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Full text of "Dictionnaire des Apocryphes, ou, Collection de tous les livres apocryphes"

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TROISIÈME  ET  DERNIÈRE 


ENCYCLOPÉDIE 

THËOLOGIQIIE , 

OU    TROISIÈME    BX    DERNIÈRE 

SÉRIE  Dl  DICnOniAffiES  SUR  TOUTES  LES  PARTIES  DE  U  SCIENCE  BEU6IEUSE| 

On>BAVV  BV  WWLAmeMâmf  BV  VAR  ORDBB  AI.rBAB*VIQ1«, 

LA  PLUS  CLAIRE,  LA  PLUS  FACILE,  LA  PLUS  COMMODE,  LA  PLUS  VARIÉE 

ET  LA  PLUS  COMPLÈTE  DES  THÉOLOGIES. 

CES  DICTIONHAIRES  SONT  CEUX  : 

DE  PHILOSOPHIE  CATHOLIQUE,  —  D*ANTIPHIL0S0PH1S1IB,  — 
DU  PARALLÈLE    1»ES  DOCTRINES  RELIGIEUSES    ET    PHILOSOPHIQUES    AVEC     LA    FOI  CATHOLIQUE,  — 
OU  PROTESTANTISME,  —   DES  OBJECTIONS  POPULAIRES  CONTRE  LE  CATHOLICISME,  — 
DE  CRITIQUE  CHRÉTIENNE,  —    DE  SCOLASTIQUE,  — DE    PHYSIOLOGIE,  -— 
DE  TRADITION  PATRISTIQUE  ET  CONCILIAIRE, —  DR  LA  CHAIRE  CHRÉTIENNE, —  D'hISTOIRE  ECCLÉSIASTIQUE,  — 
DES    MISSIONS  CATHOLIQUES,  — DES  ANTIQUITÉS  CHRÉTIENNES  ET  DÉCOUVERTES  MODERNES,  — 
DES  BIENFAITS  DU  CHRISTIANISME,  —    D*E8THÉTIQUE  CHRÉTIENNE,  —  DE   DISCIPLINE    ECCLÉSIASTIQUE, — 
D'ÉRUDITION  ECCLÉSIASTIQUE,  —  DES  PAPES,  — DES  CARDINAUX  CÉLÈBRES, —  DE  BIBLIOGRAPHIE  CATHOLIQUE,  -^ 
DES  MUSÉES  RELIGIEUX  ET   PROFANES ,  —  DES  ABBAYES  ET  MONASTÈRES  CÉLÈBRES,  — 
D*ORPÉVRERIE    CHRÉTIENNE,     —    DE    LÉGENDES    CHRÉTIENNES,    —  DE    CANTIQUES    CHRÉTIENS, 
—  d'économie  chrétienne    et  CHARITABLE,  —  DES  SCIENCES  POLITIQUES  ET  SOCIALES,  — 
\    DE  LÉGISLATION  COMPARÉE, —  DE  LA  SAGESSE  POPULAIRE,  — .DES  ERREURS  ET  SUPERSTITIONS  POPULAIRES  ,  — 
DES  LIVRES  APOCRYPHES, —  DE  LEÇONS  DE  LITTÉRATURE  CHRÉTIENNE  EN   PROSE  ET  EN  VERS,  — 
DE   MYTHOLOGIE  UNIVERSELLE, —  DE   TECHNOLOGIE   UNIVERSELLE, —  DES   CONT>tOVERSES  HISTORIQUES,— 
DES  ORIGINES  DU  CHRISTIANISME,  —  DES  SCIENCES  PHYSIQUES  ET  NATURELLES  DANS  L*ANTIQUITÉ, 
•^  DES  BARMONIES  DE  LA   RAISON,  DE  LA  SCIENCE,   DE   LA   LITTÉRATURE  ET  DE  L*ART  AVEC    LA   FOI   CATHOLIQUE, 
—  DES  PROPOSITIONS  CATHOLIQUES.  —  DE  MYSTIQUE  CHRÉTIRNNE.  —  DE  LINGUISTIQUE. 

—  DE  LA  DIVINITÉ  ET  DE  L^HUMANITÉ  DU  CHRIST. 

ruuLiÉK 
PAR   M.    L'ABBÉ   MIGNB, 

*I»IT80K  DS  LA  BIB&IOTHÉQUB  nNIVBBBB&LB  BO  a&BB«B. 

OU 
DBS   COVKM  OOM»I.KTfl   SUR   CHAQUE   BRANCHE   DR   LA    SCIENCE   ECCLÉSIASTIQUE. 

VRII  :0  FR.I.R  VOL.  POUR  LE  SOUSCRirrEUR  A  LA  COLLECTION  ENTIÈRE.  7  FR.  BT  NÈMR  S  FR.  POUR  LE  SOUSCRIPTEUR 

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TOUS  XnNaT-QVATmÈMB 


DiCTIONNÀIRl!:  DES  xXPOCRYPHES. 
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TOMB  SECOND. 


SMMPRIME  ET  SE  VEND   CHEZ  J.-P.  MIGNE,  EDITEiJR, 

AUX  ATELIEttS  CATHOLIQUES,  RUE  D'AMBOISE,  AU  PETIT-MONTROUGK t 


BAnniEUB    D  ENFER    0E    PARIS. 


1858 


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a  INTRODUCTION.  «« 

Testaments  des  douze  Patriarches  et  autres  compositions  déjk  connues.  Nous  ne  reparlons 
pas  du  Livre  tAdam^  conservé  chez  les  Hendaîles,  ou  Sabéens,  mais  une  publication 
récente  nous  a  mis  k  même  de  faire  connaître  d'autres  écrits  en  circulation  parmi  ces 
sectaires  si  peu  connus  jusqu'ici. 

Nous  avons  compris  dans  notre  travail  les  liturgies  qui  portent  le  nom  de  quelques-uns 
des  apôlres.  Leur  authenticité  a  été  contestée,  mais  il  est  positif  qu'elles  remonteni  à 
une  haute  antiquité  et  qu'eNes  sont  de  vénérables  monuments  do  l'ancienne  discipline  de 
r£glise. 

II  nous  semble  qu'il  serait  superflu  de  nous  livrer  k  l'appréciation  générale  des  œiiTres 
diverses  et  d'étendue  si  variée  qui  ^figurent  dans  notre  collection.  A  côté  de  circonstances 
évidemment  controuvées,  qui  n'ont  pu  être  adoptées  qu'k  des  époques  d'ignorance  ou  qui 
étaient  le  fruit  de  l'imagination  peu  réglée  des  rabbins,  on  trouvera  des  traditions  qui  ne 
sont  pas  toujours  k  dédaigner  et  chez  lesquelles  un  fond  de  vérité  repose  sous  une  couche 
de  détails  qu'une  critique  judicieuse  n'admettrait  pas.  Ne  perdons  pas  de  vue  que  dans 
l'absence  de  toute  donnée  authentique  sur  l'histoire  des  apôtres»  dès  le  point  où  s'arrêti)  le 
récit  de  saint  Luc,  dans  la  privation  où  nous  sommes  d'informations  sur  les  premières 
années  de  la  vie  de  la  sainte  Vierge  et  sur  la  fin  de  sa  carrière,  il  est  d'un  grand  intérêt 
de  connaître  les  récits  qui  ont  circulé  depuis  bien  des  siècles  k  cet  égard,  récits  où  tout 
n'est  pas  vérité,  où  tout  n'est  pas  mensonge,  mais  qui  offrent  souvent  un  mélange  où  la 
part  de  l'erreur  et  celle  de  l'exactitude  n*est  pas  toujours  facile  k  faire. 

Nous  sommes  loin  de  prétendre  que  notre  travail  soit  exempt  d'imperfections,  mais  tel 
qu'il  est,  nous  le  soumettons  au  jugement  du  public,  avec  l'espoir  qm'il  paraîtra  intéressant 
aux  hommes  sérieux  qui,  même  en  dehors  des  rangs  du  clergé,  s'occupent  de  l'étude  des 
livres  saints  et  des  origines  de  l'Eglise.  La  lecture  des  écrits  apocryphes  est  un  compté- 
ment  fort  utile  de  celle  des  écrits  canoniques;  le  caractère  qui  se  manifeste, dans  les 
œuvres  des  hommes  est  une  preuve  palpable  de  l'inspiration  des  livres  qui  renferment  la 
parole  divine.  Sans  cette  inspiration,  les  ouvrages  qui  composent  la  sainte  Ecriture 
n^auraieut  pas  différé  des  productions  auxquelles  on  a,  avec  raison,  refusé  le  cachet  de 
Tauthenticité.  Ces  dernières  renferment  parfois  quelques  beautés,  mais  entre  elles  et  celles 
Que  l'Esprit-Saint  a  dictées,  la  différence  est  incommensurable.  C'est  un  point  qui  se 
trouve  développé  dans  le  cours  de  notre  recueil. 

En  réunissant  sous  une  forme  accessible  aux  lecteurs  français  un  grand  nombre  de  com- 
positions diverses,  écrites  en  hébreu,  en  grec  et  en  latin,  en  y  joignant  une  masse  d'infor- 
mations puisées  dans  les  écrits  des  rabbins  et  dans  des  ouvrages  k  peu  près  inconnus 
parmi  nous,  soit  parce  qu'ils  ont  été  publiés  k  l'étranger,  soit  parce  qu'ils  ont  paru  en 
allemand,  langue  peu  répandue  en  France,  nous  espérons  avoir  rendu  un  service  aux 
études  sérieuses.  Cette  pensée  nous  a  soutenus  dans  l'exécution  d'une  tiche  qui  a  été 
longue  et  qui  n'a  point  été  exempte  de  difficultés. 

G.  B. 


DICTIONNAIRE 


DBS 


APOCRYPHES 


Zxù\0iimt  ^SLXiit. 


LÉGENDES  ET  FRAGMENTS  APOCRYPHES  QUf  SE  RATTACHENT  A  L'ANCIEN  ET  AU 

NOUVEAU  TESTAMENT. 


A 


ABDIAS. 

(Biitoire  apostolique^  ou  Histoire  du  combat  apostolique  par  àbdus  ,  premier  évéque 

de  Babylone.) 


Tel  est  le  titro  d*un  ouvrage  qui  joue  nn 
rAle  important  parmi  les  écrits  apocryphes; 
il  f  pour  but  de  retracer  l'histoire  des  tra- 
Taux  et  de  la  mort  de  chacun  des  apôtres; 
reproduisant  des  traditions  fort  anciennes, 
où  des  faits  évideminent  controuvés  se  sont 
mêlés  à  un  fond  de  vérité,  il  a  servi  de 
guide  aux  légendaires  du  moyen  âge;  les 
artistes  se  sont  inspirés  de  ses  récits,  et  son 
inQuence  a  été  des  plus  considérables. 

On  comprend  quelle  importance  extrême 
les  premiers  Chrétiens  durent  attacher  à 
Thistoire  des  apôtres,  de  ces  généreux 
athlètes  qui  annoncèrent  l'Evangile  avec 
autant  de  courage  que  de  succès,  et  qui  por- 
tèrent jusque  dans  les  régions  les  plus  eloi* 
guées  le  flambeau  de  la  foi;  malheureuse- 
ment il  n'est  parvenu  jusqu'à  nous  aucun 
récit  authentique  de  leurs  travaux  et  de 
leurs  souffrances. 

Les  Actes  rédigés  par  saint  Luc  et  qui 
figurent  parmi  les  livres  canoniques  ne  con- 
tiennent que  rhistoire  des  deux  principaux 
apôtres  Pierre  et  Paul  ;  encore  ne  les  accom- 
pagne-t-elle  pas  jusqu'à  leur  mort;  ce  n'est 
que  dans  les  premiers  chapitres  qu'il  est 
question  des  deux  Jacques,  de  Philippe  et 
ae  Jean  ;  d'autres  apôtres  tels  que  Matthieut 
Simon,  Jude  et  Barthélémy  ne  sont  nommés 

Su'une  seule  fois  (ch.  i,  13);  il  n*est  rien 
it  sur  le  genre  de  mort  de  chacun  de  ces 
serviteurs  de  Dieu. 

Des  traditions  orales  conservèrent  d'abord 
parmi  les  fidèles  le  récit  de  la  vie  et  des 
actions  des  divers  apôtres;  ces  traditions 


reposaient  dans  le  principe  sur  un  fonde- 
ment de  vérité,  mais  elles  ne  tardèrent  point 
à  se  mêler  à  des  récits  d'une  exactitude 
douteuse.  Bientôt  les  traditions  cédèrent  la 
place  à  l'histoire  écrite^  et  dès  le  commen- 
cement du  n*  siècle,  on  vit  circuler  de 
prétendus  Actes  des  apôtres,  composés 
pour  la  plupart  par  des  hérétiques  qui  vou- 
lurent mettre  leurs  erreurs  sous  rabri  de 
noms  vénérés.  Les  manichéens  eurent  sur- 
tout recours  à  ce  stratagème.  Ouelaues-uns 
de  ces  Actes  sont  parvenus  jusqu  à  nous, 
mais  la  majeure  partie  a  péri,  ainsi  que  la 
presque  totalité  des  productions  hétérodoxes 
aes  premiers  siècles. 

Il  n'existe  qu'une  seule  composition  an- 
cienne qui  ait  eu  pour  but  d'offrir  l'histoire 
collective  des  douze  apôtres;  c'est  celle  qui 
porte  le  nom  d'Abdias  et  oui  est  divisée  en 
dix  livres;  de  fait  elle  n  est  pas  complète, 
puisqu'elle  passe  entièrement  sous  silence 
saint  Matthias  qui  remplaça  le  trattre  Judas  ; 
l'histoire  de  saint  Jacques  le  Mineur,  de 
saint  Simon  et  de  saint  Jude  est  réunie  et 
resserrée  en  un  seul  livre;  la  vie  de  saint 
Philippe  est  d'une  étendue  bien  moins  con- 
sidérable que  les  autres. 

Abdias  est  mentionné  dans  je  livre  vi  de 
cette  Histoite  comme  ayant  été  ordonné 
évoque  de  Babylone  par  saint  Simon  et  par 
saint  Jude  ;  il  se  présente  ainsi  comme  un 
contemporain  des  apôtres,  comme  ayant 
vécu  avec  eux  et  comme  devant  être  parfai- 
tement instruit  de  toutes  les  circonstances 
qui  les  touchent.  Il  est  inutile  de  dire  que 


43 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPnES. 


16 


tout  cela  est  supposé  et  que  Texistence 
^Abdias  lui-même  est  plus  que  douteuse. 

L'ouvrage  est  annoncé  comme  avant  été 
écrit  en  hébreu,  comme  ajant  été  traduit 
en  grec  par  un  nommé  Eutrope,  et  comme 
ayant  été  ensuite  mis  en  latin  par  Jules 
l^fricain.  Nous  allons  placer  ici  la  Préface 
de  ce  prétendu  traducteur. 

Il  a  existé  un  auteur  de  ce  nom  qui  vi- 
vait au  iir  siècle  ;  ses  ouvrages  historiques 
sont  perdus,  car  on  ne  peut,  ainsi  que  1  ob- 
serve M.  Berger  de  Xivrey  (Nolicei  et  ex- 
iraitê  des  manuscrite  de  la  Bibliothèque  du  rot, 
t.  XIII,  II*  partie,  p.  170),  ranger  dans  cette 
catégorie  m  son  livre  grec  intitulé  kictoi  , 
ni  sa  lettre  à  Aristide.  Il  avait  écrit  une 
chronologie  qui  ne  nous  a  été  conservée  que 
par  la  chronique  d'Ëusèbe. 

Préface  de  Jules  F  Africain. 

<i Quoique  les  saints  Evangiles  et  que  le 
livre  qui  a  reçu  le  nom  d'Actes  racontent 
beaucoup  de  choses  au  sujet  des  miracles 
faits  par  les  apôtres,  il  nous  a  paru  cepen- 
dant convenable  de  recueillir  tout  ce  que 
nous  avons  pu  trouver  des  écrits  rédigés  en 
langue  hébraïque  par  Abdias,  qui  avait  vu 
le  Sauveur  en  sa  cnair  et  qui,  après  avoir 
suivi  les  apôtres  Simon  et  Jude  en  Perse, 
fut  le  premier  évéque  de  Babylone,  et  qui  a 
fait  le  récit  des  travaux  de  chacun  des  anô- 
tres,  de  sorte  que  la  personne  qui  veut  s  en 
instruire,  rencontre  facilement  ce  qui  con- 
cerne celui  des  apôtres  dont  elle  a  è  cœur 
de  connaître  les  mérites.  Beaucoup  d'écrits 
ont  été  composés  par  les  anciens  sur  ce 
sujet,  mais  il  ne  nous  en  est  parvenu  aucun, 
si  ce  n*est  les  monuments  de  leur  martyre, 
ce  que  nous  regardons  comme  étant  d'un 
grand  prix,  sachant  qu'il  est  écrit  :  «  0  Dieu, 
tes  amis  sont  dignes  d'être  honorés.  »  {Psal. 
Gxxxix,  17.)  S'ifen  est  qui  ont  montré  aux 
peuples  des  miracles  plus  grands  que  ceux 
que  d*autres  ont  accomplis,  il  ne  faut  pas 
J  attribuer  è  la  fragilité  humaine,  mais  re- 
connaître humblement  que  Jésus -Christ, 
Notre^eigneur,  opère  seul  ce  qu'il  veut,  eu 
habitant  dans  ses  apôtres,  par  la  bonne  vo- 
lonté et  la  pureté  des  sentiments,  comme  l'a 
dit  le  prophète  :  «  J'habiterai  en  eux  et  je 
marcherai  en  eux,  et  je  serai  leur  Dieu.  ^ 
Œzeck.  xxxYii,  27.)  C'est  donc  au  nom  de 
Jésus-Christ,  Fils  de  Dieu  tout-puissant,  que 
nous  avons  traduit  en  langue  latine  et  di- 
visé en  dix  livres  ce  qu'Abdias,  évéque  de 
Babylone,  qui  avait  été  ordonné  évéque  par 
les  saints  apôtres,  a  écrit  en  langue  hé- 
braïque touchant  leur  histoire,  et  ce  qu'Eu- 
trope  (1),  disciple  d' Abdias,  avait  fait  passer 

(!)  Fabridui  fait,  à  Tégard  de  ce  nom ,  la  note 
•uivanitf  :  Bie  eomnunlitiut  Euirojinu$  uSem  forte 
axctluf  âctam  epislolam  Lentuii  de  Christo  reperi$$e 
in  arimviê  Romanorum.  Falluntur  enim  qui  de 
Eutrai^o  àreriant  auctare  ibi  cogiiani ,  neque  veto  it 
mmales  êcripdip  neque  dicitur  efnttolam  nperitu  in 
AnnaMuê  mù,  sed  reperisu  in  Ànnalibuê  /lomanv- 
mm,  L  I,  ûi  Actii  annalibui  unatuê  Romanu 

(t\  ld;ice,  évéïfue  portugaU,  mort  vem  Tan  470. 
Sa  ilkroniqMS ,  écrite  il*un  style  Jur  ei  |iou  correct. 


dans  la  langue  grecque,  nous  avons  toujours 
voulu  rendre  gloire  à  Dieu  le  Père  par  son 
Fils  unique,  Notre-Seigneur  et  notre  Ré-* 
dompteur,  dans  l'Esprit-Saint  qui  éclaire  nos 
Âmes  et  maintenant  et  toujours,  et  dans  les 
siècles  des  siècles.  Amen.i» 

On  ne  sait  trop  pourquoi  le  traducteur 
latin  est  désif^é  sous  le  nom  de  Jules  l'Afri- 
cain>  au  m*  siècle. 

Grabe  {Spicileg.  Patrum^  1. 1,  p.  314)  a  ob- 
servé que  V Histoire  d'Abdias  faisait  des  em- 
prunts à  la  Chronologie;  Fabricius  conjecture 
uue  quelque  traduction  latine  de  Jules 
1  Africain  aura,  è  des  époques  d'ignorance , 
fait  connaître  ce  nom  et  qu'on  l'aura  appli- 
qué au  personnage  que  l'on  présentait 
comme  ayant  traduit  l'ouvrage  du  prétendu 
évéque  de  Babylone. 

A  répoqiie  de  Charlemagne,  un  compila- 
teur puisa  dans  Jules  l'Africain,  dans  la 
Chronique  de  l'évèque  Idace  (2)  et  dans  quel- 
ques autres  auteurs  les  matériaux  de  six 
livres  de  Collectanea  chronologica.  (  Voir 
Vossius,  De  Hist.  Lat.^  1.  xui,  part,  iv,  c.  3, 
p.  756.) 

Woligang  Laze,  Vossius  (De  Bistor.  Grœc.^ 
p.  100)  et  Cave  (Hist.  lilter.  script,  eecles) 
ont  dit  qu'Abdias  était  un  des  soixante-dix 
disciples  de  Jésus-Christ;  Fabricius  con- 
vient qu'il  n'a  pu  découvrir  d'où  provient 
cette  opinion  ;  le  pseudo-Abdias  ne  men- 
tionne point  cette  circonstance,  qu'il  n'au- 
rait certes  point  omise  si  elle  s'était  présentée 
k  son  esprit,  et  le  nom  d'Abdias  ne  se  ren- 
contre pas  dans  le  faux  Dorothée  (3),  dans 
Nicéphore  Calliste  et  dans  les  autres  auteurs 
qui  ont  énuméré  les  soixante-dix  disciples. 

Il  est  facile  de  recontiatlre  d'ailleurs  que 
le  prétendu  original  hébreu  et  gue  la  ver- 
sion grecque  sont  del  choses  inventées  à 
plaisir.  On  rencontre  parfois  des  formes  do 
style  qui  ne  sauraient  être  du  fait  d'un  tra- 
ducteur, par  exemple,  dans  l'histoire  de 
saint  Thomas  :  In  nomine  Domini  mei  Jesu 
impetrabam^  non  imperabam.  L'auteur  fait 
usage  de  la  Vulgate  toutes  les  fois  qu*il  cite 
r£criture  sainte,  et  dans  l'histoire  de  saint 
Jacques  le  Mineur*  il  rapporte  un  passage 
d*Hegésippe,  le  transcrivant  d'après  la  ver- 
sion qu'a  faite  Rufin  de  YHistoire  ecclésias- 
tique d'Eusèbe.  Tout  ceci  démontre  si  bien 
uue  rédaction  latine  qu'il  est  inutile  d'insister 
sur  ce  point. 

L'œuvre  du  pseudo-Abdias  a  été  appréciée 
avec  quelque  sévérité  par  divers  auteurs. 

Fabricius  rapporte  (Codex  apocr.  Nov. 
Test.f  1. 1,  p.  392  et  suiv.)  les  jugements  de 
Sixte  de  Sienne,  de  Mélanchthon,  de  Bellar- 
min,  de  Combefis  et  de  bien  d'autres. 

a  été  publiée  par  Caiiisiui,  d*aprês  un  mauuttcrit 
défectueux,  dans  ses  Yariœleciioneê.iAl^  (pag.  2H9j. 
Le  p.  Sirmond  en  a  donne,  à  Pans,  en  1019,  une 
édilion  meilleure  et  qui  a  seivi  de  base  k  élrerbcê 
réimpressions  comprises  dans  les  RecueiU  dtê  hii- 
toriem  de  France  et  d'Espagne  el  dans  la  BibUo^ 
thèque  de$  Pèrei. 

(3)  On  trouvera,  d^ns  la  suite  de  ce  Dictionnaire, 
Touvrage  sappo»é  mis  sous  le  nom  de  révÀiM 
Dorulliee. 


17 


ABD 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ABD 


18 


Tillemonl  s'exprime  ainsi  dans  ses  Mi- 
moires  sur  Vhistoire  ecclisitistique ,  t.  1, 
p.  1701  :  «  Ce  qui  n*est  que  dans  Abdias  peut 
passer  pour  n'être  nulle  part.  Quand  il  dirait 
quelque  chose  de  vrai,  on  ne  saurait  le  dis- 
cerner des  contes  et  des  fables  qu'il  y  inéle.  » 

La  rigueur  de  celte  appréciation  n  empêche 
pas  que  VHistoire  apostolique  ne  soit  digne 
d'être  connue  à  cause  des  traditions  qu'elle 
a.conservées  et  où  il  y  a  un  fond  de  vérité. 

La  première  édition  de  VHistoria  aposto- 
lica  vît  le  jour  è  Bâie,  en  1551,  in-folio;  elle 
fut  donnée  par  Wolfgang  Laze ,  qui  se  servit 
de  deux  manuscrits  trouvés  dans  des  bi- 
bliothèques de  couvents  en  Allemagne. 
L*ou?rage  fut  réimprimé  à  Paris  en  1560,  et 
trois  fois  à  Cologne ,  en  1566,  1569  et  1576, 
avec  quelques  autres  écrits  du  même  genre. 
On  les  rencontre  joints  également  è  une  édi- 
tion de  Paris,  1571. 

Laurent  de  la  Barre  comprit  Abdias  dans 
son  Historia  christiana  veterum  Palrum, 
Paris,  1583,  in-folio;  mais  il  n'est  pas  exact 
de  dire,  comme  l'ont  prétendu  quelques  sa- 
vants, qu'elle  ait  été  insérée  dans  les  Biblio- 
thèques  des  Pires. 

Fabricius  mentionne,  d'après  un  autre  bi- 
bliographe, une  traduction  française  ano- 
nyme datée  de  1569,  et  une  traduction  fla- 
mande de  J.  de  Berkelaer  ;  nous  ne  connais- 
sons oi  Tune  ni  l'autre. 

Un  poète,  qui    eut  de  la  réputation  au 

^•elau  xvi*  siècle,  Jean-Baptiste  Mantuan, 
dans  ses  Fastes  des  apôtres  a  emprunté  beau- 
coup à  Abdias  ;  il  se  borne  souvent  à  mettre 
en  vers,  en  les  abrégeant,  les  récils  de  ce 
prétendu  historien;  nous  en  offrirons  quel- 
ques exeeples. 

Dès  Je  XIII*  siècle,  Rodolphe  de  Tongres 
avait  signalé  le  peu  de  critique  de  cet  ou- 
vrage, et  le  danger  d'y  ajouter  foi.  {Abdiœ 
hisloriam  hinc  inde  sub  quadam  devotione 
indiscreta  cotlectam^  periculose  in  Ecclesiis 
legi.  ) 

Nous  observerons  que  la  première  édition 
publiée  par  W.  Laze  en  1551,  ne  comprend 
point  le  prologue  de  Jules  l'Africain;  ce 
fragment  se  trouve  dans  l'édition  de  Fabri- 
cius, qui  nMndique  point  où  il  Ta  pris;  telle 
<^u*elle  est,  cette  préface  paraît  étrangère  à 
1  ouvrage,  et  y  avoir  été  jointe  par  quelque 
copiste  inintelligent. 

Jl  est  difficile  de  savoir  s'il  a  existé  réel- 
lement, dans  les  premiers  siècles  de  notre 
ère,  un  auteur  du  nom  d'Abdias;  ce  qu'il  y  a 
de  sûr,  c'est  que  d'autres  personnages  ont 
porté  ce  nom  ;  il  se  rencontre  deux  fois  dans 
Esdras  (///  Esdr.  viii,  Sk  ;  IV  Esdr.  ii, 
39).  Eusèbe  fait  mention,  dans  son  Histoire 
ecclésiastique^  liv.  ii,  ch.  1,  d'un  certain  Ab- 
don,  nom  qui  est  rendu  par  Abdias  dans  la 
traduction  de  RuQn. 

Au  chapitre  6  du  livre  vi  de  VHistoire 
apostolique^  il  est  question  d'une  histoire  de 
saint  Simon  et  de  saint  Jude,  écrite  par 
Cralon,  disciple  de  ces  apôtres.  Cet  ouvrage 
est  égalenrient  cité  dans  les  Fragments  apos- 
tolique» édités  par  Prœlorius.  S^il  a  existé. 


ce  qui  est  douteux,  il  n'en  est  rien  parvenu 
jusqu'à  nous. 

Eu  parcourant  l'œuvre  du  pseudo«Abdias, 
on  sera  choqué  de  l'inégalité  qu'on  observe 
dans  le  choix  des  expressions,  de  la  mala- 
dresse dans  la  construction  des  périodes; 
tout  accuse  une  époque  de  décadence;  il  n'y 
a  point  de  proportion  dans  le  pian  de  l'ou- 
vrage, ce  qu'il  faut  attribuer  au  plus  ou 
moins  de  matériaux  que  le  rédacteur  avaii  à 
sa  disposition.  Il  s'étend  longuement  sur 
saint  André  (liv.  m),  sur  saint  Jean  (liv.  v), 
sur  saint  Thomas  (  liv.  ix),  tandis  que  saint 
Pierre  et  saint  Paul  sont,  au  mépris  du  rang 
qu'ils  occupent,  l'objet  d'une  narration  assez 
sèche,  et  à  l'égard  de  saint  Philippe  (liv.  x) 
il  n'y  a,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  qu'un 
simple  fragment. 

Des  récits  merveilleux  et  apocryphes  se 
trouvent  placés  à  côté  de  sentences  et  de  dis- 
cours empreints  de  l'esprit  le  plus  pur  du 
christianisme;  ces  discours  sont,  sans  nul 
doute,  des  fragments  de  prédications  qui  re- 
montent à  une  très-haute  antiquité,  et  l'on 
pourrait,  à  bon  droit,  y  voir  la  reproduction 
de  paroles  prononcées  par  les  apôtres  eux- 
mêmes.  Sous  ce  rapport,  et  sous  celui  de  la 
connaissance  des  opinions  répandues  parmi 
les  Chrétiens  dans  des  temps  reculés,  l'ou- 
vrage d'Abdias,  quoique  composé  de  mor- 
ceaux hétérogènes  etjremontant  à  des  épo- 
2ues  différentes,  est  digne  d'attention;  il  a 
té  trop  négligé  par  les  auteurs  modernes. 

On  ne  saurait  assigner  à  sa  rédaction  une 
époque  antérieure  au  v*  siècle  ;  c'est  ce  qui 
résulte  de  l'examen  des  sources  où  il  a  puisé. 
Bède,()ui  écrivait  au  vu*  siècle,  s'accorde 
avec  lui  en  beaucoup  d'endroits;  mais  il  est 
impossible  de  dire  si  Bède  a  suivi  Abdias,  ou 
si  l'un  et  l'autre  ont  fait  usage  d'un  ouvrage 
antérieur  aujourd'hui  perdu. 

Le  docteur 'Borberg,  qui  a  examiné  cette 
question,  pense,  d'après  les  particularités  du 
style,  qu'on  peut  assigner  le  vin*  ou  le  ix* 
siècle  pour  l'époque  de  la  rédaction  de  T^tV 
toria  apostolica  telle  que  nous  la  possé- 
dons. 

Bien  des  héllénismes  et  même  des  hé- 
braismes  se  remarquent  dans  ce  livre;  |mais 
faut-il  eu  conclure,  comme  l'a  fait  Kleuker, 
qu'il  n'a  pas  été,  dans  le  principe,  écrit  eu 
latin,  mais  seulement  traduit  dans  cette  lan- 
gue. Bien  des  expressions  grecques  s'étaient 
introduites  dans  le  latin,  et  le  compilateur  a 
pu  avoir  sous  les  yeux  des  traductions  faites 
sur  des  textes  grecs  ou  hébreux.  Nous  nous 
bornons  d'ailleurs,  en  ce  moment,  à  donner 
une  idée  générale  du  livre  mis  sous  le  nom 
d'Abdias;  nous  plaçons  ses  récits  sous  le 
nom  de  chacun  des  apôtres  qu'ils  concer- 
nent. Voy.  les  articles  Andrà,  Barthélémy, 
Jacqdbs,  Jean,  etc. 

Pour  ce  qui  concerne  l'histoire  véritable 
des  apôtres,  déûgurée  par  le  pseudo^Abdias, 
y\  faut  consulter  les  commentateurs  catho- 
liques des  ActeSf  parmi  lesquels  nous  signa- 
lerons J.  Ferrus  (Paris,  1568}  ;  G.  Sanctius 
(Lyon,  1616);  J.  Lorin  (Cologne,  1621,in-fol.); 
B.  Pierre  (Douay,  1622)  •  Marie  te  Soint-^ 


19 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


SO 


BonaTenture  (Gènes,  1621,  in-fol.);  J-  da 
Sylveira  (Lyon,  1627,  in-fol.),  etc. 

On  estime  TouTracçe  de  J.  Lami,  De  erudi" 
iione  apoêtolorumy  Florence,  1738,  in-8*.  Ci- 
tons aussi  quelques  ouTra^es  écrits  par  des 
protestants,  qui  offrent  cfes  reclierches  et 
dont  on  fera  usage  sous  toutes  réserves  : 
Cave^  AntiguitaUê  apoêlolicœ^  or  the  hiitory 
ofthe  aposlUs  ^  Londres,  1677,  in-8';i.-J. 
Hess,  Geschichte  und  schriften  der  Aposiel 
Jesu  (V  édit.,  Zurict),  1820-1822,  k  vol.  in-8-; 
A  Jacobi,  GeaehichU  der  Aposiel  Je$u^  (lOlba, 
1818,  in-8';  C.  Wilbelmi,  ChrisU  aposiel 
und  erste  Bekenner^  oder  die  Geschichte  der 
AposieU  Heidelberg,  1825,  in-8*;  A.  Nean- 
der,  Geschichte  der  Pflanxung  und  leitung  der 
ChrisU.  kirche  durch  die  aposiel^  Hambourg, 


1832-33,  2  vol.  in-8".  On  trouvera  Tindica- 
lion  d  autres  ouvrages  dans  la  Biblioiheca 
theologica  de  Walch,  t.  III,  p.  hkh,  et  dans 
le  Diclionnëire  universel  {en  allemand)  delà 
littérature  théologique  de  Danz,  p.  69. 

Thilo,  qui  avait  le  projet  de  comprendre 
VHistoria  apostolica  dans  son  Corpus  apo^ 
cryphorumj  )}ensait  qu'il  était  inutile  de 

E rendre  la  peine  de  collationner  les  nom- 
reux  manuscrits  qui  existent  de  cette  pro-* 
duction,  qu*il  regarde  comme  ne  remontant 
pas  au  delà  du  vr  siècle,  et  dont  le  mérite  ne 
consiste  guère  qu'à  avoir  fait  parvenir  jus- 
qu'à nous  des  aétails  pris  dans  des  apocry- 
phes plus  anciens,  et  notamment  dans  les 
Actes  apostoliques  de  Leucius. 


AnG\RE. 

{Lettre  d^Abgare  (4)d  Jésus-Christ  et  réponse  du  Sauveur.) 


Ces  lettres  sont  citées  dans  des  auteurs 
fort  anciens;  Eusèbe  {Histoire  ecclésiastique^ 
1. 1 ,  ch.  13) ,  dit  les  avoir  trouvées  dans  les 
archives  de  la  ville  d'Edesse  (5);  Nicépbore 
{Hist.  ecclés.9  I.  ii,  ch.  7),  confirme  ce  té- 
moignage. Voici  une  traduction  fidèle  de  ces 
deux  épltres  : 

«Abgare,  roi  d'Edesse,  à  Jésus  Sauveur 
qui  est  apparu  à  Jérusalem.  J'ai  appris  les 
guérisons  que  vous  faites  sans  le  secours 
des  herbes  ni  des  remèdes,  que  vous  ren- 
dez la  vue  aux  aveugles,  que  vous  faites 
marcher  les  boiteux ,  que  vous  guérissez  la 
lèpre ,  que  vous  chassez  les  démons  et  les 
esprits  immondes,  que  vous  délivrez  des 
maladies  les  plus  iavélérées  et  que  vous 
ressuscitez  les  morts.  Ayant  appris  toutes 
ces  choses,  je  me  suis  persuadé  ou  que  vous 
étiez  Dieu,  ou  Fils  de  Dieu,  qui  étiez  des- 
cendu sur  la  terre  pour  y  opérer  ces  mer- 
veilles. C'est  pourquoi  je  vous  écris  pour 
vous  supplier  de  me  faire  l'honneur  de  venir 
vers  moi  et  de  me  guérir  de  la  maladie  dont 
je  suis  tourmenté.  J'ai  ouï  dire  que  les  Juifs 
murmurent  contre  vous  et  qu'ils  vous  ten- 
dent des  pièges.  J'ai  une  ville  qui,  bien  que 
petite ,  ne  laisse  pas  d'être  assez  propre  »  et 
qui  suffira  pour  nous  deux.  » 

Donnons  maintenant  la  prétendue  réponse 
du  Sauveur  à  la  lettre  du  roi  d'Edesse, 

(4)  Ost  ainsi  que  ce  nom  est  écrit  dans  les  mé- 
dailles d*Antoiiin  le  Pieux ,  de  Sévère  et  de  Gor- 
dien .  et  daus  uDe  inscription  éditée  par  Sirmond 
{ad  Sidottium  ApoUingrem ,  p,  50).  Dans  quelques 
auteurs,  tels  que  Dion  et  Xiphilin,  on  lit  Àugare. 
Henri  Valois  écrit  quMl  faut  lire  Àcgare,  Touies  ces 
différences  sont  sans  importance,  fabricius  trace  la 
note  suivante  :  i  Edessenorum  reges  communi  no- 
mine  Aligaros,  h.  e.  magnes  Arabum  lingua  appel- 
lari,  uti  eonim  fllios  Asgaros  sive  parvos  ex  Pococ- 
kio  observai  Ez.  Spanbeniins  dissertationibus  De 
nsm  ae  prœstamiia  finmtimalam ,  p.  421.  Abgarorum 
regulorum  stve  toparcbarum  Edess»  seriem  qualis 
ex  veteribus  Kriptoribus  constat ,  exbibuit  J.  £• 


K  Vous  êtes  heureux,  Abgare,  d'avoir  cro 
en  moi  sans  m'avoir  vu.  Car  il  est  écrit  de 
moi  que  ceux  qui  m'auront  vu  ne  croi- 
ront pas ,  a6n  que  ceux  qui  ne  m'auront  pas 
vu  croient  et  soient  sauvés.  A  l'égard  de  ce 

Î|ue  vous  me  priez  de  vous  aller  trouver,  il 
aut  que  j'accomplisse  ce  pour  quoi  j'ai  éto 
envoyé  et  qu'après  cela  je  retourne  vers  ce- 
lui qui  m'a  envoyé.  Lorsque  j'y  serai  re- 
tourné,  j'enverrai  un  de  mes  disciples  qui 
vous  guérira  et  qui  vous  donnera  la  vie  à 
vous  et  à  tous  les  vôtres.  » 

Olivier  Maillard,  prédicateur  célèbre  k  la 
fin  du  XV*  siècle ,  a  inséré  k  la  suite  de  ses 
Conformités  des  mystères  de  la  Messe  f  unu 
traduction  des  lettres  échangées  entre  Abgare 
et  le  Sauveur,  ainsi  que  i'épltrede  Lentulus 
(voy.ce  mot);  un  bibliographe  fort  laborieux , 
M.  Peignot,  a  reproduit  ces  divers  fragments 
dans  1  édition  qu'il  a  donnée  (Paris,  1828,' 
in-8*)  de  \  Histoire  de  la  Passion  de  Jésus^ 
Chriit  ^  composée  en  14%  par  Olivier  MaU^ 
lardf  et  il  a  également  inséré  la  lettre  d'Ab- 
gare  dans  ses  Recherches  historiaues  sur  la 

6 er sonne  de  Jésus-Christ  et  sur  celte  de  Marie ^ 
ijon,  1829,  in-8%  p.  kl.  Nous  reproduisons 
les  textes  de  la  lettre  du  Sauveur  dans  ce 
vieux  langage,  dont  la  naïve  simplicité  prête 
à  ces  compositions  un  attrait  particulier  : 
«Abgarus,  seigneur  et  prince  deJa  ville 


Grabe  in  notis  ad  SpiciUgfum  Patrum  t.  I.  p.  314* 
J.  Reiskius,  lib.  De  imoginibus  Jesu  Oriilf,  p.  24, 
ei  anie  utrumque  Henricus  Valerius  ad  Emurpta 
Peireteitma^  p.  iOl.  • 

(5)  Cette  ville  était  située  dans  la  Syrie,  sur  le 
fleuve  Scîrtus  ou  Bardesanes  (aujourd'hui  le  Dai- 
San)  ;  c'était  la  capitale  de  rOsrhoéoe  ;  elle  portait 
aussi  le  nom  d'Antiochia  Galtirrboô.  Ost  \k  qoif 
Caracalla  fut  mis  k  mort.  Sous  Justin  I",  elle  fui 
renversée  par  un  tremblement  de  terre;  cet  empe- 
reur la  releva  et  rappela  Jui^tinopolis.  Un  érudil 
allemand,  T.-S.  Bayer,  a  publié  Vantorta  Osrkoena 
et  tdessoHa  ex  nummis  illustrala.  Petropoli ,  1754, 
in-4*. 


fl 


ABG 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ABG 


22 


d'Kdesse  h  Jésus  bon  Sauveur  vivant  à  Hie- 
rasalem.  Jay  ouy  parler  de  vous  et  des  cures 
qae  faictes  sans  aucunes  drogues  ny  herbes. 
Car  comiDe  le  bruict  est,  les  aveugles  tu  fais 
veoir  et  les  boiteux  cheminer;  tu  nettoies 
la  ladrerie,  jectes  et  chasses  1«  vilain  et  mes- 
chant  espent,  le  dyable,  hors  des  corps ,  et 
ceulx  qui  pour  grieves  maladies  ont  longue- 
ment languy,  tu  les  refais  et  metz  sus  ;  et 
ceux  qui  sont  morts,  réveHlés  et  ressuscites. 
Lesquelles  choses,  fune  après  Taultre,  en- 
tendant de  TOUS  jay  juge  qu'il  faut  ou  que 
tu  soys  Dieu  venu  du  ciel  pour  ces  choses 
faire,  ou  bien  le  Fils  de  Dieu.  Pour  autant 
je  te  supplie  qu'il  te  plaise  prendre  la  peine 
de  venir  vers  moy  afin  que  tu  guérisses  mon 
mal.  Car  aussi  bien  l'on  dict  que  les  Juifz  se 
laschent  de  toy  et  te  veulent  surprendre 
pour  te  molester.  Jayicy  une  petite  ville, 
toutes  fois  honneste,  laquelle  jespere  pou- 
voir estre  assez  pour  vous  et  pour  moj  (6).» 

Cette  correspondance  a  été  insérée  par  Fa- 
bricius  dans  le  Codex  apocryphus  Novi  Te- 
Miameniif  t.  I,  p.  317;  elle  a  donné  lieu ,  en 
Allemagne,  à  quelques  dissertations  spécia- 
les, écrites  par  B.  Gumaël  (De  epistola  ad 
Abgarum^  Lund.,  1772,  in-Hi'.,);  J.  Semler 
(Diisert.de  Christi  ad  Abgarum  epistola  ;  Ha- 
lis,  1759,  in-4')  ;  W.  F.  Kink  (  Uber  denBrief 
d.  K&nigs  Abgare^  dans  le  Morgënhlatt, 
1819,  n*  110).  —  Voy.  aussi  Bayer,  Historia 
Edessina^  1.  m,  p.  IM,  Assemani,  Biblio- 
ikeea  orientalis  clementino^atieana  ^  t.  I; 
p.  554  ;  t.  II ,  p.  393  ;  fiasnage.  Histoire  des 
Juifs^  t.  I,  p,  500;  Le  Quien,  Oriens  chris- 
tianuSf  t.  Il,  p.  624  ;  Monachi,  Origines  ec- 
clesiatticœf  t.  I.  p.  301. 

Tillemont  (  Uémoires  pour  F  histoire  de 
VEglise^  t.  I,  p.  993)  dit  que  cette  lettre,  at- 
tribuée à  Jésus-Christ,  ne  fut  pas  reçue  par 
l'Eglise,  parce  qu'elle  ne  venait  pas  d'une 
main  sûre,  ni  par  la  voie  ordinaire.  On 
craignit  que  de  fausses  pièces  ne  se  fussent 
insérées  dans  les  archives  d'Edesse ,  et  la 
lettre  fut  placée  au  rang  des  écrits  apo- 
cryphes. 

Ricbard  Simon  [Histoire  critique  du  Nou^ 
ttau  Testament ,  1. 1,  ch.  3)  admet  que  ces 
pièces  ont  pu  en  effet  se  trouver  dans  les 
archives  de  la  ville  d'Edesse  ;  mais  ce  n'est 
pas  une  raison  pour  qu'elles  soient  authen- 
tiques, les  dépôts  de  ce  genre  ont  souvent 
renfermé  des  documents  supposés. 

Le  Ttêtament  de  saint  Ephrero  (écrit  dont 
l'authenticité  a  été  contestée)  s'exprime  à 
cet  égard  dans  les  termes  suivants  : 

«  Que  votre  ville  d'Edesse  et  votre  mère 

(6)  Toici  le  texte  de  cette  lettre  : 

€  Abgarus  Ucbanlae  filîus  Toparclia ,  Jesu  Salva- 
tori  booo  qui  apparaît  in  locis  Uierosolyroorum  sa- 
luleoi.  Auditum  roihi  est  de  te  et  de  saniiaiibus 
quas  facis  quiid  sine  medicameQlis  a  ut  berbis  flant 
itta  per  te,  et  quod  verbo  lantum  caecos  facis  Tîdere, 
H  clandos  ambulare  ,  et  leçrosos  mundas  et  im- 
mandes sptritas  ac  dsemoaes  ejicis,  et  eosqui  e  longis 
sgriiudinibuB  sfflictaulur  curas  et  saues ,  moriuos 
quoqoe  aufcitas.  Quibus  omnibus  auditis  de  to 
Biatui  in  animo  meo  uiium  esse  e  duobus,  aut  quiu 
tu  sis  Deus  et  desccuderis  de  cœlo  ut  baec  facias , 


soit  bénite ,  puisqu'elle  a  été  bénie  publi- 
quement de  la  bouche  du  Seigneur,  par  ses 
disciples,  qui  sont  nos  apôtres  ;  car  le  roi 
Abgarus,  qui  l'a  rétablie,  a  envoyé  et  daigné 
recevoir  le  Christ,  Maître  et  Sauveur  de 
tous,  et  Jésus-Christ,  admirant  sa  foi,  bénit 
cette  ville  par  les  anges  éternels  qu'il  avait 
envoyés,  affermissant  parla  les  fondements 
de  cette  ville  qui  doit  durer  éternellement. 
Que  cette  bénédiction  subsiste  donc  jusqu'à 
ce  que  Jésus-Christ  paraisse.  » 
Procope  [De  bello  Persico^  lib.  u)  rapporte 

Îu'Absare,  tourmenté  par  la  goutte,  ayant 
puise  tout  l'art  des  médecins,  pria  Jésus- 
Cnrist,  dont  il  avait  entendu  parler  h  quel- 
ques étrangers  qui  étaient  venus  à  Edesse,  de 
quitter  l'ingrale  Judée  et  de  se  retirer  chez 
lui.  Le  Sauveur  refusa  cette  retraite ,.  mais 
il  guérit  le  malade.  «  On  a  ajouté ,  »  dit 
Procope,  «que  la  ville  ne  pourrait  jamais 
être  prise  par  les  Barbares.  »  Mais  ceux  qui 
ont  écrit  Tnistoire  de  ce  temps-là  ont  ignoré 
cette  aventure  ;  les  habitants  d'Edesse  pu- 
blient que  cela  est  contenu  dans  les  lettres 
de  Jésus-Christ ,  et  ils  ont  afGché  ces  lettres 
aux  portes  de  la  ville  au  lieu  de  toute  autre 
fortification.» 

L'historien  grec,  Georges  Cédrène,  qui  écri- 
vait au XII*  siècle,  nous  apprend  qu'onlpréten- 
dait  posséder  à  Constantinople,  sous  le  règne 
de  Tempereur  Michel  le  Paphiagonien,  vers 
l'an  1035,  Toriginal  de  la  lettre  du  Sauveur^ 
et  qu'on  l'y  conservait  avec  vénération. 
{Voy.  son  Compendium  historiarum  ab  orbe^ 
condito,  orrcpce;  Paris,  IGA»?,  in-fol.,  ou  Bonn, 
1838,  in-S'.) 

Dom  Ceillier  {Histoire  des  auteurs  ecclésiasr 
tiques^  t.  I,  p.  476)  a  réuni  les  preuves  qui 
établissent  la  supposition  de  ces  lettres. 
Voici  les  principales  :  les  évangélistes  n'ont 
fait  aucune  mention  de  l'ambassade  d'Ab- 

5 are;  on  a  peine  h  concevoir  comment  ces 
eux  lettres  sont  restées  ensevelies  dans 
l'oubli  pendant  trois  siècles  entiers.  Quand 
elles  parurent ,  au  commencement  du  iv* 
siècle,  elles  ne  trouvèrent  croyance  pres- 
que auprès  de  personne.  Saint  Jérôme ,  qui 
les  avait  lues  dans  Eiisèbe,  n'y  ajouta  point 
de  foi,  puisqu'il  a  affirmé  que  Jésus-Christ 
n'avait  rien  écrit  par  lui-même  (7).  Saint 
Augustin,  dans  son  ouvrage  contre  Fauste, 
rejette  une  autre  lettre  attribuée  au  Sauveur, 

{»ar,Ifl  raison  que  si  elle  était  authentique, 
es  apôtres  et  ceux  qui  leur  ont  succédé  dans 
le  ministère  ecclésiastique  en  auraient  sans 
doute  eu  connaissance  et  en  auraient  parlé 
dans  leurs  écrits  (8). 

aut  quod  Filius  Dei  sis  qui  haec  facis.  Propterea 
er(|0  scribens  rogaverlm  te  ut  digneris  usque  ad  me 
faiigari  et  aegritudinem  meain,  qua  jam  diu  laboro, 
curare.  Nain  et  ilUid  comperi,  quod  Judael  murmu- 
rant adversum  te,  et  volunt  libi  insidiari.  Est  autem 
civitas  miht  parva  quidem,  sed  honesla,  quae  suHl- 
ciat  utrisque.  i 

(7)  4  Salvator  nulium  voiumen  doclrinae  suae  pro- 
prium  dereliquit,  quod  in  pterisque  apocryphorua 
delirameni»  confingunl.  »  (fn  cap,  xliv  Ezechielis,) 

(8)  f  Si  enim  prolaUe  fuertnt  aliquse  littene  qu» 
uullo  alio  narrante  ipsius  proprie  Christi  esse  di- 


DICTIOMNAIRB 

Le  saraDt  BénédictiD  que  nous  venonii  de 
cUer,  observe  que  les  actes  qu*Eusèbe a  tirés 
des  archives  d'Èdesse  sont  sans  authenticité. 
On  y  donne  à  saint  Thomas  le  surnom  de 
Judas,  et  kThadée  la  qualité  d*apôtre.  Or 
Thomas  ne  fut  jamais  surnommé  Judas ,  ni 
Thadéedu  nombre  des  apôtres,  et  dans  le 
temps  que  les  douze  apôtres  étaient  encore 
en  vie»  on  ne  voit  point  que  Ton  ait  com- 
muniqué leur  Qualité  à  leurs  disciples»  ni 
môme  à  ceux  au  Sauveur.  11  v  est  dit  que 
saint  Thomas  envoya  Thadée  a  Edesse,  et 
que  Thadée  alla  d*abord  chez  un  nommé  To- 
uie,  d*où  il  ne  se  rendit  chez  Abgare  que 
quand  ce  roi  Teut  fait  venir;  ce  qui  ne 
s'accorde  point  aven  la  prétendue  lettre 
de  Jésus-Christ  à  Abgare,  selon  laquelle 
le  Sauveur  devait  envover  lui-même  un  do 
ses  disciples ,  avec  ordre  d'aller  droit  à  la 
cour  se  présenter  au  prince,  et  non  à  Tobie, 
fils  de  ce  prince.  On  présente  le  petit  roi 
d'Edesse  comme  un  fanfaron  qui,  avec  une 
poignée  de  troupes,  forme  le  proietde  faire  la 

Suerre  aux  Juifs,  de  détruire  Jérusalem  et 
'exterminer  les  habitants.La  date  de  ces  actes 
en  fait  voir  la  fausseté.  Il  y  est  dit  que  la  con- 
version d'Abgare  et  de  son  royume  se  fit  par 
Thadée,  l'an  3M  de  l'ère  des  Esséniens  qui, 
selon  Eusèbe,  était  la  même  que  celle  des  Se- 
leucides,  et  commençait  k  la  117*  olympiade, 
Or  cette  année  était  précisément  la 29 'ou  30* 
de  rdre  chrétienne,  en  laquelle  Jésus-Christ 
n'ayant  pas  encore  commencé  k  prêcher ,  ne 
pouvait  être  connu  d'Abgare  (9). 

Le  P.  Noël  Alexandre,  dans  son  Histoire 
feelésioêtiaue  9  le  cardinal  Bellarmin,  N.  Ri- 
gault  9  Adrien  Baillet ,  et  bien  d'autres 
auteurs  partagent  aussi  l'opinion  qui  range 
toute  cette  correspondance  au  nombre  des 
écrits  apocryphes. 

Valois  {Noie  sur  Eusibe ,  1. 1,  ch.  13,  t.  1, 
p.  27)  regarde  comme  téméraire  de  s'em- 
presser de  rejeter  un  écrit  qui  ne  lui  parait 
pointindigne  d'êtreattribuéau  Sauveur,etqui 
remonte  k  l'antiquité  la  plus  respectable.  Il 
cite  un  écrivain  protestant,Pearson,qui  a  dit  : 
Egovero  Eusebium  tanta  diligeniiOitanioque 
judicio  in  examinandis  Ckrisiianorum  pri- 
tnœvœ  an$iquitati$  seriptia ,  m  guibus  tradi- 
tionem  ajfostolieam  coniineri  arbitratus  est , 
usum  fuisse  çontendOf  ui  nemo  unquam  de 
9jus  fide  aut  de  scripiis  quœ  ille  pro  indubù 
Mis  habuii  postea^  dubitaverii. 

Un  savantallemand,  que  nous  avons  sou- 
vent  mentionné,  Thilo,  avait  l'iuleution  de 
placer  la  lettre  d'Abgare  dans  la  collection 
des  apocryphes  du  Nouveau  Testament  qu'il 
voulait  mettre  au  jour,  et  dont  il  n'a  pu  pu- 


DES  APOCRYPHES. 


U 


blier  que  le  premier  volume.  11  avait  colla* 
lionne  dans  ce  but  les  textes  que  présentent 
les  manuscrits  grecs,  n*  950  et  z315,  de  la  Bi- 
bliothèque impériale  de  Paris,  tous  deux  du 
XII*  siècle.  Les  manuscrits  latins  de  la  mémo 
bibliothèque,  1652,  2688,  3159,  6041,  offrent 
une  rédaction  qui  diffère  parfois  de  celle  que 
donne  la  traduction  d'Eusèbe  par  Ruiln.  Les 
traductions  arabes,  syriaques  et  arménien* 
nés  pourraient  aussi  être  consultées  ave^ 
profit 

Une  ancienne  tradition  rapporte  que  le 
Sauveur,  touché  de  la  foi  d'Abgare,  lui  en- 
voya son  portrait.  Cette  tradition  est  racontée 
par  Nicéphore  IHisi.  eceles.^  1.  ii,  ch.  7); 
elle  relate  que  le  Sauveur,  pour  récompen- 
ser le  zèle  du  roi  d'Edesse,  appliqua  sur  son 
visage  un  morceau  d'étoffe,  et  obtintainsi  uo 

fortraitd'une  ressemblance  parfaite;  un  roi  de 
erse  en  fit  faire  une  copie.  Divers  auteurs 
anciens  ont  raconté  les  mêmes  circonstances  » 
aujourd'hui  regardées  comme  très-suspectes; 
Grotius  les  a  défendues  dans  son  Syniagma 
de  imaginibus  nou  tnanufactis^  imprimé  à  Pa« 
ris  en  16tô,  avec  le  traité  de  Georges  Codi- 
nus  Curopaldte  :  De  officiis  magnœ  ecclesiœ 
et  aulœ  Constantinopotuanœ  ;  mais  il  a  trou- 
vé bien  des  contradicteurs.  On  peut  consul* 
ter  d'ailleurs  VHistoire  ecclésiastique  de 
Fleury,  livre  iv;on  y  trouvera  un* extrait 
d'un  discours  de  l'empereur  Constantin  Por- 
phyrogenète,  lequel  raconte  que  la  puissance 
de  cette  image  miraculeuse  lorça  les  Perses 
h  lever  le  siège  d'Edesse,  et  que  l'empereur 
Romain  Lécapène,  obtint  enfin  qu'elle  lui 
fût  cédée  en  échange  de  grands  avantages 
qu'il  accorda  aux  Musulmans,  devenus  ies 
maîtres  d'Edesse;  l'image  apportée  à  Cons- 
tantinople  y  arriva  le  16  août  9kk. 

Les  écrivains  du  moyen  Age  n'ont  pas  ou- 
blié de  parler  de  la  prétendue  image  du  Sau- 
veur conservée  à  Edesse,  ei  de  raconter  à  ce 
sujet  des  circonstances  apocryphes.  Selon 
eux,  aucun  hérétique,  aucun  païen,  aucun 
idolâtre,  aucun  Juii  ne  saurait  vivre  dans  la 
ville  d'Edesse,  à  cause  du  portrait  de  Jésus- 
Christ,  qui  sy  trouve.  Les  Barbares  ne  peu- 
vent jamais  entrer  dans  cette  cité;  car,  lors- 
qu'une armée  ennemie  s'en  approche,  un 
enfant  y  [ayant  son  innocence,  se  place  au- 
dessus  de  la  porte  de  la  ville ,  et  lit  la 
lettre  du  Sauveur  adressée  au  roi  Abgare,  et 
aussitôt  les  Barbares,  saisis  d'effroi,  s'en- 
fuient comme  des  femmes.  (  Voy.  les  recueils 
si  répandus  au  moyen  Age  sous  le  titre  de 
Gesta  Romanorunif  thap.  154;  Gervais  de 
Tilbury,  Olia  tmpera/ia,  I.  lu,  c.  26.) 
Toutceciest  d'ailleurs  formellement  réfuté 


1820,  1"  cahier.  En  fait  de  travaux  ua  peu  su* 
rannés  meniioimons  la  Bibliothèque  allemûndet 
47i8,  L  XYlli,  p.  fO.  et  U  Bibliothèque  italienne, 
1757.  t.  Xlll,  p.  \%i. 

episcopis  usque  ad  li»c  tempera  propagata  dila* 
taiur...  quiii  et  illae  liiiere  si  prorerretilur,  ulique 
coubiderandum  erai  a  quibus  proferreniur,  ai  ab 
ipso,  îllis  primiius  sioe  dubio  proferri  polueninl 
qui  tuuc  eidem  cobarrebani  et  p«r  illoê  eiiaro  ad 
alioi  perveiiire.  Quod  si  înciiim  esset  pcr  illoh  quas 


comroeiDoravi  praepositorum  ei  populorum  succès- 
aioiies  conarmati^isiinx  auctoriiate  claresoereiit.i 
{Contro  Fatulum,  lib.  xivui,  c.  4.) 

J^)  On  peul  aussi  consulier  k  cet  écard  les  An- 
es de  philoêophU  chrétienne,  I.  Ylll,  p.  366, 
569,  et  le  Manuel  d'iconoaraphie  chrétienne  de 
M.  DIdron,  1845 ,  in-8S  p.  12.  En  1819,  un  savant 
allemand  soutint  dans  le  Morqenhtatt^  n«1tO,  l*au- 
theoticilé  dta  deux  leures  dont  il  s*atii;  il  fut  c«>m- 
baitu  par    Roebr  *    Kritiiche  Prediffcrbibliotheà , 


«5 


ÂBG 


PART.  i:i.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ABG 


26 


par  ]'as5ériion  de  saini  Augustin  qui  consialè 
que  de  son  temps  on  ne  possédait  aucune 
image  réelle  du  Sauveur  :  Qua  fuerit  ille  facie 
nonpenitus  ignoramus..,  nam  et  ipsius  DomU 
nicœ  faciès  camis  immemorabilium  cogitatio- 
num  diversUale  variaiur  et  fingitur^  quœ  lamen 
una  eratf  quœcunaue  erat.  {De  Trinitate^ 
lib.  vui,  c.  &,  5.)  M.  Raoul-Rocbette (Z^tscour^ 
sur  Fart,  du  christianisme^  p.  15),  donne  le 
dessin d*une  monnaie  gnostique  sur  laquelle 
est  gravée  la  figure  de  Jésus,  dessin  qui  sert 
de  irontispice  à  son  livre. 

Emeric-Oavid  {Histoire  de  la  peinture  au 
moyen  Age^  1842,  in-12,  p.  23)  parle  des  ima- 
ges archeiropoletes^  c'est-à-dire  faites  sans 
la  participation  de  la  main  des  hommes;  il 
s'exprime  ainsi  sur  le  portrait  envoyé  à  Ab- 
gare  selon  la  tradition.  «Ce  portrait  fut,  dit- 
on,  transporté  d'Edesse  à  Constantinople  sous 
le  règne  de  Constantin  le  Porphyrogénète, 
et  ce  prince  assure  que  Abgare  Tavait  fait  col- 
ler sur  bois.  On  croit  le  posséder  h  Rome  dans 
l*égHse  de  San  Silvestre  in  capite.  Il  est  gravé 
dans  l'histoire  de  cette  église  publiée  par 
Carletti.  Les  formes  du  nez  ont  un  assez  bon 
caractère,  mais  les  yeux  sont  ronds,  les  sour- 
cils très-arqués,  l'ensemble  manque  de  crrâce 
et  de  noblesse.  » 

Il  existe  un  ouvrage  apocryphe  que  nous 
insérerons  plus  loin  et  qui,  attribué  à  saint 
Jean  l'Evangeliste,  renferme  un  récit  du  pas^ 
sage  {de  transitu)  de  la  bienheureuse  Vierge 
Marie;  il  contient  une  pièce  qui  montre  que 
de  prétendues  lettres  d  Abgare  s'étaient  ré- 
pandues chez  les  fidèles  il  y  a  bien  des  siè- 
cles; celle-ci  est  adressée  au  roi  Tibère  et 
elle  annonce  qu'un  des  soixante-douze  dis* 
ciples  du  Sauveur  s'étant  rendu  à  Edesse,  y 
a  prêché  l'Evangile  et  y  a  opéré  de  grands 
miracles;  Abgare  irrité  contre  les  Juifs  qui 
se  sont  conduits  è  l'égard  de  Jésus  d'une 
manière  aussi  injuste  que  cruelle,  a  d'abord 
eu  le  projet  de  marcher  contre  eux  et  de  les 
châtier,  mais  pensant  ensuite  que  c'était  plu- 
tôt à  Tibère  que  revenait  le  soin  de  tirer  du 
peuple  déicide  une  pareille  vengeance,  il  s'en 
remet  à  cet  égard  à  ce  que  fera  le  souverain 
des  Romains.  (10) 


Louis  de  Dieu,  dans  les  notés  qu'il  a  jointes 
à  YHistoria  Christi  Persice  scriptà  par  le 
P.  Xavier,  (ouvrage  dont  nous  reparlerons), 
rapporte,  p.  612,  une  rédaction  un  peu  diffé- 
rente de  la  lettre  du  Sauveur  à  Abjçare,  d'après 
un  manuscrit  arabe  de  la  bibliothèque  de 
Leyde. 

«  Lettre  de  Notre-Seigneur  Jésus- Christ 
à  Abgare,  roi  d^ Edesse,  qu'il  envoya  disant: 
«Moi,  Jésus-Chrisl,Fils  de  Dieu  vivant  et  éter- 
nel, è  Abgare,  roi  dans  la  ville  d'Edesse. 
Paix  avec  toi.  Je  te  le  dis:  tu  es  heureux,  et 
bienheureuse  est  ta  ville  qui  s'appelle  Edesse, 
de  ce  que,  ne  m'ayant  pas  vu,  tu  as  cru  en 
moi.  Tu  es  h  jamais  heureux,  ainsi  que  ton 
peuple;  la  paix  et  la  charité  se  multiplieront 
en  ta  cité  et  une  foi  sincère  en  moi  y  brillera, 
et  la  science  sera  dans  ses  places.  Moi,  Jésus- 
Christ,  roi  du  ciel,  je  suis  venu  sur  la  terre 
afin  de  sauver  Adam  et  Eve  et  leur  race.»  Et 
il  lui  envoya  sept  sentences  en  grec.  Premiè- 
rement: «  je  me  soumets  volontairement  aux 
souffrances  delà  passion  et  à  la  croix.  «Secon- 
dement: «  je  ne  suis  pas  simplement  un 
homme,  mais  un  Dieu  parfait  et  un  homme 
parfait.  »  Troisièmement:*  j'ai  été  enlevé 
vers  les  Séraphins.  »  Quatrièmement:  a  je 
suis  éternel,  et  il  n'y  a  pas  d'autre  Dieu  que 
moi.  »  Cinquièmement  :  «i  je  suis  devenu  le 
Sauveur  des  hommes.  »  Sixièmement:  «  à 
cause  de  mon  amour  pour  l'hoiume.  »»  Sep- 
tièmement :«  je  vis  en  tout  temps,  toujours 
et  éternellement.  » 

t  LeSeigneur  envoya  celte  lettre  et  il  l'écrivit 
de  sa  main  et  il  l'envoya  disant:  «  J'ai  ordonné 

3ue  tu  fusses  guéri  et  délivré  de  les  mala- 
ies et  de  tes  souffrances  et  de  tes  infirmités, 
et  quêtes  péchés  te  soient  remis.  Et  en  tout 
lieu  que  tu  placeras  cette  lettre,  la  puissance 
des  armées  ennemies  ne  pourra  prévaloir  ni 
te  renverser,  et  ta  ville  sera  à  jamais  bénie 
à  cause  de  toi.  »  Ce  sont  les  sept  sentences, 
que  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  envoya  à 
Abgare,  roi  d'Edesse  au  sujet  de  sa  divinité 
et  de  son  humanité,  et  comment  il  est  Dieu 
parlait  et  homme  parfait.  A  lui  soit  à  jamais 
la  louange.  » 


cantur  ;  iinde  fieri  poterat,  ut  si  vere  ipsîus  essent, 
iioD  legeireniur,  noo  accipercntur,  non  pra^cipuo 
culmine  auctoriialis  eminerent  in  ejus  Ecclesia , 
ma»  ab  ipso  per  apostolos  succedenlibus  sibimet 

(iO)  Nous  croyons  à  propos  de  placer  ici  la  ira* 
ducUou  laline  que  M.  Enger,  rédlleiir  de  Touyrage 
apocryphe  donl  il  est  question  ,  a  faite  d*apiès  un 
texie  arabe  : 

f  Apud  nos  est  discipulus  qui  unum  se  e  septua- 
gînia  dnobus  Chrisli  discipulus  esse  perhibel ,  et 
muUomni  hominum  inorîios  sanavll ,  ac  signa  mira- 
bilia  fecii  in  nomine  bujus  (Ihristi  ;  exbiruiilque 
Ecclesiam,  muttique  ei  ndem  dederunt.  ei  nie 
docoeraul,  quis  nunc  fueril  hic  Cbristus,  et 
quae  apod  vos  roiracuU  perpétra verit ,  ita  ut  amor 
ejus  in  cor  meum  incideret  ;  et  eum ,  cum  apud 
me  vel  in  mea  diiione  esseï,  vidisse  opiarem , 
H  magnum  deloreoi  cepi  ex  eo  quod  iudaei  eo 


fecerunt,  et  quod  in  cruccm  adegerunt,  etsi  nnl- 
iam  contra  eum  causam  quae  id  posiularet  inve- 
nlebant,  quanqiiam  inter  eos  miracula  etroulia  lK)na 
perpetravil.  £t  euro  omnibus  sociis  Hierosulyni»& 
prolectus  sum ,  ut  eas  vastarem ,  quique  ibi  sunl 
Judasos  omnes  interûcerero ,  ut  ter  ab  eis  vindic- 
lam  sumeres.  Sed  cum  expedilio  paraia  esseï,  co- 
gitatio  mibi  in  aiiinioorta  est,  wrebarque  ne,  Tiberi 
rex,  mihi  irasceris,  et  belluui  inter  no»  orirelur, 
quare  bonum  ceiisui,  ut  a  j  te  soi  ibens,  te  inlerro- 

Jarem,  qnemadmodura  inter  reges  fieri  (as  est,  ut 
udaios  pro  me  punires  et  ab  eis  vindictaro  sumeres 
propter  quae  ei  fecerunt.  Nam  si  ut  scivisses  ante- 
quam  cruci  adigeretur,  res  longe  aliter  cecidissel  ; 
et  te  latet,  cur  id  quod  tibi  dixi  susceperlm  ;  pne-^ 
feroque  bac  in  re,  te  volo  meo  saiisfacere  et  pœnaa 
sumendo  id  ad  quod  ego  paratus  eram ,  perliceie» 
Id  conQduet  ob  id  tibi  graiias  ago. » 


«7 


MCTIONNÂIRE  DES  APOCRYPHES. 


28 


ABRAHAiM. 


Les  livres  attribués  a  ce  patriarche  et  meo- 
tionnés  par  d*anciens  auteurs  sont  des  pro- 
ductions supposées,  aujourd'hui  perdues  et  à 
regard  desquelles  on  manque  de  renseigne- 
ments précis;  nous  les  indiquerons  succinc- 
tement. 

Livre  de  Vidolâtrie  attribué  à  Abraham,  — 
Il  est  cité  dans  le  Taimud  de  Babylone/traité 
Aboda-Zara,  chap.  i ,  fol.  Ifc  verso. 

TEXTE. 

:  p-ic«pn 

Tradttction  littérale.  —  «  Rab  Hisda  dit  à 
Abimi  :  Nous  savons  par  la  tradition  que  le 
traité  d*idolâtrie  d'Abraham  ,  notre  père , 
contenait  quatre  cents  chapitres  ;  et  nous 
en  avons  appris  cinq,  sans  comprendre  ce 

3u*ils  disent  (c'est-à-dire  sans  les  compren- 
re).  » 

Psaumes  attribués  à  Abraham.  —  D'après 
le  rabbin  Salomon  (ad  locum  in  Rata  Bathra^ 
cap.  i),  David  écrivit  1*^  livre  des  Psaumes 

fier  la  main  de  dix  patriarches  ,  en  répétant 
es  paroles  dont  ils  s'étaient  servis  avant 
lui.  C'est  ainsi  qu'Abraham  se  trouve  l'au- 
teur du  psaume  lxxxix  qui  commence 
ainsi  :  «  Je  chanterai  éternellement  les  misé- 
ricordes du  Seigneur.»Fabricius  observe  que 
divers  auteurs,  notamment  Salomon  van  Til 
{De  musica  Hebrœorum  »  1.  ii,  c.  2),  ont  pensé 


que  le  psaume  Lxxiviii,c|ui  porte  le  nom 
d'Heman  en  Etian  ,  pouvait  être  d'Abraham  ; 
mais  cette  opinion  est  d'autant  moins  soute- 
nable  qu'Heman  est  un  personnage  contem- 
porain de  David,  et  mentionné  dans  le  I" 
Livre  des  Rois  (ch.  iv,  31),  ainsi  que  dans 
les  Paralipomènes  (1.  i,  ch.  ii,  v.  6).  Aboa 
£sra  suppose  sans  preuve  que  ce  jtsaume 
est  l'œuvre  d'Elieser ,  le  serviteur  d'Abra- 
ham. 

Apocalypse  d'il&raAam.— L'existence  de  ee 
livre  est  constatée  par  saint  Epiphane  qui*  en 
parlant  des  Sethieus  {hœres.  39) ,  dit  qu'ils 
ont  attribué  à  divers  patriarches  des  produc- 
tions apocrvphes  et  au'ils  ont  mis  .sous  le 
nom  d'Abraham  une  Apocalypse  remplie  de 
toute  méchanceté  («  lihros  etiam  certos  cou- 
scrisperunt  sub  nominibus  magnorum  errorum 
ut  Sethi...  alium  item  sub  Abrahami  nomine^ 
quem  et  pro  Apocalypsi  venditantf  omnine- 
quitia  refertum. 

Origène  mentionne  un  écrit  où  il  était 
question  des  anges  et  des  démons  se  dispu- 
tant au  suiet  du  salut  d'Abraham  et  voulant 
les  uns  et  les  autres  rester  en  possession  de 
ce  patriarche  (11);  mais  on  ignore  si  cet 
ouvrage ,  où  se  trouvent  les  rêveries  du  ju- 
daïsme, est  le  même  que  VApocalypse  d  A- 
braham. 

Prières  contre  les  pies  qui  mangeaient  les 
semences  des  terres  des  Chaldéens ,  attribuées 
à  Abraham, 

Le  livre  Zohar  (12). 


(11)  c  Legimus  (si  tamen  oui  placet  hujuscemodi 
scripluram  recipere)  juslitiae  et  uniqiiiutis  angelos 
super  Abrahae  sainte  et  interitu  disceptantes ,  dum 
ulraque  ttirma  siio  eum  Yoliint  cœliti  vin»iicare.  i 

(12)  Le  livre  Zohar  (Ere  de  la  lumière)  a  été  si- 
gnalé, mais  à  tort,  comme  ayant  été  composé  par  le 
rabbin  Siméon,  fils  de  Jocbai  vers  Tan  liO  de  notre 
ère  {*)  ;  c*est  une  explication  cabalistique  du  Peu- 
tateuque.  Le  texte,  tel  qu'il  est  parvenu  jusqu'à 
nous ,  est  rempli  d'interpolations  ;  il  a  été  inséré 
avec  une  traduction  latine  dans  le  volumineux  ou- 
vrage de  Knorr  de  Rosenroth,  Kabbala  deniidata* 
(Sulzbacli,  1677M684,  4  vol.  in-4*.) 

Il  existe  aussi  plusieurs  éditions  séparées  ;  nous 
en  citerons  deux  :  Zohar  $eu  Sepher  Huzohar^  liber 
splendoris,  seu  comment,  antiq,  Pentaieuchum  my<- 
tic.  et  cubbalist.^t  Cremonae,  1559,  in-folio;  Zohar ^ 
id  est  splendor^  Mantu»,  1560,  3  vol.  in4*. 
Le  livre  des  soixante-dix  ordonnances  du  Zohar, ^.^ 
Explication  du  livre  appelé  Zohar ^  par  Hierakbe- 
miel  de  Gracovie,  Amsterdam,  1685,  in-folio  (ea 


hébreu). 

Spécimen  anliquitatum  Hebraicarum ,  ex  Ubro 
Sohar^  auctore  Chr.  Scbvellirenio,  Dnesdx,  1750, 
in-4'. 

P.  H.  Joël.  Die  lieligions  philosophie  der  Sohars^ 
Leipzig,  1849,  in  8*. 

Consultez  Wolf,  Bibliotheca  Hebraica^  tom.  I, 
pag.  1154-1 U4;  tom.  111,  pag.  1UMU8;  Brucker, 
niit,  criu  philosophiœ^  tom.  Il,  pag.  711  ;  Franck, 
la  Cabbale,  Voici  en  quels  termes  ce  dernier  écri- 
vain apprécie  Touvrage  dont  nous  parlons  :  c  Le 
Zohar  est  le  code  universel  de  la  Cabbale  ;  sous  la 
forme  modeste  d'un  commentaire  sur  le  Pentateu- 
que,  il  toucbe  avec  une  entière  indépendance  à 
toutes  les  questions  de  l'ordre  spirituel  ;  quelquefois 
il  s'élève  à  des  doctrines  dont  la  plus  forte  intelli- 
gence pourrait  encore  se  glorifier  de  nos  jours, 
mais  il  est  loin  de  se  maintenir  toujours  à  cette 
hauteur.  Parfois  à  côté  de  la  mâle  simplicité  et  de 
l'enthousiasme  des  temps  bibliques,  des  faits,  des 
noms  nous  transportent  au  moyeu  âge.  > 


C)  R.  Siméon  ben-Tohhaïn*apas  rédigé  une  ligne.  Tout 
son  enseignemenl  fut  oral.  Ce  soûl  ses  disciples  qui  l'ont 
uiiS  par  écrit  peu  à  peu  pendant  un  long  espace  d'années, 
et  y  onl  ajouté  bf^aucoup  de  choses  nouvelles.  Le  Zohar 
mentionne  des  noms  de  pays  et  de  peuples  inconnus  en 
core  du  temps  de  Siméon.  Il  nomme  Mahomet. 

Rosenroth  est  une  autorité  peu  sûre.  Sa  version  est 
pleine  d^inexactitudes.  J'en  ai  relevé  de  curieuses  dans 
un  traviil  sur  le  Zohar,  Il  afUrme  que  le  Zohar  ne  men- 


tionne nulle  part  le  Taimud,  et  que  Ton  n'y  rencontre 
pas  d'attaques  contre  le  christianisme.  Deux  points  faux . 
Le  Zohar  cite  souvent  la  Mischna  et  la  Ghemara,  ainsi 
que  leurs  divisions  actuelles.  J'ai  cité  dans  mon  Harmonie 
entre  C  Eglise  ei  la  St/nagoque,  un  passage  du  Zohar,  qui 
est  un  blasphème  horrible  contre  notre  divin  Sauveur 
Jésus-Christ,  nommé  en  loutes  lettres. 

{NoU  de  M.  le  chevalier  I>rach.) 


ABR 


PART.  m.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ABR 


30 


Sepher  letxirahi  livre  de  la  création  et  de  la 
formation  des  choses.  —  Divers  rabbins  n'ont 

f»as  hésité  k  attribuer  cet  ouvrage  à  Abraham 
ui-roême;  il  en  existe  plusieurs  éditions; 
la  première  vitlejour  à  Mantoue,  1567,  in-4'; 
Ja  plus  complète  est  celle  d'Amsterdam,  1642. 
in4*;  elle  a  été  publiée  par  J.S.  Rittanselus, 
et  elle  est  accompagnée  des  notes  de  divers 
auteurs  juifs  et  de  celles  de  l'éditeur. 

Les  manuscrits  de  ce  livre  ne  sont  pas 
rares  et  ils  offrent  entre  eux  des  différences 
considérables.  Quelques  critiques  ont  pensé, 
non  sans  une  certaine  vraisemblance,  que 
cet  écrit  pourrait  bien  être  l'œuvre  du  fa- 
meux docteur  juif  Akiba ,  qui  fut  mis  à  mort 
lors  de  la  révolte  des  Juifs  contre  l'empereur 
Adrien.  M.  Hatter  {Histoire  du  gnoslicisme) 
regarde  cette  opinion  comme  fondée;  il  at- 
tribue à  Akiba  la  rédaction  du  Sepher  letzirah 
ainsi  que  celle  du  Zohar  d'après  d'an* 
ciennes  traditions.  L*un  et  l'autre  de  ces  ou- 
vrages ont  été  fort  altérés  et,  dans  le  cours 
des  siècles,  chargés  de  beaucoup  d'additions, 
mais  ils  renferment  souvent  des  doctrines 
antérieures  à  l'époque  où  ils  ont  été  com- 
posés. 

Fabricius  (Cod.  pseud.  fet.  Test.^  t.  I, 
p.  382)  a  pris  la  peine  de  reproduire  les  ju- 
gements que  quelques  écrivains  ont  portés 
de  celte  production  ;  il  cite  P.  Lambécius 
(Prodromus  Hist.  litterar.^  I.  i,  p.  52),  Bar- 
tolonius  {Biblioth.  rabbinica,  t.  1,  p.  15), 
Pianiavit  {Biblioth,  rabbinica],  Scipion  S^am- 
balas  qui  s'exprime  ainsi  {Archiv.  Vet.  Test,^ 
p.  93)  :  Finis  libri  est  docere  omnia  a  Deo 
emanare  quod  argumentum^  ab  eo  susceptum 
esse  dicunt  interprètes  in  eum  finem,  ut  thaï- 
dœos  oppugnaretf  a  quibus  alia  rerumprin- 
cipia  ponebantur,  R.  Abraham  ben  Dier  ait , 
hujas  libri  partes  esse  très;  primam^  quœ  agit 
de  mundo:  secundum  quœ  de  motu  et  tempore; 
tertiam^  quœ  de  anima. 

On  nous  saura  gré  sans  doute  d'insérer 
ici  le  jugement  qu'un  membre  de  l'insiitut, 
M.  Franck,  a  porté  sur  la  production  qui 
nous  occcupe  dans  le  Dictionnaire  des  scien- 
ces philosophiques ^  tom.  111 ,  p.  38<^. 

«  Le  Sepher  letzirah  est  une  espèce  de 
monologue  placé  dans  la  bouche  d'Abraham, 
et  où  nous  apprenons  comment  le  père  des 
Hébreux  a  dû  comprendre  la  nature  pour  se 
convertir  à  la  croyance  du  vrai  ^Dieu.  Cette 
bixarre  composition  ne  renferme  que  quel- 
ques4>ages  écrites  d'un  style  énigmatique  et 
sentencieux  comme  celui  des  oracles;  mais 
sous  cette  obscurité  étudiée  et  à  travers  le 
voile  de  ralléKorie,' elle  nous  laisse  aperce- 
voir l'idée  mère  de  la  Kabbale.  Elle  nous 
montre  tous  les  êtres,  tant  les  esprits  que 
les  corps,  tant  les  anges  que  les  éléments 
bruts  de  la  nature,  l'unité  sortant  par  degrés 
de  limite  incompréhensible,  qui  est  le  com- 
mencement et  la  fin  de  l'existence.  C'est  à 
ces  degrés  touiours  les  mêmes,  malgré  la 
variété  intioie  des  choses,  c'est  à  ces  formes 
immuables  de  l'être,  que  le  Sepher  letzirah 
dooue  le  nom  de  Sephiroths  ;  elles  sont  au 


nombre  de  dix.  La  première,  c'est  l'esprit 
du  Dieu,  vivant  en  la  sagesse  éternelle,  la 
sagesse  divine  identique  avec  le  Verbe  ou 
la  parole.  La  seconde,  c'est  le  souffle  qui 
vient  de  l'esprit,  ou  le  signe  matériel  de  la 

(censée  et  de  la  parole;  en  un  mot,  Tair  dans 
equel,  selon  l'expression  figurée  du  texte, 
ont  été  gravées  et  sculptées  les  lettres  de 
l'alphabet.  La  troisième ,  c'est  l'âme  ,  en- 
gendrée par  l'air,  comme  l'air  est  engendré 
par  la  voix  ou  par  la  parole,  l'Ame  éjaissie 
et  condensée,  produit  la  terre,  l'argile,  les 
ténèbres  et  les  éléments  les  plus  grossiers 
de  ce  monde.  La  quatrième  des  Sephiroths, 
c'est  le  feu  qui  est  la  partie  subtile  et  trans- 
parente de  1  Ame,  comme  la  terre  en  est  la 
partie  grossière  et  opaque.  Avec  le  feu,  Dieu 
a  construit  le  trône  de  sa  gloire,  les  roues 
célestes,  c'est-à-dire  les  globes  semés  dans 
l'espace,  les  séraphins  et  les  anges.  Avec 
tous  ces  éléments  réunis,  il  a  construit  son 
palais  et  son  temple  oui  n'est  autre  chose 

3ue  l'univers.  £oun,  les  quatre  points  car- 
inaux  et  les  deux  pôles  nous  représentent 
les  six  dernières  Sephiroths.  Le  monde, 
selon  le  Sepher  letzirah^  n'est  point  séparé 
de  son  principe,  et  les  derniers  degrés  de  la 
création  forment  un  seul  tout  avec  les  pre- 
miers.... La  conclusion  de  ce  livre,  c'est 
l'unité  élevée  au-dessus  de  tout  et  regardée 
à  la  fin  comme  la  substance  et  la  forme  des 
choses;  c'est  Dieu  considéré  comme  la  source 
commune  des  lettres  et  des  nombres  dont 
les  uns  nous  représentent  la  nature  des  let- 
tres, et  les  autres  leur  argument,  leurs  com- 
binaisons et  leurs  rapports;  c'est  enfin  le 
principe  de  l'incarnation  substitué  ouverte- 
ment a  celui  de  la  création.  » 

Dans  l'édition  d'Amsterdam ,  que  nous 
avons  sous  les  yeux,  \e  Sepher  letzirah  forme 
un  volume  de  208  pages;  à  côté  du  letzirah, 
texte  hébreu,  est  la  traduction  latine  en  re- 
gard. Nous  ne  prétendons  pas  donner  place 
ici  à  ces  rêveries  cabalistiques  sur  les  intel- 
ligences, les  vertus  des  lettres,  les  émana- 
tions; la  version  latine  est  fort  obscure; 
remplie  de  mots  hébreux,  elle  n'est  guère 
plus  facile  à  comprendre  que  Toriginal.  Il 
suffira  d'en  transcrire  un  passage  : 

Duœ  titterœ  œdificant  duas  domus^  très  œdi" 
ficant  sex  domos;  quatuor  œdificant  viginti  et 
quatuor  domos^  quinque  œdificant  centum  et 
Tiginti  domos^  sex  œdificant  720  domos.  Et 
exinde  et  ultra  egredere  et  cogita  mid  os  non 
potest  eloqui  nec  auris  audire.  Et  hœ  sunt 
septem  steilœ  in  mundo  :  Sol ,  Venus ,  Mercu- 
rius ,  Luna^  Satumus^  Jupiter^  Mars.  Et  hœ 
sunt  dies  in  anno^  septem  dies  creationis.  Et 
septem  portœ  in  anima^  ut  duo  ocu/i,  duœ 
aures  et  os  et  duo  foramina  narium.  Et  in 
illis  exsculpta  sunt  septem  echansa  et  septem 
terrœ  et  septem  horœ.  Et  propterea  dilexit 
septimum  in  omni  negotio  sub  cœlis.  (p.  20^.) 

Parmi  les  traditions  apocryphes  relatives 
à  Abraham ,  et  ayant  cours  parmi  les  Orien- 
taux, il  faut  signaler  celles  qui  le  représen- 
tent comme  ayant  été  jeté  dans  le  feu  par 
Nemrod  et  comme  en  ayant  été  miraculeu* 


SI 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


5â 


nemenC  préserré.  Voici  le  récit  de  ce,  miracle 
tel  que  le  fournit  la  Bibliothiaue  orientale  de 
d'Herbelot  (13)  : 

«  Nemrod,  fils  de  Chanaan»  qui  est  regardé 
comme  le  premier  roi  après  le  déluge,  rési- 
dait dans  la  ville  de  Babylone*  qu*il  avait  fait 
bâtir;  il  vit  en  songe  une  étoile  qui  avançait 
sur  Thorizon  et  dont  la  lumière  effaçait  celle 
du  soleil;  ayant  consulté  ses  devins  sur  Tex- 
plicaUon  de  ce  songe«  ils  lui  répondirent 
d'une  voix  unanime  qu'il  devait  naître  dans 
Babjlone  un  enfant  qui  deviendrait  en  peu 
de  temps  un  grand  prince»  et  qui  devait  être 
pour  Je  roi  un  grand  sujet  de  crainte,  quoi- 
qu'il ne  fût  pas  encore  engendré.  Nemrod, 
effrayé  de  cette  réponse,  ordonua  aussitôt 
que  les  hommes  fussent  séparés  de  leurs 
femmes,  et  il  établit  un  officier  de  dix  en 
dix  maisons  pour  les  empêcher  de  se  voir. 
Mais  Azar,  un  des  plus  grands  seigneurs  de 
la  cour  de  Nemrod  et  qui  était  son  gendre, 
trompa  ses  gardes  et  passa  une  nuit  avec  sa 
femme,  nommée  Adna.  Le  lendemain ,  les 
devins  qui  observaient  tous  les  mouvements 
des  astres,  vinrent  trouver  Nemrod  et  lui 
dirent  que  l'enfant  dont  il  était  menacé,  avait 
été  conçu  cette  même  nui4,  ce  qui  obligea 
ce  prince  à  ordonner  que  Ton  gardât  soi- 
gneusement toutes  les  femmes  enceintes  et 
que  l'on  fit  mourir  tous  les  enfants  mâles 
ciu'elles  mettraient  au  monde.  Adna,  qui  ne 
donnait  aucun  signe  de  grossesse,  ne  fut 
point  gardée,  de  sorte  qu'étant  près  d'accou- 
cher, elle  eut  la  commodité  d'aller  à  la  cam* 
!m^ne  pour  se  délivrer  de  son  fruit.  Elle  le 
it  dans  une  grotte  dont  elle  ferma  soigneu- 
sement l'entrée,  et  elle  revint  à  la  ville,  où 
elle  dit  à  son  mari  qu'elle  avait  mis  au 
inonde  un  enfant  qui  était  mort  aussitôt 
après  sa  naissance. 

«  Adna  cependant  allait  souvent  h  la  grotte 
pour  visiter  son  enfant  et  l'allaiter,  mais 
elle  le  trouva  toujours  suçant  le  bout  de  ses 
doigts,  dont  l'un  lui  fournissait  du  lait  ei 
]*antre  du  miel  ;  ce  miracle  la  surprit  extrè- 
moment  d'abord,  mais  son  étonnement  se 
changea  bientôt  en  un  excès  de  joie  lors- 
qu'elle considéra  que  la  Providence  prenait 
le  soin  de  nourrir  son  enfant,  et  quelle  ne 
devait  plus  en  être  en  peine;  cela  n  empêcha 
néanmoins  qu'elle  ne  le  vit  de  temps  en 
temps,  et  elle  s'aperçut  bientôt  qu'il  croissait 
autant  en  un  jour  que  les  autres  enfants  en 
un  mois.  Quinze  lunes  furent  è  peine  écou- 
lées que  ret  enfant  parut  un  jeune  garçon  de 
quin/.e  ans,  et  il  n  était  pas  encore  sorti  de 
la  ^rnite  qu'Adna  dit  h  Azar  que  cet  enfant 
dont  elle  était  accouchée  et  qu'elle  lui  avait 
dit  être  mort,  se  trouvait  plein  de  vie  et  qu*il 
était  d'une  beauté  parfaite.  ' 

«  Azar  se  transporta  aussitôt  è  la  grotte  et 
après  avoir  considéré  et  caressé  son  nls,  il  dit 

(15)  Fabricuis  oliserve  que  ce  récit  se  trouve 
flans  divers  auteurs;  il  cite  Hottinger,  Smegma 
orientaL,  1.  I,  c.  8,  p.  !29t  ;  A.  Mullcr,  ad  fragmen- 
tum  Âtati  lariari^  note  Hd;  Bocbirl,  Hieroxoieon^ 
t.  Il,  p.  673  ;  Chr.  Wagner,  ExtrcUtiiio  de  ilr  Chai- 


à  la  mère  qu'elle  le  fit  venir  à  la  ville,  parce 
qu'il  voulait  le  présenter  k  Nemrod  et  le  pla- 
cer à  la  cour.  Adna  alla  prendre  son  fils  vers 
le  soir  et  le  Qt  passer  par  une  prairie  où  pais- 
saient des  troupeaux  de  vaches,  de  chevaux, 
de  chameaux  et  de  moutons.  Abraham  qui 
n'avait  rien  vu  iusqu'alors  que  son  père  et 
que  sa  mère,  demandait  le  nom  de  toutes 
les  choses  qu'il  voyait,  et  Adna  l'instruisait 
des  noms,  des  qualités  et  des  usages  de  tous 
ces  animaux.  Abraham  lui  demanda  ensuite 
qui  était  celui  qui  avait  produit  toutes  ces 
espèces  différentes;  Adna  lui  répondit  :  il 
n'y  a  aucune  chose  en  ce  monde  qui  n*ait 
son  créateur  et  son  seisneur,  et  qui  ne  soit 
dans  sa  dépendance.  Abraham  lui  repartit 
aussitôt  :  Qui  est  donc  celui  qui  m'a  mis  au 


seigneui 

père,  repartit-elle.  Abraham  n'en  demeura 
pas  là  et  demanda  qui  était  le  seigneur 
d'Azar,  et  ayant  entendu  dire  que  c'était 
Nemrod,  il  voulut  savoir  quel  était  celui  de 
Nemrod  ;  mais  sa  mère ,  se  trouvant  trop 
pressée,  lui  dit  :  Il  ne  faut  pas,  mon  flls,  re- 
chercher les  choses  si  avant,  car  il  y  aurait 
du  danger  pour  toi.  » 

Il  y  avait  déjà  en  ce  temps  plusieurs  sortes 
d'idolâtres  dans  la  Chaldée,  oi^  régnait  Nem- 
rod. Les  uns  adoraient  le  soleil,  d'autres  la 
lune  et  les  étoiles,  d'autres  se  iirosternaieiit 
devant  des  statues  dans  lesquelles  ils  révé- 
raient quelques  divinités;  enOn,  il  y  en  avait 
qui  ne  reconnaissaient  d'autre  dieu  que 
Nemrod  lui-même.  Abraham  marchant  pen- 
dant la  nuit  de  sa  grotte  jusqu'à  la  ville,  vil 
AU  ciel  des  étoiles  et  entre  autres  celle  de 
Vénus  que  plusieurs  adoraient  et  il  dit  en 
lui-même  :  Voilà  peut-être  le  Dieu  et  le 
Seigneur  du  monde.  Mais  après  quelque 
temps  de  réflexion,  il  dit  en  lui-même  :  Je 
vois  que  cette  étoile  se  couche  et  disparaît  ; 
ce  n'est  donc  pas  ici  le  mettre  de  l'univers, 
car  il  ne  peut  pas  être  sujet  à  ce  change- 
ment. Il  considéra  ensuite  la  lune  en  son 
plein  et  il  dit  :  Voici  peut-être  le  Créateur 
de  toutes  choses,  et  par  conséquent  mon 
Seigneur.  Mais  l'ayant  vue  passer  sous  l'ho- 
rizon comme  les  autres  astres,  il  en  fit  le 
même  jugement  (^ue  de  la  planète  de  Vénus. 
Enfin,  ayant  ainsi  passé  le  reste  de  la  nuit  en 
considérations  et  en  réflexions,  il  se  trouva 
proche  de  Bat)ylone  au  lever  du  soleil  ;  alors 
il  vit  une  infinité  de  gens  qui  se  proster- 
naient et  qui  adoraient  cet  astre,  ce  ^ui  lui 
fit  dire  :  Voici  assurément  un  astre  merveil- 
leux, et  je  le  prendrai  assurément  pour  le 
Créateur  et  le  niattre  de  la  nature,  mais  je 
m'aperçois  qu'il  décline  et  qu'il  prend  la 
route  du  couchant  aussi  bien  que  les  autres; 
il  n'est  donc  pas  mon  Créateur,  ni  mon  Sei- 
gneur, ni  mon  Dieu. 

dœorum,  Leipzig,  1681. 

