de Paris et de Londres,
siècle, et il ny aura point i}e récompense
accordée aux justes, ni de châtiment infligé
aux méchants. » Abel répondit et dit k Gain :
« Il jr a| un jugement el un Juge et un autre
siècle, et une récr»mpense sera donnée aux
justes, et un châtiment sera inllii;é aux mé-
chants.» El au sujet de ces choses ils dispu-
taienl sur la face «lu champ. »
Selon la plupart des rabbins, la haine 4e
Caïn contre Abel vint surloul parce qu'il
voulait épouser celle de ses sœurs qui avait
été donnée à Abel (155).
Parmi les innombrables aberrations de
Tesprit humain, lorsqu'il s*est affranchi de
la règle salutaire de Taulorilé, il faut dis-
tinguer celle des sectaires qui révéraient
Caïn ri55*).
Fabricius {Cod. apocryph. Nov, Tesi, ^Ll^
p. 138) parle de ces Gaïnites. Plusieurs des
anciens Pères (TertuUien, Théodoret, saint
Epiphane, saint Augustin) en ont également
fait mention I mais d'une manière trop suc-
cincte pour qu*on puisse bien apprécier leurs
opinions. Quelques auteurs ont dit que ces
hérétiques regardaient Gain comme le (ils
d*Evo et du, diable; mais il est douteux que
cette idée, que Ton retrouve ailleurs, et no-
tamment chez la secte gnosiique des Ar-
chonliques (156), fût réellement admise par
les Gaïnites, ainsi que le remarque Faliri-
cius (157).
Il existe une composition dramatique ,
devenue très -rare : ïOdieùx el ianglant
meurtre commis par le maudit Caïn à l'en-
contre de son frère Abel^ tragédie morale à
douze personnages ^ extraite du iv* chupitis
de laGenèse^ par Thomas Lecoq, prieur de
la Sainte-Trinité de Falaise, Paris, N. Bun-
fons, 1580, in-8". Cet ouvrage, sans distinc-
tion d'actes ni de scènes, est très-mal écrit
et sans aucun intérêt, h ce que dit la Biblio-
thèque du Théâtre français^L I , p. 240. M. de
Soleinne D*avait pu s*eu i)rocurer un exem-
plaire,
à la suite de la Vulgaie, Venise, iCOO, in-folio; ei
séparément, Anvers, 155II, in -8* ; celle de Paul Fa-
gius, Strasbourg, 154(>, in-folio; celle de Dcroardin
Baldi, restée iné4lite.
(155*) R. Zadok, in Pirke Elieser, c. xxi. i In-
vidiâ et velieniens odinin intravit in Kaini eo qaod
graia fuerat oblatio Abelis: sed et ideoquodcuni
nxor gemilla ejus non anplius pulclira essel inter
feminas dîxit : Interficiani fratrein Dieuui AU'Ieni
ui poiior uxore ejus, juxta illud : Et dixit Kaiu ad
Abêlem fralreni. >
n5G) Selon Tkeodoret (lib. u Ds hœreticis fa-
bulis, c. ^).
(157) In Pirke R. Elieser, dicitur Gain Sauiuelis
progenies, atqueab uliis rabbinis apud Gauluihiuiu,
De morte Moy$is^ p. ^IG, traditur ex seinine pri.-i i
serpentis nalus magio: palcr: tamen a Gaj»t*nriini
opinione lioc renioiuni esse videtur, qui a forliure
et praest-jutrore virtute Gain uni quant MM*l«*ni
Rrognatum statnebant, teste Epiphanto et alii^
lue refer et quod ex senlentia SethianoruiQ a Plii-
lat»trJo diriiur : i Angelis in dîssensioite coo^lilutis
tenuit virtus in cœio feuiinea* i
M
CLE
PART. III.-LEGENDES ET FaAGMEiNTS.
CLE
ISt
CEUINTHE.
Les anciens auteurs ecclésiastiques mcn-
tionneol un Evangile rédigé par cel hérésiar-
que. C'était, selon saint £pipnane(hœres. 51,
11. 7), un de ceux qui avaient été écrits avant
que saint Lucn*eutreprtt le sien et dont cet
évangéliste a parlé en disant que plusieurs
avant lui avaient|e$sayé d*en composer. (Ch.
I, I]. Le même Père dit en un autre en-
droit (hflBres. 30, n. H), que les disciples de
Cérintlie se servaient de l'Ëvangile selon
saint Matthieu, dont ils retranchaient le pre-
mier chapitre qui condamne ouvertement
leurs erreurs.
Nous n*avons pas ici à nous occuper des
erreursdeCériQtbe;il s'attribuait Id connais-
sance du Dieu suprême et inconnu aux
anges, connaissance qu'il prétendait tenir de
révélations écrites par unigraad ap&tre. (Ku-
shbe, Hisi $ccles,j l.iii, c. 28). Il séjourna
successivement à Alexandrie et & Ephèse ;
son système était un mélange des priQci[)es
de i*£cole d'Ëj^ypte et de la philosophie
orientale combine avec Us doctrines chré-
tiennes (158).
Il fut aussi l'auteur d'une Apocalypse qui
est perdue et qu'il attribuait aux auùires ; il
7 enseignait après la résurrection des corps
un règne de lélicilé terrestre devant durer
mille ans. Cette opinion se rattachait si bien
aux idées que les Juifs se faisaient des ins-
titutions du Messie, elle était si profondé-
ment enracinée dans les esprits, qu*on en
trouve des traces dans des auteurs anciens
fort respeclables (159).
Ce que nous savons au sujet de cette
Apocalypse se réduit d'ailleurs à ce que
nous apprennent EusèbCy transcrivant les
paroles du prêtre Caïus (160) . et Théo-
doret (16i).
Saint Ëpiphane (hœres. 28, n. 6, et 30, n. 1^)
s'exprime ainsi : Matthœi enim Evangelio
non inlegro , sed ex parte duntaxat utuntur
nimirum pr opter genealogiam , quœ ejus est
carnis propria ^ quod quidem Evangelti tes'
timoniurh afferunt atque ita prœdicant, Suf-
ficit discipulo si sit sicul magisler ejus . . .
Cerinthusenim et Carpocrates eodem Matthœi^
ut quidem volnnt Evangelio freti, ex eju$
initio Christique genealogia probare nitun^
tur^ Christum eJosephi et Muriœ semineesu
procreatum^
CHAM.
(Prophétie de Cham.)
Isidore, fils de l'hérésiarque Basilide, en
parle dans un fragment que Clément d'A-
lexandrie nous a conservé {Stromat.^ lib. vi);
il est ainsi conçu : « Il me semble que ceux
qui se mêlent de philosophie doivent ap->
prendre ce que veut dire le chêne ailé et le
manteau de diverses couleurs qui le couvre.
Tout ce que Phérécyde a enseigné d'une ma-
nière allégorique dans sa théologie, il l'a
pris daans la Prophétie de Cham, »
On sait que Phérécyde avait été le maître
de Pythagore. Autant qu'on peut en juger
d'après des indications incomplètes et obscu-
res, il reproduisait les idées de la théogonie
phénicienuc.
CLÉMENT fSAiNT) LE ROMAIN.
Les ouvrages authentiques de ce disciple
de saint Pierre et ceux qu'on lui a attribués
remplissent la majeure partie du tome 1" de
la Bibliotheca Grœca^ Latine editd (Migne,
1856, gr. in-8*). Ils sont accompagnés des
travaux de Cotelier et de divers autres éru-
dils sur ces productions, qui, toutes et à di-
vers degrés, sont dignes d'attention.
Nous ne jugeons pas à propos de placer
(158) MaUer Biêioire du gnosiieisme, t. I, p.
i96-506.
(159) E. Guers, Israël aux derniers jours de Nco^
nomie aciuette, suivi d*un fragmetU sur le milléna-
riime, Paris» 1856, in-8^
(160) HUt.eçcles.Jih. ni, 28 : c Sed et CerinUms
[NT revebtiones quasdam quas velut a oiagno Âpos-
toio ci)nsiTipus et per aiigelos el revelaïas jaclare
Ulia quxdatn portenla nobis iiilroducit. Post resur-
r^lioaem lerrenaiii diem fulurum es^c agnum
Ciirisii ÎD Hierusaleni, et honiiiies in < arne ilerum
coDcupisceiiliis cl vitiis subjeclam conversalioneiu
liabunros. Contra Adem quoque Scripiurarum,
dans notre Recueil une traduction française
de ces livres, dont tous nos lecteurs peuvent
consulter le texte latin; ils appartiennent
d'ailleurs aux ouvrages des Pères de TE^Iise
primitive. Deux d'entre eux, il est vrai, se
rattachent plus spécialement à la narration
de la Vie des apôtres. Les it/co^ni/tons, divi-
sées en dix livres, et dont le litre vient de
ce qu'on y trouve le récit de la manière
quosdam mille annos désignât, in qaibus quidem ec
alla corruptionis opéra et iiuptiarum Testiviiatea fu-
turas ad cos qui libidini sunt dediti decipieiidos. s-
(161) llœretic. fabul., lib. n, c. 5 : t Conlixit
auiem etiam quasdam revelationes lanquani ipso
easesset contemplatus, et minarum quaruuidam doc-
irinas composuit, Dominiquuque regnum lerienum
fulurum essedicebat, et cibuui et puturo somniabai
iaelitiasque et volupiales visione comprehen débat,
uupliasque et sacriiicia et dies Testes qui Hierosoly-
mis celebrarentur, eaque mille annorum sp«itio esse
compleiidas,tunio enim lem^ore putal>ai duraturum
regnum Dt.i. >
ISS
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
1S(
dont Clément reconnat son père et ses frè-
reS| couttennent une narration fortd<^(aillée
des actions de saint Pierre dans les dernières
innées de son existence, et l'on trouve bien
des détails relalirs à Tapôtredes Gentils dans
VEpitome de actibus , peregrinationibus H
prœdicalionibus sancti Pauli, inséré dans la
fiibliotheca en question (t. I, col. 1071-1122,
d*après Colelier, Patra apostotici^ I, 755) ;
mais comme ces faits sont également narrés
avec d'ampies développements dans des com-
positions concernant les deux saints apô-
tres « et qu*on rencontrera plus loin, nous
jugeons inutile de nous livrer ici à une tâche
qui pourrait être taxée de double emploi
(J62).
Quant aux ConstitutioM et aux Canons
upostoliques^ dont la rédaction a également
été attribuée h ^aint Clément, nous en avons
parlé à Tarticle Apôtabs. Il suflira donc de
placer ici quelques renseignements biblio-
graphiques sur les productions qui portent
te nom de saint Clément.
C*est d'ailreurs un sujet qui a été traité
avec étendue par Hoffmann , dans son Lexi^
çon bibliographicum ^ t. I, p. (i>99 et sutv.
Tous les ouvrages du saint ont été recueil-
lis par Cotelier dans ses Patres apostolici^
édition de 1672, de 1700, de 172.V.
La première édition des deux EpUres aux
Corinthiens est celle que donna Patrice Ju-
nius, Oxford, l'623, in-4*; elles reparurent
fivec les notes de divers savants en 1669,
1672, 1699 et en 1718, Cambridge. Hoffmann
«^ualiûe cette dernière édition aomnittm lo-
çupletissima, £*les ont paru aussi dans quel-
ques recueils tels que tes Epislolœ SS. PP.
apostolicorum f éditées par J.-L. Frey, Bâle,
17^2, in*8*, et dans les Scripla genuina grœ*
ça Patrum aposlolicorum^ recueillis par Uor'*
ueman, Hafniœ, 1828, ini*".
Deux épltres Aux vierges ^ regardées en
général comme apocryphes, ont été placées
par Wetsten, qui les considérait comme
authentiques, en tète de son édition du Nou-
veau Testament syriaque, Leyde, 175^, in-
(olio.
£n fait de traductions françaises, on peut
citer les Lettres aux Corinthiens ^ traduites
par A. Teissier, Avignon , 168^ , in-8*, et les
deux Lettres aux vierges , que Wetsten pu«
blia à part en latin et en français, Leyde»
1763 (voir Journal des Savants, février 1764,
p. 305.)
Hoffmann énumère trente -sept auteurs
qui ont fait sur saint Clément des travaux
^ (162) Les HécogniUons sont citées par divrrs an-
ciens auteurs ecclésiastiques; le texte qui nous en
f st parvenu a C'<é corrompu et interpolé. Voy. dom
Çeillier . lUftoire de$ auteurs ecclêêiuêtiquei, t. 1,
p. 607*610. Le cardinal Baronius (itmia/. ad an. 41,
II" 53) les juge avec sévérité : i Ex liis libris tan-
«luam ex cœnoso gurgite eiusmodi porten(osa
lîiendacia, et insaua deliria deducta sunt, qiiae non
lantum ab eruditis viris iuiprobanda , &ed ab oin-
nibu» qui vel levi&sime ecclesiaslicai uin rerum
periiia tincU suni, esse procul rejicicuda non wu-
M. MrfUtT, Hutoire du Cnonicinne, 1. viii. cli. 4,
t. III, p. t3, tt*ei(pnnie en ces teiine» : c Les Cîé-
spéciaux ; nous nous bornerons a signale*
la dissertation de N. Lenourry, De libris re*
cognitionum dans VApparatus ad Biblioth.
max. Patrum, 1703, 1. 1, p. 211-22^.
N'oublions pas une production récente,
qui a été l'objet des éloges de quelques jour-
naux d'Allemagne : 5. démentis Romani
epistolœ binœ de virginitate^ Syriace quat
ad fidem cod. mscr. Amstelodamensis^ addilis
notis et nova interpretatione latina éd. J.**
Th. Beelen, Lovanii, 1856, in-(»*.
Un savant allemand, de Wette, a cherché
h quelle source étaient puisés les faits de
VHistoire duSauveur racontés dans les écrits
clémentins; il s'exprime ainsi :
« Les citations des faits rapportés dans les
Evangiles et qu'on trouve dans les ouvra-
ges attribués à tort à saint Clément n'étant
pas d'une- exactitude bien rigoureuse, il est
difliL'ile de leur assigner une source précise.
« Quelf]ues passages ont pour base l'E-
vangile de saint MatthiejJk; on rencontre, par
exemple, homélie 3, n. 18, une citation qui
s'accorde avec cet Evangile, ch. xxiii, 2.
(Koy. aussi homélie 3, n. 51,etilfarrA., v, 17;
iiomélie 3, n. 56, et Matth., v, 35; homélie
18, n. 15, et Matth., xiii, 35.)
n En d'autres endroits c'est saint Luc qu'on
retrouve. (Foy. homélie 8, n. 7, et Luc , vi,
&6; homélie 19, n.2, et Luc, k, 18; homé-
lie 9, n.22«etltic,x, 20.)
« En certains passages les expressions des
deax Evangiles sont mêlées (homélie 15,
n.5, elMatth,, v, 29-41 ; Luc, yi, 29; homé-
lie 3, n. 53, eiMatth., xiii, 17; Luc, x, 24);
ou bien elles diffèrent du texte pseudo*
clémentin. (Homélie 8, n. 6; yoy. Matth., xi,
25; lue, X, 21.)
c Parfois , mais rarement, on retrouve les
expressions de saint Marc (homélie 11, u.l9,
et Marc, vu, 26; homélie à, n. 57, et J/arr,
XII, 29) ; et de saint Jean. (Homélie 3, n. 52,
et Jean, X, 27; homélie 11, n. 26, et Jean,
m , n. S.)
« Quelques passages proviennent d'une
autre source qu*il est aujourd'hui impossi-
ble de déterminer. (Homélie 3, n. 50 : àià n
où «ociTC To f u>070y twv rpayS>'» ; § 55 : *0 fro.qf««
<OT(v 0 irf (^âCMv ; XVllI , 20. rivcoGf T4»«frf ^ctsi
dôxi^oc, expression c|u'on trouve aussi dans
Clément d'Alexandrie, Stromates , 1. 1.)
«On rencontre enQn quelques passages qui
s'accordent d'une façon remarquable avec
les Citations faites par Justin le martyr ai
qui ont dû être prises à une source com-
mune (le passage de saint Jean^ ch. m, 3,
mentines ou RéeognHiom pnraîsscnt être le trava*!
d'un iliéosophe sorti des rangs des ébionîtes. Le
mysticisme qui domine dans ces théories est ht
chrétien qu*on ne saurait y voir le gnosticism^ véri-
table. Cependant Tauteur y penche beancooii plu»
pour la giiose qu*aucun aes écrivains orthudoie^
qui ont été amis du langa^ ftnostique. H parait
surtout avoir étudié le système de Simon l« Magi-
cien ou celui des disciples cie ce tbéusoplie ëoiit il
est d'ailleurs Tadversaire. >
Cette composition est Peuvrage d*un Cliréit«*ii
judaîsant de rEglt^tC ilc Kome qui avait fait nue
(grande étude du gnosticisme et qui avuit Aiii pir
adopter quelques-unes de ses idées fandameiiuka.
1»
DAN
PART. 111.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
DAN
189
rapporté dans l'hornéHeâ, n. 26; et dans
l'apologie 2, p. 94 (édition de Cologne, 1686,
in-folio); te passage de iaint Matthieu^ ch.
T, 37, rapporté homélies 3, n. 55, et 19, n,
2, et dans Tapologie 2, p. 63; le passage de
saint Maiih.f xi,27, rapporté dans Tbomélie
18, n. 4, et dans Tapoiogiô 2, p. 95: le pas-
sage de saint Matthieu , xxy , 41 , rapporié
dans riiomélie 19, n. 2, et dans le Dialogue
avec Tripkon^ p. 301^
« Ces analogies ont U\i croire h quelques
critiques (Wedner, Schwegler,Baur,elc.), que
les deux écrivains ont eu sous lés yeux un
même ouvrage appartenant à l*école des
Ctiréliens judaisants. De Welte {Einleilung^
p. 106) regarde cette conclusion comme un
peu téméraire; il suppose que le pseudo-
Clément aura lu les écrits de saint Jusiia
et en aura fait usage. »
CORÉ.
Diverses traditions sont répandues parmi
les Orientaux à Tégard de cet Hébreu qui
osa lever contre Moïse Tétendard de la ré-
volte. II est question de Goré ou Caron
dans le Coran , ch. 28. 11 y est indic^ué com-
me possesseur de richesses immenses, « Plu-
sieurs hommes robustes auraient eu peine
à porter les clefs qui les tenaient enfermées.»
Les écrivains arabes rapporteAt qu^ii avait
fait bâtir un palais magnifique , et airayant
formé un parti nombreux parmi les Hé-
breux, il songeait è devenir leur chef. Il
kBgoa à prix d or une femme qui devait dé-
clarer publiquement que Moïse avait eu
commerce avec elle. Un jour que le prophè->
te faisait un discours au peuple et qu'il pro-
nonçait la peine de mort contre Tadultère,
Caron se leva et dit : « Si tu étais loi-mènie
coupable de ce crime, quelle devrait être ta
punition? » — «La mort, » répondit Moïse.
Aussitôt on Qt paraître la femme aposlée, mais
loin de calomnier rinuocence, elle décou-
vrit le complot. Moïse à Tinstant s*écria :
« O terre, engloutis les scélérats I >» Et la terre
les engloutit.
D
DANIEL.
Divers écrits ont été attribués à ce pro-
phète célèbre.
Un manuscrit grec, conservé à Oxford à la
bibliothèque Bodléjrenne (Codices Baroc*
nani, n" 148), est intitulé I>e< Visions de Da-
niel. D'autres visions se trouvent dans un
manuscrit grec de la bibliothèque impériale
de Paris, cité par Anselme Banduri, Ad An-
tiquitales ConstantinopolitanaSt p. 872, Léon
Allaiius {De Georgiis^ p. 35l), mentionne
les visions de Daniel parmi divers ouvrages
iradoils en grec par George Zegabenus.
Nous lisons dans la traduction de la Bible,
par M. Cahen, t. IX, p. 159, qu'une His-
toire de Daniel se trouve dans le manuscrit
persan, n"" 45, de Tancien fonds de la Biblio-
llièque impériale ; elle parait tirée d*uu
Targum de Daniel iuconau jusqu'ici. Aorès
plusieurs légendes oonoues par d autres Tur-
yoiimtfis, on y trouve une longue pro|>/i^/ia
de Daniel qui prouve que le livre a été écrit
après la première croisade. Non-seulement
il V e»t évidemment question de Mahomet
et de ses successeurs, mais on y parle aussi
(l*un roi qui viendra d'Europe et qui ira
jusqu'à Damas. Ce roi tuera les princes des
Ismaélites (Musulmans), abattra les mina-
rets et détruira les mosquées; personne n'o-
sera prononcer le nom du profane (c'est-à-
dire de ÈÊahomet), Les Israélites seront aussi
frappés de grands ninlheurs; de ce roi le
projthète passe immédiatement au Messie,
lits de Joseph, à Gog et Magog, et au vrai
Vessie, Uls de David^ ce qui donne lieu de
croire que ce Targum a été écrit au xi* siècle*
pendant que le royauuie chrétien de Jéru-
salem existait encore
Le catalogue des manuscrits de la biblio^
thèque d'Uffenbach indique, p. lO-i-, une con-
juration de Daniel contre les lions, prise dans
un manuscrit en hébreu sur la cabale.
L*épisode de l'interprétation des songes
raconté dans le Livre de Dame/ donna tout
naturellement à des imposteurs l'idée de
mettre à l'abri du nom du prophète hébreu
les ouvrages qu'enfanta leur imagination
sur cette matière.
F. Sylburge, dans le catalogue des manus«
crits grecs de la bibliothèque Palatine, p. 98,
mentionne un écrit par ordre alphabétique
intitulé : Oneirocriiica Danielis prephetœ.
Un catalogue des manuscrits anglo-saxons
de la bibliolhèf^ue Bodléyenne à Oxford est
t'oint au Thésaurus linguarum septentriona*
ium de Georges Hickes, et nous y trouvons
mentionné (t. 11, p. 38) un livre de la diver-
sité des songes^ en latin avec une version
saxonne inierlinéaire. On y rencontre l'ex-
plication de deux cent vingt- neuf songes
suivant l'ordre alphabétique. Voici le der-
nier : Se promener dans un verger est un
sujet d'une grande anxiété.
La bibliothèque de Berlin renferme une
composition analogue eu vieux français et
toujours sous^le nom de Daniel. Lacroze en
fli un extrait ciu'il communiqua à Fabricius,
et c'est d'après cet érudit (Cod. apocr, Yei,
i87
DICTIONNAIRE DIS APOCRYPHES.
fS8
Teit.^ U ly p. 1132] qae nous allons repro-
duire ce fragment :
« Ci commence Texposicion des songes se-
lon ce que Daniel le prophète le fisl, et en
escriture le mist de asseurer tute gens de
songe warie lentendement ci peut homme
lire apertemenL
« Dieu omnipolent que tûtes choses créa
quant homme fourma a sa semblance. Si créa
aime parfite sage et resonable et au corps
domme la assembla. Et, par ceu extent
homme reson et lest le mal et prent le bien
et rend loenge a Dieu son creatour. Lalme
que cointe est al corps per quei homme est
resonable et siet les aventures que sont a
venir al aime. Souvent \y monstre per songe
les bi»3ns ou les mais que sont avenir grant
temps ajires. Et par ceu que checun homme
de Illl ans en amont peut songer solom le
dit de Aristotle et songes monstrent verrei-
nient les aventures uuu sont avenir par cest
escript a ma d<ime Alice de Courtenei et à
tous sages par ceu quil trouveront les ex-
posicions des tûtes manere de songes.
Jugement des songes. — « Jugement des
songes en moult de manercs se varient so-
lom labite et la dignete des persone^ et
solom diverse temps et diverses lioures. Car
un mesme songe autrement signifie au roy
que a un subject» autrement a homme de
religion que a seculer, autrement a clert
que a lay, autrement a riche que a poure,
autrement a homme que a femme, autre-
ment a pucele que a autre femme. Sachez
qui vest noir draps en songe signifie an-
goise el travail, i»
L'ouvrage en (|uestion se compose de cent
quatre-vingt-seize chapitres et se termine
ainsi :
« Dit avons les exposicions de songes so-
iom ceu que trouve avons eu escript per la
exposicions de sages philosophes de Inde,
de Perse, de Egipte, et qui emprent garde
de la signifiance des choses que sont de-*
devant exposées et dites, il pourra par ceu
expondre tous les songes que avenir pour-
ront. 9
Cette explication a été mise en vers latins,
ainsi que ! oi)5erve Sgambatus (163), et il eo
(165) I Oneirocritica Danielis,antiquaiinpo8tura.
leiôtur et Latiiio carminé hujusmodi lil>er inter
vulgi iiugas, de quibus operae pretium non est plura
hic addere. > {Archiv, Vet. Tesi,, p. 378.)
(164) Ecri\ain recoud et savant, mais sans gnûl
et de peu «le criiique. Il mourut en 1655. On trou-
ver.i dan« te tome XXI\ des Mémoires pour terttr
à Vhiêioire de$ hommes Ulustres, par le P. Micerou,
la longue énuméraiion de ses ouvrages.
(105) Ecrivain grec que Ton regarde comme c^m-
temporain de Marc-Aurèle; divers savants croient
eependaiii qu*il \ient a Tépoque de Constantin. Ses
Oneirocêiiica^ publiés pour la première fois à Ve-
nise, en 1518, ont été derechef édiles p.ir N. Ri-
gaud (Pariii, 1005, in-4*), et par J. G. ReilT (Leipzig,
1805, 2 vol. in 8'j. Il en existe une traduction Trau-
çaiie par Cb. Fontaine qui, du 1546 à 1664, a
obtenu huit éditions.
(166) Des significalions et événements des songes ^
iotifité du grec en lai in , par Leuiiclavius , et mis en
(Tançais par Denys Durai, Paris, 1581, in-8'.
est fait mention dans un ancien poëme al-
lemand : Le roi Tyro d'Ecosse et tridebrand
son filSf que cite Fabricius {Cod. apocr, Vet,
Test.^ t. 1, p. 1133) d'après un des ouvra^^es
de Melchior Goldast (164), Parœnetiei vet^
res^ p. 273.
Il ne faut pas confonare le prétendu Kvr«
de l'interprétation des songes attribué au
f prophète Daniel avec un opuscule en vers
rançais composé au xv* siècle et intitulé:
Les songes de Daniel,
Il existe aussi en italien, une composi*
lion analogue, car nous trouvons au cata-
logue Libri (1847, n* 24S6) un opuscule de
quatre feuillets intitulé ;
Sogni di Daniel, profola.
Les ouvrages relatifs aux songes et rois
sous le nom de Daniel ne sont d'ailleurs que
des recueils d'assertions gratuites et chiméri-
ques, telles qu'on en trouve chez le Grec
Arlémidore (165), chez l'Arabe Apoma-
zar (166), chez Jean Belot (167), et chez tant
d'autres ; ce n'est pas là qu'il faut chercher
quelques idées justes au sujet de la grande
et curieuse théorie des phénomèaes du
rêve,
L'évèque de Crémone, Luitprand, dnns son
récit de l'ambassade envoyée à l'empereur
Phocas (168), dit que les Grecs et les Sarra-
sins ont des livres qu'ils appellent Visions
de Danielf où est écrit le nombre d'années
qui doivent former la vie de chaque empe-
reur, les événeitients qui s'accompliront sous
son règne, si la guerre ou bien la paix y
dominera, si les hostilités avec les Sarrasins
seront couronnées du succès ou marçiuées
par des revers. « Ou trouve, en ce qui con-
cerne Nicéphore Phocas, que les Assyrieus
ne pourront résister aux Grecs, et que cet
empereur ne vivra que pendant une pé-
riode de se|jt ans (169J; a|)rès sa mort, un
empereur pire que lui (mais je crois qu'on
ne pourrait en rencontrer) , et plus faible
encore , doit monter sur le trône , et , sous
son règne, la supériorité des Assyriens
sera telle qu'ils ^soumettront tout le pays
jusqu'à la ville de Chalcédoine, qui esta une
petite distance de Constautinople. »
Du Gange a cité ce passage dans son Glos^
(167; Les Œuvres de Jean Belot ^ contenant CAri
de mémoire. Traité des detinations , augures et son-
ges, etc., Rouen, 1688, in 12.
(168) Celte mission eut lieu en 968; l'empereur
grt'c accueillit mal renvoyé de IVnipereur d'Occi-
dent, Othon, bien qu*il lut question d*an maiiage
entre les enfaitts de ces deux monarques. La rela-
tion que nous citons a de rintérët pour rbtstotr« de
rëpoque; elle a été traduite en riaiiçaispar le pré-
sident Cousin et insérée dans le second volume de
son Histoire d* Occident,
Elle se trouve aussi dans les éditions des ouvra-
ges de Luiiprand ; la meilleure est celle d* Anvers,
16i0, in-folio.
( 1 09) Couronné empereur le 9 août 9fô, Nicéphore
fut assassiné le 11 décembre 969. Il avait e« U(*s
succès contre ie> S.trrasiiis auxquels il avait repris
la Cilicic, nie de Chypre et la Syrie. Il eul piMir
successeur Jc:ui Zimiscè^, un de ses meilleurs fiéiiô-
laux cl claf de la conspiration ourdie contre lui.
If9
DAN
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
DAN
190
farium grœciMis ; il pense que par ces yi-
>ionsde Daniel, il faut entendre des préten-
oiis oracles dans le genre des prophéties
Q.iribuées à Léon le Philosophe, au sujet des
tuipereurs de Conslanlinople , et publiées
|dr Kul^Pisius dans sesVariœleclioneSf I. y,
i. S (170), et avec les noies de Lauibécius»
: :riiii les écrivains byzantins; on n'a pas
( e jus<|U*à prétendre que ces écrits fussent
ilu iroptièle Daniel, cnais co.nmc ils ont
uriffoniieanaloguehceilede ses prophéties,
vu Irura donné le nom qu^ils portent.
Du CâDge, dans ses Notes sur Zonaras ,
p. 12, mentionne un manuscrit grec, con-
H'T\é À la Bibliothèque impériale à l^aris,
nMifermant des piophélies mises sous le nom
ilo D niei et traduites par les Septante, à ce
«lu'avance très- faussement riniiluié de ce
manuMTit; nousen donnerons ici la iraduc*
t n d*an passage qu'a rapporté Fabricius
j mUi apoer, Vel. Test,^ t. 1, p. 1137).
•Piolémée Phi ladelphe, roi d'Egypte, régna
troDte-huitans (171). Ayant soumis ic^s llé-
i.reui à ^ domination , il les força de tra>
liiiredans la langue grecque tonte i'£orilure
Minte/et celte version fut faite' par dos
hutimes renommés parmi les Hébreux en
r-'i^on de leur science. Parmi ces écrits
Minis, il y avait un livre approuvé et ad-
i!i rabie contenant les visions du prophète
Daniel (172); tous les événements qui doi-
▼rnl survenir jusqu'à la fin du monde y sont
in liLjués d'après les prodiges qui s^accom-
I i^^ent dans le firmament. A Tépoque de
iônslant, filsd'Héraclius, qui régna à Cons-
ijut.nople (173),Moavia, souverain des Ara-
io, avança jusqu'à Rhodes eu faisant de
grandes conquêtes ; il ravagea les territoires
«iV^ctenant aux Romains, détruisant les po-
luâtous, et dépouillant toutes les contrées
xiueessur les côtes de la roer. L'empereur
i^dtiireçu ces nouvelles, réunit des trou-
r'N et entra en Phénicie pour arrêter les
i'ivjsiuos de Moavia, et il lui livra bataille.
Miis les Romains furent vaincus. Constant
"n>fflêQie se sauva avec peine et revint
l'Jiuilié dans sa capitale. Moavia, enorgueilli
li^' sa victoire , porta le ravage dans tout
•pavs, jusqu'à Conslantinople; et le livre
^ 'niDous venons de parler élant (ombé dans
H'5 ruains, il vil avec surprise ce qui y était
< ni, et il le donna à de savants Arabes
i 'Uri}u'il!» le traduisissent en leur langue, et
'i sul)siste encore aujourd'hui sous cette
^nue. L'an 6753 (1145 de l'ère chrétienne),
nO) Leyde, 1618, in^**. Le s savants eslimcni
r- i(*<i]fil il^ubserva tiens el de remarques phiiol»-
r ,ue^, œoTie d*t>n értidit hollandais qiruiie mort
I enmiuiée enleva en lGi25, à Tàge de ueuie*
"iW ans.
l'îllCe monarque, auquel son père Piolémée
Sii«r céda U couronne d'Eseypie , la posséda tn
^âcideai ans peudani la vie de sou piédécessenr
ti irente-sii ans seul. Ses années royales complè-
rcnt du i novemlire 185 avant Tére cliréiiennc jus-
« li'itt 2i octobre 2i7, époque du règne de Ptoléniéc
l^^erjèle.
il'^i) Remarquons que saint Epipliane (De
«^inrii acponderibut^ sect. 10) dit que les Sepr
un nommé Aleiius, qui avait été pris par
les troupes de l'empereur, et qui était esclave
à Byzance, et qui connaissait la bngue et
l'alphabet des Arabes, traduisit ce môme
livre dans la langue des Romains (17^i^). »
Les Orientaux regardent Daniel comme
un devin fort habile, et ils lui attribuent des
ouvrages sur les sciences occultes. Herbelot
[Bibliothèque orientale) parle de l'ouvrage
d'Abdallah , fils de Salem, intitulé Odhmus
al mancal an Danial al Nabi, qui est tiré du
livre apocryphe de Daniil , et il mentionne
un écrit intitulé Odmat^ et contenant des
prédictioi),s reçues par tradition de Daniel ;
livre plein d*absurdités et fabriqué par les
Musulmans.
Lambécius signale, parmi les manuscrits
syriaques de la bibliothèque de Vienne, un
Prognoslicon apocryphum singuhrum onno-
ri4//i, prirlant le nom de Daniel.
LUisloire de Daniel, et surtout l'épisode
de Suzanne, ont fourni le sujet de nom-
breuses oompnsitions dramali()ues dont les
auteurs n'ont pas reculé devant Tadmission
de bien des détails apocryphes. Voici Tindi-
caiion de ce qui existe de plus remarquable
en ce genre :
Ihstoria de Daniel reprœsantanda^ dans Z/t-
larii versus el ludi ( Chami ollion-Figeac
frfe/i/e.}, Paris, 1838, in-8*; Tragicomadia ex
Danielepropheta contra idololalriam (Joannis
Carl)oniroÀ® Kirchoviensis, Bâie, 1535 ;/>a-
niel dans la fosse aux lions^ tragédie par
Tahbé Bellet, dédiée à l'archevêque de Bor-
deaux, et rejjrésentée par les écoliers ilu
collège de Guyenne, 1731, in-12; Susanna,
comadia tragica psr Xyslum Z^e/a/iu/n, Zu-
rich, 1538, in-S", et <lans les Dramata sacra.
Bêle, iîkli Susanna comœdia, dans les Opéra
poetica de Nicodème Frischlin, Strasbourg,
1585 et 1589; Susanna per Placentium evan^
gelistenlusu^Anyers. 1534- ; Susanna, comœdia
G .Macropedii,ib^;Susannœ tragica comadia
heroicis tersibus expressaaCaroloGodranio^
Dijon, 1571, in-4-.
L'Histoire de sainte Suzanne, exemplaire
de toutes sages femmes el de tous bons juges
(à Vh personnages et en vers), Troyes, sans
date. L*analyse que la Bibliothèque du Théâ'
Ire français a donnée de celle composition
est reproduite dans le Dictionnaire des mys-
tères, Migi.e, 185i, col. 926; Tragédie de
la chaste et vertueuse Suzanne^ où Von voit
I innocence vaincre ta malice des juges, Rouen,
1614, in-8"; Suzanne, tragi-comédie par
lanle, îoilépendammentdes Livres saints de rAnc'en
Testament, traduisirent soixante- douze livrcs^apo-
crypbcs.
(175) Ce prince monta sur le trône à Page de
douze ans. Sous son règne, les Sarrasins conduits
par le kalife Moavia , obtinrent en effet des grands
succès contre les Grecs. La làcheié, l^avarice el la
tyrannie de Gonsiant, qui s'était retiré en Sicile,
favorisa If s Conspirations qui s'ourdirent contre lui.
II fut a>sassiné le 15 judiel 668, après avoir régné
vingt- sept ans.
(174^ Cette expression doit s'entendre ici dans l6
8CIU de lajigiie grecque.
19!
DIGTIUMNAIRE DES APOCKYPIIES.
f«
P. JeossoD Heyeland, Copenhague, 1579,
iii-4* ; ËM Susanntf miroir des mesnagêreit
qui figure dans le très-rare volume des Co»
médité et tragédies de Pierre Uejros (Uarlem,
1506), n*est pas précisément celle de la Bt*
ble ; c*est une espèce de moralité où Ogurent
des personnages allégoriques» tels qae Loi
de nature, Somctlude, etc.
DAVID.
Un piTsonnage aussi célèbre que David ne
pouvait échapper à Tindustrie des fabricants
de livres apncryphcs. Fabriciusfait connaître
ceux qui sont encore connus.
Entretien de David avec Dieu sur la cons'
truction du temple (d'après le Talniud Jal-
kut, m II Samuel vu, loi. 21, co). k).
« Le Seigneur dit à Nathan : Va et dis
h mon serviteur, à David : le Seigneur a
dit : Esl-ce que lu m*élèveras une maison?
Ce ne sera pas en vain, car tu as répandu
le san^. » Lorsque David eut entendu ces pa-
roles, ilifut ttTrayé, et i! pensait qu*il n'aurait
pas riiabileté et les moyens nécessaires pour
élever un temple. Mais llabi Juda, fils de
liabi Eiai, enseigne que Dieu saint et béni
parla ain5i h David : « O David, n*aie point
do crainte, car je jure par .ma vie que ce
sang que tu as répandu n^est pas de plus
grande valeur devant mes yeui que le sang
d'une chèvre ou d*un cerf. » ( et au sujet de
celte effusion, on lit danslejDeu(^roitome,xu,
16 :| Tu le répandras sur la terre comme de
l'eau). Quelques-uns disent que les paroles
de Dieu furent celles-ci : « Je jure par ta vie
que le sang que tu as répandu est pour moi
itans la même estime que le san;; des sacri-
lices. » Pari e qu'il est dit dans le i" livre
des Chroniques f xxii, 8: «<rTu as répandu
beaucoup de sang devant moi. «Partout où
se rencontrent les mots devant moi^ il faut
les entendre des sacrifices , parce qu'il est
dit de même dans le Lévitique^ i, H : Et il
tuera un jeune taureau devant le Seigneur.
David répondit h Dieu : «Si le saug que j'ai
versé est devant tes yeux comme le sang des
sacrifices, pourquoi ne dois-je pas t'éiever
un temple ?k Dieu répondit : « Si tu réle-
vais, il subsisterait toujours et ne serait ja-
mais détruit. » David répondit : « Ce serait
un lien, i» Dieu répondit : « il est manifeste
|)0ur moi que les Israélites tomberont dans
te péché, aussi ma colère s'appesantira sur le
temple, et je le détruirai en épargnant les
Israélites. • Ainsi il est écrit (Thrtn. u,
k) : Il a répandu $a colère comme le feu sur
la tente de la fille de Sion. Dieu saint et béni
ajouta : « Je jure par ta vie que parce que tu
as eu dans la pensée d'élever un temple,
chose que ton us Salomon doit exécuter, je
t'en regarderai comme le fondateur. « C'est
ainsi qu'il est dit en tète du psaume xxx :
Cantiquederinitiationdelamaison deDavid,»
Entretien de David avec Dieu.
C'est d'après la version latine de G. E. £d-
zard que nous traduisons ce passage que
Fabricius a reproduit d'après le Talmud
(Cad. sanhédrin, fol. i07, col. 2, et Jaikul,
m // Sam.f c. xi, fol. 22, col. 2).
« Rabi Jehuda dit : L'homme doit veiller
soigneusement sur lui en tout temps, |*c>ur
qu'il ne s'induise pas lui-même en tentation,
car voici que David s'indui&it lui-même eu
tentation et tomba, 11 dit à Dieu saint et
béni : aO Arbitre du monde, pourquoi t'ap-
pelle-l-on le Dieu d'Abraham, d'Isaae et de
Jacob, et pourquoi ne t'api)elle-t-on pas aussi
le Dieu de David ?» Dieu lui répondit : « Ce;
trois patriarches ont été tentés par moi, mai>
loi, tu n'as pas été tenté. » David répliqua :
«0 Seigneur du monde, éprouve-moi aussi et
tenle-moi.»Dieu répondit : « Je te tenterai et
j'agirai avec toi de manière que ta constance
se manifeste. Mais quand j'éprouvai les ir^i»
patriarches, je ne les en prévins pas à l'a-
vance; toi, je te donne cet avis. >» Et Se roi
David se promenant un soir sur Id toit de
son palais, Belhsabée, femme d'Urie, qui
était fort belle, se lavait la tête dans sa mai-
son qui était près de là, et la fenêtre de sa
chambre était fermée par un treillis. Saian
se mit sous la forme d'un oiseau et se (-osa
sur cette fenêtre, et David lui ayant lancé
une flèche, le treillisfut brisé, et le roi aper-
çut Belhsabée, et David la fit venir, et il la
connut, et elle se purifia de sa souillure et
revint dans sa maison. »
Entretien de David avec Dieu sur fatantoQs
de la folie.
m
Jaikut, Super ! Sam. xii, fol. 18, ool. 4; ec He-
drascli Tebillim, Super piai. xxiiv, fui. 20, col.
2, cités par Fabricius, 1. 1, p. 1002.
« David dit à Dieu saint et l>éni : « O Sei-
gneur du monde, tout ce que lu as fait dans
ton univers est bon, et la sa\^esse est la
meilleure de toutes les choses créées. Mais
la folie seule doit être exceptée, carde quelle
utilité est l'homme insensé? 11 parcourt les
places, il déchire ses vêtements, les eafants
se moquent de lui et courent après lui ; il
est un objet de dérision pour tout le }»eup:e.
Ksl-ceque cela estagréabledevaullesyeux?*
Dieu saint et béni lui répondit: « O David,
lu seras encore appelé le marchand d^ u
folie, car j'espère par ta vie qu'il viendra
un temps où tu auras besoin d'elle. Tu m'a-
dresseras tes prières pour l'obtenir jusqu\^
ce que je t'en accorde un peu.» Ensuite Da-
vid s'enfuit vers les Philistins, comme il e:>l
dilau /" livre de Samuel (ch. xxi, f ïi). Et
Dieu saint et béni lui dit ;# David, ôses-tu u*
réfugier auprès du roi AchisT Hier tu as tué
(joliath, et maintenant tu vas auprès de si s
frères, portant avec toi l'épée de Goliath,
tandis ^ue ses frères sont les satellites d'A-
chis, et le snng de Goliath est encore sur
toi. » Les frères de Goliath vinrent auprès du
roi Achis et lui demandèrent la i^ermisMou
m
DAV
PART. llf. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
DAV
iM
de tuer celui qui avait tué leur frère. Mais
Achis leur répondit : « Est-ce qu*ii n'y avait
pas entre eux une guerre ouverte? Si
votre frère l'avait tué, est-ce que ce n'eût
pas été un fait de guerre ? Votre frère n'a-
vait-il pas fait un accord avec lui commeil
istdit: s'il peut me combattre et s'il me
frappe* nous serons vos esclaves. » Les frères
deGoiiathréfiondirenl: « Si la chose est ainsi,
tu dois te lever de ton trône, car le royaume
revient à David, et lu seras son esclave. »
Alors David fut saisi de frayeur, et il com-
mença à dire, d'après le psaume lvi, k:
i J'aurai confiance en toi, le jour où je serai
frappé d*épon vante », et il pria Dieu de
l'exaucer à cette heu^e. Dieu lui répondit:
f Qu'est-ce, ô Da vid,que tu demandes de moi?»
Et David répondit: « Jedeaoande que tu me
donnes, Seigneur, un peu de cette chose que
)*ai méprisée jadis (c'est-à-dire, un peu de
folie). » Dieu répondit : « Ne t'ai-je pas dit
que celui qui méprise une chose, se félici-
(era ensuite de l'obtenir? Voici i|ue tu me
demandes la f(>lie; vois donc combien lu avais
erré dans ton jugement à son é^ard. » Alors
David feignit d*ètre insensé et il écrivit sur
tesportes:« Achis, roi de Galb, me doit cent
myriades, mais sa femme m'en doit cinq. »
La fille d'Achis était folle, et elle se liviait à
des accès de fureur et à des vociférations
dans fintérieur du palais, et David criait et
faisait l'insensé en dehors. Et Achis s'irrita
et dit : ^ Ne savez- vous |)as que la folie m'en-
vironne? » Et c*est ainsi qu*il est dit au I"
livre de Samuel (ixi, 10): '(N'ai-ie pas au-
près de moi assez defoiie, et faut'il que vous
in*ayez amené cet homme pour qu'il se con-
duise en ma présence comme un insensé?»
David délivré de ce péril en éprouva une joie
infinie, et vit combien la folie pouvait être
mile. Et c'est ce qui est dit au psaume xxxiv»
2: Je louerai le Seigneur en tout temps. »
Fabricius {Cod. apocr. Y et. Test,^ t. 1, p»
912) cite un manuscrit grec de la bibliothèque
de Vienne (Josephus Christianus in Hypom"
nef/ico, lib. ii, c 120), et il insère la traduc-
tion latine que Lambecius a faite d'un pas-
sage; nous allons le donner en français :
« Les livres de Nathan, d*Adelo, d*Achias
le Silonite, de Sem et de Jéhu sont men-
tionnés dans le Livre des Rois. Ces prophètes
écrivirent des ouvrages qu'on ne retrouve
plus.
« On lit dans 1e$ Paralipotnènes (175) au
sujet des psaumes de David qu'ils étaient au
nombre de trois mille; il n'en reste plus que
cent cinquante qui furent choisis par les
au]is du roi Széchias ; les autres ont dis-
paru.
« h^% Paratipomines disent aussi que Salo-
œon avait composé cinq millions de pro-
verbes; il n'en subsiste plus que ceux qui
sont reçus par l'I^lise parmi les écritures
canoniques.
(175) Rien de pareil ne le lit dans les Paraltpo^
»^es; on iry voii point uoii plus que Salomon ait
composé des millions de proverbes. Micliei Glycas
[Annui.^ jMirt, ii) dit égalemeni qu'Ezéchias, avec
« Josèphe dit que le prophète Ezéehiel
avait écrit deux livres de prophéties, nous
n'en retrouvons plus qu'un seul. »
Fabricius {Coa. apocr. Yet. Test., 1. 1,
p. 1007) donne la figure du bouclier de David ;
il est formé de deux triangles accouplés, et
des mots hébreux y sont inscrits. Des au*
teurs juifs lui ont attribué des propriétés
merveilleuses. Aucun trait ne pouvait le per-
cer, et il rendait David invulnérable. On a
prétendu qu'il fallait, en cas d'incendie, pé-
trir de la pâte de manière h lui donaer la
forme du bouclier en question , y tracer le
nom du Seigneur, et le jeter dans le feu:
aussitôt les flammes s'éteindraient. C'est da
moins ce qu'on lit dans un ouvrage hébreu
intitulé : De propriettUibus rerum et medica^
mentis^ imprimé à Amsterdam en 1703, rem-
pli de prescriptions magiques et supersti-
tieuses, et que Fabricius cite d'après G, E.
Edzard ad Avoda Sara^ cap. ii, p. 353. Le
même savant renvoie, è cet égard, d'après
Carpzov, à W. Schickard, m Tarich^ p. 54;
à fi. (ieier, De superstit., cap. m, et à J. Kei-
cbelt, De amuletis^ p. 86.
Nous lisons encore, dans Fabricius, qu'en
1695, il vint d'Egypte à Florence un Juif
nommé Delphilim Dorra, apportant avec lui
soixante-dix livres, parmi lesquels il y en
avait deux écrits par jDavid : les Juifs de
Rome et de Livourne lui en offrirent quatre-
vingt-dix mille écus; mais il seiit baptiser
et il lit don de ces deux manuscrits au grand-
duc de Toscane, qui le gratifia d'une pen-
sion. G*est ainsi que la chose est racontée
dans le journal latin de Cologne : nous n'a-
vous pas besoin de dire qu elle ne mérite
guères qu'on s'y arrête.
Sgambatus {Ârchiv. Vet. Test.^ p. 288) rap-
porte ce passage emprunté au livre hébreu
Oruch Chujim^ c. kS : Rabi Meier dit : 11 faut
répéter chaque jour cent bénédictions. Rabi
Natronai, oui fut le chef de l'académie à Mata
Macasia^ré^jondit : Le roi David a composé
ces cent bénédictions, et en voici le motif.
Chaque jour un grand nombre d'Israélites
mouraient, et on ne voyait pas la cause de
tant de morts. Enfin David, instruit par TEs-
Erit saint, composa cent bénédictions, et
ieu étant imploré ainsi , le mal cessa. »
Ajoutons que Sgambatus dit qu'il existe à
la bibliothèque de Munich un livre intitulé
te fondement de la foi^ et qui fut composé
par David i à ce quo prétendent quelques
Juifs.
11 serait très-long et peu intéressant de
relater les divers contes qu*ont entassés les
rabbins au sujet de David : nous nous bor-
nerons à citer un trait que rapportent grave-
ment deux des docteurs juits tes plus en re-
nom, Kubbi David Kimchi et Rabbi Salomon
Jarchi.
« Lorsque David fil creuser les fondements
du temple sur l'abîme, comme Ton craignait
Taide d'Esdras , choisit parmi un grand nombre de
psaumes, cent cinquante qui étaient hiconteoiabl!^
ment Tcvovre de David
«5
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
IM
otiA le monde ne fût inondé, Achitophcl
écrivit le nom ineffable du Seigneur et le
!)osa sur rabtme , et aussitôt l'abîme s'én-
onça de seize mille coudées ; mais comme
on observa qu*il était utile au monde que
l'abtine ne fût pas à une aussi grande pro-
fondeur, parce que ks eaui sont nécessaires
AU monde et que c'est l'abtme qui fait verdir
la terre , il chanta les quinze psaumes gra*
duols, et il fit ainsi remonter l'abîme de
quinze mille coudées, et il l'arrêta à une
profondeur de mille coudées. »
Les auteurs musulmans racontent, au su-
jet de David, une foule de légendes apocry-
phes : nous en citerons quelques-unes, d'a-
près l'ouvrage de M. Weil, auquel nous avons
delà eu recours [Bibliiche Legenden der Mu^
^ehnânner).
<( Aussitôt que Talut (Saiil) eut été nommé
roiy il passa en revue l'armée des Israélites,
et il nmrcha contre les Philistins, à la tête
de soixante-dix mille hommes. Lorsqu'ils
traversaient le désert, l'eau vint un jour à
leur manquer, de sorte que de violents mur-
mures s'élevèrent contre Samuel et contre
Talut. Samuel, qui marchait derrière l'arche
d'alliance, adressa ses prières è Dieu , et il
jaillit, du milieu d*uu sol rocailleux, une
source d'eau aussi fraîche que la neige, aussi
douce que le miel et aussi blanche que le
lait. Samuel s'adressa alors aux soldats qui
s'empressaient d'accourir vers cette source,
et leur dit : « Vous avez gravement pérhé
contre Dieu et contre votre roi , e i vous li-
vrant è votre mécontentement et à voire in*
subordination. Renoncez à faire usage de
cette eau, afin que votre abstinence témoi-
gne ainsi votre repentir de votre péché.» Mais
les paroles de Samuel ne furent point écou-
tées ; trois cent treize hommes seulement y
eurent égard et, combattant leur soif , se
contentèrent de se rafraîchir un peu : tout
le reste do l'armée se laissa entraîner par
l'occasion et but à longs traits. Quand Talut
vit cela, il congédia l'armée entière et^ met-
tant sa cônliance en l'aide de Dieu, il mar-
cha à l'ennemi avec le petit nombre d%om-
mes seulement qui avaient résisté à la ten-
tation. Dans cette troupe si peu considérable,
il se trouvait six fils d'un homme vertueux
qui s'appelait Isa. Le septième fils , nommé
Dawud (David) était seul resté au logis pour
avoir soin de son père; et comme on resta
longtemps sans combattre, parce que per-
sonne ne voulait entrer en combat singulier
avec Djalut (Goliath), ce qui devait précé-
der une bataille rangée, Isa envoya au camp
son septième tils , alin qu'il portât à ses frè-
res des provisions fraîches, et alin qu*il re-
vint lui donner des nouvelles de ce qu'ils
faisaient.
« En se rendant au camp, Dawud entendit
une voix qui sortait d'une pierre qui se trou-
(176) La vicioire de David a été le sujet de
Quelques composi lions draniaiiqiies. Uoe tragédie
de Joacbim deCoixnac, la Déconfiture du géant Go-
tUthf Lausanne, 1550, in-8<*, c»i deveuue d*une ra-
reté etirônie ; ni le duc de la Vahiëre, ni M. de So-
kioue n'avaient pu se ta procurer pour la placer
vail au milieu du eherotn , et qui loi dît •
« Soulève-moi; je suis une des pierres avtv
lesquelles le prophèie Abraham chassa S i-
tan, lorsque celui-i^i voulait lui inspirer de
l'hésitation dans sa résolution trobéirè Dieu
qui lui avait ordonné de sacrifier son û\s. •
David prit la pierre, sur laquelle était inscrit
le nom sacre; il la mit dans un sac qu'il
portait sur sa tunique, car il était babillé
comme un voyageur, et non comme un guer-
rier. Ayant fait encore un peu de chemin, il
entendit une voix qui sortait de môme d'une
autre pierre : « Prends-moi avec toi; Je suis
la pierre sur laquelle fange Gabriel posa son
pied , lorsqu'il frappa la terre dans le désert
afin d'en faire jaillir une source |K)ur Isinaêl.»
David ramassa aussi cette pierre ; il la mit
avec la première et il continua son chemin.
Mais bientôt il entendit les paroles suivantes
sortir d'une troisième pierre : 't Ramasse*
moi; je suis la pierre avec laquelle Jac^b
combattit contre l'ange que son frère £*a(i
avait envoyé contre lui. » David ^amas^a
aussi cette pierre et poursuivit sa route sans
interruption, jusqu'à ce qu'il parvint auprès
de ses irères, dans le camp des Israélites. Et
quand il y fut rendu, il entendit qu'un héraut
criait : « Celui qui tuera le génnt Djalut épou-
sera la fille de Talut et sera un des favoris
du roi. » David engagea ses frères à combat-
tre Djalut, non pour devenir le gendre et le
favori (lu roi, mais pour effacer la honte qui
s'attachait au peuple d'Israël. Et comme ils
manquaient de courage et de confiance, il
alla vers Talut et lui demanda la perm ssion
de se mesurer avec Djalut. Talut n'avait
guère espoir de voir un adolescent, tel qu'é-
tait encore David, rester vainqueur d'un
guerrier tel que Djalut; il consentit cepen-
dant , car il comptait que lors même que Da-
vid succomberait , son exemple encourage*
rait d'autres Israélites et i|u'il trouverait des
imitateurs. Le lendemain matin, Djalut
ayant, selon son habitude, commencé à pio-
voquer en termes insultants les guerriers
d'Israël, David s'avança, couvert de son cos-
tume de voyageur et portant le sac où il avait
déposé les trois pierres qu'il avait ramassées.
Djalut éclata de rire en voyant son frêle an-
tagoniste , et lui dit : « Retourne chez ton
père et amuse- toi avec les petits garçons de
ton âge. Comment veux-tu combattre, toi qui
es entièrement dépourvu d'armes? » David
répondit : c Je te regarde comme ufi chien
que l'on chasse 5 coups de pierre. » Et avant
aue Djalut eût tiré son épée du fourreau , il
ra les trois pierres de son sac. De la première
il frappa Djalut à la tête et i'étendit sans vie
sur le rarreau (176); avec la seconde, il luit
en fuite l'ailo droite de l'armée des Philis-
tins, et avec la troisième, il dispersa l'aile
gauche.
« Mais Talut devint jaloux de David qu'ls-
dans leurs coUeciions spécifies. La DaM eombat-
lanf, qui se (rouve dans tes Tragédieê $aiHt€$ de
Louis Desniiizures (Genève, 1560, Auvets, I58i). eu
une œuvre sans invention et sans aucun tueni*'*
Nous iudiquerons plus loin quelques pièces la-
tiues.
m
DAY
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
DAV
19a
raSI (oat entier Vailtâit comme un grand
héros et il lui refusa de lui donner sa fille
jusqu'à ce que David lui eût encore apporté,
coQime présent de noces, cent autres têies
de géaots. Et plus les exploits de David
étaient grands, plus la jalousie de Talut
était envenimée, au point qu*il essaya bien
des fois de le faire assassiner. David décon-
certa toujours ces projets, et quoiqu'il n'en
tirât pas vengeance, la haine de Talut s'ac-
crut encore en raison de cette magnanimité.
Un jour, il rendit visite à sa fille, pendant
que David était absent, et il la menaça de la
faire mettre è roort, jusqu'à ce qu'elle lui
prooQit, en s'engageant par les serments les
plus sacrés, de lui livrer David pendant la
nuit. Et quand celui-ci revint à sa maison,
$di femme courut toute troublée au-devant
de lui, et elle lui raconta ce qui s'était passé
entre elle et son père. « Reste fidèle à ton
serment,» lui dit David, « et ouvre à ton
père la porte de mn chambre lorsque je serai
endormi. Dieu veillera sur moi pendant mon
sommeil, et me donnera le moven de priver
i*épée de mon ennemi de la faculté de me
nuire, de même qu'il n'a pas permis à Abra-
ham de rien faire contre Ismaël , quoique
celui-ci eât tendu son cou au fer qui allait
le frapper*
i David se rendit ensuite dans son atelier
etfabriqua une cotte de mailles qui couvrait
tout son corps, h parlir du cœur. Cette cotte
de oiailles était mince comme un cheveu,
elle se pliait sur le corps comme un tissu de
laine, et elle résistait à toute sorte d*armes.
David avait reçu de Dieu la grâce spéciale de
travailler le fer sans avoir besoin de feu et
sans employer ni enclume, ni outil; il le
maniait comme de la cire et il le façonnait à
l'usage qu'il voulait. On lui doit la décou-
verte des cuirasses à anneaux ; jusqu'à lui, les
armures défensives consistaient en grandes
plaques de fer.
< David dormait fort tranquillement, lors-
que Talut, accompagné de sa fille, entra
dans sa chambre; il s'efforça de fendre avec
son épée comme avec une scie la cotte de
mailles qui résistait à tous ses efforts. David
se leva et il arracha l'épée des mains de son
beau-père sans lui faire cependant le moin-
dre reproche, et il la brisa comme un mor-
ceau de pain.
« Après cet événement, David ne jugea
plus à propos de séjourner dans le voisinage
de Talut; il se retira dans la montagne avec
quelques compagnons dévoués. Talut profita
de sa retraite p<»ur le calomnier auprès du
peuple, et le représentant comme un traître.
Il niarcba contre lui à la tête de quelques
milliers de soldats. Mais David avait en sa
faveur tous les habitants des montagnes et
il connaissait si bien tout le pays qu'il fut
impossible à Talut de s'emparer de lui.
« Une nuit, tandis que Talut dormait,
David sortit d'une caverne qui était proche
du camp du roi auquel il enleva une bague
qui était à son doigt ; il lui prit aussi ses
armes et un drapeau qui se trouvait auprès
de lui. Il se retira ensuite dans la caverne
qui avait une double issue, et il se montra
le lendemain matin sur une montagne qui
dominait le camp des Israélites; il était ceint
de la longue épée de Talut, il agitait son
drapeau et il étendait le doigt auquel il avait
passé la bague royale. Talut, qui ne pou-
vait Comprendre comment il était possible
qu'un voleur se fût introduit dans le camp
où l'on faisait bonne garde, reconnut David,
et cette nouvelle preuve de la gént^rosité de
son gendre qui avait épargné sa vie, triom*
plia enfin de sa jalousie et de son inimitié.
Il lui envoya un messager pour lui deman^
di r, en son nom, pardon de tout ce qu'il
avait fait contre lui^ et pour l'engager à re*
tourner dans sa patrie. David revint volon-
tiers auprès de son i)eau-père, et ils vécu->
rent en bonne intelligence jusqu'à ce que
Talut périt dans un combat malheureux li^
vré aux Philistins.
«r Après la mort de Talut, David fut, d'une
voix unanime, choisi pour roi d'Israël, et,
avec l'aide de Dieu, il vainquit bientôt les
Philistins et étendit de tout côté les fron-
tières de son royaume.
« David n'était pas seulement un brave
guerrier et un sa^e monarque, il était aussi
un grand prophète. Dieu lui révéla soixante*
dix psaumes et lui donna une voix telle que
nul mortel n'en avait eu avant lui, et dont
la douceur, ainsi que la sonorité et l'éten-
due n'avaient pas de rivales. Il pouvait imi-
ter les roulements du tonnerre et les rugis-
sements du lion, aussi bien que les accents
les plus mélodieux du rossignol, et tant
qu'il vécut, il n'y eut en Israël f>as un chan-
teur, pas un musicien qu'on pût écouter
avec plaisir lorsqu'on avait entendu David.
Tous les trois jours, il priait devant la foule^
et il chantait les psaumes dans une chapelle
qui était creusée dans le roc. Là, ce n était
Eas seulement les hommes qui se rassem-
laient pour l'entendre, mcis encore toutes
les bêtes et tous les oiseaux étaient attirés
auprès de lui par l'harmonie de ses chants
et lis accouraient de leurs retraites les plus
sauvages. Il consacrait un des deux autres
jours au soin du gouvernement, et le troi-
sième à ses femmes, dont il avait quatre-
vingt-dix neuf sans compter un grand nom-
bre de concubines.
« Un jour, lorsqu'il revenait au palais après
sa prière, il entendit deux de ses sujets dis-
putant entre eux sur la question, lequel
d*AhraIiam ou de David était le plus ^rand
prophète. «Abraham,» dit Tun, « n'a-t-ilpas
été préservé des flammes d*un four embrasé? v
«David,» répondait Tautre, « n'a-t-il pas com-
battu le géant Djalut? Quelle est, répli(|ua
le premier, «parmi lesactionsde David, celle
qui peut se comparer à la promptitude qu*a
uiise Abraham à se soumettre aux ordres de
Dieu en voulant sacrifier son fils? »
« Aussitôt que David fut revenu au palais,
il se prosterni devant Dieu, et il pria, di*
sant:« Seigneur, toi qui as éprouvé la fidélité
et l'obéissance d'Abraham, donne-moi l'oc-
casion de montrer à mon peuple que mon
f99
DICTIONNAIftE DES APOCRYPHES.
108
amour pour loi résiste à toutes les épreu-
ves 7 »
c La prière de David fut exaucée. Lo troi-
sième jour, comme il montait en chaire» il
remarqua un oiseau dout le plumage magni-
fique attira toute son allentioDv et ses re^^ards
le suivirent dans tous les coins de la cha-
pelle et sur tous les arbres et buissons du
voisin i^e. Il chanta moins de psaumes qu'à
l'ordinaire; sa voix se iroublait lorsc|ue Toi-
seau disparaissait, et elle se montrait incer-
laine et embarrassée lorsqu'il se montrait
derechef. Toute Tatlention du monarque
était ailleurs. Après la Gn du service divin,
qui, à la grande surprise de tou.s les assis-
tants, dura plusieurs heures de moins que de
coutume, David suivit seul Toiseau oui vol-
tigeait d'arbre en arbre iusqu'à ce qu un peu
avant le coucher du soleil, il se trouva au
bord d*un petit lac. L*uiseau disparut dans
le lac, mais David l'oublia bientôt, car, h sa
place, il sorlit de l'eau une femme dont Vas^
))ect éblouit le rot comme l'eût fait la plus
grande clarté du soleil. Pour ne yias l'ef-
frayer, David se cacha d'abord derrière un
buisson; il s'approcha ensuite et il lui de-
manda son nom; elle répondit : « Je me
nomme Saja, fille de Josu, etje suis la femme
d*Urie, fils d'Hanan, c|ui est à Tarmée. »
David s'éloigna, mais il fut embrasé d'une
passion telle qu*aussilôt qu'il fut de retour
au palais il d^nna l'ordre au général de ses
troupes de placer Urie, fils aHanan, à 1'»-
vant*garde, dans le poste le plus périlleux.
L'ordre du roi fut accompli, et on ne tarda
pas è lui annoncer la mort d'Urie. Il fit venir
sa veuve et il l'épousa aussitôt que le. délai
fixé parla loi fut écoulé. Le jour qui suivit
son mariage était un des jours destinés aux
affaires publiques, et voici que suivant l'or-
dre de Dieu, Gabriel et Mikail (Michel) pa-
rurent transformés en hommes devant David,
€t le premier (Gabriel) dit:«,L'hommequetu
vois devant toi possède quatre-vingt-dix-
neuf brebis; je n en possède qu'une seule,
et cependant il me poursuit avec acharne-
ment, et il exige que je lui abandonne mon
unique brebis. » David dit : « Cette préten-
tion est injuste; elle annonce un cœur in-
crédule et un naturel barbare, y» £t Gabriel
répondit : « Beaucoup de croyants habiles et
placés dans des situations éminentes, se per-
mettent des actions encore plus coupables. i»
David s'aperçut que c'était une allusion è sa
conduite a l'égard d'Urie; plein de colère, il
tira son épée et il voulut fiercer Gabriel.
Mikail poussa un éclat de rire, et aussitôt
Gabriel et lui reprenant leur forme|d'anges,
se montrèrent aux yeux de David, et ils di-
rent : « Tiras toi-même prononcé ton arrêt,
et tu as dépeint ta conduite comme celle
d'un mécréant cruel; c*est pourquoi Dieu
t*dtera une partie de la puissance qu'il t'a
donnée et roctroyera à un de tes fils. Ta
foute est d'autant plus grande que toi-même
lu avais sollicité d être mis à Tépreuve, sans
avoir la force de la supporter. »
« Les anges disparurent ensuite et David
•entit tout le poids de son péché. Il arracha
la couronne qui était sur sa tête, et il dé-
chira la pourpre royale qui couvrait son
corps, et il erra dans le désert, couvert d'uno
simple étoffe de laine, et il pleura et se dé-
sola jusqu'à ce que la sueur tomba de son
Tisage; les anges du ciel eurent pitié de lui,
et implorèrent Dieu en sa faveur, mais ce hh
fut qu'après qu*il eut passé trois anné(><
dans la pénitence qu*il entendit une voix du
ciel qui lui annonça que le Seigneur cum()a-
tissant lui avait ouvert la porte de la grâce.
Consolé et rassuré par ces paroles, David
reprit bientôt ses forces physiques et sa
bonne mine, de sorte qu*à son retour en Pa-
lestine on n'observa pas en lui le moindre
changemenL
Pendant la longue absence de David, tous
les mauvais sujets qu'il avait exilés da
royaume se réunirent autour de son fils Ah*
salon et le proclamèrent roi dlsraël. Absalon
ne voulant point quitter le trône au retour
de son pèrei il fallut avoir recours aux
armes, mais il n y eut point de batailles, car
aussitôt qu'Absalon se plaça à la tète de ses
troupes, Dieu ordonna à ranee d9 la mort
de l'enlever de cheval et de le pendre par
ses longs cheveux à un arbre, afin de serr ir,
dans tous les temps, d'exemple aux fils re-
belles. Absalon demeura ainsi pendu jus-
qu'à l'arrivée d'un des généraux de David
qui le perça de son épée.
« Quoique David fût rentré en possession,
comme jadis, du respect et de ramour de
son peuple, il n'osait pas remplir l'oŒcede
juge, se souvenant de son entrevue avec les
deux anges. Il avait déjà nommé un csjI
qui devait juger, à sa place, toutes les con-
testations, et un jour l'ange Gabriel lui ap-
porta une baguette de fer avec une cloche,
et lui dit : « Dieu a vu avec satisfaction
Texemple d'humilité que tu as donné; c><^t
pourquoi il t'envoie cette baguette et ceiîe
cloche; grêce à elle, il te sera facile de ren-
dre exactement la justice dans Israël et de
ne jamais prononcer un jugement inique.
Place cette baguette dans la salle ou tu rend.«
la justice, et attache au milieu Thorloge; fa.s
mettre l'accusateur d'un côté de la baguett»*
et l'accusé de Tautre, et rends ton arrêt en
faveur de celui pour lequel la cloche tintera
lorsqu'il aura touché la t)aguette. »
« David fut très-content de ce don, on
moyen duquel le bon droit remportait tou-
jours la victoire, de sorte que personne n'o^^j
, bientôt commettre une injustice» puiî^^ju •
Ion était assuré qu'elle serait découverte an
moyen de la cloche. Un jour, deux homm^^^
vinrent pour être jugés ; l'un d'eux soutenait
3uil avait confié une perle è la garJ*
e l'autre, ce que celui-ci niait, et il affir-
mait l'avoir rendue. David les flf, comme
d'habitude, toucher ta baguette l'un apr^-s
l'autre, mais la cloche ne rendit aucun son,
de sorte que le roi ne savait pas lequel d^^^
deux avait raison, et il lui Tint à douter «t
la cloche avait conservé ses vertus, Aprc^
avoir, à diverses fois, fait loucher la b.»-
guette par les deux adversaires, il s*aprn ui
que l'un deux, chaque fois au'il s appro-
lOi
DAV
PART. III.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
DAT
S'Ji
ehait de la baguette^ donnait son biton à te-
nir à son antagoniste. Le roi le fit alors
avancer de nouveau et toucher la baguette,
tandis que lui-même prit en ses mains le
bâlon, et aussitôt la cloche se mit à tinter.
DaYid flt alors examiner le bAton; il était
creQt, et la perle y était cachée.
4 En punition toutefois du doute que David
avait eu sur la vertu de la cloche^ elle dis-
parut et remonta au ciel, de sorte que le roi
fut souvent embarrassé dans ses jugements,
jusqu'à ce que Salomon, le fils qu'il avait
en de son épouse Saja, la fille de Josa, Tas»
sistât de ses conseils. David mit en lui "une
conGance entière et Je prit pour guide
dans toutes les circonstances difficiles, car
il avait, dans la nuit de sa naissance, entendu
l'ange Gabriel s*écrier : «r La puissance de
Salao touche à sa fin; car cette nuit est né
uo enfant auquel Iblis et toute son armée
et tous ses sectateurs seront soumis. La terre,
l'eau et Tair, avec toutes les créatures qu'ils
contiennent, seront ses serviteurs, et lui
seul sera gratifié des neuf dixièmes de toute
la sagesse et de toutes les connaissances que
Dieu a accordées aux hommes, de sorte
qu'il entendra non-seulement le langage des
hommes, mais encore celui des bétes et des
oiseaux, m
« Cn jour (Salomon avait à peine atteint
l'âge de treize aus), deux hommes vinrent
pour être jugés; il y avait entre eux un
procôs qui» à cause des circonstauces ex-
traordinaires qui l*accompagnaient, frapjja
de surprise tous les assistants et mit David
dans un grand embarras. Le demandeur
avait acheté un domaine, et, en creusant, il
avait trouvé un trésor. Il prétendait que le
défendeur devait reprendre ce trésor, puis*
qu'il u'avajt pas été compris dans le prix
d'achat; le détendeur soutenait, de son côté,
qu'il n*avait aucun droit sur ces valeurs,
puisque ignorant leur existence, it avait
vendu le domaine avec tout ce qu'il conte-
oait. Après -de longues réflexions, David dé-
cida (]u'il fallait que le trésor fût réparti par
moitié entre chacun d'eux. Salomon inter-
ro^^ea le demandeur pour savoir s'il avait un
âl^ et celui-ci ayant répondu que oui, il
s'informa si le défendeur était père d'une
^iie. Cette question ayant eu une réponse
affirmative, Salomon dit : «c Si vous voulez
terminer votre différend d'une manière qui
oe fasse tort à aucun de vous deux, mariez
ensemble vos deux enfants et donnez-leur
le irésor. •
Nous emprunterons à la Bibliothecarabbi"
^ica de Bartolocci, que nous avons déjà ci-
tée, l'indication de quelques autres récits
apocryphes au sujet de David : Judœorum
i^isiri tamfutilia de Davide confinaunt com'
menta^ ui vecordes et omnino impuaentei ha^
btndi sint. Dicunt Davidem natum de Je$$e et
uxore $tta quam vacant NUxeueth^ sed de po-
^tadulterantCf quia intenebrie arbitraretur
aiiam esse mulierem quam uxoremf et quia
Jfuse intentio fuerat inancillamf idcirco dixit
David : « Ecce tn iniquitate formalus sum. »
ffdl.L,!.) {Bibl. rdbin. t. L)
Dicrio?i5f. DES Apocryphes. IL
Le même auteur nous apprend que, selon
quelques rabbins, David était né circoncis,
que jusqu'à quatorze ans, il n'avait pas eu
d'Ame, et que son regard rendait lépreux les
hommes sur lesquels il s'attachait. Voici e.u
?|uels termes s'exprime à cet égard un livre
brt renommé chez les luifs, le Zohar, édi-
tion de Mantoue, p. 206 :
Quando aulemulisrriplum est (/5am.xvii,
43] « et maledixit Philistœus Davidi in diiê
SUIS. » Intuitus est eutn David torvo oculo.
Qùia quisquis torve aspiciebatur ab eo fiebat
leprosuSf quod et Joab expertus est.,.. Idem
accidit in Philistœo quando maledixit nomini
(Dei). Intuitus est eum (David) torvo oculo, et
obtutum in fronte ejus fixité ut leprosa fieretf
eistatim fixus est lapis in fronte ejus et adhœ*
sit lepra.
On apprend aussi dans les livres des tal-
mudistes que David ayant été atteint de la
lèpre, fut pendant six mois exclu du gou-
vernement, et on y trouve h l'égard de ce
monarque bien des récits déshonnétps que
nous passons sous silence. Transcrivons
du moins deux passages auxquels on ne
peut reprocher que leur absurdité.
Quodam die eareditur (David) ad capien-
dam prœdam^ ad venandum, Venit Satan in
similitudinem capreoli, emisit (David) in eum
sagittam et non perlingit eum, attraxit Davi-
dem quousque pervenerit in terram Philis-
tœorum. Cum auiem vidisset illum Ischibe'
no6, dixit : « Uic est ille qui interfeeit Go*
lialh, fratrem meum ; » ligavit eum, cepit eum
et projecit illum sub prelum, Factum est ei
miraculum. Terra efnollila est, ne lœderetur.
Eodem die, appropinquante vespere Sabbathi
Abisai fiUus Tzurijah quatuor aquœ lagenas
super caput portabat. Yidit aquam sanguin
nis maculis aspersam. Et sunt qui dicunt :
Yenit colomba alis sauciata coram (Abisai),
Inde Abisai cognovit, quod David erat in tri-
bulatione. Abiit in domum suam, et non in-
venit illum. Dixit : « De. jure equitari non
potest , nec in throno jura reddi, nec scep^
tro uti in hora periculi. v Venit in acade*
miam,petiit de hoc (dubio solutionem), Dixe^
runt (doclores) : In hora periculi potest quis
super mulam equitare, » Surrexit et Mit,
exiliit terra muitum dum iret. Vidit Orpham,
tnatrem ejus (Jschibenob) quœ fila ducebat
(nendo) cumque illa vidisset (Abisai) projecit
colum in eum, putavit eum posse occidere,
dixitaue ei : h Adolescens, a/fer mihi colum, w
Impellit eum in caput ipsius, percussit et oc*
cidit eum. Cumque hœc vidisset Ischibenob
dixit': « Nunc duo sunt contra me, certe oc*
cident me. » Projecit Davidem in altum et i »-
fixit lanceam suam in terram, dixit : « Cadet
David super eam et interjicietur. a Pronun-
tiavit Abisai nomen et fecit stare Davidem
inter cœlum et terram. Et sunt qui^ dicunt,
quod \pse(Glossa; David per seipsum adju-
ravit nomen Deijnullusvinctuseduxii seipsum
de careere. Dixit ea : « Cur hue venistiY »/îe-
spondit : aSic dixit mihi Deus sanctus benedic-
tus, et rursus sic respondi ei... » (Voy. Barto-
locci, t. 1, p. 179.) Citharapendebat ei ad caput
lectuli et foramina cilharœ centra Boream
7
toi
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Wl
êtabant. Quando tnim média nocte surgebàt
Boreaij et tiens pukabal chordas^ surgebàt
David et daoat operam legis siudio.
De nombreux auteurs se sont occupés d'é-
crire riiisloire de David; nous indiquerons
parmi eux :
J. Bissel, Décade ii illusirium virorum;
J. Bocluus. Vita Davidis observationibus ad
Psalmos adjuncta: A. Cowley; Tabbé de
Cfaoisyi Histoire de David; Drexelius (Jé-
rème)y In Davide rege (U II des Œuvres de
' ce Jésuite); Desfargues, Datid^ poëme hé-
roïque ; Otto Victor , Vie de David ( en alle-
mand).
Donnons aussi Tindication des principales
productions dramatiques dont rhistoire de
David a fourni le sujet :
Monùmaehia Davidis et Goliœ^ tragicomœ"
dia^ auctore J. Schœppero, Antuerpiœ, 1551,
in-8*; Monomachia Davidis cum Golialhf
5 actes, en vers, dans les Tragicœ comœdiœ'sa'
crœ quinque^ auctore Gabriele Jansenio,
Gand, 1600, in-4*; David cadens et resurgens^
tragice exhibitus^ par Guillaume Jennyn,
Bruges, 1663, in-i"*; David per Saulis perse*
cutionem ad regnum Israelis erecius^ 5 actes,
vers, dans le tome 111 de la Poesis dramalica
Micolai Avancini e Societate Jesu , Coloniœ p
1675, in-12; David de Golia ttc^or, 5 actes
dans le tome V du même recueil.
La littérature française présente la tri-
logie de Louis Desmasures : Datid com-
battant ^ David triomphant f David fugitif y
(Genève, 1566; Anvers, 1582), dénuée d'in.
venlion et de style. (Koy. la Bibliothèque da
Théâtre Français, 1. 1, p.:181, et les Estais his-
toriques sur les origines du théâtre français,
1782, in- 18, 1. 11, p. 98-106.)
David et Jonathas^ tragédie en musique,
représentée au collège Louis le Grand , Pa-
ris, 1706, in-12; David et Jonathas^ pocmts
mis en musique par Uamale, Lié;<e, vers 17V0;
Davidf tragédie, par Lacoste, 1763; réimpri-
mée dans les OEuvres de cet avocat, 1789,
2 vol. in-12; le Couronnement de David^ pas-
torale représentée au collège de Rouen, 17^8.
L'Allemand Uans Sachs, dont nous avoos
déjà parlé, a composé quelques pièces au
sujet de David, entre autres, \à Persécution
du roi David par le roi Saiil, jouée en 1557,
et David et Bethsabée^ jouée en 1559. Il exiïio
aussi une Comedia von David und Goliath,
écrite par G. Mauritius, Leipzig, 1606.
Nous trouvons, en italien, un David scon»
solatOf tragedia spirituals del R. PierGio-
vanni Brunetlo, frate di S. Fraucesco. Flo-
rence, 1556, 1586, 1606*
DEXTER.
Flavien Lucius bexter était un Espagnol
qui vécut h la fin du iy' et au commencement
du V* siècle; il occupa des emplois impor-
tants auprès de Tempereur Honorius; il fut
longtemps préfet du prétoire, et, de retour
dans sa patrie, il gouverna la cité de Tolède.
Saint Jérôme, dans son Catalogue des écri-
vains ecclésiastiques ^ le cite comme ayant
écrit une histoire ou chronique. Cet ouvrage
était perdu, et personne n*y songeait, lors-
qu*un.£spagnol,.Geronimo Homanode la Hi-
Suera, né en 1538, eut Tidée de le refaire;
composa des écrits qu'il attribua à Dexter,
à Maxime, à Luilprand, et à d'autres vieux
auteurs; son idée était de suppléer ainsi aux
lacunes de l'histoire sur l'établissement du
christianisme en Espagne. Il donna le Chro-
nicon Dexttri comme copié sur un manus-
crit appartenant au monastère de Fulde, en
Allemagne; mais des recherches faites pour
retrouver ce Codex ont été, comme on peut
croire, sans aucun résultat. Publiée à Sara-
gosse en 1619, cette Chronique trouva des
antagonistes et des défenseurs. Rodrigue
Caro en donna, en 1627, une nouvelle édition
à Séville, et la même année un religieux de
Tordre de Clteaux, François de Bivar, né à
Madrid, et qui croyait de bonne foi h Tau-
thenlicité du faux Dexter, le publia.à Lyon,
en 1627, in-fol., avec un commentaire. Ce
travail reparut^ Madrid en 1640.
Un bibliographe esj>agnol laborieux, mais
d*UM0 critique |)eu sévère, Nicolas Antonio,
abrégea les récits du pseudo-Dexter dans sa
BiHiotheca Uispana cetus, 1. 11, p. 411. Ta-
mayo de Vargas en avait en vain soutenu
Tauthenticité dans un volume intitulé :
Flavio DextrOf o Novedades antiguas de Es-
pana defendidas^ Madrid, 1634, in-4*. L'opi-
nion des érudits est maintenant unanime à
cet égard. Foy.Vossius, Dehistoricis Latinité
1. 11, c. 10; Paggi, Criticœ Baronianœ,
t. VllI, p. 251 ; Fabncius,il/fr/io/Aeca Latina,
t. m, 428 et Bibliotheca Latina mediœ œtalis,
1. 11, p. 75-79, édit.de Padoue, 1754, in-4*; la
Biographie universelle^ Paris, Michaud, t. XI,
p. 271, et t. XX, p. 371.
Voici le sommaire de quelques-uns des
événements que raconte le pseudo*Dexler.
« Sous la date de Tan 34 de l'ère de Jésus-
Christ, Claudia Procula , femme de Pilale,
avertie en songe, croit en Jésus-Christ et
obtient le salui. Même année, C Oppius,
centurion espagnol, croit en Jésus-Cliri^t
mourant sur la croix. — Caïus Cornélius,
centurion, de Capharnaiim , maître de l'es-
clave que le Seij^neur guérit, et père de
C. Oppius, centurion, Qeurit en | Espagne
d'une manière admirable. On lit un peu plus
loin que cet Oppius fut le troisième évèiue
de Milan.
« An 35. Les Espagnols, les Juifs surtout,
envoient des députés aux apôtres pour de-
mander que l'un d'eux vienne vers eux leur
apporter d'amples et véridiques instructions
sur la doctrine de Jésus-Christ et sur les
choses qu'il a faites.
«An 36. L'Espagnefut, après la Galilée, la
Judée et Samarie, la première province du
monde, dans TOccideiit, c^ui ombrasi^a la i''i
de Jésus-Christ; les gentils qui y ré>idaieiil
se convertirent à la foi ; elle fut les véntao
208
DEX
PART. III. -- LEGENDES ET FRAGMENTS.
DEX
Î06
bles prémices des gentils. Car Jacques , le
saint apôtre, fils de Zébédée, ayant parcouru
les villes de l'Espagne, etyayant élevé beau-
coup d*égiises et institué des évèques, éleva
à Saragosse un temple ou un oratoire à la
bienheureuse Vierge Marie, d'après son or-
dre el après qu'elle lui eut apparu sur une
cdlonne. 11 accomplit aussi beaucoup de mi-
racles; il conduit par la puissance de sa pa-
role, sous le doux joug de Jésus-Christ, les
esprits cruels des Espagnols. Beaucoup de
Juifs, appartenant aux douze tribus emme-
nées on captivité à Babylone, se convertis-
sent, Tapôtre leur ayant prêché la foi. Et il
envoie celte épitre canonique qui commence
ainsi : « Jacques, serviteur de Dieu et de No-
tre-Sei^neur» »ux douze tribus qui sont
dispersées, salut. » Laquelle fut la (iremière
composition écrite qui ait fait partie du
Nouveau Testament et digne d'un aussi grand
apôtre.
a L*an 38, la première de toutes les églises
consacrées dans le monde à la bienheureuse
Vier^^e est élevée h Saragosse.
«L'an 48» Lazare et Madeleine, Marthe et
Marcelle, placés par les Juifs sur une em-
barcation sans voiles ni rames, arrivent à
Marseille.
« L'an W, Pierre, comme vicaire de Jésus-
Chri>t, se rend en Es; agnc ; il apporte d'An-
tioclie les images saintes.
« Lan 64, Lucius Annaeus Sénèque, natif de
Cordoue , après avoir échangé des lettres
avec saint Paul, reconnaît la vérité de la foi,
et devient en secret Chrétien ; il fut le dis-
cifile de Paul, et lorsque celui-ci était en
Espagne, il lui écrivit avec beaucoup d'aifec-
tion.
«An G6. Saint Paul écrit son Ëptlre aux Hé-
breux convertis.
« An 70. Dans la ville de Sessane des;Adru-
mèles, dans l'Arabie Heureuse, martyre des
trois rois Gaspard, Balthazar et Melchior,
qui adorèrent Jésus-Christ.
a An 86. La mémoire de la bienheureuse
Vierge Marie est célèbre paruû les habitants
de Messine, auxquels elle a envoyé une lettre
pleine de bonté.
«An 100. M. Marcellus, excellent poëte et
orAteur, auquel Perse a adressé sa quatrième
satire, et qui est célèbre par l'amitié qu'eu-
renipourlui Juvénal, Perse, Sénèque, Gallus
etSiace, se rend fameux par ses nombreux
miracles.
c Même année. Denys l'Aréopagite dicte les
livres des noms divins à Eugène Marcelle,
surnommé Timothée, à cause de la supério-
rité de son esprit.
« An 110. Saint Denys l'Aréopagite visite
TEspaj^ne, te bienheureux Clément l'ayant
désigné pour son légat dans TOccideut en-
tier.
t An 116. Les épltres do saint Ijgnace à
la bienheureuse Vierge deviennent célè-
bres,
«An 220. Tite convertit à la foi Pline le
Jeune qui revenant delà fiythinie et du Pont,*
s'était arrêté dans l'île de Crète où, suivant
Tordre de Trajan, il avait élevé un temple à
Jupiter.
« An 420. En ce temps on trouva dans l'é-
glise de Messine une lettre écrite en hébreu
par la bienheureuse Vierge aux habitants de
cette ville, et on la tient dans la plus grande
estime. »
^ Il serait superflu de profonger ces extraits;
l'ouvrage du faux Oexter est tombé dans
l'oubli qu'il méritait.
11 nous offrira du moins Toccasion de
remarquer que bien d'autres supercheries
littéraires ont pu se produire comme lui, et
surprendre la bonne foi de juges trop con-
fianis.
Un des livres supposés les plus remarqua-
blcs par son étendue est celui qu'un Sicilien,
Joseph Vella, mit un jour sous le titre de :
Codice diplomatico délia Sicilia soUo il gO'
verno degli Arabi; Palermoy 1780-92, 6 vol.
in-4*'. En 1791, il sortit des presses de l'Im-
primerie royale de Palerme lo premier vo-
lume in-fofio d'une traduction latine de ce
recueil : Codex diplomaticus Siciliœ sub Sa-
racenorum imperio^ ab anno 827 ad annum
1070, nunc primum e mss. Mauro-occidenta-*
libus conscriptus^ cura et studio Alphonsi
Ayroldi; les mêmes presses donnèrent en
1793, à Palerme, une très-belle édition du
Libro delconsiglio diEgitto, grand in-folio;
le texte arabe à côté de la traduction italienne.
Le second volume était commencé lorsque
la supercherie fut découverte, et il fut aban-
donné. Cette étrange supposition trompt
pendant quelque teuipsdes savants italiens,
mais elle fut dévoilée par un érudit alle-
mand, Hager {Relation d'une insigne impos'
iure découverte dans un ouvrage fait en Sicile;
Erlangon, 1799, iu-4'. Voy. à ce sujet le
Magasin encyclopédique, 5' année, t. VL p.
330-356), et elle est racontée tout au long
dans le Bulletin du bibliophile belge, t. VI.
1849, p. 281.
Au siècle dernier, un jeune Anglais, Chat-
terton, attira Tattention en publiant des poé-
sies quil attribuait à Rowiey, auteur du
xiii* sièclci et qu'il s'était amusé à com-
poser.
Un autre Anglais, Ireland, produisit des
tragédies qu'il donna comme étant de Sha-
kspeare, et il trouva des personnes disposées
h se laisser abuser.
En France, nous pourrions mentionner les
£ rétendues Poésies de Clotilde de Surville.
>e nos jours, celte déplorable industrie s'est
donné carrière ; on a mis sous le nom d'au-
teurs en vogue des écrits fabriqués par des
écrivains dépourvus de tout mérite, et telle
a été la multiplicité de ces faits, qu'un bi-
bliographe bien connu, M. Quérard, en a fait
le sujet d'un travail qui compte plusieurs
volumes intitulés : Supercheries littéraires,
el dont une édiliou nouvelle est annoncée
avec des augmeataiions considérables.
tm
mCTIONNAIRB DES APOCRYPHES.
.1 1
DOROTHÉE.
(Catalogue dti apôtres et des disciples du Sauveur,) (177)
SiHOii Pierre. ^ Le premier est Simon
Pierre, le chef des apAtres. Ainsi que ses
Eptlres paraissent Tindiquer, il prêcha
l'Evangile du Seigneur Jésus-Christ oatis le
Pont, la (talatie, laCappadoce, laBythinie, et
enGn à Rome, où il fut cruciGé sous le roi
Néron, le troisième jour des kalendes de juil-
let, la tète tournée vers la terre, (car ce fut
ainsi qu*il voulut souffrir), et oùil fut ense-
veli.
AnDRi. — André» frère de Simon Pierre,
prêcha, selon la tradition de nos ancêtres,
l'Evangile du Seigneur Jésus-Christ parmi
les Scythes, les Sogdiens, les Saces et dans
la ville intérieure de Sébastopol où habitent
les Ethiopiens qui résident dans les champs.
Il fut enseveli è Patras, ville d*Achaïe, ayant
été cruciGé par Egée, roi des Edesséniens.
Jacques, fils de Zébédée. — Jacques, pé-
cheur et fils de Zébédée, prêcha TEvangiledu
Seigneur Jésus-Christ aux douze tribus dis-
persées. Il fut frappé du glaive par Hérode,
tétrarque des Juifs, dans la Judée où il fut
enseveli.
Jean. — Jean, frère de Jacques, et Tévan-
géliste du Seigneur, fut celui que le Sei-
Sneur aima. Il prêcha en Asie l'Evangile du
eiçneur Jésus-Christ. Il fut condamné par
Trajan h être exilé dans l'île de Pathmos à
cause de la parole du Seigneur, et il y écri-
vit son saint Evangile qu il publia plus tard
h Ephèse, par les soins de Caius, son hôte et
son diacre, dont Tapôtre Paul, écrivant aux
Romains (177*), rendit témoignage en disant :
« Caïus, mon hôte et celui de toute l'Eglise,
vous salue. » Après la mort de Trajan, il
revint en l'Ile de Pathmos et il séjourna à
Ephèse, et il y vécut cent vingt ans. Lors-
qu'il furent terminés, il s'ensevelit lui-même
vivant, par la volonté du Seigneur. Il y a
des personnes qui disent que ce ne fut pas
sous Trajan, mats sous Domitien, fils de Ves-
pasien, qu'il fut relégué à Pathmos.
Philippe. — Philippe, de la ville de Betb-
saide, prêcha en Phrygie TEvangile du Sei-
gneur et fut honorablement enseveli è Hié-
ropolis avec ses filles.
BiRTHELEMT. —Barthélémy prêcha TEvan-
ile de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans les
ndes qu'on appelle Heureuses, et il leurre-
f,
(I77-) Rom. XVI, 23.
(177) Oii trouve dans le Chronicon PauhoU^ édile
par Ou Cange (Paris, 1688, in-fol. p. 1(54) et dans
les éditions de la BihlioUièque des Pères (et notam-
ment dans celle de Lyon, 1677, t. lll, p. 4tl), ua
abrégé de la Vie des apôlres et des disciples, sous
le nom de saint Doroihee, évoque de Tyr et martyr.
Cetieprodaciionest apocryphe; on croit que saint
Doroibée avait en effet rédigé un travail semblable^
mais son^œ'ivre fui, au ii« siècle, interpolée et gà(ée
par un écrivain du nom deProcope. Telle que nous
la possédons, elle est pleine d'erreurs ; Tauteur n*a
aucune critique et fait preuve d*une ignorance
fikbeuse ; tons les Chrétiens que nomme saint Paul
mit l'Evangile de saint Matlbieu. Il s^endor-
mit et fut enseveli à Albanie, ville de la
grande Arménie.
Thovas. — Thomas, à ce que rapporte la
tradition, prêcha l'Evangile de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ aux Parthes, aux llèdes
et aux Perses. Il prêcha aussi aux Germains,
aux Hircaniens, aux Bactricns et aux Daces.
Il s'endormit h Caiomène, ville de l'Inde,
Eercé d'un coup de lance, et il y fut honora-
lement enseveli.
Matthieu.— Matthieu l'Evan^liste écrivit
en diaS&cte hébraïque l'Evangile de Notre-
Seigneur Jésus-Christ, et le remit è Jacques,
frère du Seigneur, selon la ehair,évéquede
Jérusalem. Il mourut à Hiéropolis dans le
Kays des Parthes où il lut enseveli avec
onneur.
Simon Le ZélA. — Simon le Zélé parcou-
rut la Mauritanie et le pays des Aphres et il
y prêcha Jésus-Christ. Il fut enfin crucifié,
mis à mort et enseveli dans la Bretagne.
JuDB. — • Jude, frère de Jacques, qu'on ap-
pelle au5si Thadée et Lébée, prêcha l'Evangile
du Seigneur aux Edessiens et è toute la
Mésopotamie. Il fut tué à Bérjrte, sous Abgare,
roi des Edessiens et enseveli avec honneur.
Simon.— Simon surnommé Jude, quidevint
évêque de Jérusalem après Jacaues (je pense
que c'est le même que Jacques, nlsd'Alphée),
lut crucifié sous le roi Trajan ; il mourut
dans la ville d*Ostrocino appartenant h
l'Egypte, après avoir vécu cent deux ans.
Mathias. — Mathias, qui était un des
soixante-dix disciples, fut joint aux onze
apôtres et devint le douzième au lieu du traî-
tre Judas. 11 prêcha TEvangile è des hommes
barbares et carnivores dans l'Ethiopie inté*
rieure , où, est le port de mer nommé Hys-
sus, ainsi que le fleuve Phasis. Il mourut à
Sébastopol et il y fut enseveli près du tem«
pie du Seigneur.
Paul. — Paul fut appelé par Nolre-Sei-
f;neur Jésus-Christ après son assomplion, et
ut joint au catalogue des apêtres; après
avoir prêché l'Evangile à Jérusalem, il se
rendit en lllyrie jusqu'en Italie et jusque
dans les Espagnes, en prêchant. Ses Epltres
sont répandues parmi les fidèles, et elles
sont remplies de toute sagesse. 11 souiTrit
deviennent sous sa plume non-seulement des disci-
ples, mais même des é^èques. Bellarmin et tous les
critiques ont rejeté comme Indigne de toute con-
fiance une pareille production. Elle mérite cependanl
de trouver pluce ici, car elle fait connaître lea idées
tui s*étaient répandues parmi les Grecs du Bjs-
Impire, et qui se sont conservées parmi les Chré-
tiens de rOrient. Quant à »aint Uorothée eC à yf
écrits, on peut consulter les Acta SS., recueiMif
par les BollandUies, t. I de Juin, p. 392; Cavf.
Hist. liner. script, eccles.^ U I p. 163; Ouilin
Comment, de scnpt, eccles.f 1. 1, p. 1377; Vos^ius.
De historieis Crœeis, 1. il, c« 18 ; TilleukOat, Mi
moires f U V, etc.
m
DUR
PART. 111. •- LEGENDES ET FRAGMENTS.
DOR
SIO
le martvre à Rome sous Néron , ayant été
décapité le troisième jour des calendes de
juin, et il y fut enseveli ainsi que saint
Pierre, le premier des apôtres.
Marc TEvangéliste. — Marc {"Evangéliste,
le premier évégue d'Alexandrie, prêcha TE-
Taagile du Seigneur aux Alexandrins et &
tome la portion de TEgypte jusqu'à la Pen-
tapolis. Sous le règne de Trajan, il fut (rainé
la corde au cou, depuis Tendroit qu'on
appelle Bucolus jusqu'à celui qu*on nomme
les Auges, et il fut brûlé, au mois d'avril,
par des idoifltres insensés, et enseveli dans
Bucolus.
Luc. —Luc évangéliste, natif d'Antioche
et médecin de profession, écrivit l'Evangile,
en ayant été chargé par Tapôlre Pierre, et les
Actes des apôtres , en ayant été chargé par
Paul. Il accompagna les apôtres et surtout
Paul dans leurs voyages. C'est de lui que
Paul fait mention lorsqu'il écrit : « Luc, mé-
decin chéri dans le Seigneur, vous salue. » Il
mourut et fut enseveli a Ephèse, et son corps
fut transféré à Constantinopie avec ceux des
apôtres Adrien et Timothée, du temps du
roi Constance, Hls de Constantin le Grand.
Des soixante -douxe disciples »
Jacques, frère du Seigneur. — Jacques,
frère du Seigneur selon la chair, qui fut ap-
pelé le Juste et qui fut le premier évoque
de Jérusalem, y mourut lapidé par les Juifs
et fut enseveli dans le temple , près de l'au-
lel.
TmoTHÊE. — Timothée, évêque d'Ephèse,
établi par Paul, prêcha TEvangile du Sei-
ffDeur Jésus-Christ depuis Ephèse Jusqu'à
nilyrie et dans toute THellade, oti il mou-
rut et où il fut enseveli honorablement (178).
Trr£. — Tite, évoque des Cretois, prêcha
TEvangile de Jésus-Christ dans la Crète et
dans les lies voisines ; il y mourut et il y fut
enseveli avec gloire (179)
Bakkabé. — Barnabe, investi du ministère
apostolique par la parole de Paul, prêcha
d*abord Jésus-Christ à Rome et ensuite il
devint évoque de Milan.
Anauie. — Ananie, qui baptisa le bien-
heureux Paul, fut évêque de Damas.
Etie^^nb. — Etienne, premier martyr, un
(178) Timothée fut le compagnon fidèle du grand
Apélre. Les anciens liagiologues (icfaSS^ Bollaiid.,
i4«an., p. 566) diseni qu'il souffrit le martyre sous
Domiiien, en l*an 97.
(179) On ne sait guère sur le compte de ce dis*
fipte de saint Paul, le plus iUustre après Timothée,
nue les particulaiilés qu'on rencontre dans l»s
Epures de TApôtre. 11 existe une relation apocryphe
(le son martyre. Nous en parlerons à son nom.
(480) 11 existe sous son nom une histoire de
uint Jean, .remplie de fables; on la trouvera plus
loin.
(181) Circon«tance dont il n^esi nullement fait
meuiion dans les Aciet des apàtre$»
(182) Il en est fait m- ndon dans les Actes^ vi, 5,
nais abandonnant la foi pour se livrer à des pas-
lions brutales, il fut le cbefde la secie des nicolaiies^
diei laqueUe régnait une immoralité effrénée.
(185) Siias fut le plus ancien disciple de saint
Paul, son coaipagQon et son ami. On voit par le
des sept diacres, mourut à Jérusalem lapidé
par les Juifs, comme Luc le rapporte dans
les Actes des apAtres.
Philippe. — Philippe, qui fut aussi ua
des sept diacres, baptisa Simon le Magicien
et l'eunuque Candace, et fut fait évêque à
Truselle, ville d*Asie.
PnocHOBB. — Vu des sept diacres, fut
évêque deNicomédie, ville de Bythinie (180).
NiCANOR. — Dn des sept diacres, mourut
le même jour que son compagnon £tienne,
le premier des martyrs, et que deux raille
autres personnes expirèrent en Jésus*
Christ (181).
Simon. — Un des sept diacres, fait évêque
de Bostra, en Arabie, fut brûlé par les gen-
tils.
Nicolas. — Nicolas fut un des sept dia*
cres. Il fut fait évêque de Sapria, et tombant
dans Terreur il se joignit à Simon et aban*
donna la foi (182).
ParhexNas. — Parmenas fut un des sept
diacres. 11 mourut tandis qu*il s^acc^uittait,
en présence des apôtres, des fonctions du
diaconat.
Cléophas. — Cléophas, appelé aussi Simon,
fut parent du Sauveur. Il cneminait avec Luc
lorsqu'il vit le Seigneur apès sa résurrec-
tion d'entre les morts, et il parla avec lui,
comme il est dit dans l'Evangile II devint
ensuite évêque de Jérusalem.
SiLAs. — Silas, compagnon de Paul dans
la prédication de TEvangile, fut fait évoque
de Corinthe (183).
STLYAicf. — Sylvain, qui prêcha aussi avec
Paul la parole de Dieu, devint aussi évêque
de Thessalonique.
Cresckns. — Crescens, dont l'apôtre Paul
fait mention dans son EpUre à Timothée (184),
fut fait évêque de Chalcédoine qui est dans
les Gaules, y prêcha l'Evangile de Jésus -
Christ, y souffrit le martyre sous le règne de
Trajan, et y fut enseveli,
Epaïnâte. — Epaïnète, dont l'Apôtre fait
mention dans VEpUre aux Romains (185),
fut fait évêque de Carthage.
Andronig. — Andronic, dont l'Apôtre parle
aussi dans VEpitre aux Romains (186), de-
vint évêque de Pannonie.
^ Ampuus. — Amplius, dont l'Apôtre tait
récit des Aetes^ ch. xv, qu*il avait, parmi les Chré-'
tiens à Jérusalem une nauie autorité. Il accompa-
gna TApùtre dans ses péiégrinations à travers' la
Syrie, la Cilicie et pins loin que la Macédoine. (Act,
XV, XVI, xvii). Au delà de cette dernière mission,
on ne sait rien de positif sur son compte. Le
Ménologe grec de Basile, (edit. 1727, 1. 111, p. 186)
le cite au iiombre des apôtres avec Sylvain. Cette
distinction, qui est aussi dans Dorothée, est conGr-
méeparsaint Hippolyie(1716,App.,p.42), mais les
meilleurs critiques, se fondant sur Tautorité de saint
Jérôme et de Tbéodoret, regardent Sdas et Syhin
comme un seul et même nom.
(184) // Tim, IV, 10. Selon une tradition répan-
due en Orient (Ilippol. De 70 </ticip.; Ado, Mariyrol,;
Usuard, MarlyroL)^ Crescens aurait fondé les égli-
ses de Vienne eu Dauphiné et de Mayence, mais
cette assertion est fort douteuse.
(185) Rom. XVI, 5.
(186) Ibid., 7.
111
DICTIONNAIRE DES APOCHYPHES.
219
mention dans YEpUre aux Romaine (187),
fut fait évêque de la ville d'Odissa.
Urbain. — Urbain, dont l'Apûlre parle
dans VEpUre aux Romains (188), devint
évêque de Mac<^doine.
Stachts. — Stachys, dont parle l'Apôtre
dans son EpUre aux Romains (189), fut ins-
tallé premier évêque de Byzance par Tapô-
tre AndrtS à Argyropolis, en Thrace.
Appelles. — Appelles, dont l'Apôtre fait
ép;alement mention en écrivant aux Romains
(190), fut fait évoque de Smyrne et précéda
saint Polycarpe.
Aristobule. — Aristobnle, que mentionne
aussi TApôlre dans son Epilre aux Romains
(191), devint évoque de Brelngne.
Narcisse. — Narcisse, dont TApôlre parle
de même en écrivant aux Romains (192), fut
fait évêque de Palras.
RuFus. — Rufus, dont l'Apôlre fait men-
tion avenraulres dans la même Epilre (193),
fut fait évêque «l'Hyroanie,
Phlégon. — Phlégon , que l'Apôlre cite
dans la même lettre (194), fut fait évêque de
Marathon.
Hermès. — Hermès, mie l'Apôlre cite dans
la même lettre (195), lut fait évêque de la
Balmalie.
Hermès. —Hermès mentionné également,
dans celle lettre (t96), devint évêque de la
cilé de Philippe.
Patrobas. — Pfllrobas, que cite aussi l'A-
pôtre (197), fui fait évoque de Nafilcs.
Agabus. — Agabus, dont il est fait mention
dans les Actes des Apôtres (198), fut doué du
don de prophétie.
Lin. — L'Apôlre en parle. Il fut évoque de
Rome et succéda à Pierre, le prince des apô-
tres.
Gaius.— L'Apôlre le mentionne aussi (199).
Il fut fait évêque d'Ephèse après Timoihée.
Philologue. — L'Apôlre en parle (200). Il
fut établi par André, évêque de Sinope.
Oltmvas. — L'Apôtre en fait égalemeol
mention (201). Il fut décnpilé à Rome, et
souffrit le martyre avec Pierre, le chef des
apôtres.
Rhodion.— Paul l'a cité pareillement (202).
II fut décapité à Rome, subissant le martyre
avec Pierre et Olympas.
Jason. —Paul en parle de même (203). Il
fui fait évêque de Sarde.
Sosipater. — L'Apôlre le nomme aussi
(20"^). Il devint évêque d'Iconium.
Lccius. —Paul en fait pareillement men-
tion (205). H fut ordonné évêque de Lao>
dicée.
Skrtius. — C'est celui qui écrivît VEpUrs
de saint Paul aux Romains (206). Un aulre
devint évêque d'Iconium.
Fraste. — Paul en fait aussi mention dans
VEpitre adressée aux Romains (207). Il fut
économe do l'Eglise de Jérusalem et il fuC
appelé ensuite à l'épiscopat de Panéade.
PiiiGELLts. — Paul en parle aussi, mais
comme ayant embrassé une doctrine erron-'e
et ayant suivi Simon. 11 fut évêque d'E-
phèse.
Hermogène. — Paul en fait aussi mention
en dii^ant qu*il a introduit un dogme nou-
veau (208). Il devint évêque de Mégare.
Demas. — Paul a dit é^'alen>ent qu'il s*élait
écarlé (Je la foi. Dans son EpUre- à Timo*
Ihée (209), il dit que Demas la abandonné,
ayant aiuié le siècle présent.
li fut ensuite prêtre des idoles à Thessa-
Ionique. L*apôtre Jean a écrit à leur égard :
« Ils se sont retirés do nous, mais iis^n'é-
taient pas des nôtres. »
pUARTUs. — Il est cilé dans VEpUre de
saint Paul aux Romains (210), et il devint
évêi|ue de Béryle.
Apollon. — Paul en parle dans la /*• Epi'
tre aux Corinthiens (211). Il fut fait évêque
de Césarée.
CÉPHAS. — L'apôtre Paul le reprit i An-
(187) iîoTO. XVI, 8.
(188) Ibid,, 9.
(189) /6td.,9.
(190) ïbid., 10.
(191) ifrtd., 10.
(192) Ibid,^ 11. — Quelques auteurs ont cru que
ee Narcisse était raffraiichi de Claude qui jnua un
rôle influent sons cet empereur, mais cette opinion
est rejetce par les meilleurs critiques. Saint Hippo-
lyie, 'b*écariai t de Passeriion de Utirotliée, signale
comme évêque de Palras le N.ir(-isse qu'on place
Êarmi les soixanie*dix disciples. (Voj/. Puuvrage de
I. Amédée Flenry, saint Poulet SéHèqueA. 1, p.2i9).
(193) Ibid., 13.
(194)/6td.,44.
(195) Jbid.
(19G) Ibid.
(197) Jbid.
(198) Act. XXI, 10.
^199) Rom. XVI, 23.
(200) Ibid,, 15.
(201) /6id.
(202) Ibid., 11.
(205; Ibid., 21.
(iOA) Ibid. — Les Actes rappellent Bopater et le
meniionnent (Act. xx. A) parmi ceux qui accompa*
g'ièreiik TApôire lorsiju après sun second voyag«s eo
Macédoine, il retourna à Jérusalem. On n*a pss
d'ailleurs de notions positives sur son compte. Les
Grecs célèbrent sa fête le 28 a^ril, et les Latins la
25 juin.
(205) Aom. XVI, 21.
(20G) Ibid., 32. — Son nom est évidemment un
mollati!) grécisé. 11 servit de secrétaire à s^int Paul
pour rEpItre aux Romains. Saint llippolyie, de
inénio que le pseudo-Dorothée, le signale couima
évêque d*lcoiiium.
(207> Rom. XVI. 23.— Il est appelé le trésorier de la
ville (arcarius civiiatis). Il en est fait mention éga*
lem^nt dans fa II* Epître de Timothée, iv, 20.
(208) // Tim. i, 15.
(2U9) L\issertion de Dorotliée sur ridol&iriede
Dénias se retrouve dans saint Hippolyte, mais Djro-
nius ta rejette. L*insertiou du nom de Dénias parmi
ceux des soiiante-dix disciples permet de supposer
qu'il est revenu à la vérué (Voy^ A. Flcarv, 1. 1,
p. 238), // Ttm.iv,9.Ilen est lait mention égafemeot
dans V Epilre à Philémon. (Vers. 2i.)
(210) Rom. XVI, 23.
(211) / Cor. I, 12. — II est également question
dans les Actes, xvii et xix, de cet Apollon ou plus
exactement Apollos, Juif alexandrin. Ion instruit cl
plein de ferveur. Il avait été converti et baptise \*»f
saint Jeta; saint Hippotyte place comme Doroiuce
213
DOR
PART. lir. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
DOR
SU
tiocbe de son nom commun avec Pierre, il
devint évéque deCânde.
SosTHÈHE. — Paul Ta mentionné. Il devint
évoque de Colophoniade.
Epiphbodite. — Paul en parle également
(212). ]l fut évoque d*Adriana.
CÉsAB.-<Paul l'a mentionné (213). Il fut
évSque de Djrrachium.
MiBG. — Il fut cousin de Barnabe et Paul
en a aussi fait mention {2ik). Il fut évêque
d'Apolloniade.
Joseph. — Joseph, surnommé le Juste, et
qui est aussi appelé Barnabe, et dont Luc
fait mention dans les Actes des apôtres
comme ayant été tiré an sort avec Matthieu,
fut fait évêque d'Ëleulhéropolis.
Arthêhas. — Paul le cite également. Il
fui évéque à Lystra.
Clémei^t. — Paul en parle comme étant
un des compagnons de ces hommes qui ont
combattu avec lui pour TEvangile. Il fut le
premier des gentils et des Grecs qui crut en
Jésus-Christ (215). Il devint évéque de le ville
deSardica appelée aujourd hui Triaditza.
Onésiphore. — Paul en fait aussi men-
tion (216). Il devint évêque de Corenia.
Tychichus. — Paul le cite aussi (217). Il
fut le premier évêque de Chalcédoine, ville
de la Bythinie.
Carpds. — Paul l'a mentionné égale-
ment (218). Il devint évêque de Bethuœs,
qui est une ville de la Thrace.
EvoDE. — Paul en parle de même (219);
il fut après Pierre, prince des apôtres, le
premier évêque d'Antioche.
Philemon ^220). — Paul lui a adressé une
lettre. Il fut évêque de Gaza.
Z£!?us. — Zenus jurisconsulte d«nt Paul
ion siège h Gésarée; d^aulres Grecs le désignent
comme évêqne de Colophoii ou dlcona. Voy.
A. Fleory, t. 1, 497.
(212) Philipp, IV, 18. — On connaît plusieurs per-
lonnages de ce nom. Yoy, Touvrage de A. Fleury,
4. L p. 253.
(2t3) P/n7f>. IV, 25.
(214) Col. IV, 10. 11 fut avec fi»int Karnabé
doni il était purent, le plus ancien compagnon de
voyage dt^ saint Paul. Fou. A. Fleuty, 1. 1, 255.
(215) Philip. IV, 3.
(216) il Tim. 1. 16-18 ; iv, 19. Voy. l'ouvrage de
L Fieurv, 1. 1, p. 259.
(217) hid„ 12; Tite ni, 12; Enhe». vi, 21 ; Col.
IV, 7. Les Grecs, {Menœaj Dec. o) disent qu*il fut
éTéi{Oc de Goloplion. Hip|K)lyie, dans sa nomencla-
l'iredes soixante-dix disciples, nomme deux Tychi-
t\iui, Tun évéque de Clialcédoine, Pautre de Colo-
phon. Cette répétiiion se retrouve dans le Catalogue
de» toixanle-dix disciples que donne le Manuel d'i-
cono graphie à htsagedes Eglises grecques^ par M. Di«
d on, p. 313. Voy. l'ouvrage de A. Fleury, t. i, p. 249.
(218) // Tim. IV, 13.
(2»9t PhiUpp. IV. 2.
(220) LesMénéeset saint Hippolyte(De 70 discip,)
confirment rasserikoo de Dorothée; selon lesConsfi-
luiions flémeiitines^yu, 46, il avait été ordonné
évéque de Colosse. L^ \Hienologe de Basile (i, 27,
t I, p. 20 j) alliime quil subit le martyre à Eplièse,
sous le régne de Néron. Voy. A. Fleury, t. 1, 39.
(221) fit. III, 13.
itâ) ICor. ivi, 3; // Ttrii. iv, 19. Ilestanssi
mtiitioQué dans les Actes des Apàtres, iviii, 2. Le
fait mention (221); il devint évoque de
Diospolis.
Aquila. — Paul en parle également (222).
II fut évêque d'Héraclée.
Priscus. — Paul Ta également mentionné
(223). Il fut évéque de Colophon.
JuNius. — Paul en a de même parlé (22ï).
11 fut fait évêque d'Apaaiée en Syrie.
Marc. — Marc, qui est aussi appelé JeaUf
et dont Luc parle dans les Actes des apô'*
très (225) , fut évoque de Byblos.
Aristarghe. — Paul eu fait également
mention (226).
PuDENs. — Paul le cite de môme (227).
Trophime. — Paul en parle apssi (228).
Ces trois personnages furent les compa-
gnons de Paul dans ses peines et ses afflic
lions. Ils souffrirent avec lui le martyre
sous le règne de Néron, et furent décapités.
Tels sont ceux dont Marc et Luc, évangé-
listes, font mention et ils appartiennent au
catalogue des soixante-dix disciples. On y
I'oint l'eunuque de la reine Candace en
Slhiopie, qui prêcha l'Evangile dans l'Ara-
bie Heureuse, et dans l'Ile de Taprobane et
dans l'Erythrée entière. Ou dit qu'il souf-
frit glorieusement le martyre, et qu'il fut
enseveli. Son tombeau est pour les fidèles
un asile insurmontable; il met en fuite les
barbares féroces, il chasse les maladies et
opère des guérisons jusqu'au jour actuel.
Nous croyons qu'il ne sera pas inutile de
placer ici la liste des apôtres et des disciples
du Sauveur telle que la donnent les Grecs,
et telle que M. Didron, dans son Manuel
d'iconographie, 18i^5, in-8*, p. 309, l'a fait
connaître.
Saint Jacques l'Adelpbo Theos (quoiqu'il
Ménologe grée de Basile (t. II, p. 185) et d*autref
documents le sîpalent comme martyr, mais od
ignore où il a fini ses jours. Voy. la note que lui a
consacrée Amédée Fleury, Saint Paul et Sénèquet
1. 1, p. 180.
(225) Ibid, Le pseudo-Dorothée tombe ici dans
une absurdité ; il transforme en homme Prisca on
Priscilla, femme d*Aquila.
(224) Rom. XVI, 7.
(225) Act. XII, 12 et alibi.
(226) Col. IV. 10; Philem., y. 20.— H par-
tageait la captivité de saint Paul, et fut son compa-
gnon fidèle; il se trouva avec lui ^ Ephése (Act, xix,
29; Col. IV, 10) et à Home. Les haeiographes grecs
disent qu'il périt avec saint Paul ( Menœa^ April.
14) et ils le font évéque d*Apamée , assertion que
confirme aussi saint ilippolyte. lis prétendent qa*il
se réduisait, pour toute nourriture, à des sauterelles
et à du miel sauvage. Adon (Fest.^ p. 30) dit qu'il
mourut évéque de Thessalonique. Voy. Fouvrage de
H. Amédée Fleury, t. 1, p. 237.
(227) // Tim. iv, 21.
(228) Rom. xvi, 12; // Tim. iv, 20. — Les Actes
en font mention, (xx, 4 ; xxi, 29.) On a dit que saint
Paul, se rendant en Espagne, passa par les Gaules
et qu'il laissa Tropbime à Arles pour y prêcher
TEvangile (Acta SS., Februar. I, p. 8) ; l'Eglise
grecque,' confirmant l'assertion de Dorothée, dit
que le disciple partagea à Rome le martyre au
maître {Menœa^ April. 14; HippoL, De 70 disciv.)^
mais ces faits ne sont nullement certains. Vo|f«
l'ouvrage de M. Amédée Fleuiy, 1. 1, p. 2'.S6.
SIS
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES
île
soit ici appelé frère de Dieu et de Jésus-
Christ, il n*en est que le cousin geruiaîD),
Mathias, Cléophas (père de saint Jacques le
Mineur et de saint Jude), Andronie, A^aris,
Ananide, Philippe, Sii vanus, Procbore, Nica-
nor, Jacques (OU d*Alpbée), Jude (frère du
Seigneur), Linus, Rufus, Sosthène, Stachys,
Etienne, Timon, Hermas, Phlegon, Sosipa-
ter, Jasou (tous ces noms sentent la Grèce),
Caius, TichiKOS, Philémon, Narcisse, César,
Trophime, Aristarque, Marc, Silas, Hermès,
Asjncritos, Appelles, CephAs, Clément, Jus-
tus , Quartus , Eraste ,^ Onesîme • Carpios t
Evode. Aristobule, Urbain, Tiehikos, Siméoo»
Daphnia, Hérodieu , Artemas, Pbilolops»
Lympus, Rhodion , Luc, Apeltes, Amplias*
Patrobus, Titus, Terpneus, Thaddée (les
Grecs font deux saints ou deux apAtres avec
Jude et Thaddéo, que les Latins réunissent
en un seul homme), Epienète,Chaicos»AcbiU
las, Lucius, Barnabas, Fortunatus (un dece.s
rares noms latins dépaysés dans ce ctatalo^ue
où abondent les saints grecs), Epaphrodite.
Crescis, Parménas.
ÉBIONITES.
Dîrers auteurs modernes, enlre autres
Richard Simon {Histoire critique du iVoti*
weau Testament, 1705, ch. 8, t. 1, p. 87 et
euiv.), et Fleury {Histoire ecclésiastique)^ ont
parlé avec détail de ces hérétiques qui se
montrèrent dès le i" siècle.
Les ébionites soutenaient que Jésus était
le fruit de Tunion de Joseph et de Marie, dont
ils niaîeni la virginité. Quelnues critiques
croient qu*Ebion , qui signifie en hébreu
misérable, était un &:urnom de Cérinthe;
d'autres pensent que les ébionites étaient
linsi Appelés à cause de Tinterpréiation mi-
sérable qu'ils donnaient aux renseignements
de TEcriture sainte touchant la personne de
Jésus. Le fait est que les ébionites ne diffé-
raient guèredesGerinthiens, dont ils avaient
conservé les usages et le rite juifs. (Epiph.,
Adv. hœreg.^ i, 26.) D*autres auteurs recon-
naissent Tindividualité d'Ebion, notamment
saint JérAme et saint Epiphane. Ce dernier
Ihœres. 30, n.2) le dit|né à Cockab, bourg
du pajs de Basan, en Arabie. Ebion ne re-
connaissait que TEvangilede saint Matthieu,
mais ses discipJes se firent un évangile à leur
usage. Saint Epiphane nous a conservé queU
ques fragments de cet évangile. 11 le repré-
sente (haeres. 30, n. 13) comme n'étant point
entier^ mais corrompu et tronqué. Ces héré-
tiques en avaient retranché la généalogie du
Sauveur et tout ce qui suit jusqu'au chapi-
tre ui de saint Matthieu. Ils commençaient
leur évangile par ces mots : « Il arriva qu'au
lemps d'fiérode, roi de Jérusalem, Jean vint
baptiser du baptême de pénitence dans le
Jourdain. On le croyait être de la race
d'Aaroo^ et fils de Zacharie et d'Elisabeth.
Et tout le monde venait le trouver. »
Le k>8p(éme de Notre-Seigneur par saint
Jean était raconté de la façon suivante : « Le
peuple ayant été baptisé, Jésus vint aussi et
lut baptisé par Jean. Et comme il sortait de
Teau, les cieux furent ouverts, et il vit le
Saint-Esprit de Dieu en forme d'une co-
lombe qui descendait et qui venait vers lui,
et Ton entendit une voit du ciel qui disait :
« Tu es mon Fils bien-aimé; Je me suis plu
<ea toi uniouement, et je t'ai engendré au-
jourd'hui. » Le lieu fut aussitôt éclairé
d'une lumière, et Jean layant vu, lui parla
en ces termes : « Qui es- tu. Seigneur? Et
une voix du ciel lui dit une seconde fois:
« C'est mon Fils bien-aimé, dans lequel je
me suis plu uniquement. » Alors Jean se
prosternant devant lui, lui dit : « Je te prie,
Seigneur, de me baptiser toi-même. » Ce
qu'il refusa, et il dit: « Laisse-moi faire, parce
qu'il faut en' celte vie accomplir toutes
choses. »
C'est ainsi que dans l'évangile des ébio-
nites, l'ordre des paroles nétait pas tonti
fait le même que dans l'Evangile canonique,
et qu'il y avait quelques changements et des
additions. Saint Epiphane en rapporte aussi
un autre passage que nous plaçons ici :
«^Un certain homme, appelé Jésus, égé
d'environ trenteans, nous a choisis, et étant
venu à Capharnaûm, il entra dans la mai-
son de Simon, surnommé Pierre, auquel il
dit : « Lorsque je passai le long du lac de
Tibériade, j ai choisi Jean et Jacques, fils de
Zébédée, Simon, André, Thaddée, Simon le
Zélé et Judas riscariote; et toi Matthieu, tu
étaisàton bureaudes impôts: je t'ai appelé, et
tu m*as suivi. Je veux donc que vous sovez
douze apôtres pour servir de témoignante à
Israël. » Jean baptisait, et les pharisiens vin
renl à lui, et ils étaient baptisés et tout Jéru-
salem. Il avait un vêtement de poil de cha-
meau, et uneceinture de cuir autour de ses
reins. Son manger était de miel sauvage
qui avait legoût de manne comme un gâteau
à Thuile. »
Les ébionites rejetaient tous les pro-
Ehctes. Ils avaient en horreur les noms de
>avid, de Salomon , d'isaïe, de Jérémie, de
Daniel et d'Ezéchiel. ils ne s'attachaient
qu'au Pentateuque, et môme ils n'en fai-
saient pas çrand cas, disant qu'après la venue
de l'Evangile, la loi de Moïse ne pouvait être
utile.
On peut d'ailleurs consulter Fabricias,
BibliothecaGraca, t. II, p. 759, et la disser-
tation de Semler, Commentatio de evangelio
Ebionitarum^ Haie, 1777, in-fc'.
£J7
EGT
PART. lil. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
EGT
lis
ÉGYPTIENS.
{Evangile des Egyptiens.)
Nous en sommes réduits pour la connais-
sance de cet évangile à un petit nombre de
passa^<)s rapportés par les anciens auteurs
eccié^iastîques :
Clément d'Alexandrie (Slromaies^ I. m)
s'exprime ainsi :
Salome inierroganti quoadusque homines
morieniurt dixii Dominus^ quoadusque vos
mulieresparitis. Cumque ea dixisset: recte ergo
feeiquœ non peperi, excipit Dominus^ dicens[:
Omni herba vescere, ea autem quœ hahet ama-
ritudinem ne vescaris. Aiunt ipsum Servalo-
rtm dixisse : Veni ad dissolvendum opéra /c-
minœ, Feminœ quidem^ cupiditates , opéra
xtro generationem et interitum (229).
On lit dans saint Clément le Romain (epist.
Il, c. 12, p. 189, éd. 1724) : Jnterrogatus a
quodam ipse Dominus quando venturum esse't
ftgaum ejus dixit : Cum duo erunt unum , et
guod foris est quod intuSy et masculum cum
ftmina , neque mas neque femina.
Saint Epiphane (hœres. 42) dit que les
Sahelliens avaient puisé en grande partie
leurs erreurs dans V Evangile des Egyptiens :
Hune autem errorem omnem ejusque firma-
mentum ex apocryphis quibusdam hauseruni^
prœsertim ab JEgyptiorum Evangelio ( hoc
enim itii nomen quidam indiderunt) , m quo
pleraque sunt hujus generis, quœ expersona
Salvatoris clam atque occulte velut myste^
rium proponuntur^ quasi discipulis ipse de-
clarel eumdtm esse Fatrem^ et FiUum et 5pî-
ritum sanctum.
Cest encore Clément d'Alexandrie {Stro-
mates, K m) qui otfre une autre citation re-
Diarquable :
« Proptereay ait Cassianus, cum percontO'
retur Salome^ quando cognosceretur ea de
quibus interroaabat, dixit Dominus :fi Quando
pudoris induftamentum conculcaveritis ^ et
tpiando duo facta fuerint unum, et masculum
nim femina^ neque mas neque femina, Primp
quidem, in nobis traditis quatuor Evangelia
non habent hoc dictum, sed in eo est quod est
s'tundumJEgyptios. Deinde mihividetur (Cas-
sianus) ignorare, quod {Evangelium Ulud)
pirmasculum quidem significet tram, tmpe/um,
ptrfeminam vero cupiditatem ; quœ cum operala
fuerintf pœnitentia et pudor consequitur.
Les témoignages des autres écrivains ec-
clésiastiques au sujet de l'Evangile des Egyp-
tiens sont pour la plupart sans importance.
Ori^ène dit, dans sa première homélie sur
tmt Luc : Écclesia quatuor habét Evangelia,
h/rresesplurimaieqmbus quoddam scribiturse^
fmdum£gyptios, aliud jurta duodecimapo-
ftolos. Saint Jérôme {Prœf. in Matth.) parle
ftussi de faux évangiles quœ a diversis au-
m
(i^) Toici la iioie de Fabriciiis sur ce passage :
( U«relici pma, cunjugio inimici, ex Evangelio se-
rondom /Egyptios ista proférant. Cent. Gi oliiis Ad
^^<A. II. 10: iioaiim tamen sensum lUa aUniit
ctoribus édita diversarum hœreseon fuere
principia, ut est illudjuxtaJEgyptios^tt TAo-
mam, et Matthiam ei Bartholomœum.
Les citations que fournissent les Pères
grecs dont nous avons transcrit en latin les
expressions doivent nous arrêter un instant.
Le premier passage que cite Clément d'Ale-
xandrie rappelle la doctrine philosophique
des pythagoriciens au sujet des nombres et
le dualisme qui fut soutenu par de nom-
breux gnostiques. C'est ainsi que Marc en-
seignait, à ce que nous apprend saintlrénée
(Aav. hœres., lib. i, c. 11, n. 16), que tout était
sorti de la monade et de la dyade. Lesidisciples
de Marc citaient comme preuve de celte as-
sertion l'anecdote relatée dans l'^von^ttede
VEnfance (ch. vi) et qui montre Tenfanl Jé-
sus, auquel on enseigne l'alphabet, refusaut
de dire 0 jusqu'à ce que la force et la signi-
fication de l'a aient été expliquées. On re-
trouve des traces de ces idées combinées avec
la doctrine de l'incarnation par couplesdaos
les homélies attribuées h tort è saint Clément
(hom. 3, n' 16, 32, 33) et dans les Testaments
des douze patriarches {kser,i.) Les esséniens
et les thérapeutes dont les doctrines subi-
rent l'influence du pythagoricisme (230)
partagèrent ces opinions.
Fabricius dit au sujet du second passage par
Clément d'Alexandrie : Jam vero Gilse (Cowi-
mentatio de Patrum apostolicorum doctrina
morali)sed quanquam horumverborum explica-
tionem in fragment onostro desideramus cuivis^
tamen credo in aperto est, hœc verba omniê
commerça carnalis maris cum femina cessai
tionem et castam et abstinentem utriusqu4
sexus conversationem clare exire.
Il existe une dissertation d'un écrivain pro-
testant, Mallh. Schneckenburger sur TEvan-
gilequi nous occupe (Berne, 183i>, in-8'); elle
se divise en douze sections. Les quatre pre-
mières sont consacrées à l'examen des frag-
ments qui restent de cet écrit: dans les sept
autres, l'auteur établit des rapprochements
entre la doctrine de ces fragments et la doc-»-
trine des ébionites. Le résultat de son tra-
vail peut se traduire ainsi : 1* TEvangile
des Egyptiens se liait par d'étroites et inti-
mes retalions de parenté à l'Evangile des
ébionites, et comme celui-ci avait pour base
l'Evangile des Hébreux, il s'ensuit que
l'Evangile des Egyptiens était profondément
lié comme production dogmatique à l'Evan-
gile des Hébreux ; 2* on peut rapporter en
outre à ce dernier Evangile, comme à une
source commune, les Evangiles des ébioni-
tos, de Carpocrate et de saint Pierre, quelles
que soient d'ailleurs les légères ditTérencen
tcre Clemcns tiOCv».
(i50) Joseph., Anliq., 1, xv, c. 10, 4; Gfiôerer^
Philo und die Alexandrinitche ilteosophie, ii, 2r55.
tu
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
t2û
qai sont entre eux. Cette opinion parait dérivait de celui ae saint Matthieu, l*EraQ*
mieux fondée que celle deDeVeUe qui pense gile des Egyptiens pouvait avoir sa source
que, de même que l'Evangile des Hébreux dans quelque autre Evangile canonique.
ELDAM ET MODAL.
Il pst fait mention oe ces personnages dans
le livre du Pasteur^ qui porto le nom d*Her-
mas: H Le Sauveur est proche de ceux qui
se convertissent, comme il est écrit dans
Heldam et Modal qui prophétisèrent au
peuple dans le désert, m Ils ne sont connus
d'ailleurs que par ce gifen dit le Livre
des Nombres (ch. xi, 26J. Deux hommes
étaient restés dans le camp. Le nom de Vun
d'eux était Edad, et ienom de iautre Médad.
L^ Esprit reposa sur eux; ils étaient parmi
les inscrits : ils n'étaient pas sortis devant
la tente , ils prophétisaient dans le camp
1231). L*auieur de la Synopse^ mise sous
e nor.) (le saint Athanase, et Nicéphore, dans
sa Stichométrie , constatent Texistence de
rouvra^^e qui leur fut attribué, et qui est
aujourd'hi cnlièrt'Rient perdu. Cotelicr a ,
dans son Commentaire sur Uermas^ inséré
une note relative à ce passage, et il observe
que la sentence que nous avons rapportée
ressemble fort è ce qu'on lit psaume xxxiii,
19 : Le Seigneur est prés de ceux dont le
cœur est dans la tribulation.
Sgambatns, {Arch. Tel. Test.y I. ii, p. 258),
donne, relativement à ces deux Hébreux
quelques détails ({ue nous reproduisons.
Qui aut quo génère orti fuerint Eldad et
Medad Hebrœi variant, Tenchuma ait^ eos
t)ocatos aliis nominibus : Eldad^ BenCuslon,
€t Medad^ Kamuel Ben Saphtan. Midras ait
eos esse Epher et Jalon Levitas quos I Parai,
lu habet plios Amram patris Moysis ex
alia uxore. Quod scilicet Aloyses post latam
legem jusserit Amramum dimittere \uxorem
Jochabed quam habebat^ quod esset e/tii ma-
gna amita quiy alia ducta^ genuii Eldad H
Medad, Sic auctor traditionuin Hebraicarum^
quœ Hieronymo ascribuntur. Ai R, Ghedo»
lias idem e Medras aliter narrai, Eliiaphen
filium Pharnach duxisse Jochabedem Moysis
matrem^ et ex ea suscepisse hos duos pro'
phetas, idemque post mortem Amram, Cur
autemprœ cœteris meruerint prophetia do-
num, sic narrant Tract, Sanhédrin^ e, 1:
Cum eos vocassei Moyses^ ut in numeritm
Lxx seniorum eos eligeret^ responderunt le
indignos quibus id honoris demandaretur,
Tanthuma, o Quia seexiguos fecerunt.mugni
effecti suni supra ipsos lxx seniores, mui-
lis rebuSf 1* seniores prœdicabant proiiiua
quœdam aui qnœ essent crastino eveniura:
tpsi autem longinqua^ ut quœ essent eventura
post annos quadraginta. 2* Seniorum no-
mina non explicantur in sacris Litteris, sed
ipsorum explicantur. 3* Seniorum prophe-
tia defecit^ quid erat ex Moyse desumpta :
scriptum est enim : « Sumam de spirilu luo ;
ipsorum non defecit quiaerat ex Deo.^ ^* 5^;-
niores non sunt ingressi terram promissam ,
ipsi ingressi suni : quœrit deinde qua dt tî
vaticinati sunt Eldad et Medad^ respondti-
que : Alii dicunt eos dixisse moriturum in
déserta Moysem^ etJosuemfuturum ducem po-
pull in ingressu terrœ. Alii de coturnicibus eût
vaticinatos dicunt ; alii de Gog et Magog,
Les indications que fournit le livre du
Pasteur se trouvent I. i, ch. 7, ]. u, cb. 5.
Voy. les notes de Cotelier.
ÊLIE.
{Apocalypse d^Elie.)
Saint Jérûme (epist. 101, Ad Pamma-
cAtum, et lib. xvii in Esaiam) la cite à deux
reprises sans détail, et comme un ouvrage
où des sectaires puisaient des idées absur-
des. Les Constitutions apostoliques et la 5y*
nop<« de saint Atbanase mentionnent de mô-
me cet écrit qui se composait de 316 vers,
à ce qu'apprend UStichométriede Nicéphore.
Il n'en reste d'ailleurs aucun fragment.
Des rabbins mentionnent des lettres d'E-
lie apportées au roi Joram sept ans après
que le proplièfe eût été enlevé de ce monde.
ISeder Ùlum Rabba, cap, 17) ; David Kimchi,
[Ad I, chron. xxi, v.l2) donne de cette mer-
veille une explication plus simple; il pré-
(i3l) Le Targum de Ben L'zlel rapporte cespro-
pbëlicH ; elles ont trait à la mort de Moïse, à la
deskiructiou do toniple, à la vengeance que Dieu en
tirera.
jS3i) On pourrait citer quelques autres exemples
d*écrit8 auxquels on attribuait la même origine
apocryphe. Baluzc, à la suite de ses Cespitularia, u
tend qu'un prophète, obéissant, k Pinspira-
tion divine , vint reprocher au roi Joram
son impiété en lui parlant au nom d'Çlie,
et comme s'il lui rapportnit les expre^^ioos
d'une lettre de cet illustre personnage.
Cette explication a été adoptée par deux
auteurs que cite Fabricius ( Cad. apoc,
Yet. Test^ t. I, p. 1076), et parmi lesqutîs
figure un écrivain auquel on doit une dis-
sertation que nous avons vainement cher-
ché à nous procurer. J. A. Srhmidt, Dt li*
bris et epistolis coslo et inferno delatis (23*2)
la Biblioth. rabbinica, t. I, p. 133 et 182 uit
qu'il y a au Vatican deux manuscrits hébreut
écrits sur parchemin, intitulés Le grand et
II, col. 1397, rapporte des lettres qu'on disait tom-
bées du ciel au vni* siècle.
Les Abyssiniens ont un livre intitulé Fata »-
gnestna (le Jugement des rois), qu^ils disent di<^
tombé du ciel sous le règne de Coiistanliii. Le i n
de Cboa, Sablé Salassi, en envoya une copie a
Louis-Philippe. (Revue des Deux-Mondes^ 1*' iuiUirt.
Uï
EU
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ELI
222
1$ petit Fh>, et contenant le récit de visions
et d'apparitions d'Élie. Sgambatns {Archiv.
Yet. T€$t,t Lu) cite trois ouvrages hétireux
in!ilul(^s Le grand ordre d'Elie^ Le petit or^
dît cfEUe et La caverne d'Elie^ mais i! s'agit
ici, nou du prophète, mais d*an autre £lie
qui vivait après la captivité de Babylone, et
è l'égard duquel les rahhins ont débité des
febîes qui sont étrangères à notre sujet (233).
Fahricius rapporte des idées singuiières
cilrailes des rabbins, au sujet d'Eiise (Seder
Olam Rabba, cbap; 17.) « La seconde année
d'Aclidsias. Elie disparut, et il ne paraîtra
{'lus jusqu'à ce que vienne le Messie ; alors
il se montrera de nouveau, et il disparaîtra
ensuite une seconde fois, jusqu'à ce que
Gog et Magog se montrent. Pendant ce
temps il écrit les événements et les actions
qui se .passent dans chaque siècle. . • On
tpporlB au roi Joram des lettres d'Klie, lorsque
sei'tannéess'étaientdéjèécouléesdepuisqu'E-
Jie avait dispartj et qu*on ne l'avait plus vu. »
David Kimchi, dans son Commentaire sur
le II' ivre des Chroniques, ch. xxi, 12, s'ei-
f rime ainsi :
« Et une lettre du prophète Elie vint à
lui. Cela survint af)rès qu*Elie fut monté
[au ciet). Mais il lui avait été révélé, par
TetTet de la prophétie, ce qui concernait Tim-
piété de Joram, et il avait mis dans la bou-
che d'un prophète les paroles de celte lettre,
lui recomniand(*nt de les mettre par écrit et
de les porter à Joram, et de lui annoncer
qu'Ëlie lui envoyait ces lettres aQu que Jo-
ram fût conduit à penser que ces lettres lui
éiaienl envoyées du Ciel, etqu'ainsi son cœur
s'buiuiiiât, etqu'il reconnût tout le mal qu'il
avait fait. »
Divers auteurs, tels que J. Mejer, Em-
manuel Sa, Jérôme Drexetius, etc., se ran-
gent à celte explication de Kimchi; d'au-
tres, tels que Cajetan et Li^htfoot, supposent
qu'ii s'agit d'un autre Elie, moins ancien
que le célèbre prophète : d'autres, enfin,
pensent qu'au lieu du nom d'Elie il faut
substituer celui d'Elisée. {Yoy, J. Eusèbe Nie-
iSi». p. 87.)
Un Anglais, Ch. T. Bake, a publié à Londres, en
\U)i, une brochure relative au Livre de ta lettre
[Hatihafa Tomor)^ qu'on prétendait être venue en
dcsrentlant du ciel dans les mains de saint Atlia-
nase, et dont il eiistc dans la bibliothèque de Tu-
tin^ue un manuscrit éltiiopien.
Inéruilit lal.orieux, dont nous avons h plusieurs
reprises signalé les travaux, M. Edetestand Du Mé«
ril. a publié (Poéiies inédites du moyen âge, Paris,
1H54, p. i95,) une petite pièce de vers qu*on trouve
dans divers manuscrits, et à laquelle une origine
sonialurelle était attribuée. La voici, telle que cet
érudit Ta fait connaître, d*après un manuscrit du xi*
Siècle de la Bibliothèque impériale, sans chercher à
eo expUauer le sens, ni à en corriger les fautes :
Aiiiio Uomlni 117U, isti versiculi fuerunt de Jhe-
rosoliinis transmissi et, ut Tania retulii, ab augelo
cumpo&iti et ab eodem in templo delati :
Sic Caipb» mercede caput dampnatar alumni,
Celsa ruuDt, humili peudel ulerque gradus
Salvaol elperdunt a a a qu» suni Jeremis;
biient et pierimii quod coosonai euphoritt.
lo sacrium mit exitus, cgra poteolia migrât;
■oo^bus eicedant taonager atque leo.
remberg. De ortgine S. Scripturce^ 1. ix, c. 18.)
Elie a été rangé parmi les chercheurs de
la pierre philoso|:)hale; on a dit quMl avait
écrit sur t*alchirnie.
Le passade ^eV Apocalypse^ ch. ti, 3, sur
. les deux témoins qui prophétisèrent durant
mille deux cent soixante jours, a été appli-
qué à Elie et à Enoch, et a donné lieu à di-
verses interprétations.
Les scribes disaient qu'Elie devait se
montrer avant Tavénement du Messie (Matth.
XVII, 10; Marc, ix, 10) ; ils s'appuyaient sur
un passage du prophète Malachie (iv, 5) :
Ecce ego mittam vobis Eliam prophetam^
antequam veniat dies Domini magnus et hoV"
ribilis.
Fabricius observe que plusieurs anciens
écrivains ecclésiastiques ont partagé l'opi-
nion qu*Elie devait apparaître avant la fin
du monde; il cite saint Justin le martyr
(Z)(a{o</t4eat'ec Tryphon), et l'auteur de l'ou-
vrage sur les vies des prophètes, attribué
sans preuves è saint Epiphane.
Parmi les opinions singulières relatives
au prophète qui nous occupe, on peut men-
tionnerceile de quelques gnostiques, qui so
reproduisit chez des sectaires du moyen
âgé, et qui soutenait que l'âme d'Elie avait
passé dans le corps de saint Jean-Baptiste.
Fabricius cite à cet égard l'ouvrage de
J. Alting, De Shilo, lib^v, c 11, et une
dissertation singulière de Jean Tarnov : De
tribus Eliis^ sive comparatione Eliœ^ Joannit
et Lutheri, Rostock, 1618, in4' (234.).
C'est ici le lieu de parler d'une tradition
dont l'origine est attribuée à Elie, et d'après
laquelle le monde doit durer six mille ans.
Les taimudistes (235) rapportent ainsi cette
prophétie : « La tradition est dans la maison
d'Elie que le monde doit durer six mille ans.
Il sera désert pendant deux mille ans. La
loi sera en vigueur pendant deux mille ans.
Le Messie étendra sa domination pendant
deux mille ans; mais, à cause de nos pé-
chés qui se sont multipliés, les années
du Messie se sont déjà écoulées, x Josué
Comoa vervecia matilabnnt f<»dera taori ;
Sidère PoUocis frateruum corruel aslrum;
Uua dies moriis deponet séria duorum
El Babel Arcbadiae perfasa craore pulebit.
(Î33) Mous ne croyons pas qu*on ait attribué des
écrits apocrypiies à Elisée , mais ce disciple d'Elie
a , comme les personnages célèbres dans Tbisloire
sainte, été le sujet de contes ridicules. Il suffira d'en
citer un : La femme qui le reconnut comme un
saint (// Reg. iv , 9) , parce qu'aucune mouche ne
voltigeait au-dessus de sa table. (Ba/tolocci , Bi-
blioth, rabbin, t. I, p. 171.)
(St54) En fait d'écrits relatifs au célèbre prophète
qui nous occupe, mentionnons Frischmuth , Dû
ftomîne, patria et prosapia Eliœ, lena, 1683; et une
pièce latine intitulée : Elias , drama tragicum sa*
crum (5 actes en vers), ek historia Eliœ praphetm
maxime concinna(um , exhibîtum publiée m ihealro
Argentinensi y auctore G. Gasparo Brulovio, Stras-
bourg, 1613, in-12.
(235) Gemara, sanhédrin^ cap. % § S9, éd. Cocccj.
(Cf. J. Morinum, p. 561, Exercit. bxbL ^ et
Theodori Hacskspaui MisvelL lib. ii , c. 9) ; Ce*
mara, Avoda Sara ^ cap. 1, p. 65, edit» G.-E*
Ediardi.)
ti3
DICTIONISAIlifi DES APOCRYPHES.
m
Lurki, luif conYerli, qui prit le nom de Jé-
rôme de Sainte-Foi» Qt grand usage de cette
tradition pour démontrer la venue'du Mes-
sie aux rabbins avec lesquels il soutint à
Gérone, en H09, une conférence publique
en présence de rantipa[>e Benoit XIII. {Voir
ce que dit à cet é^ard Etienne Le Moyne '
dans ses notes sur r£[)llre de saint Barnabe,
passage cité par Fabricius. {Cod. apocryph.
fet. Test.t t. It p. 1079.) Vossius, dans sa
dissertation sur les Oracles sibyllins, c. 8»
pense que celte tradition avail $a source
dans un ouvrage apocryphe altribaé k tille:
Quod auêem Judœi id vaticinium e schoia
Eliœ promanasse dicuntf id forlasse tx to
factum^ quod desumptum fuerit e libro pro^
pheliarum EliŒf quem olim Veleha Testa'
menti scriptis annumeralwn fuisse constaïf
licet poêtea apocryphii ut appellantur, ac-
cesserit. Le savant Bollandiste aurait dû in«
diquer sur quelles bases il établissait son
assertion relative à ces prophéties* quiau«
raient été regardées comme faisant partie d«
r Ancien Testament (236).
ENCRATITES.
{Evangile des encratites,)
Ces hérétiques eurent pour chef Talien; Tatie!!}, et ils faisaient aussi usage de faox
ils se servaient de l'Evangile coordonné par Actes de saint André» de saint Jean et do
cet hérésiarque {Voy. plus loin à Tarticle saint Thomas.
ENOCH.
Le premier volume de ce Dictionnaire ren-
ferme une traduction accompagnée de notes
et de dissertations sur Touvragequi porte le
nom d*Eiioch et qui est un des plus célèbres
des livres apocryphes. Depuis celte publica-
tion, il a été mis au jour un mémoire d*ua
savant orientaliste M. H. Ewald : Abhandlung
Uber des ^Ihiopischen Bûches H^noch Ent»
stehung^ Sinn und Zusammensetzung {Mi"
moire sur V origine^ le sens et Varrangement
des diverses parties du livre éthiopien d'£-
noch)^ Gœltingue, in-&^ ce travail, fait par-
tie au siiième volume des Mémoires de la
Société royale des sciences deGœttingue^ 1855.
Il en a été donné un extrait dans une publi^^
cation périodique C|ui a cessé de paraître,
VAtkœneum français (n* du 22 mars 1856):
nous allons en reproduire quelques passa-
tes ; ils compléteront ce que nous avons dit
)*égard de cette œuvre intéressante.
Le livre d'Enoch est une suite de visions,
de songes et de paraboles, entremêlés de
récits empruntés à l'Ancien Testament, mais
surchargés de fables ; c'est une réunion de
prétendues révélations sur la fin du monde,
sur la félicité réservée aux hommes pieux,
sur les maux qui attendent les impies, et sur
(256) Fabricius observe qne la tradition trans-
mise, selon les Juifs, depuis Adam jiisqu*à Elie, en
fiassant par les patriarches, Moïse ei les proplièles ,
est mentionnée dans les ëcrils des anciens rabbins,
dans le livre du Zohar, dans Menasseh-ben-Israel ,
In Coneiiiatore ad Geti. viii, 2%. Plus lard, pressés
par letCliréliensqiii, dans leurs controverses, pui-
saient des arguments dans cette tradition , les
Juifs voulurent en diminuer rautoriié et ils TaUri-
buèrent à un second Elie, personnage supposé qui
aurait vécu un siècle et demi après la reconstruction
dn temple de Jérusal* m. Vou, les dissertations de
Gilles Straucii : De. puudO'EÏia^ Witteberg». 1062,
«U de Chr. Rcineccius, De traditiùne EliaM, Leip-
zig. MQ/l, 8cambatus (Itb. ii Arehitorurk Veteris
Teslammil) dit' que Iroî» ouvrages intitulés : Le
frand ordre ,é^Elte , Le ptiil ordre d'Eue et La ca-
un grand nombre de points de physique et
d'astronomie.
Quand on examine ce livre avec on
peu d'attention, on aperçoit bien vile au'il
se compose de deux parties assez hétéro*
gènes. Le fond général, excepté toutefois ce
qui se rapporte à la physique et à l'asiro-
nomie,est uniforme, mais les idées de détail,
le ton des divers morceaux, les noms sous
lesquels sont désignés les mêmes êtres, of-
frent des diversités frappantes qui trahissent
des auteurs différents. M. Ewald veut dé-
montrer qu'il est formé de cinq parties dis-
tinctes appartenant è des auteurs particuliers
et à des époques diverses, et combinées en-
semble par un Juif de la seconde moitié du
siècle antérieur à Tère chrétienne. Ces cinq
parties sont d*abord trois livres attribués
également à Enoch ou du moins mis soussoo
nom!; ensuite un écrit attribué à Noé, et en*
fin un court fragment d'une main égale-
ment inconnue. Diaprés les indications que
M. Ewald découvre dans cet ouvrage même,
le premier des trois livres d*Enoch seraildo
très-peu postérieur au temps d'Antiocbus
Epipuane, le second aurait été composé dans
la première année de la longue dominatioa
terne d'EUe , étaient regardés par les docteurs Joifs
comme étant Tœuvre de ce second Elie. il racoou
en ces termes d'où viennent les titres donnés am
deux premiers de ces écrits : f A. Anan veiiiebai
ad Eliam prophetam et ille docebat enni Seder Ehx.
Cum vero nescio quid pcrperam admisisset Jiscessit,
egit pœnitentiam et diu abfuit. Poslquam redut
verebator Elise s« ostendere. Igitur insiar arcs eu-
jusdam parari curavit in quo Inclusus Eliam Ji-
centero audiret, quousque toturo Seder audivii et
eo. Et ea est causa cor dictura sit : Seder Ëli«
Rabba et Zata. i Coromentarius Aben. Habib :
Partem quam prius didicerat eitra arctm, vctanot
Seder El'ue Rabba, iîve mi^orem ; partem vero qaain
dtdicit inu-a trcam, vocaruot Seder Eli» tsfà, ^
minor fuit.
isS
ENO
PART, in.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
ENO
(itiieaa Hjrrkam, le troisième peu de temps
dprès, Ters TaD lii avant J*ère (chrétienne.
L'examen critique auquel M. Ewald rient
soucneUre cet ouvrage dans son ensemble,
tend à établir que le livre d*£nocb est une
compilation du môme genre que tant d*au-
tres qai furent faites à celte époque, non-
seuleiuent parmi les Juifs, mais aussi parmi
les Grecs d'Alexandrie. Seulement parfois le
savant Allemand pousse ses explications jus-
que de si minces détails, qu'il est bien dif •
&• lie de ne pas l'accuser d*accorder une trop
cramie importance à ses conjectures. A la
ùiduière dont il dissèque le livre d*£aocb,
00 dirait quMl a été témoin du travail du
cKnpilateiir et qu il Ta vu prendre ce verset
dans tel des documents primitifs et cet au-
tre dans tel autre. C'est ce qui frappe surtout
dans ce qu'il ditdu livre de Noé quii retrouve,
ri'pandu par fragments souvent infiniment
petits, dans l'ensemble du livre d'£noch. Une
ompiiation semblable a pu éprouver tant
(je iiiodillcations depuis son premier collec-
teur, par le filit de ceux qui ont pu vou-
iuir le compléter plus tard au moyen des
mêmes documents ou autres analogues
cnin(Q>f aussi de la part des traducteurs qui
i'oiu fait passer de Thébreu en grec et du
grec en éthiopien, qu'il est plus que témé-
raire de prétendre expliquer l'origine de
uj3.]ue chapitre et de chaque verset.
M. Ewald observe que la cosmogonie du
iJTre d'Enoch est tout empreignée d'idées
orientales; l'auteur regarde les astrescomme
des êtres intelligents (237) ; il croit à l'eiis-
leuce de colonnes sur lesquelles la voûte
(]<j ciel repose; il représente Dieu comme
hnçautdes flèches et comme ayant un car-
qoûis; les éclairs, et la foudre sont ses
Uaits; de pareilles expressions se trouvent
dans TEcriture avec un sens métaphorique,
et c'est là que l'auteur les a prises, mais il
est permis de croire qu'il les prenait couime
indiquant des choses réelles.
Une portion considérable du livre est con-
sacrée a ce que Ton peut appeler l'angélogra-
phie (238), et à la description du monde in-
visible.
Quelques analogies fortuites qu'on peut
observer entre une célèbre tragédie grec-
que et le livre qui nous occupe ont occupé
un critique anglais. Voy, Remarks on the
Prometheus of Mschyles and the book of
Enoch ; Classical journal^ n' 68, p. 290-305.
Ce qu'on trouve dans ta Bible de Vence,
1832, t. XXIH, p. 602-620 sur le livre d^E-
noch, est la réimpression d'une dissertation
arriérée. 11 n'y est rien dit des travaux de
Silvestre de Sacy.
On peut aussi consulter VBistoireunhef"
selle^ traduction française, 1780, t. I, p. 31.
Enoch est célèbre chez les Musulmans;
le Coran en parle, ch. 19 (239), et, selon di-
vers commentateurs, il est encore en vie dans
un des sept cieux , y ayant été transporté
après sa mort et ensuite ressuscité.
Bàrio\occ\[Bibliotheca rabbinica^ 1. 1, p.8^S,)
indique un manuscrit hébreu du Vatican oCi
se trouve une prière attribuée à Enoch, et
qu'il récitait, a ce qu'on prétend, en pré-
sence de Dieu.
Th. Mal vende, dans son traité Deparadiso^
RT)mœ, 1605, p. 281 et suiv., s'occupe d*£-
nocb,iil cite un grand nombre d'auteurs; en^
tre autres Claudius Marins Victor qui
s'exprime ainsi : (iib. nCarm. in Gènes,)
Cujus de S'Tîe pollens virlutibus Enoch
Desc^ndens, nieriiis non Eliain impar avitîs ,
RedJItus in sedes palrias^ orl)eiiMiue bealuiii,
Yivil adtiuc et liabet vil» jam régna futarae.
ENOS.
Geneorard attribue dans sa CArono^rapAta
fii'»0) quelques écrits à Enoch, fils et frère de
Câiiîan. Il dit qu'il écrivit sur la religion,
^urla manière de prier Dieu et sur les cé-
rêiuonies, mais ces ouvrages sont tout à fait
lucoQûuSyet nul auteur ancien n'en a fait
(SS7) D*après une opinion fort ancienne en Orient,
1^ asires sont des créatures animées. Philon les
t^ptik comme des êtres inielligenls qui n*ont ja-
i&ais (ail de mal et qui sont incapables d*en faire.
\btmmdiopilicio), Maimonides ne doute pas que les
nulles oe couuaissent Dieu qui les a fatt4»s et qu^elles
ne se connaissent elles-mêmes. {More Nebuchim^
pirt. Il , c. 4 , p. 194 , et De fundamento legis^ c. 5,
\ô\
1^) La dissertation de J. Engestroem , Anqelo^
Uia Judaica^ Lund. 1737, pourrait ici être con-
Klt<fe. Les ouvrages relatifs aux anges sont nom-
b'tui; le docteur Graesse, Bibliotheca magica et
pvsniaiica, Leipzig, 1845, in-8°, en a compté plus
'î** Mixanie, et il est loin d*avoir tout connu. On
I«Qi mentionner surtout le traité de la Hiérarehie
(^e««,qui nous est parvenu sous le nom de saint
l'cAVs l'Aréopagite , et dans lequel se rencontrent
pviuls des idées bublinies; Cocceius, dans son
^^/olofiii, donne des eitraits de presque tout ce
mention. ( Totr Fabricius , Codex pseud,
Yet. Test,, t. I, p. 157); il est dit dans la
Genèse (iv, 26) qu Enoch commença à invo«
quer le nom du Seigneur, c*est ce qui a pti
donner lieu de croire que ce patriarche avait
écrit sur la religion.
qui a été écrit sur ce sujet , et Suarez, De angetis,
laisse bien peu de chose à dire-aprés lui.
Dans le vi' livre de ["Histoire ae$ Juifs, par Bas*
nage , on trouve n?entionnées les étranges rêverie»
des rabbins à Tégard des anges;en voici des extfinples.r
Jls ne savent point la langue chaldaique^ c*est
pourquoi ils ne portent point à Dieu les oraisou»
de ceux qui prient dans celte langue, ils se trom«*
ϻent souvent et font dt'S erreurs dangereuses, car
*ange de la mort, qui est chargé de fa.re mouiir un
homme, en prend quelquefois un autre.
' (i39) I Célèbre Héiioch ; il fut juste et prophète ;
nous renlevàmesdaus un lieu suliiline. t (Traduciioii
de S:ivary.)
(240) Piiris, 1580, in-folio. On trouve à ht suite
de. c^t ouvrage divers traités traduits des rabbins.
Génébrard , mort prieur de Semur en 1597, après
avoir été archevêque d'Aix, était un bcbraisaol
télé et un savant laborieux, niais on aurait yoaia
que 6on érudition eût été uiélée de plus de criiisue.
m
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES:
tl!
ESDRAS.
On trouvera dans le tome 1" de ce Diction^
naire^ la Iraduclion des Iroisième et qua-
trième livres d*Esdras, qui ont constamment
élô relégués parmi les apocryphes ; nous
pouvons ajouter à ce que nous en avons
ditja mention d'un écrit, où il y a de l'érudi-
tion : Dispulatio critica de Esdrœ librovulgo
quarto divto par C. J. Van der Viis, Amsler-
tlam, 1839, iu-8'. L*auleurde ce travail exa-
niirie la rédaction éliiiopienno du ii* Livre
d Êsdras, publiée par le docteur Laurence,
et il IcM-approche de la traduction latine qu'on
ronuaissail déj5. Cet examtn le conduit
aux conclusions suivantes : 1* L'ouvrage
avait été écrit originairement en grec, et
c'est sur ce texte primitif que les traduc-
tions latine et éthiopienne ont éié faites;
2* les passages de la version latine d après
lesquels un avait conclu que Touvrage avait
dû être écrit vers le xi' siècle, sont des in-
terpolations ; 3"* les prétendues prophéties
renfermées dans ce livre se rapportent à
l'ejupire romain, dont elles retracent d*une
manière figurée Thisloire jusqu'à la mort de
César, et les efforts faits par Antoine et Lé-
pide, pour s'emparer du pouvoir; 4" l'auteur
était un Juif, natif d'Egypte, il a dû écrire
son livie après la mort de César et avant
celle d'Antoine. (Journal asiatique, 3' série »
t. VIII, p. WO.)
Quelques éi rits relatifs h l'astrologie ou
£ la divination se répandirent au moyen âge
sous le nom d'Ësdras. M. Boissonade men-
tionne {Notices des manuscrits de la Biblio^
thiquedu roi, t. XI, r* partie, p. 186) un écrit
rempli de niaiseriei^ astrologiques et météo-
rologiques, attribué à ce proptiète. il existe
aussi un livret devenu rare et intitulé Pro'
phéties et révéhtionsd' Esdras ; nous en avons
rencontré deux éiJitions citées dans des ca-
talogues, toutes deux sans date, l'une avec
l'indication d'Arles; elles ont été imprimées
au commencement du xvi* siècle.
Lambéclus meotionne parmi les manus-
crits de la Bibliothèque impériale de Vienne
Comment, de Biblioth. Vindob,, I. vu, i».
^kO) un écrit grec intitulé : Tableau det
jours heureux, et qui porte pour nom d'au-
teur celui d'Esdras.
Fabricius a rapporté (Codex psiuiep. ¥>/.
Test. t. il, p. 170) la citation que fait >v\y\o
Sgambatus, d'après Jalkul, m librisReg., de
Tanathème qu'£sdras lança cimtre les Sa-
maritains; il avait réuni tout le peuple iians
le temple; huit cents prêtres sonnaient tJo
la trompette, et trois cents enfants lena eut
en leurs mains les livres de la loii;au mi-
lieu d('S chants, Esdras auaihéiuali^a les
Samaritains, déciata impur quicon(|ue au-
riiit commerce avec eux, et prononça qu*jls
n'auraient point de part à la résurrection
des morts et à la mémoire d'Israël.
On prétendait conserver h Bologne, cliez
les Dominicains, un manuscrit autographe
d'Esdras, et contenant les livres de Mui>e :
il était serré sous double clef, une d'elles
restant dans les mains des nsagistrais de la
cité. Montl'ancoii y re* onnut une copie l!ij
Panlateu({ue faite au commencement du xn*
siècle. (Voy. Diarium Italicwn, p.309, el Fa-
bricius, Cad. pseud^Yet. Test., t. I, p. UV7.J
Ce dernier écrivain cite divers auteurs lois
que A. ttoccha (De biblioth. Yaiicano';
Mayer (Dissert, de autographes biblicis) ; J. Le
Long, [Biblioth. sacra): J. Morin (tsercil,
biblioth.), etc., qui ont parlé de ce mauus-
cri t.
Une Apocalypse en langue grecque, attri-
buée à Esdras, i>e trouve dan^ le inoniisciit
Colbert 929 de la Bibliothèque impériale d6
Paris; il resterait à examiner si cette compo-
sition s'/iccordeavec lequatrièo:e livre d'B-
dras, publié par Laurence d'après le texte
éthiopien (Voir le t. I" de ce Dictionnaire,
coi. 579) et dont il existe aussi iinerédduion
arabe qu'Okley, profess4ur à Cambridge, lit
passer en anglais.
ETIENNE.
( Apocalypse de saint Etienne. )
Cet ouvrage n est connu que par le té-
moignage de Sixte de Sienne qui dit, dans
sa Bibliotheca sacra, I. ii, que les manichéens
avaient pour lui une telle vénération qu'ils
se faisaient une incision à la cuisse et qu'ils
l'enfermaient entre chair et peau ; il rapporte
•
ttil) Toy^ Caniftiiis , Thésaurus monumentorum
gCcieéiasUcoruiu et higioricorum, $en Leciioitts ami"
quœ, éd. J. Basnage, Aiiiuerpiae, 1723, i. 1, p. 43.
L*ouvragc de ré^é^iie *ie Tiienuis se trouve aussi
Haiis la BiOliolhecaGrmcO'Laiittti veurum /^alraiin,de
GaU.iiidi (Venise , 1765-81, i4 vol. iii-rolio,t. V.
Î>. 5i) , el dans les Hetiqaiœ sacrm , publiées par
ioiilti, Oxford, i8l4*l»l8, 4 vol. in-8«, 1. 1, p.
6i4.) U est en latin seulenieni dans la Biblïoikeca
cette particularité dénuée de toute vraisem-
blance sur l'autorité de Tévôque é,.:y|'iien
Sérapion, mais ce passage ne se trouve di
dans divers manuscrits ^recs du livre dcMO
prélat contre les manie léens, ni dans lo
texte que Canisius a publié (241) 11 faut donc
maxlma Patrum. (Lyon, 1677, t. IV, p. 160.) Oa
peut consullfr, à son cgurd, Cave, Scripivrum
eccle*ia$iicorum ki$toria litteraria, u I, p. il^;
Uupin, Bibliothèque de» auteurs eccléêiatt.qMii,
t. Il, p. 75; T'Ileuiunl, Mémoires sur Pbutoi c
ecelésiaêtique, l. Vlll, p. 844 ; Ceiilicr, llisioirt aé
néraU des auteurs sacrés, t. Yl, p. 5(> ; GoldwiUir,
Patroioaie, Nuronil>e g, 1854, 2 vol. in-8*. U h P*
373 ; Walci], Bibliotheca patr'tstica, p. Idl8.
199
F.VA
PART. m. -- LEGENDES ET FRAGMEiNTS.
EVA
15<l
croire à quelque erreur de la oart de Sixte nous est impossible de savoir si c'est cell9
de Sienne. que Sixte de Sienne avait en vue ; le passage
Un décret du Pape Gélase condamne aussi des Actes des apôtres^ vu, 55, a pu suggérer
le Apocalypse de sain( Etienne , mais il Tidée d*un ouvrage semblable.
une
ÉVANGILE ÉTERNEL.
L*Evangile éternel dut son origine h un
pssa$e de \ Apocalypse {xiY, 6): Et vidialte-'
rum angelum volantem per médium cœli, ha"
benlem Evangelium œternum.
Il n*en fallait pas davantage pour attirer,
vers la fin du m* siècle, Taltention de quel-
ques rêveurs: ils s'imaginèrent y voir la
prédiction d*un dernier Ëvangiie qui devait
remplacer celui de Jésus-Christ et durer
éternellement. En conséquence, ils imagi-
Dèrent trois âges ou trois règnes qui corres-
pondaient aux trois personnes de la divine
Trinité, d'/ihord TAncien Testament, âge de
Dieu le Père, du régime patriarcal ou du
ponlilicat des pères de famille ; puis le Nou-
veau Testament, Age de Dieu le Fils fonda*
leur du sacerdoce uni à la vie active; enfm
l'ère du Saint-Esprit qui ïi*ouvrlrail en 1260
et qui serait caractérisée par les progrès, la
perfection et la puissance de i'élat contem-
pialif des cénobites.
Un moine de Tordre de Clteaux, nommé
Joachim, né vers le milieu du xii* siècle
dans le midi de Tltaiie, passe pour le pre-
mier apôtre de ce nouvel Evangile. Ce per-
sonnage, remarquable à divers titres (2^2),
e5t auteur de plusieurs ouvrages de théologie
et passa pour avoir composé des propitélies
qui ont été plusieurs fois imprimées» (Colo-
gne, 1570, Venise, 1589, in-4'elc.J, mais qui,
tiausiélatoù nous les possédons, sont une
composition bien postérieure à sa mort.
Dante {Paradis^ ch. 12, v. HO) rend liom-
ma^^eau génie prophétique de Joachim.
il cala^Tese abbale Gîovacchino
Di prpretico spirilo doialo.
Comme il ne subsiste aucune portion im-
priméeou manuscrite de l^ Evangile éternel^ on
ne peut en juger que par ce qu*en disent les
auteurs du moyeu A^^e, tels que Guillaume
de Saint-Amour, dans son Traité des périls
dt$ derniers temps et Nicolas Eymeric, dans
son Manuel^ ougaidedes inquisiteurs. Fleury
[Histoire 'ecclésiastique^ 1. lixxiv, n* 35} a
résumé le système des sectaires qui, s*ap«
puyant sur ces éirang(;s illusions, allirmaient
que leur Evangile était très-supérieur à
1 Ancien et auNouveau Testament, lesquels
devaient être abolis comme ne menant pas
à la perfection.
Les Papes Innocent IVet Alexandre IVcon-
damnèrent VEvangile éternel ou un abrégé
qui portait ce titre; TUniversiléde Paris le
frappa de ses censures; les écrivains du
temps les répétèrent; un poëie, Guillaume
de Lorris, parle de
Uiijç livre de par le grniit diable
Dit TEvangilti parJurable.
On peut consulter Ancilloniana^ou Mélan^
ges critiques de littérature^ 1698, p. lU-127;
J. Heide^>5er, Dissertalionss seiectœ^ t. IV,
diss. 7, pt Noël Alexandre, Hist, eccles.^ in-
fo!., t. VU, p. 78 ; Peignol, Dictionnaire de»
livres condamnés, t. il, p. 243.
Quelques écrivains protestants tels que
Stillingfleet, Jurieu, etc., ont voulu chercher
dans l'existence de cet écrit le sujet d*Htta«
ques fort injustes contre TEglise catholique;
Rome ne perdit pas un instant pour condam-
ner ces aberrations. 11 existe une disserta-
tion spéc aie de Jean André Schmi.Jt: De
Pseudo-Evangelio œtemo^ Helmstadt, 1700,
iu-8'; nous ne lavons jamais rencontrée.
En 1697, une visionnaire anglaise, Jeanne
Leaiie, lit paraître h Londres un écrit mix-'
iulé: A révélation ofthe everlasting Gospel
message. Entre autres assertions elle donnait
de grands détails sur la un do toutes les
créatures et enseignait que tous les damnés,
ainsi que les démons, seraient, après une
expiation plus on moins longue, admis à la
béatitude éternelle. Cet ouvr.ige, un peu
moditié, vit le jour en 1699 dans une traduc*
tion allemande, et peu de temps après, ua
docteur, nommé Jean Guillaume Petersen,
y ajouta un long commentaire dans lequel il
s'efforça avec un grand appareil d'érudition»
de soutenir les erreurs d Origène.
ÉVANGILE VIVANT.
LBvangile vivant était; répandu parmi
lesmanichécns ; il en est fait mention dans les
écrits de TimothéedeCoQStantinople et de
Photius ainsi que dans des anathèmes grecs
contre les erreurs de Manès publiés par Co-
(:4i; Le P. P.ipehroc1i a réuni dans les Acta 55.,
t. VU de mai , ce qui a parti de plus intéressant
&urra!il)é Jo;.ctiim, qui est inscrti dans plusieurs
nurtyrolDges et qui est honoré (fun culte spécial en
Caiabre, quoique la cour de Rome n'ait jamais rieo
telier (Patres apostolici^ t. I, p. 637 et par
J. Toliius. {Itiner. Jtaticum, p. U2.) f^y.
d'ailleurs Fabricius, Cod. apocryph. Nov.
Test., 1. 1, p. Ul, 354et381.j
statué 9ur sa béatification. Son Histoire , écrite par
Dom G^rvaise, Paris, 1745, in-i2. manque de cri.
tique. Voj^. aussi Biographie universelle 9 t. XX1«
p. 56o.
J.;
Sf
DICTIONNAIRE DES
S31
ÉVANGILES APOCRYPHES.
Nous avons donntiy dans le tome 1*' ce ce
Dictionnaire^ i*évangile apocryphe de l'En-
fance^ celui de iVicod^mf, et autres qui sont
parvenus en entier jusqu'à nos jours; il
a existé un grand nombre d*autres évan»
giles supposés, mais différents de ceux que
nous Tenons de rappeler et dont le but éfait
de réunir des Jégendes plus ou moins dé-
nuées de vraisemblance; ceux-ci étaient Tœu-
vre d'hérétiques qui s*eil'orçaientde propager
leurs erreurs en leur donnant la sanction
d'une autorité respectée. Justement réprou-
vés par l'Ëgliset ils ont subi le sort oui a
frappé tant de monuments littéraires de la
Grèce et de Rome ; leurs titres seuls, accom-
pagnés parfois de notions insuffisantes ou
de bien courts fragments, ont échappé aux
ravages du temps. Il est permis de regretter
leur perte; les doctrines qu'ils contenaient
seraient aujourd'hui sans danger, et la cri-
tique trouverait, dans ces écrits d'utiles ma-
tériaux pour l'histoire.
Nous parlons de ces divers évangiles en
rappelant le nom de leurs auteurs ou des
sectes qui les regardaient comme l'expres-
sion de leur pensée. ( Yoy, âpellu, Basi-
UDE, Egtptoens, Hébrbux, M4tciofr, Naza-
BÉENS, etc.) ; nous n'avons donc qu'à placer
ici quelques considérations générales.
Les nombreux évangiles apocryphes cités
Kr.Fabricfus peuvent fort bien, ainsi que
hserve M. Glaire {Introduciion aux livres
de PAncien et du Nouveau Testament^ 6 vol.
in-12, t. y, p. 191), se réduire de beaucoup;
I)lusieurs d'entre eux ne diffèrent que par
e titre; et d'an autre côté, des évangiles,
primiiivement canoniques ayant été inter-
polés par des hérétiques de sectes difTéren-
les,ont pris les divers noms de ces sectaires
et ont été considérés comme formant des
évangilesdifférents.L'original hébreu desaint
Matthieu, altéré par les additions des Naza-
réens, est devenu l'Evangile des Nazaréens^
y Evangile des Hébreux ^ V Evangile des 5y-
risns. Ce même Evangile de saint Matthieu,
corrompu et mutilé par les ébionites, a pris
le nom de ces hérétiques et celui de Cérin-
the. On peut assurer qu'il n'est pas diffé-
rent de celui qui regut le nom 'ie Barthé-
lémy, parce que cet apôtre porta 1 Evangile
hébreu de saint Matthieu dans les Indes,
d'où Pantène le rapporta à Alexandrie, ni de
ceux de Barnabe et des douze apôtres. Quant
à VEvangile de saini Pierre^ c'est celui de
saint Marc interpolé par les docètes, c'est
aussi ran<:ien Evangile des Egyptiens. L'E-
vangile de Marcion n'était autre que celui
de saint Paul, et ces deux représentaient
l'Evangile de saint Luc mutilé. L*Evangile
des eticratites ne différait |ias de celui de
Tatien, lecjuel avait composé une sorte de
concordance tirée des quatre Evangiles cano-
niques, en retranchant ce r^ui était contraire
à ses erreurs. Les évangiles des valenti-
niens,desçnosiiques,des l)asiiidiens, étaient
PEvangile de saint Jean altéré de divci^es
manières.
Il n'entre pas dans notre plan de revenir
ici sur les divers évangiles apocryphes que
nous avons fait figurer dans le premier vo-
lume de ce Dictionnaire: nous si^n8ierons
seulement une publication récente relative à
l'un d'eux.
Nous avons parlé de VEvangile de CEn-
fance en langue romane, et nous avons, dV
près M. Raynouard, offert quelques extraits
de cette traduction en vers; un savant aile*
mand, M. Paul Heyse, dans un volume qui a
été, en 1856, mis au jour à Berlin {Romanit-
che Inédit a aus Italimnisthen Bibliotheken) a
publié d'autres fragments de ce poëme qui
ne se borne pas à reproduire la produciioa
apocryphe si connue au moyen Age, mais
qui Y ajoute de nouveaux épisodes; en voici
un dont nous présentons l'analyse en nous
servant de celle qu'a donnée la Revue cqi^
temporaine, t. XXVIU, p. 203.
« L'enfant Jésus se leva un matin et alla
se promener hors de la ville le long de la
rivière; il s'arrêta auprès d'une tuilerie, où
grand nombre d'ouvriers fabriquaient des
tuiles et des pots. L'enfant les regarda faire
et voulut les imiter. Le tuilier lui dit : € Qui
es-tu, toi qui es plein de grftce et de beauté?
tu n'es \ïàs de ceux qui travaillent à la po-
terie. Je crois ^ue tu es noble enfant; tu pd
as te visage et I apparence. Tu semblés d'une
race noble et avoir des parents très-éminents.
Je te prie de nous laisser. » L'enfant Jésus
répondit : « Je n'en ferai rien ; i» il demeura
avec les ouvriers et il les aida jusqu'à ce que
la nuit fût venue. Quand l'heure de rentrer
au logis fut arrivée, les ouvriers voulurent
s'en aller, et regardant leur travail, ils se fé*
licitaient de voir qu*il yen avait beaucoup
d'exécuté et de la façon la plus jolie. Ils
avaieut fait cette journée plus que dans \v$
cinq précédentes. Et le sage tuilier dit à ses
ouvriers : « Je ne sais où a été cet enfant
2ui nous a aidés aujourd'hui. Nous avons
té bien fautifs et bien ingrats de ne rien
lui donner et de ne pas l'avoir invité à man-
ger. » Ils répondirent tous : « Si nous pou-
vons le retrouver, nous lui marquerons tous
notre reconnaissance. » Et ils se rendirent
à leur auberge, bien satisfaits et bien joyeux
d'avoir fait un si bon travail.
« \fais l'enfant Jésus était resté caché dans
la tuilerie, et quand les ouvriers se furent
éloignés, il se mit à briser tout le travail
qui avait été fait depuis quatre ou cinq jours.
Marmites, tuiles et pots, rien nu rebta en-
tier, et Jésus, ayant tout cassé, s'en alla en
sa maison.
« Or, Joseph cherchait son enfant et il
avait grand peur à son égard, car la nuit
était déjà noire, et il ne pouvait pas le trou-
ver. Joseph pleurait amèrement et il disait :
«I Qu'est-ce que je ferai, malheureux que je
suis? où trouverai-je cet enlant? » £t après
533
EYA
PART. III. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
ETA
S3I
raconter la perte cl le grand dommage que
son enfant vous a fait éprouver. » Ils répon-
dirent tous : « Maître, tu parles très-bien;
allons-y aussitôt. » Us partent donc et se
présentent devant Joseph qu^ils saluent* et
Joseph les salue également, et puis il leur
dit : « Seigneurs, que désirez- vous? » Ils ré-
pondirent : 4 Seigneur, nous allons te le diro
tout de suite. » Joseph pensa alors que l'en-
fant leur avait fait quelque tort, et le maître
tuilier, prenant la parole, dit : t Soigneur
Joseph, ecoute-nous. Ton ûls Jésus est venu
dans la tuilerie; il nous a aidés de bonne
volonté, mais ensuite il nous a fait payer
bien chérie service qu'il nous avait rendu,
car de tout notre travail il n^est rien resté
dentier, ni pots, ni tuiles, ni marmites. »
Joseph dit alors: « Matlre, je serai fort
étonné si c*est notre enfaift qui a ainsi gâté
tout votre ouvrage. » Le tuilier re()arlit :
« Que Dieu me soit en aide; apprends, sei-
gneur Joseph, que pour quelque considéra-
tion que ce fût au monde, je ne dirai pas
une chose fausse. » Joseph dit alors au tui-
liier ! « Allons ensemble à la tuilerie et nous
verrons si Tenfant a fait ce que vous dites. »
Us répondirent tous : « Nous irons trôs-vo-
lontiers. » Et ils partirent les premiers, aGn
de montrer à Joseph le dégât qui avait été
opéré. Le tuilier s'empressa de voir les
choses, et quel fut son étonnement lorsqu'il
aperçut tout l'ouvrage en parfait état! Mar-
mites, tuiles et pots étaient intacts comme
auparavant. Et Joseph dit alors : « Seigneurs,
que voulez-vous de moi puisque votre tra-
vail est entier? Vous paraissez avoir voulu
plaisanter et vous m'avez fait venir pour
vous railler do moi. C'est une mauvaise
chose que vous avez faite ainsi, et je serai en
droit d aller me plaindre au juge. » Le maî-
tre tuilier répondit : « Seigneur Joseph, jo
te prie d'avoir pitié de moi; daigne me par-
donner par un ellét de ta grande bonté. »
Joseph répondit : « Que Dieu te pardonne^
car il peut le faire mieux que moi. ^ Et le
tuilier s'en alla ensuite en sa maison et tous
SCS ouvriers en firent de même, et ils étaient
pleins de joie et de satisfaction, car leur tra-
vail était Uni. »
.ivoir heaocoup cherché, comme il était ac-
<.v):é do fatigue, il aper<;ut l'enfant Jésus
rjMi revenait vers sa maison, et il le prit et
i( ramena avec lui. Et quand Notre-Dame vit
Joseph qui ramenait son enfant chéri, elle
• , r ura une très-grande joie. Et puis, Notre-
bvwQ lui demanda tout doucement et en
::Mn<)c humilité : « Mon fils, où as-tu donc
tiJaiis cette nuit si noire?Si l'on t'a hébergé,
/ ;e prie de me le dire. » L'enfant répondit :
' C.Q malin, je me suis levé et j'ai voulu
:; cr me promener dans la ville, et en pas-
N^nt le long de la rivière, je suis entré dans
i.ic (uiierie où il y avait beaucoup d'ou-
t^ers qui faisaient des tuiles et des pots. ».
N ire-Dame lui demanda alors : « Mon fils,
wi] Irais-tu te reposer? » et il répondit :
t Je Toudrats dtner, car je n*ai rien mangé
y toute la journée, v Notre-Dame dit alors :
tMon fils, ceui que tu as aidés aujourd'hui
>tntf;ep$ bien grossiers, puisqu'ils ne t'ont
n^n donné. » Jésus répondit : « Ils ne m'ont
rien donné et ils ne m'ont pas offert à dtner. »
£( l'enfant Jésus but et mangea; il alla en*
saile se coucher.
« Le roattrede la tuilerie se leva de bonne
Leare et alla à son travail, menant avec lui
ui grand nombre d'ouvriers. Il pensait re-
irourerla besogne comme il l'avait laissée,
mais il vit qu'il ne restait rien d'entier, ni
marmites, ni tuiles, ni pots. 11 se mit alors
à crier : c Que vais-je faire et à qui ro'a«
âesserai-je? Qui m'a causé un si graïul dom-
riii^e en brisant ainsi tout ce que i'avais fa-
briqué? Il vaudrait mieux qu'il m eût tué. »
Le tuilier était donc rempli de chagrin et de
coière eo voyant la tuilerie en si piteux
éui; puis, il dit à ses ouvriers : « Je vais
T>us dire ce que je pense; je soupçonne
• «nfiut qui nous a aidés d'avoir fait tout ce
'''S'^t. parce qu'il était irrité qu'on no lui eût
'irg donné. » Tous les ouvriers répon li-
rtnt : « C'est bien possible; nous avons fort
^iisi a^i II l'égard de cet enfant en ne lui don-
p^ol rien, et c'est assurément la raison pour
'3|uelle nous trouvons pareille récompense
(ie sa part. »
« Alors, un sage Juif prit la parole et dit :
• Seij^neur, si vous le trouvez bon, je vous
OûQseillerai d'aller devant Joseph et de lui
M^'enre entre les miraclcê racontée dans les Evangiles canoniques et ceux que Us
évangiles apocryphes attribuent à Jésus Christ.
cryphcs. Rien de plus simple; les uns sont
le fruit de Tinsniration divine, les autn-s
sont l'œuvre d'hommes crédules et peu
éclairés. La comparaison des apocryphes
otfre un argument très-sérieux en faveur du
la vérité ^des Evangiles canoniques et do la
réalité des faits qu'ils rapportent. Si l'Evan*
gilo n'était pas le narré des faits tels qu'ils
se sont passés, si l'histoire du Sauveur f
était inventée ou embellie, il présenteraii
infail 1 iblemen t quelqu'un de ces caractères fâ«
cheux que l'on reconnaît dans les apocryphes.
L'exposition si simple, ai naturelle des
récits canoniques ne forme*t«elle pas un
contraste des plus marqués avec les narra-
tions supposées où l'on reconnaît partout le
8
. Cette différence est telle qu'il est impos-
^«l>.e de ne pas en être frappé do la façon la
p'us forte; elle a été exposée avec netteté
Mnsui» thèse présentée à la Facultéproes-
tanie de Strasbourg par M. Hippolyte Cam-
prodon, ti imprimée dans cette ville (in-8%
1^, W pages). L^aoteur de ce travail trace
^3{>idement eu son épigraphe la pensée qui
I présidé aux deux points do vue sous les-
q<iels il embrasse son sujet : Ce nest pas
mtt fH*^ mreriltf; cent ainsi qu'on invente.
•^"is allons lai emprunter quelques-unes des
<»Jisidérations qu'il développe.
l^flc différence radicale, essentielle, îm-
"^nsi», (je fond et d'esprit, un abîme sépare
^wEtangiles canoniques des évangiles apo-
DtcT. DES Apocryphes. If.
as
D.CTIONNAIRK DES APOCRYPHES.
r.'
dt^sirde frapper rimaginalion, de donner un
aliment à la curiosilé?
Quelle différence dans les miracles opérés
par Jésus-Chrislet ceui que lui attribuent les
apocryphes I Ce n*est pas ainsi qu*on invente,
3*écriait en rendant hommage à TEvangile
un sophiste trop célèbre. On ajoute une
force nouvelle à l'exclamation de Rousseau
lorsqu'on peut dire en montrant les apocry-
phes : Cest ainsi au'on invente.
Tous les miracles attribués au Sauveur
par les évangiles apocryphes sont à rejeter,
par la raison qu'ils ne sont accompagnés
d'aucun enseignement. Que signifient, en
effet, ces prodiges qu*opère Jésus-Chrisl
trente ans avant de commenceb son minis-
tère et de dire : Amendez-vous^ car le royaume
des deux est proche [2^3) ? Que signifient en
particulier ces miracles en grand nombre
qui signalent la fuite et le séjour de Jé-
sus en Egypte? Quelle est leur portée,
leur but dtans un pays où Jésus ne devait
se révéler que cinquante ou soixante ans
plus lard par le ministère de ses apôtres,
devant des inconnus qui allaient le perdre
de vueun moment après ; devant des païens
qui n'étaient préparés par aucune révélation
particulière à recevoir le Messie ; devant des
hommes qui, comme tous les autres, pou-
vaient s'extasier devant des prodiges, mais
qui étaient incapables de les rapporter h
leur vérilable but? Il est évident qu'ici,
plus que partout ailleurs, un enseignement
était indispensable pour que te miracle pût
porter ses fruits. Il est bien permis aux aj'O-
cryphes de travestir les Ecritures, de rap-
porter que ces miracles produisaient le
même effet en Egypte que trente ans plus
Jard en Palestine ; que là aussi on disait :
«rJamais homme n'a fait les choses qu'il fait,
il doit être le Fils de Dieu ; » que là aussi
les témoins en rapportaient la gloire à Dieu,
lui adressaient des actions de grAces et chan-
taient ses louanges. Mais il nous est bien
prrmis aussi do regarder ces résultats des
miracles comme une invraisemblance de
plus, qui, loin de les rendre plus acceptables,
ne fait (fueles rendre plus suspects. Le but de
bienfaisance qu'on pourraitobjecter,justifie-
t-il les guérisons?Dans celles que racontent
les Evangiles canoniques, le but théologique
se joint au but de bienfaisance ; elles tendent
tout au moins à gagner à Dieu celui qui en
est l'objet. Mais les guérisons miraculeuses
rapportées dans les apocryphes ne pouvaient
avoir ce résultat.
Dans l'Ecriture, les miracles ne sont pas
des faits isolés sans liaison avec d'autres
faits. Ils ne sont pas des hors-d'œuvre ; ils
font portie intégrante de l'œuvre du Sau-
veur et s'adaptent parfaitement aux autres
fonctions de son ministère. Ses miracles
rassemblent de toutes parts et attachent à ses
pas les foules curieuses de la Galilée, exci-
tent leur admiration et leur enthousiasme,
font vibrer toutes leurs espérances; ses
bienfaits les touchent, lui concilient leur
amour, en attendant que les paroles p\mc%
de grâce qui sortent de sa bouche tienntr.t
les instruire, les faire réfléchir et les trans-
former. Les miracles, quelque nombroui
3u'ils soient, ne sont pas le fond esseniitl
e l'Evangile; ils sont toujours siibonlon.
nés; ils ne sont jamais qu'un moyen et ps
un but; ce sont des signes^ comme les Ap-
pelle la Bible, .et lorsque le Sauveur j.k^!
qu'ils ne porteraient aucun fruit, il oeo
opère point.
Les miracles de l'Evangile, en un mot,
entrent dans le plan général de la révéla*
tiou de Dieu au monde par son Fils. Dans
les apocryphes, au contraire, ce sont des
faits isolés, sans liaison. Ils sont opérés pour
eux-mêmes; ils sont sans but, ou piuiùi
ils n'ont que le but puéril des contes unen-
taux, celui de fournir une pâture à la cu-
riosité, à l'imagination, à l'amour du mer*
veilleux, du fantastique, qui font la hase du
caractère des populations ignorantes.
Les caractères qui distinguent les miracles
racontés dans les livres apocryphes sont 1a-
ciles h distinguer. On peut leur reprocher:
1" leur profusion, qui fait parliculièreiDcnt
ressortir Timpossibililé de leur assignerun
motif et un but légitimes; 3* une variH^
d^espèces qu'on peut soupçonner d'être re-
cherchée. Tous les genres 6onl réunis dar.s
les miracles des apocryphes. Les auteurs <:«'
ces livres paraissent s'être proposé de faire
exercer au Sauveur son pouvoir miracukux
dans tous les sens. On trouve dans leurs
écrits des guérisons de toutes sortes, guéri-
sons de démoniaques, d'aveugles, de lépreui,
d*hommes mordus par des serpents ; on v
trouve des effets exercés sur la nature ina-
nimée comme sur la nature vivante; on r
rencontre des délivrances de captifs, des
métamorphoses, des chutes d'idoles, des
désenchantements, des créations. Ici une
ville d'idoles se réduit, à l'approche de Jésus
en un tas de sable ; là une source jaillit à sa
voix. Dans sa marc4ic , les bêtes sauvag^'s
l'accompagnent, sa présence les radoucit, sa
parole leur indique la proie qu*ils doivent
poursuivre. Les malfaiteurs tremblent à son
approche et croient entendre un roi qui s'a-
vance avec sa cour et son armée, tandis que
les captifs voient tomber leurs liens. Le
chemin se raccourcit sous ses pieds, le bois
s'allonse sous ses doigts ; son soufilo, couui t-
celui de l'Eternel, donne la vie à \le$ ou-
vrages d'argile. Il fait parler un mort; &<>n
contact transforme ou ressuscite ; sa rusl«';
diction tue. Il jette en terre un grain de i'ié,
et l'épi qui en sort produit cdnt ch()^c>
ui suffisent, et au delà, pour la nourriture
e tout un village.
3* Le manque de simplicité. Il est rare <'^
trouver dans les apocryphes des mirac «?
simples et simplement racontés. Il faut toa*
jours qu'ils parlent à rimagination et qui >
intéressent la curiosité. Il faut d'une nianit r ^
ou d'une autre qu'il y entre quelque élé-
ment fantastique. Voyez , par exemple 1 1^^^
3
(^2(5) Matili. ni, S.
Î57
EYÂ
PART. 11I.-.LEGËNDES ET FRAGMENTS.
EVA
28
gui^risons de démoniaques. Les apocryphes
se coo(eolent-îls de dire que le déaion s'en*
fuyait à la yoii de Jésus? Non; le démon
sort toujours des possédés sous quelque for-
me visible : tantôt c*est un corbeau, tantôt
cest un chien enragé, tantôt un beau jeune
homme. Ici, il esi représenté comme un
serpent qui, chaque nuit, entoure de ses
anneaux hideux le corps d'une femme et
s^uce tout son sang; là, comme un dragon
atlteiii qui trouble partout la vue d'une jeu-
ne filie et la glace d épouvante. Jésus guérit
nn enfant de la morsure d'une vipère; le
faiiMJ simplement en cicatrisant la plaie par
un elTei de sa toute-puissance? Non, il se
lait conduire à 1 endroit où l'enfant a été
inuniu, il appefle le reptile hors de sa re-
traite, il le fait ramper jusqu'à la plaie, sucer
tout le venin qu'il y a déversé, et il le tue
ensuite en le maudissant. Jésus et sa famille
descendent à une hôtellerie voisine d'un tem-
ple consacré aux idoles. Les idoles tombent
dès que Marie, tenant dans ses bras r£nfânt
divin, met le pied sur le seuil. (On ne sait
trop ce qu'elle va y faire.) Mais cela ne suffit
pas; Tune d'elles, avant de se rompre, rend
d'une voix haute et claire témoignage à TEn*
f3nl Jésus : <c Celte épouvante, dit-elle, a été*
apportée par un Dieu ignoré qui est le Dieu
véritable, et nul autre que lui n'est digne
des honneurs divins, car il est véritablement
le Fils de Dieu. » Nous no finirions pas si
nous voulions énuraérer tous les exemples
de merveilleux fantastique, qui est un ac-
compiii^nement obligé do presque tous les
apocryphes.
4* Leur caractère, le rù]e passif ei presque
mécanique de Jésus-Christ. Quelque chose
qui contribue beaucoup à la vénération
qu inspirent les miracles des Evangiles cano-
ni<|ue5, c'est leur caractère spirituel, édifiant,
profond, caractère oui leur permet de se
fondre si bien dans f ensemble du ministère
deJcsa$-Christ,et qui fait qu'ils ne déparent
aucune scène, mais au contraire qu'ils con*
tinuent felTet de ses prédications. 11 y a
dans fËvangile une relation intime, une
liaison mystique entre le miracle et les dis-
positions religieuses de l'âme. Il est attaché
en entier à cette disposition intérieure qui
les résume toutes, la foi ; ce mélange de re-
pentir» de contiauue, d'abandon, de désir, de
crainte de Dieu, d'espérance en sa bonté et
eu sa puissance. Jésus-Christ demande la foi
i ceux qu'il veut guérir ; il reproche à Pierre,
qui s'enfonce dans les eaux, de manquer de
lu On voit dans Jésus , opérant des
Uliracles , une volonté libre et agissante,
une volonté sainte, soumise à la volonté di-
vine ou plutôt toujours d'accord avec elle*
Ce rapport établi par la foi entre celui en
faveur de qui s'opère le miracle et celui qui
l'opère, la communion de celui-ci avec Dieu,
tout cela vous transporte au delà des réalités
visibles dans un monde nouveau où l'esprit
domine la chair. Ajoutons que dans les
guérisons miraculeuses qu'il opère, Jésus
rend la santé à fflme aussi bien qu'au corps;
iléveiHe le sentiment des péchés et du re-
pentir; VAme qu*il a ainsi remuée éproiivo
un si grand besoin de pardon, qu'à ces (m-
rôles qui portent la guérison au carps : «c Soh
guéri; prends ton lit et marche, n il doit
ajouter ces autres paroles qui donnent la
paix à rame : a Va, mon fils, tes péchés te
sontpardonnés.>/Quelle chute lorsqu'on des-
cend de ces divines hauteurs aux platitudes
des apocryphes I comme le miracle se dé-
grade! comme la notion en est rapetissée
et rendue mesquine 1 La foi, on n'en connaît
ni le nom, ni la chose : l'effet moral, on n'y
son^e pas. Un fait surnaturel s'accomplit , il
atteint le but matériel en vue duquel il a été
opéré, et voilà tout. La puissance miraculeuse
est chez Jésus quelque chose d'extérieur, de
superficiel qui semble plutôt teniràson corps
qu'à son âme. Il est une machine à miracles,
un canal par où s'écoule le pouvoir miracu-
leux. De même que de l'approche de deux
corps chargés d'électricité jaillit fatalement
l'étincelle, de môme sa présence, son con-
tact, son soufHe engendre fatalement des
prodiges. Cette vertu miraculeuse est là tel-
lement extérieure, qu'elle se communique
facilement à tout ce oui lui appartient, à
tout ce qui le touche, à Veau dont il est lavé»
aux linges dont il est enveloppé, à la sueur
qui découle de ses membres. C'est par ces
intermédiaires que s'opèrent presque toutes
les guérisons miraculeuses. Marie a mis &
s(^cher sur une corde des linges de l'enfant
Jésus; un démoniaque, dans son accès, eu
prend un, et il est guéri sans que Marie et
Jésus aient été consultés. L'eau dans laquelle
Jésus-Christ est lavé est la grande recette
curative que Marie distribue aux aveugles
et aux lépreux. Une femme fait du drap de
Jésus une tunique pour son (ils, qui se
trouve ainsi préservé de tous les dangers;
jeté dans un four ardent, précipité au fond
d'un puits, il n'est nullement blessé, et sa
mère vient raconter ces merveilles à la sainte
famille,quienest ravie d'admiration. Une au-
tre femme se sert d'un linge de Jésus pour
éloigner l'esprit malin lorsqu'il vient lassail-
lir, et l'esprit malin dit au linge tout comme it
le ferait à Jésus-Christ même : i Qu'y a-t-il
entre toi et moi? » Lorsque les mages d'O»
rient, conduits par l'étoile, viennent adorer
le Roi des Juifs et lui présenter de l'or, do
l'encens et de la myrrhe, Marie leur fait ca-
deau d'un des draps du nouveau-né, qui
opère dans leur pays toute sorte de mira-
cles et y équivaut à la présence de Jésus
môme.
5" La difficulté d'admettre les prémisses
sur lesquelles repose le miracle. C'est le cas
de tous les désenchantements racontés dans
les apocryphes. Un jeune homme a été chan-
gé en mulel par un enchanteur ; une femmo
a perdu l'usage de la parole, parce qu*on a
jeté un sort sur elle : Jésus-Christ détruit
les etlcts de la puissance magique. Il faut,
pour admettre le miracle, admettre aussi les
précédents sur lesquels il repose; mais les
circonstances dans lesquelles se produisent
les merveilles opérées sont parfois absolu-*
ment inaccentablcs, et tout au moins invrai**
S39
DICTIÛNNAIUE DES APOCRYPHES.
110
semblables, forcées, inventées, aHn d*amencr
une nouvelle révélation de la puissance du
Sauveur. •
0* Une autre différence entre les miracles
apocryphes et les mi racles canoniques résulte
de Fêxamen du conlexU dans lequel ils sont
enchAssés. Les miracles des Evangiles cano-
niques sont enveloppés dans le plan général
de la révélation ; ils font partie intégrante de
Ja mission du Sauveur; les miracles ap-
ftiiienl les enseignements, et les enseigne-
ments rendent les miracles profitables. Si
les miracles et la prédication sont ainsi liés
en principe, ils sont aussi liés dans les récits
des auteurs sacrés. Ils sont mêlés à des pa-
raboles, à des paroles frappantes, à des sen-
tences, à des traits qui portent un cachet
évangélique et qui empêchent de les mettre
en doute. La multiplication des pains est
suivie du beau discours sur le pain de vie,
la guérison do la fille de la Cananéenne est
mêlée à de hautes leçons sur la foi, la persé-
vérance, rhumilité, la prière. C'est ce lacis
de circonstances dont il esi impossible de les
séparer qui garantit leur réalité, tandis que
les miracles isolés tels que les racontent les
apocryphes ne peuvent être regardés que
comme les produits du penchant des peuples
de rOrientpour le merveilleux. Ajouterons-
nous qu*il y a des miracles dans l'Evangile
aui se font croire par la seule manière dont
s sont racontés ? Ne faudrait-il pas repous-
ser d'une manière absolue la réalité des mi-
racles^ pour ne pas croire à la guérison de
l'aveugle-né (Joan. ix) et à la résurrection
de Lazare {Jôan. xt) ? On ne trouve pas dans
les apocrvphes des miracles de ce genre, et
quoique les rédacteurs aient dA toujours se
représenter une scène quelconque , les cir-
constances oui les accompagnent sont rare-
ment frappées au coin do Ta vérité. On n'y
trouvera jamais, par exemple, un miracle
opéré progressivement comme celui de l'a-
veugle de Bcthsaïde. Les auteurs des apocry-
phes auraient trop craint de compromettre
la toute-puissance de Jésus. Et pourtant c'est
un Irait unique de vérité. Une telle circons-
tance, on le sent, n*a pu être inventée.
7* Une dernière remarque portera sur
roccoiion des miracles des apocryphes et sur
les motifs avoués de leur production.
La morale évangélique nous enseigne que
la fortufte, la puissance, le crédit, et tous les
biens dont nous jouissons ne nous appar-
tiennent pas, mais qu'ils sont la propriété de
celui qui les dispense h tous, selon sa vo-
lonté et dans la mesure qui lui convient, de
telle sorte que ces dons de Dieu sont un pur
«lépôt remis entre nos mains, afin que nous
en usions dans les vues et selon la volonté
du notre souverain Maître et Juge. Le pou-
voir miraculeux, le plus çranddes privilèges
dont le Créateur puisse doter la créature, le
don le plus directement émané de sa main,
serait-il seul eu dehors de cette loi morale,
universelle, et celui qui en a été gratitié
)K)urrait-il- en user selon son caprije sans
devenir prévaricateur? C'est inadmissible.
Jugez d'après ce principe un grand nombre
des miracles des apocryphes, et il ne restera
qu*à les rejeter avec répulsion. Ce n'est pas,
en effet , seulement le bon sens et la ratsoo
(^ui sont ici blessés, c'est le sentiment chré-
tien qui reçoit une profonde atteinte.
Nous consentons à ne pas nous arrêter sur
tous les miracles qui ne se légitiment point
f)ar un but religieux et bienfaisant, \lai.s, si
e Sauveur, dans l'Evani^ile, montre une ex-
trême réserve dans Tusage qu*il lait de sa
puissance, qu'il est autre dans les apocry-
phes I Non-seulement il prodigue ses mira-
cles sans scrupule comme sans raison, niais
il les emploie à des usages bas et indignes.
Il les fait servir aux intérêts de sa famille oa
è ses propres passions. Dans l'Evengilu Jé-
sus, accablé par la faim, né veut pas foire
un miracle pour se rassasier. Jésus, liiré
aux mains de ses ennemis, ne veuipas user
de son pouvoir miraculeui pour sedéfen-
dre; il aime mieux se laisser mener à la
boucherie comme un agneau et comme uoa
brebis muette devant celui qui la toad; Jé-
sus, crucifia, ne veut pas répondre aux mo-
queries et aux sarcasmes de ses persécu-
teurs par une manifestation éclatante de sa
puissance; Jésus résiste aux sollicilations
lie deux apAtres qui veulent faire descen-
dre le feu du ciel sur une ville qui avait re-
fusé de les recevoir. Dans les apocryphes
Jésus fait jaillir une fontaine, seulement
pour que sa Mère y lave sa tunique; il com^
mande h un arbre de s'incliner, parce que
sa Mère veut en goAter les fruits, et il ré-
compense Tarbre de son obéissance en fai*
sant transporter un de ses rameaux dans le
paradis. Jésus abrège le chemin, seulement
pour que la caravane ne se fiatigue pas à le
parcourir. Jésus, envoyé k une fontaine, ci
ayant cassé sa cruche, fait un miracle {»o:tr
porter de l'eau à sa Mère. 11 aide Joseph le
charppntier dans toutes ses fonctions, sup-
pléant par son pouvoir miraculeux au man-
que d*habileté de son père putatif et répa-
rant ses bévues. Ce n'est pas tout encore.
Jésus fait parade de son pouvoir miraculeux
BU milieu des enfants de son âge i^t dei coni-
pagnons de ses jeux. Ils font ensemble cte
petits animaux avec de la terre détrempée,
mais lui leur donne la vie, fait marcher !e«
quadrupèdes, voler les oiseaux et na^^erM
poissons. Il use de son pouvoir miracuieui
de la manière la plus capricieuse. Un pauvre
teinturier s'apprête è teindre des étoffes uo
diverses couleurs; Jésus passe et les jette
toutes dans la même chaudière; ce n'est que
lorsque le teinturier s'est bien mis en eo!ère.
et l'a menacé d'aller trouver ses parents,
qu'il retire les étotfes chacune avec la cou-
leur voulue. Une autre fois il se présente Mir
la place publique pour jouer, ei les enfanis
ne voulant pas s'amuser avttc lui parce qu'il
prend avec eux des airs de supériorité <{'!
leur déplaisent, vont se cacher sous un ar«
ccau. 1^ susceptibililé de l'Enfant di^m
blessée de cette conduite, trouve movenu'tn
tirer vengeance. Il découvre de loin Ici
enfants dans leur cachette, et dit à leurs mè«
res qui étaient là : «N'est-ce pas toi qwfi
1(1
ETE
PART. U1.— LEGENDES ET FfiAGMEKTS.
E>E
U%
vois Ih-bas.T « Non, répondent-elles en plai-
saillant, ce sont des béliers. » Et Jésus amène
sur iciiri visages une pâleur morlelle, en jus-
tifiant leurs |)arotes et faisant paraître les
enfants sons la forme de béliers. Ce n'est que
lorsque les adorations et les prières ont
rairné son courroux, qu'il relini sa parole et
leur rend la forme humaine. Un enfant le
heurte par m.éi^arde dans la rue, il tombe
mort à ses pieds; un autre répand l'eau qu'il
avait recueillie dans de petites fosses, il est
maudit et il sèche ; un autre lève la main sur
lui, et cette main so flétrit. Il fallait que l'u-
sa^^e qu'il faisait de ses miracles fût bien ré-
firéhensilile pour que de toui côté on vint
porter plainte à Joseph, lui disant : a Tu as
un enfant tel que tu ne peux habiter le
njètna village que nous : apprends-lui à bé-
nir et non a maudire: car il fait périr nos
enfants. » Joseph adressa h ce sujet des ad-
monestations sérieuses au petit Jésus oui
D'en tint compte , eC même un Jour il lui
tira les oreilles.
Assez sur un sujet qui répupçne en vérité
à la conscience chrétienne. L'esquisse des
caractères des miracles apocryphes a dû suf-
fire pour faire sentir leur immense infério-
rité aux miracles évan^éliques. Ne portent-
ibpas Tempreinte visible de l'usage puéril
eu de l'abus que l'homme serait disposé à
fure du pouvoir miraculeux, s'il lui était
cooGé? N y voit-on pas la recherche, le cu-
rieux, le fantastique, et avec toutcela l'enfan-
tillage? Ces derniers traits s'appliquent aussi
aux autres miracles non plus opérés par Jé-
sus, mais en sa faveur. La personnalité du
Sauveur n'y étant plus en jeu, on a moins
(Je reproches è leur faire, mais ils ne sont
pourtant pas au-dessus danixeaudes au-
tres.
Après avoir mis en parallèle les miracles
qu'attribuent h Jésus-Christ les a()0cryphe5
et ceux que racontent les Evangiles cano-
niques, il serait intéressant do comparer
l'enseignement que lui prêtent les uns et
les autres sur les vérités importantes de la
religion. Mais cela n'est pas possible. Jésus,
dans les apocryphes, fait des miracles, donne
des leçons de cosmographie, de grammaire,
mais quant à enseigner aux hommes leurs
devoirs, leur vocation, quant à amener les
âmes à Dieu, il n'en est pas Question. On
serait heureux si, parmi ces puérilités et ces
invraisemblances, parmi ces fables que l'i-
magination de deux ou trois siècles avait ac-
cumulées sur le compte du Sauveur, la tra-
dition avait sauvé de l'oubli quelques-unes de
ces paroles qui s'échappaient de sa bouche,
et que l'Evangile ne nous aurait pas trans-
mises, mais on n'en trouve pas une seule
digne d'être relevée. Inventer des discours»
pareils h ceux que les Evangiles mettent dans
la bouche de Jésus-Christ, cela n'élait pas
possible; aussi les auteurs des apocrypnes
n'ont pas osé essayer leurs forces. 11 est di-
§ne de remarque qu'ils mettent d'ordinaire
ans la bouche de Jésus-Christ un langage
biblique, mais la plupart du temps mal ap-
proprié. Dans la Bible chaque personnage a
son caractère individuel, et parle sou lan-
gage propre. Les auteurs des apocryphes oa^
souvent commis des fautes de tact à cet*
égard. Règle générale, ils font peu parler
Jésus-Christ, et ne mettent dans sa bouche
que quelques mots de circonstance asseï
insigniBants. On nepeut regarder comme dis-
cours du Sauveur l'histoire de Joseph, quoi-
qu'il soit censé la raconter à ses discipieai
(Tune seule haleine sur le mont des Oli.-
viers ; l'auteur s'y trahit sans cesse.
EVE.
( Evangile d'Eve. )
Cet écrit m nous est connu que par ce
qu'en dit saint Epiphane (hsdres. 26) qui
le cite comme étant répandu parmi les gnos-
tiques et qui en transcrit deux passages,
«près avoir ajouté qu'Eve y était représen-
tée comme devant au serpent la connais-
sance de tout ce qu'elle révélait; les sec-
taires qui se servaient de cette production,
«a représentaient comme étant la révélation
priinuive faite à la première femme par le
génie Ophis au nom du Dieu supérieur.
On jr lisait ces paroles prononcées par l'&me
qui s'élève au plérome à travers les ré-
gions des puissances célestes : « J'étais élevé
sur uoi; haute montagne (élancé dans les
pîQs hautes contemplations). J'ai vu un
bomme très-grand, et un autre qui n'eu était
'iU) c In arihio monte conslîteram , cum pcce
video proctTum hominein et mulilum aliiim. Inde
^eci;m lonitrui instar exaudio. Propius i;:ilur ad
audicndura acccdo, tum me bunc in modnni e^t
allocmuft : c Ego idem sum ac tu, et tu idem atquc
^^ et ubicojique tu es , illtc ^o sum, ac per om •
qu'une^ image mutilée ; j'entendis une voix
comme celle du tonnerre. J'en approchai :
elle me dit : Je suis le' marne que toi ; tu es
le même que moi ; oiji que tu puisses être, je
suis; je suis répandu partout : tu peux me^
recueillir de partout : tu te recueilles toi-^
même ou me recueilles toi-même e» me re-
cueillant (2y»j. »
Diverses légendes parfois ridicules ont
trouvé place, h l'égard de l'épouse d'A-
dam, dans les écrits des docteurs juifs et dos
auteurs musulmans.
Des rabbins ont donné au nom d'Eve uno
étymologie satirique. Ils le font dériver d'un
mot hébreu qui signifie, parler, bavarder,
et , ajoute Heidegger » tanquam a garru^
litaU nomiti tpji impositum foret, Fingunt
nia sum dispersas. Et undecunque volacrls. œc
colligis, me vero colligendo lemelipsum coliigis...i
Vidi arborem daodecim fruclus quolanuis feren-
tem et dixilmihi : < Hoc est lignuro vitx. > Idtpsum
de menstruis muUerum profluviis iiitcrpretan-
tur.) »
uz
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
144
decem euhos colloautorum cœUtus dtlapMOi ex
quibus novetn mulieribus cesserini.AUi elicun
atrocius sentiunt^ Evam rm dictam quasi nt^i
serpentem^ quia toii humano pcrniciem al*
tuiit generi.
fiartolocci a reproduit d*aprè$Rabbi Elie-
zcr un loDg récit delà maniès^e doutSainaçl
trompa Eve; on y voit entre autres circons-
tdQces que Tarbre de la science était doué
de la parole ; il dit au serpent : Impie,
De m*approche pas. (Biblioth. [rabbin., t. Il,
p. 320.)
En souvenir du pécbé d*£ve è la rue du-
quel, suivant les rabbins, le soleil cacha ^a
lumière, les femmes juives sont spéciale-
ment chargées d'allumer les lampes qui brû-
lent dans chaque maison pendant la nuit du
sabbat^
£ZËCHIEL.
Josèphe {Anliq. Hb. x, C. 6) et d*après ^ui
Sonaras {Annal., 1. 1, p. 79) attestent qu*£zé-
chiel avait écrit deux livres sur la défaite
et les malheurs du peuple d'Israël. Un autre
auteur du nom de Joseph, celui qui était
chrétien^ dit qu'il n'a pu trouver qu'un seul
de ces livres, et d'un autre côté» le premier
josèphe énumérant dans un autre écrit (m
Apionem) les livres saints, ne cite qu'un
&eul livre d'Ezéchiel. Quelques érudits, tels
que Le Moyne {Notœ ad varia sacra) et Huef
{Detnonsi. evangei^ ont cru au'il s'agissait
des prophéties d'Ezéchiel, telles que nous
les possédons, mais divisées en deux parties.
Toutefois, cette opinion ne s'accorde pas
avec le témoignage de la ^ynopse de saint
Athanase et de la Slichométrie de Nicéphore
qui mentionnent les productions apocryphes
d'Ezéchiel. Observons aussi que divers au-
teurs ecclésiastiques citent, sous le nom d'E-
zéchiel, des ouvrages qui ne se trouvent pas
dans les écrits de ce prophète tels que les
olfre le texte de la Bible.
« Je te jugerai dans l'état où je te trouve-
rai» » dit le Seigneur. Saint Jean Climaque
cite ces paroles comme prises dans EzéchtL
[Echelle du paradis^ degré 7, et Vie de saint
Antoine f c. 15.) Voy. Grabe, Nolœ ad Spivi-
legium Palrum sœc. i, t. 1, p. 327, et Cote-
lier fMonumentaEcclesiœ Grœcœ^ 1. 1» p. 821.
« En quelque heure que gémira le pé-
cheur, il sera sauvé », cilé par Lucifer de
Çagliari, et par d*autres auteurs comme se
Hsant dans Ézéchiel. Voy^ Richard Simon,
Observations nouvelles sur le texte et les ver*
sions du Nouveau Testament*
Tertullien {De carne Christi, c. 23) dit :
m Nous lisons dans ézéchiel au sujet de cette
vache qui a engendré et qui n'a las engen-
dré. » Saint Epiphane (haeres. 30> cite ce
inème passage, et Clément d'Alexandrie
{Stromat.f lib. vu) y fait allusion. Ce dernier
écrivain s'exprima ainsi dans un autre de
ses ouvrages ÏPœdagogus^l, i, c. 10) : «Dieu
dit aussi par la bouche d'EzéchicI : Si vous
vous convertissez de tout votre cœur, et
si vous dites Père , je vous entendrai
roùime un peuple saint, j» Saint Clément le
Komain {Epist. 1 ad Corinthios, c. 8) donne
60 passage plus en détail : « Repentez-vous,
maison d'Israël, de votre iniquité. Dis ans
fils de mon peuple : Lors même que vos
péchés atteindraient de la terre jusqu'au
ciel, qo'ils seraient plus rouges que la pour-
pre et plus noirs qu'un ci lice, si vous vous
convertissez à moi de tout votre cœur et
que vous dites Père, je me conduirai envers
vous comme à l'éj^ard d'un peuple saint. »
Fabricius conjecture que ces passages
d'Ezéchiel avaient été conservés chez les
Juifs par la tradition.
Les anciens auteurs juifs ont fait au sujet
d'Ezéchiel des récils dépourvus de touid
vraisemblance. Ils racontent qu'uu rahbio
célèbre trouvait d'exirêmes diOkulté;» dans
le livre d'Ezéchiel; ses disciples lui prépa-
rèrent 300 tonneaux d'huile pour réclaircr
rendant les nuits solitaires qu'il consacrait
l'étude des écrits du prophète. (Bartolocd,
{Biblioth. rabbin., t. I, p. 848
La vision de la résurrection des osdessé-
chés {Ezech. xxxvii, 1-10) a amené une lé-
gende orientale fort ancienno, car il en e>l
fait mention dans le Coran, nh. 2. Dn grand
nombre des enfants d*lsraël abandonnèrent
leurs maisons, par peur de la peste ou pour
éviter de prendre les armes dans une guerre
religieuse. Mais comme ils fuyaient, Diea
les frappa tous de mort dans une vallée.
Huit jours après, Ezéchiel, passant en cet
endroit, pleura en voyant tous ces cadavres.
Alors Dieu lui dit : « Appelle-les, 0 Ezé-
chiel, et je leur rendrai la vie, »Ën etTel, à
la voix du prophète, ils se levèrent tous et
vécurent encore de longues années, mais
durant tout le cours de leur existence nou-
velle, ils conservèrent la couleur et la puan-
teur propres aux cadavres, et les vêtements
(]u'ils portaient restèrent noirs comme de
la poix, et ils transmirent à leur postérité
ces qualités désagrénblcs. Quant au nombre
de ces Israélites, le Coran dit qu'il y en avait
des millions, les commentateurs varient do
3,000 èi 70,000.
Entre autres écrits spéciaux relatifs à
Ezéchiel» nous mentionnerons : C. J. Boer-
ner, Dissertatio de Ezechiele propheta ejus-
que vaticiniis, Lipsiœ, 1719, in-V ; F. A.
Waller, De Ezechiele bibliophago, BremeUj
1720, in-i*.
115
G£M
PART. III.-. LEGENDES ET FAAGhËNTS.
GEN
Stô
G
GENÈSE f PETITE
)
Cette production remplie de fables au su-
jet Je nos premiers parents et des anciens
palriarcliesy existait dans les premiers siè-
cles de Tère chrétienne, et elle parait avoir
élé assez répandue.
Saint Kpiphane (hœres. 39, n. 5) en parle
mumed'un livre qui circulait paran lesgnos-
tiques, et d*après lequel Caïnauraitépousésa
sortir aînée, nommée Saven, et Seth aurait eu
l'Our femme sa sœur, nommée Azura. Adam
D aurait eu que deux ûlles, mais il aurait
eu douze ûis.
D'après Lambecius [Comment, de biblio-
iheca Vindobonensi^ I. v, p. 28), la Pelile
Genèse existe parmi les manuscrits grecs de
la bibliotiièque de Vienne; il s'en trouve
deux copies ; Tune d'elles a pour litre : Nar-
ratioQ faite par le grand Moïse, qui vit
Sku face à face, de la vie d'Adam et £ve,
les premières créatures. Elle lui fut révélée
(jc la part de Dieu lorsque, selon les instruc-
tions de l'archange Michel, il reçut de la
Zââin de Dieu les tables de la Loi. Lam-
becius ajoute qu'un ancien poëme allemand
inédit, composé par Latwin, et relatif à la
tic d'Adam et d'Eve, reproduit les fables
qui remplissent cette composition apocry-
phe. Saint Jérôme en a fait mention ( epiet.
120, Ad Fabiolam) en citant un mot hébreu
qu'il dit ne se rencontrer que dans \à Petite
iienèse {2kb).
Zonaras rapporte dans ses Annales que,
iraprès la Petite Genèse, les puissances cé-
lestes furent créées le premier jour avant
)€s aulres êtres, mais il s'empresse d'ajou-
ter que ce livre ne jouissant nullement d'une
autorité reconnue, cette opinion n*est point
certaine (246;. Un autre écrivain grec, Geor^^o
Synceile, constate de même que cette asser-
tion était en effet dans le livre qui nous
ocnipe et qu'on yirouvaildes détails sur
riiisioire de nos premiers parents (24-7).
George Syncelie a également puisé dans
(243) c Hoc verbum quantum memoFÎa suggerit
DQsquaui alibi in Srripiuris sanctis apud Hebrscos
îM^eiiisse me novi , absque libre apocryphe quia
Gnecis Parta Genesû apppJlalur. ibi in aediticatioiie
uirns pro stadio ponilur in quo exorienlur pugiies
ei aiblelse, et cuisorum veiociier r.omprobalur...
Hoc eodein vocabulo ei iîsdem liueris scriplum in-
venio pairem Abraham , qui in supradiclo apocry-
ptio Geneseos volumine abaciis corvis qui honiiiiuiii
^uiiieiiu vasiabant, abacloiis vel depulsoris soi-
tuus est nonien. i
lii6) c Equidem scio in Parva Genesi scriplum ,
orimo die rœlestcs eiiam potestates , ante cxtcta
•ili universitatis Opifice esse condilas. Sed quoniam
porta isla Cenesis a diviiiis Palribus non relata
<^ài in approbatos Hebraicx sapicntipc libros : niliil
tuod iii ea scriplum est, salis (innum judico,
oique ititi rationi assenlior. i (\nnat., 1. i.)
\^i7] f Sexto vero die pruduxit Dcus quadiu-
r^Jia, tcrrse(|ue rej^iilia,. et homineni; quatuor
la Petite Genèse des particularités qu on no
trouve point dans les livres canoniques. En
voici l'aperçu :
Adam viola , dans la septième année , lo
commandement de Dieu, et ce fut dans la
huitième année, quarante-cinq jours après
sa faute, qu'il fut expulsé du paradis. Ce fut
le 10 du mois de mai qu'il en fut chassé,
avec sa femme Eve , après y être demeuré
trois cent soixante-cinq semaines.
Les bètes, les quadrupèdes et les reptiles,
s'il faut s'en rapporter à Jo^èphe et à la
Petite Genèse^ «valent la faculté de causer
avec nos premiers parents, avant* qu'ils
n'eussent transgressé les ordres du Seigneur,
et c'est dans le langage ordinaire aux hom-
mes que le serpent s'adressa à Eve.
Dans la huitième année, Adam connut
Eve, son épouse; leur fils premier-né, Caïn,
na(]uit dans la soixante-dixième antiée; lo
juste Abel naquit dans la soixante-dix-sep-
tième. Dans le cours de la quatre-vingt-cin-
quième année, Adam et Eve eurent une Qllo
nommée Asuam; Caïn offrit un sacrifice
dans la quatre-vingt-dix-septième année, et
Abel dans la quatre-vingt-dix-neuvième, à
la pleine lune du septième mois des Hé-
breux. Ce fut dans la môme année que Caïn
tua Abel , que ses parents pleurèrent pen-
dant quatre semaines d'années , c'est-à-dire
pendant vingt-huit ans. Dans la cent-vingt-
septième année, Adam et Eve cessèrent leur
deuil; dans la cent-trente-cinquième année,
Caïn, ayant soixante-cinq ans, prit pour
femme sa sœur Asuam qui en avait cin-
quante.
Plus loin, Syncelie rapporte, toujours
d'après la Petite Genèse^ que l'ange, parlant
avec Moïse, lui dit qu'il avait enseigné à.
Abraham la langue hébraïque (248) , et c'est
aussi d'après le même livre qu'il prétend
qu'Esali, ayant fait la guerre à Jacob , fut
opéra. Cuncia sininl opéra duo et viginti snnt»
duahus ac viffinli liUcris Hebraicis, eorumdemque
Hebrseorum lihris viginti duobus, ac insuper viginli
duabus ab Adam ad Jacob usque generaiionibus
paria numéro, prout in Parva Genesi^ quam qui-
dam Moysis revelationiMn vocuiit, circumfertur.
Hase caJem cœlcsles \iriules primo die conditas
narrât... in Parva Gênai ac libro, cui titulus Adami
vita^ dubise licel Iniei voluminibus, conipcritur
dieruni numerus quo nomen animaliasorlita sunt, vel
quomulier Cormala, vel Adaniuain paradlsum indue-
tus, vel de viiaiido ligni est praecepium ei posilum s^
Deo.vel quod Ëva inparadi&um ingressa, renovaiuui
est, cunctaque transgressionis. séries, nec non qua;
transgressionem sunt senita. i
(248) c Angélus lainiliari coiioquîo cum Moyse
solitus uti diiit ei : nebrseam linguam , qnalis pri-
milus purior erat , ego docui Abraham , ut ea velut
pairia loqui uoverat. Ua^ç releri Parvi\ Gejiesi». \
fi7
DICTIONNAUE DES APOCRYPHES.
^
▼ainco , et que Judas le tua d*un coup de
flèche.
Le même historien ajoute que le chef des
lémons, Mastiphas, provoqua le sacrifice
d'Abraham (2^9).
Passons h uu autre historien byzantin , à
Michel Gtycas qui , dans ses Annales^ cile
Josèpbe et le Petit livre de V origine des cho'
sest pour montrer que le serpent avait
d*abord des pieds ; il mentionne aussi » d V
près raulorité du même ouvrage, mais
comme ne méritant pas qu'on s*y arrête »
des circonstances sur la faute d'Adam (250) ;
enfin il nomme la Petite Genèse comme re-
latant qu'Adam était entré dans le paradis
a!>rès quaraate jours , et Eve après quatre-
▼ingts,
George Cédrène, dans son Abrégé des Aû-
toires^ cite également la Petite Genèse ^
romme annonçant que les puissances cé-
lestes avaient été créées le premier jour, et
que Caïn avait péri par l'écroulement de sa
maison. Il ajoute qu'on lisait dans le môme
ouvrage que Mastiphas, prince des démons,
5*était approché de Dieu et avait dit : « Si
Abrahoui l'aime,^ qu'il t'immole son fils. ».
C'est encore cet ouvrage qui disait que les
enfants des Israélites avaient été jetés dans
le Nil durant dix mois, jusqu'è ce que la fille
de Pharaon sauv&t Moise. Pour punir les
£^yptieas, dix {genres de calamités vinrent
durant dix mois les frapper ; ils furent noyés
dans la mer Rouge, de même qu'ils avaient
Qoyé les enfants des Hélireux, et pour cha-
que enfant qu'ils avaient fait périr, a{x mii e
Egyptiens moururent. Ce fut le chef des an-
gef, l'ange Gabriel, qui enseigna è|M oïse l'ori
ginedu monde, Thistoire du premier horome
et du déluge ainsi que toutes les sciences.
Une scolie sur VExode, xxiy, 15, citée i^^r
Monlfaucon (Bibliotheca Coisliniana, p. 15, ,
dit que JJoïse obtint la révélation des mys-
tères de la création et reçut l'ordre de'its
mettre par écrit (251). Fbbricius(Coc(. psfud,
Vei. Tesl., t. H, P. 120), rapporte ce pas-
sage à la Petite Genèse, ainsi que celui «Je
Fréculphe qui dit dans sa CAronifue (Lu,
c. 8) , que pour se délivrer des serpeuts qui
infestaient les déserts par lesquels devaient
passer les Israélites, Moise eut la préraulioo
d'apporter un -grand nombre a ibis, ces
oiseaux étant ennemis jurés des serpents et
les poursuivant avec acharnement. Lo
même érudit rapporte aussi àla Petite G enèsef
une citation empruntée à une Chaîne sur le
Pentateuque qui dit qu'une nuée lumineuse
déroba aux yeux des hommes Tendroit où
mourut Moïse et le lieu de sa sépulture lîoi\
Les récils fabuleux empruntés à la Petite
Genèse et à d'autres sources tout aussi suv
pectes , se retrouvent dans un ouvrage ita-
lien rejQpli de contes et souvent d'inconve-
nances, intitulé : Fioretto de tutta la Biblia,
Venise, 1521 , in-8\ (>oy. Fat^ricius, 6VJ.
pseud. Vet. Test., t. Il, p. 12^) Les pré-
tendus miracles consij^nés dans VEtangiU
de l'enfance se sont point oubliés dans cettQ
production.
CGC etM.V GOG.
Peuples qui jouent un rôle dans les lé-
gendes apocryphes; on les représentait
comme habitant aux extrémités du monde
et comme étant d'une grande férocité ; on a
supposé qu'il s'agissait des Tartares Cal-
mojucl^. Lfi$ auteurs musulmans relatent
bien des fables à leur égard (ooy. d*Herbclot,
Bibliothèque orientale^ p. 470); ils disent
qu'ils sant séparés du reste du monde par
une montagne qu'on ne franchit qu'en
trente-quatre jours de marche (dix-sept jours
pour monter, dix- sept pour descendre).
H
HÉBREUX.
( Evangile des Ilébreux. }
Saint Jérôme est le premier auteur ecclé-
siastique qui annonce avoir eu entre les
mains VEvangile des Hébreux en langue hé-
braïque (chaldéenne). Il parait d'abord avoir
cru que cet £vangib était lo mémo que ce-
(919) i Maslipliani daemonum sopremus , ut nar-
rât l'arva Geutêis, Deiim acccssil aique his vcibis
e&i affanis : Si le diligit Abradiain, Ulium io sacri-
llcînm oiTfrat. »
(itO) I Ca;ierum parvus iile de orlti rcruni liber
Adauium titra circum^pociioueni suuipsisse deligno
et cninedisse prorsiis bv» verbis liauil impulsum ,
tradi!. S«*nsis9e niuiiruin moksiiam nniiui qoain-
dam ex fatigatione ac fume. Veruin hxc sdenlio
Cesi pnesut,quaniperpetuuni sileniiunimereaniur.i
(251} I Ibi tuuc digi.u:$ liabitus fuit uittgiius M^scs
lui de saint Matthieu, mais ensuite il spéciOe
plus particulièrement les citations qui si-
gnalent des différences; mentionnons d ail-
leurs les passages du saint docteur:
De viris illHstribuSf e. 3 : JUattnctus.,.
pnst illos XL dies in visione uilueri quorcoJo sti
<iiebus feciâ«ei Deus cœluni et lernni , cl qux i <
iilis sunl ottïvA'à et oitlinem diei cujuscunque c>
scripto b£c consî^Dare est jussus. >
(25:2) c E$t quiiicDi in apocryphe my^tiroioc
codice légère, iM de crealis rébus $ublitia> ^^^^"^^
uubeni lucidam quo lempore murluus esl M<>:>rb.
lociini sepulcri co:nplexitni oculos circunulanitHiu
perslriiixisse lia ut nulltis ncque inorienleiu li^islr
lorein , neque lucum viJcre pulucril , uLi cad^\ J
coudcrclui.!
919
HEB
PART.. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
HEB
tse
frimui in Judœa propier eo«, qui ex circum*
éisime crediderani^ Evangelium Christi He^
braicis litteris verbisquecompoêuit ; quodquis
poitea in Grœcum transtulerit » non salis
cerium esi. Perro ipsum Hebraicum habetur
usque kodie in Cœsariensi biblioiheca^ quam
Pamphylus martyr studiosissime confecit.
Mihi quoque a Nazarœis qui a Bercsa urbe
Syriœ hoc volumins ulunturt describendi fa^
(ultasfuH, Inquo animadvertendum quodubi-
cunque evangelisiasiveex persona sua, sive ex
ptrsona DominiSakatoris, Veteris Scripturœ
tfitimoniisabutiiur, non sequiturLXXtrans-
latorum auclorilalem sedHebraicam, equibus
illa duojunt : « Ex JEgyplo vocavi Filium
meum (2a3) ; » #/ ; « Quoniam Nazarœus t>o-
cabitur (25fcj. » — /6îd.. c, 2 : Evanqelium
quoque^ quod appellatur secundum Heùrœos^
t( a me nuper in Grœcum Latinumque sermo'-
nem iransteUum est^ quo et Origenes sœpe
utUur,,.,— Comment, ad Mich.^ vu, c. 6:
Qui credideruni Evanaelio quod secundum
Uebrœos nuper transtuiimus.».. — Comment,
ad*, Matth. vi, 11 : In Evangelio quod appel-
laturtecundumHebrœos.— ad cap. xu, 13 :
Ecangelium quo utuntur Nazareni et Ebio-
niiCB quod nuper in Grœcum ex Hebrœo ser*
mone transtulimuSfet quodvocaturaplerisque
Matlhœiauthenticum, — Ibid.yadcap.XMiijOiî
in Evangelio quo utuntur Nazareni. — Jbid,^
xirir, 16 :Jn Evangelio quod scribitur juxia
lUbrœos. — Comment, ad Jer. , xi , 1 :
Jujta Evangelium, quod Bebrœo sermonecon^
icriptum legunt Nazarœi.—Jbid.^adcap. il, 9 :
In Etangeïio quod juxta Hebrœos scriptum
}(asarœi lectitant, — Prœf. adlibr. xviii Com"
Oient> in Jer. ; Evangelium quod Hebrœorum
Uctilant Nazarœi. — Comment, in Ezech.t
ifiii : in Evangelio, quod juxta Hebrœos Na^
larœi légère consueverunt, — Contra Pélagie^
noi, m, 2 : In Evangelio juxta Hebrœos
quod Chnldaico quidem Syroque sermone^ sed
Bebraieis litteris scriptum est , quo utuntur
unque hodie Nazareni secundutn aposloloSf
lirf, ul plerique autumant^ juxta Maithœum^
quod et in Cœsariensi habetur bibliotheea.
Quelques autres passages menlionnés éga-
lement par saint Jérôme ue monlrentque fort
peu ou poîDi de rapports avec TEvaûgile de
saint MaUiiieu.
Contra Petagianos^ I. m, c. 2 : In Evangelio
juxta Hgbrœos,. : narrât historia :Ecce^mater
Domini et fratres ejus dicebant ei : « Jeannes
Baptiêtabaptizai inremissionem peccatorum;
tamut et baptizemur ab eo. Dixit autem eis:
Quid peccavif ut tadam et baptizerab eo ? Nisi
(oriehoe ipsum, quod dixi, ignorantia est. »
— Comment, ad Jer.^ xr» 1 1 Juxta evange*
liumquod,.:legunt Nazarœi: « Descendetsu'
ptrtHmomnis fons Spiritus sancti. » Porro ..
h*tc tcripta reperimus : Factum est autem cum
iitcendisset Bominus de aqua, descendit fons
omnis Spiritus sancti^ et requievit super eum
tt dixit illi : Fili mi, in omnibus prophétie ex^
spectabamte, ut venires et requiescerem in te.
Tu es enim requies mea, tu es filius meus pri^
n{0{jenUusqui régnas in sempiternum,^ Com*
ment, in Mich. va, 6.... In q%M {Evang. sec,
Hebrœos) ex persona Salvatoris dicitur:
tiModo tulit me mater mea sanctus Spiritus in
uno capillorum meorum. — Comment, in Epist,
ad Ephesios, y. S: In Hebraico qtu>que Evan^
gelio legimus Dominumad discipulos loquen»
tem : « Et nunquam, » inquit, « lœti sitis, nisi
cum ftatrem vestrum videbitis in charitate, »
— Comment, in Ezechielem, xvin : In Evan^
ffelio .. inter maxima ponilur crimina, qui
(ratris sui spiritum contristaveril. — De viris
illustriOus , c. 2 : Evangelium. •• sec. He^
brœos. . . post resurrectionem Salvatoris referl :
« Dominas autem , cum dedisset sindonem
servo sacerdoiis, ivit ad Jacobum et apparuit
ei. Juraverat enim Jacobus , se non comestu^
rum panem ab illa hora, qua biberat calicem
Domini, donecvideret eumresurgentem a dor*
mientibus. 9—Rursusque postpaululum :nAf'-'
ferte, » ait Dominus » « mensam et panem. v»
Stalimque additur : n Tulit panem et benc"
dixit 9 ac fregU , et dédit Jacobo justo , et
dixit ei : Frater mi, comede panem tuum ,
?uia resurrexit Filius hominis a dormienti-
us. »
D'autres passages rencontrent dans saint
Matthieu des analogies sensibles, et c*est en-
core d'après saint Jérôme que nous les men-
tionnerons ; on remarquera qu'ils présentent
toutefois des additions et des modificaiions.
Contra Pelagianqs , m, 2 : Et in eodem
volumine : « Si peceaverit, » inquit, « frater
tuus in verbo, et satis tibi fecerit, septies in
die suscipe eum. Dixit illi Simon discipulus
fius : Septies in die ? Respondit Dominus et
dixit ei: Etiam ego dico tibi, usque septuagies
septies, Etenim in prophétie quoque , post^
quam uncti sunt Spxritu sancto, intentus est
sermo peccati. »(Voy. Matth. xviii, 21-) —
Comment, in Matth.f vi, 11 : In Evangelio
quod appellatur secundum Hebrœos, pro
supersuostantiali pane^ reperi : Mahar,
quod dicitur crastinum^ ut sit sensus : Pa^
nem nostrum crastinum, id est futurum, da
nobis. — In Matth. xii, 13 : Jn Evange-
lio,... homo iste, qui aridam habet manum^
cœmentarius scribitur^ istius modi auxUium
precans : « Cœmentarius eram, manibusvictum
quœriians : precor te, Jesu, ut mihi restituas
sanilatem, ne turpiter manducemcibos.^ — In
Matth. xxiii, 35 : In Evangelio.... pro filio
Barachiœ « filium Jqjadœ ■ reperimus scri-
ptum,.. — Epist. 126 Ad Hedibiam :ln Evan^
gelio.... legimus non vélum templi scissum^
sed « superliminare templi » mirœ magnitudi-
nis corruisse.
On ne sait pas exactement si l'exemplaire
que saint Jérôme avait sous les yeux ren-
fermait les deux premiers chapitres de saint
Matthieu, mais c'est vraisemblable, puis-
que Hégésippe, ciié par Eusèbe (Hist. ec-
des. iT, 22), les y trouva.
C'est encore saint Jérôme qui nous a con-
servé (lib. IV Commentar. in Isa. \\, 2) un
passage de TEvangilo écrit en hébreu, et
dont se servaient aussi les Nazaréens : «Il
arriva que, lorsque le Seigneur monta hors
1^53] 0$tt If, 1.
(254) MûWu II, r».
tb\
DICTIONNAIRE DLS APOCRTPMS.
Î5Î
de l'eau, la source de tout l'Esprit-Saint des-
cendit et reposa sur lui, et lui dit :«Moa Fils, je
t'attendais dans tous les prophètes, pour que
tu vinsses et pour que je me reposasse en
toi, car tues mon repos, tu es mon Fils pro-
iiiier-né, toi qui règnes dansTéternilé. »(0n
observera facilement quelle différence il ^v a
entre ce passage et celui de saint MatthteUf
cb. m, 17.) Nous ajouterons que dans un
ouvrage dont l'antiquité n'est peul-ôtre pas
inoindre que celle de VEvangile des Hébreux^
dans le^ Testaments des douze Patriarches^
on trouve un, passage qui rappelle celui que
cite saint Jérôme, et qui a en vue le Mes-
sie : «f Les cieux s'ouvriront en sa faveur, et
du baut du temple de la gloire la voix du
Père fera tomber sur lui la sancliûcalion,
ainsi qu'elle a été promise à Abraham, père
d'Isaac. >» (ïeslamentde Lévi, Vict. desApo^
cryphesy t. I, col. 872.)
Quelques passages de VEvangile des Hé^
breux ont été conservés par d'anciens au-
teurs ecclésiastiques.
Eusèbe (Hist. eccles.^ 1. m, c. 39) dit que
Papias raconte rbistoirc d'une femme qui
fut accusée de crimes nombreux devant le
Seigneur, histoire qui est dans ^i'£vangile
selon les Hébreux.
C'est encore Eusèbe qui dit (I. m, c. 27)
que les ébionites irejelaient les Euilres de
saint Paul qu'ils appelaient un déserteur
de la Loi, et qu'ils ne reconnaissaient que
l'Evangile selon les Hébreux. Plus loin (l.iv,
c. 2â), parlant d'Hégésippe, il dit que cet
écrivain avait fait usage de l'Evangile selon
les Hébreux et les Syriens, et qu'il avait
aussi recueilli les traditions des Juifs.
Origène a cité h deux reprises le passage:
« Ha mère, TEsprit-Saint, me prit par un de
mes cheveux et me porta sur la grande mon-
tagne du Thabor. »(Hom. 15 m Jerem.^ 1. 1,
p. 148, édit. de Buet, t. ii m Joannem,
p. 158.)
Saint Jérôme mentionne aussi ce passage
(lib. XI Commentar. inlsa. xui), en observant
que des Hébreux prétendaient qu'en leur
langue le Saint-Esprit était désigné par une
expression appartenant au genre féminin :
Bebrœi asserunt^ nec de hac re apxid eos ulla
dubilatio est^ Spiritum sanctum lingiia sua
appellari génère femineo.».. Nemo autem in
hac parte scandalizari débet quod dicatur
apui Uebrœos Spiritus génère femineOy cum
nostra lingua appelletur génère masculino^
et Grœco sermone^ neutro» Jn Divinitate enim
nullus est sexus.
Ce Père parle également du même passage
dans son Commentaire sur Nichée (sur le
cbap. VII, 6).
D'après les assertions de saint Epîphane,
on voit que les ébionites 'lisaient un Evan-
gi.e qui était probablement, dans le fond,
celui de saint âallhieu, avec le retranche-
ment des deux premiers chapitres. On ne sait
])as au juste quel en était le commencement:
j'évoque de Sdlamine no parait pas d*ail-
leurs avoir vu lui-même les textes auxquels
il fait allusion, mais avoir puisé dans l'écrit
de quelque sectateur d'Ebion.
Nous allons d'ailleurs reproduite ici lo$
passages de saint Epiphane que Fabririu^
(Cod. Nov. Test., 1. 1, p. 368), et de Wiito
(p. 90), ont donnés en grec :
Uœres. 30, 3 : Atque Etangelium ilH (£6io-
nitœ) quidem secundum Matthœumadmitluni^
pro solo Cerinthianorum instar utuntur^ id-
que ipsum secundum Hebrœos appellant. Et»
enim tere illud affirmare possumus^ unum tx
omnibus Novi Teslamenti scriptoribus Mat-
thœum Bebraice ac litleris Uebraicis eran»
gelicam historiam ac prœdicationem ejpo*,
suisse.
Hœres. 39, 9 ; Est vero pênes illos [Naza-
rœos) Evangelium secundum Matthœum Ht*
braice scriptum et quidem integerrimum. Hoc
enim cerlissimeprout Hebraicis litteris iniiio
scriptum est, in hodiernum tempus usque
conservant. Verum illud nescio num geneah'
gias nias amputarinl quœ ab Abrahamo ad
Christum usque perductœ sunt.
Il paratt d'ailleurs, d'après divers anciei s
auteurs, et notamment d'après Origène, que
l'évangile attribué à saint Pierre reprodui-
sait des traditions hébraïques : on peutd'iic
supposer qu'il avait des analogies sensibits
avec VEvangile des Hébreux.
Quelques critiques modernes (notamment
Schwegler et Baur), ont supposé que r£tan-
gile des Hébreux avait été le premier de tous
qui eût été mis par écrit; mais cette appré-
ciation est rejelée par d'autres juges coiui^é-
tents, qui supposent que des Cbrélieos hé-
braisants ayant besoin d'un évangile ddus
leur langue, traduisirent l'Evançile de saint
Matthieu, répandu par les Chrétiens d ori-
gine juive, qui faisaient usage de la laoguo
grecque ; cette traduction se trouva oièice
d'additions et de modiGcations dont il se-
rait aujourd'hui impossible de fixer Tim-
porlance.
Divers critiques ont examiné avec plus d«
détails qu'il ne serait utile d'en placer ici,
les questions qui se rattachent à l'évangiio
dont nous parlons. Indépendamment des
deuxdissertationsspécialesdeCh.-J. Weber:
Veber das evangelium der Hebrœer {dans les
Beilraege, zur Geschichte der NetUestament.
Leipzig Kanons, 1791, in-8*), et Untersuchun-
?en ueber das Aller und Ansehn der étangs-
ten der Hebrûer, Tubingne, 1806, in-8\ ou
Histoire critique du texte du Nouveau Ttsla-
ment,c\ï.^ et 8; Micbaelis, Einleiiupgm
das Neue Testament, l. II, p- lOOi; deWclte.
Eiuleitung, 1848, p. 69-75.
On peut consulter également la disserta-
tion déjà citée d'Emmericb : DeEvangeliis se-
cundum Hebrœos , Mgyptios atque Justwi
viartyris. Strasbourg, 1817,in-Veiropuscuio
de J. A. Strolh , Entdeckte Fraamentc d(r
evangeliender Hebraer in Justin der Martyr,
dans le Répertoire de littérature bibhp^
d'li:iih'M;rn, 1. 1, p. 1-59.
2S3
BEM
PARTv III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
HCM
9M
HEMORROISSE.
(Lettre adressée à Pilate par la femme hémorroisse.)
lîusebe [Hist. eccles.^ I. vu, c. 18) parle de
la femme que le Sauveur guérit d'un flux de
sifi}^(Maith. IX, 20); il dit qu'elle avait fait
placer dans la ville de Panéade une statue
pour perpétuer la mémoire du bienfait
(ju*elle avait reçu; cette statue était d'airain
et placée sur une colonne de pierre ; la fem-
me était représentée à genoux et les mains
étendues; auprès d'elle était la statue éga-
lement en airain d'un homme qui était cou-
Terl d'une longue robe, et qui tendait la
main à cette femme. Aux pieds de cette effi-
gie croissait une plante inconnue qui mon-
Itit jusqu'à la frange de la robe dont nous
yenone de jiarler, et qui offrait un remède
(ies plus puissants contre toute espèce de ma-
lalies. (Voy. Eusèbe, édition de Valois, 1. 1,
p. 3V2.J Cet écrivain ajoute qu'on disait que
celle statue représentait les traits do Jésus-
Clrrist, et qu'élanl restée en place jusqu'à
son époque, il la vit lui-même.
Ce récit a soulevé quelques objections;
des critiques se sont étonnés de ce qu'aucun
ancien écrivain ecclésiastique n'ait fait men-
tion de ces détails. Rien de pareil ne se
trouve, ni dans saint Justin le martyr, qui
était originaire de la Palestine, ni dansOri-
gène qui passa de longues années à Tyr, non
loin de Panéade, ni dans saintlrénée,ni dans
Tertullien. L'hémorroïsse avait , d'après le
témoignage de deux évangélistes, dépensé
tousses biens. Comment aurait-elle pu avoir
les moyens défaire élever deux statues dont
la dépense devait être considérable?
Ce que dit Kusèbe se retrouve cependant
dans divers autres auteurs ecclésiastiques,
iDaisqui écrivaient après les premiers siè-
cles, tels que Nicéphore. {Hist. ecclés., 1. vi,
c. 15); saint Jean Damascène (crat. 3, De
Imaginibus, i I, p. 369, édit. de Le Quien,
Pans,.1712,2 vol. in-fol j ; Charîema^ne, De
maginibus^ I. iv, c. 15, etc. .
Jean Malala, dans sa Chronographie (édiU
d'Oiford, 1691, in-8% p. 305) donne à cet
é^arJ des détails plus circonstanciés; nous
allons traduire le passage de cet auteur :
« Le roi Hérode s'étant retiré à Panéade,
Tille de Judée, une femme riche, nommée
Véronique, qui habitait cette ville, vint au-
près de lui. Elle avait l'intention d*éle ver une
statue en l'honneur de Jésus, qui l'avait dé-
livrée de la mort. Mais n'osant pas le faire
sans avoir obtenu la permission du roi, elle
ternit dans ce but une pétition au roi Hé-
rude. Cet écrit était ainsi conçu :
« Véronique, femme honorable, demeu-
rant dans la ville de Panéade, adresse ses
très-humbles prières au très-auguste Hé-
rode, tétrarque, législateur des Juifs et des
gentils, et roi de la Trachonitide. La justice,
la bonté à l'égard des hommes, et tout ce
Mui est vertueux, entourent votre tète divine
il lui font Gomme uae couronae. Counais.-
sant très-bien vos qualités, je m'approcne
de vous dans l'espérance complète que mes
vœux seront exaucés. Ce qui va suivre ex-
pliquera ce que je demande ainsi. De|)uis
l'enfance, je souffrais, d'un flux de sang, et
j'avais employé ma fortune entière et toutes
mes ressources à avoir recours aux médecins.
La renommée du Christ vint à moi au mo-
ment qu'il faisait les plus grands miracles,
tels que ressusciter les mdits, rendre la vue
aux aveugles, chasser les démons du corps
des hommes, et qu'il guérissait les malades
par sa parole seule ; je me réfugiai donc
auprès de lui comme auprès d'une divinité.
Observant la foule qui l'entourait, je crai-
gnais de lui expliquer ma maladie incuiMble,
et j'avais peur que, rebuté par l'impureté do
mon mal , il ne conçût de la colère contre
moi, et que ma maladie ne sévit avec
encore plus de force. Pensant que si je
réussissais à toucher seulement la l'range de
son vêtement, je serais aussitôt guérie, je
me mêlai en cachette à la foule, et ayant tou-
ché son vêtement, je ressentis aussitôt une
guérison complète, car mon flux de sang
s'arrêta. iMais lui, connaissant les pensées de
mon cœur, éleva la voix et dit : «Qui est-
ce qui m'a touché? car une vertu est sortie
de moi. » Moi, couverte de pâleur et gémis-
sant» craignant que le mal ne revint m'as-
saillir avec une force nouvelle, je tombai à
ses pieds, et, arrosant la terre de mes larmes,
je Gs l'aveu do mon audace. Il eut pitié de
moi dans sa miséricorde, et il confirma la
santé qui m'avait été rendue, disant : u Aie
confiance, ma fille; ta foi fa sauvée; va en
paix. » De même, ô souverain très augustOi
je vous supplie d*exaucer ma requête.
« Hérode, ayant pris connaissance de cet
écrit, demeura tout stupéfait d'un pareil mi-
racle, et voyant avec etfroi le mystère de
cette guérison, il répondit : « O femme, une
pareille cure mérite bien une statue. Va
donc, et érige-la telle que tu la voudras ,
rendant à celui qui t'a guérie les honneurs
que tu désires lui témoigner. »
ft Et aussitôt Véronique éleva à Notre Sei*
gneur et Dieu Jésus-Christ, dans la ville de
Panéade, une statue de bronze mêlé d'un peu
d'or et d'argent. Cette statue se voit encore
dans la ville de Panéade, ayant été transférée
dans une église sainte, au lieu de la placo
où elle était an milieu de la ville. J'ai trouvé
l'écrit que j'ai relaté chez un nommé fiassus,
habitant de cette ville de Panéade, et qui
avaitquittélejudaïsmepourembrasserlafoi;
il avait aussi, dans le même livre, l'histoiro
de toutes les choses accomplies par les an«
ciens rois de Judée. »
D^autres auteurs, au moyen âge, ont re«
produit ces circonstances en les amplifiant
parfois; voici de quelle manière s'exptime
Gervais de Tilbury dans s*:s Otia imper ialia
iSS
DICTIONNAIRE DES APOCflYPUBS.
ise
(p* 976deré(liteurdeLeihnitz» p. 25 de l*édi-
tionde Liebrechl) : Legilurquod quidam facit
staluam auream m honore SahaierU^ $i posi
statuam ipsius illic Martham quœ sanata est.
Ibi quoque nascebatur herba axtœdam^ iia
pleruwque crescens^ quod iangebat^ fimbriam
vestimenti imaginis^ eraique iantœ virtulis
quod quieunque ex ea sumebalt a languore^
qw) tenehalur^ liberaijalur. Ces mêmes dé-
Ifii s se n (roiivcrudaus la Légende dorée de
J{ic<|<ie» (ie Vora^ine, dans le chapitre con-
>a> ré à ^:ainte .Marthe (p. kki de rédilion de
Grœsse, Dr(^Mle, 1845, in-8*), ainsi que dans
VUiitorta tcholanica de Pierre Coinestor.
iEvangeL c. 61, de filia archisifnagogi et de
\œmorroissa.)
Ce que dil Gervais se retrouve & peu près
dans les mèmps termes dans un chapitra qui
fait partiede Tédilion allemande des Gesia Ro-
manorunif mais qui ne fi^^nre pas dans le texte
latin de cette comnilnlion $i répandue au
ico.yen Age (cb. 91 de Tédition de Relier, et
%. II , p. 218 de TéditioD de Grœsse, Dresde,
1842, 2 vol. in-12).
Ce qui concerne la statue élevée è Jésus-*
Christ par riiéinorroïsse a été traité par
M. Pei^iinot , dans ses Recherchée $ur la per^
Bonne de Jéeus-Chrisi et sur celle de Marie,
Dijon, 1821), in-8% p. 85.
Asiérius, év6({ue d*Amasee, fait mention
de cette statue; il dit qu'elle fut enlevée par
Tempereur Galérius Valérius Maximiii, que
Diodétien éleva au pouvoir suprême et qui
persécuta avec acharnement le christianisme.
Photius nous a conservé les paroles du pré-
lat, en donnant dans sa BibUothiaue (cod.
271} un extrait de ses écrits, aujourd hui per-
dus. Voici la traduction du texte relaté par
le patriarche de Constant! nople :
« Cette femme était de la ville de Paneaae
dans la Palestine; elle érigea une statue
d*airain en Thonneur de celui qui ravali
guérie, regardant que ce bienfait méritait
bien ce témoignage de reconnaissance ; cette
statue resta debout pendant bien de$années«
pour la confusion de ceux qui osaient
taxer les évangélistes de mensonge, et cette
stntue se serait conservée |usqu*è nos jours
afin de montrer k la fois le miracle opéré
par la puissance de Dieu et la reconnaissance
de la femme; mais Maximin, qui fut eoipe-
reur avant Maxjmien, et qui rendit aux yo-
les un culte impie, s'irri4a contre la statue
de Jésus-Christ et la fit enlever, nuis il n^
put détruire la mémoire du fait.
Maximin n*avait point détruit cette statue;
elle fui rétablie plus tard, et placée dans la
sacristie de Téglise (iti diaconieo ecclesiet) :
Julien TApostat la fit enlever derechef, traî-
ner sur la place publique et briser. Elle fut
remplacée par Tefllgie de ce prince; mais »
peu de le^mps après, la foudre brisa celle-ci.
Tels sont les détails ^ contestés d'ailleurs
par de judicieux critioues, que donnent S -
zomène (Hisl. eccles.^ lib. v, c.21) et Pbilus-
torge (Uist. eccles., lib. vh, c. S.Sfoy. aussi
Auctuarium novissimum de Combétis , I. ',
u. 26!^, et les notes de I. Godcfioj sur Pbi*
lostorge, p. 26<^..
HERMAS^
Le livre do Poslnir, qui nOQS est par-
Tenu sous le nom d*Hermas, et qui constitua
an monument précieux de l'ancienne littéra-
ture chrétienne, a trouvé place dans quel-
ques collections consacrées aux apocrvphes,
3 unique, à vrai dire, ce n'est point la qu'il
evrait être rangé.
Il n'entre pas dans notre plan de donner ici
une traduction de cet ouvrage ; on le trou-
Tera en latin dans le lome I*' de la Palrologia
Grœca^ Latine édita (M igné, 1856, ffr. in-8*, col*
1311-U12}. Il est précédé des dissertations
de Le Nourry et de Gallandi , qui exposent ,
avec une judicieuse et sagace érudition, ce
que l'on connaît de ce livre et de son au-
teur.
Notre but est seulement d'exposer quel-
qucsdétails bibliographiques, lesquels pour-
ront être utiles aux personnes désireuses
de faire de cette composition intéressante
.*Dt)jet de leurs études.
La première édition du texte grec d'Her-
mas se trouve dans les œuvres de saint Atha*
nase, publiévs par Montfnucon, t. Uf, p. 252.
Il fut reproduit dans la Bibliolheea Grœca de
Fabricius (1" édition, t. V, p. 7; 2* édition,
t. Vli, p. 18), et dans h Spicilegium Patrum
de Grabe, t. i, p. 303, ainsi que dans la
BtbliothecaPatrumh QàWdtidi (Venise, 1761,
io-folio), t. I, p. ^9. Fabrici'is l'inséra éga-
lement dans le Codox apoerypkus Navi 7#«
$Xam€nti, t. III, p. 737-1036.
La traduction latine avait été mise au jour
bien avant le texte grec; elle se montra d Sa-
bord dans l'ouvrage^de J. Fabri, Liber trium
virorunif et trium spiritualium rtryinum ,
Paris, 1513, in-folio; elle figura successive-
ment dans les Orthodoxographa recueillis
par HérolJ,Basileœ,1559, p.25; dans les I/o-
numenta Patrum^ orthod,, ibid., t. II, p. 399;
dans la Bibliolheca maxima Patrum ^ t. I,
&n, p. 22; dans Tédition du traité de Claude
amerliii De statu antmcF, donnée par Harth»
qui V joignit des notes, Cygneas, 1655,
in-8% à la suite de l'édition de ÏEpUre de
saint Barnabe, donné par Fcll, Oxford 1G85.
Le Pasteur Ggure également dans les Patres
aposlolicif publiés par Cotelier, 1672 et 172^,
dans la collection des mêmes Pères, donnée
par J. Leclerc, Amsterdam, 1068. et par
11. Russell, Londres, 17W; il on est qneslion
dans la Revue Européenne^ t. IX, n* 38, et
dans la Palrologie de MoebJec, Irad. fran-
çaibe, t. I, p. 107-116.
On n*en possédait qu*une édition séparée,
devenue fort rare, publiée b Strasbourg, apud
L Schoitum, 1522, in-4*, et elle ne donnait
que le ttxto latin ; mais, en 1855, il a paru
&
IIER
PART. m. -> LEGENDES EN FRAGMENTS.
tiER
S»
à Leiptig une édition pins complète e( due
à (Inhabiles critiques (2St^*).
En fait de Ireduclions, nous citerons :
la rersion allemande de J. O. tiliising; elle
occupe les p. i4-226 du volume imi(ij|<^ :
Britfen und Scrifien derapostolichenMànnen
Hamhouri;, 1718, in-8'; la version anglaise
(j« W. Wake, dans Pouvraj^e intiiulé :
Tramlaliên of tht gênuinê episths of the
apostolicat Faikers^ Londres, 1693 (autres
éditions. 1710, 1719, 1737); la version
hollandaise» imprimée à Amsierdam» 1687,
io-8*.
Voieian surpins Tindicaiion de divers an-
(eups qui se sont occupés d*Hermas :
Cave, Bi4l. icript, eeclei,^ 1. 1, p. 30; Du-
pin, BihUotkiqut de$ auteurs ecelésiasti*
juei, 1. 1, p. 28; TiMemonf, Mémeires, t. II,
\K 111 ; Ceillier, Histoire des auteurs sacrés^
t.I, p, 582; Ittig, Dissert, de Patr. apost.^
\K l»-206.
I Meuiionnons aussi les dissertations spé-
fiales de Torelii , de Gratz, Disq. in Pasto-^
rm Bermetf Bonn, 1820, ink" ; de Jachmnnn,
Der Hirte der HermaSj Kœnigsberg, 1835,
in 8*; et ci torts encore Colla, De Hermœ Pas-
toreJBistoria ecc/fs., t. I, p. 655); Lange,
Di Éerma libro (Histor. dogmat. memor,
1. 1, p. 75-84); N. Le Nourry, Dissert, in
tfu libros Pastoris S. Hermœ (Apparat, ad
Bibliotli. max. vet. Pairutn^ 1. 1, p, kl) ; Ro«
seomiÀller, De Herma{\n libro de Ckristianœ
theologim origine ^ p. 38); Sfhœckh , JTtr-
thengesckichte ^ vol. Ih p. 373; Zimmer-
mann. De Berma (Disquis. de visionibus m*
séria in ejus opuseutis, p. i, p. 688).
M. Bunsen, dont nous avons déjà men-
tionné les IroTaox, sVst œcupé da livre du
Pasteur (Christianity and Mankind, t. 1,
p. 1855-215). il observe qu'il n'est guère de
livre, af)parlenant à l'antiquité chrétienne,
qui ait ét(^ aussi maltraité par le temps et
par les éditeurs. Du texte grec, il ne reste
que des fragments, et la vieille traduction la-
tine est fort défectueuse. Sur les cinq ma-
nuscrits qu'on en connaît, trois sont à Paris,
un h Oxford (Inbliothèque Bodieyenne), un
è Londres (bibliothèque du palais de Lam-
beth) ; ce dernier ne contient pas des passa-
ges qui peuvent être regardés comme des
interpolations.
Le premier éditeur, Lefebvre d'Etaples,
eut, en 1513, l'idée malencontreuse de divi-
ser arbitrairement le texte en chapitres ^
détruisant la netteté et l'harmonie de l'en-
semble, et donnant à Tœuvre une marche
lourde et illogique.
Le texte donné dans les Patres apostolici
de RusselU 1. 1, est peut*>étre le meilleur; on
y trouve en entier les fragments grecs qui ne
sont parfois donnés que par extraits dans l'é-
dition d'Hefele.
Le résultat de la maladresse de l'ancien
traducteur a été de rendre très-obscurs plu-
sieurs des passages sur lesquels les com-
mentateurs se sont fort exercés sans grand
succès.
HERMES.
Les livres attribués à ce personnage énig-
malique se rattachent par certains points
aux idées chrétiennes et ont joui d'une grai^
de célébrité ; c'est donc pour nous un devoir
d'en parler avec quelques détails dans notre
Dictionnttire.
Cicéron [De naiura deorum^ 1. m, c. 92^ «
reconnaît, parmi les cinq Mercures qu il
mentionne, un Mercure (fermes) qui était
adoré en Egypte; les Egvptiens lui donnaient
le nom de Thot ou JAeu/, et Lactance (De
felia relig.f 1. i, c. 6) nous apprend qu ils
avaient appelé d'après lui le mois de sep-
tembre» qui était le premier des mois de
leur année* Lorsque l'école néo-platonicien-
ne d'Alexandrie Toulut entreprendre la fu-
sion des anciennes doctrines égyptiennes
avec les opinions de l'Orient, mêlées à celles
de la philosophie grecque, le prétendu Thot
&e prescotâ comme ie père de toutes les
cnniiaissauces humaines ; on lui attribua
1 invention de l'alphabet, de raslrouomie, de
{^U*)%Bermm Poster; Graaœ f»ninum etlfde-
Mi»i ei imerpretaiîoiieiii vetereiu LniiDam ex <odi*
ciiiiti fmeiidataai addidenuit R. Anger et C
Dinilorf, 8*.i
Il faut toutefois observer qu'on a reproché à ceUe
pubticaiion d*àvo1r admis comme auiheniiqne un
maoaacrii irrec qui paraît avoir élé fabriqué par
uo nommé SiiDonidéSt dont les préiendoes décou-
%rtet oot fait du bruit en Allemagne. Mention-
rarithnl^nque; ce fut ainsi que Hermès se
trouva transformé en l'auteur de nombreux
ouvrages. On avait prétendu que Thot avait
gravé ses découvertes sur des colonnes et
qu'elles étaient ainsi parvenues jusqu'à Pla-
ton qui les avait apportées dans la Grèce;
Hermès fut révéré comme la source de toute
instruction, comme 2yismégiste{rptçitiytvx9ç) ;
ce fut le Verbe (U70O personnifié. Clément
d'Alexandrie parle {Stromates^ I. vi, c. k) des
vingt-doux livres d'Hermès; c'était une sorte
d'encyclopédie renfermant ôes notions sur
toutes les sciences, un exposé de la religion,
les éléments de la géométrie, les principes
de la médecine. Jamblique, au début de son
traité sur les mystères des Egyptiens, d t
que toutes les inventions ré|iandues chez
cette nation avaient été mises sous le nom
d'Uermôs. Plus loin il rapporte, d'après Se-
leucus, qu'Hermès avait écrit vingt mille
liyrc:^ ou même, selon Manéthon, trente-six
mille cinq cent vingt-cinq; nous ol)serve-
noi»s nue brochure de M. G. Ilollenbf rg, Be Hermœ
i^attBris coikce Lipsiensu Bcrii», 1856, iii-8% tft
ajoutons t|u*un iravail de M. T.achemlorr sur lier-
mas occupe les p. 408 à 657 des Putrum avoito»
iieerum opéra , edi<lil Albertus Dresse! » Leîpsig ,
1850, in-8*. Il est iutiuilé : Uernim Pastor ex frua-'
mentis Grœcis LipsieiwbuSf instiiuta quœsiwne if*
9erQ ejus lextus fonte.
Î59
HER
DICTIONiNAIRE DES APOCRinifiS.
HER
teo
rons que ce dernier chiffre , donl l'exagéra-
tion est si frappante, correspond au nombre
d'années que Manéthon énonce comme étant
la durée des trente dynasties dont il retrace
l'histoire.
Jamblique parle aussi des livres d'Hermès
comme ayant été ironsporlés dans la Grèce;
Plularque {De Iside et Osiride) Tait mention
d'ouvra:;es attribués à Hermès, ainsi que
Gaiien (DesimpL medic. facuU., U vi, c. 1) ,
et saint Cyrille {Cont, Julian,^ 1. i).
On ne saurait ainsi révoquer en doute
rexiitenoe au W siècle de notre ère d'ou-
vrages portant le nom d'Hermès; ils. rou-
illent sur la théologie et la philosophie;
Dieu, le monde, la nature , envisagés au
point «le vue des néo-platoniciens en ét.ûent
le sujet. Lactance en fait mention (255);
mais il leur a donné une origine trop an-
cienne. Admettons qu'il existât en eilet de-
puis longtemps quehjues écrits dont Hermès
fût signalé comme Tauteur et qui seraient
sortis des temples de TEgypte, les prétendus
docteurs alexandrins les déligurèrent et les
interpolèrent è Tenvi, y entassant les rê-
veries des sciences occultes alors si fort à la
mode, et s'efforçant de les opposer au chris-
tianisme. Il s'est conservé, soitea grec, soit
dans une traduction latine, quelques frag-
ments de ces productions; ils paraissent
appartenir à une période peu ancienne du
néu-platonisme ; ils formulent avec peu de
clarté des doctrines qui circulaient enEgypte.
On y reconnaît parfois Tinfluencc des idées
chrétiennes, et un érudit iillemand, Baun-
garten-Orusius, s'est efforcé de les rappro-*
cher des ouvrages de Porphyre.
L'idée d'attribuer ces ouvrages h des Chré-
tiens et la supposition qu'ils ont été altérés
et interpolés par des Chrétiens ont été re-
poussées par les meilleurs critiques.
Plusieurs de ces écrits existent dans
les manuscrits de quelques grandes biblio-
thèques et n'ont pas trouvé d'éditeurs.
Nous mentionnerons d'almrd un dialogue
qui paraît remonter à une époque plus an*
cienne que les autres écrits hermétiques.
Lactance le cite sous la dénomination de >ô-
y9ç TÙuoç (Dit;. Inslit.f I. vu, c. 18); il ne
nous est parvenu que dans une traduction
latine qu'on attribue (à tort selon quelques
érudits) à Apulée de Madaure; il porte le
titre û'Asclepius ^ seu de nalura deorum dia*
logus^ Cl l'on no peut douter qu'il n'ait été
composé en Egypte. 11 reproduit le dialogue
d'Hermès avec un de ses disciples, nommé
Asclépius; il y est question de Dieu, de
l'univers, de la nature, au point de vue des
néo-platoniciens.
Une production plus étendue et la plus
importante de celles de cette espèce, c'est le
Pymandre^ ou comme porte le texte grec :
*£pjuioû Tov TpcvftcyîTov nocfiàv^pi}^ , nom dé-
rivé de Yroip«v (pasteur) et qui rappelle le
(255) t Hic (Hermès) scrîpsil libres el quidem
nulios ad cogoiiioiiem divinaruiii rcrum peninen-
t«s, in quibiis mojpsiatem su moi i ac singniaris Dei
aaaerli; iisdemqiic iioininitius appellit , quibut nos,
Pasteur d'Herroas C'est encore une série
d'entretiens ayant pour sujet Dieu , la na-
ture, la création du monde, la conscience;
les théories du néo- platonisme s'yroèlenl
parfois à des vues chrétiennes, à des doc-
trines bibliques, à des ojnnions eaiprun-
tées à l'Orient et è la Kabale.
Une autre production hermétique rt'un
autre genre roule sur la guérison des ma-
ladies d'après les règles do l'astrologie; cV^i
un tissu do rêveries où l'on examine léini
des constellations au moment do l'invaMon
du mal , l'instant précis où, d'après lo situa-
tion des planètes , il faut faire usage des re-
mèdes. Ce fatras, indigne d'attention el qui
ne parait pas remonter plus haut que le y*
siècle , a été publié en grec par J. Cramer.
Un écrit encore plus récent roule sur l'as-
trologie et n'a été publié qu'en latin par
Jérôme Woltfsous le titre de Derevoluiio-
nibus nativUaium, BAle, 1559, à la suite du
traité de Proclus sur le Quadripartilum de
Ptoîémée ; le texte original , grec selon
quelques savants, et arabe selon d'autres,
est resté inédit.
Ce n'est aussi que dans une version la*
tîne souvent réimprimée qu'a paru un auire
ouvrage astrologique portant le nom d'Her-
mès et qu'on croit traduit de l'arabe, le
Cenliloquium ou Aphorismi^ seu cenium un-
tentiœ astrologicœ. 11 en existe diverses édi-
tions, Venise , H91 et 1501 : Bâie, 1551, et
il a été imprimé à plusieurs reprises avec
Plolémée. C'est encore dans cette classe qu'il
faut ranger une autre production médicale
cl astrologique qui n'a été publiée qu'ui
latin. Liber physico - medicus Kiranidum
Kirani , td est , rtgis Persarum vere aurtus
ffe/wmeu5qfuf,édilé par André RivinusrLeiiiziiTi
1638, Francfort, 1681). 11 s'en trouve à Madr.d
un manuscrit grec. {Voy. Yrïarie.BibUoth.
reg. Matritensis codices tirœci^ Madrid, ITti'J.
in folio, p. 432.)
Celouvrtige,quiporleaussi le nom d'Hermès
et qu'Olympiodore a cité, est divisé en qua-
tre parties; il ex|)ose, d'après l'ordre alpha-
bétique, les matières qui peuvent furuKf
la matière médicale, et il développe ks
vertus thérapeutiques et magiques û^s pier-
res, des plantes et des animaux; ses asser-
tions sont puisées à des sources égyptiennes,
persanes et arabes; elles ne doivent nulle-
ment nous arrêter. Nous ne nous occupe-
rons pas davantage des divers écrits relatifs
à l'alchimie qu'enfanta le moyen âge et aux-
quels on donna le nom d'Hermès, tels que
le Tractatus vere aureus de lapidis phiios)*
phici décréta (Leipzig, 1610, 1613, in-8*); ta
Tabula smaragdina (Nuremberg, 1541,15^5,
Stra3l)0iirg, 1566, in-S-).
L'édition originale du texte grec du Pyman-
dre vit le jour à Paris en 155V,in-l^% chez A«tr im
Turnèbe; François de Foix de Candalle pu
donna une autre accompagnée d'une tra^.uc-
Deum et Patrcni; ac ne quis nomi»n «jjus nwuU'
rci, àv«i>vu|xov esse dixii , etc. i [Dinn, lum.,
lib. I, c. 8.;
Ml
HER
PART. m.^-LEGENDES ET FRAGHE?vTS.
l!Efl
IdJ
tion ./i(ine,B^rdeaux J572« in-4*; le Pymandre
reparut en 1591 dans Touvrage de François
?n{riu\ \nl\in\e: Deœihereacrebuscœlestibus,
Ferrare, in-folio, et plus tard dans une autre
production de ce même auteur :iVot7a de uni-
unis philosophia^ Venise, 1593, in-folio, et
en 1611 dans une réimpression faite à Lon-
dres de celte philosophia. Citons aussi Py-
mander et Asclepius^ Grœce et Latine per
Ficinum^ Paris, 159i, in-4.', et Divus Py^
mander Hermelis Mercurii Trimegisticum
commentariii R, P. F, Hannibalis Rosseli^
ord, FF. Minorum regularis^ Coloniœ, 1630,
1. 1 à VI , in-folio. Ce commentaire énoruie
est toutefois demeuré inachevé.
Les éditions latines du Pymandre isolé ou
joint à VÀsclepius sont nombreuses; indé-*
pendamment d'une sans date, on peut citer
celles d»; Tarvis, IWl, Ferrare, 1472; Ve-
Tiise, 1481, 1483, 1491, 1493, Paris, 1494,
Venise, 1497 (avec Jamlilique), Mayence,
1503, Paris, 1505, Florence, 1412, et Venise,
1321 (avec les œuvres d'Apulée), Paris, 1522,
Bâie, 1542, Lyon, 1549, Paris, 1554, Lyon 1570
et 1577 ; dans ces réimpressions multi()liées ,
on a fait usage de la version de Marsile Fi-
cin, laquelle se trouve aussi dans les édi-
tions de ses OEuvres, Bâie, 1561/ Paris,
1576 et 1640. En lait d'éditions séparées de
l'Asclepius^ nous sommes à môme de men-
tionner celtes de Vienne, 1488, et de Veni-
se, 1521 ( Tune et fautre avec les Mélamor-
phoses d*Apulée),de Florence, 1522, de BÂIe,
1561, dans les OËuvres de Ficin.
Deux traducteurs français se sont exercés
sur le Pymandre. Gabriel de Préau publia son
iravail à Paris en 1549, et François de Foix
mit au jour le sien à Bordeaux en 1574,
ia-8*; il iiU réimprimé à Paris en 1587 , in-
fdiio.
Du AUemaDd, caché sous le nom d'AIeto-
phiius, donna à Hambourg en 1707, in-8%
UQ9 version du même ouvia>i;e. Un savant
(l'une tout autre portée, D. Tiedmann, en
publia aussi en 1780 une version avec des
notes.
Il existe en italien /{ Pymandro tradotto
da Tommoêo Benci in lingua (iorenlina^
Florence, 1548, in-8', réimprimé en 1549,
ia-8*. Un anglais, le docteur £verard, prit la
peine de traduire VAsclepius aussi bien que
.'' Pymandre t et le tout parut à Londres en
1650.
Au XVII* siècle, parmi les savants qui s*oc-
cnpèreni d^Uermès avec peu de criti^jue, on
(ihiiiigue Ursinus, dans ses Exercitationes
de Mercureo Trismegisto^ Zoroastro et San-
rhoniatone (Nuremberg, 1661, in-8'') ; Kœser,
i^e Uermele Trismegisto , Utlerarum inven-
<vre(Willenjberg, 1686, in-4'); 1. Moller,
Vetlermtte (in £fomonymo5co/}iaj, Hambourg,
1697, in-8*J, ainsi que fauteur de l'in/p/-
ieciual System of the universCy R, Cudwortli
(Londres, 1678, in-folio, p. 31 9J.
Ment:onnonsaussi les travaux de Jablons-
k\f dans sou Panthéon Mgyptiacumj pars m,
p. 156; de Bruckor, dans son Uistoria cri-
ùca philosophiœ f t. I, p. 252; de Ouadrio,
dans sa Storia d'ognipoesia, 1. 1, p. 20; df
Fabricius, dans sa Bibliotheca Grceca^ U 1
p. 46; et rroublions pas la dissertation or
programme acad«^mique de Baumgarlei
Crusius, De librorum Hermeticorum origim
algue indole, lena, 1827, in-4»(19 pages).
Pour ce qui regarde la bibliographie Voy^
Hoffmann, Lexicon bibliographicum , Leip-
zig, 1833, MI, p. 347.
Nous donnerons une idée du Pymandre.
en insérant ici un court extrait pour lequel
nous ferons usa;jjo de Taricicnne traduction
de François de Foix.
« 0u3»d jo pensais quelquefois aux choses
qui sont, eslevant mon entendement par une
grande détention et amortissement de mes
sens corporels, comme il advient à ceux qui
tombant en sommeil par réplétion de nour-
riture ou bien ennui do leur personne, et»
abandonnent Tusage, il m'a semblé voir
quelqu'un démesuré et incompréhensible
oui, m'appelant de mon nom, .nie dit : ;Que
désires-lu voir et ouïr? et que délibèrés-lu
apprendre et connaître ?
« Je lui demande : Qui es-tu ? Je suis, dit-
il, Pymandre, pensée de celui qui est de par
soi, je sais ce que tu veux, et suis partout
avec toi.
« Je désire, dis-je, apprendre les choses
qui sont, et entendre leur nature et connaî-
tre Dieu, voulant ouïr comment ces choses
sont : derechef il me dit: a Fais état de tout
ce que tu désires apprendre, et je te fensei*
gnerai. » Ayant ainsi parlé, il changea de
forme, et soudainement toutes choses m*ont
été révélées en un instant.
« Lors je vois un spectacle indétermimS à
savoir toutes choses converties en lumière,
chose merveilleusement douce et délecta-
ble, laquelle voyant, j'ai été prins d'amour.
Peu après les ténèbres étaient portées en bas
en partie terribles et odieuses, obliquement
terminées; de manière qu'il me semblait,
les voyant, qu'elles se transmuaient en queU
que nature humide de telle sorte agitée qu'il
ne se peut dire
« Puisque l'ouvrier a fait le monde uni-
versel, non par ses mains, mais par son
verbe, pense toujours en toi, en cette ma-
nière qu'il y est présent et toujours et qu*il
a fait tout et un seul et par sa même volonté
a bâti les choses qui sont. Car ceci est son
coipsnon tangible, ni visible, non mesura-
ble, ni distant, à nulle cho:)e aucunement
semblable. Il n'est feu, ni eau, ni air, ni
esprit, mais est toutes choses, lesquelles
sont de lui , et met bon ce que à celui seul
il a attribué.
« Il a voulu aussi orner la terre, et a en-
voyé l'homme ornement du corps divin,
animal mortel du vivant immortel. £t de
vrai le monde avait plus en soi que l'animal
des animaux, et que la raison et pensée du
monde. Car l'homme a été fait contempla-
teur des œuvres de Dieu et s'en est émer-
veillé et a reconnu le facteur... Si tu peux
connaître Dieu , tu connaîtras beauté et
bonté qui est très-éclatnntc et r:st illuminée
de Dieu. £t cette beauté est incomparable 9
M3
DICTIOMIUIRE DES ilKXIRTPHES.
SC4
«( ce bien ne peut Atre imité comme le
même Dieu. Comme donc tu entends Dieu ,
entends aussi beauté et bonté, car elles ne
peuvent être communiquées aux autres
•inimaux, parce qu'elles sont inséparables de
Dieu. Si tu t*enquieresde Dieu, tu t*enquerras
aussi de beauté. Car c*est niAme voie qui
conduit à celui-là, à savoir piété avec con-
naissance, dont les ig;norants et qui ne cbe-
minent par voie de piété, osent bien dire ,
I hommeèlre beau et bon qui seulement n*a
veu eu songe s'il y a aucun bien. Mais étant
prévenu de tout mal, et ayant cru le mal être
bien, il use témérairement etinsatiabSemcnt
de celui-là et il craint en être privé. Telles
sont les beautés et bontés humaines les-
quelles nous ne pouvons/uir ni luiyr, mais te
plus dur qui soit en toules ces choses, c*est
que nous en avons nécessité et ne pouvons
vivre sans eMcs.
t Où ètes-vous emportés I ô hommes eni-
vrés, qui avez bu le pur propos d'igno-
rance, lequel vous ne pouvez porter. Reje-
lez-le dès maintenant. Soyez sobres, regar-
dant les yeux de vos cœurs. Et si bien tous
ne pouvez, à tout le moins, tous qui le
l-ouvez. Car la malice d'ignorance a noyé
toute la terre et corrompu l'Âme enclose
dansie corps, en permettant qu'elle arrive
aux portes de sauveté. Ne vous laissez donc
aller en bas avec ce grand flux.
' « Et vous, ayant enduré les ondes contrai-
res,qut pouvez prendre le port de salut, ar-
rivez à celui-là et cherchez qui pourra pré-
céder, comme vous menant par la main
aux portes de connais.sance ; là où est la
très-claire lumière, pure de ténèbres, où
aucun n'est enivré, mais tous y sont sobres,
regardant du cœur à ceiuy qui veut estre
yen. Car il ne peut estre ouy, ny peot esire
dict, ny peut estre veu des yeux, mais de
cœur et pensées. Premièrement, il te faut
rompre la robe que tu portes, couverture
d'ignorance, fermeté de malice, lien de cur>
ruption, pure de ténèbres, sépulchre porté
entre soy, larron domestique qui ha^t parce
qu'il ayme, et porte envie parce qu'il hayu
« Telle est la robe ennemie de laquelle tu
es vestu qui te serre dans toy-mesmes; h rc
qu'ayant recouvré la veue et considéré la
beauté de vérité et le bien qui est assis en
elle, tu ne hayes sa malice, ayant co^neu
ses embûches, par lesquelles elle t*a cspié
lorsqu'elle a faict insensible les choses que
l'on fiensait et semblaient estre 8ensibie<,
les environnans de beaucoup de {matière (t
les remplissans d'abominable volupté. Alla
que tu n'entendes ce qu'il te faut enleodre,
et que tu ne voyes les choses qu'il t'est be-
soin regarder....
« rieu n'ignore point l'homme, mais il
connaît et veut en être connu. Cecy seul est
salutaire à l'homme, connaissance de Dieu.
Celle-là est la montée au ciel. Pour cecy
seul l'Ame est bonne et jamais celle qui est
bonne, n'est faiie mauvaise, n*ais elle s'ea
fait par la nécessité. Contemple ràmed'uo
enfant pendant qu'elle n'a encore reçu sa
dissolution, son corps étant petit et non en-
core parvenu ^en sa masse. Elle est belle,
n'étant encore touchée des atfections du
corps, encore à peu près dépendantedeilâine,
du monde. Mais après que le corps a creu et
l'a estendue parles masses du corps, elle-
mesmes soy desparlant, engendre obliamo
et ne participe de beauté, ni du bien, de tant
que obliance est vice. »
HÊSYCHIUS.
( Evangile iHi$ychiut^ )
Il est nientionné dans le décret du Pape
Gé!a%e, et saint Jérôme {Prœf. tu Evangetia^
ad Damasum) s'exprime ainsi : PrœUrmiilo
eos codiees quos a Luciano ei Hesychio nun^
cupatos paucorum hominumas$erii perversa
coA/cn/to... 11 n'est d'ailleurs rien parvenu
qui puisse jeter quelque écla.rclssement sur
ce qu'était cette production. C*est après Ori-
gène et en se servant de ses travaux sur le
texte des Septantes qu'Hésychius et un autre
grec nomme Lucien, s'occupèrent des évan-
giles. {Voy. Cave, Scriptorum ecelet'mt,
hisl., t. 1, p. iik; de Wette, EinUUung^
p. 74.)
I
ISAIE.
Nous avons publié dans le premier vo.ume
de ce Dictionnaire fcol. 647-704) le Livre de
la vision ii7sate, tel qu'il nous est parvenu
d'après un texte éthiopien; nous n'avons
donc pas à revenir sur cette production.
L*auteur de l'ouvrage incomplet sur
saint Matthieu inséré parmi les écrits de
saint Jean Chrysostome, dit(hom. 1) qu'Ezé-
chias étant malade, le prophète £lio rint
pour le visiter et que le roi, ayant appe!^
son ûls Manassé, se mit à lui donner des
conseils, lui recommandant de craindre
Dieu, et de gouverner avec sagesse. Et Isaio
dit au roi : « Je crains que tes |>aro^es ne
descendent nas dans son cœur, et il faut que
je sois mis à mort par ses mains. » Ezé^hiaii
m
JAC
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
MS
enteodant ces paroles, voulait faire périr son
fils, et il dit: « Mieux vaut que je meure
sans postérité pfutftt que de laisser un pa-
reil fils qui irrite Dieu et qui persécute ses
saints. » Et le prophète Isaïe le retint avee
peine, en lui disant : « Ton projet déplatt k
Dieu, » et il vit que le roi Ezéchias aimdt
Dieu plus que son fils.
j
JACOB.
D'anciens rabbins, dont l'autorité D*est
guère respectée de nos jours, ont signalé
ce patriarche comme très-instruit dans la ca.-
baie et dans les sciences occultes. (Voy, Fa-
bricius, Cod. pseud, Vet, Test,^ t. 1, p. 436.)
Les éhionites possédaient un livre inti-
\M V Echelle de Jacob; c'é\,9M une allusion
è la vision qu'eut ce prophète : // vit en
songe une échelle appuyée sur la terre , et
dont le bout montait jusqu au ciel ^ et les an-
ges et Dieu en montaient et en descendaient,
iGen. xxvtii, 12.) Saint Epiphane en fait
luenlion, [Hœres,^ lib. i, c. 30.)
Stalas enim quasdam et in ipsas sealas
txpositiones Jaeobi proponunt Eoionœi^ vel-
ut qui exponat contra templum et sacrificia^
contraque ignem altari^ et alla multa vani-
tateptena.
Le décret du Pape Gélase range aussi par-
mi les apocryphes un écrit intitulé Testai
ment de Jacob : il est vraisemblable que les
idées développées dans cet écrit aujourd'hui
perdu avaient été suggérées par les pro-
phéties que rapporte la Genèse^ c. xlix:
Jacob fit appeler ses enfants^ et dit : Assem^
blez'vous, je veux vous annoncer ce qui vous
arrivera à la fin des jours.
Les Musulmans n'ont pas manqué de ra«
conter, à l'égard de Jacoi), quelques-uns de
ces traits apocryphes dont ils ont surchargé
l'histoire de tous les personnages illustres
de l'Ancien Testament ; un commentateur
du Coran rapporte que ce patriarche, affli&é
d'une sciatique, fit le vœu de renoncer, s il
était guéri, a l'usage de la viande qu'il ai*
mait le mieux, et c'était la chair de chameau.
JACQUES LE MAJEUR.
Binôire de Jactpits le Majeur ^ £ après VHistmre apostoli^p^ d'Abdiat^ livre iv.)
CHAPITRE PREMIER.
Jacques était fils de Zébédée, et frère ^er*
main dn Jean (256) qui a laissé un Evangile ;
Jésus-Christ , notre Sauveur, lui ordonna
de le suivre (257), en le voyant daas une
barque avec son père et son frère C*est ce
qu'il fit, poussé par l'amour divin^ et depuis
ce temps il s'attacha à Notre-*Seigneur, non
pas simplement comme un de ses disciples
qui étaient nombreux; mais il fut appelé
sur la monta^^ne (258j à la dignité d'apôire,
et dans la répartition des contrées faite par-
mi les apôtreSi la Judée et Samarie lui échu-
rent (259).
Il parcourut «;es pays» et entra dans leurs
synagogues, et il montra, d'après l'Ecriture,
que tout ce qui avait été prédit par les pro-
piièies, au sujet du Messie, était accompli
en Jésus-Cbrist, Notre-Seigneur (260).
CHAPITRE II.
Tandis que cela se passait, Hermogône et
un certain Pbilétas (261) s'opposèrent à Ta-
pétre, et ils prétendirent que Jésus-Christ
de Nazareth, dont Jacques se disait l'apôtre,
(256) ¥aflA. IT,2I.
mi) ÊM., ei Jlarc. i, ÎO.
(258) Jfarc. lit, 43, 17.
(239) Persoiiue n*ignore que les auteurs modernes
ODt avAiicé que sainl Jacques avait élé Tap^lre de
rEspagne. €^ aMerlîon se trouve, à ce que nous
croyons, pour la première fois dans un livre De
tîirn it m&rte «aitcfomm, iuséré dans les œuvres de
DlCTlONN. DES ApOCRTFHRS. II.
n*était pas le vrai Fils de Dieu. Mais Jacques,
inspiré par I'£sprit-Saint, renversa tons leurs
raisonnements, et montra, d'après TËcriture,
que Jésus était le vrai Fils de Dieu qui avait
été promis au genre humain.
£t Philétas fut frappé de ce qu« disait
Jacques, et il admira sa sagesse^ et il revint
vers Uermogène, et lui dit : « Voici que Jac-
ques se donne comme un serviteur de Jé-
sus de Nazareth, et comme son apôtre : et
personne ne peut le réfuter,, car je l'ai vu
chasserdu corps des possédés des esprits ma-
lins au nom de Jésus ; je Tai vu rendre la
vue À'des aveugles, et guérir des lépreux ;
et quelaues-uns de mes amis les plus fi-
dèles m ont assuré qu'ils Tavaient vu même
ressusciter des morts. Pourquoi différons-
nous? Il a présent à l'esprit toutes les sain*
tes Ecritures, et il rooutre d'après elles qu'il
n'y a pas d'autre Fiis de Dieu que celui que
les Juifs ont crucifié. Si tu suis mon con-
seil, nous irons vers lui afin d'obtenir son
pardon. Si tu ne veux pas le faire, je te
quitterai et j'irai vers lui, dans l'espoir d'ê-
tre trouvé digne d'être son disciple. »
Quand Hermogène entendit ces paroles,
saint Isidore, mais que les criiigaes les (dus éclai-
rés regardent comiiie supposé. (Voy. Baroniiis, Ad
Mariyrologium Aornamiin , 25 Jul., et Anant.^ ad
OR. 816, Duni. 19; TUlement, kémaires^ noie 6 sur
la vie de saint Jacques.)
(360) Paroles de saini Paul. (# Cor. xv» 3.)
(261 > Noms ^m se trouvent daas la //* épUrê à
Timothée^ i, IS, et n, 17.
9
WI
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
M
il fût outré de colère, et il garrotta Philétas
avec des liens magiques, et il dit : « Nous
▼errons si ton Jacques peut le délîYrer. >»
Et Philétas envoya en nftle son esclave à
Jacques afin de lui annoncer ce qui s*élait
passé. El aussitôt le bienheureux apôlre
envoya k Philétas le linge dont il envelop-
pait sa tète (262), et dit : « Le Seigneur Je-
&us-Christ relève ceux qui sont renversés,
et il délivre ceux qui sont liés. > Et aussitôt
que Philétas toucha le linge que Tapôlre
lui envoyait, il fut délivré des liens de Ten-
ehanleur ; il se leva et vint vers Jacques,
et il commença à tourner en ridicule les
malétices de son maître.
CHAPITRE 111.
Hais Hermogène, Tenchanteur , qui était
irrité de ce que Philétas le bravait ainsi ^
réunit, par son pouvoir, des esprits malins,
et les envoya à Jacques, et il leur dit : « Al-
lez et amenez-moi Jacques ainsi que Phi-
létas, mon disciple, atinque jeme venge sur
eux de ce que mes autres disciples se mo-
queal aussi de moi. »
Les esprits malins vinrent à l'endroit où
Jacques priait, et ils poussèrent dans Tair
de grands hurlements, et ils dirent:* Jac-
ques, apôtre de Dieu, aie pitié de nous, car,
avant que le temps des flammes (263) ne
vienne, nous serons brûlés.» ElJacques leur
dit : « Pourquoi venez-vous vers moi ?» Et
les esprits dirent : « Hermogjène nous a en-
voyés afin que nous t'amenions à lui ainsi
que Phi létas, mais aussitôt que hous som mes
entrés ici, un ange de Dieu nous a liés avec
des chaînes de feu, et nous souffrons des
douleurs extrêmes. »
Jacques leur répondit : « Au nom du Père,
et du Fils, et du Saint-Esprit, que l'ange de
Dieu vous délivre; retournez à Hermogène,
et ne lui faites pas de mal, mais amenez-le
iu attaché. > Et ils allèrent, et ils lièrent à
Hermogène les mains derrière le dos, et ils
le conduisirent à l'apôtre, et ils dirent :
« Voici que nous t'amenons celui vers le-
quel tu nous as envoyés, lorsque nous brû-
lions dans les flammes. »
Et J'apôtre de Dieu lui dit: «Ole plus
insen5é des hommes, lorsque l'enuemi du
genre humain était en rapport avec loi, pour-
quoi n*as-ta pas songé à ceux que tu en-
voyais [>our me perdre? C*est moi mainte-
nant qui ne leur permets pas de déployer
leur fureur contre toi. »
Alors les esprits malins crièrent : « Li-
Yre-nous-le, et remets-le en notre pouvoir,
afin que nous nous vengions sur lui du mal
qu'il a voulu te faire, et des flammes aux-
* (iUSt) Le telle dît : iudarium: voy. sur les sigiil-
llcalious diverses (ioonées à ce inol,Groliu8, Ad tn^am,
iiz, 20, et Joan. xi, 44. Une circonstance semblable
te retrouvera dans Thistoire de saint Paul, cb. iv,
d VEtangile de VEnfanu relate aussi des miracles
opérés par raitottchemeot des langes de Tenfant
JttUS.
(263) C*est-à-dire . le temps des supplices plus
rigourenz r^rvet aus démons après la consom-
mauon du siècle. (Fpy.lesoommeouteors Vlu^Moo-.
quelles il nous a fait livrer. » Et rapAirn
leur dit : « Philétas est devant vouit;iioor-
quoi ne vous saisissez-vous pas de lui?»
Et les esprits dirent : « Nous ne fouvous
pas même toucher une fourmi si elle e&t
dans ta chambre, v
Et le bienheureux Jacques dit k Philétas :
«c Apprends ninsi que la doctrine de Notre-
Seigneur Jésus-Christ ordonue aux hom-
mes de rendre le bien pour le mal (2Û) ;
rends donc la liberté à celui qui t'a aitsclié.
Il s'est efforcé de te faire amener vers lui,
f;arrolté par des esprits malins, et toi tu dé-
ivi es celui qui est attaché. > Philétas délivra
donc Hermogène qui resta tout troublé et
confondu.
Et Tapôtre se tourna vers lui, et dit : i Ta
es libre; va où tu veux, car il n*est («s dans
notre doctrine que personne soit forcé de
se convertir (265j. » Et Hermogène répoo*
dit : « Vois, je connais la fureur des esprits
malins ; si lu ne me donnes pas quelque
chose pour que je le porte sur moi, ils s*em-
pareront de moi, et ils me feront périr dans
de grands tourments. > Et le bienheureux
Jacques lui dit: «Prends mon ItAlon do
▼oyage (266), et avec lui tu seras en sûreié
Eartout oii lu seras. » Et Hermogène prit 1j
Aton de l'apôtre, et retourna en sa maison.
CHAPITRE IV.
Et peu après, il réunit tous ses livres de
magie, et il en remplit des paniers que lui
et ses disciples apportèrent sur leurs épau-
les à Tapdtre, et il se mil à les brûler en
présence du bienheureux Jacques; mais Ta*
pôlre Ton empêcha, et dit : « AGu que To*
deuf de cet incendie n*incommode pas ceoi
qui ne se iiendraient pas sur leurs gardes,
mets des pierres et du plomb dans ces pa-
niers, et jette-les dans la mer. »
Et quand Hermogène eut fait ce que Tapôtre
lui avait dit, il revini et il embrassa ses
pieds et il le pria, disant : « Libérateur des
âmes, accueille le repentir de ceux dont ta
as supporté l'envie el Tinimitié. • ElJacques
répondit et dit : « Si tu apportes h Dieu un
repentir sincère, tu recevras véritablement
son pardon. » Et Hermogène répondit : ■ Il
est si vrai que j'apporte a Dieu un repentir
sincère que j*ai détruit tous mes manuscrits
qui contenaient une fortune immense, vt
que j*ai renoncé à tous les artifices de l'ea-
Demi. »
Alors le saint apAtre lui dit : « Retourni^
dans les maisons de ceux auxquels tu as
fait tort, afin que tu rendes au Seigneur ce
que tu lui as enlevé. Apprends que ce que
tu enseignais comme étant la vérité, est Ter*
veau Testament sur mIjU Matthieu^ viii, f9, et ssr
la II* EjAlre de iaint Pierre^ ii, 4.)
(i64) MaUh. v, 44.
(SG5) C*est ainsi que Lactanee a dit, lib. nr, c.
19 : c Religionis non est cogère leligionem, quà
sponle suscipi débet, non vi. »
(266) On sait que les peintres représentent saiol
Jj»eqnes avec un bâton de pèlerin et des ooqa
[Voy, Molanus, De imagimbMf lib. m, c. ta.j
îe9
JAG
PART. m. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAG
tl9
reur, et que ce que tu représentais comme
éiant Terreur, est la yérité. Brise les idoles
que (u adorais, et détruis l^s réponses que
tu prétendais retirer d*elles; consacre è de
bonnes œuvres Targent que tu as gagné par
de mauvaises actions; tu as été le Gis du dia-
ble, puisque tu imitais le diable ; deviens le
fiisdeDieu, en suivant Texemple de Dieu
gui chaque jour répand ses bienfaits sur des
ingrats (267), et qui nourrit ceux qui blas-
phèment contre lui. Tandis que lu étais mé-
chant h regard de Dieu, il s est montré bon
è ton égard ; il se montrera bien plus favo-
rable pour loi, lorsque tu cesseras d'être
un enchanteur, et lorsque tu commenceras
à lui plaire par tes bonnes œuvres. »
Et quand Jacques eut dit ces choses et
d^aiitres semblables, Hermogène s*y con-
forma en tout point, et il devint si parfait
dans la crainte du Seigneur, que le Seigneur
opéca par son entremise beaucoup de mer-
Teilles.
CHAPITRE V*
Et quand les Juifs virent que Tapôtre avait
?aincu cet enchanteur, qu'ils regardaient
comme invincible, et qu'il s'était converti à
l'apôtre et que tous ses élèves et ses amis,
qui avaient coutume de se réunir dans la
synagogue, avaient été amenés par Jacques
à la m de Jésus-Christ, ils offrirent de l'ar-
gent à deux officiers romains, nommés Ly-
rias et Tbéocrite, qui commandaient a Jé-
rusalem, afin qu'ils se saisissent de Jacques.
Mais comme un soulèvement se manifesta
parmi le peuple» lorsquMl était conduit en
prison, les pharisiens lui dirent : « Pour-
quoi préches-tu ce Jé^us, qui, nous le savons
lous, aété crucifié entre deux voleurs? » £t
Jacques, plein de l'Esprit-Saint, leur répon-
dit :« Ecoutez-moi, mes frères, et vous tous
qui voulez être les fils d'Abraham : Dieu a
promise notre père Abraham qii*en sa po8«
lériié toutes les nations de la terre auraient
part à sou héritage (268). Sa postérité n'est
pas sur Ismaël, mais sur Israël. Carlsmaël
lut chassé avec Agar, sa mère, et il a été
exclu de rbérilage de la race d'Abraham. Car
Dieu a dit à Abraham : « C'est par Isaac que
se nommera ta postérité (269). »
«Abraham, notre père, fut appelé Tamide
Dieu (270) avant qu'il n'eût reçu la circonci-
siùaei qu*ii n*eût ordonné d*observer le sab-
bat, et qu'il ne connût la loi annoncée par
la révélation divine. Mais il ne fut pas l'ami de
Dieu, seulement parce qu'il se circoncit,
mais oarce qu'il crut en Dieu (271); car H
(167) Matth. V, 45.
{M) Gen. xxn, i9.
(^) Geu. XXI. i%; Galat. iv, îî.
(iîO; Gen, xn ; Jae, ii, 25.J
(^i) Gen. IV, 6; Rom, iv, 5.
(Ht) Oenu xvni, 15.
(iî5) /sa. vni, 14; MaUh. i, 23.
\tli) Ce |>assage ne se trouve pas dans Jérëmie ,
nais OD trouve quelque ctiose de semblable daus
Isaif (Mxv, k\ XXIX, 18.)
(2f6) Le prélendu Abdias se trompe de nouveau
eflauaiid Ëzécbiel. One pensée analogue se trouva
crut que tous les peuples auraient, en sa
postérité, part k son héritage. Et puisque
Abraham est devenu, par la foi, un ami de
Dieu, il s'ensuit que celui qui ne croit pas
en Dieu est un ennemi de Dieu. >
Et après que l'apôtre eut ainsi parlé, les
Juirs dirent : « Et quel est-il celui qui ne
croit pas en Dieu?«
CHAPITRE VI.
Jacques répondit : «Celui qui ne croit pas
Sue tous les peuples auront part à l'héritage
e la race d'Abraham, celui qui ne croit pas
à Moïse, lorsqu'il dit (272) : « Le Seigneur
suscitera pour toi un prophète de ta race et de
tes frères comme moi. » Et Isaîe a prophé*
tisé comment cette promesse s accomplirait,
lorsqu'il a dit (273) : « Voici qu'une vierge
concevra et elle enfantera un fils, et il sera
appelé du nom d'Emmanuel , c'est-à-dire
Dieu est avec nous. »
« Et Jérémie dit aussi (274) : « Voici q.ue
ton Libérateur vient, 6 Jérusalem! et son
signe sera celui-ci: Il ouvrira les yeux des
aveugles, il rendra l'ouïe aux sourds et sa
voix réveillera les morts. )•
« EtEzéchiel le-suivitde son côté en disant
(275) : « Ton Roi viendra, 6 Sion 1 il t'a-
baisse et il te relève; ^ et Daniel dit aussi :
ff II viendra comme le fils de l'hommcel il
recevra la puissance et la domination (276). «
< David a également prophétisé ces choses,
en disant (277) : « Le Seigneur m*a dit : Tu
es mon Fils, » et la voix du Pèreaditdu Fils s
ff 11 m'invoquera ; tu es mon Père, et je
{ placerai ce premier-né au-dessus des rois de
a terre (278). > Et de plus : t Je plao rai
le fruit de ton ventre sur mon trône (279). »
« Les prophètes ont également prédit ses
souffrances, car Isaïe a dit (280) : « Il est
mené comme un agneau à i abattoir. » Et
David, parlant en son nom (281) : «( Ils ont
percé mes mains et mes pieds, ils ont compté
tous mes os, ils se raillent de moi et
me prennent pour Tobjet de leur dérision ;
ils ont partagé entre eux mes vêtements et
ils ont tiré au sort mon habillement. » Et
en un autre endroit, David dit (282) : « Us ont
mis du Qel dans ma nourriture, et, dans ma
soif, ils m'ont abreuvé avec du vinaigre. »
«Et David a aussi prophétisé au sujet de la
mort du Messie (283) : « Ma chair se repose
dans Tespérance, parce uuc tu n'abandonne*
ras pas mon âme dans 1 enfer, et que tu ne
laisseras pas la corruption s'emparer de ton
Saint. » Et la voix du Fils parle au Père : « Je
dans Zacharie (ix, 9). Les cilsUons \nexactc8 sont
fréquentes chez les auteurs anciens, mais elles na
prouvent rien contre leur bonne foi; ils citaieni
très-souvent de mémoire.
(276) Dan, vu, 13.
(277) PtaL II, 7.
(i78) Pwi. Lxxxit, 57.
(279) Pitf/. cxxxn, II.
(280) /la. LU, 7.
Ï281) P$aL XXII, 47.
282) Piol. LXix, 22.
285) PmI. XVI, 9.
171
UCTIONMAIRE DES ÂPOCaTPIlES.
«7a
me lèf erai, et je suis avec toi (284). » Et il
a dit ailleurs : « A cause du besoin de Tin*
digent et des soupirs du pauvre je me lève-
rai* dit le Père (285) .»
c Les prophètes ont également annoncé son
ascension au ciel : « Il est monté en haut,
et ci>ptif, il a pris la captivité (286). » Et ail-
leurs : « Dieu est monté dans ta jubilation
(287). 9 Et on lit aussi : « 1! est élevé au-
dessus des Chérubins (288). »
« Et Anne» la mère de Samuel le saint; dit
aussi : a Le Seigneur est monté dans le ciel,
et il tonne (289). »
«t Et beaucoup d'au très témoignages de son
ascension se trouvent dans la Loi. David at-
teste qu'il est assis à la droite du Père,
on disant : « Le Seigneur a dit à mon Sei-
f;neur : Assieds-toi a ma droite (290). >» Et
e Prophète annonce qu'il viendra juger
le monde par le feu (291). El il dit ailleurs :
« Le Seigneur, notre Dieu, viendra en se
manifestant» et il ne gardera pas le silence.
Le feu sera ardent en sa présence» et une
grande tempête accompagnera sa route
CHAPITRE Vn.
«ijTout ce qui a été annoncé au sujet de Jé-
sus-Christ» iHotre-Seigneur, a déjà» en par-
lie» été accompli» comme il avait été pré-
dit» ou s'accomplira» ainsi que les prophètes
vous l'ont prédit ; car Isaïe dit : « Il fera le-
ver les morts» et il fera lever ceux qui sont
danslestombcaux(293).»Etsi vousdemandez
ce qui arrivera» lorsqu'ils seront réveillés,
David répond qu'il a entendu le Seigneur
dire : « Dieu a parlé une fois, et je l'ai en-
tendu» car la puissance du Seigneur est à
toiy Seigneur» ainsi que la miséricorde» à toi
qui rends è chacun selon ses œuvres, jf
« C'est pourquoi» mes frères» que chacun
de vous lasse pénitence» afin qu'il ne soit
pas traité selon ses œuvres et qu'il n'ait pas
part au sort de ceux qui ont attaché sur la
croix celui oui, par ses souffrances» a déli-
vré le monde entier. Il a avec sa salive ou-
vert lesyeux d'un aveugle-né (294), et afin de
montrer qu'il était celui qui avait formé Adam
avec de la terre (295)» il a fait de la boue avec
sa salive, il l'a mise sur les yeux do l'aveu-
gle» et il l'a guéri.
«( Et lorsque nous» ses apôtres, nous lui
demandions (296) si c'était cet homme ou
ses parents qui avaient péché et cfui avaient
fait qu'en punition il fût aveugle» le Maître
nous répondit : « Ce n'est ni pour ses pé-
>
(98i) PtaL cxxstx, 18.
(285) Pial. xu, 6.
(286) On ignore de quel écrit est Urée cette sen-
tence. George Syncelle • qui la cite , dit qu'elle est
empruntée âi des propbélies aprocryplies de Jéréiiiic ;
d*autre8 ont avance qu'elle provenait d'un pié-
t(*ndu livre d'Elie. Voir la note de Fabricius. {Cod*
apvcr, Nov, Teêt,^ t. I, p. 524.)
(28'3) Pittl. XLvn, 6.
(^8) Pêal. xvui, iO
(289) / Reg. ii, iO.
(Î90 Pial. ex, I.
(291) Piul. zcvi, t3; xcviii, 9.
chés ni pour ceux de ses parents» mais pour
que les œuvres de Dieu se manifestassent en
lui; c'est-è-dire pour que l'ouvrier qui Ta-
vait fait se manifestât. »
« Et le roi David a annoncé d'avance en son
nom qu'il rendrait le bien pour le mal, en
disant (297) : « Ils me rendront le mai |>our
le bien et de la haine au lieu de mon
amour. » Enfin» après qu'il eut répandu (aqi
de bienfaits sur les Juils, guéri tant de mala-
des, purifié tant de lépreux» chassé tant de
mauvais esprits et ressuscité des morts, ils se
sont tous écriés d'une voix unanime : « Il
mérite la mort (298). »
«t Et David a également annoncé qu'il se-
rait trahi par son disciple en disant : « Celui
qui mangeait mon pain a développé contre
moi toute la perfidie (299).»
« Les fils d Abraham ont prédit toutes ces
choses» mes frères» tandis mie l'Esprit-Sainl
parlait par leur bouche (300). Si nou6 ro
croyons pas de pareilles choses, pourrons*
nous donc échapper à la peine du feu éternel
et ne pas être justement punis? car les
païi'us mêmes croient la voix des prophètes.
Hais nous» le peuple élu de Dieu, voulons-
nous n'accorder aucune foi à nos patriarches
et à nos prophètes? Je pense que nousdevons
rougir de tant de fautes et de tant de crimes»
et en faire pénitence» en les pleurant» afln
que le Seigneur miséricordieux accepte no-
tre repentir» et afin qu*il ne nous arrive pas
ce qui est déjà arrivé à nos ancêtres : « la
terre s'ouvrit et elle engloutit Dathau, et
elle se referma sur les fils d'Abiron. Le feu
éclata dans leur synagogue, et la flamme
détruisit les pécheurs (301). »
CHAPITRE VIU.
Après que Jacques eut développé tous ces
arguments devant la multitude» non sans
une grâce particulière de Dieu» tout le peu-
ple frappé d'étonnement s'écria d'une seule
voix : « Nous avons péché» nous avons fait
le mal» dis-nous ce ()ue nous devons faire. •
Et l'apôtre leur dit :« Mes frères, ne vous
livrez pas au désespoir» croyez seulement
et faites-vous baptiser» et tous vos péchés
vous seront remis. »
Et comme» après ce discours du bienheu-
reux Jacques » beaucoup de Juifs se fai-
saient baptiser» A biathar» grand prètredeceto
année (302), voyant qu un grand nombre
de personnes s'attachaient chaque jour è h
foi de Jésus-Christ» excita avec de l'argent
un soulèvement; un des scribes des pbiri-
(292) Pial. IV, 5.
(293) ha. XXVI, 19.
(294) Joan. ii. 6.
(295) Gen. n, 7.
(296) Joan. ix, 2.
(297) PêaL XXXV, 12.
(298) Matth. ixvi, 6.
(299) Pial. XLi, 10; Joan. zui, 18.
(300) 11 Pelr. j» 21.
(301) Num, XVI, 32; Pla$. cxvi» 17.
(302) Josèphe ne meoiioone à celte ^oqœ au
gran4 prêtre du nom d*Abiathar.
m
JAC
PART. IIK — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
SU
si^as jeta une corde au cou de l'apôtre et
le conduisit au palais du roi Hérode (303).
CetHérode était filsd'Archélaus (304), et lors-
qiril eal entendu le récit de celle affaire,
il ordonna que le bienheureux Jacques serait
décapité.
El lorsqu'on le conduisait au supplice, il
vit un paralytique qui élail couché par terre
et qui lui cria : « Homme saint, délivre-moi
des douleurs que tous mes membres res-
seDtent« » Et Tapôlre se tourna vers lui et
dit : t Au nom de Jésus-Christ, mon Sei-
gneur, qui a été cruciCié et pour la foi du-
quel je suis conduit k la mort, lève-toi
guéri et bénis ton Sauveur. »£t aussitôt le
paralytique se leva, et, plein de joie, il
be mit à marcher et à bénir le nom du Sei-
gneur Jésus.
CHAPITRE IX.
Alors le scribe des pharisiens dont nous
avons parlé comme ayant passé une corde
au cou de Jacques, et qui s'appelait Josias,
tomba aux pieds de l'apôlre, et dit : « Je
te supplie de ro'accorder mon pardon et de
me faire participer au saint nom. » Et Jac-
ques se tourna vers lui, et dit : «e Crois-tu
que le Seigneur Jésus-Christ que les Juifs
onl cruciQe est réellement le vrai Fils du
Dieu vivant?» Et Josias dit : « Je le crois, et,
dès ce moment, ma fui est qu'il est réelle-
meolleFils du Dieu vivant. »
La célèbre Légende dorée que nous avons
d<^jà citée à plusieurs reprises abrège beau-
coup te récit d'Abdias : elle y joint, comme
elle le fait souvent, le récit de nombreux
miracles opérés par l'inlercession du saint
martyr, mais dont il n'est nullement ques-
tion dans les relations primitives à legard
des apôlres. Voy. le Dictionnaire des légen*
ift du chrisiianisme^ Migne, 1855, col. 662.
Nous avons trouvé parmi rindicatiori de
nombreux oianuscrils syriaques acquis il y
8 quelques années par le Musée britanni-
que, une Relation au martyre de saint Jac-
pes; elle mériterait sans doute que quel-
que oriental iste la fil connaître.
Le poëte J. B. Mantuan que nous avons
déjà cité, n*a point oublié de prendre Ab-
dias pour ^uide dans le récit que ses Fasti
tarrt présentent au sujet de Tapôtre qui nous
occupe. Voici un passage emprunté a sa nar-
ration :
Raddilus Assyrils , nolas dum i)ernieal urbes,
Injbuiiiro Pliitone magum vcrbisqiie potenlem
Tbe&^licis cœlo audeiilem deducere luiiaiii
H«pperii Haroiogeiiem casu, coiniiemque Philetam ;
Rcpi>enl ei vieil, viclos in fliimine lavit.
^ ea prtiDiires Juiiaeum accendit et ira,
Aiqve giavi iivore aclos capere arma coegit,
(303) Clément d*A1exandrle , Suidas et Eusêbe
parlent de la norl de Jacques comme ayunt été
ordonnée par Hérode, mais aucun d*eux ne men-
tionne Il corde passée au cou de Tapôire.
(304) Alt. xii.
(305) Les persécuteurs voulaient forcer les Chré-
tiens à ce blasphème; Act, xxvi, 11. Pline écil-
Tût ï Trajan , qu*il av;:it ordonné aux g'.'n8 suspects
^t christianisme de supplier les dieux de maudira
Quand le grand prêtre Abiathar vit' cela, il
fit saisir ce scribe, et il lui dit : « Si tu ne
blasphèmes pas le nom de Jésus (305), et si
tu ne te sépares pas de Jacques, lu seras dé-
capiléavec lui. »£t Josias lui dit.-cSois mau-
dit, etqne tous tes jours soient maudits aussi ;
le nom du Seigneur Jésus-Christ que proche
Jacques est béni dans réternité.sAlors Abia-
thar fut outré de colère, et il ordonna de
frapper le scribe à coups de poing, et il
adressa au roi Hérode une accusation contre
lui, et il demanda qu*il fût décapité avec
Jacques.
Et Jacques fut, avec Josias, conduit aa
supplice, et avant d'être décapité, il demanda
au bourreau qu'on lui donnât de l'eau. Et
on lui apporta un vase plein d*eau. L'apôtre
en prit, et dit à Josias : « Crois-tu au nom de
Jésus-Christ, Fils de Dieu? » Et Josias dit :
« Je crois. » Kt Jacques dit : « Donne-moi
le baiser de paix. » Et lorsqu'il Tout em-
brassé, il mit sa main sur sa tête, et il la
bénit, et il fit le signe de la croix sur son
front. Et peu après, il tendit le cou au bour-
reau.
Et c'est ainsi que Josias, déjà parfait dans
la foi, reçut avec joie la palme du martyre
pour celui que le Dieu éternel a envoyé en
ce monde pour nous sauver. A lui soient
rhonneur et la gloire dans toute l'éternité.
Amen (306 j.
Vimque pio moliri hominî ; feralibus ausls
Affuit Alecio. Missis ad colla catenîs,
Sisiitur Agrlppae régi ; capitale jubcttir
Supplicium, indignamque pati sine crtmtne morlam.
Discipulos aiunl uociu venerabile corpus
ImposuJsse rali, vcntoque ivisse secundo
Rursus ad Hesperios et LusUana pelisse
Lillora ; sic Patri qui tempérai omuia visum est
lil quos non potuil vivens, post funera sallem
FÎecteret xtherei possessor et incola mundl.
Malgré les lémoigages positifs qui consta-
tent le martyre à Jérusalem de saint Jac-
ques le majeur, une tradition fort an-
cienne représente cet apôtre comme ayant
prêché la foi en Espagne et la cathédrale
de Composlelle comme possédant son corps.
Nous n avons pas h nous occuper ici de ce
point controversé ; la liste des ouvrages pu-
bliés en Espagne en faveur de cette tradi-
tion remplirait plusieurs colonnes (les prin-
cipaux d'entre eux sont indiqués dans la
Méthode pour étudier l'histoire, par Lenglel
Dufresnoy, art. Histoire ecclésiastique dtls'
pagne. On peut aussi consulter les Acta
sanctorum, publiés par les Bollandistes,t. VI
de juillet.)
Le récit d'Abdias, ampliflé et chargé
d'épisodes étranges, a servi de base k la
le Christ. On lil dans Tertullicn (Scorpiae., c. 9),
€ Ut qui se Chrislianum iiegasseï, ipsum quoque
Chrislum compellerc blasphemando «olare. i Fa-
bricius a réuni d'autres passages analogues. {Cvd.
apocr, Nov. Test,^ t- t, p. 629.) . , ,. j
(306) Ou monire encore à Jérusalem le lieu du
supplice de saint Jacques , sur lequel a été bàu un
couvent d'Arméniens.
i7S
DICTiaNNAiRE DES AFOCKYPIIES.
S7;
tragédie de ' Saint' JacqueSt par B. Bardon,
Limoges* 1596, in-8*. Od peut consulter sur
cette pièce dans le g»*nro des mystères la
Bibliothèque du théâtre français, t. I, p. 309;
elle est dédiée à tris-grand, très-illustre et
céleste prince » lieutenant du Roy des royi,
sur toute ta terre universelle et purticuUtre*
ment is provinces^ royaumes et climati de
Judée , Samarie et Bespagne, monstigntur
sainct Jacques le Grand*
JACQUES LE MINEUR.
{Bistoire de Vapôtre Jacques le Mineur^ d'après VBistoire apostolique d'Abdias^ lif. ti.)
CHAPITRE I.
Simon* surnommé le Cananéen, etJude
qu[on appelait aussi Tliad(iée, et Jacques
qui étaient appelés par plusieurs personnes
les frères du Seigneur (307), étaient frères
germains et originaires de Cana en (Galilée;
leurs parents étaient Alphée et Marie, Glle
de Cléophas.
Et Jacques était né de la même mère, mais
u*un autre père, c*est-è-dire de Joseph le
Juste, auquel la bienheureuse Mère de Dieu,
Marie, avait été fiancée. C*est pourquoi il
fut appefé te frère du Seigneur, mais il faut
entendre selon la chair , car Joseph , père
de Jacques, avait eu pour fiancée et nulle-
ment pour épouse la \ ierge Marie qui, plus
tard, devenue enceinte par l'opération du
Saint-Esprit» enfanta Jésus, Notre-Seigneur»
le Sauveur du monde, en restant vierge.
Et ces trois iils de Marie, fille de Cléo-
phas, purent, h cause de ce lien de famille,
être appelés par Jésus-Christ à faire partie
de ses dtsriples, et plus tard» il les éleva à la
dignité d*a pâtres.
El Jacques le Mineur fut parmi eux Tob-
jet d*un attachement particulier de )a part
du Sauveur (308), et il fut enflammé d'un
tel zèle pour son Maître qu'il ne voulut
t;rendre aucune nourriture lorsque cetui-ci
ut crucifié (309), et qu'il n'en prit que lors-
qu'il eut vu Jésus re>suscité d'entre les
morts, car 11 se rappelait que lorsque le
Christ vivait, il ava«t donne ce précepte à
lui et aux frères. C'est pourquoi il fut, avec
Marie Madeleine et P]erre« le premier de
tous (3l(^j auxquels Jésus-Christ voulut ap-
paraître afin de confirmer ses disciples dans
(307) Saint Paul, EpUre aux Calâtes, i, l9;Jo-
sèplie, AntHiJudaiqueê^ 1. xx, c. 8. (Vou, aussi
Siiicer, Thesauruê, ei Conibclls dans ses ifoteg sur
la Vie de rel apôUe par Simon Métaphrasie, Auetua"
rticm itooÎMtmttm, 1. I, p. 541.) L%xpresson de
Jacques le Mineur se trouve dans salui Marc,
XV, 40.
(308) 11 n*y a dans le Nouveau Testament nulle
trace de ceue assertion.
(301f) CVsi ce que rapporte saint JérAine (in Ca-
tatogo seripiornm eccleiiasticorum) diaprés 1 evan-
f;ile des Na/aréens, et le récit de ce Père de
'Eglise a été reproduit par Grégoir»; de Tours
itftsi. Francorum, I. i, c. 22) ainsi que par bien
l'autreM auuuis.
(310) Un des premiers mais non le premier de
tous. (Voy. !'• Kpitre aux Cortn/Zitens, xv, 17.) La
iradiuou porte que Jacques fut ordonné par Jésus
.Cbrifti le premier é^équede Jérus lem.
(3il)Lttc. XXIV, 42.
(312) Cest ce qu'affirme un passage de l'Evan-
la foi, et afin qu'il ne souffrît pas plus long-
temps du jeûne, un rayon de Dite) hii ayant
été offert (311), il invita Jacques k le man-
ger (312). Il resta après Tascension de Jé-
sus-Christ au ciel, avec Pierre et Jean à Jé-
rusalem (313), et il prêcha aux Juifs la p.i-
rôle du Seigneur. Et il pfiuvait le faire tfau*
tant plus Mcilement qu*il remplissait dans
le temple de Salomon une fonction publi-
que (314)
CHAPITRE II.
Et la quatorzième année après la Passion
du Sauveur n'était pas encore tout k fait
écoulée, quand Paul arriva à Jérusalem avec
Tite et Barnal>é^ses compagnons de voyage,
et il tendit la main & Jacques et h Piene,
et À Jean (315), et les douze ai ôtres se réuni-
rent à Jérusalem, h la fête de Pâques, et sous
la présidence de Jacques (316), et en pré-
sence du peuple, chacun d*eui raconta briè-
vement ce qu'il avait fait dans les lieui qu'il
avait parcourus.
Et alors le grand prêtre Caïphe envoyi
vers eux, et les pria de venir auprès de lui.
afin quïls lui fissent voir sur quels monf)
ils s*appuyaient f»our montrer que Jésu^
était le Dieu éternel et le Christ, et atin qu'il
leur montrât le conlraire.Et au jour fixé, les
apOtres se rendirent dan^ le temple, el ib i^
mirent, en présence de tout le peuple, à
montrer que Jésus était le Messie, et à re-
f)rocher aur Juifs tout ce que, Jans leur fo-
ie, ils avaient fait è son égard.
Et lorsqu'ils étaient sur les degrés da
temple, le peuple ayant fait silence, ils ios-
truisireut les prêtres au sujet du Dieu uni-
gile des Nj^zaré<>ns : c Âfferte, ail Dominiis. t^fth
sain el pauem. TiiHu|ue p^neiiK et ben^dixii acfie-
gil el p)st dedii Jacobo jiislo el iliiii ei : Fnler ni,
comeae panem l><um quia resuri exil Fi lias boiui-
iiis a dormienlibus. i
(515) Cléim^nl d'Alexandrie, Stromaie», l ^i,
d*aprés le livre apocryplie De la pridicêiicn de
Pierre^ el Apolto»«iii6, ciié parEusèbe (/ifsf. erW/i..
1. V, c. f8) relaleiil que JéSHS-Clirisi avait ruHiK
aux apôtres <ie resler douze mois à Jérusakna^anl
d*aller préchtr l'Evangile.
(514) Vsy. sailli Epipbane (liaeres. 99, o. 4; l>^
ren. 78, n. 15); le P. Pt-iau a imiulr^ qurCfUetir-
coiislance ne reposail sur aucune basr solide.
(515) Cal. XI, 9.
(516) Celle assemblée est diff^renle de celle qui
esi inenlioniiee dans tes Actes des apôtres^ >^ ^
qui eut lieu avaol la coi' version de saint Paul, tll^
s*élail leisue ëgalemenl sous la présidence de Jac-
ques, âi ce que lapporient d*auires auteurs. Vofr
saiut Jean Chrysdstome, bou. 55 in Acte,
177
JAG
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
178
3ue, Jésus-Christ, les saducéens » au sujet
ela résurrection des morts» les samari*
[•ins» au sujet de )a sainteté de Jérusalem,
'es docteurs de la loi et les pharisiens au
sujet du ro^raume descieux« et ils montraient
ail peuple entier que le Christ est éternel,
etilsfînirent par exhorter le peuple à se
réconcilier avec Dieu, en recevant son Fils
avant qu'ils n'allassent prêcher aux nations
(317) la connaissance de Dieu le Père. Ils
montrèrent que Thomme ne pouvait être
sauvé (318) s'il n'était purifié par le bap-
tême, donné par la grflce de l'bsprit-Saint ,
sous l'invocation de la Trinité (319) et s'il
De prenait l'Eucharistie du Seigneur Jésus*
Christ, auquel seul il faut croire, en ajou-
tant foi à ce cju'ii a enseigné et en méritant
ainsi d'obtenir le salut éternel.
CHAPITRE III.
Ils avaient ainsi, durant sept jours en-
tiers, annoncé au peuple et au grand prêtre
qu'il fa lait s'empresser de recevoir le bap-
tême, et les auditeurs étaient au moinent de
venir et de se faire baptiser quand voici
qu'un homme, animé de dispositions enne*
mies (320), entra dans le temple avec un
tfès-petit nombre d'adhérents et se mit è crier
et à dire : « Que faites-vous , ô Israélites?
comment vous 'aissez-vous si facilement
tromper? pourquoi vous laissez-vous éga-
rer par des malneureui qu'un enchanteur a
rendus insensés?»
. £t après qu'il eut ainsi parlé et que Pévê-
que Jacques l'eut entemiu et lui eut ré-
pondu, il commença à soulever le peuple et
t exciter du tumulte, de sorte que le peu*
lo ne put pas entendre davantage ce que
'apôtre disait, et il mit ainsi tout en mou-
vement , il détruisit ce qui avait été fait
avec beaucoup de peine et il adressa des re-
proches au grand prêtre. £t il commença à
enOammer tous les esprits par des injures et
des réprimandes. Et, pareil à un insensé, il
excitait chacun à tuer l'apôtre, en disant :
« Que taites-vous ? qu'attendez-vous, gens
paresseux et lAches? pourquoi ne saisis-
sons-nous pas ces gens-lèy et pourquoi ne
les déchirons-nous pas?»Etayant parlé ainsi,
il saisit sur l'autel un tison, et il commença.
Alors les autres qui le voyaient, furent
saisis d'une fureur égale, et il s'éleva de
grandes clameurs poussées par les meur-
triers et par ceux qu'ils tuaient, et il coula
beaucoup de sang de tout côié, et ua grand
nombre de gens prirent la fuite , et cet
homme hostile à la vérité saisit Jacques et
(dl7) AeU iHi, i6, xvni, 6; xxviu, 28.
(3lH) Joan. ni, 5; Marc, xvi, ift.
iôl9) Maitb. xxvni, 19.
152U) C eUii comme il esl dii plus loin Saul , qui
fut ensuite l'apêtre PauL
(3i0 Le iiarraiiMir,^ franr hissant une longac pé-
rio4lf, saute des événemients arrivés avant la con-
version de saint Paul à Pappel fait à Tempereur,
doQl il esl qaesiion dans lesAclei, xxv. 11, ei il
empruotd le reste de son récit à \ Hiiloire eeclé-
sûnt^Ne d'Euscbe, eo se bornant presque toujours
^ transcrire la traduction de Rufin.
I
le précipita du haut des escaliers en bas, et
comme il le regarda comme mort, il cessa
de le maltraiier davantage.
Et Jacques eut un pied brisé par cette
chute, et depuis il boita beaucoup.
Cet ennemi de l'apôtre était Saul, celui
que le Seigneur appela, plus tard à la di-
gnité d'apôtre.
CHAPITRE IV.
Paul fut envoyé par Festus, gouverneur
du pays, à l'empereur auquel il avait fait
appel (321) et quand les Juifs virent que les
pièges qu*iis lui tendaient, restaient sans
etfet, ils tournèrent la scélératesse de leur
malice contre Jacques, le frère du Seigneur,
et voici ce qu'ils hreni à son égard :
Ils le conduisirent sur la place publique»
et ils exigèrent qu'il renonçât, en présence
de tout le peuple, à la foi en Jésus-Christ.
Mais d'une voix forte et claire et devant
tout le peuple assemblé, l'apôtre proclama
2ue Notre-Seigneur et Sauveur Jésus^hrist
tait le Fils de Dieu.
Alors ils ne purent supporter un témoi-
gnage aussi grave et aussi imposant, d'au-
tant plus qu% cause des mérites de sa vie
très-pieuse et très-reiirée, Jacques était
regardé comme le plus juste de tous, et
ils résolurent de le mettre à mort, et comme
le moment leur était favorable, et que la
(gouverneur était mort, beaucoup d'autres se
joignirent à eux.
Car il était advenu que Festus était mort
dans la Judée, et la province restait sans
gouverneur et sans commandant.
Clément et d'autres ont raconté de quelle
façon mourut Jacques, et Hégésippe qui
faisait partie des premiers disciples de 1 a-
pôtre, en fait aussi le récit de la manière
suivante, dans le cinquième livre de sas
Mémoires (322).
CHAPITRE V.
Le frfre du Seigneur, Jacques, auquel
plus qu'à tous les autres revenait le sur-
nom de Jiisie, entreprit de gouverner l'E-
glise de concert avec les apôtres ; depuis les
jours du Sauveur, il resta avec nous. Beau-
coup l'appelaient Jacques.
Il ne but jamais de vin, ni de boissons
enivrantes, il ne mangea pas de chair (323),
et un couteau à découper n'entra jamais
en sa maison. Il ne se frottait point
d'huile, et ne faisait point usage des oains
(322) Hégésippe vivait au milieu du ii* siecie de
l*ére ciirélieniie ; il était contemporain de saint Jus-
tin, de Tatien, de Montan ; saint Jérôme cite t*bis-
totre, divisée en cinq livres , qu*il avait écrite de
tous les événements survenus dans TËglise depuis
la mort de Jésus-Christ. H ne reste rien de cet ouvrage
et des autres nombreux écrits qu*il avait composés.
(323) 11 en est dit autant de saint Pierre daus tes
Ricoiimiioni clémentinei^ liv. vi, ch. 6 {voy. la note
de Cotelier sur ce passage ), et de saint Matthieu
dans le Pédagogue de Clément d'Alexandrie, 1. u,
cl.
m
DICTIONNAIRE DES AFOCHTPHfiS.
(8S4). Il était le* seul h qui il fût permis
d*entrer dans le Saint des saints (325). Il ne
se servait pas de vêtements de laine» mais
seulement de toile (326). Il entrai! tout seul
dans le temple, et il restait à genoux, et il
priait pour que Dieu pardonnât à son peu-
ple» et ses longues prières firent uue ses
genoux contractèrent de grandes callosité-s
comme ceux d'un chameau» car il fiécliissait
toujours les genoux (327)» et il n'interrom-
pait jamais son oraison.
À cause de ses vertus incroyaDJes et de
son extrême justice, il reçut les surnoms de
Juste et d'Obiias (328)» ce qui signiOe dé-
fense du peuple» ainsi que les prophètes
l*ont annoncé.
Et quelques adhérents aux sept sectes
(329)» qui sont parmi le peuple» et dont
nous avons déjà parlé, lui demandèrent ce
qu'étaient les portes du Seigneur (330), et il
répondit : « c'est le Sauveur. » Quelques-uns
des Israélites croyaient que Jésus est le
Christ» mais ces sectes ne le croyaient pas»
et niaient qu'il fût ressuscité et qu'il dût
venir pour juger chacun selon ses œuvres. Et
ceux qui le croyaient devaient leur foi aux
inslruetions de Jacques.
Et comme il y en avait beaucoup parmi
les plus éminents d'entre eux qui avaient
reçu la foi » il s'éleva un tumulte parmi les
iuifs» quij disaient : « Il s'en faut de peu
que tout le peuple ne croie en Jésus et ne le
regarde comme le Christ. » Et ils vinrent en
masse à Jacaues et lui dirent : « Nous le
prions do détromper le peuple, car voici
qu'il s'égare è la suite de Jésus, qu'il regarde
comme le Christ. Nous te conjurons de le
détromper ^ l'égqrd de Jésus» et de parler
ainsi devant tous ceux qui se rassemblent
pour la fêle de PAques. Car nous te suivons
tous» et nous rendrons de toi témoignn^jeqne
tues juste et que tu nefais nulle accephonde
yersonne. Parle donc au peuple au sujet de
ésus» afin qu'il nes'égare pas (331), car nous
t'obéirons. Monte donc ausommet du temple»
afin qu'étant sur cet endroit élevé» tous puis-
sent te voir» et que tes paroles puissent être
entendues de toute la foule ; car ce ne sont
pas seulement les Juifs qui se rassemblent
CS^i) Epîphane, haere». 78, n. 13.
(525) Eusèbe, Uiti. eccUi,; Nicéphore, lib. ii, c.
53, eie. Saiot Epipbane, après avoir dii (liasres.
39, n. A) que la loi recouimanitail au grand prêtre
d'entrer une fois chaque année dans le Saint des
saints, ajoute : c Quod quidem de Jacobo plerique
ante nos ueoioriae pro<iideruni , ut Eusebius, Cle-
meus et alii. i {Yow. d'ailleurs la noie de Fabriclus.
(Cod, apocr. Nov, fest., 1. 1, p. 599.)
(3i6) C*est ce qui était prescrit au grand prêtre.
{LevU, XVI, 4.)
(527) Circonstance qui se retrouve dans saint Jë«
rôma (Catalog. $cripL eccUi.) et dans saint Epi-
pbane (lia-res. 78, n. 14). S.iint Giégoire de Na-
lianse (orai. iO) cite également b génuflexion de
•a sœurGorgonia, et sainu JérOnie (epist. 25) celles
d*Aselli.
(328) Ce nom d'Oblias se trouve aans Evsébe,
dan^ Nicépbore» dans Orderie \it:il , etc. Il vient
de rbébreu et il a donné lieu à de lonu ues discus-
sions parmi les érudits. (Voy. la note de Fabrtcios,
poHr la fête de Pâques , mais encore beau*
coup de païens. »
Et les docteurs de la Loi et les pbarisiens
conduisirent ainsi Jacques au sommet du
temple» et ils élevèrent la voix et dirent :
4 O le plus juste des hommes I toi que nous
devons tous suivre» puisque le peuple est
dans l'erreur au sujet de Jésus le cruciûé»
apprends-nous ce quec*estque les poriesdu
Seigneur.»
£t Jacques leur répondit d*une voii forte:
ff Que me demandez- vous concernant le Fils
de l'homme? 11 est assis dans le ciel à la
droite du Tout-Puissant, et il viendra daos
les nuées du ciel. »
CHAPITRE VI.
Et comme beaucoup étaient satisfaits d'une
pareille réponse et d*un semblable tétiioi-
gnage, et qu'ils voyaient avec plaisir que
Jacq^ues parlait ainsi publiauement an sujet
du Christ, ils se mirent à louer Dieu et è
dire : « Hosannah au^Fils de David. »
Alors les docteurs de la Loi et les pharisiens
se dirent les uns aux autres : « Nous avons
mal fait en le laissant rendre un semblable
témoignage concernant Jésus. Allons cl pré-
cipil6ns-le, afln que les autres soient ef-
frayés et qu'ils ne croient point ce qu'il dit.»
Et aussitôt ils se mirent a élever la voix et
è dire : c Oh I obi le juste est aussi dans
Terreur. »
El ils ont ainsi accompli ce qui est dans
TEcriture» ainsi que Taditisaïe (332): «Dé-
truisons le Juste, car il nous est inutile; il^
jouiront ainsi du fruit de ses œuvres. »
Ils montèrent donc » et ils précipitèrent
Jacques» et ils se dirent : « Cet homme doit
être lapidé. > Et après avoir ainsi parlé, i.s
commencèrent è lancer des pierres conlre
Jacques. Et après sa chute» I apAlre se re-
leva, se mit à genoux et dit : « Je te prie,
Soigneur» de le^r pardonner ce péché» car ils
ne savent ce qu ils font. »
Et l'on dit qu*il priait ainsi» comme ils lui
lançaient toujours des pierres ; un des pré*
Ires de la race des Héchabites , dont |>arle lo
proi)hèle Jérémie et rend témoignage, se
Cod. apotr. N. Teti.^ t. I, p. 600.)
(329) Ces sectes étaient celles des esséniens, un
SalJléeiis, des liéinorobapiisles , des masbotbéent,
es sainariiaiiis» des saJdui'éens et des pharisiens.
Voir les notes de Valois sur Eusébe« de Peiau iur
saint Ëpipliaite, Coielier, Mvnum, eecUi, Grec,
p. 760, etc.
(530) Pour romprendre ceci il faut se souu* «Ir
que Jésus-Christ dit : i Je suis la port|> ; crtui <i>i
entre par moi sera sauvé. » ( Voir Eusébe, Démvn-
itraiion évan^lique^l. hi, ch. 7.)
(^31) n est difficile de supposer que les doeifurs
qui devaient savoir combien J;icqiies ét»lt auaclic i
la foi de Jésus C^iriëi, soient venus lut propo;>er
longuement de parler ainsi au peuple. Voy. d'ail-
leurs Tillemoni, Mémoire$, 1. 1, note 13 sor la Vie
de saint Jacques.
(332j /m. tn, 10. Dans VEpiirê de lotnl Burn^U,
ainsi que dans les écrits des saints Pères, ce pas-
sage est appbqué à Jésus-Cbrisl et noo à sau»l
Jacques.
u\
JAC
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
Î92
leva et s*écria : « Que faites-TOusT épargnez-
le, je TOUS eu prie; ce juste que vous lapi^
dez prie pour tous. »
Et un d'eux» un foulon, prit une poutre ,
avec lequel on a coutume de presser les
étoffes, et frappa l'apôtre sur la tèle.
£t ce fut ainsi que le bienheureux Jac-
ques, qui avait le surnom de Juste, reçut
enfin la couronne du martyre» et il fut ense-
veli dans ce même endroit» à côté du temple.
Et c'est lui qui s'est élevé» parmi les Juifs
et les païens» comme témoin de la vérité
que Jésus est le Christ » Fils du Dieu vivant
qui règne et gouverne depuis l'éternité jusque
dans toute l'éternité avec le Père et TEsprit-
Saint.
L'Epllre de saint Jacqnes le Mineur pré-
sente, ch. IV, 5, un passage qui a paru
emprunté à un ouvrage que nous ne pos-
sédons pas : « Pensez-vous que l'Ecriture
parie en vain? L'Esprit qui habite en nous
|.orte-t il à l'envie? » La plupart des com-
mentateurs ont pensé qu'il y avait ici une
allusion à ce qu'on litdnns la Genèse, ch. vi,
3, 5 : Non permanebit spiritus meus in Ao-
ffltne m œlernum,
Groiius et Hammond ont soutenu cette
opinion; mais elle a été combattue par
6rlwri^'ht (in Electis Targumico-Rabbinicis),
et par Wit^ius, qui a longuement traité ce
sujet (in Meletematibus Leidensibus; Disser--
tatio de spiritu concupiscente ad invidiam^
p. 440.) Les uns ont été d'avis qu'il fallait
se rapporter aux paroles de VExode (xxiii»
23), d autres au Livre des Nombres (xi, 29).
Telle a été l'opinion de Junius» de Pisca-
tor, de Louis Capell» de Wilsius, de Th. Ga-
taker. D'autres auteurs ont cherché la source
de la sentence de l'apôtre dans le Deutiro^
nome (vu, % 5), dans le Litre de Job (v, 2),
dans les Proverbes de Salomon (xxi) ; Heinsius
s'en est tenu aux Proverbes (iif, 34; iv, 9);
Cocceius a songé au Cantique des cantiques
(vui, 6), et à la 11' EpUre à Timotkée (i, 7) ;
Hugues et de Lyra ont penché pour le Livre
de la Sagesse (i» 4). Jean Le Clerc pensant
qu'aucun de ces passages ne saurait être indi-
qué avec quelque apparence de certitude»
comme celui que saint Jacques avait en vue»
suppose qu'il s'agit seulement d'un de ces
préceptes conservés {>ar la tradition parmi
les Juifs, et auxquels ils appliquaient par-*
fois la désignation d'Ecriture. Simou Epis-
copius et d'autres critiques protestants
avouent qu'ils ignorent à quel endroit de la
Bible pourraient se rapporter les paroles de
l'apôtre, et ils supposent qu'il s'agtssâiit d'un
livre aujourd'hui perdu.
LITURGIE DE SAINT JACQUES LE MINEUR (333).
Seigneur» notre Dieu, ne me méprise pas»
quoique je sois souillé d'une multitude de
|iéchés. Voici que je m'approche de ton mys-
tère divin et plus que céleste» quelque in-
digne que j'en sois; mais» contiant en ta
bonté, j'élève la voix vers toi» Seigneur, afin
que tu sois propice à un pécheur tel que moi ;
j*8i péché contre le ciel et contre toi, et je ne
suis pas digne de diriger mes yeux vers
celte table sacrée et spirituelle où ton Fils
unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ» est of-
fert en sacrifice (lour moi , qui suis un pé-
cheur et couvert de taches. Je t'otfre cette
prière et cette action de grâces pour que ton
Esprit -Saint me soit envoyé, afin de me for-
tifier et de me préparer pour cette Messe ;
reuds-moi digne de faire entendre, pour
mon salut» cette parole qui vient de toi et
que j*ai annoncée au peuple» en Jésus-
Christ» Notre-Seignenr, saint et bon viviQ-
(555) Celle Uturgîe se trouve dans les Liturgiœ
iêsciorum Palrum, P»ri8. 1560, p. 5; d^iis Keiiii:-
doi, Liturgiarum orienlalium Coltectio^L III, p. I^O;
dans Fabricius» Cod£X apocryphus Novi Tetiamenii^
1. 111, p. 53 ; dans la Biblioiheca Palrum maxima,
éJiiioD de Lyou, t. H, part, i, p. i.
Fabri' ius a fait précéder le texte de la Hliir^ie
de saint Jacquet des passages de divers écrivains
qui en ont p?.rté; il cite Isaac, patriarche de PAr-
niéiiie (au xi* siècle), Théodore Ralsamon , pa-
triarche d*Aiitioche, Lîgbifoot, Le Nain de TUlemont ;
ee dernier écrivaÎH dans ses Mémoires pour servir à
fkiêtnrt ecclésiastique (sole 16 sur la Vie d6 saint
iaques le Mineur) a traité cetle question» et s'ex-
cateur, avec lequel tu es uni de toutes les
manières» ainsi qu*avec l'Esprit qui t*e8t
consubstantiel, et maintenant et toujours» et
dans les siècles des siècles. Amen.
Oraison lorsque le prêtre est devant Vautet.
Gloire au Père, au Fils et au Salnt-Esprif,
triple et un» lumière de la Divinité» qui est
séparément dans la Trinité, et qui se divise
.sans division. Car la Trinité est un seul Dieu
tout- puissant dont les cieux racontent ta
gloire ; la terre reconnaît sa domination et la
mer sa toute-puissance : et toute créature»
soit qu'elle possède la raison, soit qu'elle
n'ait que l'inslincl» proclame constamment sa
magnificence; à lui reviennent toute gloire,
honneur, puissance» magnificence et louan-
ges» et maintenant et toujours» et dans les
'siècles des siècles. Amen,
prime ainsi : i Toute la dilDnillé se rédah à Savoir
si saint Jacqne»* a donné par écrit Tttrdrc de la? li--
targîe (comme Allairos te préietfd de Ini él des au-
très apdtres), ou s'il Va seulcmenl deanéparce
qu'il a pratiqué ou Mi pratiq«er aux autres. H ne
vois pas qu il soit d'une frandte i»portaiic« pour
iious de le savoir, puisque w çiu'it a laissé sur cela»
soit par écrit, soii par u-adllioo, ayant été alteié
par la suite des temps, je ne sais pas t^ien cttoiment
on peut discerner ce qui vient de lui ou ce qui n'en
vient pas, ni par conséquent rien établir sur celte
liturgie qu*on puisse dire être fondé sur une amo-
rilé apostolîfue. »
DICTIONNAIRE DES AP0CRY1'HE&
Prière lomqWon allume Vencens au eommen-
cernent de la Mené.
Seigneur Jésus-Christ, Verbe Dieu , qui
t*es sponlanémenl offerl au Dieu et au Père
sur la croix comme une viclinie sans tachu,
charbon de double nature qui a touché les
lèvres du prophète et quia enlevé ses péchés,
touche aussi nos lèvres » parce que nous
sommes des pécheurs ; Ibrtiûe nos sentiments
et puritie-nous de toute tache; fais que nous
soyons purs quand nous sommes devant ton
au'tel pour t'otfrir un sacrifice de louanges ;
reçois avec bonté Toffrande que nous au-
tres, tes serviteurs inutiles, nous te pré-
sentons; qu'elle soit auprès de toi en odeur
de suavité, et qu'elle dissipe la fétidité de
notre âme et de notre corps; sanctitie-nous
par la puissance de ton esprit, qui donne la
saintelé ; toi seul es saint et toi seul donnes
aux Gdèles la saintelé; à toi , avec ton Père
éternel et avec ton Esprit-Saint, bon et vi-
vifiant, revient la gloire, et maintenant et
toujours y et dans les siècles des siècles.
Amen.
Oraison au commencement de la Messe.
Roi bienfaisant des siècles et auteur de
toute créature, reçois ton Eglise, qui s'ap-
proche de toi par Jésus-Christ; accorde
a chacun ce qui lui est utile; conduis-nous
tous à la perfection, et rends-nous dignes, par
la grAce de la sanctitication, d*Atre tous réu-
nis dans ton Eglise sainte, que tu as fondée
par le sang précieux de ton Fiis unique, Jé-
sus-Christ, Notre-Seigueur et notre Sauveur,
avec lequel tu es béni et loué avec ton Es-
prit très-saint, bon et viviûant, et mainte-
nant, et toujours» et dans les siècles des siè-
cles. A 'lien.
Le diacre : Prions derechef le Seigneur.
Le prêtre dit la prière suitante, lorsque
Tencens est allumé^ quand la congrégation
entre :
Dieu qui as accueilli lesdonsd'Abel,lesa-
critice de Noé et celui d'Abraham, les of-
frandes d* A a ron et de Zac:iarie, reçois, je
t'en prie, de nos mains, quoique nous soyons
des pécheurs, l'encens que nous t'otfrons ;
qu'il soit devant toi en odeur de suavité
pour la rémission de nos péchés et ceux de
tout ton peuple ; parce que tu es béni et
que la gloire te revient, au Père, au Fils et
au Saint-Esprit, maintenant et toujours.
Le diacre: Seigneur, bénis.
Le prêtre : Jésus-Christ, Notre-Seigneuret
noire Dieu, toi qui, par ton immense bonté
et ton amour très- vit, as voulu être cruciûé
et n*as pas refusé d être percé de la lance et
des clous, qui nous as révélé un mystère
Saint et redoutable dont la mémoire doit du-
rer éternehemi^nt , bénis notre réunion et
permets, par ta miséricorde ineffable, que
les fonctions de notre ministère sacré s'ac-
complissent pour ta gloire, maintenant et
toujours, et dans les siècles des siècles.
Amen.
Le diacrCf étant en prière^ répond :
Que le Seigneur nous bénisse et nous
rende dignes d'apporter les dons et de cfaao*
ter le cantique adorable de l'hymne divin et
trois fois saint en l'honneur de celui qui D'à
besoin de rien et qui est rempli niainten.int
et toujours de toute perfection sanctiGanle.
Le diacre commence alors à chanter:
Fils unique et parole de Dieu, toi qui es
immortel et qui as daii^né, pour notre salul,
t'incarner dans le sein de la Vierge Marte;
toi qui es devenu homme sans éorouver au-
cun changement, et qui, attaché à la croix,
as, par ta mort, foulé aux pieds la mort; loi
qui, faisant partie de la sainte Trinité, es
gloritié avec le Père et le Saint-Esprit, pro*
tége-nous.
Le prêtre récite cette prière en allant du
portes de f église jusqu'à lautel :
Dieu tout-puissant. Seigneur glorieux nui
nous as permis d'approcher du Saint (les
saints, par Tavénement de ton Fils unique,
notre Seigneur et notre Dieu, notre Sauvehr
Jésus-Christ, nous implorons et invoquons
ta bonté, lorsque nous avançons avec ctaioi^
et tremblement vers ton saint autel ; fais,
Seigneur, que la grâce se repose sur nous;
sanctifie nos corps et nos esprits, tourne
nos pensées vers la piété, a6n que nous te
présentions avec une conscience pure nos
offrandes, pour que les péchés que nous
avons commis soient effacés ; sois propice à
tout ton peuple, et étends sur lui la grâce,
la miséricorde et la bonté de ton Fils unique,
avec lequel tu es béni dans les siècles des
siècles. Amen.
Lorsque le prêtre est arrivé auprès de Fau*
tel, il dit :
La paix à tous^
Le peuple : Et à ton esprit..
Le prêtre : Que le Seigneur nous bém'sso
tous et nous sanctifie dans la célébration des
mystères saints et sans taches ; qu'il fasse
reposer les Ames bienheureuses avec les
saints et les justes, |)ar un effet de sa grâce
et de sa bonté, maintenant et toujours, cl
dans les siècles de siècles. Amen.
Le diacre dit ensuite la collecte :
Prions en paix le Seigneur, prions le Sei-
neur, pour que du haut du ciel il nous
donne la paix, pour que Dieu nous (Mile
selon sa bonté et qu'il conserve nos Ames.
Prions le Seigneur pour qu'il accorde la
aix à tout l'univers, et qu'il unisse toutes
es Eglises.
Prions le Seigneur pour qu'il nous re-
mette nos péchés et qu'il efface nos fautes,
et qu'il nous délivre de toute trihulalion,
de la colère, des périls, du besoin et des
attaques de nos ennemis.
Les chantres chantent ensuite trois fois cet
hymne saint :
Dieu saint, saint et fort, saint ctimtnortcl,
aie pitié de nous.
Ensuite le prêtre sUnclinant, prie.
Seigneur clément et miséricordieux, pa-
tient et doué d'une grande miséricorde, j<*tl^
tes regards sur nous, et écoute les prière»
aue nous t'adressons d'une voix supijlid"!^*
élivre-nous de toute tentation du diable et
des hommes; ne détourne pas de nous ton
P
iS5
iA(
f ART. m. LEGENDES ET FRAGMENTS;
JAC
S96
secours, efne nous reprends pas au delè de
ce que nos forces peuvent supporter» car
nous ne sommes pas en mesure de surmon-
ter nos adversaires ; mais toi, Seigneur, tu
as le pouvoir de nous sauver et de nous
arracher à toutes les calamilés et à tous les
maui; déJivre-nons, Seigneur, par la bonté,
de toutes les angoisses et de toutes les souf-
frances de ce monde, atin qu'approchant
avec une conscience pure de ton autel saint,
et récitant Thyrane bienheureux et trois fois
saint avec les Vertus célestes, nous tinvo-
(juions sans ^offenser nullement, et que
i ayant rendu un sacrifice digne de toi et
agréable à ta majesté, nous méritions, grâce
è toi, la vie éternelle.
Exclamation,
Seigneur, notre Uieu, c'est parce tque tu
es saint et que tu habites et reposes avec les
saints , que nous te gloritions et adressons
cet hymne trois fois saint, au Père, au Fils
et au Saint-Esprit, maintenant, et toujours,
et dans tous les siècles.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Paix à tous.
Le peuple: Et à ton esprit.
Les chantres : Alléluia.
On lit ensuite tout au long les oracles sa*
tris de V Ancien Testament et des prophètes^
$t l'on expose l'incarnation du Fils de Dieuy
M passion^ sa re'surrection d'entre les morts^
lof» ascension au cte/, et son second avéne-
mm/ glorieux. Et il en est ainsi chaque jour
pendant la Messe divine et sacrée.
Après la lecture et instruction, le diacre
ditf
Répétons tous : Seigneur, »^e pitié de
Dous. Seigneur tout puissant, Dieu de nos
pères, nous te prions de nous exaueer.
Nous prions le Seigneur de faire descen-
dre sur nous la paix et de préserver nos
âmes. Nous te prions. Seigneur, de faire
que le monde entier jouisse de la paix, de
proléger et de favoriser tout peuple qui em-
brasse la foi de Jésus-Christ ; exauce-nous
et délivre-nous de toute tribulation, de l«
eoière, du péril et du besoin, de la captivité,
de la mort amère et de nos iniquités.
Nous t'implorons pour le peuple qui est
ici présent, et qui attend de toi une abon-
dante miséricorde, nous te prions de répan-
dre sur lui les entrailles de ta compassion.
Seigneur, protège ton peuple et bénis ton
hériiaj^e.
Visite dans ta miséricorde et dans ta bonté
le monde qui t'appartient.
Eève la puissance des Chrétiens et le
pouvoir de la croix précieuse et viviGante,
Seigneur plein de miséricorde, nous te sup-
plions d*écoater nos prières et d'avoir pitié
de nous.
Le peuple : Seigneur, aie pitié de nous.
(Trois fois,)
Le diacre: Prions le Seigneur pour qu'il
lous remette nos pédhés, pour qu'il nous
pardonne nos fautes, et pour qu'il nous dé-
livre de toute tribulation, de la colère, du
péril et du besoin.
Demandons tous au Seigneur de passer
tous nos jours dans la perfection, la sainteté,
la paix, et exempts de péché. ,
Demandons au Seigneur l'ange de la paix,
conducteur fidèle et gardien de nos Âmes et
de nos corps.
Demandons au Seigneur la grâce et la
rémission de nos péchés et de nos fautes.
Demandons au Seigneur qu'il nous ac-
corde ce qui est bon et ulile è nos flmes
et à nos corps, et qu'il donne la paix au
monde.
Demandons au Seigneur de passer le
temps qui nous reste à vivre dans la paix et
dans la bonne santé.
Demanilons è Jésus-Christ ie persévérer
dans une foi sincère, et d*ètre exempts de
douleur, de peine et de reproche; deman-
dons-lui d'être défendus devant le redoutable
et terrible tribunal de Dieu.
Le prêtre :Txi es maintenant et toujours
Tannonciation salutaire, lu es la lumière, le
conservateur et le gardien de nos corps et
de nos âmes, ô Dieu, et toa Fils unique, et
ton Esprit très-saint.j
le peup/e; Amen.
Le prêtre: Faisant la commémoration de
h très-sainte, sans tache et très-glorieuse
Mère de Dieu, notre soaveraine, Marie,
toujours vierge, nous nous recommandons
è Jésus-Christ pour toute notre vie, avec
tous les saints et les justes.
le peup/e: Nous nous recommandons à
toi, Seigneur.
le prêtre:- Dieu qui nous as instruits par
tes oracles saints, salutaires et divins, illu-
mine nos flmes, quoique nous soyons pé-
cheurs^ afin que nous puissions obtenir les
choses qui ont été prédites; favs que nous
ne soyons pas seulement les auditeurs des
cantiques spirituels, mais que nous accom-
plissions les bonnes œuvres, et que nous
t'offrions une foi sincère, une vie irrépro-
chable et une conduite exempte de blflme.
Exclamation,
En Jésus-Christ, notre Seigneur, avee
lequel tu es béni, avec ton Esprit saint, bon
et vivifiant, maintenant, et toujours, et dans
les siècles.
le peuple r Amen.
le prêtre : Paix à tous.
Le peuple: Et à ton esprit.
Le diacre .-Inclinons nos tètes devant le
Seigneur.
le peuple : Nous te rendons hommage, à
Seigneur!
le prêtre prie^ disant :
Seigneur, toi qui donnes la vie et qui ac-
cordes les biens, toi qui as donné aux hom<
mes Jésus-Christ notre Seigneur, espoir
bien heureux de la vie éternelle, rends-nous
dignes de t'offrir un sacrifice saint, afin que
nous jouissions de la béatitude future.
Exclamation,
Afin d'être toujours protégés par ta puiis-
sance, et d'arriver è la lumière de la vérité,
nous te rendons gloire et action de gr&ces
tSS DICTIONNAIRE DES APOCKYl U
Prière lorsqu'on allum V encens au eommen- rende d^) ^ 1 1
cernent de la Mené. ^rlxs foi^ ^
Seigneur Jésus-Christ, Verbe 1^*®"» ^*^^ besoin «l»-
t'es spontanément offert au Dieu et au Père ^j lou.]' ^
sur la croix comme une victime sans tache, /e dni.
charbon de double nature qui a touché les piis^ u
lèvres du prophète et quiaenievéses péchés, inmioii'
louche aussi nos lèvres, parce que nous fincoi'-
sommes des pécheurs; fortifie nos sentimenls ^^j ,^1
et purilie-nous de toute tache; fais que nous ^,^^^ , .
soyons purs quand nous sommes devant ton ^^^ j,;.
autel pour t'otfrir un sacrifice de louanges; q^,^ i
reçois avec bonté l'offrande que nous au- ^i..i,.
irp«. iA« eopviiAi«»e 4 il .«..lie tp nré*
1res, les serviteurs inutiles, nous te pré- ^(.^
tre», les servueurs mutiies, nous le \n^~
semons; qu'elle soit auprès de toi en odeur
desuavilé, et qu'elle disMpe la fétidité de
noire âme et de noire corps; sanctilie-nous
par la puissance de ion espril.qui donne la
aainielé; loi seul es saint et toi seul donnes
aux fidèles la sainleié ; à toi , avec ton Père
Je
l
II"'
aux Udèles la sainleié ; à toi , avec ton Pore ^
élernel et avec ton Esprit-Saint, bon et vi- ^
vifiani, revient la gloire, et maintenant et
toujours, el dans les siècles des siècles.
Amen.
Oraison au commencement de la Messe.
Roi bienfaisant des siècles et auteur «'.
toule créature, reçois ton ELçlise, q«^ ^'''
croche de toi par Jésus-Christ; a^*^<»'
a chacun ce qui lui esi utile; conduis-n
tous à la perfection, el rends-nous di^^nes,
Ja grâce de la sanclitii:ation, d'Atre lou^ '
nisdans ton Eglise saînie, que tu as 1'
par le sang précieux de ion Fils unip"
sus-Chrisl,Notre-Seigueur et notre Sv.
avec lequel tu es béni el loué avec i
prit très-saint, bon el vivifiant, el i
iianl, et toujours» el dans les siècle-
clés. Anen.
Le diacre : Prions derechef 1^* ^
Le prêtre dit la prière suivnf''
tencens est allumé^ quand la c
entre :
Dieu qui as accueilli les dons o
crifice de Noé el celui d'Abri
fraudes d*Aaron el de Zac>aii
t'en prie, lie nos mains, quoiii>
des pécheurs, i*eucens que i.
qu'il soit devanl loi en od'
pour la rémission de nos i>é*
tout ion peuple ; parce i\u>
que la gloire le revient, au
au 3ainl-I^S|^>ril, maintenani
Le diacre 2 Seigneur, Ixi-
Le préire : Jésus-Chri^i. '
floire Dieti» loi qui, par l<>'
el (on aaiour irès-vif, as \
et n*as |>as refusé déirt; |
des clous 9 c|ui nous as i
tainl el t-ecJttutable doni
Ter élfrii€?l*«fnent , béni>
i/eroiels, |»ar la ujisêrit
esfonuiioiB^ de notre i
coujplisseni pour ta '^
toujours 9 €?t dans leb
Aoien.
Le di€M.crc^ étant en /
Que lo t^eigneur i^
lENDES ET FRAGMENTS.
JAC,
t90
i de nous.
t-les nflvij^alcurs.
BiflS Chrétiens qui
• itiiuije, pour (uus
< lapiiviié, l'exil.
: [ii-ions-le jiuur
lï eus.
1 rémission de
■Ji lie nos faules,
.-■ irilvuialion. de
[i et (les attaques
'liTil rende l'air
\i-i rosiSus bien-
l'aliundancu des
nous fournisse
T.ilile do luules les
Jf ptiur tous nos [lères et
T ni [irianl avec nuiis à
'■(cnl'jiiltQmjJS, afin qu'ils
TlljoriiiUX, aelil's el dili-
■Mr [lOur toute unie chrâ-
xie, a^SDt Ijcsoin ilu la
l'assistance de Dit-u;
• niM les hommes éj^arés su
~ * lenl à la pieté , pour
joient guéris, que les cap-
éf, pour que nos frères ut
► »ont déjd murts reposent en
Mineur pour que noire [iriôro
>»l que le Seijjneui' l'accueille,
Kt répande sur nous sa j^randu
~ •:( sa comniiséralion.
'0 comuiémoration de la Irès-
— glorieuse et liénie Marie, lnu-
i taciiQ et MÈre de Uicn;
■ de tous les saints iM de loiis le,
.n que, par leurj pyières ei leur iii-
>, nous obtenions tous la miséri-
seigneur.
'ons le Seigneur, notre Dieu, pour
^ précieux, célestes, ineffables, infail-
aSQS tache, glorieux, dignes de tout
t at divins; demandons au Seigneur
•ilégM Ib prêtre ici présent qui les
Le peuple: SeignUU.", aie p!I
{Trois Ms.)
Leprilre fait eniuile U ligne de la croix
sur Um dons et dit mentalement :
Gloire dans les cieui à Dieu, el paix sur
U terre aux bomaies de bonne volonté.
[Troitfoit.)
Seigneur, la ouvriras mes lèvres, el ma
IjouchQ annoncera ta louange. [Trois fois.)
Que Qia bouche soit remplie de la louan-
^Q, Seigneur, atin que je célèbre, pendant
lout le jour, la gloire et ta magniGcence.
[Trois fois.)
La gloire du Père, amen; du Fils, amen ;
el de l'K'ipril-Sainl, amen, maintenant et
toujours, el dans les siècles des siècles,
-sonen.
Le prêtre t'incline à droilt et à gauche, el
dit :
Célébrez avec moi le Seigneur, et louons
easemble son nom.
Les assislants répondent :
Que riîspril-Sainl vienne sur loi ; la puis-
sance du Ti'ès-Uaul te couvrira de son
ombre.
Le prêtre dit ensuite à haute voix :
Seii^neur, toi qui nous as visités en ta
miséricorde et en U lionié, et qui ayant pitié
de nous, pécheurs abjects et tes serviteurs
indignes, nous as accordé d'approcher avec
conliance de ton saint autel, et de l'offrir co
sacriTice redoutable et non sani^lanl , alîn
d'obtenir la rémission de nos péchés et le
pardon des erreurs du peuple, jeltc les yeux
sur moi, ton serviteur inutile, effaco mes
péchés par les entrailles de ta miséricorde,
purifie mes lèvres, purifle mon cœur de louio
souillure de la chair et de l'esprit, écarte de
moi toute pensée honteuse et dépourvue do
sagesse; rends-moi, par la vertu de ton Es-
prit Irès-saint, propre è m'acquilter de ce
ministère sacré; reçois-moi, par ta bonté,
lorsqueje m'approche de ion saint autel. J>ai-
gne. Seigneur, accueillir les dons que t'uf-
fient nos mains; pardonne h ma faiblesse et
ne me rejetle pas de devant la face, n'aie pas
égard à mon indignité, mais aie pilié de moi
sulon ta grande miséricorde; efface mes ini-
quités seins la (grandeur de ta compassion,
aûn que me présentant exempt de fautes de>
vant ta gloire, je sois digne d'être couvert
d9 la protection de ton Fils unique et d'être
éiilairé par ton Esprit très saint; afin que je
na sois point rejeté comme l'esclave du pé-
ché, mais qu'au contraire je puisse, comme
Ion serviteur, trouver grAce fl miséricorde
auprès de toi, et obtenir devant loi la rémis-
sion de mes péchés, maintenant et dans les
siècles h venir.
Seigneur, maître lout-puissant et doué de
loules les forces, écoule ma prière; tu es
celui qui fait toutes choses dans toutes les
créatures ; sans loi, nous cberchons en vain
du secours el de l'appui ; nous ne pouvons
l'attendre que de toi el de ton Fils unique el
de t'Esprit-Saint, bon, vivifiant el consubs-
tantiel à toi, maintenant et dans tous les siA-
cles.
Dieu qui, par suite de ton grand et ineSk*
DlCTIOiNNAIRE DES APOCRYPHES
U
Prière lor»qu*on allufM Vencem au commen-
cernent de la Mené.
. Seigneur Jésus-Christ, Verbe Dieu , qui
t*e$ spontanément offert au Dieu et au Père
sur la croix comme une victinie sans tache,
charbon de double nature qui a touché les
lèvres du prophète et quia enlevéses péchés,
touche aussi nos lèvres, parce que nous
sommes des pécheurs; fortifie nos sentiments
et puritie-nous de toute tache; fais que nous
soyons purs quand nous sommes devant ton
autel pour t*otfrir un sacrifice de louanges ;
reçois avec bonté l'offrande que nous au-
tres, tes serviteurs inutiles, nous te pré-
sentons; qu'elle soit auprès de Un en odeur
de suavité, et qu'elle dissipe la fétidité de
notre âme et de notre corps; sanctitie-nous
par la puissance de ton esprit, qui donne la
sainteté; toi seul es saint et toi seul donnes
aux fidèles la sainteté; à toi , avec ton Père
éternel et avec ton Esprit-Saint , bon et vi-
viciant, revient la gloire, et maintenant et
toujours, et dans les siècles des siècles.
Amen.
Oraison au commencemeni de la Messe.
Roi bienfaisant des siècles et auteur de
toute créature, reçois ton E^^tise, qui s'ap-
proche de toi par Jésus-Christ; accorde
a chacun ce qui lui est utile; conduis-nous
tous à la perfection, et rends-nous dignes, par
la grAce de ta sanctitication, d'être tous réu-
nis dans ton Eglise sainte, que tu as fondée
par le sang précieux de ton Fils unique, Jé-
sus-Christ, Notre- Seigneur et notre Sauveur,
avec lequel tu es béni et loué avec ton Es-
prit très-saint, bon et vivifiant, et mainte-
nant, et toujours, et dans les siècles des siè-
cles. Anen.
Le diacre : Prions derechef le Seigneur.
Le prêtre dit la prière suitanle^ lorsque
tencens est allumé^ quand la congrégation
entre :
Dieu qui as accueilli les dons d'Abel, le sa-
crifice de Noé et celui d'Abraham, les of-
frandes d* A a ron et de 21ac:iarie, reçois, je
t'en prie, de nos mains, quoique nous soyous
des pécheurs, l'encens que nous t'offrons ;
qu'il soit devant toi en odeur de suavité
pour la rémission de nos péchés et ceux de
tout ton peuple ; parce que tu es béni et
que la gloire te revient, au Père, au Fils et
au 3aint-Esprit, maintenant et toujours.
Le diacre : Seigneur, bénis.
Le prêtre : Jésus-Christ, Notre-Seigneur et
notre Dien^ toi qui, par ton immense bonté
et ton amour très- vif, as voulu être crucifié
et n'as pas refusé détre percé de la lance et
des clous, qui nous as révélé un mystère
Saint et redoutable dont la mémoire doit du-
rer éternellement , bénis notre réunion et
t permets, par ta miséricorde ineffable, que
es fonctions^ de notre ministère sacré s'ac-
complissent pour ta gloire, maintenant et
toujours, et dans les siècles des siècles.
Amen.
Le diacre^ étant en prièrct répond :
Que le Seigneur nous bénisse et nous
rende dignes d*apporter les dons et de chao*
ter le cantique adorable de l'hymne divin et
trois fois saint en Tbonncur de celui qui n'a
besoin de rien et qui est rempli mainlenaoi
et toujours de toute perfection sanctifiante.
Le aiacre commence alors à chanter:
Fils unique et parole de Dieu, toi qui es
immortel et qui as daigné, pour notre saiui,
t'incarner dans le sein de la Vierge Marie;
toi qui es devenu homme sans éprouver au-
cun changement, et qui, attaché à la croix,
as, par ta mort, foulé aux pieds la mort; lui
qui, faisant partie de la sainte Trinité, es
glorifié avec le Père et le Saint-Esprit, (>ru-
tége-nous.
Le prêtre récite cette prière en allant iti
portes de l'église jusqu'à lautel :
Dieu tout-puissant. Seigneur glorieux qui
nous as permis d approcher du Saint (lc>
saints, par Tavénement de ton Fils unique,
notre Seigneur et notre Dieu, notre Sauveur
Jésus-Christ, nous implorons et invoquOD>
ta bonté, lorsque nous avançons avec cimi*t
et tremblement vers ton saint autel ; fais,
Seigneur, que ta grâce se repose sur nous ;
sanctifie nos corps et nos esprits, tourne
DOS |iensées vers la piété, afin que nou^ te
présentions avec une conscience pure nos
offrandes, pour que les péchés que nous
avons commis soient effacés ; sois propice à
tout ton peuple, et étends sur lui la grâce,
la miséricorde et la bonté de ton Fils unique,
avec lequel tu es béni dans les siècles des
siècles. Amen.
Lorsque le prêtre est arrivé auprès de /au-
tel, il dit :
La paix à tous«
Le peuple : Et à ton espriti.
Le prêtre: Que le Seigneur nous Moisso
tous et nous sanctifie dans la célébration des
mystères saints et sans taches ; qu'il fa^se
reposer les Ames bienheureuses avec iei
saints et les justes, par un effet de sa grâce
et de sa bouté, maintenant et toujours, et
dans les siècles de sièoles. Amen.
Le diacre dit ensuite la collecte :
Prions en paix le Seigneur» prions le Sei*
neur, pour que du haut du ciel il nous
donne la paix, pour que Dieu nous iraile
selon sa bonté et qu'il conserve nos Ames.
Prions le Seigneur pour qu'il accorde la
paix à tout l'universy et qu'il unisse toutes
les Eglises.
Prions le Seigneur pour qu*il nous re-
mette DOS péchés et qu'il effnce nos faules,
et qu'il nous délivre de toute tribulalion.
de la colère, des périls, du besoin et dis
attaques de nos ennemis.
Les chantres chantent ensuite trois fois cet
hymne saint :
Dieu saint, saint et fort» saint et immortel,
aie pitié de nous.
Ensuite le prêtre s'inclinant, prie.
Seigneur clément et miséricordieux, p<-
tietit et doué d'une grande miséricorde, jt'Uo
tes regards sur nous, et écoute les j^nères
aue nous t'adressons d'une voix sup(»liauie;
éiivre-nous de toute tentation du diable et
des hommes; ne détourne pas de noustoo
tS5
iA(
f ART. m. L£GEND£S ET FRAGMENTS/
JAC
iS6
secours, et ne nous reprends pas au delè de
ce que nos forces peuvent supporter, car
nous ne sommes pas en mesure de surmon-
ter nos adversaires ; mais toi, Seigneur, tu
as le pouvoir de nous sauver et de nous
arracher è toutes les calamités et à tous les
maiJi; délivre nous, Seigneur, par la bonté,
de toutes les angoisses et de toutes les souf-
frances de ce munde, atin qu'approchant
arec une conscience pure de ton autel saint,
et récitant Thyrane bienheureux et trois fois
saint avec les Vertus célestes, nous l invo-
(|uions sans t*offenser nullement, et que
i ayant rendu un sacrifice digne de kn et
agréable à ta majesté, nous méritions, grâce
è toi, la vie éternelle.
Exclamation,
Seigneur, notre Uieu, c'est parce ique lu
es saint et que tu habites et reposes avec les
saints , que nous te gloritions et adressons
cet hymne trois fois saint, au Père, au Fils
et au Saint-Esprit, maintenant, et toujours,
et dans tous les siècles.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Paix à tous.
Le peuple : Et à ton esprit.
Les chantres : Alléluia.
On lu ensuite tout au long les oracles la-
erés de V Ancien Testament et des prophètes^
•t l'on expose l'incarnation du Fils de Dieu^
ta passion^ sa re'surrection d'entre les morts^
ton ascension au ciel^ et son second avène-
ment glorieux. Et il en est ainsi chaque jour
pendant la Messe divine et sacrée.
Après la lecture et Unstructiony le diacre
iU :
Répétons tous : Seigneur, »>e pitié de
nous. Seigneur tout puissant. Dieu de nos
pères, nous te prions de nous exaueer.
Nous prions le Seigneur de faire descen-
dre sur nous la paix et de préserver nos
âaies. Nous te prions, Seigneur, de faire
que te monde entier jouisse de la paix, de
protéger et de favoriser tout peuple qui em-
brasse la foi de Jésus-Christ ; exauce-nous
el délivre-nous de toute Iribulation, de l«
colère, du péril et du besoin, de la captivité,
de la mort amère et de nos iniquités.
Nous t'implorons pour le peuple qui est
ici présent, et qui attend de toi une abon-
dante miséricorde, nous te prions de répan-
dre sur lui les entrailles de ta compassion.
Seigneur, protège ton peuple et bénis ton
héritajje.
Visite dans ta miséricorde et dans ta bonté
le monde qai t'appartient.
£ève la puissance des Chrétiens et te
pouvoir de la croix précieuse et viviGante,
Seigneur plein de miséricorde, nous le sup-
plions d*écoater nos prières et d*avoir pitié
de nous.
Le peuple : Seigneur, aie pitié de nous.
(Trois fois.)
Le diacre: Prions le Seigneur pour qu*il
lous remette nos pédhés, pour qu'il nous
Krdonne nos fautes, et pour qu'il nous dé-
Te de toute tribulalion, de la colère, du
péril et du besoin.
Demandons tous au Seigneur de passer
tous nos jours dans la perfection, la sainteté,
la paix, et exempts de péché. ,
Demandons au Seigneur l'ange de la paix,
conducteur fidèle et gardien de nos ftmes et
de nos corps.
Demandons au Seigneur la grâce et la
rémission de nos péchés et de nos fautes.
Demandons au Seigneur qu'il nous ac-
corde ce qui est bon et ulile à nos flmes
et à nos corps, et qu'il donne la paix au
monde.
Demandons au Seigneur de passer le
temps qui nous reste à vivre dans la paix et
dans la bonne santé.
Demandons à Jésus-Christ ie persévérer
dans une foi sincère, et d*étre exempts de
douleur, de peine et de reproche; deman-
dons-lui d*ètre défendus devantle redoutable
et terrible tribunal de Dieu.
Le prêtre :T\i es maintenant et toujours
Tannoncialion salutaire, tu es la lumière, le
conservateur et le gardien de nos corps et
de nos âmes, ô Dieu, et toa Fils unique, et
ton Esprit très-saint.j
Le peuple : Amen,
Le prêtre: Faisant la commémoration de
la très-sainte, sans tache et très-glorieuse
Mère de Dieu, notre souveraine, Marie,
toujours vierge, nous nous recommandons
è Jésus-Christ pour toute notre vie, avec
tous les saints et les justes.
Le peuple :^i)\is nous recommandons à
toi, Seigneur.
Le prêtre :^ Dieu qui nous as instruits par
tes oracles saints, salutaires et divins, illu-
mine nos âmes, quoique nous soyons pé-
cheurs, »fin que nous puissions obtenir les
choses qui ont été prédites; fais que nous
ne soyons pas seulement les auditeurs des
cantiques spirituels, mais que nous accom-
plissions les bonnes œuvres, et que nous
t'offrions une foi sincère, une vie irrépro-
chable et une conduite exempte de blâme.
Exclamation.
En Jésus-Christ, notre Seigneur, avee
lequel tu es béni, avec ton Esprit saint, bon
et vivifiant, maintenant, et toujours, et dans
les siècles.
Le peuple r Amen.
Le prêtre : Paix à tous.
Le peuple: Et à ton esprit.
Le diacre : Inclinons nos tètes devant le
Seigneur.
Le peuple : Nous te rendons hommage, A
Seigneur I
Le prêtre prie^ disant :
Seigneur, toi qui donnes la vie et qui ac-
cordes les biens, toi qui as donné aux hom<
mes Jésus-Christ notre Seigneur, espoir
bien heureux de la vie éternelle, rends-nous
dignes de t'offrir un sacrifice saint, afin que
nous jouissions de la béatitude future.
Exclamation.
Atin d'être toujours protégés par ta puis-
sance, et d'arriver à la lumière de la vérité,
nous te rendons gloire et action de grâces
S87
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
iss
au Père, au Fils el au Saint-Esprit» mainte*
nant et toujours.
Le peuple ; Amen.
Le diacre : Que nul des catéchumènes,
que nul de ceux qui ne sont pas encore ini*
tiés aux choses sacrées, que nul de ceux qui
ne peuvent point prier avec nous, n'entre
ici ; reconnaissez-vous mutuellement. Prions
derechef le Seigneur.
Le prêtre dit C oraison de V encens:
Seigneur tout-puissanl, Roi de gloire,
Dieu qui as connu toutes choses avant
qu'elles ne se fissent , assiste-nous à cette
heure sacrée, écoute-nous, nous qui t'invo-
quons, rachèlc-nous de l'abomination de
nos péchés, pnriûe nos esprits et nos pen-
sées des convoitises coupables, de l'impos-
ture du monde et de toutes les suggestions
du diable ; reçois de nos mains, quoique
nous soyons pécheurs, Tencens que nous
allumons, comme tu as reçu les offrandes
d'Abel, de Noé, d'Aaron, de Samuel et de
tous les saints; délivre-nous et préserve-
nous de tout ce ojui est mal, el fais que
nous te soyons toujours reconnaissants, que
nous t'adorions el gloritiiuns , Père, et ton
Fils unique, el ton Esprit-Saint, maintenant
et toujours, el dans les siècles.
Les lecteurs entonnent l'hymne des cMm-
bins:
• Que toute chair humaine et mortelle se
taise, qu'elle se tienne dans la crainte et la
terreur, et qu'elle ne conserve aucune pen-
sée terrestre. Le Roi des rois, le Maître des
souverains, Jésus-Christ notre Dieu, s'a-
vance pour être immolé et pour être donné
en nourriture aux fidèles ; les chœurs des
anges le précèdent lorsqu'il vient avec
une puissance complète ; les chérubins aux
yeux nombreux, et les séraphins doués de
six ailes, se voilant la face, chantent à haute
Toix ; Alléluia, alléluia, alléluia.
Le prêtre^ apportant les offrandes saintes^
dit celte prière : .
.Dieu, noire Dieu, qui as donné le pain cé-
leste, nourriture du monde entier, Je^sus-
Christ, Noire-Seigneur, celui qui nous a ra-
chetés, qui nous bénit et nous sanclifie, bénis
cette offrande, et reçois-la sur ton autel
céleste ; souviens-toi avec bonlé de ceux
qui te l'offrent et de ceux pour lesquels ils
I offrent ; maintiens-nous exempts de fautes
et de reproches dans celte opération sacrée
de tes divins mysUTes, car ton nom, celui
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, est sanc-
tifié, est glorifié, et doit èlre respecté et cé-
lébré en tous lieux, mainlenant et toujours
et dans tous les siècles.
Le prêtre : Paix h tous les hommes.
Le diacre : Seigneur, donne-nous la béné-
diction.
Le prêtre: Seigneur, bénis el sanctifie-nous
tous dans celte oblalion de tes mystères di-
vins et exempts de touie tache; place nos
âmes dans le repos et la tranquillité avec
celles des saints et des justes, maintenant et
toujours et dans les siècles des siècles.
Le diacre : Prêtons une attention sage.
Le prêtre : Je crois en un 5cul Dieu, le
Père tout-puissant, Créateur du ciel et de )a
terre, et en un seul Seigneur Jésus-Christ,
Fils de Dieu (ei la suite du Symbole),
Il prie ensuite la tête courbée : Dieu, S»>i-
gneurde toutes choses, purifie^nous en celle
heure de nôtre indignité, rends-nous dignes
d'être réunis par le lien de la paix et ue la
charilé, afin qu'exempts de toute ruse el de
tonlA tromperie, nous soyons confirmés par
Jti sanctifiraiion de ta connaissance divin^
par ton Fils uni^^^ue. Notre -Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ, avec lequel tu es béni
nvec ton Esprit-Saint, bon et vivifiant, main-
tenant et toujours et dans les siècles des
siècles. Amen.
Le diacre : Maintenons-nous dans l'hoQ*
néteté, maintenons-nous dans le respect,
maintenons-nous dans la crainte de Dieu ei
dans la componction du cœur. Prions le Sei-
gneur dans In paix.
Le prêtre : Seigneur, tu es le Dieu de la
paix, de la miséricorde, de l'amour, de la
commisération et de l'humanité ; toi el (ou
Fils unique et ton Esprit-jjaint » maiDlenant
et toujours.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : La paix à tous.
Le peuple : Et a ton esprit.
Le diacre : Embrassons- nous mutuelle-
ment par un baiser saint ; inclinons nos tètes
devant Dieu.
Le prêtre^ s'inclinant^ dit cette prière:
Dieu miséricordieux, toi oui seul es le Sci*
gneur, répands ta grâce salutaire sur ceui
qui inclinent leurs tètes devant l'autel sacré,
et qui te demandent les dons spirilues;
bénis-nous tous en nous accordant toutes les
bénédictions spirituelles et qui ne peuvent
être enlevées, 6 toi qui habites au haut des
cieux et qui veilles sur les humbles 1
Exclamation.
Ton nom Irès-saint, celui du Père, du Fiis
et du Saint-Esprit, est di^sne de louange; il
est adorable et glorieux, maintenant el lua*
jours et dans les siècles des siècles.
Le diacre : Seigneur, donne.-nous ta béné*
diction.
Le prêtre : Que Je Seigneur nous bénis^<»
et qu il nous donne à tous le secours Je sa
grâce et de sa bonté.
H ajoute : Que le Seigneur nous bénisse
et nous rende dignes d'approcher de l'autel
sacré, maintenant et toujours et dans tous
les siècles.
Seigneur béni, bénis et sanctifie tous ceui
qui assistent et qui prennent part à tes mys-
tères sans tache, maintenant et toujours et
dans tous les siècles.
Le diacre fait la collecte catholique et uni-
verselle.
Prions en paix le Seigneur.
Le peuple : Seigneur, aie pitié de nous.
Le diacre : Seigneur, protége-nous, ion-
serve-nous, aie pitié et compassion de nous
par ta grâce.
Prions le Seigneur pour que du ciel il
nous envoie la paix, pour qu'il soit oiiséri*
cordieux pour nous et pour qu*il préserve
nos âmes.
tS9
JAG
PART. ni. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
«90
PrfDHâ fe fieiffflffutr poar la paix du monde
entier et pour 1 union de toutes les saintes
Eglises de Dieu.
Prions le Seigneur pour ceux qui sont
uiiles et qui exécutent des œuvres éclatantes
dans les saintes Eglises de Dieu » pour ceux
qui assistent les pauvres, les veuves, les or-
phelins* les étrangers et les indigents ; pour
ceux qui nous ont recommandé de nous sou*
venir d*eux dans nos prières.
Prions le Seigneur pour les vieillards et
les malades, pour ceux qui sont tourmentés
par des esprits impurs ; prions- le afin qu*il
daigne leur rendre la santé et pour qu'il les
guérisse.
Prions le Seigneur pour ceux qui vivent
dans la virginité et la chasteté, dans les mo-
nastères ou dans une union respectable , et
pour les saints Pères et frères qui sont reti-
rés dans les montagnes, les cavernes et les
solitudes.
Prions le Seigneur pour les navigateurs,
pour les vo.Yageurs, pour les Chrétiens qui
sont éloignés de leur domicile, pour tous
DOS frères qui sont dans la captivité, Texil,
la servitude ou les prisons ; prions-le pour
qu'ils reviennent en paix chez eux.
Prions le Seigneur pour la rémission de
nos péchés et pour le pardon de nos fautes,
pour être délivrés de toute tribulation, de
la colère, du péril, du besoin et des attaques
de nos ennemis.
Prions le Seigneur pour au'il rende l'air
tempéré, les pluies légères, les rosées bien*
faisantes , pour qu'il donne l'abondance des
fruiis et pour que. Tannée nous fournisse
une provision considérable de toutes les
choses nécessaires.
Prions le Seigneur pour tous nos pères et
frères ici présents et priant avec nous à
cette heure sainte et en tout temps, afin qu'ils
soient studieux, laborieux, actifs et dili-
gents.
Prions le Seigneur pour toute Ame chré-
tienne affligée et vexée, a^ant besoin de la
miséricorde et de Tassistance de Dieu;
prions-le pour que les hommes égarés se
convertissent et reviennent à la piété , pour
que les malades soient guéris, que les cap-
tifs soient délivrés, pour que nos frères et
nos pères qui sont déjà morts reposent en
paix.
Prions le Seigneur pour que notre prière
soit exaucée et que le Seigneur Taccueille,
et pour qu'il répande sur nous sa grande
miséricorde et sa commisération.
Faisons la commémoration de la très-
sainte, très-glorieuse et bénie Marie, tou-
jours vierge sans tache et Mère de Dieu;
faisons celle de tous les saints et de tous les
justes, afin que, par leurs prières et leur in-
tercession, nous obtenions tous la miséri-
corde du Seigneur.
Implorons le Seigneur, notre Dieu^ pour
les dons précieux, célestes, ineffables, infail-
libles, sans tache, glorieux, dignes de tout
respect et divins; demandons au Seigneur
<1« protéger le prêtre ici présent qui les
offre.
Le peuple: Seigneur; aie pUié de nous*
{Trois fois.)
Le prêtre fait ensuite le signe de la croix
sur les dons et dit mentalement :
Gloire dans les cieux à Dieu, et paix sur
la terre aux hommes de bonne volonté.
{Trois fois,)
Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma
bouche annoncera ta louange. [Trois fois,)
Que ma bouche soit remplie de ta louan-
ge, Seigneur, afin que je célèbre, pendant
tout le jour, ta gloire et ta magnificence.
{Trois fois.)
La gloire du Père, amen; du Fils, amen ;
et de TKs prit-Saint, amen, maintenant et
toujours, et dans les siècles des siècles,
^men.
Le prêtre sHncline à droite el à gauche^ et
dit :
Célébrez avec moi le Seigneur, et louons
ensemble son nom.
Les assistants répondent :
Que TEsprit-Saint vienne sur toi ; la puis-
sance du Très -Haut te couvrira de son
ombre.
Le prêtre dit ensuite à haute voix :
Seigneur, toi qui nous as visités en ta
miséricorde et en ta bonté, et qui ayant pitié
de nous, pécheurs abjects et tes serviteurs
indignes, nous as accordé d'approcher avec
conhance de ton saint autel, et de t'offrir co
sacrifice redoutable et non sanglant, afin
d*obtenir la rémission de nos péchés et le
pardon des erreurs du peuple, jette les yeux
sur moi, ton serviteur inutile, efface mes
péchés par les entrailles de ta miséricorde^
purifie mes lèvres, purifie mon cœur de touio
souillure de la chair et de Tesprit, écarte de
moi toute pensée honteuse et dépourvue de
sagesse; rends-moi, par la vertu de ton Es-
prit très-saint, propre à m'acquitter de ce
ministère sacré; reçois-moi, par ta boiité,
lorsque je m'approche de ton saint autel. Dai-
sne, Seigneur, accueillir les dons que t'of-
frent nos mains; pardonne à ma faiblesse et
ne me rejette pas de devant ta face, n'aie pas
égard à mon indignité, mais aie pitié de moi
selon ta grande miséricorde; etface mes ini-
quités selon la grandeur de ta compassion,
afin que me présentant exempt de fautes de-
vant ta gloire, je sois digne d*être couvert
de la protection de ton Fils unique et d'être
éclairé par ton Esprit très saint; afin que ie
ne sois point rejeté comme l'esclave du pé-
ché, mais qu'au contraire je puisse, comme
ton serviteur, trouver grâce et miséricorde
auprès de toi, et obtenir devant toi la rémis-
sion de mes péchés, maintenant et dans les
siècles à venir.
Seigneur, mattre tout-puissant et doué de
toutes les forces, écoute ma prière; tu es
celui qui fait toutes choses dans toutes les
créatures ; sans toi, nous cherchons en vain
du secours et de l'appui ; nous ne pouvons
l'attendre que de toi et de ton Fils unique et
de TEsprit-Saint, bon, vivifiant et consubs*-
tantiel à toi, maintenant et dans tous les siè-
cles.
Dieu qui, par suite de ton grand et inefiS»»
•CI
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
5»
ble amour k Tégard des hommes, as envoyé
Ion Fils uni'^ue dans le monde aGn de rame-
ner les brebis erraules , ne nous repousse
pas, nous autres pécheurs que réunit ce sa-
critke redoutable et non sanglant; nous ne
moltons pas notre coiiGance en noire justice,
uiais im (a miséricf'rd* , par laquelle (u as
racheté Tespèce humaine; nous conjurons
e( implorons la bonté atin uue ce mystère
qui s'effectue pour notre salut ne soit pas
Kiir la condamnation du peuple, mais pour
bolilion des péchés et pour le renouvel-
lement des âmes et des corps, alin qu'il soit
agréable è Dieu et au Père, pour la miséri-
corde et Thumanitéde ton Fils unique avec
lequel lu es béni, ainsi qu*avec ton Esprit
trè:>*saint, bon et viviûant, maintenant et
toujours et dans tous les siècles.
Seigni'ur Dieu qui nous as créés et amenés
dans celte vie, toi qui nous as montré la
route qui onduit au salut et qui nous as
découvert, dans ta bonté, les mystères céles-
tes, et qui nous as appelés au ministère sa-
cré dans la vertu de ton Esprit très-saint,
daigne faire, Seigneur, que nous soyons les
ministres de ton alliance nouvelle et du sa-
critice de tes mystères sans tache ; reçois-
nous, lorsque nous approchons de ton saint
autel, selon la multitude de ta miséricorde, atin
que nous soyons dignes de fotTrir desdons et
le sacrifice pour nous et pour expier ce que
le peuple a commis par ignorance ; donne-
nous. Seigneur, la grAce de t*offrir, avec une
crainte entière et avec une conscience pure,
ce sacrifice spirituel et non sanghmt ; après
ravoir accueilli, en odeur de suavité, sur
ton autel saint, céleste et intellectuel, ac-
corde-nous la tcrAce de ton Esprit très-saint.
Siiigneur, jette les yeux sur nous et sur nos
offrandes, reçois-les comme tu as reçu les
dûns d*Abel, les sacrifices de Noé, le sacer-
doce de Moïse et d'Aaron, la pénitence de
David, Tencens de Zacharie ; de même que,
(As la main de tes apôtres, tu as accueilli ce
culte véritable, reçois aussi de nos mains,
quoique nous soyons pécheurs, ce que nous
te présentons, en nous confiant en ta bonté ;
fais que notre offrande te soit agréable, et
qu'elle soit sanctifiée par Tlispiit-Saint pour
la rémission de nos péchés et de ceux que
Je peuple a commis par ignorance, et pour
le repos des Ames de ceux qui se sont en-
dormis avant nous.
Seigneur, fais que nous, pécheurs abjects
et tes serviteurs indignes, nous soyons trou-
tés dignes d*otficier sans tromperie auprès
de ton autel sacré, et que nous recevions la
récompense des administrateurs fidèles et
prudents ; fais que nous obtenions miséri-
corde en ce jour redoutable où tu rendras
justice aux bons et aux méchants.
Oraiion du voile.
Nous te rendons grAces, ô Seigneur notre
Dieu, de ce que tu nous as donné la con«
fiance de nous approcher de tes saints au-
tels, et de ce que tu nous as renouvelé la
voie récente et vivante par le voile de la
chair de ton Christ. Lorsque tu nous ren-
dras dignes d*entrer dans le lieu da tabcr.
nacle do ta gloire, et que nous avons [tea-
ché ce voile, et que nous voyons tes ssidis
des saints, nous fléchissoi>8 les genoux de-
vant ta bonté, Seigneur. Seigneur, at« fùtié
de nous, carc*estaveccrainleeten treiublant
que nous approchons de ton saint autel h
que nous t^oiirons, pour nos péchés et pour
ceux que le peuple as commis par ignoraïuf,
ce sacrifice redoutable et non sanglant. OSei«
gneur, répands ta grAce sur nous, et sanc-
title nos Ames, nos corps et nos esprits;
tourne nos pensées vers la piété afin que,
dans une conscience pure, nous l*offrioQs
Thuile de la paix, le sacritice de la louaoï^e.
Exclamation.
Par la miséricorde et la bonté de ton Fils
unique, avec lequel tu es béni, avec ton
Esitrit-Saint, bon et vivifiant, mainteuamtt
toujours.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Paix à tous.
Le diacre : Restons dans l'humilité, res-
tons dans le respect, restons dans la crainte
de Dieu et la couiponction; sojrons aUeniifs
à Toffrande divine afin d*offrir à Dieu la
paix.
Le peuple : L'huile de la paix, le sacriGce
de la louange.
Le prêtre : Seigneur, écarte le voue des
énigmes qui recouvrent, d*une maDièra
symbolique, ce sacrifice saint; monlre-le*
nous dans sa clarté et remplis le^ yeux de
notre intelligence de cette lum ère incom-
préhensible; purifie notre pauvreté de toute
souillure de ta chair et de Tesorit, et tais
qu'elle soit digne d'approcher de ce roinis*
tère terrible et redoutable; S. igneur, la mi-
séricorde et ta bonté sont admirables, et
nous te rendons gloire et actions de grâces,
au Père et au Fils et au Saint-Esprit, main-
tenant et toujours et dans tous les siècles.
Jl s'écrie ensuite : Que la charité du Sel-
gneur et du Père, la grâce du Seigneur et
du Fils, et la communication et le don da
r£sprit-Saint soient avec vous tous.
Le peuple : £t avec ton esprit.
Le prêtre : Elevons notre esprit et nos
cœurs.
Le peuple : C'est digne et juste.
Le prêtre prie ensuite^ disant :
Il est vraiment digne et juste, il est con-
venable et il est dû de te louer, de te célébrer
par des hymnes, de te bénir, de t*adorer,de
chanter tes louanges, de te rendre grices,
auteur de toutes les créatures visibles et in*
visibles, trésor des biens éternels, fonlaioede
la vie et de l'immortalité. Dieu et Seigneur
de toutes choses; toi que lescieux, lescieui
des cieux et toutes leurs puissances célèbrent
par leurs louanges; toi que louent le soleil»
la lune, tous les chœurs des astres, la terre,
la mer et tout ce qu'elles renlerment; toi,
que célèbrent la congrégation de la Jérusa-
lem céleste, l'église des premiers habitants
du ciel, les esprits des justes et des pro*
phètes, les Ames des martyrs et des apAtres,
les anges, les archanges, les trdnes, les do*
•♦
t%
JÂG
PART. 111. — LEGENDES ET FKAGMENTS.
JAG
tu
minatîoos, les principautési les puissances
et les Tertus redoutables « les chérubins
pourYus d'une grande multitude d*^eux, les
séraphins ayant six ailes* et se couvrant le
TÎsage de deux de ces ailes, les pieds de
deux autres, et volant avec les deux der-
nières, tous d'une voix non interrompue,
chantent perpétuellement tes louanges, ô Sei-
gneur.
EâcclamaUon.
Ils chantent à voix haute l'hymne triom-
jihaie de ta gloire éclatante; ils te célèbrent
et le gloriGent, Seigneur, en disant :
Le peuple: Saint, saint, saint le Seigneur
Dieu des armées; le ciel et la terre sont
pleins de ta gloire ; hosannah dans les cieux.
Béni celui qui vient au nom du Seigneur,
hosannah dans les cieux.
Le prêtre faisant le signe de la croix sur
Its dons^ dit :
Seigneur, tu es le Roi saint de tous les
siècles; c'est toi qui es le maître et le dis*
(ribuleur de toute sainteté; saint est ton Fils
unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ, par
lequel tu as fait toutes choses; saint est ton
Esprit- Saint qui scrute toutes choses et
même tes profondeurs; tu es saint et tout'
puissant , étendant ta suprématie sur toutes
choses; bon, vénérable, miséricordieux et
compatissant pour ta créature; toi qui as
fait, avec de la terre, Thomme à ton image
et à ta ressemblance ; toi qui lui as donné de
jouir du paradis, toi qui ne l'as pas aban-
donné lorsqu'ayant violé tes commande-
menu, il est tombé dans le péché, mais qui
Tas corrigé comme un père miséricordieux;
(01 qui Tas appelé par la loi et qui l'as ins-
truit par les prophètes ; toi qui as enfin en-
Tojédans le monde Jésus-€hrist, ton Fils
unique, Notre-Seigneur, atin que, par sa
Tenue, il ranimât et renouvelât ton image;
il est descendu du ciel, il s'est revêtu de
chair de l'Esprit-Saiut et de la Vierge Marie,
Mère de Dieu; il s'est entretenu avec les
hommes, dispensant toutes choses pour le
salut de notre race, et par sa mort volon--
taire et vivifiante sur la croix, il a, exempt
de péché, souffert pour nous pécheurs, dans
la nuit où il fut livré, ou plutôt où il se li-
vrait lui-môme pour la vie et le salut du
monde.
Le prêtre prenant ensuite le pain dans ses
matVia, dit :
LeSauveur, prenant le pain dans ses mains
saintes, sans tache, exemptes de fautes et
immortelles, et te rendant grâces, à toi Dieu,
son Père, en regardant au ciel, sanclitia le
pain, le brisa, et nous le donna, à nous ses
disciples et ses aiiôtres, disant :
Let diacres disent :
Pour la rémission des péchés et pour la
île éternelle.
Ensuite le prêtre s'écrie :
Recevez et mangez; c'est mon corps qui
est brisé pour^vous et qui est donné pour la
rémission des péchés.
Le peuple : Amen.
Le prêtre prend ensuite le calice et dit :
De même, après qu'il eut soupe, prenant
le calice et y mêlant du vin et de l'eau et re-
gardant vers le ciel et le montrant è toi.
Dieu et son Père, rendant grâces, sancti-
fiant, bénissant et remplissant de TEsprit-
Saint, il mms le donna à nous, ses disci-
ples, disant : <c Buvez-en tous; c'est uion
sang, celui de l'alliance nouvelle, qui sera
répandu pour vous et pour beaucoup d'hom-
mes et qui sera donné pour la rémission des
péchés, j»
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Faites cela en mémoire de moi ;
toutes les fois que vous mangerez ce pain et
aue vous boirez ce calice, annoncez la mort
u Fils de l'homme , et confessez sa résur-
rection jusqu'à ce qu'il vienne.
Le diacre : Nous croyons et nous confes-
sons.
Le peuple : Nous annonçons ta mort, Sei-
gneur, et nous confessons ta résurrection.
Le prêtre : Nous antres pécheurs, nous
nous souvenons des soutfrances vivifiantes
du Sauveur, de sa croix salutaire, et de sa
résurrection le troisième jour, de son as-
cension au ciel, et de sa place à la droite
de Dieu le Père, de son second avè-
nement glorieux et redoutable lorsqu'il
viendra, dans sa gloire, juger les vivacts et
les morts et qu'il rendra à chacun selon
ses œuvres; nous t'otfrons , Seigneur, ce
sacrifice redoutable et non sanglant, te sup«
pliant de ne pas nous traiter selon nos pé-
chés et de ne pas nous punir selon nos
iniquités, mais d*a{<ir envers nous selon ta
miséricorde ineffable et d'effacer la dette
dont tes serviteurs te sont redevables; dai-
gne nous accorder tes dons célestes et éter-
nels que l'œil n'a (>as vus, que l'oreille n'a
pas entendus, et que le cœur de l'homme ne
peut comprendre ; ces biens, Seigneur, que
tu as préparés pour ceux qui t'aiment. O
Seigneur miséricordieux, ne repousse pas
ce peuple à cause de moi et à cause de mes
péchés.
Jl dit ensuite et répète trois fois :
Car ton peuple et ton £glise t'adressent
leurs supplications.
Le peuple : Aie pitié de nous. Seigneur
Dieu, Père tout-puissant.
Le prêtre dit :
Aie pitié de nous. Dieu tout-puissant :
aie pitié de nous. Dieu notre Sauveur; aie
pilé de nous, ô Dieu, selon ta grande misé-
ricorde, et répands sur nous et sur les dons
que nous te présentons ton Esprit très-saint.
Jl dit ensuite en inclinant la tête :
Nous t'invoquons, Seigneur vivifiant. Dieu
le Père et ton Fils unique régnant avec toi,
consubstantiel et coéternel qui as parlé
dans la Loi, et par les prophètes et dans le
Nouveau Testament, qui est descendu, sous
la forme d'une colombe, sur Jésus-Christ,
Notrc-Seigneur, dans le fleuve du Jourdain,
et qui s'est reposé sur lui, qui est descendu
sur tes apôtres sous la forme de langues de
feu, dans le cénacle de la sainte et glorieuse
Sion au jour de la Pentecôte ; Seigneur, en--
voie maintenant ton Esprit lrda-9difit -sur
195
MCTiONNiURË DES APOCRYPHES.
M
nous et sur les dons sacrés que nous Tof-
frons.
Et $e relevant f il s'écrie :
Afin qu'il les sanctiQe par sa présence
sa'mie» bonne ei glorieuse, el pour qu*il fasse
de oe pain le ciorps sacré de ton Christ.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Et de ce calice le sang pré-
cieux de ton Christ.
Le peuple : Amen.
Le prêtre, se tenant debout y dit mentale^
ment :
Afin qu'il serve, pour tous ceux qui r par-
ticipent, h la rémission de leurs péchés et à
la vie éternelle; qu'il leur procure la sanc-
tification des âmes et du corps, quil serve
à Pailermissemenl de la sainte Ëglise catho-
lique et apostolique que lu as fondée sur
la pierre de la foi, aQn que les portes de Ten-
fer ne prévalent pas con re el!e ; la délivrant
de toute hérésie, de scandale et de ceux qui
commettent Tiniquité, et la conservant jus-
qu'à la con'^ommaiion des siècles.
Et s'étant incliné^ il dit :
Nous l'offrons, Seigneur, les dons de ton
Espril-Saint, et pour ies saints lieux que tu
as glorifiés par l'apparition divine de ton
Christ et par ravénemeat de ton Esprit très-
saint, et surtout pour la glorieuse Sion ,
Mère de toutes les Eglises, et pour ta sainte
EgUse calholir|ue et apostolique qui est r^
pandue datis Tunivers entier.
Souviens-toi, Seigneur, des Pères saints
et des frères qui font partie de l'Eglise, et
des évèques qui , dans une foi orthodoxe,
distribuent la parole de ta vérité dans l'u-
nivers entier.
Souviens-toi, Seigneur, de toutes les cités
et de toutes les régions et de ceux qui y ha-
bitent dans la foi orthodoxe; fais qu'ils de-
meurent dans la paix et la sécurité.
Souvieiis-tûi, Seigneur, des navigateurs,
de eeux oui sont en voyage, des Chrétiens
éloignés (le leur patrie, et qui sont retenus
dans les chaînes et dans la servitude, des
exilés et de ceux qui sont condamnés aux
travaux des mines el aux supplices.
Souviens-toi, Seigneur, des malades et des
inûniies, et de ceux qui sont tourmentés par
des esprits immondes ; fais, Seigneur, qu'ils
soient promptement guéris et sauvés.
Souviens-toi .Seigneur, de toute âme chré •
tienne dans l'aiSiotion, tourmentée et implo-
rant la miséricorde et ton secours ; ramène
aussi dans la bonne voie ceux qui sont égarés.
Souviens-toi, Seigneur, de nos pères et de
nos. frères qui travaillent pour nous et qui
nous assistent h cause de ton saint nom.
Souviens-toi, Seigneur, de tous et traite-
les avec bonté; aie pitié de tous. Seigneur;
donne le pain à ton peuple, dissipe les
scandales, «iiolis les guerres, arrête les ra*
vages des hérésies, accorde-nous ta paix et
ta charité, 6 Seigneur, notre Sauveur qui es
l'espoir de toutes les extrémités de la terre.
Souviens-toi, Seigneur, de donner un air
tempéré, des pluies douces, des rosées salu-
taires, l'abondance des fruits, et que ta bonté
s'exerce sur nous pendant tout le cours de
l'année; les yeux de tons les hommes enflè-
rent en toi, et tu leur donnes la nourriture
en temps opportun ; tu ouvres tavmain el la
remplis de bénédiction tout être animé.
Souvieiis*toi, Seigneur, de ceux qui ren-
dent des services à ton Eglise, de ceotqQj
se souviennent des pauvres, des veuves, «jes
orphelins et des étrangers, et de tous ceux
qui nous ont demande que leur souvenir
fût conservé dans nos prières.
Daigne aussi te rappeler. Seigneur, de
ceux qui offrent aujourd'hui ces prières de-
vant ton saint autel, et de tous ceux f}our
lesquels ils les offrent ou sur lesquels leur
pensée se dirige.
Souviens-toi aussi. Seigneur, de moi (nn
serviteur abject et inutile; souviens-iVn
selon la multitude de tes misériconles. ai si
que des diacres réunis autour de Ion sami
autel; accorde-leur une vie exempte <)e Uu\n,
comme leur ministère exempt de tache; fois
que nous trouvions auprès de loi grâce et
miséricorde avec lous tes saints qui t'ont
plu depuis Téternité, et pendant les gén<*ra-
tions successives de nos pères, des patriar-
ches, des apôtres, des martyrs, des coDk^-
seurs , des docteurs, des saints et de tout
esprit juste consommé dans la foi de tou
Christ.
Je te salue, Marie, pleine de grâce; le
Seigneur est avec toi ; tu es bénie parmi les
femmes, et le fruit de ton ventre e^t béni,
parce que tu as enfanté le Sauveur de dos
âmes.
, Le prêtre s'écrie ensuite :
Saluons la très-sainte immaculée, bénie
su-dessus de tous et glorieuse Marie, tou-
jours vierge, Mère de Dieu el notre Souve-
raine.
Les chantres: Il est juste que nous te ré-
lébrions, 6 Mère de Dieu, toujours bienbeu-
reuse et exempte de toute tache et de tout
reproche, toi qui as engendré le Verbe Dio-j
sans corruption , plus digne d'hommage «jue
les chérubins, et plus glorieuse que les sera*
phins.
Ils chantent ensuite : 0 loi, pleine dégrade,
toutes les créatures te célèbrent, ainsi qutf
les chœurs des anges et la race humaine, toi
qui es le temple sanclifié, le paradis spn-
luel, la gloire des vierges, toi de qui i>ieu
a pris la chair et dont notre Dieu qui e^l
avant les siècles, est devenu l'enfaol; tui
dont il a changé le sein en un trône et dont
il a rendu le ventre plus étendu et plusam
pie que les cieux eux-mêmes; toutes le»
créatures te célèbrent, A toi qui es pleioe de
grâce, gloire à loi.
Le diacre : Souviens-toi de nous, Sei*
gm^ur notre Dieu.
Le prêtre, s' étant incliné^ dit :
Souviens-toi , Seigneur notre Dieu, des
esprits et de la chair de tous ceux dont nous
iaisons la mémoire et de tous les autres
hommes qui ont conservé rorlhodoiieei la
foi véritable depuis Abel le justeiusouau
jouractuel; fais qu'ils reposenldans la re^ÎMn
des vivants, dans ton royaume, eldanslf^
'délices du paradis, dans fa Sion d^Abrahaio,
fJl
JÂC
PART. IlL- LEGFNDES ET FRAGMENTS.
JAC
208
d'Isaac et de Jacob, nos pères saints, là où
il n'y a ai douleur, ui tristesse, ni gémisse-
ineDlf et où la lumière de ton visage répand
une clarté perpétuelle. Dirige dans la paix
je tenue de notre vie, le rendant pur et
eiempt de péché ; place-nous sous les pieds
de tes élus, nous conservant exempts do
fautes et de reproches, par ton Fils uni-
<)ue,Notre-Seigneur« Sauveur et Dieu Jésus-
Cbrisl, le seul qui ait paru sur la terre,
libre de tout péché.
Le diacre : Prions pour la paix et la tran-
quillité du monde entier et des saintes égli-
si's de Dieu, et pour tous ceux en faveur
desquels chacun apporte ou a l'intention
d'apporter des offrandes, et pour tout le
|)cuple ici présent.
Le peuple : Prions pour tous.
Le prêtre : Afin que tu sois miséricor-
dieux et compatissant, Seigneur, à notre
égard et au leur.
Li peuple : Seigneur, remets, excuse et
pardonae nos péchés volontaires et invo-
lontaires, ceux que nous avons pu com-
lueilre par action ou par parole, de jour ou
de Duil, par pensée ou par intention : par-
doone«nous toutes nos fautes, parce que tu
es ffliséricordieux et bon.
Le prêtre : Par la grÂce, la miséricorde et
la houté de ton Fils unique avec lequel tu
es béni et gloritié, avec ton Esprit très-saint^
bon et vivifiant, maintenant, et toujours et
dans les siècles.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Paix à tous.
U peuple: Et à ton esprit.
Li diacre : Offrons sans cesse en paix nos
prières au Seigneur.
Nuus prions le Seigneur Dieu, par ses aons
sanctitiés, précieux, célestes, ineffables, sans
tache, 'glorieux» redoutables, terribles et
(iirin«.
Le prêtre : Nous qui sommes les servi -
t« r5, nous inclinons nos tètes devant ton
saïQi autel, attendant de toi d'abondantes mi-
séricordes, ta grâce et ta bénédiction ; exauce-
nous, Seigneur, sanctifie nos Ames et nos
corps, afin que nuus soyons dignes de parti-
ci^»er à tes saints mys;ères pour la rémission
Jis péchés et pour la via éternelle.
Exclamation.
Car tu es di^ne d'adoration et tu es glori-
li, 6 notre Dieu, et ton Fils unique et ton
tsprit très-saint, maintenant et toujours.
Le peuple: Amen.
Le prêtre: Et la grAce et la miséricorde de
'3 sainte et consubstantielle Trinité incréée
il niiorable sera avec nous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
Le diacre: Soyons attentifs , avec la crainte
^e Dieu et avec respect.
Le prêtre fuit V offrande ^ en disant tnenta^
iement :
Soigneur saint, qui reposes dans les saints,
^aiiciifie-nous par la parole de ta grâce et par
' avènement de ton Esprit très-saint, car tu as
'Jit» Seigneur : Vous serez saints parce que je
^uis saint. Seigneur notre Dieu, Verbe de Dieu,
DtCTioTi^. DES Arocp.YPnES. II.
incompréhensible çt consubslantiel au Père
et à rEsf)rit-Saint, coéternel et inséparable,
reçois Thymne que dans tes sacrifices saints
et non sanglants je t^adresse avec les chéru-
bins et avec les séraphins, quoique je no
sois qu'un pécheur, en disant :
Exclamation.
Les choses saintes aux saints.
Le peuple: Un seul saint, un seul Seigneur
Jésus-Christ dans la gloire de Dieu le Père,
à qui gloire dans les siècles des siècles.
Le diacre : Prions nour la rémission de
nos péchés, et pour la propilialion de nos
âmes, et pour toute £me aiQit^ée ayant be-
soin du secours et de la miséricorde de Dieu ;
prions pour la conversion des hommes éga-
rés, pour la guérison des malades, pour la
délivrance des captifs, pour le repos de nos
pères et de nos frères endormis avant nouî^,
et disons en élevant la voix : Seigneur, aie
pitié.
Le peuple : Seigneur aielpitié. ^Douxe fois }
Le prêtre : Nous prions le Seigneur notre
Dieu pour que, acceptant en .odeur de par-
fum céleste les dons placés sur son autel
saint, céleste et spirituel, il nous envoie sa
grâce divine et le don de TEsprit très-saint.
Nous nous recommandons les uns les
autres et toute notre vie à Jésus-Christ
vrai Dieu, implorant l'unité de la foi et la
communication de son Esprit très-saint et
adorable.
Le peuple: Amen.
Le prêtre prie:
Dieu, Père de Notre-Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, Seigneur dont le nom est glo-
rieux, nature bienheureuse, bonté répandue
sur les hommes. Dieu et Seigneur de toutes
choses, toi qui es béni dans tous les siècles,
qui es assis sur les chérubins, qui es glori**
tié par les séraphins; toi que servent mille
milliers de saints anges et les troupes des
archanges, reçois en odeur de suavité les
dons qui te sont présentés et les offrandes
des fruits ; toi qui as daigné sanctifier les
hommes par la grâce de ton Christ et Tavé-
nement do ton Esprit très-saint, sanctifie,
Seigneur, nos âmes, nos corps et nos esprits ;
touche aussi nos pensées, explore nos con»
sciences, chasse loin de nous toute mau-
vaise pensée, tout raisonnement impur, toute
convoitise honteuse, toute envie, tout or«
gueil et toute hypocrisie, tout mensonge,
toute tromperie, toute avarice, toute vaine
gloire, toute colère, tout souvenir des inju-
res, tout blasphème, tout mouvement de ta
chair-etde Tesprit, étranger à la volonté du
ta sainteté.
Exclamation.
Daigne, Seigneur, nous mettre à même fie
t'invoquer avec hardiesse et confiance, avec
un cœur pur, un esprit repentant et des lè^-
vres sanctifiées, afin que nous t'invoquions,
6 Dieu saint, qui es dans le ciel et que nous
disions :
Le peuple : Notre Pèn*, qui es ûiuïs les
cieux, que ton nom soit sanctifié, etc.
10
299
Léprftre M'incline tt dit :
Et ne nous induis pas en tenlatton, Sel*
gneur. Dieu de la puissance* loi qui connais
uolre faiblesse, mais délivre-nous du ma-
lin esprity de ses œuvres, de toutes ses atta-
ques ei de ses ruses, h cause de ton nom
saint qui est invoqué par notre humilité :
Exclamation.
Car ton règne, la puissance et la gloire du
Pèie,du Fils etduSaint-Espritdurent main-
tenant et toujours.
Le peuple: Amen.
Le prêtre: Paix à tous.
Le peuple: Et à ton esprit.
A< diacre: Inclinons nos tètes devant le
Seigneur.
Ce peuple: Nous nous inclinons devant toi,
Soigneur.
I^ prêtre brise ensuite le pain: il en tient
une moitié de la maindroite^ Vautre moitié
de la main gauche, et il plonge dans le ca^
lice le morceau qu'il titnt de la main droite^
en disant :
Union du très-saint corps et du sang pré-
ricux de Notre-Seigueur Dieu et Sauveur
Jésus-Chrisi.
// fait le signe de la croix sur le morceau
qu'il lient de la main gauche^ et se met aussi'
tôt à le partager en diverses portions ; il en
met une dans chaque calice et il dit :
Il est uni et sanctifié et consommé au nom
du Père, et du Fils, et de Tësj rit-Saint,
maintenant et toujours.
Et lorsqu'il signe le pain, t7 dit :
Voici TAgneau de Dieu, le Fils du Père,
qui 6te les péchés du monde et qui a été
mis à mort pour la vie et le salut du peu-
ple.
Et lors^uil dépose une portion du pain
dans les divers calicet^ il dit:
La portion sainte du Christ, pleine de
grÂce et de vérité, du Père et de TEsprit-
Saint, auquel gloire et empire dans les siè*
dus des siècles.
// commence ensuite à diviser en parties et
à dire :
Le Seigneur me gouverne, et rien ne
me manquera; il m*a placé dans le lieu des
pâturages. (Et le reste du psaume xxu'.)
// dit ensuite :
Je bénirai le Seigneur en tout temps, etc. ;
ie t'exalterai, ÔDieu qui es mon roi ; nations,
lourz toutes le Seigneur, etc.
Le diacre: Seigneur, bénis-nous.
Le prêtre : Qua le Seigneur nous bénisse
et qu il Aous préserve du la condamnation
<ians la réception de tes dons immaculés
uiaintt'nant, et toujours et dans tous les siè-
tlet».
Que le Seigneur nous bénisse et nous
rende dignesde recevoir le charbon enflammé
appi»rté pardes tenailles pures, et de l'appli-
quer sur les Jèvres des ôdèles [>our puritier
et renouveler leurs Ames et leurs corps,
inaintenant et toujours.
// récite ensuite ce qui suit : Goûtez et voyi z
que le Seigneur est ^bon ; il est distribué
00 diverses oarties et il ii*est pas divisé; il
^DICTIONNAIRE DES APOCRTPHKl l^^
C'A accordé aux fidèles sans être cotasomiiu»,
pour la rémission des péchés et la vie C^i. r-
ndle, maintenant^ et toujours et dans ums
les siècles.
Le diacre: Chantons dans la paix du Sei-
gneur.
Les chantres : Goûtez et voyez que le
Seigneur est bon.
Le prêtre dit la prière avant la communion .
^ Seigneur, notre Dieu, pain céleste, vIhOh
Tunivers, jai péché contre le ciel elenia
présence, cl je ne suis pas digne de pren<!t'^
part à tes mystères sans tache; mais, Seigneur,
toi qui es miséricordieux, rends-moidi^n^
par ta grflce, de participer, sans encourir i.i
condamnation, à ton corps saint et h (on >an;
précieux pour la rémission des pécbés el la
vie éternelle.
// donne ensuite la communion au cUrgi
Lorsque les diacres apportent les calicet ti in
plats pour donner la communion au peuplt,
ie diacre dit, en prenant le premier plat :
Seigneur, bénis-nous.
^ Le prêtre répond : Gloire à Dieu qui nous
a' sanctifiés et nous sanctifie tous.
Le diacre dit : Seigneur, tu es élevé au-'l^^^-
sus des cieux et au-dessus de toute la lerr*;
ta gloire et (on empire restent dans les siè-
cles des siècles.
Le diacre étant au moment de déposer la
calices sur la petite table^ le prêtre dil :
Que le nom de Notre-Seic^neur soii béu
dans tous les siècles.
Le diacre : Approchez avec crainte, arec
foi et avec amour pour Dieu.
Le peuple: Béni celui qui vient au noQ
du Seigneur.
Le diacre: Seigneur, bénis-nous.
le pr^/re: Seigneur, conserve ton peu[>
et bénis ton héritage
Jl ajoute: Gloire h notre Dieu qui nouM
tous sanctifiés.
Et quand il dépose le calice sur la talU
sainte^ le prêtre dit :
Que le nom du Seigneur soit béni dons
les siècles des siècles.
Le diacre et le peuple disent :
Remplis notre bouche de tes lounn.jes
Seigneur, et remplis nos lèvres de jni«sfli'«i
que nous louions (a gloire et que nous cé-
lébrions chaque jour ta magnificence.
Nous le rendons grâces, Jésus-ChrifJ.
notre Dieu, parce que tu as daigné nn -^
faire |»aiticiper à ton corps et à ton s.i z
pour la rémission des péchés et pour la ^ic
éternelle.
Nous te supplions, Seigneur, toi qui f^
bon et miséricordieux, de nous préserver <c
la condamnation.
On récite à V extrémité du vestibule laprùr*
suivante:
Nouste rendons grâces. Dieu conservateur
de toutes choses, pour tous les biens que ii
nous as accordés, et pour notre participation s
tes saints mystères sans tache; nous te présen-
tons cetteoffrande, en te.prian t d^'.nous gar .i r
sous Tombre de tes ailes, et de daigner nt»*^
maintenir, jusqu'au dernier instant de nou-*
vie, dans la partici|iatiou de tes san^lUutf-
roi
JAC
PART. lu.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
S(ti
(ions, afin de sanctifier nos âmes et nos corps,
e( (l'avoir part à Théritage du royaume des
rieux, parce que tu es notre sanctification,
St'ii^neur, et c'est à toi, Père, Fils et E-^prit-
Snint, que nous rendons gloire et actions de
grâfps.
Le diaert comtntnce dans le vestibule cette
oraison :
>i!oire à toi, gloire à toi, gloire à toi, Je-
sus-Cbrist , Roi» Verbe et Fils unique du
Père, parce que tu as permis que nous, pé-
cheurs et tes serviteurs indignes, nous jouis-
sions de tes mystères sans tache, pour la
rémission des péchés et pour la vie éter-
nelle : Gloire à toi.
LorsQue le diacre a traversé le vestibule, it
$e met a dire :
Maintenant, et de nouveau, et en tout
temps, invoquons en paixie Seigneur, afin que
la réception deses mystères sacrés nous serve
» nous préserver de tout mal, et à nous gui-
oer vers la vie éternelle; invoquons la com-
munication et le don de TËspril-Saint.
Le prêtre prie:
Nous faisons mention de la très-sainie,
(rùs»^!orieuse et bénie Mère de Dieu, Marie»
toujours vierge et sans tache* et de tous les
saillis ({ui t'ont été agréables. Seigneur, et
nous nous recomii andons mutuellement à
Je^us-Christ notre Dieu.
Lepeupie : Gloire à loi. Seigneur.
Le prêtre : Dieu qui, par suite de ta grande
et metfable bonté , as condescendu à la fai-
blesse oe tes serviteurs, et qui as daigné nous
faire participera cette table céleste, ne noua
conilaoïne pas, nous qui sommes pécheurs,
à cause de la réception de tes saints mystères
sans tache» niais conserve-nous avec bonté
daos la sanctiOcation de ton Esprit-Saint, atin
que, devenant saints, nous obtenions une part
dans ton héritage avec tous les saints que tu
a^gréés dès l*éternilé, et que nous contem-
plions la lumièrede ton visage par la miséri-
corde de ton Fils unique, Notre-Seigneur ,
Dieu et Bauvcor Jésus^Christ, avec lequel tu
es béni , avec ton Esprit-Saint, bon et vivi-
Gant, parce ijue ton nom , celui du Père, du
Fils et du Saint-Esprit, doit être béni et glori-
fié, et honoré de toutes les manières, et célé-
bré, maintenant, et toujours, et. dans les
siècles des siècles.
Lepeupie : Amen.
La prêtre : La paii h tous.
Lepeupie : Kt à ton esprit.
Le diacre : Inclinons nos tètes devant le
Seigneur.
Le prêtre : Dieu grand et admirable , re-
garde tes serviteurs, parce que nous incli-
nons nos tètes devant toi ; étends ta main
puissante et pleine de bénédictions, et bénis
loa peuple ; préserve ton héritage , afin
que toujours et continuellement nous te
glorifions, toi qui es le seul Seigneur vivant
<^t véritabldi et afin que nous célébrions la
sairiic et consubMantielle Trinité, le Père ,
'<^ Fils et le Saint-Esprit, maintenant et tou-
j'^rsy et dans les siècles des siècles.
Exciamalion,
Car c*est à loi que nous devons offrir
louange et gloire. Seigneur tout -puissant;
honneur, adoration et actions de grâces au
Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant
et toujours.
Le peuple : Amen.
Le diacre : Chantons donc la paix de Jé-
sus-Christ.
El il dit ensuite : Allons dans la paix de
Jésus-Christ.
Le peuple: Au nom du Seigneur suprême,
bénis-nous.
Otaison que le diacre récite quand le peuple
est renvoyé»
Avançant de gloire en gloire , nous to
louons, toi qui cons^rve^ nos âmes. Gloire au
Père et au Fils, et au Saint-Esprit! mainte-
nant et toujours, et dans tous les siècles,
nous te louons, toi qui conserves nos âmes.
Le prêtre dit cette oraison depuis Vautel
jusqu'à la sacristie.
Progressant de vertu en vertu , et ayant
accompli tout le sacrifice divin en ton tem-
ple, nous te prions. Seigneur notre Dieu, do
daigner étendre sur nous ta miséricorde par-
faite; dirige notre voie, affermis-nuus dans
ta crainte, rends-nous dignes du royaume
céleste, en Jésus- Christ Notre -Seigneur,
avec lequel lu es béni, avec le Saint-Esprit,
bon et vivifiant, maintenant et toujours, et
dans tous les siècles.
Le diacre : Maintenant et de nouveau, et
toujours, invoquons en paix le Seigneur;
Oraison qui se récite après que le peuple
a été renvoyé.
Tu nous as accordé, Seigneur Dieu, 1à
sanctification dans la réception du corps
très-saint et du sang précieux de ton Fils
unique, Jésus-Christ» Notre-Seigneur; ac-
corde-nous aussi la grâce de toh Esprit-
Saint, et conserve-nous exempts de fautes
dans la foi; conduis-nous à une adoption
parfaite, et h la rédemption, ei aux félicités
éternelles; car c'est toi , Seigneur, qui nous
ianctifies et qui nous éclaires, ainsi que ton
Fils unique et ton Esprit très-saint, mainte^
nant et toujours, et dans les siècles des siè-
cles. Amen.
Le diacre : Maintenons-nous dans là paix
de Jésus-Christ.
Le prêtre : Béni est Dieu, qui bénit et qui
sanctifie par la réception oe ses mystères
saints, vivifiants et sans tache, maintenant
et toujours, et dans les siècles des siècles. ^
Amen.
Ensuite l'oraison de la propitiation.
Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vi-
vant. Agneau et Pasteur, oui ôtes les péchés
du monde, qui aS fait à aeux débiteurs re-
mise de ce qu'ils devaient, et qui as accordé
à la femme pécheresse la rémission de ses
péchés, toi qui as accordé au paralytique la
guérison et la rémission de ses péchés, re-
mets, pardonne et efface. Seigneur, nos pé-
chés volontaires et involontaires que nous
avons commis de propos iléiib(^ré ou par
ignorance, et dans lesquels nous sommes
tOiJioés on désobéissant h les orurr.s; ion
zoz
DICTIONNAIRE DES APOCRYniKS.
>\
Esprit Irès-saiiU les connatl mieux que tes
serviteurs. Quand ûes hommes revêtus de
chair et habitant ce monde, et séduits par
le diable, ont erré par parole ou par acliots
et ont encouru i'anathème , je prie et i*invo-
que ta l)onté inetrable pour qu ils soient ab-
sous, et pour que, daus ta miséricorde, tu
leur accordes le pardon, et que tu les déga-
ges (le Tanalhème.
Seigneur Dieu, exauce ma prière en fa-
veur de tes serviteurs ; mets en oubli toutes
leurs fautes, pardonne-leur tous leurs délits
volontaires et involontaires; délivre-les du
supplice éternel. Car tu es celui qui nou«* as
donné ce précepte : ^ Tout ce que vous lie-
rez sur la terre sera lié dans le ciel, et (h ->
ce que vous délierez sur la terre sera «!•• , •
dans le ciel ; » car tu es notre Dieu supri^tne,
tu peux avoir pitié de nous, nous prutiv<r
et remettre nos péchés ; c'est à loi que re-
vient la gloire , avec le Père, qui n'a [m :t,t
de coromenceraenl, et avec l'Esprit vivili.inî,
maintenant et toujours, et dans les 5.è« !cs
des siècles. Amen.
LITURGIE DE SAINT JACQUES L'APOTRE, FRÈRE DU SEIGNEUR (32ij,
traduite du syriaque par Renaudol.
On récitt d'abord roraison avani le baiser
de paix :
Seigneur notre Dieu , toi qui aimes les
hommes, rends-nous dignes par ce salut
d*étre purifiés de toute ruse, de tonte accep-
tion de personne, et fais que nous nous
saluions mutuellement par un baiser saint
et divin, étant réunis par le lien de la cha-
rité et de la paix. Par Notre-Seiuneur Dieu
et Sauveur, Jesus-Christ, ton Fils unique,
par lequel et avec lequel à toi reviennent
ilionneur, la gloire et la puissance avec
ton Esprit.
Le peuple : Amen
Le diacre : Tenons-nous avec respect et
prions, rendons grâces, adorons et louons
TA^noau vivant de Dieu qui est offert sur
J'autcl. La divinité s'est abaissée sur les pé-
cheurs Qls d'Adam , elle les a sauvés de
l'erreur et de ta servitude du péché; les
prophètes ont été insjûrés par TEsprit-Saint
et ils ont parlé du premier-né ; chacun
d'eui a décrit à l'Eglise les mystères de
son avènement. Moïse a écrit clairement
qu'il a formé les créatures et qu'il a dis-
posé pour le servir les ordres du feu et
de l'esprit. Marque, Seigneur, du signe de la
croix l'Eglise qu*il a épousée en sa personne,
élèvu-!e et établis-le dans le ciel à, la droite
de celui qui l'a envoyé. Tu es heureuse,
Eglise tidèle, à cause des dons que t'a don-
nés ton Seigneur, par son corps et son sang
sacré et par sa croix qui te garde. Faisons
la commémoration de la pure Vierge Marie,
des prophètes, des apôtres, des martyrs, des
Pères et des justes. Des vases snints seront
offerts à notre Père en notre offrande, afin
qu'il leur donne un baiser, et notre Père
en sa liturgie se rappelera de tous ceux qui
croient en Jôsus-Christ.
Le prélre : Seiî^.'ieur, toi seul qui es mi-
.séricordieux, répands Ws bénédictions sur
ceux qui cuurbt.nt leurs léles devant ton
autel, toi qui habiles dans les cieux et qui
regardes les régions les j)lus bassins; bénis-
les par la grâce, la miséricorde et l'amour
(554) Cette Liturgie se trouve dans la Liturgia
êQiutorum Patrum. Paris, 4500, p. 5; (iaiis Keu'ju-
(Jj/<« LHur(jiarum Oricnialium coUecliotl. Il, p. liG;
pour les hommes de Jésus-Christ, ton Fil*
unique, par lequel et avec lequel ihon*
vient de te rendre glo<re et hommage.
Le peuple: Amen.
Le prélre : Dieu le Père qui, h cause de
ton grand et ineffable amour à l'égard tJes
hommes, as envové ton Fils dans lenjonle
pour ramener les brebis égarées, ne détourne
pas ta face de nous, lorsque nous célébrun)
ce sacrifice redoutable et non sanglau(;i^
n>st pas en notre justice, mais en ta m1s^
ricorde que nous mettons notre coDGaiK<'.
Nuus invoquons ta clémence afin que ce
mystère, qui a été institué pour le salut, n*
soit pas un sujet de condamnation [mou-
ton [leuple, mais qu'il serve au (larion Jn
péchés, h la rémission des fautes et a<j\
grâces qu'il convient de te rendre, \^r ti
grâce, la miséricorde et l'amour pour U'>
h mmes de ton Fils unique par lequel it
avec lequel la gloire te revient.
Le peuple : Amen.
Le diacre : Donnez la paix, chacun à 5<^>n
prochain, dans la charité et la foi, qui s<>i.:
agréables à Dieu. Vas en |mix, prêtre (ih-
tingué. Tenons-nous debout, en priant avtc
respect ; tenons-nous dans ia crainte et \^
tremblement; tenons-nous dans la modesn-*
et la sainteté, car voilà l'offrande qui *•<
apportée et la Majesté qui se lève. Les port
du ciel s*ouvrenr, et TEsprit-Saint de>u'
sur ces mystères sacrés. Nou^ nous («n* i^
dans le séjour de la crainte et de l'etlri'.
et nous nous rangeons avec les chérult.i ^
et les séraphins. Nous sommes develJu^ i '
frères et les compagnons des veillants elO* >
auges, et nous accomplissons avec eui '
iniidslère du feu et de l'esprit. Que i*.
de ceux qui osent approcher de ces un--
tères ne soit lié, car le voile est enicMe
et la grâce descend, et les miséricordes ai-
vines se répandent sur chacun deceuiq>ii
prient avec un cœur pur et une conscicuîi^^
bonne.
Le prêtre élève le voile et fait troif {"*
le Migne de ia croix sur le peuple et il du
dans Fabricius, Codex apocrpphns Soti Tettami'n\,
t. III, p. i'ii, : dans la Dibiiôtkeca Patrum mcn
é :it. de l.yoïi, I. Il, part, i, p. 1.
t *
. 1
505
JAC
PART. 111.— LKCENDES ET FRAGMENTS.
JAC
S06
Que la cltarité du Père» aiie la grficc du
Fils et la coiniuunîcation de TEsprit-Saint
soient avec nous tous.
Le peuple : Amen.
le prêtre : Elevez vos cœurs.
Le peuple :^ous]e$ avons vers le Seigneur.
Le prêtre : Rendons grâces au Seigneur
notre Dieu.
Lt peuple : C^est juste et convenable.
Le prêtre s'incline et dit :
il est vraiment digne et juste, il est con-
Tenable et il t'est dû que nous te louions,
que nous te bénissions, que nous t*adorions,
qne nous te rendions grâces, à toi, auteur
de tnulesles créatures visibles ou invisibles.
Et élevant la voix il dit :
Toi qui lèves le ciel et les cieux des cieni
et toutes leurs armées, le soleil et la lune^
et toutes les légions des étoiles, la terre et
les mers et tout ce qui est en elles, la Jé-
rusalem céleste, l'Eglise des uremiers habi-
tants des cieux, les anges, les archanges,
les principautés, les puissances, les trônes,
les dominations, les vertus célestes, et les
armées du ciel supérieures au monde, les
(liénibins qui ont des yeux nombreux et
les séraphins qui ont sixailes et qui, se cou-
u nt le visage avec deux et les pieds avec
deni autres, volent avec les deux dernières,
en cbanlanl sans reiflche l'hymne triomphal
de ta gloire éclatante, chantant d'une voix
sonore et disant :
Le peuple : Sainif saint, saint, le Seigneur,
Pieu des armées ; les cieux et la terre sont
pleins de ta gloire, de ton honneur et de (a
majesté. Salut à toi. Seigneur, au haut des
cieux. Béni celui qui vient et qui doit venir
un nom du Seigneur. Salut à toi, Seigneur,
80 haut des cieux.
Lt prêtre t'incline et dît :
Ta es vraiment saint , roi des siècles,
t'iqui donnes toute sainteté; saint est (on
F]is unique, Notre -Seigneur et Sauveur
it^sQs-Christ ; saint est ton Esprit-Saint qui
scrute toutes tes profondeurs, ô Dieu le
rère, car lu es saint, toi qui contiens tout,
toi qui es tout-puissant, terrible, t>on, avr c
î' n Fils unique qui a souffert à cause du
i homme, ton ouvrage, que tu as fabriqué*
fivecdela terre et auquel tu as accordé les
''éiices du paradis. Lorsqu'il eut violé ton
commandement eX qu'il fut tombé, tu ne l'as
p's aimndonné, C Seigneur plein de bonté,
uiais lu Tas soutenu, comme étant le Père de
•a miséricorde souveraine. ïu Tas appelé par
^sioi; tu l'as dirigé par les prophètes, tu
8> envoyé ensuite dans le monde ton Fils
unique pour qu'il renouvelât ton image; il
est desrendu du ciel, il a été incarné de l'Es-
l' t-Saint et de la sainte Mère de Dieu,
M.iric, toujours Vierge; il a conversé avec
'"> bohines et il a tout institué ftcur le
^'iul (lu genre humain.
Le prêtre^ élevant ta volXy prend l'offrande
fi du :
Lorsqu'il allait, lui exempt de tout péché,
i'jl/ir vrijonlairement la mort pour nous au-
trtb pécheurs, dans la nuit ou il allait être
i^ré ]»uur la vie et le' salut du monde, U
prit du pain dans «es mains saintes, imma«
culées et sans souillures, et, ayant levé les
yeux au ciel, il regarda vers toi, 6 Dieu le
Père, et rendant grâces, il bénit, sanctifia H
brisa le pain t^t il le donna h ses disciples
saints et aux apôtres, disant : « Prenez et man-
gez-en tous. C'est mon corps qui est donné
pour vous et pour beaucoup pour la rémis-
sion des péchés et ta vie fHernelle. n .
Et de méiiie, après qu'ils eurent soupe, il
prit le calice, et y mêlant du vin et de Tnau
et rendant grâces, il le bénit, le sanctifia et
le donn.-i à ses disciples et aux apôir s
saints, disant : « Prenez, buvez-en tous. C'e>t
mon sang de l'alliance nouvelle qui est versé
pour vous et pour beaucoup defidèles et qi^i
est donné pour la rémission des péchés et
la vie éternelle. »
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Faites ceci en mémoire de moi ;
toutes les fois que vous mangerez ce pain
et que vous boirez ce calice, vous annon-
cerez ma mort et vous confesserez ma ré-
surrection iusqu'à ce que je vienne.
Le peuple : Seigneur, nous célébrons la
mémoire de ta morl; nous confessons la
résurrection et nous attendons ton second
avènement; nous implorons ta miséricorde
et ta grâce; nous sollicitons la rémission
de nos péchés; que tes miséricordes s'éten-
dent sur nous tous.
Le prêtre : Nous célébrons ainsi la mémoi-
re, Seigneur, de ta mort et de ta résurrection
le troisième jour, et do ton ascension au
ciel où tu es assis à la droite de Dieu le
Père; nous célébrons aussi celle de ton
second avènement terrible et glorieux, où
tu jugeras l'univers dans ta justice et lorsque
chacun sera rétribué selon ses œuvres. Nous
t'offrons ce sacriGce redoutable et non san-
glant pour que tu ne nous traites pas, Sei-
gneur, selon nos péchés, et que tu ne nous
rétribues pas suivant nos iniquités , mais
suivant ta bonté et ton amour ineffable pour
les hommes; efface nos péchés^ ceux de tes
serviteurs qui t'implorent. Car ton peuple
et ton héritage t'invoquent, et par toi, in-
voquent ton Père, en disant :
Le peuple : Aie pitié de nous. Seigneur
Père tout-puissant, aie pitié de nous.
Le prêtre : Nous, faibles pécheurs, tes ser-
viteurs, nous te rendons grâces, Seigneur ;
nous te louons pour toutes choses et à cause
de toutes choses.
Le peuple : Nous te louons, nous te l)é-
nissons et nous t'adorons, nous te rendons
prâces et nous implorons ton pardon, Seigneur
Dieu, aie pitié de nous et exauce-nous.
Le prêtre: Nous célébrons^surlout la n)é-
moire de la sainte et glorieuse Marie, tou-
jours vierge. Mère de Dieu.
Le diacre : Souvieuii-loi d'elle, Seigneur,
et par ses prières saintes et pures, épargne-
nous, exauce-nous et aie pitié de uoihS.
Le même : Qu'elle est terrible cette heuio,
qu'il est redoutable ce temps, mes bien-
aimés, où l'Esprit vivant et saint vient des
hauteurs sublimes du ciel, descend sur cotte
Eucharistie placée dans le sanctuaire et la
807
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
^i
i
sanctifie. Tenea-vous en prière avec crainte
et tremblement La paix soit avec nous et
la sécurité de Dieu le Père avec nous tous.
RIevons la voix et disons trois fois ; Kyrie^
eleison.
Le prétr^ s*inclinant récite rinvocation
de l'Esprit 'Saint.
Aie pitié de nous. Dieu Père tout-puissant,
et envoie ton Espril-Saint» souverain et vivi-
iiant qui t*est é^^al par le trône et qui est
é]^al & ton Fils pçr le royaume, consubslan-
lier çt éternel, qui n parlé dans la loi et dans
les prophètes, et dans ton Nouveau-Testa-
ment, qui est descendu sous la forme d\ine
colombe sur Noire-Seigneur Jésus-Christ
dans le fleuve du Jourdain, et qui est des-
cendu sur ks saints apôlres sous la forme
de langues de feu.
£epeMp/c;Ky rie, eleison (335). {Trois fois.)
Le prêtre : Afin qu'en venant, il fasse de
e paiu le corps vivifiant, le corps salutaire,
le corps céleste qui donne le salut aux flmes
et aux corps, le corps de Notre-Seigneur
Dieu et Sauveur Jésus-Christ, pour f)rocu*
rer à ceux qui le reçoivent la rémission
des péchés et la vie éternelle.
' Le peuple : Amen.
Le prêtre .\ Et qu'il fasse dir^in.qui est
ifaiis ce calice le sang de la nouvelle alliance^
le sang salutaire, le sang vivifiant, le sang
«réleste, le sang qui donne le salut aux âmes
i;t aux corps, le sang de Notre-Seij^neur Dieu
et Sauveur Jésus-Christ, pour procurer à
ceux qui le reçoivent la rémission des pé-
chés et la vie éternelle.
Lé peuple : Amen.
Le prêtre : Pour qu'ils servent h sanctifier
nos Ames et nos corps ainsi que de tous
ceux qui prendront part à ce sacrement,
éfin de faire fructifier les bonnes œuvres,
afiiî dé fortifier ton Eglise sainte que tu as
établie sur la pierre de la vraie foi, et les
portes de l'enfer ne prévaudront pas contre
elle, lorsque tu la délivreras jusqu'à la con-
s )mmatiun des siècles de toutes les hérésies
et des scandales de ceux qtû commettent
riniquité, par la grAce, la miséric^^rde et
rauiour pour les hooiimes de ton Fils uni-
ùue par lequel et avec lequel la gloire et
1 honneur te reviennent.
Le peuple : Amen.
JLe veupte :
Is prêtre s
Hncline et dit :
(335) L*adinissioQ de quelques mots grecs dans
la Liiurgie latine remonte à une époque fori récu-
rée; indépendamment du kyrie eUison, qui se ré-
l^'' le tou^ tes dimanches. Tantienne Agios o Theoi se
ib.a^'te le. vendredi saint, et Ton appelle encore le
St*igneor, dans quelques prières. Alpha et Oméga.
Un laborieux érudU, M Edelestand du Meril,
dans un travail récent qu*il a mis au jour, Floire et
Blaicepor^ poème du xiu*' siècle. Introduction,
(pagi* CLxxxiii, iK56}, ok)serve que dans plusieurs
églises établies par des missionnaires venus de
rOrîent, on conserva Tusagc de chanter à certaines
fêles de Tannée, au moins une partie de rOIVice en
grec. Votf.Narienne, Dgantiqua Ecciesiœ diiciplina,
p. 80; NUbiHon, Musaum Ualicum, U l(, p. U3;
liinterim , Denkwurdigkehen àer elmst-catholischen
Kifche, 1. 1 Y, p. 316, 33i et 403. Au Mont-Cassin , on
cé^ébr^it même nne fo*s par mois, en gcccV rOlfice
Cest pourquoi nous t'offrons, Seigneur.
ce sacrifice redoutable et non sanglant [M»nr
tes lieux saints que tu as iltustri's i«r
la manifestation de Jésus-Christ, ion Fis
et principalement pour la sainte Sion, mère
de toutes iesi Eglises et |X)ur ton Eglisesaiuie
répandue dans tout Tunivers.
Le diacre : Bénis, Seigneur. Prions ei in«
voquons le Seigneur notre Dieu en ce m*
ment saint, redoutable et grand, pour in s
Eères et nos guides qui sont aujounliiM
notre tète et qui, dans la vie sainte, {div
sent et gouvernent les saintes Euli^us ijo
Dieu ; pour les vénérables et bieiiheureut,
le seigneur N., notre pairiarclie, et le sei-
gneur N., notre métropolitain; nous iu>t>-
quons aussi le Seigneur pour les auins
vénérables métropolitains et évéque».
Le prêtre : Accorde •leur. Seigneur, les
dons les plus riches àe ton Ëspril-Sâini.
Souviens-toi, Seigneur, de nos saints éNè-
ques, qui nous distribuent selon ia jtMi.e
la parole de la vérité et surtout du hr.*
des Pères, notre patriarche N. et de nttre
évèque N. avec tous les autres évèques or-
thodoxes. Accorde-leur, Seigneur, une ^iei>-
lesse digne de vénération, conserve- les «i
nombreuses années tout occupés h (air*
pattre ton peuple avec toute piété et 1'mii«
sainteté.^Souviens^toi, Seigneur, des prè:r'>
de ce lieu et de teut^utre, desdiacres eii
tous ceux qui exercent le ministère ec<:é-
siastique, à quelque ordre qu*ils appariim
nent. Souviens-toi aussi, Seigneur, ù\) ni" .
car tu as daigné m*appeler, quelque inu-
gne que j*en sois. Ne gante pas le soute-
nir des péchés de ma jeunesse et de ui"'.
ignorance, mais souviens-toi da moi sei«^ <
la multitude de tes miséricordes; si tn "i •
serves les iniquités. Seigneur, quiest-oe<|.
pourra, Seigneur, se tenir devant toi ? Cr
ia propitiation se trouve auprès de toi; m-
site-moi et puriG.e-moi , afin que la ^r^
surabonde \h où ie péché a abondé.
Souviens-toi aussi. Seigneur, de ceux •;•<
sont retenus en captivité et dans lesf<r^;
souviens-toi de nos frères qui sont alli -^
des maladies et qui sont dans Teiil, et >
ceijx qui sont troublés par des osprii» i -
purs. Souviens-toi, Seigneur, de l'air, • «*
luies, de la rosée et des fruits de la terr :
es yeux de tous les bommes espèrent i-
E
tout entier; Cassiodore, De ditinis tectionii-*
cil. 28, elMabîUon, Annales ordini^ tancii BtHtd*^
t. I, p. 426. Nous renverrons aussi à un voluinr •
rieux et peu commun, intitulé : Messe grecqn*- * »
riionneur de saint Denys, apôire des Gaules, s<
Tubage (te i'abbayede Saint-Denys, pour le jour «
Tociave defaT^ie solennelle du saînl, mi llî oiU'!"-
Paiis, 1677, in-12. C'est une édition grecque, l:i i-
ei française, donnée par Desurre Duptan. lU-
M<»s$e qui se chaniail en grec dans la catlièdrâi'*
Saint-Denis.
Parmi ces anciens livres de Messe, bien dt."
d*iiM tr.«vail spécial, nous indiquero«(S la Mu>.
Eihiopes communiter tclvnliir, {(utr etiam can* n .
versalu appellatur nunc primum ex lingua tl^i ••
site /EUiiopica in Laiinam conversa. Homae. y*
Anlouiuni Bladum, 15i9, in* i" (0|)ascuIcde SM« •
Jets, très- rare).
239
JÂG
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS;
JAG
S)0
toi et (ul^ur donnes la nourriture au mo-
ment opportun ; tu ouvres ta main qui sudit
pour pourvoir aux besoins de tous les èires
«Dimés et tu les nourris tous par Teffet de ta
bonté.
Elevant la voix: Préserve-moi, Seigneur
Dieu.de toute angoisse, de toute colère et de
Iddrersité, de toutes les machinations et
manœuvres des hommes pervers, do toute
attaque et de toute violence de la part des
déffloas, de tout fléau envoyé par toi. Sei-
gneur, à cause de nos péchés ; conserve-
DoQS dans la foi orthodoxe et dans l'observa-
tion de tes commandements qui sont saints
et vivifiants, nous et tous ceux qui sont di-
gnes de se tenip devant toi et qui attendent
ae loi d*amples miséricordes, parce que tu
ei le Dieu qui veut la miséricorde et nous
te rendons grâces, etc.
Le peuple: Amen.
Le diacre prie pour les frères fidèles.
Nous réitérons la commémoration de
DOS frères fidèles, vrais Chrétiens qui nous
ont recommandé, à nous faibles et débiles
créatures, de nous souvenir d'eux en ce mo-
ment, et nous nous souvenons aussi de ceux
qui sont troublés par un genre quelconque
delenlations et d'afflictions.
Le prêtre s*incHne et dit :
Daigne, Seigneur, te souvenir de ceux qui
irennent part à qos prières, de nos pères,
lie nos frères, de nos ancêtres et de ceux
qui sont absents. Souviens-toi aussi, Sei-
boeur, de ceux qui nous ont recommandé
«ie conserver leur mémoire dans les oraî-
^msque nous l'adressons. Accorde à chacun
•ieui, Seigneur, ce qu'il te demande, en ce
'i'Ji regarde le salut. Souviens-loi, Seigneur
^e ceux qui ont apporté des offrandes à Ion
^intautel, et do ceux pour lesquels ils ont
fîiides vœux ainsi que de ceux qui ont
^<Jufa faire des offrandes, mais qui ne l'ont
Élnant la voix :
Souviens-toi, Seigneur, de laus ceaxdont
n us rappelons la mémoire et de ceux dont
u^'us ne la rappelons pas; daigne, selon
a maltiiudede ta miséricorde, leur accor-
«î-T la joie de ton salut ; reçois leurs sacri-
î;e>dans l'immensité de tes cieux; rends-le
'^nede la visite et de ton secours; donne-
itur l'appui de tes forces et de ta puissance;
insiruis-les, car tu es miséricordieux et tu
tîfeires la miséricorde, et à toi reviennent
'^gloire, l'honneur et la puissance, conjoin-
l'îneniavec ton Fils unique et lonEspiit-
Lepeupu : Amen.
Le diacre prie pour les souverains,
Nous réitérons la commémoration de tous
ksioxs fidèles et vrais Chrétiens qui ont
''onsiruit et fondé dans les quatre parties du
moiuie des églises et des monastères consa-
(fé$ à Dieu; nous invoquons le Seigneur
f'oartoule la républiq,ue chrétienne, pour le
^'^''/^é et pour le peuple fidèle, afin qu'ils en
Koiiieoi (jjiQs la vertu.
Lf prêtre s'incline et dit :
Souvi(»ns-toi aussi, Seigneur^ de nos rois
pieux et de nos reines, prends tcâ armes et
ton bouclier, et lève-toi pour les assister.
Soumets-Irur tous leurs ennemis et tous
leurs adversaires, afin que nous menions
une vie tranquille et calme, dans la crainte
de Dieu et dans Thumililé, parce que tu es.
Seigneur, le refuge du salut et la puissance
secourable;Vest toi qui donnes la victoire
à ceux qui t'invoquent etqui espèrent eu toi.
Nous te rendons gloire et honneur.
Le peuple : Amen.
Le diacre fait la mémoire des saints :
Nous faisons derechef la commércoralion
de la Mère de Dieu, Marie toujours vierge»
véritablement heureuse, louée et bénie par
toutes les générations de la terre; nous fai-
sons aussi celle des prophètes, des apôtres,
des évangélistes, des prédicateurs, des mar-
tyrs et des confesseurs et du bienheureux
Jean-Baptiste, précurseur du Sauveur^ du
glorieux Etienne, premier martyr et premier
diacre, et nous souvenant de chacun d'eux^
nous adressons nos prières au Seigneur.
Le prêtre s'incline et dit :
Seigneur, c'est à toi qu'est la puissance de
la vie et de la mort ; tu es le Dieu des mi-
séricordes et de l'amour pour les hommes ;
rends-nous dignes de célébrer la mémoire
de tous ceux qui t'ont été agréables dans les
siècles passés, des saints pères et des pa-
triarches, des prophètes et des apôtres, de
Jean-Baptiste le précurseur, de saint Etien-
ne, le premier des diacres et des martyrs et
de la sainte Mère de Dieu et toujours viergd^
Marie, et de tous les saints.
Elevant la voix :
Nous te prions, Seigneur, plein de misé-
ricorde, toi pour qui il n'est rien d'impossi-
ble, admets-nous dans celte bienheureuse
réunion, fais-nous entrer dans cet(e égli5e,-
élablis nous par ta grflce parmi ces élus qui
soiU inscrits dans les cieux. Nous célébrons
t«ur mémoire pour que, lorsqu'ilsseront de-
vant (on trône, ils se souviennent de notre
faiblesse et de notre misère et qu'ils l'offrent
avec nous ce sacrifice redoutable et non san*
glant, pour servir à guider ceux qui vivent,
pour consoler les malheureux et les indi-
gnes tels que nous sommes; pour le repos
de la bonne mémoire de nos pères, de nos
frères et de nos maîtres qui sont morts dans
la vraie ioi. C'est ce que nous te demandons,
Seigneur, par la grAce et la miséricorde de
ton Fils unique.
Le peuple : Amen.
Le diacre fait la commémoration des doc*-
teurs :
Nous faisons derechef en ta présence,
Seigneur, la commémoration de ces docteurs
divins qui ont expliqué la foi d'une façon
irré|.)réhensible, et qui, décoré? des plus
belles vertus, sont morts, en nous confiant
et nous remettant le dépôt de la foi ortho-
doxe..
Le prêtre s'incline et dit:
Souviens-toi, Seigneur, des saints évo-
ques qui sont morts, et qui nous ont dis*
Iribué la parole de la vérité, et qui, depujjs
Jacques lapôtro, prince des apôtres et mac-^
211
DlCTIONNAmE DES APOCRYPHES.
:i^
tyr, jusqu'aujourd'hui, ont prêché en ton
hglise sainte la parole de la foi orthodoxe.
Elevant la voix :
Seigneur, accorde la paix k Ion Eglise par
la prière etiessupplications des docteurs qui
ont été les flambeaux de ton Eglise sainte,
(|ui ont glorieusement combattu pour la foi,
et qui ont porté ton saint nom devant les
peuples, les rois et les fils d'Israël ; fortifie
dans nos flmes leurs doctrines et leur en-
seignement ; comprime les hérésies qui nous
^ont nuisibles; accorde-nous de jiaratire
^ans confusion devant ton tribunal ; parce
que tues saint, Seigneur, et que tu reposes
dans les saints, toi qui sauves et récouji)en-
ses les saints.
Le peuple : Amen.
Le diacre fait la commémoration des fidèles
défunts.
Nous faisons derechef la commémoration
de tiais les fidèles défunts qui ont trépassé
dans la vraie foi, soit qu'ils appartinssent à
ce saint autel, ou à cetle ville, ou à tout au-
tre pays, et qui sont parvenus à toi. Seigneur
Dieu des esprits et de toute chair. Nous
prions, nous supplions et nous invoquons
Jésus-Christ, notre Dieu, qui a pris aupiès
de lui leurs âmes et leurs esprits afin que,
par un effet de ses grandes miséricordes,
il les juge dignes d'obtenir le pardon de
leurs fautes et la rémission de leurs péchés,
^t de les faire parvenir, ainsi que nous, l son
royaume dans le ciel. C*est pounjuoi nous
élevons la voix et nous disons Kyrie eleison
{trois fois).
Le prêtre sUncline et dit :
Souviens-toi aussi, Seij^neur, oes prêtres
orthodoxes qui sont morts, des diacres et
des sous*diacres, des lecteurs, des inter-
avons cbînmises, soit en le sachant, soii ;.-
ijAnoranre.
Le prêtre s'incline et dit :
Pardonne, Seigneur, remets et efface !^5
pochés volontaires et involontaires de noi.>
tous, ceux que nous avons commi? par 1 1-
rôle, ou pensée ou en action ; pardoniie-
nous nos fautes publiques ou cacluos.
récentes on anciennes, et toutes celles q^c
connaît ton nom saint.
Elevant la voix:
Accorde-nous uncfin chrélienneelexer,! ••
te de péi hé;, réunis-nous sous les pieds lp
tesélus, quand» où et comme tu voudras
préserve-nous de la confusion de nos ini-
quités, afin qu'en cela comme en U^mu^
choses, ton nom adorable soit loué et cé!t ire
ainsi que Jésus-Christ Notre-Seigneureii n
Eiiprit-Saint.
Lfi peuple : Tel qu'il est et qu'il a t ■
dans la {vénération des générations et ikh^
les siècles des siècles futurs. Amen.
Le prêtre: La paix avec vous.
Le peuple: Et avec ton Esprit.
Le prêtre: Que les miséricordes de Dieu
soient sur nous tous.
// dit ensuite :^ous brisons avec f<.i e;
recueillement ce pain céleste euciiari^li] !-,
corps du Dieu vivant, dans le calice dusai.;
et de Taction de grâces.
Le peuple: Amen.
Le diacre dit à haute voix :
Bénis-nous, Seigneur, Nous prions d< r-
chef par cette oblation sainte et par ce <^arr •
flce propitiatoire qui estotfertà Dieu lePc^.
sanctifie, complété ^t rendu parfait par .<
descente de rKsprii- Saint vivant, n* .^
prions pour notre père le prêtre qui a ml -.
et consacré ce sacrifice ctpourl autel de Di
que
pensée
Elevant la votx:
Seigneur Dieu des esprits et de toute
chair, souviens-toi de tous ceux dont nous
conservons la mémoire et qui sont morts
dans la foi orthodoxe; donne le repos ii leurs
ftmes, à leurs corps et è leurs esprits, les dé-
livrant de la damnation future sans fin, et
les rendant dignes de prendre part À la joie
qui est dans le sein d Abraham, d'isaac et
(le Jacob, où resplendit la lumière de ton
ima^e. d'où sont éloignés les gérai-sements,
ta liouteuret les angoisses; ne leur impute
pas tous leurs péchés. N'entre pas en juge-
ment avec tesserviteurs, car nul èlre vivant
ne sera justifia en ta présence, et de tous Jrs
liororaes qui ont été sur la terre, nul ne sera
arrivé exempt de souillure, ou pur de péché,
i>\ ce n'est seulement Notre-Seigneur Jésus-
dhrist, ton Fils unique, par lequel nous es-
pérons obtenir la miséricorde et la rémission
de nos péchés.
If peii|>/e: Accorde-leur le repos. Seigneur,
et sois-leur propice; pardonne-nous tou-
tes nos errt'urs et toutes les fautes que notis
de la crainte; voici Theure pleine de Itrr >:-.
les anges adorent Dieu avec effroi; la it-
nur s*empare des enfants de la lum;' ' .
c'esti 'heure où vient le pardon, et les f>é< -
fuient loin d*elïe. Minisires de l'Eglise, (p •
blez, parceque vou$administrezlefi'uii> .
La puissance qui vous est donnée e^l i *
excellente que celle que possèdent les >
raphins. Heureuse rânie({ui est ntainlrr. '
dans TEglise avec pureté, parce que rE>; ■
Saint écrit son nom et félève dans lei'
Diacres, tenez- vous avec frayeur, au in(»ii
sacré où TEsprit-Saint descend pour ^ft| •
tifier les corps de ceux qui le reçoivent. U-
garde. Seigneur, d'un œil de misériconli* '
serviteur qui célèbre le saint niyslère. lî •
çois. Seigneur, cetle (iffrantle romnie •
des prophètes et des apôtres. Souviens-
Seigneur, de nos pères ei de nos frères »•
que do nos maîtres; rends-les divines a '
que nous par ta miséricorde, du roy;ii
célesie. Souviens«toi, Seigneur, partir'- *
et la miséricorde divine, de notre f>air y-
fhe N. et de ceux dont les prières sont e*.-
j primées ici. Souviens-toi , Seigneur,
ah>enls, et aie pitié des présents. Don
I • »
.1.»
JAC
PART. ifl. - LEGrNDES ET FRAGMEiNTS.
JAC
3ti
!o refios aux esprits des défunts et épargne
les pécheurs au jour du jugement. Donne,
Seij^neur Jésus-Christ, le repos aux es-
prits de ceux qui sont sortis de ce monde
et adffle's-les avec les hommes justes et
l»ieux. Que ta croix soit pour eux un pont
pl ton baptême une défense. Que ton corps
elque ton sang sacrés soient pour eux la
voie qui conduise à ton royaume. Il con-
vient que du milieu du sanctuaire, nous
rendions perpétuellement gloire au Père^ au
Fils et à rÉsprit-Saint vivant, les adorant
'/une manière qui soit accueillie d'eux, afin
que Dieu répande sur nous sa grâce, sa
l".'nédiclion, sa miséricorde ot sa clémence
depuis ce moment jusqu'à la fin, et que fous
nous adressions nos oraisons au Seigneur.
Le prêtre, avant de réciter VOraison domU
«iVfl/f, dit :
Père de Notre-Seigncur Jésus-Christ, père
de miséricorde et dieu de toute consolation,
qui es assis au-dessus des chérubins et qui
reçois les louanges des séraphins, devant
lequel se tiennent mille myriades d*anges,
armées célestes et éminentes, toi qui as dai-
gné sanctifier et rendre parfaites par la j^râce
u^ l'^n Fils" unique, et par la descente de
li>n Esprit-Saint, les offrandes faites des dons
el des fruits qui te sont présentés en odeur
Oe suayité, sanctifie aussi, Seigneur, nos
âuies. nos corps et nos esprits, alin que nous
puissions l'invoquer avec un cœur pur, une
âioe lucide et une figure exempte de confu-
son, 6 Dieu céleste. Père tout-puissant, et
i|uc nous te priions en disant : Notre Père
qui es dans les cieux.
le peuple : Que ton nom soit sanctifié.
Z^pr^/re: Seigneur, notre Dieu; ne nous
inlnis pas en des tentations quo, privés de
Iroe^nous ne pourrions supporter, maisac-
curde-Qous ton secours afin que nous puis-
sions surmonter la tentation, et délivre-nous
< 1 mal. Par Jésus-Christ, Notre-Seigneur,
l'-r lequel, etc.
Le peuple: Amen.
Le prêtre : La paix soit avec vous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
Le diacre : Inclinez vus têtes devant Dieu
r'i:>érieordieux, devant l'autel propitiatoire,
f-i devant le corps et le sang de notre Sau-
ym dans lequel est placée la vie pour ccui
<;iii le reçoivent, et recevez la hénéuictioo
li 1 Sei|§neur.
Le prêtre : Tes serviteurs inclinent leurs
lêtes devant toi. Seigneur; ils attendent do
>'M des miséricordes abondantes. Envoie,
H^^neur, les bénédictions copieuses qui
tiennent de toi. Seigneur, et sanctifie nos
diu» s, nos corps et nos esprits, afin que nous
^i^om dignes de partici[)er au corps et au
Sang du Christ, notre Sauveur, par la grâce,
le mente et jl*amour de Jésus-Christ avec
^'Jcl tu es loué et béni dans les cieux et
sur la terre avec ton Esprit-Saint.
le peuple ; Amen.
Le prêtre: Que la paix soit avec vous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
Le prêtre : Que les miséricordes do Dieu
^•! ni avec vous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
Le diacre : Que chacun avec crainte et
tremblement dirige ses regards vers Dieu,
et qu'il invoque la gr&ce et la miséricorde
du Seigneur.
Le prêtre : Saint, saint, saint le Seigneur
Dieu mallre des armées ; les cieux et la
terre sont pleins de tes louanges. O Dieu,
ta gloire s'élève au-dessus des cieux et au-
dessus de toute la terre. J'ai levé mes yeux
vers toi qui habites dans les cieux.
Le prêtre prend ensuite l'Eucharistie dans
les mainSf et il dit à haute voix :
Les choses saintes sont livrées aux sainte
dans la perfection, dans la pureté et dans
la .<aintelé.
Tous disent alors ensemble : Un Père saint,
un Fils saint, un £s})rit saint. Que béni
soit le nom du Seigneur qui est dans le
l'iel et sur la terre; h lui gloire dans tous
les siècles. Gloire au Père, au Fils et à
TEsprit-Saint, qui sanctifie toutes choses et
qui expie toutes choses.
Le prêtre : Seigneur, nous croyons en loi
avec vérité et avec certitude, comme l'Eglise
sainte et catholique croiten tni. Nous croyons
que tu es lejseul Père saint auquel revient
la gloire. Amen ; un seul Fils saint; à lui la
louange. Amen; un seul Esprit-Saint; à lui
la gloire et actions de grâces dans tous les
siècies. Amen.
Le diacre : Recevons dans la résurrection
du roi Jésus-Christ la grâce pour nos âmes
dans la foi, et disons tous également au Fils
qui nous a sauvés par sa croix ; Béni no-
tre Sauveur, tu es saint, saint, saint de toutes
les manières ; glorifions la mémoire de sa
Mère, des saints et des fidèles défunts. Allé-
luia, Les vertus des cieux se tiennent avec
nous, au milieu du sanctuaire, et elles s'in-
clinent devant le corps du Fils de Dieu qui a
été immolé en notre présence. Approchez,
recevez de lui la rémission de vos péchés
et de vos fautes. Alléluia, Seigneur, que
sur ton autel saint se fa&se la mémoire de
nos pères, de nos frères et de nos maîtres ;
qu'ils ressuscitent pour être placés à la droi-
te, au jour de Tavénement de ta majesté, ô Jé-
sus-Christ, roi. il//€/uïa. Béni soit le Seigneur
qui nous a donné son corps ei son sang vi-
vant, afin d'obtenir par eux le pardon de nos
péchés. Prêtres, lorsque vous êtes dans le
sanctuaire, ouvrez les portes de vos cœurs,
récitez le psaume et bénissez cette Eucha-
ristie placée dans le sanctuaire.
On récite le psaume cl.
Le prêtre récite encore quelques prières qui
varient selon les usages des diverses Eglises ;
il sépare du pain eucliaristique un morceau
qu il trempe dans le calice^ et il fait sur les
autres le signe de la croixy en disant :
Que le sang de Notre-Seigneui arrose son
corps au nom du Père t, et du Fils ft ^l ^«
l'Esnrit-Saint f.
Il place dans le calice cette mime petite par^
lie en disant :
Seigneur, lu as mêlé ta divinité avi^c no-
ire humanité et nrdrc humanité avec la dt-
vinité, ta vie avec notre mortalité et notre
311
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
M
tyr« jusqu'aujourd'hui, ont prêché en ton
Kglise sainte la parole de la tçi orthodoxe.
Elevant la voix :
Seigneur, accorde la paix k Ion Eglise par
la prière etiessupplications des docteurs qui
ont été les flambeaux de ton Eglise sainte,
qui ont glorieusement combattu pour la foi*
et qui ont porté ton saint nom devant les
peuples, les rois et les fils dlsraël ; fortifie
dans nos flmes leurs doctrines et leur en-
seignement ; comprime les hérésies qui nous
5ont nuisibles; accorde-nous de jaratlre
sans confusion devant ton tribunal; parce
que tu es saint, Seigneur, et que tu reposes
dans les saints, toi qui sauves et récompen-
ses les saints.
Le peuple : Amen.
Le diacre fait la commémoration des fidèles
défunts.
Nous faisons derechef ja commémoration
(le tous les fidèles défunts qui ont trépassé
dans la vraie fji, soit qu'ils appartinssent à
ce saint autel, uu à cette ville, ou à tout au-
tre pays, et qui sont parvenus à toi. Seigneur
Dieu des esprits et de toute chair. Nous
prions, nous supplions et nous invoquons
Jésus-Chrisl, notre Dieu, qui a pris aupiès
de lui leurs flmes et leurs esprits afin que,
par un effet de ses grandes miséricordes,
il les Juge dignes d*obtenir le pardon de
leurs fautes et la rémission de leurs péchés,
et de les faire parvenir, ainsi que nous, l son
royaume dans le ciel. C*est pourcjuoi nous
élevons la voix et nous disons Kyrie eleison
(trois fois).
Le prêtre s'incline et dit :
Souviens-toi aussi* Seigneur, oes prêtres
orthodoxes qui sont morts, des diacres et
des sous-diacres. des lecteurs, des inter-
prètes, des exorcistes, des moines, des reli-
« îflieux, des auditeurs, des vierges, des sécu- •
fiers qui soni morts dans la vraie foi et de
ceux que chacun de nous désigne dans sa
pensée
Elevant la votx:
Seigneur Dieu des esprits et de toute
chair, souviens-toi de tous ceux dont nous
conservons la mémoire et qui sont toorts
dans la foi orthodoxe; donne le repos b leurs
flmes, à leurs corps et è leurs esprits, Ips dé-
livrant de la damnation future sans fin, et
les rendant dignes de prendre part à la joie
qui est dans le sein d Abraham, d'isaac et
de Jacob, où resplendit la lumière de ton
ima^çe, d'où sont éloignés les gérai-sements,
ÏH iloulcurer les angoi^sses; ne leur impute
pas tous leurs péchi^s. N'entre pas en juge-
ment avec (esservileurs, car nul être vivant
ne sera justifia en la présence, et de tous les
homme» qui ont été sur la terre, nul ne sera
arrivé exempt de souillure, ou pur de péché,
b\ ce n*est seulement Noire-Seigneur Jésus-
(«hrist, (on Fils unique, par lequel nous es-
pérons obtenir la miséricorde et la rémission
de nos péchés.
Le petfo/e: Accorde-!eurl6 repos, Seigneur,
et sois-leur propice; pardonne-nous tou-
tes nos errf'urs et toutes lesfaute> que nous
avons coînmises, soit en le sachant, soit ;/:
ignorance.
Le prêtre s'incline et dit :
Pardonne, Seigneur, remets et efface Wf^
péchés volontaires et involontaires de duun
tous, ceux que nous avons comœi? par i >
rôle, ou pensée ou en action ; pardoi.tit-
nous nos fautes publiques ou cacht'rs,
récentes on anciennes, et toutes celles i;.i«-
connatt ton nom saint.
Elevant la voix:
Accorde-nous unefin chrétienneetexen j-
te de pé< hé; réunis-nous sous les pieds i.e
tcsélus, quand, où et comme tu voudra^;
préserve-nous de la confusion de nos ini-
quités, afin qu*en cela comme en tMji'^
choses, ton nom adorable soit loué et céUirt»
ainsi que Jésus-Christ Notre-Seigneur cl t' :i
Esnrit-Sainl.
Lff peuple : Tel qu'il est et qu'il a é •
dans la {vénération des générations et «l.v.'
les siècles des siècles futurs. Amen.
Le prêtre: La paix avec vous.
Le peuple: Et avec ton Esprit.
Le prêtre: Que les miséricordes de Dieu
soient sur nous tous.
// dit ensuite :^ous brisons avec fol el
recueillement ce pain céleste eucharislijii',
corps du Dieu vivant, dans le calice du salui
et de Taction de grâces.
Le peuple : Amen.
Le diacre dit à haute voix :
Bénis-nous, Seigneur. Nous prions dere-
chef par cette oblation sainte et f^ar ce ^mn-
lice propitiatoire qui estolfertà Dieu lePir»»,
sanctifie, complété ^t rendu parfait par <:
descente de l'Esprit -Saint vivant, nnj-
prions pour notre père le prêtre qui a olI»;.
et consacré ce sacritice et pour l'autel de I)i> ':
sur lequel il s'est accompli, et pour le { eu{ .
béni qui en approche et qui Je reçoit «Jan^
une foi sincère, et pour ceux en faveur lit-*-
quels il est olferl et consacré. Voici le teni[5
de la crainte; voici l'heure pleine de tcrr i;r;
les anges adorent Dieu avec effroi; la it-
rcur s'empare des enfants de la UiuwiTo,
c'esti 'heure où vient le pardon, et les fiée *'-
fuient loin d'elle. Ministres de l'Eglise, Ir- 1. -
blez, parceque vousadministrezlefou^ir' ".
La puissance qui vous est donnée est |- '
excellente qun celle que possèdent les ^
raphins. Heureuse l'âme qui est mainicn *:
dans l'Eglise avec pureté, parce que rE>|'fi •
Saint écrit wson nom et l'élève dans lei<'
Diacres, tenez-vous avec frayeur, au incm;. m
sacré où TEsprit-Saint descend pour >«!• -
lifier les corps de ceux qui le reçoivinl. lî-
t;arde. Seigneur, d'un œil de miséricorli- ' ■'■
serviteur qui célèbre le saint mystère. K-
çois, Seigneur, celle oflrande cômnic <••
des prophètes el des apôlres. Souvierii-' •
Seigneur, de nos pères ei de nos frères »t'; '
que (le nos maîtres; rends-les dignes a:'-:
que nous par ta miséricorde, du rop"" •
céle5;e. Souviens-toi, Seigneur, parlfl^'' '*
et la miséricorde divine, de noire j>air!*r-
che N. et de ceux dont les prières sont cv
primées ici. SouTiens-toi ♦ Seigneor. <^*
ah>enls, cl aie pitié des présents. Pom.;*.
:-\:t
JAC
PART. ifl. - LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
3tl
;•> repos aux esprits des défunts et épargne
les pécheurs au jour du jugement. Donne,
Seigneur Jésus-Christ, le repos aux es-
prits de ceux qui sont sortis de ce monde
el admets-les avec Jes hommes justes et
]tieut. Que (a croix soit pour eux un pont
pi lj>n baptême une défense. Que Ion corps
et que ion san^ sacrés soient pour eux la
voie qui conduise à ton royaume. Il con-
vient que du milieu du sanctuaire, nous
rendions perpétuellement gloire au Père^ au
Fils et à l'Espril-Saint vivant, les adorant
«/une manière qui soit accueillie d'eux, afin
que Dieu répande sur nous sa grâce, sa
l'.Qédiction, sa miséricorde et sa clémence
(iepuisce moment jus(]ii*à la Gn, et que tous
Dotjs adressions nos oraisons au Seigneur.
Le prêtre, avant de réciter iOraison domi-
nicaUf dit :
Période Noire-Seigneur Jésus-Christ, père
de miséricorde et dieu de toute consolation,
qui es assis au-dessus des chérubins et qui
reçois les louanges des séraphins, devant
lequel se tiennent mille myriades d'anges,
années célestes et éminentes, toi qui as dai-
gné sanctifier et rendre parfaites par la grâce
u<? l'^n Fils' unique, et par la descente de
U»n Esprit-Saint, les offrandes faites des dons
el (les fruits qui te sont préseniés en odeur
de suavité, sanctifie aussi. Seigneur, nos
âmes, nos corps et nos esprits, afin que nous
puissions t'invoquer avec un cœur pur, une
âioe lucide et une figure exempte de confu-
son, 6 Dieu céleste. Père tout-puissant, et
H\ie nous te priions en disant : Notre Père
qui es dans les cieux.
U peuple : Que ton nom soit sanctifié.
I0 praire: Seigneur, notre Dieu; ne nous
induis pas en des tentations quo, privés de
l'roe,nous ne pourrions supporter, mais ac-
corde-nous ton secours afin que nous puis-
sions surmonter la tentation, et délivre-nous
'' 1 mal. Par Jésus-Cbrist, Notre-Seigneur,
|flr lequel, etc.
Le peuple: Amen.
Le prêtre : La p.iix soit avec vous.
Le peuple : £t avec ton esprit.
Le diacre: Inclinez vos têtes devant Dieu
miséricordieux, devant Tautel propitiatoire,
el devant le cor[)S et le sang de notre Sau-
vt'ur dans lequel est placée la vie pour crui
<:iâ le reçoivent, et recevez la béncuiclion
u I Seijjneur.
Le prêtre : Tes serviteurs inclinent leurs
ièles devant toi, Sei)^neur; ils attendent do
ioi des miséricordes abondantes. Envoie,
^''i(^neur, les bénédictions copieuses qui
ueiineni de toi. Seigneur, et sanctifie nos
âiues, DOS corps et nos esprits, afin que nous
Soyons dignes de parlicifter au corps et au
s<')ngdu Christ, notre Sauveur, par la grâce,
je raénle et Uamour do Jésus-Christ avec
lequel lu es loué et béni dans les cieux et
sur la terre avec ton Esprit-Saint.
Le peuple : Amen.
^^ prêtre: Que la paix soit avec vous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
^-« prêtre : Que les miséricordes do Dieu
Kin ut avec vous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
Le diacre : Que chacun avec crainte et
tremblement dirige ses regards vers Dieu,
et qu'il invoque la gr&ce et la miséricorde
du Seigneur.
Le prêtre : Saint, saint, saint le Seigneur
Dieu matlre des armées ; les cieux et la
terre sont pleins de tes louanges. O Dieu,
ta gloire s'élève au-dessus des cieux el au-
dessus de toute la terre. J*ai levé mes yeux
vers toi qui habites dans les cieux.
Le prêtre prend ensuite l'Eucharistie dans
les mainsy et il dit à Imute voix :
Les choses saintes sonl livrées aux sainte
dans la perfection, dans la pureté et dans
la .<ainleté.
Tous disent alors ensemble : Un Père saint,
un Fils saint, un Esprit saint. Que béni
soit le nom du Seigneur qui est dans le
l'iel et sur la terre; à lui gloire dans tous
les siècles. Gloire au Père, au Fils el à
l'Esprit-Saint, qui sanctifie toutes choses et
qui expie toutes choses.
Le prêtre : Seigneur, nous croyons en loi
avec vérité et avec certitude, comme TEglise
sainte et catholique rroiten loi. Nous croyons
que lu es lei^eul Père saint auquel revient
la gloire. Amen ; un seul Fils saint; à lui la
louange. Amen; un seul Esprit-Saint; à lui
la gloire et actions de grâces dans tous les
siècles. Amen.
Le diacre : Recevons dans la résurrection
du roi Jésus-Christ la grâce pour nos âmes
dans la foi, et disons tous également au Fils
qui nous a sauvés par sa croix ; Béni no-
tre Sauveur, tu es saint, saint, saint de toutes
les manières; glorifions ta mémoire de sa
Mère, des saints et des fidèles défunts. Allé-
luia, Les vertus des cieux se liennenl avec
nous, au milieu du sanctuaire, el elles s'in-
clinent devant le corps du Fils de Dieu qui a
été immolé en notre présence. Approchez,
recevez de lui la rémission de vos péchés
et de vos fautes. Alléluia. Seigneur, que
sur ton autel saint se fa^se la mémoire de
nos pères, de nos frères et de nos maîtres ;
qu'ils ressuscitent pour être placés à la droi-
te, au jour de Tavénement de ta majesté, ô Jé-
sus-Christ, roi. ii//«/Mia. Béni soit le Seigneur
qui nous a donné son corps ei son sang vi-
vant, afin d'obtenir par eux le pardon de nos
péchés. Pi êtres, lorsque vous êtes dans le
sanctuaire, ouvrez les portes de vos cœurs,
récitez le psaume el bénissez cette Eucha-
ristie placée dans le sanctuaire.
On récite le psaume cl.
Le prêtre récite encore guelgues prières qui
varient selon les usages des diverses Eglises ;
il sépare du pain eucharistique un morceau
qu'il trempe dans le calice, et il fait sur les
autres le signe de la croix, en disant :
Que le sang de Notre-Seigneui arrose son
corps au nom du Père t, el du Fils f» ^l ^«
rEsprit-Saint t.
Jl place dans le calice cette même petite par^
lie en disant :
Seigneur, tu as mêlé ta (divinité avi^c no-
tre humanité el notre humanité avec ta di-
vinité, ta vie avec nidre mortalité cl notre
SIS
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
310
mortalité avec ta vie; tu as reçu ce qui
était à nous et tu nous a donné ce qui éPiit
à loi, pour la vie et te salut de nos Ames.
A toi gloire dans tous les siècles.
Le prêtre reçoit le corps de Jésus Christ
sn disant :
Seigneur, fais que nos corps soient sanc-
tifiés par ton corps saint et que nos Ames
soient purifiées par ton sang propitiatoire :
que ton corps et ton sang nous servent à
obtenir ta grAce de nos fautes et la remis*
sion de nos p chés; Soigneur Dieu, gloire
à toi lians lous les siècles.
Le prêtre distribue ensuite l'Eucharistie
aiêx prêtres^ puis aux diacres et enfin aux
laïques, en disant :
Que l(* corps et le sang de Nolre-Seifçneur
Ji^sus-Christ le soient donnés pour le pardon
de les fautes et la rémission de tes péchés, en
ce monde et en Taulre.
Pendant que la communion est administrée,
U diacre dit à haute voix :
Mes frères, receviez lecorps du Christ, bu-
vez son sang avec foi, et chantez sa gloire ;
c'est le calice que Notre-Seigneur a mêlé
sur le bois de lacroii; approchez-vous, mor-
tels; buvez-en pour la rémission de vos fau-
tes; alleluia;h lui la louange; son troupeau
en boit et obtient la pureté.
Ces vers et beaucoup d'autres semblables se
récitent ou se suppriment, selon que le nombre
des communiants est plus ou moins grand.
Le prêtre essuie ensuite les vases sacrés par
le ministère des diacres, et ensuite l'oraison
d'action de grâces est récitée.
Nous te rendons ^rAc(s A Dicnl et nous te
louons surtout è caiiSH de ton immense et
ineffable amour è Tégard des hommes. O
Seigneur I ne condamne pas, è cause de la
participation qu'ils ont prise à tes mystères
saints et sans tAche, ceux que tu as daigné
admettre à ta table céleste. Daigne nous gar-
der dans la justice et dans la sainteté, atin
que, rendus dignes par In communication
de ton Esprit-Saint, nous obtenions une nart
et un héritage avec tous les saints qui t ont
été agréables, par la grAce, etc.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : La paix soit avec vous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
Le diacre : Prions derechef pour la con-
sonimalion de ces mystères maints.
Le prêtre : Dieu grand et admirable, qui
as incliné les cieux et qui es descendu pour
le saluf des hommes, jette les yeux sur nous
par tn effet de ta grAce et de ta miséri-
corde; bénis ton pouple, et préserve ton hé-
ritage, atin que nous te louions toujours et
on tout temps, parce que tu es notre seul
Dieu véritable, et nous louons aussi, mainte-
nant et toujours et dans tous les siècles. Dieu
le Père qui t'a engendré, et ton Esprit-Saint.
Le peuple : Amen.
Le diacre : Seigneur, donne la bénédic-
tion.
Le prêtre: Seigneur, bénis tous ceux qui
•ont m présents, conserve-les tous, etc.
La bénédiction tarie selon Vusage des Egli
ses et selon la fête quon célèbre.
Quand elle est récitée, le diacre entonne le
psaume xxxiv : « Je bénirai en tout tempx U
Seigneur. » Ensuite chacun se retire et la (t«
turgie est terminée.
Autres oraisons à réciter au moment de la
communion et après, et qui, dans quelques
manuscrits, sont jointes a laliturgie de Jac»
Îues, dans d'autres à celle de Xysie ou de
ierre.
Lors de la distribution de la communion, le
prêtre dit :
Seigneur, tu es saint, saint, saint. Ain^ilo
crie TE^Iise. Béni celui qui m*a donné M>ii
corps et son sang, afin que par lui j'obiiennc
Texpintion de mes péchés. Nous invoquons
ton saint, afin qu'il nous soit favorable, lors-
qu'au jour du jugement nous paraîtrons de-
vant son trOne qui inspire la crainte et l'ef-
froi. Je fuis le pain de vie, dit le Soigneur,
et celui qui me mange avec foi héritera d»*
la vie. Que celui qui est pur parmi ceux qui
voient avec foi le corps du Fils, s'approche,
et qu'il te reçoive, et qu'il obtienne par lui
le pardon des péchés. Bénie est Marie, cl
béni est fe fruit qui est sorti d'elle, parce
que nous recevons son corps et quo nous
buvons son sang pour l'expiation de nos fau-
tes. Reçois, Seigneur, les offrandes que le
présentent tes adorateurs; sois propice, dans
tes miséricordes t aux Ames de ceux qui
sont défunts. .
Oraison pour les morts.
Voici que l'offrande est apportée,.et voin
que les Ames sont purifiées. Qu'elle procura
le repos aux morts pour lesquels elle est
offerte. Celte offrande, que les vivants pn^
sentent pour les défunts expie Tiniquiiéile
TAme, et par elle, leurs péchés leur soni
remis. Que celui qui a appelé Lazare el le
fils de la veuve répande la rosée de ses mi-
séricordes sur les os des défunts. Seigneur,
souviens-toi de celui par lequel celto («f-
fraude est présentée, et place-le avec Abra-
ham, Isaac et Jacob.
Roi céleste, reçois l'offrande de tes servi-
teurs, et conserve leur mémoire dans la ié-
rusalem d'en haut et dans celle qui est sur
la terre, et que leur mémoire soit favora-
ble sur Tautel qui est dans le lieu élevé.
Agneau de Dieu et pasteur, qui es dhtI
pour tes brebis, accorde. Seigneur, par id
grAce, le repos aux fidèles défunts.
Mon Ame a soif de ton cor|)$, mais je re-
doute d'approcher de lui : mes péchés m'ins-
pireot l'effroi; qu'ils S'»ient expiés, Sei-
gneur, par ta clémence. Que ton corps el (en
sang que nous recevons soient pour nous la
voie et le chemin pour que nous passin^^
sans crainte des ténèbres à la lumière. Q'i"
la joie soit dans les régions supérieures h
l'espoir dans les régions inférieures, p^n
suite des offrandes que les vivants font p'^ui
leurs (Horts.
Le diacre : Prions après être devenus iJi-
gnes de recevoir le corps et le sang de notre
Sauveur; c'est le mystère et le gage qui esi
descendu du ciel^ qui ne passe pas et qu:
S17
iAG
PART. m. ---LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
S18
n'est pas détruil. Prions, afin qu'il demeure
parmi nous, et afin que nous ie conservions
avec pureté. Gloire au Seigneur qui, dans sa
bonté, nous a rendus dignes de ce don spi-
rituel.
Nous le confessons derechef dans la con-
sommation de les saints mystères, Seigneur
Jésus-Christ, parce que tu nous a nourris
de (on corps, et que tu nous a abreuvés de
ton sang. Aie pitié de nous, el exauce-
no'js.
Auire oraison d'action de grâces.
Que les bouches, rassasiées ae les dons,
confessent la gloire, Seigneur, par laquelle
elles ont mérité ce don céleste qui est le
corps et le sang de ton Fils uniaue, par le-
quel elavec lequel la gloire et l'honneur le
reviennent avec ton Esprit-Saint.
Seigneur Jésus-Christ, pain céleste, lof
qui t'es buoailié jusqu'au point de devenir
pour nous une nourriture qui ne périsse
point, ne permets pas que, lors de ton se-
cond avènement, nous soyons dévorés par
un feu inextinguible. Donne ta bénédiction
à nous tous, conserve-nous tous; secours-
nous tous ^ montre-nous la voie de la vie et
du salut; que tes miséricordes el que la
clémeuf^e soient sur nous tous. Veille sur
nos frères qui sont éloignés; instruits ceux
qui sont proches, en leur distribuant une
doctrine suffisante: protège aussi tous les
fidèles de Tun et l'autre sexe qui ont parti-
cipé à celle Ëucharisti' qui a éiè apiiorléep
offerte cl présentée sur ton saint aulek
Que le Dieu qui a reçu les f»frrandes des
justes d'autrefois, d'Abraham, d'Isaac et de
Jacob, accueille ajssi vos offrandes, vos
vœux, les prémices el les dîmes qne vous
lui présentez; qu'il accorde le repos et un
bon souvenir aux défunts; qu'il sanctifie et
protège les vivants, par les prières de la Mère
de la vie, Marie, qui a engendré Dieu, et de
tous les sainlsdans tous Tes siècles. Amen.
(PETITE LITURGIE DE SAINT JACQUES, FRÈRE DU SEIGNEUR,
mu en ardre par Grégoire, patriarche de COrient, dan» les tnontognfx de la Grande-Arménie ^ Van des Grecs 1903,
et de JésuS'Chrihl 1591.
Oraison avant la patx.
Dieu, Seigneur tout- puissant, accorde-
nous, quoique nous en soyons, indignes, le
sdiul que nous implorons, afin (]ue, réunis
sansfraude par le lien de la charité, nous
Doussaluions mutuellement par un baiser
sdiniet divin, et que nous t'otlVions gloiro
H louange; ainsi qu'à ton Fils unique et à
i'E<|)rii-Saint , maintenant et toujours et
dans les siècles des siècles.
Le peuple : Amen.
Le prêtre: La paix soit avec vous.
Le peuple : £t avec ton esprit. Donnons la
paix.
Le prêtre : Seigneur, loi seul qui es mi-
séricordieux, qui habites dans les lieux éle-
vas, el qui jettes tes rej^ards sur les hutn-
l»les, envoie les bénédictions vers ceux nui
inclinant leurs télés devant loi, et bénis-les
parla srflce de ton Fils unique, et de ton
£<pril-Saint, maintenant et toujours, et dans
les siècles des siècles. Amen.
Dieu Père qui, par ton grand amour pour
)^s nommes, hs envoyé ton Fils dans le
nionde pour ramener les brebis égarées, ne
rpousse pas, Seigneur, leculte.que nous le
rt'QiloDsen l'offrant ce sacrifice non sanglant,
car c'est en tes miséricordes et non en notre
j'Hice que nous mettons notre confiance.
Oue ce mystère» institué pour noire salut,
iie tourne pas pour notre condamnation,
luais pour l'absolution do nos péchés, et
lour l'action de grâces qu'il convient de te
rendre à toi et à ton Fils unique, el à Ion
^prii-Sainl, maintenant el toujours.
ie dmcre : Tenons-nous avec respect.
Le peuple : Que les miséricordes du Sei-
b"Ci:rsuient avec nous
Le prêtre : Que la grâce du Seigneur soU
avec vous.
^ Le peuple : Et avec ton esprit.
Le prêtre : Elevez vos cœurs.
Le peuple : Nous les avons vers le Sei-
gneur.
Le prêtre: Rendons grâces
Le peuple : C'ist digne et juste.
Le prêtre s'incline et dit :
Il est vraiment juste et digne que nous
rendions grâces à l'Auleur de toute créature ;
uous devons l'adorer et le glorifier.
Elevant la voix :
C'est lui que louent les puissances céles-
tes, les créatures corporelles et incorporel-
les, le soleil, la lune el toutes les étoiles,
la terre et les mers, les premiers-nés de la
Jérusalem céleste, les Anges, les Archanges,
les Principautés, les Trônes, les Domina-
lions, les Vertus, les Chérubins aux yeux
nombreux, les Séraphins pourvus de six
ailes qui, couvrant leurs faces et leurs pieds,
volent en s'écrianlalternaliven>ent :
Le peuple : Saint, saint, saint, etc.
Le prêtre s'incline et dit :
Tues vraimenlsainlelsancliGcaleur, 6 Roi
des siècles I Saint aussi est ton Esprit qui
scrute les mystères. Tu as fait riiomme avec
de la terre, et lu Tas placé dans le faradis;
lorsqu'il eut enfreint ton commandement, tu
ne l'abandonnas point, mais lu l'as dirigé par
la voix des prophètes; tuas enfin envoyé dans
le monde ton Fils unique qui a été incarné
de l'Esprit-Saint et de la Vierge Marie, el 11 a
renouvelé ton image qui avait été souillée.
Elevant la voix :
Lorsqu il était préparé à souffrir une mort
volontaire pour nous autres pé^'heurs, lui
SI9
DlCTIONiNAtRE DES APOCRiPUES.
^iO
qui n'avait point commis depéchô, ii prit le
pain dans ses mains saintes, et rendant grâ-
ces, t il le bénit, f le sanctifia, t ^^ 1^ ^^^^^
et le donna à ses apôtres saints, et il dit :
ff Prenez et mangez-en. C*est mon corps qui
sera brisé pour vous et pour beaucoup, et
qui sera donné pour la rémission des péchés
et pour la vie éternelle. »
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Il prit de pnéme le calice, et ren-
dant grâces, t il le bénit, f le sanctifia f et
le donna à ses saints apôtres et il dit : « Pre-
nez, buvez-en tous; c*est mon sang qui sera
donné pour vous et pour beaucoup pour ser-
vir à la rémission des péchés et à la vie éter-
nelle. »
Le peuple : Amen.
Leprétre : « Faites cela en mémoire de
moi ; quand vous prendrez part è ce mystère,
souvenez-vous de ma vie et de ma mort jus-
qu'à ce que je vienne. »
Le peuple : Seigneur, de ta mort, etc.
Le prêtre : Nous faisons la commémora-
tion de la mon, Seigneur, el(Je ta résurrection
après trois jours, de ton ascension dans le
riel où tu es assis h la droite de Dieu le Père,
ainsi que de ton second avènement oi^ tu
dois juger Tunivcrs dans la justice, et où tu
rendras à chacun selon ses œuvres. Nous
toifrons aussi ce sacrifice non sanglant, afin
que tq ne nous traites [^as selon nos péchés
et que tu ne nous rétribues pas selon nos
fautes, mais d*anrès tes grandes miséricor-
des. Efface les péchés de tes servit<»urs. Ton
peuple, ton hérédité t'invoquent, et par toi,
ton Père, en disant : Aie pitié de nous Sei-
gnour.
Le peuple : Et fais nous miséricorde.
Leprétre : Invoquons TEspril-Saint.
Le diacre : Que cette heure est redouta-
ble, etc.
Le pr^/re : Exauce-moi , Seigneur. Aie
pitié de nous, Dieu Père, et envoie sur nous
et sur ces offran<les ton Esprit-Saint, qui est
le Seigneur, égal à toi et à ton Fils dans le
trône, le royaume et la substance éternelle,
qui a parlé dans ton Tes:ament Ancien et
Nouveau, qui est descendu, sous la forme
d'une colombe, sur Notre-Seigneur Jésus-
Christ dans le Ûeuvedu Jourdain, et comme
une langue de feu, sur les apôtres dans le
cénacle.
Exauce-moi.
Le peuple : Kyrie eleison.
Le prêtre : Afin qu'eu descendant, il fasse
de ce pain f le corps vivifiant, f le corps sa-
lutaire, t le corps du Christ, noire Dieu.
Le peuple : Amen.
Leprétre : El qu'il fasse de ce calice f le
sang du Nouveau Testament, f le sang salu-
taire, -j le sang du Christ notre Dieu.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Afin que ce pain et ce cnlic*:
sanctifient les Ames et les corps de ceux qui
y prennent part pour faire porter les fruits
des bonnes œuvres et pour la contirmation
du l'Effiise sainte qui est établie sur la pierre
de la loi, et qui ne peut être surmontée par
itt portes infernales. Délivre-la, S'igrur,
ces scandales des liérétn|ues jusqu'à U lin,
afin qu'elle te rende gloire et louange, aiusi
qu'à ton Fils unique, etc. Amen.
Le diacre : Prions.
Leprétre s'incline et dit : Nous t'offrons,
Seigneur, ce sacrifice non sanglant pour la
sainte Sion, mère de toutes les Eglisrs, et
pour ton Eglise répandue dans l'uniTers
entier, afin que 'tu lui accordes le don do
ton Esprit-Saint.
Souviens-toi aussi, Seigneur, de nos libres
pieux et orthodoxes, de notre patriarche N.,
de notre évèque N. , des prêtres, des dia-
cres, et de tous les ministres de l'Eglise, ainsi
que de moi, pauvre pécheur^ Ne cooscrTa
ftas le souvenir des péchés de ma jeunesse,
mais vivifie-moi selon ta miséricorde. Sou-
viens-toi aussi de mes frères captifs, iniir*
mes, affligés de diverses maladies, et de ceux
qui sont tourmentés par des esprits inaiins.
Bénis également l'air, et les saiso is de l'an-
née accompliront ta bonne volonté à Vé^htd
de tout être vivant.
Elevant la voix :
Et délivre-nous, Seigneur, de toutes les
attaques des méchants, de toute invasion des
dénions, et de tous les fléaux qui pourraient
venir sur nous à cause de nos péchés. Con-
serve-nous dans l'observation de tes sainis
commandements, parce que tu esIeSeignrur
miséricordieux, et nous te rendons grâci-s,
ainsi qu'à ton Fils unique , etc.
// s'incline et dit :
Souviens- toi , Seigneur, des pères et des
frères qui sont ici et qui prient avec nou>»
et de ceux qui nous ont quittés , ainsi que
de ceux qui ont voulu faire des offrandes et
qui ne l'ont pu; accorde à chacun d'eux u
qu'il demande avec justice.
Elevant la voix :
Souviens-toi, Seigneur, de tous ceux dont
nous nous souvenons et de ceux dont nou^
ne nous souvenons pas. Reçois leurs sacri-
fices dans la région infinie de tes cieux
Donne-leur l'allégresse du salai, et accorde
leur ton secours; fortifie -les par ta puis-
sance et arme-les de ta vigueur, |)arce que
tu es miséricordieux, et nous te rendues
grâces, ainsi qu'à ton Fils unique, etc.
Le peuple : Amen.
Le prêtre s'incline et dit :
Souviens-toi, Seigneur, des rois et des
reines qui professent la véritable religion;
protège 'les par la puissance de ^£^|>rll-
Saint; soumets-leur tous ceux qui les ïm^-
sent, afin que nous jouissions d'une vie
tranquille.
Elevant la voix :
Parce que tu os le Sauveur qui nous as-
siste, et que tu donnes la victoire h um^
ceux qui espèrent en toi, Seigneur; nou^
te rendons gloire, ainsi qu*à ton Fis uia*
que, etc.
Le peuple : Amen.
Le prêtre [s'incline et dit : Seigneur , toi
qui domines sur les vivants et sur les morts,
souviens-toi des saints Pères, des prophèlf*s
des apôlres, dej» vierges, de la Mcre d:*
!il
JAC
PART. - III. LEGENDES ET FRAGMENTS.
JAC
zn
Dieu, de Jean-Bapliste, d*Ktienne , des
martyrs, ainsi gue de tous les justes.
Elevant la voix :
Nous (e prions , Seigneur , de donner oe
la force à nôtre faiblesse ; joins-nous à 1 as-
semblée de tes premiers-nés admis dans le
ciel. Nous faisons leur commémoralion, afin
qu'ils se souviennent de nous devant toi, et
i]<rils participent avec nous à ce sacritice
sf^irituel pour la conservation des vivants,
(•ûur la consolation de ceut d'entre nous qui
sont malades , et pour le repos des fidèles,
nos pères, nos frères et nos maîtres qui ont
trépassé, par la grâce et les miséricordes d<e
ton Fils unique et de ton Esprit-Saint, main-
tenant et toujours et dans les siècles des
siècles. Amen.
Le prêtre slncline et dit : Souviens-toi
aussi , Seigneur , des vrais chefs de ton
Eglise, et de ceux qui, depuis Jacques, le
l»riuce des évéques , jusqu*au jour actuel ,
ont lualateuu dans tes Ëglises la foi ortho-
doxe.
Elevant la voix : Confirme, Seigneur, dans
nctô âmes, la doctrine de ces docteurs illus-
tres uui ont porté ton saint nom devant les
peuples, et les rois et les ûls dlsiaël ; com-
prime les hérésies qui nous sont pernicieu-
^^es, et accorde-nous de pouvoir nous tenir
sans trouble devant ton tribunal redoutable,
l>arceque tu es saint et que tu es le sancli-
ticaleurdes saints. Nous te rendons gloire ,
ainsi qu'à ton Fils uuique, etc.
ht peuple : Amen.
ÏA prêtre s'incline et dit: Souviens-loi,
Seigoeur, de tous ceux de l'ordre ecclésias-
tJ(|ue qui sont morts et qui se sont reposés
dans ta foi orthodoxe, et de tous ceux pour
lesquels ils ont offert le sacriQce, et de ceux
qui sont nommés en ce moment.
Elevant ta voix : Seigneur, Seigneur Dieu
des esprits et de toute chair, souviens-toi
do tous ceux qui nous ont quittés dans la
lui orthodoxe ; donne le re()OS à leur corps,
à leurs &mes et à leurs esprits, et délivre-les
de la damnation qui n'a poiulde fin. Comble-
les de joie dans la région qu'illumine la
splendeur de ton visage ; efface leurs préva-
ncatioQs en n'entrant pas en jugement avec
eui. car personne n'est pur devant toi, si c«
u est Ion Fils unique, par lequel et à cause
auquel nous espérons obtenir miséricorde
pour eux et pour nous.
Repeuple : Amen.
Le prêtre élève la voix et dit :
Préserve, Seigneur, noire fin du péché,
eiréuaisnous sous les pieds de tes élus,
quand , où et de la manière que lu voudras;
affranchis -nous seulement de la confusion
«cause des péchés que nous avons commis,
aiin que ton nom saint et béni soit glorifié
^n toutes choses et célébré, ainsi que celui
deNotre-Seigneur Jésus-Christ et do l'Espril-
î!>«inl, mainieuant et toujours, et dans les
iiècles des siècles.
Le peuple : Atnen,
Le prêtre: Que les miséricordes' de Dieu
^Jicnt sur vous.
Le prêtre brise le pain et fait le s-gne
de la croix; le diacre dit Foraison unicer--
selle.
Le prêtre récite la prière avant le Pater
Nos ter:
Dieu et Père de Notre -Seigneur Jésus-
Christ, qui es béni par les chérubins et qui
es sanctifié par les séraphins, qui esglorilié
par des milliers de milliers et par des dizai-
nes de milliers de dizaines de milliers des
armées célestes, toi qui sanctifies et qui
rends parfaites les offrandes qui te sont
présentées en odeur suave, sanctifie aussi
nos âmes, nos corps et nos esprits, afin que,
d'un cœur pur et d'une face exempte de con-
fusion , nous t'invoquions , Père céleste :
nous te priions et nous disions : Notre Père
qui es dans les cieux.
Le peuple : Que ton nom soit sancti-
fié , etc.
Le prêtre : Seigneur, ne nous induis pas
dans la tentation, etc. Nous te rendons gloire
et actions de grâces, ainsi qu'à ton Fils uni-
que.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : La paix soit avec vous.
Le peuple : Et avec ton Esprit.
Le diacre : Inclinez vos tôles devant le
Seigneur.
Le peuple : Et devant toi.
Le prêtre: Seigneur, tes humbles esclaves,
devenus riches de tes miséricordes, ont incli-
né leurs têtes devant toi; envoie, Seigneur,
tes bénédictions, et sanctifie les âmes, les
corps et les esprits de nous tous; rends-nous
dignes de prendre part aux mystères vivi-
fiants de Jésus-Christ, notre Sauveur, et
nous te rendrons gloire et louange , ainsi
qu'à ton Fils unique.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : La paix soit avec vous
Le peuple : Kl avec ton Esprit.
Le diacre : Kyrie eleison.
Le peuple : Un seul Père.
Oraison dCactions de grâces.
Leprêtre: Nous te rendons grâce, Sei-
gneur, à cause de la multitude de tes misé-
ricordes, par lesquelles nous avons mérité
de communier à ta table céleste. Ne soyons
pas condamnés, Seigneur, pour avoir parti-
cipé à tes saints mystères; mais accorde-
nous d'être en communauté avec ton Esprit-
Saint, et d'obtenir part et héritage avec loua
les justes qui ont existé depuis le commen-
cement du monde, et nous te rendrons gloire
et actions de grâces, ainsi qu'à ton Fils uni-
que, etc.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : La paix soit avec vous.
Le diacre : Après avoir reçu.
Le peuple : En ta présence.
Leprêtre : Dieu grand et admirable, qui es
descendu des cieux à causedu salut de la race
humaine, sois-nous propice et aie pitié de
nous, afin que nous te glorifiions perpétuel-
923
DlCTIONN.\mE DES APOCRYPHES.
leinent. Dieu le Père* ainsi que ton Fils et
ton £sprit-Saint, maintenant et toujours et
dans les Siècles des siècles. Amen.
3îi
Le peuple : Bénis-nous, Seigneur.
Le prêtre : Seigneur, répands ta béoédio*
tion sur nous tous.
.Dans le tome VII du grand ouvrage do
H. Bunsen, que nous avons déjà cité (CAm-
tianity and Munkind)^ tome qui forme le
troisième des Anatecta ante-- Nicœna, on
trouve, p. 180 et suiv., un travail étendu
sur la Lilur(j;ie de saint Jacc|ues; il est inti-
tulé : Liturgia quœ sancli Jacobi dicilur
ecclesiœ Antiochenœ et Hierosolymitanœ ad
quarti sœculi or dinem quantum fieri potuit
restituta.
M. Bunsen s'est servi de rexplication de
cette Liturgie par saint Cyrille de Jérusalem
et de l'ouvrage de Jacques d'Edesse , com-
posé vers Tan 650 : Expositio Liturgiœ
/aco6t' (d*après la Bibfiothecaorientalis d'AS'
s«mani, t. 1. p. 479; voir le Codex liturgicus
d'Assemani le jeune, Uissale Hieraol ,
t. iV, p. 240-245).
Nous n'avons pas besoin de dire que noui
n*admettons point de confiance les résul-
tats du travail d*un auteur protestant;
mais nous avons dû en faire mention, car il
peut être utile aux personnes assez imtrui-
tes pour démêler ce qu'il peut y avoir de juMe
et ce qu'il y a d'erroné dans tes idées qu'ex-
pose le dintomale, qui , tout en représentant
la Prusse a Londres, s'occupait avec ardeur
d'investigations sur l'histoire des proaiiers
siècles du christianisme, sur les peuples
f)riinilifs et sur la théorie générale des
angucs.
JANNÈS ET MAMBRÈS.
VExode (ch. vir, 11) ne désigne pas no-
roinativemeut les deux enchanteurs qui s'op-
Îiosèrent à Moïse et auxquels on attribua des
ivres de mac;ie. D'après Abulpharagc (i/e«-
toriadynastiarum, p. 17) et d'autres auteurs,
ces deux personnages étaient des sages égyp-
tiens auxquels Moïse fjit confié par la iille
de Pliaraon, afin qu'ils l'instruisissent. Saint
Paul en a fait mention (// Tint m, 8, il
les homme comme ayant résisté à Moïse.
Quelques-uns des anciens commentateurs
de cette Kpitre ont dit que ces Egyptiens
étaient frères. Bochart [llierozoicon ^ 1. ii,
c. 53), cite à leur égard un passage du Tal-
mud de Babylone [tra%*tatu Menacothf De
oblationibus , cap. 9 : Misi dixerunt Janes
et Jambres stramen tu inféré in Aphraiin
{Mgypti urbein ubi muUuin straminis). El
respondil Moses^ vulgo dicere homines^ in
uroem oleris olera deferto,
Numénius, philosophe pythagoricien, cité
parEusèbe. {Prœpar. evangel ^ I. ix), faisait
mention de ces thaumaturges dans le nr livre
de son Traité du bien : n Januès et Jambrès,
hiérogrammales égyptiens, .se distinguèrent
comme no le cédant à personne dans les
sciences magiques à l'époque où les Juifs
fureut chassés d'Egypte (336). » Pline les dé-
(536) Eiisél>e, (. II, p. If , tradaciioti de M. Sé-
RUierde Saîiil«llrisson, 4846, 2 ¥0l. in-8*.
(537) c Oplavii aliquando stjpulcrum ingredi qiiod
in horto liabelMni Jannet» et Jambres sub Pharaone
inagi ut videret et occurreret dxmonibus, qui illic
•unt.DicebanlureniiQ infamis illorum arlis vi locum
esse aortiii muiti et molesli dxmones. Facuunque
fuerat boc boruim, sepulcrum ab lUis ipsis fralribus
Janne elJambre qui propter magicae artis prx*-
ftUntiam tuui teniporis apud Pbaraooem primam
lenebant. »
Ceu** légende est d*aiUeurs en contradiction avec
les traditions juives qui r«*préscnlent ce^ magiciens
comiue ayant pé i d;iiis la mer Uougc. Un coniiuen-
taire arabe sur le Peutaieuque ^Vxpriuie ainsi :
signe aussi (Ilisi. natur. , lib. ixx, 1),
mais en altérant leurs noms.
Palladius, Lausiac.^ c. 20, ditquesaint M.v
cairn trouva dans le désert le sépulcre de
Jannès et de Jambres qui étaient en granl.*
faveur auprès de Pharaon à cause de leur
savoir dans la magie (337).
Henri Hammond, dans son Commentain
sur lEpitreà Timothée, cité par Fahriciii>
(Cod. pseud. Vei. Test,, t. 1, p.819), obser^f
ùue les noms de ces personnages vantr.i
fort dans les mêmes auteurs. Dans le Ta-
mud ils sont appelés Jochanès et Ha i.rv^
dans la Vie de Moïse (écrit rabbinique que
nous reproduirons plus loin), ils se nom-
ment Janès et Mamrès; dans le Zohar, Jaoès
et Jambres; ailleurs, c'est Jonoset Jombros.
Michel Glycas écrit Zambrès. On peut con-
sulter d'ailleurs Buxtorf. Lexicon thalmudi-
cum^ col. 94-5, article reproduit par Fabri*
cius, p. 820, lequel renvoie aussi à M.
Ménard , Ad epistolam 5. Barnabm (p. 22, l.
I Patrum apostolicorum , éd. de Cotelier) : à
Lambécius, Prodrom. Hist, liUer.,\K 151;
à Sgambatus, Archiv. Vet. Test.j n. 249; ei
à J. Godefroi, Ad Philostorgium, lib.ix,c.2.
Photius, dans son écrit contre les mani-
chéens, publié par Wolf , Anecdota Grctca,
€ Haec sunt nomina magôrum qui sletere cou m
Mosem. Dejannes, Jambaras et barudas; Deusvero
€08 perdidit in mari Rubro cum Pharaone et eju^
exercitu. »
Et on lit dans un commentaire hébreu nr le
Peniateuque imprimé à Constant! nople :
c Dixeiunt samentes nostri : eundo in mari
submersi sunt ^gyplii, fuerunl inter ipso* duo
magi , quorum nomina Jocliane et Jan.re qui dii^
runt Pbaraoni : Si per manum Dei liai lioc, uou
prasvalcbimus ei, sed si per manu atuelortit» Um,
polerinius iltos pro.steriiere in mare, receninl ig:-
tur niiracula et drjecerunt eos (augelo») in m* <-
Tune dixei'uiit angili : S r\a nos, o Der'" , q*'-*
Intraveruul aquae usque ad aniwam. •
325 JEA PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
lionne le nom de Jambrès et non de Mem-
bres
JKA
52t
Fabricius (t. II, p. 105) dit h cet égard :
J,B.Majuê in Observationibus sacris^ Ub.
lif p, 32 et 156, Jannem et Jambrem putat
esse nomina ficta hominum ignotorum,
Certe Christianorum non modo et Judœo-
runif sed Grœcorum etiam ut Numenii et
Romanorum^ ut Plinii testimonia suadent ^
famoêos exititisft magos hoc nomtnf, sivê
ut Agobardus (BibL Patrum, 1677, L XiV,
p. 272] appellat, incantatores jEgyptios.
Le Zohar fiarle en plusieurs endroits des
magiciens J. et M.
Le Medraschf le Talmud et Jonathan ne
les oublient pas non plus.
JEAN (SAINT) L'ÉVANGÉLISTE.
{Ecrits attribués ou qui se rapportent à saint Jean VEvùngéliste.)
Divers écrits apocryphes furent' mis en
rirciiiation sous le nom de cet apôlre ; ils
n'ont pas grande importance.
Nous avons parlé dans le tom. T'de ce
Dictionnaire^ col. 1167 du prétendu Evan-
g\\t de saint Jean conservé chez les Tem-
)Jiers et du livre que les cathares et les al-
bigeois, ces manichéens du moyen ftge, pré-
sfutèrent comme l'œuvre de l'apôtre.
Apocalypse de saint Jean.
Lanabécius cite cet ouvrage comme se
trouvant |>arnn les manuscrits grecs de la
Bibliothèque impériale à Vienne; il com-
mence ainsi :
t Apocalypse de saint Jean le théologien
el (le 1 Antéchrist. Après l'ascension de Jé-
sus-Christ Notre-Seigneur, je fus seul sur le
riiont Thabor. »
Théodose d*Aleiandrie, grammairien grec,
qui vivaitau vu'siècle, indique aussi dans ses
Gr;ma]enlaires sur Denys de Thrace, le pré-
itn^u Apocalypse de Jean le théologien. (Fabri-
cius, Cod. Nov. Test., 1. 1, p. 954.) Observons
d'ailieurs tjue le prénom de théologien se
donne habituellement à saint Jean, et que
(eue indication se trouve très-fréquemment
^'Jr les manuscrits de \ Apocalypse cano-
nique.
Birch mentionne aussi dans son Auctua*
num cod. apocrj^pA., un manuscrit conservé à
^oiue {Codex Palalino-Valicanus 31»6) du xiV
siècle ei très-incorrect. Thilo, qui voulait
comprendre cette prétendue Apocalypse dans
53 collection des apocryphes, en avait colla-
tionné le texte sur deux manuscrits de la
Bibliothèque impériale de Paris, Tundu xv*
^i«*cle (C. 1034, tum Hegius 2899), l'autre C.
'^7, daté de 1523.
Prophétie de saint Jean sur la fin du monde.
Celte pièce apocryphe lait partie des pré-
tendus manuscrits découverts en 1588 dans
le royaume de Grenade, et dont nous avons
parlé à l'article Dextba.
Fabricius l'a insérée (p. 72! Jj d'après
Geddes : Miscellaneous tracts.^ t. I, î^ondres
1702; nous eQ^r^acerons ici la traduction
française :
«( L.e temps de la lumière se lève avec le
Seigneur et avec sa sagesse accomplie par
les tourments très-rigoureux de son corps;
les pro[>hèle$,qui avaient vécu et qui avaient
été éclairés par une personne tierce, atten-
daient avec anxiété sa venue , et lorsque jo
serai mis au-dessus des autres par la misé-
ricorde du Seigneur, je raconterai la con-
sommation du monde comme je l'ai apprise
de la bouche du Seigneur. Après la con-
sommation des six âges depuis l'avènement
du Seigneur, les ténèbres augmenteront à
cause des péchés terribles des hommes, et
les ténèbres seront grandes dans l'Orient ,
et elles envahiront aussi l'Occident par suite
de la fureur des ministres qui se précipi*
teront au dehors d'elle; et lorsqu'ils vien-
dront, le soleil se couvrira de nuées, et lo
temple du Seigneur subira des persécutions
très-cruelles. Et après que quinze âges se
seront écoulés au milieu des esprits obs-
tinés et endurcis des hommes, de secondes
ténèbres se lèveront dans les régions du Sep-
tentrion, sur lesquelles descendra le dragon
qui, de sa bouche,jettera la semence, et lors*
qu'elle sera éparse, il divisera la foi en di*
verses sectes, qui, jointes à d'autres, occu-
f seront l'univers entier. Kt il s'élèvera dans
es régions de l'Occident trois ennemis qui,
grandissant dans leur malice, infecteront lo
monde, et une lèpre telle au'il n'en a jamais
existé; c'est pourquoi la lumière extrême-
ment diminuée, mais soutenue dans les ta-
bles même du naufrage, sera protégée par la
colonne de pierre; la menace de ces pro-
diges et de tous les miracles que montrera
le ciel, fera trembler tous les hommes et
surtout les troupeaux des prêtres, et l'An-
téchrist, dont Tavénement est proche, se ma-
nifestera, et cette prophétie sera accompliep
et le jugement détinitif approchera; et après
ces choses, la vérité sera manifestée à l'uni*
vers et ralliance accomplie, et te Juge de ta
vérité, à l'heure qui lui est tixéc, arrivera de
rOccident. »
8»
DICTIONNAIUE DES APOCRYPHES.
;i8
HISTOIRE DE SAINT JEAN L'ÉVANGÉLiSTE,
d^aprèb VU'ntohe apiysloUque d^Abdias^ L T.
CHAPITRE PREMIER.
Jean, frère de Jacques le Maicuri lequel
était son ami (338), fils tous deux de Zé-
bédée, futappelé par Jésus-Christ tandis qu'il
f)échait (339). Le Seigneur non-seulement
*éleva à Taposlolat (3^0), mais encore eut
pour lui une aiïeclion toute particulière
(3U). Aussi fut-il un dos trois qui étaient
sur la montagne (3^2) lorsque Jésus s*y ma-
nifesta, et dans le jardin où il fut saisi (343),
et à la dernière cène (<^4), lorsaue le Soi-
gneur établissait ce Nouveau Testament
(34>o), de notre salut, assis à côté du Christ
et reposant sur son sein, il s*endormit (3/»6).
Et c'est de lui que TcWan^éliste a écrit (347)
que sa mère demanda à Jésus-Christ que
1 un de ses deux fils fût assis à sa droite, et
l'autre à sa gauche, dans Ih royaume des
cieux. El elle voulait ainsi parler de Jacques
et de Jean. Ainsi que Jésus-Christ le lui
avait recommandé sur la croix (348), il eut
soin, depuis la Passion, de la Vierge, mère
du Seigneur, et réunissant ses etTorls à ceux
dé son frère Jacques, il prêchait aux Juifs et
aux Samaritains le sauveur Jésus. Et' il. était
attaché à Pierre ; et, après ta résurrection,
lorsque le Seigneur se montra aux pé-
cheurs (349), Jean l'ayant reconnu le pre-
mier, en donna la nouvelle à Pierre. Ayant
reçu TEsprit-Saint, il entra avec Pierre, à la
(5^) G*est ce qui semble résutler des paroles des
é^aiigélistes qui nenimeiit toujours Jacques a vaut
Jk*au. Saint Jérôme, salut Anit>roi8e et d'autres Pères
repi éxentent saint Jean comuie le plus jeune des
apôtres. Ceue iraJitioii , fort ancienne , a clé cou-
serrée par les artistes qui représentent toujours
baîiit Jean comme un jeune homme imberbe. Elle
est favorisée par la circonslance bien connue que
des douze apôires ce fut celui qui mourut le der-
nier.
Au milieu de toutes les fables répandues dans le
récit d*Abdi«8, on trouve dans le caractère de saint
ieau cet esprit de cliariié et de bonté que des témoin
giiage suoaniroes reconuaisseni chez ce erand saint.
(;»39) Maiih. IV, 21.
(540; Matth. x, d; Marc, m, 17.
(341) Joan, xiu, 25 ; )lii, 7, 20.
(542) l/fiif/i. XVI, 5.
(545) Mntth. XXVI, 37.
(544) Joan, xiii, 23.
(515) Lue. xxii, 2U.
(54b) Les Evangilesi ne disent point que Jean
6V*udormit, mais seulement qu*il était couché vers
le sein de Jésus. (Joan, xiii, 25, 25 ) Cela s'expli-
que lorsqu\)u sait que le» anciens prenaient leurs
rf pas à demi étendue sur den lits ; cet u&a^e a donné
lieu, d' la part des archéologues, à de longues
dissertations dont nous n'avons point à nous occu-
per en ce moment. Voir la n<ae de Fabricius : Cod,
aprocr. No9, Teêt., i. 1, p. 552.
(547) Jf ail*. XX, 20.
(548) 7oa». xix, 27.
(549) Joun, XXI, 2.
(550) Actei III, 1. Mais c*est à tort que ce para-
lytique est courondu avec Enôc dont parlent les
Actes f IX, 5 i.
neuvième heure, dans le temple (350) •].•
Jérusalem, et il rendit la santé à Enée, | >
nilytique et boiteux dès sa naissance, ip.!
demandait l'aumône à la grande porte j]
temple. Se conformant ensuite à l'ordro «jo
son Maître d'annoncer l'Evangile auxtitu-
tiis (351), il se rendit de la Palestine en
Asie, et se transporta à Ephèse où, sou!^ .e
règne de Domitien (352), il s'acquittait en-
core des fonctions ae l apostolat, pre^i ]<•
nonagénaire (353)j, ce que Jésus-Cbrist pu*
ratt avoir prédit; car, lorsque JésuS'Cliri>t
ordonna à Pierre de le suivre, Jean rajar.t
suivi avec plus d'empressement, Pierre en
parut contrarié, et lui demanda ce que Jeai
voulait faire ; et Jésus lui répondit : « Si je
veux qu'il reste dans la vie jusou'à ce qi^e
je revienne, que vous importe (à5&). ■ Le;»
disciples n'entendant pas cette parole, ei
avant d'avoir reçu le Sainl-Espril, crureui,
far une opinion vaine, que cela signifiait que
ean ne mourrait jamais (355|.
CHAPITRE II.
C'est une marque remarquable clê Tamour
du Sauveur pour saint Jean, qu'il sur(>a5^
tous les autres apôtres par la durée de sa
vie, et qu il annonça en Asie ta parole i^e
Dieu au peuple jusqu'à l'époque de l*eaj{'«'-
reur Domitien (356), et, peu aorès la murt
(551) Matth. xzviii, 49.
(552) Jusqu'au régne de Nerva, selon saint II p-
polyte de Tlièbes et Suidas, jusqu*à celui de Tu-
ja<i, d*après saint trénée.
(555) Los auteurs anciens diffèrent au sojel ùr
Tàge lie saint Jean ; les uns lui attribuent uue ui-
riére de U8 ou 99 ans, d*aulres parlent de iOi i»u w.
106 ; il en est" qui ont été jusqu^à 120 aos. Vvir
Tillemont, Mémoires^ t. I, p. 945.
(554) Joan. xx, 19.
(555) Cotte opinion fut assez répandu-i dans !*•«••
tiquiié. y ou. saint liipjiolyie, I)€ Antickwi^t
Ephraîm de Theopolis, cité par Photius {Bibliu (•,
cod. 229) ; et Nicépliore, Ui$t. ecclés. , liv. ii ,r. «:,
ainsi que Grégoire de Tours , De yloria mauyrun,
c. 30 ;Tbeophanes(dansrAurli4arîttni notiwmum 'te
Conil)eûs. , 1. 1 , p. 484) , Tauteur du tivre De m-nt
tanctorunif publié parmi les écrits de saint Isiilorr ,
etc. George de Tiébizonde prit la peine de (o::-
poser un traité qu*il adressa au Pape : (/'•<-
<S. Johaunes Evatigeliila ttonduntiU mortuut, mai:» il
hit réfuté par le cardinal Besbariou. Saint Augu^i.»
(tract. 24 m Joanntni) avait coaibaUu cette él ai-^"
assertion, au sujet de laquelle on peut \oir T*il<'
rooiit, dans sa \%e de saint Jean, tt qui a éie leMor;
dans une dissertation spéciale d*un docu-or .«l'-
mand, J.-S. Mitlernacbt, Diêurl. ad tocum Jvfm^'-n
x\t, 22, Gers, 1668.
(5;i6) (rest-à-dire jusqu'à Tan 81, époquo (U
Domitien parvint à reinpire. Saint llippulye a
Suidas disent que Tapôtre gouverna Vt$Uic J K*
plièse jusqu'au règne de Néron (successeur de iNr
initien en 96), et selon saint Irénée, saint J««»'i'^
et Ëusébc, il la dirigea jusqu'au régne de lr.a,^
(iMi 98).
^^0
JEA
PART. III. — LEGENDES ET FHAGMENTS.
3EA
z:m
..i* Tifflolhée (357), il commença à gouver-
ucr TEglise dans la ville d'Ephèse. Et le
proconsul lui ayant lu Tédit de l'empereur
qui lui enjoignait de renier le Christ et de
s'Abstenir de prêcher, le bienheureux apétre
réf'Ondit intrépidement (35S) -«Il faut obéir
il Dieu plutôt qu'aux hommes ; je ne renie*
rai fK)int le Christ, mon Dieu, et je ne ces-
serai de prêcher son nom jusqu^à ce que
[aie ai compli le cours de mon ministère que
j*ai reçu du Seigneur.» Et le proconsul, irrité
de cette réponse, le condamna comme re-
{'elle à être p'on^é dans une cuve d'huile
J)ouiliante (359). Hais, aussitôt qu'il y eut
élé jeté, il sortit de la chaudière d'airain
comiiie un athlète frotté d'huile (360), et
sans brûlure. Le proconsul , frappé de stu-
peur h la vue de ce miracle, voulait lui
rendre sa liberté, et il l'eût fait s'il n'eût
pasoraint l'édil de César. S'atlachant donc
aune peine plus douce, il l'envoya en exil
dans rtie qu'on appelle Pathmos (361). Le
Jean eut les visions qu'il a écrites dans
\\ipocalyps€^ que nous lisons sous son nom.
Après la mort de Donatien, \^ sénat ayant
lassé tous les décrets d« cet empereur (3G2),
Je<in fut rappelé ainsi que tous les autres
exiiôs qui purent retourner dans leurs de-
meures, et il revint àEphèse où il iivait sa
demcuie et t>eaucoup d'amis. Se recomman-
dant ftar ta plénitude de la çrAce divine et
l>ar (a sincérité de ses intentions, il se fai-
sait aimer de tous. Vieillissant dans cette
ville, il appuyait la prédication de la parole
divine !>air ses vertus et par des prodiges, de
sorte que, par l'attouchement de son vête-
ment (363), tes malades étaient rétablis, \çs
iotirmes étaient guéris, les aveugles recon-
vraient la vue, les lépreux étaient purifit'^!;,
^i les démons étaient expulsés du corps dos
iiummes qu'ils possédaient (364).
CHAPITRE 111.
L'itpûlre étant reveau à Ephèse (303),
était invité à visiter les provinces voisines ,
soit pour fonder des églises dans les lieux
où il n'y en avait pas, soit pour instituer,
dans les endroits où il y en avait , des
])rélres et des ministres, selon ce que TEs-
prit-Saifil lui indiquait. Quand il fut venu
dans une ville peu éloignée d'Epliése, toutes
les solennités tcclésiastiques ayant été ac-
complies, il vit un jeune nomme, robuste de
corps et beau de figure, mais trop violent de
caractère. Et se tournant vers révoque qui ve-
nait d'être ordonné, Jean lui dit : k Je te
recommande très-particulièrement de veiller
sur ce jeune homme, au nom de Jésus-Christ
et de toute l'Eglise. » L'évèque promit do
lui donner toute sa sollicitude, et l'apûtro
ayant renouvelé à plusieurs reprises sa
recommandation, retourna à Ëphèse. Alors
le prêtre mena en sa maison le jeune homme
qui lui était confié ; il (e nourrit avec grand
soin, réleva et l'admit è la grâce du baptême
(366). Ensuite, comme il se c<3n liait à ia
grâce qui avait été communiquée au jeune
homme, il commença è ie traiter avec plus
d'indulgence. Et celui-ci, jouissant d une
liberté excessive, se trouva continuellement
avec des gens de son Age, que le luxe et le
dérèglement du cœur portaient h aimer les
vices et à suivre le chemin d^une vie cor-
rompue. Il commença d'abord h se laisser
séduire par les plaisirs des festins, ensuilK
ses compagnons en firent leur complice
dans des larcins nocturnes, puis ils l'entraî-
nèrent dans de plus grands désordres. Et il
était graduellement entiaîné vers le crime ,
et il éiih d'un caractère violent, tel qu'un
cheval vigoureux qui méconnaît le frein, et
qui, abandonnant les voies droites et mépri-
sant son guide , précipite sa course rapide.
Faisant toujours des progrès dans le mai,
et arrivant à désespérer du salut promis
par le Seigneur, il dédaigna de s'en tenir à
de petits désordres, et se mit h en accomplir
de grands, et, se livrant entièrement a la
j57) Le compagROn de saint Paul; une li-adi-
(ion universelle le repr^^senie comme ayant éié le
premier évé(|ue d*Eplièsc.
ôo>{) Ici comme dans les Actes^ iv, 19; ▼, 59.
,559) Circofiitances eue lelatent divers auteurs
anèiciis, tels que Tertuilien , De prancript, , g. 30 :
I Apoftiolusioannes, po&leaquim in oleum igneum
deinersus nikil passus'est, in iusulaiu relegatur; i
«t sailli Jérôme. {AdvJooin.^eiud Matlh. Yx,S3.)Les
martyrologes diseulque ce rair.ideeullieu à tioiiie
<^n présence du séiiai, mais Abdias larait éirc mieuK
'lans le vrai en le plaçanl a Lplièse. (V. Coui-
Mi,^ Aucluar, novtssimum, L I, p. 4^4.)
(3G0) Tout ie monde saii que les allilètes et les
gUdiaieurs étaient frottés d*buile.
(561 Yoy, sainl Jérôme, liv. v, c. 59; Eu$èba.y
Jiv. m, c. 18« etc.
(3i)2) Cesl ce que dit Lactance ( De moriibus
Veneculorum^c. 5) : c llescissis igitur actis tyraiiiii,
iioit modo in siamm pristinum Ecdcsia restiluta
<^l. v)l eilam multo clarius ac floridius eiiituiu »
Voir aussi Eusébe, ni, 20, etc. Siiéioue (Vie de Do-
''ti'i<fji.c.65), relaie également le fail de la radiali-.iii
«le lous les édits de cet empereur aussi (ôl qu'il cul
!»••, (ju U vie.
(ot>r.) C<»mmc pour railouchomcnl dos vétomeiils
DiCTmX?!. DES APOCRYPUi-S. II.
de Jésus-Cbrist (MaUh. i\ , 20). Un miracle pareil
se retrouvera dans V Histoire de saint Paul, c. 4.
(364) Imitalion évidente de laiut MaUhieu, c. xv,
30, et de saint Luc, c. vu, 21.
(365) Les récits suivants sont empruntés à l'^u-
sèbe (Ûist. eccles., lib. m, c. 25), qui dit les avoir
pris dans un livre de Clément irAlexanJrie : Quel
riche sera sauvé? Ce livre subsiste encore, ila eii
publié à ton sous le nom d*Origéne, par M. Gliisicr.
(l. ni f» Jeremiam, p. 271.) Mais Combelis (Auc-
luar nov., t. 1, P. 185) Ta reslilué à Clément.
L*évÔ4pie anglican J. Fell en a donné à Oxford nue
édilioo séparée, et luig Ta fail pamllrc h Leipsick à
la suite des œuvres de Clément. D^aulres écrivainb,
tels que Nicépbore ei George Syncelle, ont puisé à
la même source. (Voir la note de Fabricius , Cad,
apocr. Sov. Test., t. I, p. 556). L^'liisloire du voleur
converti fut fort goûlée dans les premiers siècles ;
on la retrouve dans saint Atbanasc, dans saint Jean
Cbrysostumc, dans les ouvrages qui portent le noua
de saint Donys rAréopagl^le.
(566) Clément d'Alexandrie dit : c II lui donna la
lumière, » et Eusèbe : c il lui fil part enliu, pour le
protéger, du sceau du Seigneur, i Ces deux ex près -
si):ns sont prises souvent dans le sens de bapleme.
11
Xîl
DICTIO?ïNAIRE DES APOCRYPHES.
perdition, ii no voulut être infériour à per-
sonrie eo fait de dérèglement. 11 fit enfln
ses disciples de ceux qui avaient été d'a-
bord ses maîtres dans le crime , et il réunit
une troupe de voleurs dont il fut le chef et
Je commandant, et avec eux il se souilla de
tout genre de cruautés. Plus tard, saint Jean
fut invité derechef à visiter celte ville, les
fidèles voyant futilité de sa venue. Et, lors-
qu'il eut accompli les choses sacrées pour
lesquelles il était venu , il dit à Tévéque :
c Représente le dép6t que Jésus-Christ et moi
nous t'avons remis en présence de TE^Iise
que lu gouvernes. » L'évéque fut saisi de
surprise, pensant d*abord aue Ta^ôlre lui
réclamait de Targent qu'il n avait pas reçu,
Il pensait que Jean ne pouvait , ni se trom-
per, ni demander ce qu il n'avait pas donné,
de sorte qu'il demeurait dans la stupeur. £t
Jean le voyant dans cet embarras dit : « Je
te 'réclame un jeune homme et l'âme de ce
frère. » Alors l'évêque soupirant et ver-
sant beaucoup de larmes, répondit : « Il est
mort. » Et l'apôtre dit : « Comment et de
quelle mort?» L'évêque répondit : «Il est
mort au Seigneur, car il s'est livré aux plus
grands crimes, et maintenant il est dans le
montagnes è la tête d'une bande de nom
bnîux brigands. »
Ayant entendu ces paroles, TapAlre dé-
chira aussitôt les vêtements qui le cou-
vraient (367) , el, se frappant la tête en gé-
missant, il dit : « J'ai confié l'âme de mon
frère à un bon gardien. Mais qu'on me donne
un cheval et un guide. • Et quittant celte
église, il se mit aussitôt en route. Et quand
il fut arrivé è l'endroit où se tenait la bande
lies voleurs, il fut arrêté par ceux qui étaient
en sentinelle. Mais lui, ne vouIarI ni s'en-
fuir, ni se cacher, disait avec de grands
cris : « Puisque je suis venu vers vous ,
conduisez-moi à votre chef. » Et quand il fut
venu armé, et aussitôt qu'il eut reconnu
l'apôtre Jean , il fut couvert de honte el il
prit la fuite. Mais l'apôtre, étant descendu
de cheval, poursuivit le fugitif, et oubliant
son âge avancé , il s'écriait : « Pourquoi , ô
mon fils, fuis-tu ton père? Pourquoi fuis-tu
un vieillard débite? iNe crains rien; tu peux
encore espérer la vie. Je rendrai à Jésus-
Christ compte pour toi. Je recevrai volon-
tiers la mort pour toi comme le Seigneur l'a
reçue pour nous , et je donnerai mon âme
pour la tienne. Arrête-toi seulement et crois*
mai, car Jésus -Christ m'a envoyé, n Et le
(567) C*élail ainsi qiron Icnioignail sa douleur
pour la perle d*uu uiorl. Vov, Geler, De luctu
Uebrœor.^ c. 22.
(308) On sait que la pénitence a été appelée le
baptême des larmes. Voy. J. Morin, De sacratnenlo
ptrittiffiinr, I. m, c. i, et ix, c. 2.
(3k>9) Valois regarde avec raison ce détail comme
apocryphe ; uo \oTeur, chef de bandits, quoique re-
pfiiiant , n'a pu être élevé aussitôt à la dignité
d'évéque. Il faut remarquer toutefois que celte cir-
constance, inadmissible en effet, parait ne trouver
place dans le récit du prétendu Abdias que par suite
d*nne erreur de traduction. Eusèlie se sert d'une
e%iire»sion qui sigMilic que Tapélre rendit le péni-
jeune homme, s*arrêlant, tint le visage altaw-
se vers la terre; ensuite il jeta ses armos
et se mettant à trembler, il versa des laru.es
très-amères, et se prosternant aux pieds du
vieillard , il poussa des gémissemenls et u**
grands cris. Il fut de nouveau baptisa |.,v
les torrents de larmes quMl versait (368; «:
il cachait sa main droite. L'apôtre lui [ m-
mil avec serment que son pardon lui si r. :
accordé par le Seigneur, et tombant à i: -
noux, il lui prit la main que tourmentait .'•
remords de 1 homicide , et la baisant comn. >
étant puriûée par la pénitence , il le rameni
è Téglise; là, otTrant sans cesse au Sei^ne r
ses prières pour lui , observant avec lui iie»
jeûnes fréquents, il attendait du Seigneur
la miséricorde qu*il avait promise. Et il a o».
cissait par des paroles de consolation re>pri;
effravé et égaré de ce pécheur. 11 ne a^^^
que lorsqu*iT Teut entièrement amendé, el i
le mit même è la tête de TEglise de cet en-
droit (369), donnant ainsi de grands eier,-
pies de la véritable pénitence et un téiiiu
gnage éclatant de la régénération naturel
et montrant les trophées d'une résurrecii .
visible.
CHAPITRE IV.
Saint Jean ayant parcouru beaucoup 1
villes, en prêchant la parole de Dieu, rev:;.
à Ephôse, sachant que la fin de sa vie appr •
chait. £t Tapôtre était toujours entouré du
tel respect parles habitants d'Epbèse,qu
1 un se félicitait de toacber ses mains, u
autre de les appliquer sur ses yeux ou su-
sa poitrine, et ceux qui pouvaient touchfr
son vêtement s*en réjouissaient , car le con-
tact de ses habits guérissait les malades. Ma.^
Tennemi des hommes, voyant avec gémisse-
ment ces saintes joies et cette pieuse cc c-
brité, s'efforça d'y jeter lo trouble, et .
choisit pour cet instrument du mal qu':
voulait rai rcy un gentil qui ne connaissait!^^
Dieu, prenant pour cause de ce désorJr
une femme belle et chrétienne qui 8*appt-
lait Driisiane; car notre ennemi sait qn
la jeunesse est sujette à tomber en faute, c
jeune homme se nommait Callimaqiie, et.
ayant vu Drusiane, il se mit è Taimer ép^r-
dûment. Et , quoiqu'il sût qu'elle était \i
femme d'Andronius^il brûlait pour le cr.R«
d'adultère. Et l'on disait qne cette feromf,
assidue aux discours de l'apAtre, n'avait pa^
de commerce avec son mari à cause du eu :
de Dieu (370), et que, comme renf<r;>
tent, le replaça auprès de ses frères, et (e rf(!j<tiu-
de {"Histoire aponolique a confondu ce mot a>ei '
autre qui y ressemble fort et qui sigiiiûe : il k ■'
à la tète, et le donna pour ibef.
pîO) On a supposé qu'il y avait ici des enpr»'''
faits au.\ Actes ae% apàtret composés par le i»^'
chésn Leucins. Parfois des époux vivaient àA»^
continence d*un consentement mutuel, ce qui e i
regarda comme fort digne d*éloge 1 Vov. Teriol «
De resurrectione^ c. 8, et les notes de Paoïéliu» ^
ce passag**.) Mais une conduite comme rcitr •
Drusiane est condamnée par le précepte àt »«■:-
Paul. (/ Cor. vil, 3, 4.)
ÔÙJ
i?A
PART. IH. — KKGRNDES ET FUAGMENTS.
JEA
;5I
dcins UD sé|iuicrc, elle ne pcrmeltait pas
qu'il s approcliâl d'elle; car elleaurail mieox
aimé mourir qu*avoir commerce avec son
mari, et il la pressait disant : « Ou rends-moi
réf)Ouse que je trouvais précédemment en
loi, ou je mettrai à mort celle qui se révolte
conlre moi. » Mais elle n'était pas émue de
h crainle de Ja mort , et nul don , ni nulles
caresses ne pouvaient la détourner de la
conleraplalion céleste. Le jeune homme,
enflammé d'amour, comme nous l'avons dit,
méprisa les conseils qu'on lui donnait et
pensa qu'il pourrait porter sa fureur sur
(et!e que fortifiait la parole de Dieu et qui
avait forcé son propre mari à Tobservalion
de la chasteté, remplaçant l'union du raa-
riaze par l'affection de l'esprit. Il la poursui-
vit longtemps, et déçu dans ses espérances,
il tomba dans un chagrin de plus en plus
viûlenl. Drusiane, offensée de son audace,
fut deux jours après saisie d'une fièvre, et
elle était afflfgée d'être revenue dans sa
patrie et de ce que sa beauté ne lui avait at-
tiré que des malheurs.
■ Plût à Dieu» » dji-elle,* que je ne fusse
jamais revenue dans ma patrie, ou que lui ,
instruit par la parole divine, ne se fût pas
jeté en de pareilles erreurs 1 Puisque ie suis
la cause d'une si grande blessure faite a cette
âme malade, je désire, Seigneur Jésus, que
tu me délivres de cette vio, afin que ta ser-
vante étant rappelée à loi , ce malheureni
puisse vivre en paix. »Et Drusiane s'expri-
mait ainsi en présence de l'apôtre Jean,
mais ni l'apôtre, ni les autres ne compre-
naient le sens de ses discours. Et triste et
oéiolée k cause de la blessure de ce jeune
homme, elle nnourut. Et son mari fut dans la
iiésûation, parceque sa femme était morte
'Jans un (jrand trouble et qu'accablée de
tiiaj;rin, elle avait désiré de cesser de vi-
ue.
ClIAl'iTRi^ V.
Andronicus pleurait ainsi, lorsque l'apôlre
le reprit, disant : « Ne nleure point comme
si lu Ignorais où ta femme s'est rendue eu
nous quittant (371). Ne connais-tu pas la
situation à laquelle est arrivée la sainte et
fidèle Drusiane qui est dans le ciel, atten-
dant l'espérance de la résurrection d*entro
les morts? El Andronicus répondit qu'il ne
doutait pas que Drusiane ne ressuscitât, et
qu'il ne vacillait point dans sa foi; qu'il
pensait que celui qui aurait accompli avec
pureté le cours de celle vie serait sauvé;
mais qu'il ressentait une vive douleur, parce
que sa sœur (c'est ainsi qu'il appelait Dru^
siane) avait succombé à un chagrin secret
dont il n'avait jamais pu connaître fa
cause, et qu'il devait ignorer à jamais puis-
qu'eileétail ensevelie. El l'apôtre ayant inter-
rogé en secret Andronicus , parla ainsi , en
sérarianl un peu de tous les frères, qui s'é-
(371) / The$*. IV, 13. Observons qu*Andronicu$
»i ici représeiiié comme chrclieii, ce qui ne s'ac-
f'^rrie |^a$ avec ce que le narrateur a dit précédem-
li.l'!lt.
laient ri'iinis pour jouir de sa douce conver-
sation :
CHAPITRE VI.
«Le commandant d'un navire dit adieu àco
navire et « tous ceux qui ont navigué avec
lui, lorsqu^il a amené son vaisseau au terme
de son voyage, et qu'il Ta conduit dans une
rade sûre. De mêmelecnUivalcur,aprô$avoir
confié la semence à la terre et travaillé à la
récolte avec beaucoup de soin , après s'être
donné grand' peine et avoir fait bonnegarde,
reçoit la récompense de son travail lorsqu'il
a placé la moisson dans les greniers. Et ce-
lui oui court dans le cirque, se réjouit lors-
qu'il remporte le prix. Celui qui s'est pré-
paré aux exercices athlétiques, esl plein de
joie lorsque la couronne lui est remise.
Tous ceux qui s'appliquent à divers arts et
se livrontau travail, louent Dieu avec raison
è la tin, parce quMIsnesont pas abandonnés ,
mais justifiés selon la promesse que le Sei-
gneur a daigné faire à ses sainls. Et chacun
doit savoir ainsi qu'il aura la récompense
des épreuves de sa foi, lorsqu'ayant accom-
pli le cours de 'sa vie, il reiiJra intact et pur
ce qui lui a été confié (372). Car il est bien
des choses qui brisent la foi des hommes et
qui causent de grands soucis à la pensée hu-
maine; les enfants, les parents, la gloire, la
j^auvreté, l'adulation, la jeunesse, la beauté,
l'orgueil , le désir des richesses, la négli-
gence, Tenvie, la dissimulation, la colère,
Tamour, la tristesse, la possession des es-
claves, le patrimoine, et bien d'autres motifs
de ce genre qui apportent des obstacles au
Seigneur, de même qu'un vent contraire ar-
rête souvent Ja marche d*un navire qui fai-
sait bonne route, et soulève des tempêtes.
Des circonstances malheureuses viennent
aussi déjouer souvent les espérances du cul-
tivateur. C'est ainsi que chacun, avant d'ar-
river au mo/nentoù il faut quitter la vie,
doit considérer ce qu'il a lait et examiner eu
qu'il doit être, c'est-à-diro sobre, vigilant,
et dégagé de tout embarras, n'étant point
troublé par les voluptés du siècle et chargé
de leur poids. De même que personne ne
loue la beauté du corps s'il n*a été dégagé do
tout ce qui le couvre, de même que per-
sonne ne loue un général s'il n*a pas glo-
rieusemeni terminé une grande guerre; de
même que personne ne loue un médecin, à
moins qu'il n ait guéri diverses maladies ; de
même personne ne peut louer une vie, si ce
n'est celle de l'homme qui est en étal d'offrir
un esprit plein de foi et une chair digne du
temple de Dieu (37dj; une vie qui, dans son
cours, ne s'est point jetée dans la vanité ni
dans le désordre; qui n'a point été hébétée
et étourdie par les choses humaines, qui ne
s'est point attachée aux choses temporelles,
qui n'a point piéféré les biens passagers aux
biens durables et qui n'a point dénié les
(372) Une Densée semblable se trouve dans la
//• Epitre à Tlmothée, c. u, 5.
(ù75) / Cor. m, itf.
35
D:CTI0NNA!KE 1;ES AP0CIIYP1II:S.
choses perroanenles, alin d avoir celtes qui
ne subsistent pas; une vie qui n*a point
honoré ce qui n*es( point digne d*hon-
neur, qui n'a point aimé les œuvres pleines
d'opprobres, qui n'a point reçu legagede Sa-
tan (37^-75), et qui n'a point enfermé le ser-
pent eu son sein, qui n'a point ri de ce qui
ne doit point^exciler le rire, et qui n'a point
rougi des insultes reçues pour Jésus-Cnrist.
Car il est des gens qui afiirment par leurs
paroles et qui nient par leurs œuvres. Cha-
cun ne doit point se laisser inspirer par la
concupiscence de sa chair, de peur de de-
venir un vase d'immonilices (376) ; mais il
doit se délivrer des passions corrompues ,
surmonter l'avarice, triompher de la cupi-
dité de l'argent, ne pas se laisser dompter
par ta férocité du corps, ne pas être entraîné
par la colère et l'indignation, ne passe lais-
ser accabler par la tristesse, ne pas se lais-
ser affaiblir par des actions répréhen^ibles,
mais il doit s'attacher aux choses qui au^-
incnlont la foi en Jésus-Christ Nolre-Sei-
gneur, et qui fassent que, lorsqu'il recevra
la vie éternelle, il obtiendra une maguiûque
récompense, en dédommagement des choses
qu'il aura méprisées en ce monde, v
CHAPITRE VI!.
L'apôlro ayant ainsi parlé, afin d'exhorter
les frères à désirer les choses éternelles et
h mépriser les choses temporelles, le
jeune homme dont nous avons parlé, et qui
aimait Drusiane, nourrissait dans sa poitrine
une blessure cachée, étant chaque jour con-
sumé par l'incendie que la mort de cette
femme n'avait pu éteindre. Et il n'est pas
étonnant qu'il ne reçût nul remède du dis-
cours de Jean; car, négligeant de l'entendre,
il ne cherchait pas à apporter un remède à sa
blessure, mais il désirait chaque jour aug-
menter la grandeur de son crime. El il ad-
vict que CaTlimaque, toujours épris de Dru-
siane, morte et déjà ensevelie, corrompit
à prix d'argent , l'intendant d'Andronicus ,
afin qu'il lui ouvrit le tombeau qui renfer-
mait Drusiane, et qu'il lui livrât le corps de
celle qu'il aimait. Car il voulait, dans son
aveugle furie, exercer sa passion désordon-
née sur ce cadavre. Et ce n'était pas chez lui
l'effet d'un mouvement soudain, mais celui
li'une réflexion délirante : < Puisqu'elle n'a
pas voulu durant sa viey»disait-il,<x que j'eus-
se commerce avec elle, il faudra qu'après sa
mort elle subisse ma volonté.» Et étant
entré dans le tombeau, il se mit à débarras-
ser le corps des étoffes qui l'enveloppaient.
Et il disait dans l'égarement de sa passion
monstrueuse : «Que t'aura*t-il servi, 6
malheureuse Drusiane, de me refuser du-
rant ta vie ce que tu subiras après la mort î »
Et voici que, tandis que, dans sa fureur, il
s'apprêtait 5 consommer son crime, un grand
serpent sorti, on ne sait d'oCl, apparut tout h
coup» et le jeune homme, blessé par sa uior-
sure, mais encore plus saisi de frayeur, prit
la fuite, et privé de toute sa furce ï»ar le froil
du venin, il tomba, et aussitôt le seq>eni h*
plaça sur son corps et s'y linl tranquille.
CHAPITRE VIII.
Le lendemain, qui était le troisième j'cr
depuis la mort de Drusiane, saint Jean > ;
Andronicus vinrent le matin au tombeau .n. ,
de célébrer les saints mystères, et yui .
qu'ils ne pouvaient trouver les clefs, tt
Jean dit : « C'est avec raison que les clefs le
se trouvent pas puisque Drusiane n'est p^
dans le tombeau parmi les morts. Mais eu-
Irons, les portes s'ouvriront d'elles-méiui'5;
car nous ne pouvons douter de la miséri^urie
du Seigneur, et qu'il n'étende sur nous sa
grande générosité. » Lorsqu'ils se furent
donc approchés du sépulcre» aussitèt, sut
l'ordre de Jean, les portes s'ouvrirent, ti
nous vîmes un beau jeune homme étenduau-
près du sépulcre. Et Jeans'éoriaàson aspid*
« Tu nous préviens, Seigneur. » Et il dit si
jeune homme : « Pourquoi es-tu venu ici?*
Et nous entendions une voix qui disait :
« Je suis venu à cause de Drusiane , qne m
dois ressusciter, et à cause de celui qui J<
inanimé auprès du tombeau, et afin que a-
Iiommes honorent Dieu à cause de uj'I.
Et quand le jeune homme eut ainsi (aric.
remonta au ciel en présence de Jean et i.^
autres. Et Jean, s'étant relourné, vit J'. /.
corps étendus auprès du sépulcre : l'un e'
celui de Callimaque, qui était un desdi :
de la ville d'Ephèse, et un immense slT| "
se tenait sur lui ; l'autre corps était r
de Forlunat qui avait été l'intendant dVi;-
dronic. Et rCe^ardant ces deux cor()S, l'a;-
tre pensait en son esprit et se disait : « tj *
veulent dire ces choses et pourquoi le>- •
gneur ne m'a-t-ii pas révélé sa vuluntc! »
CHAPITRE IX.
Mais Andronicus voyant le corps de D. •
siano gisant dans le sépulcre, àdemi-ui *
couvert d'un seul voile, dit à Jeau : <J
comprends co qui s'est passé. Ce O *
maquo était épris de Drusiane , ta:i<. ^
(juelle était en vie, et quoiqu'elle eût rt*
poussé ses vo»ux, il ne laissait pas né<inMi *
de la poursuivre de ses obsessions. Aài -
de ses refus il a recherché l'auiiiiéde n .
intendant, afin d'avoir son concours pour ^
actions illicites. On dit qu'on l'aso.N'
entendu dire que s'il ne pouvait forcer P <
siane à répondre de son vivant k sa pa>>: ' .
il lui ferait violence après sa mort. Je \>^'^r
donc, 6 JeanI que cet ange qui était ici -.laf > •
le corfis de Drusiane , atm de le pn^rt
de tout outrage, et je pense que ces cairi^r
2»ont ceux des hommes qui n'ont |»a) n
de vouloir accomplir un crime infâme. 1 .
vois que c'est pour cela que tu as en! :■
ui e voix annonçant la résurrection de b i
siane, ({ui avait éprouvé une mort prciMi: •
rue, par suite de la douleur i*t de la tr^tt^-
(pTiMlo éprouvait en voyant qu'un j<- - •
(571-75) Ajwc, Mil, 10; xiv, 9; xvi, 2; xx, 4.
(37G) / Thesi, iv, 4.
537
lEA
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JEA
538
liDOime s'élaiUépris pour elle d'une passion
coupable. C'est pour ce molif que, tandis
qne nous voyons ici trois cadavres , la
voix n'a cependant parlé de la résur-
rection que de deux , et elle a gardé le
silence sur le troisième ; le Seigneur voulait
que Dnisiane revînt à Ja vie, qu'elle avait
{)erduedaDS la douleur, et qu'elle passera de
nonveaudans la tranquillité. Ce jeune hom-
me paraît digne d'indulgence parce qu'il était
♦^aré. Mais je crois que le troisième n'est
l'as digne d être l'objet de la clémence de
Xolre-Seigneur Jésus-Christ. Je te prie donc,
Jean, de t'approcher de ces corps et de res-
>u5citer d'abord Callimaque, afin qu'il nous
lacooto ce qui est arrivé.»
CHAPITUE X.
Et Jean s'approchant du corps du jeune
homme, dit au serpent : « Eloigne-toi de ce-
lui qui était devenu le serviteur de Notre-
Seigueur Jésus-Christ. » Et aussitôt le ser-
pent s'éJoigna. Et lapôlre, se prosterna it
\àî t«rro, adressa sa prière au Seigneur, en
Usant: «Dieu dont nous honorons l'Eglise,
Hdonl la domination règle toutes choses,
Dieu dont la volonté accomplit tout co
'{u'elle prétend faire, exauce-nous à cause
•le la gloire, et que ta grâce arrive dans ce
jeune liomme à son plus haut degré ; et que
te que ce jeune homme a fait nous soit
lévélépar lui-même, lorsqu'il se relèvera.»
ti au;îsilôt le jeune homme se leva, et il
dormit une heure entière. Et quand il eut
»«^pris son entière connaissance, Jean l'in-
• rrogea, afin qu'il révéldt la cause de ce
•lui lui était arrivé. Et il raconta les faits qui
•Jaieni tels quAndronicus lavait prévu.
Lamour qu'il portait à Drusiane avait été
le molif qui l'avait porté à étendre sur elle
^a passion jusqu'après sa mort. Jean lui
ayant demandé si des reliques pleines de
•««^nératiou et de grâce pouvaient avoir quel-
que eCfet sur son audace, il répondit:» Com-
weni flurai$-Je pu faire ou osir quelque
•'lose, lorsqu'un animal monstrueux s'est
jKé sur moi el a blessé Fortunat qui avait
alimenté la flamme de ce délire qui aurait
pu s'apaiser? La cause de ma mort a été
que lorsqu'on proie à ma frénésie et aveuglé
l^r ma (mssion, je dépouillai* le corps mort
jieson Unceul, me préparant à consommer
le crime que jje méditais, je vis tout d'un
^<)U)) un beao jeune homme qui couvrait de
»es vêlements le cadavre de Drusiane, et il
jaiiliâsaitdeKon visage des étincelles de feu
qui illuminaient tout le sépulcre. Et l'une
délies me frappa, tandis qu'une voix disait:
" Callimaquuy meurs atiu que tu vives. »
J'n'nore qui était ce jeune homme, mais
*'Hnme je vois que tu es le serviteur do
l^itu, et (jue lu t'es montré à moi, je suis
^ûr que c'était un an^e de Dieu, et je re-
connais que le vrai Dieu est celui que lu
annonces. C'est pouranoi je te supplie de
»'« pas m'abandonner dfans ces embarras. Je
'^«is ce que j'ai fait, et je n'ai pas oublié les
' «dignités que j'ai tentées, et je m'en re-
I ' Ub de toute mon ûiue. Plût à Dieu que lu
pusses voir dans le fond de mon cœur, et tas-
surer de l'étendue de ma douleur ! Je m'af-
flige d'avoir voulu commettre d'aussi grands
crimes, mais j'attends de toi le remède à
mon affliction, toi qui es le prédicateur du
Dieu tout -puissant dont Notre -Seigneur
Jésus-Christ est véritablement le Fils, et je
désire que tu m'enseignes saparole. Je no
doute pas, si lu étends la main vers moi,
qu'à sa voix ne s'accomplisse la vérité de la
parole qui disait qu'il fallait que je meure
afin de vivre. Je suis mort plein d'audace,
mais je suis ressuscité doux et humble ; je
suis mort gentil, mais je suis ressuscité
chrétien. Je reconnais la vérité, mais je
demande quêtes leçons me la révèlent plus
amplement.»
Et l'apôtre, rempli d'allégresse en enten-
dant ces paroles dit : « Seigneur Jésus, je ne
sais ce que je dois faire. J'ai élé frappé do
surprise en vpyant l'élendue de la miséri-
corde, et je reconnais avec joie toute la gran-
deur de ta patience. »
Et ayant ainsi parlé, il bénit le Seigneur,
et prenant Callimaque, il l'embrassa, disant:
«Bénis soient le Seigneur Dieu miséricor-
dieux et Jésus-Christ son Fils, qui a en
pitié de toi, et qui, par sa mort, t'a délivré
de la fureur et de la démence, qui a éteint
les feux de l'impureté, lui qui Ole l'occa-
sion de la faute, qui anéantit les tentations
d'une passion insensée, lui qui a rendu
derechef à la viexelui qui était mort da^s
le péché, afin que tu reposes dans la foi et
dans la grâce de Jésus-Christ Notre-Sei-
gneur. Tu vois quelle multitude de bienfaits
divins est venue pour seconder notre minis-
tère et pour procurer ton salut. »
CHAPITRE XL
Quand Andronicus vit que Callimaque
était ressuscité, il fut ému d'une atfeclion
conjugale, et il commença à prier l'apôtre
de ressusciter aussi Drusiane, disant : «Il
convient qu'elle ressuscite , afin qu'elle
perde sa tristesse, celle dont la mort avait
été causée par Tafiliction qu'elle éprouvait
en voyant que ce jeune homme était séduit
par sa beauté. » Il supplia donc l'apôtre de
la rappeler à la vie, si telle était la volonté
du Seigneur. Jean, touché des prières d'An-
dronicus et des vertus de Drusiane, s'ap-
procha du sépulcre, et prenant la main de
la morte, il adressa ses prières au Seigneur,
et il dit : «Drusiane, lève-toi, au nom de Jé-
sus-Christ Notrc-Seigneur, lève-toi dans sl
gloire.» Et, se levant, elle sortit du tombeau.
Et se vovant presque nue et couverte seu-
lement d'un léger voile, elle en demanda la
cause. Et quand l'apôtre l'en eut instruite-
elle glorifia le Seigneur, et elle se couvrit de
vêtements.
CHAPITRE XII.
Voyant ensuite le corps de Fortunat quf
gisait, elle dit à Jean : « Mon frère, je to
prie aussi de ressusciter cet homme, quoi-
qu'il se soit montré gardien infidèle de ma
sépulture. » Et Callimaque, l'ayant entendue
IIO
DICTIONNAIUF DLS AIOChYiniES.
S'O
ia pria de ne pas demander la réaurrection
de cet homme pervers dont les eicilalions
l'avaient fait tomber dans le délire et que la
grâce divine jugeait indigne de ses faveurs,
puisque la voix qui s*était fait entendre n'a-
vait parlé que de la résurrection de Dru-
siane et de la sienne ; « le Seigneur, ^ dit-il,
« a donc jugé digne de mort celui qu'il n*a
pas déclaré digne de la résurrection. »
Mais Jean répondit : a N'apprenons pas,
mon fils, à rendre le mal uour le mal ; car
nous sommes tous des pécneurs coupables
de fautes graves et nous avons par Jésus-
Christ, Notre-Seigneur, olitenu miséricorde;
il n'a pas pensé qu'il fallût rendre le mal
pour le mal, mais ensevelir les délits dans
la pénitence et la conversion. Si tu ne me
f Permets pas que Fortunat ressuscite, ce sera
'œuvre de Drusiane et l'eifet de sa généro-
sité. •
Et Drusiane remplie de l'Esprit- Saint,
s'approchant du corps de Fortunat, dit :
« Seigneur tout-puissant qui m'as accordé
<le voir tes œuvres si dignes d'admiration»
toi qui m'as fait la grâce non-seulement
de t*3 connaître, mais encore d'être avec mon
époux dans les liens d'un attachement fra-
ternel (377); toi qui as voulu ma mort, afin
que, séparée pour un instant du corps, je
fusse encore plus à toi ; toi qui as voulu que
ce jeune homme succombât, afin qu'il mou-
rût à la faute et qu^il revtut à la vie vé-
ritable, ne méprise pas, û Soigneur, les
prières de ta servante, ordonne que For-
tunat ressuscite, quoiqu'il ait voulu user de
trahison à mon égard ; » et, lui prenant la
main, elle dit : c Lève-toi, Fortunat, au noui
de Jésus-Christ, Notre-Seigneur et noire
Dieu, h Et quand Fortunat se fut levé, et
qu'il eut vu que Drusiane était ressuscitée,
et que Cajlimaque croyait au Seigneur, iJ
dit dans son ingratitude (378) pour le salut
qui lui était accordé qu'il aimait mieux être
mort que rappelé à la vie, afin de ne pas
voir que la grâce s'était au>si étendue sur
eux.
CBAPITKK XllI.
Et Jean, voyant ces choses, dit :«C*est ainsi
que le Seigneur a dit dans l'Evangile (379) :
un mauvais arbre ne peut donner que de
uiauvaLs fruits. Les sucs d'une mauvaise
racine l'ont gâté, et il ne peut porter de
bons fruits. Ce n'est pas la faute de la na-
ture qui est partout la même, c'est le vice de
la racine qui fait tout le mal (380). La terre
inonlrela même fécondité pour tous lesarbres,
elle les réchauffe tous dans son sein mater-
neU et le champ tout entier subit les iofluer»-
ces d'une même température. Le Seigneur
tout-puissant arrose toutes les plantes de
la même pluie et il réchauffe des ardeurs
du même soleil les (iroduits de la terre ei
les bois des forêts. Mais divers sont les fruii.^
et autres sont les provenances des différent>
arbres. L'un est stérile, l'autre est fécond.
Il y en a qui ont pour cause de leur dépé-
rissement de mauvaises racines ()ui ne peu-
vent ressentir les effets de la fertilité terrestre
et des bienfaits du ciel. De même notre Dieu
a fait tous les hommes à son image ^381),
c'est-à-dire il les a appelés k ta même grâce
divine aOn qqe nous louions la miséricorde,
la vertu, la piété, la justice et les aulns
qualités qui sont en Dieu et que nous de-
vons imiter; il a ordonné à son soleil de $e
lever (382) et Notre-Sei^^neur Jésus-Chibi
est venu pour tous, il a été crucifié pour
tous (383), il est ressuscité pour tous. Maiv
il ^ a peu d'hommes qui revendiquent jus-
r]u è la fin ce bienfait et ce don de Dieu ie
P«Ve qui a livré son Fils pour nous et de
Jésus-Christ Notre Seigneur qui s'est otTiit
pour noire rédemption. Les uns se fatiguerii
et refusent le salut qui leur est offert, ou»
ne voulant nas croire au bonheur du salui,
la plupartdesirent la grâce diviuequiop»'!'
en nous, mais ils se rendciU indignes de <<*
fruit céleste, comme ce inalheureui qui,
trompé );ai t'envie, ne se félicite pas b*-
ce que la vie lui est rendue, il a duncH'
charbons (38V)« il a le fruit du mauvais ai-
bre que ie feu doit brûler (38&) et qui ^e
consume de ses propres incendies* Qu'une
semblable racine soit séparée de la conver-
sation des tidèles et de toute œuvre de ceui
qui craignent Dieu, de toute occupation de>
hommes'pieux, de la congrégation des sainls
et de la communion des sacrements. Que
celui qui a regardé la mort de Drusiane
comme digne d'outrage et qui, par eirès
do jalousie, n'a pu supporter qu'elle fût
en vie , n'ait pas de communion avec Dru-
siane rendue à l'existence. Nous accorderoub
à la vivante la communion que nous don-
nions à la morte. »
C'est ainsi aue l'apôtre, ayant achevé de
rendre grâces a Jésus-Christ Notre-Seigneur,
se rendit à la maison d'Andronicus oi^, ins-
piré par l'Esprit-Saint, il montra aux irèrcs
que Fortunat avait été blessé par un serpent.
Et il ordonna d'envoyer quelqu'un qui re-
connût ce qui était à cet égartl et qui vlni
eu rapporter la nouvelle fidèle. Et ils en-
voyèrent un des jeunes hommes, qui le vil
froid et le corps infecté du venin du serpcni.
(577) C'a8t-à*dir*', vivant avec lui comme avec
uu fiéte, non p s comme avec un époux.
(578) Il va dcns le lexte : Ingralutt ialuliê, ex-
presmon qui se trouve égalemml dans Virgile. (AU"
nêié,^ hb. x, vers. 6ee.) W n*t8l pas bien rare de
lancontrer ninsi dans des écrivains de la plus li.nsse
laiinilé quelques expre-s'ons poéliqurs et heu-
leuscs*
{7»l)i) Mauh. MU 17.
(580) n V u là dth Uacfft de Li rt'Iaclion m;ini-
chéi*nn<^ de Leiicins.
(58i)G0ii. i,iG.
(382) Maith, v,^5.
(385) Hebr. u, 9.
(58i) /tom. XII, iO, d*après les Prûnrbn ^^^
Salumon (xxv, 2i); mais le préianda AtMtias ''C
prend pas les paroles de ra|»éire dans leur vêritaMi
sens.
(38?i; Slatth v.i. m.
r>ii
JEA
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JEA
542
Et qnana on annon^ a Jean qu'il mourrait
dans trois heures, il dit : « Ta as ton fils,
A démon. » Et il passa ce jour avec les frères
daas Tallégresse.
CHAPITRE XIV
Le lendemain, un philosophe nommé Cra-
ton (386) avait annoncé qu'il donnerait dans
le forum des exemples au mépris pour les
richesses ; et fa chose était ainsi. Il avait per*
suadéàdeux jeunes gens, deux frères, les
|tlus riches des habitants de la cité, à em-
ployer leur patrimoine à acheter des pierres
jirécieuses qu'ils brisèrent publiquement en
présence de la foule. Et quand ils eurent
lait tout cela, il arriva que l'apôtre passait
par hasard auprès d'eux., et, appelant à lui
je philosophe Craton^ il dit : « il n'y a que
folie dans ce mépris du monde qui est loué
par la bouche des hommes, et qui est con-
damné par le jugement divin. De même que
le remède qui ne chasse pas la maladie est
vain, de même la doctrine qui ne guérit pas
les vices des âmes et des mœurs est vaine.
Mon maître, voyant un jeune homme qui
voulait parvenir à la vie éternelle, Tinstrui-
siten lui disant (387) que s'il voulait être
parfait, il devait vendre tous ses biens, et
en donner le prix aux pauvres, et qu'en agis-
sant ainsi, il acçiuerrait un trésor dans le
ciel, et trouverait une vie qui n'a point de
fin. 9
Craton répondit : « Le fruit de la cupidité
humaine, placé au milieu des hommes , est
brisé. Mais si ton maître est réellement Dieu,
et s'il veut que la valeur de ces piorros pré-
cieuses soit distribuée aux pauvres, fais
qu*elles soient rétablies dans leur état pri-
mitif, afin que ce que fai fait pour obtenir
de la célébrité parmi les hommes, tu le fasses
pour la gloire de celui que tu présentes
lomme ton niattre. ]»
Alors le bienheureux Jean réunit les
fragments des pierres précieuses, et les te-
n.mt en sa main, il éleva les yeux au ciel et
il dit : « Seigneur Jésus-Christ, auquel rien
n'est impossible, toi qui par le bois de ta
croii, as rétabli en tes tidèles le monde brisé
par le bois de la concupiscence ; loi qui as
rendu à un aveugle-né (388) les yeux que la
nature lui avait refusés; toi qui as rendu la
vie à Lazare mort depuis quatre jours (389)
t;l enseveli ; toi qui guérissais, par la puis-
sance de ta parole toutes les maladies et tou-
tes les infirmités, fais. Seigneur, que par la
main de tes anges, ces pierres se rétablis-
sent, afin que le prix soit consacré à des
œuvres de miséricorde, et qu'elles fassent
• roireen loi, père non engendré, par ton
Fils unique Notre-Seigneur Jésus-Christ,
avec l'Esprit-Saint qui éclaire et sanctifie
(386) Ou trouve dans VBbiûire aposhliqve, aa
récit consacré à saint Simon et à saint Jiide, ineu-
tioii d*un disciple des apôires nommé Craloti et
qui éciîvii leur histoire, il n*est pas probable que
Ifpseulo-Abdiiisaiivoulaeu l'aire leinéme persoii-
i>3^c que le philo&uphe duiii il est question ici et
<!oDtIc nom est peut-être emprunté à l'auci< n pbilo-
ioplieCratès, qui se fit icmarqner par sou mépris
toute l'Eglise dans les siècles des siècles. »
Et les fidèles qui étaient avec l'apôtre,
ayant répondu et dit iimen, les fragments
des pierres précieuses se réunirent, et il
n'y avait en elle nulle trace de fracture. Et
le philosophe Craton, avec ses disciples,
ayant vu ce prodige, tomba aux genoux de
l'apôtre, et il crut, et il fut baptisé avec
tous ses adhérents, et il commença à prêcher
lui-même publiquement la foi du Seigneur
Jésus-Christ.
CHAPITRE \y.
Les deux frères dont nous avons parié-,
vendant les pierres précieuses qu'ils avaient
achetées avec le produit de leur patrimoine,
en donnèrent la valeur aux pauvres, et une
foule immense de fidèles se mit è s'attacher
à l'apôtre. Et cet exemple fit que deux hono-
rables habitants d'Ephèse vendirent tout ce
qu'ils possédaient, et le distribuèrent aux
fsaïuvres, et suivirent l'apôtre qui allait par
a ville, et prêchait la parole de Dieu. Et
quand ils furent entrés dans la ville de Per->
game, ils virent des esclaves revêtus de vê-
tements de soie qui marchaient en pub1ic^
et qui brillaient d'une pompe mondaine.
D'où il advint que frappes de la. flèche du
diable (390) , ]ls devinrent tristes, parce-
qu'ils se croyaient dans le dénûment, et
couverts d'un simple manteau, tandis que
leurs esclaves étaient dans la puissance et
Téclal. Mais l'apôtre de Jésus-Christ, com-
prenant ces suggestions du diable, leur dit:
« Je crois que vos pensées ont changé, et
que vous regrettez tous les biens que voas
avez distribués aux pauvres afiu de suivre
la doctrine de Jésus-Christ. Si voiis voulez
recouvrer tout ce que vous possédiez jadis
en or, en argent et en pierres précieuses,
apportez-moi des baguettes de bois sépa*
rées. ^ Et quand ils Teurent fait, et que Ta»
pôtre eut invoqué le nom de Jésus-Christ,
ces baguettes se changèrent en or. Et l'apô-
tre leur dit : « Apportez-moi de petits cail-
loux pris sur le bord de la mer. % Et quand
ils Teurent fait, et que Jean eut invoqué la
majesté du Seigneur, tous ces petits cail-
loux se changèrent en pierres précieuses,
et le bienheureux Jean, s'étaut tourné vers
les deux frères, dit: a Allez pendant sei)t
jours chez les orfèvres et chez les joailliers,
et lorsque vous aurez reconnu que c'est
vraiment de l'or et des pierres précieuses,
vous m'en porterez la nouvelle. » Et les
deux frères firent ce que disait l'apôtre, et
ils revinrent au bout de sept jours, et di-
rent : « Seigneur, nous avons parcouru les^
boutiques de tous les orfèvres, et ils disent
tous qu*ils n'ont jamais vu d'or aussi pur, «
et les joailliers disent aussi qu'ils n'ont ja-
pour les richesses et qui jeta son argent en di-atit :
4 Péris, afin de ne pas me perdre, i
(387) Malth. xix, 21.
(388) Joan.n, i.
(389) Joan, xi, 43.
(390) Expressiou qui rappelle celUî de saint Paul
qui parle (£f>/{ei. vi, 16) dis iraiis LiilloUimés dj
malin esprit*.
513
DÎCTIONNAmE DES APOCRTPIIES.
%» »
mais rencontré de pierres aussi parfaites
( 1 ntissi urécieuscs. »
CHAPITRE XVI.
Alors saint Jean leur dit: « Allez et ra-
chetez pour vous les biens que vous avez
vendus, car vous avez perdules trésors des
eieux. Achetez-vous des vêtements de soie
afin que durant quelque temps vous brilliez
comme la rose qui montre son odeur et sa
couleur et qui se flétrit subilcMnent. Vous
s )upirezè Taspect de vos serviteurs, et vous
gémissez de ce que vous êtes devenus pau-
vres. S)yez donc fleurissants ]»our flétrir
ensuite; soyez riches momentanément pour
**ire réduits à la mendicité perpétuelle. Est-
re gue la main de Dieu n'a pas le pouvoir
tie faire abonder les richesses et de leur don-
ner un éclat incomparable? mais te Seigneur
a institué la lutte des esprits des hommes
afin que ceux qui, pour son nom, auront
repoussé les richesses temporelles, sachent
4|u'ils posséderont les biens éternels. Notre
Maître nous a parlé d'un riche qui faisait
tous les jours un festin et qui brillait dans
Tor et la. pourpre (391). Et un mendiant,
nommé Lazare, gisait devant sa j)orle et as-
pirait après les miettes qui tombaient de la
table du riche, et personne ne les lui donnait,
et il advint qu'un jour ils moururent tous
deux ; le mendiant fut conduit dans le repos
qui est dans le sein d'Abraham (392), et le
riche fut jeté dans la flamme ardente, et,
en élevant les veux, il vit f^zare et il lui
demanda de plonger son doigt dans l'eau,
afin de rafratchir sa bouche qui éiait tortu-
rée dans la flamme. Abraham lui répondant
lui dit : ftSouviens-loi,inonfilsquetuasreçu
tes biens en cette vie, et que Lazare n'y a
éprouvé que des maux. Il est donc juste
qu'il soit glorifié maintenant, tandis que tu
es tourmcnlé. Et i! v a entre vous et nous
un grand abîme (393), de sorte que vous ne
pouvez venir vers nous et que nous ne pou-
vons aller vers vous. » Mais le riche répon-
dit: «J'ai cinq frères et je te prie que quel-
({u'iin aille les r.vcrtir afin qu'ils ne tombctit
pas dans ces flammes. » Abraham répondit:
« lis ont Moïse et les prophètes; qu*ils It^s
écoutent.» Le riche répondit : « Seigneur, si
quelqu'un ne ressuscite, ils ne croiront pas. »
Abraham répondit: «S'ils ne croient pas \
Moïse et aux prophètes, ils ne croiraient pa.^
non plus è quehju'un qui ressusciterait. » —
Notre-Sergneur et maître confirmait ces dis-
cours par des miracles; car, comme on lui
disait: Qui est venu de là-bas |K)ur que nous
croyions en lui? il répondit : « Apportez ici
les morts que vous avez. » Et lorsqu'on eut
apporté devant lui un jeune homme qu»
était mort, il fut ressuscité parle Seigneui
(394), et il se réveilla comme d'un long som-
meil et il donnait, par ses discours, la foi h
tous ceux qui l'entendaient. Mais pourquoi
raconlerai-je ainsi les merveilles opéréo<
par le Seigneur, lorsque vous avez devant
vous les hommes qu'en son nom et en ▼oin*
ï)résen{;e j'ai réveillés d'entre les morts. Vows
avrz vu les paralytiques guéris en son nom,
les lépreux purifiés, les aveugles doués dcî
la vue et un grand nombre de possédés dé-
livrés des démons. Mais ceux qui ont voulu
|)0sséder h'S richesses terrestres n'ont pu
avoir pareille puissance. Vous-mêmes, qtiand
vous vous êtes approchés des malades, iK
ont été guéris lorsque vous avez invoqué le
nom de Jésus-Christ. Vous avez expulsé ks
démons et vous avez rendu la vue aux aveu*
f;les. Voici que cette grâce vous a été enl^
vée et vous qui étiez forts et puissants, vous
^Les devenus misérables. El tandis que !<;;*
<i(^mons éprouvaient une frayeur telle qu'a
votre ordre ils abandonnaient les possédés,
c'est vous maintenant qui craindrez les dé-
mons. Car celui qui aime l'argent e^i Tes-
clave de Mammon (395). Mammon est lo nom
du démon qui préside aux profils cliarneN»
et il est le souverain de ceux qui aiment k*
monde; ceux qui aiment le n)onde ne |)os-
sèdent pas les richesses ; ils sont |K>ssédés
par elles. Il est absurde que là où il n'^' a
([u'un seul ventre, il y ait des aliments suili-
(591) Eulti^mtos dans ses Note% sur saint Luc^
( II. XVI, 19, du que le Rom de ce riche élail NimeU'
êin Adrîchoinius (Ducript, terrœ ionctœ) dil que
de son iemp« on inonlraît à Jérusalem la maison
i\n\\ avait occupée.
(39i) Nous renvoyons aux commentateurs des
Rvangites à Pégard de relie expression qui a sou-
lové des explicatious dixerses; nous indiquerons
:uissi l*ouvrage île Mamachi, De animiê jmtornm
in êinu Abrahami ante Chrit^ti moriem experiibu»
bealœ visionis libri duo: Rome, 1766. 2 V()l.,iu 4*",
I Patel apud llebrxos de siou Abrabx aiiliquissi-
roam fuisse irnJili nem.quam a priniaeva Synago-
^a Talmuiislas récépissé credeodum est. In liunc
A l)rahae sinumoltm descendisse omnes san li Pa-
tres, ncuipe anle advenium Christi doctl Ëcdesin,
cl sancii Paires cum D. Hifronjrmo , in Eccle.
cap. 111, 18. I (Barlolocci. Dibl. rabbin. , l. 1, p.
iU,)
(393) Fabrieius renvoie ici aux Actes lîe sainte
Perpétue ei de sain e Fêlkilé dans la collci ion de
iloiu Ruinart : Aeia primorum moTtyrum te f cela.
II existe une Moraiité du mauraii riche et du la -
<jic,,a douze personnages, sans date, in ^\ On n*cn
confia.» qu'un seul exemplaire qui fut adjuj^c jq
prix énorme le 18G0 francs eu I&34. Il en avaii
été fait Tannée précédente une réimpression h 40
exemplaires. Con-ulterà régarl de cette conipo-
i^ition le Dictionnaire des Mystères, Migne, 1851,
col. 508.
(394) Il n'est point question dans les évangile^
Câ^noniqncs de li résurr^c ion de ce jeune linmmr,
ni de celle de trois morts que meniionne Mi^l ii<>
dans sa narration que iumis donnerons l)icnrot, rr>
lative à saint iean. Les é ai>gé:ibles ne luirleiil qu*
le irois perscmnes ressuscites par le Seigneur, k
(ils du cliefde la Synagogue, le fds de la %«uve d^
^.iim ei Lazare; s^tint Augnsti:i (s rm. 44, Ot
vcrbis Domini) soi'pçonneqn'ii j en rul d'auiiM.
(595) M;imnioii, chez les Syriens le dieu des ri-
chesses, correspoMifant vu Pin'usdes Gre^*. S"m
nom se retrouve d.ins «nni« Mallhien, m, 2ti, c!an*
saint Luc^ xvi, 9. Vcy, es ronimeniairnis sur i ^
passages. Pierre Lombard (lib. u Sentent. ^ dt<i.t>
iUlk cel cg'»rd : i Non ideo est qnod dialolus in
poteslate h:i!}eal d are Tel aufcrrc diviin» cni ^'I»'-.
sed quia fis ntiinr ad huniinuni leRlnii«m tu i* «•*
nj lio nu. >
►' ♦.>
JMA
Px\RT. IH. - LEGENDES ET FRAGMENTS.
JEA
oi6
>an(5 pour salisf^îro à un milJier de vcntre.«,
H qD*i)n seul corps puisse disposer d'une
qnanliié de vêlements qui couvriraient les
corps d'un millier d*bommes. C'est ainsi que
ce qui n'est pas employé est conservé en
vain, et on ignr)re pour qui il est conservé,
luiiiitie le Saiul-Ksprit Ta dit par la voix du
prophèle(396) : a Tout homme qui amasse des
(résors se trouble en vain ;il nesait pas pour
«mi il les réunit. » Les leromes nous ont mis
;ni jour nus(397) et déjjourvus de nourriture et
ik' hoisson; la terre nous recevra nus. Nous
l'Ossédons en commun les richesses du ciel;
la splendeur du soleil est la même pour le
riche et pour le pauvre, ainsi que la lumière
«le la lune et des astres. Il en est de même
«lu souffle de l'air et des gouttes de la pluie,
(OS portes de l'Eglise, de la fontaine de
^anctiGcalion, de la rémission des péchés,
<icla participation à l'autel, de la nourriture
«lu corps et du sang de Jésus-Christ, et de
ronclion du saint ctiréme (398), de la visi-
•ation du Seigneur et du pardon des pé-
ces; toutes ces choses sont données égale-
•ueni sans distinction de personne. Le riche
v\ le pauvre ne font pas usage de ces dons
«rune façon différente, mais malheu-
reux et infortuné est Thomme Qui veut pos-
séder au delà de ce dont il a Lesoin. C*esl
lie là que naissent les chaleurs des tièvres,
les ri>;ueurs des froids, les douleurs diver-
ses dans tous les membres des corps. L'avi-
•Jité est insatiable ; elle ne son^e qu'à enlas*
serdes richesses qui, une fois réunies, oc-
casionnent à leurs possesseurs des inquiétu-
des continuelles le jour et la nuit, et qui ne
les laissent pas tranquilles pendant l'espace
ii'une heure. Car lorsqu'ils gardent leurs
irésurs, lorsqu'ils s'opposent aux tentatives
«les voleurs, lorsqu'ils font cultiver leurs
terres, lorsqu'ils surveillent les labourages,
lorsqu'ils payent les impôts, lorsqu'ils cons-
truisent des greniers(399), lorsqu'ils s'atta-
chent à leurs bônéflces, lorsqu'ils s'efforcent
il'apaiser les prétentions des personnages
plus puissants qu'eux, lorsqu'ils travaillent
àiiéj'ouillcr ccuxqui sont moins puissants,
tS96) PsaL xxxvni, 7.
{rSDJob I, 21; / Tim. vi, 7.
(398) Fabricius fait ici Poliservation suivante :
« lu baplismo olim chrisiuate sivc oleo saiicio un •
vcbantur mares pariicr et feroinïe, ut constat ex
CmttiL apoit. lib. m, c. 15 cl Mé veteribus tpios
«deum locuin laudat Cotelerius.t
(599) Gomme cet liomiiio riclie dont il est ques-
iiaii daos uitnf Luc^ xu, i8.
(400) Les justes a|>porleiit »p\è< leur mort leurs
bonnes œurres {Apoc. xiv, 15) et les pét heurs leurs
Iniquités. (/ Tm, v, 2i.) On lit dans rKpilie qui
porte le nom de saint Barnabe : « Unusquisqiie se-
• Dndumquae facil accipict. Si rueiiiboniis, bonitas
cHmuTitecedet, si nequam inerces nequitia^ eum se-
quiinr. I
(4U1) D^nciennes éditions d*Abdias portent ici le
nom «le Syricus, mais elles donnent plus loin celui
de Stacteus, et c*est celui qu'on trouve dans la nar-
niion de Mellilus. (Depaisione S. Johannit,) D'après
Àpdlonius, écrivain du ni* siècle, qui écrivit contre
U roomanistes et que citei>t dans leurs Hisioirfs
Hdémuitfnes, Ensébe (I. v, c. 18) et Sozomcne
lorsqu'ils font ton)ber leur colère sur qui ils
peuvent, et qu'ils ne supportent pas qu'on
leur fasse tort, lorsqu'ils se livrent aux
plaisirs de la chaif, lorsqu'ils ne s'abstieo*
nent ni du jeu ni des afteclacles, lorsqu'ils
ne crai[:nent poinlde souiller et d'être souil-
lés, ils sortent soudain de ce monde nus et
ne portent avec eux que leurs péchés (^00),
pour lesquels ils endureront des peines
éternelles. »
CHAPITRE XVIL
Tandis que l'apôtre saint Jean parlait
ainsi, voici qu'on portait eu tombeau un
jeune honime, fils d'une veuve, lequel sY-
tait marié trois jours auparavant. Et la foule
(pli accompagnait les funérailles, ainsi que
sa mère, se jeta aux pieds de l'apôtre, et tous
poussaient des cris et des gémissements et ver*
saient des larmes; ils priaient Jean, au nom
de son Dieu, de ressusciter ce jeune homme
comme il avait ressuscité Drusiane. Et lello
était la désolation générale, que TapôirL*
lui-même ne put s'empêcher de pleurer. Il
so I rosterna pour prier et il versa beaucoup
de larmes. Et, se levant après son oraison,
il étendit les mains vers le ciel, puis il pria
longtemps de cœur. Et ayant agi trois lois
de la sorte, il ordonna de délier le corps
qui était enveloppé de langes, et il dit:
«O jeune Stacteus (401), toi qui, conduit
par Tunion de la chair, as bientôt perdu ton
âme ;ô jeune homme qui as ignoré ton Créa-
teur et qui n'as pas connu le Sauveur des
hommes, tu es resté étranger à ton véritoljle
ami, et tu t'es ainsi exposé aux embûches
d'un ennemi détestable; j'ai réj andu devant
mon Scii^ueur n»es prières et mes larmes,
afin qu'il te pardonne ton ignorance et que
te relevant d'entre les morts, le lien tiu
trépas étant brisé, lu annonces h Atlicus
et à Eugène, ici présents, quelle gloire ils
ont perdue et quelle peine ils ont encourue.»
Alors Slacteus se levant adora l'apôtre et
commença à reprendre ses disciples, disant :
« J'ai vu des anges qui pleuniient (402) et
les auges de Satan qui se félicitaient de votre
(I. Vil, e. â7), saint Jean ressuscita un mort à
Epbèse. ^ « , . .
(402) Transcrivons ici la noie de Fabncius :
€ Cbristus (Luc. xv, it) teslalur lœiari angelos
boroine pœniiente. Sic vicissim dolent bominibus
in peccau relabeniibus, eosquc fugîunt veliii apes
fumuro, et felorem columbœ, utbene aitBasiliu«, in
psaL xxxiii. Idem Judaeis ac Malioni» l:iiiis pcr-
^uaMlln e*se doceuiGiib rlus Gauliiiiniis {i\oii$ ad
tibrum de morte Moiis, p. 357) et J. Giejiorius
Anglus (Observationum in quœdam sacrœ S. Scrip^
tnrœ loca, c. 50.) EFlalonicis, Cbalcidius, p. 2iG.
^ullc de sancio daemouum génère sit seimo qnod
ail Plalo (in Timmo) admirabiii qnadam esse pru-
denlia memoriaque eidocililalc lelici quod omnia
sciai cogitalionesque bominuni iutrospicial et bonis
quideui debctttur, iroprobos oderil coniing'-nte so
irislilia quae nasciiur ex odio displiccnlis. Soiiis
quippe Deus uipoie pleiiae peifeclaequc dîviniiaiis
iieque trislilia, nrque voluptale toniinganr. i
Addam è Clirislianis Procopiura Gazaium, p. 505 la
Octateuch. : t Uni voluntati daenionum non oblempe-
rani, doloreiiios alRciunt. aiigelosquc lactiiia. •
SI7
blCnuNNAlHE DES APOCRYPHES.
l.i
chute. Le royaume était préparé pour vous ;
TOUS afez perdu un séjour orné de pierres
précieuses éclatantes , rempli irallégresse ,
de festin et de délices , en jouissance de la
Tle perpétuelle et de la lumière éternelle ;
TOUS avez acauis des lieux couverts de té-
nèbres» remplis .de dragons» remplis de
flammes ardentes, de tourments et Je peines
inexprimables 9. remplis de douleur, d'an-
goisse, de cruautés et de tremblements hor-
ribles. Vous avez perdu des lieux remplis
de fleurs qui ne pouvaient se fléirir, remplis
d'une harmonie suave, et vous avez acquis
au contraire des lieux où ni Je jour, ni là
nuit, ne cessent les hurlements, les gémis-
sements et les cris de douleur. Il ne vous
reste nulle ressource, si ce n'est de prier
l'apôtre du Seigneur de vous rappeler au
salut comme il m*a rappelé à la vie, et d'ob-
tenir que ces Ames qui ont déjà été eiracées
du livre de vie (i^03^ v soient rétablies. »
CHAPITRE XVIII.
Ces choses étant dites, le jeune hoiimie
qui avait été ressuscité, et le peuple entier,
ainsi <}u'Atticus et Eugène, se prosternèrent
aux pieds de l'apôtre, le suppliant d*intcr-
céder le Seigneur en faveur de ces deux
disciples. Et I apôtre ré(>ondit qu'ils devaient
faire pénitence pendant trente jours et
prier avec ferveur pendant ce temps pour
que les baguettes d*or reprissent leur nature
primitive et que les pierres précieuses rede-
vinssent des objets sans nulle valeur romiiii:.*
elles avaient été. El il advint qu'après cette
période de trente jours les baguettes d'or
redevinrent du bois et les pierres précieuses
Jes cailloux. Et Atticus et Eugène vinrent
et dirent h Tepô ro : « Tu as toujours en-
seigné la justice; tu as toujours prêché l'in-
dulgence, et tu as recommandé que l'homme
eût de la bonté pour son prochain. Et si
Dieu veut que l'homme ait de l'indulgence
pour un autre homme, combien à plus forte
raison, puisqu'il est Dieu, a-t-il de l'indul-
gence et des ménagements pour l'homme;
nous avons péché contre lui, mais si nos
i^eux ont contemplé avec désir les biens de
a terre, ils on font pénitence en versant des
larmes. Nous le prions donc, Seigneur, nous
le prions, apôtre de Dieu, de nous montrer
par tes actions l'indulgence que tu as tou-
jours promise dans tes discourîS. » Alors
saint Jean les voyant devant lui pénilenls et
versant des larmes, et le peuple entier in-
tercédant pour eux , dit : « Seigneur, notre
Dieu, tu as piirlé de la sorte, lorsqu'il s'a-
(i05) Expression qui nppclle celle i| 11*011 Ironie
dans \ Exode (xi&ii, 5â) : Efface-moi du livre que
lu as écrit,
(m) Ezech. xxxiu, H.
(405) Le pftfiido-Alxliar» elle ici peu exaclemonl
Ic^ paroles du Sauveur rapporiées dans tainl Luc^
XV, 7 : la texte sacré n- parle pas de ceux (pii
u*oni pas péché, mais de ceux qui iront p:i> be»oiii
de pëiiiience.
(406) 1^8 Actet des apôtres, xit, 27, 1 isent que
le culte lie la Diane d'Cptièse était r^'pandn dans
toaic l'Asie. L: temple dont il est q*'e»Uon eaï mm
gissaii des pécheurs : « le ne Teux pas m
mort du pécheur, mais je veux plutôt qu'il
se convertisse et qu'il vive {kOk). » Lorsque
le Seigneur Jésus- Christ nous enseignait à
l'égarade la pénitence, il dit : «En vérité, ie
vous le dis , il y a une grande joie dans te
ciel pour un seul pécheur qui se relient et
se convertit de ses péchés, et il y a à son
égard une plus grande allégresse qu'au sujet
de quatre-vingt-dix-neuf qui n*ont pas pé-
ché (i^05). 9 C'est pourquoi je veux que vous
sachiez que le Seigneur reçoit la pénitean?
de ces hommes, w El se tournant vers Atti-
cus et Eugène , il dit : « Allez et rapportez k
la forêt le bois que vous y avez pris, puis-
qu*il a recouvré sa forme, et jetez sur le li-
vage de la mer les cailloux qui sont redevenus
ce qu'ils étaient, v Et quand ce fut accompli»
ils reçurent de nouveau la grAce quits
avaient perdue, recouvrant le pouvoir de
chasser les démons comme précédemment,
de guérir les malades et de rendre la ?ue
aux aveugles, elle Seigneur accomplissait
chaque jour par leur entremise de nombreux
miracles.
CHAPITUE XIX.
Tandis que cela se passait à Ephèse et aue
les provinces de l'Asie s'attachaient de plus
vn plus à Jean, il arriva que les adorateur»
des idoles excitèrent une sédition. Et in
traînèrent Jean au temple de Diane (i06), et
ils voulurent l'obliger àoil'rirson sacrifice
El Jean dit : « Allons tous à l'Eglise de Jt-
sus-Christ Notre-Seigneur, et en invoquani
son nom , je ferai tomber ce temple et toIm*
idole sera brisée, et si cela arrive, il ^>\
juste que vous reconnaissiez que, renon-
çant à vos superstitions, vous devez adorer
mon Dieu qui a vaincu votre idole et vous
convertir à lui. » Le peuple se rassembla a
la voix de l'apôtre, et quoiqu'il y en eûi
quelques-uns qui s'opposèrent à sa proposi-
tion, la plus grande partie cependant y don-
na son assentiment. Et le bienheureux Jean
exhorta avec douceur le peuple à se tenir
éloigné du temple. Et lorsque tous furent
sortis et se furent mis à distance, il s'écria
d'une voix forte : c Afin que toute celte
multitude sache que l'idole de votre Diane
est un démon et lion un Dieu , qu'elle s*é-
croulo ainsi que toutes les images qui sont
dans le temple, mais sans faire de mal a
personne. »
El dès que lapôtre eut prononcé ces pa-
roles, toutes \ts idoles s'écroulèrent (iOT'
ainsi que le temple, et furent comme la pou^-
lîoiiné par e nombreux auteurs a.icicos, et tuitc
dulicâpai T.te-Live (i. 1, c. <i5) : ■ Jaiu tuui (S^tui
Tullii teuipoiihus) trat inclytum Dians Epliesix
fauuni ; id (omiituititcT a ciMtatibus A»is factuiii
laïua Ictcliat. » On p. ut cou su lier d*ai Heurs la di»*
sertrion do A. Hirt lue à (Wcadéniie de Uerlin fo
1801 . /Vr emiiel der Diana xu Ephetus. {\kr\\»\
180U, iii-î<^, 68 pj;;.) A peme aujoind'iiui, au dnv
d*uu voyageur contemporain et jitdtci. u\, prulou
dislingu-f rem;daccni« nt où ji s*é cvait. (Proàrwll.
Erintierungen aus Egypten und hUinasUn,, 11, ii)6*l
(lOTj Nit'cphore, I. 11, c. 4i, parlM au^i de li
:49
JEA
PART. m. — LEGENDES ET FKAGMKNTS.
JKA
550
^ièr6 que le vent souiôve sur la surrace de la
terre. £l ce même jour, douze tnilliers de
gentils, sans compter les feuimes et les pe-
tits enfants» se convertirent et ils furent
baptisés par le bienheureux Jean et consa-
crés par la vertu de TEsprit-Saint.
CHAPITRE XX.
Et Aristodème, qui était le grand prêtre
(le toutes ces idoles, ayant vu ces choses et
étant animé d*un esprit très-méchant, ex-
cita une sédition parmi le peuple, de sorte
c|'ie la guerre civile était au moment d*écla-
liT. Et Jean se tournant vers lui , lui dit :
t Dis-moi, Aristodème, que ferai-je pour
détruire l'indignation qui est dans ton âme ? »
El Aristodème répondit : « Si lu veux que
je croie en tun Dieu, ie te donnerai du poi-
dou à boire, et si tu le bois et que tu ne meurs
jasjl paraîtra que ton Dieuestic vrai Dieu. «>
L*apôtre répondit : « Si lu me donnes à
l)oire du poison , j*invoquerai le nom du
Seigneur, et il ne pourra me nuire (408). »
Et Aristodème répliaua : « Je veux que lu
îoies d'abord que dfes gens en boivent et
qu'ils meurent aussitôt , et ton cœur se re-
fusera peut-être ensuite à cette épreuve. ».
El le bienheureux Jean dit : « J'ai déjà dit
que je suis prêt à boire, afin que tu croies
au Seigneur Jésus-Christ, lorsque tu auras
la preuve que ce poison ne m*a fait au-
cun mal. 9
El Aristodème alla vers le proconsul et lui
demanda deux hommes condamfiés au der-
nier supplice. Et quand il les eut amenés
au milieu du forum , en présence de tout le
peuple et devant Tapôtre, il leur lit avaler le
poison, et aussitôt qu'ils l'eurent bu, ils
expirèrent. Et Aristodème se tournant vei*s
Jean, dit : « Ecoule -moi et renonce à ta
doctrine qui éloigne le peuple du culte des
dieux, ou bien prends et bois, aùn que tu
montres que ton Dieu est tout-puissant, si,
après avoir bu , tu peux rester sain et sauf. »
Alors le bienheureux Jean, ayant morts
à ses pieds ceux qui avaient bu le poi-
son, et restant ferme et intrépide, prit la
coupe (409), et faisant le signe de la croix,
il parla ainsi : « O mon Dieu , Père de Jésus-
CbristNotre-Seigneur, toi dont la parole a
chnte <fu lem le a la voix de saint Jean. On a voulu
itier c** miracle en s'appuyani sur le lémoigiiage de
Trebellius Pollio qui ditqu*ilfut brûlé par les Goths
M)U4 le règne de Gallien, mais rédilice aurait fort
Lien pa éire reconstruit pendant une péiiode d*un
Mecle et demi. Pine (t. xvi, c. 40) rapporte qu'il
fut bept fois renversé ei rele\é.
(108) C*e*t un des miraclfS que Jésus Clirisl
avait auDOocés. (Vay. l*£vangile de saiiil Marc,
1111 18.)
(409) D'aucleus auteurs ecclésiastiques relatent
ce que raconte ici Abdias. Nous citerons seulement
saint Augustin {SolHoq.) : i Pro tua dulcedine gus-
tuida veneni poculuin Joannes polavit; » et l*autenr
du livre De morte sunctorum, inséré parmi lesUtlu-
vies de saint Isidore : c Bibens letbil'crum haustuni
itoii solum evasit periculum, t>ed eodem proslratos
(Htculo in \itae reparavit ftatum. i De là viçni
H<i*oii reprcscnt** saint Jr?an tenant un calice. De
créé M's deux (&>10) et auquel toutes choses
sont sujettes, auquel toute créature est as-
sujettie et auquel toute puissance est sou-
mise, nous invoQuons ton secours , toi dont
le nom fait que le serpent $*apaise, que le
dragon s*enfuit, çiue la vipère se lait, que le
crapauds*assoupit(411),que te scorpion périt,
que le basilic (4>12) est vaincu et que I arai-
gnée venimeuse n\'i plus rien de nuisible,
et que tous les animaux venimeux et féro-
ces perdent le moyen de faire mal è Thom-
me, daigne dissiper le virus de ce poison,
éteins ses effets meurtriers et étouffe les
forces qui sont en lui, donne en ta présen-
ce, à tous ces hommes que tu as créés, des
yeux ponr Qu'ils voient, des oreilles pour
qu'ils eulendent, et un cœur, afin qu'ils com-
prennent ta grandeur. »
Et lorsque Tapôtre eut dit ces paroles, il
munit sa bouche et toute sa personne du
signe de la croix et il but tout ce qui était
dans la coupe. Et après qu*il eut bu , il dit :
c Je demande que ceux pour lesquels j*ai
bu se convertissent à toi. Seigneur, et qu'ils
méritent le salut qui est auprès de lui et
que tu leur donneras eu les éclairant, v Et
le peuple, observant Jean pendant (rois lieu^
res, vit qu'il conservait un visage riant et
an'il n'y avait en lui nul signe de pâleur ou
ae tremblement, alors il se mit à «crier è
haute voix : i Le Dieu unique cl véritable
est celui que Jean adore. »
CHAPITRE XXI.
Aristodème ne croyait pas encore, et le
peupleiuireprocliaitsonujanc|uedefoi; mais,
s*étant tourné vers Jean, il dit: « Il reste 5$n-
core quelque chose à faire ; si tu fends, au
nom de ton Dieu, la vie à ces hommes qui
sont morts des effets du poison, tu auras di*i-
sipé tout doute en mon esprit, p Et lorsqu'il
eut ainsi parlé, le peuple se souleva conlru
lui, disant : « Nous te brûlerons, toi et M
maison, si lu fatigues ainsi l'apôtre. de tes
discours. » Et Jean, voyant qu'une sédition
très-grave s'élevait, demanda que l'on flt si-
lence, et il dit à tous ceux qui étaient pré-
sents : «( La première des vertus divines une
nous devons imiter est la patience, qui lait
que nous pouvons supporter la folie des in-
crôdules. C'est ainsi que, si Aristodème est
semblables miracles se lisent dans la V]e de Victor
de Cilicie {Martyrologe d\iclon) < t de l'évéque Sa-
bin (Grégoire de Tours). Clinstophe Angélus (De
statu EccleiiœCrœcœ) dit «prun pauiarche de Cuiis-
tanûiiople but, sans en ressei.iir aucun mat, du
{loison que des Juifs lui avair-nt t:o:iné. Kusébe
{tiist. eccles,^ Jib. ni, cip. ull.) tapportc un mira-
cle semblable.
(4t0) i'saL XX XII, 6.
(41 1) Pline raconte beaucoup défaits merveilleux
et fabuleux an sujet du p<M on du crapaud ou de 'a
rana rtttata.(Uist. nal.^ lib. tui, c. 51 ; lib. xxxii,
€. 5.) Des devins se serTaicni de 4*furft entrailles
pour prédire Tavi nir. (Juvenal, sat. ni . vers 44.)
(412) Régulai vincUur ; »ti mt^yiMi âge Cf nom de
Kégulus fut donné au basilic, ;tnunul fabuleux, di-
gne pendant du dragon, au sujet itiiqurl on a dé-
bité lani de contes.
551
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
33t
encore retenu dans .es liens de l'intidéliié,
nous l'en délivrerons. Qu'il soil forcé de re-
connaître, quoique tardivement, son Créa-
teur, et je ne cesserai de travailler à celte
œuvre jusqu'à ce que ses blessures soient
guéries. Et de môme que les médecins ont
entre leurs mains un malade qui a besoin de
traitement, de même, si Aristodème n'a pas
encore été guéri parce quej*ai fait, il lésera
par ce que j*acco(iiplirai. »
Et l'apôtre, appelant Aristodème auprès de
lui , lui donna sa tunique et resta couvert de
son manteau (^13). El Aristodème lui dit :
« Pourquoi me donnes-lu ta luniqniî? » Et
Jean lui répoufiit: «Afin que tu sois con-
fondu dans ton incrédulité et que hi y re-
nonces. X Et Aristodème lui dit : « El com-
ment ta tunique me fera-i-elle revenir de
mon incrédulité ?» Et l'apôlre réi)Otnlil:
« Va et mets-la sur les corps des moris (VIV) ,
et dis : L'apôlre de Jésus-Christ, Noire-Sei-
gneur, m'a envoyé afin que vous ressuscitiez
en son nom, pour que tous connaissent que
la vie et la mort sont soumises à Jésus-
Christ, mon Seigneur »
Et Aristodème ayant fait ce que Jean lui
Avait prescrit, et voyant que les morts res-
suscitaient, adora l'apôtre, et il courut auprès
du proconsul et il s'écria: ^ Ecoule-moi,
écoute-moi, proconsul, je pense que tu te
souviens que j'avais souvent eicilé la colère
contre Jean, et que j'avais chaque jour ourdi
des machinations pour lui nuire; c'est pour-
quoi je crains d'eiciler sa colère : c'est un
Dieu caché sous la ligure de Thomme (415);
car buvant du poison, non-seulement il n'en
éprouve aucun mal, mais encore il a rap-
pelé à la vie ceui que le poison avait tués,
en medoYinant sa tunique pour que je l'ap-
plique sur leurs corps, et il n'y a en eux
nulle trace du mal qu'ils ont soutfert. •
Le proconsul l'ayant entendu, dit: « Que
veux-tu que je fasse? »
Aristodème répondit : « Allons et tombons
k ses genoux, et faisons tout ce qu'il nous
commandera. » Et alors ils vinrent et se pros-
ternèrent devant l'apôtre, implorant son par«
don. Et Jean, les accueillant avec bonté, ot-
(413) Citons ici la note de Fabrlcins : c Tunica,
Xtxcôv , vestimenium interiiis; p;tlliain, ôjAiTiov
exleritts operimoniiim.» Plaiilus, Trinummo, lil). v,
2, 50; € Tuiiica patlio propion est. Vide iiilerpretes
ad Matth. v, 40 el iElian., Uli. i,c. 16, Var. Hist,;
Ociav. Ferrarium, part. i, De re veiiîaria, lib. ni,
G. i; part, u, lib. iv, c. 3. i
{Aie) il est quesiion de la puisi^anc-'. miracu-
iDUse des vêtements des apôtres dans les Aeiei,
cb. XIX, 12.
(415) C'est ainsi qu*il est di> (AcL xiv, 10), que
le peuple de Lyslre 8*écria eu voyant les itiiraoles
faits par Paul et Barnabe : Des dieux ayant une
forme kumaine sont descendus parmi nous.
(416) L'église consacrée k saint Jean auprès
d^Éphèse éiaitcieuséedans une roche et fort petite.
Prucope (De adificiîs JuUin, imprr. , lib. v] dit
que cet empereur la fit réparer et rebâtir a\ec
pompe lorsqu'elle était presque tombée en ruiui's.
Spon, dans son Voyage aU Levant ^ écrit ouc les
Turcs Tant convertie en mosquée.
(417) Mauh, vni, IK
frit à Dieu ses prières et ses actionsde grâces,
et il ordonna à chacun d'eux de jeûner pen>
dnnt une semaine, et il les baptisa ensuite au
nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de !»od
Père tout-puissant et du Saint-Esprit qui
éclaire les hommes. Et quand ils eurent été
baptisés avec toute leur famille et leurs e$>
(iaves et leurs parents, ils brisèrent (ouïes
h,>s idoles, et ils érigèrent une basilique au
nom de Jésus-Christ (VI6;.
CHAPITRE XXII.
L'apôlre ayant quatre-vingt-dix-sept ans,
le Seiîjneur Jésus-Christ lui apparut avec ses
disciples et lui dit : ^ Viens à moi, parce
quM est temps que tu prennes part à mon
fosiin (V17) avec les frères, * Et l'apôtre sa-
lant levé, le Soigneur ajouta : «Tu vien-
drais aussi à la fêle de ma résurrection (^18;,
(|ui est dans cinq jours, n Et quand il eui
ainsi fiarlé, il remonta aux cieux. El le jour
de la fête étant venu , une multitude ini*
mense se rendit à Téglise qui avait été éle-
vée au nom de Jésus. El dès le chant du
co(i (^19), lorsqu'ils eurent accompli le^
mystères de Dieu, l'apôlre s'adressa à tout
le' peuple eu ces tc^^mes vers la troisième
.heure du jour :
« Conjj)agnons et cohéritiers du royautre
de Dieu , vous voyez ce que le Seigneur Je-
sus a daigné accomplir par nos mains. Nous
avons été les ministres de sa volonté ; mais
il a été lauteur des œuvres i)uc nous parais-
sions faire et qui s'accomplissaient è sa vo-
lonté. Nous avons reçu de lui les dons, !c
repos, le ministère, la gloire, la foi, la com-
munion, la grâce, et tout ce qu'il a bien
voulu nous accorder; nous avons distribué
tout ce qu'il nous a donné. En lui nous avons
conversé, en lui nous nous sommes réjouis,
en lui nous avons vécu. Mais maintenant il
m'appelle à une autre œuvre qui doit être
consommée dans le Seigneur. Je désire quit-
ter ce monde et être avec le Seigneur (V20),
atin qu'il daigne nous accorder enfin ce qu'il
nous a promis jadis. Que vous laisseraije
comme témoignage (421)? Mais vous avez ses
gages, vous avez le dépôt de sa douceur el
(418) Flureniinius a noontré que ceci ne devait pas
sViiteiidre de la fête de Pâques, mais d*un simple
dimanclie; il n'est pas rare de voir les ancier.s mo-
teurs ecclédiasiiqties appeler un dimanche quelon-
quc le jour de la rét^urrection du Seigneur. ( Vt^jf.
Mabiiioii, Anaiecta^ t. U, p. iOUtl38.)
(il 9) Les premiers Chrédeiis se rasserohlait'Dl
dès le point du jour adn de célébrer le sacrr-nieiil
de PËucliarislie, ainsi que le constate Tenullen.
{De corona miliiis, c. 3.) Voy. à cet égard les iw
te^ éni lites de Yo^sius et de liorlbolt sur Vtinire
de Pliue à Trajan,
(4iO) Saint Paul (P/ii/t>. i, i3) exprime le uietiie
vœu.
(4ii) ExangysiSy mot dérivé du grec claus^'j'i
duquel Fabricius fait la note suivante, ;i prés a vuir
oUbervé que Démosthène, dans son discours contre
Timocraie, en a fait usage : i Harpocraiion docfi
esse vadimoiiiuni quo interposito aller liberatur.
Sextus igilur est, Joannero par mortem Ubertaû as-
screiidum vadimonii loco commendare eiemplutu
Clir sii. *
353
JEA
PVÎIT. III. — LEGENDES ET FftAGMENTA.
Jr:\
o.
i
de sa piélé. II liemeure en vous, il se plaît
en tous ceux qui vivent chastement. Que
votre nourriture soit de faire la volonté du
Père qui est dans le ciel (V22). Qu'il se cou-
ronne en vous de ces lauriers qu'il a dispo-
sés lui-même, se faisant une couronne des
fleurs qu*il a teintes de son sang. O Seigneur
Jésus I protège dans ta miséricorde compa-
tissante ton Eglise que tu as édifiée pour toi
seul. Toi seul, Seigneur, es miséricordieux;
toi seul es pieux, toi seul es le Sauveur équi-
table; tu es la racine de Timmortalilé et la
source qui préserve de la corruption; sanc-
iKie-nous en nous accordant tes grâces. » Et
l'apôtre ajouta : « Dieu qui seul es le Sau-
veur, et qui as daigné rendre la liberté h ce
peuple par la glorieuse Passion de ton Fils,
daigne, Seigneur, le protéger constamment,
le maintenant dans Pobservation de tes prin^
cipes et dans l'abondance de tes bonnes œu-
vres. Ec-oute les humbles prières de ton
serviteur; dirige le peuple qui t'est consa-
cré et qui observe tes lois; veille sur le
peuple que tu as adopté, et que tu as bien
voulu appeler tes fils; conduis-le nuit et jour
uans le cnemin de tes commandements, par
tim Fils unique et béni, qui nous a choisis
pour être ses disciples et qui nous a faits
les pasteurs de ses troupeaux, qui est avec
toi, ô Pèrel et qui règne avec TÉsprit-Saint
dans les siècles des siècles. »
CHAPITRE XXlil.
Et Tapôtrc, ayant acheré sa prière, ordon-
na qu'on lui donnât un pain, et ayant élevé
les yeux vers le ciel, il le bénit, et l'ayant
rompu, il le distribua h tout le peuple, di-
sant : « Que ma part soit avec vous et que
la vôtre soil avec moi. » Et il dit aussitôt à
un frère, qui se nommait Byrrhus (^3), de
prendre av«c lui deux autres frères, d'em-
porter avec eux deux corbeilles et des pio-
ches, et de le suivre. Et étant sorti avec une
tranquillité parfaite, il ordonna à la foule de
î-Vioigner. Et lorsqu'il fut venu auprès d'un
tombeau, un des frères dit aux jeunes gens
(123) Ceci est emprunté à VEvan^le de mtiil
Jean, c. iv, 54.
(423) U est fait mention du diacre Byrrhus dnns
réplirede sainl Ignace aux Smyruiens, et ailleurs où
il est apiielé Burrhus. Gé nom n*clail pas rare chez
les Romains ; il était celui d*un précepteur de Né-
ron et d'un persoon^ige cité par Muni:)! ; mais, com-
me il s*agit ici d*uu Grec, ou peut y voir le nom de
Ijrrhiif ilcfiguré.
(4ii) Ou remarquera que Pécrivain parle corn i.e
témoin oculaire.
U^) Fauste le Manichéen, cité par saint Augus-
tin (Adv.h'avsium^cZQ, n.5),d.it que saint Jean vé-
cut toujours dans la virginité ; cette opiniou a d'ail-
leurs été partagée par des Pères de PEglise. S.iint Au-
gu^lio, à la tin de son dernier traité sur saint Jean,
ft'expriiHc ainsi : c Sunt qui scnserint et hi quidein
ooQ coDtemptihites sacri eloquii tractatores a Cbristo
Jujnnem apostulum proplerea plus amalum, quod
ncqiie uiorein duxcril, et ab ineunte puerilia castis-
simai ^iscril. Uuc quidem m Scripluris canon lois
liou evKJeitler appartl : verumtamen id quoque
mulitim adjuval congruentiani hujusce sententi^,
quoii illa vita per eum signillcata est ubi non crani
buptit-e. I
que Byrrhus avait amenés : « Creusez, mes
enfants, h Et ils se mirent à creuser, et l'a-
pôtre les pressait pour qu'ils creusassent
flus profondément. Et lorsqu'ils obéissaient
son ordre, il exhortait les autres frères à
suivre le Seigneur, et il li.s édifiait tous par
la parole de Dieu, aûn de ne point paraître
rester oisif pendant que les jeunes gens tra-
vaillaient.
Et lorsque la fosse fut telle qu'il le vou*
lait, sans qu'aucun de nous (424.) prévit co
C|u1l en voulait faire, il ôta son vêtement ni
1 étendit dans cette fosse, et, restant couvert
d'un seul tissu de lin, il étendit les mains et
il invoqua Dieu, disant : « Dieu, Père tout-
puissant, et loi, Seigneur Jésus, qui as eu
pour ton serviteur un attachement particu-
lier; toi qui as été annoncé par les patriar-
ches et prédit par les prophètes, qui as eu
pitié des hommes et qui nous as remis nos
j)échés: toi qui as envoyé tes apôtres pour
réunir tous les peuples, toi qui as abreuvé
ceui qui sont altérés de ta parole, qui adou-
cis les méchants et qui remplis de la grâce
de ton Esprit ceux qui sont défaillants, re-
çois l'Ame de Jean, ton serviteur, que tu as
choisi de bonne heure, mais que tu as tardé
è appeler à toi. Seigneur, qui as préserva
ton esclave de toute union avec les fem-
mes (425), je t'implore, toi qui t'es montré
à moi lorsqu'étant jeune je m'empressais
vers les noces, et qui m'as dit : « ïu m'es
nécessaire, Jean ; je demande ton œuvre. »
Mais lorsque pressé par l'ardeur delà jeu
nesse, je pensais ne pouvoir observer ton pré-
cepte et, me défiant d'avoir la force de garder
la chasteté, j'avais formé le projet de me
marier (426), tu m'as châtié, Seigneur, dans ta
bonté, frappant mon corps d'une maladie
et tu ne m'as pas livré à la mort. Enfin tu
m'as détourné par un empêchement léger de
songer au mariage, car, Seigneur, tu m'as
dit sur la mer : « Jean, si tu n'étais pas à moi,
je te permettrais de prendre une épouse,» c*est
donc par un don de ta part que tu as daigné
dompter et brider les mouvements de la
On peut citer aussi saint Jérôme {Contra Jovinia-
num) : i Cur Jonunein aposLoiuni et Baptistuni sua
dUectione (Dominm) castravit, quos virus f»!ceral. »
Et Tautetir d'un co:iimeniair<^ sur les Eplires de
saini Paul (// CéOr. xi, 2), qui a été inséré parmi les
œuvres de saint Ambroise : i Nam si mulieresin-
telligas, ut ideo pûtes vii'gines dictas quia corpora
sua hitsiminata servaver uni, exclu Jit de hac gloria
sanctos, quia omnes apostoii exceptis Joanne ci
Paulo nxores habuerum. « Et Tertutiien {De mono-
gamia^c. 17) appelle sainl Jean feunuque de Jésus-
Cbrist. On pNeul invoquer Tautonté de saint Epi pha-
ne, de saint (Ibrysosiume, de saint Paulin, de Ga-i-
sien ; Tillemont (MénHtires, 1. 1, p. 912) a réuni l^u.»
passades.
(4i6) Quelques écûvains ont pensé que saint
Jean TEvangéliste était l'épon iiont il est question
aux noces de Cana , et que Inippé du miracle a<:-
corapli par le Sauveur, il quitta tout pour le sui-
vre. Telle est Topinion d*Haymon, de l^udolplie de
Saxe, de Rupert et de crriains auteurs de peu d*uu-
torilé II n*y en a nulle trace p^niii les écrivains an-
ciens, et elle a otë rejelée par Ujronius (ad 'mu
XXXI, n. 51), par Molanus {Oe imaqin. (. iv, c. ^0|
et par bien d autres anleui s.
DICTlONNAmE DES APOCUYPilES.
» •
chair et ro*iiispirer la foi, qu*ii ne pouvait
rien y avoir de plus précieux pour moi que
de in*8ttacher a loi. Tu m'as appelé de la
mort b la vie, du monde au royaume de Dieu,
de la maladie de Tâme à la santé. Tu es la
loi qui règle ma vie et la couronne après le
combat. Je viens donc vers toi, Seigneur, je
viens à ton banquet, je viens te rendant
grâces. Seigneur Jésus-Christ, de ce que lu
asdaii^né m^inviler à ton festin; c*esltoique
de tout mon cœur je désirais. J*ai vu ton
visage, et j'ai été comme rappelé hors du sé-
puitTO. Ton o.leur a excité en moi les con-
cupiscences éternelles; la voix est pleine
(l*uno douceur r-o.nme celle du miel, et ton
discours (^st rempli d'une excellence inoom-
panble. Toutes les fois que je t'ai prié do
me laisser venir vers toi, tu as dit : « Attends,
afin (pje tu délivres mon peuple.» Et tu as
préservé mon cor{>s de toute souillure, et tu
as toujours éclairé mon Amo, et tu ne m'as
pas abandonné lorsque j'étais en exil et
lorsque j'en revenais, et tuas mis dans ma
bouche la parole de ta vérité, aQn que je
puisse conserver la mémoire des témoigna-
ges de ta puissance, et j'ai écrit les œuvres
que j'ai vues de mes yeux elles paroles que
*raes oreilles ont entendues de ta bouche.
Et maintenant, Seigneur, je te recommande
les enfants que ton Eglise vierge et Mère vé-
ritabiea régénérés par l'eau et l'Bsprit-Saint.
Keçois-moi afm que je sois avec mes frères ;
tu m'as appelé à les rejoindre. Ouvre-moi
les portes de la vie h laquelle je frappe ;
que les princes des ténèbres n'accourent
point au-devant de moi. Que le pied de l'or-
KMeit ne vienne pas contre moi et qu'une
lii^in qui le serait étrangère ne me touche
pas, mais reçois-moi suivant ta parole et
conduis-moi à ton banquet auquel tous tes
amis prennent part avec toi, car tu es le
Christ, Fils du Dieu vivant qui as sauvé le
monde suivant le couiaiandement de ton
Père, et qui asdaigne nous dicter ton Esprit
saint afin qu*il maintienne en nous le sou*
venir de tes préceptes ; nous te rendons
grâces par ce même Esprit dans tous les
sièles ues siècles.» Et quand tout le peup!*-
eut répondu amen, il parut au-dessus de IV
f>ôlre pendant une heure entière une lu-
mière si éclatante que personne no pouvait
en contempler Téclai. Et faisant le signe <lc
la croix sur toute sa personne. Ji*an dit«: Sim-
(^neur Jésus, loi seul es avec m i. » Kl il se
jeta sur le tombeau où il avait étendu sc^
vétemenls en nous disant : « La paix soilavpc
vous, mes frères. » Et bénissant tout le neupe
et lui disant adieu, il se plaça vivant dans le
sépulcre (^27), et il lui ordomia de s'ou-
vrir en glorifiant le Seigneur, et aussitôt il
rendit l'esprit. Et [>armi nous qui étions pré-
sents, les uns se livraient à la joie, d'autres
pleuraient. Nous nous réjouissions fie ceque
nous voyions une si grande grAce ; nous
nous afDigions de ce que nous étions privés
de !a présence et de la vue de l'apAtre. Et
aussitôt il sortit du tombeau de la manne
qui se montra aux yeux de tous, et cet endroit
en produit encore aujourd'hui {Vi8), et des
miracles fréquents s'y opèrenl. Par les priè-
res de l'apôtre des malades sont guéris de
toutes leurs infirmités et chacun y obtient re
qu'il a demandé en ses oraisons. Et telle fut
la vie du bienheureux Jean dont le Seigneur
avait dit è Pierre ; « Si je veux au'il re^t''
jusqu'à ce que je vienne, que l importe?
Toi, suis-moi. » Ce qui signifiait que le bien-
heureux Pierre glorifierait le Seigneur en
mourant sur la croix. Et Jean s'endcrroaiii
subitement reposa dans le Seigneur, par No-
ire-Seigneur, Jesus-Christ qui décore se^
saints de couronnes de laurier et qui est a
louange éternelle et l'attente de tous ses éluv
A lui gloire éternelle, vertu et puissante
dans les siècles des siècles. Amen.
Les récils contenus dans YHistoirt apos-
tolique d'Abdias ont fourni h Jac(|ues de Vo-
ragiiie les éléments de la Vie de saint Jean
telle qu'il l'a placée dans la L^^^encfe doréfe;
(427) Celte Iradllion es fort ancienne; sainlAa-
gusiiii en fail mention (Tract, tii in Joan,) :
f Quein iraiiuiii etiaiii quod in qnibusdam scri-
pturis qoamvis npocrypliis reperiiur« (pianilu sihi
llerijuftsitsepulcrum, inculuinem fuisse prsRseutem,
eoque efluto diligeniissime pra^paraio , ilii se tan-
Îjuani in lectulo collocasse staiiiiioue « uin essi; de-
uncliini. •
(4i8) Citons encore saint Augustin : c Cui pla>
cet... asserat apostolum Joaunein vivere, atque in
îtlo sepulcro ejus quod est apud Ephesum Uiirniire
eum potius qnam morluuni jacere contendat. As-
su nnat iii argunientum quod iilic terra scnsini
ficatere , et liuatti ebullire pet hikieatur, atque hoc
ejus anbelitu lieri... Et cum inortuus putarelur,
scpultum fuisse dormientcm , el donec Cbrîsins
veniat sic manere snamque viiani scalurigine pul-
veris indicare, ouo pulvis cre.iitur utiib inio ad
supcrficiem lumoii asceudat f^Utu quiescentis lui-
pclli. Yiderint qui locom sciuiilqula et rêvera non
elle est beaucoup moius étendue qucrœi-
vre de Prochore, et il esta croire que rac-
chevêque de Gênes ne connaissait pas cett"
dernière relation ; la sienne a été mise eu
a levibus hominibus id audÎTimus. Restai m si «er«
ait quod »parsii fa ma de terra <|uns aubinde alla m
succrescit, aut îdeo Hat ut eo modo cotiiroen4ie4»r
pretiosa mors ejus. i (Vot|. aussi tn passage d'K-
phraîm de Tbéopolls cité par Pholius, BtkUotk.,
ce I. 32G.)
Fabricius ajouti^ : c Die ot tava Mail quota nis
sacrum hune pulverem e Jobann'S arptilcro scj*
ttirire tradunt Grseri in Svnxxario et in llen.i î% 1 1
illam diem. i Vide Combelisii Notai ad Niant t^rat,
in Jounnem, t. I, Auetar. nortti. p. 485
L*opinion que saint Jean ii*élait pas mort a ci^
renouvelée par Jacques ie Févre d*Liaptes, IHiter-
tatio de una ex tribui M aria ^ Paris, 1516, et par
Florentinius (Notœ in Martyrologium têiuê Hiero
nymi); mais elle a é.é létutée avec beaucoup «'«^
solidité par Tilleraont {Vie detainiJeau, an. 10.
11, noies 13-18. Voy, dont Calmet, Diiurtaiun
sur la mon de êaint Jean.)
i57
JEA
FAUT. m. — I.EGENDES ET FRAGMENTS.
JKA
55s
français et ins<!Tée dans le Dictionnaire
dfs ygendes du christianisme^ Migne, 1855,
col. 6V^2.
Uqo autre histoire fort détaillée de saint
Jean se trouve dans notre Tecueil à Tarticle
Prochorb. {Voy, aussi Tarticle Mellitus.)
Thilo avait Irouvé dans le manuscrit grec
n'520 de la Bibliothèque inapériale de
Paris une Vie de saint Jean qui se rencontre
(ie même dans un manuscrit de la t)ib)iothè-
(|ue impériale de Vienne {Voy. Lambécius,
Comment , t. VUI, p. 796, édit. de Kollar),
et ce savant en parle avec quelques détails.
{Acta S. Thomœ, Leips., 1823, p. 73.) Indi-
quons succinctement le sujet de cette nar-
ration apocryphe.
Après que Domilien eut ordonné de chassrr
tous les Juifs de Rome, ceux-ci s*adressè-
reut à Tempereur pour protester de leur in-
nocence, et ils accusèrent les Chrétiens de
chercher à leur nuire et de prêcher des nou-
veautés condamnables, ils enflammèrent
ainsi le courroux de Domitien qui ordonna
(Je livrer au supplice ceux qui feraient pro-
fession de la foi chrétienne. Ayant appris
que Jean annonçait à Ëphèse la chuie
{Tochaine de Tempire, il envoya un centu-
rion et des soldats pour le saisir. L'apdtre
fut conduit à Rome et, pendant la route, il
s'absiiut de nourriture, se contentant de
prendre un peu d*aliment le dimanche. Les
soldats instruisirent Domilien de -cette absti-
nence étonnante et dirent qu'ils regardaient
Jean comme un dieu. L'empereur fut touché,
il embrassa Tapôtre etTécouta attentivement
prêcher le royaume céleste de Jé^us, mais
il refusa de le croire à moins de témoignages
certains de la vérité de ce qu'annonçait Jean.
Alors i^apôtre fait apporter un poison mortel
oi le boit sans éprouver aucun mal. Domi-
tien, soupçonnant quelque fraude, ordonne
d'amener un prisonnier condamné à mort ; on
luidonne là poison, il meurt, mais Jean lui
rend la vie. En ces diverses circonstances,
l'apêtre adresse au Seigneur des tirières.
L'empereur ne veut point paraître enfreindre
les édits qu'il a rendus ; il révoque l'arrêt
de œort rt^ndu contre Jean et l'exile à Pa h-
mos.* Avant de partir, l'apôtre guérit une
femme nommée Trepta, concubine de Do-
mitien, qui était possédée du démon. Trans-
Dorlé ensuite à Pathmos, il y écrit VApoca^
Ijfpse. Il retourne à Ephèso sous le règne
(le irajan et il y demeure jusqu'à une ex-
trême vieillesse. Sentant approcher le mo-
ment de sa mort, il réunit les tidèles un
jour de dimanche, célèbre avec eux le saint
»^criQce, ordonne ensuite au diacre Euly-
(iiès de l'accompagner avec quelques-uns
(i;*s frères hors des portes de la ville ; là,
d'après ses ordres, ils creusent une fosse
ei lis l'y laissent.
A ces récits sont entremêlés de longs dis-
cours que l'auteur mei dans la bouche de
saint Jean et qui trahissent des doctrines
peu orthodoxes. Beausohre a pensé {Uist, du
manichéisme^ 1. 1, p. 385) que Leucius devait
être le premier rédacteur de ces Actes, et
Tliilo cite, à l'appui de cette opinion, les
circonstances que l'apôtre signalo, comme \m
des bienfaits qu'il doit à Jésus-Christ, d'avoir
été h trois reprises diffi^rentcs détourné de
l'idée de se marier.
Un ouvrage que nous avons cité plusieurs
fois dans le Dictionnaire des Légendes du
Christianisme, et qui a obtenu de nombreu-
ses éditions au commencement du xvr siè-
cle, la Fi« de Jésus-Chtist avec sa mort et sa
Passion^ raconte sommairement l'histoire de
l'apôtre d*une façon qui s'accorde, au fond,
avec les récils d'Abdias.
Après avoir indiqué quelques-uns des
miracles opérés par Je saint évangéliste,
l'auteur de cette Vie continue ainsi :
« Leve<que des payens fut fort courroucé
contre sainct Jch:in et mist tout le peuple a
sa volonté pour le faire mourir. Kt sainct
Jehan lui demanda : que veulx tu que je to
face. Levesque luy dist: je te veulx iairo
donner du venin et sil ne te faict nul mal
jadorerav ton Dieu. Sainct Jehan dist : Jen
suis content. Et levesque luy dist : je veulx
que tu aves plus grant paour. Adonc leves-
que se alla au prevost et luy demanda deux
larrons qui estoient en prison et condamnez
à mourir, lesquelz luy furent octroyez; il
les mena en la place publicgue dans la cilé
devant tout le peuple, et sainct Jehan avec
euix et leur feit boire du venin et aussitust
les larrons moururent. Apres sainct Jehan
prinst le venin et feit le signe de la croix
dessus, et le beut et neut oucques mal dont
le peuple loua Dieu. Je doubte encore, dist
leve.sque et ne crois pas en ton Dieu. Mais
si tu fais ressusciter ces deux hommes icy
qui sont morts de ce venin, je croiray en
ton Dieu. Alors sainct Jehan bailla sa robbe
a levesque et demoura vestu d'une jacqueite
blanche qu'il avoit et levesque dist : pour-
quoy m'as-tu donné la robbe ; me fera-t-elie
croire en ton Dieu, et sainct Jehan luy dist :
metz ma robbe sur ces mors et leur dy que
je tenvoye à eulx et que je leur mande quilz
se lèvent afin quilz cogneissent la puissance
de Dieu. Adonc levesque tist ainsi que sainct
Jehan luy avoit dit, et incontinent les deux
mortz ressuscitèrent loussainz. Quant leves-
que veit ce miracle, il enleva sainct Jehan,
et sen alla au prevost de la cité et luy comp-
ta les miracles que sainct Jehan avoit faiclz.
Alors le prevost et plusieurs autres vindrent
devant sainct Jehan et l'adorèrent. Et sainci
Jehan leur commanda quilz tissent sept jours
pénitence et puis les uaptiseroil, et quant
ilz furent baptisez, ils feirent une église en
l'honneur et révérence du benoist sainct
Jehan levangeliste. »
Le poète Jean-Baptiste Mantouan, que
nous avons déjà cité, a reproduit ces récits
dans ses Fasti sacri ; nous nous bornerons
à citer ce qu'il dit de Pexil du saint à
Pathmos.
DIcîtur hue venisse magnm certare volenlem
Cuin sene et auxilîo lariuoi leniasse marinos
Ire super fluctus, et abyssum inlrasse profundum
Qno (telphiiies eunt, habitant ubi graudia rete.
At Deus extemplo lémures horrescere fecit.
o'^D
DICnONNAlRE DES APOCRYPIICS.
In incdioqu.^ suos virosauillerepODto.
'l'tim magus inrelîx SiyKÎis deserlus ab umbris
Esi oppressus aquis, animamque retiquit io alga ;
Osaris exslincli posl iristia fuiieta Uodeni
Uegrediens Epliesum viduani revocavit ab orco ;
A Cratonc viro fractus rapie.te Upillos
tl varias hominiin curas et inania tou
Argueret, siguo criicis iiilegravil, 1 1 ipsum
Edociii. Cratona (idem, gemniîsqi'ered.tcts
In cumules numroura iDgenies doaavit egcno^.
'0
LITURGIE DK SAINT JEAN LÊVANGÉUSTK,
traduite du Syriaque par Eusci)0 Reuaudot. (4i9).
Oraison avant U baiser de paix.
Le prêtre : Seigneur, Dieu fort, toi qui es
)e véritable amour, la paix imperlurbabie et
respéranco qui nest point trompée, toi.
Seigneur, Dieu Père, •accorde à les servi-
teurs oui sont en présence de la Majesté, (a
charité, la bonté, la tranquillité et la paix
perp(^tuclle et accorde-nous à tous de nous
donner la paix les uns aux autres, avec la
pureté du cœur et la sainteté de Tânie, dans
le baiser saint et spirituel qui est agréable h
ton saint nom et nous te glorifierons, etc.
Le peuple: Ainsi-soit-il.
Le prêtre .{élevant la voix): Nous nous
liuinilions, Seigneur, en ce moment, d*es-
prii et de corps devant ta Majesir», et envoie-
nous, du haut du trône brillant de ton sanc-
tuaire, ta grâce précieuse, ta bt^nédiction qui
donn*; le calme et qui ne se perd point, afin
que nous te gioriflons et louions ainsi que
ton Fils unique et ton Esprit très-saint et
bon.
Le peuple: Ainsi-sbit-il.
Le prêtre: Tu as envoyé ton Fils au temps
marqué pour nous sauver: c*est lui-même
2ui a institué ces mystères saints et vivi-
ants ; ne nous éloigne pas, Seigneur, de ce
saint ministère, ne détourne pas ta face de
nous à cause de nos péchés, car seul tu es
saint, avec ton fils unique et ton Esprit très-
saint et bon.
Le peuple : Ainsi-soil-il.
Le diacre : Donnez la paix.
Lepeuple: Que les miséricordes du Sei-
gUHur soient sur nous.
Le prêtre : Que Pamour du Père, etc.
Le peuple : Ainsi-soit-il.
Le prêtre: Elevons nos cœurs.
Le peuple: Nous les élevons au Seigneur
Le prêtre: Nous rendons grâces au Soi
gneur notre Dieu.
Le peuple : Cela est digne et juste.
Le prêtre (incliné) : La louange t'appar-
tient, Si'igneur, de tout ce qui est dans les
cieux et sur U terre.
[Elevant la voix) : Car les vertus et le
ciel où elles habitent te glorifient et te louent;
les chérubins embrasés te célèbrent dans le
respect, te bénissent avec transport, et les
bienheureux séraphins sanctifient la Majesté,
et transportés de Tun À Kaalre par le rapide
mouvement de leurs ailes, ils (lisent, crient
et répètent :
Le peuple: Saint.
(429.) Renaudot a inséré la traduction latine de
ce te liuirffie dans ssiCollectio liturgiarum que nous
avoos déjà citée ( t. Il, p. 163); rabricias fa re-
Le prêtre [incliné) : Tu es saint. Seigneur,
Dieu Puissant, d'une seule nature indivJM.
bleavec ton Fils unique et ton Safht-Esprii;
tu es Saint et tu sanctifies tout par la verdi
de ta divinité. Le Père a envoyé son Fi.5
pour notre salut; le Fils est descendu (Jh
ciel, s*est fait chair, a souffert et a été cruc<>
fié pour riiomme fait àson imaj;e qui étail
tombé dans la corruption ; et rEsprit vi-
vifie et sanctifie ce divin sacrifice.
[Elevant la voix) : Ainsi, lursqu*il a vou'ii
de sa propre volonié souffrir la passion qm
nous a sauvés , il a pris dans ses maios^aUl
tes le pain en présence de ses disciples, il a
levé les yeux au ciel , a rendu grÂcf^s, f béni,
t sanctifié, f et rompu ce pain. Ta donné ;i
ses apôtres saints en leur disant : «Prenez ii
mangez-en, ceci est mon corps qui e(
rompu et divisé pour vous et pour tous ceu\
qui croient en moi,* pour 1 expiation (J< ^
crimes, pour la rémission des péchés et |)uu(
obtenir la vie des siècles futurs. »
Le peuple : Ainsi-soit-iK
Leprêtre:Ei après cette cène mystique, il
prit aussi Io calice avec du vin et de Teau,
rendit grâces sur lui, f le bénit, f le sancliûa,
t le donna à ses apôtres, et leur dit: « Ceii
est le calice de mon sang, du Naiiveau IV^
tament, reeevez-le et buvez-en tous. II i'>i
répan()u pour la vie du monde, pour l'expia-
tion des crimes, la rémission des pécli<!> à
tous ceux qui croient en utoi dans les siècles
des siècles. »
Le peuple : Ainsi-soit-il.
Leprêtre : Vous en agirez ainsi en mémoire
d^ moi, car,, toutes les fois que vous pren-
driez ce sacrement et que vous boirez ccsan.',
vous rappeHerezjna mort jusque ce que /
revienne.
Lepeuple: Nous rappelons f Seigneur, le
souvenir de ta mort.
Le prêtre : Eu faisant la commémorali'>n
de cette salutaire institution, nous te prions
Seigneur Dieu, et nous supplions ta bonii.
afin que, lorsque tu viendras dans la gloire.
avec tes anges saints, et qu'après avoir étal» i
ton trône, tu commanderas b la terre o**
rendre tous les morts qu'elle a reçus, p<^u'
quMIs se placent en ta présence dans M
crainte et Tappréliension, lorsque tu plau-
ras les agneaux à ta droite et les boucs à u
gauche et que chacun attendra la récom-
pense qu'il a méritée et le lieu qui lui ^<
destiné; afin que, Seigneur, nous t'enltu-
produite dans son Codex apocryphus Sovi Ta *
vienii^ l. m, p. 35i.)
361
ê\\
PART. 01. L£GEXDE$ ET FftlGUENTS.
JEA
56Î
dioDS pas prononcer contre nous ces paroles
sévères et qui donnent la mort : Aetirez-voas
de moi, maudits, allez au feu, parce que je
De fOus «i pas counus ; afln que nous ne
soyons pas rejetés de ta bonté, q.ue tu ne
déiourues pas ta face de nous, que tu ne nous
regardes {Mis avec indignation , que nos pé-
cbésel nos crimes ne se présentent point à
ion cœur saint; afin, Seigneur, que tu n'en-
tres point en jugement arec nous, que tu ne
sois pas pour nous comme tu seras pour
ceux dont tout espoir est perdu, que tu ne
tires pas vengeajice de nous comme de les
eooemis, que tu ne nous repausses pas
cooimedes inconnus, que tu ne nous chasses
pas de U |>résettce, nous quv avons connu
ton saint nom, qui avons confessé ta divi-
oiié. Maïs agis envers nous suivant tes pro-
messes, qui sont vraies et sincères; remets-
nous nos crimes, pardonne-nous nos péchés
et répands tes miséricordes sur ceux que tu
as choisis ei sur les brebisdont tuas composé
ton troupeau^ comme ton f^gliso péniiente
te le demandet el avec loi a ton Père, en
di.^ant :
Le peuple : Aie pitié de nous.
U prêtre: De nous aussi.
Le peuple ; Nous te louons.
Le prêtre: Principalement.
Lt diacre : Que cette he^re sera terri-
ble 1 etc.
Le prêtre {incliné) : Dieu clément et in-
finiment miséricordieux, aie pilié de nous,
fais descendre sur moi eX sur ces offrandes
tau Esprit de vie, saint et vivifiant, ^ui sanc-
tifie lout, qui donne la sainteté, qui a parlé
oar les prophéties et les saij^ts apôtres, qui
a couronné les martvrs : qu'il descende sur
ces mystères et qu'il les sanctifie.
Le peuple : Exaucez-moi, Seigneur.
Le prMre {élevani la voix), : Afin qu^en
descendant il change ce paiu au corps du
Christ noire Dieu..
Le peuple : Ainsi soit-il.
Lt prêtre : Et ce calice au sang du Christ
fiolre Dieu.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Afin que ce corps et ce sang
sanctifient le corps et Tâme de ceux qui les
recevront, afin que leurs cœurs soient puri-
fiés, que leurs pensées soient pures et que
.eurs Ames obtiennent cette sanctification
qui est dans le royaume des cieux, qui «st
la vie éternelle.
Le diacre : Prions.
Le prêtre {incliné) : Nous faisons, Seigneur
Dieu, pendant ce sacrifice, la commémora-
tion de toutes les saintes églises et des pas-
teurs orthodoxes qui vivent au milieu d'elles,
mais prinçipalemeiit des seigneurs N. et N.,
«t d'autres éi^équçs orthodpxes.
Mous faisons égaleq»ent la commémora-
tion des vrais prêtres et diacres, et de tes
antres serviteurs qui suivent tes comman-
dements. Nous (e prions encore , Seigneur,
pour la tranquillité et 1^ paix du monde
eotier, pour Ja bénédiction de l'année,
pour rabondajice des fruits. Nous te prions
encore pour les infirmes, les affligés et
DiCTio?fN. OIS Apocrtpoxs. il
ceux qui sont tourmentés des mauvais es-
prits; visite -les. Nous le prions encore.
Seigneur, pour tous ceux qui invoquent
ton nom et qui confessent que tu es le vrai
Dieu.
{Elevqnt la eoix) : Sauve et délivre, Sei-
gneur vrai Dieu, ton troupeau de toutes les
plaies dangereuses, cruelles, mortelles, de
toutes les humiliations des nations barbares
qui n*oni pas connu ton saint nom et ne
reconnaissent pas Xa divinité; conduis- le
par la force et la toute-puissance de la main
droite, afin qu'il ie glorifie* toi et ton Fils
unique et ton Esprit.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre {incliné) : Souviens -toi aussi «
Seigneur, de ceux qui ont offert aujourd'hui
des oblations sur cet autel; eX de ceux qui
voulaient en offrir, mais qui n'ont pu le
faire. Donne à chacun , Seigneur, selon son
intention.
(Elevani la coix) : Souviens-toi, Seigneur^
sur ton autel saint et ton trâne céleste, de
ceux qui t*ont connu , et reçois par ta grAca
leurs offrandes et leurs dîmes, et rends-les
dignes de la gloire de ton saint nom et de
Ion Fils unique, etc«
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre {incliné) : Souviens-toi, Sei^
gneur, des rois fidèles; prends les armes et
le bouclier, et !àve*toi pour aller à leur
secours ; donne-leur par ta puissance la vic-
toire sur leurs ennemis.
{Elevant la voix) : Car c^est toi qui donnes
la force et la victoire à tous ceux qui croient
en toi et qui t'aiment sincèrement.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre (incliné) : Nous faisons encore en
ta présence, Seigneur, la commémoration
de tous les saints et Pères, avec les pro-
phètes, les apôtres, les martyrs et les con-
fesseurs, de la Mère de Dieu et de tous les
saints.
{Elevant la voix) : Et célébrant la mémoire
de tous les saints qui ont en partage ton
amitié, nous te prions et supplions. Sei-
gneur, que par leurs prières pures et saintes,
nous soyons jugés dignes de prendre place
parmi eux et de participer au sort qui leur
est échu ; nous t*en prions par la grAce et ta
miséricorde, par l'amour de ton Fils unique
pour les hommes, par lequel et avec lequel
la gloire i*appartien( , etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre {incliné) : Souviens -toi, aussi
Seigneur, des prélats, docteurs et pasteurs
de ton Eglise orthodoxe.
{Elevant la voix): De ceux qui, suivant la
vraie doctrine de leur matlre, ont constitué
ta sainte Eglise et ont détourné d'elle les
hérésies dangereuses, et qui ont par leurs
dogmes publié la vérité de la foi drthodoxe.
Nous te demandons. Seigneur, par leur
sainte intercession, d'être raffermis dans la
doctrine de vie qu'ils ont enseignée, afin que
nous et eux nous le glorifiions, etc.
]Le peuple : Ainsi soil-ii.
f^ prêtre {incliné) : Souviens-toi, Sei-
gneur, par ta grâce, de ceux qui nous ont
i2
30(
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
yi
quittés pour sa rendre auprès de toi» qui ont
reçu ton corps et ton sang précieux, qui ont
été marqués du sceau d'élection depuis les
premiers temps de l'institution chrétienne
jusqu'è ce jour.
{Èlevani la voix) : Tu es en effet le Créa-
teur des âmes et des corps, et ceui qui sont
morts te désirent ardemment et te regardent
comme leur seule espérance de vie. Res-
suscite-les, Seigneur, dans ce dernier jour;
que ta face ne s'irrite pas h leur aspect, et
gne la miséricorde leur pardonne leurs pé-
chés et leurs fautes, parce que de tous ceux
qui ont été sur la terre, aucun ne sera trouvé
exempt des souillures du péché, si ce n'est
Noire-Seigneur Dieu et notre Sauveur Jésus-
Christ, ton Fils unique» pour lequel nous
espérons, nous aussi, obtenir miséricorde
et la rémission de nos péchés, car elle s u-
père pour nous et pour eux.
Le peuple : Donne le repos.
Le prêtre ; Epargne-nous, Seigneur Dieu,
et oublie nos péchés et nos fautes, celles
que nous et eux avons comiuises avec
méchanceté et injustice. Accorde -nous la
pureté et la sainteté, une vie sans tache et
une contiance entière en toi; exempte-nous
de retomber dans le péché, afin que ton nom
sublime et béni, qui est celui do Notre-Séi-
Î;neur et de ton Saint-Esprit, soit glorifié,
oué et honoré sans cesse.
Le peuple : Qu'il en soit ainsi.
Le prélre : Paix avec vous.
Le peuple : Et avec ton Esprit.
Le prélre : Que la miséricorde.
Le prélre rompt rhostie et fait h signe de
la croix.
Le diacre : Encore et encore.
Le prélre dit Voraiton qui se récite avant
U Pater noster :
Dieu Père, qui reçois nos prières et ré-
ponds à nos demandes, qui nous a appris
par ton Fils bien*aimé à nous présenter de-
vant toi et à te prier avec pureté et sainteté,
accorde-nous. Seigneur Dieu, une Ame pure,
des intentions chastes et innocentes pour te
prier» élever nos voix et dire : Notre Père
qui es aux cieux.
Le peuple ; Qu'il soit sanctifié.
Leprétre : Délivre, Seigneur Dieu, les âmci
de tes serviteurs des violentes tentatioaset
de tous les arlifices des démon«, desbuiumt^
mauvais et implacables, parce que tu es le
seul puissant : Et nous te glorifions, etc.
Le peuple. Ainsi soie-il.
Le prélre : La paix avec vous.
Le diacre : Inclinez-vous.
Le prélre : Par ta grâce et ton immense
miséricorde, bénis ceux qui s'inclinent de*
vant toi , Seigneur; rends-les dignes de ces
mystères vivifiants et de faire partie de la
réunion de tes saints, afin qu'ils célèbrent u
louange, etc.
. Le même : La paix avec vous tous.
Le peupje : Et avec ton esprit.
Le prêtre : Que cela soit.
Le diacrt : Tenons- nous décemment.
Le prêtre élevant les mystères , dit :
Donnez aux saints ce qui e>t saini.
Le peuple : Le Père est saint, etc.
Le prêtre dit f oraison après la communiù%,
Que rendrons-nous à ta bonté. Dieu bien*
faisant, pour le salut que lu viens de nous
donner? Quel est-celui qui peut, même im-
parfaitement, le rendre la gloire qui t'est
due? Autant donc que nous le pouvons,
nous t'adorons, nous te glorifions, nous te
louons, toi et ton Fils unique et ion Esprit
de vie et saint.
Le peuple : Ainsi-soit-ih
Le prélre : La paix avec vous.
Le peuple : Et avec ton Esprit.
Le prêtre : Nous t'adorons, nous te louons,
nous le glorifions, Christ notre Dieu, in-
Tocant ta bonté et la miséricorde pour le
salut et la délivrance du monde entier, pour
la conservation des vivants, pour le repos
des fidèles défunts, pour rassasier ceux qui
ont faim, pour donner des aliuienls à ceui
qui en manquent, pour visiter les inGrojes
et consoler tous les affligés. Visite d(»nc par
ta gr&ce et vivifie par ta grande miséricorJe
ce peuple et bénis-le; conserve par ta croii
victorieuse ceux que tu a choisis, car è toi
est due l'adoration, ainsi qu'à ton Père et
à l'Esprit de vie, maintenant et toujours.
JÉREMIË.
(Ecrits attribués à Jérémie.)
\}n livre apocryphe portant le nom de
Jérémie était répandu chez les Nazaréens
comme l'indiaue saint Jérémie : Legi nuper
in quodam Heoraico volumine auod Nazarenœ
sectœ mihi Hebrœus obtulit^ Hieremi et apo-
erypkum. {Ad Mattfi. xxvii, 9.) Cette pro-
duction ne nous est pas d'ailleurs connue.
Cantique de Jérémie sur la mort de Josias.
— Il est mentionné dans le U* Litre des
Paralipomènes (xxxv, 25), et il existait en-
core du temps de Flavius Josèphe, comme
n>>us rapprend cet historien. {Antiq. Judaic.^
1. X, G. 6.) Aujourd'hui on ne le retrouve
plus. Uerman ao Hardi {Programma in Aben*
JJsram, Helmstadt , 1712, k% p. 13) sup-
pose que cet écrit n'étaft pas du prophète
Jérémie, mais d'un autre Jérémie, gendre
de Josias, cité dans le IV' Livre des Roi»
(xiii, 31). Fabricius ne partage pas cetie
opinion, mais il pense que ce cantique n'é-
tait point compris dans le canon des h^n-
lures. (Vojr. Codex pseudepigraphus }euris
Testamenti, t. il, p. 163) ; il est imiKissibleiie
savoir si Josèphe regardait cet écrit coiuuie
inspiré ou s'il se boruAit à émettre ui^e
opinion répandue parmi les Juits de cet e
époque. Son langage paraît timide : In hune
usaue diem servatus libelius.
La Cftafîie sur les Psaumês^ t. III* p* 657,
nous appreudqu^ quelques personnes attn-
S65
JCS
PART. m. LEGENDES ET FRAGMENTS.
JES
SGC
huaient à Jérémie le psaume 137, mais cetlH
opinion est dénuée de fondement; en effet ce
psaume* ainsi que l'indique srai début, fut
composée Babylone, et Jérémie ne fut pas
du nombre des captifs conduits en cette
vilîc.
L'ouvrage intitulé De vilis prophelarwn^
attribué à saint Epiphane sur la foi de quel-
ques copistes ignorants ou intéressés, mais
qui est indigne de ce saint docteur, ren--
Icrme sur Jéréniie des détails apocryphes.
Il est dit (|u*il fut lapidé à Taphnès en
Ei^'vpte, dans un endroit où Pharaon avail
jadis sa demeure. 11 fut en grande véné-
ration auprès des Egyptiens à cause du
service qu il leur avait rendu en doniplant
!cs serpents et les crocodiles. Les fidèles
qui prennent un peu de poussière à Ten-
(iroitoù il mourut, s'en servent pour guérir
les blessures faites par les serpents et pour
clusser le£ crocodiles. Le prophète annonça
aux prêtres de l'Egypte que les statues de
toutes les idoles s^écrouleraient lorsqu'une
vierge ayant enfanté mettrait avec son divin
cnraut le pied en Egypte. Avant la des*
tructioQ du Temple, il cacha Tarche d'aii-
Itanceel tout ce qu'elle contenait {hSO) dans
un rocher qui s'entrouvrit et se referma.
!l dit ensuite aux princes du peuple et aux
anciens : «le Seigneur est remonté duSiuaï
dans le ciel ; il reviendra avec sa puissance
sacrée. Et le signe de son avènement sera
celui-ci : lorsque toutes les nations adore-
ront le bois (c'est-à-dire la croix). »
Le prophète dit ensuite : « Nul parmi les
protihètes ou les prêtres n'ouvrira cette ar-
che, si ce n'est Moïse i'ëlu de Dieu; ut
Aaron seul déploiera les tables qui sont en
elle. Dans la résurrection l'arche se lèvera
avant toute autre chose et sortira de ce rocher,
et elle sera placée sur le im)nt Sinaï (431 ).
Alors tous les saints se rendront vers elle
et ils attendront le Seigneur, ils fuiront
Tennemi qui veut les faire périr.» Ayant pro-
noncé ces paroles, il traça avec le doi^t le
nom dé Dieu sur le rocher, et ce nom fut
comme gravé avec le fer (432). Ensuite une
nuée couvrit ce rocher, et nul homme ne
sait en quel lieu il se trouve, nul ne le
saura avant la destruction du monde. Il
est dans le désert, parmi les montngnes où
se trouvent les tombeaux de Moïse et d'Aa-
ron. La nuit, une nuée semblable à du feu,
s'arrête en ce lieu.i>
Paul Lucas, voyageur très-peu digne de
foi, dit que le tombeau de Jérémie se voyait
auprès du Caire. L'opinion se répandit parmi
quelques Juifs que ce prophète n'était point
mort et qu'il reviendrait avec Elle. Quel-
ques-uns croyaient que son flme avait passé
dans le corps de saint Jean-Baptiste, et on
voit dans saint Matthieu (c. xvi, ik) que
l'on disait que Jésus était Elie, ou Jérémie,
ou Tun des prophètes. On supposa aussi
qu'il renaissait dans Zacbarie. Fabricius ren-
voie à regard de Jérémie aux Acta sancto^
rumy ad calendas Maii, t. I, p. 5, et VII,
52iik, à Hottinguer, Thésaurus philotogicus^
p. 473, à Huet, Demonstratio Evangelica^
p. 430, à d'Herbelot, Bibliothèque orientalep
art. Irmia.
JESUS-CHRIST.
{Ecrits attribués eu relatifs à Jésus •Christ,)
Le Sauveur nei^oulut rien laisser par écrit
(^), et la hardiesse des fabricants délivres
supposés recula devant l'idée de lui attribuer
des ouvrages : aussi ne connalt-on en ce
genre que la lettre au roi Abgaredont nous
avons déjà parlé. Saint Augustin {De con-
sensu evangelisturum^ l.n, c. 9} fait mention
d'imposteurs qui prétendaient que Jésus-
Christ avait écrit sur la magie des livres
adressés à saint Pierre et à saint Paul. Ces
ouvrages dont il ne reste aucune trace ont
été l'objet de deux dissertations du Suédois
A Wessien : De scriptis Christi servitoris de
mgia, Lundo, 1724-26, 4*.
f4S0) La chute des idoles, à la venue de l'enfaet
ié>us en Egypte , est racontée au chapitre x de
iEtungitedê PEnjûnee, (l.i, Cul. 987 de ce Diction-
nairt,)
(iôlj Fabricius Tait à cet égard la note suitanle :
• Couler qu» de saiTO igneper Jeremiam defosso in
DODte Nebo leguntar. // Mach. ii, i ^eq.,et apud
J(He|>bain Gorionidem, !• i, c. 47; Abnlfaraiuai,
p*S7,qui de saeris libris etiam abco absconditis re-
ferl» p. i6, licet iota illa narraiio fabulosa videiur
Hiveio, I. 11, Oper., p. 878, et iteiuesio Defensione
Mr. Uct,^ p. 51.
iiSi) Ou troave au pied du mont Horfib cies
ioicripiiOBi en caractères inconnus que U'S ha»
Saint Paul cite [Actesj xx, 35) une sen-
tence du Sauveur sur laquelle nous revien-
drons, et qui ne se trouve pas dans les Evan-
giles. Ces discours qui seraient d*uii prix
inestimable» mais que la Providence, dans
ses desseins ineffables, n*a pas voulu lais-
ser venir jusqu*à nous, ont été l'objet d'une
dissertation spéciale d*un érudit Allemand,
J.-C. Kerner, De sermonibus Christi agra^
phoiSf Leipsig, 1776, in>4*; mais ce travail
n'apprend pas grand'chose.
L'évèque africain Licianus, dans une let-
tre adressée, Tan 584, à Tévéque Vincent
(publiée par le cardinal J.Slaenz de Aguirre,
bttants du pays disent avoir ëlë tracés par Jérémie ,
alin d*ifidHjuer où repose Tarcbe (Wageuseîl, Teta
ignea Satanm^ p. 441.)
435) Il existe sur cette Question deux écriis pu-
bliés en Allemagne; Tun de J.-C. MichaeHs
(Exercitatio ikeotogica criiica de eo : num Christuê do-
minus aliquid scripserii ? tift minus nuœ hujus rei
sit ratio ? et an Ula scriptionis inlermisiio rei Ckri^
iitianœ sit delrimento T dans les Symbolœ litter.
Dremem.^ coll. 2, n. 5, p. 85), Fautre de G. I.
Sarlorius. {Caûsarumcur ChriUus scripti nihil ri-
liqutrH^ diiffuisitio ImtoricO'Chronologica ^ Lipsiae^
1815, in4-.>
5C7
DICTIONNAIRE DRS AK)CRYMI£d.
:c3
d*apiè$ un munuscrit ae Téglise de Tolède,
dans la CoUectio maxima canciîiorum Hispa-
nicBy Rome, 1693, t. Il, p. ^28) blâme oe pré-
lat d'avoir regardé comme yériiables des lel-
1res qu'on attribuait à Jésus-Christy et qu*on
disait tombées du ciel.
Lettre attribuée à Jésut-Christ. — Une let-
tre apocryphe attribuée au Sauveur se trouve
dans un ouvrage peu commun en France :
Anecdota litteraria ex Mis, codicibus eruta^
publiée par Amaducci, Rome» 1773, in>8*, 1. 1,
p. 63.
Dans une lettre que l'éditeur adresse à l'é-
voque François^MariePasini, et où il rappelle
Taudace des faussaires, il cite les évangiles
apocryphes de Nicodème et de Thomas i*Is-
raélite, et il ajoute :
Inter hos cette adnumerandus est ineptus
conditor epistolœ nomine Jesu Christi Salva*
toris ad àivxim Petrum fcrscriptœ ianauam
tx septimo throno de dtei Dominici ohser-
tantia et cutlu quœ ab ipso Bcecuio vi, ut mox
Dstendanif in cathoiica Ecclesia sacraria tr-
repserat,
Amaducci annonce avoir trouvé cette
pièce dans un manuscrit du xii* siècle dé-
posé aux archives de Todi, et il pense n'en-
courir aucun blâme en la livrant à la pu-
blicité, tout comme Fabricius et autres Font
fait pour des documents non moins labulcux.
Il y signale une autre leltre également attri-
bnôe au Sauveur (V34),
5i quidemin synodo Diamperitana celebrata
ab Atexio Menezesso eremita Àugustiniano et
archiepiscopo Goense, anno cianxciK inter
libros apocryphos Syriacos rccensetur (Romœ^
typis JUaynardi^ i7^5, art. 3, dec. 14) Epis^
tol(t Dommica quama cœlo lapsam nugantur,
tt quam etiam Mathurinus Veysierreius La
Crozius in ejus epistola ad Theophilum Sige-
fridum Bayerium memorat {Thésaurus épis*
tol.t la Crox. Leipsig, 1742, t. II!» epist. 12,
pag 30.)
La préface d'Amaducci occupe les pages
63 à 67. Après une page blanche, vient la
lettre apocryphe, pag. 69-74. Le texte est
rempli d^abféviations et de fautes de toute
espèce que nous croyons devoir reproduire
exactement , a&n de ne pas dénaturer la
physionomie de cette pièce.
lucip. Dom. epl.
In nomine dni nri ihû xpi incipit epistO"
ïa de xpo di ^lio. de die domico sco ,
qualiter oms xptani celébrare debêtur. Au-
dite os populi. et magis vos q. nescitis ilïut*
Timere me et eusiodire sicut mandatum est
^ob. Ppt hoc venit ira dei super vos^ et fia-
geUavit laboribus vris inpecorib; sivein ani-
ma lib. quem vos possidetis. Pro eo quod non
observastis Aoc, quod inbaptismo promisistis,
tt de die dominico scô hoc venit super vos
gens .paganor. inter vos. et corpora vra in
cQptivitalem*
iiU) Thilo {Acla S. Tfiomœ, 18Î5, p. lixxii), si-
|iiale comme se renconlraiil dans les manuscrits 9i9
t( Ui7, une lettre en grec, auribuée^i iésus-Cliiist,
Et propterea venu super vos lupi rtipom.
et in profundum maris^ dimergunt.
Et avertunf ego dns faciem mm a ro6
et tabernncula q; fecerunt man, met quecîui:
aût malo feceritis in sclameâ. Ego dudain
qualiter reddam tobis, trado vobis in maim
alienor. exterminabo vob, in manu amener.
exterminabunt vos sic demergam vos sicut m-
mersit sodomamf et egomurrea quos Uns
absorbuit.
Et ambulaverit in jiliu locum in die $cm
domicu nisi ad ecclain aut ad alia loca tcor,
ul loca martyrum aut infirmum visitare. ul
mortuo sepelUre aut discordantes ad concor-
diam revocare ul vidais et orphanis et ptrt*
grinantibus subvenire si aliu feceritis fiagtUa*
bo vobis duris^ flagellis. Et inmitto tob. u
domib; vris orne plaga. et confusionem ma-
lam^ si q. negotium fecerit in die sein domi-
nicti aut aliquid in domû sua fecerit ut ca-
pillo^ tonderit aut vestimcnta sua laverit aut
panem suum coxerit. aut operatus fucil,
nulla opéra xpianis non est,
lune inmitto super eu malédictions^ et non
abent benedictionem meam , nec in die, ntc
in nocte; et pono in domu suam et super tm
tt super filios suos orne infvrmitat'i, si qs aut
causaterit in die dominicu scm^aut ira perjie*
trabity autquiipsa comiserit, mittam super eum
orne malu ut deficiat, et disperdat, Auditeoim
ppli et ingredula gentes gentrationê mala
adq: pessima quare mihi non vultis credtrt.
et servis meis quod vos cotidie predicam
Paucit, dies vris. et cotidie adpropimpu
fines nras. Ego aut patiens super oms ex pec-
cato peccatares ut converta. ad penitenûam,
Audite oms et videte ut nullus ex tobis iurti
in dietn scJh dominicum^ quia in eo paler
luce concedit. etinsex die cunctaperfecerit.U
ipso scô die dominico. resurrexii a mortuis, et
in eo spùsco super discipulo infudit.Tanta est
débet observantiam, ut ppt orationem. et mii-
sarum solemnifl. nichil aliu faciat, ita et ro<
requiescite ab oib; operibus vrti. Tarn liberi,
quam et servi, et n alius faciens nisi ui
serviatis dô in eccla meù et a sacerdotH;
meis. Si ent non custodieritis die dominûu
sein, de ora nona Sabbati usque ad secida
/r. ora. I. et non occurritis ad êcim ec-
clam cum oblationib; et luminarib: a mis
saru solemnia. cû anathematicus vos cora
pâtre meû qui est^ in Celis. Et non abeatis
parle mecu neq: cû angelis meis in scta sctor.
Ain dico^ vobis_^ si non custodieriiis die sein
dominicu. et oms cqro patres vros. Mitto supti
vos grandine et fulgora^ et coruscationti d
tempestates ut ptrerit labores trôs. ei tintas
et olivas iras, neq: aqua veniam super n «
et annoncée comme ayant élé li*ouvéeà Ronr, dam
réglise de Saini-Pierre ; il pense que ce iloit r*Tc
au fond b même que celle qu*a pttbhëe Ania<<Oi i-
SGd
JES
PART. 111. LEGENDES ET FRAGMENTS.
^^S
570
oi'S^latattMKn. Am dico vobisasacerd9tib:meh
dicimiâffris dàte.Sciath oins quia qui ipsa
fniudaverii de omib; quicûq: manus suas
opcraius fuerit sive in corpus, sive in anima,
Et non vîdehit viia elnam que desiderat vi-
dere et fines in terra Xpinor, Hoc incredulis
ppls iudiciû tibi servo nec in sclo condempno.
Sijeceritjs q; pcipio tob. si custodieritis di^
scmdnicut aperiam vobis cataratâ eeli et omia
bonamuliipîicabo m hboribus rm. Non trit
famés, neq: coniurbatio in genteê, stat ego in
ro6. et vos in me. et sciatis quia ego su ds
pt me non est alius.
Am dico vob. Si observareritis diedomi-
f^ciscm orna malaaufero a vob, omis sacer-
dos qui isim epystoîa legit ad pplo suo non
ostendit.
Sire in villis in tremdo iudiciis gravis
periculum sustinebit, et istam epystola
iingulis dtebus dominicis oins sacerdos ad
cuius man" pervenerit legant. et pdicant.
ut credanê et semper in memoria a-
béant. Quod si non custodierit epistotà
istam anathematizo vos illos usque in sclm
icU, et de septimo trono dni nri Iku pteritô
anno in Civitatem gazize ubi ses petrus epys-
copatum accepit. ^. Ibi vo ad me petrus eps
istam epystolam dns diresit dico non mlior.
qniaper nullum hominëmichi mandatum est.
Vide quod si non eustodieritis quod supe-
rius dixit. amte tribunal Xpi. sustineritis dt^
ri$ flagelis,
luro ego petrus eps ses per dCpotestalem
qui fecit cela et terram et omia q: in eTs,
et per thm Xpih filiu eius.
Et per sca Trinitatem. et per quatuor evan^
gtUsta. et per XII. pphe, et per XII. apli, et per
Oeatissima virgine mariam. et per corpus tîir-
ginù. et per ereliquia scor, omium si mentior
vûb, quia epystola istam non est formata
de manu hor. set de septimo throno dei est
scripta digiti dni. Vero sr nrds missa est
de septimo throno. qualiter die dominicu
custodire debeatis in scia sclor. Am,
Paroles attribuées à Jésus-Christ. — Saint
Jeaa dit à la fin de son Evangile que si les
choses qae Jésus a faites étaient écrites en
détail, le monde ne pourrait contenir les
livres qu'on en écrirait (435). 11 ne faut
(ionc pas s'étonner si l'on trouve dans d'an-
cieos écrits des paroles attribuées au Sau-
veur que la tradition avait conservées en les
altérant peut-èire^p et qu'on chercherait en
vaiu dans les Evangiles canoniques.
(455) L'hyperbole qu'on croirait trouver dam
mie expression est une iignre commune chez les
c rivains sacres (Voy.la Genèse, xi, 4; le» Nombres,
im, 24; Daniel, iv, il; Jean, vu 11); el VEcetésiat-
tique,(\m dit de David (xlvu, iG-17) : Ton nme a ouvert
/« terre, et lu l'as remplie des paraboles des énigmes.)
F<(brtcius(t.l. p. 3ÎI) cite de nombreux |taâ6agef
tlaiig le métue sens, empruntés à des auieurs orien-
laus ou ;;recR. C*« si ainsi fju'on Ht dan» le Tahnud,
L'auteur des CùnmVMions apostoliques
(iv, 3), cite le Sauveur comme ayant dit que
celui qui donne est plus heureux que celui
qui reçoit, et comme ayant condamné ceux
qui , ayant ii^s richesses, fei^'^nenl d'être
pauvres, afin do recevoir des autres ce qu'ils
pourraient se procurer avec leurs propres
richesses. Quandoquidem et Domimis bea^io-
rem es^e dixit eum qui dat quam qui accipit,
sed ab eo etiam dtctum est : « Vce iis qui
habent et simulantes {puupertatem) accipiunt^
aut qui cum sibi possinl suppetias afferre,
ab aliis accipere volunt.r^ Celte sentence se
trouve d'ailleurs conQrmée par i'autorilé de
saint Paul, qui rappelle {Act>. xx, 35) que le
Seigneur a dit qu'il y avait plus de bonheur
h donner qu'à recevoir.
On rencontre parfois dans d'anciennes
copies des Evangiles des passages qui ne
sont pas dans le texte reçu par l'Eglise, et
(ju'il faut regarder comme des interpola-
tions ; mais ils méritent quelque attention,
et ne sauraient être oubliés dans un recueil
du genre du nôtre.
Un manuscrit grec appartenant à Robert
Estienne, et un autre à l'université de Cara-
brige, donnaient une addition à un passage
de saint Luc (vi^ 5) ; « Le même jour Jésus
ayant vu un homme qui travaillait le jour
du Sabbat, lui dit : Si tu sais ce que tu
fais, tu es heurclix» mais si lu ne le sais pas
tu es exécrable, et tu transgresses ta loi. »
Quelques autours, tels que Loisel et l^aul
Colomies, ont cherché à montrer que ces
paroles n'avaient rien de contraire à la doc-
trine évangélique ; mais Richard Siuiun a
conjecturé avec vraisemblance que c'était
un emprunt fait à l'Evangile des Egyptiens
ou des Nazaréens. Grotius suppose que c'est
une interpolation faite par quelque marcio-
nite; Antoine Arnaud y reconnaît la main
des marcioniles el des manichéens. (V'oir
Fabr.,Cod. apoeryphusNov. Test., 1. 1, p. 324^.)
D'autres manuscrits ojoutonl.au texte de
saint Marc, xvi, 8, relatif aux saintes fem-
mes, les paroles suivantes:
Omnia autem quœ ipsis fuerant imperata
celeriter Petro et ipsius comitibus renumia^
runt. Postea vero etiam Jésus ipse ab Oriente
ad Occidentem per eos sacrum l'i/um et incor-
ruptumœternœ salutis nuntium promulgavit.
Sîiint Jérôme {Adv. Pelagianos, lib. ii) dit
que, dans quelques manuscrits de l'Evangile
selon saint Marc, on trouvait à la fin un
passage ajouté» représentant Jésus comme
ayant apparu aux apôtres et leur ayant re-
proché la dureté de leur cœur. Ceux-ci s'ex-
cusaient sur rincréduiité du monde et sur
les efforts des esprits immondes pour em-
pêcher la prééminence divine Voici en
dans le Traité du sabbat: i Si omnia maria essent
aLramcnium, el omnes jund calami, ei lolum cos-
lum pergamenum, ei omnes homines scrib», non
suflicereiii ad describendas profunditaies principum
sive regum. i Tliéodorel a dit de son côlé, dans la
prologue de son Uisloire ecclésiastique : c iJ»c sunt
fiumiiia Oceani occidentalis famosa ; nam si ejus
flumiua omnia requiramur, nec cliarl'<*, nec manus
iutticerei. »
871
DICTIONNAIRE DES AFOCRYPHES.
Vî
quels termes le saint docteur rapporte ce
fragment : Postea cum accubuissent undecim^
apparuit eit Jesu$ et exprobravit increduli*
tatem et duritiam tordis eorum^ quia his qui
videront eum resurgenlem^ non crediderunt.
Et un satisfaciebant dicentes : u Sœculum
istud iniquilat's et incredulitatis subtitantia
est qua non iinit per immundot spiritus ve-
ram Dei appfthendi virtutem^ iacirco jam
mane révélas juititiam tuam.^^
Colle réponse des apôtres a |>arn à divers
critiifues devoir provenir de quelque écrit
apocryphe ayant également cours parmi les
inareionites et les manichéens (/»36}.
Un manuscrit de Tuniversité de Cam-
bridge, remontant à nne dMe fort reculée,
contient, aorès le verset 21 du chapitre \x
de V Evangile de saint Matthieu, un passa i^c
que i*on peut rendre ainsi: «Mais vous
cherchez è croître si vous èles petits, et à
diminuer si vous êtes grands. Quand vous
entrez h un repas auquel vous êtes priés, ne
vous couchez pas aux endroits les plus émi-
Dents,depeurqu*i] n'arrive quelqu un desu-
périeurà vous,etque celui qui vous a invité,
s*approchant de vous , ne dise : Descendez
ulus bas; et ce serait un sujet de confusion.
Mais si vous avez pris place dans un endroit
inTérieur, et s*il survient une personne
moindre que vous, celui qui aura invité au
repas vous dira : Montez plus haut; ai cela
vous sera utile. »
Cette même addition a été trouvée dans
un vieux manuscrit conservée l'abbaye de
Corbie, d'une ancienne traduction latine
antérieure à saint Jérôme. (Voir Martiany
ainsi que Richard Simon : Nouvelles obser-
vations sur le texte et les versions du Nouveau
Testament y p. Si,) On les rencontre aussi dans
divers manuscrits de Tancienne traduction
anglo-saxonne. Juvencus qui, au iv* siècle,
mit en vers les récits de l'Evangile, avait le
texte sous les yeux lorsqu'il écrivait (Hist.
ivangeLf 1. m) :
At vos ex minimis opibus transcendere vullis,
£t sic t summts lapsi cumpreiidilis imos.
Si ifos quisqae vocat cœnae convivia poncns,
Cornibus in sumniis deviiet poiiere membra
Quisque sapit, venict forsan si nobilis aller
'J'urpiler eiiiiiio cogelur cedere cornu
Qaem tumor inflaU cordis per suinma locarat :
8iii conteoius erit mediocria première cœna,
Inferiora deliinc si mox convi\a subibit
Ad poiiora pudens iransibit slrala tororum.
La Pape saint Léon, dans sa lettre è Tim-
Eératrice Pulchérie (epist. 76, éd. Quesnel.
yon, 1700, in-folio), cile les premiers mots
de la sentence mise dans la bouche du Sau-
veur : Sicut Filius hominis non venit mt-
nistrari sed ministrare. Et tamen hœc illis
tune insinuabanturt qui depusillo volebant
erescere^ et de in/imis ad summa transire.
On trouve dans Origène (Commentar. in
Matth. XVII, 21) : «Jésus a dit : J'ai été ma-
(456) Parmi les additions que lireni les héréti-
ques au lexte des Evangiles, on peut ciicr cello qui
se trouvait dans saint Luc, c. iv, 30, et que men-
lionne lemaniiiië en Fau^tus, cilé par <aint Augustin
lade à cause de ceux qui sont malades, et
j'ai eu faim è cause de ceux qui ont f;iim, et
j'fli eu soif à cause de ceux qui ont soif. •
Huet pense, dans ses Notes sxxt Origène, que
ces paroles sont tirées de quelque évangile
apocryphe aujourd'hui perdu. Richard Si-
mon (Nouv, observ,^ p. 3) est d'avis qu'elles
proviennent de quelque interpolation placée
dans le texte d'un des évangiles canoniques.
Clément d'Alexandrie (Strom,^ lib. i), et
Origène {De orci/ione) rapportent ces paroles
de Jésus-Christ : «t Demandez les grandes
choses, et les petites vous seront accordées.
Et demandez les choses célestes, et les cho-
ses terrestres vous seront accordées. » On a
conjecturé que cette sentence pouvait Atre
empruntée h l'Evangile des Nazaréens, qu'O-
rigene cite fréquemment. Telle est l'opinioB
de Grabe {Spicileg., t. I, p. li). Mais Ori-
gène, en citant TEvangile des Nazaréens,
fait observer que son autorité estdouteuM*,
tandis qu*il cile Ips paroles ci-dessus snns
indiquer nullement qu*il en soupçonne l'au-
thenticité , il la joint au contraire h d'aulr^^s
passages empruntés aux Evangiles canoni-
ques; aussi Fabricius pense-t-ii que cette
phrase vient également de quelque inter-
polation.
On trouve souvent cité dans les autours
anciens, comme étant sorti de la bouche du
Sauveur, le précepte suivant : «Soyrzdes
changeurs honnêtes;» c*est ainsi que le
rapportent Tauleur des Homélies démenti*
neSf Âpelie le gnostiqne, cité par saint Epi*
phane (HaBres. k2, n. 9), Origène (Ad Joan.
viir, 20), Saint Jérôme (ej)ist. 152), saint
Jean Chrysostome (Sermo cur in Pentecosie
Acta apostolorum leguntur) ; Socrate {Hitt*
écoles, y lib. m, 16;, Cassius (Collect. 3, n. 10).
D'autres écrivains se bornent è citer cet
adage comme se trouvant dans TEcriture
[Voy, les Constitutions apostoliques^ 1. n,
c. 36), Clément d'Alexandrie (Stromat, l.i),
Pamphile {Apologet. pro Origène)^ Palladius
{De Vita Chrysostomi, Q, i^),Nicéphore(//M^
eccles,9 lib. x, c. 26). Denys d^Alcxanilrie.
cité par Eusèbe {Hist, eccles,, lib. vu, c. 7..
qualifie cette sentence de paroles apostoli-
ques. Saint Cyrille d'Alexandrie raiiribuel^
plusieurs reprises à saint Paul (lib. iv i4(/
Joan, VII, 12; contra Nestorium^ lib, i). Elle
serait prise de TEvanzile des Nazaréens,
è ce que conjecturent Usser (Prolegom, ad
Ignatium^ c. 8), Valois (Notes sur Eu-èl»e
et sur Socrate), Huel {Notes sur Origène}
On a pensé aussi qu*elle pouvait s'être
conservée par tradition durant les pre-
miers siècles sans avoir été, dans le pnn-
cipe, mise par écrit. {Voy. une longue nota
de Fabricius Cod. apocr. Nov. Testam.f 1. 1.
p. 329.)
L'Epltre.de saint Barnat)é présente deui
sentences attribuées au Sauveur : « Résistons
à toute iniquité, et ayons de la haine contre
{Adv, Fauilum, lib. xxvi. t. î.\ Elle iwrUit que t**
habilsnts de Naxareth précipitèrent Jésus du u-m*
met de leur montagne.
373
JES
PART. m. LEGENDES ET FRAGMENTS.
JES
17A
elle.» c Ceux qui veulent me voir et parve-
nir à mon royaume, doivent rae posséder
par les afilictions et les tourments (&^37). «.
Hugues Ménard conjecture que ces paroles
avfiient été conservées parla tradition parmi
les apôtres et les disciples . ou qu'elles
avaient passé dans quelque Evangile apo-
cryphe.
Clément d'Alexandrie (5/rom., liv. vi),
rapporte que saint Pierre, parlant aux apô-
très, leur rappelait que le Seigneur avait
dit : « Si quelqu'un veut être conduit hors
d'Israël par la pénitence et croire en Dieu
par mon nom, ses péchés lui seront remis.
Après douze ans, vous sortirez et irez dans
le monde» aGn que nul ne puisse dire : Nous
D*avons pas entendu (la parole), p Ceci s'ac-
corde avec la tradition que mentionne Eu-
sèbe (Hist. eccles.^ lib. v, c. 18], et d'après
laquelle le Sauveur aurait commandé aux
tpôtres de séjourner douze ans à Jérusalem.
Il est vraisemblable que Clément avait pris
oe qu'il rapporte âans te livre apocryphe
des prédications de saint Pierre, aujourd'hui
{ierau.
La seconde Epltre aux Corinthiens, qui
porte le nom de saint Clément, rapporte
quelques paroles comme étant sorties de la
bouche du Sauveur; nous allons les men-
ûonner :
c C'est pourquoi le Seigneur nous a dit :
Si vous étiez réunis avec moi dans mon
."•ein, et si vous n'observiez pas mes com-
mandements, je vous rejetterais et je vous
dirais : Eloignez-vous de .moi; je ne sais
doi^ vous èlQSt ouvriers d'iniquité (§1^). v
«Car le Seigneur dit: «Vous serez comme
des agneaux au milieu des loups, p Pierre
lui répondit et dit : « Est-ce que les loups
déchireront les agneaux ?p Jésus dit à Pierre :
< Que les agneaux ne craignent point les
(437) c Nibil enim proderil nobis oinne lempus
tike ooslrae et fidei, si non odio iniquum cl futuras
tfntaiiones habeamus , sicut dixil Filius Dei : Re-
ûsumas oinni iniquilati et o iio habeamus eam
(uttm. 4). — Sic , inquii, qui volunt me videre, et
td regnum meum pervenire, debenl per aflliclioncs
ac lormenta possidere me. »
(458) Elie de Crète dit que ces parolei sont ve-
niusdc Dieu par les propliéles. (Respom, ad ùyoui-
^nm monachum; apud J. Bonneiidium, Ju$ grœco-
romanum^ p. 437.) Clément d'Alexandrie (Quis dives
la/w/ttr, § 40) se sert en parlant de Dieu le Père
d*une cspression semblable, et son éditeur angUis,
{' Fell , met en note quVlle est empruntée à un
évangile apocryphe. Saint Jean Climaque (Scala
paradiii, gradus 7) , Tatiribue à Ezéchiel , chez
lequel ou trouve, en eill't, une pensée aii»lo^ne
<^ii, 5, 8; xviit, 30; xxiv, ii; xxxiii, âO.) Grabe
a cru que saint Nil, dans un passage conservé sur
Ana>(ase le moine sinaîle, attribue ces paroles à
lésus-Cbrist , mais selon robscrvation de Fabricius
1^^ mots le Seigneur a dit : i propbet» sunt, non
Kili I ut patct ex iibr. n consultatione Zacbsci et
Apolloiiii, c. iS, t,X. Spicilegium Dacherianum :
«JSolo dabites, per prxscntia semper non praeteiita
Peus ceiiset. Hoc enim ait : i In q'ia in le invenero
inde te judicabo, dicit Dominus. i Pareille sentence
•c rencontre «tans les apophtegmes des Pères re-
cueillis par Coielier (Monumenta Ecclesiœ Crœcœ,
l.I.p. O?.*?) , et danç bien d'auircs aul^'urs ccdé-
loups après la mort; ne craignez point ceux
qui vous tuent et qui ne peuvent rien vous
faire ensuite, mais craignez celui qui, après
que vous serez morts, conserve le pouvoir
sur votre corps et sur votre âme, et craignez
qu'il ne vous jette dans Tablme du feu (5 6).»
Le Seigneur dit : i Gardez la chair chaste
et le sceau sans tache, aûn que vous rece-
viez la vie éternelle (S 8). »
Plusieurs des Pères des premiers siècles
présentent des sentences attribuées au Sau-
veur.
On lit dans saint Justin (Dialogue avec
Tryphon) : Notre -Seigneur Jésus-Christ a
dit : a C'est dans l'état ou je vous surpren-
drai que je vous iugerai » (Î38).
Saint Irénée (Adv. Hœres.^ lib. i, c. 17),
rapporte ces paroles de Jésus-Christ : « J'ai
souvent désiré d'entenJre un de ces dis-
cours, et je n*ai pas eu quelqu'un qui me le
dit. » Il faut d'ailleurs observer que ce Père
indique ces paroles comme étant, du nom-
bre de celles qui se trouvent dans les Evan-
giles authentiques , et que les hérétiques
ont corrompues par leurs fausses inlërpré-^
talions. {Quœdam aulem etiam eorum quœ in
Evangelio posita sunty in hune characterem
(sensum hœreticum) transfigurant,)
C'est encore dans le môme ouvrage de
saint Irénée (lib. v, c. 33) que nous lisons
ce passage : Des prêtres (W9) qui avaient vu
Jean, le disciple du Seigneur, se souvien-
nent de lui avoir entendu dire qu'en |)arîant
de ces temps, le Seigneur enseignait et di-
sait : a II viendra des jours où naîlront des
vignes avant chacune dix mille liges et cha •
que tige*^ aura dix mille branches (&^0), et
chaque branche aura chacune dix mille grap-
pes, cl chaque grappe aura dix mille grains,
et chaque grain étant pressé donnera vingt-
cinq mesures de vin* El lorsqu'un des saints
stastiques. (Fpy. Fabricius, Cod. apocr, Nov. Test..
1. 1, p. 33i.)
(439) Il s'agit sans doute de Papias auquel saint
Jérôme (epist 29, Ad Theodorum, ) ^onne sain
Irénée pour disciple.
(440) Ces cliilTres accumulés sont communs dans
les écrits des Orientaux. Le savant Uyde, dans son
livre Dé ludit orientalibus , Oi^ord , i69â, in-8%
cite ce passage extrait d*un ouvrage imlieii : c 0
rex mille annos in regno vivilo, et regina mille
annos in loro ejus sit, et sit quilii)rt aunus uiilia
mensium, et quilibet mensis mille dierum , et qui-
libet dies mille horarum et quaellbet liora mille
annorum. • Dans une épltre d*un Arabe célèbre,
Ibn Topbarl, publiée par Pococke, Hai-lbn-Youiiam,
prétend que l'essence de ce monde a soixante-dix
mille faces, ebaque face soixante-dix nulle bou-
ches, et ebaque bouche soixante-dix nulle langues,
Boûr louer l'essence de TËtre unique et invisible,
u reste, les paroles attribuées au Sauveur, et dont
personne sans doute ne soutiendra rautbeiilicité,
sont le reflet de croyances juives dont le Talmud
présente de nombreuses traces; des rabbins ont
été jusqu'à prétendre que, sous le règne du Messie,
les épis produiront spontanément des gùieaux riui
tomberont sur le sol où les lidèles n'auront qu'à I s
ramasser. Il est juste d^aiUeurs d'observer que plu •
sieurs docteurs entendent ces récils dans un sens
allégorique et non au pied do la lettre.
S75
DICTIONNAIRR DES APOCRYPHES.
376
prendra une grappe, Tes entres s*écrieront ;
«Je suis la meilleure des grappes, prends-
moi el- bénis îe Seigneur a mon sujet. a De
même, chaque grain de froment donnera
dix mille épis, et chaque grain de ces épis
d'mnera dix livres de pure farine, et les au-
tres fruits, el les grains, et les herbes, pro-
duiront dans la même pro|[»ortion, chacun
selon sa n.iture, et les animaux, qui se
nourriront de ces productions de la terre,
seront dans une soumission entière à Pégard
des hommes, a C'est ce dont Papias qui avait
entendu les paroles de Jean, et fut le com-
jiagDon de Polycarpe, a consigné le témoi-
jSnage dans le quatrième de ses livres, car
il avait écrit cinq livres. Et il ajoule : « Toutes
ces choses sont croyables pour ceux qui
croient. » Et comme le perfide Judas ne
croyait pas, et denuindait comment le Sei-
gneur accomplirait de semblables créations,
ïe Soigneur dit : « Ceux qui viendront en
ces temps le verront. »
On lit dans la Passion de saint Pierre at*
fribuée à saint Luc (ouvraj^e que nous pla-
cerons dans notre recueil) : « C'est pour-
quoi le Seii^neur a dit en s'eiprimant dans
le mystère : Si vous n'usez pas de la main
droite comme de la gauche, et de la main
(:auche comme de la droite, et de ce qui est
au-dessus comme de ce qui est au-dessous,
ot de ce qui est devant comme de ce qui est
derrière, vous ne connaîtrez pas le royaume
de Dieu.»
Ces paroles obscures ont trait à la cessa-
lion de ta ditTérence établie entre les Juifs
et les Gentils.
Saint Luc raconte ( Lue. ixir, 13 ) que
le SauTeur apparut à deux de ses disci-
ples qui se rendaient k Emmaus, et qoMI leor
expliqua tout ce que les prophéties, k par-
tir de Moïse, avaient dit A son égard. CeUe
explication qu*it eût été du plus grand prît
de posséder et que saint Luc entendit peut-
être, ne subsiste nulle part (Ht).
Fabricius a reproduit [Codex apocryphus
Novi Ttstamenti^ t. H, p. i5) la dissertation
du P. C. Nitscher : Schediasma de Ckristi
eum tûersaretur inter homineê studiU: elle
offre peu d'intérèi; Vauteur examine si le
SauTeur connaissait les langues grecaue et
latine (hk2). Après avoir ditque Jéisus-Christ
devait faire habituellement usage de la lan-
gue syro-chaldéenne, il émetTaTis qu'il dé-
liait connaître le grec, Ungue que les con-
quêtes d'Alexandre avaient répandue dans
tout l'Orient, et le latin, c'est-à-dire Tidiome
des Romains, maîtres alors de la Judée. On
sait que Jésus-Christ s'entretenait sans in<
terprète avec Pilate.
Nous avons, dans le premier volume de ce
Dictionnaire^ fait connaître les évangiles ajie
cryphes qui racontent de prétendus mira
des opères par le Sauteur durant son en-
fance; d'autres ou vraies composésan moyen
A;^e et s'inspirant ofe ces productions, ont
narré les mêmes merveilles en les moh-
fiant , en les amiililiant parfois. Nous nous
bornerons è faire quelques emprunts à l'un
des plus rares de ces livres, à celui qui a
pour titre : Enfance de Notre -Seigneur.
C'est un opuscule qui a paru sous <ii*
verses lormes è la tin du xv' siècle; la
naïveté du style donne h ces récits un at-
trait que la diction moderne leur enlèfe.
EXTRAIT DE QUELQUES MIRACLES
L*B!irAI«T JÉSrS FIT EN Si IC RBSSB (4i5) , LF>QCEL8 NE SONT POINT EN L*ÉVANG1LE ; MUS ttrCLOSB
PERSONNE DÉVOTE CONTEMPLANT LA PUISSANCE DE DIEU, LEQIJEL PEUT PAIES TOUTE! CBOtIbS, LBS A MU
.EN ÉCRIT, ESPÉRANT QU*IL SERAIT PROFITABLE AU TEMPS ADVENIR A UN CHACUN CHRttlEN D« MUWDRE
PLAISIR A LIRE CECI PLUTÔT QUE D*ÉTRE OISEUX OU DIRE DO MAL D' AUTRUI.
Comment les dragons adourerent FEnfant
Jésus {hkk).
Jésus Fenfant s*en va gracieusement de
son chemin parmi les déserts avec toute la
(iil) Saint Luc désigne un des deux disciples
comme se nommant Cleophis; on ignore qui il
éiRÎt. Quelqaes mitciirs ont pensé que c*élail le père
ouïe mari de Marie, dite Cléophée: d*aulres ont
cru qtril s*agissail d*un disciple' du Sauveur resté
d*ailleors inconnu. Uuant à celui qui n*cst pas
nommé, les Pères ont avancé diverses opinions;
sa m Grégoire le Grand fut d*avis que ce devait être
saint Luc; Origène désigne saint Siméon; saint
Epiphane indique Natbauael; saint Ambroise le
nomme Amaon.
(442; La langue dont le Sauveur faisait usage a
été, parmi les savants, Tobjn de quelques débais.
Un Italien, Dominique Diodati , essaya de montrer
que c*éiali le grec. (De Chritto Grmee loquenU exer*
ctlatio qua oêiendUMr Grœcam site UelUnislicam
iinfpiam cum Judœis omnibus^ tum tpii adeo Chrisfo
et tipoiîoliê iiafivam ne vernacuiam fuiiu, Naupoli ,
1/67, in^8*.) Cette opinion fut ronibaUiie par le
r4V2nt liéliraîsant de Rnssi , dan^i IVcri: qiril inli--
compagnie; Notre-Dame menait, pour son
service, trois enfants et une pucelle. Advint
que la nuit les surprint, si se l0(2èrent en
une muraille dedans une cave (H5); advint
tula : Délia lingua propria de Criêio e degti Ehra
nazionali délia PaleH'ma da" lempi de' MactabA,
Parme, 1772, iii-4*. Elle fut repris»? avec quelque»
modifications par un savant de i*AIIetnagne : Vtro-
similia de Judœis palœstinensibm » Jesu ftiam alqui
apostolis non aramœa diaUcla sola • ^ed grœca //■&•
que aramaizanle locutis, ienae, 1803, in 4*. M. Si I-
vestre de Sacy rendit compte de cette dermeu
dissertation dans le Magasin encffclopédique ^ iSU^,
t. 1, p. 125.
(443) Ces réciu suivent d*ordinaîre ceui de»
évangiles apocryphes ; pu fois ils s*en écartent »-u
quelques p<»iuts; nous les empruntons k un voiuni-*
petit in-folio de 29 feuillets sans lieu ni date, im-
primé il Lyon vers h tin du xv* siècle et dont un
exemplaire se trouve à la Bibliothèque impériale.
(440 ^'^''^ ^^ '^ Naiivtté de la bieukturfaê,
Marti el de l'Enfance du Sauveur, i\u 18, t. I de c«
Dictionnaire^ coi. lt)75.
(415) Vieux mot qui signifle caverne.
377
J£S
PART. Iir. LEGENDES ET FRAGMENTS.
JES
S78
que qQaod il fut jour, il jaillit de cetlo cave
§ranae quantiié de dragons, dont tous ceux
e la compagnie eurent très-grand' paour, et
commencèrent h crier Subitement. UEnfanf
Jésus, qui était an giron de sa Mère, s'en va
sur ses pieds derant les dragons, lesquels
radoarerent doucement. Lors fui accompli
l/i prophétie dite par David : Laudate dumi-
numide terra draeonei et omnes abyssi, Tous
les dra^^ons et toutes les choses basses de la
terre Tiendront adourer Noire-Seigneur. Ki
)>o:irtant Joseph eul bien grand paour que les
dragons ne mangeassent Notre- Seigneur.
Biais TEnfant Jésus lui dil qu*il n'eûl point
paour, car il est nécessaire que loules ces
bêles sauvages et les privées aussi soient
bumbles et gracieuses devant moi.
Comment Noêtre-Seigneur s'en fut aecompa-
gnié de loups et de griffons, de biches et de
plusieurs atUres bêtes sauvages (kh%).
Bit rhistoîre qu*il paissait dans un déserl
noali de bestos sauvaiges, en tant que nul
se ressemblait à Tautre ; il y avait des liotis,
léopards^ griffons, loups et tigres, ours, cerfs,
Lichesy renards» marmottes, bœufs, vaches,
et de toutes manières de bêles; les unes al-
Viient devant pour montrer le chemin; les
autres venaient après, pâturant. Lors fut ac-
ronipHe la prophétie que dil Jbérémias :
Lapi auttm cum agno pa^centur^ et leo et bos
insimul eomedent. Les loups paissent avec
lAgniel. C'était KEnfant Ihesus, el le lion et
le bœuf ensemblement mengeassent la paille.
Notre-Dame et toute la compaignie étaient
Bioalt ébabif^s de voir telles béles.adonc No-
tre-Seigneur leur dil : Mère, ne ayez point
(le paour, car elles sont venues pour notre
service; ne vojrez-vous, mie, comme elles
ttOtts montrent le chemin.
Du miracle de ta palme (UT).
Un jour après midi Notre-Dame et sa com-
pagnie furent moult las. Si se vont repouser
dessous l'orobrc d^une palme qui portait des
tlali s. Adonc Notre-Dame regarda que le
l>almier était bien charsié de dalils ; si dit à
son mari Joseph que elle en mangerait vo-
lontiers. « Ma mie, dit Joseph, je suis moult
^bahi pourauoi vous me demandez de ce
Iruit, quanu vous voyez bien quUl est si
irès-haul que je n'y pourrais advenir. Car
les arbres qui portent les dalils ont cent ans
avant qu'ils portent fruit. Je désire plutôt
que nous eussions de Peau, car il r a trois
jours que nos besles ne burent.» Adoncques
lEnfanl Jésus dit à l'arbre : « Baisse tes ra-
meaux aGn que ma Mère et sa compagnie
talent de ton fruit, h El lanlAt, h la vois de
IT.nrant Jésus, l'arbre se baissa devant la
Vierge Marie, qui print du fruil autant qu'elle
et sa compagnie en eurent assez. Lors Notre-
Seigneur commanda è l'arbre qu'il se mon-
lûst, car il était bien heureux» cl que de sa
<li6! Ibid,, cil. tfi, ool. tA'^J.
(4i7)i6id..ch. iO, cfr* ^07<i; KvuiigiU de HJ'4i'
(«Nfe. di.îi, col. 99G.
(4i8) Evangile de Thoinaê^ cli. 22, col. tM5.
racine il naîtrait une fontaine afint qu'il fust
honoré par-dessus tons les arbres du désert.
Incontinent l'arbre s'en montir, et de la ra-
cine issit une très-belle fontaine; de quoi
Joseph^ Marie et toute la compagnie et Aussi
leurs besles furent rassb^iésde soif. Si ren-
dirent grâces à Dieu tePère qui leur a donné
Enfant.
Comment Notre-Sei^neur abrégea le chemin^
et des miracles quil fit quand il entra e^
Egypte.
Quant ils se furent reposés dessous la
palme, comme dessus est dil, Joseph com-
plaignait k Notre-Dame disant ainsi : i Marie»
ma mie, je suis bien las, le chaud me brûle
et art. Nous avons trente et huit journées
jjour aller en Egypte el tout par déserts. »
Et quand Jésus les ouït ainsi complaindre :
« Je ferai, dil Noire-Seigneur^ que nous pas-
serons bien en trois jours. » Advint ainsi;
comme ils cheminaient doiïcemenl enlour
v*'spres, l'Enfant Jésus leur montra les mon-
tagnes el le pays dTEgypte, auquel pays ils
habitèrent devant trois jours. El quant
TEnfant Jésus entra premièrement dedans
le pays d'Egypte, toutes les idoles des Sarra-
zins qui étaient en celui temps trébuchè-
rent toutes è terre. A l'entrée du pays, l'En-
fant Jésus trouva un champ semé de nou-
veau ; il commanda au grain de froment
qu'il devinsl épis, dont ce fut fail(U8).Lors
Noire-Seigneur print des épis , en mengea,
puis donna sa bénédiction sur le champ, et
ce lui donna telle grAce, que quand son
maître le ferait cueillir, qu'iJ lui rendisl au-
tant de muids comme il y avait semé des
grains, el ce fut fait.
Ci on parle du poisson (W9), el en quel lieu
fut logée Noire-Dame.
Ouand ils furent entrés en une grande cité^
eu laquelle ils deiDeurèrent sept ans» Notre-
Dame se logea en ThAlel d'une pouvre fem-
me veuve et demeurèrent un an. Quand
Noire-Seigneur eut l'âge de trois ans, il s'en
allait de jour ébattre avec les petits enfants.
El ainsi qu'il passait par la rue où l'on ven-
dait du poisson , l'Enfant Jésus print un
poisson salé tout sec qui avait été mort un
an ou deux. Si le mil en un bassin plein
d'eau, et dit au poisson : « Laisse le sel de
quoi tu es salé, et fais comme tu coulais
quand tu étais dans la rivière. » El inconti-
nent le poisson commença à mener la queue
et à triper (m), et à nouvel parmi le bassin
comme s'il fut vif. Quand les voisins virent
cette chose, ils s'émerveillèrent moult et le
contèrent à la femme veuve, l'hôtesse de
Noire-Seigneur et de Notre-Dame, laquelle
femme douta moult que ce ne fust une chose
de mal, et les jeta hors de son hdtel. Adonc
Notre-Dame logea en une petite maison en
laquelle ils demeurèrent six ans. L'Enfant
Livre de in Ntnivilé de la bienheureuse Marie el de
f enfance du Sauveur^ ch. 20, col. 1076
(lIV) Nathiié de Marie, ch. io <«il. t078.
zn
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
Jésus était tout beau, tout doux et (oui cour-
tois, et avait les cheveux tout blonds, et était
si débonnaire, que tous ceux qui le voyaient
Taimaient et b(^nissaient tout, prenaient
grand plaisir à 1*^ regarder et lui donnaient
(te leurs l)iens. Ni)(re- Darne ae levait niatin
et allait à la syna^o^ne dos Juifs, et là se
UMiainiouc-'inenl en oraison; [)uis s'en re-
tournaii en son hôtel pour gai^ncr la vie
(io sfui £utan{, et «Je soie elle ouvrait, et cou-
saiUJesoieetbroudait en iaisanljoyeusement
>on petit ménage. En la ville, il y avait des
vaillantes dames qui voyaient sa pauvreté
et son petit gouvernement honnête, lesquel-
les pour pillé lui donnaient aucunes fois de
leurs biens, dont la douce Vierge les rece-
vait moult humblement.
Comment VEnfanl Jésus fil venir un Irait de
bois plus long (i»50}.
Le bon vieillard Joseph était charpentier
et si ne pouvait plus guère travailler à cause
de vjrillesse. Et pourtant il prit à faire une
maison, se mit de suite h Tœuvre et acheta
une grande pièce de fusle (sic) de bois pour
mettre au bâtiment. Advint que quand Jo-
seph charpentait celui tref, il le rogna autant
au*il fut trop court. Âdoncques le preu-
homme Joseph fut moult dolent et moult
troublé, et faisait maie chière, car celui tref
était trop court, et li n*avait de quoi en ache-
ter un autre. Et quand le doux Enfant Jésus
qui amassait les bûchettes et les écorces aux
entours, le preud*homme le vit si courroucé,
lui parla ainsi : 'i Mon père, dit Jésus, qui
parlait comme enfant, ne vous courroucez
pas, car nous le ferons bien venir plus long. »
« Vous en parlez bien comme enfant, » dit
Joseph en croulant la tète comme homme
ancien. Et derechief, lui dit Notre-Seigneur :
« Mon père, tire de là et moi deçà, si verrez
comme je vous aiderai bien. » « El mon en-
fant, dit Joseph, vous êtes trop jeune pour
moi aider ; vous n*avez mie assez mangé du
pain; en ceci n'y faut point d'aide ; il n'y a
point de remède que d'en acheter un autre. >»
A la fin l'Enfant tit tant, que Joseph rcprint
à tirer d'une part et l'Enfant Jésus d'autre
part, et tellement vont tirer et retirer, que
quand Joseph mesura son tref, il le trouva
si très-long, qu'il lui en convint rongnerplus
d*une aulne.
Comment VEnfant Jésus fit des petits oiseaux
(451).
Un jour de samedi TEnfant Jésus s'en al-
lait ébattre Jivec les petits enfants; si print
de l'ardille ; c'est \a terre d<int on fait des
pots. Si en fit de toutes manières d'oiseaux,
comme d'alouettes, d'étourneaux,popc^ais,
i.neile-, sardines, passei*eaux et rossigneux ;
si leurd nna du blé, les oiseaux le mangè-
rent, et quand le? enfants ihs Juifs les cui-
daieut prendre, ils s'envoulaient. Dont les
(iSO) Evangile de Thomas, cli. 45, col. iMo.
Livre de la ^aiêsance de la bienheureuse Marie et de
l'Enfance du Sauveur, cli. 5H,col. 1084.
(451) Evanqilêde rEnfnnce, ch.S6 et 49, col. 10)1
Juifs furent moult ébahis, s^émerveillèrent
grandement, et réprimandèrent fort Jésus,
car il les avait faits le samedi, et incontinent
ceux qui l'avaient blAmé devinrent avenji'i«^s.
Lors les Juifs vinrent h Joseph niouU \t -
contre lui et qu'il faisai.l peehié quan J i' '
apprena't à son Enfant Jésus le liion ei r
f)as le mal , et tantôt Jnsepli si s'en alla v* r^
Noire-Seigneur pour le tenser, et sitôt .pie
Jésus le vil venir, il fit retourner la veue n
ceux qui étaient aveugles, et Joseph le prinl
par la main et l'emmena à rbôteU
Comment Jésus porta Veau en son chaperon
(452).
Quand Jésus eut six ans, sa mère si l'en-
voya quérir un jour de l'eau à la fontaines
advint que la cruche se rompit en clieuun.
Si print son chaperon, le remplit d'eau et
l'apporta à sa mère. Les voisins voyant ceci,
se donnèrent grande merveille de ce que
son chaperon tenait l'eau ainsi bien que la
cruche.
Comment Jésus porta le feu dans son giron.
Outre plus advint que Noire-Seigneur al-
lait un jour quérir du feu en l'hôtel d'un
marchand dont il y eut un varlet qui était
mauvais garçon qui dit à l'Enfant Jésus qu'il
n'en emporterait point, sinon qu'il l'em-
portât dans son giron : «iJ'en suis content,»
dit TEnfant Jésus. Adonc le bon varlet si lui
mit des charbons dedans son giron dont le
doux Enfant Jésus l'emporta aussi douce-
ment comme si ce fussent poires, sans
en avoir sa robe gâtée; de quoi le marchand
et le varlet en furent moult ébahis.
Comment VEnfant Jésus fit pots de terre.
Un autre jour advint que Notre-Seigneiir
regardait une vieille qui faisait doules {tic)
et pots de terre, laquelle vieille lui parla
raouItrudcmentdisant:«i Va- t'en d'ici, garçon
mauvais: n'as tu pas honte demuser ici? ȣi
quand lavieillefut Atéede là, Notre-Seic^tieur
prit les doules qui n'étaient pas cuit s, et les
mit en pures pelolles; et quand la vieille
revintàson ouvrouir, elle fut moult ébahis
et spécialement quand vit l'ouvrage qui ét<iit
gâté de l'Enfant Jésus. Si s'en alla h Notre*
Dame criant et braïant comme une fol> :
«Eh? dame Marie, dit la vieille, votre fils J^-
sus m'a fait un très-grand dommaige. — Ne la
croyez point, dit Jésus ; allez avec elle pour
voir si elle dit vérité. » Lors Notre-Dame
print son enfant par la main et dit ^ ia
vieille : « Allons voir, ma mie, ce (pie vous
a fait ce bon enfant. Car si vous a fait doin-
mai^e, je le paierai bien.» El quand ils fo-
rent en Touvrouir, ils trouvèrent des pots et
doules les plus beaux que oncques furenl
faits, ni douze ouvriers n'en eussent pas i^uu
fait en quinze jours. Adunc la vieille voyant
cl tOO;i; Nativité de Marie, ch, 27, col. i079.
(45â^ Evangile de Tliomait. ch. Il, cul. 1145;
Livre de la Naiêêance de la bienheuru$e Uarifttàs
ttt Satiritédii Sauveur, ch. SS, col. lUti*».
^1
JIES
PART. IH. LEGENDES ET FRAGMENTS.
JES
389
cela, segeDOuilIa devant PËnfanlJésus el le
remercia.
Comment Notre Seigneur fat teinturier (^53).
Er la TiHe avait un teinturier qui était re-
nommé le meilleur ouvrier du pays. Tous
les marchands lui portaient tant de draps
pour teinire, que à peine lui souvenait de
quelle couleur chacun marchand voulait son
drap; car Tun le voulait gris, Tautre rouge,
l'autre vert, Tautre noir, l'autre jaune et
Taulre crimelin. Advint un jour que entre
tierce et midi, le maître-teintuner com-
manda àsesvarlets qu'ils missent chacundrap
d'une pari el chacune couleur en la chau-
dière; ce fut fait elpuis s*en allèrent disncr.
L'hnfaat Jésus s'en alla en la boutiijue du
(einlurier, et print tous lesdraps qu*il trouva
et les mit tous dedans une chaudière qui
était pleine de teinture noire, et fil si grand
feu que tout fut ars et hrusié. Puis il print
toutes les couleurs, comme graine d'écar-
laie, Lrelytz, verd perse, inde, Qourée rouge,
izure» vermeillon minin, ancre blanc de
pulle, alium etsuscet, et va mettre tout en-
semble dedans une chaudière; puis s'en alla.
Et ainsi qu'il s'en allait de la l)Outi(]ue, il
rencuntra un des varlets du teinturier, le-
auellaidit:«D'oùviens-lu7i> EllorsJésusIui
n^pondit rien, mais s'en alla autant qu'il
l'UUTait faire le trop. El quant le maître
eulra en la boutique, il ne trouva nuls draps.
«Hélas ldit-il,j*ai étédéroubé et ai perdu ce
qui n'était pas mien, et aussi les couleurs
que j avais laissées, les diables les en ont
portées. Elles valaient plus de cent marcs
d'argent. Qui les a roulées? —Je ne sais, di-
saient les varlets ; nous n'avons vu personne
entrer céans fors que celui Enfanl Jésus, fils
de Marie. — Hélas liiit le preud'hoiume, celui
enfant ne pourraii faire tant de dummaige.
Il it'eust peu porter le moindre drap qui fut
en cette place.» Lors ils se mirent è chercher
devant et derrière tous les draps. Dont le
maître en eut si grand deuil que il cheut en
arrière, car tous les draps étaient brusiés cl
ars. «Uélas, dit le maître, qui m'a fait ce
dommaige, el ainsi gâlé mon ouvraige? Je
ne tiens à nuili {sic) tort, mieux me vaulsist
élreniorl.— Âdoncques, ditunvarlet, jecrois
ceriaine(uent que ce a fait TEnfant Jésus.
— ELjueen ferai-je?dil le maître; je ne sais
pas hien qui m*(n fera raison de la value
tj'un hocton; car j'ai toujours ouï dire de
fous et d'enfants ('^54), se doit-on souvent
garder; car s'ils font mal ou bien ils ne fail-
ientderien;*je ne m'en fusse jamais gardé :
Or suis-je pauvre à loul temps. » Mais lors
vont dire les varlets : « Sire, ne vous décon-
forlez pas, mais à son père Joseph contez la
vérité, et lui dire que le méfait veuille
amender. » Si ce vinrent lors .ploranl et
criant devant Notre-Dame et Joseph, les-
quels furent moult dolanls quant ils ouïrent
conter les nouvelles et le dommaige si grand,
((53) Evangile de rEnfame, cli. 57, col. iOOi.
(454) De fol et d'enfanl se doit-on délivrer, an-
cien proverbe cité par M. Leroux de Linrj, dans
1
c Cerles, dit Joseph au teinturier, vous me
semblez preud'homme; je crois que vous ne
me diriez jamais mensonge, mais, s'il vous
plaist,je veux] aller voir ce dommaige, » et
tantost s'en vont en la boutique. « Monlrez-p
moi, dit Joseph, les draps. — Cerles, dit le
teinturier, ils sont tous ars. )» Adonc Joseph
commanda atix varlets que los draps fussent
jetés hors de la chaudière, et quan J les draps
furenl étendus, ils virent qu'il n'avait rien
perdu, et furent de si belle couleur que ja-
mais n'avail veu de meilleure; car chacun
drap était de couleur qu'il devait être, el en
chacune, chaudière trouvèrent sa couleur, et
jamais ne virent point de meilleure. Adonc-
ques le teinturier devant Jésus s'agenouilla
et doucement le remercia.
Comment Jésus jeta hors du puits un enfant.
Dit l'histoire : Il était un riche qui avait
un grand puits en son hôtel. Son ûls cheut
dedans le puits dont il fut bien doulanl, et
aussi tous les parents. Et ût venir tous les
compaignons de la cité pour son enfant ser-
chier. El ainsi que Notre-Seigneur passait
»ar une rue, il oit les cris et les nleurs que
.'on faisait en celui hôlel. Si va dedans en-
trer et demanda au père de l'enfant pour-
quoi il menait doleur si grande. Répond le
père:w( Las I j'ai doleur amère, car trois jours
ont mis mes yeux è pécher mon enfant oui
est dedans ce puits noyé. » Adoncques Jé-
sus devant toutes les gens, sans dire mot, en
un coup dedans le puits sauta, et aprè« s'en
monta, et sur son col l'enfant porta dont le
)*ère en eut très -grande joie. Si loua Jésus
tout-puissant et remercia. -
Comment VEnfant Jésus ressuscita V enfant de
leur voisine.
Advint une autre fois que l'enfant de leur
voisine mourut dont la mère en menait
srand deuil. Jésus alla par pitié, si toucha
1 enfant en disant : « Enfant, lève toi et
parle à la mère;*» et incontinent renfant|res-
suscita. Adoncques Jt'sus dit à la mère de
l'enfant :« Femme, garde ton enfanl et te sou-
vienne de moi ; » et quand les Juifs virent ce
miracle, disaient entre eux que Jésus était
ccleslial.
Je laisserai à parler de cette matière, et de
celle enfance lesquelles ne sont point ap-
prouvées; pourtant Dieu peut plu? faire que
je ne saurais écrire, dire, ne [)enser.
(Ici commence le retour de Jésus à Beth-'
léem.)
Dans le trajet de Marie et Joseph avec le
Sauveur pour TEgyple, on rapporte ce qui
suit ;
Mario et Joseph n'avaient point d'argent
et il leur fallait pourter leur enfanl et fuir
en étrange pays el déserts sauvaiges et che-
mins terribles où ils trouvèrent des larron»
son ouvrage sur les Proverbes fran fais, Paris, IS42,
t. 1»p. 158.
583
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Z^%
dont il en eut un qui leur fit bonne chière
en les renroyanl moult doucement, et leur
montrait le chemin, et dit^onque ce fut le
bon larron qui fut sauré à la Passion de No-
tre-Seignecr. Ainsi après que Notre-Dame
cheminait, ils vont trouver un laboureur
qui séminait du bié. L*enfant Jésus mit la
main au sac et jeta son plein poing de blé
au chemin; incontinent le blé fut si grand
et si raeûr que s*il eût demeuré uu au à
croître» et quand les gens d'armes de Hé-
rodes qui queraient l*enfaat pour Toccire,
vinrent à celui laboureur qui cueillait son
blé, si lui vont demander s*il avsit point tu
passer une femme qui portait uu enfant :
« Oui, dit-il, quand je semais ce blé. » Lors
les meurtriers se pensèrent ao'il ne savait ce
qu'il faisait, car il avait près d*un an ']U6
celui blé avait été semé, si s*en retournèraDt
arrière.
De nombreuses légendes apocryphes se
répandirent à Tégard de Jésus-Clîrist ; on
voulut sur bien des points suppléer à la
divine simplicité des Evangiles. Un de ces
récits n9u$ a été conservé par un écrivain
grec. Suidas qui compila un Lexii^ue au
XI* siècle; voici ce que nous v lisons à
l'article Jésus. (T. II, p. 105, de Pédilion de
Kuster, Amsterdam, 1705, 3 vol. in-folio.)
« Aux temps du très-religieui empereur
Justinien, il y eut un homme prince des
Juifs nommé Théodore, qui était connu de
beaucoup de Chrétiens et de ce pieux em-
pereur que nous venons de nommer. A la
même époque, il y avait un Chrétien, nommé
Philippe, argentferde son état, qui était in-
time ami de Théodore et qui Texhortait à se
faire Chrétien. Un jour ce Philippe adressa à
Théodore les paroles suivantes : «Dis-moi,
je te prie, pourquoi toi qui es un homme
sa^e, et qui connais fort bien ce que la L')i et
les Prophètes annoncent au sujet de Jesus-
Christ, tu ne crois point en lui et tu ne de-
viens pas Chrétien 7 Jesuis persuadéque, lors-
que tu te seras bien rendu compte des choses
qu*annonce TËcriture sainte au sujet de
1 avènement deNotre-Seigneur Jésus-Christ,
tu ne repousseras pas la loi chrétienne.
Hâte-toi donc de sauver ton âme en croyant
à Nutre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ et
en ne persévérant pas dans l'incrédulité qui
te ferait mourir parcondamnationéternelle.»
€ Le Juif, ayant entendu ces paroles, loua
le Chrétien, et lui ayant rendu gr&ces, il lui
parla ainsi : « Je regarde comme une preuve
de ton affection pour moi que tu te préoccupes
du salut de mon âme, et que lu t'efforces par
tes exhortations de me rendre tlhrétien.
C'est }>ourquoi je t'exposorai sincèrement
et sans mensonge les secrets de mon âme,
parlant comme devant Dieu qui connaît et
contemple les secrets des cœurs. Je suis
certain que le Christ prédit par la Loi et par
les Prophètes et qui est adoré par vous au-
tres Chrétiens, est venu, et je le reconnais
franchement, en le parlant comme à un
ami sincère et qui m est très-attaché. Mais
des raisons humaines s'opposent à ce que
je devienne Chrétien, et je m'en blâme moi-
même. Professant en ce moment la religion
judaïque, je suis le prince des Juifs et je
jouis do grands honneurs et d'amples reve-
nus ; je possède en abondance tout ce qu'il
faut pour passer heureusement la vie. Si
je devenais le patriarche de l'Eglise catholi-
que et si j'obtenais ae vous les magistra-
tures les plus élevées et les
<r Pour ne pas perdre les plaisirs de cotte
vie, je ne m inquète pas de la vie future
et j'avoue que je pèche en cela. Et |»our le
prouver que ce quuje te dis est vérilo')!^
je te révélerai un secret q<n est conservé
avec mystère chez nous autres Hébreux et
d'après* lequel nous savons que le Cfiri>l
que, vous autres Chrétiens, vous adorez, esi
celui qui a été prédit par la Loi et les Pp>
phètes. Voici l'explication de ce myNlèrc:
Aux tcm[)S anciens lors(|ue le temple de
Jérusalem était en construction, il y avaii
une coutume parmi les Juifs qu'il demeura
dans le lemp'e autant de prêtres qu'il y a de
lettres dans notre al))habct, c'est-à-dire vin^i-
deux. Tu sais que nous comptons aussi vin^t
deux livres inspirés par TEsprit de Dieu. U i
registre était déposé dans le temple, et cha |ue
prêtre y était inscrit avec le nom de ^ot
père et odui de sa mère. Quand un des
prêtres venait à mourir, les autres se réu-
nissaient dans le temple et, par un suffrage
commun, ils nommaient un autre prêtre tu
remplacement du défunt, aQn que le nouib e
de vingt-dolix fût toujours au complet. Oq
conservait aussi sur le registre la date du
jour du décès du prêtre qui était mort, et
auel était celui qui I avait remplacé, et quels
étaient son père et sa mère. Et tan lis que
cet usage subsistait chez les Juifs, il advint
qu'au temps où Jésus était dans ta Juiée,
un des vingt-deux prêtres mourut avaul que
Jésus ne se fût manifesté et qu'il n'eût ap-
pris aux hommes à croire en lui. Les autres
prêtres se réunirent pour nommer celui qui
devait occuper la place du défunt. Et quand
chacun proposait l'homme qu'il jugeait di-
f;ne de remplir cette fonction, les autres
e repoussaient comme n*étant pas assez
pourvu des qualités que devaient eu avoir
ceux qui étaient appelés à ce|sacerdoce. Lors
même qu'il était sage et irréprochable sou^
le rapport de la vie et des mœurs, s*il n'i^
tait pas parfaitement instruit dans la Loi et
les Prophètes, il était jugé comme imprui^re
à la diguittS dont il s'agissait. Beaucoup de
prêtres ayant été successivement pro(K)sés
et rejetés, un prêtre se leva, et se tenant au
milieu des autres, il dit : « Voici que vous
avez proposé beaucoup de prêtres, et tou>
ont été regardés comme n'étant pas aptes
à être élevés h la dignité que vous avj'2
en vuo. Ecoutez donc ce que j'ai h vous
JES
PART. m. LEGENDES ET FRAGMENTS.
JES
390
Jiie au sujet de la nomination qu'il faut
faire |»our remplacer celui qui est mort, et
je pense que vous ne désapprouverez pas
mon opinion, v Les autres prêtres Payant
engagé k parler, |il dit : « Je veux nommer
à la place du prêtre décédé Jésus, fils de
Josopb le charpentier; il est encore fort
jeune, mais il se recommande par son élo-
quence, par sa vie et par ses mœurs. Je
pense qu'on n'a encore vu aucun mortel
qui ait été son égal sous le rapport de las a-
gesse et de la pureté de vie, et je pense
que, pour vous tous qui habitez Jérusalem,
('est chose connue et à l'abri de toute con-
troverse. 9
« Les autres prêtres, ayant entendu ce
discours, y applaudirent et approuvèrent
ravis qui venait d*être émis, et ils dirent
que, mieux que tout autre homme, Jésus
^lait apte au sacerdoce. Quelques-uns di-
saient cependant qu*il n'était pas de la tribu
(leLévi, mais de celle de Judas, parce qu'ils
le regardaient comme le flis de Joseph (c'est
air>si que l'appelaient les Juifs] et ils sou-
tenaient qu'il ne pouvait être appelé à cette
fonction sacerdotale, puisqu'il n'était pas
(le la tribu de Lévi. Mais le prêtre qui l'avait
proposé répondit que sa race était mélan;zée,
ar autrefois ces deux tribus s'étaient mêlées
ensemble, et de là provenait la race de
Joseph. Les autres prêtres, ayant entendu
celle opinion, Tapprouvôrent, et d'un accord
unanioie, ils convinrent de mettre Jésus à
la place du prêtre qui était mort. Et comme
il était d'usage qu'on écrivit sur le registre,
non-seulement le nom du prêtre désigné,
mais encore celui de son père, et de sa mère,
quelques-uns dirent qu'il fallait d'abord
appeler les parents de Jésus et connaître de
leur propre bouche leurs noms et recevoir
lour témoignage pour savoir si celui qui
était désigné pour remplacer la fonction sa-
cerdotale était bien leur Gis.
« Cette résolution fut approuvée de tous,
et celui qui avait proposé Jésus dit alors
que Joseph, le père de Jésus, était mon,
ei que sa mère seule vivait encore. Tous
pensèrent alors qu'il fallait appeler sa mère
^ leur réunion et connaître d'elle si elle
était la mère de Jésus et le nom du mari
(le qui elle avait engendré Jésus. Ils appe-
lèrent donc la mère de Jésus et ils lui dirent:
• Un prêtre est mort et nous avons résolu de
noiuiuer à sa place ton fils Jésus, et comme
l'usage est que le nom du père et de la
mère soit écrit sur nos registi es, dis-nous
si Jésus est ton fils et si tu l'a^ engendré. »
Marie, ayant entendu ces paroles, répondit
<iux prêtres : « Je confesse'que Jésus est mon
Dis; c'est moi qui l'ai engendré, et il y a
des hommes et des femmes encore en vie
qui ont été présents lorsque je l'enfantais
et qui peuvent à cet égard rendre témoi-
gnante. Mais je vous montrerai, si vous vou-
lez, par des arguments certains, qu'il n'a
point de père sur la terre. Lorsque j'étais
vierge et quo je résidais en Galilée, l'ange
de Dieu entra dans ma chambre où j'étais
éveittée et non livrée au sommeil, et ii m'ap-
porta l'heureuse nouvelle que j'engendre-,
rai de l 'Esprit-Saint un fil« auquel il me
prescrivit ue donner le nom de Jésus. Etant
vierge, et ayant eu cette vision, je conçus et
j'enfantai Jésus, et je suis restée vierge jus-
qu'à ce jour, même après avoir enfanté, n
« Les prêtres, ayant entendu ces paroles,
firent venir des sages-femmes dignes de loi
et leur ordonnèrent de rechercher avec soin
si Marie était encore vierge. Elles, convain-
cues de la vérité du fait, affirmèrent qu'elle
était encore vierge. Il vint aussi des femmes
qui avaient été témoinsde son accouchement
et qui déclarèrent qu'elle avait mis au monde
Jésus. Les prêtres, saisis d'admiration par ce
qu'avait dit Marie et ce que déclaraient les
témoins, dirent à Marie; « Parle-nous fran-
chement pour que nous apprenions de ta
bouche quel est le père de ton enfant, afia
de l'inscrire sur nos registres; nous ins«
crirons ce que tu nous auras dit et non autre
chose. V Mais elle leur répondit : « C'est vé-
ritablement moi qui l'ai enfanté, ignorant
son père sur la terre, mais j'ai appris de
l'ange qu'il était le Fils de Dieu. C'est donc
mon fils, de moi qui m'appelle Marie et le
Fils de Dieu, et je suis vierge et n'ai jamais
eu de mari. »
« Les prêtres, ayant entendu ces paroles,
firent apporter le registre et transcrivirent :
< Ce jour est mort le prêtre un tel, fils de tel et
de telle, et d'un suffrage unanimi9, nous
avons désigné à sa place Jésus, Fils de Dieu
vivant et de Marie, vierge.» Ce registre, au
temps de la prise du temple et de Jérusa-
lem, fut conservé par les soins des princes
des Juifs et déposé dans la ville de Tibé-
riade; et ce mystère n*est connu que d'un
irès-petit nombre de fidèles d'une autre na-
tion. Il m'a éîé révélé comme au prince et
au docteur des Juifs. Ce n'est donc pas seu-
lement par la Loi et les prophètes que nous
savons que le Christ, que vous autres' Chré-
tiens adorez, est le Fils du Dieu vivant, venu
sur ta terre pour le salut des hommes ; c'est
aussi d'après le témoignage qui a été con-
servé jusqu'à ce jour à Tibériade et qui
y est encore déposé.
« Le Chrétien ayant entendu le Juif s'ex-
primer ainsi, fut animé d'un zèle divin et
lui dit: <K Je dois me hâter de rapporter fi-
dèlement à notre pieux empereur ce que tu
m'as appris, afin qu'il écrive à Tibériade, et
qu'il produise au grand jour ce registre dont
tu parles, confondant ainsi l'incrédulité des
Juils. » Mais le Juif répondit : t Pourquoi
veux -tu t'engager ainsi à apporter cette
nouvelle à Tempereur, sans refléchir aux
conséquences qu'elle peut avoir 7 Si ce que
tu demandes s'accomplissait, il s'élèverait
des guerres terribles, et des massacres en
seraient la suite. Et les Juifs, lorsqu'ils se
verront opprimés par les armes, brûleront
l'endroit où est déposé le manuscrit, et nous
aurons ainsi travaillé en vain, l'événement
ne ré] ondant point à nos eûorls, et nous au-
rons été la cause d'un grand carnage Je t'ai
révélé ces choses comme à un atui affec-
tionné et sincère, afm de te montrer que c^
5S7
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
D*élait pai par ignorance , mais par une
vaine gloire qaeje repoussais le christia-
aisme. »
• Lo Chrétien ayant entendu les paroles
du Juif, et les croyant vraies, n'informa pas
Tempereurde ce qu'il avait appris, de peur
que ce t^rand et Gdèle monarque, enflammé
aun zèle divin, n'ensanglantât ses mains par
le meurtre de beaucoup d*bommes, et oue
l'événement ne répondit pas è ses vœux. Il lit
part toutefois de ces circonstances à un grand
nombre de ses connaissances et de ses amis,
et nous les apprîmes ûfis gens auxquels ce
Philippe, Targenlier, les avait annoncées;
nous nous occupâmes alors avec zèle de re-
chercher si ce que le Juif avait dit était vrai.
Nous trouvâmes que Josèphe, qui a raconté
la guerre de Jérusalem (et dont Eusèbe fait
souvent mention dans son Histoire ecclésiasti-
que)^ avait dit, dans ses commentaires sur la
Guerre judaïque, que Jésus avait célébré
dans le temple le service avec les prêtres.
Ayant trouvé que ce fait était relMé par
Josèphe, écrivain ancien et proche du temps
des apôtres, nous dirigeâmes notre atten-
tion sur la question do savoir si son asser-
tion était corroborée par l'autorité de l'Ecri-
ture sainte. Nous trouvâmes dans l'Evangile
selon saint Luc, que Jésus était entré dans
la synagogue des Juifs et qu'on lui avait re-
mis le livre, et qu'il avait lu la prophétie
d'isaïe qui dit : a L'esprit dû Seigneur est
sur moi; c*esi pourquoi il m'a oint et il m'a
envo^^épour apporter aux pauvres une bonne
nouvelle. » Nous eûmes la pensée que, si
Jésus-Christ n'avait pas rempli chez les Juifs
quelque fonction sacerdotale, il ne serait pas
arrivé qu'on lui.eût remis dans lasyna^o-,
gue un livre pour qu'il en fît la lecture de-
vant le peuple qui Técoutait. Car, chez nous
autres Chrétiens, il n'est permis à personne
de lire au peuple les livres de l'Ecriture
sainte, s'il n est pas admis dans le clergé.
Ainsi, dans les écrits de Josèphe, aussi bien
que d'après le récit de saint Luc, il est clair
que le Juif Théodose n'a pas imaginé ce qui
a été rapporté précédemment, mais qu'il a
franchement et naïvement rapporté è. l'ar-
gentier Philippe^ comme à un ami sincère,
un mystère tenu secret chez les Juifs, h
Le Coran reuferme de nombreux récits au
sujet de Jésus-Christ ; ils ont fait l'objet de
quelques travaux spéciaux :
Compendium historicorum eorum quœ Mo-
hammedani de Christo tradiderunt^ auctore
Levino Warnero, Leyde, 1643, in-4*.
Chriêtologiœ Korani lineamenta^ disser-
talio à J. G. Augusti, Jena, 1799:
Versuch einer Darstellung der Christologie
des Koran, von C. D. Gerock, Ifamburgh,
1839, in-8*. (Ce travail deixetU2 pages se di-
vise en deux parties, l'hisloiro et le dogme.
La première comprend l'histoire de Jésus-
Christ d'après le Coran et tous les passages
du Coran qui concernent les apôtres; la
seconde expose la doctrine du Coran sur
la personne et la doctrine du Sauveur.
Les auteurs musulmans ra()nortent diver-
ses paroles qu'ils attribuent au Sauveur et
que nous n'avons pas.
• Levin Warner {Notœ ad eenluriam proter^
biorum Bersecorum^ Leyde, 164fc, in v) en a
recueilli quelques exemples que nous meo*
tionnerons d'après lui :
« Jésus, le tils de Marie, sur lequel soil la
paix, a dit: « Celui qui convoite les richesses
est semblable à celui qui boit de l'eau de la
mer; plus il en boit, plus sa soif augmente,
cl il ne cesse de boire jusqu'à ce qu'il pé-
risse. »
« Jésus, fils de Marie, dit à Jean, fils de
2acharie : « Si quelqu'un parlant de toi lit
des choses vraies, loue Dieu ; s'il dit des
faussetés, loue Dieu encore plus,* car les
bonnes œuvres seront accrues dans le cata-
logue de tes œuvres sans aucune peine de
ta part. »
« Jésus, de bienheureuse mémoire, vit un
jour lo monde sous la forme d'une vieille
femme décrépite et il lui demanda : k Com-
bien as-tu eu de maris?» Elle lui répondu
qu'elle en avait eu un si crand nombre qu oo
ne pouvait le calculer. ^ Ils sont donc morts, •
répondit Jésus « it ils t'ont quittée. >£lle
répondit: « Je les ai tués et détruits, b Alors
Jésus lui dit : « Il est étonnant qu'il y en au
encore d' assez insensés pour avoir encore
de l'amour pour toi, lorsqu'ils voient com-
ment tu as traité les autres, et pour ne pas
profiler de leur exemple. »
« Au temps de Jésus, trois voyageurs, che-
minant ensemble, trouvèrent un trésor.
« Nous avons faim , dirent-ils; que Tua
de nous aille è la ville et achète de la nour-
rilure. » Celui qui alla en chercher se d;t
à lui-même : « Il faut que je mêle du poisoa
h ces aliments afin que mes compagnons meu-
rent après en avoir mangé, et je serai se 1
en possession du trésor. » C'est ce qu'il ÛU
et il mêla du poison aux aliments. Ses com-
pagnons avaient de leur c6té formé le des-
sein de le tuer quand il reviendrait, afin de
rester seuls propriétaires du trésor. Ainsi
lorsqu'il leur apportait des mets empoison-
nés, ils le tuèrent, et ayant mangé, ils
moururent aussitôt. Et Jésus venant A ()as«
seravec sesapAlres, dit : « Voici lacondiiion
du monde. Voyez comme il a traité ces trots
hommes, et après eux il persévérera cepen-
dant en son état. Malheur à celui qui de-
mande le monde au monde lui-même! •
Le célèbre poëte Sadi, dans sonGulision,
attribue à Jésus ces paroles : « 0 Qls de
l'homme, si je te donne la fortune et la pui^
sance, tu te détournes de moi, et tu appli-
ques aux richesses et à la grandeur tous i^'
succès et toute ton étude ; si je te retiù>
pauvre, tu languis accablé de chagrin et ue
soucis : oJ!i trouveras-tu donc la douceur de
mon dme, et quand est-ce que tu t'applique-
ras à mon culte? »
Nous avons, dans le tome I** du Diction-
naire des apocryphes^ col. OTT, mentionné
des légendes relatives au Sauveur et conser-
vées par les écrivains musulmans ; bous ne
les reproduirons (las ici.
On trouve de longs récilSi mais dont l'aa-
389
JE8
PART. III. LEGENDES ET FRAGMENTS.
JES
590
torité est nulle, à Tégard de la vie du Sau-
veur, dans un ouvrage jadis célèbre, la Cité
mystique de Marie d'Agreda (pari, ii, liv. iv,
cliafK^I); Dous lui emprunterons la Jenetirdtf
la sentence de mort que Pilale prononça con-
tre le Sauveur.
« Moi, Ponce Pilate, président de la basse
Galilée, gouverneur ici à Jérusalem ponr
l'empire romain, dans le palais de Tarchi-
présidence, je juge et prononceque je con-
damne Jésus, appelé du peuple Nazaréen,
orij^inaire de Galilée, homme séditieux, con-
traire à la loi, h notre sénat et au grand em-
pereur Tibère César. Et par celte sentence
)e détermine qu*il meure sur une croix,
attaché avec des clous comme on y attache
les criminels, parce qu'assemblant ici, cha-
que jour, plusieurs personnes pauvres el ri-
ches, il a causé du trouble par loute la Judée,
sedisant être le fils de Dieu el le roi d'Israël,
menaçant la ruine de celle aujfusle ville de
Jérusalem, du saint temple et du sacré em-
pire, refusant le tribut à César, et pour avoir
osé entrer en triomphe avec des palmes,
«ccompa^né d^une grande partie du peuple
dans celte ville de Jérusalem et dans le sacré
temple de Salomun. J'ordonne au premier
ceDtenier, appelé Quintus Cornélius, de le
mener par la même ville, avec ignominie,
lié comme il est et fouetté par mon ordre.
Oq lui mettra ses propres nabils afm qu'il
soit connu de tous; il portera la croix à la-
quelle il doit ôlre crucitié. 11 ira par toutes
les rues les plus fréquentées entre deux vo-
leurs qui ont été condamnés à la mort pour
des larcins et des meurtres qu'ils ont faits,
el c'est aUu qu'il serve d'exemple à tout le
peuple et aux malfaiteurs.
«Je veux aussi, et j'ordonne parcelle pré-
sente sentence, qu'après que l'on aura mené
de la sorte ce malfaiteur par les rues, on le
fasse sortir par la porte Go appelée main-
teuaat Anlooiana, et qu'un héraut déclare
tous les crimes exprimés dans celle sentence ;
on le conduira ensuite sur le mont que l'on
appelle Calvaire, où Ton exécute ordinaire-
ment les plus insignes malfaiteurs, et là,
oyanl été cloué et crucifié sur la croix qu'il
Aura portée (comme il a été dit), son corps
demeurera suspendu entre les deux susdits
voleurs. On mettra au plus haut de la croix
le litre de son nom en ces trois langues qui
SODI u)ain tenant en usase; à savoir, l'hé-
braïque, la grecque et la latine, de façon que
chacun dise : C'est Jésus Nazaréen, roi des
Juifs; aQn que tous l'entendent et le cou-
ûaissent. •
«Jedéfends aussi, sous peine de mortel de
contiscationde biens, el d'être déclaré rebelle
h Tempire romain, qu'aucun, de quelque état
et condition qu'il soit, ose empêcher la jus-
tice que j^ordonne de l'aire et d'exécuter
en loule rigueur, selon les lois romaines et
hébrai^^ues. L'année de la création du monde
cinq ualle deux cent trente-trois, le vingt-
ciuquième de mars. Pontius Pilatus^ judex
^ gubemaior Galiteœ inferioris pro Romano
Imperio^ qui supra propria manu.»
Un 'iitérateur zélé, H. Germond de Lavi-
^ne a fait connaître sous un point de vue
Ignoré jusqu'alors la religieuse à laquelle
on doit cet ouvrage; il a publié en J85S
une traduction française de sa Correspon-
dance inédite avec Phitippe /F, roi d Espagne^
(P.iris, A. Valon), et il y a joint une iniro-
duclion historique fort inléressanle. Marie
d'Agreda avait une piéié aussi fervente que
sainte Thérèse, el sous le rapport du talent
elle ne le cé.iail j;uère à l'immortelle canué-
\iie. S'd Cité mystique et>i un livre des plus
remarquables à divers points de vue; les
points les plus diffîtiles des dogmes sacrés
y Sont abordés avec une science étonnante.
Accueilli avec enthousiasme en Espagne,
pays dont le génie particulier se plaît aux
œuvres d'imagination et de mysticisme, cet
écrit trouva en France des contradicteurs
zélés ; on crul y rencontrer des |>ropositions
condamnables, une censure fut lancée el
bientôt suspendue. Nous n'avons pas à nous
occuper ici de cette controverse. M. Ger-
mond de Lavigne a réimprimé, p. 279, un
opuscule du commencement du xviii* siècle,
intitulé : Abrégé des disputes causées à l'occa-
sion du livre qui a pour titre la Cité mystique.
Longtemps après et lorsqu'on croyait celle
controverseoubliée, un théologien de Vienne,
E. Amort, publia, en 1749, un in-quarto inti-
tulé : Controversia de revelationibus agredu"
nis explicata.
M. Germond de Lavigne a reproduit quel-
ques chapitres de la Cité mystique^ tels que
la légendede Nuire-Dame del Pilar, les noces
de Cana, le chemin du Calvaire, la mort de
la Vierge, d'après la traduction du P. Croi-
zel, Bruxelles, 1715. 3 vol. in-/>* ou 8 vol.
in-12; nous y renvoyons le lecteur.
Les ouvrages relatifs à Jésus-Christ for-
meraient une bibliothèque des plus considé-
rat)les; nous ne pouvons avoir l'idée de les
én'imérer tous, nous en signalerons seule-
ment un certain nombre, en profitant des
recherches de M. OEilinger que nous avons
déjà eu l'occasion de citer, el en y ajoutant
quelques détails , résultat de nos investiga-
tions personnelles.
Ludolphus Carlhusianus ou De Saxonis,
Vita Jesu Chrisli, Argent.,;i4.74, 2 vol. in-4%
Norimb.,lW8. fol., Paris., 1511, fol.; Lugd.,
1514, in-4%
Filicaja (Ludovico), Vi la del nostro Salvator
Jesu Chrislo, Venez., 1548, in-4».
Miré (Louis), Vie de Jésus-Christ: Par..
1553, in-16.
Tauler (Johannes), Exercitia super vita et
passione Salvator is nos tri Jesu Chris ti. Par.,
1561, in-8-.
Ciremberg (Joachim), HistoriaJesu CAri-
sti: Région!., J571, in-4'.
Buisstin (Jean du), Historiaet harmonia
evangelica^ seu Vita Jesu Christi ex quatuor
evangelistis in unum caput congesta: llom.,
1571, in-12; Lugd.Batav., 1693, in-12.
Adrichomius (Cbiisiian.). Vita Jesu Chri-
sti ex quatuor evangelistis breviter contexta;
Antw., 1578, in-12.
Wirlb (George), Vita vel Evangelium Jesu
Christi, Dei, et MariœFilii,Salvatori$ mundi,
591
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHBS.
IM
ex quatuor tvangelUiis eonseriptum, , Frr. »
159»» in-fol. (Eilrftmeiueol rare.)
Rebello (Joa6), Vida de Jesu Chriito senhor
N0880 : Evora» 1602, in-&*.
Ricci (Bartholoincoj, Vila D. !f. Jesu
Ckriiti^ ex verbis Evangeliorum in ipsismei
concinnata; Rom., 1607» in-^* (avec 162 figu-
res.)
Lubheri (Sibrand), De Jesu Christo Serta-
ioret A. e, cur et qua ratione Jésus Christus
noster servator sit^ libri iv; Franeq.» 1611,
în-4* (For*, rare.)
Palma (Jonas Germuadi), Sinopxis histo^
riœ JesuChrisii; Holm., 16U, ia-8*.
Bor^hèse (J...) VitœJesu Christi mysteria;
Anlw. Ifâ2, in-8'. (Avec 76 gravures.)
Sanlorelli (Anlonio), Yita di Gesu Cristo
€ di Maria Vergine: Rom. ^ 162S, in-^i^*.; tra-
duit eu allemand : Augsb. 1776, in-S*.
Monlereul (Bernardin de), Vie du Sauveur
du monde, etc. ; Par., 1637, k vol. in-^*. /6id.,
1619, 6 vol. in-8. Ibid., 1651,3 vol. in-S*.
Ibid., 1696,3 vol. ia-8*. Jbid.^ 17&1, 3 voi.
ta-12.
Louis de Dieu, Historia Christi; Lugd.
Bat., 1639, in-4% Cet ouvrage, écrit eu persan
et en latin, sera plus loin i\)i)Jet de quelques
détails spéciaux.
Jean de Paris, Margdrita evangeUcaS,Jesu
Christi D N. vita ; Anlw., 1657, in-4*.
Stanyhursl (WiUiani), Dei imnior(ali$ in
corpore mortali patientis historia ^ etc. ;
Anlw., 1660, in-8-. Ibid. 1664. in-8*. /6ïrf.,
1669, in-8*; CampoduQ., 167V, in-8*. Ibid.,
1677, in-8'; Col. Agr., 1681, in-12. Ibid.,
169i,in-8'. Ibid., 1706, in-8*. Ibid., 17U.
traduit en allem,1722, 17W, 1736, 1777; en
esp. 1836, en flam. 171&, 1770; en bong.
1722; en polon. 1721.
Borja ^Francisco de) Orationes y médita-
eiones de la Vida de Jesu Christo, Bruss. 1661,
in-V.
Ayancini ( Niccolo), Vita et doctrina Jesu
Christi ex quatuor evangelislis collecta, Vien.
Auslr., 16G5, in-12. Ibid., 1667. in.l2. Ibid.,
1673, in-t2. Col. Agr., 1674, in.l2. Ibid.
1678, in-12. Ibid., 1689, in-12; Autw.,
1693, in-12; Par., 1695, in-12; Pa5sav.,S. D.
(vers 1718), in-12; Antw., 1735. in-12; Gand.,
1735, in-12; Venet., 1737, in-12; Gand. ,
1838, in-12; Mutin.. 1838, 2 vol. in-16 : tra-
duit en allem., 1672, 1751, 1820, 1850; en
flam., 1753; en franc., 1671, 1672, 1677,
1679, 1713, 1775;en bong., 1690, 1759; en
ital., 1834.
Gumppenberg (Wilhelm.), Jésus, vir do/o-
roiuê, àfariœ matris dolorosœ Filius, Mo-
naeb., 1672, in-V.
Letourneiii {S\co\as};Histoire de la vie de
N. S. Jé$uS'Christ:Pàv., 1678 : Irad. en
ital., 1757, in-8,.
Masini (Antonio di Paolo) Vita di Gesu
Christo, delta siau santa Madré, de gti apo^
êtoliedi altri sanii: Milan., 1681, in*&*.
Bagge (Fredrik), Disputatio eynodatis de
Jeàu Christo Beo homine; Goibeb., 1688, in-
V.
Saint-Real (César Vicliard de) Vie de Jésue-
CArif^' Par., 1689. io-6.
Lenoble, Dissertation historique et ckrono^
logique touchant l'année de la naissance de
Jésus-Christ : Par., 1693, in-12.
Hruldric ou Ulrich (Jobann. Jacob), fliiro-
ria Jeschuœ Naxareni l écrite en faébreu et
«n latin); Lugd. Bal., 1705, in-8*.
Marti ns (JoaA), Oraeoes e meditacoes di
vida de Jésus Christo; Lisb., 1716. in-8.
Cet ouvrage parait être une tr^ductioa ue
récrit de Francisco de Borja.
Rempis (Tbomas a). De vita et passions
JesuCnsti ex manuscripto bibliothecœ Socit-
tatis Jesu Padtrbomensis; Coi. Agr., 1717,
in-8'.
OtTerhaus (Leonhard), Dissertatio de riu
Salvatoris privala et publica; Gronini;.,
1719, itï'h\
Calmet f Au;;ustin), Histoire de la vie et mi"
racles de Jésus-Christ; Brux., 1721, io-ll
Croizet {Jean), Vie de N. S. Jésus-Christ,
tirée des quatre évangétistes, et celle de la très-
sainte Vierge; Lyon et Par., 1723, in 12.
/6id.,1726, in-12. Ibid., 1732, in-12. Ibid..
1738, in-12. Ibid., 1822, in-12: traduil in
allem, 1738, in-8*; 1844, ia-8*; eu iul..
1733, in-12.
Koecher (Johann. Christopb), Bislom
Jesu Christi e scriptoribus profanis; jcus.,
1726. in-8..
Driessen (Anlon), Jésus nascens, patient
et moriens,resurgens, in calum ascendens ei
ad dexteram Patrie sedens, Spiritum «un-
ctum effundens] Groning., 173i«in-4*.
Poiin (N... N...), Histoire de la vie de S. S
Jésus-Christ, selon les quatre évangétistes.
Par., 1743, in-18.
Hebenstreit (Johann Ernst.), Vita Ckrisu
aescripta; Lips., 1751, in-4*.
Ca:»tro ( Joaô Baptisla de) Vida de Jesé
Christo; Lisb., 1741, in-4*.
Masini (Carlo). Vita di N. S. Jesu Christo;
Rom., 1759, in-8''; Milan.,1837, 2 vol. inlG
Tricalel (Pierre- Joseph), Précis histori-
que de la vie de Jésus-Christ, de sa doctrint,
de ses miracles et de rétablissement de s-fu
Eglise; Par., 1760, inl2; ibid, 1777, in-
12.
Grisot ( Jean-Urbain ), Histoire dt la rit
publique de Jésus -Christ; Besanc. S. 1>
(1765),2 vol. in-12. — Histoire de la sainit
jeunesse de Jésus-Christ, tirée de rErang\l\
etc.; Besançon S. D. (1769), 2 vol. in-!l-
Histoire de la vie sounrante et glorieuse ih
Jésus-Christ^ dis la dernière Pdque jusqu à
son ascension, etc. ; Besançon 8. D. (177U • i
parts, in-12^ Ces trois ouvrages de Gri» i
ont été souvent réimprimés.
t Lign V (François de). Histoire de la tie de
ff. S. JesuS'Chnst, depuis son incarnation jus-
que son ascension, etc. ; Avig., 1774, 3 v<>!.
in-8*; Par., 1802—04, 4 vol. io-4*; Ibid.
1823, 2 vol. in-8« ; Ibid., 1825, 3 vol. in 11
Avig. 1825, 3 vol. in-12; Lvod, 1829, 2 v..'.
in-12 ; ibid., 1830, 2 vol. in-b* ; Par., 1830.
3 vol. in-12; Ibid., 1853, 2 vol. in-12: tra-
duit en allem., 1843, in-8*.
Werner (A... O...) Jésus in Talmuds:
Stadaa. 1791, in-4*.
Dutour (Etienne François), Vita Chrisliel
395
JKS
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JES
591
concordia Evangelistarum ; Riom, ITSS» in-
12; Mogunt., 178b, in 12 : Riom, 1820, în-
l2;tra(l. en franc., 1787, in-12,
Bahrdt (Cari Friedrich), Fueta et res geitw
JesuChrisli ex qiuituor evangtliii; fieroL,
1787. in*.
Compflns (N... N...) Histoire de la vit de
Jésus-Christ ; Par., 1788,2 vol. in-12.
Tisset (François-Barnabe ) , Abrégé des
principaux événements de la vie de Jésus--
Chritty en vers^ à l'usage des fidèles croyants.
Paris, an • IV, in 8*. (Opuscule rare et que
nous n'indiquons que comme un triste exem-
ple des aberrations Je l*époque révolution-
naire.)
While (Joseph), Diatessaron^ seu intégra
hisloria Jesu Christi ex quatuor etangeliis ;
Oion., 1800, in-8*.
Marsella(Domenico Antonio), Vita e dot'
trinadiGesûChristo: Rom., 1814, in-8-.
Valverde (Pedro Fernandoz) Vie de Jésus-
Christ, Dieu-Homme^ Irad. de l*Esp. par
TabM Régnier ; Angers., 1825, 5 vol, in-8\
ftiJ.. 1828, 5 vol. in-^'.
Trento (Francesco), Storia délia vila di
GauCristo: Udine, 1825, in-8\
Perlusati (Francesco) Storia délia vita di
€(ià Cristo^ dedotta dai quatri evangeli :
Milan, 1826, 3 vol. in- 12.
Coudoul (Jean-François -Hilaire),Fi> de
Jésus-Christ^ d'après' la concorde évangéli^
que, etc.; Par., 1827, 3 vol. in-32.
Cesari {Antonio), Vita di Gesà Cristo;
Milan, 1829, 6 vol. iu-12.
Marina ^(Martinez), Historia de la vida de
nuestro senor Jesu Cristo , etc. ; Zarasr ,
liWi * lol. in.8-.
Kuechler (Cari Gaslav.), Vila Jesu Christi;
Li})s., 1835, in-8*.
Gcnoude ( Antoine de } , Vie de Jésus-
Christ; Par.,18&l, 2 vol. in-S".
Rérny (Am...), Jitudes sur Jésus Christ ;
Par., 1841, iii-8-.
KoUhoff ( Ernest Wilhelm.), Vita Jesu
(hristi, a Paulo apostolo adumbrata; corn-
meniatio, Hafn., 1852, ^n-8^
Brispot (N... N...),.Fi>rfe N.-S. Jésus-
Christ, écrite par les quatre évangélisles ;
«rui., 1852—54, in-fol.
Lachèze (Pierre), Vie de N. S. Jésus-Christ,
oui Evangile dans son unité; Par., 1853, in-
8' (illustré de 36 gravures en acier.)
l^içard de Saint-Adon (François), Histoire
»«ïpi« et cJironologique des voyages de Jésus-
Christ ;?jr., 1740, in.l2.
Riesling (Johann. Rudolph.), Commentatio
de' Jesu Nazareno ingrata patria exule;
Ih)8., 1741, in 4*.
Voyages de Jésus-Christ ; Paris, 1837, in-
^•| trad. en Allem., 1838, in-8'.
. L'histoire de Jésus-Christ a fourni le su-
jet de diverses compositions dramatiques
uont les auteurs se proposaient un but d*é-
'rtlicalion; une appréciation plus sévère re-
jPllerait aujourd'hui ces tentatives, qu'il faut
••nmager en se mettant au point de vue des
t'poques où elles se produisirent. Voici les
'lires d'un certain nombre de ces ouvrag» s,
lombes pour la plupart dans l'oubli :
Diction?!, des Apocrtpbks. II.
Traqœdia de passions Domini nostri Jesu
Christi quœ Theoandrathanatos inscribttur,
perJ.J.QuintianuoiStoamfContiQuinzuno),
Alilan« 1508, in-4% et dans les Christiana
opéra de cet auteur, Paris, 1514, in-folio.
Christus, tragœdia, parCoriolanMartiranî,
évoque deCosenza;Naples, 1556. Il y a une
réimpression faite à Parme, 1786, in-8*; le
texte latin est accompagné d'une traduction
italienne en vers.
Stepbani Tuccii (eSocieta'e Jesu) Christus
judex; Munich, 1697, in-12.
Parabata vinctus, sive iriumphus Christi,
tragœdia; Paris, 1595. in-8*.
Jesulus, comœdia sacra de nativitate Domi"
ni; facta et acla a M. Henrico Hertzvigio *
Marbourg, 1628, in-8*.
Sacrœ eclogœ, seu idyllœ de Jesu Christo,
nuclore A. de Champ Renaud; Bernœ, 1706,
in-8-.
Jésus scholasticus , auct. G. Mucropedio;
Ulrecht. 1556, in S\
I Christus triumphans, comœdia apocatyptica,
auctore J. Foxo; Bâle, 1556; Londres, 1672.
II en existe une traduction française par
Jacques Bienvenu (nom supposé), Genève,
1562. (Poy. sur cette pièce rare la Biblio-
thèque du théâtre français , 1756 , t. 111,
p. 236 239.)
De passions Domini comœdia^ par G. Mrcro-
pedius({)ièce si rare queM.de Soleinne n'a-
vait pu s'en procurer un exemplaire pour le
placer dans son immense biblothèque dra-
matique.)
Nous rencontrons, dans l'ancien théfttre
religieux de ritalio : Rapresenlalione délia
Passione di nostro Signore Gesù Christo; il
en existe plusieurs éditions; Rome, 1515;
Venise, 1525, etc. Elles présentent entre
elles des diiférences assez sensibles
Rapresenlazione delta resurrezione di
nostro Signore Gesû Christo ; Florence ,
1587, in-4-.
La Resurrezione di Christo, rapresenta*
zione in verso sciolto, composta d£(l Padre fra
Benedetto Cinquanta ; Milan, 1617, in-12.
La littérature française nous présente Xa
sanglante et pitoyable tragédie de nostre
Sauveur Jésus'Christ (poëme tragique en
vers), par Denis Coppée; Liège, l624,in-8%
très-rare.
La mort de Théandre, ou sanglante tragédie
de la mort et Passion de Nostre Seigneur Jé-
sus-Christ, (iar Chevillard. On en connaît
plusieurs éditions, Orléans, 1649; Rennes*
1665; Paris, 1694; Rouon, 1701, etc. Elle
est d'ailleurs fort singulière sous le rapport
du style.
La Passion de Nostre Seigneur Jésus Christ^
réduite en vers par le P.Gromzel,de la Com-
pagnie de Jésus, pour être représentée par
les bourgeois de Dinant, l'an 1670 (manus-
crit porté au catalogue So'e nne, n* 1437).
Discours tragique (h onze personnages) sur
la passion de Nostre Seigneur Jésus-Christ ,
Paris, 1674, in-8".
La naissance de Jésus en ffeM/^em, pasto-
rale par frère Claude Macée , Caen, 1729,
in.l2. '
La Passion de notre Seigneur JcsusChristf
13
S9d
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ifC
Ce qui concerne Ift personne du Sauveur
a été traité par divers auteurs dont M. Pei-
gnot a résumé tes \TBYanx dans ses Recherches
sur la personne deJésus^Christ et de Marie (Di-
jon, 1829 , in-8*} ;ilcited*aboril le témoignage
de Nicéphore; cet historien ditdansson £fi5-
toire ecclésiastique^ 1. 1, cb. M> que Jésus*
Christ avait un visage d'une beauté eipres-
siye» des cheveux peu épais et tirant sur le
blond, des sourcils noirs, des yeux bruns,
la barbe rousse et courte, la tète un peu
penchée, le visage vermeil (456-57).
Les légendes au sujet de la Passion sont
nombreuses.
Sur la vraie croix consulter une des notes
de Peignot sur VHistoire de la Passion^ par
Olivier Maillard, 1835, gr. in-8"; il men-
tionne divers ouvra
«5, gr.
aes èc
e sujet, tels que
les dissertations de Bartholonius, de Rip-
ping, de Paschius, de Cyprianus, lyoutons:
J. Lipsiûs, De cruce^ 1594, 1670, etc.; Gret-
serus. De sancta cruce Christi; Ingoistadt,
1600-1606, 3 vol. in-4*. Ouvrage savant, mais
où il y a bien des divagations.
Allatius, De ligno crucis^ dans les 5ym-
micta de cet auteur* Coloniœ, 1653, în-8^
Cet écrit, contenu dans un recueil devenu
rare, renferme une histoire singulière de
Tarbre qui a servi è faire la croix.
Essai (fun traité historique de la Croix de
N* S. /• C, contenant ce qui s'est passé de
plus remarquable au sujet de cet instrument
du salut du genre humainjusquà notre temps,
(Cet£fsatforme divers articles insérés dan^ le
Mercure de Froncf, depuis juin 1736, p. 1303
jusqu'à décembre 1741, p. 26^0.)
n. fi. du Mérit, dans une note de son re-
cueil de ses Poésies populaires latines du
mogen âge, Paris, 1847, in-8% p. 320, fait
connaître une des traditions relatives au
sujet qui nous occupe :
On regardait le bois de la croix comme
sanctifié depuis longtemps par les mvsières
de l'Ancien Testament. C était l'arbre (!e
science dont les fruits avaient caus^ la dé-
sobéissance de notre premier père; Jélhro y
avait coupé le bâton qui mettait h l'épreuve
les prétendants à la main de sa fille, et Aaron
la baguette merveilleuse avec laquelle il
vainquit les magiciens de rEgypte;c*éia'i
kson tronc que Moïse avait attaché le srr*
l>ent dont la seule vue guérissait les bles-
sures des Hébreux, et tous les efforts de
Salomon pour le faire entrer dans la cons*
truction de son temple étaient restés im-
puissants.
Adelphus raconte ces traditions dans un
passage latin que M. du Méril rapporte d*après
le Thésaurus humnologicus de Daniel, t. Il,
p. 80; la légenoe de Tarbre de la croix figure
ézalement dans le Mystère de lanatitUéds
iV. 5. Jésus-Christ^ publié par If. Jubinal :
Mystères inédits du xv* siècle^ t. Il; elle
a donné lieu à un ouvrage très-rare, im«
primé è Caleaborch , en iU3 , et qui se
compose de 6^ figures imprimées avec des
planches de bois, et ayant chacune au-des-
sous quatre vers en langue liull/«nJase.
Tous ces quatrains ont été reproduits avec
une traduction anglaise dans le somptueui
ouvrage de Dihdin : Bibliotheea spenseriana,
t. 111. Signalons aussi une croyance siogu-
Hère qui s*était répandue dans le roo>en
fige et que mentionne Thiers dans son Traiu
des superstitions. Des criniinels condamnés
è la question pouvaient échapper è la souf-
france; des voyageurs, iraversant des pas-
sages dangereux, étaient certains de ne \^^
être volés, en récitant des vers composés «n
Thonneur du bon larron et dont voici le
début :
Imparibus meritis pendent trU corpora ramit
Diamas et Gesmaa, nieilia est difina PotesUs:
Alu pciit Ditnus, lufelix infima Gestas..
JOAGHIM.
Joachim,père de la sainte Vierge, à Tégard
duquel on manque de renseignements au-
thentiques, figure dans les évangiles apo-
cryphes, ainsi qu'on le voit au premier vo-
lume de ce recueil. Plusieurs des Pères de
TEglise le mentionnent au même point de
vue comme jouant un rôle dans des écrits
sans autorite : citons saint Augustin {Contra
Fausium^ 1. xxiii, c. 8) : Apocrypham Sert-
pturam^ ubi Joachim pater Mariœ legitur^ eu-
l
(456-57) Transcrivons d^ailleiirs le passage latin
u*gffr<t la iraduclion de Nicéphore, faite par le
K Fronton du Duc (Paria, i650,2 voK in-fol. t. 1,
p. 125^. c Porro effigies formas Domini nosiri Jeau
nhriati, aicuti a veieribua accepîroua, talis prope-
modum* qoatenu» eam crasaius verbis comprehen-
dere licet, fuit. Egregio vividoque vultu fuit.
Corporis statu ra ad palmas proraua aeptem, cxsa-
riem habnit tub/lavam, ac non admodum densam*
leniter quodam modo ad criapoa deelinantem. Su-
percilia nigr», non perinde inflexa. Kx oculia fui vis
ft aubflavescentibua mirifica promtnebat grsitia.
Acrti ii erant et nuus iongior, barb» capillus
jus auctoritate non dettneniur. Saint Gré*
Soire de Nysse (Oratio de natale die Ckristi
it de son côté : Ftr^tnt^ pater ^ ut ex histo;'
ria quadam incerti auctoris accepta fuit inii*
gnis quidam citns.
Un livre populaire, la Vie de sainte Anne,
dont nous avons déjk fait mention, repro-
duit les récits contenus dans les évangiles
apocryphes. Voici les titres des deux cha-
pitres de cet écrit : Comme Anne fuit oxn
flavus nec admodum demiaaua. Capitis porro ca^
loa tulit prolixiores. Novacula enim in capu(eju«
non ascendit, neque manus aliqua hominis, P*^''*
quam matris, in lenera duntaxat state ejua. Coliiim
fuit sensim déclive, ita ut non arduo et ext^nl^^
nimium corporis statu esset. Porro tritict refertfis
eolorem, non rotundam aut aurtam lisbait ra(M'ii<.
sed qualis mairis ejns erat, paiilum d^orsom «mum
vergenlem, ac moderate rubtrundam; iravîtaifni
alqne prudent iam eu m lenilale coujunct^ni, plsr^-
bititatem iracniuliae expertt*n] prae se ferenl^ir.
Persimilis denique per omnia fuit divbue et vnnor
culatse suae Genitrid. i
iOI
JOB
PART. in.-LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOB
402
Joachim^ en Vétat Je mariage vingt ans sans
fruit, et comme il fut reproché par le sauve-
tain prêtre^ allant à V offrande, — Comme
Joachim s'en alla voir ses bergers et pastou-
reaux gardant son bétail , et comme Vange
le conforta».. — Ces détails se trouvent éga*
leraent dans un livre populaire de PAIIe-
Diaode dont nous avons vu une édition im«
primée là Leipsick sous (e titre de Joachiin
und Anna.
JOB.
Le célèbre cardinal Angelo Maï, a publié
dans son précieux recueil (Script» vet. nova
coileet., t. VIII, p. 191, 1839, in-^'), un livre
^rec fort curieux, attribué à Job, et qui re-
monte à une époque très-reculée, puisqu'il
en est question dans le décret du Pape Gé-
lase, qui condamne des ouvrages apocry-
phes (Mansi, Collect. conciLj t. VIII, col. 169).
Oq y lit qu*au bout de trois jours de mala-
die, Job, couché sur son lit, vit venir à lui
les saints anges qui s*apprètaient à recevoir
son Ame, qu alors il se leva, prit sa harpe et
la donna à sa fille Héméra ; il donna un en-
censoir à sa fille Cassia, et lui mit entre les
mains un tambour, afin que ses filles chan-
tassent et jouassent de la musique è Tarri-
fée des esprits bienheureux ; celles-ci se
mirent à célébrer les louantes du Seigneur
en sV-compagnant de ces instrumentSi et
lange vint, nQonté sur un grand char; il
embrassa Job, prit son ftme, la fit monter
sur le char et la remit au ciel. Nous don-
nons plus loin une traduction entière de
celle production qui n*avait jamais été tra-
duite en français.
Il faut placer au nombre des écrits apo-
cryphes, et nous les reproduisons d'après
Fabricius {Codex pseud. Vet. Test., t. I,
p. 791), les paroles que la femme de Job
a iresse à son mari, d'après la version grec-
que du livre i, ch. 2, 19, et qui ne sont
pasdansla Vulgate :
Tempore autem multo transacto dixit ei
ttxor ejus : Quousque sustinebis dicens : Ecce
permaneOf tempus adhuc parvum exspectans
tpem salutis meœ. Ecce enim deletum est me-
moriale tuum de terra, filii et filiœ, mei uteri
dolores et labores, quos in vacuum laboravi
(^umnis. Tu vero ipse in putredine vermium
ftdes pemocians sub dio. Et ego errans et
ancWa locum ex loco et domum e domo cir-
cumeo ; exspectans solem quando occidet, ut
Ttcfuiucam ab œrumnis mets et doloribus qui
me nunc prémuni. Sed dicito aliquod ver-
hum in Dominum et morere.
Fabricius a également placé dans son re-
cueil les additions apocryphes que la ver-
sion grecque a faites au Livre de Job (après
le verset 17 du chapitre xui).
Scriptum autem est, ipsum rursus resur^
Tfciurmn cum quibus resuscitat Dominus.
{Bic in interprétations redditur ex libro
Sj/riaco) : In terra quidem Ausilide habitans,
i^ finibus idumœœ et Arabiœ, et ercU ei namen
Johab. Cum autem accepisset uxorem Arabie-
smn, générât filium cui nomen Ennon. Erat
autem ipse ex paire quidem Zare, defiliis Esau
Mi^, matris atiteni Bossorœ; ita ut ipse sit
^iitntus ab Abraham.
Et hisunt reges qui regnaverunt in Edom^
cujus etiam ipse dominatus est :
Primus Balac filius Beor, et nomen civita-
tis ejus Demaba. Post Balac autem, Jobab
qui vocatur Job. Post hune autem , Asom
Îui erat dux ex regione Thcemanitide : post
une autem , Adad filius Barad , qui excidit
Madiam in campo Moab, et nomen civitatis
ejus Gethœm.
Amici autem qui ad eum venerunt : Eli'
phaz de filiis Esau, Thœmenorum rex {Théo-
dotio autem filium Josaphat reddidit) ; BaU
dad, tyrannus Sacchœorum {Theodotio addit :
Filius Ammonis, filii Choboc); Sophar ^ rex
Minœorum.
Divers auteurs dramatiques se sont ins-
pirés du Livre de Job; nous pouvons citer
parmi ces productions peu connues aujour*
d'hui :
Jobus^ pièce en cinq actes et en vers, par
Jean Lorich dans les Dramata sacra (Bile ,
1547, in-8-)
La Patience de Jobt histoire extraicte de la
bible... ainsi qu*il se verra par le présent
mistere représenté par quarante et neuf
personnages 9 Paris, in -4*, sans date, et
1579, in -16. L'analyse que les frères Par-
faict, dans leur Histoire du théâtre français ,
ont donnée de nette composition, a été re*
produite dans le Dictionnaire des mystères ^
Migne, 1854, col. 240.
Dans ie théâtre de l'Allemand Hans Sachz,
il se trouve une pièce sur Job, en cinq actes ,
jouée en 1547.
Los Trabajos de Job^ pièce de Felipe Go-
dinez, est insérée dans le tome VI (1654) des
Comedias nuevas escogidas, recueil fort rare.
Quelques poètes se sont également efforcés
de mettre en vers l'histoire de Job et les le-
çons de morale qu'il doit fournir. On comp-
te parmi les écrits du président de Thou un.
ouvrage intitulé : Jobus , sive de constantia
/t6rt IV poetica metaphrasi explicatif VariSf.
1588. Mentionnons aussi : J. Mellius de Sou-
za , In librum Job paraphrasis poetica ; Lyon,
1615, in-12. •
La Bibliographie biographique de M. QEt-
tinger, que nous avons déjà citée h plusieurs
reprises , nous fournit les litres de trois ou-
vrages relatifs au patriarche qui nous oc»
cupe.
F.-J. Spanheim, JSTû/ona Jobt, GeneV»,
1670, in-4*; D. Stemler, Programma de Jobo
theologo tentationibus probato, Lipsiœ, 1746,
in-4\
S. -S. Weickmann , /oftuf resurrectioniê
non typuSf sedprofsssor^ Wittemberg, 1758t
in-4%
in
DICTIONNAIRE DES APOGUYPHES.
4C4
TESTAMENT (kSS) DU VERTDEDX/ GLQRIKDX (US6} CT BIENHEUREUX JOB.
Livre de Job nommé Jobàb, sa Vie et ta copie
du testament qu*H fit le jour oÀ, étant tom-
bé malade ^ il sentit que son dme allait se
séparer de son corps.
Or, il appela ses sept ûls et ses trois filles et
leur dit : « Approchez, mes enfants, entou-
rez-moi, soyez attentifs, et je vous racon-
terai ce que le Seigneur a fait avec moi et
tout ce gui m'est arrivé.
«Je suis Job votre père, 6 mes enfants I vous
êtes d'une race choisie, et vous n'oublierez
pas votre noble origine. Je descends d*£sim
et ie suis ffère de Naôr (4^60) : Dinafut votre
mère. Ma première femme et dix autres en-
fants furent frappés d'une mort cruelle 1
Ecoutez-moi , 6 mes enfants t je vous dévoi-
lerai tout ce qui nj*est arrivé.
« J'étais le plus riche de l'Orient, dans la
terre de Hus, et avant que le Seigneur me
nomroAt Job, on me nommait Jobab. Le eom-
raencement de mes épreuves survint ainsi :
Il j avait tout près de chez moi une idol«f
que le peuple vénérait; je voyais qu'où lui
Offrait continuellement des sacrifices comme
à un dieu. Pensant en moi-même, je me
dis r « Est-ce là celui qui a fait le ciel, la
terre, la mer et nous tous? Comment donc
pourrai-je connaître la vérité ? »
« Cette même nuit, taudis que je sommeil-
lais^ j'entendis une voix qui disait > « Jo-
bab l Jobab I lève- toi et je te ferai voir celui
que tu désires connaître I Celui-là certaioe-
ment r auquel les hommes offrent des sacri-
fices et des libations, n'est pas Dieu, mais
bien uoe forme de la puissance et de la force
même du diable, au moven de laquelle il
trompe les hommes. » Ayant entendu ces
paroles , je tombai à terre et je me proster-
nai en disant : n O Seigneur, qui me |>arles
pour ie salut de mon flme, je t'eq prie, si
cette idole est l'imaKe de Satan, je t'en prie,
oitlunne-moi de la renverser et de la dé-*
truire, et je purifierai ce lieu ; personne ne
peut m'eq empêcher, puisaue je règne dans
cette contrée. Après cela elle n'induira plus
personne eu erreur. » Et la voii me répon-
dit : « Tu peux purifier ce lieu; mais voici
que je vais te dévoiler tout ce que le Sei**
gneur m'a ordonné de te dire : car je suis
un archange de Dieu. » Et moi je répondis :
« J'obéirai à tout ce qu'il ordonnera à son
serviteur. » Et l'archange me* dit : % Voici
ce que dit ie Seigneur : Si tu entreprends
de détruire par la purification l'image de
Satan , il s'élèvera contre toi dans sa colère,
et te montrera dans une lutte terrible toute
sa .méchanteté ; il te frappera de coups ré-
(4d8\ Le lesla gréa tet qiê Ta puliKé le c»r-
diniftl liai ^ai «u général fort ii>corrfci. t)e
Î [raves «liéniiioim eii ceiuioa anérolu eu rendent
liiU-lligeiice fori difAcile.
(459) LaHtoriié d«8 Didîoiinaires mus riPté-
ch«*. de traduire le mot grec du léiie par t ué&-
é^MOUTé. I
A hoire avifr IVxislence de Job seiait mieux ré-
pétés et douloureux, te dépouillera de tous
tes biens , fera périr tes enfants et le fera
soufi'rir toutes sortes de maux, et hi seras
comme un athlète du pugilat supportant les
fatigues dans Tattente d'une récom{)ense et
endurant les épreuves et les tribulations;
mais si tu sup(X)rtes tout cela lk6i), je ren-
drai ton nom glorieux chez toutes les géné-
rations de la terre jusqu'à faccomplisseffi \\
des temps. Et je te rétablirai dans tous w%
bieiiS, et il te se: a nadu le double d^ioai
ce que tu auras perdu; afin que tu oou^
naisses que Dieu est équitable , qu'il coiu*
bie de biens chacun de ses serviteurs comme
il t*en comblera toi-même ; et tu recevras une
couronne immortelle et tu te réveilleras à la
résurrection |>our la vie éternelle; tu roo-
nattras alors que le Seigueur est juste, lu-
failli ble et puissant. »
c Et moi , mes enfanls,je lui répondis : t Je
suis disposé à souffrir pour l'amour de Dieu
tout ce qui peut m'arriver, jusqu*à la mort
et Je ne reculerai pas.» Alors l'ançe m'ajAnt
confirmé (462) me quitta. Le lendeniiiD
matin m'étant levé, je pris avec moi cinquante
serviteurs; j*allai dans le temple de l'idole
ei je la détruisis de fond en comble; fMiis
je rentrai à la maison , ordonnant de fermer
as portes et recommandant à leurs gardiens
(]ue si quelqu'un venait rae demander re
jour-lè, on ne me fit pas voir : « Répondez :li
est à la floaison , mais il s'occupede soins indis-
pensables.» Alors Siatao,s*étant métamorphosé
en visiteur, vint frapper à la porte et dit à
la gardienne : « Avertissez Job que je désire
le voir. ^ Et la gardienne entrant me rap-
porta ces paroles, et je lui répondis quê
j*étais occupé. Le méchant, dérouté dans ^a
ruse, se retira, jeta sur ses épaules un vê-
tement en lambeaux, et revenanl dità ia^^r-
dieune ; « Va dire k Job qu'il me fasse doDo^r
par ta main du pain pour que je le mange, i
Ce qu'ayam entendu, je donnai à la gardien-
ne, pour le lui donner, du pain (463)brûlé;et
je lui fia dire: «Je ne veux pas que tu manges
de mon pain, parce je ne veux avoir aucune
communauté avec toi. » Et la portière ayanl
rougi de lui donner ce pain brûlé et couleur
de cendre, parce qii*elle ignorait que ce iûi
Satan , alla prendre un de ses bons paioset
le lui donna; Satan, l'ayant pris et connais-
sant ce qui s'était passé, dit à resclare:
« Va-t-en, mauvaise servante, et apporte-
moi le pain que Ton t*a dit de me donner. »
L'enfant se mit h pleurer de chagrin et liii :
« Tu as raison de m'appeler mauvaise ser-
vante, parce que je n'ai pas fait ce que ui 3-
sanée par ces trois mois : YtrtusKX, <rèi-/pro«r^
el bienheureux Jvh.
(4^6) Narher est cité dans la Genhe (n, î5}cof
me frère d*AbraJiam, elle f^érede Job à h fin «
ee lesiaBneat asi appelé Néréus (Ni^fc uç )
(461) IIpoax4^tip«»v, li«ex icpoaxapx£f<tf>'«
(i&i) Marqué de son sceau.
(405) Du liistuiu
M
JOB
PART. III.-LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOB
#Uf
nii ordonné mon mallre. » Elle retourna
donc lui chercher le pain brûlé et lui dit :
f Voit!! ce que mon maître te fiait dire ; Tu
ne mangeras pas du m6me pain que moi,
l>arce que je ne yeux avoir aucune société
avec Coi y et je t'envoie celui • ci , parce
que je ne veui pas qu*il soit dit que je n*ai
rien donné à un ennemi qui demandait. »
Ce qu*ayant entendu, Satan me renvoya
Tesclave pour me dire : « Comme tu vois ce
pain entièrement brûlé , ainsi dans peu de
temps je rendrai ton corps .nEt je répondis :
c Fais à ta volonté et exécute tous tes des-
seins ; je suis prêt à soutenir tout ce que tu
voudras entreprendre contre moi. »
«Le diable, ayant entendu ces paroles«me
quitla, et, étant monté au Brmament, il
fit promettre au Seigneur de lui donner pou-
voir sur tout ce qui m'appartenait , et Dieu
lui ayant accordé ce pouvoir, il vint et m'en-
leva tout d*un coup toutes mes richesses.
Javaiscent trente mille moutons: surcenem-
bre, j'en consacrais plusieurs milliers (kùk) à
vèiir les orphelins, les veuves, les pauvres
et les indigents; j'avais huit cents chiens
qui gardaient mes moutons, et deux cents
chiens qui gardaient ma maison ; j'avais neuf
cents mules pour être employées dans toute
la ville et pour transporter les fardeaux, et
je les envoyais dans tous les quartiers aux
indi)(euts, aux infirmes et aux nécessiteux ;
favais cent quarante mille ftnes errants (dans
mes pAturages): sur ce nombre, j'en avais
fait prendre cinq mille, et gavais ordonné
d'eo vendre les produits et d'en donner le
prix aux pauvres et aux indigents; car les
pauvres venaient à cette distribution de tou-
tes parts. En effet, les quatre portes de ma
maison étaient ouvertes dans ce but : afin que
personne ne s'en allât demandant l'aumône,
et que tous pussent me voir assis près d'une
des portes et s'en aller par l'autre» et pren-
dre ce dont ils avaient besoin.
« J'avais trois cents tables immobiles tou-
jours servies en tout temps pour les seuls
étrangers; j'avais encore douze tables ser-*
vies pour les veuves, et s'il venait quelqu'un
demandant l'aumdne, il n'avait, pour se
nourrir, qu'à prendre sur ma table ce dont
il avait besoin, et je ne permettais à per*
sonne de sortir de chez moi les mains vi-
des (465)« J'avais trois mille cinq cents paires
de bœufs : j'en choisissais cinq cents, et je
les dressais au lal)0urage, afin de pouvoir
tout faire dans le champ de chacun de ceux
Que j'assistais , et je les employais aussi à
faire transporter les récoltes des pauvres sur
leurs tables; j'avais cinquante boulangeries
qai étaient employées pour la table des pau-
vres; j'avais des esclaves choisis pour ce ser-
vice.
«Il y avait des étrangers qui, voyant ma
générosité, désiraient s'associer avec moi
pour ces bonnes œuvres ; d'autres qui, pau-
vres et ne pouvant rien dépenser, venaient
(464) Selon unité apparence, le chiffre C (7) ex-
primé plus bas dans le discours d*£iius manqua
ki.
me trouver et me suppliaient en disant :
« Nous avons besoin'de toi , car nous-mèmes-
nous voulons aussi nous joindre à ces bon-
nes œuvres; mais nous ne possédons rien i
aie compassion de nous; avance-nous de
For pour que nous allions dans les gramfes
villes faire du commerce, et que nous puis-
sions consacrer aux pauvres le superflu do
notre gain, et, après cela, nous te rendrons
ce qui t'appartient. » Et moi je m'enorgueil-
lissais de ce qu'ils tenaient de mes mains de
3uoi faire du bien aux pauvres, et je leur
onnais généreusement tant qu'ils voulaient,
recevant leur billet, sans accepter d'eux
d'autre nantissement qu'un écrit. Et ils al-
laient faire le commerce, puis ils donnaient
le gain aux pauvres. Souvent onelquesuus
perdaient une partie de leur rortune dana
leurs voyages sur terre ou sur mer, ou bien
ils étaient volés; alors. Tenant vers moi, ils
me suppliaient en disant : « Nous avons be-
soin de toi ; accorde-nous du temps, pour
que nous voyions à te rendre ce qui t'ap-
partient. M Et mot, entendant ces paroles et
rempli de compassion pour eux, j'a{)portais
leur billet et le lisais devant eux; puis,
l'ayant déchiré, je les délivrais de leur dette
en leur disant : « De tout ce que je vous ai
confié pour l'intérêt des pauvres, je ne vous
réclame rien. » Et je ne recevais rien de mon
débiteur.
« Et s'il se présentait un homme de bonna
volonté, me disant : « Je n'ai aucun moye.t
de secourir les pauvres; je veux pourtant
t'aider à servir les mendiants à ta table, » je
lui accordais sa demande et il mangeait, et,
le soir, je lui donnais son salaire et il re-
tournait chez lui plein de joie; et s'il ne
voulait pas le recevoir, je l'y contraignais en
disant : « Je sais que tu es un homme bien-
faisant, et tu dois recevoir un salaire, et il
faut aue tu le prennes; car jamais ie n'ai re-
fusé le salaire à un serviteur ou à tout an-
tre, et je n'ai jamais refusé le salaire à per-
sonne qui ail mangé un soir dans ma mai-
son. »
«Et ceux qui étaient chargés de traire mes
sénisses et mes brebis luttaient de zèle pour
fournir du lait aux voyageurs sur tes routes,
et le lait et le beurre coulaient en abondance
sur les montagnes et sur les routes, et mes
brebis mettaient bas sur les rochers et sur
les montagnes. Et ceux de mes esclaves qui
étaient chargés d'apprêter les aliments aux
veuves et aux pauvres en étaient fatigués,
et des indigents (b66) venaient me dire : c Qui
nous donnera de quoi nous nourrir et nous
rassasier de tes viandes? » Car 'e leur pa-
raissais très-riche.
«J'avais un recueil de chants]et une cithare
à dix cordes, et j'en jouais pendant le jour,
et les veuves, après dîner, prenaient la ci-
thare et chantaient è leur tour. Au moyen
de la lyre, je les faisais souvenir de Dieu,
afin qu'elles glorifiassent le Seigneur. Et si
(465) Le texte porte naSkiap xtvÇ -^ le sein viJe
— - On emporiaii les provisions dans sa roba.
(466) 'OAtY«poOvte(, Usez : dXiYb)pouvnc<
407
OICTIONMAIRE DES APOCRYPHES.
^^
parfois mes servantes se disputaient» je pre-
nais !a lyre, et je célébrais, enchantant, les
bienfaits de la concorde, et j'apaisais ainsi
leur murmure.
«Mes enfants, après m'avoiraidé au service,
prenaient chaque jour leur repas, et emme-
nant leurs trois sœurs, ils allaient chez leur
frère aîné et ils faisaient festin; et moi, me
levant de bonne heure, je leur portais des
bêtes immolées, cinquante chevreauiet dix-
neuf brebis: et ce qui restait était consacré
aux pauvres. £t je leur disais : « Prenez ces
restes et priez pour mes enfants, afin que
mes Gis ne pèchent pas devant le Seigneur
en disant avec mépris : Nous sommes les
lils de cet homme riche, donnez-nous ses
biens. Pourquoi vous servirions-nous ?» En
parlant ainsi par orgueil on excite le cour-
roux de Dieu, et l'orgueil est en exécration
devant la face du Seigneur. Et j*offr»is des
génisses à l'autel pour que mes filles n*eus«
sent jamais dans le cœur de mauvaises pen-
sées contre Dieu.
« Telle était ma vie, mais le diable ne put
souffrir mon bonheur. II obtint de Dieu la
permission de me déclarer la guerre, nuis il
s*abattit sur moi impitoyablement. D abord
il consuma par le feu toutes mes brebis, puis
mes chevreaux ; de mes génisses et de tout
mon bétail, les uns furent brûlés par le dia-
ble, les autres furent pillés non-seulement
par les ennemis, mais même par ceux à qui
j'avais fait du bien. Mes bergers en arrivant
m'annoncèrent ces malheurs. Et moi, k cette
nouvelle, je glorifiai Dieu et ne blasphémai
point.
Alors le diable ayant reconnu ma fermeté,
inventa de nouvelles machinations contre
moi : ayant pris la forme du roi des Perses,
il s'établit dans ma ville et en rassembla tous
les citoyens, et leur tint d'infâmes dis-
cours en disant avec menace : t Cet homme,
ce Job a pillé tous les biens de la terre sans
en rien épargner ; puis il a détruit et
anéanti Je temple du Seigneur, c'est pour-
quoi je lui rendrai selon ce qu'il a fait con-
tre la maison du erand Dieu. Venez donc
avec moi et nous pillerons tout ce qu'il pos-
sède dans sa maison. » Et ceux-ci lui répon-
dirent:« il a sept fils et trois filles, nous
craignons qu'ils ne s^enfuient dans d'autres
pays, qu'ils ne tombentsur nous comme sur
des oppresseurs, et enfin qu'ils ne revien-
nent contre nous en force et ne nous fassent
)>érir.» Et il leur dit: « N'ayez aucunecrainte,
▼oilà que fai détruit par le feu ses troupeaux
et ses possessions, et j'ai pillé tout le reste,
et voici que je forai périr ses enfants. »
Après avoir ainsi parlé, il s*en alla, ren-
versa la maison sur i^es enfants et les fit
mourir. Et mes concitoyens voyant que
tout ce qu'il avait dit était vrai, se précipitè-
rent après moi et ravagèrent tout dans mon
habitation , et je vis de mes yeux le pillage
de ma maison et des hommes de la plus vne
populace assis è mes tables et montés sur
mes lits; et je ne pouvais rien dire contre
eux, car j'étais étourui comme une feroui;
dont les reins sont tourmentés par les «Jou.
leurs de l'enfantement, songeant surtout h
la guerre qui m'avait été annoncée au non
du Seigneur par son envoyé. J*étais comnii
un homme qui, ayant placé une cargaiv»
dans une barqueet se trouvant au roitieudv
la mer, à la vue de la fureur des flots et du
combat des vents, a jeté les marchandises
è la mer en disant : « Je veux tout perdre pour-
vu que je revienne dans la ville etqnpjo
sauve la barque et mes meubles les plus pn;.
cieux; » c'est ainsi que je faisais de mes ri-
chesses. Alors vint un second messager qui
m'annonça la destruction de mes enfauis, ei
je fus troublé d'un grand trouble, et jedéchi-
rai mes vêtements et je dis : « Le Seigneur a
donné, le Seigneur a ôté, la volonté du Sei-
gneur s'est accomplie, que le nom du Sei-
gneur soit béni I »
Satan voyant donc que rien ne peuv.iit
m'induire au péché, s'en alla demander aa
Seigneur mon corps afin de pouvoir me frap-
per, f»arce que le méchant ne pouvait pins
supporter ma fermeté. Alors leSeigneurlui
permit d'étendre ses mains sur mon corp>
à sa volonté, mais il ne lui donna p^sd*?
pouvoir sur ma vie. Et il vint me trouver
pendant que j'étais sur mon siège et que je
pleurais mes enfants ; et semblable i un
ouragan, il renversa mon siège et me préci-
pita contre terre, et je restai trois heures
étendu sur le sol, et il me frappa d*unepldic
hideuse, depuis le semmet de la tête jusqu'aui
oncles des pieds ; et je sortis par la f île
plein d'épouvante et d ansoisse, et in*ëian(
assis sur un fumier j'avais Je corps rongé de
vers et j'arrosais la terre d'une humeur
abondante; le pus suintait de mon corps et
les versy fourmillaient, et lorsqu*un ver sor-
tait de mon corps, je le prenais et je l'y re-
mettais en disant :« Reste au lieu où tu as tiu
placé jusqu'à Tordrede celui è qui tu obéi^»
Je passai ainsi sept ans, assis sur le fu«
mier, hors de la ville et couvert de plaies;
et je vis de mes yeux, 6 mes chers enfants,
je vis ma femme, épousée naguère dan^ le
luxe et la puissance, maintenant buoQiiiée,
portant de l'eau comme une serrante dans
la demeure d'un misérable pour v gagoerdu
pain et me le rapporter. Et pénétré de dou-
leur je disais: a O vanité des chefs de celle
ville que j'estime moins que les chiens de
ma bergerie, puisqu'ils traitent ma femme
comme une esclave. » Et ensuite je reprenais
ma patience, et après quelque temps ils .'"'
enlevèrent le pain de peur qu'elle ne niVn
apportât, s'inquiéiant a grand'peine d«;Iuï
laisser sa propre nourriture; elaprè$qu*elîe
l'avait reçue, elle la partageait entre elle <t
moi, en disant avec douleur .-«HélasI bientôt,
peut-être, il manauerade pain I » Elle d'Ih''|*
tait pas à s'en aller sur la niace pour uitir
dier du pain au boulanger (467) et me l'ap-
porter à manger.
Et Satan s^en étant aperçu se métan.or-
phosa en boulanger ; il arriva qut» i^f
(i(i7) 'Af-torpaTo; : f]\\\ vend du oain.
109
JOB
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOB
é\i3
hasard, ma femme retourna vers lui pour
lui demander du pain» le prenant pour un
homme; et Satan lui dit : « Apporte*iiioi la
Taleur, et prends ce que tu voudras. » £t
ma femme lui répliqua en disant : « D'où
auraiS'je de l'argent ? Ignores-tu toutes les
misères qui me sont arrivées ? Si tu les
connais (^68), aie pitié de nous ! si non» tu
les apprendras.» Et il lui répondit en disant:
< Si vous D*aviez point mérité ces malheurs,
ils ne vous seraient point arrivés. Donc,
Diaiutenant, si tu n'as pas d'argent dans la
main, donne-moi ta cnevelure, et prends
trois pains pour que vous puissiez vivre
pendant trois jours. » £t ma femme se dit
en elie-mème : «Qu'est*ce que la chevelure
lie ma tôte en comparaison de mon mari
qui afaim?j» et ainsi s'oubliant elle-même
elle lui dit : « Lève-loi et rase-moi? » Alors,
prenant un rasoir, il lui coupa sa chevelure
à la vue de tous, et il lui donna trois pains.
Celle-ci les reçut, vint et me les apporta,
eiSalau venait derrière elle se cachant dans
la roule, après l'avoir ainsi abusée. Et alors
ma femme se tint auprès de moi, et criant
et sanglotant, elle me dit : « Job ! Job 1 jus-
qnesàquand resterez-vous assis sur un fu-
mier hors de la ville, comme un insensé
aiiendant et espérant votre salut, tandis que
moi, comme une esclave et une vagabonde,
ferre de place en place? Voilà que déjà votre
souvenir a disparu de la terre I C'en est fait
(Je mes Gis, de mes filles, de tous les tra-
vaux et de toutes les douleurs que j'ai
•souffertes en vain, et vous, vous restez cou-
ché sur un fumier, tout ronjjé de vermine
et passant vos nuits en plein air, tandis
que moi misérable, je peine et je souffre
eucore jour et nuit pour me procurer du
pain et vous l'apporter. Et ce pain, on ne me
le donne point en abondance; c'est à grand'
peine que je recueille ma nourriture pour
la partager avec vous. Réfléchissant en mon
Âme, que vous ne pouvez rien pour vous
soulager dans vos misères et vgtre famine,
j'ai osé sans honte aller sur la place pu-
blique 1 Et comme un marchand de pain ura
dit : Donne-moi de l'argent, si tu veux avoir
du pain, ie lui ai exposé notre misère ;
et il m'a repondu : Donne-moi ta chevelure,
et prends trois pains pour vous faire vivre
trois jours. Et moi, dans mon chagrin je
lui ai dit : Lève-toi et rase-moi ; et se le-
vant, avec un rasoir, il m'a honteusement
rasé la chevelure de ma tète, sur la place
publique, aux regards étonnés de toute la
foule.
« Qui, en effet, n'ii point été frappé d'un
douloureux étonnement en se disant : Celle-
ci c'est Silis, la femme de Job, dont l'ap-
partement était précédé de quatorze vesti-
bules et de portes multipliées qu'il fallait
franchir quand on était admis à l'honneur
d*ètre introduit près d*elle : et voilà que
maintenant elle vend ses cheveux pour avoir
du painl Elle, qui avait des salles pleines
de trésors dont on faisait largesse aux pau-
(468)11 y a là quelque al'.cration dan^ le texte.
vres du pays, maintenant elle donne ses
cheveux pour avoir du pain! Elle qui avait
sept tables toujours dressées dans sa maison
pour le repas des pauvres et des voyageurs,
maintenant elle vend sa chevelure pour avoir
du pain 1 Voyez, celle qui avait des bassins
d'or et d'argent pour baigner ses pieds,
maintenant elle marche pieds nus sur le
soll Voyez cette même femme qui portait
pour vêtement des étoffes de lin lamées
d'or; maintenant elle vend ses cheveux pour
avoir du painl Voyez, celle qui avait des
lits d'or et d'argent, voyez-la, vendant sa
chevelure pour avoir du pain ! £t pour
en tinir, Job, après toutes les choses qui
m'ont été dites, je résumerai tout en un
mot; car la faiblesse de mon cœur m'a brisé
les os ; levez-vous, prenez ces pains, man-
gez, et après avoir maudit le Seigneur,
mourez 1 Je serai ainsi délivrée des cha*
grins que me causent vos souffrances. »
Et je lui répondis : a Voici que depuis sept
années, je suis frappé de plaies et que je
supporte les vers qui rongent mon corps,
sans que jamais mes souffrances aient aussi
profondément affligé mon &me que cette
parole que vous avez prononcée :« Mau-
dissez le Seigneur et mourez! » Cependant,
je supporte, ainsi que vous, tous les maux
que vous voyez, et nous subissons la perte de
tous nos Mens. Voulez-vous donc que maiiH
tenant nous maudissions le Seigneur et que
nous soyons exclus du souverain bien 7
Avez-vous donc perdu le souvenir des grands
biens que nous possédions? Si donc nous
avons reçu les bienfaits de la main du Sei-
f;neur, ne supporterons-nous pas en échange
es maux qu'il nous envoie et ne prendrons-
nous pas patience jusqu'à ce que le Seigneur,
touché de miséricorde, prenne compassion
de nous? Ne voyez-vous pas le diable qui
se tient derrière vous et qui trouble vos pen-
sées pour que vous m'abusiez moi-même? v
Et m'étant tourné vers Satan, je lui dis :
« Pourquoi ne te présentes-tu pas en face de
moi ? Cesse de te cacher, misérable 1 Le lion
monlre-t-il sa force dans une loge? L'oi-
seau prend-il son essor dans une cage?
Et maintenant, je te dis 'Sors et combats
contre nous. »
El sortant alors do derrière ma femme. iS
se tint devant moi en pleurant et en disant :
« Job! vois, je cède, et je me retire devant
toi, qui es un homme de chair, moi qui suis
un esprit. Toi , tu es dans la souffrance, et
moi je suis dans un grand trouble. J'éiais
comme un athlète luttant contre un athlète-,
l'un a terrassé Taulre, il lui a fait mordre la
poussière et lui a brisé les membres; mais,
cependant, il a proc'amé la vigueur de celui
qu'il avait abattu et qui avait supporté tout
son effort sans vouloir céder; de même aussi.
Job ! tu es terrassé, tu es dans la souffrance
et Taffliction, et cependant tu as vaincu dans
la lutte que j'avais enlreprise contre toi ; et
voici que je cède et me relire, v Alors Sa-
tan, confus, se retira de moi.
411
DSCnONlf AISE DES APOCRYPHES.
4U
Dune f o mes enfaoU , ayez boa oourage
dans tous les événements malheureux; ear
le coi>rage triomphe ëe tou4.
Alors d<^s rois ayant appris ce qui m*était
arrivé, vinrent me trouver de différents
|)ays ()Our me voir et me consoler. Quand ils
urent près Je moi, ib poussèrent de (grands
cris, déchirèreni leurs vétemenis et se eou-
yrirent la tète de poussière el demeurèrent
assis sur la terre durant sept jours et durant
sept nuits; elnul ne me dit aucune parole.
Or iis étaient quatre : Cliphaz, roi de Tlié-
raan; BaMad, Sophar et EJius. Kt s*élaot as-
sis, ils sVntretenaient de moi : car, lorsqu'ils
étaient venus autrefois me voir, je leur avais
fotit présenter des pierres précieuses, et ils
avaient dit avec admiration : « Les trésors
de nous trois n'égalent pas la valeur des
pierres précieuses du seigneur Jobab; car il
est le plus noble de tous les princes da
l*Orient. » Donc, lorsqu'ils revinrent dns
la terre de Hus pour me voir, ils demandèrent
dans In ville : « Où est Jobab, le seij^neur do
toute cette contrée? )» Et on leur répondit :
« il est assis sur un fumier hors des portes;
et voilà sept ans qu'il n'est pas entré dans la
ville. » Ils firent de nouvelles questions sur
ce qui me concernait, et on les mit au cou-
rant de tout ce qui m'était arrivé.
Ce qu'ayant entendu, ils sortirent de la
Tille avec les citoyens^ et ceux-ci me mcm-
trèrent à eux. Mais eux refusaient de les
croire en disant : Cen*est point là Jobab. Et
ppnJant qu'ils discutaient , Elipbaz, roi de
Tbéman,(Jil : « Approchons-nous et voyons. «
Et quand ils vinrent, on me l'annonça, et moi
je pleurai amèrement en apprenant leur ve-
nue» et je couviis ma tête de poussière, et
dans mon affliction, je secouai la tète. Et
pendant que je secouais la tète, ils me re-
connurent, et me voyant secouer la lôle, ils
se laissèrent tomber sous l'empire de Témo-
tion, et les gens c|ui les escortaient regar-
dèrent les trois rois, et les virent prosternés,
immobiles comme des cadavres pendant
trois heures. Puis s'élant relevés, ils se
disaient les uns aux autres; « Nous ne pou-
vons pas croire que celui-ci soit Jobab. » En-
suite, pendant sept jours, ils s'entretinrent
de moi, énuniérant mes possessions et mes
biens, eu disant : • N avons-nous donc pas
vu toutes If s richesses qu'il envoyait dans les
villes et dans les bour^aiies d'alentour, pour
être distribuées aux indigents, sans compter
tout ce qui se donnait dans sa maison? Com-
ment donc est-il tombé dans une telle extré-*
mité et misère? »
Et au bout des sept jours, Elias s'étant
tourné dit aux rois : « Approchons-nous de
lui, et demandons-lui nettement, s'il est ou
non Jobab. » Or ceux-ci se tenaient à un
demi-stade de moi, à cause de la mauvaise
odeur de mon corps. S'étant levés, ils s'ap-!
prochèrent de moi, tenant à la main des*
parfums; burs soldats les accompagnaient
el foisaient brûler do l'encens tout autour
pour qu'ils pussent s'approcher de moi.
Eliphaz , s'étant tourné, me dit : t Es-m
ce Job, roi comme nous? es-tu cultti deat la
gloire est si répandue? es-'tu cet homme sem-
blable au soleil qui édaire le monda? es-tu
cet homme semblable à la lune et aux as-
tres qui brilienl pendant la nuit? » Et in'é-
tant retourné, je lui répondis : « Je le suis.»
£t m'ayant entendu, les rois éclalàrent en
larmes et en sanglots, et toute leur suite gé*
mil avee eux. Alors Eliphaz reprenant U fia*
ruie, me dit : « Es-tu celui qui consacrait
se)>t mille brebis à vêtir les pauvres? qu'est
devenue ta gloire? Es-tu celui qui destinait
trois mille bœufs à labourer le champ des
pauvres? Qu'est devenue la gloire de tau
trône? Es-tu celui qui possédait des lits en
or, toi qui maintenant gts sur un fumier?
« Es-tu celui qui faisait établirsoixaole ta-
bles toujours dressées pour les pauvres?
Es-tu celui qui avait des encensoirs de mar«
bre? Qu'est devenue ta gloire, toi qui roaio-
tenant croupis dans ^infection? Es-tu celui
qui avait des lampes d'or et d'argent,
loi qui maintenant n'as plus pour t'éclairer
que la lumière de la lune? ks-lu celui qui
avait des parfums du Liban, toi qui couooes
sur un fu.iiier ? Es-tu Celui qui méprisait les
coupables et les pécheurs, toi qui pour tous
es devenu un objet de risé ? ^
Et comme E'iphaz prolongeait sa plainte,
et que les rois se lamentaient avec lui. de
façon à produire un grand trouble, je leur
dis :« Taisez- vous, et je vous montrerai,
mon trdne et toute la majesté de sa gloire.
Mon trône est éternel» le monde entier pas-
sera, sa gloire sera flétrie, et tous ctui qui
s'attachent à lui disparaîtront de dessus sa
face. Quant à moi« mon trône est au-dessus
du monde; sa gloire et sa majesté spnt A la
droite du Sauveur, dans les cicux. Mon
trône est dans la vie céleste, sa gloire est
dans le temps immuable. Les fleuvesse des-
sécheront et leurs courants tomberont dans
les profondeurs de l'abîme , mais les
fleuves de la terre où mon trône est établi
ne se dessécheront pas, car ils couleront
d'un cours éternel. Les rois passeront, lei
puissants disparaîtront» leur gloire el leur
splendeur s'évanouiront comme une vaine
image ; pour moi, ma royauté durera dans
l'éternité des temps, ma gloire et marna*
jesté son^t sur les cnars du Père suprême •
Et quand je leur eus parlé de la sorte,
Eliphaz irrité dit aux autres rois :< A quoi
bon être venus ici dans cet équipage pour
le consuler? Voici qu'il nous attaque nous*
mômes. Retirons-nous donc chacun dans
notre pays ; le malheureux, rongé de ver>,
gtt dans la pourriture et l'infection, et votli
qu'il s'élève contre nous en disant : Us
royautés passeront, et les puissants dispa-
rattront, mais ma royauté durera pendant
réiernité t » Eliphaz s'étant alors levé en
grand trouble, se sépara d'eux plein de
colère, eu disant: « Moi je m'en irai ; noui
sommes venus pour le consoler» et il nou3
humilie en présence de nos soldats. ■
il3
JOB
PART, m,— LEGiNraiS ET FRAGHETfTS.
JOB
il4
Alors Batdad le retint de la main en di-
sant : « Il ne faut point p(»rler ainsi à un
homme dans la douleur, et qui de plus est
afllij^é de vant de plaies. Voici que nous qui
soiouies en sauté, nous n'avons pu nous ap-
procher de lui , à cause de sa mauvaise
odur.sans être munis de p8rfums.Ettoi,Eli-
uhazy tu Tonblies et tu mangues de sagesse.
Prenons patience pour savoir dans quel état
(i esprit il se trouve, de crainte qu'en lui
rafipelaot son bonheur passé, nous n'ayons
é^aré son esprit. Qui ne serait point frappé
de douleur en voyant un tel homme plongé
dans un tel abîme de chagrins et de maux?
laisse-moi m*approcher de lui pour savoir
dans quel état il se trouve. »
Et Baldad s'ëtant levé s'approcha de moi
en disant : « Es-tu Job. » Et Je lui répon-
dis : « Oui. » Et il me dit : « Est-ce que (on
Ame est dans le calme et le bon sens? »
El je lui répondis : a Elle ne s'est point
allachée aux choses de la terre, car la
terre est incertaine, ainsi que tous ceux qui
l'habitent ; mon Ame s'est appuyée sur les
choses du ciel, parce qu'il n'y a pas de trou-
ble dans le ciel. » Et Baldad reprenant me
dil :« Nous savons ç[ue la terre est incer-
taine, puisque parfois elle change; quelque-
fois elle est en paix, d'autres fois elle est
agitée par la guerre. Quant au ciel, nous
entendons dire qu'il est calme et tranquille :
donc ton âme est véritablement ferme et
sensée. Je vnis tinterroger; et si tu me ré-
ponds dans le sens de (a première pensée. Je
le terai une seconde question, et si tu me
réponds avee suite et constance , il est évi-
dent que ton âme n'est point troublée et en
désordre. »£t il me dit: « Bn quoi mets-tu
ton espérance? » Et je lui répondis: «£tons le
Dieu vivant. » El il me dit : <i Si tu espères
en Dieu, pourquoi l'aceuses-tu de l'avoir
injustement traité eu t'accabiaut de ces
plaies ei de ces malheurs, et en l'enlevant
les biens. S'il te les a enlevés, il aurait dû
ne pas te les donner; jamais un roi n'ou-
Ira^e le soldat qui l'a bien servi ; qui pourra
sonder les profondeurs de la sagesse du
Seigneur, si tu oses le (axer d'injustice ?
réponds-moi donc à cela, lob; et je te
dis encore, si ton âme est r>alme, instruis-
moi, si ton intelligence est droite : pour-
quoi voyons-nous le soleil se lever a To-
rieet, puis se coucher à l'occident et le
retrouvons-nous le lendemain au réveil ,
qui se lève et l'orient. Eclaircis-moi ee
lujrstère.i»
El je lui dis: « Pourquoi no célébrerai-je
pas la grandeur de Dieu dans mon âme ? Ma
Louche pourrait-elle outrager mon MnttrH?
I^on, jamais. Quisomntes-nous avec nos fri-
voles questions sur les choses du ciel, nous
qui sommes de chair, moitié cendre et moi-
tié boue. Pour vous prouver que mon âme
est fbrme et sensée, écoutez ma question :
La nourriture passe par la bouche, qui ab-
sorde aussi la boisson; toutes deux passent
ensemble par le gosier; mais lorsqu'elles
sont arrivées ensemble au fond des intes-
tins, elles se séparent Tune de Tautre, Qui
donc les divise ?» Et Baldad répondit: c Je
l'ignore.» Et moi réprenant, je lui dis : «c Si
tu ne comprends pas les voies de ton eorps,
comment comprendras-tu les choses céles-
tes? V Et Sophar prit la parole et dit : « Nous
ne recherchons point ce qui est au-dessus de
nous, mais nous voulons savoir si ton esprit
est maître de lui. Et voilà que nous connais-
sons très-bien que ton intelligence n'est
point altérée. Quel service veux-tu donc
recevoir de nous? car voici que nous avons
amené avec nous les médecins de trois rois;
si tu veux, fais- toi guérir par eux. » Je répon-
dis : « Mon traitement et ma guérison dé-
pendent du Seigneur qui a créé aussi les
médecins. »
Et pendant que je leur parlais ainsi, voici
venir ma femme Sitis, couverte de ses hail-
lons , et qui s'était enfioie de la maison du
maître quelle servait, bien qu'il eât voulu
s'opposer è sa fuite, parce qu'il craignait
que les rois, en ta voyant, ne l'enlevassent.
Quand elle fut arrivée, elle se jeta à leurs
pieds en pleurant et en disant : « Eliphaz et
vous tous, souvenez-vous de ee que j*éiais
autrefois et comment j'étais vêtue; et voyex
maintenant mon extérieur et comment je suis
couverte. » Et alors les rois exprimèrent une
longue plainte, et, frappés d'une double dou-
leur, ils gardèrent le silence. Eliphaz même,
déchira son manteau de pourpre pour la revê-
tir. Et elle le suppliait en disant : « Je voue
supplie, mes seigneurs, ordonnez à vos sol-
dats de fouiller les décombres de notre mai-
son, qui s'est écroulée sur mes enfants,
afin que leurs os soient recueillis dans le
tombeau, puisque nous ne l'avons pu à
cause de la dépense. Que nous voyions au
moins leurs os. Je ne veux point ressem-
bler h une brute, à un animal sauvage, moi
S(ui ai perdu en un même jour mes dix en-
ànts, et (fui n'en ai point enseveli un seul. »
Et les rois donnèrent l'ordre de fouiller la
maison. Mais je les empêchai, en disant :
« On ne retrouvera pas mes enfants, car ils
sont mainlenaiU sous la garde de leur Créa-
teur et Roi. » Et les rois répondirent : a Qui
oserait prétendre maintenant qu*il ait sa
raison et son bon sens? nous voulons re-
cueillir les es do ses enfants, et il nous ar-
rête, en disant qu'ils ont été ramassés et sont
gardés par leur Créateur? La vérité nous
semble évidente. »
Je dis ensuite aux rois ; « Soutenez-moi »
que je me tienne debout. » Ceux-ci me rele-
vèrent en passant de chaque côté leurs bras
sous les miens. Et, m'étant dressé , je com-
mençai par rendre gloire à Dieu. Et, après
ma prière, je leur dis : « Levez les yeux du
côlé de l'orient. » Et les ayanl levés, ils vi-
rent mes enfants couronnés de la gloire du
Roi des cieux. Mais ma femme Siiis, les
ayant vus , tomba prosternée contre terre,
adorant Dieu et disant : «Je connais main-
tenant qu'il m'arrive un témoignage de la
f)art du Seigneur. » Et ayant dit cela, h
a tombée du soir, elle rentra dans la ville i
415
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Itfi
chez les tnattres qu*elle servait » et elle
alla se coucher près de la crèche des bœufs,
et là elle mourut épuisée de force et de cou*
rage. Et son maître Payant cherchée et ne
la IrouTsnt point, entra dans Pétable de ses
troupeaux» et là trouva morte, étendue
près de la crèche. Les animaux qui Ten-
tduraient pleuraient sur elle. Et tous, la
voyant, crièrent et gémirent, et l.e bruit s*en
répandit dans toute la ville. Et Tayant enle-
vée, ils lui rendirent les honneurs suprêmes,
et Tenterrèrent dans les débris de la maison
qui s*était écroulée sur ses enfants. Les indi-
gents de la ville vinrent se lamenter sur
elle en disant : « Voilà cette Sitis dont au-
cune femme n'égalait la puissance et la
gloire; elle n*a pas même obtenu la sépul-
ture nécessaire, n
(Vous trouverez, mes enfants, le reste de
leurs chants funèbres dans mes Paralipo-
mènes (469-71 J.
Mais Fliphazet ceux qui raccompagnaient,
épouvantés de ces événements, restèrent à
dialoguer et à s'emporter contre moi pen-
dant vingt -sept jours, disant que j'avais
aouffertjustement tous ces malheurs à cause
de mes fautes, et qu'il ne me restait plus
d'espérance, et moi, je répondais à leurs
acclimations ; irrités , ils se levèrent pour
s'en aller en fureur, et alors Elius les sup-
j>lia de rester encore ; il leur expliqua ceci :
« Vous êtes restés tous ces jours en suppor-
tant que Job se glorifiât d'être juste : moi je
ne le supporterai pas. Dans le commence-
ment j'ai pleuré sur lui, ému par le souve-
nir de son bonheur passé, et voilà que
maintenant il vient de nous dire une parole
pleine de hauteur et d'orgueil, qu'il avait
son trône dans les cieux ! Donc écoutez-moi,
et je vous ferai connaître quelle est sa des-
tinée et son sort. » Alors Elius, inspiré par
Satan , m'adressa des discours insolents ,
dont quelques-uns ont été consignés dans
]^ Paralipomènn d'Eliphaz. Quand il eut
fini, le Seigneur se manifesta à moi dans un
tourbillon et un nuage, condamnant Elius ,
et me montrant que ce n'était pas un hom-
me, mais un monstre qui avait parlé par sa
bouche ; et après que le Seigneur eut cessé
de me parler, le Seigneur dit à Eliphaz :
«Vous avez péché, toi et tes amis, vous
n'avez pas dit la vérité en accusant mon
serviteur Job; Ainsi donc, lovez- vous, et
faites-lui apporter de quoi offrir pour vous
un sacrifice pour laver votre iniquité; car,
sans la con2>idérati(m de mon serviteur, je
vous ferais périr. » Et ceux-ci m'apportè-
rent ce au'il fallait pour offrir un sacrifice»
et moi I ayant pris , j'offris pour eux le sa-
crifice, et le Seigneur l'ayant agréé, leur
remit leur péché. Alors Elipliaz , BaiJad et
Sophar connurent qie le Seigneur leur avait
remis leur iniquité à la considération de son
serviteur Job. (Quant à Elius, il ne le jugea
jias digne de pardon.) Eliphaz prenant la
jiarole commença un hymne, tous les au-
tres l'accompagnaient , ainsi ope tes sonlatt
rangés autour de l'autel ; et Eliphaz |)irla
ainsi :
« Notre iniquité est effacée, et notre faute
a été lavée ; le seul Elius, comme un criuii-
uel, n'aura pas de souvenir parmi les vivants
son flambeau s'est éteint et a obscurci .va
lumière ; la gloire de sa lampe tournera à sa
condamnation, parce qu'il est fils des ténè-
bres et non plus de la lumière; les gardiens
des ténèbres hériteront de sa gloire et de sa
majesté; sa royauté est évanouie; son
trône est renversé; son honneur et son éclat
appartiennent aux enfers; il a préféré la
beauté du serpent et les écailles du dragon;
il s'est nourri de son fiel et de si^n venin ;
il n*a point gagné le Seigneur, il ne l'a i>as
redouté ; il a irrité ses élus; le Seigneur s est
retiré de lui et les saints l'ont abandonné;
la colère et la fureur seront sa nourriture
et il n'a ni compassion ni peine dans son
&me, il a eu le venin du serpent sur sa lan-
gue. Le Seigneur est juste , ses condamna-
tions sont équitables; devant lui il n'yt
pointd'accepiionde personnes, il nousjugcra
tous également. Voilà que le Seigneur s'e^l
révélé. Voilà que les saints se sont manifes-
tés, apportant les couronnes et les éloges.
Gloire anx saints I que leurs cœurs soient
bénisi parce qu'ils ont abandonné riion-
neur qu ils avaient en partage : nos iniqui-
tés sont lavées, notre injustice a été puriliée,
mais le criminel Elius n'a pas eu de souve-
nir parmi tes vivants. »
Lorsqu'Eliphaz eut fini sonb]rmne, nous
nous levâmes et revînmes à la ville dans la
maison que nous habitions, et ils me firent
un festin dans la grâce et la bénédiction du
Seigneur. Et tous mes amis revinrent auprès
de moi, et tous ceux qui me virent heureux
me demandèrent: «Que réclames-tu mainte-
nant de nous? » Et moi, leur répondant, je
leur demandais de nouveau de quoi faire du
bien aux pauvres, en disant : « Donnez-uioi
chacun pne brebis pour vêtir ceux c|ui stmi
pauvres et nus ; » et alors chacun m apporu
une brebis et quatre drachmes d'or et d'ar-
gent. Et alors le Seigneur bénit tous mes
biens, et en peu de jours je fus de nouveau
comblé de toutes les richesses, de tous K*s
troupeaux, et de tous les biens que j'avais
perdus ; et je recouvrai tout au double, etr
pris une femme qui fut votre mère, et je
vous engendrai tous les dix h la place dts
dix enfants que j'avais perdus. Et mainte-
naut, mes entants, écoulez mes avis : ■ Voici
que je vais mourir, vous ne serez plus arec
moi ; n'oubliez pas le Seigneur, faites du
bien aux pauvres, ne méprisez pas ceux ijui
sont nus, ne prenez pas de femme chez le^
étrangers. Voici donc, mes enfants, que je
vous partage tous mes biens, afin que cna-
cun de vous en soit le maître» et puisse, avec
sa part, avoir la liberté de faire du i;)en
comme il lui plaira. »
Et ayant ainsi parlé, il apporta toutes ses
(469-71) Malgid li bizarrerie du mot, Dous avons eu devoir IVniplajor iii, patca qu'il cit t^Ç^*
•lub bas.
il7
jUB
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOR
418
richesses et les partagea entre ses sept en-
fants mÂles. Et il n'en donna point à ses
filles. £l elles dirent à leur père : « Seigneur,
Dotre père» est-ce que nous ne sommes pas
tes enfants? pourquoi ne nous avoir pas
donné aussi une part de tes biens? » Et Job
(iitàses rilles:«Ne vous troublez point, mes
GlIeSy car je ne vous ai point oubliées. Voici
que je vous ai gardé une part d'héritage
plus précieuse qUe celles de vos sept frères. i»
Etajant appelé celle de ses filles qui se nom-
mait Hétnéra^ il lui dit : « Prends cette clef,
entre dans la chambre de garde et apporte-
moi la cassette d'or, pour que je vous donne
i vous aussi votre part. »Ëlle s'en fut et la
lui apporta. Et ayant ouvert ce coffre, il en
lira trois écbarpes si belles, que le langa^^e
humain serait impuissant à les décrire. Ce
n'était point uo ouvrage terrestre, mais di-
vin, et elles étincelaient de rayons aussi
brillants que les feus du soleil. Et il donna
Qoe écharpe à chacune de ses fillesi en leur
disant : < Prenez-les et vous en ceignez, afin
qu* elles vous protègent tous les jours de
votre vie et vous procurent toute sorte de
biens. »
Mais fautre QUe, qui se nommait Cassia,
loi dit : « Mon père, est-ce donc là cette part
que tu nous disais dIus précieuse que
celle de nos frères? Quoi donc, avec ces
ceintures, nous n'aurons pas de quoi vivre? »
Et leur père leur dit: « Non -seulement vous
aurez avec cela de quoi vivre, mais encore
ces ceintures vous conduiront à une vie
meiUeure, à la vie du ciel. Ignorez-vous,
mes enfants, la vertu de ces ceintures, par le
moyeu desquelles Dieu a daigné prendre
pillé de moi et délivrer mon corps des plaies
vides vers? Car m'ayant appelé, il me pré-
s<rola ces trois écbarpes, et il médit : «Lève-
toi , ceins-loi les reins comme un homme.
Je l'interrogerai, et réponds-moi. » Et moi,
les prenant, je me ceignis, et aussitôt les
vers disparurent de mon corps; et en mémo
temps toutes mes plaies et tout le reste de
mon corps fut fortifié par la puissance du
Seigneur. Et dans la suite je n'éprouvai plus
une seule douleur ; je ne conservai même
plus dans mon Ame le souvenir de mes souf-
frances. Or, le Seigneur me parla dans sa
force et me montra le passé et favenir.
« Donc, mes enfants, aujourd'hui, avec
ces ceintures, vous n'avez plus à redouter
les attaques de l'ennemi , ni même les pen-
sées de votre Ame. Car c*est ici la protecliou
et la garde du Seigneur. Levez-vous donc,
et revêtez-vous de ces ceintures avant que
je meure, a&n que vous puissiez voir les
anges assister à ma sortie de ce monde ,
et que vous admiriez les puissances de
Dieu. »
Alors celle des trois sœurs qui se nom-
mail Héméra s'étant levée, ceignit l'écharpo,
et aussitôt elle se dégagea de la chair, comme
Tavait annoncé son père, et elle prit une au-
tre flme, au point d oublier les pensées de la
terre, et elle chanta les hymnes angéliques
dans la langue des anges, et elle entonna
un hymne A Dieu , comme les cantiques des
an^es. Et alors Tautre fille, Cassia, se cei-
gnit è son tour, et son Ame fut transportée»
au point d'out)Iier les pensées de ce monde;
sa bouche parla la langue des prinres céles-
tes, et elle entonna les cantiques du ciel. De
sorte que si (juelau'un veut connaître les
chants des cieux, il pourra les comprendre
dans les hymnes de Cassia. Alors aussi, Tau-
tre sœur, qui se nommait Corne d'abondance
{kl^)y prit la ceinture, et sa bouche aussitôt
parla le langage d'en haut, car son Ame
avait été exaltée et séparée des pensées
d'ici bas. Elle parla dans la langue des ché-
rubins, glorifiant le Maître des vertus et ré-
vélant leur gloire. Et celui qui voudrait re-
trouver la trace de la gloire du Père, la re-
trouverait reproduite dans les prières de
Corne d'abondance.
Et quand les trois sœurs eurent fini de
chanter, moi, Néréu$, frère de Job, je m'as-
sis auprès de Job qui était couché, et j'en-
tendis les chants glorieux des trois filles
de mon frère ,*reprenant l'une après l'autre.
Et j'écrivis ce livre, à l'exception des hym-
nes et des signes de la Parole, parce que ce
sont les glorifications de Dieu.
Donc Job était couché tout affaibli, sans
douleur et sans souffrance, parce que la dou-
leur ne pouvait plus s'approcher de lui à
cause de la vertu de la ceinture dont il avait
été revêtu. Et après trois jours. Job vit les
saints anges qui venaient chercher son Ame.
Et alors, s'étant soujevé, il prit sa cithare et
la donna à sa Ulte Héméra ; à Cassia, il donna
un encensoir; è Corne d'abondance^ il donna
un tympanon» pour qu'elles glorifiassent les
saints anges qui venaient chercher son Ame;
et celles-ci, les prenant, chantèrent et jouè-
rent des instruments, et elles louèrent et
elles glorifièrent Dieu dans une langue su-
blime, et ensuite celui qui était monté sur
un grand char descendit» et il embrassa iob
à la vue de ses trois filles, et les autres ne
le virent point, et il prit l'Ame de Job et il
s'enleva en l'emportant, et il la fit placer sur
le char, et il prit sa route vers l'orient. Le
corps de Job rut porté au tombeau, précédé
de ses trois filles qui, ceintes de leurs écbar-
Ses, chantaient des hymnes h la louange de
lieu.
Et alors Néréus, frère de Job, et ses sept
fils» avec tout le reste du peuple, les pau-
vres, les indigents el les orphelins firent
une grande lamentation sur lui, en disant :
« Malheur I parce qu'aujourd'hui a été en-
levé d'entre nous celui qui était la force des
faibles, la lumière des aveugles, le père des
orphelins I il a été enlevé, le père des étran*
gers, la route des égarés* le vêtement de
ceux qui étaient nus , le prolecteur des
veuves ! qui maintenant ne pleurerait pas
l'homme de Dieu? v Et avec toutes ces
plaintes ilsempêchèrentqu^onnedéposAt Job
dans le tombeau. Et après trois jours, il fut
placé dans le tombeau pour un glorieux
(472) Dans la Vulgate, Cornuttibii,
410
DICTIONNAlnE DES AIH)C!IYPIIE9.
m
soniuieili i^dm>ré (l*un nom Illustre et véné-
rable dans toutes les générations r)ii temps.
Il laissa sept fils et trois filles. Et il ne se
irouTa jamais, après les QlleS de Job, de
femnaes supérieures à elles sous le cinl.
Job avait d'abord reçu le nom de Jobab;
le Sei'^neur changea son nom en celui de
Job. Il avait vécu, avant son malheur, qua-
(re*vin^t cinq ans, et après son malheur,
ayant recouvré le tout en double, il r^rut
aussi le double de ses années, c*est-è-dtr« ,
cent soixante et dix ans. Il vécut donc en
tout deux cent quaraniebuit années (^73).
et il vit les enfants de ses enfants jusqu'à
la Quatrième générati<^n. Et il a été écrit
qu*il avait été ressuscité avec ceux que i«
Seigneur avait res5:uscilés (474).
Donc, rendons gloire k Dieu.
JOSEPH.
Ce patriarche célèbre a été le sujet d*un
grand nombre de récits apocryphes. Noua
en avons déjà cité quelques uns dans le
premier volume de ce Dictionnaire ^ col.
705, en mentionnant divers opuscules qui
avaient été iBis sous son nom, et qui sont
aujour i*hui perdus (475), et nous avons tra-
duit V Histoire de son mariage avec Asseneth^
fille de Putiphar n petit ruman oriental oik il
y a plus de grÂce et plus d*imagination que
dans la plupart de ces vieux récits.
Les Musulmans mêlèrent *& Thistoire de
Joseph une foule de détails apocryphes. Nous
«;a rapporterons quelques-uns aaprès Tou*
vrage deM. Weil, dont nousavons déjà parlé,
lis racontent que lorsuue ses frères le
jetèrent dans une citerne, il s'y serait noyé,
si Dieu n*avait pas ordonné à range Gabriel
de placer une grosse pierre sous ses pieds
<fc76). L'ange éclaira aussi ce lieu ténébreux
au moyen d'une pierre prérieuse.
« Après avoir vendu Joseph, ses frères
trempèrent sa robe dans le sang d'un agneau
(477), parce que le sang d'un agneau ne se
distiUi^ue pas de celui de Thomme, et ils le
portèrent à Jacob, disant : • Un loup est venu
et il a dévoré Joseph, et nous avons trouvé
cette robe que nousavons reconnue comme
étant la sienne. » Jacob répondit : « Com-
tois) Il y a ici une efreur dé texte. Il fbal lire
cvc *n lieu de tf{Ai), ei alors on obtieni \% nombre
S55 composé de 85 et 170, ou bleu il faut lyouter
les 7 aiiueesda soufi-ance dont le texte 9fii) ne ti> ul
^B compte et qui ajoutés aux 248 donnent i55.
(474) iob se irouvail dans les limbes au uiomeni
de la tiesceoie du Sauveur, dans Tintervalle de sa
tuort à sa résurrection.
(475) Entre autres «ne prière dont Origéne a
fait mention (toiu. m m tienetim apud Eusebiura,
Prmpar, ewangel.^ Lb. vi, o. 11, et in PkiloeaUa
OrigeniSf c. 25) : i In Josrphi precatione a Jacobo
4 ciiur : t Legi io tabutis cœti quxcunaue accident
vobis et fihis vcsiris... • Quod si quis admjttat
precaUonem Joseph inscripiam in bis libris qui
apud U'braeos dicuntor apocryphi, moi hoc dogma
etiam aperie dictnm inde sumptnrus est ; perinde
quasi qui a principio eximium aliquid prai hoinini«
lius b»tNi«runt, longe meliores exieris animabus,
cuiu aiigeli es«ent, ad bumanam deseeuderint na«
turam. •
Frooope de Gaza, dans son Commentaire sur la
CenêM, dit aussi : c Prcterea, ut magis suam opi«
niuneiu siabiliant, adducunt illud tesiimonium ab
Jacobo dictum ex oratiune Joseph! : i Legi in ta-
buhs cœli quanta contingent vobis et Iliiis vas-
iris. I
Michel Glycas s'exprime de son cété dans ses
ment puis-je croire qu'un lo«ip a dévoré
Jost>ph lorsqu'il n'y a aucune déchirure sur
sa tunique?» Les frères avaient oublié en
effet de la déchirer afin de rendre leur récit
vraisemblable. « D^ailleurs , » continua Jt*
cob, « il y a longtemps qu'il ne s*est (tas
montré de loup dans le pays i* « Nous pen-
sions bien, » répondit un des fils, «que tu
n'ajouterais pas foi à nos paroles, mais nous
cheroherons le loup, et nous le fournirons
afnsi la preuve que nous avons dit la vé-
rité. »
« Ils se mirent donc en quête avec un gran<l
équipage de chasse, et ilsjiarcoururenl tout
le pays, jusqu'à ce qu'enfin ils eurent trou-
vé un gros loup qu'ils prirent vivant et qu'ils
amenèrent à Jacob comme étant le meur-
trier de Joseph. Mais Dieu ouvrit la bouche
du loup, et il dit : a Ne crois pas, fils d*I>aac,
à ce que disent tes fils. Je suis d'un pays fort
éloigné, je cherche un de mes ^letits qui me
été enlevé pendant mon sommeil ;cooHnen(
aurais-je privé d'un de ses fils un prophète
de Dieu? a Jacob fit remettre le loup en li-
berté, et il éloigna ses fils de sa présence, ne
gardant auprès de lui que Benjamin.
c Joseph, amené par les marchands ara*
bes, aperfut le tombeau de sa mère ; alors,
accablé de chagrin, il se jeta par terre, et il
Annalêi (part, n,p. 171) dans Irs tennes suivants :
i Appetlatio Uriells, ut vere sapiens vir PmtIIhi
scripsit, née prisd fcedérii libris nec novi coaii-
netur, sed exstal in libre qiiodani llrbraico <|a'
vulgo non estnotus habetiue inscrtpdoueni preca-
tjoiiis Josephi, quo in libro /otepki pairr Jacobtt
hoc cum aiigelo et cum HapbaelecoHoq'îens iutroiiu«
cilur. Liber ipse apud Hebraeos, ut »lii quoque
apocryphi, pio reieciilîo duciinr, et uibll auciunu»
tis habet. •
Richard Simon (Bibliothèque ctitlque, t. Il, p.
258) observe qu*Or gène a invoqué l'autorité Je
la Prière de Joieph pour montrer que sai»a ido-
liaptisln, qui était un ange, a été envoyé ea Criu
qualité ponr servir Jésus^Ghrist ; mais les priodpe*
qu*0r4géue suppose d'apiés son prétenéu J^iS^plii
s*ai cordent plutôl avec le platonisme qu'avec la vé-
ritable croyance de TEglise. Comme il ne iioi<f
reste que f(»ri pou de chuie de celte ancienne ^^t'
re, il est difficile de savoir si les JuUs beliéiâi»ies
ou les anciens hérétiques séparés dti christisiii^m^
en sont les auteurs. Use peut Taire quVigiuairenirot
elie vienne des premiers et que les autres qui m Mil
soureiil copiés l'aient adoptée
(476) La Genète au contraire : La foM Ueni ni$t
il tCy avait pas d^eau,
(%n) La tenèëe (xxwii, 31) d t : drunjteiu Mac
Ul
JOS
PART. nL-*LEGENDES ET FHAGUENTS.
JOS
m
se mil à prier et à pleurer. Le chef de la
caravane le frappa, et voulat le forcer de
se remettre en route, mais une épaisse nuée
noire couvrit aussitôt la terre ; il fut épou-
vanté; et Joseph pria sans empêchement
jusipj*à ce que Tobscurité fût dissipée.
I Plus tard, devenu victime d'une ferome
effrontée* Joseph était en prison, lorsque le
roi des Grecs, qui était alors en guerre avee
l'Egypte, envoya un ambassadeur à Pha-
raon, sous prétexte d*ouvrir des qégociations
pour ia pais, mais au fait pour chercher à
faire périr ce courageux monarque. L'am*
iiassadeur s'adressa à une vieillefemme grec*
que, qui demeurait depuis longtemps en
^pte,et lui demanda conseil. «Je ne cou-
nais d*autre moyen, dit-elle, que d« corrom-
pre TéchansoB ou le chef des cuisines du
roi, sGn qu'un d'eux l'emitoisonuf. » L'am-
bassadeur s'attacha è faire la conuaissancede
ces deux foulionnaires, et trourant le chef
des cuisines plus accessible, il Qnit par lut
persuader d'empoisonner le roi, moyennant lo
jond'un quintal d'er. Dès qu'il pensa avoir
atteint le but de son vojrage, il se tint prêt à
l>artir, mais auparavant il alla voir sa compa*
iriole, afin de l'informer de ce qu'il avait
fait. Elle o*était pas seule et il dut se borner
à lui dire qu'il avait tout lieu d'être satisfait
du résultat de sa mission. Ces paroles revin«
rentaux oreilles de Pharaon, et comme eU
les ne pouvaient s'expli(]uer naturellement,
car les négociations étaient rompues, et la
guerre avait recommencé , on soupçonna
quelque mjstàre. La femme grecque fut
amenée devant le roi, et pressée jusqu'à ce
qu elle edt révélé ce qu'elle savait. Le mo-
narque, justument irrité. Ut enfermer l'é-
cbansoQ et le chef des cuisines dans la pri-
son oili était Joseph.
« lies deux captifs lui racontèrent un jour
3u ils avaient eu des songes et lui en deman-
èrent l'explication {VIS). Joseph leur dit
que ces songes annonçaient que l'échanson
serait remis en possession de sa charge, et
que le chef des cuisines serait pendu, lisse
luirent à rire et dirent : « Nous . n'avons
voulu que te mettre à l'épreuve, et nous n'a-
vons pas eu de songe. » Joseph leur répon-
dit:«Votre Honge peut être réel ou inventé
i plaisir, mais ce que je vous dis est le juge-
ment de Oien, et i) s'accomplira. » Les cho-
ses se passèrent comme Joseph l'avait an-
ooncé; il pria l'échanson de sa souvenir
de lui, mais celui-ci l'oublia, et comme Jo-
seph avait mis sa confiance en un homme
plutôt qu'en Dieu, l'arbre de la cour de la
prison se dessécha et la source tarit. »
D'après une légende rabhiniqne, Jacob
recommanda à ses fils de ne pas entrer en-
semble dans la vilio k cause du mauvais œil.
Joseph, pensant bien que ses frères revien-
draient en Egypte, avait ordonné aux gar-
diens des portes de lui apporter cha^jue jour
(i78) iAGenè$e(rhr xi) s* borne à dire que te
chef des écbaiisons ei le chef des panuetiers ayant
oft-nsé le roi, il les A( eorerm^tr daus la roaisou du
clM(d«s exécaieurs, où Joseph éuit déianu; les
la liste de noms des tous I«s étrangurs. tJii
jour on lui apporta le nom de Ruben, tils de
Jacob, un autre jour, celai de Siméon, fils de
Jacob, et ainsi de suite- jusqu*À un dixième
nom, .qui fui celui d*A£ser. Joseph fit alors
venir auprèsde lui les préposés aux magas^ins
publics où se faisaient des distributions de
vivres, et il ordonna, lorsque ses frères se
présenteraient, de les arrêter, et de les con«
duire devant lui.
Quand Joseph fit saisir Siméon, ses frères
voulurent le défendre, mais Siméon n'avait
pas besoin de leur secours; Joseph demanda
alors à Pharaon d'envoyer soixanto dix des
plus robustes de ses soldats pour s'emparer
de l'Hébreu; mais celui-ci poussa un cri
terrible, et les soixante-dix soldats tombè-
rent par lerre,et se cassèrent ies dents. Joseph
dit alors à son fils Menasché qui était auprès
de lui : «Va ei passe-lui une corde autour du
cou. » Menasché frappa Siméon, le renversa
et l'enchatna. EtSimôon dit en tombant : « K
n'y a qu un homme de ma famille qui ait pu
frapper ainsi. »
« Quand Joseph fit enfermer Benjamint
Judas cria avee tant de force, que Chuschim,
le fi s de Dan, l'entendit dans le pays de Cha*
naan, et lui répondit. Joseplicraignitd'ètre mis
à mort en voyant Judas dans une colère telle,
3u'il jaillissait du sang de son œil droit. Ju<-
as portait habituellemeat cinq vêtements
sur lui, et quand il était en colère, son cœur
enflait tellement que ces cinq vêtements se
déchiraient. Joseph poussa un cri si vio-
lent qu'uûe colonne tomba en débris, et Ju<*
das dit alors : « Voici également un héros
comme nous. »
Le Coran, chap. 12, raconte tort au long
l'histoire de Joseph, en Tembellissant de cir-
constances fabuleuses, dont voici un échan**
tillon 2
« Jacob étant devenu aveugle. Joseph lui
envoya son manteau et le vieillard recouvra
la vue. Ce manteau avait été apporté par
l'ange Gabriel à Abraham, lorsque ce pa-
triarche fut jeté au milieu des Hammes, et
il était fait de la soie du paradis. 11 répandait
une odeur divine, et il guérissait tous les
malades qu'il touchait. Abraham le laissa à
Isaac, qui le transmit à Jacob, des mains du-
quel il passa à Joseph. »
Les rabbins ne le cèdent point aux Musul-
mans en fait d'anec<lotes controuvées rela-
tives à Joseph. Nous nous bornerons à en
mentionner une:
« Les astrologues de Pharaon , irrités de
voir Joseph en faveur auprès du rui , di«
saient : «Il faut, pour gouverner l'État»
qu'il sache soixante«»dix langues. » L'ange
ôabriel vint et les lui enseigna. » (Barto-
locci, BibUolh. rabbin, t L 111, p. 521.}
Les auteurs arabes se sont livrés à tous les
caprices de leur imagination en racontant
l'bistoire do Joseph : s'il faut s'en, rapporter
songes que racontent les lé^n^fes arabes sont d ail-
leurs ooaforniea à eeux |qa*iDJique la narmiion de
42S
DlCTIONi;.JRC DES ÀPOCAYFUES.
m
h leurs récits, le puits où ses frères Tavaient
l'elé se revêtit d*herbes et de Qeurs; les ron-
ces qui remplissaient cet abîme devinrert
des branches d*arbres vt^rdoyants qui fur*
mèrent sur sa (été un ombrage frais el déli-
cieux; une rosée douce et suave (omba dans
la bouche du fils de ianob. Ce puits avait été
creusé par le sa^^e Schadad, qui avait habité
autrefois la terre de Chanaan, et que Dieu
avait enlevé et transporté dans le paradis
terrestre, où il jouissait du bonheur éternel
et du don de prophétie. Il se promenait dans
ce lieu enchanteur avec Enoch , lorsque
l'ange du Seigneur Tenlevade nouveau et le
transporta dans le puits même où se trouvait
Joseph. *Dieu le chargea de le consoler et de
rinstruire. Le prophète apprit à Joseph que
le Seigneur voulait le punir et lui infliger
des malheurs passagers, parce qu'il avait
conçu des pensers d'orgueil en se regardant
dans un miroir et en admirant sa jolie figure,
et pour avoir réfléchi avec trop de comptai*
sance sur TagrémeBt de son esprit et sur l'é-
tendue des connaissances qu'il avait ac*
quises. Joseph se prosterna devant Schadad ;
celui-ci, après lui avoir donné les conseils
les plus sages, lui prédit tout ce qui devait
lui arriver, et lui laissa une provision de
grenades d'une douceur et d'une suavité
exquises
Joseph étant en Egypte chez Katflr (Puti-
pbar), un chameau, sur lequel était monté
un Arabe qui se rendait dans le pays de
Chanaan, s'arrêta tout court, et c]uelque8
eflbrts que fit son maître pour le faire avan*
cer, il s'j^ refusa obstinément. Regardant
Joseph qui vint sur la porte du palais, l'ani-
mal s'agenouilla, baisa ses pieds et versa
ùes larmes. Joseph s'attendrit de son côté.
Cette scène singulière attira de toutes parts
des spectateurs. Kattir accourut pour en de-
mander l'explication è Joseph, lequel déclara
reconnaître ce chameau pour avoir appar-
tenu è son père; il lui avait souvent donné
à manger en sa jeunesse. L'Arabe convint
qu'il i avait acheté dans le pays de Chanaan,
el promit de porter à Jacob des nouvelles
du fils qu*il croyait perdu.
Une tradition orientale attribue à Joseph
U fondation de Memphis, la construction du
canal duCaire pour l'écoulement des eaux du
Nil, férection des obélisques et des pyra-
mides que l'on prenait dans le moyen |âge
|iour les greniers dont le patriarche avait
ordonné la construction. Selon d'autres au-
teurs, Joseph a été le Mercure ou l'Hermès
du l'Egvpte, inventeur des sciences les plus
profondes et de la géométrie.
Un des poëtes persans les plus célèbres,
Djamt, mort l'an 898 de l'Hégire (14^92 de
l'ère chrétienne), a pris Joseph pour le hé-
ros d'une épopée fort estimée chez les Orii n-
laux, et qui a été traduite en hindostani. La
Bibliothèque des Romane ^ juin 1778, avait
donné une analyse peu satisfaisante de cette
épopée; M.deRosenzweiga publié à Vienne,
en 1824, une édition du texte original in*foIio,
et il en a donné, la même année, une traduo
lion aHemande ia-8*. M. Sylvestre deSacy a
rendu compte, dansaeux articles du Joumni
des Savante (iuin et août 1826), de cette i^u-
blication intéressante.
Le poëme s'ouvre par un s<Dge d'A<lam,
dans leauel le premier homme voit paraîtra
devant lui toute sa postérité. La beauté de
Joseph fra))pe ses regards; il désire savoir
quel est celui qui se distingue ainsi entrt
tous ses descendants. Une voix céleste l'ins-
truit des destinées de Joseph, et, par l'onire
de cette même voix, il lui lègue une rirhe
portion des dons naturels et surnaturels que
le Créateur lui a accordés.
Nous laisserons de côté lou.<( les épisodes
dans lesquels se complaît l'imagination du
poëte persan; nous dirons seulement qu'a-
près bien des épreuves et des souffrantes
supportées avec courage, le fils de Jacoû
épouse Zouleikha, devenue veuve par la mort
de Putiphar.
Une nuit que Joseph avait été surpris du
sommeil au pied de Vautel devant lequel il
adorait la Majesté divine, son père etsa méro
lui apparurent en songe, et lui annoncèrent
3ue le moment n'était pas loin où son âme
evait quitter la terre pour aller se rejoindrt
à celle de ses pères. Joseph s'empressa de
faire part de cette annonce à Zouleikha, et,
dès ce moment, il oublia tous les intérêts
passagers de ce monde, et n*eut plus de dé>ir
que pour l'éternité. Sa femme, en proie è ia
plus vive douleur, et crai^jnant de perdre
celui qu'elle chérissait depuis quarante ans
se livra aux gémissements et aux plainte)
les plus amères. Dès le lendemain , Joseph,
averti par l'ange Gabriel que son heure éiait
venue , et renongant à dire les dernier:^
adieux à Zouleikha pour ne pas la rmdrc
témoin de cette dure séparation, respira IV
deurd'un fruit venant des jardins du parad>s
que l'ange lui présenta, et à Tinstant son âui^
cessa d*animer son corps. A la nouvelle o*
la mort de Joseph, Zouleikha tombe privtT
de sentiment ; elle ne sort de cet état que le
quatrième jour, et c'est pour sentir plus ri*
vement son malheur. Elle se livre à toute la
violence du désespoir; elle s'arrache les clie-
veux, couvre sa tête de poussière ; son sanj;
ruisselle; elle pousse les cris les plus lamen-
tables. Elle se fait porter au tombeau de Jo*
seph : un tertre de terre fraîchement remui e
lui jndique le lieu où repose son époux; elM<
s'y précipite , exhale sa douleur dans do>
expressions déchirantes , et rend le dernier
soupir. On l'ensevelit avec son mari.
L'Egypte, privée de son sauveur, ne^e^se
pas d'éprouver la puissance de ses ceudrr^.
La famine et la peste s'unissent pour porit^r
la désolation tantôt sur une rive du Nili
tantôt sur une autre, suivant qu'on en en-
lève le corps de Joseph, qui porte partout
avec lui le bonheur et la fertilité. P<»ur
mettre fin à ces fléaux, on met ce corps dans
un cercueil de pierre|, dont on l)Ooche eiac-
tenient toutes les fentes ntecde lapuii.tl
on le précipite dans le fleuve.
Le poëme se termine par des conseils mo-
raux que l'auteur donne à son fils, par drs
exhortations sur le néant du monde, le re*
128
«OS
PART. i:i.-* LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOS
4»»
noocemeol tui choses passagères et à soi-
tuéme, la aécessilé de se préparer è la oiorU
enfin parles actions de grâces au Ciel, qui a
aaordé le teraps et ia force nécessaires pour
achever ceile œuvre.
De miime que dans la plupart des producr
lionsdesOrientauifOn trouve dans Touvrage
de Djami ua mélange de beautés véritables
et d'oroetnents de mauvais çoût« d*expres«
sioDs vives, fortes, et de froides allusions,
de détails ridicules ou grossiers, de jeui
d*esprit plus subtils que justes et bien pla-
cés.
Entretien de Joseph avec la femme de Puti-
phar, d'après le Talmud deBabylone. { Tract.
JomayC/3^ fol. 35, col. 2— Fabricius (Cad.
apocr. Vet. Test.^ t. 1, p. 771) a inséré
ia traduction de ce passage par Georges
Eiiézer Edzard :
« Les rabbins ont dit : « Le pauvre et le ri-
che et Timpie paraîtront (un jour} au juge*
ment de Diea. » II sera demandé au pauvre :
« Pourquoi ne i*es-tu pas appliqué a Tétude
de la loi? » S*il répond : « J étais pauvre et
préoccuf>é des moyens de gagner ma subsis*
lance» » il lui sera dit : « Est-ce que tu as été
plus pauvre qu*Hillel?» On rapporle, au su-
jet d'Hillel Tancien, que chaque jour (avant
qu'il n*aliAt aux écoles J il gagnait par sou
travail ua demi-deuier» dont il donn;iit ia
moitié au portier ( qui laissait entrer dans
TeDceinte des écoles ouqui excluait ceux qui
ne devaient pas y pénétrer), et il gardait le
reste pour sa subsistance et celle de sa fa-
mille. Un jour, Uillel n^avaitrien pu gagner,
et le portier refusa de Tadmettre; il grimpa
alors le long des murailles, et s*assit hors
de l'école auprès d'une fenélre, pour enten-
dre les paroles du Dieu vivant de la bouche
de Schemaja et d*Aftaljon. C*étail alors la
veille du Sabbat et l'époque du solstice de
décembre, et il tomba une neige abondante^
El quand Taurore se fut levée, Schemaja dit
à Afialjojn ; « O mon frère ! cette maison n'a
jamais été bien claire; mais aujourd'hui elle
est extrêmement obscure : peut-être le jour
est-il obscurci par un grand brouillard, p
Ayant regardé avecplus d'attention, ils aper-
çurent uu homme sur la fenêtre. (Ls y moa-
tèrent et ils trouvèrent Billej enfoncé ;dans
la neige, qui avait une hauteur de trois au-
nes; ils le débarrassèi-ent aussitôt de celte
neige qui le couvrait, le lavèrent, le couvri-
rent de vêtements, et le placèrent près du
feu pour qu'il se réchautl'ât, et ils dirent
qu'il méritait qu'on lui rendit tous ces soins.,
quoiau'ils fusseât une profanation du Sab-
lai. 11 sera dit au riche : « Pourquoi ne t'^-
ta pas adonné à l'étude de la Loi? n S'il ré-
pond : « J'étais riche et occupé d^ l'admi-
nistration de mes biens, i^ il lui sera dit :
• Est-ce que ton opulence surpassait celle
deRabbi Ëléazar? i» On raconte au sujet de
cet Eléazar, fils de Chursum, que son père
lai avait laissé mille villes sur le continent
et mille uavires voguant sur là mer, et ce-
pendant, prenant chaque jour sur ses ^ult s
une outre de farine pour lui servir de pro-
vision, il voyagea uune Tille à une autre
DlCTfO!VN. DES APOCRYPHES. H.
ville, et se traasporta de province en pro-
vince afin d'étudier la Loi« Oo dit que quel-
ques-uns de ses eaclaves se saisirent un jour
de lui, et voulurent le forcer à travailler pour
le prince du pays« ne sachant pas qu'ils
avaient affaire a leur maître et au vrai prince
du pays. Il les pria d'abord de le laisser aller,
afin qu'il pût étudier la U>i; mais ils jurèrent
par la yie de leur mettre Ëléazar qu'ils ne
lui rendraient point la liberté; toutefois,
quand il leur eut payé une somme considé*
rable, il se lira de leurs mains. On ajoute
aue ce possesseur de tant de villes et de tant
e navires n'alla jamais les visiter ; m^is qu'il
rcstHit assis, employa^]! les jours et les nuits
è étudier la Loi. Il sera dit également à Tim-
f)ie : «c Pourquoi ne t*es-tu pas appliqué h
'étude de la Loi? » S'il répond qu'il élait
doué de beauté, et eiiposé aiusi à l'empiro
d'une coQcupiscence déréglée, il lui sera
dit : « Est-ce que tu étais plus beau que Ji»-
seph?)i Ou raconte de Joseph le juste que la
femme de Putiphar, voulant le séduire, lui
adressait chaaue jour des paroles flalteuses^
et que, dans le but de lui plaire, elle c^n-
geait de costume chaque matia et chaque
soir; mais il refusa toujours de paritager sa
passion coupable.On dit qu'elle ie menaça de
je faire jeter en prison; mais Josepti répon-
dit : «Le Seigneur délivre les captifs. » Elle
le menaça de lui arracher les yeux; mais Jo*
seph répondit : « Le Seigneur <Hivre i^s yeux
des aveugles. » Elle lui offrit mille talenta
d'argent; mais Joseph repoussa cesoQTres,
pe voulant pas pécher avec elle en ce monde
et partager sa punition dans 1^ x^on.de futur.
C'est ainsi qu'Hillel sera un sujet de coa-
damnation pour les pauvres; Rabhi Eléascar,
fils de Chursum, pour les rif hes^ et Joseph
pour les impies. »
Fabricius a pris la peine dlnsérer dans
^n Codex apocryphus Veleris T4slamenti^
t. li p. 4|i>l-496, une série de letlr£S..riunies
£Ous le titre de Johanhis Lemovicensis
morale somnium Pharaonis. Cet ouvrage,
adressé h Thibauld, roi de Navarre, comte
de Champagne et de Brie, se compose de
.dix-«huit Lettres échangées entre Pharaon
.et les principaux oificiers de sa cour. Elles
roulent sur les devoirs des rois et sur divers
sujets de morale, et Ton peu! les {)lacer
parmi les plus fastidieuses compositions
de ce genre qu'ait enfantées le moyeu
Age : nous nous bornerons à eu traduire
deu%.
n. Pharaon, par lamasuificence divine, roi
dTgypte, à l'eminent do<Ueur et à l'incom-
E arable interprète de l'avenir, Joseph, ^é^
reu, salut.
« Nous savons maintenant que Dieu a
envoyé son ange, homme angélique, ci-
toyen du ciel, serviteur de Dieu, AÙn qi/il
mit au jour le véritable sens de la yision
3ue nous avions eue, et qui était garrollée
ans les liens des figures, et pour que la
lumière de l'intelliâ^ence brillât dans la pri-
son de l'énigme. Vraiment ton infortune a
été un boohaur, 6 le plus lieureux des hom-
mes 1 elle a humilié tes pieds en les met-*
4i7
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
tant dans les fers, mais la sagesse est venue
couronner la lêtede rbumilié. .Heureuse la
jalousie fraternelle qui nous a procuré un
interprète aussi distingué. Heureux Taveu-
{;leuicnt d*lsraôl qui a amené une si grande
illumination des nations. Mais, par-dessus
tout, heureuse la Sagesse divine, habile
ordonnatrice des sages et des insensés» qui
assujettit à sa |»ieuse volonté les volontés oes
impies. Rien ne se montre à nos yeux sous
un aspect plus riant, rien ne résonne à nos
oreilles avec une harmonie plus suave, que
l'éclatante sa^^acité avec laquelle, dévelop-
pant la vision dont nous avons parlé, tu dis-
sipes les soucis de la royauté, et lu puriQes
et réformes les abus dans le gouvernement.
Que d*nutres se fient à la prudence dont ils
se croient doués, qu*its s'efforcent de plaire
AUX hommes, qu'ils se plaisent à être aîi-
piaudis et à entendre leurs louantes pro-
clamées par la voix des hérauts; nous pen-
sons mieux accomplir notre ministère et
honorer notre emploi, en sachant que la
gloire d'un roi consiste à aimer la justice,
-et que l'équité et la sagesse sont les bases
de son trône. A moins de vouloir détruire
le joug naturel et briser les liens de la rai-
son, nous devons agir avec nos inférieurs
comme nous voudrions que nos supérieurs
vécussent avec nous. Nous serions coupa-
bles de négliger nos devoirs envers nos su-
jets, lorsque nous voulons qu'ils s'acquittent
des leurs envers nous. Comment pourrions-
nous raisonnablement espérer de trouver
fidèles ceux envers qui nous manquerions
de foi? Aurions-nous la hardiesse d'exiger
de nos troupes le service qu'elles doivent,
lorsque nous ne nous appliquerions j)âs
% combattre en faveur des intérêts communs?
Serions-nous tombés dans une folie telle
q^ue nous pussions croire aue nous plai-
rions à Dieu lorsque nous violerions les lois
de la prudence et de la tempérance? Le
domaine des vertus est-il tombé dans une
anarchie telle qu'nn puisse en abandonner
une et en pratiquer une autre, en exclure
nne et s'adonnera une autre? Non, certai-
nement ; celui qui en blesse une les blesse
toutes; elles sont unies et reliées ensemble
par une chaîne d'or. La douce harmonie de
ton éloquence a résonné à nos oreilles, et
nous le prions, 6 fleur brillante des inter-
I frètes de l'avenir, de chasser de notre cœur
es soucis oiseux, et d'y affermir des nré-
occupations louables et raisonnables, il ne
suffit pas que ta persfiicacité révèle notre
faiblesse, elle doit aussi la guérir. Il ne
nous suffit pas non plus de prévoir les pé-
rils, il faut que nous soyons munis de la
circonspection qui nous guidera avec sûreté.
Nous ne faisons pas en vain un «ppel à ta
bienveillance, toi que décore réellement le
triple éclat d*une vie irréprochable, de la
science et de la justice.»
Répoute Je loscpb à Pharaon.
« Au seigneur Pharaon, |)ar la magnifi-
cence divine, roi puissant de l'Egypte, Jo-
seph, Hébreu, le dernier de ses esc1au'«,
salut avec un dévouement sincère.
1 Puisse-t-il recevoir l'onction à sept for-
mes de l'Esprit-Saint. Le roi magnifique qui
accomplit seul de grandes merveilles en ou-
vrant la main de sa ma^niGcence, a renipit
toutes choses de sa bonté, en dispensant h
répandant dans sa générosité les tri[ji«s
dons de sa inuniQcence, les dons de Is lor*
tune, de la nature et de la grAce. Accor-
dant h Voire Excellence des favenrs extra-
ordinaires, il l'a gratiGée de dons particu-
liers, présentant Te flambeau à ses yeux,
aQn de montrer la science royale, et incli-
nant ses oreilles pour qu'elles reçussent une
instruclioM admirable. Heureux ceux qui
lisent, qui comprennent ce qu'ils lisent,
qui aiment ce qu'ils comprennent, et qui
ne perdent jamais de vue ce qu'ils ainicni.
Toutes les générations vanteront voire bon-
heur, si vous vous attachez à écouler avic
attenlion, à garder dans la mémoire et à
accomplir avec zèle la règle de la justice. Le
Souverain des souverains et le Roi des rois
est décrit avec brièveté, comme étant bril-
lant en son aspect, puissant par son souflli*»
ardent en sa démarche, et comme éleoi
placé entre sept candélabres d*or; ces signes
sont les indices caractéristiques de la con-
duite que doit observer un roi, et qui a é;é
fixée par la sagesse divine. Instruisez-vous,
ôroisi apprenez, vous qui gouveruf^z ia
terre, comment les rois qui sont au-dessous
du ciel doivent se rég'er sur le Koi qui est
au-dessus des cieux, et s'efforcer d'acquérir
les dons spirituels. Des rois et des princes
prudents à leurs propres yeux, n'ont pas
voulu comprendre quelle ligue ils devaient
suivre pour parvenir au bonheur; ayant
déserlé le chemin du la droiture, ils se sont
égarés dans les régions de la fausselé, ei
comme ils n'ont pas eu la science qui était
nécessaire, ils ont péri à cause de leur igno-
rance. Il faut donc qu'un roi ait la sages>p,
et qu'il ne soit pas indigne de la dignité
royale; il doit posséder l'éclat de la pr>>
dence, la fermeté de la justice, la sérénité
de la tempérance et la vigueur du courage,
et il doit être élevé au-dessus de la hauteur
des autres hommes. Il doit se revêtir des
armes du Seigneur pour combattre dans ies
rangs des armées célestes, pour prolé^er Ips
enfants de la lumière et pour lutter avec
les princes des ténèbres. Il doit appli^iuir
tousses soins, toute sa sollicitude, louio
son habileté à se rendre agréable à Dieu et
utile au peuple, à protéger la justice, à
poursuivre l'iniquité, à semer lejugeroeni,
a récolter la paix. Il doit agir avec vigueur,
ne se rebutant pas du travail, ne s'abriianl
pas dans la retraite, ne refu>ant pas d'écou-
ter les plaintes qu'on porte auprès de tut,
ne différant pas de rendre ses senlenct^,
ne se laissant séduire ni par des préscms m
far des égards pour telle ou telle personne.
I doit se comporter avec circou$pectioo.
évitant les discours emphatiques, exacninaui
lesdi verses opinions, étudiant lesjugeroen s
approfondissant les enquêtes, visitautles Jif*
429
JOS
PART. Ul.^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOS
450
férenles administrations, essayant lont, Yéri-
fiantioul, de crainte que les voies droites du
Seigneur ne soient renversées nar quelque
négligence. Il doit comprendre a qui il faut
qai/ se montre indulgent, et à qui il doit
faire sentir son indignalion; à qui il doit
confier des emplois, à qui il doit retirer sa
confiance, se montrant doux pour les fai-
bles et. dur pour les superbes; rigoureux
quand il s'agira d*oSrenses envers l'Etat,
clément pour les offenses envers ,sa per-
sonne ; pourvoyant à la distribution des
erapiois selon le mérite; ne semant pas dans
le vent de la vanité , dans Teau de la vo-
lupté, dans le sable de la cupidité, mais
dans le sol fertile et gras de la charité. Que,
dans sa compassion pour les pauvres, il soit
prodigue à leur égard, afin de prêter avec
usure au Seigneur; qu'il soulage les besoins
des nécessiteux, sans conii)ler les riches,
iréférant les biens spirituels à ceux du
monde, et mettant les richesses éternelles
au-dessus de celles du temps. Qu'il ne
craigne pas d'encourir le blâme à cause do
la vérité, la critique à cause de la vertu, et
les souffrances à cause de la justice, mais
(lu'il redoute le glaive acéré et la sentence
inévitable du Juge formidable auquel il
aura k rendre compte de sa gestion. Telles
sont les vertus brillantes et clignes de res*
pect dont l'observation est un sujet d'hon-
neur pour les princes qui s\ conforment,
et dont l'oubli est un motif de honte pour
ceux qui les négligent. Les rois de la terre,
£dèles î leurs devoirs, sont fortifiés par
jVppui des dons célestes ; le don de sa-
gesse leur permet de comprendre Texcel-
ience divine; le don de 1 intelligence les
met à même de se joindre à la milice intel-
lectuelle; le don du conseil leur permet de
diriger la puissance judiciaire ; le don du
courage les aide à punir les outrages faits à
la Justice; le don du la piété leur permet de
régler la munificence royale, et le don de
crainte d'observer avec soin les vertus ci*
viles ; car l'édifice de la vertu s'écroule
prooiptement, s'il n*est constamment sou-
tenu par l'effet de la crainte divine.... »
U Bibliographie biographique de M. Œt-
tinger que nous avons déjà citée, énumère
quinze ouvrages relatifs à Joseph {Vld} ; la
plupart sont des dissertations spéciales du
^enre de celles qu'enCante la patiente érudi-
tion de l'Allemagne; nous citeronsentre elles:
£. Hoppe, Ùissertatio de philosophia José-
phi^proregis JEgypli ; Hclnistadt, 1706,in-{t*.
J. A. R. Piderit Programmata II de litulo
et nomine Josephi palriarchœ in JEgypto ;
Cassel, 1769, in-4'.
J. A. Ueuser, Dissertatio non inhumaniter
*nl prudeniissime Josephum cum frairibus
fcdêity Uaiffi, 1773, in-iii-".
(479) M. Edeslettand du MériUPo^<i>« inédUtt du
Moyen 4j^, Paris, 185i, in-8«, a publié diaprés uo
maiiuscrUde la bibliothèque de Bruxelles, reoion-
Uoi au ii« siècle, une histoire de Joseph en cin-
quanieuiie »irophes de i ve^ s, à rorme irochaif^ue
tic quinze syllabes.
Il existe en anglais: Retiew of ihe moral
and poiitical life and administration of tfte
patriarch Joseph^ Londres, 17^3, in-J2;ei
un poëte allemand, caché sous le pseudo-
nyme de Melander, s'est inspiré des récits
apocryphes pour composer l'ouvrage qu'il a
publié en 1732 sous le titre de /o^^rpA und
Assenât^,
Mentionnons aussi : Dissertatio de nomine
patriarches Josephi a Pharaone impositOf in
defensionem Vulgatœ editiônis et Patrum qui
Josephum in Serapide adumbratum tradi-
derunt , a Guill. Ponjour, Romœ, 1696«
in 4.'; Historia Josephi patriarchœ^ ex Al-
corano^ Arabice cum tripîici versione La-
tina et scholiis Th. Erpenii, Leyde, 1617,
in-4*(480^
L'histoire de Josef>h a donné lieu & uu
assez grand nombre de compositions drama-
tiques qui ont suivi, avec plus ou moins
d'exactitude, les récits bibliques; nous si-
gnalerons :La moralité de la venditiondeJo^
sephf à 49 personnages, Paris, sans date,
iH-4.'. Celle pièce est extraite mot pour mot
du Mystère du fieil Testament. On peut con-
sulter h son égard le Dictionnaire des mys-
tères, Migne, 1854, col. 478. Il en a été fait à
Paris, en 1835, aux frais d'un bibliophile
opulent, une réimpression tirée à petit
nombre. Joseph le chaste, par Ni^rolas de
Monlreux, trois actes, vers, Rouen, 1601. Jo-
sephy tragédie par l'abbé Genesl, Rouen, 1711 .
Joseph, tragédie, par Mlle Barbier (morie
en 1745), restée inédite. Joseph vendu par
ses frères^ tragédie faite par Péchantré, pour
le collège d'Harcourt, et demeurée inédite.
La reconnaissance de Joseph, tragédie chré-
tienne, par le P. Artus, Jésuite, Paris, 1749.
Joseph reconnu par ses frères, dans le Théâ'-
tre saint à V usage des jeunes personnes, par
Mme de Genlis, 1785. Joseph, iirame en cinq
actes el on prose, par Gassier » l Lemaire,
an VIII. Pharaon ou Joseph en Egypte, mé-
lodrame, 3 actes, prose, par Lefranc, 1806.
Nous trouvons, dans l'ancienîthéâtre de l'I-
talie, la Rappresentationedi Joseph, figliuolo
di Jacob, Florence, 1585, in-4*.
Le théâtre latin moderne est riche en ce
genre, ainsi que le démontre la liste sui-
vante, oui est sans doute loin d'être com-
plète :
La Comadia sacra cui titulus Joseph, par
C. Crocus, professeurà Amsterdam (Anvers,
1536), et fréquemment réimprimée pendant
le XVI* siècle.
Joseph vates, en un acte, par Michel Denis,
Vienne, 1794; Josephus^ dans les Fabulœ
comicœ de Georges Macropedius, Utrecht,
1552, in-8*; il existe une traduction en prose
de cette pièce par Antoine Féron, Anvers,
1564.
(480) Erpenius i voula faire un livre dViudo
pour la langue arabe. Il a donné une versioo inler-
ilDéaire, une version en latin plus libre et la tta-
duciion latine de BiMe; ses noies cxiUqueut les
difûcultés grammaticales.
431
BICTIONNAIRC DES APOU^PUËS.
a
Josephuf, dans le Terentius ChrUtianui de
Corneillo Schoen (159^, 1625, 1656, etc.):
Tragœdiœ m sacram histùriamlûtephi, {l^xit
trai^édios chacune en cinq actes par le P. Jac^
ques Libcn, de la Compagnie de Jésus, An-
vers, 1639; Tune d'elles, Joseph pairi reddi-
tus, a été réimprimée à Ypres en 16^»5.} Jo--
sephus, tragédie en cinq actes dans les Tra-
gicœ comicœqut aetiônes, a regio artium
coUegio Socielalis Jesu^ datœ Conimbricœ in
publicumthealrum, duciove Ludovico CruciOi
Ljron, 1605, in-8**; Joseph, 5 actes, vers, par
André Diethor, dans les Dramata êottû, BâI *,
1547, in-8*; S<ynmiator shi Joseph, tragttjia
auctoreL6one|Saflciio, Rome, 16U, in-lî;io*
sephus vendUus ; Josephus fratrts agnoscens;
Josephus JEgyptoprœftclHê; trois IraKédieiieQ
cinq actes par Fr. Le Jay, Paris, 1695*1698;
Josephus^ comœdia sacram ei mirabUem Jo*
sephi historiam cùmpleciens^ composila a
Martino Baltico, Ulm, vers 1570, in-^;
Josephus JEgypti prorex, dans les Ludi thêo*
traies sùcri du Jésuite Jacques BvdermanD,
Munich, 2 vol. in-8*.
JOSEPH D'ARIMATHIE.
On peut consulter, au sujet de ce saint
•personnage, Winer, Biblisches Real JLextcon,
I. I, p. 716.
L'Evangile de Nicodème (ch. 12 ei 15, 1. 1,
€0). 1111^ et 1118 de ce Dictionnaire) ajoute
quelques détails à ceux que rapportent les
Evangiles canoniques.
Selon une vieille légende dont les Bollan-
distes ont reproduit une rédaction latine
{Acta 55. ad 17 Martii, t. Il, p. 507), Joseph
quittant la Palestine et embarqué sur le même
navire que Marie-Madeleine, serait venu
aborder en France et aurait ensuite parcouru
1 Espagne et TAngleterre pour y prêcher la
foi. Cette tradition est racontée par le pseu-
do-Dexter dont nous avons déjà parlé.
Les écrivains du moyen ftgo ajoutèrent à
tout ceci force détails puisés dans leur ima-
gination; ils prétendirent, entre autres cir-
constances, que Joseph avait été durant se|t
ans au service de Pilate. {Voy, Fr. Michel
note sur le Roman de la Violette^ v. 53(Tnilt
Schraidt, Wiener lahrbucher, 1825, t. XXIX,
p. 73.) Ils affirmèrent aussi que Joseph avait
recueilli dans un vase d*émeraude le sang
qui sortit du côté du Sauveur lorsqu'il eut
été percé d*un coup de lance.
La légende de Joseph d'Arimathiese rat-
lâche à l'introduction du christianisme en
Angleterre, ainsi que le rapporte un passage
d*un historien peu connu sur le continent,
tiuillaume de Malmesbury, dans son livre
De antiquilate Glasloniensis Ecclesiœ, in-
séré dans le recueil publié par Gale : Hisio*
riœ Anglicœ scriptores fuîndfcim, Oxford ,
1691, in-folio, t. I, p. 292.
Post Dominicœ Resurreclionis gloriam As-^
censionisque triumphum, invidiœ ergo fatci^
bus accensi sacerdotes Judœorum cum Pha*
risœis et Scribis concitaverunt persecutionem
inEcclesia, interficiendo protomartyrem Ste-
phanum et fere a finibus suis omnes procul
pellentes. Mac igitur persecutionis procella
sœviente, dispersi credentespetierunt diversa
régna terrarum a Domino sibi delegata, ver^
bum salutis gentibus propinando, Sanctus
autem Philippus, ut testatur Freeulphus,
M. II, capitulo 4, regionem Francorum
adiens gratta prœdicandi^ plnm ni fUem eon»
vertit ac baptixavit; volens igitur vtrbum
Christi dilatari, duodecim ex suis discipulii
tUgit, ad prœdicandam Incamationem Jesu
Christi et super singulos manum dexterwn
devotissime extendit et ad evemgetizandum
terbum viiœ misit in Britanniam ; quibus vî
ferunt charissimum amicum suum Joseph ab
Arimathia qui et Dominum stpeiivii^ prefe-
cit. Venientes igitur in Britanniam anno ab
Jncarnatione Oomini sexajesimo tertio,aba»*
sumptionebeatœ Marias undetimo fidemChrûii
fiducialiter prœdicabant: r ex autem barbarui
cum sua génie tam nova audiens et inconsnefn,
omnino prœdicationi eorum consenlirerenue-
bat, nec palemas traditiones commutare tols'
bat: quia tamen de longerenerant , vitœque eorum
exigebatmodestia,quamdaminsulamadpetiliù'
nem eorum suivis, rubis atque paludibus cir*
Cumdatam ao incolis Yniswritia nuncupa*
tam in lateribus suœ regionis ad habitandam
eoncessit ; postta et alii duo reges, licet pagani,
successive comperta eorum vitœ sanctmo*
nioy unicuique eorum unemi portionem terra
conctsserunt, Ac ad petitiantm ipsorum st»
cundum morem confirmavtrunt. tlnde et xu
hidœ per eos adhuc, ut creditwr, nomen scr*
tiuntur- Prœdicti itaque sancti in eodem de^
serto conversantes post pusillum temporis
visions archangeli Gabrietis admoniti sunt,
ecclesiam in honorem sanctœ Dei Genitricis
et Virginie Mariœ in loco cœlitus eis d^
monstrato construere, qui dirinis pretcepin
non segniter obedientes secundum quod eit
fuerat ostensum, quamdam capeliam, inferius
per circuitttm, virgis tarquatis muros perp-
cientes, consummaverunt, anno post Passtonm
Domini tricesimo tertio, tx deformi quidem ste^
matCf sed DdmuUipliciter aaomatum virlute,
Sancti igitur memoraii in eodem eremo sic
degentes effluenlibus muttis annorum curn*
cutis camis ergastulo sunl tducti,
Joseph d'Arimathie figure dans le poème
du Saint-Graal , publié par M. Francisque
Michel en 1841 ; il a été inséré dans !•
Dictionnaire des légendes du christianismt
(Migne, 1855, col. 449 et suiv.), et »ur lequel
iJ est donc inutile dto revenir.
m
JOS
'ART. m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOS
454
NARRATION (481) DE JOSEPH D'ARIMATHIE QUI DEMANDA LE CORPS DE JÉSUS.
i
I. Joseph (i'Arimathie, moi qui ai demandé
i Pilate le corps de Notre-Seigneur Jésus
pour Pensevelir, j'ai été pour ce motif rois
aux fers par les Juifs meurtriers et déicides,
qui, eo conservant la loi de Moïse, sont de-
venus des agents d'afQiction; car ils ont ir-
rité le législateur en méconnaissant ce
Dieu qu'ils ont cruciflé, et ils ont prouvé sa
divinité à tous les croyants»
Or dans cesjoursoùilsont condamné èla
croii leFils de Dieui sept jours avant la mort
(lu Christ, on envoya devant Pilale deux
larrons condamnés à Jéricho, et dont voici
ks motifs d'accusation.
Le premier, qui s'appelait Gestas, avait
assassiné.des voyageurs et en frvait dépouillé
d'autres; il avait suspendu des femmes par
les pieds la tête en bas, et leur avait coupé
les seins; il avait bu le sang d'enfants qu'il
avait mutilés; il n'avait jamais reconnu de
Dieu, obéi à aucune loi, et dès son début
dans ta vie il s'était ainsi conduit.
Voici dans quelles conditions se trouvait
Fautre :
11 avait nom Démas , était Galiléen d'ori*
ine, et tenait une hôtellerie ; il hébergeait
es riches, mais rendait service aux pau-
vres, car il ensevelissait en secret, comme
Tobie, les morts indigents; il s'appliquait à
voler les Juifs, et violant la loi même è Jé-
rusalem, il avait dépouillé la fille de Caïphe,
prêtresse du temple saint, et s'était appro-
prié ce dépAt mystique de Salomon. Telles
étaient les actions dont il s'était rendu cou*
pable.
Or Jésus fut également arrêté la veille du
troisième jour de Pâaues, au soir. Ëi Caïphe
et le peuple des Juirs ne célébraient point
la Pâque, oiais leur douleur était profonde,
à cause du vol consommé dans le temple
sacré; et ayant appelé Judas Iscariote, ils le
lui dirent, car il était fils du grand prêtre ,
frère de Caïphe; et comme il n'était pas un
des disciples qui suivaient Jésus, les Juifs
tous en foule l'engagèrent à raccompa-
gner : il devait, non pas ajouter foi aux pro-
digesqu'il opérait, ni approuver ses discours,
mais livrer Jésus entre leurs mains , en lui
attribuant une parole mensongère, et il reçut
pour prix d'un si bel exploit un drachme d or
par jour : il y avait aussi un des disciples
iiomuié Jean qui avait, dit-on, passé cieux
années avec Jésus.
Et la troisième jour avant de s'emparer
do Jésus, Judas dit aux Juifs : « Délibérons
ici et décidons que ce n'est point le brigand,
(4SI) Birch a le premier publié ce fragment dans
wn Aucluarium (Copeiihacue. 1799, p. 183) d'après
le niauascrit gr<-c de la uibliollièi|Uft impérial le de
Paris, II* 710. Tbilo n'a pat jugé à propos de re*
prtHluire tiue composition qu'il jugeait de peu d'in-
térêt pour les érudiis cl coinpiLée d'après Wi Aeie$
de Pilale 00 VEnangïU ée Piicodème, M. Tiscbeo-
(torf a pensé sivpc raison qu'on ne pouvait écarter
du C'orjvni apocryphorum un morceau dont la ¥Ogur«
mais Jésus lui-même Qui a violé la loi, et
moi je me charge de I arrêter. »
Comme ces paroles venaient d'être pror
noncéos, entre au milieu de nous Nicodeme,
gardien des clefs du temple, qui dit on s'a-
dressant à tous : « Ne commettez pas ce for-
fait. » Or Nicodèmo était loyal par-dessus
tous les Juifs. Mais l'épouse de Caïphe s*é-
cria et dit : « Jésus a dit lui-même en par-
lant de ce lieu saint : Je puis détruire U
(emple el le reconstruire en trois jours. i> Et les
Juifs lui répondirent : a Nous croyons tous
k tes paroles. »
C'est qu'ils la regardaient comme une pro-
phétesse. Et lorsque la délibération fut ter-
minée, Jésus fut arrêté.
H. Et le lendemain, quatrième jour du
mois, ils le conduisirent, à la neuvième
heure, en présence de Caïphe. Et Anne et
Caïphe lui dirent : « Dis-nous pourquoi tu as
violé notre loi, pourquoi tu as renié la pa-
role de Moïse et des prophètes. » Mais Jésus
ne répondit rien. Et une seconde fois , la
multitude s'étant encore rassemblée, quel-
qu'un lui dit: «( Le temple que Salomon mit
quarante-six ans à construire , pourquoi
voulais-tu le détruire en un seul instant? »
Et Jésus ne répondit rien à cela. Or le tem-
ple pillé par le voleur étaitcelui de la Syna-
gogue.
Mais vers le soir, à la fin du quatrième
jour, toutela multitude demandait que la fille
de Caïplie fût livrée au feu, à cause de la
violation de la loi, et l'on ne savait com-
ment célt^brer la PÂque. Et celle-ci leur dit r
« Persévérez, continuez, et mettez à mort
ce Jésus ; telle est la loi; en cela consiste*
l'accomplissement de la solennilé. » Anne et
Caïphe récompensèrent Judas Iscariote ea.
lui donnant une somme assez forte, et ils lui
dirent : « Parle selon ce que tu nous as dit ;.
J'ai vu que la loi avait été violée par Jé-
sus, et non par cette jeune fille, qui est ir-
réprorhable. » Et Judas, en étant convenu»
leur dit : « Il faut que tout le peuple ignore
que vous m'avez fait cette recommandation
au sujet de Jésus : mais délivrez-le, et je
persuaderai au peuple que cela est ainsi. »
Et par ruse ils délivrèrent Jésus.
Or Judas étant allé dans le temple le cin-
quième jour, dit en s'adressant à tout le
[peuple : « Que me donnerez-vous si je vous
ivre le violateur de la loi et le contempteur
des prophètes? d Les Juifs lui répondirent:
« Si tu nous le livres, nous te donnerons
trente pièces d'or. » Or le peuple ne savait
au moyen âge e^t altesice par le grand nombre de
manuscriis pccs qui le renferment. Il a rovu le
leite sur trois manuscrits conservés, Ton à Paris (Bi«
bliolbèque impériale, n* ^9, xv« siècle), i*aulre è
Milan (bibliolhéque Ambroisienne.E. i 90, m* siè-
cle); le troisième à Londres (Musée britannique,
fonds Uarleyen, 5656, xv» siècle), et, après celle ré^
vision, il a inséré eet écrit dans ses EvangefU «po-
cnipha, 1853, p. 436447.
IK
DlCTIONNÂmE DES 'APOCRYPHES.
431
pas que Judas voulait parler de Jésus; car
] opinion était assez bien établie qu*il était
le Fils de Dieu. Et Judas reçut les trente
pièces d'or.
El étant sorti à la quatrième et à la cin-
quième heure, Judas trouva Jésus qui dis-
courait sur la place ; et comme le soir ap-
prochait, il dit aux Juifs : a Donnez-moi
une escorte de soldats armés d*épées et de
bâtons, et je vous le livrerai. » Ils lui don-
nèrent donc une escorte pour le prendre.
Mais, chemin faisant, Judas dit à ses com-
iKignons : « Emparez-vous de celui que
j'embrasserai ; car c'est lui qui a enfreint la
ioi et méprisé les prophètes. »
Et tes Juifs soumirent Jésus à un interro-
gatoire inique, en disant : « Pourquoi as-tu
fait cela? » et Jésus ne répondait rien.
El quand nous vîmes, Nicodème et moi,
Joseph, comment procédaient ces impies,
nous nous en éloignâmes, ne voulant pas
partager leur perte avec leur opinion.
111. Ils inSigèrent encore à Jésus beau-
coup de traitements indignes pendant cette
nuit, et ils le livrèrent à Pilale, le gouver-
neur, la veille du sabbat, aQn qu*il fût cruci-
fié, et ils se réunirent tous pour qu*il en fût
ainsi. C*esl pourquoi, après Tavoir inter-
rogiS Pilato, le gouverneur , ordonna qu'il
fût crucifia avec deux voleurs ; et en même
temps que Jésus, on crucifia Gestas h sa
gauche et Démas h sa droite (tô2).
Et celui qui était à gauchecommcnça écrier
en disant à Jésus : « Vois combien j ai com-
mis de crimes sur la terre : quoique je susse
que tu es le roi, je pensais que tu périrais.
Et pourquoi dis-tu que tu es le Fils de Dieu,
et ne peux-tu te sauver toi-même dans le
danger? Comment peux-tu porter secours à
un autre qui t'invoque ? Si tu es lo Christ,
descends de la eroix, et je croirai en toi : et
maintenant je ne te considère point comme
un homme, mais comme une bète sauvage
condamnée h périr avec moi. a Et il se mit à
dire beaucoup d'autres choses touchant Jé-
sus, blasphémant et grinçant des dents con-
tre lui, car ce voleur était pris dans les piè-
ges du démon.
Mais le voleur qui était h droite, nommé
Démas, voyant la grâce divine répandue sur
(481) 11 est fait mention dans VEvangite de ren-
fonce (di. 23, 1. 1, col. 99i5, de ce Dieiionnaire) des
deuK larrons crociOés à côté de Jésus-Clirisiei qui,
selon le récit spocrYpIie, renconirèrenl la sainte
Famille en Eppte. Ils sont appelés Titus et Dvroa-
chus. Dans V Evangile de Nicodème (cb. iO, col. Il 15)
ils portent les noms de Dymas et de Gestas, et c'est
ts\m\ que la plupart des écrivains les ont nommés.
Dans les CoUectanea vulgairement attribués à Bède,
ils sont désignés comme se nommant Matha et
Joca ; le P. Xavier, dans son Hnloire de Jésut'
Chrittf les désigne d*une façon que nous n'avons
vas rencontrée ailleurs : c Duo euro ipso crucifixl
'uiit latrones ; unus convjeiator ad sinistram, no-
nlne Justiniis, aller pœuitens ad destram, nomine
\icimus. > P. 481.
Selon des légendaires da moven &ge, < e fut celui
des larrons sur lequel porta I ombre du corps du
Sauveur qui se eonvi*rtit. Le cardinal Pierre Da-
mien, mort ca i07i, attribue sa cou>ciYion à umu
Jésus, lui parla ainsi : « Je vois, Jésus*
Christ, que tu es le Fils de Dieu ; je te vois
Christ, adoré par des milliers de myriades
d'anges : pardonne-moi les péchés que j'ai
commis; rais que les étoiles ni l'astre de la
nuit n'assistent pas à ma condamnation
lorsque tu viendras juger toute la terre,
parce que j*ai exécuté dans la nuit mes mau*
vais desseins. Fais que le soleil maintenant
obscurci à cause de ton sort, n*éclaire pas le
mal qui est dans mon cœur, car je ne |iuis
rien l'offrir pour acquitter mes fautes. Déjà
la mort de mes péchés devance la mienne .
tu accomplis le sacrince;délivre-moi9 souve-
rain de Tunivers, de ta réprobation terrible;
ne permets pas au démon de m'engloutir ti
d*hériter de mon âme comme de celle du
misérable crucifié à ta gauche. Car je vois
comment le flémon s'empare avec joie de
son Ame, et son corps devient peu i peu
invisible : ne me place pas dans le parti des
Juifs. Car je vois Moïse et les patriarches
plongés dans une grande désolation et le dé-
mon se réjouissant de leur douleur. C'est
pourquoi, o mon maître, avant que je rende
le dernier soupir, ordonne que mes péchés
me soient remis, et souviens-toi de moi,
pauvre pécheur» dans ta royauté, lorS({ue
sur ton trône élevé qui domine les cieux lu
viendras juger les douze tribus d'Israël : car
tu as préparé au monde par loi-mèuie le
moyen d'éviter un grand châtiment. «
Ainsi parlait ce larron, et Jésus lui dit :
«Je te dis en vérité, en vérité, Démas, tu se-
ras avec moi dans le paradis, et les eulaoïs
du royaume, les descendants d'Abraham,
d'Isaac, de Jacob et de Moïse, seront rejetés
dans les ténèbres extérieures : c'est là qu'il
y aura des pleurs et des grincements de
dents. Toi seul lu habiteras dans le paradis
jusqu'à ce que pour la deuxième fois je
vienne pour juser ceux qui auront méconnu
mon nom, » Jésus dit ensuite au voUur;
« Quand tu seras parti, dis aux chérubins et
aux Dominations qui portent le glaive flam-
boyant, gardiens du paradis (d où le pre-
mier homme Adam, que j'avais créé dans ic
même lieu, a été chassé par eux après avoir
violé mes ordres), dis-leur qu'aucun homme
ne verra le paradis jusqu'à ce que je vieune
prière de la Vierge qui r^^connut en lui celui qui
avaii pris en Egypie la sainte Famille sous sa jnv
leclion.
Les Grecs célébraient la féie du bon larron, le tO
des calendes d'avril, les Lalliis le 8. La croit sur
laquelle il mourul fui, dil-on, conservée longK^mpi
dans nie de Chypre. On trouvera de§ détails, na<
noire cadre nous interdit, dans d*Herbelot« Btblto*
thèque orientale, 1697, p. 512, dans les Acta tan-
ctorum des Bollandistes (au 25 mars), dans ^ei|tm)t,
notes sur VHhloire de la Pa$iion^ par Olivier Mail-
lard, p. 100, dans Molanus, De hulûria Mcrarum
itnaginnm, Louvatn, 1594, L iv, c. 9. Un auuur
fécond, le Jésuite Théophile Raynaud , a composé uo
traité De eancto lalrone, (Voy. le tonte II de ses
Cl^ivres, Lyon, 1665, 19 vol. hi-folio.)
César de Nosire-Daine, fils do célèbre astrologue,
publia en 1606 à Toulouse, X^ymason le bon taitoat
pucine dcveau rare.
437
iOS
PART. nr. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOS
438
pour la deuxième fois pour juger les vivants
el tes morts. Ceci est écrit : Jésus-Christ
Fiis de Dieu, moi descendu du haut des
cieux, sorti du sein invisible de mon Père
sans en être séparé et venu sur la terre pour
y prendre un corps et être crucifié, aGn de
sauver Adam ma créature, salut à mes do«
iiiinalions d*archanges, aux gardiens du pa-
radis, aux serviteurs de mon Père. Je veux
ti j'ordonne l'admission de celui qui a été
(TuciCéavec moi; qu'il soit absous de ses
fauies,qu*il entre dans le paradis revêtu d*un
corps immortel et qu*il demeure là où per-
sonne jusqu'à présent n*a pu demeurer. »
El voici qu'après ces paroles Jésus rendit
Tàme, le jour de la veille du sabbat, à la
neuvième heure, el les ténèbres se répandi-
rent sur toute la terre, une grande secousse
se tll sentir, et le sanctuaire s*écroula ainsi
que le pinacle du temple*
IV. Or, moi Joseph, j'ai demandé le corps
(1h Jésus et je Tai enseveli dans un tombeau
neuf, où personne n avait eucor^^ été déposé,
maison ne trouva pas le corps du voleur
i|ui avait été à sa droite; et le corps de ce-
lui qui était à sa gauche était semblable h
celui d'un dragon {W3).
Mais lorsque feus demandé lo corps de
Jésus pour lui donner la sépulture, les Juifa
irrilés me renfermèrent dans une prison,
où l'on retenait de force les malfaiteurs ; or,
j'éprouvai ces traitements le soir du sabbat,
e( dans ce DQoment notre peuple outrageait
là justice. Et voilà comment notre nation
elle-même exerçait une dure oppression le
jour du sabbat.
Or, le soir du premier jour du sahbat, à
•a cinquième heure de la nuit, Jésus vint à
inoi dans la prison avec le voleur 'crucifié à
sa droite, qu'il avait lui-même envoyé dans
le paradis, et une lumière éclatante remplit
!a chambre : la maison (ut suspendue par les
quare coins, et le passage étant ouvert je
sortis. Je reconnus donc Jésus le premier,
et ensuite le larron qui apportait des lettres
À Jésus. Et nous étant mis en route en Gali-
lée, une vive clarté commença à briller sans
origine apparente. D'un aulre côté, un agréa-
ble parfum s'exhalait du larron, celui du
paradis.
Or, Jésus s'assit dans un lieu et lut ce qui
suit: « Nous, chérubins, et anges commis
par ta divinité à la jgarde du jardin du para-
<lis, nous communiquons ceci à ta puissance
par l'intermédiaire du larron qui a été cru-
eitiéavec loi. Nous avons vu l'empreinte des
Housde ce larron cruciGéet l'éclat des let-
tres detadivinilé : le feu s'est éteint ne pou-
vant supporter la splendeur de celte emprein-
te, et nous sommes tombés frappés d'une
grande crainte :car nous avons entendu le
poêle du ciel, de la terre, et de toute la créa-
tion, qui existe depuis les régions lesplus éle-
vées jusqu'aux profondeurs de la terre, chan-
ter le premier homme Adam. Et en voyant la
croix immaculée qui brillait sur le larron
avec un éclat sept fois plus vif que celui du
soleil resplendissant, la frayeur s'est empa-
rée de nous ; nous avons ressenti la se-
cousse de la terre, et ceux qui servent la
mort ont dit avec nous à haute voix : a Saint, .
saint, saint celui qui commande au plus
haut des cieux, » et les Puissances criaient :
« Seigneur, tu t'es manifesté au ciel et sur la
terre en portant la joie au monde^ et ce qui
vaut mieux qu'un tel présent, tu as par ta
volonté invisible sauvé de réternité l'œu.-
vre même de la mort, i»
V. J'ai vu ces choses en voyageant en
Galilée avec Jésus et le larron : Jésus se
transfigura, et il n'était |)lus comme avant
d'être crucifié, mais il était tout de feu : or,
les anges le servaient toujours, et Jésus
parlait avec eux. Pour moi, je passai trois
jours avec lui : et aucun de ses disciples
n'était avec lui, si ce n'est le larron seul.
Or, au milieu de la fête des azymes, ar-
riva San disciple Jean : et nous n'avions
pas remarqué ce qu'était devenu le larron.
Et Jean demanda à Jésus : a Quel est cet
homme, pour que tu ne m'aies pas encore
présenté à lui? »Mais Jésus ne lui répondit
rien. Alors Jean se prosternant devant lui :
^Seigneur, » dil-il, «je sais que tu m'as
aimé dès le commencement; pourquoi ne
me fais-tu pas connaître cet homme? » Jé-
sus lui dit : « Pourçjuoi demandes-tu des
choses cachées? Un instant t'a-t-il enlevé
l'intelligence? Ne vois-tu pas que le parfum
du paradis remplit ce lieu ? Ne connais-tu
pas quel est cet homme ? Le larron cruciGâ
a oblenu le paradis. En vérité, en vérité je
te dis que lui seul n'attendra pas le grand
jour. » Et Jean répondit : « Rends-moi di-
gne de le voir. >»
Et comme Jean parlait encore, le larron
lui apparut tout a coup; et Jean stupéfait
se prosterna sur la terre. Or, le larron n'é-
tait plus tel qu'avant la venue de Jean, mais
il était semblable à un roi entouré d'une
frande puissance : il portait sa croix, ^et
on entendit plusieurs voix qui disaient
ensemble : « Viens dans le heu qui t'est
préparé : nous avons disposé pour loi des
serviteurs, de la part de celui qui t'a envoyé
jusqu'au grand jour. » El après ces paroles,
le larron et moi Joseph nous devînmes in-
visibles, et je me trouvai dans ma maison;
mais je ne vis plus Jésus.
Et ayant vu ces choses, je les ai écrites,
afin que tous croient en Jésus-Christ Noire-
Seigneur, crucifié, et que personne ne célè-
bre plus la loi de Moïse, mais qu'on ajoute^
foi aux prodiges et aux miracles au'il opéra,
et que par cette croyance, nous obtenions la
vie éternelle et que bous arrivions an
royaume des cieux ; parce qu'il est dû à Jé-
sus gloire, force, louange et grandeur dans
les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
(485) Celle expression peut paraître singulière euciivûpicijv û^Jiup fipixovxoç ^ôiot, oIWiiK ^v t6 9it>\àA.
utais eite e&i ainsi tiaus le texte grec : ToG ^ï i^ aCiToii.
459
MCTIQNriAlllfi MS AFOCRIPHCS.
440
{Bypomn$$iicanf $ive libir $acer mimoriaKê.)
Tel est le titre d*un ouvrage écrit en grec
et que Fabricius a publié à Horabourg avec
une traduction latine, llkU in-8% 390 pages.
Avant d'avoir été imprimé, il avait été cité
par un grand nombre desavants, tels que
Patrice Junius (dans sos Notes sur les Epi-
très clémentines). Du Cange, Selden, Cotelier,
G. Cave, Vossius, Olearius,eto. Les opinions
ciecesérudits variaient h l'égard de Tépoque
qu'il fallait assigner à Josèphe. Cave pensait
(iu*il avait dû écrire vers fan 420; vossius
le regardait comme un même personnag<^
avec un Joseph de Tibériade qui abandonna
le judaïsme pour devenir Chrétien et dont
saint Epiphane a parlé. (H»res. 30, n. 4.) Mais
Fabricius a montré que ces opinions étaient
erronées ; le manuscrit conservé à Cambridge
ne saurait avoir la haute antiquité qui lui
avait été attribuée, puisqu'il renferme des
Y(rsde Léon le philosophe.
Fabricius, sans déterminer râgedeTau-
tour, suppose qu'il vivait entre le. vm* et le x'
siècle*
Oudîn {De scriptor. ecclesiast. , t. II, p.
1061} est tombé dans une erreur complète
va avançant que V Hypomnestia^n n était
autre chose qu'une traduction latine du livre
de Joseph Gorionide.
"V Hypomnesticon forme une chronique
divisée en 167 chapitres. Après un exposé
6ec et succinct des principaux faits de 1 his-
toire des Israélites, Tauleur range par ordre
de matières les sujets qu'il veut traiter et à
regard desquels il accumule les exemples
que lui offrent l'Ancien et le Nouveau Tes-«
tament ; en voici des exemples :
Cliapitre 40. — Quelles sont les femmes qui
le conduisirent bienàViaard de hursjnaris et
qui plurent à Dieu par leurs actions ?
Ctia pitre 42. — Quelles ont été les fem-
mes dignes d'admiration à cause de Uur sc^
gesse t
Chapitre 51. — Quels sont les Aommet
auxquels il a été enjoint demùurir hrsqu'iU
n étaient pas wuslades f
Cbap. 57. — Qui sont ceux qui ont été
renversés à cause de leur arrogance?
Chap. 60. — Qui sont ceux qui ont été
lapidés à cause de leurs péchés ?
Chap. 69. — Quelles sont Us mervtiUet
qua vues Moise et quelles sont ceUes quil a
accomplies?
Chapitre 131 : Quels sont les témoigna^
ges rapportés par les apôtres.
Nous traduirons ce dernier chapitre quia
du moins le mérite de la brièveté.
a Matthieu dit, au sujet du domicile de
Joseph, après qu'à son retour d'Egypte, il fut
venu avec le Sauveur dans la ville de Naza-
reth : Et venant à Nazareth, il y habita afin
?me ce qui est écrit fût accompli: Il sera appe^'
é Nazaréen (484). Saint Paul dans son £pt/re
aux Ephésiens dit : C'est pour cela quil e$l
dit : Beveille-toif toi qui dors^ et Jésus-ChrUl
(éclairera (485). Et ailleurs cet apôtre dit :
Suivant qu'il est écrit : Le premier kommt
a été fait une dme vivante^ mais le second e$t
un esprit vivifiant (486). Et parlant aux | rè-
très de Milet il dit : Souvenez» vous des p^
rôles du Seigneur Jésus aui a dit quHya
plus de bonheur adonner qu'a recevoir {WI). >
On croit Josèphe originaire de la Bretagne.
Il voulut donner à sa nation une histoire
en hébreu ; il la tira d'une version latine de
Flavius Josèphe et il y mêla beaucoup de fa-
bles (Foj^. Basnnge, Hist. des Juifs, ï.n,
ch. 6 ; Wolf, Bibl. Aefrr., 1. 1, p. 509.)
Malgré les contes dont fourmille celle
Chronique, des rabbins ont dil que toutes
les paroles qu'elle contient sont justice et vé-
rité; que ce lirreestcelui qui approche le plus
de ceux des prophètes ; que la main de Dieu
était sur sou auteur pendant qu'il le compo*
sait.
JOSUÉ.
( Ecrits qui se rapportent à Josué. )
Joseph Sch\i^^t{Deemendalione temporum^
]ib. vu) mentionne une chronique rédigée
d'abord en hébreu et traduite en arabe»
mais écrite en caractères samaritains. Elle
relate l'bisioire des Samaritains depuis la
mort de Moïse jusqu'à l'époque de l'empe-
reur Adrien. Elle porte le nom de livre de
Josué, parce qu'elle commence au moment
où ce chef, objet d'une vénération particu-
(484) Màttfr, II, S5.
(485) Ei>hes. v, U.
(486) / Cor. XV, 46. ^ Cette ciiation de sn'nl
Tant fNirâli devoir se rafiporter aox paroles qii*on
ronve dans la Genèse (ii, 7), au sujet d'Adam.
(487) Act. XX, 35.
lière de la part des Samaritains» succéda à
Mo'i«e. Quoique mêlé de bien des fables, cet
ouvraçe n'est point indigne d'attention.
Scaliger légua ce manuscrit à la bitilio'
thèque publique de Tacadémie de Leyde, et
il figure dans le catalogue imprimé de cHte
bibliothèque (488), p. 282. L'orienUli5te
Hottinçuer en fit une copie ; il aononçAii
J^intention de le publier en raccompagnant
(488) Il est question de celte chroiiîqne rfar-i
Tlnlroduction (en allemand) de De WeUe sur Hr^^
de r Ancien Testament (4- éJition , Berlin, 185o), e(
dans Maurer, Commenlar ûber da$ Bnck Josus,
StiiUprd, 18S1, în 8*. Nous aurons IVra ionde b
fiientionner derechef à Tiinicle Sam abitim
411
JOS
PART. m. -- LEGENDES ET FRAGMENTS.
JOS
iii
d'une traduction laline« mais ce projet ne fut
point exécuté. Il a du moins publié un som-
maire des laits relatés dans les quarante-sept
chapitres de cette chronique^ sommaire que
Fabriciusa réproduit et que nous allons tra-
duire en français (^89).
«L Résumé de Touvrage entier racon-
tant rétat dos Israélites sous Moïse dans le
désert, ainsi que sous Josué et les autres
Juges.
« JI. Moïse étant près de la mort, transmet
ï Josué les insignes du commandemenU au
milieu de Tassenlimenl et des félicitations
(iu peuple entier. Il contle du prêtre £léazar
le ^oin de la véritable religion. Enfin ayant
réuni ses troupes, il attaque les Madianites.
« Jll. LemaKicien Bileam estappelé par cinq
(ies rois des Madianites et des Moabites qui
lui demandent de maudire les Israélites ; Dieu
le lui défend, et il bénit les Israélites malgré
l'indignation des rois. (Ce chapitre est em-
prunté en grande partie au livre des Nombres f
ch, xxa-xxiv.)
< iV. Bile.Hnis*avised'un stratagème àem-
ployercontreleslsraélites.Ilconseiileauxrois
dont il n*avait pu,par suitedeTintervention
(liTine, seconder les projets, de recourir è un
autre moyen ; il leur recommande d'envoyer
au camp des Israélites des bandes de jeunes
(i!ies, belles et parées de bijoux et d'urne*
inents d'or, afin qu'elles provoquent ies
Israélites à la débauche et au péché, et
qu'ils attirent ainsi sur eux la colère de Dieu.
Ce conseil se trouve du goût des rois, et ils
envoient, le jour du sabhat, vingt-quatre
mille jeunes filles qui séduisent les Israéli-
tes et les mènent à leur gré. Dieu, enflam-
nté contre son peuple d'un très-juste cour-
roux, les frappe rudement, etdes milliers
d Israélites et de gentils, de l'un et de l'autre
'^eie, périssent de mort subite. Mais enfin
Eliézer, tciut bouillant de %èle, perce de sa
lance la fille du roi et apaise la colère de Dieu.
<V. Moïse, excité par l'ordre de Dieu, et ne
voulant pas laisser impunie la fraude impie
des Madianites, envaoit leur pays à la tête
<i*une grande armée ; il se saisit des cinq
rois par suite d*un heureux stratagème. Bi-
leam, occupé d'adorer les idoles, est tué,
contre la volonté de Josué qui désirait le
conduire vivante Moïse.
« VI. Mo'iso ayant adressé au peuple de
sérieuses exhortations et ayant prophéti-
sé les choses qui devaient arriver à chaque
Iribu, meurt sur la montagne de Nébo Les
Israélites déplorent amèrement sa perte.
« VU. Josué prononce un éloge de Moïse
dont il raconte les actions depuis sa nais-
sance jusqu'à son décès, et il expose les dons
précieux que le Seigneur lui avait accordés,
de préférence aux autres hommes.
> Vlil. Josué retourne au camp des Israéli-
tes; il pleure Moïse durant trente jours ; les
Cananéens* reprenant courage k la mort de
Moïse, se décident à attaquer derechef les
Israélites.
c IX. Dieu fortifie Josué par le lâcours de
sa présence; il veotqu'il ait de la résolution;
il lui commande de passer le Jourdain et de
commencer l'occupation de la Terre-Sainte.
n X. Josué avertit de leurs devoirs toute
l'assemblée du peuple d'Israël ; i) leur ex**
pose l'alliance nouvelle que Dieu fait avec
eux. II promet à ceux qui écouteront la voix
de Dieu la bénédiction du Seigneur et la
victoire sur les ennemis.
« XI. Le peuple, versant des larmes et
l'esprit soumis, promet de suivre la parole
de Dieu sans s'en écarter ni à droite, ni à
gauche.
« XII. Recensement des Israélites. L^s
tribus deRubenetde Gad et la demi-tribu de
Manassé reçoivent la portion qui leur est
assignée.
1 Xill. Fable relative aux espions envoyés
à Jéricho. (Les Samaritains ne reçoivent
que lePentateuque et mêlent de nombreux
récits absurdes è l'histoire des Hébreux.)
«XIV. Josué, après le retour des espions,
prépare le peuple à une expédition. Un mi-
racle tel que depuis nul homme n'en a vu
de semblable, fait que le Jourdain se dessè*
che pour livrer passage. Les prêtres s'avan-
cent les premiers portant l'arche d'alliance
et tout le peuple les suit. Hymne des lévites
après que le passage a été effectué.
'i XV . Josué célèbre par un hymne la puis-*
sance du Seigneur qui a conduit, à travers
le Jourdain desséché, les Israélites dans la
Terre-Sainte. Les rois voisins sont épouvan-
tés par un si grand miracle, et beaucoup en
l'apprenant tombent morts. Josué se trouve
dans l'assurance de la bénédiction de Dieu.
« XVI. La ville de Jéricho est capturée et
livrée à la destruction ; le sacrilège d'Achan
est découvert.
« XVII. Le crime d'Achan est découvert par
la voie du sort. Il est mis à mort avec tous
ses parents, après avoir fait l'aveu entier de
sa faute.. La colère de Dieu est apaisée.
« XVIIÎ. Les Gabaonites rachètent leur
vie par leur astuce. Ils feignent de venir de
pays éloignés et ils obtiennent une alliance
de la part de Josué et des Israélites.
«XIX. Cinq chefs ou petits rois déclarent
la guerre aux Gabaonites; ceux-ci, voulant
détourner le péril qui les menace, implo-
rent le secours de Josué. Les rois mis en
fuite cherchent un refuge dans des cavernes;
ils en sont arrachés et mis à mort.
« XX. Dieu soutient Josué contre les en*
nemis qui, frappés du feu du ciel, sont at-
teints dune terreur panique; et la victoire
revient aux Israélites qui avaient d*abord été
forcés de tourner le dos. Josué transniet h
Eléazar, au moyen d'une lettre attachée aux
ailes d'un oiseau, la nouvelle d'une victoire
Î;lorieuse, et il annonce qu'il ne reviendra que
orsqu'il aura soumis toute la Terre promise
aux Israélites. Ayant effectué cette conquête,
Josué revient à sa demeure, et se puriQo
avec toute l'armée dans le fleuve qui coulo
, . CêUdoqw Hbrùrum tam imprenorum quam Lugàuno-Batatlctf^ cura et opéra W^Sinwntrdii, Jae.
''^''nnicriotomm bîbHQilrecçs pubUcm unwenitath GronoviieîJoh. Heymanieri, Loyde,17n| io-folio«^
iî3
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ii\
du sommet du mont béni. Des sacriGces sont
offerts» un jour de fôle est célébré, et des
actions de grâces sont rendues à Dieu pour
l'occupation de la Terre-Sainte.
«XXI. Les limites de la Terre promise sont
mesurées, et trois asiles sont établis.
« X.XII. Josué rend grflces aux deux tri*
bus et demie, au nom des autres tribus,
de ce qu'elles n'ont pas occupé le terri-
toire dont elles avaient été mises en pos-
session, avant d*avoir aidé leurs frères à ex-
pulser les ennemis du reste de la Terre
promise. Il leur recommande avec une grande
solennité, comme leur cbef suprême, le roi
Nebichusqui, se séparant de ses sujets au
delà du Jourdain, est accueilli avec beau-
coup d'honneurs et d'empressement.
« XXIII. La terre est mesurée et répartie
entre les dix tribus. Eléazar donne son suf-
frage à celte ré|>arlition. Josué élève non-
seulement une citadelle, mais encore un
temple au sommet du mont béni.
« XXIV. Les Israélites résidant dans la
Terre-Sainte servent Dieu suivant le pré-
cepte de la Loi. Ils éprouvent les nombreux
avantages de leur Qdélitéi jouissent d*une
profonde paix pendant vingt ans, et ils ont
sur tous les rois et princes répandus jus-
qu'à de grandes distances une complète su-
périorité.
« XXV. La guerre se ranime entre les
Israélites et les nations étrangères. Schau-
bec, fils d'Héman, roi des Perses, tué par
Josué, appelle aux armes les rois dissémi-
né» dans tout Tunivers, atin de venger la
mort de son père, et d'exterminer les Is-
raélites.
« XWI. Lettre du roi Schaubec à Josué.
« XXVII. Cette lettre est envoyée à Josué
par un ambassadeur le dixième jour du se-
cond mois, après la vingt-unièmeannée à com-
pter de rentrée dans la Terre promise. Mais
comme Josué était occupé à décider des pro-
cès, et qu'un jour de fête approchait, il ne
voulut pasd'atiord lire cette lettre au peuple,
de crainte que les Israélites effrayés fus-
sent moins appliqués à l'observation de la
loi. Après la lôte, la lettre fut lue en pré-
sence des chefs du peuple qui furent ef-
fra;^'és des menaces que faisait Schaubec,
mais qui se promirent de triompher de lui
avec l'aide de Dieu.
« XXVIII. Josué répond aux rois, et les re-
prend fortement de leur témérité. Il ne se
préoccupe pas de leurs menaces et de la
guerre qu'ifs préparent. Il leur oppose le se-
cours divin qui avait jusqu'alors toujours
soutenu miraculeusement les Israélites, et
repoussé les efforts de leurs ennemis.
« XXiX. Les Israélites reprennent courage
lorsqu'ils connaissent la fermeté des senti-
roentsTexprimés dans la lettre de Josué aux
rois, et ils lui rendent grâces. D'après l'ordre
de Josué, la cavalerie se réunit et dans l'es-
pace d une heure, 300,000 hommes sont ras-
semblés. La réponse de Josué est lue de nou-
veau en présence de l'envoyé de Schaubec.
/ «XXX. L'envoyé ayant vu l'armée des Is-
raélites, revient vers les siens, tout ibauj
et craintif.
1 XXXI. L'envoyé, de retourde sa mission,
lit publiquement les lettrés de Josoé. Lji
rois, à la lecture du seul titre où Josué «m
qualifié avec les siens de ooras très-hotm.
râbles, et où les rois sont traités avec l»*dt.-
coup de mépris, perdent courage et dé>Hv.
pèrent de la victoire, ce qu'ils témoigTif-nt
en répandant be.sueoup de larmes. T^nOi^
qu'ils déplorent leur sort, la mère de Schau-
l>ec, très-experte dans la magie, vient au
milieu d'eux avec un vieux magicien et
réprouve leur pusillanimité, «i Comment, dj*
sent-ils, avez-vous une telle frayeur d'ua
ennemi que vous n'avez pas vii? Nous au5si,
nous entendrons l'envoyé. » L'envoyé vi(*r.i
et il ne laisse aucun espoir de triompherais
Israélites, soit par des enchantements, seit
par des stratagèmes , soit par la force é^$
armes. Mais en dépit de ses paroles, ils per-
sistent à vouloir emplover contre le peuplo
de Dieu les ressources Je la magie.
ff XXXII. Josué se prépare à l'expédition
contre les rois, mais avant de faire marebrr
l'armée, il ordonne à Eléazar de convc-
quer le peuple, de le bénir selon le cooi-
mandement de la Loi, et de prier pour io
salut du peuple» tandis que lui , Josu^
combattra les ennemis.
ff XXXIII. Josué et les autres Israélites
ont les yeux abusés par des artifices ma-
giques, de sorte qu'ils se croyaient entourô
de murs de fer. Cela advint par la permifr
sion divine, afin de procurer au roi Nébi-
chus une renommée et une gloire éternelle^.
Enfin ces murs s'écroulèrent au sou de la
trompette du prêtre Eléazar, et les ennemis
furent mis en fuite.
« XXXIV. Josué envoie, par le ministèri>
d'une colombe, des lettres à Nébicbos, vic«-
roi des deux tribus et demie, et déploresco
sort.
« XXXV. Lettre de JoSué à Nébicbus. Il sa
plaint de se trouver enfermé entre sept mu-
railles de fer, il le conjure de venir à sou
secours sans aucun délai.
n XXXVL Nébicbus , fils de Giléad .
petit-fils de Hacir, arrière-petitrfils de Ma-
nasse, ayant reçu les lettres de Josué, marri .*
au secours des Israélites avec unepuissan::
armée. Il perce d'un dard Schaubec, les au
très ennemis prennent la fuite et les Isiaé-
lites rendent a Dieu des actions de grflcts
pour leur victoire.
a XXXVII. Abrégé des lois, des rites euhs
Israélites dans le temps de la tranquilliiê,
après la fin des guerres avec les rois; pres-
criptions relatives au jubilé; de l'année 'i<>
rémission ; des fêtes, des dîmes à payer au\
lévites et aux prêtres; de raffrancnissenien:
des esclaves hébreux, des sacrifices i Lt'l<--
brer sur le mont béni.
« XXXVin. Josué, étant près delà wot\
faitses adieux aux Israélites. Le sort iJé2»it!r:<
pour son successeur Babel, son neveu, ii '
de son frère Cbaleb de la tribu de JuJa^
Il exhorte le peuplo à ne pas s'écarter de»
voies du Seigneur. H meurt et il est esse-
;i5
JOS
PART. III. ^ LEGENDES ET FRÂGKEKTS.
JUS
416
\i'li daas la cayerne de Sed ; Babel, après
avoir jagé le peuple pendant neuf ans, meurt
e( laisse pour successeur Ferf de la tribu
d'Ephraiin.On ne connaît pas, à l'exception
(le Samson, les noms des autres ju^es qui,
durant deux cent soixante ans, administrè-
rent fa république des Hébreux.
* XXXIX. Le grand prêtre Eléazar, étant
près de mourir, recommande aux chefs des
i>raétites Taccomplissement de leurs devoirs
ei leur prescrit Tobser vallon du culte divin.
Il se rend à la caverne, et ayant quitté Jes
Tètemeuts sacerdotaux, il meurt et il y est
eoseveli SonfilsPinchuslui succède, etayant
accompli les mêmes cérémonies, il se démet
du sacerdoce au moment de sa mort, et il
est enseveli dans le même tombeau que
ioû père.
<XL. Samson périt d'une manière tragi-
que. Les ennemis des Israélites apprennent
(idDs les livres de Biléam qu'ils ne peuvent
caaser de dommage aui Israôliles, que si
ceux-ci provoquent la colère de Dieu par leur
im\néié et par leur apostasie. On envoie
dODCdes hommes malintetitionnés, qui, ça-
guant la familiarité des Israélites, leur in-
culquent des mœurs corrompues, ce qui
eicite 1(1 colère de Dieu, de sorte que le
temple, privé par le feu céleste de la splen-
deur de sa gloire, est complètement obs-
curci.
c XLI. Le chroniqueur continue, sans en
Ifévcnir, les histoires racontées dans les li-
bres de Samuel qu'il met en lambeaux d'une
isçon déplorable. II relate la dispute élevée
entre les fils de Pinchus et le prêtre Eli, au
M)jet de la dignité sacerdotale. Il calomnie
lli, ce pieux vieillard, et le représento
comme un magicien qui avait amassé d*im-
nipnses richesses par la pratique de la sor-
cellerie. Il lui reproche d'avoir oGFert des
sacriflces contre l'ordre de Dieu, et d'avoir,
pir une audace schismalique, troublé le culte
^ac^é. 11 ne craint pas de dire que Samuel,
cet hommede Dieu, était adonné à la magie.
« XLII. L'historien raconte bien des faits
qu'on trouve dans rEcriture ; il parle do la
guerre faite aux Israélites par les Philistins,
du meurtre du Qls d*Eli , de l'enlèvement
de rarche, de la mort d'Ëli.
« XLlll. On y trouve les fables au sujet
du roi de Perse, Bachlnezar. (Hottinguer les
s mentionnées dans ses Exercitationes anli-
morm., sect. W.)
« XLIV. Histoire d'Idden et d'Alexandre
le Grand. {Yoy. le même ouvrage, sect. 55.)
Indiiaiion des villes eldes pays conquis par
Alexandre. Il ordonne aux Samaritains et
9UX autres luifs d'ériger des statues, se-
iuD la coutume des gentils; pour se sou-
nietiro à cet ordre, ils veulent que les
enfants nouveau-nés reçoivent le nom d'A-
U90)Ce rabbin, né à Salamanque, écrivait à la
fi^ du x%* siècle. Le Sephef Juchasin ou Livre det
l'^'io^'i, donne Va série dtc tous les rabb'ns qui ont
i^iiMe ii:squ*en Van 1500; il y est question des rois
*n»(aêl,(ieft monarques des autres natioDS, des
i>:'ilén)ies iu^ves éui>lics à Sora et k Pumbedita cl
lexandre. Et lorsque le roi, h son retour d'E-
gypte, leur demande où sont les statues, ils
s'écrient, en montrant leurs enfants : « O roi,
voici des statues vivantes auxquelles nous
avons donné ton nom. i>
« XLV. Long récit du siège de Jérusalem,
par Adrien. L empereur accorde la posses-
sion de Naplouse, et y construit plusieurs
palais. En ce temps-là, les Samaritains se
virent enlever leurs livres historiques et
généalogiques, et les choses restèrent dans
une situation très-fâcheuse jusau'à Bara-
barra, fils de Nathanaël, fils d'Ahkan, è l'é-
gard duquel on trouve des récits détaillés.
« XLVI. Nathanaël eut trois fils, Habar-
raba, Akbas, et Pinchus. Los Romains défen-
dent aux Samc.ritains de circoncire aucun de
leurs enfants. Ceux-ci n'osant violer ou-
vertement cette défense, conduisent en se-
cret leurs enfants dans des cavernes où ils
les font circoncire par leurs servantes. Les
Romains veulent de plus qu'ils mangent de
la chair de porc et autres viandes défendues.
Ils placent aussi sur le mont Garizim un
oiseau d'airain, qui, lorsque les Samari-
tains venaient sur la montagne pour célé-
brer leur culte, s'écriait, «Hébreu:v alors tes
Romains qui se tenaient en embuscade s'é-
lançaient aussitôt et tuaient l'Hébreu dont
la présence leur était signalée.
« XLVII. Lévi, neveu de Babarraba, est
envoyé par son oncle à Constantinople ,
pour y apprendre les arts libéraux ; il fait
dans les lettres de tels progrès qu*il est élu
grand prêtre; il demande la permission de
se rendre sur le mont Garizim, et Tcyant
obtenue de l'empereur, il se rend à Naplouse
avec une grande escorte. » (Le chroniqueur
ne fait pas connaître si les Samaritains réus-
sirent dans leur intention de secouer le
joug des Romains.)
Lettre du roi des Perses et des Mides à
Josué. — Fabricius (Cod, pseudepigra-
phus Yet, Testam.y t. II, p. 130) a publié
cette pièce d'après Eusèbe Nieremberç (D^
origine S. Scripturœ, I. i, c. 16) qut cite
le Sepher Juchasin du rabbin Abraham
Zachut r490), et \a Chaîne des traditions du
rabbin Uedalia. (Voy. aussi N. Serarius, Ad
Josuam, t. II, p. Vî^y et J. Buxtorf, Cata*
lecta philologico-theologica^ Bftlei 1707,
in 8% c. 274.)
« Samuel Scholem dit :« J'ai trouvé et j'ai
vu dans le Livre des chroniguesd^% Cuthéens
ou des Samaritains, un récit qui figure dans
un commentaire juif. Il est ainsi conçu :
« Lorsque Josué eut subjugué le pays d Is-
raël , et qu'il eut l'ait périr trente-un rois,
il arriva qu'un de ces rois avait un fils sou-
verain de l'Arménie mineure, qui s'appelait
Schobuch. Il réunit autour de lui les rois
des Mèdes et des Perses au nombre de qua-
des événements arrivés chez le peuple Israélite. Ou
connaît plusieurs éditions de cet ouvrage : Cons-
tantinople, 1566, in4"; Cracovic, tô80, in-4*; Anw-
sterdam, 4717, In-4*. Aaron Margalitli en a donné
une traduction latine , écrite sans élégance , mais
lidéle, ï ce que dit Wolf.
4V7
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Ui
raote-cinq. Et Us prirent a? ec eux ttn g^ant
nommé Japhei, qui était d'une force ex-
traordinaire, et habitué à brandir sa lance
contre un grand nombre d'ennemis ; ils ras*
semblèrent une armt^e nombreuse comme
le sablu qui est sur le rivage de la mer, et
ils envoyèrent une lettre à Josué, et elle
était ainsi conçue : « De la part de l'excel-
lente et heureuse réunion des Mèdes et des
Perses, les rois te saluent, ô Josué, fils de
Nun.
« Tu eslo loup du soir. Nous savons ce que
tu as fait h l'égard de nos proches, quelles
dévastations tu as commises dans les palais
de nos alliés; tu n'as épor^né personne, de-
puis l'enfant jusqu^au vieillard ; tu as fait
]»érir les |>ères par le glaive, et tu as détruit
toutes leurs villes renommées. Apprends
donc et sache que, dans trente jours, à par-
tir de celui-ci, nous le rejoindrons et te ren-
contrerons sur les frontières de ton hérilay.e,
au mont Ephraïin. Noos sommes quurante-
cinq rois puissants, et ch«icun de nous com-
mandeà soixante mille guerriers braves, bien
exercés h la guerre et bien pourvus d'armes,
et le géant Japhet nous donne son appui.
Tiens-toi donc prêt ; apprête tes armes , et
ne dis pas, j'agirai plus tard, car nous mar-
chons rapidement contre toi. »
c Ils remirent ces lettres à un messager
sage et prudent, qui partit et trouva Josué
assis sur son trône royal, et tout le peuple
se tenait debout autour de lui. El Josué or-
donna que le messager fût conduit en sa
présence, mais il ne ht pas à attention à lui
jusqu'à ce qu il eut achevé de juger les af-
laires des Israélites. Alors il reçut l'écrit de
sa main, et il le lut dans la maison de Dieu,
en jeûnant, et en pleurant, et il resta en sa
demeure, jusqu'à ce que le jour de la fête de
la Pentecûte qui était proche fût passé. Il ne
voulut pas eu ce temps causer aucun souci
au peuple, mais comme je l'ai dit, il garda
ce.i lettres au|)rès de soi, et quand la fête de
la Pentecôte fut passée, il réunit l'assem-
blée entière du peiiple, et lut ces lettres en
sa présence, et il dit : «i Vous savez que j*ai
déjà livré bien des combats, et jamais les
rois étrangers ne m'ont troublé, mais dans
cette circonstance, je suis saisi de crainte et
d'effroi. » Lorsque les Hébreux l'entendi-
rent parler ainsi, ils furent livrés è une
grande douleur, ils sentirent tous leurs
reins vaciller et leurs genoux s'entre-cho-
({uer; ils baissèrent la tête vers la terre, et
ils dirent à Josué : « Nous t'écoutons comme
nous avons écouté Moïse. O prince, prends
le livre, et écris comme les hommes sont
dans l'usage de le faire, et réponds à ceux
qui nous haïssent en termes durs et amers
comme Tabsinthe.» Josué répondit : «Atten-
dez, et je TOUS ferai connaître la réponse
que j'ai faite à ces lettres, et si elle vous
i)ara!t convenable , je l'enverrai. » Tout
e peuple dit : « Ouvre ta bouche et que tes
paroles soient éclalanies. » Alors Josoé lut
et dit :
« Au nom du Dieu d'Israël qai renver5^
les forts et les superbes, qui frappe de mort
les impies révoltés contre lui, qui di5per> -
les pécheurs réunis pour faire le mal et qui
rassemble les justes et les saints é^ars l*-
Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs,
le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de JacoK ^
Seigneur qui combat et triomphe. De la part
de moi Josué et de l'Eglise sainte et chouir.
et de la bienheureuse réunion dlsnêl, di«
fils d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, au pi-i.-
pie qui veut nuire, à l'assemblée de ceox
qui adorent des idoles et qui rendent un
culte à des objets inanimés, nul salut. Di« u
a dit : Sachez que vous avez mal agi lor^*) .'.
vous êtes venus inquiéter le lion endoroi;
et que vous l'avez réveillé, car il rer^cr^
votre sang. J*ai vieilli dans la justice afm 6^
faire retomber sur votre tête ce qui d^i:
vous revenir. Pourquoi osez- vous venir n»r.>
le lieu saint? Pourquoi a vez-vous l'audace
de venir souiller notre pays? Préparez-
vous et ne sortez pas de votre terre, pan e
que, dans une semaine, je viendrai vers voi^
et j*eiterminerai vos guerriers, et la fuit»*
no vous sauvera pas. Vous vous glorifiez co
ce que vous ^les quarante-cinq rois et que
chacun de vous a sous ses ordres soixante
mille hommes vaillants. Je ne me gtoritiers*
pas de ce qu'il y a avec nous des rois de !i
terre, mais de ce qu'il y a les anges du Trè -
Baut,dont un a renversé Sodome etGomor-
rhe, un a fait tomber le déluge, un a d)v]>e
la terre entre soixante-dix peuples ('»91;, H
le peuple qui est avec moi compte six cci.l
mille hommes vaillants; ils ont passé la mtr
et le désert, et Dieu les a précédés de du:i
et de jour dans une colonne de nuée et da; s
une colonne de feu, et douze mille chois >
parmi eux ont fait périr les cinq rois o-.*
Madian et ont tué Balaam, Gis de Béhur, «t
tous les mâles dont pas un seul n'est re^t^*
Et un prêtre nommé Phinée force tous I ^
ennemis à s'enfuir aussitôt qu'il sonne dar«^
les trompettes retentissantes qu'il tient cu
ses mains. N'avez-vous pas entendu paritr
de Pharaon et de toute la multitude qui ['m-
conipagnait, et qui périt avec lui dans .a
nier, tandis que nous passions comme >ut
le sable desséché? N'avez-vous pas ap(::s
comment nous avons traité Amalec et yn
peuple? N'avez-vous pas vu comment dou^
avons frappé Seon et Og. les deux rois oi^
Aroorrbéens? Si vous avez avec vousJa*
r)het, dont la force est grande, nous aruu?
e fort des forts, le Très-Haut éle^ô au-
dessus de toutes les créatures. •
Les fils d'Israël entendirent ces paroles tt
ils restèrent à leur place, et Josué renvoya • e
messager en son pays. Et il revint vers ceut
qui l'avaient envoyé et il leur rapporta cequ'i'
avait vu ; il leur dit que la stature de Jo>u»*
était de cinq coudées et comment il et •
vêtu d'hyacinthe et de pourpre, et qu'il a^M
(491) L'idée de reiisicnre de soiiante-dix peuples di\ert composant la race bamaine se rvu
IN uksez souvent cbca les auciciu aatvurs iuifs.
U9
JUS
PART. m. - LEGENDES ET FRAGMENTS.
JUS
450
sur 'la téta une cooreone royale où était f^onlre terre, et ils dirent : « Qu'est-ce quo
inscrit le dooq de Dieu. Quand les peuples nous avons fait? nous aTons attiré sur nous
apprirent ces choses, s tombèrent ia lace de grands maux. »
JUDAS.
S'éleTant au if siècle au milieu des çnos-
tiques, les CMnites ou judaites se signa-
lèreat par la témérité de leurs idées; dans
sa liiroe contre les Juifs et les doctrines mo-
sai'^ues cette secte regarda €omme autant
d'bommes supérieurs et de justes tous les
f-nnemis du Dieu des Juifs» tous les hom-
mes que frappa la colère de JéhoTsh. Judas
était, selon eux, le seul apôtre instruit des
rapfiortsdu monde inférieur arec le monde
siipt^rieur et connaissant la gnose céleste. Il
sêTailque rempiredeJéhovah serait détruit
par la mort do Sauveur, et c'est pour amener
ce résultat qu'il trahit Jésus-Christ.
Cette secte étrange mettait ses doctrines
antisociales sous le ^^tronage d'un pré-
tendu évangile de Judas qu'elle donnait
comme le seul évangile véritable et qui
est aujourd'hui perdu, mais qui a été men-
tionné par saiat Irénée, saifit Ëpiphane et
Tbéodoret.
Empruntons à M. Matter (Hisi. du gnos-
ticisme, t. Il, p. 172) quelques détails sur
les extravagantes théories d'une école qui
ne |>iit sans doute recruter de nombreux
prosélytes et qui disparut promptement :
^ Le3 caïnites, loin de se dire ennemis du
clrisliani^ne , prétendaient au contraire
être des Chrétiens meilleurs en tout point
que les autres, lis rejetaient commo erroné
lu code entier des orthodoxes. Pour la
science, leur évangile était complété dans
QQ ouvrage compc^ par saint Paul après
ce ravissement au troisième ciel, oili il avait
vu è*s choses qu*il n* était point permis à
l'homme d'articuler.
< En effet, ils abusaient de cette vision
pour assigner une origine suivie è la pré-
tendue révélation qui faisait la base de
toutes leurs tbéories.
« Un autre de leurs écrits apocryphes était
'^nTraité C0ntr€ Bysléra, Ils désignaient par
^« terme, qui est le Yoni du système indien,
et dont ils faisaient uoe injure, le créateur
léhevah, laldabaoïh.
• Ils abusèrent d'une manière bien plus
extravagante des principes que proclame le
christianismesurl wraachissementderhom-
me par la rédeoiption et sur l'adoration .de
lAea en esprit et en vérité.
« Le premier devoir de la morale supé-
rieure, d^ent-ils, est d'anéantir l'empire
du mauvais ange, ses ouvres, son institu-
tion, ses lois; ils ajoutaient qu'en méprisant
toutes ces lois, l'homme s'alTranchit, se sauve
et se place au-dessus d'elles.
« Ils appelaient cet acte d^atfranchissement,
passer par toutes les choses^ c'est-à-dire prou-
ver le mépris de toutes les lois judaïques
et le mépris de la matière sur laquelle règne
Jéhovah, en se livrant à tout ce que proscrit
ce Dieu, et à tous les plaisirs.
« Ils s'y livrèrent en elfet, au rapport do
leurs adversaires, avec la plus effroyable li-
cence et en dérision des mauvais anges dont
ils pratiquaient ainsi les œuvres tout en se
livrant à de bizarres invocations. »
Des circonstances apocryphes relatives à
Judas n'ont pas manqué d'être avancées en
assez grand nombre , mais elles ne sont
guère dignes qu'on s'y arrête.
D'après la tradition constante da moyen
ê^. Judas était roux. Shakspeare fait allu-
sion à la couleur de ses cheveux dans une
de se« comédies {As y ou like i/, act. III,
se. iv) :
Ilis very hatr is orihe dissenibling colour
Suroetlung browner tlian Judas^s.
Tniers en parle aussi. {Uistoire des per^
ruques^ 1710, p. 28.)
Parmi les ouvrages relatifs à Judas, nous
mentionnerons les Ex'hortaliones academùœ
de Jacques Gronovius De nece Judœ et ca^
daveris ignominia^ Leyde, 1702-1703, 2 par-
ties in-4*. Ce travail n'est point mentionné
dans la Bibliographie biographique do M.
OEttinger laquelle indique (col. 86i) sept
ouvrages relatifs à Judas ; nous n'emprun-
terons à celte liste que les titres de deux dis-
sertations composées, l'un^par J.-F. Hebens-
treit, De Juaa Ischarioth ^ Wittemhergœ,
1712, in-4'; l'autre par C.-G. Zandt, DeJuda
prodilore, Simonis Belhaniensis filiOf Lipsi^i*,
1769, in-4*.
Signalons aussi : Judas Ischariotes^ ira-
gœdia nova et sacra ( 5 a^Ues, vers), Thoma
Naogeorgo auctore, sans lieu ni date, in-8*.
(Vers 1553.) Nous avons déjà eu l'occasion
de citer diverses légendes relatives à Judas
{Dictionnaire des légendes du christianisme^
Migne, i^ col. 714), nous n'y reviendrons
Doint.
JUSTIN.
{Evangile de saint Jusiin.^
Saint Justin le martyr aplace oans ses
fcriis tieanconp da traits «mprantés à This-
i<^re évangélique ; % se rapportent partie
^ des actions du Sauveur, partie aux paro-
les qu'il ft prononcées. €'«st surtout dans
les Evangiles de saint Uatthieu et de saint
Luc qu'ils se retrouvent, plus rarement dans
celui de saint Jean. On peut les «partager en
diverses catégories ;
Dans certains passages, il y a identité ve>
^it
DICTiONiNAlRE DES ÂPOCRTPHES.
I^î
DaiOt mais cette circonstance est peu corn-
iDune. En voici qiielqnes exemples :
Dialogue avec Tryphon^ p. 301 (édition
de Cologne, 1682, in-fol.) Ventent ab Oriente.
(Voy. ihint Maiihieu, ch. tiii, 11 et l2.)/6td.,
p. 333 : Nisi abundaverit justitia^ etc. (Ch.
V, 17.) Apologie, p. 6k : Omnis arbor
non faciens fructum. (Ch. vu, 17.) Le Dia-
logue avec Tryphon, p. 327, cite aussi saint
Luct ch. I, 38.
Dans quelques passages, il n'y a qu'une
légère différence uun mot; Apologie 2, p.
04 : Oùxl niç (où irôiç, Matth. Yii» 21). Dialogue^
p. 384 : AoCiQfftrat avroîç (doOii^iTac ocùtq , Matih,
XTI, h). Ibid., p. 269 : ^Wkixç uh a/ucircct xai
('Hli/xç ni* c/9xcTai Tr/sûroy xai. Matth. XVII, 12.)
Les versets 11 et 12 du chapitre m de
tainl Matthieu cités dans le même dialogue,
p. 268, présentent aussi quelques diffi^ren-
ces, ainsi que divers préceptes de Jésus
rapportés dans VApologie, p. 61 et suiv.
d'après saint Matthieu, ch. v, 28 ; et 29,
32; ch. XII, 12, 42 et 46 ; xvi, 26 ; £uc,
VI, 29 et 36 ; J(/aa/i., xi, 27; xxi, 13; xxiii,
17; XXV, 41. (La Vulgate rend ainsi ce der-
nier verset : Discedite a me, tnaledicd^ in ignem
œtemum qui paralus est diabolo et angelis
ejus; et le traducteur de saint Justin traduit
ainsi le texte grec do son auteur : Abite
in tenebras exteriores quas paravit Pater Sa-
tanœ et an^e/tse/u^.] Quelques différences se
montrent aussi entre les passages rapportés
dans V Apologie^ p. 63, et saint mat Ihieu, ch. v,
37, et ch. XIX, 16; p. 63, et Matth , v,
22; p. 64, et lue, x, 16 : Cui plus contulit
Deus^ plus etiam reposcet ab eo; rédaction
fort abrégée des paroles de Tévangéliste. Des
niodi fications semblables ajoutan t parfois aux
expressions du texte canonique, le conden-
sant quelquefois, se manifesteront en com-
parant les passables si lés : Apologie^ p. 64,
et Luc y XII, 48; ibid,^ p. 66, cl MaUh.j xix,
26; Dialogue^ p. 235« et 3/a//A., xxiii, 23;
ibid.t p. 308, et Matth. ^ xxii, 30; Luc, xx,
36; Apologie, n. 94, et Jean, m, 3 et 4; t6ic/.,
)). 63, et Matin,, vi, 25 et suiv.
On trouve aussi des passages formés de
la réunion des expressions de deux évangé-
iistes, en voici un exemple : llle (Joannes)
clamitavit : Non ego sum Chrislus, sed vox
clamantis. Yeniet enim fortior me cujus non
sum dignus aut idoneus ut calceamenta por-
tem. Voy. Jean^ i, 20, 23 : Non sum ego
Chrislus Ego vox clamantis in deserto.
Et Matlh.f iii, 11 : Qui autem post me ven-
turus est, fortior me est, cujus non sum
dignus calceamenta portare.
Les citations histori(}ues sont conformes,
auant au fond du récit, avec la narration
évan^élique, mais dans les expressions, elles
en diffèrent parfois assez sensiblement : on
peut rapprocher les passages suivants :
Dialogue avec Tryphon, p. 303, et Matth.f
I, 18 à II, 23 ; Luc, xi, 2 à 5 ; ibid., p. 100,
et Luc, I, 35, 38; tfrtd., p. 88, et Luc, m,
p. 23; ibid., p. 316, et Matth., m, 4; tfrid.,
p. 315, et Malth., m, 13, 16, 17; ibid.,
^. 268, et Matth., xiv, 3, 6; ibid., p. 328, et
Matth., XXVII, 39, 40, lSi3; ibid.^ p. 333^ et
,•%
I ^
I' »
Marc, m, 17; tfrid., p. 331, et lur. uu.
44 ; Apologie, p. 50, et Luc, xxiv, 25.
Une attention spéciale sera accordée am
circonstances qui ne sont pas rao(>ori .
dans les Evangiles canoniques : Dialogut, { .
303 : Nato autem tum puero m BtthUf •< .
guia Joseph in via eo non habuit qui r.i.
verteret, in specum quemdam vien proxtm.i.s
concessit. Atque t6i cum essent, entja m
Maria Christum, et in prœsepi posmt, u'
eum ex Arabia venientes intenerunt Mihj>.
ibid,, p. 315: Ac tum Jesu ad Jordan* ^
(lumen adveniente, ubî Joannes bftptiziU: .
cum Jésus in undam descendisset , et tgu -
in Jordane accensus est. On ()Ourrait a^ i
signaler des passages p. 267, 296 et 316, n..^ i
nous ne voulons pas entrer dans des (ic-
tails trop minutieux.
Saint Justin mentionne les Evangiles ^ .
les Mémoires (Memorabilia) des apù.r
comme lui ayant fourni les circonstan
qu'il relate et les préceptes qu*il ra[){xni'
11 ne cite pas, il est vrai, les noms d»
évangélistes, mais il lui arrive aus^^i parf<
de citer de mémoire des passages de ri> •
lure. {Apologie, p. 73, voy. Genise,xii\, It;
p. 74, Jsaie, xi, 1, 10; ibid,, p. 79. tm .
psaume xcvi ; t6id., p. 86, voy. /*«» •
XXIV, 7; Dialogue, p. 228, voy. Jérémr,
XXXI, 31.) Il n'est pas sans exemple q->
rapporte des passages de TEcrilure, sà;>^
mentionner les noms des auteurs sa r ^
dont il invoque l'atitorité. (Apologie, p. h^..
psaume xxiv, 7; Dialogue, p. 295, psau. '
XIX, 5, Jsaie, xxxv ; p. 315, Joël, ni, 28. ei
Les passages étrangers aux Evangiles cat. -
niques autorisent à croire que saint Ju^i n
avait sous les yeux un évangile apocrjcl".
peut-être celui des Hébreux ou celui i^
saint Pierre (et telle est l'opinion de Cre •
ner), ou bien possédait-il un exemplaire ••
VEvangile de saint Matthieu auquel il aut
été fait des additions provenant des sourr^
que nous venons d'indiquer. Quclaues cra •
ques ont pensé qu'il se servait d une har-
monie des Evangiles ou d'une copie où
texte de saint Matthieu avait été mêlé arr
celui de saint Luc. C*estce travail sur lequt
on manque d'ailleurs de renseiKnementsprf
cis que l'on a désigné en Alfemagne ^^ ^
le nom d'Evangile de saint Justin. De ^'^^
{Einleitung, p. 95-105) est entré à ce su/
dans des détails minutieux dont nous av^ '^
dû nous borner à offrir un résumé. Oo \*- •
aussi citer les travaux d'autres auteurs (•• ^
protestants et ne devant ainsi être consuii ^
qu'avec réserve : Paulus : Ob das Evan^/-
liumJustins das Evangelium nach dm Ir-
braem sey ? Mémoire inséré dans ses ^-f'
getische kritische Abhandlungen, Tuliin: >
1784 ; Gratz, Kritische Untersuchungen w '
Justin aposlolische DenkttUrdigkeiten, Si>i :*
gart, 1814; Winer, Justini Martyris fi^
geliorum canonicorum usum fuisse ostff* •
tur, Leipsig, 1819, in-4*; J.*G. MynsUrJ
ber das evangelium des Justinus, liaD^
Theologische Schriften de cet auteur, <
penbague, 1825.
Indépendamment de ces travaux spéciaux
iC3
LEN
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
LEN
4:4
on trouve les questions relatives à Tévan-
gile de saint Justin discutées dans les /n-
iroductiona (Einleilungen) de Eichhorn, de
S hmidt et de Hug au Nouveau Testament^
dans les Mémoires de Storr et de Luecke
sur les écrits de saint Jean, et dans ceux
de Ritsche sur YEvangiU de saint Marc.
Credoer dans ses Matériaux (en allemand]
pour Vintroduction au Nouveau Testatnentf
a inséré (t. I, p. 92-167J une longue disser-
tation : Justin und sein Evangelium.
Nous avons déjà mentionné la disserta-
tion d'Emmerich, relative à trois des évan-
giles supposés et aujourd'hui perdus^: De
Èvangeliis secundum Hebrœos^ Mgyptios at'
que Justini martyriSf Strasbourg, 18i7| in-4\
L
LENTULUS.
{Lettre de Publius-Lentulus.)
Cette lettre, qui donne une description as-
sez détaillée de la ))ersonne du Sauveur, n*a
commencé à être citée que vers le xiir ou
le XIV' siècle; il n*estdonc pas douteux qu'elle
n'ait été fabriqué» dans le cours du moyen
âge. Elle est toutefois curieuse, parce qu*elle
reproduit des descriptions antérieures qui
ont eu pour base quelque tradition. On la
retrouve dans divers manuscrits et dans
tlusieurs ouvrages anciens; en dépit de
quelques variantes, le fond est toujours le
même.
Le prédicateur Olivier Maillard, dont nous
avons déjà eu Toccasion de parler {Voy. Ab*
gake), a placé une traduction de cette épltre
à la suite de ses Conformités des mystères de
la Messe :ï\ lui donne le tilre suivant : Epis^
tre de Publius Lentulus^ payen, jadis vice-
consul romain très-renommé au pays de Judée;
laquelle tpistre il écrivit en Hierusalem et
envoya au sénat et au peuple de Rome^ tes-
moiynant de .ce au il avoit veu et cogneu de
Njstrs'Seigneur Jésus-Christ ainsi quescript
Eutrope l historien.
La mërae lettre est insérée dans YUistoria
Christif Persice conscripta, du P. Jérôme Xa-
vier; dans le Catalogus gloriœ mundi de
Barthélémy de Chasseneux, 1529, in-folio;
dans les Catalecta philologico-theologica^
édités par J. Buxtorf.BâIe, 1707; dans le traité
de J. Ueiske : De imaginibus Jesu Ckristi;
ilans les Recherches de Peignot sUr les per-
tonnes de Jésus-Christ et de Marie. (Dijon,
1829, in-8*, paee 20.) Elle se trouve aussi
\iàn$ les Orthodoxographa^ publiés à fiâle,
in-folio, 1556; dans rjUistoria universalis de
Laziard, c. 12, et dans d*autres ouvrages.
Son authenticité a été soutenue par un
riocteur allemand, Henri Lemnich, dans sa
Mndicatio incarnati veri Messiœ promissi^
RoMuchii, 1666; mais elle a été combattue
p^r J. Keiske dans l'ouvrage que nous
menons dMndiquer, et par Varenius , Ratio-
nnrium de scriptoribus ecclesiasticis^ etc. Elle
« été fobjet d'une savante dissertation de
Gabier, imprimée à léna, 1819, et introuva-
ble eu France.
• 11 suffit de la lire pour être persuadé de
sa supposition ; p ainsi s'exprime dom Ceil-
lier. {Histoire des auteurs ecclésiastiques.
t.J»p,^98j
Thilo, qui voulait la comprendre oans son
recueil des apocryphes, avait collationné le
texte sur un manuscrit d'iéna et sur un du
Vatican, et il observe qu'elle est loin d'être
rare dans les manuscrits; il l'avait trouvée
dans ceux de la bibliothèque impériale de
Paris, n<'1716,3158, 3159,3282, 5530; mais, ce
qu'il avait cherché en vain, c'était un texte
meilleur et plus ancien que ceux qui ont été
imprimés.
^ Un homme a apparu aans ce temps et
vit encore, un homme doué d'une grande
Euissance ; son nom est Jésus-Christ. Les
ommes disent que c'est un prophète puis-
saut ; ses disciples l'appellent le Fils de Dieu.
Il rend la vie aux morts, il guérit les mala-
des de tout genre de maladies et de souf
frances. Cet homme est d'une stature élevée
et bien proportionnée; l'aspect de son visage
est empreint de sévérité et rempli d'ex-
pression, de sorte que ceux qui le voient
sont disposés à l'aimer et à le craindre à la
fois. Sa chevelure, tirant suir le roux, des-
cend droite et sans plis jusqu'au bas des
oreilles , et de là tombe en boucles sur ses
épaules et au-dessous ; au sommet de la tèto
ils sont partagés en deux, selon l'usage des
Nazaréens. Le front est uni et pur, le visage
est sans tache, et une rougeur qui est cepen-
dant modérée, le décore. Son aspect est ou-
vert et agréable. Le nez et la bouche ne peu-
vent être exposés à aucune critique. Sa
barbe, de la couleur de ses cheveux, se bi-
furque. Ses yeux sont bleus et extrêmement
brillants. Il est formidable quand il répri-
mande et qu'il reproche; lorsqu'il enseigne
et qu'il exhorte, son langage est caressant
et aimahle. Il y a une çrâce admirable mêlée
de gravité dans son visage. Personne ne Ta
jamais vu rire, mais on Ta ru pleurer. Sa
taille est alongée, ses mains sont belles et
eflîlées, ses bras gracieux. En s'exprim/int
il est grave et mesuré, et il parle peu. Enfui,
c'est le plus beau des hommes. >»
Lentulus est un personnage fictif; il n'y
eut point de proconsul roumain de ce nom eu
Judée à l'époque du Sauveur. Valériusi^ra-
tus vint en Tan 15 de Tère vulgaire remplir
ces fonctions ; Pilate lui succéda en l'an 26:
il fut exilé en l'an 38, et remplacé par Mar-
cellus.
Nous ajouterons que parxni les écrivains
45S
nsCTlONNAIRE DES APOCRYPHES.
4»
du XVI' siècle qui regardèrent comme au-
thentique la lettre de Lentulus, on distingue
un écrivain espagnol, doué d*un certain mé-
rite, Huarte, i auteur d'un ouvrage de mé«
decine et de morale, intitulé : Examen de loe
ingenioêj dont la réputation se soutint long-
temps. Il a inséré dans son livre Tépître en
question, et voici comment elle est mi-se en
français dans la traduction que G. Chappuis
fit paraître de VExamen, Paris, 1588, fol.
200.
f( Il est homme de moyenne stature et
droite; beau de visage, auquel se voit une
telle révérence imprimée, que ceux qui le
regardent sont induits à Taymer et craindre.
Il a les cheveux de couleur d*avclaine bien
meure; jusques aux aureiltes, ils sont uniz.
et d'une mesme sorte, mais depuis les au-
reilles jusques aux espaules, ils sont de
couleur de cire, el pour celte cause ils re-
luisent davantage. Au milieu du front et en
la teste, il n*est ni plus ni moins que les
Nazaréens; il a le front uny et fort serain,
le visage sans aucune rida ni tache, accom-
pagné d'une couleur modérée. On ne içou-
rail trouver à redire ni à son nex, ni eu m
bouche ; il a la barbe espaisse à la semblant*
des cheveux, non large, mais fendue par le
milieu; il a un regard fort grave, il a U-<
yeux clairs et esclatants; il estonne quim
il reprend et quand il admoneste, il esi ^rj*
cieux. »
Nous avons dit que Thilo avait le projet >
publier cette lettre dans son recueil Jc^^ a,* ••
cryphes du Nouveau Testaaieot, en pa'n.r>i
pour base le texte qui se trouve daas •>
Orthodoxographa^ et en y joignant les tv
riantes. Il est à regretter que M. Tischen • f
n*ait pas compris cette pièce dans son éJiii *..
des hvangilia apocryphes
Les copies de la prétendue lettre de L n-
tuius sont fréquentes dans les bibli"i ^.'
ques; elle se rencontre indépendaiumeui
des manuscrits de la bibliollièque iiupéru. :
de Paris, déjà cités, dans d'aures codicn •.j
Musée britannique de Bruxelles, de Leij'^J^
etc.
LEUCIUS.
Hérélique qui vivait au iv* siècle de notre
ère et qui, partisan des erreurs de Manès ,
voulut leur donner pour appui des ouvrages
qu'il attribua hardiment aux apôtres et sur-
tout à suint Jean.
Le décret du Pape Gélase condamne tous
les écrits de Leucius et rappelle le fils du
démon.
Saint Augustin (De fide contra Afartt-
chœoi^c.SS) parle des faux Actes de saint
André, qu*avai( fabriqués cet imposteur et
dans les Actes de son colloque avec Fauste,
le manichéen (lib. u, c. 6), il sVxprime sur
le même sujet dans les termes suivants :
Habetis etiam hoc in tcripturis apocry^
phis quas Canon quidem catholicuê non ad*
miltit , vobîê autem (Manickceis) tanto gra^»
riores sunl , quanio a caiholico Canone «e-
cluduntur. ÂUquid etiam inde commemorem
cnjui ego aucloritate non leneor^ sed tu con^
vinceris.inÀctibus conscripUs a Leucio quos
tanquamactus apostolorum scribit^ habes iia
posituttt : Etenim tpecioêa figmenta et oetefi"
iatiû simulata et coactio visibilitun^ nec qui-
dem ex propria naiura procédant , $ed ex eo
hominequiperseipuun delerior foetus est par
eeducUonem.
De son côté , le patriarche de Consiantî-
nopie, Photius, avait eu sous les yeux ces
écrits aujourd'hui perdus; et il s*en est oc-
cupé dans sa Bibliotheca. (Cod. 114.)
Lectus est liber inscriptus Periodi apos-
iolorum in qao continebanturActa Pétri, An*
dhœ^ JoanniSt Thomœ et Paulin scriptore^ ut
liber ipse déclarât^ Leueio Charino. Dietio
ejus omnino inœquatis atque varia est ; con*
structione vocibusque utitur interdum quidem
non abjeetie , ut plurimum tamen plebeiis ae
tulgo protritis. Nulhsm in eo vesttgium die*
ti&nismqualisexttmporediset na/tivœ quœhine
nasci solet gratiœ quomodo etangelicus et
apostolicus ttrmo est tfformaius. At rfril'Û}!
scatet multijflici insania et lacis inter $e pu-
gnantibus sibique mutuo adversantibus. Au.i
alium ait esse Deum Judœorwn malum, cupt
Simon minister fuerit : alium vero Christu.,
bonum ut idem aitj inquinans omnia ocpri-
vettens, eumdemque Patrem vocans el Filiu" .
neque rêvera hominem factum affirmai , ri
ita visum iantummodo fuisse, inria i.'f »
forma sœpe discipuiis suis se prœbuisst c • •
spiciendum^nunc juvenem^ nunc senem^j •-
pueram atque jam iterum «eitem, nunc m^
rem 9 nunc minorem^ interdum et maxrtfu..
ita uf. vertice cœlum contingeret, Muttatyr:-
terea super cruce fingit ineptias c/ û6*m'u«'
taies ^ ueque Christum fuisse cruci ehr, .
sed alium ejus vice, et crucifigentes a thri^-
derisos. Conjugia quoque légitima impio'
omnemque aaeo generationem malam et e tno.
esse afjirmans , alium insuper dœmonum f^r-
matorem délirât.
« Leuce dogmatisait dans les Actes de i^i^'
Jean contre les images comme les Icon"-
c!astes font fait depuis; et il disait que e^
bœufs et les chevaux et outres animauioi'/^*
ressusciteraient comme les hommes; l'i^^
s'exprime Photius. Un fragment de ces Âctt
est conservé dans les Actes du ii* ccnalf
Nicée. En voici la substance :
« Un Chrétien,nomraé Lycomède, arait f :
peindre saint Jeaq ^i, ayant vu uneni<^*
chez son disciple, et ne sachant pa^qiec^
ftLi la sienne, dit à Lycomède : « Que"
gnilie cette image et duquel de vos «Im -^
est-elleT Je vois bien que vous n'arez ; *
renoncé entièrement aux coutumes des r<^''
tils. » Lycomède répondit : « Je ncrci'-n*
nais qu'un seul IKcu; c'est celui qui dou* *
rendu la vie à ma femme et à moi. Mai$. '<
après ce Dieu l'on peut «ppeiardieusi^»
hommes qui sont nos bieoiaiteor$« tu c5
dieu qtie cette image rej>réseDte. C'e^t t>
que je couronne ; c'est toi que j*aime et ^ ^
l
457
LËU
PART, in.- LEGENDES ET FRAGMENTS.
lEV
4SS
j'honore comme le guide fidèle qui m*a con-
duit à la source de tous les biens. ?»— « Ta
railles , mon fils, » répondit saint Jean, « ta
ne me feras pas croire que ce soit là mon
portrait. » Alors Lycomede ajant fait ap-
porter un miroir» et saint Jean ayant re-
connu son yisage, s'écria : ^ Le Seigneur
Jésus est vivant; il est vrai que cette image
me ressemble» mais tu as eu tort d'agir
ainsi [maie véro hanc rem fetisti). »
Il ]r a encore dans le fragment des Actes
de saint Jean par Leuce que nous a con-
servé la relation du ti* concile de Nicée» un
p.issage curieujL qui confirme ce qu*on a
dit que les Prisciliianistes s'en servaient» et
qui nous apprend auel est cet hymne que
Jésus-Christ chanta la veille de sa mort et
dont saint Augustin (Epist. 217» Ad Ceret.)
rapporte quelques paroles. Saint Jean s'ex-
prime ainsi dans cette composition apo-
cryphe :
I Avant que le Seigneur fût pris par les
Juifs, il nous assembla tous et nous dit :
Chantons un hymne en l'honneur du Père»
après quoi nous exécuterons le dessein que
nous avons formé. II nous ordonna donc do
faire un cercle, et de nous tenir tous par la
maie; puis s'étant mis au milieu du cercle»
il nous dit : Amen» suivez-moi. Alors il
commença le cantique et il dit : Gloire te
soit donnée^ 6 mon Père 1 Nous répondîmes
tous : Amen. Le Seigneur continua à dire ;
Gloire au Verbe» etc. Gloire à l'Esprit, etc.
Gloire à la grâce; les apôtres répétaient
toujours» Amen. Après quelques autres
prières, Jésus dit : Je veux être sauvé et je
veux sauver» et les apôtres répondirent :
Amen. Je veux être défié et je veux délier;
amen. Je veux être blessé et je veux blesser;
amen. Je veux naître et je veux engendrer ;
amen. Je veux manger et je veux être con-
sommé; amen. Je veux être entendu et je
veux entendre. Amen. Je veux être compris
de l'Esprit, étant tout esprit, tout intelli-
gence. Amen. Je veux ê-re lavé et je veux
laver. La Grâce mène la danse; je veux jouer
de la flûte; dansez tous. Amen. Je veux
chanter des airs lugubres; lamentez- vous
tous. Amen. «
Un autre fragment de cet ouvrage n'est
pas indigne d'attention : c'est l'apôtre saint
Jean que le faussaire faisait parler :
*» Voyant souffrir le Seigneur et ne pou*
▼anl soutenir la vue de sa Passion, je m'en-
fuis à la montagne des Oliviers. Ce fut là
qu'il se présenta à moi dans la caverne où je
m'étais retiré. Il la remplit de sa lumière et
me parla en ces termes : « Les Juifs me cru-
ciflenl ; ils me percent de lances et m'abreu'*
vent de vinaigre; cependant c'est moi qui
▼ous parle. Ecoulez bien ce que je vous
dis, aun que vous sachiez ce que le Maître
veut apprendre à son disciple et Dieu à
I homme, h Alors il me fit voir une croix de
lumière toute dressée et un peuple de diffé-
rente figure qui l'environnait; une forme
toute semblable h la sienne était attachée à
^Ite croix. Au-dessus» je voyais le Seigneur, ^
Diction?!, dks Apocetphes. Jf«
mais sans aucune figure» ce n'était qu'une
simple voix» différente à la vérité de celle
dont il avait coutume de nous parler» une
voix douce, agréable et véritablement de
Dieu. Il médit :« Jean» j'ai une cboseà tedire»
mais dont il faut que tu conserves bien la
mémoire. Je parlerai par ta bouche et j'ap-
pellerai cette croix de lumière tantôt rin-
telligence, tantôt le Verbe. »
Entre autres erreurs» Leucius soutenait
que Jésus n'a point été homme, mais qu'il
a seulement paru l'être» qu'il se montrait k
ses disciples tantôt jeuno, tanlôt vieux, tantôt
enfflnt et ensuite vieillard» tantôt grand,
tantôt petit, et quelquefois si grand qu'il
touchait le ciel de sa tête.
Tillemout» dans ses Mémoires pour servit
à Vhistoire ecclésiastique (t. JI, p. 73), s'ex-
prime en ces termes au sujet de ce faus^-
saire :
< Les disciples de Procle ou Procule étaient
encore célèbres vers l'an 390* du temps de
saint Pacien qui les appelle les plus nobles
physiciens ^ c'est-à-dire des monianistes.Ils
se vantaient d'avoir été animés et illuminés
p;ir un Leucius. Baronius (Ad annum CArt-
sii 277, n. 42) le prend pour le plus célèbre
auteur d^ tant d actes fabuleux des saints
apôtres, à qui le Pape Gélaso donne Téloge
de disciple du diable que méritent si bien
les auteurs des pièces fausses et supposées
et tous les amateurs du mensonge. Photius
(cod. 114) l'appelle Leucius Cannus, et té-
moigne qu'il avait fait les Actes de saint
Pierre^ de saint Jean^ de saint Andréa dé
saint Thomas et de saint PauL Innocent 1*%
dans son épître m* (Concil.^ édit. Labbe*
t. H» p. 1256) , y ajoute saint Jacques le Mi«
neur et saint Matthias. L'auteur du Truiti
de la foi contre les manichéens , qu'on croit
être Evode d'Uzale, cite (chap. 38) de cet im-
posteur les Actes de saint André ei dit qu'il
attribuait ses pièct s aux apôtres mêmes. »
aPhotius décrit son stylecomme rempli de
tous les vices qui se puissent imaginer» et sa
doctrine comme encore plus corrompue que
son style; ce qui peut faire ju^er qu'il était
ou de quelqu une des anciennes liranches
des gnosliques» ou de l'hérésie des mani«
ehécns,àquoi le passage de saint Pacien
peut n'ôtre pas contraire» selon que nous
avons expliqué ce qu'il dit de Praxéas.
Evode témoigne (Z76 fide contra ManichœoSf
r. 5) que les manichéens recevaient ces actes
fi ïs par Leucius;de sorte qu'il s'en sertcontre
eux dans les choses mêmes de la foi. Et ainsi
l'.e sont apparemment ces Actes écrits sous
le non des apôtres par des faiseurs de fa«»
blés que saint Augustin [In Faustum, I. xxit»
c. 79) témoigne être reçus par ces héréli*
ques comme des écritures canoniques. Dans
le Traité de la nativité de la Vierge » qui est
[>armi les œuvres sup^nisées à saint Jérôme»
es faux Actes des apôtres sont attribués •
avec un autre ouvrage» à Séleucus» disciple
de Manicbée» et Baronius croit que Séleucus
et Leucius ne sont que la même pèrsoqne 9t
le même nom. »
16 A
«M
DICTIONNyRÊ DES APOCnTPHES.
VXi
LIN.
Le Pape sainl Lin fui le successeur immé-
diat de saint Pierre fan 66. On croit qu*il
gouverna TE^ilise pendant douze ans et qu*il
reçut la couronne du martyre en 78. On
manque d'ailleurs de renseignements posi-
tifs sur ce Pontife. Le P. Stilting a, dans les
Acta sanctorum^ t. VI de septembre, p. 5dJ^-
5^5, discuté avec une judicieuse érudition
tout ce que i*on en connaît.
Ce Pontife aviiit écrit YHisloire de saint
Pierrf el de saint Paul^ mais les Actes qu*on
possède sous son nom ne sont nullement
authentiques. Baronius,Possevin, Le Nourry,
dans son judicieux Apparatus ad bibliothe-
eam Patrum (t. I» disseri. 6) , et bien d'autres
auteurs les rejettent comme apocryphes. Le
cardinal Bellarmin {De R. Pontif.y lib. ii, c. 9)
dit : Lini historia vers conficta est , et nullius
auctoritatis. Divers témoignagss attestent
que saint Lin avait écrit en grec; ce teite
est perdu. 11 ne faut pas regarder la réd^c*
tion latine comme faite sur le grec. Il serait
difficile de préciser ave» quelque cerlilude
la date de la composition; elle esl antérieure
au XI* siècle, car on la trouve dans des ma-
nuscrits de cette époque. Jacquesde Voragine
la connaissait et s*ea est servi pour sa !/•
gende dorée. Lefebvred'Etaples est le premier
2ui Tait publiée à la tin de son édaiondes
^pitres de saint Paul. Elle a passé dans la
Bibliotheca Patrum maxima^ tom. Il» p. i«
p. 67.
Nous placerons ici Tbistoire du martyre
de saint Pierre, renvoyant à Tarlicle eoii*
sacré à saint Faul ce qui concerne ce dernier
apôtre.
RÉCIT DE LA PASSION DE SAINT PIERRE.
adressé a%x Eglises de rOrient par le bienheureux Lin^ PoMlife des Romains'
Après avoir été en butte aux événements
les plus variés, après avoir fourni TédiGca-
tion d*une vie sainte, après avoir accompli
d'éclatants miracles, et avoir aussi soutenu
de nombreux combats contre Simon le Ma-
gicien et d*autres hérauts de TAntechrist,
après avoir subi des tourments multipliés,
enduré la rigueur des flagellations et
riiorreur des prisons fétides, le bienheureux
Pierre se réjouissait dans le Seigneur, ren-
dant grâces de nuit et de jour avecles frères,
accueillant la foule de ceux qui croyaient à
Ja foi de Dieu et de Jésus «Christ Notre-
Seigneur, s*appliquant à la prière, à fins-
truction et aux autres offices de la piété ,
observant surtout la charité et la chasteté;
il répandait la grflce dans le cœur de ses au-
diteurs, exhortant ceux qui croyaient en
Jésus-Christ à vivre dans la pureté et dans
Taustérité. La ville qui se regardait comme la
capitale du monde s était adonnée avec excès
au luxe et à la magniQcenco, et un faste ré-
prébensible y dominait, ainsi qu*il résulte
aordinaire de Topulence et d*une sécurité
indolente. L'élévation des pensées est habi-
tuellement suivie du mépris de la chair, et
il arriva que beaucoup de femmes de divers
âges et de conditions aifférentes conçurent,
grAce à la vertu des discours du bienheu-
reux Pierre, un grand amour de la chaste-
té, et un grand nombre de matrones romai-
nes se plaisaient à garder, autant qu*il
dépendait d'elles, leurs cœurs ainsi que
leurs corps exempts de tout commerce char-
nel. Hais comme le temps approchait où la
foi et les travaux du bienheureux apôtre de-
vaient recevoir leur récompense, Néron,
Tennemi du Christ et le chef (le la perdition,
oruonna daps son iniquité consommée que
l'apAtre fût chargé de cbatoes et jeté dans
un cachot infect, où quatre des concubiuN
d'Agrippa vinrent le visiter; elles se nom-
maient Agrippine, Eucharie, Euphétuie et
Dioné.En écoutantceuu'ii prêchait au sujet da
la chasteté et de tous les commandements de
Jésus-Christ Notre-Seigneur, elles se déso-
laient d'être soumises aux passions d*Ai;ri.-
pa. C'est pourquoi, se vouant à lacha^tito,
elles firent entre elles un pacte, et aOeruin»
r>ar Jésus-Christ Notre-Seigneur, elles rév»-
urent de n'avoir dorénavant aucun rap[Nrt
avec Agrippa. Celui-ci, voyant qu'elles m»
refusaient a toute relation avec lui, en fit
très-affligé,et envoyant des agents habiles et
zélés, il apprit qu'elles allaient trùs-sonvent
entendre les discours du bienheureux Pier*
re. Et quand elles revinrent chez lui, il leur
dit dans un mo.ivement de colère et de ja-
lousie : « Je sais d'où vous venez; ce Chré-
tien vous a appris à vous éloigner de moi
et à vous refuser à votre devoir, mais jo
suis certain qu'il n*a pu détruire par ses ar-
tifices magiques votre amour pour moi. •
Mais ni ses caresses, ni ses dures paroles
ne purent les amener à reprendre lechemio
du désordre, parce qu*elles s*anpuyaient sur
les discours de l'apôtre. Le préfet Agrippa
voyant ainsi que, fidèles à la doctrine dn
Pierre, elles repoussaient unanimement ses
vœux déréglés , commença à leur adresser
des menaces horribles, disant qu'il les ferait
brûler vives et qu'il ferait périr Pierre daos
les plus cruels supplices, Tetfaçant ainsi
de la mémoire des hommes. Hais il ne put
jamais ébranler leur résolution; elles dirent
qu'elles préféraient succomber dans les tor-
tures en gardant la chasteté, plutêt que de
renoncer a Jésus-Christ à qui elles araieai
fait vœu de continence.
La colère d'Agrippa contre Tapêtre s'aui;-
i6J
UN
PPRÎ. 111.^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
LIN
Mi
mentait donc de plus en plus, elil grinçait
(tes dents contre lui, cherchant l'occasion de
Je faire périr. Et, sur ces entrefaites , Xan-
dippe, femme d'Albin, ami parliculier de
Tempereur, vint à Pierre avec d'autres ma-
frones romaines de la première noblesse.
Albin en ressentit un très-vif chagrin , et il
menaça d'infliger à Pierre les plus cruels
supplices; il adressait aussi à Xandippe des
paroles pleines d'injure, et s'efforçait de
Teffrayer pour la faire renoncer à la foi. Et
s*adressant à Agrippa, avec lequel il était
uni par l'amitié, il Tinstruisit du chagrin
que lui causait son épouse et qu'il imputait
à Pierre, le priant, s'il était réellement son
ami.de tirer vengeance de l'apôtre, et qu'au-
trement il se vengerait lui-même. Agrippa
lui Bt répondre qu il éprouvait lui-môme, à
cause de Pierre, des choses semblables et
encore plus fâcheuses. Albin, voyant en-
suite que ni ses prières ni ses menaces ne
])OU?aient vaincre la résistance de Xandip-
Je, se concerta avec Agrippa sur les moyens
employer pour lîire tomber Werre dans
nn piège, comme on prend un niseau dans
UQ lacet, et pour le faire passer comme ma-
gicien. Et Xandippe, ayant entendu leur
conversation, envoya è Pierre un messager
dune grande fidélité pour lui recommander
de sortir de Rome et d'échapper aux embû-
ches qu'on multipliait autour de lui. Elle
révéla les projets de son mari et d'Agrippa
à Marcel, fils du préfet Marc, qui, après
avoir échappé à la doctrine empestée de Si-
mon, avait Gdèlement et courageusement
adhéré à Pierre ainsi que ses frères.
Le lendemain quelques-uns des sénateurs
se levèrent dans la réunion du sénat et di-
la mort que nous appelons chaque jour par
nos gémissements et par nos soupirs comme
étant rentrée de la vie qui doit nous con-
xiuire au Sauveur, ainsi qu'il l'a révélé lui-
même. »
Tous les frères, ayant entendu ces paro-
les, se levèrent en disant : « 0 mon père,
tu nous disais que tu étais prêt à souffrir
la mort pour noire vie, et maintenant nous
ne pouvons obtenir de toi que tu consentes
à vivre encore quelque temps, afin de con-
tribuer à notre salut, jusqu'à ce que nous
soyons fortifiés. » Et les jeunes gens, sur
lesquels Pierre exerçait une surveillance
f>articulière et qu'il élevait avec soin dans
a foi et la chasteté, étend ml les mains au
ciel et se jetant à terre nommes' ils étaient
frappés de mort, s*écriaienl en poussant de
grands cris : « O Pierre, plein de bonté, no-
tre père et notre pasteur, loi dont la misé-
ricorde n'est surpassée que par celle du Sei-
gneur, pourquoi, après nous avoir si récem-
ment engendrés au Seigneur par la fontaine
sacrée, et avoir eu pour nous une affection
maternelle, pourquoi nous exposes-tu aux
morsures des loups furieux, déployant ainsi
contre nous une rigueur et une sévérité dont
tu n'avais jamais donné d'exemple? » Et les
femmes, ayant couvert leurs tètes de pous-
sière, criaient : « Est-ce donc là la miséri-
corde que tu avais l'habitude de nous
prêcher comme appartenant à ton Sauveur?
touché de piiié en vojant les larmes après
que tu Teus renié, il te pardonna ta faute, et
maintenant, en dépit des torrents de larmes
que nous versons, tu ne veux pas nous ac-
corder unpeu de temps, tandis que lu peux
servir le Seigneur dans la chair et obtenir
renl : « Nous vous exposons , augustes ma- ^ la couronne éternelle qui t'esl réservée. »
gistrals, que Pierre, travaillant à la destruc- |
lion de la ville éternelle, sépare nos femmes
de nous et qu'il prêche nous ne savons quelle
loi nouvelle et inouïe jusqu'ici, v Et ils pro-
Les gardes de la prison, Processus et Mar-
tinianus, et les autres magistrats et officiers,
priaient aussi Pierre, en disant : « Seigneur,
va où lu voudras, car nous croyons que Tem-
voquaient ainsi les autres sénateursà s*em- ' pereur t'a oublié; mais ce méchant Agrippa»
porter contre Pierre et à des mesures de ri- enflammé du dérèglement de l'impureté
gueur. Agrippa se réjouit de ce que l'occasion
qu'il cherchait venait s'offrir, etil se fendit au
sénat. Mais cette démarche n'échappa point
àPierreetaux frères, car quelques-uns des se-
naieursquiavaientreçu la foi s'empressèrent
deleurfaireparvenircette nouvelle. Marcel et
les frères priaient Pierre de s'éloigner, mais
Pierre dit : « Il ne convient pas aux fils et aux
frères que j'échappe par la fuite à des souf-
frances endurées par Jésus-Christ pour noire
salut, h Et Marcel et les frères lui répondi-
rent en pleurant abondamment : « Aie pitié,
père miséricordieux, des jeunes gens et de
ceux qui sont novices dans la foi, et ne nous
abandonne pas, ainsi qu'eux, sans secours
parmi la foule des infi^ièles. » Alors Pierre
Uil à ceux qui l'invoquaient : « Vous me
conseillez de fuir et de répandre ainsi par
mnn exemple dans le cœur des jeunes el des
faibles la crainte de la souffrance, tandis que
nous derous rester avec fermeté attachés à
la parole de Dieu el conserver les fonde-
ments de la sainte chasteté que nous avons
]eiés. Vous croyez qu'il faut fuir pour éviter
veut le perdre. S'il obtenait à ion égard un
ordre de l'empereur, nous recevrions un
arrêt de mort contre toi de la part de Plau-
tin, homme très- illustre, qui t'a remis à
nous pour que nous te gardions. Après avoir
fait sortir, par le signe de la croix, une
source d'un rocher, lu nous as baptisés au
nom de la sainte Trinité, el depuis tu as joui
de ta liberté, personne ne l'inquiétant, mais
ce feu infernal, qui ravage la ville, dévore
Agrippa. Nous te supplions, toi qui es le
ministre de notre salut, de daigner avoir
égard à notre demande; lu nous as délivrés
des chaînes des démons et du péché, reste
libre des fers et des entraves dont nous
sommes chargés d'employer les rigueurs, et
sors libre, aQn de travailler au salut de tant
de peuples. »
Les veuves y les ornhelins et les vieillards
accablés par l'Age, s arrachant les cheveux «
se déchirant les joues et découvrant leurs
poitrines, disaient ; « Tu nous as guéris de
bien de^ maux, tu nous as mèmerappelé»
de la mort, et maintenant i père olein de
m
DICTIONNAIRE DES ÂPOCliYPHES.