(U)  «lu  Talmodt'.  Bava  Batra  f.  91  a,  mater 
Abraliami  vocalur  Eroiolai  quae  lUia  fuerit  Cor. 
Nebo.  Wagfnscil,  Suta,  AUdorf,  1674,  p.  160.  > 

{Note  de  Fabncîu$,\ 


S8 


ABR 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ABR 


U 


tt  Lorsqu'Azar  présenta  son  fils  Abraham 
h  Nembrody  ce  prince  étail  assis  sur  un  trône 
fort  éleyé,  autour  duquel  un  grand  nom- 
bre d^esclaves  dçs  mieur  faits  de  Tun  et  de 
l'autre  sexe  étaient  placés  rhacun  en  son 
rang.  Abraham  demanda  aussitôt  à  son  père 
quel  était  ce  personnage  si  élevé  au-dess(]s 
des  autres  ;  il  lui  répondit  que  c'était  le  sei- 
gneur de  tous  ceux  qu'il  voyait  autour  de 
lui,  et  que  tous  ces  gens-là  reconnaissaient 
pour  leur  dieu.  Abraham,  considérant  Nem- 
rod  qui  était  fort  laid  de  visage,  dit  à  son 
père  :  «  Comment  se  peut-il  faire  que  celui 
que  tu  appelles  le  dieu  ait  fait  des  créa- 
tures plus  belles  que  lui,  puisqu'il  faut 
nécessairement  que  le  Créateur  ait  des 
perfections  beaucoup  plus  grandes  que 
celles  de  ses  créatures?»  Ce  fut  la  pre- 
mière occasion  qu'Abraham  prit  de  désa- 
buser son  père  de  l'idolâtrie  et  de  lui  prê- 
cher Tunite  de  Dieu  créateur  de  toutes  choses 
qui  lui  avait  été  révélée.  Ce  zèle  qu'il  témoi- 
gna d'abord  lui  attira  la  colère  de  son  père, 
et  le  jeta  ensuite  dans  de  grands  démêlés 
arec  les  principaux  de  la  cour  de  Nemrod, 
qui  refusaient  d'acquiescer  aux  vérités  qu'il 
leur  enseignait.  Le  bruit  de  ces  disputes 
éiaot  parvenu  jusqu'aux  oreilles  de  Nem- 
rod ,  ce  prince  superbe  et  cruel  le  fit  jeter 
dans  une  fournaise  ardente  d'où  il  sortit  sain 
et  sauf,  sans  avoir  reçu  la  moindre  atteinte 
du  feu.  » 

Parmi  les  nombreux  détails  fabuleux  que 
renferment,  au  sujet  d'Abraham,  les  écrits 
des  rabbins,  nous  en  mentionnerons  un 
d'après  Bartolocci  (Biblioiheca  rabbinica; 
Rom»,  t680-96, 5  vol.  in-folio,  t.  II,  p.  612.) 
—Quando  circumcUus  estpaler  nosterAbra^ 
ham^  die  tertio  cruciabatur  ivtenso  dolore 
ex  piaga  sua.  Quid  fecit  Beus  sanctus  bene" 
dictxAs?  Ut  lentaret  eum^  perforavit  foramen 
unum  inlra  gehennam  et  fervorem  œstumque 
invexit  in  mtitidum,  juosia  diem  impiorum, 
Exiit  ergo  Abraham,  {Gènes,  xviii.  i.)  ^  Et 
itdebat  prœ  foribus  tabernaculi,  »Dixit  Deus 
ianetus  benedictusangelisministerii  :  Descen- 
damus  etvisitemuê  infirmum.Dixitque{iterutn) 
angetis  :  Venite  et  videte  quanta  sit  virius 
circumcisionis  quandiu  enim  [Abraham)  non 
erat  cireumeisus^  cadebat  in  faciem^  et  tune 
ego  itlum  alloquebar^  nunc  vero  ex  quo  ctr- 
cumcisus  estt  ipse  sedet  et  ego  sto, 

Fabricius  est  entré,  à  l'égard  d'Abraham, 
eo  des  détails  étendus  dans  lesquels  nous  ne 
le  suivrons  pas  ;  ils  sont  étrangers  au  sujet 
que  nous  avons  en  vue;  nous  mentionne- 
rons seulement  les  titres  de  quelques-unes 
des  sections  de  la  dissertation  de  cet  érudit  : 

Abraham  Zoroasler.  Libri  a  Persis  et  Ara- 
oibus  ei  iributi;  Abraham  doctor  astrologiœ 


et  arithmeticœ;  anni  solaris  rectio  et  nomina 
duodecim  mensium  ab  Abrahamo  tradita; 
Abrahami  scriptum  de  astrologia  apoteles- 
matica  (15)  ;  Abrahamus  monitor  litterarum 
Chaldaicarum.*  Ab  angelis  edoctus  linguam 
Hebraicam  ;  Liber  de  magiœ  modis  ac  effectif 
bus.  (Ce  prétendu  livre  est  mentionné  par 
quelques  rabbins.  On  lit  dans  Nischmut 
chaym,  orat.  3,  c.  29;  Abraham^  pater  no- 
ster^  composuit  Massichtam^  in  quo  traditi 
erant  omnes  modi  magiœ^  et  effectuf  ejus  per 
potentiam  immundorumspirituum;)  Abrahami 
numi  et  reliquiœ;  Mysterium  nominis  Abra- 
hami, 

Les  légendes  bibliques  des  mahométans 
renferment,  touchant  Abraham,  des  récits 
fort  peu  connus;  nous  en  signalerons  quel- 
ques points  d'après  le  curieux  ouvrage  de 
M.  G.  Weil  :  Biblische  legenden  der  Musel- 
manner^  184-2,  in-J2. 

Les  Musulmans  prétendent  que  ce  no  fut 
point  Isaac,  mais  Ismaël  qu'Abraham  voulut 
sacrifier,  et  voici  comment  ils  défigurent  le 
récit  de  la  Genèse  : 

.    «  Lorsque  Ismaël  eut  atteint  l'âge  de  treize 
ans,  Abraham  entendit,  pendant  son  som« 
meil,  une  voix  qui  lui  disait  :  «  Sacrifie-moi 
ton  fils  Ismaël.  »  En  se  réveillant,  il  resta 
dans  le  doute  si  ce  songe  était  une  inspira- 
tion divine  ou  une  suggestion  de  Satan;  mais 
la  même  voix  s'étant  fait  entendre  une  se- 
conde fois,  il  n'osa  plus  différer.  Il  prit  donc 
un  couteau  et  une  corde,  et  il  dit  :  a  Ismaël, 
suis-moi.  »  Iblis,  voyant  cela,  dit  :  a  il  faut 
que  j'empêche  une  action  aussi  méritoire.» 
il  prit  donc  la  forme  d'un  homme,  il  alla 
vers  Açar,  et  lui  dit  :  «  Sais-tu  ot  Abraham 
est  allé  avec  son  fils?  »  Et  Agar  répondit  : 
a  II  est  allé  dans  la  forêt  pour  couper  du 
bois.  —  Ce  n'est  pas  vrai,  dit  Iblis;  il  veut 
tuer  ton  fils.  —  Comment  est-ce  possible? 
dit   Agar;  il  l'aime  autant  que  moi.  »  Et 
Iblis  répondit  :  «c  11  croit  que  Dieu  lui  en  a 
donné  l'ordre.  —  S'il  en  est  ainsi,  dit  Agar, 
il  doit  faire  ce  qu'il   ref^arde  comme  la  vo- 
lonté de  Dieu.   »  Et  Iblis   voyant  qu'il  ne 
pouvait  rien  auprès  d'Agar,  se  rendit  vers 
Ismaël,  et  dit  :  «  Sais-tu  à  quoi  doit  servir 
le  bois  que  tu  ramasses?  »  Ismaël  répondit  : 
«  C'est  pour  l'usage  de  la  maison.  —  Non,  » 
répliqua  Iblis,  o  ton  père  veut  te  sacrifier, 
parce    qu'il  a  rêvé  que  Dieu   le  lui  avait 
commandé.    —  Que  la   volonté    de  Dieu 
s'accomplisse   sur  moi,  »  dit  Ismaël.  Iblis 
s'approcha  alors  d'Abraham,  et  lui  dit  :  «  Où 
vas-tu?  —  Je  vais  couper  du  bois.— Et  dans 
quel   but?  »  Et  comme  Abraham  se  taisait, 
Iblis  continua  :  «  Je  sais  que  tu  veux  immo- 
ler  ton    fils  Ismaël,  parce  que  Iblis  le  la 
suggéré  pendant  aue  tu  dormais.  »  A  ces 


(15)  Voici,  à  cet  égard,  la  noie  de  Fabricius  : 
<  0|>os  asirologicttin  siib  Abrahami  nomiiie  videtur 
Kiuiii  esse  %  Vi^ilio  Valeiilî  Aiiliocheno  ms.,  et 
Jiilio  Firmico,  qui  ambo  inler  astiologos  scriptores 
fViosiriiB,  Necep5onem,Crilodeinuai  aliosque,  eliani 
Atirabami  menlionem  Tacium,  eumque  allegant.  Lau- 


dauir  etîam  sed  junior,  ni  fallor,  Abrsihamus  Ju  i;iMï> 
aslrologiis  ab  Albohazen  llaii.  »  (Abeiiiageli    F.   p 
400.  De   Vetii»  lehiimomo.    Vide    DfMiWilli    D  x. 
de  ^abulii  cœli ^  §5,  lu  Svkilegio  Grabiauo,  l.  I, 
p.  351.» 


35 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


mots,  Abraham  reconnut  Tesprit  malin»  et  il 
lui  jela  sept  pierres ,  en  disant  :  «  Eloigne- 
toi  de  moi 9  ennemi  de  Dieu;  je  te  traite 
selon  Tordre  du  Seigneur.  •  Satan  se  retira 
furieux,  et  se  présentant  de  nouveau  sur  une 
autre  forme»  il  chercha  encore  k  détourner 
Abraham  de  sa  résolution ,  mais  le  patriar- 
che le  reconnut  et  le  chassa  de  nouveau  en 
lui  jetant  sept  autres  pierres. 

«  Lorsqu'ils  furent  arrivés  à  Tendroit  où 
Isniaël  devait  être  immolé»  il  dit  à  Abraham  : 
«  Mon  père,  attache-moi  bien,  afin  que' je  ne 
remue  pas;  abaisse  mon  habit  pour  qu'il 
ne  soit  pas  teint  de  mon  sang  et  que  ma 
mère  ne  se  trouble  pas  en  le  voyant; 
plonge  ton  couteau  bien  fort,  afin  que  je 
meure  vite  et  sans  souffrance,  car  la  mort 
est  une  chose  dure.  Et  quand  tu  revien- 
dras, console  ma  mère.  »  Abraham  accom- 
plit en  pleurant  les  recommandations  de  son 
tils,  et  il  était  au  moment  de  le  frapper  lors- 
que les  portes  du  ciel  s'ouvrirent  et  les  an« 
ges  crièrent  :  «  Cet  homme  est  vraiment 
«Ji(jne  d'être  appelé  l'ami  de  Dieu.  »  Et  le 
Seigueur  mit  autour  du  cou  d'Ismaël  une 
plaque  invisible  en  cuivre»  de  sorte  qu'A- 
liraham  ne  put  Je  blesser,  malgré  tous  ses 
efforts.  Et  comme,  pour  la  troisième  fois,  il 
appliquait  son  couteau  sur  le  cou  d'Ismaël» 
il  entendit  une  voix  qui  lui  dit  :  <  Tu  as  ac- 
compli l'ordre  qui  t  avait  été  transmis  pen- 
dant que  tu  dormais.  »  Et  Abraham  leva 
les  yeux  et  il  vit  l'ange  Gabriel  qui  était  près 
de  lui;  il  tenait  un  beau  bélier,  et  il  dit  à 
Abraham  :  «  Immole  ce  bélier  en  remplace- 
ment de  ton  fils,  n  C'était  le  bélier  qu'Abel 
avait  sacrifié,  et  qui  depuis  avait  séjourné 
dans  le  paradis  (16). 

«  Abraham  revint  ensuite  en  Syrie  et 
Isuiaël  resta  auprès  de  sa  mère  parmi  les 
Amalécite»,  ei  il  prit  pour  femme  une  de 
leurs  filles.  Un  jour,  Abraham  voulut  aller 
le  voir;  il  était  à  la  chasse,  et  sa  femme 
seule  était  au  logis.  Abraham  la  salua,  mais 
ulle  ne  lui  rendit  pas  sa  salutation.  Il  lui  de- 
manda de  le  lOKer,  mais  elle  repoussa  sa 
demande;  il  voulut  boire  et  manger,  et  elle 
répondit  :  «  Je  n'ai  rien,  si  ce  n'est  de  la 
mauvaise  eau.  «Alors  Abraham  la  quitta,  et 
dit  :  «  Quand  ton  mari  reviendra,  salue  le 
de  ma  part,  et  dis-lui  qu'il  peut  changer 
les  poteaux  de  sa  maison.  » 

«  Lorsque Ismaël  revint  chezlui,il  demanda 
è  sa  femme  si  personne  n*était  venu  en  son 
absence;  elle  lui  dit  ce  qui  s'était  passé,  et 
elle  lui  fit  le  portrait  d'Abraham.  D'après 
cette  description,  Ismaël  reconnut  son  père, 
et  il  comprit,  d'après  ses  paroles,  qu'il  devait 
se  séparer  de  sa  femme,  ce  qu'il  fit  sur-le- 
champ.  Peu  de  temps  après»  les  Djorhami- 


des,  venant  des  régions  méridionales  de 
l'Arabie,  expulsèrent  les  Amalécites,  qui 
avaient,  par  leur  conduite  impie,  provoqué 
la  colère  du  Seigneur.  Ismaël  épousa  la  tille 
du  roi  des  1)jorhamides,  et  il  apprit  d'elle  la 
langue  arabe.  Abraham  vint  un  jour  auprès 
de  cette  femme,  et  lorsqu'il  l'eut  saluée,  elle 
lui  rendit  avec  empressement  son  salut,  elle 
se  tint  debout  devant  lui,  et  elle  lui  sou- 
haita la  bienvenue.  Et  lorsqu'il  lui  demanda 
comment  allait  son  ménage,  elle  répondit  : 
c  Très-bien ,  nous  avons  beaucoup  de  lait, 
de  l'excellente  viande  et  de  l'eau  douce.  — 
Avez  -  vous  aussi  du  grain?  ^  demanda 
Abraham.  Elle  répondit  :  «r  Nous  en  avons 
en  quantité,  et  de  la  meilleure  espèce.  — 
Que  le  Seigneur  vous  bénisse,  »  dit  Abra- 
ham, «  mais  je  ne  puis  m'arrèter.  »  Car  il 
avait  promis  a  Sara  qu'il  ne  retournerait  pas 
auprès  d'Agar.  «  Laisse-moi  du  moins  te 
laver  les  pieds,  »  dit  la  femme  d'ismaël, 
car  tu  es  tout  couvert  de  poussière.  »  Alors 
Abraham  étendit  le  pied  droit  et  ensuite  le 
gauche  sur  une  pierre  qui  était  au-devant 
de  la  maison  d'Ismaël,  et  il  se  laissa  laver. 
Et  l'on  voit  encore  les  traces  du  pied  d'A- 
braham. 

-t  «  Et  quand  le  patriarche  eut  lavé  ses  pieds, 
il  dit  :  «  Lorsque  Ismaël  reviendra,  tu  lui 
diras  :  «  Affermis  les  poleaux  de  ta  porte.  > 
Ismaël  étant  revenu,  sa  femme  lui  raconta 
qu'elle  avait  accueilli  un  étranger  et  elle  lui 
rapporta  ses  paroles.  Ismaël  lui  demanda  quel 
était  son  extérieur,  et,  d'après  la  description 
qu'elle  lui  fit,  il  reconnut  Abraham  ;  il  se 
réjouit  fort,  etil  dit  à  sa  femme  :  «C'est  mon 
père,  l'ami  de  Dieu,  et  sûrement  il  a  été  très- 
satisfait  de  ta  réception,  car  ses  paroles 
signifient  que  je  dois  toujours  rester  attaché 
à  toi. 

r  «  Abraham  ayant  atteint  l'âge  de  cent  dix 
ans.  Dieu  lui  transmit  en  songe  l'ordre  de 
suivre  Sakina,  c'est-à-dire  un  esprit  qoi 
préside  au  vent  et  qui  a  deux  tètes  et  deux 
ailes.  Abraham  accomplit  cet  ordre  et  l'es- 
prit le  conduisit  à  la  Mecque  où  il  se  trans- 
forma en  nuage.  Et  une  voix  se  fit  entendre 
et  dit  :  «  Construis  un  temple  à  l'endroit  où 
le  nuage  s'est  arrêté.  »  Abraham  commença 
à  creuser  et  il  trouva  la  pierre  d'Adam. 

.  «  L'ange  Gabriel  lui  apporta  la  pierre  noire 
qui,  depuis  le  déluge,  avait  été  enlevée  au 
ciel  ou,  selon  quelques  docteurs,  cachée 
dans  les  flancs  de  la  montagne  Abn  Kabew 
(17).  Cette  pierre  était  autrefois  si  blanche 
et  si  éclatante  qu'elle  éclairait,  durant  la 
nuit,  toute  l'enceinte  consacrée  k  la  Mecque 
h  la  prière.  Un  jour,  Abraham  étant  occupé 
avec  Ismaël  à  construire  le  temple,  Alexandre 


(16)  Le  Talmud  affirme,  d'après  Tautoriié  de 
Aubbi  Jeboscbua,  qu*uii  ange  avait  amené  un  bélier 
du  paradis;  il  paissait  sous  Tarbre  de  la  vie  éier- 
nelie ,  H  buvait  au  ruisseau  qui  coule  dessous  ;  il 
répandait  une  odeur  délicieuse  qui  embaumait  le 


monde  entier,  et  il  avait  été  apporté  dans  le  paradis 
le  soir  du  siiiènie  jour  de  la  création. 

(17)  Citons  au  sujet  de  cette  pierre  si  célèbre 
ehei  les  musulmans,  ce  qifon  lit  dans  uue  relation 
de  voyages  fort  iuiéressauts  : 


57 


ABR 


PART.  ni.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ABR 


38 


te  Cornn  (18)  vint  à  lui  et  lui  demanda  ce 
qu'il  faisait;  Abraham  lui  ayant  répondu 
qa*il  élevait  on  édifice  en  l'honneur  du  Dieu 
oaique»  Alexandre  le  reconnut  pour  renvoyé 
de  Dieu  et  fit  sept  fois  à  pied  le  tour  du 
temple. 

Après  avoir  construit  la  Kaaba,  Abraham 
LT8Tit  le  mont  Abn  Kabew,  et  s*écria  :  v  O 
habitants  de  la  terre»  Dieu  nous  commande 
lie  nous  rendre  en  pèlerinage  à  son  saint 
leoiple;  accomfilissez  ses  ordres.  »  Dieu  fit 
parvenir  la  voix  du  patriarche  à  tous  les 
nommes  vivants  alors  et  à  tous  ceux  qui 
n'étaient  pas  encore  créés,  ainsi  qu'à  tous 
les  enfants  qui  étaient  dans  le  sein  de  leur 
mère,  et  ils  répondirent  tous  d'une  voix 
unanime,  c  Nous  obéirons  è  ton  ordre,  ô 
Seip^neurl  » 

Abraham  régla  alors-  la  circoncision  que 
les  pèlerins  observent  encore  aujourd'hui,  il 
confia  à  Isinaêl  la  direction  de  la  Kaaba,  et  il 
retourna  en  Palestine  avec  son  fils  Isaac. 

Abraham  étant  parvenu  à  la  vieillesse,  sa 
barbe  et  ses  cheveux  blanchirent,  ce  qui  ne 
IVtonna  pas  médiocrement,  car  avant  lui,  ce 
nétait  encore  arrivé  à  aucun  homme  ;  Dieu 
ariit  voulu  ce  miracle,  afin  de  le  distinguer 
disaac.  Comme  il  était  centenaire  lorsque 
Sara  engendra  Isaac,  les  habitants  de  la  Pa- 
lestine le  raillèrent  et  doutèrent  de  la  vertu 
de  Sara;  alors  Dieu  rendit  Isaac  tellement 
semblable  i  .<on  père  que  chacun,  en  le 
▼oyant,  resta  persuadé  de  la  fidéliié  de  Sara. 
Mais  pour  qu'on  ne  pût  confondre  le  père 
arec  le  fils.  Dieu  fit  blanchir  les  cheveux 
d'Abraham  (19j. 


c  Lorsque  Abraham  eut  l'flge de  cent  soixante- 
quinze  ans  (on  dit  deux^ents  selon  quelques 
auteurs)  Dieu  lui  envoya  l'ange  de  la  mort 
sous  la  forme  d'un  vieillard  tout  décrépit. 
Abraham  l'invila  à  manger,  mais  l'ange  de  la 
mort  tremblait  tellement  qu'avant  d'avoir  pu 
approcher  un  morceau  de  sa  bouche,  il  s'en 
barbouilla  le  front,  les  yeux  et  le  nez. 
Abraham  lui  demanda  alors  :  «r  Pourquoi 
trembles-tu  si  fort?  C'est  h  cause  de  mon 
grand  Âge,  »  répondit  l'ange.  «  Et  quel  âge 
as-tu?  »  demanda  Abraham,  a  J'ai  un  an  de 
plus  que  toi,  :>  répondit  l'ange.  Alors 
Abraham  leva  les  yeux  au  ciel  et  dit  :— Sei- 
gneur, appelle  mon  âme  à  toi,  avant  que  je 
ne  tombe  dans  un  étal  semblable.  »  De 
quelle  manière  voudrais-tu  mourir,  ami  de 
Dieu?  »lui  demanda  l'ange  de  la  mort.  «  Je 
voudrais  quitter  la  vie  au  moment  où  je  me 
prosternerai  devant  le  Seigneur  pour  le 
prier,  »  répondit  le  patriarche.  L'ange  resta 
auprès  d'Abraham  jusqu'à  ce  que  celui-ci 
s'agenouilla  pour  prier ,  et  il  expira  au 
même  instant.» 

Le  Coran  (ch.  11)  rapporte  une  autre  lé- 
gende relative  h  Abraham  ;  nous  l'insérons 
ici  en  faisant  usage  de  la  traduction  de 
Savary  : 

Lorsque  Abraham  s'écria  :  «  Seigneur, 
fais-moi  voir  comment  tu  ressuscites  les 
morts.  —  Ne  crois-tu  point  encore?  »  ré- 

Eondit  le  Seigneur.  «  Je  crois,  v  reppit  Abra- 
am,  K  mais  affermis  mon  cœur  dans  la  foi.  » 
Dieu  ajouta  :  <c  Prends  quatre  oiseaux  et 
coupe-les  en  morceaux  ;  disperse  leurs  mem« 


A  filfrinage  io  Médina  and  Meccah  ,  par  le  lieute- 
naat  anglais  Burlon ,  dont  la  Revue  britannique 
(dficembre  1855,  avril  4856)  donue  des  extraits. 

c  La  fameuse  pierre  noire  {hajar-ei-aswad)  appor- 
tée par  les  anges  à  Abraham,  lorsqu'il  était  occupé  à 
foftsiniire  le  samt temple,  Tut  p'acéc  à  qtiatreoucinq 
l'ifds  au-dessus  du  sol,  elle  Torme  une  partie  du 
sailbnt  de  ranglc  deTédittce.  G*e$t  un  ovale  irrégu- 
Ker  de  six  à  sept  pouces  de  diamètre,  dont  la  sur- 
Uce  initie  esi  composée  d'une  douzaine  de  frag- 
ments de  formes  et  de  dimensions  différentes,  bien 
nais  eiisenable  par  un  ciment  et  parfaitement  polis. 
Od  dirait  que  la  pierre,  ayant  été  brisée  par  un 
cfMip  violeui,  les  morceaux  en  ont  été  rassemblés  et 
cimentés.  Sa  couleur  est  un  brun  rouge  si  foncé 
qu'il  approche  du  noir,  et  on  Ta  enchâssée  dans  iiu 
oertle  uasaif  d*or  et  d'argent  doré.  11  est  très-difli- 
oie  de  délenniner  la  nature  de  Vhajar-el-aêwad , 
tl<ntta  surface  a  été  usée  et  polie  ;  les  uns  la  preti- 
Mai  pour  un  morceau  de  lave ,  les  autres  pour  un 
aérolitbe.  M.  Burton  adopte  cette  dernière  opinion,  i 

itS)  II  y  a  parmi  les  écrivains  orientaux  bien  des 
ublcs  au  sujet  de  cet  Alexandre;  les  uns  disent  que 
c'était  un  Grec,  qui ,  tel  que  Nemrod  et  Saiomon , 
lut  Diitre  de  la  majeure  partie  du  monde  ;  les  au- 
tres lui  attribuent  des  privilèges  surnaturels,  il 
mît  «B  drapeau  noir  et  blanc ,  et  selon  qu'il  le 
déployait,  il  pouvait  produire  une  obscurité  com- 
plue au  miliea  du  jour  et  une  clarté  éblouissante 
M  milieu  de  la  nuit.  Il  rendait,  quand  il  le  voulait, 
t<s  soldats  ijiYlsibles.  11  parcourut  toute  la .  terre 
pour  découvrir  la  source  d'immorUlité  ;  celui  qui 
(a  bovait,  obtenait  une  jeunesse  éternelle,  mais  elle 
tt  pouvaii  conférer  ce  privilège  qu*à  une  seule  per- 
Mttoe,  et  le  ministre  d'Alexandre,  Albidr,  le  pré- 


irint,  et  épuisa  la  source  miraculeuse.  Le  surnom 
de  Cornu  donné  à  ce  conquérant,  vient,  selon  les 
uns ,  de  ce  qu'il  avait  sur  le  front  deux  mèches  de 
cheveux  semblables  à  des  cornes  ;  selon  les  autres , 
de  ce  que  sa  couronne  était  ornée  de  deux  cornes 
d'or,  emblèmes  de  la  Grèce  et  de  la  Perse  soumises 
à  son  empire.  Les  docteurs  musulmans  sont  égale- 
ment fort  loin  de  s'accorder  sur  la  patrie ,  sur  les 
parents,  sur  la  biographie  d'Aleiandre.  Le  Coran 
(c.  28)  parle  d'un  personnage  de  ce  nom  qui  fit  de 
grandes  conquêtes,  qui  parvint  jusqu'aux  lieux  où 
se  couche  le  soleil ,  et  qui  vit  cet  astre  disparaître 
dans  un  lac  de  boue  noire  ;  il  pénétra  dans  des  con- 
trées où  vivaient  des  hommes  sauvages  sans  vête- 
ments, sans  maisons,  se  creusant  des  trous  dans  la 
terre ,  et  il  flt  construire  un  mur  qui  sépara  du 
reste  des  hommes  les  peuples  sauvages  de  Gog  et 
Magog. 

(19)  Un  récit  semblable  se  rencontre  dans  le 
Talmud  : 

c  Lorsqu'Isaac  fut  sevré,  Abraham  donna  un 
arand  banquet.  Les  païens  dirent  :  c  Voyez  ces  vieux 
époux  qui  ramassent  un  enfant  dans  la  rue,  et  qui 
veulent  le  faire  passer  pour  leur  fils,  et  qui  donnent 
un  festin  en  son  honneur,  abu  que  l'on  ait  fol  en 
leur  fraude.  Mais  que  fit  Abraham  1  II  invita  les 
'  chefs  du  peuple  et  Sara  invita  leurs  femmes  :  elles 
vinrent  et  apportèrent  toutes  leurs  nourrissons ,  et 
Dieu  donna  par  un  miracle  unt  de  lait  à  Sara  » 
qu'elle  put  satisfaire  tous  les  enfants.  Mais  les 
païens  disaient  toujours  :  «  Comment  est-il  possible 
qu'un  homme  âgé  de  cent  ans  eût  un  fils  ?  i  Et  sou- 
dain le  visage  d'Isaac  devint  tellement  semblable  à 
celui  d'Abraham ,  que  chacun  s'écria  :  c  Abraham 
est  le  père  d'Isaac.  > 


59 


dittionlNâire  des  apocryphes. 


40 


.  Augusti.  Dissertatio  defatis  et  faetis 
imU  uotha,  1730,  in-fc*  ;  J.-F.  Wilhof. 


k'res  sur  la  cime  des  montagnes  \  appelle-les 
ensuite;  ils  voleront'à  toi.  » 

Les  commentateurs  arabes  ajoutent  que 
les  oiseaux  sur  lesquels  Dieu  opéra  ce  mi- 
racle, furent  un  paon,  un  aigle,  un  corbeau  et 
un  coq.  Abraham  dispersa  les  membres  et 
garda  les  têtes  près  de  lui.  A  sa  voix  les 
membres  se  réunirent  et  vinrent  retrouver 
leurs  tèles.  Les  doutes  du  patriarche  lui 
avaient  été  suggérés  par  le  diable  qui,  lui 
apparaissant  sous  une  forme  humaine,  lui 
demanda  comment  il  était  possible  que  les 
diverses  parties  d*un  cadavre  qui  gisait  sur 
le  bord  de  la  mer  et  qui  avait  en  partie  été 
dévoré  par  des  bétes  féroces,  des  poissons 
et  des  oiseaux,  pussent  se  réunir  au  moment 
de  la  résurrection. 

Il  existe  quelques  ouvrages  spéciaux  rela- 
tifs  à  Abraham  ;  nous  en  citerons  cinq  :  trois 
sont  publiés  en  Allemagne,  deux  en  Angle- 
terre : 

J.-A 

Abrahami^ 

Programma  de  Abrahamo^  amico  DeU  Duis- 
burgi,  17^3,  in-4*;  H.  Hobbing.  Bistory  of 
Abraham^  Londres,  ilk6,  in-S";  W.  Gilte- 
bank.  Scripture  history  of  Abraham^  Lon- 
dres, 1773,  in-8*;  A.-T.  Holst.  Scenenausdm 
Leben  Abrahams^  Chemnitz,  1826,  in*8. 

L'histoire  d'Abraham  a  été  le  sujet  d*un 
assez  grand  nombre  de  compositions  drama- 
tiques: répisode  du  sacriGce  d*Isaac  a  sur- 
tout inspiré  les  écrivains  qui  ont  voulu 
transporter  sur  la  scène  des  traits  empruntés 
h  l'histoire  sainte;  nous  pouvons  mention- 
ner en  ce  gtnre  : 

Isaac  victima^  par  Michel  Denis,  Vienne, 
179^,  in-B*  ;  IHalo^s  de.Iioaci  immolationCf 
Auctore  PetroPhilicino,  Anvers,  1546,  in-8*; 
Isaaci  immolation  cinq  actes,  vers,  ()ar  Jérôme 
Zcgler,  dans  les  Dramata  sacra^  Bûle,  1547, 
ir)-8*;  Abrahamus  in  spem  contra  tpem  ^ 
drama  sacrum^  en  trois  actes,  par  G.  Moral, 
Paris,  1645,  in-4*  (20);  Abrahœ  «acri/Sctum,  dia« 
logue  dans  les  Musœ  rhetorices,  Paris,  1745, 
in-12;  Tentatus  Abrahamus^  actio  $acra  co- 
micerums  descripta;  auctore  Jacobo  Schœp- 
pero,  Anvers,  1551  ;  Abrahamug  patriarcha^ 
auctore  J.-A.  Commeuio,  Amsterdam,  1661. 


Quant  aux  compositions  en  langue  fran- 
çaise, nous  trouvons  le  Sacrifice  d'Ahrakam^ 
snns  date,  Paris,  1539,  in-é*,  TOlome  fort 
rare  (21)  ; 

La  tragédie  française  du  Sacrifice  d*Abra- 
ham,  par  Théodore  de  Bèze,  1550,  souveni 
réimprimée  et  traduite  du  latin,  a  Jonn, 
JacomotOf  Barrensi,  1598  ; 

liaoCf  comédie  en  cinq  actes,  dans  les 
Poèmes  français  de  Jean  Rosier,  Douai,  1616, 
in-8°  :  c'est  la  reproduction  presque  serTJIe 
de  l'épisode  compris  dans  le  Mystère dutieil 
iestament  (voir  le  Catalogue  de  tabiblinthè- 
que  dramatique  de  M.  de  Soleinne,  1843, 1. 1, 
p.  208)  ;  le  Sacrifice  d Abraham^  potae  lyri- 
que en  vers,  par  Nogaret,  1786; 

Le  Sacrifice  d'Abraham^  tragédie,  par  le 
P.  Dumoret  de  !a  doctrine  chrétienne,  Tou- 
louse, 1699,  in-12.  Cette  pièce  est  singulière, 
Tanteur  y  ayant  intercalé  une  foule  de  vers 
pris  à  Racine. 

Parmi  les  pièces  d*Hanssijchs  nous  re- 
marquons le  Sacrifice  d'Isaac^  joué  en  1533. 
Une  tragédie  envers  allemands  sur  le  même 
sujet,  composée  par  N.  Chytraeus,  fut  im- 
primée à  Herboru  en  1591  ;  une  autre  pièce, 
intitulée  Abraham^  écrite  par  Ch.  Weise, 
parut  en  1682. 

Dans  une  ancienne  collection  de  mystères 
anglais,  appelée  les  mystères  deTowneley 
(d*après  le  nom  du  propriétaire  du  manus- 
crit), et  publiée  à  Londres  en  1836,  in-V, 
on  trouve  un  mystère  d'Abraham»  Il  s*ea 
rencontre  également  un  dans  un  autre  re- 
cueil du  même  genre,  les  Mystères  jonés  h 
Covenlry  et  édités  par  Th.  Sharp,  1817,  iû4\ 

La  littérature  italienne  nous  présente 
la  Rappresentatione  di  Abraham  et  Uaac 
suo  fighuolo,  Florence,  1585,  in-4*  ;  //  sacri- 
ficio  d'Abramo^  sacra  rappresentazione  de! 
R.  P.  Agnola  Loltini,  Florence,  1613,  in-8% 

En  fait  de  pièces  relatives  à  d'autres  cir- 
constances de  la  vie  d'Abraham,  nous  ne 
connaissons  que  la  comédie  d'Abraham  et  m 
servante  Agar^  laquelle  fait  partie  d'un  vo- 
lume extrêmement  rare:  Cornédies françaises 
de  Gérard  de  Firre,  Gantois,  pour  tutilité  de 
la  jeunesse  et  usage  des  écoles  françaises, 
Anvers,  1589,  in-8*. 


ADAM. 

{Ouvrages  attribués  à  Adam. 


Il  peut  paraître  étrange  qu'on  ait  placé 
Adam  au  nombre  des  auteurs  et  qu*on  ait 
signalé  des  livres  comme  ayant  été  son  ou- 
n*ouuliuii5  pas  cependant  que  quel- 


via^je; 


(lO)  Ceue  pièce  offre  un  singulier  mélange  de 
*'e!>  la  ;<io,  i\e  |iro»e  laline  et  de  vers  fraiiçiii»  ;  elle 
•si  II  iiiUt'ur»  dénuée  de  guûl;  Isaac,  éiendu  sur  boii 
^uci»",  lail  iiu  bel  espni  : 

Trop  heureui  condamné  qa*one  riguenr  propice 
Fail  dessus  un  auUl  rencoBlrer  un  lombeju  ; 


ques  critiques  ont  pris  la  peine  de  discuter 

au  sujet  des  bibliothèques  qui  existaient, 

selon  eux,  avant  le  déluge  ;  rappelons  _ici 

.les  écrits  de  J.  Mader,  de  Scriptis  et  hmo- 

J«  rends  grâces  an  ciel  qni  ro'olTre  on  sf»rl  si  beau 
ïx  meurs  en  ador»ui  l'arrèi  de  mon  suppUce. 
(il)  La  bibliolbèiue  de  M.  de  Solcinne  rcnfer- 
mM  (il-  6.'8,  1. 1,  p.  M8  du  Calal^^ue),  mi  martu- 
scrii  du  h^itère  d»  VimmolaitQn  d'Abrakatn^  ou" 
Vf  agc  lout  à  fail  difféi-enl  de  celui  qui  a  eie  im- 
primé. 


«I 


ADA 


PART.  lîl.  —  LEGENDES  ET  FKAGIfENTS. 


ADA 


M 


ihecis  antediluviànis  (notice  placée  en  tèle  du 
liwre  dt  cet  auteur  :  De  bibliotheeis  atque  ar- 
chivis  virarum  clariaimorum  ^  Helmstadt, 
1702.  %*);  de  Vockerodt  {Historia  tocieta" 
ium  et  rei  UUerariœ  mundi  primi  $eu  ante- 
diliHani,  Jenœ,  1687  et  ITOi)  ;  de  J.-F.  Reim- 
inaD»  Versucheinn  Einieilung  in  dieHiètoria 
litteraria  antediluviana ,  Halle ,  1709.  8**. 
D'autres  écrivains^  sans  faire  des  collections 
de  livres  antérieurs  au  déluge,  Tobjet  de  re- 
cherches spéciales,  R*ont  pas  donlé  de  leur 
existence  :  telle  est  Topinionde  J.  Boulduc  : 
De  ecclesia  ante  hgtm  (Paris  1626;  Lyon 
16â8j  ;  et  d*Ange  Rocca  :  Appendix  ad  des- 
^ripiionem  bibiiolhecœ  Yalicancù^  p.  38^. 

Los  [gnostiques  avaient  fabriqué  des  ré- 
vélations qu'ils  faisaient  circuler  soUs  le 
nom  d'Adam»  comme  nous  l'apprend  saint 
Epiphane  (hœres.  26,  §  8). 

BÉBimonide,  More  Ne^ochim^  m,  29  (22), 
dit  que  les  Sabéens  prétendaient  qu'Adam 
avait  appelé  les  hommes  au  culte  de  la  lune 
et  qu*il  avait  composé  des  livres  sur  la  cul- 
tore  de  la  terre. 

Des  rabbins  ont  attribué  à  Adam  le 
psaume  xcii.  On  lit  à  cet  égard  dans  Je  Tal- 
nuid  :  Caïn  était  plein  d'allégresse  lorsqu'il 
s*éloignade  la  présence  deDieu.  Adam  courut 
«u-devanl  de  lui  et  lui  dit  :  «  Comment  as-lu 
obtenu  de  ton  juge  qu'il  le  fit  miséricorde  ?  » 
Caïa  répondit  :  «  J'ai  fait  pénitence  et  j*ai 
aftaisé  le  Seigneur.  »  Alors  Adam  commen- 
ça à  se  frapper  la  face  et  à  dire  :  «  Telle  est 
donc  la  vertu  de  la  {)énitence,  et  je  !*ign'i. 
rais.  »  Et  aussitôt  il  se  leva  et  il  dit  le 
psaume  du  jour  du  sabbat  (le  xoii')  :  «  Il  est 
tmn  de  meure  sa  confiance  dans  le  Seigneur.» 
Rabbi  Lévi  dit  :  tt  Adam  composa  ce  psaume, 
et  ses  descendants  l'oublièrent.  Moïse  vint 
et  il  le  renouvela  sous  le  nom  d'Adam.  »  Uii 
autre  docteur  juif,  David  Kimchi  (Prœfat.  in 
Pialmon)  rejette  ces  détails.  Fabricius  ren- 
voie sur  tout  ceci  à  divers  auteurs  tels  que 
LambecciuSy  Prodomut  Hiet.liUer.^  p.  162; 
Sgambatus,  Archiv.  Vet.  Tt9U  p.  105;  Ca- 
rtwright,  Meilif.  Ae6r.,  1. 1,  c«  k  (dans  les 
Critici  «acri,  édit.  de  Londres,  t.  IX,  p.  2959); 
Heidegger,  Histor.  patriarch.f  1. 1,  p.  215; 
Chr.  Soatag,  Diatriba  de  titulis  p$almorum. 
Cet  érudit  cite  également  un  passage  d'un 
autre  écrit  rabbinique  {liber  laikut):  n^os 
docteurs  ont  enseisné  que  le  jour  oii  Adam 
fut  créé,  il  dit  :  «  Malheur  à  moi,  parce  que 


j'ai  péché;  c'est  pourquoi  Je  monde  péril 
et  retourne  au  chaos.  Et  voilà  cette  mort  qui 
m'a  été  annoncée  comme  un  châtiment.  »  Et 
pensant  à  cela,  il  s'assit  et  pleura  toute  la 
nuit,  mais  quand  la  première  colonne  dd 
lumière  mOnta  dans  le  ciel,  il  <lit  :  «  Tel  e>t 
donc  l'ordre  de  la  nature.  »  Alors  il  se  leva 
et  il  offrit  un  veau  dont  les  cornes  étaient 
sorties  avant  les  pieds,  ainsi  qu'il  est  écrit  ; 
le  veau  nouveau  présentant  ses  conies  et 
ses  ongles  plut  à  Dieu.  »  (Fiai,  lxix,  32  ) 

On  a  prétendu  qu'Adam  avait  écrit  des 
livres  d'alchimie;  mais  comme  le  dit  fort 
bien  un  auteur  assez  crédule  cependant  et 
dépourvu  de  critique»  Martin  Delrio,  pareil- 
les rumeurs  ne  sont  qu'impostures  et  rêve- 
ries de  gens  désoeuvrés  (23).  Il  faut  quali- 
fier de  même  ce  que  l'on  dit  des  prétendus 
ouvrages  sur  le  grand  oeuvre  attribués  h 
Moïse,  è  sa  sœur  Marie,  à  Salomon;  Si  de 
pareils  écrits  ont  existé,  ce  c|ui  est  fort  dou- 
teux»  ils  étaient  Toeuvre  d'imposteurs  vou-' 
lant  mettre  leuVs  imaginations  extravagantes 
sous  le  couvert  d'un  nom  célèbre.  Antoine 
Vandale  range  l'assertion  qui  fait  d'Adam 
un  alchimiste  au  même  niveau  que  celles 
qui  ont  été  écrites  par  des  érudits  allemands, 
lesquels  représentent  le  premier  homme 
comme  un  mattre  en  philosophie^  comm» 
un  professeur  dç  théologie,  ayant  fondé  des 
accadémies  (2^).  Les  rabbins  prétendent 
qu'Adam  avait  écrit  un  livre  sur  la  diviuité, 
et  qu'il  y  avait  inséré  tout  ce  que  Dieu  lui 
avait  dit  dans  le  paradis  terrestre  et  tous  les 
préceptes  qu'il  lui  avait  donnés. 

Ajoutons  que  Fabricius  cite  comme  s'élant 
occupés  des  écrits  attribués  à  Adam  les  au- 
teurs suivants  très-peu  connus  en  Fran*  e; 
mais  que  nous  croyons  ne  pas  otirir  de 
grandes  ressources  à  la  critique  :  J.  Braun, 
Select,  sacr.,  p.  570;  G.  Schott,  IJecAntra 
curiosa^  p.  556;  Christophe Hendreich,  Pan* 
dectalBrandenburgicQ :  J«  A.  Schmid,  pseud* 
VeU  Test.;  J.  J.  Reimm^n,  m  specimine 
Jsagogis  ad  historiam  titterariam  aniedilu* 
tianam. 

Testament  d^Adam.  —  Un  auteur  arabe, 
Etmacin  (25),  rapporte  qu'Adam  se  trouvant 
près  de  la  mort^  fit  son  testament  et  qu'il  y 
recommanda  è  Seth  de  rester  avec  ses  frè- 
res, leurs  enfants  et  leurs  femmes  sur  la 
montagne  sainte  (Horeb),  et  de  ne  point 
en  descendre^  de  ne  point  se  mêler  avec  la 


(22)  Le  plus  célèbre  des  rabbins  qu'aient  eu  les 
Juifs;  né  à  Cordoue  vers  Tan  1155,  il  mourut  à 
Tibériade  en  1209.  On  peut  consulter  le  savant 
article  ooe  lui  a  consacre  U.  Labouderie  dans  la 
Biographie  universelle^  (•  XXVI ,  p.  255.  Le  Moreh 
Netokim^  ou  docteur  des  perplexes  que  nous  citons  a 
pour  but  de  montrer  comment  U  faut  entendre  les 
iocalloDS  de  TEcriture  sainie  qui  s'éloignent  de 
rasage  ordinaire ,  et  qui  ne  sont  pas  susceptibles 
du  sens  littérah 

(25)  <  Cbryaopaeiae  originem  quidam  nobis  valde 
fatiuDl  aiitiquam  qui  pneclaro  Adauii  tiiulo  libeU 
loiK  qoemdara  insignem  oblruduut...  Hxc  euim 
immia  pro  imposturis  babeoda  et  otiosorum  bomi- 
nem  somniis.  i  (Disants,  mag,,  1.  i,  c.  5.) 

(2i)  t  Nec  dubiiandum  est  quin  inter  ilios  fue- 

DiGTioan.  DES  Apocryphes,  II. 


rînt  lîbri  Adami  i  quem  quidam  ciniflooes  primam 
cbymicum  ponunt,  ac  cbymia!  ariis  magistrum«  sicut 
Georgids  Hornius  {Hi$ti  philos.,  1.  i,  c.  2);  pri-* 
mum  pbilosopbi»,  utquealius  Gerinanus,  io  tractai» 
de  antediluvianis  (  G.  Yoeker  )  primum  theologiae 
professorem  :  acadeniias  namque  ille  erexii.  Credi* 
mus  an  qui  ita  amaut,  ip^i  sibi  somnia  ling^nt?! 
(tHs$erL  de  hisioria  Aristem,  p.  56.) 

(25)  Voy.,  à  cet  égard,  Cb.  Cellarius  {Notilld 
orbig  aniiqui,  1.  i,  c.  4)  ;  Fabricius  indique  au  suj  t 
de  la  sépulture  d*Adam,  Sam.  Audrae,  disserlatiotitis, 
Marborg,  1679;  SuïceTi^  Thésaurus  ecclesiasticus  4 
voce  Kranion  ;  M.  HoynoYius,  DisurL,  Kœnigsbergi 
1706;  J.  Nicotaî,  De  »epulcris  Hebrœorum%  Leydei 
1706,  in  4-,  p.  119.       ^ 


DICTtONNAmE  DES  APOCRYPHES. 


44 


voce  de  Gain,  leur  recommandant  de  plus, 
a*ils  avaient  h  s*éloîgner,  d'emporter  avec 
eux  son  corps  et  de  Tensevelir  au  centre  de 
la  terre  (c'est-è-dire  à  Jérusalem)  (26).  On 
observera  que  ces  Iradilions  se  retrouvent 
<laBs  le  livre  de  la  Pénitence  d*Adam  qui 
figure  dans  la  première  partie  do  ce  diction- 
naire. 

Les  Musulmans  ont  débité  bien  des  fa- 
bles au  sujet  «lu  testament  d*Adam  :  voici 
ce  que  mentionne  Fabricius  {Cad.  apocr. 
Vit.  Test.t  i.  1,  p.  35}«  d'après  le  Livre  de  la 
génération  de  Mahomet  (apud  S^ambatum, 
p.  111).  Adam  voyant  approcher  sa  Hn,  prit  son 
iils  Setli  par  la  main  et  le  conduisit  au  lieu 
de  la  prière  et  lui  dit  :  «  J*ai  reçu  de  Dieu  le 
précepte  de  te  laisser  un  testament  de  lu- 
mière. »  L*ançe  Gabriel  fut  présent  avec 
soixante-dix  millions  d'anges,  ayant  chacun 
des  pages  blanches  et  une  plume  prise  par- 
mi les  ))lumes  du  paradis.  Adam  laissa  donc 
cet  écrit  sous  le  témoignage  des  anges  et 
signé  du  sceau  de  Gabriel. 

On  lit  dans  V Histoire  universelle  d'Eutj- 
chius,  patriarche  d*Alexandrie  (27),  1. 1,  p. 
19,  <iu\\dam  étant  proche  de  la  mort,  appeta 
h  lui  Seth,  et  Enoch,  fils  de  Selh,  et  CHÏnan, 
lilsd*Enoch,et  MahalaëUfils  de  Caïnan,  et  il 
leur  laisiia  son  lestamenl,  disant  :  «  Voici  le 
testament  que  tous  vos  fils  doivent  obser- 
ver; quand  je  serai  mort,  embaumez  mon 
corps  uvec  de  la  myrrhe,  de  Tencens  et  de 
]a  cannelle,  et  placez-le  dans  une  caverne 
cachée;  et  que  celui  de  mes  enfants  qui  se 
trouvera  en  vie  lorsqu'il  quittera  le  voisi- 
nage du  paradis,  prenne  avec  lui  mon  corps, 
et  le  dépose  au  point  central  de  la  terre;  car 
de  là  sortira  mon  salut  et  le  salut  de  tous 
mes  descendants.  » 

Les  rabbins  et  les  orientaux  ont  avancé, 
au  sujet  d'Adam  et  d*Eve,  une  foule  de  fa- 
bles ridicules;  il  suffira  d'en  citer  quelques 
éclianlilions.  Voici  d'abord  ce  que  nous  li- 
sons dans  Hottinuer,  Hist.  orient,^  t.  i,c.  3, 
d'après  Beidavi  (28)  :  cum  Eva  uterum  gesta- 
retf  accessit  eam  aiabolus^  assumpta  forma 
viri,  eique  dixit  :  n  Quis  indicavii  tibi^  quid 
in  ventre  tuo  gestes  t  Forte  bestia  est,  aut 
canisf  Quis  etiam  notum  tibi  fecit  unde 
fatus  tuus  sit  proditurus  ?  »  Eva  igitur^ 
hoc  nuntio  valde  perculsa^  indicavit  Ada- 
mOf  quid  obtigisset  sibi^  unde  timor  utrique 
Quctus.  Postea  idem  ad  eam  reversus  dixit  : 
ego  veniens  a  Deo^  locum  ejus  suppleo^  Deum 
autem  rogavi  ut  concédât  creaturam  similem 
tibif  facifemque  et  largiatur  exitum;  tuvero 


appellabis  eam  Abdol  Bareth  {nomen  enim 
hoc  ejus  erat  inter  dœmones)  ;  consensit  iaitur 
Eta^  partuique  recens  nato  nomen  Abdol  Ha- 
relh  imposutt. 

Un  autre  auteur  arabe,  Kessœtis,  raconte 
la  même  fable  :  Diabolum  Harethum  persua- 
sisse  Adamo  ut  primogenitum  suum  Abdot 
Harethum  nuncuparet;  quod  si  faceret,  fore^ 
ut  longiorem  solito  lucis  hujus  usuram  ton- 
sequeretur, 

Heidegger,  dans  son  Historia  patriarcha- 
rum,  L  1,  p.  118,  parle  des  significations 
mystérieuses  qu'on  a  cru  découvrir  dans  le 
nom  d'Adam.  Des  caba listes  trouvèrent  dans 
les  trois  lettres  A  D  M  une  preuve  de 
la  transmigration  des  ftmes,  celle  d'Adaui 
ayant  passé  successivement  dans  le  corps  do 
David  et  du  Messie.  D'autres  se  bornèreni 
h  y  relever  les  m  tiales  de  trois  mots  hé- 
breux signifiant  cendre,  sang  et  fiel,  subs- 
tances qu'ils  signalèrent  comme  formant 
les  bases  de  la  constitution  du  corps  hu-« 
main.  Le  mot  Adam  présente  également  en 
grec  les  premières  lettres  de  mots  qui  dési- 
gnent rOrieni,  l'Occident,  le  Nord  et  le  Midi; 
on  en  a  conclu  que  les  quatre  parties  du 
monde  étaient  désignées  dans  le  nom  même 
d'Adam  comme  devant  servir  de  demeure 
h  sa  postérité.  L'auteur  que  nous  venons  de 
citer  mentionne  aussi,  p.  128,  les  étranges 
questions  soulevées  au  sujet  de  la  forme 
du  corps  d'Adam  : 

De  corpore  Adami  antiqua  in  Judœorum 
scholisagitata  quœstio^anfuerit  uniforme  con^ 
ditum^  an  biforme^  ita  ut  a  fronts  Adamus^ 
a  lergo  Eva^  et  utrumque  cotpus  ad  scapu^ 
las  quasi  pice  aggiutinatum  fuerit  f  Affirmât 
in  Bereschit  Rabbah  Babbi  Samuel  Bar  AaA- 
man  contra  Babbi  Samuel,  Nuper  testatus 
idem  estf  Menasse  Ben-lsraeU  conciliât ione 
in  Gtnesim^  quœ  est  viii  ;  ti6t  inter  sujfra^ 
gia  numerat  B.  Salomonem  Jarchif  Aben^ 
Esra^  Babbena  Babye^  B.  Elirxer  et  Isaacum 
Karus^  Pot  erat  enim  Maimonidem  laudare  qui 
in  Moreh  Nebochim^  p.  ii,  cap,  30,  consens 
tit  magistris  illis  qui  dicunt  :  Adam  et  Eva 
creati  sunt  sicut  unus  et  tetgis  vel  dorso 
ct^njuncti,  Postea  vero  a  Deo  diviéi  aufif, 
qui  dimidiam  parttm  accepitf  et  fuit  Eva  et 
adducta  est  ad  ipsum. 

Un  érudil  qui  tit  partie  de  V Académie  des 
imcriptions  ^  mais  qui  était  un  peu  vision- 
naire, Uenrion,  mort  en  1720,  avait  annoncé, 
dans  un  travail  sur  les  poids  et  les  mesures 
des  anciens,  qu'Adam  avait  une  taillade  cent 
viri^t-trois  pieds  neuf  pouces  ;  Eve  présentait. 


(SB)  Dsctierschctf  Ibn  Alainîd  ou  Al  Makin  dont 
les  occidenuux  cm  fait  Georges  Elmacinus,  était 
Clirétieii ,  né  en  Egypte.  11  mourut  ù  Damas  Tan 
1175  de  rére  clirélieune  ;  il  a  laissé  une  liislotre  de 
rAr»liie  qui  c<»miiience  à  la  création  du  nioïKle.  La 

C^mière  partie,  qui  s*é(end  ju^qu^à  Tépiique  de 
homet ,  est  restée  inédite  ;  la  seconde  a  éié  pu- 
bliée il  Levde  en  I6i5,  in-4*,  avec  une  traduction 
laMna  d*£fpénius. 

.  \n)  Eatychitts  mourut  Tan  940  de  notre  ère.  Son 
Bisioire  universelle  porte,  selon  un  usage  assex 
commun  en  Orient,  un  titre  oui  n*a  guère  de  r^p* 
port  avec  le  contenu  du  livre  :  Sadhm  algtaii  uhtr 


ou  Rangée  de  pierret  précieuseê,  Pococke  en  a  pu- 
blié, en  16.S8.  une  version  latine,  2  vol.  in  8*. 

^18)  Cei  écrivain  persan ,  mort  vers  t*au  6d2  de 
THégire  ou  iSllS  de  i*ére  cbrétienne,  a  laissé  nu 
ouvrage  inlitulé  :  Ketab  nixMm  altewarik  ou  Chro- 
nologie de  rhUtoire;  un  orientalisie  illustre,  M.  Sil* 
vesi:  e  de  Sac  ,  en  a  donné  des ei traits  dans  les  ÂVoft- 
ces  et  exiraiti  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  du 
roi.  I.  iV,  p.  67i-69'i.  La  huitième  partie  de  cette 
histoire  est  rclaiive  à  la  Chine;  elle  a  été  traduite 
eii  latin  et  publiée  par  A.  Moellcr,  avec  des  uottHy 
lé.ia,  t6l9,  ifi-4*. 


AD\ 


PART.  m.  -  LEGENDES  ET  FKAGMENTS. 


ADA 


a 


99(00  lof,  nne slalure  de  cent  dix-huit  pieds« 
neuf  poQceSy  œais  ces  dimensions  colossales 
se  rédaisirent  proraplement ;  Noé  avait  d(^jà 
Tiogt  pieds  de  moins  qu'Abraham;  Abra- 
ham n'avait  plus  que  vin^At  sept  à  vingt- 
hoit  pieds,  et  Moise  fût  réduit  à  treize. 

Bartoloccii,  dans  $>a  Bibliotkeca  ra66tntca, 
t.  H,  p.  65,  extrait  également  des  rabbins 
bien  des  choses  étranges  à  Tégard  du  père 
du  genre  humain  ;  transcrivons-en  qiiehiues 
passages. 

Inilio  creaius  est  [tum  vaslœ  molis)  ul  e 
(erraad  cœlutn  usque  pertingeret.  At  quando 
cngeli  minislerii  illum  viderutUf  commoii 
ittut,  timueruntque  ;  quid  fecerunt  ?  ascen^ 
derunt  omnes  coram  Deo  in  superiori  (Aafri- 
taeulo)  ei  dixerunt  :  «  Domine  mundi ,  duœ 
potettates  sunt  in  mundo,  «  Tune  Dtus  posait 
uKHitim  8uam  super  caput  Adœ^  illumque  ad 
miiie  cubitus  redegit. 

D*autres  rabbins  réduisent  cette  stature  à 
neof  cents  et  même  à  trois  cents  ou  à  deux 
cents  coudées.  Il  y  en  a  qui  ajoutent  qu'il 
était  hermaphrodite  :  d*au très  en  font  un  vé- 
ritable monstre  :  Dixit  Rabbi  Jeremias  ben 
EUazar:  duplicemvuitum  seu  duas  faciès  Ao- 
Mat  Adamus,  sicui  scriptum  est  :  Beiro  et 
anteformcutime.  RabbiJudeus  dixit  :  Fecerat 
Deus  Adamo  caudam  ad  instar  ferœ^  sed  pos^ 
ita  abstulii  ab  eo  decoris  gratia. 

Ces  docteurs  racontent  de  plus,  qifavant 
de  créer  Eve,  le  Seigneur  avait  formé,  avec 
le  limon  de  la  terre,  une  femme  nommée 
Lilith,  oui  ne  tarda  pas  à  se  quereller  avec 
Adam.  Elle  lui  disait:  Je  suis  ton  égale, 

Euisque  Tun  et  Tautre  nous  sommes  faits  de 
mon.  Et  elle  refusait  de  lui  obéir. 
Lilith  invocavit  nomen  Dei  expticatum^  et 
illico  per  aerem  evotavit.  Adam  Dominum 
oratit  et  dixit  :  ^Domine  mundi^  mulier  qtiam 
dedisti  miki  aufugit  a  me,  »  Subito  Deus 
benedictus  très  angelos  expedivit ,  ut  illam 
reducerent,  Nomina  angelorum  sunt  Sennot^ 
Sunsennoi,  Sumanghetopk,  Quibus dixit:  <t  Si 
redire  voluerit^  bene;  sin  ati/em,  conlestamini 
ilU  fuod  singulis  diebus  centum  ex  ejus  filiis 
moriuntur  et  relinquite  eam.  »  lerunt  itaque 
post  eam  et  apprehenderunt  illam  in  média 
mans,  in  aquis  validis ,  ubi  in  futurum  su6- 
mergendi  erant  Mgyptii,  Narrarerunt  ei 
verba  Dominî,  at  ilJa  reverti  notait^  et  cum 
PoluissefU  illam  in  médium  undarum  demer» 
0ere,  dixit  :  Sinite  meabire  quia  ad  nihil  aliud 
creata  sum^  nisi  ut  debilitem  infantulos^  nam 
in  mascutis  per  octo  dies  mihx  potestas  erit^ 
in  femellam  per  riginti.  Hoc  audientes  angeli 
instiierunt  utjuraret  per  nomen  Deijoiventis 
ut  quotiescunque  eos^  aut  iUorum  nomina  vel 
figuras  inamuletis  scriplas  vel  etiamdelinea" 
tas  invenir  et  i  damnum  non  inferret  infant  i- 
6u«,  et  centum  filiarum  suorum  quotidiemori^' 
turos  sepœnam  mulctari  sciret.  Hinc  est  (ad" 
dunt)  quod  singulis  diebus  centum  dœmones 
moriuntur.  (t.  11,  p.  69;  voy.  aussi  p.  350.) 

(29)  Moise  Maîmooide  rapporte  que  Seth  rapporta 
do  Paradis  t«:rresire  un  arbre  ayant  des  feuillei  el 
des  branches  d*or  ;  un  autre  arbre  dont  les  feuilles 
ae  pouvaient  être  attaquées  par  le  feu  ;  un  autre 


.  Voici  encore  une  autre  idée  étrange  que 
signale  Tauteur  de  la  Bibliotkeca  rabbinica* 
Qunndo  Deus  creavit  hominem  primum^  creii'- 
vit  corpus  solum  et  accesseruni  ad  illud  mille 
spiritus  a  latere  sinistro,  qui  omnes  voltbant 
intrare  in  iilud^  nisi  increpuisset  eos  Vo^ 
minus. 

Empruntons  aussi  deux  Hlations  à  un 
savant  allemand,  qui  s*e$t  livré  à  des  re- 
cherches étendues  sur  la  langue  et  rhisloiro 
des  Israélites:  Kabbalistœ  insulsi  dicunt 
ires  litteras  in  Adam  significare  Adam,  David ^ 
Messiam  quasi  hinc  concludipossit  Adamispi- 
ritus  in  Davidem^  Davidis  in  Messiam  migrasse 
(H.  Olho.  Lexicon  rabbinicum,  Genève  1(575, 
p.  8).  Cet  érudit  cite,  p.  176,  de  nombreut 
rabbins  qui  pensent  que  le  corps  d*A(l/)m  . 
était  biforiiie  :  Qua  ratione  Adamus  fuit  a 
fronte  et  Eca  a  tergo.  et  utrumque  corpus  ad 
scapulas  quasi  pice  agglutinatum 

Le  moyen  A^e  connaissait  peu  les  tradi- 
tions des  rabbins,  mais  il  les  remplaçait  par 
d'autres  détails  non  moins  empreints  de 
merveilleux;  nous  citenms  ce  qu*un  auteur 
du  XIII*  siècle,  Gervais  de  Tilbury,  avance 
au  sujet  de  farbre  du  paradis  dans  les  Oiia 
imperialia ,  compilation  géograuhiquc  H 
historique,  remplie  de  fables,  écrites  h  la 
demande  de  l'enipereur  Othon  IV,  et  (jue 
Leibniiz  a  publiées  dans  ses  Scriptcres 
Brunsvicenses  (t.  I,  p,  881). 

Inter  alia  paradist  ligna  duo  prœcipue  le» 
gimuSf  lignum  scientiœ  boni  et  mnli  et  lignuin 
vitœ, 

Nec  mirandum  de  ligno  vitœ,  eum  in  gestls 
Alexandre  legatur  ad  Aristotelem  epistola 
ejus,  in  qua  opponitur  terram  esse,  qumi 
mors  nulla  tentavit,  quinimo  decripili  efferri 
sefaciuni,  ut  moriuntur,  ut  infra  decisionê 
secunda,  Deo  duce,  in  descriptione  Jndiœ  di-^ 
cetur.  Sic  etiam  lanugo  fit  m  foliis  arborum 
apud  Seres,  cujus  esu  vita  protelaiur.  Sed  et 
Alexander  scrtpsit  Aristoteli  de  sacerdotibus 
arborum  solis  et  lunœ,  quod  cum  sol  oritur 
et  splendor  tangit  arborum  summitatem,  ar- 
bores  ad  radices  usque  concutiuntur^  et  tune 
responsa  dant  interrogantibus,  Illic  Aleaan- 
der  de  uxore  et  familia  sua,  de  morte  quoqne 
sua,  cum  Babytoniam  intraret^  responsum 
accepit»  Hœ  arbores  poma  faciunt,  quorum 
esu  sacer dotes  illarum  quadringentisannisvi" 
vunt  (29). 

Les  Musulmans  ont  égalé  tout  au  moins  les 
rabbins  lorsqu'il  s*est  agi  de  raconter,  h  Té- 
gard  d'Adam,  des  circonstances  dues  à  une 
imagination  exaltée.  Nous  allons  derechef 
mettre,  sous  ce  rapport,  è  contribution  l'ou- 
vrage allemand  de  M.  Weil,  que  nous  avons 
déjà  cité  à  Tarticle  d'Abraham. 

Adam  fut  créé  un  vendredi,  h  l'heure  de 
assr  ou  de  midi,  celle  à  laquelle  les  Musul- 
mans récitent  la  troisième  prière  qu'ils  doi- 
vent dire  chaque  jour.  Les  quatre  archanges, 
Gabriel,  Michel,  Israfel  et  Asrael,  apporté^ 

enfin  dont  les  feuilles  étaient  d*one  dimension  tella 
qu*une  dVlles  pouvait  couvrir  dii  mille  bainme«  46 
la  taille  d^Adam. 


47 


nXTlONNAlRE  DES  APOCRYPHES. 


4S 


rentf  des  quatre  eiirémîtés  du  monde»  la 
terre  avec  laquelle  Dieu  forma  son  corps; 
pour  former  Ta  tète  et  le  cœur*  la  terre  fut 

Brise  sur  remplacement  de  la  Mecque  et  de 
[édine,  à  Tendroit  où  plus  tard  s'élevèrent 
la  Kaaba  et  le  tombeau  de  Mahomet.  Quoi- 
qu'il ne  fût  pas  encore  animé  du  souffle  de  la 
vie  y  il  excita  i*ftdmiralion  et  la  surprise  de 
tous  lesangesi  quis*empressèrent  d*accourir 
à  la  porte  du  paradis  (30)  où  Dieu  Tavait 
placé.  Mais  Iblis,  qui  était  jaloux  de  la  belle 
ligure  et  de  Tair  aimable  d*Adam,  dit  aux 
anges  :  «  Comment  pou vcz-v|)us  trouver  plai* 
sir  à  uu  être  fait  de  terre  et  dont  on  ne  peut 
attendre  aue  faiblesse  et  ignorance?  >  Après 
que  tous  les  habitants  du  ciel»  à  l'exception 
d'Iblis»  eurent  admiré  xYdam,  dans  un  silence 
*  respectueux,  ils  louèrent  Dieu,  le  créateur 
du  premier  homme.  La  taille  d*Adam  était  si 
grande  que»  lorsqu'il  se  tenait  debout  sur  la 
terre,  sa  tète  touchait  au  premier  des  sept 
deux.  Dieu  Qt  alors  pénétrer  dans  l'océan  de 
lumière  qui  rayonnait  du  corps  d'Adam, 
l'flme  qu'il  avait  créée  mille  ans  auparavant , 
et  il  lui  ordonna  d'animer  ce  corps.  Elle 
montra  quelque  répugnance  k  quitter  les  es- 
paces inlinis  du  ciel,  et  à  fixer  sa  demeure 
dans  le  corps  étroit  d*un  homme.  Mais  Dieu 
lui  dit  :  «  Anime  Adam  contre  ton  gré,  et 
pour  te  punir  de  ta  désobéissance,  tu  seras 
un  jour  séparée  de  lui  également  contre  ta 
volonté.» Et  Dieu  poussa  1  &me  avec  une  telle 
force  qu*elle  entra  par  le  nez  dans  la  lôte 
d'Adaui.  Aussitôt  Qu'elle  atteignit  ses  yeux, 
ils  s'ouvrirent.  Adam  vit  le  trône  de  Dieu 
avec  l'inscription  :  c  II  n'y  a  pas  d'autre  Dieu 
que  le  Dieu  unique,  et  Mahomet  est  l'envoyé 
de  Dieu.  »  L'flme  se  rendit  ensuite  aux 
oreilles,  et  elle  entendit  les  chants  des  anges, 
et  la  langue  d'Adam*  fut  déliée,  et  il  s'écria  t 
«  Sois  loué,  ô  Créateur,  Dieu  unique  et  éter- 
nel; »  et  Dieu  lui  répondit  :  «  Te  voilk  créé^ 
tu  dois,  ainsi  que  tes  descendants,  m'adres- 
ser  tes  prières,  car  c'est  ainsi  que  vous  trou- 
verez grflce  et  miséricorde  auprès  de  moi.  » 
L'flme  parcourut  ainsi  tous  les  membres 
d'Adam  jusuu'À  ce  qu'elle  arriva  à  ses  pieds, 
et  elle  lui  donna  la  force  de  se  lever.  Mais 

(50)  Nous  avons  donné  d'assez  nombreuses  indi- 
caiioBi  bibliographiques  reUiives  au  Paradis  ter- 
lestredaiis  le  Dictionnaire  de$  tégenda  du  ehrii" 
iianisme  (Migne ,  til55,  col*  948),  nous  n*y  revien- 
drojis  pas  ;  nous  ajouierons  seulement  qu*une  carte 
de  rEden  se  trouve  dans  un  ouvrage  d*un  érudit 
danois  K.  Rask  :  Den  œtdue  hebrahke  Tidêregumti 
ittdlH  Êioui  {Ancienne  chronologie  de$  Hébreux 
iMM«*à  Motith  Copt^nliague,  l8iH,  in-8* 

Uu  des  ouvrages  les  plus  rares  qui  se  rattachent 
aux  légendes  répandues  sur  le  Paradis  leirestre  est 
sans  doute  un  peiit  in-4*  de  10  feuillets*  iniprinié  k 
Uurgos,  en  i55o,  et  intuulé  :  La  vida  del  ^teiiovaii* 
îurado  tant  Amaro,  y  de  lot  peligrot  que  pasto  hatta 
que  elego  al  Parayto  terrenaL 

Adam  ne  passa  qu*un  jour  dans  le  Paradis  selon 
divers  auteurs  ^  d*atttres  portent  la  durée  de  son 
séjour  à  trois,  sis,  h  neuf  ou  à  quaranus  jours  ;  il 
eu  t*sl  qui  Téien  Jeiit  jusqu'à  quarante  ans. 

Thomas  Malvenda,  dans  son  livre  :  Ue  Paradito^ 
Rouis,  4605,  iH'4*,  p.  Î4I  et  suiv.,  rapporte  ces 
«Lvcrscs  ooiiiio>ts ,  et  couclut  eu  disant  :  Tutint  e$9 


lorsqu'il  se  fut  levé,  il  dut  fermer  les  yeuc» 
car  il  no  pouvait*  supporter  la  lumière  qui 
sortait  du  milieu  du  trône  de  Dieu  en  lace 
de  lui. 

Ridhwan,  le  portier  du  paradis,  amena 
alors  à  Adam  le  cheval  ailé  Meiman,  et  il 
conduisit  pour  Eve  une  chamelle  aux  pieds 
rapides.  Gabriel  l'aida  à  y  monter,  et  il  la 
mena  dans  le  paradis,  où  tous  les  an^es  et 
tous  les  animaux  les  accueillirent  en  disant: 
«  Soyez  les  bieti-venus,  père  et  mère  de 
Mahomet.  •  Au  milieu  du  paradis  était  un 

fiavillon  de  soie  verte,  soutenu  par  des  pi- 
lers  d'or,  et  contenant  un  trône  sur  lequel 
Adam  et  Eve  s'assirent 

Ils  se  rendirent  ensuite  dans  le  jardin,  et 
Dieu  leur  parla  en  ces  termes  :  «  Je  vous  «i 
assigné  ce  jardin  ^ur  demeure;  vous  n'y 
aurez  à  redouter  ni  le  froid,  ni  la  chaleur  t 
ni  la  faim,  ni  la  soif.  Jouissez,  seloi:  vos  dé- 
sirs, de  tout  ce  qu'il  renferme;  le  fruit  d'un 
seul  arbre  vous  demeure  interdit.  Gardez- 
vous  bien  d'enfreindre  ce  commandement,  eC 
armez^vous  contre  les  ruses  de  votre  ennemi 
Iblis;  il  vous  suit  et  vous  cherche  aOn  de 
vous  tromper  et  de  vous  perdre.  » 

Adam  et  Eve  écoutèrent  avec  attention  la 
parole  de  Dieu,  et  vécurent  cinq  cents  ans 
dans  le  paradis ,  à  ce  que  rapporte  la  tradi- 
tion, sans  s'approcher  du  fruit  défendu. 

Iblis,  qui  avait  entendu  la  défense  que  Dieu 
avait  faite,  rô<la  longtemps  autour  du  para- 
dis, dont  l'accès  lui  était  interdit  et  que  gar* 
datt  l'ange  Ridiewin;  il  avait  l'espoirde  trou- 
ver l'occasion  de  s'y  glisser,  et  de  faire  tôm« 
ber  en  faute  nos  premiers  parents.  Un  jour 
un  paon  se  plaga  devant  la  porte  du  paradis: 
Cet  oiseau,  au  plumage  semé  d'émeraudes 
et  de  rubis,  était  le  plus  beau  de  tous  les 
oiseaux  ;  sa  voix  était  aussi  pleine  d'harmonie 
et  de  charme;  car  chaque  jour  il  était  appelé 
k  proclamer  la  louange  du  Très«Haut  sur  les 
chemins  du  ciel. 

Iblis,  voyant  le  paon,  se  dit  k  lui-même  : 
fl  Ce  bel  oiseau  est  sans  doute  plein  de  va- 
nité; peut-être,  en  le  Battant,  le  déciderai-je 
k  me  faciliter  l'entrée  du  paradis.  »  Il  aborda 
donc  le  paon,  en  lui  disant,  lorsou'il  fut  as- 

adhœrere  eommuniori  opinion!  uno  eodemque  die  et 
ereatum  ei  ejectum,  W  examine,  p.  281 ,  la  question 
suivante  :  Chrinui  quadraginta  diebus  poit  retur- 
reciionem^  num  fuerit  in  Paradiêo  terreUri^  tum 
Saiietii  qu^i  eduxit  e  limbo,  p.  iSI. 

Il  ne  serait  pas  diruciie  de  signaler  de  nom- 
lirenses  opinions  singulières  émises  au  sujet  de 
lEilen.  * 

Gonxalez,  dans  son  Itinéraire  dm  nouvemn  mottdt^ 
Cé  8,  dit  qu'un  roi  du  Bengale,  instruit  que  le  Pa- 
radis était  à  la  source  du  Gange ,  envoya  une  eipc- 
dition  pour  remonter  le  fleuve  jusqu'à  son  origine; 

auVlle  parvint  dans  un  endroit  charmant  rempli  de 
eurs  embaumées  et  de  parfums ,  mais  ne  put  jamais 
avancer  malgré  tous  sen  effurts  ;  le  courant  la 
rapporuit  toujours  au  même  endroit. 

Quelques  auteurs  ont  cru  que  le  Paradis  terrestre 
était  dans  File  de  Ceylan  ;  le  visionnaire  Postel , 
dont  nous  avons  déjà  parlé  (t.  I,  eol.  i009),  affirme 
dans  son  Compendiu«%  eoimographieum  ,  qu*il  éiatt 
sous  le  pèle  arctique. 


49 


ADA 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ADA 


5a 


sez  loin  de  la  porte  du  poradis  pour  que 
Ridhwan  ne  pût  Tenlendre:  «Ole  plus  admi- 
rable de  tous  les  oiseaux,  n*appartiens-tu  pas 
aux  oiseaux  du  paradis?  —  Oui»  répondit  le 
paon;  et  qui  es-tu»  toi»  qui  parais  si  craintif 
et  aussi  troublé  que  si  tu  étais  poursuivi?  — 
Je  suis  du  nombre  des  chérubins  qui  sont 
tenus  de  louer  constamment  le  Très-Haut;  je 
suis  venu  ici  inaperçu»  aûn  de  jeter  un  coup 
d*œi]  rapide  sur  le  paradis  que  Dieu  destine 
aux  hommes  pieux  ;  veux-tu  me  cacher  sous 
tes  ailes  magniQques?  —  Pourquoi  ferai-je* 
une  chose  qui  attirerait  sur  moi  le  déplaisir 
de  Dieu?  —  Prends-moi  avec  toi,  créature 
charmante;  je  t'enseignerai  trois  mots  mys- 
térieux qui  te  préserveront  de  la  maladie,  de 
la  vieillesse  ej  de  la  mort.  —  Est-ce  que  les 
habitants  doivent  être  frappés  de  la  mort? — 
Tous,  sans  exception;  si  ce  n*e$t  ceux 
qui  su  préservent  de  la  mort  au  moyen 
des  trois  mots  dont  je  te  parle.  ^  Dis-tu  la 
Térité?—  Oui,  par  Dieu  le  Tout-Puissant.  » 

Le  paon  ajouta  foi  à  ce  serment;  il  ne  crut 
pas  possible  qu'une  créature  fit  un  faux  ser- 
ment en  invoquant  le  nom  du  Créateur. 
Craignant  toutefois  que  Ridhwan  ne  le  visi- 
tât avec  rigueur  à  sa  rentrée  dans  le  paradis, 
il  avoua  à  Iblis  qu'il  éprouvait  une  grande 
répugnance  à  faire  ce  qui  lui  était  demandé, 
et  il  lui  conseilla  d'avoir  recours  au  serpent 
qui  trouverait»  dans  son  habileté,  quelque 
moyen  pour  lui  faciliter  l'entrée  du  paraais. 

Le  serpent  fut»  dans  l'origine»  le  roi  des 
animaux.  Sa  tête  était  comme  le  rubis,  et  ses 
yeux  comme  des  émeraudes.  Le§  plus  belles 
couleurs  se  jouaient  sur  sa  peau,  et  sa  che« 
'Telure  était  ondoyante  et  souple  comme  celle 
d'une  jeune  vierge.  Le  safran  lui  servait  de 
nourriture;  le  musc  et  l'ambre  se  faisaient 
sentir  autour  de  lui;  sa  résidence  était  sur 
les  bords  charmants  du  Kanchar  {fleuve  du 
furadiê).  Il  avait  été  créé  mille  ans  avant 
l'homme.  Cette  belle  et  intelligente  créature, 
pensa  le  paon,  sera  encore  plus  que  moi 
animée  du  désir  de  conserver  une  jeunesse 
et  une  santé  éternelles,  et  aûn  de  connaître 
les  trois  mots  mystérieux»  elle  se  hasardera 
à  quelque  entreprise  à  l'insu  de  Ridlewin. 


qu 


[^  paon  ne  s'était  pas  trompé;  car  dès 
'il  eut  parlé  au  serpent,  celui-ci  s'écria  ; 
t  Quoi!  est-ce  que  la  mort  doit  me  frapper? 
Est-ce  que  mes  yeux  doivent  se  fermer,  mes 
dents  tomber  et. mon  corps  être  réduit  en 
poussière?  Dut  la  colère  de  Ridhwan  m'at- 
teindre,  je  cours  vers  le  chérubin,  et  je  le 
conduise  Adam  pourvu  qu'il  m'apprenne  les 
trois  mots  mystérieux,  v 

Allant  donc  vers  Iblis»  le  serpent  se  lit  ré- 
péter ce  que  le  paon  lui  avait  dit.  Iblis  con- 
firma de  nouveau,  par  un  serment  solennel, 
ee  qu'il  avait  dit.  «  Comment  pourrai^je  t'in^ 
troduire  dans  le  paradis  sans  que  tu  sois 
aperçu?  demanda  le  serpent.  —  le  me  ferai 
SI  petit  que  je  trouverai  è  me  placer  dans 
rintervatle  de  tes  dents  de  devant.  —  Mais 
comment  peurrai-je  alors  r^ondre  si  Ridh- 
wan m'appelle?  —  Ne  crains  rien;  je  connais 
des  noms  sacrés  qui  feront  que  Ridhwan 
gardera  le  silence.  » 


Le  serpent  ouvrit  la  bouche;  Iblis  y  entra» 
se  plaça  entre  les  dents  du  reptile,  et  les 
empoisonna  à  jamais.  Après  êtro  entré  dans 
le  f)aradis,  sans  que  Ridhwan  se  fûtaperçu  de 
rien»  le  serpent  ouvrit  la  bouche»  dans  I  idée, 
que  le  chérubin  reprendrait  sa  tigure  habi- 
tuelle; mais  Iblis  voulut  ne  pas  paraître  trop 
tôt  devant  nos  premiers  parents»  et  le  ser- 
pent» toujours  curieux  de  connaître  les  trois 
mots  sacrés,  lui  obéit.  Ils  s'approchèrent 
d*£ve,  et  Iblis  poussa  un  profond  soupir. 

a  Pourquoi  es-tu  aujourd'hui  si  triste»  cher 
serpent?  demanda  £ve.  —  Je  suis  inquiet  de 
ton  sort  et  de  celui  de  ta  race,  répondit  Iblis 
en  imitant  la  voix  du  serpent.  —  N'avons*» 
nous  pas  dans  ce  jardin  tout  ce  que  nous 

Couvons  désirer?  —  C'est  vrai,  mais  le  plus 
eau  des  fruits  qu'il  renferme,,  celui  qui 
vous  donnerait  une  félicité  parfaite,,  vous  est 
interdit.  —  N'avons-nous  pas  en  abondance 
des  fruits  des  plus  belles  couleurs  et  déli- 
cieux au  goût?  Ne  pouvons-nous  pas  renon*. 
cer  à  un  seul?  —  Si  tu  savais  ce  que  vous 
donnerait  ce  fruit  qui  vous  est  défendu,  lou-s 
les  autres  vous  paraîtraient  sans  aucun  mé- 
rite. ^  Dis-moi  donc  quelles  sont  ses  pro- 
priétés? —  Ce  fruit  est  le  seul  qui  procure 
une  jeunesse  éternelle,  tandis  que  tous  les 
autres  attirent  à  leur  suite  la  maladie,  la- 
faiblesse»  la  vieillesse,  et  enfin  la  mort.  — 
Tu  n'avais  jamais  parlé  ainsi  ;. comment  sais- 
tu  pareilles  choses?  ^  Je  les  ai  apprises 
d'un  ange  que  j'ai  trouvé  sous  l'arbre  dé- 
fendu. —  Il  faut  que  je  le  voie  et  que  je  lui 
Earle,  )»  dit  Eve,  et  elle  se  dirigea  vers  l'ar- 
re  défendu. 'Iblis  sortit  aussitôt  de  la  bouche 
du  reptile,  et  se  trouva  sous  l'arbre,  revêtu 
de  la  forme  d'un  ange ,  avant  qu'Eve  n'y  tfii 
arrivée»  «  Qui  es-tu»  créature  merveilleuse?  n> 
demanda-t-elle  ;  «  je  n'ai  rien  vu  qui  te  res- 
semble. -—  Je  suis  un  homme  devenu  un 
ange.  —  Comment  es-tu  devenu  un  ange? 
—  par  l'usage  de  ce  fruit  qu'un  Dieu  jaloux 
m'avait  défendu.  J'obéis  longtemps  à  cet  or- 
dre», et  je  devenais  de  plus  en  plus  faible  et 
souffrant;. mes  yeux  cessèrent  de  voir»  mes 
oreilles  d'entendre  ;  mes  dents  étaient  tom- 
bées, mes  mains  tremblaient;  ma  tète  pen- 
chait sur  ma  poitrine,  mon  dos  se  courbait; 
j'étais  devenu  si  hideux  que  tous  les  animaux 
habitants  du  paradis  s'enfuyaient  avec  effroi 
dès  qu'ils  m'apercevaient;  je  désirais  la  mort , 
et  j'espérais  la  trouver  en  goûtant  ce  fruit; 
mais  à  peine  i'eus-je  dans  la  bouche,  je  me 
trouvai  rajeuni  comme  aux  premiers  jours 
de  mon  existence,  et  quoique  des  milliers, 
d'années  se  fussent  écoulées»  il  n'y  avait  paa 
le  moindre  changement  dans  mes  traits,  la. 
moindre  diminution  dans  mes  forces.  —  Dis- 
tu  vrai?  —  Par  le  Dieu  oui  m'a  créé  ^  » 

Eve  crut  le  serpent;  elle  arracha  une  tige 
de  l'arbre.  Cet  arbre  magnifique  avait  le 
tronc  comme  de  Tor»  les  branches  comme  de 
l'argent,  les  feuilles  comme  des  émeraudes.. 
Chaque  branche  portait  sept  rameaux:  cha- 
que rameau  soutenait  cinq  fruits  blancs 
comme  la  neige»  doux  comme  du  miel,  par- 
fumés comme  le  musc  et  gros  comme  des 
œufs  d'autruche.  Eve  mangea  un  de  ces 


«I 


DICTIONNAIRE  DES  ÂPOCUYPIIES. 


fruits,  et  le  trouva  biea  plus  savoureux  que 
tout  ce  qu'elle  avait  KoAté  jusqu*alors;  die 
on  tendit  un  autre  è  Adam.  Adam  résista 
pendant  longtemps,  selon  quelques  savants, 

i)cndAni  une  heure,  période  correspondante 
I  quatre-vingts  ans  de  la  mesure  actuelle  du 
leuips.  Il  céda  entin,  et  mangea  le  fruit  que 
lui  présentait  son  épouse. 

Aussitôt  la  couronne  qui  entourait  la  tète 
d*Adam  remonta  vers  le  ciel  ;  ses  vêtements 
de  soie  se  déchirèrent;  il  resta  dépouillé  et 
tremblant,  ainsi  qu'Eve,  et  ils  entendirent 
une  voix  qui  disait  :  «  Grande  est  votre  in- 
fortune et  longue  sera  votre  douleur.  »  Le 
cheval  Heîmoun,sur  lequel  Adam  avait  cou- 
tume de  monter,  le  repoussait  dit  :«  Est-ce 
ainsi  que  tu  as  observé  Tordre  que  Dieu  l'a- 
vait donné?  h  Tous  les  habitants  du  paradis 
s'éloignèrent  d'eux  et  prièrent  le  Seigneur 
de  les  expulser  d'un  séjour  aussi  saint.  Dieu 
lui-ii.êrae  parla  h  Adam  d'une  voix  de  ton- 
nerre, et  lui  dit  :  «  Ne  t'ai-je  pas  interdii  ce 
fruit  et  recommandé  de  le  («réserver  des  ru- 
hes  dlblis?  »  Adam  et  Eve^voulurent  fuir, 
mais  iU  n'en  eurent  pas  la  force,  et  une  voix 
]»artant  de  l'arbre,  dit  :  «  Il  est  impossible 
d'échafiper  à  la  vengeance  de  Dieu,  h 

Le  Seigneur  dit  alitrs  :  «  Sortez  du  paradis 
avec  les  animaux  qui  vous  ont  accompagnés 
dans  votre  péché;  ce  n'est  que  par  un  rude 
travail  que  vous  vous  procurerez  votre  nour- 
riture; Eve  sera  frappée  de  bien  des  iuflrmités 
et  n'enfantera  qu'avec  de  grandt'S  douleurs; 
le  paon  sera  privé  de  sa  belle  voix  et  le  ser- 

f»ent  de  ses  pieds;  les  trous  les  plus  obscurs 
ui  serviront  de  résidence,  la  poussière  sera 
sa  nourriture,  et  ceux  qui  le  tueront  com- 
uiettront  une  œuvre  méritoire.  Iblis  sera 
condamné  aux  peines  éternelles  de  l'enfer.  » 
Ils  furent  ensuite  emportés  hors  du  pa- 
radis avec  une  rapidité  extrême;  Adam  sortit 
par  la  |)orte  de  la  Pénitence,  comme  indice 
que  son  n^pentir  pourrait  lui  faire  mériter 
de  rentrerdansTEden;  Eve  sortit  par  la  porte 
de  la  Gr&ce;  le  paon  et  le  serpent  par  celle 
de  la  Colère,  et  Ibli^  par  cçlle  de  la  Malédic- 
tion. Adam  tomba  dans  l'Ile  de  Serendib,  Eve 
auprès  de  D^idda,  le  serpent  dans  le  désert 
lie  Sahra,  le  paon  en  Perse  et  Iblis  dans  le 
fleuve  Eilas. 

Lorsqu'Adam  toucha  la  terre,  l'aigle  dit 
à  la  baleine,  avec  laquelle  il  avait  vécu  jus- 
qu'alors en  bonne  amitié,  conversant  fré- 
3 uemment  ensemble  sur  les  bords  de  la  mer 
es  Indes  :  4  11  faut  maintenant  que  nous 
nous  séparions  pour  toujours,  car  il  n'y  a 
nulle  sûreté  sur  la  terre  en  présence  de 
l'homme;  les  profondeurs  de  l'abîme  peuvent 
seules  le  garantir  de  sa  malice  et  de  sa  ruse, 
et  je  vais  me  réfugier  sur  les  hauteurs  les 
plus  inaccessibles.  » 

Adam  fut  tellement  troublé  de  se  voir  seui, 
que  son  visaj^e  jusqu'alors  uni,  se  couvrit 
de  f)oiis;  il  s'affligea  de  se  voir  ainsi  barbu, 
mais  une  voix  lui  cria  :  «  La  barbe  est  l'or* 
uement  de  l'homme  ;  c'est  ce  qui  le  distingue 
ou  sexe  plus  faible.  »  Adam  versa  tant  de 
larmes  que  tous  les  animaux  et  tous  les  oi- 
beôux  Durent  s'en  dé^faltérer,  et  comme  il 


avait  encore  en  lui  la  Sf^ve  fournie  par  les 
aliments  du  paradis,  celles  qui  pénétrèrent 
dans  la  terre  donnèrent  naissance  aux  éptces 
les  plus  précieuses  et  h  des  arbres  parfumés. 
Quoiqu'il  fût  encore  d'une  taifle  si  élevée 
que  sa  tète  touchait  le  firniament*  et  qu'il 
|M)uvait  entendre  le  chant  des  anges,  Eve, 
qui  était  h  Djedda,  ne  le  voyait  pas,  et  elle 
versa  des  larmes  qui ,  tombant  dans  la  mer, 
se  changèrent  en  perles,  et  qui,  sur  la  terre, 
produisirent  les  plus  belles  fleurs.  Tous  deux 
se  lamentaient  si  hautement  que  le  vent  leur 
apportait  de  t'unk  l'autre  le  bruit  de  leurs  gé- 
missements. Les  pleurs  d'Adam  coulèrent  en 
telle  abondance  que  ceux  qui  sortirent  de 
son  œil  droit  formèrent  TEuphrate ,  et  ceux 
de  l'œil  gauche  formèrent  le  Tigre. 

Le  monde  entier  retentissait  de  cris  de 
douleur,  et  toutes  les  créatures  pleuraient 
avec  Adam,  depuis  l'insecte  invisible  à  cause 
de  sa  petitesse,  jusqu'aux  anges  çfkn  tiennent 
la  terre  dans  une  de  leurs  mains,  lorsoue 
Dieu  lui  envoya  l'ange  Gabriel ,  avec  les 
mots  qui  devaient  aussi  sauver  Jonas  dans 
le  ventre  de  la  baleine  :  «  Il  n'y  a  pas  d'autre 
D  eu  que  toi  :  j'ai  péché;  pardonne-moi,  par 
Mahomet,  le  plus  grand  et  le  dernier  des 
prophètes  dont  le  nom  est  gravé  sur  ton  trône 
saint,  h 

Aussitôt  qu'Adam  eut  proféré  ces  paroles 
d'un  cœur  plein  de  repentir,  les  (aortes  du 
ciel  s'ouvrirent,  et  Gabriel  lui  cria  :  «  Adam^ 
Dieu  a  accueilli  ta  pénitence;  adrésse-lni 
tes  prières  ;  il  t'accordera  ce  que  tu  demandes, 
et  môme  te  retour  dans  le  paradis  après  un 
temps  déterminé.  » 

Adam  pria  et  dit  :  «  Seigneur,  protége-moi 
contre  les  tentatives  de  mon  ennemi  Iblis. — 
Dis  :  il  n'y  a  d'autre  Dieu  que  Dieu  ;  ces  pa- 
roles sont  aussi  funestes  è  Iblis  qu'une  flèche 
empoisonnée.  —  Les  aliments,  et  les  bois- 
sons, et  les  habitations  qu'il  v  a  sur  cette 
terre  ne  m'induiront-ils  pas  a  pécher?  — 
Bois  de  Teau,  ne  mange  d'autre  chair  que 
celle  d'animaux  purs  qui  auront  été  tués  au 
nom  de  Dieu  ;  b&lis  des  mosquées  pour  y  ré- 
sider; alors  Iblis  n'a  aucune  puissance  sur 
toi.  —  Et  si,  pendant  la  nuit,  il  m'assaille 
avec  de  mauvais  rêves  et  des  pensées  cou|»a- 
bles?  —  Alors  lève^toi,  hors  de  ton  lit,  et 
prie.  —  Seigneur,  comment  pourrai-je  tou- 
jours distinguer  le  bien  d'avec  le  mal?  — 
Je  te  guiderai,  et  deux  anges  habiteront  en 
ton  cœur  pour  t'encouragerau  bien  et  te  dé- 
tou'^nor  au  mal.  —  Seigneur,  accorde-moi 
aussi  le  pardon  de  mes  péchés  è  venir.  — 
Tu  ne  peux  l'obtenir  que  par  de  bonnes  œu«> 
vres;  mais  le  mal  ne  »era  puni  qu'une  fuis 
et  le  bien  sera  récompensé  dix  fois.  » 

L'ange  Mîchaël  avait,  de  sou  côté,  été  en- 
voyé auprès  d'Eve,  allu  de  lui  annoncer  que 
Dieu  lui  pardonnait. 

«  Et  avec  quelles  armes,  demanda-l-elle, 
dois-ja  combattre  le  péché,  moi  qui  Suis  si 
faible  de  cœur  et  d'esprit? — Dieu,  »  répondit 
l'ange,  «  t'a  donné  un  sentiment  de  pudeur 
qui  contrôlera  tes  passions,  de  môme  qu'une 
foi  sincère  réprime  celles  de  l'homiiie.  — 
Et  qui  me  piotégera  contre  le  pouvoir  de 


53 


ADA 


PART.  Ilï.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ADA 


54 


rbomme,  ani  m*est  bien  supérieur  sous  le 
rapport  de  la  force  duxorps  et  de  la  vigueur 
de  Tespril? — Tu  seras  protégée  parl*amour 
que  rbomme  aura  pour  toi,  et  par  le  senti- 
ment do  compassion  que  je  place  dans  son 
cœur.  —  Dieu  ne  me  donne-t-il  aucun  gage 
du  pardon  qu*il  m*accord(^^  —  Tu  recevras 
la  récompense  des  souffrances  que  tu  éprou- 
Teras  pendant  toute  la  grossesse  et  à  Tépo* 
quederenfantementi  et  la  femme  qui  mourra 
en  couche  sera  regardée  comme  une  mar- 
tyre. » 

Ibiis,  enhardi  par  le  pardon  accordé  è 
Adam  et  à  Eve»  implora  aussi  du  Seigneur 
un  adoucissement  à. ses  peines;  il  oblint  que 
les  tourments  de  Tenfer  seraient  suspendus 
jusau'à  la  résurrection,  et  un  pouvoir  illi- 
uiité  lui  fut  donné  sur  tous  les  pécheurs  qui 
méprisent  la  parole  de  Dieu. 

«  Kt  où  dois-je  résider?  demanda-t-il.  — 
Dnns  les  ruines,  dans  les  cimetières,  et  dans 
les  endroits  impurs  qu*évilent  les  hommes. 
—  Quelle  est  la  nourriture  qui  me  sera 
allouée?  —  Tout  ce  i]ui  sera  tue  au  nom  d«s 
idoles.  —  Avec  quoi  pourrai-je  apaiser  ma 
soif?  —  Avec  du  vinet  les  autres  liqueurs 
enivrantes.  —  Quelles  seront  mes  occuper 
lions  à  mes  heures  de  loisir?  —  La  musique, 
la  danse,  le  chaut  et  les  vers  lascifs.  —  Com- 
ment puis-je  combattre  Thomme  qui  a  reçu 
la  révélation,  et  à  qui  tu  as  donné  deux  au- 
ges pour  le  protéger?  —  Ta  postérité  sera 
plus  nombreuse  que  la  sienne,  car  pour 
chaque  homme  qui  naltra^  il  viendra  au 
monde  sept  esprits  malins  qui,  toutefois,  ne 
pourront  rien  contre  les  vrais  croyants.  » 

Dieu  Gt  un  pacte  avec  les  descendants  d'A- 
dam; il  toucha  le  doa  du  premier  homme, 
et  aussitôt  tous  les  hommes  qui  doivent 
naître  jusqu'à  la  fiodu  monde,  en  sortirent, 
gros  comme  des  fourmis,  et  se  placèrent  à 
droite  et  è  gauche  d'Adam.  A  la  tète  des  pro-^ 
raiers  se  trouvait  Mahomet,  ensuite  les  au- 
tres prophètes  et  les  croyants,  qui  se- distin- 
guaient, par  une  couleur  blanche  et  écla- 
tante, des  pécheurs  placés  h  gauche  sous  la 
direction  de  Kabil  (Gain)  le  fraificide.         < 

Dieu  fit  connaître  h  Adam  le  nom  et  la 
destinée  de  chacun  denses  descendants,  et 
quand  vint  le  tour  du  roi  David,  auauel , 
dans  le  principe,  il  n'avail  été  accordé  que 
trente  ans  de  vie,  Adam  demanda  :  «  Quelle 
doit  être  la  durée  de  mon  existence  ?  »  Dieu 
répondit  :  «  Milleans.  »  Et  Adam  dit  :  «  Sei- 
gneur, je  donne  à  David  soixante-dix  ans  à 
prendre  sur  ma  vie  (31).  »  Dieu  v  consentit; 
mais ,  lonnaissant  qu*Adam  n'était  pas  sta- 
ble en  ses  enga^^ements ,  il  ût  inscrire  cette 
donation  sur  du  parchemin  et  il  y  fit  mettre 
Bon-seulement  (a  signature  d*Adaui,  mais 
encore  celle  de  Gabriel  et  de  Michel  comme 
lémoins. 

(3i)  Ub  récit  à  peu  près  semblable  se  lit  dans 
le  Tainiud  :  Dien  roonira  à  Adam  tous  ses  desceii- 
Uatiu ,  les  rois ,  les  propbéies ,  les  ducteurs.  Adam 
vil  qu*uae  exisience  de  irois  heures  seulement  était 
accordée  à  David,  et  il  dit  :  <  beigneur  ei  Créateur 
du  mondje,  est-ce  ^ue  c'est  immuable?  —  Dieu  ré- 
pondit :  Telle. avait  d*abord  été  ma  pet:bcc.  —  Corn- 


Quand  tous  les  descendants  d'Adam  furent 
rassemblés ,  Dieu  s'écria  :  «  Reconnaissez- 
vous  que  Mahomet  est  mon  firophète?  »  Les 
hommes  placés  à  la  droite  d'Adam  s'empres- 
sèrent de  répéter  celte  profession  de  foi; 
mais  ceux  qui  étaient  à  gauche  hésitèrent 
longtemps  ;  les  uns  ne  dirent  que  la  moitié, 
d'autres  se  turent.  Et  Dieu  dit  à  Adam  :  a  Les 
rebelles,  s'ils  persistent  daus  Teadurcisse* 
ment  de  leur  cœur,  seront  condamnés  à  l'en- 
fer, les  croyants  seront  heureux  dans  le  pa- 
radis. »  «  Qu'il  en  soit  ainsi,  »  dit  Adam ,  et 
c'est  ainsi  que  lui-môme  au  jour  de  la  ré- 
surrection appellera  tous  les  hommes  par 
leur  nom  et  leur  annoncera  leur  sentence. 
Dieu  toucha  ensuite  derechef  le  dos  d'A- 
dam, et  tous  les  hommes  rentrèrent  dans  le 
corps  de  leur  ancêtre. 