4a
bonté, tu veux te dérober à iiousl Envoie-
nous plutôt tous avant toi, de peur que nos
âmes ne périssent lorsqu'elles seront privées
des bienfaits de tes instructions et que nos
corps, dépourvus de la consolalion de ton
assistance, ne succombent; hâte -loi ainsi
d accomplir ce que tu désires, de peur quV
près t*avoir perdu, notre vie ne s*éteigne
misérablement. »
Pierre qui, dans sa miséricorde extraor-
drnaire, ne pouvait jamais voir, sans verser
de larmes, les pleurs des affligés, ne put
résister aui témoignages de douleur qu*il
voyait tout autour de lui et il dit : « Que nul
de vous ne vienne avec moi ; mais seul je
m*élûignerai , ayant changé de résolution. »
Et, la nuit suivante, a^'ant célébré le pre-
mier sacrifice, il dit adieu aux fr^^res, et les
recommandant à Dieu en les bénissant, il
fmrlil seul. Et lorsqu'il se mit en route, les
iens qui retenaient sa Jambe se rompirent.
Mais quand il voulut sortir de ta porte cte
la ville, il vit Jésus-Christ qui venait au-de-
Tant de lui, et Tadorant, il lui dit : « Sei-
gneur, où vas-tu?» Et Jésus-Christ lui ré-
pondit : « Je vais à Rome, pour y être cru-
ciQé de nouveau. » El Pierre dit : « Seigneur,
est-ce que tu dois 6lre crucifié une se-
conde fois?» Et le Seigneur dit : «tEn vérité,
je dois être crucifié de nouveau. » Et Pierre
dit : « Seigneur, je reviendrai et je te sui-
vrai. » Et, après avoir dit ces paroles, le
Seigneur monta au ciel. Pierre l'accompa-
gna de ses regards en versant des larmes
ti'ès-douces. El ensuite, revenant en lui-
même, il comprit qu'il s'agissait de sa Pas-
sion, parce aue le Seigneur qui souiïre dans
les élus par fa compassion de sa miséricor-
de et par réctatdclcur glorilicalion, devait
souffrir en lui. Il revint donc avec joie dans
la ville, glorifiant Dieu, et il raconta aur
tfëres que le Seigneur élail venu au-devant
de lui et lui avait déclaré qu'il devait de-
rechef être crucifié en la personne de son
apôtre.
Et lorsqu'ils surent qu'il devait mourir,,
ils se mirent tous à pleurer et à pousser des
cris, et se livrant à leur douleur, ils di-
ssent: « Pense à tes brebis, &bon pasteur,
pense à ceux qui, étant faibles dan^ la foi,
ont besoin de tes discours pour être forti-
fiés; pense aux cœurs chancelants que lu
raffermis. » Et Pierre leur dit : « Il est facile
au Seigneur de fortifier les cœurs de ses
serviteurs sans l'appui de mes humbles dis-
cours. Ce qu'il a iiianté, il le fera croître ;
et il.en résultera Jes plantes nouvelles. Moi,
esclave du Seigneur, je dois nécessairement
exécuter sa volonté. S'il veut qu'à cause do
vous je retourne en prison, je m'y soumets ;
et s'il a décidé que je souffrirai à cause de
son nom,, s'il daigne m'a4!cuei:iir en me
faisant passer par le martyre, je me réjouis
dans sa grAce » Et tandis qu'il consolait les
frères, leur adressant ces paroles et beau-
coup d'autres^ ils ne pouvaient retenir leurs
laroics, et roici qu*Héros arriva avec quatre
appariteurs et dix autres hommes, et se sai-
sissant de rap6lre ^ ils Tarrachèreut du mi-
lieu des frères, et le conduisirent garrotta
devant Agrippa, préfet de la ville.
Agrippa, le voyant, lui dit : « Tu montres
une grande audace, scélérat, en séduisant io
peu[)lo comme tu le fais, et en engaj^eani
les femmes à renoncer au commerce de leurs
époux. Tu as osé également prêcher je ne
sais quel Christ, et enseigner une doclriLd
vaine etinsensée,op()Oséeaux ri tes respectés
des Romains, et au culte de la ville éter-
nelle. » Le visage de l'apôtre devint alors
brillant comme le soleil, et Pierre ourraiu
la bouche, dit : « Agrip|)a, je vois à quoi ht
tends, chef do l'impureté, ami de la souil-
lure, adonné è la cruauté, persécuteur dci
innocents, protecteur des imposteurs, fac-
teur du mensonge, demeure de Satan. Tu
ignores la gloire dans laquelle je me gV
nfio, et c'est pourquoi tu dis que je meis
ma confiance dans des hommes et dans dis
femmes.» Et Agrippa répondit: « Puisque
tu sais que j'ignore ce en quoi tu te glo-
rifies, fais-le moi connaître. »
Pierre lui répondît: «11 n*est peur moi
d'autre gloire que la croix de Jésus-Cbri^l,
mon Seigneur, liont je suis l'esclave, y Et
Agrippa dit : « Tu veux donc être cru( itié
Cfimme le Seigneur ton Dieu l'a élé?>
Pierre répondit : «Je ne suis pas digne da
donner au monde le spectacle de ma mort
sur la croix comme le Seigneur; maisja
désire et j'espère suivre les traces de sa Pas-
sion, à travers quelques supplices que ce
soit, n^ Alors le préfet, inspiré par le cour-
roux qui résultait de son incontinence, et
Je couvrant du prétexte du zèle pour la re-
ligion romaine, ordonna de crucifier l'ai ô-
tre. Et voici qu'une très-grande réunion eut
lieu aussitôt de gens de tout sexe et de tout
âge, riches, pauvres, veuves, enfants, j'Ub-
sants et faibles, et ils criaient à haute voix :
« Pourquoi Pierre est-il mis à mort? Quel
crime a-t-il commis ? En quoi fait-il turt a
la cité 7 11 n'est pas permis de condamner un
inn<icent. N'esl-il pas h craindre que Dicii
ne venge la mort aun tel homme, et qu'il
ne nous Casse tous périr? » Et le peuple sa
mil à s'emporter contre Agrippa, et il vou-
lail délivrer Pierre, et un grand trouble sa
répandait dans Rome au milieu de ces cia*
meurs.
Alors Pierre s'arrêla un peit, et montant
Sur un endroit élevé, il invita par ses gesti'>
le peuple au silence, et il dit : t O houiiuo
fidèles à Dieu, et qui combattez pour Jésus-
Christ l vous tous qui espérez en lui, si votre
attachement pouf moi est véritable, et si vous
avez à mon égard i\es entrailles d atTeolioD,
ne détournez (las celui qui va vers le Sei-
gneur, n'arrêtez pas celui qui s'emprcb^e
vers Jésus-Christ. Demeurez dans l;i trau-
quilliié, et réjouissez- vous de ce que jotfro
avec bonheur iùon sacrifice au Seigneur, car
Dieu aime celui qui donne avec allé-
gresse. »
Lorsque TapAtre eut parlé ainsi, le tumulte
s'apaisa, et le préfet ne fut pas inquiété. Ubc
grande partie du peuple désirait ardemmen-.
1 attaquer , mais ils craignaient d'afllgt.
165
LIM
PART, m.- LEGENDES ET FRAGMENTS.
UN
KM
Tapôtre , lequel suivait l'exemple de soa
Uallre qui avait dit : Je puis prier mon
Père, et il m! enverra^ si je te veuxj plus de
douse légions d'anges. Et une foule im«
mease accompagna Tapûtre et les soldats
jasqu'à JVndroh qu'on appelle Naumacliie»
auprès de Tobélisque de Néron, sur la iBon-
(a^ne. Là était placée une croix, et Tapôtre
Yojaat le peuple qui suivait et qui était
encore au moment de se soulever , dit ;
t N'essayez pas»mesfrères,je vous en prie,
(l'empécner mon offrande. Ne vous emportez
uoint contre Agrippa, et n*aycz pas de haine
à soo égard. Il est Tesécuteur d'une inspi-
raliOQ étrangère. Le diable, abusant de la
permission du Seigneur, est l'auteur de la
condamnation de mon corps. Il regrette que
je lui aie enlevé des vases d*ignominie, et
qu'ils soient devenus les réceptacles de la
conlinencejeslemplesdu Seigneur, ledomi-
ciie de rhonneur et de la grâce. Soyez donc
soumis, mes frères et mestijs, car il m'a étéaa-
noncé, par unerévélation venant du Seigneor
Jésus-Christ^ ce qui devait arriver. Le dis-
ciple n'est pas au-dessus du maître, ni l'es-
claYB au-dessus de son propriétaire. Uàlez-r
Yous donc, afin que, sortant de la chair, je
uie réunisse au Seigneur. Il est temps que
j'offre mon sacriflce. Souvenez-vous des
miracles et des prodiges, et des guérisons
nue vous avez vues et contemplées , et que
Jésus-Christ a opérées, en employant mon
ministère. Les maladies de bien des hom-
mes ont été guéries afin que les Ames de
tous fussent sauvées. Les corps morts ont
été rappelés à la vie, afin que les Ames mor^
tes revinssent aussi à Teiistence. Mais pour-
quoi ces retards que j'éprouve, et pourquoi
esl^ce que je n'approche point de la croix ?
Adieu, mes frères, soyez patients, et con-
servez ce que vous avez entendu ; je vous
recommande à Jésus-Clirist. »
Et s'approchant ensuite de la croix, il dit :
tO nom de la croix, mystère caché l ô grâce
ioeffahle dans le nom de la croix 1 O croix
qui as joint l'homme è Dieu, et qui l'as sous-
trait à la domination du diable 1 O croix qui
représentes, au genre humain la passion du
Sauveur du monde et la rédemption de
l'homme aflTrauebi de la captivité 1 O croix
qui, chaque jour,, distribues aux peuples fi-
dèles les chairs de l'Agneau sans tache, qui
préserves le peuple dès aiTreux poisous du
lerpent, et qui montre sans relftche aux (i-
dèles le phare entLammé du paradis l O
croix qui rétablis chaque jour la paix entre
la terre et le ciel, qui présentes sans relAcho
au Père éternel la mort du Médiateur qui
est ressuscité d'entre les morts , et qui ne
meurt plus, je souffre à cause de toi, et je
n'aurai pas de repos tant que je pourrai prê-
cher le mystère divin caché dans la croix.
0 vous qui croyez en Jésus-Christ, que la
croix ne soit pas pour vous ce qu'elle sem-
ble. Elle a un sens caché qui ne se montre
pas aux yeux. O vous qui pouvez m'entcn-
(Ire aux derniers moments de ma vie, sé-
parez vos Ames de toutes les apparences du
monde, dirigez-les vers ce qui est invisible,
et sachez que le mystère du salut s'est ac«
compli en Jësus-Christ par la croix. C'est
un devoir pour loi, Pierre, de rendre à la
terre le corps que tu as reçu ; et l'entre-
mise de ceux à qui il est donné de tuer les
corps est nécessaire pour cet objet. «
Et il dit ensuite aux chefs des bourreaux :
« Qu'attendez-vous? Pourquoi ces satellites
me font-ils éprouver tant de retards ? Ac-
complissez ce qui vous a été ordonné ;
dépouillez-moi de la tunique mortelle,. afin
que je sois réuni au Soigneur. » Mi s'adres-*
sant aux bourreaux, il leur dit : *« Je vous
prie, agents de mon salut, de me crucifier
la tète en bas, et les pieds élevés, car il ne
convient pas que le dernier des servjteurs
soit crucifié comme le Seigneur de runiver9
la été pour le salut du monde entier ; ma
mort doit le glorifier, et aussi afin que je
puisse touîours contempler d'un œil atten-
tif le mystère de la croix, et afin que les
assistants entendent avec plus de facilité ce
que je dirai. »
£t lorsque ce fut fait comme il l'avait
demandé, Pierre, s'adressant au peuple qui
pleurait, se mit à le consoler du haut de la
croix, et à l'instruire, en disant : « Grand et
profond mystère de la croix , et lien ineffable
et inséparabledelacharité, c'est parla croix
que Dieu attire tout à lui. C*est le lien de
la vie par lequel l'empire de la mort a été
détruit. Tu m'as révélé ces mystères, ô mon
Dieu 1 Ouvre aussi les yeux de tout ce pau^
pie, afin qu'il aie la consolation de la vie
éternelle. » Et lorsqu'il eut ainsi parlé, Dieu
ouvrit les yeux cte ceux qui pleuraient, et
qui versaient des larmes en voyant le mar-
tyre de Pierre, et ils aperçurent des anges
qui tenaient des couronnes de roses et de
lis, et, au sommet de la croix., Pierre était.
det}0ut, recevant un livre des mains du Sei-
gneur, et y lisant les paroles qu'il faisait
entendre. £t à cet aspect ils se mirent tous
à se réjouir dans le Seigneur ; et les incré-
dules et les bourreaux qui les avaient vus
tristes et désolés, les voyant pleins de joie,
perdirent soudain courage, et disparurent
comme do la fumée.
Et Pierre , reconnaissant que sa gloire
avait été manifestée aux yeux de ceux qui
pleuraient précédemrneut, rendit grAces aa.
Seigneur Jésus-Christ, et dit: «Seigneur,
toi seul as pu avec raison être crucitié sur
un gibet élevé, toi qui as racheté le monde
entier du pérhé ; j'ai cherchée t'i miter, mê-
me dans la passion, mais je n'ai pas pré-
tendu aux honneurs du crucifiement tel que
le tien, car nous sommes des pécheurs, les
enfants d'Adam qui n'était qu'un homme,,
toi seul es Dieu, venant de Dieu, et la vraie
lumière venant de la vraie lumière avant,
tous les siècles et dans la fin des siècles. Ta
as daigné devenir homme pour tous les
hommes,. sans participer à la souillure de
l*homme, et tu es le glorieux rédempteur de
l'homme. Tu es toujours droit, toujours éle-
vé, toujours puissant. Nous sommes , selon
la chair, les fils du premier homme qui est
reiXù fittaché à la terre, et sa chute siguifie
161
DICTIONISAIRË DES APOCRYPHES.
4CI
Il corruption de la race humaine. Nous
naissons de manière à paraître ne pas pou-
voir nous élever au-dessus de la terre , et
•incapables de discerner ce qui doit être à
drrnle dece qui doitètre è gauche ; mais toi»
Seigneur, tu délivres les hommes, de même
que par tes prédications, tu as sauvé les Is-
raélites qui étaient au moment de périr.
Vous, mes frères, qui êtes disposés à m*é-
couter, ouvrez les oreilles de votre cœur et
faites atteption à ce qui doit vous être an-
noncé, c*est-à-dire au mystère de toute la
nature et au commencement de tout ce qui
est établi; le premier homme è l'espèce au-
quel j'appartiens, ayant la tête baissée vers
Ja terre, montra ainsi la perte de sa race, car
elle était morte et n'avait plus de mouve-
ment de vie. Mais le deux>ème appelé par
sa miséricorde vint dans ce monde prenant
une substance corporelle; il vint vers celui
que par une sentence équitable il avait
courbé vers la terre, et, attaché à la croix,
il le régénéra par ses souffrances, et il nous
rendit ce qui avait été donné à l'homme
Avant sa chute. O tous, mes bien-aimés,qui
in'écoutez et que mes paroles peuvent con-
«luire à la perfection et à la piété, vous qui,
revenus de votre première erreur, êtes en-
trés dans la région très-sûre de la foi, main-
tenez-vous dans la persévérance et tendez
au repos de la vocation céleste; Jésus-Christ
est la voie dans laquelle vous devez mar-
cher. Il faut donc avec Jésus-Christ, le Dieu
véritable, monter sur la croix qui a été
iransformée pour nous en un discours so-
lide et vivant. C'est pourquoi TEsprit-Saint
I» dit : «Le Christ est la parole et la voix de
Bicu.v La parole signifie ce bois sur lequel
je suis crucifié.»
Et après avoir dit ces mots d*un air se-
rein et joyeux, l'apôtre s'écria, en se met-
tant en prière : • Seigneur Jésus-Christ, tu
m'as fait connaître ces paroles dévie, et ie
«e rends grA<;es de ce que tu m'as révélé
ce que je devais dire sur la croix. Je te rends
gr<1ces, non de ce cœur qui se laisse parfois
aller à des sentiments condamnables, non
de ces lèvres attachées h la chair, non de
cette langue qui articule le faux comme le
▼rai, non de ces paroles qui sont produites
))flr les moyens de la nature, mais je le re-
mercie, 6 bon lloi t en te faisant entendre
celte voix que le silence n'empêche pas de
comprendre, qui ne s'exprime point par les
organes d'une chair périssable, qui n'appar-
tient point à la terre, qui ne s*écrit point
danades livres, et à la«juelle tout ce qui est
matériel est étranger; c est de cette voix spi-
rituelle que je te rends grâces, Seigneur Jé-
sus, 6 mon Maître 1 c*est par elle que je
viens à toi, que je te comprends, que je
t'appelle, que je t'aime, que je te possède.
Seigneur, tu es pour moi un père plein de
bonté et l'auteur de mon salut. Tu es mon
désir, mon rafraîchissement, ma satiété.
Tu es tout pour moi et tout est en toi pour
cioi ; tu es tout à moi, et tout ce qui existe,
tu l'es pour moi. C*est en toi que nous
vivons, que nous nous mouvons et que nous
sommes. Et c'est pourquoi nous devons te
regarder comme étant pour nous, afln que
tu nous donnes ce que tu nous a premis,
ce que l'œil n'a point vu, ce que l'oreillen'a
point entendu, et ce qui n*a point pénétré
dans le cœur de l'homme ; c est ce que ta
as préparé pour ceux qui t'aiment. Garde
ces trésors pour tes serviteurs ; garderies
et distribue-les-leur, car tu es le Pasleor
éternel et souverainement bon, le vrai Fils
de Dieu. Je te recommande les brebis que
tu m'as confiées. Remets-les en ton bercail,
et protége-les. Tu ea le pâturage et la réfec-
tion éternelle. A toi gloire avec le Père et
TEsprit-Saint, maintenant et dans tous les
siècles des sièclea. i»
Et le peuple entier ayant répondu à haute
voix : Amen, Pierre rendit TespriU
Aussitôt Marcel, sans attendre aoenne
autorisation, et voyant que l'apêtre était
expiré, détacha de la croix le corps sarré
et le lava avec du lait et du vin précieux. Et
prenant de la myrrhe, de l'aloës et d*autri^
aromates^ il l'embauma avec grand soin, et
il le plaça dans un sarcophage tout neuf
qu'il remplit de miel de TAttique. Et o^lte
même nuit, tandis aue Marcel veillait auprès
du sépulcre, et quil pleurait par suite de
son regret amer ( car il avait résolu de ne
pas s'éloigner de toute sa vie du sépulcre
de son maître chéri), le bienheureux Pierre
vint Yers lui. En le voyant, Marcel, tout
ému, courut au-devant de l'apôtre, et celui-
ci lui dit : <i Mon frère Marcel, est-ce que
tu n'as pas entendu la parole du Seigneur :
Laissez les morts ensevelir leurs morts? t ïl
Marcel dit : «Cher maître ,ie l'ai enlendae.»
Aiors Pierre répondit : « N'agis pas comme
si, déjà mort, tu avais enseveli un mort, mais
tel qu'un être vivant, réiouis-toi avec inn
ami qui vit. Va prêcher ce que tu as appris
de moi, et enseigne le roy.iume de Dieu. >
Et Marcel instruisit les frères de ce doot
il avait été témoin, et la foi de ceui <;">
croyaient en Dieu fut, |Mir l'intercession de
saint Pierre, 1 confirmée au nom de J*^^us-
Christ Notre-Seigneur et dans la saDcliti<3-
tionde l'Elsprit-Sâint.
Néron ayant appris le supplice de Pierre,
fut irrité, [larce qu'il avait dit de renfermer
l'apôtre, et non de le mettre à mort, et n
ordonna de se saisir d'Agrippa, coui)able
d'avoir fait périr l'apôtre, et il voulut le
faire expirer dans les supplices. Mais A|^ip|*>a
obtint, par l'intervention de ses amis, de
rester chez lui, privé de ses honneurs et
éloigné do la cour, et la colère de Tempe-
reur fut ainsi apaisée ; mais il n^écliappa
pointa la vengeance divine, et il mourut
après en avoir ressenti les effets d*uoo ma-
nière terrible. Le féroce Néron tourna alor<
ses pensées vers la persécution de ceux qu'il
sut avoir été les adhérents du bienheureui
Pierre, mais l'apôtre instruisit les frère*
par une révélation, et leur conseilla d'en-
ter l'empereur comme une bête sauvage. Et
Néron eut une vision qui lui montra sa>ot
Pierre cruellement flagellé par son onlrei
m
UAG
PART. IlL- LEGENDES ET FRAGMENTS.
M\G
470
el il entendit une voix qui disait : « Impie,
cesse de porter tes mains sur les serviteurs
de Notre-Sei^neur Jésus-Christ que tu ne
saurais plus avoir en ton pouvoir. » L'empe-
reur, épouvanté, resta plus tranquille, etjlea
frères se livraient à Tallégresse et à la joie
dans le Seigneur» fortifiés fréquemment par
la vision uu bienheureux ap&tro Pierre, et
ils glorifiaient Dieu le Père très-puissant et
le Seigneur Jésus-Christ avecTEsprit-Saint.
A lui gloire, puissance et adoration dans les
siècles des siècles. Amen.
LOT.
Le P. Labbe, dans ses notes sur les An-
nala de Michel Glycas (Paris, 1660, in-fo-
lio), donne, d'après un manuscrit du collège
(ieClermont, quelques détails apocryphes
sur ce patriarche.
Abraham l'envoya aux sources du Nil,
pour y chercher trois espèces différentes de
bois, mais avec l'intention qu'il serait dé-
voré par les bétes féroces. Lot revint eu
fort peu de temps, apportant avec- lui des
morceaux de cyprès, de pin et de cèdre.
Abraham, étonné, reconnut que la protec-
tion divine s'était étendue sur son parent, et
il loua le Seigneur. Tous deux gravirent la
montagne, et Abraham planta les trois mor-
ceaux de bois, en forme de triangle; il or-
donna è Lot d'aller chaque jour puiser de
1 eau dans le Jourdain et de les arroser. La
montagne était éloignée du Jourdain de
vingt-quatre milles; au bout de trois mois,
les arbres fleurirent ; Lot alla en prévenir
Abraham qui vint et qui reconnut que les
trois morceaux s'étaient réunis en un tronc
unique, doQt les racines seules étaient sé-
parées de divers côtés. £t Abraham, recon-
naissant ce miracle, se prosterna, la face
eonlre la terre, et adora le Seigneur, et il
dit : « Ce bois sera l'abolition du péché, v
Et l'arbre grandit et dura. jusqu'au règne de
Saloaion. Et de là Abraham eut la confiance
que Lot avait obtenu le pardon de son pé-
ché. Lorsqu'il fut question de construire le
temple de Jérusalem, cet arbre fut du nom-
bre de ceux que Ton coupa, et après avoir
é'é abattu, il resta sans emploi dans le tem-
ple, par un eflet de la volonté de Dieu, et
lorsque Jésus-Christ, notre Dieu, dut souffrir
pour le salut du monde, ce fut sur cet arbre
qu'il fut crucifié par les Juifs.
Hermann van Hardt (m Ephemeridibu»
philologiciSf p. 90) cite des rabbins qui ont
dit qu'une des filles de Lot s'appelait Plu-
tith et que sa femme se nommait Ëditt), mot
qui, en hél)reu, signifie lémo'in {velut testem
dicas^ stuUitiœnimirum et imprudentiœ femi*
ntn(F).£llefutchafigéeencolunnedesel.(6ren.
XIX, 26.) Fabricius (iCod. pseud. Vet. Test.^ 1. 1,
p. W2) renvoie, à cet égard, aux commen-
tateurs de la Genèse, h J.-J. Schudt (Fû^o-
ria Judaica, p.-322>, à Paul Coloraies (Opera^
p. 631), à Ph. Barlholin {De morbis biblicis,
p. 5>; aux dissertations de J. Saubert, S.
Scheloih, C. Grumm, et H. G. Marius; au
discours de H. Pontanus {De sale sacrificio-
rum, Utrerhl, 1703); aux ExercUation^
d'Herman Wilsius, etc. Plus tard il a paru,
en Suède, une dissertation de O. Westman:
De statua salifia uxoris Lothi, Upsal. 1763,
in-4*;elle se rencontre bien rarement ea^
France.
m
MAGES (LES ROIS).
Des légendtîs apocryphes se soni multi-
pliées au sujet de ces personnages dont PE-
vangile ne parle qu'en termes succincts. Un
écrivain anglais, W. Sandys, auteur d'un
Ud ouvrage sur les Noëls {ChristmasCarols^
Londres, 1833, 8" p. Ixxxiii) signale auel-
ques-unes des circonstances rapportées à
r^t égard dans des manuscrits conservés au
musée britannique.
Durant le voyage qui dura douze jours,
ils ne prirent ni repos, ni nourriture; le
besoin ne s'en fit pas sentir, et celte période
leur sembla n'avoir que La durée d'un jour.
Plus ils approchaient de Bethléem, plus l'é-
toile brillait avec éclat; elle avait la forme
d'un aigle, volant à travers les airs et a^i •
tant ses ailes; au-dessus était une croix.
Melchior oITrit trente pièces d'or frappées
par Terah, le père d'Abraham ; Jose()n les
avait données en payement au trésorier du
royaume de S^ba ctimrae le prix des par-
fums qu'il avait employés è embaumer le
corps de Jacob, et la reine d6 Saba les avait
présentées è Salomon.
Une ancienne tradition rapporte que les
trois rois furent, dans leur vieillesse, bapti-
sés par saint Thomas.
En fait de récits apocryphes du même
genre, nous signalerons aussi les paroles
d'un écrivain du xu* siècle :
Sunt qui dicunt^ stellam Magorumy suo
compléta ministeriOf inputeum cecidisse Be-
tiilehemeticum^ et illic eam introvideriautu-
mant. (Gervais de Tilbury, Otia imperialxa^
p.i,éd. 1856.) Grégoire de Tours (Afiraclib.
1, 1), donne de plus amples détails : Est autem
in Bethlehemputeusmagnus dequo Mariaglo^
riosa aqwtmfertur hausisse; ubi sœpiusaspi'
cientibus miracuium iliustre monstratur^ id
est , Stella ibi mundis cordef quœ apparuit
MagiSf osienditur. Venientibusdevotisac re*
cumbentibus super os putei operiuntur linteo
capita eorum. Tune ille cujus meritum ofrlî-
nuerit, videt slelhûi ab uno parie te putei su-
471
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
471
per aquas (rannnigrare adaliumy in illo mo-
do^ quq iolent iuper cahrum circulo stellœ
transférri. Et eum muhi aspictunt ab illi$
ianlumvidetur^ quibus est mens sanior. Non^
nulfos vidi qui eam ascribuntse vidisse. iVu-
perautem aiaconus noster retutit^ quod cum
quinque viris aspexit^ sed duobus tantum ap'
pafuit.
On trouve une narration è peu près sem-
blable dans la relation d*un voyageur alle-
mand, Félix Faber» qui visita la Terre-Sainte
au xv'siè.Je. [Evagatorium^ 1. 1, p. khS^ Stutt-
garl, 18W, 3 vol. iq-8".)
D'après quelaues auteurs, entre autres
Pierre de Natolious (lib. ii Catalogi sancto-^
rum), Gaspar avait soixante ans, fialthazar
3uaranle, Melchior vingt. Ce n*est qu*è une
atcassezmodernequ*on a commencé à don-
ner è Tun d*eux les traits d*un nègre. Yoy.
Molanus, De historia S. S. imaginum (Lour
vain, 159!^, 1. m, c. 3).
En fait de productions dramatiques rela-
tives à l'histoire des Mages, nous citerons :
Le Geu des trois roys qui alèrent adourer
Nostre Seigneur Jhésucrist^ composition qui
fait partie des Mystères inédits du xv* siècle,
Subliés par M. Achille Jubinal, Paris, 1837,
vol. iu-S"*. (Voy. le Dictionnaire des mystères^
Migne, 1851^, col. 976.)
Le Mystère des trois Mages^ par Jean d'A-
bondance, royal notaire de la ville du Pont-
Saint-Esprit. — Cette pièce ne paratt pas
livoir été imprimée, mais on en conserve iies
copies dans les cabinets de quelques biblio-
philes. (Voy. le Dictionnaire des Mystères^
col. 978.)
Comédie de l'adoration des trois rois à Je-
fus-Christ, Cette pièce fait partie du volume
()e poésies de la reine de Navarre , sœur de
François I", publié sous le titre de : Jfdr.
Î mérites de la marguerite des princesses, (Voy,
e même Dictionnaire^ col. 979.)
Sur des légendes relatives aux rois mages
Voy. Sandys, Christmas Carols (Loodoo,
1833), introduction^ p. lxxxiu et suiv.
Several old rass. relating to their bistory
are in the bristish Muséum. In tbe course
of their journey which lasled for 13 days,
the neither took nor required res or refrôs*
hment, it seemed to them us one day. The
nearer Ihey approachedt the brigbter the
star shone. It was said to be as an eagle
flying and beating the air with bis wings
and nad within it the form and likencss
of a young child,and above him the sign of
a cross. Melchior ofTered thirly pièces o(
gold ; coined by Tirah, the father of Abra-
ham. Joseph paid them to the trea^ury of
Sheba for spices to embalm Jacob. Thu
quocn of Shcba gave them to Saloroon. Tli^
tbree kings werc baptizcd io .their old a^e
by saint Thomas.
Voy. également sur les Mages, Didron,
Sîanùel d* iconographie^ 18V5, p. 159; J. C.
Mayr. Hist, Magorum Christum adorath
tium, Altorfi, 1688, in-V. Histoire des trois
rois Mages en lii-6 chapitres, mss. du xv* siècle
{Cat. des mss, de la bib. do Cambray, p. 128.)
A la cathédrale d'Amiens, les médaillons
qui composent la légende des Mages sont
fort curieux ; il faut recourir, pour les cotr
prendre, à des traditions tout a fait oubliée*,
aujourd'hui. Un de ces bas-reliefs les repré-
sente regagnant leur patrie par mer.
On trouve dans laCAront^ue armenienni
de Telniahar, publiée par Tullberg, Uusal,
1850, de longs détails sur les Mages
MANICHEENS.
(Evangile des manichéens.)
Titus de Boslra. dans son Traité contre les
pianicMens ^49*2-93],!. m {Voy, làBibliolheca
Patrum^ t. iV, p. ii, col. 2^9), dit que les
manichéens, ayant retranché des Evangiles
ce qiii ne leur convenait pas, et y ayant en
revanche fait des additions, avaient ainsi
composé un livre qu'ils avaient qualifié d*E«
▼angile. A. ce sujet, Beausobre [Histoire du
manichéisme t t. I, p. 803) pense que ce
devait être le J>iatessaron de Tatieo, ou TE-
vangile selon les Syriens ; et il ajoute : « Les
manichéens avaient des raisons particuliè-
res pour préférer cet évangile à d'autres ;
car Tatien était à peu près dans les mêmes
Erincipes au'eux sur le mariage, sur le céli-
at et sur l'abstinence des viandes, et on ne
(492-93) C«*t ouvrAffe était divisé en quatre livres ;
une parité du iroUieme et le quatrième ne nous
tout point parvenus. €e qui en reste a été publié
pour la première fois en laiin d'après la traduction
de Turrian, dans les Leetiones antiques de €anisius
(Ingolitadi, ld01-t6CM,6 vol. m-4', t. ?. p. 36): le
lesta grec a été mit au Jour dans Féditioa que Bai-
page a d^miée de cet Lectionet (Anvers, I7i5, 7
trouvait dans son Biatessaron^ ainsi qu^
le dit Théodoret (Hœret. fab.^ 1. 1, c. iO,, m
la généalogie de Jésus-Christ, ni aucun des
témoignages qui montrent que le Seigneur
est sorti do la race de David, selon la cbair.t
Il n'est rien parvenu d'ailleurs de la pro-
duction dont se servaient les manichéens.
Saint Léon le Grand accuse ces béréli-
ques d'altérer l'Ecriture sainte : Manichœiip-
$asevangelicas et apostolicas paginas^ gutniam
auferendo , et qwrdam inserendo^ vitiarunt,
(Serm. 34..) Il en dit autant des prisciliitois-
tes : Unde si quis episcoporum $ub canonico-
rum nomine eos codices m ecclesia permis» r^t
legif qui Priscilliani adulterina sunt emendù'
tionc tftta/t, hœreticum te noterit judican-
vol. in-folio, 1. 1, p. 59)« et dans la Bibliotkeea Cr^^-
Latina teterum Patrum, deGultandi (Venise, ^1^
4781, U vol. in-folio, t. V, p. 69). FatHiauv»
inséré les arguments des quatre livret dtns m Ih-
tlhtheca Graca , t. Y, p. 295. Nout n'tvon^ pts
betoin de mentionner ici les autretécriit éeiiun;
ce prélat mourut Tan 371.
473
MAa
PART, lil.— LEGEfiDES JiT FRAGMENTS.
MAH
m
dum. (Episl. 15.| Beausobre se trompe lors- lérés, mais ils ne les alléraient pas, » (tfnl
qu'il dit: « Les Manichéens soutenaient que des mmich.f t, I, col. 341.)
les lirres du nouveau Testament étaient al-
MARC (SAINT).
Les Bollandistes (addiem^^Aprilis, p. 3U)
ontpubliéf eu grec et en latin, les actes de la
vfe et du martyre de saint Marc, fiède les a
5uivis dans ce qu*il a dit de cet évangéliste,
et ils se trouvent presque mot à mot dans
la Chronique orientale d'Ecchellctisis. Dom
Ceiilier dans son Histoire des auteurs ecclé»
siastiques^ t. I, p. 492, remarque qu'on ne
peut plus douter de leur antiquité. Il y a
jjea de croire qu'ils contiennent plusieurs
faits véritables de la vie de saint Mare, que
fauteur avait appris de la tradition conser-
vée dans l'Eglise d'Aleiandrie. Il v a toute-
fois bien des choses fabuleuses, il est dit,
pareiemple, que saint Marc voyant que son
soulier s'était rompu lorsqu'il entra à Alexan-
drie, dit que son voyage était agréable à Dieu.
El ensuite qu'un jour leSauveur apparut k
saint Marc dans I9 même forme et avec les
mômes habits qu'il avait lorsqu'il conver-
sait avec ses disciples avant sa Passion, et
qu'il lui dit : La paix soit avec toi^ MarCf^
notre évangéliste.'
HISTOIRE DE SAINT MARC L'ÉVANGÉLISTE,
par un auteur inconnu^
A répoque où les arôtres étaient dis-
Siersés dans le monde entier, le bienheureux
larc fut amené par la volonté divine dans
la terre d'Egypte, où les saints canons ca-
tholiques et apostoliques le reconnaissent
pour évangéliste. Car il avait le premier
prêché l'Evangile et la venue de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ dans toute l'Egypte, dans
la Libye, la Marmorique et la Pentapole*
Tous les habitants de ces pays étaient incir-
concis et adorateurs des idoles, et ils fabri-
quaient des images des faux dieux ; des prati-
ques très-coupables étaient répandues par-
mi eux, ainsi que des enchantements, et
toutes les erreurs que Notre-Seigneur Jésus-
Christ a détruites et renversées par son
avènement, florissaienlchez eux. Le vénétia-
l)le évangéliste Marc, étant venu è Cyrène»
qui est une des villes de la Pentapole, y
trouva une foule d'idolfltres, et, prêchant la
parole divînci il guérissait les malades et
les lépreux , et chassait, par la gr&co de
Jésus-Christ, les esprits impurs; beaucoup,
touchés de ses discours, crurent au Seigneur
Jcsus-Christ,et,brisant leurs idoles, ils reçu-
rent de lui le baptême au pom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit. Il lui fut ensuite révélé
par rEsprit'Saint qu'il devait aller à Alexan-
drie et y porter la boqne semence et la pa-
role divine. Le bienheureux évangéliste,
semblable à un vigoureux athlète, se rendit
avec empressement au lieu du combat. Et
il dit aux frères : « Le Seigneur m'a com-
mandé d'aller à Alexandrie. i> Ils raccompa-
gnèrent jusqu'au navire, et, mangeant le
pain avec lui, ils prirent congé de lui, distant:
««Que le Seigneur Jésus-Christ t'accorde un
voyage prospère. « Le vénérable Marc arriva
h Alexandrie le second jour. Et, en entrant
dans la ville , son soulier se déchira , et le
bienheureux apôtre, comprenant ce que cela
siguiGait, dit : « Vraiment mon voyage est
ttrmin^. ^ Et voyant un homme qui réua-
rait les vieilles chaussures, il lui donna la
sienne pour qu'il la remit en état, et cet
homme se blessa à la main droite pendant
son travail, et il s'écria : « Il n'y a qu'un
Seigneur. )« Le bienheureux Mare, enten-
dant qu'il avait dit, il n'y a qu'un Seigneur^
se réjouit en lui-même, et dit :« Le Seigneur
rend mon voyage prospère. » Et crachant
par terre, il oignit la main de cet homme ,
disant : «Au nom de Jésus-Christ, Filsde
Dieu... V Et aussitôt la blessure fut guérie.
Et l'ouvrier considérant la puissance du
bienheureux Marc et la sagesse de sa vie ,
lui dit : « Homme de Dieu, je te prie d'en-
trer dans la maison de ton serviteur et de
manger le pain avec moi, parce qu'aujour-
d'hui tu m'as fait miséricoroe. »
Le Lûenheureux évangéliste répondit avec
joie : « Que le Seigneur te donne le pain de
vie venantdu ciel. >» Eil'ouvrier, plein d'allé-
gresse, amena l'apôtre i»nson lo^is. Et quand
saint Marc fut entré, il dit: « Que la béné-
diction du Seignenr soit sur vous tous ;
urions, frères, >et ils prièrent ensemble. Et
rouvrierdil alors : « Doù viens-tu, et com-
ment ta parole a-t- elle autant de puissance?»
Et le bienheureux Marc répondit : x Je suis
Tesclave du Seigneur Jésus-Christ, Fils du
Dieu vivant. » Et l'ouvrier dit: «Je voudrais
ïe voir.» Le bienheureux Marc rénondit: « Je
vais te le montrer, v £t il se mit a expliquer
TEvangile de Jésus-Christ, à dire ce que les
prophètes avaient annoncé au sujet du Sau-
veur. Et l'ouvrier dit: «(Je n'ai jamais entendu
parler des Ecritures dont lu parles, mais je
connais VJliade et ÏOdyssée^ que les enfants
des Egyptiens s'appliquent à étudier. » Et le
Jdenheureux Marc lui montra que la science
de ce monde n'était qu'une folie auprès du
Seigneur. Et cet homme, instruit par le
bienheureux Marc, crut au Sei«;oeur. Et il
fut baptisé avec toute sa famille et un grand
nombre d'habitants de cet endroit; il s'appe-
475
DICTIOlSNAmE DES APOCRYPHES.
4:6
lait Anizanus. El le nombre de ceux qui
croyaient au Seigneur s'ëtant accru, les ha-
bitants de la ville apprenant qu*il était venu
un Galiléen qui détruisait leurs sacrifices
et prohibait leurs cérémonies, cherchaient
hie tuer, lui tendant beaucoup de pièges.
Le bienheureux Marc , connaissanl leurs
intenlions,ordonnaAnizanuscommeévèque,
a'nsi que trois prêtres nommés Mélius, Sa-
binus et Cerdens, et sept diacres et onze au-
tres appartenant au ministère ecclésiastique.
Et il se rendit dans la Pentapole, et il y sé-
journa deux ans, confortant les frères qui
avaient déjà cru, et, ordonnant des évéques
et des prêtres dans ce pays. Il revint à
Alexandrie, et il y trouva les frères confir-
més dans la grflce et dans la foi du Seigneur,
et ils avaient construit une église dans un
endroit qu*on appelle Bubuins, près de la
mer, sous des rochers. Et il se réjouit gran-
dement, et, ayant fléchi les genoux, il rendit
grâces au Seigneur. Son lemps se trouvait
accompli , et 10 nombre des Chrétiens se
multipliant, les païens, irrités de voir que
leurs idoles tombaient dans le mépris, lu-
rent très-irrités contre le saint, et ils pâ-
lirent de colère à cause des miracles qu'il
opérait. Car il guérissait les malades, ren-
dait TouKe au sourds et ta vue aux aveu*
gles. Et ils cherchaient à se saisir de lui ,
mais ils ne pouvaient le trouver, et ils grin-
çaient des dent^enTO.yant leurs idoles aban-
données, et ils s*écriaient : << Ce magicien a
un grand pouvoir. »
Et il advint que notre fête de Pâques tom-
bait le vingtième jour du mois de Parmar-
thi, c*est-à-dire le huitième jour des calendes
de mai, qui est le moment où se célèbre la
fête de Sérapis. Profitant de cette occa-
sion, ils envoyèrent des espions qui trouvè-
rent le bienheureux Marc célébrant la très-
sainte offrande de la prière h la majesté di-
vine. Ils se saisirent de lui, et, lui mettant
une cordeau cou, ils le traînèrent, en disant :
m Menons ce bœuf à Tabattoir (494). » Le
bienheureux Marc rendait grâces au Sauveur
Jésus-Christ, disant: « Je te rends grâces, Sei-
gneur,d'avoir été trou védignedesouffrirainsi
pour ton nom. ^ Et des lambeaux de sa chair
traînaient à terre, et les pierres se teignaient
de son sang. Et, le soir étant venu, les
païens le mirent en prison, jusqu'à ce qu'ils
eussent décidé de (]uclle façon ils le feraient
mourir. Vers le milieu de la nuit, les portes
étant fermées et les gardes dormant sur le
seuil, voici au'il se fit un grand tremblement
de terre. Lange du Seigneur descendit du
ciel, et toucha le bienheureux Marc, disant :
« Serviteur de Dieu et chef de ceux qui pro-
pagent dans TEgypte les décrets divins voici
que ton nom est écrit dans le livre de U vie
céleste, et ta mémoire ne périra point; lu fs
devenu le compagnon de la puissance su-
prême, car ton esprit sera admis dans les
cieux;le repos ne périra point en toi. » Et le
bienheureux Marc , voyant que sa fin était
venue, leva les mainsauciel, endisant : « Je te
rends grâces. Seigneur Jésus-Christ , de ce
que ta nem*as pas abandonné, maisde ce que
tu m'as compte au nombre de tes saints. Jeté
supplie, Seigneur, de recevoir en paix mon
âme et de ne pas souffrir que je sois 8ép.iré
de ta grâce. » Et quand il eut dit ses paroles,
le Seigneur Jésus-Christ viiU à lui, ayant
la fizure quMI avait avant sa Passion, et tel
qu'il se montrait à ses disciples, et il dit :
« Paix à toi, Marc Tévangéliste. » Et quand
le matin fut venu, la foule se réunit, et
tirant le bienheureux de prison, ils lui mi-
rent derechef une corde au cou, et le trat«
nèrent dans les rues, et le luenbeureux
Marc rendait grâces au Seigneur, en di-
sant : «Seigneur, je remets mon esprit
entre tes mains. » Et, disant ces paroles, il
rendit l'esprit. Et la foule barbare, allumant
du feu, voulut brûler les restes du corps
sacré. Alors, par la volonté de Dieu et de
T<}otre-Seigneur Jésus-Christ, il s'éleva une
grande tempête et des tourbillons de vent ; le
soleil cacha ses rayons, et de violents coups
de tonnerre se firent entendre, une très-
forte pluie tomba depuis le matin jusquaa
soir, de sorte que beaucoup de maisons s'é-
croulèrent et un grand nombre de gens t)é-
rirent. Ceux qui gardaient le corps du saint
furent épouvantés; ils l'abandonnèrent et
prirent la fuite. D'autres dirent par dérision:
« Notre puissant Sérapis a voulu luttrr avec
cet homme le jour de sa fête. » El des hora-
raes pieux vinrent enlever le corps da
juste, et ils l'emportèrent en un endroit où
ils prièrent avec ferveur, offrant sans relâ-
che leurs hommages au Seigneur. Et, ayant
achevé leurs prières, ils l'ensevelirent de la
manière que le demandait la coutume df) \^
ville, et ils le déposèrent avec honneur dans
un sépulcre taillé dans le roc, vénérant sa
mémoire, et se réiouissant de ce qu'il avait
le premier mérité le trône très-précieux d'A-
leiandrie. Le bienheureux apôtre fut déposé
dans la partie orientale de la ville, et il fut
le premier martyr qui souffrit à Alexandrie;
il s'endormit le septième jour des calendes
de mai, ou le dix-huitième selon lecompld
des Hébreux, Caïus étant empereur, et sous
le règne de Notre-Seigneur Jésus-Chri>l, à
qui honneur et gloire daus les siècles des
siècles. Amen.
On ne peut contester que saint Marc ait
été le fondateur de l'Eglise d'Alexandrie;
les Occidentaux sont tousd'accord sur ce point
et Renaudot en a démontré la certitude par
le témoignage de Sévère, d*Eutichius, d'EI-
(49 1) Il y a dans le texte un jen de mots qu*on ne
•aurait traduire exactement et lui est une allu-
maçin, d'AbuIpliarage, d'Enassal, et de plu-
sieurs autres . Orientaux tant Chrétiens que
musulmans. ( Hist, palriarcharum AUjan-
drinorum,)
On conjecture qu'il s*y établit la m*|»*
ston à Tendroit nommé Bneulm où Tauteur vicst
de dire qu'une ôgllse avait été élevée.
m
MAR
PART, m.— LEGEiNDES ET FRAGMENTS.
HAR
47S
tième année de Néron et qu'il n*en tint le
siège que peu d'années. Ses reliques, con-
servées religieusement au village de Bucole
où il avait souffert le martyre» s*y voyaient
encore au viii* siècle, dans un oratoire élevé
sur son tombeau. Les Vénitiens, qui ont
pris ce saint pour leur patron, prétendent
que son corps fut transporté dans leur ville»
fan 815.
11 existe une Historia S. Marci qui se
trouve jointe h d'anciennes éditions de VHis^
toria aposiolica d'AbdiasetqueHinscbeoius
a donnée en grec et en latin. Son récit s'ac-
corde avec ce que disent de saint Marc les
Annales d'Eutichins et le Chronicon orientale
d'Abraham Ecchellensis. {Voy. Fabricius.,
Cod, apocr. Nov. Ttst.j t. Il, pag. 781.)
Sigebert et quelques écrivains du moyen
âge ont attribué è saint Marc une Histoire
de la passion de saint Barnabe^ et une tra-
duction latine de cet écrit, due au cardinal
Sirlet, a été insérée dans le tome 11 des Acta
Semctorum. Personne ne sera tenté d'ensou^
tenir l'autbentici-té.
UTURGIE OU MESSE DU SAINT APOTRE ET ÉVANGÈUSTE MARC, DISCIPLE DR
SAINT PIERRE (i95).
Le prêtre : La paix h tous.
Le peuple : El à ton Esprit.
Le diacre : Priez.
Le peuple : Kyrie eleison (trois fois).
Le prêtre prie :
Nous te rendons grâces, et nous te rendons
plus que des grftces. Seigneur, notre Dieu,
Père de Notre-Seigneur Dieu et Sauveur
Jésus-Christ, à cause de toutes choses et pour
toutes choses et en toutes choses, parce que
lu nous a protégés, aidés, soutenus et con-
duits au temps de notre vie passée, et que tu
nous a aimés jusqu'à l'heure présente ; lu as
daigné ensuite nous placer en ta présence
dans ton lieu saint, nous qui implorons la
rémission de nos péchés et que tu sois pro-
pice à tout ton peuple. Nous t'invoquons
et te supplions, toi qui étends la bonté et
ton amour sur tout le genre humain; fais que
nous passions ce jour saint et tout letempsde
notre vie sans péché, dans la joie, dans ta
crainteet en toute sanctification. Chasse loin
de nous, Seigneur, etdetasainte Eglise catho-
lique et apostolique, toute envie, toute crain-
te, toute tentation, touteœuvredeSatan, toute
embûche des méchants. Accorde-nous ce qui
est utile et bon. Si nous avons péché en pa-
role, en œuvre, ou en pensée, daigne nous
pardonner, toi qui es bon et qui as de Ta-
luour pour l'espèce humaine ; no nous aban-
donne pas, ô mon Dieu, nous qui espérons
en toi, et ne nous induis pas en tenta-
lion, mais délivre-nous du malin esprit et
de toutes ses œuvres ; par la grâce, la misé-
ricorde et la bonté {à haute voix) de ton Fils
unique par lequel et avec lequel h toi gloire
et souveraineté dans ton Esprit très-saint,
bon et viviûani, maintenant et toujours, et
dans tous les siècles des siècles.
Le peuple : An)en.
Le prêtre : La paix è teus.
Le peuple : Et à ton Esprit.
(493) La première éilition de la Liturgie de iaint
Uerc vil le jour à Paris en 4583. {Divhia litHrgia
taucH gpoitoii et evungeiistœ Marci de rt/ii Miisœ es
Clemeuln P. J/. libri$ VJil apoBtoiiearum couslt-
luiioHum. Accesêit deciaralio divini horarum Oficii
tz antiquist. cod. in«., nunc prim, Gr. et Lat.) Elle
fut reproduite dans les Liiurgiœ $anclorum /'a/rvrii,
l^ariit, 1590, in-foL.p. 1 38; dans Renaudot» Lifur^ia-
ram orienlalium ccUectio, 1716, L J, p. 131 ; dans
Le diacre: Prions pour le rof.
Le peuple : Kyrie eleison {trois fois).
Le prêtre récite cette prière:
Soigneur souverain. Dieu lout-puissan' ^
Père de Notre-Seigneur Dieu et Sauveur Je*
sus-Christ» nous te prions et t'invoquons
1)ourque tu conserves notre roi dans la paix,
a force et la justice. Soumets-lui, 6 Dieu,
tous ses ennemis et ses adversaires. Prends
les armes et le bouclier et lève-toi pour l'as-
sister. Donne-lui, ô Dieu, des victoires, pour
3u'il dirige son esprit vers ce qui peut nous
onner la paii et vers ton nom saint. Fa^s
que, dans la tranquillité de ses jours, nous
passions une vie tranquille et exempte de
trouble, en toute piété et honnêteté, par la
grâce, la miséricorde et la bonté de ton Fils
unique {à haute voix) |)ar lequel et avec le-
quel è toi gloire et domination avec le trèS'*
saint Esprit bon et viviQant, maintenant et
toujours, et dans les siècles des siècles.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : La paix à tous.
Le peuple : Et à ton Esprit.
Le diacre : Priez |)Our le Pape et l'évô»
que.
Le peuple : Kyrie eleison {trois fois).
Le prêtre prie :
Seigneur souverain. Dieu tout-puissant,
Père de I^otre- Seigneur Dieu et Sauveur
Jésus-Christ, nous te prions et te supplions,
toi qui étends ta bonté et ton amour sur le
genre humain, de conserver notre très-saint
et très-heureux pontife, le Pape N. et le très-
vénérable évoque N. Conserve -les -nous
durant beaucoup d'années, s'acquittant en
f>aix des fonctions du saint sacerdoce où tu
es a placés, administrant, en ta sainte et
bienheureuse volonté, la parole et la vé-
rité, avec tous les évèques orthodoxes, les
prêtres, diacres, sous -diacres, lecteurs, chan-
tres et laïques; accorde-leur la paix, la santé
la Bibliotheca Palrum, édit. de Paris, I. XII, p. 26,
el éduion de Lyon, U 11, part, i, p. 176, ainsi que
dans Fabriciiis , Cod. apocr. Nov. Tes!., I. III . p.
255. Elle se trouve aussi, en grec et en latin, dans
« le V volume du Codex iiturgicm Eccleiice unipersœ^
de J.-A. Asseinanl , Rome, 1754, in-4-. Ce savant
regarde comme certain que celle liturgie est l'œuvre
de saint Marc ; il reconnaît loutefois (qu'elle a suttt
des ciiangeuients.
4:a
UICTIONNAIRB DES APOCRYPHES.
4^
et le salut ainsi qu'k toute l'Eglise sainte
et seule universelle. Regois, Seigneur, sur
ton autel saint et céleste, les prières de ceux
qui les offrent pour nous et celles que nous
offrons pour eux.
Mets sous leurs pieds tous les ennemis de
ta sainte Eglise. Par la grâce, et la roiséri-
corde, et Ta bonté de ton Fils unique ( à
haute voix ) par lequel et avec lequel, à loi
gloire et domination, avec le très-Saint-Es-
prit bqnet viviQanI, maintenant et toujours
dans les siècles des siècles.
Le peuple: Amen.
Le prêtre : La paix à tous.
Le peuple: Et à ton Esprit.
Le diacre: Levez-vous pour prier.
Le peuple : Kyrie eleison {trois fois).
Le prêtre: Seigneur Jésus-Christ, notre
Dieu, qui as fait choix des douze apôtres
comme d'une lampe brillant de douze lu-
mières, et qui les as envoyés dans l'univers
pour prêcher et enseigner l'Evangile de ton
royaume et pour guérir toute maladie et
toute soufl'rance parmi le peuple, toi qui as
soufflé sur leur face et qui leur as dit : « Re-
cevez TEspril-Saint ; les péchés seront remis
à ceux auxquels vous les remettrez, et ils
seront retenus à ceux auxquels vous les re-
tiendrez,» souffle de même sur nous qui nous
epprochons de tes saints mystères, sur les
évêques, les prêtres, les diacres, les lecteurs,
les chantres et les laïques avec toute la
sainte Eglise catholique et apostolique. Dé*
livre-nous, Seigneur, des malédictions, des
anathèmes, des liens de l'excommunication;
purifie nos lèvres et nos cœurs de toute
souillure et de toute malice, afin que nous
t'offrions, dans la pureté du cœur et de la
conscience, cet encens en odeur de suavité
et pour la. rémission de nos péchés et de
ceux de tout le peuple. Par la gr&ce, la mi-
séricorde et la bonté de ton Fils unique, ( à
haute voix) par lequel et avec lequel à toi
gloire et empire avec l'Esprit irès-saint, bon
et vivifiant, maintenant et toujours et dans les
siècles des siècU>s.
Le peuple: Amen.
Le diacre : Levez-vous. ( Ils chantent :
Fils unique et Verbe de Dieu.) — On ré-
cite Vintroit et l'EvangiUf et le diacre dit :
Priez.
Le prêtre: La paix h tous.
Le peuple : Et a ton Esprit,
Le diacre : Prions.
Le peuple : Kyrie eleison.
te prêtre; Seigneur souverain, Jésus-ç
Christ, Verbe coéternel au Père, qui l'es fait
semblable è nous, en tout point, sauf le pé-
ché, pour le salut de notre espèce, qui as
envoyé tes saints apôtres et disciples, prê-
cher et annoncer ton Evangile , guéris
chez ton peuple toute maladie et toute
souffrance ; maintenant, Seignear, répands
ta lumière et la volonté, et éclaire les yeux
de notre esprit, aOn que nous comprenions
tes discours divins ; fais que nous soyons
capables de les entendre et que non-seule-»
ment nous entendions la parole, mais encore
que nous y soyons fidèle? , afin que nous
fructifions et aue nous portions de bons
fruits, pour aevenir disnes du royaume
des cieux (d haute voix) et pour que iu
miséricordes se répandent sur nous. Sei-
gneur, car tu es la bonne nouvelle, le Sau-
veur et le gardien de nos èmes et de nos
corps. Seigneur Dieu, et à toi eloîre et ac-
tion de grêces ; nous offrons rnymoe trois
fois saint au Père, au Fils et au Saiot-Es-
prit, maintenant et toujours et dans les siècles
des siècles.
Le peuple: Amen.
Dieu saint, saint et fort, saint et immortel,
aie pitié de nous.
Le prêtre fait ensuite le signe de la croix
sur le peuple, disant :
Paix & tous.
Le peuple : Et k ton Esprit.
On dit ensuite : Nous sommes attentifs, et U
prologue de VEpitre apostolique : Alléluia.
Les diacres : Seir^neur, bénis-nous.
Le prêtre : Que le Seigneur vous bénisse
et que, par sa grâce, il vous assiste main-
tenant, et toujours, et dans les siècles des
siècles.
Avant de réciter l'Evangile^ il offre tencens,
disant :
Nous offrons devant ta gloire sainte l'en-
cens, te demandant de le recevoir sur ton
autel saint, céleste et intellectuel. Eniroie-
nous. Seigneur, la grâce de ton Esprit-Saint.
Le diacre qui doit réciter VEvangile dit:
Seigneur, donne ta bénédiction.
Le prêtre: Que le Seigneur nous bénisse
et nous fortifie et nous fasse entendre 'on
saint Evangile, lui qui est le Pieu béni,
maintenant, et toujours, et dans les siècles
des siècles. Amen.
JLe diacre : Tenez-vous debaut, EcouloQS
le saint Evangile.
Le prêtre: Pai*x à tous.
Le peuple : El h inn Esprit.
Le diacre lit l'Evangile, le prêtre récits ea-
suite la Collecte :
Seigneur, visite dans ta miséricorde Ifs
malades qui sont parmi ton peuple et guéris-
les. Conduis no$ frères qui sont en voya^^e
ou qui vont s*y mettre, au terme de leur
route. Fais tomber des pluies salutaires sur
les lieux qui en ont besoin. Elève |)ar ta gr&ca
les eauxuuviates à leur mesure. Fais pros-
pérer la récolte des fruits de la terre. Main-
tiensdansla paix, dans la force, dans la justice
et la tranquillité, le rè^nede touservitcurque
tu as trouvé ^uste d'établir comme souverain
du pays. Seigneur, loi qui as épargné la
ville de Ninive, délivre des jours mauvais,
de la famine, de la peste et des attaques ues
ennemis,cette ville l^umble, miséricordieuso,
aimant Jésus-Christ, car tu es comf)atisdan(
et tu ne te souviens pas des iniauités Je»
hommes. Tu as prophétisé par la bouche de
ton prophète Isaïe : je protégerai celte cité»
afin de ta sauver, h cause de moi, et de Oa*
vid, mon serviteur. O toi, qui dans ta bonté
aimes le genre humain, nous te prions et te
demandons de protéger cette cité à cause
de ton saint martyr et évangéliste Marc,
qui nous a montré la voie du ^alut, par ia
M
UKH
PART. 111.-^ LEGENDES ET FHAGMENTS.
MAR
iSl
grâce, la misêricorile el la bonté de ton Fils
unique, {à haute voix) par lequel et arec
lequel À toi gloire et empire avec ton Esprit
très-saint, bonel vivifiant.
// récite ensuite trois litanies^ et le prêtre
fait cette prière :
Seigneur souverain, Dieu tout-puissant,
Père de Noire-Seigneur Jésus-Christ, nous
le prions et te conjurons de répandre dans
nos cœurs la paix venant du ciel, et de conser-
yer notre très-saint et très-heureux Pape N.
et notre très- vénérable évoque N. Conserve-
uous-les pendant beaucuupd'années,s*acquit^
tant en paix du saint pontificat auquel tu tes
as préposés, par suite de ta sainte et bien-
heureuse volonté et fais qu'ils distribuent
avec justice la parole de vérité à tous les
éyêques orthodoxes, aux prêtres, diacres,
soos-diacres , lecteurs et chantres. Iténis,
Seigneur, toutes nos assemblées ; fais que
nous les célébrions en liberté et sans empê-
chement selon ta sainte volonté. Daigne bé-
nir nos églises et les conserver perpétuelle-
ment à nous et à nos successeurs.
Lève-toi, Seigneur, et que tous tes enne-
mis soient dissipés, que tous ceux qui haïs-
sent ton saint nom soient mis en fuite. Bé-
nis (on peuple Qdèleet orthodoxe, multiplie-
les par millions et dizaines de millions. Que
la mort du péché ne prévale pas contre nous,
ni contre tout ton peuple, par la grâce, la
piiséricorde el la bonté de ton Fils unique,
(à haute voix) par leqUel et avec lequel è toi
gloire et empire avec ton esprit très-saint et
tivifiant.
Le peuple: Amen.
Le prêtre: Paix à vous tous.
Le peuple : Et à ton Esprit.
Le diocre : Voyez qu'aucun des catéchu-
mènes ce s*éloigne.
Leprêtre offre V encens et prie : Seigneur,
notre Dieu, qui n'as besoin de rien, reçois
cet encens qui t'est offert par une main in-
digne et accorde-nous ta bénédiction, car
c*esi toi qui nous sanctifies et c'est à toi que
nous rendons gloire.
Les offrandes sacrées sont déposées sur Vau--
tel, et le prêtre dit :
Seigneur saint, souverain et redoutable,
Iui reposes dans les cieux, sanctifie-nous el
aigne nous permellre d'approcher de ton
autel vénérable avec une bonne conscience,
et un cœur purifié de toute souillure ; chasse
loin de nous tout senltmenl digne de répro-
bation. Sanctifie nos esprits et nos âmes, et
fais-nous la grâce d'observer les rites de nos
Pères saints el de trouver en tout temps
ton visage propice. Car lu es celui qui bénis
et sanctifies toutes choses, et nous t'adres-
sons derechef nos actions de grâces en te
glorifiant.
Le diacre : Saluez-Tous mutuellement.
Leprêtre : Seigneur, souverain tout-puis-
sant, jette du haut du ciel les yeux sur ton
EgUse, sur tout ton peuple et sur tout ton
troupeau ; protége-nous tous, nous qui som-
mes tes serriteurs indignes et les brebis de
ton troupeau > daigne nous accorder ta cha«
rite et ton seèoars ^ répands sur nous le don
de ton Esprit très-saint, afin que nous nous
saluions mutuellement par^ un baiser saint
dans un cœur pur et clans une conscience
pure, nous saluant ainsi sans ruse et sans
hypocrisie^ mais avec innocence et franchise,
en un même esprit, dans le lien de la paix
et de la charité^ ne formant qu'un corps et
un esprit en une même foi, de même que
nous sommes appelés en une même espé-
rance, afin que nous nous réunissions tous
en un amour infini et divin dans Jésus-Christ
Notre-Seigneur, avec lequel tu es bénii
Alors it offre l'encens, en disant :
Que l'encens soit oflTert à ton nom. Que
de nos humbles mains, nous qui sommes pé-
cheurs, il s*élève jusqu'à ton autel céleste^
eti odeur de suavité, pour le salut de tout ton
peuple. Car toute gloire, honneur^ adoration
et actions de grâces te reviennent, au Père«
au Fils et au Saint-Esprit, et maintenant, et
toujours et dans les siècles des siècles.
Âmen.
Après la salutation^ le diacre dit à haute
voix :
Levez-vous pour venir è l'offrande.
Le prêtre fait le signe de ta croix sur leè
calices et les patènes^ et il dit à haute voix :
Je crois en Dieu.
Le diacre : Levez-vous pour prîen
Leprêtre : La paix è tous.
Le diacre : Priez pour ceux qui présentent
l'offrande.
Le prêtrfi : Seigneur Jésus-Christ, Verbe
coéternel du Père éternel et de l'Esprit-'
Saint, grand pontife, pain qui est descendu
du ciel, et qui as retiré notre âme de la cor-
ruption; toi, agneau sans tache, qui t'es
donné pour la vie du monde, nous te prions
et te conjurons, Seigneur, ami des hommes,
de montrer ta face sur ce pain et sur cei
calices que la très-sainte table a reçus par
le ministère des anges, par l'interveniiori
du chœur an^élique et |)ar le sacrifice
sacerdotal; agis ainsi. Seigneur, pour la
gloire et pour le renonvellieroent de nos
âmes, par la grâce, la miséricorde et l'hu-
roanité de ton Fils unique, par lequel et avec
lequel à toi gloire et empire.
Tandis que le peuple dit : Et il a été in-
carné de rfesprit-Saint, leprêtre fait le signe
de la croix; le peuple ajoute : Et il a été cru-*
cifié pour nous. Le prêtre fait de nouveau le
signe de la croix : Et dans l'Esprit-Saint. La
profession de foi achevée, le prêtre fait le
signe de la croix sur le peuple^ et dit a haute
voix :
La paix h tous. -
Le peuple : Et avec ton Esprit,
Le prêtre : Elevons nos cœurs.
Le peuple: Nous les avons vers le Sei-'
gneur.
Le prêtre : Bendons grâces au Seigneur.
Le peuple : C'est juste et convenable.
Le diacre : Tenons-nous avec respect.
Le prêtre récite Vanaphore ou élévation.
Il est vraiment convenable et juste, il esl
saint et à propos et il esl utile à nos âme^
de te célébrer par nos cantiques et nos iiy^
nés, ô Seigneur souverain, Dieu ^ère toJiM^
M5
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
W
puissant , de le rendre grâces, de proclamer
ta grandeur le jour comme ta nuit, \)sr une
bouche qui ne s'arrête point, par des lèvres
qui ne se taisent pas et par un cœur qui ne
66 refroidit point ; toi qui as fait le ciel et la
terre , et tout ce que conlient l'espace des
cieux, et tout ce qu'il y a sur la terre, dans
la mer, dans les fleuves, les lacs cl les fon-
taines; toi qui as fait l'bomme à ton image
et à ta res^emblance, qui lui as donné un
paradis d^ilicieux, qui ne l'as point aban-
donné après sa chute, mais qui Tas rappelé
par la loi. Tu l'as insiruit comme un enfant
par la prophélie, et tu Tas ensuite réfor.i é
et renouvelé par ce sai rement redoutable,
vivitiant et céleste.
Tu as tout fait, Seigneur, par ta sagesse»
far ta lumière véritable, par ton Fils unique,
ésus-Christ, Notre-Seigneur Dieu et Sau-
veur, par lequel, te rendant ^rftces avec lui
et TEsprit-Saint, nous t'offrons l'offrande
sans tache, celle que toutes les nations l'of-
frent. Seigneur, depuis le lever jusqu'au
coucher du soleil, depuis le septentrion jus-
au'au midi, parce que ton nom est grand
ans toutes les nations, et qu'en tous lieux
l'encens el le sacrifice sont offerts à ton nom
saint.
Nous te prions el t'invoquons, toi qui»
dans ta bonté, aimes l'espèce humaine.
Souviens-tdi, Seigneur, de la sainte et
unique K;^lise catholique el aposloliaue qui
eht répandue depuis les contins de la terre
jusqtrà ses extrémités les plus ^reculées,
Kouviens-toi de tous les peuples et de tou-
tes tes brebis.
Donne, Seigneur, h tous nos cœurs, la paix
Tenant du ciel et la paix de celte vie.
Conserve en une paix entière le roi » les
armées» les princes, les sénats et les conseils»
les peuples el nos voisins.
Roi de la paix» donne-nous ta paix; main-
tiens nous, 6 Dieu» dans la concorde el la
charité; nous ne connaissons pas d'aulru
Dieu que toi: vivifie nos âmes à nous tous,
et la mort du péché ne prévaudra point con-
tre ton peuple.
Seigneur, visite dans la miséricorde et
dans la compassion les malades qui se trou-
vent parmi ton peuple el guéris-les; dé-
tourne loin d eux el de nous toute maladie
el toute infirmité, chasse loin d'eux l'esprit
de la faiblesse. Relève les patients que des
souffrances de chaque jour abattent. Guéris
ceux qui sont tourmentés par des esprits
impurs; délivre tous ceux qui sont retenus
dans les prisons ou dans les mines, ou dans
l'exil» ou dans une servitude cruelle, car lu
es notre Dieu qui délivres les captifs» qui re-
lèves ceux qui sont renversés; tu es Tespoir
de ceux qui sont dans le malheur» le secours
de ceux qui sont aliandonnés, le port des
Dauftagés» le vengeur des affligés; donne k
toute Ame chrétienne affligée et errante la
miséricorde» la consolation el le rafratchis-
sement. Guéris, Seigneur, les maladies dont
nos Ames souffrent, et délivre-nous des in- *
firmités du corps» 6 toi qui es le médecin
des Ames et des corps, l'inspecteur de toute
chair. Dirige nos frères qui sont en vojage
ou qui s'y mettront» veille sur eux eu loui
lieu, soit sur terre » soit sur les fleuves, Mir
les lacs, sur les routes» de Quelque manière
qu'ils accomplissent leur chemin , amène-
les tous à un port tranquille el salutaire;
daigne être le compagnon de leur pérégrina-
tion, rends-les à leurs familles dans une jme
réciproque» et conserve, Seigneur, jusqu a
son terme, notre route dans celte vie; reod^
la exempte de dommage et de temptie.
Fais tomber de tes trédors des pluies sa-
lutaires sur les lieux qui en ont hesoin. Re-
nouvelle cl réjouis par leur descente h faee
de la terre, ahn qu'elle soit couverte d*unj
▼égélation florissante. Elève les eaux fluvia-
les à leur juste mesure. Réjouis el renou-
velle» par leur montée» la face de la terre;
remplisses ruisseaux, multiplie sesproduii:».
Bénis» Seigneur, les fruits de la terre; cdo-
serve-les-nous exempts de corruption; veii:^
sur les semences el sur les moissons.
Bénis également. Seigneur» dans ta bonté»
les pauvres qui sont parmi ton peuple, les
veuves » les orphelins » les pèlerins el les
étrangers; bénis-nous tous qui espérons en
toi et qui invoquons ton saint nom. Les jeui
de tous espèrent en loi» et tu leur donnes la
nourriture au temps convenable. Toi qui
donnes des aliments à toute chair» remplis
nos cœurs de joie el d'allégresse» afin que,
possédant toujours le nécessaire, nous abon-
dions en toute bonne œuvre en Jésus-Christ,
Noire-Seigneur. Conserve, ô Roi des rois et
Souverain des souverains, conserva dans la
paix, dans la force» dans la justice et la tran-
quillité, le rè^rne de ton servi leur orthodoxe,
noire roi, aimant Jésus-Christ» et que lu as
trouvé juste de faire régner sur la terre.
Soumets lui. Seigneur, tout ennemi et \ouf
adversaire, à l'intérieur comnae à l'extérieur.
Prends les armes et le bouclier, et lève-loi
pour l'assiater. Frappe ceux qui rattaqueni,
couvre sa tète de ton ombre au jour du com-
bat, fais que ses rejetons soient assis sur son
trône. Fais entendre à son cœur de bonnes
paroles pour le profit de la sainte £;$li^6
caltiolique et apostolique, el de tout peuple
aimant Jésus-ChriSt» pour que» sous sa do-
mination paisible, nous menions, eo toute
piété el sainteté» une vie tranquille.
Seigneur» notre Dieu, donne le repos aui
Ames de nos pères et de nos irères qui ^o
sont endormis dans la foi de Jésus-Christ;
souviens- toi de nos prédécesseurs qui ne
sont plus en ce monde» des përe5» des pa*
triarches» des prophètes» des apôtres, iïts
martyrs, des confesseurs, des saints, des
jusics, des esprits de tous ceux qui sont
morts dans la foi de Jésus-Christ» ainsi i|ue
de ceux dont nous célébrons aujourd'hui la
mémoire, et de notre saintPère Marc, Tapè-
tre et l'évangélistequi nous a montré la voie
du salut.
Salut, pleine de grAce, le Seigneur est
avec loi. Tu es bénie parmi les femiues, el
le fruit de ton ventre est béni» car tu as eo-
fauté le Sauveur de nos Ames. {Ahauiivoul
Célébrous surtout Ja mémoire de la Uiy
ifê
MAR
PART. U!.- LEGENDES ET FRAGMEiNTS.
MAR
MG
sainte, bénie et sans tacho Mario, toujours
Vierge, Mère de Dieu et notre Souve-
raine.
Le diacre : Seigneur, donne-nous ta béné-
diction.
Le prêtre : Que le Seigneur le bénisse par
saj^râce, maintenant et toujours et dans tous
les siècles.
Le diacre lit les tables sacrées sur lesquelles
ett inscrit le catalogue des trépassés.
Le prêtre s'incline et dit cette prière :
Donne, Seigneur souverain, notre Dieu»
le repos à rame de tous ceux que nous avons
Qommés; admets-les dans les tabernacles
saints de ton royaume, leur accordant les
biens que tuas promis et que nul œil n*a
rus, que nulle oreille n'a entendus et que le
cœur de JMiomme ne peut comprendre ; ces
biens que lu as préparés. Seigneur, pour
ceux qui aiment ton saint nom; daigne rece-
voir leurs âmes dans ton royaume; accorde-
nous d'arriver au terme de notre vie en te
restant agréables et en étant exempts de pé-
ché; donne-nous d'avoir part et héritage*
avec tous tes saints qui présentent l'oblation
du sacrifice. Reçois, Seigneur, les dons eu-
chari^itiques ou d'action de grâce sur ton
autel saint, céleste et intellectuel, dans les
grandeurs des cieux et par le ministère de
tes arciianges ; reçois ces offrandes, comme
lu as reçu les dons du juste Abel ( il
offre rmcens et continue) , le sacrifice de
notre père Al)raham , l'encens de Zacharie,
les aumônes de Corneille et le denier de la
veuve; donne en échange d'objets terrestres
des biens célestes, et en échange d'objets
passagers des biens éternels. Conserve le très-
saint et très-heureux Pape N., que tu as
placé h la tête de ta sainte Eglise catholique
et apostolique, ainsi que notre très-saint
tvique N.; fais que, pendant de no i>breuses
innées de paix, ils s'acquittent des fonctions
du saint pjntificat auauel tu les as ap[)eiés
par la sainte et bienheureuse volonté, et
qu'ils distribuent les paroles de la vérité,
^uviens-toi aussi. Seigneur, du tes servi-
teurs orthodoxes répandus en tout lieu, des
évêques, des prêtres, des diacres, des sous-
diacres, des lecteurs, des chantres, des moi-
nes, des vierges, des veuves et des laïques.
Souviens-toi, Seigneur, de la sainte cité de
Jésus-Christ, Notre-Seigneur, et de notre
ville et de toutes celles; des divers pays et de
leurs habitants fidèles à la foi de Jésus-Christ;
maintiens-les en paix et en sécurité. Sou-
vitns-toi de toute âme afllif;éc et tourmentée,
et ayant besoin de la miséricorde divine ;
Kiuviens-toi aussi de la conversion de ceux
|ui se sont écartés de la voie droite. Sou-
viens-loi, Seiçjneur, de ceux de nos frères
')ui sont retenus captifs; fais, Seigneur, que
t^euxqui les ont fait tomber dans la caplivité
soient misérables devant tous les hommes.
îH)u>iens-toi de nous, Seigneur, quoique
nous soyons des pécheurs et tes serviteurs
indignes; eila^-e nos péchés, parce que tu es
le Dieu bon et compatissant. Souviens-toi de
uioi, Seigneur, pécheur vil et abject, et ton
•serviteur indigne ; efface mes péchés, parce
que lu es le Dieu bon et compatissant. Sois
près de nous qui i-endons hommage à ton
nom Irès-^aint. Bi^nis, Seigneur, nos assem-
blées, extirpe radicalement l'idolAtrie de la
surface du monde. Foule sous nos pieds
Sfltan, toutes ses œuvres et sa malice. Humi-
lie, Seigneur, h jamais, les ennemis de ton
Eglise, et confonds leur orgueil; fais éclater
leur faiblesse ; déjoue et confonds leurs piè-
ges et les embûches qu'ils tendent pour nous
attaquer. Lève-toi, Seigneur, et que tes eo-
ncmis soient dispersés, et que tous ceux qui
haïssent ton saint nom soient mis en fuite.
Bénis des milliers de milliers et des dizai«
nés de milliers de milliers de fois ton peuple
fidèle et orthodoxe qui accomplit ta sainte
volonté.
Le diacre : Levez-vous, vous qui êtes
assis.
Le prêtre continue de prier :
Délivre, Seigneur, les captifs et secours
ceux qui sont pressés du Besoin, rassasie
ceux qui ont faim, console ceux qui sont
désolés, ramène ceux qui sont égarés, éclaire
ceux qui sont assis dans les ténèbres, relèvo
ceux qui sont tombés, fortifie les faibles,
§uéris les malades, dirige tous les hommes
ans la voie du salut et réunis-les dans ton
bercail; délivre -nous de nos indignités, toi
qui es notre prolecteur et notre défenneur
en toutes choses.
Le diacre: Tournez- vous vers l'Oriep.t.
Le prêtre: Car tu es au-dessus de tant
empire, de toute puissance, de toute force,
de toute domination et de tout nom qu'on
puisse prononcer, non -seulement en ce
siècle, mais aussi dans l'avenir. Des milliers
de milliers et des dizaines de milliers de
centaines de milliers d'armées d'anges saints
et d'archanges t'accompagnent. Auprès de
toi se tiennent tes deux créatures très-dignes
de vénération, les chérubins aux yeux nom-
breux et les séraphins pourvus do six ailes,
se couvrant te visage avec deux de ces ailes,
les pieds avec deux autres, volant avec les
deux dernières, et répétant d'une voix in-
cessante l'hymne triomphal et trois fois saint,
chantant, proclamant et glorifiant ta gloire
éclatante. Saint, saint, saint, le Seigneur,
Dieu des armées ; le ciel et la terre sont
remplis de ta gloire sainte; reçois. Seigneur
souverain, avec tous ceux qui te glorifient,
notre sanctification, nous qui te louons et
disons :
Le peuple : Saint, saint, saint est le Sei-
gneur.
Le prêtre fait le signe dfila croix sur les
mystères saints et dit :
Le ciel et la terre sont réellement pleins
de ta gloire par l'apparition de Notre-Sei-
gneur Dieu et. Sauveur Jésus-Christ ; fais ,
0 Dieu, que ce sacrifice soit de même pleÎQ
de ta bénédiction par l'avènement de ton
Esprit très-saint. Le Seigneur Dieu , notre
roi souverain, Jésus-Christ, dans la nuit od
il se livrait lui-même pour nos péchés et où
il subissait, en sa chair, la mort pour tous ,
étant assis à table avec ses sainte disciples
et apôtres, prit lepaindans ses mains saintes^
4«7
DICTIONNAIRE DES APOnRYPHES.
m
eiemptes de tache et de reproches, et éle -
yani les yeux au ciel vers toi, son Père« notre
Dieu et le Dieu de l'univers, il rendit grâces^
le bénit, le sanctifia, le brisa et le donna à
ses saints et bienheureux disciples et apô-
tres, disant (âAaur^ voix) : «prenezetroangez,
car c'est mon corps qui est livré pour vous
et qui est distribué pour la rénaission des
pécnés.i^
Le peuple : Amen.
Le prêtre : De même, après qu'il eut soupe,
prenant le calice et ayant fait le mélange du
vin et de l'eau, levant les yeux au ciel) vers
toi, son Père, notre Dieu et le Dieu de l'u-
nivers, il rendit grâce, le bénit, sanctifia, rem*
plit de t'Esprit-Saint et donna à ses saints
et bienheureux disciples et apôtres, disant
{à haute voix ) : abuvez*en tous, car c'est là
mon sang de 1 alliance nouvelle qui sora ré*
pandu pour vous et pour beaucoup, et qui
sera distribué pour la rémission des péchés.»
Le peuple : Amen,
Le prêtre continue à prier :
« Faites cela en mémoire de moi. Toutes
les fois que vous mangerez ce pain et que
boirez ce calice , annoncez ma mort et ma
résurrection , et confessez mon ascension »
jusqu'/l ce que je vienne. »
Nous annonçons ainsi , Seigneur souve-
rain^ Roi du ciel, la mort de ton Fils unique»
notre Sauveur Jésus -Christ, et nous nro^
clamons sa bienheureuse résurrection d en-
tre les morts après trois jours, et son as-
cension dans le ciel où il est assise la droite
de Dieu le Père^ et nous attendons son se-
cond avènement terrible et redoutable lors-
u'il viendra juger les vivants et les morts
'après l'équité et te rendre, Seigneur Dieu,
ce qui t'appartient. Nous te prions et te sup-
E lions, toi, qui, dans ta bonté, aimes le genre
umain,d'envoyer de tes hauteurs saintes,de
ton tabernacle et de ton sein sans limite, le
Paraclet, Esprit de vérité. Seigneur saint et
vivifiant qui a parlé dans la loi, les pro-^
phètes et les apôtres ; qui est partout et qui
remplit toutes choses, fontaine des grâces
divines, consubstantiel è toi, procédant de
toi (et du Fils),assis avec toi sur letrône de
ton royaume, et avectonFils unique, Nofre-
Scigneur Dieu et Sauvetir Jésus-Christ. Hé-
f)ands sur nous, sur ces pains et sur ces ca-
ices, ton Esprit-Saint pour qu'il te sanctifie
et conserve, toi qui es le Dieu tout-puis-
sant ( à haute voix ) et pour qu'il fasse de ce
pain le corps.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Et de ce calice le sang de la
nouvelle alliance de Notre-Seigneur et Dieu,
Sauveur et souverain Roi, Jésus-Christ.
Le diacre : Descendez, diacres.
Le prêtre à haute voix :
Afin de procurer à nous tous qui y pre-
nons part, la foi, la sobriété, la tempérance,
la sanctification, le renouvellement de l'âme,
du corps et de l'esprit dans la communion
de la béatitude de la vie éternelle etde l'im-
mortalité, pour la glorification de ton nom
très-saint, pour la rémission des péchés ,
a&n que ton nom précieux^ très-saint et glo-
3
rieux soit glorifié, béni et sanctifié dans tout
l'univers avec Jésus-Christ et avec TEsprit-
Saint.
Le peuple: Comme il était et comme il est.
Le prêtre : Paix à tous.
Le diacre : Priez.
Le prêtre prie à voix basée :
Dieu, créateur de la lumière, créateur de
la vie, créateur de la grâce, toi qui fondf s
les siècles et qui donnes la science, trésor de
sagesse, docteur de la sainteté, toi qui ac-
cueilles les prières pures de l'âme et qui don-
nes laforceaux timides qui se confient eo toi,
toi qui nous as tirés de l'abîme pour nous
unir à la lumière qui nous a donné la vie au
lieu de la mort , qui as changé notre servi-
tuu e en liberté, qui as détrui t en nous les lénè*
bres du péché, par l'avéneuient de ton Fil<
unique, Seio^neur souverain, par l'avéoement
de ton Esprit tros-saint, éclaire les yeui
de notre esprit afin, que nous soyons di-
gnes de recevoir cette nourriture immortelle
et céleste; sauctitie-nous complètement et
absolument en âme , en corps et en isprit,
afin qu'avec tes saints disciples et a}'6lre«,
nous t'adressions celte prière :
Notre Père qui es dans les i ieui, etc.
A haute voix : Et daigne. Seigneur souve-
rain, toi qui aiines le genre humain, fane
que nous osions t'invoquer avec liberté, duo
c^ur pur et avec l'âme éclairée, la face
exempte de confusion et les lèvres sanctifiées;
toi qui es dans les deux et qui es le Dieu
saint et Père fais que nous disions s
Le peuple : Notre Père, etc.
Le prêtre prie :
Seigneur, ne nous induis pas en tentation*
mais délivre-nous du malin esprit. Car tl
connaît par ta grande miséricorde que noos
ne pouvons supporter la tentation k cau>e
de notre grande faiblesse ; accorde-nous le
moyen d'y résister. Car tu nous as doni.c
Je pouvoir de fouler aux pieds les serpent
et les scorpions et toute la puissance de
l'ennemi, ( a haut'ivoix) parce qu'à loi ap-
partiennent l'empire et la puissance.
Le peuple : Aman*
Le prêtre: Paix à tous.
Le diacre : Inclinez vos tètes vers Jé5U5'
Christ.
Le peuple : Nous te rendons homroa^r,
Seigneur.
Le prêtre récite cette prière :
Seigneur souverain. Dieu tout-puissant
qui es assis sur les chérubins et que le^
séraphins glorifient , qui as fait sortir le
monde des eaux et qui lui as donné pour
ornement les chœurs des astres, toi qui as
établi dans les cieux les armées incorporel-
les des anges pour célébrer éternellement U
gloire, nous inclinons devant toi nos âmes et
nos corps en signe de notre servitude; noiu
te prions de chasser de notre pensée les at«
taques ténébreuses du péché et de porter,
f)ar les splendeurs divines de tooEspri t-Sainl,
'allégresse dans notre esprit, afin que, for-
tifiés par ta connaissance, nous panici-
pions dignement aux biens qui nous 50ct
proposés, c'est-à-dire à ceux du ccr^^s nùt
189
HAR
PART. II!. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAR
iO«
t«iheel da sang précieux de ton Fils ani-
qup« Noire-Seigneur Dieu et Sauveur Jésu»-
Uiristi nous accordant le pardon de toute
espèce de pécbé, par ta grande et inépuisa-
ble bouté, et par la çrâce, la misérioorde et
rhumanilé de ton Fils unique (^Aou^tpotx),
p^r lequel et avec lequel à toi gloire et ero-
pireavectonËsprlt^trôs-sainty bon et vivifiant.
Lî prêtre : Paix à tous.
Le diacre : Avec la crainte de Dieu.
Le prêtre : Seigneur saint, souverain
cl redoutable» oui reposes dans les saints»
s8nctiGe-nou.s, beigneur , par la parole de ta
grâce et par Tavénement de ton Esprit tr^s-
Mint,car tu as dit, Seiçneur : «-Soyez saints,
parce oue je suis saint. » Seigneur notre
Dieu, Verbe incompréhensible de Dieu,con-
subslantiel etcoéternel au Père et a TEsprit-
Sainl, reçois rhvmne immortelle qui, avec
les chérubins et les séraphins, et proclamée
par moi, pécheur ton serviteur indigne» crie
et dit par mes lèvres indignes :
Le peuple : Kyrie eleison {trois foie).
Le prêtre {à hiaute voiœ) : Les choses sain-
tei> aux saints.
Le peuple : Un seul Père saint , un seul
Fils saint, un seul E'^prit saint dans l*uniié
de l'Esprit-Saint. Amen.
Le diacre : Pour notre salut et notre dé-
fense.
Le prêtre fait le signe de la eroix sur le
peuple et dit à haute voix :
Le Seigneur avec Cous.
// baise ehsuite les pains et dit :
Louez Dieu.
// coupe le pain en morceaux et dit aux
ùssittants :
Que le Seigneur vous bénisse et vous as-
siste par sa srande miséricorde.
Le Clergé : Que fEsprit-Saint commande et
sanctifie.
Le prêtre ^ VoiCi, ils sont sanctifiés eC
consacrés.
Le clergé : Un seul Père saint {troi'S fois).
Le prêtre : Le Seigneur avec tous.
Le clergé : Et avec ton Esprit.
Le prêtre :. De même que le cerf aspire
fers les fontaines , etc.
// distribiu au clergé en disant :
Le corps saint.
Et au calice il dit :
Le sang précieux de Noire-Seigneur Dieu
et Sauveur.
Le sacrifice étant achevé^ le diacre dit r
Levez-vous pour pri<*r.
Le prêtre : La paix à tous.
Le diacre : Priez.
' Le prêtre récite Voraisàn d'actions de grâces:
Nous te rendons grAces, Seigneur souve-
rain notre Dieu, à cause de la participation
à tes mv&tères saints, sans tache^ immor-
tels et célestes» que tu nous As donnés pour
le profit» le salut et la sanctification de nos
âmes et de nos corps. Nous te prions et te
supplions, Seigneur, qui dans ta bontéaimeii
le genre humain, accorde-nous la commu-
nion du corps saint et du sang précieux de
ton Fils unique dans une foi nette» dans une
charité sincère , dans la haine de tout mal^
dans l'observation de tes préceptes, dans la
préparation de la vie éternelle» dans une
défense aui spii agréée devant le tribunal
redoutable de ton Christ {à haute voix), pour
lequel et avec lequel à toi gloire et empire
avec TEsprit très-saiàt, bon et vivifiant.
Se tournant ensuite vers te peuple dit :
Grand Roi, coéternel au Père, toi qui, par
ta puissance^ as dépouillé Fenfer et foulé aux
pieds la mort et retiré Adam du tombeau,
par ta vertudivineettasplendeur éclatante dé
ta divinité ineffable, étends sur nous, Sei-
gneur, ta main invisible pleine de bénédic-
tions, par la réception de toti corps sans ta-
ehe et de ton sang précieux ; bénis-nou^
tous, aie pitié de nous, fortifie-nous par ta
puissance divine , ôte de nouis ropéraliofi
pécheresse et malicieuse de la concupis-
cence charnelle, éclaire nos yeux intellec-
tuels contre la culpabilité des ténèbres oui '
nous entourent. Réunis-nous à rassemblée
de ceux qui te sont agréables, parce que par
toi et avec toi , P'ère et Esprit très-saint-,
reviennent tous hymnes, honneurs, empire»
adoration et actions de grAces» maintenant et
toujours» et dans les siècles des siècles.
Le diacre 7 Allez en paix;
Le peuple : Au nom du Seigne\ir.
te prêtre {à haute voix ) : Qqq la charité
de Dieu et du Père , la grAce du Fils et
Notre-Seigneur Jésus-Christ, la communica<;>
tion et le don de TEsprit très-sàint» soient
avec nous tous maintenant et toujours et
dans les siècles des siècles.
Le peuple : Amen. Que le nom du Sei- *
gneursoitbéi^i.
Le prêtre prie dans le lieu où se tiennent
les diacres^ ou dans la sacristie^ disant :
Tu nous as donné. Seigneur-, la sanctifi-
cation dans la participation du corps très-
saint et dti sang précieux dd ton Fils unique;
donne-nous la grAce et te don de ton Esprit
très-saint; garde-nOus\àxempts de reproches
en notre fie-, conduis-nous a la rédemption
parfaite et à l'adoption et aux jouissances
éternelles. Car tu es notre sanctification, et
nous t'adressons nos hommages, au Père, et
au Fils, et au Saint-Esprit» maintenant et
toinours et dans les siècles des siècles.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : La paix à tous.
Lepeuple : Et a ton Esprit.
Le prêtre renvoie rassemblée en disant :
Dieu béni» qui nous bénis, sanctifie»
protège et conserve-nous tous par la partici-
pation de ces saints m^rstères, toi qui es béni
dans les siècles des siècles. Amen.
On trooTe des analogies sensibles entre éthiopienne ou anyssinienne ; ceile-ci avaii
h liturgie dite de saint Marc et la liturgie son origine en Egypte. C'est d'AlexanJria
Dn:T10!<5. DBS Apogrtphbs; II; 16
i9t
DICTIONNAIRK BES AHXIRTPHES.
4!>t
que bien des traditions étaient venues jus-
Stie dans les régions éloii^nées où il faut
_ lercher les sources du Nil,
L'édition primitive de la liturgie abyssi-
nienne vit le jour à Rome en 15)^8, avec le
Nouveau Testament éthiopien, publié par
Pierre Comosi, connu également sous le
nom de Tesia-Sion (i98). L*année suivante,
une traduction latine de cette liturgie fut
imprimée avec ce titre : Missa qua ^thiopeh
communiter utuntur quœ etiam Canon uni-
versalis appellatur^ nunc primum ex lingtui
Chaldœa sive jElhiopica in Latinam conversa.
Elle fut insérée dans rédition de la BibliO'
thèque des Pères , donnée par Margarin de
la Bigne, et elle a reparu dans les diverses
éditions de cette Bibliothèque. Renaudot,
ayant comparé cette version avec le texte
éthiopien « y trouva beaucoup de choses à
corriger; il a publié son travail dans sa £t-
turgiarum orientalium collection Paris, 1715,
2 vol. in-i% 1. 1, p. 1^99-522. Il y joignit une
dissertation, p. 523-545, dans laquelle il re-
lève les erreurs du protestant Ludolphe, et
discute avec érudition quehpies-unes des
questions que soulève cette liturgie, dont il
serait inutile de placer ici une traduction
complète; mais afin d*en donner du moins
une idée« nous présenterons une version de
son début.
« Alléluia, dans Tabondance de ta miséri-
cu)rde. Seigneur, j'entrerai en ta maison; je
t*adorerai dans ton temple saint en demeu-
rant dans la rrainte.
« Je te confesserai, Seigneur, de tout mon
cœur, parce que tu as exaucé les paroles de
ma bouche.
«En présence des ançes, Je t*adr«sserai mes
cantiques ; je t*adorerai dans ton temple saint.
« Que tes prêtres se revêtent de la lustice a
que tes saints se livrent à Tallégresse.
« Tu m'arroseras d'hyssope, et je serai pu-
riGé; tu me laveras, et ma blancheordépav*
sera celle de la neige.
<i Lave-moi, Seigneur, de mon iniquité,
et puri6e-moi de mon péché, et épargne ton
serviteur.
« H leur a donné le pain du ciel ; rhomme
a mangé le pain des an^es.
« le laverai mes mains parmi les inno-
cents, et je ferai le tour de ton autel. Seigneur.
« Je me suis rendu dans ton tabernacle,
et j*ai immolé l'hostie de la vocifération.
« Tu as préparé en ma présence la table
contre ceux qui m'afDigent; tu as versé de
l'huile sur ma tète. Qu'elle est grande la
beauté de mon calice enivrant t Je prendrai
le calice du salut, et j*invoquerai le nom *ï\i
Seigneur. Seigneur, sauve-nous et donn;*-
nous la prospérité 1
« Béni celui qui vient au nom du Sei-
gneur. Nous vous bénissons de la maison du
Seigneur. Amen.
« Salut, Eglise sainte, entourée d*une d)u*
raille divine formée de diverses pierres pré-
cieuses et de topazes 1 Tu es Tarcue d*or pir,
où est cachée la manne du pain qui est u^
cendu du ciel, et qui donne la vie au mosde
entier. »
Il ne sera pas d'ailleurs hors de propos • e
citer ici un échantillon de la liturgie abys-
sinienne que Ludolphe a fait connaître. Nuus
transcrivons sa version latine , jugeant inu-
tile de la traHuire en français.
UTDRGi alexandrinje; ECCLESIJB APOSTOUCA
Ex ^thiopicii a Ludolpko latine édita.
EUCHARISTIA SlVB LAUDBS.
Prœfata.
Dominus vobiscum omnibus
Totus cum Spiritu tuo sit.
Sursum corda elevate.
Sunt apud Dominum Deum nostrum.
Gratias agamus Domino.
Rectum et justum est.
peinde dicunt orationem euehansticam
tpiscopum prœeuntem sequendo.
Gratias agimus ti'bi, Domine, per dilectum
Filium tuum Jesum Christum quem in ulti-*
mis diebus misisti nobis Salvatorem et Re»
demptorem nuntium consilii tui. Iste Ver-
bum quod ex te est, per quod omnia fecisti
voluntate tua. Et misisti eum de cœlo ia ule
rum Virginis. Caro factus est etgestatus fuit
in ventre ejus; et Filius tuus manifestatus
fuit a Soiritu sancto ut impleret voluntatera
tuam, et populum tibi efficeret eipandendo
manus suas ; passus est ut patientes libe-
raret qui conudunt in te. Qui traditus tA
voluntate sua ad Passionem; utmortem dif-
solveret, vincula Satanaerumperet, etconcui-
caret infernum, etsanctos educeret, et resur-
rectionem patefaceret.
Domine œterne gnarus occultonim, decli-
naverunt tibi capita sua popuius tuus , et
tibi subjecerunt duritiem oordis et carnis.
Respice de parata habitatione tua, et beoe-
die illos et lUas. Inclina illis aures tuas it
exaudi preces eorum* Corrobora eos virtute
dextrœ tuœ et protège eos a passione mald.
Custos eorum esto tam corporis qaam aoi*
niœ. Auge et illis et nobis fidem et timorem.
Per unicnm Filium tuum, in cpio tibi cuui
illo et cum Spiritu sancto, sit laus et poteo-
tia in perpetuum et in çancula saaculoruu).
Amen.
MARCION
Cet hérésiarque célèbre vivait au n* siècle notre plan de nous occuper ici de $à \\e ci
dû l'ère chrétienne. Il n'entre point dans de ses doctrines : c'est un sujet qui a tHc
(496] Ce volume est un in-4- de 12 et 176 feotl-
ksis, devenu fort rare. On trouvera des détails
caconatinciés à son égard dans le Catalogue de la
Miiothèque de M. Siheêtre de S«r«, rédigé fur
M. R. Merlin, Paris, f8it, t. I , p. iO« IIQ U
liturgie cowprcud las IcuitleU iSH à illL
m
UAR
t'ART. 111. *- LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAA
494
TobjeC de nombreux traraux (^97) ; nous yoa-
Ions seulement pnrler de la manière dont il
préteodit refondre et remanier les livres du
Nouvi)au Testament
Les témoignages des Pères abonaent à cet
ézard,eCilsnous permettent de rétablir avec
euctitode rEvangiîe que Marcion présenta à
sesdisoipies; c'est un travail que nous som«
mes hors d*état d'entreprendre pour les pro-
ductions semblables rédigées par d'autres hé*-
réliques des premiers siècles.
Tertullien, contemporain de Marcion, écri^
vit contre lui un ouvrage spécial, et parle
suuveQt de ses tentatives sur TEvangile :
Lucam videêur Morcion elegisse quem cœde-
ret.... Marcion Evangelio suo nuUum ascri-
bit auctorem quasi non licuerit iili titutum
([uoqus affingerCy cui nef as non fuit ipsum
corpus everêere... Contraria quœqut senlen-
tût suœ erasitj conspirantia cum crtatore ,
qwui ah assertoribus ejus intexta; compe-
tttuia auttm sententiœ suœ reservamt,,\ On
pourrait multiplier de pareilles citations.
Ecoulons aiaintenant saint Irénéé ( Adv.
hiBres., 1. 1, c. 27} : Et super hœc id, quod est
ttcundum Lucam , Evangelium circumcidens
et omnia quœ sunt de generatione Domini
conscripta auferens^ et de doctrina sermonum
Domini multa auferenSf in quibus manifestis-
iimt cùnditorem hujus universitatis suurn
Patrtm confittns Dominas conscriptus est.,..
Semtipsum veraciorem quam sunt hi qui
£tangeliumtradiderunt,apostoli,suasitdisci-
pulis suis non Evangeliwn ,. sed particulam
ÈkangeHi tradens eis. — Jbid,^ I. m, c 12:
Apostolos quidem adhuc quœ sunt Judœorum
t^ntitntes annuntiasse Evangelium , se autem
Siiueriores et prudentiores apostolis esse. Unde
et Marcion et qui ab eo sunt^ ad intercidendas
Scripturas eanversi sunt^ quasdam quidem in
totumnon coifnoscentes^ secundum Lucam au-
tem Evangelium et Epistolus Fauii decurtan^
^eiy kœc sala légitima esse dicunt , quœ ipsi
minoraierunt^
Richard Siaion {Histoire critique du Nou-
reau'XMtament f 1689, in-i-**, cliap. 12) 41
parlé en détail de Marcion et des corrections
ôue cet hérésiarque s'était permis d*intro-
uuire arbitrairement dans les Evangiles ca*
noniqoes. Ce critique observe que saint £pi-
phanea traité cette(^uestion aveq plusd'exac-
litude que Tertullien. Voici quelques-uns
des changements signalés par ce Père :
Au chapitre y« verset U, de saint Luc^ au
lieu de : Pour leur servir de témoignage ,
Marcion mettait : Afin que cela vous serve de
témoignage^ appliquant ainsi à ceux que le
Sauveur avait guéris 9 ce qui* dans la pensée
de l*évaDgélisle, concerne les sacrificateurs.
Au chapitre x<, versets 29 et 30, Marcion
avait supprimé tout ce qui est ditde Jonas;
Il y traduit seulement les mots : // ne sera
àonnè aucun signe à cette terre. Il retranchait
«ossiiesdeux versets suivants oùil eslparléde
la reine du Midi, de Salomon et des Ninivites.
Au verset 49 du mftme chapitre, son sys-
(497) Gave , Eisioria lilteraria scrîplorum eecle^
ciatiûoniM, i. l« p. 54; TiUemont, l/^moiresj t. H,
p. i66 et 604 ; Waleb, Historié der Keizereien, 1. 1,
^ 4^j Biaufebra, Bistoirs du Manichéisme ^ t. il.
tème de rejeter les prophètes l'avait conduit
à effacer les mots : Cest pourquoi la sagesse
de Dieu a dit : < Je leur enverrai des pro-
phètes.i^ Il retranchait au verset 50 ces au-
tres mots : On en demandera compteà cette race.
Au chapitre xii, le verset 6 était supprimé:
le verset 28 ne présentait pas les mots : Dieu
prend soin de vêtir Vherbe^ et dans le ver-
set 32, au lieu de : Votre Pêre^ on lisait sim-
plement : Pire.
Au chapitrexin, Marcion avaitretranohé les
trois premiers versets; il effaçait au verset 5
les mots : Si vous ne faites pénitence ^ vous
périrez tous. Au verset 28, au lieu de : Alors
vous verrez Abraham , IscLac et Jacob et tous
les prophètes dans le royaume de Dieu^ il met-
tait : Lorsque vous verrez tous les justes dane
le royaume de Dieu et vous chassés.
Les versets 29 et 35 du mémo chapitre
étaient presque entièrement supprimés; la
parabole entière de Tenfant prodigue qui est
au chapitre xv avait disparu, ainsi que ces
mots au verset 10 du chap. xvii: Ditcs^ nous
sommes des serviteurs inutiles; nous avons
fait ce que nous sommes obligés de faire.
Au chapitre xviii, Marcion lisait, verset20:
Je saiSf au lieu de : Vous savez; il suppri-
mait le verset 31 de ce chapitre, et aux ver-
sets 32 et 33, il retranchait les mots : // ser^s
livrée il sera mis à mort » et U ressuscitera le
troisième jour.
Au chapitre xix, il faisait disparaître ce
qui regarde l'histoire et i*arrivée de Jésus-
Christ a la montagne des Oliviers, et tout ce
qui est dit de l'dnesse sur laquelle Notre-
Seigneur monta lorsqu'il fi't sou entrée dana
Jérusalem, ainsi que les autres versets où il
est parlé du temple.
La parabole de la vigne louée à des vigne*»
rons était retranchée du chapitre xx, ce qui
faisait disparaître les versets 9 à 16; le ver-
set 37 et une partie du verset 38, dans lequel
il est parlé de la résurrection des morts «
étaient également supprimés.
Au chapitre xxi, les mots : U ne se perdra
pas un cheveu de votre téte^ n'étaient point
dans l'exemplaire de Marcion , non plus que
le verset 21 et les suivants.
Au chapitre xxn, les versets 16, 35 à 37»
étaient supprimés, ainsi que ce quiei^^tdit au
verset 50 de saint Pierre, qui coupa l'oreille
A l'un des gens du grand prêtre.
Chapitre xxiii, verset 2, à ces mots: Nous
Vavons trouvé pervertissant notre nation ^ il
avait ajouté ceux-ci : Et détruisant la loi et
les prophètes. Au même endroit, après ces
mots : Défendant de payer le tribut , Marcion
avait ajouté ceux-ci : Et détournant les fem-
mes et les enfants. U avait par contre retran-
ché au verset kS ces mots : Vous serez au*
jourdhui avec moi en paradis.
Le verset 25 du chapitre xxiv était sup-
Srimé, ainsi que ces mots du verset 26:
^e fallait'il pas qu'il souffrit cela? Au lieu
de la leçon authentique du verset 25: A ce
que les prophètes ont dit , il avait substi-
p. 69*128; Matter, Histoire du Gnostidêms , t. I ,
p. 34i ; Neumann , Manions Gtaubitusystem^ ôah^
le Journal (en allemaDd) de ihéelo$ic Uistorich^tf
é'ilftti, t. lY, p. 71-78.
495
'f-
DICTIONNAIRE DES APOCR'YPHES.
496
tué : A ce que je vous avais dit.
Nous laissons de côté un assez grand nom-
bre (le corrections de peu dMmportancet et
qui parfois ne changent guère le sens.
On trouve de mftme dans l'ouvrage de
Richard Simon (chap. xv) des détails éten-
dus sur le travail que Marcion avait entre-
pris au sujet des Epttres de saint Paul. Il (es
avait rangées dans un ordre méthodique,
plaçant d*abord VEpUre aux Galates^ ensuite
les deux aux Corinthiens^ celle aux Romains^
les deux aux Thessaloniciens , et finissant
par celle aux Philippiens. Il intitulait ce
recueil Aposiolicon^ et saint Jérôme observe
que les marcionites avaient forgé des épitres
des apôtres ; il s'étonne qu'ils eussent la
hardiesse de prendre le titre de Chrétiens:
Cum aposlolorum epistolas non apostolorum
Chrislx fecerant esse^ sed proprias ^ miror
quomodo soli Christianorum nomen audeant
vindicare. {Proœm. in Epist. ad Tit.)
Saint Epiphane signale quelques-unes des
altérations que Marcion s'était permises :
dans VEpUre aux Ephésiens (ch. y, 3}, il
avait retranché les mots : à sa femme. Dans
la /" aux ICorinihiens (ch. ix, 8), au
lieu de : La Loi ne dit-ellepas cela? il avait
mis : J?ien que la Loi de Bioise nt dise pas
cela. Même E{)î(re (ch. xiv, f 19), il avait
mis : Taime mieux ne dire dans l église que
cinq paroles à cause de la lot, remplaçant
par ces 'derniers mots ceux du texte cano-
nique : En mon intelligence»
Tertullien reproche à Marcion d'avoir
effacé le mot de prophètes dans VEpUre aux
Ephésiens (ch. ii, 20) : Etant édifiés sur le
fondement, des apôtres et des prophètes. 11
avait ôté dans la même épltre (en. vi, 2)
ces mots : Car c'est le premier commandement
êccompagné de promesses.
Saint Jérôme, dans son commentaire sur
YEvUre aux Galales^ observe que dans cette
Epltre, au chap. i, 1, Marcion avâit effacé
les roots Dieu le Père^ afin de donner à en-
tendre que Jésus était lui-même l'auteut
de sa résurrection et non son Père. Un dia-
logue Contra Marcionem^ inséré dans les
Ol^uvres d'Origène, nous ap(>rend aussi que,
dans la /'* hpitre aux Corinthiens (ch. xv,
38), au lieu de : Dieu lui donne un corps
comme il veut^ les marcionites lisaient : Dieu
lut donne un esprit comme il veut,
Marcion porta la même témérité dans ce
qu*il appelait Vépuration des EpUrei^apostO"
tiques. Une se servait, à ce qu'atteste saint
Epiphane, que des dix Epitres de saint
Paul; il retranchait dans quelques chapitres,
il changeait dans quelques autres. VEpUre
nux Romains^ après avoir subi ses ciseaui,
offrait tant de lacunes, que Tertullien se
•
(498) < Et qiiidem Marclontt ille lit>er Evange-
iium iecundum Lucam stylo ipso referre videiur;
ut autem ab eo muiilaïus est, luîilo, medio ac flne
decurlalis, corrosi a tiiieis ondique vestimenii si-
millimus est. Eieiiim ab ipso sutiin iniiio, ea uade
Lucas exorsus est, niniiruin : Quoniam quidem muUi
conali iunt ordinare narraiionem, eic, una cum
Kli'zabcthœ et angeli àforiap Virgini nuntium affe-
«euUs bislorla, Joanois item âc Zacha'io; adeoque
lassa de [les énumérer. Saint Epipbane est
entré dans plus de détails ; il nous apprend
qu'au i*' chapitre Marcion n'avait cbangi
aue le verset 17, mais qu'au chapitre vm
n'avait conservé que les versets 12 à 17;
le chapitre ix avait disparu en entier; le
chapitre x avait perdu les versets S i 21, et le
chapitre xi, les versets t à'32, qui citent avec
éloge Moïse et les prophètes : les deai
derniers chapitres de cette Epltre furent en*
tièrement supprimés.
Dans VEpUre aux Galates^ Marcion *re-
trancha les versets 6 è 9 du iir chapitre, qui
font réloge d'Abraham, ainsi que les ver*
sets 15 à 25, 27 à 29, relatifs à la Loi et à
la postérité d'Abraham ; les deux premiers
versets du chapitre iv , sur rbéritier
encore enfant et ne différant en rien de
l'esclave, furent proscrits également.
VEpUre aux Ephésiens ne subit que peu
de mutilations; cependant, au verset 9 da
chapitre m, où il est dit que Dieu a tout
créé par Jésus-Christ, Marcion retrancha
ces derniers mots.
Les EpUres aux^Thessaloniciens^aux Philif'
piens et à Philémon^ étaient tellement alté-
rées, au jugement de saint Epiuhane, que
ce Père n'a rien voulu en signaler particu-
lièrement. Marcion rejetait en entier les deux
EpUres à Timothée, celle à Tite et celle aux
aébreux,
M. Matter {Histoire du (rnoi/tcitme, 18i3,
t. 11} entre dans de longs détails au sujet de
cet hérésiarque; il consacre un chapitre ^spé-
cial è son Evangile.
Les travaux de l'érudition ai^emanda se
sont portés avec prédilection sur ce sujet;
des hypothèses téméraires ont été mises en
avant, mais une critique à la fois sévère et
i'udicieuse a démontré que TEvan^le de
larcion, loin d'offrir un texte primitif,
comme lavaient avancé quelques rationa-
listes, n'est plus concis et plus simple que
par suite des mutilations arbitraires que ce
gnoslique faisait subir au texte qu'il sui-
vait. Les écrivains des premiers siècles,
Tertullien, saint Irénée, Origène , saint
Ephrem, saint Cyrille, rendent à cet égard
Jes témoignages unanimes.
Saint Epij^ane nous apprend (hsre^.
42} que Marcion n'a que le seul Evangile do
saint Luc, encore l'a-t-il mutilé dès le corn*
mencement, è cause du récit de la naissance
du Sauveur. Non-seulement il en retrancha
le commencement, en se faisant plus de uiai
à lui-même qu'à l'Evan^le, mais il rejeu
encore de la Ou et du milieu beaucoup de
paroles de vérité; il osa même j substituer
d'autres choses (498).
On ne saurait d ailleurs douter que le5
nati apud Uettuehemum Domini, xum ejasdcm
geiiealo^la, ac baptismale; haec, Inqoani, omuu
circumoideDS ac traiisilieos, inde EvaageKuai exor-
ditur : Anna xv Tiberii Cwsaris^ elc« Hoc igttMr illi'-^
Inilium est. Neque tamea caetera onliiie pertc&it .
verum quaBdam, ut diiimas. ampuiai, addi( alîa ,
susque deaiie, quod aiunt, oannia perturbaoi* brc
reçus gradieiis , sed malitioae hue illucqve €ar>«^
tans. I (P. 311, éiHt. dei;<rfogue, I68i.)
497
MAP
PART. III.~ Ii£G£N0E& ET FRAGMENTS.
MAR
498
discip)e& de Marcion n'aient usé de la m6me
liberté que leur maître, en arrangeant à
leur ^ré son ETangile« de sorte qu*il s*en
Fépandit des copies présentant entre elles
des différences sensibles : des passages de
saint Matthieu et de saint Jean y'iurent
insérés.
Voici d'aprèslesaintévèque de Salamine un
aperça des opérations critiques de Marcion :
Retranchement des deux premiers cha-
pitres relatant Tannonciation et la naissance
de Jésus-Christ.
Combinaison du commencement du in'
chapitre avec le verset 31 du chapitre iv;
l'histoire de la tentation était supprimée.
Le 34* verset, qui donne è Jésus-Christ
pour lieu natal le village de Nazareth, fut
retranché, ainsi que les versets 29 à 35 du
chapitre ni; il lui paraissait contraire è la
nature de Jésus-Christ de boire du vin.
. Au chapitre viii, le verset 19 qui j^arle de
la Mère et des friàres de Jésus -Cbrisi dis-
)>arutb
Dans rOraison dominicale du chapitre xi,
Marcion demandait le Saint-Esprit en place
de ia formule: Que tonnom $oii tanctifiij
et il retrancha les mots : Délivre-noui du
noi.
Les versets 29 à 32 de ce mAme chapitre
furent effacés ; ce qu'ils disent de Jonas et
de la reine du Midi écoutant la sagesse de
Salomon, était contraire aux idées de Mar-
cion sur la sagesse des Juifs. lien futde
même des versets 49 è 51 qui invoquent la
Uième sagesse.
Le verset 28, qui étend la Providence jus-
que sur Therbe des champs, se trouvait dans .
I Evangile de Marcion dont se servait Ter-
tullien ; il manquait dans celui dont se ser-
Tait saint Epiphane.
Marcion retrancha les neuf premiers versets
du chapitre xiii, la punition des hommes telle
qu*elte y est indiquée contrariant ses idées.
II en fut de même des versets 29 à 35 , et
plusieurs changements furent faits dans Tin-
t^r?alle du 9* au 29*.
Au chapitre xv, la parabole de YEnfant
prodigue disparut entièrement ; les plaisirs
et les festins auxquels elle fait allusion
Qavaient pas Tapprobation du rigide Marcion.
le chapitre xvi subissait divers change-
ments ; le chapitre xvii perdait les versets 5
À 10 (ordres donnés au serviteur fatigué de
préparer le souper de son maître avant de
^ mettre à table; détails que Marcion jugeait
peu dignes du christianisme).
Les versets 31 è 3^ du chapitre xviir, où
le Sauveur parait en appeler aux prophéties
des codes judaïques, furent supprimés, ainsi
que, dans le chapitre xix, les versets rela-
laut l'entrée de Jesus-Ghrist dans Jérusalem
et Taccomplissemenl d'une prophétie. Même
proscription dans le chapitre xx, pour les
ursets 9 à 18 (parabole des vignerons infi-
{W) Cet ouvrage t/émoigne d*une vaste érudi-
tioo ; il esif fait avec «eUe exactitude de recherches
et ceue abondance de citations qui caractérise les
travaiii derAUeniagne, mais il ne doit être consulta
dèles), et dans le chapitre xxi, pour le verset
18, qui étend les soins de la Providence jusr
que sur. les cheveux de Thomme ; les ver-
sets 21 et 22, qui parlent de Taccomplisse-
ment d'une prophétie, avaient été effacés.
Le verset 3 du chapitre xxii fut changé,
parce au'il attribuait à Satan l'action d*avoir
séduit J udas; le verset 16 fut supprimé, Jésus-
Christ n'ayant pas mangé réellement l'agneau
pascak Les versets 35 h 38, 42 à U, 49 à 51,
la mission sans provision, la prière et
l'agonie du Sauveur, Pierre frappant de
répée, eurent le même sort. Au chapitre
VUi» les versets 47 è 49, c'est-à-dire les.té-
moigna^es rendus à Jésus- Christ sur la
croix, disparurent également.
Il est constaté, d'après le relevé que nous
venons d'exposer, que le prétendu travail
critique de Marcion fut simplement une
œuvre arbitraire dirigée par les opinions de
l'auteur ; il se fit un système, et il arrangea
ensuite l'Evangile selon ses idées.
Les travaux de Marcion ont été discutés
avec de grands développements par M. Au*
guste Hann, professeur à l'université deKo»-
nigsberg. Antithèses Marcionis gnosiici , liber
deperdituSf nune quoad ejus- fieri potuit
restitutus , 1823, in-8*, 283 pases. Cet éru-
dit, qui avait déjè^ en 1821, publié un écrit,
De gnosi Marcionis antinomie réunit tous
les passages des Pères relatifs à cet. héré-
siarque et^s'efEopce d'après les témoignages
de Tertullien et de saint Epiphane d'arriver
à établir quels étaient les retranchements
et les changements qu'il avait introduits.
Voy, aussi, indépendamment des auteurs
déjV mentionnés, Eichhorn ,. Einjleitung in
da< N. Test.
Michel Arneth, chanoine à Saint-Florian,
Veber^ dta Bekanntschaft Marinons mit un-,
serm Canon des neuen Èundes und insbeson*
dere ueber dos Evangelium desselben^ Linz,
1809, in- 4*, travail étendu et rédigé avec
soin.
Gratz, Kritische Untersuchung ueber Mar*
cions Evangelium, Tubingue, 1818, in-8*.
Neander, Ueber dos Verhliltniss des mar-
cionitischen Textes vom N. T, xu seinem System^
dans son Entwickelung der vornehmsten
gnostischen Système^ Berlin, 1818. Il pense
que Marcion avait pris pour point de déi
part \ Evangile desÈébrfiux.
Signalons enfin la dissertation de LœfOer r
Marcionem Pauli epistolas et Lucœ Evange-
lium adultérasse dubitatur^ Utrecht, 1788,
in-4*. Elle est réimprimée dans les Comment.
theoL recueillies par Kuinoel et Ruperti, voL
1, p. 180. Il existe aussi une dissertation de
Scnelling au sujet des travaux de Marcion
sur les Epltresde saint Paul, .Tubingue,
1795.
Un critique protestant, de Welte, dans son
Introduction (i99) aux Livres canoniques du
Nouveau Testament (édition de Berlin, 1848,
qu'avec circonspection , car il subi riiifluence de U
hardiesse dans la critique et de ia lémérité dans
les conjectures qui caractérisent Técole Moderne
des thénloi(i«ns germaniques.
4M
S. 110 et suiv.}, est entré dans des détails
tendus au sujeC des travaux de Marcion ; il
cite à leur égard un grand nombre d*auteurs
allemands non catholiques et il place Bur
DICnONNAIRE DES APOCRTPRES. SOO
deux colonnes le texte de saint Luc en r--
gard des rectifications que s'était permifes
Marcion, et qui ont été signalées parTerlul-
lien, saint Epiphwe et les autres Pères.
Selon les rabbins , Mardochée connut
soixante-dix langues et exposa des mystères
ignorés des hommes. Voici ce que rapporte
?abricius, citaul les talmudisles : inMiêchna
MARDOCHÉE.
Skekalim, cap. y : Petiuhias €âî Mardochai.
Eccur aulem vocatur nomine Pttackiaf
Quia res absconditoê aperuU^ tatqtu u-
poiuit f tt septuaginta lingwa eaUuit.
MARIE.
LETTRES DE LA SAINTE VIERGE AUX HABITANTS DE MESSINE
ET DE FLORENCE.
Ces lettres ont joui pendant quelque
tc^mps d*une certaine célébrité; elles sont
d'ailleurs courtes et insignifiantes ; roici
celle adressée aux habitants de Messine :
«Marie Tierge* fille de Joachim, très-
humble servante de Dieu« Mère de Jésus-
Christ le crucifié, de la tribu de Juda, de la
race de David, à tous les habitants de Mes-
sine, salut, et la bénédiction de Dieu le
Père tout-puissant.
« Vons tous inspirés par une foi vive,
,T0us nous avez adressé des envoyés, ainsi
que ratteste un document public. Vous re-
connaissez notre Fils pour le Fils de Dieu
et pour Dieu homme; vous confessez qu'il
est monté au ciel après sa résurrection, et
tons suivez la voie de vérité que vous ont
enseignée les prédications de l'apôtre Paul.
C'est pourquoi nous vous bénissons, ainsi que
votre ville, dont nous voulons être la protec-
trice éternelle. L'année de notre Fils tô, le
trois des nones de juillet, à Jérusalem. »
Le faux Dexter (ad annum 86) transcrit
cette lettre et (ad an. 430) il dit qu'on la
trouve dans les archives de Messine; mais
on sait que ce prétendu chroniqueur n'a ja-
mais existé, et que son livre fut fabriqué
au XVI* siècle par J. Bivar.
Nous observerons que le teite, tel qu'il est
donné dans quelques auteurs, est présenté
comme écrit de la main de saint Luc ,Ja
Vierge l'ayant seulement approuvé : Maria
!juœ iupra^ hoc chirographum approbavit
500).
La lettre adressée aux Florentins est en-
core plus succincte :
«Florence, ville cnérie de Dieu et du Sei-
f;neur Jésus-Christ et de moi, conserve la
6i, applique-toi à l'oraison, fortifie-toi dans
la patience : c'est ainsi que tu obtiendras le
salut éternel auprès de Dieu. »
Plusieurs auteurs ont soutenu Tauthenticité
de Tépltre ad Messantnses. Le Jésuite Inchœ-
fer la défendit avec chaleur dans un vo-
lume intitulé : Epistolœ beatœ Mariœ ad
Messanenses veritas vindicala , Messanœ,
1629. Ce volume fut réimprimé avec quel-
ques changements à Vilerbeen 1631. Le
Pape Alexandre VH l'avait mis à l'index ;
(500) f Edidtrant liane epislolam pneier Biva-
fium Canisius, Leraeus, aliique. Ëam pro genuina
habel Anloniu» Maccdo , lihr. De diis tuteUribui
9rbU Chritîianif p. S07. >(F;ibriciu8}.
aussi dans la réimpression, le titre fol-ii
moins affirmatif : De epistola B. Mariœ tjrqx'
nis ad Messanenses eoniectatio plurimii ro-
tionibus et verisimilituainibuê locuplts.
Benoit Selvaggi, Ap^iogia pro pittctt
Mesitanensi^ Messanœ, 16U),in-i'*«
H. M. Perpami, De epistolaad Messammet.
Messanœ, 164!^, in-i*.
P. Belli, Gloria Messanensiif $it€ de epi-
stola Deiparœ Virginis ad Messanenseâ du-
sertatio, Messanœ, 164T. (On trouve à la
suite de cet ouvrage un petit poème de
Jérôme Petruci;i en 525 vers iambiquis,
au sujet de cette lettre.)
Pielro Menniti, Rome, 1718, in-4*.
Mabillon {De re diplomqiica, p. 25) s ex-
prime en ces termes : Hie adde quod a
Rocco P{rro(Siciliœ\. i, p. 2M) meinoratur
de quodam Grœco aniistiie qui ut Mei$anen-
êium gratiam iVitrer, spem tnjecit reoeriendi
autographi epiHolœ beatœ Virginis aà Mena-
nenses Hebraice conscripti^ quod in mm-
brwna con/ictum cum sub lateribus eerto rn
loco abscondisset ; viri quidam religiosi tan-
dem eju$ detexerunt imposlnram.
VÉpître aux Florentine a soulevé peu d"
débats ; Antoine Macédo , que nous rewm
de citer parmi les défenseurs de la Lettre
aux habitants de Messine ( Voy. note ^^^
ci - dessous ) , convient que celle-ci e^i
fort douteuse ; Adrien van der Lyere
(Trisag. Marian.) mentionne le fameux Si-
vonorole comme ayant prêché, en 1V95, un
sermon où il regardait cette Epître com-
me authentique ; Jean de Carthagène s'a;»-
puie sur l'ancienne tradition existant à Fh^
rence; mais ces faibles autorités n'ont p<'ij'
empêché l'immense majorité â!escritiquo5 >•
regarder TEpltre en question comme u:.<'
supposition qui n*est pas même fort an*
cienne.
Il nous reste à parler de la prétendu ^
Lettre de saint Ignace à la Vierge et de la rt-
ponse à cette lettre*
Elles ont été citées (501) par le pseud<>-
Dexter (ad an. 116 et 130), mais elles ^olî
bien plus anciennes, car dès le xn* siècle oq
les trouve mentionnées.
Denys le Chartreux, dans son Commentaire
(501) € Sanclus Ignaliua, in «na snaniin Ept$i^
larum ad êacraliêûmam Virginem^ eandem mpat
lervide , iil pro consolatione el confortatione sui a
pluriuin neophytorum digiiareiur venire 9d k. >
SOI
MAR
PART. ni. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAR
8<n
sur le traité de Denys rAréopagitet Des
nom$ divins (502); Pierre de Natalibus,
(lib. III» G. 6i] ; Marc Michel de Corione {De
nrii illustriom) ; MàTianns Victor (Schol.
aJ lih. m Hiernnyaii contra Pelagianos) »
et d'autres écrivains, en ont parlé et n'ont
pas douté qu'elles ne fussent authentiques.
Mais de plus judicieux critiques dont on ne
saurait révoquer en doute la piété et l'or-
thodoxie, les ont rejetées comme supposées ;
telle est l'opinion des cardinaux Baronius
(ad an. 48, n. 25; ad. an. 109, n. 34), et Bel-
larDjin (De scriptoribus ecclesiasiicis) ; de
Pierre Posse vin (itppara/. sacr.); de Théo-
phile Raynaud {Erolemata de bonis et malis
liMs^ p. i!kS), et Christophe de Castro {His-
toria Deiparœ, c. 23) ; de Bailïet {Jugements
du savants, t. I, p. 176); de Tillemont {Mé^
moires, 1. 1, p. 119), et de bien d'autres au
teurs catholiques. Il est inutile de dire
quelle a été à cet égard la façon de voir des
protestants.
Ces lettres parurent ponr la première fois
à Paris en 149S, à la On d'une Histoire de la
ne et de la mort de saint Thomas de Cantor-
béry: Jacques Lefebvre d'Ëtaples ne les ad-
mit pas dans son édition des Epîtres de saint
Ignace, 1498, et elles ne figurèrent point
dans les éditions de 1S02 et de 1515; mais
Symphorien Champier les réunit aux au-
tres lettres du saint martyr (1520, in-8").
Elles reparurent dans l'édition de Co-
logne, 1536; dans les Orthodoxographa ,
Bâle, 1555 ; dans les éditions des Bibliothè-
ques des Pires. Halloix leur consacra uoe
partie de son Apologia pro scriptis Ignatii
[t. I, p. 464, Yitarum scriptorum Orienta-
/ttim). Des critiques modernes, qui les ont re-
Sardées comme apocryphes, ont cru cepen-
anl devoir les réimprimer; c*est ainsi
Ju'elles ont trouvé place dans les éditions
e saint Ignace données par Ussérius (Ox-
ford, 1644), par Isaac Vossius (Amsterdam,
1646), par Cotelier (dans ses Patres aposto-
liciy 1672); et qu Ittig les a insérées dans sa
Bibliotheca Patrum apostolicorum (Leipsick,
1699). Richard Russel les a également admi-
ses «ans le tome 1" de ses Patres apostolici
(Londres, 1746). On les trouve aussi dans le
Codex apocryphus Novi TesfUmenti de Fa-
bricius, t. I, p. 841).
Voici maintenant ces deux Eptlres :
LETTRE D'IGNACE A LA SAINTE VIERGE MARIE, MÈRE DE NOTRE SEIGNEUR
JÉSUS-CHRIST.
• A Marie, qiii a f )Orté le Christ, son Ignace.
« Tu aurcâs dû me fortifier et me conso-
ler, Dioi qui suis néophyte et disciple de
Jean. J*ai entendu dire de ton Jésus des
choses admirables, et je suis resté frajipé de
stupeur en les entendant. Mais je désire de
touie mon Ame avoir une plus grande cer-
titude, en la recevant de toi, qui as toujours
vécu dans sa familiarité, qui as été unie à lui
et qui as connu ses secrets. Je l'ai écrit d'au-
tres lettres et je t'ai fait les mêmes deman-
des. Porte toi bien, et que les néophytes qui
sont avec moi soient réconfortés en toi , par
toi et de loi. Amen. »
RÉPONSE DE LA SAINTE VIERGE.
« A Ignace, le condisciple chéri, l'humble
servante de Jésus-Christ.
< Les choses que tu as apprisses et enten-
dues de Jean au sujet de Jésus sont vraies.
Crois -les, restes - y attaché, suis avec
fermeté la doctrine de Jésus-Christ i]ue
tu as reçue, et conforme tes mœurs et ta vie à
Nous ne devons pas omettie une lettre
f'Tl peu connue et donnée comme ajrant été
adressée par la Vierge à un moine italien;
elle se trouve dans rouvrage die J. Lami,
De eruditione apostolorum liber singularis,
etc., Florentiœ, Rprn. Paperini, 1738, in-8*,
cap. 11, pag. n^iDelibriset litteris apostolist
virisque apostoUcis falso tributis et apocry-
yhis. Pag. 189 : Epxstola sanctœ Mariœ Dei-
j'arœad Jgnatium marlyrem. Epistola sanctœ
Mariœ ad Messanenses. Epistola sanctœ Ma*
riœ ad Florentinos. — simple mention de
•CN lettres. Pour cette dernière, la dissertation
<''tuQ peu plus longue et conduit à la lettre
suivante de la manière que voici, pag. 190 :
Sed ne mirum videatur si monachus ille
hanc Mariœ supposuit epistolam, exploratœ
ylnesse animadvertendum est, ab eiusdem
(*rdinis monacho epislolam ; pariler Virgini
. ^^01) c Ignaiitis bcatae Virgini 'valdc dilectuâ
tikinadliuc iocarna exsist^nli devolam Epi^ioîam
cette doctrine. Je viendrai un jour avec
Jean te visiter, toi etceuxqui sont avec toi.
Persévère dans la foi et agis avec vigueur,
et que la rigueur de la persécution ne te
trouble pas, mais que ton esprit tressaille
en Dieu, qui est ton salut. Amen. »
Deiparœ af/lctam fuisse a F. Antonino sei--
licet de Villa Basilica; quam epistolam in opi-
nionis meœ confirmationem hic adducere
lubet , cum prœcipue hoc commenturn desit
in apocryphis diligenlissimi Fabricii inter
multa tamen hujusmodi, quœ affert et recen-
set, et quorum menlionem consulta omisimus,
utpote non omnium id genus deliramentorum
curiosi et captatores. Ex ms. igitur codice
bibliothecœ Riccardianœ ridicuiam hanc et fa-
bulosam epistolam proferimus, atque respon*
sum est ad epistolam, quœ per angelum eus-
todem a. F. Antonino missa fingitur ad Dei-
param, atque ita habet :
«r Fratri Antonino prœdilecto misericordia
JUaler opem salutarem.
9 Quod a me precibus expostulasti , dut-
cissime fili, nequevaleo denegare, neaue pe-
nitus indulgere relim. Abnuere quidem ne-
sciipsi: , cl ab ea responsioncm «dus sanais inaaiî'
i)us fcripiam ebtiauii. »
505
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
nr
queo quœ toto terrarum crbe misericordiœ
Mater appellor; prorsus autem illud tibique.
iuisqtêe condiscipulis ^ quod adhuc plurtbus
H effrenis antmi moribuâ prœoccupata
tanto muneri cordQ recludUis^ elargiri nolo;
mentes igitur vestras a vanis terrenorum eu-
m, ac voluntates ab illicitis affectibus ex-
purgale: tum divini numinis opém pro voto
percipietis. Ego enim tum illapietalu regina^
quœ pro differenda severi juaicis ira^ dum
tribus olim telis mundum deperdere statuisse
Videretur^ Praedicatorum ordinem per amicum
meum Dominicum imtituit , quem deinceps
peculiari amori prosQcuta et quam pluri^
mis inclytum fec% prmrogativis^habitu per*
pulchro insigniviy singulos ejus fratres in fi^
lias cooptavi , et sub amplissimo meo paltio
suscepi, Unum prœterea. /f/t, te admoneam,
ut puerilibus nugis , quibus admodum pro*
funderisy abjectis, te maturius ac religiosiui
liabeaSf et postergatis mundi insaniis^ in ur*
dentissimo Christi latere te recipias. Tu de-
mum angelico , quo maxime delector, eutogio
Viihi sœpius et fevventius inservire studeas in
dilccto meo canobio Saxensi sanctis illiSf
quorum devotione mirum in modum afficeris
gratiosius exhibens^ jam utroque nomine te
valerejubeo,
a Ex calo empyreo in die œternilatis^ )•
Les gnostiques passédaient deu:i^ ourrages
intitulés : Les Grandes et les Petites interro-
gations de Marie: saint Epiphane en fait
Mention (hœres. 26, § 8, p. 89 de Tédit. de
i682) et nous apprend qu*ils étaient rem-
plis de détails infâmes qui montrent jusqu'à
quel point d'égarement peut arriver l'esprit
bumain libre de tout frein.
Prière magique portant chez les Abyssiniens
le nom de la sainte Vierge, — Elle est signa-
lée par Ludotphe qui» dans son HistoriaMthio*
piea, 111) 4*. l'appelle avec raison libellus
vanissimus et ineptissimus. Il paraît d'ail-
leurs qu'en Abyssinie même, elle n'est point
universellement admise. C'est en partie un
assemblage de noms d'esprits auxquels s'a-
dressent des invocations, tels que Adnuel,
Adetani, Adotael, Filelmejus, Cuercuer-
}*anos, Flafla Flagiel. Ceci rappelle de nom-
breuses formules de ce çenre qu'on ren-
contre chez des écrivains juifs, dans les rap-
sodies nu'on qualifie de livres de sorcellerie.
Buxtori dans son Lexicon Chaldaicum et
Talmudicum cite, d'après un ancieu manus-
crit hébreu, la formule suivante d^anatbëme:
« Qu'il soit maudit par Addirion et par
Achtariel, et par Sandafphon et Hadarniel,
^t par Ansiciel et Patchiel, et par Seraphiel
et Zeganzael, et par Michel, et par Gabriel,
«t par Raphaël et par Meschartiel , et qu'il
soit interditpar Tzanlzevir et par Havlevir.
(celui - ci est le Dieu grand ), et par les
soixante-dix noms du grand Roi. »
Ludolphe ajoute qu'une autre prière sem-
blable se trouve dans diverses bibliothèquf^^
de l'Europe, notamment dans celle du Va*
tican ; il n'a eu sous les yeux qu'une copii*
qui commence ainsi :
« Au nom du Père, et du Fils, et du Sainl-
Esprit.
o Ceci est la prière de Notre«Dame Mane,
celle qu'elle fit dans la ville de Bérythe. Vx
toutes les chatnes de fer qu'il y avait dans
cette ville furent brisées, et elle délivra Ma-
thias le disciple , el tous les citovens de la
ville crurent.
« Notre-Seigneor et notre Sauvear Ji-sus-
Christ dit à ses anges purs et è ses disciples
pieux etsaints, au sujet de cette prière : «Il
Q'esl personne qui !a connaisse, ni les anges
célestes, ni les archanges, ni les chérubins,
ni les séraphins, ni personne des arniées
célestes, si ce n'est le Père et le Fils, et r£s-
prit saint, Dieu unique. »
« Et s'étant tourné vers sa mère, il dit:
« Je m'adresse derechef k toi , 6 Uarie,
ma mère, afin que tu entreprennes ce grand
ouvrage et que tu fasses entendre tes de*
mandes en faisant cette prière. » Etil advint
que lorsque Notre-Dame eut entendu ces pa-
roles de son Fils bien-aimé, elle se dressa
sur ses pieds, el elle pria Jésus-Christ Nôtre-
Seigneur,, de d^ivrer le disciple Matbias des
liens qui le retenaient. Et toutes les cbaljies
qu'il y avait alors dans la ville furent bri-
sées. Et Marie étendit ses mains sur TOrient,
et elle regarda son Fils bien-aimé Jésus-
Christ. Et elle commença à prononcer cette
prière disant : « Je t'invoque, ô meo Sei-
gneur et mon Dieu I mon Fils et mon Koi,
et mon Sauveur Jésus-Christ. »
« Moi, Marie, ta mère, moi, celle qui a en-
gendré la vie de l'univers entier, je te sup-
plie aujourd'hui et je te conjure d'écouler ;&
voix de mes prières et de m'envoyer la force
des anges, des séraphins et des chérubins,
et toute la force des cieui, afki qu*ils a^-
complissent ce qui est en mon cœur et qu'ils
fassent tout ce que je demande el tout ce qui
est bon et que j'aurai désiré de leuri)ait.
Car tu es mon appui et mon espoir, et n^^
confiance est en toi , Adonai, Adonai, nva
Fils bien-aimé. »
Suivent diverses salutations selon TuSi^'^e
des Abyssiniens et une série de noms bi-
zarres dont il serait d'autant plus inutile «le
rechercher le sens ou l'étymolo^io qu'ils
sont sans doute fort corrompus.
«c Paix aux grands noms, aux soiiart*)
noms du Père Lami. El ce sont : Alfa, \p^'
jontodech ^ Hedra, JodarfvouflopaioU'*'^
Uussenojaccavos, Hesevoondenfes, Aronj' v
Dehdi, Kenelo, Gheepeneldecan, Hehed<
Matarodadulamaris, beael, Rehebarus, i''*
jos, Keel, etc. »
LIVRE DU PASSAGE DE LA BIENHEDREUSE VIERGE MARIE,
écrit par saint Jean.
feld, R. L. Friderlch, 18», in-fr, xii a
107 p.) Il avait trouvé le texte dans un o.^-
nuscritdela bibliothèque de Ronn(3(K]. <t
c'est peut-être le ^eul qui existe; il faui.:.'
Cette production était restée ignorée jus-
qu'à ce qu'un savant allemand, M. Maximi-
Ifen Enger, en eut publié le texte arabe,
accompagné d'une traduction Iniine. (Elbrr-
m
MAti
PART. ni. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAR
50O
d'ailleurs Te eomparer avec un manuscrit du
Vaticao qu'Assomani {Bibliotheca orientalis^
l III, p. 287) mentionne sous le titre sui-
vant: Eistoria DormUionis et Auumptionis
heatœ Mariœ Yirginii Joanni tvangelistœ
falso inscripia.
On sait d'ailleurs que dans les premiers
siècles» il existait un livre intitulé: Transi-
tus tanct€f Mariœ :i\ figure dans le décret
du Pape Gélase, qui condamna, en k9kf
comme apocryphes, un certain nombre d'é-
criis du même genre. Avant le décret en
question, ou ne trouve point de menlionfaite
de ce livre, cars*il y est fait allusion dans
une lettre attribuée è saint Jérôme et dans un
discours placé parmi ceut de saint Augustin
(50^), ces deui compositions sont rngardées
par les meilleurs critiques comme n'étant
iK)int sorties de la plume des illustres doc-
teurs auxquels des copistes les ont données.
L'ouvrage mis sous le nom de Méliton,
érôquede Sardes, et qui nous occupera bien*
tôt, diffère d'une manière sensible, dans le
récit des faits, de celui que nous allons tra-
duire. Voici, à cet égard» comment s'ei;-
prime M. Enger :
MelitOt ut in summa rei cum nostro con^
ipiratt rta in singulii diversus est. Ex quibus
illud imprimis memoria dignum est^ quod
heatam Virginem^ Christo mortuo,non Ephe-
tij ted Hitrosolymis vixisse^ in utroqjike pro^
ditum est, eum tamen veteres Evangelti aucto^
Tiiateducti {Joan. xix, 27), id sibiperstm^
fum habeantf Joannem quem Ephesx episco-
fum fuisse constans fama est, ut Christi mo"
rimtis mandata obtemperaret^ eam ç( semper
apud se habuisse^ nec aimisisse a se unquain ;
id quod tanquam extra omnem dubitationem
coUôcaium Patres Ephesini non dedita opéra,
9fd quasi prœtereundo commemorarunt. Et
Aune quiaem utriusque a vulgari opinione
discetsumunde potissimum originem traxisse
dicamus? Num eam sequamur rationemquam
noster suppeditat, beatam scilicet Virginem
An nom du Père et du Fils et de l'Es-
prit-Saint, Dieu unique dans lequel je mets
ma confiance.
Voici rhistoire de la Dame sans tache
Marie, Mère de la lumière, lorsqu'elle passa
de ce monde au royaume des cieux préparé
pour elle et pour les fidèles, et voici le récit
des miracles qu'elle accomplit en ce temps^
et comment Notre-Seigneur Jésus-Christ lui
apparut avec ses açges avec tous les pro-
phètes et les apôtres. Que sa prière reste
en nous tous. Amen. Jeen, fils de Zéhédée,
réTaDgéliste,<|ui disserlasur la divinité, rap-
porte celte histoire, et que ses prières conser-.
vent tous les fils des fils du haptôme.Amen.
Jean, fils de Zébédée, TapAlre, dit en son
(503) Ce manoscrii fait partie de la roHccUon
^ maiiuscrUs orienUiux légués p»r A. Scliolz à
ct^Ue bibliothèque ; il est d'une écriture peu soignée
et assez mauvaise, et ne remonie pas à une date
l)ien reculée. Le li^re attribué à saint Jean y occupe
l«$ feoiUeis 65-93 ; le reste du volume présente le
livre de Syntipai , dont M. Boltsonade a publié, à
l^^ng^en iHiS, le texte grec, un poème d*Hariri
idcirco Hierosolymis mansisse^ ut meditari
precarique sibi liceret eis locis^ quœ Jésus
Christus doetrinœ prœdiceUione, mxraculorum
splendore, dolorum passions, crucis deniquf
supplicia et resurrectionis gloria iilustravit?
L éditeur allemand discute quelques-unes
des circonstances relatées dans le texte arabe.
Il observe qu il n'est pas douteux que la
sainte Vierge n'eût quarante-huit ansenviron
è Tépoque de la Passion ; mais on ne saurait
déterminer avec quelque certitude Tépoque
de sa mort. A cet égard les anciens auteurs
varient. Selon Evode, cité par Nicéphore
(Hist. écoles. I. ii, c. 3), elle atteignit Tâge de
cinquante-sept ans; saintHippoTyte de Thè-
bes {Serm. de Deipara) pense Qu'elle alla jus*^
qu*è cinquante-neuf ans; saint Epiphane
parle de soixante-dix. Méliton prétend que
TAssomption eut lieu vingt-un ans après is
mort de Jésus-Christ, mais ce n'est pas pro-
bable , car il indique tous \es apôtres comme
étant encore en vie è cette époque, et c*esl
«ne circonstance que Ton peut contester.
L'auteur arabe suppose que six des apôtres,
étaient morts, mais que Dieu les iressuscita,
a^ qu'ils assistassent aux derniers mo-
ments que Marie devait passer sur la terre.,
On remarquera aussi que l'auteur arab»
Î;arde le silence, au sujet de la palme ce-
este dont parle Méliton, comme apportée du
ciel, et qui rappelle le rameau de l'arbre de.
vie, que, selon l'Evangile de Nicodème, cb.
XIX, ]*Ange, préposé à la garde du paradis»
donna à Seth, envoyé par son père Adam„
afin de chercher l'huile de la miséricorde.
Quant au projet, prêté aux Juifs,de brûler le
corps de la Vierge, il' n'a rien d'invraisem-
blable ; on lit dans les Actes de saint Pol v-
carpe, que les Juifs engageaient le préfet
romain a livrer aux flammes les restes des
martyrs, afin que les Chrétiens ne leur ren-
dissent pas des honneurs.
Voici maintenant une traduction fidèle
de cette production :
chapitre 1" : Salut au Seigneur qui, par un
effet de sa volonté, a envoyé dans le monde
son Fils bien-aimé, pour racheteriles hommes
et qui a préparé une lumière éclatante dans
le sein d'une Vierge, qui, se revêtant de I»
chair, a fait d'elle li)bjet de son amour et de
s^% délices, et qui a ouvert à ceux qu'il a
créés ce qui a rapport à leur utilité, à leur
salut et à leur rédemption, qui les a éclai-
rés de la grAce de l'Esprit-Saint, leur inspi-
rant la sai^esse et la connaissance spirituelle
du seul Dieu dont on ne peut ni calculer la
miséricorde, ni compter l.es louanges, ni
comprendre lanature,ni entendre Téternilé,
qui, dans la lumière de son trône, surpasse
tous ceux qu'il a créés, qui embrasse tout
(compris dans réditîon donnée par H. Silveslre de
Sacy, Paris, I8Î1 , « vol. in-8«) , et un refucil de
fables ésopiennei . Nous tn^érerons, à Tarticle Mé-
liton , un autre récit des derniers moments de la-
sainte Mère de Dieu.
(501) S. Hieron, t. IX, ep. 49; S. km..
De $ancti$, term. 25 ; Baronii^ ad an, 48, c. 1ï.
507
BIGTIONNAIRE DE8 APOCRYPHES.
M
ce qu'il y a de plus éleyé et toat ce qu'il y a
de plus inférieur, dont la puissance accomplit
tout ce qu'il veut, gui connaît toutes choses
ayant qu'elles n'arrivent, qui a institué, dans
sa sagesse, tout ce qu'il a fait, qui accorde
gratuitement ses bienfaits h ceux qui Tin-
Yoquent, qui, [lorsqu'il accomplit quelque
chose, n'éprouve aucune fatigue et ne
ressent point le besoin de la méditation,
3ui ne change point, n'augmente point, na
iminue point ; nous l'invoquons pour qu'il
nous ouvre les portes de sa miséricorde, afin
de recevoirnos prières, et pour que l'odeur de
l'encens de notre réunion soit agréée devant
le irône resplendissant de sa majesté; qu'il
donne aux Ois de son Eglise, pour appui
dans leurs combats, ses an^es célestes uni
enflent les trompettes, et qui se tiennent de-
vant lui, dans l'ordre et la division où ils
sont placés, chantant ses louanges et disant
d'une voix harmonieuse : « Saint, saint, saint
est le Seigneur,Dieudesarmées.»Et les saints,
les martyrs et les prophètes disent : « Bénj
soit le Seigneur qui a envoyé son Fils ,
sortant de la splendeur de sa lumière ;»
il a apparu dans la Vierge Marie , et
ayant pris un corps, il est né d^elle à Beth-
léem, et il a pris, comme un voile, la forme
d'un esclave, et il a souffert la tribulation,&Qn
d'enseigner la i^atience aux malheureux qui
sont dans Tafiliction, et aQn de les consoler.
Et il n'a pas craint d'être voyageur sur la
terre, afin de racheter ceux qui le cherchent
avec confiance et avec les sentiments con-
venables, afin d'avertir ceux de ses servi-
teurs qui sont négligents, pour qu'ils re-
noncent à leurs péchés. Et il a montré la
faiblesse de son numanilé pour expulser le
démon hors du genre humain, et pour déli-
vrer les hommes de l'iniquité et accomplir
ses promesses; il est monté sur la croix, il est
mort et a été enseveli, pour que ce qu'il
avait ordonu" au sujet des corps s'accou[)lU
dans sa proï)re chair, et il a montré sa
1 Puissance contre le démon, en accomplissant
es antiques prophéties ; le troisième jour, il
est resssusrité, enseic^nant la résurrection à
ceux qui l'ignoraient , et quarante jours
après, il est monté au ciel, pour manifester
sa grandeur è ses créatures, et il est assis
dans le sein du Père, éternel dès le com-
mencement, sur le trône de sa maiesté, re-
vêtu d'un corps, et les yeux qui désirent le
voir seront remplis de la splendeur de son
aspect. Célébrons sa présence, lorsque sa
Mère est transportée dans le séjour qu'il a
préparé pour ses élus et pour ses bien-ai-
mes, et qui ne doit jamais cesser d'exister;
reconnaissons sa puissance, afin d'approcher
do ses anges célestes et de ses élus terres-
tres, dos Pères, des prophètes, des apôtres,
des martyrs, des fidèles vivanis et morts;
^nluonscelle qui aété élevée au-dessus de tou-
tes les femmes, la Vierge sans tache; adorons
celui qui a pris d'elle un corps, afin que ni
sa divinité, ni son humanité ne se changeât
en uneauire nature et substance, mais, com-
nir* a dit le prophète Isnïe, afin qu'il fût tel
qu'un palmier sortant d'une terre aride. Et
ce prophète a dit aussi : « Voici qu'une
vierge concevra et enfantera un fils, et son
nom sera Emnanuel , qui signifie : Netre
Dieu avec nous. » Marie élue a été sanctifie
dès le sein de sa mère qui l'enCsnta chaste-
ment et saintement, et comme une ét'Oii^e
sortant de rappart*»merft nuptial, elle a m-
mené l'agneau qui s'était écarté do l)on i Au-
teur; elle a arraché l'agneaudela gueule rjii
lion féroce et rusé qui voulait le dévoriir;
elle a, par la lumière de sa foi, conduit le
senre humain è l'Evangile de son Créateur,
le tirant des ténèbres de la torpeur et de la
négligence; elle a procuré h sa nation une
voie droite et un très-large accès vrrs la
miséricorde divine, lui procurant le fruit
d'une douce tranquillité, la destruction Jcs
épines, l'incendie de l'ivraie, la fuite des es-
prits malins, l'anéantissement du pouroir
de la mort, la défaite des démons rebelles,
l'exemption de l'affliclirmdansrassembléedes
justes, au nom de celui qui est né d'elle, aa
nom duquel il convient d'offrir des sacrifi-
ces purs, et dont tout malheureux, en ce
monde, doit invoquer l'appui. Ecoutez, 6
amis élus et frères saints, comment s'est
accomplie cette histoire remplie de raîMcles
admirables.
Il y avait deux prêtres et un diacre sur
la montagne sainte de Sinaï, au sommet de
laquelle Dieu (dont la mémoire soit sancti-
fiée) apparut a Moïse, lui parla conc»*rn.vit
les eniants d'Israël, et accomplit par lui de
^grands miracles.
Le nom d'un des prêtres était David, celui
de l'autre Jean; le diacre avait nomPhilif'pe.
Ils assistaient à l'autel, et il y avait sans eux
trois cent vin^t autels sur la oiuntai^ne
sainte. Et ils écrivirent à Cyriaque, évèque
de Jérusalem, le priant de leur transmettre
l'histoire de Marie, et comment elle était sor-
tie de ce monde, et ils lui demandèrent de
leur faire connaître la gloire et les miracit'S
qui s'étaient accomplis alors. Et le saint évè*
que, ayant lu leur lettre, fit appeler les mi-
nistres de l'Eglise, et il les interrogea, et il
dit : a Allez chercher les livres. » Et ils n*eu
trouvèrent pas d'autres qu'un livre de la
main de Jacques, frère du Seigneur, évêque
de Jérusalem, qui fut le premier que les
Juifs mirent à mort. L'an d'Alexandre 3V5, \^
jour de la naissance de Notre-Seigneur «lui
est le jour du soleil, le quinzième du mois
d'Ab ou d'cioût , la Vierge Marie sortit do ce
inonde, en présence de Notre-Seigneur Jé-
sus-Christ et de moi, tous les ani;es et mu-
tes les créatures se rendant à son habitatcHi
àBethléeni et è Gelhsémani, avant qu'ell'Miii
fût morte. Et sachez quelessix chapitres dnns
lesquels est consignée l'histoire de la Vitr.:'»
sans tache Marie et de son passage et de i<hj^
lesmiraclcsqu'ellc avait faits, sontcliezJcan.
fils de Zébédée, rév«nn^éliste, que JéMi--
Christ Notre-Seigneur aima, et que les au-
tres, ses compagnons, ont souscrit de It^-r
témoignage que ce qu'il avait rapporté éiait
vrai. Et ils répondirent aux lettres vi-ns^^s
du mont Sinaï, et ils assurèrent qu'il» n'a-
vaient pas trouvé d'histoire, mais ils trou-
509
MAP
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAR
510
TèreDt, d*après le testament de Jacqo^s.FéTè-
que» que cette histoire était à Epnèse chez
I ffpôtre Jean.Et ils les prièrent de faire faire
h leor usage une copie de ce livre'afin<|u'ils
Teussentanssi à Jérusalem, oi^ ilss*en servi*
raient pour réfuter les Juifs, etchaûun aurait
le plaisir de l'entendre lire, et ils resteraient
en tout temps dans leurs prières. Et la lettre
ayant été portée au mont Sinaï,ils écrivirent
aussitôt à révèque de Rome et à celui d*A-
leiandrie, et leur envojèrentdes messagers,
et ils firent chereber auprès d'eux l'histoire,
et ne l'ayant pas trouvée, ils envoyèrent deux
hommes k Ephèse. Et lorsqu'ils y furent ar-
rires, ils ne cessèrent d'offrir durant la nuit
de l'encens h la Mère de Notre -Seigneur
Jésus-Chris!, disant : « O Jésus-Christ, No-
treSeigneur, tu as choisi l'apôtre Jean, et
ta as eu plus d'amour pour lui que pour ses
compagnons, et tu l'as caché aux yeux des
hommes, lorsque tu as dit : « Il me gardera
la foi; » s'il te plaît de nous le montrer, afin
qu'il (>arleaveG nous, et qu'il nous enseigne
l'histoire de ta Mère avec les miracles et les
merveilles qui ont été accomplies pour elle
elen son nom, lorsque tu l'as transportée
au paradis éternel, ane ta volonté s'accom-
plisse. ■ Cela arrlvale vingt-cinquième jour
du mois de Canan, le jour de la naissance du
Seigneur Jésus-Christ, l'an 3i^5 d'Alexandre.
Alors la ViergQ sans tache, Marie apparut
i Jean, disant : « O mon fils, <lonne ton livre
quicontient l'histoire de ma sortiede ce mon-
de, à ces hommes venus à toi depuis le mont
Sinaï, afin que ce soit pour Dieu un sujet de
doire. n II y avait à Ephèse dans l'église de
Jean où Ton avait coutume d'aller se laver
et chercher la santé, et il jaillissait une fon-
taine qui rendait la santé à tous ceux qui y
Tenaient au nom de Jean. Et aussitôt l'apô-
tre apparut aux envoyés et leur dit : «Salut,
mes frères bienheureux; ne vous aiQigezpas,
car Notre-Seigneur Jésus-Christ , lorsqu'il
élaitsurleboisde lacroix,m'aditcesparoles,
au sujet de la Vierge Marie : 9 Voici ta Mère,
prends-la au près de loi.»£t il lui dit : «Va avec
lui.tDieu récompensera votre travail et votre
peine, et je vous donne en entier l'histoire
qui est en^mes mains. » Alors il disparut de
devant eux. Ils entrèrent dans l'église dont
les portes étaient ouvertes, et lorsqu'ils fu-
rent venus auprès de la fontaine, ils trouvè-
rent sur l'autel un livre, et ils le prirent avec
unejoie extrême, etilsledonnèrentàun hom-
me pour le réciter à la foute, etletémoi-
l^naçe des Pères, des prophètes et des autres
«iisciples y était écrit en hébreu, en grec
ei en latin.
CHAPjiAE PREMIER.
An nom de Dieu, Notre-Seigneur, et de
Jésus-Christ, notre Dieu et notre Sauveur, né
(iu Père avant tous les siècles et incarné de
Marie, la Vierge sans taclie, afm d'être sem-
blable aux hommes, voulant délivrer le
ïflonde de la puissance du diable rebelle;
cesllui qui, par la lumière de sa divinité
•durable, a délivré le genre humain des té-
nèbres de la désobéissance, <e que nul ne
pouvait faire, si ce n'est le Dieu du ciel et
de la terre et de tout ce qni y est contenu. Que
sa bonté et sa clémence descendent sur ceux
qu'il a créés de sa main, afin que ceux qni
croient en lui obtiennent la vie perpétuelle
dans le paradis éternel. Il est également
juste de célébrer la gloire de son adorable
•et parfaite Mère qui fut cachée aux hommes
lorsqu'elle vécut et lorsqu'elle se transporta
vers celui que nul œil n'a vu, que nulle
oreille n'a entendu, et que l'esprit de l'hom-
me ne peut comprendre ; nous espérons et
attendons l'intercession de Marie, afin d'ar-
river au séjour éclatant et à la gloire dura-
ble. Et, ô frères très-chers , bienheureux et
élus, vous qui êtes passés des ténèbres de la
rébellion et delà desobéissance à la lumière
de Tobéissance et de la soumission, nous
vous assurons que la troisième fête, à midi,
la Vierge sans tache, MariCy^était sortie de
sa maison et était allée au sépulcre du Christ
et au Golgotha, afin de prier et de chercher
le salut comme elle faisait chaque jour. Mais
les Juifs ayant roulé une grosse pierre h la
J)orte du sépulcre, dirent : « Nous ne souf-
rirons pas que personne vienne prier au
sépulcre et sur le Golgotha, » et ils repous-
saient tous ceux qu'ils voyaient, et leur
lançaient des pierres, et ils prirent la croix
du Christ et les croix des larrons, et la lance
dont Notre-Seigneur fut percé, et les vête-
ments dont il était couvert, et les clous, et la
couronne d'épines qui avait été fixée sur sa
tète, et lés lingesdans lesquels on Pavait enve-
loppé lorsquon Tlbnsevelit, et ils cachèrent
tousces objets en un certain endroit, et ils tin-
rent lachose secrète, et ils empêchaient qu'on
ne passât par là, craignant que quelque roi ne
vint et ne prit des informations à cet égard.
Mais les gardes voyaient la Vierge Marie
venir chaque jour vers le sépulcre et sur le
Golgotha, et IK verser des larmes et dire, le
visage prosterné contre terre et les naains
élevées : <t O mon Seigneur et mon Dieu,
ôte-moi de ce monde méchant, car je crains
que les Juifs mes ennemis ne me mettent à
mort; chaque fois que je viens prier dans ce
lieu saint, ils m'injurient et me menacent;
f)Oussés par leur maligniténaturelle, ils m'ont
ourni à cause de toi l'eau delà tribulation,
mais je les ai vaincus ; j'ai surmonté leurs
ruses, et je les ai réfutés par mes paroles
à cause de ma foi en toi, et ta puissance
a aveuglé leurs yeux et confondu leurs es-
prits, et ils n'ont pu me faire de mal; c'est
pourquoi ne me prive pas de ton secours. »
Et les gardes étant entrés dans la ville, di-
rent aux prêtres : « Personne ne vient prier
auprès du sépulcre et sur le Golgotha si ce
n'est Marie qui y vient, chaque jour, le matin
et le soir. » Et les prêtres répondirent : « Lors-
qu'elle viendra, accablez-la de coups de
pierre, car elle mérite d'être lapidée, parre
que l'ignominie touche les enfants d'Israël. «
Mais les gardes dirent : « Nous ne le ferons
point, mais nous vous la livrerons afin que
vous fassiez d'elle ce que vous voudrez. »
Et quand vint le vendredi, elle alla selon son
habitude, et lorsqu'elle priait, elle éleva
les yeux au ciel et elle vit les portes du
DlCTfONNAtRE DES APOCRYPHES.
Mi
ciel oufertes. El voici que Gabriel» le prince
des angeSy descendit vers elle, et s*inclinant
devant elle, il dit ; « Je te salue, pleine de
grâce; tes prières sont parvenues au Sei-
gneur Jésus-Christ qui est né de toi ; il t'a
accordé ta demande et il m'envoie pour t'an*
noocer que tu seras enlevée de ce monde
pour passer dans la vie éternelle dans les
siècles des siècles. Amen. » Ayant entendu
ces paroles, la Vierge Marie fut pleine d'al-
légresse, et s'étanl prosternée, elle revint à
sa demeure. Alors les gardes étant sortis,
racontèrent aux prêtres qu'elle était venue
pour prier. Et il y eut à cet égard un grand
tumulte à Jérusalem. Et les prêtres vinrent
au préfet et lui dirent qu'il ctevait envoyer
vers elle et lui défendre de se rendre au
sépulcre et d'y prier. Et lorsqu'ils délibé-
raient sur cet objet, une lettre d'Abcrare, roi
d'Edesse, vint au roi Tibère, dans laquelle
il disait : « Il y a chez nous un disciple qui
s'annonce comme un des soixante-douze dis-
ciples de Jésus-Christ, et ila guéri beaucoup
de malades, et il a fait des merveilles au
nom de ce Christ ; il a construit une église,
et beaucoup lui ont donné leur foi, et ils
m'ont enseigné quel a été ce Christ et quels
miracles 11 a accomplis chez vous, de sorte
que son amour est venu en mon cœur,et
j aurais voulu ie voir auprès de moi ou dans
mes Etats, et j'ai éprouvé une grande dou-
leur de ce que les Juifs lui avaient fait
et de ce qu'ils l'avaient mis en croix, quoi-
qu'ils ne trouvassent aucun sujet de repro-
die contre lui, car il a fait parmi eux beau-
coup de choses bonnes et miraculeuses. Et
je suis venu avec tous mes compagnons è
Jérusalem pour la ravager et faire périr tous
les Ju^fs qui y sont, afin que tu tires d'«ux
une vengeance complète. Mais lorsque l'ex-
pédition était préparée, une pensée m*est ve-
i)ue dans Tespritet j'ai craintque, toi, Tibère,
mon souverain, tu ne t'irritasses contre moi
et que la guerre ne s'élevAt entre nous; c'est
pourquoi j'ai jugé bon de t'écrire aQn de te
demander, comme il convient entre souve-
rains, de punir les Juifs et de les châtier de
ce qu'ils ont fait. Car si tu avais su cela avant
que Jésus-Christ n'eût été crucifié, la chose
se serait passée bien différemment, mais tu
ignores pourquoi j'ai agi comme je te le dis;
je préfère que ce soit toi qui accomplisses
l'obligation que j'avais contractée et que tu
chAties les coupables en faisant ce a quoi
j'étais préparé. J'en ai la confiance et je t'en
rends grAces. » Lorsque le roi Tibère eut lu
la lettre d'Abgare, il fut saisi d'horreur et
de colère, et il fut violemment troublé et
il |)ensa à faire périr tous les Juifs, et il
écrivit à ce sujet à son allié. Lorsque les
habitants de Jérusalem apprirent cette nou-
velle, ils furent remplis d'effroi et ils recou-
rurent au préfet et, lui donnant une grosse
somme d'arj^ent, ils le prièrent défaire qu'il
ne leur arrivAi aucun mal à cause de Marie
et de son Fils, et d'empêcher que Jérusa-
lem ne fût détruite pour toujours. Et ils lui
dirent : « Nous ^'avons fait périr et avec rai-
spn, parce qu'il se disait le Fils de Dieu,.* et
ils se jetaient aux pieds du préfet te yrlèuï
de faire ce qui était pour leur salu^et celui
de leur ville, et le suppliant d'écrire au roi
et d'exposer leur cause afin n'obtenir un ja-
Semeat plus doux, et ils lui demandaient
*aller vers Marie, ftfin de l'avertir de ne plas
aller au sépulcre ni faire ses prières sur
le Golgotha ; ils comptaient couper ainsi
la racine du mal. Le préfet leur dit : « Alhz
et agissez avec douceur è son égard, et dites-
lui ce que vous jugerez convenable. » Alors
les prêtres allèrent vers Marie et lui dirent:
« O Marie, souviens-toi des péchés que la
as faits devant Dieu et de ce que nous avons
souffert à cause de toi et de ton Fils; nous
te prions de ne pas vouloir venir davantage
en cet endroit, afin que le soupçon ne vienne
pas, à cause de toi, tomber sur d'autres per-
sonnes et afin que le mal cesse ; lorsque tn
voudras prier, prie avec la multitude et
conforme-toi aux lois de MoiserCar tous les
péchés que tu as faits te seront pardonnes.
Nous invoquerons Dieu pour qu il ait pitié
de toi ; réunis autour de toi tes compagnes
chaque jour de sabbat, et nous mettrons sur ta
tête le livre de la Loi , afin que la miséricorde
de Dieu habite en toi;nous ne t'abandonnerons
point et lorsque tu seras malade, nous enfle-
rons la trompette, et tu seras guérie. Si tu ne
nous écoutes pas et si tu ne veux pas faire ce
que nous proposons, va de Jérusalem à Beth-
léem, car nous ne souffrirons plus que tu
viennes davantage prier sur le Golgotha et
auprès du sépulcre, de peur que d'auU'es
personnes ne tombent aans le soupçon ei
qu'il ne s'élève des tumultes parmi les hom-
mes »
Et Marie, la Vierge sans taefae, leur ré-
pondit et dit : c II ne convient pas que fovs
m'adressiez ce langage; je ne vous écou-
terai pas et je ne me conformerai pas à votre
désir. » Alors les Juifs, très*irrités, s'éloi-
gnèrent d'elle, car déjà le soir était venu.
Et le lendemain matin ils revinrent auprès
d'elle et ils répétèrent ce qu'ils avaient dit
Alors elle leur promit de se rendre à Bethléem
afin que le tumulte s'apaisAt. Et sa maison
était près de Sion^et de la maison de Joseph.
Et lorsque quarante jours se furent écoulés,
la Vierge Marie réunit auprès d'elle toutes
les femmes du voisinage et leur dît : • ie
vous salue, mes sœurs; je veux aller à
Bethléem et v résider dans ma maison, parce
que les Juifs m'ont défendu d^aller prier
auprès du sépulcre et sur \^ Golgotha, de
peur qu'à cause de moi il ne s'élevAt du
tumulte. Et si quelqu'une de vous veut aller
avec moi, qu'elle vienne, car j'ai confiance
dans le Seigneur qui est dans le ciel et qui
accomplira ses promesses, et ie suiscerlaiae,
si je lui demande quelque cnose, qu'il rac-
cordera à moi et à vous. » Et elle médilail
en son esprit sur la parole de Gabriel et sur
le discours qu'il lui avait adressé :«Tu sorti*
ras de ce monde pour aller h la vie éternelle
et pour entrer dans le paradis;» et elle trou-
vait de la consolation aans cette méditation.
Alors trois vierges saintes, qui la seivaicnt
et qui avaient soiqde ce qui luiapparteQaiii
515
MâR
PARt. iji. — IlegeNdes et fragments.
MAR
Ml
Vapprocbèrent d'elle et lui dirent : « Nous
Irons avec toi efnous ne te quitterons point,
car nous désirons yivre et mourir à ton servi-
ce; c'est pour toi que nous avons quitté notre
Tamiliet nous t*avons choisie et suivie afin
que nous obtenions» par ton entremise, le
salut, la grAce et la miséricorde du Seigneur
qui est né de toi. » Et Marie les accueillit et
les bénit. Elle les aimait beaucoup, et elles
resiaientk son service, et elles la prièrent de
leur exposer nomment elle avait pu con-
cevoir sans avoir de commerce avec un
homme et enfanter sans que sa virginité fût
détruile. £l Marie, par suite du grand amour
qu'elle avait pour ces vierges, leur expliqua
ce mystère, et elle était en grande estime à
leurs yeux. Et elles dormaient devant son
lit, et elles voyaient de jonr et de nuit ses
grands miracles. Et le premier des miracles
dont elles furent témoins, c'était une odeur
1rès-suave qui s*exhalaitet qui remplissait
l'endroit où elle était. Et chaque fois que
des hommes atteints d*une maladie ou d*une
infirmité venaient à elle, elle les bénissait,
e( lorsqu'ils s'étaient prosternés devant elle
elqa'ils avaient baisé ses pieds, ils étaient
délivrés de toute souffrance, après qu'elle
avait prié pour eux, et de grandes louanges
étaient faites d'elle. Et lorsqu'il en était ainsi,
voici que dans la nuit, l'ange Gabriel vint à
elle et lui dit : « Aie du courage, 6 bien-
heureuse Marie, et ne crains point; va à
Bethléem et demeure en cette ville jusqu'à
ce que tu voies le Seigneur, w Et le jour étant
venu, elle réunit les trois vierges ot leur
dit '.iSortez, mes filles, tet ayant pris Tencen-
soir et l'encens, elles se mirent en route.
Et ces vierges se nommaient [il y a ici une
lacune dan$ le texte arabe). Et c'était le jour
de la cinquième fête lorsque Marie se rendit
à Bethléem avec les trois vierges.
CHAPITRE II.
Le vendredi étant venu, la Vierge Mane
se trouva malade, et ayant pris l'encens et
Tencensoir, elle pria et dit : « 0 mon Sei-
gneur et mon Dieu éternel, Jésus-Christ, toi
qui es dans les cieux, toi qui as rendu ta
servante digne que tu prisses d'elle la chair
humaine afin d'apparaître dans ce monde en
ton humanité par un effet de ta volonté, afin
que les intelligences pussent te comprendre
et que les yeux pussent te voir, afin que les
hommes crussent que ta divinité était des*
ccnduedans la chair et afin qu'ils fussent dé«
livrés de leurs péchés, écoute les prières de
la Mère et envoie-moi Jean le Mineur, ton
hien-aimé, qui annonça tes préceptes au
monde ; fais que je me réjouisse en le voyant
et envoie aussi tous tes disciples et tes bien-
aimés, les prophètes et les élus, les vivants
et les morts, afin que je me réjouisse en
les voyant, avant que je ne quitte ce monde,
car je sais que tu peux toutes choses et que
tu m*accorderas ce que je désire. ^ Et lors-
iaUèrede ton Seigneur veut te voir avant
qu'elle ne sorte de ce monde. Va à Bethléem
auprès d'elle, et j'avertirai tes compagnons
tant vivants que morts, afin qu'ils y aillent
aussi. » Alors je me sentis porté par cette
nuée lumineuse, et il me semblait que je
marchais sur la terre, et soudain je me trou-
vai à la porte de la maison où était la
Vierge Marie. Et ayant ouvert la porte, j'en-
trai. Et voici qu'elle était couchée sur son
lit et elle priait. Et quand elle eut fini sa
prière, j avançai vers elle, et l'ayant baisée
sur la poitrine et aux genonx, je m'écriai
et je dis : « Je te salue, 6 mère de Dieu, toi
aui es heureuse parmi les femmes; ne t'af<-
ige pas, car, quittant ce monde fragile, tu
passeras avec beaucoup de louange et de
gloire à la vie éternelle. » Et elle éprouva
une grande allégresse en me voyant, et je
m'assis et je lui exposai ce qui m'était arrivé.
Je m'approchai ensuite des vierges et je les
bénis. Ensuite elle me dit : « Prends l'en-
cens et prie pour moi. » Et je le fis, et
m'étant incliné, je dis : <x 0 mon Seigneur
et mon Dieu Jésus-Christ, montre les mi-
racles de ta Mère et fais-la sortir de ce monde
avec une grande gloire ainsi que tu le lui as
Eromis, et montre-lui ta gloire et ta magni-
cence avec tes élus, afin que les fidèles se
réjouissent et qu'ils te louent, et afin que
ceux oui t'ont crucifié et qui ont nié que tu
étais le Christ, Fils de Dieu, soient rem**
plis d'effroi, et afin que le témoignage des
choses célestes et terrestres soit rendu à
ta Mère, A toi à qui revient la louange
et la gloire dans tous les siècles. Amen. »
Et guand j'eus fini ma prière, la Vierge
Marie me dit : <c O saint iean, ton Mattre a
promis que, lorsque je devrais quitter ce
monde, il se montrerait à moi avec ses anges
et avec ses élus, et que je quitterais cette
terre avec cette glorieuse escorte. » Et je dist
« Il viendra afin que lu le voies, et il accom-
plira sa parole. » Alors elle dit : « O Jean,
les Juifs ont résolu de prendre mon corps
et de le détruire par le feu lorsque je serais
sortie de ce monde. » Et je lui dis : « Ne
crains rien, ni les Juifs, ni aucun autre n'au«
ront nulle puissance sur toi, vivante ou
morte, parce que le Seigneur est avec toi. »
Alors elle dit : « 0 iean, oà m'ensevelirez-»
vous? » Et je dis : «Comme Notre-Seigneur
Jésus-Christ l'ordonnera. » Alors ses larmes
coulèrent et je me mis à les essuyer avec
mon vêtement, et je pleurai, et les trois
vierges pleuraient, et elles s'afiliçeaient gran-
dement a cause d'elle. Et je lui dis : «(Puis-
que tu as engendré le Christ et que tu as ses
promesses et ses témoignages , pourquoi
crains-'tu de sortir de ce monde vain et pé-
rissable et pourquoi le regrettes-tu? Quelle
sera donc la situation des autres qui sont
placés au-dessous de toi et qui, lorsqu'ils
quittent ce monde, ignorent quel doit être
leur sort? car tu recevras de ton Fils des
couronnes brillantes et tu les poseras sur
la tète de tous les hommes justes et pieux,
et une peine éternelle frappera ceux qui
Tauront méritée. »
«Ne te livre donc pas à latristesseetà la
bi$
DICTIONNAIRE DLS APOCRITPHCS.
doulettr, 6 bienneurease Marie, carJ'Esprit-
Saint m*a dit à Ephèse q^ue mes compagnons
et'ies autres saints devaient se réunir autour
de toi, sollicitant ta bénédiction, comme a dit
le prophète David : € Tous les peuples vien*
dront et t'adoreront, et toutes les tribus des
nations s'humilieront devant toi. » Et Marie
médit derechef: «Allume l'encens et prie.»
Et j*allumai l'encens et je dis : « Mon Sei-
gneur et mon Dieu Jésus-Christ, écoute ma
prière, et entends la voix de ta Mère, et ac«
complis les promesses que tu lui as faites.
Que ta volonté soit faite, ainsi que le désir
de (on Père céleste, de même que tu as vo-
lontairement habité en elle. Et les anges et
toutes les créatures doivent te louer. » Et
mes prières étant unies, voici qu'une grande
voix dit : Amen^ et je fus frappé d'élonae-
ment. Et lorsque l'Esprit-Saint m'eut dit :
c As-tu entendu cette voix, Jean? » je dis:
« Oui, Je l'ai très-bien entendue. » Et l'Es-
prit-Saint dit : « Cette voix ira aux disciples.
Ces compagnons, et ils viendront pour saluer
la bienheureuse Marie; je les ai avertis cha-
cun dans l'endroit où il habite, et je leur ai
préparé, sur une nuée éclatante, les chars
qui les apporteront ici. Et j'ai fait savoir à
Rome, à Siméon Céphas , lorsqu'il se ren-
dait au temple saint pour y offrir le sacrilice,
et je lui ai dit : « Quand tu auras présenté
ton offrande, hflte-toi de te rendre à Beth-
léem, car la Mère de ton Mattre j est, et elle
vasortir dece monde;» j'ai donné cet avis à
Paul, qui était à une distance de cinquante
I'et^ de flèche de Rome, et qui disputait avec
es Juifs, et les Juifs le raillaient et disaient :
€ Assurément, ce que tu dis ne sera })as
écoulé, car tu prêches le nom jdu Christ,
toi qui es originaire de Tarse, et nous te con-
naissons. » rai appelé Paul, et aussitôt il
s'est levé et il est sorti. J'ai ensuite appelé
Thomas qui était dans l'intérieur de l'Inde;
il était auprès du lit de la ûlle du roi, et il
l'avait baptisée, lise hâta de se rendre à
réj^lise , et il pria et il partit. Et j'appelai en-
suite Matthieu et Jacoues. Et je m adressai
ensuite aux morts, è Philippe, André, frère
de Siméoq Céphas, Luc, Siméon le Cananéen,
Marc et Barthélémy, et je leur dis : « Allez,
quittez vos tombeaux, et ne croyez pas que
te dernier jour soit venu; ce n'est pas encore
rcxirémité des temps. Mais rendez-voUS en
h&te à Bethléem, aliu de saluer la Dame Ma-
rio, la bienheureuse Mère du Seigneur, car
elle est près de sortir de ce monde.» Et ils se
mirent à dire : « Comment nous y rendrons^
nous, et oui est-ce qui nous y portera? » Et
voici que des chars splendides que portait une
nuée, descendirent au milieu d'eux, et lés
vents soufflaient avec force, et le ciel et la
terre étaient sillonnés par la foudre. Et cette
nuée les porta tous à Bethléem, et s'appro-
chant de Mario, ils la saluèrent, et il y eut
alors une grande joie, et Jean allumait de
l'encens en leur honneur et les saluait. Et
sur leurs tètes était la splendide couronne
du Christ. Et lorsque Marie les vit, elle se
souleva sur son lit, et elle loua Dieu et
elle les bénit pleine d'allégresse, disant;
« J'ai la conGance que mon Seigneur viendrt
des cieux pour que je le voie, comme vous
êtes venus et comme je vous vois; dites*
moi comment vous avez su ce qui me con-
cerne. » Et chacun d'eux commença k raro-i-
ter comment l'Esprit-Saint lui avait rené
ce oui regardait Marie, et par quels mira les
ils étaient arrivés , et ils dirent : « 0 Lien*
heureuse Vierge , ne te livre pas au cha-
grin, caf celui qui est né de toi te conduira
nursde ce mondeavec une grande gloire, el tu
entreras dans la maison de la gloire et tu ea
seras la maîtresse. » La Vierge Marie ayant
entendu ces choses, étendit la main et^alua
le Seigneur, disant : « Je t'adore, mon Sei-
gneur et mon Dieu, et je crois en ta gran-
deur et en ta puissance, car tu n'as pas fait
de moi le jouet de ce peuple stupide, et tu
ne les as pas laissés accomplir ce qu'ils an«
nonçaientdevoirfaire lorsqu ilsdisaienlqu'ils
livreraient mon corps à l'ignominie; mais lu
as entendu les prières de ta servante et lu
as montré tes merveilles, ô loi qui es puis-
sant et qui peux ce que ta veux. C'est pour^
qiit)i ton nom est digne de louange, el la
puissance est très-grande dans tous les siè*
des des siècles. Amen. Et c'est pourquoi
toutes les nations me loueront. » Lorsqu eila
eut Coi sa prière, les disciples dirent AmpQ.
Alors elle dit aux disciples: « Allumez l'en-
cens et priez , et laites sur votre visage \t
signe de la croix. » Et lorsqu'ils eurent faii ce
qu'elle leur avait dit, voici qu'on enleodit
un bruit comme celui d'un tonnerre venant
du ciel , et comme celui de chars se précipi-
tant et se heurtant les uns les autres, et il
se répandit une odeur d'encens dont la sua-
vité ne saurait se décrire. El voici que les
anges et les puissances dont le nombre ne
peut s'exprimer, descendirent dans la mai-
son oik étaient la Vierge Marie et les di*oi2-
ples , et les entourant , dirent ; « Satni ,
saint, saint, est le SeigneurSabaoth. » El its
hdbitants de Bethléem voyant ces cIiohs
furent saisis d'elfroi, et de grandes tuer-
veilles se manifestaient à eux; les armées du
ciel montaient et descendaient, et la voix du
Fils de l'homme se faisait entendre paruii
eux. Alors un grand nombre dMiabitanis d*^
Bethléem tinrent, et ils racontèrent au prt-
fet et aux prêtres, k Jérusalem, tout ce qu'ils
avaient vu et entendu, annonçant les ujer-
veilles oui étaient survenues à l'endroit oà
était la bienheureuse Marie.
CHAPITRE III
Lorsque les habitants de Jérusalem enten-
dirent ces choses, plusieurs, quittant leur
famille, partirent aun de voir les miracits
que faisait la bienheureuse Marie. Et ie5
cieux furent ouverts, etil en sortit des armées
d'anges, et des foudres et des tonnerres, et
une nuée vint du ciel et elle arrosa la terre
de rosée, et les étoiles tombèrent du ciel et,
ainsi que le soleil et la lune, elles adoraient
la bienheureuse Marie. Quelques-uns oes
habitants de Bethléem tournaient les yeiix
vers la maison où était la bienheureuse Ma-
rie. Et les disciples l'entouraient avec rei*
517
Mkti
PART, ill.— LEGENDES ET PRAGHENTS.
MAR
Mil
R
et, tenant les mains élevées vers le ciel ;
ange Gabriel lui rairaichlsss4t la léle et
Michel les pieds; Pierre et ^an essayaient
avec leurs vêtements les larmes de Marie,
e( un souffle comme celui des grandes eanx
sortait de cette maison, et chacun disait :
t Je te salue, 6 toi qui es bienheureuse, et
bienheureux celui qui est né de toi ; » et
ils célébraient ainsi ses louanges etsa gloire,
et on ne pouvait la voir h cause de la clarté
éblouissante gui sortait d'elle. Et si quelque
malade venait en cet endroit et posait sa
télé sur le seuil de la porte et sur le mur de
la maison, et s*il criait : a O bienheureuse
Marie, prie pour moi et aie pitié de moi , »
aussitôt il se trouvait guéri, quoique Marie
ne Teût pas vu ; mais lorsqu'elle entendait
leur voix, elle étendait la main et elle les
bénissait, et ils étaient délivrés de leurs in-
firmités. Et il y avait là des muets, des
sourds et des aveugles, et ils furent aussi-
tôt guéris. Et quelques-uns prirent de la
poussière de la muraille de la maison et la
mêlèrent à de l'eau qu'ils burent, et ils fu-
rent délivrés de tous les maux qu'ils endu-
raient. Et la bienheureuse Marie fit tant de
miracles et de prodiges, que personne ne
peut les raconter, si ce n est le Seigneur,
qui est né d'elle et qui a fait d'elle le temple
de sa grandeur. Et ce qu'il y a de plus ^raud
eideplus merveilleux, c'est aue les habitants
de Bethléem la louaient malgré eux. Et des
femmes venaient à elle de tous les pays, de
Rome, d'Alexandrie et de l'Egypte; ainsi
Que des filles de rois et de princes qui of-
iraient à Marie des présents et qui l'ado-
raient, et qui confessaient le Christ qui était
né d'elle. Et en partant , elles la priaient de
les bénir et de leur donner des livres et des
vertus, aân que dans leur pays on crût aux
témoignages qu'elles rendraient. Et il vint
une femme qui était tourmentée de deux
démons qui la possédaient, l'un pendant le
jour, l'autre pendant la nuit, et elle était
accompagnée de la fille du roi d'Alexandrie
qui était couverte d'ulcères ; elles se pros-
ternèrent devant Marie, sollicitant son in-
tervention et la priant de les guérir. Et Marie,
«yanl pitié d'elles, pria pour elles, et aussi*
tôt elles furent guéries. 11 vint une autre
Bgyptienne atteinte dune maladie d'entrail-
les, et elle fut guérie aussitôt que Marie eut
prié cour elle, et elle loua Dieu. Et il vint
une femme possédée du démon, et elle pria
Marie afin d en être délivrée, et la bienheu-
reuse Vierge étendit la main sur elle disant:
< Au nom de Jésus-Christ, mon Seigneur,
éloignez-vous de cette ftme et ne la troublez
plus d'aucune façon, » et aussitôt les démons
sortirent et dirent : « Qajy a-t-il de commun
«ptre toi et néus, ô Marie? nous craignons
d'approcher de tout lieu où règne ton Fils,
et nous ne pouvons tenir devant ses compa-
gnons. 11 nous a relégués, par sa puissance,
au fond de l'abtme, et toi, par tes prières,
lu nous as chassés hier de cette ftme et de
uien d'autres. » Alors la bienheureuse Marie
l^s rénrimanda, et aussitôt ils s'enfuirent et
^ réfugièrent dans les profondeurs de la
mer; El un fils de Sophrin, roi d'Egypte,
dont la tète avait été déchirée par un lion,
s'adressa à elle, et après qu'étenaant ia main
elle eut prié pour lui, sa tête fut aussitôt
guérie, et tous les assistants louèrent Dieu.
Et beaucoup d'hommes ayant appris tes
choses se rendirent à Bethléem, et iU s'in-
formaient où était la bienheureuse Marie, et
comme ils frappaient à la porte et c^ue les
disciples n'ouvraient pas, ils se mirent à
crier avec force, disant : n Aie pitié de nous,
bienheureuse Marie, et guéris-nous et ne lais-
se pas nos vœux sans les exaucer. » Et Marie
entendit leurs voix, et elle pria pour eux de
l'intérieur de la maison, et elle dit: «i 0 mon
Seigneur et mon Dieu Jésus-Christ, toi qui
es mon maître, mais qui as voulu devenir
mon fils, écoute ma voix en faveur de ceux
qui sont venus à toi, et ne laisse pas sans
récompense la foi qu'ils ont en toi, mais
daigne les secourir. » Alors une grande vertu
émana de la maison, et tous les malades
furent délivrés de toutes leurs souffrances,
et leur nombre était d'environ deux mille
quatre-vingts. Et il y eut ce jour- là de
grandes louanges dans toute la terre de
Bethléem. Alors les magistrats de Bethléem
et de Jérusalem demandèrent aux hommes
qui avaient été guéris, ce que la bienheu-
reuse Marie leur avait fait, et comment ils
avaient été délivrés de toutes leurs souffran-
ces. Et auand ce récit eut été fait, il y eut
un grand étonnement parmi les prêtres de
la synagogue, et ils virent, avec surprise, le
grand honneur qu'on rendait au Christ et
la joie des fidèles. Et leurs yeux furen:
obscurcis, et ils frémirent et tremblèrent,
ils conçurent une grande colère, et ils di-
rent : « Assurément ce qu'ils disent nou«
cause beaucoup de sollicitude, et même nous
donne un ^and sujet de troublo. » Et beau*
coup de Juifs étant partis de Jérusalem pour
Bethléem, les prêtres leur dirent : « Allez,
saisissez les disciples du Christ, et chassez
Marie de la ville. i>Et quand les Juifs furent
à un millier de pas de Jérusalem et que le
soleil était à son couchant, un grand mira«
cle se manifesta ; leurs pieds furent arrêtés,
et ils ne purent aller è Bethléem et retour-
nèrent sur leurs pas. Et les prêtres, de plus
en plus troublés et remplis de colère, se
rendirent auprès du préfet en criant : « Ces
choses-là sont grandes, et les. Juifs périront
à cause de ce que fait cette Marie. » Et ils
le prièrent de l'expulser de Jérusalem.
L'étonnement du préfet augmenta lorsqu'il
les eut entendus, et il dit : « Assurément
je ne le ferai point. » Alors ils redoublè-
rent leurs clameurs et ils l'adjurèrent au
nom de l'empereur, disant : « Si tu ne ie tàU
pas, nous te dénoncerons auprès^de Tibère
César* * Et un grand nombre de Juifs s'étani
rassemblés, se portèrent vers la maison où
était la bienheureuse Marie, et la porte était
ouverte, et ils voulaient entrer; mais ils ne
pouvaient approcher , parce que les portes
au ciel étaient ouvertes, et qu'une grande
splendeur était répandue à rentrée de le
maison de Marie Et à cause de leurs elfr
619
D1CT10NNA1R£ DES APOCRYPHES.
&»
meurs et de lears menaces, un des chefs
partit avec eux avec trente mille cavaliers
et beaucoup de fantassins» et il dit : « Allez
à Bethléem , et conduisez ici Marie et les
disciples. » Alors le chef sortit de Jérusa-
lem avec les soldats ; mais l'Esprit -Saint dit
aux disciples du Christ : « Voici :|u*un chef
«rrive de Jérusalem avec une nombreuse
armée; prenez Marie et emmenez-la avec
vous» et ne craignez rien, car je vous porte-
rai sur une nuée à travers les airs» et je
vous protégerai contre tous» et nul ne pourra
vous nuire» car la puissance du Seigneur est
«vec vous. » Alors les disciples se levèrent et
quittèrent la maison portant la bienheureuse
Marie sur son lit» et TEsprit-Saint les por-
iait» et ils passèrent sur la tète de leurs enne-
mis qui ne purent les voir. Et quand les
disciples furent arrivés à Jérusalem, ils
se rendirent à la maison de Marie» et ils 7
restèrent occupés à prier et à louer Dieu.
Et lorsque tes cavaliers furent venus à
Bethléem» ils dirent : « Fermons les portes
de la maison. » Ils n'y trouvèrent personne»
et» remplis de colère» ils se saisirent de tous
les habitants de Bethléem» et ils dirent :
« Vous êtes venus auprès du préfet et des
prêtres à Jérusalem, et vous les avez assurés
que les disciples du Christ étaient auprès de
Marie » et ne cessaient pas de célébrer ses
louanges et qu'une foule d'anges montaient
«u ciel et en descendaient» et vous avez dit
que leurs chants étaient parvenus jusqu'à
vous. Où sont*ils maintenant? Venez avec
nous » et défendez- vous comme vous vou-
drez» car nous ne trouvons rien. » Ils parti-
rent donc avec eux et revinrent auprès du
préfet» et ils dirent « au'ils n'avaient vu per-
sonne à Bethléem.» Et les prêtres dirent :
% Les disciples du Christ ont fait un prestige
devant vos yeux afin que vous ne le vissiez
pas.» Et le préfet leur dit : « Si vous les trou-
vez dans quelque endroit» emparez -vous
d'eux et fermez les portes. » Et cinq jours
après, les habitants oe Jérusalem virent les
anges descendre vers la bienheureuse Marie
et sortir de la maison qu'elle avait à Jérusa-
lem sur la montagne de Sion, et les voisins
accoururent, et ils se mirent à prier» disant :
« 0 sainte Marie» mère du Christ, qui est
le Seigneur» nous te prions d'intercéder par
ton Fils auprès de nous, aûn que le salut
nous soit accordé. » Et il y eut beaucoup de
miracles accomplis» et beaucoup de malades
guéris. Et les habitants de Jérusalem eurent
une grande frayeur» et lorsque le jour fut
venu» ils se saisirent des voisins» et ils di-
rent : « Pourquoi ce tumulte et ce bruit et
ces cris que vous poussiez hier ? »Et les voi-
sins racontèrent que Marie était venue à sa
maison accompagnée des louanges des anges
et des hommes» et que tout malade qui ap-
prochait d'elle était aussitôt guéri de son
mal. Alors les Juifs se rendirent auprès du
préfet» et lui dirent : « Nous t'affirmons
qu'il y a une grande inquiétude à Jérusa-
lem à cause de Marie» » et ils racontèrent
te qui leur avait été dit. Et le préfet ré-
pondit : « Qu'est-ce que je puis faire nour
vous 7 » Et ils dirent : « Prenons da i)ois et
du feu» et brûlons la maison oii elle esu •
Et il leur dit : « Faites ce que vous jugerei
à propos. » Et les prêtres se rassemblèreot,
ainsi qu'une grande multitude» etayanipris
du feu et du bois» ils se rendirent à l'endroit
où était la bienheureuse Marie pour y mettre
le feu ; le préfet et sas compagnons regar*
daient de loin ce qu'ils faisaient. Et lors-
qu'ils furent venus aux portes de la maison,
un grand feu se montra sortant de la porte,
etdesangesétaientauprès» etquiconque s*ap*
prochait était brûlé» et beaucoup de Juifs
périrent à cette heure» et les autres furent
frappés de frayeur» et le préfet fut aussi saisi
d'épouvante. Et étendant les mains vers le
ciel» il s'écria è haute voie : « Vraiment, ô
Marie, celui qui est né de toi est le Fils «Je
Dieu ( nous désirons le voir» et je l'adorerai
toujours. » Et une grande discorde sVleva
parmi les Juif<» et beaucoup d'entre eux
crurent au nom de Jésus-Christ. Alors le
{préfet réunit les habitants de Jérusalem et
es prêtres» et il leur dit : t 0 peuple mé-
chant» vous avez mis en croix le Christ qui
était descendu du ciel pour nous racheter;
vous avez refusé d'écouter la vérité, tous
avez fait le mal ; vous serez livrés aui tour-
ments de l'enfer. Mais moi» je crois aa
Christ» et je ne suis point un de vous, et j6
crains que la colère du roi Tibère ne s'anpe-
santisse sur vous à cause de votre mécfaao-
ceté. Et voici ce que je vous dis : que per-
sonne ne s'approche de la maison de celte
bienheureuse Marie» et ne la calomDtez
f>9S. » Alors un des principaux docteurs se
eva » çt il se nommait Cafeb» et il était on
de ceux qui croyaient en Jésus-Christ et en
la bienheureuse Marie sans tache, et il dit
«u préfet : « Demande-leur au nom de Dieu
qui a conduit les enrantsd'lsraël hors de TE-
gypte» et» par les livres de la loi sainte, de
dire si ce Fils de Marie est parmi vous
comme un prophète» comme le Fils de Dieu
ou comme les autres. Je sais que vous iisoz
et aue vous reconnaissez les livres des Pèr.s
et aes prophètes. » Alors le préfet se leva et
monta en un lieu élevé au-dessus des autres
hommes, et il recommanda à ceux qui
croyaient en Marie et au Fils de Dieu, ci
d'elle» de se mettre d'un côté. Et beaunn;
de Juifs se séparèrent des autres, et l'as-
semblée fut partagée en deux parties. El i^
préfet dit : « Est-ce que vous croyez an
Christ 7 TP Et ils dirent : t Nous croyons quV
est le Fils de Dieu unique qui |ugera toui>^
les créatures» et qu'il est le Christ annuru^
dans nos livres» que les peuples attenJtt i
et qui nous rachètera. » Et les autres s'êir ^'^
rent : « Que dites-vous? Nous savons, nous
que ce n'est point le Christ car les tra<ii*
tions et les cnosea écrites à son égard ne
sont pas encore accomplies. » Les Qdèles ré-
pliquèrent : « Vous ne comprenez pas le
véntable sens des livres» et vous ne savez
pas ce qu'ils signifient, et les traditions vous
sont inconnues. Ne savez-voils pas que noirt>
père Adam» lorsqu'il éUit prés de la wort.
prescrivit à son fils Seth d'ordonner è s^s de»*
'Ai
MAR
PART. II. — LEGFilDES £T FRAGMENTS.
MAR
521
rendants d*eniporter son corps hors de la
raTerne des trésors et de le transporter dans
la lerre sainte, parce qu'il saYait que la ré-
ijeroption de sa race s'effectuerait par le mi-
Diâtèredo Christ. Et il dit: « L'or, la myrrhe
et Tenions qui sont dans la caverne des tré-
sors, sont les présents qui seront apportés
à Bethléem par la main des Mages qui sont
les fils des rois, car Dieu a promis que le
Christ viendrait en ce monde, et qu'il mani-
festerait sa divinité par des miracles, et
qu'il sortirait de Sion se manifestant aux
hommes. » Et le prophète dit : « Les pieds
du Seigneur se fixeront sur le mont des Oli-
Tiers de Jérusalem ,» et vous savez qu'il en
a été ainsi. Et Caleb dit beaucoup d'au-
tres choses qu'il serait lonf^ de rapporter.
Et les jQifs repondirent : « Penses-tu que ce
Christ soit plus grand auprès de Dieu que
notre père Abraham auquel les cieux ont
été ouverts et qui a parle avec Dieu ? » Les
fidèles répondirent : « Nous savons et nous
connaissons avec certitude que celui qui est
oé de Marie a créé Adam avant qu'Abraham
ne fût formé dans le ventre de sa mère, car
il e$t>avant toutes les créatures, et c'est celui
arec lequel Abraham a parlé et de qui Da-
niel a dit que dans soixante semaines vien-
drait le Messie en qui toutes les nations
espèrent. » Et les Juif^ répondirent : « Est-
ce que ce Christ en qui vous croyez est
plus grand qu'Isaac, qui fut devant Dieu
une olîfaQde pure dont se réjouissent les
cieux et la t«rre? » Et les fidèles dirent :
i Dieu ne permit pas qu'Isaac fût offert en
sacrifice, et -s'il avait été immolé» ce n'eût
été qu'une offrande unique ; mais le Christ
a été une hostie offerte pour toutes les créa-
tares et en montant sur la croix, il a offert
on sacrifice qui réconciliât Dieu avec les
hommes. Ceux qui ont foi en lui sont déli-
vrés de tous péchés comme les fils d'Israël
étaient guéris de la morsure des serpents,
h'rsqu'ils regardaient le serpent d'airain que
Dieu avait ordonné à Moïse d'élever, v Les
Juifs dirent : « Estrce que tu penses que le
Christ est supérieur à Jacob qui vit les portes
du ciel ouvertes, et qui contempla les anges
montant et descendant l'échelle du salut? »
Us fidèles répondirent : « Jacob et les an^es
et l'échelle qu il vit sont Tima^e du Christ.
Ce sont de grands miracles qui frappent les
^prils de stupeur, mais de plus grandes
merTeilles sont accomplies par ceux qui in*
▼oquent son nom, et vous pouvez les voir de
vos yeux; mais vous êtes aveugles et vos
cœurs sont endurcis. » Et les Juifs dirent :
« Penses-tu que ce Christ est supérieur à
Ëlie, qui monta dans le ciel et qui vit tout
»" qui est dans le ciel et sur la terre. » Et
'es Udèles dirent : « Elie, transporté par un
in^e, monta dans ce del où sont le soleil
st la lune, mais le Christ, en se montrant
^ur le Tbabor avec Elle et avec Moïse qui
éiaii mort et qui avait pourri, a moniré
joute sa puissance, puisqu'il pouvait appe-
ler auprès de lui les vivants et les morts,
el qu'ils devaient obéir à ses commande-
tQenu. » Et les Juifs dirent : « Penses- tu
DiCTIOTIlf. DES ApOCRTPHBS. II.
que ce Christ est supérieur à Moïse qui dé-
livra de l'Egypte les enfants d'Israël, et qui
leur ouvrit un passage à travers la mer tan-
dis que Pharaon et son armée furent englou-
tis.» Elles fidèles dirent : « 0 gens insensés et
ignorants* la Divinité ayant pris le corps du
Christ, a fait toutes ces choses et les mira-
cles qu'elle accomplit étaient décrits depuis
l'éternité. Le Christ a expulsé les démons
3 ni étaient forcés de lui obéir, et lorsque
imon Pierre marchait sur la mer comme
sur la terre, il fut saisi d'une mauvaise pen-
sée et au moment d'être submergé, alors le
Christ étendit vers lui sa main, et le délivra
de sa terreur. Il commande à toutes les créa-
tures, et elles écoutent sa voix avec terreur,
et elles lui sont soumises. » Alors le préfet
fit saisir quarante d*entre les Juifs, et or-
donna de les frapper de verges, et les autres
furent remplis ae frayeur. Et quand la nuit
fut venue, le préfet prit un de ses fils qui
avait été atteint d'une grande douleur d'en-
trailles, et il alla h la demeure de la Vierge
Marie, et ayant frappé à la porte, une des
vierges qui servaient Marie vint au-devani
de lui, et lui dit : « Entre et dis à la bien-
heureuse Marie que je suis le préfet de la
ville. » Et la vierge alla annoncer ce qu'il
avait dit, et Marie ordonna de lui ouvrir la
porte et de l'introduire. Et il entra en pleu-
rant, et il dit : c Je te salue. Mère de Dieu,
ie crois en celui qui est né de toi et qui est
le Christ rédempteur; étends tes mains.
Hère de lumière, et bénis-moi, et prie pour
mon fils afin qu'il soit délivré de la dou-
leur qu'il endure, et prie aussi pour tous
mes parents qui sont è Rome, afin qu'ils
soient préservés de tout mal , et accorde-
moi de revenir facilement auprès d'eux alla
que je puisse les revoir. » Et il pleurait
amèrement. Et la bienheureuse Vierge, se
tenant debout, priait ainsi que les disciples
qui étaient autour d'elle, puis, s'étant tour-
née vers le préfet, elle étendit les mains e:
elle bénit son fils, et elle lui commanda de
s'asseoir. Mais lui, s'inclinant devant elle,
se jeta aux pieds des disciples, et dit :
« Je vous salue, élus de Dieu, vous qu'il a
choisis parmi toutes les créatures, afin que
vous prêchiez au monde entier. » Alors les
disciples le bénirent, et aussitôt son fils fut
guéri, et il se retira plein de joie. Et sur-le-
champ, il monta à cheval, et se rendit dans
la ville de Rome, et y arriva en sûreté* et
ayant trouvé ses parents et les ayant salués,
il leur raconta tout ce qu'il avait vu faire par
la bienheureuse Marie, et tout ce qu'il lui
avait entendu dire. Et là étaient les disci-
ples de Pierre et de Paul, apôtres, et ils leur
mandèrent par écrit ce qu'il avait entendu et
tous les miracles qui avaient été opérés à
Rome, et dans les autres villes par l'inter-
cession de la bienheureuse Marie.
CHAPITRE IV.
£t le rendredi au matin , TEsprit-Saint
dit aux disciples : « Allez ; prenez Marie, ,
la Vierge sans tache, et por4ez-la è Jérusa-
lem, et entrez sur le chemin qui conduite
17
5iS
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
la Taillée qu'on appelle Gelhsemani ; il y a
là (rois cavernes qui communiquent l'une
avec l'autre» et du côté de l'Orient» il 7 a un
endroit sablonneux ; déposez Ik la bienheu-
reuse Marie, et priez auprès d'elle jusqu'à
ce que je vous parle. » Alors les disciples
firent ce qui leur était commandé et ils em-
portèrent Marie. Et lorsque les Juifs les lui-
rent, ils se rassemblèrent, et ils dirent à un
d^ntre eux qui se nommait Japhia» et qui
élait d'un caractère timide : « Va avec eux,
et lorsqu'ils seront proche de la vallée, fraupo
la*lilière Qu'ils portent et fais-la tomber
dans la vallée; nous te suivrons avec du
bois et du feu, et nous la brûlerons dans la
vallée, et ces faiseurs de prestiges ne pour-
ront pas croire qu'ils sont au-dessus des ba-
l)îiants de Jérusalem. « Et Japhia leur obéit
ci il sv mit en route avec les disciples, et
lorsqu'ils furent près de la vallée, Japhia
étendit la main pour se saisir de la litière,
mais un ange ie irappa d'un glaive de fer et
lui coupa lespoignets,desortequ ils restèrent
attachés à la litière. Alors Japhia se mit à im-
ptorer les disciples el à pleurer, et, la face
contre lerre, il dit : « Ayez pitié de moi, A
disciples de Jésus-Christ rédempteur I » Et
ils eurent compassion de lui, et ils dirent :
« Implore la Vierge Marie dont tu as voulu
briser la litière et la précipiterdans la vallée.»
Et il se mit à crier et à dire : « 0 ma sou-
veraine, ô mère du salut, aie pitié de moi. n
Et elle dit à Pierre : « Rends-lui ses poi-
gnets,» et Pierre les prit et les remit en place,
en disant : « Au nom de Jésus lo Nazaréen
€ft par les prières de sa mère, que ces mains
reviennent à leur place sans douleur; » et
«Mes furent rétablies dans l'état où elles
étaient, et il n'éprouva aucun mal. Alors il
lui «lonna un bâton desséché, disant : « Va et
annonce à tous les Juifs, par ce bâton, la
puissance de Dieu, et montre-leur quelle est
leur faiblesse et leur ignorance, si on la
compare à la puissance et à la sagesse de
Pieu, et expose-leur ce que Dieu a fait pour
toi et quels biens il t'a donnés, afiu que
tous ceux qui t*entendront sachent que notre
doctrine ne provient point des hommes,
mais qu'elle nous a été envoyée du ciel,
par le Mattre du ciel et de la terre, et ils re-
nonceront à leurs mauvaises pensées ainsi
qu'à Terreur qui les ferait périr, et ils ne
pourront accomplir ce qu'ils ont médité con-
tre la bienheureuse Marie et contre les dis-
ciples du Christ. » Japhia crut et pria, et,
ayant pris le bâton, il retourna vers les
Juifs, ei lorsqu'il fut venu à la porte de la
ville, il la frappa de son bâton, et voici que
le bâton reverdit. Alors Japhia loua Dieu et
il dit : « Ce bâton est supérieur à la verge
d'Aaron. » Et les Juifs dirent : « Qu'est-ce
3ui t'arrive, A insensé? et que fais-tu? Les
isciples du crucifié t'ont abusé, et pourquoi
as-tii été avec eux? » Et il y avait là un
aveugle, et Japhia alla auprè3 de lui, et il ap-
procha le bâton de ses yeut et il dit : « Au
namdj Dieucruciaé,que tesyeuxs'ouvreni;»
et r«veutfle recouvra la vue. Alors les âssis-
littis louèrent Dieu. Et toutes les fois qu'il
approchait son bâton de quelque malade on
de quelaue infirme, celui-ci était guéri. Lors*
que les Juifs virent cela, ils furent (rès-étnu-
nés , et beaucoup cnirent , en lui disant :
« Vraiment, cette Yertu vient du ciel, êtres
choses prouvent la puissance de Dieu. » Et
les prêtres étaient remplis de confusion, et
leur colère élait extrême. Mais les disciples
descendirent au fond de la vallée, et ils y trou*
vèrent une caverne, dans laquelle ils déposè-
rent la bienheureuse Marie, suivant Tordre
que l'Esprit-Saint leur avait donné, et ils ne
cessèrent pas do louer le Seigneur. Et le
lendemain au soir voici que I Esprit-Sainl
dit aux disciples :« Le jour du soleil, le si-
xième, l'ange Gabriel est descendu vers la
vierge et l'a saluée, et lui a prédit que le
Rédempteur du monde naîtrait d'elle, et
c'est aussi le jour du soleil qu'elle a enfanté
à Bethléem, et c'est aussi le jour du soleil
que les habitants de Jérusalem sont venus
avec des palmes au-devantdu Christ, disant:
« Béni celui qui vient au nom du Seigneur;»
c'est aussi le jour du soleil ou'il est ressus-
cité d'entre les morts, et c est un jour du
soleil qu'il viendra pour détruire le ciel et
la terre et tout ce qu'ils renferment, et pour
juger le monde; et c'est aussi le jour du so*
leil qu'il doit venir avec les créatures cé-
lestes et terrestres chantant ses louanges,
afin de conduire hors de ce monde Tâme de
sa mère sans tache. >» Et les disciples éprou-
vèrent une grande consolation. Et lorsqu'ils
étaient ainsi, voici qu*Eve, la mère de la
chair, et Anne, la mère de la bienheureuse
Marie, et Elisabeth, la mère de Jean-Bap-
tiste, vinrent à elle et, l'ayant embrassée,
elles dirent qui elles étaient. Et Anne, ^a
mère dit : «O ma fille, béni soit Dieu qui
t'a choisie, afin que tu fusses le lieu de »a
gloire. Et dès que tu as commencé à être
formée en mon sein, je savais que tu étais
d'avance bénie et élue, et que le Dieu du
ciel et de la lerre descendrait en ton sein*
( omme il est dit dans les livres. » Et toutes
louaient Dieu, et la bienheureuse Marie les
salua avec joie. Ensuite Pierre leur dit :
«i Eloignez-vous d'elle, car îe vois arriver les
Satriarehes. » Et voici qu'Adam, Setfa, Seiu,
oéf Abraham, Isaac, Jàcob et David, et les
autres patriarches et les prophètes et les
saints arrivèrent sur une nuée et s'appro-
chèrent de la bienheureuse Marie, et ils la
saluèrent en exprimant ses louanges et en
rappelant bienheureuse, et elle leur rendit
leur salut, et les prophètes se firent connal*
tre par ce qu'ils avaient annoncé d'elle, et
elle éprouva une grande joie. Et Enoch vint
ainsi qu'Elie et Moïse, et se tenant dans des
chars de feu entre le ciel et la terre, ils at-
tendaient la venue de Jésus-Christ Notre-
Seigneur. Et voici que douze chars conduits
par des anges, dont le nombre ne pouvait
s exprimer, frappèrent les yeux avec une
grande gloire et une grande splendeur, et le
Christ, iNotre-Seigueur, apparut en son huma-
nité, porté sur un char, autour duquel étaient
les Séraphins et les Vertus, et il approcha de
la vierge Marie, et toutes les créaturts s'in-
Si5
MAR
PART. m. - LEGENDES ET FRAGMENTS.
mar;
&'2G
clioereni derant lui. Alors le Seigneur dît à
Marie : « 0 Marie, célébrée dans tout Puni-
Tprs. > Et elle dit : « Je suis ici, Seigneur. »
El il dit : « Lève-toi, et vois ce que mon PèrA
m'a donné. » Et elle se leva et elle vit une
gloire et une lumière que les yeux ne peu-
vent contempler et qui ne peut être décrite.
Et, s'étant prosternée, elle dit : « 0 mon
Seigneur et mon Dieu, mets ta main sur
moi ; t alors il étendit la main et il la posasur
elle, et il la bénit, et Marie prit sa main et
elle ^embras^a, et elle la posa sur ses jeux
et elle pleura, et elle dit : « Je m'incline de-
vant cette main qui a créé le ciel et la terre
et tout ce qui s*y trouve, et je te rends grâces,
et je te loue, parce que tu m'as jugée digne,
en cette heure également chère à moi et au
monde qui se tient devant toi. » Et elle dit
alors : « O mon Seigneur, prends-moi h
toi. » Et il répondit : « Tu seras en paradis
en ton corps jusqu'au jour de la résurrec-
tion, et les anges te serviront, mais ton es-
prit pur luira dans le royaume, dans les ha-
bitations du Père de la plénitude. » Et les
disciples approchèrent et ils dirent à Marie :
« 0 Mère de la lumière, prie pour le monde
dont tu vas sortir. » Et la bienheureuse
Marie réfiondit en pleurant : « O mon Sci-
?nenr et mon Dieu et mon Maître Jésus-
brist, toi nui, par la volonté du Père et le
secours de I Esprit et par Tefifet d'une divi-
nité unique et aune volonté unique, as créé
le ciel et la terre et tout ce qu'ils contien-
nent; je te prie d'écouter la prière que j'a-
Lfesse pour tes serviteurs et les enfants du
baptême, pour les justes et pour les pé-
cheurs, et accorde-leur ta gr&ce. Reçois ceux
qui se réunissenten ton nom, ceux qui offrent
lies présents en mon nom, et qui t'invoquent
dans leurs prières, dans leurs désirs et dans
leurs souffrances; fais qu'ils soient délivrés
de toutes leurs peines et qu'ils obtiennent
ce qu'ils auront espéré dans leur foi, et dé-
tourne d'eux les maux qu'on voudrait leur
inûiger; guéris leurs maladies , augmente
leurs richesses et multiplie leurs enfants;
seconde-les en tout ce qu'ils entreprendront
en ce monde et accorde-leur enfin le bon-
heur d'avoir part à ton royaume. Ecarte
d'eux leur ennemi, Satan plein de malice;
êogmente leur force et comprends-les dans
le troupeau du Pasteur doux et bon, clément
et miséricordieux ; accomplis, dans cette vie
et dans l'autre, l'espoir de quiconque prie
et demande ton secours en mon nom, et une
ton assistance les protège, ainsi que tu l'as
promis, toi qui es stable en tes promesses,
qui abondes aans la miséricorde et dont la
nom est digne d'être glorifié dans tous les
siècles. Amen. ^ Et le Seigneur lui dit : « Je
t'accorde ce que tu demandes; et, suivant
ui prière, je ne les priverai pas de ma gr&ce
elde lu miséricorde. » Et toutes les créa-
tures ptcîa» de joie répondirent : Amen.
Alors Jésus dit h Pierre et aux disciples :
« Voici le temps, » et tous, ainsi que les
an^es, louaient et glorifiaient Dieu a haute
VOIX et, versant beaucoup de larmes, ils je-
tèrent l'encens avec beaucoup de respect et de
piété. Et le visage de la bienheureuse Marie
resplendissait dune clarté merveilleuse, et,
ayant étendu les mains, elle les bénit tous,
et le Seigneur étendit sa main saiiîte, et il
prit son ftme pure qui fut portée aux trésors
du Père. Et il se manifesta une lumière et
une odeur suave comme le monde n'en con-
naît pas, et voici qu'une voix vint du ciel,
disant : « Je te salue, heureuse Marie; tu es
bénie et honorée parmi les femmes. » Et
Jean le disciple étendit sa main, et Pierre
ferma ses yeux, et Paul étendit ses pieds, et
Notre-Seigneur monta ^ son royaume éter-
nel, escorté par les anges et au milieu des
louanges. Et ils posèrent une pierre h l'en-
trée de la caverne où était son corps, et ils
restèrent autour en prières. Et l'Esprit-Saint
répandit une grande lumière qui les enve-
loppa, de sorte quMIs ne pouvaient s'aperce-
voir entre eux et que personne ne pouvait
les voir. Et la vierge sans tache fut portée
en grand triomphe au paradis sur des chars
de feu. Alors une nuée souleva tous les as-
sistants et chacun revint à l'endroit d'où il
était parti, et il ne resta que les disciples qui
demeurèrent trois jours en prières, et ils
entendaient toujours le chant des cantiques.
Et lorsqu'ils étaient ainsi réunis, voilà que
Thomas, un des disciples, arriva sur une
nuée, et le corps de la bienheureuse Marie
était porté sur les épaules des auges, et il
leur cria de s'arrêter, afin qu'il obtint sa béné-
diction. Et lorsqu'il fut avec ses compagnons
3ui persévéraient dans la prière, Pierre lui
it : « Thomas, notre frère, qui est-ce qui ta
^ empêché d'assister au trépas de la Mère du
' Seigneur Jésus et de voir la multitude des
miracles qui se sont accomplis à son égard ;
et tu as été privé de sa bénédiction. » Et
Thomas répondit : a C'est le service de Dieu
qui m'a empêché d'être avec vous, car l'Es*
prit-Saint m'a révélé ce qui se passait, lors-
çiue je prêchais la p;r&ce du Christ et lorsque
je baptisais Golodius, fils de la sœur du roi.
Kt dites-moi où est maintenant son corps? »
Ei ils dirent: « Dans cette caverne. • Et il ré-
Eondit : «t Je veux aussi la voir et recevoir sa
énédiction afin de pouvoir afiirmer la vé-
rité de ce que vous dites. » Les disciples ré-
pondirent : « Tu es toiijours en méfiance (Je
ce aue nous disons, de même que tu t'es
défié au temps de la résurrection du Sei-
gneur jusqu'à ce qu'il t'eût donné la certi-
tude et<qu'il t'eût montré les traces des clous
dans ses mains et de la lance dans son côté,
alors tu t'écrias : « O mon Seigneur et mon
Dieul » Alors Thomas répondit : « Vous
savez que je suis Thomas, et je n'aurai pas
de repos jusqu'à ce que j'aie vu le sépulcre
où a été enseveli ie corps de Marie, sinon
je no croirai pas (I&05) » Alors Pierre se leva
(5ê5) ff Aa XV* et au xvi' siècle , on représenta
qtelquefoif répiaode de saint Th<>ina«i recevant la meut à la résurreciion et i Tassomplion du 'corps
ttinttticde la Vierge. C^ apétre, iocrédiile à la ré* ée Marie. Lorsqu^il vint au tombeau de Marie av.c
surreciion de Jésus-Chrîsl , refusa de croire égale-
ment i la résurreciion et i rassomnlion du'corns
M7
DICTIONNAIRE DE^ ArOCRTPHE&.
SU
avec colère ni arec promptitudei eX les disci-
p'es l'aidèrent à Ater la pierre, et ils entrè-
rent dans la caverne, et ils D*y trouvèrent
rien, ce qui leur causa une extrême surprise,
et ils dirent : « Nous nous sommes absentés
et nous disons que les Juifs ont enlevé le
corps afln d*en faire ce qu*ils voulaient. »
Et Thomas répondit : « Ne vous affliges pas,
mes frères, car, lorsque j'arrivai de Tlnde
sur une nuée, je vis le corps saint accompa*
gné d'un grand nombre d'anses, et il montait
avec eux en triomphe dans le ciel, et je de-
mandais, avec de grands cris, que la bien-
heureuse Marie me bénli, et elle me donna
cette ceinture. » lorsque les disciples la vi-
rent, ils louèrent Dieu avec ferveur, et ils
fermèrent avec un rocher la porte de la ca-
verne, et ils se mirent en prières, et ils mon-
•ièrent tous sur la montagne dos Oliviers, et
ils s'y arrêtèrent et ils dirent : c O Jésus-
Christ, Notre-Seigneur et notre Dieu, tu
nous as fait sortir des peines de ce monde,
et tu nous as montré ta grandeur, et tu
nous as fait bénir par la bienheureuse
irierge Marie avant qu elle fût enlevée de ce
monde fragile, et tu nous as promis que tu
nous donnerais le pouvoir de marcher sur
l'aspic et sur le basilic et sur les démons
pleins de malice, et tu nous as dit que nous
siéj^erions sur douze sièges au jour du juge-
ment, afin de juger les douze tribus d'Israël;
daigne maintenant nous bénir. » Alors ils
se prosternèrent devant le Seisneur, et ils
reçurent sa bénédiction, et chacun d'eux
commença à célébrer, dans un cantique, tout
ce qui concerne la bienheureuse Marie. Et
▼oici qu'il vint à eux une voix qui disait :
« Que chacun de vous retourne en son en-
droit, » et aussitôt des chars portés sur des
nuées se montrèrent et rapportèrent chacun
d*eux à la ville d'où il était parti, et les morts
furent ramenés dans leurs sépulcres.
CHAPITRE V.
Lorsque Marie eut été portée dans le pa-
radis, le Seigneur Jésus-Cllirist vint, et avec
fui une multitude d'esprits célestes; car les
fondements du paradis sont dans la terre, et
son enceinte, doit s'écoulent quatre fleuves,
atteint jusqu'au ciel. Et lorsque le déluge
était sur la terre, le Seisneur ne permit pas
è l'eau de mouterjusqu au paradis. Et il dit
h la bienheureuse Marie : « Contemple la
gloire à laquelle tu as été élevée. » Et elle
ae leva, et elle vit une grande gloire que
J'ϔi de l'homme ne pouvait contempler, et
▼oici qu*Enoch, Elle, Moïse, et tous les pro-
phètes, et les autres patriarches et les élus
Tinrent, et ils adorèrent le Seigneur et la
bienheureuse Marie, et ils se retirèrent.
Alors le Seigneur dit h Marié: « Vois les
biens que j'ai préparés pour les saints et que
tes autres a|Mkres et qo*il le trouva vide du corps
qu'on y avait défMsé trois Jours auparavant , il ue
voulut pas croire à la résurrection de la Vierge ,
ouïs il porta ses yeui ao ciel, et ii y vit Marie qui
«•nuit lentement an milieu des acclamations des
infes et des saints. An même moment la ceinture
je leur ai promis. » Et avant levé les jeux,
elle vit des demeures belles et éclatantes, et
elle vit les couronnes splendides des mar-
tyrs, et elle tourna les yeux vers des ir*
bres sujierbes et parfumés, et il sortait d'eux
des odeurs que personne ne peut bien dé-
crire.
Et le Seigneur prit des fruits de ces arbres
et les donna à la bienheureuse Marie, afin
Su'elle mangeât de ces fruits beaux et suaves
u paradis, et il lui dit : « Va et tois le haut
des cieux. » Et elle monta, et elle vit le pre-
mier et le second ciel , et, dans le troisième,
elle vit la maison céleste élevée au-dessus
de ce séjour terrestre, et elle yit de grandes
merveilles, et elle loua Dieu le Créateur de
ce qu'il avait accompli dans les cieux de$
choses admirables que l'homme ne peut ni
décrire ni comprendre. Et le Seigneur or-
donna au soleil de s'arrêter sur les portes du
ciel, ayant une de ses faces tournées vers le
paradis, et le Seigneur était dans un char de
leu au-dessus du soleil. Et la bienheureuse
Marie vit les trésors de la lumière où étaient
la neige, la grêle, la pluie, la rosée, la foudre
et le tonnerre, et toutes les choses qui leur
sont semblables. Et elle vit les troupes des
an^es , les ailes étendues, disant : Saini,
$ainif $aint le seigneur Sabaoth^ et elle vil
les douze enceintes de la lumière, ayant cha*
cune une porte ^vec un gardien. Et elle vit
la grande porte des Jérusalems célestes , et
^r elle étaient écrits les noms des jusies
Abraham, Isaac^ Jacob, David, et de tous les
Ïrophètes depuis Adam. Et la bimbeureube
larie étant entrée par la première porte,
les anges s'inclinèrent et célébrèrent ses
louanges , et , étant entrée par une auire
porte, les chérubins lui offrirent leurs priè-
res, et, étant entrée par la troisième porte,
les séraphins lui otfrireRt leurs prières.
Quand elle eut passé la quatrième porte»
des myriades d'anges Tadorerent; quand elh
eut passé la cinquième porte, la foudre et h
tonnerre la louèrent; quand elle eut passé îa
sixième porte, les anges s'écrièrent : « Saint*
saint , saint le seigneur Sabaoth ; salut et
(gloire à toil Que le Seigneur soit avec toi
ouée entre la femmes, et qu'il soit loué re-
lui qui est né de toi. » Quand elle eut pas^d
la septième porte, la lumière la loua; quan 1
elle eut passé la huitième porte, la pluie et
la rosée l'adorèrent, et quand elle eut passé
la neuvième, Gabriel et Michel et les autres
anges l'adorèrent ; à la dixième porte, le so-
leil et la lune, et les étoiles et tous les astres
l'adorèrent; quand elle fut entrée par la
onzième porte, les Ames des disciples, des
prophètes et des justes la louèrent et Tado
rèrent; entrant par la douzième porte, ei^e
rit son Fils assis sur un trône éclatant et eu-
vironné d'un grand éclat, et elle s'inciiua
de Marie lui tomba du ciel comme anirefeis tomba
sur Elisée le manteau d*£iie« Saint Thomas ciai
alors plus fermement que les autn». Un voit ccik
Jolie scène sur un vitrail qui orne la chapelle Ui^
rate de l'église de Brou, i (Didron, Ménnel é^û^-
nographie chrétienne^ p. Î87.)
5»
MAR
PART. — ÎII. LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAR
53^
deyant la majestédu Père et du Fils et de
riisprit - Saint. Lorsqu'elle eut tourné les
yeax yers la Jérusalem céleste» et qu'elle vit
sa gravité 'et sa beauté» son esprit fut frappé
destupeur» et elle ne pouvait compreudre
lOQt ce qu'elle voyait » et le Seigneur lui prit
la main et lui cnontra les joies cachées et les
trésors de l'Eglise sainte» et il lui fit voir
beaucoup de choses telles que l'œil ne peut
lesapercetoir, ni l'oreille les entendre» ni la
langue les raconter » ni t'esprit des hommes
les comprendre, et ces choses seront don-
nées aux fidèles qui viendront au dernier
jour avec une grande allégresse» et qui en
jouiront dans tous les siècles. Et la bienheu-
reuse Marie vint ensuite au Libérateur des
créatures» et le Seigneur lui dit : « C'est ici
rhabitaiion d'Enoch» où il est prié dans tous
les temps, w Amen.
CHAPITRE VI.
Alors la bienheureuse Marie leva le vi-
sage» et elle vit beaucoup d'hommes qui
l'agitaient et des tabernacles innombrables »
et il s'élevait une odeur d'encens, et on en-
tendait le chant des cantiques» et la foule
TOjait cette splendeur et elle louait Dieu.
Kt la bienheureuse Marie dit : «r Mon Maître
et mon Seigneur» oui sont ces hommes qui
te tiennent là? % Et il répondit : « Ici sont
les tabernacles des justes et ils y séjournent»
et cette lumière indique en quel honneur ils
lODt auprès de moi; et» au dernier jour, ils
ressusciteront pour jouir de ces biens» et ils
seront en possession d*une joie plus grande
que celle-ci» et elle n*aura plus de fin lors-
que leurs Ames seront retournées à leurs
cnrfis. » Et voici (]ue la bienheureuse Marie
vit une autre région , très -obscure» et d'où
lorlait une grande fumée» ainsi qu'une odeur
fétide comme celle du soufre» et un grand
feu y brûlait, et beaucoup d'hommes y étaient
et poussaient des cris en pleurant. Et la bien-
heureuse Marie dit : « Mon Seigneur et mon /
Dieu» quels sont ces gens 'qui sont dans les
ténèbres et qui souffrent de 1 ardeur du feu? »
Et il dit : « C'est la région de la géhenne qui
est ouverte aux pécheurs et préparée pour
eux » et ils y resteront Jusqu'au dernier lour»
lorsque leurs Ames retourneront dans leurs
corps» et ils éprouveront de grandes souf-
frances et une douleyr extrême» parce qu'ils
n'auront point fait pénitence de leurs Jautes»
et ils seront tourmentés par un remords, con-
tinuel» comme par un vers rongeur qui ne
meurt ni ne dort» parce que» rebelles à mes
commandements, ils auront méprisé ma
gr^ce et qu'ils auront nié ma divinité.» Et
lorsque la bienheureuse Marie entendit les
louanges des justes» elle ressentit une grande
juie, et lorsqu'elle vit ce qui était préparé
pour les pécheurs» elle fut saisie de tristesse»
et elle pria le Seigneur d*avoir pitié des pé-
cheurs et de les traiter plus doucement» caria
nilure de l'homme est débile» et il le promit.
Alors il la prit par la main et il la condui-
sit dans le paraîdis saint et splendide » ac-
compagnée de tous les saints et de tous les
justes.
Et voici que des lettres» adressées de di^-
verses villes et par les disciples qui étaient à
Rome, furent apportées à Pierre» à Paul et.è
Jean » pour leur demander d'annoncer ce
qu'ils avaient appris au sujet de la bienheu-
reuse Marie» et c'est par eux que les mira-
cles concernant Marie furent annoncés» et
Su'elle avait apparu à beaucoup de personnes-
i^nes de foi. Et voici quelques-uns de ces
miracles : Il y avait sur la mdr quatre-vingt-
douze navires» et ils étaient poussés par de
farauds vents et par les flots ; alors les mate-
ots invoquèrent Marie» et aussitôt elle leur
apparut» et aucun des navires ne périt et ils
furent sauvés. Des voyageurs » surpris par
des voleurs qui voulaient les dépouiller ».
invoquèrent Marie » qui leur apparut et qui
frappa les voleurs comme la foudre; de sorte
qu ils furent aveuglés» et les voyageurs con-^
tinuèrent leur route sains et saufs » et». dans
leur joie» ils louaient le Seigneur. Due veuve
avait un fils unique qui , étant allé chercher
de l'eau » tomba dans un puits » et sa mère
s'écria et dit i « O sainte Marie 1 assiste-moi
et délivre mon fils I » Et aussitôt la bienheu-
reuse Marie lui apparut, et elle retira son
fils» et il ne fut pas noyé. Un homme» affligé
depuis seize ans d'une grande maladie» avaiti
donné beaucoup d'argent aux médecins et
n'avait pu çuérir» et il jeta de l'enceâs dans
le feu et il pria » disant : « O sainte Mariel
mère du Rédempteur^ jette les yeux sur ma.
faiblesse et guéris-moi de cette maladie. »
Et aussitôt elle lui apparut» et elle mit sa
main sur lui» et elle le toucha» et il fut guéri
de sa maladie^ et il se rendit à l'église» et it
loua le nom de Dieu» et il rendit grices à 1&«
bienheureuse Marie. Un grand navire reiUr
pli d'hommes fut brisé par la^ mer,, et iis^
criaient tous» disant: «Aie pitié de nous»
6 Vierge bénie I » Et elle leur apparut» et
les conduisit à terre sains et saufs. Un grana
dragon» sortant d'une caverne» vint au-de-
vant de deux fSmmes qui étaient en voyage,
et s'avança vers elles pour les dévorer ; elles
s'adressèrent à Marie» criant: «Sauve-nousl »
Et aussitôt la bienheureuse Vierge leur ap-
parut» et elle frappa de sa main le dragon
sur la gueule» et sa tète se fendit jusau'aux
oreilles» et les femmes s'en allèrent en louant
Dieu. Un marchand avait emprunté miUe
deniers afin d'acheter des marcnandises, et»
lorsqu'il était en route» [il perdit sa bourse
sans s'en apercevoir jusquli ce qu'il fut à
une grande distance » et se mit à se frapper
le visage » et à s'arracher les cheveux et à
pleurer» et ensuite il s'avisa d'implorer Ma-
rie» et il dit : «0 bienheureuse Vierge I as-
siste-moi. n Et elle lui apparut et dit: « Suisr
moi et ne t'afflige pas. j» Et il la suivit» et elle
le mena à un endroit où il retrouva sa
bourse qu'il ramassa avec une grande joie,
et il alla à ses affaires» louant Dieu tout-
f missent et glorifiant Notre-Dame. Lorsque
es disciples eurent appris les miracles qui
avaient été accomplis à Rome et en d'autres
endroits» ils louèrent Dieu» et ils éprouvè-
rent une extrême allégresse» et ils écrivirent
les choses qu'avait, faites Marie nendant sa
531
t>lCTIOiNNAlllE DES AMCRliPUeS*
!C1
\ie et après sa mort, et céiàl'ttt dans Tan 3^5
de l'ère d'Alexandre. Il y eut aussi bien des
miracies opérés dans d*aatres villes, dont
le récit ne nous est pas parvenu : si on s*en
informait et si on les écrivait « beaucoup de
livres ne pourraient les contenir. Et les dis-
ciples dirent : « Nous voulons célébrer sa
mémoire trois fois cb»)ue année, car nous
savons que tous les anges célèbrent sa fête
avec joie» et que c*est par elle que la terre
sera délivrée. » Ils fixèrent donc, pour célé-
brer sa commémoration^ le second jour après
ia nativité du Seigneur, pour que les saute-
relles cachées dans la terre périssent et que
les moissons prospérassent , et pour que les
roia fussent protégés par Marie et qu*il n'y
eût pas de guerre entre eux ; et ils fixèrent
le quinzième jour du moisd'Aiar pour que
les insectes ne sortissent pas de terre et ne
vinssent pas détruire les moissons, ce qui
amène la famine qui £ait périr les hommes
contre lesquels Dieu est irrité, et alors les
hommes s approchent des lieux saints en
|)riani et en pleurant, afin que Dieu les dé«
livre de ces fléaux. Et enfin la troisième fête
fut établie au quinzième jour du mois d'Ab,
qui est le jour de sa sortie de ce monde, et
celui où elle avait fiiit des miracles et le
iemf)s où les fruits des arbres mûrissent. Et
ils réglèrent que lorsqu'on présenterait une
oŒrande au Seigneur, elle serait le soir ap-
portée à l'église, et. les prêtres devaient
prier sur elle, et ils dirent : « Nous avons
établi les rites d'après lesquels ceux qui ont
été baptisés doivent offrir les sacrifices, afin
qu'il ne soit pas nécessaire de le redire à
ceux qui ne croient ni en toi, ni en ta sainte
Mère Marie, et, dans ta bonté, tu as préparé
ces biens ^ur ceux qui croient. Accorde-
nous, ainsi qu'aux nôtres, qui avons en-
tendu tes paroles , la joie et les biens q^ue tu
as prépares à tes élus et h tes bien-aimés;
doone-nous ces biens que l'œil n'a pas vus,
que l'oreille n'a pas entendus, et que l'es-
prit de l'homme ne peut comprendre. Et re-
çois nos prières pour tout le troupeau que
tu vois réuni autour de nous; ne souffre pas
qu'un seul de ses memhres périsse; reçois-
les sous ta garde et assiste-les, par Tinter-
cessioD de la bienheureuse Marie et les sup-
plications de tous les saints. » Amen. Et
tandis que les disciples saints étaient en
prières et en oraison aux lieux saints, voici
oue le Beieneur Jésus-Christ leur apparut,
disant : « Réjouissez-vous, car tout ee que
vous demanderez vous sera donné pour tou-
jours, et votre désir sera accompli devant
votre Père céleste. » Et la bienheureuse Ma-
rie m'a montré» à moi» Jean, qui prêche le
Seigneur» tontes «escnoses queJé&cf^ntisi
lui a montrées, qnelque indigne que je sois
de cette faveur, et elle m'a dit: «Omonfilst
conserve ce discours et ajoute-le aux liTres
Sue tu as écrits avant que je ne fusse sortie
e ce monde périssable, et sans doute od le
demandera è le voir, et tous ceux qui le
verront seront remplis de joie, et Us loue-
ront le nom de Dieu, ainsi que le mien,
quoique j'en sois indigne. Je te fais satoir
que, dans les derniers temps» les hommes
seront eu butte à des malheurs» ï la guerre,
et à la famine et à la terreur, k cause de la
multitude des péchés qu'ils commettent el de
leur peuae charité; et beaucoup de calamiiés
frapperont la terre, et il n'y aura que l'homme
qui se méprise dans le monde et qui se bait
lui-même qui en sera préservé, ainsi que
celui qui désire les biens qui sont auprès de
Dieu, qui agit selon la charité et la miséri-
corde, qui travaille avec courage à faire le
bien, et qui redoute la colère de son Créa*
teur. Et beaucoup de miracles se verront au
ciel et sur la terre. Alors viendra le Fils éter-
nel, né du Père avant tous les siècles, cl il
viendra aux derniers temps à Bethléem, elje
ne pense pas qu'il trouve chez les hommes U
foi ni la justice. » Et la bienheureuse Marie
m'appelait : ,« Mon Fils 1 » et je lui dis:
«i O ma Mère, que le salut soit avec toi,el que
ta bénédiction se répande partout où se tour-
neront tes jeux; j'espère en ta prière el en
ton intercession; délivre le monde de ses
f)eines, et fais que les hommes entrent d^ns
a voie de la justice et de la vérité; que la-
niour de Dieu ne manque poiat à Adam et à
sa race que le Seigneur a créée de sa main.
etquel'ennemides hommes soitéloipéd*eui
par l'effet de la miséricorde du Seigneur. •
Et la bienheureuse Marie répondit: «Amen.»
Et le nombre des années pendant lesquelles
la Vierge, Mère de Dieu, avait vécu sur la
terre était de cinquante-neuf» et, depuis sa
naissance jusqu'à son entrée dans le temple,
il s*était écoulé trois ans; elle était restée
onze ans et trois mois dans le temple, et
elle avait porté en son sein le Seigneur Jé-
sus durant neuf mois, et elle avait passé
trente-trois ans avec le Seigneur Jésus lors-
qu'il vivait sur la terre, et, après son ascen-
sion au ciel, il s'était écoulé onze ans, et
cela fait le nombre de cinquante-neuf ans.
Nous espérons en ses prières auprès de sou
Fils chéri pour délivrer nos flmes dans les
siècles des siècles. Amen. L'humble Josepiu
filsde Khalil Nunnah, atranscrii cette histoire;
que Dieu comprenne dans sa miséricorde
tous ceux qui I écriront» la liront ou l'eu-
tendront! Amen.
Il serait trop lon^ de mentionner ici les
auteurs dont les récits s'accordent en géné-
ral avec ceux de l'écrivain arabe que nous
avons fait connaître à nos lecteurs. 11 con-
tient toutefois d'en signaler quelques-uns.
Voici d'abord ce que Nicéphore raconte
diaprés Juvénal p évèque de Jérusalem :
JutenaKs Hierosolymarum episcopui, ma-
gnuê $ane dwinoque af/latus numine tir, ei
vetusta traditione acceptam^ refit Imne sic
gestam êcriptiê $uii cum fide confirmât, P»*
cU entm, iotum iriduum apoêtolos ad tnenu-
mentum W, divinorum hymnorum earminr
aiudien(tSf ptntttrasst, Aêidit autem rur*
535
MAR
PART. tll. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
IIAR
554
iitm nt Tkoma» ab eis abesset : videlicet ui
nota periptelaque divœ Genitriciê fteret As'-
tomptio f ttidem ui antea Filii ejus^ pro «o
aique decebat fPosl diem tertium reêurrecdo ;
ingtnti af/iciebalur dotore, ne^e quieto crnt-
mo use poterut Thomas ^ qutppe qui tanti
boni non fkêissei particeps. Sacer autem ille
chorus f iniquum essejudicans , si ille quoquo
divinum Yirginis matris corpus non spectarst
otaue eompieeteretur t apeftri monumentum
jubet. Quoa quidem ubi ita est factum deside-
ratum iilud corpus non comparuit. Sèpulcralia
tantum lintea rite eomposita loco suo manebant;
itidem ut Filii qunque ejus in sepultro relicta,
Quœet ipse^ et qui cum eo aderantf cum vene-
ratione exosculatif incredibilique votuplatCf
odorisaue suavilate repleti^ sepulerum qui-
dem aapristinum conformant modum^ mira-
eulum auiem ipsum quasi per manus subinde
posteris traditum ad nos quoQue transmi-
itrunt^
Dn auteur du xii* siècle^ qui a réuni en de
Tolumineuses cempilaiions tout ce que Ton
savait » tout ce que l'on croyait à cette épo-
que, Vincent de Beau vais, raconte ainsi
dans son Miroir historial^ 1. tiii» c. 75 (506)»
les derniers moments de la Mère de Dieu ,
nous reproduisons le texte dans son antique
naiveté :
« Au second an après que Jesu Christ es-
toit monté au ciel, comme elle ploroit ung
joar, vecY Tange de nostre Seigneur estant
devant elle, la salua et luy dict : Vecy ung
rain de palmier du paradis, Dieu teTenvoye,
je te Tay aporlé. Et tu le feras porter devant
ta bière quand tu seras receue aux cîeulx
au tiers jour d*aujourd'hui. VecY que le fils de
Dieu te attend avec toutes les Vertus du ciel.
Auquel Marie dicl : Je te prie que tous les
apostres de monseigneur soient assemblez
I moi. Lai^uelle chose Tange luy octroyant
8*eo départit a grant clarté.
c La vierge recevant la palme qui resplen-
dissoit par grant clarté , est yssue au mont
d*Olivet, ora et puis revint. Et vecv comme
Jehan prêcha en Ephdse à l'heure de tierce ,
un jour du dimanche , grand terremote est
faicie soubdainement, et une nuée soy le-
vante amena icelluy dans Tbuys de la mai-
son ou elle estoit » laquelle s'esjouyt moult
quand elle le voit et luy dist que elle de-
iîartiroit du corps au tiers jour et luy de-
monstra les vestements de sa sépulture et la
|)alffle de lumière quelle avoit receue, ad«
monestant icelluy que il les flst porter de-
vant son lict quand elle iroit a son monu-
ment. A laquelle il dict : « Mes frères ne
viennent ils et mes compaignons les apos-
tres a rendre honneur à ton corps. » Aaonc
vecy soubdainement par le commandement
de Jesu-Christ, tous les apostres de Dieu
sont ravis en une nue de tous les lieux où ils
prescboient et sont mis devant Thuys de la
maison où Marie estoit. Entre lesquels estoit
(SOS) La i^remière édition latine de ce grand tra-
vail parut à Stnslioarg, chez Mcntelia, en U73,
> Yot. la-folio ; Touvrag^ a piasieuri fois été réim-
Paul qui estoit pris avec Barnabe au mistère
des gens.
« Et saluans lung laultre se merveillerent
pourquoy nostre Seigneur les avoit ilUc as-
semblez. Et ainsi comme ilz prièrent d*un
accord nostre Seigneur quil leur demons'-
tract la cause de leur assemblement , Jehan
est venu k eulx soubdainement et leur d&-
monstra toutes ces choses, Adonc iceull
sont entrez dedans la maison, et saluè-
rent Marie et elle les resalua et disU:
Nostre Seigneur ne ma pas docen de vos-
tre venue. Or Je vous prie que vous veillez
tous ensemble jusques à tant que nostre
Seigneur viendra , car je suis a départir du
corps. Et si comme ilz se consentissent et la
confortassent et entendissent es loueuses de
Dit u par trois Xours,. un tiers jour à rneure
de tierce si grant somme il vint à tous ceulx
qm estoient dedans celle maison qjje nul ne
peut' veiller fors que les apostres et trois
vierges qui y, estoient.
« Et vecy que nostre Seigneur est venu
soubdainement avec grant resplendeur et
Î;rant multitude d'anges, et les anges disoient
ouenges et chantoient a nostre Seigneur.
Et donc dist nostre Seigneur : Viens, mon
esleve, et entre au tabernacle de vie par-
durable. Etdoncicelle s'agenouilla au pave-
ment, adorant Dieu et dist : Benoist soit le
nom de ta gloire. Sire, que moy ton hum-
ble servante, as daigné eslire et moy recom-
mander ton secret. Soyes adonc* Sire, roy
de gloire, remembrant de moy, car tu sais
que je t'ay aimé de tout mon cœur, et èy
garde le trésor baillé à moy. Reçois moy,
Sire» et me délivre de la puissance de ténè-
bres que nulle enoubyed*ennemy ne me vei-
gne à rencontre , que je voye les malins es-
prits venant encontTe moy. A laquelle le
Saulveur respondit : Gomme je feusse en-
voyé de mon Père estre petdu en la croix
pour le salut de tout le monde, le prince do
ténèbres vint à moy, mais comme il ne peust
trouver en moy riens de son œuvre, il s'en
alla vaincu. Tu le verras' doncques par
la loy de Thumain lignage , |>ar laquelle ta.
es a avoir ta fin de mort, mais il ne te pourra»
Duyre, car je îjuis avec toy. Viens Jonc
car toute la chevalerie celestielle te attend,
afin que elle te m^tte dedans paradis en joye
pardurable.
< Et nostre Seigneur disant ce^clto se re-
coucha sur son lict, et mist T^sprit hors en
rendant grâces a Dieu. Et les apostres vei-
rent Tame d'elle estre de si grant blancheur
que nulle mortelle langue ne le pourroit
racompter. Et donc dist nostre Seigneur aux
apostres : Prenez, le corps et le portez en la
dextre padie de la cité devers orient, et vous
trouverez là ung monument auquel vous le
mettrezi.attendant taatque je viengneà vous.
Et ce disant bailla l'ame d'elle a Michel,
prevofiVdii paradis. Et tantost soy départant
primé » ihisi qoe la traduction française faite nar
laan df Viffnay, et mise au jour âi Paris , cd«
Vérard, an U9o,cu cimt vol. la-folio.
555
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
h:^
des apo3lres, monta atec les anges aux
eieaix.»
Un orientaliste fort distinffué, M. Edouard
Dulaurier, a publié en 1835 (Paris» impri-
merie royale, in-8'') d'après aes manuscrits
eopteSydes fragments a'écrits apocryphes
relatifs à saint Barthélémy et a d*autre.s
apôtres; nous les avons déjà cités ; il y a joint
un fragment Sur ta.mort de la vierge Marie ^
traduite d*après la citation qui en aétéfaile
dans le précieux ouvrage de Georges Zoega:
Catalogue coéticum copticorum manuscripio^
rum gui in museo Borgiano Telitris aaser-
van/tir (507). Nous allons reproduire cette
version. « 11 arriva, quinze ans après que
le Seigneur fut ressuscité d'entre les morts»
comme il est rapporté dans les antiquités
de Joseph et dlrénée» Hébreux, que rapd-
tre gui conserva toujours sa virginité, et
Marie» mère du Sauveur , habitaient la
même maison è Jérusalem. Un jour, y lit-
on f la sainte vierge Marie appela Jean et
iui dit : « Va chercher de ma part Pierre
et Jacques, et dis-leur de se rendre ici au-
près de moi. » Lorsque le iour de sa fin fut
venu, ta Vierge sainte appela Jean et lui dit :
« Va et allume des flambeaux et des lampes,
car le soir est arrivé. » Elle-même prit des
linceuls , les étendit sur la terre à la ma-
nièred'ljn lit ou d*un tapis et répandit dessus
des parfums. S'adressant aux ap6tres, elle
leur dit : « Offrons nos prières à Dieu mi»
séricorcbeux» afin qu*il ait pitié de nous, » et,
se tournant vers Torient, elle [>ria en ces ter-
mes ; « Je te rends grAce, 6 Dieu tout-puis-
sant, je rends grAce à ton Fils unique qui
est veau au monde pour sauver nos Ames ,
lui qui est le Fils et le conseil du Père , lui
qui est venu à nous ses esciaveSi qui a pris
uncorpssemblableaunôtre, luiquej'ai conçu
sans cesser d*ètre vierge , que j'ai enfanlé
sans souUlure et que j*ai nourri sans quil
ait eu besoin d'aucun soin de ma part, lui
qui nous nourrit tous. Je rends grâce à ton
Ésf rit-Saint qui s'est reposé sur moi , è la
vertu sainte qui m*a couverte de son ombre.
Maintenant, mon Seigneur et mon Dieu,
Theure est arrivée où je dois aller vers toi ;
aie compassion de moi, éloigne avec soin
toutes les pierres d*iichoppement et les figu-
res monstrueuses. Qu'ils disparaissent en
ma présence (ces génies) qui sont à ta gau-
che,, et qu*au contraire ceux qui sont à ta
droite s'y maintiennent dans la joie. Que
toutes les puissances de ténèbres soient con-
fondues en ce jour, car elles n'ont trouvé
aucune tache en moi. Ouvre les portes de
justice, afin qu'elles m'offrent un passage
pour aller contempler è découvert la face
de mon Dieu et que le dragon se cache è ma
vue. Pleine de confiance, je vais è toi qui
seul es vrai Dieu. Que le fleuve de feu qui,
dans ses deux parties , sert à éprouver les
bons et les méchants, s'apaise jusqu'au mo-
(507)c Ron]«,typogr. Coagreg.de ProDsg-jnd I Fi<le,
1810, in-folio, i €e volume, de plus de 600 pages,
ii*a point été terminé par son auleur que la mon
Ml venue frapper trop tél. Le savant Bënédtciin doin
Pitra dit que Ton ne coniiall en France que deux
ment où je l'aurai traversé. Car c'est toi qiii
es mon Dieu et mon Seigneur , cW loi qui
es le Père de toutes créatures avec ton Fiis
unique qui t*est consubstantiel et avec TLs-
r^rit-Saintqui procède de toi, gloire k toi avi c
ui dans tous les siècles des siècles. Amen I •
Dès qu'elle eut prononcé ces mots, la
sainte Vierge se plaça sur les linceulsavecdes
l»arfums. Elle tourna le visage vers l'orient,
et se signant au nom du Père', du Fils el du
Saint-Esprity elle rendit le dernier soupir.
A l'instant même, le Seigneur vint k elle,
monté sur les chars des chérubins et pré-
cédé par des anges. Il vint et se tenant au*
dessus d*elle« il lui dit : « Ne crains pas la
mort» A ma If ère; celui qui est la vie tout
entière, est devant toi. Il faut que tu la voie^
seulement une fois de tes propres yeux, et
je lui prescrirai de ne pas t'apppocher. & Le
Souverain ordonna en disant : .... «c Accours,
6 toi qui viens du cAié du midi et qui résides
dans un lieu caché. » Et aus8it6t, dès que
la Vierge Taperçut, son âme s'élança dans
le sein de son Fils , qui l'étreignit de ses
embrassements célestes. Lorsqu'elle eut
rendu l'esprit entre les mains de Dieti, les
apdtres lui fermèrent les yeux. Elle mourut
d une mort paisible dans la nuit du 20 du
mois de janvier, sur le matin, e'est-h-dire le
21 (25) du mois de Tybi dans la paix de
Dieu. Amen. Jésus ordonna à aes apèlns
de l'ensevelir dans la vallée de Josapbat.
Nous avons eu sous les yeux une relation
grecque des derniers moment*! de la Vierge»
rédigée selon des traditions fort anciennes;
ce texte se trouve d'après les Méném^ in Ai«
etoriade obdormiiione beatœ VirginUtdans
un ouvrage fort intéressant publié par le
P. Simon wenenereck de la Compagnie de
Jésus, Ptf^as JffartatiaCraeoru m, 702 pages.
Munich, 1627, in-12. Ce travail, que Tau leur
offre è la Mère de Dieu {AugustiMêimœ reginœ
cœli et terrœ^ etc.)» offre la réunion eu gre<\
avec une traduction latine, de cinq cents
passages empruntés è des auteurs divers et
pour la plupart fort peu connus en France.
Nous emprunterons un seul passage à la
traduction latine de cet opuscule; c'est lors-
que saint Paul arrive auprès de la mourante:
Ad divinœ Matris pedee procumbeni^ ^<i'n*
que adorantium ritu veneratue copiosiê enc^-
miis palam affecit. n Yale, aiebat^ o Genitrii
viiœftale primaria prœdicationis mtœ v^a-
teria ! Licet enim Chrislum in hac vitadegentm
non viderim^ tamen tuus eum aspectuiabunde
mihi reprœeenlabat, ^ Psahnodiam educendo
funeri apiam inchoat Pelrus^ et apoetolorum
uKi Virginie lectulum in humerôe toliunl.
mKi cum lampadibus et hymnorum caniu
prœceduntf ut corpus itlud. ouodDeus inco-
luit^ eum pampa deducant. Tune cerU^ tun(
et angeli, euae de cœlo tocee dedere ordinum-
que cœlestium modulis, aer etloci totusper*
êonuit (508).
exemplaires de ce Kvre ; celui de b bibUolliégee 6é
rhiKtilut et celui que possède 11. Cb. UnonuatMl.
membre de rAcadéroie des intcription».
{iim L'abbé Godt*scard remiirque fort Judifu^^
ment que ni les Latins ni les Grecs eux- même». ».
•37
UAR
PART. Ili. — LEGFNDES ET FRAGMENTS.
MAR
r^t
Bien d*aotres cinsonstaaces apocrj|»hes
ont été énoncées au sujet de Marie.
Nif*éphore (^r>^ Eccies,^\,m,c. 23)doniiP,
d'après saint Epipbane, quelques détails sur
la personne delà sainte Vier;^e. Après avoir
M.^oalé sa gravité, son affabilité, la parfaite
convenance de ses discours, il dit qu'elle
avait la figure un peu otale, le teint couleur
Je froment, les dotets longs (509).
M. Peignot, dans l'ouvrage que nous avons
cité {Beekerehtê $ur la personne de Jésus-
Christ et sur celle de Marie, 1829, in-8'),a re-
rueilli les diverses opinions émises à cet
égard; nous rentovons h son travail qui
pourrait d'ailleurs être complété, grAceà aes
investigations nouvelles.
Diverses compositions dramatiques ont
reproduit les traditions relatives au trépas-
sement de la Vierge.
On peut citer : L'Assomption de laglo-
rieuse tierce Marie en trenie-huit personna»
ges, Paris, sans date, in-16. (Koy.le Diction^
naire des m^stêres^ Higne, 185ik, col. 159.)
Moralité tres^excellente à l'honneur de la
glorieuse Assomption de Nostre Dame à dix
personnages^ composée par Jean Parmentier
de IKeppe, et jouée au dit lieu Tan 1527.
Sédition originale décret opuscule est d'une
rareté excessive ; les frères Parfait, dans
leur Histoire du Théâtre français^ en ont
donné une analyse qui a été reproduite dans
la Dictionnaire des mystères^ que nous ve-
nons de citer, col. 161. Nous pouvons ajou-
ter que cette composition a été reimprimée
ï Paris en 1839 in-16 et qu'elle forme la
S' livraison de la Collection de poésies^ chro*
i«t7u««, etc., éditée en caractères gothiques
parle libraire Silvestre.
N'oublions pas les Sermons de MonseU'
gneur sainct Paul en le trespassement de ta
saincte Vierge^ en vers, à 50 personnages.
Marie va expirer dans les bras de ses ser-
vantes qui mettent des oreillers sous sa tète,
et en présence des apdtres qui sont venus
de plusieurs contrées sur un nuage, pour
assister k l'Assomption de Notre-Dame. £Me
leur dit :
l.iseï le sauliier par arroy
En auendant que ma On viengne.
Saiol Pierre se tourne vers les assistants :
Cbascun sou livre eu sa main tieogue.
Uo mystère du trespassement Nostre Dame
composé vers le milieu du xv* siècle, est
conservé parmi les manuscrits de la Biblio-
thèque impériale; il n'a point été imprimé,
i^tfy. le Dictionnaire des mystères ^ M igné,
185^, col. 909.)
Citons aussi VAdtocaite Nostre Dame^ ou la
avides de nouveautés et de légendes, aucun peuple,
^n un mo(, aucune ville , aucune égilise , ne se sont
proais vaniés de |>»s^éder la dépouille niorleile de
U ttinle Vierge, ni aucune partie de son corps.
(509) I Erat stalura mcdiocri , quamvis sint qui
•am ftli^oanittlum i» edioerem longiiudinem eices-
M«se dicant. Decenii dicendi libertale adversus
bomines orones usa est, sine risu, sine perinfba-
iiAn« et sine Iracundia maxime. Colore fuit trili-
cum referentet caiiilli flavi, oculis acribus, bub-
Vierge Marie plaidant contre le dia6/f , poème
du XIV' siècle, en langue franco-normande,
attribué à Jean de Justice, et publié d'après
un manuscrit de la bibliothèque d*£vreux;
par M. A. Chassant, Paris, l85o, in-8*.
La dédicace faite h la Vierge de divers ou-
vrages, résultat d'une piété naïve, pourrait
aussi trouver place dans une Bibliographia
Mariana que Ton voudrait rendre complète ;
parmi les écrivains ({ui ont donné pareil
exemple 9 nous mentionnerons Jacquemin
Oonnet, auteur fort peu connu de V Adora-
tion des bergers^ drame en cinq actes et en
vers, Lyon, 1646, k*.
Voici en quels termes il fait horomage
de son œuvre à la Reine du ciel et de la
terre.
« Très-grande, très-haute et très puiç-
sante princesse, bien que rineifable Trinité
vous eust eslevée au plus haut degré d'hon*
neurde tous les mortels en vous faisant
Mère du Verbe éternel, néanlmoins vostre
très-grande humilité fit que vous ne dédai*
gnastes point la visite des pauvres bergers,,
tïy leurs présents et façons de faire rusti*
ques, cette considération. Madame, a donné
le courage ou plus tost la témérité à ma
plume qui est la moindre de France, de
prendre un vol jusques en la Palestine, pour
réveiller ces mêmes pastoreaux, et après les
avoir revestus de leurs pauvres habits, les
faire voir aux habitants ae mon village, atln
que la patience que vous eusles h vosiro
très-chère compagnie en la misère de l'es-
table, fut un antidote aux calamités que les
pauvres villageois souffrent durant les fâ-
cheuses guerres. Je vous prie donc très-
humblement, très-admirable et très-haute
princesse, de les recevoir avec la même dou-
ceur que vous les receustes en Bethléem
jadis. »
Parmi les ouvrages relatifs à la sainte
Vierge il en est un qui a longtemps joui d*une
grande vogue, c*est la Vie des trois Maries,
c'est-à-dire la sainte Vierge et ses deux
sœurs, Marie Salomé et Marie.
Les récits des évangiles apocryphes sur
la fuite en Egvpte, et diverses traditions
{»eu certaines font la. base de ces récits qui
urent, au xiir siècle, composés en vers fran-
çais par un religieux peu connu, Jean Ve-
nette, et que J. Drouin mit en prose au
commencement du xv' siècle. De nombreu-
ses éditions se succédèrent rapidement ; les
bibliographes citent celle de Rouen, vers
Tan 1511 ; de Lyon, 1513; de Paris, vers 1530
et vers 1560; d*Anvers, 1600. Les presses de
Troyes reproduisirent plusieurs fois cet
écrit (510}, dont le style naif fait le mérite.
flavas et lanquaro olei colore nupillas in cis habens^
Supercilia ei erant inflexa cl dei eiuer nigra ; naaus
longior, labla florida, et verbortim suavilale plana ;
fai'ies non rotunda et acuta, sed aliquvndo lougior„
roanns simal ei digîii longiores. >
(510) On trouve des détails étendus sur cette pro-
diictiou dans l»^s Mémoires de liiléraiure d*Artigny,
t. VI, p. i91. ( Voy, aussi un Mémoire de La Cunits
de Sainte-Palaye, dans le Recueil de P Académie des
Imcriptions, t. Xlli, p 520-553.)
8^
DICTIONNAIRE DES AFOCRVPHESw
SiO
Nous en citerons queloues passages qui en
donnerom une idée suiGsante.
L'auteur, après avoir dit que « Joseph bailla
h la Vierge une chambrière pour lujr tenir
compagnie et aussi pour la servir ; cette cham-
brière eut nom Sarrelte ; elle était bonne
tille et bien enseignée à serrir, » passe au
récit de la mort de Marie.
c Les larmes lui saillaient des veux quand
il lui souvenoitdesonFils. Etelie pria Dieu
qu'il la voulut prendre, ou autrement son
vouloir fut faicl. Ainsi qu^elle se comblai*
gnoity un ange descendit du ciel, tenant une
italme en sa main, et rendoit grande lumière.
4 s*agenouilla devant la vierge Marie moult
honorablement, et la salua disant ainsi Ave:
Dame chère vierge, pleine de bonté,qui estes
honorée sur toutes femmes, recevez la béné-
diction de Jésus-Christ. II vous mande salut
{)ar mojr et vous envoie cette palme que je
liens ; c'est signe que dans trois jours vous
viendez vers lui ; il vous attend comme sa
zuère et amie. Vous ordonnerez à vos gens
que ceste palme soit portée devant vostre
corps ; elle a esté par moy apportée de para-
dis. Ceste palmeest sigoequ'avez eu victoire
de tous maux. Quand la Vierge Tentendit,
elle fut fort joyeuse et en rendit grâces à
Dieu, car elle cogneul au'il ne Tavoit pas
oubliée. Alors elle dit è range:Amv, qui
Avei esté à moy transmis, vous soyez le très-
bien venu, vostre parole me rejouit ; dites-
liioy, s'il vous plaist, vostre nom. Je veux que
les aposires ensevelissent mon corps et que
40US soient à ma mort, puis je vous requiers
que je ne voie les ennemis à ma mort et qu'ils
iraient nulle puissance sur moi. Lors 1 ange
iui dit : Dame, mon nom est esmerveillable.
Les apostres seront tous à vostre mort, ceux
qui vivent encores, car Ahacuch fut porté
en Judée de sa maison, pour porter à man-
ger au prophète Daniel ; ainsi seront les
apdtres apportez à votre porte et arriveront
tous en un moment; les diables ne seront
point à vostre trépas et n'auront pouvoipsur
votre &me ; vous leur avez casse et brisé la
leste.
« Alors range se partit et laissa la palme à
la vierge Marie. La feuille estoit très-verte,
et la leuille reluisoit très-fort. La Dame la
fit mettre dessus son lit et dit à ses sœurs
son affaire. La nouvelle fut par la ville que
la Mère de Jésus devoit trépasser, par auoy
plusieurs y vindrent, tant hommes que lem-
mes.
« En la chambre de la Vierge estoient
plusieurs personnes pour voir le trespasse-
menl, et ainsi que la Dame faisoit semblant
de dormir ^'aDS sentir nul mal, il se tit
un tonnerre et grand esclair, le ciel se fen-
dit sans faire nul mal, entra en sa maison
un doux vent et si grande odeur que la mai-
son en fut remplie, il n'est liouche qui le
peust raconter, tant étoit odoriférante et
pensoienl les habitants estre en paradis.
Quand le fier futsenty, tous s'endormirent,
sinon la Vierge , les apostres et trois vierges
qui> tenoient trois cierges ; et h celle heure
vint Jésus-Christ accompagné de belle com-
pagnie. Il troit avec fuy cent roHIe anges
chantant et plus de cinq cents tant saints, (»-
triarches, prophètes ou martyrs, confesseurs
' que vierees et faisoient grande feste et so-
lennité. Les apostres furent joyeux quand
ils virent leur maistre avec telle ceiD|>a^n>e
et ils cognurent bien qu'il venoit au trépas
et obsèques de la vierge Marie. Jésu$-Cliri$i
s'approcha de son lict, et tous l'environné^
reutetse mirent à chanter mélodieusemeni.
Ce seroit chose fort difficile à raconter, mais
je la vous dirajr comme je l'ai trouvé par es-
crit. Jésus-Christ adressa sa voix à la Vierge,
lui disant : Venez, je ne vous ai pas oubliée ;
je vous mettray sur mon throsne; je Jésire
de voir vostre regard plein de grAce ;. jamais
n'aurez courroux. Alors la Vierge respond^i:
O sire, puissant Dieu, mon très cher Fils d
amy, sachez que je suis toute preste d'aller
quand il vous plaira. Lors tous les sainis
qui là esloient s'écrièrent à haute voix en
chantant: Biendoitestreexaucée ceste dame;
c'est celle qui en mariage et viduité D*a eu
cure de charnel delict ; elle a samctemeol
vescu au monde, en quoi doit bien avoir re-
pos. Or, pensez donc, sire, d'elle comme de
vostre amie et espouse. La vierge Marie res-
pondit tout bas : Toutes nations m'appelle-
ront la t)ienheureuse et m'honoreront {lour
les bienfaits que Dieu m'a fait, quand je lui
fus obéissante. Il est vra v et puissant, et est
son nomsainct pardurablement, par quoyje
luy prie que briesvemenl puisse aller auc
luy.
f Lors Jésus-Christ commença à chanter
plus haut que devant et dit : Venez avec
moi, très-douce mère nette de cœur et da
corps; venez à moi du Liban qui estes de
toutes la plus parfaite, venez en consolation,
car vous estes, ma mère et mon espouse, ma
mye ni ma fille; venez avec moy, je vous cou-
ronneray d'une précieuse couronne* venant
de paradis; c'est la couronne de virginité
qu'avez desservie : c'est lauréole que vous
avez bien méritée, de quoy vous serez cou-
ronnée en paradis, par les anges, dessus le)
archanges, a la droite de Dieu mon père ; vou^
serez aimée de toutes gens ; et appelée Royne
du ciel. La Vierge respondit : Sire, je ^àis
à vostre commandement, je vous recom-
mande mon flme et mon corps ; ie suis es-
crite au livre au premier chef; cest que je
dois faire vostre vouloir, aussi le veux-je
faire, tant que je pourray, car mon esprit
s'est eslevé par vostre venue, comme à s<»n
Dieu et Sauveur, grire je vous rends ; rece-
vez-moi, je m'en vais vers vous. »
Parmi les cent soixante-seize chapitres aui
composent l'édition <iuo nous avons sous les
yeux, nous reproduirons encore le chapiire
110 : Comme les apostres ouvrireni Usépul'
chre de la Vierge Marie^ et ne trouttrcnt
rien dedans^ sinon les draps st vsÊtemens.
c Or fut il ainsi que devant que les apos«
très partissent de la place, il vint un homme
qui ne vouloit pas croire aue ce lust chose
vraye, il leur requist que le sepulchre fust
ouvert, afin que il sceust la vérité si lei^orps
estoit ressuscité. Les ai)ostrcs ne le vou-
M
HAT
PART. 111. ~ LEGENDES £T FRAGMENTS.
MAT
549
loient pas faire, mais nonpbstaut ils luv
iiiODStrèrent craignant les parolles des Juifs
(le pnour qu'ils ne dissent que les aposlres
l'afoient desrobee. Ils ostereut la pierre de
dessus le sepulcbre» puis regardèrent au cof-
fre, en remuant les vestemens, mais ils n'y
trouvèrent point le corps de la vierge Marie,
car il estoit en la gloire éternelle. Celuy
homme ne croyoit pas encore, sinon qu*on
ouvrit le coffre. Quand il eut vu Jl loua Dieu
grandement, car il ne demeura au sepulchre
siooD les vestemens, draps et suaire. Après
que le bon homme eut vu dedans le sepul-
chre, les apostres le refermèrent, et y lais*se-
rent la robe et le suaire dedans, mais long
temps après JesChrestiens y firent une moult
belle église, et firent le sepulchre haut, large
•;t spacieux, et y allèrent plusieurs pèlerins
en grande dévotion, pour en faire reliques
en plusieurs lieux où ils les mirent. »
1! existe un livret répandu dans le colpor-
tage, sorti des presses d'Epinal ou de
Troyes, et intitulé le Trépaisement de la
sainte Vierge ^ contenant les Litanies et- plu-
sieurs oraisons; c'est un récit en prose et en
vers de la maladie, de la mort, oe la résur-
rection et de l'Assomption de la sainte
Vierge. M. Gb. Nisard» dans son Histoire
des livres populaires^ t. Il, p. &, a donné
quelques citations de ce livret; il suffira
d'en transcrire deux stances ; elles expri-
ment l'état où était la sainte Vierge avant
d'expirer.
Dedans cel avaiit-goûi des ci eux
Sans cesse «'Ile y perlait les yeux,
Uien ne pouvait la satisfaire.
Bien ne lui plaisait ici-bas
Que ces doux et divins appas
Qu*ell*t y tesseiitait (fordinairc.
bon cœiîr par mille ardenis soupirs
Poti9*ail au ciel mille désirs.
Son àme en douc^-ur distillée
Fa:sail d'adniiiables efforts
Pour se détacher de son corps,
De ce bas séjour ennuyée.
MARIE-MADELEINK.
Des écrits apocryphes circulèrent au sujet
de cette pénitente célèbre.
Tilleiuont {Mémoires^ t. II, p. A-TS), s'ex-
prime ainsi :
• Nous ne rapporterons rien de Tbistoire
de sainte Madeleine, qu*on prétend atroir été
écrite en hébreu par Marcella, servante de
sainte Marthe, et traduite en latin par un
nommé Synthex. Il n*y a personne aujour-
d'hui, parmi ceux qui ont quelque goût de
l'antiquité, qui ne reconnaisse que c'est une
pure fable très-mal composée. »
Michel Glycas raconte que Galien ren-
contra, dans ses voyages, Marie-Madeleine ;
et apprenant d'elle le miracle de la guérison
d'un aveu^le-né, tel qu'il est raconté dans
TEvangile, il s'écria que le Christ devait
connaître parfaitement la science des mé-
taux ou la pierre philosophale, pour avoir
pu opérer une pareille cure. L'historien
grecad'ailleursassez de critique pour rejeter
cette anecdote, en observant que Galien
vifait un siècle après Madeleine.
L'histoire de Marie Madeleine a été le su-
jet de divers ouvrages remplis de circonstan-
ces apocryphes et plus que douteuses. Yoy.
notamment Y Histoire des trois Maries.
On peut consulter la dissertation de dom
Caimet dans ^s Dissertations sur le Nouveau
Testament, in-»", 1. 1, p. kSO-Md.
H. QËttinger, dans sa Bibliographie frto-
Srapkique que nous avons déjà citée indi-
que (col. 1127) , dix ouvrages relatifs à
Harie-Hadeieine, mais cette liste est loin
d'être complète : nous nous contenterons
d'y ajouter les quatre écrits suiv/ints :
Dissertation sur sainte Marie- Magdeleine^
pour prouver que Marie-Magdeleine, Marie ^
iffur de Marthe, et la femme pécheresse, son^
troii femmes différentes, par Anquetiu,
Rouen, 1699, in-12.
Diftertation pour la défense des deux
mnits Mariê^Madeleine et Marie de Béthanie,
i<'vLr de Lazare (par Mauconduit), Paris,
1W3, in 12.
Justification de la femme pécheresse ; son
unité avec Marie- Madeleine et Marie de Bé*
thanie^ sœur de Lazare, par Le Masson, Pa*
ris, 1703, in. 8-.
Monuments inédits sur Vapostolat de sainte
Marie- Madeleine en Provence et sur les autres
apôtres de ceUe contrée^ saint Lazare^ saint
Maximin, sainte Marthe^ les saintes Marie
Jacobé et Solomé ^ QIC par M. Paillon» de
Saint-Sijlpice. Paris, édit. Migne. 2 forts vol.
in-&% enrichis de 300grav. Prix : 16 fr. (La
Correspondance de Borne dit que c'est peut-
être l'ouvrage le plus plein d érudition qui
ait paru depuis 200 ans.)
Des poètes, des écrivains dramatiques ont
également pris pour sujet de leurs écrits la
pécheresse de l'Évangile ; mentionnons : .
Balduinus Cubilliavus, Magdalena elegia*
rumquinque libris celebrata Antuerpiee,1625,
in-12.
Car.Werjœus, Magdalena pœnitens exu-^
lans, versib, eleg. tribus libris expressa, Léo-
dii, 1667, in-12.
Magdalena evangelica,BLUCi. PetroPhilicino,
Autuerpiœ, 1546, in-8*.
Magdalis, comœdia sacra, auctore Guiliel-
mo Gazœo, Ariensi, Duacl, 1589.
La Maddelena, sacra rappresentatione di
Giov. Baptista Andreini, Fiorenlino, Man-
toue, 1617, in-V, pièce singulière au sujet
de laquelle on peut consulter une note in-*
sérée dans le Catalogue de la bibliothèque
de M. de Soleinne (ISUj, n* MkS. L*auteur
refit plus tard son œuvre, la réduisit de cinq
actes à trois, et sous cette forme nouvelle
elle fut imprimée à Milan en 1652. Un autre
Italien, Gio. Francesco Magnani, composa
la Maddelena peccatrice eonvertita, scenica
rappresentatione, oui fut publiée à Plai-
sance en 1650, in-1^.
Un écrivain anglais, Lewis Mayer, avait,
un siècle plus lot, mis au jour un Interlude
cf the repeatance of Mary Magdatene, Lou-
don, 1567, in-V\
513
DICTIONNAIRE DES APOcnTPHES.
MATHUSALEM.
su
Les rabbins ont attribué dos livres & ce
patriarche; Sgacnbatus {in Archivis Veteriê
TeêiamentU p. 139)* cité par Fabricius [Co*
dex pneudepigraphus Veteriê Testamenti
t. i, p. 22<^), a recueilli leurs assertions à
cet égard. On a prétendu qu'il avait com-
posé autant de livres de commentaires sur
les traditions des patriarches, qu'il avait
vécu' d'années. On Ta représenté commo
l'inventeur des proverbes (511). Selon di«
vers rabbinSy il mourut sept jours seule-
ment avant le déluge; et, au moment do
son trépas» on entendit une voix qui venait
du ciel» comme pour célébrer ses funé-
railles.
MATTHIAS.
[Ecrits attribue't ou relatifs à saint Matthias.)
Etangile de saint Matthias. — Il ^st men-
tionné |:ar Origène (m Luc. homil. 1), par
saint Ambroisë [Prœjat. tn£iic.)« par saint
Jérôme (Procem. in Matth,)^ et par Bède le
Vénérable {Prœfat. in Luc); mais ils n'en
ont conservé que le nom. Le décret du
Pape Gélase range parmi les apocryphes
cetle production entièrement perdue au-
jourd'hui.
Traditions de saint Matthias. — Il a existé
sous ce titre un ouvrage que cite Clément
d'Alexandrie (512). Le même Père dit que
}es carpocratiens altribuaieni à saint Matthias
des principes à l'appui de leurs doctrines
Immorales (513) , et que diverses sectes
fnostiques, telles que celles de Marcion,
tfe Vaientin et deBasilide, prétendaient
également invoquer l'autorité de cet apô-
tre (51^).
Les Acta 55. (ad 2^ Februar., III, pag. 4V2,
renferment les Actes du martyre de saint
Matthias, tirés selon la Préface» d'un livre
hébreu, intitulé Le livre des condamnés, Ch
Actes furent traduits en latin dans le xii*
siècle par un religieux de l'abbaye de saint
Matthias à Trêves. La manière dont le tra-
ducteur prétend avoir obtenu ce livre d'un
Juif, le miracle d'une traduction faite par
trois personnes et se trouvant exactement
conforme, les termes de conjti6«/anlie/ et do
coélemel employés pour marquer la divioiio
du Fils de Dieu, ce qu'on dit de l'éducation
du saint par le grand prêtre Siméon et ne
plusieurs millions de Juifs qu'on pr^tena
avoir été tués par les armées rotoaiotii
avant le commencement de la guerre, suffi*
âent pour montrer que ces Actes ne sont
point originaux. Aussi Bollaiidits les tient
pour suspects, et Florentinius {Martyro-
«of/., p. 176) dit nettement qu'ils sont à pla-
cer à côté des fables qui portent le nem
d'Abdias (515).
Quoi qu'il en soit, nous allons en donner
ici la traduction.
HISTOIRE DE SAINT MATTHIAS.
Matthias, le très-glorieux apôtre de Notre-
Seigneur Jésus-Christ, fut originaire de la
tribu de Juda, et naquit dans la ville de
Bethléem ; il appartenait à une race illustre :
ses parents qui possédaient de grandes ri-
chesses et occupaient un raugfort^distingué,
étaient dignes de respect par leur piété et la
pureté de leur vie. On croit que ce fut un
effet de la grâce divine que des parents
aussi religieux eussent un fils aussi fervent.
Ils rappelèrent Matthias, ce qui signifie en
(511) c YetDS lîbcr Mîdras Abchor de eo dixii :
IKiieuii (slve innovavil) nenagenios ordines Misna* ,
K Jalkiil, in Genesim : Dixcriiii: de Maihusale :
Jiistus erat, perfectus, et quodcunque cris ejus ef-
faliiiD eral ^rahola seu proverbiuin, et pronut.iia-
bai Ci-cixt parabolas in laudeni Oei Opt. Max. i
Eiipolemiis , cité par Eu^éhe (Prœpar. Etang. ^ 1. x,
c. 17) ili(*qiri1 avait été instruit par les ailles.
(5i2) Sirom., I. ii , MaCitiias adhortans iii tradl-
tionibus : Admirare prϑentia, inqurt, el liunc pri-
uium adalieiiorem cognilionum gradiim suppo-
sait (a). — IM., I. VII. Dicunt aul<*in in iradiiu»-
nibtis Mauliiam aposiolnm iiiier cciera dixisse :
Si elecli vicijiut peccaverit , peccavii elerUis , nain
si se ita gessisaet ui jubet, Verbuin aeu ratio, ejus
viiani esse reveriiun vicimis et non prcca^set.
(513) Dicunt Carprocraliani Maltliiaui quo<|ue sic
notre langue Dieudonné ou le petit de Dien,
et dès sa plus tendre jeunesse, ils l'instrui-
sirent dans la loi divine. 11 reçut les pre-
miers éléments de la loi aux pieds de Si-
méon, homme éminent et incomparable, tt
h cette époaue, le plus savant dans la loi da
Moïse. Aidé par la grAce divine, il acquit en
peu de temps toute la science de laloietdei
prophètes. Il s'efforçait dans un âge encore
tendre à imiter les exemples des roattresi
s'appliquent avec zèle à l'étude de la lot dt-
docuisse : cnm carne qnldem esse pognandun et
illl aegre faciendum, iiîbil impiidicam ttrgiemfo li
voluptateni, augmentum auiem animae promoteo*
dum per fldeni et cogiiiiioneiD. (Lib. m.)
(514)' £x bsresibus autem aliae quidfn app^^I-
lantur ex nomine auctoris, ut mi» appeilaue wui i
TalentiDO et Marcione et Basilide, etianisi glorlepiur
se Maltbiae opinionem adducere : Falso sauf ; fuit
enlm una omnium apostolorum sicut doclriua iu
etiani tradiiio. (Lib. vu.)
(515) Les livres saints nous laissent ignorer le«
particularités de la vie de cet apôtre; unatmitiion
conservée cbez les Grecs nous appivnd qtt*ap'é$sv<'(r
prêché TËvangite vers ia Cappadoce el te P«<ai-
Euxin, il scella de son sang la loi dans la Colcbi«)c.
I<e savant Jésuite Henscbt nius a oulilié daai Ici
Acta SS. une </t«serlalf on iitr $uini sluffkiai^
(a) Une note du P. Felaa sur ce passage est rerroduttc dans la Fatrotogia Cratco- Laitue édita, t. I, cvl. i^l
(Minnc, 1856, gr. iiiS-O
545
MAT
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
HAT
K6
fine, et ne se livrant point à la fougue des
passions» il triomphait par la malurilé de
ses mœurs de l'inexpérience de la jeunesse.
En grandissant, il fut éprouvé par de fré-
quentes controverses et il fit Tadmiratton,
noQ-sealement de ses condisciples» mais en-
core de ses maîtres. Quoiqu'il fût très-ins-
truit» il ne s'enorgueillissait nullement;
mais» fidèle à la signification de son nom» il
s'efforçait de se montrer humble et petit» se
souvenant toujours de ce jprécente : « plus tu
es grand» plus tu dois t'humilier en toutes
choses» • et ne perdant pas de vue cet autre
conseil du Sage : « la honte accompagne le
superbe* et la gloire suit celui qui s'humi-
lie.»
Le bienheureux Matthias restait ainsi très-
pur de corps et d'esprit» très-habile dans la
solution des difficultés de l'ficrilure sainte»
très-expert en ses paroles. Appelé par Jésus-
Christ au nombre des disciples» il suivit
(lauvre un Maître pauvre» et quand le Sei-
gneur eut accompli sa mission sur la terre»
<(u'il eut souffert et qu*il fut remonté aux
cieux» Pierre se leva au milieu des frères
qui étaient réunis au nombre de cent vingt
et dit : « Mes frères» il faut accoipplir ce qui
est écrit en mettant quelqu'un à la place de
Judas qui a trahi le Seigneur et qui s'est
pendu.» lls^ tirèrent doncau sort» après avoir
proposé Joseph qui s'appelait Barsabas et
(|ui était surnommé le juste» et Matthias» et
le choix du Seigneur tomba sur ce dernier»
et il fut compte au nombre des apôtres» et
après la Pentecôte» les apôtres se répandi-
rent dans le monde entier» pour prêcher
TEvanflcile» et le bienheureux Matthias re-
çut la Judée comme siège de sa prédication»
et il s'7 appliqua avec un zèle extraordi-
naire.
La trente-troisième année aorès la Pas-
sion, le grand prêtre Ananus le jeune» qui
avait remplacé Akauva dans le pontificat»
pensant que le moment était favorable pour
persécuter les Chrétiens» saisi! le moment
où le proconsul Féstus étant mort» son suc-
cesseur Albin n'était pas encore arrivé; il
tint conseil avec les juges et s'entendent
avec eux» il leur livra Jacques» le frère de
Jésus, pour le punir. Pendant cet orage» le
bienheureux apôtre Matthias parcourait la
Judée en prêchant la parole de Dieu» et par
ses miracles et ses prodiges il convertissait
à Dieu un grand nombre d'enfants d'Jsraël.
Car il rendait la vue aux aveugles» il gué-
rissait les lépreux» il chassait» au nom de Je-
sus-Christ» les démons du corps des possé-
dés, il rendait l'ouïe aux sourds» il redressait
les boiteux et il ressuscitait les morts. Il en-
seignait la religion et la morale» montrant
comment la loi de Moïse était remplacée
|*arceUe du Seigneur Jésus-Christ» qu'elle
avait précédée et annoncée. En parcourant
ainsi le pays en faisant le bien et en annon-
çant le royaume do Dieu, il parvint à une
^ille de Galilée» nommée Galis» ce qui signi-
tîe en latin Ghiscala. £t entrant dans la sy-
BAftOgue» il se mit à annoncer » d'après TË-
critttre» le Seigneur Jésus, fit les Juifs
s'opposaient avec colère à ses discours,
maudissant le nom sacré du Sauveur et pro<»
férant des blasphèmes et des injures. Et
comme il redoublait de zèle pour leur prê-
cher Jésus-Christ» ils le prirent et le liè-
rent» et ils écrivirent aux princes des prêtres
et aux anciens» disant : « Nous avons saisi un
disciple de ce Jésus qui a été condamné et
qui se disait le Fils de Dieu; nous l'avons
détenu tandis qu'il soulevait le peuple dans
les synagogues et sur les places publiques.
Voyez ce qu'il convient de faire. Nous l'a-
vons examiné en lui adressant beaucoup de
questions au sujet de la loi» et nous avons
trouvé un homme qui agit contre la loi» mais
3ui la connaît parfaitement et qui se glorifie
'avoir eu Siméon pour maître. Il est d'une
race illustre et bien vu du peuple : c'est
Pourquoi nous avons résolu de ne rien faire
son égard sans la sanction de votre au-
torité. »
Quelques-uns des princes de la synago-
gue dirent : « Notre loi» frères» comme
vous savez» ne punit le coupable que d'a-
près des témoins dignes de foi» comme il est
éerit : « Dans la bouche de deux ou trois té-
QQoins toute parole sera stable et personne
ne sera puni si des témoins ne Taccusent. ji
Mais les Juifs répondirent : « Nous l'avons
trouvé qui soulevait le peuple dans les sy-
nagogues, qui provoquait des rassemble-
ments dans toute la Galilée et qui propa-
Seait la doctrine de Jésus le Nazaréen (\\xi a
té crucifié d'après le jugement des princes.
11 n'est pas une ville ni une bourgade où
cet homme très-exécrable n'ait répandu la
secte nouvelle, et il n'a pas craint de blas-
phémer contre Moïse» contre le lieu saint et
contre la loi. C'est ce dont nous sommes
témoins. »
I^ grand prêtre Ananus dit alors : « Fai-
tes-nous savoir quel est son nom. x Et les
Juifs répondirent M 11 se nommeMattIiias»'et
il esi natif de Bethléem. » Le grand prêtre
dit : «Qu'il soit amené ici» car il ne convient
pas que ces discours au sujet de Jésus se ré-
pandent; s'il a péché par ignorance» qu'il
en fasse pénitence ; sinon» qu'il subisse la
peine due à sà prévarication. » Et les Juifs
amenèrent le bienheureux Matthias devant
le conseil des prêtres et des anciens. Le
grand prêtre» l'ayant regardé» dit : « Tout le
conseil sait aussi bien que l'univers entier
en quel opprobre est tombée notre nation»
non par suite de nos fautes» mais k cause dé
la perversité d'un petit nombre d'hommes
qui sont sortis d*enlre nous et de Tavarice»
ou, pour parler plus exactement» de la sé-
vérité des gouverneurs romains.»
« Les hommes dont je parle» avides de mer-
veilles» ont introduit des sectes funestes qui
ont perdu des milliers de Juifs» et qui ont
été» vous le savez» réprimées par les princes
romains. Le plus grand de ces hérésiarques
a été Jésus de Nazareth» qui» se disant Dieu
et Fils de Dieu» a prétendu abroger l'obser-
vation de la loi » et qui» par ses prestiges» a
attiré sur lui les regards et l'assendmenlde
beaucoup de personnes. Mais à auoi boa cea
617
niCTIONNAinE DES APOCRYPHES.
M
iiaroles? Nous savons que la loi donnée par
ieS igneurk Moïse, confirmée par les paroles
et 1e^ allions ries patriarches, a été observée
par les prophètes auxquels Dieu a accordé le
don de faire des miracles tels que Jésus n*a pu
en accomplir. Qui ne sait que Moïse s*est en-
tretenu avec le Seigneur comme un homme
avec un antre homme? Qui ignore qu'Ella
a été enlevé au ciel sur un char de feu, et
que le cadavre d*Elisée, ayant été jeté sur un
mort, ce mort est ressuscité? Qui ne sait
que les autres saints prophètes n*ont ac-
compli de grands miracles, sans qu'aucun
it'eux ait eu la prétention d*u5urper le titre
de Dieu ou de vouloir introduire une loi
nouvelle? Les prophètes ont parlé d*une
voix pleine d'humilité; ils n'exprimaient rien
d'après leur volonté, mais selon Timpulsion
de l'Ësprit-Saint qui les entraînait. Ce Jé-
sus, n'agissant que par ostentation, proférait
des paroles vaines, et sa déraison en était
venue au point qu*il outrageait les princes
des prêtres et qu'il traitait d*hy[)0crites les
Seribes et les Pharisiens. Quel prophète
avait jamais eu pareille présomption? Son
audace a trouvé une juste fin, et plût à Dieu
que sa mémoire périt avec lui, et qu'il ne
se trouvât personne pour rappeler sa doctrine
A la vie. Mais il n'en est pas arrivé selon nos
vœux. Voici que le temple saint, la ville
sainte, les lois de nos ancêtres sont soumises
à un uouverneur romain et aux lois romai-
Bes. 11 n'y a personne qui ait pitié de nous,
il n'y a plus de juges en notre nation. Ce
sont surtout ces GaTiléens qui nous livrent
aux mains des Romains; ils ne rougissent
pas d'appeler sur nous et sur notre race le
sang de Jésus, comme étant celui d'un inno-
cent. Il faut donc que quelques hommes
jiérissent, de crainte que les Utimains ne dé-
truisent toute notre nation et notre capitale.
8i des deux maux on ne peut éviter l'un et
l'autre, il convient de choisir le moindre.
Il est plus sage de se montrer indulgent pour
des hommes égarés, et de leur offrir des
moyens de salut que de se réjouir de leur
perte. Nous qui sommes au milieu des pé-
rils^nous no désirons que personne soit ex-
{)0$é au danger, mais nous nous occupons
avec zèle de remplir notre devoir, qui con-
siste à relever ceux qui sont tombés, à cor-
riger ceux qui s'égarent, k secourir ceux
qui sont en détresse. Que cet homme que
vous amenés éprouve donc la douceur de
notre âme; il est libre de dire tout ce qu'il
voudra pour sa défense et de combattre les
assertions de ses accusateurs. •
^ Alors le bienheureux Matthias, remplit de
l'Esprit-Saint, éleva les mains au ciel et dit:
« Mes frères, ii n'est pas à propos que je
(«arle longuement des faits que vous me
bouche de son prophète: « J'appellerai dans
les derniers jours mes serviteurs par uo
autre nom. »
(516) HM. xMi. t^
Alors le grand prêtre Ananas dit : < Qiku?
n'est-ce pas un crime que de regarder 1« loi
comme n ayant aucune valeur, que de blas-
phémer contre Dieu et de propager des (a-
blés superstitieuses et vaines? » Matthias
répondit : « Si vous écoutez attentivement
mes paroles, je vous montreiai que ce quA
nous prêchons n'est point un amas de fa-
bles, mais une chose prouvée dès le corn-
mencement par les témoignages de la loi. I^
Dieu de nos pères a délivré notre pèreAbra*
ham du pouvoirdes Cbaldéens, lui promettant
de luidonner la terredeChanaan, et quoiqu'il
n'eât point d'enfants, et que sa femme Sara
fût stérile, le Seigneur lui promit qu'il au-
rait un fils, et Sara enfanta Isaac. • Et le
bienheureux Matthias retraça ainsi Thistclre
des patriarches, expliqua les paroles des pro-
phètes, montrant que c'étaient des signes de
Ja venue de Jésus, le vrai Messie. Le grand
prêtre l'entendant parler ainsi, fut rempli
de colère, et dit : « Tu veux la destruction
de la loi. Ignores-tu qu'il est écrit : Si un
prophète ou on imposteur se lève en Israël ,
afin de vous détourner de la loi de votre Sei-
gneur, qu'il soit mis à mort (516)? »
Matthias répondit : « Loin de moi de re-
noncer par 1 apostasie à la vérité que j'ai
trouvée 1 Je confesse de cœur, et je prérhe
de bouche que Jésus de Nazareth, que vous
avez renié, est le vrai Fils de Dieu en toutes
choses, consubstantiel, coéternel et Cdé^ii
au Père. Je suis l'esclave de Jésus>Chris( ;
je ne puis Têtre d'un autre. » Alors le graui
prêtre, se bouchant les oreilles et grinçant
des dents,dit : « Cet homme a blasphémé;
qu'il entende la loi. • Et on lut la loi, qui
dit : « Tout homme qui blasphémera con-
tre Dieu portera son péché, et celui qui
blasphème le nom de r£ternel mourra (StTj.f
Et comme le saint apdire n'était ébranlé
ni par des menaces, ni par des paroles ca-
ressantes, le grand prêtre rendit contre hn
une sentence, et dit : « Ta bouche a parlé
contre toi, et ton sang est sur ta tête. ■ El
on le conduisit au supplice. Lorsqu'il fut
venu au lieu qu'on appelle Bethlaskila, c'est-
à-dire maison des laj)idateur8, il recem-
manda qu'on fit silence, et il dit : « Quand
je verrai la face du Seigneur, est-ce que
mon ême ne vivra pas?Hjrpocrites, Davida
bien prophétisé à votre sujet, disant : « li
tendroot des embûches à l'ami du juste et
ils vous donneront le sang innocent.»
Deux témoins posèrent^ selon le voeu de la
loi, les mains sur lui, et ils jetèrent les prtf-
mières pierres. Et Matthias demanda Que
ces deux pierres fussent ensevelies avec lui
f>our servir de témoignage. El, lapidé i-ar
es Juifs, il fut aussi frappé de la bacbe,
selon l'usage des Romainx, afin d'accorder
en cette circonstance an témoigoige de dé-
férence à l'autorité du goavemenr roDam.
Et, étendant les mains vers le eiel, il rendit
l'Ame le six des calendes de mars. Il futeo«
seveli {«r quelques-uns de B€$ disciiles,
(517) UffiL XXIV. 15, !«.
549
MAT
doot les noms sont : Ldchis, Kaph» Himnu,
Hemihdu, SamueU Simou Naamen, Joseph,
IsQithely Sicnéon, Jean. Ce Jean» abandonné
de la grâce de Dieu, apostasia ; les autres
PABT. III. — LEGENDES ET TRAGMENTS. MAT !KiO
Siersistèrent dans la foi de Notre-Seigneur
ésus-Christ auquel sont honneur et ijloire
avec le Père éternel et le Saint-Esprit dai^s
tous les siècles des siècles. Amen.
MATTHIEU.
f Histoire de saint Matthieu diaprés F Histoire apostolioue d'Abdias^ K ?ii.
CHAPITRE PREMIER.
MaUbieUt Surnommé Lévi(518), et fils
f Âlphée, fut de l'ordre des Publicains, et il
en sortit pour devenir Tapôtre de Noire-
Seigneur Jésus-Christ qui l'appela (519).
Après être arrivé à la dignité d'apôtre (520),
il ne fil rien de particulier parmi ses com-
pagnons jusqu'à l'ascension du Seigneur
dans le ciel. Mais après qu'il eut, avec les
autres, été illuminé par TEsprît-Saint, et
qu'il eut reçu l'ordre d aller prêcher l'Evan-
gile dans l'univers, il eut l'Ethiopie (521)
pour son lot dans la division des pays. El ,
s'élant rendu dans cette contrée, il sèiourna
dans une grande ville qu'on appelle Nadda-
nT(522), oïl résidait le roi Eglippus, et il
j avait deux magiciens, nommés Zaroes et
Arphaxal qui abusaient le roi par les mer-
Teillcs qu'ils faisaient, de sorte qu'il croyait
qu'ils étaient des dieux. Et le roi avait en
eux une foi entière, et tout le peuple, non-
seulement de cette ville, mais encore des
reliions les plus éloignées de l'Ethiopie, ve-
uait chaque jour pour les adorer. Ils fai-
saient que les hommes s'arrêtaient soudain
dans leurs mouvemenis, et restaient immo-
biles h leur volonté, et ils privaient à leur
gré les hommes de la vue et de l'ouïe. Ils
ordonnaient aux serpents de mordre, com-
me font les Marses (523) , et ils guérissaient
ensuite par leurs enchantements. Et, comme
on dit vulgairement, on montre aux mé-
chants plus de respect par suite de la crainte
quoi a d'eux, qu on n'en montre aux bons
par suite de l'attachement qu'on leur porte;
aussi ces magiciens étaient-ils en grande
vénération parmi les Ethiopiens.
Hais Dieu qui, comme on dit souvent
(318) Quelques auteurs ont supposé que Lëvi et
Mauliifto éuieot deux personnes différentes, mais
i opinion consignée ici est la plus répandue. {Voy.
la ifoie de Fabricius, Cod, apoer» Nov. Tett.^ t. 1,
p. 636.
(51S) Mmh. IX, 6. — On peut remarquer avec
qiieUe coneision XEvang/ile de taini MaUnieu prie
iiecequi regarde cet apôtre lui-mème.'Nous y lisons
(iv,29)qoe Jétius l'appela lursquMI éuît assis au bu-
reaa des impôts : et nous vo^fons que , dans saint
Marc (n, i4) ainsi que dans saint Luc (v, 27), il en
êsi rtitaount de Lévi, fils d*Alpbée. La plupart des
îDierprites ont pensé quMl s^agissait d*une même
persoooe; toutefois Héracléon, cité par Clément
(l'Alexandrie, pensait quil s*agissait de deux indi-
vidus différents et ccue opinion, qui se retrouve
<bn8 ^rigéne (Contra Celsuin^ lib. i, c. 62) a été
a^iée par quelques critiques modernes, tels que
Groiius, in Maith. .iv, Michaelis, Einieitung^ in die
foiUuktn ickriften des Neuen Bandes^ t. Il, p. 934.
tit. Ha$e, Diiaictstt. de LevU (dans la Bibliotheca
iirmmîê, dass. 5, p. 475, J.-F. Friscb; De Levi
règle les aemarches des nommes, envoya
contre eux son apôtre Matthieu. Et, étant
entré dans la ville» il commença k découvrir
leurs prestiges. Il défaisait, au nom de Je*
sus-Christ, toutne qu'ils faisaient ; il rendait
la vue k ceux qu*i!s aveuglaient, et l'ouïe à
ceux qu'ils en avaient privés. Il plongeai!
dans le sommeil les serpents qu'ils excilaient
k mordre, en faisant le signe du Seigneur;
il guérissait de leurs morsures. Un eunuque
éthiopien , nommé Candace qui avait élé
baptisé par Tapôtre Philippe, voyant cela,
tomba aux pieds de Matthieu, et dit en l'a-
dorant : « Dieu a jeté les yeux sur cette ville
aBn de la délivrer des mains de ces deux ma-
giciens que des hommes insensés regardent
comme aes dieux. » Et il recevait Papôtre
dans sa maison , et tous ceux qui étaient les
amisdereunuque Candace venaient k lui, et,
entendant la parole de la vie , ils croyaient
au Seigneur Jésus-Christ. Et, chaque jour,
un grand nombre d'hommes étaient baptisés,
et ils croyaient que le disciple de Dieu répa-
rerait tout le mal que les magiciens avaient
fait; ils frappaient de maux divers tous ceux
qu'ils pouvaient, et prétendaient ensuite les
guérir ; cette guérison n'était que la cessa-
tion du mal qu'ils avaient infligé. Mais Mat-
thieu, l'apôtre de Jésus-Christ, guérissait
non-seulement tous ceux que les magiciens
avaint frappés, mais encore tous les malades
atteints d'infirmités diverses qui lui étaient
apportés. Et il prêchait au peuple la vérité
de Dieu de façon telle que tous admiraient
son éloquence.
CHAPITRE II.
Alors l'eunuque Candace, qui a^it reçu
cum Matihœo non confundendOf 1764. Hëradéon a
dit que Fapdtre était décédé de mort naturelle, tan«
dis que la plupart des anciens auteurs (Nicépbore,
Isidore de Séville , etc.) disent qu'il finit ses jours
par le marrtyre.
(520) Maith. x, 3.
(521)C*est ce que disent RuBn, Socrate, le Mar-
tyrologe romain, etc. D'autres auteurs ont indiqué
divers pays comme le tbé&tre des prédications <lo
saint Matthieu ; on a nommé la Macédoine, la Perse,
la Syrie.
(bti) Ce nom se retrouve dans le poème de ve»
nance Fortunat (De gaudio vitœ œternœ)
Inde triompbantem fert India Bartholomsam,
Matthcum eximium NsddiTer alta tirum.
Le Méiioioge pubUé par Ughelli dit que la ville
d^Hierapolis fut le tbé&t e du martyre de saint
Matthieu llialia sacra, t. Vl,.p. 1136.)
(523) Virgde, les deux Pliiies, Lampride, SoUn,
etc., parlent de ce pouvoir sur .les serpents nue les
anciens aUribuaient aui Marses, nation de 1 Italie.
(iSl
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
l'A
Blatthieu avec beaucoup d'aOection, l*iater«
roj$ea« disant : « Je te prie de me faire sa? oir
comroent il se lait qu étant Hébreu, tu con-
naisses les tangues grecque, égy(>tienne et
éthiopienne, si bien que ceux qui sont nés
dans ces pays ne peuvent pas les parler avec
autant de perfection que toi. » Et l'apôtre
répondit : « Le monde entier n'eut d'abord
qu'une seule langue parlée par tous les hom-
mes (524-525) ; mais il se ré[)antiit parmi les
liommes une présomption telle Qu'elle^ les
porta h vouloir élever une tour d une hau-
teur telle que son sommet tonchAi le ciel.
Dieu tout-puissant châtia celte présomption
en faisant qu'ils ne pouvaient plus se com-
prendre les uns les autres ; il y eut urte
grande variété parmi les idiomes , et la fa-
iMilié de s'entendre qui résultait de Pusage
<l*une seule langue ne subsista plus. L'in-
4enlion de faire une tour dont le sommet
f)arvlnt jusqu'au ciel était bonne» mais la
présomptioUf qui voulait parvenir aux cho-
ses saintes autrement que par des mérites
saints, était mauvaise. Le Fils de Dieu tout-
puissant, en venant en ce monde» a voulu
montrer par quel genre d'édiûce nous pou-
vons parvenir au ciel, et il nous a envoyé
du haut du ciel TËsprit-Sainl à nous» ses
douze <lisciples, lorsque nous étions réunis
dans un même lieu» et il est venu sur cha-
cun de nous, et nous avons été enflammés
comme le fer est enflammé par le feu. Et»
lorsque sa splendeur se fut dissipée » ainsi
que notre crainte» nous avons commencé à
parler aux gentils en diverses langues, et à
annoncer les merveilles de la nativité de Jé-
sus-Christ» et comment le Fils unique de
Dieu» dont personne ne connaît l'origine
avant les siècles, est venu au monde» et
comment il est né du sein de la Vierge Ma-
rie, il a été nourri et allaité par une vierge
sans tache, «t comment il a été instruit» bap-
iisé» et tenté» et comment il a souffert» ^st
mort» a été enseveli» «t est ressuscité te
troisième jour. Et il est monté au ciel» pour
s'asseoir à la droite de Dieu Tout- Puissant»
<J'où il viendra juger le monde entier par le
feu. Et ce ne sont pas seulement ces quatre
langues que nous savons» comme tu le pen-
ses; mais nous qui sommes les disciples do
Jésus crucifié» nous savons non imparfaite-
ment» mais entièrement les langues de tou-
tes les nations. Et, quel que soit le peuple
chez lequel nous puissions aller» nous con-
naissons parfaitement sa langue. Et mainte-
nant» pour tous ceux qui sont baptisés au
nom du Père» et du Fils, et du Saint-Esprit»
il s'élève une tour» non avec des pierres»
mais avec la vertu de Jésus» et la tour que
Jésus-Christ élèveainsi» leur est ouverte, et
ils y montent jusqu'à ce qu'ils parviennent
aux royaumes des cieux. »
CHAPITRE IIL
Et TapAtre ayant dit ces choses et d'au-
ires semblables, quelqu'un vint annoncer
q^ie les magiciens arrivaient avec des dra-
Sons. Et ces dragons étaient d'une gran>ieiir
norme»etieursoufiIerépandailQneardeureri-
flammée, et ils jetaient par les narines des va-
fleurs sulfureuses dont l'odeur faisait mourir
es hommes. Et Matthieu» se fortifiaot du
signe de la croix, avança tranquillemeot aa-
devant d'eux» et Gandace» ayant fait fermer
les portes, voulut l'en empAcher» et dit:
t Parle» je t'en prie» par la fenêtre à ces
masiciens» si tu le trouves boa. » Et TapA-
tre lui dit : « Ouvre-moi la porte» et tu ver-
ras par la fenêtre l'audace de ces magi-
ciens. » Et quand la porte fut ouverte, et
que l'apêtre sortit» voici uue les deux ma-
giciens» précédés chacun d'eux de son «ira-
gon» vinrent au-devant de lui. Mais quand
ils se furent approchés» les deux dragous
s'endormirent aux pieds de l'apôtre. £t la-
pôire dit aux magiciens: < Où est voire
science 7 »
« Ranimez» si vous pouvez» ces dragons. Si
je n'avais pas invoqué Jésus-Cbrist» moa
Seigneur» ils auraient tourné contre vous
toute cette fureur que vous vouliez qu'i s
eussent contre moi. Mais ils sont endorffli5,
et comme personne n'ose approcher d'eus,
je les réveillerai et je leur ordonnerai de
retourner, pleins de douceur» è l'endroit d'où
ils viennent. »£t Zaroêset Arphaxat cher-
chaient par leur art magique à ranimer l( i
dragons, mais ils ne pouvaient ni leur faire
ouvrir les yeux» ni leur faire faire aucun
mouvement. Et le peuple s'adressait tnc
prière à l'apAtre» disant: « Nous te conjun ns
seigneur» de délivrer notre cité de ces mons-
tres. » L'apôtre répondit: « Ne craignez rien,
je fer^i qu'ils s'éloignent d'ici sans faire le
moindre mal. » Et s'étant tourné vers Ic^
dragons» il dit: « Au nom de mon Seigneur
Jésus-Christ» qui a été conçu de I'Esitii-
Saint et qui est né de la vierge Marie, ei
qui a été livré par Judas aux Pharisiens, et
qu'ils ont crucifié» et qui, enseveli après >a
mort, est ressuscité le troisième jour, et qui
a conversé avec nous durant quarante jours
nous enseignant ce qu'il avaiienseigné avant
sa Passion» nous rappelant toutes les choses
qu'il avait dites et qui» après quarante jour5,
est monté au ciel en notre présence, et qui
est assis è la droite de Dieu le Père» d'où il
viendra juger les vivants et les morts : tu
son nom et par sa puissance, ranimez-vous.
Et je te conjure» Esprit-Sainr,de faire qujii
reviennent» en toute douceur» au lieu ilCù
ils sont partis, ne faisant de mal à personne,
è aucun homme» è aucun ({uadrupède et a
aucun oiseau. » Et, à sa voix» les dragons
élevant leurs tètes» commencèrent è se inou-
voir, et les portes étant ouvertes» ilssortirrni
è la vue de tout le peuple, et depuis iJ» i>J
reparurent jamais.
CHAPITRE IV.
Ensuite l'apdtre s'adressa ainsi au peuple:
< Ecoulez, mes frères et mes tils, et vous
(&i4-5i5) CtH. Il, I . -. Ce passage a grandement Fabricius» Cod. apocr. Nov. Tisi.^ 1. 1, ^ 6*0.)
«ercé les iiitcrpicies modernes. ( Vof. la note da
85S
MAT
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAT
651
tous qui roulez délivrer ces ftmesdu véritable
dragoo qui est le diable. Dieu m'a envoyé
rers tous pour vous sauver» afin qu^aban-
donnant la vanité des idoles» vous vous con-
Tertissiez vers celui qui vous a créé. Dieu,
jor$qu*il fit le premier homme» le plaça dans
un lieu de délices avec sa femme quMI avait
liréede sa oôle. Le paradis des délices est au-
dessus de toutes les montagnes (526) et il est
proche du ciel» et il n*y a rien en lui qui
puisse être contraire à la santé de Thomme.
Les oiseaux ne s'y effrajrentpas de l'aspect
e(da bruit de Thomme» ; il n'y croît ni épi-
nes, Di ronces; les roses et les lis ne s'y flé-
trissent pas» les fleurs n'y passent point, on
n'y éprouve ni fatigue» ni aucune maladie ;
laVistesse» la douleur et la mort n'y ont au-
cun accès. Le veni qui y souflle est toujours
é^^\ et doux et il apporte l'éternité aux na-
rives. Car de même que la vapeur de l'en-
cens chasse les odeurs fétides, de même les
narines y respirent la vie éternelle» qui ne
permet à l'homme de ressentir ni fatigue» ni
souffrance, mais' d'être toujours jeune, tou-
jours allèi^re et exempt de tout changement.
Les instruments de musique des anges s'y
font toujours entcndreetdes voix mélodieu-
ses retentissent aux oreilles. Et il ny a
la iii serpent» ni scorpion, ni mouche» ni
ducun animal préjudiciable à rhomme; les
liuns, les tigres» et les léopards s'y associent
avec les tiomaies et tous les ordres que
l'hoDime donne aux bêtes et aux oiseaux
5oni exécutas avec un empressement respec-
tueux. Quatre fleuves arrosent ce paradis;
l'un s'ap{)eile le Géon» le second le Pliison»
le troisième le Tigre» et le quatrième l'Eu-
plirate(d27). Ils abondent en poissons de tout
genre. Nul aboiement de chiens, ni rugisse-
ment de lion ne se fait entendre; tout esi
<alme, doux et tranquille. La face du ciel
o)' est jamais voilée par des nuée^;, les éclairs
n'y brillent pas et le tonnerre n'y gronde
point, mais il y a une joie sans fin et une
fête qui ne coooait pas de terme.
CHAPITRE V
Je YODS ai dit qu'il n'v avait pas de ser-
pent dans le paradis, et la cause en est que
le diable avait déjà exercé par lui son envie»
^t qu'ayant été maudit de Dieu» le maudit
lie pouvait séjourner dans un lieu béni.
L'ange fut saisi de jalousie (528) quand il vit
que fimage de Dieu existait dans l'homme»
<^i qull était possible à l'homme de s'entre-
tenir avec tous les animaux dans ce séjour
(ji6) Cest aussi ce qo*avince le livre éihtopien
w Combat d'Adam qui fait partie du 1" volume de
coine bkiiùnnaire d€ê Apocryphei. La même opinion
le retrouve dans d'autres auteurs. (Voy. Peiau, De
^^0 les digmm.'U ii, c. 5). Albert le Grand
^^^mma ihiohgiœ^l^n. n,traci.i5, qu.79)avatice»
nous ne savons d*apré» quelle autorité» que Tapètre
^i»i TlioiiUtf représentait le paradis comme étant
d on< ti^iuteur telle qu*il aUeignait la Lune.
(Si7) iien. ii, i0*14. — Ces fleuves ont donné lieu
^ <le longues discussions, M. Caben rend ainsi les
nom» que |(.Qr ikinne le texte hébreu, lePicbon, le
^'Uicboii, rHidekel et l'fekiplirate.
DicTio?iN. DES Apocryphes. IL
' deiélicité. C'est pourquoi l'ange» ayant con^u
/de l'envie» entra dans le serpent par la puis-
sance angMi(]ue et persuada à la femme
d'Adam de manger du fruit de l'arbre auquel
Dieu leur avait défendu de toucher sous
peine de mort. Et après avoir péché» la fem-
me séduisit l'homme. Et tous deux étant
prévaricateurs» furent exilés dans cette terre
aride et déserte, étant chassés de la région
de la vie dans la région de ia mort ; et 1 au-
teur de leur faute» caché dans le serpent»
subit la malédiction éternelle. Et le Fils de
Dieu» qui, selon l'ordre du Père» avait fait
• l'homme (529)» ayant compassion de l'é-
tal de l'homme» daigna» pour secourir notre
misère» prendre la forme humaine sans quit-
ter sa divinité. Et c'est cet homme, Jésus-
Christ» qui a de nouveau racheté l'homme
et qui a vaincu le diable'en souffrant sur la
croix, et en supportant les dérisions et les
insultes, il a vaincu la mort en mourant, afln
d'ouvrir le paradis en ressuscitant. Et atia
que personne ne pût douter que tous ceux
qui croient en Jésus-Christ ne pussent y en-
trer» le f|remier qu'il y a introduit est le
larron qui» étant cruHSe, a reconnu la jus-
tice de sa condamnation» et il a ouvert le
paradis à toutes les âmes saintes qui sortent
de ce corps. Et au dernier jour» il ouvrira
aussi les royaumes célestes à tous les res-
suscites qui seront dignes d'y entrer. Et
notre père charnel Adam» expulsé du paradis»
nous a tous engendrés dans l'exil» mais Jé-
sus-Christ nous a ouvert les portes du para-
dis» afin que nous retournions à cette patrie
où la mort n'a point de place, et où dure une
joie continuelle.
CHAPITRE VI.
Et tandis que Tapôtre disait ces choses et
d'autres semblables» voici qu'il s'éleva sou-
dain un tuinulle môle de plaintes» oarceque
le fils du roi venait de mourir. Et les magi-
ciens, ne pouvant le ressusciter» s'efforçaient
de persuader au roi qu'il avait été enlevé
par les dieux afin de prendre place parmi
eux» et qu'il fallait lui élever un (emple et
lui ériger une statue. Et quand l'eunuque
Candace apprit ces choses» il alla vers la
rené et lui dit : « Ordonne de faire garder
ces magiciens» et je te prie de faire venir à
nous Matthieu» Tapôtre de Dieu. Et s'il res-
suscite ton fils» tu feras brûler vifs ces ma-
' giciens» parce qu'ils sont la cause de tous les
maux qui surviennent dans notre cité. » Et
Candace» homme honorable (530}» attaché à
(528) On pourrait citer à cet égard les passages
empruntés à divers auteurs ; nous nous bornerons
à transcrire deux lignes de saint Augustin (tract. 5
tn / ioan,), i Et diabolos iiividendo dejectt. Ccci-
ditenim et Invidit stanti. Non ideo vokiit dejicere
ut ipse staret , sed ne solus caderet. > {Voy. d*ail-
leurs la note de Fabricius» Cod, apocr. Nov. Teil.»
1. 1,0.647.)
(529) Gen. i, 96; Pgûl. xxxii. 9. — Foy. Petau,
De Trimtaie^ 1. n» c. 7; et Bull» Defemio fidei
Nieœnœ^p. 68 et 135.
(550) Saint Irénée (lib. Hi» c. 4t) ; saint Jérôme
(oa /m. I. iti) et Ëusébe (flift. eccle$.^ I. ii, c. I)»
18
èS5
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
554
la personne du roi » envoya des émissaires
yers l'apôtre» et, l'ayant prié de yenir» il
Tintroduisit avec respect auprès du roi. Et
Matthieu étant entré » Euphenisse, la reine
des Ethiopiens, se jeta à ses genoux et dit :
« Je te reconnais pour Tapdtre de Dieu en-
Toyé pour le saiut des nommes» et pour le
disciple de celui qui ressuscitait les morts
et qui guérissait toutes les maladies. Viens
et invoque son nom sur mon tils qui est mort,
et je crois que si lu le fais, il reviendra à la
vie. » L'apôtre lui répondit : <i Tu ne m*as
pas encore entendu prêcher la parole de Jé-
sus-Christ» mon Sauveur» comment dis-tu
donc : Je crois ? Sache que ton (lis te sera
rendu. » Et étant entré» il étendit ses mains
vers le ciel et il dit : « Dieu d'Abraham»
Dieu d'IsaacetDieu de Jacob, qui, pour nous
sauver» as envoyé ton Fils unique du ciel
sur la terre aOn qu'il nous retirât de l'er-
reur et qu'il te montrât à nous comme le
vrai Dieu» souviens-toi des paroles de Noire-
Seigneur Jésus-Christ» ton Fils (531) : En
vérité f ie vous le dii^ tout ce que vous deman-
derez a mon père en mon nom, il vous le don^
liera. Et afin que les nations sachent qu*il
n'y a que toi de tout-puissant, et que ce que
j*a(ïïrme à cet égard est la vérité, que cet en-
fant se ranime, n Et prenant la main du
mort, il dit : « Au nom de mon Seigneur Jé-
sus-Christ le Crucifié, lève-toi, Euphranor. n
Et aussitôt Tenfantse leva. Et le cœur du roi
fut effrayé en voyant ce prodige» et il or-
donna de porter à Tapôtre des couronnes et
de la pourpre (532). E( il envoya des hérauts
dans la ville et dans les diverses provinces
de l'Ethiopie, disant : « Venez à la ville, et
voyez Dieu sous l'image d*un homme. »
CHAWTRE Vil.
Et une multitude arriva portant des fiam-
beaux et des pierres (533) et allumant de
l'encens et se livrant aux rites des sacrifices»
et Matthieu» l'apôtre du Seigneur, parla au
peuple en ces termes : « Je ne suis pas Dieu»
mais je suis Tesclave de Jésus-Christ» mon
Seigneur» le Fils de Dieu tout-puissant qui
m'a envoyé vers vous afin qu'abandonnant
l'erreur de vos idoles, vous vous convertis-
siez au vrai Dieu. Si vous me prenez pour
un Dieu» moi qui ne suis qu*un homme
comme vous» combien devez-vous, h plus
forte raison» croire à ce Dieu dont j*avoue
que je suis le serviteur» et au nom duquel
j ai ressuscité le fils du roi. Et maintenant»
ôtez de devant mes yeux cet or et cet argent,
et ces couronnes d*or» vendez-les et élevez
un temple au Seigneur» et réunissez-vous-^
afin d'entendre la parole du Seisneur. » Et
quand U eut parlé ainsi» onze mille hommes
disent queCandace introduisit la foi chréiieone dans
rEibiopie.
<55l) Joan. ivi,25.
(552) Le sens de ce passage paraît mal interprété
par Laiiut qui croit qu*U 8*agit de couronnes civi-
c|ues telles que celles que décernaient les Romains.
Mous croyons que le roi voulail donner à Mauhicu
les attributs de la souveraineté.
(535) Des pierres pour coniiruire des autels» ou
s'étant rassemblés » achevèrent en trente
Curs la construction de Téglise sainte. Et
atthieu appela ce temple Résurrection,
parce qu'une résurrection avait été I occa-
sion de sa construction. Et Matthieu resta
vingt-trois ans dans cette église, et il ; éta-
blit des prêtres et des diacres» et il ordonna
des évèques dans les diverses villes, et il
éleva un grand nombre d'églises dans des
lieux divers. Et le roi Eglippus fut b«plbé
ainsi que la reine Euphénisse et Euphranor,
son fils» qui avait été ressuscité, et sa fi'.ie
Iphigénic (534), qui resta vierge consacrée à
Dieu. Et les magiciens, saisis de frayeur,
s'enfuirent chez les Pers s. 11 serait lon^ do
raconter combien d'aveuj^les recouvrèrent Ia
vue» combien de paralytiques furent guéris.
combien de possédés du démon délivrés et
combien de morts furent ressuscites par l'a-
pôtre. Et ce roi fut très attaché à la foi aimi
3ue son épouse et toute l'armée et le peuple
'Ethiopie. Il serait aussi trop long de dire
combien d^idoles furent détruites et de tem-
ples renversés, et lai sant de cdté tontes ces
choses à cause de leur abondance, nous pas-
serons à ce qui concerne la passion du saint
a^)ôtrc.
CHAPITRE VIII.
Peu de temps après» le roi Eglippus, aéro-
bie de vieillesse, s'en retourna vers le Sei-
gneur, et Hyrtaque» son frère jumeau, se
mit à la tête du gouvernement. Et il voulut
prendre pour femme Iphigénie, lillo du nà
défunt, qui s'était déjà consacrée k Jésus-
Christ, et qui, ayaut reçu le saint voile de
la main de rapâlre, était h la'tèle d'une con*
grégation de plus de deux cents vierges, et
le roi Hyrtaque espérait que Tapôtra la dé-
ciderait à se rendre à ses désirs. C'est pur-
quoi il se mit en rapport avec ie bienheu-
reux Matthieu, disant : « Reçois la moitié d*^
mon royaume (535)» pourvu que je puisse
épouser Iphigénie. v Et le bienheureux apô-
tre lui dit : « Conforme-toi à la pieuse habi-
tude de ton prédécesseur, qui se rendait
chaque jour du sabbat (536) h Tendroit où je
prêchais la parole de Dieu» et ordonne que
toutes les vierges gui sont avec iphigéni'^
s'y réunissent aussi» et tu entendras touies
les louanges que je donnerai devant le peu-
ple k un mariage heureux et tous les avan-
tages que je montrerai s*y trouver» et com-
bien une union sainte est agréable è Dieu. •
Et Hyrtaque» fenlendant (>arler ainsi, se
félicita» et il ordonna qu'Iphigénie assisterait
aussi à cette réunion» comptant qu*elle en-
tendrait de la bouche de l'apôtre qu elle de*
vait devenir sou épouse.
des autels portatifs. L^usage des flambeiai djt«
les cérémoniea est fort aueieii ; Ëusèbe eo parl«. \l>*
vita ConiCanitm, I. ii, c. 5.)
(554) Tous les noms de la famille rojate d*Cibio-
pie font grecs, indice ceruio de suppositiofi.
(555) Marc, vi, 23.
(536) Le mot de aabbat au Heu de celai de «di-
manche se trouve parfois dans les anciens aiiia«rs
chrétiens.*
S57
MAT
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAT
fôS
CHAPITRE IX.
El on grana silence s*étflnl fait dans l'as-
semblée, TapAlre» ooTrant la bouche, dit :
f£coatezmes paroles, à vous tous, Gis de TE-
glis«, écoutez et comprenez toutes colles c|ue
?ous entendez , afin qu'elles restent écrites
dans vos cœurs. Votre Dieu a béni les
noces (537) et il a permis h Tamour corporel
de dominer dans les sens de la chair, afin
gue rhomme aime son épouse et que la
lemae chérisse son mari (538). Voici que
nous avons vu fi'équemment qu*il arrivait
que la femme détestait son marijusqu*à vou-
loir le faire périr par le poison ou par le
fer, ou jusqu*à demander le divorce. De
mèoDe fhomm^^ abhorre parfoissa compagne.
Qu'arriveraitMl si ce stimulant de l'amour
charnel n'était pas accordé ! Si c«^ stimulant
eierce son usage avec l'amour de Dieu, et si
rhomme prend sa femme, et la femme son
mari par amour pour leurs enfants, il est
bon et n'est point contraire au précepte de
Diea, mais il faut que la femme n'ait aucun
rapport avec un autre homme, et que le mari
ttt en horreur tout commerce avec une
fêoiiBa élcangère. Car la règle de Dieu, si
elle est observée par les époux, les purifie
de la sooillttre dtt commerce charnel. Les
souillures corporelles sont lavées aut yeui
de Dieu |>ar le moyen des aumônes et des
œa?res de miséricorde; ce i>e sont pas des
crimes; ceux-ci ne peuvent se laver qu«
dans les larmes de la pénitence. Le mariage
entraine donc la souilhire du commerce
charnel, mais il n'est pas criminel. Cepen-
dant à certains jours tels c[ue ceux du Ca-
rême et aux temps prescrits pour les jeû-
nes (539), celui qui ne s'abstient pas de l'u-
sage des viandes ainsi que du rapproche-
ment des corps, n'encourt pas seulement
une souillure, il commet un crime. Manger
Q*est pas un crime, mais manger ce qui est
défendu est un péché et un crime. Si quel-
qu'un prend d'abord de la nourriture char-
nelle, et que le même jour, après en avoir
fait usage, il ose prendre la nourriture spi-
rituelle, il est criminel et audacieux (5^0) ,
non pour avoir mangé, mais pour avoir
mangé des aliments charnels contre l'ordre
et contre la justice et conlre la règle de
Dieu. Ce n'est pas ce que lait l'homme qui
le rend coupable; c'est que la répréhensi-
bililé de l'action à laquelle il vient de se lir
vter le condamne. Nous voyons souvent des
homicides adorer des statues et des images,
celui quitue un ennemi de la paix, un barbare
et un voleur, est un homicide, et pourtant
il D*est pas regardé comme un meurtrier,
(557) Cen. i, 98.
(538) TU. Il, 4.
(539) Voy. Mabillon.notes sur Tépitrede Waselon,
!k contineniia eonjugaiorum anie communionem.
{ifiiceiL^ 1. 1, P..345, el EUm. Marieue, De anliquii
tuiaiœ ritibut^ lib. i, p. 2.)
(540) La prescriptiun d*éire à jeun pour recevoir
1^ saiaie coiomuuion remonte à une anliquité des
plus reculées. Saint Augustin ^enist. ilS) atteste
qae lel éuit l'usage de louie TEglise. ( Vou» la nuia
^ Fibricius sur ce passage d'Abilias, Cod, apoery,
A«. Tut.. I. I, p. 650.)
3
non que Tbomicide soit un bien, mais parce
^u'il est innocent d'un meurtre commis dans
es intentions perverses. Et souvent le ma-
riage qui, par sa nature est un mal, peut
devenir un bien par suite de la cause qui le
produit (5^1). Car si tu peux te cacher à ton
ennemi qui veut te frapper et qu'il cherche
où tu es retiré, tu peux non-seulement nier,
mais encore affirmer avec serment ce qui n'est
pas. Le mensonge et le parjure sont un dou-
ble mal, maiscesmauxs'eSbrcentdeproduire
unbonfruit.Dieun'apascirconscritleslimites
de nos actions avec une rigueur telle que ta
puisses dire : J*ai craint de mentir et c'est
pourquoi j'ai livré un homme» ou dire : J'ai
craint de perdre un peu d'argent, c'est
pourquoi i'ai encouru la perte d'une énorme
quantité d'or. Il y a des actions qui ne sont
point mauvaises par leur nature elle-même,
mais par suite de notre dérèglement. Car si
c>4ui qui n'a pas encore été arrosé de l'eau
céleste, ^se recevoir les mystères des sacre-
ments, il convertit en crime, une chose
bonne, et par là il encourt le châtiment de la
peine éternelle jusqu'à ce qu'il ait pu Atre
délivré de ce châtiment. De même le ma-
Kage^ lorsqu'il est béni de Dieu, que Dieu
Ta sanctifié et que Dieu l'a spécialement con-
sacré par la bénédiction des prêtres (ih2) .
parait à quelques hommes égarés une of*
lense digne de Tindignation divine.
CHAPITRE X.
Quand Matthieu parlait ainsi, le roi Hyr-
taque faisait retentir, ainsi que ses officiers,
de bruyantes louanges, pensant que l'apôtre
s*expriinait de la sorte afin de déterminer
Iphigénie au mariage que lui, le roi, avait
en vue. Mais, après qu'il eut très-vivement
exprimé son approbation, lapêtre reprit son
discours et le silence s'étant rétabli, il dit :
d V^oyeï, mes fils et mes frères, juj^qu'à quel
point est arrivé notre discours, puisque
nous avons prouvé que l'homicide pouvait
être un bien. Cur celui qui est tué, aurait
pu, s'il n'avait pas reçu la mort, causer
beaucoup de mal et faire périr beaucoup
d'innocents , c'est ainsi que Goliath a été
tué (543), ainsi aue Sisara (544), et Aman (545)» ''^
et Holopherne (546) , et c'est ainsi que ceux
qui étaient les ennemis d'Israël ont été tuéa ^
d'une manière digne d'éloges, de même les
mariages sont ornés du mérite d'une bonne
œuvre, s'ils s'etTectuent d'une manière sainte,
juste, honnête et irrépréhensible. Si au-
jourd'hui un esclave du roi osait s'emparer
de la fiancée du roi, il commettrait non-
seulement une otfense, mais encore un
(54i) Saint Augustin {Liber ad Comcntium) re-
pousse avec raisun ceue doctrine qui pourrait eu
effet devenir irès-dangereuse.
(542) Cliez les Juifs ain^i que chez les premiers
Chrétiens, la bénédiction sacerdotale précédait la
cérémonie des noces. (Vou, Groiius, ad Haiik,
XXV, et H.-G. Hochmann, De omîtdiciione nuptiarumf
Altorf, i686.)
(543) / Reg. xvii, 50.
(hAi)Jwiic, IV, SI.
(545) EktherM\, lu.
(fSiti) Judith \in iU.
•ssa
DICTIONNAIRE DES ÂPOCRirasS.
SGO
crime «i grand quSl serait avec raison livré
tout vivant aui flammes, non pour avoir
voulu se marier, mais pour avoir prétendu
i réponse de son roi. C'est ainsi que, ô roi
Hvrtaque, mon cher Fils , sachant qulphi-
génie, la fille de ton prédécesseur, est de-
venue la Gancée du roi céleste et qu'elle a
été consacrée j^ar le saint voile , comment
peux-tu vouloir te saisir de réponse d'un
plus puissant que toi, et l'unir à toi par un
mariage (5i^7) ? >»Et le roi Hyrtaquequi avait
loué les paroles que l'apôtre avait dites au-
paravant, se retira rempli de colère, après
avoir entendu ce discours.
CHAPITRE XI.
Mais l'apôtre intrépide et ferme, et redou-
blant d*énergie, continua son discours en
disant : « Ecoutez-moi, vous qui oraiçnez
Dieu. Un roi terrestre n'a qu'une domina-
tion dont la durée est courte, mais le roi
céleste possède une souveraineté éternelle.
Et de même qu'il fait goûter des joies inef-
fables à ceux qui observent sa foi, de même
il livre à des tourments ineffables ceux qui
s'éloignent de sa foi et de la sainteté. S'il
faut craindre la colère d'un roi ofTensé, il
faut redouter bien davantage le roi du ciel.
Car la colère d'un homme, soit qu*el)e re-
coure aux supplices, ou au feu, ou au fer, se
borne à des tourments passagers : mais la
colère de Dieu allume pour les pécheurs les
flammes éternelles de la géhenne. C'est pour-
quoi Notre-Seigneur et maître Jésus-Christ
a dit (548) : « Vous serez devant des rois qui,
s'ils vous flagellent en vous mettant à mort,
ne peuvent ensuite rien vous faire, w
CHAPITRE XII.
Alors Iphigénie se prosterna devant tout le
peuple aux pieds de l'apôtre et dit : « Je te
prie, au nom de ceiui dont tu es l'apôtre ,
d'imposer les mains sur moi et sur ces
vierges, afin que, consacrées au Seigneur
par ta parole, nous puissions échapper aux
menaces de celui qui , même du vivant de
mon père et de ma mère , faisait beaucoup
de menaces, et nous effrayait ainsi, et vou-
lait nous capter par de grands présents. S'il
osait agir ainsi de leur vivant, que ne fera-
t-il pas maintenant qu'il a la souveraineté
en ses mains ? »
Alors l'apôtre ayant confiance dans le Sei-
gneur, et ne redoutant nullement Hyrtaque,
mit un voile sur la tète d'Iphigénie et sur
celles de todtes les vierges qui étaient avec
elle , et il leur donna sa bénédiction en ces
termes :
« O Dieu , qui as formé les corps et vivifié
les âmes» toi qui ne méprises iamais le sexe
ni rflge, et qui ne juges nul état indigne de
ta grâce, mais qui es le Créateur et le Ré-
dempteur de tous, veille sur tes servantes,
que, tel qu'un bon pasteur, tu as choisies dans
ton troupeau, et qui, pour conserver la cou*
ronne d'une virginité perpétuelle, conser-
(547) L*apétre aurait pu ajouter que la roi ne
pouvait épouser sa nièce, union interdite par la loi
divine. (L<nl. xix, 13; ix, 19.)
vèrent la chasteté de l'âme ; couvre-les du
bouclier de ta protection, afin que celles que
tu as préparées , dans ta sagesse infinie, k
toute œuvre de vertu et de gloire, triom«
phantes des séductions de la cbajr et repous-
sant des unions légitimes, m'éritent une
union éternelle avec ton Fils Jésus-Christ,
Notre-Seigneur. Nous te conjurons, Seigneur»
de leur donner des armes, non celles de la
chair, mais celles de la force do l'esprit afin
que, grâce k un secours que tu accorderas à
leurs sens et h leurs membres, le péché ne
puisse do. iiiner dans leur corps, et que, dési-
rant vivre sous ta grâce sainte, nul défen-
seur des méchants, nul ennemi des bons ne
puisse nuire à ces vases déjà consacrés à Ion
nom. Que la pluie de ta grâce céleste
éteiijne toute ardeur naturelle, et allume )a
lumière d'une chasteté perpétuelle. Que
leur visage pudique ne soit pas exposé au
scandale et leurnégligence aux imprudentes
occasions de pécher. Qu'une virginité cir-
conspecte soit en elles, ornée et armée d'une
foi entière, d'une espérance sincère et d'une
charité ardente, afin qu'une telle force soit
donnée à ces âmes préparées pour la conli-
nonce qu'elle surmonte toutes les ruses du
diable, et que méprisant les choses présen-
tes, elles s'attachent aux choses futures,
qu'elles préfèrent les jeûnes aux repas char-
nels, et qu'elles mettent les leçons saintes
au-dessus des festins et des banquets. Que
nourries de l'oraison et remplies de la
science, et illuminées par l'abstinence, elles
exercent l'œuvre de la grâce virginale. Ac-
corde, Seigneur, l'appui de tes armes à cel-
les qui se consacrent À loi, afin qu'elles ac-
complissent le cours de leur virginité parla
grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Ké-
dempteur de nos âmes; à lui honnenr et
gloire avec Dieu le Père , par l'Esprit-Sainl
et maintenani, et toujours, et dans les siècles
immortels des siècles. »
Et \ti peuple ayant répondu Amen, après
que les mystères du Seigneur eurent été
célébrés et que toute l'Eglise eut participé
au sacrifice de la Messe, i'apdtre resta atin
de recevoir la palme du martyre auprès
de l'autel où il avait consacré le corps de
Jésus-Christ. Et tandis qu'il priait les mains
étendues, un soldat envoya par Hyrtaque,
le frappa par derrière de la pointe de son
épée et lui donna ainsi le martyre. A cette
nouvelle, tout le peuple se porta au palais
afin d'y mettre le feu. Mais tous les prêtres
et les diacres et les clercs, ainsi que les dis-
ciples de Tapâtre, accoururent au-devant du
peuple disant : « Ne violez pas, mes frères
le précepte du Seigneur, car l'apôtre saint
Pierre avant saisi son glaive» coupa roreillti
de Malchus qui voulait s'emparer du Sei-
gneur (549). Et le Seigneur lui ordonna de ré-
parer ce qu'il avait fait, en replaçant IV
reille du blessé où elle était, et il dit j
Pierre :(550J «Est ce que si je le voulais, uixU
(548) Matth. X, 17, 28; Lue. xii,4.
(549) Joan. xviii, 10.
(550) Luc. xxu, 51 ; le récit de révaasëtiste dit
561
MÂT
PART. HI. -- LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAT
5G2
Père ne m'enrerrait pas plus de douze mille
légions d*aoges (551)? » Célébrons donc tous
8Tec allégresse te martyre de l'apûlre, et ai*
tedions ce que Dieu voudra ordonner. »
CHAPITRE XIII.
Pendant ce temps Iphic^énie, vierge con-
sacrée au Christ, apporta aux prêtres et au
clergé tout ce qu'elle pouvait posséder d*or»
d'argent et de pierres précieuses, disant :
f Après Que vous aurez érigé une église
digne de l'apôtre du Christ; distribuez aux
)aarres tout ce oui restera ; il faut que moi,
e soutienne la lutte avec Hyrtaque. » Et il
Brrmf après qu'Iphigénie eut parlé de la
sorte que le roi Hyrtaque lui envoya les
femmes de tous les nobles, dans Tespoir de
fflinener à consentir à ce qu'il voulait. Mais
n'ayant pu y parvenir, il eut recours à des
magiciens, ann qu'ils l'enlevassent par le
ministère des démons. Et la chose leur
ayaut été impossible, il fit mettre le feu au
monastère où elle résidait avec les autres
vierges du Christ, s'entretcnant avec son
Seigneur le jour et la nuit. Mais lorsque l'é*
diûce était entouré de flammes, un ange du
Seigneur apparut à Iplngénie avec Matthieu
Tapôtre, et lui dit :«tlphigénie, sois ferme, et
que ces feux ne t'épouvantent point. Ils re^
loarneroot vers celui qui a voulu les diri-
ger coutre toi (552). » Et quand les flan\mes
enieloppaient la demeure de la sainte, Dieu
eicita un vent violent, et détournant le ftu
de Tbabiialion de la vierge, il consuma le
palais d'flyrlaque, et on ne put rien sauver
de cequ'il contenait. Hyrtaque échapi^a avec
beaucoup de peine, ainsi que son fils uni-
que, mais il eut mieux valu qu'il eut péri
dansTiocendie. Car un démon des plus ter-
ribles se saisit de son fils, et le conduisant
d'une course rapide au tombeau de Tapôtre
Malihieu, il le contraignit, après lui avoir
lié les mains derrière le aos, à avouer
les crimes de son père. Et Hyrtaque fut cou-
îert, des pieds à la tête, des plaies de Télé-
pbantie(553). Aucun médecin ne pouvant le
guérir, il plaça son épée sur sa poitrine et
^ ienfonga lui-même, subissant ainsi un
j'isle supulice, celui qui avait frappé par
derrière l'apôtre de Dieu se perçant lui-
mènae le corps par-devant. Ensuite tout le
Peuple, insultant à sa mort, et d'accord avec
toute larmée, prit pour roi son frère Beor,
qui avait, p^r l'entremise de sasœurlphigé-
Qie, reçu de la main de Matthieu la grâce de
qoe le Sjuveur ordonna à saii.l Pierre ile replacer
m épëe d^ns te fourreau et que le Sauveur guérit
l oreille en la louchant.
(^l) On ViX dans saint Matthieu douze légious
^fln^es. Les auteurs des livrfs apocryphes dou-
ijaieotioujotirRaux particularités t|irils prenaient
^i^Ds les écrits canoniques, une exagération carac-
KTisiique. Saint Jérôme a dit à cet égard ; c Una legio
]|PQ<i veteres 6,000 lioininum ampiectebaïur; de
dooleciiD ergo legioulbos 72,000 angflorum suni,
Uàqooi gantes bominum lingua divisa est. i Sur
çeue iiadiitoo fort incertaine des suixante-douze
Unfues dtlTërentes qui eurent leur origine spiès
««{euge, Yoy, Bochart, Phaleg., 1. i, c. 15.
(^i) Nicéptiore (Hist. eccles., l u, cli. 41) racon-
** un P«i dînéretumcit tout ceci.
1553) L,es auteurs anciens oni parlé de celte hor-
la connaissance du Seigneur. Il commença
dans la vingt-cinquième année de son âge à
régner en Ethiopie, et il régna pen*
dant soixante - trois ans. Il vécut ainsi
pendant quatre-vingt huit ans. Et de son vi-
vant, il établit un de ses fils commandant de
toute l'armée, et il nomma un autre pour
roi. Et il vit les fils de ses fils jusqu'à la qua-
trième génération, et il entretint une paix so-
lide avec les Romains et les Perses. Toutes
les provinces de l'Ethiopie furent remplies
par les soins dlphigénie, d'églises catholi-
ques, qui subsistent encore aujourd'hui. Et il
s'y fait de grands miracles par la glorifica-
tion de l'apôtre, qui le premier écrivit en
langue hébraïque (551») l'Evangile de Notre-
Seigneur Jésus-Christ, qui est et règne avec
le Père et l'Esprit-Saint, dans les siècles des
siècles.
Voragîne a suivi dans sa Légende dorée,
le récit d'Abdias, en l'abrégeant considéra-
blement. Son récit a été inséré dans le Dic-
tionnaire des légendes du christianisme^ Mi-
gne, 1855, col. 851.
On trouve à la suite des anciennes édi-
tions de Vllistoria apostolica d'Abdias et
dansle recueil des Bollandisles,2Vfévrier,une
ViedesaintMallhieu,t?cr5acJÎre6r(PO,mccr/o
auctore, Tillemont, {Mémoires, t. I, p. 118)
les a signalés comme apocryphes. Foy. aussi
Fabricius, Cod,apocr. Nov.Test.^ t. II, p. 782.
Mantouan, dans ses Fasti sacri, a repro-
duit les récits d'Abdias. Voici un échantillon
de sa poésie.
Ecce duo docti magicos in Perside cantus
Arpbasat et Zaroes adsunt, geminosque draconcs
Naribus,ore, oculis. flammam spirantibus anie
Ora viri, monst'is illuni se posse puianies
Talibus exierrere, ferunt; inlerritus ille
Goi.stitit, atque crucîs fecit inaiisuescere signo
Tum fera moustra manu palpans et tergora et ora.
Hoc oculis regioa suis urbanaque turba
Vidit, ei attouito siêlii ad spectacula vultu.
Gontinuo venere aegri vix lenia fereules
Gorpora, et infusam meutbris aniroisque salutem
Accepere ahcr^s, pulsis ex tempore morbis.
Interea iCgypti régis pulcberrimus Euphrou
Filius, inmortcm subitani prolabitur; adsunt
Ëcce niagi juvcnem ad viiam revocare voleutes ;
Sed frustra connixi , n»^ despicerentur, in astra
Snblatum dîxere pairi, nec posse reverti
Anoplius ad vitaro. Tune résina vocale
Ëuphœnissa viro casum déplorât, opemqufr ^
Postulai; ille oculis subito in sublime levatîs
Resiiiuit meinbris animam; quod tota repente
Urbs opiis admiraia, bominem compulsa fateri est
rible maladie qui rend la peau noire et couverte de
puslnles. {Voir C^lse, 1. ui, c. 25.) On a supposé
(et Fabricius trouve cette coujecture heureuse)
que ce fut le mal dont Job fut frappé.
^554) Les anciens auteurs ecclésiastiques, à oom-
mencer par Papias dont Eusébe (llist, ecclés. 1. ni,
ch. 39)rappoite le témoignage, disent que saint
Matthieu rédigea son Evangile en bébreu, ou plutôt
dans le dialecte syro-clii»ldaîque dont les Juifs fai-
saient alors usaee. Ge texte n'est pas venu juse^u'à
nous. Il fut alilré de bonne heure par les épîonites
et les Naxaréens, ce qui fut cause qu*on le négligea
et qu'on Ta hissé perdre. La version grecque faite
sous les yeux des apétres , selon saint Jérôme et
saint Augustin, el approuvée par eux, tient la place
de roriginai.
965
DICTiOiNNAlRE DES APOCRYPHES.
^' ^se Deumnostrt in lemm eub imagine lapsam.
Manera ceriaiim apportant; quaeproiinus ipse
^ertii in excelsae molis delubra, Tonanti
»acra, sacerdoces, liymnos, riiumqne perennem
liistUuens ; rt^em ac populuni lustralibus undis
LaYit, et ^thiopes Cnnstum diffudît In omnes.
Hyrtbacus iEgyppo régi successit, et Euphroti
Pellitar a re^iio ; pedicas Ergina tetendit
Matiheo regique simul ; nam virginis ora
8uae faerat sacraia Deo javeniliier arsit
yrtbacoSiet rapidosanimoconceperat ignés.
m
Sed Toto Msubsus erat eontrarius ; ora
^bjurgans regeni telrico, violentia amoris
Hyribacus impulsas, Matthaeum obironcai ; amiu
Yi potiiur ; tantum potuit Venus atqne Cnpido.
Il existe une composition dramatiqae d on
écrivain espagnol (leu connu, Felipe Godi-
nez ; elle est intitulée : San Matto en Fltopm,
et elle se trouve dans le tome XXVIII, (pu-
blié en 1667) d'un recueil très-rare : Comt-
dia$ nuetoi escogidas de loi mqorei ingmoi.
r
r
UTURGIfi DE SAINT MATTHIEU,
à Vuiage det élhiopieHi.
Au nom du Père, f etdu Fils, f et du Saint-
Esprit, f Ainsi soit-il.
Le chœur chante: Alléluia.
Pour moi dans Timmensité de ta miséri-
corde, j'entrerai dans la maison.
Je t'adorerai, dans ton saint temple, plein
de ta crainte.
Je te confesserai. Seigneur, de tout mon
cœur, parce que tu as exaucé les paroles de
ma bouche.
Je chanterai tes louanges, en présence des
anses, je t'adorerai dans ton saint temple.
Que tes prêtres revêtent la justice et que
les saints soient dans l'exultation.
Tu m*arroseras. Seigneur, avec l'hyssope
et je serai purifié, tu me laveras et je devien-
drai plus blanc que la neige.
Lave-moi de plus en plus de mon iniquité
et puriGe-moi de mon péché.
Délivre ton serviteur des étrangers.
Jl leur a donné le pain du ciel.
L'homme a mangé le pain des anges.
Je laverai mes mains avec les justes et j'en-
tourerai ton autel. Seigneur.
Je l'ai entouré et j'ai immolé dans ton ta-
bernacle l'hostie de la supplication.
Tu as préparé devant moi, la table contre
ceux qui me persécutent.
Tu as versé l'huile sur ma tête, et qu'il est
brillant le calice qui m*enivre.
Je prendrai le calice du salut et j'invoquerai
le nom du Seigneur.
Béfii soit celui qui vient au nom du Sei-
Sneur;nous vous avons donné notre béné-
iction de la maison du Seigneur.
Salut, Eglise sainte, notre mère, entou-
rée de murailles et ornée de topazes; salut,
Eglise, notre mère.
Tu es le vase d'or pur dans lequel est
cachée la manne, tu es le tabernacle du pain,
et tu es descendue du ciel, et tu donnes à tous
la vie pour toujours.
Au nom du Père, f et du Fils, f du Sainl«
Esprit, f Ainsi soit-il.
te prêtre dit d'abord les oraisons «ut-
vantes , pour l'Eglise , l'autel et leurs or^
nements,
(555) Fabricitis , Codex apocryphui Novi Teifa-
mentu t. il, p. ill, a publié en latin c^lte liturgie,
laquelle se trouvait déjà dans le Novum Tetiamen-
tum œihiopice t Roroae, 1548, p. 158. Notons en
p-ifisant que ce Nouveau-Testament est un volume
d une rareté extrême tt tellement difficile à trouver
Seigneur, notre Dieu, tu es seul saint,
sanctiûant tout par ta puissance secrète. El
nous te supplions de daigner envoyer ton
Esprit-Saint sur cette église, et sur cet au-
tel et surtout ce qui sert a l'accomplissemeol
des saints mystères. Bénis-les de nouveau ,
sanctifie-les et purifie-les de toute tache et
de toute souillure, et qu'il ne reste en eux
aucune marque d'impureté et aucun motif
d'incrédulité ; fais que pour cette église,
toutes choses soient pures etsaintes, de même
que l'argent qui augmente septfois de valeur
après avoir été essayé, éprouvé et purifié par
le feu. Fais que toutsoit un mystère, au nom
du Père, f du Fils f et du Saint-Esprit, t
maintenant, et toujours, dans les siècles des
siècles. Ainsi soit-il.
Cette oraison terminée^ on revêt Fautd
et on prépare tout pour le sacrifice* Le pri*
tre continue :
Seigneur, Seigneur Dieu, qui sondes toas
les cœurs, qui manifeste ce qui est caché,
qui connais tout et chaque chose en ^>artica*
lier, tu es saint, reposant sur les saints. Tu
es le seul sans faute, pouvant effacer les pé«
chés. Tu sais, Seigneur, que je suis indigne
pour ce saint mystère qui procède de toi,
que ma face ne devrait pas en approcher et
que ma bouche est incapable de célébrer tes
louanges et de te rendre grâces. Mais è cause
seulement de Tinfinité de tes miséricordes t
pardonne-moi, Seigneur, parce que je suis
un pécheur. Accorde-moi, donne-moi, (si
dans ce moment j'obtiens mi:iéricunle,) et
en voie -moi, Seigneur, ta force afin que je
je puisse di^^nement célébrer ces saints mys-
tères, suivant la volonté et le désir de mon
cœur. Que l'encens et cette oblatioo soient
en bonne odeur en ta présence, et toi, Notre-
Seigneur et notre Sauveur, Jésus-Christ,
sois avec nous et bénis-nous; tu es celui qui
efTace nos péchés, tu éclaires notre âme t
tu es noire vie, notre force et notre guidf.
Nous te rendons grâces jusqu'au pi^i
de ton trâne , maintenant et toujours , et
dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
• Oraison sur la patine.
Seigneur, notre Dieu, Jésus-Christ, qui à$
complet, que sur cino exemplaires existant à Vtrî*»
pas un ne réunit les diverses parties q^ï doé^eai k
composer. Voir^ à ce suiei, des détails éleedus dans
le Catalogue de ta bibliothèque ds M. SitHStrêét
Saey, par U. R. Merlin, 18», 1. 1, p. ISl etTM*
5il5
MAT
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAT
66«
étendu tes miiins sur le bois de la sainte
croix, étends-les aussi sur cette patène qui
sert pour ton sacré corps-» bénis-la en ce
moment, sanctiBe-ia,puriûe-la, pour latrans-
substanliatioo de l'hostie eo ton saint corps
au milieu de cette Eglise sainte et apostoli-
que, parce que toute gloire t'ap))artient ainsi
qu*à ton Père céleste et à rEsprit-Sainti
source de vie, maintenant et toujours et
dans les siècles des siècles. Ainsi soitril.
Oraison sur le calice.
8eigpeur,nolre Dieu, Jésus-Christ, immor^
te), qui étant vraiment Dieu, t'es fait boni me,
sans te séparer jamais de ta di?inité, qui as
Tprsé volontairement ton sang précieux pour
uoe faible créature, fais qu'en ce moment,
tes mains soient sur ce calice,, f bénis-le, f
sanctilie-le, f et purifie-le afin qu*il serve à
la consécration de ton sang sacré, dans ton
Eglise apostolique ; toute gloire t'appartient,
atnsiqu'à ton Père très-bon et au Saint-
Esprit, maintenant, et toujours et dans les
siècles des siècles. Ainsi soil-il.
Que ta bénédiction , la pureté et la joie
soient h ceux qui recevront ton précieux
sang. Ainsi soit-il.
Oraiton sur la cuiller représentant la lance
de la croix»
Seigneur, noire Dieu qui as daigné per*
meure à ton serviteur le prophète Isaïe,
d'avoir les lèvres purifiées par le charbon
ardent qu'un séraphin prit sur Taiitel, afin
•}>nl i ût soutenir son regard, accorde-nous.
Père tout-puissant, Notre-Seigneur et notre.
DieUp qui contiens toutes choses, que tes
mains soient surcette lance afin qu'elle serve
dignement au sacrifice du corps et du sang
précieux de ton Fils unique, Jésus-Christ,
Nûtre-Seigneur et Dieu , notre Sauveur.
Béois>la en ce moment, f sanctifie-la et
puritle-la; f donne-lui la puissance et la
gloire, ainsi qu'à celte coupe, car à toi
appartient la gloire, ainsi qu'à ton Fils uni-
que et à ton Esprit-Saint, maintenant et
toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi
iou-ij.
Que la vertu, t ^^ bénédiclion, f 1a sanc-
litication, de la Sainte-Trinité, soit sur celle
éc; ise dédiée à saint N. ; à toi la gloire, Sei^
gneur, cl à ton Fils et au Saint-Esprit, main-
t(?nant et toujours et dans les siècles des siè-
cles. Ainsi soit-il.
Oraison sur la boîte servant à recevoir TAof •
(te pour le sacrifice.
Seigneur notre Dieu, qui as ordonné sur
le mont Sinai à Moïse ton serviteur et ton
p'opbèie de réunir en un lieu les objets.
«-œployés au service de l'autel, de Farcbe
et (lu sanctuaire dans ton tabernacle, étends
maintenant. Seigneur notre Dieu tout-puis-
sant, les mains sur cette boite, emplis-la
de vertu, de force et de pureté et de la
Krâce de l'Esprit-Saint pour la gloire, afin
qu'elle serve dignement au corps de Moire-
Seigneur, unique, notre Dieu et Jésus-Christ
Dotrc Sauveur, dans cette sainte Eglise apo$«
tolique. A toi la gloire, à Ion Fils unique
et à ton Esprit-Saint, maintenant, et tour
jours et dans les siècles des siècles. Ainsi
soit-il.
Que Dieu le Père nous donne la sancti-
fication que nous pouvons recevoir et la
rémission de nos pécnés ; à lui appartiennent
la louange et l'honneur, maintenant, et tou-
jours et dans les siècles des siècles. Ainsi
50il-il.
Quand le prêtre offre Vhostie sur Vautel^
il dit la prière suivante :
Seigneur notre Dieu, qui as accepté le
sacrifice d'Abel dans le désert, celui de Noé
sur l'autel, celui d'Abraham sur le haut de
la montagne, celui d'Hélie sur le mont Car-
mel, celui de David, devant. l'arche, celui
d'Elisée et l'oblation de la pauvre veuvedans
le temple saint, reçois ce sacrifice que je
t'offre et que t'offrent en ton saint nom
tous tes serviteurs et servantes, afin qu'il
serve à la rémission de mes péchés et des
leurs et, pour cette offrande que nousfaisons,
accorde la récompense que nous n^iérilons
dans ce siècle, dans la, vie future et. dans
les siècles des siècles. Ainsi soit-il
il versê-
Oraison que fait le diacre quand ii
le vin et Veau dans le calice.
Vrai Christ, notre Dieu et Nôtre-Seigneur,
qui as été convié aux noces de Cana eo*
Galilée et les as bénis, qui as changé l'eaii
en vin, fais de même aujourd'hui et f bé-
nis, t sanctifie, f purifie ce vin qui t'est
offert afin qu'il soi! la joie et la vie de
notre Âme et de notre corps et pour que
le Père, le Fils et le Saint-Esprit soient en
tout temps avec nous, parce que nous n'a-
vons d'autres dieux que toi, Seigneur. Em-
plis-nousdoncduvinderallégresse,dusalut,
de la joie, de la vie, de l'intelligence et de la
résolution de l'Esprit-Saint, dans les siècles
des sièces. Ainsi soit-il. f Que le Seigneur
Dieu tout-puissant soit béni, f Que le Fils
unique, Jésus-Christ, né de la Vierge Marie,
soit béni, f Que l'Esprit Paraclet, notre.
Dieu, soil béni, car au Père, au Fils et au
Saint-Esprit appartient la vraie force dans,
les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Le diacre répète sur le calice Voraison:^
Seigneur notre Dieu qui as accepté, etc.,
comme ci-dessus à Voffrande de Vhostie
Le prêtre dit en chantant et en élevant les
mains de manière, qu'elles ne dépassent paê
la tête :
' Père unique saint. Fils unique saint et
Esprit unique saint.
Le peuple répond : Ainsi soit^h
Le prêtre chantant dit :
Naiions,Jouez toutes le Seigneur; peuples,
louez-le tous, parce que sa miséricorde a
été établie sur cous et que la vérité du Sei-
gneur demeure éternellement. Gloire au
Père, etc«
Le diacre : Levez-vous pour prier.
Le peuple : Que Dieu ait pitié de nous.
Le prêtre : La paix est avec vous.
Le peuple : Et avec ton Esprit,
W7
DICTfONSAIRE DES APOCRYPHES.
M
Le prêtre dii en action de grâces^ Voraiion
duivante :
Rendons grftces à notre bienfaiteur le
Seigneur roiséricordieuxt au Père de Notre*
Seigneur Dieu et notre Rédempteur Jésus-
Cfari&t, parce qu'il nous a protèges, secourus,
Sardes, recommandés, attirés à lui, reçus
ans ses bras, rorlifiés, et qu'il nous a fait vi-
vrejusqu'è ce moment. Prionspourque notre
Dieu tout-puissont nous conserve encore
en ce saint jour et en paix.
Le diacre dit : Priez.
Le prêtre répond : Seigneur notre Dieu,
Père i)on et toul-puissaiil, Père de Notre-
Seigneuret Rédempteur Jésus-Christ, nous
te louons par-dessus toute chose, pour toutes
et dans toutes tes œuvres, parce que lu nous
as protégés^ secourus, gardés, recommandés,
attirés à toi, reçus dans (es bras, fortifiés et
Ïue tu nous a fait vivre jusqu'à ce moment,
lous le demandons aussi à ta bonté, ô toi
qui aime le genre humain.
Le diacre afit : Demandez et priez pour
que le Seigneur nous épargne et nous lasse
miséricorde et pour qu il exauce la prière
que lui adressent ses saints pour nous, pour
qu'il -nous rende dignes, comme il convient
que nous le soyons, pour participer à ce
saint sacrement, afin que nos péchés nous
soient remis.
Le prêtre poursuit : Afin que nous pas-
sions, tout le temps de notre vie, ce s$aint
Jour en toute paix et dans la crainte, éloi-
gne el chasse loin de moi et de tout ce peuple
et de ce saint lieu tout mauvais désir, toute
tentaiion, toute œuvre de Satan ; les conseils
dos hommes mauvais, les insultes secrètes
et publiques de nos ennemis; donne-leur
par nous tous les biens, selon leur avan-
tage et utilité, car tu es celui qui nous a
donné le pouvoir d'écraser le serpent et le
scorpion et toute violence ennemie ; ne nous
induis point en tentation, mais atfrancbis-
nous et délivre-nous de tout mal, par la
grâce^ la miséricorde et l'amour pour les
hommes, de ton Fils unique Jésus-Christ
Notre-Seigneur, Dieu et notre Rédempteur,
avec lequel et avec le Saint-Esprit , gloire et
puissance soient à toi, maintenant et tou-
jours, et dans les siècles des siècles. Ainsi
aoit-il.
// dit f pour ceux gui offrent des pre^
$ents :
Demandons de nouveau à Dieu tout-puis-
sant. Père de Notre*Seigneur, notre Dieu
et notre Rédempteur, Jésus-Christ pour ceux
qui ont offert à l'Bglise sainte, unique et
qui est au-dessus de toutes les autres, le
sacrifice des premières dîmes qui sont une
preuve et un témoignage de leurs actions
de grâces, soit q^ue cette offrande ait été
abondante ou minime, secrète ou publique,
possible ou impossible, que le Seigneur
notre Dieu, qui donne l'Esprit-Saint, et en
qui réside le pouvoir de toutes les bonnes
œuvres, tienne à chacun compte de sa vo-
lonté.
Le diacre dii : Priez pour ceux qui ont
apporté des présents
Le prêtre répond : Seigneur Dieu tout-
puissant, nous te prions et nous le demao*
dons pour ceux qui ont présenté leurs of«
fraudes à l'Eglise sainte, unique et élevée
au-dessus de toutes les autres, soit que
ces offrandes aient été riches ou pauvres,
faites en secret ou publiquement, volon-
taires ou impossibles, accepte la volonié
de tous, et donne à chacun ta bénédiclioa
f)Our récompense, par ton Fils unique arec
equel et con^intemenl avec le Saint*Esprii,
gloire et puissance appartiennent, mainte-
nant, et toujours, et dans les siècles des siè-
cles. Ainsi soit-il.
Oraison pour t offrande sacrée.
0 noire prince, Jésus-Christ,toiquiesd*ane
substance incréée , qui es le Verbe pur, le
Fils du Père et du Saint-Esprit, tu es
le pain de vie descendant du ciel, qui, avant
ta venue sur la terre, étais la figure de
TAgneau sans tâche pour la rédemption du
monde, manifeste maintenant ta bonté sur
le pain et le calice qui te sont offerts sur
cet autel portatif. Bénis f, sanctifie f, pu-
rifie t et change ce pain en ta chair im-
maculée et ce vin en ton sang précieui.Que
ce sacrifice soit ardent et qu'il te plaise; qu'il
soit pour notre flme et notre corps un re*
mède de salut, parce que tu es notre Roi,
Christ, notre Dieu, nous te rendons grâces
avec toutes les louanges, le respect et la
gloire qui nous sont possibles, ainsi qu'à
ton Père céleste, au Saint-Esprit, la source
de la vie, maintenant, el toujours, et dans
les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Le diacre : Fléchissez les genoux.
Le peuple : Nous nous prosternons devant
toi, Seigneur, et nous te louons.
Le coadjuteur du prêtre dit ce qui suit:
Seii<neur, Seigneur, Jésus-Christ, Fils uni-
que. Verbe db Dieu le Père, qui par ta pas-
sion nous as rendu le salut et la fie,
qui as brisé tous les liens de nos (léchés.
qui as soufflé sur la face de tes saints disci-
ples, tes ministres sans tache, en leur di-
sant : « Recevez TEsprit-Saint ; ceui à qui
vous remettrez les péchés, les péchés sont
remis et ils sont retenus à ceux à qui vous
les aurez retenus. » Comme tu as accordé {'dr
ce pouvoir sacerdotal donné à tes apOtro
qui sont ta sainte Eglise, la puissance oe
lier et d'absoudre en tout temj>s les péchés
et les liens de nos iniquités, fais, Seigneur,
nous en supplions ta bonté et la cléweuro,
ô toi qui aimes les hommes, fais que ie5
ministres nousabsolvent, nous tes serviteur».
nos parents, frères, sœurs et amis et uwu
pécheur, et tous ceux qui s'inclinent devant
ta présence dans ce saint sacrifice. Dirige-
nous, Seigneur, dans la voie de ta m m**
ricorde, romps et brise lous les liens de
nos péchés.
O Seigneur, si nous avons péché envers
toi sciemment ou par ignorance^eu parma-
lioe du cœur, légèreté de l'esprit ou ^rioclH
nation etsouilluredela chair, paradions, (pa-
roles et intentions, épargne-nous. Seigneur,
parce que tu connais notre faiblesse. 0 Sei-
569
MAT
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAT
570
goear très-bon qui aimes tous les hommes,
accorde-nous la rémission de nos péchés, f
Béois ei t sanctifie» f purifie et parfume,
al)5ous-nons et rends-nous libres. Absous
nos pontifes, nos princes et nos rois, pa-
(riarcheSt arisheTéc^ues, évoques, prêtres,
diacres, et nos ministres, et ton peuple, et
Bos parents, et nos firères. Souviens-ioi,
Seigneur, des princes, des pontifes, des rois,
des patriarches, des archevêques, des évè-
qaes, des prêtres, des diacres et de tes mi-
nistres, de nos parents et de tous ceux qui
dorment et reposent dans la vraie foi ; rem-
plis-nous de la crainte de ton nom,etap«
prends-nous h faire ta volonté. Que gloire
et honneur te soient rendus dans les siècles
des siècles, parce que tu en es le seul digne.
Ainsi-5oit-il.
Qu*en ce jour, tes ministres, le prêtre, le
diacre, tous tes serviteurs, le peuple et moi,
ton pauvre serviteur et pécneur, nous
soyons absous au nom delà sainte Trinité,
)e Père, le Fils et le Saint-Esprit, de la bien-
heureuse Marie du second ciel, Mère de Dieu,
de Michel, de Gabriel, de tous les archanges,
des quatre-vingt-dix-neuf ordres des anges et
des mille milliers de tes serviteurs dont nous
ne pouvons dire les noms, et des quatre ani-
maui, et des quatre-vingts vieillards et pre-
miers saints Pères, des quinze prophètes et
de leurs douze fils et des douze apôtres, de
saint Jacques, évêque de Jérusalem, saint
Paul, Timotbée, Sylla, Barnabas, Titus, Phi-
léfflon, Clément, des soiiante-et-douze dis-
ciples et de leurs cinq cents compagnons,
de saint Mare annonçant ta Divinité et des
aalres évangélistes, des trois cent dix-huit
é.réques qui, pour la défense de la foi, se sont
réunis dans le synode deNicée,des cent cin-
quante qui ont assisté au synode de Cons-
tantinople et des deux cents àeelui d*£phèse,
de notre pontife Saviros, de Jean-Chrysos-
tome, bouche d*or,dti Cyrille, de Basile, de
Théophile, d'Athanase, de Grégoire et de
nos Pontifes Matthieu, Gabriel, Jean, Sa la-
ma, Bartholomée, Isaae, Marc et de TEgiise
uoique formée par les saints apôtres et par
moi pécheur; soyez absous et remplis de
la grâce pour la gloire et l'honneur du Père,
do Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
ici le prêtre faii connaitre Vépacte^ ie nom"
brt d^or^ les fêles mobiles et immobiles, les
indulgences^ tes rites et les cérémonies du
commencement à la fin ^ répand T encens en mé-
mire des vivants et des morts et dit, en met-
tmt f encens dans fencensoir cette prière : f
Béoisoille Père tout-puissant, f bénisoit Jé-
sus Christ, le Fils unique, f béni soit TEsprit
Paraclet à qui maintenant et toujours hon-
neur et gloire soient rendus.
Encensant ensuite autour de Vautel, il dit :
ÀUeluia au Père, alléluia au Fils, alléluia
BU Saint-Esprit, maintenant et toujours et
dans les siècles des siècles.
,t 0 Dieu éternel! tu es avant et après, tu
nas ni commencement ni fin, tu es grand
daos ta providence, puissant dans tes œuvres
^^ prudent dans tes conseils (tout le prouve) ;
nous te prions et supplions, Seigneur, qu'en
ce jour tu sois avec nous, que tu nous ré-
vèles ta face ; demeure avec nous, efface nos
péchés et nos iniquités que nous avons com-
mis volontairement et involontairement,
sciemment et par ignorance, purifie notre
cœur et sanctifie notre Ame. Permets-nous
d'approcher de toi, que cette oblation, ce sa-
crifice d'actions de grâces, cet encensspiri-
tuel arrive et s'élève jusqu'au trône de (a
sainteté.
Lorsqu'il encenserautelf il dit cette prière:
Souviens-toi, Seigneur, de ton Eglise uni-
que, sainte, apostolique, de cette assemblée
qui est la tienne depuis le commencement.
Souviens-toi, Soigneur, de notre prince N.
des pontifes, nos Pères, de nos patriarches,
archevêques, évoques, prêtres, diacres et de
tous ceux qui pratiquent la foi catholique.
Souviins-toi, Seigneur, de notre roi N. et de
tous les rois chrétiens, de nos parents, de tes
servileurset servantes, de nos frères etsœurs,
de tous les fidèles qui dorment et reposent
avec le signe de la vraie foi. Souviens-toi,
Seigneur, de nos congrégations et bénis-les.
£e diacre dit : Levez-vous pour prier.
Le prêtre : La paix soit avec vous.
Le peuple : Et avec ton Esprit
Le prêtre^ à haute voix, dit trois fois :
Adorons le Père, le Fils, le Saint-Esprit
qui sont trois et un.
Le peuple répète trois fois la même prière.
Le prêtre répond :
Que la paix soit avec toi, sainte Eglise,
demeure de la paix. Salut, Vierge Marie,
Mère de Dieu, tu es Tennensoir d'or, qui
porte le charbon ardent ; béni soit celui qui
du sanctuaire, a reçu ce charbon, parce (jue
lui-même il est vraiment le Verbe de DieU|
qui remet les péchés et eOace les fautes, qui
est né de toi et qui s'est offert au Père com-
me un véritable encens et un précieux sa-
crifiioe. Nous t'adorons. Christ, ainsi que
ton Père très-bon et miséricordieux et l'Es-
prit source de vie, parce que tu es venu et
tu nous as délivrés.
Le peuple répète la même prière ; ensuite le
coadjuteur du prêtre continue la prière :
Seigneur d'intelligence, t u nous as fait con-
naitreet manifesté la sagesse nui avant nous
était inconnue; Seigneur,quiaonnesles paro-
les de joie et d'allégresse h ceux qui annon-
centlamagnificencedeta vertu, tues celuiqui,
dans la grandeur de sa bonté, a appelé Paul
qui persécutait ton Eglise, et tu l'as établi
comme un vase d'élection en ton royaume, tu
l'as choisi pour ministre et prédicateur de
ton Evangile et de ton règne.
0 Christ, notre Dieu, le meilleur des amis
des hommes, accorde-nou^t, nous t'en prions,
la sagesse, l'intelligence, la science et l'en-
tendement; sois sans cesse avec nous pour
que noussentions, comprenions, sachions et
entendions l'Ecriture qui annonce ta sain-
teté, et qui est lue en ta présence. De même
que tu as accordé à PauJ celte faveur et l'as
nendu digne d'une si grande grAce,fais aussi
(nous t'en supplions) que nous en soyons
disnes, afin que nous l'imitions, lui, le chef
de la vie, que nous marchions dans sa voie.
175
DICTIONNAIRE DES APOCRYPIIfcS.
574
bienheureuse volonté» afin qu*ils jugent
dans la justice et la droiture» et qu'ils fas-
sent pattre tes peuples dans Téquité. Con-
serve aussi tous nos évéques, prêtres et
diacres, qui sont dans la yraie foi et tous en
conformité avec la sainte et unique Eglise»
3ui est la congrégation apostolique. Regois,
u haut de ton trâae, comme un sacrifice de
bonne odeur» les prières qu^ls t*adressent
Ï^our nous et pour tous tes peuples. Dissipe
eurs ennemis et leurs adversaires, et brise-
les promptement sous leurs pieds. Pour eux»
conserve-les dans la justice et la paix» et
dans ta sainte Eglise.
Pour les assistants :
Et prions de nouveau Dieu tout-puissant»
Père de Notre-Seigneur et notre Dieu» et
notre Sauveur Jésus-Christ. Nous prions et
sollicilons ta bonté» ô toi qui aimes tes hom-
mes : souviens-toi» Seigneur» de ceux qui
sont ici réunis, et bénis-les.
Le diacre dit : Priez pour cette Eglise
sainte et pour nous qui sommes réunis en
elle.
Le peuple dit : Bénis notre réunion et
cODserve-)a en paix.
Le diacre dit : Animés de la sagesse
du Seigneur» dites et chantez Toraison de In
foi.
Le peuple dit : Je crois en un seul Dieu»
Père tout-puissant» le créateur du ciel et de
la terre» des choses visibles et invisibles» et
en un Seigneur Jésus-Chrisl» Fils unique de
Dieu» et né du Père avant tous les siècles»
Dieu de Dieu» lumière de lumière» Dieu
vrai de Dieu vrai. Engendré et non créé»
consubstanliel au Père» par lequel toutes
ctioses ont été faites. Qui pour nous hom-
mes» et pour notre salut» est descendu des
cieux. Et çiui a été incarné du Saint-Esprit
dans le sein de Marie vierge, et s*est fait
homme; et il a été crucifié pour nous sous
Ponce Pilate» et il a souffert et a éié ense-
veli. Et il est ressuscité le troisième jour»
selon les Ecritures. Et ilestmontéauciel»est
assis à la droite du Père. Et il viendra de
nouveau dans sa gloire juger les vivants et
les morts; c*estluidont le règne n*aurapasde
fin. Et au Saint-Esprit Seigneur et vivifiant»
qui procède du Père et du Fils, qui est
adore et congloritié avec le Père et le Fils.
Qui a parlé par les prophètes. Et à son Eglise
sainte» catholique et apostolique. Je confesse
un seul baptême pour la rémission des pé-
chés, et j'aitends la réîjurrection des moris
et la vie du siècle qui doit venir. Ainsi
80il-il.
Le prêtre dit : Fais qu'ils ne soient ja-
mais divisés devant toi, et qu'ils accomplis-
sent sans négligence ta sainte et bienheu-
reuse volonté. Fais d*eux une maison de
prière, une maison de pureté, une maison
u*aboiulance et de gr&ce, et accorde. Soi-
gneur, celte laveur à nous tes serviteurs, et
a ceux oui doivent nous succéder dans le
siècle. Lève-toi, Seigneur notre Dieu, et que
nos ennemis soient dissipés, et qu'ils fuient
devant ta face, tous ceux qui haïssent ton
nom saint et béni ; mais que tes peuple»
soient bénis de mille milliers et encore do
mille milliers de bénédictions, et qu'ils ac-
complissent toute ta volonté» par la grâce,
la bonté et l'amour que ton Fils unique
Seigneur Dieu, et que notre Sauveur Jésus-
Christ a pour les hommes. Que gloire et
puissance lui soient données ainsi qu'à toi
et au Saint-Esprit, maintenant et louyours,
et dans tous les siècles des siècles. Ainsi
soit-il.
Pour la paix :
Le Seigneur grand et éternel a créé Thom-
me sans tache et incorruptible. Mais la mort
entra dès le commencement dans le monde
Ear la haine du démon ; toi , Seigneur, tu as
risé sa puissance par l'avènement de ton
Fils unique» Seigneur Dieu» et de notre Sau-
veur Jésus-Christ» et tu as donné la paix à
toute la terre. C'est pourquoi les légions cé-
lestes te louent en disant : Gloire au Sei-
gneur dansles cieux» et paix sur la terreaux
nommes de boune volonté.
Le diacre dit : Priez pour une ^ix par*
faite» agréable» salutaire et apostolique; sa-
luez-vous les uns les autres. Retirez-vous,
vous qui ne voulez pas vivre en paix; ruais
vous, qui voulez la paix» embrassez-vous
dans la plénitude de voire cœur : celui qui
vit en paix se préserve du mal.
Le prêtre dit : Seigneur» que la bonne vo*
lonté remplisse nos cœurs delà paix, et puri-
fie-nous de toute mauvaise pensée, de tome
souillure, de tout souvenir des ii^ures, d i
toute haine, et du souvenir des mauiqui
donnent la mort. O Seigneur , rends-nous
dignes de nous saluer réciproquement d'un
salut saint et sans tache» et de recevoir, sans
reproche et sans la mort du péché» ton doo
céleste» c'est-à-dire ta grâce avec le Saint-
Esprit.
Le peuple dit : Christ, notre Dieu, rends-
nous dignes de te saluer un jour daus les
cieux, el de te louer avec les chérubins et
les séraphins, en disant : Saint, saint, saint,
saint tout-puissant, les cieux et la terre soui
pleins de la sainteté de ta gloire.
Le prêtre dit : Que le Seigneur soit arec
vous; le sain tentre les saints; lesaini entra
les saints; le saint entre les saints. Nous le
rendons grâces. Seigneur, par ton cher Fils
unique, Seigneur Dieu et noire Sauveur
Jésus-Christ, de ion Fils que tu nous as en-
voyé en ces derniers temps , qui nous a
sauvés;, rachetés, qui nous a annoncé la
parole, qui est loa Verbe , el par lequel lu
as tout fait selon ta volonté.
Le diacre dit : Par notre bienheureux et
saint patriarche, N. et par notre vénérahie
pontife, N. , qui te louent dans leurs orai«
sons et prières, parEUenoo, nrccnier mar-
tyr; par Zacharie, prêtre; [lar Jean-Baplisie,
par tous les sainis martyrs qui ont oUenii
le repos dans la foi de Jésus-Chrisl; p^r
Matthieu, Marc, Luc et Jean évangélistes; i>ar
Marie» Mère de Dieu ; par Simon , Pierre,
André, Jacques, Jean, Philippe, Barlhélcmy,
Thomas, Matthieu, Tliadée, NaihaDaël, ia^
ques d'Alphéc et Mathias , apôtres; par Jac-
577
MÂT
PART. m. -LEGENDES ET FRAGMENTS.
MAT
S7S
qoês, apôtre, le frère de Notre-Seigneur ;
^«r les éféques de la sainte Jérusalem* par
Paul , Timotbée , Silas , Barnabe , Titus »
Philémon, Clément, et par les soixante et
douze disciples, et par leurs cinq cents com«>
pagnons ^ et par les trois cent dix^huit Pères
de la foi orthodoxe, visite^nouset fais-nous
participera leurs prières; et ayant tout sou-
TieBs4oi de donner la paix à ton Eglise ca-
tholique et apostolique, que le Christ a fon-
dée de son satng précieux ; souviens^oi
aussi de tous les patriarches, des archevé*
ques, évêcjues, prêtres el diacres qui en-
seignent la parole conduisant à la vérité.
Le ptuple dit : Aie pitié, Seigneur, des
Ames de tes serviteurs et de tes servantes
qui se sont nourris de ta chair, ont bu ton
sang et se sont reposés dans ta foi.
Oraison pour la bénédiction.
0 sainte Trinité, Père, Fils et Snint-Es-
prit, bénis ton peuple chrétien par la béné-
diction céleste, et envoie-nous la grâce de
TEsprît-Saint. Ouvre-nous tes portes de ta
sainte Eglîse à cause de ta miséricorde et
de Dûire loi ; confirme notre foi en la Tri-
Dite jusau'à notre dernier soupir. O notre
prince Jésus-Christ visite ton peuple dans
ses infirmités, et guéris -le. conduis nos
pères et nos frères dans leurs voyages, et
ramène-les à leurs foyers, avec le salut et
la paix ; bénis de la grâce les vents du ciel
et la pluie, et les fruits de la tf^rre pour cette
année; répands sur la face du monde la joie
etiesplaisirs, et assure-nous dans ta paix. Dis-
pose les cœurs des rois justes à nous faire
du bien; donne favorablement l'honneur
aux princes de ta sainte Eglise, à chacun
d'eux selon son mérite; rends-les agréables
à la face dos rois puissants ; ô Seigneur,
accorde le re()Os aux Âmes de nos pères, de
nos frères qui dorment et reposent dans la
Traie foi, el bénis ceux qui préparent l'en-
cens, les sacrifices, le vin, l'huile, le bourre,
les vases, les livres, même les chaires, et
tous les objets nécessaires h la sainte Eglise,
afin que Jésas-Christ notre Dieu les récom-
pense dans la céleste Jérusalem. Aie pitié
de tous ceux qui se sont réunis à nous pour
demander la miséricorde de notre Dieu Jésus-
Christ, et sois, le jour du jugement, sans ri-
gueur et sans sévérité pour ceux qui nous
ont fait l'aumône. Délivre, Seigneur, à cause
de l'immeusité de ta miséricorde, toules les
Ames indigentes et affligées, ainsi aue ceux
qui sont retenus dans tes prisons, la capti-
vité, Texil, la servitude, ou employés à de
durs travaux; souviens -toi, Notre-Seigneur
iésus-Christ, dans le royaume des cieux, de
tous ceux qui nous ont demandé de ne pas
les oublier. O Seigneur, délivre ton peuple
el bénis ton héritage ; nourris-le et fais-le
prospérer jusque la fin; conserve-le sans
cesse dans la foi orthodoxe et dans la gloire ;
qu'il soit embrasé d'une ineffable et incom-
préhensible charité par les prières et l'in-
teicession de notre reine sainte et imma-
culée, la Vierge Marie, par les prières des ar-
^liauges resplendissants, Michel et GabrieU
Ra|)bael et Uriel, et des quatre animanx sans
chair, et des quatre-Ylngb vieillards du ciel»
et de nos pères les saints patriarches, Abra«>
faam, Isaac et Jacob , et de tous les anciens
pères vertueux, et des quinze prophètes nos
pères, de saint Jean-Baptiste, des quatorze
mille enfants de Bethléem, de nos douze
pères, les princes apôtres, des soixante et
douze discif)Ies et de leurs cinq cents com-
pagnons, des trois enfants, Ananias, Azarias
et Misaël, de saint Marc, évan^éliste et mar-
tyr; de saint Etienne, archidiacre, premier
martyr; de saint Georges, l'étoile de l'hon-
neur; de Théodore, Banadiius, de Claude,
de Minas, l'élu; de Cosme et Damien, et de
nos Pères les princes évéques qui, au nom<-
bre de trois cent dix-huit, assistèrent au sy-
node de Nicée ; des cent cinquante qui furent
présents à celui de Constantinople, des deux
cents qtii vinrent à celui d'Éphèse et de
Tecla Aimanot, dont nous demandons et
pour toujours, les prières, les bénédictions,
l'assistance et la protection. Ains^i soit-it.
Donne à leurs flmes le repos et aie pitié
d'eux : car c'est pour cela €[ue tu as envoyé
du ciel ton Fils dans le sein de la Vierge.
Le diacre dit : Vous qui êtes assis, levez-
vous.
Le prêtre dit : Dans lequel il a été porté»
où il s'est fait chair, et a été manifesté par
l'Esprit-Saint dans sa Nativité.
Le diacre dit : Regardez du côté de TO-
rient.
Le prêtre dit : Devant toi se tiennent mille
milliers d'an;;es et leurs chefs.
Le diacre dit : Regardons.
Le prêtre dit : Regardons aussi les créa-
tures honorées ayant six ailes, les séraphins
et les chérubins qui se voilent la face avec
deux ailes, qui se couvrent les pieds avec
lieux autres, et se servent des deux qui leur
restent pour se transporter d'un bout de l'u-
nivers à l'autre; et comme ils te sanctifient
et te louent sans cesse, Seigneur reçois
de nous aussi les saintes prières que nous
faisons, nous qui disons avec assiduité :
Saint.
Le diacre dit : Dites.
Le peuple dit : Saint, saint, saint, le Sei-
gneur Sabaoth ; les cieux et la terre sont en-
tièrement remplis de la sainteté de ta gloire.
Le prêtre dit : Les cieux et la terre sont
véritablement pleins de la sainteté de ta
gloire, par Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-
Christ, avec le Saint-Esprit, dans les siècles
des siècles. Ainsi soit-il. Ton Fils saint est
venu de la Vierge afin qu'il accomplit ta
volonté, afin qu'il te préparât un peuple
saint.
Le peuple dit : Seigneur, agis selon ta mi-
séricorde et non selon nos péchés.
Le prêtre dit : 11 a étendu ses mains sur
les faibles, et il s'est fait faible pour ^érir
les faibles qui espèrent en lui. Mais il s'est
livré à la faiblesse par la volonté pour dé-
truire la mort, briser les liens du démon,
fouler Tenfer sous ses pieds, diriger les
hommes de bien, rétablir l'ordre et mani-
feMer sa résurrection. Dans la nuit où il
879
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
M
a été livré, il a pris le pain dans ses mains
pures, saintes et divines, a levé les yeux au
ciel vers toi, son Père, a rendu erâces, f
Ta béni, f sanctifié, f et fa donné à ses dis-
ciples, en disant : « Recevez et mangez-en
tous : ceci est mon corps qui sera livré pour
vous pour la rémission des péchés, w Ainsi
8oit-il.
Le peuple dit : Ainsi soit-ii, ainsi soit-il,
ainsi soit-il ; nous croyons et nous confes-
sons et nous te louons, 6 Seigneur notre
Dieu. Ce<:i est vraiment ton corps.
Le prêtre dit : De même prenant le ca-
lice et rendant grâces, f il le bénit, f il le
sanctifia, t et il leur dit :<« Recevez et buvez-
en tous; c*est le calice de mon sang qui sera
répandu pour vous et pour la rédemption de
plusieurs. » Ainsi soit-il.
Le peuple dit : Ainsi soît-il, ainsi soil-il,
ainsi soit-il ; nous croyons et nous confas-
sons, et nous le louonSy 6 Seigneur notre
fiîea ; c'est vraiment ton sang.
Le prêtre dit : Toutes les fois que vous
ferez cela, vous le ferez en mémoire de
moi.
Le peuple dit : Nous confessons la mort,
Seigneur, et ta sainte résurrection; nous
croyons à ton ascension et à ton second avè-
nement; nous te prions. Seigneur noire
Dieu ; nous croyons que ces choses sont
vraies.
Le prêtre dit : Nous nous souvenons main-
tenant de ta mort et de la résurrection ; nous
t'offrons ce pain et ce calice, nous le ren-
dons grâces, parce que -par ce sacrifice lu
nous as faits dignes de nous tenir en la pré-
sence et d'accomplir devant toi le devoir sa-
cerdotal. Nous te prions. Seigneur, et nous
te supplions avec instance, afin que tu en-
voies ton Esprit-Saint sur ce pain et ce ca-
lice qui sont le corps et le sang de Nnire-
Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, dans les
siècles des siècles. Ainsi soil-il. Accorde
également, k tous ceux qui y prendront part,
3ue cette jparticipaiion les sanctifie et leur
onne la plénitude de l'Esprit-Saint pour les
fortifier dans la foi, afin qu'ils te sanctifient
et te louent par Notre-Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, et avec le Saint-Esprit, dans
les siècles des siècles. Ainsi soil-il.
Le diacre dit : Nous le demandons. Sei-
gneur notre Dieu, de tout cœur, de nous
accorder la bvnne union de ton Esprit-Saint.
Le prêtre continue : Accorde-nous d*èlre
unis en ton Saint-Esprit, et guéris-nous par
ce sacrifice afin que nous soyons sauvés
en toi, dans tous les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
Que le nom du Seigneur soil béni, et béni
soit, celui qui tient au nom du Seigneur,
et que son nom glorieui soit béni; que
cela soit, que cela soit, aue cela soit.
Le peuple dit : Que le nom du Seigneur
soit béni, et béni soit celui qui vient au
nom du Seigneur, et que son nom glorieux
soit béni ; que cela soit, que cela soil, que
ceiasuii.
Le prêtre dit : Seigneur, envoie-nous la
grâce de ton Esprit-Sainl.
Le diacre dit : Levez-vous pour prier.
A roraison de la fraction [du pain), U
prêtre dit :
Je le confesse. Seigneur, mon Dieu tout-
puissant, qui es assis au-devant tia trône des
chérubins, qui habites au-dessus des cieui.
qui es loué par les humbles, et qui dans ta
splendeur n*as pas oublié le monde, et no*is
as manifesté le mystère caché dans ta croit
Quel est le Dieu miséricordieux, et sa. ni
comme toi? Tu ne nous as pas retiré le
pouvoir que tu as donné à tes disciples, te
servant d'un cœur pur el sincère, et t oirrant
le sacrifice d'agréable odeur, par Noire-Sei-
gneur et Sauveur Jésus-Christ k qui, ave:
toi el avec le Saint-Esprit, grâces, tionncnr
et gloire sont rendu» dans les siècles des
sièc*ies.
Le dimere dit : Vous qui êtes ici présents,
inclines vos t6fes.
Le prêtre dit : Seigneur qui bâMes «a-
dessus des chérubins, qui daignes avoir
égard à ton peuple et à ton héritage, bëois
tes serviteurs et tes servantes, et leurs fils ;
accorde une part à ceux qui s'approcbeol
de celle lable miraculeuse, pour la purifr-
cation de leurs cœurs, la rémission de leurs
péchés, leur union è l'Esprit-Saint, le satot
de leurs âmes et de leurs corps, et rbiri-
tage du royaume des cieux, dans l'honneur
el la vérité à qui, ainsi qu'à toi arec lui, et
avec le Saint-Esprit, louange et gloire soient
données maintenant et toujours, et dans les
siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Le êous'diacre dit avec le peuple :
Les arméesdes angesdu Sauveurdu monde
se tiennent en sa présence et disent les mer-
veilles ducorps et du sang de Notrc-Scigneur
el Sauveur Jésus-Christ. Présentons-nous à
lui et révérons-le avec foi.
Le diacre dit : Adorez Dieu avec crainte.
Le prêtre dit : Seigneur, Dieu tout- puis-
sant, salut de notre Ame et de noire corps,
qui , par la bouche de Notre - Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ, as dit à Pierre, ootr«
Père : «Tu es Pierre, et sur cette pierre j'é-
lèverai mon Eglise, et les portes delVnfer oe
prévaudrontpas contre elle pour la renreiser,
et je le donnerai les clefs du royaume des
cieux; celui que lu auras lié sur la terre sera
lié dans le ciel, et celui que tu auras délié
sur la terre sera délié dans le ciel ; » que les
serviteurs et tes servantes soient di^hés f^ar
la bouche de la sainte Trinité, et aussi par
ma bouche , moi , ton serviteur pécheur et
plein de fautes. Seigneur notre Dieu, qui
elTaces les péchés du [monde, ne rejelte (-as
le repentir de tes serviteurs et de les serran*
tes; fais lever sur eux la lumière de la vie;
délivre-les de leurs péchés, parce que tu (S
miséricordieux et que tu as compassion de
nous. Seigneur notre Dieu, toi qui es inac-
cessible à la colère, qui abondes en miséri-
corde et qui es vraiment juste. Quand ooiis
péchons. Seigneur, ou par pensée, ou i^ar
parole, ou par action, pardonne-nous, pre*
serve-nous, et aie pitié de nous, parce qu0
tu es miséricordieux el que lu Bïmes les
hommes. Seigneur notre Dieu , délie*oo(U
5Si MAT PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS
tous, délie .tous tes peuples; délie» Seigneur,
notre Souverain Pontife N. et notre saint et
bienheureux prélat N. , et tous les pontifes,
évoques, prêtres et diacres; protége-les et
conserve-les dans la justice et la paix pen-
dantdeloriguesannées et de nombreuijours.
Délie, Seigneur, notre roi Claude du lun de
ses péchés; souviens- loi, Seigneur, de tous
ceux qui dorment et reposent dans la foi du
Christ; place leurs âmes dans le sein d'Abra-
ham, d'Isaac et de Jacob; délivre-les de toutes
leurs fautes, des malédictions, de louies les
occasions de nier la vérité, de tout parjure,
de la communion des inûdèles, des gentils
et des hérétiques. Donne -nous la connais-
sance et la force de fuir les œuvres du dé-
raon; fais que nous accomplissions la vo-
lonlé dans tous les temps; inscris nos noms
dtins le royaume des cieux, et réunis-nous
avec tous les saints et marlvrs par Jésus-
Ihrist, Notre-Seigneur, à qui, et à toi et au
Saint-Esprit, gloire et puissance appartien-
nent maintenant et toujours et dans les siè-
cles des siècles. Ainsi soit-il.
Le diacre dit : Recueillons-nous.
Le prêtre : Donnez aux saints ce qui est
saint.
Le peuple dit : Un est le Père saint, un est
le Fils saint, un est l'Esprit-Saint.
le prêtre dit : Que le Seigneur soit avec
vous.
Le peuple dit : Et avec ton Esprit.
Le prêtre 9 élevant le sacrement y dit à haute
voix:
Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de nous;
Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de nous;
Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de nous.
Le peuple répète les mêmes paroles.
Le prêtre dit : Priez, vous qui êtes re-
Kntants; humiliez-vous pt levez- vous pour
doration. Que la paix soit avec vous tous.
Le peuple dit : El avec ton Esprit.
Le prêtre dit : Ceci est le corps saint, véné-
rable et vivifiant de Notre-Seigneur et Sau-
veur Jésus-Christ, qui a été donné pour la
rémission des péchés et procurer la vie éter-
nelle à ceux qui le reçoivent digaement.
Ainsi soit-il .
Ceci est le sang de Notre-Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ , saint , vénérable et
Ainsi soit-il.
Ceci est vraiment le corps, ceci est vrai-
ment le sang d'Emmanuel, notre Dieu.
Ainsi soit-il. ,.
Je le crois, je le crois , je le crois, dès ce
moment et pour toujours. Ainsi soit-il.
Ceci est le corps, ceci est le sang de Notre-
Seigneur et Sauveur Jésus -Christ, qu'il a
pris dans le sein de la bienheureuse et im-
mtculée Vierge Marie, qu'il a uni à sa divi-
nité sans mélange et sans lien naturel, sans
séparation ou mutation de la Divinité ; ce
qu'il a prouvé abondamment au temps
de Ponce Pilate , lorsqu'il s'est livré pour
nous sur le bois saint de la croix. Ainsi
loii'il.
MAT m
Je crois, je crois, je crois que la Divinité
n'est pas séparée de l'humanité ni pendant
une heure, ni pendant un seul instant, mais
qu'il s'est donné à nous pour notre salut et
la rémission de nos péchés, et pour procurer
la vie éternelle è tous ceux oui le reçoivent
dans la vérité. Ainsi soit-il.
Je crois, je crois, je crois dès ce moment
et pour toujours : c'est la doctrine, de celui
qui est digne de tout honneur, gloire et
respect.
Ici il prend le corps et le sang , et , don*
nant à communier de la même hostie aux mi"
nisires du sacrifice , il dit :
Ceci est le corps , etc.
Le diacre dit : Priez pour nous et pour
tous les peuples chrétiens, et souvenez-vous
de ceux qui se sont recommandés k votre
souvenir. Louez et chantez en paix et dans
l'amour de Jésus- Christ.
Pendant que le sacrement est administré au
peuple , les chantres récitent quelques vers
composés en V honneur du sacrifice et des saints
dont on célèbre la fête^ et le peuple les répète
en chantant.
Le prêtre dit : Ceux que tu as appelés,
Seigneur, et que tu as sanctifiés, donne^leur
une part dans ton choix; fortifie-les dans ton
amour, et conserve-les dans ta sanctification
par le Christ, ton Fils unique, à qui (gloire
et honneur soient rendus, ainsi qu à toi avec
lui et avec l'Esprit-Saint, maintenant et tou-
jours et dans les siècles des siècles. Ainsi
soit-il. Seigneur, qui as donné à tes servi-
teurs la lumière éternelle de la vie et la
force , qui les as protégés pendant de nom-
breux jours passes dans la paix, bénis-les
encore en ce jour dans Notre-Seigneur Jésus-
Christ, h qui gloire et honneur sont dus,
ainsi qu'à toi avec lui et avec l'Esprit-Saint,
maintenant et toujours et dans les siècles des
siècles. Ainsi soit-il.
Le diacre dit : Rendons grâces au Soigneur ;
nous avons reçu son saint corps, qui est la
moelle vivifiant l'flme. Honorons le Seigneur
notre Dieu. Nous avons reçu son saint corps
et son vénérable san^ : ceci est le corps du
Christ, et rendons-lui grftces de ce que nous
avons été jugés dignes de participer k ce
mystère saint, et qui mérite notre véné-
ration.
Le prêtre dit : Je te glorifierai , mon Roi
et mon Dieu, et je bénirai ton nom dans le
siècle et dans les siècles des siècles.
Le peuple dit à haute voix : Notre Père
qui es aux cieux, ne nous induis pas, Sei-
gneur, en tentation.
Le prêtre dit : Je te bénirai tous les jours
et je louerai ton nom dans les siècles des
siècles.
Le peuple dit de nouveau : Notre Père qui
es aux cieux, ne nous induis point en tenta-
lion.
Le prêtre dit : Ma bouche célébrera la
louante du Seigneur, et toute chair bénira
son saint nom dfans le siècle et dans le siècle
du siècle.
Le peuple dit encore : Notre Père, etc.,
comme ci-dessus.
583
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
8S4
L$ prêtre dit : Seigneur qui diriges nos
Amesi chet des saints et honneur des justes,
donne-nous les yeux de la sagesse, pour te
voir sans cesse, et des oreilles qui n'enten-
dent que toi, puisque tu as rassasié notre
Ame de ta grâce. Crée en nous un cœur pur,
Seigneur, aHnque nous comprenions ta gran-
deur, ta pureté et ton amour pour les nom-
mes; que ta volonté se fasse sur notre âme,
et donne-nous un esprit chaste et droit, à
nous tes humbles serfileurs qui avons
reçu ton corps et ton sang et qui faisons
Cartie de ton royaume, Seigneur. Gloire et
énédiction soient au Père, au Fils et au
Saint-Esprit, maintenanlet toujours, et dans
:es sidcles des siècles. Ainsi soit-il.
Seigneur notre Dieu, lumière éternelle,
jette un regard sur tes serviteurs et tes
servantes, mets dans nos cœurs le germe
de la crainte de ton nom, et accepte ceui
qui ont reçu ton corps et ton sang, afin
qu'ils te sancliGent et te bénissent. Établis
ta (îemeure parmi ces peuples qui sont h toi,
qui se prosternent devant toi, hommes, fem-
mes et enfants. Kéuuis-nous à eux, prolége-
nous, conserve-nous, et gouverne-nous par
la puissance des chefs de tes anges. Délivre-
nous des mauvaises œuvres, procure-nous
les bonnes actions, par le Christ, ton Fils
unique, à qui sont Thonoeur et la gloire,
ainsi qu*à toi avec lui et avec le Saiol-Ësprit, ^
maintenant et toujours, et dans les siècles
des siècles. Ainsi soit-il.
Tout le peuple dit en mangeant : Saint,
saint, saint, Dieu en trois personnes, inef-
fable ; fais que nous recevions la vie par ce
corps et non notre jugement ; fais-nous froc-
tifier selon ta bonne volonté ; qae nos fruits
se manifestent dans ta gloire, donne-nous
la vie en toi, afin que nous accomplissions ta
volonté. Nous t'invoquons avee foi. Père,
nous demandons d'avoir part k ton royanme
et que tu nous sanctifies, parce que tu es
fort et digne de louange et de gloire, tiloire
te soit rendue dans les siècles des siècles.
Le diacre dit : Inclinez vos tètes devant le
Seigneur éternel afin qu'il voas tiénisse |iar
la main du prêtre, son serviteur*
Le peuple dit : Ainsi soit-il. Que le Sei-
gneur nous bénisse, nous, ses .serviteurs.
Que la rémission de nos péchés nous donne
le pain, è nous qui avons reçu le saint corps
et le sang précieux. Accorde- nous de com-
battre avec force toutes les altat|ucs de Ten-
nemi. La bénédiction de ta main sainte est
pleine de miséricorde, nous mettons tous eu
elle notre espérance. Sépare-nous des mau-
vaises ouvres et attache-nous aux bonnes;
béni soit celui qui nous a donné son saint
corps et son précieux sang. Nous avons reçu
la grflce, et nods avons trouvé la vie par la
vertu de la croix de Jé^us-Christ. Nous te
rendons grâces, puisque nous avons reçu
l'Ësprit-Saint. Gloire soit au Seigneur, qui
nous a donné son corps saint et son san;^
précieux. Gloire soit à la divine Marie, qui
est notre gloire et la source de ce sacri-
fice.
Fin dti canon de nos Pêree les apôtres. Qut
leurs prières et leur bénédiction soient ote<
nous. Ainsi soit-il.
MELCHISËDËCH.
Ce patriarche célèbre, mais dont Thistoire
est assez obscure a été Tobjel de récits apo-
cryphes.
Saint Athanase (édit. de Montraucon, t.
III, p. 239) rapporte à son égard des tradi-
tions conçues en ces termt^s :
« Il V avait autrefois une reine qui s'appe-
lait Salem et qui régnait dans la ville du
même nom. Elle engendra Salaad, Salaad
engendra Melchi, Melchi eut une épouse
3U1 se nommait aussi Salem. Et elle engen-
ra deux fils, l'un s*appela Melchi et Taulre
Melchisédech. Leur père était un Grec, infi-
dèle et offrant des sacrifices aux idoles. Le
temps propice pour sacrifier aux idoles
était venu, et le roi Melchi dit è son fils
Melchisédech : « Prends avec loi des servi-
teurs et va à rétable, et amène- moi sept
veaux afin que nous les immolions aux
dieux . r Melchisédech partit, mais une pen-
sée divine le frappa, et ayant levé les yeux
au ciel, il voyait le soleil, et il considérait
la lune et les étoiles, et méditant à cet égard,
il disait r < Qui est-ce qui a fait le ciel, et la
terre, et la mer et les astres ? C*est è celui
qui lésa créés qu'il taut immoler des victi-
mes. Les signes du ciel me donnent la cer-
titude gue le créateur des corps célestes
n'est sujet ni à la corruption, ni à la déca-
dence ; c'est lui qui est le seul Dieu véritable,
et les blasphèmes du cœur ne lui sont pas
cachés. Je reviendrai donc vers mon père et
je lui ferai part de mon opinion, peut-être
écoutera-t-il mes paroles? » MelcbiséJecii
revint donc sans avoir fait ce qui lui arait
été commandé. Quand son père le vit, il Uit:
« Où sont les veaux? » Melchisédech répondiii:
« Ne t*irrile pas contre moi, ô mon fère,
mais écoute-moi. » Le roi lui répondit :
« Qu'est-ce que tu as à dire? dis-le tout de
suite. » Melchisédech répondit : • Renooco
au sacrifice que tu avais préparé et ne l'of-
fre pas à ces dieux, car ils ne me paraissent
point des ètresdivins,mais offrons un saeriûce
à celui qui est au haut des cieux, eiqui les
gouverne. C'est lui qui est le Dieu des
dieux. » Son père irrité répondit : « Va et
fais ce que je t'ai dit, si tu veux vivre. > Et
Melchisédech étant retourué vers réiabl«, la
roi Melchi alla vers sa femme Saleco ai
lui dit : « Je ferai un sacrifice de Tun da (es
fils. » Ayant entendu ces paroles, SaleiD
{»leura amèrement, parce qu elle safait que
e roi ferait mourir Melchisédech qui aîail
condamné le sacrifice offert aux idoles, et /<
reine dit en gémissant : « Uélasl J*ai aoanert
et j'ai enfanté en vain. » Le roi reotandaDlt
lui dit : « Ne pleure pas, mais tirons au sort,
5So
HEL
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MEL
S«9
et si le sort m'est favorable, je choisirai ce-
lui de nos fils que je voudrai pour Toffrir
en sacrifice è nos dieux ; sî le sort i'esi pro-
pice, lu choisiras celui que tu voudras et tu
le garderas. » Ils tirèrent au sort, et la reine
ajaot eu l'avantage , choisit Mclehîsédech
qa*elle aimait. Le roi prit son autre fils ("t
joroa pour le sacrifice. Melchisédech revint
sur ces entrefaites et amena sept veaux. Le
roi conduisit au temple des idoles le fils que
le sort avait désigné, et il y avait dans le
temple cinq c^nt trois enfants qui avaient
été amenés par leurs pères et d*aulres par
leurs mères, «t des bOBufs et des brebis in-
nombrables, et taut était prêt pour le sacri*
Gce. Mas Salem, mère de Melchisédech,
i4aît assise en sa maison, et elle poussait de
grands cris, et elle dit à Melchisédech :
« Est-ce que iu iie*pletires pas ton frère qui,
après que nous en avons pris tant de soin^
e i mené à la mort?» El Melchisédech pleura
et il dit à sa mère : « J*irai invoquer le Sei-
gneur, » et se levant, il monta sur le mont
Tbabor, et sa mère se levant, .entra dans le
temple des idoles pour voir son fils avant
(ju il oe fût mis è ii.ort. Et Melchisédech ,
^lant parvenu au sommet du Tiiabor, Qérhit
les genoux et dit : « Mon Dieu, Seigneur de
toutes choses, créateur du ciel et de la terre,
toi que j*adore comme le seul Dieu vérita-
ble, exauce-moi à cettt» heure ; ordonne que
tous ceux qui assistent au sacrifice de mon
frère soient engloutis par la terre qui s'en-
trouvre comme renferpourJesdévorer.vDieu
tcoula la prière de Melchisédech, et aussi-
tôt la terre s*ouvrit, et elle engloutit tous les
A!»sistanis et toute la suite de Melchi, avec
ia ville entière de Salem; il n'en resta p»s
uu bufflme, pas un autel, pas un temple, pas
^D animal, pas une créature quelconque,
mais tout fut englouti. Melchisédech des« en-
c'it de la montagne du Thabor, et voyant ce
«jueDîeu avait accompli, il fut saisi d'effroi
et retourna à la n)ontagoe, et il se retira
dans une foiét épaisse où il resta sept ans,
oa depuis le ventre jusqu'aux reins, et son
dos s'endurcit comme ia coquille d'un lima-
çon. Il senoarrissait de végétaux, et il avait
l»our boissou la rosée qu il léchait. Et au
i»ouide se^nans, une voix appela Altraha m,
disant: « Abraham, Abrahnm, » et Abraham
rêpondii : * Sei^^neur. ^ Et la voix dit :
* Prends ton âne et charge-le d'habits somp-
|ueiix, et monte sur le mont Thabor, et crie
^ trois reprises : Homme de Dieu, et il sur-
tira du bois un homme d'un aspect sauvage.
Ne crains rien de lui, mais lorsque ses che-
veux et ses ongles seront coupés, revéts-le
des habits que tu auras apportés, et qu'il te
l'unisse. » Et Abraham exécuta les ordres du
N;i^neur, et ayant gravi le mont Tbabor, il
péoélradans une forêt très-épaisse, et il cria
ii^ois fois: « Homme de Dieu. » Alors Mei-
^Misédech sortit, et à son aspect Abraham
tm épouvanté. Mais Melchisédech lui dit :
* Ne crains rien, mais dis-moi qui tues et
nui lu cherches. » Abraham lui répondit :
'«6) Ptat, cix, 4.
Djctionn. di£s Apocbtpbics. U.
« Le Seigneur m'a ordonné de te couper les
eiieveuxet de te rev^tii* d'habits précieux^
et de te demander la bénédiction. » £t MeU
chisédech lui ré^iondit : « Exécute les or-
dres du Seigneur, » Et Abraham Ot ce que
le Seigneur lui avait prescrit. Et Melchisé-
dech descendit de la montagne du Thabor,
et il bénit Abraham, disant : « Sois béni par
le Dieu Très-Haut, et ton nom sera appelé
parfait dans ia postérité : » et la voix se faisant
derechef entendre, Abraham demanda: « Que
me veux-tu. Seigneur? « Et le Seigneurdil:
« Comme il ne i^ste sur la terre personne
de la famille de Melchisédech, il sera appelé
sans père, sans mère , sans famille, n'ayant
ni le commenci^raent de ses jours, ni la tiu
de sa vie. Il a été comparé au Fils de Dieu,
et il demeure prêtre dans rélernité, et je l'ai
chéri comme j'ai chéri mon Fils bien-aimé,
parce qu*il a observé mes préceptes et qu^il
deit les observer à jamais. Comme personne
ne connaît sa famille, ni son père ni sa mère,
il est représenté comme n'ayant ni père, ni
mère^ ni famille, et parce qu'il a plu à Diej,
ii demeurera prêtre à jamais. » Et Melchi-
sédech étant venu au-devant d'Abraham^
lorsqu'il retournait vainqueur des rois, lui
donna du pain et du vin, ainsi qu*è sa suite
composée de quarante-huit personnes. Et
aujourd'hui, on le regarde encore comme
semblable au Fils de Dieu, mais non selou
la grÂce; ii fut le premier type de l'utTrando
d'un sacriQce non sanglant et de la sainte
oblation. C'est pourquoi le Seigneur a dit :
Tu es prêtre pour Véternité^ selon tordre
de Melchisédech [ï^)\ ^)arce qu'il fut le type
de l'offrande sainte qu'il |)résenta è Abra-
ham et è ses trois centdix-huit compagnons.
Et les saints Pères, réunis dans la ville de
Nicée, qui nous ont confirmé la vraie foi, se
trouvèrent réunis en on nombre égal à ce-
lui des compagnons d'Abraham, c'est-è-dire
trois cent dtx-huit saints évéques. •
D*après quelques rabbins, Melchisédech
serait l'auteur de divers psaumes, entre au-
tres du Giz : Dixit Doniinus Domino meo.
On peut consulter Fabricius {Codex pseude-
pigr. Vet. Test.^ t. U p. 329.) au sujet de di-
verses opinions singulières relatives à Mel-
chisédech et pour l'indication des. auteurs
qui ont écrit touchant ce patriarche; huit
auteurs allemands ou hollandais. Dannhauer,
Hamel, Steenhuysen, Rein, Gaillard, Biiuer,
Celsius, Sandyk, ont composé, à cet égard,
de 1635 à 1737, des dissertations qui sont
énumérées dans la Bibliographie biographique
de M. OËttin<$er, col. 1183.
Parmi ï^s opinions étranges émises au
sujet de ce patriarche, on peut signaler celles
de Jacques Auzoles Lapeire q^ui publia à
Paris, en 1621, un traité de 2l4 pages pour
établir que « Melchisédech est enoores au*
jourd'hui vivant en corps et en flme, bien
qu'il y ave plus de trois mille sept cents
ans qu'il donna sa bénédiction è Abra*
ham. » Ainsi s'énonce le titre de cet ou-
vrage dont l'auteur, s'appuyant sur des textes
19
mi
DICTIONNAIRE D£S APOCIOPHES.
■VS
dont il force le sens, veut prouver que
Meîchisédech n^avait eu ni père ni mère,
mais qu'il 4( avait été procrée par nouvelle
création ou par quelque façon extraordinaire
à nous incogneûe etànous ininterprétable,»
et que ce patriarche était Enoch « qui avait
pu SOI tir du paradis terrestre et changer de
nom. »
D*après cet auteur, Meîchisédech avait été
créé avant Adam et il était d'une race cé-
leste bien supérieure à celle qui réside sur
la terre.
On jugea inutile de réfuter sérieusomcM
de sembradtes paradoxes.
Dorn Calmet a placé dans ses Ditcouu ^t
dissertations sur leNouveau Ttsl€ment, ITCio,
in-8% t. II, p. 259-283, une longue di&verD-
tion sur Meîchisédech ; il fait connaître ii s
diverses opinions émises au sujet de ce pa-
triarche peu connu; il signale, entre aulri'^
opinions bisarres, celle qui prétendait i]ii<'
Meîchisédech n'était que le patriarche Eno< lu
et celle d'après laquelle les tmis ma^ts
étaient Enoch» Meîchisédech et Elie«
MÉLITON (^^).
(Livre 4u passage de la tris-sainte Vierge Mère de Dieu.)
CHAPITRE PREMIER.
Méliton, serviteur de Jésus-Christ, évèque
de l'Eglise de Sardes, è nos vénérables frères
dans le Seigneur établis è Laodicée, salut et
paix. Je me suis souvent souvenu d'avoir
écrit au sujet d'un certain Leucius qui a eu
avec nous des rapports avec les apôtres,
mais qui, entraîné par sa témérité et par ses
opinions personnelles et s'écartant de la voie
de la justice, a inséré dans ses livres beau-
coup de choses au sujet des actions des apô-
tres, disant des choses vraies k l'égard de
Jeurs vertus, mais avançant beaucoup de
mensonges au sujet de leur doctrine, affir-
mant qu ils avaient enseigné ce qu'ils n'a«
valent jamais dit, et établissant des asser-
tions détestables comme étant leurs paroles.
Il ne s'en est pas tenu là, et il a raconté le
(557) Saint Mëllton, évoque de Sardes, vivait
sous le régne de Marc-Auréle ; il adressa à ce prince
une Apologie des Chrëtiena ; il n'en reste plus que
quelques passages. i.*ËgJise célèbre le i*' avril ia
féie de ce sa hit prélal ; la dale de sa mori est in-
connue. On trouve des fragmenis de ses nombreux
ouvrages aujounriiui perdus dans le t. Il du recueil
publié parle P. llaUoix,de la Société de Jésus :
Scrif tores Ecclesiœ Orientaiit.
Voir aussi les Acla Sancicrum^ 1. 1 , avril, p. il ;
Cave, Uisioria scriptcrum eccicôiasticorum , t. I,*
p. 71 ; Du Pin , Bibliothèque des auteurs ecclésiasti'
quei , t. I , p. 55 ; la dissertation de C. Wuog , De
MelUone Sartiiam in Asia £piuopo, Leipzig, 4744,
în-4* ; Noéi Alexandre, llisior, tccles,^ t. Ill, p. 298,
50i * el N. l/e Mourry, Apparalui ad DibliotJiecam
Pair unit p. 556*558.
Margarin de la Signe , qui a inséré dans sa Bi»
blioiiuea Pairnm^ Touvrage (|uc nous allons tra-
duire, s^exçrime ainsi: i Injecit niilii scrupulum
inilio, Gelasii P. M. dccretuin, ac deinde me permo-
vcbat Venerabilis Bed» censura, ui S. Melitonis
llbellum hune de Virginie Deiparœ tramitu ex bac
bibliolbeca expurffarcni : quod ille quidem (DD,
Hieronyroum et Auguslinum opinor secuius) non
indicato an dore libeTium De Mariœ irantiiu , in ter
apocrypha scripia rejiceret; bic vero, ex apostoii-
Ciirum Actuum Ais/oria, inscitix mendaciique dam-
iiaret nominaiim; quia nonnullos novi, inquit,
pr»raio voiumiiii contra aucloritaiem B Lucas in-
cauia teuieriute prasbere asnen^um. At cum dici
posait permulta eo dcereio rejeela tolerari ab Eccle-
tàa magnoqtie commodo perlegi a llicologia, ac forte
ciiam non Imjus libti daninari doctrinam , seil
cmen^itum esse aucioris iiomen, designari lantutu.
passage de la bienheureuse Marie, toujours
vierge, Mère de Dieu, d'une façon tellement
impie qu'il est interdit dans l'Eglise de Dieu,
non-seulement de lire son livre mais encore
de l'entendre. Vous nous demandez ce qii«?
nous avons a|)pris de l'apôtre Jean; nous
récrivons avec simplicité et nous l'adres-
sons à votre fraternité, croyant, non aui
dogmes que répandent les hérétiques, mais
au Père dans le Fils, au Fils dans le Père, à
la personne restant triple dans la divinité M
la substance non divisée; nous ne croyons
pas qu'il y ait deux natures dans rboiume,
une bonne et une mauvaise, mais nous
croyons qu'il y a une seule nature boDrM\
créée par le Dieu bon , corrompue par la
faute commise par la ruse du serpent, et r^
parée par la grfice de Jésus*Chrisi (ol>8j.
Quod vero ad Venerabilis Bede censurani attinet,
cum nullus in boc libello sic lapsus îllc, ex qoo [**-
lum illius corpus infamat (bujus eidm bist^nx
tempus, non in secundum, ged iu vlcesimuro secui.-
dum anuum a Chrtsti in cœlos Ascensu rejicii/ :>c
proinde non hune reprebeiidi, sed forte illuin alk-
ruin, in quamO. Joanni evangelistx ascriptum, ic
incidisse , aut Jacobus , arcbiepiscopua Genuensi^
suspicio sit; facile persuasit mibi anUqua roullorwio
Laiinorum , in sanctis^imam Deiparam pieias . ui
historiam liane de illius iransitu sancto Melit^M
Sardium episcopo, a Triihemio attributam (nljocu^
Grxcorum Patrum testiinoniis quibus ejas lidej» i"^-
gis ac magis constat) legendi studiosis, In bac Bi*
Miotbeca proponerem ampleclendam. •
Le livre en question se rencontre aussi dan> U
Bibliotheca Patrum, édition de Lyon, l. Il, part, i .
p. !21i-'216, et la Bibliotheca Patrum coHci'metçm
du P. Fr. Combéfls, Paris, 1662, 8 vol. iiiMis
t. VII , p. 643. Cest d'après lui que Grégoire c'*
Tours a raconté ce qu*il dit dans son trauë i'^
miracuUs , 1. j , c. i , au sujet de la mort et ilr t4
résurrection de Marie. Il ne raudniitpaf,seUii!^''t
tromper par le titre, ranger dans la classe de» U^f"*
apociyplits un ouvrage publié en Hollande en ll*ii.
et réimprimé en 1665 et 1668, VÂpocetfipif <»•
Méliiont in iâ. C^est une satire contre les ct»ui«(>(s
pleine de mensonges et de calomnies , et ceite p-^*-
dnction, sortie de la plume d*un proieiiant, ti.
Pitbois, u*à rieu de commun avec Te^éqoe tk
Sardes.
(558) L*auteur s*élève Ici contre les ermir% rr
pandues p»r les preiuiers béréti<|ttcs à Tégard dt n
sainte Tnuitc et contre les doctruies maii cbétuuo.
M
MEL
PART- III. — leg; ndes et fragments.
MEL
s:mï
«/«.-
CHAniIlË 11.
Lorsque Noire-Seigneur el Sauveur Jésus-
Christ, crucifié pour la vie du monde entier»
était attaché au bois de la rroix, il vit, au-
}»rès de la croix, sa Mère qui se tenait debout
et Jean Kévangéliste qu*il aimait d'une affec-
tion spéciale et plus que les autres apôires,
larce que seul |Hirmi eux il était demeuré
vierge de corps. Il le chargea d'avoir soin
(ie la sainte vierge Marie, lui disant : voilà
laMêref et à elle, eaiei ton FUs. Et depuis
retle heure, la sainte Mère de Dieu resta
sj)écialemeQt confiée au soin de Jean pen-
dant tout le temps qu'elle vécut. Et les apô-
tres ayant tiré au sort quelles régions ils
devaient aller instruire, elle resta dans la
maison de ses parents» auprès du mooi des
Oliviers*
CHAPITRE 111.
Dans la vîngt-deuxième année apr^s que
Jésus-Christ, ajant vaincu la mort, fut monté
au ciel, Marie, enflammée du désir de revoir
le Sauveur, était un jour seule dans un lieu
retiré de sa maison çt versait des larmes,
et voici qu'uu ange, resplendissant d'une
grande lumière, se présenta devant elle et
prononça les paroles de la salutation, di-
sant : « Je te salue, toi qui es bénie par le
Seigneur, regois le salut de celui qui a en-
voyé le salut i Jacob par ses prophètes;
voici que j'ai apporté une branche de pal-
mier venant du paradis de Dieu, et que tu
feras porter devant ton cercueil, lorsque
dans trois jours tu auras été enlevée au ciel
en ton corps. Car ton Fils t'attend avec les
Trônes et avec les anges et toutes les Puis-
sances du ciel. » Alors Marie d t à l'ange :
< Je te demande que tous les apôlres de mon
Seigneur Jésus-Christ se réunissent autour
(le moi. h El Tange lui dit : « Tous les apô-
tres seront amenés ici aujourd'hui par la
puissance de Jésus-Christ. » Et Marie dit :
« Jeté prie d'envoyer sur moi ta bénédiction
aOn que nulle puissance de l'enfiT ne m'atta-
queàTheureoiimon&mesortirade mon corps
elafinquejene voie point le prince des ténè-
bres.cEtl'ange luidit:« La puissance de l'en-
1er ne le nuira pas; le Seigneur* dont je suis
Tesclave el l'envové, te donnera la béné-
diittion éternelle; Il ne m'est pas donné de
fe donner de ne pas voir le prince des ténè-
bres; c'est au pouvoir de celui que tu as
jmi lé dans ton sein sacré et dont la puissance
s*élend dans les siècles des siècles. » Et
l'aUi^e» ayant dit ces paroles, s'éloigna en-
touré d'une grande lumièie, et la palme
qu'il avait apportée brillait d'un éclat mer-
veilleux. Marie alors se revêtit dliabille-
ments neufs, et prenant la palme qu'elle
avait reçue de la main de l'ange, elle se ren-
dit au mont des Oliviers, et se mit à prier,
distant : « Je n*étais pas digne. Seigneur, do
le recevoir, mais lu aseu compassion de moi ;
]*Ai gardé le Iréior que tu m'avais confié : je
te demande donc, Roi de gloire, que la puis-
^ncede l'enfer ne puisse pas me nuire. Si
1^4 deux et les anges tremblent chaque jour
^cvanl toi, combien è plus forte raison doit
trembler une créature humaine, formée do
ia terre et en qui il ne réside rien de bon,
si ce n'est ce qu'elle a reçu de ta bonté. Tu
es le Seigneur Dieu toujours béni dans les
siècles des siècles. » Et quand elle eut dit
ces paroles, elle revint en sa demeure.
CHAPITRE IV.
El voici que tandis que le bienheureux Jean
prèchaitàEphèse le jour du Seigneur,à la troi-
sième heure, il se fit un grand tremblemcnl de
terre, et une nuée l'enleva aux yeux de tous
et le porta devant la porte de la maison où était
la Vierge Marie, Mère de Dieu. £r poussant
la porte, il entra aussitôt. Quand la très-
sainte Vierge le vit, elle fut saisie de joie et
elle dit : « Je te prie, mon fils Jean, de te
souvenir des paroles du Seigneur Jésus-
Christ ton maître qui m'a recommandée à
toi ; je dois abandonner ce corps dans trois
jours, et j'ai entendu les Juifs qui tenaient
conseil et qui disaient : « Attendons le jour
où mourra celte femme qui a porté cet
imposteur, et nous brûlerons son corps, i»
Elle appela donc le saint apôtre Jean et elle
le fit entrer dans le lieu le plus retiré de sa
maison, elle lui montra les vêtements qui
devaient servir à sa sépulture et la palme
de lumière qu'elle avait reçue de l'ange, et
elle lui recommanda de faire porter cotte
palme devant son cercueil lorsqu'elle serait
portée au lieu de sa sépulture.
CHAPITRE V.
Le bienheureux Jean répondit à la très-
sainte Vierge : *i Comment pourrais-jeseul
préparer les funérailles si mes frères les dis-
ciples de Jé^us-Christ et mes compagnons
dans l'apostolat ne venaient pas pour rendre
les honneurs à ton corps? » El soudain, par
l'ordre de Dieu, tous les apôtres furent en-
levés par une nuée des endroits où ils prê-
chaient la paride de Dieu, et ils furent dépo-
sés devant la pqrte de la maison où habitait
Marie, la Mère du Sauveur, et, remplis d'é-
tonnemcnt, ils se saluaient, disant : « Pour-
quoi le Seigneur nous a-t-il tous réunis vn
ce lieu? »Paul, que le Seigneur avait pris
parmi les Juifs pour annoncer l'Evani^ile
aux gentils, arriva aussi. Et tandis qu'une
pieuse discussion s'engageait entre eux pour
savoir qui adresserait le premier ses prières
au Seigneur, afin qu'il leur révélât la cause
de ce qui était arrivé, comme Pierre deman-
dait à Paul de prier le premier, Paul répon-
dit : «t N'est-ce pas à toi que revient ce de-
voir puisaue tu as été choisi de Dieu pour
être ia colonne de l'Eglise, et que tu as la
préséance sur tous tes] collègues dans
l'apostolat? moi, je ne suis que le moiu'ire
d'entre vous, et je ne puis prétendre à ètie
votre égal; toutefois, c'est par la gr&ce de
Dieu que je suis ce que je suis. »
CHAPITRE VI.
Tous les apôtres, édifiés par l'humilité de
Paul, se mirent alors à adresser leurs prié*
res au Seigneur, et lorsqu'ils eurent fini et
qu'ils eurent dit : Amen, l'apôtre Jean vint
891
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
k etiE et leur annonça la volonté du Sei-
gneur. Ils entrèrent dans la maison où était
Marie, Mère de Notre-Seigneur, et ils la sa-
luèrent disant : c Sois bénie par le Seigneur
qui a fait le ciel et la terre I » Et elle dit :
«iQuelapaixsoitavecvouSyfrèreschoisis parle
Seigneur 1 • Et elle leur demanda : t Comment
ètes-vous yeuus ici ? » Ils lui racontèrent que
chacun d*eux avait étéentevé par une nuée et
apporté auprès d'elle. Et elle dit : • Le Sei-
gneur vous a amenés ici , aîin de me conso*
ler dans les angoisses q^ui doivent me fra(>-
per. Je vous prie de veiller tous avec moi
sans relâche jusqu'à Tbeure où le Seigneur
viendra et où je sortirai de ce corps. »
CHAPITRE VU.
Ils s assirent et la consolèrent, et ils restè-
rent trois jours occupés à louer Dieu, et le
troisième jour* le sommeil s'empara do tous
ceux qui étaient dans la maison, et nul ne
put rester éveillé, si ce n'est les apôtres fît trois
vierges qui étaient les compagnes de la Vier-
ge sainte. Et voici, que le beigneur Jésus
arriva soudain avec une grande multitude
(ranges et une splendeur éclatante , et les
anges chantaient des hymnes et glorifiaient
le Seigneur. Alors le Sauveur pana disant :
« Viens, toi que j*ai choisie, perle très-pré-
cieuse, entre dans le séjour de la vie éter-
nelle. »
CHAPITRE VIII.
Alors Marie se prosterna sur le pavé, ado-
rant le Seigneur : « Béni suit le nom de ta
gloire, ô Seigneur, mon Dieu, toi qui as dai-
gné choisir ton humble servante et me con-
fier le secret de ton mystère 1 Souviens-toi
de moi, Roi de gloire. Tu sais c^ue je t'ai aimé
de tout mon cœur et aue j'ai conservé le
. trésor que tu m'as conué. Reçois ta servan-
te. Seigneur, et délivre-moi (le la puissance
(les ténèbres, pour que Satan ne m'attaque
pas et pour que je ne voie pas les esprits
affreux venir autour de moi. » Le Sauveur
répondit : « Lorsque, envoyé par mon Père
pour le salut du monde, jfliélé suspendu
sur la croix, le prince des ténèbres e^t venu
vers moi ; mais, ne pouvant trouver en moi
nul vestige de son cœur, il s'est retiré vaincu
et foulé aux pieds. Je Tai vu et tu le verras,
suivant la loi commune du genre humain, à
laquelle tu te conformes en mourant, mais
il ne pourra te nuire, parce qu*il n'y a en toi
rien qui soit en lui, et je serai avec toi pour
te protéger. Viens donc en paix, car la miliee
céleste rattend pour que je t'introduise dans
les joies du paradis. » El le Seigneur ayant dit
ces paroles, la Vierge se releva, se coucha sur
son lit, et, rendant grftces à Dieu, elle rendit
l'esprit. Les apôires virent alors une splen-
deur telle, que nulle langue humaine ne
saurait l'exprimer, car elle surpassait la
blancheur de la neige et la clarté de far-
gent (((59).
(559) Voy. Siniéon MëUphraste et saiiii Jean
DAiua^céiii:, Serm. de dorm, Deipara : i liane mots
Uaiuinasi)k'iciii«!(tiniult :ejuieiiiin Filiuma^eressa»
CHAPITRE IX.
Alors le Sauveur du monde parla dtsaal :
«i Lève-toi, Pierre , ainsi que les autres n\ 6-
très, et prenez le corps de Marie, ma bien*
aimée, et portez-le à la droite de la ville vers
l'Orient, et vous y trouverez un sépulcre
nouveau ; vous l'y déposerez et vous aUen*
drez que je vienne à vous. » Et le Seigneur,
ayant dit ces paroles, remit TAme de ^a
sainte Mère Marie è l'archange Michel qui
est le gardien du paradis et le prince de la
nation des Hébreux , et l'archange Gabriel
alla avec lui, et le Seigneur, avec les autr^^s
anges, remonta au ciel*
CHAPITRE X.
Les trois vierges qui étaient Ik prirent le
cor^s de Marie et le lavèrent suivant VnsB^f*
ordinaire pour les funérailles. Et quand elles
l'eurent dépouillé de ses vêtements, ce corfis
sacré brillait d'une telle clarté, que ce n'é-
tait que par un effet de la bonté de Dieu
qu*on pouvait le toucher; il était parfailt"*
ment pur et exempt de toute souillure. i:t
Jjuand il eut été revêtu de linges et d'étor-
és ordinaires, cette clarté disparut peu à
Eeu. Et le visage de la bienheureuse Marie,
[ère de Dieu , était seinblable k la fleur du
lis, et son corps répandait une odeur d*une
suavité merveilleuse et telle qu'on ne sau-
rait en trouver de pareille.
CHAPITRE XI.
Les apôtres dé|)osèrent le corps sacré au
cercueil et ils se dirent mutuellement : • Qui
est-ce qui portera la palme devant le cer-
cueil? » Alors Jean dit k Pierre : < Toi qui
nous précèdes dans l'apostolat , tu mérite)
de porter cette palme. » Pierre répon«iil *
« Tu es le seul d^entre nous qui soit demeuré
vierge, et lu as trouvé auprès du Seigneur
une faveur telle, que tuas repjosé sur sa [K)i«
trine. Et déplus, lorsqu'il était attaché sur la
croix, il t'a recommandésa Mère. Tu dois donc
porierla palme ; jejsoutiendrai le corps sacré rt
vénérable jusqu'au sépulcre.» Paul dit: «Moi
qui suis le plus jeune de tous tous, je lo
porterai avec toi. » Etant ainsi d'accurJ»
Pierre, élevant le cercueil sur sa tétr, se nui
k chanter et k dire : • Lorsqu'lsraël sortit <)e
TEgypte, » et Paul aidait Pierre k soutenir
le corps sacré, et Jean portail devant la i-a-
me de la lumière, et les autres apAtres chau-
laient d'une voix fort harmonieuse.
CHAPITRE XII.
Et voici qu'il se passa un nouveau mira-
cle. Car une grande couronne de nuée i(^
parut sur le cercueil, semblable au gra( ^1
cercle qui a coutume d'apparaître auprès lie
la splendeur de la lune. Et l'armée des angeb
était dans les nuées, chantant des hymnes, et
la terre retentissait des sons d'une tiarmnDie
exquise. Et le peu()le, au nombre de quinxa
mille hommes en virou, sortit de la ville, et i<
didîciiex U$ qu« passa etl» et ciun ifsa eiperiAviii
diilicissel, fuil caiôigau. »
S'J3
MEL
PART. lîl.- LEGENDES ET FRAGMENTS.
UEL
m
liisait : « Qu'est-ce que c*est que ces sous si
Itarmonieux T » Et Tun d'eux dit aux autres :
c Marie, Mère de Jésus, vient de sortir de
son corps, et lesdiscipiesde Jésus chantent au-
irèsd'eile les louanges deDieu.^Etils virent
iesap6tres qui apportaient le cercuei I en chan-
tant.Alorsund'euxqui était princedes prêtres
des Juifs fut rempli de fureur et dit: «Voyez
qaeis honneurs reçoit le cercueil de la M*ère
(le celui qui a jeté dans votre nation tant de
irooblel » Et, s'approchent du cercueil, il
Toulat le renverser. Et aussitôt ses bras se
desséchèrent à partir du coude et restèrent
attachés au cercueil, et il éprouvait des
souffrances horribles, tandis que les apôtres
s*arançaient en chantant : « Les anges qui
étaient dans la nuée ont frappé le peuple
d'aveuglement. »
CHAPITRE XIII.
Et il criait disant : « Je t'en supplie, Pier-
re, toi qui es chéri de Dieu, ne m'abandonne
pas dans un si grand besoin, car je ressens
des 'tourments extrêmes. Souviens-toi que
lorsque Ja servante te reconnut dans le pré-
toire et que d*autres t'accusaient , je pris ta
défense et je dis du bien de toi. » Pierre ré-
pondit : «Il n*est pas en mon pouvoir de te
secourir, mais si tu crois de tout ton cœur
au Seigneur Jésus -Christ que la Vierge que
tu as voulu outrager a porté dans son sein
sacré, restant vierge après l'avoir enfanté,
Dieu te guérira lui qui, dans sa grande clé-
mence, sauve ceux oui en sont indignes.» Et
le prêtre juif répondit : « C'est l'ennemi du
genre humain qui a aveuglé nos cœurs, afin
que nous ne confessions pas les grandeurs
de Dieu, et qui nous a amenés à blasphémer
contre le Christ en criant : Que son sang
soit sur nous et sur nos enfants. » Pierre
Jil : 4 Ce blasphème ne nuira qu'k ceux qui
fiersisleront dans l'infidélité. La miséricorde
île Dieu n'est pas refusée à ceux qui se
convertissent h lui. » Et le prêtre répondit :
• Je crois tout ce que tu dis, mais aie pitié
de moi pour que je ne meure pas. »
CHAPITRE XIV.
K\oTs Pierre fit arrêter le cercueil et dit au
prêtre : t Si lu crois de tout ton cœur au
Seigneur Jésus-Chnst , que tes mains rede-
viennent .libres. » Et quand il eut dit : « Je
crois, • aussitôt ses mains se dégagèrent du
cercueil , mais ses bras restaient paralysés
et ses souffrances n'avaieut pas cessé. Et
Pierre lui dit : « Approche-toi, et embrasse
le cercueil, et dis: Je crois en Dieu et au Fils
de Dieu Ji'sus- Christ que Marie a porté, et
je crois à tout ce que Pierre, Tapôtre de
Weu, m'a dit. » Et le prêtre s'approcha, il
baisa le cercueil, et aussitôt il n'éprouva plus
aucune souffrance, et ses bras furent guéris.
Y ^^ se mit b louer et à bénir Dieu avec
K'rveur et à rendre, d'après les livres de
«Uiise, témoignage à Jésus-Christ, de sorte
•)ue les apôtres en étaient frappés d^étonne-r
Ijient et pleuraient de joie, louant le nom
ao Seigneur.
CHAPITRE XV.
Et Pierre lui dit : n. Reçois la palme d^s
mains de notre frère Jean, et retourne à la
ville où tu trouveras une grande foule frap-
pée d'aveuglement, et annonce la parole de
Jésus -Christ, et mets cette palme sur les
yeux de tous ceux qui croiront, et ils recou-
vreront la vue. Ceux oui ne croiront pas
resteront aveugles.» Et le prêtre, ayant fait
ce que lui disait Pierre, trouva une multi-
tude d'hommes qui disaieut : « Malheur à
nous, car nous avons été, comme les habi-
tants de Sodome, frappés d'aveuglement. »
Et quand ils entendirent les paroles du prê-
tre qui avait été guéri, ils crurent au Sei-
gneur Jésus- Christ, et ils recouvrèrent la
vue, après que la palme eut été posée
sur leurs yeux. Et ceux qui persistèrent
dans la dureté de leur cœur moururent
aveugles. Et le prêtre revint aux apôtres,
rapportant la palme et leur annonçant ce qui
s'était passé.
CHAPITRE XVI.
Les apôtres, portant le corps de Marie»
parvinrent .à la vallée de Josaphat quo le
Seigneur leur avait désignée. Et us le.'déposè*
rent dansunsépulcreneuf etilsie fermèrent»
et ils s'assirent à la porte du monument, ainsi
que Dieu le leur avait commandé. Et voici
qiie le Seigneur Jésus arriva soudainement
avec une armée innombrable d'anses bril-
lants d'une grande splendeur, et il dit aux
apôtres : « La paix soit avec vous. » Et ils
repondirent : « Seigneur, que ta miséricor-
de s'étende sur nous qui avons espéré en
toi. » Alors le Sauveur leur parla disant :
« Avant que je montasse vers mon Père , je
vous ai promis, à vous qui m*avez suivi,
que lorsque le Fils de Thomme aurait pris
possession du siège de sa majesté , vous se*
riez assis sur douze trônes, jugeant les
douze tribus d'Israël. L'ordre de mon Père
Il choisi Marie parmi les tribus d'Israël pour
que j'habite en elle; que voulez-vous donc
que je fasse à son égard? » Et Pierre et les
autres apôtres dirent : '« Seigneur, tu as
choisi ta servante sans tache pour y faire ta
résidence, et tu nous as choisis, nous qui
sommes tes esclaves, pour prêcher la pa-
rôle. Avant tous les siècles, tu as réglé tou-
te chose avec le Père et l'Esprit-Saint avec
lesquels une seule divinité égale est k lui
ainsi qu'une puissance iniinie. Il paraîtrait
juste à tes serviteurs que, de même qu'ay/mt
vaincu la mort, tu règnes dans la gloire, tu
ressuscitasses le corps de Mario et tu la con-
duisisses pleine de joie dans le ciel, ji
CHAPITRE XVIL
Alors le Sauveur dit - «i Qu'il suit fait
suivant votre parole. » Et il ordonna à l'ar-
change Michel d'apporter l'âme sainte de
Marie. Et aussitôt 1 archange Gabriel enleva
la pierre qui fermait le monument, et le Sei-
gneur dit: « Lève-toi, mon amie; loi qui
n*as pas senti de corruption par le contact
de l'homme» tu ne souffriras [)as la destruc-
dfts
DICTÎOKNAIIIE DES APOCRIPHES.
506
tion du corps dans le sépulcre. » Et aussitôt
Marie se leva et bénit le Sei)$neur»et, étant
tombée k ses pieds, elle Tadorait disant :
<r Je ne puis , Seigneur, te rendre des ac-
tions de grâce dignes des bienfaits que tu as
daigné accorder à ta servante. Que ton nom,
Rt^dcmpteur du monde et Dieu d'Israël , soit
béni dans tous les siècles. »
CHAPITRE XVm.
Le Seigneur, Payant embrassée, la remit
nux mains des an^es pour qu*ils Ja portas-
sent dans le paradis. Et il dit aux aiiôlres :
« Approchez^vous de moi. » Et lorsqu'ils se
furent approchés, il tes embrassa et leur
dit : « Que la pait soit avec vous; je serai
toujours avec vous jusqaà )tt consoinmalioii
du siècle. » Et le Seigneur, ayant dit ces (lâ-
rôles, fut enlevé par une nuée et remonta
au ciel, et les anges Taccomnaguèrent (sor-
tant la bienheureuse Marie, Mère de Dieu,
au paradis de Dieu. Et les apôtres furent
rapportés par des nuées» chacun à Tendroii
où il prêchait i'Evafigile, racontant kes gran-
deurs divines et louant Noire-Seigneur Jé-
sus-Christ qui vit et qui règne avec le Père
et le Saint-Esprit dans une parfaite unité et
dans une même substance de divinité, Uau>
Les siècles des siècles» Amen (560],
On peut placer à cAté deTouvragede Méli-
ton une légende grecquedont ilexistedivers
manuscrits. Thilo, qui avait l'intention delà
comprendre dans son Corpus apocryphorum^
resté inachevé, l'avait transcrite d après le
manuscrit, C. 1173 de la bibliothèque im-
péiiale. où elle occupe les feuillets 26V-267,
et oit elle porte le titre de Discours de saint
Jean le théologien sur la résurrection de la
sainte Mire de Dieu. Les manuscrits C. 1021,
770» 1215, renferment la même production
avec quelques variantes. Un autre manuscrit,
C. 523, en présente un extrait en y joignant
un passage emprunté aux ouvrages attribués
h sàiiti Denys f'Aréopa.^ite. [Yoy. le livre De
divinis nominibus, c. 3, t. I, p. WtS^ de l'édi-
tion de Gordier, Venise, IGSO) Denys dit
quM est venu avec Jacques, Pierre et d'au-
tres apôtres, afin de contempler ce corps qui
avait donné le principe de vie, et qui avait
reçu Dieu, mais qu'il n'avait trouvé nul ves-
tige du corps de Marie, lequel avait été en-
levé au ciel.
Un manuscrit de la bibliothèque Coislin,
n* 121, indiqué par Montfaucon, renferme
aussi ee discours. On le retrouve dans d'au-
tres manuscrits avec le nom de Jacques au
lieu de celui de Jean, notamment dans un
manuscrit do la bibliothèque de Vienne
(TheoL Grœc. n. 151), cité pnr Lambécius
(Comment,^ t. IV, p. 121), et dans un du xir
siècle, appartenant à ta bibliothèque impé-
riale de Paris (C. 150<^, olim Colbertinus
1033, ium Regius 22^5). Celui-ci offre quel-
«ues différences avec le récit ordinaire;
il représente les douze apôtres comme ayant
«•té enveloi)pés par une nuée, lorsqu'ils por-
taieot sur leurs épaules le sépulcre où était
le corps de Marie, et enlevés au ciel avec lui
avant d'être parvenus au sépulcre. '
Thilo [Acla S. Thomœ , Lipsi», 1823,
p. xviii) donne surtout ceci de plus amples
détaiisqu'il serait superflu de reproduire, et
il observequ'Epiphane, moinede Jérusalem,
qui vivait vers le xn* siècle, invoque l'au-
torité de Jean le théologien, dans son livre
(5(>0) Comhëfis [Aueluar'tum notHm Biblioth. Pa-
truMj I. I, p. 8il) iiier.tioniic un dis* ours de Jraii
du Tiirssaloiiiipio sur runsoipption de lu Vii'i'<;e; il
reproduit en gi-jndc partie le:» '>ctai!s coiitcuus dans
De vilaS. Jfari», publié par J.-A. Minija-
rellidans \es Anecdota litteraria d'Amaducci»
vol. m, p. 29.
Donnons maintenant une analyse succincta
de cette production qui est demeurée iné*
dite.
alarie s'élant un jour, selon son usage,
et malgré l'opposition des Juifs, rendue au
tombeau de son Fils, afin d*y prier, Tar-
change Gabriel lui appparut et lui annonça
que ses désirs seraient bientôt accomplis, et
qu'elle serait admise dans le ciel. Elle revint
alors à Bethléem avec (rois vierges qui rac-
compagnaient, et elle demanda au Sei^^neur
de reunir auprès d'elle Jean et les autres
apôtres, vivants ou morts. Jean fut porté
depuis Ephèse sur une nuée, et après de^
salutations réciproques, après avoir ensemble
adoré Jésus-Christ, Marie annonce à l'a^'ù-
treque les Juifs avaient juré quMIs brûle*
raient son corps. Alors une voix céleste an-
nonce l'arrivée des autres apAtre<$ que le
Saint-Esprit avait appelés, et qui, apportés
soudain par des nuées dans la demeure d^-
Marie, lui rendent hommage, et, conforwj-
ment à sa prière, lui racontent d'où ts
sont venus, de quelle manière et dans quel
but. Ln Vierge, d'accord avec eux, rend grâ-
ces à Jésus-Christ. Et voici qti'au milieu d'J
fracas du tonnerre, les armées célestes en-
tourent l'humble habitation de Marie; un
grand nombre d'habitants de Bethléem s^ui
guéris de toutes leurs maladies en touchant
\qs murailles de cette demeure.
De pareils p'-odiges no font qu'irriter i^s
prêtres juifs; ils veulent a!taquer les apô-
tres, mais une vision redoutable les en em-
pêche; ils s'adressent alors au préteur ro-
main, et lui demandent d'envoyer è Bi*tli-
léem un officier supérieur. Les apôlri\^
reçoivent, de leur côté, l'ordre do ne ru:i
craindre et de se rendre à Jérusalem; ii> y
sont transportés sur une nuée, et ilsappu*
tent avec eux le cercueil do Marie, ils |>j^-
seut en cette ville cinq jours consacrée u u
récrit qui porte le nom de Méliion ; le Mvani IV^
iiiiniiaiii avaii d'alMird en la |MMiséâ de pulil^r «t
écrit : il y renonça, le irouvaiU trop chargé de eu -
constances apocrvi>lie5«
191
iiEL
PART. UI.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
MKL
m
prjèfA. Cette nouvelle se répand, elles JuiTs
leuloiU de mettre le feu k la demeure de
Marie, mais, pnr un juste châtiment de leur
impiété» les flammes qu'ils ont allumées
consument un grand nombre d'entre eux.
Celte merveille démontre au préteur et à
beaucoup de Juifs la sainteté de Marie et
des apôtres. Le Saint-Esprit annonce alors
que le jour du dimanche, Jésus viendra
prendre sa Mère avec lui, et, au moment
atiDoncé, le Sauveur arrive avec une grande
multitude d'anges, el, après divers discours,
il reçoit l'&me de Marie. Tandis que les apô-
tres portent dans un cercueil le cadavre
inanimé, un des Juifs, appelé Jéphonias,
veut le saisir ; aussitôt un glaive de feu tran«
che ses mains, mais elles lui sont rendues,
lorsqu'il a promis de croire en Jésus-Christ.
Après ce miracle, le corps sacré de Marie
est enlevé au ciel; les apôtres y sont égale-
ment transportés, et ils y contemplent toute
l'armée céleste.
MELLITUS.
[Passion de saint Jean Vévangélisle^ écrite par Mellitus (561).
Cette composition qui reproduit, au sujet
du saint apôtre, des traditions d'une haute
antiquité fut publiée pour la première fois
)iar Florentinius dans son Martyrologium S.
tiieronymi et insérée par Fabricius dans
son Codex apocryphus Novi Teslamenti, t. li,
p 604; le premier éditeur donne à son é^ard
desdétaiIsquMl n'est pas inutiledere|)roduire:
Quiavero in idem consonat aniiquaMeU
lili Laodieensis episcopi historia et Joannis
assumptionem confirmât, libuit eamdem ex
manuseripto ac pervetusto pênes me Hagiolo'
gio attexerCf quodmultis tamen non ignotam et
nUquibus emunctœnaris viris non improbatam
xiderim, Eadem fere est quœ apud Boninum
Mombritium legilur^ sedquia ilbusjam perve-
titsti codices rariores sunt dum nostras qualeS'
eunque notationes addimus^ nec iterato edere
dûplicuit. Hanc eamdem qua sanctus Petrus
Damianiatiique Patres usi suntf acta verbaque
rouferentibusj et ex in fra dicendis facile cons-
<afru. Eamdem quoque esse quam Ordericus
VUaliSf lib. ii Eccles, hislor.t contractam
tfmtilamqtie exhibuit^ palam est , sicuti illam
pariier quam ex Codice Passionali apud Prœ^
tncMratenses Lovanii vidit Joannes Nessels^
tt in historiarum censura uti pietati et veri'
laticonsonam taudabit. An vero Miletus tel
Mtllitus potius dicendus sit quanquam non
p/ffie liqueatf Orderico tamen qui ante quin-
^tnios annos scripsit et non minoris œtalis
ihqioloaio nostro adhœreo , qui Metlitum ,
f^on Metitumexpresselegunt. Melitonem Asia^
Hum sanctumepiscopum Sardensem^ cui falso
eiiam ascribitur liber De transiiu B. Virgi-
n.'i, palam convincitur non esse^ cum is sub
Àureliano secundo sœculo floruerit, nosler
tfro Mellitus vulgata jam hœresi Manichœo-
r»m scripsisse liqueat. Laodicena profecto
tccltsia cujiÂS episcopus enumiatur, non
mdo in Asia conlinetur^ ubi D. Joannes
f^cangelii seminaintudt^ sedunam ex septem
l^cclesiis quas ipse fundavit^ docti in Apocali-
pnm interprètes passimdocent, ut dubitandum
«oft sit quin Joannis Acta et sinceriores de
r/us vita tractationes inde habere potuerit^^
d^mmodo verum prœferat titulum Laodiceni
U'iicopi,An€tiam Latinus hic scriptor sitf
(%l) Parmi les manuscrits syriaques qui onl ëlé
^t'itiifi il y a peu d aunceH par le Musée britannique,
ï.wirouvc u. 12.174, I4,i;il. 14,050, une histoire
vel e Grœco translatus^ dum interpretis tio-
men refert, dicere non auderem. Gravis un'-
queauctor est^ et falsi redarguiposse non video.
Quod enim objicit eidem Joannes Bessels ex
Tertulliano de tempore exsilii in Pathmo tn-
sula^ facile ex infra dicendis diluitur. Quœ-
eunque autem Acta hœc doctioribus reputari
possintt edere non piguit^ cum et Prochori de
Joanne historia^ nemine réclamante^ menda^
dis aspersa et apocrypha pluries jam édita
sit et de ea non desint graves scriptores qui
fabulis amputatis ad aliorum veritatem eon-
firmandam testimonia non vereantur addu-
cere.
Photiusade son côté mentionné Thistoire
qui nous occupe; il la joint aux écrits mis
sous le nom de Prochore ou attribués à Leu-
cius, et comme ces derniers étaient, nous
l'avons dit, remplis de fables et d'erreurs, le
partpiarcbedeConstantincple en porteun ju-
gement sévère. Etverboutdicam^ liber hic in-
pnita continet puerilia^ non credenda , mais
confictaetfafsa^ stultaque^ et intersepugnantia
atque impia et Deo indigna , ut qui eum hœ-
reseos omnis fontem atque fundum dixerit^ a
verominimeaberrarit. [Bibliotheca^ cod.l^i^*)
Fabricius (Codex apocr^ N. Test.^ t. Il,
p. 774) conjecture que c'est de l'écrit que
pouvait être emprunté le trait rapporté par
Cassien (collât. 24, c. 21), et qui montre
saint Jean répondant à un chasseur qui s'é-
tonne de le voir caresser une perdrix, qu'il
n'est pas possible de tenir un arc toujours
tendu et bandé, et qu'un peu de distraction
est nécessaire à l'esprit pour qu'il reprenne
ensuite sa Iflche avec une vigueur nouvelle:
Nec nostri animi te offendat tamparvahœc
brtvisque taxai io ^ quœ nisi remissions qua-
dam vtgorem intensionis suœ interdum rele^
vet ac relaxetf irremisso rigore lentescens
virtute Spiritus cum nécessitas poscit obsecun^
darenon polerit. {Voy. aussi t6id., p. 788.)
L'ouvrage portant le nom de Mellitus cor-
respond en bien des endroits aul Actes grecs
dont nous avons parlé dans l'article consacré
h saint Jean (col. 357) On y retrouve la cir-
con>tatice du poison bu impunément par fa**
pôlre, cl celles qui accompagnent sa mort. Coa«
de la Vie et mort ds saint Jean ; elle inériterail
<rélie rapprochée des ccri(s apocryphes que nous
pus^éJous sur Je même sujet.
599
DICTIONNAIUE D£S APUCIl¥rilE&.
600
sultcz irailietirs Thilo {Acia S, Thomœ^
SLXxvii), qui lerinine en ces termes les ré-
eiionsauKqiiellcs il se livreà cet égard : llœc
Latini opusculi cum Grœco quœ deprehendi'
tur convenientia , ex eo videlur explicanda^
qnod uirumque a Leucii Actis haustum est.
Oinnino uterqae scriptor altos /radi/tcmei Je
rébus Joannts divulgatas ad libidimm ad-
miscuisse sire us Leucianus Ismperatisu
censendus est^
MeriilQS, serviteur de Dieu, éVèque de
Laodicée, à tous les évèques et à toutes les
églises des Catholiques, souhaite le salut
éternel dans le Seigneur. Je veux» mes frè-
res, (jue vous soyez en d(^fiaifce contre un
certain Leucius, qui a écrit les Actes des
apôtres, ceux de Jean l'évangélisterde saint
Andiét et de Thomas l'apôtre. Il a dit cer-
taines choses vraies des prodiges que ]e
ScrgneuF fit par leur entremise, mais au su-
jet de la doctrine, il a avancé beaucoup de
mensoiiges. Car il dit qu^ils ont avancé qa*il
eiistait deux principe»» ce que TËglise de
Jésus-Christ abhorre ; et saint Jean I apôtre,
en tôle de son Evangile, atteste qu*il n\y a
qu'un principe en lequel a toujours été le
Verhe» par qui ont été créées toutes les
choses visibles et invisibles. .Mais Leucius
dit qu*ils ont enseigné qu'il y avait deux
principes, celui du bien et celui du niai ;
que le bien était l'œuvre du bon principe,
et le mal Tœuvre du mauvais, tandis qu'il
est certain .que le mal n'est rien de subslan*
tiel, et qu'il n'y a nulle créature, visible ni
invisible, qui puisse, par sa nature, ôlre
regardée comme mauvaise. L*ange mauvais
ainsi que Thumme mauvais a été créé bon
par le Seigneur ; s*il est méchant, c'est parce
qa'il a osé se révolter contre la volonté de
son créateur; car les anges et les hommes
qui sont connus pour être méchants sont
condamnés par la justice do Dieu. Le juste
sait que l'injustice vient, non de Torigine
des anges ou des hommes, mais de ce qu'ils
Font encourue en agissant injustement. Si
l'esclave a accompli ce que le Seigneur a
défendu, et s*il n'a pas fait ce qui lui était
commandé, il sait qu'il est chfttié avec jus-
tice; lorsqu'il aura avi*c humilité reconnu
sa présofnption, et qu'il aura dit de tout son
cœur: n. J'ai péché contre toi, Seigneur, aie
pillé de moi, » la miséricorde du Seigneur
le soutiendra, et celui qui avait encouru les
châtiments de la justice du juge équitable ,
obtiendra Tindulgence du Seigneur misé-
ricordieux. Ainsi, pour te montrer vrai-
ment pécheur, honore Dieu ton créateur ;
tu l'honores en l'accusant toi seul lorsque
tu es en faute, et si tu n'attribues pas à ton
rréaieur les péchés que tu commets. Si tu
t'accuses avec franchise lorsque tu pèches,
tu peux réussir à obtenir la véritable indul-
gence. J*ai mentionné ces choses à i^use de
Leucius qui, rempli demensonges, aannoiicé
que les npôlres du Seigneuravaient enseigné
Qu'il existait deux principes créateurs de
I homme, fâme étant l'œuvre du Dieu bon,
et la chair l'œuvre du Dieu méchant, ei que
Tâme avait été entraînée dans le péché
par la nécessité de la chair. S*il en était
ainsi, ccluiqui ne pèche pas ne vivrai point.
de même que celui qui ne mange pas, ou ne
boit pas, ou ne digère pas, ou ne dort pas,
assurément ne peut vivre. Et on ne pourrait
pas dire que celui-là vil qui ne se livre pa^
à la fornication, ou qui ne vole pas, ou qui
ne commet pas quelque autre crime. Ce
sorait prétendre que 1 homme, qui ne peut
vivre sans nourriture et sans vêtement, n<^
peut vivre sans fornication. Mais il est cer-
tain que Thomme a été formé par leCréateur
pour qu'il vive exempt de crimes, tamiift
qu*il ne petit vivre privé d*aliment5. Nous
stivoHs qu'il peut vivre sans crimes, dêteou
dans un cachot, chargé de chaînes, relé)çu6
en exil, tandis qu'il ne peut exister sau^
nourriture, sans boisson, sans digestion et
sans sommeil. Ces choses étant leconoue»,
nous revenons au récit des Actes du bien-
heureux Jean l'évangtMisle, et nous dirons
comment il émigra vers le Seigneur.
Domiiien exerça, après Néron, la secoo^ld
persécution contre les Chrétiens, d*où il ar-
riva que Tapôtre saint Jean fut éloigné d*K*
phèse , et exilé dans Tlle de Pathmos, u\\
il (écrivit de sa main Y Apocalypse que le
Seigneur lui révéla. Domitien fut mis à mort
|)ar le sénat romain dans la mémo année où
il ordonna Texil de saint Jean, et, courue
Dieu veillait sur son apôtre, il fut décrété (»ar
un arrêt unanime du sénat, que tout ce que
Domitien avait ordonné serait cassé. De \h
il advint que saint Jean, qui avait été en*
voyé en exil par Tordre de Dotuitien, revint
avec honneur à Ephèse. Et le peuple en*
tier, hommes et femmes, alla au-devsnl «i^
lui, se livrant à la joie, et disant : « Béni
qui vient au nom du Seigneur. > Et lorsqu'il
entra dans la ville, Drusiane, qui favaii tou-
jours suivi, et qui avait été accablée du lié-
sir de sa venue, était portée au sépulcre.
Alors saint Jean vit que les pauvres et lis
veuves avec les orphelins pleuraient ain^
que ses parentSi et qu'ils disaient: « Saiui
Jean, voici qu'on emporte Drusiane qui, se
conformant à tes préceptes saints, nous nour-
rissait tous, servant le Seigneur dans rbomi*
lité et dans la chasteté, et chaque jour elle
espérait après ta venue, disant: «Puis5é*je
voir de mes yeux Tapôtredu Seigneur avant
de mourir l» Voici que tu es venu, et elle
n'a pu te voir. » Et l'apôtre dit; «Le Sei-
gneur te rappelle à la vie, Drusiane ; lève-
toi, et retourne en marchant à ta maisoQ« et
prépare-moi un repas. » Et, è sa voix, elle
se leva, et elle marcha selon l'ordre de l'a*
pôtre, et il lui semblait à elle-même qu'elle
n*était pas revenue de la mort, mais seule-
ment du sommeil. Et le peuple poussa de
grandes clameurs pendant trois heures, lii-
sant : « Il n'y a qu'un Dieu, celui que prèclu'
m
UEL
Part. 111. -^ LEGEKDES ET FRAGMENTS.
MEL
60i
JeiD; il n'y a qu*iin seul Seigneur qui est
]ésus«Cbri&t. »
Un autre Jour, le philosophe Craton avait
iDooncé qu*]| donnerait au forum un ex€*m-
|Je du mépris des richesses, ayant persua-
dé à deux jeunes gens qui étaient frères et
fort riches, d*emptojer tout leur patrimoine
à acheter des pierres précieuses etde les bri-
ser en présence de tout le peuple. Et lors-
que cela se faisait, Tapôlre vint à passer en
ixi endroit, et appelant à lui le philosophe
Cralon, il dit : « Le mépris des choses du
monde est insensé, lorsqu'il est loué par la
bouche des hommes et condamné par le ju-
gement divin. De même que le remède est
Tain lorsqu'il ne détruit pas la maladie, de
luême une doctrine est raine lorsqu'elle ne
itiiérii pas les vices des âmes et des mœurs.
Mon Maître répondante un jeune homme qui
liii demandait comment on pouvait arriver à
la vie éternelle, lui dit : « Si tu veux être
pariait, vends tout ce que tu as et donne-le
aoi pauvres, et tu acquerras ainsi un tré-
sor dans le ciel I et tu obtiendras la vie éler-
nelle qui n*a point de tin. »
Craton répondit : « Le flux, de la cupidité
humaine est indomptable ; mais si vraiment
Ion maître est Dieu, et s'il veut que la valeur
de ces pierres précieuses soit distribuée aux
fiauvres, fais qu'elles soient remises dans
leur état primitif, afin que ceque j*ai fait pour
acquérir la renommée humaine, tu le fasses
pur la glotrede celui que tu annonces com me
ton maltro. »
Alors le bienheureux Jean, rassemblant
les fragments des pierres précieuses et les
plaçant en sa main, éleva les yeux au ciel et
dit :c Seigneur Jésus*Christ, à qui rien n'est
impossible, qui as restauré par le bois de la
croix le monde qui avait été brisé, qui as
rendu à un aveugle-né les yeux que la nn-
lure lui avait refusés, qui as rappelé à la vie
Lazare mort et enseveli depuis quatre jours,
et qui as guéri toutes les maladies par la
puissance de ta parole; considère. Seigneur,
ces pierres précieuses que des hommes,
i;inorant le prix de l'aumône, ont brisées
ponr obtenir les applaudissements des
i)ommes; rétablis-les. Seigneur, par la main
de les anges aOn que leur prix soit appliqué
aux œuvres de miséricorde et qu'il fasse que
ceux qui croiront en toi parviennent à ton
ff^aume, toi qui vis et qui rè;^ncs par tous
l«s siècles des siècles avec le Père etleSaint-
^m, »
Et lorsque les fidèles qui étaient avec l'a-
pôtre eurent répondu et dit amen Jes frag-
ments des pierres se réunirent si bien qu*it
ne demeura nul vestige de fracture.
Alors le philosophe Cralon tomba aux
pieiJs de l'apôtre avec Its deux jeunes gens
et avec tousses disciples, et il crut, et il fut
l>3piisé avec eux tous, et il commença à prô-
^}^f publiquement la foi de Jésus-Christ.
I^Mos lieux frères, vendant tout ce qu'ils
Pouvaient posséder et le donnant en totalité
8»»x pauvres, suivaient l'apôlr** de ville en
ville en prêchant la parole de Dieu.
Cl il arriva qu*eu entrant dans la ville do
Pergame, iU virent leurs esclaves qui mnr-
cliaient revêtus de vêtements de soie et bril-
lants de l'éclat du monde, et il résulta que,
frappés de la flèche du diable, ils tombèrent
dans la tristesse en se voyant couverts d'un
simple manteau, tandis que leurs esclaves
brillaient de la splendeur de la puissance.
Mais l'apêtre, comprenant (\u& c'était les
ruses du diable, dit : « Je vois que vous avez
changé de dispositions et de visages, parce
que, fidèles à l'enseignement de Jésus-Crrist,
vous avez donné aux pauvres tout ce que
vous possédiez. Mais si vous voulez recou-
vrer ce que vous avez possédé en fait d'or et
d'argent et de pierres précieuses, apportez-
moi quelques petits cailloux pris sur le bord
de la mer. »
£t quand ils Teurent fait, l'apôtre avant
in vogué le nom du Seigneur, ces cailloux
se cnan^èrent en pierres précieuses par
l'effet de la puissance de Dieu. Et l'apôtre
dit : « Apportez-moi des bajçuettes de bois
droites, )» et il invoqua la Trinité du Seigneur,
et elles furent changées en or. Alors le saint
apôtre leur dit : n Allez pendant sept jours
auprès des bijoutiers et des lapidaires, et
lorsque vous aurez reconnu que c'est vrai-
ment de l'or et des pierres précieuses, an-
noncez-le-moi. »
Et tous deux s'en allèrent et ils revinrent
après sept jours auprès de Tapôtre, disant;
4 Seigneur, nous avons parcouru toutes tes
boutiques, et partout l'on a reconnu la valeur
de ces objets. » Alors saint Jean leur dit :
« Allez et rachetez les terres que vous avez
vendues ; achetez pour vous des vêtements
de soie afin que pendantquclcjue temps vous
brilliez comme la rose, mais dont la fleur,
après qu'elle a donné son parfum et montré
sa rongeur, se flétrit soudainement. Vous
soupirez à l'aspect de vos serviteurs et vous
gémissez de ce que vous êtes devenus pau-
vres. Soyez riches dans le temps pour être
[perpétuellement dans l'indigence. Est-ce que
a main du Seigneur n'a pas assez de puis-
sance pour rendre ses serviteurs possesseurs
de richesses incomparables et pour les faire
briller du plus vif éclat? Mais il a prescrit le
combat des âmes afin que ceux qui pour
son nom n'ont pas voulu posséder les ri-
chesses temporelles, sachent qu'ils possé-
deront les trésors éternels. Notre Maître
nous a raconté qu'un certain riche faisait
chaque jour de somptueux repas et qu*ii
brillait dans l'or et la pourpre, tandis qu'uu
menJiant, nommé Lazare, était couche de-
vant sa porte et désirait mander les niiettea
qui tombaient de la table du riche, mais per-
sonne ne les lui donnait; il arriva un jour
?|u'ils moururent tous deux, et le mendiant
ut conduit dans le repos qui est dans le sein
d'Abraham, tandis que le riche fut plongé
dans la flamme de t'incendie, et élevant les
yeux, il vit Lazare et il dit : << Je te conjure,
père Abraham, d'envoyer Lazare afin qu'i|
place dans ma bouche l'extrémité de son
doigt trempé dans l'eau, car je suis éternel*
lement tourmenté en cette flamme â
«Et Abraham lui répondit : « Souviens toi^
003
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
t^i
mon fils, que tu as reçu des biens pendant ta
vie» tandis que Lazare n'a éprouvé que des
soufTrances. Il reçoit maintenant des con-
solations, tandis que tu es livré aux tour-
ments. Et un grand intervalle est établi
entre vous, lequel ne peut être franchi , car
il est impossible que l'un de vous aille à
l'autre. » Et le riche répondit : « J'ai cinq
frères et je te prie d'envoyer quelqu'un vers
eux pour les avertir de ne pas tomber dans
ces flammes. » Et Abraham répondit: «i Ils
ont Moïse et les prophètes ; qu'ils les écou-
tent. P Et le riche répondit : « Seigneur, ils
ne croiront pas, si quelqu'un ne ressuscite. »
Et Abraham dit : h S*ils n'écoutent ni Moïse,
ni les prophètes, ils ne croiront pas lors
même que quelqu'un ressusciterait d'entre
les morts (562). »
« Le Seigneur confirmai t par des signes écla-
tants les discours de Tapfttre, car quelques
hommes ayant dit , « Si un mort revenait,
nous te croirions, » il dit: « Apportez ici
les cadavres que vous avez. » Et on apporta
devant lui trois corps morts, et ils furent
ranimés comme s'ils étaient endormis, et
cela se fit par la puissancede celui qui prou-
vait ainsi qu'il fallait ajouter foi à ses dis-
cours. Mais que dirai-je de mon Seigneur,
lorsque ceux que j'ai ressuscites en son nom
et en votre présence sont devant vous? Vous
avez vu les parai vtiques guéris en son nom,
les lépreux purifiée, les aveugles rendus à
la vue, les possédés délivrés des démons.
Mais ceux qui veulent posséder les richesses
terrestres ne peuvent être en possession
d*une semblable puissance. Lorsque vous
vous êtes approchés des malades, ils ont été
l^uéris, après avoir invoqué le nom de Jésus-
Christ. Vous avez chassé les démons , vous
avez rendu la vue aux aveugles. Cette grâce
vous a été enlevée, et vous qui étiez puis-
sants et Krands, vous êtes devenus miséra-
bles. Mais tandis que vous inspiriez aux dé-
mons une frayeur telle, que, sur votre com-
mandement, ils abandonnaient les corps des
hommes, vous vous êtes mis à craindre les
démons, car celui qui aime l'argent est l'es-
clave de Mammon, et Mammon est le nom
du démon qui préside aux ^6ins charnels
et qui domine sur ceux qui aiment le mon-
de. Ceux qui aiment le monde ne possèdent
point les* richesses ; ils sont possédés par
elles. L'Esprit-Saint a dit par la bouche des
prophètes : « Tout homme se trouble en vain
parce qu'il thésaurise et qu'il ignore qui ras-
semble les rishesses. » Les femmes qui vous
ont enfantés vous ont mis au monde nus et
privés de nourriture, de boisson et de vêle-
ments; la terre recevra nus ceux qu'elle a
produits. Nous possédons en commun les
richesses du ciel; la splendeur du soleil est
égale pour le riche et pour le pauvre, ainsi
que les gouttes de pluie, et les portes de
1 église, et la sanctification des fonts du bap-
tême, et la rémission des péchés, et la par-
ticipation à l'autel, et la nourriture du corps,
et la l)oisson du sang sacré, et l'onction du
(56S) Luc. XVI, 19-31.
saint chrême, et la Visitation du Seigneur,
et le pardon du [)éché. Le Créateur accor.je
également toutes ces choses sans dislinctit n
de personne. Le riche n'use pas difléreoi-
ment que le pauvre des biens terrestres
mais l'homme malheureux et indigent c^t
celui qui veut posséder plus que r« dont li
a besoin. Car alors les douleurs des fièvres,
les rigueurs des froids, des peines diverse»
dans chacun des membres de son corps nai>-
sent pour lui, et il ne peut se rassasier ni
avec des aliments, ni avec de la I'O.ssod.
L'homme avide est jour et nuit en proie &
l'inquiétude, et il ne connaît pas une heur*'
de repos; tandis que les hommes se livreni
à leurs passions, qu'ils s'efforcent de dé-
pouiller ceux qui sont plus faibles qu eui,
Îiu'ils ne veiuent supfiorter qu'on leur
asse aucun tort, tandis qu'ils font retomU^r
sur autrui tout le poids de leur colère, qui s
s'abandonnent aux plaisirs de la chair, i]\i'i.i
n'ont pas en horreur de jouer aux tablo
(563) et d'assister aux spectacles ; qu'ils t.i
craignent p»s de souiller et d'être souilléN
ils sortent soudain de ce monde nus, a[>(K)r-
tant avec eux leurs seuls péchés, pour les*
quels ils souffriront des peines peri Ri-
tuelles, h
Et tandis que l'apêtre parlait ainsi, os af-
portait au sépulcre un jeune homme qui éiati
le fils d'une veuve, et qui s*était marié u v
avait trente jours. Et une foule nombreu^^e
suivait ses funérailles avec sa mère la veuv .
cl les assistants, poussant de grands cris dt
douleur, se jetèrent aux pieds de TapôT'î
et le supplièrent de ressusciter ce jcur "
homme, au nom du Seigneur, comme <
avait ressuscité Drusiane.Kt la douleur o>*
tous élait si grande, que l'apAtra lui-oiéiue
ne put s'empêcher de répandre des larmes
El se prosternant, il pleura fort longten.pN
et se levant après son oraison, il étendit le^
mains vers le ciel et adressa taciteroeniai
Seigneur une longue prière. Et ayant f' i
cela trois fois, il ordonna de délivrer lacor;'^
du suaire qui l'enveloppait, et i| dit: < U
jeune homme qui, eniratné par l'amour (i^
la chair, as prématurément perdu la ne! ô
jeune homme qui n*as pas connu ton Créa-
teur, qui n'as pas connu le Sauveur d^s
hommes, qui n as pas connu le vérilatie
Ami et qui est ainsi tombé au pouvoir duQ
ennemi détestable I J'ai répandu devaot l**
Seigneur mes larmes et mes prières afin qu i>
eût pitié de ton ignorance, afin qu alTran :..
du lien de la mort tu te relèves, et alin «l'ij
tu annonces à ces deux jeunes gens, Aiiu'i>
et Eugène, quelle gloire ils ont perdue e(
quel cnâliroent ils ont encouru. •
Alors le jeune homme se levant, se pn $-
terna devant l'apôtre, et il se mit k refn-
mander ses disciples, disant : « J'ai enieu'»
vos anges s'affliger et les anges de Saiw *'
réjouissant de votre attachement f>our it>
bivns terrestres. Une résidence tout om'
de pierres précieuses éclatantes, reinpl»**^^
;oie, remplie de festins, remplie de délices»
(565) LuHtre (ahuih.
(Vi5
HCL
PART, m.- LEGENDES £T FRAGMENTS.
MEL
coa
remplie de la vie éternelle, remplie de la
lu;uière éternelle, remplie de {>lai>irs, avait
éîépn^paiée pour vous; vous ravez perdue
par roire faute, et vous avez acqui$ des lieux
d" ténèbres remplis de dragons , remplis de
flammes dévorantes, remplis de tourments
eide peines incomi arables, remplis de honte,
remplis de douleurs, remplis d'angoisses,
remplis de crainte et d'efiroi. Vous avez
porlu un séjour plein de fleurs qui ne se
tWisscnt jamais, plein de voix mélodieuses
et Je l'harmonie des instruments; vous avez
nqois des lieux dans lesquels ne cessent
les pleurs, les hurlements et le deuil. Il ne
vous reste plus qu*à prier fapôlre du Sei-
gneur de ressusciter vos Âmes qui ont été
eifacées du livre de vie, de même qu'il m'a
ressuscité et qu'il m'a ramené du trépas à
J'existeoce. »
Ellejeune homme qui avait été ressuscité
se prosterna avec tout le peuple et avec At-
lieus et Eugèoei et ils prièrent tous l'apôtre
d intercéder pour eux auprès du Seigneur,
et le saint apôtre leur repondit d'offrir à
Dieu leur pénitence pendant trente jours, et
de prier avec ferveur, durant cette période
de temps, pour que les baguettes dor, re-
I Tenant leur nature primitive, redevinssent
du bois, et pour que les cailloux fussent
aussi ramenés à leur ancien état. Et au bout
(le trente jours, les baguettes d'or n'étant
point changées en bois, et les pierres pré*
(ieuscs ne redevenant pas des cailloux, At-
licus et Eugène vinrent auprès de ra})ôlre
et dirent : <«*Tu nous as toujours enseigné
Is miséricorde, tu nous as toujours prêché
l'indulgence , et tu as recommandé que
l'bomme épargnât l'homme. Et si Dieu a
mia que rhomme eût de l'indulgence pour
i'boinme, combien lui, qui est Dieu, n'a-til
pas plus dlndulgence et de commisération
pour l'homme ? Nous avons été confus en
notre péché, et nous déplorons avec larmes
ce que la concupiscence du monde nous a
fait commettre. Nous te prions, A notre mal*
tre, nous te prions, apôtre, de montrer par
^es faits l'indulgence de Dieu que tu prêches
par tes paroles* i
Alors le bienheureux Jean pleura, et il dit
à tout le peuple qui s'était réuni, ému par
des sentiments de pénitence : « Notre-Sei*
gneur Jésus-Christ disait : « Je ne veux pas
la mort du pécheur, mais je veux qu'il se
convertisse et qu'il vive. » Car Notre-Sei-
gneur 'Jésus en nous enseignant, au sujet
^e ià pénitence, a dit : « En vérité, je vous
le dis, il y a dans le ciel une grande joie
rarmi les anges lorsqu'un pécheur se con-
v'^riit et fait pénitence, et cette allégresse est
plus grande que celle au sujet de quatre-
vin^lHiix-neuf justes qui n'ont pas péché. »
D'où je veux que vous sachiez que le Seigneur
a accepté leur pénitence. »
Kl se tournant vers Atticus et Eugène, il
leur dit: « Allez et rapportez les baguettes
^ la forêt oii vous les avez prises, parce
qu'elles sont revenues à leur état primitif,
^i rapportez aussi les pierres précieuses qui
sont redevenues des cailloux. » Et les jeunes
gens ayant accompli les ordres do l'apôtre,
recouvrèrent la grâce qu'ils avaient perdue,
de sorte qu'ils chassaient les démons et qu'ils
guérissaient les malades comme auparavant,
et que le Seigneur faisait, par leur entremise,
beaucoup de prodiges.
Et tandis que toute la ville d'Ephèse et
toute la provinced'Asie vénéraient Jean et le
célébraient, il arriva que les adorateurs des
idoles excitèrent une sédition. Et ils traînè-
rent Jean au temple de Diane, le pressant
d'offrir rabomination du sacrifice. Alors le
bienheureux Jean dit : « Je vous conduirai
tous à l'église de mon Seigneur Jésus-Christ,
et si, en invoquant le nom de votre Diane,
vous faites tomber son église, alors je ferai
ce que vous demandez de moi. Mais si vous
ne pouvez pas le faire, et si, en invoquant
le nom de Jésus-Christ, mon Seigneur, je fais
tomber votre temple et briser votre idole,
il devra vous paraître juste de vous convertir
à mon Dieu, et d'abandonner votre respect
pour un simulacre qu'il aura vaincu et brisé.»
Et tout le peuple se tut en entendant
l'apôtre parler de ta sorte, et quoiqu'il y en
eât quelques-uns qui s'élevèrent contre sa
proposition, la plupart cependant y donnè-
rent leur assentiment. Et Jean engageait avec
douceur le peuple à se tenir éloigné du tem-
ple. Et quand tous ceux qui étaient dedans
en furent sortis, il dit d'une voix forte en
présence de tout le peuple : « Afin que toute
celte foule sache que cette idole de Diane
est un démon et non un Dieu, qu'elle s*é«
croule ainsi que toutes les autres idoles fai-
tes de la main des hommes qui sont hono-
rées dans ce temple, mais que nul homme
n'en éprouve le moindre mal. » Et aussitôt,
à la voix de l'apôtre, toutes les idoles s'é-
croulèrent ainsi que le temple, et il n'en
resta qu'une poussière comme celle que dis-
perse le vent de la terre. Et en ce jour douze
mille gentils, sans compter les femmes et
les enfants, se convertirent, et ils furent bap-
tisés et consacrés par la vertu du Seigneur.
Alors Aristodème, qui était le grand prêtre
des idoles, étant aniiué d'un esprit très-per-
vers, excita une sédition parmi le peuple, et
une partie du peuple était prête à combattre
contre l'autre. Et le bienheureux Jean dit :
« Dis-moi, Aristodème, que ferai-je pour dé-
truire l'indignation qui est dans ton cœur 7 n
Et Aristodème dit : « Si tu veux que je croie
è ton Dieu, je te donnerai du poison û boire,
et si, après l'avoir bu , tu ne meurs pas, il
sera prouvé que ton Dieu est le vrai Dieu. »
Et l'apôtre lui répondit : « Si tu me don-
nes du poison à boire après que j'aurai in-
voqué le nom de mon Dieu, il ne pourra me
nuire. » Et Aristodème dit : « il faut d'abord
que tu voies des hommes en boire et mou-
rir aussitôt après, et ion cœur s'épouvantera
de ce danger. » Mais le bienheureux Jean
répondit : « Je l'ai déjà dit de te préparer à
croire en mou Seigneur Jésus-Christ lors-
que tu m'auras vu sain et sauf après (|ue
j aurai bu. » Et Aristodème se rendit auprès
du proconsul et lui demanda deux hommes
qui avaient été coudaainés à être décapités
607
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
t'i»
à cause de leurs crimes; et les plaçant au
milieu du forum, en présenco de tout le
peuple, il leur fit boire le poisoni et aussitôt
qu'ils eurent bu, ils expirèrent. Alors Arîs-
todème dit : « Ecoute, Jean; ou renonce à
cette doctrine que tu prêches au peuple pour
le détourner du culte des dieux, ou prends
et bois, afin que tu montres à tous que ton
JDieu est tout-puissant, si, après avoir bu, tu
n'éprouves aucun mal. » Et le bienheureux
Jean, voyant étendus à ses pieds ceux qui
avaient bu le poison, prit avec fermeté et
courage le calice, et faisant sur lui le signe
de la croix, il dit: « Père, Fils et Esprit-
Saint, auquel toules choses sont sujettes, au-
quel toute créature est soumise et que toute
puissance redoute et vénère, lorsque nous
t'appelons à notre assistance, toi dont le nom
fait taire la vipère, met le dragon en fuite,
a|)aise le serpent et détruit le scorpion, toi
3ui anéantis TeBet des poisons les plus re-
outables et aveugles les animaux nuisibles
h l'homme et fais périr toutes les plantes
nuisibles k la santé de Thomme, éteins ce
poison, et fais, en présence de tout le peuple
que tu as créé, disparaître les forces qu*il a
en lui; ouvre leurs yeux pour qu'ils voient
ta grandeur, et éclaire leur cœur pour qu'ils
ta comprennent.»
Et Tapôlre ayant ensuite parlé, prit le ca-
lice sur lequel il avait fait le signe de la
croix, et but tout ce qu'il contenait, et après
qu'il eut bu, il dit : « Je demande que ceux
pour lesquels j'ai bu se convertis^nt k toi,
Seigneur, et qu'éclairés par toi, ils méritent
le salut qui est en toi. » Et tout le peuple
observa Jean durant trois heures, et vit
qu'il conservait un visage joyeux, et qu'il
n'y avait en lui aucun signe de nftleur ou de
tremblement, et ils se mirent a crier : « Il
û'y aqu'un vrai Dieu, celui qu'adore Jean. »
Et Aristodèaie refusait de croire, mais le
peuple le pressait. Et, se tournant vers Jean,
il dit : a 11 me reste encore un doute, mais
si tu rends à la vie, au nom de ton Dieu, ces
hommes oui sont morts par Tetfet du poi-
son, mon ame sera affranchie de toute incré-
dulité.» Et le peuplese soulevait contre Aris-
todème, disant : t Nous te brûlerons avec ta
maison, si tu oses encore parler contre l'apô-
tre de Dieu. » Et Jean voyant qu'une sédi-
tion très-violente s'élevait, dit : «La première
des verlus divines que nous devons imiter
est la patieuce qui fait que nous suppor-
tons la folie des incrédules. Si Aristodème
est encore reienu dans son infidélité, bri-
sons les nœuds de son infidélité, et quoique
ce soit tanii veulent, faisons lui connaître
son Créateur. Je ne cesserai de travailler k
celte œuvre jusqu'k ce qu'elle ait guéri ses
blessures. Et de même que les médecins
ayant dans les mains un malade ont recours
k divers remèdes, de même si ce que nous
avons fait n'a pas encore guéri Aristodème,
pous ferons autre chose. » Et l'appelant k
lui, il lui donna sa tunique, ei il resta cou-
vert de son manteau. Et Aristodème dit :
« Pourquoi m*as-lu donné ta tunique? » Et
Jean lui dit : « Afin que tu sortes confus de
ton incrédulité. » Et Aristodème réiionJii :
«( Et comment la tunique me fera-t-elie quit-
ter mon incrédulité? » Et l'apôtre lui répoih
dit : « Va et mets<-la sur le corps des morts,
et dis-leur : « L'apôtre de Notre-Seigiieur
Jésus-Christ m'a envoyé afin que vous tous
leviez au nom de son Dieu, et afin que les
hommes connaissent que la vie et la aort
sont soumises k mon Seigneur Jé^us-ChrisLi
El Aristodème ayant fait ce que Jeao lui
avait recommandé, et voyant les moru se
relever, se prosterna devant l'apôtre, et cou-
rut vers le proconsul t et se mit k crier ;
« Ecoute-moi , proconsul ; je pense que tu
te souviens que j'ai souvent excité ta colère
contre Jean, et que j'ai voulu lui faire beau*
coup de mal , et je crains d'éprouver sa co-
lère, car c'est un Dieu caché sous la fonuf
d'un homme. Car non-seulement il estre^e
sans avoir éprouvé le moindre mal aprèsaToir
bu le poison, mais il a même ressuscité par
l'attouchement de sa tunique ceux que la
poison avait tués, et ils vivent, n'ayautau*
cun signe de mort. »
Et le proconsul dit ; « Que veui*lu qu.>
je fasse? » Et AristoJème ré(>ondit : ^ Il faut
que nous lui demandions grâce, et que nous
lassions tout ce qu'il nous commandera. ■
Et venant devant fapôtre, ils se prosternè-
rent k ses pieds, et ils implorèrent leur par-
don. Et il les reçut avec bonté» et il pria le
Seigneur, en reuvlant des actions de grâce:,
et il leur commanda d'observer un jeûne uc
se|>( jouis. Ensuite il les baptisa. Ellors-
qu ils eurent été baptisés avec tous leurs pa-
rents et leurs serviteurs, ils lirisèrent toutes
leur^ idoles, et ils élevèrent une église au
nom de saint Jean, et ce fut dans cette églix^
qtie saint Jean alla vers le Seigneur ue la
façon suivante :
Lorsqu'il avait quatre-vin^t-dix-sept ans,
le Seigneur Jésus-Christ lui apparut avec
ses disciples, et lui dit : « Viensamoi, |)arce
qu'il est temps que tu prennes part h oiou
banquet avec tes frères. » Et Jean selevaot,
commença k aller, mais le Seigneur lut dit :
« Le dimanche de ma résurreetion oui arri-
vera dans cinq jours, tu viendras k moi. ■
Et ayant dit ces paroles, il remonta au ciel.
Et le dimanche étant venu, toute la mulli*
tude se réunit dans l'église qui avait éle
élevée au nom de l'apôtre, et, dès lecbaDl
du coq, célébrant Ks mystères de Dieu, li
s'adressa k tout le peuple, jusqu'k la troi*
sième heure, en disant :
« Mes frères et mes compagnons, cohéri-
tiers du royaume de Dieu, et y prenant part,
connaissez le Seigneur Jésus-Cbnsl , et
sachez combien de merveilles, combien de
prodiges il a faits pour démontrer la doc-
trine que je vous ai précbée et pour contir*
mer toutes les ^rkces qu'il vous a accordets.
Persévérez d.ins ses coiumanderoent5,carle
Seigneurdai^nem'appelerhorsdcce monde.'
il ordonna ensuite de creu&er auprès de
Tautel une fosse carrée, et de jeter la terre
hirs de l'église Et descendant dans cette
fosse, il étendit ses mains vers le Seigneur,
et il dit : « Invité k Ion festin, je viens eu
609
HEN
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MEN
6 0
terenoanl grftces, parce que tuasd&igné.
Seigneur Jésos-Christ, ui*inviler à ton ban*
quel, saciiant que je te désirais de tout mon
cœur. J*ai vu ton visage, et j*ai été comme
rappelé de la sépulture. Ton odeur excile
en Dûoi les concupiscences éternelles. Ta voix
est pleine d'une douceur comme celle du
miel, et ta diction incomparable estau dessus
de celle des anges. Combien de fois t*ai-je
prié de me laisser venir à toi? et tu as dit :
Alteods, afln que tu délivres le peuple qui
m'a été confié; tu as préservé mon corps de
toute souiltarc, et tu as toujours éclairé
mon AruCy et tu ne m'a.s pas abandonné lors-
que j'allais dans Teiil, et tu as mis en ma
iK)Qcne la parole de ta vérité, me rappelant
les témoignages de ta puissance, et j'ai écrit
les œuvres que je t*avais vu faire de mes
yeui, et les paroles que mes oreitb s avaient
recueillies de ta bouche. Et maintenant,
S^i^oear, jd te recommande tes fils que ton
Eglise, vierge et véritable mère, a engendrés
;«r Teau et par FEsprit-Saint. Réunis-moi
avec mes frères que tu m*as invité à aller
joindre. Ouvre-moi la porte de vie à laquelle
je frappe; que les princes des ténèbres
n*accourent pas au-devant de mui, et que
le pied de l'orgueil et une main étrangère à
toi ne me louchent pas. Mais reçois -moi
suivant ta [larole, et conduis-moi à ton ban-
quet où tous tes amis sont fêtés avec loi.
Tu es le Christ, Fils de Dieu, qui vis et
règnes avec ton Père el avec rÈsprit-Saint
dans les siècles des siècles. »
«
Et lorsque tout le peuple eut répondu
amen, il apparut au-dessus rie Tatiôlre pen-
dant une heure entière une lumière si vive
que nul ne pouvait en supporter Téclat.
Et ensuite la fosse se trouva pleine, n'ayant
rien en elle, si ce n*est de la manne que ce
lieu produit encore aujourd'hui (56<^), et
des miracles s'y opèrent, par les mérites
des prières de l'apôtre ; tous les malades ob*
tiennent la guérison de leurs infirmités et de
leurs souffrances et Taccomplissemenl de
leurs prières. Amen (565J.
MENDAITES.
Nous avons donné dans le premier vo-
lume lie ce Dictionnaire la traduction de
la longue composition apocryphe connue
sous le nom de Litre d'Adam^ et conservée
chez ces sectaires Inen peu nombreux,
et qui sont encore assez imparfaitement
conDus. Depuis la publication du vo-
lume eo question, un orientaliste distingué,
M. Chwolsohn, a mis au jour, à Seioi-Pé-
lersbourg, un ouvrage de haute érudition,
ÏDlilulé : Die Ssabier und der Ssabismus
(1856, 2 fol. in 8"). Ce livre fournit sur les
ineoddîtes quelques renseignements que
nous croyons devoir placer ici.
Un auteur arabe, qui écrivait vers Tan
377 de l'hégire (987 de l'ère chrétienqe},
(564) On voit que Tauteur parait favorable à
lApinion répandue jadis et qui mai mena il que saint
Jean ne subit pas la mon comme les autres hu*
naini. Dans les Dûcoun et Ditêertalions de dum
Calmetsar /a BibU, l. I, p. 469487, il se trouve
use disseruiion sur la morl de saint Jean Tévan-
fiéiiste; le savant Bénédictin cite le iraiié que
(^e de Trébizonde dédia au Pape, et dont le
irai tii de prouver que le saint apôtre n*est pas
mort, maÎ4 qu*il viendra à lu fin des siècles pour
fomlMUre TAntechrist. (Quod Jonnnet evangeiista
Hoi^iniMi mcrimuê, Basileae, 1543.)
Jicqu^s Le Fèvre d'Etaples renouvelle cette opi-
nion {DisurL de una est tribus Maria , fol. 82) ; U
pcns« que saini Jean j\ été enlevé comme Enucli et
Hiie ;Fioreutinius(iVo/ff inmafiyrologiumvetus Ilie-
ronjfmt, p. 123), est venu au secours des défenseurs
tle »iiit Jean ; il p«nseqtte l'apélre est mort, liiAis
(i'Hi est ressuscité p/esque aussitôt, et qu'il doit
^enir à la fio du monie pour prêcher la foi et mou-
nrnoe seconde fois. Tillcmont a examiné ces di-
gnes raisons el n*a pas eu de peine à montrer
combien elles étaient peu f ndées. Du temps de
^iini Augustin (in Jounn,^ tract. 125), et de saint
<'>égoife de Tours (De gtoria martyrum » c. 30) ,
k^usieurs croyaient que saint Jean était dan» son
U^mbeau, encnrt doué de vie, mais plongé dans le
lomoieil et nt devant se réveiller qu*au Jaur du
Mohammed ben Ishaq Nedtmi dans son ou*
vrage intitulé :FtAmf eruicin, est entré dans
quelques détails intéressants sur les men-
aaïte.H. 11 consacre un chapitre à ce qu'il
appelle les dualistes^ c'est-à-dire mani-
cliéens (566). Après avoir parlé des daissâ^
niens (sectateurs de Bardesane) et des mar-
cioniles, il arrive à la secte des mogtasilAh
(ceux qui se lavent)» qu*il appelle aussi
Ssâbah el balhdib (SaDiensdes marais), c'e^l-
à-dire habitant les districts marécageux com*
pris entre le Tigre, le has-Euphrate et le dé-
sert d'Arabie.
En-Nedim dit que ces sectaires regardent
comme un devoir pour l'homme de se laver
fréquemment, et il ajoute qu'ils lavent tous
jugement.
(565) Nous renvoyons à Part. Prockore , pour
faire connaUre un autre ouvrage relatif à saini
loan.
(566) Un célèbre et savant orientaliste, M. de
Hammer-PurgslaU a, en 1840, publié dans Its.
Wiener lahrbucher, t. XC» p. 10-26, une traduciioa
de ce chapitre remarcjuable , mais il n'avait mal*
heureusement sous les yeux qu'un manuscrit fort
corrompu. Si le docteur i. Baur avait connu Téc* il
de 1 auteur arabe, il n*eût pas avaneé que les Oricn*
t;iux ne nous apprennent rien d'important au sujet
de la doctrine de Manès. {Dai manichaische reii^
gioniByêlem, Tubingue, 1831, p. 5 ) Une publication
du chapitre dont U s*acil, revu sur les quatre mar-
nubcrits conservés à Vienne, à Leyde et à Paris»
et accompagnée d'une traduction , serait un véri-
table service rendu à Fétude.
Ajoutons qu'un orientaliste français, dout tes
vastes connaissances sont bien connues, M. Qua-
tremère, regarde tes mendaites comme le reste des
Chaldéens de Tantiquité dont ils ont conservé , du
moins en partie , les dogmes religieux et les prati-
ques superstitieuses.Ceteruditvient de rendre compte
&M\» le Journal des Savants ^ 4857, de l'ouvrage oe
M. Chwolsohn que nous signalons, et il y reconnaU
un savoir des plus étendus et lum critiqui: judi*
cieuse.
en
leurs aliments. T menlionne comme fonda-
teur de la secte de ces mogtasilâh un certain
Ëlchasaiclt, qui mit en avant la doctrine de
deux principes, Tun mâle et l'autre femelle,
CAuime auteurs de la création. On peut avec
toute vraisemblance regarder le personnage
désigné sous lo nom que *nous venons de
transcrire, comme un des principaux repré-
sentants du gnosticisme après Tère chré-
tienne. Les idées gnosli({ues étaient répan-
dues avant Tavénement du Sauveur, elles
avaient des adhérents paniii les Juifs (567) ;
mais ce fut surtout au second siècle de notre
ère, et sous le règne d*Adrien, que le gnos-
ticisme acquit son plus haut de^^ré de déve-
loppement : Basilideà Alexandrie, Saturnin
en Syrie, Valenlin à Rome, lui donnèrent
une impulsion énergique. On a cherché
dans le platonisme et dans la théosophie ju-
dn'ique les sources d'où proviennent les doc-
trines des gnostiques; il faut reconnaître
aussi Tiniluence du parsisme et du boud-
dhisme, mais il est bien difllcile aujourd'hui
de*faire la part de ces influences, de retra-
cer leur marche et de déterminer quais
furent les propagateurs des doctrines gnos-
tiques dans la direction de TAsie centrale.
Elchasaich, le fondateur du mendaïsme, fut
incontestablement un de ces propagateurs.
En-Nedtm ne dit pas à quelle époque il
vivait, mais il donne à entendre qu*il était
antérieur à Manès. On peut arriver à déter-
miner d*une façon plus précise Tépoque où
il se montra.
Dans les Philosophumena attribués à Ori-
gène, et qui exercent si fort depuis plu-
sieurs années les eiïarts de la critique, il
est dit (livre m, p. 2d2 de l'édition de
M. Miller, Oxford, 1851), qu'un certain Al-
cibiade d'Apamée en Syrie, était venu à
Home, et qu*il y avait apporté un livre dont
il expliquait ainsi Torigine : Un homme
juste et pieux , nommé Elchasai , avait
a;*»porté ce livre de la ville de Sera dans la
Parthie, et Tavait remis à un certain Sobiaï
comme un ouvrage remis par un ange.
L*ange qui avait révélé cet écrit est repré-
senté comme étant d*une stature colossale,
et k cet ange mAle est joint un autre ange du
sexe féminin ; on voit là un indice de la
théorie des deux principes mâle et femelle.
Cet Elchasai se montra au commencement
du rè^ue de Trajan (qui parvint à Tempire
en l'an 98), peut-être môme sous Nerva (en
97-98). On ne saurait douter que rEJchasai
(*U>x«70it) des Philosophumena ne soit le
inéme personnage que J*£lchasaich ou
£rkasai*h, le fondateur du mendaïsme. Ses
sectateurs sont signalés dans Touvrage grec
que nous citons, comme adonnés à l'astro-
logie, à la magie et aux mathématiques
(tuotstiu'il faut prendre ici dans le sens
d'horoscopie), et comme se donnant le litre
de gens connaissant el annonçant l'avenir
{lipoyymvTiMQi). Ce penchant superstitieux
vers des connaissances surnaturelles se ré-
DICTIONNAIRE DES APOCïlîPiîES. et
vèle dans les écrits aes mendaites, Icsqnf ».
de nos jours encore, se préoccupent beaj*
coup de l'astrologie.
On peut, k cet égard, invoguer le t^moi*
gnage d'Abraham Éccheliensis, qui, o«n>
son livre De origine nominis Papœ^ etc.,
Romœ, 1660, p. 355, s'exprime ainsi eo par-
lant des sabéens ou mendaïtes: Alitu (iiber,
circumfertur inter Sabailas Chaldaict imcri-
plus « Sphar Molua$ce^ » libtr signorum so*
diaci , sive de sphœra , et est de Ckaldœorum
perantiqua illa , et tam decantnta a$trohg\a.
Jn viginti quatuor signa ex hujus Hbri regu-
lis tota divîdilur sphœra, scihcet in duodf-
cim signa mascula, ac totidem signa feminiM.
Uinc natorum diligenlissime horoscopes ob-
servant , et fausta vel infausta prœntintiant.
Prœlerea mari signi masculini^ sub quo nasa-
tur , inditur nomen , matris semper addito
nomine.,., Similiter feminœ femininum impù-
nitur nomen. Si vero contingat ut mas nai(a'
tur sub signo feminino, et femina sub moicu-
lino^ tune proximioris signi nati gentrit ra-
tionem habent, Nomen auiem ejusmodi * astro-
logicum )» vocant . ac sacrum illis est, et in
rébus utunlur sacris. Prœter quod nomenaliud
habenl civile^ seu profanum^ quo in rebut r>-
vilibus et profanis uluntur.
Théodorel (iïcprer. /ti6., lib. ii, c. 7) p8r>
aussi des sectateurs a'Elchasai; il les repré-
sente également comme adonnés à l'astro-
logie et aux sciences occultes ; il «jouie
qu Origène avait écrit contre leur hérésie .
et qu'Alcibiade d'Apamée en Syrie Tavait
répandue.
Le témoignage de saint Epipbane (hsres.
19, 1 1, 3, &) est moins clair et moins net;
ce Père dit qu'au temps de Trajan, un faux
prophète, qu'il appelle £lxai ou Eliait>$,
et qui était d'origine juive, se montra parai
les ossènes , secte juive qui halùtait au d^ m
de la mer Morte. Les restes de ces ossèn<*ï,
dit-il plus loin, résident maintenant dans les
provinces de Nabathea et de Petra, et i s
portent le nom de sampséens (9ft/ft>i9i;. LV-
véque de Salamine observe aussi qu'EUa;
enseignait l'existence des deux principe s
créateurs, l'un mâle et l'autre femelle. U
parle avec détail de ses sectateurs (hieres.5-%
§ 1, 2), et les représente comme babiiM.1
au delà de la mer Morte, croyant en un seul
Dieu, et l'honorant par des ablutions ire-
quentes. Ils se rapprochent des Juifs soi >
beaucoup de rapports, t Us ne sont, d'ail-
leurs, » dit le saint docteur, « ni Chrétiens
ni Juifs, ni païens; mais ils forment uu iu6-
lange d*eux tous, ou plutôt ils ne sont ri n
de tout cela, et ils rejettent les proptiéte^ »t
les apôtres. Us rendent un culte à IVau.
parce qne c'est par cet éiémeot que, daj ri>
eux, la vie a été transmise, »
En réunissant et en comparant les divers
témoignages • relatifs à rÉIchasaicfa d'E^*
Nedtm {V Elchasai des Philosophumena, IKi-
kesaï de Théodoret , TElxai de saini £|<i-
phane), on en vientàconclure que ceperson-
(567) Voy. cDire autres ouvrages ceux de M. 1846. rt GesMchte der Judrn, Bcinn. IS53, t. n\
braeix : i^iwiltasmus und Judenlknin, Kiotuschin, o. 100.
Iil5
MET
PART. UI. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
MET
614
\
nage n'était point un Juif, mais un Persan
(ou (out au moins natif d'une des contrées
vobiaes de ta Perse), et qu'il était attachéaux
doctrines de Zoroastre ; il se rendit dans les
ars oui forment le point de contact entre
a Clialdée et la Palestine, et qui ont toujours
( fferl un mélange de religions et de races oii
riofluenceduparsismea tonjoursété grande;
ii y fonda, à la Gn du r' siècle, la secte à
laquelle fauteur des PAt'/osopAumena, £n^
Nediro et saint Epiphane donnent les noms
de sabiens, ssabiens ousampséens, et que ce
dernier auteur, ainsi nue Théodoret, appel-
lent également elckéséens.
Ceci posé, il ne faut pas s'étonner si l'on
rencontre chez les mendaites et dans le
Livre d'Adam de nombreuses allusions aux
traînions juives et aux personnages de la
Bible; ils avaient fait des emprunts aux
gnosligues, aux ébionites entre autres, dont
lis étaient voisins; il est d'ailleurs notoire
qu'ils avaient déguisé, sous les noms de per-
s images bibli|ues,lesdivinitésetles génies
dateur religion ; ils voulaient ainsi, en faisant
croire aux mahométans qu'ils avaient foi en
rEiriture sainte, jouir delà tolérance accor-
dée aux Juifs.
Parmi diverses preuves qu'on pourrait
invoquer à cet égard , le Livre d'Adam offre
un passage remarquable : Testes cUamus
Fetahil apostolorum cui Gabriel noment qui
îttahUper virtutem vitœ gentorumque Eoel
{kM),Schetel (Seth) et Anûsch (Enoch) , qui
Mûhr Msch et Rast sunt , eœlum extenait.
(T. Il, p. 210, édit. Norber^.)
MûbrouMihr est l'expression persane bien
connue quil signifie Milhra. Rusch et Rast
se reconnaissent au premier coupd'œil dans
Jeux divinités que mentionne le Zend-Avesia^
Raoço [Lumière) etRazista [léVéridique),
Divers érudits tels que Richard Simon, Pé-
ri nger,Géseni us, etc., s'étaient déjà aperçus
ue le mendaïsme avait bien des points
''fifinité avec le manichéisme, mais ces rap-
prochements étaient susceptibles d'élucida-
tious nouvelles. L'ouvrage d'En-Nedim, dans
le chapitre déjà mentionné et relatif aux
manichéens, fournit à cet égard quelques dé-
tails qu'il importe de recueillir.
D'après lauteur arabe, « Fonnaq,père de
Mani (ou Manës}, était originaire de THa-
3
madan et alla s'établir à Babylone; il enten-
dit, trois jours de suite, dans un temple des
idoles, une voix qui lui criait : « 0 Fonnaq, ne
mange point de chair, ne bois point de vin,
et abstiens-toi de tout commerce avec lesmé-
chants. » Fonnaq se rendit ensuite auprès
d'un peuple qui est connu sous le nom do
Mogtasilali et qui vit dans le pays de l^^S'
tomeisan (près de Bassora) et dans des dis-
tricts marécageux; ses restes subsistent en-
core de nos jours (c'esl-à-dire vers l'an
986). » Les Moglasilah reçurent les doctrines
Sue Fonnaq leur annonça, et plus tard il
leva son fils Mani dans sa religion, c'est-
à-dire dans le mendaïsme. Arrivé à Page de
douze ans, Mani eut une révélation du dieu
comçntissant delà lumière, et l'ange qui fut
. le ministre de cette révélation, lui recom-
manda de quitter sa religion. Cet an^e ap-
parut une seconde fois à Manès lorsqu'il eut
atteint sa vingt-quatrième année, et lui en-
joignit derechef d'abandonner sa religion
et de prêcher une doctrine nouvelle.
Les détails que donne l'auteur arabe pro-
viennent évidemment de quelque sectateur
deManèsquivoulaitentourersonmaîtred'nne
auréole surnaturelle. La grandeur future de
l'enfant avait été, avant sa naissance, annon-
céeèses{)arents,etsa mère, qui descendaildes
Aschjanides (Arsacidcs) ou des rois de la
troisième dynastie persane, vit en rêve son
fils emporté au ciel par un ange qui le
lui rendit ensuite. En-Nedtm ne manqua pas
d'occasion pour apprendre ces circonstances
merveilleuses, car durant les quatre pre-
miers siècles de l'hégire fc'est-a-dire jus-
qu'au XI* siècle do l'ère cnrélienne) grand
nombre de manichéens vivaient dans les
pays mahométans; Bagdad en comptait une
certaine quantité, ainsi que Bibyfone qui
fut longtemps leur résidence principale.
Autant qu'on peut en juger d'après les fai-
bles traces qui restentdecesdoctrineséteintes,
te dualisme des mendaites, l'existence des
deux principes mâle et femelle (c'est-à-dire
la force active de la Divinité et la force pas-
sive de la matière), servent de base à la théo-
rie de Manès, mais il y mêle des idées em-
pruntées au paganisme, et, faisant un pas
en avant, il enseigne l'existence des deux
principes, l'un bon, l'autre mauvais.
MÉTHODIUS.
[Prophéties attribuées à saint Méthodius.)
Saint Méthodius, évèque de Tyr, vivait
au commencement du iv' siècle (567). 11
avait composé un grand non)bre d'ouvra-
ges, il n'en est parvenu jusqu'à nous qu'un
petit nombre en entier, et des fragments
assez étendus de quelques autres ont aussi
^lé conservés par saint £pipbane, saint Jean
Daroascèue, Piiotius, etc. Plusieurs ouvrages
admis sous son nom dans les anciennes
(56V) Consulter à son égard Moehlcr, Patro-
'?'>,». H. p. 478-500.
Ribliotneques des Pères sont rejetés comme
apocryphes par les meilleurs critiques. On
ne saurait déterminer au juste à quelle
époque ont été rédigées les prophéties dont
il est représenté comme Tauleur et qui se
composent de récils apocryphes et de pré-
dictions obscures, où il est facile de recon-
naître une imitation mal faite de ÏApoca^
lypse (5G8).
(568) I^s révélations ou prophéiiea de Bfélho-
dius , prndant sa capllviië , se trouvent en grac et
6t5
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
«19
La cent-neuvième année de la troisième
cbiliade, Noë eul un quatrième fils et il rap-
pela Jonithus. Et dans la trois-centième an-
néequi suivit les trois mille ans, Noé donna
des possessions à son fils Jonithus» et l'en-
voya dans la lerre d*Ë(ham. Et après la mort
de Noé| dans la six cent qualre-viogl-dix-
neuvième année après les trois mille, les fils
de Noé iDontèrent.de la terre orientale d'E-
tham et ils construisirent une tour dans la
terre ou dans le champ de Sennaar, et là se
fit la division des langues, et de là les hom-*
mes se dispersèrent sur la surfacade la terre
entière. Jonithus, le fis de Noé, occupa feu-
trée (iu pa^sd*Ëtham jusqu'à la mer qu'on
appelle Elichora, c*est-à-dire région duso-
leii, où se fait le lever du soleil, et il y ha-
bita. Ce Joniihus reçut de Dieu le don de la
sagesse pour tous les arts, et il fut le premier
inventeur, non-seulement des lettres et de
différents arts, mais encore de toute l'astro-
nomie. Nemrod, qui était un géant, et qui
avail été instruit de Dieu en beaucoup de
choses, reçut de Jonithus un avis lui ensei-
gnant sous quelles influences des asti es il de-
vait commencer à régner sur la terre.
Merarod naquit des fils de Chus, qui avait eu
Oham pour père, et il fut le premier qui
régna sur la terre. Dans la sept cent qualre-
vingl-dixième année de la troisième cbiliade,
la grande cité de Babylone fut édifiée et
Nemrod y régna. Et ensuite les fils de Cham
choisirent parmi eux un roi qui se nommait
Pontipius.Ét,danslatroisièmeannéedurè^ne
de Nemrod, ils envoyèrent aux fils de Japhet
des hommes puissants très-savants et habi-
les dans Tart de l'architecture, et ils descen-
dirent dans la terre d'Etham vers Joniihus,
fils de Noé, et ils y bàtireni une ville, et il y
avait une grande paix dans la terre de Joni-
thus et dans celle de Nemrod. Mais Nemrod
et les fils de Sem, et les fils de Pontipius, de
Cham et de Japhet se faisaient la guerre.
Jonithus écrivit à Nemrod une lettre disant
que le rè^^ne des fils de Japhet devait entre-
prendre de détruire le règne de Cham. Ce
furent là les premiers royaumes qui paru-
rent sur la terre, et ensuite toutes les nations
Jipprirent à établir parmi elles 6es royaumes
comme le royaume de Nemrod.
L'an huitième de ]a quatrième chiliade,
les divers royaumes combattaient toujours
entre eux. Et le royaume des Egyptiens
fut vaincu par le royaume de Nemrod, et
Nemrod conquit beaucoup de pays, et après
la mort de sa femme, il en prit une qui
s'appelait Eledes; elle engendra Elisdes et
celui-ci engendra Cosdras, lequel réunit
autour de lui de grandes forces et se leva
en Utin dans les Momumenla Palrum orihodoxo'
$rûpha, B&le, 1555, in-folio, t. 1 , p. 95-115 : qtiel-
4|ueB édiUoiis latines avaient déjà paru ( Râle, 1498,
in 4% fig. sur bois; Bàle, 1516, in-4% 64 fig. sur
bois , etc.). Un anonyme composa , on ne saurait
dire à <iuelle époque, ces prédictions ; un docteur
en droit, résidant à Augsbourg, y ajouta un long
cïommeniaire avec préface et concordance.
Méthodius avait été traduit de bonne heure en
langue russe. L'ann^ista Nestor le cite, et Kai am •
contre Cham : il le réduisit en servitude et
dévasta par le feu toutes les régions qui
étaient à l'Occident. Dans la seconde année
du règne de Cosdras, fils d'Elisdes, les flisde
Cham se réunirent dans la terre d^Ethem
pour combattre avec le roi Cosdras; il y avait
trois cent vingt mille fantassins n'ayant d'ao*
très armes dans leurs mains que des bâtons.
Cosdras en apprenant qu'ils marchaient cno*
tre lui, sourit, et il attendit qu'ils eussent
passé le fleuve du Tigre; il envoya alors
contre eux ses guerriers montés sur des
éléphants et il les extermina, et il n'en resu
pas un seul, et depuis tes enfants de Cbaai
n'osèrent plus combattre contre lui« Et dans
la ving-cinquième année de cette cbiliaJp,
SamsaTus qui était de la race de Joniihus,
fils de Noé, descendit dans le pays d'Etham,
et depuis le fleuve de TEuphrate jusqu*aa
fleuve d'£dnese, soixante-huit villes furent
dévastées, aioNi que le pays qui dépendait
do chacune d'elles, et Samsalus envatiil les
trois royaumes de la Judée, il incendia et
ravagea toutes les contrées, et il pénétra dans
le désert de Saba» et il dévasta les carnfs
des enfants d'ismaël, fils d'A^^ar l'Egyptien-
ne, servante de Sara, femme d*At>rahaffl, et
tous ceux qui élaient de la tribu d'Agar fu-
rent expulsés et s'enfuirent dans le désert.
Ils y multiplièrent durant deux cent
soixante-dix ans et parvinrent avec la per-
mission de Dieu à un nombre immense, et
ensuite ils sortirent du désert et enu^reat
dans la terre habitable, et ils combattaient
avec les rois des nations, ils réduisirent les
hommes en servitude, et ils subjuguèrent les
peuples qui étaient dans la terre promise, et
elle fut couverte de leurs camps. Jls élaient
comme des sauterelles, et ils allaient le cor^is
nu, et ils mangeaientdes chairs de charneaai
qu'ils portaient dans des outres, et ils bu-
vaient du saug mêlé au lait de leurs trou-
peaux. Lorsque les fils d'Jsmaèl se furent
rendus maîtres de tout le pays» et qu'ils
eurent ravagé les villes et les contrées qui
en dépendaient, ils construisirent des na-
vires et, s'en servant comme des oiseaui,
ils volaient sur les eaux de la mer. Ils pé-
nétrèrent dans les régions de l'Occident jus-
(ju'à Rome la grande, dans rillyri^, dans
l'Egypte et dans la Sardaignequi est au delà
de Rome, et ils demeurèrent sur la terra
])endan( soixante ans, y faisant tout ce qu'ils
voulaient.
Après soixante-dix semaines et demie <Je
durée de cette puissance qui leur avait donné
une domination universelle sur les nations,
leur cœur fut gonflé d'orgueil, iorsquiis
virent qu'ils avaient tout subjugué. Eo.ce
sin, dans son Histoire de Aumm, reproduit les
passages que le vieux chroniqueur moscovite avaiua
vue, et qui annonçaient la dominaiion des filsd*U-
UMél, et plus tard leur asservissement par un m*
des Grecs ou des Romains. Il faut se reporter ï
réplique de rapparitiou du livre povr eoroprendi*
tout lUoiérèt que faisait éprouver raaoooee des
victoires futurei» sur les Turcs. La prise de Cons-
tantinople, les progrès de« Musulioans ver» K)
Danube, inspiraient alors la plus vive terreur.
617
MET
TAKT. ni —LEGENDES ET FRAGMENTS.
MET
618
lomps il s'éleva parmi eux quatre tyrans,
chefs des troupes, qui étaient tils d'Hu-
meas et qui s'appelaient Oreb» Zeb, Zebeas
et Salmanas; ils combaltirent r;ontre les is«
raélites. Dieu avait délivré ceux-ci des mains
des Egyptiens par Tentremise de son servi-
teur Moïse; il leur fit miséricorde en ce
temps» et il suscita Gédéou , et Israël fut
délivré du joug des fils dlsmaël. Gédéon
détruisit leurs camps, les chassant de la terre
habitable et les repoussant dans le désert
d'où ils étaient sortis, et ceux qui restèrent
conclurent un traité de paix avec les fils
(/Israël, et ils se retirèrent dans le désert
ao delà de la résidence des neuf tribus. »
Nous jugeons inutile de traduire tout ce
que dit le pseudo-Méthodius au sujet de l'his-
toire ancienne qu'il raconte d'une façon im-
prévue. D'après lui, Nabuchodonosor était le
61s de la reine de Saba et d'un Lacédé-
iLonien ; Alexandre le Grand avait pour
mèreChiJseth, fille d'un roi d'Ethiopie; après
la mort de' ce prince, empoisonné par ses
eniânls, Chusetti se remaria avec Bias, fon-
dateur de Byzanue ; et Romulus ayant à son
lour épousé Bisantia, fille de Bias et de
Cliuseth, se trouvait assez proche parent
(l'Alexandre
Laissons là tous ces anachronismes, et
loyons ce que ces prétendues révélations
annoncent au sujet de l'avenir.
« lorsque le nombre des années de la puis-
sance que les infidèles doivent exercer sur la
terre sera accompli, la tribulation se multi-
pliera sur les hommes et sur les animaux,
et il y aura une grande famine et une grande
ppsle,' et les hommes se^nt jetés sur la
terre comme la poussière. Les hommes ven-
dront pour vivre tout ce qu'ils possèdent,
leurs outils, leurs vêtements et jusqu'à leurs
enfants. Dieu infligera ces souffrances à son
peuple, afin que les tidèles soient séparés
des intidèles comme la paille est séparée du
froment purifié.
< Les Barbares se glorifieront de leurs vic-
toires, buvant, mangeant, se réjouissant et
se vantant de la désolation au'ils auront ré-
pandue dans la Perse, la hyrie, la Cappa-
lioce, risaurie, l'Afrique, la Sicile et dans
Ips pays qui sont proches de Rome, et dans
les ties qui les entourent; ils diront en blas-
phémant : a Nous avons conquis ce pays par
notre courage, et nous avons soumis tous
ceux qui y habitent, et les Chrétiens ne pour-
root jamais échapper à nos mains.» Alors le
roi des Grecs et des Romains se lèvera tout
i coup contre eux avec une grande fureur,
H il s'agitera comme un homme qui avait
été endormi par l'ivresse et qu'on regardait
comme mort et ne pouvant plus rien faire.
11 sortira de la mer des Ethiopiens pour
m^irchcr contre eux , et il portera le glaive
i^t la désolation dans la tribu qui est dans
leor jiatrie, et il réduira en captivité leurs
femmes et leurs fils.
< l«e fils du roi descendra avec l'épée sur
ia terre promise y et la frayeur se répandra
parmi eux; tous leurs camps seront livrés au
glaive et à la captivité, à la mort et à la cor-
DiCTioNH. DES Apoghypses. il
ruption; et le roi des Romains imposera sur
eux un joug sept lois plus pesant que celui
qu'ils imposaient sur la terre. De grandes
angoisses , la faim , la soif et la tribulation
s'empareront d'eux, et eux, leurs femmes et
leurs fils serviront ceux qui les servaient pré-
cédemment, et leur servitude sera cent fois
plusamèreetplusdurequecellequ'iis avaient
imposée aux Chrétiens. Les terres qu'ils
avaient dévastées seront pacifiées, et chacun
reviendra dans son pays et dans l'hérédité
de ses pères, et les hommes multiplieront
comme des sauterelles sur la terre qui avait
été dévastée; mais l'Egypte sera désolée*
l'Arabie ravagée par les flammes, et toute la
fureur du roi des Romains se déploiera con-
tre ceux gui auront renié Notre-Seigneur
Jésus-Christ.
« Les hommes se reposeront alors de
leurs tribulations, mais cette paix sera celle
aue le bienheureux apôtri^ a signalée quand
a dit : « Lorsque les hommes diront paix
et sécurité, alors la destruction viendra sur
eux. X Tandis que les hommes se livreront à
la joie , mangeant et buvant, se mariant et
restant dans la tranquillité et l'allégresse,
bâtissant des maisons et demeurant exempts
de soucis et d'inquiétude, alors les portes de
l'Aquilon seront ouvertes, et les armées de
ces peuples enfermés par Alexandre accour-
ront et tous les h^ibitants de la terre seront
saisis d'effroi à leur aspect; ils prendront la
fuite et iront se cacher dans les montagnes
et dans les cavernes, et beaucoup d'entre
eux expireront de frayeur, et il n'y aura
personne qui les ensevelisse. Car les peu-
ples qui sortiront de l'Aquilon mangeront
les chairs des hommes et boiront le sang des
bètes comme de l'eau, et mangeront des
animaux immondes, des serpents, des scor-
pions et toutes sortes de bêtes horribles et
abominables, et les reptiles qui rampent sur
la terre, ainsi que les cadavres des animaux
et des hommes, et les fruits de l'avortement
des femmes; ils tueront les enfants et les
donneront à leurs mères afin qu'elles les
mangent, et ils corrompront la terre, et ils
la souilleront, et il n'y aura personne qui
puisse tenir contre eux.
« Après une semaine de temps, lorsqu'ils
auront pris la ville de Joppé, le Seigneur
Dieu enverra contre eux un des chefs de son
armée et il les frappera soudainement. Et
ensuite le roi des Romains descendra et il
séjournera dans Jérusalem une semaine et
demie, c*est-à-dire dix ans et demi. Et guand
ces dix ans et demi seront accomplis, le
fils de la perdition apparaîtra. Il naîtra à
Chorosaïm, il sera nourri à Bethsaïdo et il
réj^neraà Capharnaiim.Et Chorosaïm se ré-
jouiradecequ'il y aura pris naissance, etBeth-
sa'ide de ce qu'il y aura été nourri, et Ca-
phtirnaûm de ce qu'il y aura régné. C'est
pour celaque, dans le troisième Evangile, le
Seigneur a rendu son jugement en disant :
« Malheur à toi, Chorosaïm, malheur à toi,
Bethsai<ie et à toi , Capharnaiim : si tu t'es
élevée jusqu'aux cieux, tu descendras jus-
qu'à l'enfer. »
20
ei9
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
€!ii
•« Et quand le fils de la perdition appa-
raitra, le roi des Romains montera derechef
sur leGoIgotha où est fixé le bois de la croix
sainte, dans le lieu où le Seigneur a soutfert
la mort pour nous, et le roi ôterala cou-
ronne de sa tète, et il la déposera sur la croix,
et- i-l étendra ses mains vers le ciel, et il
remettra le roj[aume des Chrétiens à Dieu le
Père, et la croix sera enlevée au ciel, ainsi
que la couronne du roi, parce oue le Sei-
gneur Jésus-Christ a été suspenau sur elle
pour le salut de tous les hommes; cette croix
reparaîtra devant lui lors de son avènement
pour réprimander la perfidie des intidèles, et
alors s*accomplira la prophétie de David qui
A dit : « Dans les derniers jours i'Ethiopieprè-
tera ses mains à Dieu. » Et quand la croix
aura été enlevée au ciel, le roi des Romains
rendra aussitôt Tesprit; alors toute puis-
sance et toute principauté sera détruite,
lorsque le fils de la perdition apparaîtra. Et
il sera de la tribu de Dan selon la prophétie
dupatriarcheJacobquidit : «Ce cheval est la
vérité et la piété des justes; et les saints qui,
en ce temps, monteront ce cheval, c*est-à-
dire, qui auront la vraie foi, seront pour-
suivis par le serpent, c'est-à-dire, par le lils
de la perdition, il adviendra alors beaucoup
de miracles et de prodiges. Les aveugles
verront, les boiteux marcheront, les sourds
entendront et les démoniaques seront gué-
ris; le soleil sera transformé en ténèbres, la
lune paraîtra comme du sang. Le fils de la
perdition, fourbe et imposteur, séduira, s*il
est possible, jusqu'aux élus par la puis-
sance de ses prestiges, ainsi que le Seigneur
l'a expliqué dans TEvangile. 9 Le patriarche
Jacob, considérant des yeux du corps ce qui
devait arriver dans les derniers jours et ce
que devait accomplir le serpent venimeux
ou le fils de la perdition, reconnut que les
hommes devaient souffrir beaucoup d'an-
goisses et de tribulations, et ému de com-
passion pour Tespèce humaine, il éleva la
voix, et il dit : « Vattendrai ton salut, Sei-
gneur. »
«Le fils de la perdition entrera ainsi dans
le temple de Jérusalem, et il s'assoira dans
le temple de Dieu, comme s'il était un Dieu,
quoiqu'il ne soit qu'un homme né de la
femme et de la tribu de Dan, et Judas Iscn-
riote qui trahit le Seigneur descendait aussi
de la tribu de Dan.
« Lorscfue la tribiilation venant du fils de
la perdition se sera multipliée en ces jours,
le Seigneur ne voulant pas la perte du genre
humain qu'il a racheté de son propre sang,
enverra ses serviteurs très-fidèles et très-
chers, Enoch et Elie pour le réduire, et en
face de toutes les nations, ils déjoueront sa
séduction et ils montreront aux yeux de tous
les hommes que c*est un menteur et un
homme de rien. Et comme il sortira du
temple à cause de la perte et de la destruc-
tion de beaucoup d'hommes, les peuples le
voyant dans la confusion, et voyant que ses
perfidies sont l'objet de vifs reproches de la
))art des serviteurs de Dieu, le chasseront et
fuiront loin de lui,etadhéreront è ces justes.
Le séducteur se voyant repris avec oeaucoar
de force et tombé dans un mépris nnitemi,
sera enflammé de colère et de fureur, etii
tuera ces deux serviteurs de Dieu.
« Alors apparaîtra le signe de ^aTéD^
ment du Fils de l'homme, et il viendra dans
les nuées du ciel avec la gloire céleste, ei
Dieu fera périr l'impie par le souffle de m
bouche, selon l'assertioci de rApAtre;alors k^
justes brilleront comme des étoiles et ils
contiendront en eux la parole de vie. Le^
impies seront précipités dans Teofer d'où
nous avons été arracnés par la grAce et Tbih
manité du Seigneur Dieu notre Saoïeur
Jésus-Christ, avec lequel revient ainsi qu'au
Père, dans TEsprit-Saint, tout honneur et
gloire, et grandeur et empire, maintenant a
toujours etdans les siècles des siècles. Ameo.t
Un travail curieux et dont les prophéties
du faux Métliodius pourraient fournir IV
casion, consisterait à offrir une énumé-
ration raison née des écrits qui ont ea la
préXention de révéler l'avenir. L'obscorilé
•sibylline de ces compositions les rendeo
général tout à fait propres k se prêter à d'in-
nombrables interprétations. Citons-en quel-
ques unes.
Mirabilis liber qui prophelias revelaiiom-
qu€t necnonret mirandasprœteritoi, prusnltt
ac futuras aperte demonstnU , in-S*; 00 eo
connaît plusieurs éditions eiécutéesaa com-
mencement du XVI' siècle; le savant auteur
du Manuel du libraire en indique sii(t.lil,
p. ^01], et il pense que celle datée de Rome
(Lyon) 152&, est la plus rare de toutes. Dis
prédictions assez spécieuses sur les tribu-
lations de r£glise, avec plusieurs éfene-
ments de la révolution de 1789, ont donoê
pour un moment quelque vogue à cet écrit.
Le Livre merveilleux contenant en bref k
fleur et substance de plusieurs trailtz tant è
prophéties et révélations qu'anciennes chro-
niques, Paris, 1565, iu-S*, annonce également
de grandes discordes et tribulations. « On os-
tera et tollera aux gens d'église et cleii;^
leurs biens temporels. >
11 existe un volume rare et peu connu où
la révolution française est indiquée d^nne
manière bien plus claire que dans le Mira-
bilis liber et dans les autres écrits où Ton a
cru trouver Tannonce de ce grand événe-
ment; il a pour titre : Livre de Ce$tat et my-
talion des temps prouvant par authorilezdt
VEscripture saincte et par raisons astrvlo-
gales la fin du monde esfre prochaine (pat Bi-
chard Roussat, chanoine et médecin), LpOt
1550, petit in-««.On lit à la page 152 : < Venons
à parler de la grande et merveilleuse cuo-
jonction que les astrologues disent estre à
venir environ les ans de Nosire-Seigneur,
mil sept cent octante et neuf avec dix révo-
lutions saturnales... Ces choses imaginées d
calculées, concluent les susdiclz as(rologue>
3ue si le monde jusques à ce et tel (eo;»
ure (ce qui à Dieu seul est cognu), de tre.'-
grandes, merveilleuses et espouvaniablesœu^
tations et altérations seront en ceituy o^ode
universel, mesmcment quant aux sectes ci
loyx.fc
6ÎI
MIC
PAKT. m. -. LEGENDES ET FRAGMEiNTS.
MIC
619
Le siear du Pavillon, après avoir publié
ses prophéties en 1556, attaqua celles des
autres, et mit au jour à Paris, en 1560, les
Contredits aux faulses et abbusives prophé^
lies de Nostradamus et autres astrologues; il
y signale une circonstance f»rt curieuse en
disant qu'il courait de son temps une pro-
phétie par laquelle le monde planétaire,
emblème du monde politique ou social, était
menacé d'une immense révolution qui com«
mencerait en 1789, et dont Teffet serait arrêté
oadélruit vingt-cinq ans après.
Le Champ du eoqfrançois au roy, où sont
rapportées les prophéties dun her mit e^ Alle-
mand de nation^ Paris, 1621, annonce qiie le
roi de France doit réunir toutes les fausses
religions à la catholique et se rendre em-
))erear de l'univers. Louis XIII put Âtre
flaité d'apprendre qu'il devait réunir la
France à l'Espasne et conquérir l'empire
ouoman, mais l'événement prédit ne se
réalisa pas.
Parmi les prétendues prophéties que Tim-
prioerie s'emçressa de publier dès son dé-
huU on peut citer :
Lichtenbergeri (Joannis) Pronosticalio
Latina^ Maj^ence, 1&92, in-tolio,et plusieurs
fois réimprimé. Il en existe aussi des édi-
tions allemandes (avec une préface de Lu*
'iier) et italiennes. Cette production fit grand
Unit lorsqu'elle parut, et elle conserve en-
core quelque réputation au delà dn Rhin
(569). Le Pronosticon de J. Grunpeckius, seu
judicium ex conjunctione Saturni et Jovis^
ViennflB,li96,in-4°eutau!isiunegrandevogue.
En remontante une époque plus reculée,
on rencontre les prophéties du célèbre Mer-
lin ; elles sont fort communes dans des ma-
nuscrits latins du xiii' au xv* siècle; mais
il faut observer qu'un chroniqueur anglais,
Geoffroy de Monmouth , qui vivait au
milieu du xii* siècle, en a conservé une
rédaction fort différente, qui a été éditée,
dans une publication faite en 1837, par
MM. Francisque-Michel et Thomas Wright
(Galfredi de Monmouth Vila Merlini)^ et
reproduite dans les Prophetœveteres pseu-
depigraphi^ édités à Stuttgard, en 1840, par
Gfroerer, in-8*', p. 415-426. Le même recueil
renferme, p. 429-432, le Vaticiniummelrieum
fratris Hermanni monachi de Marchia ejus*
que electoribus scriptumanno MCCCVI (olO)^
.'linsi que la fameuse prophétie attribuée à
l'Irlandais Malachie, archevêque d'Armagh,
sur les Souverains Pontifes romains. Gfroe-
rer y a joint les explications, faites nprès
coup, d'Alphonse Ciaconius et de quelques
autres; ces prétendues prédictions sortent
également d'une source qui n*est pas bien
connue; c'est Wion qui, dans son ouvrage
intitulé : Lignum vitœ. t. I, p. 307 (Venise,
1595, 2 vol. 4*) , les a publiées le i)remier*
MICHEL.
{Cantique de saint Micl^eL)
Fabricius {Codex pseudepigr. VesL Test,^
tu, p. 26) a publié ce prétendu canti-
que d'apcès une supposée révélation de
mni Àmédée , consignée dans l'ouvrage de
l Kusèbe Nieremberg (571) , De origine
S.ScripturŒf lib. vu, p. 195; c'est ainsi nue
iarcbange et ses compagnons auraient célé-
bré la défaite de Lucifer et des autres anges
rebelles.
«Glorifions notre Dieu et eiallons son
Mint nom. C'est notre Dieu, gloritions-le.
C'est notre Seigneur, exaiton^-le. Sa droite a
déployé sa puissance, il a renversé nos ad-
Tertiaires; ceux qui lui résistent sont des
ioseDsés. Maudits sont ceux qui s'écartent
de ses commandements. £n lui ne subsiste
fii ignorance, ni erreur; il n'y a dans sa
volonté nulle iniquité; tout ce qu'il veut
€$l bon et juste; tout ce qu'il ordonne est
droit et saint. L'intelligence suprême ne
peut errer; l'être parfait no peut vouloir le
(oal; il n'est rien au-dessus de celui qui est
(56$) Une édiUoo de Cologne, 4528, in-8", avee
^ jolies figures sur bois , est mentionnée dans les
Mélûnget extraiu dTune peliu bibliothèque, par
M. Nodier, iëi9 , p. 239. Cet écrivain en ciie un
1A»&age qui offre matière à une de ces rencontres
ùngoliéres as&ex fréquentes d'ailleurs dans les livres
àfi ce genre : i In illo anno veniet Aquila alis suis
tQ(«f tMlem extensis... * tune castra destrueiit,
(iinor roagnus erii in mando... Perdet Lilium co*
rooaoi quam accipiet Aquila.
suprême, et il n est rien de meilleur que
celui qui est parfait. Il accorde à chacun ce
qu'il lui platt ; il ne doit rien de plus à l'un
qu'à l'autre ; il n'y a de di^ne auprès de lui
que celui qu'il a rendu digne. Il doit être
chéri au-dessus de toutes choses et adoré
comme le Roi des siècles de l'immortalité.
Vous avez abandonné le Dieu qui vous a
créés, et vous avez oublié le Seigneur votre
Créateur. Vous avez abandonné Dieu votre
Sauveur, et vous vous êtes éloignés de Dieu
votre Sauveur. Vous vous êtes aimés plusque
Dieu, et vous avez voulu être des dieux mal-
gré sa volonté. Vous avez fait un échange
inique; abandonnant Dieu, vous vous êtes
attachés h la créature. Vous avez provO(|ué
Dieu en adhérant à des faux dieux , vous
avez provoqué sa colère. C'est pourquoi
VOUS êtes descendus comme une pierre et
vous êtes tombés de ces sièges élevés. Re-
connaissez donc la grandeur de notre Dieu ;
ses œuvres sont parfaites, et ses jugements
(570) L*origlne de cette pièce est assez onscure ,
maîH on croit qu*elle fut fabriquée à Berlin vers la
fin du xvn* siècle.
(571) Ce Jésuite espagnol; mort en i658, a bissé
plus de cinquante ouvra|e» dans li^squels on trouve
un va^te savoir, mais parfois on y voudrait plus d««
critique. On peut consulter, à son égard , le ';|^
lionnairê de Moréri , édit. de 4759; la Bibliothèque
universelle, t. XXXI, p. 273, etc.
013
DICTIONNAIRE DES AlHXIllYPHES.
m
sont justes. Dieu est parfait el sans aucune
iniquité; il est saint, il est le Seigneur équi-
table. Toutes choses sont réunies en une; il
a mis toutes chosDS dans THoranoe-Dieu. LV
mour souverain le voulut ainsi; il a réuni
ce qui était dispersé: Dieu est plein de tou-
tes choses, et toutes choses sont pleines de
Dieu. 11 n*est pas surprenant s*il a pris la
nature de Thomme, et s'il n'a pas voulu
prendre celle de Fange. En prenant Thomme,
il a pris toutes choses ; en prenant l'ange, il
n'eût pas pris toutes choses. Que tes œotres
sont magnifiques, Seigneur 1 tu as fait tou-
tes choses avec nne sagesse infinie. Aimez-
le tous, 6 anges qui êtes à lui. Bénissez-lp,
Puissances et Vertus. Bénissez, A anges, le
Seigneur Dieu-Homme, vous qui êtes ses
ministres et qui accomplissez sa volonté. Re-
cevez les hommes comme vos frères. Gloire
soit à Dieu dans les siècles des siècles; ré-
jouissons-nous en ses œuvres. »
MIRIA ou MARIA^ sœur de moïse.
Selon la Chronographie de George le Syn-
celle, elle était très-versée dans les scien-
ces, et elle écrivit des livres sur Tor, Tar-
gent et les métaux dans un style énigmati-
3ue; cela sisniûe qu*elle composa un traité
*alchimie dans lequel, suivant un usage
conservé narmi les auteurs hermétiques,
elle s'exprimait en termes allégoriques, de
façon à rester inintelligible. Il va sans dire
que le chroniqueur byzantin rappelle 11 une
tradition dénuée de toute autorité; il donne
d'ailleurs la mesure de son exactitude en
représentant le philosophe grec Démocrite
comme un contemoorain de Mirja.
MOISË.
(Ecrits attribués ou relatifs à Motse.^
Livre de l'Assomption de Moïse. — Oriijène
en parle, et il nous ap^irend qu'on y lisait
que l'archange Michel disputant avec le dia-
ble au sujet du corps ne Moïse, lui avait
dit aue c'était par l'inspiration du démon
que le serpent avait été la cause de la faute
d'Adam et Eve (572). Les Actes du concile de
Nicée (573) nous ont conservé deux passages
de ce livre :
Dans le Livre de V Assomption de Moïse,
Tarchange Michel, parlant avec le diable,
dit : «c Nous avons tous été créés par son
Esprit-Saint...» Et il dit encore : « De la per-
sonne de Dieu sortit son Esprit et le monde
fut fait....» Le prophète Mo'ise, au moment
de sa mort, comme il est écrit dans le Livre
de V Assomption de Moïse, appela à lui losué,
iils de Navé, et lui dit: « Dieu a réglé, avant
la création ;du monde, que je serais le mé-
diateur de son Testament. » Et dans le Livre
des discours mystiques de Moïse, ce môme
Moïse a fait des prédictions au sujet de
David et de Salomon, et il a dit de Salomon :
« Dieu mettra en lui la sagesse et la justice
et la science entière, et il édiûera la maison
de Dieu. »
Il est également fait mention de l'ascen-
sion ou anabase de Moïse dans Sixte de
Sienne (Bibliotheca sancta^ lib. ii) : cet au«
teur observe que c'est de cet écrit que
l'apôtre saint Jude a pris, dit-on, ce qu'il
rapporte de la contestation de l'archange
(572) c Primo quidam ut in Cenesi Evam se-
doxisse describilur, de quo în Ascen^ione Moysis ,
icuius lilielU meminit in Episiola sua apcstolas
udas) Michaei arcliangelus cum diabolo dispuians
de oorpore Moysis, ait diabolo inspiratuni serpentera
causam exstitisse praevaricationis Ad» et Evx. t
j[573) A cet égard Fabricius renvoie aux auteors
Miivanis : Uaynaldus , De libris apocryphis , prae
Michel avec le diable touchant le~ corps de
Moïse (574).
Ce livre, aujourd hui perdu, paraît aroir
renfermé le récit de ce qui adrini k
Moïse lorsque, quittant les plaines de Moab,
il monta sur le mont Nebo, ainsi que ses
entretiens avec Dieu lorsqu'il était prèsde
sa mort, et ce qui concerne sa sépulture
creusée en un lieu caché par la maio des
anges.
Grotius (ad Matth. xxvii, 7), dit que le<
paroles de Zacharie (m, 2) : Que Dieu u
réprimande^ ô Satan, proviennent d*ane an-
cienne tradition qui passa ensuite dans le
Livre de l'Ascension de Moïse.
Le même auteur, revenant sur le même
sujet, dans son Commentaire sur CEpUre de
saint Jude, s'exprime ainsi :
Eadem verba Michaeli contra diabolim
decertanti de corpore Moysis , quod Miche/A ex
Dei imperio volebat abscondere {Deut. iixir,
6), diabolus autem in apertum proferre, ut
ad idololatriam populusallicereturf quodnie*
tuendum fuisse si ia corpus apparuisset tetOh
tur el Josephus (iv, 8) ; tribuerat scriptor U-
bri qui Beoraice dicebatur mzro rrras, Grèce
vero * ÉL^^akirifiç McitOa-lwc, unde hœc desumvi*[
Judas, vclut concesso utens, Solebant Rabhini
et angetis et magnis hominibus tribuere en
verba quœ verisimiliter dicere potuervnt.
Taie ittud de Henocho et illud ejuod Hehr,
XII, 21, et Act. vu, 26. Similia habes in JUi*
lect. i6, p. 155; Rob. Cocms, Ceiifiir« Kn>«r.
veier., p. i49; G. CalixUis, Dé numéro liknrnm
canonicorum VeUris Teitamenii, { 58.
(574) Cum Michaei archaogelus cum diabolo dis-
poians altercarelur de Moysis corpore, non e^
au SOS judiciuni inferre biasphemiCt sed diin:
f lœperet tibi Dominus. •
m
MOI
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MOI
6i6
drasch, odDeuter., in Aboth Rabbi Nathan
et àhis. Librum illum *Ava3Uî>f»c».- nominat
OrigefHSj litpl «ox«v. m, 2; el Epiphanius
{Ug. Athanasius) in Synopsi: nec dtibito quin
indidem sit desumpia narratio quœ est apud
Clementem (Sirom. lib. vi). Simile certamen
inter angelos bonos et malos de Abrahœ sa-
Im<^ et interitu commémorât Origenes. (Hom.
35 initie.) Jn libro Hebraico oui voeatur
rca m q'^tûph >-nT referuntur vetva quœdam
diaboli ad Moysen ante mortem qus, et mi-
nisteria quœ angeli Moysi exhibuere. Sed quœ
hic leguntur verba, in eo libro non compa-
rent, unde credibile fit librum illum 'Ava-
W^wf pridem intercidisse.
OKcumenius fait à cet égard la remarque
suivante :
Porro de Moysis corpore hoc est judicium.
Dicitur Michael archangelus mtnisterium
pmtitisse in sepeliendo Moyse, id non fe-
Tfbat diaboluSj sed accusationem afferebat,
projeter cœdem Mgyptii, quasi Moyses ipsius
tsset, et proptereanon permittebatut ille ho-
norificam consequeretur sepulturam.
Psaumes attribués à Moïse. — Une an-
cienne Iradition donne Moïse comnrie Tau-
leur du xc* psaume eldes onzeaulres. Saint
Jérôme en fait mention lorsqu'il dit ( Adv.
Rufinum) : Octogesimum quoquenonumPsal-
mm qui incribitur : a Oratio Moysi, homifii
De»,» et reliquos undecimquinonhabent titu-
ios.Origenes secundum Huilli{i\ faut lire <sans
doute Hilleli) expositionem ejusdem Moysis
pttfa^ D'autres anciens auteurs, notamment
Jean Malala, dans sa CfcronojyropAte, attri-
buent le xc* psaume à Moïse. Cosmas Indo-
iJleustes prétend (Cosmographia^ lib, v) que
ces psaumes ne sont pas du législateur
des Hébreux, mais d'un autre Moïse qui vi-
vait du temps de David.
Apocalypse de Moïse. — George le Syncelle
prétend que c'est d'un ouvrage portant ce
J'ire qu'est extrait ce que dit saint Paul
[Gdlat. V, 6; vi, 15), qu'en Jésus-Christ il ne
sert de rien d'être circoncis ou de ne l'être
pas, mais qu'il faut avoir la foi qui agit par
la charité, et devenir une créature nouvelle.
Montfaucon (Diarium Italicum , p. 212)
relate qu'un manuscrit du xr siècle, con-
servé a Rome, signale ce passage comme
epprunié à un livre apocryphe de Moïse.
Cesi également ce que mentionnent deux
manuscrits grecs de l'ancienne Bibliothèque
du roi à Paris , cités par Cotelier. (Consti-
^^lonesapoétolicœ^ lib. vi, IC.jCédrène nous
apprend que l'Apocalypse de Moïse était sou-
vent regardée comme étant le même ou-
vrage que la Petite Genèse.
Ajoutons que les Samaritains prétendaient
qiiun livre de prières écrit par Moïse lui-
même avait été conservé, par leurs grands
prêtres, jusqu'au pontihcat d'un certain
Adrien; mais cette assertion ne trouvera
(573) On en connaît deux ou trois; Bariholin en
J «au graver une dans son livre De unicomu , el
^ après lui Lambécius Ta donnée dans le Prodromus
ffiuonai Unerariw, p. ISO. Carpov dit en avoir vu
tt"c. ei elle lui fournil Ttccasion de publier, à Leip-
sans doute aucun défenseur. J. Grégory
(Prœfat. ad observationes sacras , t. IX
Critic. sacr.) dit qu'un prêtre arménien lui
assura que chez les Arméniens il j avait des
livres de Moïse inconnus ailleurs. C'est en-
core une allégation dépourvue de toute
preuve.
Un rabbin allemand, Scbaltui Streiner,
dans un ouvrage intitulé : Les lèvres des
dormants, prétend que Moïse- est auteur d'un
livre ayant pour nom : La fontaine de la
sagesse, livre resté parfaitement inconnu et
qui, s'il a existé, ce qui est douteux, a été
fabriqué par quelque faussaire.
Testament de Moïse. — 11 est indiqué dans
la StichometriadQ Nicéphore comme se compo-
sant de onze cents vers ou lignes; il est aussi
mentionné dans la Synop«û S. Scripturœ, qui
porte le nom de saint Athanase, ainsi que
dans une liste des livres saints que Cotelier
ci te (Préface des Constitutions clémentines) d'à-
Eres un manuscrit grec de l'ancienne bi-
lioibèque du roi, n*" 1789 ; c'est tout ce
que nous en savons.
Ces mêmes Con^n'^u^ton^ (I. vi,e. 16) citecit
Moïse comme figurant parmi les patriarches
et les prophètes auxquels on a attribué des
ouvrages qu'ils n'avaient jamais écrits.
Saint Epipbane mentionne des livres faus-
sement attribués à Moïse comme circulant
parmi les gnostiques.
Fabricius {Codex pseudepigraphus Vête ris
Testamenti) a discuté un grand nombre de
questions relatives à ce législateur des Hé-
breux. Ha consacré un chapitre à son nom.
Observons que les rabbins prétendent que
le nom de Moïse, qui a été expliqué par
sorti ou sauvé de leau, n'était pas le vrai
nom du législateur des Hébreux, et qu'il en
avait un autre: mais ils diffèrent à cet égard (
les uns l'appellent Jojakim, d'autres Pal-
thiel, d'autres Metchiel; selon ({uelques-uns
de ces docteurs. Moïse avait dix noms diffé-
rents. (Voy. Fabricius, t. II, p. 112.) Ce
même savant s'occupe, t. 1, p. 868; t. 11, p.
163, des médailles où Moïse est représenté
avec des cornes (575). Bayer ( Oryctogra-
phia Norica, p. 59) suppose qu'elles furent
fabriquées par des Juiis pour insulter les
Chrétiens. On sait toutefois qu'il existe des
médailles représentant Bacchus, Tryphon et
Alexandre avec cet appendice singulier, et
ce n'était pas dans des vues de dérision.
(Voy. F. G. Freylag, De Alexandro torni"
gero, Leipsig, 1715, in-fol.)
C. Lampe dans sa dissertation De cornu
salutis fulgido ( insérée dans la Bibliotheca
historico-theologica, Brème, t. Il, p. 680), a
montré que les cornes étaient un emblème
de la splendeur dont brillait la figure du pro-
phète.
Les Orientaux ont débité à l'égard do
Moïse une multitude de récits fabuleux ; en
sig, en 1659» un opuscnlc Denummh Bîoyseu cor*
miium exh'tbentibus. D'siprès la gravure i|ue donne
Fiibriciiis, ces cornes, qui oui la forme de celles
d'un bélier, sont appliquées sur un casque qui cou-*
vre la léle du prophète.
S27
DICTIOtfNAIRi; D£S APOCRYPHES.
ea
Yoici un échantillon d*après Weil» BibUseh$
tegenden der Muselmànner,
« Les espions envoyés dans la terre de
Chanaan, étant de retour, dirent : «< Nous
avons vu le pays que nous devons conqué-
rir avec répée ; il est bon et fertile. Le cha-
meau le plus robuste est à peine en état de
porter une seule des grappes de raisin que
produit cette terre ; un seul épi donne assez
de grain pour qu'une famille entière y trouve
sa nourriture, et Técorce d'une grenade
peut couvrir cinq hommes armés. Mais les
habitants de cette terre et leurs villes ont
des dimensions en harmonie avec l'abon-
dance des produits du sol. Nous avons vu
des hommes dont le plus petit avait une
stature de six cents coudées. Ils nous regar-
dèrent avec surprise» et nous méprisèrent
comme des nains. Les murs qui entourent
leurs villes sont tellement élevés qu'un aigle
Eeut k peine s*élever jusqu'à leur sommet. »
es espions ayant fini de faire leur rapport»
toml>èrent morts ; il n'v en eut que deux»
Josué» fils de Nun, et Caleb» qui restèrent en
vie; ceux-là avaient gardé le silence.
< Les Israélites se mirent alors à murmu-
rer contre Moïse et à dire : « Nous ne pour-
rons combattre contre de pareils géants;
va les attaquer seul avec ton Dieu» si tu on
as envie. » Moïse leur annonça qu'en puni-
tion de leur peu de confiance dans le se*
cours de Dieu qui avait ouvert devant eux
les Qots de la mer, ils seraient condamnés à
errer dans le désert pendant quarante ans.
Il les quitta ensuite» et il parcourut la terre
entière depuis le Nord jusqu'au Sud» et de-
puis l'Orient jusqu'à l'Occident» en prêchant
ta vraie foî.
Un jour» Moïse s'enlretenant avec Josué
qui raccompagnait, se vantait de sa sagesse»
lorsque Dieu lui dit : « Vh au golfe Persi-
que» à l'endroit où la mer des Grecs se réu-
nit à celle des Perses; tu trouveras là un de
mes pieux serviteurs qui te surpasse en
sagesse.»
« Comment reconnaftrai-ie ce sage? » dit
Moïse. Le Seigneur répondit : « Prends un
poisson dans une corbeille; il te montrera
où réside mon fidèle serviteur, i»
« Moise se mit en voyage avec Josué vers
l'endroit que Dieu lui avait désigné» et il
apporta un poisson dans une corbeille. Il
s arrêta enfin» accablé de fatigue» au bord de
la mer» el il s'endormit. Lorsqu'il se ré-
veilla» il était tard» et il hâta sa manche afin
de trouver un gtte avant là nuit. Dans sa
précipitation» Josué oublia de prendre le
poisson» et Moise ne se souvint pas de lui en
parler. Ce ne fut que le lendemain matin
qu'ils s'aperçurent de leur négligence; ils
voulurent alors revenir à l'endroit où ils
s'étaient arrêtés. Quand ils furent venus au
bord de la mer» ils aperçurent un poisson
qui se tenait tuut droit sur la surface de la
mer» au lieu de rester étendu selon l'usase
de ces animaux; ils le reconnurent pour le
poisson qu'ils cherchaient» et ils se mirent
à le suivre en côtoyant le rivage. Après
Qu'ils eurent ainsi suivi leur Kuide pendant
quelques heures» celui-ci disparut toatd'ûa
coup. Ils s'arrêtèrent alors» et dirent : « Cesl
ici que doit demeurer le serviteur de dm
que nous cherchons.» Us aperçurent bientôt
une caverne à l'entrée de laqnelle étaient
infcrits ces mois : « Au nom de Dieu tout-
puissant et plein de miséricorde. • 5lnf<e
et Josué entrèret*t sans hésiter dans celte
caverne, et ils y trouvèrent un homme qiij
était vigoureux et frais comme ud jeuip
homme de dix-sept ans, mais une barbe aossi
blanche que la neige tombait jus|iu*à ses
pieds. C'était le prophète Chidr qui réunis-
sait à la possession d*une jeunesse éternelle
les marques de la plus belle vieillesse.
« Prends-moi pour ton disciple, » lui dit
Moïse, après des salutations réciproques, ««rt
permets- moi de t'accompagner dans tes {)é*
ré^rinations sur cette terre» afin que j'a<i-
mire la sagesse oue Dieu t'a accordée.
— Tu ne peux la comprendre et tu ne re^
teras pas longtemps auprès de moi.
-- Tu me trouveras patient et soumis, s'il
platt à Dieu ; ne me repousse pas.
— Tu peux me suivre» mais ne me fai^u-
cune question» et attends que je te dooDe
de mon plein gré Texplication de ma con-
duite. »
a Moïse se soumit à cette condition, H
Al Chidr le mena au bord de la mer où uq
navire se trouvait à Tancre. Al Chidr prit une
hache et fit sauter en éclats deux des plan-
ches du navire» de sorte qu'il coula à fonj
« Que fais-tu ?» cria Moïse, « les gens qui &oot
à bord de ce bâtiment vont se noyer.
— Ne t'ai-je pas dit que tu ne resterais pas
longtemps tranquille auprès de moi?
— Pardonne-moi,» reprit Moïse ; « j'aTaij
oublié mon engagement. »
« AI Chidr continua sa route» et ils ren-
contrèrent bientôt un bel enfant qui jouati
avec des coquillages au bord de la mer. Al
Chidr prit un couteau qu'il portait sur lui
et coupa la gorge de l'entant.
« Pourquoi fais-tu mourir ainsi un enfaoi
innocent? «demanda Moïse ;« tu viens Je
commettre un gr^nd crime.
— Ne t'ai-je pas dit» » répliqua Al Chidr.
«r que tu ne pourrais pas longtemps voyager
avec moi ?
— Pardonne-moi encore pour cette fois,»
dit Moïse, « et si j'élève encore la voii,
chasse- moi loin de toi. »
« Ils marchèrent longtemps encore, el ils
arrivèrent enfin dans une grande ville, uiat»
ils étaient fatigués et affamés. Personne ne
voulut les loger» ni leur donner à boire ou à
manger sans leur demander de l'argent. Ai
Chidr voyant Que le mur d'une belle iLai^n
d'où il atait été chassé menaçait ruine, '^*
redressa, le consolida et se retira eosuiie.
Moïse lui dit : « Tu as accompli là un Ua-
vail qui aurait occupé de nombreux ma^oti^
pendant bien des jours; pourquoi na» tu
pas demandé un salaire qui nous aurait
donné les moyens d'acheter des aliments? ^
« Al Chidr répondit : « Nous allons nou<
séparer, mais auparavant» je te donnerai
l'explication de ce eue tu m*as vu iaire* U
m
MOI
^AM. Ilf . — LEGENDES ET FRAGMENTS.
MO!
630
nafueqae j*ii endommagé, mais qui peut se
réparer facilement, appartient k de pauvres
gens auxquels il fournit Tunique moyen de
subsistance dont ils disposent. Lorsque je l'ai
avarié, des navires appartenant à un roi in-
juste et cruel parcouraient la côte, et s'em-
paraient de force de tous les bAtiments en
état de servir. J*ai fait à celui-ci un dégât
passager qui assurera à ses propriétaires le
moyen de le conserver. L'enfant que j'ai tué
était le fils de parents pieux, mais il était
d'uD naturel mauvais, et il aurait fini par
pervertir ses parents; j'ai donc jugé à pro-
pos de le tuer; Dieu leur accordera, à sa
place, une progéniture pieuse. Quant à la
maison dont j'ai raffermi les murs, elle âp-
parlient k des orphelins dont le père était
un bomme pieux. Au-dessous du mur, est
caché un trésor que les personnes qui occu-
pent en ce moment celte maison se seraient
approprié, si elle s'était écroulée; je l'ai
donc raffermie, afin Qu'elle se maintienne
jusqu'à ce que les eniants aient grandi. Tu
vois que je n'ai point, dans mes^actions, cédé
à ua entraînement aveugle , mais que j'ai
agi selon la volonté du Seigneur. »
• Moïse pria Al Chidr de lui pardonner,
mais il n'osa pas solliciter la permission de
raccompagner davantage. Il avait passé trente
ma parcourir le Sud, l'Orientet l'Occident.
Ils lui restait encore dix années à consacrer
8 ses voyages dans le Nord; il en parcourut
toutes les régions en dépit de la rigueur du
climat et de la barbarie des peuples qui tiabi-
tentces contrées, et il arriva enfin à la grande
muraille de fer qu'Alexandre avait élevée
pour empêcher les excursions des peuples
pillards de Jac^judj et de Hadjudj. Après avoir
béni la toute-puissance de Dieu, Moïse re-
viat enfin dans les déserts de TArabie.
« Trente-neuf ans s'étaient écoulés depuis
gu'il s*était séparé de ses frères : la plupart
(les Israélites qu*il avait laissés dans la force
de l'âge étaient morts, et une génération
Douvelle avait sur^i à leur place. Parmi le
petit nombre de vieillards qu'il trouva en-
core en vie, était son cousin Karun, fils de
Jasshas. 11 avait épousé Kolthum, la sœur
de Moïse, et celui-ci lui avait enseigné l'al-
chimie, de sorte qu'il pouvait changer en
or le métal le plus grossier. Telle était son
opulence qu'il avait fait construire autour
de ses jardins des murs très-élevés en or
massif, et lorsc[u*il était en voyage, il ne lui
fallait pas moins de quarante mulets pour
porter les clefs des coffres où il déposait ses
trésors (576). Pendant l'absence de Moïse»
il avait mis ses richesses k profit pour affec-
ter tout l'extérieur d'un roi. Il fut très-mé-
^otent du retour de Moïse, et il vit dans
sou,beaa-frère un rival qu'il s'efforça de per-
dre. Il entra en rapport avec une fille perdue
de mœurs que Moïse avait expulsée du camp
des Israélites à cause de son inconduite, et
(576) Des rabbins, renchérissant encore sur ce
chiffre, élèvent k iroit cents mules blanches le
nombre des bêtes de somme qui étaient uécessaires
|KHir porter les clefi en question.
(377) On voit i^ue ce récit diffère en certains
il lui promit de l'épouser si elle déclarait
devant les anciens aue Moïse ne l'avait ban-
nie que parce qu'elle refusait d'écouter ses
propositions déshonnètes. La malheureuse
promit à Karun de faire tout ce qu'il voulait,
mais quand elle se trouva en présence des
anciens j elle ne put accomplir son projet.
Dieu mit dans sa bouche des paroles toutes
différentes de celles qu'elle comptait pro-
noncer ; elle avoua sa faute, et déclara que
Karun 1 avait, par ses promesses, amenée à
rendre un faux témoignage. Moïse pria Dieu
de le protéger contre la malice de Karun.
Alors la terre s'ouvrit sous les pieds de l'en-
nemi du prophète, et Tengloutit avec toute
sa famille et avec tous ses trésors.
t La quarantième des années fixées pour
le séjour des Israélites dans le désert appro-
chait de son terme, et Moïse se dirigea avec
le peuple vers les frontières de la Palestine.
Quand lalub Ibn Safan, roi de Balka, apprit
Tarrivée des Israélites, qui avaient pris un
grand nombre de villes sur leur route, il fit
appeler le magicien fiileam, fils de Baurs,
afin de lui demander les moyens de résister
aux Israélites. Mais un an^e apparut à Bi
leam pendant la nuit- et lui défendit de se
rendre auprès du roi. Les envoyés du roi.
étant revenus sans Bileam, le monarque en fit
partir d'autres auxquels il confia des bijoux
du plus grand prix, en leur recommandant
de les remettre à la femme de Bileam, la-
quelle exerçait le plus grand empire sur
son mari; il l'aimait tellement, qu'il ne sa-
vait rien lui refuser. Elle accepta les pré-
sents du roi et détermina son mari a sa
rendre à Balka.
« Le monarque vint au-devant de Bileam
avec une suite nombreuse; il lui assigna
pour résidence une des plus belles maisons
de la ville, et il le fit nourrir aux frais da
l'Etat. Trois jours se passèrentainsi, et lequa-
trième iour, le roi fit amener Bileam devant
lui et lui demanda de maudire les Israélites.
Mais Dieu paralysa la langue du nécroman-
cien, de sorte que, malgré sa haine contre
Israël, il ne put proférer une seule parole
d'anathème. Le roi le pria alors de lui in«
diquer quelque moyen pour repousser le
f)euple conquérant; Bileam dit qu'il fallait
aire tomber les Israélites dans le péché, afin
de leur dter l'appui divin qui les rendait in-
vincibles, et il conseilla, dans ce but, de leur
envoyer les plus belles femmes de la capi»
taie. Le roi suivit ce conseil ; mais Moïse,
prévenu de tout par l'ange Gabriel, fit déca-
piter le premier Israélite qui se laissa sé-
duire par une des habitantes de Balka, et il
fit placer sa tète dans le camp, au haut d'un
piquet, afin de servir de leçon. 11 donna en-
suite le signal de l'attaque. La ville de Balka
fut enlevée d*assaut, et le roi, ainsi que Bi-
leam, périrent des premiers dans ce combat
(577). »
points de ce f|ue- le Livre da Nombres , cbap. xxii
et suiv., renferme au sujet de Bilamc ou Balaam.
Moïse dit qu'après s*éire entretenu avec le roi
Balak Bilam iHtant levé, s'en aléa et s'en retourna
à lOH endroit. Le Talmud alBrme qae c*e§t d'après
631
PIE
DICTIONNAIUE DES APOCRYPHES.
Pl£
Ci
Le Coran (cb. 28) raconte nue Pharaon
voulut faire bâtir une tour élevée pour mon-
ter vers le Dieu de Moïse. Les auteurs ara-
l>ps n'ont point manqué de raconter des fa-
bles sans nombre au sujet de cette tour.
Cinquante mille ouvriers y (ravaillaient cha-
que jour. Lorsqu'elle fut parvenue à une
très-grande hauteur, Pharaon monta sur le
&ommet et lança vers le ciel un trait qui re-
tomba couvert de sang. Le roi se glorifia
d*avoir tué le Dieu de Moïse; mais Gabriel,
d'un coup d'aile, renversa l'édiBce qui écrasa
une partie de son armée.
Hammel, un des plus riches d'entre les
Israélites, ayant été tué, ses parents condui-
sirent à Moïse les prétendus meurtriers. Ils
nièrent le fait. 11 n'existait aucun témoin.
La vérité était difficile à découvrir. Le Sei-
gneur ordonna d'immoler une vache avec
les conditions requises. On toucha le cada-
vre avec la langue de la victime. Il revint à
la vie, se leva, prononça le nom du meur-
trier et mourut cle nouveau. Le Coran, ch. 2,
fait allusion à cette légende.
Voici un autre récit qui n'est pas sans g»*à-
ce, et que nous présentent des auteurs ambes.
« Un jour que Moïse gardait dans le dé-
sert les troupeaux de Jélhro, il aperçut un
ii^neau qui ^'éloignait. Il courut après lefu-
S'tif, mais celui-ci allait encore plus vite, et
oïse ne le rejoignit que lorsque le petit
animal s'arrêta auprès d'un ruisseau et élan-
cha sa soif. « Pauvre créature innocente
et douce, » s'écria le chef des Hébreux, « je
vois pourquoi tu te hfttais tellement : si je
Tavais su, je t'aurais moi«m(^me porté au ruis-
.5eau. Viens que je te prenne dans mes bras. »
« Et il le rapporta ainsi au troupeau. Le
Tout-Puissant goûla cette action, et on en-
tendit une voix qui disait :c Moïse, puisqu'un
faible animal excite à ce point ta compas-
sion, avec quelle sympathie ne prendras-tu
{)às part aux souffrances des enfants des
nommes ? Tu seras le conducteur du peuple
que j'ai choisi et le pasteur de mon trou -
peau; car le Seigneur est miséricordieux,
et .«a grâce s'étend sur toutes les œuvres de
miséricorde. »
II est facile de comprendre que l'histoire
d'un législateur, aussi célèbre que Moïse, a
dû provoquer de nombreux travaux. Aussi
M. (mttinger, dans sa Bibliographiehiographi-
quCf a-t-il été en mesure d'énumérer soixante-
onze ouvrages divers relatifs à ce grand
homme.
Nous reproduirons cette énumération, en
y ajoutant de nouveaux détails.'
Mylius(Georg.), Commentatio depersona^
vita et rebîif geslis iUfom. Will.,15S5, in-4*.
Gaulmin (Gilbert), De vita et morte Mosis,
libri très. Paris, 1629, in-8". Réimpr. f)ar
Johann Albert Fabricius, Hamb., 171/1^, in-8^
Fuentes y Biota (Antonio de), Vita del
profeta Moyssen. Bruss., 1G57, in-8".
11! conseil de cet enelianteur que les Aloabitcs prosti-
tuéreiii leurs filles aux Israélites aitn de les atiirer
dans ridol&trte , ei Ton trouve un indice dans le
méine Une (tes Nombra , cit. sxxi , 15 , i6.
Liebetanz (Michael), Dissertath de fa te
Mosis^ quam pingunt^ comiira. Wiil,, li;Vj
in-«^'^: ibid., 1666, in-4*; ibid., 17W, in i /
Frischmuth (Johan.), Oratio de poniificau
Mosis. lenffi, 1673, in-i*.
Zentgrav (Johann JoachimJ, Disteriaiinti'
hibens Mosen^ legislatorem Ebrœorum, \\ w: ,
1685, in-8'.
Froster (Erik Johann), Moses^ $. de m. que
in magno illo merito suspiciuntur dispuiau
Aboœ, 16%, in-4\
Graverol (Jean), Moees vindicatus, etc.
Amst,, 169i, in-12.
Chion (J.), Dissertationes duœ de corpon
JUosie. Lugd. Bat., 1697, in-4'.
Morin (Jean-Baptiste), Disqui$Uio dt n^.
mine Mosis. Lugd. Bat., 1698, \\\-k\
Hugoj (Charles-Louis), Histoire de hhm,
Luxemb., 1699, in-8'; tftid., 1709. in-8*.
Roch (Cornelius-Dietrich), Disputatia :-
eloquentta et poesi Mosis. Helmst., ITi».
Nicolai (Johann), Disquisitio de Mo$t J/-
pha dicto. Lugd. Bat., 1703, in-lâ.
Moller (Daniel-Wilhelm), Dissertatio de
Mose philosopho. Altorf, 1707, in V. I'-
ben Mosis und dessen schriften. Leiii>;:.
17U, in-8«.
Heusiing (Christian-Friedrich), Disserta-
tio theologico^litteraria, Mosen quœ enuln-
tum omni Mgyptiorum sapientia^ non rerrun
esse eorumdem in cultu V. T. cœremonioUm^
tatorem^ sed regni Mgyptiaci candidaim
Servest, 1718, in-4".
Stenchius (Johann), Dissertatiode radianit
vultu Mosis. Upsal, 1722, in-8\
Eichier (Christian Gottlieb) , Dissermh
de Mose^ candidato regni JEgyptiaci. Leiu\,
1733, in-S-.
Aslruc (Jean) , Conjectures sur les Si-
moires originaux dont il paraît que M. '
s'est servi pour composer le livre de la d*-
nèsef avec des remarques qui appuient l
éciaircissent ces conjectures. Brux. (Pai. ,
1753, in-12.
Cattenburg (Adriaan Van)» Syntagma .<:-
pientiœ Mosaicœ. Amst., 17^7, iu-4*.
Campbell (John), Life ofMoses; Loud^r..
1728,in.foI.
Blanfiiss (Jacob), Programma de MoseUga-
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disciplines Mayptiœ alumnus praclarui.
Leucopet.., 1745, in-4^
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1761, in 8-.
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Mose mineratogo et chemico summo, LV^^>«
1762, in-8-.
Wetterhollz (Isaac), Dissertatio de M'f'
auctore Pentateuchi. Lund., 1768, in y
Hess (Johann Jacob), Geschichte Mm*
Zûrch, 1777, 2 vol. in 8-,
Duvoisin (Jean - Baptiste) , Lautorité en
Moïse dit : Avez^votu laine tivre saute* ies ft^v^o *
^"e$t'ce pai eUe$ ^ui ont été pour tei enfauu d i^-
raél , dans Ca/faire de BUame^ une ouatm di per-
fidie envers l Eternel ?
53
MOI
FAUT. lU. LEGENDES ET FRAGMENTS.
MOI
634
itres in Moïse établie et défendue contre les
ncrédules. Paris, 1778, in-l2.
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}tr neuern ZweifelUberdie Aufrichtigkeit und
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'tqite cet historien donne tui-méme de la
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pultura Mosis. Lund, 1803, in-8*.
tS5
DICTIONNAIRE DES APOCRTPIIES.
«M
NAISSANCE OE LA VIERGE.
{Evangile de la Naittanee de la Vierge.)
Il est parvenu jusqu'à nous deux évangiles
apocryphes sous ce titre ; nous les avons
insères dans le premier tome de notre recueil
(col. 10&9-1088J ; il eu a existé un troisième
qui est perdu. Saint Epiphane fhœres 26,
11. 12} en rapporte une circonstance assez
remarquable, dont Sérapion, évoque de
Tunis, parle aussi dans son livre Contre les
manichéens, Zacbarie, père de saint .Jean-
Baptiste, étant dans le temple où il offrait
l'encens, vit un homme sous la forme d*uQ
Ane qui se présenta devant lui. Etant sora
du temple, il s*écria : « Malheureux qo«
vous êtes, qu'est-ce que vou.^ adorez?! Maii
la figure qu il avait vue lui ferma la boucle
et l'empêcha d'en dire davantage. 11 per:*
Tusase de la parole, qui ne lui fut rend:
qu'à la naissance de son fils; et, ajranl u
publier ce mystère d'iniquité, les Juifs i
firent périr dans le temple (578).
NATHAN.
Ce prophète est mentionné par l'auteur de
VOuvrage imparfait sur saint Matthieu (com-
pris parmi les productions d'Ori^ène) comme
avant prophétisé et écrit, ainsi qu'Esdras.
Il ne s est rien conservé de ses écrits, s'ils
ont existé.
Saint Epiphane raconte {De vita propheta-
mm, t. Il, p. 235), d'après un écrit apocry-
phe aujourd'hui perdu, que Nathan sachant,
par une révélation divine, que David voulait
faire périr Urie, se mit immédiatement en
route pour Jérusalem, afin de détourner le
roi de ce crime, mais il arriva tropUrd; •
démon jeta un cadavre sur la route; le prth
f^hète s'arrêta pour l'ensevelir, etceoisi
ui fit manquer le but de son voyage. Fsr>rr
ri us {Cod. apocr. Yet. Test.f t. I, p. iOll
observe que du nom de Nathan est dénv"
celui d'un ange qui figure dans une iégeoc«
racontée par d'anciens écrivains : Ei Si-
thanis nowine Eupolemus apud EutAm.
(lib. IX, c. 30, Prœpar. Etang. [579], ««v
mentus est nomen Àngeli Atav«6«y, ftii i%*
videm a6 adificandQ templo prohibutrii.
NAZARÉENS.
{Evangile des Nazaréens.)
Cejfut un des évan{;iles auxquels donnèrent
lieu, dès les premiers temps du christia-
nisme, les altérations apportées par les hé-
rétir]ues dans les écrits canoniques. Il parait
avoir été le même, quant au fond des choses,
que l'Evangile des Hébreux dont nous avons
parlé en détail.
Saint Jérôme traduisit en grec et en latin
VEvangile des Nazaréens ; il observe que ces
sectaires le lisaient encore de son temps
(578) c liiflniia porro pênes Gnosticos sunt sup-
posiiilia atqiie impudenler coiiUcta monimenta.Cujus-
iiiodi est qui De proyenie Mariœ liber inscribîlur, in
quo borribilia quaedâiin ac détesta vida ,illoruiii dicla
coniineiUur. Velut inier alla : eam Zacbarise necis
in templo causam exsiilisse, quod enim visum
quodUain ilU esset oblalum , idque pr» rnetu signî-
ûcare veilet, os ei primo prxclusum sit. Viderai
.lutem , inquiunl , cum incensi hora suiBret, asini
ligura staiiiem boniuiem, ac cum egredi veilet,
iiaque proloqui : Vae vobis I quem enim tandem
adoraiis! àb eo qui in temple inius apparuit, oris
illi ne efferre possel usus interclusus est : post au-
icm ubi voi eidem est reslîtuia , atque hoc lu Ju-
da*os arcaiium evulgavii, ab illis inierfectus esi.
ll«c , inquinnt, Zacbarlae uiortis occasio fuit. Ad-
duni euntdem ilbm ob causam Jussum a legisla-
dans leurs assemblées (580); il enaïain.
deux exemplaires : un était conservé oi&»
la bibliothèque de Césaréf», et il avait «c
Srunté l'autre aux Nazaréens mêmes :i
érei pour le copier (581) ; c'est sur «J
exemplaire qu'il fit sa traduction.
Ce même Père nous apprend de plus qc«
bien des gens croyaient que TEvaDgile tî-
breu dont les Nazaréens et les Kbiooi^
se servaient était l'original de sâiot Mi^
tore poniificem tintinnabula gestasse, ut qooii« ^
funclionem siiam otieundam ingredereiur, c^p*! ^
lorum slrcpita is, qui adorabalur adinooiiui *c<
roedio subtraberet, ne cum larva illa ac iun»i<i»»'
deprehendereiur. • (P. U, cdit Colooiç, jwi
(579) T. II, p. 44, de la iraduciîon de M. ^'''
de Siint-Brisson.
(580) In Evangelio jvxttt Bebrœoi quodCb^i»*''
quiiieni Syroque sermouc, sed llebt^icis ii'^"'
scripium est , quo uluntur usque bedîc ^aIlro. •
{Adv, Pelagium^ lib. ni.) . ^
(581) c Ipsum Uebraicom habetur mq»c b^ •
in Cœsarecnsi bibliotlieca quan Paropbylu» w't'
studiosissinie conrecil. Mibi qaoque a Naunf *
quia Berva urbi Syri» boc voiumine «tuDiMr. <
scribendi facullas fuit. • {De Hripiet. tt(W . »
Mankœum,)
7
NAZ
PART. 111. » LEGENDES ET FRAGMENTS.
NAZ
63f
ieu (582). Plusieurs anciens auteurs Tont
lé comme tel* et ils ont pensé que saint
nAce en avait tiré ces paroles qu'il transcrit
m son EpUre aux habitanis de Smyrne^
mine ayant été adressées par le Sauveur
saint Pierre : Touchez " moi ^ et voyez
\tjt ne suis pas un esprit, liiusèbe et saint
ruine citent ce passage de saint Ignace, et
léœoignage de ce dernier est formel à
Igard de la provenance des mots que nous
lions de transcrire.
Riithard Simon (Bist. critique du Nouveau
filament f ch. 7) discute ce qui concerne
ïtangile des Nazaréens; il pense qu'il est
)$sible que les additions faites par ces
claires au tente original de saint Matthieu
étaient pas fausses ; c'était la coutume» dans
& premiers temps du christianisme, de
informer avec soin de ce que les disciples
P.S apôtres avaient appris de leurs maîtres ;
y a apparence que les Nazaréens avaient
osérédans leur Evangile des histoires qu'ils
rovaient être fondées sur de bons témoi^na-
es! C'est pourquoi on ne doit pas les rejeter
iules comme lausses, bien qu'ellt^s ne se
rouvpnt dans aucun des exemplaires dont
Eglise se sert. Toutes les Eglises ont tiré
(ors versions de l'exemplaire grec où ces
KitioDs ne se trouvent pas» parce que saint
laiihiea avait été apparemment traduit
hébreu en grec avant que les Nazaréens
i\v eussent insérées.
Ces différences paraissent avoir été en
s>ez grand nombre si l'on en juge par celles
ae saint Jérôme nous a laissées en divers
Diiroits de ses ouvrages. On est néanmoins
irogô sur quelques-unes de ces additions.
'apas, qui a vécu avec les disciples des apô-
>$etqu'Eusèbecite [Hist.eccles,^ l.v,c. 39)»
tque rhistoire de la femme qui fut accusée
e plusieurs uéchés devant Notre-Seigneur .
« lit dans 1 Evangile qu'on appelait selon
^Hébreux; ceci semble devoir s'entendre
)e>8 femme adultère dont il est question
iiQs Tévangile de saint Jean; cependant
indiques écrivains, Baronius entre autres
H an. 99, n. 6), ont cru que l'histoire rap-
H>rtée par Papias est différente de celle dont
^rle saint Jean.
I>^ savant Bénédictin dom Calmet (Discours
' fiisiertations sur le Nouveau Testament^
'ôô, iQ-8% t. I » p. 33) parle aussi du faux
vanille qui nous occupe.
Du milieu de l'Eglise des Nazaréens ou des
iiK'tiens hébraïsants» il s'éleva, dès la fin
Ji" siècle et au commencement du ii% une
^>illitude d'hérétiques qui niaient la divi-
iité du Sauveur et la virginité de Marie, et
|ui soutenaient d'autres erreurs capitales.
Pour donner du crédit h leurs sentiments, ils
les insérèrent dans l'Evangile de saint Mat-
thieu, qui était le seul qu'Us reçussent |iour
la plupart è cause des choses qui leur étaient
favorables, et ils en retranchèrent diverses,
autres qui leur étaient contraires. Ainsi, le
même Evangile fut considéré et loué comme
authentique entre les mains des Nazaréens,
et rejeté comme hérétique entre les mains
des Ebionites. Pour le déguiser encore
davantage, et aOn qu'on ne pût les convain-
cre de falsiflcations, ces hérétiques en chan
Sèrent le titre et l'appelèrent Evangile des
ouze apôtres t de saint Pierre ^ des Naza^
réens ou des Ebionites. On ne doit pas s'é-
tonner que l'Evangile hébreu de saint Mat-
thieu se soit perdu et ait été enveloppé dans
l'oubli, puisqu'il fut altéré de si bonne
heure. Depuis que les Ebionites l'eurent
corrompu , l'Eglise ne s'intéressa point à sa
conservation.
Ce qu'on sait de VEvangile des Nazaréens
se réduit d'ailleurs à peu de chose; saint
Jérôme [De scriptoribus ecclesiasticiSf au mot
Jacques) , nous apprend qu'on y lisait que
saint Jacques le Mineur avait fait le serment»
lorsque Jésus fut saisi par les Juifs, de ne
prendre aucun 'aliment et aucune boisson
jusqu'à ce qu'il eût revu son maître (583).
Ce même Père rapporte [Ado, Pelagianos ,
1. m), qu'on lisait dans cet évangile le pas-
sage suivant : <( Et voici , la Mère du Sei-
gneur,et ses frères lui disaient : «Jean-Baptiste
baptise pour la rémission des péchés ; allons
et soyons baptisés par lui. » Mais il leur
dit : « En quoi ai -je péché, pour 9ue je doive
aller et me faire baptiser p ir lui. » Origène
iinJoan.) cite comme emprunté aa même
Svangile ou à celui des Hébreux , un pas-
sage qui est inspiré par une erreur répandue
chez quelques sectes gnostiques, et d'après
laquelle TEsprit-Saint était la Mère du Christ.
Le Christ dit : « Ma mère, l'Esprit-Saint me
prit par un de mes cheveux et me transporta
sur la grande montagne du Thabor. »
Tbéodoret {Hœret. fabuL^ lib. ii, c. 1) dit
que les Nazaréens faisaient usage de TEvan-
uile selon saint Pierre (58^^) : c'est le seul
écrivain qui mentionne cette circonstance,
et il est permis d'y voir l'effet d'une mé-
?rise de sa part. L'Kvangile attribué à saint
ierre, et dont nous parlerons plus loin, ne
semble pas avoir été Te même aue l'Evangile
selon les Hébreux. Il est d'ailleurs impos-
sible, comme nous l'avons déjà observé, de
déterminer d'une façon un peu précise ce
qui différenciait ces compositions apocry-
phes dont le texte n'était pus bien fixé.
^^l « In Evangelio quo utuntur Nazareni et
2fnit£, qu(Kl nuper in Graccum senuoiiem irans-
WRus quod vocatur a plen8q4ie Maillixi au-
ntirom. • (Comm., lib. ii in Malth.^ c. xii.)
S (Mo) Circonsiance reproduile dans VUUtoria
><i du P. Xavier ( Voy. ce nom) : « \idit Chri-
quoque Jacobus Minor qui , quemadinodiiu
wCbmiQS caperetur, juraverat se nihil quidquaiii
esuruiD bibihinimvc, donec cum viveiilem vident,
sic a lenipore captivitalis circiter iisqiie ad iiieri-
diem priniTP dîei seplimanae, nec edil, nec bibii. i
(fcdit. de Levde, in-4% 1639, p. 506.)
(58^) € Nâzaraei aulem sunl Judsi qui Chrislum
tanquam juslum hoiuinem veiierantur, et K\au-
gelio quod dicilur secunduni Pciruin utunlur. »
e3d
DICTIONNAIRE DES APOCRYPOES.
NEMROD.
\k*
Ce personnage a été Tobiet de récits fort
apocryphes: oh Ta identifié avec le tyran
Zohac des Perses , roi de la première dy-
nastie des princes qui ont régné immédiate-
ment après le déluge. D'après quelques
historiens persans, son règne dura aeux
siècles. Quelques auteurs orientaux racon-
tent qu*i] voulut monter au ciel dans un
coffre traîné par quatre oiseaux gigantes-
ques, mais il retomba si rudement sur m *
montagne qu'elle en fut ébranlée jos; :
dans sa base. On peut observer en paï^ n
que, dans les récits fabuleux répandus •.
moyen âge sur l'histoire d'Alexandre,!
entreprise semblable est attribuée au ci
quérant macédonien.
NOE.
On lit dans la Genèse (vi, 9 ; x, 1) : Voici
les générations de Noé : Voici les générations
des enfants de Noé. Quelques docteurs juifs
ont pensé que Moïse avait emprunte les
détails dans lesquels il entre k des ouvrages
dont l'Ecriture désignerait ainsi les titres,
mais les critiques les plus judicieux n'ont
point partagé cette opinion.
Le pseuao*Bérose, cité par Annius de
Viterbe, mentionne (I. in) des écrits de Noé
sur les secrets des choses naturelles ^ conservés
mystérieusement chez les Scythes et les Ar-
méniens (585).
Fabricius {Codex pseud^pigr. Vet. Test.y t.I,
p. 2M et suiv.) s'occupe de Noé et des
écrits attribués à ce patriarche ; voici les
titres de quelques-uns des chapitres de sa
dissertation à ce sujet : Noarhi industria in
lectitnndis Adami et Enochi libris : — Oratio
Noachi quant in arca quotidie recitasse fertur
ad corpus Adami; — Quœ Noachus post
diluvium suos docuit ; — Noachi dirœ et tes-
iamentum,
Eutycliius {AnnaL, t. I, p. 36) dit que
Noé, se conformant à un ordre de Dieu, fit
une cloche haute de trois coudées en bois
de platane d'Inde, qu'il sonnait trois fois
par jour, le matin, à midi, et le soir, di-
sant k ceux qui lui demandaient pourquoi
il agissait ainsi : « Le Seigneur enverra le
déluge qui vous détruira. »
Des cabalistes ont prétendu que Cham
avait dérobé è son père un livre de la magie
naturelle et l'avait remis à son ûls Mis-
raïm.
(iuiraume Postcl (586) dans son livre des
Origines^ Bâie, 1553, in-8', annonce hardi-
ment dès le frontispice qu'il a puisé dans
les écrits d'Enoch et de Noé. Voici le titre
de cet ouvrage r De originibus seu de va-
ria ac potisstmum orbi Latino ad hanc diem
incognita aut inconsiderata historia^ cum to*
tius OrientiSf tum maxime Tartarorum^
(585^ « Tune sacerrimiis omnium pater N<ie, jam
antca edocios theologiam et sacros riiiifi, cœpii
eliain eos erudire bumanam sapienliam. Et quideni
mulla naliiralium rerom sccreU mandavii liueris ,
3UX solis sacenlolibus Scythae Armenii commen-
anl. Neque enim fas est'illa ulli inspîcerc, aut
légère Vfl doceie , quam solis sacerdoiibus et înler
sacerdoies duntaiat sicut cl quos rituales libros rc-
lîquit; ex quibus itlis primam Sa^a nomen fuit
iiiclytum, quod est sacrrdot et saerificulus et pon-
Periarum, Turcarum ae omnium Àbrah'^
ac Noachi alumnorum origines ac myan
Brachmanum retegente^ quod ad gentium.,
terarumque quibus utuntur rationes aihif
ex libris Noachi et Henochi totiusque at
traditionis aMosis alumnis ad nostrain,
pora servatœ^ ac Chaldaicis litteris coti^n
ptœ.
Bangius {Cœlum OrientiSf p. 105} zn
tionne un volume de Noé en élhiui'iec.i
est possible en effet que parmi les ^-r
apocrvphes peu connus encore qui circul*
en Abyssinie, il en est qui portent le n
de ce patriarche. Gn manuscrit grec Jt
Bibliothèque impériale de Vienne, cité;*
Lambécius îCommenlarii de biblioihtcal
dobonensi^ Vienne, 1665-1679, in-fol., --
135), t*st attribué à Noé: il a pour tin
MethoduM seu mantica prœdicandi futurti
faussaire a prétendu que ces secrets avi
été révélés au patriarche par un angr
Nous lisons dans la Bibliothèque on> "
d*Herbelot, p. 675: « Les mahomélans^v
que Dieu envoya dix livres à Noé.i"
signifie, selon leur langage, que N«i« : -
en mourant dit volumes dans lesqu.
écrivit les révélations et tous les or. -
qu'il avait reçus de Dieu. »
Prière de Noé^ telle qu'il la récitait cU •
jour dans Farche auprès du corps dÀ ■
-— Ce fragment a été publié par Fabri .•
d'après J. Grégory [ObservcUionts iocr^^
25, t. IX des Critîci sacri^ édition de L *
dres, 1660), et d'après une Chaîne y-
manuscrite sur la Genèse^ écrite en c^'' •
tères syriaques.
« O Seigneur, tu es excellent dao^ '
vérité, et auprès de toi rien n'est grr.
Regarde-nous d*un œil de misérior
délivre-nous de ce déluge deseaui. Par •
douleurs d*Adam, le premier homme •.
tu as créé, par le sang d'Abel le SJ*
par la justice de Seth dans lequel tJ
tifex. f
(586) Cen*«stpasici le lieu de parler arec qwH'*
détails de cet écrivain du svi' siècle doni le s»*
éuit immense, dool racUvilé inlellectofl!« f' '
infatigable, mais qui était un Tîiioonaire def-** "
de bon sens. (Voy. Touvrage du P. I^» '*
Ectairciiumenu sur Postel; Adelung, tthiv*^' >-
folie humaine (en allemand), i.* vl, |u K^' *
Sallcnare, Mémoires de tiuéraiurr^ 1 1; l<^ '^*'
nairt des scienca phiiosopMques , t. V, p. I9l< <^
41
NOE
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
NOE
6ii
liais, ne nous compte point parmi ceux
mi ont enfreint tes commandements, mais
Kends sur nous ta protection miséricor-
iieuse, parce que tu es notre libérateur,
i à toi revient Ja louange proclamée par
outes les œuvres de ta main depuis l'éter-
iKé. Elles Ûls de Noé dirent : «Amen, Sei-
;Deur. i
Donnons ici, d'après l'ouvrage de G. Weil
|Qe nous avons cité plusieurs fois, un échan-
illnn des circonstances apocrvphes que
^ Orientaux ont ajoutées à l'histoire de
«Dien voulant punir les hommes, or-
onna à Noé de construire Tarche pour lui
I pour sa famille, et de s'y retirtT aussitôt
jnp sa fename verrait Teau sortir d'un four
taé. Ce fut en effet le signe qui annonça
e délace. L'archo flotta pendant quarante
ours dune extrémité de la terre à l'autre,
Q-dessus des plus hautes montagnes; elle
il sept fois le tour de la montagne d'Aba-
ivabeis que le Seigneur avait choisie pour
conserver la pierre noire sacrée qui de-
m servir h la construction de l Kaaba ;
lie s'arrêta enfin sur le mont Bjadi dans
1 Mésopotamie;
(Malgré l'avertissement donné par le dé«
Q^, les hommes retombèrent bientôt dans
f.rs fomes. Cham manqua de respect à
on père, et il en fut puni en devenant
f)Qipléie[Dent noir. Japhet, qui avait partagé
I faute de Cham, resta blanc ainsi que
>$ enfants, mais nul dans sa postérité ne
Qi élevé à la dignité de prophète. Sam
Sffnj fut seul l'ancêtre de tous les prophè-
â parmi lesquels Hud et Salik tinrent un
Mî fort élevé.
«Hud (387) fut envoyé vers les Aad, na-
';»Q de géants qui habitaient dans la pro-
<itic« d'Àden en Arabie; il leur ])r6cna la
^•ei la crainte de Dieu et leur roi Schad-
>1 lui demanda : « Que me promets-tu si
>(ile tes paroles ? » Hud répondit : « Mon
l^f^ te donnera en ce monde un jardin flo-
r^^aiit et des palais ornés d'or et de pier-
^ précieuses. » Schaddad répondit : « le
oainul besoin de ce que tu me promets, car
j- m en ce monde me faire bfltir un pa-
'*i^ somptueusement décoré et avea des
^Mins magnifiques. » Il fit alors bâtir la
»'îb d'irem qui fut appelée la cité des pi-
''<^rs parce que chaque chftteau reposait
'"t mille piliers d*émeraude et de rubis,
^i cliacun d'eux avait cent aunes de lon-
>'im. Il fit ensuite creuser des canaux
' >iessiner des jardins où l'on réunit les
i'iis beaux arbres et les fleurs les plus
[^armantes. Lorsque tout fut terminé et que
1^ [lalais eut été meublé avec un luxe ex-
traordinaire, Schaddad dit : « Je suis main-
'("l'ant en possession de tout ce que le pro-
!''^teHud m'avait promis pour ce monde. »
Mfiis lorsqu'il voulut entrer dans ce palais,
»^»«Q fil disparaître la ville de devant ses
r^T) Hud est vraisemblablement Heber, Gis de
";«lub , nommé dans la Getièse , ex, t *i ; les
^^m\%\t sigoaltnt comme un prophète t't comme
veux et depuis on ne Ta revue qu'une seule
fois sous le règne de Muawia. Schaddadt
et son peuple errèrent dans le désert, ex-
posés à la tempête et à une forte pluie;
lis cherchèrent un refuge dans les caver-
nes, mais Dieu voulut qu'elles s'écroulas*
sent sur eux 'et Hud seul échappa à cette
catastrophe. Le désastre qui frappa ainsi
la race d'Aad porta les Thamudites qui ha-
bitaient près d'eux et qui craignaient un
pareil sort, à quitter leur pays et à choisir
pour séjour la contrée d'Hadjr située entre
la Syrie et l'Hedjas; ils se creusèrent des
habitations dans les rochers et se crurent
ainsi plus en sûreté. Leur roi, Djunda Ibn
Omar comptait, parmi ses sujets, soixante-
dix mille combattants, il s'était fait creuser
dans le roc un palais tel qu'on n'en avait
jamais vu sur la surface de la terre; le
grand prêtre Kanuch Ibn Abid en avait un
semblable. Mais l'édifice le plus somptueux
était le temple où l'on adorait une idole dont
le visage ressemblait à celui d'un homme,
mais qui avait le cou d'un taureau, le oorps
d'un lion et les pieds d'uii cheval; elle
était faite de l'or ^e plus pur et enrichie
d'un très-grand nombre de pierres pré-
cieuses.
« Un jour Kanuch, s'étant endormi après
la prière dans le temple, entendit une voix
qui disait : « La vérité paraîtra et elle dissi-
pera l'erreur. » Il se leva tout effrayé et
courut vers Tidole, mais elle gisait par terre
et auprès d'elle était la couronne qui était
tombée de dessus sa tête. Kanuch appela
au secours, le roi et ses officiers vinrent ,
l'idole fut relevée et la couronne replacée
sur son front. Cet accident laissa dans Tes-
{)rit de Kanuch une forte impression : sa
bi dans les idoles fut ébranlée, son zèle
se refroidit; le roi remarqua ce change-
ment et il envoya un jour ses deux mi-
nistres avec ordre d'arrêter le grand prêtre
et de l'amener devant lui. Mais à peine
avaient-ils quitté le palais du roi quils fu-
rent frappés d'aveuglement, et ils ne pou*
valent trouver la demeure de Kanuch. Dieu
lui envoya deux auges et le fit transporter
dans une vallée éloignée, inconnue aux
Thamudites, où une grotte avait été préparé»
pour lui servir de résidence : tout ce que
réclament les besoins de l'homme s'y trou-
vaient.
« Kanuch vécut tranquillement dans cette
retraite, occupé du service de Dieu et à i'a-
bri des investigations de Djunda qui en-
voya inutilement de tous côtes des émissai-
res afin de le découvrir. Le roi abandonna
enfin tout espoir de le retrouver, et il éleva^
à sa place, son cousin Davudà la dignité de
grand prêtre. Trois jours après son installa-
tion, Davud vint annoncer au roi que l'idole
était derechef renversée. Le roi la fit rele-
ver de nouveau, et Iblis cria de l'intérieur
de la statue: «Persévérez à m'adorer etrésis-
le fondateur d'une école illustre de docteurs de
la loi.
S43
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Hl
tez h tous les efforts que l'on tentera pour
vous faire adopter quelques nouveautés. »
c A la fête la plus proche, comme Davud
allait immoler aui idoles deui bœufs gras,
îfs prononcèrent ces mots d'une voix comme
celle de riiomme : « Voulez-vous immoler
des créatures auxquelles Dieu a donné la vie,
dans ridée de rendre ainsi hommage à un
morceau d*or que vous avez façonné, mais
que le Seigneur tout-puissant a créé? Détruis,
'6 Dieu, un peuple aussi coupable. » Après
avoir parlé ainsi, les bœufs prirent la fuite
et les cavaliers (jue le roi envoya après eux
ne purent réussir à les rejoindre. Dieu réso-
lut dans sa sagesse et dans sa miséricorde,
d*épargner les Thamudites et de leur en-
voyer un prophète qui, par des merveilles
éclatantes, les amènerait à la vérité. 11 en-
voya du paradis un oiseau à Raghwah, la
femme de Raiiuch, pour la suider àlagrolte
où était son mari ; depuis qu il avait disparu,
elle n'avait cessé de répandre des larmes.
Cet oiseau était un corbeau; il avait la tête
blanche comme la neige, le dos vert comme
l'émeraude, les pieds couleur de pourpre,
le bec bleu de ciel , et les yeux comme
deux pierres précieuses; le corps seul était
noir, car l'oiseau n'avait pu échapper entiè-
rement à la malédiction de Noé qui avait
frappé des volatiles et les avait condamnés à
devenir de couleur noire. Il était minuit
Jorsque le corbeau entra dans la chambre
obscure de Raghwah qui était assise sur un
tapis et qui pleurait; la lueur de ses yeux
éclaira soudain l'appartement comme aurait
pu le faire le soleil en plein jour. Raghwah
se leva et demeura frappée de surprise ; l'oi-
seau lui dit: « Lève-toi et suis-moi. Dieu a
vu tes larmes et il te réunira derechef à ton
mari : » Raghwah suivit le corbeau qui vola
devant elle et qui changeait la nuit en jour
par la lueur de ses yeux : l'étoile du malin
n*avait point encore apparu lorsqu'elle ar-
riva devant la grotte de Kanuch. L'oiseau
s'écria alors : « Kanuch, ouvre ta porte à ta
femme,» et il disparut.
« Neuf mois après que Raghwah eut été
réunie à son mari, elle mit au monde un
fils qui était le portrait de Seth et sur le
front duquel resplendissait la lumière de la
prophétie. Kanuch l'appela Salih (le pieux),
et mourut peu de temps après la naissance
de cet enfant. Le corbeau revint à la grotte
pour reconduire Raghwah avec son fils dans
sa patrie. Salih croissait chaque jour en sia-
ture et en intelligence, à la grande surprise
de sa mère et de tous ceux qui le voyaient.
A l'âge de dix-huit ans, il était un des plus
beaux, des plus {robustes et des plus ins-
truits des jeunes gens de son époque. 11
advint alors que Jes descendants de Cham
4 ntreprirent contre les Thamudistes une
guerre qui paraissait devoir amener à de
très-fâcheux résultats pour ces derniers.
Leurs meilleures troupes avaient déjà suc-
combé, et les autres étaient au moment de
fuir lorsque Salih, accompagné de quelques
amis, parut soudain sur le champ de bataille,
et grâce à sa valeur ainsi qu'à 1 habileté des
manœuvres qu'il commanda, il arnchi «
l'ennemi la victoire que celui-ci croy\:
avoir remportée.
«Cet exploit attira à Salih Tattachemeut *.
la reconnaissance des Thamudites, niai»
lui valut aussi la jalousie et la haine du '.
qui conspira contre sa vie. Des meorine.**
vinrent pour l'égorger, mais leurs maiD« fu*
rent aussitdtfrappéesde paralysie, ei i:5:
furent guéris que lorsque Salibeutpritf-ju*
eux. Le nombre de ceux qui croyaient *-.
Salih et en son Dieu invisible alla aiuM -^
croissant, et ils érigèrent unemosqué« (« .-
y prier en commun. Un jour, leroi la Gi-:-
tourerpar ses soldats et il menaça Sà'uuV
ses adhérents de les faire mettre k mor;. -.
leur Dieu ne les sauvait pas par un mirai.*
Salih pria, et aussitôt les feuilles d'uo:-.*
tier qui était devant la mosquée se c'4 •
gèrent en serpents et en scorpions, qui >
jetèrent sur le roi et sur ses satellites, u:-
dis que deux colombes, qui s'étaient po>''
sur la terrasse de la mosquée, criau:;
« Croyez eu Salih ; il est un prophète et i <
voyé de Dieu. »
« Salih fut sauvé par ce double mir; '
et il en survint encore un troisième, œ*
sa prière, l'arbre reprit sa première foni ,
et les Thamudites qui avaient succombée •
morsure des reptiles furent rendus à la n^
leroi resta cependant fidèle à ses i<j< c
cariblis Tendurcit dans son incrédulité.'
parlant parla bouche des idoles, il a}>^->
Salih un magicien et un possédé. Dienal
gea alors les Thamudites d'une îm.i^
mais ce fléau ne les amena pas à se c.:-
vertir.
« Lorsque Salih vit tout Vendurcissec-
des Thamudites, il demanda à Dieu *
néantir un peuple aussi pervers, et, f*»-
dant son sommeil, il fût transporté la:
ange dans une caverne souterraine, •%
resta vingt ans. En se réveillant, il t».
aller faire la prière du matin dans sa il>
quée,caril croyait n'avoir dormi qu-
seule nuit, mais il la trouva en ruiot"^ !
chercha ses amis et ses adhérents, mai5 "
uns étaient morts ; les autres, crovaDi «*-
leur chef s'était éloigné ou avait été se< rc:
nient assassiné, s'étaient sauvés dans un m
tre pays; d'autres, s'écartant de la f
étaient retombés dans l'erreur. Salih ne ^^
vait ce qu'il devait faire. Alors Tange Ga. '
lui apparut et lui dit:« Dieu a relrancheT .
années de ta vie pour te punir de ta^trom,
tude que tu as mise è condamner; luit'
f cassées endormi dans la caverne ; maioicr.''
ève-toi et prêche de nouveau. Voici -
Dieu t'envoie la tunique d*Adam, les san ^
d'Habil, le manteau de Seth, Fanneau o'I i
l'épée de Nué et le bâton de Uud: (ar •
moyen, tu peux appuyer la parole j ai-
merveilles de tout genre. »
«Le lendemain, comme le roi, accump^^
des prêtres, des chefs du peuple ei <>
très-grand nombre des habitants de la « •
se rendait en procession à une chap« t <
était une idole semblable à celle du teaif -
Salih se montra tout d'un coup» et d Jec;
ei5
MOE
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
NOE
64«
au roi d'entrer dans ]a chapelle. « Qui es-
tu?* demanda le monarque étonné ; car
Salih avait tellement changé d'aspect durant
lesTinstans qu*il avait passés dans la caver-
De,quil était méconnaissable. Il répondit :
«Je suisSalih, Tcnvoyé du Dieu unique ;
ce$t moi qui t*ai proche la vérité il y a vinsçt
ans, et je t*aî donne par mes miraclesia preuve
de la vérité de ma mission. Mais comme , à
ce que je vois, tu persislesdans le cultn des
idolestje me montre derechef devant toi, sui-
vant Tordre du Seigneur, et, avec sa permis-
sion, afin dedémontrer que je suis véritable-
ment son prophète, j'accomplirai en ta pré-
sence toutes les merveilles que tu dési-
reras, »
«Le roi se retira à Técart pour consulter
m frère Schihab et le grand prêtre Davud
qui élaitauprès de lui, et celui-ci dit : «Qu'il
fasse monter sur ce rocher escarpé une cha-
melle longue de cent aunes, et* sur le dos
de laouelle toutes les couleurs se réunissent,
dont les yeux brillent comme des éclairs,
doQllà voix soit égale au tonnerre, et dont
les pieds dépassent le vent en rapidité. »
cSalih s'étarit déclaré tout prêt à faire
paraître une semblable chamelle , Davud
ajouta: «Il faut que ses pieds de devant
soient d'or et ses pieds de derrière d'argent,
la tète d'émeraude , les oreilles de rubis, et
«Ile doit porter sur son dos, soutenu par
quatre colonnes de diamant, un pavillon
d'étoffes de soie brodées d'or et enrichies de
{lerles. » Salih ne se montrant nullement
eaibarrassé de satisfaire à cette demande, le
roi dit : « Ecoute-moi, Salih ; si tu es le
(ropbète de Dieu, ordonne k ce rocher de
^ontr'ouvrir, et qu*il en sorte une chamelle
(l'une laille gigantesque, et qu'elle soitsuivie
d'uD jeune chameau qui raccompagne com-
me un enfant {suit sa mère, et qui à peine
ce s'écriera : cDieu est unique, et, Salih est
m prophète et son envoyé.
- Vous con vertirez-vous, y» dit Salih, c si
/Adresse à Dieu une prière , et si un pareil
(Qiraclese manifeste devant vos yeux?
-CertaiRement, «répondit Davud, «mais
celle chamelle doit donner du lait sans qu'on
sit besoin de la traire, et ce lait doit être
froid en été et chaud en hiver.
-^ Sont-ce là toutes vos conditions?» de-
manda Salih.
-*- Il faut de plus, v ajouta Schihab, « que
1^ lait guérisse tous les malades et enri-
riiisse tous les pauvres, et la chamelle devra
ailerà chaque maison appeler les habitants
par leur nom, et remplir de son lait tous les
vaisseaux vides. -
, — Que votre volonté s'accomplisse,»dit'Sa-
lih; • mais j'ai à vous prévenir que personne
ne doit faire le moindre mal à la chamelle,
quUne faut lui refuser ni boisson, ni nour<-
niure; qu'il ne faut ni monter sur elle, ni la
soumettre à aucun travail. »
< Us jurèrent de traiter la chamelle comme
une chose sacrée, et Salih, s'adressant à
I^ieu, dit : «Seigneur, toi qui as formé
Adaai avec de la terre, et qui as tiré Eve
<1 une de ses côtes, Dieu tout-puissant, pour
lequel tout ce qu'il y a de plus difficile est
facile, fais que de ce rocher sorte , pour la
conversion des Thamudites , une chamelle
telle que le roi l'a demandée. »
« A peine Salih avait-il proféré ces paroles,
gue la terre s'ouvrit à ses pieds, et il en
jaillit une source. Le rocher sur lequel
s'appuyait le côté oriental du temple s'agita
et se tordit comme une femme qui souffre
les douleurs de Tenfantement ; une foule
d'oiseaux accoururent , et, remplissant leurs
becs de l'eau de la source, ils la répandirent
sur le rocher; alors la tète d'une chamelle
se montra et bientôt parut le reste du corps,
et elle se tint debout, telle gue le roi Tavail
décrite, et elle cria d'une voix forte : « Il n'y
a pas d'autre dieu que Dieu; Salih est son
prophète et son envoyé. »
« L'ange Gabriel descendit alors du ciel
et toucha la chamelle de son épée de flamme,
et elle mit bas aussitôt un petit qui lui était
exactement semblable , et qui , dès qu'il fut
né, répéta la profession de foi. La oliamelle
alla ensuite auprès des demeures des Tha-
mudites ; elle appela chacun d'eux par son
nom, et elle remplit de lait tous les vais-
seaux vides. Tous les animaux s'incli-
naient devant elle à son passage, et tous les
arbres courbaient leurs rameaux afin de lui
témoigner leur respect. Le roi ne put fer-
mer plus longtemps son cœur à une preuve
aussi éclatante de la toute-puissance de Dieu
et de la mission de Salih; il embrassa ce
prophète , et lui dit : « Je reconnais qu'il
v\y a qu'un Dieu, et que tu es son envoyé. »
Mais le frère du roi et le grand prêtre Davud,
ainsi que tous les prêtres, traitèrent tout ce
qui venait de se passer de prestige et de
sortilège, et ils eurent recours à toute
sorte de mensonges pour maintenir le peu-
ple dans l'incrédulité et dans l'idolâtrie.
Comme la chamelle merveilleuse faisait cha-
que jour de nouveaux prosélytes , parce
qu'elle continuait de donner son lait, et
parce Qu'elle rendait grâces à Dieu chaque
lois qu elle buvait, ils résolurent de la tuer:
bien des jours se passèrent cependant avant
qu'aucun d'eux n osât en approcher. Alors
Schihab fil connaître qu'il donnerait sa fille
Rajan en mariage à celui qui tuerait la cha-
melle. Kaddar, un jeune homme qui aimait
depuis longtemps cette vierge remarquable
par sa beauté et sa grâce, mais qui n'osait
prétendre l'épouser parce qu'il était d'une
naissance obscure, s'arma d'une grande épée,
et, suivi de Davud et des autres prêtres, il
s'approcha de la chamelle par derrière, tan-
dis qu'elle buvait à une source, et il la
blessa dans les reins. Au même instant, la
nature entière poussa un effroyable cri de
douleur, et le petit chameau se coucha en
gémissant sur la cime de la montagne, et
dit : « Que la malédiction de Dieu soit avec
toi, ô peuple pécheur. »
« Salih se rendit à la ville, accompagné
du roi, qui, depuis sa conversion, ne l'avait
pas quitté, et il demanda que Kaddar et ses
complices fussent punis; mais Schihab qui,
pendant ce temps, s'était emparé du gouver-
6i7
DICTIONNAIRE DES APOCRYra^S.
U
nementv le menaça de le faire mettre à
mort, et Salih , obligé de s'enfuir en toute
hâte, ne put leur rien dire, si ce n'est que
Dieu leur accordait encore trois jours pour
faire pénitence, mais, qu'après ce délai, il les
détruirait comme il avait détruit les Aadi-
tes. Sa menace s'accomplit, car ils étaient
incorrigibles. Dès le lendemain leur visage
devint tout jaune, et partout oùentraitla
chamelle blessée, une source desang jaillis-
sait de la terre. Le second jour, les faces
des Thamudites se montrèrent rouges comme
du sang, et le troisième, noires comme du
charbon. Le soir on vit la chamelle, pourvue
d'ailes rouges, s'envoler à travers les airs,
et des anges jetèrent sur le peuple coupable
des montagnes de feu, tandis que d'autres
anges ouvraient les réservoirs des eaux sou-
terraines, qui sont en communication avec
Tenfer, de sorte qu'il sortait de terre des
tourbillons de flammes avant la forme de
chameaux. Au coucher du soleil, tous les
Thamudites étaient réduits en cendres; Salih
seul fut sauvé, ainsi que le roi Djunda, et
ils se retirèrent tous deux en Palestine, oCi
ils tinirent leur vie dans la solitude. »
Saint Augustin [De civit. 7>ei, lib, xviii,
€. 38) parle d'écrits d'Enoch et de Noé com-
me dépourvus d'autorité chez les Juifs et
chez les Chrétiens.
Hollinguer, dans son Historia patriarcho"
rum^ expose en détail les questions qni v
sont élevées au sujet des circonstances reii-
tives è la vie de Noé; nous nous bornen,;c
pour ces détails et pour d'autres du. méi-
genre concernant les divers patriarches ^
renvoyer au travail de l'érudit que noc^
venons de nommer. Nous sortirions du u-
dre dans lequel nous avons dû nous circoD^
crire, si nous traitions bien des poiabsac
importance, et si nous retracions tout ce '{>;.*
l'imagination trop féconde des commen;.-
teurs Juifs a réuni en fait d'anecdotes n &-
trouvées touchant la vie des persooua^cs
illustres de l'ancien testament.
L'histoire de Noé a fourni le sujet de que*
ques œuvres dramatiques ; nous connaisso'-
en ce genre :
Le Déluge univernl^ tragédie en cinqaci^
et en vers par Hugues de Piure, avocat» P.v
ris, 16fc3, in-8\ L'auteur de cette pièt<»,Mrr
gulière et fort rare, la dédie au cardinal M»-
zarin, qu'il appelle un des premiers o/^Wen
de Dieu, en le félicitant d'employer sa vui-
lante sagesse àconduire Varche numarcAtç»/,
afin qu'elle soit doucement conserrée parai
les troubles qui, comme le déluge du im*
de Noé , c se sont espandus par toute :?
terre. »
El Arca deNoe^ de don Antonio Hartinez,
dans le tome XXil (1665) de la collection «1»
Comedias nuevas escogidai.
NORIA, FEMME DE NOÉ.
Saint Epiphane nous apprend gue les
nicolaïles, secte de gnostiques, attribuaient
à Noria des livres remplis de fables et d'im-
{ piétés ; ces hérétiques prétendaient que cette
emme, croyant que l'entrée de Tarcbe lui
était interdite, y avait mis le feu, et ils' la
regardaient comme liguée avec les puissan-
ces qui résistaient à rautorité du principe
auquel était due la création du monde. Ci-
tons d'ailleurs à cet égard les paroles de
''évèque de Salamine :
Ergo isti cum Nicolao conjuncti et ab eo
velul su^venianeo êerpenlis ovo scorpii^ sive
axpidibus prognati^ quœdam nobis tnaniter
sonantia nomina librogque commentisunt:
velul inter cœteroi quem Noriam appellant^
atqueex superstiliosis gentilium opinionibus
conformatie ad inslilutum suum nugis illis
ac fabulis veritati mendacium admiscent.
Qutppe Noriam istam Noemi conjugemfaciurU.
ijuam idcirco Noriam vocant^ ut quœ a Gen^
lilibus concinnata sunt , barbaris vocibus
dissimulantes circumventis a se hominibus
facilius illudant; quo quidem pacto ut Pyr*
rhœ vocabulum interpretando reddertnt^ No-
riœ appellationem indiderunt, Nam cum Nara
apud Hebrœos ignem, non illa quidem secre-
tiore lingua, sea Syriaca significel^ Hebrœi
siquidem ignem E.<auts nomînant ; illi pr*
inscilia atque imperitia eo vocabulo suntakp.
Atqui neque Pyrrha illa Grœcorum ctlettii'i
scriptis^ neque ab illis con/ùta Nom f^
Barthenus Noemi conjux fuit. GrœcM'^
Pyrrham Deucalionis uxorem fuisse iw»>
rant. Tune causam adferunt iidemiii\^*'
Philislionis mimos iterum nobis oblruiiu^i
Cum enim , inquiunt , in arca t$»t (^"^
Noemo cuperet^ nunquam id et permisse
est; quod eamPrinceps mundi conditor um
cum cœteris omnibus dÙuvio vellet exstinguat
Ergo hœc invidens arcœ nonsemel actecund*,
sed sœpius adeoque teriio tllum inct^dû,
Quo factum est ut ad complurts annot «
Noemo hœe arcœ structura prorogata (unii,
cum ab illa sœpius esset exusta, Siquiàm
Noemus Principi se obsequenlem prasto^ >
Noria vero superas virtuteSf etabnspr<^
fectam Barbelonem principi conlrarium i»-
dicavitf quemadmodumet aliœfecere tirtuU*,
atque illud prœterea docuit : Oportert ?»'
supremœ parenti a Conditore mundi prinfif
ac reliquis qui cum eo sunt diis at<fik€ oniti^^
et dœmonibus erepta «tin/, ex tnsito (^r-
porum vi per marium se feminarum pro^*'
via co digère.
j
C49
ORP
PART. IH. — lEGEXDES ET FRÂGHENTS.
ORP
tu
o
OG.
Le décret du Pape Gélase mentionne par-
ni les ouvrages apocryphes : « le Livre aOg
h géant qui, avant le déluge, avait combattu
avec ie dragon, n C*est à tort que quelques
critiques ont pens^ qu*ii fallait lire après le
déluge ; une fabie rabbinique prétend qu*Og
échappa au déluge en montant sur Tarcbe;
elle se retrouvas dans le 'Targum ou Para-
phrase chaldaïque (588).
• 04, roi de fiasan ou de Baschone , est
rûeiitionné dans le livre des iVom6r«5,ch.xxi,
33, comme ayant été vaincu par les Is-
raélites.
BenUnziel rapporte sur lui, d'après IcTai-
mud, une historiette qui donne une idée de
ce que les anciens docteurs juifs ont inventé
en ce genre : « Quand Og vit le camp israé-
.1(6, qui avait six parasanges d'étendue, il
ùi( : t Je veux seul entreprendre le combat
((inlre ce peuple. » 11 détacha à cet effet
une montagne de six porasanges d*étendue
M la posa sur sa tête pour la lancer 3ur les
Iraélites. Dieu fit venirjun insecte, qui, per-
dant la montagne par le milieu, y fit enfon-
cer la tôle d'Og; celui-ci, voulant se déga-
ger, ne put en venir à bout, parce qu'une de
^es dents avait poussé fort avant. Moïse prit
alors une cogné»*- de dix coudées de longueur,
w sautant en Tair à dix coudées de hauteur,
il frappa le géant à la cheville du pied. En
tombant , le corps d'Og toucha ie camp Is-
raélite. »
Des auteurs arabes racontent le même fait
l'ec quelques différences. D*après eux, Og
^vait arraché une montagne pour la lancer
snr les Israélites ; Dieu, exauçant les prières
■ie Moïse, ordonna à un oiseau de se placer
^ar le sommet de cette montagne et d*y faire
un irou avec son bec, afin qu'elle tombât
comme un collier sur le con du géant. (Fogf«
la Chronique de Tabari, traduite par M. Du-
beux, p. M.)
Il serait d ailleurs facile de réunir d'autres
n^cits tout aussi apocryphes au sujet des
géants, à regard desquels les anciens auteurs
juifs se sont étendus avec complaisance. Nous
n'examinerons point ici la question bien
controversée du véritable sens qu^ïl faut at-
tribuer au mot hébreu qui se trouve dans
la Genèse, ch. vh, ^, et que les Septante ont
rendu par ^iya^zsç,
La dissertation de dom Calmet sur les
a;éanis{DissertationsquipeuvenC servir depro-
ïégomènes de V Ecriture sainte^ tom. H, lï*
pcirlie), est un morceau ûes plus savants,
quoique dénué d'une critique juste etsûre«
Cuvier s'est entouré avec beaucoup d'érudi-
tion de tous les ouvrages sur la gigantologie
^tom. I de ses Recherches sur les ossements
fossiles f p. 101, 3' édit.). 11 donne avec dé-
tail l'histoire de la polémique qui s'éleva, en
1613, entre les médecins Habicot et Riolan
à l'égard du géant Teutobocus, dont le pre-
mier de ces docteurs prétendait avoir re-
trouvé les restes.
Ces os sont aujourd'hui au Muséum; ils
n*apparlienneht pas à l'éléphant comme l'a-
vait cru Riolan, mais au mastodonte.
On peut consulter aussi, au sujet des
géants, M. Berger de Xiviey, Traditions té-
ratologiques, 1836, in-8% p. 189-193; Virey,
Dictionnaire des sciences médicales ^ Hviiclo
Géants; de Eeiffenberg, introduction à la
Chronique de Philippe Mouskesy Bruxelles,
1836, iQ-&% 1. 1, p. Gxxi. 11 y a de l'érudi-
tion dans un écrit imprimé èi A Itona en 1756:
De gigantibus nova disquisitio^ auctor. J. San-
gatell, edid. G. Schut^e.
ORPHEE.
Dans les premiers siècles du christianis-
me, le nom d'Orphée, presque oublié de la
ijrèce , brilla d'un vif éclat et jouit d'une
haute autorité, grâce à des écrits récemment
fabriqués à l'usage du paganisme expirant
et remaniés par des Chrétiens. D'illustres
docicurs, tels que saint Augustin et saint
Jérôme, n'ont pas dédaigné d'emprunter
•Jans leurs controverses le secours de ces
productions apocryphes. (August. , Contra
taustum, I. XIII , c, 15, et De civit. Dei^
ï- xvni, c. 23; Hieronym., Contra Jovinia-
1«w», I 1); avant eux, deux docteurs de
TEglisî grecque, Théophile d'Antioche et
(58K> Ad Ce», xrv, 13. • Et venil Og qui cva-
serat'ei virisqui mortui erant in diluvio, et îr-
«]uitaTeratarcx,ei erat operimenlum in cacumine
^JU5. Alebatur auiem ex cibis Noacb , nec jiistilia
DicTioNN. DES Apocryphes. II.
Clément d'Alexandrie {Cohort. ad gentes) ont
pensé me le mythe d'Orphée adoucissant les
bètés féroces au son de sa lyre, était une
sorte d'inaage symbolique de Dieu fait hom-
me, et attirant a lui les cœurs par je charme
de sa parole.
Ses hymnes, qui doivent nous occuper
spécialement, ont été souvent imprimés avec
les autres productions de ce noëte, notam-
ment en 1517, in-8% chez les Aides; en 1566,
dans les Poetœ Grœci^ publiés par Henry
Estienne; en 1606, dans le Corpus poetarum
Grœcorum^ édité par Lectios ; en 1764', dans
sua ercplns est, sed ut vidèrent incolx mundî for-
tiludinem Dei, et dicer<}nt : Annon gigintes qui
erant ab iniiio , rebellaruni in DoiDiiium mundi cl
perJiii sunt ex terra, etc. »
21
«51
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
l'édition aa Gesner; en 1805, dans celle
d*Hermann.
Il existe aussi diverses éditions des hym-
nes; Hoffmann [Lexicon bibliographicum t
t. III» p. 186), en mentionne dix; les plus
remarquables sont celle de Leyde » 1695 [ex
Officina Plantiniana) , où Ton trouve la tra-
duction et les notes de Scaliger» travail qui
avait déjè paru dans les Opuscules de Scali-
ger (Paris, 1610 ou 1615, in-4% et qui a été
reproduit par Maittaire , jlfïic«//anea Grme,
aitauoi icriptor. carminat Londres, 17^,
in-V). Un critique anglais, Wakefield, a de
même publié ces hymnes dans sa Sitva cri'
ticaj Londres, 1703. Diestch les a donnés en
grec, en les accompagnant d'une traduction
«llemande qui est estimée (Erlangen, 1822,
in k^) , et qui avait deux ans auparavant été
mise au jour à Nuremberg. £n 178ik, Tobler
en avait aussi donné une version allemande
"dans le Muêée suisie. Quelques-uns ont été
traduits en italien parGaremberti, parZano-
Uni, par Strocchi. Dodd en joignit six à sa
traduction anglaise de Callimaque. Thomas
Taylor les fit passer en anglais, et y joignit
un discours sur la vie et la théologie d'Or-
phée ; Londres, 1787, in-8*, 1792, 182<^.
Le Lexicon d'Hoffmann que nous venons
de citer indique de nombreux critiques qui
se sont occupés d*Orphée ; nous nous con-
tenterons de signaler Gerlach : De hymnis
Orphiciif Goltingue, 1797 ; Lobeck , De Or-
phei theoaonia etsermone jocro, Rœnigsberg,
1827 *, Schneider, De dtUfia earminum Orphi^
eorum auctoritate et vetuitaUj Franciorty
1777; Snedorf, De Orphei Aymnt>, Leipzig,
1786 : Tiedemann, Vte et syitime d'Orphée
(en allemand) dans son livre sur la philoso^
Shie primitive des Grecs, Leipzig, 1780;
oega. Sur le dieu d'Orphée (en allemand)
dans le recueil de ses Dissertations diverses^
publiées par Welcker, 1817, p. 211-26^.
Les critiques les plus judicieux pensent
Sue les poèmes orphiques ont été fabriqués
ans les premiers siècles de l'ère chrétienne;
Je dialecte qui y domine est celui d'Alexan-
Hlrie ; on y rencontre même des locutions
d'une époque plus moderne. La poëme sur
les pierres renferme des allusions évidentes
au mysticisme des néo-platonîciens. (Voir
Séguier de Saint-Brisson, Annales de philo-
Sophie chrétienne^ 3* série, 1. 1, ç. 4â, et o^
Sainte-Croix, Mystères du paganisme, 2* ét'i-
tion, t. Il, p. 60-64.)
Un érudit qui a jeté sur les doctrines do
paganisme grec une vive lumière, Lot>e«k.
s'est occupé de cette question. {Aglaopkamut,
sive de theologiœ Grœcorum mysticm ceutu,
Rœnigsberg, 1829, 2 vol. in-S*, p. 353-^0.
D'après lui, ces hymnes remontent, dans le
principe, à une haute antiquité; mais ei.^i
ont subi un remaniement très-considén*
ble; plusieurs écrivains de ^antiquité par*
lent d'un Athénien nommé Onomacrite, corv
temporain de Thémistocle, et qui s*occui aii
de divination; ils le signalent romue élsni
l'auteur des hymnes qui portaient le ooœ
d'Orphée. (Voy. entre autres Eusèbe, Prépar
évang.f I. x, c. k; t. II, p. 97, de la tra<Ju<^-
tion de M. Séguier de Saint-Brisson.) Ma;)
les critiques les plus judicieux regardent ces
écrits, tehs gue nous les possédons , comme
bien postérieurs à Tépoçu*) où vient ce c/'O*
temporain des Pisistratides. Un érudit an-
glais, Tyrwhitt, pense que leur rédartioû
actuelle a eu lieu peu de temps après Coos-
tauiin.
On peut aussi consulter, k cet égard, 'i
dissertation de Rœni^smann, De œtaUcv-
minis quod sub Orphei nomine circumfertur,
Schleswig, 1810, in-fc' ; et G.-H. Bode» das^
une dissertation : De Orpheo poetarumGrf-
corum antiquissimOf Gottingue, 182V, niî';
et dans son Histoire (en allemand) de lapw-
sie helléniquCy t. I, p. 87-190.
N'oublions pas les savants travaui •
M. Alfred Maury, consignés dansdeuiV^
moires qui se trouvent dans la publier.
française de Touvrai^e de Creuzer sur -
Religions de l'antiquité: Des rapports hifi^-
riques des pythagoriciens et au pytkagf'ry-
cisme avec les orphiques et leur donnK
t. III, p. 935; De la cosmogonie orphtijt
p. 956.
p
PATRIARCHES.
(Révélations des patriarches et des prophètes )
Cet ouvrage ne nous est connu que par ce
Îu'en dit saint Jérôme dans son écrit contre
igilance. Voici les paroles du saint docteur :
« Tuj Yigilans, dormis et dormiensscribiSy et
propinas mihi librum apocryphum qui sub
nomine Esdrœ a te et similibus tui legiturf
ubi scriptum est quod post mortem nullus pro
cliis gaudeat deprecart^ quem ego librum nufi-
quam legi; quid enim necesse est in manus
sumere quod Ecclesia non recipit?,... Et si
B)9) Us se trouvent aussi en latin dans le tome
, frand. in-8«.
tibiplacuerit, legito fictas revelationesomnii •
pairiarcharum et prophetarum et eum i/*'
dediceriSf inter mulierum textrintu (^'"'
tato.
Quelques savants ont cru qne, par ce$ rr-
vélations, saint Jérôme entendait les Tm^
ments des douxe patriarches qut nousaTObi
insérés dans le tome 1" de notre Diction*
naire (589) ; mais, d'après les CaiM/i/M/i^y
apostoliques, lib, vi, c. 16, le Synopif Je
!•• de la Patrologia Grœca, LatiuitscMtâ, H'P''
6^
PAL-
PART. III. -« LEGENDES ET FRAGMENTS.
PAU
0S4
saiol Athanase et d'autres téinoîgnnges, on
sait qu*il existait des livres attribués aux
patriarches. Le concile de Braga les con-
damna (Can. 17y Concil.f t. V, p. 839, édit.
de Labhe) : Si quit scripturas guas Priscil-
lianus secundum $uum depravavit errorem^
rd tractatuê Dictinii quos ipse Dictinius an-
uquam converieretur, êcripsU^ vel quœcunqut
kœredcorum $ub nomine patriarcharum ^prO'^
pftetarum^ vel apostolorum seu errori consona
confixerunt^ legit^ et impia eorum figmenta
êequUur aui defendiif anathema $U
Les Conslitutiom apoitoliques (I. ti, c. 16)
indiquent, entre autres ouvrages apocry-
phes, un écrit intitulé Des trois patriarches.
Colelier pense qu'il s*a^issait d*Abraham«
dlsaac et de Jacob. La Synopse d'Alhanasc
et le Canon de Nicéphore, cités dans notre
Introduction, contiennent : Le Testament de
Benjamin^ ouvra^^e qui était peut-être celui
qui fait partie des testaments des enfants de
Jacob.
PAUL (SAINT).
(Ecrits attribués ou relatifs à saint Paul.)
ÂDocalypse^ Ascension et Vision de saint
Paul. — ljè passage remarquable dans lequel
Tapôtre dit avoir été ravi au troisième ciel
(// Cor. XII, 4), dut naturellement suggérer
l'idée d'écrits relatant ces mystères ineffa-
bies. Denvs d'Alexandrie, cité par Eusèbe
{Hist, ecctes.^ I. vu, c. 25), dit que le saint
ue mit point par écrit ses révélations sur-
naturelles : In epistolis nonnihil de révéla-
tionibus suis indicasse^ sed in proprium volu-
men illius non retulisse. Toutefois, desgnos-
liques supposèrent à cet égard des écrits
que réprouve saint Epipbane (hœres. 18,
n. 3) (590).
L historien byzantin Michel Glycas rap-
porte dans ses Annales qu*il circulait parmi
les hérétiques un livre contenant le récit des
cfioses que saint Paul avait vues au troi*
sième ciel ; mais l'imposture était mani-
feste, puisque l'apôtre avait expressément
déclaré que nulle langue ne pouvait expri-
mer ce qu'il avait vu et entendu.
Vers la Qn du iv* siècle, il se répandit une
Apocalypse de saint Paul, ainsi que le con-
state saint Augustin (591). Sozomène {Hist.
tccles.^ 1. vil, c. 19), dit aussi que certains
luoines vantaient cette Apocalypse^ et qu'on
prétendait 'que le manuscrit avait été dé-
couvert sous te règne de Théodose, et grAce
à une révélation divine, dans la maison de
(590) I In alium insupcr Paoli aposloli nomitie
libdium excogitarunt , pteniiin rebua qu» eloqui
nefas est. Huiic ei ii quos Gnoslicos vocant, adhi-
Iwrcsoleut, quod PauliAnabatieumyocAui cujus sup-
posiiii operis ansam ex eo ceperaiit, quodApostoius
[Il Cor. XII, 4) ipse tesutur se in teriium usque
cunscendisse ctelum , arcana ibidem aodisse verba
f|uc non iicet honiini loqui. Haec aulem, inqaiunt,
aroana il la vecba sunt. »
Remarquons en passant qu*il existe une disser-
taiioii de B. Eising , De pseudepigraphis S. Pauti ,
Leipiig, 1707, in -4*. Elle esl peu connue, même
<-!! Atleoiagne, car Fabricius n*eo a point fait
meiiiioii.
(5B0 c Quidam spiritualium ad ea pervenerant
fuff non ticet homini loqui , qua occasione visui
qtiidam Apocalypsin Pauti qiiam sane non recipit
Ëcclesia, nescio quibus fabulis plenam slullissima
prxsanciione linxerunt, dicenies banc esse unde
«lixerat raplum »e fuisse in teriium cœlum, et illic
audisse ini^flabilia verb» quœ non tieet homini loqui,
luunqoe illoram tolerabilis essel audacia si se
aodkse dWisset quse adliuc non Iicet homjni loqni.
saint Paul à Tarse, enfermé dans un coffra
de marbre. 11 traite ce récit de fable, et pense
que le livre en question avait été fahrii]ué
par des hérétiques (592), Ce qu'il dit h cet
égard est reproauit dans VHistoire ecclésias-
tique de Nicéphore.
Théophylacte, dans son Commentaire sur
VEpitre aux Corinthiens^ signale l'Apoca-
lypse de saint Paul comme un livre supiposé.
Le patriarche d'Alexandrie, Marc, qui vivait
au commencement du xiir siècle, men-
tionne (les Visions de saint Paul parmi les
livres répandus en £^yj)te, et demande
h Théodore Balsamon, légiste alors lort cé-
lèbre, si on peut les lire ; le jurisconsulte
répond qu'il faut se délier des écrits forgé;)
par les hérétiques, et auxquels on a donné
des noms respectables; quoiqu'ils aient l'éti-
quette du miel, ils sont plus amers que l'ab-
sinthe (593).
Nicéphore Homologeta, ou le Confesseur,
qui vivait au ix* siècle, range l'Apocalypse
de saint Paul avec celles d'Esdras et de Zo*
zime, et divers actes supposés des martyrs,
parmi les livres qu'il faut rejeter et non
admettre (59/»)'
Assemani (Bibliotheca orientalis, t. Ilf,
1. I, p. 282) mentionne comme se trouvant
au Vatican un manuscrit arabe contenant
une Apocalyso attribuée à saint Paul.
Cum vero dixcrit qua non ticet homini loqui, iiti qui
sunt qui liaec audeant impudeuter et infeliter loqui 1
(Traci. 98 in Joan.) •
(592) c Ëam vero qoae nune quasi Pauli apostoli
reveiatio circumfertur, quain nuUus veterum affno«
vit, plurimi ex monacliis valde commendant. Qui-
dam autem affirmant bujus de quo agimus impe-
ratoris n'beodosii magni) temporibus repertum esse
hune librum. Aiunt enim apud Tarsum Ciliciae'in
asdibus Pauli arcara marmoream, Deo révélante, sub
lerra inveniam esse in qua hic liber esset recon*
ditus.Mibiverohacde re percuuctanti falsumideisa
dixit Gilix quidam presbyter Ëcclesi» Tarsensis»
^uem quidem jam granUasvum esse ipsa cauiiies
indicabai. Aiebat autem se uihil ejusmodi apud
ipsos gestes comperisse, ac suspicasse ne id ab hae-
reticis conflctum esset. •
(593) Voy, E. Boneroud, Jus orientâtes p* 840,
et Marquard Freher, Jus Crmeo-Homanum , L i •
p. 365.
(594) Ses Canons se trouvent dans les recueils da
Bonefond et de Freher, que nous venons de citer.
«5»
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
(M
Un auteur grec, Théodorn le Grammai-
rieut mentionne VApocaly$e de iaint Paul
comme étant l*Œuvre« non de l'Apôtre, mais
de rhérésiarque Paul de Samosate. (Fabri-
eios, Cad. N. Test., t. l, p. 954.)
11 ne faut pas confondre avec VApoca^
lyp$e de saini Paul , répandue dans les pre-
miers siècles de TEglise et aujourd'hui per-
due, un ouvrage composé au moyen âge*
et qui offre le récit du voyage de saint Paul
dans la région de Tenfer et du purgatoire
où saint Michel le conduit. Grabe avaU, il y
a longtemps, sip:nalé dans son Spicilegium
Pairunij 1. 1, p. 85, un manuscrit de cette
production conservé à Oxford dans la biblio-
thèque du collège de Merton. Il en existe une
rédaction provençale, dont parle M. Fauriel
{Uistoire de la poésie provençale, 1846, t. 1,
p. 260-262). Le trouvère Adam de Ros,
s*exerçant sur ce sujet, a écrit en vers une
Descente de saint Paul aux enfers, que nous
nous bornerons à mentionner ici, puisque
nous Tavons reproduite dans le Diction"
naire des légendes du christianisme ^ col.
1035« d'après M. Ozanam (Dante et la Philo-
Sophie chrétienne au xiu' siècle, 1839, in^S**,
p. 3W-355).
Prédication de saint Paul. Cette production
paraît avoir été répandue dans les premiers
siècles de TËgiise, et Clément d'Alexandrie
[Strom., lib. vi) en a reproduit un passage
que nous allons donner dans la traduction
latine :
Quod uti Judœos salvos esse Deus voluit,
dans eis prophetas, ita etiam Grœcorum pro'
batissimos excilans propriœ suœ linguœ pro-
phetas, prout apti erant ad recipiendam Dei
àeneficentiam, a vulgo hominum secreverit,
declaraverit propter Pétri prœdicationem
apostolus hoc affirmons Paulus : Librosquo-
que Grœcorum sumite, agnoscite Sibyllam
quomodo unum Deumsignificaret, etquœ sunt
futura: et Bystapemrsumentes legite, et in-
venietis Dei Filium multo clarius et apertius
êcriptum, et quemadmodumadversus Christum
mutti reges instruent aciem odio habentes
illumet istosqui gestant nomen ejus, et fidèles
ejus illiusque tolerantiam et adventum,
Deinde uno terbo nos interrogat : Totus au*
tem mundus et quœ sunt in mundo, cujus
êunt? Nonne Dei? Pr opter ea dicit Petrus Do-
minum dixisse apostofis : Si quis ergo, etc.
Le livre de la Prédication de saint Paul
est de même mentionné dans un Traité sur
le non-renouvellement du baptême des lUréti*
ques que Sirmond découvrit parmi les ma-
nuscrits de l'église de Saint-Remy à Reims,
-' et que N. Rigault publia à la fin de son é<ii-
tion des œuvres de saint Cyprien; Cave, dans
son Uistoria litieria scriptorum ecclesiasti"
corum, mentionne un manuscrit du Vatican
qui indique pour auteur ae ce traité If
moine africain Ursinus qui vivait au r siè-
cle; cette circonstance contrarie ropioiond'^
quelques savants qui regardaient cet érr t
comme'plus ancien. Quoi qu'il ensoit, voi-i
le passage qui nous intéresse en ce moisera :
Est autem adulterini hujus^ imo interne-
cini baptismatis, si quis aliuM auetor lum
etiam quidam ab eisdem ipsis hœreticis prop*
ter hune eumdem errorem conscriptus liber,
?rtii inscribitur Pauli prœdicatio. In quj
ibro contra omnes scrtpturas et de peccah
proprio confitentem inventes Christum, qni
solus omnino nihil deliquit^ et ad accipun-
dum Joannis baptisma pêne invitum a mairt
sua Maria esse compulsum : ita rum hay-
tizaretur ignem super aqiuim esse risun.
Quod in lEvangelio nullo est êcriptum. Lt
post tanta tempora Petrum et Paulum pôii
collationem Evangelii in Hierusalem et mu-
tuam altercationem et rerum agendarun
dispositionem, postremo in urbe quost tut t
primum invicem sibi esse cognitos. Et quf-
dam alla hujucemodi absurde ac turpiitr
conficta. Quœ omnia in illum librum tnu-
niens congesta.
Actesdesaint Poulet deThècte. — IlssontriiM
par TertuI lien (595) et par saint Jérôme ;5%
qui les mentionnent comme !*œuvre u'un
prêtre d'Asie lequel, obéissant à un zèle peu
éclairé, avait, ainsi qu'il l'avoua lui-IDéa]^
écrit cette narration dans le dessein de re-
hausser la gloire de l'ApAtre. Un grand nom-
bre de Pères ont parié de sainte Tliè^lo;
nous citerons entre autres saint Cyprieo,
saint Epiphane, saint Grégoire de Nazianze,
saint Grégoire de Nysse, saint Ambroise,
saint Jean Chrysostome, saint Isidore <if
Peluse et bien d'autres. (Voy. Pamelius, .4^
Tertullianum; Baronius, Ad Martyrolopm
Romanum, 23 sept., etc.) P. Pantin a fiuMif,
en grec et en latin, deux vies de cette saisk,
l'une extraite de Siméon Métaphrasle, Ta.-
tre, sous le nom de Basile de Séleucie, mai)
il faut observer que cette dernière est ec
prose, ce qui donne des doutes sur son aa-
thenticité, car Photius (Cod. 168) dit qje
l'ouvrage de Basile était en vers. Grabe a
inséré, dans son Spicilegium Patrum, ics
actes de sainte Thècte, en grrc, d'après aa
manuscrit d'Oxford (fonds Ba^occianus), ea
y joignant une version latine et d^ nolcf,
et il y a joint, d'après un autre manuKni
(fonds Digby), une rédaction iaiine.
Nous donnerons, à l'article Thèclbi la re*
lation apocryphe de la Vie de cette sainte.
(595) De bapiisme, c 17. c Qaod si , qui Paoli
periier^m scripta legani, eiemplum Tbecise ad li-
ceiitiam mulieruni docendi (ingendique defcRdunI ,
aciaot in Asia presbyleruni qui eam pcripluram
eonaimiit quasi liiulo Pauli de auo cuinutaus,
^louvictum aique confeasam id se aroore Pauli
fccisae, loco decessiase. t
(59U) Catat. script, ecctes. i Pêriodicani PauHVi
Thecl» et lotaro baptizati Leonis fabubm ia^^^
apocryplias scrlpturas computatVius. Qnale eoin »<
ui iudividuus comea aposioli ^Lucas) inicr caeicfai
fjus res hoc solum ignoraverit. >
657
FAU
PART. III. ^ LEGElNDES ET FRAGMENTS.
PAU
85»
HISTOIRE DE SAINT PAUL,
tCaprèi Vliiiioire apoUoUque tTÂbdias, lib. ii (597).
CHAPITRE PREMI-ER.
Ilyeal, dans la vil le de Jérusalem» ua
homme nommé Saul, de la tribu de Benja-
min (598), très-instruit dans les livres de
Moïse et dans toutes les cérémonies de la
loi (599), qui étaient alors exécutées selon
]a lettre, sans qu'on y Ot aucun changement.
Il tourmentait r£glisedeDieu,entrantdans
les maisons et traînant les hommes et les
femmes en prison, et chaque jour il rassem-
i)Iait une grande foule de Juifs. Et lorsqu'il
exhalait des menaces de mort contre les apô-
tres du Seigneur, il vint au prince des prê-
tres et lui demanda des lettres pour les sy-
na^^ogues de Damas, afin que sil trouvait
dans cette ville des hommes ou des jfemmes
appartenant à la foi de Jésus-Christ, il pAt
les mener liés à Jérusalem. Et s'étant mis
en route dans ce dessein, il arriva que,
lorsqu'il approchait de Damas, il fut subite-
ment entouré d'une lumière venant du ciel,
et, tombant par terre, il entendit une voix
qui disait : « Saul, Saul, pourquoi me per-
sécutes-tu? Il est fâcheux pour toi de regim-
ber contre l'aiguillon (600). » Et il dit :
• Qui es-tu, Seigneur? » Et la voix répondit :
< Je suis ce Jésus que tu persécutes. Lève-
toi, et entre dans la ville, et ce que tu dois
laire te sera annoncé. » Et les hommes qui
l'aiM^ompa^naient restaient frappés de stu-
peur, car lis entendaient la voix, mais ils ne
voyaient personne. Et Saul se releva, mais,
ouTranl les yeux, il ne voyait rien. Et ses
compagnons, le conduisant par la main, en-
trèfenl à Damas. Et il resta trois jours privé
de la vue, ne mangeant ni ne buvant. Et il y
avait à Damas un disciple de Jésus-Christ
nommé Ânanie (601), et le Seigneur lui ap-
parut el lui dit : 1 Auanie. » Et il dit : « Me
îoici. Seigneur. » Et le Seigneur lui dit :
t Lève-loi, et va dans la rue qu'on appelle
Droite, et cherche dans la maison de Judas
pn nommé Saul, de Tarse. Il est en prière et
il t'attend, atin qu'en entrant tu mettes les
mains sur lui pour qu'il recouvre la vue.»
El Ananie répondit : a Seigneur, j'ai en-
(397) Jacques de Voragine a , selon son usage ,
pns iilistoire apoitolique d'Abdias pour base du
r<^ il qu'il fait de la vie et de la mort de sainl Paul.
[]oy. le Dictionnaire dei légendes du chmlianiume
^'im. 1856, col. iOia.)
(598) Rom, xi , 1 ; Philip, ni , S. La suite de ce
r^ii jusqu*au chapitre vu est un abrégé des Actes
^uapàtrtê. [\ est inutile de multiplier des renvois.
1^09) Il existe des dissertations spéciales sur le
savoir de saint Paul, composées par Strobach , De
ff^diiione Pauli apostoli , Lij>siae, 1708, in-8»; par
[jcbnnim , De stupenda erudiiione Pauli apostoli ,
Merbipoli, 1710. iu-4*; par Tlialemann , De erurfi-
'*?^ '^^«'i hebruica, non graca, Lips^ae, 1769, in-4».
(600) Proverbe grec qu'on trouve dans Eschyle ,
dans Pindarc et dans d*auiref auteurs. Téreuce le
leproduil :
Namqoe inscttia est
AdTersom stimolvm calces. . . .
(TtWRT., Phormio, act I, se. u, vers. 38, ».)
(Ml) On rapporte qu'il fut un des soixante-dix
tendu beaucoup de gens parler de cet bomme
et dire combien il avait fait de mal à tes
saints à Jérusalem. Et il a reçu du prince
des prêtres le pouvoir de lier tous ceux qui
invoquent ton nom. » Et le Seigneur dit :
« Va, car cet bomme est pour moi un vase
d'élection atin qu'il ()orte mon nom devant
les nations, et les rois et les Qls d'Israël. Je
lui montrerai quelles souffrances il doit en-
durer pour mon nom. »Et Ananie alla, et il
entra aans la maison, et mettant les mains
sur lui, il dit : « Mon frère Saul, le Seigneur
Jésus qui l'a apparu sur la route que tu sui-
vais, m'a envoyé vers toi afin que tu voies et
que tu sois rempli de TEsprit-Saint. » El
aussitôt il tomba des yeux de Saul comme
des écailles, et il recouvra la vue. Et se le-
vant, il fut baptisé, et lorsqu'il eut pris de
la nourriture il fut fortifié (602).
CHAPITRE IL
Et il resta quelques jours avec les disci-
ples qui étaient à Damas, et se tenant dans
les synagogues, il prêchait que Jésus était
le Fils de Dieu. Et tous ceux qui le voyaient
étaient frappés de surprise et disaient :
« N'est-ce pas lui qui persécutait dansJérusa-
1^ ceux qui invoquaient le nom de Jésus, et
qui. est venu ici pour les amener liés au
prince des prêtres ?» Et pendant ce temps
Paul se rétablissait de jour en jour, et il con-
fondait les Juifs qui habitaient Damas, en
montrant que Jésus était le Fils de Dieu.
Et beaucoup de jours s'élant passés, les
Juifs tinrent conseil pour le faire mourir,
mais leurs embûches furent aussitôt con-
nues de Saul. Ils gardaient les portes nuit et
jour afin de se saisir de lui , mais pendant
la nuit, les disciples le descendirent du haut
des murs dans une corbeille. Et lorsqu'il fut
venu à Jérusalem, il tentait de se joindre
aux disciples de Jésus-Christ. Mais ceux-cL
le craignaient, ne croyant pas qu'il fût con-
verti. Enfin Barnabe le conduisit aux apô-
tres, et il leur raconta qu'il avait vu le Sei-
gneur sur la route et qu'il lui avait parlé, et
disciples, qoMl devint évéque de Damas et qu*il
souffrit le uiartvre. (Vog. les Bollandistes , Acta
SS., ad diem 25 Jait., et Tiilcniont, Vie de saint
Paul, c. 4.)
(CiOi) La conversion de saint Paul a été le sujet:
de quelques œuvres dramatiques au moyen Age.
Collier, Uxstorg of the brittsh stage ^ t. 11 , p. 250,
dit qu'un manuscrit conservé au Musée britannique,
renferme trois miracles sur cette conversion. M.
Edelestand du Meril a publié (OrigineM latines du.
théâtre moderne, Paris, 1849, p. 257-241), un petit
drame latin sur le même sujet, diaprés le manuscrit
de la bibliothèque d'Orléans, d<* 178. Deux mystères
de la Conversion de saint Paul sont Tobjet d*assez
amples détails dana le Dictionnaire des mystères ,
Migiie, 1854, coL 825-829; Tun d'eux est tiré d'un
ancien manuscrit du xu* siècle, cminu sous le nom
de Manuscrit de saini BenoU-sur- Loire ; Taulre fail
partie d'un manuscrit de la bibliothèfue Sainte-
Geneviève, et il a été publié par M. Jubinul {Mystères
ittédiis du xv- siècle. Parts, 1857, 1. 1, d. 25-42.)
DICTIONNAIRE DES APOCRTPQES.
M
ce qoll a?ait ait à Damas avec confiance au
Dom de JésQS-GbrisL
CHAPITRE III.
El en ce temps, Saul qui avait pris le
nom de Paal, prêchant TEvangite de Jé-
sus-Christ dans beaucoup de yilles, vint à
Lystra. Et il y avait là un homme qui
était paralysé des pieds depuis sa naissance,
et qui n*avait jamais pu marcher. Et enten-
dant Paul prêcher, il le regardait avec atten-
tion. Et Paul voyani que cet homme avait la
foi, diti haute voix : <» Lève-toi , et tiens-toi
droit sur tes pieds. » Et aussitôt cet homme
se leva et il marcha. Et le publie, ayant vu ce
qu*avait fait Paul, éleva la voii, disant : « Ce-
lui qui fait tant de choses en Israël est vrai-
ment I& ministre deDieu. » Et il advint que
lorsque nous allions h la prière, nous ren-
contrâmes une jeune fille qui était t>ossédée
d*un esprit de Python (603) et qui, par sa
divinaUon, rapportait un grand profit à ses
maîtres. Elle nous suivit un moment, en
8*écriant:c Ces hommes sont les serviteurs de
Dieu» el ils nous annoncent la voie du sa-
lut. » Et elle fit cela pendant bien des jours.
Paul s'en affligeant, dit à TEsprit : <i Au nom
de Jésus-Christ, je te commande de sortir de
c^tte femme. » Et il sortit sur Theure.
CHAPITRE IV.
Etant ensuite venu en Asie avec quelques-
uns de ses disciples, il disputa pendant deux
ans dans réi:ole de Tyrannus (604), de sorte
que tous ceux qui étaient en Asie, Juifs et
gentils entendirent la parole de Dieu, et le
beigneur faisait de grandes merveilles par
les mains de Paul. (605) de sorte que les vête-
ments oui avaient servi à son usage guéris-
saient les malades sur lesquels ils étaient
(605) Toici ta note de Fabricios sur ce passage r
c Puellain è\tYaaTp(uuOov. Vide qiias de Pylhoiiibus
praeier Grottum ad Aciorum locum, Leinonius ,
Notii ad varia tacra , p. 1009 , et A. Van Dalan in
lihro De origine idolotatri^g,
(604) Ce personnage est mentionné dans les
Acteêf XIX, 9. Suidas parle d'un sophiste nommé
Tyrannus, qui «Yait écrit sur la rhétorique ; Joséphe
elle un satellite d*Hërode qui portait ce nom, amsi
qu*uji prêtre païen dont Eulin (Hisi» «cc/m., 1. il ,
e. 25) , mentionne les impostures.
(605) Saini Chryso»tome dît que des morts étaient
ressuscites , des malades guéris par la seule vertu
de son ombre. (Voy. TiUemont, Mémoirei^ t. 1,
p. 602, 825 et suiv.)
(606) C'est THe de Malte. Quelques écrivains ont
pensé toutefois qu'il s'agiî»sail d'une autre Ile appe-
lée MéUiee^ et située dans la mer Adriatique. Les
commentaires des Acteê de$ apàtrei et les biogra-
phes de saint Paul ont traité fort en détail cette
question étrangère ^ notre sujet. Elle a donné égale-
meni lieu 4 q««elques dissertations spéciales que
nous citerons d'après CEttinger : P. Crusius, Patt-
iuê naufragfUt Lipsi», 1609 ;iJ.-G. Bûcher, De pe-
regrinadone Pauli trammarinaf Witteberg, 1679;
J.-F. Waiidalen., Dieurtaiio de Melila Paulin
Hafnias, 1707; J.-i. Quandt • Dtsurialîo tfe ma*
ff lima PaMli peregrinaiione ^ Regiom, 1710; L
Hasse , Diieertaiio de navibu$ AUxatidriiùt Paulum
îff lialiam deferentibu^, Bremas, 1716; 1. Georgius,
Paulue apoêtoluê in mari^ quod nunc Venetuê^ sinus
éicitur na^ragns MeUtm^ datmaiensis insuiœ Aoi»
appliqués,etles esprits malins etaientchassés.
£iun jourde sabbat, comme nous, sesdis-
ciples, venions pour briser le pain, Paul dis-
putaitavec les Juifs etson discours doraju^
qu*au milieu de la nuit. Et des lampes nt»ui-
breuses étaient placées dans la salle où noi.v
étions rassemblés. Et un jeune homm^,
nommé Eutychus, étant assis sur une fenê-
tre, fut accablé par le sommeil, tandis <{u<-
Paul parlait, I et il tomba par terre dnn
troisième étage, et il fut relevé mort. L;
Paul étant descendu , se coucba sur lui. ei
rayant embrassé, il dit : « Ne vous trouMei
pas, car son âme est en lui. » Et remonlatii
il rompit le pain, el lorsqu'il l'eut goûté, u
prolongea son discours jusqu'au jour. Et on
rapporta vivant le jeune homme qui s'était
tué par accident. Et ce fut pour tous un gracJ
sujet de consolation.
CHAPITRE V.
Ensuite Paul étant monté sur un narin»,
vint à une lie qu'on appelait Miletus (GOt)
Et des barbares nous reçurent avec utit'
grande humanité, el ils allumèrent du f^:
pour que nous réchauffions nos rorps r^i.h
par la pluie et par le froid. Et Paul auir:
ramassé dos fagots et les ayant mis sur'"
feu, une vipère (GG7; attirée par la chaloir
lui mordit la main. Et les barbares vo\a:.t
cette bêle suspendue à la main de Paul. >
disaient entre eux : « Cet homme est uu ti< •
micide qui s'est sauvé des périls de la mer.
mais la ven;;eance divine ne lui permet |ui^
de vivre. )» Mais l'apôtre serrant sa main, tu
tomber la vipère dans le feu, et"il n'éproun
aucur> mal. Et ils pensaient qu*il allait gon-
fler et qu*il tomberait subitement et q i'i)
mourrait. Et quand ils virent qu'il n'épn
vaitaucun mai(608j, ils se disaient eniiec
ui
pes , VeHetns , 1730; B. AtUrdi • Biiancia detlê u-
rita, 0 sia risposta al libro iniùolato : Panlut apit
lolM..., Palermo; 1738. (C'est une réfutation J"
rouvrage de Georgi) ; C.-À. Ginaiar, De B. /'«-/«
tu Melilam insulam naufragio efecto^ Venet. 173^;
Riipertus a sancto Caspare, Divus Paulus apoti*^'*
e keiiia Itlyricia in Afrieanam feiieiUr redus.
Venel. 1739. iii-4* ; A. Schumacher, De aiw/raf
Paulino. Brem. 1730; J.-€. Kirchmayer. Denq^'-'
Pauli in Melitœ insula, Marb. 1731 ; !>. Scinglia?).
Opuacùli Italiani e latini sopra il naufragio di^
Paolo cuntro gli scrittori Filo-Mallesi» Venei., l'^"-
(Cet écrivain avait préludé à ce travail en publta*'it
à Youise.en 1757, le Naufragio ai S. Paolo ma-
bililo nella Melites Illyrica) ; G.-P. Agio de Soldjnv
Discorso apologetico contro la dissertaziotu <<■'•
abate Ladvocat inlomo il naufragio di S* /'"<' •
Venez. 1757. (Il en existe une traduction franchi'*'
Avignon, même date.) Nous pourrions iKotif"'
encore cette énumération*, mais n*est-elie pasil^'
bien suffisante?
(607) H y a dans le ^rec Si^plov. Diverses int<*r*
pretations ont été données de ce mot, mais ctWf «i^
V ibère a prévalu. (Voff. Lambert Bos, m Di^irttiu
adNov. Test., p. 62, et Bochart, Uieros., part »
1. m, c« S.)
(608) Ost ce qu^exprime Jacques Doport en ^n
êl^ants :
Sic quem viperea damnât gens barbara Uagvs
Omis et admisse damitat esse reum •
AbsolvU serpens (sunèipsa pericuU tanlil
insontemqae stio prcdicat ort viniia.
«M
PAU
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PA6
eM
qu'il était un Dieu. Et il y avait dans ce pays
les domaines d'un prince nommé Publiusqui
nous reçut avec bonté (609) , nous donnant
l'hospitalité pendant trois jours. Et le père
de Publias était au lit fort souffrant de la
(iètre et de la dyssenterie.Et Paul étant venu
?ers lui, pria et lui imposa les mains et le
guérît. Et cela étant fait, tous ceux dansHle
qui avaient des maladies» vinrent à lui, et
il les guérissait. Et ils voulurent rendre do
grands honneurs à Paul. Ensuite il vint par
mer à Rome, où, délivré de ses cbatnes, il
passa deux ans dans une maison qui avait
été préparée pour lui , et il recevait tous
ceui qui s'approchaient de lui , prêchant le
rè^ne de Dieu, et enseignant les choses qui
concernent le Seigneur Jésus-Christ.
CHAPITRE VI.
£( après que Pierre eut été crucifié et que Si«
mon le Magicien eut péri misérablement, Paul
restait encore libre à Rome, la couronne du
martyre ayant été différée pour lui afin qu'il
remplît toutes les nations de la prédication de
r£vangile(610).AprèsavoirétéconduitàRome
par le centurion Jules (611), il avait été placé
sous la garde d'un soldat (612), et le troi-
sième jour, ayant réuni les principaux des
Juifs, il leur parla ainsi lorsqu'ils fu-
rent rassemblés dans sa demeure : « Mes
frères, ne faisant rien contre le peuple,
ni contre Tusage des maîtres, j*ai été à Je-
rnsaiem livré enchaîné aux mains des Ro-
mains. Et ayant fait une information k mon
égard, ils voulurent d*abord me renvoyer,
ne trouvant nul sujet de mort contre moi.
Mais les Juifs s'élevant contre eux, j*ai été
forcé d*en appeler à César. (613) C'est pour-
quoi étant en voyage, i*ai désiré yous voir
et TOUS parler. Je suis chargé de cette chaîne
àcAusederespéranced'lsraël.»Mais les Juifs
lui répondirent : i Nous n'avons point reçu
de la Judée de lettres de toi, et aucun des
frères qui sont yenus ici, ne nous a an-
noncé ton nom et ta situation. Nous dési-
rons savoir quels sont tes sentiments, car
nous savons au sujet de cette secte , que de
toute part on s*élàve contre elle. »
(609) Ce sont tes paroles de saint Luc {Acî.
xxTiii , 7) , qui accompagnait Tapôtre. Le pseudo-
Abdiis eonserve Texpres^ien nova, comme s*il
avait été témoin oculaire des faits quUl rapporte.
(610) Denys de Corinthe, cité wr Eusèbe {Hisl.
tccUu, 1. Il, c. 25) , et d^autres écrivains anciens,
disent que saint Pierre et saint Paul souffrirent le
martyre le même Jour, mais Topinion énoncée ici
M trouve d*acGord avec Prudence et avec d'autres
auteurs qui affirment ^ae les deui apôtres furent mis
à mort, le 29 Juin, mais dans des années différentes.
Voir Tillemoc> , note 44, sur la vie de saint Pierre.
Il y a une dissertation de J. P. Mynster : De ultimit
nm muneriê apoitolici a Paulo geHi, Halni^e,
iSlo, in-8*.
(611) ici. xxvn. 1.
(612 Act. mu, i6.
(613) Ad. XIV, II.
(615) /ta. Ti, 9; If al/A. xiu, 14.
(614) Jusqu^ici le pseudo-Abdias s*e6t appuyé sur
les Actii des apàlrei rédigés par saint Luc ; le reste
lie son récit est emprunté à des Actes du martyre de
Au jour fixé f un grand nombre de Juifs
vinrent donc trouver Paul » et il leur expo-
sait les Ecritures, rendant témoignage au
royaume de Dieu, et, argumentant avec
eux , il les enseignait d*aprës la loi de Moïse
et des prophètes depuis le matin jusqu'au
soir. Hais comme tous ne croyaient pas à
Jésus, Paul leur dit : « C'est avec justice que
TEsprit-Saint a dit par la bouche dlsaïe
(613r) : « Va à ce peuple et dis-lui : Vous
entendrez de vos oreilles et vous ne com-
prendrez pas, et vous verrez en voyant et
TOUS ne pourrez comprendre. Car le cœur de
ce peuple est engourdi, et ils ont fermé les
yeux pour ne pas voir, et pour que leurs
oreilles n'entendent pas, et que leur cœur
ne comprenne point, et pont qu'ils ne se con*-
vertissent pas et que je ne les guérisse-
point. » Je oésire donc que vous sachiez, ainsi,
que les gentils » que Dieu vous envoie ce-
moyen de salut, et que les gentils vien^
dront. »
Et quand Paul eut parlé ainsi, les Juifs,
sortirent, ayant entre eux de grandes con-
troverses. Et TApAtre resta deux ans à Rome^
dans la maison gui avait été préparée pour-
lui , et il recevait tout ceux qui venaient à
lui, prêchant le royaume de uieu, et ensei-
gnant sans obstacle et en toute i^onfiance les
choses qui concernent le Seigneur Jésus*-
Christ.
CHAPITRE VII.
Tandis que Tapôtre faisait ces choses à
Rome (61fc}, il fut dénoncé auprès de l'em-
pereur Néron (615) , non-seulement comme
prêchant des superstitions nouvelles, mais
aussi comme voulant exciter des séditions
contre l'empire. Il fut donc conduit devant
Néron et interrogé pour rendre compte de
sa doctrine, et il parla ainsi devant l'empe-
reur : « Quant è la doctrine de mon Maître ,
au sujet de laquelle tu m'interroges, elle
ne peut être comprise que par ceux gui re«-
Qoivent la foi avec pureté de cœur (61o). J'ai
enseigné des doctrines de paix et de charité»
et, dans mes voyages depuis Jérusalem jus-
qu'en Illyrie , j ai répandu ta parole de paix
saint Paul, d*une autorité douteuse.
(645) Saint Jean-Clirysostome (Hom. 10 in U
EpisL ad Timo/A., et Adversui vitujferQtore» vitm
monaiticœ^ 1. 1, c. 4), dit que Néron Ut mettre Paul
à mort parce que Tapôire avait converti à la foi une
concubine et un échanson de Temperenr. D*a||)rèsd2an-
ciens Actes ffrecs de saint Pierre et de saint Paul,
publiés à llale, en 1817, par Tbilo, les Juifs avaient
demandé à Néron d^iuterdire âi saint Paul l'entrée de
rilalie. Voici comment Lascaris a traduit ce passage •
c CoDsilium fecerunt Judsi eontra Paulum, et cum
niulta tractavissent, olacuiteis Neronem adiré, ne
permitterct Paulum tiomam intrare. Et afférentes^
munera, dixerunl :Te veliementer rogamus, o im-
perator bone, ut omniljus tui imperii provinciis.
scribas, ut Paulus bac nequaquam accédât; sufficit«
enim nobis molestia quam a Petro pertuliiiius. »
Haec audiens Nero respondit : i Fiat juxia petiiionet
vestras , et scribemus per omnia loca ut Paulus in
partes Italiae non accédais t Hoc quoque Simon
magus consuluit.
(616) t$a. VII, 9.
PICTIORNAIRE DES APOCBTPRES.
9^
|6i7). J'ai enseigné aux hommes de s'aimer
les uns les autres (618). J'ai enseigné aux
puissants et aux riches de ne pai s^'enor-
Sueillir et de ne pas mettre leur confiance
ans des richesses incertaines , mais de
n'espérer qu'en Dieu seul (619). J'ai eâsei-
Sné aux hommes privés de richesses d'user
e modération dans leurs aliments et leurs
vêtements (620). J'ai enseigné aux hommes
de se réjouir dans leur indigence (621). J'ai
enseigné aux pères d'élever leurs enfants
dans la crainte de Dieu (622). J'ai enseigné
aux enfants d'obéir à leurs parents et dé
suivre des conseils salutaires (623). j^ai en-
seigné à ceux qui possèdent de payer le
tribut avec exactitude (6211). J'ai enseigné aux
femmes d'aimer leurs maris (623) et de les
craindre comme leurs maîtres (626). Tai en-
seigné aux maris de garder la foi i, leurs
épouses de mémo au'ils veulent qu'elles la
gardent à leur égard. Le mari punit l'adul-
tère de sà femme y et Dieu, père et créateur
de toutes choses , pun^ également l'adul-
tère chez le mari (627). J'ai enseigné aux
maîtres d'agir avec Qouceur à Tégard de leurs
esclaves (628). J'ai enseigné aux esclaves de
servir leurs maîtres avec ûdélilé (629) et
comme s'ils servaient Dieu. J'ai enseigné à
l'Eglise des fidèles d'adorer un seul Dieu
tout-puissant, invisible et incompréhensi-
ble (630). Cette doctrine ne m'a point été
donnée par les hommes, ni révélée par au-
cun homme, elle m'a été donnée par Jésus-
Christ et par le Père (631) de gloire qui m'a
farlé d<?s cieux. £t quand mon Sieigneur
ésus-Christ m*a envoyé prêcher^ il m'a dit i
« Va , je serai avec toi Tespril de vie pour
tous ceux qui croient en moi, et tout ce aue
tu auras dit ou fait , je le justifierai (632). »
CHAPITRE Y 111.
Paul ayant ainsi parlé , l'empereur N<^ron
fut saisi de surprise, et, ensuite ému d*indi-
gnation, il prononça contre Tupôtre la sen-
tence de mori, le condamnant à avoir la lêle
tranchée (633). Et il envoya deux olTiciers de
(617) Rom. IV, ID.
(618) Rom. XII, 10.
(619) / Tim. VI, 17.
(G20) Ibid., g.
(621) // Cor. VI, 10.
y^iH) Ephet. VI, 4.
(6i3) Ihid,, iO; coL tu, SO.
(624) Rom. iiii. 7.
(625) Tit. Il, 4.
km Ephei. V, 22 et 53 ; CoL m, iS.
^27) Bebr. xiii, 4.
(628) Ephes. vi, 2; Colon. iv,!4,i. Cette recom-
mandaiion , inspirée par le chri&lianisroej éiaii bien
uécessaire, car on sau avec quelle barbarie les an-
ciens iraitaient leu/s esclaves, ei quel mépris ils
avaient pour la vie humaine. Lises Touvrage d<s
H. Wallon sur Tesclavage.
(629) Ephe$. vi, 5.
(630) / Tim. i 17.
(631) Calât, i, 1.
(632) Aet. IX, 15.
iG33) Ces dclaiU se retrouvent avec quelques
différences dans la passion de saint Paul, attribuée à
Lin.
sa garde, Feregus et Partheioios, oui trou-
vèrent Paul instruisant le peuple des mer-
veilles de Jésus-Christ. £t Paal , les Toyao;
approcher, les exliortait disant : « Venez,
mes enfants, et croyez en Dieu, afin que vio
âmes soient sauvées: le Seigneur n'arcuej -
le ainsi que tous ceux qui croient en lui i if
ravéqemenl de son Fils unique, et il le^
Ï lacera dans son royaume qui est éternel. '
;t ils répondirent : a II iaut d'abord, Paul.
que nous allions à Néron, lui annonçant u
qiort. Mais toi , prie pour nous • a6u qu^
pous, croyions au Dieu que tu prêches. » Ei
ils priaient Paul pour leur salut, afin qu*ii>
lussent baptisés. Alors l'ap6ire leur dit :
« Dans peu de temps, mes fils, venez à mon
sépulcre, et vous y trouverez deux homme>
en prière, Tile ^t Luc, et ils vous donne-
ront après moi le signe du salut. » Et lors-
qu'il eut parlé ainsi, les soldats vinrent, et,
le ffliisant sortir de la maison, ils le condui-
sirent hors de la ville. Et Paul, lorsqu'il fui
yenu au lieu du supplice, se tourna verb
l'orient (634), et ayant élevé les mains €( le>
yeux vers le ciel i il pria fort longtemj>s. El
ayant terminé sa prière, il donna la paix aui
frères qui l'avaient suivi; et leur disani
adieu , ayant fléchi les genoux et se munis-
sant du signe de la croix , il tendit le cou
au bourreau. £t sa tète étant tombée, u
sortit du lait au lieu de sang (635) , de sorfe
que la main du bourreau fut inondée d'un
jet de lait. Et les assistanU, ayant vu cr
prodige, furent frappés d'admiration et louè-
rent Dieu qui avait donné une si grande
gloire à son apôtre. Et Lucine, servante fie
Jésus-Christ, l'ensevelit dans un jarJin à
deux milles de la porte d'Oslie (636) , aj»r«
avoir embaumé son corps avec des parfums.
Et il souffrit le troisième jour des calendts
de juillet, deux ans après la passion de Pier-
re, sous le règne de Jésus-Christ Notro-bet-
gneur, auquel soient honneur et gloire avec
le Père éternel et KEsprii-Saint dans les siè-
cles des siècles. Amen (637).
(63*) D'après la coutume des Juifs, ils se loor-
naienldu côlé vers lequel éuit siiaée JéruMlow;
ainsi à Rome ils devaicni se tourner vers I Oneni.
(655) Celle circonsiance est également racopice
dans une homélie m Peiraim ei Paulum, aUnbuee i
suint Jean-Chrysoslwne par d'anciens éOiuurs, mv>
regardée comme supposée par les meilleurs crui-
ques.et dans le sermon 68 de ceux attribués ï »2ii.i
Ambroise. ^, „ .... .
(636) Eusèbc, Bist. ecdés. L u, r. W ; lUbiIloi,
Uer Uaitcum. 1. 1. p. 52. Ce fut comme çiUi yen-
niatn, que saint Paul eut la tète ^^J^^^.V]^^^
des eaux JuUennes, dan» uu leo au|Qurd Wi o*
sert, à quelque dislance de la basilique apptiet
Saint Paul hon des Murs.
(637) Quelques critiques éclairé» pensent w
sa 'ni Paul fut deux fois incarcéré à Rome, eiqoe«
fui U seconde déienliou qui fut suivie de sa mon.
Dans cette supposiUon Abdiasse iroropcwt en pt
raconunt qu'une seule capliviéde lapélw. "J '
toutefois des auteurs qui repoussent I idot do «««;
double incarcération. Voy. VVolf,. lU aiiiu^^^
captmtati. et les nombreux écrivains alWffli«;>
indiqués par de Wctie : Lehfbuik der /«*»•'" '
(«5
PAU PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PASSION DE SAINT PAUL,
adruêéê aux Égli$ei d*Orient el attribuée à iaint Lin (638).
PAU
6ft6
Lorsque Luc Tenant de laGalatie et Tite
venant de la Dalmatie furent arrivés à Rome,
iisyaUendireDtPaul. Et lorsqu'il vintetqu*il
les eut TUS y il éprouva une grande joie, et
il s'établit hors de la ville dans une hôtel*
lerie, où I avec eux et les autres* frères, il
s'eoiretenait de la parole de vie. Et il com-
mença k réunir autour de lui une grande
foale, et il amenait, à Taide de la grâce de
Dieu, beaucoup d*Ames à la foi, de sorte que
le bruit de ses prédications et de sa sainteté
se répandait dans toute la cité, et sa renom-
mée se disséminait dans le pays entier. II se
fai'^ait connaître au monde romain par ses
miracles et ses prodiges , par retendue de sa
doctritiç et par son admirable sainteté. Et
btiducoupde gens appartenant à la maison
Je César s'empressaient autour de lui et
croyaient au Seigneur Jésus , el la joie des
tiièles augmentait chaquf^ jour. Et le pré-
cepteur de l'empereur se lia avec l'apôtre
d'une telle amitié en voyant en lui une grâ-
ce difine, qu'il ne pouvait se passer de I en-
knJre, et lorsqu'il était dans l'impossibilité
itf causer avec lui, il jouissait de ses aima-
bles entretiens et de ses conseils en lui
ïJressant des- lettres nombreuses et en re-
cevant ses réponses. La doctrine de l'apôire
^e répandait ainsi par l'inspiration de Tlils-
jTil-Saint et réunissait de nombreux parti-
ians: elle était écoulée avec empressement
[lar beaucoup de sens, et elle était prèchée
en liberté, Paul disputait avec les philoso-
rte païens et les confondait, et bon nom-
i'fB d'entre eux, convaincus par ses raison-
'• >')onts, donnaient les mains à son mini^»-
îere. Ca officier de César lut ses écrits en
ire^encede l'empereur, et montra combien
:: «.Hait admirable en tout point. Le sénat
cuii aussi de lui une hdute opinion.
Eiunjour, Paul préchant ladoctrine du Sei-
b^neur,s'adressait au peuple dans une chambre
HiaCeà un étage élevé, et un nommé Patrocle,
Hiansondel'empereurjSerenditàrhôtelIeriô
«>J ^à\ï\ était logé ,aOn d'entendre les instruc-
tions de la vie éternelle. Il y avait été engagé
^nùicken Emltiêung in die Bûcher dtt neuen Tes-
f^-WNii, b'éduion, BcrI II, 1848, 8°, p. Ul. L«s
4ucieus Griiiques ecclésiastiques aUribuent tous la
U mon de saiiii Pierre el de saiot Paul à la per-
H-ioiion de Néron ; nous citerons Terlullien :
' Oririitem ûdem Romae prirous Nero cruentavit.
^ncPetrug .ib allero eiugilur cum cruci adstriii-
fiiur. TuDc Paulus civitaiis Roman» coosequiiur
taMiaiem cum iliic iDartyril renascilur geuero-
j:aitf » [Scorytac, c. 15.) Habes. Roinam... ubi
^ lut Passkxii Domkiicx adaequatur, Paulus Joan-
<f-> etiiu corooatur. i (De prœscript. c. 56.)
U)ebe:NerQ adexlera scelera pctsecut'onem
'li^|u>: Cbri&liânorujii primus adjunxit, sub quo
^ •iciicci Parus et Paulus apostoli martyrium Rumx
f ' iKuiQnuveruut (C/t roniVofi., éd. Mai et Zolirab ,
^'^•n, 1818, p. 575.)
ticuiice : Camque jam Nero imperarci, Petrus
^"tnagi advenît.. Convertit muUos ad justiliam,
l^'o [ue icraplum fidèle ac siabiie collocavii. Qu?e res
f)ar quelques-uns de ses compagnons très en
àveur auprès de l'empereur qui étaient atta-
chés à renseignement de Paul. Et, comme
il ne pouvait, a cause de la foule, parvenir
auprès de l'apôtre, il monta sur une fenê-
tre et s'y assit afin d'entendre plus commo-
dément la parole de Dieu, car il désirait
avec ardeur d'être reconforté par les dis-
cours de l'apôtre. Et Paul ayant longtemps
prolongé son discours, le jeune homme s'en-
dormit» et, par un elTet du diable irrité de
ce qu'il voulait s'attacher à Dieu et à l'apô-
tre, il tomba de la fenêtre qui était à une
grande hauteur, et il expira.
Quand Néron revint du bain , il apprit
cette nouvelle et il fut extrêmement affli-
gé de la mort de Patrocle qu'il aimait beau-
coup, et il installa à sa place un autre échan-
son chargé de lui présenter du vin. Et Paul,
apprenant par une révélation de l'Esprit ce
qui s'était passé, dit au peuple : « Mes frè-
res, le malin a trouvé un moyen pour nous
éprouver, mais le Seigneur Jésus-Christ,
selon son habitude, fera tourner à sa propre
gloire la malice de Satan. Sortez, et vous
trouverez étendu sans vie uu jeune homme
de la maison de l'empereur; apportez-moi
promptement son corps. > Ils sortirent et re-
vinrent bientôt apportant le cadavre. La foule
s'étonnait de ce que Paul eût su ce qui avait
eu lieu, personne n'étant venu le lui révé-
ler, et Paul dit au peuple : « Maintenant la
foi en Jésus-Christ Notre-Seigneur se ma-
nifestera avec éclat. Il est temps que la se-
mence de la vie éternelle, répandue sur une
bonne terre, fructiûe et centuple. Approchez
donc de Noire-Seigneur Diou avec une foi
entière, et prions-le pour que Tâme de ce jeune
homme rentre dans le corps qu'elle animait
et pour qu'il mène désormais unç vie meil-
leure que celle qu'il avait menée. »
Et tous les assistants s'étaut prosternés
pour se mettre en prière, Paul dit : « Patro-
cle, lève- toi, et dis les grandes choses que le
Seigneur a accomplies à ton égard. »
A cette voix , Patrocle se leva comme sor-
ad Neronem delata, cuui adnimaaverteret...magnam
multitudinein deûcere a cuitu idolorum... ut erat
exsecrabilis ac nocens lyrannus, prosilif it ad exci-
dendum cœleste templum... et primus omwum
pertecutus Dei serves, Petrum cruci affixit et Pau-
lum interfecit. > (De morte persecut.^ c. 2.)
Sulpice Sévère : c Hoc înîiio in Chrislianos
saeviri cœptum. Post eliam datis legilus religio
\eiabatur, palainquQ edictis propos tis Chrisliauuui
esse non iicebat, Tuuc Piirus ac Pi»ulu« capits
dauiuati, quorum uui cervii gladio dcsecta, Petrua
cruceiQ sublatus est. »
(658} Cette relation dont Taullieii licite ne trouve
plus dé partisans, reproduit des traductions fuit an-
ciennes et mer i le quelque atteulion
Dans la collection des manuscrits syriaques acquit
par le Musée brilannique et dont fOus avons <'éjà
eu Toccasion de parler, se trouve n°* 12172 ci 14641
une relalioa de la Vie et passion de saint à*auL
«C7
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
W
tant d'un rêve» et il se mit à glorifier Dieu
qui a donné une si grande puissance aux
hommes. Paul le renvoya avee les autres qui
appartenaient à la maison de César, et ils se
retirèrent pleins de joie dans le Seigneur
qui écoule les prières de ceux qui le crai-
gnent.
Et tandis que Néron déplorait la mort de
Patrocle et restait plongé dans une tristesse
e!ktiémejes assistants lui dirent : « Seigneur»
que t'i majesté ne se désole pas au sujet de
la mort de ce jeune homme, car il vit et il
e>t à la porte. » Lorsque Temnereur apprit
que i^alroele, dont il avait su la mort, était
vivant, il fut etfrayé et il avait peur de le
laisser entrer et venir en sa présence; mais
enthi , céiiant à la persuasion de ses nom-
breux amis, il permit qu'il entrât.
Gt le voyant sain et sauf, sans nul ves-
tige de trépas, il lui dit : « Patrocle, es-tu
vivant?» Kl le jeune homme répondit :«Oui»
César, je vis. » Et Néron dit : « Qui est-ce
qui t*a rendu la vie? » Et Patrocle plein de
joie et enffammé de Tardeur de la foi, dit:
« C'est le Seigneur Jésus-Christ, le roi de
tou^ les siècles. » Néron troublé en enten-
d'iiii nommer ce souverain, dit : « Est-ce
qu'il doit régner à jamais et subjuguer les
empires de ce monje? » Et Patrocle dit:
« Crois, César; il détruira tous les royaumes
qui sont sous le ciel, et toutes les choses
qui sont sous le ciel lui sont soumises,
car il est le roi des rois et le matire des
souverains. » Alors Néron lui donna un
soufflet en disant : <iEsi-ceque tu es un sol-
dat de ce roi ?» Et Patrocle répondit avec
feu : « Oui, car il m'a ressuscité d'entre les
morts. V
Alors Barnabe, et Juste, et un certain Paul,
et Arion de Cappadoce,, et Justin le Galate
qui étaient au nombre des officiers de Cé-
sar et à son service intime, dirent à Néron :
« Pourquoi frappes-t.u un jeune homme dont
les pensées sont sages et les réponses très-
f prudentes? car nous aussi, nous sommes
es soldats du roi invinciiîle Jésus-Christ
Notre-Seigneur. »
Néron les entendant dire d'une voix una-
nime que Jésus était le roi invincible, les Qt
renfermer dans une prison, voulant livrer aux
tourments ceux qui étaient auparavant les
objets de sa faveur. Et il ordonna de recher-
cher les serviteurs de ce roi, et il rendit un
édit portant aue partout où ils seraient
trouvés, les soldats du Christ seraient, sans
jugement, livrés aux supplices. Et les ser-
viteurs de Dieu, poursuivis par les satellites
de l'empereur et par les agents de la milice
du démon, furent saisis en grand nombre et
conduits en présence de Néron. Paul fut
amené portant les chaînes dont il avait l'ha-
bitude d'être chargé pour le nom de Jésus-
Christ, et tous les captifs le regardaient de
manière que, sans qu'il fût besoin d'aucun
autre indice, l'empereur put reconnaître
Îu'il avait devantlui Paul, regardé par tous les
hréliens comme leur chef. Il lui dit alors :
c O toi qui es le serviteur de je ne sais quel
roi, et qui parais enchaîné devant moi, coiu-
ment as-tu osé entrer en cachette dans h
Etats des Romains,etydétoarnerdeinon«^r.|
vice mes principaux officiers pour les fa :t
passer à celui de ton roi? »
Paul,rempli de TEsprit-Saint» répondit!^-
fermeté et de manière à être entendu de i .
ceux qui étaient présents: «Ce n'est |4s ^c.;
lement dans ton palais que j'ai recrute ,-
soldats pour mon roi, c'est dans toute }{
ferre. Il m'a été ordonné de ne rep»i<>^^
aucun de ceux qui voudront servir U- W
éternel ; le Seigneur peut dan<: sa puissa?
répartir h tous d'une main généreuse
dons les plus riches. Si tu veux croire :
lui et remplir fidèlement ses ordres, i<iv
t'en repentiras pas. Ne crois point que Ic^*.
chesses de ce monde, que la splendeur o;
gloire puissent te sauver, mais si tu te y-
mets au Seigneuf, tu seras sauvé à jaii.a>
lorsqu'il viendra juger les vivants el
morts, il détruira ce monde par le feu c
donnera à ses soldats des biens pré^'S >
avant la création du monde et caché» ' '.
yeux du siècle, des biens qui ne pénr j
jamais et qui mettront à l'abri de toute ..
digence. »
Lorsque Néron entendit ces paroles, f:
enflammé de colère, et comme TApôtre a^.
dit que le monde serait détruit par le feu.
conçut la pensée de faire brûli:r tous
Chrétiens, et il donna ses ordri'S enco:>:
quence ; il condamna Paul comme cilov".
romain et comme coupable de lèze-iuv
jesté, à avoir, conformément aux lois, <
l6te tranchée. Et il le remit aux pM- •
Longin et Mégiste et au centurion Ace$:^
afin que, le conduisant hors de la ville ^
donnant au peuple le spectacle de son sup-
plice, ils le fissent décapiter. Et Paul le:/
prêchait sans interruption la parole :.
salut. Et Néron, inspiré par la malice du >
mon, avait envoyé dans toute la Tille •: ^
agents et des soldats afin de rechercher a) '
le plus grand soin les Chrétiens qui se cidr
raient et de tuer tous ceux qui seraiem J^
couverts. Et il se fit un si grand caruii^]^^
le peuple se souleva et pénétra dans le ii*
lais en criant : «Mets une borne, César, ^ :^
ordres très-iniques, calme une fureur u*
sensée, apaise ton courroux qui dépasse î^
limites de la cruauté. Les hommes que tu Is-^
périr sont lesprotecteursderempircronmt
Tu détruis le pouvoir de Rome, si lernbîe ^
tous les peuples, en faisant périr (aot ^
vaillants soldats, j» Alors Néron, effrayé ^«
les clameurs du'peuple, rendit un autreédit
défendant de faire aucun mal aux Chrétien.
jusqu'à ce que la cause de chacun a^'*
eût été apportée devant l'empereur et pi'>
nement discutée. Et Paul fut ainsiameor o&-
autre fois devant l'empereur; lorsque ceiuii-
le vit, il s'écria : « Emmenez ce malfaiteur.
décapitezcet imposteur, ne laisseï iias^^'J"
ce criminel, anéantissez cet honaiw «J"'
trouble les sens, faites disparaître <|« •**".!
face de la terre celui qui per?ertit 1«^ *" *
prits. » Paul répondit: «Néron, je sootînrj-
encore un peu de temps , mais je J'^'
éternellement avec mon Dieu et afec ic »*^
Cfô
PAU
PART. l\U — LEGENDES El FRAGMENTS.
PAU
670
éternel Jésus-Christ, qui doit venir juger la
terre lorsqu'il la détruira par le feu.»
Néron dit à Mégiste, è Longin et à Aceste:
« Faites promptement lomber sa tète, et qu*il
;uiii5se ainsi de la vie éternelle qu'il se pro-
met ; qu'il apprenne que moi qui l'ai fnit
Misiret mettre è naort, je suis le roi vain-
(jiieur.M Paul répondit : a Néron, afin que tu
^^hes qu'après mon supplice je vivrai éler-
nelieriieut avec mon roi invincible, et que
mt loi qui es vaincu. Quoique tu croies
vaincre, je t'apparaltrai pleia de vie après
iiionsupplice^ et tu pourras reconnaître que
|j vie et la mort sont soumises à Jésus-
Christ mon Seigneur, dont le royaume est
universel, et gui le donnera è qui il voudra,
f!que toute victoire étant h lui, il Tait ma-
'^nitiqaement triompher ceux qu1l veut
rendre vainqueurs; lui seul est le roi éter-
relltmeot invincible.»
El, après avoir ainsi parlé, Paul fut con-
duit au supplice. Et lorsqu'il y était mené,
Longin, Mégiste et Aceste lui dirent :« Paul,
ui>-nous où est ce roi et où il vous est ap-
(iru, àvous autres Chrétiens, et comment
\ous l'avez connu, et quels biens il vous
a apportés ou vous apportera, pour que vous
raiiiiiez avec tant d'ardeur. Vous ne voulez
en rien donner votre assentiment à notre reli-
gion afin de vivre et de jouir des avantages de
ei'Ue vie, et vous aimez mieux perdre, h son
service, la vie dans les totfrmenls.il nous
stmblequec'estunegrandeerreurqued'avoir
ainai de la haine pour la vie et .d'embrasser
avec ardeur les souffrances et la mort. >]
Paul dit : « O hommes zélés et intelligents,
abandonnez les ténèbres de l'ignorance et de
I erreur, car votre raison est plongée dans
robscurilé, et vous ne voyez pas la vériié
doDlle germe est en vous ; tournez les yeux
de votre esprit vers la lumière véritable et
éternelle, afin d'arriver àyous connaître vous-
luèQjesetde parvenir ainsi avec joie à la
connaissance de mon roi et d'être préservés
liufeuqui détruira l'univers entier. Nous
ne servons pas, comme vous le croyez, un
roi terrestre ; nous servons le Dieu vivant,
roi (J3s cieux et de tous les siècles, qui vien-
dra juger le monde à cause des iniquités qui
s y commettent, et qui le jugera par le feu.
Heureux rhomme qui croira en lui, car il
aura la vie éternelle et régnera dans tous les
siècles des siècles, et malheureux plus que
tout autre, misérable celui qui méprisant
les richesses de sa bonté et de sa miséri-
<^orde, ne se convertira pas à lui, car il pé-
rira liourréternilé. C'est pourquoi celui qui
a fait le ciel et la terre est descendu du ciel
sur la terre, et celui qui a fait l'homme s'est
"U homme pour que, l'homme revenant de
Son iniquité, et abandonnant les images vai-'
lies et trompeuses cjue, dans son impiété, il
auore comme des dieux, serve son créateur
et qu'il honore celui devant qui tremblent
'^f anges et que toutes les puissances du ciel
adorent.
•Et lorsque vous lui serez fidèles, il vous
pendra, vous qui lui rendez un culte sincère,
^«s compagnons des ans^es et des esorits
saints et bienheureux. Dieu est esprit, et 11
place dans la compagnie de l'Esprit-Saint
celui qui l'adore en esprit et en vérité, mais
il rejette celui qui a refusé de croire en lui,
dans la compagnie de« démons qui sont
condamnés au feu éternel. Songez à celui
qui a fait le monde, car il ne s est pas fait
sans un Créateur; ppusez è celui qui a fait
l'homme, car, ainsi que l'attestent les nra
clés divins, il ne s'est pas fait lui-même;
faites attention que les idoles ne sonr pas
des dieux, mais Tœuvre de la main des hom-
mes, vi la demeure des démons qui y ré.^i-
dent. Apprenez que le nom de la Divinité ne
se partage pas ; il n'y a qu*un Dieu tiui|uel
viennent toutes choses, et un Seigneur Jé-
sus-Christ par lequel sont toutes choses, et
un Es|)rit-Saint dans lequel toutes 'rhoses
subsistent, auquel toutes choses sont sou-
mises, et il n y a pas de division dans la Divi-
nité parce qu'elle manque de pluralité Faites
attenlion,citoyens romains,aux motifsquiont
fait naître la discorde, et qui la développant
si longtemps et si misérablement, l'ont ame-
née au point où nous la voyons, et ont conduit
è tant de calamités. Beaucoupont voulu deve-
nir princes et tyrans, et commander non aux
vices, mais aux hommes, leurs semblables.
Plongés dans la tempôte de l'ignorance et
précipités dans le goutfre de leur arrogance,
chacun, au gré de sou caprice, a établi des
dieux ou en a changé", et la folie de la mi-
sérable espèce humaine est devenue telle,
que les hommes ont reconnu comme des
dieux d'autres hommes leurs semblables. £t
la parole divine s'est accomplie : « Qu'ils
soient semblables à ceux qui les font ; » les
hommes se sont fait des dieux misérables
comme eux, ils ont été assez insensés pour
dire à un morceau de bois taillé : « Tu es
notre Dieu , >* et à une pierre : « Protége-
nous. X»
Alors la foule^ élevant la voix, dit : « Nous
avons erré, nous avons péché, nous avons
commis l'iniquité ; A directeur du salut et
de la vie éternelle, toi qui nous montres la
vérité, sois-nous propice, afin que nous
échappions des liens du péché, et que nous
puissions échapper au leu qui détruira le
monde et qui punira les imfiies. d
Paul dit alors : « O mes frères dont le Sei-
gneur a touché le cœur avec son esprit, res-
tez fidèles dans la foi, car vous aurez avec
vous les ministres de Jésus-Christ qui vous
baptiseront, et, si vous persévérez dans la
charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, vous
serez sauvés éternellement. »
Longin, Mégiste et Aceste, s'adressant en
particulier à I Apôtre, lui dirent: a Fais-
nous, Seigneur, inscrire parmi les soldats
du Roi éternel , afin que nous puissions
échapper au feu et avoir part au royaume
éternel, et nous te rendrons la liberté; tu
pourras aller où tu voudras ; nous t'accom-
pagnerons, et jusqu'i la mort nous te serons
soumis, h Paul leur répondit : «i Mes frères,
je ne suis pas un fuyard ; je suis le soldat de
mon Roi. Si je ne savais que la mort me fera
oarvcnir ()lus tôt à la vie et à la gloire, non-
67f
DICTIONNAIRE DES àPOGRyPHES.
r»
seulement je ferais ce que vous me propo-
sez, mais encore je vous le demaoïierais ,
mais ce n'est pas en vain que j'ai accompli
ma course à travers beaucoup de souffrances,
et ce n'est pas sans motif que je désire souf-
frir, (i me reste à obtenir la couronne de
victoire que me donnera celui auquel j*ai
cru et auquel je crois, et je viendrai avec
lui lorsqu'il viendra dans sa splendeur, ac«
compagne des saints anges, pour juger le
monde. Je méprise donc la mort, et je n'é-
couterai pas la |)rière que vous me faites
pour que je m'enfuie. »
Et ils lui répondirent en pleurant : « Que
pouvons-nous faire? comment vivrons-nous
quand tu auras été supplicié? comment par-
viendrons-nous à celui auquel tu nous re-
commandes de croire ?» Et tandis qu'ils par-
laient ainsi entre eux, et que le peuple pous-
sait de grands cris, Néron envoya des offi-
ciers, Parthénius et Phérélas, pour voir
si Paul avait été mis à mort. Et ils le trou-
vèrent vivant et haranguant le peuple.
Et Paul les appelant près de lui, leur dit :
a Mes frères, croyez dans le Dieu vivant,
qui me ressuscitera d'entre les morts, moi
et tous ceux qui croient en lui. » Mais ils
lui répondirent : «Nous irons rendre compte
à l'empereur de la mission dont ils nous a
chargés, et quand tu seras mort el que lu se-
ras ressusciié comme tu le dis, alors nous
croirons h ton Roi. Explique-nous les re-
tards qui s'opposent à l'exécution de l'ordre
de César, et va à l'endroit fixé où tu dois
subir la sentence que tu as méritée. »
Paul leur répondit : a Si vous voulez croire,
vous avez besoin que je séjourne dans la
chair, mais moi, je vais à la vie par le che-
min de la mort; marchons pleins do joie
dans le nom du Seigneur Jésus-Christ, x» Et
comme ils approchaient du lieu du supplice,
accompagnés d**uno foule nombreuse, Paul
arriva h la porte de Rome, où il rencontra
une dame d'une fauiille très-noble, nom-
mée Plautille, qui avait pour l'Apôtre un
attachement très-vif et un grand zèle pour
le culte divin, et elle commença h nieurer,
et se recommanda à lui. Et Paul lui dit :
« Va, Plautille, iille du salut éternel, prête-
moi lélotTe qui couvre ta tète, et éloigne-loi
un peu à cause de la foule; attends-moi jus-
au'a ce que je revienne è toi, et je te ren-
rai ton cadeau ; je banderai mes yeux avec
ce voile, et en allant à Jésus-Christ, je le
laisserai ce voile, ga^e de ton amour pour
le Seigneur. 9 Elle obéit et fit ce que l'Apô-
tre lui avait prescrit. EtParthéniusel Phé«
rélas l'insultaient en disant : « Pourquoi
crois-tu h un imposteur et à un magicien?
Ë3urquoi perds-tu ainsi un voile de prix ? »
t Paul dit : ^ Attends ma venue, ma fille,
et je te rapporterai avec Jésus-Christ ce voile
marqué des signes de ma mort, n
J^ongin, Mé^iste et Accsle, s'inquiétant
de leur salut, et demandante l'apôtre com-
ment ils pourraient parvenir à la vie éter-
nelle, il leur dit: a Mes frères et mes fils,
aussilôt que j'aurai été décapité, éloignez-
vous, ainsi que les autres agents de ma
mort, du lieu où Dieu a daigné m*appc;eri
lui, et laissez les fidèles enlever et en^ev.
lir mon corps; oliservez en quel en*:-
j'aurai été enseveli, et venez-y le lendc:/
au point du jour; voua y trouverez -:
hommes en prière, Tite et Luc. Diteb-..
pourquoi je vous ai envoyés vers eux» <••
vous donneront les signes du salut darh
Seigneur. Ne manquez pas d'exécuter ce
je vous prescris, cap aussitôt que vous h\r i|
été purifiés par la fontaine sainte et<
sacrés par la viviHcation des mystèrt'^
vins, vous serez lavés de tous vos pt*
ainsi que de ce que vous faites en re l
ment a mon égard, et qui vous effraie,ti :
venus plus blancs que la neige, vous m'
ensuite du nombre des soldats de hi
Christ , et vous deviendrez cohérilier^
royaume céleste. »
Ayant dit ces choses, il parvint au lieu
son supplice, et s'étant tourné versTOriec:
ayant élevé les mains au ciel, il pria1onj;tea
parlant en langue hébraïque, et versaui
larmes, et il rendit grâces à Dieu. Elqik
il eut achevé son oraison, il dit adieu >
Irères et les bénit, et liant sur ses ycji
voile de Plautille, il mit les geuoui à u
et il tendit le cou. Le bourreau, élevani
bras, frappa de toute sa force etIuiaU
la tête, et lorsqu'elle fut séparée du cor ,
elle prononça fort distinctement, en hél :
le nom de Notre-Seigneur Jésus-CbriM, :
aussitôt il sortit de son corps du lait eU >
du san^^; le voile qu'il avait attaché sur >
yeux disparot lorsque quelques-uns des î^-
sistants voulurent s*cn saisir» et il serép: -
dit un parfum teUement suave que lu
langue humaine ne saurait l'exprimer. {
il parut au ciel une splendeur telle >,
nul œil humain ne pouvait la coDtcii.[
Et tous les assistants, voyant la grâa
Dieu manifestée parle saint Apôtre, furc
remplis d'élonnement et de joie, et ils U ..-
rent et glorifièrent Jésus-Christ le Seiun< '
et le Roi éternel qu'avait prêché l'adiuirj.
docteur et maître des nations, PauL
Les ofliciers de l'empereur, qui aval'- i
eu l'ordre d'assister au supplice, renconirL-
rent à la porte de la ville Plautille qui io ' >
et glorifiait le Seigneur, et ils lui demau^c
rent avec dérision pourquoi elle ne couuj *
pas sa tète iu voile qu'elle avait prêté è Pd'
Et enflammée du feu de la foi, elle leur réi^d-
dit courageusement :« O hommes vain» '^
misérables, qui ne savez pas croire ce qu:r
vous voyez de vos yeux et ce que vous tu*-
chez de vos mains 1 j'ai le voile que je Im »
prêté, et il est teint de son sang précieui.
descendant du ciel, et suivi d'une f(M'
d'anges vêtus de blanc, il me l'a rapi^tret.
il m'a dit : « Plautille, tu m'as rendu un^<^^
vice sur la terre, et je t'en rendrai ditti> -<
ciel où tu parviendras bientôt. Je retourne*
rai bientôt près de toi, el je te ferai vuir •&
gloire du Roi invincible. » Et Plautille, tirant
de son sein un voile teint de sang, U mon-
tra auxotficiera qui, saisis d'épouvaote. >^
bâtèrent de revenir auprès de l'empereur, et
ils lui racontèrent ce qu'ils avaient vu.
673
PAU
PART. IIÏ. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PAU
67t
Néron fat rempli d*étonneinent en enten-
dant ce récit» et il s'en entretint avec
ses favoris, et avec les philosophes» et avec
]e9 chefs de TKtat, et avec les sénateurs. Et
tous partageaient son trouble et son effroi.
Li tandis qu'ils dissertaient ainsi, Paul vint
Ti^rsla neuvième heure, et quoiciue les por-
H restassent fermées, il parut devant 1 em-
pereur, et il dit : « Néron, me voici, moi,
hui, soldat du Roi éternel et invincible;
iiidliilenant tu peux croire, malheureux, que
i} ne suis point mort, mais que je vis avec
mon Dieu. Quant à toi, après un peu de
[< rnps, des maux inexprimables te irappe-
rniit, et lu subiras un cruel sup[)lice, ainsi
juelamort éternelle, parce que, entre au;
:re.^ crimes exécrables que tu as commis, tu
.15 versé injustement le sans des justes, y
E( après avoir dit ces mots lApdtre dispa-
rut.
Néron resta frappé d'une terreur qu'on ne
."«urait exprimer, et, comtne devenu insensé,
Ine savait ce qu'il devait faire. Et, d'après
econseil de ses amis, il ordonna de remettre
^n liberté Barnabe, Patrocle et leurs compa-
gnons de captivité, et de les laisser aller où
i:^ voudraient. Longin, Mégiste et Àceste,
unantau point du jour au tombeau de TA-
;%e, comme il le leur avait recommandé.
Tirent deuxhommes' Qui étaient en prière, et
Paul se tenait debout au milieu d'eux. Et
épouvantés de ce spectacle, ils n'osaient ap^
procher Tite et Luc, revenus de l'eitase de
leur oraison, aperçurent les p^éfets et 1q cen-
turion qui avaient présidé au supfilice de
PauK et saisis d'une frayeur humaine, il^
prirent la fuite, et Paul disparut à leurs
yeux. Et ils tes poursuivirent, en criant :
« Nous ne venons pas, comme vous le crai-
gnez, hommes de Dieu, dans le but de Vous
mènera la mort, mais pour que, nous don-^
nant l'eau du baptême, vous nous fassiez
parvenir à la vie éternelle, ainsi que nous Ta
promis Paul, la docteur véritable que nous
venons de voir auprès de vous, et priant
avec vous. » Tite et Luc, les entendant par-
ler ainsi, s'arrêtèrent remplis d'allégresse et
d'une joie spirituelle, et leur imposèrent les
mains, leur donnant le signe de la sanctifi-
cation perpétuelle, et après s'être appliquée
au jeûne, ils furent baptisés au nom de Jé-
sus-Christ Notre-Seigneur; à lui, et avec le
Père, dans l'unité derEsprit-Saint, honneur,
gloire, vertu et empire dans les siècles des
siècles. Amen. »
C'est d'après les ouvrages mis sous le nom
d'Abdias et de Lin, que Vincent de Beauvais^
Jacques de Voragine et les écrivains du
moyen âge ont raconté l'histoire de saint
Paul (639).
LETTRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS,
en vers.
On lit dans les Actes des apôtres, cnap ,
18-35, un discours que saint Paul adressa
AUX prêtres d'Ephèse qu'il avait fait venir à
Milet auprès de lui. Un érudit du xv' siècle,
i. Camérarius « paraphrasant ce texte, a
composé et mis sous le nom de saint Paul
';ne Leitre aux Ephésiens, De veri episcopi
lolliciiudine et presbytorum cura, et il y a
i'jinl la réponse des Êphésiens. Le tout est
en grec et accompagné d'une traductioa en
vers latins. Après avoir paru dans un petit
volume, publié à Leipzig en 1551 : Capita
pietatis et religionis christianœ versibus grœ-
cis comprehensa ad institufionem puerilem^
ces pièces ont été réimprimées par Fabri-
cius dans le Codex apoeryphum Noti Testa^
mentir L II, p. 685 et suiv. Nous croyons à
propos de donner place ici aux vers latins do
Camérarius.
D. PAULI TARSEN91S AD EPISCOPOS ET ECCLESIAH EPHESI0RU3ff EPISTOLA,
expresia versibus.
DB CAPITB XX ACTORUH AP09T0L0RU1I.
Quanleg'uis Yobis traierno jiinctus amore,
Nost)ue Deo Cbrisli coiiciliaiue fide,
Niinc MTipiam Paulus consueio more salutem,
Pacirerum aelberii roillo favoris opus.
Oiiâm niiper cupido discedens ore precabar,
Cbarior o viia sancla caterva mea,
I uni vos Milclum accersilos corde reliqui,
Turbalo nosiri soUicitodinil>us.
l'oM profusa pio de pectore vola» patrisque
Oraio posiiis aoxilio genibus.
^cfiri ego quas lacrymas, luiii fundere lumina vidi ?
Uui gemitas nicesio redditus ore fuil?
(659) La Conversion de saint Paul fait partie des
^atièrei inédits du xv* siècle^ publiés par H. Aehille
J"trtna!, Paris, 1837, 9 vol. in-8-. ( Voy. Diction-
^^^rtdn maures, Mîgne, 1854, col. 82U.)
UCtfnrf rston de saint Pau/, tel esi aussi le litre d^uiie
Cuiti complexii eiiam manuum mollissiroa eoUo
Yincura sirinxerunt bracbia vestrâ mea
Oscula cum sanclo pia nobis ore dedtstis
Pliirima, quae castus ferre jubebai amor.
Et vox cunclorum miserabilis una sonabal,
Me socium vellem deseruisse gregem.
Non égo vos fralrum charissima lurba relinquam,
Vobisciimqiie omiii lempore fidus ero.
Qiiamvis nos lelhis, quamvis nos separel unda,
Splrllus est juiictos qui tanien esse facil.
Quin eiiani ipsa meo cum corpore vila recedet»
Mensque suc requiem funcla labore petei,
lrag<^die en cinq actes et en vers, coropo>ée par on
auteur très-peu connu, nommé Viliemol, (Lyon,
1655, in-8«.) La Justice divine est la seule feoind
que cet écrivain ait admise dans son ouvrage.
675
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
r»
Tune qttoqne non Testri vobis praeseniia Pauii
Deerii. et tivoi mortuus inier ero.
Qoid ? non jam scripto licet hoc me eernere eorum,
NoDiie referi Domînuni littera roissa suum?
Litlcra verborum praeclara mîuistra rneonim»
Consilii interpres (iu^ra eeria met,
Quam revocaliiram monitus in peclora vobîs,
El praecepta niei misinius eloqiiii.
lijnc ubi nosira ralio priinuin sululiicia quievit,
El stal Phœnices regia prisca Tyrus,
Nunc aliam dui» nos Judaica régna peteiitem,
Qua^riinus el nosira: fil mora ia»ila viae:
Composilam paribus verbis el sensibus iisdem,
Lt sludmm eoruni commémorasse fuil.
Nola mea est vobis a primo tempore vila,
Terrain Asiae nostri qtio leiigere pedes,
Vila Deo sanclo cullu servire parala,
Conliiiet insignem qui pielate fidem,
Quae mala periultrim nimium esseï scribere longum,
Dum jacio verbi seiiiina, Glirisle, lui.*
Yidislis laeryroas nosiras, flevisiis el ipsi»
L^rgo pervigilea imbre riganle gênas.
Et ii*ea communes auxere advf rsa dulores,
Publicaque xrumna causa fuere mea.
Ut lamen auie Deiim summissa procido menle,
Jnque meos nil me lenius esse polcsl;
bic forli reiudisse aninio mcminisse poicsiis,
Mepopuli fraudes insidiasque mei,
His ego diviiiam Cbrisli convellere laudem,
El cupidis sanclam dissolulsse ûdein,
Opp«)«ui viUmque meam, fortique relucians
Pt'Clore, probra, minas, vertîera, vîncla luli.
^ulla eiiam noslro i^ludio res obstilii unquani,
Non ullo mens esl nosira repressa roeui.
Quoininus ad vestram facerent quaecunque salulcm,
Conarer vrrbiA expticuisse meis.
Yos convenia igilur docui per pubiica el inlra
Privaias cum res sivil, uhique domos.
Docliinam exiernis paril^rque el civilms unam
Exposui, priscos leslilicando libros.
Esl ammi sensus cniqtie. el sua corda novanda,
i£laiem ut ooleal sii abiissc suam ;
Defleai ei viiur comniis>a nelaiida prioris,
Ouinia conspeclum qui vidtl anle Dei.
Ulque sibi parlant Cbrisli de sanguine viiam
Credal et hoc IreKi posse nocere niliil
El SDeraie illis fa» solis esse saluieiii,
Quos pei-caloriini poeniluisse polesl,
Servanlemque ll«ie qui coinplecluniur Jesum,
Vivifica unius noinina cujus babeni.
Ergo eadem fuit bxi' vox, baec eadeinque futura est,
Sive ergo Juduîis Grajugeniste loquar.
Pœnileal fraadisque niala* viiaeque prîoris,
Et projecia Dei mens cadat anle pedes :
Aiqae bic te , bone Cbriste, fide comprebendcre
[quaeral,
Soi», Gbrisle, toa purificanda fide,
Quem Genitor ver^m uobis dédit esse salulem,
Directufiique su» cognilionis iter.
Al nunc ad bolymam rapiat me Spiritiis urbem»
El Telai nijecia compede corda iraliit ;
Huctendo ignarus reruiu sorli^^quefulurae»
Flaniinis ei sancti concila lora sequor.
Cuucia caiiunl omnes ïamen isia per oppida Talcs,
Diviiia et solvuni lalibus ora souis.
iErumnasque graves et sa^va pericula Paulum,
Viuculaque innocuos dura mauere pedes.
Haud ego quid de me flat nnnedeinde laboiti,
Ipsaque vila mea ui non preciosa mîbi.
Dum liceat praesens spaiium decurrere cœlo,
Et solnisse mei pensa mluisterii,
Quae Dominus dedil ipse meus mihiChrisins U*;i-
JuHS»que quae facias baec mea, dixit, haïr,
Nunlia divjni, ul proclames grata favoris,
Silque Ëvangelii vox lua praeco mei.
Nnnc ex boc visura inagis scio lempore ennm
Uuud non sint vnlius lumipa vestra meos;
YcHlr:!, quibiis noslri doclrina innotoil orts,
Perqiie Ëvangelii quos mihi facia via e>t,
Quosque apud iElherii feci pracconia agoi,
Verbaiiue viiifero deveiiiente dte :
Nunc quem per cunque est testera voco.inf f "
Puriim, sors luerilsi qoasinistra, necis;
Nil elenim lexi, non ullî oper»ve peperci,
Mens Palris ut vobis esseï aperta Dei.
Proinde adhibete aninios nob!sque advenite te»:-
Sedulus et tutom servei ovile latwr.
Spiritus in quo vos sanctos dedil esse ro»gistr<H,
Yestra suc ul praestet p»buia cura ^n-gi.
Adversum quem tania ':.X dilectio Chri^ii,
Sanguine mercari vellet ut ipse suo.
Namqiie ego praevideo poslquani disces>ero, fr.L, i
ExpfTs ppiesidii coneio sacra mei,
Mox grassaluros lanlo, clarissîme paslor,
Parla libi rabidos in lua septa lupo«.
Heu mibi quns illi strages ni ovilibusedenl,
Qua^quedabiint lurbas, qualia damna, Uii»?
Quin eliam e veslro numéro perversa %irt>niin
Mox naiio el fatsi progredielur anian*:
Sique volent popiili recloies aique inagisifi,
El piebis suuiinuin Cbri^lidos esse caput,
Alque suam a dexlro setlucenl tramiie sectioi,
lu la:vuin stullae crndelilaiis lier.
Ergo, viri, ignavum sedudiie peciore Fonnaifit
puisque sno veslrum pervigileique hxe,
lUa recordanles aiiinii prae^epta lidelis
Tradita nunc aiiiiis nocîe dieque tribas,
Dum flens a vobis unumquemque borlor el oro,
Doclrtnae ui servel iraaila »ancia mec;
Dum uioneo, adfer^us dum ciuictos inblnio ca>3tf
El uiihi in boc capilur null» laliore qaies.
Nunc vos quod supi-resl, fralrum clians^inK «ti <
O frairuni pi «pria lurba ^alule (irior,
Commitlo dexira*que Dei ûJelque poleuUs;
illi us 1 1 verbo irado beallttco.
Quique augere opus iiieepium \alei et dare t «
rarlem inler saiiclt>s unmibus exiiniam.
Non vestes me, non argenli pondère el auri,
Eslis vos testes, concupilsse, mihi ;
Âssiduis aluit nam dextra laborilms insiaoi
Nosira, ministerio neque meosquesoo.
Ac sludii vobis exempta relinquere nosira
Unae proprium facerei quis<|ue seei<liis opQi>
Deque illo miseros et egentes ip^e levaret.
Et cupido iiiflrmis pectore ferret open ;
Sahiûd ul Doinini cœlesli voce motirinur,
Pauperibusprompla suppeiltiare maoo.
Quae largiii aliis el trairibus addere pKiea,
Quam capere iminenso reciius e»se docel.
Quou restai fralres, dilecta caterva, valele
Me vocal ad luclain \entus et uoda dotiid*
0 iierum aiquc iierum Cbrisli inctyia lurta uîri
Propiiii aulcrno lula favore M»
RESPONSIO EPISCOPORUH EPHESIORUU.
Mandatum nobis, charissime Paule, salulem
Allulitantiqua lillera missa Tyro.
Hanc, velut anie datas, recilari fecirous illo
Condo quo fralrum lempore plena fuit.
Atqae omnes solala ut sunt suavissinia scripfa.
Sic nemo siccis audiii illa genis :
Ulque procui vecium pelagi trans aeqaora nsa
Cbara suiim soboles plorat abesst* patrr«i
A quo si qua Umen data ? enit epistola Oeiss*
Exhilaraiit patrtae cog nita signa man»;» :
Gaodia nosira rot*lestifero sic misu doiori,
Laeiitiam et mœrorflebilts intererat.
)77
PAU
PART. 111. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
PAU
678
id vero repettu itsst dUcrimine vîtae,
El modo suseeptae tania perida viae
}ui gemitus fleiusque? ei quae lameiiia fuere ?
U£(u oninî quierulis exhalante sonis.
Audiii bos Ephesinorum vicinia liiciu8,
Excita ut populo Yocireraiite fuit.
C'jmque inier crebro tua nomîna, Paule, sonarenl
Ciah'Ctt planctum credidit esse lui.
r.inia etiam nostras tristis pervenit ad aures,
Dirla » vtcinis sparsa luisse Syriâ.
Te po$i coiirertos tandem maris aêquore cursus
Prima PalaîStrîui régna pâtisse soli.
Ho>pitio(|ue fuisse acceptuin mœntbus urbis,
}ux célèbre a magiio Csesare nomen haltet,
Alqo*' tvangelii doctoris in aede Pbilippi,
Con&lituisse aliquot vtUe inanere dies.
Kdaea liunc Tateni terra venisse ferebant,
Diraque terriÛcis lune cecinisse modis.
Ciflgulaque înjecisse libi, cum diceret, iila
Sisiia, catenarum ei careeris esse lui.
Tune fralrum fusis lacrymis orasse catervanii
Viiares Solymae cauius ut urbis lier,
Sed le etiam mortem dtxisse subire paratum,
Mcmine pro Ghristi si subeunda foret.
Tania pericla igitur quo nos audisse dolore,
Quanti sollicites anxietate putas?
Anieqiioque omnium adhuc œulos versainr et aures
Grassatus noslra terror in urbe recens.
dijus eiai simuUcrilicus Demetrius auctor,
Formidans artis quxstibus ille su».
Aciu noslra qoidem mellitis pectora verbis
Fkrroa^ cunique tuis te fore semper eis.
.V larocn, beu ! modo, te nimiiim sentimus abesse,
Fiinctio jamque tuam nostra requirit o(iem.
Alqiietui capiet nos cerie oblivio niinquam,
Obrueiet merili débita nulia dies,
Ipdi dum nostri memores liac luce fruemur,
Membraque dum vegetans spiritus isia reget.
Non suspen.-a iia suiit leiiui vestigia sulco,
Eidubi» oflTicii signa relicta lui.
Quidîdoeiriiia pis ett|uod verba (idelia mentis,
Nunquam nos Pauli non meminisse sinunt.
Noa iios terra igitur dirimet, non nos mare, quin
[nec
Yasiairice secans omnia parca manu.
F4S€nl exceplura tamen, sanctissime Paiilo,
Tu vidisii babitum qualia damna tuum î
D 'v nos, 0 miseros, qnanium experiendo gravamen?
Veraque valiciiiii dicta fuere tui;
Vuud si dum prope adbuc oculis le ceniimus , et
[dum
Pêne istinc ad nos yox tua missa venit,
Tao) eito defecit muiata Ecdesia, quis post
Annos, post quis erit sxcula plura status?
Quid Uei? euro non modo tu jam, Paule, quietem
Perfecto injuncto munere nactus eris.
Sed nosimm et rapiei quosdam, quaecunque manet
[mors,
Quorum idem tecam est spiritus atque Ûdes*
At exempta quidem tua sunl notissima cunctiSt
Quid refert?Paucis si placet illa sequi.
Coniemptum dicuut parère et ludibria vitam,
Viia operis quae sit plena laboriferis :
Te nudum irrident, quaerunt regnare, bonisque
£i rerum in terra commoditate frui.
Ac purs verbis doctrinal et simplicis addunt,
Paule, suos fucos deliciasque, tuis,
UDimiuro esse feruni exsUia, credere Ghristo,
bpemque salotiferam justiticamque fidem :
Adjunciumqae illis fraterni munus amoris
Cuncu bac splendorîs rentur babere parom.
w variis cumulant ornantes legibus ipsi,
v^Uetuti coitiptis sint redimita comis.
"5^'^inistadedes, solemnehoc tenipus babebis:
«t vestis sancta est baec magis, ista minus.
vumeiiain Chriito adjungenda juvamina quaedam,
:^on ftUodum auxiiio soiius esse doceni.
Quid ?quod corda plagis illi irretita pîorum,
Perversoque Dei capta timoré tentant.
Gertum est si pergant utinam nos falsa loquamor 1
Et nisi, Gliriste, tuum tu tueare gregein,
Mox dominos in plèbe tua passim exorituros.
Qui duro astringant libéra colla ji*go.
Jam misera est magnos babilura bcriesia reges,
lp<e caput Ghristus non ma^is hujus ern ;
Scripsimus bo<- faiso : caput bujus eorixiris ille
Semper erit, nec qui detrabates^e potest.
Et quosdam brève post tempus lam esse veremur
1 liuH ausuros se perliibere caput.
Relligio in pompas evadet casta sacrorum,
Eaque novum faNaecredulitatis opus.
Vana suprrstiiio pro veris somnia vendet,
Rectaquc jam noient discere, prava volent.
Longius et fiai paulum modo, serviet isti
Terra poiestati hubdita tula sacrae,
Inque Evangelii residebunt sede tyranni.
Stratus et islorum sub pede niundtis erit.
Haec dictu quamvis , ut suni, borrenda putentur»
Accersi Uiistra sponte viderclicet;
Nam quis jam rectos monitus audire docentum
Lucifera nudos utiliiate cupit ?
Quis carpi dvlicta sua et peccaia notari,
Ferreque reprehendt quis maiefacta potest ?
Indiffnari animis videas ardentibus omnes,
Quos tetigere pii verba ministt rii.
lllos qui dicant non offendentia quaTunt,
Guncio sola carens asperitaie placet,
Quaeqne litillaudo jucundis vocibus aures
Expédiât dictis cuncia suaviloquis.
Ergo etiam illa sequi tandem metuenda necesse
[est,
Noctis et erroris leuipora caec:) mali
Fabula* nt oblectent boniirtes nugaeque decoix,
Rideiisque bunianae caliiditatis opus.
Sic facile in laquens perversi et relia sensus,
lu foveam ititeritus sic quoque deiiide cadent.
Uaec utinaui precibus communibus aveitantur!
Qua causa et pla uit significare tibi
Quidquid erit, te ccrie Epliesina Eccle^ia fratrem.
Te doctorem babuit, te qnoquf, Paule. patrem:
Quo studio a te suut qnaeque oainia t. ad ta iio.jis«
MousiravitGbrifttus quas libi cunquo fiuel
Te celasse nibil, nihil obscurasse faieuiur,
Quae verae débet nosse, saiutis amans.
Atque erit, baud jam, Paule, tua saiictissime culpa,
Sed proprio iiidoctus crimiue, si quis erit.
Qoln etiam, ut melius nobis didicisse iiceret,
Et nibil Qt studii taederet orsa pii.
Te praesenie animo opposuisti bostibbus ausis,
Yisque omnis cura est puisa inimica tua.
Ipsis doctrinse est jam nota potentia Graiis»
Israellgenis est quoque nota, tuae.
Quam non sermonis facundia docta poliei,
Non celebri eloquio lingua diserta probat,
Sed per multa probat fidei miracula virtus.
Et mens cœlestis firma robore Patris.
Quique tuis datus est legatis Ghristi supremus
Flatus, militiae dux sociusque suae.
Gura quidem nubis studio praestante fideque.
Ut tua concordes verba sequamur, erit.
Nulla dies sanctx docirinae jussa revellet
E memori cœtus pectore, Paule, lui.
SI tamen banc mentem tu nobis, Ghriste, réserves,
Propositique velis sciia valere boni,
Auxilioque probes conantum adjuveris actus*
Orsa tua flrmans cordis etoris ope.
Fiat ut hoc cupidis orans annitere volis,
Nosque tua fuites érige, Paule, prece.
Quid supplex possit conjuucta petitio fratruro,
Ipse quod banc doceat pondus babere Deus,
Scimus, teque recordamur monuisse fréquenter»
Ardoris memores bac quoque parte tui.
Ergo tuis quamvis absens communibus assis,
Paule, pi£ votis suppliciisque précis.
€7d
Nos quoqae , tel est xqumn , in commissOique U-
[bores,
Atqae initaK noper 8«Ta |>ericla tis,
Sedul» et eventum carae studiique fidelis,
Atque EvangeKi progredieniis iler,
DICTIONNAIRE DE5 APOCRYPHES.
Comiiiendare Deo nunqoaia oesMbinM, orii
Chrisiicol» admittii qui facili anre precn.
Charei taie, nosterdoctor frâterq«e patcrqne,
Iiique hostes Chrisli nomiiie tinte tnot.
PERFECTION.
(Evangile de la Perfection.)
Cet évangile est menlionné par saint Epi-
phane comtne étant répandu parmi les gnos-
tiques, et comme une œuvre des plus con-
damnables. Voici d'ailleurs la version latine
des paroles de ce Père (Hœres. 26).
Sunt et ex iis nonnulli qu i adultertnum quod-'
dam et adscititium scriptnm venâiiant tv' .
opusPerfectionis Evangelium inseribuntur.
rêvera non Evangelium, seddoloris li/oc/..
tus perfectio, Universa ^uippe consurnu,-
atque mortis acerbitas m eo diaboU [ .
vonlinetur.
PHILIPPE (SAINT)
{Ecrits attribués ou relatifs d saint Philippe,)
Evangile de saint Philippe. — Il était ré-
pandu parmi les gnostiques, mais on ignore
s*il s'agit de Tapôtre ou du disciple. Saint
£piphane le cite, et d'après ce qu il en dit,
on voit que cet écrit se rattachait aux opi-
nions de cent qui représentaient te mariage
et la {génération comme Tceuvredu mauvais
))rincipe,oudu princede ce monde (6^0). Plu-
sieurs anciens auteurs grecâ, Timothée de
Constantinople et Léontius, mentionnent un
écrit attribué è saint Philippe, comme étant
répandu parmi les Manichéens. C'est tout ce
que nous en savons. Voici d'ail leurs comment
dom Cal met, dans ses Discours et disserta^
(ions sur les livres du Nouveau Testament^ ^
1715, in-8% 1. 1, p. 18?^, a traduit le fragment
ffui nous reste de ce pseudo-évangile: « Le
Seigneur m'a découvert ce que l'âme devait
dire lorsqu'elle serait arrivée dans le ciel, et
qu'elle devait répondre à chacune des vertus
célestes : «Je me suis reconnue et recueillie,
« et je n'ai point engendré d'enfants au
'< prince {de ce monde^ au démon), mai^ j'ai
« arraché et extirpé ses racines. J'ai réuni
«( les membres ensemble; je connais qui
€ vQus êtes, étant moi-même du nombre des
« choses célestes, d Ayant dit ces choses, on
la laisse passer : que si elle a engendré des
enfants, on la retient, jusqu'à ce (|ue ses
enfants soient revenus à elle, et qu'elle les
3it retirés des corps qu'ils animent sur la
lerre. »
IJo écrivain grec du ix* siècle, dépourvu
(640) Praeterea evan^liam qaoddam siib Phi-
lippi saoctissimi Christi discîpali nninine clrcum-
feruDi, in qno ista narrantor : cMihi, inquit. Do-
minus aperuit quibas anima verbis uti, cum in
cœlom ascendit ac quemadmoduro unicuique cœ-
lestium virtotum respondere debeat, aimirum :
Ego me tpiam agnovi atque undequaque collegi :
neque prineipi filiot genui^ nd ejns radiées exêtirpavi
ac dissjpata membra in unum coegi^ teque adeo qui
sis Rovt, iHiti enim e eœtestium uwnero. Atqoe hoc
modo, inquiant, tlla dimittHor. Si autem so-
bolem propagasse reperîtor, tandia infra detinetur
douée niios sucs recipere poCuerit et ad 8emeti|>sam
d'autorité, Anastase e Sinalie, dans f -
Traité De tribus quadragesimis, publii'j'*
Cotol ier dans les AfonumeH/a£cc/eji(r Gtxt *
t. 111, p. 428 (641), raconte, à l'égard de<a '
Philippe, une fable que nous ne \\q\i\ \
omettre.
«( Au sujet de la quarantaine de la NatiT :
de Jésus-Christ, il est écrit dans le von.
ou itinéraire de saint Philippe, que iorsq i
annonçait la parole de visite, il vint, en V.*
nonçant, jusqu'à Hiéropolis en Asie, a\
Barthélémy et sa sœur Marianne; les lu:
tants de cette ville adoraient une vipère. L.
s'étant saisis de l'apôtre , ils lui firent sou!
frir beaucoup de tourments, aucun d'eui
voulant écouter la parole divine, si ce n» \
celui qui avait le premier reçu l'apôtre; -
lui-là fut baptisé, ainsi que toute sa mx-^
et sa famille, et la femme du proconsul. I*
traînèrent Philippe après lui avoir percé
talons, et le crucifièrent la iéte en bas;
attachèrent Barthélémy è une croix aupr
de lui, et ils mirent Marianne en pri>OD. L:
saint Jean étant alors arrivé eo ces liem
Philippe lui demanda de prier |xjar que i
feu tombât du ciel, et consumât tous • -
infidèles; Tapôlre Jean ne le voulut poin:
et trois jours après son départ, saint Phili;
pria, et la terre s'ouvrit, et tous les itiv
très furent engloutis dans Tenfer. Eoso
le Sauveur lui apparut, et lui rappelle'
précepte de ne pas rendre le mal pour
mal, et il ajouta : << Comme to as vicié o:^
attrahere. Hae sont nuj^ iilomm et coauûi •
(libres. 26, § 45, p. 95. ËdiU de 16S^)
(641) Cotetier témoigne son indignation contre
récit en fermes énergiques : t Apocrypba «^«"i''
tur falsa, fabulosa, însulsa, inpia, lisrciici. u.
digna plane qu» ab Apostasio vd fnUtfmx^'
dignissima contra quas Gelasiano synodi Rooa>-»
decreto sternum perseviu maneaoï. Quocim
prudentius atiis vlaum lectumqae Phtiippi >P^
phum repurgaverînl, M^opulit dili^ter tittt»*- a>
aiiis isnoratom est Philippi nrartyrnrti postClw:
tem Alezandrinum. » fSiromari., Kb. iv.)
ftl
PHÏ
PART. m. - LEGENDES ET FRAGMENTS.
PHI
681
commaDcieaienî, etqaetn as maltraité ceux
qui t'avaient fait du mal y tu dormiras ici ,
et lorsque mes saints anges te porteront au
fiar^idisi tn ne pourras pas y entrer , mais
durant quarante jours tu resteras en dehors
danslaluiction; un glaive de feu t*crapècbera
d*approcher, parce que tu as puni ceux qui
l'avaient fait souffrir { ensuite tu entreras,
et lu seras mis en possession de i*endroit
qui a été préparé pour toi. » Alors le Sau-
veur, ramenant ceux qui avaient été conduits
dans lenfer, monta dans les cieux. Ensuite
Philippe ordonna à Barthélémy et à Marianne
de dire à Jacques et aux autres apAtres de
jeâneret de prier pour lui pendant qua-
raote jours. Et c'est ainsi que les apAtrea
prescrivirent à tous les fidèles des jeûnes
et des prières pendant quarante jours» Et
ce commandement fut confirmé par les saints
Pères, et par les sept conciles généraux. Et
il fut ordonné que ce jeûne ne serait pas de
cinq» ou de huit, ou île dix jours^ mais de
quarante. 11 est appelé le Jeûne de la Na-
tivité du Christ, parce qu*à la fin de ces qua^
rante jours arrive la salutaire Nativité de
Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et il en résuite
deux bons effets, car nous accomplissons la
tradition des apAtres, et nous nous purifions
pour recevoir et adorer Jésus-Christ Notre-
Seigneur, qui est né sans tache et d*une ma«
nière ineffable de la sainte Mère de Dieui tou*
jours Vierge. » ,
ACTES DE SAINT PHlUPPE (642),
ixiraitt dêi tnanu$ertti grect par Simon Métaphratte^ et publiée par les BollandinUê^ t. 1 de Malf
p. Tel iuiv.
.aucun
Dieu, le Verbe de Dieu, coexistant tou-^
jours avec le Père, et n'étant circonscrit par
temps, a voulu, à cause de la chute
notre nature, s'assimiler à nous et.se
lettre au temps ; il s'est donc enfermé
sein d'une vierge, et il a déifié par
sai^^ipatioD ce qu'il avait pris« Comme
son^^kment dans la chair devait opérer le
salut i^^^us les hommes, il fallait qu'il
eût des ^p^^leurs de sa dispensation divine
et ineffabUBl dos disciples qui participas-
sent à st s iiMtôres, et par le moyen des-
quels il pâtcj^tuer amplement la vocation
laïUi Donc, après que ta
Jésus se fut répandue dans
du Jourdain, et que, par
la grâce de TEsprit-Saint ,
>nt regu le baptême de ses
be incompréhensible do Dieu
r des villes (car jusqu'alors il
habité à Jérusalem), et il
iaiilée où l'admirable Philippe
de l'esprit
prédication
toute la réj
l'o|)ération
beaucoup ei
mains, le
quitta le séj
parait av(
vint dai
résidi ^
r,.e était originaire do Bethsaïde,
André et do Pierre, mais alors il se
uvait dans la Galilée : dès sa première
jeunesse il avait été instruit, par les soins
de ses parents, dans les sciences libérales,
etromoieil avait de bonnes dispositions
piopres l toute étude digne d^éloges, il lut
i^s livres de Moïse, et il se pénétra de toutes
les prédictions qu'ils renferment au sujet
(ie iésus-Christ, qu'ils annoncent devoir
venir dans les derniers jours, afin d'appor-
ter le salut è tous. Il n'était pas permis à
ceui qui instruisaient la jeunesse d'en-
seigner à leurs disciples une doctrine diffé-
(6fô) DiiiD Ceiilier {Bistoire des auteurs ecelésias-
^'"l»6t, 1. 1, p. 493) fait à Tégard de cet écrit lub-
s^rvaiion suivante : i Les éditears des Acla sanê'
iorum (ad 1 M'ait) ont inséré des Actes latins de
^''^nt Philippe ^ qu*ils regardent comme plus purs
<iue ceux qui portent le nom d'Abdias. Us sont ee-
Dittiosi!!. JIE8 Apocryphbs IL
rente de celle qu*ils avaient apprise dans les
écrits de Moïse.
Jésus venant en Galilée et y trouvant le
pieux Philippe» lui ordonna de le suivre^
Et lorsque Philippe enten<iil Jésus qui Tap-*
pelait, il eut aussitôt présent à la mé-
moire tout ce c[u'ii avait entendu dès soa
enfance au sujet du Christ, et il reconnut
que c'était lui dont les livres de Moïse an*
nonçaient la venue. Il s'attacha donc aussitôt
au Maître qui l'appelait, et faisant des pio«
grès dans la vertu, il fut compris dans le
nombre des principaux disciples. Il voulut
communiquer aux autres ce qu'il avait reçu
de bon, et aussitôt qu'il rencontra Natha«
nael > qui depuis longtemps était son ami et
son compagnon, il lui annonça la présence
du Messie, non comme une chose future^
mais comme un fait accompli, en lui disant:
« Le salut d'Israël ne consiste plus dans
l'espérance; le Sauveur que les prophètesi
inspirés par TEsprit divin, ont prédit comme
devant se révéler è la fin des temps, est pré«
sent parmi nous. Nous le reconnaissons dans
Jésus de Nazareth, et nous ne pouvons re-*
fuser notre foi à l'excellence de ses mira-
cles, et à la supériorité de sa doctrine.»
Ayant parlé ainsi et conduisant APfès lui
Natbanael, quoique celui-ci fût dilBcile à
persuader, et qu'il contestât qu'il pût rien
sortir de bon de Nazareth, Philippe l'amena
auprès de Jésus, fournissant ainsi la pre-
mière preuve de la sincérité de sa foi. Na-«
thanael, convaincu de la vérité de la mission
de Jésus, sécria : « Maître, tu es le roi d'I»
raë). » Et Jésus-Christ reconnaissant qu'il
parlait ainsi avec une conviction prufonde«
pendant rejetés comme fabuleux par les meilleur!
critiques, tels que Tillemont {MémoireSj 1. 1, p. 640},
et il suffit de les lire pour être convaisca clé lear
fausseté : ceux que les Aèta donnent aussi d'apréi
Métaphraste ne valent paa mieux* »
sa
«85
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
6M
lui tûûOlra qu*ii serait instruit dans les mys-
tères divinSy et qu'il verrait le royaume c<^-
lesie, car il lui dit: « Rn véritéy je >ous le
dis, vous verrez les deux ouverts et les
anges de Dieu monter et descendre sur le
Fils de l'homme. » Depuis ce temps, saint
Philippe appliquant son oreille aux mystères
sacrés, s'^ consacrait de tout son esprit, et
ne se laissant détourner par aucune autre
pensée, il était purifié )^r la lumière de la
connaissance divine; se dc^pouillant de son
ignorance primitive, il était renouvelé en
iTiomme intérieur. Avançant en Age, il con-
çut pour Jésus-Christ un attachement encore
plus parfait, et il était de même l'objet d'une
affection non moins vive, de sorte qu'il était
regardé comme le fils du Sauveur el comme
devant être son héritier, devant, à Tavéne-
ment de l'Esprit-Saint, être établi prince do
ia terre entière.
Quand vint le temps de la Passion qui
donnait le salut au monde, Philippe resta
toujours auprès du Sauveur. Des envoyés
iles gentils se rendirent à Jérusalem pour
voir Ta fête, et ils furent saisis de surprise
en entendant raconter les miracles opérés
par Jésus, car on racontait qu'il avait res-
suscité Lazare d'entre les morts, et 'a foule
le comblait d'éloi^es et rapportait des mil-
liers de merveilles qu'il avait accomplies.
Ces gentils désiraient donc s'entretenir avec
le Sauveur ; ils le suivirent dans celte in-
tention, et, s'approchant de Philippe, ils lui
exposèrent le molifJe leur venue: Philippe en
tit part à André, qui avait été appelé avant
lui, et tous deux en parlèrent à Jésus, qui leur
expliqua sa Passion et la gloire qui devait
la suivre, en disant : <i Si le grain de fro-
ment tombant par terre n'est pas mort, il
reste solitaire, mais s*il est mort, il produit
beaucoup de fruit. » Et Jésus*Christ lui dit
alors qu après sa Passion et sa résurrection
il se manifesterait bien des fois à ses disci-
plest et qu*il les ferait assister à des choses
au-dessus de 1 entendement humain. Phi-
lippe, prenant part aux mystères ineffables,
assistait à ceux qui s'accomplissaient. Quand
Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ eut
accompli tout ce qu'il devait faire dans la
chair qu'il avait prise pour nous, unissant
d'une laçon admirable les choses terrestres
à celles du ciel; lorsqu'il fut monté avec
gloire pour s'asseoir à la droite du Père, et
que, selon sa promesse, il eut fait descendre
1 Esprit-Saint en forme de langue de feu sur
ceux qui avaient été les compagnons de sa
Tie mortelle et les confidents de ses secrets,
alors Philippe, plein de ce même Esprit, se
disposa à entreprendre le cours de ses pré-
dications évangéliques.
Tandis que les apôtres pénétraient les uns
dans l'Orient, les autres dans TOccident;
tandis qu'ils s'enfonçaient dans les régions
septentrionales ou aux extrémités du Midi
toutes les villes et dans tous les bourgs,
il amena k la piété une multitude innom-
brable, qu'il éclaira de la lumière de ii
régénération et qu'il conduisit ao Père cé-
leste. Il guérissait par sa parole et par rim*
position des mains ceux qui étaient atteints
de maladies ou qui étaient possédés par den
esprits impurs; il chassait les enneuiis in*
visibles des hommes et, par l'éclat de so<^
prédications et l'accomplissement de mira-
cles extraordinaires, il amenait i ta con-
naissance de la vérité une multitude de
gentils. Il ordonnait partout des prêtres et
fondait des églises, enseignant h offrir Tho^-
tie non sanglante au lieu des victimes en-
sanglantées, et à observer les préceptes df»
l'Evangile, et il amena ainsi h Jésus-Chri>i
un trè^-grand nombre de fidèles. Et les choses
étant venues au point où tous deraitm
passer h la foi et où il devait, lui, passer
vers le Seigneur, voici comment sa vie S"
termina.
Après des travaux infinis, il vint dsns
une ville de Pbrygie qu'on appelle la saini?
(Hiérapolis) et qui, surpassant par le nomltrc
de SCS habitants, toutes les autres cités de
celte province, est appelée leur mère. LV
pôlre y étant arrivé pour y prêcher TEwn-
gile, vit qu'on y adorait les idoles et qu'un
y rendait un culte à une vipère monstrueux*
et empoisonnée ; il fut entlammé d'un s^int
zèlo et s'appliquant avec ferveur à la priiT<*,
en invoquant le nom de Jésus-Christ, il m
mourir cette bête pernicieuse qui avait donne
la mort à beaucoup de gens. Après avo.r
ainsi, par le secours divin, triomphé de cet
animal féroce, il se mit à prêcher tous les
habitants, leur recommandant de venir à
Dieu qui est dans le ciel et de ne pas sai-
tacher aux serpents qui rampent sur la terre;
il leur enseigna que Dieu, éternel, parfait
et incompréhensible, a créé le mon<ie, et
formé rhomme à son image, et qu*a{>rès sa
chute, il Ta racheté on faisant naître (ïm^
vierge son Verbe qui lui est consubstaniic!
et qui, se montrant sous la ressemblance
humaine, a pris part à nos souffrances.
L'apôtre enseignait ainsi soit en publia
soit en particulier. S'il voyait que quelques-
uns de ses auditeurs recevaient d^une nu-
nière spéciale la parole de la foi, il leur
appliquait la lumière de la régénératioi.;
il les recevait dans Tordre des prêtres it
il en faisait les temples animés de Jésus-
Christ. L'ennemi des hommes, voyant qoe
la vérité se répandait ainsi, s'efforça de ten-
dre des embûches à l'apôtre et de le penlr**.
S'insinuant auprès des chefs de la ville et
soufflant l'indignation comme le feu, il îe>
amena à faire saisir Philippe, et à sou-
lever la foule contre lui. Il fit ensuite i
raf)Atre tout le mal qui dépendait de lu .
amenant ses persécuteurs à l'enfermer dan»
une sombre prison, à le battre cruelleoidt!
et à le soulever en l'air par des cordes |^*
secs à travers ses talons.
Le saint apôtre Barthélémy arriva sur ces
entrefaites à Hiérapolis et voulut part8>:e:
le martyre de celui dont il avait parlai
les prédications. Il le rejoignit lorsque '^*
saiht était attaché sur une croix. Sa sorur
685
PIIl
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PHI
685
Marianne, vierge de corps et d'esprit* atta-
chée à son frère par les sentiments encore
plus que par la nature, assistait Philippe
dans ses souffreinces et Tencourageait. Et
tout d'un coup la terre trembla et tous ceux
qui s'étaient rassemblés pour être témoins
du martyre de l'apôtre, furent saisis de
frayeur. L'endroit où ils étaient s'affaissa, et
un grand abîme se montra à sa place, et le
peuple fut en danger de périr en entier de
la manière la plus terrible.
Tous, ne sachant quel parti prendre, re-
connurent qu'ils étaient chAtiés à cause des
mauvais traitements infligés à Philippe; ils
entourèrent l'apAtre, l'appelant leur sauveur
et le suppliant de leur tendre la main et
d'avoir pitié d'eux. Et comme ils se ré-
pandaient ainsi en supplications, on dit que
Jésus, dans sa miséricorde infinie, eut pitié
d*eui et qu'il apparut soudain ; aussitôt le
danger cessa, la terre ne trembla plus et
Passistance divine vint au secours de ceux
qui attendaient une mort misérable, leur
tenant lieu d'échelle et leur fournissnnt les
moyens de sortir du gouffre où ils étaient
tombés. Ces événements donnèrent ainsi aux
infidèles une voie vers la foi, et montrè-
rent la grandeur de Philippe, et surtout
celle du Seigneur qu'il prêchaiL Ceux qui
avaient été sauvés s'empressèrent de dé-
livrer les apôtres et de les détacher de la
croix, mais lorsqu'ils eurent délivré Bar-
thélémy, Philippe leur défendit d'en faire
autant à son égard, car il savait qu'il de-
vait émigrervers celui qu'il désirait ;il resta
donc toute la journée sur la croii (6'«3],
s'entretenantavec les habitants d'Hiérapohs
de leur salut, fortifiant leurs âmes par ses
exhortations et répandant pour eux des priè-
res ; il mourut saintement au milieu de ses
saints discours, et il passa vers le Seigneur
qu'il avait aimé, recommandant son ftmo
entre ses mains.
Barthélémy et Marianne, après avoir ac-
compli avec éclat les cérémonies accoutu-
mées dans les funérailles, déposèrent son
corps vénérable, en chantant des hymnes
dans un lieu saint et convenable, et après
avoir conlirmé dans la foi ceux oui étaient
présents, ils retournèrent dans leur pa^rs,
prêchant partout l'Evangile de Jésus-Christ
auquel reviennent toute gloire , honneur et
adoration, maintenant, et toujours et dans
les siècles des siècles. Amen.
B autres Actes de saint Philippe chargés
de circonstances fabuleuses, se trouvent dans
divers manuscrits grecs, notamment au Va-
tican etàlatnbliothèque devienne (Foy.Lam-
béci us, Commenl., t.ylll, p.58^, édit. Kollar),
et k la bibliothèque impériale à Paris. Thilo,
qui voulait les publier, avaii examiné dans
ce dernier dépôt, les textes souvent im-
parfaits que présentent les manuscrits U5V,
U68 et 881 (olim Colbertinus 703, turt) Re-
gius 2382), et il en avait noté les variantes.
Voy. Acta S. Thomœ^ Lipsiee, 1823, p. LXi.)
Les Bollandistes avaient connu ces Actes,
mais ils ne les avaient pas jugés dignesd'ètro
insérés dans leur recueil; voici en quels
termes ils s'expriment (Mai, t. I, p. 8) :
AliaAeta GrœcadescripsimusRomœex codice
Vaiicano signcUo 808, scd imperfecta^ quœ
non est optrœ pretium edere; solum noto
<!uod hic dicatur inter miracula prœfectus
Stachys a cœcitate libérât us ^ quant tulerat
onnû quadraginta; leopardus etiam et hœdus
humana voce locuti.
Si Thilo n*a pas mis au jour le texte de ces
Actes, il en a du moins donné une analyse, et
nous allons faire connaître les détails les
plus saillants que renferme cette production.
On y lit que des philosophes grecs, dési-
reux de s'instruire, avaient écrit à Ânanie,
grnnd prêtre à Jérusalem , afin d'avoir des
informations sur Philippe et sur sa doctrine.
Le ^raud prêtre, excité par le démon, se
rendu à Athènes avec cinquante hommes,
afin de disputer avec Philippe et dans l'es-
poir de le confondre. Après une vive contro-
verse, te grand prêtre, n'ayant pas de bon-
nes raisons à donner, ordonna de flageller
Philippe, mais en punition de son incrédu-
lité obstinée, il fut frappé de cécité, ainsi
que ses compagnons, et sa main fut dessé-
chée. L'apôtre, voulant opposer un témoi-
gnage divin au mauvais vouloir de ses en-
nemis, pria, et le ciel s*ouvrit, et laissa voir
Jésus- Christ; toutes les idoles d'Athènes
s'écroulèrent aussitôt. Malgré ces miracles,
Ananie persista dans son entêtement, il fut
alors englouti peu è peu, par ordre del'apôtre,
et ce prodige détermina une grande multitude
À embrasser la foi. Parmi les convertis, furent
les cinquante compagnons du grand-prêtre
qui, ayant renoncé à leurs erreurs, recou-
vrèrent la vue. Le prince ou chef de la ville,
(npûxoç rnç itô^fuç), s'approcha alors de Phi-
lippe, lui amenant son fils qui était possédé
du démon, et le priant de le guérir. Ananie,
ayant crié qu'il ne fallait point ajouter foi à
ce que disait l'apôtre, celui-ci le fit précipi-
ter vivant dans l'enfer, et guérit 1 enfant.
Après être resté deux ans è Athènes, et y
avoirordonnédes évoques et des prêtres, Plii-
lippesemiten route pour le paysdes Parthes.
Tel ostlesommairedecesActes,qui peuvent
figurer, on le voit, parmi les écrits apocryphes
les moins dignes de confiance. Le Bollandiste
Papebroch en reparle ( Àcla SS, ad diem ^
Junii, p. 620J, où il est question des choses
accomplies par le diacre Philippe, et cite un
autre manuscrit du Vatican intitulé : Àctio^
nés Philippi apostoli secundum in Heltadem
Atheniensium {profecli) ; cette légende a
Cassé dans les Menées des Grecs. (l(h novem-
re.) On a conjecturé avec raison qu'au lieu
d'Athènes, il fallait voir la ville d'Adena, en
Arabie, mais ce tissu de fables ne mérite pas
(643) Selon Pouvrage ailribué à tort à saint Hip-
polyle ' Deduodtcim apostoliset alits dncipuUSf saint
Pniiippe fut crucifié à Hicrapolis, soas le règne do
Domitien, la tèle en bas.
087
DICTIONNAIRE DES APOCRYFIIES.
M
qu'on s*y arrête ; et Tliilo, après avoir pris an rejeeturi simus noitrum apographum,
M peine de le copier, doutait qu'il valût la ouippe juonihil magnopere lucrari videatvr
la peine d'être imprimé. {Nos ipsi dubUamui historiœecclesiaslicœ cognilioJ)
HISTOIRE DE SAINT PHILIPPE,
diaprés VUhioirt apostoUque d*Abdiaif th, x.
CHAPITRE PREMIER.
Philippe, compatriote de Pierre et d'An-
dré, était originaire du village de Bethsaïde
(6U) en Galilée, et appelé peu de temps
après Pierre (645), il parvint h l'honneur de
l'apostolat. Afin qu'il eût un compagnon de
sa conversion, il amena à Jésus-Christ un de
ses parents noaiUié Nalhanael, et il est re-
laté que Jésus-Christ reconnut Nalhanael
SOUS un figuier avant qu'il ne lui fût conduit
par Philippe. Et Nalhanael, saisi de surprise,
parce qu*il n'avait jamais vu Jésus-Christ
auparavant , s'attacha désormais de grand
cœur à lui (G46), restant toujours dans la
compagnie de Philippe. Et la veille de la
Passion, comme il entendait le Seigneur diro
que personne n'arriverait è son Père, si ce
n'est par lui, il commença à prier son Mal-*
tre de lui montrer le Père ainsi qu'à ses
condisciples (GiSj-?), ce qu'il disait par amour
de la vie éternelle. Mais Jésus-Christ re-
prit Philippe de ce Qu'étant avec lui depuis
tant de temps, il ne le connaissait pas bien
encore. Et 1 Evangile nous apprend que ces
choses furent faites par Philippe avant la
Passion du Seigneur.
CHAPITRE II.
Après l'ascension du Sauveur, le bienheu-
reux Philippe prêcha constamment TEvan^ile
aux gentils pendant vingt ans dans la Sc.y-
thie (648). Et ayant été saisi par des païens
et conduit devant la statue de Mars (649),
comme on voulait le forcer à adorer cette
idole, il sortit de dessous le piédestal qui
soutenait la statue un grand dragon (650j, et
(644) Joan. t, 44.
(645) La fêle de la vocalion de saint Philippe est
Indiquée dans quelques mariyroioges pour le 28 fé«
vrier. Foy. les Acta SS. à celle uale.
(646) Joan. xxi, i. Quel(|ues auteurs eut cru que H
Nailianael éialt un nom qu'avait porté Tapôtre Bar- P
lliélemy; Gavaiiti et PignateUi ont défendu cette
opinion dans des dissertations spéciales. (Voy.
Allatius, Apet urfranfl?, p. 59, et Posse\\n, Spiciiegium
etan§eUcttm, p. i79.| Saint Chrysostome, saint
Grégoire de Mysse, saint Grégoire le Grand, saint
Augustin et bien d*autre$ écrivains ecclésiastiques
nient que Matbanael sut été un des apôtres. D^au-
très ont cru qu*il fallait reconnaître eu lui Simon le
tbaoanéen ou saint Etienne , le premier martyr.
Saint Ëpipbane écrit qu'il fut le disciple qui était
avec Qéophas quand le Seigneur se montra sur le
cbeniin d*Kmmaû.s. Le fait est qu*on ne saurait rien
préciser de positif sur le compte de f^iathanael.
(647) Joan. xiv, 8. On a cru ausifi que c*étaU
Pbitippe qui avait demandé au Sauveur la permis-
sion d'aller ensevelir son père : Matth. vui,21.
(Clément d'Alex., Sirom.« lib. in.)
(648) Selon divers auteurs cc.serait dans la Pbry-
gie supérieure que saint Philippe aurait exercé
ra;K)&tolat. (Vcy, les passages recueillis par Cote-
lier dans ses Nvtttsur la Comlilulivns apo$lQlique»f
il frappa le fils du prêtre (651) qui entretf^
nait le feu du sacrifice. Et il frappa égaie*
ment deux tribuns qui gouvernaient la pro-
vince, et dont les soldats j^jnaient Tapôtre
attaché. El ensuite tous les assistants, ren-
dus malades par le souffle empesté du dra-
gon, commencèrent à éprouver de grandes
douleurs. El Tapôtre, les voyant ainsi, leur
dit : « Ecoutez mon conseil et vous recouvre-
rez la santé, et même ceux qoi viennent de
mourir ressusciteront tous, et le dragon qui
vous était funeste sera chassé au nom du
Seigneur. » Et les malades lui dirent : « Que
devons*nous faire? » Eirap6tre leur répon-
dit : « Henversez celte statue de Mars et i<ri-
sez-la, et, à l'endroit où elle s'élève, dressez
la croix de Jésus-Christ mon Seigneur, et
adorez-la. ^
Alors ceux qui souffraient de grandes dou-
leurs se mirent à crier : « Que la santé nnus
soit rendue, et nous renverserons Mars. > Lt
le silence s'étanl fait, l'apôtre dit : « Je lor-
donne, dragon, au nom de Jésus-Christ,
Notru-Seigneur, de quitter ce lieu et d'aller
résider en un désert oil n'habite aucun hoib*
me et oii il n'est rien qui soit utile à la râco
humaine, afin que tu ne nuises à personne.»
Alors ce dragon si féroce s'empressa de sV-
loigner, et on ne le revit plus. £l Philipf e
ressuscita le fils du prêtre qui entretenait lo
feu, et les deux tribuns qui étaient morts, et
il rendit la santé à tonte la multitude qui
était malade par suite du souffle du dragon.
ï>'oix il advint que tous ceux qui poursui-
vaient l'apôtre Philippe firent pénitence et
l'adorèrent comme un dieu (GS2).
1. VI, c. 7.) Nieépbore nomme l'Asie supérieore
{iiisi. êccles.f 1. n, c. 5) , ainsi que Siinéon MétJ-
pliraste dans les Actis de saint Philippe^ ios^t«
dans les recueils de Surius et des lioljandivu»
1" mai) ; Tbéodoret {in p^aL cxvi) parle des dcui
lirygies.
(049) Les Scythes rendaient un euîle particulirr
à Mars , ainsi que le disent Uéro«loie , Pompooio»
Mêla et autres auteurs anciens. Ammieii filaretUnt,
en parlant des Alains, ramille de la race scyibi^iuc.
s'ei prime ainsi : < Gl^dius barbarico rilu buuii tij*-
tnr nudus eunique ut Maitem regionuin qoas cir-
cumcircant prxsulem verecundius coliiiit. i (W^.
K'S notes savantes de Llndenbrog et de Valois sor <c
passa^'C, et Vossius, De idoio/alr., lîb. ix.)
(iihi)) Celte circonstance se retrouve dans l«s
Actci de saint Philippe et dans le discours de Nice a«
en riionneur de Tapétre , discours publié par (^oib*
befis, Auctuarinm novinimumt t. I, p. S83.)
(d5i) Chez la plupart dei natioos anciennes, i^i^
excepter les Juif», les prêtres et même les gmxt)
prêtre» pouvaient se marier, mais tout commerce
charnel était interdit aux prélres de Cérês, à fJcu»i»,
dcCybèleetdlsis. (Voy. Marsham, Canon, cktwKf
p. 256, et Kircher. (£(/tpMf JSgypl,, 1, 940.)
(65i) Circonstance analogue à celle que bous
trouvons dans les itvf^s, xtv.
6S9
Pl£
PART. III. — LE€Q^DES ET FRAGMENTS
PIE
690
CHAPITRE III.
Et TapAtrc les enseigna durant un an, leur
montrant comment l'avènement du Seigneur
nvail secouru le monde qui était en grand
«langer, et comment le Seigneur était né
d'une Tierge » comment il avait souffert , et
comment il était ressuscité le troisième jour
après sa Passion ; comment il avait, après sa
n^surrection , enseigné IfiS mêmes choses
qu'avant sa Passion, comment il était monté
au ciel à la vue des apôtres, et comment il
avait envoyé TEsprit-Saint qu'il avait pro-
mis et qui, venant comme du feu, s'était
posé sur les douze apôtres et leur avait com-
muniqué le don de toutes les langues, et il
dit : « Je suis un de ces envoyés et je vous
fais savoir que toutes idoles sont vaines et
fatales à ceux qui leur rendent un culte. »
£t tout le monde crut à ce que disait Tapô-
Ire, et, ayant brisé Timage de Mars, bcan-
coap de milliers d*hommes furent baptisés.
Et 1 apôtre ayant ordonné des prêtres , des
diacres et un évêque, et ayant construit
beaucoup d*églises , revint en Asie (653),
obéissant à une révélation de Dieu , et il
résida depuis dans la cité d'Hiérapolis, et il
y étouflfa Thérésie perverse des Ebionites
qui disaient que le Fils de Dieu n'était pas
un bomme véritablOi né d'une vierge (65<k].
Et Tapôtre avait deux filte^, vierges el
consacrées au Seigneur (655), qui avaient
attiré à Dieu une multitude de vierges. Et
Philippe, sept jours avant sa mort, appela k
lui tous les prêires et les diacres , ainsi que
les évêques des villes voisines, et il leur dit :
« Le Seigneur m'a accordé de rester encore
sept jours en ce monde; souvenez-vogs de
la doctrine de Notre-Seii^neur Jésus-Christ ,
et restez fermes devont les menaces de J^en-
nemi. Que le Seigneur accomplisse ses pro-
messes et qu'il fortifie son Eglise. » £u di-
sant ces choses et d'autres semblables, l'apô-
tre Philippe , âgé de quatre-vingt-sept ans »
se rendit vers le Seigneur (656), et son corps
saint fut déposé dans la ville d'Hiérapolis.
Et, après quelques années, ses deux tiilos,
vierges saintes, furent ensevelies dans le
môme tombeau, h sa droite et à sa gauche •
et, à la prière de l'apôtre, les bienfaits du
Seigneur y sont accordés k tous ceux qui
croient en un seul Dieu, Père invisible, in-
compréhensible et immense que nui homme
n'a vu ni ne peut voir, et à son Fils unique
Jésus-Christ, Kotre-Seigneur,qui a été cru-
cifié pour les péchés du monde, et en l'Esprit*^
Saint consolateur qui éclaire nos Ames, et
maintenant et toujours, dans les siècles ia-^
finis des siècles. Amen.
PIERRE (SAINT)*
{Ecrits aUribués ou relatifs^ à saint Pierre.)
Evangile ae saint Pierre. — Il est mention-
Ré par Origène (657). Eusèbe, dans son His*
toire ecclésiastique (liv. iir, c. 25), le cite
également avec les prétendus évangiles de
Thomas et de Matthias parmi les livres sup-
posés; il eu parle également (liv. m, c. 3),
(6f»3) L^apétre revenait de la pythie (lui est en
Europe. Le Miirtjrologc, publié p<ir Floreiiliiiiis, dit
à Ion que la ville d*Hiérapolis, où mourut Piiilippe^
ciait en Afrique ; elle était en Plu'ygie.
(654) Noua avons déjà parlé des Ebionites* Trans*
crivoiis (railleurs la noie de Fabricius sur ce pas-
^i^e : c Ebiooiiaruro itaque bairesis fuit, si p&eudo-
AlMlis credîmus, homineio ^uem assumpserii Filius
l^ei, non fuisse ^enim bominem, natum ex \irgine„
led hominis i^àvzaayji. Longe aliam lamen illis
Knieniiam tribuunt veteres ad unum omnes : pro
ni^ro euîm boinine Chrisium habuisae testantur,
sive naiiim ex Virgine, siva altoruni bominuni
ntore uiroque parente prog^'nltum. Duo siquideni
Renera Ebiouilaruni fucit Qrigencs, lib. v contra
U^ttfll. B
. Polycrate , cité par Eusèbe (UUt, eecles,, .
1* Ji p. 24) , relate la môme circonstance. Valois
observe quon a confoudu i*apôtre Philippe avec
rliiiippe, un des S(*pt diacres qui avait quatre filles
vierg^-s et propbétesses. {Aci. %xi\ 9.) C'est égale-
ntem Topinion de plusieurs savants ; TiUemont a
J^ndaiit réuni les raisons qu'on peut lui opposer*
mémoireê, 1. 1, p^ 958 et 1156) Consulter aussi
UHier dans ses Noie* tur lei Pères apostûU^ues »
** 1> p. 334, édit. de Le Clerc.) Fiorenlinus, dans
Mft hbtn $ur te MaTtyroto§e, distingue aussi les
y^^tes lies deux Philippes. Les Grecs célèbrent le il
lévrier h fèie de Marianne, une des filles de Tap^tre,
^M« 4 septembre , celle de sa sœur IIerinioae« ils
de manière à montrer que cet écrit n*eut j*-*^
Biais grande autorité (658j. Un troisième
passage de celle métpe histoire est digne-
u attention ; il se rapporta à ce que disait au
suicide celle production Sérapion, évéque
d'Antioche (659), qui vivait )k la ùa du ii'
(ont, le il octobre, la fête dePhlUppe,ledi8eiple; elle
est marquée au 6 juin dans le Martyrologe romain.
(656) H fut crucifié la léte en bas, à ne que rappor-
le)il Nicélas (loc, cit,) et les bagiographes arecs.
t*bilippe de Voragine a reproduit , en rabrcgeant
encore, d<ins &Si Légende dorée , le récit d'Abdias.
( Voy, le Dictionnaire des légendes du cfirislianisme ,
Migne, 1855, coU i08i.)
(657) c Praires autcm jesu affirmant nonnulli
Olios esse Josepbi ex priore conjugequam ipse anie
Mariam duxerit , ad id scilicet adducti tradilione
Evangelii quod secundum Petruni inscribitur, vel
Ubro Jacobi , » CammenL in Evangelium Mauhœi^
t. \I, p. 152.
(658) Voici ee passage , tel que nous le présente
kl version de UuUn : c lile vero libellus qui dicitur
Actus Pelri^ et quod nominis ejus Ëvangelium nan-.
liaiur, sed quœdiciturejuspraediciitio vel revelatio,
in Scripiurisprorsus cauonicis non babelur, sed ne
aUquis quidem scripiocum vcterum v^ earum tes*
limonlis invenitur %^
(659) Voir au sujet de ea prélat Ualloix, Ulustrium
eccUsiœ orientalis tcripiorum «iitf, 4653 ia»fol. Ci-
-lODS les paroles d'Eusébe :
4 Sed et ille liber vcnii ad nos quem Serapioa
scribit de Ëvangelio Pelri, ubl arguât qutâdam falst
in co Gonscripta» enendare cupieos fraires qui
eraot apud Rliosuni, oui per oceasionem ScripturiD
ipsius.in basresin dedinabant. liignuaa tamen roibi
vîdetur pauca qjiaedam de «jus liteUo •insérera, êk
G91
DICTIONNAIRE D£S APOCRYPHES.
sièCie de Tère chrétienne. Citons aussi hcei
é^ard un passage de saint JérOme, qui s'ex-
prime ainsi dans son Catalogue des écrivain»
eceléiiaetiques au sujet de Sérapion : Corn-
posuil et alium de Evanaelio (luoa sub nomine
Pétri fertur librum ad Âhosensem Ciliciœ Ec-
clesiamf quœ in hœresin eyas hctione dtv«r-
ierat.
Apocalypse de saint Pierre.— Son existence
nous est révélée par les témoignages d'Eu-
sèbe (660) et de Sozomène (661). Sanctius
{NucleusecclesiiMsticuSf p. 6) dit que les Coptes
se servent dans leurs ép^lises d'un livre qu'ils
appellent les Secrets de saint Pierre^ mais
il ignore si cet ouvrage est le même que
ÏApocalypse attribuée h cet apôtre. Elie
Dupin a dit que les Coptes possédaient une
* Apocalypse de saint Paut^ mais on peut croire
avec Grabe {Spicilegium, 1. 1» p. 84) que 1>u-
])in avait en vue \e passage d'Eusèbe et que^
par méprise, il a écrit le nom de saint Paul
au lieu de celui de saint Pierre. Jacaues
de Vitry mentionnait au xin* siècle un écrit
intitulé : Revelationes B. Pétri apostoli in
discipufo ejus Clémente in uno volumine re-
dactœ. C'était une composition bien plus
récente que celle dont les anciens auteurs
ont parl^. Il y était question de la con-
sommation de la loi perfide des Agaréniens
et de la destruction imminente et comme au
moment de s'accomplir dos païens.
On ne saurait douter d'ailleurs que, dès
les premiers siècles de l'Eglise, il ne cir-
culftt un ouvrage sous le titre d Apocalypse
de saint Pierre^ car Clément d'Alexandrie en
cite un passage remarquable (662).
Prédication de saint Pierre, — Cet écrit fui
célèbre ehez les anciens Pères. Clément d'A-
lexandrie (Strom. 1. 1> p. 35 ; I. vi, p. 635,
qnibiis innolc scat qn« fuerit ejns de îpsa Scriptura
Mntenlia. Scribit ergo in quodatn loco lia : f Nos
4 enim, fratres, et Peirum, et alios aposiolos reci-
f plmos sicot et Chrisiam. Qux aatem sub eorum
f nomine felsa abaliis conseripta s«inl, Teltit gnari
c eoruni sensas ac senlenli» ileclinamus, scieniea
« qiiod tain nobis non sunt tradiia. Ego enim cum
4 easem apad vos putabam omnes rectas Û 'ei esse
I înler vos et non decurso IUh Ibi qui mihi oflRereba*
c tur, in qao nomine Pétri evangelium ferebator,
c dix»: Si hoc est solum quod inter vos intmicitiam
f shmillalemque vuletor inferre, Ipgatur codex. Nunc
c aiwem comperto quod bi qui codicem illum Irgî
t deb<;re asserunt, pro>peetu cujusdam occulte bae-
c resee« hoc lierî poposccruot , sicut mibi dîcium
f est, festinabo itcrum venire ad vos. Nos cuim do-
c vimus, fralres, cujus haereseoe fuerit Martianas,
I qui etiam sibt ipsi centra rius exUtit, non intei-
fl lijfens qux loqueieuir, qiiae et jam vos discetis ex
< bis qme scripta sont vobis investigata per nos :
< ab iilis , ^m hoc ipsam Evangelium secundum
c illins tradilionem dtdicerunt el successores exsti-
< terunt senientiae ejus, quos noa E>oceta8 vocamus,
I qui.i m ba^c ipsa doctrina illorum sont quamplu-
f rimi sensiia et ab îpsis niMuati. Nam cerlum est
c aaoïl plorima secuoduni recti rationem sentiunt
4 de SaWatore, tlia vero aliter, qo» et subjecimus.»
Haec Sérapion acribH. >
(660) Hist. eccles. I. vi, c. 14, nbi de Clémente
Aloxandriiio. — i In libris vcro informaiionum, lit
brevit«^r dicam, noiversam paritcr Scripturam divt*
iiam rompemliofis disheriaiiunîbus cxplanavit. In
636, 639, 678) en rapporte plusieurs pasu-
ges très-ortbodoxes. Origène (in Job) et Lae-
tance {Instit. dtv., I. iv, c. 21) le cileot aussi.
Origène, après avoir rejeté ce livre comm«
apocryphe dans sob traité Des jM^iftcipet.
remet à une autre fois à examiner s*il est
légitime» supposé ou mixte, c'esl-à-dire cor-
rompu.
Ceiie prédication remonte d'ailleurs a aoe
bauie antiquité, puisqu'elle est citée pn
rbérétique Héracléon qui vivait vers li3.
Saint Gréi^oire deNazianze (Jifc. 17, Aus
habitants de Nazianze) cite des paroles qa*il
répète (épttre 16, à Césairé) en les attribuant
à saint Pierre : « L*âme malade est voisine
de Dieu. » Elie de Crète remarque que cette
phrase est prise dans le livre de ta Doc^
Urine de saint Pierre.
Actes de Pierre et Paul. — Nous avons dvp
eu l'occasion de mentionner ces Actes; ils ^e
trouvent en çrec dans un manuscrit de la
Bibliothèque impériale de Paris (coté jadis
Colbcrtinus 340, ensuite Regius 2012) ; ils y
rem|>lissent dix feuillets (98 à lOB). Ce ma*
nuscrlt, d*une antiquité remarquable (il a
été transcrit Tan 890),. est d'une belle écri-
ture. Moutfaucon l'a mentionné honorable-
ment dans sa Palœographia Grœca^ p. 269,
et en a donné un fac-similé. D'autres copies
de celte production se trouvent daus divers
grands dépôts, notamment à Oiford, dansla
bibliothèque Bodleyenne [cod. Baroccianus ^
IM, fol. 176), à Turin (cod. 135; voy. Catalogué
codicum GrœcorumTaurinensium^ p. 232.) Il y
a également à Vienne un manuscrit dont
Lambécius (Comment. biblioth.Cœsar.^ t.Vlll,
p. 802 et 808) rapporte le titre et le coiu*
mencement; la partie relative au voyage Jt>
saint Paul à Rome parait manquer dans ce
c . fr
II)
qiiibas neeaqiiidem qu» apoaypha a qnibusda
babentur prxieriit, ut est Pétri reveialio. >
HisL eecUi. lib. vu, c. 19. — c Sic revelsiio-
nem Pétri qux est adultérins a ▼cteribus répudiai!
est in quibusdam Ecclesiis Palxstime semel quouo-
nis legi animadvertimus, die scilicei ParasccvtK
qiia populus admodum religiose Jejunat in mémo-
riam Domioics Passionis. »
Il existe une Apocalypse de saint Pierre en arabe .
elle se trouve à Oxrord ; Alexandre Nicoll en a par-
lé : (Ca(a/oatti codicum manuscriptorum Orieni^-
lium bibliolnecœ Bodieiaaœ. Oxford, I8il, iu-M.)
Il subsiste d*ailleurs d*autres manoscrits daB>
les langues de l'Orient à ce que dit Assenani, Bt-
Iflioihieœ Orienlalis t. 111, p. i, p. 282, nais jus-
qu'à présent on ne les a pas publiés.
(601) Hisl. eccteê. lib. vu, c. 19. — Oa f oit 4«e
celte production était lue chaque année dans 1^
églises de la Palestine.
(66i) KouesClément d*Alexandrie(lly|'oiip.,e. li
fl Jam vero Petrus in Ap^ocatypsi ail inlautesalwrtifOf»,
si meUorls ruerintsortis,angelocuraton Iradi. mco-
gnitîone susoeptailitUorem nanclscautur majisiiMieni,
paiieudoquasperlulissent sieisliti^sent iocorpore^rr^
liquos auiem solani saluleiu adepturos, miscncord»!»
propler factam sibi injuriain coosequêiido* mau»»'
rosque absque SMppUcio, accipientes id muDcri». i
L*auteur Inconnu dd Traité sur le canoa du Lnrr*
êainltf inséré dans les Antiqaiîatts Ifa/ior m/^i»
œti de Moratori, t. III, p. 854, range cette Xf^
calypsf parmi le$ ouvrages canoniques.
603
PIE
PART. ill. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIE
691
codex. D*autres manuscrits grecs (Paris,
im,lW5, 1476; Oxford, fonds Laud, n* 84)
renferment deux récits des pérégrinations et
du martyre de saint Pierre et de saint Paul;
il a passe dans la collection des Bollandistes,
Juin, t. V, p. 411.
L'ouvraçegrec a*élé cité d'après des manns-
crilspar divers savants. Constantin Lascaris,
enayantdécouvertdansuRCOuventdeReggio,
en 1490, un manuscrit sur vélin, en fit, pour
uocpartiedu moins, une traduction, qu'Abela
parait avoir connue. (Descriptio Mtlitœ, 1647,
p.25â.) L'aiitorité de ce manuscrit fut tour
a tour invoquée ou contestée par Ciautar et
par Giorgi dans la polémique que souleva la
détermination de 1 île où saint Paul fit nau-
frage. Coteli^r, dans ses Notes $ur les Consti-
tniions apostoliques, 1. vi, c. 10, cite d'après
le manuscrit 1045 delà Bibliothèque du roi, le
passage relatif à la n)ort de Simon le Mage,
passagequeFabricinsa reproduit dans ses no«>
tes sur Aboias (l. i, c. 18), et sur les Actes de
Marcellus. [Cod. apocr. Nov.Test.^XAW, p.
650.) Il fit également mention de ces Actes
danssaBîfr/«o/Afcatfra'ca,t. IX, p. 134. (T. X,
p. 310 de l'édition de Harles.) £nQn, l'infa-
tigable Du Cange les consulta, d'après le
manuscrit Caibert 4249, pour en extraire
quelques mots au'il plaça dans so» Glossa-
riummediœ et in/imœ Grœcitatis. {Vo-y. les ar-
ticles iTixaptov, KaerTt»iv, 'O/Dleyivicv, etC.)
Ces Actes De présentent d'ailleurs rien de
bien différent des pièces que nous avons
déjà fait connaître ; il suffira d'en donner
une brève analyse.
Us peuvent se diviser en (rois parties : la
première comprend le voyage de saint Paul
a Rome; la seconde, la iutie entre Simon et
les apôtres; la troisième, le martyre des
deux saints. Le récit commence au moment
où saint Paul quitte l'Ile de Metita pour se
rendre à Rome. Les Juifs établis à Rome
apprennent son approche, se réunissent et
prennent la résolution de demander h Néron
de ne pas permettre que l'Apôtre entre en
Jlalie. L'empereur promet de se rendre à
leurs vœux. Les Juifs ont également recours
à Simon, dont ils réclament l'assistance. Ins-
truits de ces faits, les Chrétiens envoient
auprès de Paul deux messagers qui lui remets
tent une lettre et qui se joignent à lui et l'ac-
(:offlpaçneat pendant son voyage. De Melita
ils arrivent a Syracuse, ensuite à Reggio,
puis à Messine, do là dans l'Ile de Didyine ,
où ils passent une nuit, et le lendemain ils
Arrivent à Putéole. Cédant aux prières des
disciples de saint Pierre, Paul séjourne une
seuiaine en cet endroit ; pendani ce temps,
Dioscore, commandant du navire qui avait
apporté l'Apôtre h Syracuse, est arrêté en
place de Paul et mis à mort par ordre du
iiiagistrat de Putéole. Cette nouvelle est ap-
portée à Rome, et les Juifs, croyant que
c est l'Apôtre qui a péri , se livrent à la joie,
l^aul, voulant punir une ville coupable,
adresse au Seigneur ses prières, et se retire
*^«c ses compagnons h Baï«s; de là ils
^^enl la mer engloutir Putéole. Ils se
fendent en&uile h Gaëlo . oii Pau l passe
trois jours dans la maison d^Erasme , oc-
cupé à enseigner les Chrétiens; il va en-
suite à Terraciue. Remontant ensuite le Ti-
bre, il parvient à l'endroit appelé les Trois-
Tavernes, et, quatre jours après, il entre
dans le Forum d'Appius. Saint Pierre ap-
prend que Paul a conservé la vie; il envoie
au-devant de lui des délégués chargés de le
saluer. Paul s'achemine avec eux vers Ro-
me, et les Juifs eflayés implorent de plus
belle l'assistance de Simon.
Le surplus de la narration est conforme
au livre du pseudo- Marcellus, que nous
avons fait connaître.
Une portion des légendes contenues dans
ces récits^e retrouve (i'ailleurs-(circonstance
assez commune à l'égard des apocryphes)
dans les livres ecclésiastiques des Grecs et
parmi leurs homélies. ïhilo conjecture avec
raison que l'auteur des Actes en question
s'était proposé de donner une suite à la nar-
ration de .saint Luc, et de la conduire jusqu'à
la mort des deux apôtres, ce qu'il avait fait
en puisant dans les traditions qui circulaient.
Onpeutd'ailleursobserverquecequil dit du
martyre des deux saints est conforme , pour
le fond lies choses, à ce que racontent des au-
teurs dignes d'estime, entre autres Eusèbo
{Uisloire ecclésiasti^e, 1. ii, c. 25.)
Actes de saint Pierre, par Leuce. — Ori-
gène, saint Jérôme, Eusèbe, en font mention
et ils en ont conservé quelqu<^s fragments.
lAdimant., c. 17.) Saint Augustin dit qu'on y
lisait que saint Pierre,ayant demandé à Dieu
la guérison de sa Glle et la mort de celle d'un
jardinier, avait obtenu l'un et l'autre.
Clément d'Alexandrie {Slroinat., I. vu)
relate un trait qui parait tiré de ces Actes^
Le bienheureux Pierre voyant conduira
sa fumme au supplice, et ravi de joie de ce.
que Dieu le rappelât dans sa patrie lui cria
en l'appelant par son nom : « Souviens-toi
du Seigueur. »
Origène (m /oan.) dit qu'on lit dans les
Aptes de saint Pierre cette parole attribuée
au Sauveur : « Je viens pour. être cruciliéi
une seconde fois. »
Saint Isidore de Péluse (1. ii, epist. 99)
cite de son côté ces paroles mises dans la
bouche du prince des apôtres : « Nous nV
vuns écrit que ce que nous avons appris,
mais le monde n'a pas voulu recevoir ce
que nous avons écrite L'avare n'a pas voulu
recevoir les préceptes d'une pauvreté vo-
lontaire; le voluptueux ceux de la chasteté ;
le ravisseur du bien d'autrui, ceux de la
justice; le cruel ceux de l'humanité, ni le
colère ceux de la douceur. »
Saint Augustin {De civit. Dei, lib. xviii,
c. 53) rapporte que des païens attribuaient
à saint Pierre des livres de magie et qu'ils
parlaient de cet apôtre comme d'un nécro-
mancien fort habile;. entre autres méfaits, ils
lui imputaient d*avo1r tué et mis en pièces
un enfant d'un an, atin d'obtenir que son
Maître fût adoré pendant trois cent soixante-
cinq ans.
Les ébionites attribuaient à saint PierrQ
C9S
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
M
quelques-uns de leurs usages» entre autres purifier avant le repas, et de ne mangor d*aa«
de se laver ou balgnei tous les jours pour se cun anima!, ni de ce qui ea wnU
EPITRE m SAINT PIERRE A SAINT JACQUES.
Cette EpKre, publiée par François Turria-
nus dans son Apologia pro epistolis Ponti^
ficum (I. IV, c. 1, el I. v, c. 23), a été insérée
en grec et en latin dans le recueil de Cotelier,
Patres apostolici, X. I, p. 602, et reproduite
dans le Codex apocryphus I(ovi T^slamenii
de Fabrîcius, t. I, p. 907. Donweii ( disserl.
6, tfi /rencruin , §10) pense que cet écrit,
composé par quelque ébionite, servait d*io*
troduction aux Prœdicaliones Pefrî, oovragv
cité, comme nous l'avons dit, parClémentd*A*
lexaodrie et par d'autres éîcrivaias aocieûs.
« Pierre h Jacques, seigneur et évoque de
la sainte Eglise, paix pour toujours au nom
de Jésus-Cnrist et de la part du Père de tou-
tes choses.
«i Comme je sais, mon frère, avecquel em-
pressement tu te rends vers tout ce qui peut
être utile ou commun è nous tous, je te prié
et je te demande de ne conQer à aucun des
gentils les livres que je t'ai envoyés de mes
prédications, et de ne pas en faire part aux
hommes que tu n'aurais point éprouvés.
Mais si tu as reconnu que quelqu'un en est
digne, alors fais-lui en part, selon la ma-
nière d'après laquelle Moise communiqua
la loi au^ soixante-dix hommes appelés è
S'accéder à sa chaire. Eit le fruit do cette sa-
gesse se montre encore de nos jours, car
tous les hommes de sa nation, en quelque
lieu qu'ils soient, ont la même idée de I u-
nité de Dieu et observent la même règle de
conduite, et ils ne peuvent être égares par
les Ecritures qui circulent en grand nombre
ou différer de sentiment, car ils s*efforcentde
réformer les désaccords d*après la rè^le des
flcritures qui leur a été transmise, si quel-
qu'un par hasard, ignorant les traditions,
soulève diverses significations pour les pa-
roles des prophètes. C'est pourquoi ils ne
promettent è personne d'enseigner à moins
qu'il n'ait ào^vis d'abord d'après quelle rè-
gle il faut faire usage des Ecritures, C'est
pourquoi il y a parmi eux un seul JPieu,
voe seule espérance.
« Afin que les choses se passent parmi
nous d'une semblable façon , con6e à nos
frères et à ces soixante-dix (disciples) avec
mystère les livres de mes prédications afin
qu'ils ipstruisent ceux qui veulent être ins-
truits et recevoir le bienfait de la doctrine^
S*il n'en est pas ainsi, le discours de uotre
vérité se divisera en beaucoup d*opinions.
C'est ce que je sais, noa parce que je suis
prophète » mais parce que déjà j*ai vu le
commeocement qe ce mal. Plusieurs des
f;entils ont rejeté ma prédication conforme k
a loi, embrassant la doctrine frivole et con-
traire à la loi que prêchait un ennemi; d'ao-
tres ont essayé de transformer mes paroles
par diverses interprétations tendant au ren-
versement de la loi, comme si je n osais
prêcher ce que je pensais, ce dont le Scm-
gueur me sarde. C'est s'opposer à la loi da
Dieu proclamée par Moïse, et à iaquelia
Notre-Seigneur a rendu témoignage d'une
durée perpétuelle, car il a dit : « Le ciel et
la terre passeront, mais il n^ aura pas dsos
la loi un seul iota et un seul trait de lettre
qui ne s'accomplisse. » 11 a parlé ainsi pour
que toutes choses s'accomplissent. Mais des
hommes attachant je ne sais quel sensaui
paroles qu'ils ont entendues de moi, eopaoïe
s'ils savaient mieux que moi ceque j*ai dit,
ont la témérité d'interpréter mes discours,
donnant comme miennes des opinions aux-
quelles je n'ai jamais songé; si, pendant ma
vie, ils osent débiter de pareils men$ooge.s
que n'oseront pas faire lorsque je serai mort,
ceux qui viendront après moi ?
a C'est pour qu'il n'arrive rien de pareil
que j'ai prié et demandé que tu ne confies à
personne, avant de l'avoir éorouvé, les li?re$
de mes prédications que je t ai envoyés; mais
si, après en avoir fait l'épreuve, tu l'en jagoi
digne, alors fais-lui-en part selon la rè^^le
établie par Moïse, et d'après laguelle il com-
muniqua la loi aux soixante-dix qui prirent
i possession de sa chaire, afin qu'ils conservent
a foi et qu'ils répandent partout la doctrine
de la vérité, interprétant toutes choses sel(}p
notre tradition , et de peur qu'égarés par ri*
gnorance, ils ne soient entraînés dans Per*
reur par les coi^ectures de leur esprit fi
3u'ils ne conduisent d'autres personoes
ans la fosse de la perdition. Et je te (ai^
connaître ce qui me parait convenable de
faire; il te plaira, Seigneur, de l'exécoter
convenablement. Adieu. »
HISTOIBE DE SAINT PIERRE.
4'apr^ tBiUoire apoUoUque é'Àbdiai , Hw. Tf.
CHAPITRE PREMIER.
Après la venue du Seigneur dans la forme
COrporellCi sous laquelle le Seigneur Jésus*
Christ, la véritable lumière du monie.
éclaira les ténèbres terrestres, comme ii
marchait une fuis sur les bords do lac ui
w
PIE
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIS
69S
t:
Galilée, il Tît deux frères, Simon qu'on ap-
pelait Pierre et André son frèra, qui je*
talent leurs filets dans la mer, car ils étaient
des pécheurs. El il leur dit . « Suivez-moi, je
Tousferai pêcheurs d*hommes. »IIs laisse-*
rent leurs ûlels derrière eux el le suivi*
rent (663),
Lorsqull fut arrivé aux environs de Césa-
rée, il interro^çea ses disciples ci leur dit :
(Que dit le peuple au sujet du Fils de Thom*
me?» Les uns répondirent: «On ditquec*est
JeaD-Baptisle ; )>d*aulres nommèrent Ëlie et
d'antres Jérémie ou l'un des prophètes.
Mais Simon Pierre répondit avec lermeté et
décision : a Tu es le Christ Je Fils du Dieu
vivant. » Jésus Ini répondit : « Tu es heu-
reux, Simon Bar-Jonas, car ce n'est pas la
chair et le sang qui t'ont révélé ce que tu as
dil» mais c'est mon Père qui est dans le ciel.
Je te le dis : tu es Pierre, et sur cette pierre
'e bâtirai mon Eglise, et les portes de l'en-
erne prévaudront pas contre elle, et je le
donnerai les clefs du royaume des cieux,
eUoutceaue tu lieras sur la terre sera lié
dans le ciel, et ce que tudélierassur la terre,
sera aussi délié dans le ciel. »
Et vers ce temps-là, Jésus se retira pour
prier sur une montagne et prit avec lui trois
doses disciples, ceux qu'il aimait le plus,
Pierre, Jean et Jacques. Et quand ses disci-
ples virent qu'il était élevé dans Tair et
()u*i1 était entouré de la lumière du soleil,
et que Moïse et Elle étaient à ses côtés,
alors Pierredit:<i OSHigneur, ce lieu est bon
à habiter, et nous y ferons, s'il te plaît, trois
tentes, une pour toi et les autres pour Elle
et pour Moïse, n Mais Jésus ne répondit rien,
si ce n'est qu'il leur dit de se lever et de
chasser leur effroi. Plus tard, comme la
fête de Pâques était proche, Jésus sa-
chant que son Père avait remis toutes
choses en ses maips, qu'il était sorti do Dieu
et qu'il devait aller h Dieu, se leva de table
(l mit SOS vêlements, et ayant pris un lin-
g^ il se ceignit, et il versa de l'eau dans un
\ase, et il se mit à laver les pieds de ses dis-
ciples el à les essuyer, el lorsqu'il vint à
Simon Pierre, Pierre lui dit : « Seigneur, tu
ne rae laveras pas les pieds. » Jésus répon^
dit : « Tu ne sais maintenant ce que je fais,
mais tu le sauras pi us tard. 9 Alors Picrredit;
« Tu ne me laveras pas les pieds. 9 Jésus
répondit : i( Si je ne te lave pas, tu n'auras
jamais de part avec moi. » El Pierre dit:
« Alors lave-moi non-seulement les pieds,
mais aussi la tête et les mains. » Et Jé-
sus, entendant ces paroles, dit: «Celui qui
est lavé n'a pas besoin d'autre purification. 9
Ce sont les choses que tît le bienheureu]^
Pierre avant la résurrection,
CHAPITRE II.
Après la résurrection, le Seigneur Jésus
parla à Pierre et lui dit: « Simon, fîls de
(665) Matlk. IV, 18-ÎO.
(^) Jmu. XXI, 15.
ib6d) Allusion au supplice de la croix que Pier-
w devaii subir.
Jean, m'aimes-tu? (66&). « Oui, Seigneur, »
répondit Pierre, « tu sais que je t aime. »
Et Jésus répondit : « Fais )iallfe mes
agneaux. 9 Et il continua : « Simon, fils de
Jean, m*aimes-tu ?» Et Pierre dit: «Tu sais
que je l'aime. » « Fais paître aussi mes bter
his, » dit Jésus. Et il dit pour la troisième
fois h Pierre : « Simon, ûls de Jean, m*ai*
mes-tu ? »
Et Pierre l'entendant parlerainsi fut trou-
blé de ce que le Seigneur lui demandait
pour la troisième fois : « M'aimes-lu? >» et
il répondit : « Seigneur, lu sais que je t'aime. »
Et Jésus dit : « Fais aussi paître mes trou-
peaux. En vérité, je le le dis: quand tu
étais jeune, tu la ceignais et lu allais où tu
voulais; maintenant que lu es devenu vieux»
tu étendras les mains, et un autre le ceindra
et le conduira où te ne voudras pas (665).)» Et
il parlait ainsi pour montrer par quelle mort
Pierre devait rendre témoignage au Sei-
gneur.
Ces choses arrivèrent au temps où ie
Sauveur se montra après sa résurrection,
sur le bord du lac de Tibéiiade, à ses disci-
ples qui étaient occupésà pêcher, et leur de-
manda s'ils avaient pris du poisson (666). Et«
ne reconnaissant f)Oinl le Seigneur dans l'é-
loignement, ils répondirent que non. Quand
Jésus eutentendu leur réponse, il leur dit
de jeter leurs ûlets du côté droit de la bar-
que. Lorsqu'ils Teurent fait et que Pierre fut
descendu dans le lac, ils retirèrent 'e Qlet
rem|)li de poisson.
Et frappes de surprise à la vue de ce mira-
cle, ils commencèrent à reconnaître le Sei-
gneur, et ils se dirigèrent vers la terre, et
Ils trouvèrent auprès de lui un poisson cuit
sur les charbons el un pain. Et après qu'ils
curent complé cent cinquante poissons
(667J qu'ils avaient retirés du iilet, Jésus-
Christ dit à ses apôtres qu'ils pouvaient s'as-
seoir et manger le pain avec lui.
Et c'est ce qui arriva à Pierre, tant que
Jésus, après sa résurrection, resta sur la
terre, et ces choses méritenl d'être conser-
vées,
CHAPITBEIII.
Après que le Seigneur Jésus fut monté au
ciel, Pierre et Jean montèrent un jour au
temple (668) pour prier , à la neuvième
heure. Et voici qu'un homme, qui était boi* *
teui dès sa naissance, y avait été apporté, et
on le déposait chaque jour à côté d une des
portes du temple qu'on appelait la Belle
(669), alin qu'il demandât l^aumône à ceux
qui entraient dans ie lenâple. El uuand il vit
pierre et Jean qui entraient, il les conjura
de lui donner Taumône. Et Pierre se tourna
de son côté avec Jean et lui dit : « J^egarde-
nous. » Et il se tourna vers eux dans Tespoir
qu'ils lui donneraient quelque chose.
Et Pierre dit : « Je n'ai ni or ni argent, mais
667) Cent cinquanie-lrois, Joan, xxi, H.
(668) Aet. III, 1.
(G69) Ia Purie orientale appelée iiussi Porte de
^*]c:lnor ; elle se difelinguait des attires par aes di*
jiieiisions e| par son ornemcnuiion plus riclic.
899
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
roo
ee q^ue Ta!, je te le donne. Au nom de Jésus-
Chnst de Nazareth, lève-toi et marche. » Et
il lui prit la main et le souleva. Et aussitôt
les pieJs du boiteux se fortifièrent; il se
leva, et il se tint debout, et il marcha, et il
entra avec les ap6lres dans le temple, et il
rendit témoignage devant tout le peuple, et
il loua le Seigneur. Et il était Agé de qua-
rante ans (670).
Et le nombre de ceux qui croyaient en
Jésus-Christ s'accrut d*une multitude d*hom-
mes et de femmes (671).
Et on les apportait dans leurs lits le long
des rues où les apôtres devaient passer. Et
beaucoup de gens des villes voisines de Jé-
rusalem apportaient aussi leurs malades et
ceux qui étaient possédés par des esprits
malins, et Pierre les guérissait tous.
Et sur ces entrefaites, le bruit étant venu
k Jérusalem (672)' que Samarîe recevait
la parole du Seigneur, les apôtres y envoyè-
rent Pierre et Jean, et lorsqu'ils furent arriv
vés, ils prièrent pour ce peuple alln qu'il re-
Sût le Saint-Esprit, car il n'était pas encore
escendu sur chacun de ceux qui avaient la
foi mais ils avaient été seulement baptisés
au nom de Jésus. Et les a{)ô(res mirent les
mains sur eux, et les Samaritains reçurent
aussi l'Esprit-Saint.
Quand Simon, qui était appelé TEnchan-
tetir, vit que le Saint-Esprit était accordé
Bar l'imposition des mains des apôtres , il
hHir offrit de l'argent et leor dit : « Faites
aussi que j'aie le pouvoir du faire que tous
ceux sur lesquels j'imposerai les mains re-
çoivent le Saint-Esprit. » Mais Pierre lui
dit : « Que ton argent périsse avec toi, toi
qui as cru que les dons de Dieu s'obtenaient
avec de l'argent. Tu n auras nulle part à ce
dont tu parles (673), car ton cœur n'est pas
droit devant Dieu. Fais donc pénitence, et
reviens de ton erreur, et adresse tes prières
& Dieu, afin qu'il te pardonne la mauvaise
pensée de ton cœur, c^rje vois que lu es
dans le fiel de l'amertume et dans les liens
.de l'injustice. »
Et Simon répondit : « Priez pour moi le
Seigneur afin qu'il ne m'arrive pas de mal
à cause de ce auej'ai dit. » Et après avoir
prêché la parole du Seigneur, fes apôtres
revinrent à Jérusalem, ayant annoncé l^van-
Kîle de Dieu dans beaucoup d'endroits des
Samaritains.
CHAPITRE IV.
Il arriva ensuite que Pierre (674) , par-
courant beaucoup de villes et de villages,
vint auprès des saints qui habitaienlàLydda.
llly trouva un homme nommé Enée (675), qui
depuis huit ans gtsait en son lit, et qui était
paralytique, et Pierre lui dit : « Enée, lève-
loi ; Notre-Seigneur Jésus-Christ te guérit. »
(670) AcL IV, 9i.
i67f) Act. V, U.
67S) Act. viii, i4.
fm)AcL Tm,2l.
674) Act. IX, 55.
(67!9 Ao sujet de cet Ené<», Fabricius renvoie
I
Et aussitôt il se leva, et emporta son lit, et
tous ceux qui habitaient à Lydda et k Saron
le virent.
Tandis que cela se passait, il y avait un^
femme, disciple de Jésus - Christ » qui ve
nommait Tabithe, ce qui signifie gazelle.
Elle était riche en aumônes et en bonnes
œuvres qu'elle accomplissait chaque jour.
Et elle tomba malade et mourut. Ses pareuu
lavèrent son corps et le placèrent k Tétage io
plus élevé de la maison. Et comme Jof'^é
n'était pas loin de Lydda, ils envoyèrent dcui
hommes vers Pierre, le priant de ne pas re-
fuser de venir auprès d'eux. Et Pierre, étant
informé de leur demande, partit et vint avn
eux à Joppé. Et quand il fut arrivé, on h
conduisit à la chambre où était le cadavre, h
toutes les veuves l'entourèrent en pleuranu
et lui montrant les vêtements que Tabi: .'?
leur avait distribués. Pierre fut touché < .'
leurs larmes, et il fit sortir tous ceux qui
étdient là, et il éleva les yeux et les main^
au ciel, il fléchit les genoux et il i^ria. Il <c
tourna ensuite vers le corps et il dit : « Ta-
bithe, lève-toi. » Et elle ouvrit les yeux, ci
en voyant Pierre, elle se laissa retomber. Fi
il lui donna la main, et il la leva, et il Ap-
pela è lui les saints et les veuves, et il leur
montra qu'elle vivait.
Et ce miracle fut connu dans toute la ^ii!*;
de Joppé, et beaucoup d'habitants crureut
au Seigneur.
CHAPITRE V.
Et h cette époque, !e roi Hérode éteuilil (a
main sur quelques-uns des membres iU
l'Eglise et se mit à les persécuter. Et quar.l
il vit que cela plaisait aux luifs, il fit saiMc
Pierre avec d'autres, et c'était alors le leinp^
de lafôte des Azymes. Et après avoir fa:t
prendre l'apôtre, il l'envoya en prison, el il
chargea quatre troupes de soldats de le gar-
der, et il ordonna qu'après la fête de Piques
on le conduisit devant le peuple.
Pierre était donc étroitement gardé en pri*
son, et l'Eglise adressait pour lui, sans relâ-
che, dos prières au Seigneur. Et dans la nuit
qui précédait le jour où Hérode voulait le
faire comparaître devant le peuple , Pitrre
dormait entre deux soldats, et il était atta-
ché avec deux chaînes (676), et des ganio>
étaient devant la porte de la prison. Et voit i
qu'un ange du Seigneur se tint auprès <it)
1 apôtre, et la prison fut éclairée d'une lu-
mière resplendissante. Et le Seigneur louci >i
Pierre au côlé, et l'éveilla et lui dit : « Lèu'-
toi et sors. »
Et les chaînes qui liaient ses mains tom*
bèrent, et l'ange lui dit : « Couvre-loi d^^
ton mantcauet suis-moi. »Et Pierre le sui>ii
et sortit, et il ne savait pas que ce qui iui
arrivait par l'entremise de l'ange était un*^
Lambécius, Comment. d$ bibliolh. Viadob., M'
ni, p. 533.
(676) On voit dans les Aet. xxi, 33, qiÊe mii>*
Paul eut de même la main droite attarliée pai vn'
chaîne à la main gauche d*ati soldat et fa tn^^
gauche h la droite iVun antre gardien.
m
PfE
PART. II?. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIE
702
réalité, et il croyait que c'était une vision.
Ils passèrent devant la première et la se-
conde garde, et il's arrivèrent derant une
porte de 1er qui conduit à la Tîlle, et elle
s'ouvrit d'elle-même devant eux. Et quand
ils furent sortis de la prison» ils descendi-
rent une rue et Fange quitta Pierre; et l'a*
pôire, lorsqu'il fut revenu en sa maison,
dit : « Je sais maintenant arec certitude que
le Seigneur m'a envoyé son ange, et qu'il m'a
délivré de ta main dllérode et de toute l'at-
tente du oeuple juif. »
] CHAPITRE VI.
Après que ces choses se furent passées,
Simon, Samaritain do naissance, qui avait
déjà vu les miracles effectués par Pierre, et
qui avait voulu, avec de l'argent, se procu-
rer les dons de l'Esprit-Saint, se montra, et
il prétendait avoir une grande puissance et
f ouvoir prendre diverses formes, et il disait
que ceux qui croyaient en lui ne pouvaient
être séparés de lui. Et il s'efforça de détruire
la roule de Pierre et de détruire ce que
Fapdtre édifiait, et il fixa un jour pour
avoir, en présence du peuple, une dispute
avec Pierre (677).
Et Pierre se trouvait alors à Césarée de
Slraton, Lorsque le jour fixé fut venu, Za-
chée (678), qui était l'homme le pFus émi-
nent de la ville, vint à Pierre et lui dit :
« Voici le temps où tu vas disputer avec
Simoo. La foule est rassemblée en dehors
delà porte, et il y a là une grande multi-
tude qui t'attend, et Simon accompagné de
nombreux adliérents attend aussi. »
Et Pierre, ayant entendu ce discours, fit
éloigner de lui quelques hommes oui n'é-
taient pas encore purifiés des péchés qu'ils
avaient commis par ignorance, et il dit aux
autres : « Prions, mes frères, afin que le
Seigneur, dans sa miséricorde indicible,
iû*assiste par Jésus-Christ son Fils, afin que
je puisse travailler au salut des hommes
qu*il a créés, v
Et quand il eut ainsi parlé, et qu'il eut
termtné sa prière, il se rendit dans la grande
salie de la maison où était réunie une grande
foule. Et quand il vit que tous attendaient
en silence et avec beaucoup d'attention, et
que Simon Tenchanteur était au milieu
d'eux comme un porte-drapeau, il commença
de la manière suivante :
CHAPITRE VIL
« Paix soit à voustousqui êtes prétsà éten-
dre votre main vers la vérité. Quiconque lui
obéit se flatte en vain de rendre quelque
gr&ce au Seigneur, mais ils obtiennent le
don de la récompense suprême en marchant
dans les voies ne la justice, car le premier
de tous tes dons est de chercher la justice du
(677) Lies récits relatifs à Simon se trouvent ex-
po^ en détail dans les RecognitioM clémeniines.
(678) On retrouve Znchée daus les Recogniliong
^Umeniineê^ où il est signalé comme accompagnant
aaint Pierre à Rome.
(679) Eipression qui désigne fouvent Jésus-
Chii^i dans les Recogniiiom clémentives : on y
Seigneur et son empire; la justice, afin que
nous apprenions à faire ce qui est juste^ et
Tempire, afin que nous reconnaissions quelle
est la récompense qui est établie pour la
peine et pour la patience. C'est là qu'est,
pour les oons, la rémunération des biens
éternels, et pour ceux qui ont agi contre la
volonté du Seigneur, une juste distribution
de peines selon leurs fautes, v
« Tant que vous êtes dans celte rie où il est
donné d'agir, vous devez reconnattre la to-
ionté du Seigneur : cai* si quelqu'un veut,
avant d'amender sa vie, se mettre à la re-
cherche des choses qu'il ne peut trouver,
ses démarches seront insensées et sans pro-
fit, car le temps est court, et le jugement
aura lieu sur les actions, non sur les ques-
tions des hommes. Il faut donc que nous
recherchions, par-dessus tout, ce que nous
devons faire pour nous rendre dignes d'ob«-
tenir la vie éternelle. Le conseil que je vous
donne est donc comme l'a pei^sé le vrai Pro-
phète (679), qu'il faut d'abord rechercher la
justice, et c'est ce que doivent faire surtout
ceux qui avouent connaître lo Seigneur. Si
quelqu'un a quekfue chose qu'il regarde
comme plus juste, il peut l'énoncer. Quand
il aura parlé, qu'il éconte, mais avec pa-
tience et tranquillité. C'est pourquoi, en
commençant, je vous ai, à tous, souhaité 1&
paix. »
CHAPITRE VllI.
Et Simon répondit : « Nous n'avons point
besoin de ta paix. Si la paix et la concorde
existaient, nous ne pourrions faire aucun
efl*ort pour connaître la vérité, car les vo-
leurs et les débauchas ont aussi la paii parmi
eux, et toute malice est d'accord avec elle-
même (680). Si nous sommes réunis afin de
donner, pour le bien de la paix, notre assen-
timent a tout ce qui se dit, nous ne ren-
drons aucun service à ceux qui nous entèn^
dent, mais, après les avoir abusés, nous nous
séparerons amis. C'est pourquoi je n'ai pas
voulu t'inviter à la paix, mais bien plutôt à
nos controverses, et si tu peux combattre les
erreurs, ne réclame pas une concorde accor-
dée à des assertions injustes, car je veux
3ue tu saches, avant toutes choses, qu'eniro
eux combattants, la paix ne sera rétablie
que lorsque l'un aura été vaincu et terrassé
par l'autre. »
Et Pierre dit : « Pourquoi crains-tu d'enten-
dre souvent le nom de paix? Ne sais-tu pas
que la paix est l'accomplissement de la
loi (681)? car les guerres et les combats pro-
cèdent des péchés. Et oii il n'y a nul péché,
la paix se trouvera dans les entretiens, et la
vérité dans les oeuvres. »
Et Simon dit : « Les paroles que tu pro-
nonces n'ont aucun poids, mais je te mon-
voU une trace des doctrines des Ebionîstes qui, re-
fusant de reconnaître la divinité du Sauveur,
l*appelaient volontiers le vrai ou l^unique pro-
phète.
(680) Mallh, xii, 26.
(68!) Rom. xni 9.
70S
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
•»^
tû;
trerai la puissance do ma domination et de
ma divinité aûo que lu tombes soudainement
à terre et que tu m'adresses tes supplica-
tioas. »
CHAPITRE IX.
« Je suis la première dominationj je suis
toujours et sans commencement. Après être
entré dans le se<n de Racbei (682), j en suis
sorti» ayant une naissance comme celle des
hommes» afin que je pusse être vu par les
hommes. J*ai volé dans Pair, mêlé avec le
feu. le me suis fait uu corps; j'ai fait des
statues se mouvoir.J*ai ranimé des morts, j*ai
changé des pierres en pain (683) ; je me suis
précipité du haut d*une montagne, et, porté
par les mains des anges, je suis descendu
sur la terre.
<« Nonrseulement j'ai fait ces choses, mais
je puis les renouveler encore, aGn dc[)rouver
par des faits que je suis le Fils du Seigneur,
Îtuo je demeure dans Téternilé et que je
èrai également demeurer dans Télernilé
tous ceux qui croient en moi. Tes paroles
no sont que vanité, <it lu ne peux montrer
aucune œuvre de vérité, de même que
Tenchanteur qui t*a envoyé et qui n*a pu
i»e délivrer lui-même du supplice de, la
croix.
« Car je puis me rcndreiovisible pourceux
qui voudraient ro'altaquer, et reparaître de-
vant eux, lorsque je voudrai être vu. Si je
voulais fuir, je pourrais percer les monta-
gnes et passer à travers des rochers comme à
travers de Targile. Je puis me jeter du haut
d'une montagne et descendre à terre douce-
ment et sans éprouver le moindre mal. Si je
suis enchaîné, je peux me délivrer de mes
liens, etfaire qu'ils garrottent ceuxquim'au-
raient lié. Si je suis en prison, jo puis faire
que les portes s*ouvrent d*elles-mèaies.
tf Je puis donner à des statues inanimées,
des mouvements tels que ceux qui les ver-
ront croiront que ce sont des hommes. Je
ferai sortir soudain de terre de nouveaux
arbres et je ferai pousser de nouvelles plan-
tes. Je me jetterai dans le feu sans ressen-
tir la moindre brâlure. Je changerai les
traits de mon visage de sorte qu'on ne pourra
nie reconnaître. Je puis me montrer aux
hommes comme ayant deux visages, comme
offrant les traits d'un mouton et d'un bouc,
ou ceux d'un jeune garçon et d*un vieillard
avec une longue barbe.
« Je volerai à travers les airs, je montrerai
pne immense quantité d'or, je ferai des rois,
et je me ferai adorer comme le Seigneur. Je
me ferai rendre publiquement les honneurs
divins {6&k), de sorte que les hommes m*é-
rigeront un monument, et m'adresseront
(682) Nom de la mère de Simon.
(683) Ce que le «iiable demande à Jésus-Christ de
h'ire. (Maith, iv, 3.) Nicéptiurc, 1. il. cb. 27, éiiu-
niére à peu tires d;uis les mêmes termes les prodi-
|e.s accomplis par Simon.
(684) Saint Justin et d*aulres auteurs disent que
lesUoniaiiis élevéïent une statue à Simon avec
fiette inscription : Simoui Deo sancto, mais des cri-
4«iuearoe^erne8,oot peosé qu*il s'ugissait d'une
leurs prières comme auSeigneur.Quel besrno
est-il d*en dire davantage, car j*ai déjà, par
beaucoup de faits, donné la preuve de ce
que j*avance. £t je puis faire tout ce que je
voudrai.
« Un jour ma mère Racbei m'ayantordonné
d'aller dans un champ et de faire la ronissoa,
ayant vu une faucille nosée par terre je luj
commandai d*aller et de moissonner, et elle
fit plus d*ouvra^es que dix travailleurs. J'ai
fait sortir soudain de terre, à ma voix, de
jeunes arbustes, et j*ai percé une montagoe
\c\ proche. »
CHAPITRE X.
Après que Simon eut ainsi parlé, Pierra
répondit :« Ne donne pas auxautresceqoi te
revient (685). Tuasfaitconnallreetiu as dé*
montré par tes actions, que tu es un enchan-
teur! luais notra Mattre« qui est le Fils du
Seigneur et le Fils de l'homme, a démooiré
sa bonté, et c'est ainsi qu'il a été justement
appelé le Fils de Dieu et qu'il est appeli
comme tel. Mais si tu ne veux pas reconnM-
tro que tu es un enchanteur, nous irons
avec cette foule qui est ici, è ta maison, ei
là il se révélera au grand jour qui est un
enchanteur.)» Et Pierreayantdit ces paroles.
Simon commença à se jeter sur lui en profe*
rant des injures et des menaces, et il s éleva
un çrand tumulte,et au milieu de l'agitation,
il disparut. Et Pierre ne voulant pas paraiire
fléchir devant les injures de Simon, resta iné-
branlable,et se mit à convaincre encore plu^
fortement Simon d'imposture. Et le peu{> e
s*irrita, et il chassa Simon de la salle, ei i!
Texpulsa hors des portes de la maison, et
quand il eut été expulsé, il n'y eut qu'ua
seul homme qui le suivit.
Et quand le calme fut rétabli, Pierre sV
dressa au peuple de la façon suivante : « Vous
devez, mes frères, sup|)orter les méchants
avec patience, sachant bien que le Sei|$neur
c|ui pourrait lesanéantir, souffre qu'ils restent
jusqu'au jour marqué pour que le jugement
s'exercf^ sur toutes les créatures. Pouisquoi
ne souffririons-nous |}as ceux que souffre le
Seigneur, auquel le ciel et la terre sont sou«
mis et obéissants? Vous donc qui vous con*
vertissez au Seigneur par la pénitencei flc-
chisscz le genou devant lui. a
Et lorsque Pierre eut parlé ainsi, tout
le peuple fléchit le genou devant le Sei-
gneur. Et Pierre regarda vers le ciel, et pria
pour eux aQn que le Seigneur dans sa nn>é-
ricorde voulût bien accueillir ceux qui ><^
réfugient vers lui. Et après quli eut prié et
qu'il eut recommandé que l'on sê réunit l6
lendemain, il acheva le sacribce.
înscripUoD antique qui ne se rapporte voUnDrit
à Sinioa : Simoni tango Deo Fidïû. ^ou$ n*iitOit>
pas ici ii nous occuper de cette questiua sur la-
quelle se sont eiercees bien des plumes. Vo9- h
noie dcFubrJcius, Cod. apocr, iVor. To/., t. 1, p-
419.
(688) C*esl-ii-dire : n*accuse p^s !<« auUYS JVtre
des enchanteurs, tandis que loi-méuic tu ok au ma-
gi ien.
705
PIE
PART. ni. -. LEGENDES ET FRAGMEiNTS.
PIS
7M
CHAPITRE XI.
Quand le matin fut venu, un des disciples
de Simon vint et s^écria : « Je oae réfugie
aussi auprès de toi, ô Pierre ; reçois un mal-
heureux que Simon a trompé. Je le regar-
dais comme le Seigneur du ciel, à cause des
merveilles queje lui voyais opérer, mais,
a|rèsavoirentendu(esdîscours,itacommencé
i ne plus me paraître qu'un homme,etcomme
uu méchant (686). Lorsqu'il s'est retiré je Tai
suivi seul, car je n'avais pas vu assez' clai-
renient ses impiétés. Quand il s'aperçut que
je le suivais, il me félicita de mon bonheur
et il me conduisit dans sa maison.
<£l, au milieu de la nuit, il me dit: «Je fe-
rai en sorte que tu l'emportes sur tous les
liommes si tu me restes attaché jusqu'à la
fin. » El quand je le lui eus promis, il me fit
)>tô[er serment de lui rester fidèle, et il mit
sur mes épaules des choses exécrables et
souillées qu'il tira d'une cachette et que je
devais porter, et il me suivit. Lorsque nous
fûmes arrivés sur le bord de la mer, il entra
dans une barque qui était toute prête, et il
ôia de dessus mon dos le fardeau qu'il m'a-
vait dit de porter.
c Et, un moment après, il revint vers moi,
et il ne portait rien, sans doute parce qu'il
avait jeté à la mer ce que j'avais apporté. Il
me dit que je pouvais me mettre en route
avec lui, et il dit qu il allaita Rome, car il y
jouissait d'une telle estime qu'on le regar-
dait comme le Seigneur, et que l'Etat lui
avait décerné les honneurs divins, et il
ajouta : « Je le comblerai de richesses, et si
tu veux revenir ici, je t'y ferai rapporter par
mes serviteurs. »
i Lorsqueje l'entendis parler ainsi, je n'eus
aucune confiance en ses promesses , mais je
recouDus qu'ilétaitunenchanteuret un four-
Us et je répandis : « Je te prie de m'excu-
ser, car j'ai de la douleur aux pieds et je ne
peux quitter Césarée. J'ai d ailleurs une
ieume et de petits enfants qu'il m'est impos-
sible d'abandonner. »
«Etlorsqu'il m'enlenditlui répondre de la
sorte,' il me reprocha ma paresse, et il par-
lit pour Rome, et il dit : « Lorsque tu ap-
prendras à quelle gloire je me suis élevé à
Rome, tu te. repentiras de ne pas m'avoir
suivi. » Et il partit ensuite pour Rome, à ce
qu'il dit du moins. Moi je me suis empressé
de revenir ici, et je te prie de m'admettra
à la pénitence, car je me suis laissé séduire
par lui. »
CHAPITRE XII.
Après que le disciple de Simon eut ainsi
(686) Il y a dans le texte latin maint, ihais il est
iTés-vraisemblable que c*e8t là une de ces erreurs de
copisies si fréquentes dans les aneiens manuscrits,
ti (|u*ti faut lire magui.
(687) Les empereurs romains rendirent de fréquenis'
«lecreis contre les magiciens auiquels on donnait
>osii les noms de cnatdéens, de malhématkietis,
etc., Cl, en Tan 1§, Ils furent expulsés d*llalie,
u*ais CCS riguebrs irempècbaient nuilement le mal
^ subsister. libère s*apptiquait eu cacbet-
parlé, Pierre lui dit de s'asseoir dans le vas*
tibule. Et lui-même sortit, et voyant une
multitude bien plus nombreuse que les jours
précédents, il se plaça à Tendroit accoutumé,
et il montra le disciple qui avait quitté Si-
mon et il dit :
« Cet homme que vous voyez, mes frères;
est venu vers moi, et il m'a apporté des nou^
relies des mauvaises actions de Simon, le-
quel a jelé dans la mer les instruments de
ses méfaits, non qu'il fût touché de remords»
mais parce qu'il craignait d'ôire découvert et
d'être puni suivant les lois de l'Etat (687). »
Et après que Pierre eut parlé ainsi, le peu-
ple vit l'homme qui avait quitté Simon, et il
fut saisi d*étonnement.
Et Pierre partit de Césarée, et il entra à
Tripoli, et quand il fut entré dans la mai-
son de Marc, il vit un endroit qui était très-
convenable pour adresser un discours ait
peuple. Et la multitude qui s^était réunie)
était comme un torrent débordé ; alors Pierro
monta sur une hauteur qui était près de la
muraille du jardin, et selon un pieux usa^e,
il salua le peuple.
Et plusieurs de ceui qui étaient )à et qui
depuis longtemps étaient tourmentés par des
malins esprits tombèrent par terre, et les es-
prits impurs le supplièrent de leur permettre
de rester encore un jour dans les corps qu'ils
possédaient (688). Mais Pierre le leur refusa,
et leur commanda de se retirer immédiate-
ment, et ils s'éloignèrent sans délai.
Ensuite d'autres, qui étaient afiligés de
longues inQrmités, prièrent l'apôtre de leur
rendre la santé. Et afin d'offrir pour eux ses
oraisons au Seigneur, il quilia la foule après
avoir achevé de prêcher la foi du Seigneur,
et, aussitôt, ainsi qu'il l'avait promis, les
malades furent délivrés de leurs souffrances.
Et il leur dit de se placer de côté avec ceux
qui avaient été délivrés des malins esprits,
comme étant accablés de la fatigue qui suit
un pénible travail.
CHAPITRE XIIL
Et Pierre quitta Tripoli, et il se mit en
roule pour Antioche, et il vint h une lie
nommée Ancharadus (689), où il y avait des
colonnes d'une grosseur extraordinaire, et
beaucoup de gens étaient allés avec Pierre
pour les voir, el Pierre les contempla avec
surprise, el quand il fut venu devant la porte,
il vvt une pauvre femme qui demandait Tau-
m6ne aux passants.
Et aiu'ès l'avoir regardée avec plus d'atten-
tion, il dit : « Parle, femme; dans quel mem-
bre de ton corps es tu frappée, pour être
ainsi réduite à la triste condition de mendier
te aux sciences occultes et Néron s'y adonna sana
mystère.
(688) Mare, v, iO, ii.
(689) Mot qui sigiiifle vision d'Aradoo. Dans let
Reeogniliotti clém€HUne$t cet (nidroit est appelé
Antaradui {Wy. vu, c. I et i4) et Aradu$ (Uv. vii,
c. 4 et 12) ; Coielier a fait une note sur ce tiernier
passage, lies géugrapbes anciens, tels que Sira*
bon ei Etienne de Byxancc, font mention d*A-
randon qu*uiie trèf-petile distance s^'parait J« Tyr*
707
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
7«9
l*aiimAne, ci pourquoi ne cherches-tu p^^
plutdt à vivre avec le fruit du travail des
mains que Dieu t'a données? » Et la femme
soupira* et dit:« Oh|l si j'avais des mainsqui
pussent se mouvoir, mais il ne me reste
qu'un semblant de mains; car elles sont
mortes, et elles ont été rendues faibles et
!)rivées de sentiments par mes morsures
690).)» Alors Pierre lui prit les mains et la
guérit.
£t cette femme était la mère de Clément.
Par l'intervention miraculeuse de Pierre,
elle avait aussi recouvré son mari Faus-
tin et ses autres enfants, Faustin et Fauste,
qui, après que leurs noms avaient été chan-
gés, s appelaient Aquilas et Micias (691), et
ils étaient depuis longtemps séparés d'elle.
£t quand ils voulurent partir de cette fie,
la mère de Clément lui dit : 5 O mon fils
bien-aimé, il est convenable que je dise
adieu à la pauvre femme qui m'a accueillie ;
car elle est pauvre et paralytique, et elle est
retenue eu son lit. » Et Pierre et tous ceux
qui l'entendirent admirèrent la bonté et la
simplicité de celte femme. Et aussitôt Pierre
ordonna è quelques-uns des fidèles d'aller et
d'apporter la malade sur le lit où elle gîsait.
Et lorsqu'elle eut été apportée et placée
au milieu de la foule qui 1 entourait, Pierre
dit en présence de tous : « Si je suis le hé-
raut de la vérité, afin de fortifier la foi de
tous ceux qui sont ici et afin au'ils sachent
et qu'ils croient qu'il n'y a qu un seul Sei-
gneur qui a fait le ciel et la terre, je puis,
au nom de Jésus-Cbrist, son Fils, guérir
cette femme. » Et aussitôt que Pierre eut dit
ces paroles, la femme se leva guérie, et elle
se jeta aux pieds de Pierre, et elle embrassa
ses amies et ses parents, et elle rendit grAces
au Seigneur.
CHAPITRE XIV.
Après que ces choses furent accomplies,
Pierre voulut entrer dans une hôtellerie, et
le matlre de la maison lui dit: « Il n'y a
qu'un impie et un insensé qui voudrait lais-
ser un homme aussi saint dans l'érable, tan-
dis que j*ai presque toute la maison vide et
une foule de lits couverts, et que tout ce qui
est nécessaire est préparé. » Et comme Pierre
se refusait à ses instances, la femme du
maître d'hôtel, avec ses enfants, se jeta à ses
Sieds et le supplia, disant ; « Je te conjure
e rester avec nous. »
Pierre résista à leurs prières jusqu'à ce
que la fille de ses hôtes, qui était depuis
longtemps tourmentée par un esprit malin,
et qui était renfermée clans une chambre et
enchaînée, fut tout d'un coup abandonnée du
démon, el, ouvrant les portes, elle vint,
ayant encore ses fers sur elle, se jeter aux
(690) Cette femme avaii, dans la douleur que lui
causait la perte de ses enfaots, déchiré ses mains
avec ses dents ; c*«stoe que dit avec phis de de-
uils la douiiéme homélie clëni(fntine, ebap. 45.
(691) Les Rteognitiom clémintinet rappellent Ni-
cétas et donnent au père de cet jeunes gens le iioin
de Faoslinien.
{fli9i) Ce qui suit est emprunté i la lettre à Jac-
pieds de l'apôtre, et elle dii : « Il est conve-
nable. Seigneur, que tu célèbres aujourd'hui
la fête de ma délivrance, et que tu ne m*8f'
fliges pas ainsi que mes parents. »
£t Pierre s'informant pourquoi elle par-
lait ainsi et pourquoi elle était enchainé^
les parents étaient tellement joyeux de ce
que leur fille était guérie contre toutes leurs
espérances, gu'ils ne pouvaient rien dire,
étant comme irappés de stupeur. « Depuis la
septième année de son Age , elle a été \)os$^
dée d'un esprit malin, et elle s'efforçait <jo
mordre, d'attaquer avec ses ongles et de dé*
chirer tous ceux qui l'approchaient, et die
n'a pas cessé un seul instant d'être dans r:t
état depuis vingt ans, et personne n'a pu Li
guérir; et bien plus elle ne se laissait a;>-
(irocher par qui que ce fût. Elle a tué p!u-
sieurs 'personnes, et elle en a grièveaieDi
blessé d'autres, car elle était plus forte qu'un
homme quelconque, la vigueur de Tesprii
malin étant eu elle. Maintenant, comme iule
vois, les esprits malins ont été chassés pr
ta présence ; les portes qui étaient ferni«iv<
de la manière la plus solide, ont été ouver*
tes et elle est devant toi, parfaitement gué*
rie, et elle te prie défaire que le jour de sa
délivrance soit un jour de fête pour elle et
pour ses parents, en restant auprès d'eux. »
Et un des assistants ayant ainsi parlé, le<
chaînes tombèrent d'elles-mêmes des piei^
et des mains de la jeune fille. Pierre fut
convaincu que cette çuérison s'était opérée
par son entremise, et il consentit k séjourner
dans la maison de son père.
CHAPITRE XV.
Ensuite Pierre vint à Rome, et II prévit
que la fin de sa vie approchait. Et s'ét.in!
rendu dans l'assemblée des frères, il prit la
main de Clément, et il se leva soudainemcDt
(692), et il fit entendre à toute l'Eglise les [pa-
roles suivantes :
« Ecoutez-moi, mes frères et mes compv
gnons, car j'ai été instruit par celui qui m'a
envoyé, mon Seigneur et mon Maître, Jé5u«-
Christ, et le jour de ma mort approche;J6
désignerai donc Clément pour être votr^
évèque (693), lui confiant, à luiseul, la chairo
de ma prédication et de ma doctrine; cesi lui
qui, depuis le commencement jusqu'à la un.
a été mon compagnon, et qui a reconnu .a
vérité de toute ma prédication. Il s'est, en
tous mes efforts, associé à moi comme on
collaborateur fidèle; je l'ai, plus que tout
autre, consacré au service du seigneur, an^
de ses frères, chaste, appliqué à TédiJe.
droit, sobre, charitable, patient et sachant
supporter les injures, même de la part de
ceux qui sont instruits dans la parole Ja
Seigneur.
3UCS, mise soua le nom de Clënaent, et insr>f«
ans le recueil de Cotelier, Pairet apott^lki , 1. 1.
p. 805.
(693) Tertolllen (De prmterlpU^ e. 52) dit m^m
qoe saint Pierre ordonna Clément cemme éTé<i«<
de Rome ; cette assertion a été contestée ; Vo|. Tu-
lemont, Mémoirtê iur Cfiist. ecelé$,, 1. 1.
:o9
PIE
PART. m. ~ LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIE
710
«C'est pourquoi je lui remets la puissance
que le Seigneur m avait confiée, le pouvoir
de lier et de délier (694), afin que tout ce
qu'il déliera sur la terre, soitaussidélié dans
le ciel. Il liera donc ce qui doit être lié, et
déliera ce qui doit être délié. »
Et quand il eut ainsi parlé, il étendit les
luains sur Clément, et il le fît asseoir sur sa
chaire, et il lui donna de longues instruc-
tions sur la manière dont il devait conduire
l'élise qui lui était confiée et guider les
brebis qui lui étaient remises.
CHAPITRE XVI.
L'apôtre Paul vint ensuite à Rome, et il y
prêcha Jésus, le Seigneur. Et au temps de
Néron (695), il y avait ainsi à Rome ces pré-
dicateurs de la doctrine du Seigneur, les
apôtres Pierre et Paul, et ils répandaient la
loi du Seigneur Jésus dans tous les esprits,
el la propugalion de la foi faisait de grands
progrès, car ils étaient accomplis dans leurs
œuvres, et pleins d'éclat dans leur fonction de
prédicateurs de la parole de Dieu, par la force
de la grftce divine, et Néron fut poussé par
l'enchanteur Simon à s'opposer avec vio-
lence aux apôtres. Car l'enchanteur avait,
par ses nombreux prestiges, si bien capté
le coeur de l'empereur, que celui-ci le regar-
dait comaie le protecteur de sa personne, et
comme le gardien de sa vie. Car il croyait
que c*étaitSimon qui lui avait procuré d'être
vainqueur à la guerre et d'avoir soumis les
peuples.
Mais Tapôtre saint Pierre devinait ses im-
postures et ses méfaits. Car la lumière de la
vérité et la clarté de la parole divine qui,
pour le salut des hommes, n'avaient jamais
été obscurcies, dissipaient, par le moyen
des apûires, les ténèbres du mensonge qui
couvraient les esprits, et ils chassaient l'obs-
curité de l'ignorance.
L'enchanteur Simon, aveuglé par Téclat
de la véritable lumière, s'opposa alors dans
sa malice aux prédications de l'apôtre (696),
car il avait déjà été convaincu en Judée, par
l'apôtre Pierre, des méfaits qu'il commet-
tait, et il avait pris la fuite au delà de la
(C94) Uanh. XVI, i9; xviii, 18.
(C95) Ce qui suit est emprunté, presque mot pour
mol, à Hégésippc. (De excidio Uiero»ol,, i. ui, c. â.)
(696) Nous aurons occasion de reparler de Simon
dans un article qui lui sora consacré ; nous dirons
seulement qu'il existe une disscrtalion d*un Suédois
sur sa lutte contre le prince des apôtres. (De apoi-
ioli Simonii Pétri cum Simone mago ceriamine
auctoreC.-G. Hallmann, Upsal, 1725, in-4«,) Elle
esi introuvable en France.
(697) On trouve dans la Vie de saint Pierre ,
écrite on présume par le P. Xavier, le récit relatif
à un chien que Simon avait lié devant la porte d'un
disciple de Pierre, nommé Vigile, afin de déchirer
Tapôtre. Le même récit se retrouve dans la Légende
dorée (Voy. Dicttonnaire des légendes ^ Miane, 1855,
col. 1087) ; mais le disciple y est appelé Marcel. Un
historien byzantin, que nous avons cité quelquefois,
Cédvéoe, rapporte cette circonstance avec quelques
détails nouveaux 'qu'on lit aussi dans V Histoire
tcclésifutique de Nioéphore, I. xi, c. 27 : i Lorsque
k grand apôtre Pierre vint k Home, il prit la réso-
mer. Et après avoir, en d'au 1res pays, éprouvé
la puissance de Pierre, il osa cependant, ea
arrivant à ftome, se vanter quHl pouvait res-
susciter des morts.
Et, à la même époque, il était mort à Rome
un jeune homme d^une famille noble, et pa-
rent de l'empereur. Et un grand nombre de
ses parents s'étant réunis, se demandaient
Tun a Tautre s*il n'y avait pas quelqu'un qui
pût ressusciter les morts. Pierre était alors
regardé comme celui qui accomplissait le plus
de n)iracles semblables. Cependant, de la part
des païens, lafoi en lui n'était pas très-ferme.
Mais la douleur fit qu'on cherchait du se-
cours, et l'on s'adressa à Pierre. Et quelques-
uns pensaient qu'il fallait recourir a Simon.
Et Pierre dit aux parents du mort qu'il
fallait d'abord voir si Simon, qui se vantait
si fort de sa puissance, était en mesure de
ressusciter le défunt. Et il ajouta, que si Si-
mon ne le pouvait pas, il n y avait point de
doute que Jésus-Christ ne voulût venir au
secours du mort. Et Simon, que les païens
regardaient comme étant en possession d'un
grand pouvoir, ût les conditions que s'il res-
suscitait le défunt, Pierre serait mis à mort,
pour avoir osé par ses paroles hardies, faire
outrage à celui qui possédait une pareille
puissance ; mais, s'il ne pouvait pas le ressus-
citer, et si Pierre le faisait, alors lui, l'en-
chanteur, subirait le traitement qu'il récla-
mait contre l'apôtre (697).
Ces conditions furent arrêtées, el Pierre
s'en montra satisfait. Et Simon commença ;
il s'approcha du lit du mort, et il marmotta
des chants confus et des enchantements, et
il sembla aux assistants que la tète du mort
se remuait. Et les païens poussèrent un
grand cri : « il vit: il parte à Simon.)» Et une
grande animosité se manifesta chez eux
tous contre Pierre, dece qu'il avait prétendu
s'égaler à un homme possédant une pareille
puissance.
Pierre demanda alors que le calme se ré-
tablit, et il dit : « Si le mort a recouvré la
vie, il peut parler; s'il est ranimé, il peut
se lever el marcher. Mais je vais vous mon-
trer que lorsqu'il vous semble que la tète
lution de se rendre chez Simon. Il y avait à la porte
de Simon un chien d'une tailln euorme, attaché
avec une chaîne et dont Simon se servait pour
écarter ceux qui voulaient venir vers lui et qu'il ne
voulait pas recevoir. Lorsque Pierre vit ce chien
aussi redoutable par sa taille que par sa férocité, il
savait que cet animal avait tué beaucoup de gens
qui prétendaient apptochcr de Simon contre son
gré; il s'approcha ae lui , le détacha, et lui com-
manda d'aller dire à Simon en parlant de la voix
d'un homme : f Pierre, le serviteur de Jésus^^hrist,
désire s'entretenir avec toi. » Le chien courut aus-
sitôt et ût ce que l'apôtre lui avait ordonné, et tous
ceux qui étaient avec Simon furent frappés d'admi-
ration et de stupeur, et Us dirent : c Quel est ce
Pierre, et quelle est la puissance dont il dfspose? >
Simon répondit qu'ils ne devaient pas ôtre étonnés,
car il en ferait autant, et il ordonna aussitôt au
chien d'aller dire en parlant comme un homme, k
Pierre d'entrer, et Fe cbien l'ayant (ait, Pierre entra
et vint vers Simon. »
7«l
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
:n
du mort s^aeile, cen*est qu'une apparence et
non une Térité. Que ^enchanteur 5*élaigne
du Iky et les prestiges du diable seront dé-
montrés. »
Simon fut donc éloigné du lit, et le mort
resta immobile sans donner aucun signe
d'existence. Pierre se tint & distance, et
après avoir pHé un instant, il dit è haute
ifoix : « Jeune homme, je t'ordonne de te
lever; Notre*Seigneur Jésus-Christ (egué-
fit (698). »
£t aussitôt le jeune homme se leva, et il
parla, et il marcha, et Pierre le rendit plein
de vie à sa mère (699). El comme elle vou-
lait récompenser le bienheureux apôtre (tOO),
il dit : « Sois tranquille, mère, au sujet do
ton fils, et ne crains point, car il a son gar*
dien. v
CHAPITRE XVII.
Et comme le peuple voulait lapider l'en-
chanteur Simon, Pierre dit : « C'est pour
lui un châtiment suffisant de reconnaître
qu'il a été vaincu dans ses artifices. Qu'il
vive et qu'il voie la croissance du règne de
Jésus-Christ. »
£t l'enchanteur, irrité et exaspéré de la
gloire do l'apôtre, courut vers l'empereur
Néron, et combinant une nouvelle attaque
contre l'apôtre, il le fit appeler en présence
de l'empereur, et quand ils furent tous deux
devant César, Simon parla le premier, et dit :
« Je m'étonne, ô empereur, de ce que tu re-
gardes comme un homme ayant quelque
importance un pêcheur ignorant, un fourbe
insigne, et dépourvu de tout pouvoir, soit
dans ses paroles, soit dans ses actions. El
comme je ne puis souffrir davantage que cet
homme soit mon ennemi, je vais commen-
der à mes anges de venir et d'exercer sur
lui ma venseance.»
Pierre repondit : « Quant à moi, je ne
redoute point tes anges; ils seront forcés de
me craindre, ainsi que la force de mon pou-
voir miraculeux oui résulte du pouvoir de
ma confiance en Jésus -Christ, mon Sei*
gneur, que tu blasphèmes ; car, s'il existe en
toi un être qui scrute les secrets des cœurs,
dis-moi maintenant, Simon, ce que je pense
ou ce que j'ai le dessein de faire. El avant
que ta ne sois démasqué comme un impos-
teur, je confierai mes pensées à l'oreille de
l'empereur, qui redira exactemeutccqu'ellea
sont, n
£t Néron répondit : «Viens, et dis-moi
fidèlement ce que lu penses » Et Pierre dit:
«Fais apporter une corbeille de pain, et
qu'on me la remette en secret.» El quand
t*ela fut fait, Pierre dit : « Simon pourrail-il
dire ce que j'ai pensé, ce que j*ai dit ou ce
que j'ai fait?» Et Néron dit : «Que dis-tu,
•
(698) Paroles semblables à celles qa*il y a dans
tes Àeuê du apéim, m, tf ; xvi, i8
|699) l>a même qu'avait faii le Sauveur, (i^uc. vji^
16.)
(700) Hëgé>ippe ne parle pas 4e celle récom-
pense : il dii seulemeui que f'ierre fut prié de ne
))<is s'cloignor du jeune bomme qu*il venait de res»
MKîtcr.
Simon?» Et Simon répondit : «Non, Pierre
ne pourrait dire ce que j'ai pensé ou ce que
j'ai fait. » Alors Pierre répliqua : « Je moo*
trerai que je sais ce que Simon pense, lors-
qu'il aura dit précédemment ce que j'ai
pensé. »
Et Simon ayant entendu TapOtre parier
ainsi, répondit: < 11 faut que tu saches,
excellent empereur, que personne ne con-
naît les pensées des hommes, si ce n'eu
Dieu seul, mais Pierre ment. » Pierre ré|<li-
qua : « 0 loi qui prétends que tu es le Fils
de Dieu, dis ce que je pense, et expose ce
Îue j'ai fait en cachette, si tu le sais.i
ierre avait béni le pain qu'il avait re(;u,
et il l'avait brisé, et il l'avait placé daDs
sa manche droite et dans sa manche gauche.
CHAPITRE XVIU.
El Simon était mécontent» parce qu'il ne
pouvait pas dire le secret de V Apôtre, et li
s'écria : « Que de grands chiens vieaneni,
et qu'ils le déchirent devant les yeui u i
peuple. » Et lorsqu'il eut ainsi parlé, des
chiens d'une grosseur monstrueuse apparu*
rent et.se jetèrent sur Pierre. Mais Pierre
étendit ses mains pour prier, et il mon.ra
aux chiens le pain qu'il avait béni. ElquanJ
les chiens le virent, ils devinrent aussiiûi
invisibles.
Alors Pierre se tourna vers Tempereur, et
il dit: a Je t'ai montré, 6 empereur! non
par des paroles, mais par des actes, ce que
Simon avait pensé ; il avait promis d'en-
voyer contre moi des anges, et il a fait appa-
raître des chiens, prouvant ainsi que ce ne
sont pas des anges divins qu'il a à sa dispo-
sition, mais des animaux immondes* >
El l'enchanteur fut irrité, et il se mu à
déployer toutes les ressources de sod art
magique. El il appela tout le peuple, et :i
dit qu'il était outragé par des Galiléeos, et
qu'il quitterait la ville qu'il avail prolég^a
jusqu'alors. El il fixa un jour auquel il ao«
nonça qu'il volerait au haut des airs, canl
éiaii en son pouvoir de monter au ciel s'il
le désirait (701).
Et, au jour fixé, il monta sur la mootagne
du Capitole, et il se précipita en bas, etilci'ui'
mença à voler. Le peuple fut frappé de su^
prise et se mil à l'honorer. El beaucoup
disaient que c'était un etfet de la puissauce
divine, et non de celle d'un bomœei de
voler ainsi vers le ciel, et que Jésus-Chnsl
n'avail rien fait de semblable.
Alors Pierre s'avança au milieu du peu*
pie, et dit : « Seigneur Jésus, montre ta \miy
sance, et ne permets pas que le peuple qui
croira en loi soit trompé par de pareils sor*
liléges. Qu'il tombe, Seigneur, mais qu'il ce
nO!) Cest aussi ce que dit Hésésippe, mit ooea
avens vu dans Touvrege aUrîbué à Maroilliii , *\^
Simon étsit monté sur une tour. Cesl ég^k/u^yi
d*une tour que parlent Walalrid Siralio ou ^''
nance Fortunat dans le poéine de saint PierîCf
inséré dans le recueU de Caniiios. LMiieMiM»*
quœ, t. \l, p. 659:
7!3
PIE
TART. m. — LEGENDES ET FlUCUEMS.
?IE
7:\
prnle pas la vie, afin qu*il reconnaisse
(jiiil ne peut rien contre ton pouvoir. }» Et
quand l'a^^tre eut ainsi prié en versant des
larmes, il dit : « O vous oui le soulcnez, je
TOUS enjoins, au nom de Jésus-Christ, de le
i lisser lomher. » Et aussitôt, à la voix de
Merre, il fut abandonné des esprits malins
qui le portaient, et les mouvements des
ailes qu'il avait prises (702) étant arrêtés,
il tomba, mais il ne mourut pas sur .le
niufi; tout son corps fut tracassé et ses deux
jambes brisées, et il expira après quelques
heures.
Et quand Néron anoril ces choses, il le
regretta, et il s'affligea d*avoir perdu un
homme qui lui rendait des services et qui
était utile è l'Etat, et il se mit à chercher des
motifs afin de faire périr Pierre.
CHAPITRE XIX.
El Néron donna Tordre de garder Pierre
étroitement. Et tous les fidèles demandaient
avec instance à l'apôtre de se rendre dans
lin autre endroit, mais il s'y refusa cons-
tamment, et il dit qu'il n*en ferait rien» et
qu'il ne prendrait pas la fuite comme s'il
avait peur de la mort. Car il savait que la
gloire de l'immortalité serait son partage et
celui de tous ceux qui souffrent pour Jésus-
€hrist.
Et après que Pierre eut dit ces choses et
d'autres semblables, le peuple-le supplia en
versant des larmes de ne pas se livrer lui-
même, car un grand orage menaçait les
Chrétiens, et de ne pas repousser les suppli-
cations de tant d'hommes pieux. EnGa l'a-
pôtre céda aux instances du peuple, et il
promit de quitter la ville.
1! dit donc adieu aux frères dans la nuit
suiviiole, et il se mit seul en toute. Et quand
ii fut parvenu aux portes de la ville, voici
qu'il trouva Jésus-Christ au-devant de lui.
El il le pria, et lui dit : «Seigneur, où vas-
tu?» Et le Seigneur répondit: «Je vais h
Rome pour y être crucifié une seconde
fois (703). »
(702) Diaprés Arnotie {Adv. génies^ I. ii), on pour-
rail croire que Simon av.iit annoncé que , pareil à
E!ie, it monterait au ciel sur un char de feu. t Vi-
deruDl cursum Simonis Magi et quadrigas Igneas
Pelri ore dtlDaïas, et nomiiiaio Ghristo evanuisse. »
Ce que dit le pseado-Alxlias des ailes qu'eroploy.iit
Simon {remigiis aiarum quat êumpserat) a Tait
croire ï quelques critiques que cet imposteur s^éiait
avisé de quelque mécanisme pour chercher à se
soutenir en t*air, tentative renouvelée à des ë;io-
qiies bien plus récentes et toujours sans succès.
(703) Origéne est le premier écrivain ecclésias*
lique qui fasâe mention de C(is paroles de Jésus-
Uriit (t. xxi, in Joan., p. i98, édit. de lluet;
i. XI , c. 12 , éJit. de la Hue) ; il les cite comme
siyani été adressées ii saint Paul, mats, ainsi que le
remarque Gralie (SpiciL^ t. I, p. )tO), il Taut aJ-
neure en cet endroit une erreur de copiste. Saiil
Aiubroise a meu tienne aussi cette tradition : < No. te
muroj egredi cœpit et videns sibt in porta Chris-
tum occurrere urt)emque ingredi, ait : Domine,
nuo vadis! Respondit Cl)ristus : Venio Romam
iieruni crucifigi.i \Contra Avixentium^ de baùlicit tra-
àetidis, t. Il, p. 807, é it. des Bénétiictinb.) Voir
sus>i saint Giégotre le Grand {ExposUio in psalmum
Di<;tio!<n. des At>ocRTPnES. H.
Et qu^nd lapôlre entendit ces paroles, il
reconnut qi>e Jésus-Christ parlait de sa pas-
sion, et qu*il rinvitait è la souffrir, le Sei^
Sneur sachant bien que ce n'était pas à la
ouleur du corps que Pierre voulait so
soustraire, mais qu'il cédait seulenient aux
supplications qui lui avaient été adressées.
Pierre lentra donc dans la vilie« et il fut
bientôt arrêté par les gardes et condamne au
supplice de la croix.
Et quand le peuple apprit cela, il s*éleva
soudain un grand tumulte, et les rues no
pouvaient contenir une foule composée de
personnes de tout âge et de tout sexe, el la
multitude criait: «Pourquoi Pierre est-il
mis h mort? quel crime a-t-il commis? quoi
mal a-hil fait h la cité? il est injuste de
condamner un innocent, et il est à craindre
que le Christ ne tire vengeance du meurtre
d'un tel homme, et que nous nesoyous tous
détruits. »
CHAPITRE XX.
Mais Pierre calma l'esprit du peuple el
il remontra qu'il ne fallait pns s^insurgcr
contre les princes, et il dit : « Romains, qui
croyez en Jésus-Christ et qui n'espérez qu en
lui, prenez S cœur d'imiter sa patience, et
ayez couGance dans les merveilles que vous
avez vu qu'il a effectuées par mon entro-
mise. Attendez donc jusqu'à ce qu'il vienne
et c|uMI juge chacun selon ses œuvres. Ce
qui m*arrive en ce moment, m*a déjà été
révélé parle Seigneur; le discinle n'est pas
au-dessus du maître (704>], ni l'esclave aq-
dessus de son seigneur. Vous savez que
j'éprouve un grand empressement à dépo-
ser le fardeau de la chair et à paraître
devant le Seigneur (705). Pourquoi diffé-
rerai-je de monter sur la croii? Les per-
sécuteurs peuvent se saisir de mon corps,
mais je reste en mon esprit fermement at-
taché au Seigneur. » Et il avança vers la
croix, et il demanda qu'on Ty attachât dans
une postlion renversée (706), agissant ain^^t
dans un esprit de vénération, afin que le
pœnitenikB iv; Orderic Vital, Hist, ecclts.^ I. it ,
p. 295, €t Baronius, ad aun. Chr. 69, n. G).
Florentin! us , dans ses Notes sur le Martyrologe ^
ajoule : c Locus exstat adliuc via Appia a card>D.do
Polo re&tauratus sub tilulo : Domine^ quo vadis t et
lapis ubi Uundni ves*âgia rutilant, in D. Sebastiani
erdesia translattis veneratur.i Une vue de cette ch;i«
pelle se trouve dans les Acia &S., t.V de juin, p. 455.
(704) Matth, x, 24.
(705) PhUipp, I, 23.
(70(>) Cette eirconstance et de mé -ne rapportée
par Origéne, cité par Eusébe (Bht. eeciôê., I. m ,
c. t), par saint Jéréme (Deteriptor. «cc/tfstaii.}, par]
saint Cbrjsostome, par haint Astére et par bien >
d*autres auteurs ecclésiastiques. Tbilo. dans son
édition des Actes de saint Pierre tt de saint Paul
dont nous parlerons bientôt en détait, rapporte cette
tradition, et il ajoute :
c llittd crucii suppliauni cum Honnunquam ma»
leûciis decerneretur, id quod Seneca ad Mariium ,
€. 20, et Eusebius, Hitt. eecUs.^ iib. viii , o. 8,
testantor, facile poluit atiquis coronilnisci Petruitt
eum sibi elegisse passionis nio<luni, quod judicaveiil
se indignum qui sic crucifi(;en;tur ut Doininus
SQus. I H cite ensuite Pouvrage d^Hégésippe ou de
23
YIS
DICTIOMMAIRE DES APOCRYPHES.
16
serviteur ne fût pas crucifié comme le maî-
tre (707). Et quand ou Teut crucifié de la
sorte, il parla au peuple et dit : « O mys-
tère profond et inexprimable de la croix I
6 lien indissoluble aamouri C*esl le boiS
de la vie sur lequel le Seigneur a été élevé
et sur lequel il a tout attiré à lui. C*est
le bois de la vie sur lequel le corps du
Sauveur a été crucifié.' Mais la mort a été
crucifiée en lui, et le monde entier a été
délivré des chaînes de la mort éternelle I
O grâce incomparable, ô amour mdestruo-
tible de la croix 1 »
t Je te remercie, Seigneur Jésus, Fils du
Dieu vivant, non*seulement avec la voix
ot le cœur, mais aussi avec Tesprit avec
lequel je t*aime, avec lequel je le prêche,
avec lequel je te célèbre, avec lequel je te
garde, avec lequel je te reconnais et avro
U*quet je te vois. Tu es tout |H)ur moi, vi
en toutes choses tu es la seule que je di-
sire, et je n'ai rien, si ce n*est toi seul
Tu es bon et le vrai Fils de Dieu, et Dieu ;
à loi honneur et {gloire avec le Père éternel
et le Saint-Esprit, à toujours et depuis Té*
ternité jusqu'à l!éternité. »
Et après que tout le peuple eut à voit
haute répondu : Amen, amen, il rendit IV>-
prit. Marcellus, unde ses disciples (706), irit
son corps et, de ses propres mains, il le
descendu de la croix, et il Tembauma avec
les épices les plus précieuses, et il le dé-
posa dans son propre tombeau, à Tendroil
que l'on appelle le Vatican (709), dans la rut
Triomphale, où il fut honoré en paix par les
louanges de toute la ville.
Ainsi que nous l'avons fait remarquer
Elusieurs fois, c'est d'après Ahdiaseten l'a-
régcant, mie Jacques de Voragine raconte
dans sa Légende dorée l'histoire des apôtres.
Le chapitre qu'il consacre à saint Pierre se
trouve traduit en français dans le Diction-
naire deg légendes^ Migne, 1855, col. 1083.
C'est également à la même source qu'ont
puisé les écrivains qui , au moyen âge, ont
mis sur la scène les légendes relatives au
chef des apôtres.
La composition la plus importante en ce gen-
re est le Miitire de monseigneur sainct Pierre
et sainel Paul^ par personnages^ contenant
plusieurs aultres vies , martyres et conter-
sions de saincts , comme de sainct Etienne^
sainct Clément^ sainct JLtn, sainct Clef, Attt
plusieurs grands miracles faitx par rintn-
cension des ditx saincts et la mort de Symon
magUs. Avec la perverse vie et mauvaise fn de
l'empereur Néron. Et est ledit mistire à cent
personnages. Paris, veuve Trepoerel , mos
date, in4*.
Des exemplaires de ce volume fort rare se
trouvaient dans les collections de deux bi-
bliophiles distingués, le duc de la Vallière
et M. de Soleinne. On peut consulter à ret
égard le Dictionnaire des Mystères (P8ri>,
Migne, 185!^, col. 832), ouvrage où l'on trou-
vera aussi des détails sur d'autres comnoM-
tions dramatiques relatives aux deux afidtrc»
dont il s'agit.
ACTES DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL.
Nuus avons déjà eu Toccasion de parler de
ces Actes*qui reproduisent avec des détails
nouveaux puisés dans des traditions fort an*
ciennes, les légendes relatives h la fin de l'e-
xistence des deux saints aoôtres ; nous avons
déjà dit que Thilo les avait publiés en grec;
nous allons en donner une traduction en l'ar-
compagnant de quelques notes où nnusnifN
trons à profit les observations de TéraiK
allemand.
saint Ambroise, De excidio nUrosoL^ où se treuvcnl
des récits conformes à ceux des Actes apocryphes :
f Ubi ventum est ad portam, vidit sibi (Petriis)
Cliristum occurrere, et adoraiis eum dixit : c Do-
mine, quo vadis? i Dicit ei Chrislus : < Iterum vo-
nio crucitigi. > Intellexit Petrus de sua dictum pa«-
sione, quod in ea Christus p.issurus vtderetur, qui
paiilur in singulis, non utiqiie corporis dolore, scd
quadam miserîcordi» compassione aut gloriae cele-
britate. Et conversas în urbem redit , captusque a
persecutoribus croci adindicatus poposcit , ut in-
versis Yestigiis cruci affigeretar, quod indignus esset
qui simili modo crucidgerelur, ut passus est Dei
FIlius. Quo impetrato, vel quia ita debebat, ut
Cbrisios praedixerat, vel quia persecator non invi-
tas indul^^et pœnarum incrementa, et ipse et Paulus,
alter cruce, alter gladio necatus est. Ambrosio illos
libros vindicavit Alex.-Svmm. Mazoccbius in Corn"
ment, in Kalend, ecct. Pteap,^ vol. III, p. 780 seq. ;
Idemque pUcuit Andr. Gallandio, Riblioth» tet, PP,^
L VU. ProUgom.,p, xxviii seq. Quare faiso Bcne»
dictioi ad Ambrosii lib. i De intirpetlattonê Joè .
cap. 1, ubi invers» crucifix ionis Pétri niemioii.
eum bisioi'iam istam ab Hegesippo motuaian f^^
opinati sunt. Alios scriptores Eusebio et AnilKo^
recentiorcft illam cruciûxionem Pétri cdebrani-^
laudant Baronius , ad ann. Chr. 69 , uiim. il* .
Tillemoniius, Mémoires^ t. I, p 181 • éd. Par. ,«(
Sagittarius, De marlyrum crueiatibus, p. 135» »^ '
( i07) Yoy, saiiU Ambroise, saint Aus uslin, Tbii>
doret, cité par Tillemont, dans la Vie de iêui
Pierre, ch. 36.
(708) Nous en avons déjà parlé.
(7U9) Vay, ce quediseot Florentinius dansseSiVci
sur le pseudo-Marcellus et les Aeta êotuionm, 1^
avril. Un manuscrit grec De la passion dt mt^i
Pierre^ qui fait partie de la bibliothèque <lii Va.i
can, renferme, à cet égard, un passage qu^Arrin^bi
(Roma subterranea^ 1. ii. c. 5), a traduit de la foc'i
suivante : < Deducitur Petrus ad eam parlem v^^'
tis Valicani qu.*» arborcm supra lercbiuUinm baUs
et infra in subjecia plauitie naumachiaiu. »
717
ME
PAUT. III.- LEGENI>ES ET FRAGMENTS.
PÎK
7lg
L*ap6tre Paul étant venu à Rome, lorque
NiTon était empereur, il s'éleva une grande
querelle entre les Juifs et les gentils qui
avaient écouté la parole de TApôtre. Les Juifs
reprochaient aux gentils de s'attacher à des
liées nouvelles au lieu d*ë(re tidèles à la loi
. |ue le Seigneur avait révélée par la bouche
e Moïse, et ils les blâmaient disant : « Vous
leviez dans un aveuglement égal h celui des
a torateurs des idoles, et couiroe eux , vous
demeurerez en exécration auprès de Dieu. »
Lorsque les Juifs disaient ces choses et d*au-
irts semblaiOes , les gentils répondaient:
« Aussitôt que nous avons entendu la vérité,
nous Pavons suivie et nous avons aban-
<]onoé nos erreurs; mais vous, vous avez
TU les vertus de vos pères, et les miracles des
j»rophètes, cl vous avez reçu la Loi, et vous
avez passé la mer à pieds secs, et vous avez
vu vos ennemis engloutis, et une colonne
de nuée a apparu dans le ciel pendant !e
jour et une autre de feu (710) pendant la
nuit, et !a manne vous a été donnée du ciel,
cl des eaux ont coulé du rocher pour vjpus,
et, après tout cela , vous vous êtes fabriqué
pour idole une tète de veau et vous avez
adoré cette image. Nous autres, ne voyant
aucun miracle, nous avons reconnu com-
me Dieu celui que, dans votre incrédu-
lité, vous rejetez.» Lorsqu'ils disputaient de
la sorte, Paul l'afiôlre leur dit qu'ils ne do-
Vi'iient passe livrer ainsi entre eux à des que-
ri'lles, mais qu'ils devaient plutôt considérer
que la promesse que Dieu avajt faite è Abru^
Inm noire père (711) était accomplie; il lui
avait promis que toutes les nations auraient
part à l'héritage de sa race, car il n'y a pis
d'acception de personne auprès de Dieu. Car
tous ceux qui auront péché contre la Loi
seront jugés selon la loi, et ceux qui auront
piévariqué snns Loi périront sans loi, car il
yadans les sentiments de l'homme une telle
sainteté, que naturellement il loue ce qui
est bien et réprouve ce qui est mal, afin
«lu'il punisse ceux qui sont coupables et
«in'ij récompense ceux qui ont bien mérité.
Paul ayant dit ces choses et d'autres sembla*
(710) Exod. xiîi, 21, 22 : VEiernel marchait de-
vani eux le jour dant une colonne de nuée pour leur
itdiquer le chemin, el tu nuit dam une colonne de feu
pour les éclairer, afin qu'ils marchassent jour et nuit,
li ne laissa pas s^ écarter de devant le peuple, le jour
^a colonnt de nuée et la nuit la colonne de feu,
(Traduclioa de M. Gaheii.)
(711) Ce/i. XXII, 18. Des idées analogues sont cx-
primces daits les Actes des apôtres, vin, 17, cl dans
l*£ptlr« aux Hébreux, vi, 15, 17.
(712) Ces paroles se irouveiil dans le Psaume ii ,
(7t3) Citons irS la noie de Tliilo : c P ri mus quod
^îam , bac simililudine usus csl Terlallianus, De
auima, c. 43 : c Sic enim Adam de Chri^lo ûgu-
* rabai ; somnus Ada"* mors eral Cliristi dormituri in
< niorie, ut de injuria perinde laieris ejus vera
< mater vivenlium figurarcliir Ecclei a i Hune
iiaiUliis est AagusUnus in Evan^. «/oaii., iracl. 9;
* Dormit Adam ul fiât Eva ; morilur Cliristus ut
« fiai Ecctesia. Oormienii Adae fit Ëva de latere ;
* inorioo Christo laucea perculitur lalus , ut pro-
< fluani sacramenta , quibus formelur Ecclesia. >
rariier MaxirausTaurinensis, boni, infesto Paschœ,
blés, il en résulta que les Juifs et les gentils
s'adoucirent. Mais les chefs des Juifs in-*
sistaient, et Pierre dit è ceux qui le [)res-
saient de frapper d'interJiction leurs syna-
gogues tr Ecoulez, mes frères; le Saint-
Sisprit [tromettanC au patriarche David do
placer sur son siège un héritier venant
du fruit de son ventre , celui auquel le Père
a dit du haut du ciel : « Tu es mon Fils , je
l'ai engendré aujourd'hui f712); » c'est celui
que vos princes ont crucifie par haine conire
lui. Afin d'accomplir la rédemption néces-
saire au genre humain, il a voulu souffrir
toutes ces choses, et de même riu'Kve a été
fabriquée de la côte d'Adam , de même c'est
du côté de Jésus posé sur la croix que devait
être fiibriquée TÈglise (713) qui n'a ni tache
ni ride. Dieu a ouvert cette entrée h tous les
fils d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, afin qu'ils
soieutdans la foi de l'Eglise et non dans l'infidé-
lité de la Synagogue. Convertissez-vous donc
et entrez dans la joie d'Abraham votre père,
car ce que Dieu lui avait promis s'est accom-
pli. C'est pourquoi le Prophèie s'écrie : « Le
Seigneur l'a juré et il ne se repentira pas, tu
es le prêtre pour l'éternité suivant l'ordre
deMelchisédech. nll est devenu prêtre sur la
croix lorsqu'il a offert pour le monde entier
l'hostie de son corps et le sncritice de son
sang. V Pierre et Paul disant ces choses et
d'autres semblables, la plus grande partie du
peuple crut et il y en eut très-peu qui prirent
le parli de repousser ouvertement les pré-
ceptes et les avertissements des apôtres.
Mais les chefs de la Synagogue et les prêtres
des gentils, voyant (|ue leur pouvoir était dé-
truit par la prédication des apôtres* firent en
î^orte, par leurs discours, de provoquer les
inurmures du peu()le contre Pierre et Paul.
Et ils lesaccusèrenl auprèsde Néron^et ils vau-
lèrent Simon le Magicien à l'empereur. Car,
tandis qu'une quantité innombrable do
personnes étaient converties au Seigneur
par les discours de Pierre, il advini que
Livie, femme deNéron,et Agrippine, femme
du protêt Agrippa (714), se convertirent, et eJ-
DibL PP. Lugd., t. VI , p. 24 : < Iiaque in Domini
I noslri persoiia duni ex Aitx primi lioniiuis oo»Ui
c mater cunctorum vi\emium Eva proJucilur, ex
c liiijui sacro lalcre ac sa lu la ri vulnere Ecclcsia
f omnium fidelium parcns reparaiida monslralur. >
Eadem liomiliaeliAm iiiicrËusebilGallicaiii liomilias
reperilur, Ibid.^ p. (iôô. Inl«r Iios e Lalinis aurior
CommentariorummGenesin Eucherlo Lugduu. episc.
asnripiorum, I. i, c. il ; pseudo Prosper Aquit.,
De promiss, et prœdict. Dei, part, i , c. i ; Ambro- .
sius Ansberlus, hb. n in ApocaL, c. ii, 8» aliittuisr
illam simililuJineiii repericnuil. £ Gnecis Sevi!-\
rianns Gabulorum episc. De mundi et creaiiont^ orat.
o ; c Gum obdormiHseï Adanius, cosia sumpta est;
c ubi Cbriiili coip»ri somnus obveni^sct, apertum
< est latus Ul velerein tragœdiaiu nova liisiorla
< sulverei , nempe sonino quem in cruce pertutit. >
Yid. 0pp. Cbryâoslomi , éd. Montfaacoii , t. YI ,
p. 492. Gonf. Anasiabius SïudtïU^Anagogicarumcon"
lemplationumin Hexaemeron lib. ix« «t Kpipbauius»
lia:rcs. 48. u. 6 euro hxres. 46, n. 5.
(714) Voici rubservation de Thilo tarée passa-
ge : c HujusAgrippae JoannesMalaUbCArono^r.lib. x,
p. 2oi,cd Bonn., memiuii in bistoria Siroonis ci
7;9
DICTIONNAIRE DES APU<;UIPHES.
les se rellrèrenld'fliiprès de leurs maris (715),
El par sui lede la prédication de Paul beaucoup
de gens, quiUanl le service militaire, s'at-
tachaient au Seigneur; des gens apparte-
nant h la chambre du roi venaient a lui,
ot, devenus Chrétiens, ils ne voulaient ni
reprendre le service, ni retourner au palais.
Soutenu par les murmures malveillants du
peuple, Simon prit de la hardiesse et com-
mença à dire beaucoup de mal de Pierre*
aflirmant qu'il était un magicien et un im-
posteur. Et ceux qui voyaient avec éton-
nenieut les merveilles (qu'opérait Simon,
croyaient en lui. 11 faisait mouvoir un ser-
pent d'airain et des statues d'airain (716); il
.se montrait courant à travers les airs. Mais
Pierre guérissait les malades par sa parole,
il faisait par ses oraisons, voir les aveugles,
il chassait les démons par son ordre et il
ressuscitait des morts. 11 disait au peuple
(lu'il fallait non-seulement éviter d*être sé-
duit par Simon, mais encore découvrir ses
fraudes de peur qu'on ne parût adhérer au
diable. Il advint ainsi que tous les hommes
pieux détestaient te magicien Simon et aflir
niaient que c'était un homme pervers ,
tandis que ceux qui croyaient en Simon
.soutenaient que Pierre était adonné à la ma-
gie et que Simon était un dieu. Ces discours
Vinrent jusqu'à l'empereur Néron, et il or-
flonna que Simon vtntle trouver. Et Simon
étant en présence de l'empereur, commença
à changer de figure, de sorte qu'il parut
d'abord un enfant, et ensuite un vieillard,
et après un adolescent. Il changeait de sexe
('t d'âge, et, par le ministère du diable,
il prenait beaucoup de Ggures diverses (717).
Lorsque Néron eut vu cela, il crut que
Simon était le Fils de Dieu. Mais l'apôtre
l'ierrc disait que c'était un voleur menteur,
un vil magicien, ennemi de tous les pré-
ceptes de Dieu, adversaire de la vérité» et
que la volonté de Dieu mettrait sou iniquité
fi. évidence aux yeux de tous. Alors Simon,
étant venu vers Néron, dit .'«Ecoute-moi, ex-
cellent empereur. Je suis le Fils de Dieu (718),
Pctrî, qifàinexi4c<fâ sanctoram Apostoloruni se re-
p liisse ipse, p. 255, in licai. Ibi Chilineadas faiso
«*a, qua* sub Clcinenlis noiidnc proieant, înielli-
t:<'iida essepulal. In pseudo-Lini lib. i Depauione
VttTt et PauU, quatuor Agrippaepra?fecii roncubinad
iifiminaniur : Agrippina, Eucharia, Eupbemia et
Dione. < Qiiae audicntes ab eo (Pciro) castitatis
4 sermoncm et omiiia domini nostri Jesii Clirisli
< mandata, tal)escebant et inoleslabantur sub thoro
« Agripp«. Uiide caslit:iti se devoventes, pacium
c lonsilij îià iuvicem 'nierunt et confortai» a Do«
« tiiino nostro Jfsu Chrislo, nulle modo ei {scr, in)
« ob8e(|uio concubitus acqiiiescere utterius «iecre-
« verunt. » lln«Jein etiani uxorAlbini, Csesarisami-
cissimi, nomine Xandippe («ic), cum alils pluriinis
uobilissimis matronis répudiasse dicilar virile con-
niibium, cum aPt:iro verbum castae vit» percepit-
fiet. Alia Xantbippe, Pauli apostoli in Uispania
hobpiia etdistipula, memoraïur in Simeonts Meta-
pbrasiT (^mment, de Peiroet Paulo^ cap. 6, iiem-
(|iie in MarlyroL liom. et Menot. Grœc, ad diem 13
bcpt. I
(715) La prétendue séparation de ces femmef
iravtfc liMirs maris parait eniprunlée aux Actes apii-
€iy^»))c:» des apôtres rédigés par Leuciust Chariiius.
et je suis descendu du ciel. Tant que Pierre,
qui se dit un apôtre, était seul, jV le soaf*
frais. Maintenant le mal s'est doublé. Pau!,
qui parle comme lui et qui m*ACCu$e égaie-
tuent, ))rêche de mô.i.e que Pierre. Si lu ne
t'avises de leur perte, il est certain que lr<n
empire ne se maintiendra pas. » Alors N*^
ron, rempli d'inquiétude, ordonna qu<*
Pierre et Paul fussent amenés devant lui.
Le lendemain, les deux apôtres du Christ et
le magicien Simon parurent devant Nt^ron,
et Simon dit: «Voici les disciples de ce
Nazaréen do la race des Juifs. » Néron du :
« Qu'est-ce que Nazareth ? » Simon répond l:
« C'est une ville en Judée qui a toujours a^i
contre vous, et c'est d'elle que sort leur
maître. » Néron dit : «Dieu enseigne et aiit^o
tous les hommes, pourquoi est-ce que tu
les persécutes? » Simon dit : « C*est une race
d'hommes qui ont perverti toute la Judée,
afin qu'on ne crût pas en moi. » Net on dit i
Pierre : a Pourquoi agissez-vous avec lai.l
de perfidie contre votre race?» Alors Piiîrrc
dit è Simon : « Tu as pu en imposer à tout
le monde, mais jamais à moi, et par nir.u
entremise, Dieu a retiré de leur erreur ceux
?ue tu avais abusés. Et lorsque tu as
prouvé que tu ne peux remporter sur moi,
je m'étonne de quel front tu oses le présen-
ter devant César, comme si tu croyais élr^
à même de triompher par ton art magique
des disciples du Christ. » Néron dit:
«Qu'est-ce que le Christ? «Et Pierre dit:
«C'est celui que Simon le Magicien pré-
tend être ; mais il n'est qu'un nomme des
plus méchants, et ses œuvres sont diaboli-
ques; mais si tu veux savoir, excellent em-
pereur, ce qui s*est passé en Judée au sujet
du Christ, prends la lettre que Ponce Pi-
late a envoyée à Claude, et tu sauras ainsi
toutes ces choses.» Et Néron ordonna do
prendre cette lettre et de la lire en sa pré-
sencc (719).
Lorsque la lettre eut été lue, Néron dit :
« Dis-moi, Pierre, est-ce ainsi que ces choses
se sont passées? » Pierre répondit : « Oa>,
D'après Pliolius, (6î6/foM , cod. fU), e*-t aot^vr
Yd{jiouç vo{a{uouç dOcTsl. Voy. saint Augustin, Iv
jide, contra Mamch, c. 58 , et Vllistùire apostoliqui
d'AtMlias, lib. ni, c. 2t$, 39; v, 4, 12; ix, 10, 13.
(716) Ces détails se reiroiiveni dans divers écrih
tels que les Howéliet :iuribué(*s h saint Clémcoi .
liom. Il, n, 32, et les hécognitions ^ I. m, c 47.
{Voy, aussi Anastase , quaesi. 20, p. 242; Jean Mj-
lata , 1. X , p. 252 ; Céiirénus , Compend. km..
p. 473, et Nicépliore, HUt, ecctei.f lîb. ii, c 27..
Orderic Vidal s'expriiike ain^i : « Faciebat eoioi
sorpeiilem cxreufii movere se, cl lapideos cacr»
lairare, sialuas xreasridere el inoveri; teaulem
currere et subito in aère videri.i
(717) Voy, en sus des auteurs cités dans b do:«'
p:ecédeniu, S^éiapliruste, in Commenl^ de Peirttei
Pauto^ c. 2. Tliilo ajoute: c Opineris veteresqi>i
lia*c tradunt , Stinoiiein non tuuc pro bomlue hi-
bnisse qiiam pro phantasDiate daemooico. »
(718) A 1 égard de la préleoiioa de Sinon à >c
donner pour le Fils de Dieu, roy. tes Ré€0g!Mt9»i
Clémenttnei^ lib. m , c. 47, eiVifuloin t^poêivlk^u
d*Ab(iia.s, lili. i, c. 9.
(719) Nous donnerons à rarticio P'd^ê b na*
duciion de cet e leiu-c.
7il
PIE
PART. m. — LEGENDES ET FBAGMEKTS:
PIE
721
je ne trompe pas, il en est ainsi» excellent
empereur. Ce Simon» plein de mensonges
et environné de faussetés» se donne pour un
dieu, quoiau*il ne soit qu'un homme. C*est
en Jôsus-Cnrist qu*est la victoire complète
par le dieu et Thomme» car sa majesté in<*
compréhensible s'est revêtue de rhomme,
daignant venir au secours des hommes. Mais
en Simon il y a les deux substances de
rhoiume et du diable» et c*est par l'homme
Sn'il s'efforce de nuire aux hommes. » Simon
it (720) : « Je suis étonné» excellent empe-
reur, que tu aies quelque considération pour
cet homme qui n'est qu'un pécheur ignorant,
irès-menteur» et qui n'a ni le talent de la
parole, ni la science» et qui est dénué de
toute puissance. Mais aûn de ne pas souffrir
davantage cet ennemi» je vais commander
à mes anges de venir et de me venger de
lui. » Pierre dit : « Je ne crains point tes
anges; ce sont eux au contraire qui auront
à me craindre dnns la puissance et dans la
conGance du Christ mon Seij;neur pour le-
quel tu veux faussement te faire passer. »
Néron dit : « Pierre» est-ce que tu ne crains
j>a$ Simon qui prouve sa divinité par des
fnit>? » Pierre dit : « Si la Divinité qui
scrute les secrets du cœur est en lui» qu*il
me dise maintenant ce que je pense ou ce
que je fa<s. Je vais confier è tes oreilles ma
pensée, afin qu'il n'ose pas mentir» en disant
ce que je pense. » Néron dit : « Approche et
dis-moi ce que tu penses. » Pierre dit :
< Ordonne qu'on m*apporte un pain d'orge
et qu'on me le donne clandestinement. »
Lorsque cet ordre eut été exécuté et que le
pain eut tHé donné en secret» Pierre dit :
1 Que Simon dise ce qui a été pensé, ce qui
a été dit ou ce qui a été fait. « Néron du :
i Comment veux-tu que je croie que Simon
ignore cela» lui qui a ressuscité un mort et
qui s'est montré plein de vie trois jours
après avoir été décapité et qui a accompli
tout ce qu1l a dit qu'il ferait? » Pierre dit :
« Mais ce n'est pas devant moi qu'il a fait
ces choses. » Néron dit : « Mais il les a faites
en Uia présence, car il a commandé à ses
anges de descendre du ciel et de venir vers
lui, et ils sont venus. » Pierre dit : « S'il a
fait ce qu'il y a de plus étonnant, pourquoi
ne fait-il pas ce qui l'est moins? Qu'il dise
re que j'ai pensé. » Néron dit : « Que dis- tu,
Simon? Je ne peux pas vous mettre d'ac-
cord. 9 Simon répondit : « Que Pierre di.se
ce que j*ai pensé ou ce que j'ai fait. » Pierre
répliqua : « Je montrerai que je sais ce que
pense Simon lorsque j'aurai uit ce qu'il a
pensé. » Simon dit : « Tu sais, empereur,
que personne ne connaît les pensées des
liommes, si ce n^est Dieu seul ; du reste,
Pierre ment. • Pierre répondit : « Toi qui
prétends être le Fils de Dieu, dis donc ce
({ue ie pense; révèle» si tu le peux, ce que
jai fait en secret. » £t Pierre hénit le pain
oWe qu*il avait pris et qu'il avait brisé et
qu'it avait placé dans sa manche droite et
dans sa manche gauche. Alors Simon, indi-
gné de ne pouvoir dire le secret de l'apdtre»
s*écria : « Que do grands chiens viennent, et
qu'ils le dévorent en présence de César. » F.t
aussitôt apparurent des chiens d'une taillo
extraordinaire» et ils se jetèrent sur Pierre.
Mais Pierre, étendant les mains pour prier»
montra aux chiens ie pain qu'il avait béni,
et dès qu'il l'aperçurent, ils disparurent aus-
sitôt. Et Pierre dit h Néron : « Voici que je
t'ai montré non par des paroles mais par dos
actions que je savais ce que pensait Simon,
car celui qui avait promis de faire venir
contre moi des anges» a fait apparaître des
chiens, montrant ainsi qu'il avait pour
le servir, nondes anges divins» mais des êtres
de la nature du chien. » Alors Néron dit à
Simon : « Qu'est-ce que c'est, Simon? je
crois que nous sommes vaincus. » Simon
dit : « Cet homme a agi de la sorte & mon
égard dans la Judée, dans la Palestine et
dans la Césarée, et déjà en combattant sou-
vent contre moi, il a appris ce qui lui était
contraire, voilà pourquoi il a recours à ce
moyen pour m'échapper. Car personne ne
connaît ies pensées des hommes si ce n'est
Dieu. » Alors Pierre dit à Simon : «Assuré-
ment tu mens en te faisant passer pour uu
dieu. Pourquoi donc ne révèles-tu pas les
pensées des hommes? » Alors Néron se tour-
nant vers Paul dit : « Pourquoi ne dis-tu
rien» Paul? » £t Paul répondit : « Apprends^
César» que si tu laisses ce maeicien accom-
plir d'aussi grandes choses, il en résultera
de grands maux pour tes Etats, et il renver-
sera ton empire. » Néron dit à Simon : a Quo
réponds-tu a cela» Simon? » Simon dit : fi Si
je ne montre pas devant toi que je suis un
dieu» personne ne me témoignera la vénéra-
tion qui est due. » Néron répondit : « Qu'at-*
tends-tu» et pour^iuoi ne montres-tu pas quo
tu es un dieu atin que ces hommes soient
Eunis. » Et Simon dit : « Ordonne qu'on fa*
rique avec du bois une tour fort élevée, je
monterai ausommetetj'appeilerai mésanges,
et je leur ordonnerai de me porter, en pré-
sence de tous» au ciel, vers mon Père. Et
comme ces hommes ne pourront en faire
autant, tu sauras lespunir de leur ignorance. »
Néron dit à Pierre : « Tu as entendu, Pierre*
ce qu'a dit Simon; il en résultera qu'on aura
la preuve de la puissance qu'il possède ou
de celle qu'a son dieu. » Pierre dit : « Ex-
cellent empereur» tu peux comprendre, si
tu veux, que Simon est rempli du démon. »
Néron dit : « Pourquoi parles-tu ainsi par
détours? Le jour de demain vous éprouvera. »
Simon dit : « Crois-tu, excellent empereur,
que je sois un niagirien, lorsque j'ai éié
mort et que je suis ressuscité? » Car le per-
fide Simon avait, en usant de ses prestiges,
dit à Néron : t Ordonne que je sois décapité
dans les ténèbres, et, si je* ne ressuscite pa5
le troisième jour, tu sauras que j'ai été un
magicien, mais si je ressuscite, tu sauras que
je suis le Fils de Dieu. » Et après que Néron
18.
(^0) Ceci se retrouve avec peu de cliatigen cnts daas VHiiioire apoêiolUfut d'Alxlias, 1. i, a. 17 et
7«5
DICTiaNNAlUË DES APOCRYPHES.
lil
eut donné des ordres en conséquence, Simon
fit, par son art magique, qu'on décapitât un bé-
lier qui passa pour Simon tandis qu'oD|lui cou«
pait la tète. Lorsque le bourreau eut porté la
tète à la lumière» il vit que c'était celle d'un
bélier, mais il ne voulut rien dire au roi.
Simon disailquMkessusciterail le troisième
jour, parce qu'il avait emporté la \6ie et les
membres du bélier, et que son sang s'était
congelé. Et le troisième jour, il se montra à
Néron et il dit : « Fais laver mon sàw^ qui a
été répandu; car moi, qui si été décapité,
je suis ressuscité le troisième jour, comme
je te Tavais promis. » £t lorsque Néron eut
dit: « Le jour de demain vous mettra à Té-
preuve, » il se tourna vers Paul et dit: «Pour-
quoi, Paul, est-ce que tu ne dis rien? quel
estlemaltreque tuaseu,oudansquellesvilles
as-tusuivi les leçons des philosophes? Je crois
que tu es dénué de toute science, et que tu
ne peux rien accomplir de grand. >» Paul ré-
pondit : « Penses-tu aue je doive parler con-
tre un homme perfide et un magicien ré-
prouvé, un malfaiteur qui a destiné son Ame
h la mort et dont la perte arrivera prochai-
nement? Il feint d*êlrece qu'il n'est pas, et
il trompe les hommes par son art magiaue.
Si tu veux écouter ses paroles et t y conior-
mer, tu perdras ton Ame et tes Etats. Car cet
homme est très-pervers^ et de même que les
enchanteurs égyptiens Jannès et Mambrès,
qui conduisirent dans Terreur Pharaon et
son armée, les menant à être engloutis dans
la mer, de même celui-ci persuade les hom-
mes par rhabiîeté de son père le diable, et
accomplit beaucoup de choses par la nécro-
mancie et par les secrets ()ui sont ignorés
parmi les hommes, et il séduit ainsi un grand
nombre de gens gui ne sont pas sur leurs
gardes. Mais moi, je combatsdans les gémis-
sements de mon cqsur et avec TÉsprit-Saint
contre la parole du diable que je vois se ré-
pandre par le moyen de cet homme, et il se
montrera bienidt ce qu'il est. Plus il pense
être élevé aux cieux, plus il sera plongé dans
les enfers. Quant à la doctrine de mon maî-
tre au sujet de laquelle tu m'as interrogé, il
n'y a que ceux qui ont embrassé la foi dans
la pureté de leur cœur (721) qui puissent la
comprendre; car j'ai enseigné tout ce qui
touche à la paix et à la charité, et dans mon
voyage, depuis Jérusalem jusqu'en Illyrie,
j*ai répandu la parole de paix, enseignant
aux hommes à s'aimer mutuellement. Je
leur ai enseigné de se respecter le&*uns les
autres. J'ai enseigné aux puissants et aux r^*
ches de ne pas s'enorgueillir et de 'ne pas
mettre leur espoir dans l'incertitude de leur
opulence, mais d'espérer en Dieu (722). J'ai
(721) c De doclrina ma^istri mci... non eam ca-
piant nisî qui fldem niundi pecloris adlilbuerini. i
Ces paroles se retrouvent dans Abdias (1. n , c. 7).
Tliilo fait, à cet égard , Tobservation suivante :
< Ipi>a senteniia ab Augustino polissimum et média
astaie ab An elmo Cauiuariensi celebrata refertur ad
dictura /laio?, vil, 9, quo Clementem Alexandr.
iSirom., lib. i) jam UBum esse viderous. >
(722) i Tim. VI, t7. Les autres instruninns
qu*éuninèrc TApôtre se trouvent également disse-
enseigné aux hommes de se contenter de la
nourriture et du vêtement. J'ai enseigné aux
indigents de se réjouir dans leur dénâment.
J ai enseigné aux pères d'instruire leurs fil^
dans la science de la crainte de Dieu. J'at
enseigné aux enranls d'obéir à leurs parons
et de sui.vre des conseils salutaires. J'ai m»-
seif^né h ceux qui possèdeni d'acquitter eiac-
tempnt ce qu'ils doivent. J'ai enseigné aii\
marchands de payer les impôts aux Agonis
de la république. J'ai ensei;^né aux feiuni^s
(723) à aimer leurs maHs et è les cr^n'lre
comme des matlros. J'ai enseigné aux n«aris
de garder à leurs épouses la foi nu'ils veu*
lentqu'ellesgardente!cac(eme)itè feurégarJ;
de même que le mari punit une épouse a'iut-
tère, de même le mari adultère est châtié i!e
la main de Dieu, son créateur. J'ai ens^^i^né
aux maîtres de traiter leurs esclaves avec
douceur. J'ai enseigné aux esclaves de servir
leurs maîtres avf*c fidélité et connroe s*ils
servaient Dieu. J'ai enseigné aux Eî;Iises(le$
fidèles d'adorer un seul Dieu tout>pui$^;tn(,
invisible et incompréhensible. La doririne
que j'ai enseignée ne m'est point venue «fau-
cun homme, elle m'a é'é donnée par Jés 1^•
Christ, le Père de la gloire, qui m*a |Mirr'«J:)
ciel. Et quand mon Seigneur Jésus Chrit
m'a envoyé prêcher, il m a dit : « Va, et j«
serai en toi l'esprit de la vie pour tons ceux
qui vivront en moi, et je justifierai tout co
que lu auras dit ou fait. » Néron, empereur,
ayant entendu ces choses, fut frappé de stu-
peur; et, se tournant vers Pierre, il dit :
« Et toi, que dis-tu ?» Et Pierre dit : ^ Tout
ce qu'a dit Paul est la vérité. Car il y a beau-
coup d'années que j'ai reçu des lettres de
nos évêques qui sont répandus dans tout
l'empire romain, et les évêques de presque
toutes les villes m*ont écrit au sujet de ses
actions et de ses paroles. Car, lorsqu'il était
du nombre des persécuteurs de la loi ii<i
Christ, une voix l'appela du ciel et lui ensei-
gna la vérité, parce que ce n'était point ^r
malice, mais par ignorance qu'il était eDO>
mi de notre foi. Il y avait eu avant nous 6^
faux Christs , comme est Simon , et de faui
apôtres et de faux prophètes qui, s*opposant
aux ordres saints, ont voulu lutter contre h
vérité. Et c'est contre eux qu'il est néces-
saire qu'agisse cet homme qui, depuis son
enlance, n'avait pas eu d'autre élude que
celle de scruter les mystères de la loi divine,
et qui y a trouvé les moyens d'être le défeo-
seurde la vérité et l'antagoniste de la fausseté.
Comme c'était par zèle pour la défense de !a
Loi qu^l persécutait notre doctrine, la Vérit»;
lui parla du ciel , disant : « Je suis 1^ vériio
que tu défends, cesse de me persécuter, car je
mtn<^es dans ses Epftres. Nous avons déjà eu Voc-
casion de parler, dans le chapitre 7» de la mort ^
TApétre, telle qu'elle se trouve dans VHuioirt
apoilolique d*Abdias.
(7i5) Sur les devoirs réciproques des époni,
voy, VEpîire à THe, ii,l; aux Efhé*ieti$ , v. t2 .
55; aux Colouiens, m, 18 ; aux Hébreux , xin, i
Et quant à ceux des maîtres envers les t*scl;ri'> >
vice vena, voy. EpUr^aux Ephi$iens^ vi, W, eia-«
Cohtsiens, iv| 1.
:i5
PIE
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIE
7«0
fais celle pour laquelle on te voit combattre.
£t ]ors(]u*il eut reconnu qu'il en était ainsi,
il abandonna ce qu'il défendait, et il se mit
a défendre ce chemin du Christ, qui est la
voie de ceux qui marchent dans la pureté,
la vériié pour ceux qui ne sMgnorent point,
et la Yie éternelle pour les croyants. » Simon
dit: «Excellent empereur, comprends la
l'oospiration de ces deux hommes contre
looi. Car je suis la vérité et ils s*élèvent
contre moi. » Pierre dit : «Il n'y a en toi
aucune vérité, mais tout ce que tu dis et fais
yient du mensonge. » Simon dit : « Excel-
lent empereur, ces hommes ont circonvenu
ta clémence et ils veulent t'abuser. » Néron
dit : « Mais tu ne m'as pas donné encore les
preuves que tu m'avais promises. » Simon
répondit : ^ J'ai prouvé mon dire par tant
de merveilles et de choses surprenantes, que
je suis étonné de ce que tu paraisses encore
a?oir des doutes. » Néron dit : « Je n*ai pas
d^ doutes, et cependant je ne puis donner
mon assentiment à ce que vous dites l'un et
Tauire, mais réponds aux autres questions
que je te ferai. » Simon dit : « Je ne te répon-
drai plus. » Néron répondit : « Tu parles
ainsi parce que tu mens. Et si je ne peux
rien faire à ton é^ard , Dieu , qui est
puissant, le fera. » Simon dit : « Je n'ai plus
k répondre. » Néron dit : « Je n'ai plus d'es-
time à avoir pour toi, et je pense que tu es
trompeur en toutes choses. Mais quoi de
plus? Vous trois vous m'avez menti, et
lous m'avez jeté dans de tels doutes que je
ne trouve pas à qui je peux croire. >» Pierre
dit : « Moi, je prêche un seul Dieu, le Père
et Ji^sus-Christ son Fils, qui, avec le Saint-
Esprit, a créé tontes choses, qui a fait le ciel
et la terre, et la mer, et tout ce qui s'y
trouve renfermé; c'est lui qui est le roi vé-
ritable, et son rè^ne n*aura point de fin. »
Néron M : «Quel est ce roi? » Et Paul ré-
pondit : « C'est le Sauveur de toutes les nn-
tions. 9 Simon dit : « Je suis cehii dont
TOUS parlez , et sachez , PieiTe et Paul ,
que ce C|ue vous désirez ne s'accomplira
pas, et je ne vous honorerai pas du mar-
tyre. » Pierre et Paul dirent : « QuMl ne
t arrive jamais rien de bien à toi, Simon, ma-
gicien et plein d'amertumes, v Simon dit :
« Ecoute-moi, Néron César; afin que tu saches
(jiie ces hommes sont des trompeurs et que
jaiété envoyé du ciel, demain je monterai
au ciel aGn de rendre heureux ceux qui
croient en moi, mais je manifesterai ma co-
(TU) D*après les Actes publiés par Thilo. saint
Paul éuit à Malle lorsque les Chrétiens de Rome ,
sacbanl que les Juifs avaient obtenu de Néron l*or-
<lre de le faire lAettre à mort, rengagèrent à venir
rejoindre saint Pierre : voici ce qu'tiffrc, à cet égaril,
la Iradociion de Lascaris que nous avons déjà citée :
« His iuque gesiis , nonnulli noviter Christiani ,
moniii a Peiro, ad Paaluni legatos miserunt, bujas-
nodi scripta ferentes: c Paule, serve légitime Dominî
I nostriJesuGhrisli ac Pétri fraterapostolorum prinii,
«audivimusa ]odaN>ruinmagii)tris bicexsistentibus,
'eosaCaesare petiisse at omnibus provînciis scri-
I Iwret, te interficiendum , ubicunque învenius
> Tores. Nos vero credimus,. quod qucmadmodum
1ère contre ceux qni ont osé nier ma puis-
sance. 1» Pierre et Paul dirent : <( Dieu nous
aappelésk sa gloire; mais toi, c'est le diable
qui t*a appelé, et tu cours vers les tourments.»
Simon ait: «Néron César, écoute-moi. £loi-
gne de toi ces insensés, aGn que lorsque je
viendrai vers mon Père dans le ciel, je puisse
t*être propice. » L'empereur dit : « Et com-
ment aurons-nous la preuve que tu montes
au ciel ? n Simon dit : « Ordonne qu'on élève
une haute tour avec des bois et des poutres ;
j'y monterai, et lorsque je serai au sommet,
mes anges viendront vers moi dans les airs,
car ils ne peuvent venir vers moi sur la terre
au milieu des pécheurs. » Néron dit : « Je
veux voir si tu accomplis ce que tu dis. »
Alors Néron ordonna d'élever une haute
tour au Champ-de-Mars, et il enjoignait à<
tout le peuple et à tou3 les gens en dignité
de venir assister à ce qui se passerait. Le
lendemain, en présence de toute cette as-
semblée, Néron ordonna à Pierre et à Paul
de venir aussi (724), et il leur dit : « C'est
maintenant que la vérité vase montrer.»-
Pierre et Paul dirent : « Ce n'est pas nous^
qui démasquerons Simon, ce sera Notre-
Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, pour
lequel il se donne faussement. » Et Paul
s'étant tourné vers Pierre dit : « C'est à moi
qu'il appartient d'invoquer Dieu à genoux ,
et à toi de commander si tu le vois entre-
prendre quelque chose, car tu as été avant
moi choisi par le Seigneur. ^ Et Paul s'é-
tant agenouillé priait. Mais Pierre, regar-
dant Simon, dit : « Achève ce que tuas com-
mencé; ta confusion approche, ainsi que la .
preuve de notre vocation. Car je vois le#
Christ, mon Seigneur, qui m'appelle ainsi
que Paul. » Nérun dit : « Et où irez-vuus
contre ma volonté 7 » Pierre dit : « Nous
irons où nous appellera Notre-Seigneur Jé-
sus-Christ. 3) Néron dit : « Qui est votre Sei-
gneur? D.Pierre répondit ; «C'est Jésus-Christ,
que je vois qui nous appelle, x Néron dit :]
«Est-ce que vous irez dans le ciel?» Ei,
Pierre dit: «Nous irons où il plaira à.
celui qui nousappelle.]»AlorsSimon dit :«Afiu,
que tu saches, excellent empereur, que ces.
hommes sont des trompeurs, lorsque je se-
rai monté dans le ciel^ j'enverrai mes ances
vers loi, et je te ferai venir vers moi. » Né-
ron dit : « Fais ce que tu dis. » Alors Simon
monia sur la tour, en présence de tout te
peuple, et étendant les mains, couronné de
laurier, i| se mita voler (725). Lorsque Né-
i Deus luminaria magna duo fecit non dividi , iia.
c et vos duos minime dividet, nec Petruni sciliirt
f a Piiulo, nec Paulum a P»^tro, sed viros credimu.s,
c in Dorainum nnstrum Jesuin Cliristum, in quo
c baptizati sunius» dignos fore vestra doctriua. >
Paulus recipiens duos viros cum cpislcla , xx iiie
mensis Maii, promptus facius est, et graiias fgit
Domino nostro Jesu Christo. >
(725) Selon le pseudo-Abdias (1. i, c. 18), Simon
monta au Capitole et se jeUnt du haut du rocher,
il se mit à voler. Walafrid Strabo se conforme à
noire texte dans son poème sur saint Pierre, publié
par Caiiisius, dans ses Leciionei ant'ufuœ (^dit« d«
7f7
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
7»
ron le vit ainsi, il dit à Pierre : «Ce Simon
dit yrai; toi et Paul, vous trompez ]es hom-
mes. 1» Pierre lui répondit : « Tu vas sans
nul retard connaître que nous sommes sin-
cères, et que nous sommes disciples du
Christ, tandis qu'il n*e$t pas le Christ , mais
un magicien et un faiseur de maléfices. » Né-
ron dit : « Est-ce que vous persévérez dans ce
que vous dîles? Voici que vous le voyez pé-
nétrer dans le ciel, x Alors Pierre, regar-
dant Paul, lui dit : « Mon frère Paul, lève la
tète et vois. » Et Paul, ayant élevé ses yeux
pleins de larmes, vit Simon qui volait,*^et il
dit : « Mon frère Pierre, qu'attends - tu ?
Achève ce que tu as commencé; le Seigneur
Jésus Christ nous appelle déjà. » £l Néron«
les entendant, sourit et dit : « llssevoieiU
vaincus, ils ne savent ce qu'ils disent. »
Pierre dit à Néron : « Tu éprouveras bientôt
que nous n'avons point perdu la raison. »
Paul dit h Pierre : « Accomplis promptemeot
ce que tu doi'sâire. » Et Pierre, regardant du
fôtédeSimon, dit : «Je vous adjure, anges
de Satan, qui le portez dans les airs, afin
d*égarer tes cœurs des hommes infidèles, et
au nom du Dieu, créateur de toutes choses,
et de Jésus-Christ qui est ressuscité le troi-
sième jour d'entre les morts, je vous ordonne
, de cesser de le porter et de le lâcher. » Et
aussitôt Simon tomba à l'endroit au'on ap«
pelle la voie Sacr^^e, et s*étant brisé en qua-
tre morceaux, il se trouva, au même endroit,
qua*.fe grosses pierres qui sont restées jus-
qu'au jour actuel comme un témoignage de
la victoire des apôtres (726).
Alors l'empereur Néron ordonna d'enchaî-
ner Pierre et Paul, et il fit garder avec soin
le corps de Simon pendant trois jours, pen-
sant qu'il ressusciterait le troisième jour.
Et Pierre dit : « Il ne'ressuscitera point, car
y\ est mort, et il est condamné aux peines
éternelles. » Et Néron dit :«Qui t'a permis
de commettre un pareil crime? r. Pierre dit :
«C'est ta résistance de Simon, et tu peux com-
prendre, ô empereur, qu'il était fort avanta-
geux pour lui qu'il périt, afin de ne pas augmen-
ter son supplice en raison des blasphèmes
si multipliés qu'il proférait contre Dieu. »
Basnage, t. Il, part, n, p. i56), où il est dit au sujet
de Simon :
Qui pnecelsa radis scaodit vesligia turris
Alque ooronatus tauri de froode volaviL
Fott.Colelier, NoLad ConstUut. apostoL, I. vi,r.9.
ÇJ^^i Cette circonstance se retrouve dans d'au-
tres auteurs. On lîtdans les Actes de Marcellus que
Simon : c In quatuor partes fiaclus quatuor silices
a.lornavit. > Les Boilandistes en font mention
(Aeta S5., i. V, luiiii, p. i52). c Mcmînit idem
Turrigius (Franc. Mar. Turrigius in libello quein
a. 1644 edidit sub titulo Sacrorum traphœorum
Romanorum) , etam tertii sa\i , quod prxcipiiem
Simon**»! exceperit ejus(|oe sanguine commacula-
iuQi fuerit, cilatque pro iilo canonicum Beneilict«im
qui anno mcilui in suo ms. Casrenioniali, quod est
Ml Archivis S. Petr., descril)ens vitam Poniiticis a
Vaticauo in Lateranum die secundo Pas»cha! tran •
si t. »
(7i7) Cardii ferreh, i Cardi sunt quasi ferrei
feclioes quibus bomines laniantur. i (Papias, cité
Néron dit : « Vous m'av^ec rampll I^Mprit do
soupçons, et j^ vous ferai périr pour servir
d'exemple. » Pierre dit:« €e a'est pas t.i
volonté qui doit s'accomplir, mais cVst la
nromesse qui nous est faite. • El Néron du
a son préfet Agrippa: « Il fatilque lestmpf«
périssent dans les supplices ; fats donc dé*
chir r ces hommes avec des peiimes de fer
(727), et fais-les ensuite brûler tians la nan-
machie. et que tons ceux qui les imiter<»nt
partagent leur sort. » Le préfet Agrîpfia du :
« Tr^-saint emp^îreur, tu ne te<i traites fias
comme ils le méritent. » El Néron dit : « Pour-
quoi? » Agrippa répondit : « Parce que Paul
paraît innocent : c'est Pierre qui est fauteur
de Thomicide, et qui est impie. » N^ron dit:
« Dq quelle façon doivent-ils périr? «Agrippa
répondit: « A ce qu'il me semble, ii est juste
que Paul ait la iéle coupée, et ordonne que
Pierre, qui a consommé Thomicide, smt niif
en croix. » Nénm dit :'« Ton jugement <*^î
excellent. > Et Pierre et Paul furi^nt conduits
hors de la présence de Néron. Paul fat dé-
collé sur la voie d'Ostie. El lorsque Payl
était mené au supplice, et qu'il était éloi.n^
de la ville d'environ trois mille pas, il vinW
lié avec des chaînes de fer, et il était garoé
par trois soldats (728), hommes de race oe*
Lie. Lorsqu'ils furent sortis de (a porte, «ix
jeune femme pieuse les rencontra h la dis-
tance d'une portée de flèche, et voyant qo*cn
traînait Paul charjçé de chaînes, elle eut conv
passion de lui, et versa beaucoup de larmes.
Cette femme s'appelait Perpétue (729), eleile
était louche. Paul, la voyant pleurer, lui «iii:
« Donne-moi ton voile (730), et quand je
reviendrai, j<^ te le rendrai. » Et celle femme
s'umprcssa de donner son voile h Paul. Li'>
soldais, se moquant d'elle, dirent : « Pour-
quoi veux-tu, femme, perdre ton voile? >•*
vois- tu pas qu'on le oniène au supplice? » £î
Perpétue répondit : « Je vous adjure, |tar k
salut de César, de couvrir ses yeux avec o»
voile , lorsque vous lui trancherez la tète. *
Et ils firent ainsi. Il fut décapité danslVn-
droit appelé Aquœ Salviœ (731), auprès d'un
pin. Et par la volonté de Dieu, avant que ie>
soldats ne fussent revenus, le ruban, qu'a-
vait prêté la femme, lui fut rendu, tache «^v
dans le Gloifarium inf. Latmit, de Du Caogf.) Su
ret instrument de supplice, voy. SagiUarius , />•
tnarlyrum cruciatibus^ p. 323.
(728) Los noms de ces niilitaifiS sont indiqué,
d^ns li; Livre de la Passion de saint Paul , fausse-
ment altrihué à saint Luc.
t7i9) Observons que dans quelques Marlvrolnffs
le nom de Perpétue est également donné à là frinm.-
de saint Pierre. ( Voy» Grabe, Spicilegimm SS. ti-
iruni, t. 1, p. 350.)
(750) Orarium, [ascia, fasnale^ étoffe avec li*
quelle on sVsstiyait la visage; voy, sur c* n^^
Suicer, Thésaurus ecclesiasiicus ^ au mot Oran*fn;
Ferrari, Analeet. de retesliaria^ c« i3, et Ljuii«
De erudilione apostoiomm, p. 89.
(731) < Locus iiie dictus ad Aquas Saivîas, tertli
ab urbe lapide dislaus, alio nomine GuUa jugiie:
manans est appellatus, ubi Ctiristianorui» caruiL*
ciua est aliquando habiu. iBaronius, ad au. CAe.
69. num. 11. {Voy» aussi les Doies Au m^e
savant sur le Martyrologe romain. 9 juillet.)
720
PIE
PART. Ul. — LEGENDES ET FIUGMENTS.
PIE
730
jattes de sang, et dès qu'elle en fit usage,
l*œil qfu"elle avait fierdu fut rouferl.
Quand Pierre fut arrivé auprès de la croix,
il dit : « Comme mon maître Jésus-Christ est
descendu du ciel sur la terre, il est juste
qu'il ail été élevé sur la croix, mais moi
qu*;i daigne appeler de la terre au ciel, ma
croix doit montrer ma tète auprès de la ler^
re et mes pieds dirigés vers le ciel. Puisque
je ne suis pasdi^ne d'èlresur la croix com-
me mon Seigneur, tournez donc ma croix. j>
lis le retournèrent donc et ils mirei t les
pieds de Tapôire en haut et ses mains en
bas. Et une foule innomblable se rassembla
maiiiiissaot César Néron et tellement pleine
de fureur qu'elle voulait brûler Tem^kereur
Itii-ménie, mais Pierre les en empêchait di-
sant : « Il y a peu de jours que je m'éioignni,
cédant aux pnères de mes frères, et je ren-
contrai leSeigneur Jésus-Christ, et je Tadorai,
et je lui dis : « Seigneur, où vas-tu ?» El il
me dit : « Suis-moi, carje vaisàHonie, pour
y élre cruciié derechef. » £(, le suivant, je
reloitrnai à Rome, el il me dit : « Ne crains
fjoinl, car je serai avec toi jusqu*à ce que je
t'introduise dans la m-iison de mon Père.»
Ainsi, mes fils, ne mettez poinld'obstacles à
mon voya^M. Mes pieds foulent déjà la voie
céleste. Ne vous aQligez pas, mais réjouissez-
vous avec moi, 'car je recueille aujourd'hui
le fruilde mes Iravaux.i^Ët lorsqu'il eut ainsi
parlé, il dit : «Je te rends grâces, bon pas-
teur, parce que les brebis que tu m*as con-
fiées ont |>ilié de moi. Je te demande de les
faire participer avec moi à la grâce. Je te
recomii^ande les brebis que tu m*as con-
fiées atin qu'elles ne sentent pas qu'elles
ne m*ont plus, puisque tu es leur con-
ducteur et que c'est grflce à loi que j'ai
pugouverner ce troupeau. » £t, parlant, ainsi,
il rendit Tespril. Aussilôt apparurent en cet
endroit des saints que personne n'avait ja-
mais vus auparavant ni ne parvint à voir
ensuite. Ils disaient qu'ils étaient venus de
Jérusalem àcausede Pierre, et un homme
noble nomàaé Marcel, qui avait cru et qui,
laissant Simon le Magicien, avail suivi Pier-
re, se joignit à eux; ils emportèrent son corps
en secret, l'ensevelirent sous un térébin-
the, près de la naumachie, dans un endroii
qu'on appelle le Vatican.
Les soldats qui avaient tranché la tôle de
Paul, retournant vers Néron ce même jour
à U troisième heure, rencontrèrent Per-
pétue el lui dirent : « Qu'est-ce que c'est,
6 femme ? voici que tu t'es laissée tromper
il que tu as perdu ion voile. »El elle répon-
dit: « J'ai recouvré mon voile, et mon œil a
recouvré l'usage de la vue. Et le Seigneur,
^ (^52) Après la chnle de Néron , il se répandh
l'opiniun qu*ii n*élail poiiil mon et qu*il ne larde-
rait pas à revenir. ( Voy, Suélone, c. 57, el le^ notes
de Casauboii sur ce passage.) Parmi les premiers
Chtctieiit, il y en eiil qui furent tellement frap|)és
ée^ crapules de Néron contre TEglise naissante,
qo'ilK se persuaiiérent que cet empereur était TAn-
techiiht ou du moins quMl reviendrait avec PAi:lr-
christ. ( Vott. les Oracles êibyllins , I. iv, fers li6 ;
Ucuncc, De morte penecut., c. 2 ; Sulpice Sevérc,
le Dieu de Paul, est vivant; je Tai prié de
faire que je fusse digne de devenir sa ser-
vante. » Les soldats regardèrent et virent
qu'elle avail son voile sur la lête, et que son
œil avait recouvro l'usage de la vue, elils di-
rent tous à la fois, è haute voix : « Nousans^i
nous sommes les esclaves du Seigneur de
Paul. » Perpétue s'éloigna et elle apporta
dans le palais deNéron la nouvelle que les
soldats qui avaient décollé Paul disaient:
«Nous ne revenons pas à la ville; nous avons
foi au Christ que Paul prêche, et noussoin-
mes Chrétiens. » Alors Néron, outréde colère,
ordonna de jeter Perpétue en prison elde la
charger de chatnes. £l il commanda de dé-
capiter un des soldats, de couper un autre
en deux et de lapider le troisième. Perpétue
était en prison, et dans celte même prison
était détenue une pieuse vierge, nommée
Potenlienne,quiavaildil: «J'abandonne mes
parents et tous les biens de mon père, et je
veux êli*e Chrétienne. » Perpétua lui raconta
tout ce qui re^^ardail Paul, et elle lutta cou-
rageusement pour la foi chrétienne. La fem-
me de Néron était sœur de Polentienne cl
elle l'enseignait en secret à l'é^^ard de Jé-
sus-Christ, disant que ceux qui ont foi en
lui jouijîS'nt delà joie éternelle el que tou-
tes choses de la terre étant périssables, il n'y
a que celles du ciel qui sont durables, el la
femme de l'empereur s'enfuit du palaisainsi
que les femmes de plusieurs sénateurs.
Alors Néron fit souiïrir de grands tour-
menis è Pcrfiétue, et il ordonna qu'après
avoir attaché une grosse pierre à son cou,
on la jetât dans la mer. Ses reliques sent
auprès delà porte Nomentane. Poteniienno,
aprèsavoirsupporléaussi de cruelles lortures»
fut brûlée le même jour. El les hommes qui
se disaient arrivés do Jérusaem, direnL.à
tout le peuple : « Réjouissez-vous el soyez
dans l'allégresse, parce que vous avez méri-
té d'avoir de grands patrons qui sont de saints
apôtres eldes amisdu Seigneur Jésus-Christ.
Sachez que ce Néron, ce roi très-méchant, ne
pourra conserver l'empireaprès le meurtre
des npôtres. » Il arriva ensuile que Néron
s'attira la hainedesonarméeeldu peuple. ro-
main, et ils ordonnèrent de l'attacher en
public et de le faire périr d'une mort comme
il leméritait.Cette nouvelle lui élanlparvenue,
il fut saisi d'une frayeur extraordinaire et il
s'enfuit et on ne le revit plus (732). il y en eut
C|ui dirent que s'élanl sauvé dans les bois,
il avait succombé au froid et à la faim, et
qu'il avait été dévoré par les loups. El comme
les Grecs emportaienl lescorpsdessainlsapiV-^
1res pour les conserver en Orient, il survint
un lerribio tremblement de terre (733), et le
Hi$t. sacra , I. n . c. Î8 ci 29. et dialo;?. 2 , c. 14;:
saint Augustin, Liié de Dieu, I. xx, c. f9, etc.)
(755) Circouslaiice qui &>e retrouve également dans.
l«^s EpUres de saint Grégoire le Grand (1. iv, «*pist.
50) : c De corporibus vero beat or uni apobtolorum.
quid ego lilcturus suin , dnm constat , quia eo lein^
pore quo passi siuit, ex Oriente fidèles vénérant,
qui eoriim corpora stcutcivium suorutn répétèrent?
Qnse ducta usque ad secundum urbis ndlliarium in
loco, qui dîceiur Catacumbas, collocala sunt. Sed
-JTA
DlCTIONNAmE DES APOCRYPHES.
Zi
peuple romain secourut et ils les arrêtèrent
h un endroitqu'on appelle Catacombes (734),
au troisième mille de la voie Appienne, et
les corps des apôtres y furent gardés un an
ot sept mois jusqu'à ce que des sépulcres
eussent été faits pour les recevoir. Et ils fu-
rent transportés en |>onipe avec le chant
des hymnes; le corps de saint Pierre fut
placé au Vatican, et celui de saint Paul $m i«
voie d'Oslie, à une distance de deux mii>>
de Rome ; là les bénéfices des oraisons m..
complissent dans les siècles des siècle^
Ameff
Fin de la passion des saints apAtres Pierre
etPaul.
LITURGIE OU SACRIFICK DIVIN DE L'APOTRE SAINT PIERRE (735).
Oraison pour la proposition du pain ou
lorsfiue le diacre rapporte sur Vautel (736).
Il a éié conduit c<*mme un agneau à la
bonchorie» et, de môme (]u'nn agneau devant
celui qui le tond , il n'a point élevé la voix,
et il n'a point ouvert la bouche. Son jugement
a été rendu dans son humilité. Qui racontera
sa génération ? celle du Père, et du Fils, et
de TEsprit-Saint.
Quand le prêtre mile Veau cl le vin^ il dit :
Un des soldats lui perça le côté d'un coup
<le lance, et aussitôt il en sortit du sang et
de Teaji (737) pour le salut du monde.
Jl fait ensuite l'oraison de la proposition
ou de l'offrande :
Seigneur, notre Dieu, qui t*es offert ioi-
mérne pour la vie de ce monde, jette les re-
gards sur nous, et sur ce pain, et sur ce calice ;
fais-en ton corps sans tache et ton sang pré-
cieux pour la nourriluredesâmeset descorps,
parceipie tonnoni Iroisfois vénérableet écla-
tant, celui du P^re, est sanctifié et çloritié.
Oraison de l'encens^ quand se fait la céré'
monie de l'encensement (738) :
Dieu saint et qui reposes dans les saints,
dum oa exinde levare omnis eorum mnUitudo con-
vpnieiis nitenliir, ila eos vis lonttrui alque ful-
guris niniio met ii ter mit alque dispemt, ui lalia
deniio nullaieniis alieniare praesumerent. Tune au-
teni exciintes Romatil eorum cor^iora qui hoc ex
Domini pietate meruerant, levaveruiU et in locis
quibus nunc sunl condiia, posucrunt. i (Voy. Ba-
roiiiiis, ad an» 2il, n. 3, et Acta SS., l. Y Junii,
p. 434.)
(734; Le moine Ru >olphe, dans la Vie àft Rahan
Maur, n. 50, 8'exprime ainsi : « Acceptoque cor-
pore R. Quirini mariyris , Roinam fiigit , et sacras
reliquias via Appia, tertio niilliario ah url>e, in
ecciesia be atoruni apostoloruni Pétri et Pauli , ubi
aliquandiu jacuenint, scpelierunt in loco, qui
diciiur ad Caiacumbai, >
(73o) Cette liturgie , dans laquelle on trouve des
ressemblances avec celle qui porte le nom de saint
Basile, fut publiée en grec et en latin par W. Lin-
danus à Anvers , en 1589. (Mina apostolica , seu
Saerificium $ancti Petn.) Lindanus a joint à son
édition de la liturgie une dissertiition dans laquelle
il «^efforce de montrer quMIe n*a pas été composée
à Rome,etqu*elle était fort courte, llajoint à ce frag-
ment une savante apologie de cette liturgie où il
montre , contre Topinion soutenue par les proies-
tams, qu'elle est authentique et quVlle est conforme
aux doctrines et aux traditions apostoliques.
L*édition . publiée à Pari& chez Frédéric Morel ,
en i595, in-8% et revue par Jean de Saint-Andié,
se distiiiffue par ta netteté de Texécution, et rem-
ploi habile de Tencre rouge en cei tains passages de
quelques feuillets. Elle reproduit les notes niargi-
lumière qui habites un séjour inaccessdi'^
Seigneur, fais, dans ta bonté, grâct^Àn-^
nombreux péchés, et de même que tu ^
reçu de Zacharie (739) Thomma^e de l'en-
cens . reçois de même , des mains de noi.>
autres pécheurs, cet encens que nou« tV>t-
frons , et accorde - nous ta miséricorJ ■
parce que ton nom , trois fois vénérable et
éi'.latant, celui du Père, est sanctifié et glo-
rifié.
Après rencensement, le prêtre couvre (fus
voile les offrandes^ en disant :
Seigneur, ta puissance a couvert les cieui»
et la terre est pleine de ta gloire.
// d't ensuite :
Le Seigneur a régné; que les nations s'ir-
ritent.
Le diacre dit à haute voix :
Sei>;n« ur, bénis-nous.
Le prêtre : Béni soit la règne du Père et
du Fils.
Le diacre (7W) : Nous te prions. Seigneur,
pour obtenir de toi la paix suprême, |ioii
cette sainte maison (741), pour notre |>èr
et patriarche le vénérable N.» (K)ur ceit*
nales de Lindanus el sa dissertation, mais rai»*»'
iogie a été laissée de côté.
Cette liturgie se trouve également dans la Bih'* -
îheca maxima Patrum, édition de Lpn, i. M'.
p. 116, et t. Il, part, i, p. 4t, de l'édition de lt<«'
ainsi que dans le Codrx apocfypkus Nvti Te^'t
menii, de Fabricius, t. III, p. 159.
• (756) c Ka'c Graecis sunt Paracevaslica »d n '
glos^m dîvinorum douurum panis et vini in «wj i^
et sanguinem Dmnini cons^crandorum ilUtion <
ad sancium aliare, qnap et apud varias Kccle^ •-
variant. I (Note de Lindanus ainsi queles suivaiii'-^ •
(757) Dans la Messe qui porte le nom de w • >
Bdrnabé, il e>t fait également mention du sang ']<••
sortit du côté du Sauveur.
(758) f Similis exsiat oratio Erclesiae Romau «
Blissa episcopali quas in quntidiana omiutiur. i
(759) c Latinus canon alludit ad thyniiatna lihJ
anuiiatum quod S. Micbacl pro CbrisU EicK*:'
ofTcrt D>'0 in Apoc, Anibrosianus S. BamaUr m-
picit odorem sanctorum Dfî. i
(740) € Istx litanias variant variis in Cbrift
Ecclesits, quas Chrysostomiana et Bastliana plu"'
mas liabet, et snppius itérât, ut et D. Marei. »
(741) c Similes piorum vetcruni preces pro sal> i<^
.N. vel N. pro iitUrmis. pro iter ag(*fi'ibuft, cl ^i»'*
)ilins, sunt Latinis secretae qu»: a^ Para^t^^*"
spectant, teste D Âugusiino, eptst. 59, Ad /W^'
num , sic et divi Marci liturgla. Expr«*tta vero vr>-
tigia videre est in OOicio H. l'arasoeves, q"ap«>tf
Missa fit, quae Pia'sanctificatoruro Gnecit dMiu>-
In locum se<pientis Litani» oliro Komaiia EciV*>«
Cl quaedam alia* nnjoribus festis, et episci^i ^^'
PIE
PART. III.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIE
734
ville, pour la température de Tair, pour les
lîflvigateurs, les voyageurs, etc.
Le prêtre dit roraison :
Seigneur, noire Dieu et noire mattre, toi
qui as établi dans les eienx les ordres et les
aripéf's les anjç s {la suUe comme dans la /i-
turgiede saint Basile).
S<%'iietir , assiste-nous, sauve -nous et
aie piiié de nous. Car à loi revient tout
honi'eur et gloire.
Venez, aJorons-le et prosternons-nous de-
vant lui.
H (Ut ensuite à toix haute :
Le Seigneur soit avec loi.
le peuple : Et avec ton Esprit.
Lî prêtre : Prions.
iepeuple: Seigneur, aie pitié de nous
[lroi$ fois).
Alors le prêtre dit à haute voix :
Seir;neur,accorde-nous,ànousqui$ononies
tes serviteurs, le secours céleste de ta main,
afin que nous te cherchions de tout notre
cœur, et que nous obtenions ce que nous de-
mandons dignement. Par Notre-Seigneur
Ji^sii^-Chrisl, avec le(juel toi, noire Dieu , tu
vis et rèo'nes dans l'uniléde TEsprit-Saint,
pendant tous les sièclps.
Lepeuph: Amen. Dieu saint. Dieu fort.
Pendant que le peuple dit trois fois Vhymne
%ainl, le prêtre prie (742) :
Seigneur, Dieu tout-puissant qui seul es
faitil ( l qui reposes dans les saints, et qui re-
çois {\ç^% puissances célestes l'hymne trois
Il s saint, reçois de notre bouche, quoique
nousso'ons pécheurs, cet hymne trois fois
saini; accorde-nous tes miséricordes et tes
bonlés par l'intercession de la sainte Mère
de Dieu et de tous tes saints.
le prêtre : Soyons altenlifs, la paix h
tous.
Le peuple: Et h ton Esprit.
Le prêtre : La sagesse, etc.
// Ut ensuite le texte apostolique^ alléluia,
tétangile, et aussitôt l'oraison :
Aie pillé de nous, ô Dieu
// recite ensuite Voraison :
Seigneur, notre Dieu, exauce notre prière.
(Comme dans la liturgie de saint Basile )
V prie ensuite pour lui-même^ ayant chanté
rhyinne des chérubins, de cette manière :
Nul n*est digne, parmi ceux qui sont dans
les liens des cupidités charnelles. (Comme
dans la même liturgie.)
v>rsa*io legeliaiilur gimilia vota , ut exstal in Pou -
(ificali Romano : Chmtus vincit , Chrislut régnât ,
Chrirns imperat. ^ Gloria nostra, Chriitus vincit,
R Hane diem lœti ducamus, Gsmtores : Summo Pon-t
fifico nostro 3f. integritatem fidei. Gborus : Domi-
HMi cotuervet, Gantores : Episcopum nostrum N.
Chorus : Dominus comervet. CaïUOres : Begem no-
ilTum y. Chorus : Deus comervet tedem istam, elc.
S^ hxc iiunc abierunt in desuctudinem. i
(74i) Celle oraison du prêtre se trouve, mais
^«'auroiip plus étendue , dans la lilurKie de saint
|>(trysosiome. Elle est aussi dans celle de saint
Marc
(743) I Vox est roinistrorum Ecciesiae ad sacer-
^owm , pro se illorum preces peteniera , apud D.
«tobiim el Biisilium. •
l'ii) I Syniboluu) aposiolicuoi Lathiis mox post
Ayant déposé les dons sacrés sur la table
sainte, il lave ses mains , disant :
Je laverai mes mains parmi les innocenls,
et j'entourerai ton autel pour entendre la
voix de ta louange.
// de/f»Mui7e:4/Esprit-Saint viendra sur
toi, et a puis^ancedu Très-Haut te couvrira
de son ombre (7W).
A haute voix :
Le Seigneur soit avec vous.
Le peuple : Et avec ton Esprit.
Je crois en un st'ul Dieu, etc. (Wt).
Le prêtre : Tenons-nous dans rattention,
tenons-nous dans le respect.
Le peuple : Seigneur, donne-nous la misé-
ricorde et la paix.
Le prêtre à haute voix :
Sanctifie, Seigneur, l'hostie qui t'est of-
ferte (745), et, par elle, reçois-nous avec
bonté, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, ton
Fils, avec lequel tu vis et tu règnes, ô Dieu,
dans Tunité de TEsprit-Saint, pendant tous
les sièries des siècles.
Le peuple : Amen.
Le prêtre : Elevez vos cœurs (746).
Le peuple : Nous les tenons élevés vers le
Seigneur.
Le prêtre : Nous adressons au Seigneur,
notre Dieu, des actions de grâces.
Le peuple : C'est juste el digne.
Le prêtre: Il est véritablement digne et
juste, honnôîe et saluiaire, de te rendre, en
tout temps et en tout lieu, des actions degrâ'^
ces. Seigneur sdint, Père qui gouverne toutes
choses. Dieu tout-puissant et éternel, par
Notre-Seigneur Jésus-Christ, par lequel les
anges louent ta gloire, les Dominât ons l'ado-
rent, les Puissances la redoutent, les Cieux,
les Vertus des cieux et les bienheureux s<Çra-
phins l'honorent et la servent en la célébrant
ensemble; nous te supplions de nous per-
mettre de joindre nos voix aux leurs en
chantant h haute voix Thyume de vic-
toire.
Le peuple : Saint, saint, saint (747).
Le prêtre prie :
Nous te prions et nous t'invoi^uons, on
te suppliant, Père très-bon, par Jésus-Christ
Notre-Seigneur, et nous te demandons du
vouloir accepter et bénir ces dons, celte of-
frande, celte sainte hostie, sans reproche.
Nous le lei offrons d'abord pour ta sainte
Evangelium decanlatum , oui aptius cohaerel,seu
Evangelii («hrisliani epilome, quod divus Dionysins
Âreopagiia vocandum pulal hhmnoloyiam caihoti-
cam sive polius hierarchicam Eucttarisiiam, i
(7i5) < lla:c oraiio :in(e pr%raLioiieni Latinis sé-
créta vocalur, Mediulanensiâ Ecclesia vocat , super
oblatum, el in ordine Missx sic legilur : OralioMs
secretœ ad munus oblatum, i
(746; I Pru^fuiio ebl Latinis, ut MiHrtolaDcn6i
Ecclesis quae ad verbum ubique respondct Latine,
nisi quod variai Pra*raiionem pro icmpore, aut
sanctis, ut el Ecclesia Latiua ; licel non iia fré-
quenter, poiissimum posl Pelagii primi reforma-
tionem sancii cauouis Missx. »
(747) c Sic el in D. Marci evangelistx liiurgia
popuins canil bunc 1er [sanctus hymnuni, queui ei
Epicinion vocal. »
7û6
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
Eglise catholique et apostolique. Daigne pa-
ciner, garder, gouverner toutes les extrémi-
tés de la terre, d'accord avec ton serviteur le
Pape el notre patriarche N. Souviens-toi ,
Seigneur, de tes serviteurs et de tes ser-
vantes, el de tous ies assistants dont la foi
t*esi connue, e\ dont raifection pour toi est
notoire; ils t'offrent cette hostie de louange
pour eux- • entes et pour tous les leurs, pour
la rédemption des âmes et des corps, pour
Tespoir de leur salut. Ils te rendent leurs
vœux comme au Dieu élernel el vivant. Sa-
lut, Marie, pleine de grftce (748), le Seigneur
est avec toi, etc.
A haute voix : Dans la communion et dans
le respect de la mémoire , d'abord de la
sainte, glorieuse et toujours vierge Marie,
Mère de Noire-Seigneur, Dieu el Sauveur
Jésus-Christ, el de tes bienheureux apôtres
el inarlyrs, Pierre el Paul, André, Jacques,
Jean, Thomas, Philippe, Barlhélemy, Mat-
thieu, Simon, Thaddée, Léon, Ciel, Clément,
Xisle, Corneille, Cyprien, L/»urent, Chry-
sogone, Jean et Paul, Côme et Damien, et
de tous les saints; accorde-nous, par leur
inlercession vi par leurs prières, qu'en tou-
tes choses nous soyons munis du secours
de ta protection, par Jésus-Christ Notre*
Seii;n«Mjr.
Il fait ensuite la commémoration des morts
(749J :
Nous le prions, Seigneur, d'accepter favo-
rablement celte offrande de notre servitude
el de relte de tout tnn peuple que nous te
f^résenlons; dispose nos jours en paix, dé-
ivre-nous de la damnation éternelle, et or-
donne que nous soyons comptés dans le
troupeau des élus, parNolre-Seigneur Jésus-
Clirisl; munis de la protection en toutes
choses, fais, nous l'en prions, que cette of-
frande bénie te soil agréable el soit reçue de
toi, afin (ju't'lle devienne pour nous le corps
el le san|4: de ton Fils bien-aimé, Noire-Sei-
gneur J(>sus-Cliri$l qui, la veille du jour
qu'il souffrit, prenant le pain dans ses mains
saintes el sans tache, el levant les yeux au
ciel vers t<ii, Dieu et son Père lout-puissant,
te rendant grâces, bénit le pain, le brisa el le
donna à ^es disciples, disant [à haute voix) :
Prenez et mangez, c'est mon corps qui est
brisé pour vous (750). (// continue ensuite à
toix basse,) De même, après qu'il eut soupe,
prenant le calice el rendant grâces, il lo
bénit et le donna à ses saints discif>los, di-
sant {à haute voix) : Buvez-en tous, c'est
mon sang.
Le peuple : Amen.
Le prêtre ajoute : Toutes les fbis que vous
feiez ces choses, faites-les en mémoire de
(748) c Au lieu de gralia plena , des manuscrits
tiseiil graîiaia. « llsi^c baluiaiiu videUu* privata quo-
riiiiidaiii pelate saiiclo canoiii iiiseria, ut et qUi-e-
dafii liymiiis Gloria in excelsis el Agiiut Dei, Cerlc
ci al.cniort* hico posita est, iicc ciiui pneccilcnlii)us
vcrbÎ!» apin e^l, ac colwtrl, et nou Cht in cjuone
Âiiil»rosiuiio, legilur laiiieii iii D. Marci liiurgia. i
(749) c Observa tii" moauorum utemoriani lia-
b(^ri, scd lion est in R*niano ncc llediolanensi ca-
iione. In D Marri litutgia diserta fit prccalio ani-
Riabiia fralrum Hostroruni in fi'^e riiristi donnicu-
moi. C'est pourquoi, nous» Us serviteurs
cl ton peuple saint, Seigneur» se souveojra
de ton Christ, Notre-Seigneur et Dieu, de
sa bienheureuse Passion, de se résurrecli* -
des enfers, de sa glorieuse ascension d;tr>
les cieux {à haute voîx), nous t'offrons i e
qui est h toi el ce qui vient de toi par Jé&u^
Christ, Noire-Seigneur.
Le peuple : Nous te louons» nous te béais-
sons.
Le prêtre : Nous offrons, è ta majesté re-
doutable, rhoslie pure (t7 fait le signe dtia
croix [751]), Thostie sainte (tdem), ïhmk
sans tache (tdem), le pain sacré de la T:e
éternelle el le calice du salui perpétuel. Dai-
gne les regarder d*un visage propice et se-
rein, de même que tu as daigné agréer )e^
dons de ton serviteur le juste Abel, et )«
sacrifice de notre patriarche Abraham, et de
même que ton premier prêtre, llelcliisc-
dech. Ta offert un sacrifice suint el une Uo^u
sans tache, nous le 4)rions, Dieu lout-pui^-
sanl, d*ordonner que celle-ci soil apiiorK*
\)Hr la main de ton saint ange sur ton auu.
sacré, devant ta majesté divine, afin que
nous, ayant reçu une portion sainte du cor s
ou du sang de ton Fils, nous soyons r«mpl s
de loute bénédiction céleste et de (ouh
grâce. Par Noire-Seigneur Jésus-Christ h
haute voix) : Souviens-loi d*abord, Seigneur,
de notre évêque.
Il fait ici la commémoration des titcMt* ;
Seigneur, quoique nous soyons pécheur^»
et les serviteurs indignes, nous espéro::>
dans retendue de la miséricorde; dsi.r.
nous accorder d'avoir part à la société de u
saints apAlres el martyrs, avec Jean, Eiitnnf.
Mallhieu, Barnabe, Ignace. Aleiandre, M^r-
cellin, Pierre, Félicité, Perpétue, A}:ailie,
Lucie, Agnès, Cécile, Anastasie, Bari«e.
Julienne, avec les quarante très-gloiieiix
martyrs et avec tous tes saints. A^^o-
cie-nous à eux, non en considérant nos
actes, mais en nous accordant le fiarJoo que
nous implorons et la rémission de n<^>s|> -
chés, par Jésus-Christ, Notre-SeigneuM'-
lequel lu nous donnes toujours, Sei^nfu*.
ces biens, lu nous sanctifies, viviUes >.
bénis.
Tenant le pain , i7 fait le signe (^
la croix sur le calice^ disant :
Par lui el avec lui el en lui est h loi, Pè'
tout puissant, dans Tunité du Saini-E>i'r
tout honneur el gloire. (A haute voix) : lhi>
les siècles des siècles.
Le peuple : Amun.
Le prêtre (à haute voix) : Prions
Le peuple: Kyrie, eleison (trois fois [75il
lium, ul eis Deus donet requiem, i
CîSO) c In Mediolanensi caiioiie 5. Barnat» b/
verba consecratiouis dicuiit*jr silenlio^ ul d ,LaUui>.
iOlliiopis, el IiiiJiaiii:»' >
(751) c S. Cnicis consignaiio super cilicf m ^^'
Hier Ul in Mediolanensi Anibrosiano, ul micjk'*''^
saiicli Uaruabae si millier Laliiiis legitur mvsu'n» l
Hdei. •
(75i) < Hic Ibrenus Kyrie eleisonin litorgia H •
robi repdilur. In Hasiliana (piinquics rrciJHlur>'
diaconub loiic» oiaiimuni piorum itiviuiu >uccia)^
î:7
PIS
PAUT. Ilï. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIE
7W
Le prélre {à haute voix) : Instruits par la
r^ocirioc divine et profitant des enseigne-
Lionts salulairos, nous osons dire :
Le peuple : Noire Père (753),
Le prêtre {à haute voix) ; Parce qu*è toi
appartiennent la domination, la puissance et
ia .ilnirp. Paix à ums.
Il fait ensuite cette prière :
Di'tivre nous, Seigneur, nous l'en prions,
de tout mal présent et futur par les inter-
cf^ss ons de notre glorieuse souveraine sans
laelie Marie, Mère de Dieu et toujours vierj^e,
de tps glorieux et bienheureux apôtres Pierre
et Paul, et de tous tes saints; accorde la
I>âii à nos cœurs, »nn qu'assistés par la pro-
i^clinn de ta mist^ricorde, nous soyons dé-
livrés de nos péchés et affranchis de tout
trouble par Jésus-Christ, avec lequel tu vis
et lu règnes notre Dieu, dans l'unité de
rEspril-Saint. (^1 haute voix) : Dans tous les
siè'Ies des siècles.
Le peuple : Amen.
Le prélre prie : Seigneur Jésus-Christ,
oolre Dieu, éi.'oute^nous (75^} du haut de la
demeure sainte {comme dam la liturgie de
saint Basile).
Le diacre : Soyons attentifs.
Le prêtre élève le pain^ disant : Les choses
saintes aux saints.
Le peuple : Un seul Pc^re saint, un seul
Fils saint, un seul Esprit-saint, dans Tunité
deTEsprit-Saint. Amen.
Le prêtre lit ensuite Voraison qui prépare
le peuple à la participation de la sainte Eu-
cfwrislie.
Agneau de Dieu qui ôtes les péchés du
monde, aie pitié de nous.
Après que tous ont reçu la communion^ il
répand l'eau bénit e^ disant :
Seigneur, tues élevé au-dessus des cieux»
et ta gloire est au-dessus de toute la terre.
A haute voix :
Bi^ni soit le Seigneur notre Dieu, mainte-
nant, et toujours, et dans tous les siècles.
te peuple : Que notre bouche soit rem-
plie.
Le diacre : Nous qui avons participé aux
mystères, divins, immaculés, céiestes, vivi-
fiants et redoutables, rendons dignement en
toutes choses gr&ces au Seigneur.
Le prêtre : Nous te demandons. Seigneur
(755), que cette communion nous purifie do
toute souillure de la chair et de Tesprit, et
qu'elle nous fasse participer aux biens cé-
lestes par Jésus-Christ, Notre-Seigneur, avec
lequel tu vis et tu règnes, 6 Dieu, dans l'u-
nité de TEsprit-Saint, pendant les siècles des
siècles. (A haute voix) : Parce que tu es notre
sanctification, et k toi la gloire.
Le peuple : Amen.
Le diacre : Allons en paix.
Le prêtre prie à voix basse : Que le Sei-
gneur béni (756), par lequel nous avons été
trouvés dignes de participer à son corps et
à son sang sans <ache, nous bénisse et r^us
conserve tous, et qu'il nous rende dignes de
son royaume céleste, maintenant et toujours
et dans tous les siècles des siècles. Amen.
LITURGIE DE SAÎNT PIERRE CHEF DES APOTRES,
traduite du syriaque par Euièbe Renaudot (7d7).
On commence par la prière de la paix.
Le prêtre : Dieu grand qui es dans tous les
siècles, seul puissant, charité parfaite, et
BCDour pur, Dieu de paix et Seigneur de
tranquillité, accorde-nous h tous, en nous
on rendant dignes par ta miséricorde, de nous
embrasser les uns les autres, pendant cette
vie, de ce baiser qui se donne sans artifice;
baigne nous accorder Seigneur, la paix qui
vient de toi, et qui est le partage des hommes
paisibles. Nous l*eu prions par les miséri-
cordes que nous a apportées Jésus-Christ,
^ieu i^rand et notre Sauveur , par lequel et
avec lequel gloire et honneur t*appartien-
nent.
Le peuple: Qu'il en soit ainsi I
Le prêtre : Maintenant, Seigneur, répands
encore sur nous la clarté de ton visage , et
sauve-nous de nos ennemis qui nous ont
haïs : efface et enlève nos iniquités, et nous
te slori fierons, etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Que la paix soit avec vous lousl
Le peuple : Et avec ton Esprit.
Le diacre : Que chacun se donne la paix.
Le peuple : Tous.
Le diacre : Louez le Seigneur.
^'1 tn Ambrosiano, ut in Homano, et eadem utro-
i'iqneprxraiiiincttta, oisi quod variât a Parascevei
t?^) < hi ISasilit lilorgia videlur sacerdos ciiui
^uTo et populo li»c concincre. Apud D. Marcuui
'scerdos ifgit lacilus et postea populus caRil Pater
f'OUer, Cui accinit sacerdos Epapodion : Ne inducas
'^ï »n Uniationem^ sed libéra nvs a malo. i
('Si) I Uarttin orationum loco habet Romanus
^anon precem ad Dominum Jesum Cliristuin pro
^'mesix SQ9 pace alque gubernationc, ut et Ainbro-
^ '""S qai ei alierani subteitl siniilem. U. Ifarci
l»uipa prolixas babet preres ad sanclam coniniu-
utoucu) para&cevesticas , «luiljus ante illud Sancla
sanetii sabteiit Kyrie eleison tei^ninom. t
(756) c Horum loco apud Laiiiios est oralio qa«
Il une Posteommunio appellatur eisdem aliquando
verbis. Variât enim pro fesloruin et dlerum qua-
iilate. I
(75t>} c Benedictio saicerdotis apud Roman, et
Midiolanen. pro tempore at<iue sacriflcaniis ralione
variât S. Crucis signaculis iusignita. i
(757) Elle est insérée dans la Collectio titmryia^
rum publiée par cet érmlit, t. il, p. 145. rt F:«br*.
ciiis fa rppro'uite dans son Codex apocry\îhus Koti
Test.^ i, 111, p. 479.
73^
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
Le prêtre : ^oufiincVinons Seigneur pour
toi et devant loi nos têtes aGn que nous re-
cevions la bénédiction que tu donnes aux
hunibles de cœur ; parce que lu connais nos
pensées» et que tu pénètres nos intentions;
et nous te gloriGons, ainsi que ton Fils uni-
que, etc.
Le peuple : Ainsi soil-i).
Irf pr^/re ; Parce que dans Tinimmsilé
des richesses d^e ta miséricorde, Dieu Père,
tu as envoyé pour nous sauver ton Fils qui
a ramené dans la bonne voie celui que Ter-
reur du péché en avait détourné, qui a
été délivré par lui des embûches de la mort
et de Satan, et puritié par lui de sa lèpre.
Illumine-nous en cet instant, Seigneur, de
la splendeur de ta face, atîn que les prières
que nous t^adressons, dans le moment où
nous offrons ce saint sacifice, ne servent pas
à notre condaumalion et à notre perte, mais
à la bonne disposition du cœur, et à la pu-
rification de la conscience, ainsi qu*A la ré-
mission de toutes nos iniquilé^» ; nous t*en
supplions par ton amour |)Our les hommes,
par celui de ton Fils unique engendré de loi
de toute éternité, et par celui de TEsprit
Paraulet, source de vie, et de la même na-
ture et même substance que toi, mainte-
nant, etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le diacre : Tenons-nous (en sa présence).
Le prêtre : Que l'amour de Dieu le Père,
etc.
Le peuple : Et avec ton Esprit.
Le prêtre : Elevez vos cœurs.
Le peuple : Nous les élevons au Seigneur.
Le prêtre : Nous te rendons grâces , Sei-
gneur.
Le peuple : Cela est digne et juste.
Le prêtre : 11 esl véritablement digne et
justeque nous teglorifiions, adorions, louions
et célébrions, toi qui as créé tous les êtres
visibles et invisibles qui chantent tes louan-
ges. {Elevant la voix:) Les armées des anges te
gloritleut, Seigneur, les légions des archan-
ges, la multitude iies Puissances incréées,
qui, sans cesse et sans retour, avec TeiTusion
que leur donne la connaissance de tes per-
fections, avec la crainte et la sa^^esse qui
appartiennent à tout ce que tu sanctifies,
élèvent la voix, crient, répètent et disent :
Le peuple : Saint.
Le prêtre (8*inclinant) : Quel est en effet
celui qui esl intlninient saint, ou dans le-
quel nous chercherons la source de la sain-
teté, ou duquel naissent perpétuellement les
saints, si ce n'est toi, Père incréé, ou ton
Fils adorable oui sort de ton sein, ou ton
Esprit qui procède éternellement de loi? Ha-
bite en nous, sanctifie-nous, dirige-nous
))ar rincompréhensible sainteté de la con-
naissance. Nous n'avons pas été délivrés de
nos passions et enlevés aux liens du péché
(l'une manière faible» mais abondante et
forte, et en proportion avec ton amour pour
les hommes, aGn que nous pussions com-
prendre la doctrine mystérieuse de ton Fils
unique, et afin' que tout notre bonheur rési-
dât dans notre union avec loi.
{Elevant la voit) : Et lorsqu'il vonlut pré-
parer ce festin de son corps et de son san;
pour nous le donner , lorsqu'à pprochail k
Passion qui nous a sauvés, il prit le paio
dans ses mains exemptes de toute tache, le
rendit d'une manière visible digne de sa bi-
nédiclion incompréhensible, le bénit, j le
sanctiGa, t le rompit f et le donna à sesafn)-
très en disant : « Que ces saints mvsieres
soient votre provision pour vos voya^^es, ei
toutes les fois que vous le prendrez comme
aliment, croyez etaye2 pour certain quere
pain qui est rompu (lour vous **{ pour plu-
sieurs, est véritablement mon corps, quMest
donné pour Texpiation de vos péchés, la ré-
mission de vos fautes, et pour obtenir la v.*:
éternelle. »
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : De même après In Cène, il mit
dans le calice du vin et de l'eau, f le bénii.
fie sanctiGa, f et leprésentaèsesdisciplesen
leur disant : « Prenez et buvez-en t<>ns : eeti
est mon sang du Nouveau Testament, quint
répandu et donné pour le pardon des péchés,
la rémission des fautes, et pour obtenir la
vie éternelle. »
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Et afin qu'ils conservassent k>
fruits suaves de cette divine institution, i.
leur prescrivit et leurdif : « Toutes les f»i>
que vous vous réunirez, vous ferez cela en m i
mémoire, prenant le pain qui sera présenté, et
buvant cequi aura élépréparé dans lecaiict ,
vous !eferezen$ouvenirde ma mort; et vo:j>
confesserez ma résurrection jusqu'à ce q Jw
je revienne. »
Le peuple: De ta mort, ô Seigneur.
Le prêtre : Nous attendons la venue de les
miséricordes, Seigneur, notre Dieu, rt^fu^-^
(les pécheurs, toi qui jug ras les juste> «t
les coupables, qui accorderas la récompense
ou le châiiment, quand tu appelleras tous li s
hommes à ton tribunal, que tu combleras* -^
joie ceux qui auront gardé tes comuian-
déments, et que tu piécipiieras dans K>
flammes de l'enfer pour y être brûlés, tei.\
qui se seront écartés du chemin de la vir.
Ne nous accable pas de la honte de nos po-
chés, ne nous rends pas coupables d'un ^
participation indij^ne de ces saints mystères,
car nous avons été marqués du sceau de t*»:!
image, et que nous ne soyons |)as un su^et
de satisfaction pour le roi des airs et ses in-
fernales cohortes, car nous avons été ra» ii -•
tés par ton san^j, mais éclaire-nous de ct-i e
lumière que tu répandras, au jour de t>a
second avènement, sur ceux qui le iTaiguei.t,
et sois aussitôt notre salut. C'est ce lue i< d
Eglise et ton troupeau le demandent à tout
par toi, et h ton Père,.avec toi, eodisam :
Le peuple: Aie pitié. Seigneur.
Le prêtre : De nous aussi.
Le peuple : Nous te louons.
Le diacre : Que cette heure sera teripil>-e î
Le prêtre, s'inclinantf dit Foraison pour
demander r Esprit-Saint:
Aie pitié de nous, Seigneur, tfîep'iié kU
nous, et du haut de ton trône rojal et de
ton éternelle demeure , envoie-nous ion
7)1
PIE
PART. 111. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIE
74Î
Salul-Esprit et le Paraclel, égal en majesté
ATec loi, égal par son trône et son (!'lernité,
de la même substance que toi et source de
loule vie, qui a^it par les prophètes, les apô-
tres, les martyrs, les confesseurs, les rois,
les fhefe, les prêtres et tous les ordres de
l'Eglise fidèle; qui est descendu sous la
forme d'une colombe sur Noire-Seigneur
Jésus-ChrJst dans te fleuve du Jourdain, qui
est descendu sur les a|)ôires sous la fornio
de langues de feu; qu*il vienne maintenant
et se repose sur nos offrandes et reste en
nous qui sommes infirmes, afin que nous
recevions lesouiDe et la flamme de son avé-
neinenl; qu'il descende sur les offrandes que
nous présentons et qu'il les sanctifie.
Seigneur, exauce-nous.
le peup/e .'Kyrie, eleison. {Trois fois.)
Le prêtre : Âtin qu*en venant il change co
pain t en un corps salutaire, f en un corps
viTiûant,'{-au corps de Notre- Seigneur Dieu
et Sauveur Jésus-Christ, et afin que ceux
qui le recevront obtiennent Texpiation de
leurs péchés, la rémission de leurs fautes et
la vie éternelle.
Le peuple : Ainsi soil-il.
Le prêtre : Qu*il change également ce ca-
lice f en un breuvage céleste, f en un sang
salulain*, f en un sang vivifiant, au sang de
Nûtre-Sei^neur Dieu et Sauveur Jésus-Christ,
pour la rémission des fautes qui ont été
imprudemment commises, et le pardon des
péchés de ceux qui le recevront.
Le peuple : Ainsi soil-il.
Le prêtre : Fais, Soigneur, que nous, qui
«levons participer à ces mystères, nous y
trouvions la purification de nos corps et de
nos âmes, la règle pour nous conduire, sui-
vant TEvangile et la confirmation de la sainte
Kj^iise orthodoxe, ({ui a été fondée sur la
pierre de la foi, dont lu as dit, que les
portes de l'enfer ne prévaudront pas contre
elle, car tu la délivreras dans les siècles des
sièdtfs des hérésies et des scandales de ceux
qui commettent Tiniquité.
{S inclinant :) Reçois notre confession , ô
noire Roi, et rendu favorable par elle, d i^ne
(louMerlatran(|uilliteà ton peujde et le pain
À ton troupeau, daigne aussi conserver
les pasteurs orthodoxes, principalement le
p'iiriarche, notre seigneur N. et notre évô-
«|ueN., avec tous les autres évéques de la
vraie foi. Accorde-leur l'éloquence de la
parole, afin que, dans leur piété, ils fassent
roruement de ton troupeau et le préservent
des mauvaises doctrines.
(Elevant la voix :) Don ne- leur ce visage
qui ne craint point; rends-les dignes minis-
tres de la parole de vérité, et accorde-leur
abondamment celte paix qui vient de toi
dans les soins qu'ils doivent donner au trou-
l>eau qui leur est confié et qu'ils feront pal-
[ro dans la justice et la vérité, par la grâce,
la miséricorde, Tamour de ton Fils uniqne
{jour les hommes , par lequel et avec lequel
t appartiennent Thonneur et la gloire.
Le peuple : Ainsi soil-il.
J^^ prêtre (étant incliné) : Daigne aussi,
^i^Heuri ne pas oublier ceux qui se sont
recommandés aux prières que nous l'adres-
sions en ce moment, de ceux qui t'ont pré*
sente ces offrandes, de ceux pour qui elles
ont été présentées, de ceux enfin qui auraient
voulu mais qui n*ont pu y contribuer.
(j^/et^an/ /a VOIX :) Souviens-toi, Seigneur,
de ceux qui ont pris la résolution de défen-
dre ta sainte Eglise catholique et apostoli-
que, par la parole de la doctrine de la vie et
par les œuvras qui conduisent à la connais-
sance de ta vérité; sois leur refuge et leur
assistance; délivre-les de la rtiéchancelé du
démon et des hommesnervers et ine\orai)ies,
parla grâce, la miséricorde et Tarnour de
ion Fils unique pour les hommes, par le-
quel et avec lequel t'appartiennent Thonneur
et la gloire.
(/nc/tW :) Souviens-toi aussi, Seigneur,
de ceux et de celles qui par leur foi oblien
nent la puissance tempo elle, afin que pour
eux et pour nous la vie passe dans le c^lme
et le repos, dans la crainte et la chasieté
de Dieu.
{Elevant la voix:) Fais, Seigneur, que ceux
qui recherchent Tautorilé sur ton peup e,
tournent vers toi leurs pensées ; rends-les
aptes à faire le bien, afin que nous accom-
plissions auprès d'eux et dans la justice, la
lonction df notre sacerioc** avec cette paix
que produira leur conservation, et que nous
te glorifiions ensemble, toi et ton Fils uni-
que.
(Etant incliné :) Daigne aussi , Seigneor,
te souvenir de ta sainte et toujours illus-
tre bienheureuse Vierge Marie, et avec
elle, des prophètes , des apôtres, des mar-
tyrs, des confesseurs, des saints, des prêtres,
des justes qui ont vécu avec perfection dans
la vraie foi, du bienheureux Jean, ton pré-
curseur et qui t'a baptisé, de l'illustre saint
Etienne, le pre niier des diacres et le premier
martyr, et de tous lessaitils.
(Elevant la voix :) Nous le prions encore,
ô Seigneur Dieu, afin (fue ceux qui sont dans
le sentier étroit de raffliclion et qui ne peu-
vent en sortir, soient délivrés par toi; atin
quecetjx qui sont sans guile et sans chef,
connaissenl le bonheur de vivre sous ta loi;
rends-les dignes de participer à la récom-
pense de ceux qui font servi dans la vérité,
qui t'ont été agréables et dont la mémoire
est élernelle, et afin que nous aussi nous
puissions avec eux leglorifieret te louer sans
cesse, loi et Iqn Fils unique.
(Etant incliné : ) Souviens-toi, Seigneur»
de ceux qui nous ont précédés dans
jour (les saints, q
qui ont obtenu le repos cfes saints Pères et
le séjour des saints, qui sont morts et
dos docieurs de la vraie foi, principalement
d'Ignace, Denjs et des autres saints, afin
que, par leurs prières et leur intercession,
nous soyons délivrés des fourberies de nos
ennemis et des hommes pervers.
(Elevant la voix: )El souviens-toi de ceux
qui ont avec joie annoncé ta parole de vie dans
tous les fieux de* la terre,et qui ont par leur foi
orthodoxe raffermi la sainte Eglise; accorde-
nous, par leurs prières qui sont pures • par
745
DICTIONNAIRE D£S APOCRYPHES.
7U
ta miséricorde et par Tespérance que lu nous
en as donnée, d*6tre reçus parmi eux.
Le prêtre (incliné) : Par ce sacrifice que mes
mams pécheresses fofTrent, Seigneur, sou-
viens-toi de nos pères, de nos fières,de
nos maftres, qui, décédés et sortis de ce
mondf%sont parvenus jusqu'à loi, et de tous
les fiiJèles défunts de ce Heu cummede tout
autre lien, et enparticulierdeceux pourqui
nous l'ciffrons c« lie ohialion.
{Elevant la ro/x;) Seigneur, Seigneur qui
as tant d*amonr pour les hommes, place et
faisreposer «lans le sein d'Abraham ceux qui,
pendant leur vii«, ont persévéré dans la vraie
foi et qui sont délivrés des liens de celte
vie temporelle , enlevant et effaçant toutes
leurs fautes ainsi que nos iniquités, par ton
amour pour les hommes, parce qu'il leur
est impossible de se jusliûer par eux, môme
d'un seul instant de plaisir dans celte vie
et qu*ils ne peuvent Tétre que par celui qui
procède éterni'lle i*ent de ton sein, Notre-
Seir^neur et notre Sau veur Jésus-Christ , par
lequel nous espérons, nous aussi, obtenir la
niis(^ri<;orde et la rémission de nos péchés
qui n'existe que par lui et pour nous et pour
eux.
Le peuple: Accorde-leur le repos.
Le prêtre : Pardonne, remetset oublie. Sei-
gneur, les erreurs et les fautes de tes S(.*r*
viteurs et de tes servantes, secrètes et occul-
tes, cachées et publiques, passées et à venir,
quand il te sera agréable de ne pas nous
couvrir de confusion en la présence et de
nous admettre au parlagedu céleste i)onheur,
aGn qu'en nous, pour nous et à cause de
nous. Ion saint nom et celui de Notre-Sei-
gneur, Jésus-Christ et de ton Saint-Es-
prit, soilglorilié et loué, maintenant et ton-
|Ours,elc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Ise prêtre : Paix avec vous.
Le peuple : Et avec ton Esprit.
Le prêtre : Que les bénédictions de Dieu
soient, elc.
Le peuple: El avec ton Esprit.
Le diacre : Encore et encore.
Le prêtre rompt VEucharxstie et dit avant
le « Pater noster^ » roraison suivante :
Nous te prions. Dieu le Père, qui as soin
de nous, qui nous consoles dans nos cha-
grins, qui nous fortiûes dans nos faiblesses,
qui, de toute éternité, reposes sur ton trône,
qui es glorifié de toute leur puissance par
les Vertus célestes, qui embrases de ton
amour intini les légions des anges, qui dai-
fnes par la présence de ton Fils unique et
envoi de TEsprit-Saint , sanctilier, rendre
|)arfaites et agréer ces prémices et ces obla-
tinns que nous t'offrons, à toi qui n'en as pas
besoin, purifie-nous de tonte souillure; dé-
livreHious de toute impureté, aon que d'un
cœur pur et uni, avec un amour incessant,
comme il convient à des fils, nous puis-
sions sans confusion chanter et dire : Notre
Père qui es aux cieui.
Le peuple : Que t<Hi nom soit sanrt'fié, et^.
Le prêtre : Di«'U bon, ne nous induis 1 1>
à la tentation de lYpreuveque n'm^n \<i r-
rions soutenir; mais aide nous par la ur.oi-
• deur de les misériconies, nous uonn^iit lii •
fin tranquille qui nous enlève etnniisarra
che à toutes les plaies de la furettr, aux t>.r-
piiudes du démon, parce que lu en «<« <e
pouvoir et la force, que ton règne ci iMp
dans lous les siècles et que la gloire t ap^idr-
tient.
Le peuple : Xins'i soit- il.
Le prêtre : If a\x ave<î vous.
Le peuple: El avec ton Esprit.
Le diacre : Avant.
Le peuph : En ta présence
Le prêtre : Bénis, Seigneur Dieu, tes ser-
viteurs qui s'humilient et dVspriletdecors
pour l'adresser leurs prièrs. Rends mms
tous, Seigneur, di^n«s des béné lictitms •;ui
émanent de tes saints et immaculés tn)>t»'-
rcs, etd gnes du pardon de nos pérhés, aim
qu'avec des intentions pures et sainie*,n<'us
recevions le corps et le sang de ton Fiis uni-
que. Accorde nous de répandre hors tie
nous Todeur des bonnes œuvres et nous te
glorifierons, etc.
Le peuple .-Ainsi soit-il.
Le prêtre : Paix avec vous.
Lepeuple :Et avec ton Esprit
Le prêtre : Que la grâce soit, etc.
Le diacre: Tenons-nous dans le respect.
Lepeuple: Nous louons le Seigneur.
Le prêtre dit Voraison de l'action de grâ-
ces :
Nous te rendons , Seigneur, ae véritables
et sincères aciionsde grAcespour ledonqje
nous avons reçu de toi , quoique nous en
fussions indignes. Ne nous laisse pas, Se-
gneur, avec la honte de nos péchés; ne n )u5
rends pas coupables parce que nous e^f^ni
reçu ces saints mystères, mais sois- n^xis
propice, sois notre refuge, délivre-nous d^
esprits ennemis qui luttent contre nous | ar
la communion de ces mystères, elnouschan-
lerons ensemble ta gloire et la louange.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Paix avec vous.
Le peuple: Et avec ton Esprit.
Le diacre : Après la communioD, etc.
Le peuple : En ta présence. Seigneur.
Le prêtre : Etends, Seigneur, la main puis-
sante et invisible, et bénis les serviteur»
réunis dans ton saiut temple; conserve-:e<
par la croix, perfectionne-les par i*alM)D(iao«e
de les bénédictions, atln que tous, msini^
nanl, et dans les siècles futurs, et dans le*
teroité, nous te rendions grâces, ainsi q^*>
ton Père, etc.
Le peuple : Ainsi soit*il.
Le diacre : Bénis, Seigneur.
Le prêtre : Bénis-nous tous.
AUTRE LITURGIE DE SAINT PIERRE.
' Oraison avant la paix ^ Seigneur, nous nous humilions et d'espr'.
Le prêtre : Pour toi, et en ta présence ^ et de corps^ afin de receroir ta l>éoédicii<»".
715
PIE
PART. m. -- LEGENDES ET FRAGMENTS.
PIE
7I«
et le secours que réclame notre faiblesse,
parce que tu es Taide et le refuge de tous*
et nous te glorifions et louons, loi et tonFilts
unique, et le Saint-Esprit.
Lt préire {élevant la voix) : Seigneur, ré-
ponds sur nous ia clarté de ta face, et déli-
vre-nous de tous les ennemis qui nous haïs-
sent; pardonne-nous, et remets-nous toutes
DOS iniquités, et nous te glorifierons, etc.
Le peuple : Ainsi soit il.
Le prêtre : Dieu et.Seigneur Dieu de paix
et de tranquillité, accorde^nous, et rends-
nous dignes de nous embrasser les uns les
autres dans un esprit uni à la miséricorde,
du baiser qui ne connaît pas la fourberie,
et nous le glorifierons, etc.
Lepeuple. : Ainsi soit-il.
Le diacre : Tenons-nous décemment.
Le prêtre : Que la charité, etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Elevons nos cœurs.
Le peuple : Nous les tenons élevés au Sei-
gneur.
Le prêtre : Rendons grâces au Seigneur.
Le peuple : C'est une chose digne et juste.
Le prêtre {incliné) : Il est véritablement
équitable et juste que nous te louions et te
céiébrions, toi qui as créé toutes les créa-
tures supérieures ou inférieures.
(Elevant la voix :) Nous te louons, Sel*
gneur, avec les anges et les légions d'ar-
changes qui chantent les louanges et disent:
Le peuple : Saint, saint.
Le prêtre {incliné) : Tu os saint, Seigneur,
et ta miséricorde est infinie, car c'est à cause
de ton amour pour les hommes, que tu as
envoyé sur la terre ton Fils qui, pour noire
iàluU $*est incarné dans la Vierge Marie.
[Elevant la voix :) Qui, lorsqu'il a voulu
5e préparer à la mort, et célébrer la Pâque
au soir, a pris du pain dans ses mains, t l'a
béni, f sanctifié f et rompu, l'a présenté
à ses saints discipitjs, et leur a dit: Pre-
nez et mangez ; ceci est mon corps qui ,
pour vous et pour plusieurs, est rompu , et
qui est divisé pour l'expiation des crimes,
ia rémission des péchés, et pour obtenir la
vie éternelle.
Le peuple: Ainsi soit-il.
Le prêtre: Il prit de même le calice, y mit
levincl reau,tlebénit,ttesanclifia, fetleur
dit: «Prenez et buvez-en tous; ceci est le
calice de mon sang, du Nouveau Testament ,
qui, pour vous et pour plusieurs, est ré-
pandu pour l'expiation des crimes, la rémis-
sion des péchés, et pour obtenir la vie éler-
nelte. » .
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre: Il a enseigné ce dogme è ses
disciples, et il leur a dit : « Toutes ies fois que
vous accomplirez ces mystères, vous rap-
pellerez le souvenir de ma mort et de ma
résurrection, jusqu'à ce que je vienne de
nouveau. »
Le peuple : En mémoire de ta mort.
leprAre: En mémoire de ton premier et
de loQ second avènement, nous offrons des
louanges k la majesté, te suppliant , dans
^^ terrible et effrayant jour du jugement où
DicTio!fN. DES Apocryphes. II.
tu jugeras les justes et les pécheurs, de na
pas nous abandonner aux pleurs, aux peines
et aux supplices que nous avons mérités
par nos iaiàuités et notre conduite insensée ;
mais loin de nous punir sévèrement, dai-
gne nous être propice, A Seigneur, et avoir
pitié de nous. Détourne donc ta face de nos
péchés, et secours-nous. Ton Eglise et ton
troupeau t'en supplient, par loi et avec toi
iOn Père, en disant :
Le peuple : Aie pitié de nous.
Le prêtre : De nous aussi.
Le peuple : Nous te louons.
Le prêtre : Sur toutes choses.
Le diacre : Que celte heure est redoutable 1
Le prêtre incliné récite Voraison pour in^
voguer le Saint-Esprit,
Aie pitié de nous, Seigneur, aie pitié de
nous ; envoie sur nous et sur ces offrandes
ton Esprit-Saint, sanctifie ces mystères , et
accorde-rrous le secours et le pardon dont
nous avons besoin.
{Elevant la voix :)Eiance-moi, Seigneur.
Le peuple : Kyrie, eleison ; Kyrio, eleison ;
Kyrie, eleison.
Le prêtre : Afin qu'en venant il change ce
pain au corps du Cnrisl noire Dieu.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Et ce calice au sang du Christ
notre Dieu.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Afin que ce corps et ce sang
obtiennent à ceux qui les recevront, la pu-
reté de leurs corps et de leurs ftmes, la ré-
mission de leurs péchés, et la vie éternelle.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le diacre : Prions.
Le prêtre {incliné) : Reçois, Seigneur, nos
prières et nos supplications ; donne à ton
peuple etè ton troupeau la tranquillité et la
paix, garde les vrais pasteurs, avec les prê-
tres et les diacres, etsecours tous les ministres
de ton Eglise.
{Elevant la voix : ) Etablis-les, Seigneur,
forts et puissants dans la force et \a paix qui
vient de toi ; établis-les d*une manière assu-
rée, afin qu'ils prient et intercèdent pour
nous auprès de toi, et nous te glorifierons ,
etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre {incliné) : Daigne encore , Sei-
gneur, te souvenir de ceux qui nous ont
recommandé de ne pas les oublier, et de
ceux qui n'ont pu prendre part à cc^s offran-
des, quoiqu'ils l'aient vivement désiré.
{Elevant la voix:) Souviens-toi aussi.
Seigneur , de ceux qui aident la sainte
Eglise ; sois pour eux une retraite et un
refuge, les délivrant de tous les artifices
du démon et des hommes pervers, parce que
tu es le Sauveur de tous, et parce que nous
te glorifions et te louons, etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Leprêtre {incliné :) sk)u viens-toi. Seigneur,
des rois fidèles, et mets dans leurs cours
des sentiments de paix pour ton peuple.
[Elevant /at70tx):Donnedes inlenlions pa-
cifiques. Seigneur, è ceux qui veulent ré-
gner sur nous, et délivre-nous des maii)sde
2%
Ul
IMCTIONNAmE DES APOCRYPHES.
iM
nos ennemis et de ceux qui nous haïssent,
«fin que nous puissions te glorifier, elc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre (incliné) : Daigne encore, Sei-
gneur, te souvenir de la sainte Vierge Ma*
rie, et avec elle de tous les prophètes, des
apôtres, martyrs, confesseurs et de tous les
autres saints.
{Elevant la voix :) Aide-nous, Seigneur, à
cause de leurs prières et intercession pour
nous, et épargne-nous, rends-nous dignes
de leur destinée, afin qu*avec eux» et au mi-
lieu d*eux, nous te glorifiions, etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
£epr^^re(»nc(in^: Souviens-toi, Seigneur,
de ceux qui ont déjà obtenu leur place et
leur repos dans la demeure des saints, des
saints Pères et docteurs, afin que, par leurs
Srières et leur intercession , nous soyons
élivrés des artifices de Tennemi ainsi que
des hommes pervers.
{Elevant la voix :) Et de ceux oui ont porté
avec empressement la lumière ae ton Evan-
gile sur toute la terre, qui ont raffermi ton
Eglise sainte dans la vraie foi : secours-
nous tous par leurs prières qui sont pures,
et confirme-nous dans ta miséricorde, afin
qu'avec eux et au milieu d'eux, nous te glo-
rifiions, etc.
Le peuple: Ainsi soit-il.
Le prêtre {incliné) : Par ce sacrifice que
f offrent mes mains pécheresses, souviens-
toi, Seiffneur favorablement de nos pères,
de nos frères et de nos maîtres et de tous les
fidèles défunts, ae ce lieu comme de toutau«
tre endroit.
{Elevant la voix :) Seigneur, Seigneur, qui
aimes les hommes, place dans le sein d'A-
braham ceux qui ont, pendant leur vie, per-
sévéré dans la vraie foi, enlevant et effaçant
toutes leurs iniquités et leurs prévarications,
ainsi que les nôtres, parce que personne n'est
exempt du péché, si ce n est notre Dieu et
notre Sauveur Jésus-Christ, par lequel et à
cause duquel nous espérons pour nous et
pour eux obtenir miséricorde et la rérais-
aion des péchés.
Le peuple : Pardonne -nous, Seigneur.
Le prêtre: Oublie, Seigneur, et pardonne
les erreurs et les fautes de tes serviteurs et
servantes, tant celles qui sont cachées que
celles qui ont été publiques; ne nous couvre
pas de confusion en ta présence, afin qu'en
nous, pour nous et à cause de nous, ton
saint nom, qui est celui de ton Fils» Notre-
fieigneur Jésus-Christ, et celui de l'Espril-
Saint et vivifiant, soit glorifié et loué, main*
tenant, etc.
Le peuple : Qu'il soit ainsi.
Le prêtre : Paix avec vous.
Le peuple : Et avec ton esprit.
Leprêtre : Miséricorde.
Le diacre : Nous croyons
Le prêtre rompt Vhoelit al d^î torawirn
pour le 9 Pater noHer. •
Dieu Père qui nous consoles et nous for-
tifies dans nos faiblesses, nous le prions «le
nous purifier de toutes les souillures du pé-
ché et de l'iniquité, de rt^cevoir ces olTria-
des que nous te présentons pour nos péc' es
afin que, d'un seul et môme codur, nouseie-
vions nos voix pour prier et dire : NoU«
Père, qui es aux deux.
Le peuple: Qu'il soit sanctifié
Lt prêtre : Dieu bon, ne nous laisse pas
aller à l'épreuve de la tentation, car nous
n'avons pas assez de force pour la soutenir;
mais à cause de ton immmense miséncord^
délivre-nous de toutes les plaies d'un en-
nemi furieux; car tu as la force et la pois-
sance, et nous te glorifions et louons.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Paix avec vous.
Le peuple : Et avec toi.
Le diacre : Inclinez-vous.
Leprêtre : Bénis, Seigneur Dieu, tes ser-
viteurs et adorateurs qui se sont inclinée
devant toi et d'esprit et de corps, et qui le
prient. Rends-les dignes de ta miséricorde et
du pardon de leurs péchés, parce que tu e»
tout-puissant, et nous te glorifions, etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le prêtre : Paix avec vous.
Le peuple : El avec toi.
Le prêtre .-Qu'il soit ainsi.
Le diacre : Soyez dans le respect.
Le prêtre : Donnez ce qui est saint aux
saints.
Le peuple : Père saint.
Le diacre : Tenons-nous dans le respect
Le prêtre dit Voraison après la communion.
Nous te louons. Seigneur, et reDd"n>
grAces, pour le présenii|ue tu viens de nous
accorder. Quoique indignes. Ne nous im-
pose pas !a nonle de nos péchés, mais déîi-
vre-nous des esprits ennemis qui luttent
contre nous, et d une seule voix nous te glo-
rifierons, etc.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Leprêtre : Paix avec vous.
Le peuple : Et avec toi.
Le diacre : Encore et encore.
Le prêtre : Etends, Seigneur, ta maio, e^
bénis tes serviteurs qui sont ici réonis,
garde-les par le signe de ta croix, soi<s ktu
retraite et leur refuge contre tous leurs eo-
nemis publics et secrets, et îais qu*a.rès
avoir reçu la bénédictipn, nous te rendioos»
eux et nous, la gloire qui t'est due.
Le peuple : Ainsi soit-il.
Le diacre : Bénis, Seigneur.
Le prêtre : Bénis-nous tous.
Le diacre : Je bénirai.
PILOTE.
Nous avons déjà, dans le Dictionnaire des juse inique dont le nom est frappé d'oni
légendes du christianisme (Migne, 1855, col. célébrité funeste (ISè).
1091), donné quelques détails au sujet du On lui attribua h des époques d'ignorani^
(758) Du Gange, dans ses notes sur Zo^raras, p. 21, Paris, i686, dit que parmi les naDOserîlt de
m
PIL
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMExNTS.
PIL
7S0
divers écrits dont la supposition ne saurait
faire Tobjet d*uD doute.
Nous avons rencontré dans un journal alle-
mand consacré à labibliographie(Ie5erapeum,
publié à Leipsick), une notice sur divers ma-
nuscrits conservés en Allemagne» d*un ou-
vrage répandu au moj^en Age, et connu sous
le non) du Spéculum humanœ salvationis.
Dans cette rédaction, Pilate est représenté
cooioie le fils d*un roi, nommé Cyrus; sa
mort est conforme à ce que ra()portent des
légendes déjà connues. Voici d'ailleurs com-
ment commence et comment s'achève le cha-
pitre intitulé : De origine et persona Pilati.
Inititim : Fuit rex quidam nomine Curus
pi quamdam pùellam nomine Pylaus filiam
cujusdam Molandinarii nomine Acus cog'no^
fit. Et de ea filium generavit quem vocavit
Pilalum,
Finis : Qui cum nimis prœfatis infesiatio-
nibus gtavarentur ipsum a se removerunt et
in quodam puteo montibus circumsepto im^^
merserunt^ uhiadhuCy retatione quorumdàm^
quœdam diabolicœ machinationes ebuUire vi-
ùntur.
Saint Justin est le premier gui ait parlé des
^c/e5(fePi7û/e. Il enest aussi question dans
ÏHittoire du martyre de saint Ignace d'An"
tiùche, dans V Apologétique de Tertullien; ils
ont été depuis cités par une foule d'auteurs,
avec un très-grand nombre de variantes.
Toy.Fabricius Cod. Nov. Test., 1. 1, p. 221,
298 et suiV., t. H, p. 455-^65 ; et la savante
dissertation de dom Calmet, t. 111 de ses
Dissertations.
Une Lettre de Pilate à Vempereur romain
{Epistola Poniii Pilati Quam scribit ad ro-
fMnum impératorem de Domino nostro Jesu
Christo) s est conservée dans d'anciens ma-
nuscrits; elle a été publiée par Fabricius,
Cod. Nov. Test. t. I, p. 300, l.Ill, p. M9,
Thilo, p. 801, Tischendorf, Evangelia apo^
crypha, p. bll. Ce dernier éditeur a établi
le texte d'après un manuscrit de la biblio-
thèque de Saint-Marc, à Venise, qu'il a exa-
niiné, et d'après les auteurs qui avaient déjà
Uiis au jour cette pièce. (Chassanion, dans
la IV' partie de son Catalogus gloriœ mundt,
1571; Florenlinius dans l'édition du Marty-
rologium. vet. Hieronymi (759) et Gronovius
dans la Préface de son édition de Tacite,
1*21, d'après un manuscrit de la bibliothè-
que Bodieyenne à Oxford.)
Celte Lettre de Pilate à t'efnpereur Claude
forme dans l'édilion de M. Tischendorf, le
13* chapitre de la Descente de Jésus-Christ
aux enfers (p. 392).
£lleavaitété aussi publiéedepuis longtemps
dans divers ouvrag'îs tels que les Orthodo^
lographa, mis au jour par Hérold,BAle, 1566,
in-lolio; la Bibliotheca sancta de Sixte de
Sienne, 1566, le livre du pseudo-Marcellus :
De mirificis rébus et cetibus Pétri et Pauli.
TliiJo l'avait revue d Viprès un manuscrit
conservé en Allemagne {Act. Pétri et Pauli,
Cotbeit, il se trouve uti récit apocryphe de la mort
de Pilaie, portaul le nom de si^inl Jean le Théo-
ionien.
1837, part, i, p. 26) ; et M. Tischendorf en a
donné le texte grec dans ses Acta apostolo"
rum apocrypha, p. 16.
11 en est question dans une dissertation
de dom Cal met [Dissertations pouvant servir
de prolégomènes à VEcriture sainte, 1720,
in 4% t. 111, p. 651.)
«La p]Ui)art des savants croient que Pilate
écrivit en effet à l'empereur pour l'informer
de ne qui était arrivé au sujet de Jésus-Christ:
mais on es^ partagé sur la question de savoir
si ces actes sont ceux que les Pères ont ci*
tés, s'ils sont parvenus entiers et authenti-
ques jusqu'à nous, ou s'ils sont perdus et
altérés. »
On sait, par l'exemple de Pline, par des
passages d Ëusèbe et de Tertullien, que les
gouverneurs des provinces rendaient compte
à l'empereur de ce qui se passait d'intéres-
sant dans les i ays soumis à leur juridiction;
il n'y aurait donc rien de surprenant à ce
3 ue Pilate eût prévenu l'empereur de la mort
e Jésus.
Saint Justin, dans sa seconde Apologie, cite
ce passage des Actes envoyés par Pilate à Ti-
bère : « On attacha Jésus à la croix avec des
clous aux pieds et aux mains, et après la-
Yoir crucifié , ceux qui l'avaient mis en
croix, jouèrent ses habits aux dés, et les par-
tagèrent entre eux. » 11 ajoute en parlant
aux païens : « C'est ce que vous pouvez ai'»>
sèment connaître par les Actes qui en ont
été écrits sous Ponce Pilate. v Et il dit en-
core : « Los prophéties ont marqué distinc-
tement que le Christ guérirait toutes sortes
de maladies, et qu'il ressusciterait les morts,
et vous pouvez vous convaincre que Jésus
l'a fait par la lecture des Actes qui en ont été
écrits sous Ponce Pilate. »
On peut inférer de ces passages que cei
Actes étaient étendus et entraient dansd'am*
pies détails.
Dans l'Histoire des martyrs de saint Ignace
d'Antioche, il est dit que ce saint enseignait
d'honorer Jésus - Christ comme un Dieu,
quoique Jésus eût été condamné à mort par
Pilate et eût été crucifié, ainsi que Vensei--
gnent ses Actes; mais celte dernière phrase
est regardée comme une interpolation; elld
ne se trouve point dans l'édition que Ruinart
a publiée des Actes des martyrs.
Tertullien Mpolo^.yC. 21), aprèsavoir tracé
un précis de la vie* du Sauveur et des mer-
veilles qu'il a opérées, aioute que Pilate,
déjà en quelque sorte chrétien dans sa con-
science, écrivit toutes ces choses à Tibère :
Ea omnia super Christo Pilatus et ipse jam
pro sua conscientia Christianus, Cœsari, tum
TiberiOf nuntiavit»
Dom Calmet cite saint Epiphane et rauteu.r
d'un sermon attribuée tort à saint Jean-Chry*
sostome, comme ayant dit que les Actes ou
Mémoires de Pilate fixaient au huitième jour
des calendes d'avril l'époque de la mort du
Sauveur. Le faux Hégésippe, qui écrivait au
(759) La lettre de Pilate à Tibère , donnée par
Florentiniis, esl aussi dans la Bihiioiheca grœca da
Fabricius, t. Xlfl, p. 477.
751
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Uï
îv* DU an ?• siède, est le premier auteur qui
flit rapporté une Lettre de Pilate à Tibère
{De excidio urbis Hierosolym.^Biblioih. Pa^
trum^ t. Vy p. 1211); la supposition de cette
pièce est facile à reconnaître; une autre que
oonne Fiorentinus (MarturoL vêtus, p. 113)
ost tout aussi peu authentique. Les Boilan-
distes {ActaSS.j 4 Februar., p. 450) ont rap-
porté une hisloire du Sauveur envoyée, dit-
on, par Pilate à Tibère, et trouvée à Jérusa-
lem dans un registre du temps deThéoduse;
elle ne mérite pas plus créance qu*une autre
relation grecque de Pilate touchant ce qui
•est arrivé lors de la mort de Jésus-Christ,
•pièce que mentionne Cotelier, d*après un
manuscrit de la bibliothèque du roi, q*2431,
«t qu'il ne regarde pas comme digne d*6lre
lue.
Eusèbe {Hist. eccles., I. ix, c. 5), nous ap-
prend que Tempereur Maximin fit publier
des actes composés sous le nom de Pilate et
relatifs à Jésus-Christ, mais remplis de hlas-
f thèmes et d*impiétés contre le Sauveur ;
*o£[ipereur les envoya dans toutes les pro-
vhicesde Tempire, avec ordre aux magistrats
de les faire exposer en public, et aux maîtres
des écoles de les faire apprendre par cœur
et réciter à leurs éi-oliers.
Une lettre de Pilate, qui n'a rien de com-
mun avec les deux autres, se trouve dans
l'ouvrage du P. Xavier dont nous avons
déjà parlé {Historia Christù Persice con--
^eripta); Fabricius l'y a prise pour l'insé-
rer dans son Codex apocryphus Novi Testa^
mfintû t. I, p. 301 :
« Dans ce temps et dans ce territoire, il
y eut un certain homme que ses disciples
appelaient Dieu, et il faisait divers miracles
que beaucoup d'hommes virent, et il monta
vivant au ciel, et ses disciples font mainte-
nant de grandes choses en son nom, et i!s
attestent qu'il est Dieu et docteur de la voie
du salut dans la vérité. «
Ce langage prêté à Pilate et qui ne serait
pas indigne d un apôtre, suffit pour montrer
ce qu'il faut penser de Tauthenticité de celte
lettre.
Il existe un ouvrage de Steller, jnriscon*
suite peu connu, auquel fa Bù graphie uni-
venelle^ t. LXXXIIl, p. 39, donne no arlicI^
Pilatus defemus^ Dresde, 1674, et 1675. I:
en parut une réfutation par Daniel Harina-
ceius, sous le masque de Mapbanatus, Leip-
zick, 1676.
Dans son Histoire des institutions de MoUt,
M. Salvador a essayé do justifier Pilaie et
lesHébreux du reproche dedéicide.H.Dopin
atné a écrit une réfutation remarquable de
ce paradoxe.
On peut consulter aussi les notes de
M. Poignet sur YHistoire de la Passion,
par Olivier Maillard (1835, in-8*), p. 85,(1
l'ouvrage de M. Jubinal {Anciennes tapitu-
ries historiées, Paris, 1838J, qui parle d(*s
Actes de Pilate, p. 685, et p. 765 d'uue !< •
gende de Pilate d'après un manuscrit de )a
ibiiothèque de Reims.
Nous avons vu un volume italien intitulé:
Raxione di staro del présidente délia Giitdta
nella Passionedi Christo^ di Ani. Mirando!a,
Bologna, 1630, in-4*. L'auteur de cet ouvraue
curieux dit que Pilate était de Lyon. Dans
YHistoire littéraire de la France^ t. XXIl,
p. 415, il est de même question de Pilate d'a-
près un manuscrit, De la destruction dt U
rusàlem.
11 existe en anglais : Life of Pontius nia-
te, 1753.
ARRESTATION DE PILATE (760).
Quand ces lettres furent parvenues à Rome,
€t eurent été lues par César, eu présence de
plusieurs personnes, la stupéfaction fut gé-
nérale, de ce que l'iniquité de Pilate avait
causé les ténèbres et le tremblement de
terre qui avait partout porté l'effroi. Et Cé-
sar irrité envoya partout des soldats avec
ordre d'amener Pilate chargé de chaînes.
Quand Pilate eut été conduit à Rome, César,
k la nouvelle de son arrivée, s'installa dans
le temple des dieux, au milieu de tout le
sénat, avec toute sa garde et tout Tappareil
de sa puissance, et il ordonna que Pilate se
(7C0) nxpiaooiç HtXdtou. Bircb, dans son Auc-
proditil en revoyant le texte sur un autre manuscrit
du même dépét (n* 929). M. Tischeiidorf l'a inséré
lEvangelia apocrypha , 1853 , p. 4i6) , en se servant
des deux manuscrits consultés par ses devanciers
et en collationnant trois autres codices, Bibliothè«^tie
impériale de P.tris, fonds Coisliii , n* H? (daté «le
i532); bibliothèque Ambroisienne à Milan, Ë, iOO
•uppl. (iocoDiplet à la Un), bibliottièfpie Saint-Marc k
tint devant. Et Ton rapporte que César lui
parla en ces termes : « Pourquoi as-tu o^é,
misérable impie, traiter ainsi cet bom-t^
que tu savais auteur de si grands prO(iig•^^*
Ton crime audacieux cause la tierte de Tu-
nivers, »
Pilate répondit : « Prince souverairi, j>
suis innocent de ce qui est arrivé ; mai^ Ui
coupables et les criminels sont les Juif$.^»
£t César I ui dit : « Quels sont doue ceoi-i^**
Et alors Pilate répondit : « Hérode, krclié-
laùs, Philippe» Anne et Ca'iphe et tout le i^^-
pie juif.--*Et pourquoi, dit César, as-tu sui^i
Venise, class. il, n* 42, {xix* siècle). On obsfnn
que cette composition présente la 6n de Piiairi» )
un autre aspect que les autres écrits aponfp^^-
Ils le font périr misérablement et le livrent act
démons ; Tauteur de ta Paradosis rppréseiiie b d«''1
du proconsul comme expiant sa faute, et l*^ nr.^.
avec sa femme Procla, au nombre des bim^'Q*
retix. La tradition, qui représente la mort drPUtf
comme le résultat d*un suicide, remonte à aitc fcji:*
antiquité. Eubèbe (Hitt, eûtes,, I. it, c. 7; U 1 ^
55, de rédition de Valois), en fait ffle»tJ0tt.(l^««'
la note de Valois sur ce passage.)
733
PIL
PART. III. ~ LEGENDES ET FRAGMENTS.
riL
751
leur conseil ?— Ce peuple. dilPilale, est sédi-
tieux et rebelle et ludocileàtn volonté. sMais
César répliqua :« Dès quMls te Teurent livré,
tu devais le mettre en sûreté et me l'envoyer,
au lieu de leur laisser cruciGer cet homme
si digne qui avait opéré de si grands prodi-
ges, comme tu le dis toi-même dans Ion
rapport ; car de semblables merveilles in-
diquent évidemment que Jésus le Christ était
bien le roi des Juifs. )»
Comme César disait ces mots et prononçait
le nom du Christ, toutes les images des dieu t
tombèrent et devinrent comme poussière, là
où sié|;eait César avec le sénat. Mais parmi
le peuple qui entourait l'empereur, tous
furent tremblants à ses paroles et à la chute
des dieux eux-mêmes; ils se retirèrent donc
tous effrayés, et chacun rentra dans sa mai-
son, altéré de ce qui s'était passé. Mais César
commanda çu*on gardAt Pilate avec soin,
a&n de savoir la vérité sur Jésus.