Dieu  voulant  ensuite  éloigner  Adam  de 
lui  pour  toute  la  vie,  celui-ci  poussa  un  cri 
qui  fit  trembler  la  terre  entière.  Le  Seigneur 
miséricordieux  étendit  alors  derechef  sa 
grflce  sur  le  premier  homme,  et  lui  recomi- 
manda  de  suivre  un  nuage  qui  le  condui- 
rait à  un  endroit  situé  exactement  au  des- 
sous du  trône  de  Dieu  ;  là  il  devait  bAtir  un 
temple.  ^  Tu  seras  alors  ,^)>  dit  le  Sei^^neur, 
«  aussi  près  de  moi  que  les  anges  qui  sont 
rangés  autour  de  mon  trône.  »*  Adam  ,  qui 
conservait  encore  la  structure  gigantesq^uo 
qu'il  avait  reçue  lors  de  sa  création,  Gt  eu 
(quelques  heures  le  chemin  depuis  l'Inde 
jusqu'à  la  Mecque;  là  s*arrêta  le  nuage  qui 
le  guidait.  Il  retrouva  Eve,  et  ils  bâtirent 
un  temple  dont  Gabriel  lui  apporta  le  plan* 
Cet  ange  remit  ensuite  à  Adam  une  pierre 
|icécieuse  qui  devint  plus  tard  toute  noire  ài 
cause  des  péchés  des  hommes.  Cette  pierre 
était  d'abo(d  un  ange  qui  était  chargé  de 
veiller  sur  l'arbre  de  vie  et  d'empêcher 
Adam  d'en  approcher.  11  fut  changé  en  pierre, 
aQn  d'être  puni  de  sa  négligence,  et  ce  n'est 
qu'au  jour  du  jugement  qu'il  reprendra  sa 
forme  primitive  et  qu'il  se  réunira  aux  bons 
anges.  Gabriel  désigna  ensuite  à  Adam  toutes 
les  cérémonies  prescrites  aux  pèlerins  et 
conGrmées  depuis  par  Mahomet.  Adam  re- 
tourna ensuite  avec  Eve  dans  Tlnde;  il  y 
séjourna  jusau'à  la  (in  de  sa  vie,  mais  cha- 
que année  ils  faisaient  le  pèlerinage  de  la 
Mecque.  Sa  taille  se  réduisit  à  soixante  au- 
nes par  suite  de  l'effroi  et  de  la  doulear  que 
lui  causa  la  mortd'Abel.  Lorsqu'il  eut  atteint 
l'âge  de  neuf  cent  trente  an:»,  l'ange  de  la 
mort  lui  apparut  sous  la  forme  d*un  bouc 
hideux  et  réclama  son  âme;  la  terre  s'ouvrit 
devant  ses  pieds  et  demanda  son  corps.  Adam 
frémit  d'épouvante  et  dit  à  Tango  de  la  mort  : 
«  Dieu  ma  accordé  une  existence  de  mille 
ans;  tu  viens  trop  tôt.  »  k  N'&s-tu  pas,  »  ré- 
pondit l'ange ,«  donné  au  prophète  David 
soixante-dix  ans  de  ta  vie?  skAdam  nia  le 

bien  d'années  ai-je  à  vivre?  —  Mille  ans.  —  Pcut-oii 
dans  te  ciel  faire  d«*s  donations?  —  Assurémeni.  — 
Alors  je  donne  à  David  soixaute-dix  ans  a  prendre 
sur  ma  vie.  i  Et  Adam  dressa  un  acte  de  donatioa, 
H  y  mit  son  sci^au  ,  et  Dieu  ,  ainsi  que  Tarcban^o 
MetatroD,  eu  Ûront  auiam. 


»5 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


56i 


fait,  car  il  Tavait  oublié.  Hais  l'ange  tira 
f]*eQtre  sa  barbe  Tacte  de  donatioi) ,  et  le 
montra  h  Adam  ;  alors  celui-ci  rendit  Târoe 
sans  résistance.  Eve  mourut  un  an  après. 

Voici  encore  une  des  nombreuses  tradi- 
tions orientales  du  même  genre. 

Les  Persans,  ennemis  des  Turcs,  racon* 
lent  pour  expliquer  le  ton  discordant  et  im- 
périeux de  cette  langue  que,  lorsqu*Adam 
fut  condamné  à  sortir  du  paradis,  Tange 
Ciabriel,  chargé  de  signi(ier  à  nos  premiers 

Carents  leur  expulsion,  s*étaut  exprimé  d'a- 
oni  ep  persan ,  Adam  refusa  d*obéir.  Sans 
se  rebuter,  lo  divin  messager  employa  suc- 
cessivement larabe,  le  sanscrit  et  toutes 
les  langues  alors  connues»  mais  il  ne  pro- 
duisit pas  plus  d'effet....  Enfin,  cédante 
l'impatience  et  à  la  colère,  il  s'écria  en  turc  : 
Kiopek  oghhet  chik  lioorien  (sors  d'ici, 
chien I),  et  Adam  épouvanté  prit  la  fuite. 
{Revue  britannique.  1856,  p.  309.) 

Fabricius  a  réuni  dans  une  longue  disser* 
talion  tout  ce  aue  des  auteurs  sans  critique 
ont  avancé  à  Tégard  de  divers  points  relatifs 
è  riiistoire  d'Adam;  nous  ne  le  suivrons  pas 
dans  tous  ces  détails  qui  sont  étrangers  à  la 
littérature  bibli(^ue  apocryphe;  nous  nous 
bornerons  k  indiquer  les  titres  des  chapi- 
tres du  travail  de  férudit  Allemand. 

Adami  eommentarius  de  nominibus  anima* 
Hum;  Adamus  edoctus  ab  angelis;  Adamu^ 
apoetolus  Luna;  ejus  de  culiura  terrœ  libri. 
Ceci  ne  s'appuie  aue  sur  Tautorité  de  Mai- 
monides  qui  dit  {More  Nevochim^  ii(,  29)  que 
les  Sabéens  prétendaient  qu'Adam  avait  été 
l'apôtre  de  la  lune,  qu'il  avait  appelé  les 
hommes  au  culte  de  cet  astre,  et  qu'il  avait 
écrit  des  ouvrages  sur  l'agriculture.  Adamus 
propheia.  Quelaues  Pères  de  l'Eglise,  tels 
que  Clément  d'Alexandrie,  saint  Justin, 
saint  Epiphane,  ont  donné  à  Adam  l'épitliè- 
le  de  prophète.  Dans  l'ouvrage  connu  sous  le 
nom  de  Récognitions  et  attribué  a  saint  Clé- 
ment le  Romain,  on  fait  dire  à  saint  Pierre 
3u'il  est  certain  qu*Adam  a' été  un  prophète, 
-.i.JW.) 

Adamus  Prometheus^  repertor  omnium 
diseiplinarum  et  arlium.  C'est  ce  qu'aflirme 
le  lexicographe  Suidas  et  divers  rabbins, 
ainsi  que  des  auteurs  du  moyen  âge,  qui 
ont  grandement  vanté  les  connaissances 
astrologiques  d'Adam.  Adtmi  niira  po- 
testas  m  omnes  res  creatas;  Adami  vita. 
Georges  le  Syncelle,  dans  sa  Chronique^  re- 
late minutieusement  le  nombre  de  jours 
qu'Adam  passa  dars  le  paradis  terrestre. 
/Ldami  pamitentia .  Nous  avons  parlé  en  dé- 
tail de  celte  production  dans  la  première 
|iartie  du  Dictionnaire  des  apocryphes. 
Adami  vestigia  in  insula  Ceylan,  Traditio 
Adami  de  duratione  mundi.  (.Menassch  bea 
Israël  relate ,  d'après  Tautorité  des  cabalis- 
tes,  qu'Adam  avait  prédit  que  le  monde  in- 
férieur durerait  sept  mille  ans  et  le  monde 
supérieur  (ou  Its  cieux)  cinquante  mille;) 
Aaami  nomen:  Hœretici  ab  Adamo  nomen 
sortiti:  De  reliauiis  Adami. 

Fabricius  Indique  aussi,  p.  48,  divers  au- 
teurs qui  ont  fait  des  recherches  spéculas 


De  Adami  pœnitentia.  De  saptentia  Adamif  De 
Adami  seputtura.  De  Adamo  non  Androgyno^ 
De  sulule  Adami.  Il  serait  inutile  de  donner 
en  détail  les  titres  de  ces  écrits  sans  valeur 
critique  et  qui,  pour  la  plupart,  sont  im- 
primés en  Allemagne  et  peu  laciles  à  se  pro- 
curer en  France. 

Un  grand  nombre  de  poètes  ont  cherf:hé 
dans  l'histoire  d'Adam  matière  à  leurs  écrits. 
Si  nous  parlons  des  œuvres  dramatiques  » 
nous  pourrons  citer  :  Adamus.  dans  les  Fa^ 
buta  eomicœ  de  G.  Macropedius,  Ulrecht, 
1552,  in-8*  ;  Eva,  actio  Micra  Xysti  Betuleii 
dans  les  Dramata  sacra  ^  Bâie,  VAl. 

La  littérature  française  présente  entre  au- 
tres productions  : 

Le  Paradis  /erresrre  f  divertissement  spi- 
rituel, par  l'abbé  Nadal  (imprimé  dans  ses 
Œuvres,  Paris,  1738,  3  vol.  in-12);  iidam 
et  Ev€f  ou  la  Chute  de  rhomme.  par  Tanne* 
TOt,  Amsterdam,  1742,  in  8*  (et  dans  les 
Poésies  diverses  de  cet  auteur,  Paris ,  1766^ 
3  vol.  in-12);  La  mort  d'Adam,  tragédie  de 
Klopstock,  traduite  de  Tallemand  (par  l'abbo 
Romain),  Paris ,  1762,  in-12;  Adam  et  £te, 
tragédie  nouvelle  et  lyrique  {le  titre  esi 
txactem^i  reproduit).  Amsterdam,  1762, 
in-12. 

Une  œuvre  plus  remarquable  et  plus  cu- 
rieuse a  été  mise  au  jour  récemment  sous 
le  titre  d'iidam, drame  anglo*normaod  du  xii* 
siècle,  publié  pour  la  première  fois  d'après 
un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Tours  par 
Victor  Luzarches,  in-8*,  pages  LxiivellOl. 
Ce  drame  est  le  plus  ancien  que  l'on  con- 
naisse en  langue  française  et  en  vers  fran- 
çais. 11  se  partage  eu  trois  actes  avec  des 
chœurs  et  un  épilogue,  il  se  compose  de 
treize  cents  vers  environ;  la  chute  de  l'hom-. 
me ,  la  mort  d*Abel  et  des  prophéties  sur 
l'avènement  du  Sauveur  eq  forment  le  sujet. 
Le  tnanuscrit  est  d'autant  plus  intéressant 
qu'il  contient  en  rubriques  fatineslamiseea 
scène  de  la  représentation  (ordo  représenta^' 
cionis  Ade]  et  des  instructions  sur  Tes  déco- 
rations, le  costume»  les  gestes  et  la  pronon* 
ciatioii  des  acteurs  ;  l'éditeur  n'a  fait  tirer 
ce  volume  qu'à  deux  cents  exemplaires. 

Nous  rencontrons  en  allemand  le  Jeu  de 
la  création  d'Adam  et  Eve  et  de  leur  chuie 
dans  le  paradis,  composé  par  Jacob  Rueff» 
Zurich,  1550,  in*8*;  Comédie  de  la  chute 
d*Adam  et  Eve  (représentée  à  Kœnigsberg , 
le  jour  de  la  fête  de  Saint-André ,  en  1573}, 

Ear  G.  RoU  ;  Comédie  spirituelle  sur  la  chute 
tmentable  d'Adam  et  Eve.  par  J.  Stricker, 
1590.  A  une  époque  bien  plus  rapprochée, 
Klopstock  a  fait  un  drame  sur  La  mort  iA- 
dam  et  Eve. 

La  littérature  italienne  nous  offrira  d'a- 
bord une  pièce  devenue  fameuse,  parce  que 
l'on  suppose  qu'elle  a  fourni  è  Milton  le  fon- 
dement et  quelques  détails  de  son  poëme 
célèbre,  nous  voulons  parler  de  V Adamo ^ 
sacra  représentations  de  G.  B.  Andreini  » 
Milan,  1613,  ou  1617.  Les  biographes  de 
Hilton  ont  traité  en  détail  la  question  du 
service  que  le  drame  italien  a  pu  rendre  à 
l'épiipée  anglaise.  On  peut  surtout  coi^salteo 


AiND 


PART,  \».  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


5ft 


Hajlej,  life  ofMilton,  BAIe,  1800.  p.  291 , 
nui  donne  une  analyse  sc&ne  par  scène  de 
vAdamo.  Parmi  les  écrivains  français  qui 
s'en  sont  occupés  «  nous  mentionnerons  Sal- 
ti  (Histoir$  lUtérair$  d^ItalU,  t.  Xli ,  p.  510- 
517) ,  et  M.  le  marquis  Du  Roure  lAmUcta 
Biblion ,  1638,  t.  II ,  p.  86). 

On  rencontre  encore  dans  la  langue  ita- 
lienne :  Adamor  caduto^  tragedia  sacra  da 
Serafino  Salendra,  Cosenza ,  16^7,  in-8*;  Ia 
scena  tragica  d'Adamo  ed Evalue  TroUo  Lan- 
cetia,  1^1. 

Parmi  les  épopées  consacrées  à  l'histoire 
de  nos  premiers  parents»  on  ne  doit  pas 
oublier  celle  du  Jésuite  J.  Masenius,  Sarc(H 
li#,  publiée  pour  la  première  fois  à  Colo- 
gne, en  1661|  dans  un  recueil  Inlitulé  :  Pa- 
ïœsira  eloquefUiœ ,  et  réimprimé  en  1771.  On 
a  prétendu  que  MiHon*  d(^ns  son  poëme  du 
faradU  perdu  ^  avait  fait  des  emprunts  à 
cet  écrivain  peu  connu  du  public.  O'est  ce 
qu*»ni  discuté  Pabbé  Dinouart,  dans  sa  tra- 
duction de  U  SarcodSf  Paris  i  1757»    et 


Tauteur  d'un  article  inséré  dans  le  Journal 
étranger  9  octobre  1754.  Plus  récemment  M. 
Sainl-Marc  Girardin  a  inséré  dans  la  Revue 
de  Parité  t  XLI»  p.  IM,  une  notice  intéres- 
sante sur  Masenius.  (  Voy.  aussi  l'article 
que  M.  Woiss  a  consacré  à  cet  auteur  dans 
la  Biographie  universelle^  t.  XXyil«  p.  357.) 

Il  existe  aussi  un  pcëme  italien,  Adamo^ 
dû  Giovanni  Soranzo  (les  deux  premiers  li- 
vres) »  (^énes»  1604  »  in-12. 

En  espagnol»  on  remontre  une  production 
singulière  intitulée  :  Libro  de  cavaUeria  ce--. 
lestiat  del  pie  de  Rosa  fragrqnie^  par  Hiero- 
nimo  San  Pedro^  Anvers,  1554»  in-8''.L*autear 
a  fait  d^  récits  de  la  Bible  une  espèce  de 
roman  de  chevalerie  ;  il  appelle  le  serpent» 
le  cavalit^r  du  Serpent  {et  cavallero  dell9» 
Sierpe);  il  parle  du  prince  Adam  et  de  la 
belle  princesse  £ve.  Son  livire  est  divisé  en 
cent  douze  merveilles»  au  lieu  de cb^pitres» 
et  la  septième  merveille  riw^onte  :  Comment 
le  prince  Adam  combattu  contre  le  chevalin" 
du  Serpent  et  fut  vaincu  en  cçtte  ba^tailU» 


AMMONIUS. 


Cet  écrivain,  qui  vivait  à  Alexandrie  i^pror 
bablement  vers  le  milieu  du  m'  siècle»  et 
qu'il  n'est  pas  aisé  de  discerner  bien  exac- 
tement des  autres  Alexandrins  qui  portèrent 
le  même  nom»  est  indiqué  par  Zacharie» 
<^vèquedeChrjsopolis,au  xu'  siècle»  comme 
l'auteur  d'une  Harmonie  des  Evangi  les.  (Com- 
ineni.  in  Diatessaron^  dans  la  Bibliotheca 
iHoxima  Patrum^  Lyon,  t.  XIX»  p.  732.)  Un 
travail  de  ce  genre,  offrant  un  résumé  assez 
imparfait  des  narrations  contenues  dans  les 


quatre  Evangiles  »  a  été  publié  à  Augsbourg 
en  1523»  par  O.  Lucinius,  Depuis  on  a  suppose 

3ue  c'était  l'écrit  qui  était  sorti  de  la  plume 
e  Tatien  et  que  d'anciens  auteurs  ont  men-» 
tionné.  {Voy.  des  détails  à  cet  égard  k  l'ar- 
ticle Tatibn.) 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  l'œuvre» 
mise  au  jour  au  xyr  siècle»  est  plus  récente 
que  l'époque  où  Qorissait  Ammonius,  et  que 
1  £f armonie  des  é va ngélis tes»  composée  en 
grec  par  cet  auteur»  est  perdue  pour  nous. 


ANANIË^  AZARIE  ET  MISAEL. 


Ces  trois  jeunes  Hébreux»  préservés  mi- 
raculeusement des  Qammes  {Daniel^  ui^» 
écrivirent  un  Traité  sur  lejeûne^  à  ce  que  di- 
sent les  rédacteurs  du  Talmud  ^Tract,  de  Sab- 
(a/o»  cl):  Ananic^  et  socii  scripserunt^ 
Meghilla  Tacenith.  Cette  assertion  ne  rc- 
]:ose  pas  sur  une  grande  autorité. 

Bartolocci  mentionne  {Biblioth.  rabbin.^ 
t.  Il»  p.  283)  un  conte  ^  leur  ^g(trd  :  L'auge 


Jorkiami»  le  prince  de  la  grêle»  ayant  offert 
de  descendre  pour  les  rafraîchir»  cette  mis- 
sion fut  contiée  è  lange  Gabriel ,  le  prince 
du  feu»  pour  que  le  miracle  fût  encore  plus 
grand. 

On  trouve  dans  la  Poesia  dramatica  du 
P.  Nicolas  Avancini,  de  la  Société  de  Jésus, 
une  pièce  en  cinq  actes  et  im  vers  intitulée .« 
AnaniaSf  Azarias  et  MisaeL 


ANDRË. 

{Histoire  de  saint  André,  d'après  VHistoire  apostolique  d^Abdias^  lib.  ui.) 


CHAPITRE  PREMIER. 

L'apôtre  André  frère»  de  Simon  Pierre, 
qui  avait  le  surnom  de  Bar-Jonas.' fut  Gis  de 
Jonas;  il  fut  un  des  premiers  qui  s'attache*' 
rent  à  Jésus,  après  qu'il  eut  été  baptisé  par 
saint  Jean  dans  le  Jourdain.  Car  ayant  en* 
lendu  dire  h  Jean»'  dans  le  désert  (32),  que 
Jésus  était  Tagueau  de  Dieu»  il  fut  frappé 
de  surprise»  et  aussitôt  qu'il  eut  quitté  Jean» 
il  s'empressa  d'aller  è  son  frère»  et  de  lui 

(3S)  Joan.  I,  56u 


parler  de  Jésus  ;  et  aussitôt  Pierre  résolut  de 
suivre  son  frère,  aQn  de  voir  Jésus. 

tlt  peu  de  temps  après,  comme  Simon  je- 
tait» avec  ses  frères»  ses  filets  dans  le  lac,  le 
Christ  parut  devant  eux.  Il  appela  les  deux 
frères,  et  sans  hésiter»  ils  le  suivirent  com- 
me des  disciples  suivent  leur  maître.  Après 
qu'ils  eurent  longtemps  suivi  Jésus  en  cette 
qualité»  il  les  appela  enûii  avant  sa  (passion  k 
la  dignité  d'apôtres, 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ۥ 


Et  ces  choses  sont  celles  qui  arrÎTëreut 
h  cet  homme  de  Dieu  avant  la  oassiou  du 
Seigneur. 

CHAPITRE  II. 

Après  le  glorieux  triomphe  de  Tascensioa 
du  Seigneur,  les  bienheureux  apôtres  com- 
mencèrent à  prêcher  la  parole  de  Dieu  dans 
diverses  contrée<<,  et  Tapôtre  André  se  ren- 
dit dans  la  province  d'Achain  (33)t  pour  y 
annoncer  le  Seigneur  Jésus-Christ. 

En  même  temps  Tapôtre  Matthieu,  qui 
était  aussi  un  évangéliste,  annonçait  dans 
la  ville  de  Myrmidon  (3^)  les  paroles  du  sa- 
lut. Mais  les  habitants  de  celle  ville  accueil- 
lirent avec  colère  et  mauvais  vouloir  ce 
qu'ils  enleodaient  des  miracles  de  notre 
Sauveur,  et  ils  ne  voulurent  pas  détruire 
leurs  temples  ;  ils  arrachèrent  les  yeux  à 
Tapôtre,  le  chargèrent  de  chaînes,  renfer- 
mèrent dans  un  cachot,  avec  Tintention  de 
Je  tuer  après  une  période  de  quelques  jours. 
Avant  que  cela  n*arrivâl|  un  ange  fut  envoyé 
i  André  de  la  part  du  Seigneur,  et  il  lui 
commanda  de  se  rendre  en  hftte  à  la  ville  de 
Myrmidon,  et  de  délivrer  son  frère  Matthieu 
de  la  prison  obscure  où  il  était  détenu.  An- 
dré répondit  à  Tange  :  «  Seii^neur,  je  ne  sais 
pas  le  chemin,  et  comment  ferai-je  pour  me 
rendre  où  tu  médis  d'atlerT»  Mais  Tange  lui 
répondit:  «  Rends-toi  auprès  de  la  côte  de  la 
mer,  et  tu  y  trouveras  un  navire;  moutes-y, 
et  je  seras  ton  guide  pendant  ton  voyage.  » 

André  obéit  ;  il  Irouva  le  navire,  il  y 
monta,  et  poussé  par  un  vent  favorable,  il 
arriva  heureusement  à  la  ville.  Lorsqu'il  y 
fui  rendu,  il  se  dirigea  vers  la  prison,  et  il 
y  trouva  Matthieu  parmi  les  autres  prison- 
niers ;  alors  il  pleura  amèrement,  et,  s*ap- 
pliquant  à  la  prière,  il  dit  ces  paroles  : 

«Seigneur  Jésus-Christ,  que  nous  prê- 
chons fidèlement,  et  au  nom  duquel  nous 
avons  supporté  lant  de  souffrances,  toi  qui, 
par  ta  grâce  inépuisable,  rends  la  vue  aux 
aveugles,  Touie  aux  sourds,  aux  paralyti- 
ques la  faculté  de  se  mouvoir,  la  pureté  aux 
lépreux,  et  la  vie  aux  morts,  ouvre  Ws  yeux 
de  tun  serviteur,  afin  qu'il  puisse  annoncer 
ta  parole.  • 

Et  aussitôt  ce  lieu  trembla  (35),  et  une 
grande  clarté  illumina  la  prison ,  et  les 
veux  du  saint  apôtre  lui  furent  rendus,  et 
les  chaînes  de  tous  les  prisonniers  furent  bri- 
sées, et  la  poutre  à  laquelle  leurs  pieds  étaient 
attachés  fut  rompue.  Voyant  ces  choses,  tous 

(33)  C*é{ail  le  nom  qu*on  donnait  k  toute  la  Grèce 
après  qu'elle  fui  dev«;iiue  une  province  romaine  ; 
ou  cohiioua  cependant  de  rappliquer  plus  spéciale- 
ment à  la  contrée  située  sur  la  cdte  »epteiilrionale 
du  Péloponése.  Saïul  Jérôme  (Eput.  îiH,  Ad  Ma- 
nulUm) ,  dit  que  saiat  André  prêcha  Ja  foi  dans 
TAraUe. 

(54)  Ville  d*£tliiopie.  Mcéphore  dit  qu'elle  s'appe- 
U\i  Êiffrmène .  et  qu'elle  éuit  située  dans  le  pays 
à^n  anthropophages.  Un  ancien  poème  allemand 
sur  Mui  André,  luis  au  iour  par  J.  Grirom,  parle 
aussi  de  ces  cannibales.  Plus  urd,  dans  Tbistoire 
de  ?iaint  liatiliien,  ou  verra  (prAb..ia8  uoniwc  ctrttc 


bénirent  le  Seigneur,  et  dirent:  c  Grand  est 
le  Dieu  que  prêchent  ses  serviteurs.  »  Etc^est 
ainsi  que  tous  ceux  qui  étaient  dans  la  pri* 
son  obscure  furent  délivrés  par  le  bienheu- 
reux AnJré,  et  chacun  s*en  retourna  en  ta 
maison,  et  André  était  parmi  eux  (36}. 

CHAPITRÉ  III. 

André  resta  à  Myrmidon,  et  prêcha  aux 
habitants  la  parole  de  Dieu;  mais  ceux-ci 
ne  la  recevant  pas,  attaquèrent  André,  lui 
lièrent  les  pieds  et  le  traînèrent  dans  les 
rues  de  la  ville.  Comme  au  milieu  de  ces 
tourments  le  sang  coulait  de  son  corps,  et 
que  ses  cheveux  étaient  arrachés,  TapAtre 
adressa  au  Seigneur  une  prière  en  ces  mots: 
«  Ouvre,  SeigneurJésus-Christ,  les  yeux  de 
leurs  cœurs,  aQu  qu'ils  te  reconnaissent 

f)our  le  Dieu  véritable  et  qu'ils  renoncent  à 
eur  injustice,  et  ne  leur  impute  pas  à  péché 
la  manière  dont  ils  me  traitent  (37),  car  ils 
ne  savent  ce  quMls  font  (38). 

Lorsque  Tai^ôlre  eut  parlé  ainsi,  les  habi- 
tants de  la  ville  furent  ^ai8is  d'épouvante, 
et  ils  délièrent  l'apôtre,  ils  reconnurent 
leurs  péchés  et  dirent  :  «  Nous  avons  péché 
contre  le  Juste.  »  Et  ils  se  jetèrent  aux  pieds 
de  l'apôtre  (39),  et  ils  le  supplièrent  de  leur 
pardonner  leur  faute  et  de  leur  montrer  le 
chemin  du  ciel. 

Il  leur  dit  de  se  relever,  et  il  leur  prêcha 
la  parole  de  Jésus-Christ,  leur  racontant  les 
merveilles  qu'il  avait  accomplies  en  ce 
monde,  et  comment  il  avait,  en  versant  son 
sang  (iO),  racheté  le  monde  qui  était  perdu. 
Il  gagna  ainsi  au  Seigneur  les  habitauU  de 
cette  ville,  et,  après  leur  avoir  accordé  le 
pardon  de  leurs  péchés,  il  les  baptisa  tous, 
au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Saint-Es- 
prit. 

CHAPITRE  IV. 

Après  qu'André  eut  accompli  ces  choses, 
il  quitta  ces  lieux  et  revint  en  son  pays.  Et 
lorsqu'il  le  parcourait  un  jour,  un  aveugle 
vint  à  lui  et  lui  dit  :  «  André,  apôtre  de  Jé- 
sus-Christ, je  sais  que  lu  peux  me  rendre 
la  vue,  mais  je  ne  la  recouvrerai  pas.  le 
viens  vers  toi  pour  te  demander  de  faire 
que  ceux  qui  sont  avec  toi  me  donnent  assez 
d*argent  pour  que  je  puisse  acheter  des  ha* 
bits  et  de  la  nourriture,  r 

André  lui  répondit  :  «  En  vérité,  je  recon- 
nais que  ce  ne  sont  pas  le  les  paroles  d'un 
homme,  mais  celles  du  diable,  qui  ne  veut 
pas  que  cet  homme  recouvre  la  vue.  >»  Et  il 

ville  Radaver,  et  qu*il  ne  fait  point  mention  des 
mauvais  traiiements  que  l*apôtre  y  aurait  subis. 
(55)  Comme  dans  les  Aeu$,  xvi,  16. 

(36)  On  Taisak  passer  les  pieds  des  captifs  dans 
des  trous  percés  dans  une  lourde  pièce  de  bols,  île 
façon  que  ces  capiifs  ne  pouvaient  ni  s'évader,  ni 
M  mouvoir.  (Voy,  Turuébe,  Advenaria,  l.  xx,  c. 

(37)  Aet.  vu,  60. 
(38;  Laur.,  xiiii,  34. 

(39)  Comme  Corneille    au9    pieds  de  r.ipôlre. 

(lOj  Act.  XX,  28. 


61 


AND 


PART.  m.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


62 


b^approcba,  et  il  toucha  les  youx  de  Taveu- 
Kle,-et  aassitôt  Taveuglt^  vit,  et  il  loua  Dieu. 
Bt  comme  il  avait  des  vèlemeuls  mauvais 
et  grossiers,  Tapôtre  dit  à  &es  disciples  : 
«  Otez-lui  ses  vêtements  saies  et  revAlez  le 
de  nouveaux  habits.  » 

Et  lorsqu'on  eût  A(é  è  Thomroe  qui  avait 
été  aveugle  ses  vieux  \ètements,  fapôtre 
dit  :  «  Il  faut  qu'il  ait  ce  qui  est  suffisant.  » 
Il  reçut  donc  âes  habits,  et,  rendant  grâces, 
il  retourna  en  son  logis. 

CHAPITRE  V. 

En  ce  temps-là  un  certain  Démétrius,  le 

firiiici|)al  personnage  de  la  ville  d*Amasa 
U),  avait  un  esclave  égyptien  qu'il  aimait 
extrêmement  ;  cet  esclave  fut  attaqué  de  la 
tièvre,  et  il  mourut. 

Alors  Démélrius  ayant  appris  les  mer- 
veilles que  faisait  le  saint  apôtre,  vint  vers 
lui,  et  tomba  à  ses  pieds  en  versant  des  iar« 
mes  et  il  dit  :  <  11  n*est  rien  de  difficile  pour 
toi,  ô  serviteur  de  Dieu  ;  viens  ;  iison  esclave 
9ue  j'aimais  si  tendrement  est  mort,  mais 
Jai  confiance  en  toi,  et  je  te  prie  de  venir 
en  ma  maison  et  de  me  le  rendre,  comme 
d4jà  tu  las  fait  pour  d^autres,  » 

Le  saint  apôtn*,  l'entendant  parler  ainsi, 
eut  pitié  de  ses  pleurs,  et  il  vint  dans  la  mai- 
fon  où  gisait  l'esclave,  et  après  qu'il  eut 
prêché  ce  qui  servait  pour  le  salui  du  peu- 
pie,  il  s'a()procha  du  lit  où  le  cadavre  était 
<:lendu,  et  il  dit: «Je  te  dis,  esclave,  au  nom 
de  Jésus-Christ,  de  te  lever  et  d'élre  guéri 
(&2}.  »  Et  aussitôt  l'esclave  égyptien  se  leva, 
et  l'apôtre  le  rendit  à  son  maître.  Alors 
tous  ceux  oui  étaient  infidèles  crurent  en 
Dieu,  et  le  bienheureux  André  les  baptisa. 

CHAPITRE  VI. 

Tandis  que  cela  se  passait,  il  vint  un 
jeune  homme,  norpmé  Sostrate,  qui  s'ap- 
procha avec  une  grande  affliction  du  bien- 
oeureux  André,  et  qui  dit  ;  «  Ma  mère  s'est 
éprise  de  ma  beauté,  et  elle  me  presse 
pour  avoir  commerce  avec  elle;  mais  j'en  ai 
une  extrême  horreur,  et  je  me  suis  enfui. 
Pleine  de  courroux,  elle  est  allée  au  pro- 
consul de  la  province  (43),  et  elle  m*a  im- 
puté le  crime  qu'elle  voulait  commettre.  Je 
aais,  si  je  suis  accusé,  que  je  n'ai  rien^à 
répondre  pour  me  sauver,  car  j^aimerais 
mieux  perdre  la  vie  que  révéler  le  crime 
de  ma  mère  (U).  Je  t'instruis  de  cela,  afin 
que  tu  daignes  prier  pour  moi  le  Seigneur 
et  afin  que  je  ne  sois  pas  privé  de  la  vie, 
malgré  mon  innocence.  » 

Tandis  qu'il  parlait  encore,  les  serviteurs 
du  gouverneur  vinrent  et  ranélèrent.  Le 
bienheureux  apôtre,  aptes  avoir  terminé  sa 
prière,  le  suivit  dans  la  prison  du  gouver- 


neur.  La  mère  Taccusa  fortement,  disant  :  «  6 
Seigneur  1  il  a  oublié  le  respect  qu'il  devait 
avoir  pour  sa  mère,  et  >l  a  voulu  me  faire 
violence  ;  c'est  avec  grande  peine  que  j'ai 
pu  réussira  lui  échapper.» 

Alors  le  gouverneur  dit  :  ii Parle,  jeune 
homme  ;  ce  dont  la  mère  t*accuse  est-il  vé- 
ritable? «Mais  l'accusé  se  tut'  Le  gouver- 
neur réitéra  plusieiit'S  ibis  sa  demande,  et 
le  jeune  homme  gardait  toujours  le  silence. 
Alors  legouverneur,  le  croyant  obstiné  à  ne 
pas  répondre,  tint  conseil' avec  ses  officiers 
sur  ce  qu'il  devait  faire.  Mais  la  mère  du 
jeune  homme  commf*nça  à  pleurer. 

Alors  le  bienheureux  apôtre  André  se 
tourna  vers  elle,  et  lui  dit  :  «Malheureuse, 
lu  pleures  de  colère,  parce  que  tu  n'as  pa 
accomplir  le  forfait  que  tu  méditais  1  la  pas- 
sion t'a  tellement  entraînée,  que  tu  n'a  pas 
honte  d*accuser  ton  fils  unique,  que  tu  as 
nourri  de  ton  lait,  v  Lorsqu'il  eut  parlé  de 
la  sorte,  la  femme  dit  :  «  Ecoute,  gouver- 
neur ;  depuis  que  mon  fils  a  voulu  ainsi 
se  rendre  criminel,  il  s'est  attaché  intime* 
ment  à  cet  homme.  » 

Le  gouverneur,  rempli  de  courroux,  or- 
donna aussitôt  que  le  jeune  homme  fût  en- 
fermé dans  le  sac  réservé  aux  parricides,  et 
jeté  dans  le  fleuve,  et  qu'André  fût  retena 
en  prison  en  attendant  qu'il  perdit  la  vie 
dans  des  tourments  terribles.  Alors  le  bien- 
heureux apôtre  pria,  et  aussitôt  un  grand 
tremblement  se  manifesta,  un  fort  tonnerre 
se  fit  entendre,  et  le  gouverneur  tomba  de 
son  siège,  et  tous  les  assistants  furent  ren- 
versés; et  la  mère  du  jeune  homme  fut 
frappée  de  la  foudre  et  brûlée,  et  elle  mou- 
rut. 

Lorsque  le  gouverneur  vit  ces  choses,  il 
se  jeta  aux  pieds  du  bienheureux  apôtre,  et 
il  dit:  «  Aie  pitié  de  nous,  serviteur  de  Dieu» 
afin  que  la  terre  ne  nous  engloutisse  pas.  » 
Alors  le  saint  apôtre  pria,  et  aussitôt  le  trem- 
blement de  terre  cessa,  et  les  éclairs  et  le 
tonnerre  cessèrent  aussi.  Et  l'apôtre  s'appro-^ 
cha  de  tous  ceux  qui  étaient  renversés,  et 
il  leur  rendit  la  force.  Et  depuis  ce  temps ^ 
le  gouverneur  de  la  province  d'Achaïe,  ainsi 
que  beaucoup  d'autres  habitants  reçurent 
la  parole  du  Seigneur,  et  ils  crurent  en  Jé- 
sus-Christ, et  ils  furent  baptisés  par  rai>ô- 
tre  du  Seigneur. 

Et  il  arriva  dans  le  même  temps  que  le 
fils  de  Cratin  de  Sinope  fut,  tandis  qu'il  se 
baignait  dans  le  bain  des  femmes  (i^5),  saisi 
d'un  esprit  malin  qui  lui  ôta  la  raison,  et 
le  tourmentait  extrêmement.  Et  comme  il 
soutirait  beaucoup  de  la  fièvre,  et  que  sa 
femme  était,  de  son  côté,  malade  d'une  hy- 
dro|)isie,  il  envoya  une  lettre  au  gouver- 
neur,  dans  laquelle  il  le  priait  d'engager 


(41)  Diaprés  le  récit  consacré  i  saint  André,  dans 
l«*s  Minée*  des  Grecs,  Déinéthus  était  Juil  (circons- 
tance très- peu  vraisemblable),  et  le  nom  de  la  viUe 
éidit  Aoiynsf . 

(4i)  C'est  ainsi  que  saint  Pierre  parle  an  boi- 
t«t«it,  Aeu$  Ml,  6. 

ii3)  L'Achaie  est  une  province  proconsulaire, 


comme  l'ont  montré  W.  La2iu8,  Sigonius  et  autres 
crudits. 

(44)  Vincent  de  Beauvats  (Jftrtir  hhtorial,  1.  ii, 
c.  70),  raconie  une  histoire  semblable  au  sujet  du 
philosophe  Secundus. 

(45)  CirciMisUnce  indiquée  pour  signaler  le  dé«a- 
glcu;eut  des  mœurs  de  Cruiiu.  . 


mCTlOSNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


a 


Je  bienheureux  André  de  venir  le  trouver. 
André,  cétiant  aux  prières  instantes  du 

fiuverneur,  monta  dans  un  charioti  et  vint 
\a  ville.  Lorsqu'il  fut  entré  dans  la  mai- 
son de  Gratin,  I  esprit  malin  agita  le  jeune 
homme,  et  celui-ci  vint  et  se  prosterna  aux 
)Meds  deTapôre.  André  s'écria  :  «  Ennemi 
du  genre  humain,  éloigne-toi  du  serviteur 
de  Dieu,  »  et  Tesprit  s^enfuit  en  poussant  de 
grandes  clameurs. 

Et  Tapôlre  vint  ensuite  auprès  du  lit  de 
Gratin,  et  il  dit  :  c  G'esi  justice  si  tu  es  frappé 
de  maladie,  parce  que  tu  délaisses  ta  femme, 
et  que  tu  vis  en  adultère  ;  relève*toi  au  nom 
du  Seigneur  Jésus^Ghrist»  et  sois  guéri,  et 
ne  pèche  p!us  de  peur  que  tu  n'éprouves 
des  maux  encore  pires  (%6)  »..  Et  Gratin  fui 
guéri  sur  l'heure;  et  l'apôtre  dit  à  la  femme  ; 
«  O  malheureuse,  la  concupiscence  des  sens 
t*a  trompée  (!^7),  puisque  tu  es  infidèle  k 
ton  mari,  et  tu  te  livres  k  un  autre  homme  1  m 
£t  il  dit  :  «  Sei^^neur  Jésus-Ghrist,  j*ai  in- 
voqué ta  miséricorde,  alin  que  tu  daignes 
entendre  ton  serviteur,  alin  que  tu  fasses 

3ue  cette  femme  ne  soit  point  guérie  si  elle 
oit  retomber  dans  Timpureté  dont  elle  s'est 
déjk  souillée.  Mais,  Seisneur,  toi  qui  con- 
nais l'avenir,  si  cette  femme  doit  doréna*- 
vatit  mener  une  conduite  vertueuse,  or- 
donne qu'elle  obtienne  sa  guérisoo.  » 

Après  qu*il  eut  ainsi  parlé,  l'hydropisie 
de  la  femme  disparut,  et  elle  fut  guérie 
ainsi  que  son  mari.  Et  le  bienheureux  apô- 
tre, après  qu'il  eut  rendu  grâces,  rompit  le 
pain  ((«),  et  le  leur  donna.  Après  qu'ils 
l'eurent  reçu,  ils  crurent  au  Seigneur  avec 
toute  leur  maison  ;  et,  k  l'avenir,  ni  l'un  ni 
l'autre  ne  retombèrent  dans  les  fautes  qu'ils 
avaient  commises.  Et  Gratin  se  jeta,  ainsi 
que  sa  femme,  aux  pieds  de  l'apôtre,  et  ils 
voulurent  lui  faire  aussitôt  de  grands  pré- 
sents, mais  l'homme  de  Dieu  dit  :  «  Il  ne 
convient  pas  que  j'accepte  ces  dons,  mais 
vous  ferez  mieux  en  en  distribuant  la  va- 
leur parmi  les  pauvres.  >» 

GHAPITRE  VIL 

Il  n'accepta  donc  rien  de  ce  qui  lui  était 
offert,  et  il  se  rendit  k  Nicée,  en  Asie;  Ik 
étaient  sept  esprits  malins  qui  se  tenaient 
parmi  des  tombeaux  k  côté  de  la  route  (49); 
ils  jetaient  tout  le  jour  des  pierres  aux  gens 
qui  passaient,  et  ils  leur  donnaient  aussi  la 
mort.  Quand  le  bienheureux  apôtre  arriva,  la 
ville  entière  vint  au-devant  de  lui,  en  por- 
tant des  rameaux  d*oliviers,  et  les  habitants 
chantaient  des  cantiques,  et  disaient  :  «No- 
tre salut  est  en  tes  mains,  ô  homme  de 
pieu  1  » 

Et  après  qu'ils  lui  eurent  exposé  tous  l'é- 
tat des  choses,  l'apôtre  répondit  :  «  Si  vous 
croyez  au  Seigneur  Jésus-Ghrist  le  Fils  du 
pieu  tout-puissant,  qui  fait  un  seul  Dieu 

(iè)  Paroles  eiiipruiuees  k  VÉtangiU  de  $amt 
Itam.  V,  14. 

\47)  i'*  EpUrt  de  fini  Jean^  n,  16. 

I48i  Le  pain  de  rEiicliarisUe. 

(i9)H7esl  ainsi  qu*etl  représenlé  le  possédé  dont 
il  est  question  dan»  $aint  Uarc^  v,  5. 


avec  le  Saint-Esprit,  vous  serez,  par  son  se* 
cours,  délivrés  des  malins  esprits.  %  Kt  ils 
s'écrièrent  :  «  Nous  croyons  ce  que  tu  nous 
prêches,  et  nous  accomplirons  ce  que  tu 
nous  prescriras,  afin  d'<^tre  délivrés  de  nos 

f>ersé«;uteurs.  »  Et  André  remercia  Dieu  do 
eur  foi,  et  ordonna  aux  mauvais  esprits, 
çn  présence  de  tout  le  peuple,  de  paraître, 
et  ils  se  montrèrent  sous  forme  de  chiens. 

Alors  l'apôtre  se  tourna  vers  le  peuple, 
et  dit  ;  «  Voici  les  esprits  malins  qui  vous 
tourmentaient.  Si  vous  croyez  que  je  puisse, 
au  nom  de  Jésus-Ghrist,  leur  ordonner  de 
s*élaigner ,  confessez  -  le  devant  moi.  » 
£t  tous  s'écrièrent  :  «  Nous  croyons  quo 
Jésus-Ghrist  est  le  Fils  de  Dieu,  ainsi  que 
tu  nous  le  prêches.  » 

Alors  le  bienheureux  André  s'adressa  avec 
empire  aux  esprits  malins^  et  leur  dit  :  €  Al- 
lez dans  les  déserts  et  les  lieux  stériles  (50), 
et  ne  faites  de  mal  k  personne,  et  tenez-vous 
éloignés  de  ce  lieu  ou  le  nom  du  Seigneur 
est  invoqué,  jusqu'k  ce  que  vous  soyez  li- 
vrés k  la  peine  du  feu  éternel  qui  vous  est 
réservée.  »  Et  lorsqu'il  eut  parlé  ainsi,  les 
mauvais  esprits  poussèrent  de  grandes  cla- 
meurs, et  disparurent  de  devant  les  yeux 
des  assistants,  et  la  ville  en  fut  délivrée  dès 
ce  moment.  Le  bienheureux  apôtre  baptisa 
^e%  habitants,  et  leur  donna  nu  évoque  nom- 
mé Galixte  (51],  un  homme  sage,  qui  ob- 
serva fidèlement  ce  que  son  maître  lui  avait 
recommandé' 

GHAPITRE  VIIL 

André  partit  ensuite  de  Nicée,  et  comuio 
il  approcùait  de  la  porte  de  Nicomédie,  un 
jeune  homme,  qui  était  mort,  en  sortait,  et 
était  porté  k  son  tombeau  ;  son  vieux  père» 
soutenu  par  les  mains  de  ses  esclaves,  pou- 
vait k  peine  lui  rendre  les  derniers  devoirs 
funèbres.  La  mère,  également  kgée,  suivait 
le  convoi,  ses  cheveux  épars,  et  disait  : 
«i  Malheur  k  moi,  de  ce  que  ma  vie  s'est  pro- 
longée jusqu'k  cette  heure  oit  je  dois  ein- 
ploj^er,  pour  le  service  de  mon  enfant,  le 
su/iire  que  je  m'étais  tissé  moi-môme  (52;.  • 

-Et  tandis  qu'au  milieu  de  ces  pjaintes,  et 
d'autres  semblables,  le  corps  avançait  vers 
sa  destination,  Tanôtredu  Seigneur  le  rt;n- 
contra,  et,  saisi  de  compassion  k  la  vue  de 
ces  larmes,  il  dit:  «  Dites-moi,  je  vous  en 
conjure,  ce  qui  est  arrivé  k  ce  jeune  hom* 
me,  pour  qu  il  se  trouve  ainsi  avoir  perdu 
la  vie  7  »  l^es  assistants,  frappés  de  Irayeur, 
restèrent  longtemps  sans  pouvoir  répondre, 
enlin  ils  reprirent  leur  esprit,  et  ils  dirent  : 
«i  Tandis  que  ce  jeune  homme  était  seul  dans 
la  chambre  où  il  dormait,  sept  chiens  sont 
venus,  et  se  sont  jetés  sur  lut.  Il  a  été  hor- 
riblement déchiré  par  eux,  il  est  tombé  et 
il  est  mort.  » 

Alors  le  bienheureux  André  soupira,  et 

(50)  Maiih.  zn,  iZ. 

(51)  11  ne  reste  sucudc  trace  coosUUoI  Texis- 
leDce  de  ce  premier  évéïiue  de  Nicée. 

(52)  Un  usage  répandu  chez  les  anciens  portail 
les  femnes,  surtout  cell^  avancées  eu  âge,  à  tiMcr 
elles-mêmes  leur  linceul. 


es 


AND 


PART.  III.  -  LEGENDES  ET  FtCAGMENTS. 


AND 


66 


il  leva  les  feux  au  niel,  et  il  dit,  en  versant 
des  larmes  :  <  Je  reconnais  le»  Seigneur,  les 
embûobes  de  v.es  esprits  méchants  que  j*a- 
vais  chassés  de  Nicée;  maintenant  je  te  prie, 
6  Jésus  plein  de  bonté,  de  rendre  la  vie  à 
ce  mort»  aGn  que  Tehnemi  du  genre  humain 
ue  iriompbe  pas  de  sa  perte.  » 

Et,  après  qu'il  eut  ainsi  parlé,  il  dit  au 
père  du  mort  :  «  Que  me  donm  s-tu  si  je  te 
rends  ton  fils  frais  et  bien  portant?»  Et  le 
))ère  répondit  :  «  Je  ne  possède  rien  de  pré* 
deux,  mais  je  te  donnerai  mon  fils  hii-mé* 
me,  si«  oonformément  è  ton  ordre,  il  revient 
à  la  vie.  »  Alors  Tapôlre  étemJit  ses  mains 
▼ers  le  ciel,  il  pria  et  dit  :  «  Je  te  prie,  Sei* 
guear,  de  faire  que  Tâme  de  ce  jeune  hom- 
me revienne  dans  son  corps,  afin  qu'après 
sa  résurrection,  tous  ceux  qui  adorent  les 
idoles  les  quittent  et  se  tournent  vers  toi, 
et  afin  que  son  relonr  à  la  vie  soit  le  salut 
pour  tous  ces  hommes  éç^arés,  de  sorte  qu'ils 
ne  seront  plus  sujets  à  la  mort,  mais  qu'ils 
t'adoreront ,  et  qu'ils  obtiendront  la  vie 
éternel  le.  » 

£t  après  que  tous  les  fidèles  eurent  ré-> 
pondu  am«n,  l'apôtre  se  tourna  vers  la  bière, 
et  dit  :  «  Au  nom  de  Jésus-Christ,  Tève-toi 
el  tiens-toi  sur  tes  pieds.»  Et  aussitôt  le  mort 
se  leva  à  la  grande  surprise  de  tout  le  peu- 
ple, de  sorte  que  ceux  qui  étaient  présents 
s*écrtèrent  à  haute  voix  :  <  Grand  est  le  Dieu 
Jésus-Christ,  que  proche  son  serviteur  An- 
dré. • 

El  les  parents  du  jeune  homme  offrirent 
au  bienheurt;ux  ap6«re  de  grands  présents 
i*n  témoignage  de  leur  reconnaissance  ; 
mais  il  ne  voulut  rien  accepter^  et  il  ordonna 
au  jeune  homme  de  le  suivre  dans  la  Ma- 
cédoiue,  et  il  lui  adressa  des  paroles  de 
salut. 

CHAPITRE  IX. 

L'apôtre  sortit  donc  de  Nicomédie*  et 
monta  sur  un  navire,  el  se  rendit  dans 
rUellespont,  et  il  traversa  le  détroit  afin 
d  arriver  à  Bjrzance.  Et  voici  que  la  mer 
étail  agitée,  et  une  grande  tempête  s'éleva» 
et  le  navire  était'  au  moment  de  périr  :  et 
tandis  que  tous  ceux  qui  étaient  k  bord 
étaienl  livrés  à  l'effroi,  se  croyant  au  mo- 
moment  de  perdre  la  vie,  le  bienheureux 
André  adressa  sa  prière  au  Seigneur^  et  il 
donna  des  ordres  à  la  tempête,  et  le  calme 
fut  rétabli,  et  aussitôt  les  vagues  de  la  mer 
s'apaisèrent,  et  ils  lurent  tous  sauvés  du 
danger  qui  les  menaçait,  et  ils  arrivèrent  à 
Byzance. 

De  là,  ils  poursuivirent  leur  route,  afin  de 
parcourir  le  pays  de  Thrace,  et  uue  foule  de 
gens  accoururent  de  loin  au-devant  d'eux  ; 
ils  tenaient  en  leurs  mains  des  épées  nues  et 
des  lances,  et  ils  voulaient  se  jeter  sur  eux. 
Quand  l'apôtre  André  vit  ces  barbares,  il  lit 
dans  leur  direction  le  signe  de  la  croix^  el 
il  dit:  «Je  le  prie»  Seigneur,  de  terrasser  leur 

(53)  A  regard  de  Remploi  des  couronnes  chet  les 
aocicns  conime  signes  Ue  réjouissance,  voir  les 
tniiés  spéciaux  de  Pasclial,  de  Mader,  eic. 


père  qui  les  pousse  à  agir  ainsi.  Puissent- 
ils  être  retirés  de  l'erreur  par  la  grâce  do 
Dieu,  et  ne  faire  aucun  mal  à  ceux  qui  met- 
tent leur  confiance  en  loi.  » 

El,  lorsqu'il  eut  parlé,  un  ange  du  Sei- 
gneur apparut  entouré  d'une  grande  splen- 
deur, et  il  loucha  leurs  épées,  et  aussitôt  ils 
tombèrent  tous  parterre^etces  hommes  qui, 
auparavant  se  montraient  ennemis»  jetèrent 
leurs  armes  et  adressèrent  leurs  prières  à 
l'apôtre,  et  l'ange  du  Seigneur  se  retira  en- 
veloppé d'une  lumière  immense. 

CHAPITRE  X. 

t^  Andréavait  cependant  terminé  son  voyage 
el  était  arrivé  k  Perinthe,  ville  siluée  sur  tes 
côtes  de  la  Thrace,  el  il  voulait  y  prendre  un 
navire  pour  se  rendre  dans  la  Macédoine. 
Et  après  que,  conformément  à  l'ordre  de 
range  qui  lui  apparut  derechef,  il  fui  monté 
sur  un  navire,  il  prêcha  la  parole  de  Dieu  à 
tousceux  qui  étaient  avec  lui  à  bord  de  ce  na- 
vire. Tous  furent  louches  par  la  parole  du 
salut,  el,  avec  le  capitaine  du  navire,  ils  cru- 
rent en  Jésus-Christ  et  ils  louèrent  Dieu. 

Et  le  saint  apôlre  se  réjouit  de  ce  que» 
même  sur  la  mer,  il  ne  innn(|uaii  [lasde  per- 
sonnes qui  entendissent  la  parole  de  Dieu  el 
qui  se  convertissaient  au  Fils  du  Dieu  toul- 
puis«:ant,  et  il  loua  el  glorifia  Dieu  le  créateur 
du  ciel  el  de  la  terre. 

CHAPITRE  XL 

Tandis  que  cela  se  passait,  el  avant  que 
Tapôlre  ne  fdt  venu  dans  la  Macédoine,  il 
y  avait  dans  la  ville  de  Philippes,  deux  frè-» 
res,  gens  de  distinction,  qui  possédaient  une 
grande  fortune-;  l'un  d'eux. avait  deux  fils  el 
I  autre  un  pareil  nombre  de  filles.  Et  commor 
parmi  les  autres  habitants  de  cette  ville,  il 
nV  avait  personne  qui  pût  prétendre  k  s*unir 
à  leur  famille,  ils  firent  entre  eux  un  pacte 
réciproque  que  les  fils  de  l'un  épouseraier>t 
leshlles  île  1  autre,  et  le  jour  des  noces  étail 
déjà  fixé,  lorsque  la  parole  du  Seigneur  vint 
à  eux  et  dit  :  «  N'unissez  pas  vos  enfants, 
avant  l'arrivée  de  mon  serviteur  rAndré  ;  il 
vous  montrera  ce  que  vous  devez  faire.  »  Les 
lits  de  noce  étaient  déjà  dressés  et  les  hôtes 
invités,  et  tous  les  apprêts  faits  pour  lalête, 
et,  iroisjourss*éiant  écoulés,  le  bienheureux 
André  vint»  et  lorsque  les  deux  frères  te  vi- 
rent, ils  furent  remplis  d'allégresse,  et  ils 
allèrent  au-devant  de  lui  avec  des  couron- 
nes (5.^^  et  ils  tombèrent  à  ses  pieds  et  ils 
dirent:  «  Nous  t^avons  entendu,  serviteur  do 
Dieu,  afin  que  tu  nous  fasses  savoir  ce  que 
nous  devons  faire.  Car  une  voix  du  ciel  nous 
a  ordonné  de  t  obéir  et  il  nous  a  été  pres- 
crit de  ne  point  marier  nos  enfants  avant 
que  tu  ne  vinsses.  » 

Alors  le  visage  du  bienheureux  apôtre  de-* 
vint  brillant  comme  le  soleil  {^^),  De  sorte 

3ue  tousfurenlfrappés de  surprise  et  remplis 
e  respect  pour  lui.  Et  après  qu'il  eut  appris 

(54)  Circonslanee  qui  reproduit  ce  que  «alm  Ma$» 
thteUf  xvii|  2,  dit  du  buveur. lu i-iDéiiie« 


67 


DICTiONNAlRE.  DES  APOCRYPHES. 


•S 


ce  qui  s*était  passé  aTftnt  sà  venue^  il  dît:  ( 
«  Ne  vous  laissez  pas  égarer*  ô  mes  flls«  el  ' 
n'unisst  z  pas  ces  jeunes  gens*  auxquels  le 
trait  do  1a  ju^^lica  peut  apparaître,  mais  plu* 
tôt  faites  pénitence,  parce  que  vous  avez  *. 
péclié  contre  le  Seigneur,  vous  qui  avez 
Toulu  un  mariage  qui  aurait  été  souillé  par 
Taffinité  du  sang.  Nous  ne  condamnons  nul- 
lement le  mariage  (5S),  et  nous  reconnais- 
sons qu*il  a  été  ordonné  de  Dieu,  qui  dans  le 
principe  a  fait  Thorome  et  la  femme  (56), 
mais  nous  réprouvons  rigoureusement  l'in- 
ceste (57).  h 

Et  tandis  au*il  parlait  ainsi,  les  parents 
furent  plongés  dans  une  grande  affliction  et 
ils  disaient:  «Nous  te  prions,  Seigneur,  de 
demander  à  Dieu  qu*il  nous  pardonne,  car 
nous  étions  dans  l'ignorance  du  péché  que 
nous  aurions  commis.  »  Et  les  jeunes  gens 
qui  avaient  vu  le  visage  de  ra|>ôtre  brillant 
comme  celui  d'un  ange  de  Dieu  (58},  s*écriè- 
renl:  «  Ta  doctrine  est  grande  et  san^  tttclie, 
6  homme  saint  ;  tu  nous  as  appris  ce  que 
nous  ignorions,  et,  dès  ce  jour  nous  recon- 
naissons en  vérité  que  Dieu  parle  par  ta 
bouche.  » 

Alors  le  bienheureux  André  se  tourna 
vers  eux  et  dit:  ^  Observez  en  toute  pureté 
ce  que  vous  avez  entendu  de  moi,  afin  que 
Dieu  soit  avec  vous  et  que  vous  receviez  la 
récompense  de  vos  œuvres,  c'est-à-dire  la 
vie  éternelle  qui  n*aura  aucune  fin.  » 

CHAPITRE  XII. 

Après  que  Tapôtre  eût  parlé  ainsi,  il  leur 
donnasabén«^dictionet  il  quitta  Philippes  et 
se  rendit  è  Thessalonique.  Le,  il  y  avait  un 
certain  jeune  hooime  d*une  famille  distin- 
guée et  ayant  de  la  fortune,  il  s'appelait 
Éxous,  et^es  parents  tenaientdaus  celte  ville 
un  rang  élevé.  Lorsqu'il  eut  reçu  la  nouvelle 
des  prodiges  qu  effectuait  le  bienheureux 
André,  il  vint  vers   l'apôtre  sans  que  ses 

rrents  en  eussent  conniissanco,  et  il  tomba 
ses  pieds,  et  il  le  pria,  disant:  «  Montre- 
moi,  A  Seit^neur,  le  chemin  de  la  vérité  (59), 
afin  que  je  gagne  l'immortalité,  car  j'ai  re- 
connu que  lu  es  vraiment  le  serviteur  de 
celui  qui  t'a  envoyé.  » 

Le  saint  apôlre  lui  prêcha  alors  le  Sei- 
gneur Jésus-Christ,  et  te  jeune  homme  crut« 
et  depuis  cette  heure,  il  resta  atiachéà 
l'homme  de  Dieu,  sans  être  arrêté  par  con- 
sidération pour  ses  (uirents  ou  pour  sa  fur- 
tune.  Et,  de  leur  c6té,  les  parents  cher- 
chaient leur  fils,  et  lors({u'ils  apprirent  qu'il 
se  tenait  auprès  de  l'apôtre,  ils  vinrent  avec 
des  présents  el  ils  s'efforcèrent  d'éloigner  leur 

(55)  On  sait  que  plusieurs  sectes  hérétiques  des 
premier»  siècles,  telles  que  les  luontaiiistr»  et  les 
niaiiictiéen«,  coiidaniiiaieiit  le  mariage. 

(66;  Geii.  ui,  Si. 

(57)  Lia  toi  divine  n*a  point  inienlii  le  mariage 
entre  couriiis,  quoiqu'un  dorleur  allemand  cilé  par 
Fatirjcius  (Cod.  apocr.  iVor.ÎMi.,  1. 1,  p.  470),  ail 
soutenu  le  contraire  dans  une  di8»i*rtJtion  imprimée 
à  Ko  tock  en  Ie93.  L'empereur  Théodose  le  dé- 
Icudit,  ainsi  que  d'autres  empereurs,  el  réalise 


fils  du  bienheorenx  André.  Mais  il  refusa 
de  les  suivre  et  il  dit  :  «  Puissiez-vous  ac- 
quérir la  véritable  richesse,  et  reconnaître 
le  créateur  du  monde  qui  est  le  Dieu  réel,  et 
sauver  vos  Ames  de  la  condamnation  qui 
les  menace.  » 

Et  lorsque  le  jeune  homme  parlait  ainsi, 
le  bienheureux  apôtre  descendit  du  troisième 
étage,  et  leur  prêcha  la  parole  de  Dieu,  mais 
comme  ils  refusèrent  de  l'entendre,  il  re- 
tourna auprès  du  jeune  homme  et  ferma  les 
portes  de  la  maison.  Les  parents  excitèrent 
un  grand  tumulte  et  vinrent  imur  brûler  la 
maison.  Et  ils  avaient  déjà  jeté  des  fagots 
embrasés,  et  la  flamme  s*elevait  déjà  à  une 
grande  hauteur,  lorsque  le  jeune  homme 

frit  un  vase  rempli  d'eau  et  dit  :  «  Seigneur 
ésus-Christ,  dans  les  mains  duquel  réside 
la  puissance  de  tous  les  éléments,  toi  qui 
rends  humide  ce  qui  brûle  et  qui  fais  ()tje  ce 
qui  est  humide  brûle,  toi  qui  refroid fs  ce 
qui  embrase  et  qui  éteint  ce  qui  brûle,  fais 
que  ce  feu  s'étei^^ne,  et  qu  il  ait  été  allumi^ 
non  |>our  faire  aucun  mal  à  tes  serviteurs, 
mais  pour  propager  la  foi.  » 

Et  après  avoir  parlé  ainsi,  il  jeta  de  Feau 
qui  était  dans  le  vase,  et  aussilût  le  feu  di:$- 
oarut  comme  si  jamais  il  n'avait  été  allumé. 
Lorsque  les  parents  du  jeune  homme  virent 
ce  prodige  ils  dirent:  «  Vovez,  notre  fils  de* 
venu  un  enchanteur.  »  Et  ils  apportèrent  des 
échelles,  et  voulaient  monter  au  troisième 
étage  pour  le  tuer  ainsi  qu*André.  Mais 
l'apûtre  les  frappa  d'aveuglement  (60),  de 
sorte  i|u*ils  ne  pouvaient  se  servir  des  échel- 
les. 

CHAPITRE  XIU. 

El  lorsqu'ils  étaient  dan^  cet  embarras,  uq 
certain  Lysimaque  (61),  un  des  habitants  de 
la  ville,  dit:  «Que  prétendez  vous  faire  aven 
ce  travail  insensé?  Car  Dieu  comt)at  pour 
ces  hommes  et  vous  ne  le  reconnaissez- 
pas  1  Revenez  de  votre  folie,  afin  que  le  cour* 
roux  du  ciel  no  vous  chfltie  pas  rudement.  • 
Et  uuand  il  eut  parlé  de  la  sorte,  ceux  aux- 
quels il  s'adressait  dirent  dans  la  sincérité  de 
leurs  cœurs:  €  Le  Dieu  véritable  est  celui 
que  ces  gens  vénèrent,  et  nous  sommes  dé- 
cidés à  le  suivre,  i^ 

Les  ténèbres  de  la  nuit  étaient  alors  ve- 
nues, et  soudain  une  lumière  éclata,  et  tous 
les  yeux  furent  éclairés,  et  les  hahitanu  de 
Thessalonique  montèrent  à  l'endroit  où 
Papôtre  était  avec  le  jeune  homme,  et  ils  le 
trouvèrent  en  prières.  Ils  se  jetèrent  è  ses 
pieds,  et  ils  s'écrièrent  :  «  Nous  te  conjurons, 

romaine  ne  Tautorisa  que  moyennant  une  dis* 
pense. 

(58;  Expresâinn  empruntée  h  ce  que  les  Acie$ 
deiapàtrih.Mu  15*  disent  de  saint  Etienne. 

(39)  Demande  semblable  Ji  celles  airon  trouve 
dans  ëainLilaHhieu,  &ix,  1G«  et  dans  les  AiUê.  u» 
37. 

(60)  Comme  dan^  la  Genèse^  liz,  il  •  et  U  /»• 
Livré  été  Roii,  vi,  1H. 

(61)  Ce  personnage  porte  un  nom  qui  lui  a  é»i 


i9 


AND 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


70 


6  Seigoeur,  de  prier  pour  les  serviteurs  qui 
araient  élé  aveuglés  par  l^erreur.  » 

Et  telle  était  la  componction  qui  avait  tou- 
ché le  cœur  de  tous,  que  Lysimaque,  qui 
éuit  un  des  habitants  de  la  ville»  dit: 
«  En  vérité  Jésus-Christ  est  le  Fils  de  Dieu* 
comme  le  prêche  son  serviteur  André.  «  Et 
tandis  qu'ils  étaieqt  tous  fortifiés  par  Tapô- 
tre  dans  la  foi  et  qu*its  croyaient,  les  parents 
s^ndormirent  dans  Tincrédulité,  et  ils  mau- 
dirent le  jeune  homme,  et  ils  revinrent  chez 
eux,  et  ils  firent  donation  de  tout  ce  qu'ils 
possédaient  è  des  établissements  publics. 

Et  peu  de  temps  aurè^,  lorsque  quarante 
jours  se  furent?  écoulés,  ils  rendirent  Tes- 
prit  è  la  même  heure.  Et  ensuite,  le  jeune 
nomme,  qui  par  sa  douceur  s*était  acquis 
rattachement  de  tous  les  habitants  de  la 
ville,  fut  remis  eu  possession  de  rhéritagc 
de  ses  parents.  Et  quoiqu'il  possédât  tout  ce 
qu'ils  avaient  eu,  il  ne  s  éloigna  pas  de  Tapo- 
tre,  mais  ii  employa  le  superflu  de  ses  biens 

ifô)  è  pourvoir  aux  besoins  des  pauvres  et 
i  soulager  les  malheureux. 

CHAPITRE  Xiy. 

L'apOtre  du  Seigneur  demeura  longtemps 
è  Thessalonique  avec  le  jeune  homme.  Et 
beaucoup  de  milliers  d'hommes  se  réunirent 
un  jour  au  théAtre  (63),  et  non-seulement 
André  leur  prêcha  la  parole  de  Dieu,  mais 
encore  le  jeune  homme  en  fit  autant,  de  sorte 
que  tous  admiraient  sa  sagesse. 

Et  il  arriva  que  le  fils  d'un  homme  du  pays 
deCarpie  (iA)  tomba  très-gravement  malade, 
et  beaucoup  de  gens  se  rendirent  auprès  de 
TapAtre  et  auprès  du  jeune  homme  afin  d'in- 
tercéder pour  lui.  Mais  le  bienheureux  An* 
dré  dit:  «  Il  n'est  rien  d'impossible  au  Sei- 
gneur (65)  ;  si  vous  croyez,  apportez-le  de- 
vant nous,  et  le  Seigneur  Jésus-Christ  le 
guérira.  » 

Lorsque  le  père  du  malade  entendit  ces 
paroles,  il  s'empressa  de  retourner  chez  lui 
auprèsdesontils  :  «C'est  aujourd'hui,  )»  dit-il, 
I  que  lu  te  trouveras  guéri,  Adimant  »  C'était 
le  nom  du  jeune  homme  malade.  El  le  fils 
répondit:  «  Je  vois  déjà  l'accomplissement 
de  mon  songe,  car  j*ai  vu  en  songe  cet 
homme  qui  me  rendra  la  santé.  » 

Et  après  qu'il  eut  ainsi  parlé,  il  mit  ses 
vêtements,  et  il  se  leva  de  dessus  son  lit,  et 
il  courut  au  théAtre  avec  un  tel  empresse- 
ment que  ses  parents  ne  pouvaient  suivre 
ses  pas,  et  il  tomba  aux  pieds  du  bienheu- 
reux apôtre,  et  il  lui  rendit  grâces  de  ce  que 
la  santé  lui  était  rendue.  Et  le  peuple  qui 
était  le,  fut  frappé  d'étonneraent,  de  voir 
marcher  un  homme  qui,  depuis  vingt-trois 
ans,  n'avait  pu  quitter  sou  lit,  et  tous  louè- 
rent le  Seigneur  et  dirent:  «Le  Dieu  d'André 
n'a  pas  d^égal  (66).  » 

donné  diaprés  le  rôle  qu'il  joue  ilans  ce  récit.  Lysi- 
maiiae  signifie  celui  qui  fait  cesser,  qui  oélruii  les 
querelles  •  t  les  combats. 

(6i)  Yoy.  les  Acttif  iv,  5i. 

(|S3)  Méuiti  circonstance  dans  les  Arfrt,  xix,  29. 


CHAPITRE  XV. 


Cn  autre  des  habitants  de  Thessalonique, 
qui  avait  un  fils  tourmenté  par  un  esprit 
imj)ur,  vint  ensuite  vers  le  bienheureux  An- 
dré et  lui  dit:  «  Homme  de  Dieu,  guéris,  je 
t'en  prie,  mon  fils,  car  il  est*  cruel lement 
tourmenté  par  un  esprit  malin.  »  Mais  l'es- 
prit méchant,  qui  savait  qu'il  serait  expulsé, 
entraîna  le  jeune  homme  dans  une  chambre 
écartée  et  l'étrangla,  et  le  fil  mourir.  Lorsque 
le  père  trouva  son  fils  mort,  il  pleura  beau- 
coup, et  il  dit  à  ses  amis  :  «  Apportez  le  ca- 
davre au  théâtre,  car  j'ai  la  confiance  que 
mon  fils  puurra  être  rendu  à  la  vie  par  cet 
étranger  qui  prêche  la  parole  de  Dieu.  » 

Et  lorsque  le  corps  eut  été  apporté  devant 
l'apôtre  et  que  la  chose  lui  eut  été  racontée, 
André  se  tourna  vers  le  peuple  et  dit: 
«Hommesde  Thessalonique,  à  quoi  vous  pro- 
fitera-t-il  de  voir  de  pareilles  merveilles  si 
vous  persistez  dans  votre  incrédulité?  »  Mais 
ils  répondirent:  «  Ne  doute  pas  que  si  ce 
mort  est  rendu  à  la  vie,  nous  tous  nous  ne 
croyions  en  ton  Dieu.  » 

Et  lorsqu'il  eurent  ainsi  parlé,  l'apôtre  dit  : 
«  Au  nom  de  Jésus-Christ,  lève- toi,  jeune 
homme.  »  Et  aussitôt  il  se  leva,  et  tout  le 
peuple  fut  frappé  d'étonnement,  et  il  s'écria  : 
«Maintenant  nous  croyons  tous  au  Dieu  q.,() 
tu  prêches,  et  ce  que  nous  venons  de  voir 
nous  suffit.  »  Et  ils  accompagnèrent  l'apOtro 
jusqu'à  sa  demeure,  en  portant  des  torches 
et  des  flambeaux,  car  la  nuit  était  fort  avan- 
cée, et  ils  restèrent  troi^  heures  auprès  do 
lui,  et  il  les  instruisit  suffisamment  pendant 
ce  temps  de  tout  ce  qui  concerne  Dieu. 

CHAPITRE  XVL 

Tandis  que  ces  choses  se  passaient  à  Thes- 
salonique, il  y  vint  un  homme  de  Philippes, 
nommé  Médius,  dont  le  fils  était  atteint  d'une 
grave  maladie.  Il  sollicita  avec  instance  la 
guérison  de  son  fils  et  il  manifesta  tantd'émo- 
tion  que  ses  larmes  coulaient  en  abondance. 
Le  bienheux  apôtre  essuya  ses  joues  et  te 
toucha  de  sa  main  sur  la  tête  et  dit  :  «  Con- 
sole-toi, mon  fils; aie  seulement  la  foi,  et  tes 
souhaits  seront  accomplis.  »  Et  il  le  prit  par 
la  main  et  al>aavec  lui  h  Philippes. 

Et  lorsqu'ils  étaient  è  la  porte  de  la  ville, 
un  veilla:  d  vint  au-devant  d'eux,  et  les  im- 
plora en  faveur  de  ses  fils,  que  Médium  tenait 
renfermés  dans  une  prison,  couverts  d'ulcè- 
res et  de  plaies  causées  par  la  longueur  de 
la  captivité.  Alors  le  bienheureux  apôtre  se 
tourna  vers  Médius  etilit:«  Ecoute,  ô  homme, 
tu  t'adresses  à  moi  avec  instances  pour  que 
je  guérisse  ton  fils,  et  tu  retiens  en  prison 
des  hommes'donl  la  chair  est  déchirée.  Si 
tu  veux  que  tes  prières  arrivent  au  Seigneur, 
brise  les  chaînes  de  ces  malheureux,  afin 
que  ton  fils  soit  délivré  de  ses  maux.  Car  je 

(61)  Pays  dans  la  Dacie,  non  loin  du  Danube» 
Plolémée  en  parle  {Gtographia^  1.  ni,  c.  5.) 

(65)  Èiaith.  Xit,  iU;  Marc,  xiv,  36;  Lue.  i  7^^ 

(66)  CVst  ce  qui  esl  dit  du  Dieu  de  Daniel.  (D^h. 

VI,  ÎO.) 


71 


MCTIONNAIRB  DES  APOCRYPHES. 


7* 


5ens  que  1(i  méchanceté  que  tu  commets  forme 
un  obstacle  à  ce  que  mes  prières  soient  eiaa- 
oées. » 

Et  quand  Médius  eut  entendu  ces  paroles, 
il  tomba  aux  pieds  de  Tapôtre,  et  il  les  cou-  . 
▼rit  de  baisers,  et  il  dit  :  c  Ce  n*est  pas  seu- 
lement ces  deux  captifs  que  je  ferai  mettre 
en  liberté,  mais  encore  sept  autres  dont  tu 
D*as  pas  entendu  parler,  et  maintenant  fais 
que  mon  fils  soit  guéri.  »  Et  il  fit  amener 
les  prisonniers  en  présence  du  bienheureux 
apôlre.  Cclui'-ci  imposa  ses  mains  sur  eux, 
et  pendant  trois  jours,  il  nettoya  leurs  plaies 
et  il  leur  rendit  la  santé,  et  il  leur  donna  la 
liberté. 

£t  le  lendemain  il  dit  au  Qls  de  Médius  : 
c  Lève-toi,  au  nom  du  Seigneur  Jésus-Christ 
qui  m*a  envoyépour  te suérir dates  maux.  » 
Et  il  le  prit  par  la  main,  le  releva,  et  le  jeune 
homme  se  tint  debout,  il  marcha,  et  il  loua 
Dieu.  El  ce  jeune  homme  s'appelait  Phiio- 
mèdes,  et  depuis  trois  ans  il  était  retenu  au 
lit  par  sa  maladie. 

Et  le  peuple  s*écria,  disant:  «  Guéris  aussi 
nos  malades,  serviteur  de  Dieu,  y*  Et  André 
se  tourna  vers  le  jeune  homme  et  dit  :  «  Va 
dans  la  maison  des  malades,  et,  au  nom  de 
Jésus-Chnst  par  lequel  tu  as  été  guéri,  ordon* 
ne-leurde  se  lever  :  »  Et  le  jeune  homme,  au 
grand  étonnement  de  tous,  se  rendit  chez  les 
malades,  do  maison  en  maison,  et  chaque 
jour,  au  nom  de  Jésus-Christ,  il  rendait  la 
santé  è  beaucoup  de  gens. 

Et  depuis  ce  temps  tout  le  peuple  de  Phi-> 
lippes  crut  au  Seigneur,  et  Ton  apportait  des 
présents  h  André,  et  beaucoup  de  gens  le 

SrièrenI  de  leur  faire  entendre  la  parole  de 
jeu,  et  le  bieuheureux  apôtre  leur  prêcha 
Je  vrai  Dieu,  mais  il  refusa  tous  leurs  pré- 
aents. 

CHAPITRE  XVII. 

Enfin,  un  certain  Nicolas*  un  dea  habi- 
tants de  Thessalonique,  amena  un  chariot 
doré,  avec  quatre  mules  blanches  et  autant 
de  chevaux,  et  il  les  offrit  au  bienheureux 
apôtre,  en  disant  :  «  Prends  ces  objets,  ô  ser- 
viteur do  Dieu;  je  n*ai  rien  trouvé  de 
plus  précieux  parmi  ce  que  je  possède;  fais 
seulement  que  ma  fille,  qui  est  malade  de- 
puis longtemps,  soit  guérie,  n 

Le  bienheureux  apôtre  lui  répondit  en 
riant  :  <  J^accepte  tes  présents,  Nicolas, 
mais  non  pas  ceux  qui  s'offrent  aux  re- 
gards. Si  tu  viens  nVapporter  ce  que  tu  yios- 
sèdes  de  plus  précieux  en  la  maison  pour 
obtenir  la  santé  de  ta  fille,  quel  présent  bien 
plus  précieux  dois-tu  offrir  pour  obtenir  le 
aalul  do  Tftme?  Mais  je  ne  désire  accepter  de 
toi  qu'une  seule  chose,  c*est  <]ue  l'homme 
intérieur  (67)  reconnaisse  le  vrai  Dieu  comme 
son  Créateur  et  comme  celui  qui  a  fait  toutes 
choses,  qu*il  méprise  ce  qui  est  terrestre  et 
qu'il  prétende  ^ce  qui  est  céleatCi  qu*il  né- 

(C7)  Rom.  vil,  i)  ;  /  Pttr.  ni,  4. 
(OS;  C*eftt  le  dénioD  qui  s'exprime  par  la  ImucIic 
4cft  ûMiédés,  coitime  dans  êaini  Mqtc^  i,  i4. 


gli^e  ce  qui  est  fragile  et  quM  chérisse  ce 
qui  est  éternel,  qu'il  s'attache  aux  choses 
que  fait  apercevoir  la  contemplation  de  Tin- 
tention  spirituelle,  afin  que,  fortifié  par  un 
pareil  exercice,  tu  sois  digne  d'obtenir  la 
vie  éternelle.  Tu  peux,  après  que  ta  fille 
aura  recouvré  ici  la  santé,  partager  avec  elle 
la  joie  éternelle.  » 

Après  qu'il  eut  parlé  de  la  sorte,  tous 
les  assistants  furent  convertis;  ils  renon- 
cèrent aux  idoles  et  crurent  au  vrai  Dieu. 
Et  la  fille  de  ce  Nicolas  se  trouva  guérie  sur 
l'heure,  et  tous  louèrent  l'apôtre  du  Sei- 
gneur, et  la  nouvelle  des  guérisons  qu*il 
opérait  se  répandit  dans  toute  la  Macédoine. 

CHAPITRE  XVIII. 

Et  le  lendemain,  tandis  que  le  bienheu- 
reux André  exhortait  le  peuple,  il  arriva 
qu'un  jeune  homme  s'écria  à  haute  voix,  di- 
sant (€>8)  :  «  Qu'avons-nous  à  démêler  avec 
toi,  André,  serviteur  de  Dieu?  Es-tu  venu 

KurnousexpulserdenotredemeureT»Alor5 
pôlre  appela  auprès  de  lui  le  jeune  liO!u- 
mei  et  dit  :  t  0  toi,  auteur  du  mal,  quel  e^t 
l'objet  de  tes  plaintes?  » 

Et  l'esurit  malin  répondit  :  «J'ai  résidé  en 
ce  jeune  nomme  depuis  ses  premières  annexes, 
dans  l'opinion  que  je  ne  serai  jamais  obligé 
d*en  sortir.  Et  depuis  trois  jours,  j'ai  en- 
tendu son  père  dire  à  ses  amis  :  J'irai 
vers  l'homme  qui  est  le  serviteur  de  Dieu, 
vers  André,  et  il  guérira  mon  fils.  Gomme 
JH  crains  les  peines  que  tu  nous  inflige^, 
je  sortirai  de  lui  devant  tes  yeux.  nEt  après 
avoir  ainsi  parlé,  il  se  jeta  par  terre  aux 
pieds  de  Tapôtre ,  et  il  sortit  du  jeune 
homme,  et  celui-ci  fut  aussitôt  guéri,  et  il 
se  leva,  et  il  loua  Dieu  à  haute  voix. 

CHAPITRE  XIX. 

Et  Dieu  avait  prêté  au  saint  apôtre  une  telle 
grice  que  beaucoup  de  gens  venaient  chaque 
jour  auprès  de  lui,  afin  d'entendre  la  parole 
du  salut.  Les  philosophes  venaient  aussi  et 
s'entretenaient  avec  lui,  et  personne  ne  pou- 
vait résister  i  sa  doctrine  (69). 

Tandis  que  l'homme  de  Dieu  opérait  ces 
choses  à  Thessalonique,  il  s'éleva  un  ennemi 
de  la  prédication  apostolique.  Il  vint  devant 
le  gouverneur  de  la  ville,  nommé  Quirinus, 
et  il  lui  exposa  que  chaque  jour  André 
détournait  è  Thessalonique  beaucoup  de 
gens  do  la  religion  de  leurs  ancêtres  et  du 
culte  des  dieux,  et  qu'il  prêchait  qu'il  fal- 
lait renverser  les  temples  et  détruire  toutes 
les  prescriptions  de  I  ancienne  loi,  et  qu'il 
enseignait  qu'il  n'y  avait  qu'un  Dieu  du  ciel, 
pour  le  serviteur  duquel  il  se  dounait. 

Le  gouverneur,  irrité  par  ce  langage,  en- 
voya des  soldats  avec  ordre  de  se  saisir  d'An- 
dré. Lorsqu'ils  furent  venus  è  la  porte,  ils 
s'informèrent  en  quelle  maison  l'apôtre  de- 
meurait, et  ils  y  entrèrent;  mais,  lorsqu'il 

0 

(69)  Cest  ce  qui  est  dit  de  saint  Etienne.  (Ath 
VI,  iO.)  ^ 


n 


AND 


PART.  III.  --  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


7; 


Tirent  que  sori  visage  resplendissait  d^une 
clarté  qu*on  ne  pouvait  contempler,  ils  fu- 
rent remplis  d*etIroi,  et  ils  tombèrent  aux 
pieds  de  Tapôlrei  et  il  raconta  aux  assis- 
tants ce  que  Ton  avait  dit  de  lui  au  gouver- 
neur. Alors  les  gens  vinrent  avec  des  épées 
et  des  bâtons»  et  ils  voulaient  tuer  les  sol- 
dats, m<iis  le  saint  apôlre  les  retint. 

£t  lorsque  le  gouverneur  apprit  que  ses 
ordres  n'étaient  pas  exécutés,  il  fut  outré  de 
fureur,  et  il  envoya  vingt  autres  soldats,  et 
ceux-ci  pénétrèrent  dans  la  maison,  mais 
lorsqu'ils  virent  le  bienheureux  apôtre,  ils 
furent  tous  troublés  et  ils  ne  dirent  rien.  Et 
je  gouverneur  en  étant  informé,  fut  rempli 
d^une  colère  nouvelle,  et  il  envoya  une  autre 
troupe  .de  soldats  avec  ordre  de  se  saisir  de 
force  de  Tapôtre.  Et  quand  André  les  vit, 
il  dit  :  «  Est-ce  que  c*est  pour  moi  que  vous 
êtes  venus  ?»  El  ils  répondirent  :  «Oui,  si  lu  es 
vraiment  Tenchanteur  qui  prêche  qu'il  ne 
faut  pas  respecter  les  dieux.»  Et  il  leur  ré- 
pondit :  ffJenesuispointunenchanteur,  mais 
je  suis  Tapôtre  do  Jésus-Christ,  mon  Sei- 
gneur, que  je  prêche.  » 

CHAPITRE  XX. 

Tandis  que  ces  choses  se  passaient,  uu 
des  soldats,  excité  par  Tesprit  malin,  tira 
son  épée  du  fourreau,  et  s'écria:  «Qu'avons- 
nous  de  commun,  toi  et  moi  (70j,  6  gou- 
neur  Quirinus,  pour  que  tu  m'envoies  à  un 
homme  qui  non-seulement  peut  me  chas- 
lev  de  ce  vase,  mais  qui  peut  encore  me 
brûler  par  son  pouvoir  miraculeux?  Plût  à 
Dieu  que  tu  vinsses  à  sa  rencontre,  et  que  tu 
no  Qsses-  aucun  mal  à  son  égard  1  »  Et  après 
avoir  ainsi  parlé,  Tesprit  malin  sortit  du  sol- 
dat, et  le  soldat  tomba  et  mourut.  Le  gou- 
verneur était  enûammé  de  colère,  et  quoi- 
qu'il se  trouvât  auprès  du  saint  apôtre,  il 
ne  pouvait  le  voir.  Et  Tapôtre  lui  dit  :  «Je 
suis  celui  que  tu  cherches,  ô  gouverneur.» 
£t  aussitôt  ses  yeux  s'ouvrirent,  et  il  vit  An- 
dré, et  il  dit  avec  courroux  :  «  Es-tu  insensé 
pour  oser  ainsi  mépriser  nos  ordres  et  faire 
sentir  ta  puissance  à  nos  serviteurs?  11  est 
maintenant  évident  que  tu  es  un  magicien 
et  uu  inalfaiteur,  c*est  pourquoi  je  te  livre-* 
rai  aux  bêtes  sauvages,  parce  que  tu  nous 
méprises  ainsi  que  Tes  dieux,  et  je  verrai 
alors  si  le  Crucitié  que  tu  prêches  pourra  te 
sauver.  » 

Le  bienheureux  apôtre  lui  dit  :  «  Tu  dois 
croire  au  vrai  Dieu,  et  à  ce  qu'il  a  envoyé 
son  Fils  Jésus-Christ;  tu  vois  qu'un  de  tes 
soldats  est  mort.  »  Et  l'apôtre  s'agenouilla 
poiir  prier,  et  après  qu'il  eut  adressé  au  Sei- 
gneur une  longue  prière,  il  toucha  le  sol- 
datet  il  dit  :«Lève-toi,  etque  mon  Seigneur  Jé- 
sus-Christ que  je  prêche  te  rende  la  vie.  »  Et 
aussitôt  le  soldat  se  leva  et  se  trouva,guéri. 

Et  le  peuple  s'écria  aussitôt  :  «  Loué  soit 

(70)  C^est  un  esprit  malin  qui  parle  ainsi  par  la 
bouctie  de  ce  soldai  qui  était  possédé.    \ 

(71)  B<icliart  (Hierozotcon,  part,  j,  I.  m,  c.  8), 
croit  que  le  léopard  ne  se  montra  pas  dans  les  cir- 
«lues  avant  répO((ue  de  Consianiin  ,  mais  roplnlou 

DfCTiOKN.  DES  Apocryphes.  II. 


notre  Dieu  1  »  Et  le  gouverneur  dit  :  «  O 
hommes  de  peu  de  sens,  ne  le  croyez  pas;  c'est 
un  magicien.  »Mais  ils  crièrent  et  répondi- 
rent :  «  Ce  n'est  point  là  de  la  magie,  mais 
une  doctrine  saine  et  vraie.  »  Et  le  gouver- 
neur dit  :  «  Je  livrerai  cet  homme  aux  bêtes 
sauvages,  et  j'écrirai  à  voire  égard  à  l'empe- 
reur, afin  qu'il  vous  extermine  |)roivple- 
menl,  parce  que  vous  méprisez  ses  lois.  » 

Mais  les  habitants  voulaient  le  lapider  et 
ils  dirent  :  «  Ecris  à  l'empereur  que  le.3 
Macédoniens  ont  reçu  la  parole  de  Dieu,  et 
qu'ils  abjurent  le  culte  des  idoles,  afin  de 
prier  le  vrai  Dieu.v 

CHAPITRE  XXL 

Et  quand  le  malin  fut  venu,  le  gouver- 
neur fit  amener  des  bêles  sauvages  dans  le 
cirque,  et  il  y  fit  conduire  le  bienheureux 
apôlre  afin  de  le  livrer  à  ces  animaux.  On  lo 
saisit,  et  on  le  traîna  par  les  cheveux,  et  on 
le  frappa  à  coups  de  bâton,  et  on  le  laissa 
seul  sur  l'arène:  on  lâcha  ensuile  un  san- 

f;lier  sauvage  et  terrible,  et  il  tourna  trois 
bis  autour  de  l'apôtre  du  Seigneur,  et  il  ne 
lui  fit  aucun  mal.  Et  quand  la»  assistants 
virent  cela,  ils  rendirent  gloire  à  Dieu. 

El  le  gouverneur  fil  amener  un  taureau, 
qui  fut  amené  par  trente  soldats,  cl  deux 
chasseurs  l'excitèrent,  mais  au  lieu  défaire 
h  André  le  moindre  mal ,  il  mit  tes  chas- 
seurs  en  pièces,  et  enfin  il  poussa  un  hurle- 
ment, et  il  tomba  et  mourut.  Ki  aussitôt  le 
Eeuple  s'écria  :  «  C'est  le  Christ  qui  est  le 
►ieu  véritable.  » 

Tandis  que  cela  se  passait,  on  vit  un  ange 
descendre  du  ciel  el  venir  fortifier  l'apôtre 
dans  le  cirque.  Et  le  gouverneur,  bouillaut 
de  colère,  commanda  de  lâcher  un  léo- 
pard (71)  des  plus  féroces.  Mais  quand  celui- 
ci  eut  sa  liberté,  il  s'élança  d'un  bond  vers 
le  siège  du  gouverneur,  et  il  saisit  son  fils 
et  il  le  tua.  El  le  gouverneur  fut  tellement 
frappé  de  stupeur  qu'il  ne  donna  h  cet  égard 
aucun  signe  de  douleur  et  qu'il  ne  dit 
rien. 

Alors  le  bienheureux  apôtre  se  tourna 
vers  le  peuple  et  dit  :  «(Reconnaissez,  hommes 
de  Thessalonique,  que  vous  adorez  le  vrai 
Dieu  dont  la  puissance  adoucit  les  bêles  fé- 
roces, etque  le  gouverneur  Quirinus  ne  re- 
connaît pas.  Mais  afin  que  vous  croyiez  plus 
facilement  au  Seigneur,  je  vais  ressusciter  son 
fils  au  nom  de  Jésus-Christ  que  je  prêche, 
et  l'endurcissement  insensé  de  ce  père  sera 
confondij^.  »  Et  André  se  prosterna  de  nou- 
veau et  fit  une  longue  prière,  et  il  prit  la 
main  du  mort,  et  il  le  ressuscita. 

Et  quand  les  habitants  virent  ces  choses, 
ils  louèrent  Dieu,  et  ils  voulurent  tuer  Qui- 
rinus, mais  l'apôtre  les  en  empêcha.  Et  le 
gouverneur  fut  confondu  et  se  relira  dans 
son  palais. 

de  cet  infatigable  érudit  a  trouvé  des  adveriairea 
dans  d'autres  savants  dislingues.  (Fay.  Pearson, 
Apologia  pro  Jgnalii  epistoti» ^purL  n,  p.  576,  et 
Colclier,  ad  Ignaiium^  p.  20,  cdit.  de  Lcclerc.) 


75 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


76 


CHAPITRE  XXII. 


Après  que  toutes  ces  choses  se  furent 
passées»  uo  jeune  homme,  qui  depuis  long- 
temps suivait. rapôtre,  fit  part  à  sa  mère  de 
ce  qu*il  avait  vu,  et  il  rengagea  è  venir  sa- 
luer le  bienheureux  André.  Elle  vint  et  elle 
toml>aà  ses  pieds,  eteileexprima  le  désird*en» 
tendre  la  parole  de  Dieu,  et  elle  le  pria  avec 
les  plus  vives  instances  de  venir  à  sa  cam- 
pagne où  était  u.'i  serpent  d*une  grandeur 
monstrueuse  qui  dévastait  tout  ce  pa^rs.  Et 
quand  l'apôtre  s'approcha,  il  entendit  un 
grand  sifflement,  et  le  serpent  sortit  d'une 
caverne  et  il  leva  la  tôle,  et  il  menaça  An- 
dru.  Sa  longueur  dépassait  cinquante  cou- 
dées (72),  et  tous  ceux  qui  le  virent  furent 
saisis  d'effroi  nt  renversés  par  terre. 

Alors  le  saint  do  Dieu  dit  au  monstre  : 
«Courbe  la  lélcque  tu  as  élevée  depuis lecom- 
mencement  pour  perdre  la  race  humaine,  et 
soumets-toi  au  serviteur  de  Dieu  et  meurs.)» 
Et  aussitôt  le  serpent  Gt  un  grand  bruil,  et 
s'entortilla  autour  d'un  chèue  qui  était  près 
de  là,  et  il  cracha  un  torrent  de  poison,  et  il 
mourut. 

Le  saint  apôtre  vint  ensuite  h  une  maison 
do  campa^^nc  où  gisait  un  petit  garçon  que 
le  serpent  avait  mordu  et  qui  était  mort.  Et 
quand  il  vit  ses  parents  qui  pleuniont,  il 
dit  :  tf  Notre-Seigiieur  qui  veut  que  vous 
soyez  sauvés  m!a  envoyé  ici,  afin  que  vous 
croyiez  en  lui.  Sortez  mainlenanl,  et  voyez 
le  meurtrier  de  votre  flis.  »  Et  ils  dirent  : 
«  Nous  n'aurons  aucune  douleur  de  la  mort 
de  notre  fils,  si  nous  voyons  que  vengeance 
d  été  tirée  de  l'ennemi. n 

Et  quand  ils  furent  partis,  Papôtre  parla 
ainsi  a  la  femme  du  gouverneur  :  «  Va  et 
réveille  ce  jeune  garçon.  »  Elle  n'hésita  pas, 
et  elle  s'approcha  du  cadavre,  et  elle  dit  : 
«  Au  nom  de  mon  Dieu  Jésus-Christ,  lève- 
toi  etsoisguéri.»  Et  aussitôt  il  se  leva.  Quand 
ses  parents  revinrent,  après  avoir  vu  le  ser- 
pent qui  était  mort,  et  qu'ils  trouvèrent  leur 
tils  vivant,  ils  se  prosternèrent  devant  l'apô- 
trcy  et  ils  rendirent  grftces  h  Dieu. 

CHAPITRE  XXIII. 

Dans  la  nuit  suivante ,  l'apôtre  vit  en 
songe  une  vision  qu'il  raconta  aux  frères, 
en  leur  disant  :  «Ecoutez  mou  songe,  ô  mes 
bien-aimés. 

c  Je  vis  une  grande  monta^^ne  qui  s'éle- 
vait jusqu'au  ciel,  et  il  n'v  avait  rien  sur 
elle  de  terrestre,  et  elle  resplendissait  d'une 
clarté  telle  i|ue  l'on  pouvait  croire  qu'elle  il- 
luminait le  monde.  Et  voici  que  les  frères 
bien-aiméSj  Pierre  et  Jean,  étaient  auprès  de 
moi.  Et  Jean  étendit  la  main  vers  1  apôtre 

(72)  Cet  scrpeiiis  «rmic  diiiieii»ioii  éiiornie  se 
rcncoiitrciit  dans  les  ccrivainsde  ranliquité.  Kreiiis- 
ItctiH  {ad  Curtii  u,  1)  en  a  icuiii  di-s  excmiiles  ; 
mai:i  il  faut ,  dans  de  (larcU  tcciis,  faire  uiiv  large 
pan  à  l'exa^éiaiion. 

(75)  CV'sl-à  dire,  i  l»  périras  de  la  mcmc  mort 
que  Pierre,  lu  seras  crucifié,  i  CcUc  eipre^sion  est 
c.i»pruiilée  à  VEtaugiUde  taûti  àiatUtUu,  xx,  2i. 

(7i}  Cela   veut  dire   proiililenioni  que   la    ue 


Pierre,  et  le  guida  vers  le  sommet  de  la 
montagne,  et  il  me  dit  de  monter  après 
Pierre,  et  il  dit  :  «André,  tu  partageras  le  ca- 
lice de  Pierre.»  Et  il  étendit  les  mains,  et  il 
dit  :  «Viens  vers  moi,  et  étends  les  mains  (73j, 
afin  qu'elles  se  joignent  h  mes  mains,  et  que 
ta  tète  s'approche  de  la  mienne,  v  Et  après 
que  j'eus  fait  cela,  il  se  trouva  que  ma  taille 
n'é^^alait  point  celle  de  Jean  (74). 

«  Et  ensuite  il  me  dit:  «  Veni-lu  connaître* 
l'image  de  l'objet  que  tu  vois,  ou  veux-tu 
savoir  quel  est  celui  qui  te  parle?  »  Et  jo 
dis  :  «  Je  le  désire,  i»  Et  il  me  répondit  :  «  Je 
suis  la  parole  do  la  croix  sur  laquelle  tu 
seras  bientôt  attaché,  pour  le  nom  de  celui 
que  tu  prêches.» 

«Et  il  dit  beaucoup  d'autres  choses  que  je 
dois  maintenant  passer  sous  silence,  mais 
qui  se  publieront  lorsque  je  serai  venu  au 
terme  de  ma  course.  Je  vous  prie  donc  de 
vous  rassembler  tous,  vous  qui  avez  reçu  la 
parole  de  Dieu,  afin  que  jo  vous  recom- 
mande au  Seigneur  Jésus-Chiisl,  pour  qu'il 
daigne  vous  maintenir  sans  tache  dans  sa 
doctrine.  Je  serai  bientôt  délivré  de  mon 
corps,  et  je  vais  vers  l'accomiilissement  des 
promesses  que  m'a  faites  celui  (lui  gouverne 
le  ciel  et  la  terre,  qui  est  le  Fils  du  Dieu  tout- 
fuissanlavec  le  Saint-Esprit ,  vrai  Dieu«  et 
demeurant  dans  toute  l'éternité.  » 

Lorsque  les  frères  eurent  entendu  ces 
paroles,  ils  pleurèrent  amèrement,  et  ils 
frappèrent  leur  visage  avec  leurs  mains  (75). 
Entin,  après  qu'ils  furent  tous  réunis,  l'a- 
F)ôtre  parla  encore,  et  dit:  «Sachez,  mes 
bien-aimés;  que  Je  dois  me  séparer  de 
vous.  Mais  je  crois  en  Jésus  dont  je  prêche  la 
parole,  il  vous  préservera  du  mal,  pour  que 
la  récolte  que  j'ai  semée  en  vous  ne  soit 
pasarrachée  par  l'ennemi;  c'est  elle  qui  est  la 
connaissance  et  la  doctrine  de  Jésus-Christ , 
mon  Seigneur.  Priez  sans  relâche  et  demeu* 
rez  fermes  dans  la  foi ,  afin  que  le  Seigneur 
arrache  toute  l'ivraie  du  chamfi,  et  alin  qu'il 
vous  rassemble  comme  du  pur  froment  dans 
le  grenier  céleste  (76).  » 

Et  l'apôtre  les  enseigna  ainsi  durant  cinq 
jours,  et  les  confirma  dans  les  commande- 
ments de  Dieu. 