Elle lendemain, César se rendit au Capitole
arec tout le sénat, et essaya d'interroger
Pilate. Il lui parla en ces termes : « Dis la
Térité, misérat)le impie; la conduite infâme
c|uetuastenne en portant la mainsur Jésus et
léTidence de tes crimes sont démontrées par
lachuteet la destruction des dieux. Dis-nous
doocquel est cet homme crucifié dont le nom
seul a fait tomber tous les dieux en pous-
sière? j) Et Pilate répondit: «Tous ses pré-
ceptes sont vrais ; j'étais moi-même persuadé
d*apiès ses actes qu'il était meilleur que tou-
tes les di vini tés que nous adorons. » Alors Cé-
sar lui dit : « Pourquoi donc as-tu eu assez
d'audacepouragirainsienverscelhommeque
lu connaissais, si ce n'est que tu étais poussé
par une pensée hostile à ma souveraineté ? »
Alors Pilate dit : « C'est l'iniuuité et la vio-
lence des Juifs criminels et attiées qui m'ont
fait ainsi* agir. »
Et César transporté de colère délibéra avec
tout le sénat et avec ses confidents, et il
porta contre les Juifs un décret ainsi conçu :
'A Licianus, prince d'Anatolie, salut. J'ai
appris quelle audace ont montrée dans ces
temps-ci les Juifs qui habitent Ji^rusalem
et les villesdes environs, ainsi que leur con-
duite iniaue à ce point qu'ils ont contraint
Pilate de faire crucifier un dieu appelé Jé-
sus, et quand ils eurent commis ce crime,
l'univers enveloppé de ténèbres a penché
ms sa ruine. Ordonne donc promplement
qu'une troupe de soldats marche contre eux,
et qu*on décrète leur servitude, en vertu
des présentes. Obéis» poursuis-les, et après
les avoir dispersés chez toutes les nations,
rends-les dépendants, chasse de toute la Ju-
dée leur peuple, et qu'il reste dans l'aban-
don, puisqu'ils n'ont pas vu tous qu'ils
étaient pleins de scélératesse. »
Or, ce décret arriva promplement en Ana-
tolie, et Licianus, obéissant à la crainte c|u*il
lui inspirait, fit écouler lout le peuple juif;
quant à ceux qui étaient répandus dans la
Judée, il les dispersa dans la servitude des
nations, de telle sorte que César fut satis-
fait quand il apprit ce que Licianus avait
fait contre les Juifs dans le pays d'Anatolie.
Et l'empereur entreprit de nouveau d'in-
terroger Pilate, et il ordonna & un archonte
de lui tranchi r la tête, en disant : « De même
qu'il a porté les mains sur Thomme juste
appelé Christ, de même aussi il tombera
sans espoir de salut. »
Mais Pilate s'étant éloigné s'éleva avec
calme contre cet argument, et dit : « Sei-
gneur, ne me confonds pas dans une des-
truction commune avec ces Hébreux misé-
rables, puisQue, si j'ai porté les mains con-
tre toi , ce n est que forcé par celte foule du
Juifs qui me tourmentaient ; mais tu sais
3ue j'ai agi ainsi par ignorance. Ne me con-
amne donc pas pour cette faute ; mais par-
donne-moi. Seigneur, ainsi qu'à ta servante
Procla, placée avec moi dans ce pays d'oii
me vient la mort; c'est elle que tu as dési-
gnée pour être crucifiée, ne la condamne pas
elle aussi pour ma faute ; mais réunis-nous
et pèse-nous ensemble dans la balance de ta
justice. »
Et comme Pilate venaitde terminer sa priè-
re, voici qu'une voix descendit du ciel, en di-
sant : « Tous les peuples et toutes les géné-
rations des peuples proclameront ton bon-
heur, parce que toutes les prophéties qui
me concernaient ont été accomplies à ton
époque. Et toi même, mart^rde ma religion,
tu seras pour la dernière fois en ma présence
lorsque je jugerai les douze tribus d'is
raêl et ceux qui ne connaissent pas mon
nom. » Et l'archonte trancha la lête de Pi-
late, et voici qu'un an^e du Seigneur mon-
tra celte tête. Et Procla son épouse, à la vue
de l'ange qui était venu et qui montrait la
têle de Pilate, fut transportée de joie et ren-
dit elle-même le dernier soupir, mourant
ainsi avec son époux.
RAPPORT DU GOCVERNEDR PILATE CONCERNANT N.-S. JÉSUS-CHRIST,
envotjé à Cé$ar Auguste^ à Borne (761).
En ces jours-là, Notre-Seignour Jésus*
Curist ayant été crucifié sous Ponce Pilate,.
(761) Fâbrîcius Tut le premier qui publia {Cad,
tpocr. Nov. Tea., l. 111, p. 456) le texte grec de la
iela»ioïi (Anaphvra) de Pilale , en y joignant une
iraduciion laiiiie. Il s'élail iicrvî d'une copie faite
lï'Pfes un maiiuscrli n* 770 de la Bibliodiéquc iin-
gouverneur do Palestine et do Phénicie, lo
récit des traitements éprouvés par Jésus de
périale de Pars. Birch inséra ce texte dans son
Auctuarium, après Tavoir revu sur un manuscrit de
la bibliothèque impériale de Vienne.
M. Tisclicndorr a donné derechef ae texte en
grec dans ses Evaiigelia apocnjphaf 1^55, p. 415,
755
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
736
1h pari des Juifs fui écrit à Jérusalem. Or,
Pilale Tenvoja avec la relation de ses pro-
pres affaires à César, à Rome
On 7 lisait ce qui suit :
Au très-puîssant, très-vénérabie, très-di-
vin, et très^^redou table Auguste César, Pilate,
gouverneur d*AnatoUo.
J'ai écouté une dénonciation d*où j*ai conçu
de Ja crainte et de la terreur, tout-puissant
souverain; car dans ce ffouvernement que
j'administre, dai\s une ville appelée Jérusa-
lem, tout le peuple m'a livré un homme
nommé Jésus, en portant contre lui de nom-
breuses accusations, qu'il a été impossible
de détruire par la forcç du raisonnement.
Les Juifs Tavaient pris en haine, parce que
Jésus leur avait dit que leSabbat n'était pas
un jour de repos forcé. Or, ce jour-là il a
opéré de nombreuses guérisons, rendant la
vue aux aveugles, la marche libre aux boi-
Ivux, la vie aux morts, la santé aux lépreux ;
il guérit les paralytiques, et ceux à qui la
force manquait pour remuer ou pour se
tenir debout, qui avaient perdu la voix,
ou d'autres facultés, il leur rendit le pou-
voir de marcher, de courir, détruisant par
un seul mot leurs infirmités. Il a même rait
quelque chose de plus surprenant, qui
échappe au pouvoir de nos divinités, il a
ressuscité une personne défunte depuis qua-
tre jours, en l*appelant par une seule parole.
Ce mort avait le sang corrompu ; son corps
en pourriture était la proie des vers , et
répandait autant d*infection qu'un chien.
Quand Jésus l'eut vu couché dans son tom-
beau, il lui ordonna de courir, et celui-ci,
n'ajant plus rien d*un mort, mais semblable
è un fiancé qui sort de la chambre nuptiale,
quitta son tombeau en exhalant le plus doux
parfim.
Rt des étrangers, évidemment possédés du
démon, qui demeuraient dans la solitude,
qui dévoraient leur propre chair, qui vi-
vaient comme tes bétes et comme les rep-
tiles, vinrent à sa voix habiter les villes,
apprirent è raisonner, et se montrèrent capa-
bles de devenir sages, puissants et illustres,
eu vivant comme tous les ennemis des es-
prits immondes dont ils subissaient le fu-
neste pouvoir, et que Jésus précipita au
fond de la mer.
Dans un autre cas, un homme avait la main
desséchée, et non-seulement sa main, mais
plutôt la moitié de son corps était comme
pétriflé;il n'avait plus la forme d'un homme,
son corps était désorganisé ; Jésus le guérit
aussi d'une seule parole, et le rendit sain et
sauf.
Depuis longtemps, une femme perdait le
sang, et par celte perte, son organisation se
décomposait, ses veines étaient épuisées;
elle ne présentait plus forme humaine, et
ressemblait à une morte; la voix lui man-
quait è chaque instant, au point que tous les
médecins du temps n'avaient pu trouver sa
ap'és avoir cnllalionnc le insmiiscrit n** 7*^0 avec
quatre aiiires, Bibliothèque iropérîalc de Paris, ibid.,
luntls Coislin, cxvii , n" 029; bibliothèque Arobroi-
guérison; il ne lui restait auttune espérance
de vivre, et comme Jésus passait^ son om-
bre seule lui donna de la force ; elle s'atta-
cha par derrière au bord de son rètement ,
et à l'instant même la vigueur n^vint dans
ses entrailles, à telle point que n'éprouvant
plus de souffrance, elle se mit h courir atec
agilité vers sa patrie, la ville de Capb^naùm,
et fit le voyage en six jours.
Et ces choses que je viens d*exprimer se-
lon ma connaissance, Jésus les (il le jour du
Sabbat, et il a 0(>éré d'autres prodij^es pi <s
grands que ceux-là ; car j'ai même remar-
qué qu'il faisait des miracb s plus remar-
quables contre les dieux qui sont l'objet de
notre culte.
Et c'est lui qu'Hérode, ArchélaQs et Phi-
lippe, Anne et Caïphc m'ont amené, de
concert avec tout le peuple, en me deman-
dant à grands cris qu'il fût condamné. J'ai
donc ordonné qu'il fût crucifié après avoir été
flagellé, et je n*avais trouvé aucun motif
des accusations et des mauvais griefs dont il
était chargé.
Mais quand il fut crucifié, les ténèbres se
firent sur toute la terre, le soleil s*arrèta aa
milieu de sa course, et les étoiles se mon-
trèrent avec une clarté livide; la lune pro-
jeta une lumière comme ensanglantée. L'or-
dre de la nature fut bouleversé, le sanc-
tuaire d'un temple vénéré par les Juifs
eux-mêmes fut invisible dans celte catas-
trophe générale, et la terre entr'ouverte
retentit avec fracfts des éclats prolongés du
tonnerre.
Dans ce moment épouvantable on vit les
morts se lever, selon le témoignage même
des Juifs. On dit que dans ce nombre se
trouvaient Abraham, Isaac, Jacob et les
douze patriarches, et Moïse et Job, morts,
suivant les mêmes témoins,depuisdeuxmille
cinq cents années. Et la plupart de ceux que
j'ai vus moi-même, revêtus d'un corps, gé-
missaient sur riniquilé et la perdilioQ
des Juifs et déploraient la perte de leur re-
ligion.
Or, la terreur causée par le tremblemeot
dura depuis la sixième heure , veille du
Sabbat jusqu'è la neuvième, et quand il fut
une heure du soir, le jour du Sabbat, un
grand bruit se fît entendre dans le ciel, et ie
ciel parut éclairé auseptuplede ce qu'il aviit
été tout le jour.
Mais à la troisième heure de la nuit, le
soleil resplendissant comme il ne le fut ja-
mais, enveloppa toute la terre de sa lumière,
et de même que les éclairs brillent subite-
ment dans la tempête, de même on vit au
ciel paraître des hommes environnés de
gloire et d'éclat, en nombre inappréciable,
et leur voix s'entendait comme celle d*QQ
tonnerre immense. Jésus le crucifié se le^a,
et dit : « Sortez du tombeau, vous qui éU5
assujettis à Tempire de la mort : a et la Irr rc
s'entr'ouvrit comme un abime sans foaJ*
sienne a Milan, E, 100 suppl.; Musée bntaa8iq«<*
f'jnds llarkycn, <>3C«
757
PIL
PART. Hl. ^ LEGI*:NDES ET FRAGMENTS.
PIL
738
mais de telle sorte qae les fondements de la
Urre semblaient se confondre avec ceux qui
criaient dans lescieuxetqui se promenaient
revêtus d'une enveloppe corporelle au mi-
lieu des morts ressuscites. Mais Jésus ayant
appelé tous les morts et les ayant réunis»
leur dit : c Dites à mes disciples que le Sei-
gneur vous conduit en Galilée, là vous le
verrez. »
Or, pendant toute cette nuit, la lumière
resia éclatante, et un grand nombre de Juifs
périreot engloutis dans les abtmes de la
terre, et l'on ne put retrouver au matin la
plupart de ceux qui s'étaient acharnés après
Jésus. Quelques personnes ont vu paraître
des ressuscites que jamais aucun cle nous
n'avait encore remarqués; peut-être quelque
synagogue juive a-t-elle survécu dans cette
Jérusalem, lorsqu'elles ont toutes péri dans
cette catastrophe.
C'est pourquoi, tourmenté par la crainte,
et possédé par une terreur excessive, j'ai
présenté à ta puissance les choses que j'ai
écrites dans le moment même ; j*ai noté
les traitements infligés par les Juifs, et j'ai
envoyé ce récita ta divinité, mon souverain.
RAPPORT DE PONCE PILATE GOUVERNEUR DE JUDÉE,
$nvoyé à Ttbèr$ Céiar, à Rome (762).
An très-puissant, vénérable, redoutable
el Irfts-divin Auguste, Ponce Pilate, gouver-
neur de la province d'Anatolie.
Très-puissant souverain , poussé par la
crainte el la terreur, j'ai mis à tes pieds le ré-
cit (fune délation que j'ai écoutée, de la gra-
vité des événements survenus, et de la ma-
nièredont cette affaire s'est terminée, car lors-
que j*avais ce gouvernement, ômon prince,
suivant un ordre de tagrftoe, entre les villes
d'Anatolie, dans celle qui est appelée Jéru-
salem, où se trouve le temple du peuple juif,
toute la multitude rassemblée des Juifs m'a
amené un homme du nom de Jésus contre
lequel s*élevaient des accusations graves et
nombreuses ; ils ne pouvaient le confondre
par aucun raisonnement. Or le motif de leur
haine contre lui venait de ce qu*il avait dit
qne le Sabbat ne forçait pas au repos. Mais
cet homme opéra de nombreusres guérisons
par de bonnes œuvres. 11 rendit la vue à des
aveugles, guérit des lépreux, ressuscita des
morts, rendit la santé à des paralytiques et
la vigueur k des personnes qui n'avaient
plus de forces, qui étaient privées de voii et
dont les os étaient disloqués; il leur ren-
dit le pouvoir de se promener elde courir,
^n le leur ordonnant d'une seule parole. Il
accomplit encore un autre fait plus remar-
quable, inconnu même è nos divinités. Il a
ressuscité d'entre les morts un certain La-
xare, défunt depuis quatre jours, en invitant
d'un seul mot à s*éveiller ce cadavre rongé
|»ar les vers qui s'y élaii^nt multipliés; Jé-
sus invita donc h courir ce mort infect cou*
cbé dans son tombeau ; et, comme un fiancé
qui sort de la chambre nuptiale, celui-Ksi
quitta son tombeau en exhalant le plus
oom parfum.
Certain? hommes évidemment possédés
du démon avaient leurs demeures dans les
déserts, dévorant leurs propres membres^ et
(762) Le leiie me de cette relation a été pnlilié,
P<i0r la première foi?, par Bi'Cli , d'après un manu-
^fit de la bibliollièque d^ Vienne iiu iiv siècle,
ïliilo le mil aa jour de nouveau après Pavoir revu
■"rdetix manuscrits de la bililiolhcque i m né laie
o« Paris, d. iOI9 cl i33!. Enfin, M, Tischcndorf
vivaient comme les reptiles et les bétes fé-
roces. Jésus les amena à habiter les villes
dans leurs maisons respectives, les rendit
raisonnables, prudents et illustres, eux qui
étaient tourmentés par les esprits immon^
des ; il chassa dans une bande de pourceaux les
esprits (|ui les possédaient et les noya dans
la mer.
Un autre homme, qui avait la main dessé-
chée et ne jouissait pas de la moitié de son
corps, fui rendu sain et sauf par une seule
parole.
Une femme perdait le sang depuis long-
temps ; ses os par cette perte du sang pa-
raissaient et brillaient comme du verre, au
point que tous les médecins la déclaraient
sans espérance et l'avaient abandonnée; car il
ne lui restait plus aucune chance de salut. Et
un jour que Jésus passait elle porta par der-
rière la main sur l'extrémité de ses vêtements,
et au même instant la vigueur revint dans son
corps; elle se trouva saine et sauve comme
si elle n'avait eu aucun mal« et se mit è courir
jusqu*à sa patrie» la ville de Capharnalim.
Voilà les faits que je connais; et les Juifs
ont dit que Jésus les accomplit le jour du
Sabbat. Mais je sais qu'il fit des prodiges
plus grands encore contre les dieux que
nous adorons.
C'est donc lui qu'Hérode, Archélaiis, Phi-
lippe, Anne et Caïphe, ainsi que tout le
peuple, m'ont livré pour le condamnei ; et
comme plusieurs me le demandaient à grands
cris, j'ai ordonné quil fût crucifié.
Mais lorsqu il fut sur la croix, ]es ténè«
bres se répandirent sur tonte la terre, le so-
leil se cacna complètement et le citl s'obs-
curcit au milieu du jour, de sorte que les
étoiles se montrèrent» mais eu même temps
avec une lumière obscurcie, et comme votre
majesté le sait sans doute, on brûla des
flambeaux dans tout l'univers depuis la
Ta placé à la sufle des Evangelia apoerypha, p 420,
après avoir conitiUé deu& autres roanuscriU. Tun
de la bibliothèque cte Turin (dont le texte avait été
publié par J. FlecK, dans ses AnecàoiM, i83*,
p. i45) ; Tautre de In biblioilièque Sainl-Marc à Va-
nise, 11 r siècle.
790
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
7M
sixième heure jusqu^au soir. Mais 1» lune
comme ensanglanlée, fot lerne pendant kuUe
la nuiu et némmoins elle paraissait très-
bien. Et les étoiles et Orion gémissaient
sur les Juifs» «au sujet de Tiniquité qu'ils
avaient commise.
Mais le lendemain du Sabbat, vers la troi-
sième heure de la nuit, te soleil se montra
brillant comme il ne fut jamais, et tout le
ciel fut îlliHniBé. Et comme les éclairs bril*
lent dans la tempête, de même des hommes
revêtus de vêtements éclatants , entourés
d*une gloire inénarrable, parurent dans le
ciel, ainsi qu*un nombre inGni d*anges gui
élevaient la voix et disaient: «Gloire à Dieu
ttu plus haut des cieux , et paix sur la terre
aux homo^s d'e bonne volonté; sortez du
tombeau vous qui êtes assujettis aux léuè«
bres de la mort ; » et à leur voix, toutes les
montagnes et les collines s*agitèrent, les ro-
chers se fendirent, de grands abîmes s*ouvri«
rent dans la terre, au point qu*on vit les
portes de Tenfer.
Et dans ce moment épouvantable, on vit
les morts se lever, et les Juifs eux-mêmes,
témoins oculaires, ont dit : « Nous avons vu
Abraham, Isaac et Jacob et les douze palriar*
ches morts depuis deux mille cinq cents
ans, ainsi que Noé revêtu d*ancorpséclatant,»
et toute celle foule circulait en masse chan-
tant Dieu à haute voix et disant : « Le Sei-
gneur notre Dieu, ressuscité des vietts, a
rammé tous les trépassés et vaincu Tenler
dépouillé. »
Or, pendant toute celle nuit, tout-puissaoi
souverain, cette lumière n*a piais cessé, et un
grand nombre de Juifs périrent noyés oo
ençloutîs dans les abtmes pendant ceUe
nuit ; de sorte qu*en n'a pas trouvé leurs
cadavres ; et je dis que ceux qui avaient
parlé contre Jésus furent ainsi traités. Une
seule synagogue resta dans Jérusalem, puis-
que toutes celles qui s'étaient élevées coDtrv
Jésus ont été détruites»
C'est pourquoi, trotiblé par fa crainte, et,
plein de terreur, j*ai faU écrire sur-le-
champ et je transmets à ta puissance le récit
des traitements infligés à Jésus par tous les
Juifs. »
Terminons notre article, consacré au juge
dont l'iniquité vivra toujours dans la mé-
moj4re des hommes, en disant qu'âne tradi-
tion pofmiaire, que rien n'ai^puie, prélenii
que Pilate est né è Séville. Pour donner
plus de consistance à cette opinion, les Se-
villans ont qualifié de maison de Pilate uo
Salais construit en 1530, par le ? ice-roi de
aples, DonHenriqjue de Kibera,. après son
pèlerinage à JéPUôaJem, à rimjtaliou, dii*
on, de la maison qui lui fut montrée comme
étant celle du célèbre gouverneur de la
Judée.
PROCHORE.
(Hisloire de saint Jean VEvahgélisU par Prochore. )
Une portion peu considérable de ce récit
fnt insérée en grec avec une traduction la-
tine de Castalion dans la troisième édition
du CalecheseoSf mise au iour par Michel
Méander, h Bâie, 1567, in-8* (p. 526) ; elle re-
parut bientôtaprès dans le recueil de J.-J.Gry-
nœus, OrthodoxographOf Bâle,1569, t.l, p. 854.
Néander ne dit pas où il avait trouvé le ma-
nuscrit dont il se servit, mais qui n'était ni
fort ancien, ni de nature à donner un texte
bien correct. Cette histoire bien plus étendue,
mais sans le texte grec, se rencontre dans la
Sibliolheca Pairum de Marguerin de la Bir-
gne, (Paris, 1589, 10 vol. in-folio), et dans
l'édition plus ample de celle même Biblio*
t€ca (Lyon, 1677, t. Il, p. 46); il figure aussi
dans le livre publié par Laurent de la Barre:
HistoriavelerumPatrum {Paris, 1583, in fol).
Birch mentionne, dans son Àucluarium cod.
apocr,^ un manuscrit grec du Vatican, n*
(765) f BellairminifS quidem suspicalur hnnc
Procbori narrationcm de ri«bu8 geslis S. Joanitis
cumdeni librum e»8e qui ab Aih;ina8io in synopsi
S. Scripiurae cire itus Joannis appcllatur, qu^m
fenteniiaro etiam Vossio placerc video. Verum nûhi
Prochori liber Athan^sii asvo junior videlur, ptsi
forte ex iftiis Joannis Pr'riudis Prochurus fiffmâitta
sua pleraqtie liauserii. (Tk. lUig., DitserL de Pa-
tnbu% apoiioiUu^ p. 45.)
(704) Cest ainsi que Tappré* ient Poss^vio, Ap-
pâtai, $acr.; Baronius, ad Mariyroiog, Rom,, 27
déc., ei AnnaLf ad an, Chr,^ 44 , { 20 et 50 ; ad an.
455, dont il avait une copie, mais qull ne
jugea pas à propos de publier.
Thilo voulait comprendre le texte grec de
Prochore dans son Corpus apocryphorum;
dans ce but, il avait collationné les manos-
critsCoislin, 306, U68, 1176, 523, olim 231S,
et U5^ de la Bibliothèque impériale, au
sujet desquels il donne d assez longs détails
(Acta S, Thomœ, p. lxxix). Ajoutons que
Mingarelli a compris quelques fragments
d'un livre copte attribue à Prochore, parmi
les manuscrits égyptiens qu*il mentionoe
dans sou catalogue de la BibhotheeaNaniana^
(Bononiœ, 1785, fasc. II, p, 30â.)
L'ouvrage, mis sous le nom de Prochore, a
paru à des critiques éclairés ne pas reinoo*
ter au delà du iv' siècle de Tère chrétienne
(763). Les écrivains catholiques ne lui onl
reconnu aucun caractère authentique (764 .
Les Grecs lui ont accx)rdé plus a'aatonté, cl
92. § i ; ac/ an. 99, § 4; Bellarmln, Oe $evpior
tcciei,; Le Nourry, ApparaU ad Bibl, PairiB.
dis8. 5, p. liO; Corobtiis, Aucluar, motiuimMm*
t. I, p. 482 ; TiUeinont, Mémoirei iur fki$i, icda.*
1. 1, p. 920, 952, et bien d'auires.
Thilci, dans les Actes cités ci-dessus, sVtpriiar
en cps termes (p. tx\n) :
f ILec est nostra senteiiUa, aniiquos Jfjaonis Acio»
apocryphos, ab Ëncralis, Manich«is» et l'riKiiUs*
iiistîs laudatos, quorum, uplute êtiekoi* ler mille ^
sexcenlis consianliam, baud eiiguam fuisse s:i
mus fflolem, seriori sevo retractuiee csk, aiaat, ui
7«
/^i PRO PART, m. — LEGENDES ET FRAGMENTS. PRO
Sitnéon Mëlaphraste Ta pris pour base de sa Ephèse, dans une Vie de ce saint, en arabe,
Vie de sainl Jean. qu'a éditée Kisten. {VUœ quatuor evangelista^
Il est fait mention de Prochore» comme rumex antiquisaimo codice manuscripto eru^
disdple de saint Jean et son successeur à tœ^ Bresiau, 1609, in-folio.)
CHAPITRE PREMIER.
Il arriva qu'après l'assomption dans le ciel
de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fiisdu Dieu
virant, les disciples s'étant rassemblés à
Getbsémané, Pierre leur dit .-«Vous savez,
mes frères, comment Notre-Seigneur nous a
laissé l'ordre d'aller dans le monde entier
prêcher l'Evangile à.toutes les créatures et les
baptiser au nom du Père et du Fils et du
Samt-Esprit, et comme nous ne désirons
rien de plus que d'accomplir promptement
ce qui nous a été recommandé par le Sei-
gneur, il convient, mes très-chers frères,
que, par par la grftce de la Trinité, nous
nous appliquions à l'œuvre que le Seigneur
nous a prescrite, car il a dit : <i Je vous en-
verrai tous comme des brebis au milieu des
loups; soyez prudents comme des serpents
et simples comme des colombes, p {MaPth.
x] Vous n'ignorez pas, mes frères, que le
serpent, lorsque quelqu'un veut le tuer,
abandonne tout son orps, mais ^acbe sa
tète; de même, mes frères, exposons-nous
à la mort et ne renonçons pas è Jésus-Christ
qui est notre chef; de même les colombes
ne s'affligent pas lorsqu'on les prive de leurs
fretits et ne savent pas renoncer à leur mai-
ire.Vous savez que Notre-Seigneur et Maître
nous a dit : << Puisqu'ils m'ont persécuté,
ik vous persécuteront. » C'est pourquoi,
mes frères • il vous reste è traverser beau-
coup de tribulations, mais des biens sont
réservés à ceux qui souffrent des tribula-
tions \ cause du saint nom du Seigneur. »
Jacques, le frère du Seigneur, répondit à
Pierre et dit : « Tu as bien parlé , Pierre,
oar le temps est venu où l'ordre du Seigneur
doit s'accomplir; vous savez cependant, mes
frères, que le Seigneur m'a enjoint de rester
à Jérusalem. » Et Pierre répondit et dit :
« Nous savons tous que c'est le lieu confié
à tes soins et que tu ne dois pas t'éloigner
de Jérusalem. »
Les apôtres tirèrent donc au sort (765), et
il attribua l'Asie h Jean qui gémit beaucoup
61 qui se jeta aux pieds des frères en ver-
sant des larmes. Et Pierre, le prenant de la
main droite, le releva et lui dit : «Nous avons
tous pour toi la plus grande vénération;
nous regardons ta patience comme un exem-
ple et un encouragement pour nous tous ;
quefais*iu donc, mon frère, et pourquoi ,
troiibles-tu nos cœurs? » Et Jean répondant
i.Pierredit : « Pardonne-moi, mon père, de
Linto ping ponderis tiaberent, Proclioro, Joannis
<liscibulo ei comîii, ssppe in iis coiiiineiiionan. pio
niendacio adscriplos. Inde iisdem usi bunt Gra!Ci
^'i ^acris suis lf€tionibus, jilque Simeon Mela-
pnustci in \ita Joannis dcscribenda pi ra4ue sua
^«hocfoniebausiî. i
('65) La circonstance de ce tirage au sort se
«ouve dans d'anciens auteurs, et parait avoir clé
ce que j'ai été extrêmement troublé au mo-
ment où j*ai vu que l'Asie m'était assignée
par le sort; j'ai été effrayé des périls qui
pouvaient m'attendre sur mer, et je ne me
suis pas souvenu de la parole du Seigneur
qui m'aimait et qui a ait : « II ne tombera
aucun des cheveux de votre lète. » Excusez-
moi , mes frères et priez pour mui , attn que
le Seigneur me pardonne aussi. Je suis prêt
à aller partout où m'appellera sa volonté et
son bon plaisir. »
El tous les apôtres se levant se tournè-
rent vers l'orient, priant Jacques, le frère
du Seigneur, de prononcer la prière è la-
quelle ils se joignirent tous. Les ap6lres se
dirigèrent ensuite chacun vers le pays qui
lui était désigné, et chacun fut accompagné
de l'un des soixante -douze disciples. Moi,
Prochore, je fus signalé pnr le sort comme
devant exercer le ministère avec Tapôtro
Jean. Et nous descendîmes de Jérusalem è
Joppé où nous restâmes trois jours dans la
maison d'une veuve du pays de Tabile. Et
un navire étant venu dEt^ypte et devant
continuer son voyage vers l'Asie, nous nous
Jr embarquâmes. Lorsque nous fautes dans
e fond du navire, Jean fut saisi d'une grande
tristesse, et il dit : « Mon fils Prochore, nous .
serons en butte à beaucoup de tribulations
et à beaucoup de périls sur mer, et il ne m'a
rien été révélé par le Seigneur au sujet dd
ma vie ou de ma mort, mais vous serez dé-
livrés des périls de la mort, et nul d'entre
vous ne périra. Lorsque tu seras échappé,
mon fils, aux dangers de la navigation, va
en Asie, entre à Ephèse et attends-y pen-
dant trois mois mon arrivée; si Dieu per-
met que j'arrive pendant ce temps, nous
aurons à nous acquitter des fondions du
ministère qui nous a été confié; si les trois
mois s'écoulent sans que je revienne, re-
tourne, mon fils, à Jérusalem, auprès de
Jacques, et fais ce qu'il te commandera. »
Après que J«'an , mon roaitre, m'eut
ainsi parlé, vers la onzième heure, il s'éleva
une tempête qui brisa le navire, et nous res-
tâmes dans le plus grand péril jusqu'à la
troisième heure de la nuit; alors chacun
saisit une rame ou un fragment quelconque
pour essayer de s'échapper à la naj^e, et,
grâce à la miséricorde de Dieu, nous fûmes,
vers la sixième heure du jour, poussés à la
côte aux environs de Séloucie et à cinq sta-
des de cette ville. Nous étions au nombre de
uiiQ tradition Tort répandue. RuHn en parle dans son
Hiitoire ecclésiaUique , 1. i , c. 9. el dit que le pays
des Parlhes échul à sainl Thomas. PElbiopie à suint
MaUiiieii, Pliide ciléricnre à sainl Barlliélemy. So*
cia'e {Util,, 1. I , c. 19) el ^icépll0^e (//ûf., I. u.
c. 39) ont reproduit ce que dit Runn, (Voy. d^ail-
leurs la note de Thilo d\n% son édition des Acta
S. Thomœ^ 1823, p, ?J7.)
763
DICTIONNAIRE DES APQCRTPIICS.
TU
quaranle-deQX personnes; mais Jean ne s'y
trouvait pas. Nous restâmes longtemps éten-
dus sur la rive, accablés de froid, de fatiguç
ctde crainte et comme sans vie.et nous eoirft-
mes ensuite à Séleucie, avant perdu tout ce
que nous possédions et n ayant rien à man«
Ser. Nous demandAmes du pain que Ton nous
onna, et mes compagnons d'infortune se
soulevèrent contre moi, disant : « Quel est
cei homme qui était avec toi? C'est un magi-
cien qui, par ses maléfices, a fait périr le na-
Tire afin de *s'cnfuir après s'être emparé de
notre avoir, et tu es son complice. Remets-
nous ce magicien, ou nous ne te laisserons
pas sortir, car tu mérites la mort; dis-nous
Qoù vient cet enchanteur; nous qui étions
dans le navire, nous nous trouvons tous ici ,
et lui seul a disparu. »
Ils excitèrent ainsi contre moi les hahi-
tants de Séleucie et ils me jetèrent en pri-
son, et, le lendemain, ils me conduisirent
devant le gouverneur de la ville, qui, me
parlant avec sévériié, me dit : « D*oà es-tu
et quelle est ta religion? Quels sont tes
moyens de subsistance et quel est ton nom?
Dis-nous toutes ces choses avant que nous
te livrions aux tortures. » Je répondis :
« Je suis du pays des Hébreux , je suis Chré«
tien de reli^jion; mou nnm est Prochore;
j'ai été jeté ici par un naufrage ainsi que ceux
qui m'accusent. » Le gouverneur dit : « Com-
ment se fait-il .{ue vous vous sovez tous sau-
vés et que ton compagnon seul ne paraisse
pas; il est certain que vous êtes accusés d'ê-
tre des magiciens et d'avoir fait périr le na-
vire par vos maléfices, et, afin qu on ne vous
soupçonne pas de sortilèges, toi seul tu es
resté avec l'équipage, mais ton compagnon
s'est enfui en emportant les biens qu'il y
avait è bord; peut-être aussi que, comme
vous étiez des magiciens coupables d'avoir
fait verser beaucoup de sang, la sentence
divine a condamné ton compagnon à périr,
et toi seul tu as échappé à la mort afin de
trouver ton châtiment dans cette ville; dis-
nous donc de suite si ton compagnon a péri
on s'il s'est soustrait au danser. »
Je répondis en versant des larmes : « Je te
répondrai , au sujet des questions que tu
m'adresses, avec une franchise entière et
selon ce que je sais. Et d'abord, s'il faut
parler de moi, je ne suis pas un magicien, je
suis Chrélien et disciple de Jésus-Christ ; te
Seigneur Jésus-Christ, avant do monter au
ciel, a donné cet ordre è ses apôtres : « Allez
dans le monde entier et (irêcnez l'Evangile
à toutes créatures, et baptisez toutes les na-
tions qui voudront croire, i* Après son as-
cension, ses af)ôtres, réunis en un même
lieu, ont tiré au sort dans quelle contrée
chacun d'eux devait aller prêcher. Et le sort
ayant attril)ué TAsie à Jean, mon maître,
J|ui était avec nous dans le navire, il en
ut vivement peiné, et comme il se re-
fusa d*abord k ce qui aiail plu à l'Esprit-
Saint, il lui fut révélé qu'en punition de son
{>éçhé il éprouverait une tempête sur mer;
orsque nous fûmes embarqués , il me révéla
i l'avance ce que nous devions soulTrir et me
prescrivit de l'attendre^ Ephèse pendant trois
mois et qu'il viendrait dans cet intervalle,
s'il était encore vivant, afin d'accomplir la
tâche que Dieu lui avait confiée; il ajaou
que s'il ne se montrait pas avant Texpira-
tion du délai qu'il fixait, je devais retourner
dans mon pays. Mon maître n'est dotic pâi
un magicien { c'est un homme choisi et ins-
(tiré par le Seigneur, prédicateur întré(»i(Je
de la vérité et très-ferme dans la foi de Jésos-
Christ. »
Lorsque j'eus ainsi parlé, un nommé Se-
lemnis, qui était venu d'Antioche, fut frap-
pé des paroles que j'énonçais avec fermeté
et il demanda qu'on me laissé! me retirer,
et j*en eus la permission. Et quittant Séleu-
cie, j*arrivai quarante jours après dans qo
village qui était au bord de la mer, et, j
trouvant une fosse, j'y entrai pour me repo-
ser après les grandes fatigues que j'avais
éprouvées; et, h peine y étais-je« que je v\$
une grande tempête qui jeta un homme sur
le rivage de la mer ; j'eus grande compassion
fiour lui, car j'avais éprouvé de mon rêté
es horreurs du naufrage. Je courus vers lut,
sans savoir que c'était Jean , et , m'appro-
chent, je pris sa main et je le relevai, et il
me reconnut; je le reconnus également et
nous nous embrassAmcs mutuellement en
versant beaucoup de larmes et en rendant
grâces à Dieu qui étend sa miséricorde sur
tous les hommes et qui seul , dans sa puis-
sance infinie, les délivre des périls ;nons
restâmes quelque temps privés de la parole
Kr suite de l'excès de notre joie; quand
an fut revenu à lui , il se mit a me racon-
ter ce qui lui était arrivé et conmeotil était
ri^sté quarante jours, selon la volonté de
Dieu, ballotté par les flots le long du riva^«
et je lui fis de mon côté le récit de ce que
j'avais souffert.
CHAPITUE II.
Nous nous levâmes ensuite* et, nous
éloignant de cet endroit, nous entrâmes dans
nn village, où, ayant demandé du pain et
de l'eau, nous mangeâmes et nous bûmes,
et nous nous mimes ensuite k cheminer vers
Ephèse. Et quand nous fûmes entrés dans
la ville, nous nous arrêtâmes sur la place de
Diane où étaient les bains publics, et nous
nous rendîmes chez un homme c|ai s'appe-
lait Dioscoride. Et Jean m'instruisait eo di-
sant : «e Mon fils Prochore, que personne
en celte ville n'apprenne de toi qui nous
somuies, ni pourquoi nous sommes venus,
jusqu'à ce que Dieu nous ait révélé sa vo-
lonté et ce que nous devons suivre; mettons
seulement notre confiance en Jésus- Cliri>t
Notre-Seigneur.»Et lorsqu'il me parlait ain^i,
voici qu'une femme romaine, nommée Ko*
méca, qui étnit robuste de corps et stérile,
avait été chargée de la direction do bain, et
se fiant sur sa force, elle frappait rudement
et maltraitait les esclaves qui étaient char^H
du service du bain; de »orie qn'aacun oier*
cenaire ne vou'iatt souffrir El quand el)e
nous vit assis solitairement et la tête pen*
cbée, elle pensa que nous étions des bo0*
76&
PRO
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
7Ç6
mes dépourvus de r6$source et tombés dans
l*indigeace« et elle crut que nous pouvions
lui ^tre utiles et lui fournir nos services ^
bon compte, et elle dit à Jean . « D'où es-tu ? »
Il répondit : « Je suis un étranger, y» Elle lui
demanda : « De quel pays? » Et il dit : « De
la Judée. » Alors elle dit : « Quelle relision
suis-tu? » El il répliqua : « Je suis Cnré-
ten. B Elle demanda ensuite : « Comment
ps4u venu ici? » Il répondit : «J'ai fait nau-
frd(;^ car tel était le bon plaisir de Dieu, mais
j'en suis échappé et je suis venu en cette
▼ilie. » El elle dit ; « Veux-tu me servir et
travailler k chauffer les bains? je te fourni-
rai ce qui est nécessaire pour le besoin de
ton corps. » Il répondit gu'il le voulait bien,
et elle me dit : «c Et toi, d*où es-tu? » Jean
répondit : « Il est notre frère. » Alors Romé-
cadil: «Il sera nécessaire pour verser l'eau. »
et elle nous conduisit dans les bains, et elle
chargea Jean de chauffer la chaudière et moi
de verser l'eau, et elle nous donnait chaque
jour trois onces de pain, et elle nous pro-
mettait dans Tannée ce qui était nécessaire
à notre corps.
Le quatrième j'our après que nous fûmes
entrés en fonction, Jean, mon maître, était
occupé à entretenir le feu, et comme il s'ac-
quittait assez mal de cet emploi, Romeca
enira et, après lui avoir dit des injures et
ravoir frappé, elle lui adressa des menace^
dans le cas où il ne ferait pa$ mieux son
ouvrage. Moi, Prochore, de l'endroit où je
répandais Peau, j*entendis tout ce que Ro-
meca avait dit, et comme elle avait traité
mon maître avec inhumanité, je fus gran-
dement troublé; je me tus cependant, et je
ne proférai pas un seul mot ; mais mon
roattre sachant, par révélation, que j'étais
triste à cause de lui, me dit : « Mon fils Pro-
chore, lorsque le sort m'assigna l'Asie, mon
Âme hésita, et j'éprouvai une grande peine :
j'ai éprouvé un naufrage, et toi, ainsi que ceux
qui étaient avec nous, vous avez eu le même
sort è cause de moi ; je suis resté pendant
quarante jours le jouet des vagues irritées,
jusqu'à ce que Dieu, mon Seigneur et mon
Maître, contre lequel j'avais péché, eut bien
voulu me ramener à terre, et tu te laisserais
troubler par les paroles insultantes d'une
femme, te laissant agiter par de vaines ten-
tations 1 Marche dans l'accomplissement du
devoir qui l est imposé, et execute-le fidèle-
roenl; car Notre-Seigneur Jésus-Christ,
créateur de toutes choses, a été souiBeté et
flagellé par sa créature, et notre pieux
Maître nous a donné un exemple de pa-
tience, aûn que nous soyons résignés dans
toutes nos souffrances, selon la recomman-
dation qu'il nous a faite, lorsqu'il a dit:
you$ posséderez vo$ âmes dans la pa*-
«tence(î66). »
Jean ayant dit ces choses^ je m'occupai de
louvrafçe que Romeca m'avait commandé.
£t étant venue de nouveau, elle demanda
^Ç qui était nécessaire à nos corps. Et Jean
ait : «Nous avons en quantité suffisante ce
' P66) lue. XXI, 19.
qui est nécessaire & nos corps, et nous nous
appliquons avec zèle à Touvrage dont nous
sommes chargés. » — « Et comment se fait*
il, » dit-elle, « que chacun ici vous signale
comme des maladroits. >» Jean répondit:
« C'est que nous n'avons jamais eu à nous
livrer à une occupation de ce eenre, et qu*it
est difTicile de bien faire ce quon commence
è faire pour la première fois; mais si nous
persistons, nous deviendrons habiles : en
tout métier on ne saurait, dès le début,
agir habilement et sans commettre d'er-
reur, k
Lorsqu'il eut ainsi parlé, la femme se
retira. Mais le diable qui, dès le commence-
ment, cherche à nuire aux bons, se trans-
forma sous les trails de cette femme, et il
vint frapper rudement Jean, en lui adres-
sant de violentes injures et lui disant: « Je
t avais confié une lâche que tu n'as pas su
remplir ; je ne veux plus te garder ; fais de
plus en plus chauffer la chaudière pour que
je te jette au milieu. » Et arrachant le man«
teau qui couvrait Jean, il dit en multipliant
ses menaces : « Si tu ne veux pas que je
t'ôte la vie, sors; je n'entends pas que tu nie
serves davantage, v Mais Jean, inslruil par
Tesprit de Dieu que c'était le démon qui
habitait dans ces bains, invoqua le nom
de Jésus -Christ, et le mil aussitâl en
fuite.
Et, un matin, Romeca vint et dit i Jean :
tfOn dit que tu t'acquittes mal de ta be-
sogne, mais je sais qu'on parle ainsi afin
que je te rende la liberté , et, je n'entends
})as que tu me quittes ainsi; si tu veux l'ea
aller, je le priverai violemment d'un de ces
membres qui te sont le plus nécessaires. »
Jean ne lui répondit rien. Et alors la femme
voyant combien il était patient etrésigni^, se
mil è le presser durement vi à se fâcner, et
elle dit: «Tu n*agis pas comme mon es*
clave, mais comme un homme litire; que
réponds-tu? est-ce que tu ne reconnais pas
que lu es mon esclave ? réponds-m^i donc.»
Jean dit : «Il est vrai que nous sommes les
esclaves; j'enlretiens le feu, et Prochore
verse l'eau. » Et Romeca était alors liée avec
un homme de loi, et elle alla vers lui et lui
dit : « Mes parenls m'ont autrefois laissé des
esclaves qui, s'élanl enfuis, ont été retrou-
vés après bien des années ; mais j'ai perdu
les lilres de leur achat ; ils sont venus vers
moi, puis-je renouveler ces litres d'achats?»
Et il répondit : « S'ils ne refusent pas de
convenir qu'ils sont des esclaves que tes
f)arenl$ t'ont laissés, tu peux renouveler
es titres, eux étant présents et disant: Nous
sommes tes esclaves. »
El Jean sachant , par la révélation de
l'esprit de Dieu, ce qui se passait, me dit
« Mon fils Prochore , la femme que nous
servons veut nous faire avouer que nous
sommes ses esclaves, et si nous en conve-
nons, elle s'est déjà assurée de témoins
dignes de foi, pour recevoir notre déclara-
tion, et elle aura un acte authentique oui
m
DICTIONNAmE DES AFOCRYPHES.
rcs
nous mettra en sa servitude. Ne fafilige pas
de cela, mon fils, mais réjouis-toi de ce que
nous avons été jugés dignes de souCfrir
Toutrage pour le nom de Jésus-Christ. » Et
tandis que Jean me parlait ainsi, voici que
Romeea vint, et elle prit Jean par la main, et
elle se mit à le battre, et elle dit : « Esclave
fugitif, pourquoi, lorsque ta maîtresse vient,
n'accours- tu pas au-devant d*elle et ne la
reçois-tu pas avec le respect que tu lui doisT
Tu crois pouvoir retrouver la liberté, mais
tu resteras soumis à ta maîtresse ; » et elle le
frappait au visage pour Teffrayer et pour
qu il nt sa volonté , et elle disait : «Est-ce
que tu ne me répondras pas? est-ce que tu
n*es pas mon esclave?»
Jean lui répondit: «Je t'ai déjà dit que
nous étions tes esclaves ; j*allume le feu, et
Prochore verse Teau. » Uomei;a répondit :
<« De qui es-tu IVsclave, esclave fugitif? » Et
Jean dit: « Pourquoi veux-tu que nous di-
sions de qui nous sommes esclaves ? i> El
elle dit : « Dites, nous sommes tes escla-
ves.» Ft Jean dit: «Nous t*avons déjà dit,
et nous reconnaîtrons par écrit, que nous
sommes tes esclaves. »— « Je veux, » dit-elle,
« que ce soit attesté par votre aveu devant
trois témoins. »Et Jean répondit : « Ne diffère
pas, aujourd'hui même nous ferons ce que
tu demandes. » El Romeea, .sortant du quar-
tier du temple de Diane, nous conduisit
devant des témoins, et fit mettre nos décla-
rations par écrit, et nous chargea chacun
d'une besogne particulière. Kl maintenant
•parlons de ces bains.
CHAPITRE 111.
Lorsqu'on les construisit, on dit que les
démons déployèrent eu cette occasion tous
leurs artifices, car, au moment où Ton en
creusait les fondements, ils persuadèrent h
quelques enchanteurs d*y iaire ensevelir
vivante une jeune fille, et ils dirent aue cela
porterait bonheur à Tédifice , mais il en ad-
vint tout autrement ; car le diable séjournait
en ce lieu et il se jouait des hommes, et trois
fois dans Tannée, il étoufi'ait dans ces bains
un jeune homme ou une jeune fille. Un ha-
bitant d*Ephèse, nommé Dioscoride, avait
observé à quelle époque ce malheur se re-
nouvelait habituellement. Il avait un fils
Agé de vingt ans et d*une grande beauté ; le
démon lui tendait des embûches, dierchant
è l'étrangler. Il vint un jour aux bains ac-
compagné de ses serviteurs, et j'étais là,
tenant le \ase nécessaire pour remplir mes
fonctions. Mais le démon immonde s'élan-
çant subitement, Tétraii^la et retendit mort,
et SOS serviteurs se relirèrent plei s d'elfroi
et de di'solaiion, disant: «Hélas! malheu-
reux que nous sommes, que ferons*nous,
car notre maîire est mort? r Et lorsque Ro-
meea apprilcela, elle dénoua les rubans qui
ornaient sa tète, et elle s'arracha les che-
veux, et elle poussait de grands cris, disant:
« Malheur à moi, misérable 1 que dirar-je à
mon seigneur Dioscoride lorsqu'il appren-
dra que son fils unique est mort? O grande
Diane des Ephésicns, viens à notre aide;
montre ta puissance à l'éçard de ce ieune
homme; nous tous, habitants d'Ephèse,
hommes ou femmes, nous reconnais^oDs
que tu gouvernes toutes choses, et d.-
grands prodiges s'accomplissent par ton
entremise ; écoute ta servante, et rends le
fils de mon maître, afin que tous ceux qui
espèrent en toi sachent combien ton pou-
voir est étendu; rends -nous ce jeune
homme et répare ce malheur, parce que
tu es la déesse véritable, et qu il n'y a pat
de dieu plus i>uissant que toi »
Et après qu*elle eut arraché ses cheveux,
et Tut restée dans cette désolation depuis la
troisième heure iusqu'à la neuvième, une
grande foule s'était rassemblée; les uns
pleuraient le jeune homme, cl les autres
s*afiligeaient à cause de Romeea.
Et tandis que cela se passait, Jean ayant
accompli sa tâche, vint à moi et me dit:
« Mon fils Prochore, que dit-on de cet évé-
nement?» El quand Romeea vil que nous
parlions ensemble, avant que je n eusse eu
le temps de répondre, elle -vint et sai^a
Jean, et elle lui dit: «Esclave fu^tif, le>
maléfices dont tu as usé depuis le jour que
tu es venu auprès de nous sont enfin dé*
couverts ; c'est à cause de toi que la grande
Diane m*a abandonnée. Ou tu me rendr^^
le fils de mon maître Dioscoride, ou je t*A(erai
la vie à cette heure. » Jean répondit : «Qui
est-ce qui t'est arrivé, maîtresse? racome-
le moi. » Elle^pleura de fureur, se mit à le
frapper et à dire : « Méchant serviteur,
prompt à manger et paresseux quand il fati
travailler, est-oe que tous les habitants d'E-
pbèse ne savent pas ce qui est arrivé, et que
tu es venu vers moi, et tu te réjouis en
m'insultant et en feignant d'ignorer que le
fils de Dioscoride, mon maître, est mort dans
les tjains?» Alors Jean s'éloigna d*el!(*,
n'ayant aucun ressentiment ni aucune peioe
pour ce qu'il avait éprouvé, et, un mouient
après, il entra dans les bains, et il en cbas>d
Tesprit immonde, et par la puissance de
Jésus -Christ Notre -Seigneur, il rappeia
TAme dans le corps du jeune homme, et il
sortit des bains, tenant ce jeune homme par
la main, et il le conduisit à Romeea, et il
lui dit : « Reçois le fils de ton maître.*
Quand elle le vil, elle fut frappée de ter-
reur, et elle tomba à terre comme morte ci
privée de sentiment. Jean la prenant par U
main, la releva doucement, et elle était tel*
lement troublée à Taspect d'un aussi granJ
miracle, qu'elle resta immobile comme une
pierre, et que ce ne fut qu*après un espace
de deux heures qu'elle reprit tout à fait ses
sens. El elle n'osait regarder le vîsai;e de
Tapôtre : mais, remplie a*une confusion ex-
trême, elle pensait en elle-même :« Com-
ment oserai-je lever les yeux sur celui dont
j*ai fait mou esclave lorsqu'il ne rétsil 1^5.
et contre lequel j ai avancé des mensonges*
il ne méritait aucun mauvais Iraiiemeut* n
je le frappais sans cesse. 0 malheureu^^c !
qu'ai-je Ifaii? ô mortl je l'invoque, viens r»
absorbe une misérable telle quemoi. «l-i
derechef; tombant en pâmoison, clic se j(^>
769
PRO
PART. III.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
770
par terre ; et Jean, la voyant ainsi changée,
la prit par la main, la releva et la munit du
siç;ne Je la croii sainte. Et revenue h elle,
elle tomba aux pieds de Tapôtre en pleurant,
et en disant : « Je le le demande avec ins-
tance, dis-nous qui tu es, car je suis sûre
que tu es dieu ou fils de dieu, puisque tu
opères de tels prodiges. «
Jean lui répondît: a Je ne suis ni dieu,
ni Ois de dieu, mais je suis le disciple
du Seigneur Jésus- Christ, Fils du Dieu
vivant, et j'ai reposé sur sa poitrine, et j'ai
entendu de lui les mystères que je l'an*
nonce; si tu crois en lui, lu seras sa ser-
vante, comme je suis son esclave.» Alors
Romeca, couverte de rougeur et de honte,
dit à TapAtre Jean : « Himirae de Dieu, je te
prie d'oubtier tous les torts q.uej*aiensà
ton égard ; pardonne-moi de l'avoir frappé,
maltraité et injurié, et surtout de ce que,
usant de faux témoignages à ton égard et à
celui de ton compagnon, j'ai menti, car j'ai
dit que vous étiez mes esclaves.» Jean lui
dit : «Crois au Père, au Fils et au Saint-Es-
prit, et tes fautes le seront remises. »
Romeca répondit è l'apôtre: « Homme de
Dieu, je crois tout ce que j'entendrai de ta
bouche. 9 Et tandis que cela se passait, une
fou^e très-nombreuse s'était réunie, et un
des serviteurs de Dioscoride courut lui an-
noncer ce que Jean, l'homme de Dieu, avait
accompli, et comment son fils était mort dans
le bain, et comment Jean Tavait ressuscité,
et comment une grande multitude de peuple
Tenibrassait revenu à la vie. Lorsque Dios-
coride apprit la mort de son fils, saisi aus-
sitôt de douleur et d'effroi, il expira. Kl celui
qui lui avait apporté celle nouvelle revint
aux bains où Jean enseignait, et où était
éc^alement le fils de Dioscoride, et il s'écriait:
■ Hélas I Dioscoride, mon mat:re, est mort.»
Lorsque Théon, fils de Dioscoride, eut
appris le trépas de son père, il se leva aus-
sitôt, et, quittant Jean, il courut vers son
père, et il le trouva sans vie, et étendu par
terre. Et il retourna vers Jean, livré à une
ioière douleur, et se jetant aux pieds de
Vapôtre, il dit: « O bonmie de Dieu, toi
()ui m*as rappelé à la vie après ma mort,
je te conjure de venir à mon secours, car
luon père a expiré aussitôt qu'il a appris ma
mort; ne force pas celui que tu as arraché
au trépas d'éprouver de nouveau la mort en
succombant à sa douleur. » El Jean, qui é:ait
plein de bonté, lui dit : « Ne te troubles pas ,
ô Théon, car la mort de ton père sera la vie
pour lui et pour toi. » Et prenant Théon par
la main, il lui dit: «Allons vers ton père
Dioscoride. » Romeca le suivait, ainsi qu une
grande foule de gens livrés à la douleur et
versant des larmes. Et Théon introduisit
Jean auprès deson père, et Jean, lui prenant
la main, lui dii: « Dioscoride, lève-loi, je te
le dis au nom de Noire-Seigneur Jésus-
^brist,Filsdu Dieu vivant ;»etaussitdlDios-
îiovide se releva plein do vie ; et la foule
des assistants, ayant vu ce miracle, louait Fa
grandeur de Dieu; mais il y en avait parmi
eux qui disaient que Jean était ma^irien ;
d*autres, d'un jugement plus sain, affirmaient
que les magiciens n'avaient pas le pouvoir
de ressusciter des morts.
Lorsque Dioscoride fut revenu h lui, il
dit à Jean : « N'est-ce pas toi, homme de
Dieu, qui as ressuscité mon fils d'entre les
morts? » Jean répondit : « Ce n'est ftas moi
qui Tai ressuscité, c'est Jésus-Christ, Fils
de Dieu, qui prêche par ma bouche, qui l'a
ressuscité. » Et aussitôt Dioscoride, tom-
bant à ses pieds, dit : « Que faut il que je
fasse pour que je sois sauvé et que jo de-
vienne l<î serviteur de Jésus-Christ, Fils de
Dieu ? l'Jean lui répondit : ^Crois au nom du
Père, et du Fils et du Saint-Esprit, et reçois
le baptême. » Et Dioscoride dit à Jean :
ff Mon fils et moi, nous remettons en tes
mains tout ce que nous possédons. »
Jean répondit : « Ces biens terrestres ne
sont nécessaires nia mon Dieu, ni à moi.» Et
depuis cette heure Dioscoride et Théon sui-
virent Jean ; il les enseignait, disant : a Dieu
qui étend sa miséricorde sur tous, a envoyé
sur la terre sofi Fils qui est né de la Vierge
Marie, qui a soufifert, qui est mort et qui a
été enseveli, qui est descendu aux enfers,
et qui, en arrachant les fiJèies et triomphant
de la mort (767), est ressuscité le troisième
jour; après sa rc'surreclion, il a apparu pen«
dant quarante jours à nous, ses douze apô-
tres ; il a mangé et bu avec nous, et il nous
a commandé d aller prêcher l'Evan^i'e dans
le monde entier; il nous a donné puissance
sur toutes choses, nous mettant à même de
guérir toutes les maladies, de ressusciter les
morts, de chasser le démon , et de baptiser
les hommes pour la rémission des péchés.
Et non-seulement il nous a accordé cette
puissance, maisil l'a aussi donnéeà ceux qui
croient en lui par notre prédication, et sur-
tout è ceux qui, distingués par la ferveur
de leur zèle, seront aptes à nous seconder
dans le saint ministère. Ceux qui ue croient
pas seront condamnés. »
Et Jean ayant terminé son discours, Dios-
coride et son fils s'a}mrochèrent de lui, le
priant de les baptiser. El Jean leur dit : aQue
Dieu te reçoive ainsi que ton fils. »El tandis
qu'il parlait encore, voici que Romeca ap-
porta les actes qu'elle avait fait dresser pour
constater notre servitude, et elle les remit à
mon maître Jean, et il les déchira aussitôt. Et
ensuite il baptisa Dioscoride dans sa mai-
son, ainsi que son fils Théon, et Romeca. Et
lorsque nous sortions de chez Dioscoride,
nous vînmes aux bains où nous avions été
employés comme esclaves, et Jean chassa de
tout le territoire l'affreux démon qui ava t
étranglé Théon, et Dioscoride nous ramena
ensuite en sa maison, et nous nous mtmes
à table, rendant grâces èi Dieu ; nous man-
geftmes et nous bûmes, et nous restftmes
avec lui jusqu'au soir.
(767) H est inutile de faire observer que ce passage rappelle les récits conicnus dans rEvaogile df
AioMlèiue.
771
DICTIONNAIRE DES AlHKilYPHËS.
**4
CHAPITRE IV.
Le lendemain matin toute la ville (l*Epbèse
eélébrait laf&te de Diane, et la foule se ren-
dait au temple où Tidole de Diane s'éle-
vait à une grande hauteur. Jean vint et
Dnonla au temple, et il se plaça à la droite
de ridole, et tes habitants venant pour sa-
crifier étaient revêtus de robes blanches ;
Jean qui avait gardé les vêtements salis avec
lesquels il travaillait dans les bains» se fai-
sait reman]uer, et les Ephésiens, remplis
d'indii^nation et de colère, prirent des pier-
res pour les lui jeter, mais, par la puissan-
ce divine, les pierres quUls lançaient contre
Tapôtre, se dirigeaient contre la statue de
Diane, de sorte qu'elle fut toute brisée; et
eux, voyant qu'aucune des pierres qu'ils
lançaient, ne pouvait loucher Jean, grin-
çaient des dents, et plusieurs de ceux qui
voyaient ce spectacle riaient.
CHAPITRE V.
Lorsqjue Tidole se fut brisée en tombant,
Jean dit aux Ephésicns : « Hommes d'Ë|ihô*
se, pourquoi vous livrez-vous à de pareilles
folies en rendant un culte aux démons et
en abandonnant le vrai Dieu, auteur du
inonde entier et votre créateur?» Dieu pro-
tégeait alors son apôtre Jean contre la colère
desEphésiens, et aucun d'entre eux ne pou-
vait mettre les mains sur lui; et Joan leur
dieait : « Voici que votre déesse est détruite,
et qu'elle a été brisée par les pierres que
vous vouliez lancer contre moi; relevez*la
et rétablissez-la, comme elle était et, si elle
C quelque pouvoir, priez-la d'exercer sa
vengeance contre moi qui ai été la cause de
sa ruine ; qu'elle donne quelcrue témoignage
de sa puissance qui m'amène a croire qu'elle
est une déesse ; autrement il sera évident
que votre déesse n'a aucun pouvoir.»
Les Ephésiens, entendant ces paroles, fu-
rent remplis de fureur, et ils voulaient de-
t^chef jeter des pierres à l'apôtre, mais
les pierres retombaient sur eux, et ils se
blessaient mutuellement. Et Jean, les voyant
animés d'une rage comme celle des démons,
et se frappant les uns les autres, leur dit:
< O hommes d'Ephèse, pourquoi exercez-
vous votre fureur les uns contre les au-
tres? arrêtez-vous et voyez la terrible puis-
sance du vrai Dieu que vous provoquez
contre vous par vos excès ; car vous regardez
Comme de la folie la parole que je vous ai
apportée pour votre salut; arrêtez-vous donc,
et regardez avec attenlion. »
Alors l'apôtre étendit sa main vers l'O-
rient en gémissant, etildit:«Seigneur Jésus-
Christ qui agis selon ta miséricorde et ta
compassion, montre à ces hommes aue tu
es le vrai Dieu et qu'il n'y a pas d autre
pieu que toi. » Et quand il eut parlé ainsi,
il se ut un grand tremblement de terre, et
quatre-vingts hommes périrent, et les au-
tres, voyant ce qui s'était passé, tombèrent
aux pieds de Jean, disant : « Seigneur, nous
te prions de faire revenir ces morts à la
vie, et nous croirons en ton Dieu que tu
nous prêches. » Jean leur répondit : « Hom-
mes d'Kpbèset vous avez le cœur dur et leot
à croire au vrai Di6a;je sais que, si ces morts
Ressuscitent, votre ccwr restera endurci,
ainsi que t'a été celui de PbariOQ après qoil
eut vu des miracles et des prodiges. » Toute-
fois les Ephésiens persévéraient à le prier eo
faveur de ceux qui avaient péri et ils se
prosternaient devant l'apôtre. Alors Jean, se
rendant à leur demande, leva le^ yeux bm
ciel, et resta longtemps dans le silence, en
gémissant et en versant des larmes, et il
dit : 8 Seigneur Jésus-Christ, qui es toujours
le vrai Dieu avec le Père, toi qui es des-
cendu sur la terre, pour sauver le genre
humain, écoute les prières de ton serviteur
qui t'implore, et remets les péchés de tud
f peuple; fais que ceux qui sont morts en ce
ieu reviennent à la vie, afin qu'ils apprennent
que tu es le Dieu véritable, et qu'ils croient
en toi qui m'as envoyé, et accorde-moi, è
ton serviteur, le don de leur prêcher fidè-
lement ta parole. » Et quand Jean, le ser-
viteur de Dieu, eut parlé ainsi, le trem-
blement de terre cessa, et les morts qui
gisaient par terre se relevèrent, et tombant
aux pieds de Jean, ils voulaient l'adorer;
mais Jean se mit à leur annoncer la divi-
nité unique du Père,du Filsetdu Saint-Esprit
qu'ils devaient adorer, et que les trois per-
sonnes n'ont qu'une seule substance, et il
leUr enseij^na beaucoup d'autres choses que
nous omettons d'écrire dans ce livre.
CHAPITRE VI.
Dioscoride nous conduisit ensuite cnez
lui et, après y être restés quelque temps,
nous nous rendîmes en un ondroit qui e^t
appelé le rempart do la ville, et nous y
trouvâmes un homme qui était hoitecx et
paralytique depuis douze ans et que son
infirmité mettait hors d'état de se mouvoir;
lorsquil vit Jean, il se mit à crier à haule
voix : « Aie pitié de moi, Jean, apôtre du
Dieu vivant. » Et Jean reconnaissant qu'il
avait la foi, lui dit : « Au nom du Père,
et du Fils, et du Saint-Esprit, lève-toi, »
et aussitôt le malade se leva, parCaiitement
guéri.
CHAPITRE VIL
Hais le démon qui habitait dans le tem-
ple de Diane, voyant ce qu'avait fait Jean
et que l'idole était brisée et qu'il avait été
expulsé de la ville, prit la forme d*ua soldât
ayant en sa main des papiers, et il s*is$it
en un lieu élevé, et il criait avec force et
il pleurait. Deux soldats passèrent par làr
et vo;fant un homme revêtu du costnnîe
militaire qui criait et qui pleurait, ils s'ap*.
prochèrent en disant : « Ami, qu*as-tu, et
quelle est la cause de ta douleur? > Lui
ne répondait rien, mais il continuait se$ e\«
clamations, et répandant toujours des nleurs,
il tenait des papiers falsiliés. Et ils lui di-
rent derechef : « Apprends-nous le motif
de ton trouble, et si nous le pouvons, nous
y porterons remède. »
Continuant de gémir et de manifester la
plus vive aiQiction, il répondit : « Je sui>
75
PRO
PART. 111.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
774
accablé de désespoir et je son^e à me donner
ta mort. Si tous voulez venir à mon aide»
je vous raconterai tout ce qui m*est arrivé ;
si vous ne le voulez pas» pourquoi vous
revélerai-je lé secret de ma mort ? 9 Les
si^ldals lui répondirent : « Ton aspect et ton
costume montrent que lu es un homme ho-
norable; tu peux savoir si nous sommes
en mesure de te secourir ou non. » Le
démon leur répondit : « Vous le pouvez •
Et les soldats lui dirent alors : « En quoi
pouvons-nous t*assister? » Le démon leur
dit : « Jurez-moi par la grande Diane que
vous ne me refuserez pas votre secours, et
je vous raconterai tout ce qui m*est arrivé»
et montrez-vous bienveillants à mon égard»
car je suis un étranger ; je vous en aurai
une reconnaissance infinie, et vous m*aurez
sauvé la vie. » Les soldats jurèrent de Tas*
sister dans son infortune et de lui prêter.
tout leur appui. Alors le démon leur mon-
tra des anueaux d*or et leur dit : ^ O mes
amis fidèles, voici ce qui vous est réservé
pour vous dédommager de vos peines. « Les
soldats redoublèrent d'instances auprès de
lui et lui disaient: «Raconte-nous, ami»
la suite de tes malheurs. » Alors le dé-
mon, en pleurant et en hurlant» leur fit
le récit suivant :
« Je suis arrivé de Césarée ; le gouverneur
de Jérusalem avait confié à ma garde deux
magiciens» Tun s'appelait Jean et l'autre
Prochore. Je les gardai trois jours en prison;
le quatrième jour, ils furent conduits devant
le juee et ils furent convaincus d'avoir com-
mis des crimes nombreux. Le juge voyant
aueile était leur scélératesse» ne voulut pas
décider lui-même de ce qu'il fallait faire à
d'aussi grands coupables et il ordonna qu'ils
fussent ramenés en prison. Je les j condui-
sis, mais ils trouvèrent moyen de s'évader»
et le juge l'ayant appris» m'ordonna de me
mettre à leur poursuite» m'annonçant qu*ii
me pardonnerait, si je les retrouvais, mais
que si je ne les ramenais pas» il faudrait
que je subisse la mort oû que je ne revinsse
jamais en Judée. Je sais quelle est la co-
lère qui anime le juge contre ces malfai-
teurs, et je n'oserai jamais reparaître devant
lui si je ne les ramène pas. » Et le démon
leur montra derechef des anneaux d'or di-
sant : « Void ce que j'ai emporté de mon
pays avec moi afin de ne pas être sans res-
sources, » et il montra des actes supposés
qu'il disait contenir leurs aveux ; il ajouta
qu'il avait entendu dire à beaucoup de gens
que les fugitifs étaient à Ephèse; « c'est
pourquoi, dit- il, j'y suis venu comme un
exilé, abandonnant mon pays, ma femme et
mes enfants. Je vous prie donc, vous qui
voulez bien ra'accorder votre amitié» de ne
pas refuser votre appui à un malheureux
et de ne pas me priver de votre assis-
tance. >
Les soldats lui répondirent : « Ne te laisse
pas accabler par la douleur et no te fais
aucun mal à toi-même. Ces magiciens sont
ici, et nous te prêterons notre secours pour
que tu te saisisses çi'eux. » Le démon ré-
pondit : « Je n'ose pas me montrer à eux
cai le crains quMls ne m'échappent encore
par les ressources de leurs sortilèges» mais
TOUS» 6 mes amis» attirez-les plutôt dans
quelque lieu écarté» et tuez-les sans que
personne le sache. « Mais ils lui répondi«
met : « Il vaut mieux que nous les remet-
tions entre tes mains; car si nous les tuons,
comment pourras-tu retourner en ton pays?»
Le démon dit :« Tuez-les, 6 mes amis; je
n'ai plus aucune envie de revenir, » et il
en fit tant par ses paroles aue les soldats
lui promirent de les tuer a condition de
recevoir* pour leur récompense» les anneaux
d*or çiuMl avait avec lui.
Mais Jean connut toutes ces choses par
la révélation de l'Esprit de Dieu, et il sut
tout ce que le démon immonde machinait
contre nous, et il me dit : « Mon fils Pro-
chore» sache que le démon qui habite dans
le temple de Diane a suscité deux soldats
contre nous et qu'il leur a dit beaucoup
de mensonges. Dieu m'a fait savoir tout
ce qu*il a dit. Maintenant sois ferme et pré-
pare ton âme à la tentation, parce que le
démon dirige contre nous beaucoup de ma-
chinations et qu'il nous fatiguera par des
tribulations multipliées. » Et lorsque l'a-
pôtre eut dit ces paroles, les soldats vinrent
et se saisirent de nous» et Dioscoride était
alors absent. Et Jean leur dit : « De quoi
nous accusez-vous, et pourquoi voulez-vous
vous emparer de nos personnes? » Ils ré«
f>ondirent : < A cause de vos nombreux ma-
éfices; » et Jean dit : « Qui est-ce qui est
notre accusateur ?» Et ils dirent : « Laissez-
vous conduire à la prison, et vous verrez
ensuite quel est votre accusateur. » Alors
Jean dit : « Vous ne pouvez, ni ne devez
exercer aucune violence contre nous» » mais
ils commencèrent à nous frapper et nouscon-
duisirentdansla maison d'un habitant de la
ville, ayant le dessein de nous tuer» selon
la promesse qu'ils avaient faite au démon.*
Romeca, sachant qu'ils s'étaient emparés de
nous» accourut auprès de Dioscoride, lui
racontant ce qui se passait. Et Dioscoride
vint aussitôt, et il nous délivra de leurs
mains» disant : « II ne vous est pas permis
de mener en prison des hommes contre
lesquels il n'y a aucune accusation ; ils sont
avec moi dans ma maison; si quelqu'un
veut les accuser» qu'il vienne» afin qu'ils
soient jugés selon les lois. > Alors les soldats
dirent entre eux : « Allons et amenons leur
accusateur qui exposera devant le juge ses
justes sujets de plainte. Nous ne serions
guère écoutés» Dioscoride s'opposant à nous»
et nous aurions de la peine à l'emporter
sur lui. M Ils revinrent donc k l'eiulroit
où ils avaient d'abord rencontré le démon;
et ne le trouvant pas, ils furent tout trou-
blés et saisis d'inquiétude» et ils disaient :
« Comment ferons-nous, puisque nous ne
le retrouvons plus? Si Dioscoride trouve
que nous n'avons pas dit la vérité et si
nous sommes hors d'état de prouver ce que
nous avons avancé, il pourra, comme il pos-
sède une grande autorité» nous faire châtier
775
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
TA
très-sérèrement. I» El tandis qu*iis parlaient
ai'isi, le démon vint à eux, revêtu comme
(précédemment d'un costume militaire, et il
eur dit en les réprimandant : « Vous man-
quez de courage pour me servir. » Mais il
lui racontèrent tout ce qu ils avaient fait,
et comment Dioscoride nou3 avait délivrés
d'entre leurs mains, et ils dirent : « Si tu
vior.s avec nous, il faudra bien qu*on nous
les r*»nd«, »— oAllons,» dil-il, et ilallait der-
rière eux, criant et hurlant; la foule s'at-
troupa autour d'eux, et le démon racontait
tout ce q'J*il avait déjà dit aux soldats, et
les soldais coidinnaient son témoij^nage, et
les auditeurs furent tO'is remplis de colère,
et il y avait parmi eux beaucoup de Juifs.
Et ils se rendirent à la demeure de Dios-
coride, frappant fortement aux portes et
criant: «Livre-nous ces magiciens, ou nous
mettons le feu à ta maison, et nous te fe-
rons périr, toi et ton Hls.» £t la ville entière
était soule?ée et criait : « Remets-nous ces
malfaiteurs ; lors même que tu serais le
gouverneur» tu n'aurais pas le droit de les
protéger. »
Jean, voyant tout ce tumuite, dit è Diosco-
ride : « Nous méprisons les biens de ce
monde, et nous n'avons aucun attachement
pour nos l'orps ; Jésus-Christ est notre vie,
et la mort est f)0ur nous un proQt ; notre
Maître nous a enseigné h porter chaque jour
notre croix et è le suivre ; livre-nous donc
au peuple. » Dioscoride, entendant ces pa-
roles, répondit à Jean : «c Que plutôt ma
maison soit détruite par le feu, et que mon
fds et moi, nous vous suivions afin de ga-
gner Jésus-Christ, p Jean répondit : «c Ni
toi, ni ton fils, ne devez à cette heure souf-
frir le moindre mal, et pas un des cheveux
de votre tète ne doit périr : livre-nous à cette
foule. » Dioscoride répondit : « Si je voua
livre, je livrerai aussi mon fils. > Jean dit :
« Il est heureux que cette foule se soit ras-
semblée, car ce rassemblement produira de
grands t)iens ; laisse-nous sortir en sûreté ;
reste dans ta maison avec ton fils, et vous
verrez la gloire de Dieu. » Et aussitôt que
nous fûmes sortis, la foule se saisit de nous
et nous conduisit au temple de Diane. El
lorsque nous fûmes arrivés au temple, Jean
dit a ceux qui nous tenaient : « Haljitants
d'Ephèse, quel est ce temple? n Et ils ré-
pondirent : « C*est le templo consacré à
Diane, notre grande déesse. » Alors il dit ;
« Ri3Stons-y un peu ; je me réjouis beaucoup
d'y avoir été conduit. » Et quelques-uns des
assistants disaient : « Il est avantageux pour
nous d'être ici, puisque Jean lui-même en
convient. » Ils s'arrêtèrent donc, et Jean
pria et dit : « Seigneur Jésus, que ce temple
s'écroule et tombe entièrement, et que per-
sonne ne périsse ou ne soit blessé dans sa
tbute. »
Et aussitôt le temple s'écroula , et per-
sonne n*eut le moindre mal. Alors Jean se
retourna vers le démun qui habitait en ce
lieu, et lui dit : tf Pendant combien de temps,
esprit impur, es-tu resté dans ce temple? »
Et le démon répondit : « J'y ai fait mon do-
micile pendant deux cent quarante an<. •
Et Jean lui dit : « N'est-ce pas toi qui a«
excité contre nous des soldats et qui as Un
soulever le peuple? » Et le démon en coa*
vint. Alors Jean lui dit : « Je tecoromanie
au nom de Jésus-Christ te Nazaréen de ne
plus habiter dans ce temple. ^ Et au ^\u)[
le démon sortit de la ville d'Ephèse. Et tous
les habitants furent frappés de surprise, el
ils se disaient entre eux : « Nous ne savons
par quel artifice cet homme a fait ces choses,
mais il faut que nous le conduisions au j.i^ip
de la ville, et qu'il soit puni selon la loi.» Et
un d'eux, nommé Marnon, de race juive,
dit: 0 Je sais qu'il est un magicien ainsi que
son compa^inon, et qu'ils ont commis beau*
coup de méfaits; il convient donc qu'ils p»S
rissent comme des malfaiteurs, a Et Marnon
exhortait tes assistants, non à nous faire ju-
ger, mais à nous mettre immédiatement )
mort, avant que nous eussions été men-s
devant le juge ; la foule s'y refusa cependant
et nous amena devant le juge, qui dit : « De
quel crime sont accusés les nommes que vous
m'amenez? > Et les assistants répondirent :
fi Ce sont des magiciens et des malfaiteurs. •
Le juge dit alors : « Qu'est-ce qu'ils ont
effectué par leur art magique? » Et Marnon
dit qu'ils avaient par leurs sortilèges ren-
versé le temple de Diane, et qu'un soldat
qui était venu de Jérusalem, les accusait et
les connaissait comme étant des magiciens
et qu'il avait leurs aveux à cet égard. Et le
juge répondit : « Que ce soldat vienne et
qu'il nous fasse connaître la vérité. » Et il
nous fit charger de chaînes et renfermer dans
la prison. Les soldats parcoururent toute
la ville pour retrouver celui qui leur avait
l^arlé, mais après trois jours, n ayant pu le
découvrir, ils revinrent vers le juge, disant:
« Nous ne pouvons rencontrer cet homme
qui a une connaissance certaine de leurs
maléfices. » Le juge dit : « Nous ne pouvons
punir des étrangers contre lesquels il ne se
présente ni accusateurs ni documents, et
nous ne saurions les retenir en prison. • Il
ordonna donc que l'on nous tirAt dn cacli^'t
où nous étions, et nous fit des menaces, nous
ordonnant de sortir &e la ville. Et les habi-
tants nous poursuivirent, et nous nous reti-
râmes sur le rivage de la mer, à reodroit
oiï Jean avait été jeté par la tempête, etnous
y restâmes trois jours, et il nous fut ensuite
permis de rentrer à Ephèse.
CHAPITRE VIU.
Sur ces entrefaites, Domitien suscita .1
seconde persécution, et tandis que Jean était
à Ephèse, Tempereur adressa au proconsa!
de cette ville une lettre, disant : « Nous
avons appris qu'il y avait chez vous un
nommé Jean, fils de Zébédée, qui passe pour
Chrétien et pour le disciple de ce Nazaréen
que les Juifs ont crucifié à cause de sri
crimes; qu'il renonce à son erreur et qu'il
vive, ou qu'il périsse s'il y persiste. • Le
proconsul envoya des soldats pour faire ar-
rêter Jean, et, suivant l'arrêt de l'emi^ereur,
il l'avertit de renier Jésus-Cfarist et, de eu*
777
PRO
PART. lU. LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
77$
5er de prêcher TEvangile. Maiç J«an lui ré-
pondit : « Loin de moi de jamais renier le
nom si doux de mon Seigneur, nom auquel
tout genou se fléchit et que toute langue
coafesse ; il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux
hommes à cauisç de la grande gloire de sa
Majesté, et de la gloire qu'il a promise a
ceux qui l'ainaenl. Je ce renierai pas Jésus-
Christ qui est mon Maîlre et qui m'a aimé,
et je ne cesserai pas de prêcher l'Evangile
de son nom, jusqu'à ce que le cours du mi-
nisière qu'il m'aconûé soitacconpU. ^ Lors-
que le proconsul entendit les paroles de
rapôlre, son visage changea par l'excîès de
sa colère, et il dit à Jean : « Comment
es- tu parvenu h une démence telle que
lu excites contre toi la colère de l'empe-
reur? » et il ordonna aussitôt qu'on renfer-
mât dans la prison, en disant : « Il ne faut
pas laisser en liberté ceux qui se révoltent
contre le urince et qui méprisent les lois. »
CHAPITRE IX.
Le proconsul écrivit à Domilien, au sujet
de Jean, une lettre ainsi conçue : ^ A Dorai-
tien César, toujours auguste, le proconsul
d'Ephèse. Que la majesté sacrée sache au
sujet de Jean, fils de Zébédée, concernant
lei|uel tu nous as écrit qu'il est venu en
Asie, et qu'il a prêché le Christ crucifié, qu'il
affirme être le vrai Dieu et le Fils de Dieu;
il déprécie le culte de nos dieux invincibles,
et il renverse les temples vénérables qui ont
été érigés par nos ancêtres. Comme il se
livrait à la magie, violant ainsi les édits ita-
périaux, et comme par ses artifices et sps
prédications, il attirait tout le peuple d'E-
phèse au culte d'un homme mort et cruci-
tié, nous, enflammés de zèle pour l'honneur
des dieux immortels, nous avons ordonné
qu'il fût amené devant notre tribunal, pour
(pi'il cessât do prêcher et qu'il offrît aux
dieux des libations qui leur fussent agréa-
bles. Comme il nous a été impossible de
l'y déterminer, nous transmettons ces nou-
Telles è ta majesté impériale, afin qu'elle
nous bs^e savoir ce qu elle détermine dans
sa sagesse suprême au sujet de ce rebelle,
el nous l'exécuterons fidèleQ(ient. »
CHAPITRE X.
Domitien disputait alors à Rome avec
Marcel et avec Lin au sujet de l'avénemeot
de Jésus-Christ, et comme il vit qu'il ne
pouvait les convaincre, il fut rempli de co-
lère, et ue fut en ce moment qu'on lui pré-
senta les lettres du proconsul au sujet de
Jean; il se mita les lire, et, de plus ea plus
irrité, il orçlonna au proconsul de faire par*
lir Jean d'Ephèse et de l'envoyer à Rome en-
chaîné. Le proconsul y recevant l'ordre <l€
l'empereur, Ut enchaîner Jean et le conduis-
sit avec lui à Rome sous une escorle de sol-
dais. Quand Domilien apprit aon arrivée,
cet empereur impie ne voulut pas voir le
visage de l'apAire, et il copamanda .au pro-
consfil de faire conduire Jean devant la porte
latine et de le faire jeter tout vivant dans
^ne cuY^ d'huile bouillaate, après l'avoir
DicTioNN. DES Apocryphes,
feit flageller et lui avoir fait couper les che-
veux, afin de le montrer ignominieusement
i)u peuple. Le proconsul commanda de dé-
pouiller l'apôtre et de le fouetter cruelle-
ment après lui avoir rasé la tête ; et les lic-
teurs firent ce qui leur était prescrit.
CHAPJiTRE XL
Le sénat romain se réunit ensuite avec le
proconsul et avec le peuple devant la porte
Latine, et Tordre fut donné d'apportir un
tonneau rempli d'huile bouillante dans le-
quel le bienneureuxap6tre Jean fut jeté la
veille des Nones de mau nu, flagellé et traité
avec ignominie, mais protégé par la grâce
divine de Noire-Seigneur Jésus-Christ, il
sortit de cette huile enflammée et bouillante
comme un athlète plein de vigueur, et sans
avoir ressenti la moindre brûlure; la protec-
tion du SeigneiK qui ranimait fit qu il n'é-
prouva aucun mal, et qu'il se montra plein
de force et de vigueur. Les fidèles qui étaient
présents pleuraient de joie, et élevaient leur
voix vers le ciel, louant la constance apos*
tolique et le mérite de Jean l'Evangéliste. £t
les adorateurs de Jésus-Christ, qui étaient
devant la porte Latine, construisirent une
église, la déUiont sous le nom de Jean. Dieu
se servit d'un tyran cruel pour arriver à ses
desseins , et de même que Jeén et Pierre
avaient été compagnons par leurs vertus et
I^ar les miracles qu'ils avaient faits, de môme
a volonté du Seigneur était qu'ils lais-
sassent à Rome le souvenir de leur triomphe.
La porte Vaticane était devenue triomphale
et célèbre à cause de la croix de Pierre, la
porte Latine doit aussi son renom au ton-
neau de Jean. £t le proconsul voyant que
TapOtre élait sorti de l'huiliB sans avoir de
mal , et oint comme un intrépide athlète de
Jésus-Christ, fui frappé de stupeur, et il lui
aurait rendu la liberté s'il n'avait pas craint
le courroux de l'empereur. Domitien défen-
dit au proconsul de faire davantage torturer
Jean, et lui commanda de le garder jusqu'à
ce qull eût statué à son égard.
CHAPITRE XIL
Après que ces choses se furent passées,
le Seigneur apparut à Jean, et lui dit : « 11
faut que tu retournes à Ephèse, et au bout de
trois mois, tu seras envoyé en exil à Path-
mos; celte ville a grandement besoin de
toi, et après que tu y auras beaucoup semé,
tu la convertiras à moi. » Nous entrâmes
donc de nouveau à Ephè:>e, et les idoles qui
restaient furent brisées, et il n'y avait pas
un temple à Ephèse d*où !a souillure des si»
mulacres des faux dieux n'eût été enlevée.
L'apôtre Jean fit ces miracles à Ephèse avant
d'être exilé, et il eut beaucoup à souffrir de
Ja part des Juifs, des Grées et des Romains,
que le diable suscitait xoittre ooos. Kt lei»
,prétres et les magistrats d'Ephèse écrivirent
à Domitien une autre l^l^e ^insi conçue :
CHAPITRÇ XyllL
« Lf's habitants d'Ëphèse k DemMen, son-
verain de l'univers. Nous te prions <le noua
89
779
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
:îo
venir en aide, car des hommes, sortis de la
Judée» et qu'on nomme Jean et Prochore,
sont venus jeter le trouble dans notre ville,
y prêchant une doctrine nouvelle, et ils ont
détruit, parleurs artifices magiques, tous les
temples de nos grands dieux. Nous te fai-
sons savoir ces choses pour que, diaprés tes
ordres, nous exécutions ta volonté à leur
ég/ird. 9 L'empereur ayant vu ces lettres,
ordonna que nous fussions exilés, et il écri-
vit en ces termes :
CHAPITRE XIV.
« Domitieu César, aux magistrats et aux
habitanls de la ville d'Ephèse. Nous voulons
que ces scélérats et ces impies magiciens,
nommés Jean et Prochnre, soient exilés; no-
Ire clémence les a trop longtemps épargnés,
mais, maintenant qu'ils insultent les dieux
immortels, il n'est pasjusle qu'ils restent au
milieu de ceux qui honorent les dieux. Nous
ordonnons qu'ils soient relégués à Pathmos,
tl'abord, parcequ'ils sonllesennemisdu culte
des dieux , ensuite, parce au*ils méprisent
nos lois et qu'ils se jouent de nos édiis; il
faut qu*ils apprennent, en éprouvant de
grandes souffrances, à respecter la gran-
deur des dieux et à ne pas mépriser notre
autorité, i»
Cet ordredeCésarélant parvenu à Eph^se,
les magistrots nous jetèrent dans les chaînes,
rnon mattre Jean et moi, et ils nous frappè-
rent, nous insultant et disant : « Est-ce là le
séducteur qui, par ses maléfices, commet
tantde crimes?»Etcentsoldats furent envoyés
pour nous garder. Non-seulement ils gar^
rottèrent Jean l'apôtre et Tévangéliste, l'ami
de Dieu, mais encore ils le frappèrent, en
J'accahiant d'injures, et ils nous conduisirent
ensuite au navire.
CHAPITRE XV.
Lorsque hous fûmes entrés dans le navire,
les soldats nous commandèrent de nous as-
seoir au milieu du bâtiment, et ils nous
donnèrent pour notre nourriture six onces
de pain et un petit vase plein d'eau, avec un
peu de vinaigre. Jean ne prenait par jour
que deux onces de pain et la huitième partie
de sa portion d'eau, et il me laissait le reste.
Losqu'arriva la troisième heure du jour, les
soldats s*assirent pour m;mger, et ils avaient
en abondance des vivres et de la bnisson de
bonne qualité. Après avoir mangé, ils se
mirent à jouer. Et, tandisqu'ils dansaient et
qu*ils sautaient, un d'eux, un jeune homme,
courant sur le bord du navire, tomba à la mer.
Son père, qui était aussi sur le navire, se li-
vra à un désespoir exlrème, et il se serait
volontiers, lui aussi, précipitée la mer, si on
ne l'avait retenu. Et quelques-uns des sol-
dats et des officiers, . venante l'endroit où
Jean était atlach'é, et voyant qu'il oe pleurait
pas, lui dirent : « Nous pleurons tous à
c^use du malheur qui est survenu^et tu res-
tas sans donner aucun signe de regret? »
L*ap6tre leur dit : • Que vouiez-vousqueje
fasaepourvousTvEt ils rét>ondirent: « Aîde-
uous, si tu. )^ peux ; « car ils avaient entendu
prier des nombreux miracles qu'il aratt
faits à Ephèse.
Jean dit à l'un d'enx : « Que) Dieu adore**
tu? »et il répondit : «Apollon, Ju non, Rerrulp
etBacchus;»etàun autre: «El toi, quels sr-nt
tes dieux ?» et il répondit : « Esculape et la
5rande Diane des Ephésiens. » Il intermgpK
gaiement les autres, et chacun d'eux tii
connaître ses erreurs, et Jean leur dit : « De<
dieux aussi, nombreux ne peuvent donc m
aider, ni secourir voire compagnon, et i!*
sont hors d'état de vous assister dans vos em-
barras et dans vos chagrins? ^ lis lui répon)*-
rent : « C'est parce que nr>as sommes im-
mondes devant eux, qu'ils ont permis «|u«:
nous éprouvions ce malheur. » Jean tes
laissa dans l'affliction jusqu'à la troisièint*
heure du jour suivant , et ensuite, émudt*
compassion pour celui qui avait péri, et (co-
ché de la douleur de tous les assistants, il
dit : « Lève-toi, mon Gis Prochore, et donn^
moi la main, h car il était accablé par le [H)i.(s
de ses fers. Je me levai et je lui tendisla
main, et il monta dans une partie élevée du
navire, et il pleura amèrement, et il dit à
la mer : « Au nom du Fils de Dieu qui a
marché sur toi à pied sec et pour lequel jo
porte ces chaînes, comme étant son esclave,
rends-nous sain et sauf le jeune homme que
tuas englouti. >
Dès que Jean eut prononcé ces mots, il
s^éieva aussitôt un orage, et les vagues Grent
un grand bruit, de sorte que ceux quiélaienl
à bord du navire, se croyant dans un |»énl
imminent, craignirent d'être submergés;et
une vague énorme, tombant surlenavh'ejeu
le jeune homme sain et sauf. Tous ceux qw
virent ce prodige , se prosternèrent aui
pieds de Jean, disant : « Vraiment ton Dieu
est le Dieu du ciel et de la terre, etlecriM-
teur de toutes les créatures; » ils détachèrent
alors leschntncs qui liaient le bienheureux
apôtre, et nous restâmes avec eux en irè»*
bon accord.
CHAPITRE XVI.
Nous arrivâmes ensuite'auprès d'an châ-
teau devant lequel s'arrêta notre navire, ei
nous y séjournâmes jusqu'au coucher du so-
leil. Lorsque ceux qui étaient descendus à
terre furent revenus, nous partîmes, el vers
la cinquième heure de la nuit, il s*élevaune
tempête terrible, et le navire était en gnnd
danger de se briser, de sorte que la mon
était devant les yeux de nous tous. El du
des hommes, qui étaient à bord, vinrent vers
Jean, disant : « Apôtre du Dieu vivant, i«m
qui, sauvant notre camarade des périls de
la mer, nous l'as rendu vivant, et I as resti-
tué à son malheureux père, prie ton dm
afin au'il apaise cette tempête, pour que nous
ne périssions pas. > L'apOtre leur dît : < Tai-
sez-vous, et que chacun de vous se tienne
tranquille à sa place. » Tous gardèrent le
silence, mais les vagues s'agitant de phi^
en plus» ils se mirent à crier : «'Aie J)iti<^
de nous, apôtre de Jésûs-Christ ; » ineur
répondit : « Taisoz*vous; ce navire ne pé-
rira pas, et pas un d'entre vous n^ perUra
781
PRO
PART, m.-- LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
7St
un cheveu de sa lôte. » Il se leva ensuite et
dil:<0 mer» l'apôtre de Jésus-Christ te com-
mande aii nom de Jésus-Christ, calme-loi
et reste tranquille. » £t aussitôt la mer de-
TJnl parfaitement calme, et tous furent rem-
plis d'étonnemant.
CHAPITRE XVII.
Après avoir navigué durant trente jours
et autant de nuits, nous arrivâmes à Epi-
(laure, où habitait te Juif Marnon qui avait,
à plusieurs reprises, soulevé les Ephésiens
contre nous. Et quand il nous vit assis dans
le navire, il dit à ceux qui étaient avec nous:
«Qui sont ces hommes qui se trouvent avec
TOUS, k bord de cebAtimenl? » Ils répondi-
rent : « Ce sont des Chrétiens, et ils nous ont
sauvés d*un grand péril pendant notre navi-
gation. «Marnon demanda :« Comment s*ap-
peiienl-ils? i> Et nos compagnons répondi-
rent : « L'un d*eux se nomme Jean et son
disciple s'appelle Prochore. » Marnon monta
alors sur le navire, et se mita crier : « Que
faites-vous ici, ô magiciens, haïs de Dieu et
des hommes 7 » L'un des envoyés du roi, qui
était avec les soldats charsés de nous garder,
réprimanda Marnon, en disant^: « Pourquoi
profères-tu de semblables paroles contre des
hommes saints? Nous les gardons, et, sui-
vant l'ordre du roi, nous les conduisons à
l'iie de Palhmos. )»
Lorsqu'il eut parlé ainsi, Marnon descen-
dit de la poupe, et déchirant ses vêtements,
il criait : « Mes frères, qui résidez avec
moi à Epidaure, aidez-moi tous. »Et, comme
Marnon était riche et qu'il avait de grands
biens, une foule nombreuse s'empressa au-
tour de lui, et demanda la cause de ses cla*
meurs. « C'est, » répondit-il, « parce qu'il
est arrivé en cette ville des magiciens qui
sont souillés de crimes, et qui ont infligé de
grands maux aux habitants d'Ephèse. Ils
sont venus ici pour nous faire souffrir les
mêmes peines. Venez donc avec moi, vous
tous qui habitez Epidaure, mettons le feu au
navire, et (jue ces magiciens périssent. »
Les habitants crurent aux paroles de Mar-
non, et voulurent brûler le navire qui nous
portait. Mais les envoyés de l'empereur,
voyant la mauvaise volonté qui se manifes-
tait contre nous, dirent : « Habitants d'Epi-
daure, prenez garde de rien faire contre ces
hommes; nous les conduisons en exil à
Palhmos, selon l'ordre de l'empereur Domi-
tien qui a commandé qu'ils y fussent relé-
gués.» Les habitants d'Ëpidaure s'arrêtèrent
alors dans leur entreprise, et on leur mon-
tra les lettres scellées du sceau impérial, et
ils dirent : « Pourquoi ne frappez-vous pas
r«s hommes de vos épées, aOn qu'ils ne vous
échappent point par leurs artifices, et qu'ils
se se dérobent à vos mains, ce qui attirerait
sur vous la colère de l'empereuri Ce sont des
hommes fort dangereux, très-habiles dans
la magie, et ils ont fait périr beaucoup de
monde par leurs maléfices ; celui qu'on ap-
pelle Jean est un fourbe digne de tous les
supplices, n Nos gardiens étaient étonnés de
ces paroles, car Marnon les avait égarés par
ses paroles trompeuses, et il les pria de man-
ger avec lui. Quand le repas fut fini, ils em-
brassèrent Marnon, et ils revinrent furieux
sur le navire; oubliant les bienfaits que mon
maître Jean leur avait accordés, ils le lièrent
avec de lourdes chaînes de fer, et ils nous
remirent au régime qui nous avait d'abord
été imposé.
CHAPITRE XVIll.
Nous partîmes d'Ëpidaure et nous arrivâ-
mes h Myrrha, où nous fûmes retenus sept
jours, à cause de la maladie d'un des soldats,
3ui souffrait beaucoup de la dyssenterie et
'un flux de sang, et, le huitième jour, il
s'éleva une querelle entre nos gardiens. Les
uns disaient qu'il n'était pas à proposque nous
nous arrêtassions plus longtemps, parce qu'il
fallait accomplir 1 ordre qui avait été donné,
et achever le voyage commencé; sinon on
s'exposerait à être taxé de négligence et pu-
ni. Les autres répondirent qu'il n*était pas
juste d'abandonner un camarade dans une si-
tuation fâcheuse qui ne lui permettait pas
de supporter les fatigues de la mer, et qu*il
fallait attendre quelques jours, pour voir ce
qu'il deviendrait.
Jean, voyant que cette discussion se pro-
longeait sans résultat, me dit : « Mon fils
Prochore, va dire h ce malade, au nom de Jé-
sus-Christ, qu'il vienne vers moi. > Je m'ap-
prochai du malade et je lui répétai ce que
Jean m'avait dit» et il se leva aussitôt, et il
vint avec moi auprès de Jean. Et Jean lui
dit : « Dis a tes compagnons que nous de-
vons partir d'ici et nous remettre en route. »
Et aussitôt cet homme qui, malade depuis
sept jours, n'avait pris aucun aliment,
engagea ses compagnons à se remettre im-
médiatement en chemin.
CHAPITRE XIX.
Nous vînmes ensuite k un endroit qui
s'appelait Liphos, et une violente tempête
nous y retint six jours. Ce lieu était dé-
pourvu d'eau douce, et nous étions tous
tourmentés par la soif. Et Jean me dit :
« Mon fils Prochore, fais descendre un vase
dans la mer au nom de Jésus-Christ, et re-
tire-le. » Je fis ce qu'il me commandait, et il
me dit ensuite : « Prends plusieurs vases et
remplis-les de cette eau de mer. » Je le ^fis,
et tous ces vases se trouvèrent aussitôt rem-
plis de l'eau la plus douce, et Jean dit à tous
ceux qui étaient sur le navire : « Au nom
de Jésus-Christ crucifié, buvez;» et tous bu-
rent, et furent saisis d'étonnemenl, et ils s«
disaient les uns aux autres : « Que ferons-
noijs à cet homme qui opère les merveilles
dont nous sommes témoins? Allons et déli-
vrons-le de ces chaînes et demandons-lui
qu'il nous pardonne le mal que nous lui avons
fait, de peur que le fendu ciel ne descende
et quil ne nous détruise. »
Ils vinrent donc k l'apôtre, et lui direiU :
<t Homme de Dieu, ne t irrite pas contre tes
serviteurs; nous accomplissons les ordres
de l'empereur, et nous n'osons pas les en-
freindre; mais nous te délivrons de tes diai-
783
IICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
;n
nés el nous ferons toutce que tu nousdeman*
deras. » Et aussitôt ils déxagèrant mon maître
Jean de ses Liens. Et Jean leur dii : « Je oompte
pour rien ies Xaiigiies et l*inquiéLude de ce
monde; mais mon Ame ^^prouve une joie
eilrAme à accomplir la volonté et les précep-
tes de Jésus-Christ, mon Dieu» qui a eié
crucitié pour notre salut. » Les soldats,
entendant ces paroles, tombèrent tous le
visaj^e contre terre, et dirent à Tapôtre :
« Seigneur^ voici que tout est en ton pou-
voir; va en liberté où tu voudras :nous nouf
dirigerons vers notre pays. »
Jean leur dit : « Avez-vous assez de con-
fiance dans votre empereur pour croire que
vous ne vous exposerez pas à sa colère, si
vous me laissez aller? » Et ils répondirent :
« Non, seigneur. » Jean leur dit: « Achevez
dnnc ce que votre maître vous a commandé;
rendez-vous à Vendroit qu'il a désigné, et
retournez ensuite en paii chez vous. » Et
Jean leur enseigna ensuite, d*après TEcri-
ture sainte, ce qui concerne le Fils de Dieu,
et ayant écouté sa parole, ils le prièrent de
leur donner le baptême, et il en baptisa en
ce jour dix qui étaient les chefs des autres.
Et, partantde Mphos, nous arrivâmes à Paih-
mes, el entrant dans la ville, les soldats nons
remirent, d'après les ordres de Tcmpereur, à
ceux qui devaient nous recevoir. Les chefs
qui avaient été baptisés prièrent Jean de
leur permettre de rester avec nous dans cette
lie, mais il ne le voulut pas et il dit : « Mes
enfants, eonservaz seulement la grftce que
TOUS avez reçue, et le lieu où vous résiderez
n'importera pas. i» Ils restèrent dix jours, et
ayant regu avec joie sa bénédiction, ils re-
tournèrent tous, chacun en son pays.
€UAP1TRE XX.
11 y avait à Pathmos un homme fort ricne
nommé Myrxrn, et dont la femme s'appelait
Flora; ils avaient trois fils instruits dans la
science de la rhétorique, et Talné d'entre eux
était possédé du démon. Myron nous ayant
reçus chez lui, son fils, qui était livré à l'es-
prit malin, connaissant la puissancede Jean,
s'enfuit dans un autre pays, de f)eur^que
Jean ne chass&t hors de lui Tesprit im\)ur.
Myron sachant que son fils s'était enfui^ dit
è sa femme : « Si ces hommes étaient des
sens de bien, notre fils ne se serait pas en-
fui ; il faut qu'ils soient, comme on le dit,
des magiciens etdes enchanteurs ; ils ont jeté
leurs maléfices sur ceile maison, et ils sont
cause de la fuite de notre fils. O mon cher
enfant, comment ai-je été assez.insensé pour
recevoir chez moi t'es magiciens qui sont
cauâaque je t'ai perdu?»
Sa femme lui répondit : «Si la chose est
telle ^ue tu le dis, pourquoi ne les chasses-
to pas de ta maistm, de peur qu'ils ne frap-
pent nos ^utr^ fils de pareils maléfices et
qu'ils ne les forcent à s'éloigner de nous et
h périr 7 j» Myron ré|)ondit i •« Je ne les chas-
serai ps, mais je ieur infligerai beaucoup
de tribulBtioas jusqu'à i:e qu^ils fasseal re-
venir ici notre iils; ils serpnx ensuite punis
rigoureusemefit. » Myron était le beau-frère
du gouverneur de l'tle de Pathmos, el i'>ut
ce q l'il avait dit à sa femme fut rêvé. %
Jean par une inspiration d vine, et il mei;)*:
« Mon fils ProcQore, sache que notre I;h!^
Myron médite de nous faire souffrir be. Mi
coup de maux. Car son fiiss atné était pov
sédé du démon, et lorsque nous somme> en
très dans la maison, l'esprit immonde a i*a
peur que nous ne le chassions ; il s'est tul.i
transportant ce jeune homme dans un antre
pays, et c'est pourquoi Myron est irrité c- 'i-
Ire nous ; mais que ton esprit ne se [tom ;
pas au sujet des machinations de Myroo c'<n-
îre nous.» Et tandis qut^Jean ma parlaitaïu^N
il arriva une lettre du fils de Mvrcn cou<, j«
en ces termes :
^ A mon père et à ma mère, moi ApoV.,.
nide^ saiujt. Un magicien nommé Jean, <] :e
vous avez reçu dans votre maison, a accom-
pli par ses prestiges beaucoup de choK'< (r-
minulles, el il a envoyé un esprit qui m'a
poursuivi jusque dans cette ville, où 8(!f^
avoir souffert beaucoup de périls, fai trmjvç
un homme nommé Cynops, plein de bo .:•;
et de franchise , qui m'a raconté la rdi-
de mes malheurs. Et il m*a dit : • Mou ii »
Apollonide, si ce magicien n'est pas tue, li
ne pourras plus séjourner dans (a palrit'.r.i
revoir tes parents. »C'est pourquoi, mon (urp,
je te supplie d'avoir pitié de ton Gis ei oc
faire périr ce magicien nommé Jean, a.i.i
que je puisse bientôt jouir de tes en)bras>f
ments, de ceux de n>a mère et de mesdf^j'.
frères. »
Myron ayanLiu cette lettre, nouspoteraii
aussitôt, et se rendant auprès du gouvernei.r.
il la lui montra; le gouverneur fut d*auia:.i
plus irrité contre nous que le nomdeCv[i«>:>»
se trouvait dans celte lettre, et touscojt
qui habitaient Pathmos respectaient ce Cv-
DQps comme un Dieu, à cause de ces ^nui^
prestiges. Le gouverneur^ ému des (i<iM) )
de M^ron et d'Apollonide, ordonna de 1-
vrer Jean aux bétcs; nous fûmes dunci df u
demeure deMyron, conduits à la prisoD. ci
aprèsy ëtrerestés trois jours, on nous auii'U.<
devant le gouverneur. • .
Et il dit à Jean: ir Noire excellent empereur
Domitien , après avoir entendu les stcu^
'tions portées conire toi« t'avait condamné; il
t*a ensuite fait grâce de la vie, et voulant le
donner les moyens de t'amender. il t'a *'n*
voyé dans cette lie, et voici que tu prélefiiJ*
y commettre des méfaits plus grands que
ceux dont tu t'es rendu coupable i Ei)li^*>^«
car tu as chassé le fils de mon beau-pèrt:.
Réponds-moi promptement avant que ji* "''
te châtie, fais que mon parent revicnueft
dis quelle reli^^ion tu professes, et de<]uci
pavs tu es venu ici.»
Jean répondit : c Je suis Hébreu, le s» r«
yiteur de Jésus-Christ, Fils du Dieu vi^nui
a ni a été -crucifie et enseveli pour les pêc'c>
es hommes «t qui est ressuscité le trm-
sième jour d*entre les morts; il m'a eof^'j^
prêcher TEvangile è toutes les nations pour
qu'elles croient en lui et qu'elles aient !a
qu eues croient en lui ei qu elles aiem
vie éternelle. » Le gouverneur lui dit : «
pieux empereur t'a condamné à l'exil j"
jiour
785
fRO
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
78G
avoir prêché pareilles ehosf^* Apprends, ô
insensé, à honorer les dieux et à respecter
les immortels ; observe les lois de l'empire
el ne représente pas comme étant Dieu un
homme qui a été condamné à cause des
(roubles qu'il excitait» » Le bienheureux
Jean dit : « Je le vénère toujours con:me
étant immortel» et je Tannouce à ceux qui
doiTent mener une vie pieuse. » Le gouver-
neur répondit : « Nous n'avons pas besoin
d'entendre toutes les fables que tu débites.
Il t'a été défendu de continuer à prêcher
ainsi; ramène Apollonide sain et sauf en
cette Tille, et rends-le à sa famille. »
Jean répondit : « Je ne puis cesser de
prêcher comme je le fais, et d'attendre ainsi
la récompense du salut éternel, qui m'est
promise d la fin de mon travail et que m'ac-
cordera celui que j'ai aimé et en qui j'ai
cru, mon maître Jésus-Christ qui est béni
dans tous les siècles. Quant à ton ami Apol-
lonide, je n'ai rien fait contre lui ; si tu le
permets, j'enverrai mondisciple le chercher
el il le ramèoera ici, et s'il a à se plaindre
de nous, il nous accusera eu ta présence. »
Le gouverneur ordonna d'en agir ainsi, et
il retint en attendant Jean lié de deux fortes
chaînes. Et Jean lui dit : « Permets-moi d'é-
crire à Apollonide , el tu m'enverras en-
suileen prison. » Le gouverneur l'ayant per-
mis, Jean adressa cette lettre è Apollonide :
c Jean l'apôtre de Jésus-Christ, Fils de
Dieu, à l'esprit malin qui habité en Apollo-
nide; je t'ordonne, au nom du Père et du
Fils et du Saint Esprit, de sortir de la créa-
ture de Dieu et de ne plus l'introduire en
elle, et de ne pas séjourner en cette lie, mais
de te retirer dans un désert où nul homme
n'habite. Et cVst ce que moi, Jean, je tecom-
mande au nom de la sainte Trinité. »
Moi,Prochore, je priscette lettre et j'allai à
la ville où habitait Apollonide, et qui était
àunedistance de soixante milles. Et étant
entré dans cette ville, je me mis à le cher-
cher, el je le retrouvai au bout de deux jours;
et aussitôt que je me fus approché de lui,
iVprit immonde le quitta. Et aussitôt Apol-
lonide reprit ses sens, et il me dît : « Pour-
quoi es-tu venu ici, charitable disciple du
meilleur des hommes ? ^ Et je répondis: «Je
suis venu pour te ramener auprès de ton
père qui te chérit, et de ta famille. » Et aus-
sitôt il ordonna de préparer des chevaux, et
nous nous mimes en route. Et quand nous
lûmes arrivés à Pathmos, Apollonide mo
demanda où était la demeure de Jean, et je
ré(K)ndis que le gouverneui' le retenait en
prisou chargé déchaînes. Alors, sans vou-
loir se rendre auprès de sa famille, il alla
droit à la prison, et le geôlier tomba à ses
pieds, lorsqu'il le reconnut. Et Apollonide
éttnt entré et ayant vu Jean, se prosterna
devant lui, mais l'apôtre le releva et lui dit :
* Mou fils, que Dieu te bénisse. » Et Apol-
lonide délivra aussitôt Jean de ses fers, et il
dit au geôlier : « Si le g;ouverneur demande
qui a délivré ce prisonnier, dis-lui que c'est
Boi. M U nous conduisit ensuite à la mai^^ou
oii son pèrej sa mère et ses frères étaient li-
vrés a le douleur. Et quand ils le virent, ils
se levèrent pleins de joie, el ils fembrassè-
rent en pleurant, et son père lui dit: <ic Que
t*est-il donc ârrtvé, nfton fil^, pour que tu
te sois échappé de ma maison et que tu
nous aies causé à tous une affliclîoti aussi
vive. » Et Apollonide répondit : «Notre mai-
son était pleine de péchés et de démons, et
quand Jean, l'apôtre du Seigneur, y est en-
tré, nous l'avons méconnu, et nous n'avons
pas su qui l'envoyait, mais j*ai appris qui il
était et de qui il tenait sa mission. »
Myron, entendant ces paroles, eut foi en
son fils, et il dit : a Mon fils, s'il en est ainsi ,
allons vers le gouverneur et annonçons-lui
ce que tu nous apprends ; c'est lui qui de
concert avec moi, a fait mettre Jean en pri-
son. » Apollonide répondit : « Ne t'inquiète
fias de cela, ô mon père : i'ai délivré Jean, et
e gouverneur, qui est notre lurent, veut ce
que nous voulons. » Et Apollonide introdui-
sit Jean et lui dit : « Cher maître, annonce-
nous des paroles utiles qui nous fassent rece-
voir la vie éternelle. » Et Jean dit : « Je
veuxd*abord que tu me racontes pourquoi tu
as abandonné ta patrie et pourquoi tu t'es
réfugié en un pays étranger, w Et Apollo-
nide dit : « Il y a plusieurs années, tandis
que je dormais, quelc^u'un vint et me tou-
cha ; je m'éveillai aussitôt, et je vis celui qui
m'avait réveillé; ses yeux étaient grands et
brillaient comme des charbons ardents, et
son visage resplendissait comme Téclair; il
me dit : « Ouvre la bouche , « et aussitôt il
entra dans mon ventre, et dès ce jour, je
connus tout ce qui devait arriver de bien ou
de mal à notre maison, et tous venaient à
moi et me questionnaient sur leurs affaires;
mais quand tu os entré dans cette mai.son,
il me dit : « Apollonide, c'est un magicien,»
et il me repéta toujours : « S'il n'est pas mis
à mort, tu ne pourras revenir dans ton
f)ays. » J'inlerro;eai Cynops, et il m'en a dit
autant. Et quand le disciple de Jean est en
tré dans le lieu où j'habitais, j'ai vu l'esprit
qui était en moi en sortir ayant une forme
pareille k celle qu*il avait quand il est entré
en mon corps, et aussitôt je me sentis déli-
vré de beaucoup de peines et rempli d'une
grande joie et d'une consolation extrême. »
Et Jean dit à Apollonide : « Mon fils, c'est
un signe de la puissance et de la miséricorde
de Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui a été cru*
cifié pour nous et qui est ressuscité. Le dé-
mon qui était entré en toi, te chassa de ta
n'aison lorsque nous y sommes entrés, car
il craignait que nous ne le chassions par la
puissance de Jésus-Christ. Maintenant, mon
fils, non-seulement nous triomphons de l'es-
prit impur en invoquant la puissance de
Dieu, mais encore nous l'expulsons par une
lettre. » Et Jean me demanda la lettre qu'il
avait écrite au démon et dont j'avais été
porteur, et il la montra à Apollonide. Lors*
que celui-ci l'eut lue, il alla avec nous et
avec ses frères, auprès du gouverneur, et il,
lui raconta tout ce qui s'était passé. Le gou-
verneur, baissant la tète, noua rendit gr&ces,
et depuis il eut un grand attachement oour
717
DICTIONNAIRE DUS APOCRTPHiiS.
:^
Jean, mon maître i et Payant quitté, nous
r«?lame$ dans la maison de Myron.
CHAPITRE XXI.
lean, rempli de l'Esprit-Saint» commença
k leur raconter les grandeurs de Dieu, et les
instruisit dans les saintes Ecritures, et ils le
prièrent tous de les baptiser au nom du Père
et du Fils et de TEsprit-Saint, et Jean bap-
tisa en ce jour tous ceux qui étaient dans la
maison de Myron. Et la femme du gouver-
neur, la flile de Myron, qui s'appelait Chry-
sippe, voyant que son père, sn mère et ses
frères croyaient au Fils de Dieu, dit à son
mari : « Voici que toute la maison de mon
père croit en ce Dieu cruciQé que Jean prê-
che; je déèire donc que nous croyions aussi
aCn que notre maison soit glorifiée comme
celle de mon père, et puisque tu es en pos*
session du pouvoir, aide-nous contre ceux
qui persécutent Jean, v Son mari lui répon-
dit : « Je ne puis faire ce que tu conseilles
tant que je gouverne la province; car la secte
des Chrétiens est un obiet de haine et de
mépris universel, et si Ton voyait Jean et
les autres Chrétiens frf^quenter ma maison
et celle de ton père, on nous soupçonnerait
d'être Chrétiens, et il en résulterait de vives
attaques contre nos maisons et je serai privé
de ma charge. Lorsque j'exerçais la magis-
trature en Grèce, je me conformais, publi-
quement, au cuUe des gentils, mais en se*
cret» je favorisais ceux qui croyaient en
Jésus-Christ. Lorsque j'aurai accompli le
temps fixé pour être gouverneur, il sera plus
à propos que je me déclare Chrétien. Toi,
prencis notre fils et entre dans la maison de
ton père, et écoute avec zèle la parole de
Jean, et que ton fils soit baptisé avec toi. Ne
méprise aucune des paroles de Jean et ne
m'en fais part que lorsque j'aurai embrassé
la foi. Car si les lois des tirées condamnent
ceux qui révèlent les mystères de leurs
dieux, les Chrétiens doivent être encore bien
plus sévères à cet é^ard. •
Et Cbrysippe^ quittant son mari, prit son
fils et vint chez son père Myron ; et étant
entrée, elle salua ses parents ainsi que l'a-
pôtre Jean. Et il lui demanda : « Pourquoi
es-tu venue ici, ma fille? » Et elle répondit :
m C*est, ô bon matire, pour que ma maison
soit glorifiée comme celle de mon père. » Et
Jean lui dit : « Que Dieu dirige ton cœur,
relui de ton mari et celui de ton enfant, et
qu'il conserve tout ce qui est en ta maison. »
Et Chrysippe, tombant aux pieds de l'apôtre,
dit : « Maître, donne-moi, ainsi qu'à mon
fils, le signe de Jésus-Christ. > Jean lui ré-
pondit : <( Allons d'abord parler à ton mari
IH)ur que tu sois purifiée avec son consente-
ment.» Chrysippe lui raconta ce que son mari
avait dity et Jean fut plein de joie en appre-
nant le consentement du souverneur; il
instruisit Chrysippe et son fils, ii lui recom-
manda d*observer tous les préceptes de la foi
et il les baptisa au nom du Père, et du Fils,
et du Saint-Esprit.
Myron, voyant que sa fille et son petit-fils
croyaient en Jésus*Christ, fut rempli d'allé-
gresse, et il apporta une grande somme i'ir*
gent à sa fille et il lui dit : « Voilà de qu»;
pourvoir à nos besoins; n'atiandonne pas^j-
t'en prie, ma maison, et ne retourne pas aV
près de ton mari de peur aa'il ne $é\ht
entre vous quelque querelle au sujft l**
Jésus-Christ. » Et Chrysippe lui ré()OD<J:i :
ff Si lu veux, mon père, que je reste avr^c
toi, que cet argent demeure la propriété;
j'irai avec mon fiU chez moi où nousaToos
ramassé beaucoup d'or et d'argent, et, y pre-
nant ce qui nous est nécessaire, nous re-
viendrons auprès de toi et nous ne feron»
qu'un. s
Jean, entendant ces paroles, dit à Myron :
« Ce que tu proposes à ta fille n'est pas i»er-
rois ; Jésus-christ ne m'a point envoyé pour
que je sépare la femme de son mari, ol le
mari de sa femme; que ta fille retourne eu
paix dans sa maison, surtout poisquVIla
croit en Jésus-Christ du consentement de
son mari. J'ai confiance dans le Seigneur
qui m'a envoyé prêcher son Evangile; In
mari de Chrysippe sera du nombre des Chré-
tiens; quanta l'argent dont vous parlez,dis*
tribuez-le aux pauvres au nom du Seij^oear,
car il est dit dans l'Ecriture: c Celui qui
donne aux pauvres donne à Dieu. » inn
renvoya ainsi Chrjrsippe avec son entant
auprès de son mari et nous demeurant
chez Myron. Le lendemain, Myron apiioru
son trésor aux pieds de l'apôtre et lui dii :
« Prends cet argent et distribue-le aus psc*
vres. » Jean lui dit : « J'entends avec plaisir
ta proposition, parce que je sais qu'elle pro-
vient de l'amour de Dieu. Distribue de te>
mains ce que tu possèdes à ceux qui enoni
besoin. > Myron, fidèle au précepte de la-
pôtre, distribua aux pauvres ce qu'il possé-
dait, et Dieu te bénissait, et chacun «e réjouis-
sait de ce qu'il était assisté selon ses besoins.
CHAPITRE XXII.
Il y avait dans la ville un homme rhh"
qui se nommait Basile, et sa femme s'apie-
lait Charis, et elle était stérile. Basile Tint
trouver Rhodon, neveu de Myron, et lui dit:
« Comment se fait-il que ton oncle Mn«in
soit ainsi séduit par cet étranger et qu^il oe
vienne plus avec nous? » Rhodon répim iu :
« Nous reconnaissons sa doctrine comma
bonne, et nous l'écoutons volontiers. > Ba-
sile dit : « Puisque cet homme a tant de pou-
voir, qu'il dise que ma femme ait on fus.*
Rliodon dit : ff II a une grande puissai:^o
au nom de son Dieu, et il peut faire ce t^h"
tu désires. » Basile se hâta alors d'aller rhw
Myron, afin de voir Jean, et il demanda m
Jean y demeurait, et il dit à l'esclaYe guï
désirait le voir. L'esclave l'annonça illjrrun
qui dit à Jean : « Basile est à la porte et
voudrait te parler; > Jean se leva aasstidt^'t
alla au-devant de Basile qui s'humilia de-
vant lui, et Jean lui dit : « Que Dieu eiaucé
toutes les demandes de ton cœur. Bienheu-
reux rhomme qui ne tente pas le Seigneur;
il a puni sévèrement les Israélites <|Ut le
tentaient; crois fermement en lui et il ^^>''
tera ton éiM)U8e stérile, et il écoutera ii»
rs9
PRO
PART, m.— LEGLNDES ET FRAGMENTS.
PRO
79l^
prières. » El Basrie, To^aot que Jean devi-
nait les pensées qui étaientenson esprit, fut
saisi d*aumiration. Et Jean lui dit derechef:
f Mon fils* crois au Seisneur Jésus» Fils de
Dieu, et il te donnera, a cause de ta con-
fiance en lui, tout ce que tu souhaiteras. »
Basile répondit : « Je crois en ce que tu as
dit, ei je te prie de prier le Seigneur pour
nue ma femme ait un Gis. n Jean lui répon-
dit : c Je te le répète, crois et tu reconnaî-
tras la gloire de Dieu, i»
Et Basile revint chez lui plein de joie, et
il aononça h sa femme ce que Jean lui avait
dit, et ils furent tous deux se jeter à ses
pieds. Et Jean dit à la femme de Basile :
< Charis, que la grâce de Dieu éclaire ton
cœur et celui de ton mari, et qu*il t*accorde
une postérité désirable, b Et, après leur avoir
prêché PEcrilure, il implora sur eus la grâce
de Dieu, et, sur leur demande, il les oap-
tisa aa nom du Père, et du Fils, et du Saint-
Esprit. Et Basile demanda à Jean d^entrer
chez lui et d*y faire son séjour, mais Myron
ne permit pas que nous quittassions sa mai-
son; et la femme de Basile mit au monde
un fils qui fut appelé Jean d*après le nom
desonmatlre, et il j eut une grande joie
dans toute la famille. Avant la naissance de
lel eofaot, Basile et Charis offrirent à Jean
une grosse somme d'argent pourcjuMI la dis*
iribaât aux pauvres. Mais Jean dit à Basile :
« Va dans ta maison , mou fils, vends ce que
que tu possèdes, et tu auras un trésor dans
le ciel. »
CHAPITRE XXIII.
Le mari de Chrysippe, la fille de Myron,
avant passé deux ans dans l'emploi de gou-
verneur, fut déposé de ses fonctions, et un
autre fut nommé à sa place. Et allant chez
son beau-père, il dit à Jean : « Le sou-
ci des choses de ce monde afflige mon âme
et m'a privé de beaucoup d'or et d'argent et
de grands biens; je te prie de me baptiser
et de me purifier de mes fautes. » Jean le
consola et l'exhorta; il l'instruisit dans la
doctrine sainte et il l'avertit de croire de
tout son cœur è Jésus-Christ crucifié. Sau-
veur de tous, et il le baptisa au nom du
Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
CHAPITRE XXIV.
il y avait dans la même ville un homme
nommé Crésus qui était ju^e, et sa femme se
nommait Sélîne, et il avait un fils qui était
tourmenté par un esprit impur. Et appre-
nant les merveilles que Jean opérait au nom
de Jésus, il prit son fils et vint chez Myron.
iean, le voyant, lui dit : « Crésus, tes péchés
^ont la cause de la perte de ton fils. Si tu
crois au vrai Dieu , tu recevras de lui de
grands bieufoits; ne commets point d*injus-
lice en tes jugements et tu rempliras l'ordre
ue Dieu, i» Crésus répondit : « Seigneur, que
^ois-je taire pour que mon fils soit guéri et
uéljvré de l'esprit impur? » Jean répondit :
<' Crois en Jésus-Christ le crucifié, et ton fils
«cra guéri. » Crésus répondit : ^ Je crois,
*«iRneur, et que mon fils soit guéri. » Alors
Jean, prenant la main droite de l'enfant, fit
trois fois sur lui le signe de la croix et chassa
le démon. Crésus se prosterna aux pieds de
Jean qui lui annonça la doctrine des saintes
Ecritures; et Crésus , glorifiant Dieu et pro-
clamant sa foi en Jésus-Christ, retourna chez
lui, et en revint bientôt avec sa femme et une
somme considérable en argent, et il dit à
Jean : «Prends ce trésor ,seigneur, et donne-
moi , ainsi qu'h ma femme et à mon fils, le
signe de Jésus>Christ. » Jean dit : « Le signe
de Jésus-Christ ne s'acquiert pas avec de
Targent, mais avec une foi sincère. Ne con-
serve pas de semblables pensées ; emporte
ce trésor et distribue-le anx pauvres. » El il
les baptisa ensuite et les renvoya chez eux
en paix.
CHAPITRE XXV.
Nous restâmes trois ans cnez Myron, chez
lequel se réunissaient ceux gui croyaient, et
Jean les enseignait et les onptisait; nous
vînmes ensuite dans un endroit où était un
temple d'Apollon , et une grande foule y
était réunie, et Jean leur parla; quelques-
uns croyaient ce qu'il disait, d'autres le re-
poussaient. Et les prêtres d'Apollon dirent :
« Amis, pourquoi faites-vous attention aux
mensonges de cet homme, et comment écou-
tez-vous ses paroles? N'est-ce pas à cause de
ses méfaits qu'il a été exilé en cette lie?
Vos ccBurs aveuglés ne connaissent donc pas
la vérité; en l'écoutant vous faites une grande
insulte aux dieux, car il les méprise et il
se révolte contre les ordres de Tempereur. »
Jean, entendant cela, dit aux prêtres d'A-
pollon : « Afin qu'il soit prouvé que vos
dieux ne sont pas des dieux, que votre tem-
ple s'écroule ; & et aussitôt le temple tomba
et ne fut plus qu'un tas de ruines, mais per-
sonne n'eut le moindre mal.
Les prêtres furieux se jetèrent sur Jean, le
frappèrent rudement et l'enfermèrent dans
un cachot obscur, autour duquel ils placé-»
rent des gardes. Ils allèrent ensuite auprès
du gouverneur, et ils dirent: « Jean, cet
imposteur et ce magicien, a renversé par
ses maléfices le temple d'Apollon ; ne souf*
fre pas qu^une pareille insulte faite aux
dieux demeure impunie. » Le gouverneur fut
très-aifiigé, et il ordonna que nous fussions
détenus en prison. Lorsque Myron et Apol-
lonide furent instruits de ce qui s'était
passé, ils allèrent auprès du gouverneur
qui se nommait Aeduset qui avait remplacé
le mari de Chrysippe, et ils lui dirent : « Nous
te prions de nous rendre Jean ; s'il est cou*
pable, nous répondons de lui, et s'il ne l'est
pas, pourquoi sévis- tu à son égard?» Le
gouverneur répondit : c On assure que c'est
un magicien qui cause beaucoup de maux ;
si je vous le confie, il pourra s'enfuir par ses
artifices magiques. » Apollonide répondit :
«S'il s*enfuitt que nos têtes ré()ondeut de la
sienne et que nos biens soient confisqués. »
Le gouverneur consentit à ce que deman-
daient des gens qui tenaient la première
place dans la ville, et ils vinrent à la .pri'*
son; ils nous délivrèrent, et Myron dit h Jean :.
701
DICTIONNAIRE DES APOCRYPnCS.
7W
« Rq? i«08 en ma maison et n*en sors pas, car
iî y a dans celle ville des hommes mécÊanls
<.*t emportés, et ils pourraient te tuer ainsi
que Prochore. » Jean répondit : < Le Sei-
gneur ne m'a pas envoyé pour que je me
cache, mais il m*a dit d*aller trouver les
hommes violents et colères , el il a dit : « Je
vous envoie au milieu des loups ; ne craignez
pas ceux qui peuvent tuer le corps, mais qui
ne peuvent rien sur l'âme. » Il a dit aussi :
< Quittez tout et suivez-moi; » nous avons
tout quitté et nous Tavons suivi. Je suis
1)rét, non-seulement è supporter la captivité,
a flagellation et les insultes à cause de son
nom, mais^ encore a être tué mille fois et à
tout souffrir avec patience; je resterai dans
cette dispositionjusqu*à ceque j*aie accompli
le cours de cette vie; je vous l'ai dit sou-
vent : Mourons pour lui, afin d*è(re délivrés
de la mort éternelle qui frappera ceux qtii
ne croient pas en lui. » Et quand Jean eut
dit ces iiaroles, nous ne tardâmes pas à sor-
tir de chez Myron».
CHAPITRÉ XXVI.
Nous vînmes ensuite à un endroit où gisait
un paralytique qui avait coutume de distri*
buerdes aumônes aux passants, et il dit à
Jean : « Charitable Maître des Chrétiens, ne
délaisse pas ton serviteur. » Jean lui dit :
« C^ue veux-tu que je fasse? » Et le paraly-
ticjue lui répondit : « J'ai du pain et d^s
aliments; ne refuse pas de t*asseoir auprès
de moi et de partager mon repas. Je suis un
étranger sur lequel se sont réunies toutes
les fautes de mes parents, et elles causent mon
malheur; je fais pour eux el pour moi une
dure pénitence, et quand je vois un étranger,
jelepiainsetmonâmese repose en lui.» Jean
eut pitié de cet homme et il lui dit : « Nous
nous réjouirons avec toi et tu seras dans
Tallégresse avec nous. » Nous bûmes et nous
mangeâmes avec loi^ et quand nous l'eûmes
quitté, une femme veuve vint au devant de
nous et elle dit è Jean : « Seigneur, où est
le temple d'A^^on?» El Jean lui répondit:
«Qu'as- tu à faire avec ce temple? » et elle
dit : c Mon Bis unique est possédé d*un esprit
immonde qui le tourmente cruellement;
c'est pourquoi je suis venue ici afin de prier
Apollon de le secourir et de me donner
quelque consolation. »
Jean lui dit : « De quelle ville es-tu?; >
elle répondit :« Je vis à la campagne et
c'est la première fois de ma vie c^ue j'entre
dans une ville. » Jean dit : « Depuis combien
de temps l'esprit malin tourmeote-t-il ton
fils? 9 et elle répondit ; a Depuis trente-trois
jours, et il est très-violent et très furieux. >
Alors Jean lui dit : • Retourne chez toi ; ton
enfant sera guéri au nom de Jésus-Christ. >
I^ femme revint chez elle, et trouva son Qls
délivré de l'esprit immonde. Nous revînmes
ensuite à )*endroit où était le paralytique, et
Jean dit : « Nous revenons pour manger avec
toi, mais qui nous servira ?» Et il dil:cll
faudra que vous vous serviez vous-mêmes,
oar je ne peux ni vous servir ni me servir
tD0i-m6me. » Et Jean répondit : c C'est toi
qui nous serviras ; » et le prenant par ;a
main, il lui dit : « Lève-toi au âom 4e ié^u^-
Christ, Notre-Seigneur, » et aussitôt \t fdn-
lytique se leva parfaitement guéri, el il Ku.^
servit en glorifiant Dieu.
Nous revînmes erfsuite k la maison '.**
Myron, et nous y trouvâmes son neveu K . >•
don, et il pria Jean de lui donner le signe ue
Jésus-Christ, et Jean l'instruisit et te ba(>tiv4
au nom de la sainte Trinité. Le paralviique
qui avait été guéri vint aussi el sejeitdui
pieds de Jean, et il raconta à tous les a^^is-
tants qui étaient frappés de surprise, c.ooi*
ment il avait été guéri, et il dit: «Je suis
venu pour prier Jean de me faire coonaiire
Jésus-Christ au nom duquel il nfa guéri, i
Jean, l'ayant instruit dans la foi catiïoliquei
le baptisa au nom du Père, et du Fils, etda
Saint-Esprit.
CHAPITRE XXVII.
Le lendemain nous sortîmes de chez
Hyron et nous vînmes au bord de la ai^r,
dans un endroit où il y avait un atelier Je
foulons. Et Tun d*eux, qui était Juif et qai
se nommait Charus, ^e mit k parler à Jean en
citant les écrits de Moïse. Jean lui réponi.l
en lui montrant ce que dit TEcrilure au
sujet de rincarnation du Fils de Dieu, d^ «a
Passion, de sa sépulture et de son asce^i^on
au ciel; Charus ne répondait que par •:•$
blasphèmes I alors Jean lui dit : « Cesse <l?
l)lasphémer et tais-toi, » et aussitôt Charus
devint muet, et il ne put plus parler. Les
assistants s*étoiinèrent de ce que la |)arue
de Jean avait produit si promptcmeiit ui\
pareil effet. Ei trois jours après, une truuf-.
des amis de Cliarus vint trouver Jean eio.i
avec colère : « Qu as-tu fait à Charus p^^urte
rendre muet? d Jean répondit : « Mes frères
pourquoi ètes-vous irrités contre moi a
pourquoi in*imputez-vous le chilimeot que
Dieu lui a inOigé à cause de ses ptwki
iuipies? Qu*il écoute maintenant avec po-
tience jusqu'à ce uue la volonté du Sei{;neur
se manifeste. »
Alors un de ces Juifs qui était renomo.^
pour sa sagesse, dit : i Maître, il arrive par-
fois que le vin manque de douceur et que i
lait est amer; il en estde même des lioiuipo'i
un méchant profère quelquefois de boun ;^
paroles, et un bon en dit de mauvaises. » t!
Charns vint alors aQu d'implorer le pani i-
de Jean; il se jeta à ses pieds, et le Juif t| •>
avait d(^jà parlé, dit : t Maître, tues I* i*.
dénoue ce que tu as lié. » Et Jean d-»-
Charus : m Comme tu as péché contre li)^"*
ta bouche a été fermée au nom deJe>uv
Christ; qu'elle s ouvre en son nom; • '^
aussitôt Charus parla, et, se prostemaut'^t
pieds de Jean, il dit : « Maître, nous sàm-
par les Ecritures que nos pères ont jadis l'r"
voqué ia colère de Dieu , mais, dans sâ miï^
ricorde, il leur a remis leur péché; si j'ai i^c*
ché contre le Dieu qui t*a envoyé en ce:>^
lie, prie-le pourqa*il mepardoni1e,etdoQnri
ton serviteur le t>aptéme de ia grice. ' i^>
rapAtre l'instruisit, et il le baptisa au ao'Ji
du Père, et du Fils» et du 8aiut-£spnl.
m
PRO
PAR^. »T.- LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
7»4
CHAPITRE XXVin.
Tajidis que l'apÔtre faisait ces choses à Path*
mo$,iiyavaitdanscettelle ud magicien noin-
niéCynops, et il résidait dans un désert à une
distance de quarante stades de la ville» et il
habitait une caverne qui passait pour servir
dederoeureaux esprits immondeSy et tous ?es
habitants le re^irdaient comme un Dieu à
dusedes prestiges qu*ii opi^ràit. Les prêtres
d'Apollon se réfugièrent auprès de lui lors-
qu'ils virent que Jean prêchait en liberté
et que (e gouverneur ne songeait pas à ti-
rer vengearlce de la destruction du temple
d*Apollon, et ils lui dirent : « Nous avons eu
depuis hien des années recours à toi, mais
aiyourd*hui ton appui nous est plus néces-
saire aue jamais ; sois notre protecteur dans
le malheur qui nous frappe. Car ce Jean,
cet étranger banni de sa patrie à cause de ses
méfaits et exilé ici, a capté par ses maléQces
la faveur des grands, et, fort de leur assis-
tance, il excite du trouble dans le pays ; il
a renversé le temple d'Apollon, et le gouver-
neur, qui Tavait fait emprisonner, lui a rendu
la liberté d*après les prières de Mjrron et
d'ApoIlonide. Viens ànotresecours et détruis
sesmaléGces.sCynops leur répondit : « Vous
savez que je ne quitte jamais ma retraite ;
uourquoi me demandez- vous d*en sortir?
roulez-vous que je ternisse ma gloire, et
que je rende mon nom méprisable à cause
d'un hoQQme sans conséquence et dont je
n'ai pas à m*occuper? J ai promis de ne
pas entrer dans la ville, mais demain j'en-
verrai un démon dans la maison oii habita
cet étranger ; il enlèvera son âme et je ren-
verrai au jugement éternel. »
Les prêtres ayant entendu ces paroles,
tombèrent aux genoux de Cynops, lui rendis
rent gr&ces et revinrent à la ville, et le len-
demain Cynops réunit une multitude de
démons, et il dit à leur chef : « Va dans la
maison de Myron, et enlève Tâme de Jean,
et amène-la moi. » Le démon se rendit chez
Marron ; mais Jean connut sa Tenue et
lui dit : « Au nom de Notre-Seigneur Jésus-
Christ, je te défends de sortir d'ici jusqu'à
f^e que tu m'aies dit*pourquoi tu es venu. »
Et aussitôt le démon* se trouva comme en-
chaîné, etil dit : « ApOtre de Dieu, je te dirai
toute la vérité ; je te prie seulement de ne
pas t'irriter contre moi. Les prêtres d'Apol-
lon ont été prier Cynops de venir à la ville
et de te tuer; il ne Ta pas voulu disant qu'il
perdrait sa renommée s*il entrait dans la
ville, mais il a promis de m'envoyer pren-
dre ton âme et de la lui apporter ;c*esl pour-
quoi je suis venu. »
Jean répondit : « As-lu déjà été chargé
d'une pareille mission? » Le démon répon^
dit : fl Ouif mais je ne lui ai pas apporté les
âmes qu'il demandait. » Et Jean dit : « Pour-
quoi lai obéissez-vous 7 » Le démon dit :
« Parce que toute la puissance de Satan est
en lui et qu'il a un pacte avec tous ses chefs,
et nous avons aussi un pacte avec lui. » Jean
<lit alors : « L'apôtre de Jésus-Christ te com-
mande dé ne jamais rien faire qui nuise aux
hommes ; ne retou rAe pas vefs «elui ;qui
t'a envoyé, mais soiis de cette Ile; > et aus-
sit6t le démon en sortit.
Cynops, voyant que l'esprit malin ne reve-
nait pas, en appela un autre et lui donna le
mècae ordre, et Jean lui commanda égale-
ment de sortir de l'île. Cynops envoya alors
(ienx autres esprits et leur dit : « Allez vers
Jean; mais que l'un s'approche de lui et gue
l'autre reste à la porte, observant ce qui se
passe, et qu'il sache pourquoi v06 compa-
gnons ne sont pas revenus, i» Jean dit à I es-
prit qui s'approcha de lui : < Je saîs pôur-
qnoi tu viens ; je te commande de ne point
retourner vers Cynops, mais de sortir im-
médiatement de cette lie, % et anssitdt le
démon obéit à Tordre de l'apôtre de Dieu.
L'autre démon qui était resté à la porte,
voyant ee qui s'était passé, revint vers Cy-
no{)s et lui raconta ce dont il avait été té-
moin. Cynops convoqua alors une foole in-
nombrahlededémons, et il leur dit 3 « Jean a
chassé vos compagnons de cettelle, il vousea
ebffssera aussi et vous fera souffrir de grands
maux si nous ne lui résistons avec énergie;
j'entrerai dans la ville, fort de votre appui,
je renverserai ses artitices et je le ferai périr. »
Cynops entra ensuite dans la ville accom-
pagné seulement de trois démons, et il com-
manda aux autres de rester hors de la ville:
et i son entrée tous les habitants furent en
grande émotion, parce qu'il ne sortait jamais
de St'i retraite, et ta foule se rassembla, et on
lui adressait une foule de questions, et
il répondait à chacune. Et Jean me dit s « Mon
û\s Prochore, sois ferme et intrépide, car
Cj^nops fera tomber sur nous beaucoup de
tribulations etd'anxiélés. » Alors tous les frè-
res que Jean avait baptisés se réunirent
afin d'écouter ses instructions, ef, soivant
l'ordre de Jean, nous reslâme^i dit jours dans
ta maison de Myron, ne sortant point à cause
du tumulte uue Cynops avait excité dans la
villo, et l'ap&tre nous consolait, et nous ïop-
tifiait, disant :« Restez fermes, et vous serez
très-convaincus de la présence de Dieu. »
Tous les habitants de la ville étaient réu*
nis pour entendre Cynops, et ils écoutaient
ses paroles , et dix jours s'étant écoulés, Jean
me dit: c Sortons, mon tiis; » et nous allâmes
sur une des places de la ville, et beaucoup de
gens se rassemblèrent pour écouter la pa-
role de Jean, et Cynops voyant que Jean était
entouré d'auditeurs, dit : <i O hommes aveu-
gles etéloigr>és de la vérité, si Jean est juste,
et si sa parole et ses œuvres sont bonnes,
je croirai en lui, mais s'il se trouve qu'il est
injuste, et que ses œuvres sont mauvaises,
tandis que les miennes sont bonnes, croyez
en moi et non en lui. » Bt Cynops demanda
è un jeune homme qui était le si son père
vivait, et il répondit : « Non, il a péri dans
un naufrage, i» Alors Cynops dit à Jean :
« Si ce que tu dis est vrai, prouve-le en
rendant un père à ce fils* » Jean répondit :
«t Le Seigneur ne m'a pas envoyé pour res-
susciter les morts, mais pour enseigner et
pour sauver les homnies que le diable
trompe. » Et Cynops dit au peuple : « Ne
795
DICTIONNAIRE MIS APOCRYPHES.
m
voyez- vous pas, haoïlantsde cette ville, que
Jean est un magicien qui vous séduit par ses
artiûces ? Reteuez-le jusqu'à ce que je rende
devant vous à ce jeune homme un père plein
de vie. »
Alors Cynops conduisit le peuple an ri-
vage de la mer, et, avant étendu les deux
mains, il fit un grand bruit, et aussitôt il dis-
parut à tous les yeux, et chacun fut saisi
d'effroi, et la foule s'écria : « Cynops est
grand; 11 n'y a pas de Dieu plus grand que
lui. » Et aussitôt il sortit de la nier ayant
avec lui un démon qui avait la forme du
père du- jeune homme, et Cynops dit au
jeune homme : « Est-ce ton père? » Et il
répondit : « Oui, seigneur, p Alors tout le
peuple se prosterna devant Cynops et Tado-
ra, et ils voulurent tuer Jean; mais Cynops
leur dit : « N'eu faites rien, car vous verrez
de plus grandes choses, et vous le chAtierez
sévèrement.)» Et Cynops appela un autre
homme et lui demanda :« As-tu un fils?»
Et il lui répondit : « J'en avais un, seigneur,
mais un ennemi , ému par un sentiment
d*envie, lui a donné la mort. » Alors Cynops,
proférant de grandes clameurs, les appela
par leur nom, et aussitôt deux démons pa-
rurent , l'un d'eux ayant la figure du jeune
homme qui avait été tué. El Cynops demanda
au père : « Est-ce ton fils?» Et il dit : « Oui,
seigneur. » Et Cynops dit à Jean : « N'ad*
mire$-tu pas les prodiges que tu vois? »
Jean répondit : « Non. » Et Cynops répli-
qua : « Si ces prodiges ne t'émeuvent pas,
tu en verras de plus grands, et je ne cesse-
rai jusqu'à ce que je t'aie vaincu parles mer-
veilles que j'etfeduerai. » Jean répondit :
«Tes prodiges disparaîtront avec toi. » Le
peuple dit à Jean : « O fugitif, exilé et in-
connu, pourquoi blasphèraes-tu contre le
puissant Cynops? )> Et, se jetant sur lui com-
me des bêtes féroces, ils le renversèrent par
torre et voulaient le déchirer. 'Et Cynops,
croyant que Jean était mort, dit à la foule :
« (Jiissez-le sans sépulture, aGn que les oi-
seaux du ciel et les bêtes de la terre le dé-
vorent, et vous verrez si le Chrisi qu'il prêche
le ressuscitera. » Et les habitants, pensant
aue Jean avait été tué , s*en allèrent pleins
e joie, chacun en sa maison. Et Jean resta
couché en cet endroit jusqu'à la seconde
heure de la nuit, et je vins, livré à une
grande affliction, pour voir si je trouverais
mon maître ; et, m'approchant de lui, je lui
dis : «i Comment te trouves-tu, seigneur? »
Et il me répondit: oHAte-toi d'aller chez
Myron; tous les frères y sont réunis et se
livrent à une extrême douleur; annonce-
leur que, par la grâce de Jésus-Christ, Je
suis en vie, et tu reviendras ensuite auprès
de moi. » Je m'empressai de me rendre à la
maison de Myron, et j'y trouvai les frères
. réunis et s'aQligeant beaucoup du malheur
de Jean; et lorsqu'ils m*entendirent frapper à
la pnrte, ils n'osaient* ouvrir, craignant les
embûches des partisans du magicien Cynops.
Et comme ie persistais à frapper et à crier,
un des esclaves de Myron aie reconnut, ot
annonça que Pruchore frappait à la |>orte; ils
ouvrirent, et, à mon aspect, ils furent frapi^é*
de stupeur, car ils croyaient que j'étais mort
avec Jean . Et quand ils apprirent que J^ao vj.
vait, ils coururent avecjoieà l'endroit oùit
était; et nous le trouvâmes à genoux, priant U
SeigneurJésus-Christ,etquandileutter(nioé
sa prière , ils l'embrassèrent. Jean se mit à
les instruire et à les ^avertir de ne pas se
laisser séduire par les paroles ou les aclioas
de Cynops, et il dit : « Tout ce qu'il fait u'e>t
que prestige et artifice du démon ; mais tous
le verrez, par la grAce de Jésus-Christ, |)énr
avec ses ruses. Allez chez Myron, et restez-
y en prières jusqu'à ce que Dieu manifeste
sa volonté, » et ils s'en allèrent après l'avoir
embrassé.
Lorsque le matin fut venu, quelques per*
sonnes annoncèrent à Cynops que Jean u-
vait. Cynops appela alors un démon qui lui
avait souvent donné son concours, et il lui
dit : « Sois prêt à exécuter mes ordres, > et
il vint avec le démon au logis où nous étions
et une grande foule l'accompagnait. El ildti
à Jean : « J'ai voulu te faire subir ceiiH
peine et cette confusion, et c*est pourquoi
je t'ai conservé la vie; mais je veux maio-
tenant que nous revenions auprès de la mer,
afin que tous voient ma gloire, et qu'ils
jouissent de ton embarras et de ta destruc-
tion. » Il ordonna ensuite aux assistants de
retenir Jean jusqu*à ce qu'ils eussent vu les
grands prodiges qu'il pouvait faire.
^ CHAPITRE XXIX.
■ Et étant arrivés à l'endroit oiï Cynops opé-
rait ces prestiges , nous vîmes une grande
multitude d'hommes et de femmes qui of-
fraient de l'encens à cet enchanteur, et i!)
se prosternaient devant lui, et il était accom-
pagné de deux démons, qui avaient pris la
figure des hommes qu'il feignait avoir
ressuscites. Cynops frappa des mains, et,
ayant fait un grand bruit, il se jeta k Is
mer, et le peuple dit : « O grand CynopsI •
Et les deux démons dirent à la foule : < At-
tendez ; Cynops est mort , et il ressuv-
ciiera. » Et Jean dit aux démons : < Es-
prits immondes , je vous ordonne de rester
ici, immobiles, jusqu'à ce que j'aie prié;*
et aussitôt, l'apôtre ayant levé les mains au
ciel et dis|)0sé les bras en forme de croix, pria,
disant : « Seigneur, toi qui, écoutant les priè-
res de Moïse, as donné à Israël la victoire 5ur
Araalec, Seigneur Jésus-Christ, Fils du Duu
vivant, jette ce Cynops au fond de Tablcne:
qu'il ne revoie \A\xs le jour et qti'tl tw
puisse plus tromper les hommes. >
Lorsque Jean eut fini sa prière, ta fficr "i
entendre un grand fracas, et elle fut trèv
agitée à Tendroit où Cynops s'était précipi*
té, et, dès ce moment, il fut englouti etpir-
sonne ne le revit. Et Jean ordonna aus deui
démons qui avaient pris la forme d'botnujw
ressuscites de sortir aussitôt du pays ; cl ^°
entendant ce commandement donné an noai
de Jésus-Christ, qui a voulu être crucine
pour le salut de tous les liommesi Iw^^
mons dispartirent aussitôt. La foule, vuyii>;
qu à la voix de Jean, les morts qu'elle avAi*
797
PAO
PART. m. — LEGENDES £T FRAGMENTS.
PRO
7ti8
crus rappelés à la vie, avaient disparu , s*ir-
rila contre lui, et grand fut ie courroux du
jeune homme qui pensait avoir recouvré
son père, et du père qui s'imaginait que
son fils lui était rendu , et ils Grent des me-
naces è Jean, et les assistants disaient : a Si
tu étais on homme bienfaisant, tu ne détrui-
rais pas ce qui est rendu , mais tu rendrais
ce qui est détruit; mais tu es un magicien
envieux deCynops, et tu as anéanti les bien-
faits qu'il nous a vai t accordés; rends-nous ces
deux hommes ou nous te tuerons.» Quelques-
uns disaient : «c Ne lui faites aucun mal jus-
u'à ce que le juste Cynops revienne, et alors
il ie livrera au jugement éternel. » lis se
rendirent à cet avis, qui était conforme à ce
u*avait dit Cjrnops, et ils restèrent au bord
e la mer trois jours et trois nuits sans pren-
dre de nourriture et criant : «Puissant Cy-
nops, assiste- nous. » Et grand nombre d*en-
tre eux tombèrent gravement malades à cau-
se de cette abstinence et des clameurs qu'ils
poussaient; plusiours tombèrent privés de
senlimem et moururent.
CHAPITRE XXX.
Jean voyant qu'ils périssaient misérable-
ment, fut ému de compassion ; il gémit et se
iDJtè pleurer, disant : u Seigneur Jésus-Christ,
qui m*as envoyé dans cette lie ^our le salut
(ie ses habitants, do^ne-ieur l'intelligence
du cœur afin c|u*aucun d'eux ne périsse. » Et
il les consolait en disant : « Mes frères, écou-
lez-moi avec patience; voici quatre jours
que vous n'avez mangé et vous persistez à
jeûner, attendant celui qui ne viendra pas.
Sachez que, par un juste châtiment de Dieu,
Cfnops est tombé dans la perdition éternelle;
que chacun de vous se retire donc, je vous
en prie, dans sa maison, et prenez de la
nourriture afin de conserver votre vie. » Et
après avoir ainsi parlé , il vint à ceux qui
avaient succombé à ia fatigue, et il pria sur
eux, disant : « Seigneur Jésus-Christ qui ,
»u dernier jour, rappellera delà mort par le
son de la trompette, les hommes qui se sont
endormis et ont quitté le monde, étends (a
i;râce sur ces hommes qui sont morts, aGn
qu'ils reviennent à la vie, )> et aussitôt ils
se relevèrent. (Et la foule, voyant ce pro-
<iige, se prosterna devant Jean et l'adora, di-
:>ant : « Maître, nous savons h présent que
tu es venu de la part de Dieu. » Et Jean leur
dit : « Allez en vos demeures, prenez de lu
nourriture et restaurez vos âmes. Je vais al-
ler chez Myron qui a été converti à Jésus-
Christ, et ensuite j'irai vers vous, et je vous
donnerai ce qui vous est nécessaire; » et cha-
cun alla en sa maison.
Nous allAmes de notre côté chez Myron, et
une grande joie éclata quand nous y arri-
vâmes. Et Myron mit la table, et nous prîmes
de la nourriture avec lui. Au point du jour,
presque tous les habitants se réunirent de-
vant la maison de Myron, disant : a Myron,
lu Doérites de grands biens h cause de
l'homme de Dieu et du bon maître qui s*est
manifesté à nous par ton entremise. Conduis-
le donc dehors auprès de nous, afin que nous
recevions de lui ia parole de la foi. i» Myron
pensa qu'ils parlaient ainsi avec perfulie afin
d'attirer Jean au dehors et de le tuer, mais
Jean lui dit : « Ne t'épouvante pas, mon
frère, et ne crains rien; j*ai confiance en
mon Dieu qui a été crucifie à cause de nous,
et il n'y a nul mauvais dessein en ces hom-
mes. » H sortit donc, et la foule s'écria : a Tu
es le sauveur de nosAmes, tu es le grand Sei-
gneur etle Dieu qui éclaire l'hommed'unelu^
mière immortelle. »Jean, les entendant parler
ainsi , déchira ses vêtements et couvrit sa
tête de poussière, et il fil signe de la main
pour demander le silence, et tous se turent
avec effroi, et Jean monta sur un lieu élevé
et dit : « Ne vous égarez pas, mes frères, et
ne blasphémez point; je ne suis pas un
Dieu,* et ouvrant lesEcrituresetcomniençant
par Moï-^e, il leur expliqua ce que les pro-
phètes avaient dit du Fils de Dieu, et com-
ment Dieu a envoyé sur la terre son Fils
unique qui est né d'une femme pour le sa-
lut des hommes : «Je suis, » dit-il, « le ser-
viteur indignedu Filsdu Dieu vivant; il m'a
envoyé dans cette île pour que je vous fasse
sortir de l'erreur, et cest en son nom et par
sa puissance que je fais tous les prodiges
que vous voyez. » El après les avoir ensei-
gnés d'après l'Ecriture, il rentra chez My-
ron , et plusieurs vinrent le trouver, le
priant de les baptiser, et après les avoir
instruits , il les baptisa au nom du Père, et
du Fils, et du Saint-Esprit.
CHAPITRE XXXf.
Le lendemain,|Jean sortit avec moi, arec
Myron et avec trente nouveaux baptisés, et
nous allâmes à l'hippodrome où se font les
courses de chevaux, tly avait un Juif nommé
Philon , très-versé dans la connaissance de
la loi, qui demeurait en cel endroit. Et Jean
se mit a l'interroger au sujet des livres de
Moïse et des prophètes ; le Juif répondait se-
lon la lettre du texte , et Jean Tinterpréiait
selon l'esprit, et comme ils n'étaient pas
d'accord, Philon dit : « Ce n'est point par de
longues discussions qu'on arrive h Tintelli-
gence de l'histoire ; c'est par un cœur pur
et sans tache, et par une foi droite et agréable
à Dieu. )» Et quand il eut dit ces paroles, Jean
cessa de lui parler, et voici que non loin de
là gisait un homme tourmenté par une fièvre
très-forte, et auprès de lui il y avait unjoune
homme qui, voyant Jean passer, accompa-
gné d'une grande foule, se mit à crier à voix
haute, disant : « Apôtre de Jésus-Christ, aie
pitié de ce malade qui souffre cruellement. »
Et Jean s'approcha, et avant fait le signe de
la croix, il dit au malade : « Au nom de
Notre-Seiçneur Jésus-Christ, dont je suis le
serviteur indigne et l'apôtre, lève-toi et re-
tourne guéri en ta maison; » et aussitôt le
malade se leva et, fléchissant les genoux de-
vant l'apôtre, il lui rendit grâces
CHAPITRE XXXII.
Philon, voyant ce miracle, f)rit Jean par la
nain et lui dit : « Maître, qu'est-ce que la
charité ? n Jean répondit : «Dieu est la cha-
790
DlCTtONNAIRE DES APOCRYPIlES.
m
rite, et celui qui a la charité possède Dieu. »
Philon dit : « Si celui qui a la charité pos-
sède t)feu, comme tu !e dis, montre que tu
as la chanté, entre dans ma maison pour
que nous mangions etbuvions ensemble, et
Dieu sera avec nous. » Jean le suivit, et
après te repas, il enseigna la parole de Dieu,
et ta femme de Philon lui demanda le bap-
tême; cette femme était atteinte de la lèpre,
et sa peau était blanche comme la neige ;
dès qu'elle eut reçu le baptême, elle se
trouva comptélemenl guérie. Philon, témoin
<le celte ^uérison, perdit son arrogance et sa
vanité; il devint modeste et doux, et tom-
bant aux pieds de Tapûtre, il dit : « Bon
maître, je t'en conjure parle Dieu que tu
sers, sois-moi propice et ne t'irrite pas con-
tre ton esclave, j'ai dit contre tes prédica-
tions beaucoup de choses dont je me repens,
et je te prie de me donner le signe de la vie
éternelle. » Jean Pinstruisit et le catéchisa,
et le baptisa ensuite, au nom du Père, et du
FilSi et du Saint-Esprit.
CHAPITRE XXXIII.
Le lendemain matin , nous sortîmes de
bonne heure de la maison de Philon, et une
(grande foule se réunit aûn d'écoufer les
instructions de lean. Et les prêtres d'Apol-
lon qui avaient voulu faire périr lean, lors-
qu'il avait détruit leur temple, se réunirent
aussi. Ils se tinrent près de lui, épiant ses
actions afin d'y trouver b redire, et un d'eux
tenta Jean, en disant : « Maître, j'ai un fils
estropié des d(Miz jambes, guéris-le, et je
croirai au crucifié que tu pièches. «Jean
lui répondit : « SI tu crois , ton fils sera
guéri. » Et le prêtre répondit : « tinéris-le
d'abord, je croirai ensuite. » Jean répliqua :
« Ne parle pas imprudemment , je sais (jue
tu veux me tenter et chercher une occasion
de blasphème; c'est pourquoi, au nom de
celui qui est crucifié, tu seras estropié des
deux jambes; » et aussitôt le |)rêtre fut hori
d'état de marcher, et Jean me fit appeler et
me dit : « Mon fils Pachore, va au fils du
prêtre d'ApoUon et dis^lui que je le fais
prévenir au nom du Fils de Dieu qui a été
crucifié sous Ponce Pilate, de se rendre au-
près de moi. )» J'allai lui rapporter les pa-
roles de Jean, et aussitôt il se leva parfai-
tement guéri, et il vint avec moi. Et quand
je rejoignis Jean, il se jeta aux pieds de l'a-
pôtre, et lui rendit grâces. Et le père voyant
que son fils était çuéri, s'écria à haute voix :
<f Aie pitié de moi, apôtre de Dieu, i» Jean fit
sur lui le signe de la croix, lui prescrivant
de'se lever, et il se leva aussitôt, et se jetant
aux pieds de Tapôtre il le pria de le baptiser;
il fut baptisé, et il nous conduisit 5 sa mai-
soni et nous y demeurâmes cette journée.
CHAPITRE XXXIV.
Le lendemain , nous nous rendîmes au
portique qu'on appelait portique de Domi-
tifn, et une grande foule se réunit autour
deJoan. Et il y avait là un hydropique qui
était malade depuis dix-sept ans , et il ne
pouvaitni se mouvoir, ni parler; il fit signe
a
u'on lui donnât de l'encre et du pai ier, et
il écrivit : « Jean, apôtre de Jésus-Chnst,
un homme accablé par le malheur, te pne
d'avoir pitié de lui ; » Jean reçut cette lettre
et il la lut en se réjouissant de la foi de cet
homme, et il lui écrivit : «AThoinuie hydro-
pique, Jean esclave et apôtre de Jé$us-Cbn*t,
salut :
«Tu me demandes de te secourirdaas tadé-
tresse; au nom du Père, et dii Fils, et da
Saint-Esprit, sois délivré de ton iofirmiié
et sois gnéri. »
Quand l'hydropique eut reçu cette lettre
et qu*il l'eut lue, il se leva, coniplélement
guéri. Et la foule , voyant ce miracle, fut
frappée de surprise , et désirait encore plus
vivement entendre ta prédication de J^^an.
Et l'homme qui avait été guéri tomba aut
pieds de Jean, le priant de lui donner le hi-
gne de Jésus-Christ, et Jean le baptisa au
nom du Père, et du Fils, et du Saint-Espriu
CHAPITRE XXXV.
Lorsque nous quittâmes cet endroit, uo
homme envoyé par le gouverneur de Tiie,
vint au-devant de nous et dit à Jean : « A)>d-
tre du Christ, Fils de Dieu, hâte-loi deie
rendre dans la maison du gouverneur, car
sà femme est au moment d'accoucberf et elle
est dans un grand danger. » Jean alla chez
le gouvernenr ; au moment qu'il entra dan^
la maison , la femme fut délivrée. Et Jean
dit au gouverneur : « Pourquoi m'as-tu fait
apf)eler ?» Et il répondit : « Pour que tu
bénisses ma maison. »
Jean répondit : « Si tu crois en Jésus*
Christ Fils de Dieu, tu seras béni aiu5i q(K
ta maison. » Et le gouverneurt heureux «le
voir le bien qu'avait produit la venue <le
Jean, dit : <i Je crois an Dieu qui t'a envou*
pour notre salut. » Et Jean lui enseigna cutii-
ment il devait croire au Père» au Fitset au
Saint-Esprit ; il le baptisa ensuite, et sa feiiimc
demanda aussi à être baptisée, mais Jeanne
voulut pas jusqu'à ce qu'elle eût accooipii
les quarante jours de la puritication.
Le gouverneur apporta à Jean une gros^t»
somme d'argent, le priant de la recevoir e:
de bénir sa maison; Jean lui dit :• Je ne
puis recevoir celte somme pour bénirta mai-
son, mais distribue-la aut pauvres au n<*(ii
de Jésus-Christ et ta maison .nera k>énie. ■
Et nous demeurâmes trois jours dans la mai-
son du gouverneur, et nous en sortf Jies pour
aller chez Myron où il se rassembla une
grande foule qui demandait k eotendn^
Jean.
CHAPITRE XXXVI.
Nous dcmeur&mes trois ans dans une
maison sur la place de la ville, et nous ^a
sortîmes ensuite pour aller dans une autre
ville éloignée de cinquante stades. Celte vii<?
était fort peuplée, remplie d*une rosi(ilu<lt*
d'idoles, et leurs adorateurs étaient tromi*^;
par des prestiges mensongers. Et il y ataii
un fleuve qui traversait cette ville. Personne*
ne nous connut lorsque nous y entrâmes, *t
nous y rencontrâmes un homme qui menau
m
PAO
PART. lU.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
8(2
garrottés dotize enfants apparleoant aux pre-
mières familles de cotte cité. Jean ayant de-
mandé pourquoi ces enfants étaient ainsi
lUachéSy on lui dit qu*à chaque nouvelle
iiine^ 00 offrait au dieu Loup un sacrifice
de douze enfants. Jean dit : « Je voudrais
savoir qui est ce dieu Loup? » Et celui qu'il
interrogeait répondit : « A la quatrième
heure uu jour, les prêtres viendront accom-
pagnés d*une grande foule ; si tu veux les
suivre, ta verras le loup auquel on offre ce
sacrifice. » Jean dit : « Je reconnais en toi un
homme lûenveillant, je suis nn étranger,
je le prie donc de me montrer ce que je dé-
sire voir, et si tu le fais, j*ai une perle d'un
prii tel que personne ne pourrait h\ payer,
etjn te la donnerai. »
L*homnie auquel Jean parlait ainsi nous
conduisit alors dans Pendrait où habitait le
loup, et il d it : « Nous sommes arrivés ; donne-
mii la perle, et je te montrerai le loup. ^
Jean lui dit : « Aie confiance en moi ; lors-
que lu me l'auras montré, lu recevras la
perle que je t'ai promise. » Peu de temps
après, un loup sortît du fleuve, et Jean lui
dit : » Je t'adjure, esprit immonde, dis-moi
depuis combien de temps tu résides en ce
lieu. » Le démon répondit: « Depuis soixante-
dix ans. « Jean dit alors : « Je te commande
au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Es-
prit, de sortir de cette tie, v et aussitôt Tes-
prit immonde disparut, vi Thomme qui avait
ftarlé h TapÔtre, voyant cela, tomba aux pieds
de Jean, Pt lui dit : «( Aie pitié de moi,
homme saint; dis-moi qui tu es etd*ot!ltu
viens, toi qui fnis des choses aussi admira-
bles, et qui donnesdes ordres aux dieux qui
accomplissent ta volonté en tremblant. »
Jean lui répondit : « Je suis Tapôtre elle
S(!rviicur de Jésus-Christ, Fils de Dieu ; ce
loup que tu regardais comme un dieu n'était
qu'un esprit immonde qui a fait perdre beau-
coup d*ânies, et mon Seigneur Jésus-Christ
m'a envoyé en celte lie pour en chasser tous
le.s esprits méchants, et i-ouc prêcher aux ha«
bitants l'Evangile de la vérité. » Cet homme
ayant entendu ces paroles, tomba sur sa
face, et dit : « Apôtre de Jésus-Christ, fais-
moi miséricorde afin que je mérite d'être le
serviteur du Fils de Dieu. « Et Jean rinstrui-
sii comme il devait croire au Père, au Fils,
et auSaint*Espril, et le lendemain il lui
dit : ff Voici que tu as reçu une perle très-
précieuse. » Et lorsqu'il eut dit, des prêtres
vinrent, tenant des épées et menant des en-
fants enchaînés pour les sacrifier à leur Dieu
Loup; et ils attendaient la venue du démon
qu'ils prenaient pour un dieu. Et après qu'ils
eurent lon^^lemps attendu, Jean s'approcha,
et leur dit : « 0 ignorants, qui ne connaissez
pas la voie de la vérité , le loup que vpus
attendez «t que vous prenez pour un dieu
est un démon et un esprit méchant ; je l'ai
chassé de ce pays au nom Ue Jésus-Christ,
Fils du Dieu vivant; vous l'attendrez en vain,
il ue viendra plus ; délivrez donc ces enfants
et croyez en J^sus-Chrisr, vrai Dieu et vrai
homme, qui a été crucifié pour le salut de
tous les hommes, n
Les prêtres, entendant Jean parler de la
sorte, furent fort troublés, et aucun d'eux
n*bsait lui répondre, mais ils craignaient que
le luup ne vînt et ne les engloutit dans les
eaux du fleuve s'ils croyaient à un éiran-
ger. Et Jean leur dit derechef : « Délivr z
ces enfants ainsi que je vous Taî dit, et ne
craignez point le démon, qui ne reviendra
plus, car je lui ai commandé au nom du Sei-
gneur Jésus-Christ, de se retirer, » Et comme
aucun des prêtres ne répondit, Jean délivra
les enfants, et leur dit : « Retournez dans la
ville auprès de vos pères, de vos mères, de
vos frères et de vos amis, » car aucun de
leurs parents ne les avait suivis. El il alla
vers les prêtres, il leur ôta leurs épées
d'entre les mains, et tous furent effrayés et
aucun d'eux n'osa rien lui dire; car le Sei-
gneur le protégeait et empêLhait qu'on ne la
touchât et qu'on ne lui adr)Bssât des injures.
Ils entrèrent tous dans la ville, et Jean vint à
l'endroit où était un petit portique, et une
grande foule se réunit pour entendre sa pa-
role. Et il se mil à leur parler des |)assa,^es de
l'Ecriture sainte qui ont prédit le Fils de Dieu,
et quelques-uns crurent è sa parole, et lui
rendaient grâces de ce qu'il avait délivré les
enfants de la mort; les prêtres seuls avaient
de la haine contre lui, et ne voulurent ni
écouter sa parole, ni recevoir le bapiême
CHAPITRE XXXVII.
Il y avait dans cette ville un bain où un
des fils des prêtres avait été étranglé par le
démon, et ce démon était celui que Jean
avait expulsé d'Ephèse et qui avait étran-
glé le fils de Dioscoride. Quand le prêtre ap-
prit que son fils avait été étranglé, il courut
au bain, et quand il le vit mort et éiendu par
terre, il s'éloigna dans une (grande affliction,
et il s'approcha de Jean, et il lui dit : <i II est
maintenant temps de croire en celui qui t'a
envoyé et que tu prêches, car nïon fils e^t
mort étranglé dans le bain ; je sais que, si
tu veux, tu peux me le rendre vivant. » Jean
lui répondit : « Il te sera rendu, n et pre-
nant le prêtre par la main, ils allèrent aux
bains^ et nous les suivîmes.
Quand nous ïûmes entrés, on apporta le
mort, et on le déposa aux pieds de Jean, et
le prêtre dit à Jean : « Ressusrite-le par le
pouvoir du Dieu que tu vénères et que tu
prêches, » et aussitôt Jean ayant pris la main
du jeune homme, dit : « Au nom du Sei-
gneur J(^sus-Chri.st, Fils de Dieu, lève-toi,»
et aussitôt le mort se leva. Et Jean dit h
l'enfant : « Que t'est-il arrivé, mon fils? •
Et l'enfant répondit : « Tandis que je me la-
vais , un homme, noir comme un Ethio-
pien (768-69), estsorti du bain et m'a étranglé.»
Et Jean connut que c'était le démon, et il
entra dans les bains. Le démon se mit A
crier d'une voix terrible : « Jean, apôtre de
t?69-69) En plusieurs endroiis de f I/ti/oire apo- i^pri^senlé sous la forme d*un Ethiopien ou d*uQ
iiQliqut au pacudo-Abdias , le démon e:>l de luême Pf gre.
fio:i
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
fJ4
Jésus-Christ et son bien-aimé, je te prie, au
nom de ton Seigneur, de ne pas me chasser
d*ici. » Et Jean lui dit : « Depuis combien
d^années es-tu ici? » Le démon répondit :
« Depuis trois ans ; j'habitais à Ephèse dans
les bains de Dioscoride, e(, lorsque tu m*en
as chassé, je suis venu résider ici. »
Jean lui dit alors : «Je te commande, esprit
immonde, au nom de Jésus-Christ, de sortir
de ce lieu et de cette île, et de ne nuire à
aucun homme, mais d*aller dans des lieux
déserts, » et le démon s'enfuit aussitôt. Et
le prêtre, voyant ce qu'avait fait Jedn, le
pria en fléchissant le genou, et en disant :
« Seigneur, moi et mon fils et toute ma maison
nous sommes à ta disposition, et nous nous
soumettons h ta volonté; nous ferons tout
ce que tu nous commanderas, et nous t'obéi-
rons en toutes choses. » Jean lui dit : « Crois
en Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui a été cru-
cifié, et tu seras sauvé ainsi que ta maison. »
Le prêtre répondit : « Je crois en ce que tu
dis, apôtre et disciple de Jésus-Christ, Fils
de Dieu. » Et il nous conduisit à sa mai-
son, et s'étant agenouillé, il priait, disant :
« Donne moi le baptême ainsi qu'à mon fils
et à toute ma famille. » Jean les enseigna
et les instruisit dans la foi, et les baptisa
avec tous ceux qui étaient dans la maison.
Et nous restâmes trois jours avec lui, nous
réjouissant de tout ce que le Seigneur ac-
complissait par l'entremise de son apôtre
Jean.
CHAPITRE XXXVIIL
Le quatrième jour, sortant de la maison
du prêtre, nous vînmes en un endroit qu'on
appelle Plilagon, et tous les habitants se
rdinirent pour entendre la parole de Dieu,
et voici qu une femme, se jetant aux genoux
de Jean, dit : « Je t*en conjure par le Dieu
que lu annonces, aie pitié de moi. » Jean
lui dit : vFemme, que veux- tu que je fasse?»
Et elle dit : « Mon mari m'a quittée me hiis-
sant avec un enfant âgé de trois ans ; je l'ai
élevé avec beaucoup |de peine jusqu'à ce
qu'il ait été adulte, et voici que l'esprit ma-
lin s'est emparé de lui; j'ai employé tout ce
que je possédais à consulter des magiciens,
et ils n'ont pu le délivrer; je te prie, apôtre
de Jésus-Christ, de le guérir. »
Jean répondit : « Amène-moi ton fils, et
Jésus-Christ le guérira, i» La femme s'en
alla aussitôt, accompagnée de six hommes
qui voulaient se saisir de l'enfant, et ils le
prirent ef lui dirent : « Viens vers Jean, l'a-
pôtre de Jésus-Christ pour qu'il chasse de
toi l'esprit immonde, » et aussitôt le démon
s'enfuit avant d'être amené auprès de Jean.
La femme, voyant que son fils était guéri, le
conduisit à l'apôtre, et, tombant à ses pieds,
elle lui dit : « Donne-moi, Seigneur, ainsi
qu'à mon fils, lu baptême de Jésus-Christ; »
et Jean l'instruisit, ainsi que toute sa fa-
mille, et il la baptisa, et nous restâmes trois
jours chez elle.
CHAPITRE XXXIX.
Nous sortîmes ensuite de sa maison, Pi
nous étions suivis d'une grande foalequp
l'apôtre enseignait. Et nous vînmes à un en-
droit où il y avait un temple que les païens
appelaient le temple de Bacchus, et iU y fai-
saient des offrandes de vin et d*uoe grande"
quantité d'aliments. Et l'usage était à un»
certaine fête que les hommes et les femmes
se rassemblaient dans le temple sans les en-
fants; ils buvaient et mangeaient, et se ii*
vraientensuite, comme des animaux, aui dé-
sordres les plus honteux ^770). L'apôtre Jean
arriva le jour où se célébrait cette fête io-
fâme, et le peuple s'étant rassemblé pour sa
livrer à cette horrible débauche, disait a
Jean : a Qu'il te suffise d'avoir prêché à des
ignorants une doctrine insensée; quille
promptement ce lieu qui est consacré à Bac-
chus, autrement il te punira sévèrement.»
Jean ne s'éloignait point, et continuait d'ins-
truire ceux qui écoutaient volontiers la vé-
rité. Et il y avait dans ce temple douze prê-
tres très-scélérats, qui, voyant que Jean n".
se retirait pas et ne cessait de prêcher, (por-
tèrent sur lui des mains violentes et le fra)^
pèrent cruellement; ils le laissèrent ensune
lié et étendu par terre, et ils entrèrent dans
le temple. Et Jean pleura amèreoient, et
dit : « Seigneur Jésus-Christ, Fils (lu Diei
vivant, que le temple de Bacchus s'écroule, •
et aussitôt le temple s'écroula, et cesdouz^
[)rêires furent tués. Quand le peuple vit que
e temple avait été renversé et q|ue les prê-
tres étaient morts, il fut saisi d effroi, et i>
dit : « Allons vers Jean, et demandons-lm
de nous pardonner de peur que le feu liu
ciel ne descende sur nous et ne nous d^
truise. » Ils vinrent à Jean, le délivrerez
de ses liens, et lui demandèrent de leur (par-
donner, et aussitôt Jean se leva et se mil i
les prêcher,
CHAPITRE XL.
Ilyavaitdans'celtevilleunhommenoœn:'
Nacien dont la femme s'appelait Flore. I>
avaient deux fils, l'alné se nommait Poly-
carpe. Nacien s'était livré à des études j»er-
verses et était for.t instruit dans la mairie, t^
il avait chez lui beaucoup de livres sur i^
nécromancie. Il vint auprès de Jean, lors-
qu'il sut que le temple s'était écroulé, etqu*
les douze prêtres étaient morts, et il du
« Jean, tout ce peuple t'aimera si to rai-
pelles les douze prêtres à la vie. » Jean ré-
pondit : « S'ils avaient mérité que Dieu leii'
lit cette grâce, ils ne seraient point aioris. •
Nacien dit : « Je diminuerai ta gloire, car ;•
les ressusciterai, et ce sera pour toi ur^
grande peine, parce que tu les as privent:'
Fa vie; mais si tu les ressuscites» jacrot'>'t
au crucifié que tu prêches. «
Nacien s'en al la ensuite, et faisant le tonr «^ i
ruinesdu temple, il fit, parsonartmagii|ue,|M
ratlredevant lui douzedéfflons ayant la f4'r*><
(770) Tite-Live, 1. ixxiv , c. 8-lt , a Liissë un aux mystères de B:icchtis; le consul Poithcm* i
tableau révoltant des désordres affreux qui se pra- les dénonça au séual, et ce culte intime fut -^'*
ttqaaicQt dans des assemblées ifocturnes cunsacrées fendu l*an de Rome 5Ô4
M
PRO
PAKT. UI.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
VWO
806
des douze prêtres, et il leur dit : « Suivez-
moi, et je vous donnerai les moyens de tuer
Jean. »Lesdénaons répondirent laNousne pou-
vons habiter dans le lieu où il réside, mais
nous resterons ici ; amène le peuple, afln qu*il
nous voie et qu'il croie è la résurrection des
prêtres morts, et, danssa fureur contre Jean, il
lelapidera. » Nacien partagea cet avis; il vint
auprèsde Jean, et se mit à crier, en présence
de la foule : « Pourquoi vous laissez-vous
égarer par ces hommes qui vous trompent,
et qui n'ont point de pouvoir? Ils ne di-
sent que des choses insensées, car, moi,
madressant à Jean, je lui ai dit : « Res-
siiscile les morts, et je croirai au cruci-
fié que tu prêches; mais, si je les ressuscite,
tu seras livré à une mort ignominieuse, parce
que tu as fait périr des innocents. » Il m*a
lépondu qu'ils n'étaient pas dignes de vivre ;
mais moi, je les ai ressuscites, et je vous
rendrai votre temple restauré. Suivez-moi
donc pour voir ces hommes rappelés à la
vie, et ensuite, que Jean le magicien pé-
risse; je veux que ni lui, ni son disciple
ne viennent avec nous, mais qu'ils restent
où ils sont. »
Et la foule suivit Nacien, lorsqu'il eut an-
noncé que les prêtres étaient ressuscites, et
elle pensait à nous maltraiter ; mais, Jean et
moi, nous vînmes d'un autre côté aux ruines
eu temple. Et aussitôt que les démons aper-
çurent Jean, ils disparurent de devant nos
veux. Nous nous cachâmes auprès des rui-
nes, et Nacien, étant venu, commença, par
(les invocations horribles, à appeler les dé-
mons qui avaient pris la ûgure des prêtres,
el ils ne lui répondaient pas, et ne se mon-
Iraient point, comme ils l'avaient déjà fait :
el toute la journée, depuis le niatinîusqu'à
ia dixième heure, s'étant écoulée, Nocien,
ne retirant aucun résultat de ses opérations
magiques, provoqua la colère du peuple qui
ïoulail le tuer, disant : « Méchant, pourquoi
nous as-tu fait quitter notre bon maître, et
8s-ta voulu que nous ajoutassions foi à
les paroles mensongères ? >' El quelques-uns
voulurent se jeter sur lui, mais d'autres les
retenaient, di.^ant : < Ne le tuons pas, mais
conduisons-le à Jean, et nous exécuterons
aussitôt ce qu'il nous commandera. » Alors
Jean médit : « Mon fils Prochore, retournons
à Tendroil d'où la foule est veuue. » Nous
nous levâmes et nous nous rendîmes en cet
endroit. Et le peuple vint, et il amena Na-
cien devant Jean, en disant : « Maître, nous
avons reconnu que c'est un fourbe qui veut
'iélruire la voie de la vérité; nous voulions
ietuer, de même qu'il se proposait de te
faire périr; nous te l'amenons, pour le trai-
ter selon ce que tu nous diras. »
Jean leur répondit : « Laissez les ténèbres
aller dans les ténèbres, mais restez dans ia
iuiuière de la vérité, pour que les ténèbres
ne se saisissent pas de vous, et vous serez
sauvés; > et il ne leur permit pas de faire
périr Nacien. Alors un grand nombre d'hom-
mes demandèrent à Tapôtre de les baptiser,
et il leur dit : « Suivez-moi jusqu'au fleuve,
el je vutts bai>tiserai. » Et il leur enseigna
comment ilsd<;vaientcroireauPère, au Fils,
et au Saint-Esprit, et il les conduisit au
fleuve. Nacien avait rendu, par ses maléfices,
l'eau couleur de sang , et la foule fut
épouvantée, mais le bienheureux apôtre
pria le Seigneur, disant : « Seigneur Jésus-
Christ, Fils du Dieu vivant, qui a mis à l'u-
sage de l'homme toutes les créatures ani-
mées et toutes les. splendeurs de la nature,
rends à cette eau la nature que tu lui as
donui^e dès le commencement, et frappe d a-
veuglement Nacien qui a voulu égarer le
peuple. )>£t aussitôt, à la voix de Jean, l'eau
reprit sa couleur primitive, et Nacien sa
trouva aveugle ; et ensuite Jean baptisa tous
ceux qui demandèrent à être baptisés, et
deux cents hommes furent baptisés en ce
jour. Nacien, privé de !a vue, s'écriait :
a Apôtre du Fils de Dieu, qui est béni, aie
pitié de moi, et donne-moi le signe de Jé-
sus & Christ; guéris -moi et rends -mol la
vue. » Jean, ému de pitié, lui prit la main
et le conduisit au fleuve, lui disant d'avoir
confiance dans le Seigneur Jésus-Christ, et
il le baptisa au nom du Père, et du Fils, et
du Saint-Esprit, et, aussitôt, ses yeûx s'ou-
vrirent, et il nous conduisit, plein de joie»
à sa maison.
CHAPITRE XLÏ.
Il y avait en cette maison des idoles, ot
aussitôt que Jean entra, elles tombèrent et
sebrisèrenten morceaux, comme de la pous-
sière, et Nacien, voyant cela, fut confirmé
dans la foi. Sa femme, et ses Ois, et tous ses
esclaves crurent en Dieu, el, louant lesgran-
deurs du Seigneur, ils furent baptisés par
Tapôtre. Et nous restâmes dix jours chez
Nacien. Nous sortîmes ensuite de cette ville,
et nous fûmes à une autre qui est à une dis-
tance de treize milles, et un Juif, nommé
Fauste, qui était homme bon et doux, vint
au-devant de nous, et nous conduisit à sa
maison, et, écoutant les prédications de
Jean, il crut au Seigneur Jésus, lui et ceux
qui étaient en sa maison, et ils furent tous
baptisés.
CHAPITRE XLII.
Il y avait, dans celte ville, une femme ri-
che, nommée Prodiane, fort belle et veuve,
qui avait un flis unique, nommé Sosipater,
âgé de vingt-quatre ans; il était d'une très-
grande beauté, mais ami de la continence et
imitateur de la chasteté de Joseph. Sa mère
conçut envers lui, à l'instigation du diable,
une passion déréglée, et elle lui disait : « So-
sipater, nous avons des biens très-considé-
rables; mangeons, et buvons, vivons dans
l'allégresse; je ne veux pas avoir d'autru
mari que toi, et je ne veux pas que tu aies
d'autre femme que moi; je suis encore jeune
et belle; je serai ta femme, et tu seras mon
mari ; ne laisse pas entrer ici d'autre homme,
et je ne laisserai pas entrer d'autre femme. »
Sosipater, ému de la malice de sa mère, vint
5 l'endroit oili Jean prêchait au peuple la pa-
role de Dieu, et Jean, ayant fini son discours,
. vint à lui, car il savait» par la révélation di-
SOT
DICTIONNAme DES AIHKIRTPIIES.
m
yine, les pièges que le diable tendait k ce
jeune homme, et les efforis de sa mère contre
sa chasteté. Il l'appela, disant : « Sosipater,
Sosipater 1» lit le jeune homme dit : «Que
me veux-tu, bon mnllre? »
Alors Jean lut dit (]u'il y avait dans une
ville une femme qui avait un fils unique
d*une grande beauté, et qu'ils possédaient
une grande forlune; Kesprit immonde entra
dans le cœur de cette femme, et lui inspira la
pensée de séduire son QIs; celui-ci résistait,
et la mèr^s furieuse, voulail le faire mettre à
mon, et elle racciisa devant le juge d'avoir
voulu lui faire violence. Lejuse le condamna
h mort en punition d*un tel crime, mais
Dieu, qui est le juge souverain, voyant que
rot innocent av^it été condamné par un juge
inimie, le délivra et livra les coupables au
( iiâliment qu'ils méritaient. Qui est ce donc
qui est digne de louange, ou la mère ou le
fils?
Alors Sosipater, tel qu'une terre aride qui
reçoit la pluie, et qui rend une récolte abon-
dante, reçut avec empressement les paroles
de Jean, et dit : « Le (ils est digne d'éloge,
et la mère est coupable. ^ Et Jean lui dit :
a Tu as bien répondu ; va en ta maison, mon
fils, et regarde ta mère comme une mère, et
non comme un« séductrice, et la vengeance
du ^ge suprême te délivrera. » Sosipater
tomba alors aux pieds de Jean, et lui dit :
«Seigneur, accompagne, s'il en est digne, ton
serviteur en sa maison; je t'apporterai du
pain et de l'eau, te servant comme un es-
clave, et la maison de ton serviteur sera bé-
nie par ta venue. »
Jean suivit Sosipater, et il entra chez lui,
et quand Prodiane le vit, elle fut émue de
colère, et elle dit à son tils : i Ne t'id-je pas
dit de ne laisser venir aucun homme près de
moi, et que je ne laisserai entrer aucune fem-
me? pourquoi as-tu amené ces deux hommes,
pour qu'ils nous insultent ?» Sosi|)ater lui
dit : « Ma mère, ne pense d'eux aucun mal ;
ils sont entrés ici à ma prière, pour que je
leur offre du pain et de l'eau, et dès qu'ils
auront mangé et bu, ils se retireront. » Pro-
diane répondit : « Jls ne feront point de re-
pas ici ; je les expulserai de chez moi, de
peur qu'ils ne changent ton cœur et ton es-
prit, et qu'ils ne te fassent haïr ta mère, «t
S.u'ils ne me forcentainsiàmourir.sSosipater
it : « Il n'en sera point ainsi, car, en ce mon-
de, il n'est personne qui puisse m'inspirer de
la hane contre toi. » Prodiane permit alors
k Sosipater d'accueillir les étrangers comme
il le voudrait, espérant ainsi te capter davan-
tage. Sosipater plaça alors la table, il nous ser-
vitseul, elmangeaavec nous, et Prodianeétait
nonloinde làécoutant avecatlention, afin d'en-
tendre les paroles que Jean adressaità son fils,
afin de le reprendre, s'il disait quelque chose
qui luidépfdt. Jean, connaissant la malice de
cette femme, se tut, et n'adressa pas un seul
mot à Sosipater. Et, après que nous eûmes
mangé, il lui dit : « Mon fils, sors et viens
avec nous, i» Et aussitôt Sosipater se leva et
nous suivit, car il ;^désirait^ entendre ia^pa-
rolt) de Dieu.
Et Prodiane, voyant Qii*il sortait, eourtji .1
lui et lui dit : « Mon tils, rentre! la mai-
son. » Il lui répondit : < Ma mère, lahs»«'
moi un peu accompagner ces hommes, h
aussitôt je reviendrai. • Sa mère lui «iit:
« Va,'mais reviens promptement. » BtquAni
il fut revenu, elle voulut le conduire dan*^
un lieu retiré de la maison, afin qu'il se ren-
dît è ses désirs, et elle le troubla souveni:
mais Dieu le délivra du poison mort^'l
de la mauvaise volonté de sa mère. E(
Sosipater, voyant qu'elle était ainsi liviée^
une passion aussi coupable qu'insen^^i^e ,
chercha, par de doucea paroles, k la fair.'
revenir h elle-même ; mais elle ne voulut p.^
l'écouter, et s'efforça de le retenir, et alor^ 1.
s'enfuit, et ne voulut plus rentrer & caihe
d'elle, dans sa maison. Quatre jours après
Prodiane, qui était sortie furieuse pour <U^
cher son fils, vint è l'endroit où Jean pr^-
cliait, et elle chercha Sosipater, mais el)«* 'r
le vit pas, car il n'y était point. Et elle s'é-
loigna, mais, h peu de distance de là, elle '
rencontra, et elle te saisit avec force pars^^
vêlements, et il dit : < Ma mère* .l8is5e-ir>
m'en aller, et je te serai soumis; • malsei.
ne le lâchait pas.
CHAPITRE XLUI
Et en ce temps, on nomma |)Our gouver>
neur de l'tle un nommé Grérus, homme rru<
et sans miséricorde, qui haïssait Jésus-Chr:'!
et les Chrétiens. Il vint pour nous chAs*^''r
de la ville, et il pa^sa par hasard dans Ter-
droit où Prodiane retenait son fils par ^(^
vêtements. Et quand elle vit le pt0C0R>'j .
elle se mit à lui demander en criant de In-
sister, et elle arrachait le voile qui était h;:
sa tète, et elle répandait beaucoup de larm^v
Le proconsul lui dit : «Oui es-tu7qoe Teui-
tu? et Quelle est la cause de ta douleur? •
Et Prodiane répondit : « Je suis veoTe* '•' j
voici mon fils qui avait quatre ans à la ij '
de mon mari, et que j'ai élevé aveogra...
soin, et it s'est épris pour moi d'ooe i^»-
sion insensét*, et voici dix jours qu*ilrr
poursuit et qu'il prétend employer la U '
pour que je me rende à ses infâmes dés!r< '
Le proconsul entendant cela, ordonna de «9-
sir Sosipater et de le coudre dans la f
d'un bœuf avec des serpents, des vijières ^
aspics et autres animaux vénimeoi, leo:.-
damnant ainsi à une mort misérable.
Tout était prêt pour le suppliée de .^»**
pater, lorsque Jean, ce vigoureux bV. < >
accourut en s'écriant : a Proconsul, tu <
damnes injustement un jeune homme «f
tueux et innocent; quels sont les tén> *
que tu as entendus avant de te juger? • ^
Prodiane saisit Jean, en disant :« ^r"
sul, assiste-moi ; cette homme e:^tdV'*
avec mon fils qui l'a amené malgré 001 <
notre maison, pour boire et pour mn.*'
et après leur repas, ils sont sorti.n eRsen"
et mon fils l'a instruit de ce qu'il ^^ "
faire. » Le proconsul entendant ces u *
ordonna de retenir Jean et il le condair' '
subir le même supplice que Sosipater. ^
l'apêtre, élevant les yeux vers le cici.
m
PRO
PART.- m. LEGENDES ET FRAGMENTS.
PRO
818
•.Seigneur Jésas-Christ, dont la nature est
immuable et dont la puissance est invinci-
ble, je demande à la miséricorde inQnie de
donner uu signe de ta colère à cause du ju-
l^emenl inique du proconsul. » Et aussitôt il
se 6( un grand tremblement de terre, et tous
les assistants tombèrent par terre comme
morts, et comme le proconsul avait auda-
cieusement étendu la main sur Jean, sa main
se dessécha, ainsi que les deux bras de
Prodiane, et les serpents et les animauxveni-
nieux mordirent tous les assistants, excepté
Jean, Sosipater et moi. Le proconsul, com-
prenant que c*élail Teffet de la vengeance de
Dieu, dit à Jean d'un cœur contrit :«t Apôlre
de Jésus-Christ et serviteur de Dieu, guéris
rnn main, et je croirai en celui que tu prè«
ches. » Jean, qui était toujours plein de mi-
sérico.'lie, leva les yeux au ciel en gémis-
sant, et dit :« Seigneur Jésus-Christ, Fils du
Dieu vivant, toi qui as montré en ce lieu ta
puissance, pour finstruclion des. assistants,
que les péchés de ces hommes soient effa-
cés par la multitude de tes miséricordes, et
qVils soient tous guéris et dans Tétat où ils
étaient avant le tremblement de terre. » Et
quand Tapôtre eut fini ces paroles, la terre
cessa de trembler, et le proconsul fut guéri
ainsi que Prodiane, et que tous ceux qui
avaient été mordus par les serpents ou qui
étaient morts de Teffroi causé par le trem-
blement de terre.
CHAPITRE XUV.
Le proconsul nous conduisit à sa maison
el nous fîmes notre repas chez lui, et le
lendemain il pria Jean de lui donner le si-
gne de Jésus-Christ. Et Jean l'instruisit
comment il devait croire, et le baptisa. La
femme du gouverneur, voyant que son mari
était baptisé, prit son iils et tomba aux pieds
de Fapôtre, disant : « Apôtre de Jésus-Cnrist,
àSisque j*aie part à cette gloire ainsi que mon
£IS| » et le proconsul fut rempli de joie ainsi
que les gens de sa maison qui reçurent tous
le baplème des mains de Jean. Et quand nous
fûmes sortis de la maison du proconsul, Jean
dit à Sosipater : « Mon fils, allons en ta mai-
son trouver Prodiane. j» Kl Sosipater répon-
dit: «Maître, je te suivrai partout où tu vou-
dras, mais je ne reviendrai pas en ma de-
meure, car j*ai tout quitté noue jouir de tes
paroles et de ta doctrine plus douce que le
iniel.i Et Jean dit : « Mon fils, ne te sou-
Tiens plus des maux passés et des fautes de
la mère; elle a, parla grâce de Dieu, triom-
phé de toutes les machinations du diable, et
elle s occupera de suivre les préceptes de
iésus-Christ et de faire ce qui peut plaire à
Dieu, et elle fera pénitence de ce qu'elle a
fait et dit de mal. »
Nous entr&mes avec Sosipater dans sa mai-
sou, et quand Prodiane nous vit^ elle se jeta
aux pieds de Jean, pleurant et demandant
Krâce pour tout ce qu'elle avait fait ou dit,
^t elle dit : « Apôtre de Dieu, j*ai péché de-
vant toi et devant le Dieu que tu adores. Je
te f)rie de ne pas Virriter contre ta servante k
^use de tout le mal qu'elle a commis ; ie
DlCnoi<5. DBS AMCaTPHBS. 1|.
m'adresse à toi comme k un bon médecin
qui peut sauver les âmes et suérir des bleu*
sures qui seraient sans remède. La sugges-
tion du diable m*avait inspiré une passion
coupable à l'égard de Sosipater ; il y a tou-
jours résisté, et mon erreur perverse m*a
amenée à l'accuser devant le proconsul d'un
crime dont il était innocent. Le Seigneur
l'a délivré par ton entremise et il a éteint
en moi cette fureur insensée, et il m'a dé-
livrée d'une grande iniquité. Je te demande
de prier Dieu pour moi afin qu'il ne me pu*
nisse pas pour les maux que j'ai voulu vous
faire, et qu'il ne me châtie pas comme je
l'ai mérité. » Alors Jean se mit à la calmer
par de douces paroles, et il l'instruisit, d'a-
près les Ecritures, à croire au Père, au Fils
et au Saint-Esprit, et à faire pénitence de
ses fautes et à vivre chastement devant Dieu,
et il la baptisa, ainsi que son fils Sosipater et
tous les gens de sa maison. Et Prodiane ap-
f>orta beaucoup d'argent à Jean, pour gu il
e distribuât aux indigents. Et Jean lui de-
manda s'il lui restait encore d'autre argent,
et elle dit : « Oui, seigneur, car ma richesse
esttrès-considérai)le.»£lJean dit: «Reprends
cet argent pour en faire part i ceux qui en
ont besoin, et distribue-le de tes mains aux
pauvres, et tu t*amasseras un trésor dans le
ciel. 9
Prodiane accomplit religieusement le pré-
cepte de l'apôtre et, chaque jour, elle distri-
buait à des pauvres ce dont ils avaient be-
soin, et nous restâmes bien des jours dans
sa maison avec Sosipater. Nous y vîmes les
heureux fruits de la pénitence se manifester
par les jeûnes, les prières et les aumônes
qui rachètent les iautes passées.
CHAPITRE XLV.
Par. la grâce de Notre-Seigneur Jésus-
Christ attribuée à Jean, presque tous les ha-
bitants de Pathmos, écoutant les prédica-
tions de l'apôtre, crurent en Dieu. Domitien
qui nous avait exilés étant mort, son succes-
seur ne persécuta pas les Chrétiens, et ayant
appris la sainteté et la bonté de Jean, il révo-
qua l'ordre d'exil que son prédécesseur avait
rendu contre nous. Jean voyant que l'île en-
tière de Pathmos avait reçu la foi, se pré-
para à retourner à Epbèse. Et les frères,
rayant su, furent saisis d'une douleur ex-
trême, et ils se réunirent et allèrent vers
Jean, le priant de ne point s'éloigner, mais
de rester avec eux jusqu'à sa mort. Jean les
consolait» disant : « Pourquoi, mes petits en-
fants, pleurez-vous mon départ? pourquoi
m'infli^oz-vous cette douleur? est-ce que je
puis résister à la volonté de Dieu ? Sachez
que Notre-Seigneur Jésus-Christ qui m'a
envoyé, m'a apparu et m'a ordonné de re-
tourner à Ephèse, k cause des erreurs où
sont tombés les frères qui sont en cetto
ville. »
Et Quand ils virent que Jean ne se rendait
pas k leurs désirs, ils tombèrent à ses pieds
en pleurant et en disant : « Puisque tu veux
nous laisser désolés , faibles dans la foi et
dépourvus de connaissance, du moins ne nous
sti
DICTlONNAIliC DES APOCRYPHES.
m
abanUoDhe pas entièrement ; laisse-nous en
écrit la relation des signes que tu as vus au-
près du Fils de Dieu, et des paroles que tu as
entenduesdesa bouche, aûnquenous restions
fermes et stables dans la parole du Seigneur
et que nous» ne retombions point dans les
horribles pièges du diable, auxquels, grâce à
toi, nous avons échappé. »
Jean leur répondit: 'c Vous avozentendude
ma bouche, mes nhers enfants, le récit de tous
les miraclt^s qu*a faits le Fils de Dieu ; et je
vous ai enseigné les paroles qu'il avait pro*
noncées. ServezDieu, etquecequeje vousai
annoncé vous sufllse ; observez-le fidèle-
ment et vous aurez la vie éternelle. Je vous
ai révélé la révélation qu*a daigné me faire
le Seigneur Jésus qui est le principe et la
fin, et vous avez vu les miracles que le
Seigneur a opérés par mon entremise. » Mais
ils persistaient dans leurs prières, disant ;
«Maitreet préce[)teurtrès-véridique et grand
consolateur, écoute nos prières, et rends-toi
à noire désir. Expose-nous par écrit ce que
tu as vu à regard de Jésus -Christ, Fils de
Dieu, et ce que tu as entendu de sa bouche.»
Jean eut pitié d'eux et dit : « Mes enfants,
allez chacun de vous en sa maison et priez
le Seigneur pour qu'il daigne exaucer vos
désirs; si telle est la volonté du Seiji^neur,
il la fera connaître, et par mon entremise ou
parcelle d'un autre, il exaucera votre de-
mande, et il vous accordera ce que vous
souhaitez. » Et chacun d'eux se retira chez
lui.
CHAPITRE XLVI.
Après que ces choses eurent lieu, Jean
me conduisit dans un lieu solitaire et désert
qui était i un mille de la ville et où il y
avait une montagne escarpée. Nous y res-
tâmes trois jours pendant lesquels Jean de-
meura en prière et à jeun, demandant à
Dieu d'accorder aux frères ce qu'ils dési-
raient. Et le troisième jour, il m'appela et
me dit : « Mon fils Pruchore, va h la ville et
apporte-moi du papier et de l'encre, mais
ne dis pas aux frères en quel lieu je me
trouve. » J'entrai dans la ville, et j'exécutai
son ordre, lui apportant ce qu'il avait de-
mandé, et il me dit : « Laisse-là ce papier et
cette encre, et retourne à la ville, et reviens
k moi dans troi§Jours. »
Je fis ce qu'il avait ordonné et je revins à
(771) Joan. i, 1, 5.
(772) Une tradition fort ancienne désigne Plie
de Pallimos comme ayanl été le lieu de Texii de
saini Jean.
Un imporlMU ouvrage de M. V. Guérin {Deurip'
tion de lUe de Palhmo» et de Vile de Samoi, Paris ,
1856, in-8*), donne de la grotie de VApocalypu une
description à laquelle nous empruntons les détails
suivants :
I Une chaussée mal pavée conduit jusqu*au
hatit de la montagne de Saint-Jean ; elle date de
1818, et est duc à la générosité d*un moine de
Palhmos, fiominé Ncctarios, devenu arcbevé(|ue de
Sanlcs. A moitié chcuiin , 8*élévent les bâtiments
de récole bell'iniquc, fondée an commf^ncemrnt du
xviii* siècl<', et qui pendant longtemps a joui d'une
rëpui^ioii mciiiec dans toutes les lies de TArchipel,
lui le troisième jour, et je le trouvai en
prière, et quand il eut fini de prier, il me
dit : « Prends le papier et l'encre, et assi6J$-
toi à ma droite. » Je le fis, et aassiiAi uo
grand orage s'éleva, et il y eut un grani
bruit de lonnerre et toute la monlat^ne tut
ébranlée et je tombai par terre, saisi Oo
frayeur, la face contre terre, et je restai long-
temps comme mort. Mais Jean me releva et
me dit : « Mon fils Prorbore, écris avec M>iQ
ce que tu entendras de ma bouche. » Et Jean,
se tenant les yeux dirigés vers le ciel, ou-
vritia bouche, et, commençant lesainlÈ^aii-
gile, il dit: Au commencement était leVerbt,
et il continua ainsi, tenant les yeui (i\é)
au ciel jusqu'à ce qu'il eut dit : Et Us ténè-
bres ne le comprirent point (771). Eu^'ii •.
api*ès une petite interruption, il continua 'Ih
dire les autres paroles. J*écrivais assis, «t
nous restâmes ainsi deux jours et su h^ii-
res, lui parlant, et moi écrivant. Et quanJ
Jean eut fini le discours divin, noas retour-
nâmes chez SosipattT et chez Prodiaoe, ^a
mère, et nous y passAmes fa nuit. Et Jeau
dit à Sosipater : n Mon fils, pmcure-uous da
parchemin excellent pour y écrire le saint
Evangile que Dieti a daigné nous révéler.»
Sosipater ot)éit, et Jean m'ordonna de wV
seoir et d'écrire le saint Evangile, ce qu>
vecla grâce du Jésus-Christ, Noire-^i^neur,
j'accomplis heureusement.
CHAPITRE XLVII.
Au temps où j'écrivais l'Evangile, Jeao
prêchait l'Evangile au peuple dans Tiie en-
tière, ordonnait des évoques, des prêtres et
les autres ministres de I Eglise. Et quani
j'eus achevé d'écrire, Jeau ordonna quo
tous les frères se réuniraient dans 1 égii>c
de Dieu, et il commanda de lire le saint
Evangile en présence de cette assemblée. Ja
le lus et tnus les assistants se réjonireni,
glorifiant Dieu et louant ses grandeurs. J^an
dit à tous les frères dn recevoir le saint
Evangile, et de le copier et de le pla^rr
dans toutes les églises, ce qu'ils firent. En)
dit : n Gardez dans votre Ile la copie qui H
écrite sur des peaux de chèvre, et il faut que
nous apportions avec nous à Epbèse cel'
qui est écrite sur papier.i» Et quand ces cho-
ses furent faites, Jean passa sept moi> à
parcourir les villages de rtle en prêchant, «t
il quitta ensuite l'Ile (772) .où il avait t^ri
mais qui est aciuellf^ment bien déchue de sa spl*n-
deur. Eli descende* iit un escai er en pierre4 ifn ^
trentaine de marches, à partir de la plate- r«»ri)i .
sur laquelle est bâtie t*éc«*le, on arrive à la ir^*^'-
Elle est renfermée dans reiiceinle «ruoe chjp *
consacrée à sainte Anne, et dont elle ocmfM* ^
droite. Elle a treize pas de laig sur quatre de Uk'-
Des piliers carrés et gross'éreinent consiniu> t'
divisent en trois compartiments ; dai*» le p'cn'-'.
qui est cnmme le vestibule , la voûte esi à pi^ P^^
ronde; dans le second, qui est plus loat, dle^M-
cline dans la chapelle de sainte Anne de rott*^^ ^
Test; elle a 4 mètres de liant dans la partie U |v'<ii
élevée, et 2 mètres 50centimélrtrA dans œile qm Ta*
le moins. C'est là ce qu*on appelle ûan» les e^l(»c«
ou chapelles grec<|ues le Catholicnn. Les nn^^^
nVublient pas de \on% montrer, à un ctrtaiacn-
813
PRO
OART. in. -' LEGENDES ET FRAGMENTS
PRO
8U
de sa main VSpoealyp$e{Tî3) ainsi que Dieu
le lui avait commandé.
CHAPITRE XLVIII.
Les évéques d*Asie et le peuple, ainsi que
Caius et Arislarque» disciples de l'apôtre
Jean, avaient adressé des lettres au sénat ro-
main, demandant que Jean fût rappelé de
son exil, puisque tous les édils de Doinitien
avaient été cassés: Jean fut donc rappelé de
Teiil, et quand il revint à Ephèse, tous al-
lèrent au-devant de lui pour le recevoir
avec booneur. Et après qu il fut entré dans
une des villes de Tile, tandis qu*il prècbnit,
un fils d*un prôtre de Jupiter, nommé Eu-
charer, qui était aveugle, et qui écoulait avec
zèle la parole de Tapôtre, s écria : « Je t*é-
coute volontiers, 6 toi qui prêches le vrai
Dieu, mais il me manque de pouvoir con-
templer ton image ; crie ton Dieu de me
rendre la vueaQnqueje puisse te yoir avec
autant de plaisir que je t'entends, et ma joie
5era entière et parfaite. » Jean qui était rem-
pli de douceur, fut touché du malheur de
ce jeune homme, et saisi de compassion, il
s'approcha de lui et dit : « Mon Qls, au nom
de Jésus-Christ, vois. » Et aussitôt ses yeux
furent ouverts, il vit et il loua Dieu. Son
père Eucharer, voyant ce miracle, tomba
aux pieds de Jean, en le priant de lui don-
ner, ainsi qu'à son fils, le si^ne de Jésus-
Christ. Et Jean entra dans sa maison et les bap-
tisa. Ensuite unefoulede frères juifset ^recs
et de femmes se porta autour de Jean, et il an-
nonça la parole de Dieu d'après les saintes
Ecritures, et il dit en finissant : « Mes pe-
tits enfants, souvenez-vous de mes paroles ;
conservez les traditions que vous avez re>-
çuesde ma t)0uche, et observez les précep-
tes de Jésus-Christ qui vous sont donnés par
son saint Evangile, afin que vous y obéis-
siez, et Jésus-Christ régnera eu vous. Lais-
sez-moi maintenant retourner à Ephèse au-
près des frères qu^il faut que je visite; vous,
demeurez dans la sainte garde et la protec-
tion de Notre-Seigneur Jésus- Christ; je lui
demande de vous conserver dans l'éternité,»
et il leur donna sa bénédiction, et nous par-
tîmes. Ils se livrèrent à une grande afflic-
tion, cherchant par leurs prières et par leurs
larmesà retenir Jean en cette île, mais il s'y
refusa, etnous vînmes au rivage de la mer, et
droit de la voûte , une fente triangulaire qui repré-
senie, suivant eux, la sainte Trinité, et par laquelle
ils prétendent que les voix mystérieuses arrivaient
à saint Jean.
(Le lemplon, ou devanture en bois sculpté et doré
qui. sépare le cailrolicon du troisième compartiment
n du sanctuaire , est orné de vieilles peintures qui
ont trait & YApocalypie. »
(773) Nous nous écarterions de notre sujet en
eniraut ici dans quelques considérations sur les
quesiions qui se rattachent à Tépoque de la com-
position de TApoca/ypse; toutefois, nous croyons
devoir offrir la liste, rangée par ordre chronologi-
que, des principaux ouvrages composés à Tégard de
ce livre qui continuera , sans doute, d*exercer en-
core bien des plumes. Nous indiquerons par uue
éioile les écrits des auteurs protestants.
* A. Vignet, Expoiition sur C Apocalypse de
taini Jelian, Genève, 1545, in-8". — * Bullinger,
cent Sermons sur V Apocalypse^ Genève, 1565, in -8*.
— Gœlius Pannonius (Fianc. Gregorius), Col-
Uctiones in sacram Apocalypsim D, Johannis, Pa-
risiis, 1571, in-S". — * Fr. Juuius, Apocalypsis
S. Johannis ihethodica analysi argwnentorum^ notiS"
PU illustrala^ Heidelberga: , 1591 , in-8^ — * G.
Gallus, Clavis prophelîca nova Apocalypseos Joannis^
Lugduni Balav., 1592, in-12. -< * ISapier, Ou-
KTiure de tous les secrets de t Apocalypse , mise en
français par G. Thompson, la Rochelle, 1602, iu-4*.
(Seconde édition , 1685 , in.8«) — BL Viegas ,
Commeutarii exegetici in Apocalypiim , Lueduni ,
1606, in-4«. — * C. Graser, Plaça regia^ hoc est
commeniaritts in Apocalypsim^ Tiguri, 1610, in-4\
- A. Brondus, Cominentariorum-» in Apoca^
hpM tria priera capilUf tomus primus, Romae ,
l<>li, iu-folio. — Lud. ab Alcasar, Vestigatio
vcani sensus in Apocalypsi, Lugduni., 1618, in-fol.;
Anvers, IGU, in-folio. — (irf.) Jn eas Veteris TeS"
lamenii parles quas respicit Apocalypsis^ libri quin-
911e, Lugduuiy 1631, in-folio. — * Jos. Mède,
OatU apostotiea^ Gantabrisiae, 1652, in-4. — *
l^- Artopœus , Apocalypsis Johannis breviter expli"
caid, fiasileae (sans date), in-8^ — B. de Mon-
^reul, Les derniers combats de C Eglise représentés
par rexplication du livre de l'Apocalypse ^ Paris,
IWU iu^». — • Foibes (P.) , Commentarius in
Apocalypsim, Latine vertit ex Anglico, J.Forbesius,
Anisteiodami , 1646, in-4\ — Alex, de Haies,
Commentarii in Apocalypsim, Paris, 1647, in-folio.
— J. de Sylveira, Commentaria in Apocalypsim^
Lugduni, 1667-81, 2vol. in-folio.— *J. Le Buy
de La Perie, Paraphrase et explication sur TA-
pocalyvse, Genève, 1651, in-4°. — J. Herveus,
Apocalypsis explanatio historica ^ Lugduni, 1684,
in- 4*. — Petrus Possinus, Apocahfpsis enarratio,
Tolosae, 1685, in-4%1697. - J.-B. bossuet, VApo-
ealypse avec une explication , Paris, 1689, in-8«, (et
Elie Dupin , Analyse de V Apocalypse^ Paris, 1714,
in-12. — Fr. Joubert, Commentaire sur l'Apo-
ealypse, Paris. 1762, in- 12. — * Yeder, Unter-
suchungen ûber die sogeiinanie O/fenbarung Johannis,
1769, in-8-.— * C.-J. Schmidt, Kritische Unter-
suchung ob die Offenbarung Johannis ein œchtes gôtt^
liches Buch sei, 1771, in-8». — • J.-F. Reuss,
Dissertatio de auctore Apocalypseos, 1767, 10-4*". —
J.-G. Eichhorn, Commentarius in Apocalypsin
Johannis, Gottingae, 1791, 2 vol. in-12.— *
Oonker Gurtius , De Apocalypsi ab indole, doctrina
et seribendi génère Johannis apostoli non abhorrente,
Utrecht, 1799, in-4». — * L. Luecke, Yersuch
einer vollstândigen Einleitung in die Offenbarung
Johannis und in die genannte apocalypiische Lite-
ratur, Bonn, 1852, in •8». — Ph. Basset, Expli-
cation raisonnée de C Apocalypse, Paris, 1832, 3 vol.
in-8°. — * E.-G. Koithoif, Apocalypsis Johannis
vindicata, Uafuiie, 1834, tn-8*. — ' Heiigslenbct g.
Die Offenbarung des heiL Johannes, Berlin, 1847-51,
2 vol. in-8°. (Traduit en anglais, 1852, in-8».) —
* A. Glissold, The spiritual exposition of ihe Apo-
calupse, 1852, 4 vol. in-8* (plus de 2,000 pages).
Parmi les recueils de gravures dont VApocalypse
a fourni le sujet , nous n'en citerons qu*uo seul
remarquable par son extrême rareté et son prix
élevé ; c'est V Apocalypse figurée par maistre Jehan
Duvet, jadis orfèvre du roy François i*\ Lyon,
1561, in-folio. Uh exemplaire de ce volume, contt*-
naiit 23 planches, a été adjugé à 1020 fr., en 185^
à la veute de la bibliothèque de M. Coste, de Ly^m»
815
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
8(6
a.i^ant trouvé un navire qui partait pour l'Asie yioreot au-devant ae noos irec une
TAsie, nous 7 roonlâmes; le dixième jour» grandejoie, criant el disant: cBéaiceluiquI
nous arrivâmes à Ephèse, et les frères de vient au nom du Seigneur, »
R
ROCAIL.
D'Herbelot, oans sa Biblioihiyue orientale^
s exprime en ces termes au sujet de ce per-
sonnage apocryphe :
« Rocai), fils d'Adam, selon la tradition
fabuleuse des Musulmans» était le frère
puîné du patriarche Seth et possédait les
sciences les plus élevées et les plus cachées.
11 était d*un esprit si vif et si pénétrant qu*il
paraissait tenir plus de Tange que de Phom-
me. Surkhrage, qui était un puissant dieu
ou géant, vivait en ce temps-là et comman-
dait absolument dans toute retendue du
mont Caf que les Musulmans croient être
une chaîne ou ceinture de montagnes qui en-
tourent toute la terre (77^.) Ce géant pria
Seth de lui envoyer Rocail son frère, pour
Taider à gouverner ses Elats et pour tenir
en bride ses sujets. Seth lui accorda sa de-
mande, et Rocail devint ainsi le premier mi-
nistredeSurkhrage,dfins la montagne Caf, oà
après avoir gouverné pendant plusieurs an-
nées et connaissant ou par révélation divioe
ou par les principes des sciences secrètes
qu'il possédait, que le temps de sa mort ap-
prochait, il parla à Surkhrage eu ces 1er-
mes : « Je sois sur le point de passer en
Tautre vie, mais avant de nous quiuer, je
veux te laisser quelque ouvrage iusij;ne
de mes mains dont la mémoire se conser-
ve et n>e fasse vivre longtemps ai»rès ma
mort, k L*effet suivit ces paroles, caf Rocail
fit bfttir un palais et unsépulcred^unf slrac-
ture si magnifique et avec tant d^artificeque
l'on y voyait un très-grand nombre de sta-
tues de ditférents métaux, failes par an U-
lismanique, lesquelles opéraient par des
ressorts secrets, ce que tout le moude au-
rait cru se foire par des hommes vivants. >
s
SABb'ENS.
Desdélaiiscurieux et jusqu'à présent incon-
nus se trouvent dansTouvragede M.Chwol-
sobn que nous avons déjà cité ; ils sont em-
pruntés à des sources orientales qu*ll a ex-
plorées le premier; nous croyons rendre
service aux amis de la science en mettant
sous leurs yeux des faits que bien peu de
personnes auraient le temps ou la facilité
(l*aller chercher dans une publication faite è
Saint-Pétersbourg en langue allemande et
destinée par conséquent à trouver en France
bien peu de lecteurs.
Le texte arabe relatif aux Sabéeiis et que
M. Chwolsohn publie en raccompagnant
(fune version allemande, est emprunté au
IX* livrede Touvrage intitulé: El Fthrist
(la table) pour r Histoire des savants et Us
noms des écrits quHls ont composés (775^ L*au-
(774) Voir dans la Revue britannique , septembre
l8oti, p. 59, diaprés la relaiion du voyage du liouie-
iianl anglais BuriOD en Afrique,uu de<«sin rcpféseiiianl
la lerre divisée en sept climats et eiilourëe de tous
côtés par rOcéan placé lui-môim^ dans un cercle
Îue forme la montagne de Cal*. C*esi ainsi que les
.rabes résument les sciences géographiques.
(776) Le Fihrist se comp se de dix parties ; un
orientaliste distingué, M. Fluegel, eu a signalé le
contenu dans le rapport de la bociété asiatique
allemande pour i8i5, Leipxiff, p. 66.
(776) Cet auteur arabe inséia dans son Hvre
dMmporuuU extraits d'un.Cbrétien qni se nommait
Abuu-JuasurAlischau ei QuitiU, et qui avait écrit un
teur de cet ouvrage est IshAq (Isaac) B^n
Mohammed Benl>hâq (776)surnoinajéhhâo'
Abu Jaqûb el Warraq (le marchand de fa*
pier.)
CHAPITRE PREMIER.
Au nom de Dieu plein de miséricordt."
Celte premièrti divisit n du ix' livre tm-
prend la relation des doctrines religieu-
ses des Harranites chaldécns habitueliemeoi
appelés sabéens, et des manichéens ou dua-
listes, dai»sanites, churromites, marquinni-
tes, mezdekites et autres, et les noms lie
leurs écrits.
Cette relation concernant les Sabéens est
d'après El-Kindi (777.)
5 1. — Ces gens enseignent d'uno voix
unanime ce qui suit: Le monde a un créa-
ouvrage intitulé : c Révélation de la docirtnedes
Hairanites ou Sabécnn. > On manque de déutU ^u''
son compte, mais il parait aii*îl a véea entre r^r.
2i0 et Pan MO de l*h^ire (854 à 9i3 de Tère cbr^
tienne). Un autre Chrétien, Inconnu d^ailN s
Abou Said Wabb ben Ibrahim, a fourni k Eo Nedii
des détails sur les fêtes des sabéens.
(777) Ei Kindî est un auir-ur arabe diivii'si«f><:
parmi ses nombreux écrits dont Ctsiri (J^iMt<M^'^
ArabicO'Hi$fmna,\7eù, t. I,p. 553, a donné une M«
Incomplète), il ne se trouve point d*oovrages rriai<<^
aux SSabéens ; peut-^tre Prioleur du Fikriti seA-'i
contenté d*euipruiiter k El-Kiudi la première pi' n^
qui eomneace ce tabiean des doetrincs des Sabàrni
817
6ÂB
PART. I1I.-LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAB
8fS
l«>uri|iii nfljamaiscessé d'exister, qui est uni-
que el auquel aucune propriété d une chose
quelconque n*est cachée. 11 (Dieu) communi-
que Teiistence aux créatures qu'il forma par
sa puissance, il plaça en elles la connaissance
de sa souveraineté, il leur révéla la voie
droite el il envoya des messagers (des pro-
phètes) pour les guider vers le bien et pour
fnrlifier les preuves (de rexistence de Dieu).
Il leur commanda (aux prophètes) d'appeler
les hommes à accomplir la volonté de Dieu
et de les exhorter à ne pas encourir sa co-
lère. Ils promirent à ceux qui obéiraient un
bonheur qui ne Gnirait jamais, et ils mena-
cèrent les rebelles de peines et de châtiments
d*après la mesure ae leurs mérites. Mais
enfin tout cela aura une fin. On raconte au
sujet d'un de leurs anciens sages (des Sabéens)
qu'il avait dit : ce Dieu punit pendant neuf
mille périodes de temps: celui çiui a été
châtié est ensuite l'objet de la miséricorde
de Dieu (778) ; » cela s'applique surtout à ces
gens (lesSabéens) qui ont étéappelés [parles
envoyés de Dieu) a Dieu et à la véritable
religion par laquelle ils jurent (ou d'après
.aquelle ils se désignent). Leurs hommes cé-
lèbres et leurs sages sont Arani (779), Agatho-
démon et flermès, auxquels quelques-uns
ajowleûtSolon, le grand-père de Platon, du
côié malernel.
(778) Un passage sentbiable se trouve ddns
Abtilfara e, Historia dynastiarumy p. 281 : i Au-
iiimani (Sabii) animas sceleratorum novies mille
LTrolis cruriari, deinde ad misericordiam Del re-
dira*. • Ofis idées de ce^c^nre étaient répandues dans
l'antiquité; Pindare (Olymp, 2, vers. 25) d t que
rime, après avoir mené trois existences exemptes
de reproches, parvient aux lies fortunées. Hiéroclès
n Hermès avancent que Tàme passe du corps d'un
homme dans un autre corps. (Voy, Wvitenbach,
noies sur le Phœdo de Platon, p. 2 et iu.) Pt;iton
e«t d'avis aue les âmes, après Texpi ration d*une
période de 10,000 a nuées, se trouvent ramenées à la
place qu'elles occuraieut d*abord. (Voy, aussi
Héroîoi.*, Il, 123; Ploiin, iv, 3, 9, et Ed. Iloeih,
IHiioire (eu ailemaml) de la philosophie occidentale^
Ha nlieim,lS46, t. I, p. 180.)
(779) Il sérail dî(DL-ile de dire Avee quelque exac-
tiiude à quel ]>ers' nnage s'applique ce nom
•i*Arani; il s'siglt sans doute de nuelquc ancien pa-
triarche ou souverain de la Chaldée ou de la Syrie.
Iloi&cdeChoiène parle d'un roi d'Arménie, nommé
Aram, contemporain d'Abraham et de Ninus, et il
raconte dans son Histoire d'Arménie (p. 21-27, 37
ei67-72, iraduct. de M. Vaillant de Florival) les ex-
ploits de ce monarque. Nous ignorons si c'est lui
dont la mémoire s'est conservée chez les Sabéens.
(780) Les témoignages varient au sujet du côté
Ter.H lequel les Sabéens se tournaient pour prier.
Ecteri, cité par llyde (De religione veterum Persan
nim, p. 125) s^ex prime ainsi : El eorum lUblah ett
plagaausiralis. El-Qifthi dit, en parlant d'Hermès
dont il représente les lois et les préceptes comme
en vlffueur chez les Saliéens, que la Qiblah (ou lieo
vers lequel ils fe tournent) était dan s Ta direction da
Sud. Dans le dictionnaire arabe compose par Ferouz-
ibadi, publié par Lumsden il Calcutta, I8t7, 2 vol.
in-folio, n connu sous le titre dn Qamosis ou
Kainoos {VOcéan)^ on lit à leur égard : i Gorum ki-
blab est plaga septentrionalis tempore meridiano. >
Hy^le prétend d'après d'autres auteurs arabes que
le& Satiéeiis se tournaient de divers côtés : i Ora-
Uonet fac'uM ad solcm per diem, qua^uaversum
§ II. — La profession religieuse de cps
sens est uniforme; il n'y a aucune différenre
dans leurs croyances religieuses, dans leurs
lois et dans leurs cérémonies. En priant, ils
se tournent vers le pôle nord (780) sous les
• sages instruits dans les écritures, indiquant
ainsi la recherche qu'ils font de la sagesse.
Ils rejettent ce qni est contraire à la direc-
tion originelle de la nature; ils regardent
les quatre vertus de l'âme (781) romrae né-
cessaires, ils s*eu tiennent aux vertus qu*j!s
appellent partielles et ils évitent les vices
(782). Ts disent que le ciel se nf^enl volonlai-
renient et par un sentiment de raison (783).
§ m. — Trois prières leur sont prescrites
parjour. La première comprend huit oraisons,
et à chacune d'elles trois prosternations (78i);
elle a lieu demî-hcure ou un peu pioins
avant le lever du soleil, afin d'être accomplie
au moment où le soleil se lève; dans la se-
conde, cinq oraisons seulement sont récitées,
et àchacune d'elles trois prosternations; ello
est accomplie au moment où le soleil com-
mence à descendre (c'esl-è^dire immédiate-
ment après midi) ; la troisième est égale à la
seconde, et elle est terminée au coucher du
soleil. Ces temps sont réglés d'après la place
des trois piliers du ciel, oui sont celui de
l'Orient, celui du milieu du ciel et celui de
rOccidenl.
circumit, ad lunam per noctem si apparet; si au-
tem non apparet, a.l aquiloniam part^'m quo sol,
cuin occidcrit, ad orientem revertitur, staut
orantes. i
Le nord jouait un rôle dans les idées religieuses
de diverses peuples. Les Hindous plaçaient au
nord le nmnt Nerou,le séjour des dieux, et c*ciaii le
{)ôte nord qu'ils regardaient comme la résidence
labituelld de leurs divinités. Les Egyptiens avaient
aussi de la vénération pour le côié du nord. (Plu*
tarque. De hîde, c. 52.)
(781) Ces quatre vertus sont sons doute la Pru-
dence, la Justice, la Force et Ii Tem|>érance, con-
forniément à une classification fort ancienne.
(782) M. Cbwolsoiin convient qu'il ne saurait dire
ce que c*est que les vertus ou les vices partiels. Il
s^agit peut-être de qualités ou de défauts qui ne
touchaient qu'à divers points de la vie, par opposi-
tion à la doctrine générale qui embrassait les ques-
tions les plus élevées de l'ensemble du système
religieux.
(783) L'idée du mouvement du ciel se rencontre
chez divers écrivains de Tanllquiié : elle est dans un
écrit attribué à Hermès et qui s'est conservé en
arabe. (Fleischer l'a donné avec une traduction
dans le Journal (en allemand) pour la théologie
historique^ publié par llgen, 1840, 1*' cahier.) Le
Talmud (traité Baba Batra, f. 74) parle du monve-
ment de toute la voûte céleste; Plotin, n, 2, en fait
également mention.
(784) Les prosternations n'ont cessé de faire
partie, en Orient, du service divin; ou pourrait
citer à cet égard une multitude de passages. Dans
le Talmud, traité Beracoth^ f. 12 et 54, on trouve
énoncé minutieusement combien de fois et en quels
endroits de la prière on doit se prosterner ou du
moins incliner vers la terre la partie supérieure du
corps de façon que l'on puisse distinguer une petite
Eièce de monnaie gisant sur le sol. On sait com-
icn If s Musulmans sont assujettis à un pareil usnge.
(Koy. Mouradjea d'Ohssoo, Tableau de rempire
ottoman} Lanc, Manners and Customs o[ the Egyp*
iianSf etc.
819
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
810
Lears prières, qui sont aussi oblit^atoires
pour eux que Test pour les Musulmans la
Erière el Wilr (785), sont au noujbrede trois,
a première s'accomplit à la seconde heuredu
jour, la seconde à la neuvième heure du jour,
la troisièmeà la troisième beurede la nuit (786J.
Ils no prient Qu'après s'être lavés (787).
§ IV. — Il leur est ordonné déjeuner du-
rant trente jours, qui commencent le huitième
jour qui suit la nouvelle lune du mois
d'Adsur (mars), ensuite ils jeûnent neuf
autres jours, à partir du neuvième jour qui
précède la nouvelle lune du nouveau Ranûns,
enfin sept autres jours qui commencent avec
le huitième jour après la nouvelle lune du
Schobath et qui sont regardés comme les plus
importants. Ils observent aussi des jeûnes vo-
lontaires de seize et vingt-sept jours (788).
S V. — lis cherchent par des sacriûces à
(785) Les mahomélans récileni cette prière pen-
dant la dernière paiiie de la nuit avant le lever de
l'aurore; elle n^est pas dinjonction aussi stricte
que les cina prières qu*ils doivent réciter pendant
le cours de la journée.
(786) Abulfeda (Uin. anteitlam., p. 148) dit que
les prières obligatoires ou volontaires des Sabécns
sont au nombre «le sopi, et il les répartit de la laçon
suivante : c Sabiis eiiam sacr;e quxdam caererooniae
sunt, ut septenae preces, quarum quinque precibus
nioslemicis respondeni, scxia mcdia fore est inter
solis orlum et meridiem seilima in finem horse
sextae nocturnae incidit. i L'historien Ibn Scholinab,
ctié-par Uyde (De relig. veL Pen. p. 127), s'exprime
en termes tout semblables.
(787) L'usage de se laver le corps, ou du moins
les mains, avant la prière et le sacrilice, est des
Ïdus anciens et des plus répandus. L'Hindou doit se
aver avant de lire les Védas ou Livri^s «acres; les
lois de Manou le lui enjoignent. Le Coran recom-
mande aui Musulmans de se purifier avant de
prier. {Voy. le Journal aiiatique^ série 5, t. XII,
ÎL 159.) Les rabbins ordonnent aux Juifs de se
aver les mains avant de se meure en prières et, si
Veau manque tout à fait, il faut du moins se frotter
les mains avec du sable ou avec un |>etit morceau
de bois. De nombreux passages des auteurs de l'an-
tiquiié attestent que, dans le paganisme, on se
lavait avant de rendre hommage aux dieux. Nous
pourrions citer ici llomère, Hésiode, Euripide, Vir-
gile, Ovide, Tile-Live, Tibulle, Diogène Laerce,
benys d'Halicarnasse, Plutarque, Lucien, Apulée,
Tertullien, Porphyre, JambJique, Prudus et divers
archéologues modernes, iiotamment Lomeier, De lus-
traiionibuê veterum geniium, mais ce serait nous
éiait^-r de notre sujet.
788) Abulfarage*( i/t</. dynakl,, p. 284) confirme ce
témoignage au sujt t des jeûnes des Sabéens. Ibn
Schobnab parle du même objet dans un passage
que Hyde a traduit d'après un manuscrit peu exact :
< Ji'junant mensis Iresprimos dies, compulantesje-
juniorum solutiones ab ingressu solis in Arietem. »
D'Herbelot, dans sa Bibliothèque orientale ^ a mieux
rendu le sens de l'auteur arabe, en disant: c Hs jeû-
nent pendant le cours entier d'une lune... et termi-
nent toujours leur jeûne à l'entrée que fait le so-
leil dans le si^ne du Bélier qui est jusiement l'é-
quinoxe du pinaimps.»
(789) Des bœufs étaient ofiV'rtsen sacrifice chez
toutes les nations de TOrient, chez les Kg^'ptiens,
les Perses, les Syriens, les Phéniciens. Hs jouaient
aussi le principal rôle dans les sacrilites des Hé-
breux, ainsi que l'attestent de nombreux passages
du Pentateuque. Porphyre {De abttinentia, li, 10 et
i9) dit que le bœuf lui le premier aumiai ofieil en
ohtenir la faveur de la Divinité, mais ils
D*offrent des victimes qu'aux planètes. Que)*
ques-uns d'entre eux disent que les pré-
sages du sacrifice se montrent défavorable»
si Ton sacrifie au nom du créateur, car, dan>
leur opinion, il ne s'occupe que d*objels im-
Sortants, et il a abandonné tout le reste aai
très qu'il a placés comme ses intermédiaires
pour gouverner le monde. On ég^rce eo
sacrifice un grand nombre de bœufs (789), de
moutons, de chèvres et de tous autres ani-
mauxàquatre pieds (790), sansdentsincisÎTes,
è l'exception du chameau ; on n'offreparmi les
oiseauzqiieceuxquin'ontpasdegriffes(79t;,
à l'exception des pigeons. L'immolation des
animaux offerts en sacrifice s'accomplit chei
eux par la section des veines du cou et de U
gorge (799) ; la mort doit 6tre instantanée.
Ils sacrifient surtout des coqs (793). Les rie-
holocauste.
(790) M. Chwolsohn rapporte une foule de pii-
sages empruntés aux auteurs orientaux, fmt et
romains, qui mon rent combien les sacrifurs de
moutons et de chèvres étaient fréquents dans fan-
tiquité. Nouft jugeons superflu de donner iri place
à ces détails. I^ous observons une fuis pour tou-
tes, que le savant orientaliste déploie dans ses n<v-
tes, en rapprochant les usages des Sabéens décrit
des anciens peuples, une érudition fort éten«luf,
mais à laquelle nous n'avons point dû faire d'em-
prunts.
(79l),Les poissons el les reptiles se frouvaietitev
eus des sacriflces des Sat)éens, lesquels D'inmi*»*
laienlque les animaux dont la chair pouvait servir i
leur nourriture. Les sacrifices des bétes sauva^C)
et de pourceaux ont été rares en Orient. Porptiue
dit qu'on n'immole que les animaux doot on fjit
usage comme aliment, et qu'on ne sacrifie point
de singes, d'ànes ni d'éléphants. Julien obsene que
les prêtres égyptiens ne sacrifiaient point de poiv
sons, parce qu'ils n'en roangeaieni pas. Lu-
cien ( De dea Syrta, 54 ) observe que les haUutiti
dliiérapolis sacrifiaient des tours, des mouton» et
des chèvres, mais non des cochons» animal qu'ils
avaient en horreur. On sait cependant que le^ Pb<^
niciéns et les habitants de l'Ile de Chypre immo-
laient des i'ochons. 11 y eut chez les Perses, lesS<v
thés et les Lacédémoniens des sacrifices de cbe-
vaux ; à Hhodes on jetait chaque année quatie
chevaux à ki mer lors de la Tète du soleil. (Feeto».
au mot October equus.) Â Alexandrie on inim"Uii
des chuts en riionneur du dieu Horus. Quani am
sacrifices d'oiseaux, rien de plus commun cbei 1»
divers peuples de l'antiquité.
(792) Usage en vigueur chez les Juifs, et à re-
gard duquel les rabbins ont accumulé de minuiuti-
ses prescriptions.
(793; 11 est à croire que les coqs joua'cnt un
grand rôle dans les sacrifices des Sabéens, f^^"-
qu'on leur attribuait des relations ima|inairi;9 a> «*
le soleil. Telle était du muins une opinion fori r**
pandue dans l'tfntiquité el dont la cunséqikriH"
éiait de douer cet oiseau de lacuUés fort »tir)Nf
nantes. Il suflit de mentionner ^ cet égard le^temoi-i
gnage de Proclus : « Leones ei ^alli cujusdan n<
tura bolum pro sua natura participes ; unde minin*
est quantum inferiora in eodem ordine cedaat »tf|^
rioribus, quant vis magnitudine potenCiaquenoacr-
daut ; hiiic feruntgallum timert a leooe qiufo |n>'
rimum et quasi coli, cujus rei causam a mur^
sensu m ve assiguare non possumus, sed solo* al»
oïdinis suprenii conteiuplatioiie , quouiam ^wij^
cet prxseiitia solaris virtuiis con%euit gaUo "***
quaui le* ni| quod ctinde apparet, quasi q^tb»
Si!
SAB
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS,
SAB
821
Urnes oe sont pas mangées, mais brûlées. Le
sacriQcateur ne doit pas entrer dans le
temple le jour où il oiïre le sacrifice. Quatre
époques sonty dans le cours du mois, indi-
quées pour lesacrifice; la nouvelle hine(7%),
le premier quartier, le vingt-septième et le
vingt-huitième jour.
§ VI. — Leurs fêtes sont les suivantes : la
fête de ta ru|)ture du jeûne de la semaine;
celle de la rupture du jeûne du mois, ou
rupUire du jeûne après les trente jours (795),
elle dure deux jours ; ensuite vient la rup-
ture du jeûne des cinq jours, et enfin celle
du jeûne des dix-liuit jours, qui tombe le 26
do mois. Il y a ensuite la fête de la concep-
tion ou de la grossesse, le 25 du premier
Teschrin» plus tard la fête de la naissance (796)
au 23 du (seund) Kâmin ; enfin une fête au
29Tammaz.
§ VII. — Ils sont tenus, après un écoule-
ment sperraalique ou après le contact d'une
femme i Pépoque de ses règles (époque à
ia(|uel]e les femmes vivent (railleurs tout à
fait séparées), de se laver et de changer de
vêtements (797). Ils se lavent alors avec des
alcalis (végétaux) et du natron (798). Ils ne
sacrifient que des animaux qui ont du sang
et un poumon. L*usage du chameau leur est
interdit, ainsi que celui des animaux qui
ne sont pas abattus régulièrement (799) et
hymnîs applaudit snrgenti solî. > {De sacrificiis et
magia, t. III, p. 280, éilit. Cousin.)
(794) L*époque de la nouvePe lune était célébrée
chez la plupart des peuples anciens par des fêles et
des sacrilices Nous renv(»yoiis aux iioiesdes coni-
Di^ii|;ileiirs pour d*ampl^s détails à ce sujet.
(705) ('c passage est obscur ; M. Cliwolsobn (t.
II. p. D5) en donne div<!rses cxpUcaiions; mais
i:ous n'avons pas à nous y arrêter.
(796) On manque de détails sur ces deux fêles,
sur leur origine et sur les cérémonies qui les ac-
Cûuipagnaienl.
(797) Tout ceci est conforme aux lois et aux usa-
gf'âde rOrient. M. Chwulsohn, t. II, p. 98-100, en
expose le résumé.
(798) 11 s*ai(it sans doute du ni Ire qui, mêlé avec
de riiuile, forme du savon dont les Orientaux font
usage.
(799) Ia distinction étaoïie ici entre les animaux
purs el les impurs s'accorde avec celles qu'éta-
llissent les lois dt-s Hindous cl les minutieuses
prescriptions des rabbins.
(800) D*anciens auteurs araoes disent qu'il était
Interdit aux Sabéens de manger des pigeons;. dans
quelques districts de la Syrie et en Egypte sembla-
ble défense était en vigueur. Cet oiseau était re-
gardé comme sacré chez divers peuples de TO-
r.cnt.
, (801) Les Hindous, les Hébreux el les Egyp-
tiens regardaient les oiseaux de proie comme
iiupurs.
(801) Chez les anciens Hébreux, Tusage de toutes
les plantes était permis, mais chez d^aulres peu-
ples on retrouve des défenses analogues à celles
dont il est fait ici mention. Les lois de Manou in-
lerdiseni aux prêtres de manger de certains légu-
jnes; d'après Hérodote, les Egyptiens détestaient
les fèves et tes regardaient comme un objet impur.
t^etie idée se trouve aussi de fort bonne heure ré-
pandue chez les Grecs. Cbwolsohn entre à cet
^ard dans des détails étendus , mais étrangers à
notre sujet.
de tous ceux qui ont des dents incisa-*
ves dans les deux mflohoires • comme
Tâne, le chien et le pourceau. Quant aux
oisçaux, ils ne font aucun usage des pi-
geons ( 800 ) et des oiseaux qui ont des
griffes (c'est-a-dire des oiseaux de proie)(801).
Quant aux plantes, ils ne font point usage
des fèves et de Tail (802). Quelques-uns
d'entre eux s'interdisent l'usage des naricots,
des choux, des choux-fleurs et des lenliUes.
Leur réi>ugnance pour le chameau les
amène jusqu'à dire que les désirs de celui
qui passe sous la corde qui sert è guider un
chameau ne seront j)as accomplis. Ils se tien-
nent éloignés de quiconque est atteint de la
lèpre (803), de l'éléphantiasis ou de quelque
maladie contagieuse. Ils n'emploient pas la
circoncision et n'altèrent point la façon dont
la nature opère.
§ Vlll.— Ils se marient en présence aeté-
moins,raais non entre parents (804). Les lois
pour les hommes et les femmes sont celles-ci:
undivorcen'a lieuquesur preuve bien claire
et a|)rès que le crime a des témoins ocu-
laires (805); la mari ne peut épouser de
nouveau la femme dont il a été séparé (806);
il ne peut avoir deux femmes à la fois, elil ne
doit avoir commerce avec sa femme que
pour engendrer des enfants (807).
§ IX. — D'après leur opinion, les recora*
penses et les peines doivent affecter seule-
(805) Il s*agil de la Lepra nodosa ou tuberculosa,
Winer, dans son Real ÉibUsches Worterbuch^ t. F,
p. 114 (article Aunatz) a trailé à fond ce qui con-
cerne cette horrible maladie dont il est si fréquem-
n)eni question dans la Bible cl dans les écrits des
Oiientaux.
(804) Chez les anciens le mariage était considéré
cumaie un de ces contrats pour lesquels la prés< n-
ce de témoins est nécessaire. Les rabbins s';ip«
puvanl sur le Deuléronomet xix, 15, n'gard- m la
(présence de témoins comme devant faire partie de
a cérémonie du mariage. Dans le Talnud (traité
Qidûschin, fol. G5) on trouve posée celle question :
c Le II ariage est-il valide lorsqu'il n*y a eu qu*un
témoin? > Elle est résolue négativement. Quant
aux. alliances entre parents, les usages ont varié
dans Taiitiquité. Elles étaient interdites chez les
Hébreux. Saint Cyrille (Conir. Julian. iv) dit que
les ChaUléens pouvait'nt épouser leurs mères et
leurs sœu r s. Lucien (/)6sacrt/fc., c. li)en dit autant
des Assy riens.Pareille coutume existait chez les Per-
ses, mais cllt*. éiail circonscrite p^rmi les hautes
classes; elle éiait on vigueur parmi les Egyptiens.
Mous nous écarterions de noire sujet en recher-
chant ce qu'offre à cet égard la législation des
Grecs et celle des Romains.
(805) La loi mosaïque était plus sévère, elle con-
damnait à mort la femme adultère dont le crime
était avéré.
(806) Moïse n*a défendu de reprendre la icmmr
dont on avait été séparé que dans le cas où elle
aurait contracté un second mariage.
(807) La polygamie ou du moins la bigamie,
était permise cnez un grand nombre de peuples
de rOrient, et il est vraisemblable qu'à des épo-
ques reculées, elle fut autorisée chez les Sabccns,
mais ils durent se soumettre à Tinfluencc des idées
contraires qui étaient parties de Rome. Dioclé-
lien interdit la bigamie à tous les sujets de rcm«
pire (qui $ub ditioue Romani nominis sunt,) Ter-
tuUien constate que la monofl[amic était en grand
honneur chez les païens.
MS
BICTiOMNAIRE BIS APOCRYPHES*
m
ment Tesprit et ne doivent pas être suspen-
dues jusqu'à une époque fixée (le jugement
dernierj.
S X. —Ils disent qu'un prophète doit être
eieaipl de tout blême par rapport à con
âme, et de tout vine par rapport è son corps;
il doit ainsi être accompli en toutes choses
dignes de louange. Il doit répondre sans se
tromper et sans hésilalinn à toufe question
qui lui est adressée, il doit pouvoir rendre
compte des pensées des hommes, et il doit
être exaucé lorsqu'il adresse ses prières à
Dieu, afin de faire tomber la pluie sur la
terre et afin d'éloigner les dommages que
souffriraient les récoltes et les troupeaux. Sa
doctrine doit être telle, qu'elle ait pour effet
de développer le bonheur de ce monde et
d'augmenter le nombre de ses habitants.
§ XI. — Leur doctrine sur la matière pri-
mitive, les éléments, la forme, la non-exis-
lence, le temps, l'espace et le mouvement
s'accordent avec les principes énoncés par
Arisloledans son livre Z>cpAy«ica. Ils croient,
ausujet du ciel, qu'il conslitueune cinquième
matière primitive qui n'est point formée des
ouatre éléments et qu il n'est soumis ni à la
destruction, ni à la corruption comme le dit
Arislote dans son livre De cœlo. Quant aux
?uatre éléments, è leur combinaison pour
rmer les végétaux et les animaux, quant
aux créations qui résultent du mélange et
de Taclion des éléments, ils partagent Popi-
Dion d'Aristole; à l'égard des météores et dos
apparitions célestes ou lunaires, ils sont
également do l'avis qu'expose Aristote
(808) Il ne Taut pas 8*étonner de voiries Sabécns
s*appuyer constamment sur raulorilé dWrisiote. Ce
phiiosoplie était regardé comm^ un ora^ïle par les
Araties, et ses doctrines divisèrent, sur Men des
Saints , celles des néo-platoiiicicns dont les Sa-
éens adoptèrent les idées.
(809) Cet oavrage attribué à Ileriiiès est sans
doute celui dont parle Abuifaragô {flht. dynasi.,
p. 9) comme étant éirît en syriaque et comme se
composant d*uue suite de questions et de répon-
ses adressées par Hermès à son fils Tat. Le
Pymandre qui nous est parvenu reproduit très-
vraiseroblement cette composition.
L*auieur arabe que nous venons de nommer
B^accorde ici avec Técrivain qu*a traduit M. Chwol-
tobn, car il dit en parlant des Sabéens : c Argu-
menta eorum ad probandam Dei unitatem longe
firmîssiroa sont. »
(810) Ou bien Helios ou Abelios, un des noms du
eoleil.
ISll) Sin ou Sina signifie en langue syriaque,
h >ane et l'argent. On trouve aussi la lune appelée
Sin dans les livres des mendaîtes. (Codex Nazaraus^
t. I, p. 54, 98, édit. de Norberg« et Onomasticon^
p. 108.) Divers auteurs anciens, uls qu'IIérodien et
Ammien Harcellin, attestent que la lune était adorée
daus la ville d'Harran (Carrœ) qui est, depuis bien
des siècles, le centre du sabéisme. La Bible fait à
diverses reprises mention du culte de la lune couime
^pandu cbez les Orientaux; Hérodote, Pline et
Strabon en parlent aussi. Il eiiste une dissertation
apécialc d'Abr. Calovius, De Selenolalria.
(812) Mars ou Ares était adoré dans tout TOrient.
Les mendaîtes rappelaient Ncrig (Codex Nazarœus,
édit. Norberg, 1. 1. p. U, 99, îiî; t. Il, p. 96, 98,
104. Les rabbins l appelaient le rougissant, soit à
dans ses Meieorolopica, Ils croient (|Qe Tâme
est douée d'intelligence et de prescience,
qu'elle est une substance corporelle, non
exempte des accidents auxquels le corps
est sujet ; c'est aussi ce qu'avance Arislote
dans son livre De anima. Sur les s*0Dges,sur
les effets de l'imagination, ils pensent aussi
comme Aristote. Ils disent à l'égard de Dieu
qu'il est unique, qu'aucune propriété parti-
culière no s'applique à lui, qu'aucune af&r*
malien, aucun syllogisme 06 peut être éDCDcj
è son sujet; c'est suivre ce que dit Aristote,
dans son livre sur la logique. Pour ce m
concerne les démonstrations, ils suivent les
règles posées par Aristote (8(K3).
§ XII. — £1 Kandi dit qu'il a vu un livre
dont la doctrine est celle que professent les
Sabéens; il consisle en un traité d*Hero)ès
sur la doctrine de Tunité de Dieu; Hermès
récrivit pour son Ois, en traitant celte doc-
trine avec la plus grande habileté, et ses
arguments sont tels que nul philosophe,
quelle que fût la peine qu'il se donnât ds
pourrait y échapper (809).
CHAPITRE IL
Chapitre relatif aux fêtes et aux sacrijîca
des Sabéens.
51. — Le premier jour de la semaine esl
consacré au soleil, nommé Ilios (810); le
second, à la lune, appelée Sin (8f1); le troi-
sième, à Mars, appelé Ares (812) ; le qua-
trième, k Mercure, appelé Nâbua (813) ; le
cinquième, à Jupiter, appelé BAI (8U);!('
sixième» à Vénus, appelée Balthi(815);le
suite du caractèe belliqueux et sanguinaire atlri
bué âi ce prétendu dieu.
(813) Le mot Nabiiq ou Naba signifle messa;:(>r,
nnntius, et c*e»t en eflfet t'atiribution quelans^iU-
logif) ai»signe h Mercun*. Un orientaliste italien,
M. Luzzatlo, lui donne toutefois un autre s^ns :
c N;ibu fst formé dn la préposition négative sao^-
crite nu^ non et du mot bha^ paraissant ou spleu-
dide, et il signifie, non elarus^ non apparent, rcn
VMUs, cVst'à-îlire invisible. H y a en sanscnlon
mot presque idenlique oui est nabha», de na el de
bhas qui signifie littéralenoent non splendide et, par
métaphore, nuage, ciel. » (Le ianscriiisme daus la lan-
gue assyrienne.) Le mot Nebô se retrouve dans d^s
noms cbaUléens, Nabucbodonosor , SamginteM
(Jerem. ixiix, 5). Isale« xlvi, 1, Indique ^cbô
comme une divinité babylonienne à côté de Bel. l^
nom de Nebô ou Nebû se trouve fort sooveiit sur
les inscriptions assyriennes qui ont été, depuis pc'J
de temps, le but des investigations de M. Rawlicsofl
et d'autres érudits. {Yoy, d ailleurs St^lden, De dm
Syriis, le Commentaire de Gésénius s»r iitfi^t
Mueiler, Religion der Babylonier, p. 14; Hoetm.
Die Phœniiier^ t. I, p. 181 et 655.
(8U) Bel ou Baal est signale par divers autrors
anciens, par Dion Cassius, entre autres, comoi^
étant le même que Jupiter; d autres écrivains i«
regardent comme étant le même que Saturne;
d'autres le représentent comme le type du soirii.
H. Cbwolsobn traite avec érudition ei détail cette
question dont nous n'avons pas à nous occuper ia
Nous disons seulement que saint Epiphane observe
(HaerffS. 1, n. 16) que les Juifs appelaient Jupiter u
planète Baal, el que chez les meodaltes cette pl'oeie
porte le nom de Bel. (Codex iVaMrimi, édit. ^o^
1U4. Les rabbins l appelaient le rougissant, soit à berg, 1. 1, p. «12, et Onomastieon, p. 38.)
cause de la couleur rouge de la planète, soit, par (815) Ce nom ae trouve écrit eo syriaque Belî"-
«iS
S\B
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAB
8*28
sepiième, h Saturne, appelé Cronos (816).
§ IL — Leur année commence avec le
mois de Ntsân (ayril). Pendanl les trois pre-
miers jours de ce mois (817), il s*huniilient
devant leur déesse Balthi, e*est-à-dire Vé-
nus. Ils se rendent par bandes ce jour-tà au
temple de la déesse, ils offrent des sacrifi-
ces et ils brûlent des animaux vivants. Le
siiiôme jour de ce mois, ils offrent un tau-
reau k leur déesse la lune (818), et ils lui
rendent hommage à la Gn du jour. Le hui-
tième jour, ils jeûnent, et à respiration du
jeûne, ils mangent de la chair d agneau. Ce
même jour, ils célèbrent une fête pour ho-
norer les sept déités (819), tes démons (820),
les génies et les esprits, et ils brûlent sept
agneaux mâles en 1 honneur des sept déités,
et de plus nn en l'honneur du seigneur des
aveugles (821), (c*e$t-à-dire animé d'une fu-
reur aveugle), et un autre en Thonneur des
dieux des démons. Le quinzième jour, ils
célèbrent un mystère (822) en l'honneur du
D*apri$ Bar*Serûg les Clutldéens appelaient Ténus
B.li(in. Selon Aby ienus, cilé par Lusèbe (Prœpar,
etangel.^ Ub, ix, c. 4t), Baailis était chez les Phéni-
ciens le nom d'Aphrodite ou de Yéiius, et Beltis,
celai de Cybèle chez les Babyloniens; Hésychius
dans son Lexique donne le mot Belthès comme
synonyme de Vénus, Toutefois Sanchoniaton, cité
êjiairmerit par Eiiséhe (Prœpar. evang. lib. i, c. 10),
paiali i4teiitifier Baaltis avec Dione, mais ainsi que
le remarque Selden, il y a bien de h confusion
parmi ce» noms de divinités asiatiques. (Junonia,
Tent-ris, Lniiae nomina surit lia, eu m ad Asiaticos
deos respcxeris confusa.) lieltis figure sur les in-
scriptions assyriennes comme la mère de Dieu et
leur protectrice. Muenter {Religion der Babylonier^
P 30) regarde Beltis comme la déesse de la lun^.
tn anteur syrtaqu», Bur-Bahiûl, observe que Vénus
portait chez divers peuples seize noms dinérenls.
(816^ Qirqis dans des manuscrits arabes. Diaprés
I. Lydus, {De mens, i, 9) les Egyptiens et les
Ciialiiéens avaient consacré le septième jour de la
temaine à Phxnon, c'est à-dire à leur principale
diviuiié, connue chez les Grecs sous le nom it«
Kroniis. Lea Egyptiens passent pour avoir été les
premiers qui partagèrent la semaine en sept jours,
consacraol chacun d'eux à quelque divinité. Selon
Faisébe, cette division fut Tceuvre d'Oiitanès qui
Kconipagna Xerxés dans son expédition contre les
Orecè. {Prœp. evaug^^ 1. iv, cap. 6.) Celte division
dont Boiis n'avons pas ici à examiner Torigine, a
été lobjet des recherches spéciales de quelques
érudiu. {Voy, Wachler, Dissertatio iiislorico'phi'
iilopcu de hebdomade gentil iUum et dierum a planetis
dmminalione; Fuch., Abhandlung von den Wo*
cktutagen,)
[W) Voy, ftiT rétymologie du nom de Nîsan
Beiifey, Ueberdk MoHûlsnamen einiger alter Voelker^
P* i30. M. Chwolsohn s'est donné beaucoup de
P^ine pour établir la concordance des mois des
Salniens avec ceux des Romains. Le< données four-
nîtes à cet égard par les auteurs orientaux sont va^
gnes et parfois contradictoires. 11 parait que les
Sabéens commençaient leur année religieuse au
prinlemptet leur année civile en automne; circon-
^itiiee qui se retrouve aussi chez d'autres peuple^*,
i^ Hindous et les Perses avaient également, de
l^inpi immémorial, l'usage de célébrer une fête au
commenceraeut du printemps, lorsque le soleil entre
dans le signe du Bélier. Chez les Prrsans modernes,
c^'tie fête s'est conservée et elle dure trois j0'>rs
eoQuue chez nos Sabéens. .Chardin, Voyages.) Moïse
d« Churéne {Uisi.d^Avmeute) dit qu'au commeuce-
ScbemAI (du Nord) ; ils apportent des oATran*
des, ils célèbrent leur culte, ils égorgent et
brûlent des yictimes, et ils. boivent et man*
gent. Le 20, ils vont au temple du Kadi,
lequel est bâti auprès d'une des portes de la
ville d'Herran, appelée Bâb-Fonaoq-ez-Zeil,
(c'est-à-dire la porte du magasin à l'huile;
ils Y immolent trois zebrachs (un zebrach
est un taureau dompté), l'un en l'honneur
du dieu Cronos ou Saturne, l'autre eu l'hon-
neur d'Ares ou de Mars l'aveugle {c'est-à-
dire, animé d'une fureur aveugle) ; le troi-
sième en l'honneur de la lune ou du dieu
Sin. Ils immolent ensuite neuf agneaux mâ-
les, à savoir, sept en l'honneur des sept déi-
tés, un en l'honneur du dieu des génies ^i
un en l'honneur do dieu des heures (823),
et ils brûlent un grand nombre d'agneaux
el de poules. Le 28, ils vont à un autre tem-
ple qui est ijans un village, nommé Sebli,
près d'une des portes d'Harran. appelée Bab-
e!-Serab. Cette porte conduit vers le nord. Ils
ment du m* siècle, le roi Yagarch intri^duisît chez
les Arméniens une fête pareill<). Lucien {De dea
Syria, c. 49) raconte qu*à Hiérapon<(, en Syrie, (in
celébrnit an commencement du printemps une fête
où Ton sacrifiait et livrait aux flammes beaucoup
d*animanx et d*oise:inx.
(818) Chez les Sabéens la lune est parfois désignée
comme une déesse, d*auircfois comme un dieu. Us
regardaient ponl-élre cette divinité comme andro-
gyne. En péicral, la lune est mentionnée chez les
anciens romme appartenant au sexe féminin; Ho-
race et Apulée rappellent regina cœli; les Pténiciena
la qualitiaient de souveraine des cieux ; saint Ephrem
la nommait une divinité femelle. C'est dans un sens
mystique qu*il fst parfois question chez les Grecs et
chez les Romains du Deus Lunus,(Voy, la note do
M. Chwo'sobn, t. n, p. 184.)
(819) Ces sept déités dont il est souvent question
ici, sont celles qui président aux sept planètes.
(8i0) Les auteurs qui appartiennent aux df'r-
nières époques du paganisme donnent de longs dé-
tails sur les démons tels que les néo-platoniciens 1< s
dépeignent. ( Voy. Porphyre, De abslinentia:
Jomblique, De mysferiis jÈgyptiorum, Damascius,
Asclepius, dans les écrits attribués à Hermès ou
Mercure Trisuiëgiste.)
(821) L*épithéted*avengle est difficile à expliquer;
en faisant une légère correction dans le mot arab*',
on r**mpliicerait cette qualilication par celle d'ar-
dent, de brûlant, qui serait mienx à sa place, lors-
3u'elle est appliquée à Mars. Chez divers écrivains
e Tantiquite, ce dieu porté le nom de UMpôziç ,
lequel dérive sans doute de la couhur de feu qu*on
remarque sur la planète qui lui est consacrée. Les
Egyptiens obéissaient à une idée semblable lors-
quils donnaient à leur dieu Hertosi» correspondaul
k Mars, le litre de producteur de la sécheresse.
(8iâ) Les mystères des Sabéens sont Tobjet d un
antre chapitre que nous donnerons plus loin. Non»
ajouterons qu'ils ont été rapprochés des autres
mystères de rantiquité dans ooe longue dissertation
spéciale qui occupe les pages 319 à 364 du second
volume de Pouvrage de H. Chwolsohn.
(8i3) Dieu des heures on du temps. LVxîstence
d*une pareille déité parmi les Sabéens s*accorderait
avec ce qu'on observe chez des peuplest voisins. Les
Phéniciens avaient une déesse du temps en géné-
ral, et des divinités présidaient aussi selon eux aux
diverses parties du temps, au lever du jour, par
exemple. Chez les Egvptiens à côté de Sevech, le
dieu du temps, il y ivaU Eboou, le dieu du }ottr.
SX!
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Sis
immolent un fort taureau au dieu Hermès, et
ils offrent neuf aj^neaux mâles, è savoir, sept
aux sept déités, un au dieu des génies, et un
au seigneur des heures ; ils mangent et ils
boivent, et ce jour-là ils ne brûlent aucun
animai.
S 111. — Le premier du mois d'Ajftr (mai)
ils célèbrent le sacritice secret en Thon*
neur de Schemâl ; ils accomplissent leurs ri-
tes mystérieux, respirent l'odeur des roses,
boivent et mangent. Le 2, ils célèbrent la
fôte de Ibn el-SelÂm, c*esl-à-dire du fils de
la santé (824), ils font des vœux (825), cou-
vrenl leurs tables des prémices des fruits,
des. moissons et des sucreries, et ils boivent
et maitgent.
§ IV. — Au mois de Chazîran (juin) ils cé-
lèbrent le 17 les rites secrets, en l'honneur
de Schemâl et du dieu qui fait voler les tlè-
ches. Ce jour-lè, ils dressent une table sur
laquelle ils placent sept portions pour les
sept déités et une pour Schemâl. Le prêtre
apporte un arc, le tend et place dessus une
flèche à laquelle est attachée une torche dont
l'extrémité est allumée (826) ; elle est faite
avec un bois qui croit sur le territoire de la
ville d*Harran; ils n'en emploient pas d'au-
tre. Le prêtre lance alors douze flèches et va
ensuite à quatre pattes comme un chien jus-
qu'à ce qu il ait ramassé toutes les flèches.
Il répète cela quinze fois en faisant atten-
tion aux présages: si une des torches vient
à s'éteindre, c'est, selon [eux un sienne oue
(82i) Au lieo du fils de la santé, on pourrait lire,
d'après quelques roanuscrUs, la diviniié de la paix.
Mais il nW a pas de trace que les S.ihéeus aient
connu quelque déité analogue à VIrène des Grecs,
et è la Fax des Romains.
(825) Les vœux des Sabéens paraissent avoir éié
constamment adressés à quelque divinité particu-
lière. Il semble qu*il en Tut de même dans le paga-
nisme. On peut recourir à la dissertation de Ph.
Thomasin, De votis donariiê, insérée dans le i. XII
du The$auru$ antiquUatum Romanarum de Giaevius.
(82<)) H est question de flèches ardentes dans l«*s
i^aiimw (vil, 14 et cxx, 4); les anciens faisaient
usage de dards enflammés qui étaient lancés dans
les vill<»s assiégées pour y porter Tincendie. (Voy.
Thucydide, Arrien, Vegèce, etc.)
(8i7) Parmi les nombreux moyens de divination
employés chez les anciens pour connaître les se-
cre s de ravenir, il y en avait un qui s^opératt au
moyen de flèches , on l'appt lait ^fiXojjiavTcta. Ho-
mère en fait mention (//iarf.. m, 324; vu, 182), mais
il y avait des différences entre le procédé des Sa-
béens et celui dont Nabuchodonosor fit usage,
{Ezech, XXI, 2(n, ainsi qu*avec une antre méthode
usitée chez les Arabes. Clodius a écrit un traité De
magia sagittarum. Quant au présnge qn*on croyait
trouver dans la circonstance qu'une lampe 8*é(eignlt
ou non, c'était une idée répandue en Ocrideni.
Virgile y fait allusion {Ceorg. i, 590), Suétone
en parle {Tiber. c. 19) ainsi que d*aiitres auteurs.
Butenger, dans son traité De iorlibus, inséré dans
h; t. V du Tketaurus mtiquitalum Romanarum de
Gra^vlns, a épuisé cette question.
(8i8) Tauz ou TanmuA est regardé comme TAdo-
Dtsdes Grecs. H était sut tout en Phénicie l'objet
d'un culte particulier. Son histoire était très-répan-
due et remontait à une antiquité lort reculée
M. Quatremère (Journal asiatique, t. XV, p. 227)
roeutionnt on livre que possédaient les Mabatéens
la fête n'est pas agréable aux dieoi, mais
si aucune ne s'éteint, un en conclut que li-s
dieux accueillent avec plaisir i'boiuuja,(>
qu'on leur rend (827.)
§V.-— Au milieu du mois de T^moiai
(juillet) est la fête appelée Et-BûqAt« c esi-i-
d ire des pleureurs ; cette fête est la n.è:i.e
que celle qui est en Thonnour du dieu TJ-
uz-en-Bft-ur (8^). Les femmes &e limoU
la douleur, parce que son maître Ta crueiiN
ment mis à mort, qu*tl a broyé ses os dsos
un moulin et qu*il les a ensuite jetés aui
vents. Les femmes ne mangent, durant cette
fête, rien qui ait été manipulé dans un rnoo-
lin ; elles ne se nourrissent que de légumes
desséchés, de dattes, de raisins secs et autres
objets semblables. Le 27, leshommescélèl»rent
un mystère en Thonneur des génies, des d<;-
mons et des déités. Ils font beaucoup «le
f;Ateaux cuits sur la cendre en employant «ie
a farine, des légumes desséchés, des tiisw.'s
secs et des noix brisées en morceaux, selon
Tusa^^e des bergers. IlssacriGenlneufagneaui
mâles à Hâmân, le dieu suprême, le r>èn;
des dieux (829) et ils offrent un sacrificeà Netn-
rija (830). Le chef des Sabéens reçoit ce jour-
là deux dirbems {pièces de monnaie) de to.il
homme soumis a son autorité et ils boJTent
et mangent.
§ VI. — Le 8* jour du mois d'Ab (avril' i s
répandent du vin nouveau qu'ils offrent A<it
déités, et ils lui donnent un grand nombre
de noms divers. Ce jour-lb, ils sacrifient ai
ou vieux CliaUléens et qui était consacré k ntani^
les aventures de Tamouz. La fèie funèbre cck't^
en ison honneur durait sept jours cbea les Iz^r
tienset les Svriens ; les Grecs adopièreot cette fiv,
mais ils eu changèrent le caractère mélancoliqoc lo
la terminant par se livrer à Tallégresse sHn d<
marquer la joie que leur causait le retour d*A louii
il la vie. Celte joie ne tarda pas à dégénérer en «m
licence effrénée. M. Chwolsohn entre dans M dé-
tails Ton étendus sur ridentiOcation de Tanisiu
avec Adonis et sur les mythes qui le coDcemci.L
(T. Il, p. 202-^10.)
(829) Cet H&mftn, le dieu snpréme, est ».v>
doute le même que FAmnun ou Hsimnun desKft^
tiens ou que le BaaI-Hamnun des Pbéaicieo». it
premier était regardé comme le dieu des «l^^Bt.
comme la première lumière, comme le pèred'0> r».
Il correspondait au Jupiter des Grers. Le Ba»MI>»-
nun des Phéniciens était le dieu du Soleil, i^i.
Winer, Real Worterb,, t. I, p. 419.) Pfiii^u*
rilàmàn des Sabéens n'est- il pas étranger à i'Ho'n
mystique des Iraniens, des Hindous el des Tb<!^
tains , à Hom, le père des dieui, auquel bStne ^
consacrée dans les inscriptions découvcrict <
Minive, et au dieu du feu Amynas, aJvre t*
Assyrie. •
(H30) On ne saurait dire quelle est cette dr. t
dont le nom ne se rencontre que cette seule (<•%
mais c*est sans doute la même que celle qn'iuii
en vue Tévéquede S;iruga. Jacques, lorsque ^^i
\ait ^ue les llarrau:it<*s rendaient honmarR i (i**'
divinité nommé Bar-Nemré. (Asaemam, 0îK'<*
orient, t. 1, p. 3i7.) Af^semani dit que B«r-Vu r«
signitie en syriaque le fils des lîgKSi cl qB< ^
nom pourrait 8*appliquer à Baccbos dont 1^ f^
est représenté, par divers poètes, connue tialMlfi'
des tigres. Wesseling {iliner, AnIm.» |^ I^'
adopte cette explication qui pourrait étrecoaiAi^
m
SAB
PART, nu — LEGENDES ET FRAGMENTS,
SAB
830
milieu de la nuit un enfant mâle nouveau-
né en rbonneur des dieux. L'enfant est tué
et ensuite il est placé sur un bûcher jusqu'à
te que sa chair soit calcinée; alors elle est
pilée avec de la farine fine, du saTran (831),
du nard, des dattes et de Thuile {un autre
manuscrit porte des raisins) \ on en fait de
petits pains de la grosseur d*une figue qui
sont cuits dans un four tout neuf [ou dans
un four de fer.) Ceux qui prennent part au
mystère de ScnemAI mangent de ces gâ-
teaux une seule fois dans Tannée (832). Au-
cune femme, aucun esclave , aucun flis
d*esclaye et aucun insensé ne peut en
manger (833). Les trois prêtres sont seuls
employés à sacrifier l'enfant et h préparer
son corps. Tout ce qui reste de ses os, nerfs
ou artères, est ensuite brûlé par les prêtres
comme un sacrifice offert aux dieux.
§ VU. -> Le 3 du mois d'Ilûb (septembre)
ils font bouillir de l'eau afin de s en laver en
secret, en l'honneur de Schem&l, le chef des
Génies qui est le plus grand desdieux (83ii^).
Ils jettent dans cette eau quelques rameaux
ûi" tamarin, de la sève de figues (835), des
olives, du sucre brut et autres drogues; ils
la font ensuite bouillir, et un peu avant le
coucher du soleil, s'en frottent le corps,
comme les sorciers sont dans l'usage de le
faire. La même jour« ils immolent huit
agneaux mÂles, savoir, sept en Thonneur
des sept déités, et un en l'honneur de Sche-
mâl ; ils mangent dans leurs lieux de réu-
nion, et chacun d'eux boit sept tasses de
vin; le chef reçoit de chaque tête deux dir-
bems pour la caisse du trésor. Le 26 de ce
(83f) Le safran était d*un grand usage dans la
magie. (Voy. Psellus, De opinione Crœeorum circa
iœmones, c. 8, et Sainte-Croix, Recherches sur les
myuhet du paganisme, 1. 1, p. ^K7.)
(852) Ce sacrifice humain est Tobjet d'une longue
dissertation de la part de M. Chwolsohn, t. il,
p. H1 et snîv.
Les archéologues les plus hahîles reconnaissent
qu'il n*^ a point de traces dans Taiitiquité que ceux
qui assistaient i des sacriûces humains aient mangé
de la chair des victimes. M est vrai que Dion Cassius
aflirme que Catilina fit prêter serment à ses com-
plices sur le corps d'un esclave égorgé et qu^on en
mangea ensuite; Salluste ne raconte point celte
circonstance, mais il en rapporte une autre de même
es|)èce; les conjurés, selon lui, burent du vin mêlé
ai da sang humain ; tout cela est fort douteux et
nous semttle devoir être rangé parmi ces fables que
Pesprit de parti ^*esi, à toutes les époques, donné
beau ]eu pour répandre.
(833) 1) existait chez les anciens des fêtes nom-
breuses où les femmes ne prenaient point de part,
ei d'autres qui étaient iuteraites aux esclaves. Il en
était ainsi de<» Thesmophories à Albèues, de la fête
d Jtirion à Cos, etc.
(B34) 11 est difficile de préciser avec quelque exac-
titude le rôle deSchemàl dans la doctrine religicMise
des Sabécni. M. Cbwolsohn examine celte question
fon obscure (t. H, p. 217); il pense qu'il s*agit d'une
divinité regardée comme gouvernant la terre ei
dont le culte précéda celui des planètes. Il est vrai-
semblable que le nom de ce chef des esprits et des
génies se cliangea en celui de Somael, signalé par
le» Talmudistes comme le chef des démons, et qui
est le même que Satan. Les rabbins vantent sa
grandeur avant sa chute ; Rabbi Eliézer dit que les
animaux sacrés ont quatre ailes, les Séraphins six,
mois, ils vont au sommet de la moniagno
(836) ; ils y rendent leurs hommages au so-
leil, à Saturne et è Vénus, et ils brûlent
huit jeunes coqs, huit vieilles poules et
huit agneaux mAles. Celui d'entre eux qui
veut aaresser un vœu au seigneur de la
fortune , prend une vieille poule ou un
jeune coq, attache à son aile une tor-
che dont il a allumé les deux bouts et lâche
Toiseau en Thonneur du dieu de la for-
tune (837). Si la poule ou le coq est consu-
mé en entier, c'est, selon eux, une preuve
ouele vœu sera exaucé, mais si la torche
s éteint avant que le volatile ne soit brû-
lé, c'est un signe que le dieu n'agrée pas le
sacrifice et repousse le vœu (838). Le 27 et
le 28, ils célèbrent des mystères, et ils ap-
portent des offrandes ainsi oue des victi-
mes qu'ils tuent et qu'ils brûlent en l'hon-
neur de SchemAl qui est le plus puissant
des souverains, ainsi qu'en l'honneur des dé-
mons et des génies qu'ils implorent afin
d'en être protégés, devoir leurs besoins sa-
tisfaits et d'obtenir la prospérité.
§ VIII. — Au milieu du mois de Teschrin
(octobre) a lieu la cérémonie de brûler les
aliments pour les morts. Elle se passe de la
manière suivante : Chacun d'eux achète des
denrées qui se rencontrent sur le marché,
telles que viande de diverses sortes, etfruits
verts ou secs. Ils préparent divers plats,
confectionnent des sucreries, et la nuit ils
brûlent le tout à l'intention des morts; ils
brûlent avec res plats unos de la hanche d'un
chameau, qui est destiné pour le chien de la
sorcière (839), afin qu'il n'inquiète pas leurs
et que Semael en avait douze. Mais le caractère de
malice attribué à Semael était étranger au Schem&l
des Sabéens.
(855) Le fruit du Aguler avait dans le culte
idolâtre de TOrient une signiOcation symboliqu«>.
On le trouve souvent représenté sur les monuments
babyloniens. Il est interdit aux Juifs par le Talmud
de vendre aux païens des flgues et des noix de pins,
parce que ces objets sont employés dans le culte des
païens. Les figues jouaient un rôle dans la fêle de
Cybèle en Plirygie et à Rome h Tépoque de Té-
quinoxe du printemps. Il serait facile de s'étendre
sur ce sujet.
(856) L*usage d'offrir des sacrifices sur les mon-
tagnes remonte à une très-haute antiquité. Il en est
souvent fait mention dans la Bible ; les Perses,
selon Hérodote (i, i5i) sacrifiaient sur des monta-
gnes; les Grecs plaçaient d*ordinaire les temples
sur des lieux élevés.
(857) Ce dieu de la fortune ou du bonheur est
vraisemblablement le même que la planète Jupiter
qui a, chez les Arabes, le nom de bona fortuna
major, et que le dieu Gid ou dieu du bonheur men-
tionné daiis la Bible. (Voy. Moever, Phœnizier,
t. I, p. 174; Winer, lleûl W oerlerbuch, 1. 1, p. 2«5.)
(858) Ces procédés de divination rappellent la
Î>yromancio des Grecs et Viynïspicia de Pline,
l. VII, 57.) De nombreux passages des anciens par-
ent des présages que Ton trouvait dans la lumière'
dont les Hammcs dévoraient les victimes oflertes en
Facrifice ; Potter, (Archœologia Grœca, lib. n, c. 14,)
a très-neuement expliqué tout ceci.
(859) La divinité que les Sabéens appellent la sor-
cière paraît être la même que THécate de» Grecs,
que les poètes représentent comme accompagnée des
chiens infernaux.
851
DICTIONNAIRE
morts. Ils répandent aussi sur le feu du via
pour l'usage des morts, et ils croient que
ceux-ci le boivent et qu'ils consomment les
mets qui sont livrés aux flammes (SVO.)
§ IX. Le 21 du deuxième mois de Tes-
clirin (novembre) ils commencent un jeûne
de neuf jours en l'honneur du maître de la
fortune. Chaaue nuit ils brisent du pain
tendre» le mêlent avec de IVge, de la
paille» de Tencens et du myrlbe frais, ils
répandent dessus de fhuile» agitent le tout
ensemble et le versent dans leurs maisons et
disent : « O vous qui voyagoz la nuit et qui
disposez de la fortune, tous avez ici du pain
pour vos chiens (841), de l'orge et de la paille
pour votre béiai I , de l'huile pour vos lampes et
des myrlhes pour vos couronnes. Entrez en
paix et sortez en paix, et accordez-nous à nous
et à nos enfants une bonne récompense.
§ X. — Le 4 du nioisKflnûn, ils dressent
une tente en forme de dôme (842) qu'ils ap-
pellent Elchidr (appartement de la femme)
en l'honneur de Balti, c'est-à-dire de Vénus,
)a déesse Barqaja (la scintillante), ils l'ap-
pellent aussi Esch-Scbamijah, la brûlante ou
(840) Chez les Grecs il se faisait aussi dans les
sacrifices mortuaires des li dations de lait, de miel
eide vin, mais ce n'éiaU pas dans le feu, mais sur
le sol qu*elles étaient réptiinlues. Des passages d'Ho-
mère et de Lucien montrent qu'on supposait que
les Ames des défunts prenaient part aux sacrifices.
Les Uiodous croient également que les dieux et les
morts consomment les aliments qu*on leur offre, et
dans le culte de ce peuple, les sacrifices en Thonneur
des morts tiennent une place dos plus importantes.
^841) Dans les idées religieuses de rantiquilé, le
chien est signalé parfois comme un animal sacré,
parfois comme étant fn liaison immédiate avec les
dieux et les démons. Les Perses ne pouvaient en-
scveUr leurs morts avant qu'un ehicn ne les eût traî-
nés de çà et de là. 11 était permis au\ mages de tuer
tout être vivant, f iceplé 1 liorame elle cliien. ( Hé-
rodot«\ I, 140.) Chez les Egyptiens, le chien était
vénéré; on plenrait sa mort et ou le déposait dans
les caveaux sacrés. Dans les bois sacrés irEphe$t«ts
près d*.^tna en Sicile et dans le lemple de Minerve
a Daulia, on nourrissait des chiens. Dans la ville
d*AdranDus en Sicile, mille chiens sacrés étaient
entretenus comme étant les serviteurs du dieu Aijra-
nus. Il est assez carieux de retrouver chez les anciens
Péruviens des vesUges de ce respect pour les chiens.
(842) Les fêtes pour lesauellcs on dressait des
lentes se présentent parfois dans Thisloire des rites
religieux de l*Oricnt et de rOccidenl. Les Baby-
loniens en célébraient une; du temps de Conunode
Il en existait à liome une autre qui avait lieu lous
les trois ans, au mois de mai. 11 y en avait aussi une
aux ides de mai f^ur les bords du Tibre, en Tbooneur
de Mars Mamutius et d*Ânna Perenna.
(843) Barqaja (dans le Tainnid Barqaî) nom de la
planète Vénus : ce mot signilie Téclai, le rayonne-
ment d*une épée, d*une pierre précieuse ; ou lui
donna ensuite 1h sens d*éclair. Barq en arabe, fut-
gor, êplendor^ fulmen, L'épiihète de brûlante con-
vient à la planète Vénus qui, chez les mendaîk^s,
est appelée la réchauffante, la flamboyaute (Yoy.
Cod. Naxar,^ édit. Norberg, t. f, p. 5i, 96, 15H,
180, 210, et Onomaiticon^ p. 20.) L^express'on em-
ployée dans le texte arabe peut d'ailieui s être prise
«tans le sens de noire, ce qui n*a rien d'étonnant
dans les opinions orientales qui attachini à la
couleur uoire une idée de beauté. Observons en
passant que, d'après Pausanias, VéAus Aphrodite
DES APOCRYPHES. Ci
la noire (8i3.J Ils dressent celte tenta sur i«
pavé de marbre, dans le cbœur deleur lem*
pie, et ils suspendent autour divers fruits
des plantes aromatiaues, des roses sècbev,
de petits melons odorants (8U), des ci.trnnj
et autres fruits secs ou frais dont To-Ieur
est suave. Ils sacrifient ensuite derant ceiio
tente et ils immolent des quadrupèdes et
oiseaux de toutes les espèces qu*ils ont pa
se procurer, et ils disent : « Ce sont les
sacrifices offerts à notre déesse Balthi • (cNvu
à-dire Vénus.) Ils font cela pendant f^*-\.{
jours. Pendant ces temps, ils broient besu-
c^up d*animaux comme sacrifices en Thon-
neur des dieux inconnus ou éloignés et o •>
filles des eaux (nympbe3 des eaux) (8^). L»
30 de ce mois, au commencement du tn<* s
Reis-el-Hamd (le mois consacré surtout i
la louange suprême), le prêtre se |»i3 .-
sur une chaise élevée à la quelle on ar-
rive en montant neuf degrés. Le prfiro
prend ensuite en sa main un raT.M:
de tamarin* tous passent devant lui, a
il donne à chacun avec le rameau, tr^ >,
cinq ou sept coups (8^6). Il prononce ^u-
Rortaît à Corinihe et dans la Béotic îe surnom J«
tsXatvi;, la iwire.
ont
matn^
leur semeur agréable.
(845) Les anciens rendaient bocnniage et al'* s-
saient des prières à des diviuiléiî dont ils Igiu» '-i^* -t
li*s noms : DH igiioti, &yvca>toi Oso\ ou 6£o\^w'>'^
IMutarque, Lucien et d'autres auteurs parleni :i"''i
du culte des dieux qui avaient quitté te pays uu Lt
étaient ailorés.
Lcsondines et les sy rênes de la mvibologie clas-
sique se retrouvent aussi cbex les Orieotaui. Li«
Mendaltes croyaient à l'existence des créaturi'» hj-
biiant les mers et qui, par leurs chants, auîreni W
navigateurs et les amènent ii un naufradje; iU i«ur
donnaient en syriaque les noms de Zarini, Lccl«« i:<^
ou Laihirè. (Yoy. Codex Natarœus^ t. Il, p. l'^>;
I. III. p. 296, édit. Norberg, et Ottomoêikon, p. 4*
et 86.) Philon de Byblos parle d*une chanieute Uf
bile, IHle du roi des mers Pontus; Moever j «<"i
une syréne. {Phœiii^er, I, 664.) Les Fljënici^
avaient de la vénération pour des sources qo'ib re-
gardaient c omme le séjour des nymphes.
(846) On observera que tous ces nombres >mai
impairs ainsi que celui des deg[rés de la ctuir, d
dernier n*élaitpas sans doute déterminé arbitraire*
ment; il était le résulut d'une idée que nous i;':^'
rons. La répugnance pour les nombres pain (**>'
générale eu Orient, et de là elte passa ta OaitkM-
»*après divers rabbins, c*est au m<*yai dos mi^*-
bres pairs qu*on évoque les mauvais espnu f(
Î|u*on accomplit les enchaniemeois. Platoo, (i^'
ois, IV) attribue les nombres impairs aux tli<^u} *^-
ri)lympc, et les nombres pairs aux déoioni. Tii^'
Live (lib. X, c. 6 et 9) observe que d'après le^ r><;^
cipes de la science des augures, le oombrt <l<» P^""
sages doit cousu mment être impair* Quini^
TusMge de se frapper soi-même ou de frapper o
assisiants dans les céiémouies religieuses, >t '^"^*^
fréquent dans le paganisme. A la gratiik ic^^*
Cérès à Eleusie, le pré re frappait d^ipiés us i»*
cieu usage (pairio auodam tuh) les assistaau a^f^
un bâton. Selon Hérodote, les Ccypiieas ^ '^^^
fiaient lorsquct dans un sacriflce, la ncûwt (^^
ivrée aux uammes. On pourrait citer bkadâSir»
exemples.
m
BAfi
PART. III. - LEGENDES ET PIUGMRNTS.
SAB
834
lofle nne prière rfans laquelle il prie pour
toute la coroiDunaïUéy implorant pour elle
Qoe longue yie, une postérité nombreuse»
la puissance et la sooTeraineté sur tous les
peuples» le retour de leur domination et le
jour où ils verront détruire la grande mos-
quée d*Harran, Téglise grecque et le marché
appelé le marché des femmes* car c*est dans
ces endroits qu*ils avaient jadis leurs idoles
qui furent détruites par les empereurs rou-
main;»» lorsque ceux-ci se furent convertis
BU christianisme ; le prêtre prie aussi pour
le rétablissement du culte d*Azuz (8&7), qui
le célébrait jadis dans ces mêmes localités.
Il descend ensuite de la chaire, et chacun
man^e de la chair des victimes immolées et
boil. Le chef reçoit ce jour-là de tout homme
deux dirhems pour la caisse du trésor.
§XI. — Le 24* jour du deuxième Kanûn
(jaiiTier) est consacré è la fête du seigneur,
c'est-à-dire de la Lune. Ce jour-là, ils célè-
brent un mystère en fhonneur de Schemftl,
ils immolent des victimes et ils brûlent qua-
rante quadrupèdes et oiseaux. Ensuite ils
liolrent et ils mangent et ils brûlent du
«JâiJsi, c'est-è-dire des rameaux de pin en
l'honneur des dieux et des déesses.
{Xll.— Le 9 du mois de SchobAtb, ils
jeûnent sept jours en Thonneurdu Soleil,
le seigneur souverain, le seigneur des bons.
Pendant ce jour, ils ne mangent rien de
i:ras, ils ne boivent point de vin et ils
n'adressent durant ce mois leurs prières
qu'à SchemAI, aux génies et aux démous.
SXIH. — A partir du 8 du mois d*Adsâr
/mars), ils je&nent durant trente jours en
(honneur de la Lune. Le 20, le chef distribue
parmi tes membres de la communauté des
(»ains d*orge en l'honneur du dieu Ares
Vst4-dire Mars). Le 30, tombe le com-
meocement du mois de Tamr, c'est-à-dire
•iu mois des dattes, et la grande fêle des
Itetii etdes déesses. Ils partagent des dattes
re jour-lè, et ils frottent leurs yeux avec du
s;il>iam. Pendant la nuit, ils placent sous
•our oreiller sept dattes en l'honneur des
stipt déités et uu morceau de pain avec du
(847) AEnzeslprobalilementnn nom de Mars. D'a-
res iaïubtiqiie (apud Juliaiium, orai. 4), Mars était
lioré à Edesse sous le nom d^'AÇiCoç. On trouve
tins ks Inscriptiûnet ielectœ^ recueillies par Orelll,
;(. 1, n. 4968), une Inscription Deo Azizo bono.
Bjier (Htsc Oêhroena^ p. 159) rapporte une autre
n«cnpti<m où est le nom d*Aziziis, nom qui est
i"* idème celui d*un roi d*Emesse mentionné par
J'séplie {Amiq. Jud.^ lib. xx, 7) et eeluî d*un pa-
in irfhejacobite indiqué par Asseniani. On pourrait
t'iîtefois supposer aussi qae le nom d^Azuz désigne
^fiiiis qni, en syriaque, était appelée Uz. (Uzo,
imprtis, ardor, cstus, vis, vehemeiitia.)
(SIS) Les divers rites observés dans les sacrifices
à^ &t^s se retrouvent aussi dans les cérémonies
<ii pagiaiftiM. M. Cliwolsotm entre à ce sujet dans
J -^ eiptîfttions fort étendues.
l^ dÎTinaiion par les monvemenis des membres
^ actinies érait d*un usage constant étiez les
G^res ei ks Romains ; elles portent ctiez ces der-
turTï, ks noms de talMatio et palpitûtio. On ai tri*
buit ani Sibylles un livre sur cette matière ;
(^r^idoiiîQstvait, à ce que rfU Snidas, écrit sur le
«i^tei ««iti, tust qu'un Aiexaftdrin nomuié Me-
sel en l'honneur du dieu qui préside aux fonc-
tions du ventre. Le chefprélève de chacun
d*euxdeux dirhems, pour la caisse du trésor.
§ XIV. — Le 27 de ce mois, c'est-à*dire
du mois de la Lune, ils se rendent vers un
temple qui leur appartient, appelé le temple
de Kâdi; ils immolent des victimes et ils Ic's
brûlent en l'honneur du dieu SIn, c'est-li-
dire de la Lune, et ils boivent et mangent.
Le 29, ils vont à une chapelle bAtie de
briques cuites et dont le toit est en'îtmnenfé
dôme; ils immolent et brûlent un agneau
mftie et beaucoup de coqs et de jeunes
poules, en l'honneur du dieu Ares (Mars).
S XV. —Quand ils veulent offrir un grand
sacriflce, tel que celui d'un zebrach, c'esl-
à-dire d'un taureau dompt(^, ou d*un agneau
mâle, ils versent du vin sur la victime,
tandis qu'elle vit encore; et si elle palpite,
ils disent : C'est un sacrifice que Dieu agrée;
si elle ne palpite pas, ils disent: Dieu est
mécontent; il n accepte pas notrô of-
frande;
Dans un sacrifice, quel que soit Tanimal
immolé, ils pratiquent ce qui suit : la tête
de la victime est tranchée d*uu seul coup;
ils regardent ensuite ses yeux et leur mou-
vement, sa bouche, ses convulsions et ta
manière dont les membres s'agitent, et ils en
tirent des présages qui indiquent ce qui
aura lieu dans l'avenir (848).
Lorsqu'ils veulent brûler vivant quelque
animal de forte taille, tel q[u'un taureau,
un mouton ou des coqs, ils le suspendent
è un crochet avec des chaînes et nombre
d'entre eux tiennent la victime étendue de
tous côtés sur le feu, jusqu'à ce qu'elle soit
consumée (849). Cela s*appelle parmi eux un
grand sacrifice, il est offert à tous les dieux
et è toutes les déesses réunis.
Ils pensent que les sept planètes qui sont
autaut de. déités appartiennent partie au
sexe masculin, partie au sexe féminin ; ils
croient que ces astrps se marient entre eux
et s'aiment mutuellement, et qu*il en est
parmi eux qui procurent le bonheur, tandis
que d'autres donnent le malheur (850).
lampus, qui dédia son travail au roi Piolomée
Pbilddelplie, et qui 8*é(ait benacoup oceupé des
sciences occolies. Tliéocrite, Plaute et d*autres au-
teurs anciens font mention de cette façon de cou*
naître Tavenir ; leurs passages ont été réunis par
Bulenger, De ominibui dans le Y* volume du T/ie-
êaurus aniiquUatum Romanarum de Grevius. Les
écrivains sanscrits et aral)es parlent aussi de cette
superstition. M. Cliwolsofan a pris le soin d^extrairo
ee qui pouvait éclaircir ce sujet.
(849) Il ne parait pas qu*on iroove cliez les Grecs
et chez les Egyptiens d'exemples de victimes brûlées
vivantes. Pausanias (lib. vu, c. 18) dit qu*à Palras,
dans un sacrifice offert à Diane Lapbria, on brûlait
vivants un grand nombre d'animaux» d*oiseaux, de
porcs, etc. Lucien (De dea Syra, c. i9) nous ap-
prend que les habitants d'Hiérapolis brûlaient des
animaux vivants lors de la fête qu'ils célébraient
au printetiips.
(850) Saint Epbrem (orat. 8, t. 11, p. 458) men-
tionne la n)éme idée comme répandue chex les
Cbaliléens, lesquels croyaient quil y* avait des
astres du sexe m:tsciilin, d'autres dn sexe r^minSn,
et qu'ils s'épousaient mutuellement. Le deviu
B^S
DICTIONNAIRE DE3 APOCRYPHES.
G6
CHAPITRE III (SoO).
On compte parmi les divinités aes s$a-
béens, le seigneur des dieux, le seigneur
animé d'une fureur aveugle (Mars regardé
comme un esprit méchant) BèU le vieil-
lard (851) » Fcsfor (851*) parfaitement ins-
truit dans les écritures, Qosthér, le vieil-
lard élu; (832); la déesse avec les ailes du
vent (852*). Ssârab, la fille de Foqr (la pau-
vreté (853) du corps de laquelle sont sortis
d'autres divinités; THilAn des Perses est leur
mère; elle avait six esprits méchants avec
lesquels elle avait coutume de fréquenter
1( s rivages de la mer, et elle fut la mère 'des
poissons (853*); Ibn (ou Abu) Rom (85^^), le
seigneur Arou (85V), la déesse Ballhi.
Quant à la déesse £lh-thel (855) elle est
la protectrice des chèvres sacrées que per-
sonne ne peut vendre, et qui ne peuvent
gîas passe pour avoir le premier professé dans la
Grèce la doctrine des sexes différents des astres,
c*est au moins ce qu'on lit dans un traité De aitro'^
togia^ attribué probablement sans motif à Lucien et
dont le texte, en tout cas, est fort corrompu. Dans
un manuscrit arabe sur Tastrologic, composé par
Abu-i-Ssaj^r cl Qalissi et conservé dans la biblio-
tlièque de l*universitë de Breslau, on lit que Saturne
et Mars sont mâles et malfaisanls ; Jupiter mâle et
bienfaisant ; Vénus et la Lune femelles et bienfai-
santes ; le Soleil et Minerve ntàles et tanlôt malfai-
sants, tantôt bienfaisants.
(850*) Ce chapitre est fort obscur; le texte nr.ibe
est fort corrompu, circonsiaace qui redouble les
ténèbres qui couvrent uo tel sujet. M. Cbwolsobn
convient qu'après s*étre donné beaucoup de peine
pour traduire ^i expliquer les pages qu'il avait sous
ie« yeut, il doute fort d'y avoir réussi.
(851) il s^agit sans doute de Saturne qui portait
parfois le nom de Bel et qu'on appelait souvent le
vieillard. (Voir Buttmann, ditserîation $ur Cronoê^
dans les U'avaux de l'Académie de Berlin, classe
d*lii«toire et de philologie, 18U5.) Elien (tfisf., xni,
5), donne à Bel l'épithete de bapxaîoç.
^851*)',Le nom de ^a^^poç était donné dans Tan-
quKité à diverses divinités ; on le trouve appliqué à
la planète de Vénus, à Junon Luclne, à Minerve,
etc. ( Voy, Jacobi , Handworlenbuch der grkch» uni
Tom, Myihologie, p. 747.) Peut-être au lieu de Fosfor«
f»ut-il lire Miser, divinité phénicienne mentionnée
par SanchoniathonetPhilon de Byblos. On sait com-
bien dans les écrits arabes les noms propres sont
sujets à être déGgurés.
(852) Ce doit être le Xisatbon de Bérose qui fut
sauvé des eaux du déluge et dans lequel les Baby-
loniens reproduisaient le souvenir profond qu'avait
laissé l'histoire de Noé.
(852*) Rien de plus commun sur les monuments
de l'Assvrie et de Babvlone que Tiiiiage des divinités
ailées. L'antiquité classique représente aussi, on
le sait, les vents comme des génies ailés.
(855) Ce passage e^t fort obscur; la pauvreté
était vénérée chez les Grecs »ous le nom de Ilevfa ,
chez les Romains sous celui de Pauperias, mais
il est peu probable que les Sabéeiis connussent une
semblable divinité. Ou pourrait lire Zaïah qui si-
Snilie brillt^r, éclairer, et qui était un des surnoms
onnés à Vénus.
(855*) Les Phéniciens adoraient une déesse des
Kissons qu'ils appelaient Turgatu, Aturgatis ou
iketo; la mythologie offre divers exemples de
déités qui se jouaient au sein des mers. Du reste ,
tout ceci, mal copié sans doute dans la traduction
«rabe, est diflicile à comprendre, M. Cbwolsohn
servir qu'aux sacrifices; aucune femme en*
ceinte ne peul les sacrifier, et oe doit mêiue
en approcher.
Parmi les dieux figure aussi Piaoïe des
eaux qui, au temps d*Astha (Aêlarté?) tombé
au-dessous des dieux, mais qui ne resta i8dV)
pas fixée sur le sol : elle s*enfuit dans rlnda
et s'y réfugia.
Ils se mtrent è sa recherche et la prièrent
en pleurant, de vouloir bien revenir et de
ne pas avoir de courroux. Mais elle leur
dit : a Je ne me rendrai pas à liarrhan, mais
je ne reviendrai là (elle désignait ainsi un
endroit nommé KAdi; près a*Harrbdn,da
côté de rOrient), et je veillerai sur votre
ville et sur les hommes les plus distiot^oés
d'entre vous ». Et elle les renvoya ain^i.
Ils se rendent tous, hommes et femmes,
encore maintenant, le 20 du mois de Msao,
à cet endroit afin d'attendre l'apparitiou de
8*est donné beaucoup de peine pour y trouver ui
sens à peu près raisonnable. (Voy. t. II, p. 285-286.)
(854) Rom est une divinité asiatique; Hésvcbius
la mentionne sous le nom de Ta^àç. Dans une Jn
înscripiionH phéniciennes , publiées par Géseoitti,
on trouve signalé lé dieu Baal liam auquel on »>•
crifiait des enranis. Moevers le regarde comme le
même que Saturne. On pourrait supposer que Hin
n*est autre chose que le dieu Ri ut mon menlioaiié
au livre des Rois (il Reg, v, 18).
(854*) Âron ; le nom de ce dieu ne se trftuve nolle
part. Ne faut-il pas lire Aren ou Vrut Arev^ (O
arménien, soleil; derevim^ appareo. l/m, en uns*
erit , signifie grand , urvu , glorieux. Ce nom n|K
pelle d*ailleurs THorus des ^^ypitens ; mais ce qui
est plus vraisemblable, c^est que le nom d*Aron t»(
le résultat d*une de ces fautes si communes chez
les scribes orientaux, et qu*ii faut lire Adad, Ha a<l
ou Adod. C*élait une des principales divinités de
Tancienne Asie. Sanchoniathon le roentionae tomm
le roi des dieux et comme une des trois déiiéi ^a•
prêmes auxquelles Saturne avait confié le gimvcf-
nenient <ie la (erre. Macrobe indique Adad cofniB«
le diru du soleil, il dit (SatumaL^ i« 23), eo pariio
des Assyriens : c Deo eniin quem siimiuB« maii-
mamque venerantur Adad nomen dedeniot. Ejui
nominis interpretatio significat unus. Hune ergo
ut potentissimum adorant l)eum. Simulacniin ÈMà
insigne cernitur radiis inclinatis. >
(855) On ne trouve nulle part ailleurs le non de
celte divinité; on peut supposer qu*il v a là quel-
que erreur de copiste et qu^on pourrait lire lanit
ou Anahid , nom de la Diane àeê Perses doiit le
culte se répandit dans la Syrie , TArménie, TAiie
miueure , et jusque dans l'Afrique iepientrioiiai««
Les Assyriens véuéraiient d'ailleurs une déesse qu'ils
appelaient Tal et qui est indiquée, sur une ioscnp-
tion publiée par M. Rawlinson (Journal o/ ikt rtjitfl
Astatic êoctely, 1850, vol. XJl, p. 401), comiaeli»*
sant pariie de la suite de Beltis, la oiére des dieux*
La déesse Tel ou Thel rappelle THéra iCsophag^ts.
adorée à Sparte, à ce que nous apprend Psusam*^*
et à laquelle on ne sacrifiait que des chèvres; eli<
fait souvenir aussi de la Juno CaprotloJi doat le»
Romains céléhraicnt la fête au mois de juiUet
(855*) La mythologie ancienne présenta divers
exemples d'idoles qu'on prétendait être tombérs dP
ciel. On prétendait que Timage de Minerve (M^'^
Poltas)éUit tombée sur TAcrupole d'Athènes, <« ^^
celle die la Mère des dieux était tombée k PestiD«ot<-
Quant au mot A$lha^ on*peut y voir wé *^'^
viation d'Asthara, étoile de Vénus' ou A^/^
Strabon (l. xiii) dit qu^Aslhara était ht inème cM9«
qu'AugurtiSj adorée par les babitaot» d'Haï tso.
837 SAB PAFVT. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
rîdole des eaux , et son arrivée parmi
eux (856)* et cet endroit est appelé Kada.
SAR
CHAPITRE V.
iSS
CHAPITRE IV.
lis ont entre autres usages, les suivants;
ils emploient comme amulette l'aile gauche
des poulets qui sont dans Tintérieur de
la maison des dieux; les hommes dépouil-
lent avec le plus grand soin cette idole de
toute la chair qui s'y trouve, et ils le pen-
ûentau cou des jeunes girçons, aux colliers
des femmes, et aux ham'.hes des femmes en*
ceintes. Ils croient que c*est une amulette
très-puissante, et un préservatif très-effi-
cace. Un homme digne de foi, dit : % Depuis
longtemps il s'est élevé parmi eux des doc-
trines diverses et des sectes qui prêchent des
nouveautés» ; jene sais si elles subsistent en-
core ou non . Les partisans d'une de ces sectes
portent le nom d'er Rûfuseln. Leurs fem-
mes ne font aucun usage de l'or, ni dans
leurs vêtements, ni dans leur toilette (856*),
et elles ne portent point de bottines rouges.
Chaque année, le matin d'un jour déter-
miné, ils sacrifient des porcs et les offrent
à leurs dieux (857). Ce jour-là, ils mangent
toute la viande de porc qui leur tombe dans
les mains. L'usage, chez une autre secte,
parmi eux, était de ne jamais quitter la mai-
son et de se raser la tête avec des ciseaux
ou avec une composition faite avec de la
chaux. Il y avait aussi parmi eux des fem-
mes qui , lorsqu'elles se mariaient , se ra-
saient la tête de la même manière (857).
(S56) Celte légentle ass(*/ ODsrure se rauacliait
Siiià doute à des croyances ptiâniciennes et bai>y-
lonieiines dunt on rencontre une trace dans Berosc
qui dit que sons le règne du roi Kdoranchus , il
apparut un être venant de la Ricr-rougç , moitié
homme et moitié poisson, qui s^appelait Ociaceon,
et qui donna des lois aux Babyloniens (Berosns,
apud Eus«*bii chronicon, p. 5, éd. Mai). Des divi-
iiité< présîdaut aux eaux se ironveiil aussi dans les
anciens mythes de Fhide «'t de la Perse. On lit dans
le Zeud'Avesta : i J'invoque» je célèbre le baut, le
divin »omroet, source des eaux et Teau donnée par
Mazda, i (Traduction de M. Burnouf, dans bOn
Cotnmentaire sur le Yaçaa, p. 256.)
(856*) On trouve dans Panliquiié divers exemples
d*une circonstance semblable. Zaleucus, le législa-
teur des Locriens , iiiter<iit aux femmes de porter
des ornements d*or ou des vêtements brodée. Dio-
gène Laercc dit que les Mages renonçaient à tout
ornement d*or. Nicolas de Damas observe que chez
les Lucaniens tout genre de luxe était prohibé.
(B57) Hérodote, Plntarque et Ëlien rapportent
que les Egyptiens sacrilLiient des porcs une seule
fuis dans Tannée. Cet animal était d\iilleurs fort
rarement immolé en Asie; c'était le contraire trbez
les Grecs et les Romains. (Voy. la dissertation de
Cassel : De iaenficiis porcinis in cuUu Deorum,
(857*) L'usage de se raser la tète , pour motif de
religion, était répandu chez les anciens. Les préires
égyptiens, ceux d'Iss surtout, s'y conformaient.
Pausanias parle à «diverses repri'^es de cette cou-
tume cMnme fort connue dans la Grèce. Elle était
en vigueur parmi les jeunes gens et les jeunes iilles
àt nie de Délos, à ce que rapporte Hérodote.
L'aiiieur du traité De Dea syria, attribué à Luci. u,
dit avoir vu des jeunes guis ou des jeunes filles
luspeqdre dans le temple d'Ûiérapolis des tresses
Mystères des Sabéens (858).
§I.-r-Ilest venaen mes mains un cahier
qui a été (raduit sur des écrits des Sabéens
et qui contient leurs cinq mystères. Au com-
mencement du premier mystère un feuillet
est tombé; les derniers mois qu*a tracés
letradiicteur, sontceux-ciraCommeraj^neau
parmi les tioupeaux des bêles à laine, comme
le veau parmi les troupeaux de bœufs, et
comme la jeunesse des hommes qui s*em*
pressent, qui s'approchent, et qui sont ins-
truits dans la maison du Bogdarite (858*),
notre seigneur est le tout-puissant, et nous
lui rendons hommage. »
§ IL— Le commencement du second mys-
tère qui est le diable et Tidolè. Entre autres
paroles qu*il prononce, le prêtre dit à* l'un
des jeunes garçons : «( Ne tai-je pas donné
ce que tu nras donné, et ne t*ai-je pas livré
ce que tu m'as livré? » Le jeune garçon ré-
plique à ces paroles, et dit : a Pour les
chiens, les corbeaux et les fourmis ». Le
prêlre répond, et dit : tQuel rapport avons-
nous avec les chiens, les corbeaiix et les four-
mis (859) ?)> Le jeune garçon répond, et dit :
« O prê re, ce sont vos frères l Le seigneur
est tout-puis<:ant, et nous lui rendons hom-
mage (ou nous célébrons ses mj^stères).» La
fin du second mystère est ceci : « Comme
les troupeaux parmi les troupeaux, comme
de leurs cheveux après les avoir coupées en rhon-
neur de leur déesse.
(858) Ce chapitre a été conservé par le compi-
lateur Ën-Nedim. Nous avons dit que M. Chwolsohn
avait consacré aux mystères des Sabéi^is une lon-
gue dissertation dans laquelle nous n*avons pas à
le suivre ; il y déploie , au sujet des mystères du
paganisme , une profonde érudition. L*écrivain sy-
rla«|ue Barhebraeus nous apprend d'ailleurs que,
grâce à la tolérance du gouverneur Ibrahim, au
X* siècle, les Sabéens pouvaient célébrer leurs
mystères publiquement. Ils promenèrent dans tonte
la ville un taureau couvert de riches étoffes et ayant
des clochettes attachées a ses cornes. Après Tavoir
accoAipagné au son des instruments, ils Tinimo-
lèrent à leurs dieux.
(858*) Cette expression doit être prise dans le sens
de tempe. L'écrivain arabe Masoudi, qui vivait au
xMi* siècle, nous apprend qu*un temple souterrain
était encore de son temps au pouvoir des Harra-
uites. Le mot Bogdaride est diflicile à expliquer ;
il n*est ni arabe, ni sémitique. On pourrait le faire
dériver du san^^crit Bhaga^ bonheur ou bénédiction.
Le dictionnaire géographique de Tarabe Jacut dit
que Bog e&t le nom d*une idole, mais on manque
de renseign- uienl» sur son origine ei sur le cuUo
qui lui fut rendu. Cette formule , qui se reproduit
plusieurs fois, est d*ai)leurs fort obscure, la cens-
truciion anbe est contraire aux règles de la gram-
maire ; il n'est pas douteux que le traducteur n'ait |
eu >ous les yeux un texte syriaque fort ancien qu'il|
ne comprenait pas.
(859) Ces animaux ont ici une signification sym-
bolique. Les chiens étaient Tobjet du respect de
divers peuples de l'antiquité , et dans divers tem-
ples des Grecs, ils étaient entretenus comme des
850
DICTIONNAIRE DES APOCRTPttES.
M
les Yeaux parmi les bœufs, et comme la jeu<
nesse (ou la nouveaut**)» des hommes qui
s*épîent, se maudissent et entrent dans la
maison du Bogdarile la maison du tout-
puissant auquel nous rendons hommage. »
§ III. — Le commencement du troisième
mystère. Le prètredif :« Vous êtes les fils du
Bogdarite ; quelle est la confession et la
théorie? » Le premier des plus distingues
d'entre eux, répond : « Nous ur)us taisons».
La tin du troisième mystère est: «Et il re-
viendra (ou il se puriGera), comme les
agneaux parmi les troupeaux et les veaux
dans un troupeau de bœufs et comme la
jeunesse (ou la nouveauté) des hommes c|ui
visitent souvent la maison du Bogdarite.
Notre seigneur est le tout-puissant, et nous
lui rendons hommage. »
§ IV. —Le commeneement du quatrième
mystère, le prêtre dit : aO Gis du Bogdarite,
écoulez. » L*^ plus distingué d*entre eux,
répond : « Nous nous laisoiis. » Le prêtre
dit a'ors : cr Gardez le silence. » Ils prennent
la parole, et disent: «Nous écoutons». I^ fin
du quatrième mystère : « Ceux qui visitent
souvent la maison du Bogdarite. Notre sei-
gneur est le tout*puissaut, et nous lui ren-
dons Itommage. v
§ V. — Le commencement du cinquième
mystère; le prêtre dit ; «0 Gis du Bogdarite,
écoulez : » Ils prennent la parole, et ils di-
sent : « Nous somnies contents. » 11 dit :
• Gardez le silence. » lis prennent une se-
conde foi la parole, et disent : « Nous écou-
tons. » Le prêtre commence alors à parler,
et dit : « Hélas 1 car je dis ce que je sais, et
je ne m'en écarte pas. » La un uu cinquième
mystère : « Ceux qui se dirigent vers la mai-
son du Bogdarite. Notre seigneur est letoot-
puissant, et nous lui rendons hommage, t
S VI.— L'auteur du livre dit : < Le nombre
des sentences que les prêtres récitent dans
cette maison durant les sept jours, l'sl do
vingt-deux. Il les récitent en cnantaot et ea
déclamant avec le ton d'un faiseur de pitK
diges. Les jeunes garçons qui se destinent
à entrer dans cette maison, y passent sept
jours pendantlesquels ils boiventelmaogeoi,
et ne doivent être aperçus d'aucune femme.
Ils prennent leur boisson dans sept va5e5
placés en une rangée qu*ils nomment Jé&u-
rab, et ils se frottent les yeux avec le li-
quide qu'ils boivent. Avant que ces jeunes
garçons ne prennent la parole, oo leur donne
du pain et du sel, avec quelque épice (859*).
On leur sert aussi à manger des pains cou-
sacrés et déjeunes poules; le septième jour,
ils mangent de tous les aliments. Dans celle
maison, ils ont un vase placé dans uu cuin
et rempli d'une boisson, ils rappelleot
Faga (860). Ils disent ensuite à leur chef:
« 0 maître, ce qui est demeuré inouï s'ac-
complira. » Le prêtre répond» et dit : « La
coupe sera remplie de la boisson mystique.»
C'est rineompréhensible mystère du septiè-
me jour. »
§ VII.— Mohammed ben Isbaq, dit : « Le
traducteur de ces cinq mystères parlait vi
écrivait Tarabe d'une manière liarbare et
incorrecte; quoiiju'il traduisit d'une façoa
si défectueuse et inexacte, il voulait donner
des notions exactes sur les Saliéens, vi re-
f>roduire facilement lâurs paroles. llarenJa
eurs paroles mot à mot, c'est-à-dire presto-
tant à peine un sens suivi, et offrant ouo
diction incohérente. »
SALOMON.
Œcritê attribués ou relatifs à Salomon.)
Testament de Salomon. — Un érudil
français vivant au commencement du xvii*
siècle, Gilbert Gautmin, avait sous les
yeux un manuscrit grec portant ce titre
et rempli de f.tbles; il le cite quelquefois
dans ses notes sur le traité de Psellus De
operatione dœmonum (860'); nous allons
traduire deux de ces passages :
« J'ordonnai à un autre démon de s'arrA-
ter, et voici que de nombreux esprits, doot
les formes étaient belles, étaient réunis, et
moi, Salomon, les contem[)lantavec étouno-
ment, je les interrogeai et je leur dis : « Qui
êtes-vous?»£tils me répondirent unaoioie-
ment et d'une seule voix : « Nous somiOfS
ceux qu*on appelle les éléments et les
animaux sacrés. Le corbeau avait un rêle dans les
prédiclioni de Tavenir (Etit-n, Hitt. animal,^ vni ,
18),' il éuit consacré à Apollon, ei Porpbyre observe
que dans la inagi^ cl la liiéurgle il était d*un gran<l
usage. La fourmi était rcganlee comme un symbole
de ractivtié et de la prévoyance, mais vue en'bonge,
elle est un signe de mort 'selon Artémidore (Onei^
rorr., i, 24); il y en avait de représentées aux pieils
de Saturne dans un ancien temple slave à ce que
nous apprend un passage de Masoudi, rapporté par
Charmuy {Mémoires de V Académie impériale de
Saint-Pétersbourg^ sciences historiques et poiiti-
i|ue8, série vi, t. Il, p. 312).
(859*) Un Fao. Ce mot ne se trouve point dans
les dlctiooiiairea sémitiques. Peut être est-ce uji de
ces mots grecs corrompus qui s'éuieat glisiéi <s
assez grand nombre chez les Sabéens.
(860) H. Chwuisohn ne traduit pas le aMlqQ*fl''«
ici le texte etqui ne se trouve poiui daos ksdictkNi-
naires arabes ou syriaques. L usage de dernier orr*
tains aliments aux iniiiëa dans 1<« mystéits es
paganisme éuit en pleine vigueur ; Ciéoent d>
iexandrie(Prolrep(.)et Julius Firiuicus (De err. prs(*
relig.^ c. 19) en font mention.
(800*) 11 existait au moyen àte on écrit d*aa tast
autre genre; c^éuit un rfcueil de préeepiM acfiii
attribués en partie à Salomon ; il a*en troave ■•
mahttberit à la Bibliothèque impériale (foods à*
Notre-Dame, n* i98>, sous ki titre rie Em^mna
de SatemonSf de Tkitoau et de smmt iekam.
u\
SAL
PAUT. ITI. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAL
84Î
princes de ce inonde, la fraude, la discorde,
la nécessité, Terreur, la violence, i» etc.
«Je demandai au démon s*il y avait des
démons femelles; et, comme il nre répondit
que oui, je désirai les voir. Il m*ajnefia uti
ilémon qui avait la jambe d*un ^ne et le
pied d'un mulet, tout le reste de son corps
i^ianl celui d'une femme d'une grande
heaulé. >»
Le Testament de Salomon se trouve dans
le manuscrit grec de la bibliothèque impé-
riale, n* 1483, ainsi que dans un manuscrit
du fonds Colbert. Du Gange le cite(^d Zona-
ram^ p. 9), mais on nous excusera de ne pas
nous arrêter davantage sur ce tissu d'absur-
dités. Ajoutons aussi que Gauimin dans ses
yotes sur le livre de ia Vie de Moise^ 1 ïi,
c. 9, parle d'un Lwre du trône de Salomon^
autre ramassis de prétendus secrets magi'-
qoes (861). Les Juifs et les Musulmans ont
raconté une multitude de fables absurdes au
siijetde la magnificence du trône de Salomon
età l'égard des livres de magie qui étaient ca-
cliésdessous, de peur qu'on n'en fil mauvais
usage. Il est inutile de placer ici tous ces
résultats de l'amour du merveîHeux si ré-
jandu chez les Orientaux; nous en don-
nons des exemples bien suffisants.
Suidas (Lexicon, verb. Ezer.hias)^ dit que
ce roonarqye fit détruire ufi livre de Salo-
mon qu4 était ^ravé à la porte du temple, et
qui cofiteRait \es remèdes de toutes les ma-
ladies. Le motif de cette destruction fut que
le peuple n'invoquait point le secours de
Dieu, tous les malades s'appliquant unique-
ment à ces remèdes. Le Talmud dit seule-
ment qu'Kzéchias su[]iprima un livre de roé-
(iecine, mais Maïmonide ajoute que -ce livre
était l'œuvre de Salomon.
Saint Justin mentionne anssi les moyens
ciiraiifs découverts par Salomon (861*), et
Procope de Gaza [Ad III Reg. iv, 33) dit qu'il
est très-vraisemblable que les auteurs qui
ont écrit sur la médecine ont fait de grands
emprunts aux livres de Salomon sur les bois,
sur la nature et les vertus des plantes , des
arbres et des autres substances. D'autres
auteurs grecs s'expriment de la même ma-
nière, et des rabbins ont prétendu qu'Hippe-
crate et Galien avaient puisé dans les écrits
de Salomon. {Voy. Fabricius, 1. 1, p. 10&5.)
Wagenseil, dans son recueil d'écriU com-
f>o<«és par des Juifs contre la religion cbré^
iiefine (862), prétend que lesluifs attribuent
à Salomon une prière qui donne, si l'on
prend tes premières lettres de chaque phra-
se^ le mot hébreu correspondant è Salomon
rex.
Il existe, parmi les manuscrits grecs do
la bibliothèque impériale, à Paris> un petit
poëme en vers poljtiques grecs , de date as-
sez récente, contenant les avis de Safomon
h son tils Roboaiit ; Du Cange i'« cit^ dans
son Glossarium Grœcum^ (Appendix , p. 68,
^, "etc.) Cest une réunion de préceptes mo-
raux.
i. Gretser [De jure et more prahibwdi W-
hrot maloty I. i, c. 10), mentionne un écrit
Qu'il a vu dans la bibliothèque de Munich :
Uygromantia Salomonis ad filium Hoioam^
et I^nibécius nous apprend qu'un manus-
crit grec de la bibliothèque de Vienne ren-
ferme, à la suite de traités d'astrologie, un
écrit concernant dé prétendus secrets révé^
lés par Salomon,
Un livret fort rare, imprimé vers 1530,
in-10, a pour titre : Traité fort notable di$
proprietez des jours d'une chascune lune^ ex-
traict de la grande scitnce du roi Salomon.
La puissance de Salomon sur les démons
n'a pas lait un obje^ de do^ite pour plusieui*s
écrivains grecs. Léonce de Constantinople y
fait allusion dans un sermon in mediam Pen-
tecastenf qui a été publié par Combéris{86i%
^icétas Cnoniatès, dans sesi4nnâ/f5, men-
tionne Aaron Isaac, interprète auprès de T'eia-
nereur Manuel Comnène^ et fort appliqué à
l'étude de la magie. Il possédait le livre de •
Salomon, et, lorsqu'il le lisait, il faisait ve-
nir auprès de lui des W^ons de démons qui
demandaient pourquoi ils étaient mandés,
et qui exécutaient ses ordres avec empresse-
ment.Gregtntius, archevêque de Tepnra, ra-
conte aussi que Salomon enferma les dé-
mons dans un vase qu'il cacheta et qu'il cou-
vrit de terre; mais plus tard, en tombant
dans le péché, il devint lui-même soumis
aux démons (863).
(861) Paris, 1615, în-8»; Touvrage fut réimprimé
^Kiel, 1688, in-12. Gaulmn s'était serW de ia tra*
onction latine de G. Mozelle , qui avait déjà paru
diei Chaudière, Paris. 1577, in-8». Bés 1576 , ce
jQcmi! imprimeur avait mis au jour une version
«rauçaîse de ce même ouvrage due à Pierre Mo-
(%au : Traiii de Vénergie ou opérations des diables ,
petit iM^«. Un belléiiisie Cf^lébre, M. Boissonade , a
«lODne, en 1838 (à Nuremberg, ui-8«) , une édition
nouvelle de ce traité avec les notes de Gauimin , et
^" y joignant queiqoes opuscules de Psellus de-
meures inédits.
(^r) Pennulta qaoquc a piis ad morbos corpo-
r«in corandos inventa sunt remédia, et ab ip2»o
^pnniis rega Salomena (Ad onhodoxos , q«a!St.
(Wî) Tila ignsa Satanœ , site areatii sl4iorrîbites
*^onm adtersus Ckristum Dëum et fJhristiattMm
'««^aern ttbn atucdoiiy AltdorU, 1681 , 2 vol. în-V
i)lCTIO?f«. DBS APOCnTFHKS. II.
Ce sujet a été traité avec ëmdWoii par rillustra
hébraisant J.-B. de Rossi , dans sa Bibiiotheea Ju*
daica anikhrisliana fim eiiti et inediii Judtforum
tuiverius CMstianam retigîonem tibri reetnsemur^
Parme, 1800, iR-8^.
(86)*) f Quid ergo? Nonne Salomon dominatus
daemonuQi est? Nonne omries ceu unicuio in ununi
coiiclusit? Nontie eum bactenus timetit? Veruni
frustra baec opponitis, Ju'xi, dsmonum de«oit
prie tigiis, solus quippe Domiiiu» Chrislus potenter
alligans fortem ejus vasa diripuît. {Matth. m, 29.)
Salomon autem, uedum regia potesiale dominaïus
est dsemonum, ut ad extremum corrupius, dicmonuni
se domination! dediderit. t (Ametmarium iiovum,
t. I,p. 7Î4.)
(863) c Onines malîgnos temones sao imperiô
devict«»s reddidîl, eosq«e vîacuMs «t cateais coa-
stHetos tulo tenait, t
f Salomon daMAones himiliavit^ Nescis quid Uh
37
t\z
OîCnONNAlRE DES APOCRYPHES*
%ik
Les OrionlAiix nont point manqué de
ft emparer de ces circonstances, qui flallent
51 bien leur amour pour le merveilleux, et
ils y ont ajouté une foule de fables.
Jacques GoHus { Ad Alfaraganum^ p. 18)
rapporte Topinion des Arabes, qui disent
que SaloTuon enchaîna , sur le mont Duba-
vend» un des démons les plus rebelles » Sa-
chra Elmarid, TAsmodée ou Ashmedai des
talmudisles.
Le Coran dit que Salomon enseignait aux
hommes lama^ieet la scfence des dtux an-
ges Harut et Marut, condamnés à demeurer
a Bnbylone. (Chap. 2.) Les écrivains arabes
ajoutent que les démons, ennemis de Salo-
roon, répandaient parmi les Juifs, comme
étant son œuvre, des livres de maeie rem-
plis de sottises et d*impiétés.|Le roi les força
a lui remettre ces écrits, et il les enfouit
sous son trône, aGn que personne ne pût en
abuser; mais, après sa mort, les démons
s'en^mparèrentde nouveau, et les firent cir-
culer parmi le peuple.
Nicolas Eymeric {Director. InquisUor.
part. 11, quœst. 28) d.it que le Pape Inno-
cent VI coildamna et fit brûler un gros livre
divisé en sept parties, intitulé le Livre de 5a-
lomon^ et rempli d*invocations et de prati-
ques coupables pour commander aux dé-
mons.
'labriel Naudé,dans son Apologie pour les
grands hommes accusés de magie (Amster-
dam, 1712, p. 324), observe qu*il ne faut
pas croire aue Salomon ait composé « cette
quantité de livres en magie, qui se trouvent
aujourd'hui sous son nom. » Génebrard
(lib. 1 Chronologiœ)^ ne fait mention que de
trois, et Pineda que de quatre ou cinq; mais
il est facile de montrer qu*ii y en a bien
davantage , si Ton veut prendre garde pre-
mièrement qu'Albert le Grand en cite cinq
dans son Miroir d^aslrologie : le premier
desquels se nomme Liber Almadal; le se-
cond. Liber quatuor annuloruni; le troisiè-
me, Liber de novem candariis; le quatrième,
De tribus figuris spirituum , et le cinquième.
De sigillis ad dœmoniacos. Trilhème fait men-
tion de quatre autres, qui sont intitulés : le
i irem'ier t Clavicula Salomonis ad fiUum Ao-
)oam: le second, £t6er Lamene; le troisiè-
me. Liber pentaculorum ; ei le quatrième, /'e
officiis spirituum,
Lei Clavicule de Salomon f ou le Livre du
secret des secrets^ est le plus célèbre des
écrits de ma^ie, que de misérables im-
posteurs ont attribués à Salomon. Il en
eiiste, dans les grandes bibliothèques , des
manuscrits assez nombreux, et il a été im-
primé plusieurs lois, notnmment en Alle-
magne, 1716, in-V, sans nom de lieu , sous
1o titre suivant : Claris Salomoms et tkisau-
rus omnium scientiarum régi Salomoni ptf
angelum Dei juxla altare rtcelatarum et ptr
antiq, Rabonem /lama descripluSfjamtfrn
per Balth. Neydccker translaius» Dein >
{Disquisit. magie,,, i. n, c. S) dit qu'ils jouis-
sent d*uno grande réputation en Espagne,
parmi les Juifs et les Arabes, mais que !e
zèle des inquisiteurs les portait à les ané^o*
tir avec soin.
Un autre écrit du môme genre, mais motni
répandu, avait pour titre V Anneau de Salo-
tnon; il prétend expliquer les moyens dVn-
chaîner les démons dans un anneau, et il s**
rattache h une fable diaprés laquelle Sdl< •
mon était redevable de sa sagesse à une la-
gue qu*il portait au doigt; un jour, il i.i
laissa tomber, en se baignant dans le Jo.r-
dain, et il resta privé d'intelligence et d'à- -
tivilé jusqu'à ce que cette bague se fût re-
trouvée dans Testomac d*un poisson qu'un
pêcheur apporta au roi.
Un écrit sur la pierre philosophale, et au-
quel on a donné pour auteur le nom de s-
Jomon,se rencontré dans un recueil d'ouvrant >
sur Talchimie, publié par J. Hhenau, decji.
2 Uarmoniœ chimico-philosophicœ^ Frao:-
fort, 1G25, in-8% p. 309.
Des Songes de Salomon ont paru en
hébreu à Venise en 1516* in-V; Barloloc«^
en fait mention dans sa Bibliotheca rabbi-
nica.
Le décret du Pape Gélase range parmi !e^
apocrvphes un écrit intitulé La contradiction
de Salomon ; mais nous n'avons d'ailleurs
aucun détail è cet égard.
Un auteur du xii* siècle, Ciecbo d'A^co-
lano, cité^par Sixte de Sienne {Biblioth,
sanct.f I. Il, p. 131), dit ,' dans son Commen-
taire sur la sphère de Jeands SacroOosco,
qu*il existait, sous le nom de Saiomoo, u'*
livre intitulé Des on^res des idées^ et rel^^'^
è Tastrologie.
Nous ne savons si nous devons (aireii
mention des dits de Salomon avec les ré-
ponses de Marcolphe, composition satirique
composée en latin, au mo^en âge, et promp-
tement traduite en diverses langues. ^^^^
nne série de questions, de réfieiions ^]ue
Salomon adresse à un rustre, k un boudin
nommé Marcolphe, et il n-est sans doui^
jamais venu dans la tète de personne de n*
garder sérieusement le roi d'Israël cotuuio
ayant eu part à ces singuliers colretieih.
dont le texte varie beaucoup dans lodirtr^
manuscrits, et qui se ressentent beaui'^'-i'
trop de la liberté de langage que se |>eriUM-
laient les poêles d'il y a cinq on s'm Mer'**-
Fabricius rappelle (t. I, p. 1038) un coi -;
assez singulier (lepidum commentum)* '] ''
des auteurs juil's relatent au su^et uu iroc"
de Salomon (857) Lorsque le roi monta au?
quaris. Ad lempus quideih eos vasis incluse* et
sepios tenait, et s gillo consiriclos terraque obruios
occidult. Sed mecum coiibidera» quod menie et
spirit04>rofligatu8 ab ipsis daeiuonibus. et devicius,
( ê %rkhv*^ n^i'iclitatus est , qucmadmoduin tcstalur
ICiiuiura. i
(S57) Les auteurs arabes ont bêànt^P P*f^ "^
ce irdiie donl il est fait mention daas i< t^^^
Selon Gelaleddio, il avait qoanuie roudan «<
large, quatre-vingts de longueur et l'*"*'* t.^
teur. Il éuit composé d'or et d*ar;etii. Une (^
roona de robia et d^éuwraudea régnait a i '(^ '
w
SAL
PART III.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAL
816
te (rône, il y avait sur cnacuii dés six degV'és
un héraut; le premier cria : « Ne reuds pas
de jufçeioeols injustes ; » le second : « Ne
fais (ias acception de personne ; » le troi*
sième : «Ne reçois pas de présents;» le
quatrième t « Ne plante pas de bois; » le cin-
quième : ff N'élève pas de statues; » le sixiè-
me : « Ne tue pas des bœufs, w Quand le mo-
narque s'assit, une colombe s'envola duhaqt
du trône, ouvrit l'arche d'alliance, en retira
la loi et la présenta au roi pour qu'il s*en
servtt comme d'une règle pour étudier le
droit. Les douze lions d'or qui ornaient le
(rônepoussaieni des rugissements effrayants,
de sorte qu'aucun des plaideurs qui se pré-
sentaient devant ie roi n'osait dissimuler
la vérité ou dire des faussetés. Fabricius
renvoie» pour des fables relatives à la ma-
gnificence du trône de Salomon et aux livres
magiques qui étaient placés sous lui, à la
Bimothèqut orientale de d'Herbelot , et à
D. Mayer, inMuseo ministri Ecclesiœ^ II, 48.
AJM autre docteur hébreu raconte que »
pour mettre à l'épreuve la science de Salo-
fflon, des Egyptiens déposèrent devant lui
soixante-dix diplômes écriis chacun en une
langue différente. Le roi les lut avec la plus
grande facilité.
Michel Glycas {Annal.^ part, ti) dit que
Salomon composa des écrits sur les [jierre^
précieuses , expliquant d'où provenait leur
couleur, de quelle fagon elles se formaient
et à quels usages elles pouvaient servir.
Il signala celle qui était gardienne de là
chasteté, celle qui sert de remède aux in-
flammations de la ûèvre, et celle qui chasse les
esprits malins (864). Il écrivit Aussi un livre
twr les génies^ expliquant par quel pacte on
peut les faire sortir du monde invisible, et
sous quelles formes ils apparaissent. Il si-
gnala leur nature et leurs propriétés, disant
par quelle conjuration ou les enchaîne et
comment on tes réduit en servitude en cer-
tains lieux. Il leur imposa la tâche de porter
divers fardeaux, les contraignant à tailler
des pierres et à les transporter. Il guérissait
les entrailles d'hommes atteints de maladies,
en y applicjuant des chairs et des herbes,
liais Ëzéchias, homme pieux qui s'était en-
tièrement consacré à Dieu, et qui rapportait
tout à la Providence, faisait peu de cas des
connaissances surnaturelles que Salomon
avait acquises.
Tous les écrivains orientaux s accordent
d'ailleurs pour reconnaître que Salomon
comprenait fort bien le langage des ani-
maux entre eux , et qu'il se mêlait à leurs
entreliens (864*).
Les colonnes, qui le soutenaient, étaient faites des
mêmes pierres précieuses. 11 contenait sept appar-
ifcments où Ton entrait par sept portes.
(S64) D*autres écrits sur les sciences naturelles
ont été attribués au tils de David. Morhof {Pofy-
^it L I, c. 6) mentionne V Herbier de Salomon
en langue arabe.
(S64 ) L*idée de la langue des animaux, et surtout
des oiseaux , se retrouve dans d^anciennes sources
oiieutales, ainsi que Tobserve M* Edelestand Du-
. D'après Pic de la Mirandole [Prœfat. ad
H'eptapium)^ Salomon aurait écrit un Livre
dt la Sajessèf différent de celui que nous
possédons et qui porte i^e nom ; Tautre était
rédigé dans le dialecte de Jérusalem, plus
pur que l'hébreu ordinaire, et il expliquait
la nature des choses et les parties les plus
saillantes de la loi de Moïse. Cet encyclopé-
diste italien, si fameux au tvi* siècle, a d'ail-
leurs pris cette assertion dans l'/n^rodflic/tM
au Peniateuque deRabbiNachman, lequel dit
que Salomon était dépositaire de la doctrine
de Moïse^ et qu'il avait composé £a jurande
Sagesse j ouvrage dont il rapporte ces pas-
sages : «La naissance d'un roi ou d^un prince
ne diffère point de celle de tout Qls d'un
homme; il n'y a qu'une manière d'entrer en
ce monde, et il n'y a qu'une manière d*en
sortir. J'ai donc prié, et i'espritde la sagesse
est venu à moi, et j'ai appelé, et l'esprit de
la sagesse est venu à moi, et j'ai trouvé plus
de satisfaction que dans les sceptres et les
trônes. El il m a donné la science qui n'est
point fausse, pour savoir où est Punivers,
et les opérations des signes, les commence-
ments et les fins, et les milieux des temps, le
cours des cieux, les conjonctions des étoiles,
et les humeurs d«s animaux domestiques,
et les colères des bètes sauvages, et les forces
des vents. J'ai appris à connaître les pensées
des fils des hommes, les applications des
plantes et les vertus des racines, et toute
chose cachée et toute chose révélée, v
11 est clair que Nachman .a pris ces pas-
sages dans une traduction hébraïque du
Livre de la Sagesse , que nous avons en
grec, et où se retroiivent des idées analo-
gues. {Voy. ch. VII, 3-7, et 18-2v).)
Voici d'ailleurs d'après d'Herbelot {BibUo'
thique orientale) un échantillon des récits
que font les Orientaux au sujet de Salo-
mon :
•
c Les Persans font beaucoup d*histoires
de DavicJ, mais ils en font sans nombre de
Salomon, son fils, auquel ils disent que Dieu
donna le don des miracles, plus abondam-
ment qu'à aucun autre avant lui, teHeiuent
quei SI on les en croit, il commandait aux
anges et aux démons, et il était porté par les
vents dans toutes les sphères et au-dessus
des astres. Toutes les choses de la nature
lui parlaient et lui obéissaient, animaux, vé-
gétaux, minéraux; il se faisait enseigner par
chaque plante quelle était sa propre vertu, et
par chaque minéral, à quoi il était bon de
l'employer; il s'entretenait avec les oiseaux,
et c'étaient eux dont il se servit pour faire Ta-
mour à la reine de Saba, et pour la persuader
roéril {Originei de la poéêie scanatnavr , p. 115);
on la trouve dans le Zend-Avesta^ t. III, p. 99, édi-
tion deKleuker ; elle se inoutre dans des riions bien
éloignées de la Perse ; chez les Scandii^aves , ainsi
qu'en Allemagne. On en trouve aussi des vestig<fs
chez les auteurs de Tantiquiié, notamment dans la
vie (l'Apollonius de Tbyaae , et Jamblique raconta
(Vif a Pythagorica, p. l!2ii) que Pythagore se fai-
sait fort bien entendre des animaux»
M
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
W
de le venir trouver» toutes (ai>Ie$ que KAI-
coren a prises des commentaires des. Juifs.
Parmi ces dialogues fabuleux de Saloroon,
il y en a un avec le roi des fourmis qui
porte que Sa iomon» passant un jour h la cam-
pagne» reconnut ce roi des fourmis, le
prit» et le mit sur sa main, et que» comme
il le prenait, ce petit insecte cria à toute sa
troupe : « Fourmis» relirex-vous, de peur
que le trône du roi-prophète ne vous écrase
toutes. 9 Salomon ayant demaudé h celte
fourmi» après beaucoup d*autres questions»
s\ elle ne le reconnaissait pas pour plus
grand qu'elle, elle répondit : « Non ; je suis
un plus grand roi que toi, puisque tu n*as
qu'un trône matériel et que ta main me sert
de trône. »
Le docteur G. Weil» dans son livre» que
nous avons déjà cité à plusieurs repaises
{Biblische Legenden der MuselmUnner^ Franc-
fort, 18V5» iu-l2u a reproduit quelques-uns
des récits que les Orientaux rapportent au
sujet de Salomon. Nous traduirons celles
de ces légendes singulièies qui présentent
le plus d'intérêt.
« Un jour (Salomon venait d atteindre TAge
de treize ans)» deux plaideurs vinrent de-
vant son père» pour faire juger un différend
qui était inouï et qui ne s*est probablement
Jamais représenté depuis.
« Le plaignant avait acheté un champ h sa
{>artie adverse» et en creusant le sol pour
aire une cave, il avait trouvé un trésor. II
demandait à son adversaire de prendre cet
argent» en faisant observer que lui, l'ache-
teur» n'avait fait emplette que de la terre;
lo vendeur expliquait qu'il n'avait' aucun
droit sur un trésor dont il ne connaissait
pas l'existence» et il insistait sur ce qu'il
avait vendu le champ avec tout ce qu'il pou-
vait contenir. David» un peu embarrassé, dé-
cida que les adversaires devaient prendre
chacun la moitié du trésor; Salomon de*
manda au plaignant s*il avait un fils» et ayant
appris que oui » informé également que
l'autre partie avait une fille» il dit ^ c Ter-
minez rette querelle d'une manière ^ui con-
ciliera tous vos intérêts ainsi que la justice ;
mariez ensemble vos deux enfants» et don-
nez-leur le trésor qui a été découvert. »
« Une autre fois» un cultivateur vint se
plaindre d'un berger dont le troupeau avait
ravagé un champ qui lui appartenait. David
condamna le berger à donner une partie de
8on troupeau au propriétaire du champ» pour
l'indemniser du dommage qui liu avait
été rausé. Mais Salomon blâma ce jugement»
et dit : « 11 convient que le berger donne au
cultivateur la jouissance de ses troupeaux^
c'est-h-dire le lait» la laine et les petits qui
viendnmt au monde, jusqu'il ce que le champ
soit revenu dans Tétat oa il était lorque le
troupeau l'a euvahi; alors leberger rentrera
dans la possession de son bien. »
< David remarqua un jour que lesjuges for-
mant le tribunal suprême qu'il présidait»
voyaient avec mécontentement Salomon se
uiéler do leurs affaires, quoiqu'ils fussent
forcés de reconnaître que son avis était tou-
jours le meilleur. Il résolut alors de mettre
sa science dans les préceptes el dans lendoc-
Irines de Moïse, à l'épreuve devant tous les
grands du royaume. « Lorsqu'ils auront re-
connu, » pensait le roi» « toute l'étendue des
connaissances de mon Ois» ils cesseront de
faire» à cause de sa jeunesse» peu de cas de
son opinion» lorsqu'elle ne s'accordera fias
avec la leur et avec la mienne. Dieu accorde
la sagesse h qui il veut.»
« Les docteurs de la loi connaissaient bien
rétendue du savoir do Salomon» mais ils
es|)é raient l'embarrasser par des questions
captieuses» et se présentant devant David,
ils réclamèrent un examen public. Hais ils
furent déçus dans leur attente. Avant qu'ils
eussent prononcé le dernier mot d'une ques-
tion adressée à Salomon, une réponse d une
sagesse accomplie leur était donDée»de sorte
que les assistants croyaient que la chose était
concertée à l'avance entre les juges el lui »
et. que cet examen n^était qu'une manceuvre
imaginée par David aQn de recommander
Salomon comme son digne successeur.
1 Toutefois Salomon détruisit cette idée,
car, lorsque l'épreuve fut terminée» il se le-
va, et dit aux juges: «rVous vous êtes
fatigués à chercher des difllcullés dans l'es-
poir (le montrer, devant cette grande as*
semblée, votre supériorité sur moi, Maio-
tenant, permettez-moi quelques questons
fortsimples ; elles n'exigent» pour y répon-
dre» aucune étude, mais seulement de Tin-
telligence et de la raison. Dites-moi:
Qu'est-ce que c'est que tout» et qu'est-ce que
c est que rien 7 Qui est quelque chose, et qui
est moins que rien 7 » Salomon se lut lono'-
temps» et» comme le juge auquel il s'élail
adressé ne trouvait rien h lui répondre, il
dit : c Tout est Dieu» le créateur» et ri<rn,
c'est le monde» Tobjet créé. Quelque chose ,
c'est le croyanti et moins que rien» c'est
l'hypocrite. »
c Et Salomon se tournant vers un autre
juge, dit : •. Qui sont les plus nombreux, et
qui sont les moins nombreux? Qu'est-ce
qu*il y a de plus doux» et qu'est-ce qu'il v
a de plus amer 7 » El comme ce second juge
restait aussi sans pouvoir faire aucuue
réponse , Salomon dit : « Le3 plus nom*
breux des hommes sont ceux qui doutent,
et les moins nombreux sont ceux qui sont
animés d'une conviction religieuse parfaite:
ce qu'il y a de plus doux» cest d'avoir une
femme vertueuse, des enfants couraseui et
un revenu durable; ce qu'il y a Je plus
amer, c*est d'avoir one fbmme sans mœurs,
des enfants méprisables» et la pauvreté. *
. « Entin Salouion s'adressa à un troisièice
juge, et lui demanda : « Qu'est-ce qu'il y <
de plus hideux» et qu'est-ce qu'il v a de y\\>^
beau 7 Qu'est-ce qu'il y a ae plus sûr» et
qu'est-ce qu'il y a de plus incertain? »t>^
questionsrestèreot aussi sans réponsajusqul
ce que Salomon eut .dit : « Co qn il v i <1*
plus hideux» c'est lorsqu'un croyant cfefieat
incrédule ; et ce qu'il y a de plus beaoi c'est
m
SAL
PART. 111. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAL
8«^
lorsqu'un pécheur se coaverlil. Ce qu*il y a
d(> plus sâr, c*est la mort et le jugement der-
Dier»ce qu'il y a de plus incertain, c'est le
sort de rame après la résurrection. Vous
Yoyez, » continue*t-il, « que les plus Agés
et les plus savants ne sont pas toujours les
plus sages. La vraie sagesse ne vient ni
des années ni des livres ;elle ne vient que
de Dieu qui est le sage par excellence, a '
t Les paroles de Salomon plongèrent tous
les assistants dans une surprise extrême, et
les chefs du peuple s'écrièrent tous d'une
voix: A Loué soit le Seigneur, car il a donné
à notre roi un fils qui surpasse en sagesse
tous ses contemporains, et qui est digne de
prendre place sur le trône de l>aviu. » £t
David remeri^ia Dieu de la grâce au'il lui
avait faite, et ne songea plus qu'à cnercher
riiomme qui devait être son compagnon dans
lo|araJis.
t Et une voix, venaat du ciel, se fit enten-
dre et lui dit : a Ce que tu souhaites te sera
accordé ;mais il faut que tu le visites seul, et,
pour approcher d^ lui, il est nécessaire que
tu renonces à tories les pompes terrestres,
et que tu te mettes en route comme un pau-
vre pèlerin. » David désigna, le lendemain,
Salomon pour le remplacer; il quitta ses vê-
lements royaux, se couvrit d'une étoffe de
laine, chaussa des sandales, prit un bAton à
la njain et quitta son palais.
« 11 erra de ville en ville et de village en
village, et s'informa partout des habitants
qui élaientrenommés par leur piété, et vher-
cliaà faire leur connaissance; mais, pendant
bien des seaiAines, il ne trouva personne
i|u*il pût regardt r comme son compagnon
dans cette vie. Un jour, étant arrivé dans un
village, sur le bord do la Méditerranée, un
>ieiilard arriva en même temps que lui; si^s
vêtements révélaient la plus grande pauvreté,
et il portait sur la tête un lourd fardeau de
bois. Ce vieillard paraissait si respectable,
que David le suivit pour voir où if demeu-
rait, mais il n'entra dans aucune maison; il
ne ûi(iue vendreson Tirdeauà un marchand
de bois qui se tenait à la porte de son ma-
gasin; il donna à un pauvre, qui lui de-
uianda l'aumône, la moitié de la faible som-
me qu*il venait de recevoir; il acheta avec le
reste un morceau de pain dont il donna la
moitié è une femme aveugle qui implorait
la commisération des fidèles, et il se remit
enroule vers la montagne d*où il était vt^nu.
« Cet homme, » pensa David, « pourrait bien
^lie mon compagnon dans le uaradis; son
aspect et ses actions, dont j'ai été témoin, au-
iioncent une piété rare ; il faut que je cherche
a faire sa connaissance. » Il suivit donc ie
vieillard, à quelque distance» et après avoir
marché pendant bien des heures, il le vit
gravir une montagne d*un accès difficile et
coupée par de profonds torrents; le vieillard
entra dans une caverne qui recevait la lumière
<1.6n haut, par une fente à travers le roc. Da-
vid resta à l'entrée de la caverne, et il en-
tendit que ie solitaire priait avec ferveur; il
lut la t>)i et les Psaumes, jusqu'à ce que le
i'jleil se couchit. Il allumaajorê une lampe^
et fit la prière du soir; Il mit ensuite sur une
table le pain qu'il avait acheté.
« David, qui jusqu'alors n'avait pas osé
troubler le saint homme dans ses exercices
de dévotion, avança alors vers lui dans la ca-
verne et le salua : « Qui es-tu? » demanda
le vieillard, après lui avoir rendu son saiut;
ff( à Texception du pieux M.ita Ibn Juhanna, le
compagnon de paradis du roi David, je n'ai
jamais vu ici aucun homme. » Alors David
se nomma et lui demanda des renseignements
è l'égard de Mata. L'ermite lui répondit :
« ll*ne m'est pas permis de te faire connaî-
tre exactement sa demeure, mais, si lu par-
cours cette montagne avec atienlion, elle ne
pourra t'échapper. » David erra longtemps
sans trouver aucun vestige dé Mata. Il allait
revenir vers l'ermite , dans i'espoir d'ob-
tenir de lui quelques données plus précises»
lorsqu'il aperçut sur une hauteur, au mi-
lieu d'un terrain rocailleux, un endroit qui
était tout humide et mouillé : « 11 est bien
étonnant, » |)ensa-t-il, « qu'ici, sur la cime
d'une montagne, le terrain soit si humide ;
il estimpossible qu'il renferme une source. »
Tandis qu'il restait ainsi plongé dans ses ré-
flexions, au sujet de cette circonstance ex-
traordinaire, un homme descendit de l'autre
côté de la montagne; son aspect était plutôt
celui d'un ange que d'un être humain..
Il avait le regard penché vers la terre, ue
sorte qu'il n'aperçut rws David. Il resta de-
bout sur l'endroit où le terrain était humide,
et pria avec tant de ferveur, que les larmes
coulaient de ses yeux comme deux ruisseaux.
David comprit alors pourauoi le sol était
ainsi humecté, et il se dit à lui-mènie :
tf L'homme, qui prie ainsi son Dieu, peut
bien être mon compagmm dans le paradis. )•
« Aprèsque Salomon eutrehdo les derniers
devoirs à son père, il se reposait dans une
vallée, entre Hébron et Jérusalem, lorsque
soudain il perdit connaissaiice. En reprenant
ses sens, fl vit devant lui huit anges; chacun
d'eux avait des ailes innombrables, aussi va-
riées de formes que de couleurs, et ils s'in-
clinèrent trois fois devant le monarque. Ce-
lui-ci, leur ayant demandé qui ils étaient,
ils répondirent : « Nous sommes les anges
préposés aux huit vents. Dieu, notre créa-
teur et le tien, nous envoie vers toi, aGn do
te servir, et pour que ton pouvoir s'exen e
sur nous et sur les vents qui nous sont sou-
mis. Selon ta volonté et selon tes intentions,
ils soufUeront avec violence, ou bien ils s'a-
paiseront, et ils souffleront toujours du côté
vers lequel tu tourneras le dos. Lorsque tu
l'ordonneras, ils t'einnorleront bien au-des--.
sus de la terre, et te déposeront au sommet
des plus hautes montagnes, j» Le chef des liuit
anges remit alors à Salomon une pierre pré-
cieuse, sur laquelle étaient inscrits ces mots:
tf Dieu est la puiasance et la grandeur, » et il
lui dit : < Lorsque lu auras un ordre è noua
transmettre, élève cette pierre vers le ciel, et
nous paraîtrons de suite, afin de recevoir tes
commandements. »
^ « Aussitétque ces anges se furent êloigné.s,
151
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
il en parut quatre autres, qui différaient
grandement les uns des autres par leurs for-
mes et leur aspect ; Tuo avait la figure d*iine
baleine énorme, Pautre, d'unaigie» le troisiè-
me, d*un lion, et le quatrième d'un sorpent.
Ilss*inc1in$rent profoudémeot devant Salo-
mon, et ils lui dirent : « Nous sommes les
souverainsde toutes les créatures qui vivent
sur la terre et dans Tonde, et nous parais-
sons devant toi, d'après l'ordre de notre maî-
tre, pour t'apporter notre concours . Agis
envers nous selon ton bon plaisir; nous met-
tons à ta disposition» çt à celle de tes amis,
toutes, les choses aj$réables et bonnes dont
le Créateur nous a gratifiés, et nous em-
plaierons contre tes ennemis toutes les fa-
cultés, que nous possédons pour nuire. •
« L'ange, qui commande aux volatiles, pré-
senta alors à Salomon une pierre précieuse,
sur laquelle éti^it celte inscription :« Tout ce
qui est animé loue le Seigneur. »£t il lui dit:
« GrAce à la vertu de cette pierre* que tu as
seulement besoin d'élever au-dessus de ta
tète, tu peui nous appeler à chaque mo-
ment, et nous communiquer tes ordres. »
Salomon fit ce que Tange disait, et il lui
cocnn()^nda d'apporter un- couple de tout ce
qui existe dains Teau, sur la terreet dans Pair.
Les anges s*éloignèrent avec la rapidité de
réclair, et, eu lin ins'ant, toutes les créatu-
res possibles, depuis Téléphant jusqu'au plus
petit ver, furent mi^ en présence du roi,
ainsi que tous les oiseaux et lous les pois-
sons. Salomon s'entretint longtemps avec ces
divers animaux; il se fit raconter leur cenre
de vie; il entendit leurs plaintes, et rélorma
bien des abus qui existaient entre eux. 11
s'entretint surtout avec les oiseaux, leur
donnant la préférence, à cause de leur doux
langage qu'il comprenait aussi bien que ce-
lui des hommes, et à cause des belles sen-
tences qu'ils prononcent.
u Le cri du paon signifie, dans le langage
i^es hommes : « Tu seras jugé de la manière
dont tu ju^es. » Le chant du rossignol si-
f; >ifie : « La modération, dans les désirs, est
e plus grand des biens, y» La tourterelle dit :
tf 11 vaudrait bien mieux, pour bien des créa-
tures, de n'avoir pas été créées, v La huppe
dit : « Celui qui u;a pas pitié des autres, ne
trouve personne qui ait de la compassion
pour lui. » L'oiseau Syrdus : « Convertissez-
Yous à Dieu, pécheurs. »L'hirondelle : « Fai-
tes le bien; vous en serez récompensés. »
Le pélican : « Loué soit le Seigneur, dans le
ciel et sur la terre. » Le pigeon dit; « tout
passe. Dieu reste éternellement. » L'aigle :
i Quelque longue que puisse être notre
vie, ellp se termine avec la mort. » Le coq :
« Pensez à votre Créateur, hommes irré-
ûéchis. »
% Salomon choisit le coq et la huppe pour
ses compagnons assidus, l'un, à cause de son
cri éclatant et intrépide, l'autre, parce que
son regard traverse la terre, comme si elle
était un morceau de cristal, de sorte que cet
oiseau pourrait toujours, lorsque le roi se-
rait eu voyage, lui indiquer Tendroit où
l'on trouverait une source, qui donnât Teau
nécessaire, soit pour la boisson, soit pour
les ablutions prescrites par la Loi. Salomon
ordonna ensuite à la colombe d'élever ses
petits sur le temple qu'il (aisfit hllir.Ei,
quelaues années plus lard, la postérité <le ce
couple de colombes était si nombreuse que
lous ceux qui visitaient le teoxplet s*yren*
daient depuis le coin le plus éloigné de la
ville à Tombre des ailes de ces oiseaux.
« Salomon, étant ensuite resté seul, vit
paraître devant lui un ange dont la partie su-
périeure du corps avait Kapparence de h
terre, et la partie inférieure, celle de Teau.!!
se prosterna, et il dit : « Dieu m'a créé pour
que je fasse connaître ta volonté k la terre*
comme à la mer. Le Seigneur m'aordoni.t'
d'exécuter tes ordres, et tu peux m'accom-
nagner sur la terre et sur la mer. A ta Toii,
les montagnes les plus élevées disparaîtront,
cl il en surgira d'autres du milieu des plai-
nes. Les fleuves et les lacs se dessécheroni.
et des pays fertiles et secs seront couvers
d'eau, si telle est ta volonté. » Et Tang* ,
avant de disparaître, remit à Salomon unr*
pierre précieuse avec cette inscription: * Ib
ciel et la terre sont les serviteurs Ce
Dieu, w
o^nfinun autre ange remit au OIsdeDavii
une quatrième pierre précieuse avec cette
inscriplion : « 11 n*y a aucun dieu sicenV^t
le Dieu unique, et Mahomet e$t l'envoyé d?
Dieu*. » Au moyen de cette pierre, lui dit
range, tu obtiens la domination sur le nmik
entier desL esprits qui est beaucoup plus
étendu que celui des hommes et des ani-
maux et qui remplit presque tout riDter-
vaile entre le oiel et la terre. Une partie d»*
ces esprits a la foi et invoq[ue le vrai Dieu;
les autres sont incrédules; il ^en a qui ado-
rent le feu, d'autres le soleil, d'autres di-
verses -étoiles; beaucoup regardent l'e«u
comme une divinité. Les premiers s'empres-
sent autour des hommes pieux pour les pré-
server de tout malheur ainsi que du péché;
les autres cherchent tous les moyens pour
nuire aux hommes, pour les tourmenter et
pour les égarer, ce qui leur est d'auisni
Elus facile qu'ils peuveot se rendre iovisi-
les ou prendre la forme qui leur plalt.*L'an*
ge remonta ensuite à travers les airs comme
une colonne de feu, et il revint ensuite a^ec
une foule de démons dont l'aspect horrible
fit frissonner Salomon, en dépit de la puis-
sance qu'il avait sur eux. Il n'avait pscra
qu'il pût exister des êtres aussi hideui. Luo
avait la tète d'un homme placée «ur le < -^
d'un cheval dont les pieds étaient comii»
ceux d'un Ane; des ailes d'aigle se trouvauni
sur la bosse d'un dromadaire; des cornes -j'*
gazelle sur la tôte d'un paon. L'ange ex)»-'-
qua à Salomon que celle variété monstrueuse
de formes était la suite des dérèglements dv^
mauvais génies, chez lesquels l'adultère ei
l'inceste étaient des circonstances dechaiUtf
jour.
« Salomon fit réunir en un i«nneau j>
quatre pierres précieuses que les 9né^ l>'
ss
SAL
PART. IH.^ LEGËiNDËS ET FRAGMENTS.
SAL
854
avaient remises et qui Fui donnaient un em*
pire sans l)ornes sur toute la nature. Son
premier soin fut de soumettre les démons à sa
puissaoce.il les fit touscomparaltredevantlui»
à Teiception d'un des plus puissants nommé
Sachr q\ii se tint caché dans une tie voisine
deTOcéany et à Texception d*lbiisy le chef
de tous les esprits méchants » Dieu lui ayant
accordé une indépendance complète jusqu'au
jour du jugement.
4 Lorsque les démons étaient ainsi réunis,
Satoiuon imprima à chacun d'eux sur le cou
rempreintedesonanneau^atinde les marquer
comme ses esclaves. 11 contraignit les esprits
ou djins A travailler pour lui, les employant
surtout à la construction du temple. Les
djios femelles furent assujetties h faire la
cuisine, à laver, filer, lisser, porter de l'eau
et exécuter enfin toute la besogne réservée
aux femmes. Salotnon distribua*ajux pauvres
les étoffes qu'elles confectionnaient. Les
mets qu'elles préparaient étaient placés sur
des tables qui couvraient une superficie d'un
luille i-arré» et chaque jour on y employait
trente mille bœufs, autant de moutons et une
foule de poissons et d'oiseaux. Le roi pou-
vait, au moyen de son anneau , s'en pro-
curer en telle quantité qu'il le désir/<it.
«Les démons et les djins étaient assis à des
tables de fer, les pauvres h des tables de
|)ois, les chefs du peuple et de l'armée à des
tables d'argent, les docteurs et les hommes
renommés pour leur piété à des tables d'or,
etSalomon lui-méuie les servait.
« Un jour, tous les esprits, tous les hom-
mes et tous les animaux s'élant bien rassasiés,
après leur repas, Salomon demanda à Qieu
de lui permettre de donner un jour uu repas
à toutes les créatures qui sont sur la terre,
«Tu demandes l'impossible^ » répondit le
Seigneur; x commence demain matin, avec
les créatures qui habitent la mer. » Salomon
ordonna aux djins de charger de blé cent
mille chameaux et autant die mulets, et de
les conduire au rivage de la mer. Lui-même
h'y rendit et cria : « Venez, habitants de la
mer, afin que j'apaise votre l'aiin. » Alors une
multitude de poissons parurent à la surface
de l'eau ; Salomon leur jeta du blé jusqu'à
qu'ils fussent rassasiés et ils plon^^eaient
ensuite. Une baleine éleva au-dessus de
Tonde sa tète semblable à une montagne.
Salomon ordonna à des génies ailés de jeter
dans cette gueule énorme des sacs de froment
Tun après l'autre, mais la béte gigantesque
ue cessait d'en demander davantage, de sorte
qu'il ne resta plus un seul grain de blé.
Alors la baleine s'écria : u Donue*moi de la
nourriture t Salomon, car je n'ai jamais res-
senti une faim comparable à celle que j'é-
prouve aujourd'hui. » Salomon lui demanda
sH Y avait encore dans la mer d'autre pois*
son de son espèce , et elle répondit : i< Il y a
soixaivte-dix mille sortes de poissons sem-
blables à moi, et le plus petit d'entre eux
o^t si grand , que tu ne serais dans son
corpg ^ue comme un grain de sable perdu
fisns l'immensild du désert. »
t Alors Salomon se jeta par terre et il
se mit à pleurer; il demanda à Dieu par-
don du souhait ambitieux qu'il avait expri-
mé. Le Seigneur lui dit : n Mon empire est
plus vaste que le tien; regarde une seule
des créatures sur lesquelles je ne puis don-
ner à aucun homme d exercer son autorité. >
Alors la mer commença è s'agiter et à éco-
rner, comme si elle avait été bouleversée
par les huit vents, et il en sortit un mons-
tre si énorme, qu'il eût sans peine avalé
soixaute-dix mille poissons de la taille de
celui que Salomon n'avait pu rassasier, et il
cria d'une voix qui ressemblait au plus ef-
froyable tonnerre : « Béni soit Dieu qui
seul a la puissance de m'empècher de mourir
de faim. »
« Salomon , revenu h Jérusalem , entendit
le bruit terrible que faisaient avec leurs
marteaux et leurs scies les djins qui travail-
laient à construire le temple; le vacarme
était tel , que les habitants de la ville ne
pouvaient converser entre eux. il ordonna
aux génies d'interrompre leur besogne et
leur demanda si quelqu'un d'entre eux \w
connaissait pas un moyen pour façonner les
métaux sans faire autant de bruit. Alors un
des djins dit : « Il n'y a que le puissant Sachr
qui connaisse ce moyen, mais jusqu'ici il
est parvenu & se soustraire h ta domination. »
«Ëst-il impossible de parvenir jusqu'à lui?»
demanda le roi. Le djin répondit : « Sachr
est plus fort que nous tous réunis, et il nous
surpasse en rapidité autant qu'en vigueur^
Je sais que chaque mois il vient boire à une
fontaine qui est dans le pays d'Hidjr; peut*
être trouveras-tu moyen , ô sage roi , de le
soumettre à ton sceptre. » Salomon ordonna
à une troupe de djins d*enlever toute l'eau qui
était dans la fontaine et de la remplacer par
du vin, et il leur recommanda de c^ster ca-
chés aux environs et d'observer ce que ferait
Sachr. Quelques semaines après, Salomon
se trouvait sur la terrasse de son palais lors«
qu'il vit venir un djin, plus rapide oue le
vent, qui accourait du côté du pays d Hidjr«
et il lui demanda s'il apportait quelques
nouvelles au sujet de Sachr. Le djin répon-
dit : « Sachr est ivre et il est étendu auprès
de la fontaine; nous l'avons Hé avec des
chaînes aussi grosses que les colonnes do
ton temple, mais il les brisera aussi facile-
ment qu'un cheveu d'une jeune (ille lors-
qu'il viendra à se réveiller. » Salomon se fit
aussitôt transporter par les djins auprès de
la fontaine, et il y arriva en moins d'une
heure. Il était temps, car Sachr venait d'ou-
vrir les yeux, mais ses mains et ses pieds
étaient encore liés, de sorte que Salomon
i)ut appliquer son anneau sur ses chaînes,
iachr jeta un cri tel, que toute la terre
trembla; mais Salomon lui dit : « Sois sans
crainte, puissant djin ;je le rendrai la liber-
té aussitôt que tu auras indiqué un moyen
de percer, sans faire du bruit, les métaux
les plus durs. » — « Je ne connais point ce
que lu voudrais savoir, >* répondit Sachr,
« mais le corbeau peut te donnée là-dessus
des avis certains. Prends les œufs qui soot
S55
MCTIUNNAIRB DES APOCRYPHES.
SS6
dans un nid de corbeaa^et couvre-les d'une
plaque de cristal ; tu verras comment la
mère s'y prend pour la percer. » Salomoii
suivit le conseil de Sachr. L*oiseau , voyAut
3uMI ne pouvait briser ni percer la plaque
e cristal, s*éloigna» puis revint quelques
heures après en portant dans son Lee une
pierre qu on appelle Somur, et le crrstal se
zendit en deux aussitôt qu*il eut été touché
de cette pierre.
« Où as -lu pris cette pierre? » demanda
Salomon au corbeau. <t Sur une montagne
fort éloignée à Torient , v répondit le cor-
beau. Le roi ordonna à quelques djins de
suivre le cori)eau et d'apporter plusieurs
prerres delà même espèce, et il rendit lali-
nerié à Sachr, ainsi qu*il le lui avait promis.
Aussitôt que les djins furentde retour, Salo-
mon se til rapporter à Jérusalem, et il dis-
tribua les pierres aux ouvriers du temple»
c|ui désormais continuèrent leur besogne
sans faire le moindre bruit (865).
« Le roi se tit ensuite construire un temple
où Tor» Targent et les pierres précieuses
étaient aiccumulés avec une opuli^nce eomnie
nui roi n*en a jamais possédée. De nombreu-
ses salles avaient un parquet de cristal et un
plafond également de cristal. Le trône était
de bois de sandat, orné d*or et de pierres
précieuses. Tandis qu'on construisait ce pa-
rais, Salomon Ct un voyage k Damas, atin
de visiter cette ville dont le territoire est
arrosé par les quatre fleuves qui sortent du
j^aradis terrestre^ Le djin, sur le dos duquel
il fit ce voyage, suivit la lisne droite et
vola ftU'dessttS de la vallée des Fourmis,
qui est entourée de montagnes si escarpées
et de précipices si abruptes, que nul homme,
avant Salomon, n'avait pu la voir. Le roi fut
i^ès-étonjié de voir au-dessous de lui une
foule de fourmis qui étaient aussi grosses
(uie des loups et qui avaient les yeux et les
pieds de couleur verte. La reine des four*
mis qui, de son côté, n'avait jamais aperçu
un homme, fut également saisie démoi
lorsquelle vit Salomon » et elle cria à ses su-
jets : « Retirez- vous au pfos vite dins m
cavernes. » Mais Dieu lui commanda de
réunir tout sou peuple ei de rendre hom-
mage h Salomon, le seigneur de toas tes
animaux. Quoique Salomon fût à uDe dis-
tance de plus de trois milles, il entendit les
paroles de Dieu ainsi que celles de la reine;
il descendit et il vit la vallée, aussi iuin que
son regard pouvait s'étendre, toute couYer(«
de fourmis , et il dite la reine : < Pourijuoi
me crains-tu , car tes tronpes sont tellemenl
nombreuses, qu'elles pourraient coD<]uérir le
monde enliei;? » La reine répondit : « Je ne
crains que Dieu^ car s; quelque dan^^iT
menaçail mes sujets, au premier signe que
ie ferai, il en paraîtrait soiiante-dix fois Au-
tant que tu en vois autour de me». »
« Pourquoi as-tu commandé aux fourmis
de se retirer lorsque j'ai passé au-dessus de
la vallée? »
« Parce que je craignais qu'elles tie te sui*
vissent du regard et qu'ainsi elles ne vins-
sent un moment & oumier leur Créateur. >
« N'as-tu pas quelque recommaudallou à
me faire avant que je ne parte? >
• Je ne te donnerai qu'un conseil» dui
de ne jamais laisser ton anneau quitter ta
main sans dire auparavant : « Au nom de
Dieu rempli de miséricorde. »— « Seigneur,
s'écria Salomon, ton empire est plus graol
que le mien; » il prit, ensuite congé de h
reine des fourmis.
« A son retour, il ordonna au djio qui 1^
portait de prendre un autre cheioin aunde
ne pas troubler derechef les fourmis dar^
leurs sentiments de piété. Arrivé aux fron-
tières de la Palestine, il entendit une V'W
qui disait : «Mon Dieu, toi qui as accordéiui
amitié à Abraham, délivre-moi de cette v:
infortiinée.x Salomon descendit, et il apen.i:;
un vieillard accablé par Và^e et la cadunii*
et tremblant de tous ses e^embres : < {}^'^
es-tu ? ]» lui demanda le roi.
« Je suis un Israélite de la race deJuda^»
« Quel est ton Age ? »
(865) Gervalsde Tûhwry ((kia imperkiia, e. fOI.
p. i8, élit. 1856) rapporte ceUe légende avec
i^uel«iue diOérence :
c Biblun, civitatein Phœiikiâe, elegîi Salomen ad
sculpetida et policnda mannora et ligna aadifica-
tiunis tenipii. Tradunt auiem Judaii, ad celerioa
eruderando» lapides Salomonrm habuisse saiigui-
iiem venniculî, quem dicunt Ihamir, que conspersa
iiiarmora facile secab^iitur. llujus auiein rei reper-
(oriuio hoc fuit. Erat Satoiiioni strulbio habeni
puUuni, et cuni conclusisset paliuni in vase vilreo,
skruibi», videos pulluin, neé euin poiens habera, de
(leserlo tulit venniculum rnjus sanguine vitruin
llnivit, et iia seclum est. \idens auiem Salomon
cacumeii rooniis Morijie aiigustum, dejecit el in
airesim spaliis amplioribus difludit. Sane lemporibus
B<i$lris aub Papa Ab^xaniro Ul, Invenia est Rom»
plitaia plena liquore tacleu, que coiiftperfto omnium
fapidum gênera sculpturam itieni recipiebant, uua-
Wtn nianus insculpere volenlis prolrabebat. Erat
auiem phiala ex anUquissimO pafatio elicila ; cujiis
matériau) aul artiUcium populus Itoniauus admira-
batur. ft
Le ver que Gervats H Pierre Come$U)r apivîJi'''
tAffinir, reçoit dans ïincent de Beaov^is iV*^'^
lum naluraU, xx» 170), le non dé Uiamur.ti aili^^>
celui de ihumare.
\ï existe dans les Mémoire$ ée CAcodéwie it<
teienctt utUet à Erfarl {Denluckriflw der kômf
Akad. g^nuimàiziffer Wi$^en$eh. 1854), un méiDtKrt
de Ga&sel sur cet animal fabuleux, envisagé au p*'^'
de >ue de lliistiiire naturelle el d«% raichéuliO^*
(Schamir. Ein auhâohg. BeUrag 2Mr Naittr.^^
Sagenkunde.) . ,
Un récit analogue , quant au fond » \ celui c-
Gervais, se trouve dans un anoleii petit fn^ri"'
aUemand en Hionneur de Salomon, insén ■''
Diemer dans ses Deuisihe €edUhte des I/w^^'
iuhrh^ p. 107. Dans la rédacktoii aDgbisedcs6<^>;'
Romanorum^ on rencontre de même une»tini<>e
employant le ver thumar pour fendre des ^^^P
durs, mais au lieu de S loinon, c'est Diockiiieu r
est mis en scène, ct, selon Tusage des Ctno tv
dcdgurer l'bistoire, cet empereur est dottoé ^^^
un modèle de bouté ct d*liumanitë^
857
SÂL
PART. III. --LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAL
858
t II n 7 a que Dieu qui le sache. J*ai
complé niesnnnées jusqu'au nombre de trois
cents; depuis il a pu s*écouler cinquante ou
&uixante ans. i»
fl Coinment es-tu arrivé à jiid Age que
(lepuiii la aiort d^Abrahaiu, nul tioôioie nal*
teiul plus ? ji
• J'ai demandé h Dieu de voir, avant ma
mort, le plus puissant des prophètes. »
« Ton Souhait est accompli : prépare-toi ^ la
mort, car je suis le roi et Je prophète Sala-
inon, h qui Dieu a accordé une puissance
qu*ii n'avait jamais donnée à un mortel. »
< A peine Salomun avait-il proféré ces
Enrôles que Tange de Ih mort se montra sous
I foniie d*ua homme, et il prit l'Ame du
vieillard.
c Tu étais sans doute tout près de moi,»
«iil Salomon à Tange, « puisque tuas apparu
aussi soudainement. »
c Que ton erreur est grande. Sache que je
me tiens sur les épaules d*un ange dont la
lèie dépasse le septième cial d'une hauteur
que dix mille aassudiraieût à peine à par-
courir, et dont les pieds embrassent au-
dessous de la terre uu espace qui exigerait
eiriq cefits ans pour qu'on en fit le tour.
Telle est la force de cet ange que si Dieu le
lui permettait, il anéantirait, sans le moindre
effurt, la terre et tout ce qu'elle contient.
Cest lui qui me fait savoir où et quand je
(lois recueillir une Ame. Il a toujours le re*
garii fixé sur l'arbre Sidrat Almuntaha qui
porte autant de feuilles qu'il y a d'hommes
sur la terre ; sur chaque feuille est inscrit le
nom d'une créature humaine. Chaque fois
qu'un bomme vient au monde, une nouvelle
ieuille pousse, et chaijue fois que la fin d'un
mortel arrive, la feuille qui porte son nom
tombe de l'arbre; au même instant j'arrive
ei je suis auprès de l'homme aûn de recevoir
sou Aoje. »
« Qu'eo fais- tu et où les émmènes^tu ? »
« Gabriel m*accoropaçne toutes les fois
qu'un croyant meurt; ]i enveloppe TAme
dans une pièce de âoieverte et un oiseau vert
la porte dans le paradis où eito reste jus -
^u au jour du jugement. J'envelappe l'Ame
oes pécheurs dans une étoffe grossière de
laÎQe enduite de poix et je la placée la porte
de l'enfer, jusqu'au jour du jugement. »
« Salomon remercia l'ange de la mort et
le pria, lorsque viendrait son trépas, de le
tenir caché à tous les hommes et a tous, les
jljins. Il lava ensuite le corps du vieillard^
1 ensevelit et pria pour luK
« Ce voyage avait tellement fatigué Salo-
inoAt que» revenu & Jérusalem, il lit tisser
P^r les génies de grands tapis de soie sur
l<^squels il pouvait se placer» lui et sa suite
et tous les meubles nécessaires. Lorsqu'il
voulait faire un voyage, il faisait étendre un
<ie ces tapis devant la porte de la ville ; on y
logeait ce que le roi avait l'intention d'em-
porter;ilordonnait aux huit vents dol'en-
ieTer,et assis sur sou tr&ne, il les dirigeait
à travers les airs, tout comme s'il guidait des
chevaux.
< Une nuit, Abraham lui apparut en songe
et lui dit ! « Dieu l'a mis au-dessus de tous
les autres enfants des hommes sous le rap-
port de la sagesse et de la puissance; il t'a
soumis les djins qui construisent pour toi
un (ample tel que la terre n'en a pas encore
porté; il t'a donné l'em^pire sur les venis
qui te rendent le service que me rendit un
jour le cheval ailé Borak, c]ui séjournera
daas le paradis jusqu'à la naissance de Ma-
homet. Montre donc ta reconnaissance pour
le vrai Dieu> et profile de la facilité avec
laquelle tu peux te Inmsporler d'un endroit
à un autre pour visiter la ville d'iathrih
(Médine), qui prêtera un jour un refuse et
un abri au plus grand des prophètes; visite
aussi la ville de la Mecque, qui sera le lieu
de sa naissance et le temple saint, qui le
premier a été élevé après le déluge*, et que
j'ai construit avec l'aide de mon lils K^nitiël
(la paixsoit sur lui). *
« Le lendemain matin, Salomon Qt savoir
qu'il allait entreprendre un pèlerinage h \tt
Mecque, et que tout Israélite qui voudr^yt
raccompagner, pourrait se joindre à lui. Il
se présenta un si grand nombre de pèlerins
que Salomon dut faire tisser par les génies
un nouveau tapis qui avait un mille cane
de long et autant de large. Ln place qui
restait vide fut remplie de chameauî, de
Jjoaufsetde besliaux destinés à être sacrifiés à
la Mecque ou à être distribués aux pauvres.
Le roi fit construire pour lui un pavillon qui
était décoré d'un si grand nombre de pierres
précieuses que personne ne pouvait y
arrêter les yeux, tant l'éclat en élait vif.
Des sièges d or étaient placés k l'entour et
réservés aux hommes fameux par leur piété;
des sièges d'argent étaient destinés aux doc-
teurs, et des sit^ges de bois à la masse du
peuple; des géaies et des démons devaient
voler devant le roi, car il ne se Hait point à
eux, et il* voulait toujours les avoir sous les
yeux» et il buvait toujours dans des vases
de cristal qu'il ne perdait pas de vue. Les
oiseaux devaient voler au-dessus du tapis
en rangs serrés aOn de préserver des rayoni
du soleil ceux qui s'y trouvaient réunis*.
Tout étant disposé et mis en bon ordres
Salomoa ordonna aux vents de soulever la
tapis et de le porter à laihrib. £n approchani
de cette ville, il Gt un signe aux oiseaux;,
ils replièrent leurs ailes, et le tapis des-
cendit doucement à terre, mais personne na
dut bouger de l'endroit où il était, pano
que la ville d'Ialhrib élait au pouvoir d'un
peuple infidèle. Salomon se rendit seul à
l'endroit ou Mahomet devait plus tardériger
la première mosquée ; c'était un cimetière;
je roi y fit la prière de midi, il revint ensuite
vers le tapis, et, d'après son ordre, les venta
l'apportèrent auprès de la ville de la Mecque
qu occupaient alors les Djorhamidns, peupla
de l'Arabie méridionale; ils adoraient lè^
Dieu unique et ils gardaient la Caaba aussi
puredu culte des ulules (lu'elle lavait été
839
DICTIONNAIRE DES APOCHTPHES.
m
au leœps d'Abraham et dlsmaëK Salomon se
rendit dans la ville avec tous ceux qui
i*ACcompagnaien(; il accomplit toutes les cé-
rémonies prescrites aux pèlerins, et il
saeriGa les victimes apportées de Jérusalem.
11 tit ensuite dans la Cauba un long sermon
d^us lequel il prédit la naissance future d*un
r}p)iète dans cette ville, et il recommanda
tous ses auditeurs d'inculquer h leurs
enfants et à leurs petits-enfants la foi dans
renvoyé de Dieu.
ff Après avoir séjourné trois jours à la
Mecque, Salomon voulut retourner à Jéru-
salem. Lorsque les oiseaux reprirent leur
voj, et lorsque le tapisse mit en mouvement,
leVoi s*aperçut qu'un rayon de soleil venait
le frapper, ce qui lui montra que l'un des
oiseaux avait quitté son poste. Il appela
Taille auprès de lui, et lui commanda d ap-
peler chacun des oiseaux par son nom et de
voir quel était celui qui manquait. L'aigle
revint bientôt avec la nouvelle que la huppe
avait déserté.Saloaion fut très-irrilé, d'autant
plus qu'il ne pouvait se dispenser, en tra-
versant le déser;,de l'assistance de la huppe
aGn de découvrir les sources les plus pro-
fondes. «Elève-toi au haut des airs» > dit le
roi à l'aigle, « et cherche la huppe avec te
plus grand soin; amène-la ensuite ici, aPui
que je la chAtieen lui arrachant toutes ses
plumes et en l'exposant au soleil jusuu'à ce
que la vermine de la terre l'ait dévorée. »
n L'aigle s'éleva dans le ciel & une hau-
teur telle que la terre ne lui paraissait plus
que comme un point ; il s'arrêta alors et
regarda dans toutes les directions s'il pouvait
découvrir la huppe. Il la vit enGn qui venait
du côté du sud, et descendant aussitôt, il
vola vers elle et il voulut la saisir entre ses
serres. La huppe lui demanda, au nom de
Salomon, dé ne pas la traiter avec rigueur.
« Oses-tu encore, répondit Taigle, invoquer
le nom de Salomon? Ta mère pourra le
pleurer. Salomon est irrité contre toi, car il
ne t'a pas trouvée,'et il a juré qu'il t'fuQige-
rait, è cause de ta désobéissance, une puni-
tion sévère. » — « Mène-moi vers lui, »dit la
huppe ; « je sais qu'il excusera mon absence,
lorsqu'il saura ou j'ai été et ce que je suis
è roî^mede lui annoncer. »
« L'aigle conduisit alors la huppe devant
Salomon qui était assis d'un air courroucé
sur le trône où il rendait la justice et qui
appela avec précipitation l'oiseau coupable
qui tremblait de tout son corps, et qui, en
sizne de soumission, laissait pendre ses
ailes. Salomon la regardant avec colère, la
^uppe s'écria: «Songe, prophè.tede Dieu, que
tu as aussi ton compte h rendre à Dieu; ne
mejugedonc pas avantdem'avoir entendue.»
« Comment peux-tu te justiGer de l'être
éloignée sans ma permission ? »
«Je t'apporte des nouvelles d'un pavs et
d'une reine dont tu n'as jamais entendu le
nom ; je veux dire du pays de Saba et de la
reine Balkis. »
« Ces noms me sont en effet complclu-
ment inconnus ; qui est-ce qui t'a dcané it$
nouvelles de ce pays et de cette reioe ? »
I C'est une 'huppe de ce pnys-lè que je
rencontrai en faisant une petite excursioott
à laquelle je parlai de loi et de ta grao<Jc
puissance. Elle fut étonnée de ce que too
nom n'était pas encore parvenu jusqu'au
royaume de Saba, et elle m'engagea k ïèc»
compagner aGn que je pusse me coovaiocro
que ce pavs méritait bien que tu le coo*
nusses. Elle me raconta en chemin toute
l'histoire merveilleuse de ce pays josqiùu
gouvernement de la reine actuelle qui com-
mande à une armée tellement nombreuse
qu'il faut, pour la conduire, douze uii'.
généraux. »
« Salomon remit la huppe en liberté et Ini
ordonna de raconter ce quVIle avait appru
au sujet du royaume de Sabai celle-ci fit le
récit suivant:
« Sache, grand roi et prophète^ que Saba
est le nom de la capitale d*un grand pays eu
sud de l'Arabie. Elle fut bAtie par le roi
Saba, Gis de laschhub, Gis de Jurub, fiUde
Kachlan. Ce roi s'appelait d'abord AM
Schems (serviteur du soleil), mais il reçulle
surnom de Saba (celui qui prend des captif»'.
à cause de ses nombreuses conquêtes. Cette
ville était la plus grande et la pfus belle qui
ait jamais été construite par la main des
hommes, et elle était si forte qu'elle aurait
pu déGer toutes les troupes de la terre. £ !?
était au milieu de jardins délicieux, et de
superbes édiGces de marbre la décoraient.
Dans le* but de préserver la contrée d<>$
inondations, à l'époque des pluies, et de )*.i
fournir Teau nécessaire en un temps de sé-
cheresse, Saba avait, suivant le conseil du
sage Lokman, fait élever d*immenses chao^-
sées et creuser des canaux. Ce pays <(taii le
plus fertile et le plus riche du monde enlier,
et son étendue était telle qu'il faudrait à uo
bon cavalier un mois entier pour le traverser
d'une extrémité à l'autre. Il était partout
eouverl des plus beaux arbres, de sorte que
le voyageur n^était nullement incoromooé
de la chaleur du soleil. L'air était srpur et
le ciel si clair que les habitants jouissaient
constamment d une santé parfaite et parre-
naient à un très-grand Age. Le pays de Su*
était un diadème sur le front de ruQiîer>.
« Cette prospérité dura tant qu'il plui > j
Dieu. Après Saba, survint une longue suiie
de rois qui jouirent des fruits de la $age5M>
de Lokman, sans songer h les entretenir.
Mais le temps travailla à les détruire. U^^
torrents qui descendaient des montagne)
minèrent les chaussées qui retenaient leur?
eaux et tes distribuaient ea divers canaut;
elles s'écroulèrent enGn,et le pays touleulitr
fut ravagé par une effroyal>le inondalwo.
Les premiers indices d'un malheur pn)chAio
se montrèrent sous le roi Amrou. De soo
temps, la prêtresse Dharifa vit en songf un
gnind nuage noir qui s'abattait sur le pa}^
au milieu d'un orage affreux, et qui le rava-
geait. Elle Gt part de ce rêve au roi, et e. e
I instruisit des nviuiétud'^s qu'elle éprouva.
u\
SAL
PART. 1». -^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAL
SGI
Le roi et ses courtisans ne s*en émurent pas
et continuèrent de mener une vie insoucieuse
et dissipée. Un jour^ tandis qu*Amrou pré-
sidait un festin où la sobriété n'était nulle-
ment observée, la prêtresse vint à li^i, les
cheveux épars, le visage tout troublé, et elle
iui prédit derechef que le pays serait bien-
tôt frappé d'une grande calamité. Le' roi,
sortant de la salle du banquet, fit asseoir la
prêtresse auprès de lui, et lui demanda ce
qui Ini avait annoncé de pareils malheurs.
Dharifa répondit : « J*ai rencontré sur ma
route des rats de couleur rouge qui, se te-
nant surleurs pattes de derrière, s'essuyaient
!(S yeux avec celles de devant, et j'ai vu une
tortue qui, renversée sur le dos, s'efforçait
eo rain de se retourner; tels sont les pré-
sages d'une inondation qui replongera bien-
tôt ce pays dans le triste état où il était
jadis. »
(Quelles preuves peux-tu me donner de
la Térilé de tes assertions? »
« Va à la chaussée^ et tu t'en convaincras
de tes yeux. »
• Le roi alla vers la chaussée, mais il re-
vint bientôt, les traits tout décomposés, et
ii dit à Dharifa : < J'ai vu un spectacle
liïrayanL Trois rats rouges, aussi gros que
des sangliers , s'accrochent à la chaussée
9vec leurs dents et arrachent avec leurs
Dattes de devant dps pierres que cinquante
hommes ne pourraient ébranler. » Le roi
eut ensuite un rêve dans lequel il vit le
somQiet des plus grands arbres couverts de
sable. 11 résolut de se soustraire par la fuite
à cette catastrophe, mais voulant vendre à
un bon prix ses châteaux et ses biens, il fit
un mystère de son projet, et il s'avisa du
moyen suivant pour donner uu prétexte k
m voyage. Il commanda un banquet auquel
assistaient les plus grands lonctionnaires du
royaume et les généraux, et il ordonna à
son Qls de lui donner un soufflet à la suite
d'une contestation qu'ils feindraient d'avoir
ensemble. La chose eut lieu; le roi tira son
épée et voulut tuer son fils. Les assistants
Ten empêchèrent, ainsi qu'il l'avait prévu,
et Grent promptement éloigner le prince.
Le fui jura alors de ne pas rester daps un
pa}s où il avait reçu un pareil affront; il
vendit ce qu^il possédait et il s'éloigna.
«Peu de temps après son départ, la catas-
trophe annoncée survint; les eaux rompirent
la digue, elles submergèrent la ville et tous
les environs; la plupart des habitants purent
toutefois se sauver sur les montagnes;
instruits par le malheur, ils s*aniendèrent
et firent pénitence, et ils réussirent bientôt,
avec l'aide de Dieu, h relever de nouvelles
digues et à rendre à leur pays un haut degré
de puissance et de bien-être qui se maintint
sous les rois qui suivirent Amrou ; ceux-ci
ne tardèrent cependant pas à retomber dans
l^urs méfaits et à adorer le soleil, au lieu
do rendre un culte au créateur du ciel et de
la terre. Le dernier roi de Saba, qui s'appe-
lait Scliarahbit, poussa la tyrannie si loin
((u'aucuae fille ne pouvait se marier dans
ses Etats sans s'être d^abord abandonnée à
lui. Ce rot avait un vizir descendu de l'an-
cienne race royale des Himiarilhes et qui
était si beau que les filles des djins elles-
mêmes prenaient plaisir è le voir, et souvent
elles se transformaient en sazelles et se
plaçaient sur son chemin afm de le regarder.
Une d'elles (son nom était Umeira) conçut
pour lui une passion si vive qu'oubliant la
distance qui sépare la race humaine do
celle des djins, elle lui apparut, un jour
lorsqu'il était à la chasse, sous la forme
d'une femme d'une grande beauté, et elle lui
offrit sa main, à condition qu'il la suivrait et
qu'il ne lui demanderait jamais compte de ses
actions. Le vizir trouva ce(te fille des djins
tellement admirable qu'il promit de faire
tout ce qu'elle voudrait. Elle se retira avec
lui dans une île de l'Océan qui était sa
patrie, et elle l'épousa. Au bout de neuf
mois, elle mit au monde une fille qu*elle
appela Balkis, et peu de temps après, elle se
sépara de son mari, parce qu'il cherchait
parfois è connaître les motifs qui la
portaient à des démarches dont il ne pouvait
pas se rendre compte. Le vizir revint av.ec sa
fille dans son pays, et i} vécut caché dans
une vallée éloignée de la capitale. Balkis en
grandissant croissait en beauté d'une façon
merveilleuse, ce qui inquiétait fort son père,
car il craignait que le roi ne vint à la dé-
couvrir et ne la ménageât pas plus que les
autres jevtncs filles du pays. La volonté do
Dieu fut que ses précautions restèrent inu-
tiles. Le roi, voulant examiner par lui-même
la situation de ses Etats et l'opinion de ^es
sujets, se déguisa en mendiant et parcourut
le pays; arrivé dans l'endroit ou était le
vizir, il entendit beaucoup parler de lut et
de sa fille; personne ne savait qui il était,
d'oill il était venu et pourquoi il m^^nait une
vie aussi retirée. Le monarque entra chez
son ancien ministre au moment où il étnit à
table avec Balkis, âgée de treize ans et aussi
belle qu'une houri du paradis, car à la grâce
de l'espèce humaine, elle joignait la majesté
des djins et l'éclat do leur teint.
« Quel ne fut pas l'étonnement de Scha-
rabhil, lorsqu'il reconnut son vizir dont
personne ne connaissait le sort depuis bien
des années 1 Le ministre tomba aux pieds du
roi, implora son pardon en pleurant et ra-
conta ce qui lui était arrivé. Scharabhil lui
pardonna, par amour pour Balkis ; il l'enta;
gea à reprendre son ancien emploi, et ii jui
donna pour séjour un très-beau château
auprès de la ville.
« Fort peu de temps après, le vizir vint
un soir auprès de sa fille, l'air fort soucieux,
et il lui dit : «Ce que je craignais est arrivé.
Le roi me demande ta main; je ne puis re-
fuser sans courir risque de perdre la vie, et
cependant j'aimerais mieux te voir descendre
au tombeau que de te livrer è ce tyran cor-
rompu. »— « Soissans crainte, mon père, »dit
Balkis, Jt je saurai medélivrer,.ainsi que tout
mon sexe, des prétentions de ce mauvais
prince; montre-lui un front serein afin qu'il
663
DICTIONNAIRE DES APOCUTraES.
«Si
QG conçoive «ucun soupçon et demaode-lui
seulement que la noce soit célébrée ici et
êans pompe. »
« Le foi souâcriYii sans difficulté h ce dé«
sift et le lendemain » accompagné seulement
de quelques serviteurs» il se rendit au palais
du Tizir. Il y: trouva un superbe banquet
tout prépnré; le vizir se retira ensuite avec
tous les as:>i$tanls; Balkis resta avec le roi
et avec quatre esclaves; Tune cbantait» la
seconde jouait de la harpe, la troisième
dansait) la quatrième versait è boire au mo-
narque; celui-ci se livra avec si peu de re-
tenue au plaisir de boire les vins les plus
doux qu*il tomba privé de connaissance.
Balkis prit alors un poignard qu'elle avait
caché sous ses vêtements, et elle perça le roi
dont rame descendit aussitôt dans l'enfer.
Elle appela ensuite son père et, lui montrant
Je cadavre du monarque, elle lui dit : « De-
main malin, transmets, au nom du roi,
Tordre aux principaux habitants de la ville
et aux chefs de Tarmée» d'envoyer ici leurs
filles. 11 en résultera un mouvement dont
nous ferons notre proGt. »
« Balkis ne s'était pas trompée. Les pè.es
auxquels on avait-ordouné de livrer leurs
filles, furent remplis de fureur, et réunis-
sant leurs amis, ils se rendirent au palais
du vizir, menaçant d'y mettre le feu, si on
ne leur livrait pas le roi. Balkis lui ccsupa
la tète et la jeta par la fenêtre à la foule
ameutée. Alors s'éleva un grand cri de joie,
toute la ville futilluminée, et Balkis dérlarée
reine, comme protectrice des jeunes lllles. »
« La huppe continua ensuite son récit :
c La i-eine Balkis gouverne son pays depuis
longues années avec beaucoup de sagesse et
de prévoyanr.o ; elle y fait régner la justice
et elle le maintient dans une grande pros-
périté. Elle assiste à toutes les séances du
conseil de ses ministres sur un tr&ne d'or,
fort élevé, décoré avec goût et orné de pier-
res précieuses; un rideau très-On est de*-
vaut elle et la met à l'abri des regards des
hommes ; elle .adore le soleil , ainsi que le
faisaient les rois, ses prédécesseurs.»
« Lorsque l'oiseau eut achevé sa narra-
tion, Salomon dit : ^ Nous Voulons savoir si
tu as dit la vérité ou si tu appartiens à la
racci des menteurs. » Il se fit indiquer une
source par la huppe, il se purifia, il pria et il
écrivit en*suiteles lignes suivantes :
^ Salomon, fils de David et serviteur de
Dieu, i Balkis, reine deSaba.
€ Au nom de Dieu, plein de miséricorde,
salut à celui qui suit sa direction. Accom-
plissez donc ou que je vous recommande et
reconnaissez ma domination. »
« Il cacheta cette lettre avec du musc, il y
appliqua son anneau et il la remit à la huppe
en disant : « Porte cette lettre à la reine
Balkis et reviens ensuite, mais ne t'éloigne
pas trop afin de pouvoir connaître le parti
Que, de concert avec ses ministres, elle pren-
dra à cet égard. » La huppe, tenant la lettre
en son bec, partit comme une flèche, et le
lendemain , elle arriva auprès de la reine :
celle-ci était sur son trône, entourée i^
tous ses conseillers, lorsque le messager ai i^*
se présenta devant elle et lui remit la de-
pêche. Dès que la reine vit le sceau pyjssai.t
de Salomon , elle fut émue, elle oevrii >a
lettre avec empressement , et après ïûm:
lue, elle en donna coanaisaance à ses coq-
seillers, parmi lesquels étaient les géoéraui
de ses armées, et -elle leur demacda kv.r
avis dans cette circonstattce importante. 1 ^
répondirent d'une voix unanime: cTuih^ji
compter sur notre courage et sur notre liJv
lité ; agis selon ta sagesse. » Balkis iiii :
« Avant de me laisser entraînera uoegiier^
qui est toujours pour un pays la source .<;
beaucoup de souffrances, j'enverrai ôêsyr^-
seuls au roi Salomon, et je verrai de quei. ;
manière il les recevra. S'ii les accueilje, !i
n'est pas au-dessus des autres rois dOQ(o<>i:>
n'avons pas à craindre la puissance ; s'il <->
repousse, c'est un vrai prophète, et nou) de-
vons nous conformer à ses intentions. >
<( Balkis fit alors donner des habits 'ii
filles à cinq cents jeunes gens et des nèw-
ments d'hommes à autant déjeunes ni)e>, a
elle commanda ou 'ils se présentassent ain^i
déguisés devant Salomou. Elle fit prépart^r
aussi mille tapis de fil d'or ou d*argentt uue
couronne ornée de peiles et de pierres pré-
cieuses de la plus grande beauté, etde^Tan*
des quantités d'ambre, de musc, d'aioèsn
d'autres produits de l'Arabie. Elle y joi.;n i
une boite fermée dans laquelle elle pl*^;}
une perle gui n'était pas percée, un diainar.;
troué en zigzag et une coupe en cristal. B e
écrivit ensuite à Salomon : « Si tu es un uui
prophète, tu seras en mesure de distinguer
les jeunes gcnâ d'avec les jeunes fiiie^, j?
deviner ce que contient la botte fermée, i
(icrcer la perle, et de faire passer un lii à
ravers le diamant, enfin de remplir la cou;'
d'une eau qui n'est (>oint descendue da ci
et qui n'est pointsortie do la terre. »EIiere-
mit ces présents et sa lettre aux horames : ^
plus éminents de ses Etats, et elle leur!
en les congédiant : « Si Salomon vous re<v '.
avec dureté et avec arrogance, ne vous lais-
sez point intimider; ce sont des signes o
faiblesse. S'il vous accueille avec bieuTei!
lance et avec douceur, tenez-vous sur r^>
gardes, car vous^avez affaire à un t)rophète.'
« La huppe entendit ces paroles, car elle
6e tint auprès de la reine jusqu'à ce que id
envoyés lussent partis. Elle vola alors n\
ligne droite, sans prendre aucun repos jus-
qu'à ce qu'elle eut rejoint Salomon. et t^i'c
lui fil part de ce qu'elle avait entendu.
« Salomon ordonna auK djins de fal^ri*
quer un tapis qui avait une étendue de neuf
parasanges et de l'étendre sur les niartiit^
de son trône du cAté du sud. Du cùié <|€
l'orient , il fit élever un mur en or ju^qu^
l'endroit où s'étendait le tapis; du iû(é'ii<)
l'out^st un mur d'4irgent. Il ordonna oue 1*^^
animaux les plus rares et que tous le« ti^"
mous et génies se rangeraientdesdeui (At(>^
du tapis. Les auibassadeurs de Bslkia furibl
8G3
SAL
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAL
8C6
SiVSïS de surprise lorsqu'ils arrivèrent dans
)e palais de Salomon, où ils trouvèrent un
luxe et une richesse dont ils n'avaient au-
iMjoe idée. A l'aspect de Timmens^ tapis
dont iis apercevaient à peine Teitréroité,
leur première pensée fut de jeter ceui qu'ils
apportaient en présent è Saloroon. Plus ils
avançaient, plus leurélonnement redoublait»
àrau5e des bêtes et des oiseaui extraordi-
o/iirit, ainsi que des génies et des démons
d»*ril ils avaient à traverser les rangs pressés
a\ant «farriver jusqu'à Salomon, Ils furent
rassurés, lorsqu'ils parvinrent auprès de
lui, car il les accueillit avec beaucoup de
grâce, et il leur demanda en riant ce qu'ils
lui apportaient.
a Le plus éloquent des ambassadeurs re«
}>ondil qu'ils apportaient une lettre de la
reine Balkis, et il s'empressa de la remettre
au roi. <« Je sais cequ*ene contient sans avoir
U'soin de l'ouvrir, » dit Salomon, « et je con-
nais aussi le contenu de cette botte que vous
apiforlez. Je puis avec l'aide de Dieu, pcner
U perle et faire passer un fil h travers le dia-
mant, mais avant je remplirai cette coupe
«vec une eau qui ne vient ni du ciel ni de
la terre, et je distinguerai ces jeunes gens
imberbes d'avec les jeunes filles. »
« Il fit alors apporter mille vases d'argent,
ei il ordonna aui esclaves qu'amenaient les
ambassadeurs de se laver le visage. Les jeu-
tii':> ^ens se frottèrent le visage avec la main
sur laauelleon avait versé l'eau; les jeunes
h! es répandirent dans leur main droite l'eau
qui avait été versée sur leur main gauche, et
tilis se lavèrent ensuite le visage avec les
lit^ijx mains, et Salomon reconnut leur sexe,
À ia grande surprise des envoyés de Balkis.
« Salomon ordonna ensuite à un gros et
lourd esclave de monter sur un jeune che-
val fougueux , de le mener aveu la plus
grande rapidité jusqu'à l'extrémité du camp
fi de revenir tout aussi vite. Quand le che-
val tut de retour, des ruisseaux de sueur
voulaient de ses flancs, de sorte que la coupe
fitremplieen un instant.« Vous voyez tè, » dit
v^a)omon,cde Teau qui ne descend point du
ciel et qui ne sort pointde la terre.» 11 perça
lu perle au moyen de la pierre dont il de-
^•ii( la coQnaissance k Sachr et au corbeau ;
)î fut un peu embarrassé pour faire passer
un (il à travers le diamant qui était percé
«l'un trou qui faisait bien des sinuosités,
inlin un démon lui apporta un ver qui s*in-
Iroduisit dans le trou et qui y laissa un fil
^•\veux. Salomon demanda au ver quelle ré«
i<>m|)onse il désirait en rémunération du
ion oifice qu'il avait rendu en sauvegardant
ainsi rinfaillibililé du roi. Le ver demanda
q>i'uo bel arbre lui fût donné pour demeure,
^inmoa lui accorda le marier, qui depuis
M(e époque, procure aux vers à soie la
nourriture et l'abri.
• Sal«)mon dit ensuite aux envoyés de Bal-
ais: t Vous aves vu que je me suis tiré heu-
reusement de toutes les épreuves auxquel*
'^s votre reine m'a mis; retourne; vers
«lie» remportez ces présents qui me sont
inutiles, et dites-lui que sTellene reconnaît
pas ma suprématie, {'envahirai ses Etats h la
tête d'une armée à laquelle nulle puissance
humaine ne saurait résister, et que je l'amè-
nerai dans ma capitale, captive et réduite à
l'état le plus misérable. »
« Les amt>assadeurs quittèrent Salomon,
pleinement convaincus de sa puissance et de
sa dignité de prophète; Balkis partagea leur
opinion dès qu'ils lui eurent rendu compte
de ce qu'ils avaient vu et entendu, x Salomon
est un puissant prophète, » dit-elle à ses mi^
nistres; « ce- que je puis faire de mieux,
c'est de me rendre auprès de lui avec les
chefs de mes troupes pour voir ce qu'il nous
demande. » Elle fit donc faire les préparatifs
nécessaires pour son voyage, et avant de
|)artlr, elle enferma son trésor dont elle ne
se séparait qu'avec regret, dans une salle où
l'on ne pouvait pénétrer qu'en traversant
six autres salles bien fermés; toutes ces sal-
ies se trouvaient dans la plus reculée des
sept demeures diverses dont se compusait
son palais; elle en confia la garde aux plus
fidèles de ses serviteurs. Elle se mit ensuite
en route ayec ses douze mille généraux,
dont chacun avait sous ses ordres plu.'^ieurs
milliers d'hommes, et quand elle fut arrivée
à un parasange de distance du camp do
Salomon, ce;monarquedit à ses sujets :«Qui
d'entre vous m'apportera le trône de la reino
de Saba avant qu elle ne se présente à moi
pour me rendre hommage? »
« Alors un djïn hideux qui était, aussi
grand qu'une montagne,- dit : « Je te l'ap-
porterai avant midi et avant que tu ne lèves
la séance de ton conseil. Il ne faut pas faire
usage de ma force pour cet objet ; tu peux
donc te fier à moi. » Salomon n'avait pas de
temps à perdre, car déjà on voyait dans le
lointain les nuages de poussière qui annon*
çaient l'arrivée de la reine et de son armée.
Son ministre Assaf, fils de Barahja , un
homme à' qui sa connaissance du saint nom
de Dieu rendait tout facile , dit alors : « Di-
rige ton regard vers le ciel, et avant que lu
ne l'aies ramené vers la terre, le trône de la
reine de Saba sera devant toi. «Salomon re-
garda le ciel I et Assaf pria Dieu, en l'invo'*
quant par son nom le plus saint, de lui en-
voyer le trône de la reine Balkis. Ce troue
traversa aussitôt la terre qui s'ouvrit aux
Eieds de Salomon et qui lui livra passage,
e roi s'écria : « Que la bonté de Dieu est
grande et quelle doit être notre reconnais-
sance pour ce qu'il fait en notre faveur 1 i»
11 admira le trône et il dit à un de ses servi-
teurs : « Fais quelques changements à ce
trône ; je veux voir si Balkis le reconnaîtra.»
Le serviteur changea de place diverses par-
ties du trône et tes disposa dans un autre
ordre. Salomon demanda k la reine si elle
le reconnaissait et elle r<^pondit : « 11 est à
moi, s'il est ce qu'il était. » Celte réponse
montra à Salomon la sagesse de la reine qui
avait sans doute reconnu son trône« mais
qui s'exprimait toutefois d'une manière aiu*
biguë, et de façonàn^énonoeraucun souitfon
et aucu2 reproche.
867
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
U
« Le roi voultit s'assurer si Balkis avait
réellement des pieds d*Ane comme les dé-
crions voulaient le lai faire croire» de peur
qu'il ne Tépousâl et qu'il n*eût des enfants
qui ne fussent encore plus puissants que lui*
parce qu'ils auraient été de la race des djins,
il la fit donc conduire dans une salle dont le
parquet était de crislal, et sous ce cristal était
de l'eau où se jouaient de nombreux pois-
sons. Balkis qui n'avait jamais vu de cristal,
crut qu'elle allait avoir à passer dans l'eau»
elle releva ses vêtements jusqu'aux genoux»
et Salomon reconnut avec une grande joie
qu'elle avait les pieds d'une femme. Il Tap-
f»cla, et lui dit : « Approche, ce n'est pas de
*eau, mais du cristal, et reconnais qu'il n'y
a qu'un Dieu. »
« Balkis s'approcha de Salomon, et abjura
devant lui le culte du soleil. Le roi l'épousa,
mais il la reconduisit dans ses Etals, et,
chaque mois, il passait trois jours avec elle.
« Dans un de ses nombreux voyages de
Jérusalem àSaha, Salomon arriva un jour
près d'une vallée qui était habitée par des
Singes; ils s'habillaient et se nourrissaient
comme des hommes; ils se construisaient
des demeures, et ils avaient des armes de
toute espèce, il descendit du tapis qui le
portait avec quelques troupes, dans celle
vallée. Les singes se rassemblèrent pour le
combattre, mais un des plus Agés d'entre
eux, leur dit : « Cherchons plutôt notre sa-
lut dans la soumission , car notre ennemi
est un saint prophète, i» Trois singes furent
donc envoyés pour traiter avec Salomon. Il
les accueillit avec bonté, et leur demanda
à quelle race de singes ils appartenaient,
et commetit il se faisait qu'ils fussent si
bien instruits dans les sciences de l'homme.
Les singes répondirent : « N'en sois point
étonné, car nous appartenons à la race hu-
maine; nous sommes les descendants d'une
peuplade Israélite qui s'obstina, en dé[)it des
remontrances d'hommes pieux, à moisson-
ner le jour du Sabbat ; Dieu la maudit et la
changea en singes, v Salomon les plaignit,
et afin de les garantir contre quelques atta-
ques de la part des hommes, il leur donna
un acte sur parcheu'in, les cohlirmant pour
toujours dans la possession de celte val-
lée (865*).
« Balkis trouva bientôt une rivale dange-
reuse dans Djurada, tille du roi Nabara, qui
avait sous ses lois une des plus belles lies de
la mer des Indes. Ce roi était un tyran cruel,
et il formait tous ses sujets à l'adorer comme
un Dieu. Salomon conduisit contre lui tout
autant de troupes qu'en pouvait contenir son
plus grand tapis; il conquit Ttle et tua le
roi de sa propre main. rÈn entrant dans le
palais du monarque vaincu, il rencontra une
jeune fille qui surpassait infiniment en
beauté toutes les femmes que Salomon avait
(866*) Les historiens arabes racontent qu*au temps
du caiiie Omar, un corps de troupes, voulut envahir
la vallée en question. Un vieux singe vint aa-de-
Viiut du général, tenant en ses pattes un parchemin
vues jusque-là. Il la remena à JérusaletD, ei
il la contraignit, par ses menaces, à abjurtr
l'idolâtrie, et il la prit pour femme. Mais Lv>
rada ne voyait dans Salomon que le roeur.
trier de son père, et elle ne ré^iODdiit i sm
caresses que par des larmes et par 4es smj.
pirs. Salomon espéra que le temps aduun.
rait ses chagrins» mais, au bout d'une aonr^.
voyant qu'elle était toujours aussi déiol?,
il s'emporta contre elle, et il lui deaianoa
sMi n'y avait pas quelque chose qui [i):
adoucir sa douleur. « Il n'est pas en ton [•< u*
voir,» répondit-elle, «de ramener mon \^r»
è la vie, mais tu peux envoyer qiK',<.
djins chercher sa statue; fais-la placer <j«'<
ma chambre; sa vue m'apportera peuH',:
quelque consolation. » Salomon lut as^-:
faible pour accéder à ce vœu et pour sou •
1er son palais avec l'image d'un nomme q.
s'était déifié lui-même, et auquel Ojur^ \
continuait secrètement de rendre les I.' n
neurs divins. Ce culte idolâtre durait (le; i^
quarante jours, lorsque Assaf en eut*: •
naissance. H monta alors en chaire, eladre^'
au peuple un discours dans lequel il r('ira> >
la vie pieuse et pure de tous les prophèk:.
depuis Adam jusqu'à David.
« Il passa ensuite è Salomon ; il looa sa s^
gesse et sa ferveur durant les premières an-
nées de son règne, mais il se plaignit de:
que la crainte de Dieu s'était affaiblie cui
lui.
<k Aussitôt que Salomon fut inslrnitde-^
qu'avait dit Assaf, il le fit appeler, *ri
lui demanda en quoi il avait mérité dV:r
réprimandé devant le peuple entier. A^ f
répondit : « Tu t'es laissé aveugler par U^
passions, et tu as souffert queie culte d^^
idoles s'oierçAt dans ton palais. • Sau-
mon courut a la chambre de Djurada, '
la trouvant priant devant l'image de ^
père, il s'écria : * Nous venons deD ,
et nous retournerons à lui, » et i( l»n >
l'idole. Il punit Djurada, et il alla dao; *
désert, répandant de la cendre.sursaii'!'.
et demandant pardon à Dieu. Le Seigneur lui
pardonna ; mais le roi dut faire j>énitet> c
pendant quarante jours de la manière sui-
vante :
^ Un soir, lorsqu'il retournait k son p*
lais, ayant à traverser un endroit imiior.
remit, selon son usage en pareil cas, à^n
de ses femmes, son anneau sur lequel < * ^
gravé le nom du Tout-Puissant; le .
Sachr s'empressa de prendre la forme-,
roi , et se fit remettre l'anneau. Saiu
l'ayant redemandé fut repoussé arec der ♦
sion, car la lumière du don pronhéuv
s'élait éloignée de lui ; personne ne le rrc ■ •
naissait, et il fut chassé de son propre pa-
lais comme un imposteur. Il erra dan* •*
pays, et lorsqu'il s annonçait comme éî*ni
Salomon, il était traité comme uo uisefi^*
qu*il lui remit Personne ne pottunt lire eei v^^-
il fui envoyé à Omar qui le fit traduire par ur i»^
eoDverii à rislamtsmr. Le calife doooa easuiir j:*
soldats Tordra de se reiirer.
m
SAL
PART, lltà-- LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAL
870
et on lai jetait des ordures. Il passa ensaîte
trente-neuf jours, mendiant et se nourris-
sant de plantes. Le quarantième jour» il en-
tra au service d*un pêcheur qui lui promit
deux poissons pour son salaire de chaque
Jour.
i Mais la puissance usurpée par Sachr
touchait h son terme. Cet esprit tyrannique
avait excité le soupçon par son impiété et
par ses édits contraires a la loi divine; sa
ressemblanca extérieure avec Salomon, et la
possession de Tanneau qui lui soumettait
les hommes, les animaux et les djins, n*a-
vaient pas suffi pour le faire accepter sans
résistance. Les anciens d'Israël venaient
chaque jour porter leurs plaintes à Assaf,
mais les portes du palais demeuraient fer-
mées pour ce ministre. Le!quarantième jour
il pénétra accompagné de quelques docteurs
(rèS'iastruitsdans la loi Jusque dans la salle
du trône où se tenait Sachr. Aussitôt que
celoi-ci eut entendu la parole divine révélée
à Moïse, il reprit sa rorme de diin, et il
s'enfuit jusqu'au bord de la mer ou il laissa
tomber Tanneau. Par l'ordre du Seigneur,
cet anneau fut avalé par un poisson qui
tomba bientôt dans les filets de ce pêcheur
au service duquel était Saiomon. Le roi re-
cul ce poisson pour son salaire, et lorsque,
le soir, il voulut l'apprêter pour son repas,
il trouva Panneau. Il se Ut aussitôt apporter
par les vents à Jérusalem, il rassembla au-
tour de lui tous les chefs des hommes, des
animaux et des génies, et il leur raconta ce
qu'il avait éprouvé depuis quarante jours
et comment Dieu lui avait, d une façon mi-
raculeuse, restitué l'anneau que Sachr avait
dérobé en recourant à la ruse. Il fit ensuite
saisir Sachr, et il l'enferma dans un vase de
cuirre, qu*il scella avec l'anneau merveil-
leux, qu'il jeta entre deux rochers dais le
Jac de Tiliériade; le djin coupable; restera
ju^qu'au jour de la résurrection.
«Après cet événement, le règne de Saio-
mon dura encore dix anuées, et fut exempt
de troubles. Il ne voulut jamais revoir Dju-
rada qui avait été la cause de son malheur.
il rendit visite régulièrement chaque mois
^ la reine Balkis jusqu'à ce qu'elle mourût,
et il la fit ensevelir dans la ville de Tadmor.
Son tombeau resta inconnu à tous les hom-
mes jusqu'au règne du CAlife Walid, lors-
que les murs de cette ville s'écroulèrent, à
la suite de pluies très-prolongées. On trouva
alors un tombeau en pierres, longdesoixante
aunes, large <ie quarante» et sur lequel était
Sravée cette inscription : « C'est le tombeau
e la pieuse Balkis, reine de Saba, épouse
^u prophète Saiomon, fils de David. Elle se
convertit è la vraie foi durant la treizième
année du règne de Saiomon, elle l'épousa
pendant la quatorzième année, et elle mou-
rut la vingt-troisième année de son règne. »
Le (ils du calife fit enlever le couvercle du
tombeau , et il vit un corps aussi frais et
aussi bien conservé qu*au moment où il
avait été enseveli. Il donna avis de cette cir-
constance à son père, et il lui demanda ce
qu'il devait faire du tombeau. Walid com-
manda de le laisser où il avait été trouvé, et
de le couvrir de blocs de marbre, afin de le
soustraire à la vue des hommes. Et en etfet,
depuis, malgré les fréquents bouleverse'
ments qu*a éprouvés la ville de Tadmor, on
n'a retrouvé aucune trace du tombeau de la
reine de Saba.
^ « .Quelques mois après la mort de Balkis,
l'ange de la mort parut devant Saiomon,
avec six visages différents groupés autourdu
sa tète. Le roi^ qui ne l'avait jamais vu sous
un aspect aussi extraordinaire, lui demand'a
ce que signifiait cette apparition. L'ange ré-
pondit : « Avec le visage tourné h droite,
je surveille les âmes des habitants de l'O-
rient; avec celui qui est tourné à gaucheg'oh-
serve celle des hommes qui résident à l'Oc-
cident ; le visage tourne en haut se dirige
vers les habitants du ciel, et celui qui' est
tourné en bas vers les djins, dans les pro-
fondeurs de la terre ; ma face tournée en
arrière contemple les peuplades infidèles,
et celle tournée en avant regarde les nations
des croyants. »
« £st-ce que les anges meurent aussi 7 »
demanda le roi.
ce Tout ce qui est est sujet à la mort ; j'ai
tué Gabriel et Michel eux-mêmes, lorsque le
Seigneur m'en a donné l'ordre. Dieu seul
reste le même, et*dira un jour : « A qui ap-
partient le Uionde? » sans qu'un seul être
vivant se trouve pour lui répondre. Après
quarante ans, Tange Israfil sera rappelé à
la vie pour sonner de la trompettent afin
d'appeler et de réunir tous les morts.»
« Et quel sera de tous les hommes le pre-
mier qui sortira du tombeau ? »
« Ce sera Mahomet, le prophète qui doit
paraître plus tard parmi les descendants
dlsmaël. Israfil se rendra à son tombeau h
la Mec(]ue avec Gabriel et avec d'autres an-
ges, et il l'appellera en ces termes :«0 la plus
pure et la plus noble des âmes, reviens dans
ton corps sans tache et anime-le h Alors le
prophète sortira du tombeau et secouera la
Eoussière qui est sur sa tête. Gabriel l'em-
rassera,lui présentera le cheval ailéBorak,
lui donnera un drapeau et une couronne
que Dieu aura envoyés, et le conduira au
paradis. Tous les autres hommes seront en-
suite rappelés è la vie. Ils seront amenés,
dans la Palestine où ils seront jugés. Ce sera
jun jour terrible auquel chacun doit penser.
Adam criera : « OSeigneur, sauve mon Ame;
{'e ne m'inquiète plus ni d'Eve, ni d'Abel. »
^oé criera : « O Seigneur, préserve-moi
de l'enfer, et que ta volonté ^'accomplisse
au sujet de Sem et de Cham. » Abraham
dira : « Seigtieur, je ne t'implore plus pour
le salut d'Ismaël ni d'Isaac, mais pour le
mien. 9 Moïse et Jésus oublieront le pre-
mier son frère Aaron et le second sa mère,
tant ils auront d'inquiétudes pour eux-
mêmes. Mahomet seul implorera la miséri-
corde de Dieu en faveur de tous les fidèles.
Ils seront conduits ensuite sur le pont Siral,
lequel est composé de sept ponts d*une lon-
gueur telle qu'il faut trois mille années pour
'
871
DICTIONNAinE DES APOCRYPHES.
Bîi
parcourir chacan d'eux. Ce poni est tran-
chant comme une épée et mince comme un
cheveu; il faut monter un tiers de son
étendue et descendre un autre tiers , le sur-
plus est de niveau. Il n*y a que ceux qui
peuvent traverser heureusement tous les
sept ponts à qui il est donné de pénétrer
dans le paradis. Les méchants tombent du
premier dans Tenfer; ceux qui n*ont pas
observé la loi succombent au second, ceux
qui aont pas donné d*aumAnes au troisiè-
me , ceux qui n'ont pas observé le jeûne
prescrit |)ar la loi au quatrième, ceux qui
n^ont pas fait les pèlerinages enjoints aux
fidèles tombent au ci{i«]|uième , ceux qui
n'ont pas accompli le bien ausixièmCt et
ceux qui nonl pas évité le mal au sep-
tième. »
« Quand aura lieu la résurrection? »
« Dieu S4>ul le sait* mats ce ne sera qu'a-
près la venue de Mahomet, le dernier de tous
les prophètes. Avant ce jour, le prophète
Isa (le Christ) qui est de ta race, ressuscitera
et prêchera la vraie foi; les peuples de Gog et
Magog béniront la muraille derrière la-
quelle Alexandre les a relégués; le soleil ira
(i*occident en orient, et beaucoup d'appari-
tions miraculeuses se manifesieront* »
« Laisse-moi vivre jusquà ce que le tem-
ple Boi.t construit, car lorsque je serai mori^
Jes djins cesseront d*y travailler.»
«( Ton temps est accompli, il n*est r>as en
mon pouvoir de t*accoi*der une second». •
ff Suis^moidonc dans ma salle de cristal.»
« L'ange de la mort accompagna le roi
dans une salle dont les murailles étaient de
cristal. Salomon fit sa prière, il s'appuya en-
suite sur un bâton et pria Tango de prendre
son Ame tandis qu'il était en celte position..
Sa mort resta cachée aux djins un an en-
tier, jusqu'à ce que le temple fût achevé.
£nfin , le bfllon ron^é par les vers s'élant
brisé, le corps du roi tomba, et les djins
découvrirent sa morl; voulant se vengef,
ils cachèrent sous son trône une foule de
livres de mairie, de sorte que beaucoup d'in-
crédules prirent le roi pour un nécroman-
cien. Les anges relevèrent son corps et le
portèrent ainsi que son anneau dans une
'Caverne cachée, où ils le garderont jusqu'au
jour de la résurrection. »
Divers auteurs dramatiques ont pris pour
sujet de leurs écrits l'histoire de Salomoo ;
uous citerons :
Salomonf comadia «ocra, auctore Bernardo
KvrarJo, Armenleriano, Douai, 156^, in-8".
— Salomonii regh de duabus merelricuiis
fudicium , versu lambico tractatum, auctore
LibiTto Houtbem, Mons, 1581, in-8". -^/it-
éiciumSalamonU^dBns les Tragice^eomœdiœ
saçrœ de Gabriel Jansen, Gand, lOOO, in-4\
— Sapieniia Salomonis^ drama cOmico-tragi-
€um (5 actes, auctore Xysto Betuleio), dans
les Dramala $acra, BAIe, 1555. — La Juge-
ment deSalomon^ pièce en cinq actes de
4'alleinand Hans Sachs jouée en 1550.
Dialogues de Salomon et de Saturne. —
Uoe production fort peu connne et p'ant
le titre que nous venons de transcrire, etMe
en anglo-saxon; elle a été publiée en 18Ù,
h Londres, par M. Kemble, sous le patro.
nage de VMlfrie Soekty^ association dont
nous avons déjà parlé à I article conâarré i
saint André.
Elle présente une analogie remarquable'
«ivec un autre écrit très en vo^ueau moyeu
é^e, dont nous avons déjà dit deux iuob\ a
dans lequel Salomon se trouve aux prises
avec un paysan rusé et narquois nomue
Harcolphe ou Marcons. Les trouvères ra-
content de diverses manières comment le
roi et le rustre se rencontrèrent ; voici coaw
meut la chose est narrée dans l'une des ré-
dactions les plus anciennes de cette histoire
singulière.
c Salomon étant assis dans toute sa gloire
sur le trône de son père , vit venir ver^ lui
un manant grossier et- contrefait, accom-
Sagné par une femme sale et ditîorme. CVit
[arcolphe, personnage connu pour U viTi-
cité et los propos de ses reparties; Saloiuon
le provoque aussitôt à une joute de sa^^i
propos et il promet de grandes récompèfl-
ses si la victoire reste è Marcolphe. Le luo
narque commence aussitôt ce comliat en iié>
bitant des maximes morales ou quelques-
uns de ses proverbes bibliques; ]lfarcol|*bf
riposte aussitôt par quelque sentence qui.
en générai, forme le contre-pied de ce (jue
le roi vient de dire. Le débat se prolon;*-
longtemps; Harcolphe va d'ordinaire cher-
cher ses exemples dans la vie du peu^'ie,
taudis que Salomon se mainiient day> Je^
régions plus élevées.
« Le roi finit par «eCrouyer très^fatiiué, et
il propose de mettre une fin k ce combat *,
mais Marcolphe se déclare tout prêt k con-
tinuer, et il somme Salooaon de se recon-
naître battu et do donner la récompense
promise. Les conseillers du roi, irrités de ce
qu'ils regardent comme une insolence, veo-
lent chasser le rustre, mais Salomon, p)u<
équitable, accomplit sa promesse et coDè^
die son antagoniste en lui donnant, eo sus
du prix, des louanges chaleureuses. Mar-
colpne s*éloigne du palais en récitant celte
belle sentence : Vbi non est leXf ibi non tM
res» »
Dans d'autres manuscrits, la cheseesl ra-
contée avec quelques différences assez sen*
sibles.
« Salomon, étant k ta chasse, trouve snr
son chemin la cabane de Marcolphe; i( i;**
facile ce rustre, entre en conversation ave<'
ui et reçoit une foule de réponses qei Te"''
barrassent et dont il ne peut avoir la $olu*
tion. Il s'éloigne toutefois de bonne humeur
et il engage Marcolphe k venir le leodeoiam
k la cour lui apporter un pot de lait. Har-
colphe boit le lait en route, et SaJomon ir*
rite Toblige k lui tenir compagnie toutt*
la nuit, le menaçant de le faire oetiFe à
mort le lendemain matin, s'il vient k 5>fl-
dormir. Marcolphe ne manque point de r>a*
fier, et lorsque itelomon lui demande: • E^i-
873
SAL
PART. III. - LEGENDES ET PRAGMEi^TS.
SAL
B74
ce que lu dors ?» il ré(K)nd : « Non, je pen*
se.»— «A quoi penses-lu? »— < Je pense au'il
y a âuiant de vertèbres dans la queue (i*un
lierre que dans son épine dorsale. » Le roi
06 dcule pas alors qu*il ne soit ujaltre de
son adversaire, et il lui dit : < Si tu ne prou-
res pas ton assertion , tu meurs demain ma-
lin. i Marcolphe se rendort» et réveillé de
nouveau par le roi , il pense qu'il y a dans
une pie autant de plumes noires que de
plumes blanches. Il lait encore d'autres ré*
|H)nses pareilles, et, le m»lin, il cherche h se
tirer d'embarras par des plaisanteries et des
tours joyeux. Le roi finit par se fâcher et
ordonne qu*il soit pendu à un arbre. Mar-
colpbe demande qu*il lui soit du moins per-
mis» de choisir I arbre auquel il doit être
accroché, et, cette faveur lui étant accordée,
il nen trouve aucun de son goût; il fait
parcourir à ses gardiens la moitié de la Pa-
lestine sans prendre un parti ; SalomoQ
s*enouie à la longue de tous ces délais, il
rend la liberté à Marcolphe à condition qu*il
n'approchera plus de la cuur. »
Cette narration ne se trouve d'ailleurs que
dans les imaauscrits latins et allemands, et
dao« ces derniers, elle s*en réfère à des tex^
tes latins. Quant à VAllercatio ou Dialogue
uilraDt rechange des reparties entre les deux
interlocuteurs » les manuscrits en sont
peu commuas ; mais dès le xv* siècle, on
en trouve plusieurs éditions. La première,
i^ans lieu m date, et sans nom d'imprimeur,
fut publiée en 11^83 ; on cite ensuite les édi-
tions d'Anvers de 14^87, de ItôS, sans indi-
mionde lieu, et plusieurs autres non da-
tées qui ont été décrites par divers biblio-
graphes.
L'ouvrage, sous le litre de Disputationes
qu'il porte dans quelques éditions, fut joiht
an Dicta praterbialiaeum versione Germanica
^ndr, Garinerij publiés à Francfort en
1585 et réimprimés en 1598 dans la même
ville; 00 les trouve aussi à la suite des
Epistoiœ obscurorum virorum^ Francfort,
16^ (866). U en existe également des tra-
ductions allemandes. M. Kemble en a publié
(p. 35 à 50) une en vers d'après un ma-
nuscrit du XV' siècle, conservé à la bi-
bliothèque d'Heidelberg. On en connaît
sept ou huit éditions imprimées au xv*
et au XVI* siècle, et devenues aujourd'hui
fort rares. On remarque dans ces vers
un grand nombre d'anciens proverbes, et à
plusieurs reprises Salomon exprime les
idées qu'on retrouve dans son Livre det
Prottrbes qui fait partie de la Bible. Entre
les diverses rédactions du DitUoguSf on ob-
serve des variantes parfois considérables,
u)ais il faut en laisser Texamen aux criti-
Mues qui voudront s'occuper spécialement
^e ce sujet auquel nous ne louclions uu'eû
(H66) On trouve de curieux et judicieux deuils
^'^r cette production qui tlt grand bruit au xvi"
^i«cle daas VHiêivtrt de Lutker par M. Aadin.
(^6t>*) Con^ulier égaleineiu sar ces Propoê Pou*
^r4ge de M. Aiidiu (t. I*'), quo nous venons d« cilcr.
IhcTio.iNAinE DES Apocryphes. II.
passant. Un remaniement en prose de la ré-
daction poétique allemande a plusieurs fois
été imprimé et parfois avec des interpola-
tions de très-mauvais goût. 11 existe aussi
des traductions en hollandais, en danois et
en diverses langues du Nord de cette com-
position si répandue. Une vieille rédaction
anglaise a été mise au jour par M. Halliwell,
Reliquiœ antiquœ^ n* 3, p. 109-116.
Les anciens auteurs allemands font souvent
allusion à Marcolphe et h ses entretiens avec
Salomon ; il en est parlédans les Proposde la-
lie de Luther (866^); l'ouvrage était grande-
ment répandu et coûté dans toute la Ger-
manie; il produisit des imitations, parmi
lesquelles nous mentionnerons, à cause de
la singularité du titre, un volume que nous
n'avons pu consulter, mais dont Hommel
{LiUeratura juris (2' édition, p. 163, Leip-
sick, 1770, in-8'), donne quelques extraits :
Salomo et Marcolphus^ Justintano-Gregoria-
ni. A. e. Sapida et insipida^ nimirum theo-
logica^ juridicat paradoxa^ historica^ poli^
tica^ poe/tca, musica^ proverbia^ solœcismit
grammaticiy etc., ex utroquejure collecta^ au^
ctore S. X. P. Francfort, 1678, in-8'. On at-
tribue à Christian Rhebold cet écrit qui est
uuesatiredecertains professeurs dedroitci vil
ou de droit canon.
En Italie , Marcolphe a servi de type à
l'histoire de Bertholdo, écrite par Giulio Ce-
sare délia Croce, et d(mt les éditions se sont
multipliées depuis la fin du xvi* siècle. (Le
totilissime astutiedi Bertoldo^ villano moUo
êagace.^'
Il n'est pas o ai..eurs douteux que l'idée de
représenter Salomon comme faisant échange
de demandes, de réponses et de sentences
n'ait eu son origine aans ce que raconte l'E-
criture (/ ite<jf, x), lorsqu'elle dit que la reine
de Saba Ot à Salomon des questions difficiles,
et que le roi répondit h tout.
On connaît deux versions différentes de
Marcolphe en français; l'une remonte très*
probablement au xu* siècle; elle est d'un
caractère sérieux, et elle s'écarte notable-
ment sous ce rapport 'de la seconde, oii la
décence n'est nullement respectée. Dans
l'une comme dans l'autr», il n'y a point d'his-
toire ; c'est un simple dialogue en vers ; les
deux interlocuteurs débitent des sentences,
et Marcolphe parodie ce que Salomon vient
d'avancer.
La première rédaction a pour titre : Pro'^
verbes de Mareoul et de Satemon; elle se
trouve dans un manuscrit de la bibliothèque
impériale (n* 1830, f 116). Elle est l'œuvre
de Pierre surnommé Mauclère, comte de
Bretagne. M. Crapelet l'a imprimée dans ses
Proverbes et dictons populaires, 1831, grand
in-8', o. 189-200. Nous nous bornerons ainsi
M. G. Brunct a donné, en f845, .a première tra-
duction française d*uii cxirail de ces Tùchreden
fcouversationt» de table) qui, dan« le le\le Original,
foruicut un li-ès-gros vulunie.
28
875
DICTIONNAIRE DFS APOCRYPHKS.
8T3
è citerquelqnes-uns des cinquanie-neuf cou-
plets doDt se compose cette production :
Ci eoumence de Marconi et de Salemon que U quen$
de Bretagne /!s<.
Senr tote l*auire hennor
Est procsce la flor,
Ce dit Salemoiis ;
Ge n*ains pas la valoiir
Dont Ten muert à doulor.
Marcoul li rospont.
En cortoisie a peine
Mais bien fait qui la meine,
Ce dit Salemons ;
Mais et jor et semaine
Travail est dure paine,
Marcoul li respont.
Por largement doner
Puel-Pen enprès monter.
Ce dit Salemons ;
De povreté user.
Se Tait -Ken fol clamer,
Marcoul li respont.
Qui saiges hom sera,
la trop ne parlera.
Ce dit Salemons ;
Qui jà mot ne dira,
Grant noise ne fera
Marcoul li respont...
Por ce bel chascun mon
Que nus ni a déport.
Ce dit Salemons;
Qui se sent vil et ort
De Toloir vivre a tort
Marcoul II respont.
On peut d'ailleurs consulter sur cette
production divers auteurs modernes, tels
que MM. du Roure, Analecta biblion^ t. I,
p. 283; Leroux de Lincy , le Livre de$ Pro-
verbes français j t. 1, p. 31 et 56; Gœrres,
DieteutschenWolksbucher^ p. 189-195, etc.
Des détails bihiiogranhiques se rencontrent
dans le Manuel du libraire de M. J.-Ch. Bru-
net, t. IV, p. 188, et surtout dans Grœsse,
Lehrbuch einer allgemeinen literUrgeschichte^
vol. Il, 3* section, p. k66 et suiv. (Dresde,
1842, in 8-.)
M. Kemble fait assez bien connaître le
genre d*iJées qui préside au dialogue qni
nousoccupe,endonnantquelquesextraitsda-
près une rédaction latine dont il se trouve des
manuscrits à la bibliothèque de Gottingue,
et au Musée britanniaue
< Salomon dixit : Âudivi te esse verbosum
et callidumf ^amvis sis rusticus et turpis,
Quamobrem mter nos habeamus altricatio^
nem. Ego vero te interrogabo , lu vero sub"
sequens responde mihi, Marcolphus respondii:
Qui maie cantat primo incipiat. — Sal.
Si peromnia poteris respondere sermonibus
meû, te ditabo magnis opibus et nominatissi-
mus eris in regno meo. — Mar. Promit tit
medicus sanitatem cum non habet potestatem,
— Sal. Mulier limens Deum ipsa laudabitur.
«— Mar. Cattus cum bona pelle excoreabitur.
'- Sal. Mulierem fortem auis invenit? —
Mar. Cattum fidelem super tac guis invenit? battent ensemble? »
— Sal. Nullus, •— Mar. Et mulierem raro. — ' « Salomon dit : « Trente formes. •
Sal. Qui seminat iniquitatem metet mata. —
Mar. Qui seminat paleas metet miserias, —
Sal. Jn malirolam animam non intrabit spi^
ritus sapienliœ. — Mjir. Jn lionum àurum
dummitlis cuneum^ cave neincidat in oru/um.
— Sal. Durum est tibi contra stimulum re-
calcitrare, — Mar. Bos recalcitrosus pungi
débet vicibus binis. — Sal. Muiti funt qui
verecundiam habere nesciunt, — Mar. Ikum
cum hominibus qui similes sunt canibu$, —
Sal. Sermo régis débet esse immutabilit, —
Mar. Cilo tœdium habet qui cum tupo a$at,-
Sal. Quod timet impius veniet super mm. -
Mar. Qui nmle facit et bene sperat totum m
fallit. — Sal. Pro amore Dei omnis dtiecut,
est adhibenda. — Mar. Si amas illum qui ie
non amal perdes amorem tuum. — Sal. Qui
ante respondit quam audiat stultum se dt*
monstrat. — Mar. Quando te aliquis pnngit
subtrahe pedem tuum. — Sal. Non omnes om-
nia possunt. — Mar. Scriptum est in castbui
Îui non habet equum vaaat pedibus. — &I.
fullum habenti dabitur et abundiUfit* —
Mar. Vœ homini qui non hcAet panes et haba
parentes. — Sal. Non décent stulto rerbacom-
posita, — Mar. Non decet canem sellam pot-
tare. — Sal. Tunde laterafilii tui dum tenen
sint. — Mar. Qui osculatur agnum amat tt
ariem. — Sal. Omnia fac cum consilio etpopt
factum non pœnitebis. — Mar. Satis est in*
firmus qui infirmum trahit. »
11 serait difficile de dire comment Satura^
s*est trouvé, dans la vieille Angleterre ôo
VI* siècle, substitué à Marcolphe, et commeL.
il est devenu l'interlocuteur de Salomon. 0*
a supposé qu'il ne s'agissait pas précis#{nr£!
du prétendu dieu de la mythologie grecqa^.
mais de qiielque divinité adorée dao« ^
nord de l'Europe. (Haimot en langue p-
thique, signifie étoile.) La question esCi-*
leurs de peu d'intérêt pour nous. La c-cî^
rence de Saturne et de Salomon se irouir.
en langue anglo-saxonne, dans deux macus*
crits qui font partie de la bibliothèque oi
collège Corpus Christi à Cambridge. Lar.
et l'autre sont incomplets, et ne présentée:
qu'une partie de cette composition. Elle rM
en vers, suivie d'un fragment en pr^.
M. Kemble en a publié le texte origiDal ce-
tier, en y joignant une version anglaise.
Nous ne traduirons point en entier retif
production, mais comme elle n'est poi;.:
sans intérêt, puisau'elle offre un tabh*'-
naif des opinions répandues à cette époqt-
reculée, nous placerons sous les yeux de d «
lecteurs quelques échantillons qu'ils a:-
raient sans doute de la peine à conoti:"
autrement que par notre entremise, car .*
publication de M. Kemble estforl rare, aè&-
en Angleterre; hors de la Grande* Breta^
elle peut passer pour inconnue.
Nous emprunterons d'abord quelques tn:.^
k la portion en prose où il s'agit, sous i.-
forme allégorique, des propriétés de -Vi»'-
Père, c'est-à-dire de l'Oraison domimcj
« Saturne dit: « Combien de formes pr-:
nent le diable et notre Père lorsqu'ils (v:-
877
SAL
PART. ni. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAL
878
u Saturne dit : « Quelle est la première? »
< Salomon dit : « Le diable sera d*abord
sous l'apparence de lajeuaessedans la forme
d'uneniant ; alors notre Père sera dans Tap-
parenee d'un esprit saint. La troisième fois
le diable sera sous la forme d*un dragon ;
la quatrième noire Père sera s«us Tappa-
reQce du dard qui est appelé Brachia Deù
Cinquièmement ]e diable sera sous la forme
des ténèbres; sixièmement notre Père sera
dans la forme de la lumière. Septièmement le
diable sera sous la forme d'une bêle sau-
vage; huitièmement notre Père sera sous la
forme de la baleine qu'on appelle Leviathan.
NeuTiènaement le diable sera sous la forme
d'un rêve affreux, et dixièmement notre
Père sera sous la forme d'une vision céles-
te. La onzième fois le diable sera sous la
forme d'une mauvaise femme, et la douziè-
me notre Père sera sous la forme d'une cui-
rasse céleste. La treizième fois le diable sera
sous la forme d'une épée;la quatorzième fois
Qûtrè Père sera sous la forme d'une cuiras-
se d'or. La quinzième fois le diable sera
)Ous la forme d'un buisson épineux ; la sei-
zième fois notre Père prendra la forme d'un
sigie d'argent. Alors la dix-septième fois, le
diable sera sous la forme d'un marteau ; la
dix-huitième fois notre Père sera sous la
forme d'un aigle d'argent. La dix-neuvième
fois le diable sera sous la forme d'un serpent;
la Yinglième fois notre Père sera sous la
forme du Christ. A la vingt et unième fois le
diable sera sous la forme d'un oiseau veni-
meux; la vingt-deuxième fois notre Père
sera sous la forme d'un aigle d'or. La vingt-
troisième fois le diable sera sous la forme
d'an loup; U vingt-quatrième fois noire
Père sera sou^ la forme d'une chatne d'or. I4
Tiflgl-cinquième fois le diable sera sous la
forme de la colère; la vingt-sixième fois
notre Père sera sous la forme de la paix.
I^ vingt-septième fois le diable prendra la
forme d'une mauvaise pensée; la vingt-
baiiième fois notre Père prendra la forme
d'un pur esprit. La vingt-neuvième fois le
diable sera encore plus profondément changé
dans les formes de la niort. »
« Saturne dit : c Alors notre Père sera plus
glorieusemeat changé dans la forme du Sei-
gneur. »
«Saturne dit ensuite : «Mais qui poursuivra
le diable jusquedans les abtmes de l'océan, et
(}ui Iq livrera aux mains des champions du
i'hrist c|ui sont nommés les chérubins et les
^raphins? »
« Salomon dit : « Uriel et Ramiel. »
« Saturne dit : « Mais qui frappera le dia-
ble avec des traits enflamu)és? »
< Salomon dit: « Notre Père frappera le
diable avec des traits enflammés ; la foudre
le brûlera et le marquera, et la pluie sera
répandue sur lui, et les ténèbres l'envelop-
peront, et le tonnerre l'écrasera sous sa
roue de fer et le jettera dans les chaînes de
fer où demeure son père Satan ou Sathiel. £t
quand le diable est très-fatigué, il cherche
le bétail de quelque homme pécheur ou un
arbre impur, ou s'il rencontre la bouche et
le corps d'un homme qxii n'a pas été sanc-
tifié, alors il entre dans les entrailles de
l'homme qui a ainsi oublié lebien et, è tra-
vers sa peau et à travers sa chair, il s'en-
fonce dans la terre, et de là il trouve soU'
chemin jusqu'au désert de l'enfer. »
« Saturne dit : « Mais comment est la tète
de notre Père? »
« Salomon dit : « Notre Père a une tAte
d'or et des cheveux d'argent; et lors m(^nie
que toutes les eaux de la terre fussent mê-
lées aux eaux du ciel, et qu'elles tombassent
ensemble en pluie sur la terre et sur toutes
ses créatures, elles resterait cependant à l'a-
bri sous une seule boucle des cheveux de'
notre Père; ses yeux sont douze mille fois
plus brillants que la terre entière, lors
même qu'elle serait couverte des plus beaux
lis en fleur, et que les feuilles de chaque
fleur eussent chacune douze soleils, et que
chaque fleur eût douze lunes, et que cheique
lune fût douze mille fois plus grande qu'elle
ne l'était avant le meurtre d'Abel. »
« Saturne dit : « Mais à quoi ressemble le
beau cœur de notre Père ? »
« Salomon dit: « Son cœur est douze mille
fois plus brillant que les sept cieux qui sont
au-dessus de nous, lors même qu'ils seraient
tous enflammés du feu du jugement dernier
et lors même que la terre entière brûlerait
au-dessous d'eux. Et quand même le monde
entier serait renouvelé depuis la création
d'Adam, et quand même chaque homme au-
rait les douze sagesses d'Abraham, d'isaacet
de Jacob, et qu'il vécût trois cents ans, ils
ne pourraient cependant pas découvrir la
sagesse de la langue de notre Père, ni l'é-
tendue de sa puissance. Et ses bras sont
douze mille fois plus longs que toute celte
terre ou que les arbres qui la couvrent, lors
même qu ils seraient tous réunis ensemble
par les mains des ouvriers les plus habiles
et que d'un bout à l'autre ils fussent cou-
verts d'argent doré et ornés de pierres pré-
cieuses du paradis; et ses deux mains sont
plus larges que douze mondes quand même
ils seraient réunis ensemble. Et le Père
céleste a des doigts d'or, et chacun d'eux est
trente mille fois plus long que ce monde
entier ou que la terre, et dans la main droi-
te de notre Père est l'apparence d'une épée
d'or, ditlérente de toutes les autres armes ;
son éclat est plus brillant et plus clair que
toutes les constellations des cieux et que
tout l'oret l'argent qui sont sur la terre;
la lame droite de l'arme du Seigneur est
plus douée que tous les parfums qu'il y a
dans l'univers, et la lame gauche de cette
même arme est plus aiguë et plus redouta-
ble que le monde entier, lors même que de '
l'une à l'autre de ses quatre extrémités, il
fût tout rempli de bêtes féroces, et que cha-
Sue bête eût douze cornes, et chaque corne
onze rameaux de fer, et chaque rameau
dduze pointes, chacune de ces pointes douze ,
mille lois plus aiguë qu'une flèche qui aurait
été aiguisée par cent-vingt forgerons. £l
lors même que sept mondes seraient tous
déployés sous la forme de celui-ci et qu'il s'y
879
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
trouvât réuni tout ce que le ciel, la terre ou
Tenfer ont jamais pu créer, ils ne pourraient
pas cependant embrasser la ligne de la
vie. Et notre Père pourrait seul broyer et
presser dans sa main droite toutes les créa-
tures comme un morceau de cire. Et sa pen«
i^ée est plus active et plus rapide que douze
mille esprits saints, lors même que chacun
d'eux aurait douze vêtements de plumes, et
que chaque plume eût douze vents et chaque
vent douze vélocités. Et sa voix est plus
forte que toute la race humaine ou la race
des bétes, lors même qu'elles seraient tou-
tes réunies sur une montacne dont la lon-
gueur serait éçale àcelledf*une ligne entou-
rant trente-trois fois la circonférence en-
tière de la terre, et lors même qu'on j au-
rait réuni tout ce qui a jamais pris naissance
ilans le ciel, sur la terre ou dans Tenter, et
lors même que chacune des créatures qui
parlent ou qui ne parlent pas, eût unetrom-
jiette d*or en sa bouche, et que chaque trom-
pette eût douze spns, et que chaque son fût
plus élevé que le ciel et plus profond que
Tenfer, Torgane d*or du cantique saint les
surmonterait tous de son bruit et les empê-
cherait d*ètre entendus.»
« Saturne dit: « Mais à quoi ressemble le
beau vêlement de notrePère? >»
c Salomon dit : « Notre Père a une ban-
nière d*or, et à cette bannière sont suspen-
dues douze banderoles, et chacune d'elles est
attachée à cent-vingt anneaux d'or. Et la
Ïiremière banderole est appelée Aurum eœ^
esu^ei les ténèbres oepeuventen approcher
d'une distance de cent-vingt milles ; les an-
ges appellent la seconde banderole Spiritum
Paracletum^ et saint Michel Taura pour vê-
tement au jour du jugement; les auges ap-
pellent la troisième banderole PastoraUees^
et elle est semblable à celles qui étaient au-
trefois suspendues dans ce même temple
aux piliers de mon père David ; la quatriè-
me banderole se nomme Solatium; c'est
elle que le bon roi Abimelech apporta au-
trefois comme une offrande et un sacrificeà
Jésus-Christ; la cinquième banderole se
nomme Yita perpétua , et elle est l'attribut
de la sainte Trinité ; la sixième banderole
s'appelle Sacrificium Dei ; elle a la ressem-
blance de tous les animaux. » (Le ifianui-
eril s'arrête en cet endroit,)
Nous passons maintenant à un fragment
qui se trouve dans un manuscrit du Musée
britannique (fonds Cottonien, Vitelius,A.159
(867); il a été publié par M. Thorpe dans ses
Analeeta Anglo-Saxonica, et réimprimé par
M. Kemble. La fin de ce dialogue manque ; il
exposed'unton sérieux des idées singulières.
(867) Voici rorîgioe de cette dénomination' q«i
petit sembler bizarre : les manuscrits formant la bi-
blioibèque de R. Cotton, mort en 1588, sont déposés
au musée Britannique; ils sont répartis en qua-
torze armoires portant les noms des douze Césars,
de Cléopàtre et de Fausttne ; ils sont ensuite enie-
gistrés sous une lettre de Talphabet qui indique le
rayon de Tarmoire sur lequel ils sont placés ; cette
lettre est suivie d'un chiffre qui fait connaître le rang
que chaque manuscrit occupe en ce placement. Grince
« Saturne dit à Salomon : « Dis-moi où
Dieu était assis lors(|u*it créa le ciel et ii
terre. — Je te le dirai : il était assis $ar lei
ailes du vent. — Dis-moi quel mot sorûile
premier de la bouche de Dieu. ~ Je te \t
dirai : Que la lumière êoit^ et la iuroièrefai-
Dis-moi ce. qu'est Dieu. — Je te dis qoe
Dieu est celui qui a toutes choses ensapuii-
sance. — Dis-moi d'où fut formé le dooi
d'Adam. — Je te le dis : de quatre étoilei-
Dis-moi comment elles se nomment, -h
te le dis : ArlkoXf Dux^ ArotkoUm, Ma-
tymbrie. — Dis-moi de quelle substance l«;
formé Adam, le premier homme. — Je tf c
dis : de huit livres pesant. — Dis-moi cooi-
ment elles se nomment. — Je te le dis:li
f)remière était une livre de terre dont fii
àite sa chair : la seconde était une liire>
feu d'où provint son sang rouge et cbao
la troisième était une livre de vent, et de >
son baleine lui fut donnée; la qualnèiuc
était une livre d'écume et de là l'incODstafic»
de son humeur lui fut donnée; la cinqui^oi:
était une livre de blanc d*où lui furent doD-
nées sa graisse et sa croissance ; la sixième
était une livre delumièred*oùluifutdooDe
la variété de ses yeux ; la septième était une
livre de rosée d'où il tira sa sueur; la but*
tième était une livre de sel, et de li vleoi .9
sel qu'il y a dans ses' larmes. — DIhdii
quel Age avait Adam lorsqu'il fut créé. -
Je te le dis, il était Agé de trente ans. -Di»*
moi quel était la taille d'Adam quand il fil
créé. — Je te le dis : il avait ceot seizt
pouces de haut. — Dis-moi combien d'ia-
nées Adam vécut-il en ce monde?— Je i^
le dis : il vécut neuf cent trente ans dans :
travail et la misère, et ensuite il alla di'.*
l'enfer, et là il souffrit de rudes cbitiafl:'
pendant cinq mille deux cent vingt-huj:i:>
— Dis-moi quel Age avait Adam lc4v:3>
engendra un fils. — Je te le dis : iii^'"
cent trente ans. — Dis-moi combien de v-
tions descendirentdesfilsdeNoé.— Jeteiei^^*
soixante-douze nations ; trente desceD'iirtai
de Sem, le fils atné, trente deChametdoon
de Japhet. ~ Dis-moi quel est celui qu'i^*
fut jamais né, qui fut ensuite ensereli da:*
le sein de sa mère, et qui fut l)aptiséapr<^i
mort. — Je te le dis : c'est Adam. - I>>
moi combien de temps vécut Adam àsù^ t
paradis. — Je te le dis : treize ans, et la qo
torzième année, il mangea dufroitdaûéu-^f
défendu (867*), et c'était un vendredi, eipcr
ce motif il fut dans l'enfer cinq oiiMe i*<
et deux cents ans et vingt-huit ans. - 1^<*^
moi quel était TAjpe de sainte Marie. - J''
le dirai : elle avait soixante-trois ans l^-^
qu'elle mourut, et elle avait quatone :^
à ce système, les recherches sont facile* ei proafi^
(867*) Cetie assertion ne s'accorde pas ttK ^ -*
quable. f A la tierce heure si donna Ada» ^/^^
toutes bestes, a la siste bonre si a^sfetUf^^
l:i poume e en dona à sua baroun, • i] ^ *'^*^
Ear lamur de li, e a âhoure de uouae ai luvoi i
ors de paradis, i
881
SAL
PART. III.--LEGE1NDES ET FRAGMENTS.
SAL
88i
lorsqu elle enfiinta Jésus-Christ^et ellepassa
aiec lui trente-six ans sur la terre, et elle
fui seize ans dans le monde après lui. —
Dis-moi combien de temps dura la construc-
tion de l'arche de Noé. — Je te le dis :
quatre-vingts ans, et elle fut faite avec le
\\o\s qu*on appelle Sem. — Dis-moi com*
ment se nommait la femme de Noé. — Je te
iedis : elle était nommée Dalila.— Et com-
ment était nommée la femme de Cbam ? —
Elle était nommée Jactarcita. — Et comment
s'appelait la femme de Japhet ? — Je te le
dis: elle était nommée Catauu via, et ces trois
femmes sont aussi désignées sous d'au*
très noms; on les appelle Olla, Ollina et
Ollibaoa. —Dis-moi, combien de temps le
déluge de Noé séjourna-t-il sur la terre ? —
Jeté le dis : quarante jours et autant de
nnit«. — Dis-moi quelle était la longueur de
l'arche de Noé. — Je te le dis : elle avait
trois cents aunes de long, cinquante aunes
delarjge et trente de hauteur. — Dis-moi,
combien Adam eut- il de fils? — Je te le dis:
trente fils et trente filles. — Dis-moi quel
homme bâtit la première ville. — Jeté Iedis:
il s'appelait Kanos, et Ninive fut cette ville.
— Dis-moi quelle est la meilleure chose et
la pire parmi les hommes. — Je te le dis :
U parole est la meilleure et la pire chose
parmi les hommes. — Dis-moi quelle est la
chose qui est la mieux connue de l'homme
sur la terre ? — Je te le dis : la chose la
mieux connue de tout homme, c'est qu'il
doit souffrir la mort. — Dis-moi Quelles sont
lesiruis choses sans lesquelles 1 homme ne
peut vivre. — Je te le dis : l'une est le feu,
la seconde est l'eau, la troisième le fer. —
fiis-moi quel est l'arbre qui est le meilleur
de tous les arbres. — Je te le dis / c'est la
vigne.— Dis-moi où repose l'Ame de l'homme
pendant le sommeil du corps. —Je te ledis:
elle est en trois endroits, dans la cervelle,
ou dans le cœur ou dans le sang. — Dis-moi
pourquoi l'eau de la mer devint salée. —
ie le le dis : c'est à cause des dix paroles
oi!i HoL^e réunit les commandements de
Dieu, et il jeta les tables de l'ancienne loi
dans la mer, et il répandit des larmes
dans la mer; c'est pourquoi la mer devint
salée, — Dis-moi où est la tombe du roi
Moïse. — Je te le dis : elle est près de la
maison appeléeFegor,etil n*estnas d'homme
qui la connaisse jusqu*au jour du jugement.
— Dis-moi qui nomma le premier le nom
de Dieu. — Je te le dis : le diable nomma le
premier le nom de Dieu. — Dis-moi quelle
est sur la terre la chose la plus lourde à
supporter. — Je le le dis : les péchés d'un
homme et la colère de son Seigneur. — Dis-
moi ce qui pîalt à un homme et ce qui dé-
piatt à un autre. — Je te le dis : le jugement.
— Dis-moi quelles sont les quatre choses
qui n*out jamais été et qui ne seront jamais
remplies. — Je te le dis : l'une est la terre,
la seconde est le feu, la troisième est l'enfer,
la quatrième est l'homme avare qui est dési-
reux des richesses mondaines. — Dis-moi,
pourquoi le soleil est-il rouge le soir? —
'oie Iedis : parce qu'il regarde l'enfer. —
Dis-moi pourquoi il est si rouge le matin. —
Je te le dis : parce qu'il doute s'il pourra ou
non briller sur le monde entier, ainsi que
l'ordre lui en a été donné. — Dis-moi
quelles sont les quatre eaux qui nourrissent
cette terre. — Je te ie dis : ce sont la neige,
l'eau, la grêle et la rosée. — Dis-moi qui le
Sremier employa les lettres. — Je te le dis:
(ercure le géant.
«Dis-moi, combien de temps Adam sé-
journa-t-il dans ie paradis? — Je te le dis :
il y passa treize ans. — Dis-moi quel jour il
pécha. — Je te le dis r un vendredi, et il fut
aussi créé ce jour -là, et il mourut également
ce jour, et c'est pourquoi Jésus-Christ souf-
frit plus tard un vendredi. —'Dis-moi, de
quel cAié d'Adam Notre-Seigneus prit-il la
côte dont il fit la femme? — Je te le dis : du
côté gauche. — Dis-moi où était assis Notre-
Seigneur lorsqu'il créa le ciel et la terre et
toutes les créatures. — Je te le dis : sur les
ailes du vent. — Dis-moi où est la terre sur
laquelle le soleil ni la lune n'ont jamais
brillé, sur laquelle le vent n'a jamais soufflé
à aucune heure du jour, précédemment ou
après ? — Je te le dis : cette terre est dans la
mer Rouge, sur laquelle le peuple d*lsraël
sortit de sa captivité. — Dis moi. où le soleil
brille la nuit. — Je te le dis: en trois en-
droits, d'abord dans le ventre de la baleine
qu'on appelle Léviathan, et dans la seconde
saison il brille en enfer, et dans la troisième
saison il brille sur cette lie qu'on appelle
Glith, et c'est iè que reposent les Ames des
saints jusqu'au jour du jugement. — Dis-
moi ce au'est le soleil. — Je te le dis :
Astriges le magicien dit que c'était une
pierre brûlante. — Dis-moi auel fut le pre-
mier évèaue dans l'ancienne loi, avant I avè-
nement du Christ. — Je te ie dis : Melcbi-
sédech et Aaron.— Dis-moi qui fut le premier
évoque sous la nouvelle loi. — Je te le dis :
Pierre et Jacques. — Dis-moi quel homme
prophétisa le premier. — Je te le dis :
Samuel. — Dis-moi quel fut le premier
médecin. — Je te le dis : il se nommait
Aslérius. — Dis-moi qui sont les deux
hommes oui sont dans le paradis et qui sont
toujours livrés è la tristesse et versant des
pleurs. — Je te le dis : c*est Enoch et Elle;
ils pleurent parce qu'ils retourneront sur
cette terre et Qu'ils souffriront la mort à
laquelle ils ont échappé.
«Dis-moi, pourquoi le corbeau, qui autre-
fois était blanc, est-il devenu si noir?— Je te
le dis : parce qu'il ne retourna pas dans
Tarche d où il avait été envoyé. —Dis-moi,
comment le corbeau, par son obéissance,
obtint-il le pardon de sa précédente déso-
béissance?— Je te le dis : c'est lorsqu'il
nourrit Elle, auprès duquel il se rendit dans
le désert et qu'il le servit. — Dis-moi quelle
est la créature qui est tantôt mAle et tantôt
femelle. — Je te le dis : le poisson Beidu
dans la mer, et le serp^t appelé vipère, et
Toiseau appelé corbeau. — Dis-moi quels
sont les deux pieds que TAme doit avoir. —
Je te le dis : I amour de Dieu et de l'homme,
et si elle n'a ni l'un ni. l'autre, alors elle
883
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
reste sans pouvoir marcher. —Dis-moi, sur
combien d ailes faut-il que le cœur yole afln
d'atteindre au ciel?— Je te le dis : sur
quatre, la Prudence, rHumililé, la Force et
la Justice. — Dis-moi le nom de la ville où
le soleil se lève. — Je le le dis : elle est ap-
pelée Juiaca. — Dis-moi comment s'appelle
celle où il se couche. — Je te le dis : elle se
nomme Janita. — Dis-moi combien il y a
d'espèces de créatures qui volent dans l'air.
— Je te le dis : il y en a cinquante-deux. —
Dis-moi combien il y a d'espèces de poissons
dans l'eau. -- Je le le dis : il y en a trente-
six. — Dis-moi combien il y a d'espèces de
serpents sur la terre. — Je te le dis : il y en
a trenle-qualre. — Dis-moi comment le
Christ naqpii de sa mère Marie. — Je te le
dis : par la mamelle droite. — Dis-moi ce
qui est le plus cher h un homme durant sa
vie et le plus répugnant après sa mort. — Je
te le dis : sa propre volonté. — Dis-moi quel
est le faux ami. — Je te le dis : c'est celui
qui est camarade k table et qui ne l'est pas
au moment du besoin. — Dis-moi comment
on peut prévoir la mort d'un homme. — Je
te le dis : il y a deux nuages dans les yeux
d'un homme ; si tu ne les vois pas, alors
l'homme mourra avant que trois jours ne se
soient écoulés. »
Nous ferons maintenant quelques em-
prunts à la portion en vers du dialosue
entre Salomon et Saturne; celle-ci est d un
caractère spécialement moral et sérieux.
« Salomoo dit : « 11 est dépourvu de raison
et de sagesse celui qui se livre constamment
aux pleurs et à la tristesse de l'esprit; il est
grandement rebelle à Dieu. » Saturne
dit : « Pourquoi ne pouvons-nous pas nous
acheminer tous avec transport vers le
royaume de Dieu? » Salomon dit : « Per-
sonne ne peut retarder du moindre instant
le dernier et fatal voyage; il faut qu'il l'en-
dure. » Saturne dit : <i Mais comment se
fait-il que, lorsque deux jumeaux sont nés
d'une même femme, leur gloire n'est pas
semblable? L'un est misérable sur la terre,
l'autre heureux et honoré de dignités publi-
ques; l'un ne vit que fort peu de temps, il
languit dans ce vaste univers et le quitte
avec regret. Je te demande, seigneur Salo-
mon, duquel la condition est-elle préféra-
ble? » Salomon dit : « Une mère ne con-
sidère pas, lorsqu'elle donne la vie à un fils,
comment son pèlerinage s'etfecluera ;à tra-
vers le monde. Souvent elle nourrit son fils
en supportant de grands chagrins; ensuite
elle est obligée de prendre part aux peines
de son enfant, aussi versera-t-elle souvent
&ur lui des larmes amères. »
Ces extraits suffisent pour donner une
idée du genre de la rédaction en vers du
colloque de Saturne et de Salomon; elle ne
fifit pas, comme la partie en prose, des in-
cursions hasardées sur le domaine de l'his-
toire et elle s'en tient aux réflexions morales.
Ajoutons ici quelques autres détails que
nous devons à l'érudition Je M. Kemble.
Au moyen Age, Salomon était envisagé
comme le maître du monde invisible et
comme le constructeur du temple bien plus
que comme le monarque dont la Bibles re-
tracé rhisloirc. Dire qu'une chose éuî
l'œuvre de Salomon, c'était la citer coniiof
un chef-d œuvre de magnificence et d'h^bi-
teté. On en rencontre maint exemple dans
les vieux poètes français.
As esiries s*apuia del (Bvre Saleinon.
{Roman de Fierabroê.
Quand Godefrois Liber fut entrés d dooioa,
Qui estait pain tarés de Tuevre Salemon.
{Le chevalier du Cf§ne.)
En mi la nef trova an Ut
Dont li peçon è li limun
Furent al overe Salemon.
(Poésieê de Marie de Frana.)
Nous puisons ces indications dans Ia.>V
ticede M. Francisque Michel sur Welanii*
forgeron.
Des adages mis sous l'autorité de Salomon
et oui ne se trouvent pas toujours daos a
Bible sont fréquents chez les auteurs du
moyen âge. En voici deux exemples pris
dans le Roman de Tristan publié pflr
M. Francisque Michel (1835, 2 vol. in-i!).
Sire, moult dit voir Salemon,
Qui de forches traient larruo
Ja pus ne Tameront nul jor.
(T. I. p. 5.)
Salemon dit que droicturiers
Que ses amis sont ses lévriers.
(T. I, ^ 71)
Remarquons en passant aue le premier ip
ces adages ne respire nullement on es[)r\\
de charité chrétienne; mais il était fort ré-
pandu au moyen âge, et on le relrooTedr/
un bon nombre d'ouvrages de cette épo;]*,
notamment dans le Castoiement publié i^i
Barbazan :
Quar qui le pendu despendra
Le fais desur son col cherra.
Et dans un recueil de proverbes maou^
crits conservés au musée Britannique:
Larroun ne amera qi lui reynt de fourches.
On pourrait invoquer d*ailleurs de nom-
breux passages qui montrent qu'au moyea
âge la sagesse de Salomon était regarlée
comme ce qu'il y avait de plus digne d^l-
ges : nous nous bornerons à trois cilatitms.
Se j a voie le sens k'ot Salemons.
[Chanton du châtelain de Coucy, citées pir Ij
Borde, E$$ai$ sur ta musique^ l. il, p. ^
El je souhait autretant de boa sens
E de mesure, corne est en Saleiaooi.
{Poésies du roi de Navarre, édit. de 173S, t. U.
p. i59.)
E ieu agues atretan de bon sen
E de mesura cum ac Salamos.
(Elias Cayrel , cité par Hcnouard , Choix dt
poésies des Troubadours, t. V, p. 550.)
Le cataloguede labibliothèqueBodieyenne
à Oxford enregistre un ouvrage hébreu im-
primé à Constantinople en 1517 et dont /r
titre est traduit nar : Proverbia Salomont*
qaœ suni historioiœ seufabeUœ. Ce liîrtj*^
^^5
SÂH PART. m. T- LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAM
S86
connu a peut-être de Tanalogie avec This-
toire de Marcolphe. Un autre écrit intitulé
également Misclè Scelomd {Proverbia 5a/o-
noniiji est mentionné par Bartolocci (^t-
bliotheca Rabbinica^ t. I, p. 708). L'auteur
dit : Jntentio mea in eo est dare interpréta^
lionem omnibus insomniorum speciebus.
SAMARITAINS.
Les écrits possédés par cette branche du
peuple juif, aujourd'hui presque détruite»
sont peu connus; nous nous y arrêterons
(in instant. Un orientaliste célèbre, M. Sil-
)festre de Sacy» s*en était occupé avec zèle;
voici ce qu'il nous apprend : Les Samaritains
possèdent le texte du Fentateuque en hébreu,
mais écrit dans un caractère différent de ce-
lui qu'emploient les Juifs, Outre ce texte
hébreu, qui diffère en beaucoup d'endroits
de celui des Juifs, et qui a paru dans la Po-
lyglotte de Londres, après avoir été inséré
dans celle de Paris, les Samaritains ont une
version du même livre, écrite dans un dia-
lecte particulier, qui tient beau coup du chal-
déen et du syriaque, mais qui se distingue
de ces deux langues par certaines formes
grammaticales, et par un grand nombre de
mois qui ne se trouvent que dans le sama-
rilain, ou qui reçoivent dans ce dialecte
une significat ion différente de celle qu'ils
ont dans les deux autres langues. La version
arahico'samaritaine parait faile non sur la
version samaritaine, mais sur le texte hé-
breu samaritain. Les manuscrits n'en sont
pas extrémenrient rares en Europe; le plus
remarquable de tous se trouve à Rome dans
la bibliothèque Barberine; il est sur parche-
min, et il y manque les trente-trois pre-
miers chapitres de la Genèse, ainsi que quel-
ques feuillets dans le corps de l'ouvrage.
Trois autres manuscrits sont à Oxford, à la
bibliothèque Bodleyenne; quatre à Paris, à
la bibliotoèque Impériale; il s'en trouve un
autre h la bibliothèque de Leyde. M. Sil-
vestre de Sacy entre, à leur égard, dans de
longs détails, ainsi que sur les travaux dont
ils ont été l'objet; il signale quelques va-
riâmes Qu'ils présentent entre eux, mais qui
n'empècnent pas de reconnaître diverses
rojiies d'une même version. Quant à l'au-
teur de cette version arabe, on manque de
données certaines h cet égard ; mais le sa-
vant que nous venons de nommer manifeste
une bonne opinion au sujet de son travail,
el dit que la publication en serait utile; il
traoscritquelques passages qui montrent eu
effet que cette traduction peut servir parfois
à éclaircir le sens de quelques endroits obs-
curs; il entre, au sujet de la collation des
divers manuscrits, dans des détails circons-
tanciés qui ne doivent pas trouver place
ïci,
M. Renan (Histoire générale et système
comparé des langues sémitiques^ 1855, |>.
219) s'est occupé, de son côté, des Samari-
wius. Anrès avoir retracé leur rivalité avec
es Israélites, cetérodil ajoute : a La culture
lUléraire du Samaritain ne paraît t^as avoir
été ni fort ancienne 'ni fort brillante.
M. Ewald suppose que sous la domination
des Perses, et sous celle des Grecs, il y eut
{Geschichte des volk. Jsr.^ t. 111, n' part., p.
100 } une série d'historiens samaritains
dont on retrouverait des débris incohérents
dans la chronique d'Aborifuth, et^dans le Li-
vre de Josué, ouvrages composés en arabe
par les Samaritains, à des époques relative-
ment modernes. Mais il faut avouer que cette
antique littérature aurait laissé bien peu de
traces. La version du Pentateuque, le plus
ancien des écrits samaritains qui nous res-
tent, version que la plupart des critiques
rapportent au premier siècle de notre ère,
et où se traduit l'influence du Targum d'On-
kélos, présente de si nombreux arabismes,
qu'on est forcé d'admettre qu'elle a subi des
retouches après l'islamisme. Les hj^mnes
publiés par Gésénius sont plus modernes
encore, et, pourla plupart, certainement pos-
térieurs à Mahomet. Les livres historiaues
que possédaient les Samaritains semblent
être perdus; cependant il existe, dit-on, à
Naplouse quelques textes inconnus aux sa-
vants «Européens. ( Robinson, Palœstina ^
1. 111, p. 325.) »
Le samaritain resta langue vulgaire jus-
qu'à l'invasion musulmane. Vers le viif ou
le IX' siècle, il (ut graduellement absorbé,
comme tous les autres dialectessémitiques.
par l'arabe ; mais il continua d*être compris
et même écrit«par les prêtres, en certaines
occasions solennelles. Un essai de gram-
maire samaritaine, et un traité de la lecture
de Thébreu écrit en arabe, au xii* siècle,
qui se trouvent dans un manuscrit d'Ams-
terdam (Weyon, CataL cod. orient, qui in
Bibl, Inst. regii Amstelodayni asservantur^
i).4-8), seraient dignes d'être publiés. Comme
les Juifs et les Syriens, les Samaritains écri-
vent souvent l'arabe avec leur caractère na-
tional, et quelquefois, à l'inverse, le samari-
tain en caractère arabe.
Celte antique branche de la famille sémi-
tique est à la veille de disparaître. £n 1820,
les Samaritains étaient encore au nombre
d'environ cinq cents. Robinson, qui visita
Naplouse en 1838, n'en trouva plus que
cent cinquante. Ils avouent qu'ils sont ré-
duits à quarante familles, dans une suppli-
que qu'ils adressèrent, en 1842, au gouver-
nement françai3 ( Annales de philosophie
chrétienne^ novemnre 1853). Voir d'ailleurs
l'ouvrage de M. Barges , Les Samaritains de
Naplouse^ Paris, 1855.
Parmi les savants qui se sont occupés des
Samaritains, nous mentionnerons Basnagc
(Histoire des Juifs, 1716, t. Il , p. 1 à 302);
887
DICTIONNAIRE DES APOCRIPRES.
il s'exprime h leur égard dans les termes
suivants :
«Naplouse était l'ancienne ville de Sî-
ehem, qui avait été détruite du temps des
Kuerres de Vespasien Ce prince y envoya
rie nouveaux habitants , et, par recf)nnais-
sance, elle prit le nom de Flavia NeapoHs.
(La famille des Vespasiens portail le nom de
Flavius.) »
« Le mont Garizim, au pied duquel Na-
plouse est située, était pour les Samaritains
la montagne sainte par excellence. Ils disent
que les eaux du déluge ne la couvrirent
point, parce qu'un lieu, qui devait être ho-
noré nar le temple et la puissance de la Di-
vinité, ne devait pas être souillé par la boue,
le limon et les animaux que les eaux lais-
sent après elles. »
Ce qui concerne cette montagne a été
exposé par le Suédois J. C, Poldam, dans
ses deux dissertations : De iemplo Samarita-
norum in Garizim, Upsal, 1720-1722, in-fc%
écrits qu'il serait difficile de se procurer en
France.
Nous avons déjà parié (t?oy. JosuÉ) d'une
chronique des Saraanlains; Basnage entre
dans des détails au sujet d'une autre qu'ils
possèdent aussi ; il pense qu'elle est Tœuvre
de divers auteurs dont le travail a été réuni
trois siècles après l'ère chrétienne ; Reland,
dans ses Disserlatione$ miscellantŒf 1706,
et Bernard, dans les Acta eruditorum^ Leip-
sick, 1691, ont discuté bien des points rela-
tifs k cet ouvrage , et en out publié quelques
fragments. ^
Nous en citerons, comme échantillon, le
conseil donné par Balaam aux ennemis des
Israélites (circonstance qu'on retrouve aussi
dans les rabbins).
«Vous ne pourrez jamais vaincre les Is-
raélites pendant que Dieu les protégera, et
il les protégera toujours pendant qu'ils fe-
ront de bonnes œuvres ; il faut donc les dé-
tacher du service de Dieu , et , pour cela , il
faut les prendre par leur faible, qui est Tim-
pureté. Le Dieu qu'ils adorent, haïssant
loute action impure, ne combattra plus pour
eux, et la victoire vous est assurée. »
LesSamaritains modernes n'admettent que
le Penlateuque ; quant à leurs livres parti-
culiers, ils sont fort peu connus. En écri-
Tanl à Scaliger, ils promettaient de lui en-
voyer des cantiques et des psaumes, ce qui
doit s'entendre, non des psaumes de David ,
mais de quelques hymnes qui entrent dans
leur liturgie. Le savant orientaliste Castel,
qui avait eu connaissance de la liturgie dns
Sni.aritains, à l'usage de la S.yna^ogue de
Damas, en .^ pla<;é quelques extraits dans
son Lexicon Polygloiton.
L'écrit le plus important qu'aient eu les Sa-
maritains, au point de vue des études bibli-
ques, c'est leur Pentateuque. Ce n'est point
une traduction, c'est l'hébreu écrit en carac-
tères samaritains, avec quelques variantes.
Basnage lui consacra le chapitre onze du se-
cond livre de son Histoire des Juifs, W. Whis-
toaa^i^n^Ié sur quels points il s'éloignait
du texte hébreu {An Essay tottardsrttivnt^
ihe truetext of iheOld Testament ^appmdii,
London. 1722, in-8'). Voici également Tir-
dication de quelques autres ouvrages iut
Je même sujet :
ExercitationeshistoricO'Criticœinutrum^f
Samaritanorum Penfateuchum.., auctorF. L
Schwarzius, Wittemhergœ, 1753, in-4*;.W
veaux éclaircissements sur T origine et ie Pmo-
ieuque des Samaritains, par un religieux fir
nédictin de la congrégation de SaintSfiv
(D. Maurice Poncel],avec une Préface et uf^
notes parD. Clément, Paris, 1760, in-8*;i)ii.
puUUio historico-philotogicO'critica de Pn-
tateucho Hebrœo-Samaritano^abHebrctù, e(^t
masorethico drscripto exemplari, quamprenéi
0. D, Tychsen, eruditorum examini suhjir:*:
IVr-'rcus Moses, Bnetzovii, 1765, in-i*; b*
Pentaleuchi Samaritani origine , indoU ti
auctoritate commentatio phiiologicO'Critira,
scripsit 6. Gesenius, Halœ, 181*5, in4'.
Ce texte a d'ailleurs eu plusieurs éditions;
nous citerons le Codex samarittxnus Paritirn-
sisSanctœGenovefœ^prœmissacommentatiodt
Samarilanœ gentts religione Œvirecentiont, ^
J. M. Lohstein. Francfort, 1781, in-B"; c\ i^
Pentateuchus Hebriro-Samaritanus , charaC'
tere HebrœO'Chaldaico, editus cura.elsliuli'».
Benj. Blayney, Oxford, 1700, in-H*. Belle
édition.
M. Silvestre de Sacy inséra nn mémoire
dans les Annales des voyages, 18t2, lequel a
été traduit en allemand (Ueber den gegn-
itdrtigen Zustand der Samaritaner), et pul»!.»^
h Francfort en 18li, in-8*, 64 pages, h
voici un extrait :
« Les Samaritains ont toujours possédée
possèdent encore aujourd'hui la loi de Mn^e
en langue hébraïque. Cet exemplaire, ;i
même , en général , que celui des Juib, en
diffèrejcependantparun assez grand norol*rf
de variantes et par une quantitécoosidéraMe
d'additions, d'omissions, de ehangeroenu
qui ont été failli è dessein, soit dans Teiem-
plaire des Juifs, soit dans celui des Samari-
tains. Il en diffère encore essentielienienl
par le caractère de l'écriture. En outre, les
Samaritains n'ont jamais imité rexempleiii'^
Juifs, des Syriens et des Arabes, qui «n(
introduit dans leur caractère des fis'N^^
propres à suppléer h l'absence des vo^eîlw
et à fixer la prononciation.
«Outre le texte du Penlatcuqne, les S-v
raaritains en possèdent une version écrtu*
avec Jes mômes caractères que le icile ori-
ginal , mais dans un dialecte partiniiler,
auquel on a donné le nom de samaritain.^!
qui, tenant de l'hébreu, du chaldéenet au
syriaque, en diffère cependant d'une mani^n»
asseï notable, soit par ses formes grammai.'
cales, soit par des raisons qui lui soni |v»f-
ticulières ou par des acceptions différente-
de celles qu'ont dans ces autres \sngii^^
des mots qui leursont communs avec le ^i'*"
lecto samaritain. Plus anciennement. '<*^
Samaritains fiaraissent avoir eu poor N^
usage une version grecque des iivre5 ne
Uoiseï comme dans des temps poslérrear^i
8S9
SAM
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAM
890
)[$ oui eu une tr/iduclion arabe des Diémes
l;rres et des commentaires en la même
langue. Ils ont aussi des liturgies écritesi
soit en hébreu , soit en samaritain ; ils
écrivent quelquefois la langue arabe en
caractères samaritains, comme les Juifs ré-
crivent en caractères hébreux. Il est vrai-
semblable quMIs ont eu des historiens» mais
nous ne connaissons point leurs ouvrages,
si on en excepte deux mauvaises chroni*
ques remplies de bévues et d*anachronismes.
Le voyageur Pietro délia Valle acheta h
Damas» en 1616 » un exemplaire du Peota*
teoque samaritain» et le remit à Tambassa-
deur français à Constantinople» Achille Har-
la^ de Sancy. Ce ministre Tenvoya à la
maison des Pères de rOratoire, et, d*après
ee manuscrit, le P. Morin inséra dans ta Po'»
IjfghUe de Le Jay ce texte précieux.
Depuis, d*autres manuscrits ont été
apportés en Europe ; on en reconnaît
aujourd'hui quinze ou seize ( 868 }» sans
parler de quelques fragments de litur-
gies» de eonmentaires sur le Pentateuque»etc.
Ajoutons la version arabe des livres de
Moïse» faite pour Tusage de cette secte » et
que M. de Saoy fait connaître dans un mé-
moire latin publiédansleiReper^ortiim /tir i^t-
iAirke und Morgenlàndische /iiero/tird'Eich-
liorn. Ce travail» j:efondu et augmenté, a re-
paru dans le^ tome XIJX des Mémoires de
t Académie de$ inecripiione et bellee-lei'-
l^ons avons dit que le texte samaritain a
étéTobjet des travaux de divers érudits.
Ajoutons que parmi les divers écrits de
Torientaliste E. Scheid » il s'en trouve un
intitulé : Varietas leclionum seleclarum ex
Ptntnleueho SamariianOf 1776.
Quelques savants européens ont cherché
à établir des rapports avec les Samaritains»
dans Tespoir d'obtenir d'eux des renseigne*
meiitssur divers points des rites et de Inis-
toiredes Juifs. Joseph Scaliger leur écrivit;
deux réponses adressées par les Samaritains
de Naplouseet du Caire» et datées de 1589,
parvinrent en Europe après !a mort de cet
érudit. Ces lettres arrivèrent aux mains du
P. Morin qui en fit une traduction peu exacte.
Elle fut publiée par Richard Simon dans le
recueil intitulé Antiquikitee Ecclesiœ Orten-
talis; M. Silveslre de Sacy en a donné le
texte avec une traduction nouvelle et quel-
ques notes dans le Repertorium déjà cité.
En 1671, Robert Buntington, chapelain de
la factorerie anglaise d*Alep» fit un voyage
en Palestine i il visita les Samaritains» qui
le chargèrent de porter de leur part des
lettres aux Israélites qui étaient en An-
gleterre; plus tard ils adressèrent à Hun* <
tinglon une lettre arabe. M. de Sacy donna
des détails sur cette correspondance ainsi
que sur deux lettres écrites en 1686» à To-
rientaliste Ludolphe» et publiées h Zeiz en •
1688 sous le titre suivant : Epislolœ Sama^
ritancn Sichemilarum ad J, Ludolphum^ cum
ejuêdem Latina versione et annotationibus.
Accedit versio Latina persimilium litiera'
rum a Sichemitis haud ita pridem ad Angios
datarum. (Voy. aussi fiasnage» ouvrage
cité, p. 170 180.;
En 1808» des renseignements relatifs aux
Samaritains furent transmis par des consuls
français au ministre des affaires étrangères»
(^nformémentà la demande qu*il avait faite.
H. de Sacy a extrait ce qu*il y avait de plus
eurîeux dans ces informations. (Voy. aussi
le Moniteur, 6 juillet et 31 aoât 1811.) Il en
résulte que les Samaritains étaient réduits
h une soixantaine d'individus vivant dans
la misère et hahitant dix à douze maisons
groupées dans un quartier de Naplouse. Ils
n'ont qu un seul livre, la Bible, dont le texte
est fort altéré. Lo premier jour de Pâques
ils célèbrent h minuit la fête du saeritice;
leur grand prêtre (ou Khacon) égorge avec
un couteau un mouton conduit dans leur
synagogue.
H. de Sacy entra lui-même en correspon-
dance avec les Samaritains» et en 1811» en
réponse à des questions qu'il avait tran.<-
mises sur les rites et la croyance de ces
sectaires» il regutde Salan\ëh» flls de Tobie»
prêtre lévite è Sichem, un lon^émoire écrit
en lettres samaritaines et en hébreu cor-
rompu ; il en a fait connaître la substance dans
le travail qu'il a publié en 1812, mais nous
n*avons pas à entrer dans ces détails qui
sont étrangers è notre sujet.
«•Plus tard^ dans un autre de ses ouvrages»
H. Silvestre de Sacy (Chrestomalhie arabe,
t. 11] s'occupa encore» d'après Makrizi, his-
torien arabe» des Samaritains; il parla de
leurs deux chroniques» Tune {Le livre de
Jotué) écrite en caractères samaritains» mais
en langue arabe; la bibliothèque de Leydo
en possède le seul manuscrit connu» la Bi-
bliothèque impériale en conserve une copie
qui a appartenu au savani Relend. L'autro
chronique» dont l'auteur se nomme AbouU
fatah, Cdt écrite en langue et en caractères,
arabes. Elle est postérieure à la précédente,,
(868) LeP. Horin, dont nous venons de parler, ne se
(Onienia pas d*édiler le texle s^mariuin; il le prit
pourMijeid*anvolumein-i«,qu*itÛiparaltre en 1651 :
ii^ciiationei eccieiioiticœ in utrumf^ue Samari"
tMorum t^eniateuekum; de illorum reiighne el mO'
n^vi Cei ouvrage, dans lequel le savaBi oralorien
J^anbit le lexte samaritain avec la partialiié de
'homme qui croit avoir fait une importante décou-
^TctÇi fut combattu par un éiudii prolestant, J.-N.
Hotiiiigner, lei|iiel mit au jour, à Zurich, en 1644,
^ EitrcUationei anti-Morinianm de Pentateucho
Samantano,,. in miibui non tantum firwis rationi*
bu* Pentaleuchui Samariiieuet magno cvnatu ah ip*a
cnfioiifialMS, convellUur^ apograpkuu wtioêum cjt
llebrœo auloffrapho demonuratua, eed etiamnennulta
S, Seriptnrm et antitiuHaUe io€0. digUiiiom de Sa^
mantanûrumr€ligione,uniiU$, monkuit iUuêirantur^
Les orientalistes actuels. UiissaAi de c6'é toute
opinion exagérée , voient dans le Pentateuaue sa-
maritain ce qu'il est réellement ; riiébreu écrit en
caractères samaritains avec quel|ue8 variantes.
f9t
DiCTlONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
dont elle a conservé en f>lusieurs endroits
les expressions; elle est bien plus étendue;
la bibliothèque Bodieyenne, à Oxford, en pos-
sède un manuscrit dont Schnurrera fait con-
naître quelques extraits. Voir Eichhorn , Ae-
f^ertorium fUr morgenl. littérature ix, iS, et
es articles de Paulus dans le Neues Reper^
torium, t. I, p. 117 et dans les Memorabi-
lien^ t. II, p. îh.
La bibliothèque impériale en possède aussi
un manoscrit incomplet; il est fort bien
écrit; les noms propres hébreux et les ci-
tations du Pentateuque sont en caractères
samaritains. M. Silvestre de Sacy a traduit
un fragment dont Schnurrer ne s'était pas
occupéy et qui raconte Tentrevue d'Alexan-
dre le Grand avec Sanaballat, grand prêtre
des Samaritains. Selon le chroniqueur, à
peine Alexandre eut-il aperçu le souverain
pontife» qn*il s*empressa de descendre decbe-
val et de baiser la terre devant lui en lui
disant : « Mon seigneur et mon maître, don-
nez-moi, je vous prie, votre bénédiction. »
Les généraux et les officiers de ses troupes,
le voyant agir de la sorte, en firent autant,
Sooique étonnés au dernier point d'une con-
uite dont ils ignoraient le motif. Lorsque
le roi fut seul avec eux, ils lui témoignè-
rent leur surprise de ce que les Samaritains
l'avaientainsireçu par une puissance secrète,
qu'ils attribuaient a des enchantements et à
la magie. Mais le roi leur apprit que, lorsqu'il
était en présence de Darius, il avait vu ce
même grand prêtre qui, descendant du ciel,
lui avait dit : « Ne crains rien, Dieu est avec
toi ; tous les peuples de la terre te sont sou-
mis; tu triompheras de ton ennemi: » paroles
qui avaient eu leur accomplissement exact.
Alors Alexandre fit de riches présents au
grand* prêtre et à tous les Samaritains, et
reconnut que leur Dieu était le plus grand
de tous les dieux.
Le précieux recueil des Annales de pftt-
hsophie chrétienne renferme, t. VIII, no-
vembre 1853, une lettre fort intéressante
sur les Samaritains, elle est sortie de !a
plume d'un des collaborateurs de notre
Dictionnaire e M. le chevalier Drach. On
nous saura sans doute gré de la reproduire
ici:
▲ M. Augustin Bonnbttt.
« Monsieur, docte el respectable ami,
« Dans le tome IV, S- année (1" série),
de vos précieuses ilnna/es de philosophie chré'
tienne, vous avez donné deux articles in-
téressants sur les Samaritains. Depuis le
Mémoire que feu M. le baron Silvestre de
Sacy publia en 1812, et que vous avez re-
produit, on n'a plus rien appris touchant
cette ancienne tribu. Je suis heureux de
pouvoir vous adresser un document qui four-*
nira de nouveaux renseignements sur les
Samaritains encore existants de nos jours.
« Ceux*ci m'ont fait parvenir, il y a fo-
viron douze ans, une lettre rédigée dans lei'
propre dialecte, adressée h un souverain d?
rOccident , avec prière de la présenter î
Tauguste destinataire, et d'appuver leQ^r^
3uête. Je l'ai remise fidèlement avec iatr^
uction que j'en avais faite. Le gooTene-
ment du prince, k qui j'avais manifesté e
désir de publier cette pièce, m'engagea, rir
certaines considérations, de m'en ahsk.r
pour le moment d'alors. Le temps qui ooa
sépare de l'époque dont je parle, et les ci--
constances n'étant plus les mêmes, il mVt
enfin permis de livrer au public ce mon-
ceau de littérature orientale, ^ui excitera,
je pense, un vif intérêt sous plusd^uorsi-
port. Seulement j'y remplacerai perdes^**,
comme indifférent à notre objet, le nom de
l'Ëtat dont ces pauvres restes d'une naiioQ
célèbre dans les fastes religieux, réclamaieoi
la protection, ou au moins finterventioa
oflicieuse, contre l'oppression et les pers^i-
cutions des musulmans.
< Cette pièce, qui renferme toutes les let-
tres de l'alphabet, offre un modèle des rf-
ritables caractères dont les Samaritains font
usage dans leur écriture, caractères dilTé-
rents de ceux que nous voyons dans les po-
lyglottes qui ont le Pentateuque des Sama-
ritains et leur version, comme aussi dan^
les grammaires des langues orientales, h
Tai calquée aGn do vous en donner an foc-
simile exact. Dans la vue d'en faciliter li
lecture, je transcris l'original en caractères
hébraïques, et j'indique par des chiffres ks
lignes correspondantes de l'un et de Taoïre
texte ; c'est ce fac-similé que vous avez ïm
voulu faire graver pour le joindre à orUe
lettre (868*).
c Le scribe a ajouté au-dessus des \)?^^
5, 11, 15, 16, 32, des lettres qu'il avait ua-
blié d*écrire, et deux ooints au-dessos i:
la ligne 2k.
« Cette supplique des Samaritains ne porte
point de date. Cependant je sais qu'elle fjt
écrite vers la fin de l'été de 18^2. Elle»*
nomme pas le souverain à qui elle éMi
adressée, mais seulement le pays souom
à son autorité. Enfin, un simple paraphe
tient lieu de toute signature de nom propre,
bien crue la pièce émane du grand ftèirt
Salami qui 1^ écrite comme représentant
sa nation.
•t L'envoi de la pièce principale était ac-
compagné : 1' de la généalogie, en arabe, da
Cohen, c'est-à-dire grand prêtre, Salamc "^
Sélaméh, que les Samaritains (ont remonter
jusqu'à Aaron, frère de Moïse ; 2* de dt'U»
lettres que m'écrivaient un consul ànoe
échelle du Levant et un personnages*^
tingué voyageant en Orient, à (iuij*a«'>
Srocuré de bonnes recommandations de <
ropagande de Home. Des extraits de cel e**
ci et la traduction de la généalogie appar-
tiennent de droit aux renseignements 4^^
fournit le présent article.