CHAPITRE  XXIV. 

Il  étendit  ensuite  ses  mains,  et  il  pria  le 
Seigneur,  et  il  dit  :  «  Je  ten  supplie,  ô  Sei-* 
gneur,  veille  sur  ce  troupeau  qui  a  déjà 
connu  ta  doctrine  ;  ne  permets  pas  que  le 
démon  remporte,  mais  fais  que  tes  tiddlis 
méritent  de  conserver  sans  violation,  dans 
les  siècloi  des  siècles,  ce  que  je  leur  ai  re* 
mis  selon  tes  ordres.  » 

d*André  devait  être  plus  courte  que  celle  de  Joid* 
(75^  Indice  0*une  lrèi*vive  doideur.  CeA  aiuti 
que  Virgile  a  dit: 

Uuguibtts  ora  soror  fcedans  et  peclora  pognift. 
(ViaoïL.,  jEneid.  1U>.  xu,  871.) 

{Voy.  Kirchinariti ,  De  futur.,  lib.  u,  c.  I ,  cl  D 
Geicr,  De  lucnt  NeOncor  ,  c.  10  cl  iC  ) 
(76;  lf«.'//i    xi:i.  U, 


77 


AND 


PART.  m.  -  LEGENDES  Et  FRAGMENTS. 


AND 


n 


Et  quand  il  eut  parlé  ainsi,  tous  les  assis- 
tants répondirent  :  «Amen.  ^ 

I/ap6tre  prit  ensuite  le  pain,  et,  après 
avoir  rendu  grâces,  il  le  brisa,  il  le  donna  à 
tous»  et  il  dit  :  «  Recevez  la  grAce  (77)  que 
Jésus-Christ,  le  Seigneur,  notre  Dieu,  vous 
a  donnée  par  moi,  son  serviteur.  »  Et  il  les 
embrassa  tous,  et  il  les  recommanda  au  Sei- 
gncur,  et  il  partit  de  Philippie  pour  se  ren- 
dre à  Thessalonique  ;  là  il  enseigna  durant 
deux  iours,  et  il  repartit  ensuite.  Beaucoup 
de  fidèles  partirent  de  la  Macédoine  avec  lui» 
et  ils  avaient  deux  navires. 

Et  ils  voulaient  tousmontersurlemèmena- 
vire  qui  portait  Tapôtre,  afin  d'entendre  ses 
discours  et  pour  ne  pas  étreprivés sur  merde 
la  parole  de  Dieu.  Mais  le  bienheureux 
André  se  tourna  vers  eux  et  dit  :  «  Je  con- 
nais vos  intentions,  mes  bien-aimés,  mais  ce 
navire  est  fort  petit.  Je  vous  demande  donc 
de  laisser  passer  les  esclaves  avec  les  bagages 
sur  le  plus  grand  navire  ;  vous  pouvez  venir 
avec  kious  sur  celui  qui  est  le  plus  petit. i» 

Kt  il  leur  donna  Anthime  (78)  pour  les 
tranquilliser,  ei  il  les  fit  monter  sur  Tautre 
navire  qui  dut  toujours  se  tenir  rapproché, 
afin  que  les  fidèles  eussent  la  consolation 
de  voir  Tapôtre  et  d*eûtendre  la  parole  du 
Seigneur. 

Et  il  arriva  qu'un  des  fidèles,  s'étant  en- 
dormi f79),  fut  jeté  par  le  vent  dans  la  mer. 
Lorsqu  Anthime  s*en  aperçut,  il  se  tourna 
vers  i*apôtre  et  dit  :  a  Assiste-nous,  ô  notre 
bon  maître,  car  un  de  tes  serviteurs  va  pé- 
rir. 9  Alors  le  saint  apôtre  commanda  au 
vent,  et  aussitôt  il  se  calma  et  la  mer  fut  pai- 
sible. Et  rhomme  qui  était  tomt)é  dans  la 
mer  fut  ramené  par  une  vague  à  côté  du  na- 
vire. Anthime  lui  prit  la  main  et  le  fit  re- 
monter à  bord,  et  tous  admirèrent  le  pou- 
voir miraculeux  de  Tapôtre,  auquel  la  mer 
même  était  soumise. 

CHAPITRE  XXV* 

Après  une  traversée  de  douze  jours,  ils 
débarquèrent  à  Patras,  ville  d*Acbaïe,  et  ils 
sortirent  du  navire  et  ils  prirent  leur  rési- 
dence dans  une  certaine  hôtellerie.  Et  beau- 
coup de  gens  les  priaient  instamment  d'eU'^ 

(77)  C*est-à-dire  le  sacrement  de  rEucbarisiié. 
Àccipite  graliam  est  pris  ici  dans  le  môme  sens 

Iu'on  observe  chez  saint    Oplat  {Sermo  de  mema 
>ominica)  :  Veniunl  géntet  ad  graliam. 

(78)  Trois  .personnages  portant  le  nom  d*An* 
thime  souffrirent  le  martyre  lors  de  la  pérséctitîon 
4e  Dîoclélien  ;  Tan  d'eux  euit  évoque  de  INicomédie  ; 
voir  Ëusèbe .  Bi$ivire  ecclésiastique,  viii,  6. 

n  Episode  reproduit  de  Thistoire  d*lLutycb1oSi 
ail    partie    des    Actes    supposés   de    saint 
'anl. 

(90)  C*est«^-dir6  de  t*empéchcr,  .en  te  faisant 
nourir,  de  propager  la  doctrine  que  la  prêches. 

(81)  Il  s^agit  de  deux  esprits  malins  «e  tnontrant 
sous  la  forme  de  nègres  ,  ainsi  que  les  anciens  au- 
teurs en  fournissent  d*a$sez  nombreux  exemples. 
Thîlo,  dans  Tédition  qn*il  a  donnée  à  Haie,  en  1857, 
à'Actes  grecH  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  dont 
nous  aurons  roccasioii  de  reparier,  fait  à  cet  égard 
les  observations  suivantes  :  c  Causa  hujus  imaj;ina- 
tîouîs  in  promplii  est.  Etenim  principes  lenebra- 


trer  dans  leurs  maisons^  André  dit  :  c  Aussi 
vrai  que  le  Seigneur  vit»  je  ne  sors  pas  qu*il 
ne  m'ait  manifesté  où  il  m'appelle.  »  Kt  il  se 
livra  au  sommeil  pendant  cette  nuit,  et  il 
n'eut  aucune  révélation.  Mais  dans  la  nuit 
suivente,  comme  il  se  livrait  à  l'afQiction,  il 
entendit  une  voix  qui  lui  dit  :  «  André,  je 
suis  avec  toi  et  je  ne  te  quitterai  pas.  »  Et 
quand  il  eut  entendu  ces  paroles,  il  loua 
l)ieu. 

Tandis  que  cela  se  passait,  le  gouverneur 
Lesbius  fut  porté,  par  une  inspiration  de 
Dieu,  à  recevoir  le  bienheureux  apôtre.  11 
lui  envoya  des  gens  pour  l'accueillir  d'une 
façon  hospitalière  et  pour  le  conduire  auprès 
de  lui.  Alors  André  se  rendit  auprès  du 
gouverneur,  et  il  etilra  dans  sa  chambre,  et 
il  le  vit  étendu  les  yeux  fermés  et  comme 
mort.  Et  il  le  toucha  au  côté  et  lui  dit; 
«  Lève-toi  et  parle.  »  El  Lesbius  parla  ainsi  : 
c  Je  suis  celui  qui  déteste  la  voie  que  tu 
enseignes,  et  j'ai  envoyé  des  soldats  avec 
des  navires  au  gouverneur  de  la  Macédoine, 
afin  que  l'on  te  conduisit  h  moi  garrotté,  et 
je  t'ai  condamné  h  mort;  mai.s  les  navires 
que  j'avais  fait  partir  ont  fait  naufrage  et 
n'ont  jamais  pu  arriver  où  je  leur  avais 
donné  Tordre  de  se  rendre. 

«Ettandis  que  j'avais  l'intention  dedétruire 
ainsi  le  chemin  que  tu  suis  (80),  deux  Elhio- 
piens  (81)  apparurent  devant  moi,  et  me 
frappèrent  de  verges  et  dirent  :  «  Nous  ne 
pouvons  plus  exercer  ici  quelque  puissance, 
puisque  cet  homme  que  tu  voulais  poursuis 
vre,  arrive.  C'est  pourquoi  nous  nous  venge- 
rons sur  toi  cette  nuit,  tandis  que  nous 
avons  encore  du  ()ouvoir.  i»  Et  après  m  avoir 
fortement  battu,  ils  ont  disparu  de  devant 
moi.  Maintenant  je  te  demande,  homme  da 
Dieu,  de  vouloir  bien  prier  le  Seigneur, 
afin  qu'il  me  pardonne  mes  fautes,  et  pour 
que  je  sois  guéri  des  souffrances  que  j'é- 
prouve. » 

Après  que  le  gouverneur  eut  dit  ces  cho- 
ses devant  tout  le  peuple,  le  saint  apô're 
prêcha  avec  un  zèle  infatigable  la  parole  du 
Seigneur,  et  tous  crurent. 


ruth ,  formldolesos  bommum  seductores  et  vcxato- 
res,  liorritica  decet  nigrities  ;  prsterea  plagam 
meridianam,  loca  illa  prôpter  intensum  solis  calo- 
rem  arida  et  déserta  ^  olim  sedcs  esse  putarunt 
daemonum  et  roortis;  Màiiichaeos  (pioque  mcriiiianas 
regiones  assignasse  da:monibus  minus  recle  colligit 
Beausobre,  HisL  Manich.,  t.  il,  p.  382,  etc.; 
Simplicii  Comment,  in  Epicieti  Enchir.,  p.  IG5,  etc.  ; 
Tbeodorcti,  Hœretic,  fabul.,  1. 1,  c.  26,  qui  id  potius 
tradunf ,  ex  Manctis  sentenlia  Deum  anlc  l»elluMi 
cum  tenebranim  principe  gestuin  tenuisse  part*  s 
septentrionales,  orientales  et  occidentales,  mato- 
riam  vcro  meridion^iliis.  ilonf.  C.-F.  Daor,  bas  mani^ 
chaeische  Religions  System .  p.  27.  Hieronymus  ,  fis 
Psal.  xc,  observât  dsemones  quosdam  bin{;ulart'A 
esse  nomine  Meridianorum  censiios.  Loc  'S  scripto- 
rum  Ecc-lcsiae  cum  Gnecse  lum  Laiinne  do  d.tmonilm^ 
meridinnis  in  unoin  collectes  in  C:ingii  Gloxnar.  mré, 
et  inf.  Latinit.,  s.  v.  dasmon  nieridianns.  Yid,  rtian 
Catnielum  {ad  psal.  xc,  0),  qui  Euselni,  Atba* 
naçii  alioruinqiie  npinifuicj»  rccfnsct.  » 


7} 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


(9 


CHAPITRE  XXVI. 


El  le  gouverneur,  après  avoir  élé  guéri, 
crut,  et  il  s*affermil  dans  la  foi.  £t  il  advint 

3ue  Tropliime»  qui  avait  élé  la  concubine 
u  gouverneur  et  qui  s*était  depuis  mariée 
avec  un  autre  homme,  le  quitta  afln  de  s*at- 
tacber  è  la  doctrine  de  Tap&tre;  car  elle  élait 
très-souvent  dans  la  maison  du  gouverneur 
où  Papôire  enseignait  constamment.  Cela 
riciia  le  courroux  de  son  mari,  et  il  alla 
vers  la  femme  du  gouverneur  et  lui  dit  : 
«  D*où  vient  c{ue  lu  ne  sais  pas  ce  qui  se 
passe?  Trophime  est  la  maîtresse  de  ton 
mari;  il  Ta  unie  à  moi  sous  de  certaines 
conditions,  afm  de  continuer  à  avoir  com- 
merce avec  elle  comme  il  le  faisait.» 

Lorsqu'elle  eut  encndu  ces  paroles,  sa 
jalousie  fut  enflammée,  et  elle  dit  :  «  Voilà 
donc  pourquoi  mon  mari  m*a  abandonnée, 
car  il  y  a  plus  de  six  mois  qu'il  n'a  pas  ha- 
bité avec  moi  1  Je  sais  maintenant  qu'il  aime 
Sè  servante.  »  Et  quand  elle  eut  parlé  ainsi, 
elle  appela  l'intenJaut  de  la  maison,  et  elle 
lui  ordonna  de  faire  traiter  Trophime  com- 
me une  prostituée  et  de  la  conduire  dans 
une  maison  de  prosliiulion.  Et  immédiate- 
ment Trophime  y  fut  amenée  et  livrée  au 
matire  de  ce  lieu  infAme.  Lesbius  ne  savait 
rien  de  tout  cela  ;  il  s^informait  de  Trophime, 
mais  sa  femme  le  maint  nait  dans  Ter* 
reur. 

Et  Trophime,  depuis  le  moment  où  elle 
fat  menée  dans  la  maison  de  prostitution, 
ne  cessa  de  prier,  prosternée  sur  la  terre.  Et 
quand  il  venait  des  gens  qui  voulaient  la 
toucher,  elle  mettait  sur  sa  poitrine  l'évan- 
gile qu'elle  portait  sur  elle,  et  aussitôt  ils 
perdaient  leur  force. 

Un  certain  jeune  homme  d'une  conduite 
fort  déréglée  s'approcha  un  jour  d  elle ,  et 
voulut  lui  faire  violence;  il  déchira  ses  vê- 
tements et  il  Gt  tomber  Tévangilo  qui  était 
5ur  sa  poitrine;  alors  Trophime  pleura  et 
étendit  les  mains  vers  le  ciel,  et  dit  :  «  Ne 
permets  pas,  ô  Seigneur,  que  je  sois  souillée, 
car  c'est  à  cause  de  ton  uom  que  j'aime  la 
chasteté.  » 

Et  aussitôt  un  ange  du  Seigneur  lui  appa- 
rut, et  le  jeune  homme  tomba  h  ses  pieds  et 
mourut.  Et  la  pieuse  femme  fut  rassurée,  et 
elle  bénit  et  loua  Dieu  qui  était  venu  à  son 
Assistance  Elle  était,  depuis  ce  moment, 
parvenue  à  une  telle  fermeté  dans  la  foi, 
que  peu  de  temps  après  elle  ressuscita,  au 
nom  de  Jésus-Christ,  un  enfant  qui  était 
mort,  et  la  ville  entière  assista  à  ce  spec- 
tacle. 

CHAPITRE  XWU. 

Tandis  que  cela  se  passait,  la  femme  du 

gouverneur  se  rendit  au  l)ain,  accompa;{née 
e  son  intendant;  et  tandis  qu'ils  se  bai- 
gnaient, un  démon  d*un  aspect  horrible  leur 
opparut  et  $*empara  d'eux,  et  ils  tombèrent 
et  ils  forent  morts.  Et  quand  cela  fiit  connu, 
il  s'éleva  un  grand  tumulte,  et  on  annonça  à 

{9$)  Jâi.  Il,  i5. 


I  apotrc  et  au  gouverneur  que  sa  femme  était 
morte  avec  l'intendant. 

Le  bienheureux  apôtre,  ému  par  cette 
agitation  du  peuple,  parla  à  la  foule  dans  les 
termes  suivants  :  «  Vous  voyez,  mes  bien- 
aimés,  combien  l'ennemi  est  puissant.  Car 
Trophime  fut,  à  cause  de  sa  chasteté,  jetée 
dans  une  maison  de  prostitution;  mais  le 
jugement  de  Dieu  ne  se  fit  pas  attendre,  et 
bientôt  celle  qui  avait  donné  cet  ordre  a  été 
exterminée  avec  son  complice  tandis  qu'elle 
était  au  bain.  ^ 

Quand  il  eut  ainsi  parlé,  voici  que  la  nour- 
rice de  la  morte  arriva,  et,  h  cause  de  son 
grand  âge,  elle  était  portée  sur  les  bras  de 
plusieurs  hommes.  Et  elle  déchira  ses  vétc* 
mcnts,  et  elle  dit  en  poussant  des  cris  . 
«  Nous  savons  que  tu  es  aimé  de  Dieu,  et 
nue  ton  Dieu  t'accorde  ce  que  tu  lui  deman- 
des;.aie  donc  pitié  de  nous  cl  rends  cette 
morte  h  la  vie.  » 

Le  bienheureux  apôtre ,  touché  de  ses 
pleurs,  fut  ému  de  compassion,  et  dit  en  se 
tournant  vers  le  gouverneur  :  «  Veux-ta 
qu'elle  ressuscite?  »  Et  il  répondit:  «  Elle 
ne  doit  pas  vivre,  celle  qui  a  amené  une 
telle  ignominie  dans  ma  maison.  »  L'apôtre 
répondit  :  n  N'agis  pas  de  la  sorte,  car  nous 
devons  avoir  compassion  de  ceux  qui  sont 
dans  la  douleur,  afin  qu'à  notre  tour  nous 
obtenions  que  Dieu  ait  pitié  de  nous  (82}.  » 

Et  quand  il  eut  ainsi  parlé,  le  gouverneur 
retourna  à  son  priais,  mais  te  bienheureux 
apôtre  ordonna  que  l'on  apportât  le  cadavre 
sur  la  place  publique;  il  s'en  approcha  et  il 
dit  :  «  Je  le  prie ,  Seigneur  Jésus-Christ,  de 
faire  que  celle  femme  revienne  à  la  vie,  afin 
que  tous  reconnaissent  que  toi  seul  es  Dieu, 
et  que  tu  ne  permets  pas  que  les  innocents 
succombent.  »  Et  il  se  tourna  vers  le  cadavre 
de  la  femme,  il  le  toucha  et  il  dit  :  «  Lève- 
toi  au  nom  de  Jésus-Christ,  mon  Seigneur.  » 
Et  aussitôt  la  femme  se  leva.  Et  elle  pleura 
et  soupira,  et  tint  les  regards  attachés  vers  la 
terre. 

Et  l'apôtre  lui  dit  :  «  Va  en  ta  maison,  et 
reste  dans  la  retraite  occupée  à  prier  jusqu'à 
ce  que  le  Seigneur  t'ait  fortifiée.»  Et  elle  ré- 
pondit :  «  Fais  que  je  me  réconcilie  d'abord 
avec  Trophime,  contre  laquelle  j'ai  fait  tant 
de  mal.  »  Mais  l'apôtre  répondit  :  «  Sois  sans 
crainte,  car  Trophime  ne  pense  nlus  aux 
torts  que  tu  as  eus  envers  elle,  et  elle  ne  sait 
pas  ce  que  c'est  que  la  vengeance;  mais  elle 
rend  grâces  au  Seigneur  en  tout  ce  qu'il  « 
accompli.  »  Ensuite  Trophime  fut  appelée, 
et  elle  se  réconcilia  avec  Gallista,  la  lemoie 
du  gouverneur, 

CHAPITRE  XXVJIL 

Et  le  gouverneur  Lesbius  fit  de  tels  pro- 
grès dans  la  foi,  qu'un  jour  il  s'approcha  de 
Papôtre  et  lui  confessa  tous  ses  péchés.  El 
le  bienheureux  apôtre  lui  dit  :  <  Je  rends 
grâces,  mon  fils,  au  Seigneur  de  ce  que  la 
crains  le  jugement  à  venir  ;  mais  conîluia- 
toi  avec  vigueur,  et  fortifie-toi  daiu  le  8ei« 


•I 


AND 


PART.  in.  ^  LUSKDfii  KT  FRAGMEISTS. 


A!SB 


82 


goeur,  en  lequel  tu  crois.  »  El  ii  lui  prit  la 
maîDi  etiii  lui  prêcha  ia  foi,  e^  ils  allèrent  en- 
suite sur  le  bord  de  la  mer. 

£t  après  sa  promenade,  André  s'assit,  et 
tous  ceux  qui  étaient  près  de  lui  se  placèrent 
sur  le  sable,  et  ils  entendaient  la  parole 
de  Dieu.  Et  voilà  que  le  cadavre  d'un  bom« 
me  qui  avait  péri  sur  la  mer  fut  jeté  par  les 
flots  sur  la  c6te  et  vint  presque  aux  pieds 
d'André.  Lorsque  le  bienheureux  ap6lre  le 
vil,  il  se  réjouit  dans  le  Seigneur  et  H  dit  : 
«  Cet  homme  doit  ressusciter,  atin  que  nous 
sachions  ce  que  l'ennemi  du  genre  humain 
a  accompli  en  lui.» 

Et  après  s'èlre  mis  en  prière,  il  prit  la 
main  du  mort  et  le  souleva,  et  aussitôt  le 
mort  revint  à  ia  vie  et  parla.  Et  comme  il 
était  nu,  l'apAlre  lui  donna  un  vêtement  et 
dit  :  «  Kaconte-nous  ce  qui  t'est  arrivé.  »  Et 
ceivi*ci  répondit  : 

«  Je  ne  cacherai  rien  :  je  sois  le  fils  de 
Sosti'ate*  habitant  de  ia  Macédoine,  et  ie  suis, 
depuis  peu  de  temps,  revenu  de  rllalie. 
Etant  de  retour  dans  ma  patrie,  j'ai  appris 
qii*il  se  répandait  une  doctrine  nouvelle  de 
laquelle  nul  homme  n'avait  encore  entertdu 
parler,  et  que  des  miracles  et  des  choses 
merveillonses  s'accomplissaieat,  ainsi  que 
des  guérisons  surprenantes  qu'opérait  un 
homme  qui  s'annonçait  comme  le  disciple 
du  vrai  Dieu.  En  apprenant  cela,  je  m'em- 
r-ressai  de  partir  aûn  de  voir  cet  homme, 
car  je  pensais  qu'il  m'enseignerait  la  vérité. 
«  ie  m'embarquai  sur  un  navire  avec  mes 
amis  et  mes  compatriotes,  et  quand  je  fus 
sur  la  haute  mer,  il  s'éleva  soudain  une 
tempête,  et  nous  fûmes  engloutis  dans  les 
vagues.  » 

Et  lorsqu'il  eut  ainsi  parlé,  il  jeta  les  yeux 
sur  André  dont  le  visage  était  resplendissant 
de  lumière,  et  il  pensa  alors  qu'il  devait 
se  trouver  en  présence  de  l'homme  gu'il 
avait  cherché  au  milieu  de  tant  de  dan- 
gers, et  il  tomba  aux  pieds  d'André  en  di- 
sant :  «  Je  sais  que  tu  es  un  serviteur  de 
Dieu.  Je  prie  pour  ceux  qui  étaient  avec 
uioi  dans  le  navire,  afin  qu'ils  reviennent 
aussi  à  ia  vie  [lar  un  effet  de  ta  faveur,  ei 
qu'ils  reconnaissent  le  vrai  Dieu  que  tu 
prêches.  • 

Alors  le  bienheureux  apôtre,  plein  du 
Saint-Esprit,  lui  prêcha  la  parole  du  Sei- 
gneur, de  sorte  que  le  jeune  homme  fut  saisi 
d'admiration  pour  celle  doctrine.  Et  enfin  il 
dit,  en  étendant  les  mains  :  «  Montre-nous, 
je  t'en  prie,  seigneur,  les  autres  cadavres  de 
ceux  qui  sont  morts  en  même  temps  que 
moi  afin  qu'ils  reconnaissent ,  sous  ta  direc- 
tion, le  Dieu  unique  et  véritable,  n 

Et,  après  qu'il  eutainsi  parlé,  apparurent 
soudain  trente-neuf  cadavres  qui  furent  potis- 
sés  par  les  flot>  sur  la  côte.  Alors  le  jeune 
homme  pleura,  et  tous  les  assistants  se  mi- 
rent aussi  à  pleurer,  et  ils  se  jetèrent  aux 
pieds  de  l'apôtre,  et  ils  le  prièrent  de  ressus- 
citer aussi  ces  morts. 


CHAPITRE  XXIX. 


Mais  Philopator  (car  c'était  le  nom  du 
jeune  homme)  dit  :  «  Mon  père  a  ,  dans  sa 
bonne  volonté,  envoyé  ses  amis  h  bord  avec 
moi,  et  il  m'a  donné  une  forte  somme  d'ar- 
gent, et  il  m'a  envoyé  ici.  Quand  il  apprendra 
ce  qui  m'est  arrivé,  il  blasphémera  ton  Dieu 
et  insultera  sa  doctrine.  Que  telle  chose  soit 
loind'arriverl» 

Et  tous  les  assistants  pleurèrent  derechef  | 
mais  l'apôtre  leur  commanda  de  réunir  tous 
les  cadavres  m  un  même  endroit,  car  ils 
étaient  épars  de  côté  cl  d'antre.  Ils  les  ras- 
semblèrent tous ,  et  l'apôtre  dit  à  Philopa- 
tor :  ^t  Qui  désires-tu  qui  ressuscite  le  pre- 
mier ?»El  il  répondit  :«Que  ce  soit  Varus,  moa 

frère  de  lait.  » 

L'apôtre  ayant  entendu  ces  paroles,  fléchit 
ses  genoux  sur  la  terre,  étendit  ses  mains 
vers  le  ciel,  et  pria  très-longtemps  en  ver- 
sant des  larmes,  et  il  dit  :  «0  bon  Jésus! 
réveille  vo  mort  qui  a  péri  avec  Philopator, 
afin  qu'il  reconnaisse  ta  gloire,  et  que  ton 
nom  soit  honoré  parmi  les  peuples.  » 

El  aussitôt  le  jeune  homme  se  leva,  et  tous 
ceux  qui  étaient  présents  furent  frappés 
d'admiration.  L'apôtre  se  remit  à  prier  pour 
les  autres,  et  il  dit  :  «  Je  te  prie,  Seigneur 
Jésus,  de  faire  que  ceux-ci,  qui  sonlsorlis  de 
la  profondeur  des  mers,  ressuscitent  aussi.  » 
Et  après  qu'il  eut  prononcé  ces  paroles,  il 
ordonna  aux  frères  de  prendre  chacun  d'eux 
un  des  morts,  et  de  dire  :  «Que  Jésus- 
Christ,  le  Fils  du  Dieu  vivant,  te  rappelle  à 
la  vie,  » 

Et  quand  cela  fut  fait,  trente-huit  morts 
ressuscitèrent,  et  ils  louèrent  Dieu  de  con- 
cert avec  tous  les  assistants,  et  ils  dirent  : 
tk  Le  Dieu  d'André  n'a  pas  d'égal.  » 

Le  gouverneur  Lesbius  fit  des  présents 
considérables  h  Philopator,  et  lui  dit  :  «  Ne 
t'inquiète  pas,  mon  frère ,  si  lu  as  perdu  <:o 
que  tu  possédais  :  je  le  conseille  de  ne  pas 
récarter  du  service  do  ton  Dieu.  »  Et  dès 
cette  heure  Philopator  resta  constamment 
avec  l'apôtre,  et  ii  accomplit  avec  zèle  tou- 
tes les  choses  qu'André  lui  prescrivit. 

CHAPITRE  XXX. 

Tandis  que  ces  choses  se  passaient  h  Pa* 
Iras  ,  la  ville  de  l'Achaïe,  il  advint  qu'une 
femme  de  Corinthe ,  nommée  Calliope,  qui 
s'était  unie  à  un  meurtrier,  fut  saisie  des 
grandes  douleurs  de  renfaolemenl,  et  elle 
ne  pouvait  être  délivrée  dufruitde  son  corps. 
Et  elle  parla  à  sa  sœur  et  dit  :  «  Va,  je  ten 
prie,  et  invoque  Diane (83),  noire  déesse,  afin 
qu'elle  ait  compassion  de  moi  ;  car  c'est  elle 
qui  préside  aux  accoucliements  desfommes.t 

La  sœur  fil  ce  qui  lui  était  recommandé 
mais  te  diable  vint  à  elle  durant  ia  nuit,  e! 
dit  :«  Pourquoi  m'appelles*tu  inutilement, 
lorsque  je  ne  puis  l'assister?  Adresse-toi 
plutôt  k  l'apôtre  do  Dieu,  André,  qui  est 
dans  l'Achaïe,  et  il  aura  compassion  de  ta 


(83)  11  fautcîier  ici  le  passajçedc  Ciréron  {De  na-     Locîferîiro,  sic  apud  noslros  Jap9|Çp.  Lucinam  ta 
titra  iii&rnm,  1.  n)  m  Ut  spiid  Grsecos  Dia»!ain  atqne      pariendo  iiivocani.  • 


êl 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


U 


sœur.  »  L4  femme  fit  ce  <iui  lui  était  dit,  et 
elle  vint  à  rapdlre,  et  lu:  raconta  tout  ce  qui 
s'était  passé.  Celui-ci  ne  différa  point.  11  se 
rendit  h  Corintlie»  et  il  alla  à  la  demeure  de 
la  femme  malade»  et  Lesbius,  le  gouYerneur» 
était  avec  lui. 

Et  quand  Tapôtre  vit  celte  femme  éprou- 
vant les  souffrances  de  l'enfantement,  il  dit  : 
«  C*est  avec  justice  que  tu  souffres  ainsi , 
parce  que  tu  n'as  pas  contracté  une  union 
nouorable  et  que  tu  as  conçu  dans  le  péché. 
Tu  as  d'ailleurs  demandé  conseil  à  de  mau- 
vais esprits ,  qui  ne  peuvent  ni  aider  per- 
sonne, ni  se  secourir  eux-mêmes.  Crois  en 
Jésus-Christ,  Fils  de  Dieu,  et  ton  enfant 
viendra  au  monde;  mais  il  sera  mort, parce 
que  tu  as  conçu  dans  le  péché.  » 

Et  la  femme  crut ,  et  aussitôt,  tous  étant 
sortis  de  la  chambre,  elle  mit  au  monde  un 
enfant  mort^  et  elle  fut  délivrée  de  ses  souf- 
frances. 

CHAPITRE  XXXI, 

Tandis  que  l'apôtre  accomplissait  beau- 
coup de  merveilles  à  Corintne,  Sostrate, 
père  de  Philopator,  fut  averti  en  songe  de 
se  rendre  auprès  d'André,  et  il  se  h^ta  de  se 
mettre  en  route  pour  l'Achaie.  Et  quand  il 
apprit  où  était  l'apôtre,  il  se  rendit  a  Corin- 
the  ;  et  lorqu'il  vint  à  l'apôtre  et  le  salua,  il 
reconnut  aussitôt  les  traits  de  l'homme  qui 
lui  avait  été  désigné  ensoni^e.  Et  il  embras- 
sa ses  pieds,  et  il  dit  :  «Aie  pitié  de  moi, 
je  t'en  prie,  serviteur  de  Dieu,  de  même 
que  tu  as  eu  pitié  de  mon  fils.  » 

Et  Philopator  dit  &  i*apôtre  :  «C'est  mon 
père  qui  est  devant  toi;  il  te  demande 
maintenant  ce  qu'il  doit  faire.  »  Et  le  bien- 
heureux apôtre  dit  :  «Je  .sais  qu'il  est  venu 
vers  nous  pour  connaître  la  vérité.  Nous 
rendons  grAces  au  Seigneur  Jésus-Christ, 
qui  daigne  se  révéler  aux  fidèles.  »  Tandis 
iju'André  parlait  ainsi,  Léontius,  l'esclave  de 
bostrate,  dit  à  son  maître  :  «  Vois-tu,  sei- 
gneur, de  quelle  splendeur  brille  le  visage 
de  cet  homme?  &  Et  Sostrate  répondit  :  f  Je 
le  vois ,  très-cher ,  et  c'est  pourquoi  je  ne 
me  sépare  pas  de  lui  ;  mais  nous  passerons 
tous  deux  notre  vie  avec  lui,  et  nous  enten- 
drons les  paroles  de  la  vie  éternelle.  » 

Et  ie  lendemain  Sostrate  envoya  à  l'apôtre 
beaucoup  de  présents;  mais  l'homme  de 
Dieu  lui  dit  :  «Il  ne  convient  pas  que  j'ac- 
cepte rien  de  vous,  si  ce  n'est  vos  person- 
nes elles-mêmes,  lorsque  vous  avez  la  foi  en 
Jésus,  qui  m*a  envoyé  pour  prêcher  TEvan- 
gile  en  ce  lieu.  Si  j'avais  voulu  de  l'argent, 
j'aurais  déjà  trouve  en  Lesbius  un  homme 
plus  opulent  que  vous  et  qui  m'aurait  enri- 
chi. Mais  je  désire  seulement  quo  vous  me 
donniez  ce  qui  peut  servir  à  vous  conduire 
à  la  béatitude  éternelle.  » 

CHAPITRE  XXXII. 

Et  lorsque  ces  choses  se  furent  accomplies 
h  Corinthe,  peu  de  jours  après,  le  saint  apô- 
tre serenditau  bain.Etquandil  fut  venu  pour 
f  H  bajgner,  il  vit  un  homme  qui  était  possédé 
'Xw  es|)rtt  malin,  et  qui  tremblait  beaucoup. 


Et  tandis  qu'il  le  regardait  avec  surprise,  un 
très-jeune  homme  sortit  de  la  piscine,  tomba 
aux  pieds  de  l'apôtre  et  dit  :  «  Qu'avons  nous 
h  démêler  avec  toi ,  ô  André?  es-tu  venu  ici 
pour  nous  chasser  de  nos  demeures?  » 

L'apôlre  se  tourna  vers  lui ,  et  lui  di| 
en  présence  du  peuple  :  «  Soyez  sans 
crainte,  mais  croyez  en  Jésus  notre  libéra- 
teur. »  Et  tous  les  assistants  s'écrièrent  : 
«  Nous  crovons  ce  que  tu  prêches.  »  Alors 
André  parla  rudement  aux  démons ,  et  ils 
sortirent  aussitôt  des  deux  corps  qu'ils  pos- 
sédaient, et  lorsqu'ils  furent  éloignée,  le 
jeune  homme  et  le  vieillard  retournèrent 
dans  leurs  maisons. 

Et  tandis  que  l'apôtre  se  baignait,  il  ne 
cessait  d'instruire  ;  car  il  savait  que  l'enne- 
mi du  genre  humain  dresse  partout  ses  piè- 
ges, et  dans  les  bains  ainsi  que  dans  les 
fleuves.  Et  c'est  pourquoi  il  disait  qu'il  fal- 
lait sans  cesse  invoquer  le  nom  de  Dieu,  afiQ 
que  celui  qui  prépare  aux  hommes  des 
embûches  perde  tout  son  pouvoir. 

Et  les  habitants  de  la  ville  voyant  cela,  vin- 
rent auprès  d'André ,  et  ils  apportèrent  des 
malades,  et  ils  les  placèrent  devant  lui,  et  ils 
furent  guéris ,  et  beaucoup  d'habitants  des 
autres  villes,  qui  avaient  aussi  reçu  la  parole 
de  Dieu,  venaient  chaque  jour  au  saint  apô- 
tre afin  qu*il  les  instruisit. 

CHAPITRE  XXXIII. 

Pendant  que  ces  choses  se  passaient  à 
Corinthe,  voici  qu'un  vieillard,  nommé  Ni- 
colas, couvert  de  vêtements  déchirés,  vint  Ik 
l'apôtre  et  lui  dit  :  «Serviteur  de  Dieu, 
voici  qu'il  s'est  écoulé  soixante  et  quatorze 
années  de  ma  vie  durant  lesquelles  ie  n'ai 
cessé  de  me  livrer  à  la  débauche  et  a  l'im- 

f cureté,  et  j'ai  maintes  fois,  dans  les  mauvais 
ieux  ,  commis  toutes  sortes  d'infamies.  Et 
il  y  a  trois  jours  que  j'ai  entendu  parler  des 
merveilles  aue  tu  fois,  et  de  tes  prédications 
qui  sont  pleines  de  la  parole  de  vie  :  j'ai 
alors  conçu  la  pensée  de  renoncer  è  ma  con- 
duite déréglée  et  de  venir  à  toi,  afin  (]ue  ta 
m'enseignes  la  voie  à  suivre.  Et  tandis  que 
je  roulais  cette  pensée  en  mon  esprit,  il 
m'en  est  venu  une  autre»  celle  d'abandonner 
ma  bonne  résolution  et  de  ne  pas  faire  le 
bien  dont  j'avais  eu  l'idée 

«  Et  pendani  quo  ma  détermination  flot* 
tait  indécise  ,  je  pris  l'Evani^ile,  et  je  priai 
le  Seigneur  qu  il  me  fit  oublier  ces  choses 
pendant  quelque  temps. 

«  Et  peu  de  jours  après,  j'oubliai  l'Evan* 
gîle  qui  était  sur  moi,  et  je  fus  embrasé  de 
pensées  coupables,  et  je  me  rendis  de  nou- 
veau dans  une  maison  de  prostitution.  Et 
voici  qu'une  prostituée  qui  me  vit  s'écria  ; 
«  Sors  d'ici,  vieillard,  car  tu  es  un  ange  du 
Seigneur,  et  lu  ne  dois  plus  me  toucher, 
ni  t'approcher  de  ce  lieu,  car  je  vois  eu  toi 
uu  grand  mystère.  « 

«  El  tandis  que  je  restais  immobile,  rem- 
pli d'étonnement,  et  ne  sachant  pas  ce  aue 
cela  signifiait,  je  me  souvins  que  j'avais  I  B- 
vangile  sur  moi.  Je  me  retirai,  et  je  suis 
venu  vers  toi,  qui  es  le  serviteur  de  Pieu  9 


85 


AND 


PART.  m.  -  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


SG 


afin  que  tu  aies  pitié  de  mes  erreurs.  Car 
j*ai  le  plus  grand  espoir  que  je  ne  périrai 
pas  y  SI  lu  veux  prieur  pour  moi  malgré  mon 
indignîlé.» 

Le  bienheureux  André,  !*ayant  entendu 
parler  ainsi,  fil  un  long  discours  contre  Tim- 
purett^t  et  il  se  jeta  à  genoux,  il  étendit  ses 
mains,  et  il  pria  le  Seigneur.  El  il  versa  des 
larmes  mêlées  de  soupirs,  depuis  la  sixième 
heure  du  jour  jusqu'à  la  neuvième;  il  es- 
suya ensuite  son  visage  et  il  ne  voulut  pren- 
dre aucun  repas,  et  il  dit  :  «  Je  ne  goûterai 
à  aucun  aliment  jusqu*à  ce  que  je  sache  si 
le  Seigneur  a  compassion  de  cet  nomme,  et 
s'il  est  du  nombre  de  ceux  qui  sont  rache- 
tés. » 

Et  après  quil  eut  de  même  jeûné  le  len- 
demain ,  il  ne  lui  fut  rien  révélé  au 
sujet  de  cet  homme  jusqu'au  cinquième 
jour,  et  il  pleura  amèrement,  et  il  dit  : 
c  Nous  obtenons  ta  bénédiction  pour  les 
morts,  Seigneur  (8%),  et  pourquoi  ne  veux-tu 
pas  révéler  si  tu  daignes  guérir  cet  homme 
qui  aspire  à  reconnaître  ton  autorité?  »»  Et 
quand  il  eut  dit  ces  paroles,  il  vint  une 
voix  du  ciel  qui  dit  :  «  André,  ta  prière  en 
faveurdece  vieillard  est  exaucée.  Maiscomme 
tu  i'esfatigué  par  tesjeûnes,  il  fautqu*ils'ap- 
pliuue aussi  au  jeûne  pour  être  sauvé  (85).  » 
Et  1  apôtre  Tappela  et  lui  prêcha  Tabslinence. 

Et  le  sixième  jour,  le  bienheureux  André 
appela  tous  les  Chrétiens,  et  leur  demanda 
de  se  réunir  et  de  prier  pour  le  vieillard  ; 
ils  se  prosternèrent,  et  prièrent  en  disant  : 
«  Seigneur,  toi  qui  es  compatissant  et  mi- 
séricordieux ,  accorde  aux  hommes  le  par- 
don de  leurs  fautes.  »  Alors  Tapêtre  se  pré- 
[)ara  des  aliments,  et  permit  aussi  aux  fidè- 
es  de  prendre  de  la  nourriture. 

Et  Nicolas  revint  dans  sa  maison,  et  il  dis- 
tribua aux  pauvres  tout  ce  qu*il  possédait. 
Et  il  se  soumit  à  une  rude  pénitence;  car  il 
passa  six  mois  sans  prendre  d'autre  boisson 

3ue  de  l'eau  et  sans  manger  autre  chose  que 
u  pain  desséché.  Apres  que  ce  vieillard 
eut  ainsi  fait  une  digne  pénitence,  il  ne  tarda 
pas  à  sortir  de  ce  monde.  Le  bienheureux 
André  était  alors  absent.  El,  à  Theure  de  la 
mort  du  vieillard,  une  voix  se  Qt  entendre  à 
André,  et  dit:  «  André,  mon  serviteur  Nico- 
las est  endormi.  »  Et  l'apôtre  rendit  grAces, 
et  dit  aux  frères  que  Nicolas  était  entré  dans 
Téternité,  et  il  pria  pour  qu'il  pût  reposer 
en  paix. 

CHAPITRE  XXXJV. 

Tandis  que  ces  choses  se  passaient  à  Co- 
rinthe,  et  cjue  la  renommée  des  actions  de 
5ap6tre  croissait  chaque  jour,  un  habitant  de 
Mégare,  nommé  Antiphane,  vint  vers  lui,  et 

(84)  C'est  à  dire  :  cTu  nous  donnes  le  pouvoir  de 
tel  ressusciter,  i 

(85)  13 n  jeûne  de  pareille  durée  pour  implorer  le 
secours  du  Seigneur  est  fflenlionné  dans  le  Uvre  de 
Hdjih^  viii,  23. 

(86)  Luc.  VI,  36. 

(87)  Ad.  X,  34. 

(88)  iùan.  uf,  16  :  L  Tim  iv,  10. 


dit:  •  Puisqu'il  y  a  en  toi  une  bonté  conforme 
au  commandement  du  Sauveur  (86)  que  lu 
prêches,  montre-la  à  noire  égard,  homme  de 
Dieu,  et  délivre  noire  maison  des  pièges 
auxquels  elle  est  livrée.  »  L'apôtre  lui  ré- 
pondit :  «  Raconte-nous  ce  qui  t'est  arrivé.  » 
El  Anlipbane  parla  ainsi  : 

c  Lorsque  je  revenais  dans  ma  maison,, 
après  un  voyage,  et  que  j'élais  arrivé  à  la 
porte,  voici  c\ue  j'entendis  la  voix  du  portier, 
qui  poussait  des  cris  lamentables.  Et 
quand  je  demandai  ce  que  sif^nifiait  ce 
bruit,  ceux  qui  étaient  là  me  dirent  qu'il 
était,  ainsi  que  sa  lemme  et  ses  fils,  tour- 
menté par  des  esprits  malins.  Je  montai 
alors  à  l'étage  supérieur  de  la  maison,  et  je 
vis  de  jeunes  garçons  qui  grinçaient  des 
dents  et  qui  se  jetèrent  sur  moi ,  et  qui 
poussaient  des  éclats  de  rire  insensés.  Je 
montai  ensuite  è  un  étage  supérieur,  ot  se. 
trouvait  la  femme,  qui  était  horriblement, 
tourmentée  par  le  démon,  et  elle  était  en 
proie  au  délire  ;  ses  cheveux  pendaient 
sur  ses  yeux ,  de  sorte  qu'elle  ne  put  ni 
me  voir,  ni  me  reconnaître.  Je  te  con- 
jure ,  homme  de  Dieu  ,  de  vouloir  bien 
me  rendre  cette  femme.  Quant  aux  autres» 
je  n'en  ai  nul  souci.  « 

Après  qu'il  eut  parlé  de  la  sorte,  le  bien- 
heureux apôtre  fut  saisi  de  compassion,  et 
il  répondit  :  «  Dieu  ne  fait  pas  acceplion  de 
personnes  (87)  ;  il  est, venu  pour  sauver  tous 
les  hommes,  aQn  qu'ils  ne  périssent  pas 
(88);  »  et  il  ajouta  :  «  Allons  à  ta  maison.  » 

Et  André  partit  de  Corinlhe,  et  lorsqu'il 
fut  venu  à  Mégare  et  qu'il  se  fut  rapproché 
delà  porte  de  la  maison,  les  malins  es- 
prits s'écrièrent  lout  d'une  voix  :«  Pour- 
quoi nous  poursuis-tu  ici,  André?  Pourquoi 
entres-tu  dans  une  maison  qui  ne  l'est  pas 
assignée?  Garde  ce  qui  est  à  loi  et  ne  pénè- 
tre pas  dans  ce  qui  nous  est  accordé.  » 

Le  bienheureux  apôtre  fut  surpris  de  ces 
choses  extraordinaires.  U  entra  dans  la 
chambre  où  gisait  la  femme,  et  il  pria  après 
s'être  agenouillé,  et  il  prit  les  mains  de  la 
femme,  et  il  dit  :  «Que  le  Seigneur  Jé- 
sus-Christ te  guérisse.  «Et  aussitôt  la  femmi» 
se  leva,  et  elle  loua  Dieu. 

Et  l'apôtre  imposa  de  m6:r.e  les  mains  sur 
tous  ceux  qui  étaient  possédés  du  malin  es- 
prit, et  il  les  guérit  tous,  et  il  eut  doréna- 
vant Anliphane  et  sa  femme  parmi  ceux 
qui  l'aidèrent  le  plus  à  Mégare  à  prêcher  la 
parole  de  Dieu. 

CHAPITRE  XXXV. 

Après  que  le  bienheureux  apôtre  eut  ac- 
compli ces  choses  (89),  il  revint  dans  la  ville 
de  Palras,  où  était  le  gouverneur  ^Egeus, 

(89)  Les  H^n^és  grecques,  Nicéphore,  et  divers  au- 
tres auieurs  racontent  des  choses  accomplies  par 
saint  André,  et  qu^ou  chercherait  en  vain  dans  Ab- 
dias  ;  on  le  représente  comme  ayant  ordonné  Phi- 
lologue comme  évéque  de  Sinope  en  Achaie  et  Sla- 
chys  à  Byzance  ;  selon  Nicctas  de  Paphlagoniu 
lOraliode  S.  Andréa,  publiée  dans  VAtktcarium  U« 
CombeÛs),  il  prêcha  l'Evangile  sur  tous  les  rivage» 


17 


DlCTIONNAinE  DES  APOCHYPUES. 


S8 


quifavnit  >ur:céU6  à  Lesbiiis.  Et  une  femme, 
nommée  Ephidama  (90),  qui  avait  été  ame« 
néo  à  Jéfus-Christ  par  les  tnstrnclions  de 
SosiuSt  disciple  de  l*apôlre  (91),  vint  trouver 
André,  et  elle  embrassa  ses  pieds,  et  elle  dit  : 
<  Je  te  prie,  6  homme  saint,  de  vouloir  bien 
te  rendre  auprès  de  ma  maîtresse  Maximilla, 
qui  est  tourmentée  par  une  fièvre  ardente, 
car  ello  désire  entendre  tes  instructions.  »  Et 
Maximilla  était  la  femme  du  gouverneur,  quç 
cette  maladie  plongeait  dans  un  si  vif  cha^ 
grin  qu'il  tira  un  poignard  et  voulut  se  don-- 
lier  la  mort. 

£j)ljidama  alla  doncdevanf,  et  Tapâtre  vint 
dans  la  chambre  où  gisait  la  malade,  et  lors-* 
qu'il  vit  le  gouverneur  tenant  h  la  main  son 
poii^nard,  il  lui  dit  :  «  Ne  te  fais  point  de 
iiuil,  mais  rooiels  ton  poignard  à  sa  place, 
car  il  viendra  un  temps  où  tu  Teniftloieras 
contre  nous.  »  Mais  le  gouverneur  ne  com* 
f)rit  pas  ce  que  disait  l'apôtre,  et  il  lui  fit 
place  pour  qu  il  s'approchât. 

Et.l'apôtro  vint  devant  le  lit  de  la  malade, 
et  après  avoir  prié,  il  prit  sa  main,  et  aussitôt 
Ja  femme  fut  toute  trempée  de  sueur,  et  la 
lièvre  la  quitta,  et  l'apôtre  ordonna  qu'on  lui 
donnât  à  manger.  Lorsque  le  gouverneur  vil 
cela,  il  ordonna  de  compter  cent  pièces  d'ar- 
gent à  l'homme  de  Dieu,  mais  celui-ci  ne 
voulut  pas  les  recevoir. 

CHAPITRE  XXXVK 

Il  sortit  ensuite  de  cette  maison,  et  il  aper- 
çut sur  sa  route  un  homuio  très-faible  gisant 
dans  la  boue,  et  beaucoup  d'habitants  de  la 
ville  lui  donnaient  des  aumônes  aGn  qu'il  pût 
i^cheter  de  (|uoi  vivre.  Et  André  eut  compas- 
sion de  ce  malheureux,  et  il  lui  dit  :  «  Au  nom 
de  Jésus-Christ,  lève-toi  et  sois  guéri.  »  Et  il 
se  leva  aussi  ôt  et  loua  Dieu. 

El,  ayant  été  un  peu  plus  loin,  il  vil  en  un 
autre  endroil  un  aveugle  avec  sa  femme  et 
ses  fl!s,  et  l'apôlre  dit  :  «  En  vérité,  voici  une 
œuvre  du  diahle  qui  rend  cet  homme  aveugle 
de  corps  et  d*âme.  Voici  que  je  vous  rends, 
au  nom  du  Seigneur,  la  lumière  des  yeux  du 
corps;  puisbc-t-il  de  même  dissiper  les  té- 
nèbres de  vos  ânies  aûn  que  vous  reconnais- 
siez la  lumière  qui  éclaire  tout  homme  venant 
en  ce  monde  {d'2)  el  que  vous  puissiez  être 
sauvés.»  Etilmit  les  mains  sureuxetilouvrit 
leurs  yeux. 

El  ils  se  jolèrenl  è  ses  pieds  el  ils  les  em- 
brassèrent, et  ils  dirent  :  k  H  n'y  a  pas 
d'autre  Dieu  que  celui  que  prêche  André, 
son  serviteur.  » 

CHAPITRE  XXXVIf. 

Tandis  que  le  bienheureux  apôtre  accom-^ 
plissait  ces  merveilles  à  Patras,  quelqu'un 
conduisit  le  bienheureux  André  vers  la  côte 

•fil  Pont-Euxin ,  el  il  appoya  ses  prédications  par  de 
iioiiihrcux  miracles,  i  Omîtes  l)Orea!es  oras  oninem- 
i;«ic  Ponti  maritinism  in  vjrtuie  sennonis,  sapien- 
i):e  ac  hitelligeiitiac,  in  \ir(u(e  signorum  et  prodi- 
;:i«»i-iim  Evangelii  complexus  est  pra;dicalione.  i 
^'lint  (irépoire  de  iNarianre  (oral.  2.i)  dit  airij  prô- 
ciia  dans  rp.plre. 


OÙ  un  certain  marin,  qui  depuis  cinquante 
ans  restait  étendu  dans  la  boue,  accablé  par 
une  faiblesse  extrême,  couvert  d'ulcères  et 
de  vers,  et  il  ne  pouvait  èlre  guéri  par  au- 
cune des  ressources  de  la  médecine.  Après 
qu'il  eut  vu  l'apôtre,  il  dit  :  «  Peut-être  es* 
tu  le  disciple  de  ce  Dieu  qui  seul  peut  gué- 
rir. »  El  le  bienheureux  André  répondit  : 
«  Je  suis  celui  qui  te  rend  la  santé  au  nom 
de  mon  Dieu.  »  El  il  ajouta  :  «  Au  nom  de 
Jésus-Christ,  lève-toi  cl  suis-moi.  » 

•  Et  le  malade  ayant  jeté  les  étolTes  pleines 
de  pus  qui  le  couvraient,  il  W  suivit  tandis 
que  le  pus  coulait  de  son  corps  avec  les  vers. 
El  quand  ils  furent  venus  auprès  de  la  mer, 
tous  deux  entrèrent  dans  l'eau,  el  l'apôtre  le 
lava  au  nom  de  la  Trinité,  el  le  guérit  si 
bien  qu'il  ne  restait  sur  son  corps  aucune 
trace  des  maux  qu'il  avait  soutferts,  et  ayanl 
recouvré  la  santé,  cet  homme  s'enflamma  si 
fort  pour  la  foi  qu'il  courut  nu  dans  la  ville 
en  criîinl  :  «  Le  vrai  Dieu  est  celui  qu'André 
prêche.  »  Et  tous  furent  saisis  de  surprise  et 
le  félicitèrent  de  sa  guérison. 

CHAPITRE  XXXVIII. 

Pendant  que  ces  choses  et  beaucoup  d'an- 
tres dignes  d'admiration  étaient  accomplies 
à  Patras  par  le  bienheureux  apôtre,  Stralo- 
clès,  frère  du  gouverneur,  arriva  d'Italie.  Il 
avait  un  esclave  nommé  AIcman»  dont  il 
faisait  un  cas  tout  particulier. 

Et' il  advint  que  cet  esclave  fut  saisi  du 
démon,  et  il  restait éteu'Ju dans  le  vestibule, 
écumant  et  faisant  un  grand  bruit.  Et  lorsque 
Slraloclès  le  vit  en  cet  état,  il  fut  extrême- 
ment affligé  et  désolé  du  malheur  qui  frap- 
pait un  homme  qu'il  chérissari.  Et  voici 
que  Maximilla  et  Ephidama  le  consolèrent 
et  dirent  :  «No  le  trouble  pas,  frère,  car  tu  re- 
couvreras bientôt  ton  esclave.  Car  il  y  a  ici 
un  homme  qui  n:ontre  la  voie  du  salut  et 
qui  rend  une  sanlé  parfaite  à  beaucoup  de 
malades.  Nous  enverrons  vers  lui  et  aussitôt 
il  guérira  ton  esclave.  >» 

Et  l'apôtre  ayant  accouru  sans  retard,  les 
femmes  l'implorèrent,  et  il  prit  la  main  du 
malade  et  il  dit  :  «  Esclave,  lève- toi,  au  nom 
de  Jésus-Christ,  mon  Dieu,  que  je  prêche.  » 
Et  aussitôt  l'esclave  se  leva  guéri  et  sain. 

Et  depuis  Stratoclès  crut  au  Seigneur  el 
s'affermit  si  fort  dans  la  foi  que  dès  celte 
heure  il  ne  s'éloigna  plus  de  1  apôtre  m.iis 
il  resta  toujours  à  sqs  côtés,  el  il  recueillait 
la  parole  du  salut. 

CHAPITRE  XXXIX 

Pendant  que  ces  choses  se  passaient  k 
Patras,  il  advint  que  le  gouverneur  se  mit  en 
roule  pour  la  Macédoine,  el  Maximilla,  sa 
femme,  touchée  par  la  parole  de  salut  du 

(90)  Ipbidamia  dans  le  passage  de  Leucius  cité  par 
saint  Augustin. 

(9i)  On  ignore  quel  élaii  ce  Sositis.  En  tout  cas 
il  n'avait  rien  de  commun  avec  le  dUrreSosius.qui 
souffrit  sous  Oiociciieu  et  <pii  est  indiqué  au  Ûar- 
1  y  reloge  romain,  23  sopictribrc. 

t*)^)  Joau,  I,  0. 


S9 


AND 


PART.  111.  _  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


90 


bieDheoreox  apA(re,  $*iit(aciia  si  fort  à  lui 
«l'je  lorsque  lo  gouverneur  revint,  il  trouva 
une  grande  foule  d'hommes  que  sa  femme 
avait  réunis  au  palais,  où  ils  écoutaient  la 
l^arole  de  Dieu. 

Le  bienhcareux  André,  prévoyant  ce  qui 
arriverait,  fléchit  les  genoux,  et  il  dit  :  «  O 
bt'i^near,  ne  permets  pas  que  le  gouverneur 
entre  en  ce  lieu  jusqu'à  ce  que  tous  ces  gens 
suient  sortis.  ^  El  aprt'^s  qu'il  eut  dit  cela,  le 
g'Miverneur,  avant  d'entrer  au  palais,  eut  la 
T'Iontédedécharger  son  ventre. El  tandis  qu'il 
se  retrait  dans  un  lieu  écarté  et  qu*il  était 
ainsi  retardé,  le  saint  apôtre  étendit  les 
uiaifjs  sur  chacun  des  assistants  et  fit  sur 
eux  le  signe  de  la  croix  (93)  et  les  renvoya, 
e(  il  se  signa  lui-même  et  sortit. 

Et  depuis,  Maximilla  se  rendit  souventà  la 
maison  oi!l  l'apôtre  réunissait  d'autres  Chré- 
tiens, et  elle  entendit  la  parole  de  Dieu  avec 
un  zèle  plein  de  persévérance.  Et  il  en  ré- 
silia quelle  eut  moins  souvent  commerce 
avei'  son  mari  (9&}.  Il  en  fut  irrité,  et  comme 
i:  s  vu  prit  à  lapôtre,  il  tit  venir  André,  el  il 
lui  ro)  rocha  la  pureté  de  sa  religion,  et  il 
bViforça  de  lui  persuader  qu'il  devait  rendre 
un  culte  aux  idoles,  mais  le  bienheureux 
a;  0  re  lui  répondit  sans  aucune  inlimida- 

«  Je  suig,  ô  gouverneur,  celui  qui  prêche 
h  parole  de  la  vérité,  et  le  Seigneur  Jésus, 
dlin  que  les  hommes  renoncent  aux  idoles 
(|ui  sont  fœuvre  de  la  main,  et  afin  qu'ils 
i^j'iimencent  à  reconnaître  le  vrai  Dieu  qui 
a  tait  toutes  choses.  Quoiqu'il  fût  le  Seigneur 
de  la  majesté,  il  est  descendu  du  ciel,  et  il  a 
I  ris  la  forme  de  l'homme  qui  avait  péri  le 
premier,  et,  quoiqu'il  fût  Dieu,  il  s'est  sou- 
mis h  la  souffrance,  afm  de  délivrer  de  la 
mort  ceux  qu'il  avait  créés.  » 

Et  le  gouverneur  ayant  entendu  André 
l^arler  de  la  sorte,  le  lit  enfermer  en  prison, 
et,  tant  que  le  bienheureux  apôtre  fut  dé- 
tenu, une  grande  foule  d'hommes  se  rendait 
tiia'iue  jour  auprès  do  la  prison,  cl  l'apôlre 
leur  parla  en  ces  termes  : 

«  J'ai  été  envoyé  de  Dieu  vers  vous,  mes 
irès-chers  frères,  pour  conduire  vers  la  voie 
ue  la  vérité  et  de  la  lumière  les  hommes  qui 
iiabiieot  dans  les  ténèbres  et  dans  les  ombres 
de  la  mort.  Je  ne  me  suis  jamais  désisté  de 
cotte  entreprise,  vous  exhortant  toujours  à 
rnoncer  au  culte  des  esprits  malins  et  à 
«liercber  le  vrai  Dieu,  vous  aifcrmissant 
ù:^ïïs  l'observation  de  ses  commandements, 
aiin  qae  vous  soyez  les  héritiers  de  ses  pro- 
ii)es$es;je  vous  exhorte  et  je  vous  averlis,mes 
Uen-aimés,  aGn  que  votre  foi,  qui  est  ap- 

i93)  V Histoire  apûstoliqMe  fait  plusieurs  fois  mcn* 
tioii  é\i  8iî;ne  de  U  croix  ;  on  ignore  si  dès  le  lemps 
(les  apéir.'s  Ci;  signe  élail  en  usage,  mais  dés  le 
<•>  cond  »iécle  il  clail  forl  répaiulti,  ainsi  que  Icmon- 
iK  un  passage  bien  connu  de  Tertiillicn  ;  <  Ad  om- 
ii«-m  progressum  alquc  promolum»  ad  omiicm  adi- 
uiai  el  e^ilom,  ad  veslitum  er  calc^alum,  ad  lava- 
i^^,  ad  rnensas,  ad  luniina,  ad  cubilia,  ad  scdilia, 
(;nvcum|ue  nos  conversaiio  cxcrcet,  fronlcm  critcis 
*>  ([naciilo  lersmus.  >  {Oe  corona  miiilis,  c.  3.)  Voy^ 
i.  b.  Durand,  De  rii   EccL  1.  i,  c.  6, 1.  ii,  c.  io,  et 


puyée  sur  la  base  de  Jésus-Christ,  mon  Sei- 
gneur, croisse  pour  l'espérance  et  pour  la 
gloire  du  Seigneur. 

«  Je  désire  de  plus  que  vous  no  ressentiez 
aucun  trouble  au  sujet  de  ce  qui  m'arrive. 
Car  ces  choses  ont  élé  annoncéos  par  Nolre- 
Seigueur  Jésus-Christ,  et  il  est  écrit  que 
nous  devons  beaucoup  souffrir  pour  son 
nom  (95);  que  l'on  nous  flagellera,  et  que 
nous  paraîtrons  devant  les  juges,  afin  de 
rendre  témoignage  à  son  égard.  Celui  qui 
persévérera  jusqu'à  la  fin  sera  sauvé  (96). 
Priez  donc  sans  interruption,  afin  que  le 
diable,  qui  rô.lecomme  un  lion  dévorant  (97) 
et  qui  cherche  h  prendre  tous  les  hommes 
dans  ses  pièges,  soit  vaincu  et  renversé  par 
les  serviteurs  de  Dieu  » 

CHAPITRE  XL. 

Après  que  l'apôtre  eut  passé  la  nuit  en- 
tière à  adresser  aux  fidèles  ces  paroles  de 
consolation  et  d'aulrcs  semblables,  et  que 
ses  discours  eurent  duré  fort  longtemps,  le 
gouverneur  iEgeus  monta  sur  so^n  trit)unal, 
et  il  fit  amener  devant  lui  le  bienheureux 
André,  et  il  lui  dit  :  »  Sais-tu  pourquoi  je 
t'ai  fait  enfermer  dans  la  prison?  C'est  parce 
que  tu  répands  parmi  le  peuple  je  ne  sais 
quelles  opinions  vaines  et  superstitieuses; 
j'ai  donc  voulu  avoir  de  toi  une  connaissance 
plus  certaine.  J'apprends,  en  attendant,  que 
tu  as  tenu  toute  cette  nuit  des^discours  ab- 
surdes. V 

André  lui  répondit  :  «  Je  ne  cesse  pas 
d'annoncer  ce  que  le  Seigneur  m'a  prescrit 
de  prêcher,  afin  que  le  peuple  soitaffranchi  de 
la  roule  de  l'erreur  et  qu'il  soit  conduit  à  la 
connaissance  de  la  vérité.  »  Le  gouverneur 
répliqua  :  «  Reviens  de  cette  folie,  et  n'égare 
pas  les  gens  qui  vivent  selon  les  lois.  »  Et  An- 
dré répondit  :  «  Jésus-Christ,  mon  Dieu,  m'a 
ordonné  de  prêcher  sa  parole  à  propos  et 
hors  de  propos  (98),  et  de  monîrer  à  ceux 
qui  sont  égarés  le  chemin  de  la  pénitence.  » 

EtiEgeus  répondit  :  «Promets-moi que  tu 
cesseras  de  prêcher  cette  doctrine  supersti- 
tieuse et  vaine;  autrement  je  te  fais  sur-le- 
champ  mettre  à  mort.  »  Et  André  répondit  : 
c  Je  suis  prêt  à  souffrir  non-seulement  la 
mort,  mais  encore  beaucoup  de  tourments^ 
avant  de  m'abstenir  de  prêcher  la  parole  de 
Dieu.  » 

Alors  le  gouverneur  ordonna  qu'on  lui 
donnât  trois  fois  sept  coups  de  fouet  el  qu'on- 
le  mît  en  croix,  et  il  ordonna  aux  bourreaux 
de  l'attachersur  lacroix,  n*)n  avec  des  clous, 
mais  en  lui  liant  les  pieds  el  les  mains  (99)^ 
afin  que  ses  souffrances  fussent  do  plus  ion- 

Pelan,  De  inearnafionef  Itb.  xv,  c.  10. 

(94)  Saini  Augiisiin  {De  fide  cûalra  Mmiickœo»^ 
c.  58)  rapporte,  «raprés  les  faux  Actes  des  apôtres 
rédiges  p^ir  Leucius,  un  récit  assez  étrange  relatif 
à  Maximilla. 

(95)  MattlK  X,  17. 

(96)  iftirf.,  22. 

(97)  /  Peir.  v,  H, 

(98)  ;/7im.  iv,2. 

(99)  Juste  Lipse  {De  cruce,  1.  ii,  c.  8),  parle  de 
cclta   substitution  des  cordes  aux  clous  dans  la 


Il 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES, 


gue  durée.  Et  quand  le  peuple  vit  cela,  il 
fut  très-affliçé  de  ce  qui  arrivait  au  serviteur 
de  Dieu»  et  il  dit  en  pleurant  :  «  Un  homme 
juste  et  ami  de  Dieu  et  qui  enseigne  le  bien 
fst  conduit  à  une  mort  non  méritée.  »  Mais 
André  leur  adressa  bien  des  paroles,  et  il 
vint  enOn  à  Pèndroit  où  était  la  croix,  et 
lorsqu'il  la  vit  de  loin,  il  s*écria  à  haute 
voix,  disant  :  ■  Salut,  ô  croix  ;  après  de  lon^s 
délais,  et  après  t*élre  fatiguée  è  m^altendre, 
tu  te  reposes  maintenant.  Je  sais  que  tu  te 
réjouis  de  recevoir  le  disciple  de  celui  qui 
a  été  attaché  sur  toi.  Je  viens  donc  avec  joio 
▼ers  toi,  car  je  connais  tes  secrets  et  je  sais 
le  mystère  à  cause  duauel  (u  as  été  élevée. 
Reçois  donc  aujourd'hui  celui  auquel 
tu  aspires,  puisque  je  trouve  enfin  en  toi  la 
félicité  que  j*attendais,  car  je  vois  en  toi  ce 
que  le  Seigneur  m*a  promis.  Reçois  donc,  ô 
croix  d'élection,  celui  qui  est  résigné  à  la 
volonté  de  Dieu  et  ramène  au  Seigneur  son 
serviteur,  h  Et  après  que  le  bienheureux 
André  eut  dit  ces  choses,  il  ôta  ses  vêtements 
et  il  se  livra  aux  t>ourreaux.  Ceux-ci  lui  liè- 
rent les  mains  et  les  pieds  selon  ce  qui  leur 
avait  été  ordonné  et  rattachèrent  sur  la 
croix  (100).  ^ 

CHAPITRE  XLl. 

• 

Et  il  y  avait  tout  autour  une  foule  im- 
mense, près  d6vingtmillepersonnes,etparmi 
elles  se  trouvait  Stratodès,  le  l  ère  d'iËgeus, 
et  le  bienheureux  apôtre  ouvrit  la*  bouche, 
et  dit  : 

«  Je  rends  grâces  à  Jésus-Christ,  mon  Sei- 
gneur, de  ce  qu'enfm,  après  avoir  accompli 
ses  commandements,  je  peux  quitter  ce 
corps,  et  obtenir,  en  confessant  son  nom,  la 
miséricorde  éternelle,  et  être  aimé  et  re- 
connu de  celui  oui  m'a  envoyé  vers  vous. 
Persévérez  dans  la  parole  que  je  vous  ai  an- 
noncée; instruisez-vous  et  exhortez-vous 
mutuellement  pour  que  vous  soyez  dans 
Téternité  auprès  de  mon  Dieu,  et  que  vous 
résidiez  près  de  lui.  » 

Et  après  que  les  Chrétiens  qui  étaient  ras- 
5emhl6s  eurent  répondu  :  «  Amen,  »  l'apôtre 
parla  sans  interruption  pendaiit  tout  le  jour 
et  toute  la  nuit  qui  suivit,  et  il  n*éprouva 
aucune  faiblesse  et  ne  ressentit  aucune  fati- 
gue. Et  quand  le  lendetnain  la  foule  vit  sa 
uatience  et  la  fermeté  de  son  Âme,  ainsi  que 
la  sai^esse  de  son  esprit  et  l'énergie  de  sa 
conscience,  elle  se  porta  vers  £geus,  tandis 
qu'il  siégeait  sur  son  tribunal,  et  tout  le 
peuple  s'écria  :  «  Quelle  est  donc  la  cruauté 
de  ta  sentence,  ô  gouverneur?  Pourquoi  con- 
damner, à  la  peine  de  la  croix  un  homme 
juste  et  qui  n'a  fait  aucun  mal  ?  La  ville  en- 
tière est  dans  un  grand  tumulte,  et  nous  pé- 
rissons tous  avec  André.  Nous  te  prions  de 
ne  pas  livrer  à  la  destruction  une  ville  si 
précieuse    pour    l'empereur.    Rends -nous 

nipplice  du  crociûeroent ,   et  il  cite  ce   passage 

l'Abdiat. 

(leU)  On  donne  généralement  à  la  croix  de  saint 
André  la  forme  d'un  X,  mais  Juste  Lipse  (De  cruct 
lili.  I,  c.  7)  montre  que  c«lte  opinion  né  repose  pas 
sur  des  bas«-8  Men  certaines.  Voy .  Holauus,  D€  imik' 


i 


l'homme  do  bien  ,  remets-nous  lliomme 
saint,  ne  fais  pas  périr  un  homme  qui  est 
cher  è  Dieu,  ne  condamne  pas  un  homme 
innocent  et  pieux.  Vuici  deux  jours  qu'il  est 
suspendu  à  la  croix,  ce  qui  est  une  circons- 
tance merveilleuse,  et  ce  qui  est  plus  encore, 
il  parle  et  il  nous  édïGe  par  ses  paroles. 
Rends-nous  donc  cet  homme,  aOn  que  nous 
vivions  ;  délivre-le,  et  toute  la  cité  sera  dans 
la  joie.  » 

CHAPITRE  XLII. 

Le  gouverneur,  ému  de  ces  paroles,  et 
craignant  les  menaces  et  le  soulèvement  du 
peuple,  se  leva  de  son  siège,  et  il  eut  Tiu- 
tention  de  relAcher  André,  et  il  alla  vers 
l'endroit  où  était  la  croix,  tandis  que  le 
peuple  se  livrait  à  la  joie,  en  voyant  c|ue  le 
serviteur  de  Dieu  serait  rendu  è  la  liberté, 
et  il  s'approcha,  triste  et  regrettant  ce  qui 
s'élait  passé ,  du  lieu  où  était  André,  et  une 
grande  foule  le  suivait. 

Etl'apôlrelui  dit  :  «  Pourquoi  es-tu  ven*j 
vers  moi,  ^gensî  Veux-tu  me  délivrer  tl 
viens-tu,  ému  de  repentir,  défaire  ce  que  tu 
as  fait?  Crois-moi,  tu  ne  me  persuaderas 
as  de  descendre  de  cette  croix.  »  Et  quand 
e  peuple  cria  qu'il  fallait  délivrer  le  saint, 
André  éleva  la  voix  et  dit  : 

«Ne  permets  pas,ô  Seigneur  Jésus-Christ, 
que  ton  serviteur  qui  est  attaché  sur  la  croix 
a  cause  de  ton  nom  soit  délivré,  et,  je  t*en 
conjure,  ô  Dieu  miséricordieux,  ne  soutfre 
pas  que  celui  qui  pénètre  dans  ton  intimité 
rentre  dans  les  rapports  avec  les  hommes. 
Prends-moi  vers  toi,  ô  maître  que  j'ai  chéri, 

3ue  j'ai  connu,  que  j'accompagne,  que  je 
ésire  voir  et  dans  lequel  je  suis  ce  que  je 
suis.  Reçois  ma  sortie  de  ce  monde,  Jésus 
miséricordieux  et  bon.  » 

Et  quand  il  eut  dit  ces  paroles,  il  loua  en- 
core longtemps  le  Seigneur,  et  il  se  réjouit, 
et  il  rendit  l'esprit. 

Maximilla,  lafemmedu  ffouvernetir,  se  ût 
remettre  son  corps,  elle  I  Inhuma  avec  des 
épices,  et  elle  Tensevelit  avec  honneur,  et 
depuis  ce  temps  elle  vécut  dans  la  continence 
et  une  chasteté  absolue,  et  elle  reçut  la  foi 
et  elle  s'y  affermit.  Mais  Afigeus,  son  mari, 
fut  dans  la  même  nuit  saisi  d'un  esprit  ma- 
lin, et  il  se  précipita  d'un  lieu  élevé,  et  il 
mourut. 

Slraloclès,  son  frère,  quand  ces  choses  se 
furent  accomplies,  ne  voulut  en  rien  toucher 
aux  biens  du  gouverneur,  et  il  dit  :  «  Que 
ce  qui  estii  toi  périsse  avec  toi  (101).  Le  Sei- 
gneur Jésus,  que  j'ai  connu  par  André,  son 
serviteur,  me  sutlit.  » 

Le  saint  de  Dieu,  l'apôtre  André  souffrit 
dans  l'Achaïe,  dans  la  ville  de  Patras,  sous  le 
gouverneur  ililgeus,  le  trentième  jour  de 
novembre,  sous  la  domination  du  Seigneur 
Jésus-Christ  ;  à  lui  soit  Ja  gloire.  Amen. 

ginibui^  1.  m,  c.  51  ;  Grelser,  De  rmce,  lib.  i,  c.  4; 
Combefis ,  noies  sur  l'opuscule  dilippolyie  la  Tbc- 
baio.  De  xu  apostoiUf  dans  IMMC/artiim 
t.  Il,  p.  835. 
(lui)  /le/.  VIII, iO. 


e 


AND 


PART.  III.  ~  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


n 


La  narration  d*Abdias,  accompagnée  de 
direrses  circonstances  fabuleuses,  a  formé 
lâ  Vie  de  saint  André  telle  qu'on  la  lit  dans 
le  célèbre  ouvrage  de  Jacques  de  Voragine, 
si  goâté  au  moyen  flge,  la  Légende  dorée. 
Une  traduction  de  cette  Vie  a  été  insérée 
d«ns  le  Dictionnaire  des  légendes  du  christia- 
nisme, Paris,  Migne,  1855,  col.  37-48. 

Cesl  également  Abdias  qui  a  fourni  les 
éléments  d*uu  mystère  assez  singulier,  inti- 
tulé :  Vie  et  mystère  de  sainct  Andry^  à  86 
ftrsonnageSf  Paris  (vers  1510),  in-4.%  On 
trouvera  des  détails  sur  celte  composition 
daDslei>ic/tofinatredf5mj/5/^e.<,Migne,1854, 
eol.  136,  On  peut  consulter  ce  même  Dic- 
tionnaire (col.  99),  au  sujet  du  rôle  que  joue 
saint  André  dans  le  Mystère  des  Actes  des 
apéires^  composition  dramatique  immense 
ei  remarquable ,  dont  les  circonstances  ra- 
coQlées  par  Abdias  forment  la  base  ;  elles 
sy  trouvent  d'ailleurs  accompagnées  d'une 
multitude  de  détails  accessoires  et  souvent 
étranges. 

Vincent  deBeauvais,dans  son  Miroir  his- 
torial,  livre  x,  ch.  4^,  raconte  avecdesdétails 
plus  circonstanciés  ce  que  nous  trouvons 
dans  la  Légende  dorée,  roy.  le  chapitre  70, 
Du  serpent  qu'il  occit  et  des  40  hommes  juHl 
ressuscita. 

Etangile  de  saint  André.  ^  Il  figure  parmi 
les  ouvrages  condamnés  par  le  décret  du 
Pape  Gélase.  Le  Pape  Innocent  I"  (epist.  3, 
Ad  Exuperiumt  can.  7),  déclare  apocryphes 
entre  autres  écrits  ceux. qui  sont  sub  nomine 
AndreŒf  et  saint  Augustin  signale  de  môme 
cuniine  supposés  des  écrits  qui  ont  été  mis 
sous  le  nom  des  apôtres  André  et  Jean  {Con- 
tra adtersar»  Legis  et  Prophetarum^  1.  i,  c. 
20).  Jean  Gerhard^  dans  ses  Prolégomènes 
sur  saint  Matthieu^  pense  que  saint  Augustin 
veut  parler  du  prétendu  Évangile  de  saint 
André,  mais  ce  passage,  de  même  que  celui 
emprunté  à  Innocent  1",  peut  fort  bien  s'en- 
tendre  des  Actes  de  saint  André.  Il  ne  reste 
d'ailleurs  rien  de  cet  Evangile. 

Lettre  des  prêtres  et  des  diacres  d^Achateau 
sujet  du  martyre  de  saint  André.  —  Voici 
comment  dooi  Ceillier  {Histoire  des  auteurs 
ecclésiastiques,  t.  J,  p.  489)»  s'exprime  au  su- 
jet de  cette  composition  : 

«  Les  Actes  apocryphes  de  saint  André  ne 
doivent  pas  être  confondus  avec  ceux  que 
i  on  possède  sous  le  nom  des  prêtres  et  des 
diacres  d'AchaJ'e;  ces  derniers  sont  tout  dif- 
férents et  sont  beaucoup  plus  dignes  d'atten- 
tion. L'évêque  d'Orma',  Ethère,  au  yai* 
siècle,  les  citait  comme  authentiques  (Contra 
£/(>afid.;  Biblioth.  Patrum,  t.  IV,  p  525), 
et  son  opinion  était  parlugée  par  Remy 
d'Auxerre  (Comment,  in  psal.  xxi),  par  Lan- 
franc  (De  corp.  et  sang.  Dom.),  par  Pierre 
Damien  (serm.  2  m  natal.  S.  Andreœ)^  par 
saint  Bernard  (serui.  1  De  S.  Andr.),  par 
Ires  de  Ciiartres  (Serm.  de  convenientia  vête- 

(10%)  Voy,  les  Mémoires  pour  servir  à  Viùstoire 
*<cli$ja*i'uime^  tom.  I,  pag.  317-325,  et  notes  pag. 
*M-^H ,  surtout  la  note  2,  txamen  des  Ac(es,  de 


ris  et  novisacrificii)f  etc.  Dès  le  viii"  siècle,  ils 
faisaient  partie  de  l'Office  public,  ainsi  que 
le  montre  l'ancien  Missel  des  Gaules|,  cité 
par  Thomassius  {Cod.  sacr.,  p.  303).  »  ' 

Dom  Ceillier  (t .  I,  p.  489),  observe  que 
cependant  le  sentiment  des  personnes  qui 
rejettent  ces  Actes  est  le  plus  suivi..  Il  y  a, 
en  effet,  dans  cette  pièce,  tant  de  marques 
de  nouveauté  qu'on  ne  peut  guère  s'empê- 
cher de  la  soupçonner  de  supposition,  ou  au 
moins  d'avoir  perdu  beaucoup  de  sa  pureté 
primitive. 

l**  On  n'y  remarque  point  cette  noble  sim- 
plicité qui  fait  le  caractère  des  écrits  aposto- 
liques. 

2"  Le  titre  en  est  extraordinaire  :  il  porte  : 
A  toutes  les  Eglises  de  Jésus-Christ  qui  sont 
à  l'Orient,  au  Couchant,  au  Midi,  au  Septen- 
trion. 

3*  Les  auteurs  de  ces  Actes  font  d'abord 
une  profession  très -expresse  de  trois  per- 
sonnes en  Dieu  avec  le  propre  terme  de  Tri- 
nité, qui  toutefois  n'a  commencé  à  être  en 
usage  que  vers  le  milieu  du  second  siècle. 

4*  L'expression  grecoue  que  le  Saint-Esprit 
procède  du  Père  et  demeure  dans  le  Fils^ 
n'est  point  non  plus  une  expression  des  pre* 
miers  temps  de  l'Eglise. 

5M1  y  a  tout  lieu  de  douter  si  Ton  com- 
mençait dès  lors  à  parler  de  plusieurs  empe- 
reurs romains  à  une  époque  où  il  n'y  en 
avait  qu'un,  et  oix  l'on  n'en  avait  pas  vu  deux 
régner  à  la  fois. 

6*  Le  silence  des  six  ou  sept  premiers 
siècles,  où  l'on  avait  assez  souvent  occasion 
de  parier  de  ces  Actes^  est  un  grand  préjugé 
de  leur  nouveauté;  les  anciens  auteurs  oui 
ont  fait  mention  de  faux  Actes  de  saint  André 
n'auraient  pas  manqué  de  citer  ceux-ci,  s'ils 
en  avaient  eu  connaissance. 

La  lettre  dont  il  s'agit  a  été  insérée  en 
latin  dans  le  t.  I  (col.  1514  et  suiv.)  de  la 
PatrologiaGrœca  Latine  edita^cotnprenani  les 
OEuvres  de  saint  Clément  (Migne,  1856,  gr. 
in-8*);  elle  est  précédée  d*une  savante  intro- 
duction de  Gallandi  d'après  les  Prolegomena 
de  sa  Veterum  Patrum  Bibliotheca;  nous  y 
renvoyons  le  lecteur. 

Un  érudit  allemand,  Woog,  en  a  fait  !e  su- 
jet d'une  dissertation  mise  en  tête  de  l'édi- 
tion qu'il  en  a  donnée  d'après  un  manuscrit 
grecdelabibliothèqueBodleienne,  à  Leipsig, 
en  1749  ;  il  les  regarde  comme  authentiques 
et  écrits  vers  l'an  80.  Thilo  ne  partage  pas 
cet  avis,  mais  il  croit  que  cette  pièce  est  d'une 
antiquité  suffisante  pour  figurer  parmi  les 
apocryphes  du  Nouveau  Testament.  Ce  savant 
voulait  donc  la  faire  entrer  dans  son  Corpus 
apocryphorum  f  en  indiquant  les  variantes 
que  donne  le  manuscrit  de  la  bibliothèque 
impériale  de  Paris,  n«880,  fol.  282-291. 

Nous  ajouterons  que  la  lettre  dont  il  s'a- 
git a  été  regardée  comme  apocryphe  par 
TïWemoni  {Ilfémoires,  U  1  [102]),  et  par  de 

saint  André.  Leur  pieux  et  judicieux  auteur  dit 
il  regard  de.  la  lettre  qui  nous  occupe,  que  ceUe 
pièce  recevant  tant  de  diliicultés  par  eile-aiéniCA  ^ 


•5 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


•3 


nombreux  criliqucs  ;  son  aulhenlrcilé  a  élé 
soutenue  par  le  P.Alexandre  (Hisi.  eccles., 
1. 1). 

Du  reste,  les  témoignages  des  Pères  va- 
rient sur  les  localités  dans  lesquelles  saint 
André  porta  le  flambeau  de  la  foi.  Saint  Jé- 
rôme (epist.  148)  dit  qu'il  prêcha  dans  TA- 
chaïe;  saint  Grégoire  de  Nazianze  aflirme 
qu'il  enseij^na  surtout  dans  TEpire.  Saint 
Paulin  (rarm.  24)  raconte  qu'à  Argos  il  ré- 
duisit les  philosophes  au  silence.  Origène 
ci»é  par  Eusèbe  h'  représi-nte  comme  ayant 
prêciié  d«ms  la  Scythie.  Sophronius,  qui  a 
traduit  en  grec  divers  ouvrages  de  saint  Jé- 
rôme., ipenlionne  Tapôtre  comme  ayant 
Ïiorté  TEvangile  dans  la  Colcliide.  Saint  Phi- 
astre  dit  qu*il  vint  du  Pont  dans  la  Grèce  et 
que  la  ville  de  Sinope  se  vantait  de  possé- 
der son  portrait  et  la  chaire  dans  laquelle 
il  avait  annoncé  la  parole  divine. 

Théodoret  (tn  psa/.  cxvi)  écrit  qn*il  vint 
en  Grèce.  Les  Russes  ))rétendent  qu'il  por- 
ta ses  pas  dans  Tintérieur  de  leur  pays,  cir- 
constance peu  probable.  Le  fait  est  que 
Tantiquité  ne  fournit  à  cet  égard  aucune 
flonnée  positive,  mais  la  plupart  des  auteurs 
s'accordent  à  dire  que  ce  fut  à  Patras  que 
Kapôtrc  reçut  la  couronne  du  martyre  et 
fut  crucifié;  saint  Pierre  Chrysologuo ajoute 
(serm.  133)  que  ce  fut  sur  un  arbre:  et  dans 
un  des  écrits  attribués  à  tort  à  saint  Hip- 
polyte,  il  est  dit  que  cet  arbre  était  un  oli- 
vier. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  plaçons  ici  um 
traduction  française  de  cette  lettre  qui  est 
digne  d'attention  : 

<  Nous  tous,  prêtres  et  diacres  de  PEglise 
(j'Achaïe,  nous  écrivons  à  toutes  les  Eglises 
établies  au  nom  de  JésusClirist  qui  sont  dans 
l'Orient  et  dans  l'Occident,  dans  le  Midi  et 
dans  leSeplentrion,  leurraronlant  le  martyre 
du  saint  apôtre  André  que  nous  avons  vu 
de  nos  yeux.  Paix  à  vous  et  h  tous  ceux 
qui  croient  en  un  seul  Dieu,  parfait  dans  \û 
Trinité»  vrai  Père  non  engendré,  vrai  Fils 
unique,  vrai  E.sprit-Saint  procédant  du  Pè- 
re, demeurant  dans  le  Fils,  afin  qu'il  soit 
montré  qu'il  y  a  un  seul  Esprit  dans  le  Père 
et  dans  le  Fils,  et  que  c'est  le  Fils  unique 
qui  est  celui  qui  a  engendré  (103).  C'est  la 
foi  Que  nous  a  enseignée  saint  André,  apô- 
tre de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  dont  nous 
raconterons,  selon  notre  pouvoir,  le  marty- 
re, que  nous  avons  vu  : 

«  Le  proconsul  iEi^eus,  étant  entré  dans  la 
ville  de  Patras,  commença  h  contraindre 
Ceux  qui  croyaient  en  Jésus-Christ  à  sacri- 
fier aux  idoles.  Saint  André,  allant  au-de- 
vant de  lui,  lui  dit  :  <c  11  faudrait  que  toi, 
qui  te  monlres  le  juge  des  hommes,  tu  con- 
nusses ton  juge  qui  est  dans  le  ciel;  que  le 
connaissant,  tu  lui  rendisses  hommage,  et 
que  lui  rendant  hommage,  puisqu'il  est  le 
vrai  Dieu,  tu  détournasses  ton  esprit  de  ceux 

étniii  combaUue  par  le  silence  des  six  ou  sept  pre* 
iiiicrb  fttècles,  oii  Ton  avait  assex  souveni  sujet  ifen 
pmlcf  il  est  à  craindre  qnc  ce  no  soit  une  pièce 
composée  <lan»  lea  sied*?  po5>iérieurs  sur  ce  que  la 


Îui  ne  sont  pas  des  dieux  véritables.  ■ 
Dgeus  lui  répondit  :  «  Ta  es  *André  qui  dé- 
truis les  temples  des  dienx  et  oui  prêches 
aux  hommes  des  superstitions,  les  amenant 
à  une  secte  qui  a  été  découverte  depuis  |)cu 
et  que  les  empereurs  romains  ont  ordonné 
d'exterminer.  »  André  dit:  «  Les  empereurs 
romains  n'ont  pas  su  encore  que  le  Fils  do 
Dieu,  venant  en  ce  monde  pour  le  salut  àes 
hommes,  a  enseigné  que  vos  idoles  non- 
seulement  n'étaient  point  des  divinités»  mais 
encore  que  c'étaient  des  démons  très-mé- 
chants et  ennemis  du  genre  humain;  ils 
enseij^nent  aux  hommes  ce  qui  doit  offenser 
Dieu ,  afin  qu'étant  offensé,  il  se  détourne 
des  hommes  et  ne  les  exauce  pas,  et  qu'a- 
lors ils  tombent  au  pouvoir  du  diable,  de- 
venant ses  captifs,  et  il  les  trompe  jus<{a*à 
ce  qu'ils  sortent  de  leurs  corps  coupables  et 
nus,  n'emportant  avec  eux  que  leurs  pé- 
chés. » 

*  iEçeus  dit  :  «  Ce  sont  là  les  paroles  su- 

ferstitieuses  et  vaines  que  prêchait  voire 
ésusque  les  Juifs  ont  allaché  au  gibet  de 
la  croix.  »  André  répondit  :«  Ohl  si  tu  vou- 
lais savoir  le  mystère  de  la  croix  et  com- 
ment l'auteur  du  genre  humain,  cédant  à  sa 
grande  charité,  a  souffert  ce  supplice  )  car 
notre  rédemption  et  par  un  effet  de  sa  vo- 
lonté I  »  ^^eus  répondit  :  «Il  a  été  livré  par 
un  de  ses  disciples,  saisi  par  les  Juifs,  amené 
devant  le  gouverneur,  et  crucifié  par  ses 
soldats,  suivant. la  demande  des  Juifs  ;  corn» 
ment  peux-tu  dire  qu'il  a  spontanément 
soutrert  le  supplice  de  la  croix?  «André  ré* 
pondit  :  «Je  dis  qu'il  a  souffert  de  son  plein 
gré,  parce  que  j'étais  avec  lui  lorsqu'il  a  été 
Hvré  par  un  de  ses  disciples,  et  avant  d'ê- 
tre livré,  il  nous  a  dit  qu  il  devait  être  livré 
et  crucifié  pour  le  salut  des  hommes;  il 
nous  a  prédit  qu'il  ressusciterait  le  troisiè- 
me jour.  Et  mon  frère  Pierre  lai  ayant  dit  : 
«  Seigneur,  sois  clément  pour  toi-même  et 
que  ces  choses  n'arrivent  pas;  »  il  lui  ré- 
pondit avec  indignation  :  «Retiro-loi,  Satan, 
car  tu  ne  connais  pas  les  choses  qui  sont  Je 
Dieu.  »  Et  afin  do  nous  instruire  plus  am- 
plement comment  il  souffrait  la  passion  de 
son  plein  gré,  il  nous  disait  :  «  J*ai  le|)0Q* 
voir  de  déposer  mon  Ame  et  j'ai  le  pouvoir 
de  la  reprendre,  v  Enfin,  lorsqu'il  soupait 
avec  nous  et  qu'il  disait  :  «  Un  de  nous  doit 
me  trahir,  »  comme  nous  fumes,  à  ces  pa- 
roles, tous  saisis  de  tristesse,  afin  que  Tin- 
quiétude  et  l'incertitude  ne  nous  Gsst-nt  fui^ 
périr,  il  dit  :  «  C'est  celui  auquel  je  donnerai 
de  ma  main  un  morceau  de  pain.  »  Et  lors- 
qu'il en  eut  donné  à  l'un  d>nlre  nous  et 
qu'il  eut  raconté  les  événements  tuturs 
comme  s'ils  étaient  déjà  passés,  il  enseigna 
qu'il  était  trahi  par  un  effet  de  sa  volonté, 
puisqu'il  n'eut  point  recours  k  la  fuite  |H.iur 
échapper  au  traître,  et  qu'il  resta  dans  le 

tradiiion  avait  conservé  de  la  mort  de  saint  AnJré. 
(103)  Le  sens  de  celte  phrase  emlirouillée est  qu'np 
seul  et  même  Esprit  étant  dans  le  Père  et  le  Fib,  il 
procède  de  Fuit  et  de  l'autre. 


V 


AND 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


98 


;  rtt  OÙ  il  5a?ail  que  ses  ennemis  se  saisi* 

rbienlde  lui.» 