\86S*) Nous ne reproduisons pas Ici ce fac-similé.
«5
SAM
PART, m — LEGENDES EN FRAGMENTS.
SAM
804
«éSBAlQUESDE LA LETTRE SAMARITAINE.
nnibciai n^m nrabw p^TM P'stïk 'fib rccnnm ^nflo btisd i
7^»^ TBTW TDtypn isDBnan roSno nprnrn ""^ ro^ «
Q'Q?n Sd ^3 tst pabba DOp ^S^^ iwirn iTon tpSst non |r^ 3
nayicb Tan' >bro pt Ssa tinan p -^ra : ]t3î< traz^n ha nnn *
îTTOnn rrm nro /do rnn on*© T*m^ "piN^ ]h vmp pnrui ncn 5
ronn 3^ p a^n Y^KH Soa ]TiTni pX3«iTi pcsttna irna^ nb 6
.TTxn pnxn ruaSwS nsnfiTi Mmm Vnm rrom wi h-dt» miS^n 7
D">pn dh^Sk tos prd nwro nom Dias«na laurp po r^N dod^ mVi d^Su^h 8
D^ttmnpyaoDi D'-ayrt pS»! wrp' : \atî joh wyn ^vm Sk armsho w 9
D^yjsna : rrori nrïnaSar.n» rraits mn Ssr DDom n-np Vï nnn mv ^o
Dn?OTn rro DDntnia ruv tanaN : ***nTDnn nsbom Tom pTin il
tara >nm p» y-^na n^KStim^ pa 3TTp D'^r-u "vn Via dw -ï'vi D^Naron i2
^aan ntra rmn totc Sy D^oyp to D^yaiK vtbdq tot^ rra^o' o^ona 13
Vip Ta^nTiH ivom dvïti : -u^nte *»a bîrwr fe >3'3;S Sk n»iwna p ti
• «D^S>a» TO>5Jn kVi vim'c» p laprcmn hd nny "nn ^a^o in Sy nw 15
1MK Tttm naTi b n» iixtskV nana no^œ D^ran ]m nt-^a n 16
T3nm : tnaotnan kVi tSst -©wn kS mzrySinOOTi mn m^nntra n
pûTOm >3rBi p^pia Tian D^S^woorn Tastra nnn •dtuk »a p^iTw hn 18
kS 7n nama cnasuno mia s^Sao *pan p mSa^ ^ss ctn Sa n:» bû onb pui 19
D>D%T ^san lany w:n la^Sy "ODri™ D^o'n rww : fn aw po ww îo
^Saia Saia «bi wih tod> ]m inpn nwy pi •coa "on' rra D>:3w»K'Tn 21
mVi pwn hS omSn Dn>aWD>3>xn Tinwra nSk ommaS wra «Vi Taisa 2«
pb laTTOsa ybtD2 vmn «b« : îTttma vh\ iab;a lab «anaa ^bi maa 23
ib>vn nînjm rwwi rtn "npn ]h p^iabtr mon-i mn by pn> 24
Tnron 'o'aa ntzna m -Tara byi Tj^tr^n 'K^m n'ftTn nN'ra "utin 25
•UT»avn Damom rmp bx mm \u^ ycnm wn27 pi "uas 20
•a^Ksca Tiw: wa Diw nw nha^ »b nb ^a nrmn trp •nn 27
mn^ -Tom |« Ta^^n ^ry ba la^an vraH ntem m bjr taipr 28
B'OTi Hb ]H DanpTï p «ma rmsn : Tasoai ynb bao Da^mabDD 29
Dattnr ]a opmw nVbm : Da'moma Ta^by lorm opn pWjr 5u
Kb]« inte ana pab^«;3 : cao aTOm-KT^T my rrabya vh^nn 'a 31
: pî< p3» : oa^rroboa D^p^ naur bai dw byj caa «mo nab ma' 52
aa^Tay wa«
nanca
DatZ7
Traducd'on d« fa lettre ou requête des Sa-
maritainê.
«Exposition de demande et de supplica-
tion devant Nos Seigneurs et Maîtres du
gouvernement exalté, et royaume puissant,
le royaume généreux de ***, dont l'allure
est la justice, l'équité et la droiture. Que
notre bieu Très-Haut fasse durer sur lui le
lK>nheur et la grAce, et fasse éclater l'équité
de leur (869) justice à la face de tous les
peuples qui sont sous toute l'étendue du
ciel. Amen.
« Dorénavant nous élèverons en tout temps
iios mains vers celui qui trône au haut des
cieui, et nous prierons devant lui, afln qu'il
fasse durer et agrandisse ce paradis, le royau-
me exalté, bienfaisant, dont l'équitable jus*
tice, la bonne foi et la bonté (869^) se sont
manifestées par toute la terre ; et qu'il dé-
partisse de la multitude de ses miséricordes,
et de sa puissance, la continuation de la
force, de la puissance, de la supériorité, de
l'exaltation et de la victoire au gouverne-
ment généreux, ainsi qu'aux hommes de
crédit, revêtus de son autorité; et que Dieu
ne les laisse pas s'écarter de leur équitable
justice, mais qu'il leur accorde ses dons
(870) , et maintienne la puissance de lenr gou-
(M9) Dii [hommei au gouvernement. Ce passage
bribque du singulier au pluriel , et vice versa , se
l'enconlre plus d'une fois dans celte lettre. Il est
^êquent en hébreu. Ou en verra un exemple dans le
t«:xie du DenUronome^ xni. 1, qui va élre cité.
(869') A la leure : Viquhédeleurjuitiee, et leur
bonne foi et leur bonté. Voyez la note précédente.
(870) Ces mots : On^M VS^ iImD nMITO KUrn
sont empruntés du livre de la Genèse xlui, 54.
1
895
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Ternement jusqu'aux derniers jours. Amen,
amen.
c Permettez que ces pauvres esclaves sup-
pliants passent sous l*ombre du toit (871) de
votre pitié, h la porte de la bonté des mains
du gouvernement eialté. Ils implorent la
justice et la bonne grâce du royaume gé-
néreux de ♦** (872).
« Nous, les esclaves de votre bonté, som-
mes la communauté, réduite h un petit nom-
bre, des Samaritains établis depuis les iours
anciens dans la ville de Sichem (873), en
face du mont Garizim, proche de Jérusalem,
dans le pays de Chanaan (87^). Notre popu-
lation nrrive à quarante familles (875). Nous
demeurons attachés de tout notre pouvoir
k Tobservance de la loi de Moïse le pro-
phète, depuis le moi beréschit (876) jusqu aux
mots leéne col ytsraël (877). Et depuis le
jour où nos ancêtres entendirent la voix
de Jéhova (878) sur le mont Sinaï, jusqu'à
présent, nous ne nous sommes pas écartés
de notre religion (879), et nous n*avons point
détourné notre voie, mais nous persistons
h observer l'alliance de notre loi, fidèles è
cette règle prescrite par Moïse (880) à nos
ancêtres : « Vous observerez pour Texécuter
tout ce que je t^ordonne (881) aujourd'hui.
Vous n'y ajouterez rien ni n'en retranche-
rez rien ISS2). »
9 Et sachez, 6 Nos Seigneurs, que nous
sommes toujours sous la domination des
Ismaélites (883). Nous les honorons et nous
supportons volontiers leur autorité. Nous
leur donnons paran de l'argent, chacun selon
ses facultés, supportant lachargede leurs exi-
gences (884), afin qu'ils ne prétendent pas
que nous renoncions h notre foi.
« Mais ces jours derniers, les gens de no-
Ire ville se sont tournés contre nous, et re-
nouvellent I en rs vexations des temps passés,
nous empêchant d'observer les préceptes de
notre loi. Et nous ne pouvons exercer ouver-
tement notre cuite ; et nul ne prend notre
défense (885) : de sorte que nous demeurons
(871) ^Littéralement : De la poutre. Cf. Gen,, xix,
8. mp 7n ne, venerunl sut umbram trahis meœ.
(87i) Litt. : //< ftrUni en jutlice et en grâce le
roiaume de.,.
(875) Plus tard Meapolh^ et intintiuiant NaploHêe*
Cette ville esl appelée Sichar en iaitU Jean, iv, 5.
G*est à lort que Barbie du Bocage, dans son DiC'
thn. géogr. (te la Bible , distingue cen deux lieux
«ur l^auiorité de Reicitard.
(874) .Nom bibli<iue de la Palestine.
(875) Le texte porte :QiiarafiCe mattoiif , D^*1M
(876) Premier mot du texte hé »reu do Pentate u-
que. n lignifie : Au commencement.
(877) Les trois derniers mots du texte bébrpo du
même volume. Hs signifient : Aux veux de tout
hroil,
{%l%y Les Samaritains ne se Ibnt pas scrupule
d'écrire et de prononcer le nom divin Jihova. C*est
un de leurs us«ges que les Juirs leur imputent k
crime. Voyez mon llarmonie entre PEgltee et la
Sffnoûûgue, U I, p. 558, 559.
(879) Liti. : De nos observaneee. Les Samaritains
aATocient d'employer en ce sens le radical noor,
d*où ils tirent leur nom , D^lDV , qui signifie pro-
abandonnés k notre malheur* ayant le txnr
brisé, sans sécurité, sans repos. Et nous ne
trouvons (886) ni repos, ni refuge,ni prole^
teur.
« Dans de telles circonstances nous nous
jetons entre vos mains, h la porte de la mi-
séricorde de votre gouvernement, afin qoe
vous nous tendiez la main (887), que vniï
nous sauviez de cette oppression, que Tr«>
receviez notre tète de cette misère, ûoe tdqi
nous souteniez dans l'observance de la
de Moïse notre prophète, que vous nousK*
mettiez au nombrede vos esclaves, que roQ«
nous fassiez passer sous Tombre du (oii oe
votre miséricorde.
« Et les dernières générations saarool eo-
core que sans la puissance de Jéhova, et sfu
vous, nul nese serait inquiété de noire ^t-
te (888). Et tous les jours de notre vie, noti>
nous tiendrons en prière, nous et nos en-
fants, afin que Jéhova préserve votre ro^auiM
de toute oppression et de toute calamité.
« Et maintenant nous supplions votre gé-
nérosité de ne pas repousser notre demaDde.
Ayez compassion de nous selon votre misé-
ricorde. A Dieu ne plaise que s*en revienne
avec un refus (889) celui qui recourt è voue
car au monde entier se sont manifesins
vos œuvres de justice et de bonté. Nous
prions Notre Seigneur dans sa toute-puis-
sance de ne pas nous priver de votre solli-
citude, et qu*il affermisse votre règne lu-
dessus de toute contradiction, de tout eoDf
mi. Amen, amen. »
Nous, vos esclaves,
La communauté des Samarilains,
Dans la ville de Sicbea
Ml
BITBIIT D*U1IB LETTRE DE M. LE VICOMTCM
à. M. DRACH.
« Monsieur le chevalier,
« Je suis à Jaffa, de retour de mon p^'* -
rinage dans la ville sainte , oiï grice i }
puissantes recommandations que je dois à
E rement : Stricte obeervateurt (de la loi «Asiîqari
e radical "IDB^, ayanl la signification A'obuntr,
revient cinq fois dans ceita leure.
(S80) LiU. : Cette parole de Moite à nos ancéirei.
1881) Cliangemeiit de nombre. Voy. note SCS.
h8i) Ce verset du Deut. xni, f (Vulg. m.*^^'*
esl cité conformément au texte samaritain, qui ^i'-
fère ici du texte des Juifs. Celui-ci j porte : bs ni
vh mwS rram .itih usth mana »a» •«» "c^
|Nis le mot Ufi7\ « aujourd'hui.
^ (885) C'est-à-dire des musulmans.
(88i) Litt. : La fatigue de leur loi de cêdee». Ui
Samaritains négligeni souvent la (orme %pp^^ P'
les grammairiens Status constructus. Il y a de cdJ
d*autres exemples dans cette leiire même.
(885) Litt. : Et nul ne relève notre téu.
(88t$) On pourrait aussi traduire x Ei'dm^
trouve pour nous ni...
(887) Litt. : Que vous saisissiet notre mds.
(888) LiU. : Non relictus [meset fêàm eetOt"
stère.
(889) Litt. : S'en revienne vide.
897
2$AM
PART. IIL-LEGENDES ET FRAGMENTS*
SAM
898
votre bonté «j'Ai été on ne peut inieax reçu.
« Comme tous m'aviez paru le désirer,
je me sais empressé de voir par moi-mfroie
les Samaritains de Naplouse, singulier peu-
ple composé de 130 individus, qui ont con-
servé sans mélange le sang et la religion
de leurs pères. Le grand prêtre Salami ibn
Tobie m'a montré les rouleaux de vieux par-
chemins, contenant les livres de Moïse, écrits
de la main d'Abischa, fils de Phinée (Phi-
néès), OIsd'Eiéazar, fils d*Aaron. Telles sont
leurs prétentions modestes.
c L écriture m'a paru singulière et bizarre.
Malgré leur assurance aue personne hors de
leur secte n'avait la de de ces hiéroglyphes^
je soupçonne que ce peut être l'écriture rat>-
hinique, ou quelque dérivation d'une écri«
lure an< ienne, probablement connue de vo-
tre immense savoir. J'ai donc fait tous mes
efforts pour décider le grand prêtre à vous
ocrire quelques lignes dans cette langue.
Mais soit détiancet soit crainte, je n'ai pu y
réussir.
< Les Samaritains sont très-malbeureux ,
persécutés par les Turcs, leurs oppresseurs,
et parles Juifs leurs ennemis implacables.
Le grand prêtre a pris le parti d'adresser
nue pétition au roi de ^*^ pour demander
la faveur d'être admis au nombre de ses
protégés. Sachant, M. le chevalier, combien
ce souverain a de considération pour vous,
fai donné l'idée à son consul de vous en*
Voyer à vous-même la pétition qu'il va
lâcher de faire écrire en samaritain. Vous
aurez ainsi sous les yeux un modèle authen-
tique de leurs caractères et de leur idiome.
ie crois en outre que, présentée par votre
ioiermédiaire à Sa Majesté, la pétition aura
plus de chance, sans aucun doute, que par
ia voie lente et les formalités des bu-
reaux.
< Le grand prêtre Salamé est A^é de 61
aos. Il a de l'esprit. Il écrit très-bien l'arabe
et riiébreu, deu^ langues qui vous sont fa-
milières. Comme par malheur je n'avais
pas de droffman, il y a bien des choses que
je n'ai pu lui demander, bien de ses répon-
ses doat je n'ai pu saisir le sens.
« Voilà, Monsieur le chevalier, ce qu'il m'a
été possible de faire dans Tespérance de vous
èlre agréable, et dans l'intérêt de la science,
si, comme je n'en doute point, vous prenez
^ cœur de jeter du jour sur ce peuple ex-
traordinaire, et jusqu'à présent si peu con-
nu. »
CXTtÀlT d'uWB LETTRII DB M. *** GONSOL ▲ ***,
A M. DBAGH.
< Monsieur le chevalier,
« M. le vicomte de ***$ <]ue j'eus le bon-
heur de posséder chez moi pendant les pre-
tuiers jours du mois de septembre, me parla
du désir que tous lui aviez témoisne d'a-
voir quelques renseignements sur la secte
desSaaiariiains,etse plaignit d'avoir échoué
dans le dessein qui l'avait conduit è Na-
plouse, n'avant pu en rapporter un échan-
tillon de l'écriture des soi-disant descen-
dants d'Aaron. Lui ayant dit que je pouvais
m'en procurer en saisissant l'occasion d'une
requête que Salamé, Qls de Tobie, Cohen,
grand prêtre actuel des Samaritains, désirait
faire parvenir è Sa Majesté ***, en recom-
mandant que cette pièce soit réidigée dans
son idiome national, et non en arabe ; M. de
*** me pria de faire en sorte de réussir.
J'écrivis par conséquent à Salamé, et iiier
seulement j'ai reçu sa requête en samari'»
ritain. J'ai donc l'honneur de vous la remet-
tre ci-jointe. Monsieur le chevalier, ainsi
Ju'une liste en arabe de toute la généalogie
es chefsde cette secte, depuis Aaron jusqu'à
nos jours. Je réclame de votre bonté de iaire
tenir la requête è Sa Majesté, (K>ur n'aroir
pas leurré d'une vaine promesse le chHf de
cette tribu, qui est vraiment malheureuse
par tontes les exactions et toutes les ava-
nies que le gouvernement musulman lui
fait subir, les Turcs prenant même parfois
quelques-uns de ses membre^, et les obli-
geant è se faire Musulmans, ainsi que cela
a eu lieu, il y a peu de semaines, envers
deux jeunes gens. J'ai donc prorais è Sa-
lamé de faire arriver sa requête jusqu'aux
pieds de Sa Majesté, espérant que son gou-
vernement paternel prendra en considféra-
tion la fâcheuse position de cette triba, et
lui accordera, sinon sa protection entière,
du moins réclamera des ordres véhénenls
d'Abdul-Medjid, afin que ses gouverneurs de
Maplouse et ses pachas de Syrie aient quel-
ques égards pour ces M ou 60 malhenreu*
ses familles.
« Salamé m'a demandé s'il y avait desee
coreligionnaires en Europe. Ne croyant pas
Îu'il en existât, au moins sous te nom de
amaritains^ je lui ai répondu négativement.
Peut-être ai-je fait erreur. »
Cénéaloffie du Cohen Sélamek , laquelle remotUê
jusqu'à Aharon»
SÉLAMEH ,
1. Fils de Asaél.
2. Fils dlMsc.
3. Fils d*Abrabam.
4. Fils d'isaac.
5. Fils de Sadakeh.
6. Fils de Sélameh.
7. Fils de Phinliés.
8. Fils dEléiktar.
9. Fils de Pbinhès.
iO. FiU d*Eléàzar.
il. Fils d'Abiscbàt.
12. Fils de Pbinliës.
13. FiU d*£léàzar.
14. FiU de Phinbès.
15. Fils de Josepb.
16. ¥\U d*Osée.
17. Fils d*Ainraiu
18. Fils d'Ëlvinaz.
19. FUS de Naihtitaél.
«0. Fils d*Elétoir.
21. Fils de Haroun.
2â. Fils d*Aniran.
23. Fils de Lévy.
24. Fils d*Osée.
25. Fils de Baba.
26. Fils de Natbanaél.
27. Fils de Haroun.
28. Fils d*Amran.
29. Fils de Haroun.
50. Fils d*Ainran.
31. Fils de Sadakeb.
32. Fils de Harotm.
35. Fils d*£léll£ar.
34. Fils de Haroun.
35. Fils d*Abdaél.
36. Fils d'Eléâzar.
37. Fils d^Abdaél.
58. Fils d*Eléàzar.
39. Fils d^Abdaêl.
40. Fils de NaUitnaël.
41. Fils de Phiuhés.
42. Fils d*Eléiiar.
43. Fils de Natbana.
44. Fils dEléàiar.
45. Fils de Baba.
46. Fils de Natbanaél.
47. Fils de Pbtnbés.
48. Fils de Lévy.
49. Fils d^Ocboun.
69. Fils d*£léàxar.
51. Fils d*Ocboun.
52. Fils d*Elé4zar.
53. FiU d*Ocbouii.
54. Fils de Naibauaêl.
55. Fils dOcbouii.
56. FiU de Naihanaéi 0^
bouii.
57. ru d*E(éàzar.
58. FiU de Baba.
899
59. Fils
60. Filf
61. Fils
62. Fils
65. Fils
64. Fils
65. Fils
66. Fils
67. Fils
08. Fils
69. Fils
70. Fils
71. Fils
72. Fils
73. Fils
74. Fils
75. Fils
76. Fils
77. Fils
78. Fils
79. Fils
80. Fils
81. Fils
82. Fils
83. Fils
84. Fils
85. Fils
86. Fils
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
M)
d'Eléâiar.
de Pbinbès.
d*Ocboun.
d*Afnran.
de Tobiah.
de Scbeiniah»
d*E1iscbinà.i.
de Yebonatban.
de YahkaiD.
de Nalbanaél*
de Yaîr.
de Menascha.
d*Eléàzar.
de Lévy.
d*Ocbiab.
d*Ocoub.
de Daliab.
de Hezkiah.
de Hanan.
d*Amran.
de Hananiab.
de Hezkiab.
d*AbJaél.
de Azariab.
de Nalbanaél.
de Lévy.
de Schériab.
de HéUl.
87. FiU d*Ocbiah.
88. Fils d^Acoub.
89. Fils d*AmraD.
90. Fils de Helkiab.
91. FiUd'Amran.
92. Fils de Saddik.
93. Fils de Tobiah.
94. Fils d*lsmaét.
95. Fils de Yehunan.
96. Fils de Yȕr.
97. Fils de Daliab.
98. Fils de Yaîr.
99. Fils de Yébonathan.
100. Fils de Hezkiab.
101. Fils de Sclieloum.
102. Fils de Scbebel.
103. Fils de Bariki.
104. Fils de Scliischi.
105. Fils d^Osée.
106. Fils de fialiki.
107. Fils de bchiscbi.
108. Fils d'Ahischâa.
109. Fils d^ Phiiiliès.
ItO. Fils d*Kléàzar.
111. FilsdellaroutiJrére
de n«ilre seigneur
Miiise, et soucbe
des pooiifes
« Telle est la chaîne de notre généalogie ,
J|ui remonte jusc}u*à Haroun le prophète,
rère de notre seigneur Moïse, par la main
duquel la loi sainte nous a été transmi-
se (890). »
« Il me reste è consigner ici quelques ob-
servations sur les savantes pages de M. le
baron Silvestre de Sacy. Je le fais en trem-
blant ; car grand est ce nom de si docte, de
si vénérable mémoire. Je lui ai voué une
éternelle reconnaissance. Il m*a dirigé avec
une extrême complaisance dans Tétude de
Tarabe, et sachant que j'étais un jeune homme
peu fortuné, il eut la charité de me pour-
voir à ses frais des livres dont j*avais besoin
pour cette élude. Ma conversion à la sainte
religion catholique combla de joie cet excel-
lent Chrétien ; et pendant mon séjour à
Home, il m'honorait de sa correspondance,
jusqu'à la dernière époque de sa glorieuse
carrière ici-bas. Nul ne respecte plus que
moi l'autorité de ce grand homme , et je ne
hasarde mes observations que comme des
doutes. Maissi elles ont quelque fondement,
il faudra bien se conformer è cet apoph<*
the^me , ftk^ç n^ar^v , iXkù iiAïkw i àïîàBtim f
amicus PlatOf magis autem arnica verilas (Ga*
lien).
1 Je citerai, Monsieur, en renvoyant aux
pages du tome VI de vos Annales {V série),
où se trouvent ses deux savants Mémoires.
«{ Page 255, note 3. «... et qu'on a observé
que les Samaritains, en lisant la Bible, au
heu de prononcer le nom ineffable ou Tétra-
Îrammaton, disent Dom, Haschem (\e nom). »
e u'ai qu'à renvoyer à ma note il ci-dessus
(note 878), sur la requête des Samaritains. Il
est certain que les Juifs, qui ne se permet-
tent pas de prononcer le Tétragrammaton,
n'auraient point osé écrire en toute lettres
ce nom divin dans une pièce telle que ii
n6tre.
« Page 332 et suivante. — « Les Samar-
tains se sont vantés longtemps d'avoir à :i
tète de leur culte un descendant de la fj
mille d'Aaron. Aujourd'hui ( M. de Sict
écrivait cela en 1812) ils convlenneot qo^
la race d'Aaron est éteinte parmi eux dtfms
150 ans, et que le pontificat n'est plus eiene
que par un simple descendant de Léti.,.^
lameli à qui nous devons la correspoudaft:^
dont nous donnons ici un extrait, esti^
jourd'hui revêtu de cette dignité, et prtai
la qualité de prêtre-lévite, »
« On voit clairement par ce qui précèie
dans le présent article qu*en 18^2 les Saa.a-
ritains prétendaient encore avoir un graod-
f urètre descendant d'Aaron. Si le Salaoïeh d^
'époque dont parle M. deSacj, sigoaiir^p:,
prétre-lévitCf on n*en saurait conclure quV
fût un simple Lévite; bien au contraire, k
litre ]ro (Cohen) prêtre^ qu'il ajoutait à *^
(Lévi) Lévite, prouve péremptoirementquii
se regardait comme descendant de la famille
d'Aaron. En effet, comme les prêtres, CoAs-
nim (pluriel deCoften), descendants d'AaroD,
étaient en même temps descendants do 14-
triarcheLévi {Deut. xxi,5, t^ la cm3i,/ei
Cohanim fils de Lévi)^ le texte sacré los ap-
Îelle en mille endroits o^ irsv, CohMim-
mytm (pluriel de Lévi) c'est-à-dire prétrth
lévites {Deut. xvii, 9, 18; xyih, 1; xiix,8:
Josuct VIII, 33, alibique pluries). Il s'eos'iit
que tout Cohen est Lévi^ mais tout I/rt n'est
pas Cohen. En d'autres termes, un descen-
dant d'Aaron est en même temps I/rile,rfr;
mais un descendant de Lévi , qui n'est > «i
de la race d'Aaron, n*est et ne peut pa» s'ap-
peler Cohen. Par conséquent > le SalaoM*Â
qui, en se conformant aux textes àuDtsiff-
que je viens d'indiquer, s'intitulait Coin-
Lévif vrétre-létitCf dfevait nécessairemeoi »
considérer comme descencfont d'AaroD «^
ligne directe masculine.
il Je dois dire cependant que lesdoni-
ments de cet article présentent uneaotilogie
que je ne puis pas m'ex^lic|uer. D'après le$
extraits des lettres que j'ai donnés, le Sala-
meh, grand prêtre actuel, est fils de ro6i>, et
il prend le titre de Cohen, tandis que la gé-
néalogie , dont par malheur je n'ai ^s ac-
tuellement Toriginal i ma disposition, cn»-
mence par Selameh (Saiameh), fils d!Asad,
« Pages 338, 339. — « Tant à Naploose
qu'à Jafa, le nombre des Samaritains, hoo-
mes, femmes et enfants, peut monter en
tout à 200. Ils forment trente fiimilles. *
« Il n'y a point de Samaritains à iafa. i<
le sais par des rapports de voyageurs et de
résidants de ce port. A Naplouse, leur popo*
lation ne se compose plus que de 130 ii>^^
vidus, formant 40 ménages, ainsi qoooii
vu plus haut. »
* Page 339. — « Ils sont vraimenl Israé-
lites d origine, et descendants de i^coot
{9QÛ\ Dans celle généalogie, les noms propres figurent sous leur forme arabe, Haroun pour i*^*
Phiniiès pour Phiuéi», el ainsi de suite.
^
90i
SAM
PART. Ul.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAM
902
nommé au^si liraèl. Ils sont de la tribu de
Joseph. »
« M. de Sacy répète ici simplement Tas-
sertion de Salamen»qi]i n*a(imettait que le
Penlaleuqae. Car» dans le fait, nous savons
par les autres livres saints que Salmanasar,
après avoir détruit le royaume dlsraël, c'est-
à-dire les dii tribus schismaliques, intro-
duisit dans le pays des colonies de peuples
étrangers et idolâtres , lesquelles se mêlant
au bas peuple d'Israël qu'il y avait laissé,
formèrent par la suite la nation samaritaine.
Mais les Samaritains prétendent descendre
sans mélange de Jacob. Ils disent dans leur
requête : « £t depuis le jour où nos ancêtres
entendirent la voix de Jéhova sur le mont
Sinai. » La femme samaritaine dit également
à Notre-Seigneur : Numquidtu major es pa-*
TRB NOSTRO JACOB? IJoan. IV, 12. )
c Quant à Tétymologie que M. de Sacy,
d*après saintEpiphane,assigne au nom unrm
(schomeritn) des Samaritains, le déduisant du
radical yo9 (p* 246 et suiv.), ceci est confirmé
par ma note 12 (ci-dessus, note 879) de notre
requête. Mais j'aimerais mieux traduire : àno
Toû fû^xet; ftUTOvc thaï t^C x«rà rov vofiov Mo^Oarlup
^utràiitaç a parce qu'ils sont observateurs de la
loi de Moïse. » Les Septante traduisent ordi-
nairement (>ar fvXâero-ccv le *iozr du texte origi-
nal de la Bible» quand il veut dire observer. Il
en est de m^me des dérivés. Ainsi, ils ren-
dent ce verset du X^m7t9ue, XXII, 9 T\UO
îmaro W C*'^ ^'s observeront mes ofcsertjan-
ces), par: ^uiécçoyrM xà fxjiXàynuxQL ftou. M. de
Sacy a dû adopter le verbe garder , qui
s'accommode à l'une et à l'autre interpré-
Utiou données par saint Epiphane.
« Vous voyez. Monsieur, que les Samari-
tains, dont la condition malheureuse est
vraiment digne de pitié; implorent, le se*
cours de TOccident pour (|u*ils puissent être
fidèles à la foi des patriarches d'Israël. Je
désire vivement que leur vœu soit exaucé.
A cet effet, je vous supplie, Monsieur, de les
recommander aux bonnes prières des pieux
et nombreux lecteurs de vos Annales, afin
qu'ils ouvrent les yeux à la véritable foi d'A-
braham, qui a vu, ainsi qu'il Tavait ardem-
ment désiré, le jour du Sauveur Jésus {Joan,
VIII, 56). Ces prières, j'ose l'espérer, ne se-
ront pas sans effet daos ce moment, oii No-
tre-Seigneur, le divin Pasteur des Ames, jette
un rej^ard de miséricorde sur des brebis
perdues de la maison d'Israël, oves quœ per^
terunt domus Israël {Matlh. x, 6; xv, 2^), et
ramène dans le bercail de TEglise catholi-
que romaine une foule nombreuse d>iitre
les Juifs, mes frères bien-aimés selon la
chair; conversions dues, en grande partie ,
au zèle apostolique des deux saints frères
Ratisbonne. Nos pauvres Samaritains, entrés
ainsi dans les rangs des Chrétiens, obtien-
dront la protection que, dans leur état ac-
tuel, ils invoqueront toujours vainement»
N'oublions pas que, du temps de la mission
de Notre-Seigneur sur terre, leurs ancêtres
se montrèrent mieux que les Juifs dociles à
sa parole et disposés à croire en lui. Et
multoplures crediderunt in eum propter ser~
monem ejus. Et mulieri dicebant : Quia non
jam propter tuam loquelam credimus : ipai
enim audivimus , et scimus^ quia hic est vere
Salvator mundi. (Joan. iv, U, 42.)
« J ai l'honneur, etc
« Le Chevalier Dragh. »
HYMNES DES SAMARITAINS.
Une œuvre liturgique digne d'attention
doit maintenant nous occuper.
Les hymnes des Samaritains dont nous
donnons la première traduction française,
ont été publies enl82&, àLeipsick, par le sa-
vant orientaliste G. Gésénius. Ils forment
un petit voinme in -4% peu commun en
France; le texte est accompagné d'une ver-
sion latine et de notes.
Divers savants avaient eu, avant Térudit
Allemand, une connaissance de ces écrits;
Edmond Castell, le savant éditeur de la Bible
polyglotte de Londres (891), avait eu sous
les yeux deux copies manuscrites d'uno
(891) 1657, 6 vol. grand In-folio ; celte polyglotte
est prérérée à celles d'Alcala , d*Anvers et de Paris
qui l'avaient précédée , parce qu'elle est plus cor-
recte et qu'elle contient neuf langues différentes.
(892) Ce leiique, 1669 ou 1686, 2 vol. in-folio,
est un trésor d'érudition, et quoique les éludes aux-
quelles il se rapporte aient fait de grands progrés,
>1 peut encore être très- utilement consulté. En voici
le titre, qui donne une idée de ce que contiennent
ces deux Tolumes : c Lexicon beplaglotton , Hebrai-
enin, Clialdaicuin, Syriacum, Samaritanum, ^lliio-
picutn, Arabicuin, conjunclim, et Persicum sépara-
t'im, in quo omnes voces Hebraic», Cbaldaicx,
portion de ces poésies, et il en a cité et tra-
duit (quelquefois peu exactement) divers
passages dans ses notes sur le Pentateuque
samaritain, et dans le Lexicon heptagtot^
tum (892) qui accompagne son immense
travail. Ne les ayant connus que d*une ma-
nière incomplète, et sur des manuscrits par-
fois fort défectueux, il n*a pu en saisir tou-
jours parfaitement le sens. Au mois de mars
182&, ces mômes fragments furent reproduits
en caractères arabes, mais d*une façon ()ui
est loin d'être correcte, dans le Classical
journal^ n* 57 (893). Gésénius ayant pu exa^
miner d'autres manuscrits conservés h
Syrae, Samaritanae, ^thiopicâe, Arabicaeet Persîca*,
adjectis bine inde Annenis, Turcicis, ludis, Japu-
nicis , etc., ordine alpliabetico, sub sin^ulis radi*
cibus digestae continentur, earumque signification» a
ample et dilucide eruuntur, pruponuntur et expti-
caiitur. cui accessit brevis ei harmonica graniroa-
tic;e omnium praecedentura lingtiarum delineatio. »
(805) Ce journal , consacré à la philologie clas*
siquc et parfois à la critique biblique , a paru de-
puis mars 1810 jusqu^à décembre 1832; il forme
dt caliiers en 46 volumes, et il mérite d*étre coiinu
en France bien plus qu*ii ne Test.
wz
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
%\
Gotha, et quo Seetzeo (894) avail achetés en
1806 à Naplouse, résolut de publier le texte
origiifal.
Cet érudit a consullé deux manuscrits qui
sont à Londres, Tun et Tautre au Musée
britannique, fonds Harlejen (895).
L'un, n** 5i8i, se compose de 9k pages et
servait de livre litursique dans la synago-
gue de Damas. Sur Tes marges sont quel-
ques annotations, en samaritain ou en arabe.
L'autre manuscrit, n* 5495, est de 49 pa-
ges ; récriture est plus belle; il parait avoir
été destiné à des usages particuliers ; aussi
les vers sont-ils souvent accompagnés d'une
traduction arabe. Il coudent aussi quatre
calendriers, d *après lesquels on voit que ce
manuscrit, de même que presque tous ceux
eu samaritain que possède TÈurope, a été
transcrit vers Tan 1566.
Un des manuscrits de Gotna est formé de
73 feuillets ; il contient les prières et les
hjmnes que les Samaritains récitent à Toc-
casion de la circoncision de leurs enfants; le
tout est de date fort récentei et Gésénius ne
Ta point jugé digne d*éire publié. Il remar-
que que ces vers donnent une triste idée des
sentiments qui animent les Samaritains ac-
tuels ; peu soucieux de la religion de leurs
ancêtres, ils se préoccupent de ce qu'ils ont
à gagner ici-bas (896j.
L'autre manuscrit, quoique bien plus court,
offre un intérêt beaucoup plus vif; on y
trouve six pièces de vers, (sans traduction
arabe), et des fragments de deux autres. Le
rbythme et Tidiome dans ces manuscrits
présentent des différences avec ce qu'on
trouve dans les Codices de Londres; la forme
des lettres est plus simple que dans les ma-
nuscrits bibliques -des Samaritains; elle se
rapproche davantage des anciens alphabets
sémitiques , et surtout du phénicien ; c*ebt
une preuve que les caractères employés ja-
dis par les Samaritains étaient plus simples
que ceux qui ont été imaginés depuis, et
que les typographes européens ont passa-
blement déiigures de leur côté.
Gésénius a ajouté un fac-similé lithogra-
phie de ces caractères, et il est entré au sujet
du rbythme dans des détails qu'il serait su-
HYHNB PREMIER.
Sie récite de graiid malin chaque jour d
bat.)
perflu de reproduire. Les odes soot difisées
|)ar distiques, et il y a dans chaque fersaoe
césure. La sixième ode est partagée eo ter-
cets.
On rencontre d'ailleurs dans ces composi-
tions de l'uniformité dans les idées et nœ
imitation, mais affaiblie et incomplète, Oo
psaumes et des prophètes.
La date à laquelle on peut les rapporter
est assez difficile à fixer. On remarque, dir*s
l'ode cinq, des plaintes contre les euun\^
des Samaritains qui les opprinjent, oti
c'est une circonstance qui se retrouve iru.
souvent <lans leur histoire pour quil jn;
moyen de baser là-dessus une donnée ui
peu certaine. Avant la naissance du Sau-
veur, Jean Hyrcan ravagea Samarie, la dé-
truisit et renversa de lond en comble le
temple élevé sur le mont Garizim ^Josèpbi,
Arcnœolog.t lib. xiii» c. 17, 18.) Vespasiee
occupa avec l'arraén romaine ce pays, qui
eut beaucoup è souffrir de cette iuvisioii
(Id.p De belto judaico^ lib. v, c. 3). Sous k
règne de Zenon, les Samaritains de Naploose
attaquèrent les Chrétiens le jour de la Pea-
tecôte, ce qui leur attira un châtimeol sé-
vère de la part de cet empereur (Procope,
De œdif.f lib. y* c. 7). Il y eut aussi des
troubles sérieux h l'époque de Justiniea. Les
Samaritains et les Juifs établis en Palestine
se soulevèrent en faveur d'un chef de re-
belles , nommé Julien , et assaillirent les
Chrétiens. Justinien les d<#mpta, et les dé-
pouilla de touXes les faveurs que leur avaient
accordées d'autres empereurs (897). Sou5 le»
Sarrasins leur sort lut très*misérable. Co
bon nombre d'entre eux se retirèrent à Di*
mas , et y exercèrent la médecine; c'«>i
dans cette ville qu'ont été transcrits (vt^
que tous les manuscrits samaritains qui soir
sistent en Europe.
On ne saurait dire si c'est lors des oil*
heurs qui frappèrent les Samaritains au n*
siècIe,ou si c'est plus tard, lorsqu'ils élaieoi
sous le joug des mahométans, que fureci
composés ces écrits ; ils ont sans doute, ea
tout cas, une antiquité de plus de diiMè-
des , et à ce titre ils sont dignes d'atteo*
tion.
Il n'y a pas de Dieu si ce n'est le Dieu
nique (898).
Créateur du monde f qui appréciera ti
Grandeur ?
(994) Voy. sur ce voyageur un article intéressant
de M. Ëyrié^ dans la Biograplde unitenellet t. XLI,
p. 459. I)e 1892 i tSli, il parcourut U Palestine
el TArabie, et mourut dans rTemen.
(895) Harley, ciimte d^Oxford , avait formé une
magnifique collection dimpriniés et de manuscrits.
Ces derniers furent achetés en bloc 1 0,000 livres
sterling par lo gouvernement anglais. Il en a été
publié deux catalogues; Tun eu 1759, 2 vol. in-
folio; rauireiédigé parR. Nares, 1802-1812,4
vol. iu-folio. Le 5* volume présente des fautes uom-
hreuses ; les tables occupent le 4* volume.
(8)M>) Ce savant mentionne dans ces poésies :
f vilioris sordidiorisquc argument! loca e quibus
hitelligitur, hodiernos Samarltanes reniD nvaé*-
narum multo roagis quam aviiae religiooii ii»^
duci, ut si in bymno quidam circvmstaules a ^'
circumcidendi pâtre propter tKwa vota peciuutf
vtnuroque sibi expetuut. >
(897) Yoy. Procope, loe. «i.; Tbéofto.
Chronographie . éd. I>aris, f., 152; £«tyd[ttt
Annale», t. II, p. 156; PlioUus, NomtceMM, ml i^*
c. 8; J. Gudefroi, ad leg. 16 et 24 M. 1^-^
De Judœh el Samariianii.
(898) Formule qui rappelle celle qaa rtp^
sans cesse les Masulmaas : t H ii*y a P** ^'^
Dieu que Uieu. i
d05
SâM
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SA»
9CS
Tu Vus fait magnifiquement dans l'espace
de sis jours.
Dans la loi grande et vraie, nous lisons
et nous acquérons la science.
Dans chacun de ces jours, tu as donné de
la lua^niticence à tes créatures (899).
Par la sagesse, elles annoncent ton excel-
lence, et elles revêtent que ton empire di-
vin n'existe aue pour te glorifier.
Tu as créé sans te fatiguer tous tes ou-
vrages élevés, tu les as retirés du néant dans
Tespace de six jours (900).
Tu les as créés parfaits ; il n'y a de dé-
fauts dans aucun d'entre eux ; tu as fait que
leur perfection est éclatante, parce que tu
es le Seigneur de la perfection, et sans avoir
ressenti de fatigue tu t'es reposé le sep-
tième jour (901).
Et tu Tas fait la couronne des six jours
(902).
Tiâ l'as appelé saint et tu Tas fait le chef,
le temps consacré à toute réunion (sainte),
le prince de toute sainteté.
Tu Tas fait l'alliance entre (903) toi et tes
adorateurs.
(899) Cest-a-dire , ta a» produit des <réaturc%
magnifuiues.
(900) Les 8aiiiariUtD8 , d*aceortl avec divers
rabbins, procÎMDeiit Texistence da néant avant la
création du monde, s'écartant en ce point de Topi-
oioB des Alexandrins et de quelques écoles orien-
tales ^ui eitseignaietit que la nature est été moelle.
Gésénias ciie, à cet égard, l*ouvray[e de Muen^cber :
Handbuck dsr do§metige$chichtSt 11, 45, lit, 5â0, et
il ajoute : < Âcerrimi Monotlieismi vindices quales
Samaritano& fuisse comperimus , niliil magis quam
Del socium relormidantes, ni sibi coiiatarenl,
xieruam muadi niateriam lleo creanti quasi ««ibsi-
dium adjiMigere non poiuerunt. Neqtie aliter judi -
caot Kuroitae, ut Atiaron ben Elihu : Laudamus
bium , cujuê Homen celebraudum est , ^«t effecil ex
HihUo Mundum iuu:n , et qui quicquid exsiMit pro^
creamil nuilo negotio nulloque Ubon, Vide ejus liUr
De corona Ugit, éd. Kusrgarten, p. 24, et quis ttt)6-
rius ibi de Rabfoinorutn sententiis dispuiavit éditer.
(901) Le poète indique pa^r œs mots qu*il faut
«mendie dans un sens métapboriqiie et allégorique
tttus les passages de TEcriture qui seinbi^iit prêter
au Seigneur des actions ou des sentiuicnts qui sont
ctiez Xhomnie le résultat de sa faiblesse. C*est éga-
lemeot i« méinc point de vue qu*exposent tes
écrivains juifs les plus renommés, tels que Pbilon,
Jo)>éphe, MaiioDRide, SaaJias, etc. ( Voy, la note de
Gébéaius, p. 45.)
(90â) Le noin de couron::e est donné au sabbat
comme étant roruement des six jours de la semaine
et comme fixant leur terme. Un autre pnéie sama-
rit«i«i, ciié par Castell (in Annùt, Samar. ad Deut.
xvtH), eiprime une pensée qu*on peut rendre ainsi :
Le jardin (Le paradis) n'csi jamais fermé le jour du
sabbat , et la divinité est en lui coasme Tarbre de
we.
(905) Ou plutôt le signe de TatUance. Les Sania-
rilaiiis regardaient le sabbat et la circoncialon comme
le double sigaa de railianoe de Dieu avec las bom-
incs.'Dans la lettre que leur grand*prètre écrivit,
eu 1641, é Silifeêtre de Saqi, il se trouve des détails
au sujet 4e diverses alliances avec les patriarcbes et
•vee lloise, € Nous vous opiiqoerons oe que c'est
que ces alliances, Tune après Tautre. La première
est Talliance avec notre père Noé , au sujet de la»
quelle Keu dit : Je mettrai mon are daM les nuées
'Cm. lY, 15;, et il $era le signe d'une alliance entre
Diction If. des Apogrtphes. II.
Tu as enseigné son observation; protège .
ceux qui Tobservent.
Heureux ceux qui célèbrent le sabbat et
qui sont dignes de sa bénédiction [99%). Son
ombre sainte les délasse de tout travail et
de toute fatigue^
Notre-Seigneuf nous a hongres do ses
dons excellents; il nous a donné le jour du
sabbatf jusqu'à ce que nous nous reposions
là où il nous a préuaré le repos (905).
Tu as manifesté toute leur magnificence;
tu Tas remise et révélée à Moïse ^ tu as
donné à ton ami (906) ton livre sainL
Tu as donné au fils {en arabe^ au serviteur)
de ta maison les tables de la loi, afin que tous
ceux qui vivent de la vie soient rendus
heureux par le Seigneur.*
Celui d'où vient tout ce qui remplit le
monde» celui qui donne la vie aux créatures,
a parlé du aailieu du feu, disant : < Qu'il n'y
ail pas pour toi de dieux étrangers ;907). »
La prophétielui élait destinée comme une
couronne depuis lesjoursdo la création (908) ;
rillumination de Moïse revAtit celui qui en
était digne.
mot et la terre, La seconde est Talliance avec notre
père Abraham , relative à la circoncision, ete. La
ir<iistè«ne alliance est celle du sabbat , etc* {Exod.
xixi, 7.) La auatpième alliance est celle des denx
tables de la loi. La cinquième alliance est raUtanee
du sel (^um. xvin, \9)» pour toujours pour les en-
fants d'Israël coiifurmément à tout ce que IMeu a
fait avec Moïse. La sixième alliance est celle de
Poffran te pascale au sujet de laquelle Dieu a dit:
Vous viendrez au lieu que le Seigneur votre Dieu
aura ehoid d'entre toutes vos tribus pour g établir
êon nom , et pour g habiter, etc. (Deut, xu, 5 seq.)
La septième alliance est ralliance do sacerdoce de
Plii^ee au sujet de laquelle Dieu a dit : Je lui ai
accordé de mon alliance , une alliance de paix , ce
sera pour lui et pour sa race une alliance de sacer^
doce pour toujours. iLa loi contient trente-six allian-
ces, à ce que dit le Talmud de Kabylone (Tract»
Sanhédrin, fol. 12i, t. Vill, édil. d^Amsterdam) :
i Proptcrea quod transgressi sunt ttSginia sex fœ-
dera quse ni loge su ut. i
(904) On trouve dans Castelt la citation d*un
passage qui reproduit la même Idée : f Conserve
Tobservauce do sabl)at et offre avec zèle de gran-
des offrandes, afin que tu sois élevé et aue tu de-
viennes riche, i Des rabbins ont enseigne que ceux
qui observaient ligoureusement le S«bbat pou-
vaient espérer la rémission des péHiés. Origéoe
signale la superstition qu*apportaient à cette obser-
vance les dosithéens, secte de Samaritains qui man-
traient une grande austérité.
(905) t/est-à-dire , dans la tic éterneite qui est
indiquée également comme le lieu de repos dans le
Livre de Job, iii« i7
(9U6) Expression qui a pu être Inspirée par cello
quon trouve au Litre des Nombres (i*. xii, 7).
f Servus meus Moyscs qui in omui domo mea fide-
llssimus est.* »
(907) Même feoomroandatton dans VExode, c.
XX, S.
(908) Divers rabbins représentent Moïse comme
ayant été Tobjet du cboix divin, avant la création du
monde, pour annoncer la loi aux bommes; ils loiit
remonter Tesprit de prophétie avant les six Jours
de la création, tandis que les Samaritains se con-
tentent d*en fixer Toriglne à celte époque. (Voy. la
note de Gésénius, p. 51.)
S9
90f
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
#^1
Les tables de Talliance soni Talir/ient de
notre vie, aliment qui ne fait jamais défaut
dans les siècles des siècles (909).
Où est un dieu comme ie t)ieu de nos
pères? Ouest un prophète véridique comme
I ami de Dieu?
Dieu a parlé bouche à bouche au fils do
sa maison (910); il lui a manifesté des mi-
racles (911) qu*il n'a manifestés à aucun
autre.
Le créateur, qui a créé le monde et tout
ce qu'il renferme, ordonna, et Moïse donna
la vie aux vivants (912).
Le lecteur qui lit : Qu'il n'y ait pas pour
toi de dieux (élran;^ers), lit (aussi) : Observe
le jour du sabbat pour Je sanctifier (913).
Il est sublime ot grand, celui h qui appar-
tient toute gloire; il a élevé lo tils de sa
maison au-dessus de tout le genre humain.
Il a joint maçniQquement la gloire à la
gloire (91^0 « J^^o va. Dieu des siècles, et
Moïse, prophète de toutes les générations.
Il (Dieu) fait de lui (Moïse) , par son
excellence, Tocéan du discours (915); Moï^e
(est) le terme de la révélation, le ler.T.e do
la révélation de son Seigneur (91G).
(909) Dans le Livre de la Sagesse , c. xvm, 4,
il esl question de la lumière incorrompue de la loi^
idée qui revient à celle qu'exprime le poète sama-
ritain.
(910) On lit d ns le Livre des Nombres (c. l'i ,
8) : c G*esl bouche à botictie que je lui parle : il
nie voit ; ce n'est pas en énigmes, i
(911) Le poêle veut dire nue le Seigneur a révélé
1 Moïse les secrets de la loi. De» écrivains juifs
représentent le législateur des Hébreux comme
possédant la conisaissance de profonds mystères
ignorés des autres mortels.
(9 là) llébraisme qui signifie que Dieu commanda
à Moïse de doimer aux bommes la loi viviliante.
£*est ain i qu*on trouve au //* Livre des Parali-
vomènes^ r. xxiv, 8 : Jussit rex ei fecerunt^
id esl, ut facerent,
(913) Le poète veut dire que dans le même livre
sacré où iMdolJLtrie est réprouvée, Tobservaliou du
jour du Sabbat est recommandée comme un pré-
cepte non moins digne d*étre suivi strictement.
Gesénius ajoute la note suivante : c Soient enim «t
alibi Judaci et Samaritani summa ciimina idolula-
tris comparare. Cf. Ligbtfoot, Ad Matlh. xn, 24,
et Casteilus, in UeplagL Lcctor dicitnr de assidue
legis lectore, unde in titulis virorum doctorum
apiid Samaritanos, quales in subscripiionibus codd.
manuscriptorum comparent , v. c. in subscripiione
rhvtbmicacelebernmi codicis triglolti Barbenniaui,
iVoy. de Rossi, Spec. var. lect., p, 171), in graliam
)omini archinysagogi et prœfecti^ lionorali^ UctO'
ris et oratoris. >
(9U) On traduirait plus littérulement, en disant :
i La nom au nom, il Ta joint avec la gloire. iCe qui
rappelle ce que dit saint Paul (Philipp. n, 9) : Do-
nêvit ilh {Deus) nomen^ tfuoa est super omne no*
men.
(915) Il y a dans le texte un jeu de mots qu'on
ne saurait traduire exactement; la même expression
signifie la mer, Vocéan, et le terme, la fin» Le puëie
rmploie une métapiiore bardie pour dire que le
Seigneur avait, par rintermédiaire de Muise, corn-
uioniqué aux hommes une mer, un trésor inépui-
table, Infini de sagesse. Plusieurs dictionnaires
trîentaux portent lo titre de Mer du discours, U a
taru à Lucknow, eu 18i2 , un dictionnaire persan
HYMNE II (9nî.
Tu es unique, toi dont la gluire esl ditint;.
tu as créé ma{iniû<)uement| et toutes cbo^fs
ont été faites de ta main.
Et la joie de tes créatures fait connalrn
que (u es élernel (918); tu leur fais savoir i
toutes qu'il n*y a point de Dieu si ce dm
toî.
Tu as déployé toute ta puissance sansdr.
et tes œuvres révèlent que tu es unique dcis
ta [^randHur.
Toi qui as revêtu tos créatures (iesLîAr.
faits (919) de ta sagesse, lu Tas fait d'uv
manière admirable, et (u as donné u:.
louange qui se dislingue.
Tu annonces sans voix et comme un écr •
vain à celui qui eonteaiplo, que lu rs s
cause des choses, et ce c]ue tu as accnn. .
peut être entendu de quicon((ue voit (lo:
Et les œuvres, résultat de ta puissance. f:;
sont qu'une partie de Ion excellence; ce:.*
tu as caché aux yeux (des hommes) esl |.us
grand que ce que lu leur as révélé.
Tu as prononi.'é sans bouche des pan. es
et le monde esl apparu; les créatures sef .!
empressées, et elles se sont soumises (9*21 j
les ])aroles.
intitulé Les sept mers; chaque mer est partage cr
fleuves, en ruisseaux et en sources. Cet ouvrait* <"<
dû à un souverain, à Âhon-Lahurar-MoeziM .i i-
Haider, roi d'Onde. M. Silvesirede Sacyena rr.i i
compte dans le Journal des savants, déci'mtirc l^.'
( Voy. aussi le Catalogue de la bibliothèque dr c<.
orientaliste, Paris, Merlin, I84C, t. Il, n* 290i '
(916) Gesénius fait sur ce passn^çe (a o»tf mi*
vante : c Quoi autem Samariiani, spretis oiini' .«
sequioribus prophetis librisque sacris, uiiUiiiMom»
revelationis divinae p£a{xT]v agnosvunt, id nu t<
nobis mirnm videbit'ir ronsidcranttbus, crt-^'i
etiam uno ore llebr^eos Moscn reliquis propt'*:'^
anteponee, multoqne majorem ei quam idM|(i:«
prophetis tribuere aucloritaiem. Vide Oeul. l\\l^
iO; xLv, 2 seq. ; Joseph., Arehfrotog ^ lih. it. ï.
Maimonidesap. Ilottingerum, hi Thesàur. pftiLi, p.
f>()8 ; Jarchi , Ad A tint., xxx.S; rtiaoi scrfj))«'>''
Chrisiianos apud Hottingerom {ioc. cU,). A«i>}'
imprimis Pbilo Mosen unum omnium sanrti>sitiMiP.
proplietarum principcm nuncupa, reliques vr
scriptores tact os nonnisi Musis sectatores, diK^
pulos vocat et assecias. (De tita Ifosis, p. 681 i
(917) Cet hymne s*adrcsse au Seigneur; tl i() f
sa puissance qui s*est manifestée surtout dan« Ij
création du monde qu*il a effectuée sans auiouf
iissistance étr;«ngére ; il célèbre sa sagesse , sa ou
séri« orde et sa inuniûcence.
(918) Ce qui veut dire que les cris jojeo« d^
hommes, et des animaux ai!nonceiit la gloire <ir
Dieu ; pensée qu*on retrouve dans le psaume ci^.
(919) lievétir au lieu de remplir, de comLk'r ^
bienfaits^ est une locution admise dans les lango**
sémitiques, non moins qoe chez les Grecs •'t )■*
fiomains; voy. Schultens sur Job, p. 8li« rt
Wetsten sur saint Lue, xxiv, 49. Oa trourc rf)>i
saint Ephrem (t. 111, p. i59), un pass*^e ^v^»!*
peut rendre par i;a/«liidtft«tii induit, cl djnt ^
Codex Nazarœus ou Livre d'Adam , i , 10 : Mu-
bus et labibus non induit,
(9i0| Le sens de ce verset est que U loaan(|« f^
la gloire de Dieu éclatent dans le seul asped ^ ^
nature, quol.|Ue les oreilles n'en soient poiniti^'
lées. C'est ce quc^ le Psalmiste (xix^ S*5j, eipnM
avec pi s d*élévat<on et d*babileté.
(921) On peut remarquer ici que daoi les w^
909
SAM
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAM
910
Tu es le premier dont personne ne connaît
le comaiencement ; tu es le dernier pour le-
quel il n*y a ni fin ni terme.
Celui qui porte sa crainte porte le monde;
qui ne portera pas la crainte de celui qui
porte (le monde) sans main (922)7
Tu es unique et tu n*as point de compa-
gnon; il ny a point d*autre que loi, ni
d'associé à toi (923)« puissant, éternel, re-
doutable, grand, héros, formidable.
Tout ce qui peut être assimilée toi reste
bien au-dessous de toi (924), et tu existes
au delà des limites de tout ce qui peut être
exploré.
Tu n'as point eu ae compagnon quand tu
asproduit le monde; tu n*as point été avec
un autre quand tu l'as créé; tu Tas produit
seul et tu es loué à cause do ta magnifi-
cence (925).
Nous te connaissons par le secours de la
raison et par tes œuvres; nous connaissons
par le secours de ton livre tes œuvres t^ar
loi-méme (926).
Nous louons tes bienfaits d'après la res-
source de nos forces; nous t'envisageons
(oinme tu es et non comme nous som-
mes (927).
Nousaésirons (a grâce, nous altcnJons
tes bienfails {ta miséricorde^ selon le texte
arabe); où détournerions -nous nos faces
luia de toi, si ce n*est derechef vers toi ?
Coioniedes étrangers, nous sommes placés
âla porte de ta miséricorde, et loin de toi
de refuser le nécessaire à un étranger là
ttlui qui implore ton assistance^ selon le
itile arabe).
Kiendant nos mains, nous sollicitons tes
t<ieufait<, et toi, étendant les mains (928),
de ta grice, tu soulages notre lassitude.
L*clme a besoin de consolation; nous
avons besoin de ta miséricorde; donne Tau-
môire selon ta justice, Taumône qui procède
de ta it)iséricorde.
Tu es porté h la miséricorde, tu es lent à
t*irriter (929); là où tu vois la cessation dos
péchés, tu es porté à déployer ta miséri-
corde.
Miséricordieux des miséricordieux, qui
n*a point de compagnon, si ce n*est lui-mê-
me, donne-nous ce que p* rsonne ne peut
nous donner, si ce n^est toi-môme.
Toi qui écoules les cris, et qui es accou-
tumé à faire grftce, exauce les prières de no-
tre humilité et de notre misère.
Tu seras loué, tu seras glorifié, tu seras
exalté, 6 trùs-véridique 1 Tu seras célébré*
et quiconque le peut, te célèbVe à cause de
ta grftce.
Il n'y a point de Dieu si ce n'est un seul.
Extrait des cantiaues et des discours de
notre maître le grand théologien (930).
Il n'y a pas de Dieu, si ce n'est le seul
Dieu.
Dieu éternel (931), qui vis dans Téternité;
Dieu supérieur à toutes les puisssances
(932), et qui demeures le même dans l'éter-
nité.
Nous nous confions en tit grande puis-
sance; tu es Notre-Seigneur; tu as eonduil,
par ta souveraineté divine, le monde dès so^
principe.
Ta puissance (était) cachée, ainsi que ta
gloire et ta miséricorde ; les choses cachées
ont été révélées par ton comman iement di-
vin (933).
Le commencement de toutes choses, c'est
triplions (Je manuscrits bibliques, les Samaritains
Ce Damas soûl appelés les fils de la soumission.
(9iiJ \ï porta la craiiue, pour il ressenlit la
crainic; hébraîsme au*on idrouve dans /an., xiii,
^\Job, xviii, 20; Jérém,^ xlix, 21. On peut voir
«'ailleurs la longue noie de Gcuésius sur ce pas-
(923) Gésénius fait en cet endroit la remarque
Eivmie : c Niliil magis aversantur Samariiani, uni-
lis Dei siudiosissimi , quam Dec sociuni attjun-
0rp, id quod non ab idololairis soium, sid a Chri-
"^nis eliam licri putant. Unde in Libro Josuœ^
Iloitiiigerum « p. 487 : Ne soeium adjungatis
ei (p. 488) : Aie sit inter vos,,, fœlor oui
iynihium^ quo signiUcavil ne soeium adjunge*
fbi Dco, et alium pra:ler eum cdlerent. >
(îlii) Celte peusee stt reproduit dans le livre de
%Qé: c Qui est semblable à loi? nulle chose com-
rabic à loi n*esl senibUble.i
[t)'ir>) Citons ici la no;e de Gésénius : c Pugnare
■lur imprimis ton ira recentiorum Juddsorum et
risiiaiiorum placitum, qui t»apienliae Dei byposta-
, et Messis quasdam in creaiione parles tri-
ini, quod quidem dognia fluxit e Inco Prov, vni,
&ei|., et poslea a Siracide (c. 24; , Philune ,
lînne et Aleiandrinis exornatum est. »
liô) C*est-à-dire, nous cherchons à te connaître,
ih nous savons bien quelle est notre faibles;^,
m% nUgnorons p'»int qu*il nous est impossible
tounaitre U véritable nature divine. Cette pensée
||virou«e dans Fhiiou, De allegor,^ i, 57; Ùe ma*
M., p. 815; De somniis, p. 576 599.
P<iO L-o |M)éie veut dire que, pénétrés de
notre
faiblesse, nous nous reconnaissons hors d'état da
comprendre la véritable nature de Dieu.
(9^8) L'expression de main étendue était fort en
usage chez le4 Hébreux pour signilier la munlfl*
cence, la générosité {Prûv, xxxi, t20j ; elle est en*
core très-usitée parmi les Arabes.
^9i9) CeA ainsi que 8*cxprime rinscrîplion du
livre d Enoch : c Au i>om de Dieu mfséricoriiicux
et clément, lent dans la colère et qui possède beau*
coup de miséricorde, i
(930) Nous ignorons quel élaît le nom de ce doc-
teur, mais il jouissait sans doute parmi les Sama-
ritains d*une rôpuiation telle qu*il était suffisamment
désigné par le surnom que lui &Tait décerné l'admi*
ration de ses coreligionnaires.
(931) Le mol dans le texte original pourrait aussi
signilier vivant, comme dans divers passages de la
Bibte, (Gen, vu, 4, 23 ; Deut, xi, 6, seq.)
{95i} L'expression de puissances ou de vertus
doit se prendre ici dans le sens d'anges. Celle ma-
nière de s'exprimer est fréquente chez les auteurs
ecclésiastiques; on la trouve chez les Talmndites,
chez les Abyssiniens, chez les Syriens ; d;uis le
lexique syriaque manuscrit de Bar Bablul, le mot
qui signilie chérubins est expliqué par vertus ou
puissances puissantes. Les Pères grecs lou miraient
de leur côté de nombreux exemples. (Vou, saint
Irénée, Adv, hœres, lib. ii, 5U; Ëusébe, Prœvar.
evang,^ lib. iv, 6; Suicer, Thésaurus ecctesiasttcus,
t. I, p. 969.)
(955) CVst-àdirc : les attributs les plus brillants
de ta Divinité étaient comme cachés avant ta créatiim
du monde et ils se sont manifestés en U créau\
l
911
DICTlOiNNAlRE DES APOCRYPHES.
91!
rélincellt^ {9ik) de ton Tètement (en arabe,
de ton feu) ; tu as choisi pour tes adorateurs,
les priocipales de toutes les nations.
Où est la foi sainte comme elle est en toi 7
La foi en toi conserve la Tie à celui qui en
est digne. Et nous conservons les choses né-
cftfsaires à ceui auiquels la vie est conser-
vée; cous nous instruisons et nous ap-
prenons dans tes livres divins (en arabe»
dans le volume de ta loi).
Tu as fait un grand miracle* en animant
iee choses inanimées; un grand ébranlement
s*e8t fait jusqu'à ce qu*il eû.t apparu.
Tes armées divines éiaient rangées sur
le mont Sinaï (d35) ; les armées de ton royau-
me, qui peut les évaluer?
Tes richesses ont été employées à élever
Israël ; bienheureuse est ia maison de Jacob,
et bienheureux quiconque obéit au Seigneur.
La mer et ses flots sont soumis à (a vo-
lonté; ta droite {ta puissance^ d'après le texte
arabe) couvre (936) toutes tes œuvres.
Toutes choses t'obéissent; elles viennent
à tjA ordre; toute chose atteste qu'il n*y a
pns (le Dieu, si ce n'est toi qui es unique.
11 n'y a pas de divinité, si ce n'est la
tienne, dans les lieux les pins élevés et dans
les plus bas; nous ne mettons notre con-
fiance en personne, si ce n'est en la divinité.
Mon habitation future est le siège de ton
empire; là il n'y a ni mer, ni Océan, ni
même le ciel (937j.
Tu as déployé ta sagesse ; le monde {est
issu)de ta volonté. Sage des sages! l'excel-
jence est ton nom.
Tes miracles divins montrentta puissance;
nous sommes nourris par ta miséricor «
d'une nourriture etcellente.
Tu as créé le monde, et il n^y avait persc^nt:*
qui fût ton compagnon. De son milieu tu au^t \
sortir les c^éaturesdelàoùiln'yBvaitrit*D;93^.
Tu as ouvert la poussière, et de son te:-
lieu tu a^ produit les choses nécessaire^:!.
as produit, par la droite, les créatures, !ti
tirant de là où il n'y avait rien.
Celui qui a été formé de la poossièf
c'est à cause de lui que toutes cnoses^ -
créées. Toutes les choses, qui sont n^v
saires à l'homme lui sont assujetties.
Nous reconnaissons tous ta divioilé:*:
vivais dans l'éternité, avant qu'une r^j^
quelconque n'existât.
Tu es le principe et ia On de toutes tr*
ses; le Seigneur t'St miséricordieux e(tr.
il Jette les jeux sur nous, et il nous juçe.
Ton nom remplitde biens toutes c[im^<.
il nourrit quiconque est digne de ce bi*.r-
fait ; nous louons la souveraineté (en di^£L
il n'y a pas de Dieu, si ee n'est toi.
Donne aux pénitents, je t'en conjure, i •
ne-leur le monde (939); le convertisseur
Messie) s'approche de nous (9M), et lu n «
traiteras selon ta miséricorde, car lu en i
le pouvoir.
HYMNE III (9^1) .
Dieu éternel, qui étais avant le mofl *
Dieu qui as commencé le oionde, et qai '
imposes une fin.
Dieu sera, dans l'éternité, dans nne<f
meure élevé; le lieu dont il a fait chou ti
dans une demeure sainte.
Gésénius ajoute : c Facile aiitem palet, hoc Sama-
riianonim dôgrea erope arced^re ad iiotissimuin
illad Philoniaiiuni Pairumque Graecoium placilum
île X6yv ^''^^ creatioiieoi àv&aûixy iu ipsa crfa-
lione vcro el post illam irpo^opcxt^». (Vide De viia
àloii$^ lib. ni, p. 072, ed, Maiigey; Talian., Oral,
m4 Grœcoi, p. i45; Tiicopliil., Ad Àulolye. lib, ii«
c 23; Terlull., Adv. Pra^., c. 7.) i
(934) Citons ici la noie de Gésénius : ilnielligen-
dus esl igoeus ille splejidor nui, e meiiie scripiorum
sacrorum divuin Mumeu {vô)ç olxcov &itpcs(Tov,
/ Tim. VI, 46 ) circMOidabat et vcsiis instar
(cf. Psai civ, i); obvohebai (cL Exod, xxiv, 16,
i7; xxxiu, 18; XL, Zi). uade atiam t^iiM et fulgura
pi-odiiase dicuniur. (Cen» xix, 24; Leviî^ ix, 2;>;
Num. XVI, 35).»
(935) Tranbcrivons également la noie de Gésénius
sur ce passage : c Copia cœlestis in monte Sinai
conspicuae, quibus summum numen ibi iuasi sti-
paluni fuit, sunt angeti, qntbus etian N. T. scrip-
tores quasdam in legis laiioiie partes tribuunt. (Act.
vu, 55; Galat. m, 49; Hebr. n, 2, cf. Joseph.
Archœolag., lib. xv, 5» et e recentioribus JuJxis
PirkeEUeser, c. 46.)»
(936) c Dexiia tua obuubrat omnia opéra tua, i
Obumbrare, dans le sens de protéger, u*esl pas rare
dans rEcriiure sainte.
(937) Gésénius observe que ce verset indique un
point peu connu des doclriues samai iiaines : < Opi-
nionem de vita beatoruo in cœJis, pioprio qnaai
Dei regtio, posi mortero continuanda, illamque
beatorum ledem cœl« slem, îUudvef ui cutn Giiosiicis
loquar, iiXil)pa>|Aa, ab omni terrestrium reruni slrai-
liiodine immone prenuntiat, quod ita rxpiieiit,
neque mare (cœleste iUud mare, de quo (Uu, i, 6,
seq.; Pêai. civ, 5; cii.vm, l, al^nificaoi) • •'
adeo firmamentum ibi fuluruni. »
(938)6>n. I, 41.
(!)39) Transcrivons la note de Géséoios mi' "
passage nn peu obscnr : c Sensns vertionini ' *
scnlii fens cum prophetaram Hcbrateunio iU^r ■
qui poët pœnas divtttas impiis inOictasci"^
hominei ad melii>rem fiugem redUuros {y^cr.. •
illttd Isai» [x, 24 ; vn, 3] nliqvi eùnvtrteHhr ^ ' ■
et post perlectam roorum eniendatiooem et y^
vo\av novis beneficiî;» a summo nnmlne bfaivn
saepissime pollicentar. (V»y. I««. iv, t sm ; ** ''
X, 21, seq.; xxix, 48, stq^ xxx, 46,atq.;iH>' '
b; xxxui, 44-16.)»
(940) CVsi le seul passage de ces hynn^''
est question du MesȔe. On voH par l*eiilrtii
Bauvenr av^ c la femme s.imariuine (^mi. (^< '
qu'à cet égard les espérances des JtitfsH»»^»'*
lagées par les Samari(ain«, mai» on ma.'<nie > '-
seignemcnls précis stir l'idée que ces ^ >*''' '
faisaient du Qirist ou du IlesHe. Ils «f >'"'
qu*il renverserait la foi mosaïque, q»*'! ^''
les naiioiis autour de loi, quM réiabltr»rt| <■"
nacle sur le inoni Garixim, et qii*apréii s*'**' '*
son neuple lieureux, il mourrait ec leritt^*''
auprès de Jos«!ph, cVst à-dire dans la ^^^ '
pliraîm. L*époqne de sa ver.oee^u^f^^'"
Die« seul coMn;<U. (Yoy. ronvragedeJ. ^^' ,' .
rich, De CkrUfl^ffiaSaBumimcrumMv*^'^
et la neie de Gésénius, p. 73.) . .
(941) Cet hymne est indiqué eomneroafnc*'
céièbre docteur Sefi al Uordschani, <*^''^..
SaU, né à IliTdscbaii, ville piés de N**^
pour but les louanges de la 4m.
915
SAM
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SAM
«14
Tes forces cach(^es sont supérieures h tou-
tes les forces; ces forces se sont montrées
le jour oCi II a prêché son nom (91^2).
Celte force est celle qui est; après un
court Mlence (9i3), il proclamera lui-même:
«CVst moi, c*est moi qui suis (le vrai Dieu).»
La puissante majesté divine n*est pas sou-
niise à une autre; la graude majesté divine
remplit le monde.
Malheur è celui qui n*a pas foi en sa grande
puissance; malheur à celui qui ne reconnaît
pas qu'il n'y a point de Dieu, si ce h*est le
seul Dieu.
Au moment oit il a prêché son nom» le
monde a (remhié (9H}; au moment oit il a
proclamé (sa volonté), et oit il a dit : ic qu'il
D'y ait pas pour toi de dieux étransers» »
Les puissances (célestes) et les créatures
s*y sont réunies; Dieu, auquel nul n*est
semblable, y est descendu pour se révéler.
Le mont Sinaï a été couronné de nuées et
de splendeur ; la montagne a violemment
tremblé h cause de sa grande terreur.
il y avait une grande réunion comme ja-
mais il n*en a été décritei lorsque notre pré-
cepte sortait du feu.
Toutes les puissances du monde caché se
produisirent à la lumière (9.V5), lorsque Dieu
proclama: « Je suis Jéhova, ton Dieu (9^6). »
Sur deux tables il a inscrit les dix préceptes
(OW); il les a donnés comme aiiment pour la
vie dans les siècles futurs.
Le Seigneur leur a montré deux tables
fermes et inscrites d*un doigt du feu ardent
w.
Elles é'aient brillantes comme la foudre
éclatante (919]. Le Seigneur digne de véué«
ration y écrivit de son doigt,
Elles furent longtemps cachées au milieu
du feu; Moïse pria longtemps avant qu'il ne
les reçût.
Le temps donne une vie glorieuse à ce-
lui qui y boit; le temps qui le fait participer
à la vie éternelle.
Ces tables ne sont qu'une étiacelle un
monde cacbé; une étineelle glorifiant la sa*
gesse pour tous tes siècles fulurs.
Ces tables contiennent la volonté de Dieu,
la volonté qu*il a décrétée dans oea aix
jours.
O Eternell les choses cachées ont été pro-
duites à la lumière, au milieu des tonnerres
et des foudres réunis en ce lieu.
Le Miséricordieux les a écrites de son
doigt ; le Miséricordieux a effrayé le monde,
lorsqu*il les donnait.
Le nom divin (parut) de chaque côté, le
nom auquel rien n'est semblable, ni dans
ce qui est eaché, ni dans ce qui est manifesté.
Là les vivants et les morts tremblaient
continuellement, lorsque tu proolam«is les
paroles qui y sont inscrites.
HYMNE IV.
Toi, notre Créateur, (jui fus iorsqo*il n'y
avait rien si ce n'est toi, tu as fait sans as-
sistance le monde et tout ce qui est en lui.
Nous croyons en toi; il n'y a point de
Dieu, si ce n'est toi; nous avons conliance
en ton pouvoir , eer tu es puissant et sou-
verain.
Héros des héros, toi qui subjugues loua
les héros, tu vaincras l'ennemi, tu le sub-
jugueras par la grandeur de (a force.
Juge des dieux, toi dont la force est au-
dessus de toutes les forces, protège notre
cause et soumets nos ennemis.
Si nous n'avons nul qui noos secoure » il
nous donnera lui-même son assistance. O roi
miséricordieux, aie pitié de notre humilité I
Nous sommes tes serviteurs et tes fils de
tes serviteurs, et loin de toi que ta oublies
les pactes (que tu a^ faits) avec nos aocètres.
Nous cherchons un refuge auprès de la
grâce; du milieu de nos oppresseurs puis-
sants, nous poussons nos cris vers toi; don-
ne-nous le repos (en nous délivrant) de tous
nos oppresseurs.
(èi%i G*esl à-dire, les forces, 1t puissance ée Diee
qui éiaienl cachées, se 60t«t révélées dans la créa-
lion ou plutôt dans la If^gislaiion deooée aux fidèles.
(943) Dana le siyie des Livres saints, le Seigneur
M laii lorsqu'il parait priver les hoiumes de son
asûstanee et les laisser en butte aux auoques de
U-wt eRnemta. (Ptal. xxviii, I ; iv, 3; Habacue. i,
U; Jtrtm. xuviii, 27; Ita, lxiv, ii; lxv, 6.) Il
peut y avoir là une alliisi<m à Tétai d'oppression
sous lerfoi*l vivaient les Samaritains, lorssqae le
préire s'énonçait ainsi, état C|«'on retrouve sans
cesse dans leur btsioire.
<9U) Citons ici la note de Gésétdns : i In ipsa
legtsUiionis historia {Exod, xix, tti) popnlus, qui
itt ca&tris erat, oonin nniisse dicitor. Poeiae veio
nostri, Judaeurura srquiorum exemplo, id agunt, ut
nagnificenciofem exliibcanl tegislaiionis speciem,
^inque fabuHs, vel, si inavis, im^ginibns poettcls
exornent. Fabulis rabbiim-is ornatain haues legisla-
lionis bisloriam in utrogue Targun, liieresulymi-
tanoei pseudo-Jounth^nts, Exod. xix, 16, seq.»lLe
Jurgum ou paraphrase cbaldaïque que mcnlioune
i(i le savant alleiitand p»rte le nom de Jonathan,
flU d'Uriel, qui vivait on peu avant Tère chrétienne,
ntais de nombreux anaehronismes et les défauts de
fttyle le font regarder comme une œuvre d'une date
plus récente. Il es! imprimé dans la BibUa rakbt"
uica de Domberg, Venise, 1596, in-folio )
(945) Il s'iigit ici du nionJe encbé ou invisible, du
monde spirituel, séjour des anges et des âmes,
erëé selon des rabbins et selon quelques socâens
auteurs ivoy. Novatian., De TrinH, c. 1), avant
le monde corporel qui sert de résidence eux
hommes.
(9i6) Exod. XX, 2.
(e47) Exod. xxxiv, 23.
(948) Deutérottome { c. xxxni, î) : m du^târu
êju9 lex ignta, pas>;agc nssez difficiln dans le texte
original et que M. Cahen traduit ainsi : i dé iu
droite (sortit) U feu de ia loL i Jarehi dît que la lui
ésait appelée ennanmée , t quonîan antiquibus
SCI ipta erat corani eu igné nîgro super superilciet
tgm-as. >
(949) Des rabbins ont prétendu que les tables de
la loi étaient de saphir, et qu'elles étaient faites de la
matière qui forme U trénede Dieu. ( l^oy.le pseudo*
Jonathan ad Exod. xxxi, 18.) D'après Pauieur do
Livre de Jêiué cité par Hoilingner ( Emead. diV
tertaêionum, p. 19) elles n'étaient que d'une sub-
stance terrestre ; i £st()ue arca illa fœderis, in qtui
substantia superior (cwicstis) tabut» neinpo, quss
scripsi igné superiore. >
015
DICTIONNAIUE DES APOCRYPHES.
Nous metlons notre confiance en (a grâce,
dans Tespoirqne tu exauceras nos vœux; là
où nous n'avons personne qui nous assiste,
il nous prêtera lui-même son aide.
L'ombre de (a misériconle nous protège
comme une nuée; sauve-naus de notre en-
nemi par la main de ta miséricorde.
L'ennemi qui a détruit nos ministres me
tuera; que l'ombre de la miséricorde pro-
tège ceux qui sont dans l'aiBiction et dans
la tristesse.
Réprime les jugements qui sont de notre
temps de vils blasphèmes (950), réprime la
main de notre ennemi qui est étendue pour
nous nuire.
Réprime les oppresseurs qui se montrent,
de nos jours, en grand nombre; déjoue les
détestables conseils de nos ennemis.
C'est toi que nous implorons, ô roi de nos
esprits (951); sans toi, il n'est pas de^ésur-
rertion pour notre vie
Pîos vies s'écoulent sans savoir si des ven-
geurs se lèveront pour nous; délivre-nous
des oppresseurs qui nous châtient à cause
de notre faute (952).
Ils nous ont haïs sans miséricorde, et nous
leur avons éiè assujettis; l'homme heureux
nous regarde de notre vivant comme morts
(953).
Toi , devant lequel tous les rois s'humi-
lient, devant lequel tous les héros trem-
blent et frémissent, venge-nous de nis en-
nemis dans le cœur desquels il n'y a nulle
miséricorde; délivre-nous de nos souffran-
ces; fais qu'ils tombent dans l'inquiétude.
Privés de ta miséricorde, nous vivons dans
les angoisses, iouels de nos ennemis; punis-
les dans ta eolère.
O miséricordieux I prépare-nous des ven-
geurs dans ta miséricorde; qu'ils accourent
promptement, atin que nous soyons ven-
es.
m
(950) Ce passaf^c esl tronqué dans le manuscrit ;
l'auteur samariiain entend par ces juf(i*nicuis ceux
que les Cbrétieiis ou les uiabométaus reudaieut
uIofF.
(951) Expression qui rappelle celle euipioyée dans
le Livre de* Nombre» (xvi, 2i) : Forlissime Deuê
êpiriiuum uviversœ carnis,
(95i) L'auteur envisage les calamiiés Infligées par
kss ennemis comme les châtiments des fautes com-
mises, et ces ennvniis sont les instruments de la
jusiice divine; cette pensée se retrouve fréquem^
mont dans lc« écrivains sacrés. {Voy. entre autres
haie, cil. I, 10.)
(955) Ost-à-dire : c Nos ennemis enorgueillis de
Icirrs succès, iront pour nous que du mépris, et
quoique nous soyons en vie, ils ne se soucient pas
plus de nous que si nous étions morts, i
(954) Les Samariiains demandent dVtn; rétablis
dans la situation bonorable où étaient leurs ancê-
tres; ils font lie grands éloges <lu passé et ils racon-
lenl dans leurs eliroDiqucs des contes dénués de
tout ftmdenient au sujet d»'s honneurs que les rois
i!e Perse ci .\leiuindre le Grand rendirent k leurs
pères. (S.deSacy, Chre$tomathie arabe,{A\, p. 2U9.)
(955) Celr liymne n*» st pas entier dans le manus-
crit q(;*a suivi Gésénius; il se compose des huit
strophes d*une pièce rangée suivant lordr** alphabé-
tique. Chaque strophe se compose de trois vers.
(026J Interprétation allégorique du jeune de
Envoie par la miséricorde les hoooeors
de nos ancêtres (934) ; envoie-nous, i^r un
effet de ta bonté, ce qui doit être notre salut
et la perte de nos ennemis.
Dans la puissance de ta miséricorde, aie
pitié de notre misère; viens au secours ii«
notre humilité par la force de tes juge-
ments.
HYMNE V (955).
L'homme qui se réfugie vers Dieu ne reste
tas sans protecteur; le Seigneur le proléj'e,
quel(]ue extrémité qu'il se trouve, pour-
vu qu'il reste constant dans la doctrine de
Dieu.
Contemplez ses tr 'sors et louez-fe: il$
sont caches à la cité du monde, et ils somi
celui qui n dit : « C'est moi , c'est mot qui
suis. 9
Ses fruits se recueilleront lorsqu'ils pro-
viennî^nt du feu; le Seigneur miséricor-
dieux les a choisis, et le prophète fidèle les
a reçus.
Le malin était beau sur le montSioaî, le
malin de la vie a été institué à cause du
jeûne de Moïse (956).
Les tonnerres et les foudres et les pluies,
la voix de la trompette et la nuée et la splen-
deur accompagnaient le Seigneur sur la
montagne (957).
Le miséricordieux a appelé et a dit: «Qu'il
n'y ail pas pour toi de dieux si ce n'est moi;
car toutes choses viennent de moi et m'ap-
partiennent. »
Le soleil brillant qui ne s'éteint point est
le nom de Dieu (958) , et son prophète esl
en lui; Dieu est vainqueur dans les guerres.
Les portes du ciel (959) lui ont été ou-
vertes (à Moïse) ; alors Dieu étendit à Moïse
les deux tables de l'alliance.
HYMNE VI (960).
11 n'a jamais existé nul prophète cooiiBe
Moïse dont il est fait mention dans VExode, iiiiv.
28, et dans le Deutironome^ ix, 18; en ce dernier
endroit, il est expliqué que le législateur jrûut
pour expier les péchés du peuple. L'aateur sami-
ritaîn regarde la promulgation de la loi coismek
malin du monde ; c*est une allégorie dans le geore
de celles de Plitlon.
(957) Ses images sont empruntées à YExUi,
ch.' XIX, 17.
(958) Gésénius fait en cet endroit la nota svi-
vanie : < Nomen D«tdicitur pro ip$o ■ll■l>»^ Mop»
autem nunc post fata habitare dieitur iu splefl|1on
divine, solis Instar fulgente. Cf. Dan. lit* 3. m
Librum Josuœ apocrvpiium ap. Uottingenini» i"
Enuead, diaput. p. xé, ubi de Mose : i Ciniit u
fclicitaie maxiroa et insenti benedictioot, <lcsiiM'
\\i tibi altissimum et nooilissimum locum, portis
par:ulisi, i etc.
(959) Expression qui se retrouve dans la Cithi^
xxviu, 17.
(960) Cet hymne célèbre les mérites de llobe ei
parle du sort téservé lors du jugement dernier, itft
prophètes. Il a de Timportaixe iiuisqu'il atteste 1«'
la foi à la résurreciion et à la vie éterncfleeta t
répandue chct les Sai'nartiains. Qneiqn^ i^'^
av.iient eu des doutes à cet écard. {^^'^^
Epiphane, liasres. 9, n. 43 ; saint Crégoiit le On^**
}loraL in Jab, c. xv.) Gésénius t envoie sur eei ^
\H à Hottinguer, De moti. ruurrtclmit D. lit ^'
917
SAM
PART. III.— LEGENDES ET FRAGSuENTS.
SAM
918
Uoise, et il n'en existera point dans le mon-
de créé.
Ce juste* envoyé de Dieu, est entré dans la
voie de la perfection (961;,
Ce prophète véridique , ami de la maison
divine.
Qui est-ce qui est comme lui parmi les
hommes? qui est arrivé au même degré que
lui?
Qui peut contempler ce que le Seigneur a
institue et raconter ses magniûcenccs?
Elles sont comme ce qui est vaste et vide
|962) , et il n*y pas de nombre qu'on puisse
leur assigner.
Ceu( qui le méprisent se raillent de lui
(963), disant : a Moïse n'est pas comme les
prophètes qui annonçaient l'avenir, s
Lorsque chacun d'eux est menteur et per-
verti , et toutes leurs paroles ne sont que
malice.
Et au grand jour de la résurrection , au
jour pur et splendide, une grande rédetpp*
tion sera annoncée , mais il n y aura pas de
résurrection pour eux (964).
Rien» si ce n'est le feu, brûlera dans leurs
cœurs (965j, et chacun d*eux maudira ses
propres œuvres.
Tous resteront debout, semblables à Fim-
mobilité du rocher (966).
Sans parole, sans discours, comme cher-
chant l'impiété.
El la parole viendra à eux : t II n'y a pas
aujourd'hui de délivrance pour vous. »
Quoique vous soyez maintenant conver-
tis à votre Dieu, vous brûlerez dans le feu.
A cause de ce que vous avez fait h mon
peuple et à ceux (%7) avec lesquels j'avais
contracté alliance.
Car la lumière (968) est dans leurs mains,
cl vous marchez dans les ténèbres.
El vous subirez le jugement; il n'y a pas
d'in quité è juger.
Ennead. diasert.^ p. 26, à Abu!phalaciis, ap.
Scliuurrer (Neueê reperiorium, 1, p. 130, i3i, 450;
Comment, arab. in fjénesin;nepen, xvi, p. 459.)
(96i) Ou de. la consommaiion ; c'est-à-dife il a élé
élevé au comhle de la félicité. L*ëxpression xori'
iummatug se trouv** dans VEpilre aux Hébreux^
c. V, 9. Dunsisi Genèse (xx, 3; xxv, S), elle dési-
gne la mort.
(96i) Expressions qui désignent des choses ob-
scures, nue les morlels ne doivent point pénélrer.
i9b5) L*apteur entend par ceux qui se raillent de
Vuîse les Chréiiens aussi bien que les Musulmans,
Ws(|iiels no regardent pus Moise comme le plus
grand des législateurs.
(^f)4) La rémission des péchés sera proclamée,
ntais los ennemis de Moise, les proptièt< s que les
Samaritains taxent de fausseté, ne n ssnscitcront
r^ts pour entrer en possess^ion de la vie étt^rnelle,
fii;<is pour être jetés dans renfcr ; tel est le sins de
te verset.
(965) Image allégorique des craintes et des dou-
leurs qui déchireront le eœur de i eux qui atten-
dront le Jugement; elle est unanime chez les écri-
uins orientaux.
i9(W) Cmî rapp l'e Texpression du i" Livre des
^oit (ch. XIV, 37) ; El faclus est tient tapit.
(967) F;iÇon de parler dont on retrouve d'autres
eifuiples dans le texte hébreu, entre autres dans le
Et la vérité nn se cachera pas, mais elle
sera manifestée à la lumière.
Et la voii (969) parviendra aux pervers;
ellese manifestera en venantdu monde caché.
Malheur à vous, malheur à vousl il n'y
a pas aujourd'hui de délivrance pour vous.
Vous avez profané ma prophétie; vous
avez transgressé les préceptes divins.
Vous avez oublié mon domicile, vous avez
renversé le siège saint (970).
Vous avez opprimé mon peuple et mon
premier-né (971); vos pieds se sont égarés
vers l'hérésie.
Vous avez enseigné ces opinions; vous
avez jeté un voile sur la révélation.
. C'est pourquoi il n'y a pas de délivrance
pour vous, ni de consolation, ni d'espoir.
Mais la colère dominera en vous, et une
série de calamités vous frappera.
Mais mon peuple habitera en mon séjour
et sa fontaine sera dans le jardin d'Eden
(972).
Parce qu'ils ont marché dans ma voie,
parce qu'ils ont observé tous m^s préceptes.
Car j observe le pacte que j'ai contracté
avec eux; j'accueille les prières de Moise
(973).
Israël, tu es heureux parmi les peuples
dans ce monde et dans celui à venir.
GIorifi«-loi de Moïse, ton prophète i, et in-
voque pour lui le saint.
Et dis : « Que le salut de Jéhova soit sur
lui qui désire l'éclat de la prophétie.
Que le salut de Jéhova soit sur lui auquel
est la vie éternelle (9^^).
Que le salut de Jéhova soit sur lui qui se
réjouit d'un tel surnom (975).
Que le salut de Jéhova soit sur lui. • C'est
ce que nous répéterons en tout temps (976).
HYMNE VII.
(Géséniuê êtst contenté ^indiquer le sujet
de cet hymne et des suivants. Celui-ci céliors
Livre de Job, (ch. n, 9) Lauda Deum et morers^
pour quamtumvit Deum laudabit, tamen morieris.
(968) La lumière de la vérité, la vraie doctrine,
comme dans /me, n, 5; xlix, 6; li, 4.
(969) La voix céleste. (Voy. JtaU^ ix, 7; et
Da-'iV/, IV, 28.)
(970) Allusion à la destruction par Jean Uyrcan
du temple de Garizim dont les Samaritains attri-
buaient la fondation ^ Josué;
(971) Le premier-né de Dieu signifie le P^t^^e
entier des Hébreux, comme dans VExode^ iv, ta.
Les Samaritains qui voulaient seuls passer pour les
vnûs Hébnux, revendiquent en leur faveur eetta
dénonûuaiion.
(97i) Les rabbins et les musulmans ont avancé
une foule de fables au sujet des fleuves cldts fon-
taines du paradis.
(97.S) Al> iso esi représenté comme intercédant en
faveur des fidèles. Les Juifs mod-'rnes admettent
riiitcrvention ^n faveurdesvivMits. ( Voy» Hoitinguer,
Eiineaf/.,p.225.h
(974) Liitéralemeiit : i^ui est le maître de la vie
et de la duié^.
(975) Gcsénius convient qa*il D*est pas sûr d*avoîr
bien rendu ce verset obscur.
(976) Littéralement : n« us qui sommes les fils de
riicure ; idiotisnte qui signifie immédiatement, ou
en toute heure, cm tout temps.
919
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
par/icipef les hommes aux mystères de ia foi.)
HYMNE Vlll.
[Même sujet. On y trouve de plus un éloge
de MoUe, qui est gvialifié d^inlerprête (de
Dieu)^ et des exhortations pour adorer Dieu
avec ferveur et humilité.)
HYMNE IX.
(li enseigne comment Us idiles à la loi de
Moïse peuvent obtenir par tejeûne^ la prière
et lafxété^ la participation à la vie éternelle.)
HYMNE X.
(On trouve dans cet hymne les reflets d'une
inspiration qui rappelle le gnosticisme et le
sufisme (977). Jl est Question du mystère de
VçLmour divin f auquel participent urf petit
nombre d^ hommes y mais ils doivent, partout
où ils se trouvent, être égalés aux rois de la
terre. Le poète n'ose pas se regarder comme
étant run d'eux ; il espère toutefois jue des
fidèles instruits dans ce mystère, le bit révéle-
ront. Il parait, d'après cet hymne, qu'il exis*
tait chez les Samaritains une doctrine secrète
et quil y avait parmi eux des personnes en
possession de mystères que la foule ignorait.
Voici un passage extrait de cet hymne et re-
latif à la nature spirituelle de Dieu qui
remplit le monde et qu'il ne faut pas pré*
tendre approfondir.)
Il n*est rien de pareil \ lui el comme lui ;
ni l'ombre, ni le corps.
Nul, si ce rrest lui-même, ne sait ce qu*il
est ; il n'a ni compagnon, ni créateur.
11 remplit le monde entier, et son approche
ne se connaît point.
11 apparatt d€ tout côté et en tout Heu, et
nul lieu ne le comprend.
Caché et manifesté à la fois, il voit et sait
tout ce qui est caché.
Caché et ne se montrant pas l la vue, il
n'existe rien devant lui et il D*eiiste rien
après lui.
HYMNE XI.
{Gésénius na traduit qu*une portion iscH
humne, lequel débute par des louemqn «fra-
sees à Dieu comme créateur du menie )
Il a élevé les cieux des cieux, et il a cons-
truit les astres et le soleil.
Et il a (>roduit la ferre (9TO), et il a ordonné
è rherbe elaux moissons d'y germer.
Et il a réuni l'eau dans les mers, el lia
ordonne è f homme de paraître comme le
cher des choses créées; il a été créé de la
poussière du mont Safra (979).
Le formant selon l'image et la similitude
de ses fils; il n'a rien ajouté el rien retran-
ché (980).
Et il l'a placé dans le jardin d*Eden poor
qu'il le cultivât et le gardât.
Et la chatne de ses générations tsi suiTanl
les décades ]981).
A Noé, à Sem , à Eber, è Abraham, fils de
Taroch.
A cet homme, à celui qui a dit : • Qu*il
est redoutable I »
D*où sortirent les douze trîbits; cbacisoe
d'elles étant è lui h perpétuité.
Et la plus chérie des tribus, celle de Lévi,
se leva ; c'est sa propriété, et voici quelle
est sa chaîne.
A Kahuth, à Amram, au sommet éa
monde et à sa couronne.
Moïse, l'homme de Dieu, qui est le soleil
et la lumière du monde.
Dont la lumière resplendissait el avaitsoo
origine dans l'Orient.
Il marchait dans le feu, et il subjuguait
les forteresses.
Et il montait au ciel (982), et la loi fut re-
mise en sa main.
La loi qui commande et preserii tnules
choses aux vivants.
La çrâce de léfaova sur lui depuis la fin
jusque la fin.
SAMUEL.
Bodin {De la République, I. i, c. tO) et (ch. x, 25), ont cru que Samuel avait écrit
Sgambatus (Archiv. Vet. Test., p. 281) se un livre sur le droit des rois,
fondant sur un passage du i" Livre des Avis Des rabbins ont dit que cet ouvrage Sfait
F Arabie, p. 557; Ahaireda, Annales, 1 1, p. M.) .
(980) Les Samariiaiiis affirmaient que nei a^éuil
eewparable à Dieu, ib éuient chèques du pasaaie <l<
la Genhe, oii il est dit (cli. i, 2tf, 27) ^je Die»
ftt rboiinne h soti image; de même que phuear^
rabbins, ils prétendireul qu*il faUaii enieadie i
ri mage des aiigrs. Telle est l*optnion d'Abea-lJ».
d'Âbarbeuel cl d'autres inlerprétet jtti&. ( I ^> ■*
■oie de Gésciihts, p. 402.)
(98 1) Il y a en eff.l dii généralieni d*AJaa i
Noé, (Mx de Moé à Abrahaui, on conpiant M ikoi
|)a4riarche8. .
(082) Les rabbins n*ont pas dit qu*aa mmm»i àt
sa mort, Moise monta au ciel, mais erlie cirtom*
tance Taisait partie des traéitiens unariuiar*;
nous la retrouvons dans le Litre opocrfpke deJ^f^f*
voici le pansage qiic uotis lisons dans Hfiiin^*
(Smegma orientale, p. 455) : € Cumqoe «aW<i^»
preti'al»6retMr et iiox ingruerel, descendit o^*"^
ignca divins, quae illos et domiuun eumm Hs ^P^
ravit, ut nullusquid accidisset ci poslaa rtKiifnt»
(977) Tel est U nom d^une docirîne mystique ré-
pandue chez les Musulmans. EWfi a été Tobjet d'un
travail important dû à un érmiit prussien ; Ssa-
fismut site theosopMcê Persorum pautiteisika, quam
e mannserrpîis brtêiothecœ reghi Merotinensit Per-
$ieis, Arabfcis, Tureicis eruiï atqne ittustravil t\
À. D. Tholuck. M. Silvestre de ^cy a rendu it)mpie
(le re travail dans le Journal des savants, décembre
f 821 et janvier 1822.
^079) ^'est ainsi qiron lit dans Job (ch. xxv,
7) : Suspendit lerram super nihilum ; Ovidir dit de
même :
Terra pils similis, nullo fulcimine nixa.
{Fa$t, Mb. VI, vers. 269.)
(979) Nous STons déjh parlé à Tarticle Adam, des
fables rôp.tndues parmi les Orientaux au sujet de
la création du prcmrfr bonimc ; le mont Safra est
situé non loin de la Mecque, et Ton retrouve cbea
l<*s Musulmans les cirronstances que le i^oéte sa-
marllam rappelle ici. ( V/ry. Nhbiihr, DescripHon de
9il
SAN
PART, in.— LEGENDES ET FRAfiliffiNTS.
SAN
039
été déposé dans l'arche. On ne peut douter,
en (»ffet, d'après le lexle de l'Ecnlure (/ Reg.
X, ^) : Locutusest Samuel adpopulum legem
regni tt scripsU in lihro^ que Samuel n eût
composé un livre sur les lois qui devaient
régir les Israélites^ mais faule de renseigne-
ments, nous devons nou» abetenif de toute
conjecture superflue h cet égard et renvoyer
parmi les circonstances apocryphes ce qu'on
pourrait avoir avancé au sujet de cet écrit
qui présenterait, s*il était venu jusqu^ànous»
un véritable intérêt.
SANCHONIATHON.
Cet auteur était phénicien; c'est, après
Moïse, l'écrivain le plus ancien dont il se
soit conservé quelques fragments. On est
dans rincerlîtude sur l'époque où il vivait;
les uns le placent peu de temps après Moïse;
d'autres le font contemporain de la guerre
de Troie; il y a toutefois près de huit
siècles d'intervalte entre ces deux données.
Porphyre dit que Sanchoniathon avait rap-
porté, au sujet aes Juifs, beaucoup de choses
très-véritables qu'il avait apprises du ]<rétre
Jérotnbal, serviteur du dieu Jeno (Jéhovah).
Tous les fragments de Sanchoniathon que
nous possédons viennent de la traduction
grecque de son Histoire ou Théologie phéni^
cienne faite par Philon de Byblos, qui vivait
au H* siècle de noire ère. Eùsèbe(Frœparat.
Eranjf., lib. i, c. 9 , JO [983 J) a conservé un
long fragment de celle version ; TBéodoret et
Porphyre ont, de leur côté, donné quelques
citations. Les opinion^ diverses, les travaux
desérudits au sujet de ces curieux débris de
ranliquité ne doivent pas nous occuper ici;
nous n'avons h parler que d'un Sanchoniathon
apocryphe qui a été mis au jour il y a une
vingtaine d'années. On prétendit que le ma-
nuscrit en avait été découvert par un certain
colonel Pereiro dans le couvent de Santa
Maria de Merinhico en Portugal.
Une traduction allemande de cet ouvrage
parut à Hanovre en 1836; elle fut aussitôt
traduite en français par M. Lebas , et elle
fut promptement suivie d'une version lati-
ne, intitulée : Sanchoniatkonis hisloriarum
Phœniciœ libros novem Grœce versos a
Philone Byblio^ edidit, Latinaque versione
donavU F. Wagjsnfeld, Bremœ, 1837, în-S*,
205 pag.
11 y est fort question de Saturne , des
géants, des monarques qui se succédèrent
a Tyr et à Sidon, des guerres qu'ils soutin-
rent contre leurs voisins et contre des pi-
rates.
Transcrivons le début de cette produc-
tion :
Prineipium hujus universi ponit aerem le*
ntbrosum ac sptritu fetum seu mavis tene-
hrosi aeris flatum ac spiritum^ chaosque /wr-
tidum alla^ue caligine circumfusum. Hœc
porro infinUa esse^ nullumque nisi longo sœ*
f^lprum intervallo terminum habere, Verumf
'u6i iptVt/uâ, inquit^ amore principiorum suo*
(983) Tom. !•', p. 3!-*l, et 46i de h Irtduciion
^ançaise de SI. Séffuier de Saint-Brisson , Paris,
On peut consulter aussi les travaux ae Cumlier-
laud {^nchonialon, pkœmcian InnUtry translatée
(jmtkelim kook of Kttsebius^ Londres, niO),el
^ savaiii Orelli [Sanchoniatiê 9uœ ferunt [ragnien-
rum ftagrare cœptsset , eumque simnl esM
mistio consetnta, nejrum hune rmUuam eupi-
dinem appeilarufiC. Js quiiem omnium rerum
procrealionis prineipium fuit, Tum spiri$u9
êuam ipsius iniit procreationem, ûua eus ean^
junclione prodiit esset (id quod limnmnon"
nulli^ alii aquosœ mistionis corrtfptionem
esse Tolunt) tx qua sequutœ produciionis
seminaj fpsctque aâeo rerum universarum ge'-
neratio êxstiteriî.
L'authenticité de Pouvrage eut quelques
défenseurs, entre autres rorienlalisle Gésé'^
nius ; mais bientôt, à des doutes tomours
croissants, succéda la certitude au'il s agis-
sait d'une supposition assez auroile. Des
informations prises en Portugal montrèrent
qu'il n'avait éié découvert aucun manuscrit
{Moniteur^ 28 octobre 1836), L'orientaliste
Grotefcnd, qui avait d'abord prêté l'appui
de sa plume au pseudo-Sanchoniathon , le
combattit et mil en. évidence la supercherie
dans un livre qu'il intitula : Die Sanchonta^
tonische Strei(fraqe nach ungedrucklen BriO"
fen getoUrdigt, Leipzig, 1836, in-8'.
N oublions pas un travail de M. £. Renan :
Observations sur le nom de Sanchionathon
inséré dans le Journal asiatique, 5' série,
t. Vlll, janvier 1856, p. 85-88. Nous lui
emprunterons queUiues observiitions.
« Le nom de Sanchoniathon est, parmi les
noms phéniciens qui nous sont connus, un
des plus difficiles à expliquer. Les inlerpré-
talions de Bochart et d'Hamaker sont auiour«*
d'hui tout à fait abandonnées. Hilzig(/fteof.
Studien und Kritiken, 18^0, p. 429 et suiv.;
Rheinisches Muséum {Hr Philologie^ neue Fol-
ge, X, p. 87) croit y reconnaître deux mots
qu'il traduit par : « Mon palais ^c*est*Mire
mon goût) est la vérité! » Explication bi-
zarre qui se rattache à un passage de Por-
phyre, cité par Eusèbe même» et qui peut
s'interpréter différemment.
M. Movers {Die Phœnizier, ï , W ) croit quô
la forme sémitique du nom de Sanchoniathon
peut se rendre par : Tola lex ehoni^ et ce
mot désignerait non un homme, mais l'en-
semble des écritures sacrées des Phénî*
ciens ; mais l'existence du dieu phéni-
cien Chon est fort douteuse, et eommenC
supposer que le nom sacramentel des écri*
tures phéniciennes fût devenu un nom
d'homme?
ta, Leipzig, I8Î6, în-8%) Couri deGcbelfn s'en est
aussi occupé dans son Monde primitif. Nous B'a--
vons pas d*ailleurs riiitciilion de nienlionner ici
Men d^aulres diaserlaitoiis relatives à ce vieil bis-
lorieii ; nous renverrons seulement ii Tarlicle que
lui a eoneacré M. Sa)ai«Marliii dADs la Bkfri^hiê
utmeneUê^ t. ILL, p. S(4*
913
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES
«1
«Il
«•4
M. Ewald (AbhUndlung aeber die phcprii-
xirehen ansichen, 1851, p. 5^-55, note 12),
propose de lire ce nom diffidle d'une ma-
nière q\\\ signifie : Armé d'un poignard. 11
avoue d'ailleurs qu*il n'a pas prétendu don-
aer une explication défin-ilive.
M. Renan pense enfin que le mot Sancho-
niathon peut signifier : domestique ou ami.
d'Alhon, c'est-à-dire de Dieu. Un passage de
Philon de Byblios, conservé par Etienne de
Byzance (De urbibus)^ au mot Am^ix^cic,
montre que athos, en pLénicien, signifiait
Dieu.
Le texte que donne Eusèbe des fragments
de Saichonialhon a été regardé par quelques
^^rudits comme falsifié; telle est du moins
Topinion de Dodwell,de Dale, de Meiners,
de Lobeck; d'autres savants ont pensé que
le fond de ces fragments était autheplique ,
mais que Philon avait pu y laisser intro-
duire des interpolations et des changements.
Voy. Fabricius, Bibliotheca Grœea^ t I,p.
22^, édit. de Haries; Movers. Jans \tsÀn
nales (en allemand) de théologie ei depkih-
Sophie chrétienne^ 1836, Vil, 51 , et la dis-
sertatioo de J. L. Vibe : De Sanckonialhon
ejusque interprète Philone Byblio^ Chrislii
nia, 18^(2, in i^*.
Movers, dans son grand ooTra^e surteN
Phéniciens ( t. I, p. 99 et 116-147), s*est ef-
forcé d'établirqueSanchoniathon n étailpoiat
un personnage réel et qu'on avait donRé ce
nom au recueil des écrits qui expoMient le^
lois et les dogmes de ce peuple. Phi Ion en pré-
sentant Sanchonialon comme un biMoneo
d'une époque fort reculée, voulut luidoo-
ner plus de crédit; mais les fragments qui
nous en restent, quoique précieux è ccrtAiDi
égards, ne contiennent pas les vérilab'-^
doctrine.<t des anciens Phéniciens , et n'of-
frent qu'un mélange d'idées pbéaicienoes,
égyptiennes et grecques.
SEivr.
Des auteurs juifs ont attribué à Scm
quelques écrits ainsi que Sgambatus a pris
la peine de l'expliquer [Archiv, Vet. Test.^
p. 16S), dans un passage que Fabricius a in-
séré dans son Codex pseudepigraphus Vet.
Test., t, 1, p. 283. Un livre hébreu relatifs
la médecine se trouve dans la bibliothèque
de l^unich, et son tilre peut se traduire
ainsi : Liber medicamentorum quem trans*
tulerant Sapientes antiqui ex libre Semi fli\
Noe.
Ce qui ^>t relatif à Sem et à Cbam a été
longuement discuté dans un ouvrage entre-
pris par un Anglais, et dont il n*a para que
le premier volume: Origines bibUcœ^ortif-
searches in primœval history^ l)y Ch, Fil»-
tone Beke. Londres, 183&, in-8*.
1
SÉNÈQUE.
[Correspondance de saint Paul avec Sénique.)
Ainsi que nous l'avons dit à l'article Paul
fSaint), la correspondance de cet apôtre avec
le philosophe Sénèque devait trouver place
dans notre collection d'écrits apocryphes;
nous avons d'ailleurs peu de chose à dire au
sujet de cette production, car M. Amédée
Fleury a épuisé ce sujet dans le remarquable
travail qu'il a publié en 1853 sons le titre
de : Saint Paul et Sénèque : Recherches sur
les rapports du philosophe avec l' Apôtre , et
sur V infiltration du christianitune naissant à
travers le paganisme (Paris, 2 vol. in-8'').
Ce judicieux critique pense qu'il n'y eut
jamais de correspondance échangée entre
J'illustre prédicateur de la foi chrétienne et
le précepteur de Néron , mais le bruit de
leurs relations écrites, répandu, soit de leur
vivant, soit après leur mort, était la con-
séi}uence de ce qui avait transpiré de leurs
relations orales. Les lettres mises sous
ce nom, remontent d'ailleurs à la plus
haute antiquité; elles ont été mentionnées
P'M' saint Augustin {De civitate Dei, lit), vi,
10), et par saint Jérôme [Epist. ad Mace-
donium), mais en des termes qui montrent
qu'en général elles passaient pour suppo-
sée?».
L'ouvrage qui circulait au iv* cl au v* siè-
cle est perdu; celui que divers manuscrits '
ont conservé, est une composition beaucoup
plus récente où l'on a peut-être gardé quel-
ques-unes des phrases qui se trouvaiect
dans l'ancien écrit, mais qui, dans son en-
semble, n'offre ni mérite, ni intérêt. M.
Amélée Fleury croit pouvoir l'attribuer à
un moine du ix* ou du x* nècle; il si^ni-e
« la bassesse du style, la stérilité, la pué-
rilité du fond. V Des l0(^utions de la f'^is
basse latinité, des solécismes, montrent qjc
ce n*est qu'à une époque de barbarie qu'^'U
pouvait écrire ainsi.
La plupart des critiques s'accorJant |K)ar
rejeter cette correspondance comme Si>0'
cryphe, tombaient cependant dans une er-
reur que M. Fleury a signalée ; ils faisaient
peser une pareille réprobation sur le recuei.
qu avaient connu les Pères, tandis <|u il c<^&*
vient de distinguer deux com positions Rt
différentes; la première écrite probabtemeDl
en grec , était antérieure au siècle ^*'
saint Jérôme et do saint Augustin; (a se-
conde, écrite en latin, déflgurée par<lesn<^fl
sens historiques et dénuée de toute fsleur,
est née, bien après le v* siècle, et ceshi
disparition de la première correspopiito *.*
qui a suggéré l'idée de cette supposition.
Nous avons essayé, après M. fleoryt «|
traduire de nouveau les lettres quiport^o/
933
SEN
PART, in.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
SEN
026
le nom de saint Paal el de Séiièque; notre texte original, est moins élégante, nous
rersion serrant de plus près peut-être le nous empressons d'en convenir.
LETTRE PREMIÈRE.
Séuèque à Paul , salut.
Je crois, Paul, que l'on t'a annoncé que
hier nous nous sommes entretenus avec
notrft ami Lucilius de tes écrits et de di-
verses autres choses. Quelques-uns de ceux
qui pariagent tes doctrines se trouvaient avec
moi , et nous nous étions retirés dans le
jardin de Sallusle (98i), lorsque des per-
sonnes qui passaient par là, ayant vu les
gens dont jai parlé, se sont joints à notre
société. Assurément, nous avons souhaité que
lu fusses présent; c'est ce que je veux que tu
saches. Quand ton livre a été lu, c'est-à-dire,
quand nous avons lu bien des choses dans
qneiques*unes de ces lettres que tu as adres-
sées à quelque ville ou à la capitale d'une
province, el qui exhorte d'une manière ad-
mirable à la. vie morale, nous avons été en-
tièrement réconfortés. Je ne [)ense pas que
les sentiments que tu exprimes viennent de
t'ii, mais c'est par Ion entremise qu'ils arri-
vent à nous, et certainement ils viennent
parfois de ta pensée. Telle est leur majesté
et telle est la générosité dont ils brillent que
je puis h peine croire que les générations
(ju elles doivent instruire et perfectionner,
soient en mesure d'en supporter la splen-
(ieur. Je désire, mon frère, que tu demeures
en bonne sauté.
LETTRE II.
Paul à Sénèque, salut.
J'ai reçu hier tes lettres avec Joie; j'au-
rais répondu immédiatement si j'avais eu
(>rès de moi le jeune homme que je voulais
l'envoyer. Car tu sais quand et en qui, et en
quel temps , et à qui on doit se confier et se
remettre. Je te prie donc de ne pas supposer
que je ta néglige, lorsque je fais attention
ttu choix de la personne que j'emploie; tu
m'écris que mes lettres ont été bien accueil-
lies de vous et en certain endroit ; je me re-
garde comuQO heureux d'avoir le suffrage
d'un homme aussi considéré. Toi, censeur
Il sophiste, précepteur d'un prince qui a sur
tous les hooimes un si gfand empire, tu ne
{tarlerais pas ainsi, si ce n'était que tu ex-
primes la vérité.
Je souhaites que tu conserves longtemps
une bonne santé.
LETTRE IIL
Sénèque à Paul, salut.
J*di mis en ordre certains volumes, et les
ayant rangés selon leurs divisions, j'ai le
projet de les lire à César, et si le sort nous
est prospère et nous favorise de manière
à ce qu'il nous prête une oreille attentive,
peut-être y assisteras-tu. Sinon je t'indique-
rai un autre jour pour que nous assistions
ensemble à cette besogne. Je ne pourrai pas
lui montrer cet écrit avant d'avoir préala*
blement conféré avec toi (si la chose peut se
faire impunément), atin que tu saches queje
ne saurais me passer de toi. Porte-toi bien,
mon très-cher Paul
LETTRE IV.
Paul à Sénèque, salut.
Toutes les fois queje reçois tes lettres, je
désire ta présence, et je ne pense à autre
chose qu'à te voir toujours avec nous. Lor$«
que tu auras pu entin venir et que nous
nous serons vus, nous désirerons nous re-
voir encore sans délai. Je désire que tu t«
portes bien.
LETTRE V.
Sénèque à Paul, salut.
Nous nous sommes af&igés de ta retraite
trop prolongée. Qu'y at-il? Quelles sont len
choses qui le retiennent éloigné? Est-ce l'in-
dignation de l'empereur, parce que tu as
abandonné ton ancien culte et ton ancienne
secte, et que tu convertis les autres? Il y a
lieu alors de lui demander de considérer
que c'est un effet de la réflexion et non de la
légèreté. Porte-toi bien.
LETTRE VL
Paul à Sénèque et à Lucilius, salut.
Il n'est pas permis d'employer l'encre et la
plume pour parler des choses au sujet dos-
quelles vous m'avez écrites; un de ces
objets dénote et retrace quelque chose,
l'autre la mt*t en évidence. C'est mon opinion
surtout lorsque je sais qu'il se trouve parmi
vous des personnes qui me comprennent
comme si elles étaient en nous et chez nous.
Il faut rendre honneur à tous d'autant plus
au'ilssont moins disposés à saisir l'occasion
e nous rendre justice. Si nous montrons
de la patience à ré^i^ard de ces derniers, nous
finirons par rester leurs vainqueurs de tout
côté, pourvu qu'ils soient de ceux qui fas-
sent pénitence de leurs fautes. Portez-vous
bien.
LETTRE VIL
Sénèque à Paul et à Théophile, salut.
J'avoue que j'ai été fort touché de la lec-
ture des lettres qun tu as envovées aux Ca-
lâtes, aux Corintnienset aux Achéens; vivons
de façon à les proi^a.^er mutuellement, avec
l'amour divin. L'es)>rit saint répand en toi et
sur toi des sentiments élevés et sublimes,
dignes de tout respect, le voudrais ain^i,
lorsque tu exprimes des choses excellentes,
que l'élégance du style ne fasse pas défaut à
leur majesté. Pour ne rieu te cacher, mon
frère, et pour ne pas avoir de reorocbe è me
(084) Tacite, lîv. xuf, nous apprend qae Néron cni(5uhcr, entre autres écrivains, PanciroUus, De
réfiuoniait ces iirJins au sujet desquels on peut Xi Y regîonibui urbit Romanit»
92?
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
»
faire» j aTOuerai qu'Auguste (985) a été louché
de tes sentiments.Lorsque le récitdu commen-
cement de ta marche dans la vertu lui a été
lUt ses paroles ont été qu'il était étonné de
ce qu'un homme qui n'ayait pas reçu une ins-
truction régulière, ressentit de pareils sen*
timents. Je loi ai répondu que les dieux
parlent par la houcbe des innocents et non
par l'organe de ceux qui pourraient faire un
mauvais usag:e de leur sciencp, lui citant
l'exemple de Vatinius (986), l'homme de la
campagne, è qui apparurent dans les champs
de Reate» deux hommes qui furent ensuite
reconnus pour Castor et Pollux. Il naratt
asset instruit. Porte-toi bien.
LETTRE Vlir.
Paul à Sénèqne, salut.
Permets-moi, non de te réprimander, mais
de te donner un conseil, quoique je n'ignore
pas que César est un admirateur de nos doc-
trines, mais il pi^ut bien un jour cesser deles
admirer. Je crois que tu as fait une chose
grave, lorsque tu as voulu porter à sa con-
naissance des idées qui sont contraires à son
culte et à son instruction, car, puisqu'il
adore les dieux des gentils, comment a-t-îl
pu te f^raitre convenable de lui faire savoir
ces choses? c'est ce que je ne saurais com-
prendre qu'en expliquant ta conduite par
un attachement excessif pour moi. Je te prie
de ne plus agir ainsi è l'avenir. Il faut
prendre garde, dans Taffection que tu ne
portes, que tu n'offenses la maîtresse. S'il
persévère, l'offense qu'elle aura rei^sentie
n'arrêtera pas l'empereur, et s'il ne veut pas
persévérer, cette offense ne nous rapportera
aucun avantage. Si elle est une reine, elle
neae livrera pas à l'indignation, mais si c'est
une femme, elle se trouvera offensée. Portez-
toi bien.
LETTRE IX.
Sénèque à Paul, salut.
Je sais que si tu as été ému en apprenant
rar mes lettres que j'avais montré les tiennes
César, ce n'est pas à cause de toi person-
nellement, mais pour la nature même des
ehoses oui détourne les esprits des hommes
de tous les artifices et des mœurs régulières.
Je ne m'en étonne plus oojourd hui, car
l)eaucoup d'exemples m'ont donné, à cet
égard, une connaissance certaine. Agissons
donc de nouveau; si, dans le passé, j'ai agi
avec trop de facilité, je te demande de me
pardonner.
Je t'ai envojé un livre De copia terborum.
Porte-toi bien, très-cher Paul.
LETTRE X.
Paul à Sénèque, salut.
Toutes les fois que je t'écris etque je mets
(9S5) C^esi -à-dire Néron. L*ouvrage, auribaé à
snfiit Lin, rapporte que cet empereur avait eu con-
naissance de« écrits de saint Paul : Et geripta illius
^uidMm mmitter Cœêuriê cotêm Ulo reUgil, et in
iranc/tf admirabilem reddidit,
(9K€) Vof, Cicéron, ùe nature dtorum^ L i,c.
1 ; Valère-Maxime, L i, e. 8, eie.
(986*) Ou ne r« proche pas à Néron d\(\oir fait
mon nom après le tien, je fais une cl. i
blâmable et qui ne convient pas è ma du..
trine religieuse. Je dois, comme je l'ai sou-
vent déclaré, être tout à tous, etobserrer, i
regard de ta personne, ce que la loi romaiot:
a décidé pour honorer les sénateurs, r*es.-
à-dire que celui qui leur adresse une Iciire
choisisse la dernière place; je ne veui pont
paraître désirer agir de plein gré avec mes-
quinerie à Ion égard, et de te refuser Tlmn-
ncur qui t'est Ou. Porte-toi bien» Dîai;rc
très-dévoué.
LETTRE XL
Sénèque À Paul, salut.
Je te salue, Paul, mon très-cl^r. Si tu si
été uni è ma personne et h mon ami, toi q :
es un homme si éminent et qui a$ étécliM^
en ce but, si, dis-je, tu veux bien non ]h
spulement t'unir h moi de toutes les m-
nières, mais te mêler intimement k noi, c«
sera un grand profit pour ton Séoèt^uf.
Puisque tu es la cime et le sommet de toos
les monts les plus élevés, est-ce que to ce
voudrais pas que je me réjouisse si je suis
assez proche de toi, pour être regardé roniiie
un autre semblable à toi? Ne te regarde don
pas comme indigne d*être inscrit au déf .i
<ie nos lettres, de peur que tu ne (iar8i>5fi
vouloir m'éproijver comme te jouant demr>),
car tu sais bien que tu es citoyen romain. J«
voudrais que ta place auprès de moi fût la
mienne auprès de toi. Porte-toi bien, tuoa
très-cher Paul.
LETTRE XIL
Je te salue, mon très -cher Paul. Penses-tu
que je ne suis pas aiDigé et que ce ne son
pas un sujet de deuil de ce que dessupplicfs
sont infligés à votre innocence, parce que it
peuple entier vous regarde comme si pervers
et SI dignes dechAtiment, pensant que tout
ce qui survient de funeste dans la ville e^i
votre ouvrage? Mais supportons le malhenr
avec un esprit ferme, et faisons «sage M
l'arène que le sort nous a laissée, jusgu'i
ce qu'une félicité qui ne saurait être vaio-
eue mette un terme à nos maux. Les èz'n
anciens ont supporté le Macédonien, fil$<i«
Philippe, le Perse Darius et Denvs; noir*
Age a dû endurer aussi Gaïus César, et li)
ont pu tout ce qu'ils ont voulu. DespreuTd
évidentes constatent d'où provieooeot les
incendies qui désnlrnt souvent la Tille de
Rome (086^). Si la faiblesse bumainepourait
dire quelle en est la cause, et si oo pouviu
impunément parler en ces ténèlires, tous les
homm< s verraient toutes les choses qni ^
passent. Les Chrétiens et les Juifs 6on\
tivrés en foule au supplice comme io<to*
diaires. Ce brigand, quel qu'il soit, [fO\it
lequel l'ollice de bourreau est une volupté et
souvent meUrc te feu h la ville de Rome, nais^
lui impute un incendie qui causa tf immeft^'» ^^**
grs. (Voy. Oion, I. Ltii; Saétone, Vit et Sén%
e. 58; Tacile, AnnnUt^ I. xv.) H eat H«abdiiie«
«an liée t!u régne de Néron et un an avant la w^^
Sénèque , l an 8i7 de la rondatiaii da Rfln« «* *^
G4 de notre ère.
9i9
SET
PART. II!.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
SET
03C
anauel le mensonge sert de voile, est des-
tiné è servir d'exemple \ son époque; de
mAme qu'un seul parmi les gens de bien,
est frappé de mortau milieu d^ine multitude
d'ardu Jés, de même il sera condamné pour
tous les coupables, il sera dévoré par les
Sammes. Cent trente deux maisons, quatre
Ilots ont brûlé pendant six jours. Le feu s'est
arrêté le septième jour (987j. Je désire, frère,
que tu conserves une bonne santé.
LETTRE XIIL
Sénèque à Paul, salut.
Je te salue, mon très-cher Paul. Tes ouvra-
ges sont remplis d'expressions allégoriques
et énigmatiques. Et c'est j)ourauoi il y a
une telle force dans oeque tuuis et dans
l'emploi que tu exerces; elle devrait être
embellie, non par un ornement de paroles ,
mais par un certain apprêt. Ne t'arrête pas
è un motif que je me souviens de t'a voir sou-
vent entendu exprimer, à savoir, que ceux
qui affectent l'élégance du style corrompent
les sentiments et ôlent la vigueur au sens
des choses. Je voudrais assurément que tu
m'accordasses de veiller à ta latinité et de
l'embellir par l'emploi de mots bien choisis,
afin que 1 accomplissement de ton emploi
généreux fût dignement rempli. Porte-toi
bien.
LETTRE XIV.
Paul k Sénèque, salut.
Il a été révélé h tes méditations des cho*
ses que la Divinilé a accordées à peu d'bom*
mes. C'est donc avec confiance que je ré-
pands, dans un champ déjà fertile, une se-
mence trôs-vig«)ureuse, non un objet maté-
riel qui est sujet è la corruption, mais la
parole stable, divine de Dieu , qui croit et
qui reste dans Télerniié. Ce que la prudence
t'a prouvé ne te fera plus déraut désormais.
Tu dois regarder convenable d'éviter les
objections des païens et des Israélites., Tu
feras de toi un auteur nouveau, eo te mon-»
trant irréprochable, sou^i le rapport de la rhé-
torique, dans les éloges de Jésus-Cnrist.
Tu insinueras auprès d un monarque de ce
monde, auprès des gens de sa maison et de
ses amis ndèles, cette sa;;esse à laquelle
tu es arrivé. Les persuader sera chose dif-
ficile et pénible, et la plupart d'entre eux
ne se laisseront nullement iléchir par tes
insinuations auxquelles est mêlée la parole
de Dieu, cet élément vital qui enfante un
homme nouveau, exempt de corruption , et
qui attire perpétuellement à Dieu les Ames
qui se portent vers lui. Porte-toi bieOi Sénè-
quci qui nous est trè:»-cher.
SETH.
Plusieurs auteurs représentent ce patriar-
^e comme ayant inventé l'alphabet. D'après
Michel Gljcas {Annal, p. 1^1), s'appuyant
sur le témoignage de Georges Syncelle, il
découvrit l'alphabet hébraïque, les signes
célestes, la division du temps en années, en
mois, en semaines, et il donna aux planè-
tes les noms qu'elles portent. Ce fut à l'ange
Uriel qu'il dut ces connaissances.
Jean Tzelzes, qui écrivait au xnr siècle,
a également représenté Seth comme rf^ant
inventé les lettres des Hébreux, {Chiliad.f
lib. y Hiêt.f c. 16). Abulpharage en dit au-
tant dans son Historia dynastiarum (p. 5}.
}osk]^\\e (Antiquités judaïques^ I. i, c. 3),
raconte que les descendants de Seth, voulant
conserver le souvenir des enseignements de
ce patriarche, au milieu des catastrophes qui
devaient frapper le monde, gravèrent ce
qu'ils avaient appris de lui sur deux colon-
Bcs, -l'une de briques, Tautre de pierre. Il
ajoute que la colonne de pierre subsistait
(967) Cette catastropne fut imputée aux Cliré-
lieiis tout comme I incendie de Londres en 1(>(>6
(uipréseuté comme roeuvi'e des Caltioliques. Antres
temps, mènes ealomnies.
(988-98) Fabricies trace , à cet égard , la note
suivante : i Gueterum exigua ft^Je digna esse qiia de
Selbi filioniin columnis feruntur, disputaBt Jo.-H.
Umnos libro De Mouiu anliquitate^ p. 212; Ri*
charii Simon, Bibliothèque critiqne^ t. Il, p. 54! ;
1«* iaqueiot, libro De Dei exhUnlia^ p. iil, et St.
Uoioyiie, Nûîiê ad Varia $acra, p. 566), qui ansaro
puiai dedtsae tapiàem SeîMœ sive fandationis
/<a» luiu. 16; Josephi Ûdcm luotur Chr. tklioet*
encore de son temps dans la Siriade. Scali-
ger (ad Eusebium), et Dodwell (in Appendice
ad aissert. Cyprianicas) conjecturent que
c*est l'Egypte que Josèphe désigne sous ce
nom (88-98).
Un livre de Seth passait pour exister chez
les Sj^riens. Robert Huntington, théologien
anglais, écrivit pour demander des rensei*
gnementssurce point à Eiienne, patriarche
aAnlioche, qui lui répondit, le 2 décem*
bre 1680, que ce livre était défendu et qu'il
ne pouvait le lui commniquer. [VovAesEpi"
stolœ Uuntinutonianœ, éditées par J h. Smith,
Londres, 170î« in-8% et citées par FabriciuSp
t. I, p. 156.)
Diverses sectes de çnostiques se vantaient
de posséder, à l'appui de leurs erreurs, des
écrits de Seth, ainsi que le constate sain^
Epiphane : Sub Sethi nomine coinpluree li-
bros supposititios oblrudunt, ( Hœres. 26»
n*8.)
D'après Anastase le Sinaïte {Hodeg.p.iK)^
«en, diss. De intcriplionibue Hebrœorum (Liptlje,
1715). Singularibus eiiam dJsaeriaiionibus, haac da
columnis Seihi iradilioiieui excusseruut iCgideui
Slrauchius, Wiieb., 1669; D.-G. Molierua. Altorf,
1699, et F.-A. Slempelius, Jenx, 1706. ^eque de
ejus n Je dubitandum sibi existimavit illustris Tyclio
Brahe, pr^rat. ad Astronomi» instaurât» Mecliani-
cam, qui Sethi columnas primo loco refert inter illa
quae veieres eondîderant, ut ex lllts siderum motua
specubrcmur. > t)epuis la pyMicAtion da reeuail
de Fabriciiis, un Sfiédoia, G.-O. Bona», publia à
Upsal, 1735, in-4% une diaaertatteA D$ soimmmU
Selhianiê*
951
DICTIONNAIUE DES APOCRYPHES.
m
Selh poss4dait tonte la splendeur et toute
la beauté qu*avait son père Adam lors-
que Dieu le créa; les hommes qni vivaient
h celte ^'poque, frapp(^s de la iragnifique
figure de Selh, rappelaient Dieu.
On a vu dans le Livre du combat (TAdam^
au t. 1" de ce Dictionnairey le rôle que joua
Selh dans les légendes antédiluviennes ; ce
fut lui , è ce qu on raconte, qui planta une
branche de l'arbre do vie, laquelle devini ï
son tour un arbre, et Moïse en ayant c ui»^
une branche, en fit la verge avec laquelle i
opéra de nombreux miracles, le raaiesii ai« r
lequel il rendit douces les eaux de Mara ,
et la perche à laquelle il attacha le serp» m
d'airain. ( Voy. Selden, Otia iheologicû,
p. 107; Mœbius, De œneo serpenie^ etc.).
SIBYLLES.
Les livres sibyllins ont Joui durant long-
temps d'un crédit que personne n'est aujour-
d'hui disposé à leur accorder.
M. Raoul-Rochelle a, dans un travail éru-
dit qui f.iit partie des Mémoires de l'Acadé-
mie des inscriptions et belles-lettresy t. XIII,
p. lâl, présenté des observations judicieuses
.sur Taulorilé qui, dans les premiers siècles,
s'accordait aux écrits des sil)ylles. Dans un
discours célèbre, Constantin s'attache aux
vers de la sibylle d'Krythrée, afin d'y cher-
cher des arguments en faveur de la mission
divine du Sauveur. {Orat. adcœt. sanctor.^
c. 18 et 19, apud Euseb., De laudib. Con-
stantin.y p. 381-85, édil. Heinichen.) De nora-
breuiL artistes ont, en Italie, placé les ligu-
res des sibylles parmi celles des prophèles;
elles figurent dans la gigantesque composi-
tion dont Michel-Ange a décoré la chapelle
Sixtine.
Un grand nombre de monuments offrent
encore dans des sculptures et dans d« s vi-
traux les douze sibylles si chères au moyen
Ago; le tableau suivant, tiré des Heures à
Vusage de Rouen y 1508, et cité par M. Lan-
gloi^ dans le Compte rendu de la séance pu-
blique de la Société libre d'émulation de
Roueny tenue le (3 juin 1832 (Rouen, 1833,
p. 65), peut être utile.
A la suite du nom des diverses sibylles,
nous [ilaçons l'emblème que leur donnèrent
Jes artistes du moyen Age et les prophéties
qui leur furent plus spécialement attribuées.
Libyca. — Un flambeau allumé. — La ve-
nue de Jésus-Christ.
Erythrea. — Une rose. — L'annonciation
de la Vierge.
Cumana. — L'image de la plaie du Sau-
veur. — La nativité de Jésus-Christ
Santia. — Un berceau. — Jésus-Christ dans
la crèche.
Cyemeria. — Une corne. — L'allailement
de Jésus-Christ.
Europa.—Une épée.— La fuite en Egypte.
Perstca. — Elle écrase un serpent et tient
nne lanterne. — La victoire de Jésus-Christ
sur Satan.
Agrippa. — Un fouet. — Flagellation de
Jésus-Christ.
Ji6ur/ina.— Un gantelet ou gant. — Jésus-
Christ souflleté.
(909) Un juge bien compétent, M. Lettonne, a
rendu compte ou premier volume dans le Journal
des Savants, 1841, p. 680. Il fait Tclogc de ce tra-
vail; la révisiou du texte révèle un critique judi-
Delphica. — Une couronne d'épînes. —
Jésus Christ couronné d'épines.
Elepontia. — Une croix.— La crucifiiicn
de Jésus Christ.
Phrygea — Une croix ornée d'un élen-
tard. — La résurrection de Jésus-Christ.
Les diverses éditions des Oracles sibyllins.
les écrits qui les concernent, se Irouven/
indiqués dans le Lexicon bibliographicum
d'Hoiruann, 1. 111, p. 580 et suiv., avon'es
dé ails qu*il serait superflu de reproduire
ici. Nous dirons seulement que ce fui tn
1W5, à la suite de Théof rite, que le célèi^re
imprimeur vénilien. Aide, mit au jour les
Carmina sibyllœ Erytrhœa de Christo Jesu
Domino nostro. ils furent reproduits en
1515, 15'^^, I5W, avec les OEuvres d'Hési^Kie.
En 15^5, Xistus Belulejus (Sixtus Dirken;
puhlia pour la première fois les huit livres
de ces Oracula^ el il j joignit d<*s notes; ce
travail reparut à Bâle, 1555avec les versiVioi
métriques et les additions de Castalion(Cbâ-
tillonj. Les Oracula furent aussi compris
d/ms le recueil des Orthodoxographa ^ Biale,
1555 el 1569, in-folio. En 1599, Opsofiœu»
donna un texte amélioré par un grand nom-
bre de bonnes leçons tirées de divers ma-
nuscrils et par des correctionsiagénietjses; il
y joignit des noies nombreuses et esliniécs;
. son travail reparut en 1607. Servais Galle
mit au jour une édiliou nouvelle cum notii
variorum. (Amsterdam in-V) ; le comnitn-
taire d*Opsopœus s'y trouve ilétuesorémeot
gonflé d'addilions qui, selon M. Letronnci
ne Tenrichissent guère. Gallancii inséra h
son tour les livres sibyllins, en 1789, dans
le tome I" de sa Bibliotheca Patrnm (1788,
in-folio). En 1818,1c savant Ange Mai, duni le
zèle intatigable a rendu tant de services aux
lettres et è la religion, mit au jour un xit* li*
vre qu*il avait découvert à Milan dans la
bibliothèque Ambroisienne {Voy. le Journal
des Savants, 1808, p. 288), et en 1828, il (H
parallre les livres (xi à xiv) en grec, .^tTec
des notes , dans sa Nova colleciio veterum
scriptorum (Rome) vol. 111 , part, in, p. 202.
Ces diverses éditions sont eâ'acées par celle!»
qu*a données M. Alexandre. (Paris, D-^<^^
frères, t. I, 1841, in-8-; t. II, 1832 et 18od
{9ÎK).)
riens et pénétrant ; les notes, en très-lmn laiin, soflt
rédiçécs avec une concision élégante qui d'aclct
pas Ta proroudcun
9:3
SIB
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
SiB
9M
La version latine de Gastalion a reparu
dans 1(1 Bibliothèque dei Pères ^ édition do
Lyon, t. II , p. 49a, et il existe quelques an-
ciennes traductions dans les diverses lan-
pues de l'Europe, mais elles sont oubliées.
En français, on ne sait guère qu'il a paru
une traduction dueàS.Cham{»ier et J.Robcr-
tot. {Essais de litiérature^ septembre 1702,
février 1703.)
On peut consulter, mais avec réserve au
sujet des oracles sibyllins, les ouvrages
des protestants David Blondel (Des sibylles^
Cliarcnlon 1749. )n-4»}; Classen (Libri m de
oraculis gentilium et in specie de oraculis
sibyllinis. Helmsladt, 1673, in-4'J; Galle
[Oisstrtalionts desibyllis, Amsterdam, 1678,
in4*J; Rei-ke (Exercitationes de Valiciniis
sibyllinis, Leipsiek,1788, in-i"); Cave(£^i«/or.
Huer, scriplorum Ecclesiœ, t. I , p. 57);
Oiidin {Comment, de scriptoribus ecclesiasli-
fij.l.I, p. 142-178); Lardner [Credibility of
the Gospel^ édil. de Londres , 1748 , part, ii,
vol. U , p. 703-728).
Bercer Thorlacius, dans une dissertation
publiée en 1815, a voulu écarter toute idée
de fraude dans la composition de ces poé-
sies; il s'est attaché, à établir que ce sont des
poëraes religieux dans lesquels les anciens
Chrétiens, au moyen, non pas d'une impos-
ture, mais d'une simple ûclion poétique ou
d'une prosopopée,pourservir à leur mutuelle
édification (ut mutuœ Christianorum oîxodt/ijj
imtrvirent) ont exprimé, dans d« s vers pro-
phétiques, tantôt les louanges du Soiijneur et
celles du Verbe incarné, tantôt leurs craintes
cl leurs espérances; ici, ils exhalent leurs
peines et l'indignation que leur fout éprouver
Iw persécutions de l'Eglise ; 15 ils épouvan-
tent par les menaces célestes les enne-
mis du christianisme, ou ils portent Telfroi
du ju|$ement de Dieu dans le cœur des mé-
chants.
Celle opinion, combattue par S'archéolo-
çue italien Visconli [Journal des Savants ^
1818), parait devoir être adoptée en partiedu
rooins, en dépit de l'opposition de beaucoup
'^ecriiiques modernes, trop portés à suivre les *
«errements desécoles sceptiques de l'Allema-
gne. D^s érudits ont d'ailleurs cru décou-
vrir, dans ces derniers temps , que les Juifs
Délaient pas demeurés élrauger& à la con-
feclion des livres sibyllins. C'est ce que
Jj. Gfroerer a cherché à établir dans le tome
1 de son travailsur PAi/o et la théologie d'A-
lexandrie: il regarde quelques portions de
cesiivres(et principalement une bonne par-
lie du troisième) comme étant l'ouvrage de
J^uifs alexandrins sous le règne de Plolomée
"liilorûéior, et comme précédant ainsi d'cn-
Jtfon deux siècles Tépoque de la venue du
sauveur.
Quant à la date qu'on peut assigner aux
P'us récents de ces écrits, les savants diffè-
•^^'01. Thorlacius en reconnaît qui appartien-
nent au a* siècle de notre ère. Visconli
^" signale comme étant plus récents; un
lissage du livre cinq commence ainsi :
a Et toi, Sérapis, qui t'élèves sur des pierres,
tu seras en proie à la désolation, tu devien-
dras une immense ruine dans la malheu-
reuse Egypte, etc..;» le savant archéologue
y voit une allusion à la célèbre destruction
du temple de Sérapis par les ordres de Théo-
dose, l'an 389 de notre ère, et il conclut
qu'après la fin du iv siècle, on avait com-
posé encore des vers sibyllins. La preuve
n'est peut-être pas aussi forte qu'elle le pa-
raît au premier abord. M. Alexandre a fort
bien montré qu'il n'y avait rien d'invrai-
semblable à ce qu'un des Chrétiens, auteurs
de ces poëraes, etlt dit longlemps avant l'é-
vénement : Un jour viendra où le temple de
Sérapis sera détruit . La ferveur de son zèle
et la sincérité de î^afoi ne lui permellaient
pas de douter de la ruine future de ce grand
appui du paganisme.
Les meilleurs critiques ont d'ailleurs re-
connu dans ces livres , où il faut voir le tra-
vail de cinq ou six siècles, la main de vingt
auteurs différents. De là vient qu'ils sont
écrits du style le plus inégal, tantôt pur et
châtié, lanlôt négligé, iiscorrect et de mau-
vais goût; ils sont, de plus, remplis d'allu-
sions plus ou moins détournées, de prédic-
tions rendues è dessein obscures. II résulte
de tout cela une multitude de difficultés ♦
soit pour la criti(|ue du texte, soii pou,*
l'intelligence de la pensée des auteurs. On
rencontre parfois des séries de huit ou dix
vers auxquels on ne comprend rien ou dont
on ne se fait qu'une idée vague et incom-
plète. On devine bien qu'il y a là des fautes
de plus d'un genre, mais on ne sait com-
ment retrouver au juste le thème de l'au-
teur.
•
Une traduction entière des livres sibyl-
lins n'offrirait pas un degré d'intérêt suffi-
sant pour compenser les difficultés qu'elle
présenterait et la place qu'elle occuperait
dans un recueil plus spécialement consacré
aux apocryphes de la Bible; nous croyons
cependant devoir offrir à ceux qui n'oni pas
eu l'occasion de feuilleter ces vieux volu-
mes, un spécimen de leur diction. Nousera
prunterons au sixième livre de la traduction
de Casialion, un passage qui annonce la
venue de Jésus-Christ :
iGtcmi magnum Natum cano pectore ab imo
Cui s(»lium Gcnitor tiibuit siipremus babendum.
^on(lum Progenilo, sicpiidem de corpore duplex
Essiiiil ; est auiem perlulus flnclibus amnis
Jordatiis, glauco cujus vilviiur unda...
Scd poslquam Ronia iEgypium reg*»i, împerioqoe
Freiiabil, snmmi tune sumnna polenlia regni
Rrgts inexstincii inurtalihus exorielur.
Rcx elcnim sanctus veniet, qui lotius orbis
Omnia sxclorum par lempora scepira tenebit.
Tuncque Latînorum non eluctabilis Ira
Très Komam irisli faiorum slaniine perdent,
Alque suis liomiues perdeniar în aeiJibus omnes
Tune eu m de cœlo torreus fluet igueus, elieu 1
Me miser^in), quando véniel lux illa, diesque
iudicis aelerni, magni Regisque Deique ;
Nunc quid vos urbes oniatis consiruilisque.
Templisque, siadiisque, foris sîgnisque, vel auro.
Si qua , vef argento fiuni, saxove, fotura
035
DIGTIONNAlflE DES APOCRYPHES.
TA
CoM sii «eerha dies, ad quant Yentatis oportef.
Biam venîet. «aaoïes homines cum iiîdor denlts
Sniphuris afllabil. Vcrum Jain siiigula* pandain,
({us aiala siui liomines passuri quasque per urbea.
L'auteur, quel qu'il soit, des livres sibyl-
lins, prédit dans les vers suivants les travaux
de saint Jean-Baptiste.
Vf niin cnm quiDdam tox per déserta locomm
Nunita mortales %*eniel quas clainet ad oinnes.
Ut reclos faciaiil colles, aiiimosqiie repurgenl.
A vitiis et aqaa lustrentur corpora cuncia,
ut iiiiiiquam deinceps p'ccent in jura ren;iti :
Barbarus et tandem, salt^itbus illaaueatii<«,
Mercedî vocem hanc, rxsuin coiiccdit iniqux.
Tune eril indiciiim subito niortalihus £gris,
Cum lapis i£gypti felîx servaius nb oris
Venerit, buic populus impinget llebrseus, et Iimjiis
Ductu con ventent gantes, per eumque supiv^num
Cognoscent nuinenque, viamque in lumine rectam.
Nous n'avons pas d'ailleurs è discuter ici
les témoignages qui constatent Tautorité
dont jouissaient au Rioyen A^e les témoi-
gnages attribués aux sibylles. M. Edeîestand
du Méril a dit quelques mots è cet égard
dans un savant ouvrage que nous avons
déjà eu l'occasion de citer ( Origines de la
poéêie scandinav€^ \k 87). Voici un exemple
qfie cet érudit emprunte à un drame reli-
gieux composé en Angleterre. *
Yei'e pande jain sibylla
Uus de Cbiisto prascis signa.
{B/lyslerium fatuarumYirginum^ dans le re-
cueil de Th. Wright, Early myslenes, p. 62.)
Un autre Mystère, composé en France au
XV siâcle, nous fournit uu passage sem-
blable.
Hetie, sur Tauctorite
Devons entendre Sébile,
Qui fui royne moult noblle
Ll dist q'uiis naiatroit de famme,
Saiit'corrupcion, sanz diffame.
Lequel Dieu et homme aeroit
Mort et passion souffreroit.
(Nativité de N.-S. Jétug-ChrUt , dans le recueil
de M, iubinal, Myêtèreê inédits, t. II, p. 14.)
Ajoutons aussi, toujours d'après ME.
du Méril, que les manuscrits de la Bi;. .
thèque impériale k Paris, n*69frr et Tnv..
contiennent des prédictions sibyllines, air>
que des manuscrits du Vatican; au xi'^.«.
clo, Marbode mettait ces prophéties en *'"%
latins; deux ouvrages populaires impru x
en Allemagne (l'un est daté de Nurember:.
1518) s'annoncent comme renfermant ««
prophéties des sibylles, relatives aui w-
nementsqui devront s'accomplir jus4|u*^ i
6n du monde.
Les noms , le nombre des sibylles s- 1
d'ailleurs chez les écrivains de i'autiij.
l'objet d'assertions contradictoires que i, <
laisserons à d'autres le soin d'exposer (b;
l'article Sibylle dans la Real — kncychpai
der elaesischen AUerihum$wissenschaft , y.-
bliée par Pauly, t. VI, p. llW.j II y eut >.
sibylles eu Grèce et en Italie; leurs ècr.^
furent réunis è Rome avec grand solo; i^
étaient dans le principe tracés sur desfcui !*^
de palmier, et ils annonçaient en vers eu;-
inatiques les destinées futures de la t^yi-
blique. Ces écrits sont perdus. On peut u ai-
leurs sur les sibylles et les oracles sib}.-
Uns consulter une note du 1" volume ".
iouvrar^e de Creuzer, les Religions dtfoÈ'
iiquiléf traduit par M. Gui^^niaud.
Ce savant remarque avec raison qae ce«
oracles apocryphes portent l'emoreinie Jc^
doctrines du neo-nlatonisaie. L'etnfHeur
Thêodose les fit brûler, à ce que nous if»-
prend Rutilius, Itinéraire^ liv. ii,c. 51. <ni
trouvera de plus amples détails, qui ser^kr»;
étrangers au nlan de notre recueil, dans .e<
écrits de Heidebreed, Dieseriatio de >'•
bytlis, Berlin 1835, et de F. Bleek, IV^'
die Entstthung und Zusammensetzung i''
Sammtung sibyllinischer OraAre/, dans le 1/."^
iogis€he Zeitschrifl de Schleiermacber e( '
Welte (Berlin , 1819), t, 1, p. 120-246; t. II.
p. 172-239.
SIMON DE SAiMAIUE.
On a déjà vu le rôle important que joue
cet imposteur dans les ouvrages apocryphes
relatifs h saint Pierre. II est digne qu'on s'y
arrôte un moment. Simon fut le chef d'une
héré.5ie, la première qui se soit élevée dans
TEglise. fin fait de morale, il posait en prin-
cipe qu*il n'y a point d'actions bonnes de
leur nature. Ainsi les œuvres sont inutiles
au salui, et l'homme peut être sauvé sans
correspondance de sa pari. Sa doctrine, ger-
me du gnosticisme, consistait en une fusion
entre les vérités du cbrisiianisme et les £a<*
blés de la mythologie.
Ses écrits soni perdus, sauf quelques dé-
bris qui ne sauraient pemiêitre de s en faire
une idée bien exacte. Ses disciples avaient
un Evangile divisé en quatre parties, et
au'ils appelaient les quatre âmes du monde,
n'en est rien parvenu jusqu'à nous.
Le principal ouvrage éminent de cette
école avait pour titre : La grande nwtdiff^
révélation (McyâXn ànofmffu); c'était une k>'
duction gnostique remplie de fables et Oi^^^
tendance fort peu morale. Des vers d'Ecn^'c*
docle y étaient cités.
L'ouvrago publié par M. Miller, soo(>
titre de Phdosophumena , et qui a lait frrif'i
bruit dans le monde savant, racoale lar*
do Simon d'une manière différente Je r*: '
qu*on trouve dans les récits que noos i'* •'•'
fait connaître article Li5 (saint) et Pis*»
(saint). D'après l'autenr du livra «i<>nt
nous venons de parler, Simon se serait t^^t
enterrer vivant, promejttant de re^suRi^^
comme Jésus*Christ.
11 est fort question de Simon dans les Bf-
eognitions attribuées à saint Ciéui«Di. A»
livre 11, Simon énamère avec oon^Uift'O'
les iBerveiiles qu'il peui opérer: « J<^r"**
disparaître de devant les yeux de ceui qu
S37
Slft
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SIM
i^%
Teulenl me voir, et je puis soudainement
me montrer è leurs regards. Si je veux fuir»
je puis percer !es montagnes et traverser les
rochers comme de la boue: si je me préci*
pile de la cimed*une montagne élevée, j'ar-
riverai doucement jusqu'à terre sans me l'aire
aucun mal. Enchaîné, je briserai facilement
mes fers » et je chargerai de liens ceux qui
auraient cru me retenir captif; enfermé dans
une prison, je commanderai aux portes de
s'ouvrir d'elles-mêmes; j'animerai des sta-
tues, de sorte que ceux qui les verront se
mouvoir croiront que ce sont des créatures
humaines; je ferai sortir subitement de la
terre des arbres nouveaux, je me précipite-
rai dans le feu sans qu'il me nuise en rien.
Je puis changer de visage de façon à ne pou-
voir être reconnu, et je puis me montrer aux
hommes sous un double aspect. Je me trans-
forme à mon gré en chèvre ou en brebis. Je
fais pousser de la barbe au menton des pe-
tits enfants; je vole à travers les .airs; je
montre des masses d'oi ; je ferai des rois et
je les renverserai. Je serai adoré comme un
Dieu; je recevrai publiquement les hon-
ceurs divins; les hommes m'élèveront une
statue et me rendront hommage comme à
une divinité. Qu'est-il besoin d*en dire davan-
ta^^e? Toutcequeje voudrai faire, je l'accom-
plirai. »
On peut dire que Simon fui à la fois un
faux Chrétien, un faux Juif, un faux pro-
phète et un faux Messie ; il crut voir dans
la doctrine des apôtres Tart de disposer des
forces secrètes de la nature et de l'assistance
(les esprits célestes. C'était un enthousiaste
(héosopbe, tel que les Apollonius deXyane
et les Pérégrinus Proteus. 11 se fit un* sys-
tème où il unit, è quelques idées chrétien-
nes qu'il avait entrevues dans les enseigne-
ments apostoliques, les éléments que lui
fournissaient la Kabbale, l'Egypte, la Perse
et ia Grèce; il se nomma lui-môme la pre^
mière puissance de Dieu , ainsi que te rap-
porte saint Irénée : Hic est viriui Dei qua
vocatur magna.
Ses disciples, renchérissaqt sur son opi-
nion, paraissent l'avoir pris pour Dieu iui-
mème.
Quant è la statue qu'on prétend que les
Rotnains lui érigèrent , le fait est sans douta
controuvé; mais il n'aurait rien eu d'ex-
traordinaire pour cette époque. Apollonius
(Je Tyane eut non-seulement une statue ,
mais encore le titre de dieu ; Epiphane de
Céphalline , le gnostique » eut aussi une
statue.
On peut consulter, au sujet d« cet héré-
siarque, le mémoire de H. Schhirick : De
Simonii magi falis Romanis commentatio
hisiorica et crilica (Meisna, 1845, in-ih*|,
lequel renferme une analyse approfondie
des traditions relatives à Simon. Ce travail
est divisé en deux sections : De etattia quœ
Simoni mago Romœ posita fuiise dîciïur, et
/>e titœ Simonis exilu. Réunissant à ce sujet
tous les détails que fournissent les anciens
auieors ecclésiastiques et les premiers his-
toriens de TEgiise, il explique, en rappro-
PjCTlONN. DES ApOCHTPHUS. Ih
chant tous ces témoignages particuliers, l'on*
^oe , la formation et la diffusion des tradi-
tions sur Simon, et la confusion qu'on a
faite de lui et de Tancien Simeu$ Deus des
Sdbins.
Voy. aussi Fieury, Histoire ecclésiasti^e^
I. I, §7, et 1. II, §23; Bnicker. Hist. cnVicf
philosophiœ, t. II. p. 667-679 ; Tillemont ,
Mémoires ^i. H, p. 16; Matter, Histoire du
gnosticisme, 1. 1, p. 185. — Nous avons déjà
mentionné les dissertations de Hullmann :
De apostoli Simonis Pelri cum Simone Mago
certamine; Upsal, 1723, in -4%
Ritter, dans son Histoire de la philosophie
chrétienne ( traduction de M. Trullard , t. I } ,
dit quelques mots de Simon. 11 observe qu«
le culte d'Hélène, qui fut interprété dans le
sens de la transmigration des Ames et de U
fable de Siésichore , la diffusion de la révé-
lation entre les Juib, les gentils et les Sama-
ritains, révélation où Simon se représen-
tait comme Torgane de Dieu le Père, sont
des traits qui prouvent i^ue la révélation
chrétienne paraissait à Simon et h sa secte
d*une importance très-subordonnée.
On trouve d'amples détails sur Simon dans
les notes de Cotelier, jointes aux Recogni^
tions du pseudo-Clément. Voir notamuioni
le 1. 1 , p. S12, des Patres apostolici, édit. de
172i. Il cite les témoignages de saint Augus-
tins ( lib. de Hœresibus : Jovem se credi vo*
/eial.,.), et de lauteurde l'ouvrage impar*
iaitsur saint Matthieu, joint aux œuvres de
saint Athanase : folare per aerem^ sicut tt
dominum diabolus horiabatur: slatuam facere
ambulare^ aul commisceri flammœ et non
comburit et alla qualia Simon fecit.
Nous ajouterons que I«s tentatives d« Si-
mon pour voler dans les airs se sont renou*
veléesè plusieurs reprises , sans qu'il y eut
le moindre soupçon de maléûce et touiours
sans le moindre succès. Citons-en quelques
exemples :
Paolo Guidoiti , artiste italien, s'imagina
qu'il avait trouvé le secret de se soutenir en
1 air. Il composa en secret nue machine , et
lorsqu'il se crut sûr du succès, on dit qu'en
présence du Pane et de quantité de monde,
il osa vouloir s élever dans l'espace , mais
que, la tête lui ayant tourné, il tomba beu^
reusement dans une masse de chaux détrem-
pée , ce qui lui sauva la vie. Ce fait a été
rapporté par Smidis dans son poème de la
Peinture parlante, l Mariette , Abécédaire »
1853, t. II, p. 3^1.)
Vers la Gn du xr* siècle , un mathémati*
cien de Pérouse, J. fi. Dante, s'élangant ,
aux yeux de la foule, de la tour la plus éle-
vée de cette ville , traversa la place et se
balança longtemps en l'air, au milieu dea
acclamations de la multitude. Malheureuse-
ment la rupture du fer qui dirigeait son
aile çauche détermina sa chute, et il se
rompit la cuisse.
Au xvur siècle, le marquis de Bacqueville»
personnage dont l'originalité allait jusau'i
ia folie, voulut traverser la Seine en volant
à Taidc d'une madiine de son invention; il
tomba et se cassa la jambe^
30
«&9
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
SIMON ET JUDE, APOTRES.
{La légende relative à cet eainis apôtreê
{ait partie du jf livre de V Histoire apoeto*
ique A'Abdias; elle est placée à la suite de
celle de saint Jacques le Mineur.)
CHAPITRE PREMIER.
Les frères aînés de Jacques, Simon, sur-
nommé le Cananéen, et Jude qui s'appelait
aussi Thaddée et le Zélé (999^), furent de
même les apôtres de Notre-Seigneur Jésus-
Christ. Et après la descente du Saint-Esprit,
ils se rendirent dans le pays où ils devaient
répandre la foi, et ils trouvèrent au com-
mencement de leur prédication, deux grands
enchanteurs, Zaroes et Arfaxat qui s'étaient
enfuis d'Ethiopie pour ne pas se trouver en
{présence du bienheureux apdtre Matthieu.
i:t leur doctrine était pleine d'impiété; ils
blasphémaient le Dieu d'Abraham, le Dieu
d'Isaac et le Dieu de Jacob, et ils l'appelaient
le dieu des ténèbres, et ils disaient de
Moïse qu*il avait été un malfaiteur; enfin ils
disaient que tous les prophètes de Dieu
avaient été envoyés par le dieu des ténèbres.
Ils disaient en outre que TAme des hommes
1)0ssède une partie de la divinité, mais que
a création du corps a été faite parle Dieu
méchant, et que l'homme consiste ainsi de
deux substances opposées, la chair vivant
dans la joie, l'âme dans l'aiSiction, l'Ame et
le corps étant ainsi l'œuvre des deux prin-
cipes ennemis l'un de l'autre (1000). Ils pla-
S aient le soleil et la lune au nombre des
ieux (1001), et ils disaient aussi que l'eau
avaitune essence divine (1002); que le Fils
de Dieu , Jésus-Christ, Notre-Seigneur, n'a-
vait que l'apparence d'un corps humain,
qu'il n'était point un homme vériteible, qu'il
n'était point né d'une vierge véritable, qu'il
n'avait point véritablement souffert, au'tl
n'avait point véritablement été enseveli et
au'il n'était point véritablement ressuscité
'entre les morts le troisième jour ; voilà ce
qu'ils soutenaient.
El la Perse était infectée de semblables
prédications par Zaroes et par Arfaxat, et
(999*) Il y a ici une erreur de rtiistorien ; ce n'é-
tait pas Jade, mais Sînioa qui arait le surnom de
Zélé.
(1000) C*est le fond des doctrines manicbeeniies ;
elles avaient pour base le dualisme emprunié à la
religion des Perses. 11 n'entre pas dans notre plan
de nous occuper ici de cette hérésie célèbre , si vi-
goureusement combattue par saint Augustin. Nous
mentionnerons, à son sujet, deux ouvrages savants,
mais oui, écrits par des protestants, ne doivent être
consulta qu'avec prudence , Histoire de Mamehée
et du mantcHéismeyizr Isaac Beausobre, Amsterdam,
i7M-39, 2 vol. in-4% et Dos ManUhaisehe Re/t-
gionssystem de Baur, Tubingue, 4831, in-8*. Un
autre protestant contemporain, M. Schmtdt, a fait
de ces doctrines Tobjet d un mémoire inséré dans la
collection des travaux à^ rAvadéinie des scienres
murales et politiques {Savants étrangers^ t. II).
Voy. au9^' le Dictionuaitt d^s ickenees philosovhi'
^uft^ t. IV, p. 97-105.
(lUUl) Saint Augustin dit que.lel manidiécos
elle avait besoin de recevoir par le mojeo
des bienheureux apAtres Simon et Jude, la
doctrine du Maître véridique, c'est-à-dire da
Seigneur Jésus-Christ qui a dit qull en-
verrait du ciel le Saint-Esprit, suivant li
promesse qu*il a faite : < ie retourne à mon
père et je vous enverrai TEsprit oour vous
assister (1003). »
CHAPITRE II.
Et les saints apdtres entreprirent le vora-
ge afin de délivrer la Perse des erreurs où li
conduisaient des docteurs impies. Et qusDd
ils furent venus dans le voisinage de ce pays»
Simon et Jude dont nous parions, reoco'n-
trèrent une armée sous les ordres de Vu*
rardach, général du roi de Babylone doDi
le nom était Xerxès (1004). 11 avait entre-
pris de faire la guerre aux Indiens qoi
avaient envahi les frontières de la Perse, et
il y avait à sa suite des sacrificateurs e( de^
devins, et des sorciers, et des enchanteurs
qui, cha(iue fois qu*on s*arr6iait pourpa>-
ser la nuit, sacrifiaient aux esprits ms\m
et qui, donnaient comme des oracles lean
paroles d*imposture.
Et le jour où les apôtres étaient \ l'ar-
mée, ils se firent des blessures et ils ûrent
couler leur sang (1005), mais ils ne nurenl
rapporter au générai aucun oracle. Alors il»
se rendirent au temple des idoles dans aoe
ville voisine, et ils uemandèrent conseil aui
esprits malins, et ils entendirent uo espnl
malin parler ainsi avec des hurlements ter-
ribles :
« Les dieux que vous avez apportés poor
vous protéger dans les batailles ne peuieoi
plus dorénavant rendre d'oracles, parn
qu'il y a ici deux hommes, Simon et Jud^
qui ont reçu de Dieu une puissance telle
qu'aucun de nous n'ose parier en leur pré-
sence. »
Vu rardach, le général de l'armée do r^
Xerxès, ayant appris cette réponse, fit cbe^
jeûnaient le dimanche et le landl eo llioiiBear ai
soleil et de la lune. Alexandre de Lycopolis dil qo'is
regardaient ces astres, non comme des dieos. du»
comme le chemin qui mène Thomme auprès ^
dieux. Yog. aassi saint Epiphaoe, baeres. 66, '
et 22.
(4002) De nombreux témoignages atiesteai q«
les manichéens rendirent un culte aux éléoeau
ils appelaient Jésus-Christ Teau vivante.
(1005) ioan.^ xv, 26; xvi, 7.
(1004) L*éUt politique de TAsie à Pëpoque des
apéires montre qu*il s*agit ici d*un roi dô Pirtk*.
mais aucun de ces monarques ae poru le ao» <J(
Xeriés ; ils s^appelèrent tous Arsace. Peol-étrt k
prétendu Aiidias, commettant un anaebrooisae
dont il ne laut pas être surpris de sa part, a-H| «*
vue le nouvel emuire des Perses ëteTé Tao tviK
noire ère aur les débris du rovaune iks PurU»
(1005; Un usage semblable éuit en vigoeor p>^
les prêtres des idoles au temps des Uébrvai. (*<^
i Rtg. xviu, 28.)
911
SIM
PART. lU. - LEGENDES ET FRAGMENTS.
SIM
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cher les apAtres, et lorsmi*!! les eut trou-
rés il commença à leur demander d*où ifs
Tenaient et qui ils ét»ient, et pourquoi ils
étaient Tenus en ce pay.«. Et le saint apdire
Simon lui dit : « Si tu nous demandes notre
origine, nous sommes hébreux, si tu nous
demandes qui nous sommes, nous sommes
les serTiteurs de Jésus-Christ ; si tu nous
demandes le motif de notre voyage, nous
sommes venus ici pour votre salut atin que
TOUS renonciez à I erreur de l'adoration des
idoles et que vous reconnaissiez le Dieu
qui est dans le ciel, y
Vurardach, le général, leur répondit en
ces termes : « Je me prépare maintenant è
livrer bataille aux Indiens afln de les empA-
eher d*envahir la Perse, avant que les Mèdes
ne soieBl venus les assister. 11 ne m'est
dODc pas possible de m*occuper de vous en
ce moment, mais si je reviens vainqueur,
alors je vous écouterai. »
Et alors TapAtre Jude parla ainsi : «i Econte-
moi, Seigneur; il est bien plus convenable
qoétu apprennes k connaître celui par le se-
coursduqueltupeuxavoir la victoire, et que
tu écoutes ce que nous disons de sa part. »
Et le général dit : « J*ai appris que ces
dieux, lorsqu'ils sont devant vous, vous ren-
dent des oracles ; je vous demande donc de
Qous annoncer Tavenir et de nous faire sa-
Toir quelle issue aura la guerre. »
CHAPITRE III.
Alors Simon dit : « Atin que tu reconnaisses
l*erreur de ceui que tu regardes comme ren-
dant des prophéties , nous leur donnons la
puissance de rendre leurs oracles ; lorsqu'ils
auront révélé ce quMIs ne savent pas, nous
montrerons qu'ils ont menti en tout point. »
Et après avoir adressé leurs prières au
Seigneur, les bienheureux apAtres dirent :
« Au nom de Noire-Seigneur Jésus-<]hrist,
nous vous ordonnons de rendre des oracles
selon la manière habituelle dont vous les
rendez. »
Et À ces paroles, les imposteurs commen-
cèrent à être agités de Tespril malin, et ils
dirent : « Une grande guerre aura lieu, et
des deux côtés, beaucoup de combattants se-
ront tués. » Et les apAlres de Dieu, dans
Teicès de leur joie, se mirent à rire. Et Vu-
rardach, leur dit : « J'ai été saisi de crainte,
et Yous riez. » Et les apAtres lui répondi-
rent : « Que ta crainte se dissipe, car a notre
arrivée , la paix est entrée avec nous en ce
pays, cesse donc de marcher en avant. De-
main matin, à cette même heure, aui est la
troisième, ceux que tu as envoyés au-de-
vaut de ton armée, reviendront vers toi avec
les envoyés des Indiens, qui vous annonce-
ront qu'ils rendent le p»j;s de votre domi-
nation, et ils payeront le tribut, et ils renon-
ceront à vous attaquer, et ils consentiront
avec joie à conclure la paix avec vous aux
conditions que vous demandez maintenant,
et à convenir du traité le plus solide. »
Mais les prêtres du général se moquèrent
de ce que disaient les apAtres, et ilss'érriè-
rent : i Seigneur» n*accorde aucune foi è ces
hommes; ce sont des fourbes et des men-
teurs, des étrangers et des inconnus; ils an<
noncentdes choses agréables afin qu'on n^.
les regarde pas comme des espions. Mais
nos dieux qui ne trompent jamais, l'ont com-
muniqué leur oracle; tu dois être sur tes
gardes, et veiller sur toutes choses; ces hom*
mes s^efTorcent de t'inspirer une sécurité
trompeuse, afin que tu ne prennes pas les
précautions nécessaireSi et pour que tu soi.s
ainsi plus facilement et plus complètement
vaincn. »
Le bienheureux Simon répondit : « Ecoute-
moi, général. Nous qu'on appelle des étran-
gers, des inconnus et des menteurs, nous ne
te demandons pas d'attendre un mois; nous
t'avons dit d'attendre un jour, et demain,
dès la troisième heure, ceux que tu as en-
voyés reviendront ; avec eux viendront les
chefs des Indiens, qui accepteront les con-
ditions que tu leur imiioseras, et se recon-
naîtront tributaires de la Perse.»
CHAHTRE IV.
Et, tandis que les apAtres annonçaient
ainsi l'avenir, les prêtres des Perses, qui
étaient avec l'armée, s'écrièrent devant tout
le monde : « Quoi ! nos dieux sont couverts
d'étoffes de pourpre, ornés d'or et de pier-
res précieuses ; on leur présente des victi-
mes décorées de tissus de soie et de pourpre,
et «ou leur iait hommage de toute la pompe
de Tempire de Babylone, et lorsqu'ils nou.<
cotomaniquent des oracles émanant de leur
divinité, ils mentiraient I Et ces borumes
en haillons, dont l'aspect révèle la mi^ère,
osent s'attribuer, à eux-mêmes un pouvoir
aussi grand I On commet déjà un tort rien
qu'en prenant la peine de les regarder. Et
comment ne les punis-tu pas, général, d'a-
voir blasphémé nos dieux?» Le général dit :
« Il est digne d'attention que des étrangers,
pauvres et inconnus annoncent ainsi clai
rement ce qui est contraire au témoignage
de nos dieux. » Les prêtres dirent : « Fais-
les garder, afin qu'ils ne prennent pas la
fuite. » Le général répondit : ^ Je ne me
bornerai pas a les faire garder, mais je vous
mettrai aussi sous bonne garde jusqu'à de*
main malin, afin que l'événement montre
si votre témoignage est véritable. Et alors
on pourra juger quel est celui qui mérite
d'être condamné. »
CHAPITRE V.
Et le lendemain matin, suivant ce qu'a-
vaient annoncé les apAtres, les envoyés
qui avaient été expédiés au-devant de 1 ar-
mée, revinrent en grande hête sur des dro-
madaires, et ils annoncèrent que tout était
ainsi que les apAtres l'avaient prédit. Alors
le général fut rempli de colère, et il or-
donna d'élevf r un bûcher, afin de punir par
la peine du feu ses prêtres et tous ceux qui
s'étaient opposés aux apAtres.
Mais les apAtres se jetèrent aux pieds du
général, et dirent : « Nous te supplions. Sei-
gneur, de ne pas faire que nous soyons la
w
DICTIONNAIRE DES APOCRTraES.
%\M
nas leur perte, étends aussi les mains sur les
enchanteurs Zaroes et Arfaxat. Protège tes
serviteurs qui promettent de renoncer à tout
cuUe des idoles; rends les fermes et cons-
tants, et fais qu'ils résistent toujours avec
énergie è leurs adversaires, afin que tous re-
connaissent que toi seul es le toutpuissant
et que tu règnes depuis Téteraité jusqu'à Té-
ternité. »
Et après que les assistants eurent répon-
du : Amen, leurs fronts furent munis du si-
gne de la croix, et ils sortirent, et ils allè-
rent avec le général auprès du roi, et peu
de temps après, les enchanteurs survinrent,
et ils essayèrent de faire ce qu'ils avaient
précédemment accompli, et ils ne purent
d'aucune façon y réussir. Alors un des,
hommes que le roi avait réunis, et qui se
nommait Zébeus, parla ainsi :
« Ecoute, seigneur et roi, ces misérables
doivent être expulsés de ton royaume qu'ils
souillent, et chassés au loin, de peur qu'ils
n'engendrent une pourriture universelle, car
ils ont de leur côté lange qui est Tennemi
de la race humaine, et ils trompent les
hommes par son ministère, afin que cet ange
ait le plus grand nombre de sujets possible:
car il a pour sujets ceux qui ne sont pas les
sujets du Dieu tout-puissant. Ces magiciens
insistaient pour que les apôtres saints ado-
rassent les faux dieux, ce qui aurait oflfensé
leur Dieu et -les aurait plus facilement fait
succomber aux tentatives de leurs adversai-
res secondés par le mauvais ange. Faisant
sur nos fronts avec leurs doigts le signe de
leur Dieu, ils ont dit: t Si après ce signe de
Dieu, les artifices de ces magiciens l'empor-
tent, sachez que tout ce que nous avons en-
seigné n'est que mensonge. » Nous sommes
donc ici réunis au nom au Dieu tout-puis-
sant, et nous résistons aux magiciens que
BOUS bravons ; qu'ils fassent aujourd'hui» s ils
te peuvent, ce qu'ils ont fiit hier. »
CHAPITRE X.
Et quand les enchanteurs virent ces choses,
ils furent irrités et ils firent venir une mul-
titude de serpents. Et ceux qui étaient là
furent effravés^ et ils poussèrent des cris
pour que le roi appelât les apôtres. Des
envoyés eurent Tordre d'aller les chercher, et
les apôtres vinrent bientôt. Et ramassant ces
serpents dans leurs manteaux, ils les diri-
gèrent contre les magiciens, disant: « Au
nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ» vous
ne mourrez pas, mais, tourmentés par les
morsures de ces reptiles, vous pousserez des
cris de douleur.» Et aussitôt les serpents se
mirent à dévorer les chairs, des magiciens,
qui hurlaient comme des loups. Le roi et
tous tes assistants, voyant ces choses,
dirent aux apôtres : <t Permettez que ces ma-
giciens meurent. » Mais ils répondirent:
« Nous avons été envoyés de Dieu pour rap-
peler tous les hommes de la mort à la vie,
et non pour les précipiter de la vie dans la
(1099) Prov. xxvi, %J.
mort. )» Et les apôtres, s*étant mis en pn«rf%
dirent aux serpents : « An nom de lésos*
Christ, retournez aux lieux que ▼ousbabitez,
et emportez avec vous tout le |>otsoQ qoe
vous avez répandu en ces magiciens. ^ Et
les magiciens éprouvèrent de nouvelles doo*
leurs, lorsque les serpents renouvelèrHtt
leurs morsures et sucèrent le saog afan d* ea
retirer leur venin.
Les serpents s'étant retirés, les apôtres
dirent aux magiciens : i Ecoutez, impies, ii
parole de l'Ecriture sainte qui dit : « Celoî
qui prépare une fosse pour son voisin,?
tombera le premier (1009). » Vous nousaf/z
préparé la mort, et nous, nous avons pré
Notre-Seigneur Jésus-Christ de vous délivrer
de la mort présente. Pendant bien des an*
nées, vous auriez pu subir le toarmeot
d'être mordu par ces serpents, et voici qu'an
bout de trois jours, nos prières font que
vous recouvrerez la santé. Peut-être que si
vous renoncez è votre impiété, vouspourrex
reconnaître la vérité de Dieu s'exerçant sur
vous, liais nous permettons que vous restiez
trois jours livrés à ces souffrances, afinqae
vous vous repentiez de vos fautes. »
CHAPITRE Kl.
Les apôtres ayant parlé de la sorte, les
magiciens furent portés dans leur maison,
et ils ne purent durant trois jours, ni preo-
dre de la nourriture, ni avaler aucune bois-
son, et ils ne firent que crier sans relâche a
cause des douleurs intolérables qu'ils éprou-
vaient. Et leurs souffrances étant venues au
point qu'ils étaient au moment d'expirer, les
apôtres s'approchèrent d'eux etdirent : i Dieu
ne veut pas qu'on soit contraint à le senir;
levez-vous donc guéris, avant la liberté d«
vous convertir du mal au bien et de quitter
les ténèbres pour aller à la lumière. «* M.>is
ils persistèrent dans leur perfidie, et de
même qu'ils avaient fui devant J'apdirc
Matthieu, ils s'enfuirent devant les deui
autres apôtres, s'adressent aux adorateurs
des idoles répandus dans tout le j>aj$des
Perses, et s'efforçant d'exciter des inimitiés
contre les apôtres, et ils disaient : < Voici
que les ennemis de nos dieux viennent yers
vous. Si vous voulez c|ue vos dieux vous
soient propices, contraignez ces hommes à
offrir (les sacrifices, et, s'ils sy refusent,
tuez-les. »
CHAPITRE XH.
Tandis que les magiciens Zaroes et Arfaxai
agissaient ainsi en Perse, les bienbeureui
Simon et Jude restaient à Babylone (i'^pfé^
l'invitation du roi et du général, faisant
chaque jour de grands miracles, rendant U
vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, re<ire>'
sant les boiteux, purifiant les lépreut H
chassant du corps des possédés les déuooi
de toute sorte. Ils avaient aveceux beaucoup
de disciples, parmi lesquels ils ordonoaie^i
dans les villes, des prêtres, et des diacres *
des clercs, et ilsfondeûent beaucoup d'ét(it^
919
SIM
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
SIM
«»V;
Il advint un jour qu'un des diacres fut accusé
de crime d'inceste. Car il était voisin de la
6IIe d'un satrape, homme très-riche, et
celle-«iayantperdusavirginité,étaitprèsd*ac"
coDcher et dans un grand péril. Et, inter-
rogée par ses parents, elle accusa Thomme de
Dieu, le saint et chaste diacre Euphrosynus.
Les pjarents le menaçaient de tirer vengeance
de lai, et les apôtres apprenant cela allèrent
les trouver. Et quand les parents aperçu-
rent les apôtres, ils se mirent è crier et à
emmener lediacre,disantqu*ilétaitcoupable.
Alors les apôtresdirent: «A quelle heure est
né Penfant? » Et les parents répondirent :
« Aujourd'hui, à la première heure du jour.»
Les apôtres dirent : « Amenez cet enfant
ainsi que le diacre que yous accusez. » Et
quand ce fut fait, les apôtres dirent à Ten-
fant : « Au nom de Jésus-Christ, Notre-Sei-
gneur, parle et dis-nous si ce diacre a
commis cette iniquité. » Et Tenfant répondit
d'une voix ferme : « Ce diacre est un homme
saint et chaste, et il n'a jamais souillé sa
chair.» Les parents pressaient les apôtres de
demander à Tenfant quel était le coupable,
mais ils dirent :« 11 convientque nousfassions
rendre justice aux innocents: mais nous ne
devons pas faire connaître les coupables. »
CHAPITRE XIII.
Tandis que les apôtres du Seigneur fai-
saient ces choses à Babylone, il advint que
deux tigres très-féroces, qui étaient enfermés
dans des fosses, recouvrèrent par hasard leur
liberté et prirent la fuite, dévorant toutes
les personnes qui se trouvaient sur leur
chemin. Et tout le peuple consterné se
réfugia auprès des apôtres de Dieu. Les
apôtres, invoquant le nom du Seigneur Je-
sus-Chnst,leur ordonnèrent delessuivredans
la maison où ils demeuraient, etilsy séjour-
nèrent trois jours. Et les apôtres, réunissant
toute 1a foule du peuple, dirent : «Ecoutez,
vous tous, fils des hommes qui êtes faits à
l'imase de Dieu, et auxquels Dieu a donné
rinlelligence, la mémoire et la raison, con-
sidérez ces hôtes féroces qui n'avaient jamais,
été domptées, et qui, aérant entendu le nom
du Seigneur Jésus-Christ, se sont changées
«D agneaux, tandis que les hommes, persis-
tant dans leur obstination, ne comprennent
pas que ces images d*or et d'argent qu'ils
ont fondues, ou qui ont été faites en taillant
de la pierre ou du bois, au gré de l'ouvrier,
ne sont pas des dieux. Ces tigres seront pour
vous un témoignage que ^e djeu que nous
prêchons est le vrai Dieu, et ils vous aver-
tiront de ne point adorer un autre dieu que
Jésus-Christ, Notre-Seigneur, au nom duquel
ces animaux sont devenus doux comme des
moutons, et demain matin, ils retourneront
(1010) Personnage imarinaîre. Il a été question
<lans {Histoire de laînl Jean , c. 14 , d'un autre
CratOQ, philosophe à Ephèse.
(loti) Citons ici un passage de Bède {RetractaL
in Aetorum.^ c. 1) : c oimonêm Zelotem et Judam
Jacobi refenint btstorîA în quibus apostoiorum pas-
liones continentur, et a plurimis deputanlur apo-^
^fPhis, pnedicasse in Perside, U)iqae a teoiplorum
dans les fosses qui leur servaient de séjour. .
Quant à nous, reprenant notre route, nous
allons parcourir d'autres provinces et d'au-
Ïays, afin que l'Evangile de Notre-Seigneur
ésus-Christ soit prêché partout, p
Et le peuple, entendant les saints apôtres
parler ainsi, pleurait, et les priait de ne pas
s'éloigner. El touchés de leurs prières, les
bienheureux apôtres Simon et Jude restèrent
encore un an et trois mois dans la Perse. Et
pendant cette période, plus de soixante mille
hommes furent baptisés, sans compter les
petits enfants et Tes femmes; le roi lui-
même fut baptisé le premier avec tous ses
grands officiers. Et tout le peuple crut en
voyant que les apôtres guérissaient d'un
seul mot les maladies, rendaient la vue aux
aveugles et ressuscitaient les morts au nom
du SeigneurJésus-Christ, et il détruisit les
temples et éleva des églises.
CHAPITRE XIV.
Les apôtres ordonnèrent dans la ville de
Babylone, un évoque nommé Abdias, qui
était venu avec eux de la Judée et qui avait
vu le Seigneur de ses yeux, et la ville fut
remplie d^églises. Et toulétanl régulièrement
ordonné, les apôtres quittèrent la Perse, et ua
très-grand nombre de disciples les suivait.
Ils parcoururent douze provincesde la Perse,
et un long récit des villes qu'ils visilèrenl
et des choses qu'ils firent a été écrit par
Craton, disciple de ces apôtres (1010); cette
histoire divisée en dix livres, a étélraduiteen
langue latine par l'historiographe Africanus,
et ceux-là devront la lire, qui voudront
savoir quels pays parcoururent les apôtres
Simon et Jucle, et de quelle manière ils sor-
tirent de ce monde ; nous nous bornerons h
en extraire peu de chose. Les magiciens
Zaroes et Arfaxat, commettant beaucoup de
crimes dans les villes de la Perse, et se don-
nant comme étant de la race des dieux,
étaient enfin retirés dans une certaine ville,
lorsqu'ils apprirent que les apôtres s'en
approchaient. Partout où allaient les apôtres
ils découvraient les crimes de ces malfai-
teurs» et ils montraient que leur doctrine
avait été inspirée par l'ennemi du genre
humain. Il y avait dans la ville de Suanir
(1011), soixante-dix temples dont les prêtres
recevaient chacun une livre d'or chaque fois
que Ton célébrait la fêle du Soleil, ce qui
revenait quatre fois par an, une fois au com-
mencement de chaque saison. Et les magi-
ciens excitèrent ces prêtres contre Tes
apôtres de Dieu, en disant : « Deux Hébreux
viendront ici, ils sont les ennemis de tous
les dieux. Lorsqu'ils se mettront è dire qu'il
faut adorer un autre dieu, vous serez dé-
pouillés de vos propriétés et vous deviens
pontiflcibus in eiviute Suanir oecisos , gloriosuni
«ubiisse martyriuni. Quibus astipalalar et liber
Martyroiogii qui B. Hieronymi nomine ac praeu-
tione attituUtur, qaamvis idem Hieronyrous illiua
libri non auctor sed iuterpres Eusebius autem au-
clor exslilisse iiarretur. i Les écrivains de ranti<'>
quilé ne parlent point de ceue ville do Suanir*.
Ml
DICTH^NAIRE DES APOCRYPHES.
n
drez un objet de mépris pour le peuple.
Parlez donc au peuple pour quMI force ces
étrangers à sacnfier avant quMIs n'entrent
dans fa ville. S'ils y consentent, ils resteront
en paix avec vos dieux. S'ils refusent desa-
crifieri sachez qu'ils sont venus pour votre
ruine et pour vous apporter la misère et la
Uiort. %
CHAPITRE XV.
El il arrira ensuite qu'après avoir traversé
toutes les provinces, ils parvinrent à une
grande ville, nommée Suanir. Et lorsqu'ils
y furent entrés, ils habitèrent chez un de
leurs disciples, établi dans cette ville, nommé
Sennes, et voici que vers la première heure
tous les prêtres, avec un t)euple innombra-
ble, se rendirent à la maison de Sennes f*n
eriant (1012) : « Livre-nous les ennemis de
nos dieux. Si vous ne sacrifiez pas à nos
dieux, nous les brûlerons avec toi et avec ta
liaison. » Et les apôtres de Dieu furent saisis
})arlafouleet conduits sans retardautempledu
Soleil. Quand ils y furent entrés, les démons
commencèrent à crier : « Qu'y a-t-il entre
vous et nous, apdlres du Dieu rivant? De-
puis votre entrée, nous sommes consumés
par des flammes. » Et ii y avait dans un
temple du côté de l'orient le char du Soleil
faiten argent fondu, et dans un autre temple
l'image de ta Lune.faiteaussi en argent fondu
et ayant également un attelage de quatre
chovaux» aussi en argent fondu.
CHAPITRE XVL
Et les prêtres se mirent avec le peuple à
vouloir faire violence aux apôtres, afin qu'ils
adorassent ces idoles. Et Jude dit à Simon :
« Mon frère Simon, je vois mon Seigneur
J^us-Christ qui nous appelle. » Et Simon
répondit : « Il y a longtemps que je vois le
Seigneur au milieu des anges. Car l'ange du
Seigneur m'a dit pendant que je priais : « Je
vous ferai sortir du temple, et je ferai écrou-
ler le temple sur eux. » Et j'ai dit : « Non,
Seigneur, que cela ne soit point; peut-être
y en a-t-il parmi eux qui se convertiront au
Seigneur.» Et tandis qu'ils parlaient ainsi
entre eux en langue hébraïque, l'ange du
Seigneur leur apparut, dii^ant : <« Rassurez-
vous et choisissez une de ces deux choses,
ou la mort immédiate de tous ces hommes,
ou pour vous la palme du martyre, avec la
confiance d'un bon combat, j» Et les apôtres
répondirent : <i II faut implorer la miséri-
corde de Notre-Seigueur Jésus-Christ, afin
qu'il pardonne à ce peuple et qu'il nous as-
siste pour que nous puissions parvenir avec
constance a la couronne. » Et les apôtres
étaient les seuls qui vissent et qui enten-
dissent l'anime, et les prêtres voulaient les
contraindre à adorer l'image du Soleil et de
la Lune. Et les apôtres leur dirent : « Faites
(1012-14) Orderic YiUl l'appelle Semnes. Le Hart j-
rolog« romain inscrit au 50 juillet le nom de Sennes
martyr cbet les Perses.
U<M.3) Les Grecs célèbrent ,, le 10 iuiii , le roar-
faire silence afin que tout le peuple enteod«
ce que nous répondrons. » Et le sileoce
s'étant rétabli, ils dirent : « Ecoutez tous et
voyez; nous savons que le soleil csiresdaTe
de Dieu et q^ue la lune est de même soumis
au commandement de celui qui Ta créée. Et
ces astres placés dans le firmaoïent ne sont
pas adorés dans un temple sans faire outrage
à celui auquel les cieux obéissent de toute
éternité. Et afin que vous sachiez que ce»
statues sont remplies de démons et non par
le soleil, je donnerai mes ordres au démon
aui est dans la statue du soleil, et mon frère
onnera ses ordres & l'autre démon qui est
dans la statue de la lune et qui se joue de
vous, et nous leur ordonnerons d'en sortir
et de les briser. » Et tout le peuple étant
dans faltente et l'étonnement, Simon dit a la
statue du Soleil : «Je te commande, à (ci,
démon détestable, qui abuses ce peuple, de
sortir de la statue du Soleil et de la oriser,
ainsi que son char. » Et lorsque Jude eut
adresse un ordre pareil à la statue de la Lune,
tout le peuple vit deux Ethiopiens noirs,
nus, terribles dévisage, s'enfuir en poussant
d'affreux hurlements. Alors les prêtres et le
peuple se jetèrent sur les apôtres du Christ
et les massacrèrent au milieu d*un grand
tumulte. Et les apôtres éprouvaient one
grande joie de ce que Dieu, par sa grâce, les
avait jugés dignes de souffrir pour le nom
du Seigneur.
CHAPITRE XVII.
Etiissouffrirentlejour des calendes de juil-
let (1013-14). Et leur hôte Sennes, qui avait
refusé de sacrifier aux idoles, souffrit avec
eux. Et, à l'heure de leur martyre, le temps
étant très-serein, la foudre vint frapper le
temple, le fendant depuis le sommet du toit
jusqu'aux derniers fondements. Et les deai
magiciens dont nous avons parlé, Zaroeset
Arfaxat, brûlés par la foudre, furent réduits
en charbon. Et trois mois après, le roi
Xerxès envoya des ofliciers dans la ville de
Suanir, afin qu'ils confisquassent les biens
des prêtres et qu'ils apportassent les corps
des saints dans sa ville. Et il comnaença i j
faire construire une basilique è huit angles
et ayant huit cent quatre-vingts pieds de
tour, et elle fut entièrement construite de
marbre orné de sculpture, le chœur étant
revêtu de lames d'or. Et il plaça au milieu
un sarcophage octogone d'argent pur, où
furent déposés les corps des saints apôtres,
et cet édifice fut construit durant trois an*
nées consécutives, et il fut terminé le jour
anniversaire de la naissance des apôtres et
consacré le jour de leur couronnement, aus
calendes de juillet. Et de grandes grâces
sont accordées à ceux qui, croyant au
Seigneur Jésus-Christ» ont mérité de parve-
nir en ce lieu.
tyre de Jude, et, le 19, cela! de Simon. Bède,
Usuard, Adon et le Martyrologe romain discoiqae
leg deux apôtres souiErirent daas U Perte *4 tt
octobreii
«s
soa
PARTi m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
80R
9SI
Le récit d*Abdias a serti de base au cha-
pitre que Jacques de Voragine a consacré
dans sa Légende dorée h saint Simon et à
saint Jude. {Voy. le Dictionnaire de$ légendee
du ehristianiemej Higne, 1855, col. 1151^.)
Selon son habitude, il a notablement abrégé
récrit qu'il prenait pour guide.
C est également dans V Histoire apoetolique
que Mantouan a pris les récits qu'il déve-
loppe dans ses Fasti sacri ; en voici un ex-
trait :
Moi ubi conjanctîs in Perstde gressibus ambo
Pervenere lares qui per simutacra lalebant,
Prolinus amîssi tenuere stlentia voce.
Tune liidos Persasque gravis discordia in arma
Miserai, instabatque dies saevi aspera Mariis;
Dqx super eventn belU dura consulit aras
Et simulacrft ; lares trepidi responsa negarant,
Saiicloruin imperio Undetn Ventura eoacti
Pandere, si seirent iiimium cruiiele fuiarutn,
Kicidium cecinere hominum, piignamqiie cruetitam ;
Tùm gemini fratres nugas risere deoruro ;
Au|ue dyci : c Ne prsebe aures, dixere, iiefandis
Iil;iiiibu8; h«ud dubiuni tibi cras roralus ab liidis
Pacilieae véniel porlans ramalia palmse. i
Altéra lux aderat ; veiiii legatus ab hidis
Pacem crans, paceoiqne ferens in Perside totam.
Impia sticcessa boc mens indignnla magorum,
Sic se posse putaiis sanctis iiiiponere coram
Rege ipso lulit in niedtttrn genus omue veneni ;
Oipsadas et jaculos celeres, hydrosque, nepasque
Natrices, eolubros et caetera quae per eremuni
Solibus areniein virosa aniaialia serpuni.
Al gemini fratres pecus boc in membra magorum
Gouferiere, diu lorlos sauieque fluenies
Pesiifera mtseraii bomines pepnlere eolubros
Jn déserta, procul nulHs babliala colonts«
IJl premerent rixas, incerto semine nalum
Infantem qua luce parens produxeral illum
Ad populumr fecere loqui ; nec proditiis auctor
Ejus adullerii, sed Talso crimine functus
Reddere atiem volait mendax infamia sontem»
Urbs ea clalbrato clausas in carcere tigres
Forte habuit, quae lune adilum prebenle Megera
Exierant, et jain strages asperrima passim
Edila per turbas loiam tremefecerat urbem*.
Hoc ubi noveruiit fratres crudelia motislra
In naiuram ovîum initem vertere precando,
Atque inde assuetum subito exstiuxere furorem.
Pest varios casus, et posl miracula tandem
Plurima digressus, alias traduxit ad oras
Spiritus ille polens bomines impellere quo vult,
Ob«ervala illic qua toius ad orgia luce
Confluerel populus lemplum subiere, palamque
Ex slatuift jussere deos prodire latentes
Et latebras aperire suas, ac frangere saxa.
Ecce duo visi subito volitare per auras
iEihiopes, suaque horrisono simulacra fragore
Sternere linmi penimsqae suas lacerare ravernas .
Protkius boc t-mto pU*bs exanlmala tumultu
Pcrnlci dat terga tugiu. Tum loia repente
Turba sacerdoluin sanclos invasil, et ariiiis
Oppressere viros, simulacrorumque ruinis
Conirivere, deos animis furialibus ulii.
Nec ntora ; cœpenmt nuigire tonitrua cœlo
Nigrescente, micant subitis ardoribus aurae
Fniniinaque in templi uioiem contorta superbam
Dissolvunt conquassaiis laquearia tectis ;
Ecce ruit subiimis apex; luxau sequuntur
Marmora cum strepiiu ingenti ; sublaius m auram
Pulvis il, et lemplum in parles est qualluor actuui ;
Sic ubi iraxerunt ad Christum Persida tolam,
Migra vere aaimx fratrum super œibera sanctae.
SIMONIENS.
[Evangile de$ Simoniens."^
Ilenestfait mention dans la Préface arabe mundi appellarunt. {ConciL^ edit. Labbe»
du Concile de Nicée. t. Il, p. 386.)
Sibi aufem perfidi i$ti Simonistœ Evange^ On manque d'ailleurs de renseignements
{tum effinxerunt quod in quatuor tomos se- à son égard*
cantet ÏU)rum quatuor angulorum et cardinum
SOPHONÏE.
Clément d'Alexandrie {Stromat.^ lib. y)
cite un passage de ce prophète, lequel ne se
trouve point dans les Ecritures canoniques :
«Et l'esprit m'enleva et me porta au cin-
quième ciel, et je contemplais les anges qui
sont appelés les seigneurs, et leur diadème
était posé dans rfisprit-Saint, et le siège de
chacun d'eux était sept fois plus éclatant que
le soleil à son lever; ils habitaient dans le
temple du salut et ils louaient Dieu ineffable
et très-haut. »
On pense que ce passage est emprunté à
la prophétie apocryphe ou à Y Apocalypse de
Sophonie qui est indiquée comme composée
de 600 vers dans le canon de Nicéphore. La
citation que nous venons dé transcrire a été
rapprochée de quelques expressions de saint
Paul et notamment de celle-ci : Le mystère
qui avait été caché dans tous lès siècles et danê
tous les temps et que Dieu a maintenant ma^
nifesté à ses saints, {CoL i, S6.)
SORTS DES APOTRES ET DES PROPHETES.
Livre de divination, fabriqué par quelque
imposteur dont le nom est ignoré. Pierre de
Bloisen fait mention dans son traité De pra^
stigiis fortunœ. {Bibliotheca Patrum^ édil. àfk
Lyon, t. XXIV, p. 4268.)
955
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
»
T
TATIEN.
Les travaux de cet apologiste de la reli-
gion au sujet du texte des Evansiles ont
préoccupé la critique moderne (1015); ils
doivent nous arrêter un instant.
Théodoret (Hœret. fab.^U i, c. 20), dit que
Tatien supprimait les généalogies et tout ce
qui prouvait que Jésus-Christ était né de la
race de David selon la chair; il ajoute que
plusieurs Catholiques se servaient de rE-
vangile de Tatien, parce au*il était plus
court que les quatre ensemble et qu'il abré-
geait le chemin de Tétude. Il rapporte qu'il
en avait trouvé jusqu'à deux cents exem-
plaires dans les mains des Qdèles et qu'il les
avait retirés* y substituant les quatre Evan-
giles canoniques (1016). V Harmonie ou Evan-
gile qu'on lit dans les Ôrthodoxographa^^Xe^
1559, in-folio (1017), et qui porte le nom de
Tatien, n'est point l'œuvre de cet hérétique,
car on y trouve au chapitre v les généalo-
gies de Jésus-Christ, c'est Y Harmonie à! Km^
monius d'Alexandrie.
D'après saint Epi phane (hœres. 46), TE-
vangiledes encratites ou de Talien, serait au
fond le même que celui des Hébreux (1018),
mais, ainsi que le remarque Fabricius (1019),
il y a là quelque confusion, car l'Evan-
gile selon les Hébreux ou les Nazaréens,
cité par Hégésîppe, par saint Papias et au-
tres écrivains d une haute antiquité, était an-
térieur à Tatien.
Quant au travail qui est parvenu jusqu'à
nous sous le nom de Tatien, on en connaît
une traduction fort ancienne en langue théo-
tisque, ou vieil allemand, que J. Schilter a
publiée d'après deux manuscrits dans sou
Thésaurus antiquitatum Teulonicarum (Ulm,
1717, in-folio, t. II, p. 1) , en y joignant une
ancienne version, dans le même idiome, du
(1015) Indiquons entre autres auteurs qui ont
traité ce sujet: Zahn, Hi$l. crii.^ Einteilung in
Taiiens Ettangelienharmonie ; dans le^ Analecten de
Kcil , t. Il , p. 65 ; H.-A. Daniel , Talian der Apolo-
aetik. Halle, 1857, in-S»; Le Nourry, Diêterlatio de
Tatiano (dans Tédition de Tatien donnée par Wortb,
Oxfor t, 1700, In 8% p. i61«i09, et dans VApparatus
ad Dibliothecam Patrum , 1. 1 , p. 522 ; Cave , Hist,
Uuer. êcript. eccUmiasi.. t. I, p. 75; Dupin, Bihlio^
thèque de$ auteurs eceUiiaêiiques, t. I, p. 62 ; Tille-
mont, Mimoiret, t. Il, p. ilO; Ceillier, Hiêtoire det
auteurs sacrés, t. Il, p. 123; Oudin, Comment, de
seri,)toribus ecclesiasiieis ^ t. 1, p. 210; Brucker,
Hisioria crilka philosophiœ^ t. 111, p. 378 ; Walcb,
Bibiiotheca iheologica^ t. IV, p. 865, et Danz, Wôf'
lerbuch der theoL iiteratur^ p. 367.
11 vient de paraître, à Breslau, un travail de G.-A.
Semisch : Tatiani Diatessaron : Antiquissimum Novi
Testamenti Evangeliorum in unum digestorum spect"
men,
(1016) Hic (TaiianuM) Evangeliam qood Diates-
saron dicitar composuit , amputatis geneaVogils et
aliis omnibus qux Dominum ex semine David se-
candum carnem naturo ostendunt. Eoque usi sunt
lion modo qui ejus erant sectx, sed ii etiam qui
apostolica dogmata sequebantur, compositionîs
fraudcm non cognoscentes, sed simplictos tanquam
cowpcndiarlo lioro uteutes. Nactus sum etiam ipso
dialogne de Jésus-Christ avec la Saman-
taine.
Le travail de Tatien reçut le nom de Dia-
tessaron. Un auteur syriaque, Bar-Salibi,clté
par Assémani (Bibiiotheca orienialis , t. H,
p. 157, dit que le Diatessaron de Tatien com*
mençait par le premier mot du premier cha-
pitre de V Evangile de saini Jean^ mais
comme cet auteur, ainsi que tous ceux d'une
antiquité peu reculée, avait sous les yeai le
travail attribué à Tatien, et non celui qu'il
avait réellement composé, cette assertion oe
doit pas arrêter.
Victor de Capoue, qui vivait au vi' siècle,
s'exprime de son côte dans les termes sui-
vants :
Ex hisioria quoyue ejus (Eusibii) eompen,
quod TatianuSf vir eruditissimus et orator
tllius temporis clarissimus^ unum ex quatuor
compaginaverit Evangelium cui titulum Dia-
tessaron imposait^ hcet profanis implieitut
erroribus^ non inutile tamen exhibens studio'
sis exemplum^hoc Evangelium %st mihiride*
tur^ solerti compaginatione disposuit. Et fur-
sitan adhuc beati Justini aahœrens laten,
illius eruditionis merito hoc opus ejpli'
cuit. Abitror enim propterea non Ammonii
sed hujus esse editionem memorati ro/umi-
nis quod Ammonius Matthœi fertur relation
evangelistorum reliquorum relationem disctî*
tos annexuisse sermones» Hic vero 5. Lues
principia sunt assumpta, lieet ex maxima
parte Ëvangelio S. Matthœi reliquorum triu»
aida conjunxerit ^ ut jure ambigi pos$il,
uirum Ammonii an Tatiani inventio ejuidem
operis debeat œstimari.
Ce passage a exercé les critiques ; Zalm
(dans les Analeetende Keil et Tzcnirner. t.U,
p. 202); lltig {De hœresiarch. eevi apostolici,
libres ducentos în honore babitos in Ecclesiii oo-
stris quos omnes in unum congesios seposui, et pra
liis quatuor evangelistanim Ëvangelia introdaiî.
{Hœretie. fabuL^ lib. 1, c. 20.)
(1017) On la trouve aussi (fans uo autre recoHI
publié également à Bàleen 1559, In-folio. {M^nu-
menta Patrum orthodoxographoram ^ p. 659-7^K
ainsi que dans la Bibiiotheca Patrum^ L Yll, p. ^*
édition de Paris. 1644; 1. 11, part, n, p. 205, eJiL
de Lyon.
(1018) < Ab hoc Excpatilarum orta sueeessto e$i,
quibus venenum illud aspersum. Feront opus 'M
quod ex quatuor fivangeliis contextum est, quel-
que secundum Hebrasos nonnuUi vocaot, ab co cm«
conscriptum. •
(1019) Codex aooeryph. Nop. Test.^ p» 54X. C«
savant critique s exprime ainsi : < Forte ferelli
Epiphanlum quod in utro<|ue fcvangelio (Gbiooiu-
rum et Tatiani) gcnealogias resectas esse ob»f;-
vasset. Nisi faiso boc affirmant de £vangeli«
Ebionitanim Epipbanius. Non video enim qacin »
finem genealoglas amputassent qui Cbrtstan veros
et nudum hominem esse volebant ; ut autem iit* ^
babeanl, difficile enim est baereticorum vetervoi »ei-
sus rationibus semper aasequt , eene Ebiooiuni«
Evangelium reetius Epipbanius dixisset cam f^
conveiiire quod a nonnullîi vo^atum est sccnniiA
Ucbrxos. f
967
TAT
PART. m. - LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAT
»5S
Upsi», 1703» p. t82) ; Casaubon, Grotius,
Voss» liili, et aautres encore se sont effor-
cés d'en préciser le sens et la portée. Nous ren-
voyons a la dissertation de H. Semiscb les
personnes qui désireraient prendre connais-
sance de ces détails, trop minutieux pour que
uous leur donnions place ici.
Le Diaiesiaron fut aussi appelé Diapenie
parce que l'auteur joignit aux quatre Evan-
giles canoniques celui des Hébreux» qui avait
alors cours et autorité en Syrie ; saint Epbreni
composa sur le travail de Tatien un com-
mentaire signalé par Assémani (Biblioth.
orient, 1 1. 111, part, i, p. 12); les manichéens
firent grand usage des textes arrangés par
Tatien; nous avons déjà fait observer qu'il
avtfit sur divers points des opinions sembla-
bles aux leurs et qu'on ne trouvait dans son
DiateBsaron^ ni les généalogies de Jésus-
Christ, ni aucun des témoignage par les-
quels il paraît que le Seigneur est sorti de
la race de David selon la chair.
Ritter (Histoire de la philosophie chré-
tienne^ traduite par M. TruTlard, t. 1, p. 2%),
apprécie Tatien, mais sans parler de ses tra-
vaux sur les Evangiles; il observe que VA-
f}ologie trahit une façon de penser qui s*é-
oigne sur des points essentiels des doctri-
nes des apologistes qui l'avaient devancée;
on peut y trouver les germes des variations de
ses sentiments et des erreurs que son auteur
embrassa. Cet écrit est une attaque violente
et passionnée contre la civilisation srecque,
que sa corruption effrénée signalaitd ailleurs
à rindignation de toute Ame honnête. Les
doctrines de Tatien sur fessence divine, sur
l'origine du mal et sur les points que main-
tenaient les sectes gnostiques, ne doivent
point nous occuper ici.
Divers écrivains orientaux ont fait men-
tion des travaux de Tatien ; nous indique-
rons entre.autres l'auteur syriaque Denys
Bar-Salibi'qui, dans son exulic^iion de l'Ë-
vangile de saint Marc (ch. ix] s'exprime ainsi
selon laversionqu'Assémaniafaite de ce pas-
sade [Bibliotheca orientaliSf t. II, p. 159) :
latianuSf discipulus Justini philosophi
it martyriSf elegit e quatuor illis Evanaeliis
ttconnexuit etconfecit Evangelium^ quoiDia-
it$$aron nuncupabat^ miscellanea. Hoc scri-
ptuminterprelatus est Mar Ephrœmus, Exor^
dium ejus fuit : Ab initio erat Verbum^ Elias
Salamensis qui et Aphtonius^ digessit evan^
gelium instar {illius) Diatessaron^ quod Am-
monius eonfecerat ab Eusebio commemoratus
in proœmiocanonumEvangelio appositorum.
Hoc Ùimtessaron quœsivit iste Elias^ sed non
invtnit; quapr opter composuit aliud illi «t-
int/e. Reprehendit autem Elias identidem ca^
nones Eusebii et manifestafecit eorum menda^
Jure quidem. Id vero exemplar^ quod Elias
tlaboravitf haud crebro reperilur.
BbelJjesu, évoque nestorien de Nisibe,
mort en 1318, a confondu le travail d'Am-
naonitts d'Alexandrie et celui de Tatien,
^n disant : Evangelium quod collegit vir
^^^XQndrinusAmmoniuSf qui etiam Tatianus^
^l.^od nuncupavit Diatessaron. (Assémani,
ftWiort.ortenr.^t. 111» c. 12.} Une autre er-
reur plus grave est celle dans laquelle est
tombé Bar-Bahlal, qui écrivait au x* siècle, et
qui, dans un dictionnaire syriaque que Cas-
tell a cité dans son Lexicon heptaglott.,
Londres, fol. 696), fait de Tatien un évoque :
Diatessaron appellari quatuor Evangelia ea-
que Alexandriœ a Tatiano episcopo scripta
ckéservari.
Parmi les manuscrits arabes que possède
la bibliothèque du Vatican , il s'en trouve
un qui présente les quatre Evangiles réunis
en un seul corps, et qui porte le nom de
Tatien. Assémani le décrit ainsi : Sacro-
sanctum Evangelium vulgo Diatessaron
nuncupatum , et in sectiones seu capila quin^
quaginta quinque distributum^ auctore Ta-
tiano Syro.., Jnitiumfol. 1 a terg. exordium
primutn Evangelii ex Marco. Dixit :Initium
prœdicationis Jesu Christi. Johannes : In
Îrincipio erat Yerbun^. In fine vero fol. 123,
œc a librario adnotata reperias : Explicit
auxilio Dei sacrosanctum Evangelium quod ex
quatuor Evangeliis collegit Taiianus quod-
que Diatessaron vulgo dicitur. On comprend
sans peine qu'il ne s'agit ici ni du travail
d'Ammonius, ni de celui de Tatien.
Le docteur Semiscb s'est livré à des consi-
dérations étendues sur le caractère de la com-
pilation de Tatien. Il observe la prédilection
de cet écrivain pour saint Jean , le seul des
évangélistes qu il cite dans son Oratio ad
Grœcos. Tatien se plaisait aussi à remuer les
questions difficiles; il avait écrit des livres
sur les problèmes^ ainsi que le rapporte son
disciple Rhodon , cité par Eusèbe. ( Hist.
eccles,, I. Y, c. 13.)
Observonsd'ailleurs qu'avant d'entrer dacs
l'édition de Lyon de \à Bibliothèque des Pi^
reSf sous le nom de Tatien, le travail qui est
venu jusqu'à nous avait été mis au jour sous
le nom d'Ammonius.
En 1523, un savant allemand, Ottomarus
Luscinius, avait publié à Augsbourg un
mince volume in-b** intitulé ifvan^eliccpAtf/o-
riœ ex qtmtuor evangelistis perpetuo tenore
continuata narratio , ex Ammonii Alexan^
drini fragmentis quibusdam e Grœco versa.
Le traducteur ne dit nullement où il a trou-
vé le texte grec, et il a quelque doute sur le
vrai nom de leur auteur, car il s*exprime
ainsi dans son avant-propos : Ammonius
Alexandrinus , in cujus fragmenta jam pri-
dem incidimus 9 modo fallax non sit titu-
lus.
Ce texte latin fut reproduit plusieurs fois,
notaoQment à Erfurt en 15H, à Nyssa en
1557, dans \e Micropresbyticon^ Bâie, 1550,
p. 617, etc.: il fut aussi traduit en allemand par
celui qui l'avait déjà mis en latin. (Evange^
lische History nach aller Ordnung wie sie er^
gangen^ in ein Red gestellt^ durch Othma^*
rum Nachtgal verdeutscht ; Augsburg.)
Baronius, se fondant sur la suppressioa
des généalogies et sur l'abréviation du texte
des évangélistes, a cru que le travail impri«
mé au XVI" siècle était en effet l'œuvre de
Tatien. {Annales ecclesiastici ; Anvers, 1597,
t. II, p. 190. ) Tel a été également l'avis peu
réQéchi de Cave {Script, eccles, historia, Ll»
S3»
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
f. hl); de Ncvël Alexandre (Bist. eceles.^
aris, 1730, t. 111, p. 606); de Labbe {De
tcripi. eccleê.9 i. Il, p. 379); de Calov (^t-
bliotkf Nov. Test, illuflr.^ 1. 1, p. Il); quoi-
que Valois, le judicieux éditeur d'Eusèbede
Césarée, eût émis, dans ses notes sur VHis^
ioire eccléiiastique de cet évéque (1. iv, c. 29,
p. Sk), une opinion différente. Ce savant,
yersé dans Tétude de pareilles questions,
avait aperçu une différence notable entre ce
que devait être Vauvre de Tatien et ce qu'était
topuicule trouvé par Luscinius» 11 s'exprime
ainsi : Nam opus illud nihil aliud est quam
paraphrasis quatuor Evangeliorum seupotius
epitome eleganter conscripta ab homine ca-
tiiolico. At Evangelium Tatiani ipsismet evajn^
gelistarum verbis contextum erat , resectis
auntaxat Us quœ ad Davidicam Christi genea^
logiam spectant, Prœlerea in opère illo CArt-
stus filius David dicitur non semel, Dentque
ires anni prœdicationis Christi distinguun^
iur , cum reteres annum unum prœdicationi
Christi tributrunt.
L'opinion de Valois était fondée en ce sens
Îu*il était difficile de reconnaître la main de
atien dans l'œuvre publiée par Luscinius;
elle fut soutenue par Pagi (Critica in Annales
Baronii, Coloniœ 1705, 1. 1, p. 107); par Til-
lemont (Mémoireê sur F Histoire eceésiasiique^
1695; t. Il , c. 3 , p. 22, 118); par lllig [De
hœresiarchis œvi apostoticit p. 183 ) ; par Miil
(Proiegomena in Nev. Test. , p. 39) ; par
Tentzel lExercitat. sefectœ^ Lipsiœ; 1692,
t. I, p. 22il^), et par d'autres auteurs. Le
Nourry {Apparat, ad Biblioth, maximam Pa»
trunif [Pans, 1703 , p. 552) reconnaît qu'on
peut opposer divers arguments à l'opinion
de Valois; il Tappuie cependant de son mieui
(1020) , et le savant éditeur des œuvres de
saint Justin , le Bénédictin P. Haran , déve-
loppe les raisons déjà invoquées.
Ajoutons que , suivant la remarque de
Tillemont ( JM^motVe^ cités ) etd'Oudin (De
scriptis ecclesiastxeis ^ t- îf P* 210, 130), le
stjle du texte latin repousse Tidéo d'une
traduction faite sur un texte grec.
Les critiques modernes ne se sont pas oc-
cupés de cet écrit. Nous ne connaissons que
deux auteurs allemands qui, au xix' siècle,
en aient fait mention : Bleck (Btyirëge ur
kritik) a pensé que l'auteur avait connu le
Diatessaron de Tatien et l'avait imité; Daniel,
dans son écrit sur Tatien {Tatiantss der apo*
loget^ p. 97) , ne voit rien , dans la prodoc*
tion dont il s'agit, qui doive la Caire regar-
der comme l'ouvrage.
Dans ce résumé synoptique, qui se borne
souvent à donner les intitulés des paraboles
racontées tout au long dans l'Ecriture sainte,
et qui , ne se conformant pas toujours à
un ordre bien rigoureux , prend habituel-
lement saint Jean pour guide dans la série
des faits, on rencontre parfois des circons-
tances qui semblent avoir été puisées dans
des évangiles apocryphes ou dans des tradi-
tions anciennes. Cest ainsi qu'il est dit qne
les Mages arrivèrent à Jérusalem le trei*
zième jour après la naissance du Sauveur, et
que l'Enfant Jésus passa sept ans en Egypte
jusqu'à la mort d'Hérode. La Pentecôte est
signalée comme étant la fête pendant laquelle
Jésus guérit un homme malade depuis trente
années {Joan., v, 2). Zachée, qui reçut Jé-
sus à Jéricho , et qui était de petite taille,
ainsi ({ue nous l'apprend saint Luc (six, 3)i
est ici qualifié de nain.
En somme, ce résumé sec et aride ne stn*
rait, en raison du peu de méthode gu*il pré-
sente, ôire attribué à Tatien, qui est cité
pour ses connaissances en chronologie pir
Origàne {Contra Celsum, lib. i, c. 16. j et |)8r
Clément d'Alexandrie. {Stromai.^ lib. i,c.Si.)
Préciser l'époque de sa composition est chose
impossible, mais elle ne remonte pas pro-
bablement à une date fort ancienne.
THADDEE.
(Evangile de Thaddée,)
Il est cité dans le décret du Pape Gélase;
on n'a d'ailleurs nul témoignage sur son
rompte, et Pon ignore s'il s'agit de l'apôtre
Thaddée, ou de Thaddée, l'undes soixante-dix
disqlples que l'apôtre Thomas envoya au-
près d'Abgare, roi d'Edesse (Eosèbe, Hitt-
eccles. 1. 1, c. 13.)
(1020) < Masimi momeiiti duiit esse, qiiod Ta-
tiani Dia9es$aroH Tbeodoreto ceiisore eodem fere
loco ac caiionica Evangelia habitum sit. Inde e«*
lorquet « ipsis evan gelistarum verbis conclnnatuiii
fuisse. Nuftquam eoiin veleres bominis privati
npn^culu eamdeiii fidem, eumdem honorem liabiiuri
fuissent, quam ipsi Evangeliorum exemplari, prae-
aertim, cum Diatessaron a nonnuUis Evangelil
Hebraeorum nomine appellatum tit. Qaod HiM
nerperam judicalum sit, umen iode eAd p«uc
Talianum vitara Cliristi non suis, sed apofUiIdna
verbis descripsisse. Has ratlones ainpuflcauinis*
Prudentius Maranus jam id moleste iulit qaod nel'
libi hasretîcae Taliani doctrinae consultun sit, w
lei Mosaica ila commendetur, ut talUios TauiBi
ingeuium omnino reluctetur. »
SCI
THE
PART. III. -. LEGENDES ET FRAGMENTS.
THE
im
THECLE.
(AcUi de sainte Tkecle.)
Nous avons déjk, à l'article Paul (saint),
signalé l'existence de cette composition
remarquable et dont M. Saint-Marc Girardin
a fait ressortir tout l'intérètau point de vue
littéraire.
Les Acta Sanctorum publiés par les Bol-
landistes (t. VI, de septembre, p. St^6-568),
renferment une longue dissertation du P.
Stiitin^ sur ces Actes; il montre qu'ils sont
rem plis de fables; il rapporte ensuite les
nombreux témoisnages des saints Pères au
sujet do sa in te Thecle. L'analyse des réci ts qui
h concernent peut se faire ainsi: Tbècle,
fille de parents païens eut l'occasion d'écou-
ter, pendant trois jours, d'une funétre de la
maison de sa mère, la prédication de saint
Paul. £lle refuse de se marier; elle est li-
vrée à des bétes féroces qui ne lui font
aucun mal ; elle accompagne saint Paul dé-
guisée en homme; c'est à l'âge de dii-buit
ans qu'elle avait été soumise aux épreuves
du martyre; elle fut ensuite guidée par
une nuée lumineuse vers une caverne où
elle passa soixante-dix ans. Des hommes
pervers voulurent un jour lui faire violence,
mais nn rocher s'ouvrit pour recevoir la
sainte et la mettre à l'abri.
Donnons ici la traduction de ces Actes,
tels qu'ils se présententcomme étant l'œuvre
de Basile, évèque de Séleucie, qui vivait
vers le commencement du v* siècle et dont
il reste des Homélies. Il faut observer que les
critiques les plus judicieux regardent ces
récits comme n'étant pas l'œuvre du prélat
dont ils portent le nom. Ils nous sont par*
venus eu prose, et Pholius (Myrobiblon^
cod. 168) dit expressément qu il avait écrit
en vers.
Le bienheureux Paul fut d'abord Juif et
persécuteur de la foi ; mais, ayant reçu le
saint baptârae, et ayant été élevé à la dignité
d'apôtre, ainsi que saint Luc nous l'apprend,
il se livra tout entier à l'apostolat. Parcou-
rant le monde pour le salut, l'instruction et
la vocation des gentils, il vint dans la ville
d'Iconium, afin d'y prêcher aussi la vérité.
C'est une ville de la Lycaonie, peu éloi-
gnée de l'Orient , mais se rapprochant
davantage de l'Asie, et placée dans le pays
des Pisides et des Phrygiens. L'Apôtre, s'é-
tani arrêté dans cette ville, fut reçu avec
beaucoup d'amitié par Onésiphore, qui lui
accorda l'hospitalité la plus empressée, et il
advint qu'il se trouva voisin de la vierge
Thècle, non de son plein gré, ni par suite
de quelque tentative faite en ce but, mais
parce que ï'Esprit-Saint l'y conduisit, afin
que, par l'effet de ce voisinage, Paul trans-
mit la foi h la vierge, et qu'il lui portAt la lu-
mière ^e la foi, lorsqu'elle était encore dans
les ténèbres de l'erreur et de l'ignorance.
£l!e était d'une famille noble, et ses parents
tenaient un rang fort distingué; ses riches-
ses et sa beauté la faisaient remarquer par-
tout; déjè, parvenue è l'âge nubile, elle avait
occasionné des querelles et des rixes parmi
des jeunes gens riches qu'animait une riva-
lité ardente et le désir d'avoir pour épouse
une femme aussi accomplie. Sa mère, Théo-
clée, la pressait de distinguer spécialement
un nommé Thamyris, supérieur à tous les
autres qui florissaient dans cette ville, et
que sa fortune et ses belles qualités plaçaient
dans un rang élevé; l'époque de leurs noces
avait même déjà été fixée, lorsque Paul vint
loger chez Onésiphore, et un grand nombre
de fidèles se réunissaient pour entendre sa
parnif . Thècle s'approcha d'une fenêtre qui
é«ilt ouverte, et elle entendit la prédication
de l'Apôtre qu'elle écouta avec la plus
grande avidité (Jésus-Christ le voulant ainsi,
afin qu'elle fût captivée de la sorte), et elle
resta è cette fenêtre, comme si elle était
liée avec des ciiaines de fer, écoutant Paul
avec anxiété.
Voici quels étaient les discours de l'Apô-
tre : « Vous qui vous êtes réunis pour m'en-
tend re annoncer des choses nouvelles, et que
le monde ignore, je vous exposerai une doc-
trine qui est nouvelle en effet, mais en mê-
me temps divine et salutaire; je ne l'ai re-
Îue de personne, si ce n'est du Verbe de
^ieu qui, procréé de la forme et de la na-
ture humaine, et descendu sur la terre, nous
a transmis ces préceptes de la vie évangéli-
que et céleste : Heureux est celui qui est le
véritable contemplateur de la Divinité, etqui
a conservé son Âme pure, intègre et affran-
chie de tout trouble dans les maux auxquels
la vie de l'homme est exposée 1 heureux ce-
lui qui n'a point abandonné sa chair à d'im*
pures voluptés, mais qui, se maintenant tou-
lours en présence de Dieu, a accompli ûdè-
lement ses devoirs I heureux aussi celui qui,
né sous l'empire de la loi commune, agit
comme s'il n'était pas né, et qui mène une
vie pure et exempte de toute souillure, em-
ployant toutes ses facultés, non à des cho-
ses déshonnêtes et contraires à la volonté de
' Dieu, mais è celles qui sont agréables au
Seigneur, et conformes à l'honnêteté. Je dis
qu'ri est aussi très-convenable et propre à
conduire au bonheur dont je parle, que de
se marier et d'entrer au lit nuptial (selon la
volonté de Dieu) dans le but d'avoir des en-
fants qui puissent remplacer leurs parents.
Encore plus heureux sont ceux qui, vivanc
dans la crainte et le respect du Seigneur, et
se maintenant dans la pureté du corps etue
TAme, se consacrent è une virginité perpé«
965
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
»i
laelle, imitant, sur la terre» la vie des anges !
Je regarde comme les plus heureux de tous
ceui qui ont conserve, intact et entier, le
don de rinnoc«3nce baptismale qu'ils ont
reçu, et qui n'ont souillé par aucune tache,
soit en actions, soit en paroles, la robe de
Jésus-Christ, mais qui Font gardée, jusqu'à
la fm, telle qu'ils l'avaient reçue. Je regarde
surtout comme digne d'envie la condition
de ceux qui, mettant leur soin h soulager la
misère des pauvres et des mendiants, obtien-
nent du Seigneur une miséricorde égale à
celle qu'ils manifestent. Pour tout cela, i!
faut avoir une foi et un amour pour Jésus-
Christ qui ne vacille pas et ne diminue
point, mais qui reste stable et immuable.
Celui qui tendra toujours à arriver au
faîte de ces vertus, et qui ne se laissera pas
détourner delà route du ciel, participera au
règne, à la gloire et au repos du Seigneur;
il obtiendra les couronnes divines et les ré-
compenses immortelles. Bienheureux celui
qui les obtiendrai mais qu'il esta plaindre,
celui qui n'en sera pas digue, et qui méri-
tera au contraire les supplices do l'enfer I »
Le bienheureux Paul parlait de la sorte
aux citoyens qui s'étaient réunis; il enflam-
mait tous ses auditeurs, hommes et femmes,
d'un désir ardent de se consacrera la piété;
la foule accourait pour l'entendre, oubliant
le boire et le manger, et négligeant les af-
faires publiques et privées, afin de s'adon-
ner uniquement au plaisir d'entendre Paul.
La vierge Thècle restait chez elle, comme atta-
chée & sa fenêtre, mais la timidité de son Age, et
l'usage qui imposait aux vierges la loi de ne
point sortir au dehors, la retenaient, empê-
chant l'élan généreux de son esprit, et l'o-
bligeant à rester chez elle, ce qu'elle sup«
portait avec douleur et avec un vif regret.
Elle ne pouvait voir Paul, et elle l'enten-
dait avec difficulté, et elle ne pouvait être
arrachée de la fenêtre, où elle enviait le
sort de ceux qui étaient à même de contem-
pler l'Apôtre, et de ne rien perdre de ses
discours ; elle ne s'occupait plus de prendre
lie la nourriture ou de la boisson, et elle né-
gligeait toute sa parure, ne songeant plus à
se vêtir avec élégance, à répandre sur elle
des parfums, et à disposer ses cheveux, com-
me c'est l'usage parmi les vierges. Ce fut,
pour sa mère Théoclée un grand sujet de
douleur et de craintes, lorsqu'elle vit sa
fille oublier ainsi tous les agréments et tous
les besoins de la vie, et s'attacher exclusi-
Tement k la parole d'un étranger.
Elle s'adressa aussitôt h Thamyris, pensant
que lui seul pourrait fléchir la vierge qui
lui avait été promise, et la ramener aux pro-
jets d*union qu*ils avaient conçus, etelleJui
parla de la sorte :
«La pudeur et les larmes m'enlèvent la
parole, mon Thamyris, et je rougis avant
de parler et de te dire les choses que j'ai
à t'apprend'*e au sujet de ma fille. Ecoute-
moi cependant lorsque, bien malgré moi,
je te raconterai les malheurs qui me frap-
pent. Ta Thècle, l'objet de tous nos vœux,
celle eu qui nous avons mis notre espérance.
nous abandonne ei méprise sa mère; elle
ne songe plus à toi qui devais être son épom ;
elle n*a plus de pensée que pour un étraii*
ger et pour un imposteur, un fourbe, qui
loge à côté de notre demeure et qui It
tient comme prisonnière, oubliant toutes ses
occupations. HAte-toi, Thamyris, arrache-la
des mains de cet étranger, ramène-nous«lji,
conserve k nos deux familles leur antique
félicité i empêche que nous ne devenions ud
sujet de raillerie et que cous ne fournissions
l'occasion aux propos les plus méchaDls.
Adresse-lui des paroles caressantes et ten*
dres; adoucis avec la flallerie, comûie avec
de l'huile, rftcrelé de son eapriC; un cceor
endurci et exaspéré résiste à la force, mais
il cède à l'aménité des représentations et à
la bonté. Ramène-la à son ancienne vie, à la
n)odeslie et k la soumission qui convienneot
aux jeunes filles et aux vierges.»
Thamyris, entendant Théoclée s'exprimer
ainsi et gémir, fut comme saisi de vertige;
sa. vue se troubla, ses idées s'obscurctreoi,
lorsqu'il se vit ainsi passer d'une joie im-
mense à une douleur extrême. Il s'appro-
cha de la vierge d'un air triste et abattu,
versant des larmes et pouvant à peine res-
pirer à cause de son aflliction, et il lui
adressa ces paroles :
« Je ne sais comment je commencerai a ta
parler, ô vierge qui m'est si chère. Tu m'as
jeté, ainsi que ta mère, dans le désespoir et
dans le plus grand embarras. Tes actions
s'écartent d'une manière funeste du carac-
tère que nous te connaissions et de la bien-
séance que tu avais toujours observée; je
pense que c'est l'eQ^et de l'impulsioa de
auelque génie malfaisant qui s'efforce de le
étourner des pensées honnêtes et de dé-
truire le bonheur dont jouissait ta lamille,
nous infligeant à tous une marque d'iipo-
minie au lieu de la gloire qui s attachau i
notre nom. Reviens à ton Thamyris, car je
suis à toi d'après la foi des promesses faites
entre nous, ç[uoique notre mariage ne soit
pas accompli. Eloigne-toi de cette fenêtre;
ne prête plus les oreilles à ce vagabond élrao-
ger, tombé en cette ville, je ne sais parquet
hasard fatal; il ne faut pas au'on puisse dire
que la fille de Théoclée, femme des plus
respectables, que la fiancée de Thamyns,si
distinguée dans la ville, abandonne sè for-
tune, sa famille et, qui nlus est, les princi-
pes de son éducation, aun de s'attacher i uo
étranger ; celle qui faisait l'ornement de la
cité deviendrait ainsi un sujet de moquerie
pour le peuple; elle repousserait les prières
de sa mère et les supplications de son liancé
pour se laisser séduire par les paroles trom-
peuses de ce vagabond et pour ne vouloir
écouter que lui. Chère Thècle, ne t'eipose
pas h ces reproches et à ces calomnies ; n'é-
coute plus une voix insidieuse et mets ton
honnêteté et ta renommée au-dessus d*ao
plaisir trompeur et blflmable. Quitta cette
fenêtre, comme un endroit qui est iodigC0
d'une vierge élevée convenablement et qui
te fera tomber dans l'opprobre. Si tu regar-
des comme désagréable et fêcheux ponr une
«5
THE
PART, m.— LEGENDES ET IHAGMENTS.
TilE
9G5
vierge ce que je te dis» consens au mariage
convenu entre nous et qui est Tobjet de
tous mes vœux. »
Thamyris s'efforça ainsi, par ces paroles
et par beaucoup d'autres semblables, de
iaire impression sur Thècle, et Théoclée se
joignant à lui, faisait de son mieux pour
amener sa fille aux mômes sentiments; elle
lui montrait son sein qui Tavait nourrie et
ses cheveux blancs, et elle la suppliait de
ne pas la désoler en f>erséTéranl dans son
entêtement. Mais la vierge, ne se rendant
nullement à ce qu*ils disaient, restait as-
sise, n'écoutant que la voix de Pau), et sans
regarder Thamyris, sans prêter l'oreille
aux représentations de sa mère, elle était
absorbée dans son désir de connaître Jésus«
Christ. Alors tous se livrèrent à l'affliction;
la maison fut remplie de cris et de tous les
signes de la douleur, et Thamyris se préci-
pita au dehors, se dirigeant chez Onési^
pbore afin d'approcher de Paul. Il s'arrêta
cependant en rencontrant Demas et Hermo-
gène qui n'étaient pas des hommes de mé-
rite , quoiqu ils affectassent une grande
vertu, mais qui accompagnaient Paul, non
qu'il ne sût pas ce qu'ils étaient en réalité,
mais il les supportait auprès de lui par cha-
rité, espérant qu'ils deviendraient meilleurs.
Thamvris leur demanda qui était Paul,
d'où il venait et ce qu'il voulait faire. Ils
Tirent sa colère et son animation (ce qui n'é-
tait pas difficile, car Thamyris était rempli
defureur)tet, croyantavoir trouvé l'occasion
de répandre le venin delà haine et de la.
jalousie qu'ils avaient jusqu'alors caché
soigneusement, ils parlèrent a Thamyris de
la sorte :
« O toi le plus distingué des hommes (et
nous te donnons ce titre parce que nos veux
et nos oreilles nous montrent avec évidence
<|ui tu es, le mérite se manifestant au grand
jour tout aussi clairement que le vice), écoute
une réponse véritable au sujet des choses
sur lesquelles tu nous interroges. Nous ne
savons pas quel est cet étranger dont tu par-
les, mais nous connaissons que c'est un im-
posteur qui erre sans avoir de résidence
fixe, renversant ce qui est conforme aux
règles ordinaires ; il s'attache par-dessus
tout à détourner delà voie que la nature
elle-même a tracée au genre humain, et
qui consiste à perpétuer la race par le ma-
. nage ; 11 ne songe qu'à la détruire et à l'ex-
termioer. Il travaille h renverser par des
doctrines nouvelles et étranges ce que la
nature a institué; il recommande le célibat
«t exalte la virginité. Il prêche et enseigne
que les corps ensevelis et détruits ressusci-
teront, chose absurde et que nul n'a jamais
enseignée, tandis que la véritable résurrec-
tion s'opère dans la nature elle-même et
s'effectue chaque jour. Celle-ci veut que la
chaîne des ^tres se perpétue, les pères re-
naissant dans leurs enfants et les morts re-
paraissant dans les vivants. »
Demas et Hermogène ayant parlé de la
^orte, Thamyris fut de plus en plus exaspéré,
«1 pensant qu'il avait trouvé uu moyen d'at-
taque contre saint Paul, il réprima pour un
moment son courroux, et il les invita à ve-
nir prendre leur repas chez lui; il leur donna
ainsi un repas comme le prix des calomnies
qu'ils avaient répandues contre Paul; il at-
tendit à peine que le soleil fût couché, et il
courut attaquer Paul avec des gens du peu-
ple et des malfaiteurs habitués à tout oser.
Chacun de ceux oui le suivaient avait pris
pour armes, soit les instruments de son tra-
vail habituel, soit le premier objet que la
fureur avait offert à ses mains. Ils criaient
à haute voix : «Qu'on le tue, qu'on le chasse,
qu'on le mène devant le tribunal, cet im-
posteur criminel, inventeur de lois nouvelles
et opposées à la nature ; il vient pour faire
tomber sur les villes les plus graqds fléaux ;
il attaque et repousse le mariage établi dans
l'intérêt de la chasteté et pour la procréa-
tion des enfants légitimes; sous prétexte de
vanter la virginité , il établit des lois qui fa-
vorisent l'impudicité. » Lorsqu'ils pous-
saient ces clameurs, beaucoup d autres hom-
mes, violents et audacieux, se joignirent à
eux, s'emportant aussi contre Paul. Toute
la ville était pleine de bruit, de tumulte, de
gémissements, comme si elle avait été su-
bitement envahie par des ennemis qui y
auraient porté le ravage. Thamyris accou-
rait vers le tribunal, menant de sa main
Paul en jugement ; et, étant arrivé devant le
gouverneur, il s'exprima en ces termes :
« Je regarde comme un effet de la bonté
des dieux, et comme une preuve du succès
gui l'accompagne, que cet homme pervers et
impur, venu dans notre ville pour y porter
le trouble, ait été découvert, et qu'il 'soit
traité selon la rigueur des lois. Les fonc-
tions de ta charge et le sentiment de la jus-
tice te font un obligation de soutenir l'em-
pire établi, de veiller au maintien des lois,
et de prévenir les périls qui peuvent mena-
cer l'espèce humaine. J'expliquerai en peu
de mots comment tu as à t'acquitter de cet
office. Cn homme est amené devant ton tri-
bunal. Je n'ai pas à dire qui il est, ni d'oà
il vient ; c'est un étranger, inconnu à la plu-
part d'entre nous, et, recourant à Tartiflce
d'une feinte piété, il prêche une doctrine
nouvelle et monstrueuse, fatale au genre
humain entier; il réprouve le mariage, qui
est toutefois reconnu comme l'origine, la
racine et la source de notre nature ; c'est de
là qu'émanent les pères, les mères, les en-
fants, les familles, les villes, les bourgs, les
champs ; c'est de là que viennent la navi-
gation, l'agriculture et tous les arts de la
terre, ainsi que le gouvernement, la répu-
blique , les lois , la magistrature , les juge-
ments, les armées ; c'est de là que décou-
lent la philosophie, la rhétorique et toutes
les sciences libérales ; et, ce qui est encore
[)ius important, les temples, les rites sacrés»
es sacrifices, les cérémonies, les mystères,
les vœux, les supplications. Toutes ces cho-
ses et beaucoup d'autres que j'omets, aQn
de ne pas prolonger mon discours, sont ac-
complies parles hommes, et Thomme n'existe
que par le mariage. Cet étranger, ainsi qua
967
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Kl
je Yiens de le dire, réproote le mariage , le
calomnie» et s'efforce d'en détourner ses
auditeurs, et on dit qu'il donne de grands
éloges à une virginité que je ne saurais
comment définir. J'ai entendu dire qu'il
yantait le célibat, recommandant de s'abs-
tenir d'une union légitime, et voulant que
les h(»mme$ vécussent séparés des femmes,
et les fe imes éloignées des hommes. N'est*
ce pas demander In suppression de toutes
les familles, des nations , des villes, de l'a-
griculture, des arts, des études , en un mot
de tout ce qu'il y a sur la terre ? N'est-ce pas
recommander une solitude complète dans
l'univers? Si de pareils principes étaient
inculqués à tous les hommes, le genre hu-
main aur()it bientôt cessé d'exister. J'ai
brièvement indiqué ce qu'il a voulu faire ;
il te resie,6 juge, à remplir ton devoir, en
chAtiant celui qui s'est rendu coupable des
plus grands crimes. Pour nous, dont le plus
grand des vœux est d'avoir une épouse,
d'allumer les flambeaux de l'byménée, et de
laisser après nous des enfants et les enfants
de nos enfants, viens k notre secours, et
iirotége le mariage, la plus belle de toutes
les choses, celle qui a lait que tu es venu
en cette vie, et que tu as une famille. Si tu
le fais, et si tu ne laisses pas cet étranger
échapper au supplice c^u'il mérite, tu verras
après toi une postérité nombreuse et re-
commaiidable k tous égards, et tu auras des
descendants dignes de t'avoir pour père et
pour aïeul. »
3
t'es exprimé avec sagesse, gravité et justice
à l'égard de ce Paul, mais tu as oublié, dans
ton discours, une circonstance, et elle est
fort grave: c'est qu'il est chrétien, chose en
cx)ntradiction complète avec les lois, et qui
attire sur lui l'infliclion immédiate des pei-
nes les plus sévères. »
Après que Demas se fut exprimé ainsi, le
juçe demanda à Paul qui il était, d'où il ve-
nait, et ce qu'il faisait. « Tu as entendu,
dit-il, ce dont Thamyris t'accuse, qu'est-ce
que tu as à répondre ? »
Paul répliqua aiusi : ^ O proconsul , le
meilleur des hommes; je ne suis ni l'au*
teur ni l'inventeur de ma doctrine, con-
tre laquelle ces hommes s'élèvent; son
véritable auteur , son instituteur et son
docteur, c'est Dieu qui, ayant pitié du genre
humain, et étant touché de ses calami-
tés, m'a envoyé avec bien d'autres, comme
le héraut de ses miséricordes, afln que nous
arrachions et extirpions complètement le
mal qui surabondait en nous p;ir Tignorance,
l'erreur et l'imposture des temps anciens,
et aûn que nous puissions révéler et mettre
en lumière les maux de l'idolâtrie cachés
pendant le cours de tant d'années, en dé-
truisant les mystères et les sacriGces des
hommes et des animaux qui avaient long-
temps abusé le genre humain égaré par des
fables, et qui avaient rempli en tout sens le
inonde d'impiétés inûuies et de crimes dé-
testables, qu'il noterait facile ni de eoap*
ter ni d'énoncer.
« Les hommes, conduits par les fables et par
les absurdités de l'idolfttrie à Tignorancede
Dieu, véritable créateur et directeur de tou-
tes choses, se sont mis à adorer des démoas
de tout genre, terrestres, infernaux, turbu-
lents, impurs, abominables, implacables,
aimant les meurtres et les crimes, toujoun
altérés d'homicides, de fumée et de sang, re-
vageant comme la peste la terre entière qui
est sous le soleil et l'agitant cruellement. l!i
ont introduit les pratiques les plus infâoifs
et les plus horribles : car, sous le voile ik
ces fables, l'adultère, l'inceste, et la débau-
che la plus éhontée ont été célébrés nar da
honneurs divins et ont reçu un culte reh-
gieux. N'est-ce pas pour ce rootifqu'ooa
célébré les amours de Mars et de Vénus, de
Jupiter et de Junon, qu*on a GanynièJe,
le cygne et Léda, le taureau et lo? £sl«
il nécessaire de rappeler que des bœufs,
des brebis et même des chats, des milanif et
des crocodiles ont été placés au nombre des
dieux? N'a-t-on pas eu honte de déiQer de$
hommes et de les transporter de la terre daos
le ciel ? La multitude de ces dieux préleih
dus n'est-elle pas un sujet perpétuel aéioo-
nement ? C'est à cause de tousies maux pro*
duits par tant d'impiété queDieUt comme je
l'ai dit, a eu pitié de la nature humaine dnot
il était le créateur et l'auteur ; il. nous a eu*
voyés, nous, ses apdtres, revêtus de rauto>
rite de son Fils unique, pour parcourir Tuai*
vers entier, le puriliant de tous les maui et
de toutes les abominations que je viens de
te signaler et mettante leur place la foi, la
connaissance de Dieu, et la piété, qu'expri-
me et révèle r^r-dessus tout la très-saiote
et adorable Trinité du Père, du Fils et de
l'Esprit-Saintydivinité incréée eld'une subs-
tance unique, éternelle, immuable, incom*
parable, inséparable, non circonscrite, au*
dessus du temps, au-dessus du monde, ayaat
même honneur, même trône, même gloire,
de laquelle dépendent toutes choses, de la*
q uel I e toutes choses déri vent, et dont rien n'est
séparé. Nous avons ensuite reçu Tordre de
prêcher l'événement du Verbe de Dieu an-
Brès des hommes daos la chair, lui qui, étaot
ieu et existant toujours avec le Père, est
né dans la chair selon la loi commune de la
nature humaine, mais il est né d'une vie^e
affranchiede toute union charnelle; il est oé,
aûn de conserver l'homme uu*il avait créé
et qui était son œuvre, et afin ae nous rendre
à la liberté en nous arrachant à reopire
impuissant des démons» et afin de nous oc»»
duire aussi à la sévérité des mcDurs et à la
tempérance , en nous donnant les préceptei
de la chasteté, de la virginité et de la coati*
nence sacrée. Il fallait ainsi que les booDoia^
attentifs i écouter la parole de Oieo, soiviâseof
avec constance le chemin de la vertu qui
mène à Dieu, agissant ainsi avec bonas vo>
lonté, et non comme malgré eux. Car jamais
le Seigneur n*a eu recours à la violence où
à la crainte pour conduire à la vertu. Us
choses, pour être belles et honnêtes, ont lie*
%9
THE
PART. III. — LEIGExNDES ET FRAGMENTS.
THE
970
soin d'être volontaires et non d'être l'effet de
la nécessité. Dieu a accordé le mariage è Tes-
pèce humaine comme un remède et comme
un secours, comme un préservatif contre
rinconlirjence, et comme une source que
Dieu a formée pour perpétuer le genre hu-
main dont il est le créateur; elle est desti-
née an salut, à la conservation et à la pro-
n>«;ali(m de la vie de l'homme; ils se rem-
placent les, uns les autres et se succèdent
s«nsqiie la race soit jamais éteinte, et il en
se a ainsi jusqu'à ce que le lemps de la con-
sninn ation et de la résurrection vienne dé-
truire la figure de ce monde et lui substituer
un état plus parfait et une condition plus
divine. Car il faut que ce qui est mortel se
révèle de riramorlalité; il faut que ce qui est
corruptible se revête de l'incorruptibilité, et
il faut que n^ms retournions tous è notre pa-
trie primitive dont Dieu est le créateur, c'est-
à-dire au ciel. Voilà ce que je prêche, ce
que j'enseigne, c'e^tence but queje parcours
toutes les régions du monde; ^'est pour-
quoi je suis venu ici ; c'est pour cela qu'on
peut m'acnuser si l'on veut et me condam-
ner. Je suis prêt à toute espèce de combat et
à exposerma vie {jour la vérité. ^
Paul ayant ainsi répliqué à Thamyris et
excité parmi ses auditeurs une grande ad-
miration, à cause de la clarté et de la ré50-
luiiouavec lesquelles il avaitdéfendu la foi,
le proconsul ne trouva en Paul rien qui fût
di^ne de blâme, malgré le tumulte et les vo-
citératiuns du peuple et malgré les inculpa-
tions de Thamyris ; il trouvait dans ce qu'a-
vait dit l'Apêtre des choses qu'il approuvait
et d'autres qui lui semblaient ridicules ; un
pareil discours était pour lui quelque chose
(le nouve«»u et d'extraordinaire, et il voulait
aussi écarter les difficultés et les colères sus-
citées à cause de Paul; il ordonna ainsi
qu'on le ailt en prison, se réservant de i'en-
leudre une autre fois.
Ces ctioses étant ainsi accomplies; et ce
grand orage étant apaisé, la vierge Thècle
(\^i était pleine d'inquiétude à l'égard de
son maître et qui n'ignorait rien de ce qui
s'était passé, car la renommée lui en avait
proiupiement apporté la nouvelle, conçut et
accomplit son projet avec plus de résolution
qu'il n'y en a chez une jeune fille, avec plus
de courage qu'il n'y en a chez une femme,
avec plus de ferveur et de hardiesse qu'il n'y
en a d'ordinaire chez une chrétienne. Se
dépouillant de tous ses objets de parure qui
tHaient nombreux et d'un grand prix, elle se
défait de ses colliers, de ses bracelets et des
autres objets inventés sottement pour l'orne-
ment de son sexe, et elle se procure en
échange la vue de Paul. Le zèle de la piété
l^avait portée à préméditer des tentatives au-
dacieuses et à les exécuter : ayant gaçné un
esclave auquel la garde de la porte était con-
fiée, et lui ayant donné des bracelets afin
d'obtenir de lui qu'il se conformât à ses vo-
lontés, elle sort de sa maison, tremblante, le
cœur palpitant et la couleur du visage chan-
gée; elle tente une entreprise hardie et bien
eKlraordinaire de la part d'une jeune fille,
DlCTI0N?C. DES ÀPOCIlTPHIfS. II.
elle se rend g la prison, profitant pour cette
visite clandestine des avantages qur lui of-
frait le temps, car la nuit était noire, profon-
de et donnant beaucoup de sécurité aux lar-
rons et aux fugitifs.
Ayant de ntême séduit, par un ample ca-
deau, le gardien de la prison, et s'étant fait
ouvrir les portes satis qu'elles lui présentas-
sent d'obstacles , elle entra et accourut vers
Pfiul ; tous ceux qui étaient présents furent
saisis d'effroi et remplis de consternation;
Paul lui-même fut épouvanté en voyant
(qu'elle avait fait ce Qu'une jeune fille n'avait
jamais osé, mais la foi qu'il avait en Jésus-
Christ le soutint, et, appelant Thècle, il la fit
asseoir auprès de lui, il l'entretint des choses
divines et célestes dont elle avait besoin ; son
discours était de nature à rattacher à Jésus-
Christ, et à le lui faire adopter pour époux;
il fut. è ce que je pense, dans les termes
suivants :
« C'est è cause de toi, ô vierge, que je suis
chargé de chaînes, comme tu levois,ayantété
accusé par ton fiancé Thamyris. J*en étais af-
fligé, non assurément parce que j'étais dé-
tenu en prison (loin de moi l'idée de perdre
jamais le souvenir de ce que j'ai souffert etde
ce que je dois souffrir pour Jésus-Christ I),
mais parce que je craignais beaucoup de
perdre le bénéfice de mes liens, et d'être
forcé de quitter cette ville sans fruit et sans
utilité, sans avoir pu gagner personne è Jé-
sus-Christ; mais voici que je t'ai vue, venant
je ne sais d'oi!i, et tu m'as délivré de toute
cette crainte. Je vois maintenant une mois-
son qui surgit et qui me récompensera de ce
que i'ai déjà éprouvé à cause de toi et de ce
que j'éprouverai peut-être encore; c'est toi
que je regarde comme cette moisson qui an-
nonce déjà les épis mûrs et abondants de la
piété et de la foi. L-étincelie d'abord £sible
et obscure de mes paroles t'a tellement en-
flammée que, méprisant ta mère , tes ri-
chesses, ta famille, ta patrie, et ton fiancé,
illustre à plus d'un titre, tu as saisi la croix,
te préparant à parcourir la carrière de l'Evan-
gile; quelle 'joie n'as-tu pas répandue dans
le ciel sur les puissances célestes, et sur
Jésus-Christ lui-même? Quelle doit être la
fureur du démon, qui, rempli d'audace, se
regardait comme le dominateur féroce de la
nature humaine, et qui se trouve bravé et
vaincu par une jeune fille d'un âge aussi
tendre que le tien? 11 ne te rçste qu'une
chose à faire : Ne te laisse, ma tille,
abattre par aucune terreur; que nulle fraude
ne te fasse tomber dans Terreur, que nul
désir des choses terrestres ne vienne t'éga-
rer; que le feu, que le fer, que les bêles fé-
roces ne te détournent pas de confesser gé«
néreusement Jésus-Christ. C'est avec le cou-
rage d'un homme et non comme une femme
que tu dois agir désormais; après que tu te
seras livrée au roi des cieux, ne redoute
plus aucun tyran ; ne crains point le démon
quoiqu'il multiplie autour de toi les épreu-
ves, quoique du haut des nuées il te dé-
clare la guerre, quoiqu'il s'arme contre toi
de tous les instruments de rimpiété« de tous
31
f7i
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
n
ses traits, de tous ses filets. Il tentera contre
toi une ioGnilé d'attaques , il emploiera
contre toi les paroles, les actions, les pro-
messes, les coups, les caresses, le feu, les
bêtes féroces, les iuges, le peuple, les bour-
reau! et les supplices. Mais s'il trouve chez
toi une constance inébranlable et une force
appuyée sur Jésus-Christ, aussitôt il fuira
loin de toi, et s*échappant avec plus de ra-
pidité que la parole, il te quittera encore
plus vite que Job, dans lequel il fut obligé
de reconnaître son vaincpieur, quoiqu il
Teût attaqué de mille manières.
« Prends courage, ma fille, et quoique je
sois enfermé dans un cachot, je vais te faire
ïe portrait de cet ennemi, afin que tu le re-
connaisses facilement. Il parait redoutable
aui hommes, et il est t-n effet audacieux,
impudent, téméraire, rempli de malice, ami
de la discorde et de la guerre; il change sou-
vent de forme, et il est très-prompt et Irès-
babile pour préparer toute espèce de fraude
et de tromperie; mais, d'un autre côté, il e^t
timide, impuissant, sans force, et une simple
menace suifit pour le chasser. S'il observe
un homme négligent , mou , plus attaché
à la vie qu'à Dieu, alors il l'attaque avec
violence, et il n'y a aucun genre de fraude
qu*il ne prépare contre lui; il attaque soit
par les voluptés, soit parles supplices, il fait
tout (our arracherce malheureux è l'espoir
et à la foi, et pour le précipiter dans l'abtme,
qui est son digne séjour. Mais s'il voit un
homme ferme, doué d'une énergie réelle,
adonné à des pensées sublimes et muni
des armes de la foi, il emploie d*abord les
flatteries et les caresses, il fait usage de
l'imposture, en feignant la piété; il le séduit
peu à peu et sans bruit, l'égarant par ses
prestiges, cherchant à le perdre par les i)!ai-
sirs de la vie, et è le faire chuter de son
état, afin de Tenlever è la piété après l'aviiir
privé de son courage. S'il voit que son ad-
versaire ne cède cr rien, ne fléchit nulle-
ment, et résiste avec intrépidité et fermeté,
il l'attaque avec des armes de plus en plus
puissantes, il cherche à TefiTrayer par des
apparitions de spectres et d'objets terribles,
il tire le glaive, il allume le feu, il irrite les
juges, il soulève le peuple, il arme les bour-
•reaux, il excite les bêtes féroces. Si le fi-
dèl-e soldat de Jésus-Christ résiste à toutes
ces épreuves, s'il se montre prêt è souffrir
la mori, alors le démon tombe en faiblesse,
il se tait, il se décourage, il s*enfuit et il se
reconnaît vaincu. Le martvr de Jésus-Christ
est son vainqueur, et il est pour lui un
juste sujet d'effroi. C'est contre un ennemi
nareil que tu dois combattre, ma fille.
Aiais, comme je te l'ai dit, tu as pour roi,
fiour défenseur et pour époux, Jésus-Christ;
ta résolution est digne de tout éloge; marche
au succès, triomphe et règne. Car lu régne-
ras, je le sais bien, en dépit de toutes les
machinations qui seront dressées contre toi,
et tu remporteras en toutes choses sur l'en-
nemi du genre humain; tu le vaincras non-
seulement par toi, mais encore par beaucoup
d'auireS|Car tuinstruiras un grand nombre de
personnes, et tu seras conduite à ton Epout \
rexemple de Pierre, de Jean, et de luu^
ceux d'entre nous qui somn.es ê|>5trt's
et j'ai la certitude que tu dois au55i èi:e
comprise dans ce nombre. »
Paul ayant dit dans sa prison ces clio^rt
et d'autres semblables, et enseignant ainr.
Thècie, qui écoutait volontiers ses U^^ns
voici que Thamyris vint de nouveau alla*
quer Paul avec encore plus de violence «^ue
la première fois, car il avait conçu coolr»-
l'Apôtre une fureur nouvelle, k cause Or
Té vasion de Thècle. Le jour étant venu ei :e<
rayons du soleil ayant commencé k briller,
toutes les servantes de Thècle, qui avaiet.!
coutume de coucher devant sa chambrera;-
tendaient que, selon son usage, leur maîtres'-'
se levât, et qu'elle leur demandât ce du: t
elle avait besoin, comme les roailressts le
font d'ordinaire à l'égard de leurs servaQte\
et elles étaient prêtes à accomplir proœpie-
ment ses ordres. Le soleil étant déjà fort au-
dessus de l'horizon, Thècle n'avait pointai-
pelé et n'avait donné aucun ordre et leiser*
vantes se demandaient entre elles : « QuVsi-
ce que cela signifie? est-ce que notre maî-
tresse dort encore, ou bien lui est-il arrne
quelque chose de fâcheux ? est-elie malaJ**
ou bien la mort s'est-elle soudain emparé-.
d'elle? V Le temps s'écoulait, etcereiarl
n'annonçant rien de bon, elles entrèrer!
toutes è la fois dans la chambre, et ne trou-
vant pas la vierge, elles se mirent à pou$s(r
de grandes clameurs; Théoclée,appreoaoi e
motif de ce lumulle, tomba aussitftt prit^^e
de sentiment et de voix; la ville futiœoH-
diatement remplie d'agitation et de rrb;
tous les habitants couraient de çà et de b,
s'informant de ce qu'était devenue Thècle, < l
lacherchant, car sa disparition était regard- e
comme une calamité publique.
Tandis que cela se passa. l, Tnecie était
assise aux piedsde Paul, et d'un esprit fernu-
et intrépicle elle jouissait de sa doctrine di-
vine. Tnamyris survint sur ces entrefaites,
ayant appris par un des esclaves ^ue Tbè. *"
était auprès de Paul. 11 se précipita rem-
pli d'un courroux qui allait jusqu'à m
démence, car il regardait la vierge comme
privée de sa raison, par suite desenchaoïr-
ments de Paul, et comme enlevée par lui a
l'instar d'une proie. £lle s'était enfuie d
elle se tenait aux pieds de Paulf (4)iD(ue en-
chaînée à lui, ce qui excitait |)armi les spec-
tateurs des soupçons dépourvus loutefoi^
de tout fondement. Mais les témoins de m
choses ne connaissaient ni Paul ni Ttikk,
et ils ignoraient les motifs qui faisaient qu"
la vierge se tînt ainsi aux piedsde l'Apéirc;
il l'entretenait de choses que les igooran:*
et les esprits prévenus pouvaient regar-
der comme absurdes et impures. ThaD))n\
voyant ainsi Thècle senle avec Paul, se uii
h trembler comme on homme atteint de f li-
tige, et il fut sur le point de perdre cooo3i5-
sance et même la vie, h cause de l'exoésoe
sa douleur. Lorsque la fureur de l'aioottr n
do la jalousie s'est eoi parée d'uii cour, e< *?
conduit à une rage qui se montre saosue-
975
THE
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
THE
974
tour et à un féritable délire. Faisant saisir
Pau) par ses esclaves et par les soldats qui
raccompagnaient, il le traîna au prétoire, ne
négligeant rien conlre lui de ce que peut
suggérer la colère ou conseiller la jalousie.
Cestillius (c'était le nom du proconsul) était
disposé à épargner Paul, car il avait été ému
de ses discours, et touché de la piélé qui
régnait en ce que disait TApôtre, mais il
craignait Thamyris et ceux qui l'appuyaieât
de leurs vociférations, et qui demandaient
conlre Paul les châtiments les plus sévères,
lacousant d*avoir détourné de tous ses de-
voirs une vierge d'un rang distingué, et de
ravoir persuadée de se porter à des ac-
tions très-honteuses et pleines d'ignominie,
n'ayant plus nul souci de Thonnêteté Ces-
tiliius voulait donc condamner Paul à une
flagellation peu forte et è être expulsé de la
ville, pensant ainsi ne pas avoir h sévir plus
rigoureusement contre lui. Thècle fut amenée
en sa présence, suivie de sa mère, qui de-
mandait à grands cris que Paul fût très-ri-
goureusement puni à cause du crime qu'il
avait commis, lous les assistants furent sai-
sis d'admiration à l'aspect de la vierge dont
la beauté était exli:aordinaire; le juge fut
émude compassion, etse mit à verser des lar-
mes. Thècle restait ferme et intrépide, l'air
élevé et çrave, et nullement émue de ce qui
se passait. Le proconsul lui parla en ces
termes : « Je crois, ô vierge, qu'il ne te
manque aucun des dons de la nature, aucun
des ornements de l'Ame où du corps; tu es
douée des avantages les plus précieux, et
chacun de ceux qui te voient, ainsi que moi
le premier, peuvent facilement s'en con-
vaincre. Je ne puis dire quels sont les mo-
tifs qui te portent à te refuser au mariage,
chose lielle, honnête et louée d'un accord
unanime par les hommes et par les dieux.
Cest elle qui peuple la terre d'hommes et
(le tous les autres êtres animés; c'est elle qui
remplit l'air d'oiseaux, et la mer des créa-
tures auxquelles la nature a assigné les
eaux pour demeure. C'est elle qui lait que
des vivants se substituent à ceux que la
mort vient frapper, de sorte que notre race
demeure immortelle, des générations nou-
velles venant remplacer celles qui ne sont
plus.iVest par une union légitime que les ex-
cès de la dét)auchesont repoussés, c'est ainsi
que les liens de famille sont maintenus et
que les biens se transmettent par héritage à
ceux auxquels ils doivent revenir. Pourquoi
donc fuis-tu le mariage? Ton père s'est
choisi une compagne qu*il a honorée, et il a
obtenu une Glle d'une beauté éminente ;
c*est le mariage qui a amené à la vie chacun
de nous. Thamjris, ton fiancé, est beau et
noble; il n'est pas indigne que Thymétiée
le joigne à toi. Il est d'une famille il-
lustre ; ses richesses sont considérables, et
nuln'aplusde pouvoir dans la ville que lui.
Tu vois quel est son amour pour toi, combien
il te préfère à toutes choses, qu'il na d'au-
ire espoir que celui de s'unir à toi ; ne fais
pas tort \ lui et à loi, en repoussant un ma-
ringe heureux, qui vous doiinera des des-
cendants, ornements de votre patrie et de
votre famille, et qui perpétueront, après vo-
tre mort, l'éclat de votre nom. Si ce vieillard
étranger t'a tenu des discours, méprise-les
comme étant des fables et des folies, ne par-
tage pas ses extravagances ; il n'appartient pas
à ton âge déjuger de pareils dogmes, attache-
toi plutôt à lisser et aux travaux d'aiguille, ce
sont les devoirs que la nature a imposés
aux femmes. Ecoute -moi; renonce à une
imposture frivole ; prends un parti plus
sage; unis -toi à Thamvris; deviens pour
nous tous un sujet de fête, de joie, d'hila-
rité. Je veux moi-même conduire la danse
è tes noces ; je te remettrai, à toi et è ton
époux, des couronnes dignes de tous les
vœux, et je désire ardemment pouvoir de
même prendre part aux fêtes qui accompa-
gneront le mariage de vos enfants. »
Le proconsul s efforçait ainsi, par des pa-
roles douces et caressantes, de détourner
Thècle du projet qu'elle avait conçu; mais
elle ne répondit pas un seul mot, jugeant qu'il
n'était pas digne del'honneur d'une femmeet
de la bienséance d'une vierge qu'elle flt
entendre sa voix en public, et qu'elle parlât
dans le théâtre en présence du peuple qui
s^'y était rassemblé. En effet, rien ne con-
vient mieux aux femmes que le silence
et la tranquillité. Ne faisant aucune ré-
ponse , elle demeura muette comme un
agneau devant celui qui le tond, et elle ne
se préoccupait pas de ce qu'elle pouvait ré-
f>ondre, mais elle tenait sa pensée fixée sur
es tourments qu'elle serait appelée à sup-
porter pour Jésus-Christ , montrant déjà sa
patience et une constance imperturbable
au milieu des contrariétés et des souffrances.
Cestillius voyant que Thècle était résolue à
garder le silence, fut fort embarrassé sur ce
Î|u'il devait faire ; le peuple admirait la
ermeté do la jeune fille, et soudain Théo-
clée, extrêmement troublée, s'écria :« Qu'at-
tends-tu, ô juge? pourquoi diffères-tu de
punir cette ennemie des lois et du mariage?
qu'elle périsse celle qui , repoussant une
union légitime, mène la vie d'une femme
sans mœurs et d'une misérable esclave ;
celle qui refuse un époux que tout recom-
mande, et qui s'attache è un vagabond étran-
ger et à un imposteur; celle qui est un
sujet d'opprobre pour sa patrie, pour sa fa-
mille, pour sa race et pour moi surtout qui
l'ai mise au monde au prix de tant de dou-
leurs, n
Théoclée s'étant exprimée ainsi avee
beaucoup de véhémence, le proconsul fut
ému; il redoutait Thamyris qui était fort
puissant , et qui était furieux de ce qu'on
lui enlevait une fiancée d'une beauté aussi
accomplie; il regardait aussi avec méfiance
les principes des Chrétiens , ei il condamna
Thècle à être brMée.GequiaJvenaitafinquo
la puissance de Jésus-Christ se manifestât,
afin que le mérite de la martyre brillât avec
éclat, et afin que le travail de Paul ne restât
pas infructueux. Le bois ayant été apporté
de tout côté, et la flamme s'élevant jus**
qu'aux cieuxy la vierge reçut l'ordre do
Î75
DICTIONNAIRE DES APOCHYPUES.
8"«
monter sur ce bi^cher embrasé. Prêle à le
faire de graml cœur, elle rej^ardait le feu
avec joie el salisfaclion, d'un visage exempt
de trouble et plein d'allégresse, et voici que
Îésus-Christ se montra à elle sous la forme
de Paul, affermissant son courage, stimulant
sa constance, et Thècle, croyant que c'était
Paul qu elle voyait, sourit et dit en elle-mô-
me : « Voici que Paul m'observe et me re-
garde, de peur que, perdant courage, et sai-
sie de crainte, je ne confesse pas intrépide-
ment ma foi en Jésus-Christ. Mais, mon cher
Paul, je jure, parle Seigneur que tu m'as
fait connaître, que je ne trahirai pas la
cause de la religion , et que je ne serai pas
pour ta doctrine un sujet de honte. Tienjs-
toi auprès do moi, mon maître, etinvô-
3ue Jésus-Christ, afin qu'il rafraîchisse Tar-
eur de ce feu par le soulfle de son esprit,
et qu'il soutienne par son secours la fai-
blesse de ma nature. » Ayant dit ces paroles,
elle se fortifia par le sifiçne de la croix, ou
plutôt elle prit elle-même la figure de la
croix, en croisant ses bras sur sa poitrine,
et elle s'élança sur le bûcher, se livrant aux
flammes aveu autant d'intré[Mdité et de ré-
solution que pourrait en mettre un homme
qui sVxposera't aux rayons d'un soleil ar-
dent. Le feu oublia it sa nature, el cédant à
la puissance de la croix, servit de lit è la
vierge, se reployant a\itour d'elle pour la
dérober aux regards déshonnêles. De même
que Dieu avait apaisé les flammes pour les
trois enfants jetés dans la fournaise à Baby-
lone, de même il en préserva la vierge. La
terre elle-même témoigna son mécontente-
ment de l'injustice qu'on commettait à l'é-
gard de Thècle, en faisant entendre un grind
bruit. Une forte pluie tomba du ciel sans
qu'aucun nuage se montrât. Dieu le voulait
ainsi pour assister et honorer la martyre.
Ensuite uu^ grêle énorme, tombant avec
cette pluie, écrasa un grand nombre d'ha-
hitantsd'Iconîum, les punissant de leur témé-
rité à l'égard de Thècle et la délivrant du feu.
Tandis que ces choses se passaient, tous
les habitants étant frappés de crainte el de
consternation, et ceux qui s'étaient acharnés
contre Thècle se repentant et taisant péni-
tence en pleurant amèrement, Paul s'était
retiré hors de la ville, dans un sépulcre,
avec Onésiphore ; el, inquiet de ce qui ar-
riverait, il restait dans le jeûne et prosterné
contre le pavé, invoquant Jésus-Christ en
faveur delà vierge. Commeils n'avaient avec
eux ni vivres, ni boissons, car leur fuite
avait été trop rapide pour qu'ils eussent
pu emporter aucune provision, les enfants
d'Onésipliore, tourmentés par la faim, de-
mandèrent à Paul la permission de retourner
à la ville dans le but de se procurer ce qui
leur était nécessaire. Ayant obtenu c('tte
autorisation et ayant pris un peu d'argent,
ils [)arlirent. De son cûlé, Thècle délivrée
du feu, et fort inquiète au sujet de Paul,
parcourait la ville, et elle rencontra les en-
fants d^Onésiphore, qui la reconnurent el la
conduisirent è l'ApAtre ; elle le trouva
prosterné et demandant à Dieu, en ver-
sant des larmes, ce qui était déjï arrom; i
La martyre s'écria aussitôt : < 0 Difu, n-.
et créateur de toutes choses, Père de l^n
Fils unicpie, adorable, je te rend<i tra-
ces d'avoir été préservée de la viôlin *
du feu, et de revoir Paul, mon roalir»- ii
mon guide; c'est lui qui m'a annon^v \i
puissance de votre empire, la gran cir
de voire puissance, l'immutabilité de v«>.r*
déité dans la Trinité, et l'existence uni p-^
et la même de sa puissance et de son é^aîiu'*;
il m'a instruit du mystère de rincarnaii'u
de ton Fils unique et dw relTuacilé de rt>-
pril-Saint; il m'a mise en possession du «.^n
salutaire et sincère de la foi , chemin <W U
vraie connaissance de Dieu , et gage de la
rétribution du bonheur futur. »
Paul entendant la voix de la vierge fi.l
soulevé de terre comme parraction duiie
machine, et tout ému d'allégresse et de sur-
prise, il dit : « Seigneur, il serait bien J;f-
ficile de te rendre de dignes actions de z'h-
ces pour les bienfaits que tu nous accorhv
Quelles express! »ns pourraient rendre ti
bonté, ta douceur, ta puissance, ta sa^e^^et
qui ponrrait dire de quelle façon tu pro!é«"«
et tu diriges toutes les choses que tu ;i^
créées, étendant ta providence sur loul <e
qui nous touche? Je le rends grâces, au'au:
que le permettent les facultés humaines, •.•
ce que lu as préservé ta servante Tiif >
d'une manière aussi merveilleuse el ansNJ
inespérée ; tu n'as pas voulu que mes f.vi-
gués el mes souffrances demeurassent pri-
vées de fruit. Les afflictions, les chaînes, k>
coups que j'ai eu à supporter, Tani^nM
près de loi comme disciple, comme martyre,
comme évangélisle future. C'est par on
effet de la volonlé bienveillante que cet ^[i
de virginité a fleuri, il produira un nooibrc
infini d'autres vierges. Ce grain si noMeM
si excellent est vraiment fertile, et il e,^;
digne de ion grenier. ^
Paul ayant parlé de la sorte, Onésiphore,
ses esclaves et Thècle furent remplis de joie,
et ils se livrèrent tous à une entière a>!t'-
gresse spirituelle. Ils prirent ensuite la noor-
rilurequi leur était n/^cessaire, et Thècle 5>-
dressa à Paul en ces termes:
« J'ai été conservée par ton entremise, h
mise en mesure de recevoir la fd etden-
vre pour Jésus-Christ, mais je no regarJf»
pas comme sûr de me séparer de toi et'i'lis-
biter celle ville où régnent une im\'\éié*'
une audace dont tu as été le témoin. J<^
donc le dessein de t'accompagner, m'a.var:
fait couper les cheveux, et sous un dégui-
sement qui cachera, je pense, ce qu'il pour-
rait y avoir de beauté en moi, et qui ln»in-
pera ceux qui voudraient nous observer •-
«Je le voudrais, )/ répondit Paut, cmaisj
crains l'époque où nous vivr>ns« et je te
crains surtout, car notre époque est rcmpi *
d'immoralité, el loi, tu es fort belle et tu e^
dans un âge bien tendre. Une guerre redou-
table serait à supporter, d'autant plos qu<.
par suite de la faiblesse naturelle à ton svir*
tu pourrais te repentir de ce que tu aiir^i^
entrepris, el regretter d*avoir renoncé a «
977
THE
PART. m. - LKCENDES ET FRAGMENTS
THE
978
^enro de vie qui s'ouvrait devant toi. »— «Ne
crains point,» répliqua Thècle, «que pd-
reille chose arrive. Dieu, qui m*a assistée sur
le bûrher , m'accordera aussi son secours
dans d'autres périls; si le démon nous tend
de plus en plus des einbûclies, lu me four-
niras, mon maître, pour lui résister, les
ressources que Jésus-Christ met à notre
disposition; munie de pareilles armes, je ne
craindrai rien, je ne m'effrayerai de rien, je
sprai supérieure à toute tentation et à toute
attaque de la part de l'ennemi. Donne-moi
seulement, je te le demande, le signe de
Jésus-Christ »— « Que ce qui est décidé à ton
égard s'accomplisse , » répondit Paul ; « m
seras la compagne de mon voyage, et, aprè.s
avoir attendu un peu de temps, tu recevras
la grâce du saint baptême, qui est, pour
rem qui croient en Jésus- Christ et qui
mettent en lui leur cor.iiance, une source
Miépuisable de salui et de constance, ainsi
qu'un appui inexpugnable, w
Paul ayant ainsi parlé et ayant renvoyé à
la ville Onésiphore et ses esclaves, se mit
en route, et ayant quitté Iconium, accompa-
b'né de Thècle, il arriva à Antioche, ville
très-belle et capitale de la Syrie; il advint
alors ce que TApûlre avait prévu, car à peine
élaienl-iis aux portas de la ville que la
beauté de Thècle se montra aux yeux da
ceux qu'ils rencontrèrent et agit sur eux
<-omme la foudre; un nommé Alexandre
rayant vue fgt saisi d'une imssion tellement
violente que ne pouvant la réprimer, ni la
contenir un moment, il se jeta sur la vierge,
pareil à un chien enragé ou à un homme
tourmenté par un esprit malin. Cet Alexandre
était Sjrrien de nation, noble et riche, et il
jouissait à Antioche d'une autorité absolue,
ne se refusant rien de ce qui pouvait concou-
rir à ses plaisirs et è leur satisfaction. Le
))euple d'Antioche est inconstant et variable,
très-atni des voluptés, des spectacles et de
tout ce qui peut séduire les yeux, Irès-
adonné à la vaine gloire. Alexandre ayant
jeté sur Thècle des regards de convoitise,
s'adressa à Paul qu'il regardait comme le
maître de cette vierge, et ne souffrant aucun
relard, n'observant nulle bienséance, il lui
adressa de vives prières et lui (it de grandes
promesses. Trompé dans son attente, car
Paul niait avoir aucun pouvoir sur Thècle,
il voulut faire violence à la jeune fille et il
la saisitavec fureur, mais elle se mil à crier :
« 0 crime, 6 tyrannie sans frein, ô dérègle-
ment honteux et méconnaissant toute pu-
deur I Je me suis réfugiée en cette ville,
comme dans un port et comme le séjour de
la tempérance, (^l j'y trouve des passions
déchaînées. Quoique je sois étrangère et in-
connue, je ne suis point sans patrie ou d'une
race obsr.ure. Je suis d'iconium, ma famille
est illustre, ma fortune considérable; re-
nonçant au mariage et à mon fiancé Tliariiy-
ris, par amour pour la chasteté et la conti-
nence, afin de servir Jésus-Christ sans nul
obstacle, j'ai été exilée de ma ville natale.
Je ne suis pas, comme tu le penses, une va-
Hatx)nde livrée è des amours honteux et
dignes de toi, faisant trafic de ma beauté et
me livrant à i'inconduite; il n'enest rien, et
je ne ferai jamais une pareille injure à Dieu,
mon protecteur; je n'oublierai jamais les
promesses que je lui ai faites, et les engage-
ments que j'ai contractés avec lui par le
moyen de Paul. Ne fais donc pas violence à
une étrangère, h la servante de Dieu. » Mal-
gré les cris, les prières et la résistance de la
martyre, Alexandre s'efforçait d'user de
violence avec elle; alors la vierge, montrant
une résolution supérieure à celle d'une
femme, Tattaque à son tour; elle déchire sa
chiamyde, ses vêtements superbes et splen-
dides; elle lui arrache la couronne d'or d*un
travail magnifique qu'il avait sur la tête;
elle en forme un trophée aux yeux de tous.
L'église consacrée à la vierge en ce même lieu
en conserve l'image et proclame cette victoire,
et tout homme qui s'en approche se souvient
aussitôt de ce qui s'est passé et pense à
Thècle victorieuse et à Alexandre vaincu.
Alexandre , irrité de l'outrage qu'il avait
subi et d(^çu dans son espoir, était livré à
deux passions contraires, l'amour et la haine,,
et il demeurait dans l'hésitation, entraîné
tantôt par l'une, tantôt par l'autre. Enfin, ac-
courant vers le tribunal, il demandeque Thè-
cle soit jugée, encore plus courroucé de voir
ses projets impurs déjoués qu'irrité d'avoir
été vaincu par une femme. La fermeté in-
domptable et lo courage de la vierge aug-
mentaient la haine de l'ennemi qu'elle avait
bravé et qu'elle avait traité d'une façon ou-
trageante. Thècle, amenée pour être jugée,
se réjouissait, voyant dans ce qu'elle avait à
souffrir une victoire nouvelle et une conti-
nuation des combats de son martyre.
Craignant qu'Alexandre ne vint attenter à
sa pudicité lorsqu'elle serait ea prison et
sans secours, elle demanda uniquement au
juge, non d'être épargnée sous le k-apirirt
des tourments qui pouvaient lui être infligés,
mais seulement que sa chasteté fût préservée
[>ure etsans tache. Elleméprisaitentièrement
e danger, mais elle avait la plus vive solli-
citude pour la conservation de sa virginité.
Il advint par un effet de la providence di-
vine (|ue parmi les femmes qui étaient pré*
sentes (car la renommée qui s'était attachée
au nom de Thècle en avait attiré un grand
nombre), il s'en trouva une, nommée Try-
phène, illustre par sa parenté avec la race
royale, possédant de grandes richesses et
s'appliquant avec le plus grand zèle à la
vertu et à l'honnêteté dos mœurs; elle de-
manda et obtint que Thècle lui fût remise.
Elle agissait ainsi, partie par commisération
pour la vierge qu'elle voyait traitée d'uno
manière si tyraunique et si injuste à cause
de sa chasteté, partie parce qu'elle comptait
trouver en elle unecompa^nequi la dédom-
mageât de la perle de sa Qlle, nommée Fal-
conilla et morte récemment.
Le lendemain, Thècle fut, k la demande
d'Alexandre, condamnée h être livrée aux
bêtes: Tryphène ne put empêcher que ce
supplice ne fût appliqué a celle qu'elle
voulait défendre. Il survint alors une chose
97»
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
digue d'admiratiôD et où il faut voir un mi-
racle éclatant. Une lionne des plus féroces,
déchaînée contre Thècle, perdit aussitôt la
cruauté de sa race, et tout comme si elle
avait été nourrie avec la vierge, elies*assit
h ses pieds, la caressant de sa queue et don-
nant les signes de soumission et d'attache-
ment ordinaires che2 un chien. La vjlle en-
tière fut frappée de stupeur, et les assistants
ne pouvaient, h cause de leur étonnement,
prononcer une seule parole. Les femmes ne
lardèrent pas à rompre le silence et è élever
la voix contre les traitements qifon faisait
subir è Thècle, non qu'elles la regardassent
comme martyre, mais parce qu^elles avaient
pour elle les sentiments de piété et de sym-
pathie dus à une personne de leur sexe qui
était punie, contre toute justice, pour avoir
voulu conserver sa chasteté. Les cris des
femmes ayant cessé et les bétes féroces ne
faisant aucun mal è la vierge, Tryphëne,
tout émue d'un pareil miracle, ramena
Thècle en sa maison. Le soir étant venu,
Tryphène allait se livrer au.sommeil, quand
Fa'conilla lui apparut et s'adressa à sa mère
en ces termes : a Renonce à ce deuil profond
aaquel tu te livres à cause de moi, ne verse
pas des larmes inutiles et ne déchire pas
(on ftme en l'abandonnant ainsi à la douleur;
c'est à quoi je t'exhorte, ma mère. Ton af-
fliction ne me soulagera en rien et elle te
fera périr. Mais prie pour que Thècle habite
avec toi; elle le tiendra lieu de fille è ma
place, et elle invoquera Dieu pour que je
puisse obtenir sa miséricorde et échapper
au séjour des hommes injustes. »
Fatconilla, ayant ainsi parlé, parut s'en-
voler; aussitôt Tryphène sortit de son lit,
pleine de ioie et versant des larmes en même
temps (selon qu'elle pensait è la fille qu'elle
avait perdue ou à ce oui lui avait été révélé
ao sujet de Thècle); elle appela la vierge,qui
couchait dans la même chambre qu'elle et
elle lui dit : « Ma fille, chère enfant que
Dieu m'a donnée, c'est le Seigneur qui t'a
conduite ici pour te jeter dans mes bras, afin
que tu me consoles de tous mes malheurs et
que tu réconcilies avec lésus-Christ l'âme
de ma fille Falconilla; ce qui lui aura man-
qué sous le. rapport de la loi, tu y supplée-
ras par ton intercession; va et prie le roi
Jésus-Christ d'accorder à ma fille, par faveur
pour toi, le repos et la vie éternelle. C'est ce
qu'atteste Falconillaelle-mèmeouim'aapparu
cette nuit. »
Tryphène ayant parlé de la sorte, la vierge,
toujours prête à supplier le Seigneur, éleva
vers le ciel ses mains saintes et pures et
prononça la prière suivante : « Jésus-Christ,
roi du ciel, de tout ce qu'il y a dans les
cieux et au delà des cieux, Fils du Père su-
prême et tout-puissant, qui m'as accordé la
grflce de croire en toi, c\ui as allumé pour
moi le flambeau de la vérité et qui m'as jugée
digne de souffrir pour toi, accorde è ta ser-
vante Tryphène l'accomplissement des vœux
qu'elle forme poursaUlie; fais que son âme
ioit comprise dans le nombre des âmes de
ceux qui ont jadis cru en toi , et qu'elle
jouisse des déiioes nu paradis. Seiffoeur,
rends à Tryphène tout le bien qu'elle m'a
fait^ Ta sais qu'elle a été la gardienne de ma
virginité; c'est elle, après Paul, qui m'a as-
sistée, elle m'a arrachée à la fureur insensée
d'Alexandre, elle m'a réchauflfée dans son
sein après le supplice du cirque ; quoiqu'elle
soit reine, revêtue de ton amour et de ta
crainte, elle s'est abaissée vers moi avec
bienveillance. En retour de tous ces bien-
faits, elle demande, elle désire qoe sa fille
uniaue et chérie obtienne quelque re(>05. »
Thècle ayant prononcé dépareilles prières,
Tryphène se livra à une douleur telle
qu elle n'en avait jamais éprouvé depuis la
Çerte de sa fille, car elle déplorait le sort de
hècle qui, douée d'une si grande beauté et
de tous les avantages de l'esprit, devait pé-
rir si cruellement dans un âge encore tendre.
Alexandre vint chercher la vierge pour la
conduire è l'amphithéâtre, déjà plein d'un
peuple immense qui s'agitait en tumulte et
se plaignait du retard. « Le gouverneur, »
dit-il, « est assis et le peuple s'im^iatiente;
il faut qu'elle combatte les bêtes féroces. •
Tryphène, accablée de douleur, s'écria : ■ O
malheureuse que je suisi que de calamités
de plus en plus cruelles se succèdent pour
m'accabler! je reste seule et privée de se-
cours, livrée k la viduité, sans enfants, saos
famille, pressée de toute part par les an-
f;oisses. J'ai toutefois une ressource au mi*
ieu des infortunes qui m'entourent et
semblent ne me laisser aucune issue. Je
m'adresserai au Dieu et au Sauveur de
Thècle. O Seigneur, elle m'a annoncé ta
puissance, elle m'a ouvert ta voie véritable
et droile de tes préceptes et de la piété;
manifeste-toi aujourd'hui à ta servante
Thècle, assiste-la dans ses dangers, montre
avec éclat que tu la couvres de ta protec-
tion.»
Tryphène parlait de la sorte lorsque sur-
vinrent des soldats envoyés par le gouver-
neur avec l'ordre d'amener Thècle par force.
Tryphène, hors d'état de leur résister, ne
f)ouvait que céder à la violence, mais prenant
a main de la vierge, elle l'accompagna, la
pleurant comme si elle était déjà morte,
remplissant l'air de ses cris de douleur et
disant : « 0 malice des démons 1 que de ca-
lamités elle fait tomber sur moil J'ai perdu
une fille que j*aimais, et voici que j'accom-
pagne à la mort celle qui me tenait lieu de
mon enfant. J*ai vu mettre Falconilla au
tombeau, je verrai Thècle toute vivante dé-
chirée par les bêtes, quoiqu'elle n'ait rien
fait de digne du supplice et parce qu'elle a
voulu préserver sa chasteté et conserver (a
pureté de son corps et de son âme. O tyran-
nie affreuse 1 ô ville d'Antioche, commenl
peux-tu souffrir un pareil forfait? •
Thècle, émue de ces paroles, ne put
s'empêcher de ressentir une vive douleur et
versant un torrent de larmes, elle s'a^iressa
à Dieu en ces termes : « Seigneur, mon
Dieu et mon protecteur, j'ai mis en toi toute
ma confiance; cVst pour toi que j'ai quitté
ma patrie , que j*ai repoussé ma mère • que
m
THE
PART. 111. » LEGENDES ET FRAGMENTS.
THE
982
•
Je me suis refusée au mariage; jette les yeux
sur iDoi et envisage ce qu*on teute contre
ruoi ; arrachemoi à ces bâtes redoutables, et
de môme que déjà tu m*as préservée du feu,
récompense les peines que ta servante Trj-
phène s'est données pour moi. Tu vois
qu'elle se consacre à toi; elle conserve ma
virginité, elle s'expose pour moi aux injures
et aux mauvais traitements. C'est à sa com-
misération et à son secours que je dois
d'avoir préservé ma pureté, d'avoir surmonté
la race qui animait Alexandre contre moi et
(l'arriver au combat, ayant sauvé ma virgi-
nité qui tVst chère, ne m'inquiétant pas de
la férocité des bétes, mais aj^ant trouve dans
le ciel un protecteur en toi, et sur la terre
une amie dans Tryphène. Qu'au milieu de
ces flots agités, ta providence m'accorde un
port qui me serve ae refuge. »
La vierge ayant fini son oraison, un grand
tumulte se faisait entendreau loinpaHescris
que poussaient les bètes féroces, par les
clameurs du peuple et par les vociférations
des femmes qui se trouvaient au cirque et
disputaient entre elles au sujet de I arrêt
rendu contre Tbècle; celles a qui l'incon-
duite était familière se réjouissaient du mal
projeté contre la vierge, tandis que celles
qui aimaient la pureté et l'honnêteté du
cœur se lÎTraientà 1 affliction et s'attristaient
comme si un malheur public avait frappé la
cité ; elles réprouvaient avec force la barba-
rie qu'on déployait contre une vierge aussi
pure, et il y en avait qui étaient si attendries
qu'elles auraient voulu pouvoir mourir avec
Thècle.
Au milieu de l'attente universelle et des
regards attirés vers un spectacle aussi inusi-
té, Thècle fut introduite, arrachée de force
aux bras de Tryphène et dépouillée de ses
vêlements, afin que les lions éprouvassent
contre elle une irritation encore plus forte,
car les corps d'une grande beauté ont cela
de particulier qu'ils attirent sur eux d'une
façon particulière les regards des bêles sau-
vages et qu'ils excitent leur fureur. On lÂcha
alors contre elle derechef une lionne dont
l'aspect fit que le théâtre fut rempli de cla-
meurs et de larmes; cette lionne s'élança
(iabord avec rage, mais à mesure qu'elle
s'approchait de la vierge, sa colère s'apaisait,
et se couchant à ses pieds, sans lui faire au-
cun mal, elle la défendait contre les autres
animaux. Elle mit en pièces une ourse fu-
rieuse qui voulait se jeter sur Thècle; elle
cotuballit avec acharnement un lion qui
voulait se précipiter sur la vierge, et ils pé-
rirent ensemble. Les spectateurs furent saisis
d'une vive douleur en voyant emporter le
cadavre de la lionne, et ils regardaient ses
combats avec les autres animaux comme un
miracle encore plus grand que la douceur
qu'elle avait montrée a l'égard de Thècle.
. Le proconsul, irrité de ce que Thècle avait
ainsi été préservée, fit lâcher contre elle un
grand noiubre de bêtes. La vierge, ne se
préoccupant pas de leurs hurlements et de
leur fureur, priait ainsi en son cœur .* <i Je
te rends de grandes actions de grâces,
Seigneur Jésus-Christ, de ce que tu as or*
donné à mon égard; tu m'as conduite h la
lumière de la foi, par l'entremise de Paul,
lorsque j'étais encore dans la retraite de la
maison maternelle, occupée à des ouvrages
de femme et destinée à avoir Thamyris pour
époux ; tu as voulu que je souffrisse pour toi
des fatigues et des tourments; tu m'as livrée
en spectacle au peuple, tout en veillant sur
mon salut et en me lournissant l'occasion de
te témoigner ma foi; tu m'as jugée digne
d'éprouver pour loi des supplices et des af*
flictions. Mais les périls augmentent; la rage
de mes ennemis s'accroît; soutiens. Sei-
gneur, la faiblesse de la nature; ne permets
pas que je me décourage dans les combats
que j'ai a traverser; ne souffre point que je
)erde la couronne à laquelle j'aspire et que
e sois exclue de ton royaume; accorde-moi
e baptême du martyre ; délivre-moi ainsi
des tentatives des persécuteurs et mets- moi
à l'abri de leur fureur. »
Ayant ainsi parlé, la vierge regarda au-
tour d'elle et vit un bassin remt)li d'eau où
nageaient des phoques et des bêtes marines
ennemies de Toomme ; elle s'adressa à Jésus-
Christ et dit : « Seigneur, je suis baptisée
en ton nom en ce dernier jour, » et, brû-
lante du désir de donner sa vie en mourant
pour Jésus-Christ, elle s'élança en cette eau.
Le peuple poussa de grands cris en voyant
une chose aussi effrayante. Mais le Seigneur
n'abandonna point la martyre ; un feu céles-
te l'entoura, voilant son corps, ei les bêtes
marines perdirent aussitôt toute leur féro-
cité. Alexandre, restant sans crainte et sans
honte, persistait dans sa colère et voulait
faire venir d'autres animaux féroces, pen-
sant dans sa colère impie qu'il pouvait vain-
cre Dieu qui est invincible ; mais les femmes
qui étaient dans le cirque, émues de compas-
sion à l'égard de Thècle, et agissant par une
impulsion divine, jetèrent une grande quan-
tité de parfums et d'onguents qui, tombant
dans le feu, produisirent une vapeur qui
mit en fuite une partie des bêtes et plongea
les autres dans un sommeil profond, de sorte
que Thècle resta seule et auranchie d'enne-
mis. Alexandre ne se découragea point ce-
pendant et il dit au gouverneur : « J'ai deux
taureaux extrêmement sauvages et féroces;
si tu ordonnes que cette femme soit attachée
à leurs corps, nous verrons bientôt la fin de
son supplice.» Le gouverneur, quoiqu'à re-
gret, en donna la permission , son visage té-
moignant le regret qu'il en éprouvait. Ale-
xandre, voulant ajouter à la férocité des
taureaux , fil appliquer contre eux des mè-
ches enflammées; mais il dépassa ainsi lu
but qu'il se proposait, car le feu fit périr les
taureaux et consuma les tiens qui attachaient
Thècle, et elle n'éprouva aucun mal. Try-
phène , accablée de douleur et d'inquiétude,
n'avait pas attendu jusqu'alors; on l'avait
emportée hors du cirque privée de connais-
sance. Ce nouveau miracle remplit les ha-
bitants d'Antiocbe de stupeur et causa au
juge une frayeur immense. Alexandre, éton-
né et épouvanté, tomba la face contre terre
933
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
et adressa ces paroles au gouverDeur :
« Je suis vaincu par cette femme et je ne
sais si elle est une créature humaine, ou une
déesse ou un mauvais génie; en vain ai-je
voulu déchaîner contre elle la fureur des
animaux les plus féroces; soit par ses presti-
ges, soif par une puissance surnaturelle» elle
a dompté leur fureur. Qu'elle soit expul-
sée de notre ville, qu*elle aille ailleurs por-
ter au loin les témoignages de son esprit
audacieux et superbe. Une frayeur légitime
s'estemparée decette cité; Tryphène est peut-
être au moment de mourir. Si elle périt,
César, dont elle est la parente, s*en ven-
gera sur nous; alors c*en est fait de moi,
c'en est fait d'Anlioche, et tu te trouveras
aussi exposé aux périls les plus graves.
Crois-moi, délivrons-nous de ce fléau et
veillons i notre sûreté.»
Le gouverneur, ému de ce discours et se
félicitant de ne pas avoir à prononcer une
sentence aussi inique, fit venir Thècle et lui
demanda qui elle était et par quel art elle
avait dompté les bétes féroces. Il pensait,
suivant l'usage des hommes qui méconnais-
sent la puissance de Dieu, qu'elle avait re-
cours à la magie, afin d'effectuer les mira-
eJesdont Dieu est l'auteur. Thècle lui ré-
pondit en ces termes :
« J« suis, comme tu vois, une femme d'uh
âge fort tendre, dépourvue d'amis; mais i'ai
pour me proléger el pour me défendra Dieu
tout-puii^sant et son Fils unique, existant
avec son Père avant tous les siècles, et qui,
descendu sur la terre, a été annoncé par les
prédications et par les œuvres d'un grand
nombre de ses disciples et surtout de Paul,
mon maître. C'est par l'assistance de Jésus-
Christ en qui je crois que j'ai triomphé des
désirs impurs d'Alexandre et que j'ai échap-
pé à tous les animaux féroces déchaînés
contre moi. Quiconque aura mis en lui une
confiance sincère, recevra de lui des bien-
faits semblables à ceux que j'ai obtenus, et
môme plus grands. C'est lui qui est le terme
du salut, le fondement de la vie éternelle, le
refuge de ceuxcjuisontbaltus de la tempête,
le repos des affligés , l'appui de ceux qui sont
dans le désespoir; celui qui ne croira point
en lui sera voué à la mort éternelle. »
Le juge admirant la fermeté et la résolu-
tion de la vierge, touché également de la
sagesse et de la gravité de ses paroles et res-
sentant pour elle de la vénération plutôt que
de la commisération, ordonna de lui donner
aes vêtements convenables à son sexe et à son
rang. Thècle s'en revétitavecjoie et dit : «Dieu
qui m'a secourue lorsque j'étais livrée à la fu-
reur des bètes féroces m'a revêtue de l'éclatde
salumièr6lorsquej'étaisnue;c'estluiquim'a
couverte de sa gloire lorsque j'étais dans un
état rempli d'ignominie; je lui demande
au'en retour de ce que tu fais pour moi-, il
t accorde la grâce de la résurrection et d'être
admis^ dans son rovaume: je le prie de te
donner les biens éternels en échange des
objets terrestres dont tu me gratifies. »
^ Le gouverneur s'adressa ensuite au peuple
d Antioche et lui tint ce discours : « Habi*
tants d'Anlioche, notre concitoyen Aleian-
dre a accusé cette jeune Qlle de crimes qui
ne sont nullement prouvés et qui ne parais-
sent pas véritables. Il n'est pas juste de ju-
ger de sa vie et de sa conduite d'aurès de
pareilles accusations inspirées par la pas-
sion; il faut plutôt nous en rapporter aui
miracles dont nous avons tous été ténioinscl
qui sont faits pour nous frapper d'admin-
tion. Exposée aux bêtes les plus furieuses,
elle n'a rien eu è éprouver de leur cour-
roux; n'est-ce pas une preuve cpie» du haut
du ciel, un Dieu a combattu pour elle,l8 pro-
tégeant à cause de la pureté de ses mœurs
et de sa vertu ? Vous l'avez vue avec stupeur
et avec effroi étendre ses mains vers le ciel
et arrêter ainsi les bêtes sauvages déchaî-
nées contre elle et qui venaient tomber
à ses pieds, la caresser et la* garder. Uq
miracle aussi éclatant a été annoncé à
la ville entière par les cris qui oui re-
tenti dans le cirque. Il faut donc la recon-
naître pour une personne pieuse, chaste e(
aimée de Dieu qui la protège par des mer-
veilles éclatantes. Aie bon courage» 6 vierge ;
tu n*auras plus rien à souffrir parmi nous.
Couverte de tes armes de diamant et inpé-
nétrables, tu es d'ailleurs h l'abri de tout ce
qu'on pourrait tenter contre toi. Va où tu
le désireras, et fais que ton Dieu nous soit
propice et favorable. »
Le peuple, entendant ce discours, témoi-
gna sa joie par de grands cris, et des fem-
mes, se hâtant de courir auprès de Trvphè-
ne , lui apportèrent la nouvelle que Thècle
avait été préservée de la fureur des bêtes el
qu'elle venait vers elle. Tryphène revint à
la vie, en apprenant ces choses : elle reganla
avec empressement, aûn d'apercevoir Thè-
cle; et la voyant, elfe la serra dans ses bras,
l'embrassant et versant des larmes de joie,
et elle lui parla en ces termes :
a Je me réjouis, ô ma fille, de te revoir
saine et sauve auprès de moi, contre toute
attente, et arrachée à tant de maux; je m'en
réjouis surtout, parce que je trouve ainsi iâ
preuve de la vérité de tout ce que tu m'as
dit. I^ manière miraculeuse dont tu as échap-
pé à la mort me donne l'assurance que Fai-
conilla, ma fille unique et bien-aimée, a
obtenu par tes prières ce oui lui était né-
cessaire. Viens donc et sois rnéritièrede tous
mes biens; tu m'as mise en possession des
biens célestes, comment ne t'abandonnerais-
jepasdes biens terrestres etfragiles? Viens et
prends, à tous égards, la place de Falconilia. >
Tryphène ayant ainsi parlé, Thècle se mit
h instruire les personnes en grand nombre
qui étaient rassemblées chez elle; elle leur
enseigna la foi en Jésus-Christ , et elle y
amena tous les esclaves de Tryphène et
beaucoup d'habitants d'Antioehe , ainsi que
des soldats. Mais au milieu de la joie qui ré-
gnait dans la maison de Tryphène, la vierge
était toujours inquiète et agitée au sujet
de Paul , dont elle parlait sans cesse et dont
elle désirait ardemment la présence. « Où
est Paul? » disait-elle ; « qui me rendra cetu:
que Jésus -Christ m'a donné pour me cou
985
THE
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
THE
98ft
duireà la^foi et qui iD*a enseigné h ré^^ler
ma vie selon les préceptes de Dieu ? » Mal-
gré la gloire que lui avaient rapportée les
miracles dont elle avait été Tobjet, elle ne
faisait pas moins de cas de son maître, mais
elle avait de plus en plus de la vénération
poiirceiui qui Tavait unie h Jésus^Christ. Kn-
tin, à force de s'informer et de deman Jer des
nouvelles au sujet de Paul , elle apprit qu*il
était à Myrrlies,ville fort bellede la Lycie; elle
partit aussitôt d'Antioche, vêtue en homme,
afin de cacher sa beauté sous ce déguise-
ment. Car tout ce qu'elle avait souffert, en
rendant de plus en pl.is éclatante la beauté de
son Ame, n*avait nullement altéré cellede son
visa^^Cû. Quoique Myrrhes soit h une grande
distance d*Antioche par terre et par mer,
elle y parvint bientôt, le dé$ir quVIIc avait
de revoir son maiirc Tempèchant, ainsi que
les esclaves et les servantes de Tryphène
qui raccompagnaient, de ressentir les fati-
gues du voyage.
£tant enree dans la ville, elle trouva
bientôt Paul appliqué à ses travaux ordinai-
res, instruisant, prêchant et annonçant la
foi aux infiiièles qui étaient en grand nom-
bre dans la Lycie, tant hommes que femmes.
Qunnd elle parut, elle remplit tous les as-
sistants d*une stupeur telle, qu'ils ne pou-
vaient parler, et Paul lui-même fut effrayé,
cîr ce qu'il avait appris des maux que ïliè-
cle avait soufferts lui avait donné beaucoup
d'inquiétude. Il la mena hors de la présence
de ceux qui se trouvaient là, de crainte que
quelques-uns d'entre eux ne fussent frappés
de sa beauté et qu'il n'en résultât de graves
dissentiments, et lui demandant ce qui s'é-
tait passé, il en entendit bientôt le récit
exact.- Il a Imira la fermeté et le courage de
Thècle, il rendit grâces au Seigneur de l'ap-
pui qu'il lui avait donné; il pria aussi pour
Trypnène qui avait été d'un grand secowrs
pour la vierge. Thècle, remplie de joie, s'a-
dressa ensuite à Paul dans les termes sui->
vanls :
«Je ne saurais, ô mon maître, exprimer
convenablement tout ce que j'ai obtenu de
loi. C'est toi Tjui m'as fait connaître Dieu,
roi de toutes onoses, et Jésus-Christ, son Fils
unique, régnant avec le Père et créateur de
toutes choses, et le Saint-Esprit r/'gnant con-
jointement avec le Père ei le Fils et sancti-
fiant toutes choses. C'est par toi que j'ai
connu les mystères de la Trinité ineffable
cl adorable. C'est toi qui m'as enseigné le
mystère de la naissance de Jésus -Christ,
né d'une vierge restée vierge; tu m'as appris
sa Passion, sa mort, sa résurrection, son
ascension au ciel , d'où il reviendra pour
iager to.us les hommes. C'est par toi que j'ai
connu le bonheur éternel et sans fin du
royaume céleste, ainsi que les peines de
l'enfer qui n'auront pas de terme. C'est toi
qui m'as enseigné la vertu du saint baptême
et la grâce de la cha-teté et de la virginité.
C'est toi qui m'as révélé les avantages de la
continence et de la résignation, les mérites
du jeûne, de la prière et de Taumôno. C'est
toi qui m'as dit quelles étaient les couron-
nes réservées à ceux aui combattent et qui
souffrent pour Jésus-Cnrist. Enfin, pour ^ne
résumer en un mot, tu m'as enseigne quelles
sont les récompenses promises à celui qui
règle sa vie selon la loi de Jésus-Christ et
quelles sont les palmes qui lui seront don-
nées. S'il te reste encore Quelque chose à
m'apprendre, daigne m'en laire part. Il est
bientôt temps que je m'éloigne de toi et que
je retourne à Iconium , ma patrie. Ne cesse
point de prier pour mnî,afin que je parcoure
sans broncher la carrière de la piété jusqu'à
son terme et que je parvienne ensuite au
royaume céleste, me réunissant à J^Ssus-
Christ mon roi et mon Epoux, pour lequel
j'ai souffert tout ce que j'ai eu à endurer
jusqu'ici et pour lequel j'ai encore peut-être
d'autres épreuves è traverser, d'autres com-
bats à livrer, d'autres victoires à remporter.
O mon maître, ne cesse jamais d'offrir à Dieu
tes prières en faveur de ta fille, car tu m'as
engendrée pour Jésus-Christ lorsque tu étais
dans les fers. »
Paul lui répondit : « Tu as montré, â
vierge, une raison admirable; la constance
de ta foi a brillé en toutes choses, et tu as
déjà achevé la course des travaux apostoli-
ques; rien ne te manque pour arriver h
lancomplissement du ministère apostoli-
que et (le la prédication de la parole di-
vine. Va donc, enseigne la parole de Dieu ,
accomplis le cours de la prédication et viens
me remplacer en partie dans mes travaux
pour Jésus-Christ. Le Seigneur t'a choisie
par mon entreprise pour que tu t'acquittes,
toi aussi, des fonctions d'apôtre, et il t'a
donné une énergie conforme aux préceptes
de Jd religion chrétienne, et les dons que tu
as reçus doivent grandement multiplier.»
Paul ayant ainsi parlé, la martyre remit
h l'Apôtre, afin qu'il les distribuât aux pau-
vres, les trésors qu'elle avait reçus en don
de Tryphène, une grande quantité d'argent
et des vêtements fort précieux, et après
avoir prié Paul de la recommander à
Dieu , elle reprit le chemin d*Iconium.
Etant arrivée dans cette ville, elle laissa de
côté sa mère, ses parents ei sa propre mai-
son, et elle se rendit chez Onésiphore, sti-
mulée par le souvenir et par l'amour du pre-
mier rayon de la foi qui l'avait itiuminéeen
cette maison.Quand elle revit l'endroitoù Paul
se tenait assis pour enseigner, elle se pros-
terna et embrassa la terre en l'arrosant de
ses larmes et elle prononça ces i»aroles:
« Seigneur, toi qui as bien voulu le révé-
ler à moi en ce même lieu par suite de ta mi-
séricorde à mon égard olq«ii m'as fait com-
prendre la doctrine de Paul, toi qui m'as
jugée digne de combattre avec le ieu, avec
les chaînes et avec les bêtes féroces, toi qui
as couvert de ta luuiière mon corps dé-
pouillé do vêtements, toi qui m'as accordé
le bienfait du saint baptem<% toi qui m'as
fait la grâce de revoir Paul afin que je fusse
derechef fortifiée par ses discours, toi qui,
après mes longs voyages, m'as ramenée dans
ma patrie et dans cette maison qui m*est si
chère, accorde-moi, ainsi qu à tous ceux qui
9S7
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
son[ ici, de ne rien faire è Tavenir qui ne
soit agréable à toi et à ton Fils ; ne permets
pas que je ni*écarte jamais de la religion
3ue tu m*as révélée et de la foi que nous
evons soutenir, lors roè^e que nous de-
vrions combattre contrôle feu, les bâtes fé-
roces et tous les supplices inventés par nos
persécuteurs; donne-moi la force de snppor-
tertoutgenre delorturesetde mort; fais c|ue
je sois trouvée digne de souffrir [)Our toi et
pour ton nom et d avoir part ensuite aui dé-
lices du paradis et aux joies que tu réserves
è ceux qui te sont chers. »
Après avoir parlé de la sorte, la vierge
eut divers entretiens au sujet de la foi et de
la règle de la vie chrétienne avec sa mère
Théocîée. Tbamyris était mort avant son re-
tour, et elle se rendit ensuite à Séleucie.
Cette ville est ]a cafiilale de Tlsaurie, et elle
est située à l'entrée des montagnes du côté
de rOrient;elle est près du fleuve Calydnus,
qui, venant de l'intérieur du pays, arrose de
vastes régions et traverse beaucoup de cités
avant d'f*rriver jii:,qu*ii elle. Thècle choisit
pour sa demeure le sommet d*unemonlagnf^
près de cette ville, ainsi qu*Ëlie et Jean-
Baptiste avaient choisi pour leur résidence,
l*un le Carmel et Tautre le désert; elle s'op-
posa au démon Sarpédou qui s'était placé
au milieu des flots toujours agités sur cette
plage, et qui, par ses impostures et par de
faux oracles, avait éloigné les habitants de
la foi ; elle en flt autant contre Miaenre ,
gardienne des citadelles et présiianlè !i|
guerre, etdontrimage,munie dei^égide, était
robjet d*an culte de la part d'bomiàes igoo-
rantset séduits.
Après qu'elle eut longtemps annoncé la
parole de Jésus-Christ, enseignant les pré-
ceptes de la foi h un très-grand nombre
dénommes et les enrôlant parmi la milice du
Seigneur, après avoir accompli beaucoup
de miracles (tels qu*en avaient faits Pierrt?
k Aotioche et k Rome, Paul k Athènes et
chez toutes les nations, et Jean l'excellent
théologien à Ephèse), elle ne mourut pas de
la manière ordinaire ( k ce que rapporte la
renommi*e ), mais elle entra toute vivante
dans la terre qui, par un efi'et de la volonté
de Dieu, s'ouvrit pour la recevoir k un en-
droit où a été construite la table sacrée de
la liturgie, et qui est entouré de colonnes
éclatantes d'argent. C'est de Ik que, comme
du canal de sa bienveillance vir^^inale, sur-
gissent des sources de grâces et de bienfaits
pour ceux qui l'implorent et qui y trouvent
la guérlson de leurs maux et de leurs in-
firmités, l'expulsion des démons et les se-
cours dont ils ontbesoin. Si Dieu le permet
et si la bienheureuse Tbèfle nous seconJe,
nous raconterons dans un autre livre ces
miracles si dignes d*admiration (l<âl).
THOMAS.
(Histoire de saint Thomas^ d'après l'Histoire apostolique d^Abdias.)
CHAPITRE PREMIER.
L'Evangile rapporte que le bienheureux
Thomas fut choisi avec les autres disciples
pour les fonctions d'anôire (1022), et qu'il
fut par le Seigneur (1023) appelé du nom de
Didyme, qui signifie jumeau. Il parut après
la résurrection du Seigneur montrer de la
méfiance, car il dit aux disciples qui affir-
maient avoir vu Jésus-Christ qu'il n'y ajou-
terait foi que lorsqu'il aurait touché de ses
mains les cicatrices et les traces des plaies du
Seigneur ( 1024 ); cependant blAmé par son
(lOît) Le Livre des miracle$ opérés par Tinter-
cession de sainte Tliéclc s*^ trouve dans Snrius et
daos crautres auteurs, mais comme il est étranger
k notre sujet , nous iravons pas k lui donner place
ici. Nous laissons légalement de céié les récits de
Sin^écn MéUipliraste et d*Adon ; ils ne font guère que
r produire les Actes que nous avons traduits.
Saint Ambroise (De virginibus^ lih. ii) parie d*un
(les miracles que relatent ces biographes.
< Tbccla copulam fugiei s nuplialem , et sponsi
fiirore damnata , naiuram oliam l>estiarum vîrgint-
laiis veneratione mutavit. Namquc parala ad feras,
cnni aspecius quoque declinarct virorum , ac vi-
lalia ipsa sxvo nflerret leoni, fecit ut qui impudicos
ilelulerant oculos, pudicos referrent. Cernere erat
lingPDtem pedes bef>tiam, cubi!ar« liund, muta
testillcantcm sono, quod sacrum virgiuis corpus
violare non posset. brgo adorjihat prxdam stiam
bestia et proprise obsila iiaturae , naturam indue-
rat quain homines audserant. i
Maître qui lui apparut et confirmé dans la
foi et ayant reçu le don de rEsprit-Saint» il
envoya Thaddée (1025), un des soixante-dix
disciples, à Abgare, roi d*Ede5se, afin de te
guérir de la maladie dont il était affligé, se-
lon la paroleqiie le Seigneur lui avaitécrite.
Et Thaddée accomplit sa mission , oart étant
venu près du roi et ayant fait sur lui le
signe de la croix, il le guérit de toutes ses
souffrances. Et tandis que cela se passait,
Thomas restait à Jérusalem, où il reçut (>ar
une inspiration divine l'ordre d'aller dans
l'Inde (1026) afin de montrer la lumière de la
On remarque que ces faux Actes dont parient
TerluUien {De baptismo) et saint JérAtne ( Ae scripi.
ecctes.) , renfermaient des circonstances al»on(es ,
telles <ine celles du baptême d*un lion, dont il n*tst |>a&
question dans les récits de Basile de Sc'eucie ; c*e»t
sur ces compositions apocryphes que 8*appu jaîent dis
hérétiques qui préienttaieiït que les femmes diraient
avoirledroiidcprôclieretd*en*icignerdansleséglisies,
saint Paul ^yanl reconnu iiThèctt' ledroit (i*agir ainsi.
(i022) Bfarc. m, 15.
(10i5) Ceci n^est point dans les ETniis^ilet » mais
saint Jean dit, en effet (xi , 16) , que Tapôtre dont
il s'agit était appelé Didyme. Telle esi d'ailleurs h
traduction du mot hébreu Thomas. Thilo, dans ars
Acta S. Thoniigf que nous publierons plus loia.
donne, p. 9i, une longue note sur les iiems «k
Tapôtre ; il suffit de la bignalor.
(1024) Joan, xx, U.
(1025) Eusèl>e, lli$t. ecclén., 1. 1, eliap. denii^.
(4026) Origcne, cité par Easèbe (Iftaf. ««ritfi..
989
THO
PART. in. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
THO
9^0
f érité à un peuple qui gisait encore dans les
ténèbres (1027). Je me souviens d'avoir lu
on livre où était raconté son voyage dans
i'inde avec les choses qu'il y avait accom-
fiies, et ce livre est rejeté par auelques-uns
causb de la prolixité de ses récits; laissant
de côté les choses superflues, je rappellerai
celles que constate une foi assurée, qui sont
agréables aux lecteurs et qui peuvent don-
ner de la force à l'Eglise
CHAPITRE IL
Le bienheureux Thomas ayant reçu,
comme nous l'avons dit, de fréquents avis
du Seigneur oui lui recommandait de se
rendre dans 1 Inde citérieure , et fuyant
comme lin autre Jonas devant la face du
Seigneur, différait d'y aller et n'accomplis-
sait pas cequq la volonté divine lui prescri-
vait, et le Seigneur lui apparut dans la
nuit, disant : « Ne crains pas , Thomas, de
descendre dans l'Inde, car ie vais avec toi et
je ne t'abandonnerai pas (1028), mais je t'y
glorifierai et tu y accompliras le bon com-
bat (1029} y rae confessant devant les hom-
mes de ce pays, et ensuite je t'en retirerai
avec gloire et je te placerai avec tes frères
dans mon royaume. Car apprends qu'il faut
que lusouffresbeaucoupàcausede moi (1030)
afin que tous connaissent que je suis le Sei-
gneur, ainsi que tu le leur enseigneras. »
£t le bienneureux apôtre ayant entendu
ces paroles dit : « Je t'en prie. Seigneur, ne
dirige point ton serviteur en ce pays (103t|,
car il est éloigné et plein de dangers (1032),
et les habitants sont méchants et dans l'i-
gnorance de la vérité. » Mais il arriva qu'à
celle époque , un Indien nommé Abbas
était à Jérusalem, ayant été envoyé en Syrie
par le roi Gandaférus, afln de se procurer
quelqu'un habile dans l'art de l'architecture.
Et le Seigneur lui apparaissant durant le
jour sous une forme humaine, lui dit : «Que
fais-tu ici, toi qui es venu d'un pays si éloi-
gné? » Et il répondit : « J'ai été envoyé par
mon maître, le roi de l'Inde, afin de cher-
cher un architecte qui puisse lui élever des
1 ni , c. 41) , dit que, diaprés une vieille tradition ,
K' suri désigna le pays des Parlhes comme la con-
trée où Thomas devait aller prêcher la foi. Cesi ce
qu'on lit aussi dans les Récognitions clémentineê ,
1. IX, c. 29. Mais une autre tradition, conformai aux
lëcils du pscudo-Ahdias • signale Thiile comme le
titéàtre des prédications de Tapétre; telle est Topi-
iiion de saint Amhtoise (m psaL xlv), de sanit
Jérôme (epist. iiV) et autres auteurs que cite Ba-
rot'itis {UartyroL^ 21 Dec.) Voy. aussi la note de
Fabricius, Cod. apoc. Novi Test.^ t. 1, p. t>89.
(t0i7)lfa(//i.iv, 17.^ Observons que li^s légendes
que raconte Abdias, au sujet de saint Thomas, re-
■iionient à une haute anliquilé et qiron les trouve
avec quelques modiilcalions dans bien des auteurs,
lioumiiient dans VHitloire ecctésia$llque d'Orderic
Vital (insérée par Ducbesne, en Itt!), dans les
^cTiptore» iVormuniirct, et publiée derechef par
M. A. Le Pr vost, i838et sui«r., i vol. in-8°), dans
les Méné€$ des Grecs, dans les Vies latines de Papô-
irc inséiées dans les recueils de Lipoman {Ad 6
Oiiob,) et de Surius (Ad 21 Dec.) Quant aux noni-
Ucui et anciens écrivains ecclésiastiques qui ont
palais. » Et le Seigneui lui dit : « J*ai un
serviteurquetute procure ras, si tu le veux.»
Et aussitôt il l'amena à la demeure de Tho-
mas, et le lui montrant, il dit : a Voici mon
serviteur, Tarchitecte dont je t*ai parlé.
Maintenant, conviens d*un prix avec lui.
Et quand il Taura reçu, conduis-le où tu
vouaras. » Et Abbas agit ainsi, et amenant
avec lui le bienheureux Thomas, il le con-
duisit à son navire.
CHAPITRE m.
Et s*élant embarqués, ils arrivèrent le
troisième moisdans Tlnde citérieure, et l'en-
voyé du roi vit avec une surprise extrême
la rapidité avec la(juelle avait été accompli
un voyage qui exigeait plus de trois ans.
(1033). Sortant du navire, ils entrèrent dans
la première ville de l'Inde, et ils entendi-
rent le son des inslrumenis de musique, et
ils trouvèrent toute la "ville livrée à Tallé-
gresse. El demandant à Tun des habitants ce
que c'était, il leur répondit:a Notre roi marie
aujourd'hui sa flile unique, et voilà pourquoi
il y a une grande joie dans la ville, et les
dieux, à ce que je crois, t'ont amené ici en ce
moment pour que tu assistes à ces fêtes. » Et
comme ils causaient ainsi, tout d'un coup, la
voix d'un héraut rempli la ville entière, di-
sant : « Ecoutez tous, habitants de cette ville,
riches et indigents, étrangers et pauvres,
rendez-vous au palais du roi, et prenez pari
au festin; réjouissez-vous et soyez dans la
joie. Si quelqu'un se soustrait à Tallégresse
universelle, il sera criminel de lèse-majesté. »
Et quand Abbas eut entendu cela, il dit à
l'apôtre Thomas : « Allons, afln de ne pas
nous trouver en faute devant le roi. » Et
étant entrés au palais, on leur ordonna de
se coucher sur le lit du banquet. Et Tapô-
ire Thomas se coucha au milieu, tous les
habitants le regardant et sachant qu'il était
étranger. Il y avait à ces noces une jeune
fille de la race des Hébreux qui chantait
des psaumes, et quand elle entendit le bien-
heureux Thomas qui priait et bénissait Dieu»
elle comprit qu'il était du même pays, et
mentionné les pays de l'Orient où l'apôtre alla
porter le flambeau de la foi, leurs témoignages ont
été réunis par Thilo, note ad Aeta^ p. 97.
(1028) Josue I, 5.
(IUÎ9) // Tim. IV, 7.
(1030) Aet. IX, 16. . s w.
(1031) Nous avons «îéjà vu dans la rrlaiion de Pro-
chore saint Jean refuser également de se rendre en Asie.
(1032) Dans l'antiquité et même au muyen' Âge ,
les idées les plus cxtraonTHiaires , les plusdéjKmr-
vues de fondement, étaient répandues au sujot de
rinde. En 1491 . le cosmograpbe Martin Rhaim
«'îcrivail au sujet du royaume de Zambri qu'il pla-
çait près de l'Ile de Java ; • en ce pi>ys les hommes
et les femmes ont d« s queues comme celles des
chiens , et chacun d'eu» a la force Ue cinq hommes
ordinaires, i ,
(1033) On ne sait trop quelle est cette route qu il
fallait suivre pour aller <ie la Judée dans l'Inde et
qui exigeait une traversée de trois ans, mais on voll
là une de ces hyperboles qui abondeul dans les ré-
cits des Orientaux.
9îl
DICTIONNAIRE DES APOdRWllES.
ff
elle le rogardaîl avec admiration, et ne ces-
sait de contempler son visage. Et lui, compre-
rianl qu'elle était de la race des Hébreux,
la regardait aussi fixement.
L'échanson du roi, enflammé de colère,
donna un soufflet à l'apôlre, disant : « Pour-
quoi regardes-tu ainsi cette fomme? » Mais
le bienheureux Thomas» élevant les mains
au ciel, dit : « Que Dieu ait de l'indul-
gence pour toi, mon Hls, e^u jugement futur,
mais clans ce siècle, la main, qui m*a frappé
injustement sera elle-même frappée (lOSij.»
La nuit approchait et soudaiii Tcau man-
qua 5 ceux qui servaient les convives. Et
comme beaucoup avaient été en puiser et
qu'ils tardaient d'en rapporter, l'cchanson
courut aussi vers la fontaine. Et comme il
en approchait, un grand lion se jela sur lui,
le saisit et le déchira en lambeaux. Et un
chien qui était là, prit sa main droite et
revenant au palais' il la porta devant les
cnnvives. Et comme on s'informait quel
était celui des servPeurs qui avaîi disparu,
on reconnut que Téchanson avait élO tué
près de la fontaine, et que c'était sa main
que le chien avait rapportée, le lion ayant
dévoré le reste du corps. El la jeune Israé-
lite, apprenant cela, brisa les roseaux (1035)
et tomba aux pieds de l'apôtre , en s'é-
criant : a Voici vraiment le serviteur du Dieu
vivant, car tout ca qii'il a dil s'est promple-
nient accompli. » Et le roi, ayant appris
ces choses, se prosterna aux pieds de l'a^
poire, disant : « Je te prie, homme de Dieu,
de prier ton Dieu pour ma fille unique
que je marie aujourd hui, et je te supplie de
la bénir ainsi quescm époux. «L'apôtre, s'y
refusant', fut de force mené jusqu'auprès
des époux', et alors, étendant les mains,
il pria sur eux, disant : « Je te prie. Sei-
gneur, do répandre ta bénédiction sur ces
jeunes gens ut de leur inspirer d'agir comme
il conviendra do le faire. »
El ayant terminé sa prière, il sortit et
tous les assistants s'étant retirés, l'époux
revint vers la chambre nuptiale. Et voici
que le Seigneur lui apparut, sous ta forme de
Thomas l'apôtre, assis sur son lit. Et le jeune
hon)me eiîrayé lui dit : « Est-ce que lu n'es
pas sorti tout à l'heure? Et comment es-»-
lu rentré derechef? » Et le Seigneur ré-
pondit ; a Je ne suis pas Thomas, mais son
frère; il m'a recommandé h vous, pour que
je vous ga<de de tout mal. Ecoutez donc
mon conseil. Abandonnez toutes les préoc-
cupations du siècle et croyez au Dieu vivant
3 lie vous prêche mon frère Thomas. Vivez
ans la chasteté et éloignez de vous tout
souci de cette vie mortelle, afin qu'élevant
par la sainteté du corps et de l'âme un
(1054) Plusieurs passages de saint Augustin (Con-
tra Adimanlum , c. 17 ; Contra Fausium , I. x\si ,
c. 79; De termone Dontini in monte, 1. i, c. SO) ,
aliesleiit qu'un pareil récil se trouvait dans les
Actes de saint Tliomug ayant cours parmi les ma-
Dicliéeus.
(lOôîf) Le te\te porte calami , mais ce passante
parait altéré par la négligence des copisies. On
pourrait lire tfiattmi ou calathi» Fabricius suppose
temple à Dieu, vous acquériez celle \r
peruéluelle qu'aucune fin ne terminf. > \\
parlant ainsi et les bénissant, il sortit ue
la chambre.
CHAPITRE IV.
Le matin étant venu, le roi vint U^ »••
siter, et il trouva le jeune lionime a^>>
et la jeune fille auprès de lui, ne manl'e.MAri
aucune honte comme l'exige la biensé.Mi*.
nuptiale. Et le roi leur dit : « Pour *\\u
motif ètes-vous ainsi assis?» El lejcunr
homme répondit : « Nous rendons grâ« e< :
Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dau^c
nous appeler à le connaître, afin que, qu.-
lani les ténèbres, nous suivions les lumi^r-
de sa vérité, s Et le roi dit è la jeune ti..*
« Pourquoi ne te conforroes-tu pas h .j
bienséance que réclament les noces, tl fH)ur-
quoi lèves-tu ainsi hat*diment les yeui?i
El elle répondit : « Ces noces sont (lassa^^
res ; i'ai été unie au Roi des cieux dont >;
chamDrenuptialebrilled'unerlarléimmi'nv.
dont les noces sont chastes» dont la ièi".
n'e^t jamais dépourvue de aiets^ dont :.t
maison est l'asile d'une joie coùtiuue!.*,
d'une allégresse éternelle et d'une satisfa -
tion perpétuelle, dont le visage resplendit
sur tous ceux qui croient en Ini et dont
les vêtements exhalent la suavité de diver»
parfums, dont les jardins sont toujours
émaillés de lis, de roses, el qui Oeunssent
dans une verdure per})éiuelle. »
Et tandis qu'elle pariait ainsi, le roi dé-
chira ses vêlements, disant : « Poorsuiv»»!
ce magicien que j'ai de mon plein gré in-
troduil dans mon palais, m'occasionnanlairiM
la perte de mes enfants. Voici qu'il a jeté sur
eux un maléfice et qu'ils se disent chrétiens.»
Et rempli de colère, il envoya des officiers
h la recherche de l'apôtre, mais ils ne le
trouvèrent pas, car il était parti avec AbMs
pour d'autres régions de l'Inde. Et les jtu-
nés gens prêchèrent depuis ce temps 'a pa-
role du Seigneur avec tant de zèle que l'ji
le peuple fut converti au Seii^neur, cl is
roi, père de la jeune fille, louché de cojii-
ponciion au cœur, crut au Seigneur Jês'J>-
Christ. El ayant appris que le liienbeureui
apôtre élaii allé dans les autres régions de
l'Inde, il se rendit auprès de lui avec tous
ceux qui croyaient, et il le rejoignit el, tom-
bant è ses pieds, il le pria de lesconsainr
tous parla grâce du baptême. Et l'apôtre,
en l'entendant, se réjouit et rendit gri'«i
au Seigneur et, après un jeûne de sept jours
il les baptisa au nom de la Trinité. Ht le
roi demanda que ses cheveux fussent cou-
pi^s (103G;, et il fut ordonné diacre, etil rc^u
ipie Tauieur a voulu dire que la jeune Isriél.'tf AJ*
cliil les gcMoux.
(1036) Celle coupe de cheveux ou lonsurc hV»i
probablement son origine, comme signe à« ii
prof' B<iou cléricale ou monasttque , que loo^fntirt
après IVpoque qu'indique le prciendu AbJu» 0-
nVn trouve du moins ancun indice cenaio âwiU
les trois premiers bièiles. Voir une longue M<*[''
Fabricius, Cod. apoçr. Not, TeU^ I. Ii P- ^^'
593
THO
PART, m.- LEGENDES ET FRAGMENTS.
THO
091
fermement attaché à la doctrine de Tapô-
tre.
CHAPITRE V,
Tandis que ces choses sepassaienl, ren-
voyé Abbas approcha du roi Gandaférus Pt
lui annonça q\ril avait trouvé Thomme qu'il
avait demanrié. Kt le roi, rempli de joie,
ordonna qu'on ramenAl en sa présence et
il lui dit : « Quelles sont les œuvres et quel
flrl connais-iuî » Et l'apôtre ré[)ondit : « Je
suis le servite-tr d'un architecte éminent.
Je suis très-expert en fait de bois et de
riment» ^t dans tout ce qui concerne la
liâiisse. » Et le roi répondit : « J'avais be-
soin d'un homme qui eût ces connaissan-
ces. » Et étant sorti de la ville, il lui montra
un endroit et lui dit : x Si tu es vraiment un
architecte, tu construiras pour moi un pa-
lais en cette plaine. Quand tu l'auras achevé,
j'éprouverai si tu es parfaitement au fait
(les autres œuvres. » Et Tapôlre dit : « Ce
lieu convient pour élever nn palais où le
roi devra résider perpétuellement, car la
plaine est d'uno grande étendue, l'eau l'ar-
rose et l'air y est salubre. » Et le roi ayant
donné la mesure de l'édifice et laissé une
grande quantité d'or, se rendit dans une au-
tre ville, priant l'apôtre de construire promp-
lement cet édifice. Et le bienheureux Tho-
mas, ayant reçu l'argent, ])arcourait les villes,
prêchant la parole de Dieu et il distribuait
aux pauvres l'or du roi, et il guérissait tous
les malades qui étaient dans ce pays. Et
quelques jours s'étant écoulés, le roi envoya
•juelques-uns de ses officiers à l'aftôtre afin
de voir s'il avait besoin de quelque chose
et ce qui avait été exécuté h l'égard du
palais. Et étant venus h l'apôtre et lui ayant
expliqué les ordres du roi, le bienheureux
Thomas leur répondii : « Le palais que le
roi a ordonné de construire est déjà élevé,
et il y a encore quelque chose qui est
nécessaire pour la toiture, et il convient
que le roi l'envoie. » Les envoyés rappor-
tèrent au roi les paroles de Tapôtre et il
envoya de nouveau de l'argent à Thomas,
en lui faisant dire de faire promptement
couvrir l'édifice,
CHAPITRE VI.
El bien du temps après, le roi pensant
que l'ouvrage devait être fini, vint è cette
ville^ et, interrogeant ses amis, il désirait
voir le palais que Thomas avait élevé. El
ils dirent : «Il n a été construit aucun palais
en celte ville, mais Thomas parcourt le pays,
distribuant ton or et prêchant un Dieu nou-
veau dont il n'a jamais été entendu parler
ici, et il promet je ne sais ([uelle vie éter-
nelle, disant que les hooimes qui auront
cru au nopi de son Dieu vivront perpé-
i;
tuellement; il chasse les démons, il guérit
les malades, il ressuscite les morts et il ne
veut recevoir aucune récompense. De là il
ressort évidemment qu'il est un magicien
et qu'il séduit le peuple, l'entretenant en des
croyances très-vaines. »
Le roi, apprenant ces nouvelles, fut rem-
li de colère et il fit amener Thomas devant
ni, et il lui dit : a Montre-moi Tédifice quo
tu as construit; autrement tu mourras. » Et
l'apôtre répondit: ^ L'édifice que tu as com-
mandé, ô roi« est déjà terminé, m^ûs tu ne
le verras pas maintenant; tu le verras dans
le siècle futur et tu y résideras dans la béa-
titude. y> Alors le roi, enfiammé de fureur,
dit : «t Tu es venu ici, à ce que je vois,
pour te moquer de nous. >» Et aussitôt il
ordonna qu*il fût envoyé en prison ave.c
Abbas. Et le frère du roi, apprenant que l'ar-
gent du trésor avait été dissipé et qu'il n'e&
restait rien, fut rempli d'indignation, et af-
fligé de la perte faite par son frère, il fut
jsaisi de la fièvre et il tourna la tète dans
son lit, et appelant le roi, il lui dit : « Voici
que les jours de mon trépas sont arrivés,
et maintenant, en te recommandant ma fa-
mille, je vais exhaler l'esprit, mais je te prie
de faire trancher la tète à ce magicien dont
la malice est la cause de mes souffrances.»
Et, après avoir dit ces mots, il se tut. Et
il gisait les yeux fermés, ne prenant point
de nourriture et ne proférant pas un mot.
Et le troisième jour, ayant ouv«Tt les yeux,
il appela derechef son frère, en disant :
« J'ai la confiance égale à mon espoir que
tu ne me refuseras pas ce que je te demande.
Maintenant je te prie de me faire un doD
du palais que cet étranger a élevé pour toi. »
Et le roi étant frappé d'étonnement, parce
que Thomas n'avait élevé pour lui aucun
palais, son frère se mit à lui expliquer ce
Qu'il voulait dire, et il lui apprit qu'il avait
été conduit par deux hommes qui lui avaient
montré un palais. Et il lui eu décrivit toute
la splendeur, lui exposant quelle en était
l'étendue, et comment étaient les fenêtres
et le toit, et ses guides lui dirent : «^ Voilà
la maison que Thomas, l'apôtre du Christ,
a élevée pour ton frère, v Et le roi ayant
entendu ces choses, dit à son frère : « Si
ce palais le plaît, donne de l'argent à cet
étranger, et qu'il en construise pour toi un
autre semblable. Moi, je n'aL)andonneraipas
une demeure que j'ai recherchée en medon-
nnnt beaucoup de peine, v Et se rendant
précipitamment à la prison, il remit l'apôtre
en liberté, en le priant de lui pardonner
l'injure qu'il lui avait faite, et il demanda
è recevoir le si^ne de la croix (1037) et à
croire au Dieu de l'apôtre. Kt le bienheu-
reux Thomas lui prescrivant de jeûner (1038)
pendant sept jours, lui prêcha la parole du
Entre autres trailés spéciaux sur ce sujet, on peut
citer ccltii de Prosper StciUrl , De coronis et ton*
»ufis paaanoTum , Judœorum et ChThtianorum ,
Douai, IttiS; et celui «te Ziegler, De tonsura tleri'
corum, (Ce dernier ouvrage est Tœuvre d*uii pro-
teiutu.)
(1037) C'e.u-àdirc le baptême.
(t05>} Quant à li coutume de faire précéder le
baptême par 1 ' jcûuc^ elle est mentionnée par saint
Justin le martyr et par T«rt<'llieu. Cotelier, daut
St's noies sur les ConstUution$ apostolique$ ^ I. vui^
c. 22, a réuni divers lépioigimges à cit é|$iirJ.
995
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
5«
Seigneur. Et le septième jour» il baptisa le
roi et son frère au nom du Père, et du Fils,
et du Sainl-Esprit, et il baplisa après eux
une grande foule de peuple. Et le roi, sor-
tant avec son frère des fonts baptismaut,
vit un jeune hornine couvert de vêtements
blancs (1039) et tenant une grande lampe,
lequel dit : « La paix soit avec vous», » et il
disparut aussitôt.
CHAPITRE VII.
L*apôtre étant ensuite sorti de la ville,
Toici qu'une femme, possédée d*un démon
immonde, accourut au-devant de lui, et
lorsqu'elle vit Tapôlre, Tesprit la jeta par
terre et lui dit : « Qu'y a-t-il entre nous et
toi, apôtre du Dieu tout-puissant? Tu es
venu avant le temps nous expulser dt nos de-
meures. » Et le bienheureux Thomas se tour-
nant vers lui, dit : « Au nom du Christ, mon
mattre, je te commande de sortir de celte
femme et de nefaire aucun mal à son corps. »
Et aussitôt le démon sortit en disant : « Tu
m'expulses aujourd'hui du corps de cette
femme, mais l'en trouverai une plus noble
dans laquelle j entrerai.» Etaussitôtqueledé-
mon eut été expulsé, la femme étant guérie,
se jeta aux pieds de l'apôtre, sollicitant le
signe du salut.
Et le bienheureux Thomas alla è une fon-
taine qui était proche et il la sanctifia, et il
baptisa cette fe.iime avec beaucoup d'autres
personnes. Ensuite, ayant béni du pain, il
le leur distribua, disant : « Que la grAce du
Seigneur soit avec vous. » Et beaucoup de
personnes recevant cette grâce, il vint parmi
elles un jeune homme pour recevoir la bé-
nédiction, et sa main fut paralysée et il ne
pouvait plus la porter à sa bouche. Et l'a-
pôtre, ayant vu cela, dit : « Voici que tous
ceux qui reçoivent de ce pain, sont rendus
h la santé; dis, jeune homme, quel crime tu
as commis pour qu'il l'arrivé une chose pa-
reille h celle que tu éprouves, p Et le jeune
homme dit en tremblant : « Comme tu pré-
chais il y a trois jours, je l'entendis dire que
les adultères n'auraient point de part au
royaume de ton Dieu (1039 ^). Et quand je
revins h ma maison , je vis ma femme en
adultère avec un autre homme, et aussitôt
je lui portai un coup qui la tua, et elle gtt
morte a la maison, v Et l'apôtre, ayant en-
tendu ces mots, ordonna d'apporier de l'eau
dans un vase; et, levant les mains du jeune
homme, il le (guérit et il dit : « Montre-moi
en quel endroit gtl ta femme morte, v Et en
la voyant, l'apôlre se prosterna pour prier et
il dit : « Sei{$neur Jésus-Christ qui , dans ta
bonté, as daigné promettre c|ue tu m'accor-
derais, par un effet do ta niiséricorde, tout
ce que je le demanderais, ressuscite cette
femme morte, afin que, par sa vie, beaucoup
(1039) Nous avons déjà eu Toccasion de men-
tionner t'.ans la première partie du Diclionnaire de%
apocryphes^ col. 1555, Tbabilude si fréquente chez
lus aiicitMis auteurs ecclésiastiques de représenli*r
|f*8 anges et les saints comme couverts de vêtements
blancs.
(1059*) Cû.at. v,li9, SI.
de fidèles soient amenés a la vie éteroe !Io i
Et, prenant la main de la femme, il la re^
suscita. El elle, voyant TapAlre, se jeia à <oi
pieds, en rendant grâces h Dieu. Et hc<iu-
cou(), voyant ce miracle, commencèrfut i
croire et ils furent baptisés par ra|>^»trts u
ils lui offrirent des présents qu'il divi::-
huait aussitôt aux pauvres. Sa renocniD^e «^
répandant dans le pays, la foule se n'univ.
sait chaque jour plus nombreuse, apport .: t
les malades et les mettant sur les plates < u-
bliques oi^ devait passer le saint apôtre. K*.
quand il les voyait, il les guérissait tou«aj
nom de Noire-Seigneur Jésus-Christ, en tai-
sant sur eux le signe de la bienheu^cu^':
croix.
CHAPITRE VIII.
Et un parent du roi Mesaens apprendM
ces nouvelles, vint à l'apôtre, disant : ■ £i
vérité, j'ai reconnu que tu es le vérilaic
médecin, que tu guéris tous les malades, et
tu ne reçois cependant aucune récompen^».
Et ma femme et ma fille, en revenant d^on»'
noce, ont été saisies par le démon el5^'it
cruellement lourmeniées. Je te prie de renir
et de les bénir, car je suis certain que tu
peuxles sauver au nom de ton Dieu. «
Alors le bienheureux apôtre, ayant pii'é
de cet homme, dit : «i Si tu crois, ta fille e! !3
femme seront guéries. » Et il appela «*^n
diacre, celui qui avait été roi de la preniif-re
ville de Tlnde où l'apôtre était arrivé et où d
avait été à des noces, et il lui dit : « Vaei
réunis tous ceux qui croient en moi. » Kt
quand ils furent venus, il leur dit : • VH.ti
que je m'éloigne de vous, restez fermes danN
la foi et conservez ce que vous avez reçu «ie
moi. Aimez le Seigneur Jésus-Chrisl par le-
quel vous êtes nés une seconde fois dars v
baptême, je vous laisse ce diacre et vous re
reverrez plus mon visage. » Et étendant le»
mains, il les bénit, disant': k Garde, sei-
gneur, je t'en prie, ton troupeau que tu as
daigné réunir par mes soins afin qu'if ne r^
cule pas en arrière, et que nul de ceux oui
le composent ne retourne vers le dénj'fi;
mais que tous, protégés par ta puissanctN
méritent d'obtenir la vie éternelle et de ré-
gner à toujours avec toi auquel honneur ei
gloire doivent être rendus avec le Père éter-
nel et avec l'Esprit Saint dans les siècles •'*•>
siècles. A Et lorsque tous eurent répondu :
« Amen , » le bienheureux apôtre, embrassa t
quelques-uns d'entre eux (1040), œontJ
dans un char avec le parent du roi Mesdeu*
et partit avec lui. Et le peuple pleura beau-
coup en le voyant s'éloigner et s'affligea de
son absence.
CHAPITRE IX (1041).
El comme l'apôtre approchait de la >na<'
(1040) AcL XX, U
(1041) Fabricius a, par su'le dVne erreur ilrm-
pression, donné à deux chaptlres coiiMcv'tti ''
numéro 9 ; afln de ne pas bouleveiser, pour le^ "^
pitres suivants. Tordre quil suit , nous atoos it^^
sou secon J chapitre 9 au premier.
997
TllO
PART. III.- LEGENDES ET FRAGMENTS.
THO
998
son Ju prince avec lequel il cheminait, Tes-
pril malin a^ita les femmes et elles éprou-
vaient de grandes souffrances. Et quand Ta-
pôlre fut venu , Tesprit immonde dit :
c Pourquoi nous persécutes-tu , Thomas ,
apôtre du Dieu vivant? Tu nous avais liéjà
expulsés de 1*Indo, et il n'est plus d*endroit
où nous puissions fuir ta présence. » Alors
lapôlre comprit que c*était le démon qu'il
avait d'abord chassé du corps d'une femme
dans rinde seconde et il lui dit : « Au nom
de Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant que je
prêche, sortez et allez dans un pays désert
et n'inquiétez plus les hommes. » Et aussi-
tôt les démons sortirent des femmes. Et tom-
bant par terre, elles restèrent comme mor-
tes; mais leur prenant la main, il les releva,
et, ayant béni du pain, il leur donna de la
nourriture.
Et le bienheureux Thomas prêcha oans
rinde entière, annonçant l'Evangile de
Nûlre-Seigneur Jésus-Christ. Et ce n'était
point seulement par ses discours, mais en-
core par ses œuvres qu'il faisait entrer la
foi dans le cœur des barbares. Et celui qui
un peu avant avait été incrédule, disant
(i0i2): « Si je ne vois pas la marque dis
clous, je ne croirai pas , » rassemblait des
peuples innombrables qui croyaient en
Dieu. Et je pense que c'était par une suite
de la providence, divine qu'il avait touIu
s^assurer ainsi delà vérité de la résurrec-
tion, parce que, devant répandre la parole
de Dieu parmi des nations féroces et idolâ-
tres, il convenait qu'il eût toute l'instruction
nécessaire pour convaincre ceux qui hési-
taient à croire. Et il trouva dans l'Inde des
hommes ainsi que des femmes qui reçu-
rent la parole du Seigneur, et chaque jour
il guérissailbeaucoupd'entreeuxqui étaient
malades. Et une femme nommée Mygdonia,
femme de Charisius, parent du roi Mesdeus,
apprenant les prodiges qu'accomplissait le
saint apôtre, vint vers lui ; et comme elle ne
pouvait a[>procher à cause de la foule, ses
esclaves frappaient le peuple et repous-
saient beaucoup de monde, ce que l'apôtre,
lorsqu'il le vit, leur défendit de faire. Et de
la place ayant été faite, celte femme s'appro-
cba, et elle tomba aux pieds de Thomas, et
elle lui dit : « Aie pitié de moi, apôtre du
Dieu vivant, car nous sommes comme des
Mtesqui sont dépourvues d'intelligence.i» Et
l'apôlrel'entendantparler ainsi, dit: «Ecoute,
ma tille, ne mets pas la confiance dans les
richesses que tu possèdes, mais distribue-
les plutôt en totalité aux pauvres, aHn que
fuyant cette existence passagère, lu acquiè-
res la vie étemelle; laisse donc des idoles
muettes et sourdes, et connais le Dieu
vivant, v
El après que l'apôtre lui eut prêché la foi
jusqu'au soir, la femme ayant reçu le si-
gne de la croix, revint en sa maison. Et,
étant entrée dans sa chambre, elle pleura
beaucoup en priant le Seigneur, aOn qu'elle
put trouver grâce pour ses fautes, et elle
mi) Joan. XX. 25.
était continuellement dans la tristesse, jus-
qu'à ce que son mari venant, demanda la
causede son chagrin, et les serviteurs répon-
dirent : « Notre maîtresse reste dans sa
chambre ; » et le mari étant venu vers elle,
lui dit: « Pourquoi es-tu triste et pourquoi
ton cœur est-il troublé ? Je sais que tu t'es
rendue auprès d'un magicien , et que tu as
entendu de lui des paroles insensées qui ne
servent h rien. Laisse donc de vaines pen-
sées, et lève-loi afin que nous mangions en-
semble. »
Et la femme lui répondit : t Laisse-moi ,
je te prie, cette nuit, car je ne prendrai ni
nourriture, ni boisson , et je ne reposerai
pas en ton lit. » Et le mari, la quittant, tit
son repas avec ses amis. Et quand le matin
fut venu, il revint à elle et il dit: «Mygdonia,
écoute mon songe. Je pensais que j'ét^tis
avec le roi Mesdeus, et un aigle survint et
enleva deux oiseaux très-beaux et s'enfuit,
et ensuite il en enleva deux autres et les
porta à son nid ; et le roi voyant cela, lança
un dard et perça l'aigle qui n*en éprouva
aucun domma^e.vEt la femme ayant entendu
ces paroles, dit: « Ce que tu dis est fort heu-
reux, ainsi que la vision que tu as eue. » Et
se rendant de nouveau au palais , elle vint
trouver le bienheureux Thomas, et elle le
trouva qui enseignait le peuple, et tombant
à ses pieds, elle dit : «J'ai entendu ta prédi-
cation et je retiens dans un cœur exempt
de souillures toutes les paroles que mon
oreille a reçues. » Et elle resta à entendre
sa parole jusqu'au soir. La nuit étant venue,
elle revint dans sa maison, et elle ne prit
aucune nourriture, et elle ne dormit pas
avec son mari. Et Charisius, son mari, re-
grettant d'être séparé d'elle, prit le matin
des vêtements misérables et se rendit auprès
du roi, et quand le roi le vit ainsi avec des
habillements honieux , il dit : « Pour quel
motif as-tu pris un costume aussi misera*^
ble ?» Et Charisius, répondit : « Parce que
j'ai (lerdu ma femme, à cause d'un magicien
que Sapor a introduit en ce pays, dans l'in-
tention de le perdre. >»
CHAPITRE X.
Et aussitôt le roi ordonna ae faire venir
Sapor. Et les esclaves, envoyés pour le cher-
cher, le trouvèrent assis auprès de Tapôtre
et écoutant la parole de Dieu, et Mygdonia
était h leurs pieJs. Et les esclaves dirent :
« Le roi est rempli d'un courroux qui oie-
nace ta tête, et tu passes ton temps à écouter
des discours oiseux I Viens, car il te mande. »
El Sapor, se levant, pria Tapôtre d'adresser
une prière en sa faveur. Et l'apôtre, s^étant
tourné vers lui, dit : « Ne crains rien, mais
espère dans le Seigneur; il sera notre pni-
tecleur, et nous ne craindrons pas que nul
mortel ne puisse nous nuire. » Et Sapor alla
vers le roi, et le roi lui dit : « Quel est ci!
magicien que tu as reçu en ta maison, qui
jette le trouble dans ce pays et parmi notre
peuple? » Sapor répondu*: «Tu as su, ô ex-
999
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
luOO
cellent monarque, quelle avait été mon af-
flictioD à cause de ma femme et de ma fille
unique, qui étaient tourmentées par le dé-
mon; elles ont été guéries par cet homme»
et beaucoup de malades recouvrent égale-
ment la santé par Timposition de ses mains,
et il obtient de son Dieu tout ce qu*ii lui de-
mande. »
Quand le roi Mesdeusetit entendu ces pa-
roles, il ordonnna qu'on lui amenât Ta^JÔ-
tre; mais les enclaves ne purent , à cause de
la foule, s*approchcr de lui; alors Charisius,
ému de fureur, traversa la foule et dit:
« Lève-toi, homme malfaisant, et viens en
présence du roi; ton art magique ne t*est
d'aucun secours. » Et lui ayant mis une corde
au cou (i0/»3), il le traîna vers le roi, di-
sant : « Que Jésus -Christ vienne (lOi^*) , et
qu'il Tarrache de mes mains. »
L'apôlre fut ainsi conduit devant le roi,
qui lui dit : « De quelle nation es-tu et quelle
est ta patrie, et au nom de qui fais -tu ces
miracles? » Et le bienheureux Thomas ré-
pondit : « Mon Dieu est ton Dieu; c'est le
Créateur du ciel et de la terre, et de tout ce
qu'ils renferment. C'est lui seul qu'il faut
adorer, &t non des idoles sourdes et muettes.»
Le roi, ayant entendu ces paroles, fut rem-
pli de colère, et il ordonna qu'on tourmen-
tât l'apôtre après lavoir étendu sur un che-
valet, et (ju'on le mit en prison après Tavoir
battu. Et l'apôire rendait grâces à Dieu de ce
qu'il avait été jugé digne de souQrir pour
son non'. (10^5). Charisius, revenant chez lui,
disait: «Maintenant ma femmeauraconimerce
avec moi , puisi^ue j*ai ôté ce magicien du
milieu de ce peuple.» fit, arrivé chez lui,
il la trouva les cheveux coupés et assise par
terre, et il dit: « Très-chère épouse, de
quelle folie ton esprit est -il saisi pour que
tu agisses de la sorte? Est-ce que ce magi*
cien sera plus puissant que moi? Ne vois-tu
pas que toute l'Inde me vénère, et que je fais
tout ce que je veux, ayant l'appui du roi?
J'ai de grandes richesses. » Ht elle répondit :
«Toutes ces choses sont terrestres et retour-
neront à la terre : celui-là est heureux qui
s'unira à la vie éternelle.» Et Charisius,
entendant ces paroles, reposa en son lit.
CHAPITRE XI.
Mygdonia, ayantpris de l'or, le donna aux
gardes, et, entrant dans la prison, elle em-
brassa les pieds de l'apôtre, en écoutant la
parole du Seigneur. Et, étant revenue à sa
maison, tandis que son mari était auprès du
roi, elle se prosterna par terre dans sa cham-
bre, et elle priait Dieu en versant des lar-
mes, disant: «Aie pitié, Seigneur, de mon
ignorance , afin que j^obtienue le salut éter-
nel. » Et sa nourrice, voyani cela, lui dit:
c Quelle perversité est en ton cœur, uour
(1045) Circonstance qnî se retrouve daos VUU-
loire de »aiHl Jacques le Majeur^ c. 8.
(1044) biiîlation de ce qu'on lit dans ïEvaugite
de iainl MaUhieu^ «xvii, 45.
(1045) Acl. V, 41.
(1046) Ce passage sîgniGe d'après le texte grec :
qu'abandonnant ton mari, qui te place daos
la situation la plus honorable, tu t*affiij:e^,
te livrant aux jeûnes et aux veilles, et ttf
laissant séduire par le? paroles de oe ma^^i-
cien?v
Et Mygdonia répondit : « Ce n'est poir.i
chez moi perversité, mais une raison [«r-
faite; car l*homme doit connaître son Créa-
teur, et mériter d'obtenir la vie élernelîf.
Plût à Dieu que l»i crusses h Jésus-CItri i.
et que tu participasses à nos travaux (IOV€,. •
Et la nourrice répondit : « Si je re.'Onna.s h
vérité de ce que tu dis, je t'imiterai. » Al»'f*
Mygdonia dit: « Les dieux que j*ai a-iot ^
jusqu'à présent ne sont rien ; le vrai Dieu t<
Jésus-Christ, par qui les siècles ont été fous
qui a racheté hioiome qu'il avait formé au-
paravant, qui s*est fait hornme, qui est m* 't
et qui a été enseveli, qu\ est desceudo a<ji
enfers et qui a délivré ceux que retenait la
mort détestable (lOW). Et, revenant ensuit*,
il nous a enseigné à ressusciter. Et «1 e^t
monté aux cieux ; il est assis à la droite dv
Dieu le Père lout-puissant, acconlant 1*^
dons célestes à ceux qui croient en lui. Et
son règne n'a point de Gn, sa joie ne véni
jamais, sa lumière ne s'éteint jamais. Il rè^ne
avec le Père et TEsprit-Saint, maintenant et
dans tous les siècles des siècles. »
Et la nourrice, nommée Narchia, enten-
dant ces paroles, crut immédiatement eu
Dieu. Et se rendant toutes deux à la prison,
avant donné de l'argent , elles entrèrent et
elles entendirent la parole de Dieu que prê-
chait l'apôtre, et qui se réjouit grandement
de la foi de Mygdonia, par«:e qu'elle fulcau^e
que beaucoup d'autres se convertirent à\i
Seigneur. Et comiue elles demandaient ].*
bapiéme, Tapôirc dit à Mygdonia : « Va à ta
maison, et prépare les choses qui sont nêce>-
saires, et j'irai vous baptiser. » Les feœints
se retirèrent; le bienheureux apôtre se ren-
dit ensuite à la maison de Mygdonia, et !d
baptisa avec sa nourrice et beaucoup d*<ia-
tres. Et il revint dans la prison, et la porte
en fut fermée
CHAPITRE XII.
Et comme Charisius était fort affligé de !a
conversion de sa femme, le roi lui envoya
son épouse avec son fils Zuran, afin qu'eli*
s'entretint avec Mygdonia, sa parente, et
qu'elle l'engageât à renoncer au genre oe
vie qu'elle avait embrassé, et à se réunir k
son mari. Et, étant entrée dans la maison oe
Mygdonia, elle lui dit: « Pourquoi» ma trt-î^
chère sœur, t'é^ares-tu k la suite d'un n.a-
gicien qui prêche h notre patrie uo Dteu
nouveau? Renonce à ces opinions funoîi*.
et livre-toi à la joie dans la maison avec '.v
mari auquel tes parents t'ont confiée, et n'<-
Si tu participes à nos combat» contre Ira ôtmo^^
et le monde , ui auras aussi part à notre mos-
pensc.
(1047) Cetie idée se retrouve daos lEiae^V
apocryphe de Nicodèmc.
1001
tHO
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS
TIIO
lOCt
bandonne pas les dicut de notre pa/s» de
peur qu'ils ne s*irrit<nt contre toi. i»
El Mygdonia répondit : «J'ai erréJuscfU^à
présent en suivant de vaines idoles qui ne
(Meuvent ni parler, ni se mouvoir, ni' rien
faire; j'ignorais la parole du Dieu qui a fait
le ciel et la terre, et toutes les choses qu*ils
renferment : les métaux, les bois et les pier-
res avec lesquels on fabrique ou on fond ces
idoles, sont l'œuvre *de sa parole, et nous
sommes ses créatures. Il n'est donc pas juste^
ma très-chère sœur, que nous abandonnions
le Créateur pour adorer la créature qui nous
a été donnée pour nous servir. » Mygdonia
ayant ainsi parlé, Zuzanès, le fils du roi,
dit : « Et qui a créé toutes choses, si ce n'est
nos dieux? carJupiier possède le ciel, Junon
gouverne les airs, Neptune règne sur les
mers, Platon juge les enfers, Phœbus illumine
le jour et Bérecynthie (iOi8-49) la nuit, »
Et Mygdonia lui rép^mdit en souriant: «Mon
très-cher enfant, tous les êtres que tu nom-
mes sont condamnés dans Tcnfer, parce qu'ils
n'ont pas connu le Dieu vivant : car, si tu
recours aux anciennes fables, tu verras qu'ils
étaient livrés à l'impureté, et qu'ils ont com-
mis les méfaits que les juges poursuivent et
punissent aujourd'hui chez les méchants. Us
sont morts et ils ne vivent pas; mais notre
Dieu demeure dans les siècles éternels,
et celai qui croira en lui sera transporté
de cette mort passagère dans la .vie éter-
nelle. »
Et Mygdonia lui ayant dit ces choses et
d'aatres semblables, la femme du roi fut
touchée en son cœur , et elle dit à son fils :
« C*est avec raison que noire sœur a quitté
sou mari et les richesses terrestres, afin
d'obtenir la vie éternelle. Plût à Dieu que
nous vissions cet homme qui nous ferait con-
naître la vérité. % Et Mygdonia , pleine de
joie, alta à l'apôtre et lui raconta tout ce qui
s'était passé. Et il en eut une grande allé-
gresse, et, prêchant constamment la parole
<ia Seigneur , il les bénit en leur imposant
les mains, et leur dit de se retirer. Mais la
femme du roi ne retourna plus à son mari,
et son fils ne révéla rien à son père de ce
c|u*il avait appris.
CHAPITRE XIII.
Lorsque le roi Mesdeus sut que sa femme
ri son fils avaient été convertis par l'apôtre,
il fut rempli de colère, et il ordonna qu'on
les amenât devant lui. Et comme il ne put
leur persuader de renoncer la vraie foi , il
commanda d'enfermer sa femme dans une
prison obscure, et de mettre son fils dans le
même cachot que l'apôtre. Et Charisius fit
de même enfermer sa femme avec la nour-
jice Narchia dans une prison obscure. Et le
roi ordonna aussitôt qu'on amenât devant
lui Thomas, les mains liées derrière le dos,
et il lui dit : « Qu'est- ce que c'est donc que
ton Dieu, qui, par ton entremise, sépare de
•
(1048 49) Surnom de Cybèlts dîviiiilé phrygienne,
Inqnelle et»»' dam le piiticipela persoun'Ucalion de
la Inné.
DlTTIO?!!!. DBS ApOGRTPBKS. II.
nous nos épouses? » El Thomas répondit^
« Tu es roi, et tu ne veut pas que rien soit
impur chez ceux qui te servent. Si toi, qui
n*es qu'un homme, tu veux avoir des esda-
ves des deux sexes exempts de souillure,
combien^ h plus forte raison, dois-tu croire
que Dieu exige des serviteurs très-chastes et
très-purs? Si je prêche que Dieu aime chez
ses serviteurs et chez ses servantes ce que
tu aimes chez tes serviteurs et chez tes »er*
vantes, en quoi suis-je coupable?!»
Alors le roi dit : « J*ai permis à ma femme
de sauver sa parente Mvgdonia de Tablme
où elle tombait, ei tu l^ds fait tomber dans
le mèmeabtme. » L'apôtre répondit : a II n*y
a d'autre abtme que de s'éloigner de la chas-
teté et de se livrer è Pimpureté. Celai qui
s'arrache à Tin pureté et qui embrasse .a
chasteté, sort de l'abtmo pour parvenir au
salut, et il quitte les ténèbres pour entrer
dans la lumière. » Et le roi Mesdeus dit :
« Puisque tu as sé|iaré de nous l'esprit de
notre compagne, fais qu'un nouveau chan»
gement s'opère, et que, revenant vers nous,
ces épouses soient comme elles étaient au-
paravant. »
Et l'apôtre dit : ^ L'ordre du roî est erro*
né. » Et le roi dit : « Quelle est donc mon
erreur? » Et le bienheureux Thomas répon^
dit : « J*ai construit une tour élevée, et tu
médis, à moi qui Tai élevée^ de la détruire;
j^ai creusé profondément dans la terre et
j'ai fait sortir une fontaine du gouffre, et tu
me dis de le combler 1 Je leur dirai plutôt
ces paroles de mon Dieu : « Celui qui aime
son fière, ou sa mère, ou ses enfants, ou sa
femme plus que Dieu, n'est pas digne de
Dieu (1Ô50). 9 Tu es un roi temporel , et si
ta volonté ne s'exécute pas, tu infliges des
punitions temporelles. Mais Dieu est le roi
éternel, et si sa volonté est méprisée, il
châtie éternellement. Après que tu as tué le
corps, tu ne peux tuer.Tflme (1051); mais
le vrai Dieu peut j^ter Tâme et le corps dans
le feu éternel. • Et Charisius, qui se tenait
auprès du loi, dit: « Si tu diffères davan-
tage de faire périr ce magicien, il noua fera
aussi tomber dans le précipice. *
CHAPITRE XIV,
Alors le rd, rempli de fureur, ordonna
9u^on chauffât des baguettes de fer et il or-
onna qu'on déchaussât Papôlre afind*app'i-
quer sur ses pieds nus ces lers rougis au feu.
Mais avant que ce supplice n*eût pu être
infligé à l'apôtre, de reau jaillit et elle
éteignit lefeu. Et l'apôtre dit au roi : « Ce n'est
pas pour moi que ce miracle s'opère, mais
pour toi, atin que tu croies. Le Seigneur
peut me donner .a patience nécessaire pour
que je ne redoute pas tes feux. » Alors Cha-
risius se tournant vers le roi, dit :« Ordonne
qu'on le jette dans la cuve des eaux bouil-
lantes des bains. » Et le roi en a^ant donné
l'ordre, l'eau ne put, non-seulement devenir
(lanO) II11I//1.X, 37.
(1051) Mauh. X, 38. ^ ,
32 *
1003
DICTIONNAIRE DES APOCRYPUDS.
\ \
bouillante, mais même acquérir le moindre
degré de chaleur, et Tapôlre en sortit sain
et sauf le lendemain.
EtCbarisius dileiicore au roi : «Fais qu'il
«acritie au dieu soleil et qu'il encoure la
' rolërede son dieu qui le déliYre des maux
auxquels on l'expose. » £t Thomas étant
pressé d'entrer dans le temple et d*oBrir un
sacrifice à l'image du soleil, se mit à rire en
f)réseuce du roi et dit : ^O roi, dis-moi, qui
est-ce qui l'emporte de ta personne ou do
ton image? Je ne doute pas que tu ne sois
bien supérieur à ton portrait. Et comment
pourrez- vous abandonner votre Dieu et
rendre un culte à son portrait ? »
La statue du soleil était en or, et elle avait
tievant elle quatre chevaux d*or, les rênes
abattues, comme s'ils se dirigeaient d'un
"élan rapide vers les cieux. Et Tapôtre dit au
Toi, lorsqu'on voulait le conlr«»indre h adorer
la statue : « Tu te trompes, ô roi, si tu penses
coiiime l'a dit Charisius, que mon Dieu s*ir-
riterait contre moi, si j'adorais ton Dieu. Je
veux que tu saches que c*cst contre ton Dieu
qu'il se courroucera, et il le renversern
aussitôt queje l'en supplierai.»— «Est-ce que
ton Dieu que les Juifs ont crucifié, peut
renverser le soleil, ce dieu invincible? •
L'apôlre répondit : « Veux-tu (éprouver si
rcla peul se faire?» El Charisius dit: « Il
cherche des prétextes pour ne pas adorer le
soleil et pour ne pas luioiïrir de sacrifice ! >»
Et l'apôtre repartit : « Si mon Dieu ne le
renverse pas, je lui offrirai un sacrifice. »
Et quand le roi et Charisius y eurent con-
senti, ils le conduisirent dans le temple,
accompagné d'un grand cortège, ainsi qu'il
^tait d usage.
CHAPITRE XV.
ï)t des jeunes filles les suivaient en jouant
de la lyre; d'autres jouaient de la flûte,
d'autres du tambour, d'autres portaient des
-vases pour les sacrifices ou des encensoirs.
Et lorsqu'ils furent entrés dans le temple,
l*apôtredit à l'idole : « Je t'adresse la parole,
h toi, ô démon aui habites dans cette image,
qui donnesdes réponses aux hommes insensés
et trompés qui te rendent un culte ; je t'ad-
jure, au nom de Jésus-Christ, mon Seigneur,
que les Juifs ont crucifié, de sortir de cette
statue et de le tenir debout devant moi, afin
qu'on te voie, et je te commande de faire ce
que je t'aurai commandé. i> Et le démon,
étant sorti delà slatue,se tint devant l'apôtre
qui seul pouvait le voir et qui lui dit :
u J'adore (fecŒur mon Seigneur Jésus-Christ;
lorsque j'aurai fléchi mes genoux en terre et
quejet'auraidild'adorer cotte idole, je prierai
inon^eigneiîr afin qu'il envoie son ange qui
h* reléguera et t'cnfcruiera dans l'abimo. »
£t le démon répondit : «r Je te prie, apôtre
(le Dieu, de ne pas me reléguer dans l'abime.
Accorde-moi seulement cette faveur et je
tuerai tous ces gens qui sont ici. »
L'apôtre lui dit alors : « Je l'enjoins, au
nom do Jésus-Christ mon Seigneur, de ne
nuire à aucun de ces hommes et de ne tou-
cher qu'à celte statue. Aussitôt que j'aurai
fléchi les genoux, brise-la. » Uapôtre parait
au démon en langue hébraïque, et perscore
ne savait ce qu'il disait, ni avec qui il s^n-
tretenait. Et se tournant vers le roi» il dit:
«Réfléchis, ô roi, h ce que lu penses; la dis
que cette idole est invincible et <]ue mon
Dieu est un homme qui a été crucifié t^ar ie>
Juifs; c'est pourquoi si ton dieu est le plus
puissant et si je ne peux le briser par riavo-
cation du nom de mon^Dieu, non-seulen.eni
j'adorerai le démon qui se cache en lui, roâia
encore je lui offrirai un sacrifice. Mais ^i
ton dieu est vaincu et brisé en petits :n<*r-
ceaux, il sera juste qu'au contraire, lu aban-
donnes l'erreur et que lu suives la vérité. »
Et le roi dit : « Oses-tu ro'adresserde sem-
blables propos? Situ continues, je le fins
déchirer les veines à moins que tu n'a ion ^
le soleil et que tu ne lui offres un 5acrifirc. •
L'apôtre répondit : «J'adore, maiseen'e^(
pas une idole. J'adore, niais ce n*eA pas du
métal. J'adore, mais ce n'est pas une vaii e
image. J'adore mon Seigneur Jésus-Chris!»
au nom duquel je t'enjoins, à (oi déui^n
caché dans cette statue, de briser la stjilue
et le métal, sans faire de mal à perscODo. ■
Et aussitôt l'idole fondit comme delà ciie
mise devant un grand feu et disparut. Ai«ri
tous les jtrôtres saisis de i-onsiernation. so
mirent à pousser de grands cris, et le m
s'enfuit vers Charisius. Le grand prêtre frai^-
pait l'apôtre, et une grande sédition s'élevi
parmi le peuple, mais la majeure partie on
peuple était avec l'apôtre. Et le roi Me^deus,
lort troublé, fil enfermer dans une prl^ofl
Tapôtre Thomas et son fllsZuzaDèsel pia-
sieurs autres.
CHAPITRE XVL
L'apôtre ne cess^iil dans sa prison decon*
firmer les fidèles, disant : < Crevez an Dieu
(lue je prêche, croyez è Jésus dont j'annoore
1 Evangile ; il aide ses servite< rs, Usoula^""
les travailleurs; mon Ame se réjouil en Ui
parce que j'ai accompli mon tea)ps ctqu'^
je m'approche de celui que j'ai désiré voir.
Sa beauté m'anime à dire qui il est, mats s.i
grandeur surpasse mon entendement ci
excède mon intelligence, do sorle que je no
puis comprendre et expliquer ce que j-
désire dire de lui. Mais toi. Seigneur, qui a^
coutume de remplir l'Ame indigente, a^^-
corde-moi ce qui me manque, et sois arer
moi jusqu'à ce que je vienne vers toi et que
je te voie. » Quand Zuzanès entenJit qu*
Thomas disait que le temps était accotnj/t
où il devait sortir de ce monde, il désira
qu'avantde mourir, l'apôtre guérit sa fomu
Manazura, qui était paralytique, et ii li-
supplia d'aller vers elle. Ayanl doncgagn»-'
lézarde et donné sa parole qu'ils refon-
draient, il sortit de prison avec I apôtre el lo
mena en sa demeure. Et il pria que lemi*
nislî^re de diacre lui fût accordé, el iNe-
manda h recevoir la bénédiction lévin\|ui\'
car il dit qu'il était résolu de servir Dieuel
qu'il en avait pris depuis longteinns la <J^;
termination en son esprit, mais au il sViail
marié à l'âge de vingt ans« pour ooétri m>ïï
iC05
THO
PART. lU.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
TIÎO
1006
père, el que depuis trois ans, il n^avait eu
d'elle aucun enfant et qu'il n'avait jamais
connu d'autre femme que son épouse, et que
depuis quelque temps, il s'abstenait d'avoir
commerce avec elle, parce gu'elïe s'appli-
quait h la chasteté rt qu'elle desirait entendre
les discours de Thomas, mais qu'elle ne
Kuvait Tenir à cause de ses infirmités. Si
pôtre voulait la guérir, elle s'empresserait
d'accourir auprès ae lui. Et Thomas lui ré-
pondit : « Si tu crois, tu verras les merveilles
du Dieu et comment il guérit ses serviteurs.»
CHAPITRE XV».
Et lanilis qu'ils parlaient ainsi, la femme
du roi» qui se nommait Treplia, etMvgdonia,
la femme de Cbarisius qui était l'ami dti
roi, et Narcbia, la nourrice, ayant donné
trois cent soixante pièces d'argent, furent
introduites par !e garde auprès de l'apôtre.
El elles trouvèrent Siforat, commandant de
la garde du roi, el Zuzanès, et Sifore, sa
femme et sa fille, et d'autres personnes at-
tentives aui paroles de l'Evangile. Et quand
les trois femmes furent en présence do
Thomas, il les interrogea, leur demandant
arec la permission de qui elles étaient ei-
trées ou qui leur avait ouvert la prison, et
cominent elles étaient sorties du lieu où
elles avaient été enfermées.
Et Treptia répondit : « N'es-tu pas celui
qui nous a ouvert In porte et qui nous a dit :
«Sortez et allez à la prison aOn que nous
recevions les frères qui y sont, etleS.eigneur
fera éclater sa gloire en nous ?» Et lorsque
nous nous sommes approchées de la porte,
subitement tu as disparu à nos yeux, mais
le bruit qu'a fait la porte nous a montn'^que
tu étais entré. Et nous avons ensuite obtenu
du geôlier, auquel nous avons fait un pré-
sent, qu'il nous laissât entrer auprès de toi,
voulant te demander de faire quelque con-
cession qui puisse apaiser la colère du roi. ^
Alors Thomas questionna Treptia, lui de-
mandant comment elle avait été enfermée
par son mari, cl quel avait été le motif de
sacolère, puisqu'il n'épargnait pas sa propre
épouse. Kt elle répondit: «Tu me demandes
comment j'ai ée enfermée lorsque tu ne
m'as jamais quittée, mais que tu t'es absenté
pendant une heure seulement. Je m'étonne
que lu ne saches pas comment j'ai été enftr-
roée. Mais si tu veux l'apprendre, écoule-
moi. Le roi Mesdeus a envoyé vers moi el a
ordonné qu'on me conduisit auprès de lui,
et il m'a dit : « Esl-ce que ce magicien a
acquis sur loi nne puissance entière? r.nr
Tai appris ce qu'il accomplit aver. de l'huile
(1052), du pain et de Teau magiqui^ Et
(f052) Ceci a trait au b.iptéme administré avec
Phuile, au pain eucharistique ei h Teau. Tui-ibe,
ëvéque d*Asilorga , s'exprime ainsi dans sa IcUre à
Idace et ï Ceponiiis : f lUud aulcm specialiter in
illtft Aaibus qui S. Thomas dicuntnr pras caeleris
notandum a;que exsecrandum est qaod dicil eum
non bapltzare per tquam, sicut habet Domiiiica prie-
dlcaiio aique iraditio, sed per oleum solum ; quod
quidem Priscillianislae non recipinut, sed Manichxi
Ccquuntur, quae tucresis eisdem libris utilur, et
comme il n'a pu venir auprès de toi avec ses
sortilèges, il n*a rien accompli sur toi. CVst
pourquoi exécute mes ordres, autrement tu
seras jetée en prison. » El comme je refusais
de lui obéir et que je disais qu'il pouvait
faire ce qu'il voulait, qu'il avait mon corps
en sa puissance, mais que je ne souffrirais
pas que mon ftme pértt avec lui, il donna
l'ordre ide m'enfermcrdansun cachot obscur.
Et il ordonna aussi d'enfermer Mygdonia
que son mari Charisius accusait, ainsi que
sa nourrice Narcbia. Mais tu nous as prouvé
Tavanlage do venir à loi, el c'est pourquoi
nous sommes prêles à obtenir de toi la
grâce de la bénédiction. ^
CHAPITRE XVIIK
EtTreptia ayant ainsi parlé, l'apôtre re-
connut aussitôt les bieniaits de Celui qui
prit la figure de l'espèce humaine, afin de
consoler Tes affligés et de soulager les peines
des malheureux. El il se mit h rendre grAces
au Seigneur Jésus, de ce qu'il fortifiait les
malades, de ce qu'il raffermissait les conva-
lescents et de ce qu'il donnait l'espérance à
tous ceux qui étaient livn^s ï l'inquiétude,
El tandis que les captifs s'entretenaient
ainsi dans la prison, les gardes vinrent,
disant qu'ils devaient élein^ire les lumières,
afin que personne ne pât aller instruire le
roi qu'ils ét.'tient ensemble et (ju'ils confé-
raient ainsi. Les lumières étant donc
éteintes, les gardes se placèrent à leur poste.
El l'apôtre Thomas, voyant que tout était
couvert parles ténèbres, se mit h demander
une lumière au Seigneur, disant: « Eclaire*
nous. Seigneur, car les enfants des ténèbres
nous ont donné pour séjour des endroits
ténébreux. Mais toi, Seigneur, daigne illu-
miner tes serviteurs avec ta lumière sainte,
avec cette lumière que nul homme ne peut
enlever et quenul homme ne peut éteindre.»
Aussitôt le jour parut, et toute la prison fut
dans la clarté. Les autres prisonniers qui
étaient détenus pour diverses causes veil-
laient. Et les serviteurs de Dieu n'avaient
pu dormir, parce que Jésus^ChrisUles exilait
et que Celui qui a dit :« Réveille-toi, toi qui
dors, et relève-toi d'entre les morts, et Jésus-
Christ t*éclairera (1053), » ne souffrait pas
que nous dormissions (105^). Et tandis qu ils
se livraient entre eux à divers entretiens,
Thomas dit è Zuzanès :« Va et prépare-nous
tout ce qu'il faut préparer pour le ministère. »
Et Zuzanès lui demandant comment il pour-
rait franchir les portes de la prison ou qui
les lut ouvrirait puisqu'elles étaient toutes
fermées et que les gardes se livraient au
sommeil, Thomas répondit : « Croisa Jésus-
eadi*m dogmala et bis détériora seciatur. »
(1055) Ephe*. V, 14.
(1054) Ici le narrateur t'exprime comme ayant
fait partie des Chrétiens renlermés avec Papôtri!.
C*est probablement une trace de récrit d'après Ifi*
quel le prétendu Abdias a travaîUé ei qui était donné
comme Tœuvre d'un témoin oculaire. On pourrait
aussi supposer une erreur de copiste et lire eoi au
lieu de no$.
1007
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
1001
Christ, et va e( la trouveras les portes ou*
vertes. » Et les autres le suivirent. Kt lors-
qu'ils eurent parcouru la moitié du chemint
Manazara, femme deZuzanès, le rencontra,
en allant elle-même è la prison et ayant re-
connu son mari, elle dit : « Zuzanès, mon
mari. ^ Et Payant reconnue, il lui demanda
comment elle se trouvait ainsi sur la voie
publique au milieu de la nuit, et comment
elle avait pu se lever, elle qui était jadis
dans Timpossibilité de le faire. El elle ré-
pondit : t Un esclave du Seii^neur (1055),
mettant sa main sur moi, m a guérie. Et
j*ai été avertie en songe de venir auprès de
cet étranger qui est détenu dans la prison.
Je m'empresse donc, afin que, suivant la
vision que j'ai eue en songe, je puisse rece-
voir une santé parfaite. » Et Zuzanès lui
demanda quel était cet esclave qui avait été
avec elle. Et Manazara répondit : « Ne le
vois-tu pas qui me tient par sa main droite
et qui me soutient? »
CHAPITRE XIX.
Tandis qu'ils parlaient ainsi, Thomas
8*a(procha d'eux, ainsi que Sifore, général
des armées du roi, et sa femme et sa fille,
et Treptia et Mygdonia et Narchia, qui se
rendaient également à la maison de Zuzanès.
El lorsque Mazanara eut vu l'apôtre, elle
l'adora, disant : « Tu es venu , toi qui es le
médecin qui me guérit de mes sounrances.
Je t'ai vu cette nuit, et tu me remettais à cet
esclave, aGn qu'il me conduisit près de toi h
la prison. Et tandis que tu aurais dû atten-
dre ma venue, cependant tu n'as pas voulu,
dans ion extrême bonté, me laisser souffrir
davantage, et tu es venu au-devant de moi. »
Et, avant dit ces mots, elle se retourna et
elle cuerchait l'esclave, mais il disparut sou-
dain à ses yeux, et il n'était plus visible. Et,
affligée de ce qu'elle avait perdu celui qui
la soutenait, elle dit : « Je ne peux marcher
seule, et l'esclave aue tu m'as confié ne se
montre plus. » Et rapôtre lui dit : « C'est
Jésus-Christ qui t*a accompagnée; il restera
ton guide et ton appui. » Et Manazara, cou-
rant au-devant d'eux, s'empressa de retour-
ner en sa maison; et quand TapOtre et les
autres v furent arrivés, la maison fut sou-
dain éclairée d'une grande lumière.
Kt Thomas se mit à prier et à dire : x Sei-
gneur, toi qui es l'aide des malades, l'es-
poir et la consolation des malheureux, le
port de ceux qui sont ballottés par la tem-
pête, la résurrection des morts et la rédemp-
tion des pécheurs; toi qui, à cause de nous,
as souffert les tourments de ta Passion ; toi
qui as pénétré dans les domiciles de la mort
et dans les enfers, pour que nous fussions
délivrés des vertiges de la mort; toi que les
princes de la mort ont vu venir avec sur-
prise et qu'ils n'ont pu retenir, mais qui,
au contraire, les as dépouillés de leur an-
cienne domination, et qu'ils ont vu , en gé-
missant , revenir charge de trophées (1056) ;
(iOS5) C'est-à-dire an anse.
(10561 C'est encore une alluiion aux idées qu*es-
Seigneur, Seigneur, c'est avec raison que
nous le glorifions, toi qui es venu dans uoe
substance paternelle et parfaite, afin qoe
nous ayons en nous les entrailles de ta mi-
séricorde (1057). Quiconque entre an nombre
de tes serviteurs est admis par toi è partager
tes biens; toi, qui as jeûné quarante joun
afin de remplir par une bénédiction perpé-
tuelle les âmes de ceux qui sont affamés,
sois, je t'en supplie, avec tes .serviteurs Zq*
zanès, etManazara,etTreptia; daigne les ad*
mettre dans ton troupeau, et les comprendre
au nombre de tes saints, et les assister dans
cette région où domine l'erreur. Sois le mé-
decin pour les malades qui souffrent dans
celte servitude du corps, suis le repcs din%
le travail , sois notre force dans les circons-
tances difficiles, sois le soutien de nos cœurs
et la vie de nos flmes, afin qu'ils soient les
temples de ta miséricorde et que l'Eipril-
Saint habite en elles, i»
CHAPITRE XX.
Et ayant achevé la bénédiction, Tapi^tra
reçut le sacrement et rendit grAces au Sei-
gneur, disant : « Que ton sacrement. Sei-
gneur Jésus, soit pour nous un principe ^d
vie, et qu'il serve à la rémission de nos pi-
chés de même que la Passion a été célébrée
pour nous. Tu as bu pour nous ce fiel, aGa
que toute l'aq^ertume de l'ennemi dageora
humain mourût en nous. Tu as bu aussi poor
nous du vinaigre, afin que noire fat'gue fût
fortifiée. Tu as été couvert de crachats pour
nous, afin de répandre sur nous la rosée cé-
leste. Tu as été frappé d*un roseau fragile,
afin de raffermir notre faiblesse pour la vie
perpétuelle et Téternité. Tu as été couronné
d'épines, afin de couronner d'un laurier tou-
jours vert ceux qui croiront en toi. Tu as
été enveloppé d'un linceul afin de nous re-
vêtir du vêlement de ta force. Tu as voulu
être mis dans un sépulcre neuf, afin de f'»r-
mer pour nous une nouvelle grâceetdes siè-
cles nouveaux. »
Et quand il eut achevé ces paroles, l'apûtra
donna TEucharistie à ceux que nous avons
nommés, et il dit : « Que cette Eucbari-tio
vous conduise à la vie et aux entrailles de
la miséricorde, et à la grAce du salut, et è la
santé de vos Ames. »Et tous ayant répondu
Amen,on entendit une voix qui disait aussi:
«Amen. »Et, en entendant cette voix,ilslom-
bèrent la face contre terre. Et une voix vint
derechef, disant : « Ne craignez point, mais
croyez. »
CHAPITRE XXI.
Et ils se disposèrent ensuite à retourner,
Thomas auprès de ses gardiens, Treptia.
Mygdonia et Narcbia dans leur prison. Et
avant qu'elles ne sortissent, l'apOire leur
parla, clisant : t Ecoutez ma dernière prédi-
cation, car je ne serai pas longtemps en
celte chair; je vais vers le Seigneur Jésos,
vers celui qui m'a ranheté, vers celui qm
prime le paeudo-ëvangile d^* Nicouene, c. xxi.
(1057) Lue. I, 7a.
100»
TRÛ
PART, lir.- LEGENDES ET FRAGMENTS.
TUO
lOlO
8*est humilié jusqu'au dernier degré afin
qu*il élevât tous les hommes du fond de la
bassesse (1058). S'il m'a appelé, moi indigne,
aux fonctions du ministère sacré, je puis, à
bien plus forte raison, espérer de lui une
réconipense après TaToir servi dans la vé-
rité. Le Seigneur est bon et juste; il sait
accorder ses récompenses selon les mérites
de chacun. Il est riche en ses présents, gé-
néreux en ses grftces; il n*est jamais parci-
monieux en ses bienfaits. Il a daigné accor-
der de grandes faveurs à moi, pauvre et in-
firme serviteur, et il m*a traité bien au delà
de mes mérites. Ses miracles doivent vous
provoquer à louer leur Auteur. Ce n'était
point par ma propre vertu que j'accomplis-
sais des merveilles; j'obtenais au nom de
mon Seiçneur Jésus, je ne commandais
pas (1059). Je ne suis pas le Christ, je ne
suis qu'un serviteur du Christ; je ne suis
pas l'arbitre, mais le ministre de celui qui
m'envoie. Et c'est pourquoi, ma course
étant achevée, je vous donne ces avis afin
que votre foi ne diminue pas lorsque vous
verrez les hommes exercer sur moi leur
puissance et que je serai livré aux supplices ;
car j'accomplis la volonté de Dieu, et il est
juste que je veuille ce que Dieu ordonne.
Car s*if a reçn la mort pour nous, combien
ne devons-nous pas être rassurés contre la
mort de ce corps dans la vue de la volonté
de Dieu? La mort n'est pas la destruction do
notre être; ce n'est que la décomposition de
notre corps. C'est pourcfuoi je ne demande
pas que ma mort soit différée. Croyez que je
pourni la différer si je voulais; mais je de-
mande plutôt à être uélivré de ce corps, et à
aller voir le Seigneur miséricordieux, qui
m'accordera la récompense la plus généreuse
en retour des travaux que j'ai accomplis et
des fatigues que j'ai souffertes. »
CHAPITRE XXIL
L*apÔtre ayant ainsi parlé, tous retour-
nèrent dans la prison ténébreuse, et Thomas,
revenu dans son cdchot, dit : « Seigneur
Jésus, qui as beaucoup souffert pour nous,
que ces portes se ferment comme elles Té-
taient auparavant, et que les sceaux soient
rétablis sur elles. » Et l'aiiôtre retourna à la
prison; et les femmes ne pouvaient s'empê-
cher de verser des larmes, parce qu'elles sa-
vaient que le roi Mesdeus ne manquerait pas
de le faire périr. Et l'apôtre étant venu,
trouva les sardes qui discutaient entre eux,
disant : a Hélas! comment sommes- nous
tombés sur ce magicien? Voici qu'il a ou-
vert, par ses enchantements, les portes de la
prison, et il a voulu emmener avec lui tous
les prisonniers. Il faut que nous nous em-
pressions d'annoncer au roi ce qui est sur-
venu pour sa femme et son fils, ainsi que pour
cet étranger. » Thomas les entendait dire et
gardait le silence. Et, au point du jour, ils
(I05S) Imitation de ce que dit saint Paul, EpUre
aux Philippknt, c. ii, 7-9.
.(1059) De même saini Pierre proclame (AcL m.
|3), que ce n*est point par sa propre puissance qu*ii
allèrent vers le roi . demandant que ce ma-
gicien fût éloigné deux, et qu'il ne tùi pas
renfermé ailleurs, parce qu'il forçait toutes
les clôtures par son art magique. Ils dirent
ensuite que les portes de la prison s'étaient
ouvertes, et que la femme du roi était entrée
avec d'autres personnes qui ne s'étaient pas
éloignées de Thomas. Et le roi, entendant
ces choses, demanda à voir les sceaux qu'il
avait appliqués sur la porte, et il les trouva
intacts. Et il dit aux gardes que ceux qui di-
saient que Treptia et Mygdonia étaient en-
trées dans la prison se trompaient, puisque
les sceaux n'avaient pas été brisés. Mais les
Sardes persistèrent à soutenir qu'ils avaient
it la vérité. Et Mesdeus, s'appuyant sur son
tribunal, ordonna d'amener l'apôtre, et lui
demanda s'il était un esclave ou un homme
libre.
Et Thomas répondit : « Je suis l'esclave du
seul Etre sur lequel tu n'as pas de puissance. »>
Et Mesdeus lui demandant dereciief pourquoi
il était venu en ce pays, l'apôtre dit que c'é-.
tait afin de sauver bien des hommes, et qu'il
devait en sortir par les mains de Mesdeus.
Alors le roi lui demanda quel était son met-
tre et quel était son nom et son pays. Et
Thomas répondit : a Mon mattre est ton
Dieu, le Seigneur du ciel et de la terre. Tu
ne peux entendre son nom, mais celui qui
lui a été donné en ce monde est Jésus-
Christ. )> Et le roi lui faisant des menaces
s'il ne lui obéissiiit pas et disant qu'il dé-
truirait tous ses maléfices et qu'il en purge-
rait toute l'Inde, Thomas lui dit : •( Ces ma-
léfices s'en iront avec moi, mais sache qu'ils,
ne feront {)as défaut (1060). »
-Et le roi pensait comment il ferait mou-
rir Thomas. Il craignait le peuple, parce-
que beaucoup parmi les plus distingués ad-
miraient les œuvres de l'apôtre et croyaient
en Jésus.
CHAPITRE XXIII.
Le roi pensant donc qu'il fallait agir avec
ruse à regard de Thomas, fit entourer la
ville d'hommes armés et ensortit, emmenant
Thomas; et le peuple pensait qu'il en sor-
tait afin que Thomas lui fit voir quelques-
unes de ses œuvres, et on crovait que le roi
voulait apprendre quelque chose de l'apô-
tre. Mais, quand le roi l'ut à la moitié d un
mille environ de la ville, il laissa Thomas h,
Suatre soldats, leur adjoignant un homme
minent en dignité, et il leur ordonna de
conduire l'apôtre sur une montagne qui était
près de là et de le frapper du glaive. Et le
roi, ayant donné ces ordres revint à la ville.
Le peuple informé de cec]ui se passait suivait
Thomas, voulant le délivrer. Mais les sol-
dats tenaient l'apôtre, deux à la droite et
deux à la gauche, et leur chef marchait aussi,
le tenant par la main. Et Tapôtre disait que
de grands et divins miracles se révéleraient
accomplit des miracles.
(1060) Passage obscur et corrompu dans le texte*
latin.
mi
mCTIONNAmE DES APOCRTPIIES.
i:!î
h foccasion de sa mort» et il disa't qu*i|
était conduit par quatre soldats, parce quMl
était formé des quatre éléments, lesquels
possédaient les quatre principes de la créa-
tion, et étant venu au lieu de son supplice,
il exhorta ses compagnons à conserver leur
foi dans le Seigneur Jésus et à Tadorer, et
il pria Zuzanès de donner une récompense
aux gardes afin qu*ils lui laissassent lo temps
de prier. Et cette permission lui étant don-
née, il commença h rendre grâces de ce •4u*il
avait élé en ce monde gouverné par Jésus-
Christ et de ce qu'il était appelé par le
Sauveur. Et il dit que Jésus-Christ était le
protecteur dans le danger, le consolateur
dans les chagrins, Tappui dans les fatigues,
et la récompense de celui qui l'avait servi
en ce monde.
CHAPITIIE XXIV.
Et Thomas dit ensuite : « Seigneur, tu
m*as annoncé que j*é(ais à toi, c*est pour-
quoi je n*ai point pris d'épouse aGn de me
consacrer tout è (oi» et de crainte que le
commerce conjugal ne diminuât la grâce de
ton temple ou ne diminuât mon application
vers toi. Tu as éloigné mon esprit de la cu-
pidité pour les richesses du siècle, en mo
donnant des biens célestes et en m'ensei-
gnaot qu'il y avait dans l'opulence des cm*
Barras et non des avantages. Et tu m'as con-
duit à me contenter ici de la pauvreté et à
rechercher la possession inépuisahie des
richesses divines et les trésors cachés en
Jésus-Christ (1061 )« afin que satisfait de les
biens je n'en désirasse (^as d'autres. Je
suis donc devenu pauvre, indigent, pèlerin
et esclave, souffrant la prison, les jeûnes,, la
faim et la soif, supportant les fatigues et le
travail (1062), afm que dans ma conGance de
ne pas périr, mon espoir ne fût pas confondu.
Jette donc tes yeux sur moi, Seij^neur, car
je n'ai pas caché ton argent, mais je l'ai posé
sur la table et je l'ai partagé parmi les ban-
quiers (1063). Appeléa ta table, j'y suis vnu
<?t jene me suis pas excusé sur la nécessité
(iOGI) Col. Il, 5.
(10(52) Sailli Paul s'cipriine de la même ma-
filèrc. (Il Cor, vi, i, 5.)
(1065) Maith. xsv. 27.
(f06i) Luc. viv, 48.
(1063) Luc. XIV, 19, 20.
(1066) Matth, xsir, 10; Apoc. m, 18.
(1067) Uatth. XXV, à.
(1068) Ce passage et le suivant paraissent faire
allusion à des circonstanc«'s racontées dans des
écrits apocryphes aujourd'hui perdus; peul-éire y
Bura-t-il dans ces paroles une allusion à la parabole
du bon Saroaiilain. Luc, x, 50 seq.
(10G9) La nuit était partagée chez les Juifs en
trois parties, chez les Grecs et chez les Romains e*i
((uatre. (Vop. les Commentateurs sur VEvaiigite de
$aint Manhteu, xiv, 25.
(1070) C/estrà-dire, c je n'ai eu aucune indulgence
p.»ur mon corps, i
(1071) Le sens de ceci est ; j** n'ai pas voulu que
pion &me fût soumise à mon corps.
(1072) Les démons, les esprits malins.
(a) Pline {llitt, nat., I. ii, c. 96) mentionne Gala-
ftiine parmi les Iles toujours ilottanteK. c In Lydia,
ÎQiulse qu» vocaniur Calaminac, non vciitis solum
d*aller voir ma terre (106i), et Je n*ai pi
préféré à Thonneur d'être à ton f« stin le
besoin d*éprouver des couples de b(Bufs ou
la nécessité de me marier (1065). J*ai éié in-
vité h des noces« et j*ai revélo dos tète-
ments blancs (lOGG); irttendaDt que le Sei-
gneur revint des noces je n*ai point négligé
de m» munir d*^huile (1(J67); j*ai ganlé loute
la nuitma maison, et je n*ai pas été dépouillé
par des voleurs (1068); j*ai entouré mes
pieds de chaussures aCn que les traces de
mes pas ne fussent pas décourertes.
« J*ai observé la première, la seconde et îa
troisième veille afin de voir ton vhage et
de contempler ta spb ndeur lorsque la nuit
a fini son cours (1069). Je n*ai pas ren«ia
la vie è mon corps mort (1070) et je ne
Tdi pus soutenu dans sa défaillance, mais
je Tai pluldi châtié, après que tu me Teus
remis lié Et j*ai tué mon cap if, afin de
ne pas lier celui que j'avais reçu libre (1071).
J*ai souffert l'opprobre sur la terre afin
d'espérer la récompense dans le ciel. Ain5i,
si j'ai servi avec fidélité, secours-moi. Sei-
gneur Jésus, afin que les voleurs (1072) ne'
me surprennent pas et qu'ils ne jettent pas
leurs filets sur moi. Que ta gloire enve-
loppe ton serviteur, afin que les puissances
ennemies n^osent pas attaquer celui qui
s'appuiera sur une telle grâce Est-ce que
je leur ai obéi lorsqu'elles voulaient m'in-
terdire le passage? Elles accourent au devaut
de ceux qui sont à elles» et ne les laissent
pas avancer d'avantage. Sois donc avec moi,
Seigneur, pour que je quitte ce monde en
paix et avec ta grâce. Dirige ton serviteur
dans la vérité, dirige ma route vers ton
sié^e, et que le diable ne puisse rien coolr<*
naoi. Que ses yeux soient aveuglés par la
lumière. Que sa bouche se taise et qu'il
ne trouve rien en moi qu'il puisse U:re
être diè;ne de ses œuvres. »
Ayant ainsi parlé, l'apôlre dit aux soldais:
«(Venez et accomplissez l'ordre de celui qui
vous a envoyé. » Et quatre soldais apfTo-
chant le percèrent de leurs lances (1073)
(1073) Saint Ilippolytc de Tlièbes dit qne saii.t
Thomas fut percé d'une lance dans les quatre par-
tics de son corps. On lit également dans Nicolas <i0
f :)phlagonic, dans le Méiiologe (6 0€tol>re) publié
|rir Ughelli (îialia tncra, t. VI, p. 1095) dao« 1«
Synaxairc des Grecs, dans le Martyrologe romain,
cic., que Tapôtre fut tué à coups de lance. Un an*
cwn écrit, q4ie f:ite Baronius (ad an. 17, n. 115).
dit qu'il fut crucilié et qu*un Brahni»ne l« frappa
d'une lance pendant <nril priait sur la croix ; oa
llagiologe maauscril {Voy. Florentinius, p. U6\
:nirii;e qu'il fut tué d'un coup d*épéo par legniMl
prêtre des idoles dans le temple du soleil.
Ni Abdia;, ni le Synaxaire des Grecs ne itom-
ment le lieu où saint Thomas souffrit le martur.
Orderic Vital dit qu'il fut mis à mort dans la t*I«
de Calamine sous le régne du roi N«^rfeiis. Gn>
go re Barhebncus, dans sa Chronifiuê $yriaqw, àA
que le corps du saiiil était dépoté à Gatantin'*
( Voy. Assemani, Biblioth. crient., i. III. p. ^} i
Cette ville est inconnue des géograpbes ei son eii**
tence parait douteuse (a). Un autre auteur sinaquf^
sed eliam conlis quo libeat Impul-ae, moltoniM
civium Mithrîdatico belle salas. »( Voy. Saan»i<«k
ExcrcH. plinianœ, p. 89.)
4013
THO
PART. III.— LEGENDES ET FIUGMEINTS.
ItiO
1014
et le bienheureux apôtre tomba, et il mou-
rut. Et les frères rensevelirent en versant
des larmes dans le sépulcre royal où des
rois avaient été ensevelis, après avoir revêtu
son corps d'étoffes précieuses et après Tavoir
eiul>aumé avec des aromates.
CHAPITRE XXV.
Et TapAtre apparut soudain à Sifore et à
Zuzanès qui refusaient d'aller è la ville et qui
étaient assis tout le jour auprès du sépul-
cre, et il leur dit : « Pourquoi étes-vous
assis et me gardez-vous ainsi? Je ne suis
plus ici; je suis monté au ciel et j*ai reçu
tout ce que j*espérais. Levez-vous donc, partez
d'ici, et bientôt je vous reverrai avec moi. »
Et quand ces choses se passaient auprès
de Tapôtre, la reine Treptia et Mygdonin,
amenées par Charisius et Mesdeus s'affli-
geaient, mais elles résistaient h leur vo-
jonté. Et Tapôtre se montia à elles et dit :
« Ne vous ésarez pas, pnrce que le Seigneur
Jésus vous oonnera bientôt son assistance, y
Fa Mesdeus et Charisius, ne pouvant vain-
cre la résolution de leurs épouses, les aban-
donnèrent à leur propre volonté. £t les
frères se rassemblaient avec beaucoup do
consolation et de joie. Et Sifore était prêtre
et Zazanes diacre, et ils avaient été or-
donnés par le saint apôtre lorsqu'il monta
sur la montagne où ils devaient mourir,
et ils jouissaient de Tassistance fréquente
du Seigneur, et les progrès de la foi aug-
mentaient journellement. Ht le Seigneur
leur ajouta celte grâce, que le fils de Mls-
deus ayant été saisi du démon et personne
ne pouvant s^e rencontrer qui le guérit,
son père eut une inspiration divine et dit :
« J'irai et j'ouvrirai les(5pulere, et prenant
les os du corps de l'apôtre je les suspen-
drai au corps de mon Qls, et il sera guéri, v
Et Mesdeus» suivant sa pensée, se rendit
sur la montagne, et Thomas se révéla à lui»
(lisant : « Tu n*as pas cru aux vivants et voilà
que tu ajoutes foi aux morts! Mais ne crains
pas, le Seigneur Jésus aura pitié de toi, et
par suite de sa bonté, il te montrera les
entrailles de sa miséricorde.»
Et Mesdeus, ayant fait ouvrir le sépulcre,
ne put pas trouver les os, parce que des frères
avaient déjà enlevé h»s saintes reliques et
les avaient ensevelies dans l'église d'Edesse.
Et le roi emporta tout ce qu'il put tnuver
de terre et de débris sur lequel avaient
reposé les os de l'apôtre, et il l'appli lua à
son Gis, et il dit : « Je crois en toi, Jésus-
Chrisl, parce que celui qui trouble Tintelli-
gence àes honimes s'est éloigné de moi. »
Et l'enfant fut guéri sur l'heure (107i^), et
il y eut une grande joie parmi les frères à
cause de la conversion du roi Mesdeus vers
le Roi céleste Jésus-Christ, à qui reviennent
l'honneur et la gloire dans les siècles des
siècles. Amen.
Jacques de Voragine a pris la narration
d'Abdias pour base du récit qu'il fait de
la vie de saint Thomas, mais il a abrégé
récrit qui lui servait de guide. {Voy. Te
Dictionnaire des légendes du Christianisme^
Migne, 1855, col. 1177.)
La conversion de Migdnnia, la mort de
saint Thomas tué nar Vevesque des ydolles
dans rinde, forme le sujet du vu* livre des
Mystères des actes des apôtres, (Voy, le
Dictionnaire des Mystères^ Migne» 1855, col.
97.)
Jean-Baptiste Mantuan, dans ses Fasti sa*
cri ^ue nous avons déjà cités è plusieurs
reprises, s'est inspiré d'Abdias pour retracer
l'histoire de l'apôtre; offrons ici un échan*
tillon de sa poésie :
AiWenere locos ubi connabialta priiic*'ps
Fesia ceiebrabat, discis redotentia plenis
Amron, fils de Matthieu, avance que, d*aprè8 la
Iraditioa d«^s Nestoriens le sépulcre de Thomas
était dans Hle de Meilan.
Au milieu de ces obscurités, ce qu'on peut dire
avec le plus de vraisemblance» c*est que saint
Thomas prêcha b foi dans la Svrie et se rendit à
Edesse ou il avait envové devant lui Thaddée. C'est
f .? que rapporte la tradiiion constante des Syriens
i l des Glialdéens qol nomment comme apôtres par
cvcellence Tliomas ei Tbaddée ou Adée, et ses dis-
ciples Maris et Aghée. (Voy. Assemani, vol. III,
1. M, p. 3 et éuiv.) On comprend d'ailleurs que par
suite des guerres continuelles entre les Parthes et
les Romains, les écrivains ecclésiastiques des pre-
iMters siècles n'aient eu que des idées assez confuses
tur les progrés de la loi dans les régions au delà
Tiscei a fumabaiit - el crant communia vulgo :
Accubuere epulis. Casu cilharistria virgo
He! raico moJulans Inudem serinone Tonanti
Hic aderat : dulces ut sensit apostolus hymnes
I\it in exccs^ium mentis : subi^oque remansit
Atlonito similis converse in sidéra vuUn.
Ecce minislrorum quidam <'um forsitau illom
Deridere. dapes putat, et conlemnere festa ,
Sancta hominis stricto percussit tempera pugno.
Taie nefas Deus est ulius : nam solus aquatum
Du m petulans percussor abit, jejuna leonum
Venit lu ora ; icuent Llenim rura illa leones
Sicut nostra lupus, fera martia, dorcas et ursus,.
Nec morn louga fuit : servi canis ore cruen o
Attuhi ad mensas posuilq<ie sub ipsius ora
Priiicipis invente divulsam a corporc dekiram.
Hoc animadvertens princeps deprendit in ipso
Esse viro divini aliquid, Cliristoque recepto
Protinus ad sacrum venit cum conjuge fon'.cm ;
1 otaque paulatim fim^s diffusa per ilios
fiarbara gens confessa lidero, Cbristumque sec ta
[est.
de l'Euphrate. Halhenreusement la doctrine de^
l'Evangile que saint Thomas avait préchée Re-
tarda pas à se corrompre par suite du mélange des>
idées de la Perse et de l'Orient. Le gnoslique Bar-
de^ane dont nous avons déjà parlé avait vu. 1<* jour
à EJesse ou aux environs ; le roanichéisuie, c^ui prit,
l'aissance parmi les Perses, se répandit d»ns la
Syrie. ( Voy, la dissertation de SIm. de Vries, De
origine et progretsu religiouis Christianœ in veleri
Penarum regno, dans le Muséum haganum de Bai-
key, t. m. p. 288.) Abulpbarage affirme que Manèi
envoya plusieurs de ses disciples répandre ses.
erreurs dans l'InJe. [Hislor, tiynast., p. 8i.)
(1074) Fabricius met ici en note : c Eiiain ptist
mortem miracuUi edendo vivum se dempnsir.'isso»
Thomam ail Gaudentius Bnxianus« hom. 17. i
tMS>
DICTiœiN.Uft£ DES APOCRYPHES.
I0:r.
His Ua in ^thiopum siertli regione peraciis
Oceani sulcantar aquae, zephyroque secuodo
Persida lran»gressi, patriîs poiiutitur arenU
Qua fuerant niajçno slaluenda palalia sumptu,
Roge saluialo q^am primum Lucifer orlus
A qiia^slore Thomas conflala pecunia duduni
Krgo operis laiili subito numerau : subiiidc
Rex abiens lolum bellis escrcuit annum.
Inlerea sine re viduas, sine doie puellas
Mendicosque onnes cogens dispescuit aurom
Oinne Tliomas : relique domum consiruxit Olympo.
lies ubi cognovii fraudem, si dîcere.rraiideui
Fas» optts est s^nctum, subito conjecii In atri
Carcans antra vinini : sed mox revocatut ab orco
Yi supcrum régis fraier regalia narrât,
Tecta manu constructa Tliomae qu» vidil in astiis.
Pœniiuit facti regem, Chrisiumque professus,
JEre viruin«solvii; qui roox convcrsus ad ortutn
Solis : et ad terras quibiis est pcninsula n<ftnen
Aurea^^duQ) leraure» abigit, diini langnida sanat
(^orpoia.dum verbis Veoerem proscindit acerbîs,
0ucia pudicitix studio regina maritum
Odity et amplexus laïuit pertaesa jngalea.
Hoc œgra rex mente rerens, nudata coegît
Ferre super caadens Ihomioem ye«tigi;i forrom.
Sed gelidis gravis ardor aquis exslinguilur orto
Fonte, per Derl)osos salions qui murmurât agros.
Ductus et ad solis templum prodire copgît
^re larem». suaque in terram simuiarra re-
[pente
Siernere, et in^<»nti templum prostrare lumultu.
Divuro ignominiam confractaque tf m pla. dolentes,
Arma sacerdotes animis flagrant ibus, arma
Arma voc^iit. nudlsque Thomam mocronibus ur*
[geol»
Atque iia subverso roigravit in xthera sole.
11 ne faut pas confondre YHUtoire d*Ab-
dks avec ies AcUs de saint Thomas^ pro-
duction écriie sous Tinspiration du mani-
chéisme : ces Actes avaient cours chez les apo*
lactiques» secte gnostique, qui prétendait se
distinguer par une grande sévérité de mœurs ;
Us semblent composés pour recommander la*
cessalioa du mariage ou du moins la con-
tinence la plus absolue, La véritable prophé-
tie d» celte légende est Tapparilion de Jésus-
Christ qui vient engager deux jeunes époux
ài se conserver à la chasteté.
Elle nous est parvenue dans une rédac-
tion gricque qui a pour titre : OiptoSo»* wl
)€$ et martyre d« sQint Thomas Vap6tre,
Ces Actes ont été publiés en grec par Thilo,
& Leipzig, 1823, in-fr*. Ce savant les a fait
précéder d^une introduction de cent vinçt-
six pages, ob il s o>i'iC0pc surtout du pru.. t
qu'il avait (et quil n*a pu exécuter queo
partie) de donner une nouvelle édition du
Codex afocryphas Noti TestametUi de F«-
bricius. Le texte occupe les pages I ï 76;
les variantes sont placées au bas des pagfs.
Le reste du volume, p. 77 à 198 est con-
sacré à des notes assez longues sur plosieurs
des questions que soulève la lecture de ces
c^crits; nous avons indiqué succinctement
quelques-unes de ces annotations, qu'il nVn-
trait point dans notre plan de reprodnire.
Richard Simon, dans ses Observations neu-
veUes sur le texte et Us versions du Nouttmt
Testament f p. 7 et 8, avait parié de ces Acte5,
et plusieurs savants en avaient de même
fait «mention de leur c6té (Koy. Ittig., /^f
Patribus apostolieis^ p. 19; BeausotM*e, BUt.
du manickéismtf 1. 1, p. 416 ; Mosheim, Yer^
such einer KetzergeschichtSy p. \\h\ KIouker,
De apocryphis Nov. Test,^ p. 340; Nitzsih,
Theolog. studien^ fasc. 1, p. 6i, etc.)t (Mis
personne ne les avait publiés eo entier.
Le savant allemand a pris pour base de
son travail le manuscrit n* 331 de la Bi-
bliothèque impériale, fol. 313 et suiv. ; c'est
celui qui paratl offrir la rédaction la plus
ancienne; le texte est d'ailleurs écrit par
un copiste, peu instruit, et les fautes n j
sont pas rares. Thilo consulta de plus ki
manuscrits suivants : n* 1408, foi. 91 h 93;
la rédaction a été revue et ce qui a sembié
peu orthodoxe est corrigé, omis ou abrégé;
n'U&iybon lexte^ lequel, ^auf queUiuesdis*
cours qui ont été abrégés, peut ser\ir ui'\e^
ment à améliorer celui du n* 331 ; te aMt76
fburnit quelques détails qui manquent dans
les autres. C est ce manuscrit que (licbard
Simon consulta.
FautQ de t^mps, l'éditeur ne pulexaoïi-
ner les manuscrits de la Bibliotbèqtie im-
l^riale, 1485, 1510, 1514, 1540, 1551, 155^ A.
1556, qui renferment aussi ces Actes de saint
Thomas. Un manuscrit de la bîbliottièqae
fiodieyenne à Oxford donne aussi cette pro»
duclion ; Grabe avait le projet de la publier,
La version que vous plaçons ici a été
revue par un helléniste distingué qui a bien
voulu nous communiquer quelques obser*
valions; nous nous sommes empressé de
leur donner place.
VOYAGES ET MARTVaE DE SAINT THOMAS L'APOTRE,
En ce temps-là, tous tesapAlres étaient réu-
nis è Jérusalem, Simon, surnommé Pierre s
^ndré, son frère; Jacaues, fils de Zébédée;
lean, son frère; Philippe et Barthélémy;
Thomas cl Matthieu le rtiblicain; Jacques,
(ils d^Alpbéejt Simon le Cananéen; et Jude,
(1075) Le nom de Jude joint à celui de Thomas
no se trouve point dans les Evangiles ou dans les
Actes des «paires^ TliO*nas n*y est appelé que de ce
liom auquel e&t joint quelquefois celui de Oidynie.
(ioan. XI, 16; xs, 14.) Cusèbe, dans son llisioire
sççléêiaêtUfus, meiuioiine tout^rois Thomas comme
flls de Jacques } nous nous partageâmes (oo«
tt'S les rt^'gions de la terre, afin que chacun
de nous partit pour le pays que le sort lui
avait assigné, et allât dans la nation où ie
Seigneur renverrait. L*Inde écbot k Jude
Thomas (1075) , nommé aussi Didynae ; mais
s*appelant aussi Jude, mais e*est le seul é%en9^\
qu*on ait de celle assertion, et on a confecittré
qu il y avait une erreur dans le teste d Eusebe. On
se sait d'aiUeors rien de certain sur IVMÎfiiie de
saint Thomas, et c*est sans aaiorlié que les Cites
rapportent qu*il était fils d*an lM»«lan|er
1017
TQO
PART, ni.^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
TIIO
It^iS
îi De voulait point parlir, sous prétexte que
sa mauvaise santé I empêchait de voyager,
et que parlant la langue hébraïque, il ne
pourrait annoncer la vérité aux Indiens.
Alors le Seigneur lui apparut pendant la
nuit, et lui dit: «Ne crains rien, Thomas,
pars pour Tlnde , et annonces*y la parole,
car ma grâce sera avec toi. » Mais il refu-
sait encore, et disait: « Envoie-moi où tu
voudras , car je n*irai point dans Tlnde. >»
Il y avait alors à Jérusalem un certain Ab-
bane, récemment arrivé de Tlnde, d*où le roi
Gondaphorus Tavait envoyé pour lui acheter
et lui ramener un charpentier (1076). Le Sei-
gneur voyant cet homme se promener, vers
midi, sur le marché, lui dit : « Veux-tu ache-
ter un charpentier?» —«Oui,» répondit-H. —
« J'ai, » lui ait le Seigneur, « un esclave quiest
charpentier, et je veux le vendre. » En disant
ces mots, il lui montra de loin Thomas ; ils
fixèrent le prix à trois livres d'argent en lin-
got; l'acte de vente fut rédigé ainsi : « Moi ,
Jésus, fils de Joseph le charpentier, je re-
connais avoir vendu Jude, mon esclave, à
toi, Abba ne, envoyé du roi Gondaphorus. » Le
marché étant fait, le Seigneur prit Jude Tho-
mas, nommé aussi Didyme, et le conduisit
à Abbane le marchand (1077). Abbane lui dit:
« Cet homme est-il ton maître? » — «Oui, »
répondit Tapôtre, «il est mon maître. »—«< Je
t*ai acheté de lui , » dit Abbane. — L*ap6tre
garda le silence.
Mais le jour suivant, dès Taubo, il pria le
Seigneur humblement, et lui dit : « JMrai où
tu voudras. Seigneur Jésus ; quh ta volonté
soii faite. » Et il alla rejoindre Abbane, n'em-
portant que la somme pour laauelle il avait
été vendu ; car le Seigneur la lui avait don-
(1076) Nîcépliore dans son HUloire eccléiiastique^
|i, 40, dit gue le sort assigna à saint Thomas Plndc
c-t PËihiopie; a» lieu du roi Gondapliore il nomme
Siiiindaeus qni porte le nom de Sniidaeits dans les
Synaxairea des Grecs et des Syriens (du 6 octobre).
11 compte la Taprobane parmi les contrées de FO*
rient que visitèrent les disciples de Jésus-Chri.si ;
idée quUl a prise sans doute de la Topo^raphia
C/irisliofic de Cosmas Indicopleustcs, qui dit airiî
y a? ait des Chrétiens résidant à Taprobane. ( Yofj,
rouvrage de Cosmas, dans Montfaiicon, Cotlectio
nova Patrum €l scriplçrum GrçscoTum^ t, II, p. i78
et 337.)
Le pseudo-Abdias donne au roi qui reçut Tapétre
le nom persan de Saper (cli. 9 et 10), nom qui
n*esi point dans la relation grecque; Tbistoire des
Perses fait mention du roi Sapor, mais il régnait au
iu« siècle, de l*an 241 à Tan ili ; il fonda la ville de
Gandisapor, située au delà du Tigre et à peu de
distancfï de Suse.
(1077) Micétai dePaphlagoniedansson Encomium
5. Thcmm, publié par le P. CombcÛs dans son
Auctuatium norm. Grufe, Patr^ 0t6/tol/i., 1. 1, p. 367,
rapporte les mêmes circonstances, et le savant édi«
leur observe en note que dans les Menées des Grecs,
]3 conducteur de rapdire dans Tinde porte le nom
d*Âzan.
(1078) Les Actes grecs rapportent que Tapôiro
arriva i la ville d'Andropolis, OrJeric Vital rap-
pelle Andrinopolis ; on ne connaît point de cité qui
ait porté Tusou l*kutre de ces noms; ils «««ntsaus
dQuie une corruption d'AdriaiiopoH»» mais les villt*8
aio^i désignées parce qû*ellei aurent leur création
née, en disant: «Emporte cette somme et
ma bénédiction, partout où tu iras. » L'a-
pôtre trouva Abbane occupé à transporter
ses bagages dans le navire ; il Taida aussitôt.
Quand ils furent embarqués, Abbane inter-
rtigea Tnpôtce : <k Quel métier sais- tu? » lui
dit-il? « Avec le bois, >» dit Thomas, «je
fais des cbarrues, des jougs, des balances,
des navires, des m&ts et des roues ; avec la
pierre, des temples, des colonnes, et des
prétoires pour les rois. » Abbane lui dit :
« Nous avons précisément besoin d'un ou-
vrier comme toi. » Ils partirent alors, et»
poussas par un vent favorable, ils arrivèrent
promptement à Andropolis, ville royale. Us
débarquèrent et entrèrent dans la ville.
Tout è coup ils entendirent résonner au*
tour d'eux des flûtes, des orgues hydrauli-
ques et des trompettes. « Quelle fêle célè-
bre-t-on dans la ville (1078), » demanda Ta-
pôlre? Ceux quitétaient là, lui dirent : «Les
dieux t'ont conduit ici pour ton plaisir : le
roi marie sa fille unique, et tu vois les ré-
jouissances et les divertissements de la noce
Le roi a envoyé partout des hérauts pour
convier aux noces riches et pauvres, escla*
ves et hommes libres, étrangers et citoyens.
Si quelqu'un refuse et n'assiste pas aux no-
ces, il sera puni.)» Abbane, entendant cela,
dit à l'apôtre : « Allons-y donc, nous aulres,
de peur d'irriter le roi, nous surtout qui
sommes étrangers.»— «Allons, » dit Tapôlre.
Us descendirent dans une hôtellerie, s'y re-
posèrent quelque temps, et rejoignirent la
foule. L'apôtre, voyant beaucoup de person-
nes qui étaient à table, s'y mit aussi ; et tout
le monde avait les yeux Oxés sur lui, car on
reconnaissait qu'il était étranger, et qu'il
à Pentpereur Adrien, sont d*unc origine bien moins
ancienne que Tàge apostolique. D'ailleurs ta ira-
ditioii qui montre saint Thomas comme ayant porté
le flambeau de la fol en Orient est fort ancienne;
les Récognilions ciémemines (liv. ix, c. 29) sigti:i-
lent Tapôire comme ayant prêché chez les Parlli '& ;
Fortunatau vr siècle, dit que la Perse fut le théâ-
tre de SCS sn«'cès :
Bellica Persidis Thomœ subjecta vigori.
Saint Chrysosiome ( llom. in m apost. ) dit
que Thomas blanchit les Ethiopiens parlp biptémt*.
Btùyidiç Sià ^aitxh[ui'coç XeuxavUi toOç AtO(oi:xç. Il
est à croire que Tillustre patriarche de Constanti-
nople voulait seulement désigner des nations loin-
taines sans vo«I(»ir fixer précisément rEihiopie
comme ayant été visitée par saint Thomas. Asst^.
mani {Bibliolheca OrientalU^ t. 111, paru u, p. iSl
s'exprime en œs termes :
c Chrysostorous ipse cum iEthiopcs a Thoroa
dealbatos scribit, vel ^thiopîcum, hoc est nigrun\
colorem désignât, qui Indis i£thiopibus>tue eom-
mtinis est ; vel îu ea fuisse sententia dieendus es|
Thomas ^ibiopiam primum, seu Arabi^m fe^icero
(banc entm antiqui Indiani ^tbiopiamque dixere)
peragraverit, antequam ex Mefu>potamia et Chaldiei,
conjunctis cum Arabia regionibus in Parthiam,
Peisidem et Indiam proftci^>ceretllr. i Saint Gré-'
ffoire de Wazianze (oral. 25, ad Arianos), saint
Àmbroise(Éiiarra^ tu ptaL xlv, v. 10), saint Gré-
goire (m kvang. lib. i, bom. 17), Grégoire de Tours
(Ue gioria mariyrum^ lib. i, c. z3), et bien d*autres
auteurs rendent également témoignage aux travauj(
de taini Thomas dans VOtk»L
10 9
niCllONNÂlRE DES APOCRYPHES.
lOi)
arrv^u a un pays loinlaio. Abbane, en sa
q:ialtté d'homme libre, se mit h table dans
nn autre lieu. Les convives mangeaient et
buvaient, l*apôtre ne goûta à rien, aussi les
V isins lui disaient : « Pourquoi es-tu venu
ici, puisque tu ne mangesni nebois ? » — xJe
sais venu, h leur dit-il, n pour quelque chose
de plus important que le manger et le boire,
Cour accomplir la volonté du roi; car des
érauts ont procl.uiié ses ordres, et celui qui
lui aura désobéi, encourra sa ven^^eance. »
Quand ils eunnt mangé et bu, on apporti
des couronnes et des parfums: chacun en
prit, pour s'oindre le visage, la barbe et d*au-
très parties du corps. L*apôtre s'oignit le
haut de la (Ole, se mit des parfums sous les
narines, s*en versa dans 1rs oreilles, s'en
appliqua sur les dents et sur la poitrine ;
puis il se plaça sur le front une couronne
tressée de myrte et d'autres fleurs, et prit
dans sa main une lige de roseau. Une joueu-
se de flûte, tenant à la main son instrument,
allait auprès de tous les convives ; quand
elle fut arrivée vis-à-vis de l'apôtre, elle se
pencha vers lui, et joua pendant longtemps.
Cette femme était juive. L'apôtre avait les
yeux baissés vers la terre : tout à coup un
deséchansons étendit la main et lui donna
un soufflet. L'apôtre releva les yeux, et, re-
gardant celui qui l'avait frappé, il lui dit :
« Le Dieu que je sers te pardonnera dans
l'éternité cette injustice, mais en ce monde,
il fera éclater sa puissance, et je verrai cette
main, qui m'a frappé, déchirée par un
chien. »
Et aussitôt il se mit h chanter ce qui suit :
« La tille de la lumière , la Vierge, en qui
resplendit l'éclat et la magniQcence des rois ,
iirille d'une beauté sans tache ; ses vêtements
ressemblent aux fleurs du printemps; de
suaves parfums s'en exhalent; près d'elle
est assis le roi» nourrissant de son ambroi-
sie tous ceux qui viennent à lui; sur son
front repose la vérité; ses pieds, qui s'agi-
tent en cadence, marquent sa joie ; sa bouche
s'ouvre avec grâce; trente-deux personnes
chantent ses louanges; sa langue est comme
une tapisserie qui s'entr'ouvre devant ceux
qui entrent ; son cou est comme les degrés
que le Créateur du monde a façonnés; ses
deux mains montrent le chœur des âges
heureux, et ses doigts désignent les portes
de la ville; sa chambre lumineuse exhale
l'odeur du baume et des parfums, la douce
senteur de la myrrhe et du nard; le sol est
jonché de myrtes et de fleurs odoriférantes,
vi le lit est orné de roseaux. Les amis de
l'époux se tiennent autour de l'épouse; ils
soin au nombre de sept, et c'est elle qui les
a choisis; elle a aussi sept paranymphes qui
dansent devant elle; elle a douze serviteurs
(jui lui sont dévoués, et qui ont les yeux
(1070) L;i tradition relative à la morl de l*échan-
»oii est fort ancienne et devait être trés-répandne,
car 8 tint Augustin er a <'ait nientiou à trois reprises
seront assis à ce festin où les grands sont
appelés; ils seront de ce repas nupUal, fù
sont conviés ceux qui participent à la lio
éternelle; ils auront des vêtements rmaut
et des robes étincelanles; ils seront dans a
joie et l'allégresse; ils célébreront dans leurs
chants le Père de l'univers, dont la lumière
les inonde; la vue de ce maître lésa iliuini-
nés; ils se sont nourris de son nmbroi5ie
qui ne s'épuise jamais, ils ont bu d'un vin
oui n'éveille ni la soif, ni la concupiscente;
ils ont loué et chanté, a\ec l'esprit vivant,
le Père de la vérité et la Mère de la sa-
gesse. »
Quand il eut chanté, tous ceux qui étaieut
présents, le regardaient en silence; ils con*
templaient sa flgure qui s'éiait transformé'' ;
mais ils ne comprenaient |>oint ce qu'il
avait dit, car il était hébreu, et il avait |iarM
hébreu. Seule la joueuse de flûte avait tout
compris, car elle était de la mèmenation. Il 't
s'éloigna de Tapôlre et joua devant lesa>iln*s
convives; mais elle tournait à chaque ins-
tant lesyeux vers lui: careileraimaitcomme
un frère; d'ailleurs il surpassait en beauté
tous ceux qui éiaient là. Quand elle eut fiai
dejouer,elle s'assit devant lui, etie regarda
fixement; mais lui, ne regardait personne;
les yeux baissés vers la terre, il attendait le
moment de s'éloigner.
Cependant l'écnanson qui lui avait donoé
un soufflet descendit vers la fontaine, pour
y puiser de l'eau ; il y trouva un lion qui le
tua, le mit en pièces, et le laissa en cet
état (1079) ; aussitôt les chiens se dispulèreol
les membres sanglants, et un chien noir
ayant saisi la main droite, l'apporta vers ks
convives. A cette vue tous demeurèreot
stupéfaits, et regardèrent quel était celui
d'entre eux qui mau'iuait. Quand on eut re-
connu que cette main était celle de l'échan-
son qui avait frappé l'apôtre, la joueuse de
flûte brisa son instrument, en jeta les dé-
bris, et s'assit aux pieds de Thomas, en di-
sant : <i Cet homme est Dieu, ou envoyé de
Dieu ; car je lui ai entendu dire, en hébreu,
à réchanson:« Cette main qui m'a frappé, je
la verrai déchirée par les chiens I » Et vous
aussi; vous Tavez vue, et ce qu'il avait pn^
dit est arrivé. sQuelques convives crurent re
que disait la joueuse de flûte, les autres ne
la croyaient pas. Mais le roi ayant appris
cela, vint trouver l'apôtre, et lui dit:* Lève-
toi, et viens avec moi prier pour ma tille;
car c'est mon unique enfant, et je la marie
aujourd'hui. » Mais l'apôtre ne voulait p^s
le suivre, car le Seigneur ne lui avait pas
encore fait connaître sa volonté; le roi l'em-
mena, malgré lui, vers !a chambre nuptiale,
afin qu'il priât pour les époux. *
L'apôtre commença alors à prier en ces
termes : « Mon Seigneur et mon Dieu, toi le
compagnon de tes .serviteurs, le guide cl le
soutien de ceux qui croient en toi, le refuse
et le repos des opprimés, l'espoirdes paurres
diverses : Contra Adimanium, c. 17 ; Caiiira f fu«
tum^ lib. xxu, c. 7^; De iermom Domini im wtemu^
1 b. I, c. 20.
1091
TIIO
PART. UL— LEGENDES ET rRAGMËNlb.
TIIO
102i
et I& rançon des n^alfaeureux 9 le médecin
des Ames malades^ lesauveur de toute créa-
ture« toi qui donnes la vie h Tunivers et la
force aux Âmes, tu prévois Tavenir, afin de
faccomplir par nos mains; Seigneur, qui
dévoiles les mystères cachés, et mets au
jour les plus secrètes pensées; Seigneur,
qui as planté le bon arbre, dont les fruits
sont les bonnes œuvres; Seigneur, qui es
en toutes choses, qui circules dans tout l'u-
nivers, qui vis dans toutes les créatures, et
te révèles dans leurs actions; Jésus-Christ ,
Fils de miséricorde, Sauveur parfait, Christ,
Fils du Dieu vivant, puissance invincible,
(|iii renverses l'ennemi, voix qui le fais en-
tendre aux princes et poursuis leurs abus;
messager, qui as été envoyé du ciel, es des-
cendu jusqu*aux enfers, en as ouvert les
portes, en as retiré ceux qui depuis long-
temps é:aient renfermés dans ce séjour de
ti'nèbres , et leur as montré le chemin du
nel ; je le prie. Seigneur Jésus-Christ, je
l'invot|ue pour ces doux jeunes époux; ac-
corde-leur secours, aide et protection. »
Puis il leur imposa les mains, en leur di-
sant: a Le Seigneur sera avec vous, » et
8[»rès ces paroles, il se retira (1080).
Le roi |>ria les paranymphes de sortir de
la cliarubre nuptiale. Tout le monde s*étanl
retiré, et la chambre étant close, l'époux
souleva la tenlurc de la porte, aûn d'intro-
duire son épouse auprès de lui. El II vit le
Seignetir Jésus qui s'entretenait avec elle,
sous les traits de Judo Thomas l'apôtre, qui
venait de sortir après les avoir bénis. « N'es-
tu pas sorti tout à l'heure? o lui dit-il,
û Comment donc te Irouves-tu ici 7 » Lo
Seigneur lui répondit :« Je ne suis pas Tho-
mas, je suis son frère. » Il s'assit alors sur
le lit, leur ordonna de s'asseoir sur des siè-
ges, et il leur parla en ces termes : « Sou-
venez-vous, mes enfants, de ce que mon
frère vous a dit, et de la bénédiction qu'il
vous a donnée; sachez que si vous vous dé-
gagez de cette union grossière, vous devien-
drez des temples purs et saints; vous serez
délivrés des douleurs de l'enfantement; vous
ne chargerez point votre vie de ces soins
qui mènent àla perdition Mais si vous avez
beaucoup d'enfants, vous deviendrez pour
eux d'avides ravisseurs, dépouillant l'or-
pheliu et pillant la veuve, et vous vous expo-
Ci 080) Le chant que Tauteor grec met dans la
1.0 iche de saint Thomas, lors des noces de la lille
du roi, est d^nne int^rpréialion difficile en bien d^s
passages. C- tte poésie porte le cachet de rOrienl ;
flk appartient au cercle dMdées qui éuicnl fanii-
licr-s aux manichéens et aux gnosliqnes, mais il
rrsl * fort peu de tesiiges de composiiioiis de ce
genre. Les manuscrits sont d*une incorrection qui
augmente rembarras d'un traducteur. On pourrait
croire que )c texte grec a été rédigé d'ap ci un
original syrîaiiue. L'auteur célèbre des noces cét«>s-
les qui empêchent les noces terrestres. Il a eu cvi-
déminent en vue les passages de l'Ecriture sainte
f ù le Sanvrur se compare à un époux (Matih. ix,
45; XXV, I), où saint Jean-Baptiste appelle Jésus
1 époux cl se désigne lui-même comme Fami de
l'époux. (Jonn. ni, 19.) — i^'oy. aussi saint Paul,
fMlrt au9 Enhéiienf, v, 3i et VApûcaliip%e^ xix, 7;
serez à de cruels châtiments. Beaucoup d'en-
fants sont un embarras ; ils sont tourmentés
par une foule de démons cachés on visibles;
ils deviennent épileptiques» phthisiques,
estropiés, sourds, muets, paralytiques ou
fous. S'ils se portent bien, ils sont oisifs,
ou s'occupent d*œuvres mauvaises et détes-
tables : ils sont convaincus d*adullère, do
meurtre, de vol, de libertinage; c'est pour
vous un chagrin continuel. Mais si vous
voulez m'en croire, et conserver à Dieu vos
ftmes sans souillures, vous aurez des en-
fants de vie exempts de toutes ces impure-
tés; vous coulerez tranquilles et contenus
une vie sans douleur et sans inquiétude ,
dans l'attente de ces fiançailles divines et sans
tache, où vous serez conduits dans celte
chambre nuptiale, séjour de lumière et
d'immortalité. »
Quand les jeunes époux eurent entendu
ces r^aroles, ils obéirent au Seigneur, s'a-
Ltandonnèrent au Seigneur, s'abstinrent de
tout désir charnel* et demeurèrent en ce
lieu pour y passer la nuit. Le Seigneur sor-
tit en leur disant : a Ma grâre sera avec
vous. » Au lever du jour, le roi alla vers la
chambre nuptiale, chargea une table de mets,
et l'apporta devant l'épouse et l'époux ; mais
il les trouva assis en face l'un de 4'autre :
l'épouse n'avait point le visage voilé , et
l'époux était radieux de joie. La mère de
la jeune mariée s'approcha d'elle, et lui dit:
a Pourquoi, ma fille, es-tu assiseainsi?Pour-
quoi ne rou!^is-lu point? Pourquoi as -tu
1 air d'être unie depuis longtemps à ton
époux î » Son père lui dit : «t Est-ce ton vif
amour pour ton époux, qui t'empêche de
to voiler?» La jeune épouse répondit :«Oui,
mon p^re, j'éprouve un vifamour;jo prie
le Seigneur do me conserver l'amour que
j'ai ressenti cette nuit, et l'époux qu<» j'ai
connu aujoufd'1)ui. Je ne me voilerai plus la
face, car le miroir de la honte a été eloigisé
de mes jeux; je ne ressens ni confusion, ni
trouble, car je me suis abstenue des œuvres
dont on rougit; si je ne suis point interdite,
c'est que je n'ai point lieu de l'être ; si je suis
dwns la joie et l'allégresse, c'est que le jour
de ma joie n*a point été troublé; si j'ai fait
peu de cas do mon époux, et de cette union
que je vais oublier, c'est que j'ai contracté
une autre union ;sijo ne me suis point unie
9; XXI, 2.) D*ailleurs une comparais n semblable
était répandue chez les manichéens, comme le
montre ce que dit Fausle cité par saint Augustin.
(Contra Fauslum^ 1. xv, c. 1.) « ilxc ergo cau>a
est, unde nos parum acceiamus Tesiamentum
Vêtus : et quia Ecclesla nostra, sponsa Christi,
pauperior q* îJem ei nupt;i, scd diviti, conlonta sit
bonis mariii sui, humilium amatorum dedignaïur
opes, I etc. Les gnosiiqucs pat hienl aussi de noces
n.ystiqucs entre le Sauvi ur et rintelligencc qu*ils
appelaient Achamolh, et qut, mère de lu sa^e>Ae
(S.)nliia),ioua t un R'and rôle dans le syslèinc ima-
gine par Valenlin. Tiiilo (p. 225) ent:e à cet égard
dans des détails qui nous ccaricraient de notre
sujet; il rappoile <ies passades de saint Irénée, de
lertullien, de saint EphreiD, qui cou^Utcnt ces
rêveries.
ias3
DlUTlOrSNAlRE DES APOCRYPHES.
t9.|
k cet «époux terrestre, c^est que j*ai trouvé
un époux Yrairoent digne de ce nom. » Elle
parla encore quelque temps en ces termes,
et son époux ajouta : « Je te rends grâces.
Seigneur, toi qui as été annoncé par I étran-
ger, et qui es venu parmi nous, tu m'as
sauvé de ma ruine ; tu as déposé un germe
de vie dans mon sein ; tu m*as guéri de celte
maladie incurable, éternelle; tu t*es révélé
à moit tu m*as montré mon état véritable;
tu m*as racheté de la mort,' tu m'as conduit
jt un sort meilleur; tu m'as affranchi des
choses terrestres, et tu m'as jugé digne des
célestes et des éternelles ; tu t'es abaissé
jusqu'à moi Jusqu'à mon néant, atindero'u-
nir à ta grandeur; tu n'as point éloigné de
moi ta miséricorde, tu m as appris à me
chercher, à me connaître moi-même, à voir
ce que j'étais, et ce que je suis maijitenant,
aGn 9ue Je pusse redevenir ce que j'étais au-
trefois. Toi que je n'avais jamais vu, tu t'es
présenté à mes yeux: mais aujourd'hui je
t'ai vu, et je ne puis t'oublier; mon cœur
brûle d'amour pour toi , je ne puis parler
de toi, comme il le faudrait; je ne trouve
que des paroles mesquines, insufiisantos,
indignes de ta gloire; mais tu n'exif^es point
que le dise ce que je ne saurais dire; ces
paroles, c'est mon amour pour loi qui me les
a inspirées. »
Le roi ayant entendu les deux époux s'ex-
primer ainsi, déchira ses vêtements, et dit à
ceux qui l'entouraient ; ^ Sortez vite, et
parcourez toute la ville; arrêtez et condui-
sez ici cet homme, ce magicien, qu'une fa-
tale destim^e a conduit dans nos murs;
c'est moi-même qui l'ai amené dans ma
maison, et lui ai demandé de prier pour ma
malheureuse fille; celui qui l'arrêtera, et
me l'amènera, peut me demander quelle
faveur il voudra, jela lui accorderai. » Tous
sortirent et parcoururenlla ville, pour cher-
cher l'apôtre; mais ils ne purent le trouver,
car il s'était embarqué. Ils allèrent à l'hô'
tellerie ott il était descendu, et ils y ren-
contrèrent la joueuse de flûte qui pleurait,
et se désolait, parce que l'apôtre ne l'avait
point emmenée avec lui. Ils lui racontèrent
ce qui était arrivé aux deux époux : elle
s'en réjouit, et, oubliant son chagrin, elle
dit : « Moi aussi, j'ai trouvé le repos; »
puis elle se leva, alla trouver les deux
époux et resta avec eux, jusqu'à ce que le
(1081) Les Actes grecs mentionnent Tapôlre
comme constntîsanl un palais pour le roi. C*est là
rorigtne de Féquerre ou de la règle ^oe les pein-
ires placent souvent d.tfis les mains de saint
Thomas. Une ancienne tradition rapporte que cet
instrument, jeié par les flots sur le rivage, ne put
être enlevé p;«r plut^ieurs hommes, mais que Taiiô-
tre le souleva comme une paille afin de remployer
pour les fondements de régisse qu'il construisait.
Athanase Kircher dans sa (Ihina illuêtrata, Rome,
1677, c, 79, raconte cette légende en des termes
qnc nous allons reproduire : c Christus Deus snam
legem duodocini apostolos docebat, a quorum nu-
méro nnus adveiiit llalloporam, manu tenens
baculum, alri dicunt regulam fabri iignarii, cl
palum. Feitur lue pahis e mari in iittus dejcctus,
«ilis £iiis»e vastitutis. ut coronlures ad eum loco •
roi lui-même se fût converti. Beaucoup de
frères accoururent dans la ville ; mais la r^-
nommée leur apprit bienlAl que ra|)A(re
prêchait dans l'Inde : ils partirent aussitôt
et allèrent le rejoindre.
Lorsque l'apôtre fut arrivé dans les villes
deTInde, avec Abbanele marchand, celui-
ci alla trouver le roi Gondaphorus, et lui
annonça qu'il avait amené avec lui un char-
pentier. Le roi en fut eni^banté, et ordonna
que cet homme vint le trouver. Quand il
fut entré, le roi lui dit : « Quel métier
sais-tu ? » L'apôfre répondit : « Je suis char-
pentier et architecte. » Le roi ajouta : « Queli
ouvrages sais-tu exécuter avec le boi5ft
avec la pierre?» L'apôtre dit: «Avec le
bois, je fais des charrues, des jougs, des
balances, des roues, des navires, des rames,
des mâts ; avec la pierre, des temples, des
colonnes, des prétoires pour les rois. » te
roi dit alors : « Veux-tu me construire on
palais? y — « Oui, » dit l'apôtre ; « car jo
suis venu ici pour j exercer mon état. »
Alors le roi remmena hors de la ville, et
r.hemin faisant, il s'entretenait avec lui do
la construction d*un prétoire, de la manié*
re d'en établir les fondations; enQn ils arri*
vèrent h l'endroit où devait s'élever le bâti-
ment. <i C'est ici, » dit le roi, « que ie veux
faire bâtir. « — «Ce lieu est bien choisi,*
dit 1 apôtre. (En effet, il 7 avait de l'eau etde
l'ombrage.) — « Commence donc à bâlir, »
dit le roi. a Je ne puis, » ditl'apô-re, < com-
mencer maintenant. »~ «Quand le pourras-
tu ? 1» — « Je commencerai en novembre,
et je finirai en avril. » Le roi étonné lui dit :
« Mais c'est en été qu'on bâtit générale*
ment ; et loi tu pourras achever mon palais
en hiver? » L'apôtre dit : « Il en doit être
ainsi , et non autrement. 1» — « Bien, »dit
le roi, a trace-moi un plan de l'ouvrage. *-
Aussitôt l'apôtre prit une mesure et Iraçà
des lignes sur ie terrain ; il tourna les por-
tes du côté du soleil levant, les fenêtres au
couchant, è l'exposition du vent ; il mil la
boulangerie au midi, et au nord le réservoir
d'eau. (1081). Le roi ayant vu cela lai dit:
« Tu es un habile ouvrier» Ji^ne d'entrer
au service d'un roi, >» et il partit, lui lais-
sant une somme considérable. Quand il le
fallait, il lui envoyait de l'argent et toutes
les provisions nécessaires pour lut et pour
ses ouvriers. Cependant l'apôtre parcourait
vendum non fuerînt sulTicientes, quem lamfo spo*
stolus pro Ëcclesiae constitucndx rMn'laiuriiio,a rqio
donaium. ciiigulo proprio alligatum, in viriotc
Cliristi et sa nets crucis, non secus ac paleam
levissimam traxisse traditur. > Assemani {BMiotk
Orient.^ vol. ill, part, n, p. 31) mcnlioone é^J<^
ment ce récii. Au v et au vi* siècle, il existait des
images de saint Thomas où il était représenté te-
nant lin roseau, ainsi que noi|S rapprend Frodcoc^.
{Psychom,^ vers. 8i6.) Pline, l.ivi, parle des roiessx
de l*lnde comme servaiU & faire des lances, et oa
peut croire qu*on supposait que le saint avait aitis*
été tué d*un coup ae lance. Les martyrs éiaiefit
habituellement , nous n*avoni pas besoio «k 1^
redire, dépeinu tenant les tnairuaients de ksf
supplice.
lOtS
THO
PART. m. -- LEGENDES ET FRAGMENTS.
THO
lOlG
les Tilles et les rampâmes, etdistribuait tout
ce qu'il avait ; il faisait Tauinâne aui pau-
Tresy aux malheureux, et il les soulageait,
eu leur disant : « Ce qui appartient au roi
lui sera rendu, mais il faut pour le moment
que les pauvres soient soulagés. »
Cependant le roi envoya quehiu*un vers
rap6tre, avec une lettre ainsi conçue: »
ir Dis-moi où lu en es, et ce qu'il faut
que je t'envoie. )»
L*ap6tre lui répondit: «Le prétoire est
bâti, il n*y manque plus que les toits. »
Le roi apprenant cela, lui envoya de Tor
el de Targent en lingots, et lui écrivit :
« Puisque le prétoire est construit, fais le
couvrir. »
L*apôtre dit alors au Seigneur : « Je te
rends grâces. Seigneur, de ce que tu es mort
pendant Quelques jours, pour que je vécus-
se éternellement en toi, de ce que lu m'as
vendu pour racheter un grand nombre
d'hommes par mes mains. » £l il ne cessait
de prêcher et de soulager les malheureux
en disant : « C'est le Seigneur qui a donné
tous ces biens ; c'est lui qui nourrit les hom-
mes; il est le père nourricier des orphelin^,
rintendanldes veuves, le repos et le soula-
gementdetousIesopprimés.vQuandleroifiit
dans la ville, il interrogea ses amis au sujet
du palais qu'avait construit Thomas (108-i).
Ceux-ci répondirent, qu'il n'avait point
construit de palais, ni rien fait de ce qu'il
avait annoncé; mais qu'il parcourait les vil-
les et les campagnes, qu'il donnait aux pau-
vres tout ce qu'il avait, qu'il prêchait l'u-
nité de Dieu, guérissait les malades, chas-
sait les démons, et faisait beaucoup d'autres
choses étonnantes. « Nous croyons,» ajoutè-
rent-ils, « que c'est un magicien. Cependant
les aumônes qu'il répand, lc*s cures au'il
opère sans exiger d'argent, sa simplicité, sa
bonté, son assurance, montrent que c'est un
juste, un envoyé de ce Dieu qu'il annonce ;
car il jeûne, i! prie continuellement, il ne
mange que du pain avec du sel, ne boit que
de l'eau, n'a qu'un manteau, qu'il fasse
beau ou mauvais, nerecoitriende personne,
mais donne tout ce qu il a. » Le roi enten-
dant ces paroles, se frappa le front, et se-
coua longtemps la tête. Puis il fit venir le
marchand qui avait amené l'apôtre, et l'a-
pôtre lui-même, et dit à ce dernier : « As-tu
construit mon palais?» — « Oui, »répondit-
îK « Quand irons-nous le voir? » — « Tu
ne peux le voir maintenant, mais quand tu
auras quitté la vie, tu le verras. • Le roi
(1083) Il y a à cet épard quelques différences dans
les réciis des légendaires : il v en a qui représentent
le palais romnie ayant été réelfemeut bâti. Les jacotti-
tif8,daDsrOfficesyriaquede8aintTlionias(au5juillei),
en fout lueulion : i Ipsequidem (Thomas) adrairabile
palatiuin roetiebatur. Domiaus vero iiiud ad eœlum
tisque ertgebai. • Ils ajoutent que Tbomas fut vendu
{lar le Seigneur trente pièces d'argent au marciiand
labaii.tandisque les Actes grecs fixent le prix h trois
bvics d^argent en lingots. Uii esclave éta t oniinaîre-
iiipnt esiiiné chez les Hébreux trente sicles ou
' pièces d'argent. (Kojf. Exodêt sxi, 5:2» et les coin -
aueuiaiears sur saiui MouMeu^ xxvi, 15.) Ordtric
irrité les fit tous deux charger de ehatnes,
et conduire en prison, jusqu'à ce qu'il sût
ce qu'était devenu son argent; l'apôtre de-
vait ensuite mourir avec le marchand. L'a-
pôtre se rendit tout joyeux à ta prison, et il
disait au marchand : « Ne crains rien ; crois
seulement au Dieu que j'annonce, et insé-
ras délivré des misères de ce monde, et tu
recevras la vie éternelle. » Cependant le roi
se demandait comment il le ferait périr, et
il avait résolu de les livrer au feu, après les
avoir fait écorcher. Mais celte nuit mêmp,
Gad, son frère, tomba malade, et le chagrin
qu'il ressentit de la tromperie dont le roi
avait été victime le mit dans un très-grand
danger. 11 fit appeler le roi et lui dit : « Mon
frère, je te conhe ma maisonet mes enfants;
car l'offense qu'on t'a faite m'a accablé de
douleur, et je vais mourir; mais si ta ven-
geance n'atteint pas ce magicien, je n'aurai
point de repos dans l'autre monde. » Le roi
dit à son frère : « Pendant la nuit, j'ai ré-
fléchi à la manière de le faire périr, et j'ai
résolu de le faire écorcher, puis brûler,
avec le marchand qui l'a amené. » Pendant
qu'ils s'entretenaient, l'flme de Gad, frère
ou roi, sortit de son corps. Le roienfuttrès-
affligé, car il l'aimait fort, et il ordonn.i
qu'il fût enseveli avec des habits roagnid-
ques. Pendant qu'on préparait les funérail-
les, des anges prirent l'âmede Gad, frère du
roi, l'emportèrent dans fe ciel, lui en montrè-
rent les habitations*, et lui demandèrent en
quel lieu il voudrait habiter. Quand ils fu-
rent près de In maison que Thomas l'apôtre
avait bâtie pour le roi, Gad les aperçut et dit
aux anges : a Je vous en prie, seigneurs, per-
meltez-moi d'habiler l'une de ces demeures
souterraines. » Mais ils lui dirent : « Tu ne
peux habiter cette maison.»— «Pourquoi, »ré-
pondit-il ? « C'est que ce palais, » repri-
rent-ils, « est celui que le Chrétien a cons-
truit pour ton frère. ^ Il leur dit : « Alors je
vous conjure, seigneurs, permettez-moi de
retourner près de mon frère, pour lui ache-
ter ce palais; car mon frère n'en connaît
point la beauté, et il me le vendra.» Alors les
anges laissèrent aller l'Âme de Gad ; et pen-
dant qu'on le revêtait de ses habits funèbres»
elle rentra dans le corps et dit à ceux qui
étaient là : « Appelez mon frère, pour que
je lui demande une grâce. » On courut aa-
noDcerau loi que son frère était revenu à
la vie, et le roi, accompagné d'une fouie
nombreuse, se rendit en toute hâte près do
son frère, et il était debout à côté de son lit.
Vital se platt à donner du palais construit par Ta-
pêtre une description pompeuse dont il puise sans
doute les détails dans son imagination. < Thomas
auteui arundinem apprehendit et metîendo dtxit :
< Ecce januas hic dii»|K)nam et ad ortum solis in-
gressum; primo auUni^ secundo salotatorium ,
tertio consistoriura, in quaito tricorium, ni quinto
zetas liieroales, in sexto apsfivaies , in septimo
epicauitorium et iriclinia accubitalia, in o;taw
tuermas, in dooo gymnasia, in decimo eoquinam,
in undecimo colombes et aquamm iacas in-
floentes, in duodt*umo hippodronnm H par gjrum
arctts deambulatorioa. •
IWT
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHE».
49iS
romme frappé de stupeur, et ne pouvant
lui parler. Alors son frère Inidit : <c Jecrois
et jesuisconTaincu» mon frère» que si l'on
favait demandé la moitié de ton royaume
pour me rappeler è la vie, tu Taurais donnée
itour moi : je te conjure donc de m'accorder
la ^rftre que je te demande. « Le roi luidit :
« Quelle est cette grâce ?»--aJure-moi, »lui
dit son frère, « que tu me l'accorderas. » Le
roi dit : «Je jure de te donner, dans tout ce
quim'apparlient, ce que tu me demande-
ras. » Gad lui dit: « Vends-moi ce palais
aue tu as dans le ciel. » — « Comment, »
it le roi, « ai-je un palais dans le ciel? » —
« C*est, » répondit Gad, « celui qun t'a bâti
ce Chrétien qui est maintenant en prison et
qui t*a été amené par un marchand qui Ta-
vait acheté d'un certain Jésus. »
Voyant le roi embarrassé , Gad ajouta :
« Je parle de cet esclave hébreu que lu vou-
lais châlier comme coupable d'une impos-
ture è ton égard; et c'est aussi à cause de
lui que j'étais mort dans raffliction, et que
maintenant je suis revenu h la vie. » Alors,
le roi s'étant mis h réfléchir, comprit qu'il
s'agissait de choses qui lui importnient,
de biens à venir et éternels, et il dit : « Ce
palais, je ne puis le le vendre; car mon
désir est d'y entrer et de Thabiter, et d'être
jugé digne de ceux qui l'habitent. Mais si tu
veux véritablemeni en acheter un sembla-
ble, eh bienl Thom'me vit encore, et il t'en
bitira un plus beau. » Et aussitôt il envoya
tirer de prison l'apôtre, ainsi que le mar-
chand qui avait été enfermé avec lui, et il
lui dit : « Je te prie, comme un homme qui
prie le serviteurde Dieu ; supplie pour moi,
et implore celui dont lu es le serviteur, atin
cfu'il me pardonne et qu il oublie le mal que
je t ai fait et celui que j'avais dessein de te
faire; aQn que je me rende di^ne d*habiler
cette demeure h laquelle je n'ai travaillé en
rien» et que tu m'as seul édifiée par ton tra
▼ail, avec l'aide et ta grAce de ton Dieu, et
que je devienne, moi aussi , le serviteur et
I esclave de ce Dieu que tu annonces. » Et
le frère du roi étant tombé aux genoux de
J'ap6tre,luidit:«Jel*cn prie et je t'en supplie
(t08i*) Nous irhésilons pas il croire qiril y a une
lacune entre la lin de ce chapitre et le cominence-
ineiit du chapitre suivant. On s*atlendait à voir
administrer le baptême au roi Gondaphorus et à son
fière »pré8 Tin vocation de saint Thuuias; et voici
que la narraiiun se poursuit sans que le sacrement
toit administré. T«»ui à Plieure les no-iveiux Chré-
tiens dcni.'ind«iont ce que Tauteur des Actes appela
xhé ofpaYîSa toû XoÛTpou. Nous aurons à nous ex-
pliquer sur la signillcaiion de ces m.ts; mais, île
ffuelque manière quon les interpiétc, il n'y aura
pas «le description du haptéine rorineUeineitt admi-
nistré. Il 1(6 sera question ni d*inimersion, ni d*as-
I ersion , ni d*iufusioti , ni même d*eau baptismale,
(.oinment rendre raison de cette singularité? Faut<il
fiupposer un ouLU du narrateur ou une négligence
des copistes? Ce qui nous ferait pencher pour la
dernière h>poilièse, c*est Tétat géné.al du teite
molilé ou altéré en plusieurs endroils. fehi surloiU
un passage de la narration abrégée que le pseuilo-
Abdias nous a donnée des Actes de i^aint Tliomns.
II arrive au récit de la conversion des deui princes,
à la face de ton Dion, obtiens que je devienne
digne de le servir et de travailler pour lai,
et de jouir avec ses élus des spleocleun que
ses anges m'ont fait voir. »
L'apôtre, transporté de joie, dit : c Je i^
rends témoignage, Jésus, que lu as fait luir>*
la vérité dans l'Ame de ces hommes; ror
c'est toi qui es le seul Dieu de la vérité, < t
non pas un autre; tu es celui qui sait tout,
tout ce quMgnore le monde; Seigneur, tu < <
celui qui, en toutes cboses, se montre {hmi:
les hommes plein de tendresse el d*in<ii. -
gence ; car les hommes, jouets de l'erreur i :
est en eux , t'ont méprisé, et toi, ta n'as { '«
méprisé les hommes. Et mainlenani«enc'*n
sidéralion de ma prière et de ma suppiio-
lion, accueille le roi et son frère, conf^n .-
les dans ton troupeau après les avoir puril;'.>
par ton baptême et frottés de ton huile, iiour
les délivrer de l'erreur qui les envirt^nn*»;
garde-les aussi des loups, en les transporunt
(h'ins tes prairies; abreuve^les è ta soum-
immortelle, à cette source qui n'est jam.'«i>
ni troublée ni tarie. Entends leur prière et
leur supplication ; ils veulent devenir lu
serviteurs et travailler à ton service, et pror
cela, ils seraient heureux d'être periécul"^
par les ennemis, do mériter, |»ourram«:u'
de toi, leur haine, leurs outrages et la m<>ri
même, en un mot, de souffrir tons les msut
que tu as soufferts pour nous, afin de ï\nn>
acheter, toi, notre Mettre et vérilablcinont
bon Pasteur. Donne-leur de mettre en toi
seul leur confiance et l'espoir de leur salut,
Su'ils ne peuvent en effet tenir que de Un:
onne-leur de s'affermir dans tes mjs{èr*^>
et de recevoir les parfaits trésors de tesgra-
ces, et de tes dons, en sorte qu'ils fl^urisstii!
dans ton service et qu*ils portent dos fru ts
mûrs dans le sein de ton Père (1082^). »
Après s*être mis complètement h U di <•
position de l'apdtre, le roi Gondaphornset s<*:i
frère Gad le suivaient, ne le q littant jan a. s.
pourvoyant eux-mêmes aux besoins d««
malheureux, toujours donnant et soula^çeari
toujours. Et ils le prièrent de leur donnt r
aussi le sceau confirmalif du baptême, quM
leur restait à recevoir (1083^ , en disant :
il m:iuiunnc expressément le bapièmc , parle d'u <
jeûne de sept jours qui le précéda el d'une Itutul f
dont rapôlie cunsacia Teau.
Quoi qu*il en soit, il nous a paro import«ni <'e
faite dés à présent cette remarque, parce qudc
se latlaclie intiine-i ent aux passages qui vont sui-
vre el aux notes dont ils s roni Tobjet.
;1085) Le sceau coutirmatir du baptén^e, c*esi«î-
dire la conftrmation. Dans une longue note qo'ii a
consacrée à Peiplicalion de ce passage, Tbilo «sur
d^élablir qu'il est question du baptême et des cénf*
monies accessoires et cuniplément;tires de ce »jcr«-
inenl. Selon lui, tt)v ff^paytSa xoiî Xovtpou sr^rni-
lierait le baptême lui-même, qui e^l le $ctuu dtUI t
(ob&ignaiio fidei), et les phrases qui suivent [Uj i.i
ToG iXci(ou6é( (ovrai Ti]v açosyt^a. .. xp^'ci*»* àUv^;'
devraient s*enteiidre de Fonction baptismal**.
A tous les arguments qu*il emprunte pour to«*
tenir sa tbè^e, soit aux ressoarces de l'inductiM.
soit à Texamen des doctrines manichéennes cl so<b*
liqups , it suflit d*opposer rexplicaiion ^empuef*^
et littérale du texte. *Ea2f|6ij9sv aOtoO ha xj\ ^.*
I3!î9
THO
PART. Ili. — LEGEIVDES ET FRAGMENTS.
THO
io:o
c Haintenant que nos Ames sont libres et
pleines de zèle envers Dieu , donne-nous le
sceau; car nous t*avons entendu dire que )e
Dieu que tu annonces reconnaît^ au signe
cJont il les a marquées, les brebis qui lui
appartiennent. » L*apôtre répondit : « C\.st
avec juio que je vous Toffre; oui, recevez
le sceau divin, et participez ensuite avec
moi à celte Eucharistie, à ce pain de béné-
diction du Seigneur , qui achèvera votre
sanctiflcation. Car ce uain, c'est le Seigneur
e^paylSa toû AouTpou fiiÇcjvTai Xoiic^v, ils prièrent
r«p6trf de leur donuer aussi le sceau (cottflrinalif )
du baptême. Tous les mois de cette phr.tse (»nt u e
valeur, et une valeur propre. Cependant Tliijo pa-
rait f»c tenir aucun compe de xa\ el de Xoiirôv. Kn
second lieu, <) ff^paY^Ç tou Xoû-rpou n'est pa^^, comme
il Tentend, obtiguatio fidei^ mais! bien obtignatio
baplismi, le sceau du haplème. Ce n'est pas tout. Si
xfyf 09paYt6a toO XoÛTpou signitie le baptême, et
que par conséquent les cérémonies dont il est fait
mention, Touction et rimposilion des mains, se
rapportent à fadministration du bapiéme, comment
s'exfiiiquer que Pauleur des Actes u*oubiie du bap-
té-i:e que le point essentiel, U matière m.émc du
i^acrenient. Peau? Pour lépondre Ji celle objection,
Tbilo suppose que Fauteur liérélique des Actes,
aprè« avoir indiqué seulem ni la lotion baptismale
(toO AObtpou), aurait , par es^prit de secte, aflécté de
taire le rite solennel de la punlicalion pour s*étendre
sur le« cénsmonies complémentaires, telles que
Tonciion , TimpoMlion des mains , etc. Mais celte
hypothèse, toute gratuite, ne jubtilic pas romissiou
complète Ou rite vulgaire . non plus que cette ex-
pression qui dcNienl alors étrange, 6ià xoij fcXafou
6iÇio*/Taii Ti)v a^paylSa. La matière pr<»pre du Lap-
lénuî étant Peau, il devient impossible de voir le
bapléme dans une cérémonie où il n'est Tait aucune
mention de cet élément essentiel.
Au couiraire , la confirmation a pour matière
propre ronclion (ou chrèuie) , à laquelle s'ajoutent
l'iinposition des mains et riu\ocaiion au Sainl-
Ksprit. Or, que voyons-nous dans le tableau de la
cérémonie qui non» occupa? D'abord l'onction sé-
parée de la purilicatlon bap ismale, onction solen-
nelle, imprimant un caractère, puisqu'il est dit que
les dcui princes reçoivent te sceau par Vhuile, puis
une imposition des mains ; enfui une^ invocation
loHie particulière du Saint- Ksprit qu« Tapétresup-
ËM de descendre dans ceux qu'il a oints et beni:f.
»t-ce U le baptême ou la conllrmation? Il y a plus.
L'Ëglise définit la c.uifirmation un tacrement qui
dôme à ceux qui ioni bapiihét le Saini-Ehprit pour
Uê forlifitr dans la foi el les rendre parfaits Chré-
tiens. Or, dans ce passage dont il est question,
nous voyons rapdtre demander à Dieu , qu'après
avoir purifié les deux princes par le baptême, il
leur donne de s affermir et d'être confirmés dans
set saints mystères (îva ps6oiia>eûï(Jt tlç Ta j^uaif^pia)
cl de recevoir les trésors parfaits de ses dons («sa
•réXcwi). Eux-mêmes demamlenl de recevoir aussi le
sceau qu'il leur reste à recevoir parce que leurs âmes
sont devenues libres (ryCoXaCoujwv -ctôv ^^ux^^v).
Pois saîni Thomas, après les avo;r marques du
sce.iu du Seigneur, invociue sur eux U principe de
force (olxavoiiCa toO àppl"^)-
Ces explxalions nous paraissent suOisantes pour
justifier notre inierpréialion. Nous pourrions f au-
toriser encore par le témoignage de plusieurs an-
leurs sacrés (a) , mais il nous seuïble que toute
preuve exirmseque devient superflue devant les
fd) Pour 0UQ8 borner i deux ciutioos, voyez Richard
Slmoo. dans ses Observ, noo , p. 8, et Hammond, dans son
livre ùt la Cooftraiallon. Ils pensent que ^nM stgnUie
lui-même, c'est le Seigneur et Dieu de tous,
Jésus-Christ, celui que j'annonce, le seul
Père de la vérité, en qui je vous ai appris à
croire. » Puis il leur commanda d'apporter
de rhuilo, afin que par l'huile ils reçussent
le sceau divin (1084). Ils apportèrent donc
Thuile, et ils allumèrent plusieurs flam-
beaux, car il élnit nuit.
Et l'apôtre s'étant levé les bénit par un
signe de croix. Alors le Seigneur sa révéla à
eux par la voix, disant : « Paix à vous, mes
termes si formels du it'xle.
Il nous reste cependant à prévoir et à rombait*e
une oi)jeciion qui pounait, non pas sout^mir, mais
élayr-r un peu la tlièse croulante de Thilo. Cette
objection consisterait 1* in dire, avec nous, que U
purification baptismalea été faite précéJemment. soit
qu'on la soos-entende après rinvocation de l'aisêlie
ou qu'on la comprenne dans la lacune que nous
avons signalée ; ^ à ajouter, contre notre avis, quo
les deux princes demandent ici, non pas le baptême,
mais les cérémonies complémentaires du baptême ;
et ce serait là le seris de Tf/; T^payl^a toO Xovxpou
(cérémonie qui couronne el parfait le baptême). —
Ainsi modifiée, la thèso pounuil cfi^rir au moins un
côté spécieux. Em cfT-t, on ne peut nier que It*.
b-ntême eût lu -n ême , comme il Ta encore , son
onction par l*buile , sa réception du Saint-Esprit,
et jusqu'à un certain point son imposition de mains,
puisque iiécessaireni«*nt le prêtre mol la main sur
cel>.i qui reçoit !e baptême en le marquant nu front,
puis sur d autres parties du corps, du signe de la
croix (ce qui est déjà une sorte de sceau, at^pa-^Lç)»
Tdut cela est vrai ; mais nous avons à répondre que
dans radmini>lration du brptômf , il n*y a pas
d'onction faite isolément et san^ purification a<i
moins rérente par IVau baptismale. H est vrai que
PEglise diffète quelquefois les cérémonies acces-
soires du baptême après ron<loiemeiii ; mais c*est
toujours à regret, en exigeant des raisons graves»
et pour un temps irès-couri. h n*y a pas non plus,
da< s ce sacrement , d^iinposilion de mains solen-
nelle et sacrainenieile, ni d^invocalion spéciale <-t
prolongée de rEsprit-Sainl. Or, la cérémonie i|ui
noua occupe oiï'C le triple carac>è.e d*ouclion iso*
lée, d'imposition de mains solennelle , d*invocatit>R
spéciale au Saint-Esprit. Comment y voir le coin
plément du baptême? Encore une fois, comment
douter qu*il s*agisse de la confirmation?
(1084) C*est sans d'Ute ce passage qui a donné
lieu à révêque espagnol Turibe de dire que les ma-
nicliéeus étaient dans rusa;;c de baptiser avec de
rhuile. (Vo^. sa Lettre aux évêques Idace el Cépo^
fifut, insérée parmi celles de saint Léon le GraiiJ ,
t. I , p. ^2) , où il s*exprime ainsi : « tllud au em
sp<*cialiter in illis Actibus qui sandi Thomu; di-
cuntur, prx caeteris noiandom aique exsecrjudum
eit, quod dicit eum non baptizare per aquam, sicut
habet Dominica prx'dicatio atque iraditi<i , ^ed per
oletim solum ; qiiod quidcm isti nosiri (Priscillic-
nistœ) noii reciplant, sed Manicbxi seouantur. i
Fabficius, dans ses Notée sur le pseudo-Abdias ^
I. IX, c. 17, et Tillemont, Mémoires sur l'histoire
ecclésiastique, t. I, part, iii, p. 089, ont, d*après
Turibe, iinpuiécvt usage aux m-nichéens. Bcaii-
tobre, dans sou lîi%toire du manichéisme^ t. I,
p. 415, et Mosiiei m, Commenr., p.8tli,oiit cberclié à
les en disculper. Thilo, p. 102 et suiv., discute
longuement sur le sens qu*ii faut attribuer au |>aa-
sage des Actes grecs.
ta confirmaUon, et que ToncUon sepprêe du baptême ap-
pariieot à ce sacrement. Pourquoi Tbilo rejeue-t-il let r
opinion avec dédain et refuae-t-U même de l'examiucrT
f05i
INCTroNNAIRB DES APOCRYPRES.
ICI
frires, » Et ils entendirent sa voix, mais no
virent pas sa figure; car ils n'avaient pas
encore reçu la oernière et suprême em-
preinte. Et ]'ap6tre, ayant pris Thuile et
rayant répandue sur leur tête, les frotta, les
oignit et commença à dire: «Viens, saint
nom du Christ, qui es au-dessus de tous les
nomsl Viens, vertu du Très-Haut, miséri-
corde infinie 1 Viens, grâce suprême 1 Viens,
mère miséricordieuse I Viens, toi (jui dis-
f^euses la m&le vertu l Viens, toi qui révèles
es secrets mystères t Viens , mère des sent
demeures (1085), toi qui dois trouver le
repos dans la huitième I Viens, Tatné des
cinq membres de notre esprit, qui sont Tin-
telligence, la conception, le conseil, la ré-
flexion, le raisonnement; communique-toi
è ces nouveaux serviteurs. Viens, Esprit-
Saint; purifie leurs reins et leur cœur, et
marque-les de la suprême empreinte, au
nom du Père et du Fils et du Saint-EsnriL»
£t quand ils eurent été marqués de rem-
preinte, un jeune homme leur apiarut, te-
nant une lampe allumée, et la luniière que
projetait cette lampe fit pâlir leurs flambeaux.
Puis la visio|i disparut pour eux. Mais
Tapôtre dit au Seigneur : « Seigneur, ta lu-
mière est immense h nos yeux, et nous ne
Ï mouvons en supporter Téclat, car elle confond
a puissance de notre vue. » Et une lueur
ayant brillé, Tapôtre rompit du pain et les
admit à partager TEucharistie du Seigneur.
Ilsfurent rem plis de joie, et beaucoup d'au-
tres qui avaient foi se joignirent à eux et
ils venaient se réfugier dans Je Sauveur.
Quant à' Tapôtre , il ne cessait pas d*an-
noncer Dieu et de leur dire : « Hommes et
femmes, jeunes gens et jeunes filles, adoles-
cents et vieillards , esclaves ou hommes
libres, gardez-vous de la luxure, deTavarice
et de la gourmandise ; car ces trois péchés
sont la source de taute iniquité. En elfet, la
luxure paralyse l'esprit; elle obscurcit la
vue de Tâme et Temnêche de gouverner le
corps, en débilitant Inomme tout entier et
en mettant son corps dans un état de maladie.
L*avarice livre TAme à la terreur et à la
honte, en rappliquant tout entière aux in-
térêts du corps et en pillant le bicnd'autrui,
avec la conscience secrèe qu'elle ne rend
pas à autrui ce qui lui appartient (1086J.
(1085) Cette expresiion, de même que plusieurs
passages obscurs de l*invocalîon proooacée par
Tapôtre, se rappnrie k ie» points peu connus des
doctrines manichéennes ei gnosiii|ues. La puissance
qu*appeile saint Tliomas n'est ponU rEsprit-Saliit ,
c*esi un des êtres que les ^nosti(|ues regardaient
comme la mère de la vie spiruuelle, comme la mère
du Gliribt lui-même et comme rinlerprète de la
Divinité* Lturs i>iées, à cet égard , variaient selon
leurs diverses sectes et sont restées peu définies.
iVoy, Beausobre , llisl. du manichéisme , l. vi , c. 5 ;
Moslieim, Spécimen MsU hœrei^ p. I59'14S) ; Nean-
der, Matier, etc.) Tbilo, p. 182 et suiv., entre dans
de longues explications sur cette partie du teste
grée, il montre, par exempte, quel est le sens des
mots, la mâle vertu : c Masculuni dicitur id quod est
plénum et perfecturo. • Les sept demeures sont les
iApt planètes ou les sept cieux dont 11 est souvent
question ebef les gnostiques, ta huitième est le
Enfin la gourmandise expose Tftme k millt
soucis et à mille inquiétudes, tourmeoi^
qu'elle est toujours de manquer de œ qui la
flatte et convoitant ce qu*elie voit loin de^i
portée (1087). Si vous vous affranchisse! 'i-
ces passions, vous vous affranchirez des
soucis, des chagrins et des craintes, et c'est
h vous que s'appliquera la parole du Sau-
veur : Ne soyez point en eouci pour le
lendemain^ car le lendemain prendra soin de
ce qui le regarde (l088).Souvenez^vousaos.M
des paroles qui précèdent : « Considériez lî^s
corhcaux ; voyez les oiseaux dn ciel ; ils ne
sèment ni ne moissonnent, ni n'entassent
dans les greniers; et cependant Dieu pour-
voit à leurs hesoins. Ne pourvoirat-il pa.^
bien p1ut6t aux v6tres, hommes de peu «le
foi (1089) ? % Acceptez donc son assistance,
mettez vos espérances en lui et ayez foi en
son nom; car il est le juge des vivants ei
des morts, et lui-même il donnera h chacun
selon ses œuvres, lorsqu'il apparaîtra dan%
sa splendeur future è l'heure où, devant
comparaître en sa présence pour être jug^
nul ne sera admis à dire pour son eico^e
qu'il n'avait point entendu sa parole, ùr
ses hérauts Tannoncont dans les quatre ré-
gions du monde. Rejentez-vous donc d
croyez à l'Evangile; recevez le joog de
douceur et le fardeau léger, afin qne vous
viviez et que vous ne mouriez pas. Voilà ce
qu'il faut acquérir; voiih ce qu'il faut éviter,
sortez des ténèbres, afin que ta lumière vous
reçoive; venez vers celui qui est vérilabli-
mcnt bon , afin qu'il vous donne la grâc*', et
que sa marque soit déposée dans vos âmt*^.»
Quand il eut cessé de |)arler, quelques-
uns des assistants lui dirent : « Le moment
est favorable pour que le créancier réclame
ce qui lui est dû. » Et il répondit : • Celui
è qui il est dû est toujours disposé è recon*
vrer sa dette, et même au delà; mais c*est
à nous à lui payer au moins ce que nous Ini
devons (1090). » Et les ayant bénis , il prit
du pain, de l'huile des légumes et du sel.
et leur donna à manger; pour lui, il ohserra
le jeûne, car le jour du Seij^neur était
proche. Mais la nuit, pendant quil dormaiu
le Seigneur apparut debout è son <-berel,
disant : a Thomas, lève-toi au point du jour
et quand tu auras béni tout le monde, après
séjour de la perfection.
(f086) Ici le teste a subi une altération quimul
la pensée de l*auteur assez difficile à saisir. Nois
avons suivi la correction de Tliilo ; mais noos sfoai
cru devoir, dans riiiiérèt de la ionique, adopter «m
sens un peu différent de celui qu*d propose.
(1087) La phrase gn*cque paraU égalemeat ton
aliérée. Cependant, telle quVtle est, elle offre o»
sens assez raisonnable, pour qo*il soit ioutilvtt-
recourir à la leçon conjecturale du savant cao*'
roeniaieur.
(1088) Mauh. vt, 54.
(1089) MMUh. fi, 35; Lue. m, ii. Le vtiv
évangélique n'est pas littéralement reprodsiu
(timO) L'auteur emploie ici le mot yptôMT^v (dé-
biteur) dans le sens de créancier; et Tbilo jo>t>^''
ou du moins explique e^i emploi. Nous iro^<>^*
di* lire XP^^^^' qui » 1^ mR> obîectir d wû^ecu
1035
THO
PART. ill. -* LEGENDES ET FnAGMSNTS.
THO
liiSl
la prière et Tadoration, ya-t'eii jusqu'au
deuxième mille sur la route qui refçarde le
Lefanty et là^ je ferai éclater ma gloire en la
personne» car ton défiart sera cause que beau-
coup se réfugieront en moi, et toi, tu mani-
festeras la nature et tu confondras la puis-
sance de renneroi. » Thomas, sMtant levé,
dit à ceux de ses frères qui étaient avec lui :
t Mes enfants et mes frères, le Seigneur
veut accomplir aujourd'hui quelque événe-
ment par moi. Faisons par nos prières
qu'aucun obstacle ne nous empêche de le
servir et; que l'événement s'accomplisse par
nous» aujourd'hui comme toujours, suivant
ses désirs et sa volonté. »
Et ayant dit ces paroles, il leur imposa
les mains et les bénit. Et ayant rompu le
pain de l'Eucharistie, il le leur partagea en
disant : 5 Cette Eucharistie tournera pour
vous en miséricorde, en pardon» en pitié,
et non pas en condamnation. » Et ils dirent :
« Amen. »
Et l'apAtre sortit pour aller vers l'endroit
que le Seigneur lui avait désigné; et lors-
qu'il fut arrivé auprès du deuxième mille,
s*étant un peu détourné de sa route, il vit le
cadavre d'un bel adolescent qui gisait sur la
terre, et il dit : « Seigneur, n'est-ce pas pour
cela que tu m'as invité è venir ici, afin que
je visse cette épreuve? Que ta volonté soit
faite comme tu le désires. » El il commença
à prier, disant : « Seigneur, juge des vivants
et des morts qui gisent sur la terre, maître
et père de tous les hommes (oui, tu es le
père non-seulement des Ames qui sont dans
las corps, mais encore de celles qui en sont
sorties, car tu es le maître et le juge des
âmes qui sont dans la souillure); Seigneur,
viens à cette heure où je t'invoque , et mon-
tre ta gloire en faveur de ce jeune homme
gisant ici. k Et s'étant retourné, il dite ceux
qui le suivaient : « Cela n'est pas un effet du
hasard; c'est l'ennemi qui est la cause et
îauteur de celte violence. Et vous allez voir
qu'il a pris sa forme accoutumée, et qu'il
s'est révélé , non par un autre animal , mais
par celui qui lui obéit aveuglément. » Et
comme l'apôtre parlait, voilà qu'un immense
serpent 9orlit de son repaire» allongeant la
tète , et agitant sa queue sur le sol ; et pre-
nant une voix sonore, il dit è l'apôtre : < Je
raconterai en ta présence pour quelle cause
j'ai tué ce ieunehomme, puisque lu es venu ici
pour confondre mes œuvres.» Et l'apAlre dit :
« Parle donc. » Et le serpent reprit : 'c II y a
dans ce pays une femme très-belle; un jour,
comme elle passait , je la vis et je la désirai.
Je me mis donc à la suivre et à l'épier. Or je
trouvai ce jeune homme qui l'embrassait:
puis il s'unit À elle, et ils se livrèrent en-
semble è d'aulres actes honteux. 11 m'eût été
(1091) Il serait diflicîle de préciser le sens de
ceiu allusion. Peat-éire ces qiiaire frères repré-
seitiaieut • ils riiunuiiilé considérée dans quatre
grandes races subsistantes après la blessure faile à
tous les hommes di«ns la personne d*Âdam. Les
qualre frères ne pourraient -ils pas éire encore
TËuropéen, rAfricain, rAsiaUiiue et Thomiue des
pays inconnus , au delà de Tiadus et du Gange , ou
DiCTioNi!!. DES Apocryphes. II.
facile de te rendre témoin de leurs turpitu-
des; car je sais que tu es le frère de Jésus-
Christ et que tu travailles sans relAche è en-
traver notre influence; mais je ne voulus
pas le faire, et je ne luai pas le ieunehomme
sur l'heure même. Mais je l'observai, et le
soir, comme il passait auprès de moi, je le
frappai et lui donnai la mort, à lui qui avait
osé faire une pareille action le jour du Sei-
gneur. » L'apôtre lui demanda : «r Dis-moi ,
de quel sang, de quelle race sors-tu? >»
Et le serpent répondit : « Je suis un reje-
ton de la race rampante et malfaisant comme
elle; je suis fils de celui qui a blessé et frap-
pé les quatre frères qui étaient debout
(1091); je suis fils de celui qui est assis sur
le trône de perdition et qui prélève sa part
sur le gain des usuriers; je suis fils dugran«i
apostat qui entoure la sphère comme d*uno
ceinture (1092); je suis frère de celui qui est
en dehors de l'Océan et qui tient sa queue
dans sa bouche ; je sui^: celui qui , ayant pé-
nétré dans le paradis par la naie, a dit à
Eve tout ce que mon père m'avait enjoint
de lui dire ; je suis celui qui a soufflé le feu
et la flamme dans le cœur de Caïn, pour qu*il
tuAt son frère, et c'est par moi que les ron-
ces et l'ivraie ont poussé sur la terre; je suis
celui qui a précipité les anges du ciel sur la
terre, ef les a attachés aux femmes par les
liens de la concupiscence, afin que d'eux
naquissent des enfants terrestres et que ma
volonté pût s'accomplir en eux; je suis
celui qui a endurci le cceur de Pharaon, afin
qu'il fît mourir les enfants d'Israël et les
cpurbftt sous un joug de fer; je suis celui
aui a égaré la foule dans le désert, lorsqu'elle
t le veau d'or; je suis celui qui a stimulé
Hérode et enflammé Caïphe de l'ardeur du
mensonge en la présence de Pilate, car cela
me convenait ainsi; je suis celui qui a en-
flammé, puis acheté Judas, pourqu'il livrât
le Christ; je suis celui qui habite et posséda
rabtme du Tartare, et le Fils de Dieu m*a
attaqué le premier, et il a choisi les siens
parmi les miens; je suis frère de celui qui
t doit venir de l'Orient, et à qui le pouvoir est
donné de faire ce qu'il voudra sur la
terre. »
Quand le serpent eut parlé en présence de
la foule qui Técoutait, Vapôlre, élevant la
voix, s'écria : « Tais-loi, impudent, et sois
couvert de confusion , car tu vas mourir à
jamais; ton œuvre de ruine est achevée.
Crains de dire les choses que tu as faites par
tes suppôts; au nom de Jésus, au nom de
celui qui combat encore contre vous pour
sauver les hommes, je te Tordonne, suce le
venin qui a fait mourir cet homme, reprends-
le après l'avoir tiré de son saug. » Le ser-
pent répondit: « Non, le temps de notre
de FAllantique ?
(f 092) Ceue image est sans donte une allusion
aux embûches que Satan dresse au genre humain ;
il est probable quelle a trail à quelque éymbole dcA
vi«*ille8 religions de TOrienL On en peut dire auiant
de rimage suivante : < qui tieni sa queue dans sa
bouche. I
33
^ovs
dictionnaire: des apocrtpucs.
îm
œuvre n'esl pas encore passé» comme tu l*as
dil. Pourquoi me forces- tu à reprendre le
venin dont j*ai empoisonné cet homme et è
mourir avant le temps? Quand mon père
aura sucé et repris le mal qu*il a répandu
dans la création » c'est alors que sa fin sera
Tenue. i>L*apôtre lui dit : « Montre donc dès
h présent la nature de ton père. » Et le ser-
i)ents*é(ant approché appliqua sa gueule sur
a plaie du jeune homme, et exprima le ve-
nin du cadavre. Et en peu de temps la peau
du jeune homme» qui était couleur de pour-
))re, commençait à blanchir et le serpent se
gonQait. Quand le serpent eut absorbé en
ui-mémetout le poison, le jeune homme,
ayant fait un bond, se tint debout, puis il
courut se jeter aux pieds de Tapûtre. Quant
au serpent, il s'enfla au point d'éclater et
mourut; son venin et son fiel se répandi-
rent; et à l'endroit où le venin s'était ré-
pandu, il se fit une profonde ouverture, et le
serjienty fut englouti. Alors l'a^iôtre dil au
roi et à son frère ; « Prenez des ouvriers,
comblez lablme où le serpent a été englou-
ti « posez des fondements, et sur ces fonde-
ments, bâtissez une maison qui serve d'ha-
bitation aux étrangers. »
Le jeune homme disait à Tapôtre en ver-
sant des larmes abondantes: «J'ai péché en-
vers le Dieu que tu annonces et envers toi ,
mais écoute ma prière : car tu es un homme
avant deux formes» et Ton te rencontre là
ou lu veux être rencontré, et tu n'es arrêté
par. personne, comme je Je vois bien. J'étais
auprès de toi, je l'ai aperçu« cet homme qui
te parlait: n Par loi, » disail-il» « j'ai beau-
coup de miracles à faire éclater, beaucoup
de grandes œuvres à accomplir, dont tu
recevras la récompense; tu ressusciteras
beaucoup d'horgnes, et ils demeureront
dans une paix «il dans une lumière éter-
nelles, comme des enfants de Dieu. Ainsi,»
ajouln-t-il en parlant do moi, « ressuscite ce
jeune homme qui a été frappé par l'ennemi,
et sois son a[)pui en toute circonstance, v
Voilà pourquoi tu es heureusement venu
ici, voilà pourquoi tu retourneras heureu-
sement vers celui qui ne t'abandonne jamais.
Pour moi, jo n'ai plus ni crainte ni remords;
car il m*a éclairé en me tirant des angoisses
de ta nuit, et j'ai retrouvé le repos, et je
suis délivré du jousc de celui qui m'avait
excité à faire le mal. J'avais péché contre
celui qui m'av/iit enseigné le bien. Mainte-
nant j'ai laissé aller le uls des ténèbres, qui
me forçait à pécher selon ses œuvrrs, maisj'ai
rencontré Thomme de lumière qui est mon
frère. J'ai laissé aller celui qui obscurcit et
aveugle ses esclaves, afin qu'ils ne voient
pas ce qu'ils font, qu'ils se couvrentde honte
à leur insu» et marchent par leurs actions
au but que lui-même a marqué; mais j'ai
trouvé celui dont les œuvres ne sont que*
lumière, dont les actions ne sont que vérité»
et (]u'on ne se repeni jamais d'avoir suivi.
(I09Ô) Le texte porte (JLoi9f;ç qui n offre aucun
8em : nous .ivuns substitué (jia6^TTi((djsrfp/e),*que
seiubLui indiquer le inouvement de la pensée_<it
Je me suis éloigné de celui qnî ne laisst
après lui que le mrnsonge» qui préoUe les
hommes et les guide comme une ombre
dans les ténèbres, tandis que derrière eux
marche l'opprobre s'étalantavec impuJenre
dans le désœuvrement; maisj'ai trouvé re-
lui qui fait briller à mes yeux des splcn«
deurs afin que je les possède, le fils de la
vérité, le frère de la concorde, celoi q-i
dissipant l'obscurité illumine sa rréalorc,
qui guérit les blei^sures et anéantit les en-
nemis des siens. Je t'm supplie, homme du
Seigneur, fais que je voie, uue je cont(vnpie
de nouveau celui qui s'est dérobé à mes re-
§ards, fais que j'entende encore cette voix
ont je ne puis exprimer les merveilles, car
elle n'est pas l'effet de cette machine toute
corporelle, n
L'apôtre lui répondit: «t Si, comme la
l'as dit, tu as perdu la conscience des ini-
quités dont tu as été l'instrument, et si ta
connais celui qui les a accomplies en toi, lu
deviendras le disciple (1093) docile de celai
dont l'amour échauffe ton cœur et que lu
veux aujourd'hui contempler, tu le verras,
tu seras avec lui p«ur réternité«tu te reposa*
ras dans son repos, et tu feras une fiarlie Je
son allégressp. Mais si tu n*as pour lui
qu'un zèle pusillanime, si tu retomi>es dnnt
tes fautes passées, si tu perds de vue celte
imago radieuse, ce visage pur, qui mainte-
nant s^offre à les yeux, si tu oublies l'éclal
resplendissant de celui qui est en ce mo-
ment l'objet de tes désirs , non-seulement
tu seras privé de celte vie, mais encore de
la vie future, et tu retourneras vers celui
que tu disais avoir pcrUu, et tu ne verras
plus celui que tu disais avoir trouvé. »
Ayant ainsi parlé, Tapôlre se dirigea t
vers la ville, tenant la main du jeune hoiunit',
et lui disait : « Ce que lu as vu, mon enfant,
n'est qu'une faible partie des innombrables
merveilles de Dieu. Car ce n'est pas, sur cef
objets qui frappent nos regards, qu'il nous
évangélise; if nous annonce de plus grandes
choses. Tant que nous sommes dans lesliens
du corps, nous ne pouvons dire et fairo
voir les biens qu'il réserve à nos Ames. Si
nous disons qu*il nous dispense la lumière,
cela est visible, et nous en jouissons; qu'il
nous donap ia richesse, cela est aussi réel et
sensible en ce monde, et nous pouvons en
parler : il est dit, en effet, qu*un riche en-
trera difficilement dans le royaume des
cieux (1094.). S'agit-il de vêtements splendi-
des, dont se couvrent les voluptueui en
cette vie? il est dît également que ceux qui
portent des habits efféminés, sont dans le pa-
lais i\es rois. Des festins magnifique»? Il
nous a été prescrit de nous en abstenir, de
peur que nos cœurs ne soient appesantis |>ar
la gourmandise et l'ivrognerie, et par les
soucis de cette vie selon cette parole
de l'Evangile : Ne soyex point en ioufi
pour voire âme^ de ce que voue nuÊmgeres el
la siiuilliude roalériclle des termes.
(1094) Cf. Hatth. xix, i3; Marc, x, Si.
IW7
THO
PART. IIL— LEGENDES ET FRAGMENTS.
TIÎO
\r%
de ce que vous boirez; ni pour votre corpe^
de ce aue vous serez vêtus : Tàme nest-dle
pus plus que ia nourriture^ et le corps plus
que les vêtements (1095) ? £u6n» est-il ques-
tion de ce repos passager, dont nous jouis-
sons ici-bas?!! a élé aussi défini et jui^é.
Hais nous voulons parler du monde d'en
haut, de Dieu et de ses anges^ de la nourri-
iure éternelle» des vètemenls qui durent et
ne. passent pas, de toutes ces merveilles que
roêil ne voit pas, que i*oreiile n'entend pas,
que l'Âme des pécheurs ne saurait conce-
voir, et que Dieu prépare pour ceux qui
l'aiment. Aie donc loi en lui, toi aussi, mon
enfant, afin de vivre; mets ta confiance en
lui,et tu ne mourras pas. Car il est insensi-
ble aux présents; pourquoi lui en oOrirais-
tu? Il ne demande pas de sacrifices; pour-
quoi lui sacrifierais-tu? Mais tourne tes. re-
gards vers lui, et tes yeux ne s'égareront
pas; car sa magnificence et sa beauté feront
nattre eti toi le désir de l'aimer, et tu ne
consentiras plus à te détourner. »
Pendant que l'apôtre parlait à ce jeune
homme, une foule nombreuse s'approchait.
En se détournant, il les vit qui montaient
f ourle considérer, et se dirigeaient vers les
lieux élevés. Alors il leur dit : « Hommes,
qui êtes venus pour l'assemblée du Christ,
et qui voulez croire en Jésus, instruisez-
vous par ce qui se passe ici, et réfléchissez.
A moins de vous placer sur les hauteurs,
vous ne pouvez me voir, moi, infime créa-
ture, moi qui suis semblable à vous. Si donc,
vous ne pouvez voir votre semblable, à
moins de vous élever un peu au-dessus de
la terre, celui-là, qui demeure dans les ré-
gions supérieures, et qui maintenant se
trouve dans les régions souterraines, com-
ment pouvez-vous le voir, si d*abord vous ne
vous élevez au-dessus de votre vie passée,
des actions qui vous nuisent, des désirs qui
vous troublent, de la richesse qu'il faut lais-
ser ici-bas, de cette demeure qui tombe en
ruine dès cette vie, de ces vêtements qui
sont en lambeaux, de celle beauté qui vieil-
lit et disparait ? Que dis-je? au-dessus de ce
corps tout entier, en vue duquel tous ces
faux biens sont amassés, de ce corps qui,
en vieillissant, devient poussière, retour-
nant ainsi en sa propre nature? Car tous ces
faut biens n'élèvent que vos corps, et non
vos esprits. Ah 1 tournez-vous plutôt vers
l'Homme de notre cœur, vers Jésus-Christ,
que nous vous annonçons, afin que votre (1096)
espérance soit en lui, et que vous viviez en
lui pendant les siècles des siècles, afin qu'il
soit pour vous un compagnon de route en ce
monde, qu'il vous préserve des égarements,
et devienne pour vous un portconlre lesagita-
tionsde la mer. Il sera pour vous une source
jaillissante dans cette région desséchée, une
oasis ferliledans ce pavs de famine, un refuge
pour vosâmes, un médecin pourvus corps. »
En écoutant ces paroles, la foule asscm-
(1095) Matik. VI, 25.