I  £geos  dil  :  «  Je  in*é(onne  de  ce  que  toi, 
qui  es  un  homme  prudent,  lu  te  fasses  le 
freiMleur  d*un  homme  qui  a  été  crucifié, 
ainsi  que  tu  l^STOues,  soit  de  son  gré,  soii 
HiiUré  lui.  9  André  répondit  :  «  Je  t  ai  déjà 
dit  qu'il  y  arait  dans  la  croix  un  grand  mys« 
\vtk'\  51  lu  Teui  le  connaître,  je  le  le  révèle- 
lerai.  9  .€geus  dit  :  «  Cela  ne  peut  s'appeler 
unmyslère,  mais  un  supplice.  »  André  dit  : 
«  Tu  reconnaîtras,  si  tu  veux  m'écoutcr  avec 
raiieoce,  que  ce  supplice  est  le  myslère  de 
la  resiauratioD  du  j^enre  humain,  p  ^figeus 
'iit  :  «  Je  l*écouterai  avec  patience,  mais  si, 
oe  tou  côté,  lu  ne  m*écoutes  pas  lorsque  je 
t'dounerai  mes  ordres,  tu  feras  eu  la  per- 
vnne  Tépreuve  de  ce  mystère  de  la  croix.  » 
Aùiré  répondit  :  «Si  je  redoutaisie  supplice 
;e  la  croix,  je  ne  pr&berais  pasJa  gloire  de 
.a croix.»  jEgeus  dil  :  «  Tu  parles  en  insen- 
sé; tu  vantes  la  gloire  du  supplice  et  ion  au- 
dace ne  craint  pas  la  peine  de  la  mort.  »  An- 
dré répondit  :  «  Ce  n*est  point  par  audace, 
mais  k  cause  de  ma  foi  que  je  ne  redoute 
pas  la  o)ort.  La  mort  des  justes  est  précieu- 
5e,  mais  celle  des  pécheurs  est  horrible.  Je 
leui  donc  que  tu  entendes  le  mystère  de  la 
fpitx  aûn  que,  le  connaissant,  tu  puisses  le 
(r.'ire,  et  que  le  croyant,  tu  arrives  à  la 
rcsiauralion  de  ton  Ame.  »iEgeus  dit  :«  On 
De  re>laure  que  ce  qui  a  été  détruit.  Est-ce 
-]Qe  mon  Ame  a  péri  pour  que  tu  viennes 
Gire  qu*il  faut  qu*ellesoit  restaurée  par  une 
fol, je  oesais  laquelle?  » 

•  ÂDdré  répondit  :  «  Quand  je  t*aurai  mon- 
tré que  les  Ames  des  hommes  élaient  per- 
dues, j*exposerai  devant  toi  leur  restaura- 
ii.*Q  ftar  le  mystère  de  la  croix.  Le  premier 
tiu;nme  en  péchant  par  le  bois  a  introduit 
a  niorl  en  ce  monde,  et  il  était  nécessaire 
juVIie  fût  chassée  par  le  bois  de  la  pas- 
vun.  Et  le  premier  homme  uui,  par  sa  chu- 
tai a  introduit  la  mort  dans  re  monde  ayant 
ta  fait  de  terre,  il  était  nécessaire  que'  Je* 
SiS-Chrisl«homme  parfait  et  Fils  de  Dieu 
qui  avail  fait  Tbomme,  naquit  d*une  vierge 
^ns  lâche  et  rendit  aux  hommes  la  vie 
qods  avaient  tous  perdue,  et  qu'il  détruisit 
:<ir  le  bois  de  la  croix  la  concupiscence  du 
>":s;  il  fallait  qu^à  cause  des  mains  éten- 
^^ues  dans  la  désobéissance,  il  étendit  sur  la 
'Toix  $vs  mains  sans  lâche,  Qu'il  prit  du  fiel 
'^'ur nourriture  à  cause  de  lalimenl  agréa- 
*->e de  larbre défendu,  et  que  prenant  en  lui 
^  «re  mortalité,  il  nous  ott'rit  son  immorta- 

«  E^eus  dit  :  <  Tu  dois  raconter  ces  choses 
à  leux  qui  te  croient;  quant  à  moi,  si  tu 
ne  m'obeis  pas  et  si  tu  n  offres  pas  un  sacri- 
Cce  aux  dieux  tout-puissants,  j'ordonnerai 
-e  faiiacher,  après  avoir  été  ilagellé,  sur 
'  Ue  croix  que  tu  vantes.  »  André  répoa- 
'•H  :  «  J'offre  chaque  jour  un  sacritice  au 
Dieu  tout- puissant  qui  seul  est  le  véritable, 
non  la  fumée  de  Tencens,  ni  les  chairs  des 
l^ureaux  mugissants,  ni  le  sang  des  boucs, 
Diais  je  sacrifie  chaque  jour  sur  l'autel  de  la 
croix  i  Agneau  sans  tache,  qui  reste  l'Agneau 


immortel  et  vivant,  après  que  tout  le  peu- 
ple fidèle  a  mangé  sa  chair  et  a  bu  son  san^; 
et  après  qu'il  a  été  sacrifié,  et  que  sa  chair 
a  été  mandée  par  le  peuple,  et  que  son  sanç 
a  été  bu,  il  reste  cependant,  comme  je  l'ai 
dit,  entier,  sans  tache  et  vivant.  » 

niEgeus  dit:  «  Comment  cela  peut-il  être?  » 
El  André  répondit  :  «  Si  tu  veux  savoir  com- 
menl  cela  peut  se  faire,  deviens  le  discipledu 
Seigneur,  aûn  de  pouvoir  connalire  ce 
que  tu  désires,  j»  ^i^eus  dit  :  ^  Je  t'arracherai 
par  les  tortures  la  connaissance  de  ces  cho- 
ses, )»  André  dit  :  «  Je  suis  surprisdece  mi'un 
homme  habile  comme  toi  parle  d'une  raçori 
aussi  dépourvue  de  sens.  Penses-tu  réussir 
par  des  tourments  à  me  faire  révéler  les 
saints  mystères?  Tu  as  entendu  le  mystère 
de  la  croix  ;  tu  as  entendu  le  mystère  du  sa- 
crifice. Si  tu  crois  que  Jésus,  Fils  de  Dieu, 
2ui  a  été  crucifié  par  les  Juifs,  est  le  vrai 
ils  de  Dieu,  je  t'expliquerai  comment  l'A- 
gneau est  en  vie  après  avoir  été  tué,  et  com- 
ment après  avoir  été  sacrifié  et  mangé,  il 
reste  entier  et  sans  tache  en  son  royaume.  » 
£geus  dit  :  «Comment^  après  avoir  été  tué  et 
mangé  par  tout  le  peuple  (à  ce  que  tu  af- 
firmes), peut-il  demeurer  entier  et  vivant?  » 
André  répondit  :  «  Si  tu  crois  de  tout  ton 
cœur,  tu  pourras  le  comprendre;  si  tu  no 
crois  pas,  lu  n'arriveras  jamais  à  la  connais- 
sance de  cette  vérité.  » 

«Alors  iËgeus,  plein  de  courroux,  ordonna 
que  l'apôtre  fût  enfermé  en  prison.  Et  une 
grande  multitude  accourut  de  toute  la  provin- 
ce,voulanttuer^geus  et  délivrerAndré,  après 
avoir  enfoncé  les  portes.  Mais  saint  An:irô 
s'adressa  au  peuple  et  dit  :  «  Ne  troublez 

fas  le  repos  de  Jésus -Christ  en  vous  livrant 
une  sédilion  excitée  par  le  diable.  Le  Sei^ 
gneura  montré,  lorsqu'il  a  été  livré  à  ses 
ennemis,  une  patience  infinie,  il  n'a  point 
résisté,  il  n'a  pas  fait  entendre  une  plainte, 
et  personne  ne  Ta  entendu  élever  sa  voix 
sur  les  places.  Gardez  donc  le  silence,  le  re-" 
pos  et  la  paix»  et  non-seulement  ne  vous 
opposez  pas  à  mon  martyre,  mais  encore 
préparez-vous,  comme  étant  les  athlètes  du 
Seigneur,  à  triompher  des  menaces  par  vo- 
tre intrépidité,  et  àsurmonter  les  tourments 
par  l'endurance  du  corps.  S*il  faut  avoir  de 
la  crainte,  c'est  du  tourment  qui  ne  finira 
jamais.  La  crainte  humaine  est  semblable 
à  la  fumée;  elle  disparaît  aussitôt  qu'elle 
s'est  montrée.  Et  si  la  douleur  esta  craindre, 
c'est  celle  qui  durera  étcrnellemeilL  il  existe 
des  douleurs  éternelles  où  sont  les  pleurs 
conliuuels,  les  hurlements,  le  deuil  et  les 
supplices  sans  fin,  auxquels  le  proconsul 
^geus  ne  craint  pas  de  s'exposer.  Soyez 
prêts  à  arriver  aux  joies  éternelles  en  tra- 
versant les  tribulations  temporelles  ;  là  vous 
serez  constamment  dans  1  allégresse;  vous 
serez  toujours  florissants  et  vous  régnerez 
à  jamais  avec  Jésus-Christ.  » 

«Le  saint  apôtre  ayant  de  la  sorte  enseigné 
le  peuple  durant  toute  la  nuit,  lorsque  le 
jour  vint,  £gous  s'assit  sur  son  tribunal,  et 
envoyant  chercher  André,  il  le  flt  amener  de- 
vaut  lui  y  et  il  dil  :  «  Je  pense  que  tes  ré- 


99 


biCTiONNAlIΠ DES  APOCRYPHES. 


iOO 


flexions  de  cette  nuit  t'ont  amenée  renoncer 
è  ta  fulie  et  k  cesser  de  loaer  ton  Christ, 
afin  de  pouvoir  c^nserTer  avec  nous  les  joies 
(le  la  Tie,  Car  il  est  insensé  de  vouloir  aller 
an  supplice  de  la  croix  et  de  se  condamner 
aux  flammes  et  aux  supplices  les  plus 
cruels.  » 
«  André  répondit  :  «  Je  ne  puis  prendre 

Îart  ètesjoiesy  à  moins  que,  croyant  en 
ésus-Christ,  tu  renonces  au  culte  des  ido- 
les, car  Jésus-Christ  m*a  envoyé  dans  cette 
province  où  je  lui  ai  gagné  un  nombre  con- 
sidérable de  fidètes.  »  .£geus  dit  :  «  C*est 
[»our  cela  que  je  te  force  à  sacrifier,  afin  que 
es  gens  aue  tu  as  trompés  reconnaissent 
la  vanité  cte  ta  doctrine  et  qu*ils  fassent  des 
offrandes  aux  dieux.  11  n'y  a  pas  dans  TA- 
chaïe  de  ville  où  les  temples  des  dieux 
n'aient  été  abandonnés.  Il  faut  que  le  culte 
des  dieux  se  rétablisse  par  ton  entremise, 
afin  qu'ils  s*apaisent  k  notre  égard ,  ne  de- 
meurant  pas  irrités  contre  nous,  et  afin  que 
nous  puissions  jouir  de  leur  amitié.  Si  tu 
refuses,  tu  subiras  divers  tourments  et  tu 
mourras  ensuite,  attaché  &  ce  gibet  de  la 
croix  dont  tu  as  fait  l'éloge.  »  André  répon- 
dit :  «  Ecoute,  fils  de  la  mort,  paille  desli« 
née  aux  flammes  éternelles,  écoute-moi,  moi 
qui  suis  le  serviteur  de  Dieu  et  Tapôtre  de 
Jésus<-CbrisU  J*ai  jusqu'à  présent  agi  envers 
toi  avec  douceur,  afin  que  comprenant  la 
raison  et  devenant  le  défenseur  de  la  véri- 
té, tu  méprises  des  idoles  vaines  et  que  tu 
adoresle  Dieu  qui  est  dans  le  ciel.  Mais  puis- 
que, persistant  en  ton  impudence,  tu  crois 
pouvoir  m'effrayer  par  tes  menaces,  ima- 
gine tous  les  supplices  que  ta  pourras  trou- 
ver comme  les  plus  cruels.  Plus  je  persis- 
terai dans  les  tourments  h  rendre  hommage 
k  mon  roi,  plus  je  lui  serai  agréable.  » 

c  Alors  ÎSgeus  ordonnadeflageller  rapôtre» 
et  après  qu'André  eut  subi  vingt-sept  coups 
de  louet,  il  fut  détaché  et  ramené  devant  le 
gouverneur,  quiluidit:«  Ecoute-moi,  André, 
et  ne  persiste  pas  k  vouloir  que  ton  sang  soit 
répandu;  si  tu  ne  m'écoutes  pas,  je  te  ferai 
périr  sur  la  croix.  »  André  dit  :  «Je  suis  le 
serviteur  delà  croix  de  Jésus-Christ,  et  je 
dois  plutôt  souhaiter  que  redouter  le  tro- 
phée de  la  croix.  Quant  k  toi,  tu  peux  éviter 
les  supplices  éternels  qui  te  sont  dus,  si, 
•près  avoir  éprouvé  ma  patience,  tu  crois  en 
Jésus-Christ.  Je  redoute  que  tu  ne  te  per- 
des; je  ne  me  trouble  pas  de  ce  que  je  puis 
souO'rir.  Mes  souffrances  dureront  un  jour 
ou  deux  au  plus,  mais  tes  tourments  ne 
pourront,  après  des  milliers  d'années,  arri- 
ver k  leur  terme.  Cesse  d'augmenter  ton 
malheur  et  d'aitiser  le  feu  que  lu  te  pré- 
pares, m 

«  Alors  iEgeus,  furieux,  ordonna  d'atta- 
cher André  k  la  croix,  et  il  recommanda 
aux  bourreaux  de  ne  pas  employer  de  clous, 
mais  de  lui  lier  les  pieds  et  les  mains, 
comme  sur  un  chevalet,  afin  qu'il  souffrit 
de  longues  tortures.  Lorsque  les  bourreaux 
le  conduisirent  au  supplice,  le  peuple  s'as- 
sembla, criant  :«  C'est  un  homme  juste  et  un 
ami  de  Dieu  ;  qn'a*t-il  fait  pour  être  cru- 


cifié? «Mais  André  pria  le  peuplade  ne  point 
s'opposer  k  son  martyre,  et  il  y  allait  plein 
de  joie  et  d'allégresse,  sans  cesser  de  prê- 
cher. 

«Quand  il  fut  parvenu  k  l'endroU  où  h 
croix  était  préparée,  et  qu'il  la  vit  de  loin, 
il  s'écria  k  tiaute  voix  :  «  Salut,  croix,  qui 
as  été  consacrée  par  le  corps  de  Jésus-Chrt^^ 
et  ornée  des  perles  de  ses  membres.  Avant 
que  le  Seigneur  ne  fût  monté  sur  toi,  lu  ins- 
pirais de  la  crainte  ;  maintenant  tu  es  i'dI»- 
jet  de  l'amour  céleste,  et  tu  deviens  le  but 
de  nos  désirs;  les  fidèles  savent  combien 
tu  renfermes  de  joies,  combien  de  biens 
sont  préparés  chez  toi.  Je  viens  k  toi  avec 
sécurité  et  avec  allégresse,  afin  que  tu  re- 
çoives avec  bonté  le  disciple  de  celui  qui  a 
été  suspendu  sur  lui;  je  t'ai  toujours  cbéne 
et  j'ai  toujours  désiré  l'embrasser.  O  bonne 
croix  qui  as  reçu  des  membres  du  Seigneur 
ta  beauté  et  ton  éclat,  toi  que  j'ai  longtemps 
désirée  et  que  j'ai  toujours  aimée  avec  ar- 
deur, toi  que  j'ai  toujours  cherchée  et  qui 
es  enfin  accordée  k  mes  vœux,  retire-mui 
d'entre  les  hommes,  et  rends-moi  k  mon 
Maître,  afin  que  celui  qui  m'a  racheté  pur 
toi  me  reçoive  par  toi.» Et,  disant  ces  nio(<« 
il  se  dépouilla  et  remit  ses  vôtemenls  aux 
bourreaux.  Ils  le  prirent,  rélevèrent  sur  :a 
croix,  et  attachèrent  son  coriis  avec  des  cor- 
des, seloa  l'ordre  qui  leur  était  donné.  Il  y 
avait  une  foule  de  spectateurs  qui  n*étaient 
pas  au  dessous  de  vingt  mille  homme^t  par- 
mi lesquels  était  le  frère  d'iEgeus,  nooimé 
Stratociès,  qui  criait  avec  le  peuple  que 
c'était  un  homme  saint  et  condamné  injus- 
tement. Mais  saint  André  reconfortait  les 
esprits  des  fidèles  qui  croyaient  en  Jésus- 
Christ,  et  les  exhortait  k  la  patience,  leur 
enseignant  {que  rien  n'est  di^ned*ètre  pris 
en  considération  lorsqu'il  s'agit  d'obtenir  la 
récompense  éternelle. 

«  Le  peuple  se  rendit  alors»  en  poussant 
des  clameurs,  vers  la  demeure  d'^geos,  et 
tous  disaient  :  «  Cet  homme  saint,  chaste, 
irréprochable  en  ses  mœurs,  pieux,  mo- 
deste, excellent  en  sa  doctrine,  nedoil  point 
être  traité  ainsi;  il  doit  être  détaché  de  la 
croix,  d'où  il  ne  cesse  de  prêcher  la  vérité 
depuis  deux  jours  qu'il  y  eslattaché.»£geas 
craignit  la  colère  du  peu^^le',  et  promenant 
de  délivrer  André,  il  se  dirigea  vers  lui  ;  et 
saint  André  l'apercevant,  dit  :  «  Pourquoi 
viens-tu  vers  moi,  ^geus?  Si  tu  veux  croire 
en  Jésus-Christ,  la  voie  du  pardon  t'est  ou- 
verte, comme  je  te  l'ai  promis  ;  si  tu  es  vena 
seulement  pour  me  délivrer,  je  ne  saurais 
être  détaché  vivant  de  cette  croix.  Je  yoi^ 
déjk  mon  Roi,  je  Tadore,  je  jouis  de  sa  pré- 
sence. Hais  j'ai  pitié  de  ton  malheur,  parce 
qu'une  perte  éternelle  t'attend.  Agis,  mal- 
heureux, tant  que  tu  le  peux  encore;  lors- 
que tu  le  voudras,  tu  ne  le  pourras  plu^.  « 
Kl  les  bourreaux,  élevant  leurs  bras  vers  )a 
croix,  ne  purent  toucher  rai:ôtre.  ils  ap^^e- 
lèrenl  d'autres  hommes  pour  les  aider,  ma:> 
les  bras  de  tous  ceux  qui  voulaient  détacher 
André  étaient  frappés  d'ongourdisscment,  et 
personne  ne  pouvait  le  toucher. 


fut 


AND 


PART.  m.  •-.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


AND 


40t 


c  Alors  saint  André  dit  à  hante  voix  ;  «Ne 
permets  pas,  Seigneur  Jésus,  que  ton  ser- 
Tjteur  qui  est  attaché  à  la  croix  en  soit  dé- 
livré; ne  permets  pas  que  celui  qui,  par  la 
croit,  a  déjà  connu  ta  grandi^ur,  soit  humilié 
par  i£;:;eus,  un  homme  sujet  à  la  corruption  ; 
reçois-moi,  Seigneur  Jésus»  mon  mattr«ique 
jai  connu«  que  j*ai  aimé,  que  je  confesse, 
que  je  désire  voir,  avec  lequel  je  suis  ce 
que  je  suis.  Reçois,  Seigneur  Jésus,  mon 
esprit  en  paix,  car  le  temps  est  venu  où  je 
puis  arriver  à  te  voir.  Reçois-moi,  Seigneur, 
mon  bon  maître,  et  ne  permets  pas  que  je 
SOIS  détaché  de  cette  croix  avant  que  tu 
Q*aies  reçu  mon  esprit.  »  Et  quand  il  eut 
ainsi  parié,  une  lumière  éblouissante,  telle 
qu*an  éclair  venant  du  ciel,  Tentoura  devant 
tout  le  peuple,  et  les  yeux  humains  ne  pou- 
vaient soutenir  cette  splendeur.  Et  quand 
cette  lumière  eut  demeuré  Tespace  d*une 
demi-heure,  elle  disparut;  et  en  ce  moment 
Tapôtre  rendit  fesprit,  retournant  avec  cette 
lumière  au  Seigneur,  auqut^l  sont  honneur* 
et  gloire  dans  les  siècles  des  siècles.  Amen. 

nUne  femme  nommée  Maximilla,  femme 
ri*un  sénateur,  amie  de  la  chasteté  et  de  la 
sainteté,  se  rendit  vers  la  croix,  dès  qu*elle 
sntque  l'npôlre  était  avec  le  Seigneur,  et 
elle  détacha  le  corps  avec  le  plus  grand  res- 
pect; elle  Tembauma  avec  des  parfums,  et 
elle  le  déposa  dans  un  lieu  qu'elle  avait  pré- 
paré pour  sa  sépulture,  ^geus,  irrité  contre 
je  peuple,  se  disposait  à  porter  devant  Cé- 
sar une  accusation  contre  le  peuple  et  con- 
tre Moximiila  ;  mais  il  fut  saisi  par  le  dia- 
ble, tandis  qu'il  exerçait  les  fonctions  de  sa 
charge,  et  il  expira  au  milieu  de  la  place 
publique  de  la  ville.  On  apporta  cette  nou- 
velle à  son  frère,  qui  se  nomoçiait  Slratoclès, 
et  il  envoya  ses  esclaves,  et  il  leur  or- 
donna de  Tensevelir  parmi  les  biothanates. 
£t  il  ue  voulut  rien  prendre  de  ses  biens, 
disant  :  «  Que  Jésus-Christ,  mon  Seigneur, 
auquel  j*ai  cru,  ne  permette  point  que  je 
prenne  quoi  que  ce  soit  du  bien  de  mon 
irèrc,  de  peur  que  je  ne  sois  souillé  par  te 
crime  de  celui  qui,  inspiré  par  Tamour  de 
l'argent,  a  osé  faire  périr  Tapôtre  de  Dieu.» 

«  Ces  choses  se  sont  passées  dans  la  ville 
de  Patras,  dans  la  province  d*Acbaïe,  la 
veille  des  calendes  de  décembre,  et  les  bien* 
bits  du  saint  se  font  ressentir  dans  leur 
gloire  jusqu'au  jour  actuel.  Tous  lurent  sai- 
sis d*une  telle  frayeur,  qu'il  n'en  resta  au- 
cun qui  ne  crût  au  Sauveur  notre  Dieu,  qui 
TPiil  que  tous  les  hommes  soient  sauvés,  et 
qu'ils  arrivent  à  la  connaissance  de  la  vérité. 
Gloire  à  lui  dans  tous  les  siècles  des  siècles. 
AnicQ.9 

Tliio  (Aei.  S.  Thomœ,  Lipsias,  1823, 
p.  Lxvi),  mentionne  un  récit  que  lui  a  olfert 
le  iitânuscril  grec  de  la  bibliothèque  impé- 
iialtt  de  Paris,  n*  881,  et  qui  est  relatif  k 
>ôïiit  André.  L'apôtre  y  est  représenté  com- 
ti^e  se  trouvant  en  un  grand  danger  ;  il  im- 
plore son  divin  Maître,  qui  lui  apparaît  et 
lui  p:omct  de  le  secourir,  et  lui  ordonne 
de  se  rendrf)  dans  un  pays  habité  par  des 
barboros  qui  se  nourrissent  de  chair  hu- 


maine. Se  revètissant  ensuite  d'une  autre 
forme,  le  Sauveur  dirige  lui-même  le  navire 
sans  être  connu  d*André,  et  il  demande  à 
Tapôtre  de  lui  raconter  les  miracles  que  Jé- 
sus a  opérés  en  présence  des  Juifs.  Ceci  sert 
à  amener  le  récit  que  fait  André,  récit  qui 
est  interrompu  par  une  lacune  de  plusieurs 
feuillets  dans  le  manuscrit.  On  retrouve 
TapAtre  dans  la  contrée  des  anthropophages, 
où  il  combat  les  démons  et  accomolit  do 
nombreux  prodiges.  Entre  autres  fables  ri- 
dicules qne  contient  ce  récit,  il  y  est  ques- 
tion de  statues  de  bronze  représentant  des 
sphynx  qui  sont  douées  de  la  parole. 

Un  autre  manuscrit  de  la  bibliotneque 
impériale  (c.  1536,  olim  24U,  xv*  siècle), 
contient,  fol.  1  à  11,  une  relation  semblable 
relative  à  saint  André,  et  à  la  Gn  de  ce  ma- 
nuscrit, rapporté  de  TArchipel  par  Vansleb, 
on  trouve  huit  feuillets  écrits  en  lettres  on- 
ciales,  au  yiir  siècle;  ils  renferment  des 
Actes  de  saint  André  et  de  saint  Matthieu; 
mais  ce  fragment  est  dans  un  état  fort  im- 
parfait, le  commencement  et  la  fin  man- 
quent. C'est  dans  le  même  genre  qu'est  une 
histoire  de  saint  André  et  de  saint  Pierre, 
qui  se  trouve  à  la  .bibliothèque  Bodieienne 
(fond  Barrocci,  fol.  111-119).  Grabe  avait  eu 
le  projet  de  la  publier;  Thilo  la  regarde 
comme  trop  moderne  et  trop  dénuée  d'inté- 
rêt pour  qu*on  lui  fasse  cet  honneur. 

£n  1832,  un  savant  allemand^  occupé  de 
recherches  dans  les  bibliothèques  de  rilaliOt 
le  docteur  Blum,  découvrit  à  Verceil  un 
gros  volume  manuscrit  d'homélies  et  dépolî- 
mes anglo-saxons. 

Quelques-uns  de  ces  poëmes  furent  pu- 
bliés par  un  Anglais  très-versé  dans  la  con- 
naissance de  cet  idiome,  M.  Thorpe,  grflco 
au  patronage  de  la  Record  commission  (com- 
mission des  archives).  Cette  publication  ne 
fut  point  mise  dans  le  commerce,  elle  ne 
donnait  d'ailleurs  qu'un  texte  nu,  sans  in- 
troduction et  sans  commentaire.  Un  érudit 
connu  par  d'immenses  travaux  sur  les  lan- 
gues du  Nord,  H.  J.  Grimm,  le  savant 
auteur  de  la  Grammaire  de  l'ancienne  langue 
allemande (i82S^  k  vol.),  et  d'autres  ouvrages 
du;plus  grand  mérite,  fit  imprimer  à  CasseJ, 
sous  le  titre  d'Andréas  und  Elene^  les  deux 
compositions  les  plus  considérables  du  ma- 
nuscrit de  Verceil,  en  y  joignant  une  intro- 
duction et  des  notes,  le  tout  en  allemand. 
En  18(k),  un  Anglais  qui  s'est  aussi  beau- 
coup occupé  de  la  littérature  anglo-saxonne, 
M.  J.  M.  Kemble,  a  mis  au  jour,  pour  la 
troisième  fois,  ces  vieux  textes,  en  y  joignant 
les  interprétations  qu'ils  réclament.  Cette 
publication  eut  lieu  aux  frais  d'une  associa- 
tion littéraire,  comme  il  en  existe  bon  nom- 
bre dans  la  Grande-Bretagne,  YMlfrie  So^ 
cielt/i  créée  dans  le  but  de  publier. des  tra- 
vaux relatifs  h  la  langue  et  à  l'histoire  de 
l'Angleterre  avant  \à  conquête  des  Nor- 
mands. 

Les  poèmes  conservés  dans  le  manuscrit 
de  Verceil  sont  au  nombre  de  six  :  le  pre- 
mier et  le  plus  considérable  peut  être  dé- 
signé sous  le  titre  de  Légende  de  saint  André; 


105 


DICTIONNAIRE  IWS  APOCRTPUCS. 


101 


il  se  compose  de  3,Hi  vers  (rès-oourls  (lOSk). 

Le  seconil  poënie  peiUètreinlilulé  le  Sort 
des  douze  apôtres;  il  cooiprend  190  vers  ;  le 
troisième  se  compose  de  3i0  vers,  el  ila 
pour  lilre  :  Adresse  de  Idme  au  corps  quelle 
a  quitté.  Le  quatrième  est  un  fragment  reli- 
gieux de  92  vers.  Le  cinquième  est  un  Récit 
de  la  sainte  baguette^  el  renfenne  310  vers. 
Le  sixième  el  dernier  n'a  pas  moins  de  2,048 
vers  :  (irimm  Ta  appelé  EUne^  et  Thorpe  l'a 
désigné  sous  le  nom  do  VInvention  de  la 
croix.  Il  raconte  une  légende  trop  connue 
pour  que  nous  nous  y  arrêtions.  Ces  diver- 
ses compositions  sont  dans  le  dialecte  saxon 
occidental  :  il  est  diincile  de  déterminer 
répoque  et  le  lieu  où  elles  furent  écrites; 
leur  auteur  est  resté  ignoré.  Grimra  les  at- 
tribue au  viir  siècle;  Kemble  les  regarde 
comme  étant  moins  anciennes. 

Les  récits  relatifs  5  saint  André  sont  ceux 
qui  doivent  nous  occuper  en  ce  moment. 

Le  poëme  dont  nous  parlons  a  pour  objet 
de  raconter  la  conversion  des  Mermédo* 
iiiens  qui  étaient  plongés  dans  le  paganisme 
el  auxquels  saint  André  vient  annoncer  la 
fui.  En  voici  une  analyse  fidèle  : 

Après  la  mort  du  Sauveur,  les  apôtres 
s'étaient  partagé  le  monde  aGn  d*y  aller 
annoncer  i*£vangile.  Saint  Matthieu  avait  vi- 
sité les  Mermédoniens«  race  de  i^orciers  et 
d'anthropophages  qui  dévoraient  tout  homme 
débar(|uant  sur  leurs  rivages.  Le  saint  avait, 
comme  toutes  leurs'victimes,  été  jeté  dans 
une  prison,  avec  un  graml  nombre  d'hom- 
mes et  de  femmes.  Suivant  leur  usage,  ces 
barbares  lui  avaient  arraché  les  yeux  et  lui 
avaient  donné  à  boire  une  potion  qui  ré- 
duit rhomme  au  niveau  de  la  brute,  et  qui 
ramène  à  se  nourrir  d'herbes  et  de  foin 
comme  un  vil  tiétail.  La  foi  de  Tapôlre  le 
sauve  de  celte  destinée;  il  prie  Dieu  de  ne 
pas  soutfrir  qu'il  perdît  rintelligcnce  qui 
met  rhomme  en  état  de  glorifier  son  Créa- 
teur, et  une  voix  venant  du  ciel  lui  certifie 
que  sa  prière  est  exaucée,  el  que  saint  An- 
dré est  envoyé  pour  le  retirer  de  la  déplo- 
rable situation  où  il  est  tombé.  Saint  André 
reçoit  de  son  côté  Tordre  de  se  mettre  en 
route  pour  la  Mermédonie  ;  il  refuse  d'abord 
de  tenter  ce  voyage  rempli  de  dangers,  mais 
Dieu  lui  ayant  reproché  sa  tiédeur,  il  part 
avçc  des  compagnons  qu'il  a  choisis.  Au 
bord  de  la  mer,  il  trouve  un  bateâu  dans 
lequel  sont  trois  rameurs,  lesquels  lui  ap- 
prennent qu'ds  sont  originaires  de  la  Mer- 
médonie et  qu*ils  vont  y  retourner.  André 
les  prie  de  le  prendre  avec  eux,  ils  y  con« 
sentent  pourvu  qu'il  les  paye,  mais  en  ap- 
prenant que  le  saint  el  ses  compagnons 
n'ont  ni  or  ni  argent,  et  qu'ils  sont  les  ser- 
viteurs de  Jésus-Christ,  les  étrangers  con- 
sentent à  les  liansportcr  gratuitement  dans 
la  Mermédonie.  Les  irois  rameurs  sont  de 
fait  Dieu  toul-puissant  et  deux  de  sçs  au- 
ges. Pendant  le  voyage,  André  raconte  di- 
vers événements  de  la  vie  de  son  Maître, 


dans  le  but  d'instruire  les  prétendus  navi- 

Sateurs  et  d'édifier  ses  camarades.  Un  de  ce« 
pisodes  reproduit  une  légende  qui  ne  se 
trouve  point  dans  les  évangiles  apocryphes, 
mais  qui  remonte  sans  doute  à  de  très-a-i- 
ciennes  traditions. 

Les  Juifs  ayant  demandé  au  Sauveur  un 
signe  qui  leur  ftiurntt  une  preuve  de  sa  di- 
vine origine,  Jésus  (il  un  grand  miracle  pour 
les  confondre.  Stir  les  murs  du  temple,  h 
droite  et  à  gauche,  étaient  sculolées  deux 
images  de  Séraphins;  le  Sauveur  les  fit  des- 
cendre de  leur  place  et  leur  donna  l'usage 
de  la  parole  ;  il  les  envoya  ensuite  dans  le 
désert  à  la  plaine  de  Membre  où  Abraham, 
Isaac  et  Jacob  étaient  ensevelis,  el  il  leur 
ordonna  d'appeler  les  patriarches  hors  de 
leurs  tombeaux  afin  qu'ds  pussent  lui  ren- 
dre témoignage.  Le  miracle  s'accomplit,  et 
les  patriarches,  un  instant  rendus  à  la  vie, 
ne  retournent  dans  leur  repos  que  lorsqu'ils 
ont  attesté  que  Jésus  est  le  Messie,  le  Fils 
du  Dieu  vivaut. 

Un  profond  sommeil  s'appesantit  sur  An- 
dré et  sur  ses  camarades,  et  c'est  en  cet  état 
qu'ils  sont  déposés  sur  les  rivages  de  la 
Mermédonie;  il  leur  est  alors  révélé  quel  a 
été  le  guide  qui  les  a  conduits.  lnvisil»le 
pour  tous  les  yeux,  le  saint  sr  rend  à  la  pri* 
son  où  saint  Matthieu  languissait  avec  ses 
compagnons  d'infortune.  Il  arrive ,  el  les 
gardes  tombent  morts,  l'apôtre  recouvre 
Porgane  de  la  vue,  et  sort  avec  tous  ses  corn- 
pa^^nons  en  louant  Dieu. 

Le  lendemain  est  un  jour  que  l'usage  dé- 
signe, pour  les  cannibales,  comme  celui  pen- 
dant lequel  ils  s'assemblent  pour  égorger  et 
pour  dévorer  quelques-uns  do  leurs  captifs; 
ils  trouvent  la,  prison  ouverte,  les  geôliers 
sans  vie  et  leur  proie  échappée.  L'horreur 
et  le  désespoir  .s'emparent  d'eux,  ils  sont  ré- 
duits à  la  nécessité  do  choisir  une  victime 
parmi  eux;  ils  la  tirent  au  sort;  il  désigne 
un  vieillard,  un  de  leurs  chefs;  pour  rache- 
ter sa  vie,  celui-ci  otTre  son  projtre  fits  en 
sacrifice.  Saint  André  est  ému  de  comj)assion  ; 
il  émousse  miraculeusement  les  armes  diri- 
gées contre  le  jeune  homme  elil  lui  sauve 
la  vie. 

Pendant  que  la  confusion  et  la  terreur  des 
Mermédoniens  sont  h  leur  comble,  te  dé- 
mon, toujours  attentif  h  saisir  l'occa^on  de 
nuire  aux  serviteurs  de  Dieu,  appelle  l'at- 
tention des  barbares  sur  saint  André,  et  le 
signale  comme  le  libérateur  de  saint  Mat- 
thieu. Le  saint  est  saisi  et  jeté  en  prison  ; 
on  lui  fait  endurer  de  cruelles  soutfrances 
en  le  couchant  sur  un  terrain  pierreux,  de 
sorte  que  la  chair  est  arrachée  do  dessus  sv$ 
os  ;  dans  sa  prison,  tes  diables  le  raillent  et 
l'insultent,  mais  il  les  repousse  |>ar  une  foi 
constante  el  les  force  h  s'éloigner  de  lui  tout 
couverts  de  confusion. 

Sa  patience  finit  toutefois  par  lui  échap- 
per; il  adresse  ses  plaintes  à  Dieu;  il  ré- 
clame une  prompte  mort  ;  le  Seigneur  lui 


(IM)  Voici  les  trois  premiers  : 
Bwael  ire  gerrunon 


On  f^rrodegiim 
Twelf^  uuiiar  tonglum. 


105 


ANT 


PART.  m.  ^  LEGLNDES  ET  FRAGMENTS. 


ANT 


i06 


fait  savoir  qw  son  martyre  est  accompli.  Il 
fait  alors  venir  une  grande  inondation  gui 
submerge  les  plus  acharnésdeses  ennemis  ; 
les  autres,  frappés  d*efl'roi,  se  convertissent 
et  reçoivent  le  baptême.  Après  avoir  passé 
quelque  temps  avec  eux,  André  se  rembar- 
que et  retourne  dans  TAchaïe. 
Ou  a  conjecturé  avec  vraisemblance  que 


le  poème  dont  nous  venons  de  donner  IV 
nalyse,  avait  pour  base  quelque  légende 
apocryphe  ;  il  s'en  est  en  effet  trouvé  des 
traces  dans  un  manuscrit  grec  de  la  biblio- 
thèque Impériale  de  Paris,  dont  il  fut  fait 
sans  doute  une  version  latine  qui  passa  dans 
la  Grande-Bretagne,  et  qui  fut  utile  au  poite 
anglo-saxon. 


ANNE    (SAINTE). 


On  a  déjà  vu  dans  le  tome  I*'  de  ce  Die- 
Mionnaire  que  les  Evangiles  apocryphes  don- 
naient à  regard  de  la  mère  de  la  sainte 
Vierge  des  détails  assez  étendus,  mais  qui 
manquent  d'authenticité. 

Bollandus  {AclaSanctorum^  âOmars.p.  77) 
dit  que  tout  ce  que  les  auteurs  anciens  ont 
dit  de  saime  Anne  et  de  saint  Joachim  n^est 
fondé  que  sur  un  écrit  intitulé  Dt  (a  fiaUfanee 
de  la  Vierge^  attribué  faussement  à  saint 
Jacques  de  Jérusalem  ou  à  saint  Cyrille  d'A- 
lexandrie» rejeté  par  les  Pères  comnae  ajso- 
crypbe»  et  sur  J  imposteur  Seieuque  qui  a 
attribué  à  saint  Matthieu  un  écrit  sur  le 
même  sujet.  Cest  pourquoi  il  ne  veut  pas 
rapporter  ce  que  TiÊglise  d*Orient  a  tiré  de 
ces  sources  corrompues. 

On  trouvera  dans  le  Dictionnaire  des  Ie« 
gendts  du  chrisiianisme  (Migne,  1855 ,  gr. 
in-8",  coi.  lâaM)),  des  détails  sur  les  légendes 
relatives  à  sainte  Anne  et  les  litres  de  divers 
ouvrages  relatifs  à  cette  sainte. 

Nous  n'eu  citerons  qu'un  seul,  la  Vie  de 
sainte  Anne^  mère  de  la  sainte  Vierge^  impri- 
mée à  Epinal.  M.  Ch.  Nisard,  dans  son  Ilis^ 
ioire  de$  litres  populaires,  t.  il,  p.  206,  eu  a 
parlé  avec  quelques  détails. 

Cette  légende  qui  a  pour  base  la  Legenda 
de  êuncia  Anna  et  de  universa  ejus  progenie^ 
Cologne,  1510,  remonte  au  xvi*  siècle;  elle 
a  été  retouchée,  mais  elle  conserve  sa  naï- 
veté primitive.  On  y  voit  que  sainte  Anne 
était  fille  de  Slolano  et  d*£mérantiane  ;  à  sa 
naissance,  il  parut  sur  sa  poitrine  quatre 
lettres  d'or  faisant  le  nom  d  Anne.  Ce  nom 
était  resplendissant  comme  pierres  précieu- 
ses. Un  aveugle  rayant  touché,  recouvra  la 
vue. 

A  dix-huit  ans,  Anne  épousa  Joachim; 
▼in^t  ans  après,  elle  mit  au  monde  Marie,  et 
elle  devint  veuve  Tannée  même  où  Marie 
fut  présentée  au  temule.  Elle  épousa  en  se- 
conde noces,  et  par  le  commandement  du 
Seigneur,  Cléoi^has  «  duquel  elle  enfanta  de- 
dans Tannée  une  fille  qui  fut  nommé  Marie, 
{icvr  U  ré?érence  de  la  première.»  Cléophas 


mourut  avant  l'accouchement.  Aune  le  pleu- 
rait encore,  quand  un  ange  lui  apparutet  lui 
enjoii^nit  de  se  préparer  à  passer  à  de  troi- 
sièmes noces. 

«  Anne,  tu  sais  bien  que  tout  témoignage 
est  posé  en  nombre  ternaire;  pour  ce  qu'il 
te  faut  prendre  un  troisième  mari  qui  a  été 
trouvé  juste  devant  Dieu ,  nommé  Salomé, 
duquel  tu  enfanteras  une  fille  que  tu  nom* 
meras  Marie  comme  les  autres,  m 

Anne  épouse  donc  Salomé,  et  un  an  après 
elle  eut  une  fille  qu'elle  nomma  également 
Marie.  Quelque   temps  après,  Salomé  tré- 

f)assa,  et  Anne  le  pleura  comme  elle  avait 
ait  de  ses  nulres  maris,  et  après  sê  mort 
elle  quitta  tous  ses  joyaux  et  beaux  habits, 
proposant  de  vivre  le  reste  de  sa  vie  en  aus- 
tère pénitence  comme  elle  le  fit. 

Le  reste  du  livre  est  en  majeure  partie 
consacré  à  l'histoire  de  la  sainte  Vierge  ;  ce 
n'est  qu'à  la  fin  qu'on  retrouve  sainte  Anne 
retirée  au  désert,  Jésus  vient  la  voir,  et  Anne, 
sentant  sa  fin  approcher,  «  posa  sa  tôte contre 
la  poitrine  de  Jésus,  et  Jésus  mit  sa  tète 
contre  son  sein,  lui  parlant  amiablement. 
Dans  ce  moment,  Anne  étendit  les  bras, 
Marie  les  lui  soutenait^  les  arrosant  de  ses 
larmes.  Lors  on  aperçut  une  clarté  qui  des- 
cendait du  ciel,  laquelle  environna  Anne. 
Alors  elle  prononça  ce  verset  du  psaume  de 
David  :  Comme  le  cerf  lassé  désire  la  fon- 
taine rafraîchissante^  ainsi  mon  âme  soupire 
après  roux,  ô  mon  Dieu  (105)  !  qui  êtes  la 
fontaine  de  vie;  quand  apparaitrai-je  devant 
ta  face  du  Père  céleste?  »  £lle  continua  ce 
psaume  jusqu'à  la  fin.  Etant  à  la  fin,  elle 
rendit  Tesprit  à  Dieu,  et  ceux  qui  étaient 
assistants  se  prosternèrent  à  terre,  rendant 
bénédiction  à  Dieu  en  diverses  manières, 
par  des  psaumes  et  des  cantiques;  mais  par 
fragilité  ordinairei  ils  versèrent  beaucoup 
de  larmes.  » 

On  trouve  également  parmi  les  livres  po- 
pulaires de  i  Allemagne  une  légende  de 
sainte  Aune. 


ANTIOCHUS  ÊPIPHANE. 

{Histoire  d'Antiochus  Epiphane,) 


Cet  écrit  relate  avec  quelques  différences 
les  faits  contenus  dans  les  livres  desMacha- 
bées  ;  il  est  imprimé  en  hébreu  dans  quel- 

/l05)Pia/.  XII,  2,  5. 

DlCTIOXR.    DES   ApOCRTPHI.S. 


Sues  ouvrages    de  liturgie   à  Tusa^e  des 
uifs  Bartolocci  l'inséra  dans  sa  Bibliotkeca 
rabbinica^  t.  1,  p.  583),  avec  une  traducirien 


407 


DICTIONNAIRE  DES  APOCUYPHES. 


)Oft 


latino  que  Fabriciusa  reproduîle  à  la  fin  du 
tome  I*'  de  son  Codex  apocryphus  Vet.  Test., 
et  nous  croyons  devoir  ici  donner  place  à 
une  traduction  française  (106). 

«  Voici  ce  qui  arriva  du  temps  d*Antiochus, 
roi  dos  Grecs  ;  c'était  un  roi  grand  et  fort 
et  puissant  dans  ses  Etats,  et  tous  les  rois  lui 
obéissaient,  il  subjugua  de  nombreuses  pro- 
vinces et  des  rois  puissants  ;  il  détruisit 
leurs  palais,  brûla  leurs  temples,  et  fit 
beaucoup  de  captifs.  11  éleva  une  grande 
villo  sur  le  bord  de  la  mer,  aGn  qu*elle  lui 
sorvtt  de  résidence,  et  il  l'appela  Anlioche, 
d'après  son  nom.  Et  le  vice-roi  Bagris  fon- 
da une  autre  ville  à  laquelle  il  donna  aussi 
son  nom,  et  elle  le  conserve  encore  au- 
jourd'hui. Dans  Tannée  vingt-troisième  de 
son  règne,  c'est-à-dire,  dans  Tannée  deux 
cent  trente-deuxième  depuis  TédiGcation  de 
la  maison  de  Dieu,  il  résolut  de  monter 
à  Jérusalem,  ei  il  dit  à  ses  princes  :  «  Ne 
savez-vous  pas  que  le  peuple  des  Juifs  qui 
est  à  Jéru»alem  est  contre  nous  7  Ils  n'of- 
frent point  de  sacrifices  à  nos  dieux,  ils 
n'observent  point  notre  loi,  ils  ne  se  con- 
forment pas  aux  ordres  du  roi  afin  d'être  fi- 
dèles à  leur  loi.  Ils  espèrent  un  jour  briser 
les  rois  et  les  princes,  et  ils  disent  :  Quand 
notre  roi  régnera  sur  nous,  nous  domine- 
rons sur  la  mer  et  sur  la  terre,  le  monde 
entier  sera  remis  en  nos  mains.  11  est 
contre  Thonneur  de  notre  royaume  de  to- 
lérer de  pareilles  choses  sur  la  face  de  la 
terre.  Venez,  et  abolissons  les  usages  qui 
sont  établis  parmi  eux,  c'est-à-dire,  1  obser- 
vation du  sabbaiet  des  fêtes,  et  la  circonci- 
sion. » 

«  Ce  discours  plut  aux  princes  et  à  toute 
Tarmée.  Et  à  celte  heure  même,  le  roi  An- 
liocbus  se  leva,  et  il  envoya  le  vice-roi 
Nicanor  avec  une  grande  armée  et  beaucoup 
de  gens,  et  il  vint  à  la  ville  de  Judas,  à  Jé- 
7usalem,  et  il  massacra  beaucoup  de  Juifs, 
et  il  éleva  un  autel  consacré  aux  idoles  dans 
le  sanctuaire,  au  lieu  où  le  Dieu  d'Israël 
avait  dit  aux  prophètes  ses  serviteurs  :  «  Je 
mettrai  là  pour  toujours  la  demeure  de  ma 
divinité.  »  Ht  en  ce  lieu,  ils  tuèrent  un  pour- 
ceau, et  ils  répandirent  son  sang  dans  Je 
sanctuaire. 

«  Lorsque  ces  choses  furent  faites,  la 
nouvelle  en  étant  parvenue  au  grand  prê- 
tre, à  Jean,  fils  de  Mathatias,  il  lut  rempli 
do  colère  et  de  fureur,  et  la  splendeur  de 
son  visage  fut  changée.  El  il  pensa  en  son 
cœur  à  ce  qu'il  fallait  faire  en  cette  circons- 
tance. Alors  Jean,  Gfs  de  Mathatias,  fit  une 
épée  ayant  deux  palmes  et  une  spithame  de 
longueur,  et  une  autre  spithame  de  largeur, 
et  il  la  cacha  sous  son  manteau.  Et  il  vint 
à  Jérusalem,  et  il  se  tint  à  la  porte  du  roi, 
et  il  appela  les  gardiens,  et  leur  dit  :  «  Je 
suis  Jean,  fils  de  Mathatias  ;  je  suis  venu 
pour  paraître  devant  Nicanor.  »  Alors  les 
gardes  allèrent  vers  Nicanor,  et  lui  dirent  : 
<  Le  grand  prêtre  des  Juifs  est  à  ta  porte.  ^ 


Et  Nicanor  leur  répondit  et  iCur  dit  :  «  Qu'il 
entre,  »  et  Jean  vint  ainsi  devant  Nicanor. 

«  Et  Nicanor  dit  à  Jean  :  «  Tu  es  un  de 
ces  rebelles  qui  se  sont  révoltés  contre  le 
roi,  et  qui  n'ont  pas  voulu  observer  la  paix 
dans  mes  États.  »  Jean  répondit  à  Nicanor  : 
«  Seigneur,  je  suis  venu  devant  loi ,  afin 
de  faire  toul  ce  que  tu  voudras.  »  Nicanor 
répondit  à  Jean  :  «  Si  tu  veux  faire  ma  vo- 
lonté, prends  ce  pourceau  et  tue-le  sur 
l'autel  (des  idoles),  et  tu  seras  revêtu  des 
vêtements  royaux,  et  lu  monteras  sur  Je 
cheval  du  roi,  et  tu  seras  Tun  de  ses  favo- 
ris. »  Lorsque  Jeati  eut  entendu  ces  paroles, 
il  répondit:  «Seigneur,  je  crains  que  les 
fils  deslsraélitesn'apprennentce  que  j'aurai 
fait,  et  Qu'ils  ne  me  lapident.  Ordonne 
donc  qu'ils  sortent  tous  de  ta  présence,  afin 
qu'ils  ne  sachent  pas  ce  que  je  ferai.»  Alors 
Nicanor  commanda  à  tous  les  assistants  de 
se  retirer.  Et  Jean,  fils  de  Mathatias,  éleva 
les  yeux  au  ciel,  et  adressa  sa  prière  à  Dieu, 
et  dit  :  «  0  mon  Dieu,  et  le  Dieu  de  uics 
pères,  Abraham,  Isaac  et  Jacob,  je  te  conjure 
de  ne  pas  me  livrer  en  les  mains  de  cet  iu- 
circoncis,  de  crainte  qu'il  n'aille  dans  le 
temple  de  Daghon,  son  dieu,  lui  rendre  des 
louanges,  et  qu'il  ne  dise  :  Mon  dieu  Ta 
livré  entre  mes  mains.  »  Et  il  fit  trois  pas 
vers  Nicanor,  et  il  lui  enfonça  son  épée 
dans  le  cœur,  et  il  le  renversa  blessé  dans 
la  cour  du  temple,  devant  le  Dieu  des  cieux. 
Et  Jean  dit  :  «  Seigneur,  ne  m'imjmte  [tas 
à  péché  si  je  r«i  tué  dans  le  (anctuair»",  de 
crainte  qu'il  u'irritAt  contre  les  Juilk  et 
contre  Jérusalem  tous  ceux  qui  étaient  ve- 
nus avec  lui.  »  El  Jean,  -fils  de  Mathatias , 
sortit  en  ce  jour,  et  il  combaKit  contre  les 
infidèles,  et  il  en  fit  un  grand  carnaj;c.  Le 
nombre  de  ceux  qui  furent  tués  ce  jour-la 
fut  de  soixante-dix  mille,  et  soixante-douze 
mille  se  tuèrent  entre  eux.  Et  en  revenant, 
Jean  érigea  une  colonne,  et  l'appela  Ifimme/ A 
Uachaxakim^  c'est-à-nlire  à  cause  de  la  mort 
des  forts. 

«  Lorsque  le  roi  Antiochus  apprit  que  le  vi- 
ce roi  Nicanor  avait  été  tué,  il  lut  saisi'd'uu 
trouble  extrême,  et  il  fit  venir  devant  lui  l'im- 
pie Bagris  qui  avait  fait  tomber  son  peuple 
dans  Terreur.  Et  Antiochus  dit  è  Bagris^ 
tf  Ne  sais-tu  pas  ce  qu'ont  fait  les  fils  d'Is- 
raël ?  Ils  ont  massacré  mon  armée,  ils  ont 
prllé  mon  camp  et  chassé  mes  généraux.  Ils 
se  flattent  de  nous  subjuguer  et  do  s'empa* 
rcr  do  nos  possessions.  Allons  et  détruisons 
le  pacte  que  Dieu  a  fait  avec  eux  ;  obolissuns 
le  sabbat,  les  fêtes  et  la  circoncision.  »  Alors 
Bagris  vint  avec  une  nombreuse  armée  à 
Jérusalem,  et  ils  y  firent  un  grand  carnage, 
et  il  fut  rendu  un  décret  défendant  d'obser- 
ver le  sabbat,  les  fô:es  et  la  circoncision.  £t 
une  femme  qui,  le  huitième  jour  après  la 
mort  de  son  mari,  avait  circoncis  son  enfant, 
se  jeta  avec  lui  du  haut  du  mur  de  Jérusa- 
lem, en  disant:  «  O  impie  Bagris,  nous  te 
déclarons  que  nous  ne  renoncerons  pas  aux 


(i06)  Fofif.  sur  rbisloire  d*  Antiochus,  Polybe,      Wn ,  HUioirt  ancienne  ;  les  Mémoins  de  P  Académie 
Ap|/ieii,  ioiéçhetAntiquiiés  iudaîques^  I,  si:;  Roi-  ^  dn  in9cnptiofi$ ,   t.  XXI,  p.  503;  t.  XXI.  p.  505. 


m 


ANt 


PART.  îil.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ANl 


lia 


pratiques  de  nos  pères.»  Et  !a  mère  el 
renfdnt  périrent.  Beaucoup  de  fils  d*I.sraël 
en  agirent  de  môme  en  ce  temps-lè,  et  ils  ne 
quittèrent  point  la  foi  de   leurs  pères. 

«  Et  des  fils  dlsraël  se  dirent  les  uns  aux 
autres  :  «  Allons  et  habitons  dans  les  caver- 
nes, de  peur  de  prc^aner  le  jour  du  sabbat.  » 
Cela  fut  rapportée  Bagris,  et  cet  impie  en- 
voya des  satellites  qui  vinrent  et  se  placèrent 
à  rentrée  de  la  caverne,  et  qui  dirent  :  «  O 
Juifs,  sortez  ;  yenex,  mandez  de  notre  pain» 
et  buvez  de  notre  vin,  et  laites  ce  que  nous 
faisons.  »  Et  les  fils  d*lsraël  se  dirent  entre 
eux  :  «  Seigneur,  nous  nous  souvenons  de 
ce  que  tu  nous  as  ordonné  sur  le  mont  Si- 
nai  :  TU  travailleras  six  jours,  et  tu  te  re- 
poseras le  septième.  Nous  aimons  mieux 
mourir  dans  la  caverne  que  profaner  le  jour 
du  sabbat.»  Lorsque  les  soldats  virentijue  les 
Juifs  ne  voulaient  pas  venir  à  eux,  ils  ap- 
{)or(èrent  du  bois  et  l'ayant  entassé  à  ren- 
trée de  la  caverne,  ils  y  mirent  le  feu,  et 
un  roillier  d'hommes  et  de  femmes  péri^ 
reot. 

«  Ensuite  Jean,  fils  de  Mathatias,  el  ses  qua- 
tre frères  se  levèrent,  et  ils  combattirent 
contre  les  gentils,  et  ils  en  tuèrent  beau- 
coup parce  qu'ils  avaient  mis  leur  espérance 
dans  le  Seigneur,  Dieu  des  cieux.  Alors  l'im- 
pie Bagris  se  réfugia  sur  un  navire,  et 
s'enfuit  vers  le  roi  Anliochus,  Qinsi  que  ceux 
qui  avaient  échappé  au  combat.  Et  Bagris 
dit  au  roi  AiUiochus:^Oroi,  il  y  a  une  gran- 
de rébellion  parmi  les  Juifs,  et  lors  même 
quêtons  les  peuples  et  toutes  les  nations 
combattraient  contre  eux,  on  ne  pourrait  rien 
contre  les  fils  deMathatias.lls  sont  plus  coura- 
geux quedes  lions,  plus  agiles  que  desai^lesi 
plus  terribles  que  des  ours.  Suis,  ô  roi,  le 
conseil  que  je  te  domie  ;  ne  combats  pas  con- 
tre ces  nommes  sans  employer  toutes  tes 
forces,  car  lu  serais  humilié  devant  tous  les 
rois.  Envoie  d^s  lettres  dans  toutes  les  pro- 
vinces de  ton  royaume  afin  que  tous  les 
princes  qui  sont  tes  sujets  viennent  avec 
toutes  leurs  troupes,  et  qu'aucun  ne  reste 
en  arrière,  et  quils  amènent  aussi  des  élé- 
phants couverts  d'armures  de  guerre.  » 

f  Et  l'impie  Bagris  retourna  à  Jérusalem  ; 
il  fit  une  brèche  aux  murailles  du  temple, 
et  il  arracha  trois  des  portes  du  sanctuaire, 
et  il  réduisit  en  poudre  beaucoup  de  pierres 
elil  pensait  en  son  cœur  :  u  Ils  ne  pourront 
maintenant  l'emporter  sur  moi,  car  je  pos- 
sède une  armée  nombreuse  et  des  forces 
redoutables.  »  Mais  le  Pieu  du  ciel  n*en 
pensa  pas  ainsi.  Lorsque  les  cinq  fils  de  Ma- 
thatias eurent  appris  ce  qui  se  passait,  ils 
se  levèrent ,  et  ils  vinrent  à  Maspha  Galaad 
où  était  le  refuge  de  la  maison  dlsraël  aux 
jours  de  Saùl  ie  prophète,  ils  prescrivirent 
un  jeûne  et  ils  s'assirent  dans  la  poussière 
aOn  d'ol^teoir  miséricorde  devant  le  Dieu 
des  cieux* 

Judas  était  Valné  d'entre  eux ,  Siméon  le 
second,  Jean  le  troisième,  Jonathas  le  qua- 
trième, Eléazar  le  cin()uième.  Leur  père  los 
bénit  et  dit  :  «  Judas ,  je  tb  célébrerai  comme 
Judas,  fils  de  Jacob,  qui  fut  assimilé  à  un 


lion;  Siméon,  mon  fils,  je  te  célébrerai 
comme  Siméon,  fils  de  Jacob,  qui  tua  les 
habitants  de  Sichem  ;  Junathas,  mon  fils,  je 
te  célébrerai  comme  Jonathas,  fils  de  Saûl, 
qui  tua  les  Philistins;  Eléazar,  mon  fils,  je 
te  célébrerai  comme  Phinée,  fils  d*Eléazar, 

3ui  s'enflamma  de  zèle  pour  son  Dieu  et  qui 
élivra  les  fils  d'Israël.  ^  Les  fils  de  Matha- 
tias marchtreut  le  même  jour  contre  les 
gentils,  et  ils  combattirent  contre  les  gentils, 
et  ils  en  tuèrent  un  grand  nombre,  et  Judas 
fut  aussi  tué. 

«(  £t  quand  les  fils  de  Mathatias  virent  que 
Judas  élfiit  mort,  ils  retournèrent  vers  leur 
père  qui  leur  dit  :  «  Pourquoi  étes-vous  re- 
venus? »  Et  ils  répondirent  :  «  Parce  que 
notre  frère  qui  était  supérieur  à  nous  tous 
a  été  tué.  »  £t  Mathatias,  leur  père,  leur  dit  : 
«  Je  marcherai  avec  vous  et  je  combattrai 
contre  les  gentils,  pour  que  la  maison  d'is- 
ravl  ne  périsse  pas,  et  vous  serez  les  libéra- 
teurs de  vos  frères.  »  Et  Mathatias  marcha  ce 
jour-là  avec  ses  fils,  et  ils  combattirent  con- 
tre les  gentils.  Et  le  Dieu  du  ciel  livra  en 
leurs  mains  tous  les  guerriers  les  plus  in- 
trépides*  et  il  livra  à  un  grand  carnage  qui- 
conque tenait  un  glaive  et  quiconque  ten- 
dait'un  arc;  il  ne  resta  aucun  des  chefs  de 
Fermée,  et  tes  autres  gentils  s'enfuirent  dans 
les  villes  maritimes.  Eléazar  était  occupé  à 
tuer  les  éléphants,  et  il  périt  étouffé  dans 
leurs  excréments. 

«  Et  les  fils  d'Israël  se  réjouirent  de  ce  que 
leurs  ennemis  étaient  livrés  en  leurs  mains  ; 
ils  brûlèrent  les  uns,  exterminèrent  les  au- 
tres par  le  glaive,  et  en  mirent  d'autres  en 
croix.  Les  Israélites  firent  périr  dans  les 
flammes  l'impie  Bagris ,  qui  avait  persécuté 
lé  peuple  de  Dieu.  Et  lorsque  Antiochus  ap- 
prit la  mort  de  Bagris  et  de  tous  les  généraux 
qui  étaient  avec  lui,  il  se  réfugia  dans  une 
barque,  et  il  s'enfuit  dans  une  province 
maritime.  Tous  les  endroits  où  il  voulait 
aller  se  révoltaient  contre  lui  et  l'appelaient 
le  fuyard.  Les  fils  d'Hassamen  vinrent  en- 
suite dans  le  sanctuaire;  ils  rebâtirent  les 
portes  qui  avaient  été  brisées,  et  ils  réparè- 
rent les  brèches  ;  ils  débarrassèrent  le  parvis 
des  cadavres  et  des  immondices  :  ils  cherchè- 
rent de  l'huile  d'olive  pure  pour  allumer  le 
candélabre,  et  ils  ne  trouvèrent  qu'un  vase 
d'huile  scellé  de  l'anneau  du  grand  prêtre, 
et  ils  surent  que  c'était  de  l'huile  pure  ;  mais 
il  n'y  eu  avait  qu'une  Quantité  suffisante 
pour  un  seul  jour.  Mais  le  Dieu  du  ciel  donna 
sa  bénédiction,  et,  avec  cette  huile,  ils  allu- 
mèrent les  lampes  pendant  huit  jours.  Et  les 
filsd'Hassamen,  d'accord  avec  les  fils  d'Israël, 
firent  un  statut  pour  que  ces  huit  jours  fus* 
sent  dorénavant  consacrés  aux  festins  et  à 
l'allégresse,  comme  dans  les  autres  solenni* 
tés  prescrites  dans  la  loi,  et  pour  que,  pen- 
dant leur  durée,  les  lampes  fussent  allumées 
afin  de  rappeler  les  victoires  que  Dieu  leur 
avait  données.  Et  ils  prièrent  devant  elles. 
Et  les  fils  d'Hassamen,  et  les  fils  de  leurs 
fils  exercèrent  la  domination  depuis  ce  temps 
jusqu'à  la  désolatioT^  #!e  la  maison  de  Dieu, 
v'est-à-dire  pendant  deux  cent  six  ans.  Le9 


1 1 1  DICTIONNAIHE 

fils  d'Israël ,  depuis  ce  temps,  observent  ces 

{'ours  do  fête,  et  les  appellent  les  jours  du 
^anquclet  de  rallégresse»  et  ils  durent  de« 
puis  le  vingt-cinquième  jour  du  mois  de 
rasieu  (novembre)  jusqu'au  troisième  jour 
du  Hioisde  tevelh  (décembre).  El  les  prêtres, 
et  les  Lévites,  et  les  docteurs  qui  ont  été 
d<ins  la  maison  de  !a  sanctineation,  ont  re- 
commandé à  leurs  enfants  et  aux  enfants  de 


DES  APOCRYPHES.  Ili 

leurs  enfants  Tobservation  de  cette  fête  à 
tout  jamais.  Que  Dieu,  qui  a  fait  avec  eux 
des  miracles  et  des  merveilles,  fasse  aussi 
])0ur  nous  des  merveilles  et  des  miracles,  et 
que  notre  confiance  soit  ferme  en  ce  qui  est 
érrit  :  Selon  les  jours  de  la  sortie  delà  terre 
dEgypte  [Osée  ii,  15)  fais-nous  voir  tes 
merveilles.  Amen.  » 


APELLE. 

(  Evangile   d'Àpelle.  ) 


Saint  Jérôme  en  fait  mention  dans  Plntro- 
duclion  à  son  Commentaire  sur  saint  Mat" 
thieu^  ainsi  que  Bède  dans  son  Commentaire 
sur  saint  Luc. 

Apelle  était  disciple  de  Marcion,  et  vivait 
nu  ir  sir^cie.  Il  ne  parait  pas  qu'à  proprement 
parler  il  ait  rédigé  un  évangile,  mais  il  avait 
remanié  les  Evangiles canouiques,en  s'y  per- 
mettant des  suppressions,  des  interpolations 
et  des  modifications  dans  le  texte.  C'est  ce 
que  montre  un  passage  d'une  lettre  d'Ori- 
gène  contre  ceux  qui,  de  son  vivant,  avaient 
corrompu  ses  écrits,  lettre  citée  dans  \  Apo- 
logie  de  ^uWn  pour  Origène  :  Videte  qualipur- 
gatione  (adversarius)  disputationem  nostram 
purgavitf  tali  nempe  qnali  purgatione  Mar^ 
cion  Evangelia  furgavit  vel  Apostolum^  vel 
quali  succcssor  ejus  post  ipsum  Apelles.  Nam 
sicut  au  subverterunt  Scripturarum  verita- 
tem^  sic  et  iste  sublatis  quœ  vere  dicta  sunt  ad 
nostri  criminationem  inseruit  quœ  falsa  sunt. 


Saint  Epiphane  (hœres.  kï)  a  fait  du  travail 
d'Apelle  une  citation  fort  brève  :  Sic  enim^ 
aitfChristus  in  Evangeliis  dixit  :  EstoteproKi 
argentarii,  Utere^  inquit^  omnibus  ex  Script 
tura  quavis  utilia  seligens, 

Zachario  de  Chrysople,  qui  écrivait  aa 
X'  siècle,  iudique  c|u'Apelle  avait  compo>é 
des  écrits  pleins  d'idées  téméraires  :  Multi 
non  tam  numerositate  quam  haresium  diter» 
sitate  ut  Basilides  et  Apeiles^  temeraria  prœ^ 
sumptione  conati  sunt  scriberederebusnostrct 
salutis. 

On  peut  consulter  au  sujet  des  doctrines 
d'Apelle  :  Matter,  Histoire  du  gnosticisme, 
18^(3,  t.  I,  p.  300-312;  Tillemonl,  Mémoires 
pour  servira  Vhistoire  ecclésiastique^  L  li; 
Cave,  Historia  scrivtorum  ecclesiasticorum^ 
t.  I,  p.  83;  Walch,  K et zer historié,  t.  J, 
p.  i84-&37;  Neaader,  Genetische  entteickluhg 
der  vornehmsten  gnostischen  SyslemCf  BeriiQf 
1818,  in-8%  p.  276  313. 


APOTRES. 

ÉCRrrS    ATTRIBLÉS   OU   QUI   ONT   RAPPORT   AUX   APÔTRES. 


Symbole  des  apôtres. 

Rufin  d'Aquilée  rapporte  (107)  que,  sui- 
vant la  tradition,  le  Symbole  fut  composé 
par  les  apôtres  réunis,  chacun  d'eux  y  coo- 
pérant pour  un  esentence.,C'est  éi.;dlcment  co 
que  disent,  à  peu  près  dans  les  mièmes  ter- 
nies, Isidore  de  Séville  {De  Officiis  ecclesia* 
sticiSf  1.  Il,  c.  22),  et  l'auteur  d  un  sermon  sur 
le  Symbole,  rangé  dans  Tédition  des  Bénédic- 
tins (édit.  d'Amsterdam,  t.  Vl,  p.  758)  parmi 
les  écrits  faussemenlattribués  h  saint  Augus- 
tin. Unautre  sermon,  égalenientattribué,  mais 
à  tort,  à  ce  môme  Père  (t.  V»  serm.  2^0,  de 
l'édition  des  Bénédictins),  dit  que  lorsque  les 
apôtres  eurent  reçu  le  Saint-Esprit  le  jour 
delà  Pentecôte,  ils  prirent  successivement  l« 

farole.  Pierre  dit  :  «  Jb  crois  en  Dieu,  le 
ère  tout-puissant.  Créateur  du  ciel  et  de  la 
terre.  »  André  ajouta  :  «  Et  en  Jésus-Christ» 

(107)  f*?rai1unl  maiorcs  nostri,  quod  post  ascen- 
fiioiiem  Domifii,  cum  per  adveiiluiii  sancli  Spiritus 
(«ii|>cr  «ingiilot  quosque  apostolas  igncae  lingu»;  se- 
difsc'iil,  ul  loqtielis  dîvfisis  \ariisqiie  loqiierciitur, 
p(*r  quod  cis  lailla  gciis  cxtcra«  iiulla  liiigu.x*  liar- 
Luiics  iiiarcessa  vidtreiiir  cliiivia;  praci-rpluin  cis  a 
l^omino  datum  ob  pra'dicaiidiim  Dei  voibum  adsiii- 
£ulasqueinqueprolicisci  naiioncs.  Dltcessuri  iiaqtie 


son  Fils  unique,  notre  Seigneur.  »  Les  att^ 
très  apôtres  continuèrent  comme  suit  :  Jao* 
ques  :  «  Qui  a  été  conçu  de  l'Esprit-Saint, 
est  né  de  la  Vierge  Marie;  »  Jean  :  «  Qui  a 
souffert  sous  Ponce  Pilate,  qui  a  été  crucifié, 
est  mort  et  a  été  enseveli;  »  Thomas  :  «  Qui 
est  descendu  aux  enfers  et  qui  est  ressuscité 
d'entre  les  morts  le  troisième  jour;  »  Jac- 
ques :  «  Qui  est  monté  aux  cieux,  qui  est 
assis  à  la  droite  de  Dieu,  le  Père  tout-puis- 
sant; to  Philippe  :  «  D'où  il  viendra  juger  les 
vivants  et  les  morts.  »  Barthélémy  :  «  Jecrois 
en  TEsprit-Sainl;  »  Matthieu  :  «i  Lasainlo 
Eglise  catholique;  »  Simon  :  «  La  rémission 
des  péchés;  »  Thaddée:  «  La  résurrection  de 
la  chair;  »  Matthias  :  <i  La  vie  éternelle.  » 

Ce  qu'avance  l'auteur  de  ce  sermon  se  re- 
trouve (avec  quelques  chaiigemcnts  cepen- 
dant au  sujet  des  articles  attribués  à  tel  oo 

ab  Invicem,  normaro  prius  fuiuraQtilH  prardicalionia 
in  commune  constiluuni,  ne  forte  aliu»  ab  alio  ai>- 
ducli  diversum  aliquid  bis  qui  ad  fiJem  CbrisU  in- 
viuibanlur,  Oiponcrciit.  ONU)es  igîtur  in  iino  posili 
et  Spirilu  sancto  repleti,  brève  isiud  ftitiinc  sîbi, 
ut  dicimus,  'pra^dicationis  indicium  confcrendo  ia 
nnum  qood  scntiebat  iinusquisque  coroponunl,  ati|M 
banc  credentibiis  dandam  esse  regulaoi  slaluanL  i 


113 


APO 


PART.  111.  ^  LEGEiNDES  ET  FHAGMENTS. 


APO 


lli 


tel  apdtrc)  dans  l'écrU  de  Primînius,  auleur 
du  viii*  siècle,  sur  les  livres  canoniques  :  cet 
écrit  a  été  inséré  daus  les  Analecla  de  Mabil- 
lon  (»oy.  t.  iV,p.575  [108]).  Guillaume  Du- 
rand, dans  son  ouVMge  si  connu  (109)  sous 
le  lilre  de  RaiionaU  divinorum  Officiorum 
(lib.  IV,  cap.  De  symbolo)^  insère  aussi  ces  at- 
tributions, avec  quelques  raodificalions  nou- 
velles; dans  UB  autre  de  ses  ouvrages  il  con- 
vient, d'ailleurs,  que  cet  arrano'ement  est 
arbitraire  et  qu'il  ne  mérite  pas  qu'on  s'y 
arrête  (110). 

L'auteur  de  l'ouvrage  composé  au  moyen 
è^e  et  intitulé  f/ore/Mf  (111)  s'exprime  ainsi: 

Articuli  fidei  sunt  bis  sex  corde  tenenili 
Qtios  Chrihti  socii  docnerunt  Piieuinale  pleni  : 
Credo  Deum  Patrem,   Ptlrut  inquit,  cuncta 

[créante  n. 
Andréas  dixU  :  e.o  credo  Jesum  fore  Glirislum 
Couceplum,  iiaium.  Jacobus^  pjssuiuque.  Jo- 

[hannes 
Inféra  Philippus  fregit,  Thomasque  revixit. 
Scandit  BarUtolomeus  ;  veniet    censerc  Mat- 

[ihœus. 
Fncuma  tninor  Jacobut  ;  Simon   peccaia    re- 

[rniUil  ; 
Resiitujt  Judas  carnem  vitamque  Maihxas. 

Bivers  auteurs,  protestants  pour  la  plu- 
part, se  sont  occupés  de  la  manière  dont. le 
Symbole  avait  été  rédigé;  nous  en  citerons 
quelaues-uns  d'après  Fabricius  (Codex  apo- 
çryphuê  Nov.  Test,^  t.  Il,  p.  361)  : 

j.-G.  Neumann,  Dissert,  historico-theolo^ 
gica  de  conditoribus  Symboli  apostolici^  Wi- 
leberj^œ,  1694.  W.-E.  Tenlzel,  Disserl.  de 
Symbolo  aposiolico  (Ejcercii.  selectccy  pars  i, 
L'psiœ,  1692,  in-^'j.  (îisbert  \oeiy Dissert,  de 
Symbolo  apostolico{i.  1,  p.  66j.  J.-G.  Vossius, 
Liber  de  tribus  symbolis^  ApostolicOy  Atha- 
nasiano  et  ConstanlinopoUtanOy  Amsterdam, 
16i2»  in-4%  et  dans  ses  Opera^  1701,  in-fol., 
l.  Vi.  Moïse  AmyrauL,  Ëxercit.  ad  Symbo- 
lum  apostolicum,  p.  16.  J.-B.  Carpzov.,  Isa' 
gogead libros SymholicoSf  p.  ^O.J.-H.  Heideg- 
ger, Vissert.  de  Symbolo  aposiolico  (Exercitùti 
sciertŒf  t.  Il,  15).  J-C.  Suicer,  Thésaurus  ec* 
clesimHieuSf  L  11,  p.  1089. 

108)  f  El  cœpernnt  (aposloli)  loqui  alîis  linguis, 
el  competuerunt  Symboluin.  Petrus  :  Credo  in  Deum 
Patrem  omnipotentem ,  creatorem  cœli  et  terr». 
Jaannes  :  Et  in  Jesum  Cbristum  Filium  ejus  uni* 
ctim  Doiiûnum  nosirum.  Jacobus  :  Qui  coiiceptus 
c&l  de  Spirittt  saiicto ,  natus  de  Maria  Virgitie.  An-- 
drœûê  ail  :  Pasaus  sub  Pontio  Pilalo ,  crucifiKus, 
Biortuus  est,  el  sepuUus.  Pimlippus  dixii  :  Deseen- 
«lîi  ad  iuferna.  Thomas  ail:Tertia  die  surrexil  a 
iQortuis.  BùTikolomasus  ait  :  Ascendit  ad  coelos  :  ae- 
àei  ad  dexteram  Dei  Palris  omnipotentis.  Matthœns 
ail  :  Inde  veniurus  judicare  vivos  et  ntortuos.  Jaco- 
but Ahhmi  di\il  :  Credo  in  Spir ilum  sanclum.  Si- 
mon Zeloies  ait  ;  Sanctam  Ecclesiam  calbolicam. 
JudusJacobi  dixit  :  Sanctonim  comiiiunioneni,  re- 
uiisbionem  peccaloruiu.  llem  Thomas  ait  :  Cariiis 
reâ^urreciioMem,  vitam  apternam.  » 

(109)  On  sait  qu'il  existe  de  nombreuses  éditions 
de  cet  ouvrage,  dont}M.  J.  T.  Leclerc  a  donné  une 
Analyse  daus  VHisioire  litlérairede  la  France^  toni. 
XX.  La  première  édition,  imprimée  âMaycnce  par 
J.  Fus!  et  Pierre  de  Gernzheym  (Mayence  H59  in- 
fulio),  esl épaulant  plus  précieuse  qu'elle  passe  nour 
1«  premier  Yolume  imprimé  en  caracléres  mobiles 
é^  foule,  et  préseniant  une  data  ai  le  nom  de  l'iui  < 


Neuf  canons  décrétés  au  synode  d'Antioche 

par  les  apôtres. 

Fabricius  a  placé  dans  son  Coaex  apocry^ 
phus  Novi  Testamenti^  f.  11,  p.  336,  les  ca- 
nons d'un  synode  tenu  par  les  apdtrcs  à 
Anlioche;  leur  aulhenticilé  n*est  nullement 
admise.  Ils  ont  élé  publiés  pour  la  première 
fois  par  Français  ïurrianus  (lib.  i  Pro  ca- 
nonibus  apostolicis ,  adtersus  Cenluriatores 
Magdeburgicos ,  cap.  25);  il  dit  les  avoir 
trouvés  dans  un  fort  ancien  manuscrit  de 
saint  Pamphyle  martyr.  Baronius (ad  an.  102, 
n**  19)  les  a  donnés  ensuite,  avec  quelques 
différences;  de  là  ils  ont  passé  dans  les  re- 
cueils de  conciles  de  Binlus  (t.  1),  et  de  f^b- 
be  (l.  I,  p.  02);  Hardouin  les  a  rejelés 
comme  supposés.  C'est  aussi  Topinion  qu'a 
défendue  J.  Dallé  {De pséudepigraphis  apos- 
tolicis ^  c.  22-25),  el  ses  arguments  ont  élé 
succinctement  reproduits  par  Anl.  Pagi 
{Critica  BaronianUf  ad  an.  56),  et  par  Noël 
Alexandre  (Hist.  ecclesiast.f  sœc.  i,  dis- 
sert. 20). 

Les  Actes  des  apôtres  f  ch.  xi,  v.  26)  ap- 
prennent que  saint  Paul  et  saint  Barnabe 
passèrent  une  année  à  Antioche,  et  que  ce 
fut  là  que  les  disciples  commenceront  à  être 
nommes  Chrétiens.  Tel  est  sans  doute  le 
fait  qui  a  servi  de  base  aux  canons  que  nous 
allons  traduire  : 

I.  AQn  que  ceux  qui  croient  dans  le  Sel* 
gneur  Jésus,  et  que  Ton  a  jusqu'à  présent 
appelés  Galiléens,  soient  dorénavant  ai»pelés 
Cliréliens  (112). 

II.  AQn  c^ue  ceux  qui  reçoivent  le  baplé- 
me  ne  soient  plus  circoncis  à  la  manière 
des  Juifs,  le  baptême  étant  une  circoncision 
non  opérée  à  la  main. 

III.  Atin  que  les  hommes  de  (oui  pays  et  de 
toule  classe  soient  admis  à  la  foi  orthodoxe. 

IV.  Eviter  l'avarice  et  les  gains  illicites. 

V.  Réprimer  l'inlempérance,  éviter  le 
spectacle  des  jeux  qui  se  célèbrent  dans  les 
cirques  et  s'abstenir  du  serment. 

VI.  Eviter  les  conversations  indécentes  et 
les  mœurs  des  gentils. 

primeur.  Une  vieille  traduction  française  publiée  à 
Paris  en  1503  par  Ant.  Yerard  n*a  d'autre  mérite  que 
celui  de  la  rareté;  M.  Ch.  Barthélémy  en  a  récem- 
ment entrepris  une  autre. 

(tlO)  €  Alii  assignant  distinctîonem  et  numenini 
articulorum  secundum  nunierum  apostolorum,  qui 
primum  Symbolum  condidcrunt.  Sed  quia  talis  as- 
signatio  per  accidens  est  et  nimis  ariiBcialis,  ideo 
dimitlitur.  i  (Sentent,  lib.  m,  dist.  25,  qu.  3,  n.  9.) 

(111)  Floretus,  quasi  flos  de  saerœ  Scrîpiurœ  libris; 
c*e&l  un  peiU  poème  contenant  MG8  vers  latins  ri- 
mes dits  léonins.  11  a  été  mal  à  propos  attribué  À 
saint  Bernard.  Il  a  eu  dès  Tan  U73  plusieurs  édi> 
lions  séparées.  Il  en  eiisle  une  traduction  française 
en  vers  de  8  syllabes  dont  on  peut  citer  deux  édij 
tions  très-peu  communes  aujourd'hui  :  Rennes,  1485 
in-'i'',  et  in-8«,  sans  lieu  ni  date. 

(112)  fiaronrus  et  Binlus  lisent  diseîpulos  au  lieu 
de  Gatilœos  Fabricius  fait  Tobscr^aiion  suivante  : 
f  Csetcrum  Galilasorum  nomine  Chrittiani  veniunt 
pridem  ante  Julianum  etiam  Luciano  in  Phiiupn- 
tride  qui  nt  Pagio  prol)e  observatum  Pauluni  FaXU 
Xaiiov  appellat  :  et  nota  îudxorum  blàsphcmia  apud 
iusttnuin  mariyrem  de  socta  a  Jesu  Galiîjoo.  > 
(Malth.  XXVI,  69.) 


115 


DICTIONNAIRE  DBS  APOCRYPHES. 


lie 


VII.  Pour  que  les  Cbréliens  s'abstiennent 
du  sans  y  de  la  chair  des  animaux  suffoqués 
et  de  là  fornication;  (prescription  renou- 
velée parle  décret  du  synode  de  Jérusalem. 
(Âct.  ïv,  20.) 

VIII.  <}ue  les  fidèles  ne  tombent  pas  dans 
Terreur  à  cause  des  idoles ,  mais  qu'ils  pei- 
gnent au  contraire  l'effigie  dirine  et  humaine 
du  Sauveur  Jésus-Christ  le  Dieu  vivant,  ré- 
sistant ainsi  aux  idolâtres  et  aux  Juifs.  QuMIs 
ne  croient  point  aux  idoles  et  qu'ils  ne  se 
rendent  pas  semblables  aux  Juifs  (113). 

IX.  Que  lesChrétiens  n'imitent  pas  les  Juifs 
en  s'abstenantdecertaines  nourritures;  qu'ils 
fassent  mômeusagede  lacbairde  porc, car  le 
Seignaur  a  dit  :  Ce  ne  sont  pas  les  choses 
qui  entrent  dans  la  bouche  qui  souillent  TAom- 
me,  mais  celles  qui  sortent  de  la  bouche 
{Matth.  xvy  11),  parce  que  celles-ci  sortent 
du  cœur.  Qu'ils  ne  suivent  pas  selon  la  lettre 
les  prescriptions  des  Juifs,  mais  qu'ils  se 
conduisent  selon  l'esprit  et  la  raison.  La 
Synagogue  des  Juifs  a  le  pourceau  en  hor- 
reur, mais  elle  vit  d'une  manière  honteuse, 
et  elle  est  dans  les  liens  de  l'iniquité  comme  a 
dit  le  Prophète  :  Ils  se  sont  saturés  de  la  chair 
du  porc^  et  ils  en  ont  laissé  les  restes  à  leurs 
petits,  (Psal,  xvii,  ik.)  De  môme  il  n'est  pas 
interdit  aux  Chrétiens  de  se  nourrir  de  tes- 
lacées  et  de  poissons  sans  écaille.  On  peut, 
tout  en  vivant  selon  l'esprit,  user  de  testa- 
ێes  comme  d'un  aliment,  tandis  que  les 
hommes  dont  le  cœur  est  stupide  et  imprudent 
rejettent  la  prédication  de  la  vérité  comme 
on  rejette  la  coquille  d'un  animal  aquatique.» 

Des  écrits  portant  le  titre  de  Doctrine^ 
Didascalie  ou  Canons  apostoliques ^  sont  ré- 
pandus dans  l'Orient  ;  les  Coptes  les  connais- 
sent, et  Ludolphe  dans  son  Historia  Mthio^ 
pica^  p.  334,  observe  c]u*il  en  est  fait  men- 
tion dans  la  confession  de  Claude,  roi 
d'Abyssiuie. 


^  •« 


(115)  Dans  les  Actes  da  second  concile  de  Nicëe, 
(pnu  en  787,  Tévèque  Grégoire  s*appuya  sur  Taulo- 
riié  du  canon  que  nous  venons  de  relaier,  et  le  ciu 
en  ces  termes  :  i  Et  que  les  fidèles  ne  soient  plus  dans 
TerreuK  au  sujet  des  idoles ,  mais  qu*ils  se  fassent 
Timage  de  la  statue  virile  de  Dieu  (Dei  statuam 
virilem)^  de  Notre-Seigneur  Jésus-Clirist.  > 

(lli)  c  Pi-ff-terea  aposiolorum  aWoa.  Actus  appel- 
lant,  in  quibus  plurinia  sunt  impietatis  itlorum  vo- 
Bligia.quique  potissimum  auctorilate  libri  ad  oppu- 
gnandam  veriiatem  annantur.  Quippe  certes  illic 
Itradus  in  iisque  Jacobi  narrationes  quasdam  ex- 
plicant,  quibus  adversus  teniplum  et  sacrîficia, 
ixnemque  qui  est  in  altari ,  declamans  inducitur. 
Acceduni  et  alfa  quam  pluiiroa  longe  stolidissima. 
Ut  vel  Paulum  ipsum  ilLîc  accusare  non  erubuerint 
loendacissimis  quibusdam  sermonibus  quos  falso- 
rum  ex  lilo  grege  apostoloruin  error  atque  impro- 
bitas  excogitavit.  Siquidem  Tarsensem  iUum  nomi- 
iiantes,  id  quod  ipsc  non  negat,  imo  palani  proflte- 
baïur,  addunt  et  a  geutilibus  oriunduro  esse,  cujus- 
dam  occasîoue  loci  quod  Tarsensis  esset,  liOn 
obscurae  urbis  civis.  Ilaque  gentilcni  fuisse  affirmant, 
ulroque  parente  penlîli  procreatum;  cuinque  Hiero- 
bolymaro  accessisset ,  et  ibidem  aliquaiidiu  man- 
Mssct,  pontilicis  Tiliaro  ducere  statuisse;  quare 
prosclyturo  se  fecissc  ac  cinrunicisionem  usur- 
passe; postea  quod  ab  eo  conjiiglo  cxcittisficl,  iratum 


Un  livre  de  La  doctrine  des  apiires  t$i  cité 
dans  le  Synopse  de  VEcriture  sainte^  attribué 
à  saint  Athanase  (t.  II,  p.  202,  de  l'édition 
des  Bénédictins).  C'était  un  ouvrage  consi- 
dérable, car  il  se  composait  de  six  mille  vers 
selon  la  Stichométrie  imprimée  à  la  suite  de 
la  Chronographie  de  Nicéohore  (p.  312),  édi- 
tion de  Scaliger. 
1  Actes  des  apôtres  à  Fusage  der.  ébionites. 

Il  en  est  question  dans  saint  Epipbane 
(hœres.  30,  n.  16),  qui  les  représente  comme 
remplis  d'erreurs  et  de  faussetés  ridicules. 
Ils  en  contenaient  des  récits  fabuleux  à  l'é- 
gard de  saint  Paul,  qui  était  représenté 
comme  ayant  abjuré  l'idolâtrie  et  ayant  em- 
brassé le  judaïsme,  atin  d'épouser  la  fille 
du  grand  prêtre.  Saint  Jacques  y  était  in- 
troduit comme  déclamant  contre  le  temple  et 
contre  les  sacrifices  (11^). 

Les  ébionites  donnaient  au  judaïsme  la 
prédominance  dans  leur  doctrine.  Ils  regar- 
daient comme  obligatoires  toutes  les  céré- 
monies de  la  loi  ;  pour  eux  Jésus-Christ  n'é- 
tait qu'un  homipe,  ûls  de  Joseph  et  de  Marie. 
Ils  rejetaient  tous  les  Evangiles,  excepté 
celui  de  saint  Matthieu  ,  où  ils  ne  trouvaient 
pas  de  témoignages  aussi  formels  du  dogme 
qu'ils  comballaientl, 

Paul  Orose  a  fait  mention  d'un  ouvrage 
atttrihué  aux  apdtres  par  des  hérétiques  du 
V  siècle.  Foy.  son  Avertissement  sur  les 
erreurs  des  priscillianistes  et  des  origénistes^ 
écrit  qui  figure  dans  les  œuvres  de  saint 
Augustin,  en  tète  de  son  livre  contre  les 
priscillianistes  (115). 

Transcrivons  ce  passage  assez  digne  d'at- 
tention. 

Tradidit  autem  (  Priscillianus  )  nomina 
patriarcharum  memhra  esse  mimœ ,  eo  quod 
esset  Rubenin  capite,  Juda  in pectore^  Levi  in 
corde^  Benjamin  in  femoribus^  et  similia.  Con» 
tra  autem  in  membris  corporis  cœli  signa  (116) 


adversus  circumcîsioiiero  et  Sabbatum  legemqoe 
scripsisse.  i 

(145)  S.  Atf^tfsrinî  Opéra  (edit.  Denadîct.,  I. 
TIll,  p.  611).  Nous  n'avons  pas  liesoin  de  dire  que 
ces  bérétiqucs  devaient  leur  nom  k  Tespagnoi  Pris- 
cillien  qui,  vers  la  fin  du  iv«  siècle,  précba  un  sys- 
tème où  dominaient  des  idées  empruntées  aux  gnos- 
liques.  (  Voy,  Sul  pi  ce-Sévère ,  llist.  sacra ,  n  , 
4(>'5I  ;  Antonio,  BitUùlheca  Hitpana  têtus ^  t.  1, 
p.  168  ;  Ceillier,  Hinoire  générale  dés  auteurs  sacrés, 
t.  V.  p.  630»  t.  Vlll,  p.  451  ;  Schroc  k,  Kireheft- 
geschichîe^  Lcipz'g,  1768-1805,  35  vol.  in-8*,  I.  XI, 
p.  316-535;  Walcb,  Gesctiichteder  Keitereien^  Leip- 
zig, 176:2-85,  11  vol.  în-8%  t.  III,  p.  578-481;  F. 
Girvcsi,  Distert,  ctironol.  de  historia  Priuilliamsia* 
rttifi,  Romae,  1750,  in-8*  ;  S.  de  Vhes,  Dissert,  critica 
de  Priieillianisiis,  eurumque  fatis^doctrinis  ef  m9rh 
bus,  Traj.  ad  Rben.,  1745,  in-4-.) 

(116)  Fabricius  place  ici  la  note  suivante  :  c  Con- 
fer  Augustinum,  De  hœres, ^  c  70;  Leonem  Magnum, 
cpist.  95  ;  Synoduni  Braccarensem  ,  can.  tl ,  10  ; 
J.  Molanuin.  ifûl.  sacrarum  imaginum^  I.  n,  c.  i6. 
Porro  aniiquum  boc  superstitionis  astrologie»  gu- 
nus,  de  quo  vide  Maniiium,  1.  n,  v.  456;  Jubum 
Firmicuro  ,  I.  n,c.  27;  Seitum  Emptricum .  I.  v 
Advenus  maihemadcos  ;  Kirchnerum  ,  iÉkdipus 
A'gypiincuif  part,  ii,  p.  188,  558,  509^  > 


in 


Aro 


PART.  III.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


APO 


lié 


9Ut  diâpoêita^  id'  est'arieiem  in  capiie^ 
loiiniiii  m  cervice^  geminos  in  brachiis^  can^ 
cmm  m  pectore^  ete,  Volens  subinUliigi  tene- 
braswiernaê  et  ex  his  principem  mundi  prn- 
testiêse.  Et  hoc  ipsum  confinnans  \ex  libro 
qnodam  fUi  inscribitur  Memoria  apostoh- 
rum^  uôi  Salvator  interrogari  a  diecipulis 
ridetur  secretOj  et  ostendere  quia  de  parabola 
evangelica  quœ  kabet  :  «  Exiit  seminans  semi^ 
nare  semen  suum  »  (Matth.  xiii ,  3) ,  non 
fueriî  seminalor  bonus:  asserens^  ^uia  si 
bonus  fuisset^  non  fuisset  negligens^  vei  secus 
riant,  tel  in  petrosis ,  vd  in  incuUis  jacere 
semen;  volens  inteltigi  hune  es$e  seminantem 
gui  animas  captas  spargeret  in  corpora  dl- 
rersa  quœ  vellet.  Quo  etiam  in  libro  de  prin- 
cipe  humtdorum  et  de  principe  ignis  pïurima 
dicta  suntn  volens  inêeltigi  arte^  non  potentia 
Dti  omnia  bona  agi  in  hoc  mundK>,  Dicit  enim 
esse  virginem  quamdam  lucem  quam  Deus  vo- 
ims  dore  pluviam  hominibus^  principi  humi- 
dorum  osieÂditf  qui  dum  eam  apprehendere 
e^pilf  commotus  consudal  etlpluviam  facile  et 
dtstitutus  ab  ea  mugitu  sho  tonitrua  concitat. 

Fragments  des  Apôtres. 
Etienne  Prœlorius  publia  en  1593,  à  Ham- 
boarg,  in-i''  en  allemand ,  sous  ce  titre  up 

£ea  pompeux,  à  la  suile  de  la  prétendue 
pitre  de  saint  Paul  aux  Laodicéens^  des  sen- 
tences altribuées  aux  apôtres  et  puisées  dans 
tes  Récognitions  Clémentines^  dans  Y  Histoire 
apostolique  d*Abdias  et  dans  Vincent  de 
RcauTais.  Fabricius  {Codex  apocr,  Nov. 
Tesl.^  t.  I,  p.  928)  a  reproduit  ce  travail,  qui 
a  du  moins  le  mérite  de  la  brièveté. 

On  trouve  dans  le  recueil  des  ouvrages 
posthumes  de  Pithou  un  traité  intitulé  Le» 
sorts  de.*iïp<^(re5.  C'est  apparemment  le  même 
i|ue  celui  oui  est  condamné  comme  apocry- 
phe par  leclécretdeGélase,  décret  qui  frappe 
éj^alement  Les  louanges  des  apôtres  ^  pro- 
duction que  le  temps  a  fait  disparaître. 

Cn  fragment  grec  publié  par  Du  Cange, 
d'après  deux  manuscrits  de  la  bibliothèque 
du  Roi  {ad  calcem  Chronici  paschalis^  1688, 
in-fol.,  p.  &37),  et  par  Cotélicr  {ad  Côns- 
titut.  apostoL^  lib.  ii,  c.  ull.)»  a  été  repro- 
duit par  Fabricius  {Codex  apocryphus  Nov. 
Test,  f  U  II  f  p.  590).  Il  donne  les  noms 
des  })arenls  ues  douze  apôtres  :  Pierre 
et  André,  tils  de  Jean  et  de  Jeanne;  Jacques 
et  Jean,  fils  de  Zébédée  et  d'Hiéroctée;  Phi- 
lippe,  fils  de  Philisanon  et  de  Sophie  ;  Tho- 
mas  ou  Didyme,  fils  de  Diophane  et  de  Roa; 
Barthélémy,  fils  de  Sosthene  et  d'Uranie  ; 
Taddée,  fils  deNécrophane  et  de  Séléné  ;  Jac- 
ques, fitsd'Andron  et  d'Euiychie;  Matthieu^ 
tils  de  Rufus  et  de  Chérotée  ;  Simon  le  Ca- 
nanéen, fils  de  Gallion  et  d'Ammia;  Simon^ 
surnommé  Zélotes,  fils  de  Z^non. 

Constitutions  et  Canons  des  apôtres. 

Ces  écrits  ont  été  compris  à  diverses  re- 
prises dans  les  Œuvres  de  saint  Clément  le 
Romain,  d'après  Tautorilé  d*anciens  monu- 
ments qui  lui  en  attribuent  la  rédaction. 
Les  constitutions  et  les  canons  des  apôtres 
ont  été  Tobjel  des  travaux  d*uR  savant  allé* 
mand»  te  docteur  J. -S.  de  Drey  [Neue  Unier- 


suchungen  ueber  die  Constitutionen  und  Ka^ 
nonen  der  Apostel.) 

Le  Journal  de  Vïnstruction  publique  a 
publié  dans  son  numéro  du  5  octobre  1854, 
p.  86,  un  article  signé  Ad.  T.  qui  donne  sur 
les  Constitutions  y  et  d'après  Tauteur  alle- 
mand que  nous  venons  de  citer,  des  détails 
dont  nous  offrirons  un  résumé  : 

Les  Constitutions  apostoliques  se  montrent 
au  commencement  du  iv  siècle.  (Eusèbe 
{Hist.  ecc/cf  .,1.  III,  c.  25)  semble  les  mention- 
ner au  nombre  des  livres  apocryphes,  vo6«; 
il  les  présente  sous  un  titre  un  peu  modifié  : 

Tûv  ocTroar^XMV  «é  Xtyojicffvai  ài$ax,Ai.  Saint  Atha- 

nase  {Epist.  Fest,)  en  parle  comme  d'un 
livre  qui  n'était  pas  regard4S  comme  ca- 
nonioue,  mais  que  les  évèques  faisaient 
toutefois  lire  devant  les  fidèles;  ailleurs 
{Synops.  S.  Script.)  il  le  range  parmi  les 
ouvrages  sujets  à  controverse,  «vTatyoutw. 
Saint  Kpiphane  le  d'ésigne  sous  le  titré  de 
Constitution  des  apôtres^  et  il  observe  que 
l'authenticité  de  ce  livre  était  contestée, 
mais  qu'il  ne  devait  cependant  pas  être  re- 
jeté, car  il  contient  des  renseignements  pré- 
cieux et  il  n'offre  rien  de  contraire  à  la  foi 
ou  è  la  discipline  ecclésiastique. 

Crabbe  en  publia  le  premier  des  extraits 
en  latin  dans  la  première  édition  de  ses 
Conciles  y  1557;  Bovins  en  donna  une  tra- 
duction complète  que  Surius  a  insérée  dans  . 
sa  Collection  des  conciles,  1567, 1585.  Nico- 
linus  en  fit  une  autre  traduction  (Venise, 
1563),  Turrianus  la  revit  et  y  ajouta  des  notes 
(Anvers,  1578);  elle  a  reparu  dans  la  collec- 
tion des  conciles  de  Biniu's,  1606,  et  dans 
quelques  autres.  Le  P.  Fronton  Duduo  pu- 
blia le  texte  çrec  d'après  Zonaras  avec  une 
traduction  latine;  ce  travail  servitdebaseàla 
publication  que  Ht  Cotelier  dans  ses  Patres 
apostolici.  (L'édition  d'Amsterdam,  1724, 
2  vol.  in-f",  renferme  sur  les  Constitutions 
et  sur  les  Canons  apostoliques  de  longs  tra- 
vaux des  protestants  G.  Beveridge^,  Th.  Bru- 
non  et  J.  Leclerc.) 

On.  voit  d'après  les  passages  des  Pères  que 
nous  avons  cités,  qu'au  iv  siècle  les  Cons- 
titutions  apostoliques  trouvaient  des  adver- 
saires de  leur  authenticité,  mais  qu'elles 
jouissaient  cependant  d'assez  d'estime  pour 
qu'on  crût  pouvoir  les  lire  publiquement 
dans  les  assemblées  des  fidèles;  celte  estime 
s'accroît  à  mesure  que  l'origine  du  livre  vaen 
s'éloignanl;  l'auteur  d'un  Commentaire  sur 
saint  Matthieu,  inséré  dans  les  OËuvres  de 
saint  Chrysoslome,  donne  à  entendre  qu'il 
regarde  cette  production  comme  émanant 
des  apûtres;  jusqu'au  vu*  siècle,  les  opinions 
se  partagent.  Le  canon  2  du  concile  m 
Trullo  se  fait  l'image  de  ces  hésitations 
lorsqu'il  rejette  les  Constitutions  aposto- 
liques du  nombre  des  livres  saints  à  cause 
des  interpolations  qu'elles  ont  subies.  Kn  Oc- 
cident, le  concile  tenu  à  Rome  sous  le  Pape 
Gélase,  l'an. 494,  a  rangé  les  Constitutions 
parmi  les  apocryphes,  et  ce  décret  fixe  Topi- 
nion  de  i'K^^lise. 

Au  xvr  siècle,  .orsque  le  texte  de  ces 
ConstUHiions  fut  mis  bOus   les   yeux  dei 


119 


DICTiONNAFRC  DES  APOCRYPHES. 


liO 


savants,  lorsque  des  traductions  les  fami-* 
Uarisèrent  avec  les  lecteurs  peu  au  faîi  de  la 
langue  grecque  «  on  reclicrcha  quelle  était 
la  source»  la  taleur,  réuooue  de  la  compo- 
sition du  livre. 

Un  examen  superficiel  montrait  nu'il  ne 
remontait  pas  au  i"  siècle;  Tensenible  pré* 
sente  la  discipline,  la  hiérarchie,  la  liturgie 
en  vigueur  au  iv*  siècle.  Mais  en  même 
temps  il  rè^ne  dans  ce  livre  Tesftrit  dire- 
lien,  une  simplicité  vraiment  apostolique, 
unn  pureté  de  doctrine  remarquable,  et,  en 
maint  passage,  on  croit  reconnaître  le  lan« 
ga;çe  des  apùlres. 

Parmi  les  modernes,  les  premiers  éditeurs, 
Ilovius  et  Turrianus,  les  rej^ardaieht  comme 
authentiques.  Les  iliéolo^iens  anglicans  se 
sont  en  général  rangés  de  cet  avis,  dans  le 
but  de  combattre  les  presbytériens  qui  ru- 
poussaient  toute  hiérarchie. 

Les  écrivains  c&tholii]ues  L?s  plusestimés 
ont,  au  conlrairo,  refusé,  avec  raison,  de  voir 
Tœuvre  des  apôtres  dans  ces  Constitutions: 
tel  est  ravis  de  divers  cardinaux  illustres,  de 
Baronius  qui  Jes  tient  cependant  pour  iden- 
lifjnes  avec  les  àtoa/^ai  d'Eusèbe  et  de  saint 
Alhanase,  de  Bellarmin,  de  Bona  qui  main- 
tient judicieusement  qu'elles  sont  anté- 
rieures au  concile  de  Nicée  et  qu'elles 
contiennent  la  discipline  en  vigueur  dans 
r£glise  jusqu'à  Constantin. 

L*évèque  anglican  Vévéridge  pense  que 
Clément  d'Alexandrie  a  pu  en  être  l'auteur, 
et  Basnage  est  disposé  à  y  voir  ToBuvre  de 
&aint  Hippol^'te. 

Mémo  variété  d'opinions  quant  au  texte 
même  de  ces  Constitutions.  Usser  suppose 
qu'elles  ont  été  interpolées  au  vi*  siècle. 
Tillemont  partage  cette  fnçon  de  voir.  Snan- 
heim,  cherchant  dans  l'histoire  des  points 
de  comparaison,  avance  qu'une  partie  de  ces 
prescriptions  étaient  en  vigueur  vers  la  fin 
du  m'  siècle  et  que  le  tout  doit  être  rc- 
])orté  à  la  fin  du  v*.  Cotelier  regarde  comme 
certain  que  les  Constitutions  no  sont  ni  des 
apôtres,  ni  de  saint  Clément.  Elie  Dupin 
leur  donne  pour  date  le  m*  ou  tout  au  plus 
le  IV*  siècle. 

La  première  question  qu'il  faudrait  ré- 
soudre serait  celte  si  les  ^i^a/^mi  d'Eusèbe  et 
de  saint  Athanase,  la  AiâcraSt.-'de  saint  Epi- 
phane  sont  identiques  avec  les  Constitutions 
que  nous  iiossédons.  Cotelier  et  Dupin  ont 
discuté  ce  problème,  mais  d'une  manière 
insuiQsnnle.  Au  lieu  de  se  préoccuper  du 
contenu  de  ces  ouvrages,  ils  se  sont  arrêtés 
à  examiner  les  titres  sous  lesquels  les  Pères 
les  indiquent  et  les  citations  qu'ils  en  font. 

Une  autre  question  devrait  aussi  être  sé- 
rieusement étudiée;  les  Constitutions  o\]i'' 
t-elles  été  interpolées?  Rien  è  cet  égard  ne 
se  trouve  dans  les  Pères  du  iv*  siècle;  le 
concile  in  Trullo  est  le  premier  qui  fasse 
mention  de  ces  inlerpo'aliuns,  mais  les  évo- 
ques réunis  dans  cette  assemblée  attribuent 


le  livre  dont  il  s'agit  è  ^aîAt  Clément  do 
Rome;  ils  devaient  donc  considérer  comme 
des  interpolations  tout  ce  qui  oe  se  rappor- 
tait pas  aux  temps  apostoliques.  En  repor- 
tant l'ouvrage  à  sa  véritable  date,  l'argu- 
mentation tombe  d'elle-même,  et  l'interpo- 
lation reste  sans  preuve. 

Examiner  avec  soin  le  contenu  des 
Constitutions^  leur  forme»  les  particularités 

au'elles  présentent,  c'est  le  seul  moyen 
'arriver  à  quelque  donnée  vraisemblable 
sur  le  nom  de  leur  auteur  et  sur  l'époque 
de  leur  rédaction. 

Cet  examen  mène  aux  résultats  suivants  : 
Les  Constitutions  apostetiguesy  telles  que 
nous  (es  possédons  aujourd'hui,  se  compo- 
sent de  quatre  écrits  différents;  le  premier 
(et  son  étendue  est  la  plus  considérable] 
forme  les  six  premiers  livres;  le  second 
forme  le  se|Hième  livre;  le  troisième  com« 
pose  le  huitième  livre  jusqu'à  la  fin  du  M* 
chapitre;  le  quatrième  comprend  le  reste  du 
huitième  livre  et  les  quatre-vingt-cinq 
canons. 

Ces  divers  traités  sont  ranzés  dans  Tordre 
chronologique  ;  la  rédaction  des  six  premiers 
livres  doit  êlre  rapportée  è  la  seconde  moi- 
tié du  m'  siècle,  le  se()tième  et  le  huitième 
appartiennent  au  iv*  siècle,  à  l'époque  où 
les  Chrétiens  commencèrent  à  jouir  de  quel- 
que repos,  sGus  Constantin  et  Licinius;  il 
serait  plus  difficile  de  déterminer  avec  une 
certaine  précision  l'époque  de  la  rédaction 
des  Canons.  Le  premier,  le  troisième  et  le 
quatrième  traité  sont  d'auteurs  différents; 
pour  le  second  on  ne  saurait  affirmer  si  c'est 
une  addition  au  premier  ou  un  ouvrage  en- 
tièrement distinct.  Ils  ont  du  être  rédigt'S  en 
Orient,  peut-être  en  Syrie  ou  en  Palestine, 
et  ils  ont  été  réunis  très-vraisemblablement 
avant  saint  Epiphane  par  un  compilateur  in- 
connu. 

Dans  les  éditions  actuelles,  les  huit  livres 
sont  mai  coupés  et  les  rubriques  n'indiquent 
pas  exactement  ce  que  les  chapitres  contien- 
nent. Il  y  a  d'ailleurs  des  lacunes  évidentes 

ui  s'aperçoivent  surtout  dans  le  premier  cl 

ans  le  quatrième  livre. 
Le  premier  livre,  lapl  ).aaiûy,  contient  des 
M'éceples  généraux  contre  l'avarice,  la  haine» 

a  vengeance,  l'orgueil,  la  prodigalité,  ^o^^i- 
vtté,  la  paresse,  l'impudiciié,  la  loquacité  et 
la  colère.  On  y  recommande  vivement  ta 
lecture  des  Livres  saints,  ce  qui  témoi^^ne 
de  la  diffusion  des  saintes  Ecritures  à  celle 
époque  et  d'une  culiure  intellectuelle  plus 

S;énérale  qu'on  ne  le  sup|)0sc  ordinairiMiient. 
^armi  les  détails  de  mœurs  un  remart]ue.''a 
les  conseils  donnés  aux  femmes  de  ne  pa>  .se 
baigner  dans  les  bains  communs  aux  drux 
sexes,  d<*  ne  pas  se  baigner  tous  les  jour2>  et 
de  choi.sir  la  dixième  heure  de  prefértMice 
au  milieu  du  jour  (117j.  Ces  cunseits  se 
reirouveul  dans  Tertullipn,  dans  saïut  Cj- 
prien,  dans  Clément  d'Alexandrie 


3 


(117)  <  Dovila  confusnm  uiin  cum  vins  in  baliieo  facial,  neque  inii'lam,  iioqiie  frequcntem,  nequc  In 
lotioiieni;  roulta  ciiim  sunt  relia  innli.  Millier  IMe-  lucritlie,  soil  si  Ueri  potesl,  iioque  de  die,  hura  %i\ 
|i»  cum  viris  ne  lave*..  .  iioqtic  titperituam  l  )(iuncui      tibi  constilula  butiico  itecima.  > 


{ii 


APO 


PART.  IH.^  LEGENDES  ET  FHAGMENTS. 


AFO 


122 


Le  n*  Virr^  De  tpiscopii^  presbyttris 
H  diaconiSf  traite  en  soixante-sept  chapi- 
tres des  devoirs  du  clergé«  et  il  entre  dans 
ties  détails  qui  |>euyent  servir  à  fixer  l'épo- 
que de  sa  rédaction  ;  Inen  qu'il  y  soit  ques- 
tion de  toute  la  hiérarchie  ecclésiastique, 
jusqu'aux  portiers,  lecteurs,  chantres,  diaco- 
nesses, on  s*3rréte  surtout  sur  l'épiscopat, 
très-peu  sur  les  devoirs  des  prêtres  qui  se 
confondent  du  reste  en  partie  avec  les  de- 
voirs des  évèques,  mais  on  expose  longue- 
ment les  devoirs  des  diacres  (pii  doivent  être 
l'œil,  l'oreille,  la  bouche,  le  cœur  et  l'âme 
de  l'évê  |ue,  ce  qui  est  encore  une  trace  d'an- 
tiquité, ainsi  que  les  prescrif)tions  sur  la 
juridiction  épiscopale.  Puis  viennent  des 
préceptes  sur  le  service  divin  du  dimanche, 
sur  les  prières  du  matin  et  du  soir  qui  se 
faisaient  tous  les  Jours  en  commun  dans 
réglise.  On  invile  les  Chrétiens  à  ne  pas  mon- 
trer moins  d'empressement  que  les  païens  et 
les  Juifs;  cette  recommandation,  rapprochée 
de  la  défense  d'entrer  dans  les  temples  et 
dans  les  synagogues,  montre  que  ce  livre  a 
été  rédigé  à  une  époque  où  le  paganisme 
éiiiit  encore  en  vigueur. 

Le  ni*  livre  traite,  jusqu'au  chapilre 
15.  des  veuves,  de  l'âge  auquel  elles  peu- 
vent s'engager  au  service  de  l'Eglise,  de 
leurs  devoirs.  Les  derniers  chapitres  sont 
consacrés  au  baptême  et  à  l'ordination  des 
diacres,  prêtres  etévêques. 

Le  IV'  livre  emploie  les  dix  premiers 
chapitres  à  traiter  des  orphelins  et  des 
)iauvres,  ainsi  que  du  devoir  imposé  aux 
Chrétiens  de  recueillir  les  uns  et  de  soula- 
er  les  autres.  Leschapitressuivanls  règlent 
es  rapports  des  parents  et  des  enfants,  des 
luailres  et  des  serviteurs,  des  supérieurs  et 
des  inférieurs.  Ce  livre  est  incomplet. 

Les  douze  premiers  chapitres  du  v* 
livre  sont  consacrés  aux  martyrs,  les  huit 
chapitres  sui  vants,  aux  jours  de  fêle,  aux  vigi- 
le$etàrobservaliondujeûneduCarême,que 
Tou  distingue  du  jeûne  de  la  semaine  sainte 
ou  de  Pâques;  ce  dernier  jeûne  était  beau- 
coup plus  austère..  Tout  ce  que  les  Chrétiens 
épargnaient  en  jeûnant  devait  être  donné 
aux  pauvres. 

Le  vr  ii  vre,  De  schismale,  traite  des  hérésies 
et  des  schismes.  Il  énumère  les  sectes  héré- 
tiques chez  les  Juifs  et  chez  les  Chrétiens, 
les  écrits  dangereux  des  sectaires,  les  livres 
apocryphes  des  Juifs. 

Le  ¥11*  livre,  De  conversaiione^  et  vitœ 
moribus  deque  graiiarum  acétone,  est  un 
traité  de  morale  chrétienne  et  des  for- 
mules de  prières  pour  le  clergé  et  les  fiJèles. 
On  y  remarque  surtout  la  liturgie  du  bap- 
léme,  la  liste  des  évèques  établis  par  los 
nfiètres  à  la  têle  des  premières  Eglises,  et 
quelques  autres  fragments  réunis  sans  ordre. 

Le  VIII*  livre  porte  pour  litre:  lUpi  y^api^ 
c^RT^y,  Decharismatibus  :6'Qsi  un  ponliLlcal. 
It  traite  de  la  hiérarchie  sacerdolaîe,  du 
t'hoix  et  de  l'installation  des  évèques  qui 
doivent  être  élus  par  tout  le  peuple  el  con- 
sacrés, le  dimanche  suivant,  par  trois  évè- 
ques. Vient  ensuite  la  plus  ancienne  liturgie 


f 


connue.  Les  derniers  diapitres  sont  relatifs 
à  la  consécration  des  prêtres,  diacres,  sous- 
diacres,  lecteurs,  exorcistes,  à  la  bénédic- 
tion de  l'eau  et  de  l'huile  du  baptême,  aux 
jours  de  fête,  aux  prières  quotidiennes,  aux 

F  prières  pour  les  moissons,  pour  les  «léfunts; 
e  chapitre  47  et  dernier  n'est  autre  que  les 
canons  des  apôtres. 

Selon  Krabbe  (Ueber  den  Ursprung  und 
JnhaU  der  apostolichen  Consliiuiionen  der 
Clément,  (einesCoUectionnamene)^  Hambourg, 
1829,  in-8",  les  sept  premiers  livres  ont  été 
rédigés  à.  l'époque-  de  saint  Cyprien,  et  le 
huit  ème  compilé  au  iv'ouau  v'siècle  d'après 
desdocumrnts  succincts. 

On  peut  consulter,  au  sujet  des  ouvrages 
relatifs  aux  controverses  sur  l'authenticité  de 
cet  écrit,  Cotelier,  Patres  apostoUci,  1. 11, ap- 
pendix,  p.  491,  et  Uolîmann ,  Lexkon  biblio- 
graphicum,  1. 1,  p.  500.  On  trouvera  aussi  des 
détails  à  cet  éj^ard  chez  Dupin,  Bibliothèque 
des  auteurs  ecclésiastiques  ^  t.  I,  p.  50;  dom 
Ceillier,  Histoire  des  auteurs  ecclésiastiques ^ 
t.  1,  p.  598;  Tillemont,  Mémoires  pour  servir 
à  l'histoire  ecclésiastique^  t.  Il,  p.  149  ;  et  parmi 
les  auteurs  protestants, dans  les  ouvrages  de 
Cave  (t.  1,  p.  28),  et  de  Oudin  (t.  I,  p.  21- 
47,  De  scriptoribus  ecclesiasticis).  Voir  aussi 
Cœin,  dans  ï Encyclopédie  de  £rscb,  t.  XIX , 
p.  36. 

Un  écrivain  protestantdonlnoussommesfort 
loin  de  partager  toutes  les  opinions,  mais  dont 
l'érudition  et  l'activité  ne  doivent  |>as  être 
méconnues^  M.  Bunsen,  ancien  ambassadeur 
de  Prusse  à  Londres,  s'est  beaucoup  oc 
cupé  des  constitutions  et  des  canons  aj>os- 
toliques  dans  un  volumineux  travail  publié 
sous  le  titre  de  Christianisme  et  Humanité 
(Chrislianity  afid  Mankindi^  Londres,  1852, 
7  vol.  in-8% 

Il  a  publié  avec  soin  le  texte  grec  des 
Constitutions  qui ,  selon  lui ,  a  été  remanié 
et  interpolé;  les  six  |)remiers  livres  ont  été 
revus  par  un  écrivain  qui  a  voulu  leur  don- 
ner une  forme  mieux  en  harmonie  avec  les 
principes  de  la  rhétorique;  les  vu*  et  viii* 
livres  paraissent  l'œuvre  d'une  autre  main. 

Quant  è  la  substance  de  cet  écrit,  elle  est  l/i 
mêmedans  les  traductionscople,  abyssinienne 
et  syriaque,  que  l'on  a  examinées  depuis  peu 
de  temps  ;  c^est  une  preuve  de  son  antiquité. 

Les  manuscrits  grecs  ne  sont  pas  très- 
rares,  mais  ils  sont  en  général  assez  in- 
corrects. 

Un  manuscrit  fort  précieux,  de  la  biblio- 
thèijue  Barberini  à  Rome,  écrit  en  lettres 
onciales  et  qui  remonte  au  ix'  siècle,  offre 
le  texte  le  plus  pur  des  liturgies  grecques  et 
un  fragment  des  Constitutions ^  lequel  com- 
mence avec  le  57*  canon  de  l'édition  Cotelier 
(il  est  numéroté  62dansle  manuscrit),  et  finit 
avec  le  75' de  la  même  édition  (chiflré  80).  Le 
canon  76,  suivant  réditiun  que  nous  citons 
clqui  renferme  uncataioguedeslivres  canoni- 
ques, manquedans  le  manuscrit  où  l'épiloj/uft 
vient  après  le  75' canon.  Les  variantes  qu  of- 
fre la  confrontation  des  textes  sont  insi- 
gni&antcs.  D*autres  feuillets  viennent  ensuite 
et  présentent    les  chapitres  15  à  26,  ainsi 


itt 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


3ue  le  titre  du  27'  chapitre  du  viii*  livre 
es  Constitutioni, 

Un  manuscrit  syriaque,  conservé  à  la  Bi- 
t  aothèque  impériale  de  Paris  (fonds  Saint- 
Germain,  n*  38  )«  donne  sous  le  litre  de 
Didoêcalia  apoUolorum^  et  en  vingt -sii 
chapilies  ,  le  traité  des  sii  premiers  livres 
des  Constitutions. 

M.  MartkM {Catahgus codicum  Grœcorum  et 
LatinorumBibliothecœimperiaUs^PeiropoWSf 
18i^0j  signale  un  manuscrit  grec  du  xv*  siè- 
cle, renfermant  le  texte  grec  des  Constitu- 
tions ^  suivi  du  texte  ordinaire  des  Canons 
et  d*une  autre  collection  mutilée  de  ces 
mômes  canons  ;  quatre-vingt-cinq  sont  re- 
])roduits,  et  trente-neuf  laissés  de  côté. 

On  connaît  aussi  deux  bons  et  anciens 
manuscrits  à  Vienne.  Celui  indiqué  dans  la 
Bibliotheca  Coisliana  de  Montfaucon  (p.  271) 
sous  le  n*  212,  et  qui  a  passé  h  la  Bibliothè- 
que impériale  de  Paris,  était  égaré  lorsque 
M.  Bunsen  voulut  le  consulter. 

M.  Bunsen  regarde  d'ailleurs  comme  in- 
contestablement antérieure  au  iv*  siècle  To- 
rigine  de«  Constitutions  ;  elles  reprodui- 
sent des  matériaux  d*une  antiquité  fort  re- 
culée. L'é|>tlre  de  saint  Barnabe  fut  mise  à 
profit.  Les  six  premiers  livres  sont,  aux 
yeux  de  ce  savant,  une  production  de  i*Asie 
Mineure;  leur  origine  orientale  lui  paraît 
établie,  mais  ils  n'appartiennent  ni  à  An- 
tioche^  ni  à  Alexandrie. 

Débarrassés  des  interpolations  qui  s*y  sont 
glissées,  ces  livres  montrent  un  ordre  na- 
turel dans  Parrangement  des  ordonnances 
qui  ii'offrent  dans  le  texte  ordinaire  qu'une 
iiisposition  dépourvue  de  logique. 

Il  est  digne  de  remarque  que  le  vu*  li- 
vre, qui  l'orme  la  seconde  collection  grec- 
que, ne  se  retrouve  pas  dans  les  autres  col- 
lections de  ce  genre  conservées  en  Orient. 

Le  texte  du  viif  livre,  tel  qu'il  esi  im- 
primé habituellement,  aurait  besoin  d'ê- 
tre revu  d'après  les  manuscrits  conservés 
à  Vienne  et  à  Oxford. 

Ce  recueil  se  rattache  aux  écrits  de  saint 
Bippolyte  par  l'introduction  qui  forme  son 
début  et  qu'on  peut  regarder  comme  repré- 
sentant en  substance  1  ouvrage  aujourd'hui 
perdude  ce  saint  :  Lalradin'onapoi^o/ifue/ou- 
chantUsdonsdasaint'Esprit, Les  principaux 
matériaux  de  cette  collection  sont  contenus 
djtns  la  dernière  partie  du  recueil  des  or- 
c /^nuances  apostoliques  conservé  en  Egypte, 
et  dont  le  texte  copte  a  été  publié.  Une  partie 
du  texte  éthiopien  est  également  d'accord 
avecles  statuts  apostoliques.  Un  savant  la- 
borieux, mais  dont  les  travaux  sont  aujour- 
d'hui un  peu  arriérés,  Ludolphe,  a  donné 
dos  détails  sur  ces  cauons  conservés  par 
!  Ëgiise  d'Abyssinie.  Il  avait  eu  une  copie 
d'uu  manuscrit  éthiopien  étendu  et  fort  pré- 
cieux, qui  est  conservé  dans  la  bibliothèque 
du  Vatican  et  qui  présente  la  collection  des 
livres canoniquesdes  Abyssiniens. Un  manus- 
crit arabe ,  déposé  dans  la  Bibliothèque  bod- 
bjicnne  d'Oxiord ,  donne  une  traduction  de 
VAS  canons;  un  antre  manuscrit  arabe  est  au 
ÀJii^éo  bhinnniqne,  mai?  il  est  presjue  il- 


lisible. Le  texte  éthiopien,  qui  n'a  point 
encore  été  publié,  renferme  les  quatre-vingt- 
cinq  canons  du  texte  çrec,  il  les  range  en 
cinquante-six  paragrapnes.  M  Bunsen  pense 
que  le  rituel  alexandrin,  contenu  dans  le  texte 
abyssinien  des  Constitutions  apostoliques^ 
doit  appartenir  au  milieu  du  ii*  siècle. 

Il  existe  dans  les  grandes  bibliothèques 
de  l'Europe  des  manuscrits  d'une  traduction 
arabe  des  Constitutions;  sept  de  ces  manus- 
crits ont  été  examinés  par  M.  Bunsen;  trois 
sont  à  Paris»  deux  h  Londres,  deux  à  Ox- 
ford. 

M.  Pell  Plat  publia  k  Londres,  en  183V,  la 
majeure  partie  de  la  traduction  éthiopienne 
d'après  un  manuscrit  conservé  à  Berlin 
{The  ethiopie  didascalia^  or  the  eth'iopic 
version  of  the  apostolical  Constitutions  re- 
ceivedin  the  Church  ofAbyssinia^  with  an 
engtish translation^  in-i*).La  traduction  copte 
a  été  éditée  par  M.  Tattam,  Londres,  18'i8. 

Quant  au  vu*  livre  des  Constitutions  ,  on 
n'en  trouve  d'autre  vestige  en  Orient  qu*une 
indication  placée  dans  le  r' livre  de  ces  Cou- 
stitutions  coptes. 

Le  vnr  livre  se  rencontre  pour  la  ma- 
jeure partie  dans  les  canons  qui  portent  le 
nom  d*Hip|)olyte  et  qui  sont  répandus  en 
Orient.  Ils  existent  en  arabe,  en  syriaque,  en 
éthiopien  et  en  copte. 

M.  Bunsen,  dans  ses  Analecta  antinicœana 
(t.  II,  soit  t.  VI  du  grand  ouvrage  que  nous 
avons  cité),  a  réimi)rimé  les  Canoni  et  les 
Constitutions  apostoliques,  enîoi^nani,  p.225- 
338,  un  texte  revu  des  six  premiers  li- 
vres, et  p.  451  et  suiv.,  les  deux  livres  des 
Constitutions  de  l'Eglise  égyptienne.  A  côté 
du  texte  grec  est  la  versiou  latine  de  Denys 
le  Petit. 

Disons  maintenant  quelques  mots  du  re- 
cueil des  Canons  apostoliques. 

L'édition  oiiginale  est  celle  que  le  juris- 
consulte Grégoire  Haloandre  mit  au  jour  en 
1531, avec  une  version  latine  de  sa  façon,  à  la 
suitedesiVote//«deJustinien  (Nuremberg,  in- 
folio, p.  259).  Le  texte  grec  a'vec  une  double 
traduction,  celle  de  Denys  le  Petit  et  celle 
d'Haloandre,  reparut  dans  la  Collectio  con^ 
ciliorum  omnium^  imprimée  à  Cologne  en 
1338,  in-folio,  1. 1  ,p.  Set  scq.  (T.  1,  p.  21|de 
la  réimpression  de  Cologne,  1567;  1. 1,  p.  iï 
de  celle  d'Ulrecht,  1585.)  On  le  trouve  dans 
la  Collection  des  conciles  de  Bintus,  Cologne, 
1G06,  in-4*,  t.  I,  ]».  5;  dans  la  collection 
d'Uardouin  (Paris,  1715),  1. 1,  p.  10  :  dans  celle 
de  Mansi  (Florence,  1757-1798,  31  vol.  in- 
folio), t.  1,  p.  30-66.  Ehinger  l'avait  pu- 
blié à  Wittemberg,16U,in-4";  Bcveridge  le 
lit  figurer  (avec  les  Scolies  de  Théodore  Bal- 
samon  et  de  Jean  Zonaras,  et  avec  des  cor- 
rections faites  d'après  des  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  bodléienne),  dans  on  Synodi- 
cum  seu  Pandectœ  canorncœ^  Oilord,  1C72, 
in-foliu,  1. 1 ,  p.  1-57. 

Leur  authenticité  a  été  attaquée  et  s  lute- 
nue  par  divers  écrivains,  (Voy.  tes  ouvrages 
^lgnalés  par  Fabricius,  Jsagoge  in  theolo- 
yiam^  p.  7V2;  par  Ittig,  Ihssertatio  de  Pa* 
tribus  nposf  ïliriSf   p.  :4I2;  et  par  Danz,  Bi- 


m 


APO 


PÂRÎIt,  IIL^LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


APO 


!S6 


bliotheea  pairtstica^  p.  280);  mais  les  meil- 
leufs  crHiques  reconnaissent  que  ces  canons 
remontent  à  une  très-haute  antiquité  et  que 
l'étal  où  lis  nous  sont  parvenus  est  l'effet 
d*une  rédaction  qui  a  en  lieu  au  coiomen- 
cernent  du  vi"  siècle,  (Foy.  Cotelier,  Patres 
apostolici^  t.  II,  appendix,  p.  177,  et  Spit- 
ler  qui  heur  a  consacré  une  dissertation  spé- 


ciale dans  son  Histoire  (en  ahemand)  du 
droit  canonique f  Haile,  1778,  in-8*,  p. 65; 
Carsien  Krabbe ,  De  eodicibns  canonum  qui 
apostolorum  nomine  circumferuntur^  Gottin- 
gue,  1829,  in-4*;  E.  Resenbrecht,  De  eano^ 
nibns  apostolorum  et  coaicibus  Ecclesiœ  His^ 
panicœf  Uratislaviœ,  1829,  iu-S*.) 


LITURGIE  DES  DOUZE  SAINTS  APOTRES, 

Mise  en  ordre  pur  Tévangéliste  Luc^   disciple  du  grand  Pauï^  et  traduite  du  syriaque 

var  Eusêbe  Renaudot  (118). 


Cette  liturgie  est  la  première  que  nous 
ayons  à  offrir  de  celles  qui  portent  les  noms 
(les  divers  apôtres.  Les  critiques  les  pins 
judicieux  sont  d'accord  pour  reconnaître 
qu*elles  ne  sont  point  l'œuvre  des  person- 
nages révérés  auxquels  on  les  a  attribuées; 
mais  elles  remontent  certainement  à  une 
haute  antiquité,  et  elles  sont  fort  dignes 
d*attention. 

Parmi  les  différents  ouvrages  qui  en  ont 
fait  mention,  nous  nous  bornerons  k  citer 
les  Réflexions  sur  les  règles  et  sur  Vusage 
de  la  critique  par  le  P.  Honoré  de  Sainte- 
Marie,  Carme  décBaussé;  Lyon,  1720,  in-4% 
t.  m,  p.  166  et  suiv.  Cet  écrivain  regarde 
comme  ud  fait  constant,  appuyé  du  suf- 
frage de  tous  les  savants,  que  les  liturgies 
de  saint  Pierre,  de  saint  Matthieu,  de  saint 
Marc,  de  saint  Barnabe  et  des  douze  apôtres 
sont  certainement  supposées,  qu'elles  n*ont 
eu  aucune  autorité  dans  TEglise  catholique, 
et  qa*elles  n*ont  été  en  usage  que  parmi  les 
schismatiques  et  les  hérétiques. 

nCesi  un  sentiment  qui  doit  être  reçu 
parmi  les  savants,  soit  qu*ils  regardent  la 
liturgie  de  saint  Jacques  coipme  supposée  à 
cet  apdlre,  soit  qu'ils  la  lui  attribuent,  que 
l'on  s'est  servi  de  cette  liturgie  dans  les 
premiers  siècles,  quoiqu'on  y  ait  ajouté 
quelque  chose  peu  à  peu...  Les  liturgies  au 
tribuées  à  saint  Pierre,  à  saint  Matthieu,  à 
saint  Marc,  à  saint  Barnabe  et  aux  douze 
apAtres  ont  été  inconnues  et  sans  autorité  ; 
(le  toutes  celles  qu'on  suppose  avoir  été 
composées  dans  les  premiers  siècles,  et  qui 
sont  venues  à  notre  connaissance,  il  n'y  a 
que  celle  qui  porte  le  nom  de  saint  Jacques 
cl  celle  qu  on  attribue  à  saint  Clément  dont 
on  ait  pu  se  servir  depuis  les  temps  apos«» 
loliques  jusque  vers  le  iv*  siècle,  et  qu'on 
puisse  regarder  comme  la  source  de  toutes 
les  liturgies  de  l'Eglise  grecque  et  latine.  » 

Cesarant  religieux  montre  ensuite  que 
l'Eglise  grecque  n'a  eu  d'autre  liturgie  que 
celle  qui  porte  le  nom  de  saint  Jacques. 
Léon  Allatius  a  fait  une  longue  dissertation 
pour  en  maintenir  Tauthenticité,  mais  elle 
contient  des  cérémonies  qui  ne  conviennent 
point  au  temps  des  apôtres.  On  a  retranché, 
iijouté  ou  changé  diverses  choses  ;  le  sens 
seul  de  Toriginal  a  été  conservé,  de  sorte 
quH  n'est  pas  aisé  de  savoir  exactement  ce 

(il8)  Renaudot  a  îiisérë  la  traduction  de  cette 
Tertion  dans  sa  ColUciio  lUHrqiarHmy  1715,  iuA"  ; 


qui  vient  de  saint  Jacques.  Divers  témoî- 

§  nages  anciens  conGrment  d'ailleurs  la  tra« 
ition  qui  représente  ce  saint  apôtre  comme 
aérant  rédigé  une  liturgie.  Saint  Proclus,  qui 
vivait  au  v'  siècle ,  le  dit  expressément  : 
Mysticœ  liturgies  expositionem  in  scriptis  re- 
lictam  Ecclesiœ  tradidit.  Le  canon  32  du 
concile  in  Trullo^  tenu  l'an  692,  appuie  cette 
tradition.  Saint  Justin  (Apologia  pro  Chris- 
tianis)  nous  indique  diverses  cérémonies 
qui  se  pratiquaient  dans  les  assemblées  des 
fidèles,  et  qui  faisaient  sans  doute  partie 
d'une  liturgie  écrite;  il  n'est  aucune  d'elles 
qui  ne  se  rencontre  dans  la  liturgie  qui 
porte  Te  nom  de  saint  Jacques.  Elle  a  été 
la  source  et  le  fond  de  celles  attribuées  à 
saint  Basile,  à  saint  Jean  Chrjsostome,  de 
celles  enfin  en  usage  chez  les  Grecs. 

Nousobserveronstoutcfoisque,denos  jours» 
des  savants  d'une  incontestable  autorité  se 
sont  montrés  plus  favorables  à  ces  produc- 
tions. 

Le  savant  abbé  de  Solesmes,  dom  Guéran^ 
ger,  traite  cette  question  dans  ses  Institu- 
tions liturgiques^  Paris,  1840,  t.  I,  p.  28. 
D'accord  avec  les  critiques  les  plus  judi- 
cieux, même  parmi  les  protestants,  il  pose 
en  principe  que  les  apôtres  doivent  être  in- 
contestablement regardés  comme  les  créa- 
teurs de  toutes  les  formes  liturgiques  uni* 
verselles,  et  qu'on  n'est  pas  moins  en  droit 
de  leur  attribuer  un  grand  nombre  de  celles 
qui,  pour  n'avoir  qu  une  extension  bornée, 
ne  se  perdent  pas  moins ,  quant  h  leur  ori- 
gine, dans  la  nuit  des  temps  ;  il  ajoute  : 

<c  Concluons  donc  que  ce  n*est  point  une 
raison  pour  refuser  d'admettre  l'origine 
apostolique  des  liturgies  générales  et  parti- 
culières, de  ce  gue  celles  qui  portent  les 
noms  de  saint  Pierre,  de  saint  Jacques,  de 
saint  Marc,  etc.,  ne  s*accordent  ni  entre  elles 
ni  avec  celles  de  l'Occident,  dans  les  choses 
d'uneimportance  secondaire,  telles  que  l'ordre 
et  la  teneur  des  formules  de  supplication. 
On  ne  saurait  non  plus  leur  disputer  cette 
même  origine,  sous  prétexte  que,  dansTétat 
oîi  elles  sont  aujourd'hui,  elles  présentent 
plusieurs  choses  qui  paraissent  visiblement 
avoir  été  ajoutées  dans  des  temps  poslérieurs. 
Les  apôtres  tracèrent  les  premières  lignes, 
imprimèrent  la  direction  ;  mais  Kœuvre  li- 
turgique dut  se  perfectionner   sous  fin- 

e(  Fabricius  Ta  reproduite  dans  son  Codex  apocryphuê 
Sov.  Te$l.t  part,  ni,  p.  5i5  2J53. 


1S7 


DICTI05NÂ1RE  DES  ÂPOCRTPUES. 


i3S 


fluence  ae  l'esprit  de  vérité»  qui  était  donné 
à  TEglise  pour  résider  en  elle  jusqu'à  la  Gn 
des  lenaps.  T  Ile  est  la  manière  «suivie 
dVnfisagpp  les  controverses  ag'téeS  plu- 
sieurs fois  |.ar  Hes  hommes  (Jor(e$,è  pro|»os 
de  ces  liturgies;  assez  ^éut^ralemenl  ou  a  ex- 
cédé de  part  et  d  autre,  eu  soutenant  des  prin- 
cipes absolus. 

c  Laissons  donc  saint  Jacques  auteur  de 
la  Ijtur^^ie  qui  porte  Sfm  nom,  puisque  Tan- 
tiquité  Ta  cru  ainsi  I  QuMmporlent  quelques 
changements  oti  a«iditions7  Ne  faii-elle  pas 
le  fond  de  toutes  celles  de  l'Orient?  » 

Quoi  (|u'il  en  soit,  nous  nous  contenterons 
de  plarer  dans  notre  recueil  une  traduction 
de  ces  diverses,  liturgies,  en  les  classant 
sous  le  nom  de  Tapùlre  que  les  manuscrits 
désignent  coiuoie  auteur  de  chacune  d*élles. 
On  observera  que  quelques-unes  d'entre 
ePes  portent  tous  les  signes  d'une  origine 
grecque,  et,  sous  ce  rapport,  elles  pour- 
raient donner  lieu  èi  un  travail  qui  ne  serait 
pas  ici  à  sa  place,  mais  qui  aurait  sans  doute 
d'autant  plus  d'intérêt  qu'on  connaît  ff>rt 
peu  dans  l'Europe  occidentale  les  ouvrages 
de  liturgie  à  l'usage  des  Grecs.  Ceux  oui 
sont  unis  è  ]*Ëglise  romaine  ne  sont  guère 
mieux  partag*  ssous  ce  rapport  que  les  schis- 
matiques.  Depuis  Léon  Allatius,  qui  avait 
étudié  ce  sujet,  l'attention  des  savants  ne  s'y 
est  pas  arrêtée;  les  Missels,  les  livres  de 
chœur,  les  Heures  des  Grecs  sont  tombés 
dans  l'outili,  et  Renaudot,  en  parlant  d'eux, 
a  pu  dire  avec  raison  :  Viœ  nostris  Meo- 
logit  noti.  Harles,  dans  J'édition  qu'il  a 
dounéo  de  la  Bibliolheca  Grœca  de  Fabri- 
cius,  est  resté  aride  et  incomplet;  Mone  s'est 
montré  mieux  instruit  dans  le  serx)nd  vo- 
lume de  son  édition  des  Hymnes  latines  du 
moyen  âge^  Fribourg,  1854  (préface,  pag.  ix 
à  wu).  Nous  rencontrons  aans  un  journal 
consacré  h  la  bibliographie,  et  publié  en 
Allemagne(5er/i;)eum,Leipsigl856,p.l3o),un 
catalogue  de  ces  ouvrages  qui  sont  impri- 
més pour  l'Orient  et  qui  n'en  sortent  pas.  Le 
rédacteur  de  cetie  notice  observe,  pour  mon- 
trer la  rareté  de  pareils  ouvrages  en  Alle- 
magne, que  la  Bibliothèque  royale  de  Mu- 
nich ne  |>ossède  qu'une  édition  du  Triodion^ 
de  1536;  que  la  bibliothèque  de  TUniversilé 
de  Heidelberg  n'a  que  les  Menées  de  i62V- 
1638;  et  que  dans  aucune  autre  bibliothè  juo 
gcnnanique,  on  ne  trouve  ces  livres  pas 
plus  que  VEuchologionJ*Horolochionf  TOc- 
toichis  et  le  Penteustarion, 

Les  anciennes  éditions  des  livres  litur- 
giques des  Grecs  sont  plus  exactes  que  les 
impressions  récentes;  il  en  a  été  mis  au 
jour  quelques-unes  en  Moldavie  et  en  Va- 
lachie,  mais  elles  sont  introuvables.  L'in- 
ventaire publié  dans  l«  Serapeum  ne  com- 
prend que  des  impressions  modernes,  exé- 
cutées à  Venise,  Tipographia  çreca  di  S. 
Giorgio  ;  les  passager  favorables  aux  erreurs 
des  schismatiques,  qui  se  tiouvent  dans  les 
manuscrits  et  dans  les  anciennes  éditionsi 
ont  été  retranchés. 

Revenons  au  texte  de  la  liturgie  des  doute 
a)}6trcs. 


• 

PaiÈRE  AVANT  LA  PAIX.  —  Seîgneur»  Dieu 
miséricordieux  et  saint,  qui,  par  ton  Fils 
uniuue,  nous  a  préparé  cette  table  spiri- 
tuelle et  sainte,  reçois  de  nous  l'offrande  de 
ce  .sacriGce  non  sanu'lant,  et  accorde- nous 
le  don  d<-  Ion  Rsprit-Saint,  et  nous  te  rau- 
porterons  la  gloire,  eic. 

Le  prêtre  élevant  la  voix:  Que  ta  tran- 
quillité et  ta  paix.  Seigneur,  et  ton  amour 
véritiible,  ta  grA»e  et  tes  miséricordes,  na- 
turelles à  ta  divinité  éternelle,  soient  avec 
nous  et  entre  nous,  tous  les  jours  de  notre 
vie,  et  nous  te  rapporterons,  etc. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre  élevant  la  voix  :  Etant  en  ta  pré- 
sence. Roi  des  rois  et  Seigneur  des  souve- 
rains, nous  t'adofons,  te  prions  et  t'invo- 
quons; regarde  nous  avec  miséricorde  et 
accorde-nous  d'approcher  de  ton. saint  au- 
tel avec  la  pureté  du  cœur  et  la  sainteté  de 
rame. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  diacre:  Donnez  la  paix.  Tenons-noas 
dans  le  respect. 

Le  prêtre:  La  charité  de  Dieu  le  Père,  etc. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre:  Elevez  vos  cœurs. 

Le  peuple  :  Nous  les  avons  vers  le  Sei- 
gneur. 

Le  prêtre:  Rendons  grâce. 

Le  peuple  :  C'est  digne  et  iuste. 

Le  prêtre,  s'inclinani  :  Il  est  vraiment 
juste  et  digne,  il  convient,  et  c'est  un  devdir 
que  nous  te  rendions  grâces,  parce  que  tu  es 
saint  et  que  tu  donnes  la  vie.  Car  il  est  juste 
que  nous  te  gloriûions  ;  c'est  à  toi  (|ue  la 
louange  est  due,  et  il  est  h  prpposcfue  nous 
te  louions  et  te  rendions  grâces,  parce  que  tu 
es  t)éni ,  ensemble  avec  ton  Père  et  ton 
Esprit  vivant  et  saint. 

Elevant  la  voix:  C'est  devant  toi  que  se 
tiennent  rangés  les  chérubins  a.yant  quatre 
faces;autourdetoisontles  séraphin»  pourvus 
de  six  ailes,  dont  deux  leur  serventà  se  lou- 
vrir  la  face,  deux  à  se  couvrir  les  pieds  et 
deux  h  voler,  et  s'adrossant  mutuellement 
leurs  voix  pures  et  leurs  concerts  divins,  ils 
crient  et  chantent: 

Le  peuple:  Saint,  saint,  saint. 

Le  prêtre  s'incline  et  diP:  Tu  es  saint, 
saint,  saint.  Seigneur,  plein  de  conipa!»sion 
et  de  bontc''  et  miséricordieux.  Saïut  es' 
aussi  ton  Fils  unitpie.  Saint  est  aussi  ton 
Esprit-Saint  et  vivifiant.  Tu  es  saint  et  tu 
donnes  les  biens,  car  à  cause  deni»tre  salu', 
ton  Eils  uni(]uc  a  pris  chair  dans  le  sein  de 
la  Vierge  Marie;  et,  par  son  entremise  divine, 
il  nous  a  sauvés  et  nous  a  délivrés  de  la 
captivité.  Il  s*estfait  homme  pour  nous,  et 
il  est,  sans  changement,  venu  à  la  croix,  ft 
avant  sa  passion  vivifiante,  il  prit  du  pain 
dans  ses  mains  saintes,  le  bénit,  lesanctilia, 
le  brisa,  le  mangea  et  le  donna  à  ses  disci- 
ples, disant  :  Prenez  et  mangez-en;  c'est  mon 
corps  qui  est  brisé  pour  vous  et  pour  lieau- 
(  oup,  et  qui  est  donné  pour  la  rémission  dea 
pé<  nés  et  pour  la  vie  éternelle. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre:  De  môme,  après  qu*ils  Gureui 


«29 


APO 


PART.  III.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


APO 


130 


soopé,  il  prît  le  calice,  y  floêla  du  vîn  et  de 
Ic^aii,  le  bt^nil,  le  sanctifia  el  quand  il  en  eut 
^oùlé,  le  donna  à  ses  disciples,  disant  :  Pre- 
nez et  buvez-fn  tous;  cî'est  l'alliance  nou- 
TeUe;c'est  mon  sangqui  est  versé  pour  vous 
et  pour  beaucoup  pour  Fexpiation  des  fautes 
et  pour  la  vie  éternelle. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  piètre  :  Toutes  les  fois  que  vous  man- 
gerez ee  pain  et  que  vous  boirez  ce  calice, 
vous  renouvellerez  ma  mémoire  jusqu'à  ce 
que  je  Tienne.     . 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre  élevant  la  voix  :  C'est  pourquoi 
nous  autres  tes serviieur^,  pauvres  pécheurs, 
conservant  la  mémoire  de  les  bienfaits,  nous 
te  prions  et  te  supplions,  loi  qui  aimes  les 
iionime^,  de  nous  épargner  el  d'avoir  de  la 
miséricorde  pour  les  aJoraleurs  lorsque  tu 
viendras  è  la  tin  des  leiiips  et  qïie  lu  ren- 
dras équitablement  à  chacun  selon  ses  œu- 
vres. El  c'est  pourquoi  ton  Eglise  t'invoque 
aujourd'hui,  et  par  toi,  et  avec  toi,  lou  P^re, 
en  disant  : 

Le  peuple  :  Aie  pitié. 

Le  prêtre  :  De  nous  aussi 

Le  diacre:  Souviens-toi,  Seigneur  {et  il 
ajoute):  Que  cetle  heure  est  rïMloulable! 

Le  prétreB" inclinant  récite  V invocation  de 
rE$prit 'Saint:  Aie  pilié  de  nous.  Seigneur, 
aie  pitié  de  nous,  et  effvoie-nous  du  haut 
de  ton  ciel  saint  ton  Esprit  vivifiant;  qu'il 
repose  sur  celte  offrande,  et  qu'il  en  fasse 
le  corps  vivifiant,  et  qu'il  nous  puriQe  et 
sanctitie. 

Il  bénit  et  dit:  Exauce-moi,  Soigneur. 

Le  peuple  :  Kyrie,  eleison. 

Le  prêtre  :  Atin  qu'il  fasse  de  ce  pain  le 
corps  de  Jésus-Christ,  notre  Dieu. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre:  Et  que  le  vin  qui  est  dans  ce 
calice  devienne  le  sang  de  Jésus-Christ , 
notre  Dieu,  aQii  que  ces  sacrements  saints 
et  vivifiants  servent  à  l'expialion  de  nos* fau- 
tes, à  la  rémission  de  nos  péchés,  et  à  la 
guérison  de  l'Ame  et  du  corps  et  à  fortifier 
notre  esprit.  Ne  permets  pas  qu'un  seul  des 
membres  de  ton  peuple  fidèle  périsse;  ac- 
corde-nous à  tous  que,  gouvernés  de  ton 
esprit,  nous  menions  une  vie  sainte  et  que 
nous  te  rendions  gloire  et  actions  de  grâces. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  diacre  récite  la  prière  convenable  en  ce 
l'ottr  et  celle  qui  est  pour  les  morts. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  :  Nous  t'offrons, 
Seignenr  tout-puissant,  ce  divin  sacrifice 
pour  tout  ton  troupeau,  mais  principalement 
pour  nos  bienheureux  Pères,  notre  palriar- 
N.  et  notre  évoque  N.,  ton  servileur,  et  pour 
les  autres  év(^<{ues  orthodoxes ^  aQn  que, 
menant  une  vie  exempte  de  fautes  ,  ils  gou- 
vernent tes  brebis  dans  la  pureté  et  la  sain- 
teté et  qu'ils  t'offrent  un  peuple  fidèle,  ton 
troupeau  spirituel,  rendant  hommage  à  ton 
nom.  Souviens-toi ,  Seigneur,  des'  prêtres 
justes,  des  diacres  purs  et  des  sous-diacres. 
Souviens-toi ,  Seigneur ,  de  ion  peuple  , 
principalement  de  ceux  qui  l'ont  présente  ces 


offrandes,  et  épargne  cette  assemblée  qui  est 
réunie  devant  toi. 

Elevant  la  voix:  Afin  qu'ils  vivent  de- 
vant toi  exempts  de  corruption  et  qu'ils  se 
préparent  aux  l)iens  que  tu  leur  as  prou)is 
par  suite  de  ta  miséricorde  è  jeur  égard , 
sois-leur  propice  comme  un  Seigneur  bon 
et  abondant  en  grices;  nous  te  rendons 
gloire,  etc. 

S' inclinant  :  Souviens-toi,  Seigneur,  des 
rois  fidèles  qui  rendent  des  bienfaits  à  ton 
peuple  et  qui  sont  cléments  à  l'égard  des 
orebis  rachetées  de  ton  sang  ;  donne- leur  le 
courage  qui  vient  de  toi  elque  leurs  enne- 
niis  ne  l'emportent  pas  sur  eux. 

Elevant  la  voix:  Et  envoie,  Seigneur,  tes 
sainls  anges  pour  secourir  h  s  fidèles;  ilcli- 
vre-b'S  de  la  ruse  deslyransehh^s  pié  es  ciu 
démon  ;  fais  qu'ils  ne  tombent  |  as  dans  les 
embûches  des  enne  is  de  ta  fidèle  E  Jise  , 
pour  que,  persévéïant  dans  la  paix,  la  Iran- 
quillilé  el  la  concorde,  nous  te  rendions 
gloire,  etc. 

S(>uviens-loi,  Seigneur,  de  ceux  qui  l'ont 
été  af^réables,  et  surloul  de  la  sainte,  glo- 
rieuse et  toujours  vierge,  Marie,  Mère  de 
Dieu,  de  Jean-Baptisle ,  d'Eiienne  le  chef 
des  diacres  et  le  preutier  martyr,  avec  les  au- 
tres prophètes ,  les  saints  apôtres  el  les  Pères 
pieux  qui  ont  trépassé.  Souviens-toi  aussi, 
Seigneur,  de  tous  les  fidèles  défunts  qui  sont 
morts  et  qui  sont  parvenus  ver^  toi.  Reçois 
ces  offrandes  que  nous  te  présentons  aujour- 
d'hui pour  eux,  et  fais  qu'ils  reposent  dans 
le  sein  bienheureux  d'Abraham.  Tous  les 
morts  recevront  le  repos  avec  l'espoir  de  ta 
miséricorde,  et  ils  attendront  l'effet  de  ta 
compassion,  ô  notre  Dieu  adorable.  Accorde- 
leur  de  mériter  d'entendre  cette  voix  vivi- 
fiante, afin  qu'elle  les  a|>pelle  et  qu'elle  les 
conduise  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  invités  à 
ton  royaume.  Accorde-nous  aussi  une  fin  tran- 
quille par  ta  grÂce,  et  efface  nos  erreurs  t^ar 
ta  miséricorde. 

Elevant  la  voix  :  Personne  n'a  él6  vu  sur 
la  terre  exempt  de  péché,  si  ce  •  n'est  ton 
Fils  unique  ,  Notre^Sei^neur  Jésus-Christ , 
celui  qui  intercède  pour  notre  race  et  par 
lequel  nous  espérons  obtenir  miséricorde  et 
la  rémission  de  nos  péchés. 

Le  peuple  :  Donne-n#us  ie  repos  »  Sei- 
gneur. 

Le  prêtre:  Sois  propice  pour  nous  et  pour 
eux,  Seigneur,  et  pardonne  les  péchés,  afin 

Sue  ton  nom  béni  et  très-glorieux,  soit  glori- 
é,  loué,  et  honoré  en  nous,,  par  nous,  et  à 
cause  de  nous,  ainsi  que  celui  de  Notre-Sei- 
gneur  Jésus-Christ  et  de  l'Espril-Saint  et 
vivant,  maintenant 

Le  prêtre  récite  la  prière  avant  VOraison 
Dominicale  :  Seigneur  miséricordieux  el 
doux,  qui  es  élevé  au-idessus  de  toutes  cho- 
ses et  célébré  par  des  louanges  infinies ,  ac- 
corde-nous, Seigneur,  à  nous  ifis  serviteurs 
pauvres  et  faibles,  de  prier  purement  et 
saintement,  de  crier  et  de  dire  :  Moire  Père 
qui  es  dans  les  cieux. 

Le  peuple  :  Qu'il  soit  sanctifié. 
'    le  prêtre  :  0  Seigneur  plein  de  bonté*  M 


fsl 


dictionnaihe  des  apocryphes. 


13t 


nous  rejette  pas^  de  peurf[ue  la  tenlation  ne 

{>ré?a1e  contre  nous ,  mais  délivre-nous  de 
'esprit  malin  et  rebelle  et  de  ses  voies  tor- 
tueuses et  perverses»  parce  que  Tempire  est 
à  toi  et  è  ton  Fils  unique  et  à  ton  Esprit 
très-saint,  bon»  adorable  et  vivifiant. 

Lb  peuple:  Amen. 

Le  prêtre  :  Inclinez-vous  et  priez.  ) 
Que  la  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple:  Et  avec  Ion  esprit. 

Le  prêtre  élevant  la  voix  :  Bénis»  Sei- 
gneur, ton  peuple  fidèle  qui  est  incliné  de* 
Tant  toi  ;  préserve-nous  des  maux  que  nous 
pourrions  souffrir  ;  accorde-nous  de  partici- 
per purement  et  saintement  à  tes  mystères 
divins  et  d'être  purifiés  et  sanctifiés  par  eux» 
et  nous  te  rendrons  louange  et  actions  de 
grâces  ainsi  qu'à  ton  Fils  unique. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Prière  après  la  réception  des  sacrements  : 


—  Nous  te  rendons  grtces»  Seigneur  Dieu»  te 
priant  efr  te  suppliant  de  nous  accorder  que 
cette  communion  divine  nous  serve  pour 
l'expiation  de  nos  fautes  et  la  rémission  de 
nos  péchés  et  de  toutes  nos  prévarications  » 
ainsi  qu*à  la  gloire  de  ton  nom  saint  et  de  ton 
Fils  unique. 

Le  prêtre:  La  pait  avec  vous. 

Le  peuple:  Et  avec  votre  esprit. 

Le  prêtre:  Seigneur»  Dieu  du  salut»  qui 
es  devenu  homme  à  cause  de  nous»  et  qui 
nous  a  sauvés  par  le  sacrifice  de  ta  personne, 
sauve-nous  aussi  de  la  corruption  perni- 
cieuse et  fais  de  nous  un  temple  pour  toa 
nom  saint»  parce  que  nous  sommes  toa 
peuple  et  ton  héritage  ;  k  toi  reviennent  la 
gloire»  rhonneur  et  la  puissance»  avec  ton 
Père  et  ton  Esprit-Saint  et  vivant»  mainte- 
nant» et  dans  tous  les  siècles. 

Le  peuple:  Amen. 

£eprAre:Seigneur»bénis  tout  ton  troupeaUé 

Le  diacre  :  Bénissons  le  Seigneur. 


ACTES  APOCJIYMES  DES  APOTRES. 


Les  Actes  apocryphes  des  apôtres  ont  été 
composés  par  les  hérétiques  des  premiers 
siècles»  dans  le  but»  non  de  compléter  les  tra- 
ditions relatives  aux  premiers  disciples  du 
Sauveur,  mais  afin  d^appuyer  leurs  doc- 
trines erronées  au  moyen  d'histoires  sup- 
posées et  d'opinions  revêtues  de  l'autorité 
apostolique.  C'est  ce  que  dit  expressément 
Eusèbe  {Hist.  ecclés.^  t.  jll»c.  15)»  et  le  célèbre 
décret  du  Pape  Gélase  range  parmi  Ie&  livres 
qu'il  faut  repousser,  l'Itinéraire  de  Pierre  Jes 
Actes  de  saint  André»  de  sajnt  Thomas»  de 
saint  Philippe»  etc.  Saint  Epiphane  (hœres« 
47»  61»  6Sj  atteste  que  les  Actes  de  saint  An- 
dré, do  saint  Jean»  de  saint  Thomas»  étaient 
en  usage  parmi  les  encratites»  les  apostoli- 
ques ou  aputactiques  et  les  origéniens. 
Saint  Augustin,  dans  sa  Controverse  avec 
Félix  (II,  6j,  montre  que  les  manichéens 
invoquaient  l'autorité  de  prétendus  Actes 
des  apôtres,  écrits  par  Leucius.  (In  Actibus 
conscriptis  a  Leucio  quos  tanquam  Actus 
apostotorum  scribitf  haoes  ita  positum^  etc.) 
Evode  d'Uzel»  contemporain  du  grand  évê- 

2ue  d*Uippone»dit  do  son  côté  que  les  Actes 
crits  par  Leucius  étaient  invoqués  par  les 
mêmes  sectaires.  (De  Me  contra  Manichœos^ 
cap.  S.)  Plus  lard»  Photius  parlant  des  re- 
lations des  vo.yages  des  apôtres  écrites  par 
LeuciusetCharinus»  dit  qu'on  ne  s'éloignerait 

Î;uère  de  la  vérité  en  appelant  cet  ouvrage 
a  mère  et  la  source  de  toutes  les  hérésies. 
(Bibliotkeca,  cod.  114  et  179.) 

Ces  compositions  apocryphes  ne  peuvent 
aujourd'hui  avoir  aucun  danger  pour  la  foi  ; 
les  erreurs  des  gnostiques  sont  mortes  et 
ne  revivront  jamais.  D'autres  adversaires 
attaquent  de  nos  jours  l'orthodoxie;  en  at- 
tendant qu'ils  tombent  à  leur  tour  dans  le 
discrédit  et  le  dédain  où  gisent  les  partisans 
des  doctrines  éteintes  de  Basilide,  de  Mar- 
cion  et  de  Valenlin ,  les  pseudo-Actes  des 
af)ôtre$  ont  leur  utilité  comme  fournissant 
des    matériaux   pour  l'histoire ,  assez  peu 


connue»  des  croyances  des  anciens  hérésiar* 

3ues  et  comme  indiquant  la  source  de  bien 
es  traditions  qui  se  sont  conservées  à  tra*» 
vers  les  siècles»  et  que  les  artistes  du  moyen 
Age  ont  reproduites.  D'ailleurs,  au  milieu 
des  détails  fabuleux  qu'a  entassés  l'imagi- 
uation  des  écrivains  hétérodoxes»  il  se  ren- 
contre des  circonstances  qui  ont  un  fond  de 
vérité  historique»  et  ce  fond»  mêlé  parfois  à 
bien  des  récits  Irès-suspects»  a  passé  chez  les 
légendaires. il  faut  remarquer  aussi  que»  dès 
une  époque  reculée»  des  écrivains  catholi- 
ques, s'em parant  de  ces  Actes,  les  ont  rema- 
niés de  façon  à  s'efforcer  à  ne  rien  y  laisser 
qui  pût  blesser  la  foi  ;  c'est  le  but  que  parait 
s'être  proposé  l'auteur  de  Y  Histoire  apos- 
tolique  qui  porte  le  nom  d'Abdias.  Au 
X*  siècle,  un  ha^iographe  célèbre»  Siméon 
Métaphraste»  dirigea  dans  le  même  sens  les 
travaux  qu'il  consacra  à  la  Vie  des  apôtres. 

Le  travail  le  plus  important  qui  ait  été  mis 
au  jour  sur  les  faux  Actes  des  apôtres»  estcebii 
de  M.  Tischendorf»  publié  è  Leipsig,  en  185K 
(ln-8*,  Lxxx  et  276  pag.)  Ce  volume  mérite 
que  nous  en  parlions  avec  détail*  Voici  ce 
qu'il  contient  : 

Actes  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul.  — 
.  Entre  autres  détails  on  y  lit  que  saint  Paul 
ordonna  à  Messine  Barchyrius  (ou  Bac- 
cliy  lus)  pour  premier  évêque  de  cette  ville  ; 
cette.circonstance  détermina  Constantin  Las- 
caris  à  traduire  en  latin  une  partie  de  ces 
Actes»d'après  un  manuscritqu'ilavaittrouvé 
dans  un  couvent  de  la  Calabre»  et  à  Toffrir 
au  sénat  de  la  ville  de  Messine.  {Voy.  Placi- 
dus  Rayna»  Notitia  historica  urbis  Aessanœ^ 
p.  Il»  col.  91.)  Cette  traduction  est  insé- 
rée dans  l'ouvrage  deGrœvius  :  Thésaurus 
antiquitatum  et  histotiarum  Siciliœ^  t«  IX. 
Leyde»  1723. 

Du  Cange»  dans  son  Glossarium  medim  0i 
infimes  Gracitatis  (Lyon»  1688»  2  vol.  in- 
folio),  et  Cotelier  dans  ses  Notes  sur  U$ 
C (institutions  apostoliques fCMèreui  ces  Actes 


155 


APO 


PART.  II!.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


APO 


iU 


d*après  (les  manuscrits;  Thilo  fut  ]e  premier 
qai  les  publia  en  grec  dans  deux  program- 
mes ou*  ii  fit  paraître  à  Hâle,  en  1837  et  en 
1838  (xxYiiiel 30 pag. in-4.')  ;  il  s'était  servi  de 
deux  manuscrits  grecs  de  la  Bit)liothèque 
impériale  de  Paris  (n*»  iWO  et  897),  et  ii  y 
joignit  une  version  latine  d'une  portion  de  ces 
Actes  d'après  deux  anciens  manuscrits  dont 
l'un  parait  remonter  au  viir  siècle.  Cet  infa- 
figable  érudit  mit  en  tète  de  son  travail  une 
Introduction  judicieuse^  et  il  y  joignit  des 
notes  utiles.  Il  avait  déjà  parlé  de  ces  Actes 
dans  un  livre  qu'il  avait  publié  à  Leipsig  , 
en  1823,  et  qui  servait  de  prélude  à  ses 
vastes  recherches  sur  les  apocryphes  :  JVo- 
tilia  novœ  Codicis  apocryphi  Fnbriciani  edi^ 
tionis  prœmissa  Acfis  S.  Thomœ  apostoli, 

M.  Tischendorf  a  établi  sou  texte  d'après 
le  manuscrit  de  Paris  n'  11^70  portant  la  date 
de  890.  (Montfaucon,  Palœographia  Grœca^ 
p.  270y  a  donné  un  spécimen  de  l'écriture 
de  ce  respectable  codex).l\  a  consulté  les  n'^' 
897  et  635  ainsi  que  le  n"  621,  897  el  635, 
fonds  Coislin.  11  s  est  également  servi  d*un 
manuscrit  de  la  bibliothè  que  Saint-Marc  à  Ve- 
nise, n"9,et  d'un  autre  de  la  bibliothè()ue  de 
Vienne. 

.  On  trouvera  à  l'article  Paul  de  notre  Re- 
cueil la  traduction  de  ces  Actes. 

Actes  de  saint  Barnabe,  ou  plutôt  Voyages 
el  martyre,  de  saint  Barnabe^  Vapôtre.  — 
M.  Tischendorf  s'est  servi  de  l'ancien  ma- 
nuscrit grec  de  la  Bibliothè(tue  impériale, 
n'  1^70,  et  d'un  autre  manuscrit  conservé 
au  Vatican  (n"  1667),  dont  Daniel  Papebroch 
avait  fait  usage  dans  les  Acta  sanctorum 
(t.  U  Junîi,  p.  421-^35,  Anvers,  1698): 
S,  Barnabœ  apostoli  Acta  et  passio  in  Cypro, 
iiib  nomine  Joannis  Marci  Barnabœ  consO' 
brini,  édita  tx  ms.  Vaticano  et  Guit,  card. 
Sirled  interprétations  Ce  manuscrit  est  un 
i)t'U  moins  complet  que  celui  de  Paris.  No- 
tons en  passant  que  Baronius  s'est  trompé 
(Annal,  ad  an.  31,  u*  51)  en  disant  que 
les  Actes  de  saint  Barnabe  se  retrouvent 
dans  Y  Histoire  apostolique  d'Abdias,  Actes 
qu'il  juge  d'ailleurs  en  termes  fort  rigou- 
reux. Quœdam  Barnabœ  Acta^  quœ  nomine 
Joannis  ab  aliquo  nebulone  scripta  circum- 
ftruntur  et  ab  imperilis  magno  applausu  ex- 
cipiunlur,  multis^et  apertissimis  coagmentata 
mendaciis. 

Au  moyen  ft^e,  on  ne  révoquait  pas  en 
doute  l'authenticité  de  celte  relation  ,  et 
Jac<{ues  de  Voragine,  dans  sa  Légende  dorée^ 
en  invoque  nettement  l'autorité  :  Ejus  (Bar^ 
naba]  passionem  compilavit  Joannes  qui  et 
MarcuSf  ejus  consobrinus^  maxime  a  visions 
illius  Joannis  usque  fere  in  finem  quatn  Beda 
de  Grœeo  in  Latinum  creditur  transtulisse. 

Les Boilandistes  ont  joint  aux  Acles'du  saint 
sa  Vie  telle  qu'elle  se*  trouve  dans  Moml)ri- 
tins  :  c'est  le  même  récit  quant  au  fond,  seule- 
ment queiqiues  circonstances  ditrèrent  ;  ils  y 
ont  ajouté  plusieurs  dissertations  relatives  à 
saiat  Barnabe  et  le  texte  grec,  d'après  un 
m><nuscrit  du  Vatican,  d'un  écrit  d*Alexan- 
dre,  moine  cypriote^  avec  la  traduction  la- 
tine de  François  Zonius,  Cet  ouvrage  est  di- 


visé en  quatre  chapitres  dont  voici  les  titres  : 

Barnabœ  ortus  et  educatio  ,  conversio  ad 
Christum^  Paulus  excefftus  ;  Evangelium  so* 
cio  Joanni  Marco  prœdicatum^  martyrium  in 
Cypro  ;  De  Petro  Fullone  Antiocheni  patriar-^ 
-chatus  invasore^  Cyprum  sibi  subjicere  uo- 
lente:  Inventio  corporisS,  Barnabœ^  ethujus 
exinde  celebris  cultus. 

Actes  ou  Pérégrinations  de  saint  Philippe. 
—  On  sait  qu'Anastase  le  Sinaïte,  dansson 
livre  sur  les  trois  Carêmes^  avait  cité  un  frag- 
ment de  cet  écrit,  fragment  qu'on  trouve 
dans  les  Monumenta  Ecclesiœ  Grœcœ^  édités 
par  Got^îlier,  t.  III,  p.  428-430;  Fabricius  l'a 
reproduit,  Cod.  Nov.  Test,^  t.  Il,  p.  806,  et 
Beausobre  l'a  traduit  dans  son  Histoire  du 
manichéisme^  t.  I,  p.  346. 

Les  Boilandistes  ont  connu  des  Actes  de 
saint  Philippe,  que  leur  fournissait  un  ma- 
nuscrit du  Vatican,  mais  ils  ne  les  ont 
pas  jugés  digues  d'être  publiés  [quœ  non  est 
operœ  pretium  edere.  (Act.  Sanct,  1.  1  Maii, 
p.  8);  ils  signalent  seulement  entre  autres 
miracles  qu'ils  renferment,  laguérison  d'un 
aveugle  dont  la  cécité  durait  depuis  qua- 
rante ans,  et  l'usage  de  la- parole  humaine 
accordé  à  un  léopard  et  à  un  bouc.  Il  faut 
observer  que  ces  traits  ne  se  rencontrent 
pas  dans  le  texte  qu'a  édité  M.  Tischendorf, 

Les  récils  apocryphes  relatifs  à  saipi 
Philippe  ont  passé  dans  les  hagiographes 
anciens.  Nous  citerons  le  Ménologe  de  Basile 
Porphyrogénète,  rédigé  avant  le  vir  siècle, 
et  dont  les  Boilandistes  ont  publié  co  qui 
concerne  le  saint  apôtre  ;  ils  ont  également 
donné  un  extrait  d'un  Synaxaire  grec  de 
l'Eglise  de  Constantiiiople,  et  traduit  les 
Actes  publiés  par  Siméon  Méiaphraste,  en 
ajoutant  (p.  14  et  suiv.)  les  miracles  du  saint 
d'après  les  grandes  Menées  des  Grecs.  £u- 
sèbe,  dans  son  Histoire  ecclésiastique^  I.  m, 
c.  31,  dit  fort  peu  de  chose  de  saint  Philippe, 
mais  Nicéphore  [Hist.  eccl.f  t.  II,  c.  39)  ra- 
conte en  détail  des  circonstances  prises  chez 
les  apocrj'phes. 

Pour  établir  son  texie,  M.  Tischendorf  a 
consulté  un  manuscrit  de  la  bibliothèque 
Saint-Marc  à  Venise,  n**  881,  xi'  siècle.  Un 
autre  manuscrit  de  Paris  (n*  1454,  x*  siè- 
cle) donne  un  texte  incomplet  vers  la  fin,  et 
celui  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris 
est  fort-difficile  à  lire,  l'écriture  étant  très- 
ctîacée.  Un  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
Bodiéienne,  cité  pat  Grabe,  fournit  un  texte 
qui  est  une  portion  de  l'écrit  publié  par 
M.  Tischendorf.  Lambécius,  dans  ses  Com^ 
mentarii  Bibliothecœ  Cœsareanœ  (Vienne, 
1665-79,  8  vol.  in-fol.),  signale  aussi  un 
manuscrit  è  Vienne,  intitulé  :  Actes  de 
saint  Philippe  dans  la  Grèce^  production  qui 
est  loin  d'avoir  l'antiquité  de  celle  dont 
nous  avons  parlé.  Les  Boilandistes  en  ont 
fait  mention  d'après  un  manuscrit  du  Vati- 
can, (t.  1  Maii,  p.  9;  t.  1  Junii,  p.  620.) 
M.  Tischendorf  n'a  rencontré  qu'un  manus- 
crit qui  lacontint.(Bibl.imp.de)Paris,n*881.) 

Actes  de  saint  André.  —  Ils  furent  célèbres 
dans  l'antiquité,  et  sont  répandus  parmi 
diverses  sectes  hérétiques,  notamment  parmi 


f."^ 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ÎIO 


les  manichéens,  ainsi  que  l'attestent  saint 
Kpiphane,  saint  Augustin,  saint  Philastre  et 
d'autres  auteurs,  qui  nous  apprennent  que 
ces  Actes  circulaient  sous  le  nom  do  Leu- 
cius.  11  leur  arriva  sans  doute  ce  qui  advint 
à  la  plupart  des  écrits  de  Lcucius;  ils  furent 
corrigés  par  des  orthodoxes,  et  entrèrent 
ainsi  dans  Tusage  général.  Dans  leur  état 
actuel,  tels  qu'ils  nous  sout  parvenus,  ils 
s'accordent  avec  la  Lettre  des  prêtres  et  des 
diacres  d^Achaie  sur  le  martyre  detsaint  4»- 
dréf  composition  remarquable  que  nous 
avons  insérée  (col.  95  ),  et  que  des  au« 
leurs  d'une  grande  autorité,  tels  que  Baro- 
niuset Bellaraiin, ont  regardée  coinmeautlien- 
tique  et  connue  datant  do  Tan  80  de  aolre 
èr«.  C'est  aussi  l'opinion  qu'un  critique  pro- 
lestant, Woog,  auquel  ou  doit  une  édition 
s^péciale  de  cette  Lettre,  a  chaudement  ap- 
puyée, tandis  que  l'avis  contraire  a  été  sou- 
tenu par  des  protestants,  tels  que  Fabri- 
ci  us  ot  Walcli.  D{\j^\u\{Biblioth,  des  auteurs  ec- 
c/^«.)  etd'aulres  critiques  sont  restés  dans  l'in- 
certitude.  M.  Tischendorfnecroitpas  pouvoir 
trancher  la  question,  mais  il  pense  que  l'écrit 
de  Leucius  était  assez  différent  de  1  écrit  qui 
nous  est  parvenu^  et  que  celui-ci,  remontant 
à  une  haute  antiquité,  conserve  le  locd  de 
la  vérité  historique.  On  peut  remarquer 
que  plusieurs  Pères  signalent,  dans  des 
Ouvrages  apocryphes,  l'eiaclitude  des  Taits 
mêlés  à  l'exposition  de  doctrines  erronées. 

Deux  écrivains  anciens  ont  cité  des  traits 
do  rhistoire  de  saint  André  empruntés  à  ces 
faux  Actes;  ce  sont  £vode  d'Uzel  dans 
son  traité  De  fide  contra  Manichœos^  c.  38,  et 
Tauteur  du  Litre  de  la  vraie  ei  de  ta  fausse 
pénitence^  à  peu  près  contemporain  d'Evode 
et  de  saint  Augustin. 

Vers  le  x*  siècle,  un  moine  grec,  nommé 
Epiphane,  écrivit  une  Vie  de  saint  André, 
dans  laquelle  il  reproduisit  presque  textuel- 
lement bon  nombre  le  passages  empruntés 
aux  Actes  de  cet  apôtre. 

M.  Tischendorf  a  établi  son  texte  d'après 
deux  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impé- 
riale de  Paris  (n*  881  et  n'  121,  fonds 
Coislin),  et  il  a  réussi  par  là  à  le  donner 
avec  bien  plus  d*élendue  que  Woog,  qui 
n'avait  fait  usage  que  d'un  seul  manuscrit 
conservé  à  Oxford,  et  qui  n'offre  qu'une  re- 
lation abrégée.  Une  traduction  latine  de  ces 
Actes  avait  été  insérée  par  Mombritius, 
dans  son  Sanctuarium^  sive  Vitœ  sanctorum, 
imprimé  à  Milan  t;Q  1^7^,  et  de  là  elle  a 
passé  dans  les  Vies  des  saints  recueillies  par 
Surius  [Coloniœ,  1617,  ad  30  iVoi;.,  t.  VI, 
\u  G53). 

Ai' tes  de  saint  André  et  de  saint  Matthieu 
dans  la  ville  des  anthropophages^  —  Compo- 
sition gnoblique  qui  a  été  l'objet  d'un  pro- 
gramme de  Thilo  :  Acta  55.  apostolorum 
Andréas  et  Matthiœ^  et  commentalio  de  eorum- 
detn  originCf  Halle,  1846.  Fabricius  (Cod. 
Aav.  Test,^  t.  11,  p.  &37)  avait  rapporté  un 
|)assage  extrait  du  Martyrologe  Ue  Floren- 
liuius,  et  qui  s'accorde  aveo  le  récit  de  ces 
Actea. 

Lo  moine  Epiphane,  que  nous  avons  déjh 


cité,  fait  aussi  menlion  d'un  trait  emprunté 
à  ces  Actes.  Remarquons  que,  sans  trop 
qu'on  devine  pourquoi,  il  donne  à  la  ville 
des  anthropophages  le  nom  de  Sinope,  tan- 
dis que  le  texte  grec  ne  désigne  aucun  iw.n 
de  lieu,  et  que  la  scène  est  placée  en  Ethio- 
pie, dans  un  poëme  anglo-saxon  qu'un  éru- 
dit  allemand,  Jacob  Grimm,  a  publié  dans 
l'Introduction  d'un  volume  intitulé  :  Andréas 
und  ^e/ene,Cassel,18-V0;nousenavons  parié. 

Thilo  a  fait  usage  de  trois  maituscrils  de 
la  Bibliothèque  impériale  de  Paris,  a*  15aG, 
viit' siècle,  en  lettresoncialesn'881,  XI*  siècle, 
et  n*l  555,  X.V*  siècle.  Ce  dernier  est  le  seul  qui 
mentionne  l'ouvrage  entier  ;  le  plus  ancien 
manuscrit  ne  donne  que  des  fragments; 
l'autre,  incomplet  à  la  fin,  présente  de  plus 
une  lacune.  U.  Tischendorf  entre,  h  l'égard 
des  différences  qu'offreiil  ces  Codices^  dans 
des  détails  minutieux  qui  ne  sauraient  trou- 
ver place  ici  :  il  a  consulté  aussi  un  manus- 
crit de  la  bibliothèque  Saint-Marc,  et  un  de 
la  Bibliothèque  ambroisienne  à  Milan. 

Actes  et  martyre  de  saint  Matthieu. — C'est 
une  continuation  des  Actes  de  saint  Pierre 
et  de  saint  Andréa  édités  par  Woo^.  et  des 
Actes  de  saint  [André  et  de  saint  MatthieUy 
publiés  par  Thilo  ;  aussi  ces  savants  les 
ont-ils  compris  dans  les  publications  que 
nous  avons  déjà  citées  :  les  faits  sont  les 
mêmes  que  ceux  qui  sont  relatés  dans  h's 
Acta  sanctorum,  t.  VI  Septemb.,  p.  194.-227; 
dans  ['Histoire  apostolique  d'Abdias,  I.  vu; 
dans  Nicéphore,  Jlist.  eccles,^  1.  xi,  c. 
<^1,  etc. 

M.  Tischendorf  a  eu  recours  à  deux  ma- 
nuscrits, l'un  de  la  Bibliothèque  impériale 
de  Vienne,  Tautre  de  celle  de  Paris  (a* 881, 
XI*  siècle)  ;  ils  présentent  entre  eux  des 
variantes  assez  sensibles,  que  l'éditeur  a 
soigneusement  relevées. 

Actes  de  saint  Thomas.  —  Ils  étaient  en 
grande  réputation  parmi  les  hérétiques  drs 
premiers  siècles,  et  surtout  parmi  les  mani- 
chéens. Saint  Epiphane  en  fait  mention, 
ainsi  que  Turibe,  révè(|ue  espagnol,  dans 
son  Epitre  à  Idacius  et  à  Ceponius,  Saint 
Augustin  en  parle  à  trois  reprises  [Deser- 
mone  Lfomini  in  monte^  l.  i,  c.  20;  Adversus 
Adamantum^  c.  17  ;  Contra  Faustum^  I.  xxii» 
c,  79};  il  rapporte  dans  ce  dernier  passage 
le  trait  de  Tollicier  du  roi  qui  frappa  l'apù- 
Ire,  et  qui  fut  déchiré  par  un  lion.  Les  récils 
contenus  dans  ces  Actes  se  retrouvent  dans 
V Histoire  d'Abdias. 

En  1823,  Thilo  publia  le  premier,  en  grec, 
les  Actes  qui  nous  occupent,  el  s*attadia  à 
mettre  en  lumière  le  caractère  manichéen 
qui  s'y  trouve  ;  les  notes  savantes  qu'il  y 
aiouta  remfjiissent  plus  de  cenl  pages  r  il 
s  était  servi  des  quatre  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris  (n**881, 
1176,  ik^ï  el  U68).  M.  Tischendorf  les  a 
revus  avec  soin,  el  ils  lui  onl  fourni  iit^s 
corrections  noiuiireuses.  Il  a  noté  les  va- 
riantes, et  il  a  également  examiné  le  manus- 
crit n"  1556,  qui  est  intéressaul  en  ce  quM 
offre  une  rédaction  qu'on  s'esi  etfurcé  de 
dégager  des  erreurs  des  hétérodoxes.  Nous 


157 


BAI 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


BAI 


138 


avons  traduit  en  entier  ces  Actes  qui  offrent, 
à  certains  égards,  plus  d'intérêt  que  quel* 
ques-unes  des  compositions  du  même 
genre. 

Consommation  de  Papôtre  Thomas  ('H  «- 
>icM€i»  6«*fu(  ToO  flc^ro^To^ou).  —  Tel  est  le  titre 
que  porte  ei't  écrit  dans  le  manuscrit  881,  oii 
il  fait  suite  aux  Actes  du  saint  apôtre  :  le 
manuscrit  1556  en  présente  une  analyse 
abrégée  ;  le  fond  du  récit  est  le  même  aue 
dans  VBistoive  d*Abdlas.  M.  Tischendori  a 
fait  usage  des.  deux  manuscrits  que  nous  ve- 
nons d'indiquer. 

Martyre  de  saint  Barthélémy,  —  Récit  ana- 
logue à  celui  d*Abdias.  M.  Tischendorf  a 
publié  pour  la  première  fois  le  texte  grec 
d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothèque 
Saint-Marc  (xiii*  siècle),  et  il  a  placé  au 
bas  des  pages  les  passages  des  Histoires 
opostoliques  qui  reproduisent  le  texte  quli 
édite. 

Les  témoignages  des  anciens  auleers  sur 
rbistoire  de  saint  Barthélémy  présentent  de 
grandes  différences.  Voy,  Tillemont,  Mé» 
moires  pour  servir  à  Vhist.  eccUs.f  t.  I, 
p.  960  et  1160,  ainsi  q^ie  Fabricios,  Coé. 
iVor.  Test,,  i,  II,  p.  66§  et  686. 

Actes  de  saint  Paul  et  de  sainte  Thècle.  — 
Ils  sont  d'une  haute  antiquité.  TertulHen 
nous  en  fait  connaître  l'origine  :  Quodsi  qui 
Pauli  perperam  scripta  leguntj  exemplum 
Thtclœad  licenliam  mulierum  docendi  tingen- 
dique  défendant^  sciant  in  Asia  preshyterum 
qui  eam  scripturam  construxit^  quast  titulo 
Pauli  de  su o  cumulans^  convictum  atque  con^ 
fessum  id  se  amore  Pauli  fecisse  loco  deces^ 
sisse.  (De  baptismo,  e.  17.J 

Saint  JérôéTie,  De  script,  ecchsiast.f  c.  T, 
rapporte  la  témoignage  de  Tertullien ,  et 
ajoute  qua  ces  Actes  sont  rejetés  comme  fa- 
buleux, fies  circoastnnces  imaginées  à  plai*- 
sir  avaient  été  ajoutées  au  récit  très-réal.du 
inartjrre  de  sainte  Thècle,  et  les  Pères  grecs 


et  latins  sont  unanimes  pour  rendra  hom« 
mage  h  celle  vierge  célèbre.  Nous  ren- 
voyons aux  témoignages  de  saint  Méthodius 
IConviv  «îrg^.,  dans  la  Bibliotheca  de  Gal- 
landi,  t.  ill,  p.  742),  de  saint  Grégoire  de 
Nysse  (Iiom.  14  inCant,^  1. 1,  p.  676,  éd.  de 
Paris,  1615)  ;  de  saint  Grégoire  de  Nazianze 
{Prœcept.  ad  virgines,  p.  59,  éd.  de  Cologne, 
1690);  de  saint  Epiphane  (hœres.78);  dp  saint 
Chrysostome  {hom.  25  m  Act,  apost.)  ;  de 
saint  Cyprien  d'Antioche  (Oratio  pro  marty- 
ribuSf  et  dans  la  prière  qu'il  dit  lors  de  son 
martyre);  de  saint  Ambroise  (De  virginibus^ 
1.  n)  ;  de  saint  Augustin  (Contra  Faustum^ 
c.  30,  n.  4):  de  saint  Zenon  (De  virgin,^  I.  i, 
c.  8),  et  d'autres  auteurs  qu'il  serait  trop 
long  d'énumérer..Faj^.  Baronius,  Annal,  ad 
ann,  47,  et  Annotât,  ad  Martyrol.  Romanwn 
(23  mens:  Sept.);  Basile  de  Séleucie,  De  vita  ac 
miraculis  D,  jTieclcBj  que  G.  Pontin  publia 
h  Anvers  en  1608,  en  y  joignant  Simeonis 
Metaphrastœ  de  eadem  martyre  tractatus 
singularisa  K,  Grabe  inséra  les  Actes  de  saint 
Paul  et  de  sainte  ThècU^  en  grec  et  en  latin, 
dans  son  Spicitegium  SS.  Patrum  (Oxford^ 
1698,  1. 1.  p.  95-128),  en  faisant  usage  d'un 
manuscrit  de  U  bibliothèque  BodIeycnne« 
que  Thilo  déclare  très -incorrect  et  fort  cor- 
rompu (negligentissime  ejcaratum  et  textum 
{)erquam  depravatum);  il  s'y  trouvait  utih 
acune  considérable  (sect.  27  à  32}  que  Tho- 
mas Hearne  combla  en  1715,  dans  le  sup- 
plément aux  Collectanea  de  Jean  Leland, 
t.  VI,  pars  H,  p.  67-69. 

M.  Tischendorf  a  doené  le  texte  grec  do  ces 
Actes,  après  avoir  eu  recours  à  trois  manus- 
crits de  la  bibliothèque  impériale  de  Paris, 
iC  1454,  X'  siècle,  520  et  1468,  xi*  siècle. 
Une  traduction  latine  est  jointe  parfois 
au  texte  grec  dans  des  manuscrits»  comme 
l'observe  un  des  Bollandistes,  le  P.  Stiltin^, 
dans  ses^Z^e  Thecla  commentarii  historu:t 
cnVtct^Junii,  t.  V. 


ASSIMAHj  MÈRE  DE  MOÏSE. 


D'Herbelot  (Bibliothèque  orientale)  men- 
tionne un  livre  de  conjurations  magiques  , 
é^^rit  ea  arabe  i  ;8t  attribué  à  cette  femme. 


Cette  absurde  production  existe  dans  des 
manuscrits  conservée  dans  quelques  gran- 
des bibliothèques, 


B 


BALAAM. 

(Prophéties  de  Balaam,) 


Les  rabbins  ont  avancé  bien  aes  laoïcs  ri- 
dicules, et  parfois  fort  indécentes ,  au  stijet 
de  ce  faux  prophète.  (Voy.  Bartolocci,  Biblio- 
theca  rabbinica.) 

D'après  Ovigène,  cité  par  l'auteur  d^une 
Chaîne  $ur  te  Peniatenque-^  iï  eut  des  disci^ 
pies  auxquels  il  ensei^a  la  magie,  et,  dans 
ses  prédictions,  il  avait  annoncé  l'étof le  que 

DiCTiorm.  DBS  Apocryphes.  Il 


les  mages  viren^t  plus  tard,  et  qui  ïes  con- 
duisit a  Bethléem. 

Selon  les  écrivains  arabe.9 ,  Balaaui  ayant 
reçu  ées  présents  pour  vomir  des  impréca- 
tions contre  Moïse,  en  porta  la  peine.  La 
langue  lui  sortit  de  la  bouche  et  tomba  jus* 
que  sur  sa  poitrine. 


4 


i!;3 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


110 


BARCABBAS  ET  BARCOPH  OU  PARCHOR. 

[Prophéiies  de  Barcabbas  e(  Barcoph,) 


Ecrits  qui  avaient  cours  parmi  les  snosli- 
ques  et  les  manichéens.  Isidore,  fils  ae  Ba- 
silidot  eu  fitTobjet  d'un  commentaire  aue 
mentionne  Clément  d'Alexandrie.  Eusèbe 
en  parle  aussi  {Hist.  eecles.  L  it,  7),  et  il  dit 
(]ue  Basilide  avait  supposé  ces  deux  prophè- 
tes, avec  quelques  autres  auxquels  il  donnait 


des  noms  barbares  pour  étonner  etsnrpren- 
dreje  peuple.  Quelques  critiques  pensent  que 
des  imposteurs  auraient  plutôt  produit  de 
pareils  écrits  sous  des  noms  vénérés,  et  ils 
croient  que  ces  prétendues  prophéties  étaient 
des  livres  apocrvphes  ayant  quelque  auto- 
rite  parmi  les  Juiis. 


BARDESANE. 


Bardesane,  Syrien,  né  à  Edesse,  et  chef 
d*unc  des  écoles  gnostiques.  Il  composa  des 
hymnes,  et  on  le  regarda  comme  auteur  de 
divers  écrits  qui  rentraient  dans  la  catégo- 
rie des  apocryphes  bibliaues,  mais  qui  ne 
sont  point  parvenus  iusqu  à  nous.     . 

Les  Récognitions  clémentines^  I.  ix,  c.  19- 
29,  ont  reproduit  un  fragment  du  dialogue 
De  fato  de  Bardesane,  fragment  qu*a  con- 
servé Eusèbe,  Prœpar.  evang.^  I.  vi,  ch.  10 
(t.  I,  p.  289-297  de  la  traduction  de  M.  Sé- 

Suier  de  Saint-Brisson«  Paris  18^6),  et  qui  a 
té  inséré  dans  la  Bibliotheca  grœco^lat.  vet. 
Pair um  de  Gallandi,  t.  I,  p.  681  ,  ainsi  que 
dans  le  recueil  des  ouvrages  de  Fato  pu« 
lilié  à  Zurich,  en  182^,  par  le  savant  Orelli. 
Il  a  trouvé  jplace  dans  les  Dta/o^ue^  attri- 
bués à  saint  Gésaire,  frère  de  saint  Grégoire 
de  Nazianze  (dialog.  11,  interr.  109  et  110). 
M.  K.  Renan  a  rencontré,  dans  un  manuscrit 
syriaque  du  Musée  britannique  (n*  1&6S8) , 
un  extrait  de  ce  même  dialogue  sous  le  titre 
de  Livre  des  lois  des  pays;  il  en  a  publié 
deux  passades ,  accompagnés  d'une  traduc- 
tion, dans  Te  Journal  asiatique^  h*  série, 
t.  XIX  (1852),  p.  295.  Cefragment  ne  va  pas 
aussi  loin  que  celui  qui  est  fourni  par  Eu- 
sèbe, mais  il  commence.plus  haut  et  il  donne 


tout  le  début  et  la  mise  en  scène  du  dialo- 
gue de  Bardesane. 

Divers  auteurs  se  sont  occupés  de  ce 
gnostique  dans  leurs  ouvrages  :  on  peut  con* 
sulterCave,  Scriptores  ecclesiastici  ^  t.  1^ 
p.  77;  Dupin,  BibliotMque  des  auteurs  ecclé- 
siastiques, t.  I,  p.  S8;  Tillemont,  Mémoires, 
t.  II,  p.  kik  et  676;  Beausobre,  Histoire  du 
manichéisme^  t.  II,  p,  128  ;  Matter,  Histoire  du 

Jnosticisme,  1. 1,  p.  300.  Fr.  Struntz  a  publié 
Wittemberg,  1710,  in-fc*,  une  Histo- 
ria  Bardesanis  et  Bardesanistarum^  qui  est 
aujourd'hui  bien  arriérée;  plus  récemment, 
deux  érudits  allemands  ont  envisagé  Barde- 
sane, l'un  comme  auteur  d'hymnes,  et  Tau- 
tro  comme  professant  l'astrologie.  (Foy.  A. 
Hahn,  Baraesanes  gnosticus  ,  Syrorum  pri- 
mus  hymnologus^  Leipsick.  1819,  in-8',  et 
G.  Kuehner,  Aslronomiœ  et  astrologiœ  in  do- 
ctrina  gnosticorum  vestigia,  pars  i,  Bardesa- 
nis gnostid  numina  astralia^  Hildburghau- 
sen,  1833,  in-<^*. 

Un  savant  anglais ,  M.  Cureton ,  a  publié 
en  18S5,  èLoudres,  d'après  un  des  manuscrits 
syriaques  du  Musée  britannique ,  un  dialo- 

(;ue  de  Bardesane  sur  divers  points  de  phi- 
osophie 


MRNABË. 


Evangile  de  saint  Barnabe. 

11  est  mentionné  dans  le  décret  du  Pape 
Xjélase  et  dans  une  liste  grecque  d'ouvrages 
apocrvphes  que  Cotelier  a  insérée  dans  son 
travail  sur  les  Constitutions  apostoliques.  Il 
ne  nous  en  est  d'ailleurs  parvenu  aucun 
fragment.  Quelques  auteurs  ont  cru ,  mais 
•ans  preuves,  que  c'était  saint  Barnabe  qui 
avait  traduit  en  grec  l'Evangile  que  saint 
Matthieu  avait  écrit  eu  hébreu.  Selon  plu- 
sieurs écrivains  grecs  du  Bas-Empire  (Théo- 
dore le  Lecteur,  Cédrène,  etc.),  et  selon  cer- 
tains chroniqueurs  du  moyen  Age,  le  corps 
de  saint  Barnabe  fut  découvert  dans  l'Ile  de 
Chypre,  sous  le  règne  de  l'empereur  Zenon, 
et  une  copie  de  l'Evangile  de  saint  Matthieu 
reposait  sur  la  poitrine  du  saint. 

Il  8'«st  répandu  un  ouvrage  portant  aussi 
le  litre  d'Evangile  de  saint  Barnabe  ei  tout 
différent  de  l'ancienne  composition  grecque. 


Fabricius  {Cod.  apoer.  Nov.Test,^  i.  U^ 
p.  375)  entre  dans  de  longs  détails  au  sujet 
d'un  manuscrit  italien  qui  le  renferme  et 

2ui  se  trouve  à  la  bibliothèque  de  la  Haye. 
'est  une  production  d'origine  musulmane. 
Les  Turcs  (à  ce  que  dit  une  lettre  de  J.  F. 
Cramer,  datée  du  20  juiu  1713;  opposent  ce 
prétendu  Evangile  aux  quatre  Evangiles  ca* 
noniques  comme  le  seul  véritable.  Baraabév 
qui  se  dit  chargé  de  l'écrire,  y  passe  pour 
un  apôtre  ayant  vécu  dans  la  iamiliarité  du 
Jésus-Christ  et  de  la  sainte  Vierge,  mieux 
instruit  que  saint  Paul  du  mérite  de  la  cir- 
concision et  de  l'useee  des  viandes  tolérées 
ou  défendues  aux  fidèles.  On  y  voit  que  les 
peines  infernales  des  mabométans  ne  seront 
pas  éternelles.  lésus-Christ  n'y  est  appelé 
simidement  que  prophète.  Il  y  est  dit  qu*au 
roomeut  oi!t  les  Juifs  se  préparaient  à  1  allpt 
prendre  au  jardin  des  Olives,  il  fut  enlevé 


m 


BAR 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


BAR 


m 


ta  froisièine  ciel  par  le  ministère  de  quatre 
anges,  Gabriel,  Michel.  Raphaël  et  Uriel; 
qu*il  ne  mourra  qu*à  la  fin  du  mande,  et  que 
ce  fut  Judas  qui  fut  crucifié  i  sa  place.  Dieu 
ayant  permis  que  ce  traître  parût  aux  yeux 
(ies  Juifs  tellement  ressemblant  à  Jésus- 
Cbrist  qu'ils  le  prirent  pour  lui-,  el^  comnie 
U'\.  le  livrèrent  à  Pilaie.  Celle  ressembtance 
était  si  grande  qu*il  n'y  eut  pas  jusgu'à  la 
Vierge  Marie  et  aux  apôtres  qui  H*y  lussent 
trompés,  mais  Jésus  obiint  depuis  de  Dieu 
la  permission  de  venir  les  consîoler.  Barnabe 
demanda  à  Jésus  comment  la  bonté  divine 
avait  soutferi  que  la  Mère  et  les  disciples 
(l\in  Prophète  si  saint  crussent  un  seul  mo- 
roeot  qu  il  était'mort  avec  tant  d*ignomiiiie. 
«C'est,  *  répondit  Jésus-Christ,  «  que  Dieu 
élaut  la  pureté  m4me,  ne  peut  voir  dans  ses 
serviteurs  le  moindre  défaut  qu'il  ne  le  châ- 
tie sévèrement  ;  et  comme,  ajouta-t-il,  l'aU 
lachemeni  pour  moi  un  peu  trop  humain  de 
ma  Mère  et  de  mes  disciples  est  une  faute 
devant  lui,  il  a  voulu  les  en  punir  par  cette 
douleur,  pour  leur  sauver  celle  du  feu  de 
Teafer.  A  mon  égard,  tout  innocent  que  je 
suis,  sa  justice  néanmoins^  offensée  de  ce 
que  le  peuple  m'appelait  Dieu  et  Fils  de 
Dieu,  a  ordonné,  pour  m*emp6cher  d'être  le 
jouet  des  démons  au  terrible  jour  du  juge^ 
meut,  que  je  serais,  en  cette  vie,  le  jouet  des 
hommes,  lesquels,  sur  ce  que  Judas  est 
mort  en  croix  sous  ma  ressemblance  exté- 
rieure, croiront  fermement  que  c'est  moi  qui 
ai  été  crucifié,  et  demeureront  tous  en  cette 
erreur  jusqu'à  oe  que  Mahomet,  l'envoyé 
de  Dieu,  vienne  les  en  tirer.  » 

Le  texte  italien  est  assez  corrompu  ;  il 
sufiira  d*en  citer  un  court  échantillon  : 

RUomo  ta  vergine  chon  cholai  che  scrive 
hejachobo  ht  ioannt  inierusakm  quel  giorno 
ntl  qualle  uscUe  il  dechrelo  del  pontifice  pero 
Idtergine  cheiemeva  ce  diose  benechonossera 
il  dechrelo  del  pontifice  iniusio 

Fabricius  en  donne  une  traduction  latine, 
qu'à  notre  tour,  nous  ferons  passer  en  fran- 
çais: 

«  LaVierge(Marie)revintà  Jérusalem  avec 
l'écrivain  (Barnabe),  Jacques  et  Jean,  le  jour 
où  avait  été  publié  le  décret  du  grand  prôtre. 
La  Vierçe,  qui  craignait  Dieu,  ordonna  k 
ceux  qui  résidaient  avec  elle  d'oublier  son 
Fils  quoiqu'elle  sût  que  le  décret  du  grand 
prêtre  était  injuste.  Dieu,  qui  connaît  ce  qui 
se  passe  dans  le  cœur  des  hommes,  voyait 
que  nous  étions  pénétrés  de  douleur  a  cause 
de  la  mort  de  Judas  que  nous  regardions 
comme  étant  Jésus,  notre  Maître,  et  que 
nous  éprouvions  le  plus  vif  désir  de  le  voir 
après  sa  résurrection.  C'est  pourquoi  les 
ailles  qui  gardaient  la  Vierge  Marie,  mon- 
tèrent au  troisième  ciel  où  était  Jésus  ac*- 
compagné  des  anges,  et  ils  l'instruisirent  de 
tuui  ce  qui  se  passait.  Alors  Jésus  demanda 
à  Dieu  de  lui  donner  les  moj^ens  de  voir  sa 
Mère  et  ses  disciples.  Dieu  plein  de  miséri- 
corde ordonna  à  quatre  de  ses  anges  les  plus 
chéris,  Gabriel,  Michel,  Raphaël  et  Uriel,  de 
|)orter  Jésus  dans  la  maison  de  sa  Mère,  et 
de  l'y^  garder  peuplant  trois  jours  consécu- 


tifs* ne  le  laissant  voir  que  de  ceux  qui 
croyaient  en  sa  doctrine.  Jésus,  entouré  de 
splendeur*  vint  dans  la  chambre  où  étaif 
la  Vierge  Marie  avec  ses  deux  sœurs,  ei 
Marthe  avec  Marie  Madeleine,  et  Lazare 
avec  l'écrivain  (Barnabe)  et  Jean  avec  Jac- 
ques et  Pierre,  et  quand  ils  le  virent,  ih 
furent  saisis  d'une  telle  frayeur  qu'ils  tom- 
bèrent tous  comme  morts.  Mais  Jésus,  rele-* 
vant  sa  Mère  et  se$  disciples,  dit  :  «r  Ne  crai*- 
gnez  rien;  je  suis  Jésus ^  ne  pleurez  pas^ 
car  je  suis  vivant  et  je  ne  suis  point  mort, 
comme  Vous  le  croyez.  »  Chacun  resta  long- 
temps comme  hors  de  soi,  par  suite  de  l'é* 
tonnement  de  voir  Jésus  qu'ils  croyaienf 
mort?  Et  la  Vierge  dit  en  gémissant:  «  Mon 
Fils,  dis-moi,  je  te  prie,  pourquoi ,  Dieu 
t'ayant  donné  la  puissance  de  ressusciter 
les  morts,  tu  as  souffert  d'être  ainsi  mis  à 
mort,  avec  une  grande  ignominie  pour  tes 
parents  et  tes  amis,  et  beaucoup  d'opprobre 
pour  ta  doctrine,  de  sorte  que  tous  ceux  qui 
t'aimefit  sont  comme  frappés  do  stupeur  el 
de  mort.  ^  Jésus,  embrassant  sa  Mère,  dit  : 
«  Crois  moU  ma  Mère;  j'afiirme  que  je  n'ai 
iamais  été  mort;  Dieu  m'a  réservé  jusqu'à 
la  fin  de  ce  monde.  »  Ayant  ainsi  parle,  il 
demanda  aux  quatre  anges  de  se  laisser  voir 
et  de  rendre  temoij^nage  de  la  manière  dont 
toute  la  chose  s'était  passée  ;  les  anges  appa- 
rurent alors  comme  quatre  soleils  éblouis* 
sants,  et  derechef  tous  les  assistants,  saisis 
de  frayeur,  tombèrent  comme  morts.  Alors 
Jésus  donna  quatre  voiles  aux  anges  afin 
qu'ils  se  couvrissent,  de  façon  que  sa  Mère 
et  ses  disciples  pussent  supporter  leur  as- 
pect et  les  entendre  parler.  Et  les  ayant 
relevés,  il  les  encouragea  et  il  dit  :  i  Ce  sont 
les  ministres  de  Dieu,  Gabriel  qui  apporte 
et  qui  annonce  les  secrets  divins,  Michel  qui 
combat  les  ennemis  de  Dieu»  fiaphaël  qui 
reçoit  les  âmes  des  trépassée,  et  Uriel  qui, 
au  dernier  jour,  appellera  tous  les  hommes 
au  jugement.  »  Les  anges  racontèrent  à  la 
Vierge  ce  que  Dieu  leur  avait  commandé  et 
comment  Judas  avait  été  transformé  afin  de 
subir  la  peine  qu'il  avait  voulu  infliger  à 
un  autre;  alors  l'écrivain  (Barnabe)  dit  ; 
«  O  Mattre,  est-ce  que  j'ai  la  permission  de 
t'adresser  une  prière,  comme  je  l'avais  Iors«> 
que  tu  habitais  parmi  nous?  »  Et  Jésus  dit  ; 
«  Demande,  Barnabe,  tout  ce  que  tu  vou- 
dras, el  je  te  répondrai.  »  Et  récriyain  dit  : 
«0  Mattre,  puisque  Dieu  est  miséricordieux, 
pourquoi  nousa-t-il  ainsi  tourmentés,  ol  pour* 
quoi  a-l-il  fait  que  nous  croyions  que  tu  étais 
mort,  ta  Mère  te  pleurant  au  point  d'être  tout 
près  de  son  trépas?  Et  toi,  qui  es  le  Saint 
de  Dieu,  comment  Dieu  t'a-t-il  laissé,exposé 
à  l'infamie  de  mourir  sur  le  Calvaire  entre 
deux  larrons?  »  Jésus  répondit  :  «OBarnabé, 
crois-moi,  un  péché,  quoique  petit,  reçoit  de 
Dieu  qu'il  offense  un  châtiment  sévère; 
comme  ma  Mère  et  mes  disciples  m'avaient 
aimé  d^une  affection  tro{)  terrestre.  Dieu, 
qui  est  jusie,  a  voulu  punir  cei  amour  dans 
ce  monde  et  ne  pas  le  laisser  expier  par  les 
flammes  de  l'enfer.  Quoique  j'eusse  mené 
dans  ce  monde  une  vie  innocente,  cepeod/iQt 


143 


OICTlONiN4IRfi  DES  AROCtl¥PHHS. 


là 


comme  tes  hommes  m'avaient  a|>pelé  Dieu 
et  Fils  de  Dieu ,  Dieu  ne  voulant  que  je 
fusse  au  jour  du  jugement  un  sujet  de  rail- 
lerie pour  les  démons,  a  voulu  (]ue  je  fuise 
en  ce  monde  Tobjet  de  Tignominie  des  hom- 
mes par  la  mort  de  Judas,  tous  étant  persua- 
dés que  j*avais  subi  la  moit  sur  la  croix. 
Et  cette  ignominie  durera  jusqu'à  la  mort  de 
Mahomet  qui,  lorsqu'il  viendra  en  ce  monde, 
délivrera  de  cette  erreur  tous  ceux  qui 
croient  en  la  loi  de  Dieu.  » 

Actes  et  passion  de  saint  Barnabe, 

Cet  écrit  a  été  publié  en  ^rec,  avec  la  tra- 
duction latine  du  cardinal  Sirkt,  par  les  Bol- 
landistes  (iéc/asanc/arum,  t.  11  Junii,p.  ^31); 
il  est  tiré  d'un  manuscrit  du  Vatican,  et  il  est 
attribué,  bien  à  tort,  à  Jean-Marc,  cousin 
de  Barnabe.  Le  P.  Papebroch,  Tun  des 
plus  judicieux  continuateurs  de  Bolland,  Va 
fait  précéder  d'une  dissertation  sur  saint 
Barnabe,  sa  vie,  ses  prédications,  son  apos- 
tolat et  son  martyre.  Il  y  a  joint  un  fttrait 
delà  Vie  de  Tapôtrc,  tiré  de  Mombiitius. 