(10116 Tlous avons subtt'tuë ûpicijv fyolré) à vip.cl)v,
(«lofrtfXqui nous semblait arrêter renchatncnicnl des
idées.
blée pleurait, et elle disait à l'afiôlre : « Uo.ii-
rae de Dieu, de ce Dieu que tu annonces,
nous n'osons pas dire quu nous sommes à
lui, parce (|ue les actions que nous avons
faites s*éloignent trop de sa nature, pour
lui être agréables; mais, sMI s'attendrit pour
nous, s'il a pitié de nous, s'il couvre de son
pardon nos fautes passées, s*il nous tient
auittes des péchés que nous avons commis
ans notre égarement, et s'il consent à no
plus nous les imputer, s'il oublie nos erreurs
premières, nous deviendrons ses serviteurs,
et nous accomplirons sa volonté. » L'apôtre
leur répondit : « Il ne vous reproche pas les
fautes que vous avez commises dans votre
égarement; il ferme les ^eux sur les chutes
que vous avez faites par ignorance. »
L'apôtce entra dans la ville suivi de toute
la foulé ; il songeait à aller chez les pareiils
du jeune homme qu'il avait ressuscité : car
ceu!^-ci l'avaient supplié d'entrer dans leur
maison. Tout à coup une femme d'une
grande beauté poussa un grand cri en di-
sant : « Apôtre du nouveau Dieu, toi qui
es venu dans Tinde, serviteur de ce Dieu
saint et seul bon, car c'est par toi qu'il est
annoncé le Sauveur des Ames qui viennent
à lui; c*estpar toi qu'il guérit les corps de
ceux qui sont atteints par l'ennemi; et c'est
toi qui es la cause visible de toutes les con-
versions qui se font en lui, ordonne qu'on
me conduise en ta présence pour que je te
raconte ce qui m'est arrivé, et que de toi
me vienne 1 espérance, et que ceux qui t'ac-
compagnent sentent aussi se raffermir leur
espoir en ce Dieu que tu annonces. Car je
SUIS cruellement tourmentée par l'ennemi ,
voilà déjà cinq ans. Avant ce temps , j'étais
une femme vivant dans le repos, et la paix
m'environnait do toutes parts, et je n'avais
nul souci : car je n'étais préoccupéo de qui
que ce fût au monde*
^ Mais il arriva qu'un jour, en sortant du
bain, je vis venir à moi une sorte d'hommo
plein de trouble et d*agitation. Le son de s.i
voix me paraissait être sourd et çrAle ; et
s'étant placé en face de moi, il me dit: a Moi
et toi nous allons nous confondre dans un
seul amour, et nous nous unirons l'un à
l'autre, comme le font un homme et une
femme. » Et moi je lui répondis : « Je ne me
suis pas unie à mon fiancé (1097) que j'ai
supplié de ne pas m'épouser; quand tu veux
t'unir à moi par une espèce dadultèro ,
comment me livrerai-je à toi ? » Et, en di-
sant cela, je m'éloignai de lui. Et je dis à
ma jeune esclave : « Tu as vu ce jeune hom •
me et son impudeur? comment a-t-il pu
sans rougir me parler avec cette liberté ? »
Elle me répondit : « Je n*ai vu qu'un vieil-
lard qui te parlait. » Or, commej'étais dans
ma maison après mon souper, je sentis naî-
tre un soupçon dans mon cœur, en rétlô-
chissant qu'il m*était apparu sous un douhlo
aspect. Je m'endormis avec cette idée. Et
(1097) Le grec porte xc]) £p(i,3r:cj> , moi qui ne ^a
trouve que dans le Glossaire de Du Cangii , où il u
la signiiicaiioo que nous lui donnons Ici.
iû:9
DICTION'NAIRC DES APOCRTrilES.
« 40
luifétAnt venu cette nuil-là, s*unit à aïoi
par un commerce infâme. Quand il fui jonr,
je le vis etmesauvaj loin do lui; mais, proQ-
tant de la nuit qui est propice à ses œuvres,
il revenait et abusait de moi. Et aujourd'hui,
telle que tu me vois, voilé cinq ans qua je
suis tourmentée par lui, et.qu'ii ne m'a pas
Ïr.iltée. Or je sais avec certitude oue les
émons, les esprits et le^ maudits I obéis-
sent, et qu'ils deviennent tremblants devant
tes invocations. Prie donc pour moi , et
chasse de moi le démon qui me tourmente ,
afin que je retrouve ma liberté, que je ren-
tre dans ma nature primitive , et aue je
jouisse de la grfloe accordée h mes frères. »
Alors Tapôlre dit : « O perversité insurmon-
table! iu)pudeuce du démon I èlre nalfa^*
sant, qui jamais ne se lasse; être difforme,
qui subjugue la beauté 1 être à mille formes!
Il se montre dans l'état qu'il désire; mais sa
nature ne saurait changer. Quelle fourberie!
quelle ardeur insatiable! Arbre amer, qui
porte des fruits amers! O diable» qui lottes
pour ravir le bien d'nutruil O mensonge,
qui as recours à l'impudence! Etre dont la
méchanceté rampe comme le serpent, et qui
^ui ressembles par ta nature, n A peine i a-
pôtre avait-il cessé de parler, que le ma^
lin esprit apparut et se plaga devant lui ; per-
sonne ne le voyait excepté la femme et
l'apôtre. Mais ayant pris une voit retentis-
sante,ilditoes paroles, que tous entendirent.
« Qu'y a-t-il entre nous et toi, apdtre du
Très-Hautî Qu'y a-l-jl entre nous et toi, es-
clave de Jéaus-Cbrisl? Qu'y a-t-tl entre
nous et toi« ministre de l'Ë^prit-Saint f
Pourquoi veui-tu nous perdre quand notre
heure n'est pas encore venue? Pourquoi
veux -tu usurper notre puisàtanco ? Jus-
qu'à ee jour, en etfet, nous avions droit
d'espérer encore quelque temps de répit.
Qu'y a-t-il entre nous et toi? Tu as droit
sur*^les tiens» Qt nous sur les nôtres. Pour-
quoi veux-tu user de violence à notre égard,
toi qui enseignes à ne pas user de violence?
Pourquoi recherches-tu les choses d'autrui »
comme si les tiennes propres ne te sufGsaient
point? Pourquoi imites-tu le Fils de Dieu,
qui nous a fait du mal? Car tu es entière-
ment semblable à lui, comme s'il t'avait en-
gendré. Nous avions songé h le dompter,
comme le reste des hommes; mais, s'etanl
mis en garde , il nous a soumis à sa puis-
sance. En etfet, nous ne le connai.ssions pas;
il nous a trompés par la fi^^ure qu*il avait
f)rise, par sa pauvreté et sa détresse. Après
'avoir considéré, nous pensions que c'était
un homme revôfu de chair, et nous igno-
rions que c'est lui qui donne la vie aux
hommes. Il nous a accordé un plein (louvoir
sur les créatures qui sont nôtres» et, dans les
limites de ce temps où nous sommes,il nous
a permis de ne pas nous en dessaisir, mais
de nous faire sentir en elles: et toi, au mé-
pris de nos droits et en dehors de ta mission,
tu veux nous dominer et nous vaincre. «
Ensuite il se mit à pleurer, en disant :
«Je t'abandonne, ma belle compagne, que
j'ai rencontrée il y a longtemps, et dans la
possession de qui je me reposais; je te laissa,
ma sœur bien aimée et fidèle, eo qui i'aî
pris mon bon plaisir*. Que ferai-je? je ri.
^ gnore; qui appeilerai-je pour me servir et
me venger? Je sais ce que je ferai; je
[partirai pour un pays où la renomoi/^^
do cet homme n'est pas parvenue» et )è,
peut-être, je pourrai, è ta place, retroiiv<»r
une compagne •bien-aimée. »*Puis, élevant
la voix, il continua :'« Demeure en (leit,
puisque tu as trouvé un refu^^e auprès d'un
plus puissant que moi; mais comme je l'ai
dit, je m'en irai, et jVn chercherai une au-
tre qui te ressemble, et, si je n'en trouve
pas, je reviendra pour moi. Car, je saisqu'pn
demeurant auprès de cet homme tu trouves
en lui un refuge; mais, lui parti, (a seras
telle que lu étais avant sou arrivée; tu lui
deviendras inconnue, et en même temps qoe
l'occasion reviendra, pour moi la liberté;
aujourd'hui , je redoute le nom de cel li qui
t'a délivrée. » Ayant dit ces paroles, le<i^
mon disparut. A l'endroit même où il venait
de disparaître , r»e vil une flamme et de la
fumée, et tous ceux qui étaient venus là L-
rent frappés de crainte.
L'apôtre voyant ces choses dit : t 11 n'y
a rien de surprenant ni d'étrange dans te
spectacle que vous présente le démon; mAÎ^
i-l 8 montré sa nature, Télémentdans Icqu I
il sera brûlé; en effet le feu ranéanlira, et
la fumée du feu se dissipera dans les airs. •
Ensuite il commença à firier: « Jt^sus-Chrisi,
mystère impénétrabU^ qui m'as été révélé;
c'ciï toi qui m'as dévoilé d'innombr?li!es
mystères; c'est toi qui, me distinguant ei.tra
tous mes compagnons, m*as contié trois ;>a-
rôles qui me brûlent et que ie ne puis redire
h d'autres : Jésus-Christ, nomme crudtié,
mort, enseveli; Jésus, Dieu né d'un Dieu,
notre Sauveur, toi qui ressuscites les morts e{
aui guéris les malades ; Jésus, toi qui manques
e tout et qui pour sauver k*s antres ne
manques de rien ; toi qui pêches les poissons
pour noire dîner et notre souper, et qui,
avec un seul pain, rassasies tonte la muiti*
tudc; Jésus, toi qui, comme homme, te re-
poses des fatigues du voyage, el» comme
Dieu; te promènes sur les flots.
« Jésus Très-Haut, voix née fies entrailles
les plus miséricordieuses. Sauveur de tous
les hommes, droite de ia lumière, qui con-
f(mds le malin dans sa propre nature, et
circonscris sa puissance daiii un seul lieu;
toi qui es un être unique, et l'afné d'un
peuple de frères; Dieu né du Dieu Très-
Haut, et cependant homme naguère ettoure
méprisé; Jésus-Christ, toi qui ne détournes
pas les yeux quand nous t'invoquons; loi qui
t'es donné en exemple à tous par ta vie
terrestre; toi qui, pour l'amour de nous, e5
plongé par des juges dans une prison , et
qui délivres tous les prisonniers; toi qu'on
appelle un vagabond errant, et qui retires
les tiens de Terreur; Jésus, je te prie pout
ceux qui sont ici, et qui te prient 'ctti*
mêmes et qgi croient eu loi : ils te pritui,
en effet, de leur accorder tes grâces, pleins
d'espérance en ton appui , et certains û^^^
1041
THO
PART. III. — LEGEIlDfiS fil FEAGM ËNTS.
TIIO
mi
tenir ton secours de ta granJeur mfiuie. Us
ourrent leurs oreilles pour entendre les dis-
cours <jui sortent de notre bouche. Que ta
paix vienne et habite en eux, afin quMIs
soient purifiés de leurs fautes passées, nùa
qu'ils aépouillent le vieil homme avec ses
œuvres, et qu*ils revêtent Thoninie nouveau,
celnlque je leur annonce à cette heure. »
Et leur ayant imposé les mains, il les
bénit en disant : « La grAcede Nolro-Seigneur
Jésus-Christ soit avec vous jusqu'à la fin des
siècles. )» Et ils répondirent : « Amen. •
Alors la femme le supplia en disant : « Apd*
tre du Très-Haut| aonne-moi le signe du
saiut (1098], afln que Tennemi ne revienne
pas en moi. d L'apôtre la fil approcher de
lui, et lui ayant imposé les mains, il la mar*
quadu sceau divin au nom du Père, et du
Fils, el du Saint-£sprit.Beaucoupd'autres en-
core furent marquesdu sceau en même temps
qu*elle. L'apAtre ordonna à son diacre d'ap-
prêter une table, et on apporta un banc qui se
trouvait là. Ayant déplié une nappe sur ce
banc, il y plaça le pain de bénédiction. Puis,
5*en étant approché, il dit : « Jésus-Christ,
Fils de Dieu, qui nous as jugés dignes de
prendre part à TEucharislie do ton corps
saint et de ton sang précieux, vois, nous
osons célébrt;r celte Eucharistie et invoquer
ton saint oom : viens et communique-toi à
nous. »
Il ajouta : « Viens, miséricorde parfaite;
viens, dispeilsatrice de la mâle vertu; viens,
toi qui sais les mystères de Télu ; viens, toi
q li partages tous les combats ,de l'athlète
généreux; viens, silence oui révèles les
merveilles de la grandeur infinie; viens, toi
qui dévoiles les choses cachées et découvres
les choses secrètes, sainte colombe qui en-
gendres les frères jumeaux: viens, mère
niytérieuse, nui te manifestes dans tes œu-
vres, et i^ui donnes la joie et la pait à ceux
qui s'unissent à toi; viens, et communique-
toi à nous dans cette Eucharistie que nous
célébrons en ton nom, et dans cette agape
qui nous rassemble sous ton invocation. »
Ayant ainsi parlé, il traça sur le pain le signe
de la croix, et l'ayant rompu, il commença à
le distribuer. Il en donna d abord à la femme,
en disant : « Reçois ceci pour la rémission
de tes péchés et le rachat de tes fautes d'ici-
bas (1099). » Ensuite il en donna à tous ceux
qui avaient reçu le si^ne de la bénédiction.
Or il y avait là un jeune homme qui avait
commis une action criminelle : s*élanl ap-
proché de ra|)6tre, il prit avec sa bouche le
pain de TEucliaristie: car ses mains venaient
d'être subitement desséchées, au point qu'il
ne pouvait les porter à ses lèvres. Les assis-
(i098) Le texte porte Tf]v <j^pail^. Evidemment,
il ft*agU encore toi de la eonllrmation , et non du
Itaptéme. La cérémonie qui*va suivre offre tous h s
caracières de celle qui a été décrite »u chapitre
XXVI. La démoniaque demande que Ventiimi m
Tfvienne pa$ en elle , el Tapôlro invoque encore le
principe de («)rce (i\ xoiviuvta toû àppi^^). Cette
femme éiaii clirélieiuie depuis cinq ans.
(i099^ Etç Xiitpov alcuvîwv àjjLapttiiJLitwv , «lil l^
Icxie. Pour péué'ver dans la pensée de Taiittur, il
tants, ayant vu cela, en instruisirent TapA-
tre. Celui-ci, ayant appelé le jeune horamts
lui dit : « Dis-inoi, mon enfant, et parle sans
crainte; qu*as-tu fait, et comment en es-tu
venu là? car TEucharistie du Seigneur vient
de t'accuser. En effet, ce bienfait, qui se ré-
pand sur un grand nombre, guérit surtout
ceux qui s*en approchent avec la foi et Ta-
raour; pour toi» il t*a paralysé, et cela ne
s*est pas fait sans quelque influence, h Le
jeune homme, convaincu par I Eucharistie
du Seigneur, s'étant avancé, tomba aux pieds
de fapôlre, et le pria en disant : « J'ai fait
une action mauvaise, mais Je croyais en faire
une bonne. Je m*étais épris d'une femme
qui habitait hors de la ville, dans une hôtel*
lerie; elle aussi m*aimait. Or je t'avais en-
tendu parler, et j'avais eu foi dans le Dieu
vivant que tu .annonces; je m'étais approché,
et j'avais reçu de toi le signe du salut avec
les autres. Et tu disais : « Quiconque aura
contracté une liaison impure, surtout en
état d'adultère, oeiu|-là ne vivra pas au[)rès
du Dieu que j'annonce. » Gomme j'aimais
violemment cette femme, je la suppliais et
lui conseillais d'habiter avec moi, et d'adop-
ter cette vie chaste et pure que lu recom-
mandes. Elle ne le voulait pas. Alors je pris
une épée et je la tuai, cnr je né pouvais la
voir se livrer à un autre. »
Ayant entendu ces paroles, l'apôtre dit :
K O commerce insensé, à quel excès d'im-
pudence ne te portes-tu pas? O concupis-
cence invincible, comment as-tu poussé cet
homme à a^ir ainsi? O œuvre du serpent,
avec quelle fureur tu t'acharnes sur les
tiens 1» Puis il commanda qu'on lui apportât
de l'eau dans un bassin. L'eau ayant été ap-
portée, il dit : « Viens, eau des eaux éter«
nelles^étre des êtres, qui nous a éii an-
noncé; viens, source de repos qui nous a étu
promise, puissance du salut, émanation de
cette autre puissance qui triomphe de tout et
soumet tout à sa volonté; viens et habite
dans cette eau-ci, afin que la grâce de l'Es-
prit-Saint s'accomplisse complètement en
elle. » Et il dit au jeune homme : « Va, lava
tes mains dans cette eau. >» Et celui-ci ayant
obéi, ses mains furent guéries. Et l'apôtre
lui dit : « Crois-tu en Notre-Seigneur Jésus-
Christ el en sa toute-puissance? » Il répon-
dit : « Quoique je sois bien infime, j'y crois.
Mais j'avais aj^i ainsi, croyant bien agir;
ainsi que je l'ai dit, j avais prié cette femme,
et elle n'a*pas voulu consentir à se con.^erver
pure. »
L'apôtre lui dit : « Retournons dans l'hô-
tellerie, où tu as commis cette action, et
voyons ce qui est arrivé. » Le jeune homme
nous a fallu forcer un peu le aens du mot atévtoç.
Uoe autre interprétaliou s^étail d*abord préseuiée à
notre esprit. Il nous avait semblé que ataiviov, Juini
à ryapàmu}\UL , pouvait prendre le sens de qut eii-
traine une peine éternelle , pichi mortel ttit conse-
il ueni. Les fautes vénielles Sont remUee (tt; Sçftftv
Àoapticûv) ; les péchés mortels soni raclieiés (cic
XvTpov). liais p^t-élre l'explication éiait-elk un
peu tubtile.
lOiS
BlCTIONNÀiRE DES .VPOCRYPHES'
lo:l
précédait Tapotre pour lut montrer le che-
luio. Et ^uand ils turent arrivés dans l'hô-
tellerie, ils trouvèrent la femme étendue.
Ûapôtre , à cette vue, fut consterné, car
c'était une belle jeune fille, et il ordonna
qu'on la portât au milieu de Tbôtellerie.
Ceux qui étaient là, l'ayant placée sur un
lit, l'emportèrent et la déposèrent au milieu
de la cour de rh6tellerie. Alors l'apôtre posa
sa main sur elle , et commença à parler :
« Jésus, toi qui te manifestes à nous en tout
lieu (car iu veux que nous te trouvions
partout), tu nous as permis de demander et
de recevoir, et non-seulement tu nous as
enseignés à te prier, toi qui es toujours pré-
sent aux yeux de l'esprit, toi dont la forme
nous échappe, mais que tes œuvres font as-
sez voir; oui, nous te connaissons, dans la
mesure de notre faiblesse, par tes actions
sans nombre, et toi-même, dans ta bonté
intjnie, tu nous donnes accès dans ta maison
en disant : Demandez^ et il vous sera donné;
cherchez^elvous trouverez; frappez^ et ilvous
sera ouvert (tlOO). Nous te prions donc avec
la conscience de nos péchés ; nous ne te de-
mandons ni or, ni argent, ni domaine, ni
aucune de ces choses qui viennent de la terre
et y retournent, mais ce que nous tedeman-
dons avec instance, c'est que par ton saint
nom et ta toule-puissance tu ressuscites cette
femme en vue de la croyance et de la foi des
assistants. »
Ayant fait cette prière, il marqua le
jeune homme du signe de la croix, et lui dit:
c Va, et prenant la main de celte femme,
dis-lui : « C'est de mes mains que je t'ai
tuée par le fer; c'est avec mes mains et par
ma foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ, que
je te ressusciterai. »Le jeune homme s'élant
avancé se tint debout auprès de la morte, en
disant : a J'ai eu fi)ien toi, Jésus-Christ. » £t
tournant les yeux sur Tapôlre Jude Tho-
mas, il ajouta : <t Prie pour moi, afin que le
Seigneur, que j'invoque de mon côté, me
vienne en aide. » Puis avant placé sa main
sur celle de la femme, il dit : « Viens, Sei-
gneur Jésus*Christ, et donne-nous, à elle
la vie, è moi les arrhes de ta confiance. »
Et aussitôt qu'il eut tiré à lui la main de la
morte, elle bondit et se tint assise, attachant
ses regards sur la foule qui était là. Elle vit
aussi l'apôtre qui était vis à-vis d'elle, et
s'élançant hors de sou lit, elle tomba à ses
pieds, et s'attacha à ses vêlements en di*
sant : « Dis-moi, maître, où est cet autre
qui t'assiste dans tes œuvres, celui qui n'a
pas permis que je restasse dans ce lieu ter-
rible et dangereux, mais qui m'a livrée à toi,
en disant : « Prends-la sous ta garde, afin
qu'elle soitsanclifiée, et qu'ensuite elle soit
ramenée en son séjour primitif? » Or l'apôlre
dit à la femme : « Dis-mous en quel lieu tu
t'es trouvée. » Elle répondit : « Ainsi, toi
qui me protèges, toi à qui j'ai été confiée »
niOO) MaXih, VII, 7.
(itOl) Nous donnons la traduction exacte de
cette phrase d'après le leile tiue nous avons sous
lu veux bien m*entendre? » Pais elle coin*
mença à parler : « Un homme se saisit de
moi; il avait une figure repoussante, élaiten-
tièrement noir, et ses vêtements étaient mi-
sérables. Il me conduisit dans un lieu où se
trouvaient plusieurs gouffres; il s'en échap-
pait des odeurs fétides jet des exhalaisons
pernicieuses. Il me forçait à me pencher
sur chaque gouffre. Dans l'un je ?is un ar-
dent brasier, et des cercles de feu y tour-
naient, et dans ces cercles des âmes étaient
suspendues, se heurtant les unes contre les
autres; on y entendait bien des cris et des
hurlements; mais il n'vaTait personnepour
les délivrer. Alors cet nomme me dit : < Ces
Ames sont de la même race que toi; elles
ont été condamnées ausupplice et à l'anéan-
tissement pour un temps prescrit; alors
d'autres seront amenées* à leur place, qui
seront elles-rodmes remplacées à leur tour.
Ce sont les ftmes de ceux qui ont troublé
l'union de l'homme et de la feorme. » Et
ayant de nouveau regardé, jn vis des enfants
nouyeau-nés entasses les uns sur les autres,
se débattant les uns contre les autres ; ils
étaient placés auprès d'eux. Avant repris la
parole , il me dit : « Ces enfants sont les
leurs, et ils ont été placés là pour témoi-
gner contre eux. »
Ensuite il m'emporta vers un autre ^f-
fre, et m'étant. penchée , je vis s'onvnr un
amas de fan^e et de vermine , et les flmes
qui s'y roulaient, et j'entendis un immense
grincement de dents qui venait d'elles et
montait jusqu'à moi. Et l'homme me dit :
« Ces Ames sont celles des femmes qui ont
abandonné leurs maris; et se sont souillées
par l'adultère , et c'est pour cela qu'elles
ont été précipitées dans ces tourments. »
Ensuite il me montra un autre gouffre, et
m'étant penchée, je vis des Ames qui étaient
pendues , les unes par la langue, les autres
par les cheveux, d'autres par les mains,
d'autres enfin par les pieds la tète en bas ;
elles exhalaient de la fumée et du soufre.
L'homme qui était avec moi, me dit alors :
tf Ces Ames suspendues.par la langue sont
celles des calomniateurs, qui ont tenu des
discours mensongers et honteux (iiOl), ont
vécu sous l'impudence, marchant çà et là
tète nue dans le monde. Les Ames suspen-
dues par les mains sont celles qui ont ravi
et dérobé le bien d'autrui, n'ont jamais rien
donné à des conditions équitables, et nesont
f)as venues en aide aux opprimés; mais el-
es agissaient ainsi pour tout accaparer, et
ne prenaient nul souci de la justice et de la
loi. Les Ames suspendues par les pieds sont
celles qui, dans leur folie et leur emporte-
ment, se sont précipitées dans les voies de
la dépravation et du désordre, ne visitant,
pas les malades, n'accompagnant pas ceut
qui sortaient de la vie. Ainsi chacune de
ces Ames est traitée selon ses œuvres. »
a Puis, m'ayant emmenée encore. Il m^
les yeux • mais il est facile de voir qu'il y a benne ;
c Les Ames suspendues par les cheveu^ tout c«llei
qui oui vécu dans rimpudeoce, i etc.
1045
THO
PART. III. — LEGENDES ET FRAGATENTS.
TUO
1045
monira une caverne tout è fait ténébreuse»
d*où sortait une odeur infecte; un grand
nombre d*Aaies se penchaient en deiiors
pour aspirer un peu d*air; mais les gar*
diens ne leur permettaient pas de se pen-
cher. Celui qui était avec moi» me dit:
« Ceci est la prison des ftnies que tu as
▼ues; car lorsqu'elles ont subi leur peine»
chacune suivant ses iniquités, elles sont rem*
placées par d'autres, et sont livrées à de
nouveaux châtiments : quelques-unes» pour-
tant» se consument entièrem^^nt dans le
DJÔine lieu. »
• Les panliens de cette sombre caverne
dirent à rbomme qui s*était emjiaré de moi:
« Livrez-nous cette femme» pour que nous
la réunissions aux autres jusqu'à l'heure
où elle devra être livrée à son châtiment.»
Mais il leur répondit : « Non, je ne vous la li-
vre pas» parce que je cntins celui qui me
Ta remise. £n effet, je n'ai pas regu Tor^
dre de la laisser ici ; mais je 1 emporte avec
moi jusqu'à ce que je reçoive un ordre
qui décide de son sort. y> Et m*ayant saisie,
il me transporta dans un autre endroit, où
se trouvaient des hommes soumis à des
tourments amers. C'est alors que celui qui
le ressemble m'a prise à son tour, et m'a
remise entre tes mains en disant : « Prends-
la » car c'est une des brebis qui sont égarées. »
Et après avoir été prise par toi» je suis en
ta présence. Fais par tes prières que je ne
retourne plus dans ces lieux de torture que
je viens de voir. » Alors l'apôtre dit à la
fnule assemblée : « Vous avez entendu, mes
frères, ce qu'a raconté cette femme. Ces châ-
timents ^ne sont pas les seuls; il y en a
d'autres encore pires. Si vous ne vous tour-
nez pas vers le Dieu que j'annonce, si vous
ne renoncez pas à vos œuvres passées et »ux
actions que vous avez faites sans connais-
sance» vous trouverez votre fin dans ces
châtiments. Ayez donc foi en Notre-S^signeur
Jésus-Christ; dès aujourd'hui il vous remet
les péchés que vous avez commis jusqu'à
présent, et un jour il vous purifiera de tou-
tes les convoitises corporelles qui restent
sur la terre» et il vous guérira de tou-
tes les erreurs qui vous suivent, vous ac-
compagnent ou vous précèdent ici -bas. Or»
que chacun de vous dépouille le vieil hom-
me , et revête le nouveau. Laissez là vos
anciennes voies et votre conduite passée.
Que les voleurs ne volent plus, mais aulls
gagnent leur pain par leur travail et leurs
sueurs; que les débauchés ne se livrent
plus k la débauche» de peur de se livrer
d'eux-mêmes aux châtiments éternels; car
la débauche est de tous les maux le plus
désagréable à Dieu. Renoncez à l'avarice»
au mensonge» à l'ivrognerie, à la calom-
nie, à rendre le mal pour le mal; car toutes
ces choses sont contraires et antipathiques
au Dieu que j'annonce. Mais vivez dans la
foi» dans la douceur, dnns la sainteté et dans
l'espérance, qui sont la joie de Dieu, afin de
devenir ses enfants et de rei'.evoir les bien-
•
faits qu'il ne donne qu'à un petit nombre. »
Tout le peuple eut donc foi, et ils mon^
trèrent une âme docile au Dieu vivant et
à Jésus-Christ, mettant leur joie dans ses
œuvres bénies et dans le saint ministère
que l'apôtre exerçait en son nom. Ils lui
apportaient beaucoup d'argent pour le sou-
lagement des veuves; car il v en avait un
grand nombre rassemblées clans les villes,
et il leur envoyait à toutes, par l'entre-
mise de ses serviteurs» les choses nécessai-
res» vêtements et nourriture.. Mais il ne
cessait pas d'évangéliser; il leur disait et
leur montrait que Jésus -Christ est bien
celui qu'ont prophétisé les Ecritures, an-
nonçant qu'il viendra, sera crucifié et res-
suscitera le troisième jour d'entre les morts.
11 les instruisait» et leur expliquait, en re-
montant aux prophètes» tout ce qui louche
Jésus-Christ» prouvant qu'il fallait qu'il vint
et qu'en lui s accomplissent toutes les pré-
dictions dont il avait été le sujet. La re-
nommée de l'apôtre s'étendit dans toutes les
villes et dans toutes les contrées; et tous
ceux qui avaient dans leur famille des ma-
lades ou des démoniaques» les lui amenaient»
et il les guérissait; et ceux qu'on plaçait
sur la route* où il devait passer» il les
guérissait aussi par la puissance du Sei-
gneur. Alors tous ceux qu'il avait guéris
disaient d'un cœup unanime et avec une
seule voix. «Gloire à toi, Jésus, qui donnes
à tous également la guérison par Thomas»
ton serviteur et ton apôtre I Revenus à la
santé et à la joie» nous te demandons la
grâce de faire partie de ton troupeau» et
d'être comptés parmis tes brebis. Accueille-^
nous donc» Seigneur, et ne nous impute'
pas les chutes et les fautes que nous avons
faites» lorsque nous étions dans l'ignorance.»
Et l'apôtre dit : « Gloire au Fils unique
du Père» à l'atné de tant de frères I Gloire
à toi» défenseur et soutien de ceux qui vien-
nent se réfugier en toit à toi qui veilles
éternellement pour éveiller ceux qui sont
(ii\ns le sommeil» qui vis pour rendre la
vie à ceux qui sont couchés dans la mori;
Dieu, Jésus-Christ» Fils du Dieu vivant»
notre libérateur et notre appui» refuge et
repos de tous ceux qui souffrent pour te
servir» consolateur de ceux qui, pour la
gloire de ton nom, supportent le poids du
jour et la gelée de la nuit; nous te remer-
cions des grâces dont lu nous as comblés,
de l'assistance que tu nous as prêtée dans
ton amour, et du don que tu nous as fait de
toi, en venant en nous.
« Accomplis donc jusqu'à la fin tes des**
seins en nous, afin que nous trouvions no-
tre assurance en toi; abaisse les yeux sur
nous : car pour toi nous avons quitté notre
patrie» pour toi nous sommes devenus des
étrangers en tout lieu, et cela sans regret
ni déplaisir. Abaisse les veux sur nous, et
traite-nous selon tes miséricordes, afin que
tous nos péchés nous soient pardonnes c*
que nous puissions jouir de la gloire. «
mi
DICTIONNAIRE DfiS APOCUTPHES.
lois
TITE.
Il existe sous le nom du jurisconsulte
Zénar, des Actes apocryphes ue la passion
de saint Tite. Us sont cités dans les Menées
des Grecs, ad 23 August,: dans le recueil
des Boliandistes, Acla 55., ad k Januar.y et
dans le Catalogus sanctorum de Pierre de
Nataiibus. (vu, 108.)
M. Amédée Fleury en parle (Saint Paul
et Sénique, t. II, p. 29} et ne les regarde
pas comme fort aulérieurs au xi* siècle. Us
n'ont pas encore été publiés. Nous men-
tionnons, d*après ce savant, ce que Pierre
de Nataiibus en a extrait au sujet de la pré*
tendue conversion de Pline le Jeune; il en
résulte que saint Tite, pendant qu'il était
évègue de Crète, passait un jour devant un
tenûTyile que faisait construire, par ordre de
Tempereur, le proconsul Secundus (c*est-à-
dire Pline le Jeune) pour être dédié à Ju-
piter; ce temple, sur une parole de malé-
diction prononcée par le saint évèque, s'é-
croula aussitôt. Le proconsul étant venu lui
demander la raison d'un pareil fait, Tite lui
répondit qu'il pouvaitfaire reprendre la cons-
truction, mais à la condition que le temple
serait dédié au Dieu des Chrétiens et non
1)lus à Jupiter. Moyennant cette condition,
a construction du temple fut reprise et
achevée. Frappé d*un tel mirncle, SecuDdus
se convertit et reçut le baptême avec s<*a •
Gis.
La ChronitpAe apocryphe de Deiter con-
firme ce récit. [Ad ann, 220, i 3, éd. Bivar,
Lyon, 1620, p. 270.) Voici la traduction de
ce qu'elle renferme k cet égard :
« L'évèque Tite avait converti à la foi
Pline le Jeune lorsqu'il se rendit de la Bj-
thinie dans l'île de Crète, où il fut chargé
f>ar Trajnn de faire construire un temple en
*honneur de Jupiter. 11 y a des auteurs qui
riensent que Pline mourut martyr à C6me
e 7 août. »
Mais, ainsi que lefont remarquer les Bol-
landistes {ad kJanuar.)^ le Secundu$^ martyr
à C/)me, dont l'Eglise célèbre la fête le 7
août, était un soldat de la légion Ihébaioe,
et le prétendu martyre de Pline ne saurait
trouver de partisans, quoiqu'il soit égale»
meut indiqué dans les Adver$aria A\i soi*
disant Luilprand, édités en 16^0, et sortant
de la même fabrique que le prétendu Dex*
ter.
TOBIE.
(Livre de Tobie.)
Il existe du Livre de Tobie un texte hé-
breu (1102), édité par Fagins et qui présente
des différences avec le texte canonique; on
y remarque quelques circonstances nourel-
les ; ce telle a été inséré avec une traduction
latine dans le tome IV, p. 35-63 de la Bible
polyglotte publiée à Londres par Walton,
165S^1658, 8 vol. in-folio; nous en mettrons
ici une version française :
CHAPITRE PREMIER.
C'est le livre de Tobie, fils d'Hananeel, fils
de Gabriel, de la race d'Ascbel, de la tribu
de Nephtali, qui fut amené captif avec lés
habitants delà terre de Nephtali. Salmanazar,
(1102) Citons k cet égard une indicalion que
fournit M. Caben. 1^ manuscrit de la bibliolhèqite
Saint-Germain des Prés, iv 236 (aujourd'hui fii-
)iliothé<|ue iiiipétiale) renferme une version per-
sane, en caractères hébreux, de diverses livris
apocryphes. CVst d*abord une histoire de Toliie,
racontée d*une manière fort différente de celle de
nos bibles; on y reron< ait la ver>ion littérale
d*iiii texte hébreu rabbinique dent on ne lonnalt
ni Tauteur, ni l*ige et qui. publié en i54i avec une
version latine par Seb. Munster, a été reproduil
dans la Polyglotte de Londres, i. IV, avec un autre
texte fort différent donné par F^gius.
On trouve ensuite : 4' Vhhioire de Judith^ éga-
lement traduite de Thébreu, sur un texte qui a été
buhlié à Venise sans indication d*annéc, mai-^ pro-
bablement vers la fin du xm* siècle. (K09. le catalo-
gue de la bil»liotlièque d'Oppenheimer, p. 659.) 11 a
eié réimprimé àFurch en Bavière» tu 1784. Cette
seconde édition est parlaitcinti.t d*a( coid avec la
roi d*Assyrie, Temmena captif arec tous les
habitants de la Galilée. Moi, Tobie, je che-
minai tous les jours de ma rie dans la justice
et dans la vérité. Et je rendis de granJs
services à tous mes frères, à mon pf*up!e et
à tous ceux qui étaient en exil et qui avaient
été emmenés captifs avec moi. Lorsque j'é-
tais en ma maison, dans la terre dlsrsèt,
j*étais fort jeune, et toutes les personnes Je
la maison de mon père, appartenant è la
tribu de Nephtali, avaient cessé d*aller A ta
maison de David qui était dans la ville sainte
de Jértisalem que le Seigneur avait chol^d
parmi toutes les tribut d'Israël. Et il or-
donna aux fils dlsraël de lui immoler en ce
version persane, excepté dans quelques endroits où
le traducieur persan a mal lu le texte bébrru Cf
texte est assez moderne ; il n*y a pas de doute qo'il
n'ait été fait par un Juif d'Europe, d'après te tene
de la VuL'ate, quoiqu il en diffère rn plusii-urs en-
dr< ils ; 2* VHntoire de Bel et du Dragon qai doit
avoir une source analogue ^ cel'e de rbi»loi<e «!<
Judith. La seule rédaction connue parmi lesJuiIi
est celle qu'on trouve dans le livre de Jo»ipp<t» .
mais elle ne ressemble point à la \ersion p^ruwi
qui s'accorde beaucoup mieux avec tes textes (trfc
et latin, quoiqu'elle en diffère en plasieun^ passage*.
La verhiou persane ea qui aKx>nde d'hébraîsacs, m
peut dériver que d'une version hébraïque q«*M
rabbin d'Eurofie aura faite sur U Bible grecqecot
latiue; 5* V Histoire apocryphe dee Machakéee; C*^
une version littérale du ltrr« ifin/tocAM primitivr*
ment écrit en langue chahlaïque et depuis ira^oil
en hébreu. L original cbaldaii|tte existe en loaiios
crii, la virsion hébraïque a M imprimée*
1049
TOB
PART, ni.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
TOB
1030
lieo des sacrifices pacifiques. Et il sanctifîa
)e temple aa nom du Seigneur des armées
atio que son nom y habitftt dans les siècles
et k perpétuité. Toutes les tribus d*lsraël
avAient abandonné le Seigneur, et elles ado*
mient Baat et des idoles exécrables, et c*est
ne que faisait aussi.la tribu de Nephtaii (1 103).
Moi seul j'adorais le Seigneur, et je rne ren-
(laisà Jérusalem trois fois dans Tannée, ainsi
que la loi de Moïse l'a prescrit à jamais. £t
fûbseryais les préceptes relatifs aut premiers
fruits, aux dîmes et aux prémices des toi-*
suns, que je donnais aux prêtres, filsd*Aa<*
ron(llM). Je donnais les premières dtmes
aux fils de Lévi, habitant à Jérusalem, qui se
tenaient devant l0 Seigneur, afin de le servir
et de bénir en son nom. Je vendais les se-
condes dîmes» eten ayant reçu l'argent je mon*
tais h Jérusalem, où je le dépensais pour cha-
que chose que désirait mon Ame, et j'agissais
ainsi chaque année. J'employais les troisiè-
mes dtmes k restaurer la maison, ainsi que
me Pavait recommandé Débora, la mère de
mon père. Car j*étais demeuré orphelin de
mon père et de ma mère. Quand je fus arrivé
à Page viril 9 je pris- une femme, nommée
Hanna, qui uiisait partie de la maison de
mon père; et elle engendra un fils auquel je
donnai le nom de Tobie. Et lorsque nous
fûmes conduits captifs à Ninive, il arriva
que tous mes frères et la maison de mon
père mangèrent le pain des gentils. Mais
moi, je veillais avec vigilance a no pas être
souillé par les aliments et le pain des gentils.
Car je chérissais le Seigneur de tout mon
cœur et de toute mon Âme. Et le Sei^jneur
Dieu me donna de trouver grâce et miséri-
corde aux yeux du roi Salmanazar. 11 m'éta-
blit l'intendant de tous ses domaines, de
sorte que ie pus parcourir tons ses Etats et
la terre de Médian, où je laissai en dépôt
chez Abiel, fils de Gabriel, la somme de dix
talents d*argent.
Le roi Salmanazar étant mort, Sanherib,
son fils, régna è sa place: ce fut un homme
méchant, dur et de mœurs corrompues, et
par suite de la crainte qu'il inspirait, je ne
pus retourner dans la terre de Médian. Pen--
danl le rè^ne de Salmanazar, je rendis de
grands services è tous les frères : car je dis-
tribuai mon pain parmi ceux qui avaient
faim et je vêlis ceui qui étaient nus; lors-
qu'un Israélite était mort, on le jetait au
delà du mur sans Tensevelir, car tel était
. Tordredu roi ; moi, je faisais bonne garde, et
foules les fois que je voyais .un cadavre,
j'allais dans la nuit et je l'ensevelissais.
Quand Sanherib revint avec ignominie de
l'attaque qu*il avait entreprise contre Jéru-
salem, il fit, dans ses accès de fureur, périr
un (^raod nombre d'Israélites (1105), et je
les ensevelis en secret et en cachette. Et
quelque temps après, le roi s'informa des
cadavres de ceux qu*il avait fait mettre k
(llr.3) Tous \e< hommes de ta tribu de NephuH
off'3ieiit (les sacrifices et des holoc^usies aux
veaux d'or que Jéroboam, fils de iNa*:ot, rui dldfacl
aNûi élevés à Betbel et à Dan.
mort, et comme on ne les trouvait pas, un
des habitants de )9inive répondit au roi et
dit : « Tobie a enseveli les morts. >» Le roi,
ayant appris cela, voulut me faire mourir, et
je m'échappai en secret. Lorsqu'on annonça
au roi que je m'élais enfui, il ordonna do
confisquer tous mes biens, de sorte qu'il ne
me resta rien, si ce n'est Hanna, ma fem-
me, et Tobie. mon fils. Je restai caché pen-
dant quinze jours, après les(|uels Adramalech
et Sarrazar, fils de Sanherib, se levèrent et
tuèrent leur père, et se sauvèrent ensuite
flans le pays d'Arnral. Et Esarhaddon, fils de
Sanherib, Végna h sa place, et il établit mon
frère Aharon, fils d'Hananeel, gouverneur
de tous ses Etals, et celui-ci introduisait et
congédiait les jçens d'auprès du roi. El mon
frère Aharon intercéda pour moi auprès du
roi, pour que je pusse revenir a Ninive. El
mon frère Aharon était échanson du roi,
préposé à la carde de son sceau et à la ré-
ception des tributs tl aux registres des dé-
iienses et des recettes. Et le roi Esarhadon,
ils de Sanherib, commnnda à mon frère
Aharon de me rendre ma maison ma femme
Hanna et mon fils Tobie.
CHAPITRE IL
A la fête des Tabernacles, je donnai un
f;rand festin, et lorsaue j'étais assis à table»
e dis à mon fils Tobie : « Mon fils, sors et
vois si tu trouves par hasard quelqu'un de
nos frères, et amène-le afin qu'il mange avec
nous. Hflte-toi et ne tarde point, je t'auen-
drai. y» Et il sortit et revint bientôt, en di-
sant : a Mon père, il y a un des fils d'Israël
qui glt mort dans la campagne. > Et quand
j entendis ces mots, nulle nourriture n'entra
dans ma bouche, mais je me levai et je portai
le cadavre en ma maison afin qu'il y resiAt
jusqu'à ce que le soleil fût couché. Ensuite
je lavai mes mains et je mangeai mon pain
avec tristesse et en gémissant. Et lorsque,
ce même soir, j'eus creusé une fosse et que
j'eus enseveli ce mort, mes voisins me rail-
laient, disant : « Voici cet homme qui a été
forcé de se sauver, parce qu'il ensevelissait
les morts, et à peine est-il revenu qu'il re-
commence à leur donner la sépulture, et il
ne craint point que, si le roi l'apprend, il ne
lofasse périr. )> Mais moi, sans me laisser
émouvoir de ce qu'ils disaient, j'ensevelis le
mort et je ne rentrai point dans ma maison
parce que j'étais souillé. Et je dormis hors
de mon vestibule, me couchant contre le
mur, le visa?;e découvert. J'ignorais qu'une
hirondelle avait fait son nid sur ce mur, et
ayant ouvert les yeux, les petits oiseaux
laissèrent tomber leur fiente qui tomba dans
mes yeux et les troubla aussitôt tellement
que je fus dans l'impossibilité de vuir da-
vantage. Et quoique beaucoup de médecins
vinssent pour me guérir, je ne rencontrai
aucun remède qui me rendit la vue. Mon
(1104) Fmroent, vin nouveau, huile, figues, gr»-
Dalles et tous tes f ru ils de i:i terre.
(1105) Ecraser les eufauls, éventrcr les feiimics
enceintes.
1051
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
1161
frère Ab«ron me persuada enfln de me rendre
eo Allemagne (1106)» où mon épouse tra-
vaillai! pour les femmes ei recevait le salaire
de ses travaux. 1! arriva un jour qu'on lui
donna en payement un chevreau? et quand
elle Peut amené et qu'il commença à bêler,
je dis : «x D*où vient ce chevreau ; peut-être
a-t-il été volé; rends-le à son maître , car il
ne faut pas que nous fassions notre nourri-
ture d'un objet volé. » Et elle me répondit :
« Mon Seigneur vit (1106^). Personne ne sait
que tu as fait de grandes aumônes pendant
tous les jours de la vie, et cependant tous les
bienfaits que tu as distribués ne te servent
de rien. Tu restes dans les ténèbres^ n*ayant
rien et ne jouissant d'aucun bien, h
CHAPITRE III.
Quand j'entendis ce qu'elle disait, mes
entrailles furent émues, et je commençai à
pleurer amèrement et à dire : « Tu es juste.
Seigneur» et tes jugements sont justes, ainsi
que toutes tes voies qui sont la justice et la
vérité: tu juges avec équité et vérité tous
ceux qui viennent en ce monde. Souviens-
toi do luoi, Seigneur, et du haut de fa de-
meure, jette les yeux sur ton serviteur. Ne
te souviens pas de mes péchés et des péchés
de mes pères. Nous avons beaucoup péché
contre toi, et nous nous sommes écartés de
tes préceptes. Tu nous a abandonnés au
mépris des nations, h la captivité, et tu nous
a laissés devenir une fable pour tous les
{>euples de la terre parmi lesquels tu nous a
étés. Agis maintenant selon ta grande mi-
séricorde et regarde-nous du haut de ta de-
meure. Ne nous traite pas selon nosiniquités
et selon les iniquités de nos pères; nous
n'avons pas marché en ta présence selon la
vérité. Mes iniquités se sont emparées de
moi et je ne peux plus voir, ce qui me
plonge dans une grande ignominie. Traite-
moi selon l'abondance de tes miséricordes
et reprends mon flme, car la miséricorde est
meilleure que la vie. Car je suis fatigué
d'entendre les opprobres des hommes, le te
prie donc de m'appeler auprès de mes pères,
dans l'habiiation réservée k tout vivant. Ne
cache pas, je t'en prie, ton visage de devant
moi et ne détourne pas tes yeux de ma
prière. »
Il arriva en même temps oue de grandes
afflictions frappèrent Sara, fllle de Raguel,
dans la terreae Médian, car ayant été donnée
en mariage h un homme, la première nuit,
avant qu'il n'approchât d'elle, il périt.
Satan, qu'on appel le Asmodée, était avec elle
(1107), étouffant les hommes oui voulaient
approcher d'elle, et il arriva qu elle eut suc-
cessivement sept maris qui moururent tous.
Et Sara ayant eu une querelle avec les ser-
vantes dans la maison de son père, elles se
mirent k lui faire des reproches, disant :
<c Ne rougis-tu pas et n*as-tu pas de honte,
car tes parents t ont donnée k sept maris, et
(1106) In Alemanh; sel n lu version des Sep-
tante, in Elymaida,
(I1U6M Formule do lerment en usage chez Ici
lu les as étouffés (oust Qu*7 a-t-ti àoùf.
d'étonnant k ce que tu nous chàtiesainsi ? Il
est évident que tu mourras sans avoir de fis
ni de fille. » Sara, ayant entendu ces paroles
fut enflammée de courroux et elle fut «ai-it
d'un chagrin si violent qu'elle avait le tié>ir
de s'étrangler, et elle l'aurait fait si elle
n'avait pas eu cette pensée : « Si j*agis ainsi,
je connu irai au sépulcre la vieillesse de
mon père et de ma mère, en les accablant
de douleur. » Et elle se retira et se prosterna
devant sa fenêtre, priant et disant: < Que
le Seigneur notre Dieu soit béni, et que son
nom puissant et redoutable soitt>éoî, main*
tenant et dans tous les siècles. Que tous tts
ouvrages te louent. Seigneur, et que toute
chair te groriiie. Seigneur, mes yeux sont
tournés vers toi ; reçois mon âme par ud
effet de ta bonté et ôte-la de ce monde, r^r
je suis accablée de maux, et je suis deveooe
un sujet d'opprobre et de raillerie dans la
bouche de tous les vivants. Est-ce queles se-
crets des cœurs et des reins ne sont pas mani-
lestés devant toi ? Tu sais que je suis pure
de toute tache et de tout commerce avec les
hommes ; je n'ai pas souillé mon nom ni !e
nom de mes parents dans la terre de notre
exil. Je suis la Qlle unique de mon père, et
il n'y a pas d'héritier qui lui succède; je
n]ai point de frère, et tes frères de mon père
n'ont point de Qls, et il n'a point de lareot
qui puisse être pour son âme un sujet df:
consolation J'ai été donnée en mariage à
sept hommes, qui tous sont morts, aussi n'y
en aura-t-il plus qui veuille m'épouser. Ja
te prie. Seigneur, par ton nom; qu'il te pla ^e
de me faire périr, me délivrant ainsi daoi
la multitude de tes miséricordes, de Tof)-
probre que je redoute. nEt sa prière monta en
même temps que celle de Tobie, en pré-
sence de notre Père céleste. Et Diea eut
pitié d'eux, et il ordonna k Raphaël, son
ange, de guérir les yeux de Tobie et de
donner en mariage Sara, Glle de Raguel, à
Tobie, Qls de Tobie, en chassant Saua
loin d'elle, car Tobie était son parent.
Et k la même heure, Tobie ayant fini sa
prière, rentra en sa maison, et SaradescrO'iit
de l'appartement dans lequel elle avait prié.
CHAPITRE IV.
•
Le même jour, Tobie se souvint du dé} iM
qu'il avait fait dans la maison d'Ahîel dans
la terre de Médian, et il pensa ainsi en Im
même : < J'ai prié le Seigneur et je lui ai
demandé de mourir; pourquoi n'appellerai-
je pas mon fils Tobie, et pourquoi ne 1 a
donnerai-je pas des instructions au sujet «io
cet argent avant de mourir ?» Et ayant fan
appeler son fils, il lui dit : « Lorsque je srrM
mort, ensevelis -moi aussitôt et honore u
mère tous les jours de ta vie. Ne détourne
pas d'elle tes yeux, mais fais tout ce qu*e..f
Voudra et demandera. Ne soi5 pas fâcheui
pour elle; souviens-toi de tout ce qu'elle a
Hébreu K.
(iiU7) Asmodée, pnoce des démoBf.
iosi
TOB
PARf . m. — LEGENDES ET FRAGMENTS,
TOB
10:4
souffert pour toi, et de toutes les douleurs
qu'elle a ressenties, lorsqu'elle te portait en
son sein. Lorsqu'elle sera tuortf, place-la
dans le même lombeau que moi. Souviens-
toi tous les jours de ta vie du' Seigneur
notre Dieu, afin de ne pas nécher; ne délaisse
point ses voies et n'oublie point ses pré-
ceptes. Fais ce qui est juste tout le temps
que tu vivras. Ne pèche pas et ne marche
lioint dans la voie des hommes méchants,
mais que la vérité soit avec toi, alors tu
rendras tes voies prospères et tu agiras avec
prudence. Mon fils, consacre à des aumônes
tout ce que tu possèdes. Ne détourne pas
tes yeux du pauvre et du malheureux, de
peur que le Seigneur ne se détourne au5^i
de toi. Si tu- as de grands biens, que (es aur
mônes soient considérables; si tû possèdes
peu, que ta main donne toutefois. Tu te
créeras ainsi un trésor qui te sera utile
dans les moments de tribulation. L'aumône
délivre de la mort et protège ceux qui l'ont
faite, et elle délivre de la condamnation de
la géhenne. Une grande et ample récom-
pense est accordée devant Djeu à ceux qui
s'appliquentàTaumône. Mon fils, abstiens-toi
de toute inconduite; prends une femme
dans ma famille, dans la maison démon père.
Ne là prends pa$dans|une autre tribu, caries
anciens prophètes comme Noé, Abraham,
Isaac et Jacob, nos pères, ont tous pris leurs
femmes parmi les tilles de leurs frères, de là
leurs fils ont été bénis et leur postérité pos-
sédera la terre; mon fils, aime ton procnain
comme toi-même, et ne fais pas d'affront à
tes frères, les fils de ton peuple, ou plutôt
prends une épouse parmi eux. Le faste pré-
cède l'aliaissemcnl et l'orgueil de l'âme
marche avant la ruine. C'est à cause de la
vanité de l'Ame que la pauvreté et la honte
sont venues en ce monde, et la honte est la
mère de la faim. Mon fils, que le salaire de
celui qui aura travaillé (jour toi ne [>asse pas
la nuit en ta main, mais donne-le lui dans
le jour même où il aura travaillé pour toi,
et il arrivera ainsi aue Dieu t'accordera de
suite tout ceque tu demanderas. Ecoute mes
paroles, mon fils, et fais-y attention. Ne te
souviens pas des injures et n'en tire pas
vengeance. Sois modéré en toutes tes voies.
Ne bois jamais jusqu*à t'enivrer et n'aie pas
de rapport avec les gens livrés à l'intempé-
rance. Donne ton pain k celui qui a faim ;
babille ceux oui sont nus. Fais en toutes
circonstances l'aumône, et fais-la de bon
ec£ur. N'écoute jamais les mauvais conseils
des impies, et ne néglige pas le conseil des
hommes sages et prudents. Ne méprise pas
un bon avis. Loue et glorifie en tout temps
ton créateur. Tourne tes voies vers Dieu,
et espère en lui; il le secondera et rendra
tes voies prospères, car il n'y a ni sagesse,
ni prudence, niconseil en opposition à Dieu.
Il élève qui il veut; il abaisse qui il veut.
Observe ce que je te dis, mon fils, et accom-
plis mes préceptes: qu'ils ne sortent jamais
de ton esprit; attache->les plutôt à ton cou et
joins-les à la table de ton cœur; c'est ainsi
que tu trouveras grâce, louange et bonne
renommée en présence de Dieu et des
hommes. Apprends aussi, mon fils, aue j'ai
déposé de l'argent dans la maison a'Abiel,
fils de Gabriel, dans la terre de Médian, à
savoir dix talents d'argent. Ne t'inquiète pas,
mon fils, de ce que nos ressources sont di-
minuées et de ce que notre main a perdu de
sa force, mais fie-tof au Seigneur de tout ton
cœur, fais ce qui lui plaît, évite tout péché
et toute iniquité, et rien ne te manquera. »
CHAPITRE V.
Tobie, ayant entendu ces paroles, répon-
dit : « Mon père, j*exécuterai^ avec fidélité
tout ce que tu me recommandes. Mais
comment pourrai-je recevoir de l'argent d'un
homme que je ne connais point et qui m'est
inconnu? » Alors son père lui donna aussi
le billet signé par Abiel, disant : «Montre-
lui cet écrit, et il te remettra l'argent.
Hftte-ioi, mon fils, va et cherche un homme
qui t'accompagne, et auquel nous donne-
rons une rémunération ; peut-être à ton re-
tour, serai-je encore vivant, s Et le fils, ayant
reçu de l'argent en sa main, alla sur la place
f publique pour chercher un homme qui vou-
ût aller avec lui. Et voici que l'ange Ra-
phaël , ayant pris la figure d'un homme, se
tint devant lui, et Tobie s'approcha, et lui
dit : « Mon frère, as-tu fait le vojrage du
pays de Médian ?» Et l'ange répondit : « Je
l'ai fait. » Tobie dit alors : t Est-ce que tu
connais bien le chemin ? » Et il répondit :
« Je le connais, ainsi que la maison d'Abiei
où j'ai passé la nuit. » Tobie, l'a j;ant entendu
parler ainsi, dit ; « Attends-moi ici un mo-
ment, jusou'à ce que j'aie été parler à nion
\\ère.» Et lange répondit :«Je t'attendrai. »
Alors Tobie alla vers son père, et lui dit :
« Mon père, j*ai trouvé un jeune homme
qui ;a souvent fait le voyage que je vais en-
treprendre. » Le père lui dit : « Amène-le
ici, afin que je sache en quel lieu il est né,
et s'il est digne que je te confie à lui. » Et
aussitôt il rappela en sa maison, et après
des salutations réciproques, Tobie dit :
«Mon frère, de quelle tribu ou de quelle
famille es-tu J » VA l'ange répondit : « Cher-
ches-tu un mercenaire qui accompagne ton
fils, ou bien t'informes-tu des familles et
des tribus ? » Tobie répliqua : « Je désire
savoir ton nom et la famille de ton père. »
Alors l'ange répondit : «Je suis de la famille
d'Hananie, fils du grand Azarias, et mon
nom est Azarias. » Tobie répondit : « Voilà
qui est bien; ne te fâche pas si je t'ai inter-
rogé à l'égard de ta l'amille. Je sais mainte*
nant que tu es notre parent, et que tu es
d'une famille honorable *et renommée. J*ai
connu Hananie et Jothas , fils de Salmon,
homme pieux, et souvent nous sommes mon-
tés ensemble à Jérusalem pour offrir les.
prémices et les dîmes. Ils n'ont certaine- t
ment pa& abandonné le Seigneur notre Dieu, !
et ils n'ont point suivi ces vaines idoles k la
suite desquelles nos pères se sont égarés ;
ce sont des fils d'Israël qui sont de la race
des saints et de la famille des justes. Ainsi,
mon frèrci si lu le veux, je te donnerai un
lOoS
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
1A*.C
demi-sicie, aelpoidsjuste, pour chaque jour
depuis que tu seras parti jusqu'à ce que tu
reviennes en paix. Et quand tu seras revenu,
Rajouterai à ta rémunération ce qui sera
convenable. » L*ange répondit : a Je ferai ce
que tu proposes, v EtTobiedit à son fils :
t Prépare ce dont lu as besoin, et dispose-
toi a te mettre en route. » El il se prépara
aussitôt. Et quand il fut au moment de par-
tir, son père le bénit en disant: « Que le
Seigneur, le Dieu des deux, qui habite au
plus haut des oieux, vous protège, et qu'il
envoie son ange devant vous pour vous as-
sister pendant voire voyage. >» Et quand il
eut parlé ainsi, ils partirent et allèrent en
paix, et un chien qu'avait le jeune Tobie,
allait avec eux. Mais la mère se mil à pleu-
rer et à dire à son mari : « Pourquoi'as-tu
laissé i^artir notre fils? il était le bflton de
nos mains, l'appui el le soutien de notre
maison. Et maintenant tu l'envoies au loin
chercher de l'argent comme si Dieu ne nous
avait pas toujours assistés jusqu'à présent;
comment a-t-il pu venir en ton esprit la pen-
sée insensée de faire réclamer cet argent»
en exposant mon fils aux dangers d'un
voyage, faitsur une route qu'il neconnatt pas,
et sur laquelle un accident mortel peut lui
survenir? » Tobie lui répandant, dit : « C'»*st
assez, cesse de parler ainsi; je suis con«
vaincu de la miséricorde de Dieu, elle fera
qu'ils reviendront sains et saufs, et tes yeux
reverront ton fils, car Dieu enverra son ange
qui protégera leur route afin qu'ils revien-
nent en iM&ix; cesse donc de pleurer, a»
CHAPITRE VI.
Lorsqu'ils se furent mis en route» le soir
approchant, ils entrèrent dans la ville de
Ledikin où ils passèrent la nuit. Et leieune
Tobie étant entré dans le fleuve afin de ra-
IVaichir son corps, un grand poisson sortit
du fleuve, et menaçait de l'engloutir. Et
l'an^ s'apercevant de cela, accourut eu
s'écriant « Ne crains rien, Tobie ; saisis le
poisson comme un homme courageux , et
tratne-le hors du fleuve. » Aussitôt le jeune
bomme prenant courage» saisit le poisson
el le tira hors de Teau. Et l'ange Raphaël
lui dit : « Ouvre le i oisson el retires-en le
cœur» le foie et le fiel, et conserve-les avec
soin. » Le jeune homme fit ce que l'ange
lui commandait, et ayant préparé le reste
du poisson, ils le mangèrent. Se levant en-
suite» ils continuèrent leur route jusqu'à ce
qu'ils arrivèrent auprès de la ville d'inkab-
tnanis» où le jeune homme interogea l'ange»
disant : « Mon frère Azarias» à quoi nous
serviront le cœur» «le foie et le fiel du pois-
son» et pourquoi l'avons-nous pris? « Lange
lui répondit : « Le cœur et le foie servent
contre les entreprises du démon et de l'es-
Erit malin. Et s'ils sont placés sur des char-
ons ardents, el qu'on dirige leur fumée sur
un tiomme ou sur une femme qui sont possé-
dés du démon» le démon sera chassé et n^
pourra revenir à eux. Et si un homme ma-
* lade des yeux se les frotte avtc le fiel, il sera
aussitôt guéri» et il recouvrera l'usage de la
vue comme précédemment. • Lorscfu'iis ai^
prochèrent de la ville de Rigû, l'ange dit au
jeune homme : 4 Si tu le veux, nous rn^rc
rons dans cette ville» el nous passerons !a
nuit dans la maison de Raguei ; il est ton
parent el de la famille de ton père. Il a nne
fille unique d'une grande beauté, noonmt^c
Sara, et si tu veux la prendre pour épouse,
nous en parlerons avec son père, el il \ç
l'accordera, car elle te revient par le ilnii
de la parenté. Et de même que tu es l\U
unique, elle est une fille unique, vertueuse
et bien élevée. Laisse-moi donc parler, et
nous en entretiendrons ton père. Et qu.in I
nous serons de retour, nous célébrerons ain>i
une grande fête, car,Raguel, père de celte jeu-
ne iifle, a juré qu'il ne la donnerait pas b un
étranger qui] ne ferait point partie de sa fa-
mille,suivanl le précepte qu'a établi Moïse.tie
donner sa fille à celui qui est do sa faniille.i
Lejeunehomme entendant ces naroles.ré*
})ondit et dit à l'ange : « Mon frère Azarias,
'ai appris que cette jeune fille avait eu H'\>i
maris» qui tous étaient morts la {ireniitrA
nuit. Je suis l'unique enfant de mon pèi^
et de ma mère, et je crains que la mort n?
me frappe comme el!e a frappé les premiers
maris de Sara , car il y a auprès d*elle uti
démon qui ne fait de mal à aucun bomlrl^
si ce n'est à celui auquel elle est donnée
comme épouse. Je crains donc de mourir et
de conduire ainsi au sépulcre la vieillesse
de mon père et de ma mère plongés dans k
désespoir» car ils n'ont pas de fils qui les
ensevelisse. »
Alors l'ange lui dit : « Tu no songes pas S
ce que l'a recommandé ton père de ne pa^
prendre une femme hors de sa famille. Suis
mon conseil, mon fils» et épouse Sara, r?r
elle doit être ta femme. Quant à ce qui re-
garde le démon dont tu as parlé, ne ion
inquiète pas» et lorsque tu épouseras SarJt
quand tu seras entré dans sa chambre, prni Is
le cœur elle foie et place-les sur le feu, ji'^-
qu'à ce qu'ils donnent de la fumée* el aussi-
tôt que le démon aura senti cette fumé\ 1'
s'enfuira et il ne reviendra jamais auprè> 0*
ta femme El priez tous deux le Sctgueur.
car il est miséricordieux et clément, e( ii
aura pitié de vous. Il n'y a rien que lu duivo
craindre. Elle t*a été destinée dès leconimm-
cément du monde. Tu l'épouseras et tu
retourneras avec elle auprès de ton pt-r^
et elle t'engendrera des enfants» ce qui sc}
Cour toi un motif de joie. » Lorsque le jeur."
obie eut entendu ces paroles, il fut é| r'<
d'amour pour la jeune ulle avant de Vàu f
vue. El quand ils entrèrent dans la ville,
advintqu'ils la rencontrèrent» et ils la sal -'
renl» et Tange dit à Tobie : « C*est cette jtu:/
fille. »
CHAPITRE VIL
Ils entrèrent ensuite dans la maison J^*
son père Raguel, et Raguel dit à sa femr ?
Adna : « Ce jeune homme ressemble i T ••
bie, fils de mon frère. » El aussilâl il les int -
rogea disant : 1 Mes frères, d'où êtes- vou^>
El ils répondirent : « Nous sommes d.^ *
1037
roB
PART. IIL- LEGENDES ET FRAGiilENTS.
TOB
1058
Irihn de Nephtali qui a élé amenée captive
SNinive. » El il dit : t Est-ce que-vous jn'a-
yez pas connu Tobie, noire frère T » El ils
n^pondirent : « Nous l'avons connu. » Et il
dil encore : « Est-ce qu'il est bien por-
tant? » Et ils dirent : « 11 est en bonne santé;
voici Tobie sou fils. » En entendant ces pa-
roles, Ra^nel se leva aussitôt et embrassa
Tobie en versant des larmes de joie. Et il le
bénil,disant : « 0 mon fils, fils d'un père bon
et juste, sois béni dans le Seigneur. » Ils lui
apprirent alors que Tobie avait perdu la vue,
et à celte nouvelle, Raguel se mil 5 pleurer
amèrement, ainsi que sa femme et sa fille,
mais il conserva pour ses hOles un visage
gai et serein. Il fil tuer un bélier, qui fut ap-
prêté avec soin, et le soir, il se mirent à
table. Et quand ils. furent au moment de
cûoimencer leur repas et de briser le pain,
fange dit à Tobie : « Mon frère Azarias,
parle, je t*en prie, de ce dont tu m*as parlé
en chemin ; |>eul-ètre pourrons-nous mener
celle chose h bonne fin. y» Alors ranp;e se mit
è parler à Raguel au sujet de sa fille. Et Ra-
guel dil : « Je vous en prie, mes frères, man-
gez, buvez et soyez satisiaits. Il est certain,
mon fils Tobie, qu'elle le revient par le droit
de parenté. Mais je te dirai ce qui s'est passée
J'ai donné successivement ma fille à sept
maris qui soûl morts au monionl où ils s'ap-
prochaient d'elle. 'B')is et mange, mon fils,
demain nous verrons ;.ce qu'il convient de
faire, b Tobie répondit: a Je ne iiuis rien faire
jus(|u'à ce que nous sovons d accord. » Ra-
gutil répondit :« Ma fille est devant toi;
qu'elle soit ton épouse comme la loi Tor-
donno et ainsi que le prescrit Tusage. Que
K* Dieu tout-puissant vous soit propice et
ijti'ii vous conserve. » Et aussitôt avant fait
approcher sa fille et la prenant parla maiu,
il dit au jeune homme : « Voici, mon fils,
elle est ton épouse setx^n Tusage établi en
Judas et en Israël ; reçois-la et mène-la &
ton père. » Et ayant fait venir des témoina»
ils furent mariés en leur présence, et l'acte
qui stipulait ce qui lui était donné en dot
fut écrit et signé. El cela fait, la bénédiction
étant dite, ils commencèrent à souper. Ra-
Î;uel appela sa femme et lui dit : « Prépare
a chambre où tu mèneras ta fille. » Et quami
Sara y fut conduite, elle se mit à pleurer
dans l'amertume de son âme, mais le Sei-
gneur Dieu reçut ses larmes. Et sa mère es*
saya de la consoler et de la réconforter, di-
sant : « Ma fille, aie bon courage, et ne
crains rien. Le Seigneur Dieu du ciel aura
pitié de toi et le donnera de l'allégresse et
de la joie, au lieu du deuil et de la dculenr
qui est en toa ccQur. »
CHAPITRE VIII.
Lorsqulls se furent levés de table, ils con-
duisirent Tobie auprès de la jeune fille,
et, avant d'entrer , il demanda qu'on lui
apportât un bassin rempli de charbons ar-
dents sur lesquels il plaça le cœur et le loie
du poisson, et ensuite il fil des fumigations
sur la jeune fille, sur lui-même et dans toute
la maison. Et quand Asmodée sentit l'odeur
de la fumée, il s'enfuit jusqu'il rextrémité
de la terre d'Egypte. El tout le monde étant
sorti de la chambre, Tobie la ferma en de-
dans et dit à la jeune fille : «c Mettons-nous
ensemble en prière, et peut-être Dieu aura-
t-il pitié de nous. V Et Tobie dit : «Sois béni.
Seigneur, notre Dieu et Dieu de nos pères";
que ton nom grand et saint soit béni dans
les siècles et à jamais. Que les cieux des
cieux, que la terre et que tout ce qu'ils
renferment, te louent. Tu as créé le premier
homme, et tu lui as donné Eve pour épouse,
et lu as ainsi préparé la vie à tout le genre
humain. Tu as dit: a II n'est pas bon que
rhommo soit seul; je lui donnerai un sou-
tien i|ui.sera auprès de lui. » Seigneur Dieu,
ce n'est pas dans des vues déréglées que j'é-
pouse cette jeane fille, mais pour accomplir
ta parole, qui est véritable. Dieu clément et
miséricordieux, que ta bonne volonté soit
devant toi, afin que tu nous sois propice et
que tu nous accordes de lonzs jours et de
nombreuses aunées de vie. p La jeune fille
répondit :«Amen,»elUspassèrentainsila nuit.
Raguel, se levant de'grand malin, allaaix lieu
de la sépulture, et creusa une fosse disant :
« Il est peut-être mort; je l'ensevelirai la
nuit, afin qu'on ne sache pas son décès et
que ce ne soil. (K)int pour nous un nouveau
sujet do honte, d El étant rentré chez lui, il
dit à sa femme Adna : « Envoie, je t'en prie,
une des servantes afin de voir s'il est mort,
car, dans ce cas» je l'ensevelirai. «Et la ser-
vante étant entrée les trouva assis, et elle
sortit et dit ; « Il est vivant. » Alors Raguel
bénit le Seigneur en disant : « Sois béni.
Seigneur, Dieu de toute chair ; que ton nom
glorieux soit béni ; il est au-dessus de toute
bénédiction et de toute louante. Que tes
anges te bénissent et aue les saints te glo-
rifient. Que tous tes élus te rendent grâces
el te bénissent. Sois béni. Seigneur, notre
Dieu, roi du monde, qui m'as comblé de joie
en ne laissant pas arriver ce que je redoub-
lais. Tu as eu pUié de moi par suite de l'a-
bondance de ta miséricorde. Sois béni, Sei*
gneur, toi qui as eu pitié de ces deux créatu-
res qui sont les enfanls uniques de leurs pa-
rents; sois-leur propice à jamais, afin que
leurs jours el leurs années s'écoulent dans
la tranquillité et dans la paix, d
Il ordonna ensuite à ses esclaves de com«
bler la fosse qu'il avait faite, et il fit un
festin et une fêle qui dura quatorze jours.
Et Raguel dit avec serment à Tobie : « Jus-
qu'à coque les quatorze jours soient écou-
lés, je ne le laisserai pas aller, et tu ne pas-
seras pas le seuil de ma porte; après qu'ils
seront écoulés, reçois la fetpme, et prends
la moitié de mes biens et retourne à ton père.
Le reste de mes biens te sera donné après
ma mort et celle de ma femme. »
CHAPITRE IX.
Alors Tobie apivela l'anga Rapoaël et lui
dit : «Mon frère Azarias, prends avec loi
deux chameaux et quatre esclaves, et va au-
près d'Abiel qui a le dépôt, et remets<^lui
son écrit, afin qu'il te le rende. Et invite-le
I0d9
DIGTIOiNNAIRE DES APOCRYPOE&
im
aussi k tenir aa banquet» car tu sais que mon
père compte chaque jour» et si nous som-
mes absents plus de temps qu'il ne s'y at-
tend, il sera plein d'inquiétude. D'ailleurs
mou beau -père Raguel a juré qu'il ne .per-
mettrait pas que je parte avant que quatorze
jours ne sr»ienl écoulés» et je dois obéir % sa
votonté.A^apbaël partit donc et se rendit au-
i^rèsd'Abiel» chez lequel il (:assa cette nuit. Et
e matin étant venu» il lui montra son écrit
revêtu Je son sceau. Alors Abiel apporta des
sacs pleins d'argent que Tobie avait cachetés
de son sceau. Raphaël prit cet argent et, de
très-grand matin» il se mit en route avec
Abiel et ils vinrent prendre part au festin.
£t leur arrivée fut un motif de grande joie
pour Tobie et pour sa femme Sara.
CHAPITRE X.
Cependant Tobie comptait les jours entre
le départ et le retour de son fils, et quand
ils furent accomplis, comme il n'était pas de
retour, il commença à être inquiet et à pen-
ser : « Peut-être lui est-il arrivé queit|ue
malheur en route» ou bien Abiel est mort»
et on refuse de lui rendre l'argent. » Et sa
femme lui dit : « Assurément mon fils est
mort.» Alors elle se mit à pleurer et è crier:
« Malheur à moil j'ai perdu la lumière do
mes yeux, mon fils Tobie I « Et Tobie lui
répondit : « Ne laisse pas tes yeux verser
fies larmes et ta bouche pousser des cris de
douleur» car ils reviendront sains et saufs;»
mais elle se refusait à croire son mari» et
elle disait : « N'essaie pas de me consoler et
ne me parle pas ainsi, car mon fits est cer-
tainement mort. » Et chaque jour elle allait
sur le chemin que son Qls avait suivi en
f>artant, elle se lamentait et passait toutes
es journées sans prendre de nourriture et
toutes les nuits sans sommeil. Elle ne cessa
de s*allli)$er jusqu'à ce que les jours des no-
ces furent accomplis. Alors Tobie dit à Ra-
guel» son beau-père : « Seigneur, laisse-moi
retourner auprès démon père et auprès de ma
iuère*»car je sais (j[u*ils désespèrent de me re-
voir. » Raguel lui répondit : uMon Qls» j'en-
verrai demain matin quelqu'un auprès de
ton père et auprès de ta mère» et je leur
ferai savoir ce qui s'est passé. » Tobie ré-
Kndit : « Je ne puis y consentir, seigneur,
rai moi-même vers mon père et vers ma
mère. « Alors Raguel se leva et lui remit sa
femme Sara et la moitié de.sa fortune» des
esclaves, des servantes, de l'argent et de
ror»et il les bénit» disant : « Mon tils» que le
Seigneur» Dieu d'Israël» rende vos vies heu-
reuses et qu'il fasse que je voie vos fils et vos
filles avant que je ne meure. » Et il dit à Sa-
ra : « Honore ton beau-père et ta belle-mè-
re; ce sont maintenant tes parents; que Je
Dieu saint et béni fasse que ta bonne renom-
mée parvienne jusqu'à moi» et ce sera pour
moi un grand sujet d'allégresse. » Ayant
ainsi parlé, il Tembrassa.et Adna» sa femme»
la belie-roère de Tobie, lui dit de son c6té :
« Mon très-cher fils, que Dieu me fasse la
grâce de voir les enfants qoe tu auras de n 4
fille. Alors je me réjouirai dans le Seigneur.
Maintenant, je remets ma fille ea tes mains
comme un dépôt; ne lui donne» mon fii<,
aucun sujet d'affliction ni de honte, car eil»
va dans un lieu qui lui est étranger. » £t
quand elle parlait ainsi, son cmurélait ccmme
percé. Ensuite ils partirent, et Tobie hénit
le Seigneur qui avait favorisé son voyage.
CHAPITRE XI.
Et comme ils approchaient de Ninive,
l'ange Raphaël dit à Tobie : « Ignores- lu
comment ta as laissé ton père? Allons et
préparons la maison. Prends le fiel du poif-
son en la main. » Tobie prit le fiel du pois-
son en sa main et ils continuèrent leur rou-
te. Le chien les suivit. Et voici que sa mère
était assise sur la route» et aussitôt qu*elle
les vit, elle les reconnut. Et elle courut
vers son mari» disant : « Seigneur» voici qae
ton fils vient» avec cet homme oui était paru
avec lui. » Mais l'ange Raphaël dît au jeuno
Tobie : « Mon frère, écoute ma voix. Lors-
que tu seras entré dans la maison et qu -
ton père aura ouvert les yeux et qu'il t'aura
embrassé» frotte ses yeux avec le fiel» et
aussitôt il sera guéri, et il recouvrera la
vue. » Et voici que sa mère, accourant, se
jeta à son coa en pleurant et en disant : ^ Je
mourrai sans regret puisque je t'ai revu
(1107^). » Et Tobie avança pour embrasser
son fils. Et le jeune homme tomba aux pieds
de son père» et il se releva ensuite» et li
frotta ses yeux avec le fiel en disant : « No
crains rien, mon père. » Et aussitôt les ta-
ches de ses yeux furent dissipées. Et lors*
qu'il eut ouvert les yeux et qu*il vit son fils*
il se jeta à son cou» pleurant et disant:
« Béni soit le Seigneur Dieu, et béni soit soa
nom glorieux dont le règne dure dans l'é-
ternité et perpétuellement. Que toutes tes
œuvres soient bénies et que tous les roinis-
tresde ta volonté soient bénis. Tu m'as blessa
et tu m'as guéri. Et je revois mon fils qui m'a
ani^oiicé toutes les choses merveilleuses et
admirables que le Seigneur a faites dans U
terre dé Médian.» Et Tobie» louant etgl<>.
rifiant Dieu» s*empressa de se rendre au
devant de sa belle-fille avant qu'elle ne fût
arrivée à la porte de Ninive.et tous ceui qui
les voyaient étaient dans Tétonnement date
qu'il allait de la sorte. Et Tobie leur ra-
contait tous les prodiges que Dieu avait
accomplis et comment il avait eu pitié de lui.
Et quand il vit Sara» il la salua et lui dit:
« Ma fille, sois bénie dans le Seigneur. ¥,i
béni soit le Seigneur qui t*a amenée auprès
de nous. Maintenant» ma fille, voici ta mai-
son , ton père et ta mère. » Et il y eut una
grande joie dans toute la ville de Nini^e.
Ses frères» ses parents et les grands di
royaume vinrent, et ils firent dans la maison
de Tobie une fête qui dura sept jours, et
Tobie fut rempli dejoie^
CHAPITRE XII.
Alors Tobie s'approcha de son fils et lai
(lt07*) Le chien qui reconnati ses maîtres et qui court les carsser (Tob, xi, 9, est oublié k\l
mi
TOB
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
TOB
lOGS
Jit : « Mon Ois, vois a récompenser Thomme
qui fa accoropa;4;né. » Et Tobie répondit :
« Seigneur, il convient que nous lui don-
nions la moitié de Targent que j*ai rappor-
té, car il nous a rendu de grands services.
Il m'a délivré du poisson » il m\i procuré
mon épouse, il i*a guéri et il est allé cher-
cher Targent. » Et le père répondit : « Mon
fils, il est juste et convenable que nous lui
donnions la moitié de l'argent. » Et aussitôt
il appela l*ange Raphaël ei lui dit :*« Azà-
rias, mon fils, reçois pour la rémunération
de ta peine la moitié de l'argent et vis en
paix. » Et range répondit : « J*ai un secret
que je vous dirai; » alors le père et le fils
entrèrent avec lui dans une chambre, et
range leur dit : « Rendez 'grâces au Dieu
saint et béni. Louez-le, bénissez son nom
et glorifiez- le dans les assemblées du peu-
ple. Souvenez-vous de toutes les merveilles
qu'il a Taites pour vou9. Il est bon de mettre
sa confiance dans le Seigneur et de célébrer
le nom du Très-Haut. Il est bon de raconter
et de méditer les miracles de Dieu ; ne soyez
pns lents h raconter et h vanter ses mer-
veilles. La gloire qu'il faut rendre k Dieu
est de raconter ses merveilles; la gloire qu'il
faut rendre aux rois est de cacher leurs se-
crets. Vous avez fait le bien; c'est pour-
quoi le bien vous est arrivé. La prière est
bonne avec le jeûne. Faire ce qui esl juste est
nteilleur que l'or et Targent , car la justice
délivre de la mort et expie l'initiuité. Dieu
rassasiera de la longueur des jours quiconque
fait la justice. Les impies haïssent leur pro-
pre vie et comb ttent contre leur âme. Je ne
vous cacherai rien. Au commencement de
mon discours, je vous ai dit que Thonneur
à rondre aux rois consistait à cacher leurs
actions, mais que pour gloriQer Dieu, il
fflliait proclamer ses miracles. Rappelle-
toi l'heure à laquelle tuas prié : à celle
même heure, ta belle-fille Sara pria. Lors-
qu'elle était encore dâus la maison de son
père, alors je fis entrer vos larmes en pré«
sence de Dieu. Lorsque tu ensevelissais les
morts , j'étais avec toi. Lorsque tu as quitté
ta table pour aller ensevelir ta nuit un mort
apporté en ta maison , j'étais avec toi ; Dieu
m*a envoyé pour te guérir ainsi que ta belle-
fille Sara. Je suis Raphaël» un des sept
ançesqui sô tiennent debout devant Dieu et
qui sont les ministres de ses volontés. »
Et quand ils l'eurent entendu s'exprimer
ainsi, ils furent épouvantés, et ils tombèrent
sur leurs faces, remplis d'épouvante. Alors
i! leur dit: «La paix soit avic vous; ne
craignez rien, mais plutôt bénissez le Sei-
gneur, parce que vous avez trouvé grAce de-
vant ses yeux. C'est d'après son ordre que
'e suis auprès de vous; louez-le et glorifiez*
e tous les jours de votre vie. Pendant tout
le temps que j'ai passé avec vous, je n'ai bu
ni mangé, quoique Je (Virusse boire et man-
ger. Célébrez le Seigneur parce qu'il est
bon. Maintenant je vais remonter h ma ta-
ble. Ecrivez dans le livre des chroniques
tout ce dont vous avez été témoins, et ce qui
▼ous est arrivé, i» Et quand il eut achevé
de parler, il disparut de devant leurs yeux.
Et ils racontèrent la gloire de Dieu et ses
miracles, et comment l'ange leur était ap-
paru
CHAPITRE Xin.
Alors Tobie se mit à prier, et dit : <« Béni
soit le Soigneur qui vit dans tous les siècles»
et béni soit le nom glorieux de celui dont
le règne subsiste à toujours et perpétuel-
lement. C'est lui qui ma frappé et qui m'a
guéri. Il blesse et il guérit, il mène aux en-
fers et il en ramène. II. n'est personne qui
puisse rien enlever de sa main. Maison
d'Iraëi , bénissez le Seigneur; chantez ses
louanges, célébrez-lc, raconlez tous ses mi-
racles. Cherchez toujours son image, et an-
noncez ses œuvres aux peuples parmi les-
quels il vous a relégués. Gloritiez-le aux
yeux de tous les vivants. C'est votre Dieu,
c'est votre Père depuis le commencement
des siècles, et il sera votre Sauveur jusqu'à
la Ou de toutes les générations. C'est lui qui
vous châtie à cause de vos iniquités, afin
qu'il ait pitié de vous k la fin des jours , et
qu'il vous sauve. Il vous rassemblera du
milieu de tous les peuples parmi lesquels
vous êtes dispersés, si vous revenez a lui
de tout votre cœur. Louez donc le Seigneur,
et célébrez celui dont le règne dure pen-
dant toute réternilé. Et moi, dans la terre
de notn? captivité, je confesserai, je louerai
et je célébrerai le roi de tous les rois. Je
montrerai, devant tous les vivants, ses mi-
racles, sa vertu et sa puissance. Quant h
vous, pécheurs délinquants, retournez vers
le Seigneur; p<'Ut-étre aura-t-il pitié de
vous, car il est un Dieu clément et d'une
^ grande patience, de sa miséricorde est im-
^' mense. Je crierai vers Dieu, et mon âme
bénira le Seigneur Dieu du ciel. La gloire
et la splendeur sont devant lui, la puissance
et la splendeur sont dans son sanctuaire.
Que tous les peupif.s célèbrent ses merveil-
les dans la cité sainte de Jérusalem. Jéru-
salem, ville sainte, il te fera porter la peine
des iniquités de tes fils, mais il les sauvera
ensuite. Jérusalem, bénis et glorifie le roi
vivant dans tous les siècles. Il se tournera
vers toi, et fera habiter son nom au milie>i
de toi. 11 relèvera tes ruines, et il rassem-
blera chez toi tous les captifs qui seront
dans l'allégresse, et il établira k toujours
tous tes fils au milieu de toi. De nombreu-
ses nations demanderont ton alliance, et
s'informeront du nom du Seigneur très-haut.
Les rois de Tharse et des tles te feront des
présents. Les rois de Seleba et de Saba t'ap-
porteront des dons. Tous ceux qui t'aiment
se réjouiront de génération en génération
et se livreront à l'allégresse. Tous ceux qui
t'ont haïe seront confondus et chassés au
loin. Réjouis-loi, Jérusalem, de ce que tes
fils sont réunis au milieu de toi ; Jà ils loue-
ront et béniront le nom du Seigneur. Heu-
reux tous ceux qui s'affligent à cause de loi ;
ils seront dans lajoie et I admiration h cau>e
de ta grande gloire, ol leur allégresse durera
k jamais. Mon Ame, bénis le Seigneur, le
I0o3
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
icCi
grand roi, car il a construit Jérusalem avec
es pierres précieuses, avec des saphirs, des
diamants et des émeraudes, et tous ses murs
seront construits de pierres resplendissan-
tes. Ses tours et ses palais seront d*or pur,
toutes ses places seront pavées de pierres
précieuses apportées d'Ophir; alors tous
ses habitants seront dans la joie, et ils di-
' ront : « Louez le Seigneur; béni soit le Sei-
gneur qui a exalté à jamais ta puissance. »
£t ce fut la prière que lit Tobie.
CHAPITRE XIV.
Tobie avait cinquante-huit ans lorsqu'il
perdit la lumière de ses yeux, et, après avoir
été guéri, il distribua beaucoup aaumônes
(ttoé) ; et il eut encore \)\ms de crainte pour
le nom du Seigneur, qu*il glorifiait en tout
temps. Et il advint que Tobic, étant devenu
vieux, m venir son fils avec les six fils (1109)
qui étaient nés de lui, et il lui dit : « Je sens
que je suis accablé de vieillesse ; prends
garde, après ma mort, de séjourner à Ninive,
car lu dois tenir pour certain et manifeste
que la prophétie du prophète Jonas s'ac-
complira. Prends donc tes fils et tout ce que
tu possèdes, et va dans la terre de Médian;
là sera la paix dans le temps prescrit. Nos
autres frères d*lsraël, qui sont a Jérusalem,
seront tous menés en exil, et Jérusalem sera
réduite en ruines, et la montagne de la mai-
son du Seigneur restera désolée pendant
Suelque temps. Alors les fils d'Israël vien-
ront, et ils la rebâtiront, mais le temple ne
sera pas construit selon Tancicn modèle. Et
ils y séjourneront pendant de longs jours,
jusqu*à ce qu*un siècle se soit écoulé. Alors
ils subiront derechef une «aplivilé très-
grande. Mais enfin Dieu saint et bon se sou-
viendra d'eux, et il les réunira des quatre
coins du monde.AlorsJérusatem, la cité sam*
te, sera rebâtie avec magnificence et splen-
deur, et le temple sera construit avec iDa.:rj..
Gcence, et ne sera ulus ni détruit ni renvirs*
durant tous les siècles, ainsi que les pr»-
phètes Tout prédit. Alors les nations se cou*
verliront, et elles adoreront le Seigneur, et
rejetteront les images de leurs dieux. L> e^
loueront et proclameront sou nom subliiLt*.
Il élèvera la puissance de son peuple devàni
toutes les nations. Et toute la race d'hr.i
célébrera et glorifiera son nom saint. Toi^
ceux qui observent la justice et la piété <k.
ront dans Tallégresse. Maintenant, mon fi s.
fuis loin de ce lieu, car les choses que les pn^
phètes ontannoncéess'accoroplironLObserTc
la loi de notre Dieu, et conforme-toi à &e^
préceptes. Sois juste, intègre et droit, i\
alors tes voies prospéreront. Mon fils,eo5e-
velis-moi avec soin, etptace la mère art'
moi. Ne séjourne pas h Ninive. Dieu, qui
est bon, sera ton soutien en toutes choses.
« Et vous, fils d'Israël, ayez courage, que
votre cœur se raffermisse, et que vos roaiD^
ne soient pas brisées. Vous recevrez la re-
compense de vos œuvres. Dieu vous élèrera,
lors(]|u'il aura pitié de vous, parce qu'iliM
le Dieu du jugement. Heureux tous ceux qM
es|)èrent en luil Multipliez, mes fils, vo«au-
môixes et vos prières devant le Seigneur du
njonde, parce que Taumône et la prière atti-
rent la miséricorde de Dieu, comme il est
écrit : « L*aumône délivre de la mort. »BéDi
soit le Seigneur qui a fait des merveilles ad-
mirables et terribles pour moi, pourmun
père, pour mes maîtres et pour tous leui
(lui espèrent en lui. Béni soit le Seigneur
dans l éternité. Amen. Amen (lilO). »
L'histoire touchante de Tobie a fourni le
sujet de plusieurs compositions dramatiques.
Corneille de Schoen (Schonœus) y a puisé
Tune des pièces contenues dans son Teren-
tius Christianus^ «t ou recueil de comédies sa-
crées, écrites d'un style térentien. » Cette
collectioiip oui renferme dix*sept pièces, a
obtenu les honneurs de plusieurs éditions
plus ou moins complètes (1111).
L'auteur suit assez exactement le récit de
la Bible, se permettant seulement Tintroduc-
lion dtt quelques personnages nouveaux,
tels que Nabathus, Àchior et Àgio^ pauvres
que Tobie assiste, Myda , son serviteur,
Phœdra et Myrrhina^ servantes de Sara, £y-
chu$ et 5osia, serviteurs de Razuel.
Nous ne donnerons qu'un échantillon de
cette œuvre. La capture du poisson, offrant
des difiTicultés à la représentation, Schoen a
(1108) On remarquera que ce chapitre présenta
deâ dill'érences »ssez sensibles avec celui de la
Bible; il ne dit ^as que Tobie atait cent-deax ans
lorsqiiMl mourut.
(1 109) Sept, suivant le livre caaooiqiie (v. 5).
(Il 10) Ici 6*arréle le livre. On ify trouve pas les
quatre derniers versets relatifs à la vie et à la nwrt
de Toltic le fils.
(Ililj Les éditions d*Amsterdam,. 1G29 (repro-
C référé en faire l*objet d*ua récit daos \\
ouche de Tobie :
Quid quisque vitet,nunquam homtni salis caiilaoKïi;
Me iniserum. totus liorreo, post^uam niihi
Triste illud succurrii periculuin. Dettm
immortalem I plane perieraiii, ni Azarias
Bleus roihi succurrisset. Modo in Tigri
Diim me lavo piscis quidam imniani9 es ioi^,
IVosilieus gurgite, me omnis inroriunii,
Malique securum, inopinale biantibtts
liivadii faucibus. Hic ego formidine
l^ianimatus, truculentam belluam branchib
Corripio, Azariae inclainans opem ; cnjus
Auxilio superiore vadens prostratiun bumi
CouOcio, coiifectumque ex utero quaoïoni
Possum, cor et fel palpitant! detrabens :
Qtis usuni sit in medicina, ut is a^serebat, tuoi
iiabilura, alque base de re iu itinerc plura wiiii io.>i
Se narraiurum promisit.
Citons aussi : Tobiœmalrimoniuni^\t\ï^*\
duitesen 1646 avec un nouveau titre), Liipsig, l<-«^
Cologne, 1652, Frauc'ort, I71i, sont indiqure^a^
Manuel du tibraire.
Nous en avon^ vu mi^. autre datée de HirS^m.
4594 ; nous poaséd'ins une édition de Loft<lr<««
1615, qui c«iniieiit Tobmm$ et deai autres pi<^<^.
notons enfin que Tobmu$ est joiat à uoit pn* a
dans rédition de Paris, t779, qui est bderaiCfc.
loes
TER
PART. UI. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
VER
f06S
1794, intermède en musique, exécuté dans
le couvent des Lazaristes. — Tobie^ tragi-
comédie eu un acte avec des chœurs dans Tes
(autres de Mmesdes Ruches, Paris, 1579, in-
4'. ( Voy. la BiblioiMque du tkéàirt français^
1756, t. 1, p. 204.) — Thobie, Ira^i-comédie
en cinqacles et en vers, par J. Ouyn, Rouen,
1606. {Voy, la A'ftfîo/Aèaue ci-dessus citée» 1. 1,
p. 316.)
Signalons aussi une pièce de Haus Sachs,
jouée en 1533, et intitulée : Ton dem Tkobia
und seinemSohn^ die gantxe Histori. (Histoire
entière de Tobie et de son fils.) Cn jeu (Sptf),
{lar J. Aclierman, Zwickau, 1539, in-S^ —
In autre /eu, par G. Wickram de Colmar,
Strasbourg, 1562, in-8^
V
VALENTINIENS.
{Ev<mgile des Valentiniens.)
Il ne parait pas que Valentio, un des plus
célèbres chefs du gnosticisrae (1112), ait hii-
roème composé un Evangile, mais ses disci-
ples en fabriquèrent un qu'ils appelèrent
vEvangilede la vérité. Saint Irénée en parle
(I. ni, c. 11) : Qui sunt a Valentino in tan-
tum processerunt audaciœ ui quod ab his non
olim conscriplum est^ veritatis Evangelium
tiiulent^ in nihilo conteniens aposlolorum
Ecangeliis.
Saint Epipnane en fait également mention
(Haeres. 31} ; voici comment commençait cet
Evangile : L'âme, ou la pensée, d'une gran-
deur indestructible, ou indéfectible par son
élévation, souhaite le salut aux indestructi-
bles qui sont parmi les prudents, les psy-
cliiquos, les charnels, les mondains; je vais
vous parler de choses ineffables, secrètes, et
qui sont élevées au-dessus des cieux, qui
ne peuvent être entendues ni par les Princi-
pautés, ni par les Puissances, ni par les su-
jets, ni par aucun autre que par l'entende-
ment immuable, etc.
Des fragments de Valentin se trouvent dans
le sixième livrede Touvrage contre les héré-
sies attribué à saint Hippolyte, (p. 184-198
de Fédition de M. Miller); ils ont été repro-
duits par M. Bunsen dans ses Antenicœana,
dont nous avonsdéjà parlé (t. I, p. 76-96).
Observons, èi ce propos, que M. Bunsen
dit quelques mots du Livre de la fidèle Sa^
gesse qui a été publié à Berlin, et dont nous
avons tenté de donner une version, à la fin
du premier tome de ce Dictionnaire, Le sa-
vant Prussien ne regarde pas ce livre comme
étant rœuvredeValentin;illesignale comme
devant être inintelligiblepourles neuf dixiè-
mes des lecteurs : il n'y voit qu'une produc-
tion copte, appartenant à la secte des Mar-
cossicns, et contenant des rêveries sur les
lettres, les mots et les sons : The coptic trea-
lise is a most worthless and I trust purely
coptic offshoot of the Marcossian heresy ofthe
latest sand most stupid mysticity aboui let'
terSfSoundsand words.
VÉRONIQUE.
Nous avons dans le 1" volume de ce i>ic-
rionnoire, col. 1170-1178, inséré la traduc-
tion d'un fragment écrit en latin et intitulé :
la Vengeance du Sauveur^ dans lequel il est
question des récits apocryphes relatifs à
sainte Véronique.
Le Dictionnaire des légendes du christia-
nisme^ col. 1202 et suiv., présente aussi quel-
ques détails sur le même objet.
Un poëme manuscrit conservé à la biblio-
thèque Impériale, n" 7498-3, et 7595, relate,
en deux mille trois cents vers environ, la
guérison de Vespasien par sainte Véronique,
le siège de Jérusalem et la mort de Pilate.
Nous en offrirons une analyse succincte
diaprés VHistoire littéraire de la France,
t. XXll, p. 402-416.
« Vapasian ( Vespasien), empereur de Rome,
est afuigé d*ttne lèpre contre laquelle toute
la science de ses médecins demeure impuis-
(111%) y ou. au sujet de cet hérésiarque el de ses
doctrines, Fleury, Histoire ecclésiastique, tiv. lu,
I 28 et 8U1V., t. I, p. 532, él'l. de Paris, 1758« e*
DiCTioNN. DES Apocryphes. 11.
santé ; mais il apprenu que aans la ville de
Jérusalem se trouve une vertueuse femme,
nommée- Vérone, qui garde sur un voile
l'empreinte des traits d*un grand prophète,
injustement crucitié par les Juifs. Tout mai
sur lequel on applique ce iroile est guéri. On
conseille au malade d'envoyer à Jérusalem
un serviteur Gdèle pour chercher Vérone et
pour la décider à venir à Rome avec son
voile. Le sénéchal Gui est chargé de ce mes-
sage. Arrivé à Jérusalem, il descend chez
le bon Juif, père d'une des trois Maries;
celui-ci le présente à la femme qui possède
l'image miraculeuse. Vérone raconte com-
ment la Mère du Sauveur lui remit le voile
empreint des traits de son Qls; elle consent
facilement au voyage (|u'on lui propose. lia
se rendent h Rome, où l'image divine guérit
en effet Vespasien. L'empereur veut montrer
une reconnaissance proportionnée au bien-
les divers auteurs cités dans le lomç I" de ce IHe^
tionnaire, cul. 1179.
34
«67
BICTIONNAmE t»es APOCRYPHES.
40a
fait; il permet au Pape sainl Clément de
prêcher librement TEvangiie k Rome, et il
fait lui-même le serment de venger la mort
dn Sauveur et de recevoir le baptême à son
retour de Jérusalem.
Il part en effet avec son fils Titus à la tête
d*une nombreuse armée. Pilale, de son côlé,
prépare une résistance désespérée. Les r,ir-
eonstances de la célèbre famine que souffri-
rent les Juifs durant le sié^re sont racontées
d'après Tautorité de Josèplie, avec additiou
d'épisodes fabuleux.
Les deux empereurs retournent h Rome
avec Vérone, et Pilate est enfermé à Vienne,
dans les Gaules; après deux ans d'une pri-
son rigoureuse, la tour dans laquelle il est
détenu s'abîme dans le Rhône; on peut en-
core voir k Vienne, dit le poète, le puits
f>ar lequel il fut précipité dans le fond de
'enfer.
Encore troverez lai^tue en nn piTtuîs ra<Mit,
Mainl home l'a véu ei voient et verroiil.
La tradition de la délivrance et de la pri-
son de Joseph d'Arimathie, qu'on retrouve
dans la première partie du roman ou poëme
du saint Graal, est rapportée ici au bon père
Jacobus, père d'une des trois Maries.
Quelques détails indiquent une certaine
délicalesse de mœurs, assez rar# dans in
productions littéraires du moyen âge. Ainsi,
quand Gui le sénéchal invite Vérone è le
suivre jusqu'à Rome, il a soin de l'avertir
qu'elle pourra se faire accompagner d*oDe
autre femme.
Saint Clément, suivant le poëte, après la
guérison de Tempereur, enferma U sainte
toile sous l'autel de saint Siméon à Rome.
En un moult ru be autel qui fut Mint Sioiéon
'Scella la toaille que de fi lu scet o •.
Dans le blocus de Jérusalem, Titus eut
recours, pour ne pa< manquer d'eau en cc^
pays arides, k un singulier expédient d'>nt
il n'est pas facile de rendre compte. 11 fan
tuer et saler une multitude de bœufs: on en
rassemble ensuite les peaux, on les jeu i
l'une à l'autre avec du plomb fondu, oo eu
tapisse la vallée de Josaphat, dans laquelle
on amène l'eau de la mer Morte qui s*j con-
serye saine et abondante.
X
XAVIER (LE PÈRE).
Nous avons déjà fait mention dans le
tume 1*' de ce Dictionnaht de Thistoire de
Jésus-Cbrist, écrite en persan par ce mis-
sionnaire, et imprimée avec une traduction
latine, 1639, in-fc*. Elle est surchargée de
circonstances qui ne sont point dans les
Evangiles canoniques et qui ont été em-
pruntées aux livres apocryphes ou à des
traditions sans autorité. Paruii les légendes
qu'elle raconte, nous en citerons une que
Ton retrouve chez divers autturs du moycMj
fige.
« Il y avait k Rome un temple consacré à
Apollon et où le diable rendait ôeA oracles;
^lant interrogé sur la question' de savoir
coaibien de temps ce temple subsisterait,
le malin esprit ri^pondit : « Jusqu'à ce
« qu'une vierge enlcinle, sans cesser d'être
« vierge.» Les Romains jugeant la chose im-
])Ossible, en conclurent que ce temple sub-
sisterait à jamais ei ils inscrivirent sur une
Iliaque de marbre posée au fronton : « Tem-
« pie de la P^ix et de l'Eternité. » Mais Pédi-
fice s'écroula dans la nuit même où naquit
JésuS'Christ. «
« Le jour de la naissance de Jésus-Christ
on vit en Espa^^ne trois soleils qui se mon-
trèrent à la fois, jetant une vive clarté et
qui se réunirent ensuite en un seul, et dans
cette nuit on vit aussi en Espagne une
nuée éclatante qui illuminait les ténèbres
de sorte qu'on y voyait comme en plein
jour. »
La circonstance apocryphe de l'appari-
tion d'un triple soleil parait avoir été avan-
cée pour la première fois au xi' siècle. Elle
est rejetée par les meilleurs critiques, qui
supposent que cette légende est enipraniee
kce que dit Pline d'une apparition sembla-
ble, laquelle, comme le reman]ue Barootus,
se serait produite quarante ans avant fère
chrétienne.
Brodant sur un traitrapportédans VErangilt
de VEnfance^ le P. Xavier dit que des IL^jv-
tiens pianièrent les arbres qui dooneni le
baume, mais ces arbres ne donnèrent loint
leur produit jusqu'à ce au 'on se Mt avisé de
faire arroser la terre ou ils s'élevaient {^ar
le ruisseau dans lequel Marie lavait les lan-
ges de TEnfanl-^ésus. Ils fournirent alors uoo
récolte fort abondante.
Nous avons dit que le P. Xavier avait de
même écrit en persan une Histoirt de satnt
Pierre^ qui parut aussi à Le^de en 1639, et
qui contient un récit de la vie du prince «ic^
apôtres d'après les Actes et les apocryihe'^.
J^ Légende dorée et les récils du pseu<)o-
Abdias ont également été mis à contribuii'^n.
On y remarque divers miracles dont il aV?t
point fait mention ailleurs; cest ainsi <{•:•
celte histoire raconte que, lorsque rapôir-
était sur ta croix, on vit un çrand nombre
d'anges paraître autour de lui ; l'un d*eoi
tenait une couronne de fleurs. On vit ao^^-
le Sauveur avant en main un livre qui
ouvrit et qu'il remit k Pierre. Voici le p»r-
trait que le P. Xavier trace du premier chef
de l'EfÇlise. Sa taille était à peine aa-de<'M^
de la moyenne; son teint d un blanc uns
sur le rou^^e, les cheveux courts et h^n??»^*
ainsi que la barbe, les yeux très-noir^ cl
dépourvus de sourcils, louez long etpoiuiu.
1069
TAS
PART. lIL-LEGEiNOES ET FRAGMENTS.
TAS
t07ft
Il tenait toujours sa tète inclinée sur sa poi-
trine; ses pleurs ne cessaient de couler sur
ses joues et avaient creusé comme un ruis-
seau sur chacune d'elles. 11 passait les {ours
à instruire» et les nuits à prier en jeûnant
sans cesse.
C'est dans l'œuvre de Jacques de Voragîne
que le P. Xavier a puisé les circonstances
qu'il rapporte au sujet des cnatnos qui
avaient servi h lier saint Pierre et qui se
réunirent d'elles-mètnes pour n'en former
3u*une seule dont l'application produisait
e grands miracles. ( Et quirunque eam
gutturi suo alligavit, a c^uocunque morbo
sauaium fuisse, ac dœmoniacis liberationem
contigisse.)
Y
YASCHAR (SÈPHER HAIYASCHAR)
[l^ivre dit juste) 9
Tradoit pour la oremière fois du texte hébreu rabt)inir|ue, accompagné de noies et précédé d\inc diiseru-
tilion sur ce livre,
Par le chevalier P. L. B. DRACH.
AVANT-PROPOS;
Le liirre dont nous offrons au public la
première traduction, est connu généralement
sous le titre de roscAar, lonn "lEOi c'est-à-
dire» Livre du juste; mais lui-même s'inti-
tule k la ijremière ligne du texte : Livre de
la généraiiûn dCAdam, dih rrtSnilD. Ce titre,
pris de la Genèse^y^i^ peut aussi setraduire|c
Livre de l'histoire de Inomme. Un auteur an-
cien le cite sous un autre tilre : jsMyn ^IT*
Chronique^ ou Annales^ et ^nHPi D>ïa»n ^lai.
Chronique longue^ Annales longues (t 1 13]. On
trouvera l'explication de ces divers titres
dans ce que nous aurons à dire plus loin
du livre même.
Le titre Yaschar^ qui se lit deux fois dsns
le texte original de l'Ancien Testament, Jos.
X, 13, et // Samuel, i, 18, a déjà fixé l'atten-
tion des docteurs de la Synagogue et des
Pères de l'Eglise; et jusqu'à nus jours, il
a continué d'être l'objet des recherches et
des méditations des savants qui s'occupent
de questions bibliques. La ulupart de ceux--
ci, dominés (tardes idéespréconçues, comme
cela n'arrive que trop souvent, au lieu de
chercher la lumière dans les documents an-
«iens, et de pénétrer au fond de la matière,
se sont laissés aller à tous les écarts de l'i-
magination, cette folle du logis, comme la
caractérisait sainte Thérèse. Le livre du
Yaschar, véritable Proléo, prend sous leur
plume toutes sortes de formes. Les uns en
font un recueil d'odes héroïques en l'hon-
neur, soit des forts, soit d'un seul fort d'Is-
raël. Ouvrez les livres des autres, il vous
apparaîtra tantôt comme une élégie funèbre,
èmx^&iov, tantôt comme un recueil de canti-
ques sacrés; et puis, la fantasmagorie chan-
geant, c'est un rituel qui règle Tes devoirs
religieux et les cérémonies du culte. Nous
n'en finirions pas, si nous voulions faire
passer sous les yeux du lecteur toutes les
métamorphoses qu'on a fait subir au pauvre
Yaschar.
Ce sont surtout les exégètes allemands
(1113) L*a«liectir Tnnn est an singulier parce
qu*oii ious-euteml W luoi nSO, livre.
qui donnent carrière à leur imaginatioti
quand vous leur demandez ce qu'était ce
livre. Car aucune hypothèse, quelque étran-
ge qu'elle soit, ne les arrête, pourvu tou-
tefois qu'elle frappe par son etrangelé, et
que surtout elle renverse les croyances ad-
mises par toutes les générations depuis la
plus haute antiquité. Un docteur anglais,
ministre de la parole de Dieu, s'est fait le dis-
ciple passionné de ces rationalistes témérai-
res, pour apprendre d'eux la manière de
démolir pièce à pièce, à coup de paradoxes,
tout l'édifice des saintes Ecritures. Il manie
celles-ci avec une hardiesse et des utopies
3ui prouvent combien il a profité des leçons
e ses maîtres. Et, »fin de passer mattre lui*
même, il a façonné son chef-d'œuvre. Il a re-
trouvé le livre Yaschar, lui, non pas enfoui
sous un tas de manuscrits poudreux de
quelque bibliothèque inexplorée, mais dans
le Pentateuque, qui, au dire du ministre
anglican et de ses Gamaliels germains, n'a
vu le 'jour qu'au temps de Josias, roi do
Juda, c'est-à-dire plus de huit cents ans
après Moïse. Voici comment s'est passée la
chose : Helcias, grand prêtre de ce temps-
là, a fondu les lois du législateur d'Horeb
précisément avec notre Yaschar, Telle est
l'originequ'assi^neau Pentateuque la sagacité
dessommités rationalistes d'outre-Rhin. Il ne
s'agissaitdoncplusquede lasimple opération
de dégager le Yascharde cet amalgame. C'est
ce qu'a fait bravement le ministre anglican
dans un livre publié è Berlin sous le litre :
Vashr fragmenta archetypa carminumHebrai*
curum, M. TabbéCruice, supérieur de l'école
des hautes études ecclésiastiques,afait bonne
justice de cette œuvre excentrique, comme
aussi des excès et des chimères de l'exégèse
rationaliste allemande en vénérai, dans un
article spirituel, écrit avec Te talent et Téru-
dition qui distinguent cet ecclésiastique,
une des plus belles gloires du clergé iriin-
çais (111&).
(H 14) Rê9ue contemporaine^ inarii ISlîC. — IU\
savant do Bordeaux, M. 0ruii«(, nous appreuU ()uU
•1071
DICTlOiNNAlRiSi DES APOGHYPIfES.
I«71
Nous lisons dans le même iir(ir.le:«Audelà
du Rhin, rimagination domine tout, This-
loire, la philosophie « la théologie même.
I) y a sous ce ciel germanique» je ne sais
quel charme puissant qui porte aux values
rèreries. >» En effet, ceux gui ne connais-
sent pas les livres qui se publient en Allema-
gne, ne sauraient se faire une idée des dérè-
glements, des débauches d'esprit du ratio-
nalisme dans ce pays. Et ces impies écarts,
résultat de la libre interprétation du sys-
tème protestant, se débitent sous le titre
pompeux d*herméneutique et d'exégèse bi-
blique. Le mythe y joue un grand rôle : les
vérjtés les plus positives, les croyances les
plus fondées, y deviennent des mythes, des
conceptions poétiques, de vaines allégories.
Ces tristes excès vont sans cesse crescendo,
Strauss a mythisé la divine personne de
Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ou a eu beau
lui montrer qu'à son exemple, on pourrait
faire un mythe plus juste que le sien de
Napoléon 1" et de sa famille, il n'en a pas
moins trouvé une suite d*imitateurs qui ont
renchéri sur lui, jusqu'à Feuerbach. Celui-
ci, que l'on croyait être arrivé à l'extrême
limite des ridicules utopies, a été lui-iitème
débordé par d'autres. Cependant l'existence
de Jésus-Christ, attestée par tant de monu-
ments et une tradition qui remonte sans
interruption jusqu'au temps de la vie ter-
restre du Verbe fait chair, gênait désa-
gréablement leur manie d'en foire un être
fantastique, un messie imaginaire. Mais voi-
Ih enfin un de ces cerveaux disposés en X,
qui arrange l'affaire de la manière suivante,
au grand applaudissement des autres ratio-
nalistes crompires : Oui, Jésus a existé;
mais c'était un homme né, comme tout au-
tre, d'un père et d'une mère. Seulement,
Dieu, émerveillé, ou, si vous voulez, char-
mé de sa vertu et de sa science exception-
nelle, l'associa à sa divinité. Nous conseil-
lons à l'ingénieux auteur de cet expédient
dt) ne pas solliciter un brevet d'invention.
D'autres hérétiques ont pris date avant lai,
il y a de cela près de dix-huit cents ans.
D'après Gérinthe, Jésus né è la manière or-
<linaire des hommes, était arrivé à la di-
gnité de Christ par les progrès de sa ver-
"tu (1115). Carpocrate enseignait : Par sa na-
ture, Jésus-Christ était ce que sont tous les
homiBes; mais il s'en distinguait par la
-sainteté de sa vie, par sa sagesse, par sa
i^ertu, par sa justice. Son Ame entin, 8*étant
acquittée de tous ses devoirs, s'unit au Père
«xidie UQ opuscule en anglais, tiré à petit nom-
bre^ et non livré au commerce : Bibttographicai
noie$ oit The book of Jasher^ Loiidon, 1^. Onze
pages in-4*. Nous n'avons pas pu trouver cette notice.
Le Galtgnani 's Messenger^ du iS novembre IS28,
annonçait que le Uvre Yauhar était retrouvé, c Cet
ancien ouvrage, i écrivait*!!, c fut obtenu âi grands
frais par Alcazius, Thomme le plus illustre de son
temps, à Gazan, en Perse, où il parait avoir été
conservé denuis Tépoque du retour des Jutls de la
capilviiéde Bahylone, ayant été transporté par Cyrus
dans son propre pays. » Nous doutons que le fait
aolt vrai, car on n*auraii pas manqué de publier un
livre de celle importance.
céleste (1116). Les êbioniles diraient que
Jésus était un prophète de vérité, ^rpo^f^rr^i
XiYoueri t^ç àXY)6e(aç , qu*il était devenu Chri«»t
Fils de Dieu par progression, ^ul\ Xpist^ ITIlv
BsoO x'ixà ?cpoxo7c^v, et par conjonction, xa\««cî
ouv&^etav, avec Dieu, effet de sa tendance vers
lui (1117).
Depuis quelque temps, des ennemis de ta
religion prennent k tache d'acclimater en
France les plus étranges divagations des ima-
cinations délirantes de l'Allemagne rationa-
liste; et ceux qui prostituent à ces extrava-
gances exégéliques un certain talent d'écrire
sont, 4iélas i prônés et encouragés.
Nous avons déjè averti qne notre lirre ne
s'intitule lui-même que Livre de la généra-
tion d'Adam. Il est bien remarquable que
l'on soit généralement convenu de fintituler
différemment, "et de le désigner sous le nom
de ittnn nSD , Livre du Yasr.har^ lÀrre du
jusiCy Liber reeti. Pour expliquer cette sin-
gularité, il suffit, pensons-nous, de déter-
miner avec simplicité et bonne foi le sens
de ces mots niD^n "nSD* l^^^ auteurs qui se
sont occupés de cette question , non pas
pour Téclaircir, mais pour raccommoder à
leurs systèmes préconçus, veulent, les ut.s
que Yaschar soit une abréviation ooiTisraH
ou de son syqonjme Yeschurun^ p w;\ et
que le titre signiOe livre d'Israël^ i^ur,
histoire d'Israël; les autres, que les deux
termes hébreux signiGent Litre du juste ^
d'un hommfi juste déterminé, istius recti, de
Josué; d'autres encore traduisent, le l.irre
droit, prenant narM pour un adjectif, une
leuilbi droite, simple, qui ne se met pas en
rouleau. Ces diverses interprétations sont
fautives. V II ne faut pas confou ire af, 'ch
avec û;, f, deux éléments différents, |iour
faire de Yaschar^ Israël. 2r Yeschurun est
une expression poétique. Or les titres, qui
doivent être simples, sans prétention, in-
diquent la nature et le contenu de Tou-
vrage sans s*élever au langage des dieux.
3** Si Yaschar représentait un nom propre,
il ne pourrait pas être précédé de l'articie
définitif n. 4* Aurait-on intitulé Livre du
juste, sans le nom du personnage k qui
l'on donnait cette qualification si commuue
à tant d'autres? 5' Pour exprimer feuille
droite^ non roulée, on aurait dû, selon les
règles de la langue hébraïque, mettre far-
ticle n devant le substantif aussi bien que
devant Tadjectif.
Examinons maintenant sans prétention
(1115) *It)ooOv 6à xaxà TEpoxoitjiy ^pcTc^v xtxÀf^-
96àt. Epîpb., Adv. hœr. 1. 1, p. S», C, de J*éditioii
de Cologne.
0£p(j>OeT<ia i\ aùxl] 4^x4 mû *Ii}doO &véÂ6t2 sp6ç cifv
auTbv natépa. M., pp. 103 D e( 103 A.
(1117) Id., p. UaC— L'erreur du P. Bemiw.
condamnée par le Saint-Siège, sons Renolt XIV H
sous Clément XH I, renremie oiiela^i^ venin de
anciennes hérésies.
1073
TAS
PART. III LEGENDES ET FIIAGMENTS.
\AS
«074
aucune le sens vrai de noire titre, le sens
obvie» judicieux, ou pour mieux dire, celui
<]ue Ton y attachait dès les temps anciens.
Le sens le plus simple, qui s*offre de soi-
même à quiconque n*est pas dominé par
une préoccupation, est celui-ci : livre de ce
qui est droit, sincère, exact, qui sert de rè-
(çle; en d'autres termes, relations précises,
c'est-à-dire, commentaires, mémoires, jour-
nal, annales, ou comme on dirait en hébreu,
paroles des jours (lil8j, ma^ry ^nT, sincères^
pour servir de matériaux à l'histoire ; Ton
pourrait «goûter : ()Our l'instruction des fidè-
d^les, en tant que ce livre contribuée les
diriger dans la voie du Seigneur, par les
instructions qu'ils peuvent y puiser. Il ré-
sulte de l'explication que le Talmud, traité De
l'idolâtrie^ toi. 25 recto, donne de notre ti-
tre, explication que répètent le Médrasch-
Rabba sur la Genèse^ chap. vi, de graves
commentateurs anciens, et que donne aussi
la paraphrase cbâldaï'jue^ que le titre, Livre
du juste^ peut s'appliquer à tout écrit qui
contient 1 histoire des patriarches et du peu-
File d'Israël, depuis l'origine du monde. Voi-
à pourquoi lePentaleuque est appelé Livre
du juste (1119), mais plus spérialement la
Genèse (1120). De Kossi possédait dans sa
bibliothèque, sous le n*960, un codex hé-
breu du Pentateuque, écrit en 14'»2, où cha-
cun des cinq livres dont il se compose a
une dénomination propre; savoir, la Genèse:
Séphêr haîyaschar^ Livre du juste; V Exode:
Sépherhahherithj Livre de (^alliance ; le Lé-
vitique : Sépher thorath cohanim^ Livre de la
loi des sacerdoteSy etc. (1121).
L'auteur de la Préface de notre livre dit:
«Il se trouve écrit que ce livre est appelé,
Livre duiuste^ parce aue tout y est racouté
suivant 1 ordre des évenemeuts sans aucune
interversion.»
Les rabbins du Talmud donnent no>ir rai-
son du titre livré dujuste^ appliquée la Ge-
nèse^ parce qu'elle rontient l'histoire des
justes^ Abraham, Isaac et Jacob(1122).Nous
notons ceci aCn d'expliquer pourquoi saint
Jérôme traduit. Liber justorum^ changeant
en pluriel lesingulierittn. On sait combien
ce Père était versé dans les traditions rabbi-
niques.Il est tellement constant qu'il traduit
justorum en suivant les rabbins, que dans
ses commentaires sur Isaïe xuv, 1-5, et sur
Ezéchiel xviii, 3. k^ il répète explicitement
leur enseignement sur ce sujeL Unde^ dit-
il, et liber Geneseos appellatur^ v justorum m
Abraham^ Isaac et IsraëL
Mais avant d'aller plus loin, nous devons
signaler ici un fait attesté par Josèphe et
(1118) On verra plus loin que notre Livre du
jiule est cité sous ce litre dans le Yalkut^ Chnine
des Pères hnr TA . T.
(1119) Outre le Talmud et des rabbhis postérieurs
à sa composilion, un ms. ancien du Liiue du jusîe,
ainsi qu'on le verra plus loin.
(1120) talmud, ubi supra.
(1121) De Rossi, inss. coJices, vol. III, pag. 22.
Yarlœ ùelionei V. 7., t. IV, p. 22.
(1122) Talmud., tbid,
(1123) S. Jérôme ne veut pas prendre sur lui de
d'autres écrivains anciens et admis par des
savants distingués des temps modernes, qui
ont l'ait de l'Ecriture sainte l'objet spécial
de leurs éludes. Il est certain que, dès le
principe de l'existence du peuple hébreu, il
tenait exactement registre de tous les évé-
nements qui intéressaient la nation, h me-
sure qu'ils arrivaient. Ces mémoires, ces
commentaires contemporains, rédigés par
des scribes qui avaient caractère pour rem-
plir cet office, étaient déposés et soigneu-
sement conservés aux archives nationales.
C'est ainsi que chaque tribu et chaque sub-
division de tribu avait aussi ses tables de
généalogie. A des épot^ues postérieures,
Ju'on ne saurait déterminer avec certitude,
es écrivains, poussés, pour ainsi dire, tm-
pulsif et surtout guidés |)arr£st>rir de Dtfté,
ou mieux, par l'Esprit Dieu, rédigèrent d'a-
près ces pièces les livres dont se compose
notre canon de l'Ancien Testament. De là
vient que l'on rencontre fréquemment dans
les Livres saints que telle chose ou tel nom
subsiste jusqu'à ce jour ^ musqué in prœsen»
tem diem, » Des remarques pareilles disent
assez clairement que l'écrivain rend comjpte
de choses arrivées longtemps avant lui. Cest
ce qui fait dire à saint Jérôme à l'occasion
de cette f'hrase biblique, usque in hodier^
num diem :— Certe hodiernus dies illius tem-
poris œslimandus est quo historia ipsa con*
texta est, {Adv. Ilelvia., n. 7.) Quand la tra-
dition de la S)'nagoguenous apprend, d'après
le Talmud, traité Baba-Bathra^ fol. 30 verso,
3ue Moïse a écrit son livre^ on peut enten-
re simplement qu'il a rédigé le texte de ses
lois, texte qui plus tard a été inséré littéra-
lement dans le Pentateuque. (}uant à la ré-
daction définitive de la partie historique,
le Talmud ne lui attribue que le cliapitre qui
traite de Balaam (1123).
Mais il n'est pas indifférent pour lasujet
que nous traitons ici de transcrire le com-
mencement du |>assage où le Talmud noojme
l'auteur de chacun des livres de l'Ancien
Testament. On verra qu'il ne s'agit pas des
auteurs de la rédaction définitive, mais bien
de* ceux qui avalent écrit les Mémoires el
les Annalesd'après lesquels furent composés
plus tard les livres du canon sacré. On com-
prend combien il est important, pour l'au-
torité de ces Mémoires, de savoir de qui ils
proviennent.'«Moiseaécritsonlivre(cequele
texte appelle, le livre de ta loi de Moise.Veut.
IV, W; xixiii, iih; Jos. i, 7; xxiii, 6, et ali-
bi pluries) et le chapitre de Balaam (glose de
Yarkhi : « Les prophéties et les paraboles de
Balaam, bien qu'elles n'aient pas rapport à
décider à qui appartitsnt la dernière rédaction du
Peoiatcuque. Sive Moysen dieere volueris auciorem
Pentaieuchi, écril-il, $tve Exram ejusdem initaura-
torem operis, non recuso. (Adv. Helvid., n. 7.)tH ne
faut pas s*y tromper. Le Père si savant en matière
d^Ecrilure sainte ne rejette nullement un rédacteur
entre Bloise et Esdras. Il semble dire : c II n*t«t
pas certain que la forme actuelle du Penialeunne
appartienne ^ Moïse. Quant à Esdras, Il a peui-êtrt
rétabli le texte qui existait avant la captivité, quel
qtt*en fût rédacteur. >
1075
OICTIONNMUE DES APOCRYPHES.
I07C
sa loi, à son objetyiiià sc$ actes. »»} et lelti^e
de Job. Jlosuô a écrit son livre et les huit
derniers versets du Deuléronome (qui renfer-
ment le récit de la mort de Moïse). Samuel a
/fcrit son livre, \e Livre des Juges et celui de
jtv^Ât » etc. Nous arrêtons ici notre citation»
çt la soumettons à Texamen du lecteur. Le
Livre de Josué^ ce qui veut dire, \ histoire de
Josué» ne doit certes pas sa forme actuelleau
successeur de Moïse. Outre qu'on y trouve
la mon de Josqé^nous lisons au chap. iv,ver-
set 9f que les pierres placées par Josué au
milieu du lit du Jourdain, j sont demeurées
jusquà ce jour f « et sunt ibt usque in pressent
tem diem. » Ceci a dû être écrit à|une époque
beaucoup postérieure au fait. Au chapitre
^lyi^etSl, l'auteur nomme les montagnes
du pays d'Israël et du pays de Juda. Cette
distinction de la naiiondes Hébreux en Juda
et en Israël était inconnue au temps de Jo-
isué (112&). Dans le Livre de Samuelf divisé
en deux, les preuves de sa postériorité è
l'existence de ce prophète abondent égale-
ment. Nourn'en citerons que deux ou trois,
comme nous avons fait pour le Livre de JO'
sué. Au chapitre ix du livre i, SaUl et ses ser*
yiteurs sont è la recherche de Samuel, et
ils demandent è des filles de Bamatha: Le
voyant est-il ici? «Car, »nous avertit fau-
teur, f au lieu du nom prophète, U5t7/ au/otir-
d*Atit| on disait anciennement le voyant. »
Qui enim propheta dicitur hodie, vocabatur
plim videns. Ce même terme prophète, M^n^,
qui n'était pas encore usité du temps de Sa-
muel, se lit dans le Livre des Juges, iv, k; vi,
9, dix fois dnns d'autres versets du premier
Livre de Samuel. Il se rencontre aussi dans
la Genèse xx, 7, dans les Nombres xi, 29 et
beaucoup de fois dans le Deuléronome, Au
chap. xxyii,6, le roi Acbis assigne pour de-
meure à David, qui luyait SaiiT, la ville de
Sicéleg. L'auteur ajoute: Cest pourquoi Si-
céleg cH possédé par les rois de Juda jjusquà
ce jour. Ici il est manifestement question
des successeurs de Salouion sur le trône de
Jérusalem. On sait qu'au chapitre xxvni du
même Livre de Samuel^ la pythonisse d'£u-
dor évoque Samuel d'entre les morts.
Tous ces livres ont donc été rédigés à des
époques pOdtérieures aux événements qu'ils
racontent, d'après les Hémoires, les com-
mentaires laissés pardes prophètes contempo-
rainsdesfaits;c'est-à-dire,pardes scribes pu-
blic^, pans la paraphrase chaldaïque, scribe,
jnaDDi et prophète, n«rM, sont synonymes en ce
sens. C'est pour cette raison que le recueil des
livres purement historioues de Josué^ des
Juges f de Samuel et des miSf esl dénommé,
(iii4) La tendance de cette scission, chose re-
marquable, 8*e8t roanifesiée de bonne heure. Il est
dit au //• Livre de Samuel, chap. ii, qu^après la
mort de Saut, David devint roi de Juda, et Isboselli,
roi de tout ïsraêL
(1 125) Lq Livre du juit^.^en la fin du Livre de Josué,
tWi : c l'i dans le Livre des guerres de Jéhova, qu^oiil
i crit Moïse ei Josué et les enfants d*lsraêl.> Ces Actes
(Ml Mémoires se continuaient de généraltoii en gé^
l'éialion. On n'en s:iurait douter, et Josèpbe, que
I4wH;& allons citer, 1 aHirme positivement.
prophètes, parce que ces livres, ont été tiret
des Mémoires des prophètes qui avaient mU
par écrit chacun les événements de aoo
temps. Ces écrivains et orateurs publics, ap-
{>elés dans TEcriluro fils des prophètes^ c /i-
tt prophetarum » (/ Reg, xx, 35; // Beg. u,
3, 5, 7, 15 et alibi), formaient des collèges
sous le régime de la vie commune. {/ Sam.
X, 5, 6, 11; XIX, 20 et alibi.j Ils ont laissé
une quantité de matériaux nistoriqoes qui
sont perdus, et dont une partie e^t dtée
dans ]*£criture : le XtïTe des guerres de Je*
hova (1125), le Livre du juste^ les Histoires
ou Chroniques, « Terba dicrwm, »de plusieurs
rois juifs. {I Reg. xiv, 19, 29; xv, 7; / Po-
ralip. xvii, 24 ; xxix, 29; 11 Paralip. ix, S9;
xn, 15; XX, 34; xxvi, 22; xxxiii, 19.)
Josèphe (C. Ap. i, 6» 7), après avoir nom*
mé plusieurs nations anciennes qui pre-
naient le plus grand soin d*écrire leurs an-
nales , les Egyptiens, qui en donnaient la
charge à leurs prêtres, les Babyloniens,etc.,
ajoute : « Je me contenterai de faire voir
brièvement que nos ancêtres ont eu le mèaie
soin, si ce n'est plus grand ; que c'était Tuf-
fice des grands prêtres et des prophèt«>s;
(]ue cela a continué avec la même exactitude
jusqu'à notre temps, et, j'ose rafDniier, con-
tinuera toujours... La faculté d'écrire ces
choses n'est pas donnée è tous» afin qu'elles
ne soient pas discordantes, mais aux seuls
prophètes oui ont toujours mis par écrit
d'une manière précise chacun ce qui arri-
vait en son temps (1126). »
Ou voit par le contexte même que Josèphe
)arle ici des Mémoires, des Annales, des
, ournaux, dressés en tout temps jusqu'à ses
] ours par les prophètes et les grands pré-
' res, et non du canon sacré qui était arrêté
depuis Esdias, et qui, d'ailleurs, sera l'ob-
jet du n** 8 suivant de sa réfutation d'Apioo.
Jl espérait la continuation de ces Hémoires.
Nous verrons plus loin qu'il met notre Lfrrt
du juste aunombredeces documents enciens
conservés aux archives du temple.
Théodoret, dans son commentaire Sur Jo-
sué, question 14, prend occasion de la cita-
tion du Livre du juste pour en inférer que
le Livre de Josué a été rédigé par un écrivain
postérieur daprès un Mémoire ancien (tl27).
£t dans la question 4* sur le 11* Livre des
Rois, parlant encore d\x Livre du juste, il dit :
« D'ici résulte évidemment que le Litre des
Roisoéié extrait de plusieurs livres pro-
phétiques. » Le savant évèque arrive à
cette conclusion : qu'il y avait autrefois drs
livres dans lesquels les prophètes avaient tn-
legistré les événements de leurs temps, it
(1126) "Otc t^v auT^jv, iS) yàp lt(iw cl xal lAiîw.
Twv eEpT;(i.év(i}V ènoii^aavTo 'rtjv icepl tàç àv«YP*x**
i7ci(jiéXeiavy xolç dpxicpeOai xa\ xolç icpo^^xat; tovto
icpofftdÇavçfiç • xaX cbç piéxpi "tûv xab' ^jii^ Xf*^'
iceçuXaxxai icoXXrjç &xpt6eto^, et 61 Opa9ÛTfpo>f u*
TceZv, xaX çuXaxOf)asTai, iceipdoouai avvcd(uî»; ^>-
$dc7X£iv... àxs ji^TB toO ùicoypa^petv «6t«{ou5»-¥
TiâJiv 5vToç, uLihte ttv^ Iv lolç ypaf^\iiwiç l^w^^;
Sia^bT/faç* dAXit (idv(i)v xûv rzçii^xtav^ xà ft ya*
^li27) AfjXov To(*/vv xdtvxc'jwv ù; 5Xk6; ttçtCt
1077
YAS
PART. III. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
tOTÎfc
qui p^us tard oni servi 'de matériaux à la
romfios^tion dçs diverses parties delà Bible.
Il s'explique à cet égard avec plus d*étendue
dans sa Préface sur le i*' Livre des Rois.
Enfin, dnns son comraeniaire surle chapitre
u du ///• Livre des Rois^ question 49, il
répèle que Thistoire des Rois, a été tirée de
plusieurs autres livres prophétiques plus
anciens, des actes compilés par les prophè*
tes ou écrivains publics qui avaient précé-
dé, seuls chargés du soin de mettre par écrit
ce qui arrivait de leurs temps. « Comment
<loit*on entendre, dit*il, ces mots : Ces choses
ne sont- elles pas écrites au Livre des jours des
roisdeJuda? (1128) Il en devient évident que
tous les événements furent mis par écrit
dans le temps même uù ils avaient lieu, et
que c*est dans ces livres qu*ont puisé tant
notre auteur (des Livres des Rois) que les
auteurs lies Paralipomines (1129). »
Le célèbre commentateur Rabbi L<saacA-
bart>anel soutient cette thèse avec beaucoup
de chaleur dans la Préface de son commen-
taire sur les premiers prophètes. Abicht et
d*après lui Richard Simon et plusieurs au»
très, sont dans Terreur quand ils avaucenl
qu'Abarbanel est sur ce point en désaccord
avec le Talmud. S'ils avaient lu une dixaina
de lignes plus loin ils auraient vu que ce
rabbin, qui se serait bien gardé de contredi-
re le Talmud, déclare qu*il ne s*écarte aucu-
nement de renseignement de ce code, et que
le sens du passage du traité Baba-Bathra que
nous avons donné plus haut, est, ainsi que
nous Tavons expliqué nous-mème, celui-ci :
Moïse, Josué, Samuel, ont écrit les Mémoi-
res qui, après eux, devaient servir de base à
Il composition duPentateuque, des livresde
Josué et de Samuel, Au reste, le texte du /*'
Livre des Paralipomines xxix, 29, nous ap-
prend qu*ouire Samuel deux autres prophè-
tes, Nathan et Gad, ont concouru par leurs
commentaires à fournir des matériaux à This-
toire de David, sujet de !a presque totalité
iïes deux livres de 5amttf/.
Plus d*un siècle avant Abarbanel, on au-
tre commentateur célèbre, Rabbi Lévi-ben-
Gerson, soutenait la même thèse. Selon celui-
ci, le Livre du juste ^ cité dans le Livre de
Josué h Toccasion de l'arrestation miracu-
leuse du soleil, n'était autre chose qu'une
Chronique dont il attribue la perte aux vicis-
situdes do la dispersion d'Israël. Lévi-ben-
Gerson devait donc admettre que le Livre de
Josué ûans sa forme actuelle, n'est pas l'œu-
vre de Josué. Car, outre qu'un écrit contem-
porain n'ajoute rien à l'autorité de l'affirma-
tion touchant un feii d'hier, le chef des Hé-
breux n'avait pas besoin d'invoauer ce té-
moignage en présence d'iine génération qui
avait été elle-même témoin du miracle. Le
même rabbin était aussi persuadé que le
Talmud que nous avons cité plus haut ne
ue-caYeveTrépcov tIjv p(6^ov Ta'jTr^v ffuvéYp*^'», 3^«-
tôiv èÇ èrépa; p{6Xo'j xà; àçopjxiç.
(1198) Lo teilf^ plus loin.*
(I Iî9) Oûc voT|xéov, ovK lêob raffra xirpaxrai
è,il fii6Alov 4(^|w râ)»* i\iiBp(ùr ttùv fiao'LUu)r
parlait que des auteurs des Mémoires primi»-
tifs. Car on verrait plutôt un mahométan
déchirer le Coran qu'un rabbin de ces temps-
là oser contredire le Talmud.
Parmi les savants modernes, beaucoup, et
des plus judicieux, admettent qu'il existait
des Mémoires anciens antérieurement h la
rédaction des livres dont se compose la Bible
hébraïque : Masius {Préface sur Josué et
commentaire sur le cA. x du même livré) ^ Ri-
chard Simon {Hist. crit. du V. 7., Préface
et 1. 1, chap. 2), Pererius (nous voulons dire,
le Jésuite, car nous n'acceplons, ni ne don-
nons, comme une autorité Isaac Peyrerius,
le fameux préadamite), Gésénius {De Penta-
teucho Samaritano, p. 6-S), Spanhemius, ou
Spanheim. {Hist. Eccl. F. T., ep. 6, n. 5, 52.)
Rosenmueller, dans ses Préfaces sur le Pen-
tateuque et sur le Livre de Josué^ umùme un
grand nombre d'autres savants qui étaient
persuadés de la véritédes actes préexistants.
Il est nécessaire de faire observer que les
écrivains inspirés à qui nous devons le ca--
non actuel, n ont extrait des monuments an-
ciens (]u'ils avaient sous les yeux que ce que-
Bieu jugeait propre pour notre instruction,,
en vue de nous porter à l'obserrance de sa
loi salutaire. Ils retranchaient des événe-
ments, des faits, des circonstances, que
n'auraient pas négligés des auteurs ordinai-
res d'histoire; comme aussi, d'inspiration,
ils faisaient des changements et des addi**
lions aux documents primitifs. Pour tout ce
qui » trait à la nature des choses créées, ils
s exprimaient conformément aux idées du«
vulgaire. Car, il faut bien le savoir. Dieu
n'a voulu faire de son Livre par excellence^
la Bible, un cours régulier, ni d'histoire, ni
de physique, pour satisfaire notre curiosité
sur ces matières. L'unique objet en est de
nous porter à aimer et à adorer Dieu,, et de
nous montrer, moyennant l'enseignement
infaillible de notre sainte mère l'Eglise ,
comment nous pouvons arriver au salut éter-
nel, grâce au Médiateur, ce soleil divin dont
la lumière s'annonce dès les premiers cha-
pitres de la GenisCf et va grandissant à
travers tout le Testament Ancien, jusqu'à ce
que, la plénitude des temps étant arrivée,
elle paraît dans tour son éclat dans le Testar
ment de la nouvelle alliance.
C'est à ce principe qu1l faut attribuer les
nombreuses lacunes dont un lecteur attentif
de la Brble ne peut manquer d'être frappé.
Nous nous bornerons à en citer quelques
exemples dans le Pentateuquo. Genèse xil.iu
19, Abraham revient de là terre de Moria à
Bersabéif et y avait «a demeure^ c et habi-
tatit ibi. » Au septième verset suivant, sa
femme, Sara, meurt è Cariath-Arbé ou la
villed^Àrbéef appelée plus tard Hébron — uEi
mortuaest incivitateArbee^quo! est Uebron.u
Et Abrahan, continue le texte, s'y trans-
lovSa; Ka\ èvceOScv Br\Xoy (>>ç &7cavxa ouvcypâ^r^
à^OjOjxiç.
§079
DICTIONNAIRE DES AI^OCATPHES.
porta, • veniique Abraham^ & pour la p/m-
rer et en faire le deuit^ et le reste. Comment
se fait-il que Sara meure à huit lieues de son
domicile?
Genite xxviii, 5, Jacob quitte précipi-
tamment Bersabée» où demeuraient ses pa-
rents, pour se soustraire à la vengeance de
son frère atné. Il part sans autre bagage que
sa personne et son bâton, car il dit lui-même
plus loin, xxxii, 10 : Tai passé ce fleuve du
Jourdain ne portant que mon bâton : « In ia-
culo meo transivi Jordane/n istum, )» Chaldaï-
aue d*Onkelos : Car seul Vax passé ce Jour-
ain. Au chapitre xxxy, il revient de Méso-
potamie, el pendant qu*il est en route pour
retourner auprès de son père, à la ville a'Ar-
bée, voilà gue Débora meurt dans son camp,
eiilest obligé de l'enterrer sous un chêne de
la montagne de Bélhel, où il se trouvait en
ce moment. On n*est pas peu surpris de voir
à sa suite la nourrice de sa mère,qu*il n'avait
pas emmenée lors de sa fuite de la maison
paternelle.
Genèse xx.xYii^ 25 et suiv., les fils de Ja-
cob voient venir une caravane d'Ismaélites :
^Viderunt Ismaelitas viatores ventre ;9 ei Juda
leur propose de vendre Joseph à ces Ismaé"
lites : tidelius est ut venundetur Ismaelitis.n
Verset immédiatement suivant : Et les mar^
chands madianites étant venus auprès d'eux^
« et prœtereunlibus Madianitis negotiatori'
buSf » ils tirèrent Joseph de la citerne et le
vendirent aux Ismaélites^ a vendiderunt eum
Ismaelitis. » Enfin, au verset 36 il est dit
que les lUadianites le revendirent en Egypte :
mMadianitœ vendiderunt Joseph in Egypto.» 11
manque évidemment quelque chose dans le
texte, car il n'a pu confondre des Ismaélites,
descendants d'Ismaël, avec des Madianites,
descendants de Célhura.
Genèse xLviii, 22, Jacob dit à Joseph : Je
te donne en plus qu'à tes frères la partie de
pays que j'ai conquisii sur les Amorrhéens
par mon épée et mon arc : «Quam tuli de manu
Amorrhœi in gladio et arcu meo. n Le texte
sacré ne nous a montré nulle part Jacob ti-
rant répée ni tendant l'arc contre un ennemi.
Exoa, IV, 18 et suiv., sur Tordre de Jé-
hova Moïse quitte sa retraite de Madian et
s'achemine vers l'Egypte avec sa femme et
ses enfants : Tulit ergo Moyses uxorem suam
et fUios suos. Dans un gîte sur sa route, Sé-
phora,sa femme, s'empresse de circoncire
son fils, afin de soustraire son époux à l'effet
de l'indignation de Jébova. Moïse arrive en
Egypte, délivre les enfants d'Israël et les
conduit au désert après le passage miracu-
leux de la mer Rou^e. Quand Jethro, beau-
père de Moïse, apprit ces choses en Madian,
(1130) Feu M. Brentano nous a raconté aue |ors-
qu on lisaii la Bible k la fameuse Eméric, elle arrê-
tait fréquemment le lecteur en lui disant : c M;iis
vous sautex (ueberspringl) ici cfuelque chose, i Ou
hii disait <fue le texte ne portait rien de plus. Alors
elle ajoutait ce qu'elle savait y manquer. Entendant
lire au chapitre xui, 19, de V Exode : El Moïse em-
porta (d'EgypU) tes o$»ements de Joseph, Elle dit :
€ Vous ne me lisez pas comment Moïse les a re-
trouvés, i Là dessus elle raconta tous les détails
tYprt/, lit-on an coaçitre xvul« S^fk^rafi
de Moyse^ qu'il avait renvoyée^ al n$ deux
fils. Or, on ne trouve dans tool ce qui pré-
cède dans le texte, ui quand, ni pourqiiot,
ni comment Moïse avait renvoyé en Madian
sa femme el ses enfants.
Dans sa là* EpUre à limothéè^ m, 8, le
docte disciple de Gamaliel cite» comme ane
chose notoire parmi les .HébreuXf la résis-
tance qne firent à Moïse en Kgypte Jmmès
et Mambrès, Le texte de V Exode observe nn
silence absolu sur ces deux magieiens.
Le Livre du juste supplée à ces* lacunes,
comme aussi à d*autres qn*il serait trop long
d'indiquer toutes ici (1130}.
Nous pouvons maintenant procéder d'un
pas assuré à la solution de cette première
Juestion : Quel est le livre du juste nommé
ans Josu^et dans Samuel? Le sens droit dit,
et ce qui précède le prouve, que c'était un
recueil de Mémoires, de relations sincères
de lous les événements mémorables de cha-
que époc^ue. Livre du juste peut s'expliquer
ainsi : livre de récits exacts, véridiques.
Couvant servir de règle, de norme^ soit aui
isloriens, soit aux fidèles. Ceux-ci y puisent
de salutaires instructions.
Josèphe, qui écrivait dans un siècle où la
tradition était encore vivante parmi ses co-
religionnaires , confirme pleinement que
telle était la nature du Xtrre du jtale. Après
avoir raconté, Ant.f liv. v, cbap. 1, n. 17, te
miracle du soleil arrêté sur Gabaon, il ajoute
ces mots remarquables : « Que le jour se
soit prolongé alors, était déliassé la durée or-
dinaire, c'est ce que font reconnaître les Mé-
moires déposés dans le temple (1131). » Il
est incontestable qu'ici Josèphe a voulu re-
produire les propres paroles du texte de
Josuéf X, 13 : M Cela, MM, n'est-il pas écrit
dans \e Livre du juste? » S*ii avait voulu sim-
plement parler de la Bible, il n'aurait pas
renvoyé son lecteur aux archives du temple.
La Bible était très-répandue tant en grec
qu'en hébreu. Ajoutons que nulle part ail-
leurs, dans ses Antiquités^ où il raconte tou»
les grands miracles de l'A. T., il ne renvoie
à ces Mémoires déposés au temple. Et com-
ment aurait-il renvoyé à la Bible» puisqu'il
prévientdansson préambulequ'il la reproduit
toutentière, comprenant, selon sa chronolo-
gie, un espace de 5000 ans? Ptulomée,assure-
t-il, n*en a obtenu du grand prêtre Etéazar
qu'une partie. Quant à lui, Josèphe, il s^en-
gage h n en rien reXraiurAer,et à n y rtenq;<»i-
ter. ToO'co yàpB^ xauTtjç noifjseiVT^ç itpaxpjntiiç
^jrf}77«<i4^t)r o06èv xpocBeïÇt oùS* aS xapaXixmr,
On conçoit qu'aprèscela il eûlété tout à fait
qui sont dans notre Livre du juste et dans d^aatr»
recueils de traditions de la Synagogue ancienae*
(1 l5t) 'Ozi Sk xh urixoç «cr^c tp^pfiÇ iid^iaxt Tdtt,
xai Toû ouv^Souç iitAeovaot, 6i)AoOTai Sti wv à^-
xei|iivfuv èv Tcp hoCi ypaiLyÂ^tay, Ce que rpnd tinu
Angiolini, le uieilleur traducteur de Josépbt : O»
poi il giorno creseesse atlora ad assai, e wtnc«iM fU
usait i*oii/!fit, si fà paiese dalle memorie riposte id
tempio
DM
TAS
PART. m. * LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
MRS
superflu de dire ; C*est ce que Ton peut voir
daos la Bible.
Le Livre du Juste a été classé dans les Ikié*
moires primitifs par des commentateurs an-
ciens. On ne lira pas sans intérêt les deux
passages suivants de Théodoret sur Josué :
c Que veut dire, cela tCest-il pas écrit au Li-
we du droit f L'auteur après nous avoir fait
eonnattre la puissance du prophète, qui 'par
sa seule parofe arrêta le mouvement des
erands luminaires, jusqu'à ce que sa victoire
fût complète, n'était f)as sans crainte dercn-
contror quelque incrédule, et il dit que ce
fait est consigné dans un ancien Mémoire. »
TC èoTi t6, aùx^ rovro jéxpaxrat ènï rà BiCMor
zov eùSoûç ; AifidÇiç 4{^^> ' ^ vuyyPa^cùç toû
-Rpovjtou djv auvaaiv, Sx( lAyi^ (A^vc|> y^T)9d{uvoç
TspooT^vat touç (uyoÀouç çuioTYJpaç xtxh>Auxcv« Uaç
xatà xpàxoç èvUr^aev OicetS^fUvoç {x^tt^ àntax'harj^
T^ Xdyq), Ef T) ToOto èv T({) noXoLit^ eùpeGY^vai ouy^pa^-
(lati. Sur le 11* livre de Samuel^ question
k : « Quel est ce Livre du droit? Il résulte
d'ici avec évidence uue Thistoire des Règnes
a été extraite de plusieurs livres prophé*
tiques (livres anciens écrits par des pro-
phètes). Car l'écrivain après avoir parlé
du chant lu^bre, ajoute : Voici que cela
est écrit au Livre du droit, noWv èari ih B(6X{ov
ToO eùOoûc (1152J ; A^X<Sv è9Ti xàvTeûOev ùç Ix
isoXXîtfv 7cpo9T)Ttx(i>v pt6X£(i>v ^ tcîjv BadiXeicôv Isto-
p(a ouvcypA^T] . Etiojv y^P ^ ffu^ypa^ebç Ta icep\
Toû Oo^vou, icp09é9i)xcv * */ïoi^ yéxpaxxiu èjiï vov
Bf€Mov Toif evOovç.
Voici le commentaire de Priicope sur no-
tre rerset de Josué : « L'auteur dit : Je ne
suis pas le premier qui parle de ce miracle.
Il existe un livre qui le faisait connaître déjà
avant moi. »
D'après R. Lévi-ben-Gerson , commen-
taire sur les deux versets de Josué et de Sa-
muel : « Le Livre du jtute était un livre
connu de tout le monde, Dorrpo, dans ces
temps-là» et il s*esl perdu par suite de la
dispersion d'Israël. » Rabbi Jacob Fidanque,
dans ses annotationsau commentaire d'Abar-
banel sur Josué^ le donne également pour
un livre ancien qui ne se retrouve plus.
Ce sentiment sur le Livre du juste^ men*
tienne dans Jo«u^ et dans Samuel^ est suivi
par les commentateurs modernes les plus
estimés : Dom Calmet, Ferrarius, Drusius»
sanctius» Bonfreri^us , et puis Huet, Barto-
locci, etc. Le premier dit que c*est l'opinion
la plus soulenabie. Nous pensons que la
liaraphrase que Josèphe, dans ses Antiqui-
tés^ lait du verset du Livre de Josuéy auto-
risé à dire que celte opinion est incontes-
table aux yeux de tout critique de bonne foi
et d'un jugement droit.
Tout ce qui précède n'est qu'une prépa-
ration pour arriver à la question prin-
cipale, celle qui a trait au livre dont nous
donnons ici la traduction. Notre Livre du
(1132) Les exemplaires ont fauliteroent ici, ^i-
fXCov tè c6fe6£v et au comnieiicement du passage
que noot allons citer, piaXCov th eOO^;. H faut cor-
riger pi6X{ov ToO eOOÔGç, confoniiéineiii au teite
ongîiial, ism "GD, et comme écrit Théodoret lui-
uiéme à la fin de ce dernier passage
juste^ isrn nSD, est-il celui mentionné dans
Josué ei dans Samuel? Nous avouons qu'au-
cun des modernes dont nous avons pu voir
les dissertations sur ce sujet, ne le pense.
Les principales raisons sur lesquelles ils
s'appuient sont, que, t* On rencontre dans
notre livre les noms de nations, de pays,
de villes et d'hommes , modernes corn-
ftarativement aux temps de la rédaction de
a Bible, tels que les Lombards, la Germa-
nie, VAnglie [Anglia)^ et même Bénévent.
2*11 ne s'y trouve ni le cantique dont Je li*
vre de Josué nous a conservé un fragment,
ni l'élégie de David sur la mort de Saiil et
de Jonathas, qu'on lit dans notre Bible. 3"
Notre Livre du juste renvoie lui-même aux
livres écrits parMoïse et par Josué. fc' Abicht
trouve que l'hébreu de notre livre est pur
et sans mélange, et par conséquent il n'né-
site pas à lui assigner pour date le xiii' siè-
cle, et à l'attribuer à quelqu'un des rabbins
de la péninsule Ibérique qui alors firent
refleurir la pureté de la langue sainte.
Avant de répondre à ces difllcnllés, nous
demandons la permission d'eiposer quelle
est notre intime conviction au sujet du Livre
du juste dans sa forme actuelle. Le style de
*ce livre varie continuellement. Des passages
admirables, dont l'hébreu est pur, simple
et naturel comme celui du texte original
de l'Ancien Testament, sont fréquemment
entrecoupés par d'autres passages écrits
dans le mauvais rabbinique qu'un savant
Israélite do Berlin a justement qualifié de
basse hébraicilé du plein moyen âge. Le Livre
dtijfu«(f actuel renferme deux éléments dis-
tincts. Il se compose de fragments de l'an-
cien et véritable Ltt^re dujusle, dont le der-
nier s'arrête au Livre des Juges, Une main
hardie a relié ces fragments entr'eux' par
les traditions répandues dans les recueils
anciens conservés dans la Synagogue, le
Talmud, les Médraschim, les diverses para-
phrases chaldaïques, etc. Ce qui nous con-
firme dans cette pensée, outre le style de cer-
tains passages, digne de ranlic|uité, c'est un fait
qui est demeuré inaperçu iiis(]irà présent.
Un célèbre rabbin, Rabbi Siméon, surnommé
le prince des prédicateurs^ a donné dans un
ouvrage intitulé, Fa/ihi/Simfont, des extraits
de tous les livres de l'antiquité hébraïque en
forme de CAafne des Pères sur tout l'Ancien
Testament. Il y a recueilli les principales
expositions du Siphra, du Siphri, de la Me-
khiltha, des chapitres de R. Eliéser, du
Médrasch-Rabba, du Médrascb-Thankhuma
et autres Médraschim,du Talmud, et d'autres
livres anciens (1133). Or, parmi ces livres
anciens figure précisément le Livre dujustCj
sous le titre, D'DM ^tit. Verba dienim, Chro^
«iç«e,el, 7riKn^'.TT, Chronique longue^ eequi
insinue que le ^m, Xtvre des Paralipomè"
(1155) c Qtiesto libre offre donqae una raccolca
délie spiegazioni morali ed allegoricbe d^li anlichi
doltori ebrei, le miali si Irovaiio «parse nel Tamiid,
iiel Sifré, Sifrè, taiicliiimà, llecbillâ ed *a/(n anli'
M êcritti sopra il sagro teste. Dc-Rossi,
storieo degli autori ebrct. i
1085
DICTIONNAIRE DES APOCRYraES.
1084
nés de la Bible n*en est qu*un abrégé. L'au-
teardu Yalkut en transcrit plusieurs passa*
ges qui se trouvent littéralement, saufqueU
3ues rarianles de peu d'importance (1134),
ans Je Yaschar actuel, et qui appartiennent
probablement aux fragments dont nous avons
parlé.
On ne connaît pas Pépoque précise de ce
R. Siraéon. Non-seulement il ne pouvait être
postérieur au iciii' siècle, mais selon toute
probabilité il a précédé ce siècle. Voir.i ce
qu'en dit le chroni(]ueur David Gans (corn-
Dpencenient du sixième millénaire, i'* par*
tie) : « J'ignore en quel temps florissait
R. Samuel le Prédicateur, auteur du Yalkut.
Mais j*ai trouvé dans le livre Meor-Enayimf
cbap. 19, que R. Azariaa copié auelque
chose d'un manuscrit ancien du Yalkut de
R. Siméon, qui portait la date de S070. »
C'est-à-dire 1310 (1135). On peut raisonna-
blement supposer que le Yalkut existait
longtemps avant l'exemplaire manuscrit
qu'en a vu R. Azaria.
Une autre circonstance qui, selon nous,
prouve invinciblement que plusieurs passa-
ges du Livre du juste ne sont pas de la
5upposition de quelque rabbin , c'est que -
sur certains points ils ne sont pas d'accord
avec le texte de notre Rible. Nous en indi-
querons dans le cours de notre traduction.
Les remplissages qui relient les fragments
de l'ancien Yaschar^ doivent remonter au
delà du X* siècle : car on y reconnaît des er-
reurs d'histoire et de chronologie profanes,
comme aussi de géographie, aussi grossières
que celles qu'on rencontre dans le Talmud
et dans les Médraschim. Dans lessiè'îles sui-
vants, et surtout dans le xii'et le xiii' siècle,
les rabbins s'adonnèrent avec succès à l'é-
tude de la philosophie et de toutes lesautres
sciences des nations. Ils se distinguaient par
leur profonde connaissance de la langue
arabe; et ils ont transporté en hébreu, d'a-
près des versions arabes, plusieurs ouvra-
ges grecs de philosophie et de mathémati-
ques, qui n'existent plus dans la langue ori-
ginale (1136).
Il nous sera maintenant facile de répon-
dre aux objections contre l'identité du livre
Yaschar. V II est indubitable que lef noms
comparativement modernes ont été interca-
(1134) Une de ces van»iUes esta remarqner. On
lit dans noire livre Yaichar^ section Seheuioih :
c Ce sont là les magiciens et sorciers dont il est
écrit clans le Livre de la loi, i L'exemplaire <te
H. Siméon porlait : i dont il est écrit dans le Livre
du june,» Ce titre se donnaîidonc au Pentatt.uQue
entier, ou 9ux mémoires qui ronl précédé.
(1155) Wolfius, le célèbre auteur de la Biblio-
tlieca llebraica, a mal compris le passage de David
Gans. Il écrit : K. Schimon, qui dici soUt princeps
cottcionaiorum, flornii ZOIQ^ Ciir, 1310, /««te Canzio
ad hune annum, et H. Axaria m Meor Enajim, Il a
pris la date d*uue copie manuscrite du Yalkut pour
celle de Fauteur même. Inutile d'ajouter que cette
méprise a été répétée.consiamment par tous les sa-
vants qui depuis WoHlus ont écrit sur des maiiéres*
rabbiniques. Vorstius, qui a fait de la clironM,uc
rte l>4vi«l Gans une version latine pleine de contre -
•cjiSf traduit ce passage comme si Axaria, tabbin
lés dans le texte» soit uar l'auteur des reoi*
plissages, soit par des copistes. Mais en
supposant l'homogénéité du livre, la pre-
mière objection serait encore sans valeur.
On sait qu'il s'est glissé dans certains codex
d'ouvrages d'une authenticité et d'une aniî-
auité incontestables, des noms et des faiti
ont fauteur ne pouvait pas avoir connaH^
sance. Outre les notes marginales, qui, ï la
longue passaient dans le texte, parce que
des copistes sans intelligence les prenaient
pour quelque chose d'oublié par leur pré-
décesseur, ces mêmes copistes, quand ils
appartenaient è la terrible classe des demi*
savants, ne se faisaient pas scrupule de re-
manier leur auieur comme t>on leur sem-
blait, dans la pensée d'éclaircir des passages
3ui leur semblaient obscurs ou de rectifier
es erreurs. Ils le défiguraient, et iQeltaiett
sur son compte ce qu'il n'avait pu écrire.
Les copistes juifs» en particulier, se don-
naient ne grandes licences à cet égard. Et
depuis l'invention de l'imprimerie, combien
de fois n'a-t-on pas dénaturé des textes? Go
a ajouté à des livres de Tantiquité, les iiaro*
phrases chaldaïques, la Mekhiltha, etc., par
exemple, certaines choses dont d^^s savants
se sont prévalus pour en disputer la date
(1137). Si le monde doit durer encf^re im
grand nombre de sièéles, unSaumaise futur,
en suivant la logique de ces savants, éta-
blira dans une thèse pleine d'érudition que
Feller n'est pas l'auteur du dictionnaire qai
portera encore son nom en 38S8. Il décou-
vrira nue des personnages qui j sont o^ra*
mes n ont paru sur la scène du monde qu'a-
près la mort du célèbre Jésuite. 2* Quand
le texte dit : Ce/a, M^, n'est-it pas écrite
etc.? il atteste un livre qui rend compte
du même miracle. C'est ainsi qu'entendent
ces paroles Josèphe,Théodoret,Procope,etun
grand nombre d'autres comini-ntateurs. Il
ne renvoie pas à un cantique. L'on n'est pas
même sûr que le chapitre x de Josué rvo*
ferme des vers : c'est un point fort contesté,
malgré l'air de symétrie et de parallélisme
de quelques phrases. L'auteur des Additions
aux fragments du Livre du juste, a supp!ét*
au défaut d'un cantique par un choix de
passages des /'«aiime^ de David (1138). Il a
seulement inséré dans cette espèce ue cen*
de presque la fln du xvi* siècle, avait vo en 1510
le nis. du Yatkut.
(1136) La première des éditions conDoes Hn tin«
Yaschar, est celle 4le Venise 1625, in -4*. L*élitr»r«
Joseph iHs Samuel, déclare qull est le premier s
faire imprimer ce livre diaprés la copie tirée à U-
vourne, par Rabbi Joseph Athias, irun maniiKni
très-ancien et très-bon. C est ce <)u*attesteut tout
les rabbins de Venise dans le priviléjçe de dit •««
qu*il8 accordèrent k Tëditeur. Eartolocci et quek|ori
autres bibliographes, trompés prolMblemeiit |iar
un passage de la Préface du livre, que iKmsdooiMMtf
plus loin, ont cru que la pn^uiièm édition a été faile
à Naples. On ne connaît p «int d^éditioo de Naplc».
(1 157) Quand le docte >VulHus rapporte c«t mkv«
d'objections contre ranliquité de certaiiu livrw, <i
ajoute souvent : Ni$i dicere relis tjusmpdi Ucê «
tecentiori manu pedetentim esse inserta.
(1 158) Abicht qui ne s*e$l aucuncntcot apcr^ ç^
1083
VAS
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
lOM
t'^n Ipdcmriîirorscl de la prière d'Habacuc :
Jl^ soleil et la lune tont restés immobiles dans
leurs demeures. S*il avait reconnu cjuelque
chose de poétique dans le récit du Livre de
Josué, il n'aurait pas manqué de l'encadrer
dans le cantique ae sa façon. On nous de-
mandera peut-être : Dans ce cas, pour quel
motif l'auteur des suppléments a-t-il sup-
posé un cantique? Nous répondrons : Si 4e
texte de la Bible n'attribue pas de cantique
à Josué, la tradition lui en attribue un. Un
des livres les plus anciens, la Hekliiitha,
section Beschallakh^ énumèredix cantiques
des temps bibliques, dont l'un est celui de
Josaé. Quant à la complainte de David, il est
bien naturel qu'elle manque dans notre
Livre du juslSf puisque les fragments qu'on
en a pu recueillir n'arrivent pas jusqu'au
Livre de Samuel. 3* Les termes dont notre
auteur se sert pour renvoyer aux écrits de
Moïse et de Josué, et d'autres enfants d'Is^
raèt (1139), prouvent qu'il avait en vue
les Mémoires de ces personnages. « Ces
choses, B dit-il, « sont écrites dans le Livre
des i4cle«,que Josué a laissé aux enfantsd'ls-
raëU»Sinan to Sh tow mt -sd Sj; dhtd oan.
Il est prouvé que Josué n'a pas écrit le Li-
tre de Josué^ du canon sacré. Nous avons
déjà parlé du Pentateuque. Remarquons en-
core que l'auteur, au même lieu, renvoie
aussi au Livre des guerres de Jéhova; ce qui
prouve que, de son temps, ce livre était en-
core connu et pouvait être consulté. 4* La
supposition d'Abichl tombe devant les ex-
traits du Livre dujuste^ donnés parSiméon
dans son Yalkut. Voyez plus haut.
Nous espérons que le lecteur jugera
comme nous que le Livre du juste^ même
dans son état actuel, tronqué et plein d*in-
tcrcalations subséquentes, méritait d'être
traduit. Il jette du jour sur un grand nom*
bre de passages du Pentateuque, qui n'ont
\ias encore été expliqués d*ufie manière sa-
tisfaisante. Il place a leur lieu convenable
d'intéressantes traditions éparses dans d'au-
tres monuments de la Synagogue ancienne.
Nous avons fait notre traduction ayant
sous les yeux trois éditions différentes du
texte original. Ce n'est qu'en les comparant
entre elles que nous avons pu rectifier les
nomtjreuses fautes typographiques dont elles
fourmillent. La version bébréo-germaine,
que nous indiquerons dans les notes par
version judaïque^ nous a* aidé également à
retrouver les leçons déligurées par la né-
gligence des correcteurs juifs. L'absence
de6 voyelles (on sait une tous les livres rab-
biniquesen manquent) présentait une autre
difGculté, celle de rendre les noms propres
étrangers, d'autant plus que les rabbins an-
ciens, dans leur ignorance des noms histo-
riques de toute nation autre que la leur,
ce soi-disant cantique de Josué so compose entière-
nient de lafnt)eau\ des Psaume»^ trouve que Tbé-
breu en vaut presque ce\ni de la Bible. « Ul si phra-
fin resplcl;tB, (ère nihti ^ïi qnod cum bibliio hlylo
non conveniat.i O. fere est curieux.
(1159) Votfei vers la fln du Deutéronome ci du
UvTe 4e Joiwi.
n'en figuraient pas exactement les conson-
nes. Ce n'est qu'à force de recherches que
nous avons pu rétablir ces noms.
La Préface mise en lèle du Livre du juste
par le premier éditeur nous apprend com-
ment ce livre a été retrouvé. C'est un conte
fait à plaisir.
Nous allons donner quelques extraits de
cette Préface.
K Le présent livre, appelé le Livre du
juste, a été retrouvé et est maintenant en-
tre nos mains. Quand la ville sainte de
Jérusalem fut dévast(^e par Titus, tous les
officiers militaires s'y précipitèrent pour la
piller. Un des généraux, nommé Sidrus,
étant arrivé à uiie maisfin grande et vaste,
y pénétra et s'empara && tout ce qu'elle
renfermait. Sur le point de se retirer, il
avisa une muraille que dans sa sagacité il
soupçonna devoir i^acher des trésors. Aus-
sitôt il la démolit et trouva devant lui une
tonne pleine de livres. Elle contenait le
Pent'iteuque, les Prophètes et les Hagio-
graphes; des histoires des rois du peuple
Israélite et des rois des autres nations, com-
me aussi beaucoup d'autres livres qui con-
cernaient Israël. Là aussi était un dépôt des
livres de la Mischna mise en ordre (1 140),
*et de beaucoup de rouleaux. Outre cela, il
s'y trouvait toutes sortes de comestibles, et
du vin en abondance. A sa grande surprise,
il y vit un vieillard assis et étudiant dans
ces livres. Il dit au vieillard : Comment se
fait-il que tu te trouves ici, sans une'flme
auprès de toi? Le vieillard répondit : io
savais depuis de longues années que Jéru-
salem devait être ruinée une seconde fois ;
c'est pourquoi j'ai bâti cette maison, et m'y
suis ménagé cette roiraite secrète, où j'ai
transporté des livres pour mes études • et
des provisions pour me soutenir. Peut-être,
pensaiS'je, sauverai-je ainsi ma vie. Or,
Dieu voulut que le vieillard inspirât des
sentiments de bienveillance et de pitié au
général, qui le retira avec ses livres de ce
lieu-là, en lui donnant de grands témoi-
gnages de considération. 11 s'en fit accom-
pagner de ville en ville et de pays en pays
jusqu'à Séville. Le général ayant reconnu
que le vieillard était versé dans toutes les
sciences, le garda auprès de sa personne,
eut pour lui toutes sortes d'égards et se fit
son disciple. Us se bâtirent en dehors de la
ville une maison fort élevée où ils placé*
rent tous les livres déjà mentionnés. £l
cettH maison existe encore en ce jour à Sé-
ville. Quand les rois d'Edom (1141) nous
forcèrent, Dieu le permettant, d'émi^rer de
pays en ^ays au milieu de grandes misères,
ce livre aiipelé Génération d^Àdam^ avec
beaucoup d'autres de la maison de Séville,
finit par arriver entre nos mains dans noire
(1140) La Mischna n*a pu être mise par écrit que
vers la lin du ii« siècle dé notre ère. Voy. noire
Harmonie entre VEgiise el la Synagogue, tout. I,
p. li!> et suiv..
(lUI) En rAbbinique, Edotn ost le nom généri-
que des Cliréticns, comme latiaèl est Cilui des nia-
uomciaiis.
«067
DICTIONNAIRE DES APOCRIPKS*
yillo de Naples, qui es) sous la domination
du roi d'Espasoe. (Que sa gloire soit exal-
lée I) Ayant observé que ces livres traitent
de sciences diverses, nous avons volontiers
formé le projet de les reproduire par la
voie de l'impression.
« Le présent livre l'emporte en excellence
sur tous les autres. Il nous en est parvenu
douze copies , nous les avons exami-
nées, et avons reconnu qu^elles sont telle*
ment concordantes , que pas une d'elles n'a
une lettre de plus ou de moins que les au-
tres. Et il se trouve écritque ce livre est celui
appelé (11^2) Livre du juste. Il parait qu'il
est ainsi appelé, parce que tout y est raconté
selon Torcire des événements sans interver-
sion aucune. Tel. est son principal titre ;
mais le public s'est habitué a l'appeler Livre
de la génération d*Adam. w
L'auleur de la Préface dit ensuite que les
GrecSf les Romains et certains pays des rois
d'Edom^ possédaient encore de son temps
notre livre traduit en leurs langues. II donne
même les titres de ces traductions, non
en ^rec, ni en latin, ni dans la langue de
qiiei(|ue pays d'fdom, mais dans le mauvais
espagnol des Juifs méridionaux, et si mal
figuré ei lettres hébraïques, que depuis
les grands savants des xvi' et xyii' siècles
jusqu'à nos jours, on n'a jamais réussi à en
reconnaître tous les mots. 11 nous conte
aussi que Ptolémée , à l'instigation de Juifs
traîtres à leur naiion, a fait demander à
Jérusalem la Bible des Hébreux. Afin de ne
i)as livrer le volume sacré à un infidèle, on
lui expt^dia le Livre du juste. Mais les mê-
mes traîtres l'ayant averti que ce n'étaitfpas
lo véritable livre de la loi , le roi en fut
trfts-irrité, et obligea les Juifs à le loi en-
voyer. Ne Toulant pas être joué de nouveau,
il se fit amener en même leoipti soixaitie-
dix anciens, et les fit enfernâer séperéiDeot
dans soixante-dix maisons, avec ordre a
chacun de lui écrire U livre de la loi. L'E»-
prit-Saint wipn rm Tint reposer sur eux,
et leur soixante-dix copies furent parfaite-
ment conformes les unes anx antres. L^ r«i
en éprouTa une grande joie, combla d'hoo-
neurs les anciens et tous les Juiftf, et envou
des présents à Jérusalem. Après la mort i^f
Ptolémée, les Juifs enlevèrent par adresse
de sa bibliotbèoue le livre de la loi, iiui>
ils y laissèrent le Livre du juste pour Yius*
truction des rois suivants. Ceux-ci pouvaient
y apprendre quelles merveilles Dieu a opé-
rées; qu'il n'y a pas d'autre Dieu que lai.ei
qu'il a choisi Israël d'entre tous les pettp{e>.
« Et voici,» continue la Préface, ■ que tu
trouveras dans ce livre quelques récib qui
regardent les rois d'Aram, de Cétbim et d'A-
frique de ces temps-lk, bien que de ;>riuie
abord ces détails paraissent ne devoir (U5
entrer dans le cadre de ce livre. Hais ea i
voulu faire toucher au doigt la différence
qui existe entre les guerres des autres na-
tions dont l'issue dépend de coiyonctun^H
ordinaires, et celles des Juifs, où Dieu fait
éclater ses merveilles tant qu'Israël niei ^»
confiance en lui. )»
En dépit de l'assertion de fauteur de ia
Préface, il est avéré que le Livre dujusu n s
jamais été traduit ni en grec, ni en latin, m
en aucune langue moderne; il n'en esi^y
qu'une espèce de paraphrase en hébreu-
f;ermain, jargon des Juiis du rit alleuiani,
es plus nombreux en Europe.
CECI EST LE LIVRE DE LA GENERATION D'ADAM (i!i5.
QUE mXU CRÉA SUR LA TERRE AU JOUR OU JÉBOVA DIEU FIT LA TERRE ET LE CIEL.
LIVRE DE LA GENÈSE.
Section Bereschilh (tlH).
Dieu dit : Faisons Phommeè noire image et
k notre ressemblance. Et Dieu créa t*homme
h son image. Jéhova Dieu forma Thorame de
la poussière de la terre, et il souQla dans ses
narines une âme vivifiante: et Thomme de-
vint un être animé partant (11^5).
Et Jéhovadit : Il n'est pas bon c|ue Thomme
soit seul. Je vais lui faire une aide pour être
sa compagne. Alors Jéhova fit tom!)er un
profond sommeil sur Thomme, qui s'endor-
mit, et il enleva une de ses côtes, et la revéïit
de chair, et en forma une femme qu'il amena
(1U2) Dans la Bible, «ans doule.
(li^) On pourrail aussi iraduire : Livre de rori^
gine, nu de Vhisloire de Vhomme.
(1144) Le Peiilateuque esl divisé en auUiii de
tecUons qu^il y a de «emaincs dans Tannée judai-
aue. Chaque samedi on ''ail dans la Synagogue leciurc
'une section.
devant Thomme. Et l'homme se réveilla <;e
son sommeil, et voici qu'une femme se tena::
devant lui. Et il dit: Celle-ci est un o^ •!'
mes os. Elle sera appelée isscha (femme), *9t
elle a été tirée d*un isch (homme). Eirhonu: -
la nomma Eve, parce quelle était la mère Ji
tous les vivants (lli!k6). Dieu les bénit e( y
appela Adam au jour de leur création M t^'
Et Jéhova dit : Fructifiez et multiplioi "i
remplissez la terre. Jéhova Dieu ^ril A*i.*)M
et sa femme et les plaça dans le jardind*bi':^
pour le cultiver et pour le garder. Et li icar
donna ce précepte : Vous mangerez de i '^>
les arbres du jardin ; mais pour Tarbre d^' <i
(il45) Hébreu, -TarîD, loquens^ ce qui veui a»rf.
pensant et pouvant oeinmuniquer ms peascct h
moyen de la |iarole« Oiéu a donné urne U»it â
Adam.
(1146) Hébreu, nnn, du verbe rm, w»«. pai ftr-
mu talion des lettres 1 et ).
(1147) AUam signitic propremctti, ao«iM.
I0S9
YAS
PART. IIL ~ LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1090
science da bien et dn mal, vous n*cn mange-
rez point: car auionr où vous en mangerez
vous mourrez (lllS). Et après les avoir hénis
et leur avoir imposé ce précepte» ils*enleva
d'auprès d'eux. Or Adam et sa femme de-
nieuraientdans le jardin selon le commande*
ment de Jéhova. Mais le serpent que Dieu
avait créé en même temps ou*eux sur la
terre, s'avança vers eux pour les séduire et
leur faire transgresser le précepte que Dieu
leur avait donné. Il tenta la femme pour la
porter à manger de Tarbre de la science.
La femme lui prêta Toreille, et contrevenant
h Tordre de lébova, elle cueillit du fruit de
l'arbre de ta science du bien et du mal, et
en mangea. Elle en donna aussi è son époux»
qui en mangea également. Et Dieu snt cela,
et il fut irrité contre eux, et les maudit. En
ce même jour Jébova Dieu les chassa du
jardin d'fiden, pour aller cultiver la terre
d'où ils avaient été tirés; et ils se retirèrent
vers l'orient du jardin d'Eden.
Or Adam connut sa femme et elle enranta
deux fils et trois filles (11^9). Elle nomma
Talné Caïn, disant : J'ai acquis de Dieu un
homme. Et elle nomma le putné Ahel, car
elle dit : En vanité nous sommes venus sur
la terre, et en vanité nous en serons retirés
(1150). El les garçons grandirent, et leur père
leur donna des possessions sur la terre. Caïn
cultivait te sol , et Abel nourrissait des trou-
peaux. Or, au bout de jours et d'années les
jeunes gens offrirent chacun une offrande
d Jéhova. Caïn offrit des fruits de la terre,
et Ahel de ses plus belles et plus grasses bre-
bis. Jéhova se tourna vers l oblation d'Abel,
ett^agréa; mais il ne regarda point, ni
n*agréa Toblation de Caïn: car il avait offert
à Jéhova du rebut des fruits de la terre. Et
à cause décela Gain jalousait son frère Abel,
et ii cherchait un prétexte pour le tuer.
Après un certain temps Caïn et Abel son
frère allèrent aux champs pour leurs occu-
pations. Caïn était h labourer sa terre lors-
que le troupeau d'Abel vint à traverser ses
sillons. Cette chose fâcha violemment Caïn
qui marcha furieux vers Abel son frère, et
lui cria : Qu'y a-l-il de commun entre nous,
pour que tu viennes demeurer où il te plaît
sur ma terre, avec tes troupeaux, et les y
faire paître? Abel répondit à Caïn son frère :
Je dirai de même, qu'y a-t-il de commun
entre nous, pour que tu manges du produit
de mes brebis, et te revêles de leur laine?
Maintenant quitte la laine de mps brebis
dont tu es vêtu, et paie-moi le prix de leurs
produits et de leur chair, que tu as consom-
més. Cela fait, je sortirai de ta terre, ainsi
que tu le demandes, et je volerai dans l'es-
pace supérieur, si je puis. Caïn dit alors à
son frère Abel: Si je te tuais aujourd'hui,
(1148) Vous deviendrei mortels.
(Iti ») La Bible ne fait pas mention de ces fiUes ;
m.iN la tradition en a conservé le souvenir. Le
Môdt ascli* nabba dit à cette occasion : c Ils sont allés
an lit «feux, et ils se sont levés sept :Caln naquit avec
une sœur jumelle, et Abel avec deux sœurs jumelles.
Malgré W, silence de 4a Bible, il faut de toute néces-
qui rechercherait ton sang de ma main?
Ahel répondit: N*est-il pas vrai que Dieu
qui nous a créés me vengera, et recherchera
mon sang de ta main ? Car Jéhova est le juge
et l'arbitre, et il rend à l'homme méchant
selon la méchanceté qu'il a opérée sur la
terre. Or, si tu me tues ici, Dieu connaîtra
ton action secrète, et il te condamnera pour
le mal que tu as résolu de me faire en ce
jour. A ces paroles, Caïn entra en fureur
contre Abel son frère, et il se leva précipi-
tamment, et il saisit le soc de sa charrue, et
en frappa aussitôt son frère, et le tua : et le
sang d'Abel CMiait sur la terre devant son
troupeau. Après cela Caïn se repentit d'avoir
tué son frère, et en fut très-affligé et pleura
sur son corps. EtCaïns'étant levé creusa une
fosse dans le chanin, et y déposa le cadavre de
son frère etrejeta la terre sur lui. Or Jéhova
sut ce que Caïn avait fait à son frère, et il
lui apparut et lui dit ; Oii est ton frère Abel,
qui était avec toi? Et Caïn faisant un men-
songe, répondit : Je ne le sais. Suis-je, moi,
le gardien de mon frère ? Alors Jéhova lui
dit : Qu'as-tu fait? La voix du san^ de ton
frère crie vers moi de la terre où tu l'as ré-
pandu. Tu l'as tué sans motif; car la réponse
qu'il t'avait faite était selon la raison. Tu
m'as menti, pensant en ton cœur que je ne
t'aipas vuetquej'ignorerais ton forfait. Main»
tenant, sois maudit et éloigné de la terre
qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta
main le sang de ton frère et son corps ina-
nimé. Dorénavant lorsque tu cultiveras !e
sol il ne te donnera plus sa force productive
comme il avait comatencé, car il te produira
des épines et des chardons ; et tu seras
errant et fugitif sur la terre jusqu'au jour de
ta mort. Eii môme temps, Caïn sortit de la
présence de Jéhova, du Lieu où il était, et il
vaguait à l'aventure avec tout ce qu'il pos-
sédait, avançant vers l'orient d'Eden.
En ces jours-là Caïn connut sa femme, et
elle conçut et lui enfanta un fiis, et il le
nomma Uénoch, parce que Jéhova l'avait
laissé alors en repos sur la terre, et il n'était
plus errant et fugitif comme auparavant
(1151). A la mèmeépoQue Cain semitàbÂtir
une ville à laquelle il donna le nom de son
fils Hénoch, parce qu'il s'y fixa à demeure.
A Hénoch naquit Irad, et Irad engendra Ma-
huiaël, et Mahuiaël engendra Mathusaël» et
Mathusaêl engendra Lamech.
Or Adam dans la cent trentième année do
sa vie connut de nouveau Eve sa femme, et
elle conçut et enfanta un fils à la ressem-
blance et è l'imaged'Adam, et elle le nomma
Seth, disant : Dieu m'a donné un autre fils à
la place d'Abel, tué par Caïn (1152).
Seth ayant vécu .cent cinq ans engendra
un fils qu'il nomma Enos, pour signifier qu'en
site admettre que nos premiers parents mirent a«
monde des filh» aussi bien que des fils. >
(1150) Caïn-, ]ip, de rup acquérir. Atiel, Son,
vanité.
(1151) Hénoch, "run, denTI« camper»
(115i) Selli, r0, de rw et nnZ7, po$er {remplacer).
IMS
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ponr mener sur la terre une rie sage et
iioureuse. En peu de jours il leur donna ses
iii^lruclions, reprenant ce qui n*était pas
lâen, et leur prescrivit des lois et des règles
À observer. Il opéra la paix entre eui, et leur
traça le chemin de la vie éternelle. Or il ar-
riva que des hommes se tenant auprès d'Hé-
noch qui discourait aver. eux, levèrent les
yeux au del et virent, et voici que la forme
d'un grand cheval descendait du ciel en
traversant Tair qui est au-dessus de la terre;
et ils manifestèrent à Hénoch ce qu'ils
voyaient. Hénoch leur dit : f/est pourmoi que
ce cheval descend sur la (erre. Le temps et
le jour sont arrivés où je dois m*en aller
d'auprès de vous, et vous ne me verrez plus.
A la mèuif^ heure le cheval étant descendu
vint se placer devant Hénoch. Et tous les
hommes qui se trouva:*ent auprès d*Hénocli
voyaient le cheval. Et Hénoch ordonna que
de nouveau on publiât : Quel est l'homme
désireux de connaître les voies de Jéhova
son Dieu? Qu'il se rende ce jour même au-
1>rès d'Hénoch avant qu'il ne vous soit en-
evé. Et tous les hommes accoururent en-
semble ce jour-là auprès d'Hénoch. De mê-
me, tous les rois de la terre, avec les chefs
et les seigneurs, ne le quittaient pas de toute
la journée. Hénoch leur départit encore de
sages enseignements, leur donna des pré-
ceptes concernant le cullç de Jéhova» pour
les observer toute leur vie durant, et assura
de nouveau la paix entre eux. Après cela il
se leva et monta sur le cheval. Tous Ins
hommes, au nombre d'environ huit cent
mille, le suivirent pendant la marche d'une
journée. Ue lendemain il leur dit : Retour-
nez-vous-en à vos tentes; ne marchez pas
davantage, de peur que vous ne mouriez.
Et une partie s'en retourna. Les autres
l'accompagnèrent pendant la marche de six
tournées. Et chaque jour Hénoch répétait :
letournez à vos tentes de peur que vous ue
périssiez; mais ils ne voulaient pas l'écou-
ter. Le sixième jour Hénoch leur adressa de
nouveau la parole et dit : Laissez-moi et al-
lez-vous-en à vos tentes : car c'est demain
que je m'élèverai au ciel, et quiconque d'en*
tre vous restera auprès de moi perdra la vie.
Et beaucoup s'en retournèrent. Mais il y eut
\ii des hommes résolus à rester et à s atta-
cher à ses pas. Et ils lui dirent : Nous te
suivrons au lieu où tu te rends. Vive Jého-
va 1 la niort seule nous séparera de toi. Et
comme ils s'obstinaient à marcher avec lui, il
ne leur dit plus rien. Ainsi, ils le suivirent
et ne voulurent pas le quitter. Or, les rois
en se retirant prirent note du nombre do
ceux qui demeuraient à la suite d'Hénoch.
Le septième jour Hénoch monta au ciel au
milieu d'un ouragan, sur un char de feu
traîné par des chevaux de feu. Le huitième
jour les rois envoyèrent relever le nombre
des hommes restéa avec Hénoch au lieu
d'où il était monté au ciel, ils y altèrent
(tl62) Ce nom est un de ceux de ce livre qui iic
se rencontrent nulle part dans la Bible.
(1165) Noé, ru, de Tïïl reposer. M^nahcm, OTCQ»
eux-mêmes, et ils trênvèrent toute la terrç
couverte de neige, et i^r^dessus la neige de
grands blocs de glace. Ils dirent : Venez,
brisons cette glace et regardons, de peur
que ceux restés avec Hénoch n*aient fiérî
sous la neige. Et ils firent ainsi, et fouillant
dans la neige ils trouvèrent le nombre exatt
des hommes restés avec Uénoch« ensevelis
morts sous la neiçe. Ils cherchèrent long-
temps aussi Hénocn; mais ils ne le troavè-
renl point, car il était monté au del. Or,
tous les jours qu'Hénoch avait vécu sur la
terre étaient de trois cent soixante-cina ans.
C'est dans la cent treizième année de la vie
éh Lamech, fils de Malbusala, qu*Héoodb
monta au ciel.
Après lascension d'Hénoch an del loos
les rois de la terre se levèrent et prirtfct
Mathusala son fils et le sacrèrent poi|r les
gouverner à la place de son père. Malbusala
pratiquait ce qui est bien aux yeux delého-
va, selon ce que lui avait enseigné son père.
Et lui aussi, durant tous ses jours, iostmi-
sait les hommes dans la sagesse, la science
et la crainte de Jéhova; et il ne se détour-
nait de la bonne voie ni à droite ni à gauche.
Mais sur la fin des jours de Mathusala, les
hommes se retirèrent de Jéhova, et |ierver«
tirent la terre, et résistèrent h Mathusala, et
ne Toulurent plus lui obéir. Ils se livraient
au vol et au brigandage. Jéhnva trèa-îrriie
contre eux à cause de leurs crimes» frapf»a
les fruits de la terre de sorte qu'en ces jour^
Ih il n'y eut ni ensemencement ni récolte;
et quand on jetait quelque semence dans la
terre, elle produisait toutes espèces de mau-
vaises plantes qu'on n'avait point semêe<.
Malgré cela les hommes ne revenaient point
de leur mauvaise voie» et leur main de-
meurait étendue jiour continuer è faire et*
qui déplaît aux yeux de Jéhova, et è Tirriler
piar leurs œuvres. Et Jéhova, outré, se repen-
tit d'avoir fait l'homme, et il résolut d'en
exterminer la race de dessus la Cice de la
terre. ^
En ces jours-lè vtnt à mourir Selh ûi^
d*Adâm, en la cent soixante-huitième anno*-
de l'Age de Lamech, fils de Mathusala. Et
tous Ws jours de la vie de Seth furent
de neuf cent douze ans. Lamech Agé tïv
cent quatre-vingt-un ans prit rK>ur femiue
Asmoa (1162) fille de son onele Elisua, ti s
d'Hénoch. En ce temps là on ensemençait la
terre, et l'on récoltait un peu de quoi man-
ger. Les hommes ne quittaient pas leur
mauvaise voie pour revenir à Dieu. Au
bout d'une année la femme de Lameeii
enfanta un fils. Mathusala le nomma No4|
disant : La terre se repose de sa malé-
diction; mais Lamech son père le nom-
ma Manahem, disant : Celui-ci nous $ouU*
f^era des travaux pénibles que nous impose
a malédiction dont Jéhova a frappé la terre
(1163). L'enfant grandit et fut sevré; et il
marchait sur les tiacea de Mathusala son
de ans. conjug. Piel, comoler. Le leiie de la Bibit
laisse désirer quelque chose. Il ne donne <|iBe le pre-
mier de ces uoms, Noé, d lui aUribue TeiyaMto^
{Ot7
YAS
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
lOM
aïeul» étant parfait et droit avec Jéhova.
Mais les autres hommes^ qui s*étaieiit mul-
tipliés en fils et en filles» s'éloignaiem de
Jéhora, et ils apprenaient les uns au t autres
leurs mauvaises praliaues, et ils offensaient
Jéhova de plus en pkis. Chacun se faisait
sou dieu à lui. Ils arrachaient et ravissaient
les uns aux autres leurs biens, et la terre
était pleine d'oppression et d'iniquité. Leurs
juges et leurs magistrats (116^) en levaient dé
force toutes les femmes qui leur plaisaient,
môme celles qui appartenaient à des maris.
Les hommes aussi amenaient des bestiaux
de la terre, et des bâtes des champs et des
oiseaux du ciel, et les habituaient à s*accou-
[^ler avec des espèces qui n'étaient pas les
eurs, afin de braver Jéhova par cette chose.
Et Dieu vit que toute la terre était corrom-
pue; car toute chair avait corrompu sa voie,
tant l'homme que la bote. El Jéhova dit : Je
vais effacer de dessus la terre depuis rhom"-
me jusqu'à l'oiseau du ciel, le bétail et les
bêtes des champs; car je me repens de les
avoir créés. Or, tous ceux qui étaient fidèles
à Jéheva mouraient en ces jours-là, afin
qu'ils ne vissent pas le désastre dont Jéhova
avait décidé d*accabler la race d'Adam, àlais
Noé trouva grflce aux yeux de Jéhova, qui fit
choix de lui et de ses enfants pour repeu-
pler toute la face de la terre.
Section tfoi.
En l'année quatre-vingt-quatrième de la
vie de Noé, mourut £nos, fils de Seth^ â^é
de neuf cent cinq ans. Et dans la cent-
soixante-dix-neuvième année de la vie de
Noé mourut Cainan, fils d'Ënos, Et tous les
jours de Caïnan furent de neuf cent dit
ans. Et dans la deut cent trente-quatriôme
année de la vie de Noé mourut Malaléel ,
fils de Caïnan. Et tous les jours de Malaléel
furent de huit cent quatre-vingt-quinze ans.
Et Jared , fils du Malaléel, mourut en ce
temps-là, dans la trois cent soixante-sixième
année de la vie de Noé. Et tous les jours de
Jared furent de neuf cent soixante-deux ans.
11 arriva après un grand nombre de jours,
en l'année trois cent soixante-sixième de la
▼ie da Noé, lorsque eurent fini de mourir
du milieu des hommes tous ceux qui avaient
été fidèles à Jéhova, hors Mathusalaqui sur-
vivait encore, (il arriva) que Jéhova dit à
Noé et à Mathusala : Convoquez tous les
hommes, et annoncez-leur ces paroles : Voici
ce que dit Jéhova : Revenez de vos mau-
vaises voies, quittez vos œuvres criminelles,
et il révoquera la sentence qu'il a pronon-
du second. On voit dans le Métlrasch^Rabba que
déjà deux rabbins anciens ont fait la r6iii|«n|iie
«iu*il n*y a pas de rapport entre le nom de Nué et
lëiyroologie que lui assigne la Bible. Sai. Yarlihi
dit dans son commeniaire que d'après rét]rmologie
il aurait dû se nommer Manahem. C'est ici le pre-
mier des endroits, où l'écrivain inspiré, pour une
raison que nous ignorons, a laissé une lacune.
il 464) Selon notre livre, les enfanu de Dt^n,
Hlii Dei, > de la Cenèêe vi, % n'étaient pas les
anges déchus.
( 1 165) La tradition des rabbins dit que cette Naéma
DiCTio?i!i. DES Apocryphes II.
cée contre la terre, et elle ne sera pas mise
à exécution. Je vous accorde, dit Jéhova«
encore cent vingt ans pour vous convertir.
Noé et Malhusafa se levaient tous les jours
de grand matin pour exhorter les hom-
mes. Mais ceux-ci détournaient l'oreille de
leurs paroles, ôt demeuraient endurcis
Or, Noé, fils de Lamech, s'abstenait de
E rendre femme, car il disait t Puisque Jé-
ova doit exterminer les hommes de dessus
la terre , que me servira d'avoir des en-
fants? Mais Noti était un parfait juste au
milieu des générations perverses *de son
temps, et Jéhova l'avait choisi pour pefpé»
tuer par ses descendants l'espèce humaine
sur toute la terre. Jéhova dit donc à Noé :
Epouse une femme, car toi et tes enf)tnt$
vous serez conservés sur la terre. Noé alla
et fit choix de Noéma, Qlle d'Hénoch (1165),
et elle était âgée de cinq cent quatre-vingts
ans. Noé, lorsqu*il l'épousa, était âgé de
quatre cent auatre-vin^t-dix-huit ans. Elle
conçut et enfanta un dis, et Noé le nottama
Japheth, disant : Que Dieu me répande par
ma postérité sur la terre. Elle conçut di^
nouveau et eut un tils, et Noé le nomma
Sem, disant : Dieu m*a mis en état de cofi-
server la vie sur la terre (1166). Noé avait
cinq cent deux ans quand Noemà nàit eu
monde Sem. Les garçons grandissaient ^t
marchaient dans les voies de Jéhova, s^loia
tout ce que leur avaient enseigné MaihuMlA
et Noé leur père. En ce temps-là mourut
Lamech, père de Noé, dans la cint} cdnt
qualre- vingt-quinzième année de Noé. Hais
il n'avait pas marché de tout son cœur su<*
les traces de scm père. El tous les jours dé
Lamech furent deseptcentsoixante-Klix^sept
ans. Jéhova dit alors à Noé et à Mathusala :
Levez-vous et criez de nouveau aut oreilles
de tous tes hommes les paroles que déjà
une fois j'ai mises dans votre bouche. Ils
se levèrent et firent comme Jéhova leur
avait comtnandé. Mais lés hommes ne Yovi-
lurent pas les écouter. Après cela, Jéhova dit
à Noé : La fin de to*ite chaih est arrivée
devant moi; je vaistoutextermineraveclasu-
perficîe même delà terre. Maintenant, prends
du bois de cyprès et va vers tel endroit (1167)^
et construis-toi une grande àfche que ttt
monteras en cet eedfoit-lè. Tu lui donneras
une longueur de trois cents coudées, une
largeur de cinquante coudées et une hauteur
de trente coudées. Et tu f feras une porte
ouvrant sur le côté, et la rétréciras rers le
sommet jusqu'à la largeur d'une seu!e cou-
dée. Tu l'enJuiras de poix en dedans et en
était sœur de Tubalcaîn (YOf. Medr.-R*). Klle aurait
été «le lieaucoup plus vieille que celle de notre iitrc«
dont rage pouvait être parfaiiement celui d*une li'l<*.
d'Hënocli. Si le présent passage avait eié fabriqiié
par un rabbin, il n^aurait certes pas contredit le
Bléilrascb. La nible ne dit pas quel était le tfioui de
la femme de Noé.
(il06) Sem, 319, de DIQr, mettre. Japheth, ns\
de nn)9, coiijug. Hiphil, étendre^ répandre. La iniis-
sance de Cham manque dans noire livre.
(1167) «odSk ^^Ss. expression employée quand on
ne veut p'^s désigner clairement.
3o
I090
DlGTIONNAïaE DES APOCRYPHES.
IIM
dehors. Car voici que je vais amener un dé-
luge d'eau pour faire périr toute chair d'au-
dessous du ciel. Et tu entreras dans Tarche,
toi et ta famille, et tu y réuniras de tous les
êtres vivants par couples, m&le et femelle,
afin d'en conserver les espèces sur la terre.
Tu feras aussi dans l'arche provision de tout
ce que mangent les bêtes. Va choisir, pour
les marier à tes fils, trois jeunes filles.
Noé se leva et construisit l'arche confor-
mément h tout ce que Jéhova lui avait com-
mandé. 11 la commença dans sa cinq cent
quatre>vingt-quinzième année, et dans sa
six-centième année il la termina dans tous
ses détails. Il donna [)our femmes à ses fils
les trois Glies d'Eliacim, Gis de Mathusala,
selon ce que Jéhova lui avait ordonné. En
ce temps-là mourut Mathusala, Ois d'Ué-
noch, âgé de neuf cent soixante-neuf ans.
Après la mort de Mathusala, Jéhova dit à
Noé : Entre dans Tarche avec tous les tiens.
Et voici que je vais assembler vers toi tous
les animaux de la terre, les bètes des champs
et les oiseaux du ciel : tous arriveront au-
tour de Tarche. Alors tu eu sortiras et te
tiendras sous la porte, et tu livreras entre
les mains de tes fils, pour l'introduire dans
l'arche 9 toute bête qui s'avancera d'elle-
même et s*accioupira devant toi; mais tu
laisseras dehors toute béte qui restera de-
bout devant toi. Et dès le lendemain, Jéhova
amena autour de l'arche un nombre im-
mense de toutes sortes debétes; et Noé, se
tenant sous la porte, exécuta la chose qui
lui avait été prescrite. Il fit entrer dans l'ar-
che deux individus de chaque espèce, un
mAle et une femelle, mais sept individus
des bètes et des oiseaux purs (1168). Or, une
lionne s'avança avec ses deux lionceaux, un
mAle et une femelle, et tous trois s'accrou-
pirent devant Noé. Soudain les deux lion-
ceaux se relevèrent et se jetèrent sur Ja
lionne et la maltraitèrent, et elle s'enfuit au
milieu des autres lions. Les lionceaux re-
vinrent et s'accroupirent devant Noé, qui,
frappé de ce fait, les fit entrer dans l'arche.
Et les autres quadrupèdes et oiseaux conti-
nuaient à stationner en ce lieu-là, tout è
l'entour de l'arche. Pendant sept jours, la
pluie' n'arrivait pas encore; mais Jéhova
effrayait le monde par un ouragan véhé-
ment , par Tobscurcissement du soleil , par
des éclairs et des tonnerres , et il ébranlait
la terre en secouant ses fondements, et ses
habitants en étaient terrifiés. Or, Jéhova
voulait par ces épouvantables phénomènes,
intimider les hommes et les ramener à lui;
mais ils ne rentraient pas en eux-mêmes, et
continuaient à l'irriter.
Et il arriva au bontde sept jours, en la six-
centièmeannéedeNoé,que]eseaux du déluge
se répandirent sur la terre, toutes les sour-
ces de l'abîme firent irruption sur la terre
en la perçant» et les cataractes du ciel s'ou-
(1108) De ceux dont l.i loi mosaïque permot de
manger ou dVffrir des sacrinccs.
(11U9) Image frappante des damnes sans retour
et de leur tardif tl inutile repentir : A morte perpe-
vrirent largement. La pluie dura sur la terre
quarante jours et quarante nuits. Mais Kim}
et sa famille et tous les êtres vivants quM
avait avec lui, étaient entrés dans Tarche
pour se garantir des eaux du déluge, et Jë^
hova en avait fermé la porte sur eux« Tous
les autres hommes, molestés (>ar la ploie«
car les eaux croissaient considérablement,
s'attroupèrent au nombre d*environ sept
cent mille, des deux sexes, et vinrent tous
auprès de l'arche. Et ils crièrent h Noé, di-
sant : Ouvre-nous, aGn que nous entrions.
Pourquoi veux-tu que nous mourions? Il
leur répondit de l'intérieur de Tarctie, en
élevant la voix : N*est-il pas vrai que vous
avez été rebelles à Jéhova? Vous avez mëoie
dit : 11 n'existe pas. C'est en punition de
vos crimes qu'il vous accable de ce désastre
afin de vous exterminer de la surface de la
terre. N'est-il pas vrai que je vous ai |iréché
cette chose pendant ces cent vingt ans pAS^^
ses? Vous n'avez pas voulu écouter la voix
de Jéhova, et maintenant vous avez souci
de conserver votre vie. Et tous répondireni à
Noé : Nous voici, nous revenons ii Jôhora;
de grâce, ouvre-nous , aGn que nous ne pé*
rissions pas. Noé répondit : Vous ne revenez
à Jéhova qu'à Theure où vous vojez les
angoisses qui vous pressent. Que ne voqs
êtes-vous convertis a lui de bonne velouté
pendant le répit de cent vingt ans qu'il vous
a donné? Dorénavant, il détournera son
oreille dC/ vos cris, et vous ne parviendrez
plus à le fléchir (1169). Et ne pouvant plus
supporter la violence toujours croissante de
la pluie, ils se précipitèrent sur Tarctie pour
en briser la porte et y pénétrer. Mais Je*
hova, excitant contre eux les bètes qui
l'entouraient, elles les attaquèrent et on
tuèrent un grand nombre, et les autres s^eo-
fuirent de tous côtés et se dispersèrent sur
toute la face de la terre.
Or, toute chair de la terre périt dans
l'eau, depuis Thomme jusqu'aux animaax :
les quadrupèdes, les reptiles et les oiseaux
de l'air. Il ne survécut que Noé et toot ce
qui avec lui était retiré dans l'arche. Les
eaux augmentaient prodigieusement en vo-
lume et^ en force, et elles soulevèrent Tar-
clie à une grande hauteur au-dessus de la
terre. L'ange, ballottée par l'agitation des
flots, qui se battaient entre eux, se renver-
sait et pensait se briser. Et tout ce qu'elle
renfermait d'êtres vivants étaient boulever-
sés p$le«mèle comme le potase b«»aillant
dans la marmite (1170). Tous les êtres de
I arche furent consternés : les lions rugis-
saient, les bêtes bovines meuglaient, les
loups hurlaient, et chaque autre espèce se
plaignait en son langa<{e. Leurs voix con-
fondues s'étendaient au loin. Noé aussi et
ses enfants criaient et pleuraient dans leur
anxiété et effroi, vi ils se virent arrivés
jusqu'aux portes de la mort. Alors Noé éle-
tua libéra not, Jesu.
(1 170) Ainsi l.uéralement le texte. TVn V» ^
IlOi
YAS
Part. lll.-LECiENDES ET FRAGMENTS.
TAS
Ilot
¥a sa voix suppliante vers Jéhova, disant :
Degrftce» A Jéhova 1 secourez-nous, car nous
n*avons pas la force de supporter ce mal
3ui nous enveloppe. Les vagues furieuses
es eaux ro*assiégent, les torrents de Bélial
m*épouvantent, je suis entouré des lacets de
la mort. Exaucez-nons, ô Jéhova ! exaucez-
nous. Délivrez-nous, ô Jéhova ! délivrez-
nous. Tournez votre face vers nous, pre-
nez pitié de nous et sauvez-nous. Jéhova
entendit la voix de Noé, et il se souvint de
lui; et il Gt aussitôt passer sur la terre nn
▼enl doux, et les eaux se calmèrent, et Tar-
che vogua tranquillement; et en même
temps les sources de Kabîmeet les cataractes
du ciel se fermèrent. En ces jours-là, les
eaux allaient toujours en diminuant, et
l'arche s'arrêta ennn sur les montagnes d*A-
rara^. Alors Noé ouvrit la fenêtre de Tarche,
et il invoqua de nouveau Jéhova, disant :
Je vous prie, ô Jéhova! Dieu de la terre
et des mers et de tout ce qu'elles renfer-
ment, tïrez-nous do la prison, délivrez-moi
des entraves dont vous m'avez chargé, car
je m'affaiblis beaucoup, et je m'épuise en
gémissements. Jéhova entendit la voix de
Noé, et lui dit : Tu sortiras de Tarche dès
3 ne tu y auras complété une année entière
e séjour. Or, cette année étant révolue le
vingt-septième jour du deuxième mois, la
terre était desséchée, et Noé enleva la cou-
verture de l'arche. Cependant Noé et ses
enfants ne voulaient pas sortir de Tarche
sans l'ordre de Jéhova. Et le jour arriva où
Jéhova leur dit : Sortez de l'arche. Alors
Noé et ses cnf/inls allèrent s'établir chacun
dans le pays que Jéhova leur assigna, et ils
le servaient fidèlement tous les jours de
leur vie. Jéhova les avait bénis lors de leur
sortie de l'arche, en leur disant : Fructifiez
de manière à remplir toute la terre; muN
tipliez-vous en très-grande Quantité.
Et voici les noms des enfants do Noé :
Japheth, Cham et Sem. Et ils eurent des
enfants après le déluge. Voici les noms des
fils de Japheth : Gomer, Magog, Madaï, Ja-
Tan» Thubal, Mosoch et Thiras ; sept fils. Les
fils de Gomer furent : Ascenès, Riphath et
Thogorma. Les fils de Magog : Elaï , Halaph
etLobob. Les fils de Madaï : Ahvan, Zita,
Honi et Lot. Les fils de Javan : Elisa, Thar-
sis, Cethim et Dodanim. Les fils de Thubal :
Ariphaî,' Césed et Thoori. Les fils de Mo-
socn : Dedan, Zaron el Sibsani. Les fils de
Thiras: Benib, Géra, Bizon, Lophrion et
Gilac. Voilà les enfants de Japheth, selon
leurs familles, comprenant en ces jours-là
environ quatre cent soixante hommes. Voi-
ci les enfants de Cham : Chus, Mesraim,
Phuth et Chanaan ; quatre fils. Les fils de
Chus : Saba, Hevila« Sabatha. Kegma, Saba-
tacha. Les fils de Regma : Raba ei Dedan.
(117!) Version jadaîque, Merain.
(1172) Pliateg. de :hùtàisperter el diviser. Jeciaii,
do TDp dans la cotijui^. Hipliil, amoindrir,
(1173) La Bible lui donne, lors de la naissance
de ces fils, 80ixantc-di\ ans, àgu que notre livre,
plus loin, ne lui donne qu'à la naissance d*Abrani.
Les fils de Mesraim : Lud, Ana, LaabiNeph--
toa, Pbélros, Chasiuh et Caphtor. Les fils
de Phuth : Gebal, Hadan, Bena[et Eden. Les
fils de Chanaan : Sidon , Hetn, Amorrhi,
Gergesi, Hevi, Araci, Sini, Arvadi , Samari
etHamath. Voilà les fils de Cham, selon
leurs familles. Leur dénombrement était en
ces jours-là de sept cent trente hommes.
Voici les fils de Sem : Elam, Assur, Ar-
phaxad, Lud et Aram; cinq fils. Les fils
d*Elam : Sosan, Mahol et Hermon. L^s (ils
d'Assur : Merus (1171) et Mucil. Les fils
d*Arphaxad : Salé, Aner et Escol. Les Ji's
de Lud : PholhoretHizzaion Et les fils d'A-
ram : Us, Hul, Géther et Mes. Voilà les fils
de Sem selon leurs familles. Leur nombre
en ces jours-là montait à trois cents hom-
mes. Voici les générations de Sem : Sem
engendra A rphaxad, et Arphaxad engendra
Salé, et Salé engendra Héber. D*Héber na-
quirent deux fils: le nom de l'un était Pha-
leg, parce que pendant sa vie les hommes
furent dispersés, ef à la fin de ses jours la
terre fut divisée. Et il nomma le second
Jectan, parce que dans ses jours la vio des
hommes fut amoindrte (1172). Voici les
fils de Jectan : Eimodad, Salepn, Asarmolh,
Jaré, Aduram, Uzol, Décla, Ebal, Abimaël,
Saba, Ophir, Hevila et Jobab. Tous ceux-là
furent les fils de Jectan. Et Phaleg engendra
Reu. Reu engendra Sarug. Sarug engendra
Nachor. Naclior engendra Tharé. Et Tharé,
étant Agé de trente-huit ans, engendra Aran
et Nachor (1173).
En ces jours-là Chus, fils de Cham, fils de
Noé, prit dans sa vieillesse une femme qui
enfanta un fils, et on le nomma Nemrod,
parce que, en ce temps-là, les hommes re-
commençaient à se révolter contre Dieu et à
le braver (1171!^). L'enfant grandit, et son
père Taimait tenciremeut, parce qu'il était le
fils de sa vieillesse. Et Chus lui fit présent
des tuniques de peau que Dieu avait faites
pour Adam et sa femme, lorsqu'ils sorti-
rent du paradis. Car après leur mort ces lu-
niques furent données à Hénoch, fils de Ja-
red. Hénoch, au temps de son enlèvement
vers Dieu, les donna à Mathusala son fils.
Après la mort de Mathusala, Noé les prit et
les garda avec lui dans l'arche. A la sortie de
Tarclie, Chamjcs déroba et les cacha si bien
que ses frères ne pouvaient les retrouver.
Cham les donna clandestinement à Chus son
fils atné, qui en faisait mystère à ses frères
et à ses fils. Quand Nemrod eut atteint Tige
de vin^tans, il le revêtit de cet habillement
qui lui communiqua une force extraordi-
naire, et il devint un puissant chasseur sur
la terre. Il construisait des autels et y im-
molait en l'honneur de Jéhova les bêtes qu'il
prenait à la chasse. Nemrod s'éleva par sa
puissance au-dessus de ses frères, et il les
Il y a en entre dans ce passage l)eaucoup <1e
noms qui ne figurent pas dans la Bible, et les de- ^
grés de descendance ne s*accordent pas toujoun *
avec ceux de la Genèse. L*ivrcsse de Noé est patad«
sou 4 silence.
(4 I74J Ncinro ', 1T3:, de TTCi w révoUit*
iiOS
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
tIM
{»roté$ce&it contre lours agresseurs des con-
rées d'alentour; car Jéhova le rendait victo-
rieux dans chacune de ses expéditions guer-
rières. Et il devint roi dans le pays. Dès
lors quand un chef armait ses gens pour
aller a laguerre, on lui disait, par manière
de proverbe : Puisse Dieu te protéger contre
tes ennemis et te rendre fort comme Nemrod,
le puissant chasseur sur la terre, toujours
victorieux!
En ce lemps-lr^, Nemrod étant âgé de qua-
rante ans, ses frères étaient en guerre avec
les enfants de Japheth , et ils succombèrent.
Alors Nemrod alla et rassembla toutes les fa-
milles des enfants de Chus, près de quatre
cent soixante hommes. II prit aussi à sa
solde ses amis et familiers, environ quatre-
vingts hommes. Avec celte armée il oocrbai-
tit contre les ennemis de ses frères, et les
défit et les soumit h son pouvoir et à celui
de ses frères. Il établit des gouverneurs
dans leurs villes et emmena de leurs en-
fants on otage. ElNemlrod revint de cette ex-
pédition triomphant et plein de joie. Alors
tous ses frères et sas amis s^assemblèrent
devant lui et le proclamèrent leur roi, et ils
posèrent sur sa tète la couronne royale. Il
préposa sur ses serviteurs et sur son peuple
des princes, des juges et des masislrats, et il
créa général de son armée Thare, Gis de Na-
chor, et il Téieva en dignité au-dessus de.
tous ses princes.
Or, Nemrod investi de Tautorilé absolue
de roi, et victorieux de tous ses ennemis, ré-
solut, après avoir demandé favis de ses con*
seillers, de se bâtir une ville très-grande en
étendue. Et Ton trouva pour son emplace-
ment une plaine^spacieuse vers TOrient. Et
Nemrod nomma la ville bâiie Sennaar, parce
queJéhova avait renversé ses ennemis (1175).
Il y régnait en sécurité, car nul n*osalt Tin*
quléler, et sa puissance s'étendait au loin.
Toutes les nations des autres pays, en appre-
nant sa eloire, venaient en foule se prosterner
devant lui la fai e contre terre, et lui offrir
des présents, et le reconnaissaient pour leur
souverain seigneur. Et plusieurs venaient
demeurer dans sa ville de Sennaar.
Mais Nemrod cessa de marcher dans la
▼oie de Jéhova, et il devint plus impie que
tous les hommes qui ravalent précédé depuis
le déluge. Il façonnait des idoles de bois et
de pierre et les adorait, et il portait ses ser-
viteurs et les habitants du pays à s'élever
contre Jéhova. Mardon, son fils, surpassait
même son père en impiété. Et cela faisait
dire : Des impies provient Vimpiité. Ces pa-
roles sont devenues un proverbe qui dure
jusqu'à ce jour (1176).
iTharé, élevé aux plus hautes dignités,
était fort aimé et estimé du roi et de ses
prioees. 11 prit une femme qui s'appelait
Amthela, et elle conçut et enfanta un fils.
Et Tharé nomma son dis Abraiii ; car, dit-il,
3
le roi m'a élevé au-dessus de tous ses prin-
ces (1177), Lors de cette naissance, Tharé
était Agé de soixante-dix ans. Et il arriva
que dans la nuit oik naquit Abram, tous les
serviteurs de Tharé, tous les sages ei loes
les magiciens de Nemrod se réunirent ebez
Tharé pour se réjouir avec lui en mangeant
et en buvant. Eu sortant de sa maison, las
sages et les magiciens levèrent les yeux an
ciel, et voici qu'ils observèrent une grande
étoile qui accourait de l'Orient avec une ex-
trême vitesse et engloutit une étoile à cba*
cun des quatre vents du firmament. Us fo*
rent frappés de ce phénomène, et ils com-
Mirent ce qu'il signifiait. Ils se dirent donc
'un à l'autre: Ceci n'a rapport à rien moins
u'à l'enfant né cette nuit à Tharé. Il doTieo-
ra grand et se multipliera infiniment. Loi
et sa postérité se rendront maîtres de la terre*
après qu'ils auront tué de grands roia. Ijb
lendemain ils se levèrent tous de bon matin
et se réunirent en conseil. Et ils se dirent :
Le roi ignore le phénomène qui nous a ap«
paru hier au soir. Si dans la suite des temps
il en est instruit, il nous demandera : Pour*
quoi m'avez-vous caché cette chose? ecnons
serons tous condamnés à mourir. Venez
maintenant, annonçons au roi ce que nous
avons vu, et nous ne courrons pas de risque.
Ils allèrent donc se présenter devant le roi^
et se prosternant la face contre terre» ils
crièrent : Vive le roi I Vive le roi I Et ils lui
rendirent compte du festin de Tharé et du
phénomène céleste. Et ils ajoutèrent : Nous
avons approfondi ce qu'annonce ce prodige,
et nous avons reconnu par notre science le
malheur qui menace tous les rois de la terre
de la part de l'enfant de Tharé. Maintenant,
ô roi notre seigneur, nous t'avons averti. Si
le roi le trouve bon, il comptera au père ce
Îue vaut l'enfant, et nous lui ôterons la vie.
eur discours plut aux y«'ux du roi qui
aussitôt manda eu sa présence Tharé et lui
répéta toutes les paroles des sagf'S ei des
magiciens. Puis il ajouta : Maintenant, livre-
moi cet enfant, afin que nous le fassions mou-
rir avant que se développe le danger qu il
amène avec lui au monde, et je te dennersi
pour son prix la maison pleine d'or et d ar-
gent. Tharé répondit: Tout ce que mon
seigneur le roi désire sera accompli par son
serviteur. Mais que le roi me pertuette de
lui raconter ce qui m'est arrivé hier. Le
conseil oue le roi me donnera servira
de règle a ma réponse concernant la rhose
qu'il exige de moi. Le roi lui dit: Parle. Et
Tharé commenta ainsi : Aéion» fiis de Morad,
vint hier au soir dans ma maison et me dit :
Cède-moi le beau et grand cheval dont le roi
t'a fait présent. Je t'en pèserai en retour de
l'argent et de l'or, et je remplirai ta maison
de paille et de fourrage. Je lui répondis :
Attends jusqu'à ce que j'aie vu le roi, et je
ferai comme il me dira. En entendant ces
(1175) .Sennaar, nirrJT, de nva, renvener^ préci-
pittr, Propremeiil, eacvêsio.
(1176) kn effel, ou lil i Reg. nxiv, 14 : Sicul et
in proHrbio antiquo dicuttr^ Ab inipiis egredietur
intpietag.
(n77)Âbram, de^N, père^ seigneur^ et cn*
élevé*
1105
TAS
PART. m. — LEGENDES ET FIUGMEL^TS.
VAS
1)08
paroles de Tharé, le roi se fâcha et lui dit :
As-ta perdu la raison pour penser à con-
ciofe un pareil marché? Insensé, n*as-tu
pas assez d*or et d*argent, et à plus forte
raison de fourraffe, pour que tu aies besoin
de le défaire du beau eheval dont je t*ai fait
présent et oui n'a pas son second sur la
lerre?El Tnaré dit au roi: Tel est pour-
lant ce que me propose le roi mon seigneur»
A quoi me servira tout )*or et tout Tarant
si je perds le fils qui doit en hériter (1178)?
Après ma mort mes biens retourneraient au
roi qui me les a donnés. Mais les paroles
Je tharé et son excuse excitèrent encore da^
Tantage la colère du roi. Tharé voyant Tir*
ritation du roi, dit : Que Tindignation du
roi mon seigneur ne s*alluffle pas davantage
contre son serviteur. Qu'il dispose de tout
t^ que j'ai, qu'il me traite selon son bon
plaisir : je lui offre mon fils gratuitement.
Mais le roi dit : Non, je veux Tacheter et
payer son prix. Tharé dit alors : Je demande
en grâce qu'il me soit permis d'ajouter un
mol. Accorde-moi un répit de trois jours,
sfin que je puisse informer de cette chose ma
femme et ceux de ma maison, et les y pré-
parer. Et le roi acquiesça à cette prière de
Tharé. Le troisième jour s'élant levé, le roi
fit dire k Tharé : Livre-moi ton fils, ainsi que
je te Tai ordonné, de peurque je n'envoie de
mes gens massacrer tout ce qui se trouve
dans ta maison, et l'on n'y épargnera pas
même l'animai qui urine contre le mur. Et
Tharé fit diligence, car l'ordre du roi était
pressant, et il prit Tonfant qu'une de ses es-
claves avait mis au monde le jour de la
naissance d'Abram, et il l'apporta au roi, et
en reçut le prix. Le roi saisit l'enfant et le
lança avec force contre terre, et la tête de
l'enfant se fracassa et il expira aussitôt. Le
roi, ses princes, et ses serviteurs, comme
aussi tous les magiciens et tous les sages, se
croyaient certains que c'était Abram qui ve-
nait de périr. Et le roi perdit la pensée de
cette chose et l'oublia entièrement. C'est
ainsi que Jéhova protégea Tharé, afin qu'A-
bram son fils fût conservé en vie. Thare prit
secrètement son fils Abram, sa m^re et sa
nourrice et alla les cacher dans une caverne;
et il leur apportait de la nourriture chaque
mois. Et Jénova était avec Ahram qui crois^
sait. Or, Abram resta dans la caverne l'es-
pace de dix ans.
Et Aran, filsde Tharé, frère aîné d*Abram,
prit en ces jours-Ift, à l'Age de trente-neuf
ans, une femme, et elle conçut et enfanta un
fils qu'il nomma Lot. Elle conçut de nou-
veau et enfanta une fille, et elle la nomma
Melcha. Elle conçut encore et enfanta une
fille, et elle la nomma Saraï. Aran avait qua-
rante-deux ans lors de la naissance de Saraï,
et Abram dix ans (1179).
En ces jours-là Abram sortit de la caverne
avec sa mère et sa nourrice; car le roi et
(1 178) U parati qo* Abram devait être, comme plus
tard Itaac, Panique héritier de son père.
(tl79)Ue8 ftges ne concordent pas avec ceux que
uipposele teitc de la Bible; mais diaprés uoire
ses serviteurs n*avaieiit plus aucun souve*
nir de ce qui s'était passé à son égard. Et il
alla demeurer dans la maison de Noé et de
Sem son fils, afin d*y apprendre la doctrine
de Jéhova et ses voies. Et nul ne connaissait
Abram, qui recevait l'instruction de Noé et
de Sem durant de longs jours, trente-neuf
ans. Abram connaissait Jénova depuis l'Age
de trois ans, et il lui est resté attaché jus-
qu'au jour de sa mort, selon tout ce que
Noé et Sem lui avaient enseigné. Mais tous
les autres habitants de la terre étaient rebel-
lesàJéhova, leur créateur, et le mettaienten
oubli. Ils servaient des dieux étrangers. lis
se façonnaient chacun son idole pour l'ado-
rer : idoles de bois et de pierre, qui n'en-
tendent pas, ne parlent pas, et ne peuvent
pas sauver. Il n'était pas alors sur toute la
terre un seul homme qui connût Jéhova, ex-
cepté Noé et sa maison et ceux qui étaient
sous sa direction (1180). Le roi et tous ses
serviteurs, comme aussi Tharé avec toute sa
maison, étaient les principaux adorateurs du
bois et de la pierre. Tharé avait douze gran-
des idoles, selon le nombre des mois de
l'année. Il servait chacune d'elles pendant
son mois, en lui offrant des oblations et des
libations. Mais Abram qui grandissaitsecrè-
tement dans la maison de Noé, avait reçu de
Jéhova un cœur intelligent et prudent, et il
comprenait que la génération de ses jours
était adonnée à des vanités, car les idoles
qu'elle adorait étaient de fausses divinités
qui ne pouvaient donner aucun secours*
Lorsqu'il observa pour la première fois le
soleil comme il éclairait toute la terre, il pen-
sa en lui-même: Ce soleil est sûrement Dieu
et je t'adorerai. Et durant cette journée en-
tière il l'honorait et l'invoquait. Le soir ve-
nu, le soleil disparut comme de coutume.
Alors Abram de nouveau p«^nsa en lui-même :
Sûrement, celui-ci n*est pas Dieu. £t il se
demanda : Qui donc est celui qui a fait le
ciel et la terre, et créé l'homme ? Où se
tient-il ? Pendant qu'il parlait ainsi en son
cœur, la nuit s'obscurcissait sur lui. Et, le-
vant les yeux vers les quatre vents, il re-
connut que le soleil avait abandonné le
temps aux ténèbres. Et apercevant la lune
accompagnée des étoiles, il dit: Pour cette
fois, voici le Dieu qui a créé la terre et
tous les hommes. Et voici ses serviteurs qui
se tiennent devant lui prêts k recevoir ses
ordres. Et pendant cette nuit entière il hono-
rait la lune et l'invoquait. Au retour du ma-
tin, qui ramena comme à l'ordinaire le so-
leil, et effaça du ciel la lune, Abram recon-
nut qu'aucun des astres n'est Dieu, mais
qu'ils sont les serviteurs de Jéhova, leDieu
qui a créé toutes choses. Et Abram conti-
nuait à demeurer dans la maison de Noé, et
il y apprenait à connaître Jéhova et ses
voies. Et il lui restait fidèle tous les jours
de sa vie.
livre Abram était eiTectlvement plus jeune qirAran
de trente-deux ans.
(1180) A la leure : sous son conseil. VOT nn.
f!07
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
iiM
El le roi Nemrod était souverain matlre
de toute la terre, et toute la terre avait une
seule langue, et les mêmes manières de par-
ler. Et tous les princes de Nemrod, et tous
ses grands se concertèrent ensemble, Phuth
et Mesraïm et Chus et Chanaan, suivant
leurs familles, et ils dirent l'un à son pro-
chain : Allons, bâiissons-nous une ville, et
élevons au milieu d'elle une tour solide et
fortifiée dont le sommet atteigne iusqu'au
ciel. Nous rendrons notre nom célèbre; car
nous maîtriserons le monde entier eu sub-
juguant par la force nos ennemis avant
qirils viennentnous attaauer pour nous dis-
perser sur toute la face de la terre. Ils allè-
rent se présenter devantle roi, et lui répétè-
rent toutes ces paroles ; et le roi approuva
la chose qu'ils proposaient. Et toutes les fa-
milles se réunirent, environ six cent mille
individus, et se mirent à la recherche d*un
lieu assez étendu pour y asseoir la ville et la
tour. Et après avoir parcouru toute la terre,
âls n'en trouvèrent aucun qui fût préférable
à la plaine située à TOrient du pays de Sen-
naar. Elle avait nne étendue de deux an-
nées de marche. Tous alors s'y transportè-
rent et s'y logèrent. Ils se mirent à faire,
pour leurs constructions, de la brique qu'ils
mettaient cuire au feu.
Or, l'entreprise de construire la tour fut
pour eux l'occasion de se révolter contre
Jébova» Dieu du ciel, et de l'irriter, llsson-
geàient à le combattre de près et à s'empa-
rer du ciel. Et ils se partageaient, selon
leurs familles, en trois classes. La première
disait : Nous monterons au ciel et nous le
combattrons. La deuxième disait : Montons
au ciel, et plaçons-y nos dieux pour les ho-
norer. La troisième disait : Montons au ciel,
et frappons-/e de nos arcs et de nos flèches.
Mais Dieu connnaissant ce qui était au fond
de leurs pensées, regardait la ville et la tour
(1181) en construction. La tour était déjà ar-
rivée ï une hauteur telle que ceux qui por-
taient le ciment et les briques aux maçons,
mettaient une année entière pour arriver
jusqu'à eux. Et le nombre des porteurs qui
sans cesse montaient et descendaient était
infini. Et lorsqu'une brique s*échappait de
la main de l'un d'eux, et se brisait, tous en
pleuraient; mais quand un homme tombait
et se tuait, nul n'y faisait attention. Or, du
haut de la tour qu'ils continuaient h élever,
ils lançaient contre le ciel des ilèches, et
elles retombaient teintes de sang. Alors ils
disaient l'un à son prochain : Ali 1 voilà c|ue
nous tuons tout ce qui est dans le ciel I
(4181) Mot sublime dont la Bible seule offre des
exemples. Le texte de ta Genèse dil simpleiiieiit :
Kt Jéliova descendit pour voir la ville ei la tour que
bâtissaient lesenfauts d'Adam.
(1182) Nous pensons qn*un rabbin a introduit
dans notre livre ces septante anges, qu*il a été
chercher dans la cabale, parce que le texte de la
Bible est un de ceux qui indiquent le mystère de la
T.-S. Trinité.
(1185) Expression du texte, TTSn.
(1184) Dnrutzn D^DIpS, version jud. et le livre
Uébr-germ. TzecuaUiéna : Affen und Meerkaizen.
Mais Jéhova voulait par là les eotrelenir
dans leur égarement, aQn de les faire dispa-
raître de la terre.
Ils continuaient ainsi à bAlir pendant une
longue suite de jours et d'années. A la fin
Dieu dit aux septante anges (1182) que leur
dignité approche de la splendeur de sa
gloire : Allons, descendons et confondons
leur langue de telle sorte qu'ils ne se com-
prennent plus entre eux. Et ainsi il fil. De-
puis ce jour, l'un n'entendait plus l'idiome
de l'autre; et lorsqu'un maçon recevait de
la main de son compagnon (1183) des maté-
riaux qu'il n'avait pas demandés, il les lui
lançait à la tète et le tuait : et un grand
nombre d'eux moururent de cette manière.
£t Jéhova punit les trois classes selon leurs
œuvres et leurs pensées. Ceux qui avaient
dit : Montons au ciel et pkiçons-jr nos dieux,
furent transformés nn sin(;es et en ba-
bouins (118^). Ceux qui avaient dit : Frap-
pons le ciel de nos Oèches, s'entre- tuèrent
eux-mêmes. Ceux qui avaient dit : Faisons-
lui la guerre, Jéhova les dispersa par toute
la terre. Les autres, comprenant le mai
qu'ils s'étaient attiré, abandonnèrent leur
entreprise et se dispersèrent d'eux-mêmes.
Quant à la tour, la terre ouvrant sa bouche,
en engloutit un tiers: un feu descendu du
ciel en consuma un autre tiers, et le troi»
sième tiers en subsiste jusqu'à ce jour(il85).
C'est ainsi que fut arrêtée la construction de
la ville et de sa tour. Ce lieu fut nommé
Babel, parce que-Jéhova y confondit la lan-
ffue de toute la terre ; et voici qu*il est k
I orient de Sennaar.
En ces jours- là mourut Phalegt fits
d'Héber, âgé de deux cent trente- neuf ans,
en la quarante-huitième année de la vie
d'Abram 61s de Tharé.
Lorsque Jéhova eut dispersé les hommes
sur toute la face de la terre, h cause dn pé-
ché de la tour, ils se rassemblèrent suivant
leurs familles et leurs langues, etémigrè*
rent vers les quatre plages du monde. Là, ils
s'arrêtafent et bâtissaient des villes qu'ils
appelaient de leurs propres noms, ou de
ceux de leurs enfants, ou des événements
qui leur advenaient. Et voici les enfants de
Japheth par familles : Gomer. Magog, Madai,
Javan, Thubal, Mosoch etThiras (1186). Les
enfants de tiompr, selon leurs villes, sont :
les Francs qui demeurent dans le pays de
France, sur le fleuve de France, le fleuve de
la Seine. Les enfants de Riphath senties
Bretons qui demeurent dans le pajsde
(1185) Il y a ici de la confusion dans le UxK
Aptes les troii tiers de la tour, il parte d'une antre
f)ariie qui est restée suspendue dans Pair» et éoet
e circuit (le circuit de son ombre, fans dodie) eu
de trois Journées.
(1 186) Ce qui suit jusqa*à la fin de l'aliiiéa B*aii
qu'un lauilieau du Yosipliou hébreu rapporté ku
H ne s^accorde pas avec notre texte* U énamére les
descendants de Riphaili, de Tboxorina, d'Ctisa, et
Cétliini et des Dodanim que notre texte n*a pas no»-
loës parmi les fils deJaphetb. Par contre, il oedM
rieu des descendants de Magog.
1109
YAS
PART. III.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
lltO
B-sîagne sur te fleuve de Lira (1187), qui
Tcrse son eau dans la grande mer do Géhon,
qui est l'Océan. Les enfants de Thogorma
forraèrenl dix familles ; et voici leurs noms :
Cozar (1188), Palzii\ach (1189), les Bulgares;
Anchialus (1190), Ragabib (1191', les Turcs
(11%); Biiz (1193), Zabuch (119/^), les Hon-
grois et Tilrualz (1195). Tout ceux-là sont
allés demeurer au Nord, et bâtirent des villes
qu'ils nommèrent de leurs propres noms.
Ils sont établis jusqu'à ce jour sur les fleu-
ves Héthia et Italach (1196). Mais les Hon-
grois, les Bulgares et les Patzinachs sont
établis sur le grand fleuve du Danube. Les
enfants de Javan sont Ips Grecs qui demeu-
rent dans le pays de Macédoine. Madaï, ce
sont les Hérules qui demeurent dans le pays
de Chorasan. Les enfants de Thubai sont
ceux qui demeurent dans le pays de Tos-
cane sur le fleuve de Pise (1197). Les en-
fanls de Mosoch sont les Sibsani (1198).
Thiras, ce sont les Russes, les Posnaniens
(1199) et les Anglais. Tous ceux-ci allè-
rent et se bfttirentdes villes qui sont situées
sur la mer de Jébus et sur la rivière de
Cura (1200) qui se décharge dans le fleuve
do Taragan. Les enfants d'Elisa sont les
Allemands. Ceux-ci se bà'irent aussi des
villes qui sont situées entre les montagnes
du Jura et la Septimanie (1201). lis ont con-
quis le pays d'Italie, et ilsy demeurent jus-
qu'à ce jour. Les Céthim sont les Romains
qui demeurent dans la plaine de Campanie,
sur la mer du Tibre (1202). Les Dodanim,
sont ceux qui demeurent dans les villes de
la Hier de Géhon (1203), dans le pays de
Bardena (120&). Telles sont les familles des
enfants de Japheth selon leurs villes et leurs
langues, après leur dispersion d'auprès de
la tour.
Les enfants de Cham furent : Chus,
Mesraïm, Phuth et Chanaan, selon leurs
descendances et leurs villes. Tous ceux-ci
allèrent et b&lirent aux lieux dont ils firent
choix, des villes auxquelles ils donnèrent
les noms de leurs pères : soit Chus, soit
Mesraïm, soit Phulh, soit Chanaan. Les en-
fants de Mesraïm furent : les Ludim, les
Anamim, les Lahabim, les Nephthuim, les
Phétrusim, iesChasluïm et les Capbthorim;
(1187) La Loire.
(1188) Pour les noms qui suivent on ne peut
que tâtonner. Le Pltaleg de Bocbart, savant admi-
rable -que personne n*a encore pu égaler, m*a été
(Pun grand secours. Cozar, sur la mer Caspienne,
qu*un géographe Nubien appelle, à cause de ce voi-
sinage, la mer Chozar,
^li89) Ce nom est dans Cédrène. Les Daces.
Suidas dit : Les Daces, maintenant Paizinaciies,
Adcxeç ot vOv TkoL'zÇiMaydtai,
(1190) Ville de la Thrace, sur le PoiU-Euxin.
Dans notre texte les lettres ont élé transposées,
CnJD^Sn, pour DTS>paK.
(1491) bochan pense qu*au lieu de imn on doit
lireiiTtnf Raguse, anciennement, Epiduure. Ragusi
vecchio.
(1192) Pomponius Mêla et Pline les placent près
drs Palus-Méotides.
(1193^ Ancienne ville de la Dacle. La Napuca de
iHolomee.
sept familles. Tous ceux-ci sont établis sur
le fleuve Sihor qui est le fleuve de l'Esypte.
Les Phétrusim et les Chasiuïm s'allièrent,
entre eux par des mariages et ils donnèrent
naissance aux Philistins, aux Gazéens, aux
Geraréens, aux Gétbéens et aux Accaroniens
(1205) : cinq familles. Ceux-ci se bâtirent
cies villes et leur imposèrent les noms de
leurs pères, qu'elles portent jusqu'à ce jour.
Les enfants de Chanaan aussi se bâtirent
des villes et les nommèrent de leurs proprev
noms : onze villes avec leurs innombrables
villages. Or, quatre hommes de la race de
Cham se portèrent dans la région de la
plaine. Et voici les noms de ces hommes :
Sodome, Gomorrhe, Adama, Seboïm. Ils bâ-
tirent quatre villes et les nommèrent de leurs
noms, et ils y habitaient en sécurité et s'y
multipliaient prodigieusement. Séir, fils de
Hur, Gis de Hévéus, 61s de Chanaan, trouva
une vallée vers la montagne de Pharan, et
il s'y établit avec ses sept fils et tous les siens.
11 donna son nom à la ville qu'il y bâtit.
C'est le pays appelé Séir jusqu'au jour pré-
sent. Voilà les familles des enfants de Cham
selon leurs langues et leurs villes après leur
dispersion d'auprès de la tour.
Les enfants de Sem, fils de Noé, père da
tous les enfants d'Héber, s'en allèrent aussi
et se bâtirent des villes dans les lieux où ils
immigrèrent, etles nommèrentdeleursnoms.
Les enfants de Sem furent : Elam, Assur,
Arphaxad, Lud et Aram. Assur voyageant
au loin avec ses enfants, population très-
nombreuse, rencontra une vallée fort spa-
cieuse : ils y bâtirent quatre villes qu'ils
nommèrent soit de. leurs noms, soit des
choses survenues. Et voici les noms de ces
villes : Ninive, Résen, Chalé et Rohoboth.
Et les Assyriens y demeurent jusqu'à ce
jour. Les enfants d'Aram aussi allèrent el
se bâtirent une ville à laquelle ils donnèrent
le nom de leur frère aîné Us, et en firent
leur demeure. C'est le pays d'Us, ainsi appelé
jusqu'à ce jour.
La deuxième année après l'événement de
la tour, une homme sortit de Ninive, de la
maison d'Assur. Et son nom était 9éla. 11
allail cherchant où il pourrait demeurer avec
les siens» St ils arrivèrent aux enviroos des.
(tl94) *piT. 11 faudrait lire peut-être •fjnt, Za-
voich, nom d*une race taiare célèbre, sur le Volga,
' (1195j Probablement la Misnie de Germanie, ap-
pelée anciennement Dalemincia.
(1196) Plutôt, Ethel qui estBlaUcli.
(n97)L'Aruo.
(1198)?
(1199) Les Polonais.
(1200) «TtD, Une autre édition porte Bura, rrtO.
(I201J Une partie de la France méridionale et de
ritalie était regardée comme appartenant à la Ger-
manie, parce qu'elle obéissait à des chefs germains.
Ijà pays d'Arles, la Provence, le Dtapiiiné et la
Savoie.
(1202) La Méditerranée.
1203) L^Adrialique.
(1204) Peup'e de llllyrie, appelé, les Bardiensi^
Bardaei, Ba^aaTot.
(1305) Tous noms bibliques.
il kl
DlGTiONNAlBE QES APOCRYPHES.
tm
villes dQ la plaine, en face de Sodome, e( ils
s'y arrAlèrent. L*homme se mil à bAlir une
petite fille qu*il nomma de son nom. Bêla;
et le territoire en est appelé Ségor (petit)
jus((u'ik ce jour. Voilà les familles des enfants
de Sem selon leurs langues et leurs villes
«ombreuses, £t ils se donnèrent des rois
dans tous leurs établissements, pour être
gouvernés sous leur autorité à tout jamais.
Et Nemrod résidait encore dans le pays de
8ennaar dont il était roi, et il avait bAti qua-
tre villes. Il appela Tune Babel, en souvenir
de la confusion des langues; la seconde,
Arach, à cause de la dispersion des hommes;
Ja troisième, Achad , parce qu'il s'y était li-
vré une grande bétail le ;eniin la quatrième,
Chalanné, parce que là ses chefs et ses guer-
riers ravalent abandonné et s'étaient déda*
rés coRlre lui (1206). 11 établitdans ses villes
le peuple qui lui était demeuré fidèle, et il
renouvela avec le reste de se$ si^jets.le pacte
de éA royauté. Ses chefs et ses serviteurs lui
dv>nnèfent le nom d*Amraphel, à cause de la
perte, d'une partie de ses gens lors de la
construction de la tour, et decequi lui était
arrivé h lui-même (1207). Cependant Nemrod
no revenait pas à Jéhova, et il continuait à
donner aui hommes l'exemple de l'impiété.
£t même son fUsMardon surpassait dans son
impiété toutes les abominations de son père,
et il induisait les hommes à pécher. Vers ce
lomps-là les familles de la race de Cham
étaient en guerre entre elles. £t Chodorla-
homor» roi d'Elam, marcha contre les cinq
villes de la plaine, et les vainquit et les ré-r
duisit sous sa puissance. Elles lui restèrent
soumises pendant douze ans, lui payant tri-
£n ces jours-là mourut Nachor fils de Sà^
rvg» dans la quarante- neuvième année
d'Abram (ils de Tharé.
Or, dans la cinquantième année de sa vie,
Abram quitta la maison de Noé, et révint
dans celle de son père qui était toujours gé-
néral de l'armée du roi Nemrod, et conti-
nuait à suivre le culte des dieux étrangers,
qui ne sont qqe bois et pierre. EtAbram
voyant chez son père douze idoles érigées
dans un temple qui leur était consacré, fut
enflammé de colère, et il dit :Vive Pieu I ces
simulacres ne resteront pas dans la maison
de mon père. Que le Dieu qui m'a créé me
punisse plusieurs fois si dans trois jours je
ne les aurai pas tous brisée. Et en sortant
de ce lieu il trouva son père assis dans la
cour extérieure. Alors il s'arrêta devant lui,
el lui adressa celte demande : Apprends-
moi, 6 mon père, où est le Dieu qui a créé
le ciel et )a terre et tous les hommes : celui
qui t'a créé, qui m'a créé. Son père lui ré-
pondit: Celui qui a créé tout cela est chez
nous, dans cette maison. Et son père le mena
dans iesanciuaire où étaient rangées en ordre
(IÎ06) Babel, Sil, confusion. Arach, "pK, élol-
gncmenl. Aehndfi^Mf prises, uiélée. Chalauiié, rC'^^f
de la raciue nS^, en tiuir.
(i^é\ Le lexte de la Ceuèiât cbap. xiv, appelle le
roi de Scunaar Amrapkeif bsnî3.s. La tradition dit
douze idoles grandes, accompagnées d'aolres
plus petites sans nombre; et il dit k Abram
son flis : Voici les dieux qui ont f^il et con-
servent tout ce que tes yeux voient sur la
terre. Et Tharé, après s'être prosterné devant
chacun de ses dieux, sortit du temple aT«*c
son fils. Alors Abram alla trouver sa mèreet
lui dit: Mon père m'a fait voir ses dieni;
maintenant hâte-loi et me prends un che-
vreau du troupeau, et accommode-le en m^is
appétissant, pour que je le leur offre. Et sa
mère fit ainsi. Et Abram alla présenter le
plat de chovrean aux dieux de son père, qui
en ignorait. Abram passa la journée entière
à les observer, et pas un sou de vmîx, pas le
moindre mouvement de leur part: nul n*é*
tendit la main vers le plat. Alors Abram 5c
railla d*eux disant: Ce mets n'est peut-être
pas de votre goût, ou pas assez copieux.
Attendez, je vous régalerai mieux demain:
nous verrons ce qui en sera à la fin. Le len-
demain il demanda è sa mère trois beaux
chevreaux en ragoût plus relevé, et il les poou
devant les mêmesdieux, toujours è Tiusnde
son père. Et il s^assit pour voir s*ils manji^e-
raient. Pendant qu*il remanjuait en ce lieu
le même silence et la même immobilité qoe
le jour précédent, voici que l'esprit delého?i
s'empara de lui, et dans son indignation
contre son père, il parcourut la maison en
S*écriant: Malheur et malédiction sur mon
père et sur toute cette mauvaise génération,
3ui donnent leur cœur à ces vanités, et reti-
ent un culte impie à de pareilles idoles de
bois et de pierre, qui ont une bouche et ne
parlent point, des yeux et ne voient point,
des oreilles et n'entendent point, des mains
et ne touchent point, des pieds et ne mir-
chenl point. Qu'ils soient comme elles, toiH
ceux qui les font, et tous ceux qui s*y con-
fient.Et il se saisit promplementd*unenarbr,
et courut dans la salle des dieux de son père,
et les mil en pièces tous ensemble. Mai> il
épargna le plus grand et lui mit la bâche
entre les mains, et sortit ensuite.
Cependant Tharé en entendant le bruit
3ui retentissait dans son sanctuaire se bâia
'y accourir, et voici que les morceaux de
ses dieux brisés jonchaient le sol, et il eoir?
dans une grande colère. Il se précipita hors
du temple à la recherche d*Abram, et il le
trouva assis dans la maison. Et il lut d t:
Pourquoi as-tu commis ce crime envers mes
dieux ? Abram répondit : Non, mon sei^eur.
je n'ai rien fait de coupable. Lorsque je leur
offris le plat de chevreau , tous y mirent (a
main pour en manger avant que le plu^
grand s^approchflt. Alors celui-ci mécontent
e leur précipitation, alla s*armer d« la ha*
che, et dans sa colère les mil en pièces l'un
après l'autre. Et voici que le fer est encore
dans sa main. Mais Tharé s*em porta davan-
tage contre Abram et Ini dit : Quel est ce
que e*est Kemrod qui est sumomnié AmfmpUl^
parce qu'il avait ordonné, -TQjt, jelex, Vw» Al»ra«
dans le four ardent. Voy. lfedrascb-Ral>lM. Ce
peut aussi se déduire de SQ3, tomber, virir.
iîîl
\kS PARt! III. -- LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
HU
mensonge que to me contes? C*est loi qui as
mis la hache è la main du plus grand. Com-
ment ces dieux pou vaîent*ils faire ce que tu
dis? N*est-il pas vrai qu'ils ne sont que du
bois et de la pierre, et que c*est moi qui les
ai façonnés? Alors Abram répondit k son
père : SHI en e$l ainsi, pourquoi adores-tu
dos idoles de cette incapacité? Pourront-elles
te protéger quand tu les invoqueras, ou te
sauver des ennemis qui viendront t*altaquer?
Toi et tousceuxqui t*imilent» vous avez tort
et ¥Ous a^ssez en hommes insensés d'ado-
rer du bois et de la pierre, matières brutes
et sans raison, et de mettre en out>li Jéhova,
le Dieu quiacréé le ciel et la terre. Vous
attirerez sur vous de grands roaux.N*esi-ce
pas ainsi que nos ancêtres, dans les jours du
temps passé, ont irrité par leurs iniquités
Jéhova, Dieu de Tunivers, quia fait périr
toute la terre dans les eaux du déluge? Main-
tenant, 6 mon seigneur et père , renonce h
cette impiété et attache-toi à Jéhova. Sur cela,
Abram courut en présence de son père reti-
rer la hache de la main du grand dieu, et le
brisa, puis il s'enfuit. Tharé désolé de Fac-
tion d'Abram son fils, alla sans retard se pré-
senter devant le roi et se prosterna la face
contre terre. Nemrod lui dit: Que t'est-il
arrivé? Tharé répondit: Mon seigneur, un
enfant m'est né, il y a cinquante ans, et il a
lait en ce jour à moi et è mes dieux ceci et
cela. Maintenant, A roi, mon seigneur, en-
voie des hommes et fais-le amener devant
toi, et juge-le selon la justice, afin que nous
évitions le courroux de nos dieux. Et le roi
envoya trois gardes qui amenèrent Abram
en SB présence. Ce jour-là Nemrod était assis
sur son trône, et tous les princes et officiers
étaient assis devant lui, et Tharé était assis
en avant d'eux. Et Nemrod interrogea Abram
sur ce qu'il avait fait à son père et à tousses
dieux. Abram répéta les paroles qu'il avait
dites à son père ; savoir, que c'était le grand
dieu qui avait brisé les autres dieux. Le roi
lui dit: Ces dieux ont-ils la faculté de parler,
de maneer, de faire tout ce que tu viens de
dire? Alors Abram lui répondit : Puisqu'ils
ne sont capables d'aucune action , pourquoi
lessers-tu? Pourquoi égares-tu les hommes
après ces vanités^ Peux-tu penser qu'ilssont
en état de te protéger, ou cle faire en ta fa-
veur quoi que ce soit, grand ou même petit?
Pourquoi ne servez-vous pas, vous autres,
le Dieu de toute la terre, qui a le pouvoir de
vous conserver en vie et devons laire mou-
rir, selon qu'il lui platt? Malheur è toi, 6
roi insensé, niais, idiot 1 malheur h toi jusque
dans l'éterniié I J'espérais que tu enseigne-
rais à tes sujets la voie droite, et en vérité
tu n'as pas a^i selon ce qui est bien. Toute la
terre est pleine de tes péchés et des péchés
de ton peuple qui t'imite dans le mal. N'as-
tu pas entendu dire qu'en punition des mê-
mes péchés dont se rendaient conpables nos
Itères dans tes jours de l'antiquité, le Dieu de
l'univers envoya les eaux du déluge nui Q-
rent périr tout être vivant, et lîoulever-
sèrent même la snrfacede la terre ?Mainle-
naiit, renonce à tes mauvaises œuvres et sers
le mettre de l'univers qui tient ton Ame en
sa main, et tu seras heureux. Mais si ton
cœur est assez pervers pour ne pas prêter
l'oreille è mes exhortations, tu seras à la fin
de tes jours humilié jusqu'à la terre, et tu
mourras couvert de honte. Et Abram ayant
prononcé ces paroles leva les yeux au ciel
et dit : Que Jéhova regarde tous les impies
et qu'il les ju/;e* A ces paroles d'Abram le
roi le Gt saisir et enfermer dans une pri-
son.
Et le dixième jour après cela le roi assem-
bla devant lui tous ses officiers, les gouver-
neurs de toutes les provinces et les sages, et
il leur demanda de porter une sentence
contre le fils de Tharé qui avait offensé les
dieux et maudit le roi. Tous répondirent:
Quiconque maudit le roi doit être suspendu
au bois; mais puisque celui-ci a fnit toutes
les choses qu'il avoue lui-même, et a traité
nos dieux avec mépris, la loi ordonne qu'il
soit consumé par le feu. Si le roi approuve
cette sentence, qu'il envoie de ses serviteurs,
et qu'ils chaufient pendant une nuit et un
jour le four h briques du roi, et qu'ensuite
on y jette cet homme. Et le roi ordonna
d'entretenir un grand feu dans le four pen-
dant trois jours et trois nuits, après lesquels
il Cxi tirer Abram de la prison pour le faire
brûler. Et tous les serviteurs du roi, ses
princes, ses guerriers, tous les juges, comme
aussi tous les habitants du pays, au nombre
d'environ 900,000 hommes, se tenaient eu
face du four, pour y voir précipiter Abram.
Toutes les femmes et tous les enfants rem-
plissaient les toits des maisons et des tours;
et il ne restait pas une Ame h la maison, car
tous voulaient être, au moins à distance,
témoins de ce spectacle.
Or, lorsqu'on amenait Aoram, les sages
en considérant sa face s'écrièrent : O roi,
notre maître, nous reconnaissons dans les
traits de cet homme l'enfant que nous avons
dénoncé au roi, il y a déjà cinquante ans^
parce que la nuit de sa naissance une étoile
prédisait sa future domination. Et main-
tenant, son père est également coupable : il
a désobéi à ton ordre et s'est joué de toi en
te présentant un autre enfant, que tu as fait
mourir. Le roi fut enflammé de colère, et il
ordonna de lui amener Tharé, et il lui dit :
As-tu entendu ce qu'ont dit les magiciens?
Avoue-moi la vérité, et tu échapperas è ta
Çeine. Tharé, voyant le roi irrité, lui dit :
'u as entendu la vérité de la bouche des
sages, 6 roi, mon seigneur; ce qu'ils ont dit
est réellementarrivé. Le roi lui dit : Et corn*
ment as-tu osé désobéir à mon ordre en me
livrant un enfant qui n'était nas le tien? Et
tu en as encore reçu le prix 1 Tharé répondit i
Mes entrailles s'éiaient émues sur le sort du
fils qui est ma chair et mon sang. l.e roi lui
dit : Qui t'a donné le conseil de me trom-
per? Si tu ne me caches rien lu ne mourras
pas. Et Tharé, dans Teffroi que lui inspirait
le roi, dit : C'est Aran, mon fils aine, qui
m'a conseillé cette chose. Or, Aran était âgé
de trente-deux ans lors do la naissance d'A-
4115
DtCTIONNiURE DES APOCRYPHES.
1114
l)raDi(1208). A la vérité Aran n'avait donné
au^un conseil à son père;*maisTharé parlait
ainsi pour se soustraire à la peine qui le
menaçait. Le roi lui dit : Aran ton fils, qui
t*a conseHIé cette chose, mérite la mort. Il'
périra dans le feu avec Abram. Or, en ce
temps-là Aran inclinait vers la croyance
fi'Abram, mais il cachait sa pensée au fond
de son cœur. Il était indécis et se disait en
hii-méme : Si dans cette épreuve mon frère
remporte sur le roi, je me déclarerai hau-
tement pour lui; et si le roi est le plus fort,
les dieux du roi seront les miens.
£t Aran, par ordre du roi, fut lié avec
Abram, et on les amena tous deux pour les
livrer au feu. Et les serviteurs du roi les
saisirent et les dépouillèrent entièrement,
ne leur laissant sur le corps que leurs
chausses; puis ils leur attachèrent ensemble
les mains et les pieds avec des cordes de
chanvre, et les portèrent et les précipitèrent
au four. Mais Jéhova prit parti pour Abram.
Il eut pitié de lui et le préserva de la vora-
cité du feu, qui ne brûla que ses liens.
Quanta Aran, il fut subitement dévoré par
Tardeur des flammes, parce que son cœur
n^était pas entier avec Jéhova. Aran était
A^é de quairo-vingt-deux ans lorsqu'il pé-
rit ainsi h Ur des Chaldéens. £t les hommes
qui les avaient précipités au four périrent
également au nombre de douze; car une
flamme s*en élança vers eux, et les brûla
tous. Mais Abram se promenait librement
au milieu du feu pendant trois jours et Irois
nuits ; et les serviteurs du roi le voyaient, et
ils allèrent en instruire le roi. Lorsque le
roi entendit ce qu*ils lui rapportaient, son
cœur fut agité violemment, et il ne voulut
pas les croire. Il envoya donc d'autres ser-
viteurs dignes de sa confiance, pour s'assu-
rer de ce prodige, et ils revinrent lui dire
ce qu*ils avaient vu. Alors le roi se leva et
s y porta lui-même, et il vit Abram qui allait
et venait au milieu du feu, couvert de ses
chausses. Il aperçut aussi le corps d*Aran
réduit en charbon et en cendre. Alors le roi
ordonna de retirer Abram du feu; mais lors-
que ses serviteurs s'approchèrent du four,
une flamme ardente s'en échappa contre
eux, et ils furent contraints de fuir. Mais le
roi renouvela impérieusement son ordre,
disant : Hdtez-vous de retirer Abram , de
peur que je ne vous fasse mourir. Ils avan-
cèrent de nouveau ; aussitôt le feu tira con-
tre eux une langue plus rude que celle du
lion, et leur dévora le visage. Et huit d'en*
Ire eux moururent de cette façon. Le roi,
voyant enûn que ses serviteurs ne pouvaient
11908) Voy. plus haut noie 1175.
(t209)Ces'500 linmmos avec 18 esclaves eiifanls
de la maison, vernaculi, loUs exercés aux armes,
êxptdHK rormèrent !e détacljemeut avec lequel
Aliram iléfil les cinq rois, dont Tun était précise-
oi^'iit Memrod-Amrapliel. Voy. Genèse cliap. xiv.
Abraham sauvé miraculeusement du four ardent
ik Ur en Chatdée en récompense de sa foi et de son
iè\e pour la gloire de Jéhovah, et le motif de sa con-
itamnation, sont une tradition de la Synagogue.
Elle est consignée dans les livres anciens, la Pa-
approcher du feu sans être brûlés, éleva la
voix et cria : Abram, serviteur dn IMeu qui
est au ciel, viens ici devant moi t Atiraoi
obéit, et, couvert de ses chausses, alla se
tenir devant le roi. Dans ce moment, le roi,
ses officiers et les habitants du p^ys, ea
voyant Abram qui avait été préservé du feu,
se prosternèrent tous devant lui. Et Abram
leur dit : Ne vous prosternez pas devaotmoû
mais devant le Dieu de Tunivers, uui vou»
a créés, et servez-le, et marchez dans ses
voies. C*est lui qui m*a sauvé du feu. Il
étend la protection de sa main puissante sor
tous ceux qui ont confiance en lui. Et le roi
fit à Abram de riches présents, et lui donna
les deux principaux serviteurs de sa maison,
le nom de Tnn était Oni, et le nom de Tautre,
Eliéser. De même, les grands officiers du roi
et ses autres serviteurs firent à Abram des
présents considérables en argent , en or et
en pierres précieuses. Abram se retira «"q
paix à la maison de son père. El beaucoup
de serviteurs du roi le suivirent et s*atta*
chèrent à lui , environ trois cents hom-
mes (1209).
En ce temps-l& , Nachor et Abram épon-
sèrent deux fliles d*Aran leur frère. Le oom
de la femme de Nachor était Melcha , et le
nom de la femme d'Abram, Saraï. Et Sarai
était stérile.
Et deux ans après qu*Abram fut sorti du
feu, il arriva que Nemrod, confirmé sur le
trône royal à Babylone, s*endormit, et il
rêva qu*il se tenait avec toute son armée
dans la vallée qui est en face du four h bri-
ques du roi. Il leva les yeux, et voici qu*uo
homme de la ressemblance d*Abram sortit
du four, tenant à la main une épée une, et
se précipita sur le roi pour le frapper. Le
roi se mit à fuir; mais, pendant sa fuite,
rhomme lui lança sur la tète un oeuf qui se
changea à Tinstant eu un grand fieuve, dans
lequel fut noyée toute son armée. Le roi
échappa seul avec trois hommes qui étaient
devant lui. Il considéra ces hommes, et voici
qu*i!s étaient couverts d*ornements royaux,
et ils avaient la mine et le port de rois. Quand
tous quatre se furent éloignés de là par la
fuite, le fleuve redevint un œuf dont sortit
un petit poussin qui se mit à voltiger au-
tour de la tête du roi, et lui creva un oui
Celle chose eUraya le roi tellement qu*il se
réveilla avec de violents battements de
cœur. Dès le matin, le roi se bêta de se le-
ver de sa couche, et il manda devant lui le»
sages et tous les magiciens , et il leur ra-
conta le songe. Alors un sa);e des serviteurs
du roi, nommé Anuki (l2iÔ), s*adre$santaa
mplirase cliaUlalque de lonallian, le TalmiKl. te
Médrasch-Rabba, le Médrasiii Sclinkli^rt4>b. Kîfe
revient souvent dans la liturgie de la S^osfOf «f.
La ir.ort d^Aran, toile qu'elle est racontée ki, e«t
également de la tradition constante de la Synagon^,
aussi bien que le moven employé par AlirihiB
pour amener son père à confes^r laî-mêiDe fit»-
puissance des idoles, en lui ilisanl que la |n«k
Mlole avait brisé toutes les aulres.
(1210) Version judaïque : Anuko.
IM7
YAS
PART. m. —LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1119
roi, lui dit : Ceci n*est rien autre chose que
lo danger qui menace le roi mon seigneur
dans le temps à Tenir de la part d'Abram et
(le ses enfants. Et voici qu*il arrivera des
jours où Abram , ses enfants et les gens de
sa maison, altaaueront en armes le roi mon
seigneur, et ils battront tous les corps de son
armée. Quant à ce que, dans ton songe, tu
os échappé du danger, par la fuite, avec trois
hommes tes pareils, cela signifie que toi
seul avpc trois autres rois du pays, tes al-
liés, vous parviendrez à vous soustraire au
sorlde vos guerriers. Pour ce que tu as vu
que leQeuve est redevenu un œuf dont est
sorti uu poussin qui t'a crevé un œil, cela
ne veut dire autre chose, sinon qu'il arri-
vera un temps où la race d*Abram tuera le
roi. Le songe du roi mon seigneur est une
vérilé, et Tinterprôtation de Ion serviteur
est exacte. Et puis, ne sais-tu pas que tes
sages ont vu cette chose dans le ciel, il y a
Hnquante-deux ans, lors de la naissance
d'Abram? Pourquoi le roi mon seigneur
permet-il pour son malheur qu'Abram existe
dans ce pays la vie sauve? 11 faut qu'il meure
afin que ta personne soit en sûreté, et ton
trône inébranlable. EtNemrod adopta Tavis
d*Anuki, et il chargea secrètement quelques-
uns de ses gens ae s*emparer d'Abram et
de le lui arnener pour le mettre à mort.
Or, Eliéser, l'esclave que le roi avait don-
né à Abrana, fut témoin de tout ceci, et il
courut et en donna avis à son maître avant
l'arrivée des gens du roi. Et Abram, écou-
tant le conseil d'Eliéser, s'enfuit prompte-
râent à la maison de Noé et de Sem son fils,
et il s'y tint caché. C'est ainsi qu'il échappa
aux gens du roi qui arrivèrent et le cher-
chèrent vainement dans sa maison et dans
tout le pays, en parcourant toutes les routes.
Ne l'ayant pas trouvé, ils s'en revinrent au-
près du roi, dont la colère se calma ; et bien-
tôt après il oublia entièrement Abram.
El Abram était caché dans la maison de
Noé depuis un mois entier, lorsque Tharé,
toujours grand auprès du roi, y vint le vi-
siter secrètement. Alors Abram dit à son
père : Ne sais-tu pas que le roi, excité f)ar
ses impies conseillers, songe à m'ôler la vie,
clhexteruiinermon nom de dessus la terre?
Lève-loi, allons-nous-en tous ensemble au
pays de Chanaan, pour nous soustraire à sa
tvrannie, de crainte i]u'à la fin tu ne périsses
également. Car ce n'est pas par affection
pour loi que Nemrod te comble d'honneurs,
mais pour son propre avantage, et dût-il
nuiltiplier tes biens d'autant et encore d'au-
tant, ce ne sont que des vanilésde ce monde,
tt les richegses ne serviront de rien au jour
de la vengeance (1211)! Fais donc ce que je
te dis : éloignons-nous de la malice de Nem-
(121 1) Non prodemnl dioUiœ in die utiionis. {Prov,
XI, 4,';
(t^li) Il est dit au livre de hCenète^ xn, i, Sep-
tuaginta quiiufue annorum erat Abram cuin e/fredere-
'xr àt Haran, Et cependant le chiffre du Yasctiar
ite saurait être attribué À une des feules d*impres-
tion dont il fourinilie. Ahram avaH cinquante ans
i^squ'il fut jeté au four à briques. Ajoutei deux
rod. Renonce à toutes ces nullités que tu
poursuis et sers Jéhova ton créateur, et il
t'en arrivera bonheur. Noé et Sem prenat (
ensuite là parole, dirent : Abram parle se-
lon la bonne raison en tout ce qu'il te con-
seille. Et Tharé se rendit au désir de son
fils; car Jéhova disposa favorablement son
esprit, afin qu'Abram ne tombflt point sons
le glaive du roi. Tharé prit donc Abram son
fils, Lot, fils d'Aran, son petit-fils, Saraï sa
bru, comme aussi toutes les personnes
de sa maison, et sortit aveo eux d'Ur desChaU
déens, de la Babylonie, pour aller au pays
de Chanaan. Et étant venus jusqu'à Haran,
ils s*y arrêtèrent, parce que le pays était
bon et assez spacieux pour j établir tous
ceux de leur suite. Les habitants du pays
de Haran voyant qu'Abram était bon et agréa-
ble aux honâmes et è Jéhova son Dieu qui
l'assistait, plusieursd'entreeux s'attachèrent
è lui, et entrèrent dans sa maison. Et Abram
leur enseigna la doctrine de Jéhova et ses
voies saintes.
Or, après la troisième année de la demeu-
re d'Abram è Haran, Jéhova lui apparut et
lui dit : Je suis Jéhova qui t'ai tiré d'Or des
Chaldéens, et qui t'ai sauvé de la main de
tous tes ennemis. Si tu m'es fidèle, et que
tu gardes mes préceptes et mes ordonnances,
je fierai tomber tes ennemis devant toi, je
multiplierai ta postérité comme les étoiles
du ciel, j'enverrai ma bénédiction sur tou-
tes les Œuvres de tes mains et tu auras
abondance de toutes choses^ Maintenant, lè-
ve-toi, prends ta femme et tout ce que ta
possèdes , et va-t'en au pays de Chanaan
pour y établir la demeure. C'est là que je
serai ton Dieu et que je te bénirai. Et Abram
se leva et fit tout comme Jéhova lui avait
commandé. Et Abram était âgé de cinquante-
cinq ans lorsqu'il sortit de Haran (1912).
Arrivé au pays de Chanaan, il dressa sa
lente au milieu des habitants du pays. Mais
Nachor, frère d'Abram, et Tharé son père,
et Lot, fils d'Aran, étaient restés à Haran
avec tout ce qu'ils possédaient.
Et quand Abram fut établi en Chanaan,
Jéhova lui apparut et lui dit : Ceci est le pays
que je l'ai donné, pour le posskler, toi et
ta postérité après toi à jamais: toutes ces
rér^ions que tu vois. Et Abram construisit
un autel à l'endroit même où Jéhova lui
avait parlé, et il y invoqua le nom de Jé-
hova.
En ce temps-là mourut Noé, dans la cin-
quante-huitième année de l'âge d'Abram, et
afirès la troisième année du séjour d'Abram
d iiis le pays de Chanaan. Et tous les jours
que Noé avait vécu sur la terre furent de
neuf cent cinquante ans.
Dans la cinquième année de la demeure
ans qui se sont écoulés de}Mti:« cet événement jus-
qu'au songe de Nemrod, et les trois ans du séjour
dWhram à llaran, vous arriverez précisément à
cinquante-cinq ans. Mais il faut considérer qu'A»
hrani a Quitte lUran à deux époques différente»,
séparées 1 une de Tau ire par un espace de vingt ana.
Voy. le telle du Yatchar un i>cu plas loin.
IflO
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
im
d'Abramdans ic pays de Chanaan, les habi-
tants de SodoDie et de Gomorrhe et do tou-
tes les villes de la plaine se ré?oilèrenl con-
tre l'autorité de Chodorlahomor, roi d^EIam.
Car depuis douze ans, tous les rois des villes
de la plaine étaient assujettis à Chodorlaho-
mor et lui payaient un tribut annuel. Et
dans la douzième année de la. demeure d'A-
bram en Cbanaan, Nemrod, roi de Sennaar,
instruit de cette révolte, déclara la guerre à
Chndorlahomor, roi d*Elam, afin de le sou-
mettre à sa puissance. Car Chodorlahomor
avait été un de ses générauxs et lors de la
dispersion de la tour de Babel, il se fil roi
du pays d'EIam, et se proclama indépendant
de son maître. Et Nemrod entra en campa-
gne avec une armée de sept mille hommes
qu*il avait réunis. Chodorlahomor marcha
contre lui avec cinq mille combattants. Et la
bataille s'étant engagée, Nemrod et son peu*
pie furent défaits par les gens de Chodorla-
homor, et il en tomba environ six cents
hommes, et Mardon, fils de Nemrod, tomba
aussi avec eux. Nemrod s*enfuit dans son
pays, rouvert de honte et de confusion, et
il resta longtemps humilié sous la main de
Chodorlahomor.
Cependant Chodorlahomor, revenu dans
sou pays, députa de ses -généraux vers les
rois ses voisins, Arioch, roi d*Ellazar, et
Tbadal, roi des nations, et il fit alliance
avec eux, et les amena k son obéissance.
Dans la quinzième année de la demeure
d'Abram dans le pays, qui était la soixante-
dixième de son Age, Jéhova lui apparut et
lai dit : Je suis Jéhova qui t*ai tiré d*Dr
des Chaldéens pour te donner ce pays en
possession, depuis le fleuve de TEgypte jus-
qu*au grand fleuve de l'Euphrate. Quant ï
toi, tu seras recueilli avec tes pères, en paix,
après une heureuse vieillesse. Ettesenfants,
en la quatrième sénération, reviendront dans
ce pays pour le posséder éternellement
(1213). Alors Abram édifia un autel et y invo-
qua le nom de Jéhova en lui offrant des ho-
locaustes. Vers le môme lemps Abram revint
à Hararj pour voir son père et sa mère. Il s'y
arrêta Tespace de cinq ans avec sa femme et
tout ce qu'il posséiiait. Et d'autres gens de
Haran s'attachèrent encore à Abram,soixan*
le-(Jouzc hommes. Et il leur apprit à cou«
Q<)ltre Jéhova et sa doctrine.
Section Lech-Lecha,
Et Jéhovah apparut de nouveau k Abram,
et lui dit : N'est-il pas vrai que je t'ai or-
donné, voici vingt ans, disant : Va-t*en de
ton paj's, de ta parenté et de la maison de
ton père, au pays que je t'avais indiqué, afin
de te le donner, k toi et è tes enfants; car là,
dans ce pays, je te bénirai , je te ferai
devenir une grande nation, et je rendrai ton
nom illustre. Toutes lesfamillesde la (erre
seront bénies en toi. Maintenant, lève-toi,
sors do ce lieu, et retourne au pays de Cha-
(liiS) Ces mots, reviendront Jant c^. pay», gup-
posenl Tannonce de la servitude d'Ezvpte. (Genèie,
XV. 13, 14.) 6.F ^ »
naan avec (a femme et tout ce que ta po5s^*
des, tous ceux qui sont nés dans ta maison»
et toutes les flmes que tu as acquises a Ha-
ran. Et Abram se leva et s*en revint en Cija*
naan selon l'ordre de Jéhova, et il planta sa
tenle dans la chênaie de More pourydecneu*
rer. Abram était âgé desoixante*quinze aïs
lors de cette transmigration. Et Lot, fils d\\-
ran, son frère, raccompagnait avec tout r^f
qu'il possédait. Jéhova lui apparut de dou-
veau en cet endroit, et lui dit : le donnerai
ce pays.k ta postérité; et Abram éleva fn
l'honneur de Jéhova qui lui était apparu un
autel qui est encore dans la chênaie de Uo-
ré jusqu'à ce jour.
vers le même temps, vivait dans la tcrr*
de Sennanr un homme sage, habile dans loti*
tes sortes de sciences, aun extérieur irè<-
beau, mais pauvre et dépourvu de tout; i)
s'appelait Rekion. Pressépar le besoin il ro-
rohit d'aller montrer sa sagesse à Asuira>,
filsd'Enam, roi d*Egypie. Il pensait : Peut-
être trouverai-je grâce à ses yeux, et il m ê-
lèvera endignitéet me donnera de quoi etis*
tor. Quand Rekion arriva en Egypte, les ha*
bitants Tinslruisirentde la coutume du n>i,
laquelle le fâcha et l'aiBigea beaucoup. Car
te roi no se rendait visible c|u'un jour dans
l'année. Ce jour-là il sortait de son palais,
et rendait la justice à tout son pays; et tou»
ceux qui avaient affaire au roi venaient en
sa présence et lui adressaient leurs deman-
des. Le roi rentrait ensuite dans son pala*s
et s'y tenait un an entier. Le soir étant ve-
nu, Rekion cherchant un abri trouva les rui*
nés d'une boulangerie de la villeetily lassala
nuit dans Tamertume de son âme et la souf-
france de la faim. Et le sommeil se tint loin
de ses yeux, car il pensait comment il ferait
pour se nourrir jusqu'au jour de la sortie du
roi. Le lendemain il se mit à vaguer par la
ville, et il lui arriva de rencontrer des hom-
mes qui vendaient des légumes : et ces ûom-
mes avaient fort bonne mine. Il leur deman-
da comment ils soutenaient leur vie, et i!s
lui répondirent: En achetant ces légumes crt
les r^'vendantaux habitants de la ville. Alors
Rekion, voulant gagner son existence de la
mêmQ manière, se procura comme il put un
peu de légumes et les exposa en vente. Mais
comme il n'avait ni le langage ni les maniè-
res de ceux du pays, on le raillait, et des
enfants de Bélial (1214) s'attroupèrent au*
tour de lui et lui enlevèrent ses légumes
sans en rien laisser entre ses mains. Acca-
blé de tristesse et irrité contre toute la ville,
il retourna aux ruines de la boulangerie et
y passa la seconde nuit pendant laquelle jI
chercha dans sa grande sagesse le moyen tic
se tirer de l'extrême besoin et de vexer tes
Egyptiens. Et voici ce qu'il imagina. Le len-
demain de grand malin il engagea trcnic
hommes vigoureux, et enfants daBéltai,
pourvus d'armes, et il les conduisit dans IV
venue de l'enceinte des tombeaux, et il leur
(4214) Eufantê, filt de Bélial, S^bam, stjk et
Biul<f, pour, lioninies vils et méprîsaliles, sshv^»
sujets.
iiii
YAS
PART. ni.---LEGENI>ES ET FRAGMENTS.
TAS
iisk
donnacette instruction : Le roi vous ordonne :
sojez coura^QX et fermes, et ne laissez passer
aucun mort, pour être déposé ici, sans que
Ton TOUS compteauparavant deux centspièces
d'argent. Cet ordre ayant été exécuté avec
rigueur, Rekion et ses hommes amassèrent
en huit mois de grandes richesses en or,
en argent et en pierres précieuses. Rekion
acheta des chevaux et des bêtes de somme
en quantité. 11 recruta encore d'autres hom-
mes et se forma une escorte de cavaliers.
Après ta révolution de Tannée, quand ar-
ma le jour de la sortie du roi en ville, tous
les Ëgjptiens accoururent au près de lui pour
se plaimlre, selon ce qu'ils avaient concerté
entre eux, de l'injuste perception dont il
avait cbareé Rekion et sa troupe. Ils dirent:
Vive le roi éternellement 1 Quelle est cette
chose que tu fais à tes serviteurs de ne per-
mettre renterrement d'aucun mort qu'au
prix d*une somme considérable? Cela a-t-il
jamais été pratiqué dans notre pays depuis
(es rois anciens jusqu'à ce jour? Nous sa-
vons que le droit du roi est de mettre an-
nuellement un impôt sur les vivants ; mais
loi, non content de cela, tu mets en outre un
impôt journellement sur les morts. Nousn*y
tenons plus, et toute la ville est ruinée. Le
roi en entendant leur discours fut enflammé
de colère, car il ne savait rien de cette chose,
et il s'écria : Qui a osé commettre cette mau-
vaise action que je n'ai point commandée?
Qu*oamelesignalt lEtilshiirendirentcompte
de lout ce qu'avaient fait Rekion et ses gens.
£t le roi Tit comparaître devant lui Rekion et
ses hommes, lilais Rekion envoya par ses
serviteurs au roi un présent consistant en
mille jeunes garçons et jeunes fliles tous vê-
tus de byssus, de fin lin, d'étoffes richement
brodées, et montés sur des chevaux super-
bes. Il vint ensuite lui-même» et se proster-
nant devant le roi la face contre terre, il lui
offrit de l'or, de l'argent et des pierres lines
en erande quantité, ainsi qu'un nombrecon-
sidérable de chevaux d'une rare beauté. Le
roi, ses serviteurs et tous les Egyptiens ad-
mirèrent les grandes richesses de Rekion et
la belle prestance de sa personne. Et le roi
le fit asseoir en sa présence et l'interrogea
sur tout ce qu'il avait fait. Mais Rekion ré-
pondit à toutes les questions avec tant de
sagesse et de grAce (^u'il plut singulièrement
au roi et à ses officiers. Et depuis ce jour le
roi l'eut en grande atfection. Le roi prenant
ta parole lui dit : Ton nom ne sera plus Re-
kion, mais Pharaon^ car tu m'as payé l'impôt
des morts (1215). Ensuite le roi et ses ser-
viteurs, de l'avis des sages et des habitans
de l'Egypte, résolurent de faire gouverner le
pays par Rekion-Pharaon sous "autorité du
roi; et ainsi fut fait. Rekion-Pharaon gou-
vernait donc l'Egypte, rendant la justice, lui
tous les jours, et le roi Asuiras uu seul jour
(«!5)nr*a»Pl>ara<>n» ^^ ÎHS» V^V^^ ^" suppose
que le roi d'E'^ypie partait hébreu.
(tii6) Les llébieux, comme d'autres peuples,
croyaient que leur pays élail le nombril, n*ai3. cVst-
à-dire, le point culminant de la terre. De là t ex-
par an. Et il fut afrtté pai* un statut étemel
que tous les chefs de l'Ëtat s'appelleraient
dans la suite Pharaon. Voilé pourquoi les
rois de l'Egypte portent le nom de Pharaon
jusqu'à ce jour.
En cette même année le pays de Chanéén
était désolé par une grande famine. C'est
pourquoi Abram descendit (1216) en Egypte
avec tous les siens. Et pendant qu'ils mAr*
chaient sur le bord du fleuve de l'Eg^ptei
Abram jeta un regard dans l'eau et il re-
marqua combien Saraî sa femme était belle.
Et il lui dit: Dieu t'a formée avec tant d'a<-
vantage que je crains que les Egyptiens né
me tuent pour te posséder ; car iïn'y a point
de crainte de Dieu dansces lieux. MaisTOièt
la grâce que tu me feras. Dis, je te prie, k
tous ceux qui t'interrogeront, que tu es ma
sœur, afin qu'on me fasse du bien par égard
pour toi, et que nous vivions et ne mou-
rions pas. Il recommanda aussi à tous ceux
de sa suite, comme aussi è Lot son neveu, de
dire aux Egyptiens que Saraï était sa sœur.
Malgré cela Abram n'était pas entièrement
rassuré contre la perversité des Egyptiens,
et il cacha Saraï sous les effets enfermésdans
une caisse. Lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée
de la ville les gardiens de la porte leur di-
rent : Payez les droits, le dixième de le va-
leur de tout ce que tousportez, ensuite vt)us
entrerez. Et Abram les satisfit, ils aperçu-
rent alors une caisse restée close, et ils di^
rent : Ouvre cette caisse afin que nous la '
Tisitions et que tu payes les droits de tout ce
qu'elle renferme. Abram répondit ; Cette
caisse ne s'ouvrira pas ; mais je tous en ac-
quitterai telle somme que vous m'imposerez.
Non, dirent-ils, elle est pleine de pierreries,
et nous en prendrons la dixième partie. Et
jls le repoussèrent violemment et forcèrent
le couvercle. A ce moment ils furent éblouis
de l'éclat de la beauté de Saraï; et tous l'en^
tourèrent pour l'admirer.
Or, les officiers du roi coururent atinoi^cer
à Pharaon ce qu'ils venaient de voiront exal-
tèrent Saraï dans leur récit. Alors Pharaon
envoya prendre la femme. Et lorsqu'elle
parut devant lui, elle plut à ses yeux, et il
admira beaucoup sa beauté. Il fut si con-
tent qu'il distribua des présents à tous ceux
qui lui en avaient donné t'avis. Cependant
Abram était inquet au sujet de son épouse,
et il priait Jéhova de la sauver de la main de
Pharaon. Saraï, de son côté, priait anssi, di-
sant : Jéhova Dieu, c'est pour te complaire
3ue nous avons quitté notre patrie , aban«
onné notre parenté, pour allerdansun pays
étranger et au milieu d'une nation que nous
n'avons connue ni hier ni avant-hier. Main*
tenant que pour préserver notre maison de
la famine nous sommes venus jusuu'ici, voilà
que ce grand malheur est tombé sur moi.
Je te supplie» Jéhova Dieu» protége-moicon-
pression si fréquente dans l'Ancien et le Nouvena
Testumeni : monter au pays de Clianaan, descendre
dans lt!S anires pays. Dans la Palestine même on
mouiaii à Jérusalem*
ftis
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ti:4
tre cetjrnD, et par ta miséricorde fais-moi
éprouver les effets de ta bénignité. Et Jéhova
exauça Sarai et il envoya un ange à son se-
cours. El ie roi vint et s*assit devant Sarai.
Mais l'ange de Jéhova se tenait auprès d*eux
et il devint visible aux yeux de Saraïet lui
dit : Ne crains rien ; Jéhova a exaucé ta
^prière. Le roi s'approcha de plus près et dit
à Saraï : Quel est cet homme qui t a amenée
en Egypte? Elle répondit: Cet homme est
mon frère. Le roi reprit : C'est notre devoir
de l'élever aux plus hautes dignités, et de
lui faire tout le bien que lu nous comman-
deras. Aussitôt le roi envoyaàAbramdeTor,
de l'argent» des pierres précieuses en grande
quantité, comme aussi des troupeaux de gros
et de menu bétail et des esclaves des deux
sexes. Et par ordre du roi Abram vint de-
meurer danssonpalais^etil fut déclaré grand
dignitaire du royaume. Et le roi s'approcha
de Saraï et voulut la toucher, mais Tange ie
frappa rudement sur la main , et Pharaon la
retira tout effrayé. Et durant toute la nuit,
dès que le roi s'avançait vers Saraï, l'ange le
frappait; et le roi devint tremblant de tous
ses membres. De même, l'ange frappait pen-
dant cette nuit-lè tous les serviteurs de Pha-
raon et toute sa maison, de sorte que ie pa-
lais retentissait de cris et de pleurs de tous
côtés. Le roi comprenant que tout ce mal
arrivait à cause de la femme étrangère, s'é-
loigna d'elle et chercha h l'apaiser par des
paroles conciliantes. Et il l'interrogea de
nouveau sur le compte de Thomme avec qui
elle étaft venue. Et Saraï avoua ta vérité et
dit : Cet homme est mon époux. Si je t'ai dit
qu'il était mon fr.ère, c'est parce que je crai-
gnais que dans leur perversité les Egyptiens
ne le fissent mourir. Et le roi renonça û Saraï,
aussitôt les atteintes de l'ange cessèrent.
Quand le matin fut levé le roi manda Abram
et lui dit : Que m'as-tu fait là de me dire
que c*est ta sœur, et d'amener sur moi et sur
lûule ma maison ce grand châtiment,parce que
j*ai voulu prendre pourfemmetasœur7Main«
tenant voilà ton épouse; va-t'eu et sors de
mon pays, de peur que nous ne mourions
tous à cause d elle. Et Pharaon en lui ren-
dant Saraï lui donna encore des brebis, des
bŒufs,des esclaves de l'un et de l'autresexe,
de l'argent et de l'or. Le roi donna aussi à
Saraï une jeune fille que sa concubine lui
avait enfantée, et il lui dit : Ma fille, il vau-
dra mieux pour loi d*élre Tesclavede Saraï
que de devenir une dame distinguée de ma
cour. Abram se leva donc pour remonter de
l'Egypte avec tout cequ*il possédait. Pharaon
commanda des hommes pour Tescorter dans
la route. Et Abram revint au pays de Cha*
naan, au lieu où il avait dressé un autel et
où il avaitauparavant fixé sa tente.
Pareillement Lot, iils d*Aran, frère d'A-
bram, possédait des troupeaux considérables
en gros et en menu bétail, et des lentes; car
(1217) Le texte de la Bible porte : et le roi de
Halji, (ville) qui est (aui>si nommée) Ségor. Begem
l/a/of, ipia en Segor, H faut supposer que le rui
avilit donné son propre nom à sa capitale.
Jéhova le favorisait pour l'arnoor d*Abranv
Mais lespfltresd'Abram eurentde fréquentrs
contestations avec ceux de Lot; car ie f*fi}^
ne suffisait pas pour leurs nombreux irc:-
peaux. En outre, lorsque ceux d'Abram n-*
trouvaient pas assez de pAturage, ils ne sVti
abstenaient pas moins des champs des habi-
tants du pays, tandis que les pAiresde Loi y
menaient leur bétail : et les |)Atres d*Abram
les en querellaient. De leur côté les cens «ii
pays venaient aussi vers Abram et Je qui -
reflaient à cause des dégâts des pAtres de Lr»'.
Et Abrtfm disait è Lot : Pourquoi reods-t;i
mon nom odieux parmi les habitants de a
contrée en ordonnant à tes (tâtres d*al>«-r
dans les champs des autres? Ne sats-tu \<i^
que je ne suis qu'unélran^er f*armi les C^ »-
nanéens? Mais Lot n*écoulait point sa von
et continuait selon la même chose. Et It-^
habitants du pays venaient sans cesse s"
ylaindre à Abtam. Enfin Abram dit à L«'t-
usqa*à quand seras-tu un scandale pour
inoi? Qu*il n'y ail plus de conlescation enir**
nous deux puisque nous sommes pareotf.
Séparons-nous; éloigne-toi de root, et fi
chercher un autre heu pour y demeurer
avec ta maison et ton lȎtail. Ne crains rien,
car si quelqu*un te moleste tu m'en instrin*
ras et j*irai te venger : seulement va*t'<n
loin de moi. Alors Lot, levant les yeux ver<
la plaine du Jourdain, vit que ia contrée ôî^-t l
bien arrosée et excellente pour la nourriture
des hommes et du bétail, et il alla y plantt r
sa tente, et il demeura sur le territoire n^
Sodome. Et Abram demeura pendant iM*a<j-
coup de jours et d'années dans la diènaie or
More, qui esl à Hébron.
Vers la même époque Cbodorlabacnor,
roi d'Elam, envoya un message aux n»)«
qui demeuraient autour de lui; savoir, t
Nemrod, roi de Senna^r, qui élait sons ^->n
obéissance; h ses alliés Th<-idal, roi des d»*
tiousy et Arioch, roi d'Ellazar, leur faisan!
dire: Venez m'aider à cliâtier les Tille> «î*-
la terre de Sodome, parce qu'elles sont en
révolte contre moi depuis treize an*. Et r«^
quatre rois se mirent eh campagne en-'
leurs troupes, environ huit cent mille botn-
mes, et ils tuaient tous ceux qu*its renrt»»-
traient sur leur chemin. Et les cinq r>*:«
suivants s'avancèrent contre eux : Seiiaa.*,
roi d*Adama ; Semeber,roi deSeboim ; Baf*.
roi de Sodome; Berta. roi de Gomorrb* .
Bala, roi de Ségor (1217). Et ils se rencc<r.*
trèrent dans la vallée de Sétim. Dans i
mêlée de ces neuf rois, ceux de Sridome • :
de Gomorrhe furent défaits par les rois J'h-
lam , et ils prirent la fuite. Or, ia Taille •' -
Sétim élait pleine de puits de biiuoiv.
jans lesquels tombèrent les rois de Su<ln'^ *
avec leurs guerriers poursuivis par IfS r»* ^
d*Elam(1218).Erceux qui échappèrent se ^ .-
vèrentdari!>lesmonlagnes.Les roisd'Rlan «^c
poursuivant l'ennemi arrivèrent iu$4)u*à j
(1218) Le lecteur aura compris que le* r^t i*.' -
/a m, le$ roh de Sodome^ veul dire, le tpi rfTba» t
ses partisans ie roi de :$odome et ses paitisaas.
Ilâ5
YAS
PART, m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
If 26
terre de Sodome dont ils pillèrent toutes les
▼illes. Ils emmenèrent aussi prisonnier Lot,
neveu d*Abram, etprirent toutes ses riches-
ses et rentrèrent dans leur pays.
Or^ un serviteur d'Abram, Oni (1219),
qui. avait été présent à la bataille, vint ra-
conter à Abram tout ce qui était arrivé.
Ai>ram, en apprenant la captivité de son ne-
veu Lut,se leva aussitôt avec ses hommes au
nombre de trois cent dix-huit, et se mit
cette nuit-là même à la poursuite desquatre
rois et les vainquit. Toutes leurs armées
périrent par les armes d*Abram, hormis les
quatre rois quis*enfuirent chacun d*un autre
côté. Abram rapporta tout le butinquiavait
étéfait sur Sodome, et ramena pareillement
Lot avec toutes ses richesses, leurs femmes et
leors jeunes enfants.LorsquIl s*en retournait
}>arla valléedeSétim, Bara, roi de Sodome, et
cequi restait de ses gens sortirent des puits
de bitume, et allèrent au-devant de lui et de
sa troupe. Pareillement Adonisédech, roi de
Jérusalem (1220), qui est le môme person-
nage que Sem, fils deNoé, sortit au-devant
d*Abram, tut apportant du pain eiduvin;
et ils s'assirent ensemble dans la vallée du
roi. Xdonisédech bénit Abram, et Abram
lui offrit la dtme de tout le butin qu'il avait
enlevé à ses ennemis : car Adonisédech était
prêtre devant Dieu.
Cependant les rois de Sodome etdeGomor-
rhe «'approchèrent d*Abram et le suppliè-
rent, disant : Rends-nous les captifs que tu
as ramenés et garde tout le bien pour toi et
pour tes gens, Abram répondit aux rois de
Sodome (1221) : Vive Jéhova qui a créé le
ciel et la (erre, qui m*a préservé de tant de
danger, et qui en ce jour a livré mes enne-
mis entre mes mains, si je retiens quoi que
ce soit de toute» qui vous appartenait, afin
qua vous ne vous vantiez pas plus tard, di-
sant : Cest nous qui avons enrichi Abram
par Tabandon de notre bien. Jéhova mon
Dieu, en qui je me confie, m'« fait cette pro-
messe : «Tu n'éprouveras jamais de besoin,
car j'enverrai ma bénédiction dans toutes les
œuvres de t<*s mains.» Et maintenant pre-
nez tout cequi est h vous, et retirez-vous.
Vive Jéhova 1 je ne retiendrai ni une Ame,
ni un cordon de chaussure^ ni un 01. Excep-
té toutefois ce que mes gens ont pris pour
leurnoarriture, et lapartdubutinqui revient
h mes alliés, Aner, Escol et Mambré. Et i|
les congédia en leur recommandant Lot qui
s*en retourna aussi h Sodome. Et Abram
revint avec les siens au lieu de son habita-
tion, dans la chênaie de More, qui est à Hé-
bron.
En ce temps-là Jéhova apparut h Abram
encore une fois à Hébron, et il lui dit: Sois
tranquille: une grande récomponse l'est ré-
servée devant moi ; car je ne l'abandonnerai
Eas jusqu'à ce que je t*aie multiplié et béni.
>t je rendrai ta race semblable aux étoiles
du ciel, qui ne peuvent être ni mesurées ni
comptées. Et je donnerai à tes enfants, pour
possession éternelle, tous ces pays que tu
vois de tes yeux. Seulement sois courageux
et persévérant pour marcher en ma présence
et être parfait.
Dans la soixante-dix-huitième année de
la vie d'Ahram mourut Revi fils de Phaleg.
Et tous les jours deReii furent dedeux cent
trente-neuf ans.
Abram était â.;é de quatre-vingt-cinq ans,
et|demeurait depuis dix ans dcms le pays de
Chanaan lorsque Saraï voyant qu'elle était
toujours stérile, prit Agar, dont PharHonlui
avait fait préseut, et l'amena à son mari en
lui disant: Voici ma servante, prends-la
pour femme, afin que je puisse avoir des en •
fants par elle: Car elle avait enseigné à Agar
la connaissance de Jéhova, et les œuvres
qu'il agrée, et Agar n'en négligeait aucune.
Et Abram consentant à ce que demandait
Sara, prit pour femme sa servante Agar.
Mais celle-ci, voyant qu'elle avait conçu),
s'en réjouit bieaucoup et n'iîut plus d'estime
pour sa mattress's c.tr elle pensait au fond
de son cœur: Ceci n*arrive que parce que je
vaux mieux qu'elledevant Jéhova, quia vou-
lu m'acrorder la fécondité a près peu dejours.
Et Saraï, voyant qu'Agar (!'lail enceinte, en
devint jalo'.ise. Elle dit alors à Abram : Le
tort que j'éprouve est de ton fait ; car lors-
que tu priais Jéhova de le donner des en-
fants, pourquoi n'as-tu pas demandé d*en
avoir no moi? Et quand en ta présence Agar
mé|3rise mes paroles, parce qu'elle s'enor«
gueillitdesa grossesse, pourquoi ne la re-
prends-tu pas? Puisque tu me traites ainsi,
que Jéhova juge entre toi et moi. Abram
répondit à Saraï: Voici que ta servante est
en ton pouvoir, dispose d'elle selon qu'il te
f>laU. Et Saraï lui ut endurer tant de souf-
rances qu'elle s'enfuit au désert. Mais un
ange de Jéhova vint trouver Agar au lieu où
elle s'était réfugiée, et lui dit: Sois sans
crainte, car je multiplierai ta postérité. Et
voici que tu mettras au monde un Gis, et tu
le nommeras Ismaël. Maintenant retourne
vers Saraï ta maltresse, et humilie-toi sous
sa main. Et Agar appela ce lieu, où se trouve
un puits, Puits du vivant qui ma regardée.
Ce puits est entre Cadés et Barad.El à l'heu-
re même Agar retourna à la maison de sa
maîtresse. Lorsque son terme fut arrivé, elle
enfanta un his à Abram, qui le nomma Is-
otaël. Abram était Agé de quatre-vingt-six
ans lors de cette naissance.
Dans la quatre-vingt-onzième année de la
vie d'Abram la guerre éclata entre les enfans
de Céthim (12*22) et les enfants do Thubal.
CarlorsqueJéhova dispersâtes hommes sur
(4219) Ont, Voy. plus haut colonne H 16.
(1220) La Geuè$e, xiv, 18, porte : Melcliiséilcrli,
roiiieSMein. Aloni signille Seigneur, et Molr4a,
roi. Salem el Jériisaloin désiKncni ta môme viUe.
(1221) Yoy, ci-devanl noie 1218.
Îl2i2) Ou voit par ce qwi suit que les enfants de
Célliim étaient les habitants de Tancienne Saturnh*
ou Ausonie. Nous entrons ici dans un supplément
(lu Yaschar. Que ce supplément sort trét-aiicien, cl
île beaucoup antérieur au xin* hiccle, cVst ce qo«î ^
Ton voit par le sinj^ulicr tra^estis?iemcntdu fait de *
iVnlèvcmeiit des Sabincs.Yojpz notre avant-propos.
Ili7
DIGTIONNAlae DES APOCRYPHES.
ilfl
toute la surface de la terre, les enfants dô
Céthim se formèrent en une troupe et allé*
rent jusqu'à la plaine de Campanie où ils
s'établirent et se bâtirent des villes sur le
Qeuve du Tibre. Quant aux enfants de Thu-
bal, ils s'établirent dans la To<:cane,et leurs
limites touchaient aux deux fleuves (12^3).
lis bâtirent une ville qu'ils nommèrent Sien«
De (122i), diaprés le nom d'un fils de Thu-
bal leur père; et ils la possèdent jusqu'à ce
jour. Les enfants de Cétnim attaquèrent les
enfanis de Tbubal, qui furent vaincus et
perdirent treize cent soixante dix hommes.
Alors les enfants deThubal firent le serment
entre eux de ne point s'allier par des maria-
ges avec les enfants de Céthim. Nul d'entre
eux ne pouvait plus donner sa fille k un en«
fantde Céthim. Car en ce temps-là les filles
du peuple de Tbubal étaient d'une beauté
qui n'avait pas sa pareille sur toute la terre;
et quiconque, même les princes et les rois,
prisait les charmes d'une belle femme choi-
sissait son épouse parmi elles. Au bout de
trois ans, après ce serment, environ vingt
chefs de Céthim firent la demande de filles de
Tbubal, mais ils eurent un refus. Et il arriva
qu'aux jours de la moisson, pendant que les
enfants de Tbubal étaient aux champs, tous
les jeunes gens de Céthim se réunirent et
entrèrenten silence dans la viilede Sienne,
et ravirent chacun une jeune fille de Thubat
et emmenèrent dans leurs vilteà les person-»
nés enlevées. Les enfants de Tbubal se mi«
rent aussitôt en Champagne pour les attaquer,
mais ils rencontrèrent sur leur route une
haute montagne fortifiée, et ils furent con*
traints de se retirer. Après un an révolu les
enfants de Tbubal prirent à leur solde des
hommes de toutes les villes de leur voisina-
ge, environ dix mille combattants, et ils
marchèrent de nouveau contre les enfants
de Céthim; et cette fois ils furent les plus
forts. Alors les enfants de Céthim, assiégés
dans leur ville principale, et réduits à l'ex-
trémité, firent montersur les murailles leurs
femmes avec leurs enfants,et ils crièrent aux
enfants de Tbubal : Est-ce que vous venez
faire la guerre à vos enfants et à vos filles?
Ne sommes-nous pas depuis longtemps de
vos es et de votre chair? Et à l'instant les
enfants de Tbubal cessèrent le combat et
s'en retournèrent dans leur pays. En ce
temps-là les enfanis de Céthim se réunirent
et se bâtirent deux villes sur ta mer, et ils
(1223) U Tibre et TArno.
(1234) Texte hébreu, wx , Siehètiê.
(1225) Ardée et Antium.
(4226) Abram, DniN; Abrabam, DrmM; Sara!,
tnW; Sara, mw.
(1227) Texte hébreu de la Cenè$e, xviii, 3 : Sei'
gneur^ $i fat trouvé grâce à les yeux, ne pane pas,
je te. supphe, au delà de ton serviieur, La iiiassore
marque expressément qur Seigneur^ ^jin (AJouaï),
est sabUy snp; c'est-à-dire, quM parlait à Dieu
même. On sait que ce texte est un de reux qui in-
diquent le plus clairement la trinité de Personnes
dans TEssence unique et indivisible de la Divinité.
Tribut occurrit et unum adorât, 0>i est fondé à
cruire que les éditeurs j* ifs ont tel cba gc le texte
nommèrent Tune tria et l'autre Àntsm
(1225).
Abram, fils de Tbaré, avait alors quatre*
vingt dix-neuf ans. fit Jéhova liki apparut
et lui dit ; Je veux établir mon alltaiice
entre moi et toi, et je multiplierai la race
exirémemebt. Voici le signa de moc aU
liance, qui sera éternelle, et ce signe sera
dans votre chair: Vous circoncirez tout mâle
dans le huitième jour do sa naissance. Eiéo-
rénavant, toi, tu ne t'appelleras plusitfrraai,
mais il6raAam. Pareillement, ta femm^ ne
s'appellera plus Sarat, mais Sara (1296). Car
je vous bénirai tous deux, je multiplier»i
votre postérité après vous, et vous devien-
drez un grand peuple^ et des rois sortirvnt
de vous. £t Abraham se leva ai oinx»iicu
tous les individus mâles de s^ maiaonv eom*
me aussi ceux qu'il avait acquis è prix d ar-
gent : il n'en resta pas un seul d*iocirooQcis.
Abraham lui-même et son fils IsmaéU âgé
de treize ans, circoncirent ià chair de leur
prépuce. Le troisième jour, Abrabaoi alla
s'asseoir devant l'entrée de sa tente, poar se
chauffer au soleil et soulager la sottffrance
de sa chair.
Seciion Yalyera.
Et Jéhova lui apparut dans la chênaie de
More, et envoya vers lui, pour le visiter,
trois an^es de ceux qui le servent. Assis
devant l'entrée de sa tente, il leva les yeux
et vit à une certaine distance trois bumines
ni arrivaient. Aussitôt il courut au-devant
'eux, et, les saluant perdes prosteroaiiriciN
il leur dit : Je vous prie, venez jusque cb«*z
moi, si j'ai trouvé grâce k vos yeux, et man-
gez un morceau de pain (iâ7). Et il les
pressa avec tant d'insistance, qu'ils se ren-
dirent chez lui. Il leur présenta de Teau
pour se laver les pieds, et les fil asseoir sous
l'arbre qui ombrageait l'entrée de sa tente.
Abraham courut prendre un veau du Irou-
f»eau, tendre et bon; et après l'avoir saigné
1228), il le donna à son serviteur Eiiéétr
pour l'apprêter. Il rentra ensuite dans la
tente, et dit k Sara : Pétris promptement
trois mesures de fleur de farine, et iais-ea
des gâteaox pour couvrir le pot à viande;
et elle fit ainsi. Et Abraham se bâta de ser*
vir aux hommes du beurre avec du lail ue
vache et de brebis, et ils en mangèrent. H
leur servit ensuite le veau qu'il avait ê\'-
prêté, et ils en mangèrent. Or, quand le re-
du YinehoTn chose qu'heureusement ils ae pcatrui
pat9 faire h la Bible.
(I22S) Les Juifs ne mangent d*aocun aaimal mm
qu*il soit égorgé, jugulé, en observani otiiaiv-s
prescriptions pharisaîques. Il y a des boroiurs aa-
toriséâ pcMir faire ccUh opération. On les appelle ra
hébreu, Schokhetim, du verbe Sci^khal^ ju;ii!ct.
Quelques consistoires qualîGent ces foncnonnaiH s
é^sacrificaieurt. Cesi ridicule. La synagO[|;tir t«j--
tée de Dieu pour le plus grand des crimes, n'a pu»
ni sacrifices ni sacrificateurs : Sine tacrifeh et hm
altari, {0$ee ni, 4.)
Le mol in p 1127^1, et jugulav.t eam, qui n*est fo»
dans la Bible, a été évidemment ajouté à iii^irc icue
du Ytuchar par 1 éJileur.
a
1129
YAS
PART, m. — LEGENDES ET FRAGfilENTS.
YAS
1130
pas fui fini, l'un d'eux lui dit : Je reviendrai
vers toi à celle même heure dans un an de
notre TÎe, et Sara ta femme sera mère d*un
fils. Ensuite ces hommes se levèrent de là
et continuèrent de marcher .vers les lieui
où ils avaient été envoyés.
£n ces jours-là, les habitants de Sodome
et da Gomorrhd et des autres villes de la
Pentapole étaient mauvais et pécheurs de-
vant Jéhova j^at toutes leurs abominaiions,
qui étaient si nombreuses et si horribles,
qu*ellescriaient vengeance jusqu'au ciel. Ils
avaient dans leur pays une vallée spacieuse,
de rétendue d*une demi-journée de marche,
arrosée par de belles sources, et couverte
de verdure. Chaque année, tous les habi-
tants de Sodome et de Gomorrhe s'y ren-
daient et se livraient pendant quatre jours à
toutes sortes de divertissements, et à la
danse, au son d'une musique brujanle. £t
à l'heure de l'enivrement de la joie, ils se
levaient tous ensemble, et chacun s'empa-
rait de la femme ou de la fille vierge de son
prochain, qui n'y regardait pas, et jouait
avec elle, et s'approchait d'elle charnelle*
ment pendant une journée entière. £t après
la fôte, ils s'en retournaient chacun chez
soi avec sa femme et les siens, comme si
rien de mal ne s'était commis. Lorsqu'un
étranger arrivait dans une de leurs villes,
soit pour acheter, soit pour vendre des mar-
chandises, tous, hommes, femmes et en-
fants, venaient et lui enlevaient chacun un
petit morceau, jusqu'à ce qu'il ne lui restât
plus rien entre les mains. Quand l'étranger
se plaignait qu'on l'avait dépouillé de sou
bien, chaque individu s'approchait de lui,
disant : Que t'ai-je pris, moi? Tu vois que
ce n'est qu'un petit lambeau. £t ils le chas-
saient de la ville pour les avoir à tort accu-
sés de Yol, et ils le poursuivaient de leurs
cris et de leurs huées jusqu'à la porte de la
yi41e. Un homme d'£lam voyageait. 11 me-
nait avec lui un âne portant, attaché avec
une corde longue, un tapis précieux, teint
des plus fines couleurs. Quand il passait par
Sodome, le soleil se coucha sur lui (1229),
et il demeura dans la rue, et nul ne le re-
cueillait dans sa maison. Jl y avait alors à
Sodome un individu méchant et enfant de
Bélial, et rusé pour le mal ; et son nom était
Hédud. Il leva les yeux et vit le passager,
et il alla à lui et lui dit : D*où viens-tu, et
où vas-tu? L'homme lui répondit : Je fais
route d'Hébron à £iam. Le soleil s*est ici
couché sur moi. Je suis arrèlé dans la rue»
et personne ne me recueille dans sa demeu-
re. J'ai pourtant du pain et de l'eau et de
la paille et du fourrage; je ne manque de
rien. Hédud lui dit : C'est moi qui pour-
voirai à tous tes besoins, et je ne veux pas
aue tu couches dans la rue. £t il l'amena
ans sa maison, ils ôtèrent ensuite de l'Ane
la corde et le tapis. Hédud serra l'un et Tau-
tre dans un endroit secret de sa maison, et
mit ensuite de la nourriture devant l'Aue.
L^étranger mangea et but et passa la nuit
(1329) Slyle biblique. Il fut surpris par la nuU.
DiCTi0!<?r. DES Apogbyphes. II.
dans cette maison. Le lendemain, l'étran-
ger se leva de bonne heure pour continuer
son voyage. Mais Hédud lui dit : Souliens
ton cœur d'un morceau de pain avant de
partir. £t ils se mirent à manger et à boire
ensemble pendant tout ce jour-là. A l'appro-
che du soir, Hédud dit à son hôte : Voici
que le jour incline vers sa nn; consens, je
te prie, à passer avec moi encore cette nuit,
et que ton cœur s'égaye. £t il lui fit tant
d'instances, que l'homme se décida à res-
ter. Le deuxième jour, l'homme se leva de
grand matin {»our s'en aller; Ht^dud le re-
tint encore ce jour-là sous prétexte de le
faire raanser, afiu'de le faire rester. Mais, sur
le tard, l'nomrae, décidé à partir, bâta son
Ane, et dit à Hédud : Rends-moi le tapis et
la corde, afin que je rattache sur l'âne. £t
Hédud, le regardant d'un air surpris, luidil:
Que dis-tu? L*homme répéta : Je te prie,
mon seignenr, de me donner la corde et le
tapis teint de belles couleurs que tu as pris
en garde et mis dans un endroit sûr de ta
maison. Alors Hédud lui dit : Voici l'inter-
prétation du songe que sans doute tu as fait
cette nuit. La corde signifie que tes jours
seront prolongés comme elle. Le tapis que
tu as vu teint de belles couleurs t'annonce que
tu posséderas une vigne dans laquelle tu
planteras toutes sortes d'arbres fruitiers.
L'étranger lui dit : Non pas ainsi, mon sci-
Sneur, c'est bien en veillant que je t'ai con-
é ces objets. Hédud lui dit : Ne t'ai-je pas
dit que c'est un songe que tu as eu? Je te
l'ai interprété. Or toute interprétation de
songe m'est payée quatre pièces d*ari<ent;
mais je ne t'en demande que trois. £t ils
contestèrent beaucoup, et ils vinrent en^
semble devant Sacar, le juge du lieu. £t le
juge dit à l'étranger : Le bon 'droit est du
côté de Hédud ; car il est connu dans toutes
les villes de ces environs comme expert dans
l'interprétation des songes. £t ils recom-
mencèrent à contester. L'étranger répétait :
Je veillais; et Hédud objectait : C'est endor-
mant que tu as vu cela. 11 ajouta : Je ne t'a-
vais demandé d'abord c|ue trois pières d'ar-
gent; maintenant, j'exige les quatre pièces
qui me sont dues, et déplus le prix de ce
que toi et ton âne avez mangé et bu dans
ma maison. £t comme ils élevaient la voix,
le juge les chassa de sa présence, et ses ser-
viteurs les mirent promptementt à la porto.
Alors tous les gens de Sodome s'attroupèrent
autour de l'étranger , l'accablèrent de mau-
vaises paroles, et le poussèrent hors de leur
ville. £t l'homme s'en alla sans tapis, sans
monture, pleurant et ayant l'&me abreuvée
d'amertume.
Les Quatre villes avaient chacune son juge,
dont £liéser, serviteur d'Abraham travestis-
sait les noms de cette f façon. Sacar y \o
nom du juge de Sodome, en Sacra (men-
teur); Sarcavy le nom de celui de Gomorrhe,
BnSacrura (imposteur} ; Sabnach, le nom de
celui d'Adama, enCasban (faussaire}; l/arson,
le nom de celui do Sebaïm en Maizledi»
36
I13t
DICTIONNAIRE DES AfOCRTPIIES.
«m
Et par Tordre de
niants mirent an lit dans
(violateur de la
cesîuges, les hi
La place pubiiaue de chacune de leurs vifles.
Et quand un nomme étranger arrivait par-
mi eux, ils le saisissaient et rétendaient de
force sur ce lit. Trois hommes se plaçaient
au chevet et trois hommes au pied du lit.
Si l'étranger se trouvait être [)lus court que
le lit, les six hommes le tiraient, sans ré'-
pondre à ses cris de douleur, jusqu'à ce
3u*il atteignit la môme longueur. Si sa taille
épassait la longueur du lit , les six hommes
se mettaient aux côlés latéraux et lui élar-
gissaient les flancs jusau'à ce qu'il «irrivAl
aux portes de In mort (lz30). Ils répondaient
à ses cris : Ainsi est traité tout étran^^er qui
vient dans noire ville. Lorsqu'un mendiant
venait dans le pays, chacun lui donnait uno
pièce de monnaie après Tavoir marquée;
mais en môme temps on publiait pariout la
défense de lui vendre la moindre quantité
de pain, ou de le laisser sortir de la ville.
Quelques jours après, le pauvre expirait de
faim, et chacun venait reconnaître sa pièce
et la reprenait. Ils le dépouillaient ensuite
de ses vêtements et se les disputaient entre
eux, et le plus fort les emportait chez lui.
Lot avait une tille du nom de Phallith, et
elle était devenue la femme d'un habitant de
Sodome.* Cette femme, voyant un homme
tomber d'inanition au milieu de la rue, et
près de rendre l'esprit, en eut pitié, et pen-
dant un certain nombre de jours le nourris-
sait secrètement. Et voici comment elle s'y
prenait : chaque fois qu'elle allait chercher
de l'eau à la fontaine, elle cachait du pain
dans sa cruche, et en passant devant le pau-
vre, elle laissait tomber le pain, et semblait
ne pas s'en apercevoir. Le pauvre le ramas-
sait et s'en nourrissait. Les habitants de So-
dome, étonnés de voir le pauvre conserver
si longtemps la vie, soupçonnaient que l'un
d'eux contrevenait à la défense de la loi, et
ils apostèrent trois hommes pour guetter le
coupable. Ces hommes surprirent Phaltith
dans son action, et ils l'amenèrent devant le
juge et lui montrèrent le pain qu'ils avaient
arraché de la main du pauvre. Alors tous
ceux de Sodome s'assemblèrent en tumulte
et allumèrent un grand feu au milieu de la
f^lace publique, et y jetèrent la femme, qui
ut réduite en cendres.
Il advint un jour que Sara, femme d'A-
braham, envoya Eliéser à Sodome pour sa-
luer Lot et s'informer de son état. En arri-
(1230) Le Talmud, traité Sanhédrin, fol. 109 verso,
dil autrement : Quand il était plus long, on le rac-
courcissait; quand il était plus court, on Talion*
ffeait. nn pnrw vti ^3 rxo ^]r>a Tnxo "o. C'est
exactement le lit de Procuste.
(1251) Sodouiiie, habitant de Sodome. V09. le
Complément du Dictionnaire de TAcadéuiie.
(1232) Le lalmud, à Tendrolt déjà ciié, rapporte
un autre tour de malice du serviteur trAbranam.
11 était défendu dans Sodome, sous des peines ^é^
vères, d*inviler aux repas publics des individus
étrangers à la ville. (Jn jour les honnêtes citoyens
de Sidome se régalèrent d'un splcndide fesHn.
Èliéser y vient sans foçon et B*assied à la dernière
place. Aussitôt une clameur générale s^êlève. Qui
vant dans la ville, le servitear d'Abnhani
vit qu'un habitant, après avoir terrassé un
étranger, lui enlevait ses vêtements ei ré-
pondait à ses plaintes par des sarcasmes.
L'étranger supplia Eliéser en pleurant de t<»
protéger. Alors Eliéser, s'approcbant , dit
au Sodomite (1231) : Pourquoi trattes-ta
aussi indignement ce pauvre borame« gai est
venu sans déGance dans votre pajrs? Le So-
domite lui répondit : Est-il ton frère? Est-
ce que nous t'avons établi aujourd'hui juge
dans notre ville, pour que tu aies le droit de
prendre la défense do qui t'intéresse? Elié-
ser essaya de lui arracber les vêtements
d'entre les mains; mais le Sodomite prit
une pierre et le blessa au front et en fit cou-
ler beaucoup de sang. Aussitôt le Sodomife
retint Eliéser par le bras, lui criant : Il faut
que tu me paves pour t'avoir opéré une sai-
gnée; car telle est la loi chez nous. El i)
l'entraîna devant le juge, à qui Bliéser dit :
Cet homme m'a blessé jusqu'au sang, et il
veut encore que je lui en donne le salaire.
Et le juge prononça : Cet homme a raison;
acquitte-toi de ce que tu lui dois, conformé-
ment au droit de Sodome. En entendant
celte sentence, Eliéser s*arma d'une îoonle
pierre et en fit une blessure sançiante au
juge, et lui cria ; Ce que tu me dois pour
t'avoir tiré de ton mauvais sang, donne-le
à cet homme, afin que je sois quitte envers
lui. Et les laissant régler ensemble leur
compte, il s'en alla (1232).
Pareillement dans la ville d'Adama était
une jeune personne, fille d'un homme riche
de la ville. Dn passager, arrêté dans son
voyage par la chute du jour se trouTait de-
vant sa maison et criait lamentablement,
demandant de quoi étancher la soif brûtan e
dont il était dévoré. La jeune fille, touchée
de compassion, lui apporta de Tenu et du
pain. Dès que la chuse fut connue, 00 \m
traduisit devant le tribunal du juge. Et voi*
ci la peine à laquelle elle fut condamnée.
Le juge la fit mettre toute nue et enduire
de miel depuis les pieds jusqu'au sommet
de la tête, et on l'exposa dans cet état au
milieu de plusieurs essaims d*abeîlles qui
la piquaient de leurs dards; et son corps er>-
do'ori enfia démesurément. Et personne ne
s^émouvait des plaintes de la jeune tille;
mais ses cris montèrent jusqu'au ciel et j
furent entendus. Et Jéhova devint jaloux lic
venger cette fille et tous les crimes de S*-
dome; car il les avait gratifiés de la pros(»é-
€it celui qui a invité ut élranffer t Eliéser dil K>«i
haut : Cett alui qui esl a$si$ à eàU d« m»u S- n
voisin se voyant sous le poids d*aoe aossi f rj%«
accusation, prend son manteau ei s'esquiva. Elics^r
avance d*une place, et son nouveau vrtiû jc-
f prudent do mettre sa personne en sûreté, pt ^ (
*eiennple du premier. Eliéser a\«nçait lonioars •«
donnant un nouveau toitin qui ilevenalt ainsi roa
pable de son invitation. Tous les convif«s dispa-
raissent Tun après Tautre jusqu*att dernier i*c.e*
sivcmenl. Eliéser resté seul maître de la uUe, f>-
donne tout son soûl, puis s'en va tranqmlkm:;.t
faire sa digestion à Uélirou soos la leitle 4c
maître.
1153
TAS
PART, m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
au
rîlé et de rabondance de toutes choses, et
ils n*ont pas soutenu la main du pauvre et
de llndisent. Et la mesure de leur malice
était comble devant Jéhova. Et Jéhova en-
voya vers Sodome et Gomorrhe et les autres
Tilles, pour les détruire, deux des anges qui
étaient venus chez Abraham. Or, Lot était
assis à la porte de Sodome, lorsque le soir il
vit arriver les anges. Aussitôt il courut au-
devant d'eux, et, se prosternant la face con-
tre terre, il les pria avec de grandes instan-
ces d*entrer dans sa maison,. et les y intro-
duisit Il leur servit à manger et leur prépa-
ra des couches pour la nuit (1233). Et dès
l'aurore du lendemain, les anges dirent à
Lot : Lèye-toi, sors de ce lieu avec tous les
tiens, de peur que tu ne sois enveloppé
dans le chAtiment de la ville; car Jéhova est
sur le point de la détruire. Et ils saisirent
vivement par la main Lot, sa femme et ses
deux filles, et les jetèrent (123^) hors du ter-
ritoire des villes coupables, et ils dirent à
Lot : Sauve-toi I Et Lot se mit à fuir avec les
siens. A la même heure, Jéhova fit pleuvoir
du ciel du souffe et du feu sur Sodome, Go-
morrhe et les autres villes, et les retourna
sens dessus dessous avec toute la plaine. Et
tous les habitants et toutes les plantes péri-
rent. La femme de Lot se retourna et jeta les
yeux sur les villes qui se renversaient, car
ses entrailles étaient émues à cause de celles
de ses filles qui n*avaient pas voulu sortir
avec elle de Sodome; mais, pendant qu'elle
regardait en arrière, elle devint une statue
de sel. Et jusqu'à présent, elle est encore
en ce lieu. Les hôtes à cornes la lèchent
chaque jour jusqu'aux ongles des pieds;
mais tout ce que la langue du bétail lui en-
lève se retrouve repoussé le lendemain ma-
tin. Et cela se voit jusqu'au jour d'aujour-
d'hui.
Pendant que Lot demeurait dans la ca-
verne d'Odollam (1235) avec ses deux filles,
celles-ci l'enivrèrent de vin, et couchèrent
avec lui. Car s'imaginant que tout avait péri
sur la terre, elles disaient : Il n'existe plus
d*homme pour continuer la génération de
notre espèce. Et toutes deux conçurent de
leur père et enfantèrent chacune un fils.
L'aînée nomma son enfant Afoafr, disant : Je
l'ai eu de mon père. La cadette nomma le
sien Ben-Ammi. Celui-ci est le père des en-
fants d*Ammon jusqu'à ce jour. Lot partit en-
suite de ce lieu, et alla demeurer de l'autre
côté du Jourdain avec ses deux filles et leurs
fils, qui devinrent grands et prirent des
femmes du pays de Chanaan, et se multi-
plièrent pfoaigieusement.
Après avoir demeuré vingt-cinq ans dans
le pays de Chanaan, étant dans la centième
année de son Age, Abraham partit de la chê-
naie de Membre et alla demeurer dans le
pa^^'S des PhiUslins. Et il dit h Sara sa femme :
Fais-moi la grAce de répondre à quiconque
l'interrogera sur ton état, que tu es ma
(1933) La scène nocturne racontée dans la Genèse
xix, i et suiv., est omise ici.
(Ii5i) EKpressiaa de notre texte, Tn^non, et
sœur, afin que nous nous garantissions de
la perversité des gens de ce pays, et qu'ils
ne me fassent pas mourir à cause de toi. Or
les serviteurs d'Abimélech, roi des Philis-
tins, allèrent lui dire : Un homme est arrivé
de Chanaan pour demeurer dans ce pays, et
il a avec lui sa sœur qui est de la plus gran-
de beauté. Le roi envoya des sens pour se
faire amener Sara, et quand il la vit, elle
plut extrêmement à ses yeux. Et il lui de-
manda: Qu'est-ce que l'homme avec qui tu
es arrivée dans nos contrées? Sara répondit :
C'est mon frère. Nous arrivons de Chanaan
I)our chercher un lieu où nous puissions ha-
nter. Abimélech dit à Sara : Voici que mon
pays est à ta disposition. Etablis ton frère
où il te plaira le mieux; et ce sera à nous
à rélever en dignité au-dessus de tous les
seigneurs du pays, en ta considération. Et
Abimélech fit appeler Abraham et lui répéta
ces paroles. Et quand Abraham se retira de
la présence du roi, il fut suivi de riches pré-
sents royaux. Le soir, àTheure où Thorame
se livre au repos de la nuit, le roi, étant
assis sur son trône, fut surpris d'un profond
assoupissement qui le tint jusqu'au matin.
Et il vit en songe un ange de Jéhova, mar-
chant vers lui et tenant en sa main une épée
nue. Et arrivé près du roi, il se mit en pos-
tière de le frapper. Le roi, tremblant de
frayeur, lui dit : Quel est mon crime, pour
que tu viennes me tuer avec ton épée? L'an-
§e répondit : Il faut que tu meures à cause
e la femme qui a été amenée hier dans ta
maison; car elle est mariée, elle est l'é-
pouse d'Abraham. Si tu ne te hAles de la
rendre à son mari, sache que tu mourras, et
toute ta maison mourra avec toi.
Dans la même nuit , tous les Philistins
virent la forme d'un homme gigantesque,
tenant à la main une épée nue dont il les
frappait en courant de tous côtés ^ et le pays
était rempli de cris d'angoisse et d'un grand
tumulte toute celte nuit-là et le lendemain.
De plus, Jéhova leur obstrua toutes les is-
sues du corps , à cause de la femme d'A-
braham dont Abimélech s'était emparé. Le
lendemain matin, Abimélech, agité dans tous
ses membres, et consterné, fit appeler tous
ses officiers, et leur raconta son songe ; et ils
furent tous épouvantés. Alors l'un d'eux,
élevant la voix , dit : Roi, mon seigneur ,
rends cette femme à son époux; car elle lui
appartient. Le même fait est arrivé à Pha-
raon, et il en a éprouvé de grands maux.
Car telle est la manière de cet nomme; par-
tout où il met le pied , il publie : C'est ma
sœur. Maintenant, fais en sorte que toi et
tes serviteurs, nous vivions et ne mourions
Eas. Et Abimélech prit du gros et du menu
étail, des esclaves de l'un et de l'autre sexe
et mille pièces d'argent, et donna le tout à
Abraham en lui rendant Sara sa femme. Il
lui dit ; Voici que tout mon pays est à votre
disposition; habitez en quelque lieu qu'il
projecerunt eum. Nous avuns dû traduire le pronom
suflUe au pluriel.
(1235) La Cenèie ne désigne pas la caverncu
1135
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ii:»
TOUS plaira de choisir. Abraham et Sara sa
femme sortirent de la présence du roi avec
honneur et comblés démarques d'estime. Et
ils établirent leur demeure dans la terre de
Gérare.
Cependant les ofliciers du roi continuaient
il ressentir d'affreuses douleurs par suite des
coups que fange leur avait portés, è rause
de Sara , pendant une niiit entière. Alors
Abimélech envoya dire h Abraham : De grA-
ce,prie Jéhova ton Dieu pour nous, tes ser-
viteurs, aûn qu*il nous délivre de cette mort.
Et Jéhova, exauçant la prière d*Abraham,
guérit Abimélech, ses serviteurs et tout son
peuple.
£t il arriva en ce temps-lè, Abraham de-
meurant depuis quatre mois et des jours
dans le pnys des Philistins, que Jéhova se
souvint de Sara et la visiia; etelle conçut et
enfanta un flls à Abraham. Abraham nomma
Isaac le fils qui lui était né de Sara. Et il le
circoncit le huitième jour de sa naissance ,
selon le ccTmmandemenl de Dieu pour toute
sa postérité après lui. Lors de la naissance
d*Isaac, Abraham avait cent ans, et sa femme
quatre-vingt dix ans. L'enfant grandissait et
au jour de son sevrage, Abraham fit un
grand festin. Sem et Héber, tous les grands
du pays, comme aussi le roi Abimélech avec
ses omciers et Phicol, g^énéral de son armée,
vinrent manger et boire et se réjouir à ce
fe>lin. Pareillement Tharé, père d'Abraham,
et Nachor, son frère, arrivèrent de Haran,
pleins de joie, pour prendre part à cette fête.
Tharé et Nachor se réjouirent avec Abra-
ham, et s'arrêtèrent auprès de lui dans le
|)6ys des Philistins pendant dt^s jours nom-
breux.
Dans la première année de la naissance
d'isaac, fils d'Abraham, mourut Sarug, fils
de Reù. Et tous les jours de Serug furent de
deux cent trente -neuf ans.
Or Ismaël, fils d'Abraham, avait quatorze
ans quand Sara mit au monde Isaac. Et Dieu
fut avec Ismaêl, et il grandit et devint un
habile tireur d'arc. Et il arriva qu'Isaac, &gé
de cinq ans, étant assis à l'entrée de la tente,
Ismaël vint se placer vis-à-vis de lui , et
banda contre lui son arc armé d'une flèche,
pour l'en frapper. Sara, voyant cela, pousssa
un cri d'effroi, et Tare s'échappa des mains
dîsmaëi, et il courut se cacher derrière un
buisson. Aussitôt Sara, appelant Abraham,
lui dit : Chasse-moi cette esclave avec son
enfant; car son fils ne doit pas recueiHir
l'héritage cj^ui revient k mon fils. Il lui a lait
aujourd hui ceci et cela. Abraham, écoutant
la voix de Sara, prit le lendemain de grand
matin douze miches de pain et une outre
d'eau, et remit le tout à Agar qu'il renvoya
avec son fils. Et Agar s'en alla avec son fils
jgsqu'au désert de Pharan (1236), et ils res-
tèrent longtemps au milieu des scénites du
désert. Et Ismaël exerçait l'état de tireur
d'arc. Ils allèrent ensuite, lui et sa mère, en
(1256) La CenèH, xxi, 14, b fait aller au désert
ée Bersaliée. C'est lorsque Utuaél fut homme que,
d'^Drés le même livre, verset 21, il fixa sa demeure
Egypte. Et Agar donna à son 61s une femme
de ce pays, et son nom était Meriba (lS37j.
La femme d'Ismaël lui enfanta quatre tits H
une fille. Ensuite Ismaël quitta TEgypte
avec sa mère, sa femme et ses enfants et tooi
ce (ju'il possé'lait, et s'en retourna au déseru
et ils y habitaient sous des tentes sans lieu
fixe, car ils étaient nomadt'S. Et Dieu donna
à Ismaël , k cause du mérite de son père
Abraham, du menu bétail et du gros béuii
en grande quantité, et des tentes remplies
de richesses. Mais il n'allait pas voir la face
de son père.
Au bout d'un certain nombre de jours»
Abraham dit à Sara sa femme : Je m'en vais
visiter Ismaël mon fils ; car je désire fort 1«
revoir après une si longue séparation. It
monta sur un de ses chameaux, et s*eDfonça
dans le désert; car il avait appris où sod &U
avait planté ses tentes. Et il arriva à la tente
d'Ismaël. C'était le milieu du jour, et te sik
leil versait une chaleur ardente. Il y trou «a
la fomme dlsmaël avec ses enfants; mais
Ismaëi et sa mère étaient absents. Abraham
demanda à la femme où était Ismaël, ef e >
lui répondit : Il est allé à la chasse. £t Abre«
ham ne descendit pas de son chameau, se-
lon ce qu'il avait promis par serment à Sara
son épouse. Il dit à la femme d'Ismaël : Ua
fille, donne-moi un peu d'eau, car ie suis
épuisé de lassitude et de soif. Elle lui ré-
pondit : Nous n'avons ici ni eau ni pain. El
elle rentra dans la tente sans te recarder m
lui demander qui il était; mais elle battait
ses enfants et les maudissait, maudissant en
même temps Ismaël son mari, et inverti vaut
contre lui. Abraham fut pénitdement affecté
de tout ce qu'il entendait, et it appela la fem-
me hors de la tente, et lui dit : Quand ti/o
mari reviendra, tu loi répéteras ces propres
paroles : Un homme fort âgé est venu ici du
pays des Philistins pour ta visiter. Sa flgore
et sa personne sont comme ceci et comme
cela. Je ne lui ai point demandé oui il était.
Ne t'ayant pas rencontré, il m'a dit : An re-
tour de ton mari, tu lui diras ceci : L*bomœe
ordonne qu*au plus tôt tu jettes dehors le
mât qui soutient ta tente, pour le remplacer
par un autre. Après ces paroles, Abraiiam
tourna bride et s'éloigna. Et Ismaël revint
de la chasse avec sa mère. Après avoir prê-
té attention à toutes les paroles de sa femme,
il reconnut que le vieillard était son père, et
que sa femme n'avait pas honoré Tétrang^r.
Il comprit aussi l'ordre de son uère» et it n*
puisa cette mauvaise femme de chez lui. t'
alla ensuite au pays de Chanaanety prit oi f
autre femme et l^introduisit dans sa tente ^
la place de la première.
Trois ans s étaient écoulés , et Abrahan.
dit : Je m'en vais de nouveau visiter Isn^^
mon fils; car voilà un grand nombre de jours
que je ne l'ai vu. Et étant monté sur »i>:
chameau, il entra lians ie désert et arriva î
la tente d'Ismaël au milieu du jour. Bt il sp*
dans le désert de PhaniD.
(1257) Meriba, rono, acariâtre, morom. M
Irix. La Bible ue donue pas le nom de ccUc
fllSY
TAS
PART IIL— LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1138
peialstnaël. Mais sa femme, sortant de la
tente» dità Abraham: Mon seigneur, Ismaëi
n'est pas ici. Il est allé chasser dans les ter-
res et visiter Tenclos des chameaux. £t elle
ajouta : De grAce, mon seigneur, mets pied
è terre et entre dans la tente pour manger
un morceau de pain, car tu es las de ton
voyage. Abraham lui dit : J*ai hAle de m*en
retourner. Donne-moi seulement un peu
d'eau, car j*ai soif. Et la femme courut avec
empressement et lui apporta de la tente de
Teau et toutes sortes d aliments. Et elle le
pressait de manger et de se rassasier. Abra-
iiaoTY, le cœur content, mangea et but, et il
bénit son Gis Ismaêl. Et quand il eut fini de
manger, il loua Jéhova. Il dit ensuite à la
femme :Quand*lsmael reviendra, tu lui re-
diras ces propres paroles : Un homme fort
Â^é est venu ici du pays des Philistins. Son
extérieur est comme ceci et comme. cela. Il
m'a dit : Quand ton mari reviendra, tu lui
diras ceci : Voici ce que recommande le
vieillard : Le mAtque tuas fixé dans ta tente
est excellent : ne 1 en ôte point. Après avoir
laissé ses ordres, il reprit sur son chameau
la route de Gérare. Au retour d'Ismaël, sa
femme courut au-devant de lui toute joyeu-
se, et lui raconta toutes ces choses. Et Is-
Hiaéi reconnut que l'étranger était son père,
et il en loua Jéhova. Bienldt après, Ismaëi
prit sa femme, ses enfants, ses troupeaux
et tout ce qu'il possédait, et quittant ce lieu,
il alla au pays des Philistins auprès de son
père, et demeura avec lui longtemps (1238).
Abraham prokjngea sa demeure dans le
F>ays des Philistins I es|)ace de vingt-six ^ns.
1 en sortit ensuite avec sa maison et tout
ce qu'il possédait, et s'en éloigna. Il voya-
gea jusqu'aux environs d'Hébron où il s'éta«
biit. Ses serviteurs creusèrent des puits en
cet endroit. Mais les serviteurs du roi des
Philistins, ayant appris que ceux d'Abraham
avaient creusé des nuits sur la frontière de
leur pay5, vinrent leur faire une querelle,
et s'emparèrent de force du puits princi-
pal. Et Abimélech, ayant connu cette chose,
alla trouver Abraham avec Phicol, général
de son armée, et vingt hommes de ses gens,
pour s'entendre avec lui au sujet de ce qui
s'était passé. Abraham gourmanda Abimé-
lech à cause de la violence dont ses servi-
teurs avaient u>é. Le roi dit à Abraham :
Vive Jéhova qui a créé toute la terre I ce
n*est que d'aujourd'hui que je suis exacte-
ment instruit de ce que mes serviteurs ont
fait aux tiens. Et Abraham offrit à Abimé--
lech sept brebis, en lui disant : Accepte-les,
je te prie, de ma main, afin que ceci me ser-
ve de témoignante que c'est moi qui ai creusé
ce puits. Et Abimélech prit les sept brebis,
auxquelles Abraham ajouta du gros et du
menu bétail en grande quantité. Et Abimé-
iocti confirma par serment à Abraham la pro-
priété du puits. Ensuite ils se jurèrent une
alliance réciproque. C'est pourquoi Abra-
(1238) Il paraît qa*A(^ar est morte entre la pre-
mière et la seconde visite d* Abraham à la teuie
d*l«in»èl au désert.
ham nomma ce puits Bersabée (1239). Abi-
mélech s'en ristourna avec les siens dans
son pays. Abraham resta à Bersabée, où il
demeura longtemps. Et ses lentes arrivaient
jusqu'à Hébron.
Abraham planta un grand bosquet à Ber*
sabée, et il y ouvrit quatre entrées en treille
de vigne vers les quatre vents du monde, afin
que tout voyageur pût y arriver de son côté
pour boire et manger jusqu'à satiété, et puis
continuer sa route. Car la maison d'Abra-
ham était ouverte à tout venant. Celui qui
Avait faim et soif y trouvait à manger et à
boire; celui qui était nu et dépourvu, des
vêtements et de l'argent. Et Abraham prati-
quait cette chose tous les jours, et prêchait
à chacun la croyance en Jéhova qui l'avait
créé sur la terre.
Nachor, frère d'Abraham, et son père,
étaient restés à Haran ; car ils n'étaient pas
entrés avec Abraham en Chanaan. Nachor
eut à Haran des enfants, nés de son épouse
Melchn, fille d'Arau et sOeur de Sara. Et voici
leurs noms : Uns, Bus, Camuël, Cased, Azo,
Pheldas, Jedlaph et Balhuël.Sa concubine,
appelée Roma, lui enfanta Tabée, Gaham ,
Taas et Maacha. Tous les fils de Nachor fu-
rent donc au nombre de douze sans compter
les filles. Ceux-ci eurent à leur tour des en-
fants à Haran. Les enfants de Hus, l'aîné de
Nachor, furent Abiharaph, Gaddin et Mé-
los (ISM), et leur sœur Debora. Les enfants
de Bus : Barachiel, Noëmath, Savé et Modno.
Les enfants de Camuël : Aram et Rohob. Les
enfants de Cased : Anamélech, Mésar, Bonon
et Jephi. Les enfants d'Azo : Pheldas, Jami*
chi et Aphar. Les enfants de Pheldas : Arod,
Amoram , Merid et Milach. Les enfants de
Jedlaph : Mosan, Chisan et Mosi. Les enfants
de Bathuël : Sachar et Laban avec Rébecra
leur sœur. Ce sont là les familles des en-
fants de Nachor. Aram, fils de Camuël, et
Rohob son frère, émigrèrent de Haran avec
leurs femmes et leurs enfants; et ayant ren-
contré une vallée auprès du fleuve de l'Eu-
phrate, ils y bAtirentune ville qu'ils nom-
mèrent Photnor, du nom de Phothor, fils d'A-
ram. Et cette ville est dans la Mésopotamie
jusqu'à ce jour. Les enfants de Cased allè-
rent de leur c6té à la recherche d'un lieu
d'habitation, et ils trouvèrent une vallée eu
face du pays de Sennaar, et ils y bâtirent
une ville qu'ils nommèrent du nom de Ca-
sed leur père. Et ceci est le pays des Cas-
dim (12U) jusqu'à ce jour. Et ils y fructi-
fièrent et multiplièrent extrêmement.
Tharé, père de Nachor et d'Abraham, so
remaria dans le temps de sa vieillesse, et il
prit une femme du nom de Phelila. Elle con-
çut et lui enfanta un Uls qu'il nomma Soba<
Après avoir engendré Sol»a, Tharé vécut en-
core vingt*cinq ans, et il mourut eu la trente-
cinquième année de la naissance d'isaac, fils
d'Abraham, et il fut enterré à Haran. Et tous
les jours de Tharé furent de deux cent ci k\
(1239) Bersabée, ynuT *uO, puits du jurement.
(1240) Version judkïque, Métchaph, nv^Q.
(1241) Casdim, DH», les Ch.ildécns,
1139 DICTiOiNNAlRE DES
an/. Soba» ûls de Tharé, engendra» k Tâge
de trente ans, Aram, Aciaû et Meric. Aram,
fils de Soba, eut trois femmes, et il engendra
douze fils et trois filles. Et Jéhora gratifia
Aram, fils de Soba, de grandes richesses en
troupeaux et en objets précieux. Or, ne trou-
vant pas suffisamment de pAturage dans la
région de Haran, il en partit avec ses frères
et res enfants de Nachor, leurs narents, pour
chercher une autre terre. Et ils trouvèrent
une vallée au delà du pays d'Orient, et ils
s'y établirent et y bâtirent une ville qu'ils
dénommèrent du nom de leur frère aîné,
Aram. Et ceci est Aram-Soba (12/»2) jusqu'à
ce jour.
Sacrifice d^Abrabam (1241).
Isaac allait toujours grandissant, et Abra-
ham son père l'instruisait dans la connais-
sance de Jéhova et de ses préceptes. Il
avait atteint Tâge de trente-sept ans lorsque
Ismaël , qui allait et venait avec lui, se van-
tait contre lui, disant : J'avais treize ans lors-
que je me suis laissé circoncire, et j'ai ex-
posé ma vie pour accomplir le précepte que
Jéhova avait donné % mon père. Isaaciui
répondait : Tu te vantes contre moi pour
avoir, par obéissance à l'ordre de Jéhova,
retranché de ton corps un peu de peau su-
perflue. Vive Jéhova , Dieu de mon père
Abraham l S'il disait à mon père : Prends
Isaac et me le sacrifie en holocauste, non-
seulement je ne m'y refuserais pas, mais je
m'y prêterais avec ioie. Jéhova entendit
ces paroles, et elles lui plurent. Et il réso-
lut d'éprouver Abraham en cette chose. Et
il arriva un jour que les enfants de Dieu
(ISU.), étant venus pour se tenir devant Jé-
bova , Satan , l'adversaire des enfants de
l'homme, y vint aussi. Et Jéhova (12tô) lui
demanda : D'où viens-tu? Il répondit : Je
viens de planer par toute la terre. Et Jého-
va lui demanda : Qu'as-tu à me rapporter
de SCS habitants? Satan lui réj-ondit : J'ai
lemarqué qu'ils pensent à toi, te servent et
l'invoquent quand ils ont besoin de quelque
chose; mais, l'ont-ils obtenu? ils te négli-
gent et te mettent eu oubli. Regarde cet
Abraham, fils de Tharé. Tant qu'il désirait
que tu le rendisses père, il t'élevait des au-
tels partout où il passait, et t'v ofi'raitdes
sacrifices, et il ne cessait de prêcher ton nom
aux habitants de la terre. Mais maintenant
qu'est né son fils Isaac, il te néglige. Voici
qu'il a ofi'ert un grand banquet à ses amis';
mais pour Jéhova, il n'a pas pensé à lui;
car, de tant de bestiaux qu il a tués à l'oc-
casion de la fête du sevrage de son enfant,
il ne t'a offert en holocauste ou en hostie
pacifique, ni un bœuf, ni une brebis, ni une
chèvre , ni même une couple de pigeon-
(iâi2) C est-à-dire, la Syrie de Soba. Voy. //
Sam. VIII, 3; I, 6.
(1245) Les détails qui suivent, vraiment drama-
tiques, sont épars dans les Médraschim, dans la
paraphrase chaldaïque de Jonathan, dans les cha-
pitres de R. Eliéser et autres livres anciens. Ils ont
éié insérés en mnieure partie dans le livre hébréo-
(crmain ïteéna-vréna.
APOCRYPHES.
1140
neaux (1246). lin outre, depuis le joar où fl
lui naquit ce fils , et il y a de cela aujour-
d'hui trente-sept ans, il n*a plus érigé un
seul autel en ton honneur. Il te met efi oq-
bli parce quMl ne lui reste rien k te deman*
der. Jéhova dit à Satan : As-tu conTeoabte-
ment fixé ton attention sur mon serTîteur
Abraham? Car il n*a pas son pareil sur la
terre. C'est un homme simple el droit de-
Tant moi, craignant Dieu et évitant le mal.
Par ma viel si je lui disais : Sacrifie-moi ton
fils Isaac, il ne me le refuserait pas ; k plus
forte raison, si je lui demandais un holo-
causte de ses brebis ou de ses bœuEs. El Sa*
tendit : Essaye » et tu verras s'il ne te dés-
obéira pas.
En ce temps-lk, le Verbe de JébOTt fut
à Abraham (1247), et il l'appela : Abraham 1
Et Abraham répondit : Me Toici. Et il dit :
Prends ton fils, ton enfant unique, ton bien-
aimé fils Isaac, et va-t'en avec lui aa pays
de Horia, et là, tu me le sacrifieras sur celle
des montagnes oti t'apparattra la gloire de
Jéhova au milieu d'un nuage. Et Abraham
entra dans sa tente et s'assit devant Sara et
lui dit : Voici que notre fils est grand. Il
aurait dû apprendre depuis longtemps tout
ce qui a trait au culte de Dieu. Dès le matin
de lajournée de demain, Je leconduirai k Té-
colede Sem et de son fils Héber. Sara ré|M>n-
dit : Tu dis bien, mon seigneur; fais ainsi
que tu proposes. Mais, je te prie, ne m'en
sépare pas pour beaucoup de jours, car
mon &me est étroitement liée k son âme.
Abraham lui dit: Ma fille, supplie Jéhova
notre Dieu de nous favoriser de sa béni-
gnité. Et Sara veillait toute la nuit, pleoraot,
baisant son fils, le pressant contre son sein«
le recommandant à la sollicitude d'Abra-
ham. Elle disait plus de sept fois (iîto) :
Je te prie, mon seigneur, prends garde à crt
enfant unique; n'Ate pas ton œil de dessus
lui tout le long du chemin. Dès qu'il aura
faim, donne-lui à manger; dès qu'il aura
soif, fais- le boire. Ne le laisse pas marcher
à pied, ni s'asseoir au soleil. Ne lecontretJi»
en rien. Le matin venu, elle revêtit son ti.s
de la meilleure et de la plus belle des robes
que le roi Abiméloch lui avait données , -t
oNe mit sur sa léte une coiffure qu'elle orna
d'une pierre de grand prix. Elle préfKira
aussi des provisions de tout ce que son ti:»
aimait le plus. Abraham, Isaac et les serti-
teurs qui les accompagnaient sortirent de la
tfnte et se mirent en chemin. Et Sara leur
faisait la conduite, et baisait son fils, et ne
cessai t d e pousser des cris et des lamentations ;
etelledisaitenpleurant'.Quisaitsijelereter-
rai jamais, ,ô mon fiist Alors Abraham lui
dit : Rentre à l'instaut dans ta tente. Et cooi*
me on entendait encore de loin Sara qui
(I2U) Les anges.
(l!245)Cr. Jo^, chap. i,n.
(l<246) Le sacrifice des pauvres. ¥oy. Ldtu.^
Cli:tp. V.
(1247) Ainsi le texte à la lettre : mr nfft HKI
DTI2M Sh.
(Vik%) Nombre pluriel indcteraùaé.
1141
lAb
FAhK 111.— LhGËND£S ET FRAGMENTS.
YAS
1l4i
pleurait dans sa tente, Abraham se mit à
pleurer, et les serviteurs pleuraient, et Isaac
pleurait (1249). Et Sara se tenait dans sa
tente, et elle était dans l'affliction, et elle
parlait de son fils à toutes ses servantes et
à tous ses serviteurs.
Après la marche d*une journée, Abraham
garda auprès de lui, pour le servir, seule-
ment Ismaël, fils d*Agar, et son serviteur
Eliéser. Or, chemin faisant, ces deux hom-
mes s'entretenaient en cette manière. Is-
maël. dit : Voici qu'Abraham mon père va
pour sacriGer Isaac en holocauste, selon Tor-
dre de léhova. A son retour, il me dési-
gnera pour être son héritier, car je suis son
premier-né. Mais Eliéser lui objecta, di-
sant : N'est-il pas vr»i qu'Abraham t'a chas-
sé avec ta mère, et a juré que tu n'hériteras
d*aucune partie de son bien? A qui laissera-
t-il ses richesses, si ce n'est à son serviteur,
qui est le fidèle de sa maison, qui, la nuit
comme le jour, a touiours été attentif à
exécuter sa volonté et a satisfaire ses dé-
sirs (1250)?
Abraham était en marche lorsque Satan,
sous la figure d'un vieillard à cheveux blancs
et à l'air vénérable, s'approcha de lui et lui
dit : Es-tu fou ou imbécile d'aller en ce
jour immoler ce fils unique, enfant des der-
niers jours de ta vie? Tu te figures que c'est
un ordre de Jéhova, détrompe-toi; c'est
une illusion : car Jéhova est bon et n'est
point cruel. Mais Abraham ne tarda point à
reconnaître qu'il entendait les paroles insi-
dieuses de Satan. Et il le gourmanda en ter-
mes durs, et le vieillard disparut à ses yeux.
Et voici venir derrière Isaac un jeune hom-
me d'un extérieur élégant, et il lui dit se-
crètement à l'oreille : Tu ne sais pas, et
l'on ne t'en a pas averti, que ton vieux père,
dont la tôle s'égare, te mène jusqu'à un lieu
où il doit t'égorger, contre toute raison.
Maintenant, mon ami, ne te laisse pas faire;
car ses sens sont affaiblis. Ne sacrifie pas
inutilement ta jeunesse et la beauté ravis-
sante de ton corps, le t'enseignerai à jouir
gaiement de la vie. Et Isaac dit à Abraham :
Mon père, as-tu entendu le jeune homme?
Abranam lui demanda : Quel jeune homme?
Car il no voyait point Satan. Et Isaac, éten«
dant le doigt de la main, répondit : Celui-ci.
(1249) D'après le texte, Isaac s*avise le dernier
de plearer, circonstance qui nous a toujours frappé.
11 y aurait ici lieu de faire une observation qui
■rappariient pas à Tobjel de nos noies. Nous ciie-
rons cependant ce mot remarquable d*un sage de
rOrient : Dans la famille, Famour qui monte (ajou-
tez, et quand il monte; c'est-à-dire, des enfanis
aux parents) ne saurait se comparer à celui qui
descend.
(1250) n y a de quoi rougir de notre espèce quand
on voit, comme ici, le cœur humain dans soq dés-
habillé. Encore une fois, nous faisons des notes
critiques et nonMnorales; nous voulons seulement
conclure que ce passage appartient aux fragments
nnciena, h Tun de ces prophètes qui d*un seul trait
de pinceau ukontraieut à nu toute la misère du cœur
lin main. Cf. Genè$e^ vi, 5.
(1251) Filii vestri, dit Notre-Seigneur, in quo
eiiciuttt (Beetzebub)! Matih. xu, 27.
Il m*a dit ceci et cela. Et Abraham maudit
Satan au nom de léhova, et le jeune hom-
me s*évanouit de devant les yeux d'isaac
(1251). Et ils continuaient à marcher, et voi-
là qu'ils rencontrèrent sur leur chemin un
torrent large et profond, qui roulait ses eaux
avec fracas. Ils y entrèrent pour passer au
bord opposé. Et I eau enveloppait leurs jam-
bes. Et ils arrivèrent au milieu du courant,
et voici que l'eau montait, montait rapide-
ment, et atteignait jusqu'à leur menton : et
ils pensèrent être noyés. Alors Abraham,
rappelant ses souvenirs, dit: Je connais ce
pajTS d'hier et d'avant-hier (1252) ; il n'a ja-
mais coulé en ce lieu ni rivière ni torrent.
C'est rimpie Satan qui s'est changé en eau
pour arrêter nos pas. Et il le gourmanda et
lui cria : Que Jéhova te réprime, Satan!
Laisse-nous, car nous voyageons poiM* faire
la volonté de notre Dieu. Alors une vapeur
légère s'éleva en l'air, et l'endroit où po-
saient leurs pieds était, comme par le temps
passé, de la terre sèche couverte de pous-
sière (1253).
Or, le troisième jour, Abrabnin, en levant
les yeux, reconnut la montagne que Dieu
lui avait signalée. Une épaisse nuée en cou-
vrait la cime, et la gloire de Dieu apparais-
sait au milieu. Et Abraham dit à Isaac :
Aperçois-tu comme moi quelque chose sur
cette montagne? Isaac répondit: J'y vois
dans un nuage épais l'éclatante gloire de
Jéhova. Alors Abraham connut que son fils
était agréé devant Jéhova pour lui être of-
fert en holocauste. Il dit ensuite à Eliéser
et à Ismaël : Voyez-vous sur cette monla-
gtie ce que nous y voyons? Ils répondirent:
Nous n'y apercevons rien du tout : elle est
comme les autres montagnesde toute la terre.
Abraham comprit qu'il n'était pas agréa-
ble devant Jéhova que ces hommes en ap-
prochassent. Et il leur dit : Arrêtez-vous ici
avec Tûne tandis que j'irai aveclsaac jusque-
là, où nous nous prosternerons devant Jé-
hova, après quoi nous reviendrons à vous.
Et Abraham prit le bois qui devait consu-
mer l'holocauste, et le chargea sur Isaac. Il
portait lui-même le feu et le couteau sacri-
ficatoire. Pendant qu'ils marchaient vers le
lieu, isaac dit : Mon père, voici le feu et voi«
ci le bois. Où donc est l'agneau? AbrabaiQ
(135i) Depuis longtemps.
(Ii53) A leur jour de Tan, vers le milieu de sep-
tembre, les Juifs vont encore maintenant réciter
les trois derniers versets du prophète Michéc {et
proiicUt in profundum waris omnia peccata nostra)
au bord d*un courant d*eau, eu mémoire, dit le
rituel, de ce que le démon s*est chance en torrent,
pour opposer un obstacle à Abraham lorsqu^il allait
sur la montagne de Moria offrir son fils en hôlo«
caoste à Jéhova. Voy. le Minhaghim, article, Ho$ch-
Hatschana, et le lladraUi'Qodescn du Makhzor.
Depuis ce jour jusqu^à la fé(e du Kippur, c^est
pour la synagogue un temps de pénitejice et de
propitiation pendant lequel elle invoque'conslam-
ment le mérite du sacrifice volontaire dîsaac, fi-
gure la plus parfaite du sacrifice, seul méritoire,
du divin Agneau immolé sur le Calvaire, que 1*09
croit être la montagne de Moria.
I4<8
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Itil
répondit : Mon fils, c'est toi-roème que lé-
hova a daigné choisir pour lui être onert en
holocauste sans tache. Et Isaac repartit :
Tout ce que Jéhoya ordonne, je le ferai
avec joie et de bon cœur. Abraham reprit r
Mon fils, 7 aurait-il dans ton cœur Une seule
pensée contraire? Dis-le-raoi et ne me ca-
che rien. El Isaan protesta : Vive Jéhoval
ô mon père, et vive ton ftme, ii n*y a rien
dans mon cœur qui décline à droite ou à
gauche touchant la chose une Jéhova Ta
commandée', si ce n'est, Béni soit Jéhova
qui a voulu de moi I Ces paroles comblèrent
de joie Abraham. Et ils arrivèrent au lieu
marqué , et ils préparèrent toutes choses.
Abraham construisit Tautel , Isaac lui pas-
sant les pierres et le ciment. Et après avoir
rangé symétriquement les bûches sur Tau-
tel, Abraham se disposait à y placer Isaac
pour rimmoler. Celui ci lui dit : Mon père,
étreins-moi en me liant, de peur qu*en sen-
tant le fer dans ma chair, je ne m*agite et
ne me débatte, et ne rende ainsi le sacrifice
illégitime et invalide. Quand la victime sera
consumée, tu recueilleras ce qui restera de
mes cendres, et tu le porteras à ma mère, et
tu lui diras : Voici Todeur agréable de ton
fils Isaac (1254). Maintenant, hAte-toi, exé-
cute la volonté, de Jéhova notre Dieu. Et
Abraham était à la fois heureux du dévoue-
ment de son fils, et oppressé jusqu'au fond
de son flme paternelle. Son œil pleurait amè-
rement, et son cœur était dans une joie
sainte. Jsaac était lié et eouché sur Tautel ,
tendant le cou, et Abraham mettait la main
au couteau, lorsque les anges de la miséri-
corde s'avancèrent jusqu'au trône de Jého-
va et demandèrent grâce pour la vie d'I-
saac qui s'offrait en victime volontaire è sa
gfoire divine. Alors Jéhova (1255) apparut
a Abraham, et lui cria du ciel, disant : Abra-
ham, ne porte point la main sur le jeune
homme, et ne lyi fais pas la moindre lésion;
car je sais maintenant que tu crains Dieu,
puisque tu ne m'as pas refusé ton fils uni-
que. Et Abraham, levant les yeux, aperçut
un bélier. Or Jéhova Dieu avait formé ce
bélier depuis le jour où il fit le ciel et la
terre, et l'avait réservé pour ô're substitué
en holocauste h la place d'isaac. Et le bélier
levait les pieds pour se livrer h Abraham;
mais Satan lui opposa un buisson touffu, et
embarrassa ses cornes dans les branches en-
trelacées de la plante. Abraham alla le dé-
f;ager et l'immola en l'honneur de Jéhova.
i aspergea l'autel avec le sang de la victime
en disant : Ceci est en lieu et place de mon
fils. Et de même à chacune des fonctions du
sacrifice, il répétait : Ceci, en lieu et place
de mon fils. Jétiova agréa le sacrifice d isaac
dans le bélier (1256), et il bénit en ce jour-là
(1254) Lorsque le corps adorable de la victime
du Calvaire, détaché de la croix, fut déposé dans
les bras de sa virginale et immaculée Mère, une
Tni\ devait lui dire : Voici Todeur agréable de ion
Fils.
Odenr n^r^afr/e, est l'expression d a texte biblique
nr^ rp"^, oui veut dire, Sacn/lre agréable à Dieu.
(1155) Lange de la Settcte zxif, 11, était donc
Abraham et toute sa postérité après lui.
CependantSatan, sous la figure d un vieil-
lard a cheveux blancs et à Tair sérient ei
composé, se présenta à Sara et lui dît : le (?
plains, Sara. Tu ignores tout ce qu^Abrahaii)
a fait aujourd'hui h ton fils Isaac. 11 Ta i.*.-
et immolé sur un autel sans pi lié, sans arr^
ter le regard sur lui, malgré les pleurs et I^a
cris de ton enfant chéri, et malgré sa ré5i«-
tnnce jusqu'à la fin. Et il répéta une second
fois les mAmes paroles de mensonge, et$*en
alla. Sara pâlit, et un tremblement agita tOQ<
ses membres, et elle laissa tomber sa (èie
dans le giron d'une servante et demeura im-
mobile comme une pierre. Elle éleva ensuite
la voix et pleura avec grand bruit, et se lais-
sait tomber par terre, et jetait de la poos-
sière sur sa tête, et se répandait en lamen-
tations. Et elle se leva avec ses servantes et
ses serviteurs, et alla s'enquérir d'isaac i h
maison de Sem et d'Héber, et elle interro-
geait tous les passants; mais nnine \iOumi
la renseigner. Elle était arrivée jusqu'à Ca-
riath-Arbée qui est Hébron, et voici que le
même vieillard se présenta de nouveau d^
vaut elle, et lui dit : L'information que je
t'ai donnée n'est pas eiacte. Ton fils est en
vie, Abraham ne l'a pas égorgé. Et même
tous deux sont en marche pour venir te re-
trouver dan^ ta maispn. A ces paroles, elle
éprouva une joie excessive, et la joie lui lit
rendre I flme, et elle mourut et fut réuuie à
son peuple.
Abraham, après avoir terminé toutes cho-
ses sur la montagne de Moria, revint avec
Isaac auprès de ses serviteurs, et ils s'ache-
minèrent ensemble vers Bersabée, et arri-
vèrent dans leur maison. Et ils cherchèrent
Sara et ne la trouvèrent point. Et il leur fut
dit : Elle est allée jusqu'à Hébron pour foui
chercher ou s'informer oit vous étiez allés;
car on lui avait rapporté ceci et cela. Abra-
ham et Isaac, étant allés à Hébron, la trou-
vèrent décédée. Et ils élevèrent la voii et
pleurèrent beaucoup. Isaac se jeta sur la f^re
de sa mère et la baisait et pleurait, et s'é-
criait : Ma mère, ma mèrel pourquoi mV
bandonnes-tu?
Section Khaiyé-Sara.
Toute la vie de Sara fut de cent viogt-sert
ans. Elle mourut à Cariath-Arbée, qui est
Hébron dans le pays do Chanaan (1257). Kt
Abraham s'y rendit pour la pleurer et faire
ses funérailles. Et Abraham se leva de devant
la dépouille de son épouse, et s'adressaot
aux enfants d'Heth, il leur dit : Je suis par
mi vous étranger et habitant. Concédez-moi
la propriété d un tombeau pour enterrer «ds
morte de devant ma présence. Ils lui rép^m-
dirent : Voici que tout ce pays est devant
Jéhova luî-mémc. L'envoyé de Jébova, le TrrU de
Jéhova.
(ii56) Remplacé et représenté par le bâier.
(ii57) Là Bible passe sous silence eommeni Siri
mourut à Hébron Undis qoe son domicile ëuii %
Bersabée, c'est-à-dire, i une disUince d eoviroo bui
lieues de ctiez elle.
fila
TAS
PART. IIL— LEGENDES ET FRAGMENTS
TAS
I14C
loi. Enterre (a morte dans le meilleur de nos
sépulcres; car nul oe te le refusera. Abra-
ham dit : Puisque vous êtes si bien disposés,
intercédez pour moi auprès d*Ephron, fils
(le Séor, aGn au*il m'accorde la caverne dou-
ble qui est à lextrémité de son champ. Je la
lui payerai tout le prix qu*il demandera. Et
£;>hroD, alors assis au milieu des enfants
(J'Hetb, dit à Abraham : Ton serviteur est
prêt h le complaire en tout ce que tu dési-
rée Voici nue le champ et la caverne sont
devant toi. Tu en donneras ce qu'il te plaira.
Abraham 4uî dit : Non pas ainsi; mais je
Teiii acquérir» movennant leur prix com-
plet, la caverne et fe champ comme posses-
sion éternelle, pour en faire un lieu de sé-
pulture. Et Ephron et tous ses frères consen-
tirent à cette proposition. Aussitôt Abraham
pesa entre les mains d'Ephron quatre cents *
sicles d'argent. Et la vente fut écrite sur
une feuille revêtue de leurs sceaux, ainsi
que du témoignage de quatre témoins, dont
les noms étaient: Amigal,fils d'Abisué, Hé-
théen; Elihoran, Dis d'Asunas, Hévéen; Ab-
(ion.Qls d'Abira, Gomérien (1258); Actil, fils
d\\bidès,S:donien. Lorsque l'acte de la vente
eut été authentiqué , selon la coutume,
Abraham enterra avec de grands honneurs
Sara, vêtue magnifiquement. Sem, fils de
Noé, avec son fils Héber, Abimélech, Aner,
Escol et'Mambré, ainsi que tous les grands
du pajs, suivaient le convoi. Abraham fit
durer le deuil pendant sept jours, après
lesquels il envoya Isaac à la maison de Sem
et d'Héber, pour y être instruit dans la doc-
trine de Jénova. Et Isaac y demeura trois
ans. Et Abraham retourna avec tous ses
serviteurs à Bersabée, lieu de son habita-
tion.
Après un an révolu, vint à mourir Abi-
mélech, roi des Philistins. Il était Agé do
cent trente-neuf ans. Et Abraham se trans-
porta avec tous ses hommes au pays des Phi-
listins pour consoler la maison d'Abinié-
Icchettous ses serviteurs, après quoi il s'en
retourna chez lui. Et Abimélech étant mort,
tous ceux de Gérare prirent son fils Nem-
lacti, âgé de douze an<^, et le firent régner à
la place de son père. Et ils lui imposèrent le
nom d'Abimélech; car, selon la coutume de
(iérare, tous les rois portaient le nom d'A-
bimélech. Et Lot aussi mourut en ces jours-
là, dans la trente-neuvième année d'isaac,
fils d'Abraham. Et tous les jours de Lot
lurent de cent quarante-deux ans.
El voici les fils de Lot, nés de ses filles :
Moab, l'aîné, et Ben^Ammi (1259). Ceux-<!i
prirent des femmes du paj^s de Chanaan, et
eurent des enfants. Les enfants de Moab fu-
rent : Her, Menïon, Tharsin et Canvil. Ce
i^onl ]h les quatre patriarches des Moabites
JMsqu'à aujourd'hui. Les enfants de Ben-
Ammi : Gérim, Hison, Rabboth, Selon, Aï-
non et Meïom. Ce sont les six patriarches
(1258) Gomérien, c des enfants de Gomer. i Ver-
t>\on jud. : c Géraréen, de la ville de Gérare. > La
ii^m du leite hébreu est phis probable.
(t259j Btn-Ammù c'est-a-Jire lils de mon peup!e,
des Ammonites jusqu'au présent jour. Les
diverses familles des enfants de Lot sa
mirent en quête d'autres pays, car elles
étaient devenues trop nombreuses pour de-
meurer ensemble; et elles s'établirent dans
des régions de leur convenance et y bâtirent
des villes qu'elles dénommèrent de leurs
propres noms.
En ce temps-là mourut Nachor, fils de
Tbaré et frère d'Abraham, dans la quaran-
tième année de la vie d'isaac, et il fut en-
terré h Haran. Et tous les jours de Nachor
fhrent de cent soixante-douze ans. Et ap-
prenant la mort ce son frère, Abraham en
fut extrêmement affligé, et il regretta long-
temps son frère.
Abraham fit venir devant lui Eliéser, son*
principal serviteur et intendant de sa mai-
son, et il lui dit: Voici que je suis devenu
vieux et avancé en Age, et j'ignore le jour de
ma mort. Va donc chercher pour mon fils
une femme h Haran, dans la famille et dans
la maison de mon père. Et je t'adjure de ne
jamais choisir pour mon fils une des filles
du peuple de ce pays de Chanaan, au milieu
duquel nous habitons. Jéhova, Dieu du ciel
et de la terre, qui m'a retiré de la maison
de mon père, pour m'amener ici, et qui
m'a promis de donner à ma postérité ce
pays en possession éternelle , enverra lui-
même son ange devant toi pour que tu réus-
sisses dans ton voyage. Eliéser dit à son
maître : Si la femme que je trouverai dans
ta parenté refuse de me suivre jusque dans
ce pays-ci, ramènerai-je ton fils au pays de
ta naissance? Abraham lui répondit : Garde*
t'en bien; Jéhova, devant qui j'ai cons-
tamment marché, fera réussir l'objet de ton
voyage. Et Eliéser s'engagea par serment de
se conformer à tout ce que son maître lui
prescrivait. Il prit dix chameaux de ceux
de son maître, et partît pour Haran, la
ville de Nachor et de Tharé. El Abraham en-
voya chercher è la maison de Sem et d'Hé-
ber Isaac qui revint chez son père à Bersa-
bée. Cependant Eliéser et les hommes qu'il
avait avec luiarrivèrent auprès de Haran»
et ils s'arrêtèrent hors de la ville près d'une
fontaine, où ils firent reposer les chameaux.
Là Eliéser invoqua l'assistance du Dieu de
son maître. Et Jéhova l'exauça eh faveur
d'Abraham son fidèfe serviteur, et il fit arri-
ver auprès de lui la fille de Bathuel , fils de
Melcha, femme de Nachor, frère d'Abraham ;
et elle amena Eliéser h ses parents. Eliéser
apprit à ceux-ci qui il était et l'objet de sa
mission. El ils s'en réjouirent beaucoup, et
bénirent Jéhova d'avoir ainsi disposé ila
chose, et ils lui accordèrent Rébecca pour
devenir l'épouse d'isaac. Or la jeune fille
était d'une grande beauté, vierge parfaite.
Agée en ces jours-là de dix ans. Bathuel et
ses fils, Laban et Sachar (1260), préparèrent
un festin, et Eliéser et ses hommes s'y as-
csi synonyme de Ammon. Voy. Gen, xix. 38.
(liéO) Ce personnage n'est pas nommé d;ins la
Bible. Nous avons vu plus b^ut col. 115Hque <^é*
taii le frère de Laban et de Kébccca.
fU7
nicnoNNAniE des apocryphes.
11(1
sirent. Et ils mangèrent et burent paiement
tout cesoir-)à. Le lendemain malin, Elié-
ser appela toute la faraiHe de Bathuel, et
dit : Congédiez-moi pour que je retourne
▼ers mon mattre. Et ils firent partir avec lui
Bébecca, accompagnée de sa nourrice Débo-
ra, fille de Hus, et lui donnèrent (1261) de
l'or« de Targent, des serviteurs et des ser-
vantes» et la bénirent. Et Eliéser revint au
pays de Chanaan auprès de son mattre. Isaac
prit pour femme Rébecca, et Tintroduisit
dans sa tente. Or Isaac était A^é de qua-
rante ans lorsqu'il épousa Rébecca» fille de
Bathuel, son cousin germain.
En ce temps-là t Abraham dans sa vieil-
lesse se remaria atec une femme du pays
de Chanaan, nommée Céthura. Elle lui enranta
Samram, Jecsan, Madan, Madian, Jesboc te
Sué. Les enfants de Samram furent : Abihan,
Molich et Méria ; les enfants de Jecsan : Sa-
ba et Dadan ; Ihs enfants de Dadaa : Amida,
Job, Gohi, Elisée et Nolhah(1262j ; les enfants
de Madian : Epha, Opher, Hénoch, Abida et
Eldaa ; les enfants de Jesboc : Machiri, Bi-
diia et Thathir. Les enfants de Sué : Beldad,
Hemdad, Monan et Méban. Ce sont \h les en-
fants qu*Abraham THébreu eut de Céthura
la Chananéenne. Abra!iam les renvoya tous
avec des présents, les éloignant d'Isaac son
fils. Et ils allèrent vers la montagne de 1*0-
rient, et là se bâtirent six villes quMIs ha-
bitent jusqu'à ce jour. Mais les enfants de
Saba et de Dadan, avec ceux de Jecsan, ne
s'établirent pas avec leurs frères dans des
villes. Ils sont nomades dans diverses con-
trées et dans les déserts, jusqu'à ce jour. Les
enfanis de Madian, fils d'Abraham , prirent
à l'Orient vers le pays de Cutha, et y ren-
contrèrent une grande vallée, et ils s'y ar-
rêtèrent et y bâtirent des villes qu'ils habi-
tent jusqu'à ce jour. Et ceci est le pays de
Madian. Et voici les noms des enfants de
Madian selon leurs divisions et leurs villes :
Eplia, Opher, Hénoch, Abida et Eldaa. Les
enfants d'Epha furent : Méthah, Mésar, Evi
et Salua. Les enfants d'Opher : Ephron,
Sur, Aliron et Médon. Les enfants d'Hénoch :
Rasuël, Uecem, Ozi , Eliosab et Haled. Les
entants d'Abida : Hur, Malur, Carvel et
Molhi. Les enfants d'Ëldaa : Roé , Jachir,
Réba, Malhia et Gabul. Ce sont là les fa-
milles desMadianites, répandus dans le pays
de Madian.
Et voici les générations d'Ismaël, fils d'A-
braham. Lsmael épousa une femme du pays
d'Egypte, nommée Mériha, et elle lui onianta
Nabaïoth, Cédar, Adbéel, Mabsam, et leur
sœur Basemath. Mais Ismaël chassa Mériba,
parce qu'elle lui déplaisait beaucoup, ainsi
qu'à son père Abraham; et elle s'en alla et
retourna en Egypte (1263). Ismaël prit en-
sQTte une femme du pajrs de Clianaan, nom-
mée Malchith, et elle lui enfanta Masoia, Du*
ma, Massa, Hadar, Tbema, Jéthur, Naphiset
Cedma. Ces douze fils d'Ismaêl devinrentdes
chefs de familles, et ils se répandirent dans
la suite sur la face de la terre, auprès du dé>
sert de Pbaran. Leurs établissements s'éteu-
daient depuis Hevila jusqu'à Sur qui est en
face dupays d'Egypte sur la route d'Assyrie.
Ismaël et ses enfants demeuraient dans ces
contrées et s*y multipliaient prodigieuse-
ment.
Et voici les noms des fils de Nabaïoth,
premier-né d'Ismaël (1264) : Meud, Sojid et
Maaïon. Les fils de Céd/ir : Elion, Casem,
Hamed et Ali. Les fils d'Abdéel : Eaniud, h-
bim. Les fils de Mabsam : Abdia, Abd-Mé*
lech et Jetis. Les enfants de Masma : Sam-
roa, Secarion et Ohad : Les fils de Duiua:
Casem, Ali, Mahmad et Amad. Les fiis de
Massa : Malon, Mula et Abd-Adon. Les fiU
de Hadad : Nazur, Mensear et Abd-Hélech.
Les fils de Tbema : Sagir, Saadon et Icul
Les fils de Jethur : Meric, Jais, Ilui et
Phaïth. Les fils de Nanhis : At>d-Thao)ir,
Abioseph et Mir. Les fils de Cedma : Ckalif.
Thahthaï et Amir.
En ces iours-là, Rébecca, femme d'Isaar,
était stérile. Et Isaac revint auprès de son
père au pays de Chanaan (1265). Et Jéhou
fut avec Isaac et avec Abraham son père.
Vers ce temps-là mourut Arphaxao, fiisde
Sem , fils de Noé. Et tous les jours d*.^r*
phaxad furent de quatre cent Irente-buit
ans.
Section Tholedoth'Filskhaq.
Rébecca était encoN stérrle dans la cin-
quante-neuvième année d'Isaac. Et elle di' h
son époux : En vérité, mon seigneur, j'ai
entendu dire que Sara, ta mère, était au.^si
en un temps stérile, jusqu'à ce que mon sei-
gneur Abraham, ton père, uria pourele;
alors elle conçut de lui. Maintenant, toi
aussi, va et prie notre Dieu, afin que dans
sa miséricorde, il se souvienne de nous, et
qu'il m'accorde des enfanis. Isaac lui dit :
Mon père a déjà prié notre Dieu de multi-
plier ma postérité. C'est donc par toi que
cette stérilité nous afllige. Rébecca reprit:
De grâce, va cependant prier, toi aussi, et
Jéhova t'exaucera. Et Isaac obtem|>éra à la
demande do son épouse ; et i Is se le vèrent tous
denxetallèrentaupaysdeMoria, afin d'y prier
Jéhova et de le consulter. Et ils arriVerenl
en ce lieu-là. Et Isaac, se plaçant en face «io
sa femme, pria Jéhova daccomplir fiarei.'
Tassurance qu'il avait donnée à Abraham <ie
multiplier sa postérité cumme les étoiles du
ciel et comme le sable de la mer. Jéhofa
accueillit favorablement la prière d'Isaac,
(1261) nS I3nn, et donnèrent à elle.
(1262) Genèse xxv, 5 : Filii Dadan fuerunt, Aa-
SHrtvi, et Latuiim, ei Loomim.
(1263) Voy. plu» haut col. M^.
(1204) Plusieurs de ces noms ont clé conservés
par les ismaélitett. Uamed^ TCF], et llamud, et avec
le IN servile Mahoiad, l^TIG, est le ooiu de Maho •
met. Le nom iïAli est connu. AhdiiU Ahdiê {serti*
teur de Dieu) répondent à Abdallah (en iralie, ier>
viteur de Dieu.) De même, Abd-Adon ^saniieur <ia
Seiffneur), Abd-MéLech (serviteur du roi tfu cmO*^*
S 1265) Le texte oe nous apprend |ias où il ei^
ffl9
TAS
PART. HL— LEGENDES ET
TAS
II»
et Rébecca sa femme devint enceinte. Et il
arriva qu'ioia septième mois de sa grossesse,
les enfants commençaient à s*en(rechoquer
dans son sein; et elle eu était fort incom-
modée. Et elle interrogeait toutes les fem-
mes si elles avaient éprouvé pareille chose;
et elles répondaient que non. Alors elle se
plaignait, disant : Pourquoi cela m^arrive-
t*il a moi seule? Elle alla trouver Sem et
Héber pour les consulter et les prier d'inter-
céder pour elle auprès der Jéhova. Et elle
s^adressa pour la même chose à Abraham.
Tous lui répondirent de la part de Jéhova,
et lui dirent : Tu portes dans ton sein deux
enfants, deux nations, dont Tune sera plus
paissante que l'autre; Talné sera assujetti au
plus jeune. Lorsque ses jouFS pour la déli-
vrance furent accomplis, il se vériQa qu'elle
était mère de deux jumeaux, ainsi que lé-
bova le lui avait fait annoncer. Le premier
qui sortit était roux et tout velu comme une
pelisse. Et tous le nommèrent Esaii. En-
suite sortit le second dont la main tenait
serré le talon d'Esaii. C'est pourquoi on le
nomma Jacob (1266). Isaac avait soixante
ans lors de la naissance de ces enfants.
Or les enfants de Rébecca atteignirent
TAge de quinze ans,etdevinrentdesl)Ommes.
Esaû était d'un caractère artificieux et rusé,
exercé à la chasse dans les champs. Quant à
Jacob, c'était un homme simple, sage et ca-
sanier, se pénétrant de la doctrine de Jéhova,
et des bonnes leçons de son père et de sa
inère. Il restait volontiers dans sa tente, et
n'en sortait que pour mener paître ses bre-
bis.
Isaac demeurait avec toute sa maison au-
près d'Abraham son père, dans le pays de
Chanaan, conformément à ce aue Dieu leur
avait ordonné. Mais Ismaël sen était allé
avec tout ce qu*il possédait, et demeurait
dans le pays d'Héviia. Les enfants des cou*
cubines d'Abraham s'étaient retirés égale-
ment dans d'autres régions. Abraham avait
assigné pour l'héritage d'Isaac toutes ses ri-
chesses et tous ses eifets précieux. Il lui
commanda de rester Qdèle à Jéhova qui l'a-
vait assisté dans toutes les positions de sa
vie, bonnes et mauvaises. Il lui prescrivit
d'instruire ses enfants dans la doctrine de
Jéhova, et dans ses préceptes, pour n'en
dévier ni à droite ni à gauche, et de faire
continuer cet enseignement et cette obser-
vance des commandements de Dieu dans
toute la suite de sa deseendance, de siècle en
siècle. Abraham bénit ensuite Isaac, et lui
expliqua la doctrine de Jéhova.
En ce tentps-là, Jacob et Esaii ayàni TAge
de quinze ans, Abraham mourut âgé de cent
soixante* quinze ans, et fut réuni à son peu-
pie après une vieillesse prospère. Ses tils,
Isaac et Ismaël. Tenterrèrent dans la caverne
qu'il avait acquise d'Ephron métbéen en
(1260) Esaû. Wt fait. Jacob, yf:^\ de 3PV, ta-
(on.
(1267) Voy. plus haut col. iiOf.
1268) Voy, plus haui col. 1117.
1269j La Ocnè$e, xxv, 32, ruopo! le bien ces pa«
\
possession perpétuelle. Et tous les enfants
des concubines étaient venus prendre pari
aux funérailles de leur père ; de même aussi
tous les habitants de Chanaan avec leurs rois
et leurs chefs, et tous les habitants du pars
de Haran avec les princes et les grands du
peuple. Ensuite tous les habitants de Cha-
naan^ depuis les vieillards jusqu'aux petits
enfants, et tous ceux des autres pavs qui
avaient connu Abraham, Grent pour fui un
deuil d'une année entière ; car il avait été
bienfaisant envers tous , et s'était rendu
agréable à Dieu et aux hommes. Il avait ini-
tié les Chananéeos à la connaissance de Jé-
hova, et'leur avait appris à la servir.
Et, après la mort d Abraham, Dieu bénit
Isaac, son fils, et ses enfants. Et Jéhova fut
avec Isaac de la même manière qu'il avait
été avec son père.
Esaû allait, selon son habitude, fréquem-
ment à la chasse pour prendre du gibier.
Nemrod, roi de Babel, appelé aussi Amraphel,
avait également l'habiiude d*ailer chasser.
Or Nemrod était jaloux d'Esaii, et il cher-
chait sans cesse à le tuer. Il arriva un jour
qu'Esau étant à chasser dans les champs vit
venir Nemrod, accompagné de deux hommes»
dans un lieu isolé; caries gens du roi et ses
guerriers, chassaient de divers autres côtés.
Alors Esaû s'embusqua pour guetterNemrod.
Le roi, à la recherche de ses gens, passa au-
près d'Esaû caché. Esaû sortit aussitôt de sa
cachette, et tirant son glaive, il se jeta sur
lui et lui trancha la tète. Il combattit ensuite
les deux hommes du roi, qui appelaient les
autres guerriers è leur secours, et les tua
également. Quand il vit dans le lointain les
gens du roi accourir aux cris qu'ils avaient
entendus, il se bâta de dépouiller Nemrod
de la robe que son père lui avait laissée en
héritage , et à laquelle il devait sa puis-
sance (1267) et il s'enfuit à la ville, et cocha
la robe dans la maison de son père. Et ainsi
fut avéré le songe de Nemrod; car il fut tué
d'une manière humiliante par un descendant
d'Abraham (1268). Les officiers de Nemrod le
rapportèrent à Babylone, et l'enterrèrent
dans sa ville. Tous les jours de la vie de
Nemrod furent de deux cent quinze ans ; et
sa royauté avait duré cent quatre-vingt-cinq
ans. Après sa mort son royaume fut démem-
bré en plusieurs Etats ; car tous les çois qui
lui avaient été soumis reprirent chacun sa
première autorité, et les officiers de Nemrod
leur furent assujettis pendant longtemps.
Esaû était arrivé chez son père las et brisé
de la crainte de ceux qui l'avaient poursuivi.
Il était inquiet jusqu'à désespérer de la vie
et il dit à Jacob sou ftière : Puisque je vais
mourir (1269), à quoi me servira la primo-
géniture?£t Jacob agit avec adresse, mais
c*est Jéhova qui avait ainsi disposé les
choses, et il se fit vendre par Esaû son droit
rôles d'Ésaû : En morior^quid mihi proderuni pri-
mogenita î mais elle rie nous apprend pas ce qui
menaçait ta vie d'Esaù. Cëiail le meurtre du roi
de Babel. P.r contre, le Haschar ne dit pas qoe io
Drix de la vente éiait un plat de leniilles.
1151
blCflORNAlRE DES APOCRYPHES.
flK
d^itnesse» comme aussi sa part de la caYerne
double qa* Abraham avait acquise des enfants
d*Heth. Jacob écrivit larente surune feuille,
et tous deux y apposèrent leurs sceaux en
présence de témoins.
Dans Tannée de la mort d'Abraham Jéhova
amena sur le pays une grande famine, c*est
pourquoi Isaac se disposait à descendre en
Egypte, comme avait fait son père. Mais la
nuit suivante Jéhova lui apparut et lui dit:
Ne descends pas en Egypte. Va à Gérare au-
près d*Abiméiech, roi des Philistins, et restes-
y jusqu'à la cessation de la famine. Lorsque
Isaacfut arrivé k Gérare, les habitants du
pays remarquèrent combien Rébecca était
t>elle. Et quand ils interrogeaient Isaac au
sujet de sa femme, il leur répondait: C'est
ma sœur; car il craignait qu'ils ne lui 6tas-
sent la vie è cause d elle. Les princes du
Eays parlèrent à Abimélech avec éloge de la
eauté de la femme. Mais le roi ne fit pas
attention à ce qu'ils disaient , et ne leur ré-
pondit rien. Il retenait seulement que l'é-
tranger déclarait qu'elle était sa sœur. Au
bout de trois mois, Abimélech en regardant
Car la fenêtre de l'habitation d'Isaac, vit qu'il
adinsit familièrement avec Rébecca; car
Isaac demeurait en face du palais du roi. Et
le roi dit à Isaac : Quelle est cette chose que
tu nous as faite en disant de ta femme qu'elle
est ta sœur? Pour peu qu'un des principaux
de la nation se fût approché de ta lemme, tu
aurais été pour nous la cause d'un grave dé-
lit. Isaac réf)ondit : Je craignais ae perdre
la vie è cause de ma femme. Bientôt après le
roi fit amener en sa présence, par ses princes
et ses ofiiciers, Isaac et Rébecca , et il les fit
revêtir d'hahils^royaux et promener sur des
chevaux dans les rues de la ville. Et l'on pro-
clamait devant eux : Quiconque touchera À
cet homme ou h cette femme, sera puni de
mort. Et l'on ramena ensuite Isaac et Ré-
becca au palais du roi. Et Isaac allait s'en-
richissant toujours par la munificence d'A-
bimélech qui se souvenait de son alliance
avec Abraham; car Jéhova voulut qu'Isaac
trouvât grâce devant le roi et devant ses ser-
viteurs. Abimélech dit aussi à Isaac : Voici
que tout mon pays est devant toi. Demeure
oïl il te plaira le mieux, jusqu'à ce que tu
t*en retournes enChanaan.Etildonna à Isaac
des champs et des vignes dans les meilleures
terres; afin qu'il pût vivre jusqu'à la fin des
jours de famine de son pays. Isaac ayant
ensemencé ses champs, recueillit la même
année, par la bénédiction de Jéhova, une
moisson centuple. Cet homme devint fort
Euissant, possédant des troupeaux de menu
étail et de gros bétail, et de nombreux ser-
viteurs pour le labour. Lorsque les jours
de la famine furent passés, Jéhova apparut
à Isaac et lui dit: Lève-toi, retourne au pays
de Chanaan. Et Isaac revint à Hébron avec
tout ce qu'il possédait.
Quelque temps après, dans le courant de
la même année, Jacob et Esaù étant ftgés de
dix-huit ans, mourut Salé, fils d'Arphaxad.
Et tous les jours de Salé furent de aottr*
cent trente-trois ans. C'est aussi alors^jolsue
envoya son plus jeune fils è la ooaisoa de
Sem et d'Héber, afin qu'il y apprit la loi de
Jéhova dans sa totalité; et Jacob y demeura
l'espace de trente-deux ans. Quant k Esaû*
il ne lui plut pas d'y aller, et il resta dans ta
maison de son père. Il allait iournellemeot 4
la chasse pour prendre du gibier; mais il sa-
vait aussi faire la chasse aux cœurs des hom-
mes, pour les surprendre et les tromper:
car il était artificieux et rusé. Après bien des
jours, il alla chasser dans le pajn deSéir,
qui est le pays d'Edom, et il continuait à y
chasser pendant un an et quatre mois. En ces
lieux il vit la fille d'un Chananéen* nommée
Judith, fille de Beéri, fils d'Opber, d'entre
les familleii d'Heth, fils de Chanaan, et il l'a-
mena à Hébron, où résidait son père, ei il
cohabita avec elle. EtEsaû était âgé de qua*
rante ans lorsqu'il se maria.
En ce temps-lè, dans la cent dixième an-
née d'Isaac et la cinquantième de Jacob, mou*
rut Sem, fils de Noe k l'âge de six c^nts ans.
Sem étant mort, Jacob s'en revint auprès de
son père au pays de Chanaan. Dans la cio-
quante-sixième année deJacobdes hommes
arrivant de Haran informèrent Rébecca de
tout ce qui concernait I^ban, son frère. Adîna«
femme de Laban, comme aussi toutes ses
servantes, avaient été stériles, et il n'avait
point d'enfants. Mais Jéhova se soavf«it
d'Adina, et elle conçut et enfanta deux filles
jumelles (1270). Laban nomma l'alné» Lia«
et la putnéeRachel. Rébecca se réjouit beau-
coup en apprenant ces événements.
Or Isaac était devenu vieux et fort avancé
en Age, et la vieillesse avait obscurci ses
yeux, de sorte qu'il n'y voyait plus. El il
appela son fils Esaù et lui dit : Sors dans les
champs, et prends-moi quelque gibier, ei
fiiis m'en un ragoût, et porte-le-moi , afin
3ue je te bénisse avant ma mort, fisaii prit
onc ses armes et sortit à la campagne. Or
Rébecca avait entendu toutes ces paroles, ei
elle se hâta d'appeler son fil$ Jacob, et lui dit:
Ton père a ordonné è Esaù, ton frère, ceci et
cela ; je l'ai entendu moi-même. Maintenant,
toi, dépêche-toi et fais ce que je te commande
Va au troupeau,et apporte-moi deu x des mei I-
leurs chevreaux. Je les accommoderai, ei tu
les apporteras k ton père, oui en mangera et
te bénira avant le retour d Esaû. Et Jacoh fit
ainsi, et apporta le mets à son père. Isaac dit
à Jacob : Qui es-tu, mon fils? Il répondit:
Moi, Esau, ton fils aîné. J'ai exécuté ce que
tu m as ordonné. Maintenant, viens t*a$seoir
et mange de ma chasse, afin que tun âme m«
bénisse selon ta promesse. Isaac mangea t
but et devint de bonne humeur, et il t)éni.
Jacob. Celui-ci sortait de la présence de son
père lorsQue Ksnû revint de la campagne
avec du gioier. Il prépara aussi un ragoût,
et le porta à son père. Isaac demanda : Quel
est donc le chasseur qui m'a apporté k man-
ger avant ton retour T Je Tai béni. Eàaûcoai«
prit que c*ctait son frèro qui Tâvail préveatt»
(1270) Autre circonsUnce qu'on ne lit pas dans la Cenctt.
ff»
TAS
PART, ni.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
4(84
et 11 fut pris d*ane grande colère contre lui,
et s'écria : Ce n'est pas sans raison que son
nom est Jacob; car voici la deuxième fois
3uMI me fourbe. Il ma soutiré mon droit
*alnesse, et maintenant il surprend la béné-
diction qui m'attendait (1271). Et il se mit à
pleurer amèrement.Isaac entendant lespleurs
de son fils lui dit : Que puis-je faire, mon
fils 7 Ton frère a par astuce enlevé ta béné-
diction. Et Esaiiaigri contre son frère, nour-
rit au fond de son cœur une haine profonde
pour lui. Jacob effrayé de Tirri talion de son
frère, s'enfuit è la maison d'Héber» fils de
Sem, et s'y tint caché en continuante étudier
la loi sacrée. Jacob était ftgé de trente-six
ans lorsqu'il s'enfuit d*Hébron, qui est en
Cbanaan. Mais Esaù éprouvait un profond
déplaisir en voyant que Jacob avait échappé
i sa vengeance après avoir surpris par ruse
sa bénédiction. Il en voulait aussi à son père
et à sa mère à cause de ce qui s*était passé.
C'est pourauoi» emmenant sa femme, il les
quitta et s^en alla au pays de Séir. 11 vit là
une autre femme des filles d'Heth, nommée
Basemalh, fille d'Elon l'Héthéen, et il en fit
sa deuxième épouse. Il changea son nom en
Ada, disant : J'ai manquéla bénédiction (1272).
£saii resta à Séir pendAut six mois sans aller
Yoir son père et sa mère. It revint ensuiteà
Hébron et logea dans la maison de son père
ses deux femmes» qui chagrinaient et mé-
contentaient Isaac et Rébecca par leur feçon
de vivre. Car elles ne marchaient pas dans
les voies de Jéhova^ mais elles servaient
des idoles de bois et de pierres, leur ofi'rant
des sacrifices et de l'encens, ainsi que leurs
pères leur avaient enseigné : et elles étaient
Elus impies que leurs pères. Et Isaac et Ré-
ecca avaient de l'aversion pour elles. Et
Rébecca dit à Isaac : Je suis dégoûtée des
filles d'Heth. Si Jacob en épousait une, je dé-
sirerais ne pas vivre.
En ces jours-là Ada, femme d'Esaû, con-
çut et lui enfanta un fils qu'il nomma Eli-
phaz. Esaû était alors âgé de soixante-cinq
ans. Dans la même année mourut Ismaël,
fils d'Abraham. Et tous les jours de la vie
d'Ismaël furent de cent trente-sept ans. Isaac
le regretta et fit son deuil pendant longtemps.
Or, après quatorze ans de séjour dans la
maison d'Uéber, Jacob eut le désir de revoir
ses parents, et il retourna auprès d'eux.
A son retour se réveilla la haine d'Esaû, qui
cherchait l'occasion de le tuer Cependant il
dit : Mon père est fort avancé en âge, et son
deuil n'est pas éloigné. Dès que mon père
sera mort je tuerai mon frère Jacob. Rébecca
fut instruite de son dessein, et elle fit appe-
ler aussitôt son fils Jacob et lui dit: Lève-toi,
▼a-t'en sur - le- champ h Haran, auprès de
I^ban, mon frère, et tu y resteras un certain
temps jusqu'à ce que la colère de ton frère
se soit apaisée. Isaac aussi fit venir en sa
présence Jacob et lui recommanda de ne pas
prendre pour femme une des filles de Cba-
(1271) Le verbe apy signifie aussi, cirronvimr^
[tmrber. En quelque sorte, prendre, frtpper par der*
fikre
naan, mais d'aller plutôt à Haran, à la mai-
son de Bathuel, son grand-père, etd*épouser
une des filles de Laban, son oncle; d*ètra
constamment/fidèle à Jéhova, en le servant
soigneusement, et de ne jamais l'abandonner
pour la vanité des idoles. II le bénit ensuite,
et lui dit : Le Dieu tout-puissant te fera
trouver grâce devant les gens du pays où ta
vas. Tu y trouveras une femme selon ton
désir, bonne, attachée aux voies de Jéhova.
Dieu te donnera pour toi et pour ta posté-
rité ce qu'il a promis par la bénédiction d'A-
braham, en te multipliant et te faisant deve*
nir un peuple nombreux. Et Jéhova te ra«
mènera dans ce pays de la demeure de tes
pères, avec joie et bonheur, riche en enfants
et en biens. Il lui fit ensuite de grands pré-
sents en or et en argent, et il le congédia.
Jacob baisa son père et sa mère, et partit
pour la Mésopotamie de Syrie. Or Jacobétait
âgé de soiicinte-quinze ans lorsqu'il s'en alla
de Bersabée et du pays de Chanaan.
Et il arriva lorsque Jacob se mit en voya^^e
pour aller à Haran qu'Esaûappela son fils Eli-
phaz, et lui dit secrètement: Voici que Jacob
part. Maintenant hâte-toi de te ceindre de
ton épée. Tu courras et le dépasseras et te
mettras en embuscade dans l'une des gorges
des montagnes sur sa route, et tu le tueras
et prendras tout ce qu'il porte sur lui. Or
Elipha^, alors âgé de treize ans, était un
homme alerte, adroit tireur d'arc, car son
père Ty avait exercé, hardi chasseur et brave
au combat. Eliphaz fit ce que son père lui
avait commandé, en prenant avec lui dix
hommes des parents de sa mère, et il sur-
prit Jacob sur l'extrême limite du pays ds
Chanaan, en face de la ville de Sichem. Jacob
voyant venir à lui Eliphaz tenant songlaiva
levé, et les hommes qui l'accompagnaienr,
s'arrêta; car il ne savait ce que cela signi-
fiait. Et il leur demanda :Qu'avez-vous pour
courir après moi jusqu'ici armés de vos épées?
Eliphaz s'approcha de lui et répondit: Mon
père m'a ordonné ceci et cela. Il faut main-
tenant que j'exécute ses ordres. Alors Jacob
faisant un pas en avant, supplia Eliphaz et
ses hommes disant : Voici tout ce que j'ai
sur moi, et ce aue mes parents m'ont donné.
Prends tout cela et va-t'en. Mais, de srâce,
ne me tue pas; et cela te sera imputé a jus*
ticedans mon souvenir. Et Jéhova toucha
le cœurd'Eliphaz et de ses compagnons en
faveur de Jacob, et ils eurent pitié de lui et
ne le tuèrent pas. Mais ils le dépouillèrent
de tout ce qu il avait emporté de Bersabée,
et ne lui en laissèrent absolument rien. Re-
venus auprès d'Esaû, ils lui rendirent compte
de leur course, et lui remirent tout ce qails
avaient enlevé à Jacob. Mais Esaû s'emporta
contre Eliphaz et les hommes (^ui étaient
sortis avec lui, parce qu'ils avaient laissé
vivre Jacob; et il ne voulut pas les écouter
dans leur justification. Cependant il prit l'or
et l'argent et toutes les autres choses qu'ils
(1272) Ada, du verbe my, qui signifie, irandiU
{Job xsvni,.^.)
1155
DICTIONNAIRE DES APOCRTPIŒS.
itSt
avaient 6tées à lacob, et porta le tout à sa
maison (1273).
Vers le même temps Esaû considérant que
son père en bénissant Jacob lui avait recom-
mandé de ne pas choisir sa femme parmi les
Allés de Cbanaan, et que celles-ci déplaisaient
à ses parents, alla, lui aussi, vers ta maison
dîsmaël son oncle, et épousa, outre lesfem-
mes qu*il avait déjà, Mahéleth, Qlle d'Ismaël
et sœur de Nahaïoth.
Section Yalyéué.
Jacob poursuivant sa route parvintè mont
Moria (1274^), et il y passa la nuit dans la
proximité de la ville ae Luz. Cette nuit-là
Jéhova apparut à Jacob, et lui dit : Je suis
Jéhova, Dieu d'Abraham et Dieu de ton père
Isaac. Je te donnerai la terre sur laquelle tu
es couché, pour toi et pour ta postérité. Et
voici que je serai avec toi partout où tu iras,
pour te garder. Sois donc sans crainte. Je
multiplierai ta postérité comme les étoiles
du ciel. Je ferai tomber tes ennemis devant
toi; et quand ils te combattront ils ne pour-
ront rien contre toi. Je te ramènerai dans ce
pays avec une famille nombreuse, comblé
defélicilés et de richesses. Et Jacob éveillé
de son sommeil se réjouit beaucoup de cettte
vision, 9t il appela ce lieu Béthel (1275). Ses
jambes devinrent légères par le contente-
ment, et il marcha vivement vers la région
d*Orient, et il arriva devant Haran, et s'y
reposa auprès du puits des pasteurs. Il trouva
en ce lieu des hommes sortis de la ville avec
leurs brebis, et il leur demanda : Connais-
sez-vous Laban, Gis de Nachor? Ils répon-
dirent: Nous le connaissons; et Rachel, sa
fille, doit arriver ici. Il s'entretenait encore
avec eux, lorsque survint Rachel avec le trou-
peau de son père, car c'était elle qui le gar-
dait. Dès que Jacob vit Rachel, fille du frère
de ^a mère, il courut vers elle, et l'embrassa,
et éleva la voix en pleurant. Et il dit à Rachel
qu'il était fils de Rébecca, sœur de son père»
et aussitôt elle courut annoncer cela a son
père. Jacob pleura encore, et davantage,
parce quHI n'avait rien à offrir à ses parents.
En apprenant l'arrivée de son neveu, Laban
co.urut au lieu où il était. Il le baisa et le
serra dans ses bras, et l'amena dans sa mai-
son et lui servit à manger. Alors Jacob ra-
conta à Laban tout ce que lui avait fait son
frère Esaii, comme aussi ce qu'Eliphaz lui
avait fait dans son voyage.
Or Laban n'avait pas encore de QIs en ces
jours*là; car ses femmes et ses servantes
étaient stériles, hors Adina, qui seule lui
avait donné deux filles. Lia et Rachel (1276).
Jacob demeurait dans la maison de Laban
depuis un mois de jours lorsque Laban lui
(1273) En ajouUnl an récit de la Geuhe ia cir-
eonsiaiice que nous apprend le Yaschar^ savoir,
que Jacob était parU muni d*un riche viatique, il
n*en dt*meure pas moins constant qu*il arriva au
Jourdain dans un grand déiiùment, el qu^il pouvait
dire, in baculo meo irantivi Jordanem, ou, comme
p<)rte la Paraphrase Cahldaïque, $eul fat pas$i ce
Jourdain. Voy. notre Avant-Propos.
(it7i) Montagne sanclifiée par les deux plus
dit: Pourquoi me ser virais-tu graloitementf
Dis-moi quels doivent être tes gages. Jaeob
répondit: Je te servirai pendant sept ans pour
Bachel ta fille cadette. Laban agréa la propo-
sition, et Jacob commença son service de
sept ans.
Dans la deuxième année du séjour de Ja-
cob à Haran, qui était la soixante-dix-neu-
vième de son flge, vint à mourir Héber,fils
de Salé, Agé de quatre cent soixante-qoatre
ans. Jacob en fut fort afiligé, et il le pleura
et en fit le deuil longtemps (1277). Dans la
troisième année du séjour de Jacob à Haran,
Basemath, fiile d*lsmaël femme d'Esaû, en-
fanta un Gis, el Esaii le nomma Raguël. Et
dans la quatrième année du séjour de Jacol»
h Haran , Jéhova visita Laban en faveur de
Jacob, et il lui naquit des fils. Et voici leurs
noms:Béor, le premier-né, Abib, le puîné,
Moras, le troisième. Et Jéhova gratifia en-
core I^ban, en faveur de la présence de Jacob
dans sa maison, d'autres fils et filles» de ri-
chesses et d*houneurs ; de façon qu*il devint
un homme très-puissant. Et Jacob servait
Laban par des travaux tantà la maison qu'aux
champs, et la bénédiction de Jéhova éiait
dans tout ce que touchait sa main.
Dans la cinquième année du séjour de Ja-
cob à Haran , mourut au pays de Chanaan
Judith, fille de Beéri, femme d'Esaû. Klle nV
vait pas de fils, mais des filles. Et voici les
noms de ses filles : Hersith, lalnée, et Pbit-
hith , la cadette. Après la mort de Judith,
Esaii transféra en Séir le parcours da ses
chasses journalières, et il demeura long-
temps dans ce pays L'année diaprés,
Esaû épousa outre les femmes qa*il avait,
Oolibama, fille d'Ana , petite- fille de
Sebéon, Hévéen, et il revint avec elle
au pavs de Chanaan; et Oolibama lui en-
fanta Jéhus, Jhéion et Coré, trois fils. Et
il y avait de fréquents combats enire les jpas-
teurs d*Esa\i et ceux des habitants de Cha-
naan; car les troupeaux d'Esaii étaient telle-
ment nombreux, qu'ils épuisaient les pâtu-
rages du pays. C'est pourquoi Esaû pnt ses
femmes, ses enfants, ses troupeaux el tout
ce qu'il possédait, et alla se fixer dans la
terre de Séir. Toutefois, il revenait de temps
à autre au pays de Chanaan ponr voir son
père et sa mère. Et il s'allia par des maria-
ges aux Horrbéens, donnant de ses filles
aux fils de Séir TAmorrhéen. Il donna Mer-
sith, sa fille atnée, à Ana, fils de Sébéoo,
frère de son épouse; et il donna Pbnhith à
Eser, fils de Balaan, THorrhéen. Et Esao de-
meurait sur la montagne de Séir avec ses
enfants qui fructifièrent et maltipliireDt
prodigieusement.
Or, la septième année Jacob avait fiai le
grands sacriOoes de l'Ancien et du Nouveau TnU-
meut: celui dlsaac et celui du divin Rédeoiptetir.
Le premier, figure; le second, réalité. Fm. tolos
haut note i25i.
(1275) Bétbel, SmtVI, maison de Dieu.
(Ii7b) Voy. plus haut, col. i15S.
(1277) On lit souvent dans le Yasckur. Béèer. fh
de Stm, parce qu*il était rarrière-pctlt^fils de '^
Sem, Arohaxad, Salé, Héber
1157
1AS
PART. in. «- LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1158
lomps de son service, ei il dit k Laban :
DooDe-mui ma ferunie, car j*ai rempli les
ioursde mon service. Alors Laban invita tous
les habitants du lieu h un festin. Pendant la
soirée, Laban entra dans la chambre oii Ja-
cob et les invités étaient réunis, eji il étei-
f;nit toutes les lumières de la maison. Jacob
ui dit : Pourquoi nous fais-tu celte chose?
Laban répondit : Telle est la coutume chez
nous. Il amena ensuite sa fille Lia à Jacob
qui en fil sa femme; mais il ne savait pas
que c*était elle. Et Laban donna à Lia pour
servante Zelpha, son esclave. Les invités sa-
vaient tous que Laban substituait une fille à
fautre, mais ils n*en avertirent point Jacob.
Les mêmes amis vinrent dans la maison de
Jacob, et ils mangèrent et burent et se livrè-
rent h la joie toute la nuit. Ils chantaient
en s'accompagnant d'instruments de musi-
que, répétant en chœur : Hilélal Hilélat Le
lendemain, quand le jour éclairait, Jacot>,
se retournant vers sa temme, vit que c'était
Lia qui couchait è ses côtés, et il dit : Je
comprends maintenant le refrain que chan-
taient les amis toute la nuit. Cest Liai ré-
pétaient-ils (1278). Et Jacob appela Laban et
lui dit : Que m*as-tu fait là? Ne t*ai-je pas
servi pour Rachel? Pourquoi donc m*as-tu
trompe en me donnant Lia? Laban lui ré-
)>ondit : Cela ne se pratique pas a'nsi dans
notre lieu de marier la cadette avant Tatnée.
Mais, si c*est ton désir d'épouser aussi la
sœur de celle-ci, prend!«-la pour sept autres
années de ton service. Jacob s'engagea pour
les sept annéessuivantes, et épousaaussi Ra-
chel, qu*il aima plus que Lia. Et Laban donna
è Rachel, pour servante» son esclave Râla.
Et Jéhova, voyant que Lia était peu ai-
mée, la rendit féconde, et elle enfanta à Ja-
r'ob quatre fils dont voici les noms : Ruben,
Simém, Lévi, Juda. Rachel, voyant qu'elle
était stérile, devint jalouse de sa sœur, et
elle donna è Jacob sa servante Râla, qui en-
fanta deux fils. Dan et Nephthali. Lia, de son
côté, voyant qu'elle avait cessé d'avoir des
enfants, prit é^^alement sa servante et la don-
na pour femme à son mari. Et Zelpha aussi
enfanta à Jacob deux fils , Gad et Aser. Ce-
Îendant Lia conçut de nouveau et enfanta à
acob deux fils et une fille, Issachar et Za-
bulon avec leur sœur Dina. Gomme Rachel
continuait h être stérile, elle adressa de fer-
ventes prières à Jéhova, le suppliant de
mettre nn è sa confusion. Et Jéhova l'exau-
ça, et elle eut un fils qu'elle nomma Joseph,
pour dire: Que Jéhova m'accorde un autre
tils (1279). Jacob était Agé de quatre-vingt-
onze ans.
En ce temps-lk, Rébecca expédia du pays
de Chanaan, vers Jacob, sa nourrice Débora,
fille de Hus, et deux hommes des serviteurs
d'Isaac, pour le rappeler è la maison de son
(li78) Hiléla, r/fT7}f sorte de cri de Joie, pour
HiUa. hnS MVT, c*es( Ua,
(1179) Joseph, vpt, addal, qu\l ajoute. Diaprés
la iraditioii , Kacliel , douée , ainsi que les aulri'S
mèreê du peuple de Dieu, de IVsprit de prophéiit»,
lavait qu'il ne devait sortir de Jacob «lue douze fils.
père. Jacob voulut se rendre aux ordres de
sa mère; car ses quatorze années de service
étaient finies, et il dit à Laban : Donne-moi
mes femmes, et permets -moi de m'en re-
tourner dans mon pays; car voici que ma
mère m*a envoyé dire de revenir à la maison
de mon père. l!iaban lui répondit : Je te prie,
si }ài trouvé grAce à tes yeux, ne me quitte
pas. Je te donnerai tel salaire [que tu deman*-
deras, pourvu que tu restes avec moi. Ja-
cob répondit : Voici quel sera mon salaire.
Je passerai dans les troupeaux, et j*en sé-
parerai pour moi toute brebis et toute oliô-
vre tachetée, mouchetée ou rousse. Moyen*
nant ceci, je continuerai à soigner tes trou-
peaux. Laban fit ainsi et lui accorda de son
menu bétail ce qu'il avait demandé. Alors
Jacob livra entre les mains de ses fils le bé-
tail qu'il avait ainsi mis décote pour lui, et
lui-même faisait pattre celui de Laban. Les
serviteurs dlsaac, voyant que Jacob ne par-
tait pas avec eux, s'en retournèrent au pays
de Chanaan. Mais Débora resta auprès de Ja-
cob à Haran, et s'attacha à ses femmes et à
ses enfants.
Et Jacob servit Laban encore l'espace da
six ans, pendant lesquels il séparait des
troupeaux de Laban pour lui, suivant son
pacte, toutes les bêtes tachetées , mouche-
tées et rousses. El il devint très-riche en
troupeaux, en esclaves, en chameaux et en
Ânes. Il possédait lieux cent mille troupaaux
de menu bétail (1280). Et comme ses bêtes
étaient grandes de taille, d'une excellente
conformation et d'une fécondité extraordi-
naire, toutes les familles cherchaient hs'^n
t)rQCurer. On lui offrait f)our une de ses bre.
rs, soit un esclave, soit une esclave, soie
un chameau, soit un Ane : tout ce qu'il exi»
gf^ait; de sorte que les richesses de Jaeob
allaient croissant rapidement. Et les fils de
Laban en devinrent jaloux, et ils disaient :
Jacob s'est approprié la meilleure part de ce
qui appartient à notre père, et c'est des
biens de notre père qu'il est devenu si puis-
sant. Jâcob entendit ces murmures. Il s'a--
perçut aussi que le visage de Laban et celui
de ses fils n'étaient plus pour lui comme au-
paravant. Alors Jéhova apparut è Jacob, ti
fui dit : Lève-toi, sors de ce pays, retourne
dans ta patrie; je serai avec toi. Jacob mit
aussitôt sur des chameaux ses femmes, ses
enfants et tout ce qu'il possédait, et prit le
chemin de Chanaan pour retourner auprès
d'Isaac son père. Laban ignorait le dénart
de Jacob; car ce jour-là il était allé au lieu
de la tonte de ses brebis. Or Rachel, en
partant, déroba les théraphim de son père, et
les cacha sous la couverture de son cha-
meau. Et voici comment se faisaient les thé-
raphim : On prenait un homme, ce devait
être un premier-né, on regorgeait et on lui
destinés k devenir les patriarches d'auunt de tri-
bus. G*est pourquoi elle ne pouvait plus demander
qiriin flts, et pas plus. Voy. le Medrascb-Rabba et
Tarklit sur ce text*^ de la Genète.
(liSO) Ainsi le texte de toutes les éditions:!
1189
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
net
tranchait ensuite la tète, et on la salait. Qoand
le sel avait suiBsamment pénétré la tête, on
la frottait avec de l'huile. OnNlui mettait en-
fln sous la langue une petite lame de cuivre
ou d'or sur laquelle était gravé un nom ma-
gique. On conservait cette tête dans un en-
droit convenable de la maison, et l'on en-
tretenait devant elle un luminaire. Quand
on se prosternait devant elle, elle répondait,
par la vertu du nom magique qu'elle avait
sous la langue, à toutes les questions qui lui
étaient adressées. D'autres faisaient, à des
heures favorables, qu'ils connaissaient, des
figures humaines en or et en argent. Ces fi-
gures recevaient l'influence des astres , et
prédisaient l'avenir. Or, Rachel emporta les
tbéraphim de son père, afin qu'ils ne lui in-
diquassent pas la direction que Jacob avait
prise.
Laban, rentré chez lui , ne trouva ni Ja-
cob, ni les personnes qui composaient sa
maison. Il courut à ses tbéraphim, et voici
qu'ils étaient disparus. Alors il alla consul-
ter les tbéraphim de la maison d'un autre,
et ils lui apprirent toutes les choses qu'il
voulait savoir. Aussitôt Laban, assemblant
ses frères et tous ses serviteurs, se mit à la
poursuite de Jacob, et il l'atteignit sur la
montagne de Galaad. Alors Laban dit à Ja-
cob : Pourquoi t'es-tu enfui de chez moi fur-
tivement, emmenant mes tilles et leurs en-
fants comme des captifs de guerre, sans que
j'aie pu les embrasser et leur faire la con-
duite dans la joie de mon cœur? Et en t'en
allant, tu as dérobé mes dieux. Jacob répon-
dit : Je craignais que tu ne me privasses vio-
lemment de tes filles. Quant à tes dieux, la
Eersonne sur qui tu les trouveras, mourra,
aban chercha les tbéraphim dans les ten-
tes, et fouilla dans les bagages; mais il ne
les trouva point. Et Laban dit h Jacob :
Viens, contractons une alliance qui soit un
témoignage entre toi et moi. Dieu sera té-
moin entre nous, si tu affliges mes filles ou
si tu prends d'autres femmes avec elles. Et
ils ramassèrent des pierres et en firent un
monceau. Laban dit : Ce monceau sera en
ce jour témoin entre toi et moi. C'est pour-
quoi on l'appela Galaad (1281). Ils égorgé*
rent ensuite des bestiaux et les mangèrent
sur le monceau, et ils passèrent ensemble la
nuit sur la montagne. Le lendemain» de t)on
matin, Laban embrassa ses filles et s'en sé-
1)ara en pleurant pour retourner chez lui.
lacob aussi reprit son chemin.
Dès que Laban fut de retour dans son pays,
il se hâta d'envoyer, par un autre chemin,
au pays de Séir, son fils Béor, Agé de dix-
(liS!) Ou mieux Gat-Ed, 17^:, te monceau té-
moin, CVsi Jacub qui lui donna ce nom en hébreu.
Laban le nomma dans le même sens en cbaldaî-
que, Yeqar'Satiaduiha^ HSTntVO.
(l^i) Jacob n'avait qu'une fille, Dîna. Noire
lionnéte homme de Laban avait set raisons pour
cbaui<er le singulier en pluriel.
(1283) Nous avons vu que Laban Tavait laissé sur
la montagne de Galaad. Nais il comptait que dans
rintervalle Jacob de\ait arriver au Jaboc qu*il était
obligé de passer, puisuue ce torrent, partant de la
sept ans, avec Abi-Horeph, fils de Hos, et
dix hommes, et il leur ordonna de donner
cet avis à Esaii : Voici ce que te mande ton
oncle et ami, Laban, Jls de Batbuël. As-tn
jamais appris une chose comme celle que
m'a faite ton frère Jacob? 11 est arrivé ici
dénué de tout. Tai couru au-devant de lui,
et je l'ai accueilli dans ma maison, et je fai
comblé de grands biens, et je lui ai dooné
pour femmes mes deux filles et mes deux
servantes. Dieu l'a béni à ma considération,
de façon qu'il est devenu puissant en ri-
chesses, et qu*ileutdes fils et des fil les (1283)
et des esclaves femmes, comme aussi des
troupeaux innombrables de gros et de menu
bétail, des cha neaux et des Anes ; et une
quantité considérable d'or et d'argent et d'ob-
jets précieux. Lorsqu'il s'est vu en posses-
sion d'une fortune aussi grande, il m'aaitan-
donné, partant furtivement, sans que j'aie
pu embrasser mes filles, qu'il a entraînées
comme des captives prises à la guerre. Il m'a
aussi volé et emporté mes dieux pénates. Il
s'est dirigé vers le najN de Chanaan pour
retourner chez son père. Je Tai laissé sur le
torrent de Jaboc avec toutes ses riches-
ses (1283). Maintenant si tu veux marcher
contre lui tu le trouveras en ce lieu^li, et tu
pourras le traiter comme il te plaira. A cette
annonce Esim sentit se ranimer en son cœur
toute son inimitié contre Jacob, et il se hâia
de prendre ses fils, ses serviteurs et tous
ses esclaves, au nombre de soixante hom-
mes. 11 alla aussi assembler tous les enfants
de Séir et tous leurs auxiliaires, trois cent
quarante combattants. Avec cette troupe de
quatre cents hommes, tous tirant l'épée, il se
porta au-devant de Jacob pour l'accabler. Il
partagea sa troupe en sept corps, chacun
d'environ soixante hommes, et il mit ft leur
tète Eliphaz, son fils atné et six Horrbéens.
Esaii se tenait au milieu d'eux, et les con-
duisait avec célérité (128&).
Les mêmes messagers de Laban allèrent,
en quittant Esaii, au pays de Chanaan auprès
de Rébecca, et lui dirent: Voici que ton fils
Esaii, ayant appris que son frère Jacob est
en chemin, a réuni quatre cents coml)attaots,
et il marche à sa rencontre pour se jeter sur
lui, et le dépouiller de tout ce qu'il apporte.
EtRébecca se hâta d'en voyerà Jacob soixante-
douze hommes des serviteurs d'Isaac. Et ces
hommes le rencontrèrent au delà du torrent
de Jaboc. Dès que Jacob les vit il les recon-
nut, et les' embrassa avec de grandes d*^-
monstrations de joie , et s'informa de l'état
de son père et de sa mère. Il dit : C'est ua«
troupe que Dieuenvoie à mon secours. Eiil
montagne, coupait sa route pour aller se jeter daitt
la mer ie Tibériade, non loin du cour» du Jo«r-
dain.
(1%8i) La Genète^ xxxn, 6, nous dit hieo que Esau
arrivait en armes et à marche forcée au-devaot de
Jacob : Et ecce properai tibi in ùccurêum euu f*«
dringentiê viril. Mais elle ne noua appreini pv*tti
coinment Esaù savait que Jacob revenait, la tvmkt
qu'il suivait,, et même i^udroit où il le rtaeuan^
mu
«61
fAS
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
lies
nomma le lieu de la rencontre Mahanaîm» ce
qui reut dire, double camp (1285). Les en-
Tovés de Rébecca lui dirent : Ta mère nous
a ait partir pour t*informer que ton frère
EsaQ s'avance vers toi avec de^ hommes de
Séir l'Horrbéen. Maintenant, mon fils,écoute
mon conseil et agis selon ta propre prudence.
Ne le heurte pas« mais plutôt appaise-le par
d'humbles supplications, et offre-lui des pré-
sents de tout ce dont Dieu t'a favorisé. Parie-
lui avec ouverture de c<bur, et lémoigne-lui
toute ta déférence pour ton atné. C'e^t ainsi
que tu pourras éviter le danger qui te me-
nace. Et Jacob disposa toutes choses confor-
mément à ce que sa mère voulait qu'il lit.
Section Vaîyiichlakh
' A la même époque, Jacob députa vers EsaQ
des messagers pour lui porter des paroles
suppliantes, et lui parler eq ces termes:
Voici ce que te fait dire ton serviteur Jacob:
Que mon seisneur Esaû ne pense pas que ta
bénédiction de mon père m'ait profité ; car
(tendant vingt ans j'ai été soumis à un dur
abeur par Laban, qui m'a trompé dix fois,
en changeant les conditions de mon salaire.
Et cela aura été sans doute raconté à mon
seigneur. Mais Dieu a considéré mes péni-
bles efforts, et il a touché en ma faveur le
cœur de Laban , qui devint mieux disposé
I>our moi, et je suis parvenu à posséder, par
a miséricorde de Dieu, quelques bœufs, bre-
bis, serviteurs et servantes. Et maintenant
en chemin pour retourner auprès de mon
rire et de ma mère, je fais savoir tout cela
mon seigneur afin de trouver grâce A ses
jeux. Et les messagers rencontrèrent Esaû
à l'extrémité du pays d'Edom. Esaii leur ré-
Eondit avec hauteur et insolence : Je sais
ien, par des avis certains, combien Jac^b a
mal agi envers Laban. Il ne s'est pas mieux
comporté envers moi ; car deux fois il m'a nui
par surprise. J*ai patienté jusqu'à ce jour;
mais voilà que je viens à lui avec mes gens
pour le traiter selon ce qu'il mérite. Les mes-
sagers revinrent auprès de Jacob et lui rap-
portèrent ces paroles d*Esaû. Jacob en fut
consterné, et une grande inquiétude l'agi-
tait. Il invoqua ardemment l'aide de Jéhova
son Dieu. Après avoir achevé sa prière, il
partagea en deux camps les individus et les
troupeaux qu'il avait avec lui. Il confia un
des camps à Damésec,filsd'Eliéser serviteur
d'Abraham, et l'autre à Alinus (1286), égale-
ment fils d'Eliéser.Etil leiircommandade se
tenir éloignés l'un de Tautre aune certaine
distance, afin quesiEsaûsejetaitsur un camp,
l'autre pût lui échapper. Et Jacob passa toute
la nuit à donner des ordres à ses serviteurs.
Cependant Jéhova avait exaucé la prière
de Jacob, et il envoya quatre anges du ciel
supérieur oour le protéger contre la fureur
(IS85) En comparant ce passante avec le texte
de la GeHèiêf xxxn, i, il faudrait dire que les angeê^
ia^3l6Qt de la Bible sont simpleoieni des êmunféê.
yhc, imge^ en hébreu, comme arï«^oc« atige/iu,
en grec, signifie proprement, inwnfé en m/ufon.
DiCTi0!^:i. DBS Afocrtphks. II.
d'Esaii. Ces anges allèrent au-devant d'Esaû,
et prirent l'apparence de centaines et de
milliers de cavaliers armés de toutes pièces,
et ils se partagèrent en quatre corps. Le pre-
mier corps en rencontrant Esaii et ses quatre
cents hommes, fondit sur eux. Esaû saisi de
frayeur, tomba de dessus son cheval, et ses
quatre cents hommes se dispersèrent de tous
côtés. La troupe de cavaliers leur cria d'une
voix qui retentit au loin : Ne sommes-nous
Êas les gens de Jacob, le serviteur de Dieu?
lui est-ce donc qui pourrait nous résister?
Esaû leur dit: Oh 1 Jacob, mon seigneur,
votre maître est mon frère. Voici vingt ans
que je ne l'ai vu. J*ai appris aujourd'hui qull
revenait. Et tandis que je voyage pour aller
au-devant de lui, et lui faire boa accueil,
vous me traitez de la sorte I Les anges lui
répondirent: Vive Jéhova 1 Si Jacob n'était
pas ton frère, ainsi que tu le protestes, nous
t'aurions anéanti, loi et jusqu'au dernier de
tes hommes. Mais nous vous épargnons tous
en considération de Jacob. Le premier corps
passa devant Esaû et les siens, qui étaient
revenus, et il continua sa route. Quand Esaû
et ses hommes eurent fait environ une para-
sange de chemin, voici que le deuxième
corps de cavaliers se précipita sur eux le fer
à la main. Et les choses se passèrent de la
même manière. Et il en fut également ainsi
quand Esaû rencontra le troisième corps, et
après lui le quatrième corps. Or, Esaû, per-
suadé qu*il avait rencontré des troupes for-
midables appartenant à Jacob, craignait son
frère, et il s appliquait à dissimuler sa haine
contre lui.
Jacob, de son c6té, durant toute cette nuit-
là, consultait avec ses serviteurs, en passant
d'un camp à l'autre, et il résolut avec eux
d'offrir à son frère des présents de tout co
qu'il possédait, afin d'adoucir sa colère. Et
dès le matin il choisit dans les troupeaux les
[)résents qu'il destinait à Esaû. Et en voici
e dénombrement. Parmi les brebis il choisit
quatre cent quarante; parmi les chameaux
et les ânes, trente de chaque espèce; parmi
le gros bétail, cinquante têtes. Il partage.!
tout cela en dix troupeaux séparés, sous la
conduite de dix serviteurs, et il leur or-
donna ceci : Eloignez-vous l'un de l'autre, et
mettezdel'espaceentrevostroupeanx.Quand
Esaû et ceux qui sont avec lui arriveront
près de vous et vous demanderont : Qui étes-
Tous, et où allez-vous, et à qui sont toutes
ces bètes que vous conduisez? Vous leur ré-
Jondrez : Nous sommes des serviteurs de
acob. Nous allons au-devant de son frère
pour le saluer; et voici que Jacob lui-même
arrive derrière nous. Ces troupeaux sont le
présent qu'il envoie à son frère Esaii. S'ils
vous demandent: Pourquoi reste-t-it en ar-
rière, et ne s'empresse-t-il pas de voir la face
de son frère? Vous répondrez: Il nous suit
Voilà pourquoi Jésus-Chnat, le mallre et créaieur
des anges, est appelé lui-flième iiiif«, parce <^ii*ii a
éU envoyé sur la terre pour y remplir une intMioii.
Tu {Poter) me miatili in mundum» [Joan. xvii, 18.)
(1286) Ce oom n*a pas la physioDomie tiébraî-
que.
37
ItCS
DlCttONNAIRE DES APOCRTPHFlSk
llfl
joyeux de la rencontre de son frère; mais il
a dit :1e veux auparavant me concilier «a
sa bonne grâce par le présent dont je me fais
précéder. Peut-être m*accueillera-t-il favo-
rablement. Les serviteurs partirent donc
/ avec les troupeaux, et Jacob resta auprès de
ses camps au bord du torrent de Jaboc. Vers
le milieu de la nuit, il prit ses femmes et ses
servantes et les fit passer avec tout ce qu*il
avait è Tautre bord du torrent. Quant à lui»
il resta seul en deçà du Jaboc. Alors un
homme se présenta et lutta avec lui jusque
vers Taurore ; et l'emboiturede la cuisse de
Jacob fut luxée. Mais dès que parut l'aube
du jour Thomme lâcha Jacob et il le bénit
et disparut.
£t Jacob passa le gué, boitant de la jambe
lésée. Quand il fut arrivé au bord opposé le
soleil se leva pour lui (1287}, et il marcha
avec tout son monde jusqu'au milieu du jour.
Levant alors les yeux, il vit dans le lointain
Esaii venant à lui, accompagné de quatre
cents hommes; et iJ fut saisi de crainte. Il se
hâta de distribuer ses enfants auprès de leurs
mères, et il enferma Dinadans une caisse
Ïu'il remit entre les mains de ses serviteurs,
t il .passa devant tous les siens è la ren-
contre de son frère, et en s'approchant de lui
il se prosterna sept fois contre terre.EtDieu
lui fit trouver grâce devant Esaû et sa suite,
car il avait exaucé sa prière. Esaû, de son
c6té, non-seulement craignait Jacob à cause
des nombreuxcavaliersdeguerrequ^ii pensait
être ses serviteurs (I288),mais aussi son res-
sentiment se changea en véritable tendresse
fraternelle. Dès qiril aperçut Jacob il courut
vers lui, se jeta à son cou et le tint longtemps
embrassé. Et ils pleuraient tous deux. Les
quatre cents hommes, ainsi que son GIsEli-
phaz et les quatre frères de celui-ci, conçu-
rent pour Jacob de la crainte et de Kaffection,
et ils le baisaient et le serraient daas leurs
bras. Esaû en levant les yeux vit derrière
Jacob ses femmes et ses enfants, gui ne ces-
saient de se prosterner devant lui. Et il de-
manda à Jacob 2 Qui sont tous ceux-ci? Jacob
répondit : Ce sont les enfants dont Dieu a
gratifié ton serviteur. Esaû demanda encore
à Jacob: Qu'est-ce que la caravane que j'ai
rencontrée hier? Jacob répondit: Cest un
présent que j'ai envoyé devant moi, afin de
trouver grâce aux yeux de mon seigneur.
Et il insista en disant: Accepte, je te prie, le
orésenl offert de ma part à mon seigneur.
(1287) Noire texte porte, comme celui de la Ge^
nè$€f *|S rrm , onusque esl et, comme iradoit la
Yulgali*. Diaprés la tradition, cet ci, à /ut, veut dire
que Jacob fut instantanément guéri par les premiers
rayons du soleil. Cest à celte circonstance que les
rabbins appliqnent ce verset de Malachie, iv , 2 :
Soi jutliliœ , et $anan$ in alis eju*. Voy. le Mé-
drascb*Rabba, ici, le Talmud, traité Khulin, fol.
S)l verso; traité ^n^^t/ri ii,rol.95,verso. Yaïklis in loco.
(1288) Voy, page précédente.
(1289) Le texte de la Cenèu xxsni, 18 : Et Jacob
arriva D2Q^ "l^V thff> Les LXX et la Vulgate pren-
nent D^ pour te nom propre de la ville de Salem.
Saint Jérôme, dans ses questions hébraïques, traite
de la diflliculié qu'offre ce texte. Salem ou Jérusa-
Esaiidit: Pourquoi cela? Garde lot) bien:
ce serait i moi à t*en offrir autant, pnisque
j*ai vu ta face, et que je fai trouvé en vie et
en santé. Mais Jacob insista de noaveao,
disant :Je te prie, mon seigneur, si j*ai trouvé
grâce à tes yeux, accepte de ma main ce
présent, puisque j'ai vu ta face avec la satis-
faction que donne la vue delà face de Dieu,
et que tu m*as pris en amitié. Alors Esaû re-
çut le présent de bestiaux, nomme aussi de
ror, de Targent et des pierres précieuses.
Et Esail distribua la moitié des Iroupeaai
aux hommes de sa suite» pour leur paje, ec
Tautre oioitié è ses fils ; et il confia à Eliphaz,
sou fils aîné, Tor et Targent avec les pierres'
fines.
Esaii dit ensuite à Jacob : Nous resteroDs
à ton cAté, et nous vovagerons avec toi è pe-
tites journées, jusqu à ma résidence» et là
nous demeurerons tous deux ensemble. Ja*
cob répondit : Je voudrais faire selon ce que
dit mon seigneur; mais mon seigneur sait
que io mène des enfants en bas Age. En ou-
tre. Tes brebis et les vaches ont besoin tie
marcher lentement, à cause de leurs p^tils^
nés récemment. Si on les forçait de press«r
le pas, tu n'ignores pas que la fatigue les
ferait périr. C'est pourquoi, que mon sei-
gneur passe devant son serviteur, tandis que
moi j'avancerai lentement au pas des enfants
et des petits du troupeau, jusqu'à ce que
j'arrive auprès de mon seigneur à Séir. Esaii
dit encore : Je te laisserai au moins une par-
tie de ma suite pour t'eseorter et aider à
porter tes fardeaux. Jacob répondit: Mon
seigneur est trop gracieux. Va-t'en arec tes
hommes : je te suivrai à mon aise {lour aller
demeurer avec toi à Séir. Or Jacob parlait
ainsi afin d'éloigner Esaii de son chemin, <rl
se diriger lui-même vers le pa vs de Cbanaan
et vers la demeure de son père. Esaiâ s*en
alla donc avec tous ses hommes, et Jacob
tourna sa face vers Chanaan, et s'arrêta pen-
dant quelque tem(}S à l'extrême limite du
pays. Après cela, Jacob passant la frontière
voyagea jusqu'à la ville de Sichem dans la
territoire deSalem (1289), et il campa en de-
hors de la ville. Et il acheta des enfants
d'Hémor le terrain sur lequel il s'était arrêté
moyennant cinq sicles (1290). Il y bâiil une
maison, et y fixa sa demeure. Et pour loger
s^s troupeaux, il construisit des cabanes :
c'est ce qui a fait donner à ce lieu le nom de
Socolh (cabanes).
lem, et Sichem sont notoirement deux vhies drf*
férentes. D'après les Paraphrases chaldaiqoes , U
version persane de R. Saadia et presque tous lr%
rabbins, ce dScZT est Fadj^ctir bien connu qui ^tgniâf»,
«a/imt, ineolumis, sain et sauf. Le Jaukûr aplaait
la difûculté tout en demeurant d'accord avec les
LXX. Ajoutons que si ce passaj^e du Yûickar avait
été écrit par un rabbin, îl aurait certaineineal ^n-
ployé vhvf comme adjectif couformément au Tau
rouJ, traité Schabbat^ fol. 35 verso, et an Médrasdi-
Beréschîd. par. 79.
(1390) La Genèse xxini, 19, dit : cent keritas. Ita.«
on f oit dans le Talmud, trnité RoKh'Ha$sck0mm foL
96, recto, que la kestta équivaut à onenraoafr*J.
c'est-à-dire, un vingtième du sicl^:.
1185
VAS
PAUT. m.— LE<;ENDES et rilAGMBNTS,
YAS
IIM
Jacob demeurait à Socolh depuis plus do
dis-huit mois, lorsque les femmes des habi:
tants de Sichem sortirent de la ville pour
danser et faire des réjouissances à l'occasion
de la fête des jeunes filles. Et les femmes de
Jacob, Rachel et Lia, vinrent avec leurs ser-
vantes voir la fête, et elles s*as$irent pour la
regarder* Et Dina, fille de Jacob, était avec
elles. Les hommes et les principaux chefs de
la ville assistèrent égalemelit à la fête. Alors
Sichem, fils d'Hémor prince du pays, remar-
qua Dina assise à cdté de sa mère, et'elle
lut plut beaucoup, et son âme s'attacha à
elle. Etîi demanda à ses amis et à ceux de
sa suite : Qui est cette jeune fille, que je n'ai
jamais connue dans notre vilie^T Ils lui ap-
E firent que c'était la fille de Jacob, fils d'A-
raham l'Hébreu, qui demeurait dans le
canton depuis quelque temps. Et il envoya
des hommes et la fit enlever de force. Et
lorsqu'elle eut été amenée dans sa maison,
il lui fit violence. Et il l'aima encore davan-
tage, et la retint chez lui. Quand Jacob fut
instruit que Sichem avait flétri sa fille, il
envoya deux de ses serviteurs pour lâcher-
cFier. Mais Sichem et ses gens les chassèrent
de la maison, et ne leur permirent pas d'ar-
river jusqu'à Dina. Bien plus, Sichem s'assit
auprès d'elle, et à leurs yeux la baisait et la
serrait dans ses bras. Cette chose couvain-
ouit Jacob entièrement du déshonneur de sa
nlle; mais il se tint tranquille jusqu'au re-
tour de ses fils, qui faisaient paître le bétail
dans les champs. Il envova sans retard h Dina
deux filles des enfants de ses esclaves, pour
la servir et lui tenir compagnie.
Cependant Sichemdépula trois de ses amis
▼ers son père, Hémor TUévéen, fils de Hidé-
cem,fils de Pharad, pour lui dire: Donne-
moi cette jeune fille pour femme, Hémor se
transporta h la maison de Sichem et lui dit:
N*dvons-nous pas de filles dans notre nation
pour que tu ailles choisir pour femme une
étrangère parmi les Hébreux ? Sichem lui
répondit : C'est que celle-ci me plaît. Donne-
la-moi pour épouse. Et comme Hémor ché-
rissait son fils il consentit à son désir, et ^1
sortit pour proposer la chose à Jacob. Mais
avant son arrivée à la maison de Jacob lés
frères de Dina étaient rentrés. Et quand ils
apprirent l'attentat de Sichem, ils en furent
accablés et remplis d*indignation. Et sans
même penser à faire rentrer le bétail, ils en-
tourèrent tumultueusement leur père, et s'é-
crièrent : N'est-il pas vrai que cet homme, et
de même ses sujets, méritent la mort. Car
Jéhova, Dieu de la terre, a défendu à Noé et
è sa race la rapine et la fornication (129l|.
Or, Sichem a ravi notre sœur et en a abuse,
et pas un seul habitant de sa ville ne lui en
a fait des remontrances. Pendant qu'ils par-
laient encore voici Hémor oui arnvait, et il
dit à Jacob et à ses fils : L âme de mon fils
s'est attachée à votre fille. Accordez-la-lui
(1291) La défense de la rapine et de la fornicâ-
lion faisaient partie, d'après la tradition , des sept
préceptes iro|)osés, sous peine de mort, 4 toute la
race de Noé. On les appelle te$ sept précépie$ Noa^^
pour épouse. Allions-nous par des mariages;
vous nous donnerez de vos filles, et vous
en prendrez des nôtres. Fixez-vouf dans no-
tre pays, et nous y formerons un seul peu-
ple. Car notre pays est spacieux; vous pour-
rez y trafiquer, y acauérir des possessions
en terre, selon votre non plaisir, sans que
l'on vous dise un seul mot. En ce moment
survint son fils Sichem, qui répéta les mêmes
paroles que son père, et il ajouta : Pourvu
que je trouve grAce à vos yeux, je ferai tout
ce que vous me prescrirez. Imposez-moi une
dot aussi riche qu'il vous plaira et je la don-
nerai volontiers. Quiconque n^obéira pas h
tout ce que vous ordonnerez sera puni de
mort. Seulement donnez-moi cette jeune
personne en mariage. Siméoa et Lévi, usant
d'artifice, répondirent: Notre volonté est de
vous complaire. Donnez-nous le temps d'en-
voyer consulter Isaac, noire grand-père,
sans l'avis duquel nous ne pouvons rien dé-
cider en cette chose ; car il connaît mieux
que nous les coutumes établies par notre
père Abraham. Nous ne vous dissimulerons
rien de sa réponse. Les paroles de Siméon
et de Lévi firent plaisir à Sichem et à son
père, et ils se retirèrent contents. Après leur
départ, les fils de Jacob délibérèrent sur le
moyen de les décevoir, et de les tuer avec
tous les habitants de la ville, en réparation
de l'attentat de Sichem. Et Siméon aonna c%
conseil: Disons-leur : Soyez circoncis coname
nous le sommes; sinon, nous prendrons no-
tre fille, et nous nous en irons d'ici. S'ils
font ce que nous demandons, nous atten-
drons qu'ils soient malades de leur plaie, et
nous pourrons en toute sûreté passer au fil
de l'épée tous les mAles. Le conseil de Si-
méon fut trouvé bon. Le lendemain, Sichem
ne manqua point de revenir avec Hémor son
père. Les enfants de Jacob leur dirent: Vos
propositions plaisent k notre grand-pèro
Isaac; mais il nous a avertis disant : lion
père Abraham m'a ordonné ceci de la partde
notre Dieu, maître de toute la terre : Tout
homme^ étranger à la race d'Abraham, qui
voudra épouser une fille de ses descendants
Hébreux, devra préalablement recevoir en
sa chair la circoncision, lui, et tous les mAles
qui sont sous son obéissance. Sachez donc
que nous ne pouvons donner notre fille k un
homme incirconcis; car ce serait un oppro-
bre parmi nous. Mais nous consentirons h
tout ce que vous proposez si vous voulez
circoncire tous les mAles de votre ville. Que
si vous vous y refusez, nous viendrons dans
votre maison et nous reprendrons noire sœur
malgré vous,et nous nous éloignerous<levotre
pays. Sichem et son père se hAtèrent de se
rendre à la porte de leur ville , et ils y con-
voquèrent tous les habitants et leur dirent:
Ces hommes, les fils de Jacob, veulent s'in-
corporer dans notre peuple. Ils nous appor-
teront leurs richesses en trafiquant dans le
ehideê. Voy. le Talmud, traité Sanhédrin, fol. 56.
Nous voyons ici le motif du massacre des babitanU
de Sîebem, dont la justiAcatlon o*est pas ez|
clairement dans la BtMe.
1167
DICTIONNAtftE DES ÂPOCRTt^HES.
It€8
pays, assez vaste pour les recevoir. Nous
prendrons de leiirs filles pour femmes, et
nous leur en donnerons des nôtres (1292)^. Ils
y mettent une seule condition» conformé-
ment à un précepte de leur Dieu; c'est que
nous soyons tous circoncis. Tous se soumi-
rent à la voit de leurs princes» Hémor et
Sicbem, qui étaient fort honorés par eux. Le
lendemain, de çrand matin, tous s'étant as-
semblés dans rintérieur de la ville, ils firent
appeler les fils de Jacob qui s'occupèrent à
leur (pratiquer la circoncision tout ce jour-l2l
et le jour suivont. Hémor et Sichem » ainsi
que les cinq frères de celui-ci, furent pa-
reillement circoncis. Les Sichémites se reti-
rèrent ensuite chacun dans sa maison pour
se soigner. Or, Jéhova avait lui-même dis-
posé ainsi toutes choses, afin de livrer les
hommes de Sichem entre les mains des fils
iie Jacob, en punition de leurs crimes.
Or, le nombre de ceux qui avaient reçu la
circonoision dans la ville était de six cent
quarahte-cinq hommes et de deux cent
sofxante-seize enfants. Mais Hidécem , fils
de Pharad, père d'Hémor, et ses six frères,
n'avaient pas écouté la voix de Sichem et
d'Hémor pour se circoncire ; car ils avaient
du mépris pour la proposition des fils de
Jacob. Ils étaient très-irrilés- de ce qui s'é-
tait fait, et de ce que les ^ens de la ville n'a-
vaient pas voulu se laisser dissuader par
eut. Le deuxième jour au soir on découvrit
que huit petits enfants n'avaient pas été <^r-
concis ; car leurs mères les avaient tenus
cachés. Sichem et Hémor envoyèrent des
hommes pour les prendre et les circoncire.
Hais Hidécem et ses six frères se jetèrent
avec leurs épées sur ces hommes pour les
tuer. Ils voulurent aussi tuer Sichem et Hé-
mor avec Dina. Et ils leur dirent : Quelle
est cette conduite que vous avez tenue?
N'y a-t-il pas de filles chez vos frères les
Ghananéens,)POur que vous alliez demander
une fenjme aux Hébreux, que vous n'avez
connus ni hier ni avant-hier 7 Et pour l'ob-
tenir TOUS faites une chose que vos pères
n'ont jamais pratiquée ni ordonnée. Nu
Sensez pas que cela vous portera bonheur.
;t que répondrez- vous à vos frères les Cha-
nanéens lorsque demain (1293) ils viendront
vous demander compte de cette chose étrange
3ue vous avez faite pour l'amour d'une fille
es Hébreux 7 Où .fuirez-YOus pour cacher
: k jamais votre honte 7Quant à noua, nous ne
))OUTons pas supporter plus longtemps la
»cbose indigne que vous avez faite. Dès de-
main nous assemblerons les Gbananéens de
• Ions ces pays, et nous viendrons et nous
• TOUS massacrerons avec vos nouveaux alliés,
au point de ne laisser survivre abeun indi-
vidu ni chez TOUS ni chez eux. Héoior, Si-
chem et les habitants de la ville en enten-
dant ces menaces d'Hidécemet de ses frères,
tramblèrenc pour leor vie, et se repentirent
de tout ce qu'ils avaient fait. Alors Sichem
et> Hémor repondirent k Hidéoem, leur pro-
che parent, et à ses frères : Nous reco'nnais-
(1992) lâ, comme dans la Bible, ils it*attribueut
k choix, contrairement aax termes de la proposi-
sons qiie tout ce que vous dites est juste. Ce
n*est pas parce que nous aimons let Hébreux
que nous avons lait cette chose inaccontoroée
parmi nous ; mais parce que nous avons voulu
obtenir d'eux ce que nous désirions. Dès
3ue nous l'auroas obtenu, nous nous join-
rons h vous, et nous traiterons ces étran-
gers selon ce que vous avez résolu vous-
mêmes. Attendez seulement que nous soyons
guéris et que nous ayons repris nos forces.
Or, Dina avait entendu tout cet entretien,
et elle expédia promptement à la maison de
Jacob une des deux servantes qu'il lui avait
envoyées, et elle fit savoir à son père eti
5es frères ce . qui se préparait contre eui.
A cette annonce, Jacob et s^ fils furent ex-
trêmement irrités contre les habitants de la
ville de Sichem, et Siméon et Lévi pronon-
cèrent ce serment : Par la vie de Jéhova,
Dieu de toute la terre 1 dans la journée de
demain tout périra dans cette ville. Le len-
demain Siméon et Lévi marchèrent contre la
ville, etils furent assaillis en route par quatre
jaunes gens qui n'étaient pas circoncis, parce
qu'ils salaient cachés pendant l'opénition.
Les fils de Jacob en tuèrent deux, et lesdeox
Autres s'enfuirent et se cachèrent dans des
fmits de bitume, de sorte qu'ils ne purent
es trouver. Siméon et Lévi entrèrent
ensuite dans la ville, et passèrent au fil de
Tépée tous les mâles jusqu'au dernier» avec
Hémor et Sichem ; etils se retirèrent em-
menant Dina. £t la ville retentissait des cris
et des lamentations des femmes et des jeunes
enfants. Les fils de Jacob revinrent ensuite
pour enlever tolit le butin de la ville et de
ses dépendances. Pendant qu'ils réunissaient
les dépouilles voici environ trois cents fem-
mes qui les leur disputèrent et leur lan-
çaient des pierres. Mais Siméon se porta
contre elles et les passa toutes au fil de I*épée.
11 rejoignit ensuite Lévi. Et ils emmenèrent
aussi tout le bétail ainsi qu'un certain nom-
bre de femmes et d'enfants ; etils arrivèrent
triomphants auprès de leur père. Quand Ja-
cob vit le traitement qu'ils avaient fait è la
ville, il ,se f&cha violemment contre eux, et
il leur dit: Qu'avez-vous fait là? Tavais
trouvé une demeure tranquille dans ce pays,
où nul ne me disait une parole déplaisante,
et voilà que vous m'avez rendu odieux aux
Chananéens et aux Phérézéens.Nous sommes
en petit nombre : s'ils se réunissent tous
contre nous, ils nous accableront et nous
extermineront. Siméon et Lévi et tous leurs
frères répondirent à Jacob: Nous Tirions
paisiblement^ et Sichem a osé outrager liotrt
sœur. Pourquoi as-tu gardé le silence? Notre
soeur doit-elle être traitée impunémentcomme
une courtisane?
Or, les femmes vierges que Siroecafet
Levi avaient emmenées captives étaient aa
nombre de quatre-ringt-cinq. Il se trouvait
parmi elles une petite fille, nommée Buna^
d'une grande beauté, que Siméon réservait
pour en Aire sa femme. Les enCints maies
lion des fils de Jacob.
(1295) Dans quelque temps.
1169
YAS
PART. 111. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
117?
2u*ils avaient pris sans leur 6ter la vie,
taieht au nombre de quàranle-sept. Toutes
ces femmes et tous ces jeunes (garçons et
leurs descendants sont demeurés esclaves des
Hébreux jusqu'à la sortie de ceux-ci du pays
d'Egypte.
Or, les deux jeunes hommes de Sichem
qui s'étaient cachés dans des puits de bi-
tume rentrèrent dans )a ville après que Si-
méon etLevi en furent sortis, et ils la trou-
vèrent toute dévastée, sans un seul homme
survivant, et les femmes parcouraient les
rues en se désolant. Et ils rapportèrent aux
habitants de Taphna comment les flis de Ja-
cob avaient ruiné une des villes du peuple
chananéen, sans craindre les autres habi-
tants du pays. Mais Jasub, roi de Taphna,
ne voulut pas croire que deux hommes eus-
sent détruit une grande ville comme Sichem ;
car pareille chose ne s'était jamais vue ni aux
jours deNemrod, ni à aucune époque. Et il y
envoya deux exprès qui revinrent lui dire :
Nous n'avons trouvé dans la ville ruinée ni
un homme» ni une pièce de bétail ; rien que
des femmes qui pleurent. Alors Jasub dit à
tout son peuple : Soyez courageux et allons
combattre ces Hébreux pour venger les ha-
bitants de Sichem. Mais les conseillers qu'il
assembla lui dirent : Tu ne pourras pas avec
tes seulesforcesvaincreces Hébreux, puisque
deuxd'entre eux ont été assez forts pour mas-
sacrer une ville entière. Si tu les provoques
ils viendront nous exterminer tous ensemble.
Il faut plutôt inviter tous les rois nos voisins
à se joindre à nous. C'est ainsi que tu en
Tienoras & bout. Ce conseil ayant plu à Ja-
sub, il envoya dire aux sept rois des Amor-
rhéens : Jacob THébreu et ses &ls ont fait à
la ville de Sichem ceci et cela; et vous l'i-
gnorezl Maintenant venez et aidez-moi k les
exterminer de dessus la face de la terre. Les
rois frappés de l'action des fils de Jacob, ar-
rivèrent avec toutes leurs troupes, formant
ensemble une armée de dix mille hommes
tirant l'épée, afin de marcher contre les en-
fants de Jacob. A la nouvelle qu'il en eut,
Jacob fut effrayé et troublé, et il renouvela
ses reproches contre Siméon et Lévi. Mais
Jiida lui répondit : La vengeance de mes
frères, a été juste; que crains-tu? C'est Jé-
bova notre Dieu qui a livré en leurfpuissance
la ville de Sichem à cause qu'elle était cou-
pable : c'est aussi lui qui abattra devant nous
tous les rois chananéens pour que nous les
cbAtions de la même manière. Calme-toi ,
aie confiance en Jéhova notre Dieu, et prie-
le pour nous, afin qu'il nous assiste, qu'il
nous protège et qu'il fasse tomber nos en-
nemis devant nous. Après cela Juda ordonna
ceci à un des serviteurs de son père : Va,
observe où campent les rois ennemis avec
leurs troupes. Le serviteur monta sur la
pente de la montagne de Sion (ISM)» et il vit
(1291) Il ue faut pas confondre cette montagne
(te Sfon, en hébreu rtHn? , communémeul appelée
Moni'Uermon , avec Sion de Jérusaleoi en héoreo,
(1295) Dans plusieurs des combats doat le récit
de loin l'armé^ des rois se tenant dans Iq
c^mpagtie. Et il revint annoncer à Juda: Voici
que les rois tiennent la campagne avecdefî
troupes nombreuses comme le sable du
bord de la mer. Juda dit à Siméon et \ Lévi
et à tous ses frères : Prenez courage et soyez
de valeureux guerriers; car Jénova notrii
Dieu est avec nous, et vous n'avez rien i^
craindre. Levez-vous, prenez chacun vos
armes, et allons combattre ces incirconcis«
£t tous, grands et petits, s'armèrent : leji
onze fils et tous les serviteurs de Jacob. Lej^
serviteurs dlsaac, armés de toutes pièces^
vinrent aussi d'Hébron pour se joindre h
eux. Et ils étaient en tout cent douze com-
battants. Et Jacob marchait avec eux (1295).
Cependant les enfants de Jacob envoyèrent
à Hébron-Carialharljée dire à kaac fils d'A-
braham leur père : Prie pour nous Jéhova
notre Dieu, afin qu'il nous sauve de la main
des Chananéens qui viennent pour nous at-
taquer, et qu'il les abatte devant nous. Et
Isaac se mil en prière, et il conclut en ce»,
mots : Maintenant, 6 Jéhova Dieu, Dieu do*
toute la terre, rend vain le conseil de ces rois».
que la terreur de mes eB>£ants tombe suri
eux, et qu'ils n'aient pas le coaur de les comr
battre. Abaisse leur orgueil , et qu'ils s'eu%*
retournent sans oser approcher de mes en-,
lants ; car tu es assez puissant pour opérer
de ces choses.
Pendant ce temps les fils de Jacob et les
serviteurs, forts de leur confiance en Jéhova.
leur Dieu, s'avançaient vers les^rois. Et leur
Îère, qui était dans leurs rangs» priait aussi
éhova, ainsi que Juda l'y avait exhorté. El
il priait dans les termes de la prière de son
père Isaac,
Or, les rois des Amorrhéens avaient as-,
semblé un grand conseil, afin de déoider ce
qu'ils feraient à Têtard des enfants de Jacob.
Hais Jéhova avait exaucé la prière d'I-.
saac et de Jacob, et il leur inspira une
grande peur des enfants de Jaèob, de ma-
nière qu'ils se laissèrent aller à un profond^
découragement. Car leurs conseillers leur
dirent d'une voix unanime : Avez-vous perdu
la raison pour vouloir vous mesurer contro
ces forts Hébreux, et pour aller en ce jour au-
devant de votre perte totale? Voici que deux
seuls des leurs sont entrés hardiment dans la
ville de Sichem et en ont Massacré tous les
habitants, sans que nul ait pu leur résister,
comment prétendez-vous supporter leurs
coups quand ils sont tous réunis? Ignorez-
vous que leur Dieu les favorise d'une ma-
nière spéciale, et qu'il opère en leur faveur
des prodiges tels qu'on n'en a jamais vu de
semblables, et qui surpassent le pouvoir de
tous les dieux des autres peuples? Leur
Dieu sait combien les Hébreux lui rendent
amour pour amour, puisque le père de leur
race lui aurait offert enholocausle son fils-
va suivre, Jacob fit des prodiges de valeur. C'est co
3ui explique ces paroles du patriarche : Oicaifi tuti
ê manu Amorrhœi in aiadio. ei arcu meo, iGên,
xLviii, Î2.) Dans la Bible on ne voit pas Jacob
donner une chiquenaude uu eurant.
1171
DiCTlÛNXAlRE DES APOCRYPHE^
HT
•j
unique et chéri, s*il ne Ten avait pas empo-
ché. G*est pourquoi il a juré solennellement
de protéger ses descendants contre tout
danger qui Tiendrait les menacer. C'est lui
3ui a sauTé leur père, Abraham l'Hébreu,
e la main de Nemrod et de ses serviteurs,
qui ont cherché bien des fois à le faire mou-
rir. C'est lui qui l'a fait sortir sain et sauf
du fond d'une fournaise ardente. Le même
Abraham, suiri de son fidèle serviteur et de
quelques hommes, a fait éprouver une dé-
faite sanglante aux cinq roisd'Elam, parce
qu'ils avaient touché à son neveu qui demeu-
rait à Sodome. N*avez-vous pas entendu ra-
conter comment leur Dieu a frappé Pharaon,
roi d'Egypte , et Abimélech , ' roi de Gérare ,
ainsi que leurs peuples, parce qu'ils avaient
voulu s'emparer de la femme d'Abraham?
Nous avons yu de nos propres yeux Esaû
réduit k l'impuissance lorsqu'il marchait avec
quatre cents hommes contre Jacob, qu'il dé-
testait, pour l'anéantir avec tous les siens.
Et dans ces derniers jours, comment deux
hommes auraient- ils pu exercer sur une
grande ville une vengeance terrible,, si Dieu
ne leur avait pas prêté sa force? Itfain-
tenant sachez que vous ne pourrez rien
contre ces hommes, eussiez- vous mille fois.
le nombre de soldat<; que vous avez conduits
ici.Carc'està leurDieuque vous avez affaire,
et TOUS périrez tous en ce jour. Les rois, en
entendant parler de la sorte leurs conseillers,
tentaient leurs cœurs défaillir, et ils n'osè-
rent plus engager le combat ; et , tout trem-
blants, ils regagnèrent prooiptement chacun
leurs états. Cependani les fils de Jacob gardè-
rent Jusqu'au soir leur position yis-k-vis du
mont Sion. A'ors, voyant que les rois n'a-
vançaient pas contre eux, ils s'en retournè-
rent au lieu de leur demeure (1296).
En ce temps-là Jébova apparut à Jacob,
lui dîsaqt : Xève-toi , monte k Béthel , de-
meurea-jTi et iais-y un autel en l'honneur
du Dieu qui t'est apparu en ce lieu, et qui
l'a délivré, toi et tes enfants, de toute peine.
Et Jacob monta k Béthel avec ses enfants et
tous les siens , conformément k l'ordre de
jféhova. E( il s'arrêta k Luz l'espace de six
inois. Jacot)éUil alors Agé de quatre-vingl-
divneufans.
Vers le même temps ipourut Débora, fille
d'Us, nourrice de Rébecca, qui voya^jeaitavec
Jacob. Et ^acob l'enterra au-dessous de bé-
thel, au pied d'un chêne (1297). Rébecca,
fille de Bathuel, mère de Jacob, mourut ti^ussi
k cette époque , dans la ville d'Hébron-
Cariatbarbée, âgée 4e cent trente-trois ans,
(IÎ90) La Bible résume en quelques mots: Terror
D^ it^vn$ii omne$ per eireuitum çivitau^, (Genège
XXXV, 5.)
£297) La Cep, xxxv, 8, dîi bien que Jacob perdit
ora à bëlLel ; mais le texte sacré ne nous dit
nulle part par quelle circonstance elle se trouvait
d^ins la suite de Jacob« <iui était parti seul pour la
Mésopotamie. Voif. plus uaut, colonne 1158.
(121>8) V(y. plus haut, colonne il59.
(1299) Notre texte perle, ainsi que celui de la
BlDlê,y-M mi3. On ne coiiuait pas cette mesure.
Lap irammairient ne sont pas d'accord si la ^
et elle fut enferrée oans la caverne double
qu'Abraham avait achetée des enfants dUetb.
Jacob pleura beaucoup sa mère, et il fit un
deuil pour elle et pour Débora, et il nomma
le lieu où 11 était le chêne des jfUurt. Labin
le Svrien mourut aussi en ces jours-Ik, frap-
pé de Dieu parce qu'il avait trahi l'alliaoca
qu'il avait jurée à Jacob (1298).
Jacob avait' atteint l'âse de cent ans , et
Jéhova lui apparut et le bénit, et il lai im-
posa le nom d'Israël. Rachel, femme de
Jacob, devint enceinte en ces jours-ik. Ver«
le môme temps, Jacob quitta avec les siens
Béthel pour aller retrouver son père k Hé-
bron, et dans ce voyage, à une certaine me-
sure itinéraire (1299) d'Ephrata, Racbel
donna le jour à un fils ; mais elle eut un
travail si dur qu'elle en expira. Jacob l'en-
terra sur le chemin d'Ephrata k Bethléem ,
et il érigea sur son tombeau un monument
qui subsiste jusquk ce jour. Et les jours de
Racbel furent de quarante-cina ans. El Ja*
cob nomma ce fils de Racbel Benjamin,
parce qu'il lui était né dans le pays du
Sud (1300).
Après la mort de Rachel , Jacob fixa son
habitation dans ta tente de Bala, servante de
la défunte. Mais Ruben en fut blessé et
irrité, à cause de Tinjure faite à Lia, sa m4ro,
et, dans son mouvement d'impatienoe, il
entra dans la tente de Bala et en retira !a
couche de son père (1301). C'est alors que
Ruben,! pour n'avoir nas respecté la concfae
de son père, fut privé de sa part de primo-
génilure „ de la royauté et du sacerdoce. Le
droit d'aînesse fut transféré k Joseph f 1302; ,
la royauté k Juda et le sacerdoce k Lévi. £t
Jacob» poursuivant son voyage» arriva à
Membre -Cariatharbée qui est k Hébron*
résidence d'Abraham et d'isaac, et il demeura
auprès de son père..
Voici les générations d'Esaû, qu'il eut
dans le pays de Cbanaan. Ada lui enfanta
Eiiphaz, son fils atné. Basémath lui donna
Rahuël. Oolibama fut mère de Jébus, d*liié-
lon et de Coré. Les enfants d*£Iipbaz furent:
Théaian, Omar, Sépho, Galbam, Ceoez K
Amalec. Les fils de Rabuëi furent : Nahaib,
Zara, Samma et Héza. Les enfansde iéhus:
ïbamna, Al va, Ithath. Les enfants d'Ibéion:
Alla, Pbinon et Cencz. Les enfants de Coré:
Théman, Mebsar, Hagdiel etiram.
Et voici les noms des enfants de Séir
l'Horrhéen» qui habitaient le pays de Séir:
Loihan, Sobal» Sébéon, Ana, Dison, £ser et
Disap, sept tils. Les enfants deLotban : Bon,
Héman et leur sœur Tbamna. Cette Tluimo«
appartient 9U nom ou n^est qu^une servile«
(1300) Benjamin,|)Q) p , fils du Sud.
(1301 ) Tel estle sens quedunnent au Ctxlede la Cr«
ixiv, 2i, la paraplir. cliald, de Jonathan, le Ta*
inud» traité Schaboat^ fol. 55, verse,. Tarkbi
D'après lenettamenls de% XII pairiarcMet^ KnWo
serait réellement lombé dans un abominable in-
ceste. Ses sens s*égarèreni quand il vit Bala, pn^
de vin, dormir sur son lit toute découverte. ma«i
XCtTO èVTqj) XOlTÛVt.
(130i) Gen. xlvih, i2.
i\iz
TAS
PART» 111. -LEGENDES ET FRAGBIENTS.
TAS
4-174
était Tenue s*offrir è Jacob et*à ses enfants;
mais, comme ils la refusèrent, elle alla et
devint concubine d*Ëliphaz, filsd'Esaû, et
elle lui enfanta Amalec. Les enfants de So-
f>al : Alvan, Hanabat, Ebal, Sépho et Onam.
Les enfants de Sébéon : Aïa et Ana. C'est cet
Ana qui a trouvé les Hj^brides (1303) dans le
désert, lorsqu'il menait paître les fines de
Sébéon 9 son père. Un jour, il poussa son
troupeau jusqu^au rivage de (a mer, en face
du désert des nations, et voici qu'une
bourrasque, soufflant de la baute mer sur
tes ânes, les arrêta court à leur place. Bien-
tôt après sortirent du désert qui borde ia
mer environ cent vingt monstres énormes
et horribles, et ils s'arrêtèrent en cet eadroit.
Ces monstres avaient forme humaine depuis
les reins jusqu'aux extrémités inférieures,
et^ par la partie supérieure, ils avaient )a
forme les uns d'ours , les autres de ser-
pents (1304-). Ils traînaient après eux une
queue qui descendait du haut des épaules,
et se terminait en queue de coq de bruyère.
Et ils se précipitèrent tout è coup sur les Ânes,
les enfourchèrent et partirent avec eux , et ,
jusqu'à ce jour, on ne les a plus revus. Un
de ces monstres s'était approché d'Ana et
Pavait frappé de sa queue pour Técarter.
Ana , tout effrayé de ce spectacle , se mit à
courir jusqu'à Séir, afin ae mettre sa vie en
sûreté. Il raconta à son père et à ses frère;> ce
qui lui était arrivé. Des hommes en troupes
nombreuses allèrent à la recherche des Anes,
mais ils ne les retrouvèrent point. Ana et
ses frères n'allaient plus de ce côté-là, car
ils craignaient pour leur vie. Les enfants
d'Ana furent Dison et sa sœur Oolibama.
Les enfants de Dison : Hamdan, Eseban, Je-
thram et Cbaran.Les enfants d'Eser :Ba(aan,
Zavan et Acan. Les enfants de Dison : Hus
et Aram.
Jacob, Agé de cent cinq ans, dans ta neu-
vième année de sa demeure en Chanaan,
quitta Hébron pour retourner h Sichem et y
habiter* car il y trouvait des pâturages plus
gras et plus abondants. La ville de Sicliem
avait été rebâtie, et elle renfermait trois
cents habitants, tant hommes que femmes.
Jacob s'établit dans la portion de terrain
qu'il avait acquise d'Hémor, père de Sichem.
Or» les rois chananéens et amorrhéens des
pays circonvoisins en apprenant le retour
(les enfants de Jacob se dirent entre eux :
Les enfants de Jacob seraient-ils donc reve-
nus pour ruiner de nouveau cette ville de
Sichem, et en massacrer tous les habitants?
Et ils résolurent de réunir leurs forces pour
leur faire la guerre. Et Jasub, roi de Taplina,
appela, dans le pays tous les rois d'autour de
lui avec leurs armées qui étaient nombreu-
ses comme le sable du rivage de la mer;
savoir; Elon, roi de Gaas; Ëhuri,roi de Silo;
Parathon, roideSartan; Laban, rot de Belho-
ron, et Sacbir, roi de Mahnaïm. Ils se parta-
gèrent en sept corps, formant sept camps,
pour envelopper les enfants de Jacob. Ils
envoyèrent ensuite à ceux-ci un écrit, por-
tant : Sortez, et nous nous mesurerons dans
la plaine, afin que nous prenions de vous 1»
vengeance des habitants de Sichem, et que
nous vous empêchions de recommencer Id
massacre de celte ville. Les fils de Jacob
transportés de colère, s'armèrent aussitôt
contre les rois avec cent deux de leurs ser-*
viteurs, et se portèrent sur une éminence
prèsde Sichem. Et au milieu d'eux était Ja-
cob invoquant le secours de Jéhova. À
peine Jacobeut-il terminé sa prière que la
terre futébranJée d'un violent tremblement,
et que le soleil s'obscurcit. Les rois furent
consternés de ces phénomènes, d'autant plus
que Jéhova leur fit enlemire du côté des en-
fanls de Jacob le roulement d'une grande
quantité de chariots de guerre, et le bruit
d'une nombreuse i^avalerie, et le fracas
d'un camp immense. En même temps les
fils de Jac'il) s'avancèrent contre eux en je-
tant de grands cris. Les rois commencèrent
à lAcher pied, mais bientôt après ils s'arrê-
tèrent en disant : Ce serait trop de honte de
fuir une seconde fois devant ces Hébreux.
Quand les fils de Jacob virent que les trou-
pes des rois, nombreuses comme le sable
de la mer, leur tenaient tête , ils crièrent
vers Jéhova : Secours*-nou&, ô Jéhova, se-
cours-nous ; car c'est en toi que nous nous
confions, afin que nous ne mourions pas do
la main des incirconcis qui viennent contre
nous en ce jour. Ils marchèrent ensuite au
combat d'un pas ferme. Mais Juda courut
en avant d'eux avec dix de ses serviteurs.
Jasub, roi de Taphna, sortit le premier avec
son armée à la rencontre de Judo. Or, Jasub
était un vaillant guerrier. H montait un
cheval très-vigoureux, et depuis la tête jus-
qu'aux pieds il était couvert de fer et de cui-
vre. Il pouvait, étant è cheval, lancer des flè-
ches, des deux mains, devant lui et der-
rière lui, ainsi qu'il avait coutume de faire
dans toutes ses expéditions euerrières, et il
ne manquait jamais le but ou il visait. Mais
quand il s'apprêtait à tirer sur Juda Jéhova
nouait (1305) sa main de telle sorte que tous
ces traits allaient frapper ses propres gens.
Malgré cela il avançait toujours plus près de
Juda, essayant de le percer avec ses flèches.
11 n'était plus qu'à la distance de trente
coudées, lorsque Juda ramassa à terre une
grande pierre du poids de soixante sicles, et
courant sur le roi il la lui lança avec force,
et elle rencontra spn bouclier. Le choc fut
si violent que Jasub fut précipité de son che-
val, et que son bouclier alla tomber à quinze
coudées derrière lui, aux pieds du deuxième
(1305; Il y a dans noire teite D^o^ comme dans
la Genèse, Le lecteur a toute liberté de traduire ce
terme autrement que nous.
(1304) Notre iexie nsp, nom qui ne se litqu*une
fois dans la Bible, U. xxxiv, 15. La sifçnificalion la
plus probable est celle do l'arabe rrrsSP» ixovtCx;»
terpens jaculut Uerpeni aurore^ dard.) La version
judaïque le rcna par «în^es {Affen). Krrturmani*
feste|; car dans le texte d'haïe c'est un ovipare.
Les commentateurs hébreux en fout un oiseau «
ehouetie, hibou^ etc.
(1305) Expression du tex)e. niOrp'V
1175
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES
ilTf
corps d'armée. Et lôs autres rois fureat fort
effrayés ea voyant cette preuve de la grande
force de Juda. Celui-ci courut aussitôt aux
soldats de Jasub et abattit avec son épée qua-
rante deux hommes» et tous les autres pri-*
rent la fuite sans lui opposer aucune résis-
tance. Jasub était encore étendu par terre;
mais se voyant abandonné des siens, il se
redressa promptement et combattit Juda; et
leurs boucliers se heurtaient avec un bruit
effroyable. Et Jasub levant sa hache d'ar-
mes en asséna un coup sur la tête de Juda,
dont le bouclier qu'il y opposa fut brisé en
deux. Juda u*ayant plus de bouclier, se hflta
de frapper avec son épée les jambes de Ja-
sub, gui furent séparées au cou-de-pied.
Le roi tomba par terre et laissa échapper
sa hache d'armes. Juda s'en saisit et lui en
trancha la tète (ju'il jeta auprès des tron*
Îons de ses piedsf Les fils de Jacob en-
lardis par cet exploit de Juda, se précipitè-
rent sur les Tàu^s des rois et en firent un
Jrand carnage. Quinze nulle hommes tom-
èrent somme les épis sons le fer du mois-
sonneur : et un grand nombre prit la fuite.
Pendant ce temps Juda dépouillait le cada-
vre de Jasub des pièces de son armure. Mais
voici que neuf chefs de Tarmée de Jasub
vinrent attaquer Juda. Celui-ci les prévint
avec promptitude et lança au premier une
pierre qui lui fracassa la tète et le fit tom-
ber mort de son cheval. A cette vue les au-
tres huit se sauvèrent; mais Juda et ses dix
hommes coururent après eux, les atteigni-
rent et les tuèrent.
Les enfants de Jacob continuaient de frap-
Iier dans les divers camps des rois, et ils
eur tuaient beaucoup de monde. Toute-
fois, les rois et leurs chefs, retenus par la
honte, ne voulaient pas abandonner leur po-
sition; mais leurs cris impératifs et leurs
exhortations ne pouvaient arrêter des corps
entiers qui fuyaient, parce qu'ils étaient ter-
rifiés, et entraînèrent à la fin la déroute de
Tarmée entière.
Après avoir défait les armées des rois, les
fils de Jacob revinrent auprès de Juda pen-
dant qu'il achevait de tuer les huit cheïs de
Jasub, et de les déppuiller de leurs armu-
res et de leurs vêtements. Et Lévi en se re-
tournant vit qu'Elon, roi de Gaas, et qua-
ione de ses chefs venaient pour le frapper
par derrière. Aussitôt il courut à leur ren-
contre avec douze de ses serviteurs et ils les
tuèrent à coups d'épée. Et Ehuri, roi de Silo,
qui accourait au secours de Jasub, arriva
près de Jacob, et à sa portée. Jacob lui dé-
cocha une flèf:he et le tua. Alors les quatre
rois survivants dirent : Nous ne sommes
plus eu état de tenir tête aux Hébreui; qui
ont tué les trois rois et les chefs les plus
forts d'entre nous. Lss fils de Jacob voyant
que les rois léchaient pied, les pressèrent
avec plus de vigueur et les poursuivirent
eux et leurs troupes jusqu'à la porte de la
<1306) Nous verrons dans la suite du Yauhar des
preuves de sa légèreté extraordinaire à la course,
bans son testament il dit : /*arati Ui piedi léjert
ville d'Haser; et dans celle poursoîle ib
leur tuèrent encore plus de quatre mille
hommes. Jacob, de son c6té, ne visait de son
are qu'aux rois, et il les tua Ions les quatre
l'un après l'autre du premier traiL El Juda
s'étant assuré que dans Taction il avait perdu
trois de ses serviteurs, devint exaspère con-
tre les Amorrhéens.
Les fuyards arrivés devant Baser en tron*
vèrent la porte fermée, et ils l'enfoncèrent
etse précipitèrent pêle-mêle dans la place,
afin de se cacher dans cette ville qui était
très-spacieuse. Les enfants de Jacob venaieol
derrière eux, mais quatre héros, lrès*ezer-
cés k la guerre, sortirent de la porte, ar-
més d'épées et de javelots, et les arrêtèrent.
Alors Nephthali aux pieds légers (19W\
prit son élan contre eux, et d'un mAmecoup
d'épée abattit la tête aux deux plus avancés.
Les deux autres se mirent h fuir, mais il
s'élança après eux et les atteignit et les tua.
Cependant les enfants de Jact)b arrivés
devant les murailles de la ville, n*en purent
trouver la porte. Alors Juda d'un sautint sur
le rempart, et Siméonet Lévi le suivirent de
la même manière. De là ils descendirent
dans l'intérieur de la ville oiH Siméon et
Lévi firent main basse sur tous les fuyards,
et en outre ils passèrent au fil de l'épée toa^
les habitants, ainsi que leurs femmes et leurs
enfants. Il s'élevait de la ville des cris qui
retentissaient jusqu'au ciel, et cela donnait
aux autres fils de Jacob de rinqniétndepour
leurs frères qui s'^ étalent introduits. Alors
Dan et Nephthali, sautèrent à leur Cour sur
le rempart pour voir ce qui se passait
dans la ville; et ils distinguèrent les cris
des habitants qui répétaient d'une vois sup-
f)liante : Prenez tout ce que nous avons, mais
aissez-nous la vie! Quand Siméon et Lévi
eurent exterminé toute Ame humaine de la
ville, ils revinrent sur la muraille où ils
trouvèrent Dan et Nephthali. Et ils appelè-
rent leurs autres frères et leur indiquèrent
la porte de la ville par où ils y entrèrent
aussitôt. Et s'étant réunis ils ramassèrent
les dépouilles d'Haser, qu'ils emportèrent*
emmenant en même temps tout le bétail et
tous les captifs.
Le jour suivant les enfants de Jacob al-
lèrent attaquer Sarlan; car ils avaient ap-
pris que ceux restés dans la ville s'armaient
contre eux, parce qu'ils avaient tué leur roi.
Or, Sartan était une ville forte, bAtie^ sur
une hauteur. Elle était ceinte d'un fossé
profond de cinquante coudées et lai^ de
quarante. Les enfants de Jacob ne purent
[)as au premier moment trouver l'entrée de
a ville, car l'entrée était du c6lé opposé k !i
route qui menait k la place ; et oatre cela
les habitants avaient retiré le pont do fossé.
Les gens de Sartan n'osaient sùrîir en ra5e
campagne parce qu'ils redoutaient les vain-
queurs d'Haser; mais ils montèrent sur lei
murailles et insultaient et maudissaient les
comme un cerf, K0O90C f^fAiiv toC; ia>3\v« ùç nayy.
Cette particularité est indiquée dans la Bible fm
ces mots : Nepkthalif cervus emi$$it$. {Cen, xtn^fî)
i
1177
YAS
PART. ni.-*LEC£NnES£T FRAGMENTS.'
TAS
1178
enfanls de Jaoob. Ceux-ci transportés d'une
violente colère prirent leur essor avec tant
de force que d*un seul saut ils franchirent
toute la largeur du fossé. Et ils trouYèrenl
rentrée de la ville et.s'apprélàrentàen bri-
ser les portes qui avaient des serrures et des
verrous de fer ; des guerriers au nombre de
quatre cents les en empêchèrent en leur en*
vojant de la muraille des pierres et des ilè*
ches. Alors ils sautèrent sur la muraille,
Juda, le premier, du côté de l'Orient de la
ville, et après lui, Gad,à TOccident, Siméon
et Lévi au Nord, Dan et Kuben au Sud,
Aussitôt les ennemis qui gardaient la mu«
raille s'enfuirent et coururent se cacher dans
la ville. Issachar et Nephtbali restés au pied
de la muraille, s'approchèrent des portes et
y mirent le feu, et tout le fer se fondit par
la grande chaleur. Tous les fils de Jacob pé-
nétrèrent donc dans la ville avec leurs gens,
et ils firent main basse sur tous les habitants
dont aucun ne put leur faire résistance.
Deux cents hommes environ s'étaient enfuis
et cachés dans une tour, mais Juda la fit
écrouler sur eux, et tous périr. Les enfants
de Jacob étant montés sur les décombres de
cette tour en aperçurent une autre qui était
très-forte, et si haute que son sommet tou-
chait au ciel (1307), et ils s'y portèrent
promptement avec tous leurs gens et la trou-
vèrent remplie d'hommes, de femmes et
d'enfants, plus de trois cents individus. Ils
en tuèrent beaucoup, mais un certain nom-
bre s'en échappa. Pendant que Siméon et
Lévi poursuivaient ceux échappés de la tour,
voici que douze hommes très-forts et vail-
lants sortirent d'une retraite où ils s'étaient
cachés, et engagèrent avec eux un combat
acharne: Siméon et Lévi ne purent les ré-
duire, et eurent leurs boucliers brisés. Alors
un des ennemis dirigea son glaive sur la
tète de Lévi, qui détourna le coup avec la
main; mais peu s'en fallut qu'il n'eût la
main coupée. Et Lévi saisit le glaive avec
son autre main et l'arracha de force è son
adversaire, et lui en fit sauter la tète.
Les onze autres, en voyant tomber un des
leurs, s'animèrent de plus en plus contre les
fils de Jacob. Voyant que le combat restait
égal, Siméon poussa un cri effroyable qui
fil trembler ces forts. Et Juda ayant reconnu
de loin la voix de sonirère Siméon, et son
cri , accourut avec Nephthali. Celui - ci
voyant que ses frères n'avaient plus de bou-
cliers, courut en prendre deux de leurs ser-
viteurs et les en aripa. Or, Siméon, Lévi et
Juda se battaient avec les onzes forts jus-
qu'au déclin du jour sans pouvoir les faire
céder. Et itcoh instruit de cette chose, en
{ut'très*peiné ; et après avoir invoqué Jé-
heva il se rendit avec Nephthali au lieu du
combat, et tirant de l'arc il fit tomber d'a-
bord trois de ces hommes. Li;s huit autres
en se retournant s'aperçurent qu'ils avaient
des adversaires devant et derrière eux, {et
ils eraigQirent pour leur vie et prirent la
fuite. Mais en fuyant ils rencontrèrent Dan
et Aser qui tombèrent sur eux k l'iropro-
viste et leur tuèrent deux hommes. Juda et
ses frères poursuivirent ce qui en restait et
les tuèrent tous jusqu'au dernier.
Les enfants de Jacob retournèrent ensuite
à l'intérieur de la ville pour rechercher les
ennemis qui pouvaient y être cachés, et ils
trouvèrent près de vingt jeunes gens au fond
d'un souterrain. Gad et Aser les tuèrent, de
même qiie Dan et Nephthali se ietèrent sur
tous ceux qui s'étaient échappes de la se*
coude tour, et les tuèrent tous. En somme,
les enfants de Jacob ne laissèrent en vie h
Sartau que les femmes et les enfants. Ils
emportèrent tout ce qu'ils choisirent dans le
butin , et prirent tout le bétail. Or, les gens
de la ville avaient été tous très-forts. Un
seul d'entre eux pouvait mettre en fuite
mille hommes ordinaires, et deux d'entre
eux ne reculaient pas devant dix mille
hommes (1308).
Les fils de Jacob, sortis deSartan, avaient
parcouru un espace de près de deux cents
coudées lorsau ils rencontrèrent les hom-
mes de Tapnna, qui venaient venger la
mort de leur roi, et enlever aux fils de Ja-
cob tout le butin d'Haser et de Sartan. Mais
les fils de Jacob les battirent et les poursui-
virent jusqu'à la ville d'Arbèle. Ils entrè-
rent ensuite dans Taphna pour en faire pri-
sonniers de guerre les habitants, mais a la
même heure ils apprirent que les gens d'Ar-
bèle marchaient contre eux pour délivrer
tous leurs frères captifs. Alors les fils de Ja-
cob laissèrent dix nommes à Taphna pour
piller la ville, et ils sortirent à la rencontre
des gens d'Arbèle. Or, ceux-ci arrivaient
accompagnés de leurs femmes qui étaient
exercées aux travaux de la guerre. Ils for-
maient un corps de quatre cents combat*
tants, tant hommes que femmes. A leur ap-
proche les fils de Jacob élevèrent la voix et
poussèrent un cri fort, semblable au rugis-
sement du lion et au mugissement des va*
gués courroucées de la mer. Les Arbélieni
en furent tellement effrayés qu'ils s'enfui-
rent è leur ville, où les fils de Jacob, en les
poursuivant, entrèrent avec eux. Alors s'en-
ga(;eaun vif combat, et les femmes se ser-
vaient avec adresse de leurs frondes. Le
comt>at se prolongea jusqu'au soir, et lea
enfants de Jacob étaient en danger de sue*
combersous les efforts de l'ennemi. Alors»
dans leur détresse, ils invoquèrent Jéhova,
qui les exauça et leur accorda la victoire.
Et ils passèrent au fil de l'épée tous les hom-
mes, toutes les femmes et tous les enfiints,
qui tombaient sous leurs mains, comme aussi
les gens de Sartan oui étaient accourus aa
secours d'Arbèle. Or, les femmes trans-
portées de fureur à la vue de leurs maris
étendus mortSj montèrent sur les toits, et
firent tomber une pluie de pierres et de tui-
les sur les enfanls de Jacob. Ceux-ci péné-
tièrent dans les maisons et massacrèrenl
(1307) Uoede ces usures bibliques et oriejitalcs,
eu^il ne but pas prendre à la lettre.
(1S08) Autre exagération orieiilale. Voij. Uinéroe.
DcuUrQHome xixii, 50.
ino
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ïm
toutes les femmes éyec le tranchant de Té-
ffée. Ils s'emparèrent ensuite de beaucoup
de captifs* d'un butin considérable et de
tout le bétail des habitants.
Le cinquième jour les enfants de Jacob
apprirent que lesgensdeGaas se disposaient
h les attaquer, pour venf^er la mort de leur
roi et de leurs chefs, qui étaient tombés au
nombre de quatorze dans le premier combat ;
c»t ils prirent les armes pour marcher contre
eux. Or, Gaas renfermait une population
fort nombreuse et puissante, et ta ville était
la mieui fortifiée de toutes celles des Amor-
rhéens :elle était entourée d'une triple mu-
raille. Quand les fils de Jacob arrivèrent de-
vant Gaas ils trouvèrent les portes de la ville
fermées, et cinq cents hommes garnissaient
le haut de la muraille extérieure. Et une
fouleinnombrable comme le sable du rivage
de la mer, qui s'était embusquée en dehors
de la ville, se montra alors et enveloppa les
enfants de Jacob, sur lesquels tombait en
mAme temps du haut de la muraille une
grêle de pierres et de flèches. Juda voyant ce
danger extrême jeta un cri horrible et si ef-
frayant que plusieurs hommes tombèrent du
haut delà muraille, et que les ennemis du
dehors de la ville, de môme que ceux du de-
dans, furent saisis d*un violent tremblement,
et craignaient pour leur vie. Les Gis de Ja^^
cob, repoussés de la porte par les pierres et
les flèches,se tournèrent con're ceux du de-
hors de la ville, et les firent tous tomber
comme les épis des champs au temps de la
moisson ; et les guerriers ennemis n'oppo-
Haient aucune résistance, car ils étaient en-
core saisis du cri de Juda. Les enfants de
Jacob s'approchèrent de nouveau de la porte,
mais les pierres et les flèches recommencè-
rent à tomber sur eux comme une pluie
d'orage, et les forcèrent de s'éloigner. Alors
les gens de Gaas se mirent à les insulter par
ces paroles : Pourquoi entreprenez-vous une
guerre que vous êtes incapables de soutenir?
Vous vous êtes étrangement trompés en vous
flattant de pouvoir traiter la ville de Gaas
comme TOUS avez fait les autres villes des
Amorrhéens, lesquelles en comparaison
d'elle n'étaient que des villages ouverts.
Ceux que vous avez tués devant notre porte
étaient les faibles et les lâches d'entre nous,
et ils ont pris peur de la voix de vos cris de
guerre. £t ils maudissaient par leurDieu les
enfants de Jacob, et continuaientà leur lan-
c*»r des flèches et des pierres. Juda et ses
frères en entendant ces blasphèmes, éprou-
vèrent une violente colère. Et Juda, enflam-
mé de zèle pour Thonneur de son Dieu , s'é-
cria : Aide-nous, Jéhova 1 Jéhova, sois-nous
en aide, à nous et à nos frères 1 En même
temps tenant son épée nue, il prit un grand
élan et sauta sur la muraille, et il y tomba
à califourchon, mais son éuée lui échappa de
ia main par la secousse. Il jeta son cri dont
tous les nommes oui étaient sur la muraille
furent tellement effrayés que plusieurs d'en-
tre eux tombèrent sur le sol d'au-dessous et
se tuèrent. Les autres, témoins de la vigueur
de Juda, eurent peur de lui et se sauvèrent
dans l'intérieur de la ville. Mats qnelcniet-
uns s'aperçurent que Juda n'avait pas d épéa
et ils reprirent courage et revinrent sur loi
i)Our le faire mourir en le précipitant do
naut du mur vers ses frères. Et vingt boni»
mes de la ville se joignirent h eux pour tes
renforcer. Ils entourèrent donc Juda, et
crièrent et levèrent leurs épées sur lui. Juda
effrayé cria du haut de la muraille h ses frè-
res. Alors Jacob et ses fils tirèrent des flècljfs
d*en-bas, et tuèrent trois de ces hommes. D
Juda cria de nouveau : Jéhova, aide-nous!
Jéhova, délivre-nous I Sa voix paissante, qui
retentit au loin, terrifia de telle sorte les
hommes qui l'entouraient, qu'ils ietèrent
leurs épées et s'enfuirent. Alors Juda s'em-
parant des armes tombées sur la mataille,
se précipita sur ceux qu'il pouvait atteindra
et en tua une vingtaine. Cependant d'autres
individus de la ville, hommes etfemmes,3a
nombre d'environ quatre-vingt, montèrent
sur la muraille, et entourèrent Juda. Mais
Jéhova mit la crainte dans leur cœur, et ils
n'osèrent le serrer de près. Pendant ce temps
Jacob et ses fils ne cessaient de tirer de Tare
contre lesassaillanls, et ils en tuèrent encore
dix, qui tombèrent à leurs pieds du bauldela
muraille. Cettenouvelleçertedeleurs frères,
excita une plusgrandeanimositédaos le oceur
des habitants de Gaas, mais ils n'osèreot
lui venir de trop près. Alors se présenta on
fort, nommé Arod, qui s'élança sur Juda
et lui déchargea sur la tête un grand coup
d'épée. Juda se bêla de lui opposer son bou*
clier qui fut taillé en deux. Le fort après
avoir frappé fut saisi d'une terreur soudaine
et prit la luite. Et dans sa course ses pieds
heurtèrent contre un obstacle sur, la mu-
raille, et il tomba en bas du côté des enfants
de Jacob, qui l'assommèrent. Le coup du
fort avait été si vigoureux que Juda manqua
d'y succomber, et il en ressentait des dou-
leurs qui lui arrachaieotdes cris lamentables.
Quand Dan entendit la voix plaintîTe de soo
frère, il fut enflammé de colère, et faisant
un recul loin en arrière il s'élança sur la
muraille. A Tapparilion de Dan tous les dé-
fenseurs de la muraille s'enfuirent, et ils
montèrent sur la seconde muraille d*où iU
tirèrent des flèches et jetèrent des pierres
sur Dan et Juda, qui les évitaient à grami-
peine, et peu s'en fallut qu'ils ne périssoct
en ce lieu. Jacob et ses fils, qui se tenaieot
devant la porte de la ville, ne pouvaient plus
tirer Sur ceux qui étaient sur la seconde mu-
raille, car ils étaient hors de leur yue* Mai>
Dan et Juda ne pouvant pas plus longtemps
supporter les traits des habitants, Mutèrent
auprès d'eux sur la seconde muraille; et tous
jetèrent un cri d'effroi et descendirent préci-
pitamment de la muraille. Jacob et ses fiis
en entendant ces cris des gens de la villet
devinrent fort inquiets de Dan et de Juda;
car ils ne les voyaient plus. Alors Nephtha t
n'y tenant plus, fit un eflort désespéré et
sauta sur la première muraille pour savoir
ce que signifiaient ces cris. Pendant ce teiup>
Issachar, et Zabulon s'approchèrent de li
porte et l'cufoncèrent, et tous les leurs sa
ttst
YAS
PART. Hf.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
I1S2
précipitèrent dans la ville. Nephthali était
sauté de la première muraille sur la seconde
au secours de ses frères. Quand les habitants
de Ta Tille, qui étaient sur cette muraille, vi-
rent le troisième frère, ils s'enfuirent tous
et descendirent dans les rues. Mais Juda»
Dan 'et Nephthali descendirent aussi dans
rintérieurde la place à la poursuite de Ten^
neoii.SiméonetLévi ignorant que la porte
était forcée, sautèrent sur la muraiMe, et de
là descendirent auprès de leurs frères. Ce-
pendant les habitants attaqués de toutes parts,
tombèrent au nombre de vingt mille, nom-
mes et femmes; et nul ne put résister au
bras des fils de Jacob. Ceux-ci épargnèrent
beaucoup de femmes et les enfants. Un tor-
rent de sang coulait de la ville et arrivait
jusqu'à la descente de Bélhoron. Quand les
gens de Béthoron aperçurent *de loin ce
cours desang, soixante-dix d'entre eux lere-
inontèrent, et ils arrivèrent jusqu'à Gaas, et
ils entendirent les cris des habitants, qui
montaient jusqu'au ciel. Les flots de sang
allaient toujours grossissant, car les Qls de
Jacob ne cessaient de frapper jusou'au soir.