Baronius  a  porté  sur  ces  Actes  unjugcment 
un  peu  sévère,  il  les  réprouve  nettement  : 
Quœdam  Barnabœ  Acta  quœ  nomine  Joannis 
ab  aliquo  nebulone  scripta  circumferuntur^  et 
ab  imperitis  magno  applausu  excipiuntur^ 
muitis  et  apertissimis  coagmeniaia  mendaciis^ 
et  sunt  ea  potissimum  quœ  Actorum  apostO" 
torutn  historiée  a  Luca  conscriptœ  répugnant. 

Voici  la  traduction  de  celte  composi- 
tion : 

«Après  Tavéneraentde  notre  Sauveur  Jé- 
sus-Christ, Pasteur  miséricordieux  et  Mé- 
decin secournble,  après  ce  mystère  saint, 
digne  de  toute  louange,  et  que  nulle  parole 
ne  pourrait  expliquer,   la  foi  se  ré|iandit 

f)armi  les  Chrétiens  qui  placèrent  saintement 
eur  espérance,  et  qui  furent  marqués  du 
signe  de  Jésus-Christ  ;  jeconteniplai,  et  je  vis 
ces  grands  événements,  et  je  me  consacrai 
avec  empressement  au  service  du  Seigneur, 
et  je  pensai  qu*il  était  nécessaire  de  racon* 
ter  les  mystères  que  je  vis  et  que  j'enten- 
dis. Ainsi,  moi  Jean,  qui  ai  suivi  les  apôtres 
Barnabe  et  Paul,  j'avais  été  auparavant  au 
service  du  prêtre  Cyrille  (119),  mais  je 
participai  à  la  grâce  de  TEsprit-Saint  par 
l'entremise  de  l'apôtre  Pierre,  de  Barnabe  et 
de  Paul,  hommes  dignes  que  Dieu  les  appelât 
à  lui,  et  qui  me  donnèrent  le  baptême.  Après 
que  j'eus  été  arrosé  de  l'eau  du  baptême,  un 
liomme  revêtu  d'un  liabit  blanc  se  présenta  à 
ma  vue,  et  me  dit:  «Aie  bon  courage,  Jean;  tu 
changeras  ton  nom  pour  t'anpeler  Marc,et  la 
gloire  sera  annoncée  dans  l'univers  ,  et  les 
ténèbres  qui  s^étaient  d'abord  introduites 
dans  ton  esprit  en  seront  expulsées ,  et  il 
t'est  donné  rintelligence  qui  fera  que  lu 
pourras  comprendre  les  mystères  de  Dieu.» 


t  Quandje  vis  cela, je  tremblai  de  tout  raou 
corps,  et  je  me  réfugiai  aux  pieds  de  Bar- 
nabe, et  je  lui  annonçai  ce  que  j'avais  vu» 
et  les  mystères  que  j'avais  entendus  de  cet 
homme.  L'auôtre  Paul  était  absent  au  mo- 
ment où  je  ils  cette  communication  à  B  r- 
nabé.  Et  alors  Barnabe  me  dit  :•«  Aie  soin  de 
ne  révéler  h  personne  cette  vision  ,  et  ap- 
prends que  cette  nuit  même  le  Seigneur  s'est 
montré  à  moi,  et  m'a  dit  :  «  Aie  bon  courage, 
tu  as  exposé  ton  ftme  à  la  mort  à  cause  de 
mou  nom,  et  tu  as  souffert  d'être  sé|)aré  de 
ta  nation  ;  prends  ce  serviteur  qui  est  auprès 
de  vous,  car  des  mystères  divins  lui  ont  été 
révélés.  »  Conserve  donc  en  toi,  mon  Gis,  ce 
que  tu  as  vu  et  ce  que  tu  as  entendu  ;  il 
viendra  un  temps  qui  apportera  Texplica- 
de  ces  choses.  » 

«Après  qu'il  nous  eut  ainsi  rassnrés  par 
ces  paroles,  nous  restâmes  bien  des  jours  à 
Jérusalem,  et  nuus  vînmes  è  Antioche,  d*où 
nous  nousrcndlmesàSéleucie,  etaprèsy  être 
demeurés  trois  jours,  nous  nous  embarquâ- 
mes pourTile  de  Chypre.  Je  les  accompagnai 
dans  leurs  pérégrinations  à  travers  l'ile  en« 
tiëre.  Et  ayant  quitté  Chypre,  nous  fuites 
poussés  à  Perga,  ville  de  Pampliylie  où  je 
séjournai  deux  mois  environ.  Je  voulais  me 
rendre  vers  les  régions  de  l'Occident,  mais 
le  Saint-Esprit  ne  me  le  permit  pas.  £t, 
étant  retourné  en  Chypre,  j  appris  que  les 
apôtres  étaient  è  Aniioche;  jo  m'y  rendis» 
et  j'y  trouvai  Paul  accablé  par  la  fatigue  de 
ses  travaux  et  de  ses  voyages.  Barnabe  pro- 
posa à  Paul  d'aller  ensemble  &  Tlle  de  Chy- 
|)re,  d'y  passer  l'hiver,  et  de  se  rendre  en- 
suite i  Jérusalem  |)our  les  iêtes;  et  une 
grande  discussion  eut  lieu  entie  eux  à  ccl 
égard  (120). 

c  Barnabe  me  pria  de  les  suivre*  moi  nui 
dès  le  commencement  avais  été  attaché  à 
leur  personne  et  qui  les  avais  accompagnés 
dans  nie  entière  de  Chypre.  Paul  ne  goA- 
lait  pas  l'avis  de  Barnabe,  et  disait  qu'il  n'é- 
tait pas  possible  que  j'allasse  avec  eux.  Los 
frères  qui  étaient  là  disaient  que  je  devais 
les  suivre,  puisque  j'avais  promis  de  les  ac- 
compagner jus<]u'aux  extrémités  du  monde. 
J^aul  soutenait  le  contraire,  et  il  dit  è  Bar- 
nabe :  n  Si  lu  veux  avoir  avec  toi  Jean  qui 
est  surnommé  Marc,  prends  une  autre  route 
que  celle  que  je  suivrai,  car  il  ne  viendra 
pas  avec  nous.  «  Alors  Barnabe  réfléchit  eC 
dit  :  «  Celui  qui  a  servi  la  cause  de  l'Evan- 
gile et  qui  a  cheminé  avec  nous  ne  doit  pas 
être  écarté  des  faveurs  de  Dieu  ;  ainsi ,  si 
tu  le  permets,  Paul,  je  prendrai  Marc  avec 
moi,  et  me  mettrai  en  route  d'un  autre  cô- 
té. »  Alors  Paul  dit  :  «  Va  avec  la  çrâce  de 
Dieu,  de  même  que  nous  irons  assistés  |mr 
l'Esprit'Saint.» 

«  Ils  fléchirent  les  genoux  et  prièrenlDieu« 


(119)  D*aprcs  Mombritius,  ce  Cyrille  étail  prélre 
df  Jupiter  :  Nefamtissimi  lemptilovit:  Baïunius 
regarde  ceUe  circonslance  comme  très  peu  vrai- 
semblable. On  ne  trouve  d*ailleurâ  ,  parmi  les 
i;rands  jirétres  des  Juifs,  aucun  qui  ail  porté  le  nom 
«icCfrille;  mais  on  donnerait  sans  doute  aux  asser- 


tions contenues  dans  les  écrils  apocryphes  une  im- 
portance qu'elles  ne  méritent  pas,  si  roo  s'eiîoi^ail 
d*cclaircir  et  de  justiOer  des  choses  qui  sont  souveu* 
le  résultat  de  Terreur. 

(t'iO)  C'est  aussi  ce  que  rapportent  les  Actes  ^ 
c.  XV,  39 


I4S 


BAR 


PART.  IH.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


BAR 


146 


el  Paul  pleura  el  gémit,  de  mâmô  que  Bar- 
nabe qui  dit  à  Paul  s  «  Il  conr^nait  qu'après 
avoir  exposé  ensemble  notre  rie,  nous  per* 
sévérassions  jusqu'à  la  (in  parmi  ces  hou)- 
mes;  puisque  tu  en  as  jugé  autrement, 
Paul,  prié  Dieu  pour  moi,  afin  qu'il  toe 
donne  la  force  d'accomplir  parfailement  ce 
Iravail,  et  qu'il  m'accorde  ensuite  le  repos, 
car  tu  sais  comment  Je  me  suis  dévoué  à  ton 
service  et  à  celui  des  grâces  que  Dieu  a 
Bitses  en  toi.  Je  pars  pour  l'île  de  Chypre, 
et  je  m>  rends  dans  le  but  de  trouver  le 
luartjjre",  et  je  sais,  Paul,  que  je  ne  te  re- 
verrai jamais,  v  Et  se  jetant  aux  pieds  de 
l'Apôtre,  il  pleura  amèrement.  Alors  Paul 
dit  :  «i  Le  Seigneur  m'a  apparu  celte  nuit,  et 
m*a  dit  :  «  N'empêche  pas  Barnabe  d'aller 
en  Cbjpre,  car  la  puissance  divine  fera  qu'il 
)c éclairera  beaucoup  de  personnes  par  les 
prédications  de  la  fni.  Quant  à  toi,  soutenu 
de  la  grâce  qui  t'a  été  donnée,  va  h  Jérusa- 
lem, afin  d'adorer  Dieu  dans  le  lieu  saint, 
et  il  l'y  sera  révélé  en  quel  endroit  ton  mar- 
tyre doit  s'accomplir.  »  Nous  nous  saluâmes 
ensuite  mutuellement,  et  Barnabe  me  con- 
duisit avec  lui. 

«  Etant  sortis  de  la  ville  des  Lapithes,  nous 
traversâmes  des  montagnes,  et  nous  vtnmes 
dans  un  château  nommé  Lampadistum  où 
était  Timon  ;  nous  y  trouvâmes  Héracléon, 
et  nous  nous  reposâmes  auprès  de  lui.  Il 
était  de  la  ville  de  Tamarie,  et  il  était  venu 
pour  voir  ses  parents.  Barnabe  l'ayant  re- 
gardé, le  reconnut  pour  l'avoir  déjà  rencon- 
tré dans  la  ville  des  Ciliens,  lorsau'il  y 
était  avec  Paul;  ils  lui  avaient  donne  l'Es- 
prit-Saint,  et  ils  avaient  changé  son  nom  en 
celui  d'Héracléon;  nous  l'ordonnâmes  évo- 
que dans  rtle  de  Chypre,  et  nous  fondâmes 
une  église  dans  une  caverne  qui  était  au- 
]irès  de  Taraatum ,  ^t  nous  prêchâmes  la 
parole  de  Dieu  aux  frères  qui  s'y  réunirent. 

«Nous  franchîmes  ensuite  \à  montagne 
appelée  Chionodès,  c'est-à-dire,  couverte  de 
neige,  et  nous  vînmes  à  l'ancienne  ville  de 
Pa^)hos,  où  nous  trouvâmes  un  nommé  Rho- 
don,  ministre  du  temple,  qui,  s'étant  con- 
▼erti  à  la  foi  de  Jésus-Christ,  nous  avait 
suivis.  Nous  rencontrâmes  ensuite  un  Juif 
nommé Bar-Jésu  (121),qui  venaitde  la  ville 
de  Paphos,  ei  il  avait  autrefois  vu  Barnabe 
avec  Paul,  et  il  le  reconnut.  Il  ne  nous  laissa 
pas  entrera  Paphos;  nous  revînmes  donc  en 
un  endroit  qu'on  appelle  Curium. 

«Nous  vimes  de  là  célébrer, sur  la  monta- 
gne qui  était  près  de  la  ville,  une  fête  exé- 
crable :  une  foule  d'hommes  et  de  femniies 
couraient  dans  un  état  de  nudité.  Barnabe 
ayant  va  cela,  se  retourna,  et  exprima  son 
courroux,  et  aussitôt  la  portion  de  la  mon- 
tajine  qui  était  du  cdté  de  l'Orient  s'écroula , 
et  beaucoup  de  gens  furent  blessés,  un  grand 
nombre  furent  tués  ;  les  autres  s*enfuirent 
dans  un  temple  d'Apollon  qui  était  près  de 
là.  Et  une  grande  multitude  de  Juifs  excités 
par  Bar-Jésu  ne  souffrit  pas  que  nous  en- 


trions dans  Tendroil  qu'on  appelle  Cu- 
rium. Nous  passâmes  la  nuit  sous  un  chéno 
qui  est  auprès,  et  nous  nous  y  reposâmes. 
,  «  Le  lendemain  nous  vînmes  dans  un  châ- 
teau où  était  Aristochius  ;  il  avait  été  léj'reux, 
et  Paul  et  Barnabe  l'ayant  guéri  à  Antioche, 
l'avaient  ordonné  évêque,  et  l'avaient  envoyé 
en  Chypre  Où'  était  son  château,  et  où  se 
trouvaient  beaucoup  'd'idolâtres.  Nous  res- 
tâmes auprès  de  lui  un  jour  que  nous  passa" 
mes  dnns  une  caverne. située  sur  In  monta- 
gne. De  là  nous  vînmes  à  Amaihonte,  et 
nous  trouvâmes  une  grande  multitude  de 
gentils,  d'hommes  el  de  femmes  san*?  mœurs, 
faisant  des  libations  dans  leur  temple,  en 
riionneur  de  leur  dieu.  Ce  Bar-Jésu  s'y  ren- 
dit aussi,  et  excita  les  Juifs  contre  nous,  et 
ils  ne  voulurent  pas  que  nous  entrions  dans 
la  ville;  mais  une  pauvre  veuve  ,  âgée  de 
quatre-^ vingts  ans,  qui  ne  partageait  pas  les 
erreurs  des  idolâtres,  nous  reçut  en  sa  mai- 
son, et  nous  y  passâmes  une  heure.  Quand 
nous  en  sortîmes,  Barnabe  souleva  la  f.ous- 
sière  de  ses  pieds,  maudissant  ce  temple  où 
se  célébraient  des  cérémonies  exécrables. 

«  Etant  descendus  è  Laodicée,  nous  y  trou- 
mes  un  navire  qui  partait  pour  Tllé  de 
Chypre,  et  nous  voulûmes  en  proGter;  mais 
le  vent  nous  étant  contraire,  nous  ne  pûmes 
jamais  arriver  où  nous  voulions  aller.  Nous 
vliines  à  Corcetium,  et  restant  sur  le  rivage, 
h  un  endroit  où  il  y  avait  une  fontaine,  nous 
nous  y  reposâmes  pendant  une  heure,  et 
nous  ne  nous  montrâmes  à  personne,  car 
nul  ne  connaissait  en  cet  endroit  que  Bar- 
nabe s'était  séparé  de  Paul.  De  là  nous  vîn- 
mes dans  risaurie,  et  ensuite  dans  une  lie 
nommée  Pithiuse.  Et  une  tempête  s*étant 
élevée,  nous  nous  y  arrêtâmes  trois  jours, 
et  nous  fûmes  reçus  chez  un  homme  nom- 
mé Euphémus.  Nous  vînmes  après  dans  une 
ville  appelée  Anémevrium,  et  quand  nous  y 
fûmes  entrés,  deux  gentils  nous  demandè- 
rent qui  nous  étions,  et  Barnabe  leur  ré- 
pondit :  «  Jetez  le  vêtement  que  vous  avez, 
et  je  vous  revêtirai  d'habillements  qui  ne  se 
déchirent  jamais,  et  qui  restent  toujours 
splendides.  »  Ils  furent  fort  étonnés  de  ce 
langage,  et  ils  nous  demandaient  ce  que  c'é- 
tait que  ce  vêlement  que  nous  leur  donne- 
rions, et  Barnabe  leur  dit  :  «  Si  vous  con- 
fessez vos  péchés,  et  si  vous  vous  réconciliez 
avec  le  Seigneur  Jésus-Christ,  vous  recevrez 
ce  vêtement  qui  demeure  toujours  exempt 
de  corruption.  » 

«  Touchés  alors  du  Saint-Esprit,  ils  se  je- 
tèrent aux  pieds  de  Barnabe,  et  ils  lui  di- 
rent s  «  Père,  nous  le  conjurons  de  nous  don- 
ner ce  vêtement.  »  Aussitôt  il  les  Gt  descen- 
dre dans  la  fontaine,  et  il  les  baptisa  au  nom 
du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Saint-Esprit,  et  ils 
reconnurent  qu'ils  étaient  revêtus  do  ce  vê- 
tement saint  clont  Barnabe  leur  avait  parlé. 
Ils  lui  offrirent  leurs  richesses  qu'il  distri- 
bua aussitôt  aux  pauvres,  et  ce  fut  un  grand 
profit  pour  les  mariniers.  Lorsque  nous  fû- 


(lil)  Il  en  esl  q^osiion  dans  les  AcWn,  c.  xni»  oii      il  est  qualifié  de  magicien  et  de   faux  prophète; 
uint  Paul  le  frappa  de  céciié. 


U7 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES^ 


fit 


mes  déseendus  au  riirage«  nous  les  saluftmes, 
et  nous  les  instruisîmes  des  choses  divines, 
et  nous  priâmes  pour  eux,  et  nous  les  bé- 
nîmes ;  et  l'un  d*eui,  nommé  Ktienne,  you- 
lait  nous  suivre,  mais  Barnabe  ne  le  permit 
pas.  Nous  nous  rembarquâmes  ensuite,  et 
Dous  arrivâmes  dans  Plie  de  Chypre,  et  nous 
entrâmes  dans  Tendroit  qu*OBi  appelle  Cro- 
niiaciales  »  et  nous  y  trouvâmes  Timon  et 
Ariston,  ministres  du  temple  sacré,  et  ils 
nous  donnèrent  Thospitalité.  Timon  souf- 
i'rai.t  d*une  forte  fièvre  ^  nous  lui  imposâmes 
les  mains,  et  ayant  invoqué  le  nom  de  Jésus, 
il  fut  aussitôt  guéri.  Barnabe  avait  reçu  du 
bienheureux  Matthieu  le  livre  contenant 
le  récit  des  paroles  et  des  actions  du  Sei- 
gneur. Il  posait  ce  livre  sur  tous  les  mala- 
des, et  aussitôt  il  les  délivrait  de  tous  leurs 
uiaux,  par  la  vertu  de  la  grâce  qui  nous  était 
accordée.  Nous  allâmes  ensuite  à  la  ville  des 
Lapithes,  et  comme  Ton  célébrait  des  bac- 
chanales dans  le  théâtre  des  idoles,  les  ha- 
bitants ne  voulurent  pas  nous  laisser  entrer 
dans  leur  ville,  mais  nous  nous  reposâmes 
un  peu  à  la  i)orte,  et  Timon  étant  guéri  de 
sa  maladie,  vint  avec  nous. 

«  Etant  partis  ae  ce  lieu,  nous  vînmes,  en 
traversant  des  déserts,  dans  la  ville  des  Cy- 
tiens;  nous  éiions  accompagnés  de  ce  Timon 
dont  nous  avons  parlé»  et  une  grande  foule 
s*y  livrait  au  tumulte. 

«Nous  passâmes  au  delà  de  la  ville,  se- 
couant la  poussière  de  nos  pieds;  personne 
ne  nous  accueillit,  et  nous  restâmes  une 
heure  h  nous  reposer,  non  loin  de  la  porte 
de  la  ville,  k  côté  d'un  cours  d'eau.  Nous 
vînmes  ensuite  par  eau  à  la  ville  de  Sala- 
mine,  et  nous  fûmes  poussés  vers  l'endroit 
qu'on  appelle  les  Iles.  Les  habitants  de  cette 
contrée  étaient  adonnés  au  culte  des  idoles, 
et  ils  cé'ébraient  des  sacrifices  en  l'honneur 
de  leurs  dieux.  Nous  y  retrouvâmes  Héra- 
cléon,  et  nous  lui  apprîmes  à  prêcher  avec 
zèle  l'Evangile  de  Jésus-Christ;  nous  tra- 
vaillâmes à  fonder  des  églises,  et  à  y  placer 
des  ministres  appliqués  au  service  divin. 
Etant  entrés  dans  la  ville  de  Satamine,  nous 
«liâmes  à  une  synagogue  qui  est  auprès  et 
dont  le  nom  est  fiiblia.  Et  Barnabe  se  mit  à 
expliquer  le  livre  qu*il  avait  reçu  du  bien- 
heureux Matthieu  et  à  enseigner  les  Juifs. 

«  Et  deux  jours  après,  comme  il  avait  déjà 
enseigné  beaucoup  de  Juifs,  Bar-Jésu  vint, 
et,  rempli  de  colère,  il  réunit  toute  la  mul- 
litude  des  Juifs,  et  il  chercha  Barnabe  afin  de 
ie  livrer  au  gouverneur  Hypalius.  Les  Juifs 
se  saisirent  donc  de  l'apôtre;  ils  le  chargè- 
rent de  chaînes  et  se  proposaient  de  le  mener 
au  gouverneur;  mais  ayant  appris  qu'un 
nommé  Jébussœus,  parent  de  l'empereur 

M22)  L*an  102  de  b  période  julienne,  cortespon- 
dant  k  Tannée  53  de  Tére  cliréiienne. 

(IS3)  Papehrdcb,  après  avoir  inséré  ces  AcUh  ob- 
serve que  Tauteur  n*esi  pas  évidemment  le  di&ciple 
Jean-Marc,  et  il  ajoute  :  c  Sicut  autcm  accurate 
prosequliur  praecipua  nomina  civitatum  Cypri,  sic 
non  dubiiem  quin  Timon,  Arislon,  Heracliles,  Rlio** 
Jon,  Aristbclianus  vera  sini  itouiina  sancloruro  a 
pjinaba   ibidem  ordinalorum ,  quihus  suus  olim 


^éron,  étart  au  moment  d*arriver  dan^^ 
nie  djtChypre,  ils  traînèrent,  pendant  la 
nuit  Barnabe  hors  de  la  svnagogue  dans 
la  campagne,  et  ils  le  brûlèrent;  de  sorte 
que  ses  os  marnes  furent  réduits  en  cendre,  et 
prenant  cette  cendre,  ils  l'enveloppèrent  dans 
un  linceul,  qu'ils  mirent  dans  un  vase  de 
plomb  avec  l'intention  de  le  jeter  è  la  mer. 

«Et  moi  Jean,  surnommé  Marc,  ayant 
trouvé  dans  la  nuit  un  moment  favorable;, 
je  vins  avec  Timon  et  avec  Rhodon,  et  em- 
portant ces  précieuses  reliques,  nous  ga- 
gnâmes les  montagnes,  et  ayant  trouvé  une 
caverne  située  dans  un  endroit  fort  caché, 
nous  les  y  déposâmes  avec  les  écrits  que  Ta- 
pôtre  avait  reçus  de  saint  Matthieu.  Celait  la 
quatrième  heure  de  la  nuil,le  second  jour  du 
sabbat,  ledix-seplièmejour  du  mois  de  payni, 
selon  les  Egyptiens,  Tan  cent  deux  (122),  et  le 
onzième  jour  de  juin  suivant  les  Romains. 

«  Nous  restâmes  cachés  quelque  temps  en 
cet  endroit;  mais  les  Juifs  mirent  beaucoup 
de  soin  à  nous  chercher,  et  ayant  enfin, 
après  s*être  donné  bien  de  la  peine,  réussi  à 
nous  trouver,  ils  nous  poursuivirent  jusqu'à 
un  château  appelé  Lvdranum  ;  nous  décou- 
vrîmes auprès  de  ce  château  une  autre  ca- 
verne où  nous  nous  réfugiâmes,  et  nous 
pûmes  ainsi  échapper  à  nos  ennemis.  Nous 
restâmes  cachés  dans  cette  caverne  pendant 
trois  jours,  et  lorsque  les  Juifs  se  furent  re- 
tirés, nous  en  sortîmes  et  nous  quittâmes 
cet  endroit.  Ayant  avec  nous  Ariston  et 
Rhodon,  nous  vînmes  au  château  appelé 
Limnetes,  et  nous  y  trouvâmes  un  navire 
égyptien  sur  lequel  nous  montâmes;  nous  fi- 
mes  voile  pour  Alexandrie,  et,yéiantarrivés« 
j*y  séjournai,  enseignant  la  parole  de  Dieu 
aux  frères  qui  s'y  étaient  réfugiés,  les  éclai- 
rant et  prêchant  ce  que  les  apôtres  de  Jésus- 
Christ  m'avaient  enseigné  lorsqu'ils  me  don- 
nèrent le  baptême  au  nom  du  Père,  et  du 
Fils,  et  du  Saint-Esprit,  et  lorsque,  changeant 
mon  surnom,  ils  me  donnèrent  celui  de 
Marc  en  répandant  sur  moi  l'eau  baptismale, 
vers  laquelle  j'espère  que  beaucoup  d'hom- 
mes seront  amenés  par  la  grâce  de  Dieu  et 
pour  sa  gloire;  h  lui  hommage  dans  les  siè- 
cles des  siècles.  Amen  (123).  » 

A  la  suite  de  ces  Actes,  lesBollandistesont 
publié  (pages  kdQ-k^'i)  le  texte  grec  d*un 
panégyrique  de  saint  Rarnabé,  composé  par 
Alexandre,  moine  cypriote,  au  ix'  siècle,  vi 
ils  y  ont  joint  la  traduction  latine  que  Fran- 
çoisZeni  a  faite  de  celte  pièce.  Elle  n'apprend 
rien  de  nouveau,  mais  elle  s'écarte  des  Acie^ 
que  nous  venons  de  faire  connaître  sur  un 
point  assez  remarquable.  D'après  cet  histo- 
rien, les  Juifs  lapiclèrent  Rarnabé  et  jetèrent 
ensuite  son  corps  dans  un  bûcher  enOammé  ; 

culius  fueril,  lorlassis  et  nunc  sit.  Verosimile  r^i 
eiiam  mcdia  et  uliima  apostoli  Acia  in  Cypro  fuisse 
conjuncl^,  ab  auclore  ignorante  quid  inlêr'm  llle  mi 
lialia  egeril ,  quoniam  ejus  rei  nuUa  vigebai  apuJ 
C}^prios  mcmoria,  coin  isixc  scriberenlur  ;  necduin 
rliam  naïus  cral  supposililius  DoroUieii^,  un<le  de 
ascri)ilo  illa  Mcdiolancnsiuin  episcopaiu  atiquid 
disccrenl  <^ypt  ii.  » 


149 


BÂIl 


FAUT.  m. —  LEGENDES  ET  FRAGlIENTS. 


BAR 


150 


mais  Dien  TOutut  que  le  corps  restftt  intact, 
sans  être  nullement  atteint  par  le  feu.  Marc 
quitta  Chypre  et  rejoignit)  saint)  Paul  à 
Epbèse;  plus  tard  il  devint  évoque  d*Alexan- 
drie,  et  il  mourut  pour  la  foi.  On  voit  que 
le  moine  Alexandre  signale  ainsi  Tévangé- 
liste  Marc  et  Jean -Marc  comme  ne  faisant 
qu*une  seule  personne.  Il  ajoute  que,  plus 
tard,  saint  Barnabe  apparut  è  l'évoque  de  Sa- 
lamine,  AnthimiuSi  prélat  des  plus  recom- 
roandables  par  ses  vertus  et  par  sa  piété  ;  il 
lui  révéla  où  son  corps  avait  été  enseveli  ;  on 
le  trouva,  en  effet,  avant  sur  la  poitrine  T^- 
yangile  quM  avait  écrit  de  sa  main  et  qu'il 
avait  reçu  de  saint  Matthieu  ;  et  l'on  rendit  k 
ces  Yéoérable&reliques  tous  les  témoignages 
do  respect  qu'elles  méritaient.  Ce  fut  au 
V*  siècle  que  ces  événements  se  passèrent; 
Uempereur  Zenon  fit  apporter  le  corps  du 
saint  dans  son  palais,  et  donna  en  récom- 
pense ,  k  nie  de  Chypre ,  le  droit  de  métro- 
I>ole.  Cédrène  et  divers  autres  auteurs  rela- 
ient les  mômes  faits. 

On  peut  consulter,  au  sujet  d'une  lilui^ie 
qui  a  été  attribuée  k  ce  saint,  Touvrage  du 
cardinal  Bona  :  De  rebu$  tUurgicis^  1. 1, 
p.  13i. 

Quant  è  l'Epure  mise  sous  le  nom  de  saint 
Barnabe,  son  authenticité  a  trouvé  des  dé- 
fenseurs et  des  antagonistes  ;  nous  n'avons 
pas  ici  à  discuter  cette  question.  Elle  a  été 
placée  dans  quelques  recueils  d'apocrvphes, 
mais  nous  pensons  qu'il  vaut  mieux  la  ran- 
(;er  parmi  les  écrits  des  Pères,  et  c'est  ainsi 
qu'elle  figure  en  latin,  précédée  des  disser- 
tations de  Cot^lier  et  de  le  Nourry,  et  ac- 
compagnée de  notesdans  le  tome  I",  col .  1191, 
de  la  Patrologia  grœco'laiina  (MignCi  1856, 
gr.  in-S*). 

Fabricius,  Biblioih.  grœca^  t.  IIL,  p.  173  ; 
t.  IV,  p,827;  et  t.  VII,  p.  5  de  l'édil.  de 
Harles  ;  Hoffman,  Lexicon  bibliograjfhicumf 
1. 1,  p.  hâhf  ont  donné  à  Tégard  de  cet  ou- 
vrage des  détails  bibliograptiiques  étendus 
dont  nous  offrirons  ici  un  résumé. 

La  première  édition  du  texte  grec  fut  don- 
née par  Hugues  Ménard,  Paris,  1645,  in-V  ; 
Vossius  la  reproduisit  avec  ses  notes  dans 
son  édition  des  Epltres  de  saint  Ignace,  1646 
et  1680.  J.  Mader  en  fit  l'objet  d  une  publi- 
oition spéciale,  Helmstadt,  1655,  in-4*.  Fell 
la  fit  paraître,  en  y  joignant  le  Pasteur  d'Her- 
mas»  Oxford ,    16iB5,   in-12,  et  Etienne  le 
Moyne  l'inséra  avec  l'Epitre  de  saint  Poly- 
carpe  et  avec  des  notes  étendues  dans  ses 
Varia  $acra^  Leyde,  1685,  in-4*.  Elle  fut  com- 
prise aussi  dans  les  diverses  éditions  des  Pa- 
ires aposlo/ict  de  Colelier,  1672, 1700  et  172^, 


dans  les  Patrtê  apostolici  de  Tussell,  Lon- 
dres, 1746  (.in-8%  5  vol.),  et  dans  la  Biblio- 
theca  Patrum  de  Gallandi  (Venise ,  1788, 
jn-fol.)f  t.  I;en  latin,  elle  figure  dans  la 
Biblioth.  max.  Pa/nim,Lyon,  1677,  in-f",  t.I, 
part.  II,  p.  16-22.  Leçras  en  plaça  une  tra- 
duction française  dans  son  Recueil  d'écrits 
apocryphes,  Paris,  1717,  2  vol.  in-12. 

Hoffmann  cite  dix-septauteurs  quiontécrit 
sur  I  Epttre  attribuée  à  saint  Barnabe:  nous 
nous  bornerons  à  indiquer  parmi  les  prin- 
cipaux: Le  Nourry,  Diit.  de  S.  Bamabœ 
Epistola  dans  VApparatus  ad  biblioth.  max, 
Palnim,  1703,  t.  1,  p.  38-47;  Cailleau,  De 
S.  Bamaba  ejusque  ecriptis  (Introductio  ad 
sanctorumPatrum  leetionem^  1830, 1. 1,  p.  19- 
24);  E.  Henke,  Comment,  de  Èpistola  quœBar- 
nabœ  tribuitur,  léna,  1827,  in-8%  74  p.  ; 
J.-C.  Rordam ,  Comment,  et  authentia  epi^ 
stolœ  Bamabœ^  Hafuiœ,  1827,  in-8",  100  p.  ; 
Fleury,  Histoire  ecclésiastique^  h  ii,  §  57, 
1. 1 ,  p.  273-280  de  l'édition  de  Paris,  1758. 
Tillemont,  Mémoires^  1. 1,  p.  408,  Ceillier, 
Histoire  des  auteurs  ecclésiastiques ^  t.  I, 
p.  408,  et  même  des  écrivains  protestants, 
tels  que  Cave,  Scriptor,  eccles.  hist.y  X.  I, 
p.  18;  Oudin»  Comment,  de  script,  eccles.^ 
t.  I,  p.  8  ,  et  Lardner  (Credibility  ofgospeU 
part.  II,  vol.  I,  p.  23-47),  se  sont  prononcés 
en  faveur  de  l'authenticité  de  cet  écrit. 

N^oublions  pas  l'ouvrage  du  docteur  C.  J. 
Hefele,  professeur  à  la  faculté  théologique  de 
Tubinçue.  (Tubingue,  1840,  in-8%  x  et  267 
pages.)  Ce  savant  avait  fait  de  cet  écrit  l'ob- 
jet de  leçons  orales,  et  il  avait^  l'année  pré- 
cédente, publié  un  premier  travail  sur  l'in- 
tégrité de  celle  Epître.  (  Tubing.  theolog. 
Quartalschrift,  1839, 1,  pag.  50-108.)  Il  s'at- 
tache d'abord,  dans  son  livre,  à  retracer  avec 
soin  la  biographie  de  l'apôîre  ;  ensuite,  vient 
la  traduction  de  VEpitre  accompagnée  d'un 
commentaire  destiné  à  éclaircir  le  texte  et  à 
en. faciliter  l'intelligence,  tant  pour  aplanir 
les  difficultés  qu'il  présente,  qu  afin  de  re- 
dresser les  interprétations  erronées  qu'on  a 
données  de  certains  passages,  et  indiquer 
la  suite  et  l'ordonnance  rigoureuse  de  I  en- 
semble. A  ces  travaux  principaux  se  joi- 
gnent des  recherches  sur  les  Chrétiens  aux- 
3uels  s'adressait  saint  Barnabe,  sur  le  but 
e  sa  Lettre,  sur  l'époque  de  sa  produc- 
tion, enfin  sur  la  forme  et  le  style  de  cette 
Œuvre.  Le  docteur  Hefele  se  livre  ensuite  à 
des  considérations  sur  l'auteur  et  l'occasion 
de  celte  Epltre,  considérations  destinées  à 
en  prouver  l'authenticité  et  à  en  démoqtrcr 
l'inlégrilé. 


BARTHELEMY. 

(Uistoire  de  saint  Barthélémy  d'après  VMistoire  apostolique  d*AbdiaSf\iyve  nu  {iih)> 

CHAPITRE  I".  contrées  qui  portent  le  nom  d'Inde  (125)  ; 

Les  historiographes  disent  qu'il  y  a  trois     la  première  est  l'Inde  qui  touche  à  l'Ethio- 

(tii)  La  Légende  dorée  a  reproduit  en  partie  les  le  Dictionnaire  de%  Uqendei^l\\%\\e,  1855, col. ^i.) 
reciud*Âbdîai  en  yjoignaiil de  nouvelles circonslan-  (t25)  Clicz  les  Indiens  le  nom  d*lnde  fui  donné 
ces  fabuleuses.  (Vov.l^xlrail  qui  en  a  été  donné  dans      aux  contrées  les  dIus  diverses,  on  rappliqua  non- 


m 


MCTiONfilAlU  tes  ilOCRYPHfiS. 


mt 


pie;  ia  tecmidB,  edlo  qui  est  aupràs  du  pays 
des  Hèdos  ;  la  troisième,  celle  qui  esA  aux 
confins  du  inonde;  car  d'un  c6(é,  elle  a(- 
(eini  la  région  des  ténèbres  (126j,<le  Tautre, 
rOcéan.  L'apôtre  Barthélémy  étant  donc 
venu  dans  les  Indes  (127),  entra  dans  un 
temple  où  était  une' idole  d'Astaroth  (128), 
et  il  se  mit  à  y  séjourner  comme  un  étranger. 
11  y  avait  en  celte  idole  un  démon  qui  pré- 
tendait guérir  les  malades  et  les  steugles 
qu'il  privait  lui-même  de  la  vue,  car  tous 
ces  hommes  étant  éclairés  sans  le  Dieu 
véritable,  il  était  nécessaire  qu'ils  fussent 
le  jouet  du  faux  dieu.  Le  perfide  démon 
trompe  ainsi  par  ses  artifli:es  ceux  (jui  ne 
connaissent  pas  le  vrai  Dieu.  Il  leur  inflige 
des  souffrances,  des  infirmités,  des  dom- 
mages, des  [Dérils,  et  il  donne  des  réponses 
afin  qu'ils  lui  offrent  des  sacrifices,  et  quand 
il  ôte  ce  c|u'il  a  envoyé,  tous  pensent  qu'ils 
sont  guéris.  Mais  ce  n'est  point  une  guéri- 
son,  c'est  une  cessation  de  son  action  de 
nuire.  De  là  il  advint  que  le  bienheureux 
Barthélémy  séjournant  en  ce  temple,  Asta- 
rotb  ne  put  donner  aucune  réponse,  ni  as- 
sister aucun  de  ceux  qu'il  avait  frappés.  Kl 
comme  le  temple  était  rempli  de  malades 
et  qu'Astaroth  ne  faisait  aucune  réponse  h 
ceux  qui ,  char]ue  jour,  offraient  des  sacri- 
fices, ceux  qui  étaient  venus  de  pays  éloi- 
gnés et  ne  pouvaient  rien  oiuenir,  ni  en  sa- 
crifiant, ni  en  se  déchirant  à  leur  manière, 
se  retirèrent  dans  une  autre  ville  où  Ton 
adorait  un  autre  démon  (|ui  avait  pour  nom 
Beireth  (129).  Et,  lui  fai>ant  des  sacrifices, 
ils  demandèrent  pourquoi  leur  dieu  Asta- 
roth  ne  leur  donnait  plus  de  réponses.  Et 
Beirelh  leur  répondit  :  «  C'est  parce  que 
notre  dieu  est  captif  et  qu*il  est  retenu  dans 
des  liens,  n'osant  ni  soupirer,  ni  parler,  de- 
puis l'heure  où  ce  Barthélémy  est  entré 
dans  son  temple.)»  Et  ils  lui  dirent  :  «  Et  qui 
est  ce  Barthélémy?  »  Le  démon  répondit  : 

f^ulemeat  aux  pays  voisias  du  Gange,  mais  encore 
1  la  Libye,  à  TEgypte,  à  la  Paribie,  à  i'£lhiopie,  à 
TArabie,  à  la  Palesliiie. 

(126)  La  région  des  ténèbres  ou  Textréniilé  du 
inonde. 

(i27)  Eusél)e  (//»/.  tecles,,  v,  iO),  $ainl  Jérôme, 
Eusèbe.  et  d'autres  disent  simplement  que  Tapôtre 
ie  rendit  dans  Tlnde.  Ptiiloslorge  raconte  qu'il  alla 
chez  les  Sabéens,  et  Sopbronius  parle  des  Indiens 
fortunés  ;  Nicéias  ie  Paphlagonien  prétend  qu'il  ge 
rendit  4ans  l'Arabie  Heureuse  ;  Sk>€ratc  raconle 
iiu'il  alla  dans  l'Inde  iointe  à  l'Ethiopie  qui  avait 
été  le  ibéâire  des  prédications  de  saint  Maitliieu. 

(128)  Josèphe  parle  d'un  lemple  eii  Palestine 
consacré  à  Àstarté  •  (Antiquii.,  lib.  vi ,  in  fin.) 
Astarlé  fut  !e  nom  donné  par  les  Grecs  à  la  divi- 
nité que  les  Phéniciens  révéraient  sous  le  nom 
d*Astarotb.  [Voy.  Selden,  De  dit»  Syrii  ;  Spenser, 
»e  legibuê  Hebrœorum;  Kircher,  Œdipuê  AgypliO" 
CHS,  p.  515;  \an  Date.  De  origine  idolvlairiœ^ 
c.  2,  etc.) 

(129)  Lisez  Berith  comme  dans  le  livre  des  Juget^ 
n,  ^  ;  l'idole  de  Baai  Berith  est  mentionnée  dans 
le  même  chapitre,  vers.  40.  (  Voy,  lescomuieniatifurs 
de  la  Bible  sur  ce  passage,  et  Bochart,  Chanaan, 
1.  Il,  cb.  n.) 

iôO)    Le  texte  porte  ;  Vetlitut  cotobh  olbo.  Le 
(ulbbinm  était  une  lunique  sans  inunchià  Les  cicrcs 


«  C'est  un  ami  de  Dieu  le  Tout-Puissaat,  cl 
if  est  venu  dans  ce  pays  pour  en  chasser 
les  démons  qu'adorent  les  Indiens.  »  Et  ils 
répondirent  :  «  Indique-noua  k  quels  signes 
on  le  reconnatt  afin  que  nous  puissions  le 
trouver,  car  parmi  beaucoup  de  milliers 
d'hommes,  il  nous  serait  difficile  de  le  dis- 
tinguer. 9 

CHAPITRE  IL 

El  le  démon,  leur  répondant,  1eurdit:c Sa 
chevelure  est  noire  et  crépue,  son  visage  est 
^lanc,  ses  yeux  grands»  son  nez  est  droit  et  de 
moyenne  grandeur,  ses  oreilles  sont  recou- 
vertes par  ses  cheveux,  sa  barbe  est  éi>aisse 
et  mêlée  de  peu  de  poils  blancs  ;  sa  taille  est 
moyenne  etne  peut  être  appelée  ni  petite  ni 
grande.II  est  vêtu  d'une  tun)que,blanche (130) 
avec  une  bordure  de  pourpre.  Il  porte 
un  manteau  blanc ,  et  une  tunique  ayant  à 
chaque  coin  des  pierres  précienses  de  cou* 
leur  pourpre.  Il  se  sert  de  ces  vêlements  de- 
puis vingt-six  ans,  sans  qu*ils  se  soient  ja« 
mais  salis.  £t  de  même .  il  porte  depuis 
vingt-cinq  ans  des  sandales  qui  ne  bC  sont 
pas  usées  (131).  11  adresse  ses  prières  h  Dieu 
cent  fois  par  jour  en  fléchissant  les  genoux 
et  tout  aulani  de  fois  la  nuil.  Sa  voix  est 
comme  une  trompette  retentissante.  Les 
anges  de  Dieu  marchent  avec  lui,  et  ne  souf- 
frent pas  qu'il  éprouve  de  la  fatigue  ou 
qu'il  se  ressente  de  la  faim.  Il  a  toujours  ta 
même  disposition  d'esprit  et  la  même  ex- 
pression de  figure;  il  est  à  loute  heure  gai  et 
alègre.  Il  prévoit  tontes  choses,  il  sait  toutes 
choses,  il  parle  et  il  comprend  les  langues 
de  toutes  les  nations.  Il  sait  déjà  quelles 
sont  les  demandes  que  vous  m'avez  faites  et 
quelles  sont  les  réponses  que  je  vous  ai  don* 
nées;  les  anges  de  Dieu  raccompagnent  et 
ils  lui  révèlent  toutes  choses.  El  lorsquo 
vous  aurez  commencé  à  le  chercher,  s'il  lo 
veut,  il  se  montrera  à  vous;  s'il  ne  le  veut, 

et  les  moines  s'en  revêtaient  souvent  ;  Voy.  A.  Ru. 
benius.  De  te  vetliana^  1.  i,  c.  48.  Du  Caoge  dans 
son  i^lostaire  cite  ce  passage  d'une  lettre  du  Papo 
Etienne  Ui  à  Tabbé  HiUluin  :  c'Et  vidi  ante  altarc 
bonum  pastorem  D.  Peirumet  inagistruoi  geutium, 
D.  Paulum,  ei  nota  mente  illos  recognovi  de  illf»ruui 
sculariis,  ci  1er  bealuin  D.  Dionysiura  ad  deitram 
1).  Pclri  sublilem  el  longiorcm  puicbra  fatie,  ca- 
pitlis  camiidis ,  colobio  indutiini',  candidis&imu 
purpura  clavato,  p:illio  toto  purpureo  .luro  iniu» 
tellalo,  ei  sermocînabantur  inter  se  la*tantes.  i 

(131;  Ceci  est  emprunté  au  Dcutéronome  itiï  on 
lit  :  Ton  vêtement  n^a  point  vieitli  wr  tûi^  et  ton  pied 
ne  sVcl  point  enflé^  voilà  auarante  am,  (i>«tii.'\ui, 
4.)  Je  vou»  ai  conduite  penaunt  quarante  an»  dam  le 
déurt;  vos  vilement»  ne  »ont  pa»  tombé»  dedeêâus 
VOM,  et  ta  chau»»ure  n'e»t  pa»  tombée  de  de»»ui  ton 
pied,  {Deul.  xiix,  5.)  La  plupart  des  uiterprèie^ 
chrétiens  ou  juifs  auribuent  la  conservation  de^ 
vêlements  des  isracliies  à  un  miracle.  Rabbi 
Jarchi  dit  qu*ils  grandissaient  sur  le  corps  des  en- 
fants. Quelques  savanl^  ont  cru  qu*il  ne  fallait  %otr 
dans  ces  passages  qu*une  de  ces  ligures  conformes 
au  génie  de  la  Langue  hébraïque  cl  qn*ils  signilialenl 
que  les  Hébreux  n*av.iient  point  manqué  de  vêle- 
ments :  ils  avaient  des  troupeaux  dont  leurs  fem- 
mes flUicnl  la  Uinc  el  la  lissaient. 


J5S 


RAR 


PART.  lU.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


RAR 


i54 


I0U8  ne  pourrez  pas  le  voir.  Je  vous  prle^ 
lor9i|ue  9CXÏS  l*aurez  trooTé,  de  lui  deruan- 
der  de  ae  pas  venir  ici,  ou  que  les  anges 
qui  soBt  avec  lui  ne  me  fassent  pas  ce  qu'ils 
oui  fait  à  mon  collègue  Astaroth.  » 

CHAPITRE  Uk 

El,  étant  de  retour,  ils  se  mirent  è  par- 
courir toutes  les  hôtelleries  où  étaient  des 
étrangers  et  h  regarder  tes  usages  et  les  cou- 
tumes de  chacun,  et  pendant  deux  jours  ils 
cherchèrent  en  vain.  Et  il  arriva  qu'un 
boioitie  possédé  du  démon  s'écria  et  dit  : 
•Apôtre  Barthélémy,  les  prières  me  brûlent.» 
Kt  Tapôtre  dit  au  démon  :  «  Garde  le  si«* 
lenre  et  sors  de  cet  homme.  »  Et  aussitôt  cet 
homme,  qui  depuis  beaucoup  d^années  était 
tourmente  par  le  démou,  fut  délivré.  £t 
Polymnius,  roi  de  cette  province,  avait  une 
tille  atteinte  de  fulie,  et  il  apprit  la  guéri- 
son  de  ce  possédé.  El  il  i^nvoya  vers  Bar- 
Uiélemy  des  hommes  f>our  lui  dire  :  «  Ma 
elle  est  cruellement  tourmentée,  ei  je  te 
prie  de  la  guérir  tout  comme  tu  as  guéri 
lepossédé  qui  souffrait  depuis  beaucoup  d'an- 
nées. »  Et  l'apôtre  se  levant,  se  rendit  vers 
le  roi.  Et  étant  arrivé  auprès  de  sa  fille,  il 
la  yit  attachée  avec  des  chaînes  (132),  parce 
qu'elle  voulait  mordre  tous  ceux  qui  l'ap- 
prochaient, et  parce  qu'elle  déchirait  et  bri- 
sait tout  ce  qu  elle  pouvait  saisir,  et  l'apôtre 
ordonna  d'abord  de  la  détacher.  Et  comme 
les  serviteurs  n'osaient  pas  approcher,  l'a- 
}'ôtre  leur  dit  :  «  Je  tiens  déjà  lié  le  démon 
qui  était  en  elle,  et  vous  le  craignez  encore? 
Allez  et  détacheE-la;  donnez-lui  des  véte- 
meols  et  de  la  nourriture,  cl  demain  matin 
coodaisez-ia  à  moi.  »  Et  ils  firent  ce  que  l'a- 
pôlre  avait  ordonné,  et  depuis  le  démon  ne 
la  tourmenta  jamais.  Le  roi  ayant  vu  ces 
choses,  chargea  des  chameaux  d*or  et  d'ar- 
genl,  de  pierres  précieuses  et  de  riches  v6- 
lemenls.  £t  il  se  mit  à  chercher  l'apôtre, 
mais  il  ne  le  retrouva  plus.  Et  tous  ces  tré- 
sors furent  rapportés  au  palais  du  roi. 

CHAPITRE  IV, 

Et  il  arriva  que,  lorsque  la  nuit  fut  passée 
et  que  l'aorore  d'un  jour  nouveau  parut, 
Tapùlre  apparut  au  roi  qui  était  dans  sa 
chambre,  les  portes  fermées  (\33)i  et  il  lui 
dit  :  «  Pourquoi  m'as-tu  cherché  toute  la 
jr»uraée,  lu'offrant  de  l'or  et  de  l'argent,  des 
pierres  précieuses  et  des  vêtements  ?  Ces 
présents  sont  nécessaires  à  ceux  qui  cher- 
clipnt  les  biens  de  la  terre,  mais  moi,  je  ne 
désire  rien  de  terrestre,  rien  de  charnel. 
C'j'si  pourquoi  je  veux  le  faire  savoir  que  le 
Fils  de  Dieu  a  daigné  naître  comme  homme, 
sortant  du  sein  d'une  VierjAe,  et  conçu 
conoQie  homme  dans  le  corps  d'une  Vierge, 
il  resU  le  Dieu  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre 

^  (15i)  Gonune  le  possédé  dont  il  est  question  dans 
yEtaugUe  de  taint  Marc^  ch.  v,  3. 

{\^)Joan.  XX,  19. 

ilôi)  Adam  est  appelé  le  lils  d'une  vierge,  parce 
n^'il  avait  été  fermé  avec  de  la  terre  vierge.  Voy 
^^phe,  Antiquités,  lib.  l,  cti.  !. 


et  la  mer  et  tout  ce  qui  y  est  contenu.  Et 
naissant  comme  homme,  celui  dont  le  com- 
mencement était  de  Dieu  le  Père  avant  tous 
les  siècles,  a  pris  sa  naissance  comme  hom  me, 
en  étant  enfanté  par  une  Vierge.  11  n'a  ja- 
mais eu  de  commencement  et  il  a  d^inu^ 
commencement  è  toutes  les  créatures  visi- 
bles ou  invisibles.  Et  la  Vierge  ne  voi'lait 
connaître  aucun  homme  et  elle  avait  la  pre- 
mière fait  à  Dieu  le  vœu  de  conserver  sa 
virginité  Je  dis  la  première,  parce  que  de- 
nuls  que  rhomme  avait  été  créé  et  depuis 
le  commencement  du  monde,  nulle  fonjme 
n'avait  fait  è  Dieu  on  vœu  semblable.  C'est 
donc  la  première  qui  dit  eu  son  cœur  :  «  Sei- 
gneur, je  t'offre  ma  virginité;  w  ce  qui  n'avait 
jamais  été  dit  encore,  et  ce  qui  n'avait  pas 
eu  d*excmples.  Et  tandis  qu'elle  était  enfer- 
mée dans  sa  chambre,  l'ange  Gabriel  lui  ap- 
f»arut  resplendissant  comme  le  soleil.  Et  elle 
ut  saisie  de  frayeur  à  sa  vue,  mais  il  lui 
dit  :  «  Ne  crains  rien,  Marie,  car  tu  con- 
cevras. »  Et  elle,  avant  déposé  sa  crainte, 
dit  :  «  Comment  cela  pourra-t-il  se  faire, 
puisque  je  ne  connais  point  d'homme?» 
Et  range  répondit  î  «  L  Esprit-Saint  vien- 
dra en  toi,  et  la  vertu  du  Très-Haut  te  cou- 
vrira de  son  ombre.  »Et  c'est  pourquoi  ce- 
lui qui  naîtra  de  toi  sera  appelé  le  Saint  de 
Dieu.  Lorsqu'il  sera  né,  il  souffrira  d'être 
tenté  par  le  diable  qui  a  vaincu  le  premier 
homme  en  lui  persuadant  de  manger  du 
fruit  de  l'arbre  auquel  Dieu  lui  avait  dé- 
fendu de  toucher.  Et  il  permit  au  diable 
d'approcher  de  lui  ;  car  le  diable  avait  dit  à 
Adam,  c'est-à-dire  au  premier  homme,  par 
la  voix  de  la  femme, fftnange,v  *"{  il  mangea, 
et  c'est  pourquoi  il  fut  expulsé  du  paradis  et 
exilé  en  ce  monde  où  il  engendra  toute  la 
race  humaine,  et  il  dit  de  même  au  Sei- 
gneur :  «  Dis  à  ces  pierres  de  devenir  du 
pain  et  man^es-en  pour  apaiser  ta  faim.  » 
Et  le  Seigneur  lui  répondit  :  «  L'homme 
ne  vit  pas  seulement  de  pain,  mais  de  toute 
parole  de  Dieu.  »  Et  c'est  pourquoi  le  diable 
qui  avait  vaincu  l'homme  en  le  faisant  man- 

![er,  fut  vaincu  par  l'abstinence  et  la  morli- 
ication.  Il  était  juste  que  celui  qui  avait 
vaincu  le  flis  d'une  vierge  (134)  fût  vaincu 
par  le  Fils  d'une  Vierge.  » 

CHAPITRE  V. 

Alors  le  roi  Polymnius  dit  h  Vapôtre  : 
«t  Et  comment  as-tu  dit  que  cette  femme  d'où 
naquit  l'homme  qui  était  Dieu  fut  la  pre- 
mière vierge?  »  Et  l'apôtre  répondit  :  «  Je 
rends  grâces  à  Dieu  de  ce  que  tu  m*écoutes  a  vec 
attention.  Le  premier  homme  fut  appelé  Adam 
-parce  qu'il  fut  fait  de  terre;  la  terre  avec 
laquelle  il  fut  fait,  était  vierge,  car  elle 
n'était  point  souillée  de  sang  humain  et  elle 
ne  s'était  jamais  ouverte  pour  donner  la  sé- 
pulture 2^  un  mort  (135j.ll  était  donc  juste, 

(155)  Terlullien,  Adv.  Judœot,  c.  13,  en  donne 
une  autre  raison  :  c  Utiqiie  terra  illa  virgo,  non- 
duin  ptuviis  rigala,  nec  imbribus  fecundaia  (ne< 
tacta  aralru),  qua  bomo  lune  pninum  plasmaluf 
est,  ex  quo  nuno  Cbristus  secundum  carnem  ei 
Viiginc  uattis  est.  » 


ii;5 


DlCTIONNAIllE  DES  Ai'OCRTPIIBS. 


I» 


comme  je  .  ai  oit,  que'celui  qui  avaii  vaincu 
1p  tllsd*iine  vierge  fût  vaincu  parleFilsd^une 
Vierge.  £t  de  même  que  celui  qui  est  vain- 
queur d*un  tyran,  envoie  ses  compagnons 
pour  placer  dans  tous  les  lieux  où  le  tyran  a 
des  possessions»  les  titres  du  roi  qui  a  triom» 
phé.'de  même  cet  homme  Jésus-Christ  qui  a 
vaincu  le  diable,  nous  a  envoyés  dans  tous 
les  pays  afin  que  nous  chassions  les  minis- 
tres du  diable  qui  résident  dans  les  temples, 
et  afin  que  nous  délivrions  les  hommes  qui 
les  adorent  dnjoug  de  celui  qui  a  été  vaincu. 
C'est  pourquoi  nous  n'acceptons  ni  or,  ni  ar- 
gent, mais  nous  les  méprisons  tout  comme 
il  les  a  méprisés.  Nous  ne  voulons  avoir  de 
richesses  que  la  où  rè^zne  sa  seule  domina- 
tion, là  où  il  n'y  a  ni  souffrance,  ni  maladie, 
ni  tristesse,  ni  mort,  mais  où  se  trouvent  une 
félicité  perpétuelle  et  une  béatitude  conti- 
nuelle, et  une  joie  sans  fin,  et  où  l'on  goûte 
des  délices  éternelles.  C'est  pourquoi  étant 
entré  dans  votre  temple,  je  tiens  le  démon 
qui  donnait  des  réponses  dans  l'idole  en- 
chaîné par  les  anges  de  Celui  qui  m'a  envoyé. 
Si  tu  étais  baptisé  et  si  tu  recevais  la  lumière, 
je  le  ferais  voir  et  connaître  de  quels  maux 
ti]  es  délivré.  Car  tu  saurais  comment  tous 
ceux  qui  sont  malades  et  couchés  dans  le 
temple  sont  guéris  par  l'artifice  du  démon 
(]ui  les  abuse  et  les  trompe.  Le  diable  qui  a 
vaincu  le  premier  homme,  comme  je  l'ai  dit, 
))aralt  avoir  obtenu,  par  sa  détestable  vic- 
toire, du  p  luvoir  sur  la  race  humaine  ;  et  ce 
pouvoir  est  plus  grand  sur  certains  hommes 
et  moindre  sur  d'autres,  c'e>l-à-dire  qu'il 
est  en  proportion  de  leurs  péchés.  Et  par  ses 
artifices,  he  diable  fait  gué  les  hommes  tom- 
bant dans  des  maladies,  il  leur  persuade 
de  croire  aux  idoles.  Et  afin  d*obtenir  de  la 
puissance  sur  leurs  Ames,  il  cesse  alors  de 
leur  nuire,  lorsqu'ils  ont  dit  à  la  pierre  ou 
au  métal  :  «  Tu  es  mon  Dieu.  »  Mais  comme 
le  démon  qui  était  caché  en  cette  statue  a 
été  garrotté  par  moi,  il  ne  peut  donner  aucune 
réponse  è  ceux  qui  l'adorent  et  qui  lui  offrent 
dus  sacrifices.  Et  si  tu  veux  éprouver  la  vé- 
rité de  ce  que  je  le  dis,  je  lui  ordonnerai  de 
rentrer  en  sa  statue  et  je  lui  ferai  faire  l'aveu 
qu'il  est  enchaîné  et  qu'il  ne  peut  plus  don- 
ner de  réponses.  »  Et  le  roi  dit  à  l'apôtre  : 
«  Demain,  à  la  première  heure,  les  prAtres 
seront  prêts  K  lui  offrir  un  sacrifice  et  je 
viendrai  avec  eux  afin  d'être  témoin  de  celte 
luerveille.» 

CHAPITRE  VI. 

Le  lendemain,  à  la  première  heure  du 
jour,  le  démon  se  mil  à  crier  aux  sacrifica- 
teurs :  a  Cessez,  malheureux,  de  m'offrir  des 
sacrifices,  de  peur  que.vous  n'éprouviez  des 
souffrances  idres  que'  les  miennes,  car  je 
suis  lié  i>ar  (les  chaînes  de  feu  dont  j'ai  été 
chargé  par  les  anj^es  de  ce  Jésus-Christ  que 
les  Juifs  ont  crucifié,  pensant  ùu*il  pouvait 
être  retenu  par  la  mort.  &lais  il  a  réduit  en 
servitude  celte  mort  qui  est  notre  reine  et  il 


a  lié  de  chaînes  de  fau  notre  prince  (136), 
le  mari  de  la  mort,  et  le  troisième  joar,  il 
est  ressuscité  vainqueur  de  la  mort  et  du 
diable,  et  il  a  donné  le  signe  de  la  croix  à 
ses  apôtr«s  qu'il  a  envoyés  dans  toutes  les 
parties  de  l'univers,  et  celui  qui  me  tient 
enchaîné  est  l'un  d'eux.  Je  vous  supplie  de 
le  prier  pour  moi,  afin  qu'il  me  laisse  aller 
dans  une  autre  région.  »  Et  Barthélémy, 
ayant  entendu  ces  paroles,  dit  :  «  Confesse, 
esprit  très-immonde,  quel  est  celui  qui  frappe 
tous  ces  hommes  qui  sont  ici  souffrant  de 
diverses  maladies.  *  Et  le  démon  répondit: 
a  C'est  notre  prince,  le  diable  qui,  hienqu'il^ 
soit  enchaîné,  nous  envoie  vers  les  hommes 
pour  que  nous  frappions  d'abord  leur  corps, 
car  nous  ne  pouvons  avoir  de  puissance  sur 
les  âmes  des  nommes,  s'ils  n'ont  pas  sacrifié. 
Mais  quand  ils  nous  ont  offert  des  sacrifices 
pour  le  salut  de  leur  corps,  nous  cessons  de 
les  tourmenter,  puisque  nous  commençons 
dès  lors  è  avoir  de  la  puissance  sur  leurs 
âmes.  Et,  en  cessant  de  leur  nuire,  nous 
semblons  les  guérir,  et  ils  nous  adorent 
comme  des  dieux,  tandis  que  très-assuré- 
ment nous  sommes  des  démons,  ministres 
de  celui  qui  a  renoncé  Jésus,  le  Fils  de  la 
Vierge,  mis  sur  la  croix.  El  depuis  le  jour 
que  son  apôtre  Barthélemv  est  venu  ici,  je 
suis  consumé  par  les  chaînes  ardentes  qui 
me  lient  et  je  dfis  ces  choses  parce  qu'il  m'a 
ordonné  de  parler,  autrement  je  n'aurais  pas 
osé  parler  en  sa  présence,  et  notre  prince 
aurait  également  eu  peur  de  lui.»  Alors  l'apô- 
tre, s'étanl  tourné  vers  le  démon,  dit: 
«  Pourquoi  ne  guéris-fu  pas  tous  ceux  qui 
sont  venus  vers  loi?  »  Et  le  démon  répon- 
dit :  «  Lorsque  nous  avons  frappé  le  corps  de 
l'homme,  ce  corps  reste  frappé,  si  nous  ne 
frappons  aussi  Tâme.»  Et  l'apôtre,  se  tour- 
nant vers  le  peuple,  dit:  «  Voici  le  dieu  que 
vous  adorez,  voici  celui  que  vous  croyez  ca- 
pable de  vous  guérir.  Apprenez  de  moi  à 
connaître  le  vrai  Dieu,  votre  créateur,  qui 
habite  dans  les  cieux  ;  ne  mettez  pas  votre 
croyance  en  des  pierres  vaines.  Mais  si  vous 
voulez  que  je  prie  pour  vous  et  que  tous  ces 
hommes  reviennent  à  la  santé,  renversez 
cette  idole  et  brisez-la»  et  lorsque  vous 
aurez  fait  cela,  je  consacrerai  ce  temple  au 
saint  nom  de  Jésus-Christ,  et  je  vous  donne- 
rai h  tous  en  ce  temple  le  baptême  de  Jésus- 
Christ.»  Alors,  par  l'ordre  du  roi,  tout  le  peu- 
ple ai)|>orla  des  cordes  et  des  poulies,  mais 
on  ne  pouvait  renverser  l'idole.  Mais  Tapô- 
tre  dit  :  «  Laissez  \h  vos  liens,  »  et  quand  on 
les  eut  ôtés,  il  dit  au  démon  qui  était  dans 
l'idole  :  «  Si  tu  veux  que  je  ne  te  fasse  pas 
envoyer  dans  l'abîme,  sors  de  cette  statue  et 
brise-la  et  va  dans  les  déserts  où  il  n'y  a  ni 
oiseau  qui  vole,  ni  laboureur  qui  laboure, 
et  où  la  voix  de  l'homme  ne  s'est  jamais 
fait  entendre.»  Et  aussitôt  le  démon,  en  sor- 
taiit,  brisa  toutes  les  statues  des  idoles,  et 
il  fracassa  n^n-seulement  l'idole  la  plus 
grande,  mais  encore  ^toutes  les  images  oui 


(iSC)   Pareille  idée  se  irovve  dans  1c  ps«Mi(lo-     Fabricius  :  i  Murs  ab  iidcris  dislliiguiiur.  i  y^poc* 
F.vjiigile  tic  Nicoilèmc,  rli.  20,  çt  cuiiimc  rubsowc      \i,  8;  xx,  14.) 


157 


BAR 


Part.  UI.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


BAR 


158 


('laient  placées  }X>ur  Fornement  du  temple, 
de  sorte  qa*il  n  en  resta  pas  de  traee, 

CHAPITRE  VU 

Alors  tout  le  peuple  commença  h  s*écrier 
d'une Toix  unanime  :«  Il  n'y  a  qu^un  Dieu 
tout-poissant,  celui  que  prêche  son  apôtre 
Barlbélemj.  »  Et  ensuite  Paçôtre,  étendant 
ses  mains  vers  le  ciel,  dit  :  «  Dieu  d^Abraham, 
Dieu  dlsaac  et  Dieu  de  Jacob ,  tu  nous  as 
enTOjé  pour  notre  rédemption  ton  Fils  uni- 
que, notre  Dieu  et  Noire-Seigneur,  afin  qu'il 
Tious  rachetât  de  son  sang,  nous  tous  qui 
Plions  les  esclaves  du  péché,  et  qu'il  nous 
rendit  tes  enfants.  Et  tu  es  ainsi  reconnu 
pour  le  vrai  Dieu,  parce  que  lu  es  toujours 
leméffle,elque  tu  restes itnmnahle,  un  Dieu 
Père  non  engendré,  et  un  Fils  unique,  No- 
ire-Seigneur Jésus -Christ,  et  un  Esprit- 
Saint,  docteur  et  illuminaleur  de  nos  âmes , 
qui  nous  a  donné  la  puissance  de  guérir  les 
malades,  de  rendre  la  vue  aux  aveugles ,  de 
puriûer  les  lépreux,  de  faire  marcher  les 
paralytiques ,  de  chasser  les  démons  et  do 
ressusciter  les  morts,  et  il  nous  a  dit  (137)  :  En 
téritéje  vou$  le  dis ,  tout  ce  que  vous  deman* 
ieres  en  mon  nom  à  mon  Père,,  il  vous  le 
donnera.  Je  demande  donc  en  son  nom  que 
toute  cette  multitude  soit  guérie,  afin  que 
tous  reconnaissent  que  tu  es  le  Dieu  unique 
[1ms  le  ciel,  sur  la  terre  et  sur  la  mer,  toi 
qui  nous  accordes  le  salut  par  Jésus*Christ 
N')ire- Seigneur,  par  lequel  honneur  et 
gloire  sont  à  toi.  Seigneur  Père,  avec 
i'Espril- Saint,  dans  les  siècles  des  siècles 
éternels.  »£t  quand  tous  eurent  répondu  : 
Amen,  Tange  du  Seigneur  apparut  resplen- 
dissant comme  le  soleil  et  ayant  des  ailes, 
tii  Tolant  vers  les  quatre  coins  du  temple,  il 
lu  avec  son  doigt  le  signe  de  la  croix  sur 
(^es  pierres,  et  il  dit  :  «  Voici  ce  qu*a  dit 
le  Seigneur  qui  m'a  envoyé  :  de  même 
que  TOUS  serez  tous  euéris  de  vos  infirmités, 
(te  même  j'ai  purifié  ce  temple  de  toute 
souillure  et  de  celui  qui  Thabitait,  auquel 
fapôlrede  Dieu  a  ordonné  de  se  retirer  dans 
un  désert,  loin  des  hommes.  Le  Seigneur 
m'a  ordonné  ausi^i  de  vous  dire  de  ne  point 
craindre,  et  lorsque  vous  ferez  sur  voire 
front  ce  sigu3  que  j'ai  tracé  du  doigt  sur  la 
pierre,  tous  les  maux  fuiront  loin  de  vous.  » 
Ensuiie  l'ange  leur  montra  un  grand  Egyp- 
tien, plus  noir  que  la  suie,  ayant  un  visa- 
ge pointu  avec  une  barbe  épaisse  et  des 
cliereux  tombant  jusqu'aux  pieds,/ètdesyeux 
éliacelanls  comme  un  fer  rouge  ;  des  élin- 
nelies  sortaient  de  sa  bouche,  et  une  flamme 
sulfureuse  sortait  de  ses  narines.  Il  avait  des 
ailes,  et  ses  mains  étaient  liées  derrrièrc 
son  dos  par  des  chaînes  de  feu.  Et  l'ange  lui 
dit  :  K  Comme  tu  as  entendu  la  voix  de  Dieu 
et  que  tu  as  puriGé  ce  temple  de  tout  ce  qui 
)o  souillait,  je  te  laisserai,  suivant  la  pro- 
messe de  l'apôtre,  aller  en  un  lieu  oîi  nul 
liomroe  ne  subsiste  et  ne  peut  subsister,  et 
tu  y  demeureras  jusqu'au  jourdu  jugement.» 
El  alors  le  démon  s'envola  en  poussant  (fune 

(tr»7)  Joan»  XVI,  Î5. 


voix  rauque  un  hurlement  affreux,  et  on  ne 

le  revit  jamais.  Et  l'ange  du  Seigneur  s'en- 

olâversie  cieljen  présence  de  tout  le  peuple. 

CHAPITRE  Vlir. 

Alors  le  roi  se  fit  baptiser  avec  sa  lemme 
et  ses  deux  fils,  et  avec  toute  son  armée,  el 
avec  tout  le  peuple  qui  avait  été  guéri,  et  avec 
les  habitants  des  villes  voisines  qui  dépen- 
daient de  ses  Etals,  et  ayant  déposé  le  dia- 
dème el  la  pourpre,  il  se  mit  à  ne  pas  quitter 
l'apôtre.  Et  pendant  ce  temps,  les  prêtres  de 
tous  les  temples  des  idoles  se  réunirent  e( 
allèrent  vers  Astyage,  frère  aîné  du  roi ,  et 
ils  lui  dirent  :  n  Ton  frère  est  devenu  le 
disciple  d*un  magicien  qui  nous  expulse  de 
nos  temples  et  qui  a  brisé  nos  dieux.  »  Et 
lorsqu'ils  eurent  ainsi  parlé  en  pleurant,  le 
roi  Astyage,  rempli  de  colère,  envoya  avec 
les  prôlVes  mille  hommes  armés,  avec  Tordre 
de  saisir  Tapôlre  partout  où  on  le  trouve- 
rait et  de  le  lui  amener.  Et  quand  cela  fut 
fait,  Astyage  lui  dit  :  «  Est-ce  toi  qui  as  osé 
séduire  mon  frère?»  Et  le  bienheureux  Bar- 
thélémy répondit  :  «  Jen'ai  point  séduit  ton 
frère,  mais  je  l'ai  Converti. »Elleroi  répliqua  : 
«Est-ce  toi  qui  renverse  nos' dieux?  )»  Et 
Tapôtre  dit  :  «v  J'ai  donné  aux  démons,  qui 
étaienten  eux,  le  pouvoir  de  briser  de  vaines 
idoles  qu'ils  habitaient,  afin  que  tous  les 
hommes,  abandonnant  l'erreur  ,  crussent 
au  Dieu  tout-puissant  qui  réside  dans  les 
cieux.  V  El  le  roi  dit  :  «  De  même  que  tu  as 
amené  mon  frère  à  abandonner  son  dieu  et  à 
croire  au  tien,  je  te  ferai  abandonner  ton 
Dieu,  et  croire  au  mien,  et  lui  offrir  des 
sacrifices.  »  Et  Tapôlre  dit  :  «  J'ai  nionlré 
enchaîné  el  lié  le  dieu  que  ton  frère  adorait,  et 
je  lui  ai  fait  briser  son  simulacre  ;  si  tu  peux 
en  faire  autant  à  mon  Dieu,  tu  me  décideras  à 
sacrifier  au  tien  ;  mais  si  tu  ne  peux  rien 
faire  à  mon  Dieu,  je  briserai  tous  les  dieux, 
et  tu  croiras  au  mien.  » 

CHAPITRE  IX. 

Tandis  que  l'apôtre  parlait  ainsi,  on  ari- 
nonça  au  roi  que  son  dieu  Yualdulh  était 
tombé  et  brisé  en  petits  morceaux.  El  le  roi, 
plein  d'indignation  »  déchira  le  vêlement  de 
pourpre  qui  le  couvrait,  et  ordonna  de  battre 
Barthélémy  de  verges,  el  il  commanda  en- 
suite qu'où  lui  tranchât  la  tète.  El  quand  cela 
fut  connu,  les  nabilants  des  douze  villes  qui 
avaient  embrassé  la  foi  selon  les  instructions 
de  Barthélémy,  vinrent  avec  le  roi  Polym- 
nius,  et  emportèrent  son  corps  en  chantant 
des  hymnes  et  avec  beaucoup  de  pompe.  El 
le  huitième  jour  après  la  sépulture  du  saint, 
le  roi  Astyage  fut  saisi  par  le  démon ,  el  il 
vint  dans  le  temple,  et  tous  1rs  prêtres  fureni 
possédés  par  des  démons  ;  et,  confessant  que 
Barthélémy  élait  l'apôtre  de  Dieu,  ils  mou- 
rurent tous,  el  une  grande  frayeur  s'empani 
de  tous  les  incrédules.  Et  tous  crurent  ei 
furent  baptisés  par  les  prêtres  que  Barthé- 
lémy avait  ordonnés.  Et  il  arriva  que,  pai 
une  révélation  divine,  au  milieu  de  l'accla- 
mation de  tout  le  peuple,  le  roi  Polymniui 


t5lF 


fut  ordonné  évëquc»  et  il  commença  depuis 
ce  temps  h  faire  des  miracles  au  nom  de 
Tapôlre»  et  il  exerça  Tépiscopat  durant  vflmt 
ans;  et  ensuite,  ayant  accompli  beaucoup  de 


BICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES.  «tO 

bonnes  choses,  et  les  laissant  fermes  el  sta- 
bles, il  émigra  vers  le  Seigneur,  auquel 
soient  honneur  el  gloire  dans  tous  les  siècle» 
des  siècles.  Amen  (138). 


Un  poète  célèbre  au  xti*  siècle,  Baptiste 
Mnntuan  ,  a  raconté  Thistoire  des  apôtres 
dans  un  ouvrago  intitulé  FaWorum,  jeu  ^a 
sncris  diebus^  libriXii,  11  a  pris  les  récits 
d'Atidias  pour  base  de  ses  narrations.  Celte 
produnirm  étant  aujonnJMiui  fort  peu  con- 
nue et  partageant  Toubli  dans  lequel  sont 
ton  bés  les  poètes  latins  modernes,  nous 
croyons  pouvoir  en  extraire  queltjucs  cita* 
lions.  A|  rès  avoir  fait  le  portrait  de  Va\)ù' 
tre,  et  après  avoir  dit  qu'il  avait  pénétré  dans 
les  régions  les  plus  reculées  de  l'Inde  el  jus- 
qu'aux bords  du  Gange,  le  poëte  continue 
ainsi  : 

Tandem 

Proditur  a  genio  qui  membra  obsossa  leiiebat, 
Cujtisdaiii  de  plèbe  liomiiiii»  cui  noiiiiiia  Pseusto  : 
Mox  lare  depulso  régis  perveiiil  ad  aiires 
Famaviri  ;  pop  lis  auleiii  l*oleniicus  Indis 
Ri'X  eral  ;  hic  divo  iialam  commiiiil  arerl)is 
Vesaiani  fuiiis  lemurum  phlc^elhoiuincoruniy 
^«re  caten  lain  geiiinqneagiiante  rreiiieiilem. 
Ui  conspexii  eas  claaiavii  aposlulus  airain 
lu  Siyga  ;  itec  div'nio  operi  gravis  ainplius  eslo. 
Nec  nioia  ;  cum  slicpiiu  discossii  in  aeta  magna. 
Cum  vem  nierilis  vellel  prolalibus  ingens 
Argeiilumet  g«  mnias  primeps  imlundere  et  auium. 
Vif  plus  ex  ocul.s  bomiuum  disparuit  ;  orlo 
Sulealio  forii  us  clausis  co<>cla\ia  regs 
Ingredieiis  \ullii  sic  eM  affadis  aperlo: 
Di\iiia$,  rex  magne,  t  as  non  quaerimus  ;  istos 
Me  Deus  ad  pfipulos  inisit,  quo  s;«n«:ia  revel'm 
Sarramenla  quibus  terras  iliuminal  umnes; 
Multaque  subjecit  veniens  ab  origine  Cbrisli 
Uéque  ad  siiproniiim  lenipus,  quu  régna  reversas 
In  sua,  lia  ni  manies  fecil  descendere  linguas. 
Anuuii  bis  •  sacrisque  comam  rex  abbiii  undis. 
Iiigrediens  a:dcm  lum  Barplboloniaeus  in  alum 
Cum  Ûerel  populo  sacrum  solcuine  frequenli. 
Ad  simulacra  inanum  exlendil ,  gcniunique  iaientem 
Sctilpiilibns  saxis  in  aperlum  exire  cocgil; 
Kcce  ferens  formam  JClbiopis  cum  grandibus  alis, 
Nydinii  nés  instar,  crine  ad  «ilcanea  fiiso, 
Per  deUibra  volai,  spargilque  per  acia  llammas 
Nuribus,  et  divi  iinperio  hiniulacra  repente 
Contriv.t  prostrata  solo  ,  mox  ire  coactus 
Ad  gelidas  ultra  Capricornia  sidéra  terras. 
Si  quas  l'une  videt  terras  Antarcticus  axis: 
Nec  mora,  de  sup^ris  unus  iucentior  astre 
Lucileri  cncunnoliians,  crucis  undique  signum 
Scripsit,  et  cxpiilso  teniplum  lustravit  averuo. 
Astyagt^s  auteni  régis  germanus  aniaro 
Fiuniniigerans  odio,  uivum  cutcnudal  alroci 
Supphi  10,  sed  <  uni  nndato  viscère,  nonduin 
Crb^urct  v.ilgare  fiJem  populumqne  ciere, 
Pdstt'ia  lux  qu»  inensiscial  vicesima  quinla 
Abktnlil  ensecaput,  divumque  iu  sidcra  misil. 

Evangile  de  saint  Barthélémy, 

Il  figure  parmi  les  apocrypbcs  condaoonés 
par  le  décret  du  Pape  Géiase.  Saint  Jérôme 
[Prolegom.  comment,  in  Matth,)^  et  Bède 
\Proet*»  in  Lucam)  en  ont  fait  mention.  Se- 
lon quelques  savants,  entre  autres  dom  Cal« 
met  [Discours  et  dissertations  sur  lès  livres 
du  Nouveau  Testament  ^   1715,  in-8%  t.  1, 


p.  179),  il  y  a  apparence  que  cft  nesl  anip? 
chose  que  TËvangile  hébreu  desaini  Mallbieu 
qu'Eusèbe  {Ilisl.  eccles.,  l.  v,  c.  10),  Ni«  «-• 
phore  IHist.  eccles,,  I.  iv,  c.  32)  et  d'antres 
auteurs  anciens  disent  avoir  été  apfmrté  par 
saint  Barthélémy  dans  l'Inde,  où  Panlénus 
Je  trouva  et  le  porta  à  Alexandrie.  Dan^  un 
des  ouvrages  qui  portent  le  nom  do  sainl 
DenysV  Avéopa^\ie(Demysticatheologia^c.  I  )♦ 
on  trouve  les  paroles  suivantes  citées  sous  le 
nom  de  saint  Barthélémy  :  «  La  théologie  est 
abondante  etlout  à  la  l'ois  resî^errée;  TEran- 
gile  (le  même  est  en  même  temps  auiple  et 
concis.»  Plusieurs  érudits  ont  pensé  que  cette 
sentence  se  trouvait  dans  rEvani;ile  en  ques- 
tion ;  d*autres  ont  cru  qu'elle  était  dans  unn 
Epitie  de  i*apôtre;  d'autres  euûn  que  la  tra- 
dition Tavail  conservée. 
Nicétas  de  Paphla^^onie,  dans  son  Pané^ 

fyriquê  de  saint  Barthélémy,  inséré  dans 
Aucluarium  novissimum  du  P.  CoInbéli^, 
398,  et  l'auteur  d'une  Vie  de  saint  Barthé- 
lémy qu'a  publiée  P.  Possin  en  grec  el  en 
latin  d.'ins  son  Thésaurus  ascelicus ,  citenl 
aussi  cette  sentence  :  Sic  igitur  divinus  Bar-^ 
tholomœus  ait  et  copiosam  esse  theologiam  tt 
minimam  atffue  Evangelium  tum  amplum  et 
magnum  tune  rarius  concisum,  {Voy.  la  nide 
de  D.  Gurdérius  sur  ce  passaj^e,  dans  s«»n 
édition  des  OEuvres  de  saint  Denys  l'Aréo- 
pagite^  note  reproduite  t.  I,  col.  I2')2de  la 
Ptttrologia  grœco'latina  Mienne,  1856,  gr. 
in-8-- 

Bévélation  de  saint  Barthélémy. 

Tel  est  le  titre  qu'on  peut  donner- à  un 
fragment  en  parchemin  conservé  à  la  bildio- 
thèque  impériale  parmi  d'autres  débris  de  la 
littérature  copte;  il  faisait  partie  d  un  ou- 
vrage aujourd'hui  perdu  el  dont  il  ne  reste 
que  ces  deux  feuillets.  Leur  écriture  rap- 
pelle  le  viii*  ou  le  i\*  siècle.  Dn  orienlali^te 
des  plus  dislin^^ués,  M.  Edouard  Dulaurier, 
a  publié,  en  1835,  ce  texte  curieux  avec  une 
Iraductiou  française.  Il  y  a  j(dal  quelques 
autres  fragments. 

«  Séraphins  du  Père,  accourez,  réjouissez- 
vous  du  pardon  qu'Adam  a  obtenu,  car  il 
sera  rendu  à  son  état  primitif.  Alors  le  Père 
ordonna  à  Michel  d'amener  Adam  el  sa  fem- 
me Eve  qui  sont  ses  enfants,  el  de  les  faire 
comparaître  en  présence  de  Dieu.  Crojez- 
raoi,  6  mes  frères  les  a|>dtres,  croyez  Bar- 
thélémy, et  sachez  que  je  n'ai  vu  d»  <na 
vie  l'image  d'un  homme  semblable  à  l'image 
d'Adam,  si  ce  n'est  celle  du  Sauveur,  lue 
parure  de  perles  le  couvrait,  des  rayons  lu- 
mineux s'élançaient  de  son  visage  («areils  à 
ceux  du  soleil  levant ,  des  caractères  écrits 
et  éclatants  étaient  empreints  sur  son  front, 
des  caractères  qu'aucun  œil  mortel  n'aurait 


(138)  Ou  retrouvera  dans  la  Légende  dorée  de     abrèges  cl  décolorés.  (  Voy.  le  Dieiionnaire  des  U 
lacqiies   de    Voragine  ks   récits  d'Abdias ,  mais      tjendn  du  ehritiianisme,  Migne,  18ô5,  col.  iSf.) 


m 


a\R 


PART,  m.—  LEGENDES  ET  rUAGMENtS. 


BAR 


463 


fiu  lire;  on  y  distinguait  le  nom  du  Père,  du 
'ils  et  do  Saint-Esprit.  Eve  à  son  tour  bril- 
lait de  tous  les  ornements  de  TEsprît-Saint. 
Des  vierges,  purs  esprits,  chantaient  avec 
elle,  l'appelant  Zoé  (la  vie),  la  mère  de  tous 
ks  vivants.  Alors  te  Père  hon,  prenant  la  pa- 
role, dit  à  Adam  :  «  Puisque  tu  as  trans- 
gressé mesordres,  puist]uetu  n*as  point  gardé 
mes  préceptes,  mon  Fits  est  allé  te  précéder 
pour  opérer  ta  rédemption,  et  c'est  Marie  qui 
lui  a  dODBé  le  jour.  Eve  aura  comme  elle  le 
liire  de  Mère  dans  mon  royaume.  »  Le  Sau- 
veur s*adressant  à  Michel  lui  dit  :  ^  llassem- 
bie  (ous  les  anges  que  renferment  les  deux; 
qu'ils  viennent  m'adorer  en  ce  jour,  carj*ai 
ohtenu  la  réconciliation  de  celui  oui  est 
mon  image.  »;Dès  qu'Adam  eut  aopris  le  bien- 
fait immense  qui  lui  avait  été  accordé,  la  joie 
s'eQif)ara  |dK  son  cœur,  il  tressaillit  d'allé- 
gresse et  adressa  ses  hommages  à  la  Divinité 
en  cestermes:^  Accourez,  ô  troupes  célestes! 
n|"uissez-vous  avec  moi ,  car  njon  Créateur 
o/a  pardonné  mes  péchés.  »  Les  chœurs  des 
engess*écrièrent  :  «  Jésus,  Fils  du  Dieu  vi- 
Tant,  ta  miséricorde  s'est  étendue  sur  Adam, 
tacnature.  »  Alors  arrivèrent  tous  les  justes, 
Abraham,  l'ami  de  Dieu  ;  Isaac  que  le  péché 
ne  souilla  |>oint;  Jai  ob  le  saint  ;  Job,  si  grand 
par  sa  patience,  et  Moïse,  le  premier  des  pro- 
phètes, ainsi  que  tous  les  hommes  de  bien 
<|ui  n'ont  jamais  cessé  d'accomplir  les  vo- 
lontés divines.  Et  moi,  Barthélémy, j'ai  passé 
plusieurs  jours  sans  manger  et  sans  boire,  la 
s{»lenJi'ur  du  spectacle  qui  s'offrait  à  mes 
regards  suffisant  pour  ma  nourriture.  0  mes 
frères  les  apôtres,' vous  à  qui  j*8i  raconté 
toutes  les  visions  dont  j'ai  été  le  témoin,  par- 
l4^ez  ma  joie  et  la  grAce  que  Dieu  a  faite  à 
Adam  et  à  ses  lils.  Tous  (les  a|)ôlres)  lui  ré- 
|>^jnilirent  :  «  Tn'»s-bien,  notre  frère  chéri; 
on  t*appellera  Barthélémy  Tapôlre  ,  relui  à 
qui  le^  mystères  de  Dieu  ont  été  révélés.  » 
Barthélémy  leur  dit  :  a  Pardonnez-moi,  mes 
frères,  je  suis  le  dernier  d'entre  vous,  et  la 
[>auTreié  règne  dans  ma  maison.  Lorsque 
Tces concitoyens  me  verront,  ils  s'écrieront  : 
«  N'est-ce  pas  là  Barthélémy  le  cultivateur? 
N'est-ce  pas  lui  qui  habite  la  ferme  d'Hiero^ 
cales,  le  chef  de  notre  ville,  et  qui  va  ven- 
dre des  légumes  au  marché?  Où  a-t-il  donc 
ris  la  nouvelle  grandeur  dont  il  sa  pare? 
)  n'était  brait  auparavant  que  de  sa  misère, 
et  aujourd'hui  il  fait  des  miracles  divins. 
Dans  le  temps  que  le  Sauveur  nouscoudui- 
fit  sor  la  montagne  des  Oliviers,  il  nous 


f, 


entretint  dans  une  langue  qui  nous  était  in« 
connue  et  dont  il  nous  a  découvert  depuis 
l'inielligence,  en  disant  :  Anelharath.  En 
ce  moment,  les  cieux  s'ouvrirent  de  pari 
en  part,  ses  vêlements  devinrent  éclatants 
comme  la  neige,  et  le  Sauveur  s'éleva  datis 
les  cieux  à  nos  regards  surpris.  Se  proster- 
nant devant  son  Père  bon,  il  lui  dit  :  «  0 
mon  Père,  prends  pitié  de  mes  frères  les  a|)ô- 
tres;  accorde-Ie<ir  une  bénéiiclion  qui  n  ait 

f)oint  de  un.  »  Alors  le  Père,  de  co'ncerlavec 
eFits  et  le  Saint-Esprit,  étendit  sa  main  sur 
la  tôle  de  Pierre  ;  il  le  consacra  achevèque  de 
l'univers,  et  le  bénit  en  lui  disant  :  «Tu  se^ 
ras  le  chef  et  le  prince  de  mon  royaume;  tu 
le  seras  aussi  du  monde  entier;  car  moi, 
mon  Fils  et  le  Saint-Esprit  nous  t'avons  im- 
posé les  mains »  11  bénit  ainsi  André  : 

"1  Tu  seras  l'étoile  lumineuse  de  la  Jérusalem 
céleste;  et  toi,  Jacques,  dans  toutes  les  villes 
et  les  villages  où  lu  iras,  tu  me  verras,  ainsi 
que  mon  Fils,  avant  que  d'y  entrer.  Jean, 
mon  bien-aimé  et  le  bien-aiu)é  de  mon  Fils 
lu  seras  béni  dans  mon  royaume.  Toi,  Phi- 
lippe, dans  toutes  les  villes  1 1  les  bourgs  «{ui 
te  recevront  dans  leur  sein,  la  croix  de  mon 
Fils  marchera  devant  loi  jusqu'à  ce  qu'on 
ajoute  foi  à  la  missiou.Toi,  Matthieu,  ton  pou** 
voir  s'élèvera  si  haut,  que  ton  ombre  pourra 
ressusciter  les  morts.  Jacques,  Qls  d'Àlphée, 
toute  la  puissance  du  diable  ne  prévaudra 
ni  contre  ton  corps  ni  contre  tes  prédica- 
tions dans  aucun  lieu  du   monJe;   celui  à 
aui  lu  t'attacheras  ne  sera  pas  séparé  de  toi 
e  réternilé.  Simon  Zéloles,  aucun  des  lieux 
où  tu  auras  annoncé  la  parole  de  mon  Fils, 
ne  pourra  être  envahi  par  une  puissance  en- 
nemie. El  loi,  bieniieureux   Mathias,  ta  re- 
nommée sera  l'œuvredu  monde,  parce  que  tu 
étais  riche  suivant  ce  monde,  et  que  tu  as  tout 
abandonné  pour  me  suivre.  »  Les  légions  cé- 
lestes ayant  entendu  les  béné^iictions  que  la 
Père  avait  départies  à  chacun  des  apôlres,  s'é- 
crièrent à  la  fois,  Amenl  Et  maintenant, 
vous^  mes  frères,  les  apôtres,  pardonnez  à 
Barihélemy.  »  Alors  les  apôtres,  se  levant, 
l'embrassèrent.  Après  avoir  prononcé  ces« 
paroles,  ils  allèrent  offrir  te  sacrifice.  La 
sainte  Vierge  se  trouvait  auprès  d'eux  en  ca 
momenL  Dès  que  Jésus  leur  eut  dit  :  «  Venez 
en  Galilée,  c'est  là  où  je  vous  donnerai  ma 
liaix,  «dès  qu'ils  eurent  pris  du  corps  et  da 
sang  du  Fils  de  Dieu,  l'odeur  suave  de  leur 
sacrifice  s'éleva  jusqu'au  septième  ciel.  » 


BARUGH. 


Elle  s'est  conservée  chez  les  Syriens  et  elle 
1  été  insérée  dans  les  Polyglottes  de  Paris  et 
ie  I/)ndre$;  Fabricius  Ta  placée  en  latin  dans 
»on  Codex  pseudepigraphus  Vel.  Teslamenti^ 
^.  11,  p.  ikl,  Huet,  dans  sa  Dtmonstratio  evan- 
gclicGy  remarque  fort  bien  que  la  supposi- 
tion de  cet  écrit  ne  saurait  faire  Tobjet  du 
moindre  doute.  11  a  dû  être  composé  à  l'é- 
poque des  Machabées.  (Voir  Eichhorn,  Ein- 


(  EpUre  de  Barueh.  ) 

leilung    in  die    apocryphen    Schriften  rfer 
Allen  TeitamentSy  Leipsick,  1795,  in-8*;  De 
Weite,  Enleilung    in  das  Allen  TesLamenl 
p.  402.) 

CHAPITRE  PREMIER. 