Alors les hommes de Béthoron s'écrièrent :
Ceci est sûrement le fait de ces Hébreux; car
ils ne veulent laisserenpaix les villes d'au-
cun peuple amorrhéen. £t ils revinrent en
courant à Béthoron, et ils en assemblèrent
tous les habitants et leur firent prendre les
armes pour aller combattre les enfants de
Jacob.
El après avoir remporté une victoire com-
plète, les enfants de Jacob se répandirent
dans la ville pour dépouiller les morts. Ils
arrivèrent à un quartier éloigné où ils firent
la rencontre de trois hommes forts qui n'a-
vaient pas d'épées. L'un des trois forts, qui
coururent sur eux , prit Zabuion à bras-le-
corps, parce qu'il voyait que c'était un jeune
garçon, presque enfant, et le jeta violem-
ment à terre. Alors Jacob accourut avec son
épée levée, et d'un coup le partagea en deux
Ear les reins» et son cadavre tomba surZa*
uloo. Et le deuxième fort arriva précipi-
tamment et saisit Jacob en s'efforçant de le
faire tomber par terre. Et Jacob cria contre
lui, alors Siméon et Lévi étant accourus, le
blessèrent avec leurs épées aux deux cuisses
et le firent tomber. Le fort se releva furieux,
mais avant qu'il fût redressé Juda se préci-
pita sur lui et lui fendit la tète, et il expira.
Quand le troisième fort vit gue ses compa-
gnons étaient morts, il se mit à fuir, et les
enfants de Jacob coururent après lui dans la
ville. Mais dans sa fuite le fort trouva par
terre l'épée d'un habitant, et il la ramassa et
se mit en défense contre eux. Il se tourna
vers Judfl, qui n'avait pas de bouclier, pour
le frapper sur la tète, et Nephthali avança
promptement son bouclier qui reçut lecoup
d'épée et garantit Juda du danger. Alors Si-
méon et Lévi se jetèrent sur le fort, et lui
assénèrent chacun un coup de leur épée avec
tant de vigueur qu ils coupèrent son corps
en deux de haut en bas. Le jour s'était déjà
changé en soir et les en&ints de Jacob prirent
tout le butin de Gaas, et sortirent de la ville,
la nuit étant close.
Les enfants de Jacob suivaient la montée
de Bélhoron, et voici que les habitants de
cette ville arrivaient en armes à leur ren-
contre. Le combat commença aussitôt sur la
côle, malgré l'obscurité de la nuit. Or, les
habitants de Béthoron étaient tous des héros
dont un seul i)0uvait tenir tête à mille
hommes ordinaires. Ils jetaient des cris qui
ébranlaient la terre. Et les enfants de Jacob
eurent peur de ces hommes ; car ils n'étaient
pas habitués à se battre dans l'obscurité. Us
crièrent donc vers Jéhova, disant : Aide-
nous, Jéhova, et sauve-nous, afin que nous
ne mourions pas de là main de ces incircon-
cis. Et Jéhova exauça leurs prières, et il en-
voya un esprit de vertige et une horrible
confusion dans le camp des Bélhoroniles,
qui dans les ténèbres de la nuit tournèrent
leurs armes chacun contre son prochain, et
ils firent entre eux-mêmes un grand massa-
cre. Les enfants de Jacob, sachant que Jé-
hova avait frappé d'illusion leurs ennemis,
afin qu'il se battissent entre eux, se retirèrent
en silence, plus loin avec tous les leurs. Et
ils se reposèrent tranquillement de leurs fa*
tigues toute la nuit, tandis aue ceux de Bé-
thoron étaient aux prises cnacun avec son
frère, et chacun avec son prochain, et jetaient
des cris qui retentissaient au loin. Ces cris
furent entendus des habitants de toutes les
villes chananéennes , des Héthéens, des
Amorrhéens, des Hévéens : et même les rois
chananéens d'au delà du Jourdain enten-
daient aussi ces cris pendant toute la nuit.
Us disaient : Ce sont sans doute les Hébreux
qui malmènent les sept villes qui ont pris
les armes contre eux; car ces Hébreux sont
doués d*uneforceà laquelle rien ne résiste.
El tous les autres Chananéens, et ceux qui
demeuraient au delà du Jourdain, crai-
gnaient les enfants de Jacoh, et ils disaient:
Pourvu qu'ils ne nous fassent pas autant
qu'à ces villes.
Or, pendant toute cette nuit-là un nombre
prodigieux de Béthorcnites avaient péri les
uns par la main des autres. Le matin du
sixième jour ayant lui, les autres habitants
de Chanaan virent la terre jonchée de cada-
vres, comme le sol d'une grande boucherie
Test de brebis et de béliers. Les enfants de
Jacoh arrivant avec toute leur captivité de
Gaas, entrèrent dans Bélhoron. 11^ trouvè-
reni la ville encore rempli d'hommes, et ils
les attaquèrent et en firent un grand carnage
qui dura jusqu'au milieu du jour.
C'est ainsi aue les enfants de Jacob firent
éprouver à Béthoron le sort de Gaas , de
Taphna, d'Haser, de Sartan et de Silo. Ils
s'en revinrent ce jour-là à Sichem avec les
captifs de Béthoron et les dépouilles des au-
tres villes. Et ils se reposèrent des fatigues
de tous ces combats, et passèrent la nuit
tranquillement. Mais ils n'entrèrent pas dans
la ville de Sichem, de peur d'y être enfermés
par de nouveaux ennemis, qui auraient pu
venir mettre le siège devant la place. Kt ils
campèrent sur Ho terrain que Jacob avait
1115
DKTIOraUJBE DES APOCRYPHES.
liai
acheté d'Hémor. Au bout de deux jours, per-
sonne n'étant Tenu les inquiéter, ils entrè-
rent dans la Tille aTec tout leur monde, et
s'établirent dans leurs habitations.
Or, les habitants de tous les autres pays,
considérant que dans les temps anciens on
n'avait jamais tu d'exploits semblables à
ceux des enfants de Jacob, les craignaient,
et ils résolurent de ne rien entreprendre
contre eux. Et Japhia roi d'Hébron envoya
sous mains aux rois d'Hȕ, de Gabaon, de
Salem, d'Âdullam, de Lachis, d'Asor, et à
tous les rois chananéens leurs Tassaux, di-
sant : Venez vers moi, et nous irons ensem-
ble trouTor les enfants de Jacob, afin de faire
avec eux un traité de paix et d*alliance ré-
ciproque. N*amenez pas avec vous beaucoup
de monde. Que chaque roi ne soit accompa-
gné que de ses trois principaux chefs, et
chaque chef« de trois pages. Le quarantième
i'our tous les rois se trouvèrent réunis à
léfiron au nombre de vingt et un ; car ils
avaient une grande déférence pour tous les
avis de Japhia. El ils dirent au roi d'Hébron :
Vadevantnousharançuerlesenfantsde Jacob.
Nous viendrons ensui te, et nous confirmerons
tes paroles. Et ainsi fil le roi d'Hébron.
Cependant les enfants de Jacob apprirent
que les rois de Chauaan étaient assemblés,
et avaient établi un camp à Hébron. Ils en-
voyèrent secrètement quatre de leurs servi-
teurs avec ordre d'explorer le c^mp chana-
néen, et s'il n'était pas trop grand, de relever
le nombre des guerriers dont il se compose.
Les serviteurs revinrent et rapportèrent que
les rois n'avaient qu'une faible troupe de
deux cent quatre-vingts hommes, en les y
comprenant eux-mêmes (1309). Les enfants
de Jacob dirent : Puisqu'ils sont en petit
nombre, nous ne sortirons pas tous contre
eux. Le lendemain malin, les dix fils de Ja-
cob firent prendre les armes seulement à
soixante-deux hommes, et se mirent è leur
tête avec Jacob leur père; car ils s'atten-
daient à élre attaaués. En sortant de la porte
de Sichem ils levèrent les yeux et ils virent
Japhia qui marchait sur la route suivi de
ses chels, et se dirigeait vers eux; et ils s'ar-
rêtèrent à leur place. Le roi et ses chefs
«^'avançaient toujours et se prosternaient la
face contre terre. Quand Japhia fut arrivé en
la présence de Jacob et de ses fils, ils lui di-
rent : Qu'est-ce qui t'amène près de nous,
roi d'Hébron? Que demandes -tu? Japhia ré-
pondit : De grAce, mes seigneurs, souffrez
que les rois des Chananéens se présentent
aujourd'hui devant votre face, afin de faire
la paix avec vous. Mais les enfants de Jacob
ne se fiaient pas h ses paroles, et ils les at-
tribuaient à une ruse. Le roi pénétrant leur
pensée, dit : De grAce, mes seigneurs, croyez
aue nous venons dans des dispositions paci-
ques. Cela est si vrai que nous ne portons
aucune arme. Les fils de Jacob répondirent :
S*il en est ainsi, que les rois avancent sans
armes. Et Japhia expédia un homme vers les
rois, qui Tinrent et se proslemèreot la faee
contre terre doTant Jacob et deTaot ses fils.
Ceux-ci couTaincus quêtes roisétaienisiocè-
res, conclurent la paix aTec eux, en les sou*
mettant à un tribut annuel. Et ils se jorèreot
réciproquement de ne plus commettre d'ac-
tes d'hostilité les uns envers les antres. Les
chefs des rois et leurs servants vinrent en-
suite devant la face de Jacob et de se» fils, ai
leur offrirent des présents en se prosleroaat
devant eux. Et les rois supplièrent hoinble-
ment les fils de Jacob de leur rendre les cap-
tifs, et ils leur rendirent tous les hommes
qu'ils avaient emmenés prisonniers, aiori
que les femmes et les enfiints, et en outre
tous les troupeaux et autre butin, qu'ils
avaient enlevés dans les sept villes. Les rois
se prosternèrent de nouToau, et ils enTO^è-
rent chercher des présents plus riches, qu ils
leur offrirent. Les enfants dé Jacob congé-
dièrent ensuite les rois, qui se retirèrent
chacun dans sa ville, et les enfants de Jacob
rentrèrent dans leur ville de Sichem (1310).
Depuis ce jour-là la paix régna constam-
ment entre les enfants de Jacob et les rois
de tout le pays de Chanaan. Jiêis elle cessa
lorsque les enfants d'Israël revinrent au mê-
me pays pour en prendre possession.
Section Vatyéscheb.
Ajirès la révolution d'une année les en-
fants de Jacob quittèrent Sichem et allèrent
établir leur demeure à Hébron auprès d'Isaae
leur père ; mais ils laissèrent tous leurs trou-
peaux ^ Sichem, à causes des excellents et
abondants pAlurages du pa^s.
Et il arriva dans la cent sixième année de
la vie de Jacob, dixième de son reloor de
Mésopotamie, que Lia son épouse mourut è
Hébron, à l'Age de cinquante et un en. Jacob
et ses enfants l'enterrèrent dans la caverne
double qu'Abraham avait achetée des en-
fants d'Heth, pour en faire une propriété de
sépulture de famille.
Or, les fils de Jacob étaient considérés de
tous les habitants du pavs,qui avaientapprb
les hauts faits de leur force et de leur bra-
voure. Mais Joseph et Benjamin, enfants de
Rdchel, n'avaient pas pris part à leurs expé-
ditions contre les villes amorrhéennes , car
ils étaient encore trop jeunes. Joseph ren-
dait justice aux travaux guerriers de sm
frères ; mais il croyait son mérite supérieur
au leur, et en son cœur se prisait plus qu'au-
cun d'eux. Et aussi Jyacob sou père l'aimait
ulus que ses autres GJs, parce qu'il était ren-
iant de sa vieillesse. Et à cause de sa ten-
dresse pour lui il lui donna une tunique ri-
che par ses couleurs éclatantes et Tsriées.
Joseph voyant la prédilection dont il était
l'objet, s'élevait encore davantage aiik^lessus
de ses frères. Et il faisait h son (lère de mau-
vais rapports sur leur compte. Tout cela fur
ciiuse que ses frères le baissaient, et ne la;
adressaient jamais de paroles amiables. Jo«
seph avançait en Age, et sa présomption
(1309) Le chiffre D'éUit réellement que de 275. lées en partie dans les T€$tQment9 éa xn Hêfiêt-
{itw) Les f uerres te fils de Jacob sont racon- cAea. Voy. Teiiament 4^ Juda.
I1S5
lAS
PART, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
1186
croissait avec lui. il avait dix-sent ans lors-
qu'il eut un sonse qu'il raconta a ses frères
en ces termes : Nous étions tous occupés à
lier des gerbes dans un champ. Ma gerbe se
dressa et se tint debout. Vos gerbes l'entou-
rèrent aussitôt et se prosternèrent devant
elle. Ses frères lui dirent : Que veut dire ton
songe? Te flattes-tu de devenir notre roi, et
de nous tenir sous la puissance? 11 alla en-
suite faire le même récit à son père, qui
l'embrassa et le bénit. Et ses frères devinrent
jaloux de lui, et leur haine allait en augmen-
tant. Il eut après cela un autre songe dont il
rendit compte à son père, ses frères étant
présents. Il dit : Voilà que j'ai eu encore un
songe.J'ui vuse prosterner devant moi lesoleil
lalune etonzeétoi les.Son père, qui savaitc|ue
ses frères le haïssaient pour ces choses, lui dit
avecséyéritédevanl eux : Que signifie cesonge
dont tu tires avantage contre tes frères? Pen-
ses-tu en ton cœur que nous viendrons, ta
mère (1311) et moi avec tes onze frères, nous
prosterner devant toi ? Cependant Jacob gar-
dait soigneusement le souvenir de ces songes.
Joseph vendu par ses frères.
Uu jour les fils de Jacob allèrent à Sichem
pour faire paître les brebis qui restaient
toujours en ce lieu. Et l'heure de faire ren-
trer le bétail étant passée sans qu'ils fussent
revenus à la maison, Jacob devint inquiet,
pensant en lui-même : Qui sait si les gens
de Sichem ne les ont pas attaqués? Il dit
donc è Joseph : Tes frères sont en retard.
Va voir, je te prie, où ils restent, et reviens
me rassurer sur leur salut et sur le salut des
brebis. Et Joseph arrivé à Sichem ne les
rencontra point. 11 les chercha dans les envi-
rons et s'égara dans des lieux inhabités sans
plus savoir quelle direction prendre. Alors
un ange de Jehova se fit trourer près de lui
(1312). Et Joseph lui dit ; Je sais à la re-
cherche de mes frères. As-tu appris où ils
gardent les troupeaux? L'ange de Jéhova
répondit : Je les ai vus ici avec leur bétail,
et je lésai entendus comme ils disaient qu'ils
voulaient le conduire à Dothan. Et Joseph
alla k Dothan, où il les trouva. Mais dès que
ses frères l'aperçurent de loin, ils résolurent
de le faire mourir. Et Siméon dit : Voici
l'homme aux songes qui nous arrive. Main-
tenant tuons*]e et le jetons dans une des ci-
ternes de ce désert, et nous dirons k notre
Kère qu'une béte féroce l'a dévoré. Mais Ru*
en leur dit : Ne faites pas cela, comment
pourrions-nous soutenir le regard de notre
père? Jetez-le plut6t dans cette citerne pour
(1311) JSa mère était morte; mais cette partie
do songe devait s*appliquer à Bala qui lui tenait
liée #e mère après la mort de sa maîtresse, et avait
pris le soin de rélever. Ainsi les rabbins, qui ajou-
tent : c D'alUeurs 11 n'y pas de songes qui ne ren-
fermant des ekoiêi taniei. • tïheCL U^Vh
(ISli) La Genèiêf tixii, 15, dit simplement : /n-
veint eum tir $rranl€m in agro. Mais une tradition
constante enseigne que ce fut TanKe Gabriel. Voy.
ila paraphr. cbald. de Jonathan, le Blédrasch-Rabba
et le Médrasch-Thoukliuma, Yarkhî, etc. En effet,
il est à remarquer que dans le texte de la Bible •
qu'il j meure; mais ne portez pas la main
sur lui pour répandre son sang. Or, Ruben
donnait ce conseil afin de le sauver de lenr
violence, et de le ramener à son père. Quand
Joseph fut arrivé près d'eux, ils le saisirent
et le jetèrent par terre, et le dépouillèrent
de sa belle tunique. Ils le soulevèrent en-
suite et le préci pilèrent au fond d'une citer-
ne. Or, cette citerne n'avait pas d'eau, mais
elle renfermait des serpents et des scor-
pions (1313). Joseph eut peur de ces bêtes
venimeuses et jetait les hauts cris; mais Jé-
hova les fit entrer dans leurs trous, et elles
ne lui firent pas de mal. Et du fond de la ci-
terne Joseph criait h ses frères : Que vous
ai-je fait? En quoi suis-je coupable envers
vous? Comment ne craignez-vons pas Jého-
va? Ne suis-je pas des mêmes os et de la
même chair que vous, puisçiue votre père
est aussi le mien? En me traitant ainsi com-
ment pourrez-vous jamais lever les yeux de-
vant notre père? Ruben, Siméon, Lévi, mes
frères, tirez-moi de la fosse ténébreuse où
vous m'avez descetidu, et vous ne craindrez
pas de paraître devant Jéhova et devant mon
père. S'il m'est arrivé de vous offenser,
n'est-il pas vrai que vous êtes de ces enfants
d'Abraham, d'isaac et de Jacob, qui prennent
pitié de l'orphelin, donnent à mangera celui
qui souffre de la faim, de l'eau è celui que
tourmente la soif, des vêtements à celui qui
est nu? Et vous n'auriez pas pitié de TOtre
propre frère I Si j'ai péché contre vous, par«
donnez-moi pour ^amou^de notre père. El
il continuait à les implorer par d'autres sup-
plications semblables. Mais ses frères, im-
portunés de ses cris inutiles, s'éloignèrent à
la distance d*un trait d'arc, afin de ne pas
l'entendre* Et ils s'assirent pour prendre
leur repas. En mangeant, ils agitaient encore
entre eux la question s'ils devaient le laisser
mourir ou le ramener à son père. Et voici
qu'ils aperçurent dans le lointain, sur le
chemin de Galaad, une caravane d'Ismaélites
2ui se rendaient en Egypte. Alors Juda dit :
lue nous reviendra-t-il de laisser mourir
notre frère? Dieu pourrait nous en demaur
der compte. Voici mon avis : veodons-le k
ces Ismaélites, qui l'emmèneront en Egypte.
Là il se perdra parmi les habitants du pays»
et l'on ne saura plus rien de lui. Et les frè*
res se décidèrent pour ce parti. Hais pendant
leur délibération, et avant rapproche des
Ismaélites, il vint h passer devant eux sept
marchands madianiles qui manquaient d^eau.
Et apercevant la citerne de Joseph» au-des-
sus de laquelle voltigeaient plusieurs espè-
Joseph ne loi demanda pas . êotex-tom ak $onî me$
frirei 7 mais tndica mtfti ubt pageanU
(1513) Ceci est ekicore une tradition. Parapbr.
chald. de Jonathan. Médraseti, Tarkhi et 'Hilmad,
traité Sehahbat, fol. tt refto. Le Talmml dit qee
celte tradition est indiquée dans le texte Uébreu qiii
porte à la lettre : t% la eileme était vMe, il 11*9 ataii
peint d'eau. Puisqu'on nous dit que la citerne éuit
Tîde, demande le Talmud, qu'est-il besoin d'ajouter
qu'il n*y avait point d'eau? Hais le texte veut nous
apprendre, répond-il, qu'elle était vidé d'eau» mais
reiifennalt des serpents et des scorpions»
mi
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
tl&3
ces d'oiseaux, ils y coururent dans l'espé-
rance de pouvoir élancher leur soif. Et ils y
entendirent la voix de Joseph» qui pleurait
et appelait à son secours. Ils regardèrent au
fond 9 et ils remarquèrent qu*iT y avait un
jeune garçon bien lait et beau do visage. Et
tous réunirent leurs efforts et Ten retirè-
rent; et reprenant ensuite leur chemin, ils
repassèrent devant les fils de Jacob (13H).
Ceux-ci, voyant leur frère au milieu d*eux,
dirent : Que faites- vous là, de prendre notre
esclave et de remmener? C'est nous qui
l'avons mis dans la citerne, parce qu'il a été
rebelle; rendez-nous à Tinslant notre es-
clave. Les Madianites répondirent : Celui-ci
votre esclave? C*est vous plutôt qui files ses
esclaves; car il est mieui formé, plus beau
de visage et d'un aspect plus noble que vous
tous. Certainement vous nous en imposez :
nous ne vous écouterons donc point. C'est
nous (|ui avons trouvé ce jeune garçon dans
une citerne du désert, et nous le garderons.
Les fils de Jacob s'approchèrent d'eux avec
vivacité, et leur dirent : Rendez-nous sur-
le-champ notre esclave, sinon vous mourrez
tous par le tranchant de notre épée. Les
Madianites, à leur tour, élevèrent la voii, et
de part et d^autre on tira Tépée. Alors Siméon
flt un saut de sa place, et, tenant son épée
levée, s'avança vers les Madianites, et il
troussa un cri qui retentit au loin et ébranla
a terre. La vue terrible de Siméon, et la
commotion produite par la force de sa voix,
firent tomber sur leur face les Madianites,
saisis de terreur. Siméon leur dit d'un accent
de colère : Ne suis-Je pas Siméon, fils de
Jacob ruébreu, qui seul ai ruiné la ville de
Sichem, et les autres villes des Amorrhéens
avec l'assistance de mes frères? Ainsi me
traite Dieu, et même davantage (1315), si
vou^ étiez accompagnés de tous les hommes
de Madian et do tous les rois de Chanaan,
vous ne seriez pas assez forts contre moi.
H&tez-vous de me rendre ce jeune garçou,
de peur que je ne livre votre chair en pAture
aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs.
Les Madianites, tout tremblants, adressèrent
alors aux Qls de Jacob des paroles douces, et
drrent : Vous avez dit que ce garçon, votre
esclave y a été rebelle, et que c'est à cause
de cela que vous l'avez enfermé dans une
citerne. Que ferez -vous d'un esclave qui
n'est pas disposé à obéir? Défaites-vous-en.
Nous vous le payerons tel prix que vous
fixerez. Ils avaient un grand désir de l'ache-
ter, à cause de son extrême beauté. Les fils
(1314) Ici nous soromes formellement en contra-
diciion avec la Genège, d*après laquelle, xiixvii,
28, ce sont les frères de Joseph qui le lirérenl «de
U cilerne. En outre, dans le texte de la Bible il y a
une confusion des Madianites et des Ismaélites,
difficile à débrouiller, tandis que dans le Yatchar
tout est clair. Voy, notre Avanl-propos.
(1515) Formule hébraïque, fréquente dans la Bi-
ble. «|W^ rw D^nSK Th rvarp ro. Buih. t, 17; i
Sam. ni, 17; xiv. H ; xx, 13 ; xxv, 22 ; U Sam. m,
9, 35; aix, U ; / Rég. ii, 23 ; 11 Reg. i. 21.
(1316) Vingt piiNces d^argcnt, Notre-Seigneur Je-
de Jacob agréèrent la proposition des Madia-
nites, et leur vendirent Joseph moyennant
vingt pièces d'argent (1316). Et Ruben, leur
frère, n*était pas présent. Or, il plat à Jébova
de dis|)oser ainsi les choses, afin que les fils
de Jacob ne fissent pas mourir leur frère.
En faisant route, les Madianites commen-
cèrent à se repentir d'avoir acheté ce garçon.
Qu*avons-nous fait? se dirent-ils entre eux.
Cet enfant si beau et de si élégante stature a
été volé peut-ôtre au nays des Hébreux. O*
hommes, dont l'un a fait aujourd'hui preuve
d'une force prodigieuse, l'auront enlevé aver
violence du milieu des siens : c'est pourqurii
ils nous l'ont cédé à vil prix. Si sa famille,
en le cherchant par tous pays, le trouve
entre nos mains, nous sommes tous perdus.
Pendant qu'ils s'entretenaient ainsi, voici
que la caravane d'Ismaélites, que les fils û^
Jacob avaient vue d'abord, arrivait près
d'eux, et ils dirent : Vendons le garçon à
ceux-ci, même pour le peu d*argeni que
nous en avons donné, afin de nous garantir
du malheur qu'il pourrait attirer sur no^
tètes. Et en effet, ils te vendirent aux Ismaé-
lites pour le prix des vingt pièces d argent
qu'ils en avaient donné eux-mêmes» Les
Madianites continuèrent à marcher ver«
Galaad, et les Ismaélites, après avoir placé
Joseph sur un chameau, tinrent la roota
d'Egypte.
Quand Joseph sut qu'on le conduisait en
Egypte, si loin de Chanaan et de son père, il
se mit à jeter des cris déchirants et à pleurer
amèrement. Alors un homme le fit marcher
à pied; mais il n'en continuait pas moins è
pleurer et à se lamenter, répétant sans cesse :
O mon pèrel ô mon père I Et un Ismaélite $^
fâcha contre lui et le frappa sur la jone; et
Joseph en pleura davantage. Et le chagrin
l'affaiblit tellement, qu'il ne marchait qo avec
peine. Mais tous ces hommes qui le condui-
saient le battaient, le tourmentaient et l'ef-
frayaient, pour Tobliger à se taire. Et Jébova.
voyant les souffrances de Joseph, enveloppa
la caravane de ténèbres et d*une terreor
vague, et toute main nui le frappait se séchait
aussitôt. Et les Ismaélites disaient cbacnn i
son prochain : Quelle est cette chose que
Dieu nous fait dans notre voyage? Car il ne
leur venait pas à la pensée que ce pouvait
être à cause de leur esclave.
Et ils vinrent à passer sur la route d*E-
phrata, auprès du lieu où Rachel était en-
terrée. Joseph, reconnaissant le monument
que son père y avait laissé, courut se jeter
sus-Cbrisi que Joseph préfigurait Tut vendu povr
freiife pièces. JlanA. XXVI, 15. Saint Ambroise, di
Jo9., c. 5, saint Aucustin, Origéne et le Vénérable
Bède, onilu dans des exemplaires de la Ctmèat,
trente pièces. Cette divergence des exennbirr»
est parfaitement expliquée dans la ceofessiea ju-
rait Gad, sur son lit de mort, i Nous le veodln^ »
dit-il , c Juda et moi, trente pièces d^or , dont
nous retînmes en cachette dix, et n*eu oioniràm'^
que vingt h nos frères. » 'Eyà) xa\ *lo06ai; zs::^-
xafuv oràTÔv Tolç 'lapiaijXttatç X' j^pvatciiv* xsl ^s
tincL diroxpû^^cvxeç , tôt, x* iSsfÇa{uv cot; àCcXçtt»
f2(iu>v. (letlament de Cad,y
il39
YAS
PART. 111. — LEGEKDES ET FRAGMENTS.
YAS
1190
sur le tombeau de sa mère, el Tinonda de ses
larmes. Et il s*écria dans son amertume ; O
ma mèrel ô ma mère! ô toi qui m*a$ donné le
jour l éveille-loi et lève-toi, et regarde comme
ton fils a été réduit en esclavage, et nul n*a
pitié de moi. Lève-toi et regarde l*état misé-
rable de ton enfant, et pleure avec moi sur
mon malheur. Eveille-toi, ma mère; secoue
ton sommeil» et prends ma défense contre
mes frères, dont la cruauté m'a arraché à la
tendresse de mon vieux père, le seul appui
qui me restait. Eveille-toi et plaide ma cause
devant Dieu. Eveille -toi, ma mère; secoue
ton sommeil, et regarde la désolation de
l*Âme de mon père, qui te chérissait, qui
s*était soumis pour toi à une dure et longue
servitude. Console-le, je Ten supplie, et par
ta voix, qu*il aime, adoucis Tamerlume qui
accable ses vieux jours. Et il répandit sur le
tombeau de sa mère une abondance d'autres
exclamations douloureuses. Après cela, vain-
cu parla désolation de son ftme, il s'affaissa
sur le tombeau, et y demeura immobile
comme une pierre. Et voici qu'une voix
plaintive, sortant de dessous terre, fil enten*
dre ces paroles : Mon filsl mon Qlsl Joseph,
mon enfanll j*ai entendu la voix de tes
pleurs, tes cris désespérés et tes plaintes. Je
sais tout ce que tu souffres, mon Ois, et ma
tristesse est profonde comme le fond de la.
mer. liais espère en Jéhova, ô mon fils.
Joseph, mon enfant, aie toute confiance en
lui, et ne crains pas; car Jéhova est avec toi,
et il *e protégern dans toutes les peines au-
devant desquelles tu portes les pas. Lève«
toit mon fils, va en Egypte avec tes maîtres,
et sois tranquille; car Dieu t*accompagne. Et
la voix se tut.
Or, un des Ismaélites vit que Josepn
s'était arrêté sur un tombeau, où il pleurait,
et ii se mit en colère contre lui, et Ten
chassa en le frappant rudement et le mau-
dissant. Joseph dit h ces hommes : Que je
trouve grAce à vos yeux, pour que vous me
rameniez à la maison de mon père, qui vous
comblera de richesses. Ils lui répondirent
avec mépris': N'es-tu pas un vil esclave? Où
serait ton père? Si tu en avais un d'aussi
riche que ^u dis, tu n'aurais pas été vendu à
si bon marché, comme tu l'as été déjà deux
fois. Et s'emportant contre lui pour avoir
voulu les tromper, ils le frappèrent et le
chfttièrent avec plus de dureté. Et Joseph
foudait en larmes. Alors Jéhova, voyant les
cruels traitements que Joseph subissait,
frappa et chfltia ces hommes de plus en plus
fort. Tout autour d'eux des éclairs brillaient,
des coups horribles de tonnerre éclataient ,
et leur fracas ébranlait la terre; un vent im-
pétueux bouleversait la caravane. Les hom-
mes ne connaissaient plus leur chemin. Les
chameaux et les autres bêtes devinrent
rétifs, et quand on les battait ils se cou-
chaient par terre. Alors les hommes se de-
mandèrent entre eux : Quelle est cette chose
que Dieu nous fait en ce jour? Et l'un d'eux
dit : Hélas I c'est la punition des mauvais
traitements de cet esclave, n'en doutez pas.
Maintenant oriez-l*, suppliez-le de nous
pardonner; et nous saurons à- cause de qui
ce mal nous arrive. Et ces hommes, prenant
un ton suppliant, demandèrent pardon h
Joseph, et dirent : Nous avons pécné contre
Dieu et contre toi. Sois-nous propice, et prie
ton Dieu d'éloigner de nous celte mort; car
nous confessons notre pioché. Et Joseph til
selon leur demande; et Jéhova, rexaucan(«
délivra les Ismaélites du désastre dont il les
avait frappés. L'orage cessa, la terre de-
meura sans tremblement, la tempête se cal-
ma, les bêtes se levèrent, et la caravane re-
prit sa marche
Or, les Ismaélites dirent : Nous savons
maintenant que tout ce mal nous est arrivé
à cause de ce pauvre esclave. Qu'avons-nous
besoin d'exposer de nouveau nos personnes
à des calamités pareilles? Avisons à ce que
nous ferons de ce jeune garçon. Un d'eux
dit : Ne nous a-t-il pas priés de Je ramener
à son père? Retournons sur nos pas jusqu'au
lieu qu'il nous indiquera, et nous recevrons
le prix que nous en avons donné, et nous
nous en irons en paix. Un autre dit : Voilà
que ce conseil est excellent; mais le chemin
serait trop long et nous détournerait du but
de notre voyage. Un troisième dit : Voici le
parti auquel nous devons nous arrêter. Nous
arriverons bientôt en Egypte, et nous l'y
vendrons. Nous en retirerons un prix consi-
dérable, en même temps que nous nous
délivrerons du danger de toute infortune
ultérieure. Et cet avis fut adopté
Repentir des frères de Joseph. — Douleur de Ja-
cob et de Ruben.
Après que les fils de Jacob eurent vendu
Joseph , leur cœur fut agité, et ils se repen-
tirent de ce qu'ils avaient fait. Ils auraient
couru après lui pour le racheter à tout prix
et le ramener; mais il n'était plus temps.
Ruben, de son côté, retourna seul à la
citerne pour en retirer son frère, et le ren-
dre à Jacob. 11 se tint au bord, et u'entendil
aucun mouvement au fond. 11 appela :
Joseph 1 Joseph I et aucune voix ne lui ré-
pondit. Alors il se dit : Sûrement, il est
mort de frayeur, ou bien un serpent l'a tué.
Il descendit dans la citerne et ne Vy trouva
point. Il remonta, et dans son affliction il
déchira son vêlement. Car il disait : Cet
enfant est perdu. Que répondrai-je à mon
père, s'il est mort? Il se rendit auprès de ses
frères, qu'il trouva plongés dans la tristesse
el embarrassés de paraître devant leur père.
Ruben leur cria : Joseph n'est plus dans la
citerne. Qu'en avez -vous fait? Répondez;
car c'est h moi, t'atné, que notre père le re*
demandera. Ses frères lui répondirent : Nous
avons fait ceci et cela ; mais bientôt après
notre cœur a été déchiré d'un profond re-
pentir. Nous sommes réunis en ce lieu pour
imaginer une excuse à donner h notre père.
Ruben leur dit : Vous avez commis une
action détestable, qui fera descendre triste-
ment dans la tombe les cheveux blancs de
notre père. Ruben s'assit ensuite au miliou
de ses frères, et ils s'engagèrent tous ensem-
ble par serment à ne pas découvrir la chose
1191
DICTfOIfflAIRE DES APOCRYPHES.
Iltl
k lenr père. Ils dirent en outre : Quiconque
donnera connaissance du fait, soit à notre
père» soit k quelqu'un de sa maison, soit à
qui que ce soit du pays» nous nous réunirons
tous conlre lui, et nous le tuerons avec le
tranchant de nos glaives. Par suite de ce ser-
ment, les fils de Jacob avaient peur l'un de
Tautre, depuis le plus grand jusqu'au plus
petit, et tous ensevelirent le secret au lond
de leur cœur.
Et les fils de Jacob ayant accueilli le
moyen proposé par Issachar, se hâtèrent d'é-
gorger un chevreau, et ils mirent en lam-
beaux la tunique de Joseph, et la trempè-
rent dans le sang, puis la traînèrent dans la
poussière. Ils chargèrent ensuite Nephthali
de la porter dans cet état à leur père, et de
lui dire : Nous ramenions le bétail d'au delà
de Sichem, lorsque nous trouvâmes sous nos
pas, dans le désert, cette tunique souillée
de sang et de poussière. Regarde si ce n'est
pas cène de ton fils. Dès que Jacob aperçut
cette tunique, il la reconnut et il tomba la
face contre terre sans mouvement. Quelques
heures après il se releva et poussa un cri
douloureux, disant : C'est la tunique de mon
fils Joseph 1 Et il pleura. Il envoya prompte-
ment vers ses fils un serviteur qui les ren-
contra en chemin, car ils revenaient avec les
brebis. Ils arrivèrent le soir à la maison,
ayant, en signe de deuil, les vêtements dé-
chirés et la tète couverte de terre et de pous-
sière. Ils trouvèrent leur père pleurant et
exhalant sa douleur en plaintes et en gémis-
sements. Jacob leur dit : Quelle est cette in-
fortune dont vous m'avez accablé en ce jour?
Avouez-moi tout, et ne me celez rien. Et ils
lui racontèrent en détail comment ils avaient
trouvé la tunique sur le chemin de Sichem,
et qu'ils la lui envoyèrent sans retard, afin
de savoir s'il la reconnaissait pour être celle
de leur frère Joseph. Et Jacob s'écria d'une
voix désespérée : C'est vraiment la tunique
de mon fils. Une béte féroce Ta déchire et
dévoré. Je l'ai envoyé aujourd'hui pour s'as-
surer de votre salut et de celui des brebis,
et revenir m'en instruire. Il est parti pour
exécuter mes ordres. Et cela lui est arrivé
tandis que je le croyais au milieu de vous.
Ses fils lui répondirent : Il n'est pas venu
jusqu'à nous; et nous no l'avons plus revu
depuis que nous sommes sortis d'auprès de
toi. Quand Jacob eut entendu ces paroles, sa
douleur et ses pleurs redoublèrent. Et il se
leva et déchira ses vêtements, et couvrit ses
reins d'un cilice. Joseph, mon fils I Mon fils
Joseph I répétait-il en pleurant; c'est moi
qui ai causé ta mort si cruelle, en t'en voyant
seul vers tes frères. Comme je souffre de ta
perte, Joseph mon fils, comme j'en souffre I
Que ta vie m'était douce, que ta mort m'est
a mère I Plût à Dieu que j'eusse péri à ta pla-
ce! Reviens, reviens ici, et sois témoin de
mon affliction. Viens, de grâce, et compte les
larmes qui coulent des yeux de ton père, et
présente-les dans le ciel devant la face de Je-
hova, afin qu'il retire son courroux de des-
sus nous. Mais pourquoi as-tn péri pir une
mort qui ne doit pas être celle d'un eobnt
d'Adam ? Tu es tombé sous les coups d'on
ennemi aussi cruel qu'indigne. Mais c*est
Dieu qui m'a donné cet enfant chérit et c*est
lui qui me l'enlève; tout ce aue Dieofiit
est bien. C*est sous le poids de ta multitude
de mes péchés que mon fils a succombé. Et
il san{;lottait, et il tomba par terre, et ne
ÎouvAit plus proférer une parole. Les fils de
aooh en voyant l'accablement de leur père,
regrettèrent encore plus ce qu'ils avaientfaii
et ils pleurèrent abondamment. Et juda sou-
leva de terre la tête de son père et la posa
sur ses genoux, et il essuya les larmes qui
couvraient ses joues; et il pleura en teoaot
sur ses genoux la tête de son père qui de-
meurait immobile. Les autres fils de Jacol>
aussi se désolaient et jetaient des cris en
vovant leur père en cet état étendu sur le
sol.
Or, tous les enfants de Jacob, tous ses ser-
viteurs et les enfants de ses serviteurs, Teo-
tourèrent pour le consoler, mais il ne voo-
lait recevoir aucune consolation. Alors toute
la maison de Jacob fit un grand deuil à cause
de la mort de Joseph et de Taffliction de son
Eère. Quand Isaac apprit l'accident il pleura
eaucoup ainsi que toute sa maison. Et il
partit avec tous ses gens de la ville d'Uébroo,
où il demeurait, et vint trouver son fils Ja-
cob pour le consoler et calmer son corar;
mais Jacob ne voulait pas se laisser consoler.
Après un certain temps Jacob se leva de
terre (1317), mais ses pleurs inondaient en-
core sa face, et il dit à ses fils : Levez-vous,
prenez vos arcs et vos épées et sortez aux
champs. Vous trouverez peut-être des restes
du corps de mon fils. En ce cas, vous me les
apporterez, et je les enterrerai avec honneur.
Allez à la recherche des bêtes sauvages, et
amenez-moi vive la première que vous ren-
contrerez. Peut-être Jéhova aura-t-il piliê
de mon affliction et vous amènera celle qui a
dévoré mon fils, et je me vengerai sur elle.
Les fils de Jacob entrèrent dans le désert
vers un lieu fréquenté par les bêtes, et voi-
ci venir à eux une louve, et ils la prirent et
revinrent avec elle, et dirent à leur père :
Celle-ci est la première bête que nous avons
rencontrée ; c|uant au corps de ton fils, ooos
n'en avons rien découvert. Et Jacob s^aisu-
sant la bête lui cria d'une voix forte, en
pleurant et ayant le cœur ulcéré : Pourquoi
, as-tu dévoré mon fils Joseph sans craioie do
' Dieu de la terre, et sans égard ponr la peine
Sue je devais en éprouver? Tu n'avais pas
e raison pour tuer mon fils, qui ne l'avait
jamais fait de mal, ni à aucun des tiens. Voi-
là pourquoi Dieu va venger {»ar ma wa^m
rinnocent opprimé. Mais Jéhova, pour la
consolation de Jacob* ouvrit la boncoe de U
bête, et elle lui répondît en ees ternes :
Vive Dieu qui m'a créée sur la terre» et viTf
ton âme, mon seigneur, je n*ai pas vu ton
(1517) Encore maintenant les Juifs pendant les ne s'asseoieni que parterre. C'est peat«étr« à
joars de leur grand deuil pour de proches parents coutume que notre texte fait allusion.
1103
YAS PART. ip. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
m
frU, et je ne me suis pas assouvie de ses
Diembres. Pnr le Dieu qui nous a tous créés,
jamais de ma vie je n'ai geâté de chair hu-
maine. Je viens moi-même d'un pays éloi-
gné» et depuis dix jours je cherche dans ce
pays mon louveteau, qni a disparu d'auprès
de moi, et je ne l'ai plus revu. J'ignore s*il
est mort ou vif. Nous souffrons tous deux
d'une mèrne infortune; et tes fils en me cap-
turant ont ajouté un nouveau malheur à mon
malheur déjà si grand. Maintenant, ôhomme»
roe voici en ta puissance, tu peui me trai*
ter selon ce qu'il te plaît; mais retiens les
paroles que Dieu m'a prêtées dans cette oc-
currence. Jacob, émerveillé de ce prodige,
rendit la liberté è la louve, et elle s'en alla.
£t Jacob continuait pendant do longs jours à
pleurer son ûls et à en être en deuil.
Josepb en Egypte.
Les Ismaélites maîtres de Joseph étaient
arrivés à la frontière du pays d'Egypte, et ils
allaient la franchir, lorsqu'ils rencontrèrent
quatre hommes des enfants de Madian fils
d*Abraham, qui sortaient de l'Egypte. Et les
Ismaélites leur dirent : Voulez-vous acheter
cet esclave? Les Madianites demandèrent à
l*examiner, et ils virent que c'était un jeune
f arçon, beau, admirablement formé, et ils
achetèrent moyennant cinq sicles. Les Is-
maélites entrèrent en Egypte, et les'Madia-
nilesy rentrèrent également le même jour.
Et les Madianites se dirent mutuellement :
Nous avons entendu que Putiphar, eunuque
i'i3i8) de Pharaon, chef de la garde du ootps
du roi, cherche un esclave de bonne mine
pour le charger de la enduite de toute sa
maison, allons lui proposer celui-ci. Lors-
qu'ils furent arrivés en la présence de Puti-
phar, ils lui dirent : Nous avons un esclave
tel que tu en cherches un ; si lu consens à
nous en donner le prix que nous désirons,
nous te le vendons. Putiph.ir répondit: .Ame-
nez-le-raoi, que je le voie. S'il me convient,
je vous le payerai le prix que vous deman-
derez. Lorsqu'il le vit il lui plut extrême-
ment. Putiphar leur dit alors : Combien exi-
gez-vous pour ce jeune garçon? Ils répon-
dirent : Qunive cents pièces d'argent. Et Pu-
tiphar consentit à leur donner les quatre
cents pièces. Mais, ajoula-l-il, il faut que
vous m'ameniez, auparavant celui de qui
vous le tenez. Je crains que cet enfant n'ait
été volé ; car il a l'air de n être ni esclave, ni
flis d'esclave. Je remarque en lui un sang
pur et beau. Alors les Madianites allèrent
et revinrent avec les Ismaélites qui le lui
avaient vendu. Et ceux-ci dirent : C'est réel-
lement un esclave qun nous avons vendu à
ces hommes. Putiphar donc compta l'argent
aux Ismaélites, pour le remettre aux Madia-
nites qui le reçurent de leur main et parti-
(1518) Eunuque veut dire officier du palais d'un
prince. Voy. ks corn men la ires sur In Bible.
(1519) Dans le chap.xxxvii de la Genéw, le verset
98 faii amener Joseph en Kgyplc par Us Ismaéliies.
ei d'après le verset 26 il psi vendu à Pulipliar par
les Madianites, sans que l'on nous diée counnent
teux-€Î en éiaient devenus possesseurs
DlCTIOii:^. DES Apocrtphes. 11.
rent pour leur pays. Les Ismaélites s'en re-
tournèrent également chez eux (1319).
Et Putiphar conduisit Joseph a sa maison
et Vy installa pour commencer son service.
Et Joseph trouva grAce aux yeux de Puti-
phar, qui lui donna sa conOance et lui remit
la ge>tion de sa maison ei de tout ce qu*iL
possédait : en sorte que Joseph était le gé-
rant supérieur de son maître, et que rien ne
se faisait que par ses ordres. Et Jéhova était
avec Joseph et faisait prospérer toutes les
œuvres de sa main. Et Jéhova bénit la mai-
son de Putiphar & cause de Joseph. Joseph,
alors âgé de dix-huit ans, était un jeune
homme d'une éclatante beauté, et d'une belle
taille, au point que Ton ne trouvait pas son
pareil dans toute l'Egypte.
En ce lemps-là, pendant que Joseph allait
et venait dans la maison pour son service,
Zalicha, femme de son maître (1320), le regar-
dait et voyait combien il était beau, et conçut
en son cœur le désir de le posséder ; car son
Ame s'était fortement attachée au jeune
homme. Et elle le tentait tous les jours par
des paroles et des actes t^our le séduire et
l'induire au mal; mais Joseph ne tournait
pas les yeux vers la femme de son maître.
Cfuand Zalicha lui disait : Que ta personne
est charujantel Parmi tous les serviteurs il
n'y en a pas un qui puisse t'ètre comparé pour
les grAces du corps; quand eUe disait de ces
choses, Joseph répondait : Celui qui m'a
formé n'est-il pas le créateur de tous les
hommes T et on ne l'offense pas impunément
en abusant de ses dons. Quand elle lui di-
sait : Que ta voix'est douce et délectable!
Prends, je te prie, la harpe qui est dans la
maison, et joues-en avec tes belles mains, et
fais-moi entendre ta voix enchanteresse, Jo-
seph répondait : Ma voix ne doit se faire en-
tendre qu'en Thonneur de mon Dieu, et pour
célébrer ses louanges. Elle lui dit encore :
Comme ta chevelure est belle! Prends ce
peigne d'or pour l'accommoder. Joseph té-
moigna enfin son impatience, et lui dit : Jus-
qu'à quand m'importuneras- tu de tés cri*
minelles solliciiationsT Va , occupe-toi des
soins de ton ménage. El elle répondit : Je
n'ai soin et souci que de toi.
C'est ainsi que Zalicha brûlait d'attirer Jo-
seph dans sa couche. Quand il s'acquittait
dans la maison des devoirs de .sa charge, elle
s'assevait devant lui, le pressait sans cesse
pour le porter à satisfaire sa passion, au
moins è la regarder. Mais il ne lui prêtait
point attention. Elle lui dit un autre jour':
Si lu refuses de me complaire je te ferai su-
bir le sort des criminels, et je te soumettrai
à un joug de fer. Joseph lui répondit : Dieu,
3ui a créé l'homme, affranchit les captifs et
élivre les opprimés. Mon maître m'a confié
les affaires de sa maison , où nul ne m'est
(iSiO) Zalicha, ro^Sr. La Bible ne donne pas le nom
de la femme de Putiphar. Il est à remarquer çiae les
Arabes niaboméUns ont conservé la u*adition du
nom que nous lisons ici dans le Yaschar : ils Pécn-
veiit, HrpVî. Voy. le Coran dft Maracci , surate xn.
De Joteph^ et son Prodrome, part, iv, p. 99.
38
1195
DICTIONNAmE DES APOCRYPHES.
4IM
égal en aulorilé. Il a mis en mon pouTOir /
tout ce qu*il nossède et toutes.les personnes
de sa depenoance. Il ne s*(-&t réservé que
toi» parce que tu es son épouse. Comment
pourrais-je faire cette chose sans pécher con-
tre mon maître et contre mon Dieu? Malgré
cela Zalicha ne renonçait pas k ses mauvais
desseins, et elle continuait à solliciter Joseph
Journellement.
Et minée par son ardeur, Zalicha tomba
gravement malade. Et toutes les feiïimes des
grands de l'Egypte vinrent la visiter, et lui
demandèrent : Pourquoi as-tu si mauvaise
mine, toi qui ne manques d*aucun bien? N'es-
tu pas l'épouse d'un seigneur élevé en di-
gnité et puissant auprès du roi? N'est-il pas
vfai que ton époux est attentif à prévenir
tous tes désirs? Elle leur répondit : Vous
connaîtrez aujourd'hui même la cause de
mon malaise. Elle ordonna k ses suivantes
de servir un goûter à ces femmes, et elle
]eur fit donner des couteaux bien aûilés pour
peler les oranges (1321). Pendantquelles man-
geaient, Zalicna fit paraître dans la salle du
féslin Joseph paré d'un vêlement magni-
fique. Dès que les femmes aperçurent Jose|)h
elles ne [)urcnt plus détacher leurs yeux de
dessus lui. Et toutes se coupaient profondé-
ment les mains, et les oranges qu'elles te-
naient se couvraient de sang, et elles ne s'en
apercevaient pas; car elles étaient absorbées
•dans la contemplation du bel esclave. Zali-
cha leur dit alors : Que faites-vous là? Au
Jieu de couper vos oranges vous coupez vos
nains. Et les femmes regardèrent; et voici
que le sang coulait en abondance de leurs
mains, et souillaient leurs vêtements. Les
femmes i'épondirent : C'est ton esclave qui
a causé cet accident, en captivant nos regards
que nous tenions fixés uniquement sur sa
beauté. Zalicha dit alors : Vous ne l'avez
devant vous qu'un peu de temps, et voilà
que vous en^tes éprises. Comment voulez*
TOUS que moi c|ui 1 ai constamment dans ma
maison, et qui le vois à toute heure, je ne
meure pas de langueur? Les femmes lui di-
rent : Il est ton esclave et assujetti à ton o-
béissance : que ne lui commandes-tu selon le
désir de ton cœur au lieu de te laisser aller
«à la mort? Elle leur répondit : Je lui fais tous
les jours la menace de le tuer, et il n'en est
Sas ébranlé. Je lui promets toules sortes de
iens, et il n'en est pas ému. C'est ce qui
me met dans l'état ou vous me voyez. Et la
Jépgueurde Zalicha, causée par son amour
pour Joseph , allait toujours en empirant ;
mais les gens de sa maison' ignoraient la
cause de sa maladie.
Quelque temps après, il arriva que le Nil
déborda. Or, le débordement du Nil, en
Egypte, est fêté par des réjouissances, au son
-des instruments de musique, en présence du
iroi et des grands du pays. Et toute la maison
de Putiphar alla assister h la fête. Mais Zali-
cha ne sortit point de chez elle. Elle disait :
Je suis trop malade. Demeurée toute seule,
elle entra dans son appartement et se para
de vêtements royaux, et orna sa tète des
pierres les plus précieuses, montées en or et
en argent, et elle embellit son visage et sa
chair avec toutes sortes de fards , selon
l'usage des femmes égyptiennes, et elle
remplit son appartement et toute la> maison
de l'odeur des plus fins parfums. Elle se
plaça ensuite devant l'entrée de son apparte-
ment, à Tendroit où Joseph était obligé de
passer pour ses occupations. Joseph, revenu
des champs, rentra dans la maison pour y
faire l'ouvrage prescrit par son maître; mais
apercevant Zalicha et tout ce qu'elle avait
disposé, il rétrograda. Zalicha cna après loi :
Qu as-tu, Joseph, pour ainsi retourner en
arrière? Voici que je me range pour te lais^
ser passer. Et Joseph alla au lieu de son
service. Et voici que Zalicha vint se placer
en face de lui, dans ses atours, et parfumée
d'odeurs enivrantes. Et d'une main elle sai*
sit à Timproviste Joseph par sa tunique, et
de l'autre main elle tira de dessous ses vête-
ments un couteau meurtrier qu'elle appro-
che de la gorge de Joseph, et lui cria : Vite,
satisfais-moi, ou tu es mort. Joseph, effrayé,
s'enfuit; mais Zalicha retenait avec tant de
force sa robe, qu'elle se déchira et resta dans
sa main. Et Zalicha, tremblant pour elle-
même si la chose venait à être connue, osa
de ruse. Elle reprit ses vêtements ordinaires
et rétourna au lit de sa maladie, où elle
déposa à côté d'elle la robe de Joseph. Lnrs-
qu elle entendit rentrer les gens de la mai-
son, elle commença à pousser de grands
cris, et tous accoururent & la voix d'un petit
garçon, qui les avertit. Zalicha leur dit, en
{)leQrant bruyamment : Voyez ce que m'a
ait votre maître en introduisant dans la
maison cet homme hébreu, qui a tenté d'en-
trer dans mon lit malgré moi. A peine étiez-
vous sortis qu'il est revenu au logis; et,
après s'être assuré qu'il se trouvait seul avec
moi, il s'est jeté sur moi, et a voulu me faire
violence. Mais comme je le retenais par ses
habits et appelais au secours, la peur lui a
pris, et il s est sauvé hors d'ici. Et voici sa
robe qui est restée dans ma main. Les gens
de la maison ne dirent rien; mais, îndign<!'S
de l'action de Joseph, ils allèrent instruire
Putiphar de tout ce que son épouse leur
avait appris. Et Putiphar courut k la maison,
transporté de colère. H entendit sa femme
l'accabler de reproches. Quelle n'est pas toa
imprudence, et ton insouciance à l'égard de
mon honneur, d'avoir placé auprès de moi
ce jeune et audacieux esclave hébreu, qui
n'a pas craint d'entreprendre d'abuser de
moi i Et par Tordre de Putiphar on frappa
cruellement Joseph, qui poussait de granJs
(1321) Cette éprouve à laquelle Zalicha soumet
les danies égyptiennes est également racontée dans
ta surate déjà citée. En général rhisfoire de Joseph
d^i Coran s*accordc mieux avec le Yaschar qu*avoc
ic ic\t9 (Je la Genèie. Par exemple , on y voit éga-
lement que Joseph a été tiré de la cileme »on par
SCS frères, mais par une criravane de voyageur».
nn^KW. Nous prions le lecteur i!e relire auj»*» ^c
Tesiamenl de Joseph dans le tome 1**^ du pr^nt
recueil.
It97
YAS
PART. lu. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
nos
cris de douleur. Il levait les regards au ciel,
el disHJt : Jéhova, mon Dieu, tu sais que je
suis innocent de ce dont on m'accuse. Ne
permets pas que j'expire sous les coups de
ces méchants incirconcis, pour une fausse
imputation.
Pendant que l'on châtiait ainsi Joseph ,
Jéhova délia la langue è un enfant de onze
mois» et il dit à ceux qui ne cessaient de
frapper : Ou'a?ez-vous contre cet homme
pour le maltraiter de la sorte? Tout ce que
dit ma mère est faux et conlrouvé. La chose
s'est passée en réalité comme ceci et comme
cela. Et l'enfant raconta toutes les sollicita-
tions et les tentatives de Zalicha jour par
jour. Quand l'enfant eut Bni de proférer la
vérité, il redevint privé de la parole comme
auparavant. Tous furent en admiration de ce
prodige; et Putipbar, confus de la révélation
de son fils, ordonna que les coups cessas-
sent. 11 fit ensuite traduire Joseph devant le
tribunal des prêtres, qui lui demandèrent :
Pourquoi as-tu fait celle chose à ton maître?
Joseph répondit : Non, mes seigneurs, je
n'ai point fait de mal; mais la cnose s'est
passée comme ceci et comme cela. Il se
tourna ensuite verâ Putiphar, et lui dit :
Mon maître, par la vie de Jéhova et par la
vie de ton âme, tu n*as pas entendu la vérité
de la bouche de ton épouse. Voici une année
(entière que tu as mis en mon pouvoir toute
ta maison el tout ce que lu possèdes. As-tu
reconnu dans mon service une seule faute
digne de répréheusion? Les prèlres dirent à
Putiphar : Fais -nous apporter la robe de
Joseph, aGn que nous l'examinions. Si elle
est déchirée par-devant, ta femme l'atlirait
sur son lil; si elle est déchirée par derrière,
elle l'écartait de sa personne. Quand on eut
ai»porté la robe,quiélait déchirée par-devant,
les juges prononcèrent d'une voix unanime :
Cet esclave n*a rien fait qui mériie la mort.
Ta femme est une fourbe; car c'est elle qui
a eu recours à la violence (1322). Toutefois,
pour sauver ton honneur, il serait expédient
de le condamner à la prison. Et Putiphar le
fit enfermer dans la prison où l'on détenait
les officiers du roi, el il y resta enfermé douze
ans.
Mais Zalicha n'avait pas encore renoncé à
Joseph; et au bout de trois mois elle allait le
trouver chaque jour, et s'efforçait de le per-
suader. Jusqu'à quand, disait-elle, veux-tu
rester dans cette prison? Obéis-moi, et je t'en
tirerai. Joseph répondait : Il vaut mieux ne
Eas l'obéir que de devenir rebelle à Dieu.
Il comme elle voyait qu'elle ne réussissait
point , elle lui dit è la fin : Je te ferai arracher
les yeux, je te ferai charger de clialnes^et je
(13^) Dans le Coran Tinnocence de Joseph est
reconnue de la même manière, avec celle diffé-
rence que la lunique fui irouvéë déchirée par der-
rière; ce qui, nous en demandons pardon à M. Ma-
homel, n*a pas Tombre du bon sens. Oùt été une
preuve évidenlc de la culpabilité de Joseph.
(1523) Version jud., Jamuél. 11 est nommé Ja-
mucl, Gen. xlvi, 10, elNamuél, Sum. xxvi, 12.
(1524) Kot/. plus haut colonne ItCS.
(1523) Geii. X, 25-29.
te livrerai au pouvoir dliommes que tu n'as
connus ni hier ni avant-hier. Joseph répon-
dit : Le Dieu de toute la terre est assez fort
pour me délivrer de t6ut le mal que tu me
veux faire. Car il peut rendre la vue aux
aveugles, élargir les prisonniers, protéj§er
les étrangers dans les pays inconnus. Et Zali-
cha cessa de visiter Joseph.
Enfants des frères de Joseph.
L'année môme de la (ranslation de Joseph
en Ei-îypte, Ruben alla à Thamnatha, el il y
épousa Elioram, fille d'Havi,Chananéenne;
et elle lui enfanta Hénoch, Fallu, Hcsron et
Charmi. Siméon, son frère, prit pour femme
Dina, sa sœur; et elle lui enfanta Namuel
(1323), Jamin, Âhod, Jnchin et Sohar. En-
suite il s'approcha de Bunn,la Chananéenne
qu'il avait emmenée caplive de \n ville de
Sichem (132^), et elle lui enfanta Saûl. Buna
était affectée au service de Dina. Vers le
même temps, Juda alla trouver h Odollam un
homme qui s'appelait Uiras. Il y vit la fille
d'un Chananéen nommée Habith, filledeSué.
et il l'épousa et s'approcha d'elle; et elle lui
enfanta Her, Onan et Séla. Lévi et Issachar
allèrent au pays d^Orient, et ils épousèrent
les deux filles de Jobab, fils de Jectan, fils
d'Héber (1325). L'aînée, nommée Adina, de-
vint la femme de Lévi; el Arida, la cadette,
devint la femme d'issachar. Et ils revinrent
avec leurs femmes au pays de Chanaan, à la
maison de leur père. Adina enfanta à son
mari : Gerson, Caalh et Mérari. Arida enfanta
à son mari : Thola, Phua, Job et Semron,
Dan alla au pays de Moab, et prit pour femme
Aphialath, fille d'Amudan, Hoabite, et l'a-
mena au pays de Chanaan. Or, Aphialatli
était stérile; mais Dieu la visita dans la
suite, et lui donna un fils qu'elle nomma
Husim. Gad et Nephthali allèrent jusqu'à
Haran, et y épousèrent les deux filles d*£-
rooram, fils de Hus, fils de Nachor. Neph-
thali prit Mérimath, l'atnée, et Gad prit
Usith, la cadette; et ils les amenèrent au
pays de Chanaan, h la maison de leur père.
Mérimath enfanta Jasiël, Guni, Jézer et Sal-
lem. Usith enfanta Sephion, Haggi, Suni,
Esébon, Eri, Arodi et Aréli. Aser alla et
épousa Edon, fille d'AphIal, fils d'Hadar, fils
d Ismaël; et il l'amena au pays de Chanaan.
Edon étant morte sans enfants, Aser passa le
fleuve et prit pour femme Hadora, fille d'A-
bimaël, fils d'Héber, fils de Sem. Cette jeune
ff^mme était belle. et douée de beaucoup
d'esprit. Elle avait eu pour mari Melchiel,
fils de Sem, et elle lui avait enfanté,une fille
nommée Sara (1326). Melchiel étant mort,
Hadora revint à la maison de son père : c'est
(13Î6) Sara, mU et mo. Non ,TW comme s'é-
crit en hébreu le nom de Sara, femme d*Abraham.
Le lexlc des Nombres xxvi, 46, porte : Nomen^ an-
lem filiœ Aser, fuit Sara. La paraphr. cbald. d'On-
kelos explique ainsi ce lexie : El le nom de ta fiitê
de la femme d'Aser, était Sara, Elle n*élail fille a A-
ser qu'à lilrc de litle adoptive.
Celte leçon de la paraptif. d'OnkcIfis ne se trouve
pas dans les é<lilions ordinaires: mais elle est ci*
léc par Naklsménides. Quelques édilcurs la doa*
lîUO
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
IM
Ik qa*Aser Tépousa.Et il l'amena nu pays de
Chanaan avec sa fille Sara, ftgée de trois ans,
qui fut élevée dans la maison de Jacob. Et
Sara marchait dans les voies saintes des
enfants de Jacob, et n*eD déviait en aucune
manière. C'est pourquoi Jéhova la gratifia de
sagesse et d'intelligence. Hadora conçut et
•enfanta Jamné, Jésua, Jessui et Béria. Zabu-
lon alla en Madian et y prit pour femme
Marusa, fille de Motad, flis d*Abi(la, Gis de
Uadian, et Tamena au pavs de Chanaan. Klle
enfanta Sared, Elon et Jahélel. Jacob envoya
demander à Aram, fils de Soba, fils de Tharé,
l^lahalia, sa file, pour, la faire épouser à
Benjamin, son fils, âgé de dix ans. Et Maha-
lia vint à la maison de Jacob, et elle devint
la femme de Benjamin. Elle conçut et enfanta
Bêla, Béchor, Asbel, Géra et Naaman. Ben-
jamin alla ensuite, è Tâge de dix-huit ans, et
épousa Harbalh, fille de Zamran, fils d*Abra-
ham (1337), en outre de sa première femme.
Et Harbath enfanta Ehi, Ros, Mophim, Ophim
et Ared.
Juda, s*'8 fils et sa bru.
En ces jours -IJi, Juda alla h la maison de
Sem, et prit pour Her, son fils aîné, Tha-
inar, fille d*Elam, fils de Sem. Mais Her, en
^approchant de sa femme, répandait ailleurs,
«fin de ne pas la féconder. Et Jéhova abhorra
tellement cette action qu'il le fit mourir.
Après la mort de son premier-né, Juda dit à
Onan . Accomplis envers ta belle-sœur le
devoir du lévirat (1328), afin de susciter de
la postérité à ton frère. Onan prit donc
Tbamar pour femme. Mais comme il imitait
l*aboroination de son frère, Jéhova le prit en
horreur et le fit aussi mourir. Alors Juda dit
à Thamar : Va demeurer dans la maison de
ton père jusqu'à ce aue mon fils Séla soit
devenu grand. A la vérité, Juda n*avait pas
intention de le lui donner pour époux, crai-
gnant qu*il ne mourût coiome ses frères
atnés. Thamar retourna donc h la maison de
«on père, et y demeura longtemps. Après la
révolution de quelques années, Halith vint
à mourir. Et quand Juda fut consolé de 1»
mort de sa femme, il alla avec Hiras, son
ami, & Tharonatha, pour y assister à la tonte
de leurs brebis. Thamar, instruite de l'arri-
vée de Juda dans son pays, et voyant qu'on
ne la voulait pas marier avec Séla, quitta ses
habits de veuve, s*enveloppa d*un ample
vêtement, se couvrit la fact^ d*un voile, et
elle alla s'asseoir à la t>ifurc.ition du chemin
de Thamnatha. Juda, en passant par ce lieu,
la vit et l'emmena avec lui (sans la recon*
nent faussement comme une variante de Jona-
than.
Gf Ue Sara est une des personnes qui, d*apiés
les rabbins, ont été admises au paradis san$ goûter
ta morr, parce qu'elle avait assuré Jacob que Jo-
seph était en vie. Elle était prophétasse.
(1327) 6>«. XXV, 2.
{1528) Deut. xxv, 5-10. Il est conslniii que
plusieurs lois du Pentateuque étaient observées
par les Hébreux longtemps avant la publication
de ce code. De ce nombre ét:iit le lévirni. Le
précepte de la circoncision (Lmi xn, 5) datait
du temps d'Abraham. La dittinciioii des animaux
naître), et sVtpprocha d'elle, et elle conçut
de lui. Gt BU temps de sa délivrance elle eut
deux jumeaux, dont Tatné fut nommé Ph»*
rès, et le cadet, Zara.
Continuation de Thisioire de Joseph en Egypte.
En ce temps-lè, deux officiers de Pharaon,
le grand échanson (13^) et le grand panne*
lier, faisaient leur service devant le roi pen-
dant qu*il prenait son repas avec les servi-
teurs et les chefs auxquels il donnait la table.
£t il arriva que Ton trouva une quantité de
moucherons dans le vin présenté par le
grand échanson, et des fragments de craie
dans le pain du pannetier. Pnaraon ordonna
de châtier Tun et l'autre, et de les mettre en
prison. Et le chef de la garde du corps com-
mit Joseph à leur service. An bout d*un an,
tous deux, étant encore incarcérés, eurent
chacun un songe dans la même nuit. Quand
Joseph se présenta le matin pour les servir,
il leur trouva le visage alléré; el il leor de-
manda : Pourquoi avez-vous aujourd'hui la
mine si triste? Ils lui répondirent : C'est que
nous avons rAvé des choses singulières, et il
n*y a ici personne qui sache interpréter nos
songes. Joseph leur dit : Racontez-moi vos
songes. Puisse Dieu leur donner un sens
favorable, selon vos désirs. Le grand 4cban-
son raconta le sien en ces termes : Je voyais
devant moi un grand cep de vigne se parta-
geant en trois bmnches. Il n*a pas tardé k
pousser des boutons, des fleurs et des grap-
pes, lesquelles sont devenues aussitôt des
raisins parfaitement mûris. J*ai cueilli de
ces raisins, et j*en ai exprimé le jus dans
une coupe que j'ai mise dans la main de
Pharaon, et le roi y but. Joseph lui dit : Les
trois branches de la vigne signîQent trois
jours. Dans trois jonrs, le roi ordonnera ton
élargissement et te rétablira dans ta charge,
et tu lui serviras le vin comme par le passé.
Mms aue je trouve grâce à tes yeux ; ne
m'oublie pas auprès du roi. Quand tu seras
heureux, fais-moi la miséricorde de me tirer
de cette prison. Car j'ai été enlevé dans le
pays de Chanaan, et vendu ici comme
esclave. Ce qui vous a été raconté au sujet
de la femme de mon mattre est faux : c'est
injustement que j'ai été mis dans cette
fosse (1330). Le grand échanson répondit à
Joseph : Si le roi me rend sa faveur, ainsi
aue tu me l'annonces, je ferai tout ce que tu
ésires, et je te tirerai de cette fosse.
Le grand pannetier voyant que Joseph
avait bien interprété le sungt; du grand
échanson (1331), s'approcha de Joseph et lui
purR et des animaux impurs {Letiu xi) éuit déjà
connue de Noé. Voy. Genèse^ vu, e.La sanctifi-
cation du sabbat {Exod. xx, 8-1 i) remonte a
la première semaine de la création, où Dieu béMii
et sanctifia le septième jour. (Gen u, 3.)
M329) II est nommé plus loin Mérud.
(1530) On sait que les prisons des anciens étalcut
des souterrains.
(1331) LMnterprétation de Jo<irpb lai parut par-
r.iitement convenir au sonj^e. Mais d'après le Me-
drascli-Rabba , chacun des dvu\ avait va dsins
son sommeil Tinterorétation du songe de Tautre
f201
YAS
PART. III — LEGENDES ET FllAGMEiNTS.
TAS
«Of
raconta aussi son songe. Il lui dit : Il ine
semblait, dans mon songe» que je portais sur
la tête trois corbeilles tressées. La corbeille
supérieure contenait toutes sortes de pâtis-
series* comme en mange Pharaon; et les
oiseaux du ciel en venaient manger de des-
:»us ma tête. Joseph lui dit : Les trois cor*
beilles que tu as vues signifient trois jours.
Dans trois jours» Pharaon examinera ta
cause et te ron<iamnera à la potence; les
oisenux du ciel se repaîtront de ta chair sur
ton corps.
Ce même joar, la reine enfanta un fils au
roi d'£gypte, et ce fut la cause d*une grande
joie pour tout le pays, pour tous les princes
et serviteurs de Pharaon. Le troisième jour
de la naissance du royal enfant « Pharaon
donna un festin à tous ses princes et servi-
teurs, comme aussi aux chefs de faruiée du
pays d*£gypte et du pays de Gessen. Et ce
festin se continuait pendant huit jours con-
sécutifs « accompagné du son des instru-
ments de musique et de danses (1332J.
Mais le grand échanson oublia totalement
Joseph, et ne pensait nullement à en faire
mention au roi, bien c]u*il Teût promis. C*est
Jéhova qui avait ainsi disposé la chose, afin
de punir Joseph de ce qu'il avait mis sa con-
fiance dans un homme. Et Joseph demeura
en prison encore deux ans, jusqu'à Taccora-
piissement de la douzième année de sa dé-
tention.
Mortd'Isaac et ses obsèques.
IsaaCy fils d'Abraham, qui demeurait en
Chanaan, vivait encore en ce temps-là. Il
était A^é de cent quatre-vingts ans. Or^ Esaii
ayant appris que son père approchait du jour
de sa mort, se rendit auprès de lui avec tous
ses enfants, partant du pays d*Edom , où ils
étaient établis an milieu des enfants de Séir.
Jacob et ses enfants quittèrent également
leur demeure d'Hébron, et vinrent auprès de
leur père Isaac. Et Isaac dit à Jacob : Fais
approcher de moi tes enfants, afin que je h*s
bénisse. Et Jacob fit avancer ses onze fils
devant Isaac. Celui-ci les serra dans ses bras
et les baisa Tun après Tautre. Et Isaac les
bénit en ce jour-là, disant : Que le Dieu de
vos pères vous bénisse et multiplie votre
postérité jusqu'à la quantité des étoiles du
ciel. 11 bénit aussi les enfants d'Esau, di-
sait : Que Dieu mette votre crainte sur tous
ceux qui vous voient, et votre terreur sur
tous vos ennemis.
Et Isaac réunit autour de lui Jacob et ses
fils, et il dit à Jacob : Jéhova, Dieu de toute
la terre, m*a adressé la parole, et m*a dit : Je
donnerai ce pays en possession à ta posté-
rité. Si tes enfants gardent mes statuts et les
voies que j*ai prescrites, je m'en tiendrai
envers eux au serment que j'ai fait à ton père
(1552) 11 existe ici une lacune dans le texte du
Yaxchar.
(1555) Une pièce revèiue des formes léjiales
s'appelle en hébreu ^TUl nSD, tibellui aperlu$. (Voy.
Jérémie^ xxxu, 14), eVst-à-dire, pouvant être exhi-
bée toutes et quanics fois il le fallait.
Abraham. Maintenant, lïion tils, apprends h
tes enfants la crainte de Dieu et la conduite
qui plaît à ses yeux. Après avoir fait ces re-
commandations, Isaac expira et fut réuni à'
son peuple, âgé de cent quatre-vingts ans.
Aussitôt, Jacob et Esaii se jetèrent sur son
visage et pleurèrent. Et ses tils Jacob et Esaii
le portèrent à la caverne double, leurs en-
fants marchant nu-pieds tout autour du cer*
cueil et ne cessant de pleurer et de se lamen-
ter. Tous les rois du pays de Chanaan accom-
pagnaient le convoi, et rendaient toutes sortes
d honneurs à la dépouille dlsaac. Et Jacob et
Esaii enterrèrent leurpèreàCariatharbée^qui
est Hébron, avec les honneurs qui se rendent
aux rois. Et ils firent, comme aussi tous les
rois de Chanaan, un grand deuil à Toccasioa
de sa mort.
Partage de la succession d*Isaac.
«
Après la mort d'Isaac, Esnû dit h Jacob r
Apporte tout ce que notre père a laissé; fais-
en deux parts, et c*est moi qui choisirai Tune
des deux. Jacob répondit : J*y consens volon-
tiers. Quand il eut fait les deux parts, il dit à
Esaii : Voii'i, tu peux choisir celle que tu
préfères. Mais écoute ce que je vais te dire :
Jéhova, Dieu du ciel et de la terre, a fait une
promesse à nos pères Abraham et Isaac, eri
ces termes : Je donnerai à la [postérité ce
pays eR possession éternelle. Maintenant»
voici devant toi d*un côté la totalité des biens
laisbés par notre pèro, et d'un autre côté la
promesse de la possession de toute la terre de
Chanaan. Choisis celle de ces deux pans qui
te platt le mieux» et je prendrai l'autre. Esau
hésita etalla consulter Nabaioth, fils d'IsmaëU
qui était alors dans ce pays-là. Nabaïoth lui
répondit : Quelle est cette chose que Jacob te
dit? Voici que lous les enfants de Chanaan
occupent en toute sécurité la terre de leur
habitation, et Jacob pense pouvoir la possé-
der à jamais avec sa postérité? Va et accepte
les biens de ton père, et cède à Jacob la pos
session de ce pays, selon ce qu'il te propose.
Esaii prit donc toutes les richesses de son
père, et n'en abandonna absolument rien à
son frère. Jacob, de son côté, retint toute la
terre de Chanaan, depuis le fleuve d'Egypte
jusqu'au fleuve do l'Euphrate, y compris la
caverne double qu'Abraham avait acquise
d'EphroR. Et Jacob dressa de cette conven-
tion un instrument de vente, qu'il scella, et y
ajouta Tatteslalion écrite de témoins croya^
blés (1333). Il mit ensuite cet acte de vente
dans un vase de terre bien clos (133^), afin
qu'il se conservât longtemps sans s'altérer, et
il le donna en garde à ses Gis.
Songe de Pharaon expliqué par Joseph.
En ces jours-là, après la mort d'isaac. Pha-
raon, roi d'Egypte, vit en songe que, pendant
(1351) Cette manière de garder les titres était
usitée chez les anciens. Ou lit au nièuie endroit
de Jéréniie : Et pone illot in rase fuiili, ul pmna"
nere poisint diebtt$ muUU. Voy. commentaire de
saint Jérôme.
ÎÎO^
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
i3M
qu'il se tenait sur le bord du Nil, sept vaches
belles et en bon point montèrent du fleuve.
Derrière elles montèrent sept autres vaches
hideuses et consumées de maigreur. Celles-ci
engloutirent les premières, etmal^récela<elles
conservaient leur mauvais aspect. Et s'étant
éverllé, Pharaon s*endormit de nouveau; et
dans uu autre songe il vit sept épis pleins et
beaux. Après ceui-ci poussèrent de la terre
sept autres épis, grêles et desséchés par le
vent brûlant d'est (1335), et ils engloutirent
les premiers. Le matin, le roi, conservant le
souvenir de ses songes, en eut Tesprit fort
inquiet. Et il se hâta de mander devant lui
tous les devins et tous les sages de l'Egypte.
Quand ils eurent entendu le récit des songes
de Pharaon» ils dwM tous d'une voix una-
nime : Vive le roi élerneilement! Voici Tin-
terprétation de tes songes. Les sept vaches
belles signifient qu'à un certain temps il te
nallr'a sept filles. Les sept vaches maigres qui
]es suivirent et les engloutirent t'annoncent
que ces filles mourront pendant ta vie. Et
voici la signiS( ation des sept épis pleins et
des sept épis grêles et desséchés : Un temps
viendra ou tu bâtiras sept villes dans diffé-
rentes régions du pays d'Egypte, mais ces
villes seront toutes détruites pendant ta vie.
Le roi ne voulut pas accepter leurs interpré-
tations; car il voyait, dans sa sagesse, qu'elles
ne rencontraient pas la vérité. Et il leur dit :
Comment osez-vous dire des choses sembla-
bles? Votre bouche n*a proféré aue men-
songe et faufiTseté. Prenez garde d'encourir
la mort. Pharaon fit ensuite rechercher d'au-
tres saçes, qui vinrent se présenter devant
lui. Mais ils n'interprétèrent pas d'une façon
plus satisfaisante que ceux qui les avaient
procédés. Et le roi se fâcha encore plus fort
contre ceux-ci, et il leur dit : Dans toutes vos
explications, il n*y a pas un mot de vrai. Il
fit ensuite publier dans toutes les contrées
de l'Egypte, savoir : Tout sage possédant la
science de rinterprétation des songes, qui
ne se présentera pas de suite devant le roi»
sera puni de mort. Mais celui qui donnera
au roi l'interprétation exacte et vraie de ses
songes en obtiendra teUe gr&ce qu'il sollici«-
tara.
On vit alors arriver devant Pharaon tous
les sages, tous les devins et tous les magi-
ciens aEgypte, de Gessen, de Ramessès, de
Tiiphné, de Tanis et de toute l'étendue de
]*£gypte. Les gouverneurs des provinces, les
princes et les officiers du roi y vinrent égale-
ment. Quand le roi leur eut raconté ses son-
ges, tous furent frappés de stupeur, tant ces
visions leur parurent étranges. Or, les sages
se partagèrent en plusieurs opinions, tou-
chant le sens des songes du roi. Les uns
disaient : Les sept vaclies belles sont sept
rois de la race de Pharaon, qui régneront en
Egypte. Les sept mauvaises vaches sont sept
princes oui se lèveront contre eux et les
feront périr. Les sept épis sont les sept
grands chefs de rE^y^^l®» Q^'i tlans une
guerre intestine, tomberont au poufoir de
sept chefs leurs inférieurs. D'autres expli-
quaient en ce sens : Les sept vaches belles
sont les sept forteresses de l'Egypte, el les
sept mauvaises vaches sont les sept Dations
du pays de Cbanaan, lesquelles viendront les
attaquer à la fin des jours, et les détruiront.
Les sept épis de deux Qualités annoncent
que ta postérité récupérera le trAne de
1 Egypte, et se tournera, avec tous les habi-
tants de ce pays, contre les Cbananéens des
sept villes, plus puissants au*eux, et les dé-
feront. D'autres élisaient : voici, A roi, l'in-
terprétation de tes songes : Les sept vaches
belles sont sept reines que tu épouseras
dans des jours à venir, et les sept mauvaises
vaches signifient qu'elles mourront toutes
pendant ta vie. Les sept épis bons el les
sept mauvais annoncent quatorze fils que ta
auras. Dans la suite des jours ils se battront
entre eux, et les sept plus faibles tueront les
sej)t plus forts. D'autres, enfin, exposaient
devant le roi cette interprétation : Les sept
belles vaches sont sept fils que tu auras, et
qlii, à la fin d'un certain nombre de jours,
seront mis à mort par sept de tes chefs. Les
sept épis beaux de ton deuxième songe sont
ces mêmes chefs, qui, dans la suite, seront
vaincus et mis à mort par sept chefs moins
forts qu'eux. Ces chefs s'armeront pour ven-
ger tes fils, et feront retourner à ta race la
couronne d'Egypte. Mais le roi, dans sa
sagesse, comprit qu'encore de ceux-ci nul
n'avait bien rencontré. Et Jéhova avait ainsi
égaré Tesprit des plus sages de r£ffypte,afin
do tirer Joseph de la prison et de 1 élever en
gloire dans le pays qui se vantait de sa
science. Le roi, irrité jusqu'à la foreur
contre les sages et les magiciens, les fit
chasser honteusement de sa présence. 1! fit
ensuite publier dans toute l'Egypte Tordre
d'exécuter à mort tous les sages et tous les
magiciens du pays, sans en épargner nn
seul. Alors les ofliciers de la garde du roi
tirèrent partout l'épée, et se mirent à les
frapper. C'étaient ces sages et ces magiciens
gui entretenaient le peuple dans l'erreur des
fausses divinités.
Et il arriva après cela que Mérud, le graod
échanson,alla se prosterner devant Pharaon,
et lui parla en ces termes : Vive le roi éter-
nellement, et que sa puissance royale s'é-
tende sur toute la terre I Tu avais sujet, il y
a de cela deux ans, d'être mécontent de les
serviteurs, le grand pannetier et mol, et tu
m'as fait mettre en prison avec lui. Pendant
notre détention nous étions servis par un
esclave du chef de la garde du corps. Hébreu
de nation et nommé Joseph, (]ue son maître,
fâché contre lui, y détenait Or, peu de
temps après notre entrée dans la maison
d'arrêt, le grand pannetier et moi eûmes
dans la même nuit chacun un songe. La
matin nous lui racontâmes ce que nous
avions vu en sommeil, et il nous en donna
des interprétations qui se sont vérifiées avec
(15?5) Les veiïls d'est, à l'égard de l'Egypte, venaient d'un pays fort arîdc et fort clwuil, H
devaient être secs el brûlants.
1205
TAS
PART. Iir. — . LEGENDES ET FRAGMNTS.
ïx\S
!«0(^
uDe telle exactitude, 'fu'il n'en est pas tombé
à terre un seal mot. Maintenant, 6 roi mon
mattre, ne fais pas périr inutilement des
Egjrptiens. Qu'il plaise au roi de faire ame-
ner en. sa présence cet esclave, qui t'expli-
quera tes songes arec précision et d'une
manière infaillible. Le roi» goûtant l'avis du
grand écbanson, tit arrêter le massacre des
sages d'Egypte. Il ordonna ensuite de lui
amener Josepb, et il dit à ses officiers : Usez
de ménagement et ne lui causez pas de sur-
prise, de peur que son esprit ne soit troublé;
car il serait interdit, et ne pourrait parler
devant moi avec calme et réflexion.
Et les officiers du roi allèrent et tirèrent
Joseph de la prison, et coupèrent ses che^
veux, et changèrent son vêtement usé et en
lambeaux. Et Joseph vint en la présence de
Pharaon, qui était assis sur son trône, re-
vêtu de ses ornements royaux. Son manteau
(f536) Comme les soixante-dix langues vont
Jouer un grand réle dans Tbisloire de Joseph, il
est nécessaire d*en dire ici un mot.
D'après la tradition de la Synagogue, lorsque
Dieu voulut confondre la langue des hommes réu-
nis pour ronstiuire la leur de Babel, il descendit
sur la ville, accompagné des soixante-dix anges
qui se tiennent constamment en la présence de la
gloire divine, et dont chacun protège une des soixan-
te-dix Dations de ce monde. Chacun des anges mit
sur les lèvres de sa nation une tangue différente ;
de sorte que les hommes de nations diverses ne
8*entf ndaient plus entre eux. Telle est aussi Texpli-
cation que donnent des versets 7 et 8 du xi* chapitre
de la uenèUf la paraph. chald. de Jonathan , les
chapitres de R. Lliéser et plusieurs commentaires
rabbiniques.
On lit dans la Chronique de David Gaus, n** partie,
année 996 du deuxième millénaire : c Dans les
jours de la reine Sémiramis, en Pan 996, eut lieu la
construction de la tour et la confusion des langues.
Et le nombre des langues , d'après renseignement
de nos docteurs, que leur mémoire soit en bénedictioni
égutait celui des nations nommées dans la section Noé
{Gen. x); savoir, quatorze issues de Japheth; trente,
de. Cham ; vingt-six, de Sem : en tout soixante-
dix. Mais les écrivains nazaréens (chrétiens) en fout
moQter le nombre à soixante-douze. >
oTm D>3Dtt/) D-tSDD 'hsTi D^-ûTun nst3i
K, Isaac Âbarbanel, dans son commentaire sur
le cbap. X de la Genèu, transcrit un long pnssage
de Rabenu Nissim, qui explique plus eu détail la
division des nations primitives selon le nombre de$
goixanle-dix lauguei fréquemment menlionnées, dit-
il, dam Cemeignement de no$ docteurs, quê leur
wémoire ioit en bénédiction. Voy, aussi {'Exposition
de lu Genèse par le rabbin Bjkhaî, fol. ii), col. 2.
L'inscription du monument ordonné par Moïse
dans le Deuiéronomet xxvii, 8, devait être dans les
soixante-dix langues. TalmuJ, traité Sola^ fol. 52
recto et fol. 36 recto. Paraph. chald. de Jona-
than, Yarkhi.
Une des qualités exigées pour être élevé à la di*
gnité de membre du ^rand Sanhédrin, éuit de con-
naître les soixante-dix langues, t Car, i dit le Tal-
niud, traité Sanliédrin, fol. 17 recto, c le Sanhé-
drin ne doit pas avoir besoin d^interprètes. »
rDcmm ^sa nsu9D (sic) ^-nruo Mn kw
Uardochée découvrit le complot formé contre la
vie d'Assucrus, parce que les conspirateurs, qui
étaient de Tarse, parlaient de leur projet en langue
de Tarse, et pensaient u*étre coinpiis de personne.
et sa couronne brillaient comme des éclairs,
par la quantité d*or fin et de pierres pré-
cieuses qui en relevaient les riches élofTe»
et la matière. Et le trône, qui étincelait d'or,
d*argent et de diamants, avait soixante-dix
marches.
Or, la coutume établie en Egypte, pour
quiconque paraissait devant le roi et avait à
lui parler, était celle-ci : Tout personnage
de distinction, estimé du roi, montait jus-
3u*à la trente -unième marche, et le roi
escendait jusqu'à la trente-sixième marche^
et s'entretenait avec lui. Tout autre ne mon*
tait que trois marches, et le roi descendait
jusqu'à la quatrième, et s'entretenait avec
lui. D'après une autre coutume, tout homme
qui savait parler les soixante -dix lan-
gues (1336) pouvait franchir toutes les
soiiante-dix marches, jusau'au siège du i*oi;
mais celui oui ne oosséaait oas toutes les.
Mais Mardochée était membre du Sanhédrin, eC
par conséquent entendait tonte leur c<»n versa tion.
Voilà ce que nous dit le Talmud, traité de ifep/itV/a,
fol. 13 verso.
Il est bien vrai que les écrivains chrétiens comp-
tent soixante-douze langues. Nous pensons que
cette différence provient de ce qu'ils suivaient la
version des Septante. Or, celle-ci, dans le chap.
x de la Genèse^ versets 2*2 et 24, donne deux gé-
nérations de plus que le texte hébreu ; savoir, ua
Cainan fils de Sem et un Gaïnan fils d*Arphaxad.
Clément d'Alexandrie {Slrom. lib. i, p. 518 de
redit, de Paris iG29), Euphorus et plusieurs au-
tres historiens c disent que les nations et les langues
sont au nombre de soixante-quinze. Mais de fait il
parait qu*il n*y a que soixante-douze langues gé-
nérales, ainsi que renseignent nos écritures, i^at*
vovrai 5è elvai xa\ xaià t6v &XY)6q X6yov at
')fev(xa\ ScdXexxoi 50o xa\ i66o(x^xoyca, dç ai f)(ii-
Te pat itapafiiSôaJi ypa^aL
Avant d*atler plus lom nous consignons ci une
observation qui ne sera pas inutile pour plusieurs.
Nous nommons simplenTent Clément le célèbre maî-
tre d*Origène, parce que Uome, la boussole infaillible
des Chrétiens, ne le comprend pas dans le catalo-
gue des saiuts.
Saint Gpiphane (Ado, hœres.^ llb. i, n. 5), après,
avoir dit que la folle entreprise des constructeurs
de la tour de Babel déplut à Dieu, ajoute : c Car il
divisa leurs langues, en partageant (multipliant) la
seule quMs avaient en soixante-douze ; selon le
nombre des hommes (chefs des nations) qu*il v
avait alors.» Àieaxi^aae y^P aOxcùv xà; -xkûiaaoL^^ xoV
&ic6 (itâtç elç è6$o{JiT;xo'/xa6uo $Uvei(ie, xaxd( xîôv
xdxe Âvôpcjv d(piO(i^v eOpeQévxa. Voy. aussi hérésie
59, n. 7.
Pour ne pas trop allonger cette note nous ne
citerons également que deux Pères latins anciens..
S. Augustin (DeCiv. Dei, lib. xvi, cap. 6) : c Ex illis
igitur tribus hominibus, Noe filiis, scptuaginia
très, vel potius, ut ratio declaratura est, scptua-
ginia duus geiites, totidemque linguae per terras
esse cœperunt, quae cresceudo et insulas impleve-
runt. »
Voy. aussi les chapitres 3, 10 et il du même
livre. ^ _
S. Ji^rémc (CommenU in Matth. xxvi,53) : « S«^P'
tuaginta duo millia angeloium, in quot gentes ho*
minum lingua divisa est. i C'est- h-dire autant de
fois mille anges que la langue des hommes les a
divisés en nations. La note marginale des Béné-
dictins porte : It'Aqum divi^œ in li.
ii07
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
not
8oixante*dit langues, montait seulement au-
tant de marches qu'il savait de langues. Une
loi spéciale des Egyptiens, en vigueur en ces
jours-là, et rigoureusement observée, sta-
tuait que nul n*était apte à régner sur eux et
gouverner leur pajs, s*il ne savait parler les
soixante-dix langues.
Et Joseph, après s*étre prosterné devant le
roi la face contte terre, monta à la troisième
marche, et s'y arrêta^ et le roi descendit vers
lui, et s'arrêta sur la quatrième marche. Et il
dit à Joseph : J*ai eu un songe que les sages
et les magiciens n*ont pu interpréter selon la
vérité. A la suite de ceci, j'ai entendu dire
que tu es un saviant habile dans l'exacte inter-
prétation des songes. Joseph répondit : Que
Pharaon veuille me dire quel a été son songe.
Mais n'est«il pas vrai que tes interprétations
des songes dépendent de Dieu? Et Pharaon fit
è Joseph le récit de tout ce qu'il avait vu dans
son rêve. Et l'esprit de Dieu s'empara de
Joseph à l'heure où il se trouvait en la pré-
sence du roi, et il connut clairement ce qui
devait arriver à Pharaon pendant tout le
cours de sa vie, et par conséquent la signifi-
caiion véritable de tîon songe. Il dit donc à
Pharaon : Que le roi ne s'imagine pas avoir
eu deux songes différents. Il n'y en a eu
qu'un; mais le Dieu du ciel a voulu lui an-
noncer avec certitude l'événement qu'il va
amener sur la terrre décidément et prochai-
nement : c'est pourquoi il te l'a figuré sous
une double vision. Voici maintenant l'inter-
prétation vraie de ton songe : Les sept vaches
et les sept épis de belle apparence sont autant
d'années, de même que les sept vaches et les
sept épis maigres. Le tout n'est qu'un seul
et même songe. Il arrivera par toute la terre
sept années d'une fertilité extraordinaire;
mais elles seront suivies immédiatement
d'autant d'années d'unô* stérilité désolante,
au point que la famine fera périr les h/dd-
tants de beaucoup de pays. Occupe-toi de
trouver dans tes Etats un homme bien pru-
dent, bien sage, expert dans la conduite de la
chose publique, afin de le charger de l'admi-
nistration de ton pays. Cet homme nommera
des intendants chargés d'amasser sous ses
ordres, dans tes greniers, de grandes provi-
sions de blé« durant tes sept années d abon-
dance; et ils les conserveront pour les années
de famine. De môme, que par ton ordre
chaque habitant de tes Etats mette en
réserve, pendant les sept années d'abon-
dance, une certaine quantité de la récolte de
ses champs, et qu'il la garde dans ses gre-
niers pour lui servir de ressource pendant
les jours de famine.
Le roi se prit h questionner Joseph : Qui
sait et qui pourrait m'assurer que tes paroles
rencontrent le vrai point? Joseph répondit :
Dieu permet que je te donne un signe de
l'accomplissement de ma prédiction et de la
bonté (le mon conseil. Voici que ton épouse
ressent en ce moment les douleurs de l'onfan-
teuient, et elle te donnera un fils, et tu en
auras de la joio. Et au même temps où cot
(I3ô7y Yvij,, plus haut, colonne lâOI,
enfant sortira du SQin de sa mère, ton ti^
aîné, qui a deux ans (1337) et est plein Wf
santé, expirera. Mais l'enfant qui oaJtra au-
jourd'hui calmera le chagrin que le causcM
cette mort. Après avoir prononcé ces (laro-
les, Joseph se prosterna devant le roi, et se
retira.
A peine Joseph fut-il sorti de la présence
de Piiaraon que se vérifia le si^ue qu'il lui
avait donné. La reine accoucha d'un fus, dont
la naissance combla de joie le roi. Mais à li
même heure le palais fut rempli de conster'
nation et de cris lamentables, car on y trouva
le fils aîné de Pharaon étendu inanimé sur 1«
sol d'une chambre. Les serviteurs du roi lai
^annoncèrent avec crainte l'effroyable acci-
dent; mais sa douleur fut tempérée par b
pensée qu'il lui était né un autre Qls. Et
Pharaon reconnut la véracité de toutes les
paroles de Joseph.
Convocation du conseil royal poar délibéra sv k
ctioix d*un vice-roi.
Après ces choses, le roi convoqua tous $fs
princes, les gouverneurs, les cheis et les offi-
ciers. Et quand ils furent réunis, il leur dit :
Vous avez entendu les paroles de cet Hébreu,
et vous avez vu que de son signe de cootir-
mation rien n'est tombé è terre. Je sais que
son interprétation du songe est exacte, et
elle se vérifiera certainement. Maintenant,
avisez, cherchez un mo^en pour garantir
l'Egypte du malheur imminent qu'il nous a
prédit. Tâchez, je vous prie, de découvrir on
Egyptien qui ait comme lui le cœur rempli
de sagesse et de prudence , et je le mettrai à
la tète du pavs; car je sais que nous n'échap-
perons au desastre delafaminequ'autantqae
nous.suivronsleconseildonnépar cet Hébreu.
Tous répondirent: Certes,c'est un conseil salu-
taire que celui de cet Hébreu. Maintenant, ô
roi notre seigneur, tu es investi du supréms
pouvoir; fais ce qui te parait le mieux.
Confie la direction des affaires du pays, sous
ton autorité, à celui que tu préfères, à celui
que dans ta sagesse tu as éprouvé être habile
à sauver tes peuples. Le roi dit alors aux
chefs assemblés : Puisque Dieu a révélé k
cet homme tout ce qu'il nous a ann'<ncé» je
suis sûr que nous ne trouverons pas dans
toute l'Egypte un homme sage et prudent
comme lui. Si tel estvotre avis» c'est lui que
je nommerai à cette dignité; car sa grande
sagesse sera notre salut. Et les princes ré*
pondirent au roi : N'est-il pas vrai qu'un
statut inviolable de l'Egypte prescrit que nul
ne pourra être roi ni vice-roi, dans ce pars,
s*il ne sait toutes les langues des bomoies?
Maintenant, ô roi notre seigneur, voici que
cet Hébreu ne parle que la langue bébrjiî-
que. Et comment un homme qui ne |iarle
pas même notre langue pourrait* il éir^"
notre vice -roi? Toutefois, fais- le »enir
devant toi, examine-le en toutes choses, et
agis en conséquence du résultat. Et to h>it
approuvant leur avis, promit qu'il serait fait
ainsi; et il les congédia.
4209
TAS
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
liiH
€eUe nuit-lè JéhoTa envoya vers Joseph,
m Egypte, un de ses anges qui sont de ser-
vice devant sa gloire. Et Fange arriva devant
la couche où Joseph reposait, dans la prison
de son maître; car Putiphar Tavait réintégré
dans la prison, è cause de son époui^e.
Joseph, éveillé de son sommeil par une
secousse de l'ange, se leva et se tint debout.
Et voici qu'un ange de Jéhova s'offrit à sa
vue. Et range de Jéhova lui enseigna cette
nuit-lè les langues de tous les hommes, et il
changea son nom en Jehosepk (1338). L*ange
de Jéhova disparut, et Joseph se recoucha
émerveillé de cette vision.
Le matin étant arrivé, le roi convoqua de
nouveau auprès de sa personne sqs princes
et ses officiers, et il se fit amener en même
temps Joseph. Le roi Gt approcher Joseph,
qui commença à parler les langues de
toutes les nations. Et à chaque nouvelle
langue qu'il parlait, il franchissait une mar«
che du trône, de sorte qu'il arriva jusqu'à
}a soixante*dixièine, et se trouva en face
du siège du roi. Et le roi se réjouit
beaucoup d'entendre Joseph parler toutes
îes langues, et les princes aussi se réjoui-
rent avec le roi. Et il plut au roi et aux
princes d'établir Joseph vice-roi de tous les
Etats d'Egypte. Le roi dit à Joseph : Puisque
Dieu l'a révélé toutes les choses que lu nous
asfait conualtre, elque tu m'as dnnné des
conseils marqués du sceau de la plus grande
sagesse, c'est h toi que je confère la haute
dignité que tu m'engages de créer, et lu ne
t'appelleras plus Jo«ep/i, mais ton nom sera
Psonthomphaneh (1338*). Tu seras mon second
et de toi dépendra le gouvernement de mon
royaume, et tout mon peuple sera sous ton
obéissance. C'est de ta main que tous mes
oflic.iersel mes princes recevront leur trai-
tement de chaque mois. Tous les gens du
}iays devront se prosterner devant toi. Je se-
nti au-dessus de toi seulement par le trône.
Etieroi liradesa main son anneau, et le
mit au doigt de Joseph, et il le revêtit du
costume royal, et plaça sur sa tôte une cou-
ronne d'or, et orna son cou d'un collier
d'or.
Le roi dit encore à Joseph : Je suis Pha-
w
(1538) Joseph, v]DV; Jeliosepli, v|D%T. LVxlrail
guivanl du Talmud peut servir de cuuiineiilaire à
noire passage du Yasehar. c Les astrologues de
Pharaon dirent: Un esclave que son inattre a payé
vingt pièces d*argent, tu veux le faire notre gou-
verneur! Pharaon leur répondit: Je reconnais en
lui les qualités d*un prince. mTWm KH TTOllû ^J'Ua.
Ils lui répliquèrent: Dans ce cas il doit posséder les
goixauie-dii langues. Arriva Gahriei et lui en-
seigna les soixante-dix langues. Joseph ne pouvant
les apprendre, Tange ajouta à son nom une leitre
du nom du Très-Saint, })éni soit-il (le n du nom
nw, Jéhova), et il les apprit. Car il est écrit (P$al,
Lxxxi, 6): It a posé un témoignage en Jehouph. Je
comprii toute langue que je n'avait pas connue. Le
lendemain, en quelque laugue que Pharaon l'entre-
tenait, il lui répondait dans la même langue, i TaU
niud, traité .So((/,fol. 58 verso.
Les Décisions des additions du Talmud nous ap*
prennent que rtiébreu nVst pas compris dans les
70 langutif .
raon (1339), et sans ton ordre nul ne remue»
ra ni la m^in ni le pied, pour commander à
mon peuple dans toute retendue de l'Egyp*
te. Or, Joseph était Agé de trente ans lors-
3u'il devint vice-roi d'Egypte. Pharaon or-
onna aussi que Joseph monlAt dans son
deuxième char, celui qui marchait immé-
diatement à la suite du char du roi. Alors
on promena Joseph dans les principales rues
de la ville, porté sur un cheval magnifique
des écuries du roi, précédé d'une grande
quantité de divers instruments harmonieux,
et suivi de mille timbales, de mille sistres
et de mille nables. Cinq mille hommes te-
nant à la main des épées flamboyantes, exé-
cutaient toutes sortes de jeux gymnasliqiies
devant lui, et vingt mille des grands du
royaume, ceints d'un ceinturon de cuir par-
semé d'or, marchaient à la droite de Joseph»
et autant à sa gauche. Toutes les femmes et
toutes les jeunes filles, montées sur les ter«
rasses des maisons, assistaient pleines de
joie au triomphe de Joseph; et elles gar-
daient le silence, tant elles étaient captivées
desabeauté (iSkO), Tous les serviteurs du
roi le précédaient et le suivaient, et l'encen-
saient avec les aromates les plus exquis et
les plus chers. Vingt hérauts criaient de-
vant lui: Voyez l'élu du roi, qui doit gou-
verner en son nom tout le royaume. Qui-
conque ne lui obéira pas, ou ne se proster-
nera pas devant* lui la face contre terre,
sera condamné à mort comme rebelle au
roi et au vice-roi. Et tous les Egvptiens se
prosternaient devant Joseph, la lace contre
terre, et ils s'écrinient : Vive le roi ! vive le
vice-roi 1 et les réjouissances publiques du«
rèrcnt longtemps au milieu de la musique,
des chants et des danses. Mais Joseph sur
son cheval de parade levait les yeux au ciel,
et disait : Qui tire le pauvre de la pouss'ère
et relève l'indigent de l'abjection? C'est
Jéhova Sabaoth. Heureux l'homme qui se
confie en lui(13/i^t).
Josepfa, ses richesses, son mariage.
Joseph suivi des princes et des oflTiciera
de Pharaon parcourut toute l'Egypte, afin
d'inspecter le pays et les greniers du roi ; et
l
(1558') YovOoiAçavf^x ^^ 1> version des Septantn,
ue saint Jérôme traduit fort bien, Sahator mundi,
es Kgyptie:ts appc^laienl leur pays le monde.
Un savant égy|ilologue de. Rome , feu le P. Un*
prelli, religieux barnabite, a montré d'une manière
uicontestable que ce nom est véritablement égyp-
li«*u. Il se compose des éléments suivants, 11 arti-
cle. Xovt'Oo, sauveur du monde. M. préposition.
4ev2x , éternel, éternellement ( à Texempl^ des
LXX ii0U2i figurons en grec par x« le hori du cophif*,
qui e&t une h aspirée). Lv sous entier est : Salvator
(le Sauveur) mundi in œUrnum, Votj. la disserta-
tion de feu le P. Ungarclli, DcUa iscriiione gero*
glifica incisa sopra unsarcofago vaticanO'ezigio.Houie^
typ«»graptiic de la Propagande, 18i2.
(I3r>9} Je me réserve le litre de roi.
nSiU) n faut convenir que la beauté de Joseph
opérait en cette circonstance un grand miracle ; et
notre auteur n*a eu garde de passer S'ius silence
cet étonuaut silence.
(1541) / Saim, n, 8 ; PsaL lxxiiv, 13
K
liii
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
I2li
il revint en rendre compte & Pharaon. Et le
roi fil don à Joseph de grandes propriétésen
cham|>s et en yignes, comme aussi de trois
mille talents d*argenty de mille talents d*or»
de pierres précieuses et d'autres objets de
Îrix en grande quantité. H donna aussi à
o$eph cent esclaves pour le servir, et Jo-
seph lui-môme en envoya acheter un bon
nombre. Le jour suivant le roi ordonna à
tous les Egyptiens, sous peine de mort, d'of-
frir è Joseph des présents. A cet effet on
dressa sur la place publique une grande es-
trade couverte d'un tapis, où toutes les of-
frandes devaient être déposées. Et les Egyp-
tiens la chargèrent de pièces de monnaie,
de bijoux d'or et autres objets ouvrés en or
et en argent, de pierres Ones, chacun selon
ses facultés. Et Joseph prit toutes ces cho-
ses et les mit dans ses trésors. Tous les
grands du royaume donnaient à Joseph
toutes sortes de témoignages de respect', et
lui faisaient de riches présents, parce qu'ils
voyaient qu'il était le favori du roi.
Le roi envoya de ses serviteurs à la mai-
son de Pulipliéra fils d*Ahiram , prêtre
d'On (13^2) pour chercher sa Glle cadette, et
il la donna pour femme à Joseph. Cette jeune
fille était fort belle, vierge et très- pudique.
Et Joseph fit b&tlr f)Our son habitation un
vaste etsomfitueux palais dont la construc-
tion dura trois ans jusqu'à son entier achè-
vement. Joseph se fit aussi confectionner un
trône d'une grande magnificence, en or et
en argent, et enrichi de diamants. On y
voyait figurés tout le pays d'E^^yple et le Nil
dans son débordement. Jéhovà ajoutait ron-
tinuellemcnt de la sagesse à la sagesse de
Joseph, et il disposait le cœur des grands et
du peuple de manière que leur alfection pour
Joseph allait toujours croissant. Jéhuva était
avec Joseph, qui devenait de plus en plus
finissant, et son renom s*étendait sur toute
a terre. Joseph*avait une garde de quarante
mille vaillants guerriers, et do six cents
soldats d'élite, pour défendre le roi et lui-
même contre toute attaque subite, sans
compter les chefs et ofliciers du roi. L'ar-
mée se composait de tous les habitants de
l'Egypte, qui étaient innombrables.
Expédition guerrière de Joseph.
En ce temps-là les hommes armés de
Tharsis (131^3) tombèrent sur les enfantsd'Is-
maël, et restèrent longtemps à dévaster leur
pays. Les enfants d'Ismaël étaient alors en-
core peu nombreux, et ne pouvaient résis-
ter aux enfants de Tharsis;et ils étaient ré-
duits à l'extrémité. Alors les anciens d'Is-
maël envoyèrent une lettre au roi d'Egypte,
disant : Envoie à tes serviteurs, nous ta
(I3i2). Cest-Mlre Ilcliopolîs. S. CyrUlo, qui
vivait dans le pays, dii dans soti comiuenlairc sur
0$ée : 1.68 Egyptiens appellent le soleil, Oit.'ûv $i
àuxi xax* aÙTouç h *Haioc.
Notre texte distingue parfail4*inent par Tortlio*
graphe des noms le beau-père de Joseph d'avec son
ancien maître.
(1345). Contrée de TAfrique d*aprés ce qui f^sx
racouté ici, ce qui confirme ropinioii de lleni»Ier
prions, des généraux et des troupes pour
nous secourir en combattant les enfaoïs de
Tbarsis ; car nos forces sont épuisées de-
Îuis longtemps. Et Pharaon leur envoya
oseph avec les vaillants et l'armée quM
commandait, ainsi qu'avec les vaillants de
la maison du roi. Et ils allèrent vers les en»
fants d'Ismaël au pays d'Hévila pour leur
porter secours. Et Joseph défit les enfants
de Tharsis, et se rendit maître de tool leur
Fays, et les enfants dlsmaêi s'y établirent et
habitent jusqu'à ce jour. Après la conquê-
te de leur pays les enfants de Tbarsis le
quittèrent jicécipilamment et se portèrent
dans la région des enfants de Javan leun
frères (13H). Joseph et tous ses vaillants et
toute son armée revinrent en Egypte» car il
n'en manqua pas un seul homme.
Les années d^abondance.
Après la révolution de Tannée, dans la
deuxième année du règne de Joseph, Jébo-
va donna è toute la terre une grande fer-
tilité qui dura sept ans consécutifs, ainsi
que Joseph l'avait annoncé. Et Joseph éta*
blit des intendants qui, sous ses ordres,
amassaient tout le superQu des récoltes» et
le portaient dans les greniers préparés par
Joseph ; Joseph ordonna de prendre le bié
de réserve en épis avec de la terre do champ
qui Ta produit. Et il amassa dans Tespaca
de sept années du blé en une si grande
quantité qu'on ne le pouvait plus calculer.
Et Joseph tlt clore les magasins, et y prépo-
sa des gardiens.
De leur côté, les habitants de TEgypte
amassaient aussi tant de provisions que tous
les greniers du pays regorgeaient de grains.
Mais ils négligeaient les précautions recuiu«
mandées { ar Joseph.
Les enfants de Joseph.
,Aséneth, fille de Putiphéra, enfanta i Jo-
seph deux (ils, Manassé et Ephr/iïm. Joseph
avait trente-quatre ans lors de leur nais-
sance. Les jeunes garçons grandissaient et
marchaient dans la voie et la discipline de
leur père, et ne s'en écartaient ni a dro te
ni à gauche. Et Jéhova était avec les jeums
gens, et ils devinrent intelligents et habiles
dans toutes sortes de connaissances et
dans la science du gouvernement. Tous les
princes et tous les grands de TEgypte les
honoraient beaucoup, et ils étaient eu la
compagnie des fils du roi.
Les années de stérilité
Les années d'abondance étaient passées, et
elles furent suivies do sept années de stéri-
lité; et la famine se déclara dans tout le
qui place le pays de Tharsis en Ethiopie oe Ahjv
si nie. La plupart des auteurs, Bochart à Icurtrir,
veulent que Tharsis soit TËspagne. Dans Euik,
XXVII, li, les LXX traduisent, Rapxu^^tot, et U
Vnigate, Carthaj^inenses. Ce qui peut encore s*ae-
corder avec le récit du Yatchar.
(I5ii) Tharsis était (Ils do Javan. \uen* x, 4). Ou
voit hicn iei que les torritoires des enfants de
Tharsis et des enfants d'isiuaët étaient v.i^itts.
1213
TAS
PART, ill.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
lîU
|)ays. Le défaut de récoltes obligea les Egyp-
tiens à ouvrir leurs greniers; et ils trou*
vèrent leurs provisions g&tées par les cha-
rançons et les calandres» au point qu'ils ne
pouvaient en tirer aucune utilité. Alors,
pressés par la faim, tous les habitants de
lEgypte vinrent et crièrent devant Pharaon :
Donne de quoi a)an{;er à tes serviteurs. Faut-
il que nous mourions de faim devant tes
yeux, nous et les Ames de nos maisons?
Pharaon leur dit : Pourquoi criez-vous vers
moi? N*est-il pas vrai que pendant toute la
durée des sept années de fertilité Josef)h
vous recommandait de préparer des provi-
sions pour la disette? quo ne Tavez-vous
écouté? Les Egyptiens répondirent: O roi,
notre seigneur, par la vie de ton Ame, nous
avons fait ainsi que Joseph nous avait dit;
mais notre blé rempli de charançonsetdeca-
iandres n'est pas mangeable. Le roi enappre-
nant ce malheur fiit fort effrayé, et il leur
dit : Puisque un pareil désastre vous a frap-
pés, allez vers Joseph, et conformez-vous à
tout ce qu'il vous prescrira, et n'y faites
faute. Ils allèrent donc et dirent à Joseph :
Donne-nous de quoi nous sustenter. Faut-il
que nous mourions en ta présence? car il
nous est arrivé ceci et cela. Alors Joseph
ouvrit ses greniers et pourvut de blé les
Egyptiens.
La famine dans les autres pays. — Mesures prises
par Joseph eu prévision de Farrivée de ses frères
en Egypie.
La famine était sur toute la face de la
terre, en tout pays; et en Egypte seulement
on trouvait des grains à acheter. Tous les
habitants de la terre de Chanaan, de celle
des Philistins, d*au delà du Jourdain, les
Orientaux et beaucoup d'autres, ayant ap-
pris qu'il y avait du blé en Egypte, s'y ren-
daient pour s'en procurer. Et Joseph ouvrit
les magasins d'abondance, et y commit des
intendants c|ui en vendaient à tous ceux qui
se présentaienljournellement.
Or, Joseph prévoyait que ses frères de-
vaient aussi arriver en Egypte, afin d'y trou-
ver de quoi soulager la famine qui pesait
fort sur leur pays, 11 fit donc publier ce dé-
cret : D'ordre du roi, du vice-roi et de leurs
ministres, tout homme qui veut obtenir du
blé en Egypte doit s'abstenir d'y envoyer
d'autres personnes. Qu'il y vienne lui-môme,
ou qu'il se fasse représenter par ses fils.
Tout Egyptien ou étranger qui achèterait
du blé eii Egypte pour le revendre en quel-
que lieu que ce soit, sera puni de mort. Que
chacun en achète la seule» quantité néces-
saire pour les besoins de sa propre maison.
Nul n'amènera plus qu'une bête de souitne,
et celui qui en amènera davantage sera puni
de mort. Joseph plaça en outre des gardes
è toutes les portes de la ville, et leur donna
ce commandement : Vous ne laisserez passer
personne qu'après qu'il aura donné son iiom
avec celui de son pore et relui de son aïeul
paternel; et vous m'enverrez chaijue soir la
.iste des arrivants. El ces ordres, publiés
dans tous les pays de la terre, s'exécutaient
rigoureusement. Or, Joseph avait pris toutes
ces dispositions afin d'obliger ses frères de
venir eux-mêmes en Egypte, et afin de con-
naître leur arrivée.
Jacob envoie ses lilt en Egypte.
En ce temps-là «acob apprit qu'il y avait
du blé en Egypte, et il dit à ses fils : Tout
le monde va s'approvisionner en Egypte.
Pourquoi voulez-vous paraître devant les
habitants de ce pays comme ayant suflisam-
ment i\es vivres? Allez aussi en Egypte, et
achetez-nous un peu d'aliments, afin que
nous vivions et que nous ne mourions
pas. Et ses fils se disposèrent è partir. Jacob
leur fit celte recommandation : Lorsque
vous serez arrivés devant la ville de Pha-
raon, n'y entrez pas ensemble par la même
porte, afin de ne pas vous faire remarquer
des habitants. Mais Jacob n'envoya pas avec
eux Benjamin : De peur, dit-il, qu il ne lui
arrive quelque accident en route. Les fils
de Jacob partirent donc au nombre de
dix. Pendant qu'ils étaient en route, les fils
de Jacob, repentants de ce qu'ils avaient fait
à Joseph, se dirent enlre eux : Nous savons
que Joseph a été conduit en Egypte. Puis-
que nous y allons, nous le chercnerons. Si
nous le trouvons, nous le rachèterons; et si
son mattre ne veut pas nous le rendre
moyennant rançon, nous emploierons la
violence, et nous mourrons plutôt que d'y
renoncer. El ils continuèrent à marcher vers
l'Egypte dans cette ferme résolution. Lors-
qu'ils approchèrent de la ville ils se sépa-
rèrent l'un de l'autre, et ils se présentèrent
aux dix portes, où les gardiens prirent leurs
noms. Et le soir Joseph vit par la liste des
étrangers que ses frères étaient arrivés iso-
lément, chacun par une porte différente.
Aussitôt Joseph rendit celte nouvelle or-
donnance : Vous, intendants, aurez h fer-
mer incontinent tous les magasins, hormis
un seul où l'on dispensera du blé à tous
ceux qui en demanderont. En même temps
il donna à l'intendant du magasin resté
ouvert les noms de ses frères, et lui dit : Tu
demanderas les noms de tous ceux qui se
présenleront devant toi pour acheter des
grains, et tu arrêteras ceux qui déclareront
s'appeler ainsi, et tu me les enverras.
Or, les fils de Jacob, entrés dans la ville,
se réunirent pour aller à la recherche do
leur frère avant d'acheter du blé. Ils explo-
rèrent pendant trois jours le quartier des
prostituées; car ils disaient : Joseph est re-
marquablement beau, et ou l'aura mis dans
une de ces maisons. Mais ils ne le rencon-
trèrent point dans cette partie de la ville.
Joseph, informé que les hommes dont il
avait donné les noms no s'étaient pas pré-
sentés au majgasin de vente, chargea des
serviteurs habiles de les découvrir et de les
lui amener. Ces serviteurs les cherchèrent
en vain dans les villes d'E^^'Vpte et jusque
en Gcsscn et Uamessès. Alors Joseph en-
voya seize serviteurs plus exercés en cette
»t5
DIGTiONNAlRE DES APOCRYPHES.
iil<
obo^e (ISi-S) t les d'striboant cIads les C[uatre
quartiers de la ville. Et quatre d entre
eui les trouvèrent tous les dii dans une
maison de prostitution, faisant perquisition
de leur jeune frère, et ils les emmenèrent.
Les fils de Jacob furent conduits devant le
vice-roi assis sur son trône, vêtu de i^yssus
et de poupre, ayant en léte une magnifique
couronneaor, etentouré de tous les vaillants
de sa garde, et ils se prosternèrent devant lui
la face contre terre. Et en considérant le
vice-roi ils furent frappés de sa beauté, des
(;râces de sa personne et de la noblesse de sa
mine, et ils se prosternèrent de nouveau
devant lui la face contre terre. Joseph re-
connut ses frères è la première vue, mais
eux ne le reconnurent pas, à cause de son
changement. Joseph leur demanda : D*où
venez-vous? Tous répondirent : Tes ser-
viteurs viennent du pays de Chanaan, pour
acheter des subsistances. Car la famine est
grave dans notre pays, et nous avons appris
que Ton trouve des vivres en Egypte. Joseph
leur dit : Si tel est Pobjet de voire voyage,
pourquoi ètes-vous entrés dans la ville par
dix por!es diiTérentes? Non, vous êies venus
explorer ce pays. Tous répondirent à la fois:
Il n*en est pas ainsi, seigneur; nous som-
mes d'honnêtes gens : tes serviteurs n'ont
jamais étéespions. Tesservileurssontfrères,
fils d'un homme du pays de Chanaan. Notre
père nous a recommandé ceci : Lorsque
vous serez arrivés devant la ville de Pha-
raon, n'y entrez pas tous ensemble par la
môme porte, de peur de vous faire remar-
Siier des habitants du pays. Et Joseph : Voi-
bien ce que j'ai dit : vous vous êtes sé-
f»arés pour reronnaître les côtés faibles de
a place. N'est-il pas vrai que lor$qu*on vient
en ce pays pour acheler des vivres, on se
relire sans tarder afin d'apporter à la maison
la nourriture qu'attend la famille? Mais
TOUS, voilà trois jours que vous vaguez par
la ville. Et qu'aviez*vous à faire dans le
quartier des prostituées, où l'on vous a trou-
vés? C'est que les espions ne dédaignent fias
ces lieux. Ils répondirent : O seij^neur, à
Dieu ne plaise aue tu aies de nous une pa-
reille opinion. Nous sommes en tout douze
frères, fils de Jacob, fils d'Jsaac, fils d'A-
braham THébreu. Lo plus jeune est resté
avec notre père en Chanaan. Un autre manque
et nous ne savons ce qu'il est devenu. Nous
pensions qu'il se pourrait qu'il fût diins ce
j)ays-ci; et nous Pavons cherché jusque dans
les maisons des prostituées. Joseph leur
demanda : L'aviez- vous cherché dans tous
les autres pays, de sorte qu'il ne restait plus
que l'Egypte? Et s'il y est, qu'y a-t-il de
commun entre un enfant de Jacob et les
maisons de prostitution?... si toutefois vous
m'avez déclaré sincèrement quels sont vos
parents. Ils répondirent : Nous avons en-
tendu dire que ce sont des Ismaélites qui
nous l'ont dérobé, et qu'ils! ont vendu pour
être conduit en Egypte. Or, ton serviteur
notre frère est très-beau, r.*est pooranoi
nous pensions : On l'aura sûrement mis dans
une de ces maisons. Nous le ch*Tchions p/>T2r
le racheter. Joseph leur dit : Tout cela nVst
que dissimulation etimposture. Vous oient^^i
par votre âme en affirmant çiiie vou< é(r«
enfants d'Atiraham. Aussi vrai que Ptiaraoo
vit, vous êtes des espions, et vous vous te-
niez dans ces retraites du vice et de l'in-
famie afin qu'aucun hbnnète homme ne cr>n-
nût votre présence dans ce pays. José) h
ajouta : Et si vous l'aviez trouvé, ce frer-
peut-être imaginaire, et que son mattre eo
eût demandé une rançon considérable, l'aQ*
riez-vous donnée? Ils répondirent : Oui. Il
demanda encore : Et si son mattre s*était re*
fusé à vous le rendre pour aucun prix, qn au-
riez-vous fait? Nous l'aurions tué, ré|>fm-
dirent-ils, et nous aurions reprisnotrefr^re, et
nous nous en serions allés. Joseph dit : Oa
précisément ce que je soutiens. Vous ét^s
des espions, et vous êtes venus avec te |>ro-
jet de massacrer les habitants de adre i^j^.
Ne croyez pas que nous ignorions que deux
d'entre vous ont mis à feu et è sang la vii e
de Sichem, dans le pays de Chanaan, i^'^^r
cause <le votre sœur. Vous venez dans le des-
sein d'en faire autant en Egypte pour voire
frère. Maintenant il n'y a qu une chose qui
puisse me convaincre que vous êtes 5iD< ères
dans ce que vous déclarez. Je vous croirai,
si vous envoyez l'un de vous chercher votre
plus jeune frère pour me l'amener ici. K(
Joseph se relira promptementdans sb cbaoï-
bre pour soulager son cœur en pleurant;
car il était ému d'amour et de compassion
pour ses frères. Il se lava ensuite le vîMi^e
et revint vers ses frères, dont il sépara Si-
méon et commanda de le lier. Mai:^ Simé^n
ne voulut pas s'y soumettre; et comme j1
était d'une vigueur extraordinaire, ou ne
parvint pas h le lier. Joseph appela ses Tail-
lants, et il en parut soixante-<lii àes plus
forU; tenant à la main leurs épées nues. El
les fils de Jacob furent glacés de terreur.
Joseph dit : Saisissez cet homme, et enf^^r-
mez-le jusqu'à l'arrivée de son plus jeun**
frère. Les guerriers mirent aussitôt la nivn
sur Siméon; mais celui-ci poussa un en ef-
froyable qui retentit au loin, et les vaillant»
en furent terrifiés de telle sorte qu'ils tom-
bèrent sur leur face par terre. Et la rraînte
leur inspira de s'enfuir«ettous ceux qui en-
touraient Joseph s'enfuirent aussi, trem-
blant poureux-ménies. Il ne resta avec Joseph
que Manassé son fils. Manassé, excité paria
force que montrait Siméon, marcha droit i
lui et lui déchargea sur la nuque un coup
de poing si lour(>que Siméon en fut domi le.
Et Manassé, le tenant étroitement serré, w
lia et le poussa dans la prison. Tous les (li^
de Jacob étaient stupéfaits de I action d«)
Manassé; mais Siméon leur cria : Le hxt%
qui m'a frappé n'est pas égyptien : c'e^t
sûrement un bras de la race oc Jacuh.
(1545) Les langues unentiles n'ont pas, coiiiine we$ kabiiet, exercés en celte chote^ miles pccet*
les iiôlrcs, un terme spécial qui désigne les hom- saiies «iaiis tout gouvcinciiienl régulier.
lifT
YAS
PART. 111. ^ LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
Hte
Joseph renvoie ses Tréres en'Glianaan. — Nouvelles
iiiquiéiudes do Jacob.
loseph commanda ensuite à Tinteiidant
des greniers de mesurer à ses frères autant
de blé qu*ils pouvaient porter» et de repla-
cer dans le sac de chacun son argent. Il les
congédia ensuite en leur disant : Prenez
garde de contrevenir h mes ordres ; et quand
Yous m'aurez amené votre autre frère, je
TOUS rendrai celui que je retiens en prison,
et TOUS pourrez ensemble retourner auprès
de votre père. Tous répondirent : Nous
nous conformerons ponctuellement à Tordre
de notre seigneur; et ils se prosternèrent
devant lui. Et ils chargèrent chacun sur son
Ane le blé qu'il avait acheté, et se mirent en
route pour retourner au pays de .Ghanaan.
Lorsqu'ils furent arrivés à la première cou-
chée, Lévi délia son sac pour donner à
manger aux flnes, et voilà que tout le poids
(la somme) de son argent se trouvait à Tou-
verture. Ktluiet tous ses frères en furent
trouitlés, et ils dirent: Qu'est-ce que Dieu
nous fait là? et que deviennent les miséri-
cordes de Jéhova envers nos pères Abraham,
Isaac et Jacob, puisqu'il permet aujourd'hui
que le roi d*Eg/pte nous crée des tracasse-
ries? Juda leur dit : Ne demandez pas où
sont les miséricordes de nos pères. Hél
n'est-il pas vrai que nous sommes coupables
devant Jéhova notre Dieu, pour avoir été
immiséricordieux envers notre propre frère,
et ravoir vendu comme un vil esclave?
Ruben ajouta: Je vous ai bien dit : Ne [lé-
chez pas, et ne faites pas de mal à cet en-
fant. Vous ne m'avez pas écouté. Maintenant
Dieu recherche son sang de nos mains.
Et quand ils étaient près d^arriver, Jacob
sortit au-devant d'eux avec toute sa maison.
il leur dit au premier momt*nt : Et Siméou
voire frère où est- il? Pourquoi ne le vois-je
pas au milieu de vous? Et ses fils lui rendi-
rent compte de tout ce qui leur était arrivé
en Egypte. Entrés dans la maison, ils ouvri-
rent leurs sacs, et voici que chacun y re-
trouva son argent. El leur trouble fut au
comble, et Jacob le partagea. Leur père dit
alors: Vous* ne cessez de m'accabicr do
maux. Je vous envoie Joseph pours'informer
de votre salut, et vous venez me dire qu'il
a été dévoré par une bète féroce. Siméon
part avec vous pour l'Egypte, et voilà que
vous me dites que le roi i a mis en prison,
lui qui est invincible. Maintenant vous me
demandez Benjamin, sansdoute pour le fio're
périr également. C'est ainsi que vous faites
descendre avec douleur ma vieillesse dans
le tombeau. Non, Benjamin n'ira point avec
TOUS. Seul il me reste de sa mère, et je pré-
vois qu'il lui arriverait malheur dans ce
voyage. Ruben dit à son père : Si à noire
retour je ne te le représente pas, tu pourras
faire mourir mes deux enfants. Et Jacob dit
à ses fils : Demeurez ici, et ne retournez
plus en Egypte; car jamais mon Gis Benja-
min ne vous y accompagnera, de peur que
\f\ ne le perde*conime ses deux autres frères.
Juda dit aux autres enfants de Jacob : Lais-
sez-le en repos jusqu'à ce que nos provi-
sions soient épuisées : quand la fairo mena-
cera sa vie et celle de toute la maison, il dira
de lui-même : Partez avec votre frère.
Jacob consent à un second voyage en Egypte.
Et la famine allait toujours s'ag^^ravant
dans tous les pays, qui ne trouToient qu'en
Egypte de quoi soutenir la vie. Les enfants
de Jacob demeuraient tout ce temps chez
eux, jusqu'à l'entière consommation de
leurs vivres, et la maison de Jacob était
pressée par la faim. Alors toutes les per-
sonnes de la famille entourèrent Jacob et
crièrent : Donne-nous du pain. Faut-il que
nous mourions sous tes yeux? Et Jacob
ému de piié pleura amèrement. Il appela
ses fils et leur dit : Vous voyez que vos en-
fants pleurent et demandent dû pain; et il
n'y en a pas à leur donner; allez donc en
acheter. Juda lui répondit : Si tu ne laisses
pas aller notre plus jeune frère avec nous,
nous ne pourrons pas retourner en Egypte;
car le roi a protesté que nous ne verrous
pas sa face si noire plus jeune frère n'est pas
avec nous. Tu as appris par la voix de la
renommée aue ce roi n*a pas son pareil,
dans le monde entier, en puissance et en sa-
gesse. Et nous qui avons vu tant de rois,
nous n*en connaissons aucun qui puisse lui
être comparé. Tu vois que dans la terre de
Ghanaan tous les rois le cèdent en grandeur
et en mérite à Abimélech, roi de Palestine;
sache qu'Abimélech reste en arrière du
moindre des ministres du roi d'Egypte. Nous
avons vu, ô notre père, la magnificence de
son palais, de son trône et de ses nombreux
serviteurs. Nous l'avons vu dans tout l'éclat
de sa pomoe royale, et nos yeux ont été
éblouis de la grâce et de la majesté que Dieu
a répandues sur sa personne. Nous vou-
drions, ô notre père, que tu eusses entendu
les paroles de sagesse, de prudence, de sa*
gacilé, que Dieu mettait dans sa bouche lors
de son entretien avec nous. II connaît tout
ce qui est arrivé tant à nous qu'à nos
frères, depuis le commencement; et il nous
a demandé avec un vif intérêt : Votre père
dans sa vieillosse avancée est-il bien ? Nul
ne s'adresse à Pharaon; car tout se fait par
les ordres du vice-roi. Quand il nous prit
pour des espions, nous fûmes sur le point,
excités par la colère, de traiter l'Egypte
comme nous avions fait les villes des Amor-
rhéens; mais le respect pour cet homme
nous subjuguait, et nous n'osions. Jacob
dit : Vous m*avez fait un grand mal en ap-
f prenant au roi que vous aviez un autre
rère. Juda répondit : Rien n'est caché de-
vant sa perspicacité. Mais, pour le moment,
confie à ma main le jeune garçon, afin que
nous puissions nous procurer des vivres. Si
je reviens sans lui, je serai coupable en-
vers toi pendant tous les jours. Ne vois-tu
pas comme tous nos petits enfants pleurent
de faim autour de loi, sons que tu puisses
les soulager? Prends pitié d'eux, et laisse
partir notre frère avec nous. Où serait ta
confianre en Jéhova, qui a assisté en tout
temps tes pères et toi-mèmcy si tu crains
1119
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
îm
aulanl qtio le roi d'Egypte ne retienne ton
fils? Je jure par Jéhova que je braverai fa
mort pour le ramener et te le rendre sain et
sauf. Si nous n'avions pas tant lardé, nous
aurion!^ déjà été deux fois acheter du blé, et
nous l'aurions ramené Siméon avec Benja-
min. Seulement, prie Jéhova notre Dieu,
aOn que dans sa bonté il nous fasse trouver
grâce et faveur devant le roi d'Egypte, et
devant ses gens. Jacob dit : Jo me confie en
Jéhova notre Dieu, qui tiendra étendue sur
vous la main de sa proleclion, et vous ren-
dra agréables aux yeux du roi d'Egypte et
de ses serviteurs. Maintenant levez-vous,
allez vers cet homme, munissez-vous, [des
meilleurs et plus recherchés produits de
noire pays, pour les lui offrir. Le Dieu loul-
puissant vous fera trouver miséricorde de-
vant le roi, qui vous renverra avec Benjamin
et Siméon vos frères. Et ils se disposèrent
pour leur départ, et prirenl dans leurs mains
des plus délicats produits du pays, ainsi que
double somme d'argent. Jacob leur recom-
manda de nouveau instamment son fils
Benjamin. Ayez de lui, dit-il aussi, le plus
grand soin dans ce voyage, et ne vous en
séparez en aucune manière, ni en route ni
en Egypte. Il étendit ensuite ses mains et
J)ria Jéhova avec une grande Ferveur. Les
émmes et les enfants des fils de Jacob le-
vèrent aussi les yeux au ciel, et crièrent
vers Jéhova, afin qu'il protégeât leurs époux
cl leurs pères, et ne les laissât pas succooi-
ber sous la puissance du roi d'FJgypte.
Lettre de Jacob au vice-roi d'Egypte.
Jacob remit entre les mains de Juda et de
ses frères une lettre pour le roi (13/i6) d'E-
gypte. Elle était conçue en ces termes :
« Au puissant et sage Psonthomphanech,
roi d'Egypte, de la part de ton serviteur
Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abrahaui l'Hé-
breu, salut.
c Ce sera une chose connue de mon sei-
gneur le roi d*Egypte que, dans notre pays
de Chanaan, nous avons beaucoup à souffrir
de la famine. Déjà une première fois je t'ai
envoyé mes fils pour obtenir de ta bonté un
peu de provisions. Car je suis entouré de
soixante-dix enfants, et je suis très-vieux;
mes yeux, appesantis par Page, sont devenus
obscurs. Outre cela, je pleure journellement
un fils chéri, du nom de Joseph, qui a dis-
paru de ïïMi présence. C'est moi qui avais
ordonna à mes fils de ne pas entrer ensem-
ble dans ta capitale, de peur que les habi-
tants n'en prissent ombrage. Je leur avais
de plus ordonné de parcourir la ville et d'y
chercher mon fils Joseph. Tu les as regardés
comme explorateurs de ton pays. Nous avons
appris par la renommée combien tu es sage
et prùaent; dès lors tu as dû reconnaître sur
leur mine qu'ils sont loin d'être espious. Tu
es devenu célèbre par ton interprétation
prophétique du songe de Pharaon; celui qui
possède une telle sagesse n'a pu se mé«
prendre sur la qualité de mes fils et sur leur
caractère.
(1546) C'est-à-dire le vice -roi.
« Cette fois, 6 roi mon seigneur, Jenvoie
en ta présence mon fils Benjamin, aïo^i i^ie
lu en as exprimé le désir à mes enfants. J^^
te supplie cle tenir l'œil sur lui jusqa*ù <p
qu'il me soit revenu sain et sauf avec «f^
frères. En revanche, Jéhova noire Dieu aura
l'œil sur toi et siir ton foyaumi*.
« SaiS'tu comment notre Dieu a trar*^
Pharaon et le roi de Palestine, Abimct»^?i.
pour s*êlre emparés de Sara ma mère? Vs^-
tu pas appris qu'Abraham notre père, suiti
de quelques hommes eu petit nombre, i
vaincu et tué les neuf rois d'Elamî U-i-
d'eux de mes fils, Siméon et Lévi, ont dé-
truit les villes des Amorrhéens au oomlr^
de huit, pour une injure faite à leur s^pur?
La présence de Benjamin peut seule lesctn*
soler de la disparition de leur frère J^s€(>^.
Jiige à quels excès ils se porteraient si quei*
qu'un mettait la main sur lui. Tu ne doi^
pas ignorer, ô roi d'Egypte, que nous so-n-
mes forts de la puissance de Dieu, qui ne
nous abandonne jamais, pnrce que vn
oreille est continuellement attentive à n>>9
prières. Quand j'appris de la bouche de mes
fils ton comportement envers eux, j'info-
quai Jéhova pour toi. Sans cela, aussi vrai
que Dieu vit, ta ruine et celle de ton [)eu( ^
serait déjà consommée, et mon fils Benjamin
ne serait pas venu en tai^résence. Mais jt
l'ai épargné, pensant que tu auras de t)on<
procédés pour mon fils Siméon, qui estre^e
dans ta maison. Il est de Fintérét de loit
ton pays de renvoyer en paix mes fils avec
leurs fières.
« Maintenant, voici que je t*ai manitefié
tout ce qui est au fond de mon cœur. •
Deuxième voyage en Egypte.
Les fils de Jacob emmenant Benjamin a'-
lèrent en Egypte et vinrent se présenter à
Joseph. Et Joseph apercevantan milieud'cui
Benjamin, son frère, leur donna le salut «ie
paix, et il commanda à Tintendanlde sa moi-
son de leur préparer un festin. Quanti il
fut midi Jose))h envoj'a inviter ces homri e<
è venir devant lui avec Benjamin. Et in
hommes parlèrent à l'intendant au sujet «Je
l'argent qui avait été remis dans leurs sat.».
Mais il leurdit : N'en ayez pas d'inquiétude;
et en même temps il leur amena leur frèr<5
Siméon. Et Siméon dit à ses frères : A peif e
éliez-vous sortis de la ville que le maître de
l'Egypte m'a retiré de la prison où il mV
vail enfermé sous vos yeux; bien plus, il
m'a gardé dans sa maison, et m'a comblé <l<^
bontés. Et Juda prit Benjamin par la niA.n,
et tous vinrent ensemble en la pré^cnre <<c
Joseph et se prosternèrent devant lui la fa**
contre lerre. Joseph leur dit : Ktes-^oi;*
bien? Vos enfants sont-ils bionî Votre vi- it
père est-il bien? Ils lui répondirent : N «^^
nous portons tous bien. Alors Judo reniât i
Joseph la lettre que Jacob lui envoyait. H
quand il l'ouvrit il reconnut Técriiore li**
son père. Et cotnme il ne pouvait réunir ^c-»
larmes, il se rt'tira prom^uemenl dans ^;n
cabinet et pleura abondammeul. Aj^rès » é-
1211
YAS
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
im
tre laré le visage il revint à ses frères, et il
leva les yeax et vit Benjamin. Il leur dit :
Est-ce iàVotre plus jeune frère dont vous
m'avez parlé? Alors Benjamin s'avança, et
Joseph lui imposant sa main sur la tête lui
dit : Que Dieu te soit favorable, mon filsl
£t Joseph en reconnaissant son frère, fils de
sa mère, se sentit une seconde fois pressé
de pleurer, et il entra dans sa chambre inté-
rieure et soulageason émotion pardes pleurs.
Et après s'être lavé le visage il sortit et se
contint. 11 ordonna ensuite de servir le re-
pas.
Or, Joseph tenait & la main la coune dans
laquelle il avait l'habitude de boire a table.
£IIe était d'argent et garnie desardoines et
de perles de grand prix. Lorsque les frères
allaientse placer, Joseph frappa sur la coupe
et dit : Ce vase à boire m'apprend que Ru-
ben est l'aîné de vous tous; que Siméon,
Lévi, Juda, Issachar, Zabulon, sont enfants
de la même mère. Et il les Ht asseoir en les
appelant dans l'ordre de leur naissance. Il
dit ensuite : Je vois aussi que le plus jeune
n'a pas de frère maternel parmi vous. Je suis
en Cela comme lui. Qu*il vienne donc pren-
dre place à côté de moi. Gt Benjamin monta
jusqu'au trône et s'assit en face de Joseph.
Or, tous ces hommes étaient en admiration
d'une pareille certitude de divination. Pen-
dant le repas Joseph leur envoyait de sa ta-
ble la portion de chacun; mais à Benjamin
ilservait double portion. Manassé etEphraïm
voyant cela, donnaient aussi leurs portions
à Benjamin, et Aséneth en fit autant : de
sorte que Benjamin recevait cinq portions
de chacun des mets (13^7). Joseph fit aussi
offrir du vin è ses frères; mais ils refusé*
rent d'en boire, disant • Depuis le jour de
la disparition de notre frère Joseph nous
nous abstenons de vin, et nous ne man-
geons d'aucun mets délicat. Mais Joseph les
conjura avec tant d*in$(ance qu'ils bureut
avec lui du vin à satiété (13V8)
BeoJamiD reconnaît Joseph par l'inspection d*un
globe asironomiqiie.
Après cela Joseph s'entretint en particu-
lier avec Benjamin, et il lui demanda : As-
tu des enfants? Benjamin répondit : Ton
serviteur en a dix, qui s'appellent. Bêla,
Béchar, Asbel, Géra, Naaman, Echi, Ros,
Mophim, Hophim et Ared. Je leur ai donné
ces noms qui tous expriment mon regret
du frère unique que j'ai perdu. Joseph se fit
apporter son globe des corps célestes, au
moyen duquel il calculait les temps, et il
dit à Benjamin : On m'assure que les Hé-
(1347) Gen. xlui, 33 : Sederunt eoram eo, pri-
mogenilttê juxta primogenita lua, et minimus juxta
œtatem itiam. Et mirabantur iitmis. — Ibid.^ 34 :
Sumptit partibus qua$ ab eo acceptrant^ majorque
pàr$ venit Benjamin, ita ut quinque parlibui exce-
deret.
Ces deux versets, surtout le premier, n'ont de
sens qu'autant qu'on y applique la tradition consor-
véc dan» le Yaichnr. et qui se trouve aussi dans
plusieurs livres des rahhins. Voj^.MéJraschRahba,
Médrascii-Tliaiikliuma, Yaikhi.
breux possèdent toutes les sciences ; entends*
tu quelqiie chose à cet instrument? Et Ben*
jamin : Ton serviteur connaît les sciences
que son père lui a enseignées. Alors Josenh
le pria, disant : Examine la position des
astres, afin de découvrir le lieu précis de
l'Egypte où se trouve ton frère Joseph, puis-
que vous autres êtes persuadés qu'il est en
ce pays. Benjamin ayant pris le globe en-
tre ses mains, l'examina attentivement. Il
partagea ensuite le ciel de l'Egypte en qua-
tre régions astrologiques, et tout h coup il
fut saisi de stupeur ; caril reconnut quece-
lui qui était assis devant lui sur un trône,
était lui-même son frère. Joseph, s'aperce-
vant du saisissement de Benjamin lui de-
manda : Qu'as-tu découvert, et quelle est
la chose qui te fait éprouver une si vive
sensation? Benjamin désignant du doigt un
point du globe, répondit : Il est indiqué ici
que Joseph mon irère est assis près de moi
sur ce trône. Joseph lui dit aussitôt : Oui,
c'est moi qui suis ton frèro Joseph; mais ne
révèle pas la chose à tes frères. Voici que je
vais vous congédier tous ensemble. Jedon«
nerai en même temps ordre de vous, rame-
ner en ville, et je te prendrai du milieu de
tes frères comme pour te garder. S'ils ex-
posent leur vie pour te ressaisir je saurai
qu*ils se repentent sincèrement de ce qu'ils
m'ont fait. Mais s'ils t'abandonnent tu de-
meureras avec moi, et j'emploierai la force
contre eux, et les chasserai d'ici, et je ne me
ferai pas connaître à eux.
La coupe trouvée dans le sac k blé de Benjamin.
En ce jour-là Joseph commanda à son in->
tendant de remplir de blé les sacs de ses fr^
res, d'y replacer l'argent qu'il en avait reçu,
d'introduire la coupe d'argent dans le sac à
blé de Benjamin , et de lui donner des provi-
sions pour la route. Le lendemain de bon
malin les hommes chargèrent leurs fines, et
s'acheminèrent avec Benjamin vers le pays
de Chanaan. Ils n'étaient pas encore loin de
la ville lorsque le gouverneur du palais du
vice-roi courut après eux par ordre de son
maître, et leur dit ; Pourquoi avez-vous dé-
robé la coupe de mon maître? En entendant
ce reproche, ils furent indignés et s'écriè-
rent : Si lu peux trouver la coupe sur l'un
de nous, qu*il subisse la mort, et nous tous
consentirons à devenir esclaves de ton maî«
tre. Et ils s'empressèrent de décharger leurs
fines, pour faire visiter leurs sacs. Et voici
que la coupe se trouva dans te sac de Ben-
jamin. Alors tous les frères déchirèrent liurs
(iStô) Le Médrasch-Rabba dit également que
depuis le jour de la vente de Josepli ils n*avaient
pas bu devin.
Noire texte porte, comme la Bible, Tiatm. La
\ulgate traduit trop littéralement, et inebriati $unt.
Le verbe hébreu ne signifle pas toujours, s>ri-
vrer^ mnis bien souvent boire a $atiété^ ou mieux,
pour nous servir d'une expression populaire, boirt
ton content, sans se laisser aller jnsqu'k Tivresse.
Tri esi cviilomm-nt le sens ici. Ils ne burent pas
comme des Anglais.
41^
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
lia
yêtements, et retournèrent h la ville arec le
gouverneur du palais; et pendant le trajet
ils ne cessaient oe frapper Benjamin. Juda,
outré de colère, s'écria : Vive Dieu! cet
homme ne me fait ramener que pour causer
en ce jour la ruine de sa capitale. Et ils ar-
rivôrenfau palais de Joseph, qui était assis
sur son trône, et ses plus forts guerriers se
tenaient à sa droite et è sa gauche. Joseph
leur dit avec sévérité :Quelle estcetle action
que vous avez faite d^emporler ma coupe?
Je sais que vous l'avez prise pour qu'elle
vous indique le lieu de ce pays où est vo-
tre frère. Et Juda fit entendre ces paroles de
son aOliction : Que répondrons-nous à mon
seigneor? Qu'alléguerons-nous, et comment
nous justifierons-nous? Dieu a trouvé l'ini-
quilé do tes serviteurs; c'est pourquoi il
nous accable de ce malheur. Joseph se leva
brusquement et leur arracha Benjamin de
vive force, et entra avec lui dans son ap-
partement dont il ferma la porte derrière lui.
Le gouverneur du palais vint ensuite dé-
clarer, savoir : Voici ce que dit le vice-roi :
Retournez en paix auprès de votre père. Je
me contente de retenir le voleur de ma
coupe.
Section Vàiyiggasch.
JosepI) se faii connaître à ses frères.
Et Juda courant après Joseph enfonça la
porte d*un coup de sa main. Il vint avec ses
frères se placer devant lui, et l'npostropha
en ces termes : Que mon .seigneur ne soit
pas irrité de ce que j*ai fait, et souffre que
ton serviteur expose un mot devant toi. Jo-
seph lui dit : Parie. Et Juda commença ainsi:
N'est-il pas vrai que la première lois que
nous sommes venus acheter des vivres, tu
nous as traités d'espions? Nous nous sommes
justifiés de cette accusation en t'amenant
Benjamin; et voici que lu nous suscites une
autre querelle. Maintenant, 6 roi, accorde
ma demande, et renvoie avec nous notre
jeune frère à son père, de peur que lu ne
sois cause en ce jour de ta ruine et de celle
de toute l'Egypte. Tu n'ignores pas ce que
mes frères Siméon et Lévi ont fait à Sichem
ot aux autres villes des Amorrhéens pour
venger Dina noire sœur; que ne feraient-ils
pas pour délivrer Benjamin leur frère? Et
moi, je suis plus f^^rt qu'eux; et je ferai sen-
tir en ce jour la puissance de mon bras à loi
et à ton pays, si tu ne rends pas la liberté à
notre frère; car vous ne pourrez pas lenir
contre moi. Tu entends les Egyptiens s'en-
tretenir encore maintenant dus plaies hor-
ribles dont Dieu, qui a fait choix de notre
famille, a frappé un Pharaon, parcequ'il avait
osé enlever Sara notre mère. Notre Dieu se
souviendra de son alliance avec Abraham,
et il t'accablera de maux, pour te punir de
l'ailliction que tu causes à notre père, et des
(1549) I^ texte dit autrement. Submergemini in
torum sptuii.
(1350) Médmsch-Rabba rlM/(drascl)-TIiankhuma.
« Je coiiimf'nccral par loi et je finirai par Pharaon. >
Vny. aussi Yarkfii.
fausses accusations dont tu te plais è d'>ms
vexer. Joseph lui répondit : Pourquoi eu-
gères-tu ainsi votre force, et que signiti^nt
toutes ces vanlerios? Si je le commandaiv i
mes nombreux et vigoureux guerriers, lU
vous écraseraient toi et tes frères ici pré-
sents (13i9).Et Juda : C'est plutôt^ (oietani
tiensà tremblerdevant moi ; car si je tire m *iï
épée, vive Jéhoval cène sera pas en tsid.
Je massacrerai toute l'Egypte, en coraniH)-
çant par toi et en finissant "par ton maltr(fp:a-
raon (1350). Et Joseph : Tu n'as pas seul en
partage une force extraordinaire; je- sud
plus vigoureux, plus robuste que toi. Si lu
tires ton épée, je la retournerai, moi, c^^d-
tre la gorge et contre celle de tes frèr*-?.
Juda reprit : Dieu est témoin entre toi »;
nous que nous n'avons jamais Touln te fair';
la guerre. Donne-nous seulement notre frt" i-,
et laisse-nous partir Iranquilleaient. Josp, '
répliqua:Parlaviedc Pharaon vous viendri-z
avec tous les rois de Chanaau que vous &"
pourriez pas m*arracher votre irère. Main-
tenant, allez-vous-en retrouver votre père.
Quant à votre frère, il demeurera moa en-
clave, car il a commis un vol dans le i^alatN
du roi. Telle est la loi en Egypte. Et Juda :
Tu es indigne du titre de roi. Un roi réftaol
avec profusion sur tout son pays de l'or h
de Targent, soit par des dons, soit par ces
sacriQces. Toi tu fais gra'nd i>ruit d'une
coupe que tu ns mise toi-même dans le^^ac
de notre frère, et voilà que tu crics qu'elle ii
été volée. A Dieu ne plaise qu*un entant:-
Jacob commette une pareille bassesse, q ut!
vole le moindre objet à toi ou à quelque au-
tre,soit roi, soitprince, soitsinaple humai::.
Garde plutôt le silence touchant cette chose,
autrement on dirait dans tout le pays que
le chef de l'Egypte s'est auorellé avec t'*
étrangers pour un peu d argent, ou qu'il
lesaaccusés d'un cnme imaginaire, afin «U*
s'approprier leur frère comme esclave. J-^
seph répondit : Prenez la coupe et relirez-
vous de ma présence; mais il faut qaa von*
renonciez à votre frère car il m'appardeni
en toute justice. Et Juda : El comment nf»
rougis-tu pas de hasarder cette pro|M)siiiori?
Nous ne renoncerions pas à notre frère ('»u-
mille fois la valeur de ta coupe, pas nièu.*
pour Targent qui est entre les mains de tuis
les hommes sur la terre. Nous mourrons
plu lot que de te le laisser. Et Joseph : Vou^
qui avez fait si bon marché de voire auie
frère, que vous avez vendu pour vingt i >é-
cesd*argenl, et dont vous avezperdu lalra<e,
seriez-vous plus difliciles pour celui-ci?. 4
ces mots, Juda, tout humilié, changea detio.
Que pourrons-nous dire h notre |)ère, qui
tombera dans un chagrin mortel si nou« u^
lui ramenons pas notre frère? Vous liitei.
répondit Joseph, que le seau a entrahit' •*
corde (1351). Juda : Tu recours au laco-
(1551) Proverbe hébreu. ^Sn nnwtrnTrt.
Mwl à ntol, la corde a $U'vi te U0U, Après Ij p^'''^
de Josrpli, celle de Bt*rijuiiiiri. Joseph a aun^' 1^
jaiuiii.
1S85
TAS
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
Ii26
songe pour couyrir ton injustice. Joseph :
S*il en était ainsi, je ne ferais que vous ren-
dre monnaie pour monnaie; car vous avez
les premiers menti à votre père, en lui don-
nant à entendre qu'une bète féroce avait dé-
voré votrefrère,tandisque vous l'aviez vendu.
Que n'allez-vous dire à votre père qu'une
bête féroce a de même dévorécelui-ci? Jo-
seph 6t à Juda encore d'autres reproches sem-
blablesqni i'huniiliaienteitrèmement. Alors
Juda, hors de lui, enleva une pierre qui se
trouva sous sa main, pesant plus de quatre
cents sicles^et la jeta en l'air, et la reçut dans
la main gauche, et la réduisit en poussière en
la pressant entre ses doigts. Manassé re-
marquant la frayeur de son père, prit une
pierre du même poids, et en ût exactement
autant. Juda-se tournant vers ses frères, leur
dit : Je vous ai déjà communiqué ma pen-
sée. Cet homme ne peut pas être Egyptien :
il doit appartenir à notre sang. Juda dit en-
suite à Nephthali : Cours et compte les quar-
tiers de la ville, et reviens promptement
m'en dire le nombre. Hais Siméon lui dit:
Ne prends pas ce soin. Je vais à l'instant sur
une montagne, et j'en lancerai sur la ville un
rocher qui écrasera tous les habitants. Or,
ils ne savaient pas que Joseph comprenait
ce qu'ils disaient entre eut parlant la langue
sainte (1352). Et comme Joseph craignait
qu'ils ne fissent de grands dégâts dans la
ville, il ordonna à Manassé de réunir à la
hâte toute l'armée, piétons et cavaliers, avec
des tambours, des trompettes et autres ins-
truments les plus assourdissants.
Nephthali accomplitsa missionen peu d'ins-
tants ; car il était agile à la course comme les
chevreuils des champs, et passait si légère-
ment sur les plantes qu'il ne les courbait pas.
11 rapporta donc que les quartiers de la ville
étaient au nombre de douze. Juda dit alors
à ses frères : Dépéchez-vous de ceindre cha-
cun votre épée. Nous ne laisserons pas une
Âme en vie dans toute la ville. Vous tuerez
chacun un quartier; et moi, je suis assez
fort pour venir à bout de trois quartiers.
Pendant que Juda prononçait ces paroles,
voici qu'arrivaient les Egyptiens et tous
leurs vaillants. Ils étaient cinq cent neuf ca-
valiers et dix mille piétons, outre quatre
cents hommes qui avaient coutume de com-
battre sans épée et sans lance , ne faisant
usage que de la force de leurs poings. Tous
entourèrent les fils de Jacob, et commencè-
rent à les étourdir par leurs cris, et par le
bruit de leurs instruments. Car Josepn leur
avait défendu de toucher à un seul d'eux.
Juda voyant qu^une partie de ses frères
étaient effrayés, leur dit: Que craignez-vous,
puisque la protection de Dieu nous est assu*
rée? 11 tira son épée et s'élançant contre l'ar-
mée des Egyptiens, il poussa un cri terrible
et prolongé. Et Jéhova fit tomber la crainte
de Juda et de ses frères sur les vaillants et
les hommes qui les cernaient, et tous s'en-
fuirent avec une précipitation telle qu'ils
renversèrent ceux qu'ils rencontraient, et
dont plusieurs restèrent morts par terre. Et
Juda avec ses frères les poursuivirent jus-
qu'au palais de Pharaon. Ils retournèrent
vers Joseph, et rugissaient devant lui comme
des lions en fureur, et comme les flots qu'ir-
rite l'agitation de la mer. Joseph satisfait du
dévouement de ses frères pour Benjamin, se
persuada (]u'ils regrettaient de cœur le mal
qu'ils avaient voulu lui faire à lui-même, et
résolut de leur découvrir qu'il était leur
frère Joseph. Il envoya Manassé poser la main
sur répaule de Juda, dont aussitôt la colère
s'apaisa. Joseph lui demanda ensuite avec
douceur: Pourquoi te mets-tu en avant plus
que tes frères? Juda lui répondit sur le même
ton : Sache que je me suis rendu garant de
ce jeune homme envers mon père, en lui
disant : Si je ne te le ramène pas, je serai
coupable envers toi pendant tous les jours.
Maintenant que je trouve grAce à tes yeux
pour que tu le renvoies avec mes frères, je
resterai, moi, à sa place pour (e servir en
tout selon ta volonté. Situas besoin de m*en-
voyer contre un roi ennemi de dure résis-
tance, je te donnerai des preuves de ma
force et de ma fidélité.J'anéantirai son armée
et je t'apporterai sa tète. Joseph dit alors:
Je vous rendrai votre plus jeune frère, si
vous m'amenez à sa place son frère de mère,
puisque vous dites qu'il a été conduit dans
ce pays, et que, d'ailleurs, nul de vous ne
s'est rendu garant pour lui envers votre père.
Siméon lui objecta : Ne t'avons-nous pas dit
tout d'abord que nous ne savons où le trou-
ver, et que même nous ignorons s'il n'est
pas mort? Comment peui-tu nous imposer
une semblable condition? Et Joseph : Vous
dites que Joseph est perdu, et peut-être mort,
si je l'appelais et quM parût devant vos yeux,
me le donneriez-vous pour me servir à la
place de votre plus jeune frère? Alors Juda
entra dans une grande colère, au f)oint que
ses yeux s'injectèrent de sang, et il s'écria
avec tous ses frères : Plutôt que d'abandon-
ner ce frère retrouvé, nous exterminerions
toute l'Egypte, ou nous mourrions tous jus-
qu'au dernier, en combattant. Alors Joseph
se mit à appeler: Joseph I Joseph I Et pen-
dant que ses frères se tournaient qui d'un
côté, qui d'un autre, pour voir par où en-
trerait Joseph, il leur dit : Où se perdent vos
regards? Joseph est devant vous. Le frère que
vous avez vendu, et qui a été mené en Egypte,
c'est moi (1353). Maintenant, qu'il ne vous
f&che pas de m'avoir vendu, car c*est Dieu
qui ma envoyé ici devant vous pour votre
conservation durant la famine. Et Benjamin
(1352). Voy. plu8 haut, noie 1538.
(1353) Dan» ia Genè$e le dénoùroent est amené
auirement ; et, certes il n'y perd pas. A'o» le pu-
lerat ultra colûbere Joseph. EuvavUque vocem cum
(Utttf et dixU fralribuê iuis: Ego êumJoieph. Adliuc
paêer mew vitit ?
DiCTioNN. DBS Apocryphes. II»
Notre Yoiehar néglî^ le adhue paler meus vîWi t
sans douie parce que jusqu^à présent II a été trop
souvent question du père pour que Joseph ne fût
sûr de son existence.
Dans le Médrascli'Rabba le dénoftment est rapporté
comme dans le Yatchar,
39
îni
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
fSI
en entendant tout cela, accourut de Tinté-
rieur de Tappartement, et se jetant au cou
de Joseph, il l'embrassa et pleura. Alors les
autres Kères s'approchèrent, et eux aussi
embrassèrent Joseph. Et Joseph et tous ses
frères pleurèrent abondamment.
Joseph fait de riches présents à tous les membres
de sa famille de Cbanaan.
Cependant le bruit s'était répandu dans fe
palais du roi que ces hommes étaient les
frères de Joseph. Et Pharaon s'en réjouit
beaucoup, et il envoya de ses serviteurs fé-
liciler Joseph de l'arrivée de ses frères. De
môme tous les chefs des diverses armées
vinrent en féliciter Joseph. Et Pharaon fit
dire par ses serviteurs è Joseph : Invite tes
frères à aller prendre dans leur pays tout
ce qu'ils ytont laissé, et tu les établiras dans
]a meilleure province de l'Egypte.
Or, Joseph distribua de son propre trésor
h ses frères ; savoir, h chacun un double vê-
tement de prince et cent sicles d'argent.
Mais à Benjamin il donna cinq habillements
de rechange, brodés d*or et d'argent, et trois
cents sicles d'argent II leur commanda de se
refèlirde ces habillements, et les présenta
è Pharaon. Le roi se réjouit extrêmement en
voyant que tous les frères de Joseph étaient
des hommes robustes et de belle stature.
Au sortir de la présence de Pharaon, ils firent
leurs préparatifs pour retourner en Clianaan
auprès de leur père. Et Benjamin était avec
eux. Joseph leur donna pour le voyage onze
des chars de Pharaon; et pour le transport
do son père il fit partir avec eux le char de
son jour de triomphe. Il envoya aussi aux
enfants de ses frères des habillements selon
leur nombre, et cent sicles d*argont pour
chacun d'eux. Et pour les femmes de ses
frères il envoya des habillements de la garde-
robe des épouses du roi, ainsi que des par-
fums, secs et liquides. Il donna aussi à cha-
cun de ses frères, dix hommes de peine pour
faire le service de l'émigration en Egypte.
Il remit h Benjamin de plus qu'à ses autres
frères, pour ses enfants, dix habillements,
€inqcentssictesd'argenl; outre cela, dix chars
qui étaient un présent de Pharaon. Et à son
j)ère il envoya dix Anes chargés de tout ce
que l'Egypte produit de meilleur, eldix fines-
ses portant une grande quantité de provi-
sions de bouche pour l'entretien de toute sa
maison tant en Chanaan que pendant la route
pour venir en Egypte. Il envoya à Dina sa
sœur des robes brochées d'or et d'argent,
ainsi que des aromates et toute espèce de
parfumeries à l'usage des femmes. Il en en-
voya autant aux femmes de Benjamin de la
part des épouses de Pharaon. Il ajouta à tout
cela, pour ses frères et pour leurs femmes,
toutes sortes de pierres fines de grand prix,
(l35i)Cesl-à-dire, Alie adoptive. Voy. ci-devant
note 1oi6.
(1555) DmSm rm SjnrUui Dei. Yaikhi: La glaire
ditine e$i tnviue repoter sur lui
(1556) Paraphr. chald. de Jonaihan, Nombres
SiTi, 40 : Klle • élé introduUe en vU dam le Para-
et d'autres articles précieux que les grands
du pays lui avaient offerts.
Quand les fils de Jacob partirent , Joseph
les accompagna jusqu'aux confins da pays,
et en les quittant il leur dit : Ne vous que*
reliez pas en route à mon sujet; car c*est
Dieu qui a ainsi disposé les choses afind'as'
surer l'existence de notre famille si nom-
breuse. Voici que nous avons encore devant
nous cinq années entières de famine. Il leur
dit aussi : Arrivés è la maison, n'annoncei
pas la nouvelle à mon père brasquemeol;
mais usez d'un prudent ménagement.
La bonne nouvelle annoncée à Jaoob.
Lorsque les fils de Jacob furent arrivés i
l'entrée du pays de Chanaan, ils se consul-
tèrent entre eux sur le moyen d'apprendre
l'existence et l'élévation de Josepli k leur
père graduellement, afin de ne [Mis lui cau-
ser un saisissement mortel. Et en s*«tcheini-
nant vers leurs demeures ils virent arriver
Sara, fille (1354] d'Aser, qui sortait à leur
rencontre. La jeune fille était d'un aspect
très-agréable, sage et habile à jouer de la
harpe. Ils lui donnèrent le baiser de paii,
et lui dirent : Va chanter au son de la bar(>e
devant notre père ceci et cela. Et elle prit
son instrument, et de sa voix la plus douce
elle fit entendre ces paroles aux oreilles du
vieillard affligé :
Joseph mon oncle n*esl pas mort
Favorisé p>ar le Dieu Tort,
D'Ëgyple il est devenu maître.
La joie en ton cœur va renaître.
Au son du chant agréable qui répétait ces
vers plusieurs fois, il sembla è Jacob qu'il
s'éveillait d'un songe, et la joie s'introdaisit
doucement dans son &me. En même temps
l'esprit de Dien vint reposer sur lui (1355),
et il comprit que le chant de Sara était Tei-
pression de la vérité. Et il bénit la jeûna
fille, et lui dit : Ma fille, la mort n'aura point
prise sur toi pendant l'élernité, parce que
tu as ranimé mon esprit (1356). Mais répète-
moi ta chanson : elle me fait du bien. Pen«
dant que Jacob parlait ainsi, voici que ses fils
arrivèrent devant sa porte, montés sur des
chevaux et des chars, et précédés de nom-
breux serviteurs. Il se leva promptement
pour les recevoir, et il vit ses fils en habits
de princes. Et ils lui dirent : Joseph notre
frère vit. Il tient sous sa puissance toute l'E-
gypte. C'est lui-même qui te fait annoncer
cet heureux message. Et ils étalèrent devant
ses yeux toutes les belles choses qu'ils ap-
portaient pour lui, et ils distribuèrent aux
autres ce que Joseph leur envoyait. A cette
vue', Jacob fut entièrement convaincu de U
vérité, et sa joie fut grande, et il s'écria: Puis-
que mon fils Joseph vit encore ma félicité
est au comble. Je veux l'aller voir avant de
dis, sous la conduite de soixante myriades ^a»fet.
parce qu^elle avait annoncé à Jacob qna Josepk HaU
encore vivant.
U Talmuil, traité Dérecli-Ereu SuU. cbap I".
met celte Sara au nombre des neuf personaaftt
qui ont été admis tout en vie dans le paradis.
im
TAS
PART. III.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
itSO
mourir. Je descendrai en Egypte, pourvoir
mon fils et ses enfants. Et Jacob, après s'6lre
baigné, et avoir rasé tout son corps (1357),
se revêtit des habillements envoyés par Jo-
seph, et mit sur sa tête la thiare également
envoyée par son fils. Toutes les personnes
de sa maison se revêtirent de même, et elles
célébrèrent de grandes réjouissances. Les
habitants de Cbanaan vinrent en foule féli-
citer Jacob. £t Jacob offrit des festins somp-
tueux pendant trois jours aux rois et à tous
les grands du pays.
Jacob va en Egypte.
Or, après ces choses Jacob dit : J*irai
voir mon fils en Egypte, msis je retournerai
en Chanaan, parce que Dieu ayant promis ce
pays à Abraham, je ne dois pas Tabandonner
pour toujours. Il pensait aussi intérieure-
ment : Je liens à m'assurer si mon fils, qui
demeure parmi les E^ptiens^ a conslirvé
dans son cœur la crainte de Dieu. Mais le
Verbe de Jéhova (1358) se communiqua à lui
en cette manière : Descends en Egypte avec
toute ta maison, et ne crains pas d y demeu-
rer ; car je te ferai devenir dans ce pays un
peu pie nombreux. Pour ce qui est de Joseph,
rassure-toi à son sujet. Il a persévéré dans sa
fidélité à me servir. Et Jacob se réjouit beau-
coup de )a piété de son fils. Jacob et ses fils,
chacun emmenant toutes les personnes de sa
maison, partirent donc joyeusement deBer-
sabée et du pavs de Chanaan, et se mirent
en route pour l'Egypte selon Tordrede Jého-
va. Quand ils furent près d'arriver, Jacob
envoya en avant de iui,Juda demander à Jo-
seph qu'il lui assign&t un lieu pour sa de-
meure. Joseph aussitôt disposa pour son
[>ère et toute sa maison, une habitation dans
e pays de Gessen. 11 fit ensuite atteler son
char et se porta au-devant de son père au
milieu de tous ses vaillants, de tous ses ser-
▼iteurs et de tous les principaux chefs de
l'Egypte, revêtus de byssus, de pourpre, d*or
et d'argent, et portant leurs armes; car il
les avait tous convoqués sous peine de mort.
Ils étaient accompagnés de troupes d'hom-
mes qui jouaient de tous les instruments
usités en Egypte, et répandaient tout le long
du chemin des aromates et des parfums. Et
toutes les femmes des Egyptiens, montées
sur les terrasses des maisons et sur les mu-
railles, tenaient à la main des sistres et des
nables.
Lorsque Joseph se trouva ne plus être
éloigné de son père que de cinquante cou-
dées, il descenait de son char pour marcher
à pied, et, à son exemple, tous les Egyptiens
mirent pied à terre. Jacob, étonné et plein
d'admiration à la vue du camp brillant et
nombreux qui s'avançait vers lui, demanda
à Juda : Qui est celui qui marche au milieu
des guerriers, orné de vêtements royaux,
portant un manteau de pourpre et une cou-
ronne de souverain ? Car Pharaon avait en-
voyé à Joseph sa propre couronne pouraller
au-devant de son père. Juda lui répondit :
C'est Joseph, c'est ton fils, qui est roi. Et Ja-
cob se réjouit beaucôun de la gloire de son
fils.
Et Joseph arrivé près de son père se pros-
terna devant lui« et tous les hommes de sa
suite se prosternèrent avec lui la face contre
terre. Mais Jacob courut à Joseph, et s'é-
tant jetéà son cou, il le baisa et pleura. Et
Joseph en serrant son père dans ses bras, le
baisa et pleura. Et tous les Egyptiens étaient
attendris jusqu*aux larmes Jacob dit à Joseph:
Maintenant je puis mourir, et je mourrai
content, puisque tu es encore vivant, que
j'ai vu ta lace, et que je suis témoin de ton
élévation aux plus grands honneurs de la
terre. Ensuite tous les fils de Jacob, leurs
femmes et leurs enfants, vinrent embrasser
Joseph, et pleurèrent avec lui abondamment.
Jacob et toute sa maison firent ensuite leur
entrée dans la ville avec Joseph. Et Joseph
les établit à Gessen, la meilleure contrée de
rEgypte.
Joseph présente sa famille au roi
Et Joseph dit à son père et h ses frères :
Je m'en vais trouver Pharaon, et je lui an-
noncerai que mon père et mes frères sont
v^nus vers moi avec tout ce qu'ils possè-
dent, et que maintenant ils sont au pays de
Gessen. 11 choisit donc parmi ses frères,
Ruben,Issacbar, Zabulon et Benjamin, et les
présenta à Pharaon, il dit au roi: Mon père,
mes frères, et toute la maison de mon père,
me sont arrivés avec tout leur avoir, et leur
gros et menu bétail. Us désirent demeurer
MU Egypte; car dans le pays de Cbanaan ils
souffrent de la famine. Pharaon dit à Joseph :
Etablis tes proches dans notre plus belle
province, et nourris-les de tout ce que le
pays produit de meilleur. Joseph répondit
au roi : Voici que je les ai fait demeurer à
Gessen avec leurs troupeaux, à cause des
Egyptiens, qui ont en horreur les pasteurs
de menu bétail. Pharaon dit à Joseph : Con-
tente tous les désirs de tes frères. Les fils
de Jacob se prosternèrent devant Pharaon,
et ils se retirèrent de sa présence en paix.
Après cela, Joseph présenta à Pharaon son
f)ere. Et Jacob se prosterna devant le roi et
e salua par un souhait de bonheur. Et Ja*
cob et ses fils avec leurs familles s'en allè-
rent au pays de Gessen, où était leur habi-
tation.
Richesses amassées par «osepb peodant les années
de famine.
Ce fut la deuxième année de la famine, et
la cent-trentièine de la vie de Jacob. Et Jo*»
seph nourrissait abondamment et délicate-
ment son père, ses frères et leurs familles
pendant tous les jours de la famine. Il leur
donnait aussi an par an à chacun leur be-
soin de vêtements et d'étoffes. Il avait cons-
(1357) Choses que selon les rabbins, il n'avait
pa» faiiet depuis qu*il pleurait son ûls, à la ma-
Bière de ceux qui sont en deuil.
(t358) Ainsi le texte: mn^ "07, Yerbum /<-
hovœ.
IS5i
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ic;
tammentà sa table son père, et il en envoyait
des portions à ses frères. Pareillement tous
les Egyptiens recevaient de la maison de Jo-
seph de quoi se nourrir suflSsamment pen*
dant la durée de la stérilité; car ils lui ven-
daient en échange tout cequ*ils possédaient.
C*est ainsi que Joseph acquit pour Pharaon
tous les champs et autres terres des Egyp-
tiens. Et quand ceux-ci n*eurent plus de
terres, ils apporlèrent.à Joseph leur or, leur
argent, leurs pierres fines et aussi leurs
étoffes précieuses, afin d'obtenir de quoi
manger. Joseph amassa de celle façon
soixante-douze talents d*or et d'argent, et
des pierres précieuses sans nombre. Et il
cacha ses richesses en quatre lieux diffé-
rents; savoir, dnns le désort qui longe la
mer Rouge, auprès du fleuve deTEuphrate,
dans les déserls qui avoisinent la Perse et
la Médie. De ce qui après cela lui reslait
encore entre les mains il déposa vingt ta-
lents dans le trésor de Pharaon, et il en dis-
tribua une certaine quantité entre ses frères,
leurs femmes et les autres personnes de leurs
maisons.
Dernière maladie de Jacob. — Il demande à être en-
terré dans la caverne double d*Iiébron— Ses der-
lûércs cxhorlations. — Prédiction de la servitude
d'Egypte et de la délivrance des eufauti d'Israël.
La période de stérilité étant finioi on re-
commença à ensemencer la terre, et elle
produisait chaque année des moissons comme
en temps ordinaire. Joseph exerçait son au-
torité sans trouble, car toutes les affaires
se géraient par ses ordres. Jacob et ses en-
fants avaient pris racine dans la terre de
(lessen. Ils s*y multipliaient prodigieuse-
menty et y vivaient tranquilles pendant tous
les jours de la vie de Joseph. Les fils de Jo-
seph, Epbraïm et Manassé, se tenaient cons«*
tamment dans la maison de leur aïeul, et
dans la compagnie des enfants des frères de
leur père, afin d'apprendre à connaître les
Yuies de Jébova et sa doctrine.
SectioQ faikhi.
En ces jours-là Jacob était fort avancé en
Age. Il y avait déjè dix-sept ans qu'il demeu-
rait en Egypte, et tous les jours de sa vie
étaient de cent quarante-sept ans. Et alors
il fut pris de la maladie dont il devait mou-
rir. Il envoj^a chercher son fils Joseph, et il
lui dit, ainsi qu'à ses autres fils : Voici que
je vais mourir. Le Dieu de vos pères vous
visitera' et vous ramènera au pays que Jé-
bova a juré de vous donner, à vous et a votre
postérité après vous. Quand donc je serai
mort, vous m'enterrerez auprès de mes pères
dans la caverne double d'Uébron, dans le
pays de Chanaan. Et il leur fit promettre
avec serment de faire ainsi. Ensuite il les
exhorta disant : Servez Jébova votre Dieu;
car c'est lui qui vous sauvera de toute cala-
mité, de même qu'il en a sauvé vos pères.
Jacob dit aussi : Appelez-moi lous vos
enfants. Et tous les enfants de ses fils se réu-
nirent autour de lui. Et en les bénissant il
leur dit : Que Jéliova Dieu de vos pères vous
multiplie des milliers defois autant qoevoQs
êtes maintenant; qu'il vous bénisse et ac-
complisse sur vous les bénédictions qa*il a
données à votre père Abraham.
Le lendemain Jacob appela de nouveau ses
fils autour de lui, et il prononça, avant de
mourir, sur chacun d'eux la bénédiction qui
convenait à son caractère. Et voici que ces
bénédictions sont dans le livre de la loi de
Jéhova, écrit pour Israël. Jacob dit aussi à
Juda : Je sais, mon fils, que tu es Se plus vi-
goureux de tes frères, et leur roi, et que ta
postérité régnera sur leurs enfants jusqu'à
l'éternité. Mais exerce tes enfants au manie-
ment des armes, àûn qu'ils puissent défen-
dre leurs frères contre tout ennemi.
Ce même jour-là Jacob ordonna à ses en-
fants; savoir : Voici qu'en ce jour je serai
réuni à mon peuple. Vous m'emporterez
d'£$;ypte, et vous me déposerez dans la ca-
verne double, ainsi que je vous l'ai déjà
prescrit. Mais vous seuls porterez mon cer-
cueil, et nul de vos enfants. Et voici dans
quel ordre vous porterez mon cercueil. Juda,
Issachar et Zabulon le soutiendront devant;
Ruben, Siméon et Gad à la droite; Epbraïm,
Manassé et Benjamin derrière; Dan, Aser et
Nephthali à la gauche. Vous ne permettrez
pas àLévi de vous aider à porter, car lui et
ses enfants sont destinés & porter Tarche
de l'alliance de Jéhova. Joseph mon fils ne
doit pas non plus vous aider à porter mon
cercueil, àcausédesadignité royale. Ephraïm
et Manasséi ses fils le remplaceront en cette
chose. Ne vous écartez en rien de cet ordre
de convoi. Jéhova vous récompensera éter-
nellement, vous et vos enfants, si vous rol>-
servez exactement. Et vous, mes fils, hono-
rez-vous les uns les autres, et chacun son
prochain. Recommandez à vos enfants et à
vos petits-enfants de servir tous les jours
Jéhova, Dieu de vos pères. Car si vous opé-
rez ce qui est bon et agréable aux yeux de
Jéhova votre Dieu, en marchant dans toutes
ses voies, vos jours et ceux de vos enfants
et de vos petits-enfants, seront prolongés sur
la terre jusqu'à l'éternité. Et toi, Joseph,
mon fils, pardonne le crime de les frères, et
tout le mal qu'ils t'ont fait ; car Dien Ta voulu
ainsi pour ton bien et pour celui de tes en-
fants. Mon fils, protège tes frères, selon la
puissance que tu en as, contre la malveil-
lance des Ej^yptiens, et ne les affilie pas toi-
même; carje les confie à. la main de leur
Dieu. Les fils de Jacob répondirent à leur
père: Nous nous conformerons à tout ce que
tu prescris. Puisse Dieu Aire avec nous! Ja-
cob leur dit : Dieu sera effectivement avec
vous, si vous gardez toutes ses vt»ies, s-^ns
vous en détourner ni à droite ni à gauche,
mais accomplissant ce gui est bon et agréable
à ses yeux. Car je sais que de grandes et
nombreuses calamités vous attendent daos
ce pays, vous et vos enfants. Hais demeurez
fidèles à Dieu, et il vous délivrera de toute
angoisse. Instruisez vos enfants dans lacon-
naissance de Jéhova, et il vous suscitera de
vos enfants un sauveur gui vous délivrera^le
vos oppresseurs, vous tirera de TEisypte rt
1253
YAS
PART. rn. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1231
VOUS ramènera jusqu'au pays de vos pères,
que vous posséderez tranquillement.
Après avoir prononcé ces paroles, Jacob
retira les pieds dans le lit, et il expira et fut
recueilli à son peuple. Alors Joseph se pré-
cipita sur son père en jetant un cri lamen-
table, et il pleura sur lui en le baisant, et il
s'écria: Mon père 1 mon pèrel Toutes les
femmes des fils de Jacob, et toute sa maison
arrivèrent également et baisèrent Jacob en
pleurant amèrement. El les Qls de Jacob dé-
chirèrent leurs habits, et entourèrent leurs
reins de cilices, et se jetèrent la face contre
terre, et répandirent des cendres sur leurs
tAtes. £t Asénetb, femme de Joseph, ayant
été avertie de l'affligeant événement, se re-
vêtit d*un cilice, et vint avec toutes les fem-
mes delà ville pleurer Jacob et en faire le
deuil. Pareillemenl les Egyptiens qui avaient
connu Jacob se rendirent près de son corps
aussitôt qu'ils eurent appris qu'il était dé-
cédé, et ils le pleurèrent pendant beaucoup
de jours. Il arriva môme du pa^vs de Cha-
naan des bomraesqui avaient été instruits de
la mort de Jacob, et ils le pleurèrent pen-
dant soixante-dix jours. Et le deuil était
général en Egypte, et parmi les habitants du
pays de Gessen.
Funérailles de Jacob. — Esaûy survient.
Et il arriva qu'après cela Joseph ordonna
aux médecins d'embaurâer son père avec
toutes sortes d'essences fines ; ce qui fut
exécuté. A la fin des soixante-dix jours de
deuil, Josephdit & Pharaon : Je désire mon-
ter au pays de Chanaan afin d'y enterrer mon
père, selon qu'il me l'a fait promettre par
serment. Je reviendrai ensuite ici. Pharaon
envoya dire h Joseph : Fais ainsi que tu as
juré." Et Joseph se leva avec tous ses frères
pour aller enterrer leur père dans le pays
de Chanaan, conformément à ce qu'il avait
prescrit. Au môme temps Pharaon fit pu- '
blier : Tout homme qui s'abstiendra de con-
courir avec Joseph et ses frères à honorer
les funérailles de Jacob, sera puni de mort.
Enexécution decctordre, tous les serviteurs
de Pharaon et les anciens de sa maison,
comme aussi les anciens do l'Egypte, les
princes et les seigneurs, se joignirent aux
enfants de Jacob pour aller au pays de Cha-
naan. Or, les fils de Jacob portèrent le cer-
cueil dans l'ordre que leur père avait réglé.
Le cercueil était d or pur, enrichi de pierres
précieuses qui garnissaient le couvercle tout
autour. 11 était recouvert d'un drap brodé
d'or ayant des attaches que retenaient des
agrafes d'onyx et de perles (1359). Joseph
posa sur la tète de son pèro une grande cou-
ronne d'or, et lui mil & la main un sceptre
d'or. Et le cercueil était accompagné de l'es-
corte qu'ont les rois en leur vie. Les troupes
de l'Egypte, rangées eu ordre, marchaient
en tôle sous le commandement des valeu-
reux chefs de Pharaon et de ceux de Joseph.
Après elles venaient les autres Egyptiens.
Tous ces hommes étaient revêtus de leurs
(1359) Texte, nVn.
armures, et portaient leurs épées et les au-
tres armes onensives. Les pleureurs, et au-
tres hommes à gages pour le deuil, mar-
chaient à une certaine distance du cercueil,
et faisaient grand bruit de lamentations. Jo.-
seph el les officiers de sa maison, tous nu*
pieds, marchaient aux deux flancs du cer-
cueil. Ils étaient accompagnés du reste des
serviteurs de Joseph et de ses forts guer-'
riers armés de toutes pièces. Cinqunnteser-
viteurs de Jacob précédaient le cercueil, et
répandaient sur la route de la myrrhe et de
l'aloès et d'autres substances aromatiques,
sur lesquels passaient les fils de Jacob por-
teurs du cercueil. Au dernier rang venait
une foule d'Egyptiens de toutes les classes.
Joseph avançait de celle manière, jour par
jour avec ce camp nombreux, vers Je pays
de Chanaan. Et Ton parvint à l'aire d'Atad,
3ui est au delà du Jourdain, et l'on y célébra
es funérailles grandes et solennelles. Les
rois de Chanaan, au nombre de trente et un,
instruits de ce qui se passait, s'y rendirent
avec leurs suites, pour faire le aeuil de Ja-
cob et le pleurer. Et quand ils virent sur le
cercueil la couronne de Joseph, ils ôlèrent
tous de leurs tètes leurs couronnes, et les
rangèrent sur les quatre côtés du dessus du
cercueil.
Or, Esaiî, qui demeurait sur la montagne
de Séir, ayant été instruit de toutes ces cho-
seS| se leva avec ses enfants, toute sa mai<^on
et tousses serviteurs, foule très-considéra-
ble, et ils vinrent à Taire d'Atad pour pleu-
rer Jacob et prendre part h ses funérailles..
A cette occasion , les Egyptiens et les Cha-
nanéens recommencèrent avec eux leurs
pleurs et leurs gémissements.
Conflit sangliitit.
Le convoi partit de ce lieu-là et arriva à
Hébron pour y enterrer Jacob auprès de ses
pères. Quand on fut devant la caverne de
Carialh-Arbée (1360), Esaii et ses fils en bar-
rèrent de leur corps l'entrée, et ils dirent à
Joseph : Jacob ne sera pas enterré ici; car
cette caverne est à nous. Joseph enflammé
de colère, dit à Esaû : Quelle est celle pré-
tention que tu mets. en avant en ce jour?
N'est-il pas vrai qu'après la mort d'Isnac, il y
a de ce temps vingt-cinq ans, tu as vendu à
mon père Jacob, pour de grandes richesses,
ta part et celle de ta postérité, non-seule-
ment de ce champ avec sa caverne, mais
aussi de tout le pays de Chanaan? Esaiî ré-
pondit : Ce que tu dis est faux. Je n'ai rien
vendu. Or, Esaiî niait ainsi,parce qu'il savait
que Joseph était absent à I époque de cette
vente. Joseph lui objecta : Mais mon père a
dressé de celte vente un contrat en bonne
forme. Il est revêtu de rattestalion de té-
moins, et nous le conservons en Egypte. Et
Esaiî: Produisez ce contrat, et j'accepterai
tout ce qu'il contient. Alors Joseph appela
son frère Nephthali, et lui dit : Cours avec
la vélocité dont tu es doué, et apporte-nous
d'Egypte les écrits authentiques passésentre
(1360) Vulgale, cîrKai krbu\
1255
DIGTIOiNNAlRE DES APOCRYPHES.
IÎ3I
notre père et son frère ; celui de la vente de
ce pays et celui du renoncement au droit
d*alnessc ; aGn que nous confondions l'impu-
dence d^Esaii et de ses 61s. Et Nephthaii par-
tit avec la vitesse du vol de l'oiseau. Or,
Neplithali avait les iambes plus légères que
les chevreuils des champs. Dans sa course
rapide il passait sur les plantes sans les faire
Rlier. Quand Esaù et ses enfants virent que
epbthaii était parti pour chercher les ti-
treSy ils disputèrent la caverne plus violera-
ruent, et ils engagèrent un combat avec Jo-
seph et ses frères. Mais les fils de Jacob et les
tîgypliens leur opposèrent une vigoureuse
résistance, et leur tuèrent quarante hom-
mes.
Et Husira, fils de Dan, était éloigné du lieu
du l'.ombat l'espace de vingt coudées ; car il
élait resté avec d'autres enfants de Jacob
près du cercueil, pour le garder. Or, Husim
élait sourd et muet : cependant il remarqua
qu'il y avait du tumulte. Il demanda donc
(par signes) : Qu'est-ce qui empêche d'en-
terrer Te mort? Et que veut dire ce mouve-
ment que j'aperçois? On lui fit comprendre
qu'Esaii et les siens s'opposaient par les ar-
mes à l'enterrement do Jacob dans la ca-
verne. Aussitôt il courut à Esau dans ia
roôlée, et d'un coup de son épée fit rouler sa
tète loin du tronc au milieu des combat-
tants. Après ce fait d'Husim les fils de Jacob
demeurèrent vainqueurs, et ils enterrèrent
sans résistance leur père dans la caverne
sous les yeux des fils d'Esaii.
Et Jacob fut enterré dans la caverne dou-
ble, revêtu d'habits précieux, et, par les soins
de Joseph, avec les honneurs qui se ren-
dent aux dépouilles des rois.
Joseph et ses frères observèrent ensuite
le grand deuil de'sept Jours (1361 ).
Peu de temps après cela, penclant que le
cadavre d'Esaiî était encore gisant par terre
sans sépulture, la lutte recommença plus
forte entre les enfants de Jacob et ceuxd'E-
sAii, qui étaient venus mettre le feu à la ville
d'IIéhron, où se tenaient alors les enfants
de Jaiob. Mais ceux-ci d<*6rent les enfanis
d'Esaù, et leur tuèrent quatre-vingts hom-
mes, tandis qu'eux-mêmes n'en perdirent
pas un seul. La main de Joseph s'appe5nnlit
sur tous les gens d'Esaii, et il fit prisonnier
Sepho, fils d'Eliphaz, et cinquante de ses
compagnons. Il les chargea de chaînes, et
Jes mit entre les mains de ses serviteurs
pour les emmener en Egypte. Ceux de la
maison d'Esaûqui restaient^ s'enfuirent avec
(1561) Pour le deuil des Hébreux anciens, Voy.
Fleiirt, Mœurs des Israélites, ii* partie, xvin .
(i.V)^) Une partie nolable des pages suivantes
appartient éviciemment aux suppléments, et se
compose dVmprunts faits au livre hébreu Yosiphon,
de Joseph-ben-Gorion.
(1565) Ce benaba nommé dans la Genèse, xxxvi,
52, est une des viUesdontRosenmucUer dit: * Igno-
ramus, nunn Intra, an extra Idumaeam quaerendae
sint. I S. Jérôme, De loàs Uebr.^ nous apprend que
de son temps il y avait encore dans ce pays deux
lieux appelés Dennaba. (Par deux nn comme récri-
vent les LXX, Aevva6à.)
Eliphaz, afin de ne pas tomber en captivité,
et emportèrent le corps d*Esaii. Les enfants
de Jacoh les poursuivirent jusqu*à la fron-
tière de Séir. Mais ils n'en frappèrent aucun«
par égard pour la dépouille d'Esaû qa*il«
portaient. Joseph et ses frères retournèrentk
Hébron, où ils se reposèrent ce jour-Ji et \t
lendemain des fatigues des combats. Quant
aux enfants d'Esaii, revenus à la montagne
de Séir, ils y enterrèrent le tronc de leur
père ; car sa tète avait été enterrée à Hébron,
sur le lieu môme du combat.
Expédition des enrants d*Esaû contre TEgypie.
Dès le troisième jour après ces événements,
les enfants d'Esaû s'occupèrent à réanirsous
les armes tous lea enfants de Séir THorrhéen
et tous les enfants de l'Orient, et eii for-
mèrent une armée nombreuse eorome le
sable de la mer, et ils descendirent vers TB-
eypte pour attaquer Joseph et délivrer leurs
frères captifs. Joseph, ses frères et les vai^*
tants d'Egypte marchèrent à leur reacontre
jusqu'à Hamessès, et leur firent éprouver
une perte très-considérable. Ils leur tuèrent
six cent mille hommes, parmi lesquels tous
les vaillants des enfants de Séir THorrhéen.
Le peu d'hommes qui survécurent à la dé-
faite s'enfuirent avec Eliphaz, fils d'Esau.
Joseph et ses frères les poursuivirent jusqu*à
Socoth, et leur tuèrent encore en ce lieu
trente hommes. Ceux qui purent échapper
s'enfuirent chacun' chez soi. Joseph, ses frè-
res et les guerriers Egyptiens s'en revinrent
triomphants en Egypte. Sepho, fils d'Eliphax,
et ses compagnons de captivité, déjà si aiDî-
gés, éprouvèrent une nouvelle affliction.
*
Guerre entre les enfants d'Esaû et les enfants de
Séir (136^).
Lorsque les enfants d'Esaii et les enfanis
de Séir furent de retour dans lenr pa^s,
ceux-ci dirent aux premiers : Vous voyez
Sue c'est à cause do vous que nous avons
prouvé cette grande défaite, et qu'il nenous
reste plus un seul vaillant, un seul homme
connaissant Tari de la guerre. Maintenant,
retirez-vous de notre territoire cl allez-vous-
en au pays de Chanaan, patrie de vos ancê-
tres. De quel droit vos enfants posséderont-
ils un jour ce pays-ci avec les nôtres? Mais
les enfants d'Esatï ne voulanipa» obtempérer
à cet ordre, les enfanis de Séir résolurent de
les expulser par la force des armes. Alors
les enfants d Esaii envoyèrent secrètement
dire à Aïnias , roi de benaba , en Afri-
que (1363) : Accorde-nous du secours eo
Le supplément du Taschar, ou 'plutél le Toti-
phon, qu^il copie, en fait maladroitement la ccléUte
Tille Je Carihage, en Afrique.
Il y a dans ces fragments rabbioiqves des rémi-
niscences d'Enée et de Turnus, se disputant la
main de Lavinîe, appelée ici Jania, et des gnerns
entre les Romains et les Canhaghiois. Mais tout y
est dcliguré et arrangé velut œgri somaM, eomine
di'. Horace. On y rapporte, eitire autres, qu^Anai-
bal, roi de Carihage, après ses expéditions coafrt
les Romains, retourna dans sa Tille, et y finit '
rcusemeni ses jours. Credat Judxus Apclu.
1337
TAS
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
lî>>
hommes, afin quMIs nous sou tiennent contre
les enfants de Séir THorrliéen ; car ils ont
résolu de nous chasser de ce pays. Aïnias
(136&)t qui à cette époque voulait du bien
aux enfants d'Esali, leur envoya cinq cents
fantassins, bons soldats, et huit cents cava-
liers. De leur côté, les enfants de Sélr avaient
mandé aux enfants de TOrient et aux Ma-
dianites, disant: Vous avez vu le mal que
les enfants d*£saii ont attiré sur nous en
nous entraînant dans une guerre contre les
enfants de Jacob, dans laquelle presque toute
notre nation a péri. Venez donc nous aider
à les expulser de notre pays, et à venger sur
eux la mort de nos frères, dont i! sont la
cause. Les enfants de TOrient accueillirent
la demande des enfants de Séir, et ils leur
envovèrent huit cents hommes exercés h ti-
rer I épée. La bataille entre les deux partis
se livra dans le désert de Pharan. Lesenfants
de Séir restèrent vainqueurs des enfants
d'Esaû, et ils tuèrent deux cents hommes
des gens d*Àïnias. Le jour suivant, les en-
fants d*£saû retournèrent è la charge ; et
l'issue du combat leur fut encore contraire,
et les enfants de Séir les serrèrent de près.
Les enfants d*Esaû voyant que les enfants
de Séir avaient le dessus, une partie d*entre
eux se tourna contre ses frères, et se joignit
à Tennemi. Dans cette deuxième journée les
enfants d'Esaû avaient éprouvé une nouvelle
perte notable, et il y périt vîngt^huit hom-
mes des gens d'Aïnias. Le troisième jour
les enfants d'Esaii accablés de tristesse, di-
rent l'un è l'autre: Que ferons-nous à nos
frères qui se sont jpintsànos ennemis contre
nous? Et ils firent dire de nouveau à Aïnias,
roi de Denfrba : Envoie-nous encore du se-
cours pour combattre les enfants de Séir,
qui déjà deux fois ont été plus forts que
nous. Aïnias leur envoya un nouveau
corps auxiliaire de six cents vaillants guer-
riers. Au boutde dix jours les enfanis d'Esaû
nttaquèrent dans le désert de Pharan les en-
fants de Séir, qui cette fois, furent entière-
ment défaits. Tous leurs guerriers au nom-
bre de plus de deux mille, périrent dans ce
combat, jusqu'à, leur dernier homme; et il
ne survécut de. leur peuple quelesieunes
enfants, qui étaient restés dans la ville. Les
Madianites et les enfants de l'Orient s'étaient
retirés du combat à l'heure môme où ils vi-
rent que les enfants de Séir succombaient.
Mais les enfants d'Esaii les poursuivirent
jusqu*à leur pays, et leur tuèrent dans leur
fuite deux cent cinquante hommes. Du côté
des enfants d'Esaii environ trente hommes
avaient été tués, mais par la main de ceux
de leurs propres frères qui avaient tourné
leurs armes contre eux. Et cela fut un sur-
croît d'afflictions pour tousjes enfantSi d'Esaû.
(1564) Aïnias. Le texte porte, Angias, DM^^âSH.
Mais il est clair que Fauteur a voulu donner ici le
nom grec d'Enée, dont il fait un roi de Garthage,
AtvcCo^. Prononcez fii, t. Sous la main des copistes
Ignorants le 2 est devenu a* et le premier t est deve-
nu 2t cbangeroents nui peuvent arriver facilennent
dans récriture rabbînique, surtout dans Tan-
eienne écrilure rabbînique. Il est certain que pri-
Les enfants d*Esaii, revenus à Séir, mas-
sacrèrent tout ce qu'ils y trouvèrent de
femmes et d'enfants, et ne conservèrent en
vie que cinquante jeunes garçons, qu'ils ré-
duisirent en esclavage, et cinquante jeunes
filles qu'ils prirent pour épouses. Et ils s'em-
parèrent de tous les troupeaux et de toutes
les richesses des enfants de Séir. Ils parta-
gèrent tout le pays en cinq districts, selon
le nomhredes fils d'Esaii. Et jusqu'à ce jour
ils possèdent en toute sûreté la terre de Séir.
Les enfants d*Esaû se donnent un roi.
En ces jours-là les enfants d'Esaii délibé-
rèrent de se donner un roi, pour gouverner
le pays et pour les commander à la guerre.
Mais ils jurèrent'tous que jamais un homme
de leur nation ne régnerait sur eux. Car de-
puis la trahison de leursfrèresdans la guerre
contre les enfants de Séir ils se déficient
chacun de son propre fils, de son frère, de
son ami. Or, il y avait parmi les ofhciers atta-
chés au service personnel d'Aïnias, roi de
Denaba , un homme nommé B(Ua , fils de
Béor (1365J. C'était un vaillant guerrier,
beau et bien fisit, instruit dans toutes les
sciences^ homme de conseil. Il n'avait pas
son pareil parmi tous les officiers d'Âïnias.
Les enfants d'Esaii l'élurent donc pour ré-
gner sur eux. Et après lui avoir donné l'onc-
tion royale, il se prosternèrent devant lui en
s'écriant: Vive le roi l vive le roi l Et ils éten-
dirent par terre un grand tapis sur lequel
tous déposaient en offrande des biioux do
prix et des pièces do monnaie; de sort«
qu'ils enrichirent leur roi en or, en argent
et en pierres fines. Ils lui firent aussi un
trône, et lui placèrent sur la tète une cou-
ronne royale, et lui construisirent un palais
pour sa résidence. Et Bftla régna l'espace de
trente ans sur les enfants d'Esaii.
En ce temps-là les gens d'Âïnias s'en re-
tournèrent à Denaba auprès de leur mattra,
après avoir reçu leur paye de guerre do la
main des enfants d'Esaii:
Mort de Pharaon.
Dans la l rente-deuxième année de la des-
cente d'Israël en Egypte, qui était la soixante-
onzième delà vie de Joseph, il arriva que
Pharaon, roi d'Egypte, mourut, et son fil^
Hagron lui succéda. Les Egyptiens changè-
rent son nom en celui de Pnaraon; car telle
est lenrcoutumeàl'égarddeleprs rois (1366).
Mais Pharaon avant de mourir avait institué.
Joseph tuteur de son fils; en sorte que Ma-
gron était sous l'autorité de Joseph, si ce
n'est qu'il portait le titre de roi et était assis
sur le trône. Les Egyptiens y donnèrent la
main volontiers; car ils aimaient Joseph et
louaient la sagesse avec laquelle il gouver-
mitivement ce nom était écrit, OH^'TH (Aïnias).
Morin, Exerc. biblicœ^ lib. ii, exerc. i, cap. 3,
numéros 8 et 9, déchiffre parfaitement plitsiuut s des
noms historiques déilgurés dans le Yoêiphon. Mais
il ne donne pas celui qui est i^objet de cette noie.
(1565) Gen. xxxvi, 32: fie/a /i/iui Beor nomtnquf
urhii ejus Denaba.
(1306) Voy, plus haut colonne iiti^
1339
DTCTIOKNAIRE D£S APOCRYPHES.
nait leur pays. Et même après la mort de Pha-
raon ils avaient pensé à le faire roi; mais
plusieurs 8*y étaient opposés, en disant: Il
ne convient pns qu'un étranger soit notre roi.
Cependant Josepn retenait Te suprême pou-
voir et rien ne se faisait que sur sa décision
et par ses ordres; et nul ne le contredisait.
Jéhova était constamment avec lui, et il hu-
milia tous les ennemis de TEgypte, et rédui-
sit sons son obéissance tous Les pays à sa
portée, depuis Teitrème limite de la Pales-
tine jusqu au grand fleuve de TEuphrate. Et
tous les peuples lui apportaient des présents
en même temps qu'ils acquittaient les tri-
buts qui leur avaient été imposés.
Nouvelles hostilités des enranis d^Esaû contre les
enfants de Jacob et contre l'Egypte. — Suite de
leurs rois.
Les enfants d'Esaii demeuraient sans trou-
bles dans leur pays sous le gouvernement
de leur roi Béla^ et ils s'étaient multipliés
prodigieusement. Alors ils résolurent une
expédition gjuerrière contre les fils de Jacob
et les Egyptiens, afin de délivrer Sepho, fils
d'Eliphaz, leur frère, et ses compagnons de
captivité. C'était la cinquantième année de
la descente de la famille de Jacob en Esypte,
et la trentième du règne de Bêla. Et ils dé-
{)titèrent vers les enfants de l'Orient pour
aire la paix avec eux» et les engager dans
leur armée. Ils obtinrent aussi des troupes
d'Aïnias, roi de Deuaba, ainsi que des en-
fants d'ismaël. Ils réunirent ainsi à Séir une
armée nombreuse comme le sable de la mer,
pas moins de huit cent mille hommes, à pied
et h cheval. Et ils descendirent vers l'Egypte
et établirent leur camp auprès de Ramessès.
Joseph se porta contre eux avec ses frères
et les meilleurs guerriers de l'Egypte au
nombre de six cents hommes (1367). Les
enfants de Jacob commencèrent le combat,
et Jéhova livra entre leurs mains les enfants
d'Esaù et les enfants de l'Orieht, au point
au'un nombre immense de leurs morts, plus
6 deux cent mille, couvrit le terrain. Bêla
(1367^ Six cents hommes. Ainsi toutes les édi-
tions et la version juil.
(1368) Genète xxxvi, 53: Moriuuê est auJem Be*
/a, et regnavitpro eoJobab fiUuê Zarm de Botta. Sans
dire la darëe de son règne.
fils deBéor était tomlié au miliea des siens.
Joseph et ses frères, ainsi que les Egyptiens,
continuèrent à faire un carnage affreux d«s
enfants d'Esaii. Et lorsque ceux-ci Tirent
que leur roi était tué ils se découragèrent
entièrement, et se mirent \ fuir. Joseph» ses
frères et les Egyptiens les poursulvirfntila
distance d'une journée do chemin» et le»ir
tuèrent encore beaucoup de monde. Les
Egyptiens perdirent dans ce combat douze
hommes ; mais il n'en manqua pas un seul
du côté des fils de Jacob. De retour en Egypte,
Joseph ordonna de doubler le poids des
chaînes de Sepho et de ses |comp^noos, et
d'aggraver leurs souffrances.
Cependant les enfants d*Bsaii et les en-
fants de TOrient rentrèrentchez eux couvertf
de confusion ; car ils avaient perdu daos cette
campagne leurs roeilleursboromes de guerre.
Les enfants d'Esaii se hâtèrent de rempla*
cer leur roi, mort en combattant, et ils élu-
rent pour roi Jobab fils de Zara, qui était du
pays de Bosra (1368). Son règne fut de dix
ans.
Et les enfants d'Esaû ne tentèrent jamais
plus de combattre les fils de Jacob ; car ils
avaient éj^rouvé la puissance de leur bras,et
ils les craignaient. Mais depuis ce tempsjus*
qu'à ce jour les deux races ont Tune pour
l'autre une haine profonde et implacable.
Jobab, roi d*Edom (1369), étant mort, les
enfants d'Esaii élurent à sa place Husam du
pays de Theman (1370). Et il régna en Edom
sur les enfants d*Ssaii pendant vingt ans«
Joseph et ses frères.
Et Joseph gouvernait tranquillement !*£-
f;ypte dont aucune guerre ne troublait plus
e repos pendant le reste de ses jours et de
ceux de ses frères.
Les autres entants de Jacob demeuraient
avec sécurité dans le pays de Gesseti, et sa
multipliaient de plus en plus. Et ils ser*
vaient Jéhova, selon tout ce que Jacob leur
père leur avait prescrit.
Fin du livre de la Genèse.
{Î^G9)Genèse xxxvi, 1 et 8: E$au. ipte eU tÀom.
(1370) Ibid,^ verset 34 : Cumque morlums essef /•-
bat, regmvil pro eo Uusam de (erra THemoMorumf
sans durée de règne.
LIVKË DE L*EXODE.
Section Schemoth.
Dénombrement des enfants d*Israél [(1371) .
Et voici les noms des enfants d'Israël,
issus de Jacob, qui s'établirent en Egypte,
après y être arrivés chacun avec sa maison.
Les enfants de Lia : Ruben, Siméon, Lévi,
Juda, Is&achar, Zabulon et leur sœur Dina.
Les enfants de Rachel : Joseph et Benjamin.
Les enfants de Zelpha, servante de Lia; Gad
etAser. Les enfants de Bala, servante de Ra-
chel : Dan et Nephthali.El voici les généra-
tions qui leur naquirent dans le pays de
(1571) La Bible place ce dénombrement dans le Livre delà Cenhe.
Cnanaan, avant leur arrivée en Egypte avec
Jacob leur père. Les enfants de Ruben : Hé*
noch, Phallu, Hesron etCharmi. Leseofantf
de Siméon :Jamuël,Jamin,'Ahod, Jachio» So-
bar etSaûl, fils de laChanaanite. Les enfiints
de Lévi : Gerson, Caath, Merari et Jochabed,
leur sœur, qui naquit pendant la descenteen
Effypte. Les enfants de Juda: Her, Onan,
Séla, Phares et Zara. Hais Her et Onan mou-
rurent dans le pays do Chanaan. Les entants
de Phares étaient : Hpsron et Hamul. Les en-
fants d'issachar : Thola, Phua, Job et Sem-
ron. Les enfants de Zabulon: Sared, Eloaet
«211
TAS PART. 111 — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1213
Jahélel. Dan eut un fils, Husim (1372). Les
enfants de Nephthali : Jasiêl, Guni, Jéser et
Sailem. Les enfants deGad: Séphion,Hagj$1,
SunI, Esébon, Eri, Arodi et Ari^li. Les en-
fants d'Aser : Jamné, Jésua, Jessui, Béria,
et Sara (1373), leur sœur. Les enfants de Bé-
ria : Héber et Malchiël. Les enfanls de Ben-
jamin : Bêla, Béchor, Asbel, Géra, Naam«nn,
Echi, Ros, Mophira, Ophim et Ared. Les fils
de Joseph, qui lui étaient nés en Egypte:
Manassé et Ephraïm.
Or, toutes les personnes issues des reins
de Jacob, et venues avec lui en Egjpte, fu-
rent au nombre de soixante-dix.
Mort de Joseph.
Et Joseph, comme aussi ses frères, de-
meuraient avec sécurité en Egypte. Ils jouis-
saient de la prospérité du pavs pendant tous
les jours de la vie de Joseph. Joseph avait
yécu en Egypte quatre-vingt-treize ans, et
il avait gouverné le pays pendant quatre-
Tingtsans (137i), quand ses jours touchè-
rent à sa mort. Alors il fit venir devant lui
ses frères et toute la maison de son père. Et
il leur dit : Voici que je vais mourir. Dieu
vous visitera certainement, et vous fera re-
monter de ce pays dans celui qu'il a juré à
vos pères de vous donner. Or, lorsque ceci
arrivera, vous emporterez mes ossements
avec vous. El il le fit promettre par serment
aux enfants d*Israël, qui s*y obligèrent pour
eux et pour leur postérité. Et dans la même
année, qui était la soixante-dixième depuis
la descente d^lsraël en Ej^ypte, Joseph mou-
rut A|{é de cent dix ans. Et tous ses frères et
tous ses serviteurs se levèrent et Tembau-
raèrent suivant l'usage de TEgynte; et ils le
mirent dans un cercueil rempli d'aromates
et de toutes sortesde compositions faites d'a-
près l'art du parfumeur, et ils l'enterrèrent
au bord du fleuve, qui est le Nil (1375). Et
ils firent en son honneur un deuil de sept
jours, et le pleurèrent ainsi que fit toute
l'Egypte, pendant soixante-dix jours (1376).
Or, après la mort de Joseph les Egyptiens
commencèrent à maîtriser les enfants d'Is-
raël, et le Pharaon qui avait succédé à son
père comme roi d'Egypte, reprit tout le pou-
voir royal, et tous les actes du gouverne-
ment étaient sous son autorité, et son règne
fut sans troubles. .
Evasion de Sépho.
Au retou r de Tannée, la soixante-douzième
après la descente d'Israël en Egypte, Sépho
(1572) Voy, pins haut, colonne 1235.
' (1573) Voy. plus liant, note 1526.
(1374) Il y a ici visiblement une erreur de chif-
fres ; car d^iprés notre Yatehat et d'après la Bilile,
Joseph avait déjà dix-sepi ans quand il fut vendu.
\\ avait trente ans lorsqu'il fut fait vice*roi d'Egyp-
te. Voyez plus haut colonnes 1185 et 1210, Genè$e
XX XVII, 2 et xLi, 46. En effet quelques lignes plus
loin le Yatehat dit que Joseph mourut dan$ la mi-
me année i^gé de cent dix ant, àgc que lui donnent
aussi la Cenète, l, 22 et les Teitamenu dei douu
patriarches (Test, de Levi. ^n'^XM).
(1375) Texte, nTW.
fils d*Eliphaz, fils d*Esaû, s*enfuit d'E^ypie
ayecses compagnons de captivité, et ils se
réfugièrent en Afrique, qui est Denaba, au-
près du roi Aïnias. Le roi Les reçut avec de
grands honneurs, et mit Sépho à la tète de
son armée. Sépho plut beaucoup an roi, ainsi
qu*à son peuple, et il exerça longtemps le
commandement de l'armée. Or, Sépho se
voyant fort considéré d'Aïnias et de tous les
grands du pays, les incitait sans cesse à réu-
nir toute Tarmée et aller attaquer les Egyp-
tiens et les enfants de Jacob, afin de venger
ses frères. Mais tous refusaient constam-
ment d*écouter Sépho en ceci. Le roi d* Afri-
que connaissait la force des enfants de Jacob,
se souvenant combien ils avaient maltraité
son armée dans leur guerre contre les en-
fants d'EsaiJ*
Aînias e^Turnus se disputent la main de Jauia(1577).
En ce temps-lk il y avait dans la ville de
Phusimna, au pays de Céthim, un homme
appelé Huzi, et les enfants de Céthim le vé-
néraient comme un Dieu. Cet homme mou-
rut sans fils, mais il laissa une fille, nommée
Jania(1378), dont la beauté et l'esprit n'a-
vaient rien de comparable sur toute la face
de la terre. Les gens d'Aïnias ayant vu cette
fille, en parlèrent & leur maître avec éloge.
Alors le roi d'Afrique envoya la demander
en mariage aux enfants de Céthim, qui la
lui accordèrent. A peine les ambassadeurs
d'Aïnias eurent-ils quitté le territoire du
pays de Céthim, que voici arriver des en-
voyés de Turnus roi deBénévent (1379), qui
venaient faire la demande de Jania pour leur
maître; parce que on lui en avait fait de
grandes louanges. Les hommes de Céthim
leur répondirent : Nous l'avons déjà promise
avant votre arrivée à Aïnias, roi d'Afrique,
2ui l'avait fait demander pour en faire son
pouse. Nous ne pouvons pas retirer nntre
promesse ; car nous aurions & craindre qu' Aï-
nias ne vienne nous attaquer à main armée,
et ne nous extermine; car Turnus, votre
roi, ne pourrait pas nous protéger contre sa
main puissante. Les ambassadeurs de Tur-
nus s'en retournèrent, elrapporlèrentàleur
maître la réponse des enfants de Céthim. Or,
ceux-ci envoyèrent une lettre à Aïnias, di-
sant : Voici que Turnus nous a député une
ambassade au sujet de Jania, qu il désire
épouser. Nous lui avons répondu comme
ceci et comme cela. Nous avons appris qu'il
réunit toute son armée pour te déclarer
la guerre. Son plan est de passer par Sardo-
(1576) Koj^. plus haut, note 1561.
(1377) L'autour des suppléments continue à co-
pier des passages du livre Yosiphon^ chapitres 2
et 5.
Pour les combats entre Aïni:is et Turnus, Voy.
Tite-Live i, 2 et Enéide^ vu, 5> scq.
(1378) Cet lluxi est Latinas. Pliuzimna la prin-
cipale vitle du Latium, appelée Cétbim ( Voy. note
4363). Jania n^est autre que Lavinie. Voy. Tile-
Live I, i. Elle est aussi un peu Didon dans le rêve
désordonné du Yoiiphon.
(4379) Le texte, crumn, Turgue. Liseï, DTiTin.
Turaiis, roi des Rutules. Voy. note I3&L
fU5
DIGTIONN.URE DES APOCRYPHES.
liU
nia (1380), afln d*attaqucr Ion frère Lucos,
et tomber ensuite sur toi. A l'annonce con-
tenue dans la lettre des enfants de C^lhim,
Aînias fut transporté de colère, et il se leya
et réunit toute son armée, et vint dans les
tles de la mer. Il aborda h Sardonia, et alla
trouver Lucos sou frère, roi de Sardonia.
Lorsque Néblos, fils de Lucos, apprit que
son oncle Aînias arrivait, il sortit a sa ren-
contre avec une grande suite, et le baisa et
le serra dans ses bras. Il lui dit : Quand tu
feras alliance avec mon père, pour qu'il se
joigne à toi contre Turnus , demande-lui
qu'il me fasse général de son armée. Aînias
ayant fait celte demande, Lucos y acquiesça.
Et les deux frères se levèrent et marchèrent
contre Turnus avec un nombre de troupes
très-considérable. Ils montèrent dans des
▼aisseaux et arrivèrent dans la région d'As-
thores (1381). Ils rencontrèrent dans la plaine
de Campanie Turnus, qui était en marche
▼ers Sardonia, et aussitôt s'engagea entre
eux un combat très-acharné. Mais l'action
fut fatale à Lucos, roi de Sardonia. Toute
son armée y périt, comme aussi son fils Né-
blos. Cependant Aînias recommença la ba-
taille, et ii tua Turnus de sa propre main, et
il défit son armée au tranchant de Tépée.
Ceux qui n'étaient pas tombés voyant que
Turnus leur roi était mort, prirent la fuite.
Mais Aînias et son frère Lucos les poursui-
virent jusqu'au partage du chemin, oui est
entre Albano et Rome. C*est ainsi qu Aînias
vengea Néblos, son neveu, et l'armée de son
frère Lucos.
Et Aînias ordonna à ses serviteurs de con-
fectionner un simulacre d'homme en or, et
d'y enfermer le corps de Néblos. Néblos fut
rois, en outre, dans un cercueilde bronze, et
enterré en ce môme lieu-là. On éleva, sur
son tombeau, au bord de la route, une haute
tour, qui est appelée jusqu*à ce jour, mo-
nument de Néblos. Et Turnus, roi de Béné-
vent, fut aussi enterré en ce lieu-lè. Et voici
que sur la bifurcation du chemin, entre Al-
bano et Rome, les deux tombeaux Font en
face l'un de l'autre, et une voie pavée passe
entre eux, jusqu'à ce jour.
Après l'inhumation de Néblos. Lucos, son
père, s'en retourna avec les débris do son
arméeà Sardonia son pays. Aînias, son frère,
s'avança avec ses troupes jusqu'à Bénévent,
capitale de Turnus. Quand les habitants de
la ville furent informés de son approche, ils
sortirent au-devant de lui avec des pleurs
et des supplications, demandant en grâce de
ne pas les mettre à mort, et de ne pas dé-
truire leur ville. Aînias accueillit favorable-
ment leur prière,parcequeBénéventétaitcon-
sidérée comme une ville de la fédération des
enfants de Cétbim. Seulement, à partir de ce
(1380) «"PwTno Tous ces noms soni transcrits du
grec, non du latin, £ap{a>. £ap6a)v. lap^uivr\, Sar-
dioia, la Sardaigiie.
Ceci prouve que les supplf^nients datent d*une
époque où le Rrec était encore à peu prés la Inngne
vuiverselle. C'est ainsi que Ton rencontre aussi dans
la mischna, dans la ghoiuara et dans les médras-
jour, des troupes en armes da roi d^Afriqui^
conduites par Sépho, le généraU et Quelque*
fois par Aînias lui-même, venaient de temps
à autre piller des provinces de Cétbim, eleo
emportaient un grand butin.
Aînias changea ensuite de route avec toBt
son monde, et arriva à Phuzimna, où il
épousa Jania, fille d*Huzi, et l'emmena d«s$
sa capitale d'Afrique.
Lesenfaots deJacob perdent leurs intmanilés— M«t
de Zabulon et de Siméon.
Il arriva en ce temps-là que Pharaon» roi
d'Egypte, commanda à tout son peuple de
lui construire dans sa ville un cbiteaufort.
Il obligea les enfants de Jacoh d'aider les
Egyptiens dans ce travail. Les Egyptiens lui
bâtirent un château magnifique, dont il il
sa résidence royale. £t il régnait sans crainte
d'aucun ennemi.
En la soixante-dixième année de la des*
cente d'Israël en Egypte mourut Zabaloo,
fils de Jacob, Âgé de cent quatorze ans. Et il
fut mis dans un cercueil, et consigné à ses
enfants. Et en l'année soixante-quinzième
mourut Siméon, son frère, à l'âge de cent-
vingt ans (1382). Lui aussi fut enfermé dans
un cercueil et consigné à ses enfants.
Sépbo.—Balaam fils de Béor.
Et Sépho, filsd'Eliphaz, fils d'Bsaû, con-
tinuait d'inciter journellument Aioias è al*
taqupravec les armes les enfants de Jacob
en Egypte. Mais Aînias s'y refusait parce
Su'on lui avait représenté que les enfants de
acob avaient fait preuve d'une force ex-
traordinaire dans leur guerre contre lès en-
fants d'Esaû. Cependant après un long espace
de temps Aînias, cédant aux importunitès
de Sépho, réunit une foule nombreuse
comme le sable du rivage de la mer, et se
dirigea vers le pays d'Egypte.
Or, il y avait parmi les serviteurs d*A'i«
nias un garçon de quinze ans, nommé, Ba-
laam fils de Béor. Ce garçon était trè(-iD$-
truit et très-habile dans la science de la
magie. Aînias lui dit donc : Fais-nous des
expériences magiques, afin que nous sa-
chions qui sera victorieux dans la guerre
que nous entreprenons, de nous ou des en-
fants de Jacob. Alors Balaam se fit apporter
de la'ciret et il en façonna des cavaliers el
des chars do guerre, disposés de manière à
représenter les deux armées ennemies. Il
plongea ces figures dans de l'ean enchantée,
qu'il tenait toute prête. Et s*armant d'une
branche de palmier, il pratiqua des sortilè-
ges sur l'eau. Aussitôt il yaperçot les lé-
gions d'Aînias abattues sous les coups d'^i
fi^^urcs représentant les enfants de iacob
Balaam manifesta cette vision è Aînias, qui
chim un bon nombre de termes crées. Foy. notre
Avant- propos.
(1581) unvte;»!? Quelque lieu de Ilulie mai*
dionale, sans doute.
(1582) Le livre des Tcitaments des douu péiritr-
che% donne le même âge à Z.bulon et à SioHioo. 1^
Bible ne dit pas à quel ùgc ils sont morts.
1
I1i5
YAS
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS
TAS
fiia
se découragea; et renongant à l'expéditioa»
il retourna dans sa capitale, et s'y tint tran-
quille.
Lorsque Sépho, fils d*E!iphaz se fut as-
suré qu'Alnias renonçait à Teipédition de
1 Egypte, il s'enfuit d*auprès de lui» et s*èn
alla au pays de Céthim. Les hommes de Ce-
thim le reçurent avec grand honneur, et le
prirent à leur solde pour diriger leurs guer-
res en tout temps» et lui firent de riches pré-
sents. Car les troupes du roi d'Afrique con-
tinuaient à faire des incursions dans Je pays
de Céthim, et à le ravager; ce qui avait en-
fin obligé les habitants à se retirer sur la
montagne de Coptésa (1383)
Un jour Sepho perdit un bœuf, et en fai-
sant le tour de Iffmontagne, pour le chercher,
il entendit son meuglement, et il découvrit
au pied de la montagne uno caverne spa-
cieuse dont l'entrée était bouchée par un
bloc de pierre. 11 brisa la pierre et pénétra
au fbnd de la caverne. Il vit qu'an mons-
tre énorme, dont la moitié supérieure avait
l-a forme de l'homme, et la moitié inférieure
celle d'un quadrupède, dévorait son bœuf.
Et Sépho attaqua le monstre, et le tua avec
son glaive. Lorsque les habitants de Céthim
connurent celte chose, ils s'en réjouirent
beaucoup, et ils dirent : Quels honneurs
rendrons-nous k cet homme pour avoir tué
le monstre qui détruisait nos troupeaux ? Et
ils convinrent tous de lui consacrer un jour
de Tannée et de l'appeler fêle de Sépho. Et
tous les ans à pareil jour, ils faisaient des li-
bations en sop honneur et lui offraient des
présents.
Maladie de Jania, reine d* Afrique»
En ce temps-là, Jania fille d'Huzi, femme
d'Aïnias, tomba malade. Et le roi , comme
aussi les seigneurs de sa cour, en furent in-
quiets. Aïnias dit h ses gens : Que pourrais-
jefai re pour le rétablissementdelasanléde Ja-
nia? Ils lui répondirent: L'air et l'eau de notre
pays ne valent pas l'air et l'eau de la terre de Cé-
thim : c'est ce qui a causé la maladie de la
reine. Et encore dans sa patrie elle ne bu-
vait d'autre eau que celle que ses parents
faisaient arriver pour elle de Ferme (1384.)
au moyen d'un aqueduc. Alors Aïnias com-
manda à ses serviteurs de lui chercher dans
des amphores de l'eau de Ferme en Céthim.
Et on la pesa, et elle fut trouvée plus légère
que les eaux d'Afrique. Aïnias voyant cela
ordonna à tous ses officiers d'appeler des
tailleurs de pierres par milliers et par my-
riades. Et quand ils furent réunis on les em-
ploya à tailler une masse innombrable de
pierres. On fit venir ensuite des maçons qui
construisirent avec ces pierres un pont très-
solide, au moyen duquel ils amenèrent en
Afrique un courant d eau, partant du pays
(1585) Texte, nHrrap. Version Jud., cophiua.
(t584) Firinium, ou Firmuro, dans le Piceniim.
(13>i5; Outre l'énorme disUnce qui séparait Car-
thage de Fermo, il faut encore considérer que cet
aquedi*'' aurait nécessairement traversé la Méditer-
ranée.
de Géthim (1385). Cette eau servait h tous les
usages de la reine Jania ; soit pour boirot
soit pour pétrir ses p&tes, soit pour ses bains
et pour le blanchissage de ses effets; de même
aussi pour arroser les plmtes dont elle se
nourrissait, et les arbres fruitiers dont les
productions étaient réservées pour elles. Le
roi voulut aussi que. Ton apportât dens de
nombreux vaisseaux de la terre et des pier-
res du pays de Géthim. Et les architectes
en bâtirent un palais pour Jania. Et la reine
recouvra la santé.-
Séplio repousse une Incursion des- Africains. — ^11 est
fait roi de Géthim.
L'année suivante les troupes d'Afrique re-
commencèrent à descendre dans le pays de
Géthim afin de faire du butin, comme par
le passé. Mais Sepho marcha contre eux et
les combattit, et les mit en ftiite. Il sauva ,
de celte façon le pays de Céthim.
Les enfants de Géthim émerveillés de la
valeur de Sépho, résolurent do l'élire pour
leur roi. Et Sépho, devenu chef du gou-
vernement, alla soumettre les enfants de
Thubal, et les pays maritimes qui les avoî-
sinaient. Au retour de cette expédition, les
enfants de Géthim confirmèrent de nouveau
la royauté de Sépho, et ils lui construisirent
un grand palais pour sa demeure. Sépho y
plaça un trône élevélqu'il avait fait fabriguer.
Et il régna sur le pays de Géthim, ainsi que
sur toute la terre d Italie, l'espace de cin-
quante ans.
Mort de cinq fils de Jacob et du roi d*Edom.
Gette même année -le, qui était la soi-
xanle-dix-neuvième de la descente d'Israfil
en Egypte, mourut dans ce pays Ruben,
fils de Jacob, âgé de cent vingt cinq ans. Et
il fut mis dans un cercueil, et consigné a
ses enfants. En l'an quatre-vingtième mou-
rut son frère Dan, à l'âge de cent vingt-
quatre ans. Lui aussi fut rais dnns un cer-
cueil, et consigné à ses enfants. En la môme
année mourut Husam, roi d'Edom, et après
lui régna Adad, fils de Badad, pendant trente
cinq ans (1386). Et en l'an quatre-vingt-
unième mourut en Egypte Issachar, fils de
Jacob. Il avait cent vingt-deux ans quand
arriva le jour de sa mort. Et il fut mis dans
un cercueil, et consigné à ses enfants. El
en l'an quatre-vingt-deuxième mourut soo
frère Aser, à l'âge de cent vingt-trois ans.
Et il fut mis dans un cercueil en Egypte»
et consigné à ses enfanls. L'an quatre-vingt-
troisième mourut Gad, âgé de cent vingt-cinq
ans. El il fut mis dans un cercueil, et consi-
gné è ses enfants (1387J.
Origine de rinimilié héréditaire entre les deux
nations Madiaii et Moab(158S).
Or, en l'an quatre-vingt-quatrième Adad
(1386) Gen. xxxyi, 55. Hoc {Uusam) quoqnê
viortuo, regnavH pro eo Adad /i/tut Badad,
(1587) Voici Fâge qu'assigne h ces patriarches le
livre de leurs lestamenls : Ruben, 125 ans; Dan,
125 ans; Issacbar, 122 ans; Aser, 126 ans; Cad»
425 ans. , .^ i
(1388) Madian et Moab^ est un proverbe iiébreu qui
t«47
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ILS
fils de Badad» roi d'Edom, qui était dans la
cinquième année de son règne, réunit tous
les enfants d*Edom, au nombre de quatre
cent-mille combattants» et il marcha contre
les Moabiles, pour les soumettre à sa puis-
sance, et les rendre ses tributaires. Les
enfants de Moab en apprenant cette chose
eurent grand peur, et ils envoyèrent prier
les enfants de Madian d*accourir à leur aide.
Adad était déjà arrivé sur le territoire de
Moab. Alors Moab et les enfants de Madian
$*avancèrent à sa rencontre, et ils lui livrè-
rent bataille dans la campagne de Moab. Et
il tomba du côté des enfants de Moab et de
Madian des morts par milliers.^ Le combat
s'agçrava principalement sur les enfants de
Moab, et leur main s'afTaiblit. Et ils tournè-
rent le dos, abandonnant les enfants'de Ma-
dian. Mais les enfants de Madian ne con-
naissaient pas la retraite de Moab, et ils
soutinrent avec fermeté un combat inégal,
et ils tombèrent devant Adad, qui les tailla
en pièces ; et il n*échappa pas un seul homme
des auxiliaires de Moab. Adad, ayant réduit
sous sa domination Moab, qui s*était sous-
trait au combat, lui imposa untributàpa^er
d*année en année. 11 $*en retourna ensuite
dans son pays.
Quelque temps après , les Madianites
qui n'étaient pas sortis à la guerre ap-
prirent que leurs frères avaient succombé
dans la bataille contre Adad parla faute des
enfants de Moab, qui les avaient abandon-
nés, afin de pourvoir à leur propre salut.
Alors les cinq princes de Madian et le peu-
ple résolurent d'attaquer en armes Moab, et
de prendre la vengeance de leurs frères. Ils
firent appel aux enfants de TOrient, de môme
sang qu*eux; et tous les enfants de Céthura,
leurs frères, vinrent se joindre à eux con-
tre Moab. Quand les entants de Moab appri-
rent cette chose, ils eurent grand peur. Et de
leur côté ils expédièrent une lettre à Adod Qls
deBadad, roi d Edom, lui disant : Viens nous
aider à humilier les Madianites qui se sont
armés contre nous, pour venir, accompa-
gnés de leurs frères de rOrient, prendre de
nous la vengeance des Madianites qui sont
tombés dans le combat que tu leur as livré.
Et Adad arriva dans le pays de Moab pour
s*opposer aux Madianites. £t la bataille de-
vint opiniâtre dans la campagne de Moab.
Et Adad frappa avec le tranchant de Tépée
les enfants de Madian et les enfants de TO-
rient. Ceux qui échappèrent du fer du vain-
queur prirent la fuite; mais Adad les pour-
suivit jusqu'à leur pays, et en fit encore un
signifie, deux ennemis tmp/a«/i6/M. Voy.leMédrasch-
Rabha el Yarkhi sur les Nombres xii, 4.
(1389) Genèse xxxvi, 55, € Adad fitius Badad qui
percussit Madian in regione Moab, i Ces quelques
mois font visiblemeot allusion aux détails que don*
nele Yaschar,
Nous avons vu que h tradition assigne également
pour origine de la haine des deux nations la dé-
faite éprouvée par les Madianites en cette circons-
lance.
Ce morceau du Yaschar doit élre un des plus
anciens. Car du temps de Baiac, roi des Moabiles
grand carnage. Et Adad, après avoir délivré
Moab du danger qui l'avait menacé, s'en re-
tourna dans le pays d*Edoro.
Depuis celte époque il existe une haioe
implacable entre la nation de Madian et celle
de Moab, au point que tout Madianite qui
est rencontré dans le pays de Moab, «st nus
è mon ; et ainsi tout Moabite qui est rencon-
tré dans le pays de Madian (1389).
Mort de Jiida, de Nephihali el de Lévi. — Nmiv4Je
descente des Africains, qui leur tourne à mal.
En Tannée quatre-vingt-sixième de la des^
cenle de Jacob en Egypte, mourut Juda,
Agé de cent vingt-neuf ans. Et on Terobauma,
et on le mit dans un cercueil, et il fat con-
signé h ses enfants. En l'année quatre-vingt-
neuvième mourut Nephthali, à TAgc de cent
trente-deux ans. Et il fut enfermé dans un
cercueil et consigné à ses enfants.
Dans la treizième année du règne de Se-
t»ho sur les enfants de Géthim, qoi éuit
'année quatre-vingt-onzième de la descen-
te de Jacob en Egypte, les Africains revin-
rent attaquer le pays de Géthim, pour le
piller comme par les temps passés. Il y avait
treize ans quMIs n'avaient reparu sur ces
rivages. Mais Sépho, Qls d*£linhaz, s'avan-
ça contre eux avec une partie ue son armée,
et il en fit un grand carnage. Les Afri-
cains fuirent devant Sé|ibo, qui les pour-
suivit, et en tua encore un grand nombre
jusqu'à la proximité d'Afrique. Ainias en
éprouva une haine violente contre Sépho,
mais il le craignait pendant lon^^temps.
Et en la quatre-vingt-treizième anné^
Lévi mourut en Egypte. Il était Agé de cent
trente-sept ans. On le mit dans un cercuei',
et il fut consigné entre les mains de ses en-
fants (1390)
Oppression des enfants d^lsraêl. — Mort de
Pharaon.
Or, quand les Egyptiens virent que tons
les his de Jacob, frères de Joseph, étaient
morts, ils commencèrent à opprimer les des-
cendants de Jacob, et è leur rendre la vie
amère. Et ils les poursuivirent de leur haine
depuis ce jour jus()u'à celui où les enfants
d'iraël sortirent de l'Egypte. Ils leur ôtèrent
tou tes les vignes et tous les champs que Joseph
leur avait donnés, ainsi que toutes les Inriles
maisons qu'ils habitaient. Ils leur enlevèrent
aussi toutes leurs provisions des meilleures
productions de l'Egypte. Et la main des
Egyptiens allait s'appesantissani toujours
davantage sur les enfants d'Israël. Et ils
les deux nations se réconcilièrent pour opposer
leurs forces réunies aux enfants dMsrjél, <)ai »on»
la conduite de Moise s^approchaient de leurs pay».
Voy. Nombres xiii, A.
(1390) D'après le livre des Testaments iesécrnup*-
triarchesy Juda parvint à l'àgede 119ans(Ti9l.tfe Ja-
da numéros xn ex xxvi); Nepbihali, a Fàge de 130 ans
(le ins. grec d*Oxford porte 132 ans, comme n^i^
Yaschar); Lévi à Tàge de 137 ans (féal, et Un^
n* xix). Au reste VExode vi, 16, no>tt donne es
chiffre.
Ii49
ÏAS
PART. m. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1S50
fMisaient éproavertant de vexations aux en-
fants d*lsraël que ceux-ci furent à la tin dé-
goûtés de la vie.
Après beaucoup de jours, dans Tannée cent-
deuxième de la descente dlsraël en Egypte,
Piiaraon roi d*Egypte mourut, et Molal , son
fils, lui succéda.' Tous les puissants d'Egypte,
et en général tous ceux de la génération qui
avaitconnu Joseph, moururentencesjours-Ià.
Et il 8*éleva une génération d*hommes qui
n'avaient pas connaissance des Gis de Jacob,
ni de la l)ravoure qu'ils avaient déployée eu
faveur de l'Egypte. C'est pourquoi ils con-
tinuaient à persécuter les enfants de Jacob,
et h les accabler par les travaux les plus ru-
des. Ils semblaient ignorer que Joseph et sa
famille avaientsauvé l'Egypte dans un temps
de famine. Mais tout ceci fut dans les des-
seins de Jéhova en faveur dos enfants d'Is«
raëi, et pour leur bien, afin qu'ils appris-
sent tous è connaître Jéhova leur Dieu, à le
craindre et k le servir, eux et leur postérité ;
et aussi afin qu'ils fussent témoins des si*
gnes et des miracles que Jéhova devait opé-
rer en Egypte à cause d'eux.
Molal avait vingt-six ans quand il monta
sur le trône, et son règne dura quatre-vingt-
quatorze ans. Les Egyptiens lui tirent pren-
dre le nom de Pharaon, comme à son père,
selon ce qu'ils pratiquent envers chacun de
leurs rois.
Dernière expédition des Africaius contre Céthim.
Eu ce tomps-Iè des troupes d'Aïnias, roi
d'Afrique, vinrent de nouveau se répandre
ilans le pays de Céthim, pour le piller ; mais
Srépho averti de leur présence, marcha con-
tre eux, et il les tailla en pièces, de telle fa-
çon qu'il n'en demeura pas un seul pour
en apporter la nouvelle è son maître. Quand
Aïnias vint à savoir l'extermination de toute
son armée par Sépho, il réunit tous les hom-
mes du pays d'Afrique, foule nombreuse
comme le sable du rivage de la mer. Il en-
voya aussi dire à son frère Lucos : Viens à
moi avec tout ton monde, et aide-moi à
battre Sépho et les enfants de Céthim, parce
qu'ils ont détruit Tarmée de mes soldats.
l«ucos vint se joindre à lui avec une milice
extrêmement nombreuse. Lorsque Sépho et
les enfants de Céthim apprirent celte chose,
(a peur et l'inquiétude agitèrent violem-
ment leur cœur. Alors Sépho envoya de son
côté une lotire à Adad fils de Badad, roi
d'Ëdom, et à tous les enfants d'Esaû, di-
sant : Je suis instruit qu* Aïnias, roi d'A-
frique, et son frère, chacun conduisant une
Dombreusearmée, sont en marche pour tom-
ber sur nous; et nous avons peur. Mainte-
nant, mes frères, si vous ne voulez pas que
nous périssions totalement, venez me trou-
ver abn que nous nous opposions ensemble
aux forces d'Aïuias. Les enfants d'Ësaii ré-
pondirent par lettre aux enfants de Céthim
et à Sépho, savoir : Nous ne pouvons pas
prendre les armes contre Aïnias et son ueo-
(1391) Voy. plus haut, colonne 1239.
(1592) TOîTDID. Version iud., Ptiiip/iar, -e^TffO.
pie; car il y a depuis longtemps entre nous
et eux alliance et amitié, depuis le temps
de Bêla fils de Béor, notre premier roi, et de-
puis les jours de Joseph, fils de Jacob, gou-
verneur de l'Esypte, contre qui nous avons
combottu au delà du Jourdain, lorsqu'il en-
terrait son père (1391). Sepho.renonça donc
au secours de ses frères les enfants d'Esaû,
et sa peur augmenta.
Cependant Aïnias et Lucos, après avoir
organisé leur armée, montant à huit cent
mille hommes, atteignirent le territoire de
Céthim. Sepho, bien qu'il tremblât, sortit
contre eux avec trois mille hommes; c'était
tout ce qu'il put réunir des enfants de Cé-
thim. Et ceux-ci dirent à Sépho: Invoque
h notre secours le Dieu de tes ancêtres.
Peut-être nous protégera-t-il contre Aïnias
et son peuple. Car nous avons entendu dire
que c'est un Dieu grand; qu'il protège tous
ceux qui mettent en lui leur confiance. Alors
Sépho implora Jéhova, et dit : O Jéhova
Dieu d'Abraham et d'Jsaac, mes pères, qu'il
devienne manifeste aujourd'hui uue tu es
le véritable Dieu, et que tous les dieux des
nations ne sont que vanité et erreur. Sou-
viens-toi aujourd'hui en ma faveur, je te
supplie, de ton alliance avec Abraham no-
tre père, et que nos pères nous ont trans-
mise. Pour 1 amour d'Abraham etd'lsaac,
mes pères, fais-moi la grAce de me sauver,
ainsi que les enfants de Céthim, de la main
du roi d'Afrique. Et Jéhova exauça la prière
de Sépho, en considération d'Abraham et
d*lsaac.
Et Sépho en vint aux mains avec Aïnias
et son peuple. Et le combat tourna contre
Aïnias; car Sépho abattit avec lé tranchani
de l'épée les gens d'Aïnias et de Lucos, son
frère. Et il en tomba jusqu'au déclin du
jour environ quatre centroille hommes : Aï-
nias ayant perdu dans cette rencontre toute
son armée, ordonna par rescrit, savoir:
que tout ce qui se trouve d'hommes en Afri-
3ue, vienne me rejoindre, depuis TA^e do
ix ans et au-dessus. Quicondue négligera
cet ordre sera puni de mort, et le roi confis-
quera tout son avoir. Les habitants d'A*
frique, effrayés de la menace de leur roi,
sortirent des lieux de leur demeure au nom«
bre de trois cents mille âmes, tant hommes
laits que jeunes garçons, et se rangèrent
sous les signes (drapeaux) d'Aïnias. Au bout
de dix jours le roi d'Afrique engagea une
nouvelle action contre Sépho et les enfants
de Céthim, et la bataille devint très-achar-
née entre eux. Mais Sépho coucha par terre
de nombreux soldats de Tarmée d'Aïnias et
de Lucos; près de deux mille hommes. Et
Sosiphtar (1392), général dei'arméed* Aïnias,
toml)a aussi dans ce combat. Les troupes
africaines voyant que Sosiphtar était mort,
prirent la fuite avec Aïnias et Lucos; mais
Sepho etles enfants de Céthim les poursui-
virent, et en tuèrent encore deux cents
hommes. Ils s'attachèrent particulièrement it
Ce dernier nom paraît être une faate, soit de €0«
oîste. soit d*iinpressioiu
1151
n'iCTlONNAlRE D£S APOCRYPHES.
«:,•
Asdrubal (1393), Gis d'Aïnias, qui se sauvait
avec son pere» et lui tuèrent vingt hommes ;
mnis Asdrubal lui-même leur échappa. Aï-
nias elLucos arrivècenl en Afrique frappés
de terreur. Depuis ce temps Ainias n'entre-
prit plus rien contre Sépho.
Balaam. ^ Ingratitude de S^ho envers Jéhova.
Balaam fils de Béor avait accompagné Aï-
nias dans son expédition; et quand il vit que
Sépho était resté vainqueur, il abandonna
Aïnias et déserta à Géthim. Il fut accueilli
avec honneur par Sépho, qui connaissait son
habileté comme magicien, et par les enfants
de Céthim. Balaam se fixa donc auprès de
Sépho, qui lui tit de riches présents, pour
raltaclier à son service. '
Or, Sépho, revenu de la guerre, ordonna
de faire l'appel de tous les enfants de Céthim
qu'il y avait conduits. Et voici qu'il n'en
manqua pas un seul, ce dont il éprouva une
grande joie; car celte chose affermissait la
royauté dans sa main. Et il donna un grand
festin à tous ses serviteurs. CependantSépho
ne pensait ()oint à Jéhova, qui l'avait pro-
tégé, et qui l'avait sauvé lui et son peuple,
des armes redoutables du roi d'Afrique;
mais il continuait à marcher dans la voie
àéprouvée des enfants de Céthim et des en*
fants d'Esaû, en servant des dieux étran-
gers, suivant le culte que lui avaient ensei-
gné ses frères de la postérité d'Esaii ; c*est
pourquoi le proverbe dit : Des impies sort
fimpWé (13%).
Expédition de Sépho coutre TEgypte.
Et Sépho, après sa victoire sur l'armée
d'Afrique, tint conseil avec tous les enfants
de Célhim, et ils décidèrent d*aller en Egypte
faire la guerre aux enfants de Jacob, et au
rai Pharaon. Car Sépho avait appris que tous
les forts de l'Egvpte étaient descendus dans
le tombeau, ains (jue Joseph et ses frères,
et que ceux-ci a^ ment laissé en Egypte leurs
descendants, les enfants dlsraêl. il pensait
prendre la vengeance de ses frères, les en-
fants d'Esaiî, que Joseph et ses frères, assis-
tés des Egyptiens , avaient tués lorsqu'ils
vinrent à Hebron pour enterrer Jacob (1395).
Et il envoya des ambassadeurs à Adad fils de
Badad, roi d'Edom, et à tous ses frères les en-
£ints d'Esaii, leur mandant : N'avez-vouspas
dit que vous ne vouliez pas porter les armes
contre le roi d'Afrique, parce ({u'il est votre
allié? Voici que seul je l'ai combattu et
vaincu. Maintenant j'ai résolu de faire la
guerre h TEgypte et aux enfants de Jacob,
qui y demeurent, afin de prendre ma revan-
che du mal que leurs pères nous ont fait, à
(1593) YoiU bien iin nom carthaginois. Nous
reneouireronsplus tard un Annibai^ roi d'Afrique^
i^ui se transpone avec son armée dans le pa}i$ de
C^//rim, en dëfièit les habitants dans plusieurs ba-
tailles sanglâmes oui réduisent les enfams de Ce-
tkimkûtut doigu de leur ruine, et reste diX'^uit aus
en vainoueur sur leur territoire.
D'après le latchar^ c'est aniérîeureroent à Tex-
Dédition d'Annikal que les Enfantt de Célhim, (les
nomains); sous la conduite de Laiinus^ leur roi, se
nous enfants d'Esaii, dans le pays de Cha-
naan, lors de l'enterrement de Jacob. Donc,
si telle est votre volonté, venez, aidez-moi 1
venger nos frères. Et les enfants d'EsaO se
réunirent en grand nombre, et allèreol S€
joindre à lui. Sépho avait envové faire la
même invitation aux enCants de l'Orient el
aux enfants d*lsmaêl ; et ils vinrent é^\t*
ment se joindre à lui. Ils rangèrent en ordre
. leurs armées à Hébron ; et le camp de leurs
innombrables soldats couvrait le terrain de
trois journées de marche. Et ils portèrent
leurs pas vers TEgypte, et vinrent camper
dans la plaine de Phalurès, vers Daphné.
A la nouvelle de leur arrivée les Egyp*
tiens accoururent de toutes les contrées de
)eur pays, au nombre de trois cent mille
combattants. Ils firentvenirausM du paysde
Gessen une partie des enfants d'Israël, des--
quels arrivèrent à leur secourscentcinqaante
hommes armés. Les Egyptiens et les entants
d'Israël se portèrent à la rencontre des rois
ennemis jusque en avant du territoire de
Gessen, en face de Phaturès. Or, lesKgyp-
. tiens se défiaient des Israélites, et ne vou-
laient pas former avec eux un même camp:
car ils disaient : Les enfantsU'Esaii et les en-
fants d'ismaël sont de même sang que les
enfants d'Israël, et ceux-ci pourraient bien
nous livrer entre les mains de leurs frères.
Ils dirent donc aux enfants d'Israël : (iardez
ici votre position. Nous irons seuls corn*
battre les enfants d'Esaû et les enfants (TIs-
maël. S'il arrive qu'ils soient plus forts que
nous, vous accourrez tous à notre secours.
Et dans le camp de Sépho se trouvait Ba-
laam fils de Béor l'Araméen. Et Sépho lui dit.
Fais-nous connaître par tes sortilèges lequel
des deux partis sera victorieux. Balaam se
leva et fit des conjurations et des exercices
magiques; mais il n'obtint aucun signe. Il
recommença plusieurs fois, et toujours en
vain. Alorsdésespérant de réussir, il renonça
è toute opération ultérieure. C'est qne Jé-
hova liait les esprits impurs, et les empê-
chait d'obéir h Balaam, afin de faire tomber
Sepho et son peuple sous les coups des en-
fants d'Israël qui invoquaient leDieu de leurs
pères, et avaient confiance en sa paissante
protection.
Les Egyptiens marchèrent à Tenneroi sans
prendre dans leurs rangs un seul Israélite.
Biais le combat leur devint fatal : ils perdi-
rent ce jour-là cent quatre-vingts hommes»
tandis que du c6té des rois il n'en tombaqne
trente. Les Egyptiens ayant tourné le dos,
les enfants d'Esaû et ceux d'ismaël les pour-
suivirent, les harcelant et leur tuant da
monde jusqu'au lieu de lastation des enfants
rendirent sur des vaisseaux eo Afrique et vaiiigti*
rent Asdrubal, successeur d'Ainîas, qui perdil use
grande pariie de son armée. De tels anacliroBisiiies
ne sont pas rares dans les livres des ancîeiis rab*
bins.
(1594) /. Samuel xxiv, U: Sieut ei in prmÊsrHê
antiquo dicitur, Ab impiit egredielur tttpiefss. Toy
col. 1103.
(1395) Voy. plus haut colonne 1155.
1253
YAS
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1254
d'Israël. Alors ils crièrent à ceux-ci : Vile,
à notre secour§! Aussitôt les Is;«'aélUes invo-
quant de nouveau Jéliova, leur Dieu, se pré-
eipiièrent au-devant des troupes des rois. Et
Jéhova les livra en leur puissance ; car ils en
tuèrent jusqu'à quatre mille hommes. Outre
cela» Jéhota envoya dans les rangs de Tarmée
des rois une perturbation d'esprit; de sorte
que la vue des enfants dlsraëf les terri6a»et
qu'ils prirent la fuite. Les enfants d*I$raël
f)oursuivirent les gens des rois jusqu'aux
imites du pays d'Etniopiey et en tuèrent en-
core deux mille hommes. Les enfants d'Is«
raël ne perdirent pas un seul des leurs.
Les Israélites se vendent de rabaodon des
Egyptiens.
Quand les Egyptiens virent les enfants
d'Israël, en si petit nombre, engagés dans un
combat inégal contre toute la masse des ar-
mées des rois , ils tremblèrent pour eux-
mêmes, et ils coururent se cacher, comme se
cachent de honte ceux qui ont fui d'un champ
de bataille. Ils abandonnèrent ainsi les Is-
raélites à leurs propres forces. Mais ceux-ci
en s'en revenant victorieux tuaient tous les
Egyptiens qu'ils rencontraient en route, en
leur reproctiant leur lâcheté et leur perfidie.
Quelquefois les enfants d'Israël criaient les
uns aux autres : Courez sus à ces Ismaélites,
ou, h ces Edomites, ou, à ces enfants de Ce-
thiml Et ils en tuèrent jusqu'à deux cents,
lis savaient bien que c'étaient des Egyp-
tiens, mais ilsusaientde ruse pour les punir.
Les autres Egyptiens ne s'en apercevaient
pas moins que c'était une vengeance que les
enfants ;d'lsraêl voulaient exercer sur leur
nation; mais ils dissimulaient leur ressenti-
ment, car ils les craignaient après avoir été
témoins de leur force prodigieuse.
Les enfants d'Israël s'en retournèrent
joyeux à Gessen, et ceux qui survivaient
des Egyptiens se retirèrent chacun chez
soi.
Gommencemenl de la serviiude d*Egypte.
Après ces événements tous les conseillers
de Pharaon et tous les anciens de l'Egypte
vinrent ensemble devant le roi. Et se pros*
ternant devant lui la face contre terre, ils
lui dirent: Voici que les enfants d'Israël
forment un peuple nombreux, et plus fort
que nous. Tu sais comment ils se sont con-
duits envers nous en revenant de la dernière
guerre. Tu as vu la vigueur de leurs bras;
elle surpasse celle de leurs pères, puisq^ue
une poignée de leurs combattants a délait
une armée immense, sans perdre un seul
homme; s'ils avaient été plus nombreux ils
auraient exterminé l'armée entière des rois.
(1396) Le texte de VExode porte y-u<n p TtTTit
et oicendat e l#rni, ou comme traduit la Vulgaie,
egrediatur de terra.
Le Talmud trailé Sota, fol. It recto, objecte;
« Au lieu de, et H monterait du pay$, on aurait dû
mettre dans le texte, et nous monleriom du payt. i
La j{lo8e de Tarkhi ajoute: c Ce que les Egyptiens
craignaient. c*est d*étre eux-mêmes expulsés du
pays. Car pour les Israélites, les Egyptiens ne
Maintenant, il est urgent de délibérer sur le
moyen de les faire périr peu à peu; ôar si
leur population continue h s'accrotlre dans
ce pays, ils seront un embarras pour nous.
S'il arrive que nous ayons une guerre, ils
[)0urraient se déclarer contre nous, joindre
eur force extraordinaire aux efforts de Ten-
nemi, soit pour nous exterminer, soit pour
nous chasser de ce pays (1396). Le roi ré-
pondit : Voici le moyen que je propose', et
auquel il faut s'en tenir. Phitnom et Ra-
messes sont des villes ouvertes. Il nous im-
porte à nous tous, habitants du pays, de les
munir de remparts, et de les fortifier contre
toute attaque hostile. Maintenant usez de
ruse envers ces gens. Faites publier en
Egypte et à Gessen, par ordre du roi, sa-
voir : « O hommes, habitants de l'Egypte, do
Gessen et de Phaturès, vous savez que les
enfants d'Ksaii et les enfants d'Ismaël ont
essayé d'envahir notre territoire. Afin de
nous garantir par la suite de toute surprise,
le roi nous ordonne d'enceindre de murail-
les Phithom etRamessès, et de les fortifier.
Ceux d'entre vous, Egyptiens ou Israélites,
qui veulent nous aider dans ces travaux,
recevront exactement leur paye chaque jour. »
Vous commencerez par y mettre la main
vous-mèjQes , aGii d'attirer les autres par
votre exemple; et pendant ce premier temps
vous ferez réitérer la proclamation jour-
nellement. Il vous arrivera des Israélites, et
vous ne manquerez pas de les payer chaque
jour. Dès que tous tes Israélites, alléchés par
l'appAt du gain, travailleront avec vous, vous
vous retirerez des travaux l'un après l'autre
insensiblement. Vous reparaîtrez ehsuiteen
qualité d'exacteurs et de commissaires des
travaux, et vous les contraindrez à maçonner
seuls, sans paye. S'ils résistent vous emploie-
rez la force. De cette chose résultera pour
nous l'avantage d'élever des fortifications à
peu de frais, pour les enfants d'Israël un
affaiblissement; car leur population dimi-
nuera : la bâtisse et d'autres^corvées épuise-
ront leur vigueur, et vous les empêcherez
d'aller trouver leurs femmes.
Ce conseil plut aux serviteurs au roi, et
ils firent crier la proclamation dans toute
l'Egypte, à Daj^ihné, à Gessen et dans toutes
les villes voisines de l'E^rypte. En peu de
temps se présentèrent des Egyptiens en
foule, et tous les enfants d'Israël, pourcons-
truire, avec les serviteurs de Pharaou, les
fortifiiuitions de Phithom et de Ramessès.Les
seigneurs Egyptiens faisaient semblant de
travailler avec les enfants d'Israël, et leur
payaient chaque jour le salaire de leur ou-
vrage. Mais après l'espace d'un mois les
Egyptiens commencèrent à disparaître les
devaient pas demander mieui que d*étre débarras-
sés d^un ennemi intérieur dont ils avaient toulà
craindre. A cela «^pond Rabbi Abba Bar-Caliana :
Tel est en effet k sens de ces paroles. Si elles sem-
blent dire le contraire, c'est comme quelqu*un qui
voulant parler d*Mn mallieur qu*ti appréhende,
s'exprime comme si son prochain en était menaeé.»
Celle exposition est aussi dans le llédrasch-R:ib-
ba et dans le commentaire de Yarkhi sur TExodcu .
H55
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
iUf
nns après les autres, de sorte qu'au bout de
quatre mois et quelques jours les Israélites
restèrent seuls. Des Egyptiens rerinrent
alors avec le titre d'intendants et de sur-
Teillaiits des travaux. D'autres Eg^rptiens se
présentèrent comme préposés des impôts, et
reprenaient aux Israélites tout le salaire
au'ils leur avaient donné précédemment. Et
es lors on leur déniait tout salaire. Quand
un Israélite refusait de travailler, alléguant
qu*on ne le payait pas, il y était contrainte
force de mauvais traitements delà part des
Egyptiens. C'est ainsi quelesenfants d'Israël,
les' uns façonnant les briques, les autres ma-
çonnant, construisirent les remparts et les
forts de Philhom et de Ramessès, ainsi que
d'autres lieux d*Egypte. Ils étaient de plu.s
astreints à toutes sortes d'autres travaux
durs dans les champs. Cet état dura pendant
de bien longues années, jusqu'au jour où
Jéhova se souvenant de son peuple, le retira
de dessous le joug de l'Egypte. Et les en-
fants d'Israël changèrent le nom du roi d'E-
gypte, Malol^ en Maror, parce qu'il leur
rendait la vie amère (1397). Mais plus on les
opprimait, plus leur nombre augmentait. Et
les Egyptiens n'en avaient -que plus d'hor-
reur pour eux.
Les enfants de Lévi ne s*élaient pas pré-
sentés pour travailler aux fortifications des
villes; car ils soupçonnaientque l'offre d'une
paye considérable était une embûche. Et
comme ils s'étaient tenus à l'écart dans le
principe, les Egyptiens les laissèrent libres
par toute la suite du temps.
Alorl d'Adad et suites de cet événement.
•
Vers ce temps-là, en la treizième année du
règne de Pharaon, et la cent-quinzième de
la descente d'Israël en Egypte, mourut Adad
flis de Badad, roi d'Edom, et il eut pour suc-
cesseur Semia de Masréca , du pays desen«
fants de fOrient, et il régna durant dix-huit
ans (1396). Il mit sur pied une armée dans
le but d'aller attaquer Sépho, fils d'Eliphaz,
et les enfants de Céthim, parce qu'ilsavaient
fait la guerre à son allié Aïnias, et détruit
son armée. Mais les enfants d'Esaû lui re-
présentèrent que Sépho était leur frère» et
ils le déterminèrent à renoncer à son en-
treprise.
Quand les Egyptiens apprirent cette chose,
ils en profitèrent habilement pour accabler
les enfants d'Israël d*un surcroît de travaux.
Et ils disaient aux enfants d'Israël : Hâtez-
vous de terminer les fortifications du pays,
de peur que les enfants d'Esati ne viennent
nous surnrendre; car ce serait à cause de
vous qu'ils prendraient lesarmescontre nous.
A la vérité ils craignaient que les Israélites
(1397) -flQ, amer.
M398) Cenèuxxxst, 36: Cnmque moriuus esset
Adady regnavit pro eo Semia de Masreca,
(1389) On sait que ce personnage est le sujet
d*an des livres de fAncîen Testament. Nous ver-
rons sa conversion dans les pages suivantes de ce
livre.
Dans le livre Enuq-Hammélech, de Rabbi Na-
ne renouvelassent le traitement qu'ils lear
avaient fait subirjlorsdela guerreavec leseii-
fants d'Esaû dans les jours d'Adad. Mais plus
ils cherchaient è faire diminuer le nombra
des enfants d'Israël en les écrasant de travaux
excessifs, plus la population de c^ux»cipre-|
nait de l'acccroisseroent. Et l'Egypte polla-
lait d'enfants d'Israël. *
Nouvelles mesures contre les enfants d*Israd.
En l'année cent vingt-cinquième de la
descente d*lsraël en Egypte» tous les anciens
du pays, et ses sages, se présentèrent devant
le roi en se prosternant la face contre terre,
et ils dirent : Vive le roi éternellement. Tu
nous as donné un conseil dont rexécution a
produit un effet contraire au résultat qae
nous en attendions. Les enfants d'Israël» en
dépit de leurs fatigues, se multiplient è Toe
d'œil, au point que notre pays en est rempli.
Maintenant, donne-nous dans ta sagesse un
nouveau conseil. Le roi répondit: Cherchez
vous-mêmes quelle autre voie nous pour-
rions essayer. Alors un officier du conseil du
roi, nommé Job, de la terre de Hus, en Mé-
sopotamie, (1399), prit la ()arole. et dit: Que
le roi entende mon avis, si cela Iniest agréa-
ble. Le conseil donné dans le temps par le
roi était excellent. Il ne faut jamais rien
relâcher des fatigues imposées aux enfants
d'Israël. Mais voici une mesure de plus que
vous devez opposer à la multiplication ex-
traordinaire des enfants d'Israël , laquelle
nous orée un danger en cas de guerre. Si le
roi le trouve bon il rendra un décret qui
sera inscrit dans le codedes lois deTEgypte,
afin qu'il devienne strictementobligaloire,
savoir : Que soit répandu à terre le sang de
touç les enfants mâles qui dorénavant naî-
tront des Hébreux. Qu'il plaise donc ao roi
d'en prescrire l'exécution ft toutes les sages-
femmes Israélites. Ce conseil eut Tapproba-
tion du roi et des seigneurs.
Et Pharaon manda les sages-femmes Israé*
lites, dont l'une s'appelait Sephora, et l'antre
Phua, et il leur dit: Quand vous acuucherez
les femmes des Hébreux vous regarderez
sur le siège d'accouchement (IbOO), si c*est
un garçon vous le tuerez , si c'est une fille,
vous pourrez la laisser vivre. Si vous n'ob-
servez pas ce que je vous ordonne, je vous
ferai consumer par le feu avec vos maisons.
Mais les accoucheuses craignaient Dieu, et
n'obéissaient pas au roi. Elles donnaient des
soins, comme par le passé, h tous les en-
fants, aux garçons comme aux filles, afin de
les conserver en bonne santé. La chose ayant
été dénoncée au roi, il fit appeler les sage»-
femmes , et leurdit: Pourquoi avez-vous
laissé vivre les enfants mflles ? Elles ré|ion-
pbthali, fol. 107 verso, il est dit que BaImid, Job
et Jetliro, grands magiciens, étaient membres du
conseil de Pharaon ; mais les deux derniers se sout
convertis âi Jéliova.
(1400) Notre texte a, comme YExode^ XPS2H, a«
duel, tlont ta signilicalion la plus probalile rsi
ielta parturienlii. Elle est dIsDOsêe de nunière à te-
nir écartées les deux jambes.t*est pourquoi ce s«te*
tantif a toujours la forme ducUe.
1157
TAS
PART. III.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1388
dirent toutes deux : Que le roi ne s'imaffine
pas que les femoies Israélites ressemblent
aux égyptiennes. Celles-là ont le tempéram-
ment des animaux (1401). Elles se délivrent
elles - mêmes ayant l'arrivée de Taccou*
cheuse. Il y a longtemps que nousi tes ser-
vantes» n'avons assisté une de ces femmes
dans son travail d'enfant. Et Pharaon ajouta
foi à leurs paroles» et elles purent se retirer
en paix de sa présence. Or, Dieu récompensa
les sages-femmes. El le peuple Hébreu con-
tinuait à augmenter prodigieusement.
Naissance tPAaron et de Marie. — Mort de Seplio*—
Nouvelle désertion de Balaaaii
11 y eut en ces jours-là au pays d'EgyptH
un homme de la race de Lévi ; son nom était
Amram, fils de Caath, fils de Lévi, Gis d'Is-
rdël. Cet homme alla et prit pour femme Jo«
cltabedy fille de Lévi, sœur de son père ; et
elle était â^ée de cent vingt-six ans. La
femme devint enceinte et enfanta une fille,
h qui elle donna le nom de Marie ; parce que
déjà alors les Egyptiens rendaient la vie
amère aux enfants d'Israël. Et elle conçut
de nouveau, et mit au monde un fils, qu'elle
nomma AaicoQ, parce que pendant sa gros-
sesse Pharaon commençaità répandre le sang
des enfants mâles du peuple Hébreu (UOâ].
En ce temps-là mourut Sepbo, fils d'Eh-
phaz, après avoir régné sur tous les^nfants
ue Cétbim pendant cinquante ans. Et il fut
enterré à Nabana, ville du pays de Céthim,
Il eut pour successeur Janus, un des plus
vaillants héros des enfants de Céthim (U03).
Et après la mort de Sepho, Balaam, fils clu
Béor, 8*enfuit du pays de Céthim, et se ren-
dit auprès de Pharaon, roi d'Egypte, qui le
reçqt avec grand honneur ; car ^il avait en-
tendu parler de sa science. Le roi lui fit des
présents, l'éleva en dignité et' le fit conseil-
ler. Balaam se fixa en Egypte. Et les officiers
le traitaient avec distinction; car ils dési-
raient tous être instruits par lui dans la
science de la magie.
Songe de Pharaon.-— Balaam, Jéthro et Job consol'^
lès.— Les enfaets des Hébreux Jetés au Ûeuve.
En la cent trentième année de la descente
d*Israël en Egypte^ Pharaon eut un songe. As-
sis sur son trône, il leva les yeux et aperçut
devant lui un vieillard tenant à la main une
balance de marchand, qu'il souleva devant
Pharaon. Il prit tous les anciens, tous les
seigneurs, tous les grands de l'Egypte,^ et
les liant en un faisceau, il les mit dans l'un
des bassins. Il prit ensuite un petit agneau
de lait, et le mit dans l'autre bassin ; et voici
que le côté de l'agneau emporta celui de
tous ces hommes. Pharaon s'éveilla.
Dès le mAtin le roi fit appeler ses servi-
teurs, et il leur raconta ce songe, dont ils
conçurent une grande frayeur. Le roi dit
ensuite k ses sages : Interprétez-moi le
songe que j ai eu. Alors Balaam fils de Béor
prenant la parole, dit : Ceci ne signifie rien
moins qu'un grand malheur qui se produira
sur l'Egypte dans la suite des temps. Car il
nattra.en Israël un enfant qui ruinera l'E--
gypte, fera périr ses habitants, et emmènera
d'Egypte son peuple par la puissance de son
bras. Maintenant, ô roi, notre seigneur, il
faut aviser aux moyens de détruire les en-
fants d^lsraôl, et d'anéantir leur e)»pérance:
c'est ainsi que nous préviendrons le mal-
heur dont l'Ei^ypte est menacée. Le roi dit
à Balaam : Conseille-nous toi-même; car
foutes nos mesurescontre les enfants d'Israël
ont échoué jusqu'à présent. Balaam répon-
dit t Fais venir tes deux principaux conseil-
lers, et nous verrons ce qu'ils proposeront :
ton serviteur parlera ensuite. Le roi fit donc
appeler Ra^uél le Madianile (iM4) et Job le
Husite, et il leur dit : Vous avez entendu
mon songe et son interprétation. Mainte-
nant, voyez, conseillez ce que nous devons
résoudre contre les enfants d'Israël. Le Ma-
dianile Raguël répondit : Vive le roi, vive
le roi éternelle nenll S'il platl au roi, je lui
conseillerai de laisser les Hébreux en repos
et de ne pasies molester; carilssont les élus
de leurDieu, et sa proprelpossessioui par pré-
férence à toutes les nations et à tous les rois
de la terre. Et qui jamais a porté la main
sur eux sans que leur Dieu en ait tiré ven-
geance? Tu n ignores pas que Pharaon l'an-
cien s'étant emparé de Sara, femme d'Abra-»
ham, qui venait demander l'hospitalité en
Egyple , leur Dieu le frappa, ainsi que sa
maison^de grandes plaies, dont il n'obtint la
g;uérison qu'en restituant Sara à son époux»
Plus tard Abimélech, roi de Gérare» enleva
aussi la femme d'Abraham. Mais son Dieu
apparut à ce roi dans un songe et l'effraya
Sardes menaces, en môme temps qu'il frappa
e stérilité depuis les femmes des hommes
jusqu'aux femelles des hôtes. Abimélech re*
connut humblement au'il avait mal agi, et il
rendit à Abraham sa lemme, et le combla de
riches présents. Le môme Abimélech chassa
de Gérare Isaac, parce qu'il était jaloux de
ce que la belle Rébecca était sa femme. Mais
Dieu manifesta la protection dont il couvrait
Isaao; car tous les courants d'eau du pays
d'Abimélech séchèrent, et la terre ne pro-
duisait point de fruits» Cette calamité ne
cessa que lorsque le roi, avec une suite
nombreuse de ses amis et Phicol, général
de son armée, sortit de Gérare pour aller
trouver Isaac, et prosterné devant lui la face
contre terre, le pria d'intercéder pour lui
auprès de Jéhova. De môme, Jacob» homme
simple, fut sauvé à cause de sa simplicité,
de la main de son frère Esaû, et de la main
de Lahaut son oncle maternel, lesquels en
voulaient tous deux è sa vie. Les rois oe
(ilOl) Yaickar ei Exode, nm. Nous adopteas le
sens qu^aUacheni à ce leroie le Médraseh'Rabba, le
Talmud, iratié Sota. fol. 11 verso, et la version
Jud. Vûff. aussi Yarkhl.
(14Ûi)llarie. En hébreu, OnQ, Miriam. De -^Q,
DlCTlONCf. DES APOCaTPHBS. II.
amer. — Aaron. En hébreu, pîTH. De» p^lH» grom-
teue.
(iéXffj Texte hébreu, «rP3KV » Jauiw. Mieux la
version jud., ViaM^t Janut,
(1404) Jélbra le futur beau-père de Moïse.
40
f«59
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
• 1M
Ch naan tombèrent tous à la fois sur lui et
sur ses fils, 4:our les exterminer. Mais leur
Dieu les [protégea» et ils allaquërent h leur
tour les rois et les tuèrent. En effet, qui ja-
ni?iis a porté la main sur ce peuftle sans que
Dieu Ten ait puni. N'est-il pas vrai ane Pha-
raon, Pancien, ton grand-père, a élevé Jo-
seph au-dessus de tous les seigneurs de )*E-
gypte, pour avoir par sa grande sai^esse
préservé de la famine les habitants de ce
pays? Il donna ensuite Tordre de faire ve-
nir en Egypte Jaeob et ses enfants, afin au*à
la faveur de leur mérite devant Dieu l'E-
gypte et le pays de Gessen demeurassent à
l'abri de la famine qui désolait les autres
pays. Veuille donc renoncer au dessein de
faire périr les enfants d'Israël. Si leur pré-
sence en Egypte te déplaît, renvoie-les d*ici,
et qu'ils s'en aillent en Chanaan, pays de la
demeure de leurs ancêtres. Mais Pharaon
en entendant ce discours entra en fureur
contre Jétbro, qui sortit de la présence du
roi couvert de confusion. Et quittant le
même jour l'Egypte, il s'en alla en Madian
son pays, emportant avec lui le bâton de Jo-
seph.
Le roi dit alors h Job le Husite : Toi, Job,
quel est ton avis au sujet des Hébreux ? Job
répondit : N'est-il pas vrai que tous les lia-
l)ilants du pnys sont en ta puissance Y Traite
les Hébreux selon le jugement de la propre
prudence. Et Balaam dit h son tour: Toutes
les mesures prises jusqu'ici par le roi con-
tre les Hébreux demeureront sans résultat.
Car, si tu les attaques p.'ir le feu, ils y résis-
teront. En effet, n*e$t-il pas vrai que leur
Dieu en a retiré sain et sauf leur père Abra-
ham,à UrenChaldée?Veux-lulesexterminer
par le fer? Sache qu'lsaac leur ancêtre a été
tioustraitau fer du sacrifice, et un bélier a
été substitué à sa place. Que si tu penses h
réduire leur nombre h force de travail et de
faii|/ue$, tu n'y réussiras pas davantage ; car
déjà Jacob, leur père, a été soumis à toutes
sortes de travaux pénibles chez Laban, et
en vérité il n'en prospérait que mieux.
Maintenant, voici le moyen que je propose,
et auquel le roi, mon seigneur, doit s'en te-
nir. Nul de cette nation, ni aucun de ses pa-
triarches, n'a passé par ré[>reuvc de l'eau.
C'est donc cet élément qu'il faut emplojrer
contre eux, pour les faire disparaître entiè-
rement. Si cela plait bu roi, il ordonnera
qu'à partir de ce jour on jette dans le fleuve
tous les enfants qui naîtront d'eux.
Aussitôt le roi fit publier dans toute TE-
(1405; Ainsi le texte. nWM rxmraa tnSd
(tiOG) Diaprés le Talmiid, traité Sota, fol. Il
verso, et le Médrascli-Yalkul sur le cliap. xvi d*£-
lichiel, les HéWrcux nourrissaient de lait ei de miel
les enfants du premier âge.
Voy. plus de détails sur cet objet au tome II de
noire Harmonie enlre CEgliu et la Synagogue^ pa-
ges 3i3 et suivantes.
(Ii07) ces détails se lisent dans le Talroud, ubi
supra, et dans le Médraseb-Rabba de TExode. Ut
•pptiqueni â cette dernière eircoDstanee les paro-
gypte un ordre ayant force de loi» Mv^ir t
Dorénavant tout enfant mAle nouveau^né
des Hébreux doit ^Ire jetée Peau. Et il en-
voya tousses serviteurs au pays de Gessen»
où habitaient les enfants d'Israël» pour met-
tre son ordre à exécution.
Or, quand les enfants d'Israël apprirent
cette chose, ils se conduisirent direrseroem.
Les uns se séparèrent de leurs femmes, les
autres continuèrent à vivre avec elles. De
ce jour-là en avant, quand les femmes de
ceux-ci sentaient les premières atteintes de
l'enfantement elles sortaient aux champs
s'y délivraient, et laissant le leur g^nitnre,
s'en retournaient chez elles. Mais celui qui
avait juré h Abraham de multiplier $a race
envoyait è Tenfant un ange de ses serviteurs
célestes (1405). Cet ange le lavait, le net*
toyait, l'oignait, le réchauffait. Ces soins
étant accomplis, il mettait h la portée de
l'enfant deux pierres polies; dn l'une d'elles
il suçait du lait, de 1 autre, du miel (1406/,
Sa chevelure s'allongeait jusqu*à ses ge*
noux. pour le tenir couvert mollemeat. hi
par l'expresse volonté de Dieu la terre s*oo-
viait et recevait dans son sein, comme dans
un berceau, tous ces êtres faibles, et les gar-
dait jusqu'à leur entière croissance. Alors la
terre ouvrait sa bouche et les rendait k la
lumière^ Vous eussiez vu ces ieunes Hé*
breux pousser du sol comme Vberbe des
champs, et comme les plantes des forêts. Et
ils dirigeaient leurs pas, sans se tromper,
chacun vers sa famille, et vers sa roaisoo
paternelle. Les Egyptiens, qui s'étaient aper»
çus de l'absorption des petits enfants ^c*
taientauxchamps chacun avec sa charrue at-
telée de deux bœufs, et labouraient profon*
dément la terre qui couvrait les enfants
Hébreux; mais ils ne pouvaient jamais les
atteindre, ni leur nuire. C'est-ainsi que le
peuple d'Israël augmentait et se multipliait
prodigieusement (1W7).
Cependant Pharaon envoyait jonmelle-
ment à la recherche des enfants d Israël. Et
quand on en trouvait, on les arrachait vio-
lemment des bras des mères, et on les je*
tait au fleuve. Mais on ne faisait pas atten-
tion aux Qlles (U08].
Naissance de Moïse.— Son adoption par la prtnoetse
fiutliia, fille de Pharaon.
En ce temps-là l'esprit de Dieu fat sur
Marie, fille d'Amram et sœur d'Aaron. Et
elle allait par la maison en répétant : Voici
que pour le coup il nous naîtra, de mou
les du psalinisle {Pêoi. cxxix, 3) : Super éortù m9
araverunt araloret^ protongavermnt tvifroi êmo$, Lrf
enfants Hébreux, sortis de terre, disent ces dfvi
recueils, arrivaient par troupes nombreuses rej4Mji-
dre leurs parents.
Ce sont là de véritables niKbinades, qitll hm
bien se garder de meure sur le compte des écriTains
du Yaichar ancien.
( U08 ) Ce passage sappoie que nrui»^
femmes Israélites, soudatnemeot prises de mil
d*enfant, «^avaient pas le temps d*aller se déUvntf
dans les champs, et de faire aiMorber kmn eetati
par la terre.
iseï
YAS
PART 111.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
père et de ma mère, un fils qui sauvera Is-
raël (le la tyrannie des Egyptiens. Aiurain
avait répudié sa femme depuis trois ans
(H09); mais quand il entendit cette prédic-
tion» il reprit Jocliabed et la ramena chez
lui. La femme d*Amram devint enceinte* et
au septième mois de sa grossesse elle en-
fanta un fils. En ce moment la maison fut
remplie d'une lumière éclatante, comme celle
du soleil et de la lune dans leur plus grande
splendeur. La mère voyant que cet enfant
était beau et d*un aspect agréable, le cacha
pendant trois mois dans une chambre se-
crète.
Or, les Ej;yptieuA avaient imaginé une
ruse pour découvrir les enfanls que les Hé-
breux tenaient cachés. Leurs femmes por-
tant sur I épaule leurs propres enfants qui.
ne parlaient pas encore, allaient à Gessen
où étaient les Hébreux. Elles entraient dans
les maisons sous couleur de visiter les fem-
mes iscaélites. El quand leurs enfants fai-
saient entendre les sons inarticulés propres
à leur âge, le petit Hébreu qui était caché
y répondait. Aussitôt elles- allaient le dé-
noncer à Pharaon, qui le faisait prendre et
mettre à mort.
Jochabed ne put cacher plus longtemps
son enfant, dont l'existence avait été portée
è la connaissance du roi. Et afin de préve-
nir son enlèvement par les exempts égy^n
liens, elle prit un coffre de Jonc, et IVn-
duisit de bitume et de poix. Elle y mit en-
suite son fils, et Texposa ainsi au milieu des
roseaux de la rive du fleuve.
Or, Marie se tint à une certaine distance
de cet.eud roi t, afin desavoir ce qui arriverait
à son petit frère, et ce que deviendraient ses
propres prédictions. Et Dieu envoya sur
i*£gypte en ces jours-là des chaleurs telle-
ment fortes que les habitants en eurent la
peau comme brûlée, et ils cherchaient du
soulagement dans les eaux du Nil. En cette
occasion» Batbia, fille de Pharaon, y alla
aussi, pour se baigner. Ses filles de service
la suivaient sur le bord du fleuve, où se te-
naient beaucoup de femmes égyptiennes.
Alors Bathia« en promenant le regard sut
le fleuve, aperçut un coffre de jonc sur la
surface de Peau; et elle Tenvuya prendre
par une de ses servantes. L'ayant ouvert,
elle vit un enfantqui pleuraiLËIIeen eut pi-
tié, etdit : C'est un enfant des Hébreux. Tou-
tes les Egyptiennes du bord s'oArirent, Tune
après l'autre, pour lui donner de leur lail*
(1409) Il était un de ceux que s'étaient séparés
de leurs femmes. Voy. colonne précédente.
(UIO) Moïse, rnro. MohIU, Jusèpbe, Puilon, CM«
ment d'Alexandrie, quelques anciens Pères de TK-
gli»e, ont parfaitement reconnu que ce nom se
compose de dc:ux mois égyptiens, dont le premier,
}Mi>, signifie fan, et le second, laitwrr. Celui-ci est,
d'après l^n. Rossi (£iyiii. JEqypt,) ouaai, et d'après
Jablonski (Opuscule, 1. 1) ouae.
A rexeiuple des LXX, nous transcrivons en a le
djandja du copte, dont nous n'avons pas de ca-
ractères dans ce moment.
(iill) Héber, norif aUachemeni^ r/anton.— Jécu-
tUcU Sk^TTON de mo, efpérer. et b», Oku. — Ja-
mais l'enfant ne voulut prendre le sein d'au-
cune d'elles. Or, Jéhova lui inspirait cetta
répugnance, afin de le faire revenir au sein
deaa mère. Alors Marie, qui s'était mêlée
à ces femmes, dit h la fille de Pharaon :
Veux-tu que j'aille te chercher pour cet en*
fant une nourrice parmi les femmes des Hé*
breux? La fille de Pharaon lui dit : Va. Aus-
sitôt la jeune vierge alla et appela la mère
même de l'enfant. Et la fille de Pharaon dit
À Jochabed : Prends cet enfant, et nourris*
le-moi. Je te donnerai pour ton salaire deux
pièces d'argent par jour. La femme prit l'en-
fant et le nourrit. Et lorsque, au bout de
deux ans, l'enfant fut eu âge d'être sevré*
elle le rapporta è la fille de Pharaon, nui
l'adopta et lui donna le nom de Moïse* di-
sant : Parce que je l'ai retiré de l'eau (IMO).
Mais Amrara, son père, le nomma Héber;
parce que, dit-il, c'est pour lui que je me
suis réuni à ma femme. Jochabed le nomma
Jécuthiel, car -elle avait espéré à son sujet
en Jéhova, qui le lui avait rendu. Sa
sœur, Marie, le nomma Jared, parce qu'elle
était descendue au fleuve pour le suivre et
savoir ce qu'il adviendrait de lui. Son frère,
Aaron, le nomma AbiZanoé, disant : Mon
I ère avait quitté ma mère, et pour lui il Ta
reprise. Caath, son aïeul paternel, le nom*
ma Abi-Ghedor, parce que Dieu avait fermé,
à cause de son mérite futur, la plaie de la
maison d'Israël ; car on cessa de jeter k l'eau
les enfants mflles. La femme chargée de lu
soigner le nomma Abi-Succa, parce uu'il
était demeuré caché pendant trois mois dans
une chambre-cabane, de crainte des enfants
de Cham« Tout le peuple d'Israël le nomma
plus tard Séméia fils deNathanaël, car en seê
ours Dieu entendit leurs gémissements, et
es sauva de la main de leurs oppresseura
<1W1).
Et Moïse, adopté par Bathia, fille do Pha-
raon, était élevé avec les fils du roi,
Mort du roi d*£doni.
En ces jours-li mourut le roi d'Edom,
dans la dix-huitième année de son règne, et
il fut enterré dans le palais qu*il s'était bêti
au pays d'Edom. Alors les enfants d'Esaii
envoyèrent k Phathor (1(^12), situé sur le
fleuve (d'Euphrate), et en firent venir un
jeune homme beau de figure et bien fait de
corps, du nom de Saûl ;et ils l'établirent roi
à la place de Semla. Et Saiil gouverna le
red, Ti'. deuendre, — Abi-Zanoé , TOSt ^OM, de
^2H. MOU père, etrOÎ, abandonner, quitter. — > A^i*
Gbedor, Tta UH, de an, père^ et Tra, eneeindrt,
ftnner. •— Abt-Succa, rCD tlM. de 3m, père, ei
nx> cabane. — Séméia, ;pysiV, Dieu a enlcoda. »
Natlianael, bicns. Dieu a donné, accordé.
Le Médrascb-Rabba et le Makbzor (fête de Sim •
kbat-Tbora) donnent à Moïse ces mémei noma
avec quelques auirM. Le Makhxor ponctue Tavanl-
deruier nom, Àbi-Socho^ ce qui en changerait la ai*
giiiûcation.
(1413) Le teSoupd des LXX, Nombres^ xxii, l|
el d*Eu8ébe, De locU, etc.
1i63
DICTIONNAIRE DES APOCHTPIIES.
* f«4
pays d*Eaom pendant Tespace de quarante
nos (1418).
Aggravation de la servitude.
El Pharaon voyant qu'en dépit du conseil
de Balaam les enfants aisraël iractiûaienl et
multipliaient et pullulaient dans tout le pays
d'Egypte, leur fit notiSer, savoir : Que nul
de vous ne diminue rien de sa tAcbe de cha-
que jour; car ce qui manquera à sa maçon-
nerie, soil en tnortier, soit on briques, sera
comblé par le corps du plus jeune de ses
fils. L'on exigeait, en conséquence de cet
ordre, la somme du travail de chaque Hé-
breu avec une telle rigueur que journelle-
ment on arrachait des entants des bras des
mères pour les murer à l'endroit laissé ina-
::hevé par leurs pères épuisés de forces.
L^enrant Moïse enlève là couronne de la tête du roi.
— Balaam change encore de pays.
Dans la troisième année de l'âge de Moïse
Pharaon était à manger, ayant à sa droite
Alpharaonith, la reine, et à sa gauche, Ba-
thia, qui tenait Moïse sur ses genoux. Ba-
laam, fils de Béor, avec ses deux fils et tous
les grands seigneurs du royaume, avaient
pris place à la table du roi. Tout à coup le
jeune garçon étendant la main s'empara de la
couronne du roi, et se la posa sur la tête.
Le roi et les princes, saisis de ce fait, se re-
gardaient avec élonoement. Enfin, le roi,
s'adressent aux seigneurs, dit : Que pensez-
vous d'une chose pareille? Et guel traite-
ment mérite l'audace de ce petit Hébreu ?
Alors fialaaro, fils de Béor, prenant la pa-
role, dit : Happelle-toi, 6 roi mon maître, le
songe que tu as eu, il y a longtemps, et com-
ment ton serviteur te l'a inter{)réié (lil^i).
Considère que ce garçon appartient aux Hé-
breux, <)ui possèdent l'esprit de Dieu. Et ne
va pas t'imaginer, seigneurrooo roi, qu'étant
si jeune, ce garçon a dû agir sans discerne-
mont. 1( sufut qu'il soit de la race des Hé-
breux pour que nous nous persuadions (]ue
tout jeune au'il est, il a fait cette chose avec
réflexion, ann d'acquérir un droit h la royauté
d'Egypte. Car telle est Tallure des Hébreux
d'employer des voies détournées pour sur-
prendre les rois et leurs ministres. Ne sais-
tu pas que par les mêmes movens Abraham
leur père est parvenu à détruire l'ariuée de
Nemrod, roi deBabyloue, et à tromper sob«
tilement Abimélecb, roi de Gérafe, en sorte
S[u'il a acquis la propriété du pays des en-
onts de Heth, et de tout le royaume de Cha-
naan. Descendu ensuite en Egypte, il foisait
passer Sara, son épouse, pour sa sœur, afin
de tendre un piège aux E^^yptiens et à leur
roi. Ainsi faisait aussi son tils ]saac en ve-
nant demeurer àGérare. H v p/irvint k sur-
passer la puissance d*Abimélech, roi du
pays, n voulait, lui au8si, attirer un malheur
sur la terre des Philistins, en disant de Hé-
becca, sa femme : Elle est ma sœur. Jacob
(1413) Geuhe^ xxxvi, S7 : Hoc (Semla) quoqui mor"
tuo, regnavU pro eo Soûl de fiutio RohoboUi,
(1414) Voy, plus IjsuI, colonne 1257.
n'a pas moins usé de ruse envers son frère
pour le dépouiller de son droit de primo-
géniture, et lui enlever sa bénédiction. H
se transporta ensuite en Méso[)Otamie de
Syrie, auprès de Laban, son oncle maiernel.
et s'emp'ira subtilement de ses filles, de ses
troupeaux, de (outson avoir, et s*enfuit avrc
tout cela an pays de Ghanaan auprès de son
fière. Son fils Joseph, vendu pi^r ses propres
rères, serv«iit comme esclave en E^'ptCt^iù
il avait été amené. Mais sa perversité le fit
mettre en prison. Il y était depuis douze
ans (H15) lorsque Pharaon l'ancien eut cer-
tains songes. Ce roi le fit tirer de prison, et
l'éleva en digfiité au-dessus de tous les sei-
gneurs nationaux, parce qu'il lui nv.-iil in-
terprété ses songes. Quan«l la famine régn it
sur toute la (erre, Joseph fit venir en Eg^f'te
son père, ses frères et tout le personnel de
leurs maisons, et il les nourrit aux dépens
du pays. Bien plus, il acquit la propriété de
tout ie sol égyptien et réduisit les habksnts
de ce pnys à la condition d'esclaves. Main-
tenant, mon roi, sois persuadé que ce gar-
çon s'élève en Egypte a la place de ses pères
pour en faire autant. Il jouera le roi et tous
ceux qui sont revêtus de Taulorité publique.
Si cela platt au roi, répandons son sang à
terre, de peur qu'en grandissant il ne s'em-
pare de la royuuté, ce qui serait la perte
de l'Egypte. Le roi dit k Balaam : Appelons
encore tons les ju^es et tous les sages» afin
de nous assurer si cet enfant est véritable-
ment digne de mort; s'il en est ainsi que tu
le dis, nous le ferons périr.
Le roi fit donc mander devant lui tous le«
sages de l'Egypte, et ils arrivèrent ayant
{)armi eux un ange de Jéhova, qui avait pris
'extérieur de l'un d'eux. Pharaon leur ayant
exposélachose, Tance, sous l'apparence d'uD
des pages du roi, du en présence de toute
l'assemblée : Que le roi ordonne d'apporter
un vase contenant des diamants, et un autre
vase rempli d'une braise ardente. Suivant
que l'enfant prendra de l'un ou de l'autre,
nous jugerons s'il agit, ou non, avec discer-
nement. Tous ayant approuvé ce conseil, les
deux vases furent apportés et . posés devant
Moïse. L'enfant allait étendre sa main vers
les diamants, mais l'ange la poussa invisihl»-
roent vers la braise, et en même temps l'é-
teignit. L'enfant en prit une poignée et la
f^orta à la bouche ; et ses lèvres et sa langue
urent en partie entamées par la chaleur qoe
la braise conservait. C'est de Ik qu'il est de-
venu lourd de bouche et pesant de lan-
5 ne (H16).Le roi et les seigneurs décidèrent
e laisser vivre l'enfant.
Et Moïse continuait k demeurer dans la
maison de Pharaon. Il était élevé wree h s
fils du roi, et était vêtu de pourpre. Batbia,
fille de Pharaon, le regardait comme son en-
fant. Il était honoré |»ar tous ceux da palais,
et les Egyptiens te respectaient. Devenu plus
grand, il se rendait chaque jour à Ijesseo,
(1415) Voy. colonne 1 20! .
(UI6)6>aiJM enim ore, eigrarh tingwatgalEsoé.
iT, 10), diaprés le texte licbmi.
U65
TAS
PART. 111.— LEGENDES ET FRAGMENTS.
lAS
li(^
OÙ élaîent ses frères. Ceux-ci lui apprirent
que c*étsil par riosligalion de Balaam, fils
de Béor, qu'on les accablait de Iravaux qui
leur laissaient h peine le temps de respirer;
et que le môme Balaam avait engagé Pha-
raon h le faire mourir, lorsque, encore en-
fant, il avait ôlé la couronne de la tète du
roi. Et Moïse irrité contre Balaam» cherchait
à le tuer, etenép'ait Toccasiou chaque jour.
Après un certain temps il fut dit k Balaam:
Sois sur tes gardes; car voici que le tils de
Batbia en veut à ta vie, et te guette p(»ur te
Tûter. Balaam eut peur; et il quitta l'Egypte
avec ses deux fils, et ils se réfui^ièrent au-
près de Cicanus (itkl7), roi d'Ethiopie.
A la prière de Moïse, Pharaon accorde aux enfants
d*Israéi le repos du septième jour.
Moïse vivait librement dans le palais du
roi, et Jéhova le rendait agréable k Pharaon,
à ses serviteurs et aui Egyptiens, qui tous
l'aimaient i>eaucoup. Un jour Moïse étant
allô visiter ses frères h Gessen, fut extréme-
ment peiné de les voir assuiettisà de si durs
Iravaux. A son retour, il alla se prosterner
devant le roi, et lui dit: De grAce, mon sei-
gneur» je viens l'adresser une petite de-
mande : ne me refuse pas. Pharaon lui dit :
Parle. Alors Moïse dit: Qu'il te plaise d'ac-
corder à tes serviteurs les enfants d'Israël»
qui sont à Gessen, un jour de la semaine»
pour s'y re[>oser de leur travail. Le roi ré-
pondit : Voici que je t'exauce : Il sera fait
selon ton désir. Aussitôt Pharaon fit publier
dans toute l'Egypte et à Gessen » savoir :
A vous, tous les enfanlsd'Israë!. Faites votre
ouvrage pendani six jours» et le septième
jour vous jouirez d*un repos absolu. Ainsi
Vordonnent le roi et Moïse» Qls de Batbia.
Or, ceci fut ainsi disposé par Jéhova» ()ui
commencail k se souvenir des enfants d'Is-
raël, en faviTur de leurs pères, pour lesdé-
livrer^tA la servitude de Pharaon. Et Moïse
s«) réjouit beaucoup de son heureux succès.
£t Jéhova tut avec Moïse, et son renom se
répandit dans toute l'Egypte. Il était en es-
time aux yeux des Egyptiens et aux yeux
des enfants d'Israël. Et il était ailenlif à faire
du bien k son peuple auprès du roi.
Moïse tue on Egjtien et est condamné à mort. —
Rtmontrauces d*Aaron au peuple hébreu.
Moïse» ftgé de dix-huit ans, se rendait à
Gessen dans l'intention de visiter son père et
sa mère. Arrivée un endroit nù travaillaient
les enfants d'Israël, il aperçut un E^ptien
qui battait un Hébreu. Celui-ci voyant ve-
nir Mo'iso, courut se mettre sous sa protec-
tion; car il connaissait son crédit dans le
palais de Pharaon, et il lui dit : Aide-moi»
seigneur! Cet Egyptien est entré denuitdans
ina maison, et m'a garrotté, et en ma pré-
sence il a abusé de ma femme Et mainte-
j[U17) Texte, DUp^. I^ livre de ta tfie de Moise a,
JNicanue»
(U18) On sait qu>n Orient ce sont des chefs
mililaircs qui remplissent les fonctions de lK>ur-
rcau.
nant il veut m ôter la vie. Moise, en appre-
nant cette odieuse action» fut rempli de co-
lère conire l'Egyptien. Il se retourna de tous
côtés» et voyant qu'il n'y avait là personne,
i; (ua l'Egytien elle cacha dans le sable. L'Is-
raélite étant rentré chez luise disposait à
répudier sa femme; car il n'est pas admis
dans la maison de Jacob qu'un homme ait
commerce avec sa femme après qu'elle a été
souillée par un étranger. La femme allas'en
plaindre à SHS frères, qui auraient tué le mari
s'il ne s'était échappé de leurs mains par la
fuite.
Le lendemain Moïse sortit encore vers ses
frères, et il vit que deux hommes Hébreux
se querellaient» et il dit au plus violent:
Pourquoi frappes - tu ton prochain? Cet
homme lui répondit :Qui t'a établi sur nous
thefel ju^e? Penses-tu me tuer comme tu
as tué l'Egyptien? Moïse craignit et se dit:
En vérité, la chose est connue. En eOèt, Pha-
raon en fut informé, et il conclamna Moïse
k mourir. Mais Dieu envoya son ange
qui prit la ressemblance du ciief des satel-
lites (U18}et revêtit celui-ci de l'apparence
de Moïse. L'ange de Jéhova , saisissant le
glaive abattit la tète du chef des satellites.
Il prit ensuite Moïse par la main, le trans-
porta hors de la frontière, et le déposa en un
lieu distant de l'Egypte de quarante tour-
nées de marche.
Et Aaron resté seul en Egypte, prophéti-
sait en ces termes aux enfants d'Istaël:
Voici ce que dit Jéhova, Dieu de vos pères:
Eloignez de vous les idoles, qui sont une abo-
mination h ses yeux; et une les faux dieux
de l'Egypte ne vous souillent pas. Mais les
enfants d'Israël étaient alors récalcitrants, et
ne voulaient pas obéir à Aaron. Et Jéhova
les aurait exterminés s'il ne s'était pas sou*
venu de son alliance avec Abraham, Isaacet
Jacob. Dans le même temps la main dePha*
raon allait toujours s'appesantissant sur les
enfants d'Israël» jusqu'à l'époque où Jéhova
envoya son Verbe et les visita (U19).
Guerre des Eihiopiens contre des peuples leurs tri-
butaires.—Perlidie de Balaam.
En ce temps-lè éclata une grande guerre
entre les enfants de Chus , les enfants de
rOrient et les enfants d'Aram. Ces deux
peuptes s'étaient soulevés contre le roi de
Chus (d'Ethiopie), dont ils dépendaient. Ci-
canus» roi d'Ethiopie» voulant les ramener
sous son obéissance, marcha contre eux avec
tous les enfants de Chus» oui formaient une
armée nombreuse comme le sable de la mer.
Avant de se mettre en campagne Cicanus
conQa à Balaam et à ses deux tils la gardede
la ville, ainsi que iasurveiliance du bas i ea-
ple qu'il y laissait. Il marcha ensuite è l'en-
nemi» tua la majeure partie de ses combat-
tants» et lui fit beaucoup de prisonniers. Et
(1 iiO) Ainsi le texte : TTIT TO 7VFV nSif TVf 17.
mpsri. Le psalniisle, cvn, ÎO. selon l'iiébr. s'ex-
priuie piécisémeut dans l«s mêmes termes * Misit
Yerbum $uum H sanaifit toi.
KAl
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
tiCS
après avoir soutnis les rebelles, il imposa
un tribut sur leur pays comme auparavarK.
Mais pendant Tabsence de Cicaous, Ba«
laam se concerta avec le peuple pour se
révolter contre le roi, et Tempêcherde ren-
trer dans sa viMe. Les habitants déclarèrent
Balaam Jeur roi, lui jurèrent fidélité et nom-
mèrent ses deux Tvls commandants supé-
rieurs des troupes. Et ils se mirent à exhaus-
ser leurs reniparts, et à les rendre inexpu-
gnables de deux côtés de la ville. Au troi-
sième cfrté ils creusèren-t d'innombrables
fossés jusqu^au ilduve qui coule autour du
pays de Cnus^ (1420); et ils firent arriver
reau du fleuve dans les fossés. Quant au
quatrième côtéyils y rassemblèrent parleurs
euchmitemcnts et leursopéralions magiques,
une quantité innombrable de serpents et
d^autres bêtes venimeuses. C'est ainsi qu'ils
munirent la place. Après cela ils s'y enfer-
mèrent; et nul ne pouvait plus ni entrer ni
sortir.
Cependant Cicanus revenait triomphant
dans son pays, entouré des chefs de l'armée.
Lorsqu'ils approchèrent delà capitale, ils
remarquèrent que les murs en avaient été
exhaussés jusqu'il une grande hauteur. Ils en
ftirent surpris; mais ils ne tardèrent pas à
se dire les uns aux autres : Sans doute, les
bai)itants trouvaient que notre absence se
prolongeait, et ils ont conçu de la crainte
pour l'issue de notre expédition. C'est pour-
quoi ils ont exhaussé et fortifié les murs de
]ft ville, de peur que les rois de Channan ne
vinssent les attaquer. Arrivés à l'entrée de la
Tille, et en trouvant les portes closes , ils
crièrent aux portiers : Ouvrez-nous, afin que
BOUS entrions. Mais les portiers , par ordre
de leur roi, Balaam le magicien, refusèrent
d'ouvrir. Alors s'engagea devant la porte un
eombat dans lequel l'armée de Cicanus per-
dit trente hommes.Le jour d'après, les gens
de Cicanus recommencèrent Tatlaque du
eôlé du fleuve qu'ils essayaient de passer à
gué; mais tous ceux qui s'avançaient dans
feau tombaient dans les fossés et se noyaient.
Alors le roi fit couper desarbres et construire
des radeaux pour le transport de ses soldats.
Mais quand ces radeaux, au nombre de dix,
étaient arrivés sur les fossés, des moulins
eaebés au fond faisaient tournoyer Teau, et
les entraînaient dans des gouflres avec deux
cents hommes qu'ils portaient. Le troisième
jour l'armée de Cicanus tenta une attaque du
c6té des serpents; mais elle ne put appro-
cher de la ville , car les bètes venimeuses
avaient déjà tué les premiers cent soixante-
dix hommes qui sétaient avancés contre
elles. Et le roi renonça k prendre la ville h
force ouverte; et il la tint assiégée pendant
oeufans*
Moïse arrlTe au camp de Cicanus.— Ifort de ce ro».
Or, Moïse, lorsqu'il s'enfuit d'Egypte pour
se soustraire k la vengeance de Pharaon, ar-
riva au c^mp de Cicanus devant la ville de
l'Ii^) €ênè$ê, u, i5 : Cehon: ipse al ^ui âreuH
ûmuem terram JEihiapiœ,
Chus* atil y resta neuf ans, tant que dmrale
siège. I! était àiiné du roi, des chefs et do
toute l'armée. Il avait l'air imposant el ma-
jestueux. Sa taille était bien prise, et sa force
égalait celle d'un lion dans I âge de vigueur.
Et à cause de sa grande prudence, le roi le
choisit pour son conseiller.
Et au bout de nenf ans Cicanus eut une
maladie si grave qu'il en mourut le septième
jour. Il fut embaumé et enterré devant It
porte de la ville, qui regarde le nord de l'E-
gypte (H2i). On éleva sur sa tombe un haut
monument en grandes pierres, sur lesquelles
ses secrétaires gravèrent tons ses exploits
guerriers. Et voici que l'inscription subsiste
jusqu'à ce jour.
Moïse élu rot d*Eibîopie.
Après la mort de Cicanus, les chefs et les
soldats de son armée commencèrent à 6tre fa-
tigués du sié^e de la ville. Et ils dirent : Qu'al-
lons-nous faire maintenant? U y a déjà neuf
ans que nous nous tenons en rase campagne,
hors de nos maisons. Si nous combattons la
ville, nous succomberons et mourrons. Si
nous restons ici à tenir la ville assiégée,
nous périrons également. Car les rois d'E-
dom et les enfants de l'Orient vont appren-
dre la mort de notre roi, et ils viendront tom-
ber sur nous à l'improvisle, et nous succom-
berons jusqu'au dernier. Maintenant, venex,
donnons-nous un roi, et nous pourrons con-
tinuer le siège jusqu'à ce que la ville soit
réduite.
Or, dans toute l'armée des enfants deChna
il ne se trouvait aucun homme qui pût être
comparé à Moïse. Et ils se hâtèrent el jetè-
rent par terre chacun ses vêtements, pouren
former une haute élévation, et ils v firent
monter Moïse. Aussitôt au milieu oes Cbo*
fares, des trompettes, éclatèrent de toutes
parts les cris : Vive le roil vive le roi t £t
tout le peuple et ses chefs jurèrent de lui
donner pour épouse la reine Adonia, Etbtc^
pienne, veuve de Cicanus. Ils firent aussi
publier cet ordre : Que chacun oS're à Moïse
de ce qu'il possède. On étendit sur l'éléva-
tion un drap, et ils y jetèrent , les uns des
bijoux d'or, les autres des pièces de mon-
naies, des pierres précieuses, de Por et de
l'argent en grande quantité. Et Moïse en-
fe^ma ces riches présents dans son trésor.
Moïse ftgé de vingt-septansdevint ainsi roi de
Chus, dans la cinquante-cinquième année de
Pharaon, roi d'Egypte, laquelle était lacent
cinquante-septième depuis la descente d'Is-
raël en Egypte. Et sou règne sur le |uiys de
Chus dura quarante ans. Et il était très-aiœé
du peuple, car Jéhova le rendait très-a^rfa-
ble à tous les enfants de Chus.
Moïse orend Sa ville.
Le septième jour du règne de Moïse, tous
les enfants de Chus se réunirent et vinrent
se prosterner devant lui la face contre terre,
et ils dirent: Donne-nous un conseil pour
(li21) Version jud.: où le fleuve se lottrno t>
VEgypie.
1109
TAS
FAUT, m.— LEGENDES ET FRAGMENTS
YAS
ii70
nous rendre niattres de la ville. Car voilà
neuf ans que nous Tassiégeons et rfue nous
ne voyons point nos enfants et nos femmes.
Le roi répondit : Si vous suivez ce que ie
vais vous prescrire, Jéhova vous livrera la
ville; mais si nous la combattons comme
nous avons fait du vivant de Cicanus, nous
ne pourrons que perdre beaucoup de monde.
Ordonnez è toute la population du camp, de
par le roi, d*aller h la forêt, et que chacun
vn rapporte un petit de cigogne. Quiconque
reviendra sans en apporter un, sera puni de
mort, et son bien sera adjugé au roi. Vous
élèverez ces petits oiseaux, et vous les dres-
serez h la chasse comme on y dresse les
éperviers. Les enfants de Chus se confor-
mèrent eiactemMt h cet ordre du roi. Quand
les cifçognes furent assez grandes le roi or-
donna de fes laisser «ans nourriture pendant
trois jours. Le troisième jour s*étant levé le
roi dit aux enfants de Chus: Ceignez vos ar-
mes et soyez des hommes courageux; que
chacun porte sur le poing sa cigogne. Et les
ayant raenfis du côté qui était gardé |)ar les
serpents, il leur dit : Lftchez vos oiseaux
sur les serpents. Cela étant fiijt, les cigognes
se précipitèrent sur ces reptiles et les dévo-
rèrent tous, de sorte qu'en moins d'une heure
elles eurent nettoyé ta p'ace (l/î.22). Alors le
roi et les chef^ commandèrent aux trom-
pettes do sonner le signal de Tatlaqne. Et
y\s devinrent maîtres delà ville, et s'y main-
tinrent. Les révoltés de la ville, au nombre
de mille cent hommes, étaient tous tombés
pendant le combat, tandis que 'es troupes du
siège n'en perdirent pas un seul.
Les enfants de Chus rentrèrent chacun
dans sa maison, auprès de sa femme et de
ses enfants, et chacun se remit en possession
de sa propriété. Quant à Balaam, il avait ou-
vert la porte de la ville, opposée an lieu de
l'attaque, et il s'était en'ui avec ses fils et
ses huit frères. Il revint avec eux en Egypte
auprès du roi. Ce sont là les magiciens et
sorciers dont il est écrit dans le livre de la
Loi que Pharaon les opposait à Moïse chaque
fois (jue Jéhova frappait de nouvelles plais
les K^yptiens^
(i422) Il esl probable que le terme bébreu de
noire texte, HTon. que Ton traduit eigogne^ est ici
ponrtfris, dont nous n'avons pas le nom bébreu. Ou
plutôt comme ces deux oiseaux ont beaucoup de rap-
port entre eux, au point (|ue plusieurs auteurs ont
confondu Tibis avec la cigogne, Tun et l'autre est
désigné en bébreu par le même nom.
Il est à remarquer que Josèpbe {Antiq, ii, 10)
raconte également que dans son expédition contre
VEifiippie, Moïse se débarrassa des ierpentt, obsta-
cle «érieux qu^il rencontra, en lâchant sur ces rep*
liles une quantité d*t^i<, que son armée portait dans
des cages d'nsitr.
On sait que Tibis fait une guerre continuelle
aux ter|>ents, si nombreux en Egypte. Ce service
lui a valu les honneurs de la divinité de la part des
Egyptiens.
(U23)Cha8el Cbanaan étaient ftls de Gham le
maudit.
Ce maria^ de Moïse avec une princesse étblo-
pieiine explique seuh les paroles suivantes, selon
(«; texte bébreu, du livre des Nombreê^ m, i : Lo»
€uta ni Maria et Aaron contra Jfoyifa, ol eamoi
Mariage de Moïse avec *a reine étbiopienne,
Adonia.
Et Moïse s'étant rendu maître de la ville
par $a prudence, les enfanls de Chus liti
confirmèrent de nouveau la royauté, comme
aussi ils consacrèrent solennellement son
union avec la reine Adonia, TElhiopienne.
Mais Moïse qui craignait Jéhova,. Dieu da ses
pères, n*<eut point commerce avec elle ; et il
ne la regardait même pas. Il se souvenait
qu^Abraham avait adjuré Eliéser son servi-
teur, disant : Tu ne choisiras pas pour Isaac
mon fils une femme des filles de Chanaan.
De même Isaac, quand Jacob s*enfuit de de-
vant Esaii, son frère, dit à son fils : Tu ne
prendras point pour femme une des filles de
Chanaan, et lu ne t'allieras k aucun des fils
deCham; car Jéhova noire Dieu a donné
Cham , fils de Noé, et toute sa postérité»
comme esclave nui enfants de Sem, et aux
enfanls de Japheih, ainsi qu'à leur postérité,,
pour toujours (U23).
Et Moïse gouvernait les enfants de Chus
avec sagesse et prospérité.
Expédition guerrière de Moïse, roi de Cbus.
En ce temps-là le pays d*Aram et les en-
fants de rOrient ajant apnris la mort de
Cicanus, se révollèri'nt de nouveau contre
Tautoritéde Chus. A cette nouvelle, Moïse
réunit des enfan's de Chus uue armée de
trente mille hommes, et il marcha d'abord
contre les enfants de TOrient. Ceux-ci se
{portèrent à sa rencontre, et le combat devini
brt animé. Mais Jéhova livra les enfants de
rOrient dans la main de Moïse, et ils eureni
trois cents hommes de tués. Les autres pri-
rent la fuite ; et Moïse les poursuivit et les
força à se soumettre. Et il leur imposa un
tribut comme par le temps passé. Il en fit
ensuite autant aux enfanls d'Aram. qui perdi-
rent un grand nombre des leurs. Et Moïse s*en
retournaaupaysdeChusavecloutson peuple.
Mort de Saùl, roi d'Edom ; d*Ainins, roi d'Afrique,
et de Janus, roi de Cétliiin.
Qitinze ans après cet événement, mourut
Saûl, roi d'Edom, et Balanan, fils d'Achobar»
Hxorii JEthiopUicSt quain acceperai : uam uxorem
jEihopi$$am acceverai .Ce texte esi un des tourments
des commentateurs, parce que le fait principal qu*it
mentionne nVst pas raconté dans la Bible. Cepen*
dantle mariage do Moïse avec uneétbiopienne esl
aussi attesté par la parapb. chaldaîquede Jonatban,
par la Vie de Moïse, ei par losèpbe(ubi supra), oui
nomme la princesse Bkp€iÇf Tharhie^ et par ie Mé-
drasch-Yalkut.
Le commentateur Rabbi SamueUben-Méir, petit-
HsdeTarkhi, explique notre texte par ce fait.
Meudelssobu, célèbre philosophe et rabbin alle-
mand, admet cette explication, à Texclusion de
toute autre. Il ajoute que TEcriture sainte passe en
général sous silence les faits historiques qui n*out
pas un rapport direct i la providence de Dieu sur
son peuple, et aux préceptes qu'il lui a donnés.
Car, ajoute-t-il, il est h'>r» de doute C|u*^jn per-
sonnaj^e du caractère de Moïse, a passé par Liien
des vicissitudes depuis sa condamnation qui Ta
obligé de s'enfuir d*Egypte jusqu'à T&ge de quatre-
vingts ans. 011 il s*est remontré dans ce pays. I oy«
notre Avant-pr. pos, col. Il»7^.
iâ7i
DICTIONNAIRE INES APOCRYPHES.
tri
régoa à sa place, et son règne dura trente-
huit ans (U2I^). Sous son règne, Moab secoua
le joug d^Edom, auquel il était assujetti de-
puis le jour où Adad, fils de Badad, avait
DaUu MadianetHoab (USS). Aïnias, roid'A*
friquei mourut aussi en ces jours-là « et
Asdrubal, son fils, régna à sa olace. C*est
alors que mourut aussi Janus, roi des en-
fants de Céihim. Et il fut enterré dans le
palais qu'il s'était bfttidans la plairfo de Cam-
pante. £t son Qls Laiinus lui succéda.
Expédition de Latinus contre le royiiume d^Afrîque
(U26).
I^tînus devint roi des enfants de Céthim
dans la yingt-deuxîème annéedu règne de
Moïse en Chus; et son règne dura quarante-
çina ans. Il éleva une grande forteresse, et
y bâtit un beau palais uour sa demeure.
La troisième année de son règne Latinus
fit construire de nombreux vaisseaux, et il
traversa la mer avec toute son armée afui
de porter la guerrôdans les possessions d'As-
drubal, fils d'Aïnias, roi d Afrique. Arrivé
en Afrique, Latinus livra bataille à Asdru-
bal et le vainquit et fit un grand carnage
de son armée. Et il détruisit laqueduc par
lequel Aïnias son père faisait arriver de
Teau du pays de Céthim pour l'usage de son
épouse Jania, fille d'Busi(U27). Mais le reste
des vaillants d'Asdrubal reprirent courage;
leurcŒurfut pleindudésiroese venger,elils
E référèrent la mort à la vie. Ils livrèrent à
^ atinus une nouvelle bataille, qui tourna en-^
çore au désavantage des gens d'Afrique,
dont il périt une très-grande quantité. Et
Asdrubal aussi resta mort sur le champ de
|>ataille.
Orj Asdrubal avait une fille nommée Os-
pasina (li^28). Elle était si belle que tous
les gens d'Afrique brodaient son portrait sur
leurs vêtements de luxe. Ceux qui accom-
pagnaient Latinus lui en ayant parlé avec
0loge, il se la tit amener et en lit son épouse.
Il s'en retourna ensuite au pays de Cé-
thim,
fixpédition d*AnnibnI,roi d^Arrique.contre les enfants
de Cétbim (les Romains).
Après le départ de Latinus tous les habi-
tants d'Afrique prirent Annibal, frère puîné
d'Asdrubal, et le firent roi de tout leur pays.
Or, Annibal devenu roi prit le parti daller
faire la guerre aux enfants de Céthim, afin
de venger son frère Asdrubal et les habi-
tants d'Afrique, qu'ils avaient tués. Il équipa
une flotte nombreuse, sy embarqua avec
toute son armée, et arriva en Céthim. El il
attaqua les enfants de Céthim, r|ui tombèrent
(1424) Cenète, xxxvi, S8: Cumqueet hic {Saui)
f 6i/ii«l, tucce$iU in regnum Balanan fiUui Achobar,
rU25) Voy^ plus haut col. 1247.
(!426) Troisième guerre punique déAgurëe à la
wanière des ra^bbins. Us connaissaient alors le nom
de Tancien roi Latinus, tandis qu'ils ignoraient celui
deScipion Emilien.
(1427) Voy. plus haut, colonne 1245.
(1428) M:nscnM. Uneautreédition.Oioîiiona, ver<
|îoa jud. (hphiêona.
devant lui en une quanliié prodigieuse II
tua leurs chefs et leurs nobles (l(^)eiabii-
tit des gens du peuple plus da quatr^vinit
mille honHnes. Pendant l'espaee de dii-buit
ans Annibal exerça des hostilités contre tes
enTants de Cétbim. Et après 8*ètre maintenu
longtemps avec son armée dans leur pays,
il s en retourna en Afrique, où il régna Irâo-
quiliement à la place de son frère.
Désastres des enfants dTlphraîm qoi ont toohi
prévenir Theure de la délivrance.
En Tannée cent quatre-vingtième de la
descente d'Israël en Egypte, trente mille
vaillants héros des enfants d'Ephraîm, fils
de Joseph, sortirent de l'Egypte. Car ils di-
saient que le terme de la servitude, fixé an-
ciennement par Jéhova au patriarche Abrs-
ham, était arrivé (IH^O). Ils s'armèrent de
toutes pièces, et se fièrent k leur force. I »
ne prirent point de provisions pour la roote*
pas même du pain pour le premier ioor:
Car, emriortant de 1 or et de l argent, ils di-
saient : Les Philistins nous eu vendron;; cl
s'ils ne veulent pas nous en vendre, nous en
prendrons de force. En effet, ils étaient tel-
Jeiiient vigoureux qu'un seul d*entre eut
mettait en fuite mille ennemis, et deux uoa
myriade d'ennemis fU31). Ils se dirtgènfnt
vers le pays de Gf^tn, et' ils rencontrèrent
les pasteurs des troupeaux des indigènes.
Et ils leur dirent : Donnei-nous de vos bre-
bis; car nous u*avnns rien. mangé de look
la journée. Les pasteurs répondirent : (^
bétail ne nous appartient pas : nous n'en
pouvons vendre à quelque prix que ce soit.
Les enfants d'Ephraïm s'étant avancés pour
en prendre de force, les pasteurs jetèrent
descris^qui attirèrentlesgensdeGelb. Ceus-
ci voyant les dispositions hostiles des en-
fants d'Ephraïm* se retirèrent et appelèrcn:
aux armes tout le pars. Et une forte action
s'engagea dans la vallée de Getb, et les deui
partis y éprouvèrent de grandes pertes. Le
lendeniain ceux de Geth appelèrent h leur
secours toutes les villes de la Palestine, ômi
il arriva quarante mille hommes armés. Or,
les enfants d'Ephra'im, privés de nourriture*
depuis trois jours, étaient épuisés de besoin
et de fatigue. Et Jéhova abandonna les en-
fants d'Ephraïm entre la main des Philis>
tins, et ils les frappèrent tous h mon, lYai-
ception de dix qui purent s'échapper Jj
combat. Et ceci était arrivé en punition de
ce que les enfants d'ispbraïm avaient con-
trevenu è la volonté de Jéhova, eu sortant
de l'Egypte avant le terme qu'il avait fiié.
Or, du côté des Philistins il n'était \^^
tombé moins de vingt mille hommes. Et
(U20) n est bon de se rappeler ici ia descripltmi àt
la bataille de Campes, donnée par Tite-ljie,
XXII, 44, sqq.
(1430) Le Médrascb-Rabba, oommenceoMiil ér U
section BetchallMkh, établit qo^ils se troinpaie«t àc
trente ans dans leur supputation. Voy. mm U
parapb. chald. de Jonathan. Exode^ xiii, 17.
(1451) Nous allons voir que ceci n^eal qa'one de
oes exagérations si familières aux Ofieptaux,
1975
YAS
PAHT. lU. — LEGENDfiS ET FRAGMENTS.
TAS
lf74
.ears frères les emportèrent et leur don-
nèrent la sépulture dans leurs villes. Mais
les cadavres des enfants d*£phraïai demeu*
rèrent abandonnés sur le sol pendant bien
des jours et des années. Et toute la vallée de
Getb était jonchée d'ossements humains
(1432).
Cependant les dix hommes échappés du
combat parvinrent en Egypte et rapportè-
rent aux enfants d'Israël tout ce qui leur
était arrivé. Leur père fit le deuil de ses en-
fants pendant de longs jours. Et ses frères
vinrent le consoler; alors il s'approcha de sa
femmci et elle enfanta un fils, mrelle nomma
Beria^ parce que une calamité était arrivée
dans sa maison (1&33}.
Moïse renvoyé de Chas.
Moïse, fils d'Amram, était alors encore
roi dans le pays de Chus. Son rè^ne était
prospère, et il gouvernait avec justice et
intégrité. Tous les enfants de Chus l'ai-
maient et le respectaient infiniment.
Dans la quarantième année de son règne,
tandis qu'il était assis sur son trône ayant
la reine devant lui, et les seigneurs, lui fai-
sant cercle, Adonia dit en présence de tous:
Que faites-vous, 6 enfants de Chus, d'avoir
celui-ci pour roi depuis quarante ans? fgno-
rez-vous que pendant tout ce temps il n'a
pas voulu approcher de moi, ni adorer les
dieux de notre pays? Ecoutez-moi :Ménacris,
mon fils, est erand maintenant. Qu'il soit
votre roi; car ii vous convient mieux d'être
sujet du fils de votre mattre, plutôtque d'un
étranger, qui h'est pas de votre chair; d'un
esclave du roi d'Egyple. Les paroles d'Ado-
nta firent impression sur le peuple et tes
princes. Et ils disposèrent les choses en
conséi]uence pendant le reste de la jour-
née. Le lendemain matin ils proclamèrent
roi Ménacris, fils de Cicanus. Touteiois ils
n*osèrent porter la main sur Moïse, parce
que Jéhova était avec lui, et parce qu'ils
se souvenaient du serment qu'ils lui avaient
prêté. Ils le comblèrent donc de présents, et
le renvoyèrent avec de grandes marques
d'honneur.
Or, cet événement était dans les desseins
de Jéhova; car le temps était arrivé de tirer
Israël de dessous l'oppression des enfants de
Cham(U3^).
(1432) D*après le talmud, traité Sanhédrin, fol.
92 v4>rso, ce seraient les ossements de ceux que le
le prophète Ëzéchiel a rappelés k la vie. {Èzech,
ixxvn.)
On lit dans VExode^ zui, 17 : Cum emisistei Pha^
raonpopulum, non eot duxit Deui per wam terrœ
PhUhlhiim, quœ vicina e<^ etc. Le Médrasch-Rabba,
ubi supra, explique; Dieu voulait leur éviter le
spectacle des ossements des Ephraîmiles* qui aurait
pu les décourager, etjlejir. faire rebrousser chemin
vers rEg3fpte. *
(i455^ Beria, nr^»^ir«t' rtT^, m cêlamitaU.
Le Talmud, le Médrasch-Rabba et la piraph.
cbsld jde Jonathan, sur Exode^ un, 17, M^t êuprOf
nteniioilAent cet événement, sans entrer dans lei
deuils qu^ils supposent notoiremeoi connus.
Tout lecteur judicieux conviendra que le récit de
lf<M8e e» Madian.
Moïse était Agé de soixante*sept ans lors-
qu'il sortit de Chus. Et comme il ne voulait
pas retourner en Egypte, parce qa'il crai-
gnaitPharaon, il alla en Madian. Il étaitassis
auprès d'un puits dans ce pays, lorsque les
sept ailes deRaguël, Madianite,j arrivèrent,
et eUes tirèrent de l'eau pour abreuver les
troupeaux de. leur père. A ce moment sur-
vinrent des bergers qui les chassèrtnit. Mais
Moïse se leva, et prit leur défense, et fit
boire leurs brebis. Les filles revenues chez
leur père, lui dirent : Un Egyptien nous a
protégées contre la brutalité des bergers. Il
a même puisé de l'eau poumons, et anreuvé
nos troupeaux. Raguêl demanda : Et oii est-
il? Pourquoi l'avez-vous laissé s'en aller?
Et il l'envoya chercher, et l'introduisit dans
sa maison. Moïse mangea du pain avec Ra«j
guël, et lui raconta comment il s'était enfui
d'Egypte, et comment il avait été roi de Chus
pendant quarante ans. Et Kaguël en appre-
nant ces choses, dit en son cœur : Je tien-
drai celui-ci prisonnier, afin de me rendre
agréable aux enfants de Chus ; car sûrement
il s'est enfui de chez eux. Et il garda Moïse
en prison pendant l'espace de dix ans. Pen-
dant tout ce temps, Séphora, une des filles
de Raguël, touchée de compassion pour l'é-
tranger, le nourrissait secrètement de pain
et d'eau.
Nouvelles cruautés de Pharaon.
Pendant ce temps, la main des Egyptiens
allait s'aggravent de plus en plus sur les
enfants d'Israël |>arles travaux les plus durs.
Or, Jéhova entendit les prières d'Israël, et
les gémissements de son peuple montèrent
jusqu'à lui, et il frappa le roi d'Egypte d'une
lèpre, qui le couvrit de plaies horribles de-
puis la tète jusqu'aux pieds. Mais le roi s'en
endurcit encore davantage contre les enfants
d'Israël, et il leur rendait la vie plus amère,
en les accablant de nouveaux travaux
Et Pharaon demanda des remèdes contre
son mal à ses sages et kses magiciens. Ceux-
ci lui dirent : Nous te guérirons si nous
pouvons appliquer à tes plaies du sang frais
de petits enfants. Aussitôt Pharaon envoya
des officiers qui arrachèrent violemment des
bras de leurs mères de jeunes enfants Hé-
breux, et chaque jour on en égorgeait un
pour appliquer son sang sur le corps du roi.
la malheureuse écbauflburée des enfants d^Ephraîm,
avec les détails qu*en donne notre Yauiiar, offre le
sens naturel, et surtout vrai, du passage suivant du
/•• livre deê ParaUpomène$ , vn, 20-25 : Filii au-
UmEphraim.,, occiderunt auîem eoi viri Gethindi^
genœ, qma descendervni uî invaderenl pû$iessione$
eorum. Luxit iffitur Ephraim^ pater eorntn^ tnultiê
ëiehit^etvenerunl fratret ejn$ ut con$o(arentnr eum*
IngreHus eu ad uxorem iuam, qum comcepit^ et pé*
périt fitium, et vocavit nomen eju$ Btria, eo qw>d t«
malts domus ejui artus euet.
Nous aionterons, en explication du dernier verset,
que pendani le grand deoil, les Hébreux ne peu-
vi^nt pas user du mariage.
;4i5i) Mesraïm, père des Egyptiens, était (ils dO
Lham,
**'* DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
Bt les enfants ainsi tués, furent au nombre
de cent soixante-quinze (lW4*).]^ais Jéfiova
opéra conrrai rement au remède, et le mal ne
faisait qu'empirer. Et le roi en souffrit dix
ans. El è mesure que Pharaon s'acharnait
contre les enfants d'Israël, Jéhova augmen-
tait ses souffrances. Sa plaie se changea en
une gale de la pire espèce; et il eut en ou-
tre d atroces douleurs d'entrailles.
court de stature. Sa taille n*était que d*oiie
coudée et un pouce, il avait alors dix ans.
Le roi résolut de le désigner pour son suc-
cesseur. Il lui fit épouser Géduda (1U8|,
fille d'Abilal, qui devint mère de quatre fils.
Adica lui-même alla ensuite et prit trois au-
très femmes, dont il eut huit 61s et trois
filles.
Accident qui arrive à Pharaon.
Vers ce temps deux serviteurs de Pharaon,
revenant du pays de G«s.sen, prévinrent le
roi que les enfants d'Israël se relâchaient
considérablement de leurs travaux. Pharaon,
déjà aigri par ses souffrances, entra dans une
grande colère contre les enfaiils d'Israël,
et il s'écria : Ils savent que je suis malade,
et ils veulent me narguer. Hâtez-vous d'at-
teler mon char. J'irai moi-même à Gessen,
et je verrai s'ils osent me mépriser et me
braver. Ses serviteurs attelèrent un char;
mais ils durent \b placer sur un cheval, car
il ne pouvait supporter les secousses du
véhicule à roues. Il partit pour Gessen es-
corté de dix cavaliers, et de dix piétons.
Vers la limite du territoire de l'Kgypie le
cheval du roi se trouvait sur un chemin
étroit, bordé d'un côté par le mur de cl^
ture des vignes, et aj'ant de l'autre c6lé une
vallée profonde. Les chevaux du char s'é-
tant subitement emportés, ils poussèrent
<lans la profondeur de la vallée le cheval
OUI portait le roi, et ils y tombèrent eux-
roôtnes, entraînant le char, qui se bouleversa
sur le roi gisant en partie sous le poids de
son cheval. Pharaon poussait des cris la-
mentables ; carses chairs étaient déchirés, el
•es os brisés.
C'est ainsi que Jéhova manifesta qu'ilavait
entendu les plaintes des enfants d'Israël.
Pharaon désigne son successeur.
Les serviteurs du roi le reportèrent à
bras en Egypte, et le déposèrent sur son
lit. ht le roi connut que sa fin était proche.
La reine Alpharaonith et tous les grands
officiers et serviteurs de Pharaon vinrent en
sa présence, et son état les fil pleurer amè-
rement. A cette occasion son conseil lui pro-
8 osa de se choisir un successeur parmi ses
Is. Or, le roi avait trois fils et deux filles,
que lui avait donnés son épouse , la reine
Alpharaonith; outre les enfants de ses con-
cubines. Et voici leurs noms : Ethro (U35),
I aîné. Adica (U36), le second; Morion, le
troisième. L-s filles s'appelaient : l'aînée,
Bathia; la cadette, Ecusiih (IW7J. Ethro éiail
irréfléchi, Irés-précipilé dans tout ce qu'il
faisait. Adica était très-spirituel elrusé, pos-
sédani toute la science de l'Egypte; mais il
était fort laid de figure, épais de corps et
(1434*) Le Médrasch-Rabba dit que dans ceue cir-
consiance Pharaon prenait journeUemeutdeux iKiins.
de lyènlante "" ^ ^^* ^^^^^ composé du sang
(1455) Ver«i*on Jud.. Ethn.
(U56) Ead., Adicitm.
Mort de Pharaon.— Adica lui succède.
La maladie du roi arriva au point que sè
chair se corrompait comme celle d*Dne cha-
rogne abandonnée dans les champs pendant
les plus fortes chaleurs de Tété. Alors il s'en*-
pressa de faire reconnaître pour roi son fils
Adica. Et au bout de trois ans Pharaon mou-
rut misérablement, honteux et confus do
dégoût qu'il in<ipirait. Sf's serviteurs l'eD-
terrèrent en toute hâte à Tanis,daos la sépol*
ture des rois d'Egypte. Mais son corps ne
fut pas embaumé, selon ce qui se pratiquait
pour les rois» à cause de son odeur infecte
qui ne permettait pas d'y toucher.
Dans l'année deux cent sixième de la des-
cente d'Israël en Egypte, Adica commença h
régner. On changea son nom, suivant la cou*
tume du pays, en celui de Pharaon. Mais les
sages le surnommaient Ebus, ce qui dans la
langue des Egyptiens signifie Bref ^1439). La
chose oui achevait de le rendre hideux c'é-
tait sa barbe, qui lui descendait jusqu'aux
chevilles des pieds. Il a régné seulement
quatre ans, tandis que ses ancêtres avaient
tous occupé le trône pendant longtemps.
te règne de Malol son père avait été dt^
quatre-vingt-quatorze ans, dont dix passés
en maladie. Adica gouvernait avec prudence:
mais à l'égard des enfants d'Israël il était
plus mauvais que son père, et que tous ses
prédécesseurs; et il aggravait extrêmement
son joug sur eux. Il se transporta avec ses
serviteurs à Gessen, et il leur dit : Je veux
que vous terminiez votre tâche de chaque
jour, et que dorénavant vous n'v mettiez
plus de négligence comme vous faisiez au
temps de mon père. A cet effet, il instiica
des surveillants pris parmi les enfants d'Is-
raël, et il établit sur ceux-ci des exacteurs,
qu'il choisit parmi ses serviteurs. Il fixa en-
suite la quantité de briques à faire journelle-
ment par chacun; et il s'en retourna en
Egypte.
Or, les exacteurs firent annoncer par les
surveillants, savoir: Voici ce qu'ordonne
Pharaon : Ce qui manquera au compte de vos
briques sera complété par vos petits enfants.
Et ainsi faisaient les exacteurs : ils arta-
chaient les enfants aux mères, et les met-
taient à la place des bri^^ues qui manquaient,
et leurs pères éplorés étaient contraints t les
ajuster dans les constructions, et à les cou-
vrir de mortier. Et aucun des témoins n*ea
(ii37) Version juo., Eemâ.
(1438) Ead., Garéda on Gandm.
(1439) Ead., Ecuê. Ces deux nent ooaUnéb
donnent le root copie «oSx, et ibébaiqiie, muCx,
peut, eoun, bref, Vov. Dicl. f<mie et PtjnB,
p. 194. ' '
Ii77 TAS PART. IH. — LEGENDES
ressentait de compassion. Il périt ainsi cent
soixante-dix enfants, dont une partie resta
Hans la maçonnerie, et les autres en furent
rei'rés morts.
Kl Dieu entendit en ces jours-là les plain-
tes et les cris de douleur des Hébreux, et
il se souTint de l'alliance qu'il avait con-
tractée en leur faveur avec Abraham, Isaac
et Jacob. Et il résolut de les délivrer.
ET FRAGMENTS.
TA5
IS7S
Moïse est rendu à la lilïcrlë cl obtient une fille de
Raguél.
Or, Moïse était retenu en prison depuis
dix ans dans la maison de Raguëi le IMadia-
nite, lorsque, en la première année du règne
de Pharaon-le-Bref, Sôphoradilà Raguëi son
père : L'Hébreu que lu as enfermé il y a
dix ans dans la prison, .a été entièrement
oublié. Maintenant, mon père, envoyons voir
s'il esi encore vivant. Car son père ignorait
qu'elle l'avait nourri pendant tout ce temps.
Raguëi lui observa : Est-il possible qu'un
homme enfermé depuis si longtemps dans
un cachot, sans manger ni boire, subsiste
encore? Séphora lui répondit : N'as-ln pas
entoudu dire que le Dieu des Hébreux est
grand et redoutable, ne cessant d'opérer des
prodiges en leur foveurî C'est lui qui a ga-
ranti Abraham du feu de la fournaise dTr
en Chaldée; Isaac, du glaive de son père;
Jacob de l'agression de l'ange au passage du
torrent de iaboc. Il a fait aussi plus d'un
prodige en faveur de cet homme-ci. Il l'a
sauvé desflotsdufleuvede l'Egypte, du glaive
de Pharaon, et de celui des enfants de Chus.
Il a bien pu aussi le préserver de la faim, et
Je maintenir en vie. Ei Raguëi se laissant
persuader, envoya au cachot voir ce que
Moïse était devenu. Et il fut trouvé plein de
vie, se tenant debout en louant et en priant
le Dieu de ses pères. Et sur l'ordre de Ra-
guëi on le tira de la prison, on le rasa, on
changea son vêtement qui était tout usé, et
on lui servit à manger.
Après ceci Moïse descendit au jardin, qui
était derrière la maison, et il y adressa de
ferventes actions degrâces à Jéhpva, quidéjà
tant de fois l'avait protégé miraculeusement.
Pendant sa prière il aperçut une verge de
saphir, plantée au milieu du jardin. Il s'en
«approcha, et il vit que le nom ineffable du
Dieu des armées y était nettement gravé.
Après avoir lu ce nom il étendit la main et
arracha de la terre cette verge aussi facile-
(1440) Genè$et xxv, 5 : Dedilque Abraham cuneta
quœ posséderai Isaac.
(1441) Genèse^ xxxu, 10: Inbaculo meo iransivi
Jordanem istum,
(1442) CenèsBj XLvin, 22 : Do tibi partem nnam
extra fratres f uo«, quant tuli de . manu Amorrhœi in
gtadio et arcu meo,
(1445) Voy. plus haut, colonne 1259.
(144i)Ragucl était de la famille des Cinéens. —
yoj.Juaes^ I, 16; IV, 11.
(1445) Gersam. De na, étranger, hôte, CKT, ià.
(1440) D*après une Mécbilta, rapportée par le Mé-
drasch-Yalkui, iétbro aurait impose une condition
à Moïse, qui y souscrivit ; savoir, que le premier
enfant serait élevé dans la religion païenne du pays.
ment que l'on détache une branche debrous*
sailtes de la forêt. Or, cette verge était celle
au moyen de laquelle notre Dieu devait
opérer tant et de si grands miracles. Elle
avait été créée immédiatement après le ciel
et la terre avec leurs armées, les mors et les
fleuves avec leurs poissons. Quand Adam fut
expulsé du iardin d'Ëden, i! l'emporta dans
sa main. Elle échut ensuite à Noé, qui la
laissa àSem et à sa postérité, et elle passa en
la possession d'Abraham. Celui-ci la donna
h Isaac avec tout son avoir (IWOj.Jacob l'em-
porta lorsqu'il s'enfuitenMésopotamie(lWl);
el, revenu auprès de son père, il ne laqiiitta
point. En Egypte il en fit don à Joseph. Telle
fut la part qu'il accorda de plus à Joseph qu'à
ses frères ; car Jacob l'avait enlevée de force
h son frère EsaCi, qu'il appela Amorrhéen,
à cause de son inimitié (1U2). Après la mort
de Joseph, les grands de la maison du roi
envahirent son palais, et s'emparèrent de
tout ce qu'il renfermait; et la verge devint
le partage de Raguêl. Celui-ci eh quittant
l'Egypte, remporta en Madian (1M3), et la
planta dans son jardin. Les plus robustes
Cinéens (iVA), avaient essayé de l'arracher,
car la main de Séphora était è ce prix, mais
aucun d'eux n'y put réussir. La verge resta
ainsi plantée dans le jardin de Raguêl jusqu'à
l'arrivée de celui à qui elle était destinée de
Dieu, et qui la tira de terre sans difficulté. .
Quand Raguëi vit que Moïse tenait à la main
la verge, il en ftit frappé d'admiration, et
aussitôt il lui accorda sa fille en mariage.
Or, Séphora marchait dans la voie des fem«
mes de nos patriarches, et ne cédait point en
sainteté à Sara, Rébecca, Rachel, Lia. Elle
congut et enfanta un fils, que son père nomma
Gersam, disant : J'ai été hôte dans une terre
étrangère (1445). Mais il ne put pas le cir-
concire, parce que son beau-père Raguëi s'y
opposait (1446). Elle conçut de nouveau (1447)
et mit au monde un fils, que Moïse circoncit,
et il le nomma Eliéser, disant : Le Dieu de
mon père m'a assisté , et m'a garanti du
glaive de Pharaon (1448).
Mort de Balanan, roi d Edoro.— Adar son successeur.
En ce temps-là vint à mourir Ralanan, roi
d'Edom, et il fut enterré dan*« son palais.
Alors les enfants d*Esaû envoyèrent cher-
cher au pays d'Edom Adar, et le firent roi.
Le règne d'Adar dura quarante - huit
ans (1449). U forma le projet de marcher
Les suivants pouvaient suivre la religion de leur père.
C'est en haine de cette criminelle concession, dit
la Mécbilta, que Tange de Jéhova aurait tué Moïse
'dans son voyaj;e vers TEgypte, si la nière ne se fût
empressée de circoncire Teniant.
(1447) Le Médrasch-Yalkut, qui donne un long
extrait du livre Yasehar, porte ici :c Et après trois ani
elle conçut de nouveau, > etc*
(li48) Eliéser. De vSn, mon Dieu^ et -m» secoure^
protection.
C'est à la cérémonie de la circoncision aae Ton
imposait nn nom aui garçons. {Luc. n, 21.) Cda
s'observe encore maintenant.
(U49) Genèse, xsxvi, f9: Isto ^Balanan) quoqK€
mortuoy regnavit pro eo Adar.
1279
contre les enfanUde Hoêiby et de les assu-
jettir aux enfants d'Esaû, comme ils l'avaient
été autrefois. Mais il dut y renoncer; car
les enfants de Moab en ayant été inslruiis,
s'empressèrent de se donner un chef d'entre
leurs frères, et ils mirent sur pied une nonj-
breuse année. Ils firent aussi venir comme
auxiliairesles enfants d'AmmonJeurs frères,
Adar eut peur de se mesurer arec eux;el il
ue leur lit pas la guerre.
Apparition de iéhoTa dans le buisson ardent.
Pendant ce temps le roi d'Egypte augmen-
tait incessamment les pénibles travaux dont
il écrasait les enfants d'Israël. Il avait fait
publier dans tout le pays, savoir: Ne donnez
plus de menue paille à ces gens pour pétrir
J argile de leurs briques. Qu'ils aillent eux-
mêmes en ramasser où ils pourront en trou-
ver, et qu'il ne manque cependant rien de
la quamilé de briques qu'ils ont à livrercha-
quejour. Car ce sont des fainéants. Mais
1 heure de la délivrance fixée par Jéhova
était arrivée.
El Moïse gardait les troupeaux de son
beau-père. Un jour qu il les mena au désert
de Sm, portant en main sa verge, un che-
vreau s'enfuit. El Moïse courant après lui
arriva à la montagne de Dieu, en Horeb. En
ce lieu-là Jéhova lui apparut dans un buis-
son. Le buisson éiait tout en feu, et le feu ne
le consumait })oinl. Comme Moïse s'avançait
pour admirer ce prodige de pi us près, Jéhova
du milieu de la flamme lappela, et lui or-
donna de descendre en Egypte vers Pharaon,
aun de le sommer de renvoyer les enfants
d Israël de sa servitude. Jéhova ajouta : Va,
retourne en Egypte sans crainte, car tous les
hommes qui en voulaient à ta vie sont morts.
Et Jéhova lui enseigna en même temps les
miracles et les prodiges qu'il devait opérer
devant Pharaon et devant ses serviteurs, afia
de leur prouver que c'était Jéhova qui l'en-
voyait. ^
Et Moïse s*en revint annoncer cette chose
a Jéthro, son beau-père, qui lui dit : Va en
paix. Aussitôt Mmse se leva et se miten route,
emmenant sa femme et ses enfants. Il était
dans une batellerie sur le chemin lorsque
un ange de Jéhova descendu du ciel, lui
chercha querelle et le menaça de le tuer, à
cause de son ûls aîné qu'il n'avait pas cir-
concis en transgression de l'alliance que Jé-
hova avait contractée avec Abraham. Mais
feephora s empressa de ramasser un des cail-
loux aigus de cet endroii-là, et elle circoncit
son fils. Et elle délivra par ce moyen son
époux et son fils de la main de l'ange de
Dieu. ^
rva
DICTIONNAIRE DES; APOCRYPHES.
Aaron envoyé au-devaal de Moïse.
En ce jour-là Aaron marchait le long de
la rive du fleuve en Egypte. Et Jébora s«
manisfesta à lui en ce lieu, et lui dit : Va au
désert, à la rencontre de Moïse. IJ y alla« et
il rencontra son frère sur la montagne de
Dieu, et il l'embrassa. Alors Aaron levant
les yeux vit Séphura et ses enfants, et il dit à
Moïse : Qui sont ceux«ci avec toit Moïse ré-
pondit : L'épouse et l.es eufants que Dieu
m'a donnés en Madîan. Mais Aaroo eol du
déplaisir de les voir aller en Egypte; et il
dit à Moïse : Renvoie cette femme avec !^es
enfants chez son père (IWO). Et ainsi lit
Moïse. Séphora demeura avec ses enfants
d'ins la maison de son père jusqu'au temfis
où Jéhova affranchit son peuple de la tyran-
nie de Pharaon, et le tira de TEgyple (liSl).
Moïse et Aaron devant Pharaon.
Moïse et Aaron arrivèrent en Egypte, et
ils annoncèrent leur mission k rassembb-e
des enfants d'Israël. Et toute la nation en
ressentit une grande joie. Le lendemain, de
bon malin. Moïse et Aaron prirent la verge
de Dieu, et allèrent jusqu'au palais de Pha-
raon. Il y avait à l'entrée de la demeure
royale, attachés avec des chaînes de fer,
deux énormes lions que nul ne pouvait tra-
verser , ni pour entrer , ni pour sortir.
Quand le roi voulait admettre quelqu'un en
sa présence, les enchanteurs allaient et
apaisaient les lions par des paroles mysté-
rieuses, et amenaient l'homme devant te roi.
Moïse balança sa verge sur les lions et les
détacha, puis il alla droit avec Aaron à l'ap-
partement de Pharaon. Les deux lions K-s
suivaient, imitant les mouvements de ca-
resses que fait un chien joyeux quand son
mettre revient des champs. Pharaon » en
voyant cette chose , fut frappé d'admiration,
et en même temps il éprouva de l'embarras,
car la face de Moïse et d'Aaron était écla-
tante de lumière comme celle des anges de
Dieu (U52). Et il leur dit : Que vouiex-
vous? Ils répondirent: Jé'nova, Dieu des
Hébreux, nous envoie vers toi pour te dire ;
Renvoie mon peuple , aOn qu^I me serve.
Pharaon, saisi de crainte, répon<lit : Retirez^
vous et revenez demain. Lorsqu'ils furent
sortis du palais, Pharaon fit appeler Balaam
le magicien, et ses deux fils Jannès et Mem-
bres (1&53) , comme aussi tous les autres sor-
ciers et enchanteurs, et les conseillers. Et le
roi leur répéta les paroles de Moïse et d'Aa-
ron. Il leur apprit gue ces Hébreux s'étaient
présentés devant lui suivis des lions gardiens
de la porte, et que ces bêtes étaient joyeusi^s
de les accompagner. Balaam, prenant la pa-
(1450) Une Mëcnilta citée par le Médrasch-Yjilkui.
;itinbue a Aaron ces paroles: i Nous plaignons déjà
assez le sort des Hébreux qui sont en Egfpie. Pour-
quoi veux-tu en augmenter le nombre. »
Il j. ^"^ yf««*«'' n'admet pan cette version ; car
« a du plus baut que la u-ibu de Lévi était ezemou;
des travaux. ^
U raison d*Aaron était toute simple. La mission
ae Moïse était périlleuse et en même temps labo-
rieuse jusqu*après Tentiére sortie d*Egvpte. Une
fallait pasquiffût occupé de sa femme' et de srs
enfants. *
(<45l) Voy. notre Avant-propos, col. 1079. lOW-
M 492) Texte, ûts enfanu de Dieu. rrrrSlCT »a.
(1455) JITim. m, 8: Quemadmodum auumJtn-
nés etMamhres reithertml Moy^,^ Voy, noire Anat»
propos, colonne 1080.
1Î91
YAS
PART. in.--LEG£MDES ET FRAGMENTS.
TAS
12S9
role« ait an roi : Ces hommes ne sont que
des magiciens comme nous. Fais- les appe-
ler, et nous les éprouverons. Le malin
venui Pharaon fil appeler Moïse et Aaron.
Et ils prirent la ver^^e de Dieu, et vinrent
devant le rot. Ils lui dirent; Voici ce que
Jébova, Dieu des Hébreux , te fait dire: Ren-
voie mon peuple, afin quM me serve. Pha-
raon leur répondit : Qui voudra croire sur
voire affirmation que c'est Dieu qui vous en-
voie vers moi? Donnez- en une preuve, et
Ton ajoutera foi à vos paroles. Alors Aa-
ron se hAta de jeler à lerre la verge , laquelle
«ussitfil se changea en serpent. Los magi-
ciens, vovanl cela, jetèrent chacun son bAton
sur le sol , et ils se changèrent tous en ser-
pents. Mais le serpent d*Aaron dressa la tète
et ouvrit la gueule pour engloutir les ser-
pents des magiciens. Et Balaam dit h Aaron :
C'est une chose ordinaire en tout tem[)s
que les serpenls, ainsi que les autres ani-
maux vivants, se dévorent entre eux. Fais
donc redevenir bftton ton serpent, et nous
en ferons autant. Si ton bAton engloutit nos
bAtons, nous serons convaincus que l'esprit
de Dieu est en loi; si non, tu es un simple
sorcier comme nous autres. Aussitôt Aaron
toucha la queue de son serpent, et il n'avait
qu'un bâton à la main. Les magiciens en
ayant fait autant, le bAton d* Aaron avala
tous les autres bAlons.
Et Pharaon, après cette épreuve surpre-
nante, se fit apporter le registre où étaient
inscrits les noms de toutes Tes fausses divi-
nités de TEgypte , et l'on y chercha le nom
de Jéhova, mais il ne s'^ trouva point. Les
sages de Pharaon ^ui dirent: Nous avons
entendu que le Dieu des Hébreux est un fils
de sages, et issu des rois de l'Orient (145^).
Alors Pharaon, s'adressan^ h Moïse et à Aa-
ron, leur dit : Je né connais. pas ce Jéhova
que vous me nommez, et je ne renverrai
nas son peuple. Kt ils dirent au roi : Jé-
hova, Dieu aes dieux, est son nom. C'est lui
qui nous a députés vers toi. Maintenant,
laisse - nous pénétrer dans le désert trois
journées de cnemin, afin que nous lui oi^
frions des sacrifices; car, depuis notre des-
cente en Egypte, il n'a r« çu de nous ni ho-
locauste, ni oblalion. Si lu refuses, sa colère
s'enflammera contre loi , et il frappera l'E-
gypte par la peste et par le fer. Et Pharaon :
Apprenez - moi quelle est sa puissance.
Ils répondirent : C'est lui qui a créé le ciel
et la terre, et tout ce qui existe. C'est lui qui
(1454) FiU de sages, D^œn p, est iro bébraïsme,
poar sage, savani dam ta loi divine.
Ce passage est fort remaraiiable. On y reconnaît
celle iraditioii universelle d un Rédempteur divin,
qui devail s*incarner et natire en Judée, et dont les
apôtres devaient faire la conquête du inonde, c Pei^
crebueral Oriente loto vêtus et cotisions opinio, i
dit Suétone, in Vespas., < esse in (atis, uteo tempore
Judaea profecii « rerum poiirenlur. i — Voy. notre
" p, t. f, p.254
Cl Î74.
Harmonie entre f Eglise et la Synagoguit
Juu des- rois d'Orient. La Judée où naquit Jé-
sus, pu de David, est à rOrieni de rEg>'ptc.
(1455) Ceci nous donne la clef de ce reproche
gouverne la nature. La vie et la mort sun^
un effet de sa volonté. N'est-ce pas lui qui t*a
créé dans le sein de ta mère, qui t'a animé,
qui t'a élevé sur le trône? C'est aussi lui qui
te reprendra ton flme , et fera retourner ton
corps k la terre, d'oii il a été tiré. Le roi,
irrité de ces paroles, s'écria: Lequel, par*
rai les dieux de toutes les nations, est capa-
ble de fiiire ces choses? Le Nil est mon œu*
vre, et c'est moi qui me suis fait ce que je
suis (U!i5)l Et il les chassa de sa pré-
sence , et en même temps il ordonna de
rendre plus dur le travail des enfants d'Is-
raël.
Moïse et Aaron, sortis du palais, virent
que la condition de leur peuple était empi-
rée; car les eiacteurs de Pharaon étaient
devenus plus exigeants. Et Moïse revint vers
Jéhova, et lui dit: Pourquoi as-lu afiligé
ce peuple? Car, depuis que tu m'as envoyé
yers Pharaon, il l'opprime plus cruellement.
Et Jéhova répondit k Moïse: Tu yas voir
que Pharaon renverra de sou pays les en-
ïanis d'Israël, forcé par une main puissante
et par des plaies affreuses.
Section Bo^ ei les iuivanies du livre de
f Exode.
Les plaies dTgypte«
Après deux ans accomplis (1456), Jébova
députa de nouveau Moïse vers Pharaon ;
mais le roi refusa d'obéir à la voix de Jého-
va. Alors Dieu fit éclater sa puissance en
Egypte , en frappant Pharaon et ses servi-
teurs de plaies grandes et terribles. Par le
ministère d^Aaron, il changea en sang toute
l'eau de l'Egypte. Un Egyptien en puisait-il?
Il ne voyait dans sa cruche que du sang. En
versait -il dans sa coupe pour boire? Du
sang. Due femme péCrissait-elle sa pAte?
faisait -elle cuire sqs mets? Du sang par*
tout.
Jéhova envoya de nouveau (1457), et toutes
les eaux des Egyptiens produisirent une si
grande quantité de grenouilles, qu'elles ve-
naient infester les maisons. Quand les Egyp-
tiens buvaient de l'eau, ils avaient le ventre
plein de grenouilles qui coassaient dans leur
corps comme dans les étants. L'eau de leurs
mets sur le feu se changeait en grenouilles
Leurs lits en étaient remplis, et même leur
transpiration se changeait en grenouilles.
Avec tout cela, la colère de Dieu ne se reti-
rait pas encore d'eux, et sa main vengeresse
adressé à Pharaon par Eséchiett xxix, 5. Noos tra-
duisons d'après le texte hebrea. Sic dint Adonai
Jéhova : Ecce ego contra te, Pharao, rex ^gypti^
draeo magne, qui cubât in medio fluviorum suomm;
qui dixit : Meus fluvius meus, et ego feci me.
(4456) Ceux qui croient que les plaies d^Egypte
suivaient iinmédialemeiit la menace, et quelles ar-
rivaient coup sur coup, oublient la longanimité de
Dieu, qui a laissé écouler deux ans avant de frap^
per la première plaie. Numquid voluntatis tneœ eti
mors impii, dicit Dominus Deus, et non ut eon9eriom
tura viis suis^ et vivat? {Esuh. xvni, 23.)
(1457) Ainsi le texte «ans régime exprim.
fM3
D1CTI0NNAIR€ DES APOCRYPHES.
m\
deiucnraU élendae sur ]*Egypte ; car , par
une aotrc plaie, la poussière de la terre se
converlit en vermine pédiculairey dont le
sol fut chargé d*une «épaisseur de deux cou-
dées. Hommes et animaux , comme aussi le
roi et la reine, étaient couverts de cette ver-
mine» et les E{$}plieas en étaient extrême-
ment moleslés.
Jéhova fit arriver ensuite en Egypte toute
espèce de bêtes des champs, qui ravagèrent
le pays en s*atlaquant aux hommes, aux
bestiaux, aux arbres, à toutes les plantes de
la terre. Puis Jéhova envoya contre eux une
foule d'animaux nuisibles: des serpents et
autres reptiles; des scorpions, des rats et
autres rongeurs; des lézards, des puces, des
ffuèpes et toutes sortes d'autres insectes ai-
lés. Une mouche venimeuse les pourchassait
jusque dans les chambres les plus iniérieu*
res du logis ; les puces et les moucherons
s'introduisaient dans leursyeux et dans leurs
oreilles. Ils s'enfermaient dans leurs mai-
sons, et les tenaient soigneusement closes,
espérant de se garantir ainsi de l'invasion de
ce mélange de bêtes et d'insectes; mais Dieu
commanda au monstre marin Silinoth (lili-58}
de sortir de l'eau et de venir en Egypte. Ce
monstre, qui a des bras longs de dix cou-
dées (1^59), montait sur les toits des habi-
tations, et, passant son bras par la couver-
tore , il brisait le plafond , et tirait la ser-
rure ou le verrou de la porte et l'ouvrait.
Alors tout le mélange de bêtes se précipitait
dans la maison , et se jetait sur les Egyp-
tiens.
A cette plaie Dieu fit succéder une' épi-
Kootie qui emportait chenaux, ânes, cha-
meaux, bétail, et causait aussi la mort de
beaucoup d'hommes. Il ne resta du bétail
des Egyptiens que la dixième partie; mais il
ne périt pas une seule [»ièce du bétail des
enfants d'Israël en Gessen.
Dieu mit ensuite un feu ardent dans leur
chair , qui se gerçait profondément et se
couvrait d'une mauvaise gale , depuis la
Ç tante des pieds jusqu'au sommet de la tête,
uns les Egyptiens étaient couverts de pus-
tules, leur chair se corrompait, et il en cou-
lait une humeur fétide.
Et la main de Jéhova demeurait toujours
étendue sur l'Egypte, et il y fit tomber une
grêle tellement violente qu'elle détruisit les
vignes, brisa les arbres, écrasa et brûla lès
légumes et les blés; car elle était entremêlée
du feu du ciel. Les hommes et les bestiaux
qui s'y trouvaient exposés périrent soit par
les grêlons, soit par la foudre, et toutes les
chaumières des habitants de la campagne
furent démolies.
Bientôt après , Jéhova amena sur le pays
quatre espèces de sauterelles en on si granl
nombre, qu'elles dévorèrent tout ce <]ii«> !.i
grêle avait épargné dans les cbaraps. A la
vérité, les Egyptiens se consolaient en partie
de l'invasion de ces sauterelles , car ils en
salèrent une très-grande pa^t'e pour leur
nourriture (KhCO); mais Jéhova fit lever i.n
vent impétueux d'Occident qui emporta les
sauterelles et les précipita dans la nicii
et les sauterelles salées disfuirnrent jui«
qu'A la dernière avec les autres sauterel-
les (1^61).
Dieu envoya ensuite des ténèbres épais<fs
qui enveloppèrent pendant trois jours l'K*
gypte et Phaturès. On ne voyait pas la main
quand on la portait à la bouche, et nul ne
pouvait quitter la position dans laquelle il
avait été surpris.
Il y avait en ces jours beaucoup d^lsraélites
qui étaient rebelles è Jéhova, et ne voulaient
pas croire à la mission divine do Moisc ei
d'Âaron. Ils répétaient : Nous ne voulons
pas sortir de l'Egypte, car nous mourrions
de faim dans le désert. Ils n'accordaieot
aucune confiance à Moïse. C'est pendant les
trois jours de ténèbres que Jébova les 6t
mourir et qu'on les enterra. Tout ceci i I u»-
su des Egyptien^ , qui , autrement, s'eo se-
raient réjouis (1&62).
L* Agneau pascal en Egypte. — Dernière plaie.
Lorsque les jours des ténèbres furent (tas-
sés, Jéhova envoya Moïse et Aaron dire aui
enfants d'Israël : Célébrez une fête, et irti*
molez un agneau pascal dans chaque fiimille.
Car, au milieu de la nuit, j'arriverai en
Egypte, et j'y ferai mourir tous les premiers-
nés , depuis l'homme jusqu'à la bête. Et i^
où je verrai vos victimes pascales^ je passerai
par-dessus vous. Et les enfants dlsraël fi-
rent ainsi qu^il leur avait été ordonné. Or,
dès Theure de minuit, Jéhova parcourot
l'Egypte, et y frappa tous les premiers-nét,
tant nremiers*nés de mère que premier«-né$
de père , depuis l'homme jusqu'à la béte.
Alors Pharaon, ses serviteurs et tous les
Egyptiens se levèrent en hâte de leurs eoo-
ches, à cause des cris lamentables qneroo
entendait de toutes parts; car il n'j avait
pas une maison où il ny eût au moins on
mort. Même les effigies et les simolacrei
des premiers-nés. décédés avant ce jour^là
s'effaçaient ou tombaient par terre et se bri-
saient. Il y en avait qui étaient inhumas
dans la maison paternelle. Les chiens dé-
terraient leurs ossements, et, les traînant.
venaient les jeter devant les Egyptiens.
Alors Bathia, fille de Pharaon, sortit arec
le roi , de nuit, pour aller à la recherche d«
Moïse et d'Aaron. Et ils les irouvèreol dans
(1458) Une aatre edUion, Sulonoth. Version jnd..
SUonitk.
(ii59) Yersion jud., une queue longue de 10
coudées.
(1460) Plusieurs peuples se nourrissent de saute-
relles. On les appelle à cause de cela, acridopkayei
(AxptaoTAyoi, tnangeun de sauterelUi). Les Orientaux
ie» aceouimodent de différentes façons. 11 est dit de
saint Jean-Baptiste : Eêca antem ejuâ itêt Uauif.
(1461) Ce tour malicieux des santiMvUes ul^
est rapporté aussi sérieusement qu'icf dans le ll^-
drascli-llabba, dans la paraph. chald. de Jonacàta
et dans le commentaire de Varkhi. Les Italkaidi'
sent : EA, $arà f
(1462) Se lit aussi dans le Médmch-«abliiar
dans Yarkhi.
If 85
Y AS
PART. III.-- LEGENDES ET FRAGMENTS.
lAS
1186
leur maison, oiangeanl et buvant griment
»vec d^Aulres Hébreux. El Balhia dit à Moïse :
l^st-ce en reconnaissance de tout le i)ien
que je i*ai fait que tu amènes celte grande
calamité sur moi et sur la maison de mon
père? Moïse lui répotidil : As -lu élé al-
(einte d'une seule des dix plaies donl Jé-
hova a frapp<^ l'Egypte? Et cependani lu es
la preroièrc-née de ta mère. Elle iépli(|na:
Eh« que m'importe, puisque je vois <ians
PaQliction, mon frère le roi , et tous ses ser-
vileurs ; leors premiers- nés étant morts
comme tous les autres premiers-nés de l'E-
gypte ? Moïse lui représenta que Pharaon
et les autres familles de TEgyple s'étaient
eiix-mèmes altiré ce malheur, parce qu'ils
avaient résisté à Jéhora.
Pendant ceci. Pharaon en posture de sup-
pliant s'approchade Moïse et d*Aarou et des
autres enfants d'Israël qui étaient avec eux,
et il leur dit : Levez-vous^ je vous^ prie,
emmenez tous vos frères, les enfants d'Israël
qui se trouvent dans le pays, avec leurs
troupeaux et tout ce qu'ils possèdent : qu'ils
n^abandonnent ici rien de ce qui est k eux.
Veuillez seulement prier pour moi Jébova
Totre Dieu. Moïse dit à Pharaon : Et loi aussi»
tu es premier-né par ta mère (1463), Mais
la volonté de Jébova est que tu vives en-
core, afin qu'il te fasse voir ces jours-ci sa
Srande puissance et la force de son bras
tendu.
Et li*s Egyptiens pressaient les enfants
d'Israël de s'en aller ; car ilsdisaienl : Nous
allons tous mourir. Ils leur donnèrent des
richesses considérables en bestiaux et en
objets précieux, selon la promesse par ser-
ment que Jéhova avait faite à noire père
Abraham (1464). Les enfants d'Israël relar-
dèrent leur départ jusqu*au malin ; et lorsque
les Egyptiens impatients insistaient pour
qu'ils partissent immédiatement, ils leur
répondaient : Sommes-nous des larrons ^ui
b'esquivent nuitamment? Les enfants d Is-
raël empruntèrent aux Egyptiens de la vais-
<U63) Une Méchlita, le Médrasch-Rab^a, et au-
ires écrits anciens, altestenl que Pharaon élail le
premier-né de sa mère. Voy. aussi Yarklii sur
Exode^ xn, S^, avec rexposition de Elie Mizrakhi.
(1464) €enè*e, xy, 14 : El posl hœc egredieniur
cummaana gubilantia.
(1465) Exode, xn, 36 : Dominu» antem dédit gra-
Uam pojmlo coram jEçyptiis, ut commodarent eis : et
êpoliaverunt jEgyptum.
(1466; Tahnud, traité Sota, fol. 15 recto : c Nos
docteurs enseignent : Tiens et considère combien
les œuvres pies étaient chères à Moïse, notre doc-
teur. Tandis que tout Israël était occupé à piller
TËgypte, il ne pensait, lui, qu'à prendre les osse-
ments de Joseph pour les emporter. Et par quel
moyen Moïse notre docteur, est-il parvenu à con-
naître le lieu de sépulture de Joseph? On lui avait
appris que Sara, Glle (adoplive) d^Aser, la seule per-
sonne de la génération nui avait vu mourir Joseph,
vivait encore. Moïse alla la trouver, et lui deman-
da : Saurais-tu où Joseph est enterré ? Elle lui ré-
pondit: Les Egyptiens lui ont fait un cercueil de
métal, et l'ont fait couler au Tond duNil.aftn que l'eau
en fûtbénie.Alors Moïse alla se placersur le bord duNil
et il dit: Joseph 1 Joseph t voici arrivée Theuré où le
TrAi-Sâliit, béni soit-il, a juré de nous délivrer de
selle d'or eld'argent, comme aussi des étof-
fes précieuses; et il dépouillèrent l'Egypte
(1463). Mais Moïse, pendant ce temps, n'eut
a cœur que d'aller au fleuve d'Egypte, et
d*en retirer le cercueil de Joseph, afin de
l'emporter (1&66). Et loutes les tribus em-
portèrent de même chacune le cercueil de
son patriarche.
Or, la demeure des enfants d'Israël dans
le pays d'Egypte, où ils étaient soumis à
dx; durs traVaux, fui de deux cent dix
ans.
Les Egyptiens se mettent ^ la poursuUe des enfants
d^lsraéL
Les enfants d'Israël partirent d'Egypte,
(fo Gessen et du pays de Ramessès pour al-
ler à Sucolh. Ils étaient environ six cent
mille hommes à pied, sans compter leurs
femmes .et leurs petits enfants. Ils avalent
aussi à leur suite un nombreux mélange de
toute sorte de menu peuple tl^67). Et ils
établirent leur campé Socolh le quinzième
jour du premier mois (U68). Ils partirent
ensuite deSocoth et allèrent campera Elhani
qui esta l'entrée du désert.
Les Egyptiens employèrent trois jours à
donner la sépulture à tous les premiers-nés
que Jéhova venait de frapper. Après ces in-
humations beaucoup d'Egyptiens résolurent
d'aller au lieu où les Israélites s'étaient ar-
rêtés, afin de les ramener en Egypte de gré
ou de force; car ils regrettaient de les avoir
affranchis de leurs travaux. Tous les chefs de
Pharaon se levèrent donc de grand malin et
Eartirent avec une armée de sept cent mille
ommes. Arrivés au lieu du campement des
enfants d'Israël, ils trouvèrent Moïse, Aaron
et tout le peuple devant Phihahiroth, man-
geant et buvant, et solennisant la fête de
Jéhova. Les Egyptiens leur dirent : N'avez-
vous pas dit : Nous irons dans le désert, un
chemin de trois journées. Nous y sacriSe*
fons h notre Dieu , ensuite nous revien-
drons? Voici maintenant cinq jours que vous
la servitude ; et voici Toccasion d^exécuter ce que ta
as Tait promettre par serment à Israël (d'emporter
d'ici tes ossements). Si tu le montres, à la bonne
heure. Si non, nous voilà dégagés du serment que
tu nous as fait prêter. Au même instant le cercueil
de Joseph monu du fond de Teau et v surnagea. »
Voyez aussi Médrasch-Rabba. section Schemoth^ Mé-
drasch-Yalkut, ibid,, et section Zoth-Uabberakha.
Ce sont ces détails que la sœuriEmmericb, paysan-
ne ignorante, qui ne savait pas même lire, ajouta
au texte de la Bible quand on lui lut le chapitre de
lafsortie d'Eg>'pte. — Voy. notre Avant-propos, eo«
lonnel079, note il30.
(1467) Yulgate, m/aux promiscuum innumerabiit,
L*hébreu, l"l in?, mtxtura magna. Cette mixture se
composait en majeure partie, selon les rabbins, de
la population inquiète et remuante d'une espèce de
faubourg Saint-Marceau de Tanis. C'est elle que
l'on mettait en fennentation dans tontes les émeu-
tes et révr^tes contre Moïse pendant les quarante
ans avant le passage du Jourdain, ffombretf xi, 4 :
Vulgus quippe promitcuum^ quod aseenderat cum «w»
kagravit denderio, iedêns et flens, etc.
(4468) Le 15 du mois deNlsan, premier. Jovr de
b fête de Piques, appelée aussi fête des Aavnei.
It87
DlCTlOM^AIRIii UhS APOCRYPHES.
î^iA
êtes partis. Pourquoi ne revenez-vous pas?
Muise et Aaron répondirent : Dieu nous a
noiiflé sa volonté, en disant : Vous ne re-
tournerez plus en Egypte (U69). Mais nous
allons dans un pays où coulent le lait et le
miel, selon ce que Jébova a juré h nos pè«
res de nous le donner. Les Egyptiens com-
mencèrent alors une attaque contre les en-
fants dlsraël. Mais Jébova inspira du cou-
rage è ceux-ci, et ils opposèrent énergique-
ment leurs armes à celles de leur ennemi^
et ils furent les plus forts, lis firent éprou-
ver une i^rande perte d'hommes aux Égyp-
tiens, qui prirent la fuite.
Passage de la mer Rouge»
Les chefs de Pharaon, revenus en Egypte;
lui rendirent compte de ce qui venait de se
passer. Alors le cœur de Pharaon et de ses
serviteurs fut changé, et ils se repentirent
d*avoir renvoyé Israël. Jébova môme les
endurcit ainsi, c^r il voulait les précipiter
dans la mer Rouge.
Pharaon fit donc atteler son char de guerre,
et ne laissant dans le pays que les femmes
et les enfants, il ût marcher avec lui tous
les hommes, au nombre d'un million (1^70}
de combattants. Et il atteignit Israël campe
sur la mer Rouge. Les enfants dlsraôl en
levant les yeux virent que toute TEgypte
arrivait sur eux, et ils eurent grand*peur, et
ils invoquèrent Jébova. Or, la crainte des
Egyptiens lut cause que les eufanls d'Israël
se partagèrent en quatre partis. Un parti, les
enianls de Ruben, de Siméou et d*Issachar,
voulait se jeter à la mer. Et Moïse leur dit:
Ne craignez point. Demeurez fermes,' et
vovez comment Jébova vous sauvera mira*^
culeusement en ce jour (U71). Un autre
parti, les enfants de Zabulon, de Benjamin
et de Neplithali, était d'avis de s'en retour-
ner avec les Egyptiens. Moïse leur dit : Ne
craignez point; car les Egyptiens que vous
T0]rez à présent, vous ne les reverrez ja-,
mais plus (H72). Cn troisième parti, les en-
fants de Juda et de Joseph, Toulait marcher
à l'ennemi et le combattre. Moïse leur dit :
Tenez-vous à votre place; car Jébova com-
battra pour vous. Quant è vous demeurez
tranquilles (H73). Un quatrième parti, les
enfants de Lévi, de Gad et d'Aser, voulait
se jeter au milieu des Egyptiens, et mettre
le désordre dans leurs rangs. Moïse leur dit :
Ne bougez pas, et soyez sans crainte. Seu-
lement, invoquez le secours de Jéhova.
Moïse se mit ensuite lui-même en prière;
mais Jéhova lui dit : Que fais->tu ? Ce n'est
(1469) Deutéronome, xvn, 16: Nec redueet populum
inJSgyptum, Prœiertim cum Dominuê prœceperit vobii^
ut nequaquam ampUus per eamdem vtam revertaminL
(1470) L*hébreu exprime ce chiffre, dix foi$ cent
tnitte,
(1471) Nolile timere^ itate et videte magnttlia}Dth'
mim (jnœ facturui est hodie. [Exod. xit, 15.)
J1472) Notite timere : JSfwiioê enim quoi nune
tiaetUt tuquaquam [ultra vtaebiliê^ usque in umpi'
t^mum. (Ibid.)
(1475) Dominu$ pugnabit pro vobis^ et vo9 tacebitit*
(IM., 14.)
pas le moment de m*invoquer. Commande
aux enfants d'Israël «le marcher. Pour lot,
étends ta verge sur la mer, et divisc*la aQo
3ue les enfants d'Israël passent au milieu
'elle i^ pied sec (iklk). Moïse ayant éienda
sa verge sur la mer, ses flots se partagè-
rent en doute voles dans lesquelles les tri-
buts des enfants dlsraêl passèrent avec leurs
chaussures sèches, ainsi qu*un homme qui
chemine sur une route pavée.
Quand les enfants d'Israël furent eDtrés
dans la mer, les Egyptiens les y suivirent;
mais les dois retombèrent sur eux, et ils
furent tous noyés. Pharaon seul échappa du
désastre général, parce qu'il rendit gloire
è Jéhova, et crut en lui. Jébova envoya un
ange qui le retira du milieu des Egyptiens
flottants dans Teau, et le jeta sur la terre de
Ninive. Il devint roi de ce pays et 7 régna
longtemps {iVJ&).
En ce jour-là Jéhova sauvalsraëldelamaîn
des Egyptiens. Les enfants d'Israël virent que
tous les Egyptiens avaient péri sous le bras
puissant que Jéhova Avait étendu sur eui.
Alors Moïse et l'es enfants d'Israël empan-
nèrent ce cantique : Je chanterai en Thon*
neur de Jéhova, parce qu'il a fait éclater S3
gloire. Il a précipité daus la mer le cheval
et son cavalier. Voici que ce cantique est
écrit dans le livre de la loi de Dieu.
Pérégrination dans te désert. — • BaUille de
Haphîdiin
Apres ceïa les enfants d'Israël s'avancè-
rent dans le désert et établirent leur campa
Mara. Jéhova leur donna en ce lieu des pré-
ceptes et des ordonnances, et il leur com-
manda de marcher dans ses voies et de le
servir. Ils partirent de Mara et arrivèrent h
Elim, oùily avait douze fontaines et soi-
xante-dix palmiers. Et ils campèrent en ce
lieu auprès des eaux. Ils quittèrent Elim et
arrivèrent au désert de Siu, le quinzième
jour du deuxième mois de leur sortie d'E-
Kypte. C'est alors que Jéhova commença à
leur faire tomber du ciel leur nourriture de
chaque jour, appelée, la manne. Ils la man-
gèrent pendant les quarante ans qu'ils res-
tèrent dans le désert jusqu*à leur entrée dans
la terre de Chanaan pour cn prendre pos-
session. Ils partirent du désert de Sin et
vinrent camper à Alus : Ils partirent d'Alos
et vinrent camper h Raphidim.
C'est là qu'arriva pour les combattre Ama-
lec, fils d'Eliphaz, fils d'Esaû, et frère de
Sépho. 11 amenait avec lui mille quatre-
vingts myriades d'hommes, tous magiciens,
(1474) Quid clamai ad mef Loqi^e fttm fêntl
ut proficiscantur. Tu autem éleva virgam imuu^ H
extende manum tuam tuper mare, et divideiUué; mt
qradiantur /ilii lerael in medio mari^per stmim. ( fM.,
(1475) Médrasch-YalkiU sur le prophète Jon». el
chapitres de Rabbi-EUézer, chap. ilui. De tf§cm-
cité de la pénitence.
C'est Pharaon converti et roi de Ninive, q«, d'a-
près ces livres, engagea les Ninivîtet à Caire la-
tence.
1289
VAS
Part. m. -légendes li fiugments»
YAS
fiOO
experts dans Vari d'évoquer les esprits. Il
livra h Israël une hilaille grande et terri-
ble. Mais Jéhova le fit succomber sous les
efforts des enfants d'Israël et de Josué, fils
de Nun, Ephraïmite^ serviteur de Moïse.
Les enfants d'Israël frappèrent Amalei*. et
son monde avec le tranchant du glaive. Mais
l'action avait été rude pour les enfants d'Is-
raël. £t Jéhova dit à Moïse: Ecris cet évé-
nementy pour en conserver la mémoire,
dans un livre que tu confieras à la garde de
Josué« fils de Nun» ton serviteur. Et tu or-
donneras aux enfants dlsraël, savoir: Quand
vous serez entrés dans la terre de Chanaafi
vous exterminerez de dessous le ciel le sou-
venir d'Àmalec. Moïse prit donc un livre
et y inscrivitles paroles suivantes : Souviens-
toi de ce que t'a fait Amalec dans le che-
min, lorsque vous sortiez de l'Egypte; de
quelle sorte il a marché à toi dans le che-
min, et a donné sur ceux qui par lassitude
étaient restés en arrière de toi ; et toi-même
étais fatigué, épuisé. Il ne craignait pas Dieu.
Lorsque Jéhova ton Dieu t'aura clonné du
repos de tous les ennemis à l'entour (de toi)
dans le pays que Jéhova ton Dieu te donne
pour partage de possession, tu extermine-
ras le souvenir d Amalec de dessous le ciel.
Ne l'oublie pas {ikl6). Si un roi (dlsraél)
a compassion d'Amalec, ou de sa mémoire,
ou de ses enfants, je ne le lui pardonnerai
pas, et je le ferai disparaître du milieu de
son peuple (liii-77). Moïse écrivit toutes ces
paroles dans un livre, et recommanda aux
enfants d'Israël de s'en bien pénétrer (H78).
Arrivée de Jéthro au camp d'Israël.
Les enfants d'Israël partirent de Raphi-
dim et vinrent camper au désert de Sinâï,
dans le troisième mois de leur sortie d*K-
gypte. C'est alors que Raguël le Madianito,
ayant appris les prodiges que Jéhova avait
opérés pour sauver Israël de la main des
Egyptiens, alla trouver Mo!ise au désert, à
la montagne de Dieu, où était le camp d'Is-
raël, et if amena avec lui Séphora, sa tille,
et les deux enfants de celle-ci. Et Moïse, ac-
compagné de tout le peuple, fut à la rencon-
tre de son beau-père, et le reçut avec» de
grands honneurs. Depuis ce jour Jéthro con-
i'essait la foi de Jéhova. Et il demeura avec
les siens au milieu des etifants d'Israël pen-
dant un long espace de temps.
Les dix cotniDandements promulgaés sur la montagne
de Sinaî.
Au sixième jour du troisième mois de la
sortie d'Egypte, Jéhova donna sur la mon-
tagne de Sinaï les dix commandements ; et
pendant tout ce jour*lh Israël se réjouit
iieaucoup en Jéhova. La gloire de Jéhova,
enveloppée d'un nuage, reposa sur le mont
|U76) Deutéronomc, x\v, !7-i9, selon Thëbreu k
U leure.
. (1477) Voy. I Samuel, xv, tout le chapitre.
(1478) On voit ici clairement que les trois ver-
sets <iii DeuiéronovM que le ïaschar vient de donner,
DlCT10>.^, PCS ArOCRYPHBS. II.
Sinaï. Jéhova appela Moïse qui pénétra
dans le nuage, et gravit jusqu'au sommet de
la montagne. Et il y demeura quarante jours
et quarante nuits sansmanger ni boire. Pen-
dant ces jours, 'Jéhova lui enseigna les pré-
ceptes et les lois qu'il devait prescrire aux
enfants d'Israël. Au bout de quarante jours,
Jéhova remit à Moïse les dix commande-
ments, tracés par le doigt de Dieu sur deux
tables de pierre.
Le veau d'or.
Or, Its enfants d'Israël, voyant que Moïse
tardait beaucoup à descendre de la monta-
gne, s attroupèrent contre Aaron, et lui di-
rent : Nous ne savons ce qui est advenu à
Moïse. Maintenant, lève-toi, fais-nous un
dieu qui nous conduise; sinon tu mourras.
Àaron eut peur du peuple, et il se fit appor-
ter de l'or, et le façonna en veau jeté en
fonte.
Et Jéhova dit à Moïse : Va, descends delà
montagne; car ton peuple, que tu as fait
sortir d'Egypte, s'est perverti. Il s'est fabri-
qué un veau fondu, et il l'adore. Maintenant,
laisse-moi faire; je vais l'exterminer, car
c'est un peuple au cou roide. Mais Moïse
supplia Jéhova, intercédantpour le peuple.
Il descendit ensuite de la montagne, tenant
h la main les deux tables de pierre. Lorsqu'il
arriva près du camp, il vit le veau. Aussîldt
sa colère s^enfiamma, et il brisa les tables
au bas de la montagne. Il pénétra ensuite
dans le camp, se saisit du veau et le calcina
dans te feu, et le réduisit en poussière. Il
jeta ensuite cette poussière dans de Teau qu'il
fit boire aux enfants d'Israël. Et de ceux qui
avaient le plus coopéré h la confection du.
veau, trois mille périrent par le glaive de
leurs frères.
Les deuxièings tables de la loi.
Le jour suivant Moïse dit Je vais re-
monter sur la montagne vers Jéhova; peut-
être obtiendrai-je la rémission de votre pé-
ché. Et il retourna vers Jéhova, et le supplia
pour Israël pendant quarante jours et qua-
rantcnuits. Jéhova écouta la prière de Moïse,
etse laissa fléchir.
El Jéhova dit alors à Moïse : Taille deux
nouvelles tables de pierre, et apporte-les-
moi afin que j'y grave les dix commande-
ments. Moïse descendit de la montagne ; et
après avoir taillé les deux tables il revint
sur la montagne de Sinaï vers Jéhova, qui
inscrivit les dix commandements sur les
nouvelles tables. Moïse s'arrêta aussi cette
fois auprès de Jéhova pendant quarantejours
et quaranienuits. Jéhova lui donna en outre,
pour Israël, des préceptes et des lois. Il trans-
mit aussi aux enfants d'Israël l'ordre de lui
dresser un tabernacle , afin qu'il y fît de-
meurer son nom (1{^79). Jéhova lui montra
formaient primitivement une simple note laissée
par Moïse dans ses mémoires. — Voy» notre Avants
propos.
(1479) Il est notoire que le Nom ainsi personni-
fié est ce qu on appelle en ihcologie, Deuë unuè <t
41
It91
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
itn
le modèle du tAberoacle et de tous ses usten-
siles.
Au bout des quarante {ourSi Moïse des-
cendit de la montagne» tenant à la main les
deux tables, et il instruisit Israfil de tout ce
dont Jéhova l'avait chargé. Ia<« enfants d'Is-
raël, remplis de joie, répondirisnt : Nous exé-
cuterons de point en point tout ce que Jé-
hova a ordonné. Ils se levèrent comme un
seul homme, et ils offrirent pour la confec-
tion du tabernacle chacun de toul ce qu'il
possédait : de l'or, de largenl, du cuivre ei
une grande quantité d'autres matériaux. Tous
les artisans intelligents et habiles se pré-
sentèrent et façonnèrent toutes les cboses
conformément aux types que JéhoTa avait
montrés à Moïse. Et tout I ouvrage fut trr-
miné au bout de cinq mois. Et Muise lesbé-
uit.
Fin du livre de l'Exode,
LIVRE DU LÉVITIQUE ET LIVRE DES NOMBRES.
Sacre d*Aaron et de ses fils— Dédicace du laberna-
cle et de Tautel des sacrifices». — Mort de Nadiii et
d'Abiu.
Le vin^t-troisième jour du douzième mois
Moïse prit Aaron et ses fils, et leur donna
l'onction sacrée, après les avoir revêtus dçs
ornements sacerdotaux, et Moïse offrit lui-
même les sacrifices : tout cela conformément
à ce gue Jéhova lui avait prescrit. Il amena
ensuite Aaron et ses fils K l'entrée du ta-
bernacle, et il leur dit : Ne sortez pas d'ici,
car c'est Jéhovaqui l'ordonne ainsi.
Le huitième jour, où commençait le pre-
mier mois (14.80) de la deuxième année de
la sortie d'Egypte, Moïse ayant terminé de
dresser le tabernacle, et d'en placer les us-
tensiles, apuela Aaron et ses fils; et ils offri-
rent, selon l'ordre de Jéhova, des holocaustes
et des victimes expiatoires, pour eux et pour
Israël.
Le même jour, Nadab et Abiu, deux fils
d' Aaron, prirent du feu profane (1481), et
l'apportèrent devant Jéhova, ce qui n'était
. pomt conforme au commandement qu'il leur
avait fait. Et un feu sortit de la présence de
Jéhova, et les fit mourir.
Offrande des chefs des tribus.— La Pâque.
'A l'occasion de la dédicace de l'autel, les
princes des tribus firent leur offrande pen-
><fant douze jours, l'un après l'autre. Ils pré-
sentèrent, chacun en son jour, un plat d'ar-
gent de cent.trente sicles, un bassin d'argent
de soixante-dix sicles, au poids du sanc-
tuaire : tous deux pleins de fine farine, pétrie
avec de l'huile, pour l'oblotion. Un bassin
d'or, pesant dix sicles, plein d'encens. Un
jeune taureau, un bélier et un agneau d'un
-an, pour l'holocauste. Un jeune bouc pour
la victime expiatoire des péchés. Et pour
hosties pacifiques, deux bœufs, cinq béliers,
xinq boucs, cinq .agneaux d'un an.
Après ceci, le treizième iour du mois.
Moïse ordonna aux enfants d Israël de faire
la Pâque ; et ils l'immolèrent le jour qua-
torzième, selon le précepte de Jéhova.
DéiiomjDrement des individus roàles. — Campements
dans le désert.
Le premier jour du deuxième mois Jéhova
dit h Moïse : Relevez, toi, Aaron et les douze
;<rtji«f , Dieu un et Irtn. C*est la tancta ei individua
Trinita», indiquée par les éléments du nom tétra-
gramniatique n%T, YeHova, — Voy. noire Harmonie
£ntre l*E(fliêe et la Synagogue, t. I, p. 'iOSsqq.— Les
Orientaux enfants U*lsinaél désignenr Dieu le plus
Muuveûi jiar les deux lettres médialcs de ce tïom, Ti,
princes des tribus, le chiffre total de toosles
mâles des enfants dlsraël, à partir de l'âge
de vingt ans. Et ils en firent le dénombn*-
menl dans le désert de Sinaï. Et tuas ceci
au-dessus de vingt ans, qui furent compiés
par familles, se trouvèrent former le nombre
de six cent trente mille cinq cent cinquante
hommes. Mais les enfants de Lévi ne furent
fias compris dans le dénombrement de ieun
rères d'Israël. Et le nombre des mâles d*0Q
mois et au-dessus fut de vingt-deux mille
deux cent soixante- treize fl482}. Moïse ins-
talla les sacerdotes et les lévites chacun dans
ses fonctions, selon que Jéhova l'avait réglé.
Le vingtième jour du mois la nuée s'életà
de dessus le tabernacle de témoignage, et
aussitôt les enfants d'Israël partirent du dé-
sert de Sinaï pour continuetîleur voyage. Us
marchèrent laisanl le chemin de trois jour-
nées, et la nuée s'arrêta audésert dePbarao.
Là s'alluma coulrelsraël la colère de Jéhovi,
car ils l'irritèrent en lui demandant de Is
chair à manger. Il leur en donna pendant on
mois, et ensuite il en fit mourir un ^rsod
nombre. On enterra les morts en ce iieu,
qui, pour cette cause, fut nommé, les së|/ii/-
cres de la concupiscence.
Et ils partirent des sépulcres de ta con-
cupiscence et vinrent camper à lla>én»vb,
qui est dans le désert de Pharan. Cest a
Haséroth que Jéhova se fâcha contre Marif,
k cause de ses propos sur le compte deMoîs".
Elle devint couverte d'une lèpre blanche
comme la neige, et elle demeura recluse hors
du camp l'espace de sept jours, jusqu'à ^a
guérison. Après cela les enfants d'Israël par-
lirent d'Hasérolh et vinrent camper à i ex-
trémité du désert de Pharan.
Les explorateurs de la terre de Chanaan.
En ce temps-là Jéhova dit à Moïse : EnToie
douze hommes, un homme par triba, pour
reconnaitrele pays de Chanaan.Cesbomoies
après avoir parcouru le pays depuis le dé-
sert de Sin jusqu'à Rohob, sur la route d*E-
math, revinrent auprès de Moïse et d'Â8n»ff
au bout de quarante jours; et ils leur lirer;
un rapport selon le penchant de leur cwar.
C'est-à-dire, dix d'entre eux décrièrent d*^
vaut les enfants d'Israël le pays qu'ils avaient
reconnu, disant que c'est un pays qui dévore
ce qui en arabe veut dire. Lut. — Voy. ibid,^ p. 557.
(liSO) Lie mois de Niçan.
(1«81) Le texte hébreu : feu étranger,
(ti8â) IVaprcs le Uvre des Nombres, vu it.<t
dernier chiffre fut celui de tous les preniteivo^i
Diàles.
1293
YAS
PART. III. — LEGENDES ET FRAGMENTS.
TAS
mi
ses habitants. El ils ajoutèrent : Mieux vau-
drait pournotts de retourner en Egypte. D*uq
autre cAlé^Josué, filsdeNun, etCaleb^fils
de Jéphonéy les deux autres explorateurs,
répétaient : Le pays est extrêmement bon.
Il est h souhaiter que Jéhoya nous soit assez
favorable pour nous y faire arriver ; car c'est
un pays où coulent le lait et le miel. Mais
Jes enfants d'Israël ne les écoutèrent point,
et s'en rapportèrent au dire des autres qui
décriaient le pays de plus en plus. Alors Jé-
liova» irrité des murmures des enfants d'is-
rail, jura en disant: Aucun homme de cette
génération, depuis vingt ans et au-dessus,
ne verra le pays, excepté Caleb, fils de Je-
l>honé, et Josué, Qls de Nun. Cette généra-
tion perverse s'éteindra dans le désert, et ce
sont ses enfants qui entreront dans le pays,
et en prendront possession. En effet, la co-
lère de Jéhova fit errer les enfants d'Israël
dans le désert pendant quarante ans, jusqu'à
ce que fût consumée cette mauvaise géné-
ration qui n'était pas constante dans sa fidé-
lité à Jéhova. Le peuple s*arrèta longtemps
au désert de Pharan, et il se dirigea ensuite
vers l'intérieur du désert par h chemin de
la mer Rouge.
Révolte de Coré.
En ce temps-là Coré, fils d'Isaar, fils de
Gaath, fils de Lévi, ameuta beaucoup d'hom-
mes d'entre Israël, qui se soulevèrent contre
Moïse et Aaron, et contre toute l'assemblée.
Et Jéliova entra en colère contre eux, et la
terre ouvrant son abîme, engloutit tous les
rebelles, avec leur familles et tout ce qu'ils
possédaient : tous ceux du parti de Coré.
Après ceci Dieu fit longtemps tourner le
peuple autour de la montagne de Séir, pen-
dant dix*neuf ans.
Dieu dit alors à MoL^e ; Abstiens-toi de
tout acte d'hostilité contre les enfants d'Esaù,
oar je ne vous donnerai pàs un seul pied de
terre de leur pays, ayant assigné a Esaû la
roontagne de Séir à titre d'héritage. Vous
jchetterez d'eux à prix d'argent de quoi
manger, et vous leur payerez de môme I eau
que vous boirez. Et les enfants dlsraël fi«
rent ainsi que Jéhova avait ordonné à cet
i^gard. A une époque ancienne les enfants
d'Esaii portèrent la guerre chez les enfants
de Séir, et ils les vainquirent avec l'assistan-
ce de Jéhova. ils les exterminèrent entière-
ment, et s'établirent dans leur pays, et ils y
demeurent jusqu'à ce jour (1&S3). C'est
pourquoi Jéhova défendit de molester les
enfants du frère de Jacob.
Mort de Latinus.
Vers cette époque mourut Latinus, roi des
enfants de Cétnim, dans la quarante-cinquiè-
me année de son règne, laquelle était la qua-
torzième de la sortie d'Egypte. Il fut enterré
(1485) Voy. plus haut, colonne 1258
(1484) Deutéronome, u, 9.
(1485) Dans ce passage il 8*e$t introduit dans le
texte hébreu, par la faute àe% typographes, un ilë-
a^rdre oui le rend inintelligible. Il ne peut a^ rétablir
dans le palais qu*il s'était fait bfltir en Cé-
thim. Son successeur fut Avianus qui régna
trente-huit ans.
Pérégrinations dans le désert. — Sébon et Mo<ib.
Et les enfants d'Israël, «près avoir passé
la dernière limite du pays d'Esaû, au bout
de dix-neuf ans, entrèrent dans le chemin
qui conduit au désert de Moab. Et Jéhova
dit à Moïse : Ne moleste point Moab, et ne
cherche pas la guerre avec lui ; car je ne
donnerai rien do son pays. (liSi). Les en-
fants d'Israël parcoururent^pendant dix-neuf
ans tout le contour du désert de Moab, sauA
attaquer cette nation.
Dans la trente-sixième année de la sortie
d'Egypte, Séhoc, roi des Amorrhéeus (1485),
mit en campagne contre Moab, par une dis-
position de Jéhova, une armée puissante.
En même temps il envova des messagers à
Béor, fils de Jannès, fils de Balaam, conseil-
ler du roi d'Egypte, et à son fils Balaam,
pour les inviter à venir maudire Moab, afin
Îue cette nation pût être vaincue par lui.
éor, fils de Jannès, et son fils Balaam, étant
arrivés de Phothor de la Mésopotamie à la ca-
pitale de Séhon, ils maudirent, en présence
de Séhon, le peuple de Moab et son roi. Et
Jéhova livra les Moabites en la puissance de
Séhon, qui les humilia et tua leur roi, et il
emmena captifs un grand nombre de leurs
garçons et de leurs filles. Et Séhon s'empara
de toutes les villes de Moab, comme aussi
d'Hésébon; car c'était aussi une ville de
Moab. Et Séhon établit à Hésébon ses princes
et les grands de son royaurre. Il mit aussi
des garnisous dans les autres villes conqui-
ses.- C'est pourquoi Béor et son fils Balaam
prononcèrent en style poétique ces paroles :
Venez à Hésébon; que la ville de Séhon soit
rebâtie solidement. Malheur à toi, Moab; tu
es perdu, peuple de Chamosl Voici que cela
est écrit dans le livre de la loi de Dieu
(11^6). Séhon s'en retourna dans son pays,
et il combla de riches présents Béor et son
fils Balaam, et les congédia. Ceux-ci s'en re-
tournèrent dans leur \^ys et dans leur ville»
en Mésopotamie.
Mon de Marie.— Le roi ifEdoui refuse le passage par
son pays. — Mort d Aaron.
En ce temps-là les enfants d'Israël quit-
tant le chemin du désert de Moab, et reve-
nant sur leurs pas, marchaient autour du
désert d'Kdom. Et toute l'assemblée arriva
au désert de Sin le premier mois de la qua-
rantième année de la sortie d'Egypte.
Pendant la station des enfants d*lsraël à
Cadès dans le désert de Sin, Marie mourut et
y fut enterrée.
En ce même temps Moïse envoya des am-
bassadeurs vers Adad, roi d'Edom, lui man-
dant : Ainsi dit Israël ton frère : Laisse-moi
qu*au moyen* de b version judaïque, faite proba-
blement sur un manuscrit, ou sur une édition eor*
recie que nous n*avons pas.
(iiS6) iVon:^ref, xxi, i7-3l.
1295
DlCTlONNximE DES APOCRYPHES.
IS6
passer, je te prie, par ton pays. Nous n'irons
point à travers les champs, ni les vignes, et
nous ne boirons point Teau de tes citernes.
Nous suivrons le grand chemin. Edom lui fit
répondre : Tu ne passeras point par mon
'territoire. Et il sortit contre Israël avec une
armée nombreuse. Israël se détourna d*nn
autre cdté, et n'engagea point la guerre avec
lui. Et toute rassemblée arriva auprès de la
montagne de Hor.
Jéhova dit alors h Moïse : Avertis Aaron
quVn ce lieu il va être réuni h son peuple
(lW7j ; car il ne doit pas enlmr dans le pays
que j ai assigné aux enfanls dlsraël. Et Aa-
ron monta sur la montagne, selon Tordre de
Jéhova, et il y mourut le premier jour du
cinc|uième mois de la quaianlième année
(de la sortie d'Egypte). Il élait âgé de cent
vingtttrois ans.
fiëfaite dii roi d'Arad.
Le roi d*Arad, Chananéen, qui habitait
vers le sud, ayant appris qu'Israël arrivait
[tar le chemin des explorateurs, rangea son
armée en ordre de bataille, aQn de les com-
battre. Les enfants d'Israël, épouvantés à la
vue de cette grande armée, eurent la pensée
de retourner en Egypte, et ils se replièrent
à la distance d*environ trois journées de
chemin, jusqu*àMoseroth-Bénéiaacan, où ils
s'arrêtèrent pendant trente jours. Quand les
enfants de Lévi virent qu'Israël ne voulait
plus avancer, ils furent remplis de zèle pour
la gloire de Jéhova, et ils cttaquèrent leurs
frères et en tuèrent un grand nombre, et ils
ramenèrent de force le peuple à sa précé-
dente station auprès de la montagne de flor.
Or, le roi d'Arad se tenait toujours en ce lieu
prêta livrer bataille. Alors Israël prononça
un vœu ainsi conçu : Si tu me livres ce peu-
ple entre les mains, je vouerai ses villes à
i'anathèrae. Jéhova exauça la prière d'Israël,
<]ui extermina le peuple chananéen d*Arad,
^t détruisit ses villes. Et la contrée fut nom-
mée Uorma (1^88).
Moab refusa le passage par son pays — Défaite des
rois Schoii clOg. — Conquêtes.
Les efifantÀ d'Israël partirent de la monla-
gue de Hor et vinrent camper à Oboth. Ils
envoyèrent dire à Moab : Laisse-nous, de
i^râce, traverser ton pays, pour aller au lieu
de notre destination. Mais les enfants de
Moab s'y refusèrent. Ils craignirent que les
i iif tnts d'Israël ne les traitassent comme les
avait traités Séhon , roi des Amorrhéens
(1^89). Or, Jéhova avait défendu aux enfants
d'Israël de faire la guerre à Moab; c'est pour-
quoi ils s'éloignèrent de sa frontière, et ils
1187) Expression biblique, poiirmounr.
1488) HDTI, Anathcnie, pays ruine.
^ ltô9) Voy. colonne précédente.
(1490) Deutéronome, ii, 19.
(U91) Une autre édition, ^aaron. Version jud.,
(1492) En hébreu, nD15. par$a. La parsa des rab-
bins est une mesure itinéraire correspondant à ia
diftiéjue partie d'une journée de marche d'un homme
arrivèreni sur les bords de TAmon, qui »"-
lave le pays de Moab de celui des Anior-
rhéens. Leur camp était sur la froolièn; <:e
Séhon, dans le désert de Cadémoth.
Et les enfants d'Israël envoyèreot des a - -
bassadeurs au roi des Amorrhéens, lui f • *
sant dire : Permets-nous de passer» n<> «
iVn prions, par ton pays. Nous n'irons \4.r:
è travers les champs, ni les vipies. Nou5 i^
lioirons point Feau de tes citernes. >o«.s
suivrons droit le grand chemin jusqu'il re
que nous ayons franchi ta frontière. Mais
Séhon n'accorda point le passage. El roème
il appela aux armes tout le peuple amnr-
rhéen, et le conduisit au désert contre Israé,
h qui il donna bataille à Jasa. Et Jéhova li-
vra Séhon dans la main des enfants dlsrat*.
Ils passèrent au fd de Tépée toute ram*?
amorrhéenne, et lis ven^^èrent ainsi M^^» .
A ia suite de cette victoire les enfants d'Kr »:
prirent possession du pays de Séhon, H:j
butin qu'il renfermait. Et ils s*élabiirefit
dans toutes les villes des Amorrhéens, #je-
puis TArnon jusqu'au Jaboc, aroisinant le
pays d'Ammon.
Les enfants d'Israël pensaient à attaquer
les enfants d'Ammon, et h s'entparer é»9i^
ment de leur pays; mais Jéhova leur du :
Tu ne molesteras point les enfants d'As>*
mon, et tu ne les provoqueras point è li
guerre; car je ne te donnerai rien de kur
pays (1490). Les enfanls d'Israël obéirent i
la voix de Jéhova, et changeant de route, i >
montèrent par le chomin de Basan , p.i«$
dont Oç était roi. Celui-ci accouipagoé <:<"$
plus vaillants héros amorrhéens, et d*und
nombreuse armée, sortit pour cooibaure
Israël. Og élait un géant d'une force prooi-
gieuse, et son fils Naaros (1491) le surpassait
en force. Alors Og dit en son cœur : Tout \e
camp des enfants d'Israël n'occupe qu'un t*i-
pace de trois parasanges (lW2hje vais dore
les tuer d'un seul coup, sans epée, sans lai.-
ce« Il monta sur la montagne de J.isa, y | rit
une roche de la circonférence de trois par-i-
sanges, et la ciiargea sur sa tAtc pour la jft» r
sur le camp d'Israël, et l'écraser. Mà\b i«i)
ange de Jéhova survint et pratiqua un tn i
au milieu de la roche, qui tomba lourdei: i :
sur les épaules d'Og. Elle le renversa p'»r ^' l
poids, et le tint serré par le cou. En n.^i. -
temps Jéhova dit aux enfants d'Israël : V
craignez point cet homme, car voirî que;e
Tai livré en votre puissance, avec toui s<>3
peuple et toutson territoire. Traitez-le cocDii'e
vous avez traité Séhon. Moise, suivit sensé-
ment de quelques hommes, alla Ters Vm-
droit où élait Og, et le tua en lui portant . <
coups de sa verge sur les chevilles des 1 2> .s
ordinaire, antremeut, à deux mille coudées oo p:
Dnisius, dans ses Animadteriionn^ i, 44, fjtt .. i
preuve d^une grande érudition rabbinique. H «ii» j
Tappuî de celle mesure un passage de roOir^ r*^
nique du sabbat appelé, de para$chût^êck. i . *
Avec un degré d'érudition de plus, il auraa mi ., .
ce passage ii est que la reproduction dune ¥€rc'
du Taluiud de Jérusalem, Irallë Schekalim, «uunïi
plus grave que deux vers d'un poète.
fi97
1fAS
Part. Ilh » LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
1198
rU93) Les enfants d'fsraël se mirent ensuite
à la poursuite des fils d*Og et de tout son
peuple, et ils les frappèrent jusqu'à n'en pas
laisser survivre un seul.
Moise envoya ensuite reconnaître Jas<T ;
car c'était une ville considérable. Les explo-
rateurs se confiant en Jéhova, altaquèrenl
eux-mêmes les habiUnls, et ils se rendirent
maîtres de la ville, ainsi que de ses bourga-
des, et chassèrent les Amorrhéens qui y de-
meuraient.
Les enfants d'Israël prirent aussi les pays
des deux rois amorrhéens qui étaient en
deçà du Jourdain, depuis le torrent d'Arnon
jusqu'au monlHermon, comprenant soixante
villes.
Balac et Balaani.
Les enfants d'Israël poursuivirent leur
marche, et ils arrivèrent dans les plaines de
Moab, en deçà du Jourdain, vis-à-vis de Jé-
richo. Quand las enfants de Moab surent ce
3ui était arrivé aux deux rois amorrhéens,
s eurent une grande peur des enfants d'Is-
raël. Les anciens d'entré eux dirent: Voici
que Séhon et Og, les plus puissants des rois
amorrhéens, n'ont pu résistera leurs forces,
comment leur résisterons-nous? Nous leur
avons refusé le passage par notre pays;
maintenant ils vont tournçr contre nous leur
é|)ée terrible, et ils nous extermineront, lis
choisirent un des leurs, Balac, fils de Séplior,
Moabite, et le firent roi : car Balac était un
sage éminent. Les anciens de Moab dépu-
tèrent aussi vers les enfants de Madian, pour
leur proposer des conditions de paix. Car
depuis les jours où Adad, fils de Badad, roi
d'Édom, avait battu Madian dans la campa-
gne de Moab, il y avait haine et guerre entre
les peuples (Ikd'k). Les anciens de Madian se
transportèrent au pays de Moab, pour con-
clure la paix. Les enfants de Moab dirent
alors aux anciens de Madian : Ce peuple dé-
truira incessamment toute l'étendue de notre
pays, ainsi que le bœuf qui dévore l'herbe
jusqu'à la racine. Les anciens de Madian ré-
pondirent : Nous avons entendu dire que
lorsque Séhon porta la guerre chez vous, il
ne vous a vaincus qu'après avoir fait venir
de Mésopotamie, pour vous maudire, Béor,
filsdeJannès, et son fils Balaam. Mainte-
nant, vous, de voire côté, envoyez chercher
(1495) Cette étrange mésaventure du géant Og
est racontée dans le Talmud, traité Berachot. fol.
5i verso, et dans la Paraphrase Chald. de Jonalhan ,
mais avec quelques variantes. D'après Jonatban, le
Ciunp dlsraél occupait un terrain de sixparasanges,
et 0^ chargea sur sa lète une roche de pareille cir-
conférence. Cette roche fut trouée d'après le Tal-
mud, par des fourmis, d'après Jonathan , par un
reptile, ^Sht (ce nom chaldaique peut aussi se tra-
duire, un«er).)Le Talmudnous apprend qu'Og cher-
ctiait à se débarrasser de son in<'4>unnode collier, et
i|ue ses efforts n*at)ou tissaient qu*à Tobliger de faire
d'horribles grimaces ; car sa mâchoire était tirée à
Siuche et à droite avec une telle violence que ses
ents se cassaient.
Mais pourquoi Moïse a-t-il frappé si bas? C*esl ce
que le Talmud, ibid,, va nous eiûltqoer. La taille de
Mdise, dit-il, mesurait dix coudées, il sarma d'une
son fils Balaam, et prenez-le à votre servicu
pour qu'il maudisse le peuple qui vous ins«
pire de l'appréhension. Ce conseil fut ap*
prouvé des anciens de Moab. Et Balac, leur
roi, envoya des messagers è Balaam, fils de
Béor, et lui fit dire : Voici qu'un peuple sorti
de l'Egypte réouvre la face de la terre, et il
est campé vis-à-vis àe -moi. Viens donc, jeté
prie, maudis-moi ce peuple; car il est plus
fort que moi. J'espère que par ce moyen je
pourrai lui tenir tète, et lerepousserdemon
pays; car j'ai appris que celui q^e tu bénis
est béni, et que celui que tu maudis est mau^
dit. Les envovés de Balac lui amenèreni Ba-
laam. Mais Jehova dit à celui-ci : Tu ne mau-
diras pas mon peuple: car il est béni. Ce-
pendant Balac excitait journellement Balaam
a maudire Israël; mais en vain, à cause de
la défense que Jéhova avait faite à Balaam.
Balac voyant qu'il n'obtenait pas l'objet de
sa demande , se leva et se retira chez lui.
Balaam également partitde là, et alla au pays
<le Madian.
Les enfants d'Israël se laissent entraîner dans
rimpureté.
Et les enfants d'Israël transféreront leur
camp sur le Jourdain , depuis Bethsiraoth
jusque Abelsatim, à l'extrémité des plaines
de Moa!).
Or, dans la vallée de Settim, où ils se-
tenaient, les Moabites, qui les craignaient,
dressèrentleurs tentes en face d'eux. Eteprès
avoir couvert de beaux et précieux vêtements,
et d'ornements d'argent et d'or, leurs fem-
mes et leurs filles les plus belles, ils les fi-
rent asseoir devant l'entrée des tentes, afin
que leur vue captivAt les enfants d'Israël, et
les fît renoncer à toute hostilité contre Moab.
En effet, les enfantsd'lsraël se passionnèrent
pour les filles de Moab, et allèrent auprès
d'elles. A l'arrivée de chaque Hébreu, les
gens de la tente sortaient pour le recevoir,
et lui adressaient ces paroles insidieuses:
Vous autres savez bien que nous sommes-
tous frères, enfants de Lot et d'Abraham, son
proche parent. Pourquoi ne vous établiriez-
vous pas au milieu de nous? Et par la dou-
ceur ae leurs discours ils l'attiraient dans
rintérieur de la tente. Là ils lui servaient
des mets de viande, du pain, et surtout du
vin en abondance. Quand ils avaient égaré
hache (non de sa verge, romme on lit dans le Ya-
schar), longue de dix coudées, et s'élevait, en sau-
tant, à la hauteur de dix coudées.
A ce compte la distance de la plante du pied à la
cheville d*Og était de trente coudées.
Nous citerons une autre aventure, relative à Og,
que nous tirons du Talmud, traité Atdda, fol. îi
verso.
c 11 a été enseigné ce nui suit : Ahba Saut, et se-
lon d'autres, Rabbi-Yoklianan, a rapporté : J*ai été
fossoyeur. Un jour, en poursuivant un cerf, je cou-
rus après lui dans le fémur d'un mort la dfstnncede
trois parasanges. Je n'atteignis pas le cerf, et le
bout du fémur ne se voyait pas encore, tjuand j*en.
revins on m*apprit que c'était le îés^jix ^*^% r<» ^
Basan. >
(1494) Voy. plus haut, colonne i2l7»
If99
OICTIONNAIRG DES APOCRYPHES.
1300
sa raison, ils faisaient paraître devant lui une
jeune femme belle, et il en usait avec elle
selon son désir.
Alors ta fureur de Jéhova s'alluma contre
Israël, à cause de celte infamie; et il en fit
périr vingt-quatre mille hommes, par une
maladie loudroyante dont il aiQigea leur
camp.
Or, un homme des enfants de Simëon,
Zambri fils do Sala était son nom, s'appro-
cha, h la vue de tout le peuple, delà Madia-
nite Gozbi, fille de Sur, roi de Hadian. Et
Phinéès, fi!s d*Eléazar, fils d'Aaron, indigné
de cette action éhontée, s'arma d'une lance;
et ayant rejoint les coupables, il les tua tous
deux d'un même coup en les transperçant de
son arme par le milieu du corps. Aussit&t
la mortalité du camp s'arrêta.
Nouveau dénombrement
Après la cessatioq de la mortalité, Jéhova
dit a Moïse et à Eléazar, fils d'Aaron, sacer-
dote : Relevez la somme totale de toute l'as-
semblée des enfants d'Israël, de ceux propres
à la guerre, depuis vingt ans et au-dessus.
Et Moïse et Eléazar firent le dénombrement
des enfants d'Israël par familles. Etleurnom*
brese trouva être de sept cent mille sept
cent trente. Et le dénombrement des enfants
de Lévi, depuis l'âged'un mois et aa-de$su$t
donna le chiffre de vingt-trois mille. Eo ce
jour-là il ne restait plus un seul homme de
ceux dont Moïse et Aaron avaient fait le dé-
nombrement au désert de Sinaï , excepté
Caleb, fils de Jéphoné, et Josué. fils de Non;
car Jéhova avait prononcé cette sentence :
Ils mourront tous dans le désert.
Expédition contre liadlan.
Jéhova dit ensuite à Moïse : Ordrone aux
enfants d'isratl de venger de Madian leors
frères. Les enfants d'Israël choisirent pour
cette guerre douze mille hommes par tribu
Et ils vainquirent Madian et ils en tuèrent
tous les mAies. Ils passèrent de même au'fil
de l'épée les cinq princes de Madian, etavee
eux Balaam, fils ae Béor. Ils emmenèrent
captifs les femmes de Madian et leurs petits
enfants, et ils prirent tout le bétail et toutes
les richesses du pa^s. Et ils revinrent avec
leur butin aux plaines de Moab, vers Moïse
et Eléazar. Ceux-ci sortirent h leur reocon»
tre, ainsi que tous les princes de rassemblée^
avec des démonstrations de joie. Et le butin
fut partagé entre les hommes de l'expédi-
tion et le restant de l'assemblée d'Israël.
Ftn du livre du Lévitique et du Hvrt 4ê$
Nofnbres.
LtVRE DU OEUTÉRONOME.
Mort de Moïse. — Josué lui succède.
En ce temps-là Jéhova dit à Moïse : Voici
que tes jours sont arrivés près, de la mort.
Prends Josué , fils de |Nun , et rendez-vous
tous deux au tabernacle de témoignage, afin
aue je lui donne mes instructions. Et Moïse
t ainsi. Et Jéhova apparut dans le taberna-
cle de témoignage au milieu d'une colonne
de nuée, laquelle s'arrêta à l'entrée du ta-
bernacle. Et Jéhova donna ses instructions à
Josué, fils de Nun, et lui dit : Sois ferme et
courageux, car c'est toi qui introduiras les
enfants dlsraël dans ie pays que je leur ai
promis par serment; et je t'assisterai.
Moïse fit à Josué les mêmes recommanda-
tions. Et puis s'adressant à toutisraël, Moïse
dit: Vousavez vu toutle bien que Jéhova votre
Dieu vous a fait dans le désert. Maintenant,
observez tous les préceptes de sa loi. Mar-
chez dans la voie de Jéhova votre Dieu, et
LIVRE
Reconnaissance de Jéricho.— Passage du Jourdain^ —
Agneau pascal.
Après la mort de Moïse, Jéhovadit à Josué,
fils de Nun : Lève-toi, passe le Jourdain, afin
de mettre les enfanta d Israël en possession
du pays que je leur ai destiné. Tout lieu où
\ous mettrez le pied sera à vous. Vos limites
8*élendront depuis ce désert du Liban jus-
qu'au grand fleuTO de l'Euphrate. Nul ne
))0urra te résister tant que tu vivras. Je
jserai avec toi, de même que j'ai été avec
Moïse. Seulement, sois ferme et constant
ilans l'accomplissement de toute la loi que
Moïse t'a prescrite. Ne te détourne de cette
voie nik droite ni à gauche, afin quetusois
heureux en tout ce q\in tu entreprendras.
Et Josué donna cet ordre aux préposés
ne vous en écartez ni à droite ni à gauche.
Moïse enseigna de nouveau au peuple I»
préceptes et les lois à observer selon la pres-
cription de Jéhova. Ne sont-ils pas écnis
dans le livre de la loique Dieu a donnée a
Israël par le ministère de Moïse?
Lorsque Moïse eut fait ses dernières re-
commandations, Jéhova lui dit : Monte sur
la montagne d'Abarim, et là tu moorras et
tu seras réuni à ton peuple, ainsi qu*a été
réuni Aaron ton frère. Mo'ise y monta, et il
y rendit l'e^^rit, par la volonté de Jéhova»
sur le territoire de Moab, dans la quaran-
tième année de la sortie d'Egypte. Les en-
fants d'Israël pleurèrent Moïse pendant trente
jours. Et le temps du deuil de Moïse était
accompli.
Ftn du livre du Deutéronome et de tomi le
Pemateuque,
DE JOSUÉ.
d'Israël : Passez dans les rangjs du camp» el
commandez au peuple , savoir : Approvi-
sionnez-vous de vivres, car dans trois jours
vous franchirez le Jourdain pour aller vous
mettre en possession du pays oui vous est
destiné. Et tout fut exécuté ttonibrmémenl à
l'ordre de Josué.
Et Josué envoya deux espions à Jéricho,
pour reconnaître la ville et le pays. Au bouc
de sept jours, ces hommes revinrent au camp
d'Israël, et ils dirent à Josué : Jéhova nous a
livré le pavs; et ses habitants sont atterrés à
cause de I appréhension que nous leur cau«
sons. Le lendemain , Josué et tout Israël se
levèrent de bon matin, et après être partîsde
Settim ils franchirentle Jourdain. Josuéétail
alors Agé de quatre-vingt-deux ans. Et I*
i;)Oi
\AS
PART. IIL— LEGENr^ES ET FRAGMENTS.
YAS
Ijina
peuple monta sur le rivage opposé du Jour-
dain le dixième jour du premier mois, et il
posa son camp à Galgal, à l'angle oriental
de Jéricho. Et lesenfanisdlsraéi immolèrent
Ja victime pascale à Galgal, dans les plaines
de Jéricho, le jour quatorzième du mois,
conformément à ce qui est prescrit dans la
loi de Moïse. Le lendemain de la pAque la
manne cessa de toml)er, et les enfants d'Is-
raël commencèrent à se nourrir des fruits
de la terre de Chanaan.
Frise de Jéricho.
Or, Jéricho avait une enceinte et des for-
tifications. La ville était soigneusement fer-
mée h cause des enfants d'Israël, de telle
sorte que nul ne ponvaity entrer ni en sor-
tir. Mais Jéhova dit h Josué: Lève- toi, voici
que je livre entre tes mains Jéricho et toute
sa population. Que les combattants fassent le
tour de la ville une fois par jour pendantsix
jours. Les prêtres sonneront de la trompe^
et en môme temps le peuple poussera un cri,
et aussitôt les murailles de la ville s'écrou-
leront, et chacun y entrera en marchant de-
vant soi (1M5). Et Josué se conforma exac-
tement h tout ce que Jéhova lui avait com-
mandé. Le septième jour les enfants d'Israël
tirent sept fois le tour de la place, et les sa-
cerdol64 faisaient résonner les trompes. Au
septième tour Josué dit au peuple: Cri^z;
car Jéhova nous livre la ville. Mais la ville
sera anathèroe, ainsi que tout ce qu'elle ren-
ferme. Gardez-vous de toucher a quoi que
ce soit, de peur d'attirer l'anathème et la
confusion sur le camp lui-même. Cependant
tout ce qui est argent, or, cuivre et ler, sera
réservé et consacré à Jéhova, et devra être
déposé dans son trésor.
Et au moment où s'entendirent le son des
trompes et les grandes clameurs du peuple,
les murs de Jéricho s'affaissèrent sur eux-
mêmes. Et les guerriers entrèrent dans la
ville, chacun droit devant soi, et ils détrui-
sirent avec le tranchant du glaive tout ce
qu'elle renfermait, hommes, femmes, jeunes,
vieux, bœufs. Anes, menu bétail. Mais tout
ce qui était argent, or, cuivre ou fer fut dé-
posé au trésor |de Jéhova. Et la ville elle-
même fut livrée aux flammes. Alors Josué
prononça cette imprécation ; Maudit soit
l'homme qui rebâtira Jéricho. Que son pre-
mier-né meure lorsqu'il en jettera les fon-
dements, et aue le dernier de ses enfants
expire lorsqu il en posera les portes.
Cependant Achan, fils de Cnarmi, fils de
Zabdi, fils de Zaré, fils de Jufla, viola l'ana-
thème. II en déroba divers objets et les cacha
dans sa tente. Et cotte chose excita le cour-
roux de Jéhova contre Israël.
Suite de la violation de ranathème.
Après l'incendie de Jéricho, Josué envoya
des espions h la ville de Haï, qu'il avaitdes-
sein d attaquer. A leur retour, ces hommes
(1495) Il y a ici dans notre texte une lacune que
le lecteur comblera facilement en relisant le chapi-
tre VI de Josué.
(1496) Diaprés le texte de la Bible, Jotué, viii, 3,
i et ii, il V a au deux corps d^ambusqués, Tun dv
I
f
lui dirent: Ne mène contre la ville que trois
mille combattants. Ils suffiront pour la ré^
duire, car ses habitants sont peu nombreur.
Mais le combat devint funeste aux enfants
d'Israël , car les gens de Haï leur tuèrent
trente-six hommes, et les mirent en fuite^
Josué en voyant ce désastre déchira ses
vêtements, et se prosterna la face contre
terre devant Jéhova, lui et les anciens d'Is-
raël, ayant tous la tête couverte de pous»
sière. Et Josué dit: Hélas 1 pourquoi, 6 Jé-
hova, as-tu fait passer le Jourdain à ce
teuple? Maintenant qu'Israël a tourné le dos
ses ennemis, que pourrai-je dire? Tousiea
Chananéens qui habitent le paysapprendront
notre défaite, et ils nous cerneront, et ils
extermineront jusqu'à notre souvenir. Jé-
hova dit à Josué : Pourquoi demeures-la
prosterné? Lève-toi. Israël a péché en pre-
nant certains objets dcU'ana thème. Je ne serai
)lus avec lui s'il ne fait disparaître jusqu'à
a trace de ce crime. Josué se leva et con-
voqua le peuple, et, par l'ordre de Jéhova,
fit approcher le rational. Et le sort désigna
la tribu de Juda, et dans celle-ci fut ensuite
désigné Achan, filsdeCharmi. Josué ditalors
h Acnan: Avoue-moi, je te prie, mon fils,
ce que tu as fait de répréhensible. Achan ré-
pondit : J*ai vu dans le butin un magnifique
manteau de Sennaar, deux cents sicles d ar-
;ent et un lingot d'or de cinquante sicles.
'ai convoité ces objets, et je les ai dérobés*
Et voiei qu'ils sont enfouissons la terredans
ma tente. Josué fit enlever ces choses de ta
tente d'Achan. Il mena celui-ci à la vallée
d'Achor, et il y fulbrûléavecTanathèmequ'il
avait soustrait, avec ses fils et ses filles, et en
général avec tout ce qui lui appartenait. Et
toul Israël lapida le corps d'Achan, et amassa
sur Jui les pierres eu un monceau. C'est
pourc^uoi ce lieu fut nommé vallée d'Achor,
ce qui veut dir^, vallée de félonie. Et la co-
lère de Jéhova fut apaisée.
Prise de la ville de Haï.
Après ces choses, Josué revint sur Haï. Et*
Jéhovalui dit : N'aie aucune crainte. Voici
que je livre en ta main la ville et son roi et
ses habitants. Tu leur feras subir le traite-
ment de Jéricho, à la différence qpe vous^
prendrez pour vous leurs dépouilles. Dressa
a l'ennemi une embuscade derrière ta ville.
Et Josué choisit parmi les guerriers trente
mille des plus vaillants, et les envoya s'em-
busquer (ii96). Et il leur dit>: Nous simu-
lerons la fuite devant les gens de Haï. Quand
vous verrez que nous les aurons attirés à
notre poursuite loin de leur ville, vous sor-
tirez de votre embuscade, et vous irez l'oc-
cuper. Et ainsi il arriva. Les enfants d'Israël
Iflcnèrent oied pac ruse , et s'enfuirent du
c6té du désert. Aussitôt tous les gens de Haï
se mirent h leur poursuite. Et il ne resta pas
un seul hoounedans la ville, qu'ilslaissèrent
30,000 hommes, l'autre de 5.000 hommes. Il est
bon de lire le commentaire de Masius sur ce cha-
pitre. On y trouvera une nouvelle preuve que if*
livre de Josué a été rédigé diaprés des mémoints aa-
citm.
1505
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
iZiiï
abandonnée et ouverte. Alors les hommes
de l'embuscade y entrèrent, et y mirent le
feu. Lorsque les habitants de Haï, lelant un
regard en arrière, virent que la fumée de
leur ville montait jusqu'au ciel, ils perdirent
courage, et ne savaient plus de quel côté
fuir. Et, en effet, ils se trouvèrent resserrés
entre deux armées, qui les massacrèrent
jusqu'au dernier. ElMélus(14.97), roi de Haï.
fut bris vif et amené h Josué.qni le suspen-
dit a un arbre; et il mourut. Les enfantsd'ls-
raël revinrent ensuite dans la ville, et firent
ruain basse sur tous les individus qu'ils y
trouvèrent. Les morts de Haï, tant en hom-
mes qu'en femmes, furent au nombre de
douze mille.
Et les enfants d'Israël s'emparèrentdetout
Je bétail des habitants, ainsi que de leurs au-
tres dépouilles.
Les Gabaonites.
Or, les rois chananéensd'au delàdu Jour-
dain ayant appris ce qui était arrivé à Jéri-
cho et à Haï, se liguèrent ensemble pour
combattre Israël. Mais les habitants de Ga-
baon, craignant de succomber dans cette
guerre, usèrent d*arlifîce. Ils vinrent trouver
Josué et tout Israël, et ils leur dirent: Nous
arrivons d'un pays fort distant de ces con-
trées, poussés par le désir de faire alliance
avec vous. Les enfants d'Israël firent alliance
avec eux, et les princes de l'assemblée d'Is-
raël ratifièrent la paix par la religion du
berment. Les enfants d'Israël ne tardèrent
pas h savoir que les Gabaoniles étaient cha-
nanéens et leurs voisins. On ne les mit point
à mort, à cause du serment par le nom de
Jéhova, qui leur avait été fait, mais Josué
les condamna à couper du bois et h porter
de l'eau. Et il les distribua pour ce service
entre les tribus d'Israël.
Josué arrête le soleil.
Adonisédec, roi de Jérusalem, appritcom-
nient les enfants d'Israël avaient traité Jéri-
cho et Haï, et i! envoya vers Oham, roi d'Hé-
bron, vers Pharam, roi de Jérimoth, vers
Ja[)hia,roi deLachis,vers Dabi r, roi d'Eglçn;
et ils leur fit dire: Venez joindre vos forces
aux miennes, afin que nous puissions battre
les enfants d'Israël, et les habitants de Ga-
haon, qui ont fait la paix avec eux. Ces cinq
rois, après avoir réuni leurs troupes, qui
étaient nombreuses comme le sable du ri-
vage de la mer , mirent le siège devant la
(1497) La Bible ne donne pas ce nom.
(1498) Texte D^n^T, lempora. Le Talmud, traité
.Abada-Zara, fol. 25 recto, rapporte plusieurs opi-
nions relativement à la durée de Tarrestation du
soleil. Rabbi Eliézer la fixe à 36 heures. II est d'ac-
cord avec le livre Yaschar ; car, ces 56 tempt sont
36 heures,
(1499) La tradition de la Synagogue attribue à
Josué un cantique. — (Voy. notre Avant-propos, co-
lonne 1085.) — Le livre de Josué ne le donne pas. 11
est perdu avec le mémoire qui le contenait, ou,
peut-^lre, avec les mémoires qui le contenaient.
L^auieur des suppléments du Yaschar Ta remplacé
par un centon composé presque en entier de versets
ville de Gabaon, et commencèrent a l*atu-
quer. Les Gabaonites envoyèrent dire à Jo-
sué : Arrive promptement à notre secours,
car tous les rois amorrhéens se sont tieués
contre nous; et ils ont déjk commencé les
hostilités. Et Josué arrivé de Galgalavecla
totalité de ses hommes de guerre, toml»a
inopinément sur les cinq rois, et il leur tua
près de Gabaon un monde infini. DeM)ncôt^s
Jéhova mit la confusion et la terreur dans
leur camp; et ils se mirent à fuir. Josoé les
poursuivit l'épée dans les reins, par le che-
min qui monte vers Béthoron, jusqu'à Ma-
céda. Et pendant la fuite des rois, Jéhova
lançait du ciel sur eux une grêle de pierres,
qui leur tuait plus de monde que le fer des
Uébreuv.
Or, pendant que Josué achevait dn défaire
l'ennemi, le jour commençait à incliner vers
le soir. Alors Josué s'écria en présence de
tout le peuple : Soleil, arrète-toi surGabaon,
et toi, lune, sur la valléed'Aïalon, jusqu'à ce
que ma nation se soit vengée de ses ennemisl
Et Jéhova obéit au commandementde Josoé*
de telle sorte que le soleil s'arrêta court au
milieuduciel pendant trente-six tempsi)496}.
La lune également s'arrêta et retarda son
arrivée l'espace d'un jour complet. Il n'y a
jamais eu, ni avant ni après, un jour pareil
è celui-là, Jéhova obéissant à la voix d'un
bomme pour le prolonger d'autant.
Alors Josué prononça ce cantique au jour
où, Jéhova abattit les Armorrhéens devant
Josué et devant les enfants d'Israël , et il dit
en l'assistance de tout Israël {li99) :***
Or, pendant le combat, les cinq rors s'é*
chappèrent à pied , et se cachèrent dans une
caverne. Josué les chercha dans la mêlée,
et ne les rencontra point ; mais on vint lui
annoncer qu'ils se tenaient cachés dans une
caverne. 11 fit aussitôt poster des hommi-s
à l'entrée de la caverne , afin d*empêcber
la fuite des rois. Après Tentière défaite des
Amorrhéens, Josué fit retirer les rois du
lieu où ils étaient. Quand ils eurent été
amenés en sa présence, il appela les prin-
cipaux chefs de l'armée, et il leur dit:
« Mettez chacun le pied sur le cou d'un roi,
car c'est ainsi que Jéhova traitera tous ses
ennemis, p 11 les fit ensuite mettre à mort et
jeter dans la caverne , à l'entrée de laquelle
on roula de grosses pierres (1500).
Josué marcha te même jour contre Ma-
céda, et il traita comme Jéricho cette ville,
son roi et sa population. De là il passa à
et de demi-versets, pris comme au hasard dams le
Livre des Psaumes. Le choix en a été fait sans foèi«
sans le moindre tact. Un seul vers de ce ioi-disaiic
cantique de Josué mentionne le soleil el la lune ar-
rêtés dans leur course ; mais c'est le prophète Ha-
bacuc, lU, ii, qui en fournil les paroles. Vn astre
seul vers chante la grêle de pierres. Il est copié eu
verset où le Psalmiste (cv, 52) dépeint une des plaies
de TEgypte : Au lieu de pluie, il leur enToya de b
grêle. — Voy. notre Avant-propos colowie lOfliiS.
Cette pièce ne mérite sous aucun rapport d^élre
traduite.
(1500) Conférez ce passage avec Josué, i, 26, t7.
1305
YAS
PART, m LEGENDES ET FRAGMENTS.
YAS
130§
Leima, la prit et lui fit aussi éprouver le
sort de Jéricho. Il passa ensuite à Lachis
pour l'attaquer, et Horam, roi de Gazer, ac-
courut k la défense de la ville; mais iosué
le défit avec tout son peuple, sans qu'il en
demeurât un seul. Il prit ensuite Lachis,
et il lui fit ce qu'il avait fait à Lebna. De là
il se tourna vers Eglon. Il prit cette ville,
et il fit passer au fil de Tépée toute sa popu-
lation. De là il passa à Hébron, l'attaqua, la
prit et la détruisit. De cette ville, il revint
vers Dabir, et tout Israël avec lui. Il attaqua
Dabir, la vainquit, et y fit main basse sur
le roi et] sur toutes les Ames, sans laisser
subsister un seul individu, ainsi qu'il avait
fait à Jéricho. Il défit de la même manière
loua les rois araorrhéens, depuis Cades-
barné jusqu'à Gaza, et il s'empara de leurs
pajs d un seul coup » car Jéhuva combattait
pour Israël.
Et Josué revint avec tout Israël à Galgala»
oik était son camp (1501).
Défaite des autres rois de Chanaan, et conquête de
leurs pays.
Lorsque Jabin , roi d'Asor , eut appris ce
que Josué avait fait à tous ces rois amor-
rhéens, il envoya vers Jobab, roi de Madon ;
yers Laban, roi de Séméron; vers Jépboi,
roi d'Acbsaph , et vers les autres rois amor-
rhéensy leur faisant dire : « Hfttez-vous de
venir vous joindre, à nous , afin que nous
puissions exterminer les enfants d'Israël
avant qu'ils arrivent sur nous » et nous trai-
tent comme ils ont traité les autres rois du
pays. » Tous ces rois, ils étaient dix-sept,
arrivèrent avec autant d'hommes qu'il y a
de grains de sable sur le riviige de la mer,
et avec des cavaliers et des charriots de
guerre en si grande quantité qu'il n'était pus
possible de les nombrer. Et ils se réunirent
en un seul camp sur les eaux de Mérum ,
rKir livrer bataille à Israël. Mais Jéhova dit
Josué : «c N'aie point peur d'eux ; car, de-
main à la m^me heure, ce seront autant de
cadavres couchés par terre devant vous. Tu
couperas les nerfs de leurs chevaux, et tu
brûleras leurs chariots. »
Josué et tous les guerriers d'Israël, étant
tombés à l'improvi.^te sur les rois, firent un
grand carnage de leur armée; car Jéhova
les livra en leur puissance. Les enfants d'Is-
raël se mirent à la poursuite des fuyards,
et ils les tuèrent tous jusqu'au dernier. Et
pour tout le reste, Josué se conforma à ce
que Jéhova lui avait ordonné.
Josué revint ensuite sur Asor, la vainquit
et y mit le feu, après y avoir exterminé tout
être vivant. Il en fit autant à Séméron, à
Achsaph, à Adulam, ainsi qu'à toutes les
autres villes des rois dont il venait de triom-
pher. Les enfants d'Israël s'emparèrent, dans
ces villes, de tout le bétail et de l'autre bu-
tin; quant aux hommes, ils n'en laissèrent
(1501) En style moderne on diinit ouartier gé-
néral.
(1501) Deutéronome, xx, 16, 17 d*après li* texie
hébreu : Yerum de urbibu$ populorum Aorum, quoi
pas en vie nne seule Ame, conformément
a ce que Jéhova avait commandé à Mmse
(1502).
Ainsi, Josué et les enfants d'Israël se ren-
dirent mattres de tout le pays de Chanaan »
après on avoir, vaincu et tué les trente et un
rois ; sans compter Séhon et Og, de l'autre
cÂté du Jourdain. Ceux-ci avaient éié vain-
cus par Moïse, qui donna leurs villes aux
tribus de Ruben et de Gad, et à une moitié
de la tribu de Manassé.
Et Josué, après avoir mis cinq ans a con-
quérir tous les royaumes de ce eôté-ci du
Jourdain, les distribua en possession de
propriété aux neuf et demie autres tribus.
Et le bruit des armes cessa dans tout le
pays, et dans toutes les villes qui avaient
appartenu aux Amorrhéens et aux Ghana-
néens.
Les Romains étendent leurs conquêtes.
Dans cette cinquième année du passage
du Jourdain par les enfants d'Israël , se
livrèrent de grandes et terribles batailles
entre Edom et les enfants de Céthim. Car
Avianus, roi de Céthim, dans cette année,
qui était la trente-unième de son règne, se
mit en campagne avec une forte armée de
ses meilleurs soldats, pour aller à Séir et
attaquer les enfants d'Esaii. Adad, roi d'E-
dom, en ayant été informé, marcha contre
lui avec des troupes nombreuses et vaillan-
tes, et il lui livra bataille dans la campagne
d'Edora.Mais les enfants de Céthim l'empor-
tèrent sur les enfants d'Esaii, en leur tuant
vingt-deux mille hommes, et les autres pri-
rent la fuite. Les enfants de Céthim , s'étant
mis à leur poursuite, atteignirent Adad,
roi d'Edom, et le prirent vif, et l'amenèrent
à Avianus, roi de Céthim, qui le fit mettre
à mort. Adad était alors dans la quarante-
huitième année de son règne. Les enfants de
Céthim continuèrent à poursuivre l'armée
d'Edom , et lui tuèrent encore une quantité
de monde.
Les enfants de Céthim soumirent ainsi à
leurdomination Edom , qui n'osait plus le-
ver la tète; ils le rendirent tributaire, et uni-
rent son uays au leur, de manière à n'en
former qu un seul royaume.
Après avoir établi des gouverneurs dans
les provinces d'Edom, Avianus s'en revint
à Céthim, son pays, où il se fit bâtir un
grand palais potir sa résidence royale. Et il
régna sans trouble sur les enfants de Céthim
et sur Edom.
Partage au sort de la «Terre -Saince.
En ces jours-là, lorsque les enfants d'Israël
eurent été mis en possession de tout le pays
des Chananéeus et Ags Amorrhéens, Jéhova
dit à Josué : « Te voilà vieux , avancé en
Age , et il reste encore beaucoup de pays à
conquérir. Partage la totalité du territoire
Jéhova^ Dent tttu$,daturut e$t tibï in hœreditatem,
non vmfUabit uUam animam, Sed devovendo devo^
vebi* eo$ : Hethamm, et Amorrhœnm, etc. Quemad^
modum prœcepit tibi Jehota^ Deui tuut.
1301
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
\m
«Qtre les neuf* tribus et la demi- tribu de
Manassé à titre de propriété. » Et Josué fit
le partage par la voie {du sort; mais il n'as-
signa point de possession territoriale à la
tribu (le Levii car il ne doit avoir d'autre
héritage de cette nature que. les offrandes
qui se font à Dieu : ainsi Ta ordonné Jéhova
{)ar l'organe de Moïse. De même aussi , con«
brmément à l'ordre que Jéhova avait trans-
mis par l'organe de Moïse ^ Josué accorda à
Caleo, fils Jéphoné, la montagne d'Hébron,
comme une part de plus qu'à ses frères.
C'est pourquoi Hébron est de;^enu la pro-
priété de Caleb et de sa postérité jusqu à ce
jour.
Et les enfants d'Israël donnèrent aux lé-
Tites, de leurs propres possessions , cer-
taines villes avec leurs dépendances , pour
leur servir d'habitation et pour l'entretien
de leur bétail , selon l'ordre de Jébova ma-
nifesté à Moïse. Ils donnèrent aussi à Josué,
fils de Nun, par ordre de Jéhova, une pos-
session de terre au milieu des leurs ; c est-
è-dire la ville qu'il avait lui-même de*
mandée, Thamnathsaré, située sur la mon-
tagne d'Epbraïm, et Josué la bAtit et l'ha-
bita.
Et Josué convoqua tous les enfants d'Israël,
les bénit et leur recommanda de servir fidè-
lement Jéhova. Il les renvoya ensuite cha-
cun dans sa ville et dans sa possession. Les
enfants d'Israël servirent Jéhova pendant
tous les jours de Josué. Jéhova leur donna
la tranquillité sur toutes leurs frontières,
et ils cfemeuraient en sécurité dans leurs
villes.
Mort d'Avianus. — Expédition de son successeur
contre les Bretons et contre les Gemiains.
En ce temps-là vint à mourir Avianus,
roi de Céthim, dans la trente-huitième an-
née de son règne, laquelle était la septième
depuis qu'il régnait surEdom.II fut enterré
dans le palais qu'il s'était bAti. 11 eut pour
successeur Latinus, dont le règne fut de
cinquante ans. Celui-ci conduisit une armée
pour aller combattre les habitants de la Bre-
tagne et ceux de la Germanie (1503), des-
cendants d'Elisa , fils de Javan. il les vain-
quit et les rendit tributaires. Il appprit alors
que les enfants d'Edom s'éiaient soulevés
contre Céthim. Il revint sur eux, les défit
et les réduisit de nouveau sous la puissance
des enfants de Célhim, avec lesquels ils ne
formaient plus qu'un même Etat. Et pen-
dant le Ions espace de temps que dura celte
réunion , Euom n!eut pas de roi propre.
Dernières exhortations de Josué.— Eaierrement des
douze patriarches. — Mort de Josué. — Mort du
grand prêtre Eléazar.
Dans la vingt- sixième année du passage
du Jourdain , laquelle était la soixante-
sixième de la sortie d'Egypie, Josué, accablé
de vieillesse, car il était Agé de cent huit
ans, convoqua tout Israël, ses juges et ses
préposés, et il leur dit: «Vous avei fo
comment Jéhova a combattu pour vous. Ar-
rivé à la dernière période de ma vie, je vous
exhorte encore une fois à vous aSermir dans
la fidèle observance et exécution de toute la
loi de Moïse , afin de ne pas vous ea écarter
ni k droite ni à gauche, et afin de ne pas
vous mêler aux gentils qui restent encore
dans ce pays. Que les noms de leurs idoles
ne soient jamais sur vos lèvres. Demeurex
invariablement attachés à Jéhova , votre
Dieu, et servez-le, ainsi que vous avei Wt
jusqu'à présent. » Israël repondit d*une Toix
unanime : « Nous servirons Jéhova , notre
Dieu, pendant tous nos jours, nous, nos
enfants et les enfants de nos enfants, et toute
notre postérité éternellement. »
Quand les enfants d'Israël furent établis
avec sécurité dans leurs villes, ils s'occu-
pèrent à enierrer les cercueils de leurs pa-
triarches, fils de Jacob, qu'ils avaient ap-
portés d*Egypte. Chaque père de tribu fut
enterré dans la possession échue à ses en-
fants. Et voici les noms des villes où iis
furent enterrés : Ruben et Gad, à Rumia,
dans le pays que Moïse avait donné à leurs
enfants de Tautre côté du Jourdain; Siméoa
et Lévi, à Menda, ville échue aux enfants
de Siméon, mais assignée, pour y habiter, i
des enfants de Lévi ; Benjamin, dans la ville
de Benjamin, vis-è-vis de Bethléem ; Issa-
charet Zabulon, à Sidon; Dan, h Eslbaol;
Nephthali et Aser, k Gadès-Nephthali ; Jo-
seph, à Sichem, dans la portion du champ
que Jacobdvait achetée des enfants d*Bémor;
Benjamin, à Jérusalem, en regard des Je-
buséens.
Et après la révolution de deux ans Josoé
mourut, âgé de cent dix ans. 11 avait élé
juge d'Israël pendant vingt-huit ans.
Et les autres actions de [Josué, ses gtier-
res contre les Chananéens, ses réprimandes
adressées à Israël et ce qu'il lui a prescrit,
comme aussi les noms des villes dont lei
enfants d'Israël ont pris possession de son
vivant, voici que tout cela est écrit dans le
livre de Josué k l'usage d'Israël, et dans le
livre des ffuerres de Jéhova, rédigé par Moïse,
par Josué et par les enfants d'Israël.
Et les enfants d'Israël enterrèrent Josoé
dans le territoire de la possession qui lai
avait été donnée, à Thamnathsaré.
Eléazar, filsd'Auron, mourut aussi en ces
jours-là. Et il fut enterré sur la colline qm
avait été donnée à Phinéès, son fils, sur li
montage d'Ephraïm.
. Fin du livre de Jotué.
LIVRE DES JUGES.
Dernières conquêtes.
Après la mort de Josué il restait encore
des Chananéens dans le pays. Les enfants
d'Israël déci'iés k les déposséder des contrées
qu'ils occupaient, consultèrent* Jébova, di«
sant : Qui ae nous ira le premier combattre
les Chananéens pour prendre leur paysTJ^
hova répondit : Juda. Les enfants de Joda
(ltM)3) Texte, k^:)X1 N^:isns. Expéditions de Jules César^
1300
ZOR
PART. 11l« — LEGENDES ET FRAGMENTS.
ZOR
1510
dirent alors à la tribu de Siméon : Marchez
avec nous, et aidez-nous à conquérir le pays,
qui nous est tombé en partage. Nous vous
aiderons à notre tour pour entrer en posses-
sion du vôtre. Les deux tribus joignirent
donc leurs forces. Et Jéhova livra entre les
mains o» Juda les Chananéens,dont dix mille
homnies lurent taillés en pièce à B4zéc. Ado-
nibézec, piince de Bézéc ayant fui devant
les enfants de luda, ils coururent après lui,
et le prirent. El ils lui coupèrent les gros
doigts des mains et des pieds. Adonibézec
dit alors : Soixante-dix rois, ayant les
gros doigts des mains et des pieds coupés,
ramassaient sous ma table les restes des plais.
Dieu me rend ce aue j'ai fait aux autres. 11
fut mené à Jérusalem, où il mourut. C*est
ainsi que les enfants de Juda devinrent maî-
tres de tout le pays des montagnes.
Les enfants de Joseph allèrent à la con-
quête de Béthel, autrement nommé Luza ;
et Jéhova fut avec eux.
Pendant quMIs assiégeaient la ville, qu'ils
avaient reconnue auparavant, ils firent pri-
sonnier un homme qui en sortait, et ils lui
dirent : Indique-nous une voie [mr laquelle
nous pourrons pénétrer dans la ville, et nous
te ferons miséricorde. Et l'homme leur en-
seigna une voie seccète. Et les enfants de
Joseph arrivèrent par surprise dans Tinté-
rieur de la ville, et ils en passèrent ^tous les
habitants au fil de l'épée. Mais ils laissè-
rent se retirer sain et sauf l'homme qui leur
avait montré une entrée. Il s'en alla avec sa
famille au pays de Héthim, et il y bAlit uod
ville, qu'il nomma Luza.
Et les enfants d*lsraél, établis dans leurs
villes, servirent Jéhova pendant tous les jours
de Josué et des anciens qui survécurent à
Josué, et avaient été témoins oculaires des
faraudes choses que Jéhova avait faites en
aveurdlsraël. Et les anciens jugèrent Israël
pendant dix-sept ans après la mort de Josué.
Eux aussi eurent à conduire Israël contre des
Chananéens, jusqu'à ce que Jéhova eut fait
disparaître du pays cette nation totalement;
afin d'y établir Israël, et lui en assurer la tran-
quille possession, suivant la promesse qu'il
avait faite par serment à leurs pères» Abra-
ham, Isaac et Jacob.
Béni soit Jéhova éternellement. Amen
et Amen.
Demeurez fermes, et que votre cœur soit
fort, 6 vous tous qui espérez en Jéhova.
Fini et terminé. Gloire à Dieu, qui a créé
l'univers (i5M).
z
ZAGHARIE.
Sozomène (Ei$t.€ccUsia$tique^ I. ix, en.
dernier) rapporte que le prophète Zarharie
apparut à Coloroeras, fermier du village de
Ghupher en Palestine, qu'il lui révéla où
était son tombeau et que des fouilles y fi-
rent découvrir un ancien livre hébreu mais
non canonique. Nicéphore [HUt. eecles.
t. XIV, c. 8) reproduit le récit de Sozomène.
On trouve indiqué dans les anciennes stî-
chométries un livre attribué à Zacharie, père
de saint Jean-Baptiste et composé de cinq
cents vers.
ZOROASTRE.
Nous aurons l'occasion dans le recueil des
Livret $acré$ de toutes le$ religions oui fera
parliedelasérîedenos publications, ae parler
avecquelque détail dece mjrstérieux et célè-
bre personnage; aujourd'hui nous nous bor-
nerons à mentionner les Oracles magiques^
composition apocryphe publiée sous son
nom.
Le texte grec, avec une traduction latine
en regard, se trouve dans le tome II, part, ii,
du fcUire Maxime^ revu par M. Hase et qui
fait partie delà collection Lemaire, Paris 1823.
Fabricius {Bibliotheca Grœca^ 1. 1, p. 310, édit.
de Harlès) parle assez longuement de cette
f>roduction. Elle se compose des sentences
ormées d'un ou de deux vers ; il y en a
d'assez obscures; d'autres sont des conseilsde
morale tels que ceux-ci : Cherche le paradis,
— Un père emploie la persuasion, et non la
crainte ; plusieurs font allusion an culte du
feu(1505}et représentent cet élément comme
l'origine de toutea choses.
(1501) Cette ligne est la traduction du sigle
Vsham qui ce met ordinairement à la iio des livres
hébreux. On trouvera dans notre Pieux hébraîsant,^
paffe 59, les mots dont se compose ce sigle, ainsi
qu une ample explication de cette sentence.
(1505) c Cum spectaris citra formam ullaro sacro-
sanctum i^em lucentem liucque et illuc subsiliefi-
tem ad univer»! orbis aitttudiaera, audi ignis vo-
cem. I
ADDITIONS.
ADAM. — Donnons les titres de denx des
outrâmes que nous signalons à Tégard d'A-
dam; on verra sur quels sinj^uliers sujets
s*e\erce parfois la patience des érudits ger-
maniques :
Goelze : Quanta $tatura Adam fuit, Lips.
1727, 4; Bruckner : Adam n'a-t-il réellement té-
tu que 900 ans ?Aurich, 1799, 8*' (en allemand).
APOTRES (Evangile DES douze). — Il ne
nous est connu que par le témoignage de
saint Jérôme qui le cite parmi les nombreux
Ev«ngiles supposés (Aliuà guidera ferlur
Evangelium ^od duodecim scripsisse dicun-
tur; Commentar. m 5. Lucam, Proœra.),
et par l'autorité de Théophylacte qui men-
tionne parmi les apocryphes l'Evangile selon
les Egyptiens et celui qu'on appelle selon
les douze {Ad Luc, Proamium).
Saint Justin signale comme source des
sentences et des préceptes qu'il expose» des
écrits laissés par lesapôtres et par leurscom-
pagnons, et il les appelle. ilf^motres des apô^
très ou Evangiles, On peut demander ce qu'il
entendait par là. Les différences nombreuses
.]ue l'on remarque ne sont pas une preuve
qu'il n'avait pas en vueles Evangiles canoni-
ques» car on ne peut douter que saint Justin,
de même qu'une foule d*auteurs anciens» ne
citÂt très-souvent de mémoire; parfois il
Jui arrive de rapporter des passages de l'E-
criture» sans indiquer dans quel livre il les
a pris; il a sans doute eu aussi sous les
yeux l'Evangile des Hébreux» ou celui de
saint Pierre, peut-être une co{)ie de l'Evan-
gile de saint Matthieu où des interpolations
s'étaient glissées.
M. PauIdeLagarde, professeur de langues
orientales à Berlin, a publié, en 1857, le texte
syriaque des Didascalia apostolorum, 8*,
Leipzig, vu et 121 pages; le même savant a
donné, sous le titre de Reliquiœ juris eccle-
siastici antiquissimœj le texte d un recueil
de règlements de divers genres qui portent,
en général, le nom du Pape saint Clément
et qui, s'ils ne sont pas de lui» remontent
du moins aux' premiers siècles du christia-
nisme. On trouve en syriaque dans ces Re^
liquiœ un livre intitulé : Testament de No--
tre-Seigneur Jésus-Christ et paroles que le
Sauveur prononça devant les snints apôtres
après être ressuscité d'entre les morts,
CLEMENT (Saint). — Il n'est pas hors de
propos de compléter ici les renseignements
bibliographiques que nous avons donnés à
l'égard des écrits attribués à ce disciple de
saint Pierre. Le texte des Con^n'luaon^apo^-
toliques a été reproduit dans le tome 1*' de
la Patrologia Grœca, Latine tantum édita
(Migne» 1856» gr. in-8% col. 335-592); il est
accompagné des notes de Cotelier et de
Le Clerc; on trouve en téie: 1* le Judicium
deCotelieraui précède l'éditionqu'il a donnée
de cet écrit dans ses Paires apo«/o/tct; ^ l'Ad-
notalio critica et cArono/o^ica qu'on lit dans
les CofictitapubliésparMansi, Florence, 1759»
in-fol. t. I, p. 254; 3', une savarile nolir^
De Constitutionibusapostolicis editisabBip*
polyto, episcopo Portuensi, emprontéeèlou-
vrage de Magistris : De vita et operibussan-
cli Hippolytif Kome, 1795, in-folio; V Ihs
passases des anciens auteurs ecclésiastiques
relatifs à ces constitutions.
Quant aux Récognitions, le texte latin,
accompagné des noies de Cotelier, placées
au bas des pages, est dans le tome l'' de h
Patrologia Grœca, Latine tantum édita (Mi-
gne, 1856, gr. in-8% col. 615-862). Oatroou
eu tète: 1** le Judicium delibrisRecognitionum
inséré par Cotelier dans lesPo^re* apostolin,
Amsterdam, 1724., in-fol. t. V% p. 490; 2*
une dissertation sur l'auteur anonyme des
Récognitions, placée par Galland dans u
Eibliotheca veterum Patrum, t. II, d'aprt:
VHisloire littéraire d'Aquilée de J. Fonia-
nini ; 3' la Préface qu'E. C. Gersdorf a mi>e
eu tète de son édition des Récognitiom,
Leipzig» 1838» in-8% laquelle forme lel"
volume de la Sibliolkeca Patrum eccletw-
sticorum Latinorum selecta.
L'Abrégé des actions, voyages et prédica-
tions de saint Pierre, chef des apAtres» con-
tenant sa Vie écrite par Clément, adressée à
Jacques» évèque de Jérusalem» est de aième
compris dans la Patrologia, t. 1", col 1071-
j 122 : il avait été inséré dans les Patres opo-
stolici de Coielier, t.l", p. 755.
DAVID. — M. OEttinger dans sa Biblioor^
phie biographique (Bruxelles, 1850, col. 3^)
signale vingt-six ouvrages divers relatifs a
David, et on pourrait en ajouter quelques
autres. Plusieurs d'entre eux sont des iiiir
sertations spéciales du genre de celles que
l'Allemagne a produites en si grand nombre
et qu'il serait à peu f)rès impossible dese
jjrocurer en France; tellessont les disserta-
tions de G. A. Stubner {De monomachia Daf
vidis cum gigante Philistœo, Aitorf. 1702), H
de J. E. Muller {De Davide musico, ilu-
dolstadt 1704.).
Les principaux biographes du célèbre roi
d'Israël ont été l'abbé de Choisy (Histoirtdt
lavie de David, Paris, sans date, i*); P. Delanj,
(Historical account of the life and reign of
David, Londres, 17U-i2, 3 vol. in-l^j;^*
Chandler, (History of the life of David, Lon-
dres 1758, 2 vol. 8-; 1766, 2 vol. 8*; 176^»
2 vol. 8") et J. L. Ewald» David, Leipzig;,
1791ik.96, 2 vol. 8-.
EGYPTIENS (Evangile DBS). — On peut
consulter dom Calmet» Dissertations sur
l'Ancien et le Nouveau Testament, 1713, 8*,
1. 1'% p. 166. Saint Epiphane ditque lesSabel-
liens y cherchaient I appui de leur erreur,
prétendant que le Sauveur avait dit que le
Père» le Fils et le Saint-Esprit ne font qu'un;
ce qui est vrai dans le sens catholique, pui>*
que les trois personnes divines ne 5oat
qu'une xtaôme essence, mais il est faux 9^0
le Père, le Fils et le Saint-Bsprii oe soient
pas trois personnes distinctes et que c^
«M5
ADDITIONS.
I5U
ne soit pas trois noms d*nn même être.
Baronius Md ann, 44, n. 48) pense que
quelques heréliqufS d*Egvpte avaient forgé
cet évangile sous le nom de saint Marc. Gra-
Le {Spicileg Patrum^ t. ï, p. 31) suppose
qu'il fut composé par les Chrétiens d'Egypte
avant que saint Luc n*eûl écrit le sien, et que
c'est ce prétendu évangile que saint Luc a
en vue lorsqu'il dit (ohap. 1, 1) que plu-
sieurs ont entrepris d'écrire l'histoire des
choses dont la vérité a été connue.
Mill (Proleg. m Nov. Test.) suppose qu'il
a été composé en faveur des Esséniens.
ENOCH. — Voici les litres des deux ou-
vrages relatifs à ce patriarche et introuvables
en France. — F. G. Fiohaber, Selectœ de
lienoch quœstiones. Vitebergœ, 1716. — G.
d'Oulrein, Dissertatio de Melchisedecho non
EnochOf Amsterdam, 1712, 8".
EVANGILES APOCRYPHES. — Un au-
teur contemporain a dit avec raison :«Les li-
vres apocryphes sont des recueils d'emprunts
fnils aux Evan^^iles canoniques, mêlés de
fables, de merveilles puériles, grossières, a\>
surdes; c'est laque se trouve, si l'on peut
s'exprimer ainsi, la mythologie du christia-
nisme. Aucun travail d apologétique, aucune
introduction au Nouveau Testament n'est
aussi propre à éclairer un incrédule qu'une
simple lecture de ce ramas de mensonges
emprunté à nosEvangiles quoiqu'ils affectent
de reproduire les formés des récits sacrés.
La différence est si palpable, si saisissante
qu'elle force la foi; se détournant avec dé-
goût de ces fables, on se repose avec délice
&u milieu de la divine et touchante majesté
de la parole de Dieu. Nous ne pouvons qu'in-
diquer le parallèle si utile à tracer entre les
Livressaints etcescontrefaçonsdéplorables. »
HEUMAS.— Disons de plus au sujet du
livre du Pasteur^ qu*il est cité par saint Iré-
née, Clément d^Alexandrie, Ongène et d'au-
tres Pères. Saint Athanase et saint Jérôme
le mentionnent comme n'étant point du
nombre des livres canoniques.
Adon, Usuard et le Martyrologe romain
fixent au 9 mai la fêle d'Hermas, mais sans
rien dire de particulier à son égord. Les
Grecs l'ont inscrit dans leurs «calendriers à
la date du 8 mars et du 5 octobre, et le ran-
gent au nombre des soixanle-dix disriples-
Dupin {Bibliothèque des auteurs ecclésias-
tiques, 1698, t. 1", p. 1-12), parle du livre
du Pasteur et en donne une analyse.
JANNES et MAMBRES. — Divers papyrus
du Musée britannique font mention deAnni
ou Janni, chef des archers, qui se trouva en
rapport et en antagonisme avec Moïse. (Foy.
Fr. Lenormand, Les Livres chez les Egyptiens^
dans le Correspondant^ 25 février 1858,
p. 299 et suiv. ) Ce renseignement iinportaiit
est unecontirmation précieuse pour la tradi-
tion juive dont parle saint Paul. (Il Tim.
JESUS-CHRIST. — Nous pouvons faire
entrer deux ouvrages, l'un anglais, l'autre
allemand 9 dans l'énumération que nous
avons entreprise des compositions dramati-
ques relatives à Noire-Seigneur : G. Sandys,
Christ 's Passion, a tragedy, 1610; Benott
Edelpock, Comédie von der freudenreichen
Geburl Jesu Chrisli, Augsbourg, 1580.
Indiquons aussi l'ouvrage de H. Samson^
extrêmement rare en France» Syntagma ht-
storicum Passionis Domini nostri Jesu Christi
poeticis numeris inclusum, Riga , 1610, 8%
et n'oublions pas le Jésus enfant, poëme
épique par le P. Th. Ceva, traduit pour la
première fois par M.Delatour, Paris, 18^, 8^
11 ne serait pas difficile de donner bien
plus d'étendue à un semblable inventaire,
mais nous avons dû savoir nous borner.
JOSEPE.-V Histoire littéraire de laFran-
ce, rédigée par des membres de l'Académie
.des Inscriptions et faisant suite au travail
entrepris par les Bénédictins, a consacré,
(t. XVni, p. 373), un article à Jean de Li-
moges, auteur Je la correspondance sup-
posée entre Pharaon et Joseph. Cet écrivain,
d'ailleurs inconnu, vivait au xiii' siè-
cle. 11 dédie son livre à Thibauld, roi de Na-
varre, comte de Champagne, mais on ne sait
s'il s'agit de Thibauld III ou de Thibauld IV.
Quoi qu'il en soit, la première épltre sert
de dédicace; elle annonce les sujets dont il
sera question. Dans la seconde lettre. Pha-
raon demande aux magiciens l'explication
du songe qu'il a eu. Les excuses qu*ils
donnent à cet égard remplissent la troisième
lettre. Dans la quatrième, le monarque or-
donne à ses ministres et à ses conseillers de
chercher dç plus habiles interprètes. Dans
la cinquième, le grand échanson indique
Joseph; Pharaon lui adresse la sixième. Les
dix épîtres suivantes entre le roi et Joseph
roulent principalement sur les devoirs des
princes. La dix-septième est écrite à Joseph
par les courtisans : au milieu des compli-
ments, on y voit percer une malveillance
contenue. Joseph répond dans la dix-hui-
tième. Enfin, dans les deux dernières, ces
niêmes courtisans entretiennent Joseph de
la réforme survenue dans la conduite du roi,
et Joseph leur écrit pour les consoler.
Après toutes ces lettres, qui occupent 64
pages in-8", vient une production intitulée :
Songe moral de Pharaon. Ce songe est le
niè:iie ()ue dans la Genèse; il amène des
exf>li(.6lions et des discussions morales et
mystiques. Pharaou n'a d'autres idé^s que
celles oui étaient répandues au moyen âge.
Lorsqu'il enioint à ses ministres de se mettre
h \:\ recherche d'un interprète, il emprunte
les formules des bulles ou des lettres ponti-
ficales; on le voit attacher une grande im-
portance au nombre sept; il parie des sept
planètes , des sept parties de la philosophie,
des sept arts libéraux, des sept étoiles du
grand char céleste, des sept branches du
Nil, etc.
Le style de ces lettres est affecté; les an-
tithèses sont fréquentes, les expressions
bibliques aL)ondent ; les souvenirs de la lati-
nité classique sont très-rares. Joseph n*a-
di*esse à Pharaon que des leçons communes
et values; toutefois, elles provoquent Tad-
miration du prince, qui se montre décidé h
eu faire son profit. Les courtisans prient
1315
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
m
Joseph de modérer la rigueur de ses con-
seils» la sévérité de ses admonestations. Il
leur répond avec peu de ménagement et les
qualifie ûHnsani doctores, insensati doetores.
On comprend que nous ayons jugé inutile
dMmiter Fabricius, qui a insère en entier
ces stériles déclamations dans son recueil
des livres apocryphes.
JOSEPH BEN GORION. — Il existait du
temps des Machabées un Joseph fils de Ma-
thathiasy fils de Gorion, et c'est à un auteur
du même nom,'contemporAin|de Titus, qu*on
a attribué nne Histoire de la guerre judaU
que qui est aujourd'hui bien connue pour
avoir été composée au xii' siècle.
La première édition du texte hébreu for-*
me un volume sans nom de ville, ni d*im-
f frimeur, imprimé à Hantoue, en ikSO; elle
ut suivie d'une autre qui vit le jour à Cons-
tantinople, en 1510, in-(^*; elle est moins
belle, mats le texte est plus élendu, et Ton
Îa ajouté le commentaire de R. Tani, fils de
achia, touchant Gorionides et son livre.
L'édition de Venise, 1546, en est une copie.
S. Gagnier publia à Oxford, en 1706, certe
histoire, avec und traduction latine, une
préface et des notes, J. F. Breithaupt la
fit également paraître à Gotha, 1710, in-4*;
cette dernière édition provoqua de la part
de Gagnier des ot)servations qui furent in-
sérées dans la Bibliothèque choisie de Le-
clerc, t. XXV, p. 38-118.
On neut d'ailleurs consulter sur cette his-
toire Kossi, Dizionario degli aulori ebrei:
Oudin, Scriptores ecclesiasticit t. 11, col. 10-
32; Beugnot, Les Juifs d'Occident^ m* par-
tie, p. 33; Fabricius, Bibliotheea Grcrca, t.V,
p. 22; Vosstus, De historicis Grœcit; Bar-
tolocci, Bibliotheea rabbinica, 1. 111, p. 799 ;
un article d'Hartmann dans VEncyclopédie
allemande de Ersch etGruber.
Tout apocryphe qu'elle est, cette histoire
n'est pas indigne d*atteution. Elle offre la lé-
f;ende de cette portion importante des anna-
es du peuple hébreu dont Josèphe a tracé
un récit plus sérieux. Veut-on avoir un spé-
cimen des contes que débite gravement Jo-
seph leGorioniste,Josiffonou Josipnon, c^r
ces divers noms lui sont donnés dans les diffé-
rentes éditions ou traductions de son livre. Il
vous dira gravement que le palais bâti par
Hérode avait cent coudées de long, autant de
large et une hauteur égale. Chaque pierre
employée dans cette construction avait dou-
ze coudées sur huit. Les portes étaient cou-
vertes d'or pur et incrustées de pierres pré-
cieuse^; les piédestaux et les chapiteaux des
colonnes étaient d'argent. Le roi y fit placer
une vigne en or qui pesait un millier de li«
vres; les raisins étaient représentés par des
grains de cristal.
On apprend aussi dans ce récit quequatre«
vingt-douze mille Juifs, hommes et femmes,
(106) On a aassi donné à cet ouvrage le nom de
livre des Combats du Seigneur, M. Glaire (Introduc^
tien à t Ecriture sainte, 4845, 1. 1, p. 4il) observe que
ce livre pourrait bien n'être qu'un simple récit; le
passage bébreuest d'ailleurs fort obscur; voir la note
de 51. Cahen, p. lOâ de sa traduction des JSombru.
furent noyés dans le Jourdain en fuyant les
Romains ;queleurs cadavres furent entraloés
dans la mer Morte, et que Néron fut tué
pai* le feu du ciel qui tomba sur lui.
JOSUtï. — La chronique dont nous par-
lons a trouvé un éditeur; elle a été publiée
sous le titre de ; Chronicon SamarUanum
Arabice conscriptum cui titulus est Liber Jo*
«u(F, ex unieacodiceScaligeri^ nunc primum
edidit^ Latine vertit^ annotatione tiurm*
xit. Th. G. J. Jugaboll, Lugduni Balavorum,
18M, in-^*, VIII et 369 pages , plus le texte
arabe. Une dissertation sur le manuscrit,
sur son contenu et sur les questions difer*
ses que soulève cette production, occupe
129 pages. Elle présente des renseignements
étendus sur les Samaritains et sur ceux du
moyen âge qui se divisèrent en plusieurs
sectes, telles que les Dosilhéens qu'il faut
distinguer des Qusanites ou Samaritains o^
thodoxes.
La traduction occupe les pages 130-198.
Elle est accompagnée de notes, pag. 199452,
qui sont principalement philologiques et
qui révèlent une étude approfondie des lan-
gues sémétiques et de la littérature de TO-
rient.
LIVRES mentionnés dans VEcriture sain»
te et qui ne sont point venus jusqu^à nous. —
Il y auraità ce sujet des questions très-inté-
ressantes à discuter, et le travail, dont M. Is
chevalier Drach a enrichi ce volume, mon-
tre quel parti la science peut tirer de Texa-
men de ce qui se rattache à ces ouvrages
dont la perte doit être un vif sujet de re-
gret. Pour le moment du moins, nous de-
vons nous bornera une énumérationso^
cincte.
Livre des batailles de TEternel^ iodiipi
f»ar Moïse au livre des iVom6rea, xu, IV
1506).
L'unique exemple d*un ouvrage cité dans
le Pentateuque» car le livre de VAUia%cî
mentionné dans VExode^ xxiv, 7, pa-
raîl être tout simplement le recueil des lois»
des ordonnances, des instructions que Dieu
avait données à son peuple, et qui sont dé.
critps dans les chapitres précédents de YExo-
de (1507).
Livre des justes {Josue x, 13, // Reg,h
i8):Nonne scriptum est hoe in libroJustorumf
Sicut scriptum est in libro Justorum.
Livres des paroles des Jours ou Chrontgue
de Salomon(IJJ Reg. xu^i): Ecceuniverta
scripta sunt in libro verborum dierum Salo'
$nonis.
Chronique des rois d'Israël {IReg. xiVi 19).
Chronique des rois de Juda (/ Reg. nh
29; XV, 7).
Livre de Nathan et de Gad sur le roi Da-
vid, (/ Parai, xxix, 29) : Gesta David scripf
sunt., An libro Nathan prophetœ atque in vo-
lumine Gad videntis,
(1507) Voy. J. B. Glaire, Le Pentateuqne nse sm
traduction française et des notes phUotoaiguet, imnAU
Exode, p. 176. M. Cahen, qui traduitaiitsi cepafSM»
c il prit le livre d'alliance et le lut aax oreillei^i
peuple, > cite ainsi ropinion du rabbin Itrchi <|iu^
qu'il s'agit d'une partie du Peniateuqnt.
1517
ADDITIONS.
IS18
Livres de Nathan» d*Ahîas et de Addon sur
le roi Salomon {II Parai, ix, 29) : Reliqua
operum Salomonit scripta sunt in verbis fla^
than prophetœ^ et in libris Ahiœ Sitonitis^ in
visione quoque Addo videntis.
Livres des prophètes Semeia et Addo sur
Roboara (// Para/. XII, 15) : Opéra Roboam
scripta sunt in libris Semeiœ prophetœ et Addo
videntis et diligenter exposita.
Livre de Jéhu sur Josaphat (// ParaL xx,
34) : Reliqua gestorum Josaphat scripta »unt
in verbis Jehu filii Hanani quœ digessit in /t-
bros regum Israël,
Livre dlsaïe sur le roi Osias (// Parai.
XXVI, 22) : Reliquœ sermonum Ozai scripsit
Isaias filius Amos.
Livre de Ozai sur le roi Ma nasses (7/ jPa-
ral. xxxiiï, 18) : Oratio ejus et exauditio.,.
scripta sunt in sermonibus Ozai. '
Livie des Lamentations (II Parai, xxxv,
25).
Livre de Jérémie Hali par Jéhu {Jerem.
ixxvi, 2, 6, 23).
Livre des lois du royaume (/ Reg. x,
25) : Locutus est Samuel ad populum legem
regni^ et scripsit in libro.
Dix mille Paraboles, mille et cinq Canti-
ques et THistoire naturelle de Salomon
(/«fff.iv, 32, 33).
MARIE. — Mous n*avons pas cra devoir
nous occuper de la tradition qui attribuée
saint Luc des portraits de la mainte Vierge ;
disons seulement qu'elle est fort ancienne ;
Théodore le Lecteur qui florissait vers Tan
327 raconte que l'impératrice Eudoxie en-
voya de Jérusalem à Pulcbérie une ima^e
de la Mère de Dieu que saint Luc avait
Î>einte. Nicéphore Caliste qui écrivait vers
a fin du xnr siècle, rapporte le même fait.
(Ats^ecc/^5.,l.u,c.23.)SaintEpiphanedonne
une description de la physionomie de la
sainte Vierge, laquelle correspond avec une
exactitude frappante à fimage attribuée à
saint Luc et conservée à Monte-Vergine.
On pourrait citer d'autres ouvrages dédiés
' à la sainte Vierge, nous nous bornerons à
signaler VHortus variarum inscriptionum
-tfOthon Aicher, Salzbourt^, 1676, 8*.
PAUL. — {Actes de saint Paul et deThècle,)
— Complétons les détails bibliographiques
que nous avons donnés à Tégard de cette
production.
LetextegrecpubliéparGrabedanssonSpt-
eilegium sanctorum Patrum, 1. 1, p. 95,d*aprës
un manuscrit de la bibliothèque Budleyenne
à Oxford (cod. Raroccianus 180), est dé-
fectueux et coupé de lacunes. Jdhnes l'a re-
produit tel quel dans son ouvrage que nous
avons déjl^ mentionné : A new and fuit me*
thod of settling the canonicai authority of
the New-Testament (t. 11, p. 353); Fabricius
ne jugea pas à propos decomprendre ces ac*
tes dans son recueil ; il est probable que ce
savent craignait de donner trop d'extension
à une collection déjà volumineuse. Thilo
pensait avec raison que cette composition
devait trouver place dans le corps des apo-
cryphes, et il se proposaitde la publier après
avoir revu le texte sur trois manu.^cri'sgrecs
de la Bibliothèque impériale de Paris (a*
U54, fol. 72 - 77 ; n' 520, fol. 39 ; n' lb68 ,
fol. 38- U.)
Col. 674. Parmi les nombreux ouvrages
relatifs à Tapôtre des Gentils, il est h pro-
pos de signaler le livre érudit et pénétrant
de M. Conybeare et Howsen sur I origine ,
la vie, les voyages de saint Paul; ils onl
appliqué à cette étude toute Thabileté de la
critique moderne, et la connaissance appro-
fondie des textes, des monuments et des
lieux. Ainsi s'exprime M.Villemain dansun
rapport fait à l'Académie française en 1854.
SALOMON. — Les écriis relatifs h Salo-
mon sont nombreux. M. OËltinger (Riblio*
graphie biographique^ Bruxelles, 1850, col.
1600-1601),en indique vingtetun, sans comp-
ter onze dissertations spéciales sur l'Ophir
et douze ouvrages relatifs au temple. Nous
indiquerons parmi les principaux travaux
biographiques, la Vie de Salomon par Tabbé
de Lhoisy, Paris, 1687; son Histoire en an-
ffiais f)ar Th. Thomas. Oxford, 1813, et en
irançais,'par Megaden. Bruxelles, 1842, le
grand travail de Juan de Pineda, De rebut
gestis Salomonis lib. VI 11^ publié h Venise
en 1611, in-folio, a reparu, toujours en ce
même format, qui effraye la paresse mo-
derne, à Mayence en 1613, à Anvers en 1621»
à Cologne en 1685.
SÉNÈQUE. [Correspondance de sai nt Paul
et de Sénèque.) — Depuis Timpression de
Tarticle que notre Dictionnaire a consacré
h cette correspondance, un nouvel ouvrage
a vu le jour à cet égard ; c'est Y Etude criti^
que sur les rapports supposés entre Sénêauo
et saint Paulf par M. Cb. Aubertin, 1857,
in^". Il en a été rendu compte dans la Revue
contemporaine^ 15 avril 1858, p. 725. Signa-
lons succinctement le but de i auteur.
Au moyen âge on regardait Sénèque
comme ayant été décidément chrétien; plus
tard on modiûa cette idée troj^ absolue, on
se borna à supposer que le philosophe avait
connu TApôtre et qu'il avait été touché de
son éloquence. H. Fleury, rajeunissantcette
idée* suppose que Sénôque a connu saint
Paul, qu'il lui a parlé, lui a écrit, en a reçu
des lettres, a lu ses Epltres, l'Ancien et le
Nouveau Testament, et qu'estimant lechris-
tianisme sans y croire, il est mort, se con-
tentant de copier dans ses écrits les maxi-
mes des Chrétiens sans y conformer sa con-
duite. Le philosophe n'est plus le disciple
de l'Apôtre, mais son plagiaire.
M. Aubertin, combattant la théorie de M.
Fleury, discute les témoignages sur lesquels
on a voulu établir ie christianisme de Sénè-
que, et il cherche à prouver que le précep-
teur de Néron n*a connu ni saint Paul, ni
l*£glise, ni la doctrine des Juifs. Examinant
ensuite les passages de Sénèque oiï l'on a
cru trouver la preuve d'une connaissance
des Livres saints, il s'ctforce d'établir que la
plupartde ces conformités extérieures didét*s
ou d'expressions, qui peuvent faire illusion
au premier abord, recouvrent un désaccord
profond dans les doctrines.
Nous ne prétendons point discuter celte
4319
TABLE DES MATIÈRES.
\::\
quesfîon vivement débattue ; maïs nous
avoDs dû exposer les divers travaux qu'elle
a produits.
THOMAS. — La relation du baptême
dans une fontaine de la démoniaque que
guérit saint Thomas, est une circonstance
digne d'être remarquée, parce qu'elle est
un indice de l'ancienneté des documents
dont ie rédacteur du récit que nous tradui-
sons a fait usage. On ne baptisait , au com-
mencement de r£^lise , que dans des eaux
vives. Et po8ê jejunium , in fontibus qtti con-
tigui ttabentur mari, perennts aquœ mihi ba-
ptismum dédit. { Récognitions ^ liv. vi, 15.
Voir Hussi les Clémentines , homélie 9 ,
n. 19. )
La sanctiQcation de Peau étaif, à ce qu*ob-
serve le protestant Beausobre {Hist. du mani-
chéisme^ p. kn)f en usage parmi les Yalen-
tiniens, à ce que dit Théodoret (in E>i
apud Fabricium, Siblioth. Grœc.^ t. V, p.Kii .
Ces hérétiques prétendaient que Teau Hj;
infectée par des esprits impurs qu'il fa!ld;
chasser par Texorcisme* et que le Saini-
Esprit, descendant ensuite dans cette eaj,
la pénétrait d'une vertu divine. Ils en^e-
gnaient, dit l'auteur grec que nous citnnï,
que l'eau , étant exorcisée et rendue par là
propre au baptême , n'admet plus ce qui h
mauvais; au contraire» elle reçoit la sancti-
fication.
Il est question, un peu plus loin, dujeûoe
imposé aux prosélytes qui se disposairM
à recevoir le baptême : c'est une couiiiiu?
fort ancienne. Saint Justin le Martvr n
parte , et il en fait mention dans les Const-
tutions apostoliques^ 1. vii« 22; mais la dur^ti
de ce jeûne n'était pas fixée.
TABLE DES MATIERES
00
DES pni^XlPAUx personnages et des principaux écrits dont il est questkm
DANS le deuxième VOLUME DU DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.
ABDIAS, 80D Histoire apostolique, 11.
ABGARE, roi d'Kdesse, leUre adressée k Noire-Sei-
(ÇDeur Jésus-Cbrisl, 19.
ARRAHAM , ouvrages aUribués à ce patriarche, et
traditions le coDceroant, 27.
ADAM, livres qui lui soot attribués, et traditions à son
égard, 39.
AGREDA (Mabie d*), sa Cité mystique citée, 589.
ALEXANDRE, héros fabuleux, 57.
AMMONtUS, auteur d'une Harmonie des Evangiles^ 57.
ANANIE, AZARIE et MISAEL. cantique qui leur est
altribué, 57.
ANDRE (Saiht), son histoire diaprés Abdias, 57; son
Evangile, 95; ses Actes, 95; poème anglo-saxon le con-
cernant, t02.
ANNE (Sainte), 105.
ANTiOCHUS £PIPHANE,8on histoire d'après un texte
hébreu, 105.
APELLE, son Evangile, 1 1l.
AP0C\LYPSE, d'Eiie, 219; de saint Etienne, 227; de
Marie, 645.
APOTRES, écrits qui leur ont été attribués, llt.l52:
leurs Actes apocryphes, 151.
ASSENAH, mère de Moïse, 837.
BALAAH, ses prophéties, 157.
B.iR4BBAS, 159.
BARDESANE, hérésiarque, 159.
BARNABE (Saint), son Evangile, 139; ses Actes, 145;
EpUre, 149.
BARTHELEMY (Saint), son histoire diaprés Abdias,
149; son Evangile, 189; ses révélations, 160.
BARCCH [Bpltre attriimée à), 161
BASILIDB, hérésiarque, 167.
BEN-SIVA, ses adages, 167.
BEROSE, historien, 175
GAIN, 177.
CANONS DUCONDLE D*ANTIOCHE, Utribaés »i
apôtres, 114.
CERINTHE, hérésiarque, 151.
CHAM,15l.
CLEMENT (Saint), 131.
COMPOSITIONS DRAMATIQUES relitifes i Ut
bara, 59 ; à Adam, 56 ; à Cain. 178 ; à Daoiei. lU; î U-
vid, 205; k saint Jacques. 275; à Jésos-OriA, Kv »
Jub, 402; à Josepb, 450: aux Mages, 47t;i IhntX.
à Marie-Madeletne , 542; à Saiomoo, 871; à T<<^><>
1063.
CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES, 117.
rORE, 185.
DAMEL, 185.
DAVID, écrits qui lui ont été attribués, t91i()éui;i
le concernant, 194.
DEXTER, historien supposé, 203.
DOROTHEE, catalogue des apôtres ei^àao^^
207.
EBIONITES, 215.
EGYPTIENS, 217.
ELDAM et MODAL, 219.
ELIE. 219.
ENCRATITES, 225.
ENFANCE DE NOTRE-SEIGNEUR, eit»itt'^« I»'»
qui porte ce titre, 575.
ENOCH. 225
ENOS, 223.
ESDRAS, 2J7
ETIENNE (Saint), 227.
EVANGILE ETERNEL, 229.
EVANGILE VIVANT, 229. ^
EVANGILES APOCRYPHES, leon cineliw g<»^
reux,23l.
EVANGILES dt saint André, 93; dA|»pt««'^"'^
432i
TABLE DES
saint Barnabe, 159; de saint Barthélémy, 159; des Ebio-
Dites, 215; des E|?.vptiens, 217; des Encra lil es, 225 ;
d*Eve, 241 ; des Hébrenx, 247; «l'Hésycl^ius, 263; de
saint Justin, 449; des Manichéens, 471 ; de la Naissance
de Marie, 635; des Nazaréens, 635; de la Perfection,
679; 9de saint Philippe, 679; des Simoniens, 951; de
Thaddée, 959.
EVE, 45, 241.
EZECHIEL, 2i5.
GENESE (Petite), 245.
GOG R MAGOG, 947-
HEMOROiSSE, déUils la concernant, « lettre à Pi-
late, 253.
HëRMàS, son livre da Pailetfr, 255.
HESTCHIUS, hérétique, ses travaux ;nir TEvangile,
263.
HYMNES DES SAMABrTAJN3,901.
IGNACE (Saint), prétendue lettre qqe \^\ ^crit la
ttinto Vierge, 501.
ISAIE, 263.
JACOB, 265.
JACQUES (Sfiii^t) le Majeur; son histoire d>près Ab-
dias, 265.
JACQUES (Saint) le Mineur ; son histoire diaprés Ab-
dias, 275; sa liturgie, 281.
JANNES ET MAMBRES, 323.
JEAN (Saint) TEvangéliste, 321 ; son histoire d'après
AlMiias, 527; d*aprës Méiitus. 597; d'après Prochore,
759; Livre du pas$age de Marie, qui lui est attribué,
traduction de ce texte arabe, 503.
JEREMIE, 363.
JESUS-CHRIST, sa lettre à Abgare, 26; sUtue élevée
^r rhéroorhoîsse, 255; écrits et adages attribués au
!!>auveur; déUils bibliographiques, 366; rapport dit par
Pilate, 745. o r h . , r»- t^
JOACHIM, 399.
JOB, 401 , son tesUment d'après un texte grec, 403.
JOSEPH D'ARIMATHIE, 431.
JOSEPHE, 439.
JOSUE, 439.
JUDAS ISCARIOTE, 449.
JUDE (Saint), apôtre, son histoire d'après Abdias.
939.
JULES L'AFRICAIN, traducteur de VBistoire apotla-^
lique d'Àbdias, 12. '^
JUSTIN (Saint), ses travaux sur l'Evangile, 449.
LEGENDES BIBLIQUES des Musulmans, 34, 46, 195,
419, 627, 641, 847. , '
LENTULUS, sa lettre relative à Jésus^hrist. 453.
LEUCIUS, hérétique, auteur d'écrits apocryphes, 455.
.J:^^ (Saint), son récit de la passion de saint Pierre,
459.
LITURGIES des apôtres, 125; de saint Jacques, 281 ;
de saint Marc, 477; de saint Matthieu, 563; de saint
Pierre, 731.
LOT ,469.
MAGES (Les rois), 469
MANICHEENS, 411.
MARC (Saint), son histoire, 473; sa liturgie, 477.
MARCION, hérétique, ses travaux sur les Evangiles.
491.
MARCOLPHE, Interlocuteur de Saloroon, 872.
MARDOCHEE, 499.
MARIE (La très-sainte Vierge ), lettres qui lui sont
attribuées, 499; Livre de ionpauage attribué àsaini
Jean, 505 ; déUiis bibliographiques, ^7.
MARIE-MADELEINE, 541.
MATHUSALEM, |543.
MATTHIAS (Saint), écrits qui lui ont été attribués; son
bi«toire, 543
DiGTioliPr. DES Apocryphes. II,
MATIERES. 1321
MATTHIEU (Saint), son histoire d'après Abdias, 549 ;
sa liturgie, Soo.
MELCHTSEDECH, 583
MELITON, évéque de Sardes, Livre du pasêaae de la
irèistttnu Vierge, 587. r-^'^-nf» «« «»
MELITUS. Passion de taini Jean tEvangélisie, 597.
^^NDAITES (Secte des), ou ChréUens de saint Jean,
METHODIUS (Saint), ses prétendues prophéties, 615.
MICHEL (Saint), canaque qui lui est ^tlribuiS, 622.
*l^L«5' ^*te attribués» à ce patriarche ou le concep*
nant, 625.
NATHAN, 635.
NAZAREENS, 635.
NEMROD, 63.
NOE, 639.
^OELS, déUils bibliographiques sur ces composittoas,
NORIA, fempie de Noé, 647.
OC, 649. 1597.
ORPHEE, écrits apocryphes, 6491
PARADIS TERRESTRE, 47, note.
PATRIARCHES, 651.
PAUL (Saint), 653; son histoire d'après Abdias. 687-
9K.'!SfniSL?î'*^^^' sa correspondance avec Sénèqoe
923, son histoire comprise dans celle de sainte ThSîlel
PERFECTION {Evangile de la), 679.
d'aWbM?!^'''"' •"^^^~' ""'-'^^ "^^
- V^j^^^X ^^^^ 1« concernant écriu qui lai soQi at-
tribués, 747. ^^
PROCHORE, son histoire de saint Jean, 759.
PROPHETIES DIVERSES, 620.
PTMANDRE, Livre attribué à Hermès, 261.
ROCAIL, 815.
liv^M^ 81?^' ^***^*' *"' ^"* *^^ ®* ®*^^*« ^* •«•
iiiA^f;2!?^^'iïï?*"®"**^*«>"««™ant et écrite oui lui oui
a*Sl*oîS5Sn:'8??' "^ XWofel^a^ Sof^nï! ouv^ge
SAMARITAINS, 885; notice de M. le chevalier Drach
les concernant, 891 ; leurs hymnes, 90i; ™'^*"®' ""*^
SAMUEL, 919.
SANCHONIATON, historien phénicien, 921.
SEM, 923.
SENEQUE, sa correspondance avec saint Paul, 923.
SEPHER léUirah, livre cabalisUque attribué à Abra-
ham, 29.
SETH, 950.
SIBYLLES, 931.
§tMON DE SAMARIE, 819, 935.
SIMON (Saint) et SAINT JUDE, apôtres; leur hUloire
d'après Abdias, 939. '
SOPHONIE, 951.
SUIDAS, lexicographe grec, cité, 383.
SYMBOLE DES APOTRES, 111.
TATIEN, ses travaux sur le texte des Evangiles,
955.
THECLE (Sainte), ses Actes, 961 .
THOMAS (Saint) ; son histoice d'après Abdias, 967 ;
ses Voyages, d'après un texte grec, 10 1 5.
TITE, 1047.
TOBIE, 1047.
42
4525
VÀLENTIN, hérésiarque, 1065.
VERONIQUE, le^ miracles, 1065.
VINCENT DE BEAUVA1S. eilé, fSVL
XAVIER (Le Père), 1067.
TABLE DES MATIERES.
\:i\
YASCHARD, ou LIVRE DU JUSTE, 1070.
ZACHARIE, 1389.
ZOHAR (Uvre du), 27, mte,
20R0ASTRE, 1309.
ADDITIONS.
4 DAM, oa?ragesqalIe concernent, 1511.
APOTRES {Evangile des doute), 1311.
CLEMENT (Sainl), déUils bibliographiques sor ses di-
Ters écrite, 1511.
DAVID, ses princl(>aax biographes, 1312.
EGYPTIENS {EvmgiU des), 1312.
ENOCH, oo?rages relatifs h ce patriarche, 1515.
EVANGILES APOCRYPHES, 1313.
HERMAS, sa fdte; aotenrs qoi ont cité ses écrits,
1515.
JANNES R MAMBRES, 1515.
JESUS-CHRIST, compositions dramatiques dont il est
le sujet, 1515.
JOSEPH, sa Correspondance arec Pharaon; looge no
rai de ce dernier, 15 U.
JOSEPH ben Gorion, son HisUnre de la gmrt jv
datque, 1515.
JOSUE, 1516.
LIVRES mentionnés dans l'Ecriture saiole et qoiiu
sont point venus jusqu'à nous, 1516.
MARIE, 1517.
PAUL (Actes de saint Paul et de Tbècle). Nooreiii
détails bibliographiques, 1516.
SALOMON, divers écrits qui ont rapport ï ce priKt
1518.
SENEQUE. {Correspondance de saini Paul A itSià
que), 1518.
THOMAS, 1519.
FIW.
Imprimerie HIGME au Petit-Monlrouge.
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iTeePbat
316.
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