«  Voici  les  discours  que  Baruch,  fils  de 
Neria ,  envoya  aux  neuf  tribus  et  demie  qui 
étaient  au  delà  du  fleuve  de  TEuphratC;  et  ils 


165 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


164 


se  trouvent  écrits  dans  cette  lettre.  Barucli, 
fils  de  Neria,  s'exprime  ainsi  ;  Aux  frères  cap- 
tifs paix  et  miséricorde.  Je  me  souviens,  mes 
frères,  de  l'attachement  de  Celui  qui  nous 
créa  et  qui  nous  a  aimés  et  ne  nous  a  ja- 
mais haïs,  quoiqu'il  nous  ait  chAtiés,  et  je 
sais  que  nous  avons  été,  nous  qui  formons 
les  douze  tribus,  réunis  tous  par  un  seul  et 
môme  lien,  comme  étant  engendrés  d^un 
seul  et  même  Père  ;  c'est  pourquoi  je  me 
suis  attaché  h  vous  laisser  les  paroles  de  celte 
Epltre  avant  de  mourir,  afin  que  vous 
éprouviez  quelque  consolation  dans  Ks 
maux  que  vous  souffrez,  ei  pour  que  vous 
vous  affligiez  des  malheurs  qui  sont  sur- 
venus h  vos  frères,  et  pour  que  vous  recon- 
naissiez aussi  la  justice  du  jugement  de  Celui 
qui  a  porté  contre  vous  la  sentence  de  la 
captivité  (car  ce  que  vous  avez  souffert  est 
moindre  que  ce  que  vous  avez  fait},  afin 
qu'aux  derniers  temps  vousso^ez  trouvés  di- 
gnes de  vos  ancêtres.  Si  vous  êtes  dans  ces 
sentiments,  vous  souffrez  maintenant  pour 
votre  bien,  et  vous  ne  serez  pas  condamnés 
au  jugement  suprême,  vous  no  serez  point  li- 
vrés aux  supplices,  mais  vous  recevrez  l'es- 
pérance éternelle,  et  surtout  si  vous  6tez  de 
votre  cœur  cette  vaine  erreur  à  cause  de  la- 
quelle vous  avez  changé  de  pays.  Si  vous 
agissez  ainsi,  Celui  qui  en  tout  temps  a  pro- 
mis à  ceux  qui  étaient  supérieurs  à  nous  de 
ne  jamais  nous  oublier  et  de  ne  point  nous 
al)andonner,  se  souviendra  de  nous,  et  dans 
sa  grande  clémence  il  réunira  derechef 
ceux  qui  sont  dispersés.  Ainsi,  mes  frères  , 
il  faut  d'abord  quo  vous  sachiez  ce  qui  est 
arrivé  à  Sion ,  lorsque  Nabuchodonosor  , 
roi  de  Babylone,  s'est  élevé  contre  nous. 
(Car  comme  nous  avons  péché  contre  Ce- 
lui qui  nous  a  faits,  et  que  nous  n'avons 
pas  observé  les  précei)tes  qu*il  nous  avait 
donnés,  il  nous  est  arrivé  ce  qui  vous  est 
arrivé,  et  notre  malheur  amène  sur  nous  des 
souffrances  bien  plus  grandes  que  les  vô- 
tres.) Je  vous  fais  savoir,  mes  frères,  que 
lorsque  les  ennemis  eurent  assiégé  notre 
ville,  le  Très-Haut  envoya  des  anges  qui 
détruisirent  les  remparts  les  plus  forts  et 
renversèrent  les  barrières  de  fer  que  rien 
ne  semblait  pouvoir  briser.  Mais  ils  cachè- 
rent les  vases  sacrés  du  sanctuaire,  atin 
qu'ils  ne  fussent  pas  saisis  par  les  enne- 
mis, et  lorsqu'ils  l'eurent  fait,  ils  livrèrent 
aux  ennemis  les  murailles  déjà  renversées, 
le  temple  saccagé,  l'éditice  livré  aux  flam- 
mes et  le  peuple  vaincu  qui  fut  ainsi  livré 
pour  que  les  ennemis  ne  se  glorifiassent  pas 
disant  :  «  nous  possédons  une  telle  puissance 
que  nous  avons  détruit  par  la  guerre  la 
maison  du  Très-Haut.  »  Ils  conduisirent  à 
Babylone  et  ils  y  placèrent  vos  frères  en- 
chaînés, et  nous  y  sommes  restés  en  petit 
nombre.  C'est  la  douleur  au  sujet  de  laquelle 
je  vous  écris,  car  je  sais  parfaitement  que 
l'habitation  de  Sion  nous  apportait  une 
grande  consolation.  Plus  vous  étiez  assurés 

au'elle  était  heureuse,  plus  a  été  grande  la 
ouleur  dont  vous  avez  été  affectés  lorsque 
vous  vous  en  êtes  éloignc^s.  Mais   écoutez 


ma  parole  et  qu'elle  vous  serve  ae  consola- 
tion. Tandis  que  je  pleurais  sur  Sion  et  -{ue 
j'im[)lorais  la  miséricorde  du  Très-Haut  et 
que  je  disais:  «  Jusques  à  quand  dureront 
ces  maux  que  le  Très-Puissant  a  fait  tom* 
ber  sur  nous  selon  sa  miséricorde  et  que  le 
Très-Haut  nous  inflige  suivant  la  grandeur 
de  sa  clémence,  et  combien  de  temps  en 
supporterons-nous  le  poids?  »  voici  que  le 
Seigneur  m'a  révélé  sa  parole  pour  que  je 
sois  consolé,  et  il  m'a  montré  des  visions 
pour  que  je  ne  me  livre  plus  à  la  douleur  ; 
il  tu 'a  fait  connaître  le  secret  des  temps  et 
il  m'a  indiqué  Tavénement  des  moments. 
C'est  pourquoi,  mes  .frères,  je  vous  écris 
afin  que  vous  soyez  consolés  de  la  multi- 
tude de  ^otre  tristesse.  -  Vous  savez  que 
nous  nous  vengerons  un  jour  de  nos  enne- 
mis, leur  faisant  ce  qu'ils  nous  ont  fait,  et 
le  moment  est  proche  où  le  Très-Haut  met- 
tra fin  à  nos  malheurs  et  où  il  fera  verser  sur 
nous  sa  miséricorde,  et  le  terme  de  son  ju- 
gement n'est  pas  bien  loin.  Nous  voyons  les 
grandeurs  de  la  prospérité  des  nationsiufidè* 
les,  quoiqu'elles  agissent  d'une  façon  impie; 
mais  elles  sont  semblables  k  une  vapeur. 
Nous  voyons  la  multitude  de  leurs  richesses 
(|uoiqu'elles  se  conduisent  d*une  manière 
inique,  mais  elles  sont  comme  des  gouttes 
d'eau.  Nous  voyons  la  solidité  de  leur  puis- 
sance, quoiqu'elles  résistent  à  tout  moment 
au  Très-Haut,  mais  elles  n'auront  pas  plus  de 
valeur  qu'un  coachat.  Nous  contemplons  la 


fumée.  Nous  portons  notre  attention  sur  la 
splendeur  de  leur  vie,quoiquelles  se  condui- 
sent d'une  manière  honteuse,  mais  elles  se  tlé* 
triront  comme  de  l'herbe  aride.  Nous  consi- 
dérons la  barbarie  de  leur  cruauté,  tandis 
qu'elles  ne  songent  jamais  k  leur  fin,  mais 
elles  tomberont  comme  retombent  des  va,^ues 
soulevées.  Nous  roulons  dans  notre  esprit  la 
magnificence  do  leur  pouvoir,  quoiqu'elles 
refusent  de  confesser  là  gloire  de  Celui  qui 
donne  la  puissance,  mais  elles  passeront 
comme  des  nuées  que  le  vent  emporte.  Car 
le  Très-Haut  accélérera  très-rapidement  ses 
temps,  et  il  amènera  les  moments  qu'il  a 
fixés,  et  il  jugera  ceux  qui  sont  dans  son 
univers,  il  examinera  toutes  choses  dans  la 
vérité,  scrutant  les  actions  cachées  de  cha- 
cun, et  il  pénétrera  exactement  dans  les 
pensées  intimes,  et  dans  tout  co  qui  est  le 
plus  celé  dans  l'homme,  et  il  le  manifestera 
ouvertement  devant  tous  les  hommes.  C'e>t 
pourquoi  n'appliquez  pas  votre  es}irit  à 
rien  de  ce  qui  est  présent,  mais  prenons  pa- 
tience, parce  que  ce  qui  nous  est  pruui:> 
arrivera.  Ne  nous  arrêtons  pas  au  speciai  U^ 
des  voluptés  des  nations  étrangères,  uiais 
souvenons-nous  des  biens  qui  nous  ont  été 
finalement  promis».  Car  les  temps  et  les  Age» 
passeront  avec  tontes  les  choses  qu'ils  con- 
tiennent, mais  à  la  fin  des  siècles,  le  Souve- 
rain du  monde  montrera  sa  grande  puib- 
sauce,  lorsque  toutes  choses  viendront  au 
ju;^emenl.  Préparez  donc  vos  ca?urs  :»our  ce 


465 


BAK 


>ART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


BAR 


166 


que  voas  croyez  déjà  et  riélachez-vous  de  ce 
siècle;  vous  êtes  captifs  ici,  mais  vos  en- 
nemis seront  tourmentés  là-bas. 

CHAPITRE  II. 

«  iDans  ce  qui  est  maintenant  le  présent, 
ou  dans  ce  qui  est  passé»  ou  dans  ce  qui 
doit  advenir,  ni  le  mal  est  absolument  mal, 
ni  le  bien  est  parfaitement  bien.  De  môme 
que  toute  la  santé  présente  se  tourne  en 
maladie,  toute  la  force  présente  se  change  en 
impuissance,  toute  la  sécurité  présente  se 
change  en  anxiété,  toute  la  vigueur  de  la 
jeunesse  se  change  en  vieillesse  et  en  tré- 
pas, toute  beauté  présente  change,  se  flé- 
trit et  disparaît,  toute  puissance  superbe  se 
change  en  abjection  et  eu  confusion,  toute 
splendeur  et  magniticence  présente  se  change 
en  ruine;  toute  volupté  et  toute  allégresse 
présente  se  change  en  ver  et  en  corruption  ; 
toute  rumeur  de  gloire  présente  se  change 
en  poussière  et  en  silence  ;  toute  possession 
de  richesses  se  réduit  à  la  seule  fosse,  toutes 
les  rapines  de  l'avidilé  se  changent  en  une 
mort  luneste;  toute  concupiscence  de  la  pas- 
sion se  change  en  une  condamnation  et  en 
supplice;  toute  fraude  etrusese  changent  en 
un  reproche  de  la  vérité;  toute  douceur  des 
plaisirs  présents  se  change  en  jugement  et 
en  condamnation,  tout  amour  de  la  faus- 
seté se  change  eu  opprobre  par  la  vérité. 
Quand  toutes  ces  choses  se  produisent  en 
ce  monde,  quelqu'un  pens^l-il  qu'elles  ne 
doivent  pas  être  châtiées?  Toutes  choses 
doivent  arriver  selon  la  vérité.  Je  vous  ai 
instruits  à  ce  sujet,  je  vous  ai  dit  à  quelles 
vertus  vous  deviez  vous  attacher  ;  car  le  Très- 
Puissant  m'a  commandé  de  vous  exhorter  et 
de  vous  avertir  de  son  jugement,  avant  que 
je  ue  meure.  Souvenez-vous  que  Moïse  a 
dit:  <  Si  vous  violez  la  Loi,  vous  serez  dis- 
4>ersés  ;  si  vous  Tobservez,  vous  serez  les 
souverains.  »  Mais  il  vous  a  donné  des  pré- 
ceptes que  vous  avez  après  sa  mort  rejelés 
loin  de  vous,  lorsque  vous  étiez  encore  douze 
tribus  dans  le  désert;  c'est  pourquoi  ce  qui 
vous  avait  été  prédit  est  arrivé.  Car  Moïse 
vousavait  annoncé,  avant  qu'elles  n'arrivas- 
sent, les  choses  que  vous  avez  souffertes, 
parce  que  vous  avez  abandonné  la  Loi.  Et 
voici  ce  que  je  vous  dis  après  que  ces  cho- 
ses sont  survenues  :  Si  vous  aviez  observé 
ce  qui  vous  a  été  commandé,  vous  auriez 
reçu  du  Tout-Puissant  tout  ce  qui  avait  été 
réservé  et  préparé  pour  tous.  Que  celte  Let- 
tre soit  entre  vous  et  moi  un  témoignage 
que  vous  vous  souviendrez  des  commande- 
ments du  Tout-Puissant,  aGn  que  j'aie  ma 
justification  devant  Celui  qui  m'a  envoyé. 
Souvenez-vous  de  la  Loi  de  Sion,  de  la  terre 
sainte  et  de  vos  frères,  et  du  pacte  de  vos 
ancêtres,  et  n'oubliez  pas  les  fêtes  et  les  sab- 
tjats.  Transmettez  celte  Lettre  à  vos  fils  après 
vous  avec  la  tradition  de  la  Loi,  de  même  que 
vos  pères  vous  l'ont  transmise.  Priez  avec 
ferveur  en  tout  temps,  et  adressez-vous  au 
Seigneur  de  toute  votre  Ame,  afin  que  le 
Tout-Pui55ani  mette  sa  complaisance  en 
vous  et  qu'il  ne  vous  impute  pas  la  multi- 


tude de  vos  péchéSj  car,  s'il  ne  nous  juge 
pas  selon  l'abondance  de  ses  miséricordes, 
malheur  à  nous  tous.  Il  faut  que  vous  sachiez 
en  outre  que  dans  les  temps  anciens,  nos  an- 
cêtres avaient  des  soutiens,  c'est-à-dire  des  ' 
justes  et  des  prophètes,  qui,  lorsque  nous 
étions  dans  notre  terre,  nous  assistaient 
lorsque  nous  péchions,  et  priaient  pour  nous 
Celui  qui  nous  a  créés,  et  le  Tout-Puissant 
entendait  leur  prière  et  avait  pitié  de  nous. 
Maintenant  les  justes  ont  été  enlevés  et  les 
prophètes  ont  succombé  ;  nous  sommes  sor- 
tis de  noire  terre,  etSion  nous  a  été  ôtée,  et 
il  ue  nous  reste  rien,  si  ce  n'est  le  Tout-Puis- 
sant et  sa  Loi.  Si  nous  dirigeons  et  si  nous 
disposons  nos  cœurs,  nous  recouvrerons 
tout  ce  que  nous  avons  perdu,  et  nous  aurons 
même  beaucoup  plus  et  en  bien  plus  gran- 
des quantités,  car  les  choses  que  nous  avons 
perdues  étaient  sujettes  à  la  corruption,  et 
celles  que  nous  recevrons  .«^ont  incorrupti- 
bles. C  est  de  cette  manière  que  j*ai  écrit  à 
nos  frères  àBabylone  et  je  le  leur  répète 
encore.  Que  tout  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus 
soit  toujours  devant  vos  yeux,  parce  que 
nous  sommes  toujours  animés  de  Tesprit  et 
dans  la  puissance  de  notre  liberlé.  Le  Très* 
Haut  agit  à  notre  égard  avec  une  patience 
extrêtae  ;  il  nous  fait  savoir  les  choses  qui 
doivent  s'accomplir,  et  il  ne  nous  cache  pas 
celles  qui  sont  dans  l'avenir.  Avant  que  le 
Juge  n^eiige  ce  qui  est  à  lui  et  que  la  vérité 
ne  demande  ce  qui  lui  est  dû,  préparons  noire 
esprit  afm  de  recevoir,  et  de  ne  pas  être  sai- 
sis, aQnde  triompher,  et  afin  de  ne  pas  être 
jetés  dans  la  confusion,  afin  de  reposer  avec 
nos  pères,  el  afin  de  ne  pas  êlro  tourmenlés 
avec  nos  ennemis.  La  jeunesse  du  'momlo 
passe  et  la  vigueur  des  créatures  finit,  et  la 
durée  des  temps  est  très-courte  ;  le  vase  est 
près  du  puits,  le  navire  du  port  et  la  vie  de 
son  terme.  Préparez-vous  donc  afin  de  vous 
reposer  après  avoir  navigué  et  après  être 
descendus  du  navire,  non  pour  vous  reposer 
lorsque  vous  êtes  en  roule.  Car  voici  que 
lorsque  le  Seigneur  aura  accompli  toutes  ces 
choses,  il  n'y  aura  plusde  lieu  pour  la  péni- 
tence, ni  de  terme  aux  temps,  ni  de  durée 
nouvelle  pour  les  moments,  ni  de  change- 
ment de  voies,  ni  de  lieu  pour  les  prières, 
ni  d'émission  de  supplications,  ni  moyeu 
d'acquérir  la  science,  ni  d'expiation  pour  la 
faute,  ni  de  supplicalions  de  parents,  ni 
d'oraison  de  prophètes,  ni  de  secours  des  jus- 
tes. Mais  il  y  aura  la  sentence  de  la  corrup- 
tion, le  chemin  conduisant  au  feu  et  la  roule 
menant  à  la  géhenne.  C'est  pourquoi  il  n'y  a 
qu'une  loi  el  un  siècle,  el  tous  ceux  qui  sont 
en  lui,  auront  une  fin,  et  le  Seigneur  sau- 
vera ceux  dont  il  pourra  avoir  compassion, 
et  il  perdra  ceux  qui  seront  enveloppés  dans 
leurs  péchés.  Lorsque  vous  recevrez  ma  Let- 
tre, lisez-la  donc  soigneusement  en  vos  as- 
semblées et  méditez-la,  surtout  aux  jours  do 
vos  jeûnes,  et  souvenez-vous  de  moi  par 
cette  Lettre,  de  même  que  par  elle  je  me 
souviens  de  vous.  » 

Cette  Epltre  attribuée  à  Baruch  n  a  d'ail- 
leurs rien  de  commun  avec  le  Livre  de  Ba^ 


167 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


lea 


ruch  écrit  par  hii  ^noslique  des  premiers 
siècles  nommé  Josiin  et  que  nous  connais- 
sons fiffr  la  mention  qui  en  estfaitedans  le  cin* 
quiètne  livre  des  Pkih$opkumena ,  publiés 
par  M.  Miller  et  dont  lorigine  a  donné  lieu 
a  de  vives  controverses.  D*après  le  récit  fruit 
dt  l'imagination  de  Justin,  Elohim  envoya 


Baruch  à  Jésus  qui  élail  le  fils  de  Joseph  rt 
de  Marte  et  qui,  a  Tâge  de  douze  ans,  gardait 
les  troupeaux;  il  lai  apporta  le  message  du 
vrai  Dieu  et  Tencourageaà  Tannoncerfiarmi 
les  hommes.  Jésus  dit  :  «  Seigneuri  je  le  fe* 
raiy  »  maïs  le  serpent  irrité  le  fil  périr  sur 
croix* 


BASILIDE. 


Né  en  Syrie,  cel  hérésiarque,  chef  d'une 
des  écoles  du  gnosticisme,  élait  originaire 
df  la  Perse.  On  a  fort  peu  de  détails  sur  sa 
vie  ;  il  séjourna  à  Alexandrie,  où  il  se  trou* 
vaicde  Tan  130  à  135  de  notre  ère.  Il  avait 
composé  un  Evangile  à  Tégard  duquel  nous 
manquons  de  renseignements  précis.  On  lit 
dans  Origène  (homil.  1  in  Luc.)  :  Ausum  fait 
«I  Basilides  3cr ibère  evangelium ,  et  suo  iliud 
nomini  titulart.  Saint  Jérômo  (  Prœfat.  in 
Ualth.)  rindique  aussi  parmi  les  évangiles 
des  hérétiques;  saint  Ambroise  en  fait  au- 
tant. 

Origène  en  dit  encore  un  mot  dans  son 
tractât.  26  in  Matthœum^  en  parlant  de  Tem^ 
ploi  qui  est  fait  de  livres  sans  nulle  auto- 
rité :  Ûiunttir  quibusdam  fictis  Hypythiani 
[Cerinthiani  ?\,  aliis  auêem  qui  sunt  BasHi-' 
dis.  Eusèbe  {Uist,  eccUs^, ,  U  iv,  c.  7)  en  a 
parlé  un  peu  plus  longuement,  mais  sans 
offrir  touterois  à  la  critique  moderne  ces 
données  positives  quelle  recherche  avec 
empressement  (139).  £t,  de  fait,  on  ignore 
si  Sasilide  avait  rédigé  un  nouvel  Evangile* 
ou  s'il  s'uiait  contenté  de  commenter  soit 
i Evangile  do  saint  Matthieu,  ou  quelque 
autre  des  Evangiles  canoniques;  peut-èlre 
avait-il  écrit  sur  l'ensemble  de  l'histoire 
évangélique. 

11  prétendait  que  son  enseignement  élait 
la  véritable  et  primitive  doctrine  des  Chré- 
tiens, telle  qu'il  Tavait  reçue  de  Glaucius, 
interprète  de  saint  Pierre  ;  il  citait  aussi 
saint  Paul ,  mais  il  lu  mettait  au  -  dessous 


de  saint  Pierre,  et  à  la  prétMtfue  tradi» 
tion  de  (ilaucius  il  joigmdt  les  opinions 
contenues  rians^Ja»'  soi-disant  prophéties 
de  Cham  et  de  Barchor. 

Afin  d'expliquer  sa  doctrine  et  de  mon- 
trer dans  quel  sens  i!  fallait  entendre  Ici 
Evangiles,  Basilide  composa  vingt -quatre 
livres  d'interprétations,  dont  il  ne  reste  que 
quelques  fragments  épars  dans  les  Stromate$ 
de  Clément  cTAlexandrie,  et  queGrabe  (5pi- 
cikgium),  et  Massuet  (dans  son  Edition  de 
saint  Irénéê)  ont  recueillis.  L*exposé  des 
doctrines  de  ce  «gnostique  serait  étranger  à 
notre  sujet;  il  se  trouve  dans  Touvragedo 
M.  Matter,  t.  I",  p.  W2-433. 

On  peut  aussi  consultera  cet  égard  Cave, 
Hiêt.  liiter.  script,  eccles.^  t.  1**,  p.  W;  Til- 
lemont,  Mémoires,  t.  H  ,  p,  43,  219;  Beau- 
sobre,  Histoire  du  manichéismt ,  t.  Il ,  p.  5  ; 
Walch ,  \Historie  der  Ketzereytn ,  t.  I ,  p. 
287  ;  Neander,  Entwirklung  der  vomehmsttn 
gnostischen  5y5Éimc(Berlin,  1818),  p.  28-9-2; 
Baur,  Die  chnslUche Gnosis (Tubingcn,i83o\ 
p,  219;  Guericke,  Kirchenaeschichte  ^  t.  I", 
p.  136;  Pluquet,  Dict.  des  hérésies^  etc. 

Doux  passages  cités  par  Clément  d'Aiexsn- 
drie  {Stromates,  I.  ni)  et  par  saint  Entphane 
(harcs.  24,  n.  5),  comme  se  trouvant  aans  Ba- 
silide, sont  de  fait  des  citatious  peu  alté- 
rées de  saint  Matthieu  (c.  xix,  11  ;  vu,  6). 

Neander ,  dans  son  ouvrage  sur  les  èyf- 
tèmss  gnostiques^  p-84,  pense  que  TEvan- 

fple  de  Basilide  élait  celui  des  Hébreux , 
es  sectes  juives  en  Syrie  en  faisait  usage. 


BEN-SIRA. 

(  Adages  de  Ben  -5tra.  ) 


Ben-Sira  passe  pour  avoir  été  le  petit-fils 
de  Jérémie;  on  manque  d'ailleurs  de  rensei- 
gnements sur  son  compte  ;  les  proverbes  ou 
sentences  qu'il  a  recueillis  se  retrouvent 
en  grande  partie  dans  le  Talmud,  et,  (]uoi- 
qu  on  ne  les  ait  Jamais  rangés  parmi  les 
ouvrages  canoniques,  la  réputation  dont  ils 
jouissaient  doit  leur  faire  trouver  une  place 
dans  notre  recueil.  Un  érudit  hollandais, 
Drusius,  donna  une  édition  de  ces  adages 
sous  le  titre  suivant  :  Proverbia  Ben  Sirœ 
auctoris  antiquissimi,    opéra  /.  Drusii  in 

(139)  cBasilîdem  vero  praHextu  arcanieris  ëoctriiiae 
(ftigiiiiicailrenxus),  in  immensuni  leteiidisse  menlis 
itiipi<ecngiiaUiin,uumprodtgiotta  fabulariioi  figmeiita 
sibimct  coiiiminiscereiur...  Pervenil  ad  nos  liber 
celeberrimi  scripioris  id  umporls  Agrippx  Castoris, 
roiifutalioi)ciu  Basilidls  vatidissiuiuiii  conlirieiis  in 
qua   boroinis    pra*^tigix   ac    fiaudcs    dctoguiitur. 


latinam  tinguam  conversa  sckotiisque  ilh- 
strataj  Franeckerœ^ /Egidius  Ruderus^  1597, 
in-V. 

M.  G.  Duplessis,  dans  sa  Bibliographie 
paremiologique^  Paris,  1847,  p.  39,  signale 
cet  ouvrage  comme  digne  de  l'attention  des 
érndits  et  iïe%  curieur.  Il  existe  une  traduc- 
tion française  de  ces  proverhes,  mise  au 
jour  au  XVI*  siècle:  mais  elle  est  devenue 
d'une  rareté  telle,  que  les  recherches  les 
plus  actives  n*ont  pu  réussir  à  nous  en  faire 
rencontrer  un  exemplaire.  En  voici  le  titre  : 

Duinqne  cuncta  ejas  arcana  prorert  In  locem,  xiit 
libres  in  Evangelium  al>  iUo  eonscriptos  esse^memo- 
rai,  ipsumque  sibi  propheias  conGiiiisse  Barcal>uia 
Cl  Barcopb,  aliosquenonnullosquiuttitquainextiiits- 
sent ,  iisf|uc  barbara  quxdam  Domina  taiptfsaiftbt*, 
ad  percellendos  conim  aiiimot  qui  biiiusinodi  rcrwa 
'admiralione  cipiiitiliir.  i 


169 


BEN 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


BEN 


170 


Lt9  Sentences  de  Ben^Sira,  neveu  de  Jéré- 
min  le  prophète^  traduites  de  chaldée  en  fran" 
çais,  et  commentées  par  Barthélémy  Du  Poii, 
Gascon  Auxitain ,  Angers^  René  Piqucnol , 
1569,  in-16. 

Nous  allons,  d*après  Drusius,  faire  con- 
natlre  les  plus  remarquables  de  ces  prover- 
bes, dont  la  conctsion  n'échappera  pas  au 
lecteur;  nous  y  joindrons  quelques  explica- 
tions nécessaires. 

«  Ronge  Tos  qui  est  tombé  en  ta  bouche.  » 

Cette  image  peu  gracieuse  assimile 
rhomrae  h  un  chien  affamé  ;  le  commentateur 
hébreu  l'applique  à  un  homme  qui  doit  gar- 
der sa  femmelorsmème  qu'il  aurait  sujet  de 
s'en  plaindre,  et  ne  pas  la  répudier;  car  cette 
faculté,quoiqueauloriséepar  la  loi>  était  vue 
de  mauvais  oail.Cetannotateur  ajoute:  «  Ce* 
lui  qui  a  une  femme  méchante  ,  et  qui  ne  la 
renvoie  pas,  fait  bien,  car  il  ne  vient  pas  au 
jugement.  S'il  la  renvoie,  il  fait  mal,  car 
aprèse!le,pas  une  heure  ne  lui  sourit.  (C'e^N 
à'dire^  il  n'est  pas  heureux  dans  un  autre  ma^ 
riage.)  Le  monde  se  couvre  de  ténèbres 
pour  lui  lorsqu'il  la  répudie.  {Cest-àrdire^  il 
tombe  dans  diverses  calamités,) 

«  Ne  livre  pas  ton  cœur  au  chagrin,  car  le 
cba^rio  tue  beaucoup  de  persounes.  » 

La  première  partie  de  cette  sentence  se 
retrouve  dans  l  Ecclésiastique^  xxxviii,  21  : 
Ne  dederis  in  tristitia  cor  tuum ,  sed  repelle 
sam  a  te. 

«r  Ne  sois  pas  de  ceux  iqui  ont  une  barbe 
peu  fournie  ou  épaisse,  car  tu  ne  suis  pas 
ce  qui  est  ordonné  • 

Les  Hébreux  avaient  mauvaise  idée  de  ceux 
qui  soignaient  leur  barbe  avec  affectation. 
Rabbi  Aquiba  dit  dans  luGémnre:  Homo  rara 
barba  callidus  est  ;  densa  barba  stultus. 

«  Les  enfants  mâles  sont  chers  à  chaque 
homme,  mais  malheur  aux  pères  des  fem- 
mes. » 

«  Détourne  ta  fac9  des  méchants  et  ne 
chemine  pas  avec  eux  ;  éloigne  d'eux  ton 
pied,  de  peur  que  tu  ne  sois  saisi  dans  leurs 
tilets  (IM).  » 

c  Cache  tes  richesses,  mon  fils,  pendant  ta 
vie  et  ne  les  laisse  pas  voir»  et  ne  les  donne 
pas  à  tes  héritiers  jusqu'au  jour  de  ta  mort.» 

On  connaît  les  risques  de  la  propriété  en 
Orient* 

«  Procure-ioi  des  richesses,  une  femme 
bonne  et  craignant  Dieu  ;  engendre  aussi 
beaucoup  de  lils ,  fussent-ils  au  nombre  de 
cent.  9 

«Eloigne-toi  des  méchants,  et  ne  fré- 
quente pas  leur  société;  car  leurs  pieds  cou- 
rent v^fs  le  mal,  et  se  hâtent  d'aller  répan- 
dre le  sang.  Aie  cependant  compassion  de 
tes  voisins,  qooiquils  soient  méchants,  et 
donne-leur  de  ta  nourriture ,  aflo  que  lors- 

(110)  Pro».  1, 15;n,  1«. 


(141)  P$aL  XV,  3. 
(Ut)  Prov.  XXVII,  1: 
(143)  EcdL  xuu  12. 


044)  Nous  traduisons  lilléralement  :  i  Oprinil  non 
dvDiit  >  Cela  veut  dire  qu*il  dort  peu  ou  quesoo 
Bvrmeil  est  toujours  inquiet.  On  observera  que  la 
r«usée  qui  a  iiispiié  cet  adage  ei  le  précédeni  se 

Diction?!,  des  Apogrtphks.  IL 


que   tu  seras  au  jugement   de   Dieu,    ils 
rendent  témoignage  en  la  faveur.  i> 

«  Ecoute  mes  discours  ,  et  penche  ton 
oreille  pour  recevoir  mes  paroles.  Cesse  de 
te  quereller  avec  tes  voisins,  et  si  tu  remar- 
ques en  eux  des  choses  mauvaises,  que  ta 
langue  ne  les  diffame  pas  (Ul).  » 

«  Si  tu  as  des  pièces  d'or  et  des  richesses 
ne  dis  pas  à  ta  femme,  lors  même  qu'elle 
serait  bonne,  en  quel  lieu  ton  trésor  est  dé' 
posé.  » 

Drusius  observe  que  d'autres  sentences 
sont  répandues  chez  les  Juifs  sous  le  nom 
de  Ben-Sira;  il  en  cite  deux  : 

«  Le  jour  est  court  et  l'ouvrage  considé- 
rable. »  '  •  ^ 

On  peut  rapprocher  cet  adage  de  la  maxi- 
me célèbre  énoncée  par  Hippocrale  :  Vita 
breviSy  ars  vero  longa.  On  dit  que  Ben  Sira 
parla  ainsi  à  son  maître,  lorsqu'étant  fort 
jeune,  il  voulut  se  livrer  avec  zèle  à  l'étude 
de  la  loi. 

«r  Que  le  souci  du  lendemain  ne  te  tour- 
mente pas,  car  tu  ne  sais  pas  ce  qu'enfantera 
le  jour  (14-2).  » 

«  Une  fille  est  un  vain  trésor  pour  son 
père  qui,  lorsqu'il  est  livré  à  la  crainte,  ne 
dort  pas  la  nuit  (U3).  » 

«  Le  gardien  d'une  petite  fille  dort  et  ne 
dort  pas  (U4);  peut-être  elle  est  trompée 
en  son  adolescence,  et,  devenue  plus  gran- 
de, elle  sera  débauchée,  p 

«I  Quand  ta  fille  sera  mariée»  tu  auras  k 
son  éqard  de  grandes  inquiétudes,  disant  : 
Peut-être  aura-t-elle  des  enfants;  peut-être 
n'en  aura-t-elle  pas,  et  quand  elle  sera 
vieille,  elle  pourra  exercer  des  maléfices.  * 

DrusiusciteàcetégardIepassagedePolIion: 
Qui  multiplicat  uxores,  multiplicat  veneficia. 

Bien  de  plus  commun  chez  les  Orientaux 
que  les  plaintes  sur  les  soucis  que  donnent 
les  femmeSi 

«  Délivre-toi  de  la  femme  méchante  qui 
domine  sur  toi  au  moyen  de  sa  langue  :  la 
femme  mt'xhante  est  semblable  aux  chiens 
enragés  ;  que  les  portes  lui  soient  donc  fer- 
mées, quoique  sa  bouche  prononce  de  douces 
paroles  lorsqu'elle  répond.  > 

«  Honore  le  médecin  avant  que  tu  n'aies 
besoin  de  lui.  » 

ff  Laisse  k  la  surface  de  l'eau,  afin  qu*il 
nage,  le  fils  qui  n'est  pas  un  fils  (1!^5).  » 

«  Bonge  l'os  que  le  sort  t'a  adjugé  (1{^6).  >* 

Il  L'or  et  l'enfantuntbesoifid'étre  frappés.» 

«  Sois  bon,  et  ne  retire  pas  ta  main  de  ce 
qui  est  bon.  » 

c  Malheur  au  méchant  et  à  ceux  qui  s'at- 
tachent à  lui.  » 

ff  Place  ton  pain  sur  la  face  des  eaux  et  sur 
le  sable  du  désert,  et  lu  le  retrouveras  k  la  fin 
des  jours.  » 

retrouve  dans  VEecUiia9iiifU€f  e.  xlii,  v.  O-I  I. 

(145)  G*e8i-à-(iire,  corrige  sévèrement  ton  flU, 
mais  si  les  cliâliments  ne  peuvent  rien  cootm 
l'endurcissetuent  de  son  mauvais  naturel,  aban- 
donne-le. 

(146)  N'épouse  jamais  une  femme  pour  ta  ri- 
chesse, mais  assure-toi  de  son  mérite  et  qo^lla 
appartienne  à  des  parents  vertueur 

0 


Vi\ 


niCTlONNAIRE  DES  APOCHTPIIES. 


175 


c  As^-lu  vu  un  fine  roux?  il  n*esl  ni  roux, 
ni  blanc  [iVJ)  » 

c  Ne  fais  pas  du  bien  au  méchant,  de  peur 
qu*il  ne  t*en  rt^sulte  du  mal.  • 

«  Ne  détourne  pas  ta  main  de  faire  le 
bien(l^»8).>i 

«  Tu  corrigeras  le  sage  avec  un  signe,  et 
le  fou  avec  un  bAion.  » 

c  Celui  qui  honore  son  ennemi  est  sem- 
blable à  un  Ane.  »» 

«  Une  nammo  ardente  dévore  beaucoup 
d*amas  de  provisions  (1^»9).  » 

c  Un  vieillard  dans  la  maison  est  un  bon 
signe  pour  la  maison  (150).  » 

41  Si  tu  as  quelque  chose  de  commun  avec 
un  autre  homme,  et  si  tu  le  lui  demandes, 
tu  ^adresseras  inutilement  cent  fois  à  lui 
s'il  est  bon,  et  mille  fois  s*il  est  méchant.  » 

«  La  table  étant  préparée  ,  la  querelle 
cesse.  » 

«  Si  tu  te  trouves  dans  la  nécessité  de  con- 
clure une  affaire  avec  un  autre  homme,  soit 
que  tu  donnes,  soit  que  tu  reçoives,  ne 
traite  qu'avecun  homme  de  bien.  » 

«  Lorsqu*une  affaire  se  conduit  dans  un 
lieu  proche,  sort  maître  en  jouit;  mais  si 
elle  se  fait  dans  un  lieu  éloigné,  elle  Tab- 
sorbo.  » 

«  Ne  sois  pas  ingrat  pour  un  viei.  ami.  » 

«  Lors  même  que  tu  aurais  soixante  con<- 
fteillers,  n*abandonne  pas  le, conseil  de  ton 
âme.  » 

«  Que  ta  main  soit  aussi  libérale  que  si  tu 
étais  toujours  rassasié,  etn*attends  pas,  pour 
agir  ainsi,  d*èlre  réellement  dans  Tabon- 
danco  (150^).» 

(ÏAl)  Cet  ada^e  trouve  son  explicalion  dans  le 
récit  suivant  :  Un  Juif  était  un  jour  sur  la  place 
publique,  et  un  païen  s*approcha  de  lui  et  lui  dit  : 
c  Vas*tu  pas  vu  ici  un  àne  eniiérement  blanc?  » 
le  Juif  lui  répondit  :  i  J'ai  en  effet  vu  un  ànc  blanc 
avec  des  oreilles  noires-  i  Le  païen  demanda  alors  : 
c  Quelle  roule  a-t-il  f^uivic  f  i  ei  le  Juif  ayant  ré- 
pondu, f  celle-là,  I  le  païen  se  dirigea  de  ce  côié,  en 
cberchant  son  âne  ;  ne  Payant  pas  trouvé,  il  revint 
vers  le  Juif  et  il  dit  :  i  Viens  avec  moi  et  cherchons 
enscmbh*,  mon  âne  jusqu'à  ce  que  nous  Payons 
renconiré.  i  Tous  deux  s*élant  mis  en  route  et  ne 
trouvant  pas  Tàne,  le  païen  dit  au  Juif  :  c  Rends- 
'inoi  mon  à  ne  que  tu  as  volé  i  Et  il  se  rendit  vers 
le  gouverneur  delà  ville,  disant  :  i  Cet  homme  nra 
volé  un  àne  blanc,  »  et  le  gouverneur  condamna  le 
Juit'  à  payer  cents  deniers.  Ne  sVn  tenant  point  là, 
le  païen  accusa  le  Juif  d'un  autre  crime,  «lisant  au 

Souvei-neur  que  le  Juif  lui  avait  de  plus  dérol)é  un 
abit  d*un  grand  prix  et  dans  lequel  était  déposée 
«ne  bourse  renfermant  deux  cents  deniers  ;  le 
gouverneur  condamna  alors  le  Juif  à  payer  nne  nou- 
velle amende  de  quatre  cents  deniers.  Et  de  là  est 
Tenu  TaJage  :  Enseigne  à  ta  langue  à  dire  :  c  je  ne 
sais  pas  ;  c'est  préférable  à  Tor  et  à  l'argent,  i 

(148)  Un  commentateur  juif,  à  propos  de  cette 
recommandation  relative  à  Taumônc  ciie  Texcmple 
de  Benjamin  le  Juste  qui  donnait  en  tout  temps  Tau- 
môiie;  il  vint  an  jour  au  service  d'une  malheureuse 
veuve  qui  avait  sept  enfants  et  qui  était  livrée  aux 
horreurs  de  la  famine  ;  peu  de  temps  après,  il 
tomba  malade  et  il  était  près  de  sa  lin,  lorsque  les 
anges  qui  sont  les  messagers  da  Seigneur,  dirent  à 
Dieu  :  c  Seigneur,  Maître  du  monde,  tu  as  dit  que 
•I  quelqu'un  sauvait  Tàme  d'un  Israélite,  c*ct.it 
oomme  s'il  sauvait  le  monde  entier.  U'Mij;iniin  le 


o  L'épouse  entre  oans  la  chambre  nuptiale, 
mais  elle  ne  sait  pas  ce  oui  lai  arrivera 
(151).  » 

«  Le  sage  par  un  geste ,  l'insensé  avee 
le  bAton.  v 

Sous-entendu,  $e  corrige^  se  dirige. 

Drusius  a  réuni  une  collection  d'antres 

f)roverbes  et  sentences  ayant  cours  parmi 
es  anciens  Hébreux;  nous  pensons  qu'il  oe 
sera  pas  hors  de  propos  d'en  citer  ici  quel- 
ques-uns  : 

«  Deux  morceaux  de  bois  sec  brûlent  un 
morceau  de  bois  vert.  » 

«  Deux  hommes  assez  faibles  peuvent  ve« 
nir  à  bout  d*un  homme  fort  et  courageux.  » 
On  connaît  le  proverbe  grec  :  Ne  Éfereulu 
quidem  duobus  par  est. 

«  Un  éléphant  entre  plus  facilement  parle 
trou  d'une  aiguille.  »  —  On  lit  dans  la  Gé^ 
mare  :  «  Les  hommes  disent  qu'il  n'y  a  pas 
d*éléphant  qui  entre  par  le  trou  d'une  ai- 
guille.» Rabbi  Siméon,  fils  de  Gamaiiel,  dit 
de  son  côté  :  a  Tu  es  peut-être  du  pars  da 
Pombodite,  où  Ton  dit  que  les  éléphants 
passent  par  le  trou  d'une  aiguille.  »  Cet 
adage  rappelle  celui  dont  le  Sauveur  fait 
usage  (lfa//A.  xix,2b},afin  de  signaler  la  dil- 
ficuTlé  que  les  richesses  opposent  au  salut- 

c  Nier  son  péché,  c'est  pécher  deux  fois.  » 

c  Le  vin  entre,  le  secret  sort.  > 

«  Otes*en  le  sel  et  jetle-le  aux  chiens.  »-i- 
Ceci  signifie  qu'un  aliment  dépourvu  de  sel 
n'est  bon  à  rien,  et  dans  un  sens  figuré,  que 
les  gens  dépourvus  de  sagesse  (le  sel  en  est 
Temblème)  ne  sont  d'aucune  valeur* 

Juste  a  conservé  une  veuve  avec  ses  sept  fils  en  loi 
donnant  du  secours,  el  voici  qu'il  éprouve  une 
maladie  qui  le  réduit  à  la  mort,  i  Les  anges  ob* 
tinrent  ainsi  en  s'adressani  à  Dieu  que  la  sentence 
de  mort  qui  était  rendue  contre  lui  lût  suspendue, 
et  vingt-deux  années  furent  ajoutées  à  sa  vie. 

Une  autre  anecdote  du  même  genre  est  relative 
à  un  rabbin  qui  vit  deux  bûcherons  sortir  d*un6 
forêt  avec  des  fagots  sur  la  lête  ;  il  remarqua  4|ue 
dans  le  fagot  de  l'un  d'eux,  éiait  un  serpent  qui  ne 
lui  faisait  aucun  mal.  Il  lui  demanda  s'il  iravait 
pas  fait  l'autnéne,  et  le  bûcheron  lui  ayant  répondu 
qu'il  avait  partagé  son  pain  avee  un  pauvre  qui 
manquait  d  aliment,  le  sage  s'écria  :  i  Tu  es  beu« 
reifx,  car  tu  as  été  délivré  de  la  mort.  > 

(149)  Cet  adage  est  une  allusion  aux  malbeort 
que  peut  entraîner  la  médisance. 

(150)  Le  commentateur  hébreu  traduit  par 
Drusius  fait,  à  cet  égard,  la  remarque  suivante  : 

€  Quisquis  honorât  senem,  perinde  est  ac  si  bo- 
noret  Deum  sanctum  benedicium.  Nisi  enim  senes 
essent,  mundus  non  consiiterel.  Unde  si  dixcrini 
tibi  senes  :  Destrue  domum  tuam  et  fac  ex  ea 
stercoranum,destrue  consilio  senum.  Si  verojuvem'S 
ad  le  dixerint  :  Fac  ut  loco  stercorarii  istius,  domus 
extniatur,  conteuine  eos  nec  acquiesce  cens  lio 
eorum.  Destructio  enim  senum  est  aedificatio,  et 
xdiGcalio  juvenum  estdestriictio.  > 

(150*/  C'est  ce  que  le  commentaieur  explique  par 
le  proverbe  arabe  :  i  Personne  n'est  plus  pauvre 
qu'un  riche  qui  n'ose  p^s  faire  usage  de  be» 
richesses,  i 

(151)  Cet  adage  se  rapporte  à  une  jeune  fille  qui 
mourut  subitement  le  soir  de  ses  noces  :  il  hignifi  * 
que  l'avenir  est  plein  d'incertitude  et  qu'on  ue  doil 
compler  sur  rien. 


175 


BEN 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


BEN 


VIA 


ftl^  5ef&bfable  babile  près  d«3  son  $em- 
bLible.  » 
<  La  brebis  suit  la  brebis.  » 
«  Que  celui  qui  ne  travaille  pas  ne  mange 
pas.  B  Tout  le  monde  sait  que  saint  Paiil  a 
reproduit  ce  précepte  (//•  Epitre  aux  Thés- 
saïoniciens^  m ,  10)  :  Si  quis  non  velit  ope- 
rari^  ne  comedat.  Pareille  pensée  se  trouve 
chez  divers  rabbins. 
«  Le  ventre  plein,  tonte  espèce  de  mal.  » 
On    rencontre  de   même   cette   sentence 
dans   ditlérents  écrits  rabbiniques  :  la  Gé- 
mare  s*exprime  ainsi  :  Vulgart  dictnm  est  : 
implevU    ventrem  euum   omne  genu^s  mali. 
(Sous-entendu  :  fecit.)  Rappelons  le  proverbe 
grec  d'après  lequel  tatietas  ferociam  parU. 
«  A  la  portv  du  marchand  de  vin,  les  frè- 
res ot  les  amis,  v  La  Gémare  reproduit  et 
complète  cet  adage  :  Ad  osiium  taoernœ  fra- 
très  et  amici^  ad  ostium  carceris  neque  fra- 
tres^  nequt  amici. 

f  Un  grain  de  poivre  T^amporte  sur  une 
corbeille  de  citrouilles.  >» 

4  II  est  bote  dans  sa  maison,  père  de  fa* 
mille  dans  ce,lle  d'un  étranger.  »  Cette  ex- 
pression se  rapporte  aux  gens  qui  usent 
chez  eux  de  parcimonie,  et  qui,  au  dehors, 
étalent  du  faste. 

«  Ecris-le  sur  la  corne  d'une  chèvr^e.  i>  Se 
dit  d'un  objet  perdu  sans  espoir  de  le  re- 
couvrer, et  d'une  chose  qu'on  ne  doit  pas 
revoir, 
f  La  charge  suivant  le  chamedu.  » 
«  Tobie  Ta  fait  et  Zigod  est  puni.  »  — 
Voici  l'origine  de  cet  adage  :  un  nommé  To- 
bie fut  surpris  par  un  autre  Juif  du  nom  de 
Zigod  lorsqu'il  commettait  un  délit;  mais 
comme  iJ  n'y  avait  qu'un  seul  témoin,  et  que 
la  loi  n'admet  pas  de  condamnation  en  pa- 
reille occurrence,  le  juge  relâcha  Tobie,  et  ût 
donnera  Zigod,  pour  le  punir  d'avoir  accusé 
trop  légèrement  son  compatriote,  le  nombre 
de  coups  de  fouet  prescrit ,  quarante  moins 
un. 
«  11  cherche  ce  qu'il  n'a  pas  perdu.  »» 
c  Un  ami  sur  la  place  publique  vaut  mieux 
que  de  l'or  dans  une  cassette.  » 

«  De  la  lumière  à  midi.  »  —  Faire  une 
chose  inutile;  Tertullien  a  cité  le  proverbe  : 
Lucemam  in  meridie  accendere, 
«  Mesure  pour  mesure.  » 
«Orne-toi  toi-même,  tu  orneras  ensuite 
les  autres.  j»—Orner  doit  se  prendre  ici  dans 
le  sens  de  corriger. 

«  Attache-loi  au  puissant  i  et  lés  hommes 
te  vénéreront.  » 

'  «  Q:\\^  qui  bfltit  beaucoup  devient  pau- 
vre. » 

c  L'ht/mme  âgé  de  soixante  aris  court  au 
bruit  des  timbales  comme  une  petite  Glie 
«le  six  ans.  »  — A  tout  âge  on  court  aorès  les 
kias^  on  recherche  le  plaisir. 

«  L'ouvrier  déteste  Touvrier.*»— Les  Latins 
avaient  un  adage  semblable  :  Figulus  figulo 
invidet.—  Quelques  rabbins  ont  exprimé  l'i- 
dée assez  étrange  que  le  serpent  tentateur 
cita  à  Eve  ce  proverbe.  Drusius  transcrit 
divers  passages  è  ce  sujet  : 
I  in  Thargum  Jonathœ,  G  en.  îii  :  «  Ea  ipsa 


fiora  dixit  serpens  delator  Crealoris  suù  dixit, 
inquamy  mulieri  :  Non  morieris,  sed  omnis 
opifex  opificem  odit.  »  — /n  Medrasc.^  TehilUm 
adpsalmi  primiversumprimum;  ^  Et  serpens 
Evam  aggressus  est  eamque  his  verbis  allô- 
quitur  :  Cur  vos  non  comeditis  de  ista  albo» 
re  ?  Cui  mulier  :  Quia  Deus  nos  vetuit  ea  vesci. 
Tum  iterpens  :  De  ista  arbore  Deus  comedit  et 
mundum  creavit:  si  vos  itidem  de  ea  cowcda- 
ritis,  tune  mundum  creare  sicut  ipse  poteri» 
lis.  »  Hoc  est  quod  dicitur  Gen.  m,  5  :  «  £/ 
eritis  sicut  du.  »  Verum  omnis  opifex  odit 
eum  qui  est  sui  opificii. 

«  Prépare- toi  dans  le  vestibule*  afin  que 
tu  puisses  entrer  dans  là  chambre.  »— G'esl- 
è-dîre  :  Prépare-toi  duns  le  cours  de  ta  rie, 
afin  de  pouvoir  entrer  dans  le  ciel.  Les  Juifs 
avaient  aussi  un  proverbe  qu*on  peut  rap- 
procher de  celui-ci  ;  «  L'homme  qui  prépare 
la  veille  du  sabbat  mange  le  our  du  sab- 
bat. )> 

«  La  mesure  dont  tu  te  sers  pour  les  au- 
tres leur  servira  aussi  à  ton  égard.  * — Rap- 
procher ceci  de  ce  (lui  est  dit  dans  l'Evan- 
gile :  Matth.  vit,  ^;  Marc,  ir,  2^;  Lul\ 
VI,  38. 

«  Tout  ce  que  tu  fais ,  fais-le  au  nom  do 
Dieu.  )» 

«  Tout  ce  qui  arriva  aux  pèreis  fut  un  si- 
gne f)Our  les  fils.  » 

«  N'Dntre|)rends  point  des  choses  trop  dif- 
ficiles pour  toi.  9 

«  Sois  plutôt  la  queue  des  lions  que  la 
tète  des  renards.  »  —  C'est-à-dire  :  il  vaut 
mieux  être  le  dernier  parmi  les  hommes 
courageux  et  mac;nanimes  qiie  le  premier 
parmi  des  gens  timides  et  astucieux 

«  Celui  qui  a  gardé  les  oères  gardera  aussi 
les  enfants.  » 

«  Moudre  de  lâ  farine  moulue  tuer  des 
lions  morts.  » 

«  Depuis  les  prihces  jusqu'aux  bateliers 
haleurs.  »  —Helœarii^  hommes  qui  traînent 
une  barque  avec  une  corde  le  lon^j  d'un 
chemin  de  halage. 

<(  il  y  a  de  vieux  chameaux  qui  portent 
les  peaux  de  jeunes  chameaux.  »  —  C'est-à- 
dire,  un  âge  plus  avancé  ne  met  pas  è  l'abri 
de  la  mort. 

«  La  hache  vient  de  la  forôt,  et  elle  y 
entre.  » 

«  Il  vaut  mieux  entendre  que  dite  des  ma- 
lédictions, y» 

«  Le  chameau  demanda  des  icornes,  et  il 
perdit  ses  oreilles.  » 

c  La  faute  amène  la  faute.  »— 11  existait 
chez  les  Romains  un  adage  identique  :  Pee- 
catum  trahit  peccatum.  Les  Hébreux  expri- 
maient aussi  la  même  pensée  d'une  autre 
façon  en  disant  :  «  Le  précepte  amène  le 
précepte.  » 

tt  Sans  farine,  il  n'y  a  pas  de  loi.  »  — La 
pauvreté,  le  dénûment,  s'opposent  à  l'é- 
tude. 

«  Sichem  le  fit,  et  le  cultivateur  en  pâtit. « 
—  Allusion  à  la  conduite  de  Sichem  qui  en- 
leva Dina,  fille  de  Jacob;  les  frères  de  Dina 


173 


MCTIONNAmE  DES  APOCRYPHES. 


176 


la  vénèrent  en  tuanl  Sichem,  son  père  et 
tes  babilauts  de  la  ville  (lo2) 

Qaicquîd  délirant  reges ,  plectuntur  Achivi. 
(lIoftAT.,  Epiêt,,  1.  i.epist.  2,  Ad  LotHum^  x,  U.) 

c  L*intérieur  est  comme  l'extérieur.  » 
«  L*archer  périt  de  la  flèche  qu*il  avait 
ftite  lui-même.  » 
«  Science  sans  œuvre  n*est  pas  science.  » 
«  Ce  o*est  pas  le  discours  qui  est  le  fonde- 
ment, mais  I  œuvre.  » 
<  Le  péché  est  le  salaire  du  péché.  » 
«  Il  fouette  un  mort.  »  —  C'est-à-dire  :  Il 
fait  une  chose  inutile  et  vaine. 

«  Ne  regarde  pas  le  vase.  »  -—  Il  faut  corn-* 
pléter  le  sens  en  aioutant  :  «  Mais  ce  qui  est 
dedans.  »  C'est-à-dire  :  Envisage  les  choses 
et  non  les  personnes  ;  ne  juge  pas  du  mérite 
d'un  homme  diaprés  son  apparence. 

c  Si  tu  as  pris  une  femme  de  petite  taille, 
penche-toi  pour  lui  parler,  i» 
■  Il  n'y  a  pas  de  mort  sans  péché.  »•— C'est- 


l^-dire  :  Toute  faute  reçoit  son  châtiment. 
Les  Hébreux  regardaient  la  mort  comme  la 
peine  du  péché,  et  cette  pensée  se  retrouve 
dans  saint  Paul,  Epiire  aux  Romaint. 

9  L'erreur  dans  la  science  engendre  l'ar- 
rogance. » 

«  La  préméditation  du  péché  est  pire  que 
le  péché.  » 

Nous  trouvons  dans  une  brochure  de  dix- 
huit  pages,  imprimée  à  Paris  f^n  18^1  {Prot- 
peciui  d'une  traduction  du  Talmud)^  quel- 
ques adages  qu'on  peut  joindre  à  ceux  oue 
nous  venons  de  transcrire. 

«  Le  mauvais  penchant  est  d'abord  mince 
comme  un  fil  d'araignée,  ensuite  gros  comme 
un  timon  de  voiture.  » 

«  Le  mauvais  penchant  est  d'abord  un 
passant,  puis  un  hôte,  enfin  le  maître.  » 

«  Accoutume  ta  langue  à  dire  :  je  ne  sais 
pasf  » 

«  Descends  d'un  degré  pour  prendre  fem* 
me;  monte  d'un  degré  pour  prendre  un 
ami.  » 


BEROSE. 


Historien  et  astrologue,  Bérose  écrivait 
à  l'époque  de  Plolomée  Philadelphe  ;  il 
composa  vers  l'an  260  avant  l'ère  chrétienne 
trois  livres  sur  les  antiquités  cliAldéennos 
et  t}abyloniennes  ;  il  les  dédia  à  Antiochus 
Soter.  Malheureusement  cet  ouvrage  est 
perdu  ;  il  n'en  reste  que  quel^upsfrai^ments 
conservés  par  Josèphe  {Ânt.  Jud.^  lib.  x, 
c.  11  ;  Adv.  Apion.  lib.  i,  19),  et  par  Eu- 
sèbe(Prœpar.  evangel.,  1.  ix  et  xi)(153}; 
ainsi  que  dans  li^Chronographiede  S^ucelle. 
Ils  ont  été  re[)roduils  j.ar  Scalig^r  :  De  emen-^ 
datione  temporum^  Genevœ,  1629,  et  par  Fa- 
bricius,  Jîi6/iorteco  Grœca^  t.  XIV,  p.  175  et 
211  ;  on  les  trouve  aussi  dans  les  Fragmenta 
historicorum  Grœcorum,{Par\Sf  F.  Didot,t.  Il, 

fK  1^95-510.)  Ri  ciller  en  a  donné   en    1825 
Leipzig,  in-8*}  une  bonne  édition. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cet  on  vrageavec  ce- 
lui qu'Annius  de  Viterbe  publia  à  Rome  en 
1&98,  sous  le  titre  de  Commentaria  super 
opéra  divenorum  auctorum  de  antiqmtati- 
bus  loquentium.  Ce  livre  fit  grand  bruit; 
las  éditions  se  multiplièrent  pendant  lexvr 
siècle,  mais  les  progrès  de  la  critique  firent 
de  plus  en  plus  reconnaître  que  les  fragments 
d'historiens  anciens  publiés  par  l'éditeur 
étaient  supposés  ou  interpolés  par  lui  ;  aussi 
on  trouve  à  cet  égard  d'assez  longs  détails 
dans  la  Biographie  unirerselle,  t.  II.  (Article 
de  Giùguené.)  La  bonne  foi  d'Annius  a  ren- 
contré quelques  défenseurs;  entre  autres, 
BusèbeSal verte.  (f'Mat  sur  les  noms  propres 
d'hommes  et  de  heux^  t.  II,  p.  363.  —  Voy. 
aussi  Jagemann  :  Histoire  (en  allemand)  des 
sciences  en  Italie^  t.  III,  p.  Mk.) 

Transcrivons  ici  quelques  extraits  de  l'ou- 
vrage attribué  à  Bérose,  ils  suffiront  pour  en 

(152)  Gen,  xxtiv,  25  et  seq. 

(153)  T.  U,  p.  52  et  94  de  la  traduction  de  M.  Se- 
guierdc  Saint-Orinaon.  Paris,  IS46,  2  vol.  in-8*. 

(154)  <  Maodiiciluuit  bonaioes  et  procuraliaitt 


donner  une  idée  ;  il  serait  fort  superflu  de 
prendre  la  peine  de  traduire  en  entier  celle 
production  justement  délaissée. 

a  Aux  environs  du  Liban  se  trouvait  Enos, 
ville  d'une  très-grande  étendue  et  peuplée 
de  géants  qui  dominaient  dans  tout  l'un  - 
vers  depuis  l'Orient  jusqu'à  l'Occident. 
Pleins  de  confiance  dans  leur  vigueur  et 
dans  leur  haute  stature,  ils  opprimaient  tous 
les  autres  hommes,  et  se  livraient  à  tous  les 
excès  de  la  débauche  la  plus  eiïrénéc  (15&). 
Ce  furent  eux  qui  inventèrent  les  instru- 
ments de  musique.  Des  hommes  justes  prê- 
chaient et  annonçaient  ce  qui  devait  arriver 
au  sujet  de  la  destruction  du  monde  et  le 
gravaient  sur  les  pierres;  mais  les  géants 
s'en  moquaient;  ef,  par  leur  impiété,  ainsi 
que  par  leurs  crimes,  ils  appelaient  sur  eux 
la  colère  et  la  punition  céleste. 

«Parmi  eux  se  trouvait  un  homme  prudent 
et  respectant  les  dieux  ;  sa  vertu  était  con- 
nue dans  toute  la  Syrie.  Il  se  nommait  Noé, 
et  il  avait  trois  fils,  Sem,  Japhet  et  Cbam; 
leurs  femmes  se  nommaient  Tvtée,  Pando- 
re, Noela  et  Noeyia.  Craignant  la  catastrophe 
qu'annonçaient  les  astres,  Noé  ^omnienga 
I  an  78  avant  l'inondation,  à  construire  un 
navire  en  forme  d'arche  couverte»  Quand 
rette  période  fut  accomplie,  l'Océan  et  toute 
la  mer  Méditerranée  débnrdèrentsulûlemcnt. 
Les  fleuves  et  les  fontaines  inondèrent  la 
terre  ;  des  pluies  très-abgndantes  tombè- 
rent pendant  bien  des  jours  avec  une  impi^- 
tuosilé  extraordinaire,  et  les  plus  hautes 
montagnes  furent  cou  vertes  d'eau.  Le  genre 
humain  tout  entier  fut  ainsi  noyé  dans  ie^ 
eaux,  à  l'exception  de  Noé  et  de  sa  famiile 
qui  se  sauvèrent  dans  l'arche.  Celle-ci,  sou* 

aborsus  in  eduliumque  pneparahant,  et  commisce» 
liatitur  matribu*,  tthabus,  sorurlbus,  ei  muiculis  n 
brûlis,  et  ndiii  erat  iceleria  qaod  mm  ailinittc- 
refit.» 


!77 


CAI 


PART.  III.  LEGENDES  ET  FilAGMENTS. 


CAI 


178 


tenue  par  l'onde,  s*arr6(a  sur  le  soumet  du 
mont  Gordien  où  Ton  dit  qu'il  en  reste  en- 
core une  partie; on  prétend quedes hommes 
en  retirent  du  bitume  dont  ils  font  grand 
usage  pour  leurs  édiilceâ.  Après  Je  déluge 
Noé  engendra  des  géants  et  un  grand  nombre 
d'enfants  ;  ils  se  marièrent  et  leurs  femmes, 
à  chacune  de  leurs  couches,  mettaient  tou- 
jours au  monde  deux  enfants,  un  garçon  et 
uDe  Glle.  Lorsque  Noé  sortit  de  I  arche,  il 
grava  sur  une  pierre  les  choses  qui  s'étaient 
passées  ;  il  mit  par  écrit  sur  les  secrets  des 


choses  naturelles  et  sur  l'astronomie  beau- 
coup de  livres  que  les  prêtres  de  l'Arménie 
ont  seuls  le  droit  d'étudier  et  d'expliquer. 
L'an  131  après  le  déluge»  la  première  villa 
qui  fut  fondée  par  Saturne,  ce  fut  Babylone, 

3ui  augmenta  rapidement  sous  le  rapport 
e  la  richesse  et  du  nombre  deses  habitants. 
11  voulut  construire  une  tour,  mais  il  ne 
put  la  terminer  et  après  cinquante-six  ans, 

il  disparut  subitement,  ayant  été  enlevé  par 
lesdieux.il 


c 


CAIN. 


On  n*a  point  signalé  le  meurtrier  d'Aboi 
eouime  ayant  composé  des  ouvrages,  mais 
on  a  débité  à  son  égard  bien  des  circons- 
Unces  apocryphes. 

Le  testament  de  Joseph,  inséré  dans  les 
Testaments  des  douze  patriarches  (voy.  Dic- 
lionnaire des  apocryphes f  L  I,  col.  905),  fait 
mention  de  la  septuple  vengeance  auquel 
devait  être  expo^ié  le  meurtrier  de  Caïn* 
{Gen.  IV,  15,  24.) 

Saint  Basile  en  parle  aussi  (epist.  317, 
Operaf  t.  Il,  p.  1083)  ainsi  que  Suidas  {Lexi- 
con,  V*  Katv.  Des  rabbins  ont  cru  follement 
(ju'nne  corne  aurait  poussé  sur  le  front  de 
Laïu;  d'anciens  auteurs  ecclésiastiques  ont 
pensé  quMl  était  agité  d'un  tremblement 
continuel.  Le  P.  Mersenne  dans  ses  commen- 
taires sur  les  six  premiers  chapitres  de  la 
Genèse^  et  l'anglais  J.  Grégory  dans  les  Cri- 
tici  xacrt,  t.  IX,  ont  recueilli  les  diverses 
opinions  émises  à  cet  égard, 

J.-C.  Ortlob  [Dissertatio  de  Caino  non 
desperante^  Leipsig,  1721,  a  soutenu,  d'ac- 
cord avec  quelques  rabbins,  que  Gain  avait 
fait  pénitence  et  avait  obtenu  rémission 
d'une  partie  au  moins  de  la  peine  que  Dieu 
avait  résolu  de  lui  infliger,  mais  celte  opi- 
nion a  compté  fort  peu  de  partisans. 

Pabricius.  Codex. pseud.  Yet.  Test.f  t.  Il, 
p.  48,  cite  quelques  ouvrages  spéciaux  fort 
peu  connus  relatifs  k  Gain,  tels  que  : 

J.  Fecht,  Historia  Caini  et  Abelis^  Ros- 
tock,  1708,  îu-4*;J.-A.  Danz.,  Nomen  Caini 
vindicatum^  lenœ,  1682.  It  mentionne 
aussi  J.-U.  Foppius,  ^ut/ac/a  Caini  ex  prin- 
cipiis  Jurispruaentiœ  naiuralis  diseutienda 
iusceptt  singulari  diatriba^  Bremœ,  1716, 
in-4% 

Selon  Josèphe  (I.  i,  c.  2),  Gain  fut  l'inven- 
teur des  poids  et  mesures;  selon  George 
Syucelle  qui  s'appuie  de  l'autorité  de  la  Pe- 
tite  Genèse^  il  périt  écrasé  par  la  chute  d'une 
maison,  l'an  du  monde  930,  et  l'année  mémç 
de  la  mort  d'Adam. 

Saint  Epiphane  (hiBres.39)  fait  connaître 
également  une  autre  assertion  prise  dans  le 
même  ouvrage  apocryphe  : 

ExstantinJubilœis  qui  liber  Genesis  parva 
dicitur^  uxorum  Caini  Sethique  nomma  ut 


^i  confictas  illas  fabulas  in  hominum  ifùam 
tnvexerunt  pudore  omnino  suffundantur.,.. 
Cainus  sororsm  natu  majortm  dixit  Juven 
nomine;  Sethue  porro^  Adami  filiorum  tertius 
post  Abelem  genitus,  cum  alia  sorore  Axura 
conjunctus  est.  Fuerunt  et  alii  Adamo  liberi 
ut  m  parva  illa  Genesi  scriptum  est^  noveni 
scilieet  secundum  priores  ill%islres^  ut  in  to- 
tnm  filias  duas^  mares  duodicim  suueperit^  e 
auibus  oecisus  uniM,  undecim  suptrstites  re- 
iictisunt. 

Le  signe  dont  Gain  fut  marqué  (G en.  iv^ 
15),  a  été  l'objet  de  bien  des  assenions  apo- 
cryphes. 

Quelques  auteurs  ont  avam^é  que  Dieu 
g!'ava  une  lettre  sur  le  front  du  fratricide, 
ou  bien  uu'il  y  mit  le  signe  de  la  croix.  On 
a  prétendu  aussi  que  le  chien  d'Abel  lui  fut 
donné  pour  compagnon,  ou  que  son  visage 
fut  couvert  de  lèpre,  ou  bien  qu'un  air 
effaré  et  des  yeux  ensanglantés  le  désignaient 
aux  regards.  Procope  (in  Gènes.)  et  divers 
écrivains  affirment  que  son  corps  tremblait 
continuellement  au  point  qu'il  lui  était  im- 

Cosslble  de  mettre  de  la  nourriture  daosst 
ouche.  Ona  dit  aussi  que,  dans  quelque 
endroit  qu'il  s'arrêtât,  la  terre  tremblait  au- 
tour de  lui.  11  y  a  eu  des  rabbins  qui  ont 
avancé  qu'une  eorne  poussa  sur  le  front  de 
Gain  afin  d'aveitir  qu  il  fallait  éviter  sa  ren- 
contre. (  Vof.  Heidegger,  Hist.  pairiarch.^ 
t.  1,  p.  129.)  Ges  fables  ne  méritent  pas 
qu'on  s'arrête  à  l'indication  des  auteurs  qui 
les  rapportent. 

Une  ancienne  tradition  indique,  comme  le 
lieu  oit  Abel  fut  tué,  une  colline  auprès  de 
Damas.  Diverses  opinions  se  sont  produites 
au  sujet  de  la  façon  dont  ce  meurtre  fui 
commis.  Eutycfaius  et  des  écrivains  ara* 
bes  disent  que  Gain  brisa  d'un  coup  de  pier- 
re la  tète  de  son  frère.  Quelques  ralibins  af- 
firment qu'il  le  déchira  avec  les  dents,  d'au- 
tres qu'il  t'assomma  avec  une  mAchoire 
d'âne;  d'autres  auteurs  l'arment  d'une 
fourche,  saint  Ghrysostome  d'une  épée, 
saint  Irénée  d'une  faux  et.  Prudence  dune 

serpe. 

Les  docteurs  juifs  ne^pouvaient  manquer 
d'ampliller  le  récit  de  la  Genèse^  ch.  iv^ 


179 


DICTIONNAIHE  DES  APOCRYPHEa 


180 


Le  Targum  de  Jérusalem  (155)  s'exprime 
ainsi  :  «  EtCaïn  dit  h  Abel  son  frère  zViens  et 
allons  dans  la  campagne.  El  il  arriva  que 
lorsqu'ils  Turent  sortis  tous  deux  pour  aller 
dans  la  campagne,  Caïn  répondit  et  dit  à 
Aboi  son  frère  :  ««  Il  n'y  a  pas  dejugement  ni 
de  Juge,  et  il  n*y  a  pas  d'autre  siècle,  et  le 
juste  n'aura  point  de  récompense,  et  il  ne 
sera  point  tiré  vengeance  des  méchants,  et 
le  monde  Va  pas  éié  créé  par  la  niiséricprde 
et  n'est  point  j;ouverné  par  la  miséricorde. 
Pourquoi  ton  olïrande  a-t-elle  été  reçue  et 
agréée,  et  pounpioi  la  mienne  n'a-t-elle  pas 
élé  agréée?»  Abel  répondit  et  dit  à  Gain:  «H 
y  a  un  jugement  et  un  Juge,  et  il  y  a  un  autre 
viècle,  et  les  justes  reçoivent  leur  récom- 
pense, et  vengeance  doit  être  tirée  des  mé- 
chants, et  le  monde  a  été  créé  avec  miséri- 
corde et  il  est  gouverné  avec  miséricorde. 
Il  est  véritahiement  gouverné  selon  le  fruit 
lies  bonnes  œuvres,  et  comme  mes  œuvres 
sont  meilleures  que  les  tiennes,  mon  of- 
frande a  été  reçue  et  agréée ,  et  la  tienne  n'a 
f>asété  reçue.  »  Et  les  deux  frères  se  querel- 
aient ainsi  dans  la  campagne,  j^ 

Le  Targun)  de  Jonathan  ben  Aziel  s'ex- 
prime ainsi:  «  Et  Caïn  dit  h  son  frère  Abel  : 
Viens,  allons  tous  deux  dans  les  champs,  et 
lorsqu*ils  furent  tous  deux  dans  les  champs. 
Gain  répondit  et  dit  à  Abel  :  «  Jt>  comprends 
que  le  monde  n'a  pas  élé  créé  par  la  miséri- 
corde, et  qu*il  n  est  pas  gouverpé  selon  le 
fruit  des  œuvres  et  qu'il  y  aura  au  jugement 
acception  des  personnes.  Pourquoi  ton  of- 
frande a-t-eile  élé  reçue,  et  ^)ourquoi  la 
mienne  n'a-t-elle  pas  été  reçue  et  agréée?  » 
Abel  répondit  et  dit  à  Gain  :  «  Le  monde  a  été 
créé  dans  la  miséricorde,  et  il  est  gouverné 
selon  le  fruit  des  bannes  œuvres,  et  il  nya 
pas  au  jugement  acception  des  personnes, 
et  parce  que  les  fruits  de  mes  œuvres  ont 
été  meilleurs  que  les  tiens  et  plus  précieux 
que  les  tiens,  mon  offrande  a  été  reçue  et 
ai^réée.  »  Gain  répondit  et  dit  à  Âbel  :  «  Il 
Il  y  a  pas  dejugement  ni  de  Juge  nid^autre 

(15$;  Les  Targum  ou  paraphrases  soni  les  pava- 

Ïfliases  de  la  Bible  failcs  en  langue  cluMaîque  pour 
àciliier  aux  Juifs  rinielligence  des  livres  écrits  en 
langue  lié'.iraîipte,  ou  cliaiianéennc,  langue  que  les 
Israélites  avaient  oubliée  dans  les  soixante  et  dix 
aniiéos  de  leur  captivité  parmi  les  Cbaldéens,  dont 
08  avaient  Uni  par  iidopt«'r  le  langage.  Le  Targum  le 
pins  ancien  est  celui  d'Oiikelos  :  on  le  croit  du  n« 
siècle;  il  ne  contient  que  le  Pont^leuque;  il  est 
écrit  en  un  style  fort  pur,  qui  se  rapproche  du  chai- 
dcen  du  Litre  de  Daniel,  Les  Juifs  en  lisent  tous  les 
samedis  un  chapitre  avec  un  chapitre  du  texte  de 
la  Loi,  tant  est  grand  \^.  respecl  qu'ils  lui  portent.  Le 
Targum  est  inséré  dnns  toutes  les  polyglottes;  celui 
de  Jérusalem  est   imprimé  dans  la  Bible  hébraïque 

f>ubliée  par  Buxtorf,  a  Bàle  en  l(iI8,  4  tomes  in- fu- 
ie. Le  travail  d'Onkelos  sur  le  Pentateu(|ue  compte, 
aans  parler  d*i  ni  pression  s  plus  anciennes,  les  édi« 
lions  d*Amsterdam,  17Gi,  2  vol.  in-i";  Vienne, 
f7*.l5,  5  vol.  in-8«  ;  Lunéville,  1807,  5  vol.  in-S*; 
Monasch,  1857,  5  vol.  iit-8*. 

Il  existe  au  moins  trois  traductions  latines  des 
Targum  :  celle  d^Alphonse  de  Zaïnora,  dans  les  p<i- 
lyglultes  d*Alcala,  d*Aavers,de  Paris  et  de  Londres, 


siècle,  et  il  ny  aura  point  i}e  récompense 
accordée  aux  justes,  ni  de  châtiment  infligé 
aux  méchants.  »  Abel  répondit  et  dit  k  Gain  : 
«  Il  jr  a|  un  jugement  el  un  Juge  et  un  autre 
siècle,  et  une  récr»mpense  sera  donnée  aux 
justes,  et  un  châtiment  sera  inllii;é  aux  mé- 
chants.» El  au  sujet  de  ces  choses  ils  dispu- 
taienl  sur  la  face  «lu  champ.  » 

Selon  la  plupart  des  rabbins,  la  haine  4e 
Caïn  contre  Abel  vint  surloul  parce  qu'il 
voulait  épouser  celle  de  ses  sœurs  qui  avait 
été  donnée  à  Abel  (155). 

Parmi  les  innombrables  aberrations  de 
Tesprit  humain,  lorsqu'il  s*est  affranchi  de 
la  règle  salutaire  de  Taulorilé,  il  faut  dis- 
tinguer celle  des  sectaires  qui  révéraient 
Caïn  ri55*). 

Fabricius  {Cod.  apocryph.  Nov,  Tesi, ^Ll^ 
p.  138)  parle  de  ces  Gaïnites.  Plusieurs  des 
anciens  Pères  (TertuUien,  Théodoret,  saint 
Epiphane,  saint  Augustin)  en  ont  également 
fait  mention  I  mais  d'une  manière  trop  suc- 
cincte pour  qu*on  puisse  bien  apprécier  leurs 
opinions.  Quelques  auteurs  ont  dit  que  ces 
hérétiques  regardaient  Gain  comme  le  (ils 
d*Evo  et  du, diable;  mais  il  est  douteux  que 
cette  idée,  que  Ton  retrouve  ailleurs,  et  no- 
tamment chez  la  secte  gnosiique  des  Ar- 
chonliques  (156),  fût  réellement  admise  par 
les  Gaïnites,  ainsi  que  le  remarque  Faliri- 
cius  (157). 

Il  existe  une  composition  dramatique , 
devenue  très -rare  :  ïOdieùx  el  ianglant 
meurtre  commis  par  le  maudit  Caïn  à  l'en- 
contre  de  son  frère  Abel^  tragédie  morale  à 
douze  personnages  ^  extraite  du  iv*  chupitis 
de  laGenèse^  par  Thomas  Lecoq,  prieur  de 
la  Sainte-Trinité  de  Falaise,  Paris,  N.  Bun- 
fons,  1580,  in-8".  Cet  ouvrage,  sans  distinc- 
tion d'actes  ni  de  scènes,  est  très-mal  écrit 
et  sans  aucun  intérêt,  h  ce  que  dit  la  Biblio- 
thèque du  Théâtre  français^L I ,  p. 240.  M. de 
Soleinne  D*avait  pu  s*eu  i)rocurer  un  exem- 
plaire, 

à  la  suite  de  la  Vulgaie,  Venise,  iCOO,  in-folio;  ei 
séparément,  Anvers,  155II,  in -8*  ;  celle  de  Paul  Fa- 
gius,  Strasbourg,  154(>,  in-folio;  celle  de  Dcroardin 
Baldi,  restée  iné4lite. 

(155*)  R.  Zadok,  in  Pirke  Elieser,  c.  xxi.  i  In- 
vidiâ  et  velieniens  odinin  intravit  in  Kaini  eo  qaod 
graia  fuerat  oblatio  Abelis:  sed  et  ideoquodcuni 
nxor  gemilla  ejus  non  anplius  pulclira  essel  inter 
feminas  dîxit  :  Interficiani  fratrein  Dieuui  AU'Ieni 
ui  poiior  uxore  ejus,  juxta  illud  :  Et  dixit  Kaiu  ad 
Abêlem  fralreni.  > 

n5G)  Selon  Tkeodoret  (lib.  u  Ds  hœreticis  fa- 
bulis,  c.  ^). 

(157)  In  Pirke  R.  Elieser,  dicitur  Gain  Sauiuelis 
progenies,  atqueab  uliis  rabbinis  apud  Gauluihiuiu, 
De  morte  Moy$is^  p.  ^IG,  traditur  ex  seinine  pri.-i  i 
serpentis  nalus  magio:  palcr:  tamen  a  Gaj»t*nriini 
opinione  lioc  renioiuni  esse  videtur,  qui  a  forliure 
et    praest-jutrore    virtute   Gain  uni    quant    MM*l«*ni 

Rrognatum  statnebant,  teste  Epiphanto  et  alii^ 
lue  refer  et  quod  ex  senlentia  SethianoruiQ  a  Plii- 
lat»trJo  diriiur  :  i  Angelis  in  dîssensioite  coo^lilutis 
tenuit  virtus  in  cœio  feuiinea*  i 


M 


CLE 


PART.  III.-LEGENDES  ET  FaAGMEiNTS. 


CLE 


ISt 


CEUINTHE. 


Les  anciens  auteurs  ecclésiastiques  mcn- 
tionneol  un  Evangile  rédigé  par  cel  hérésiar- 
que. C'était,  selon  saint  £pipnane(hœres.  51, 
11.  7),  un  de  ceux  qui  avaient  été  écrits  avant 
que  saint  Lucn*eutreprtt  le  sien  et  dont  cet 
évangéliste  a  parlé  en  disant  que  plusieurs 
avant  lui  avaient|e$sayé  d*en  composer.  (Ch. 
I,  I].  Le  même  Père  dit  en  un  autre  en- 
droit (hflBres.  30,  n.  H),  que  les  disciples  de 
Cérintlie  se  servaient  de  l'Ëvangile  selon 
saint  Matthieu,  dont  ils  retranchaient  le  pre- 
mier chapitre  qui  condamne  ouvertement 
leurs  erreurs. 

Nous  n*avons  pas  ici  à  nous  occuper  des 
erreursdeCériQtbe;il  s'attribuait  Id  connais- 
sance du  Dieu  suprême  et  inconnu  aux 
anges,  connaissance  qu'il  prétendait  tenir  de 
révélations  écrites  par  unigraad  ap&tre.  (Ku- 
shbe,  Hisi  $ccles,j  l.iii,  c.  28).  Il  séjourna 
successivement  à  Alexandrie  et  &  Ephèse  ; 
son  système  était  un  mélange  des  priQci[)es 
de  i*£cole  d'Ëj^ypte  et  de  la  philosophie 
orientale  combine  avec  Us  doctrines  chré- 
tiennes (158). 

Il  fut  aussi  l'auteur  d'une  Apocalypse  qui 
est  perdue  et  qu'il  attribuait  aux  auùires  ;  il 


7  enseignait  après  la  résurrection  des  corps 
un  règne  de  lélicilé  terrestre  devant  durer 
mille  ans.  Cette  opinion  se  rattachait  si  bien 
aux  idées  que  les  Juifs  se  faisaient  des  ins- 
titutions du  Messie,  elle  était  si  profondé- 
ment enracinée  dans  les  esprits,  qu*on  en 
trouve  des  traces  dans  des  auteurs  anciens 
fort  respeclables  (159). 

Ce  que  nous  savons  au  sujet  de  cette 
Apocalypse  se  réduit  d'ailleurs  à  ce  que 
nous  apprennent  EusèbCy  transcrivant  les 
paroles  du  prêtre  Caïus  (160) .  et  Théo- 
doret  (16i). 

Saint  Ëpiphane  (hœres.  28,  n.  6,  et  30,  n.  1^) 
s'exprime  ainsi  :  Matthœi  enim  Evangelio 
non  inlegro ,  sed  ex  parte  duntaxat  utuntur 
nimirum  pr opter  genealogiam ,  quœ  ejus  est 
carnis  propria  ^  quod  quidem  Evangelti  tes' 
timoniurh  afferunt  atque  ita  prœdicant,  Suf- 
ficit  discipulo  si  sit  sicul  magisler  ejus . . . 
Cerinthusenim  et  Carpocrates  eodem  Matthœi^ 
ut  quidem  volnnt  Evangelio  freti,  ex  eju$ 
initio  Christique  genealogia  probare  nitun^ 
tur^  Christum  eJosephi  et  Muriœ  semineesu 
procreatum^ 


CHAM. 

(Prophétie  de  Cham.) 


Isidore,  fils  de  l'hérésiarque  Basilide,  en 
parle  dans  un  fragment  que  Clément  d'A- 
lexandrie nous  a  conservé  {Stromat.^  lib.  vi); 
il  est  ainsi  conçu  :  «  Il  me  semble  que  ceux 
qui  se  mêlent  de  philosophie  doivent  ap-> 
prendre  ce  que  veut  dire  le  chêne  ailé  et  le 
manteau  de  diverses  couleurs  qui  le  couvre. 
Tout  ce  que  Phérécyde  a  enseigné  d'une  ma- 


nière allégorique  dans  sa  théologie,  il  l'a 
pris  daans  la  Prophétie  de  Cham,  » 

On  sait  que  Phérécyde  avait  été  le  maître 
de  Pythagore.  Autant  qu'on  peut  en  juger 
d'après  des  indications  incomplètes  et  obscu- 
res, il  reproduisait  les  idées  de  la  théogonie 
phénicienuc. 


CLÉMENT  fSAiNT)  LE  ROMAIN. 


Les  ouvrages  authentiques  de  ce  disciple 
de  saint  Pierre  et  ceux  qu'on  lui  a  attribués 
remplissent  la  majeure  partie  du  tome  1"  de 
la  Bibliotheca  Grœca^  Latine  editd  (Migne, 
1856,  gr.  in-8*).  Ils  sont  accompagnés  des 
travaux  de  Cotelier  et  de  divers  autres  éru- 
dils  sur  ces  productions,  qui,  toutes  et  à  di- 
vers degrés,  sont  dignes  d'attention. 

Nous  ne  jugeons  pas  à  propos  de  placer 

(158)  MaUer  Biêioire  du  gnosiieisme,  t.  I,  p. 
i96-506. 

(159)  E.  Guers,  Israël  aux  derniers  jours  de  Nco^ 
nomie  aciuette,  suivi  d*un  fragmetU  sur  le  milléna- 
riime,  Paris»  1856,  in-8^ 

(160)  HUt.eçcles.Jih.  ni,  28  :  c  Sed  et  CerinUms 
[NT  revebtiones  quasdam  quas  velut  a  oiagno  Âpos- 
toio  ci)nsiTipus  et  per  aiigelos  el  revelaïas  jaclare 
Ulia  quxdatn  portenla  nobis  iiilroducit.  Post  resur- 
r^lioaem  lerrenaiii  diem  fulurum  es^c  agnum 
Ciirisii  ÎD  Hierusaleni,  et  honiiiies  in  <  arne  ilerum 
coDcupisceiiliis  cl  vitiis  subjeclam  conversalioneiu 
liabunros.  Contra    Adem    quoque  Scripiurarum, 


dans  notre  Recueil  une  traduction  française 
de  ces  livres,  dont  tous  nos  lecteurs  peuvent 
consulter  le  texte  latin;  ils  appartiennent 
d'ailleurs  aux  ouvrages  des  Pères  de  TE^Iise 
primitive.  Deux  d'entre  eux,  il  est  vrai,  se 
rattachent  plus  spécialement  à  la  narration 
de  la  Vie  des  apôtres.  Les  it/co^ni/tons,  divi- 
sées en  dix  livres,  et  dont  le  litre  vient  de 
ce  qu'on  y  trouve  le  récit  de  la  manière 

quosdam  mille  annos  désignât,  in  qaibus  quidem  ec 
alla  corruptionis  opéra  et  iiuptiarum  Testiviiatea  fu- 
turas  ad  cos  qui  libidini  sunt  dediti  decipieiidos.  s- 
(161)  llœretic.  fabul.,  lib.  n,  c.  5  :  t  Conlixit 
auiem  etiam  quasdam  revelationes  lanquani  ipso 
easesset  contemplatus,  et  minarum  quaruuidam  doc- 
irinas  composuit,  Dominiquuque  regnum  lerienum 
fulurum  essedicebat,  et  cibuui  et  puturo  somniabai 
iaelitiasque  et  volupiales  visione  comprehen débat, 
uupliasque  et  sacriiicia  et  dies  Testes  qui  Hierosoly- 
mis  celebrarentur,  eaque  mille  annorum  sp«itio  esse 
compleiidas,tunio  enim  lem^ore  putal>ai  duraturum 
regnum  Dt.i.  > 


ISS 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


1S( 


dont  Clément  reconnat  son  père  et  ses  frè- 
reS|  couttennent  une  narration  fortd<^(aillée 
des  actions  de  saint  Pierre  dans  les  dernières 
innées  de  son  existence,  et  l'on  trouve  bien 
des  détails  relalirs  à  Tapôtredes  Gentils  dans 
VEpitome  de  actibus ,  peregrinationibus  H 
prœdicalionibus  sancti  Pauli,  inséré  dans  la 
fiibliotheca  en  question  (t.  I,  col.  1071-1122, 
d*après  Colelier,  Patra  apostotici^  I,  755)  ; 
mais  comme  ces  faits  sont  également  narrés 
avec  d'ampies  développements  dans  des  com- 
positions concernant  les  deux  saints  apô- 
tres «  et  qu*on  rencontrera  plus  loin,  nous 
jugeons  inutile  de  nous  livrer  ici  à  une  tâche 
qui  pourrait  être  taxée  de  double  emploi 
(J62). 

Quant  aux  ConstitutioM  et  aux  Canons 
upostoliques^  dont  la  rédaction  a  également 
été  attribuée  h  ^aint  Clément,  nous  en  avons 
parlé  à  Tarticle  Apôtabs.  Il  suflira  donc  de 
placer  ici  quelques  renseignements  biblio- 
graphiques sur  les  productions  qui  portent 
te  nom  de  saint  Clément. 

C*est  d'ailreurs  un  sujet  qui  a  été  traité 
avec  étendue  par  Hoffmann  ,  dans  son  Lexi^ 
çon  bibliographicum  ^  t.  I,  p.  (i>99  et  sutv. 

Tous  les  ouvrages  du  saint  ont  été  recueil- 
lis par  Cotelier  dans  ses  Patres  apostolici^ 
édition  de  1672,  de  1700,  de  172.V. 

La  première  édition  des  deux  EpUres  aux 
Corinthiens  est  celle  que  donna  Patrice  Ju- 
nius,  Oxford,  l'623,  in-4*;  elles  reparurent 
fivec  les  notes  de  divers  savants  en  1669, 
1672, 1699  et  en  1718,  Cambridge.  Hoffmann 
«^ualiûe  cette  dernière  édition  aomnittm  lo- 
çupletissima,  £*les  ont  paru  aussi  dans  quel- 
ques recueils  tels  que  tes  Epislolœ  SS.  PP. 
apostolicorum  f  éditées  par  J.-L.  Frey,  Bâle, 
17^2,  in*8*,  et  dans  les  Scripla  genuina  grœ* 
ça  Patrum  aposlolicorum^  recueillis  par  Uor'* 
ueman,  Hafniœ,  1828,  ini*". 

Deux  épltres  Aux  vierges  ^  regardées  en 
général  comme  apocryphes,  ont  été  placées 
par  Wetsten,  qui  les  considérait  comme 
authentiques,  en  tète  de  son  édition  du  Nou- 
veau Testament  syriaque,  Leyde,  175^,  in- 
(olio. 

£n  fait  de  traductions  françaises,  on  peut 
citer  les  Lettres  aux  Corinthiens  ^  traduites 
par  A.  Teissier,  Avignon ,  168^  ,  in-8*,  et  les 
deux  Lettres  aux  vierges ,  que  Wetsten  pu« 
blia  à  part  en  latin  et  en  français,  Leyde» 
1763  (voir  Journal  des  Savants,  février  1764, 
p.  305.) 

Hoffmann  énumère  trente -sept  auteurs 
qui  ont  fait  sur  saint  Clément  des  travaux 

^  (162)  Les  HécogniUons  sont  citées  par  divrrs  an- 
ciens auteurs  ecclésiastiques;  le  texte  qui  nous  en 
f st  parvenu  a  C'<é  corrompu  et  interpolé.  Voy.  dom 
Çeillier .  lUftoire  de$  auteurs  ecclêêiuêtiquei,  t.  1, 
p.  607*610.  Le  cardinal  Baronius  (itmia/.  ad  an.  41, 
II"  53)  les  juge  avec  sévérité  :  i  Ex  liis  libris  tan- 
«luam  ex  cœnoso  gurgite  eiusmodi  porten(osa 
lîiendacia,  et  insaua  deliria  deducta  sunt,  qiiae  non 
lantum  ab  eruditis  viris  iuiprobanda ,  &ed  ab  oin- 
nibu»  qui  vel  levi&sime  ecclesiaslicai  uin  rerum 
periiia  tincU  suni,  esse  procul  rejicicuda  non  wu- 

M.  MrfUtT,  Hutoire  du  Cnonicinne,  1.  viii.  cli.  4, 
t.  III,  p.  t3,  tt*ei(pnnie  en  ces  teiine»  :  c  Les  Cîé- 


spéciaux  ;  nous  nous  bornerons  a  signale* 
la  dissertation  de  N.  Lenourry,  De  libris  re* 
cognitionum  dans  VApparatus  ad  Biblioth. 
max.  Patrum,  1703,  1. 1,  p.  211-22^. 

N'oublions  pas  une  production  récente, 
qui  a  été  l'objet  des  éloges  de  quelques  jour- 
naux d'Allemagne  :  5.  démentis  Romani 
epistolœ  binœ  de  virginitate^  Syriace  quat 
ad  fidem  cod.  mscr.  Amstelodamensis^  addilis 
notis  et  nova  interpretatione  latina  éd.  J.** 
Th.  Beelen,  Lovanii,  1856,  in-(»*. 

Un  savant  allemand,  de  Wette,  a  cherché 
h  quelle  source  étaient  puisés  les  faits  de 
VHistoire  duSauveur  racontés  dans  les  écrits 
clémentins;  il  s'exprime  ainsi  : 

«  Les  citations  des  faits  rapportés  dans  les 
Evangiles  et  qu'on  trouve  dans  les  ouvra- 
ges attribués  à  tort  à  saint  Clément  n'étant 
pas  d'une- exactitude  bien  rigoureuse,  il  est 
difliL'ile  de  leur  assigner  une  source  précise. 

«  Quelf]ues  passages  ont  pour  base  l'E- 
vangile de  saint  MatthiejJk;  on  rencontre,  par 
exemple,  homélie  3,  n.  18,  une  citation  qui 
s'accorde  avec  cet  Evangile,  ch.  xxiii,  2. 
(Koy.  aussi  homélie  3,  n.  51,etilfarrA.,  v,  17; 
iiomélie  3,  n.  56,  et  Matth.,  v,  35;  homélie 
18,  n.  15,  et  Matth.,  xiii,  35.) 

n  En  d'autres  endroits  c'est  saint  Luc  qu'on 
retrouve.  (Foy.  homélie  8,  n.  7,  et  Luc ,  vi, 
&6;  homélie  19,  n.2,  et  Luc,  k,  18;  homé- 
lie 9,  n.22«etltic,x,  20.) 

«  En  certains  passages  les  expressions  des 
deax  Evangiles  sont  mêlées  (homélie  15, 
n.5,  elMatth,,  v,  29-41  ;  Luc,  yi,  29;  homé- 
lie 3,  n.  53,  eiMatth.,  xiii,  17;  Luc,  x,  24); 
ou  bien  elles  diffèrent  du  texte  pseudo* 
clémentin. (Homélie  8,  n.  6;  yoy.  Matth.,  xi, 
25;  lue,  X,  21.) 

c  Parfois ,  mais  rarement,  on  retrouve  les 
expressions  de  saint  Marc  (homélie  11,  u.l9, 
et  Marc,  vu,  26;  homélie  à,  n.  57,  et  J/arr, 
XII,  29)  ;  et  de  saint  Jean.  (Homélie  3,  n.  52, 
et  Jean, X, 27;  homélie  11,  n.  26,  et  Jean, 
m ,  n.  S.) 

«  Quelques  passages  proviennent  d'une 
autre  source  qu*il  est  aujourd'hui  impossi- 
ble de  déterminer.  (Homélie  3,  n.  50  :  àià  n 

où  «ociTC  To  f  u>070y  twv  rpayS>'»  ;  §  55  :  *0  fro.qf«« 
<OT(v  0    irf (^âCMv  ;  XVllI ,  20.  rivcoGf    T4»«frf ^ctsi 

dôxi^oc,  expression  c|u'on  trouve  aussi  dans 
Clément  d'Alexandrie,  Stromates ,  1. 1.) 

«On  rencontre enQn  quelques  passages  qui 
s'accordent  d'une  façon  remarquable  avec 
les  Citations  faites  par  Justin  le  martyr  ai 
qui  ont  dû  être  prises  à  une  source  com- 
mune (le  passage  de  saint  Jean^  ch.  m,  3, 

mentines  ou  RéeognHiom  pnraîsscnt  être  le  trava*! 
d'un  iliéosophe  sorti  des  rangs  des  ébionîtes.  Le 
mysticisme  qui  domine  dans  ces  théories  est  ht 
chrétien  qu*on  ne  saurait  y  voir  le  gnosticism^  véri- 
table. Cependant  Tauteur  y  penche  beancooii  plu» 
pour  la  giiose  qu*aucun  aes  écrivains  orthudoie^ 
qui  ont  été  amis  du  langa^  ftnostique.  H  parait 
surtout  avoir  étudié  le  système  de  Simon  l«  Magi- 
cien ou  celui  des  disciples  cie  ce  tbéusoplie  ëoiit  il 
est  d'ailleurs  Tadversaire.  > 

Cette  composition  est  Peuvrage  d*un  Cliréit«*ii 
judaîsant  de  rEglt^tC  ilc  Kome  qui  avait  fait  nue 
(grande  étude  du  gnosticisme  et  qui  avuit  Aiii  pir 
adopter  quelques-unes  de  ses  idées  fandameiiuka. 


1» 


DAN 


PART.  111.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


DAN 


189 


rapporté  dans  l'hornéHeâ,  n.  26;  et  dans 
l'apologie  2,  p.  94  (édition  de  Cologne,  1686, 
in-folio);  te  passage  de  iaint  Matthieu^  ch. 
T,  37,  rapporté  homélies  3,  n.  55,  et  19,  n, 
2,  et  dans  Tapologie  2,  p.  63;  le  passage  de 
saint  Maiih.f  xi,27,  rapporté  dans  Tbomélie 
18,  n.  4,  et  dans  Tapoiogiô  2,  p.  95:  le  pas- 
sage de  saint  Matthieu  ,  xxy ,  41 ,  rapporié 
dans  riiomélie  19,  n.  2,  et  dans  le  Dialogue 
avec  Tripkon^  p.  301^ 


«  Ces  analogies  ont  U\i  croire  h  quelques 
critiques  (Wedner,  Schwegler,Baur,elc.),  que 
les  deux  écrivains  ont  eu  sous  lés  yeux  un 
même  ouvrage  appartenant  à  l*école  des 
Ctiréliens  judaisants.  De  Welte  {Einleilung^ 
p.  106)  regarde  cette  conclusion  comme  un 
peu  téméraire;  il  suppose  que  le  pseudo- 
Clément  aura  lu  les  écrits  de  saint  Jusiia 
et  en  aura  fait  usage.  » 


CORÉ. 


Diverses  traditions  sont  répandues  parmi 
les  Orientaux  à  Tégard  de  cet  Hébreu  qui 
osa  lever  contre  Moïse  Tétendard  de  la  ré- 
volte. II  est  question  de  Goré  ou  Caron 
dans  le  Coran ,  ch.  28. 11  y  est  indic^ué  com- 
me possesseur  de  richesses  immenses,  «  Plu- 
sieurs hommes  robustes  auraient  eu  peine 
à  porter  les  clefs  qui  les  tenaient  enfermées.» 
Les  écrivains  arabes  rapporteAt  qu^ii  avait 
fait  bâtir  un  palais  magnifique ,  et  airayant 
formé  un  parti  nombreux  parmi  les  Hé- 
breux, il  songeait  è  devenir  leur  chef.  Il 
kBgoa  à  prix  d  or  une  femme  qui  devait  dé- 


clarer publiquement  que  Moïse  avait  eu 
commerce  avec  elle.  Un  jour  que  le  prophè-> 
te  faisait  un  discours  au  peuple  et  qu'il  pro- 
nonçait la  peine  de  mort  contre  Tadultère, 
Caron  se  leva  et  dit  :  «  Si  tu  étais  loi-mènie 
coupable  de  ce  crime,  quelle  devrait  être  ta 
punition?  »  —  «La  mort,  »  répondit  Moïse. 
Aussitôt  on  Qt  paraître  la  femme  aposlée,  mais 
loin  de  calomnier  rinuocence,  elle  décou- 
vrit le  complot.  Moïse  à  Tinstant  s*écria  : 
«  O  terre,  engloutis  les  scélérats  I  >»  Et  la  terre 
les  engloutit. 


D 


DANIEL. 


Divers  écrits  ont  été  attribués  à  ce  pro- 
phète célèbre. 

Un  manuscrit  grec,  conservé  à  Oxford  à  la 
bibliothèque  Bodléjrenne  (Codices  Baroc* 
nani,  n"  148),  est  intitulé  I>e<  Visions  de  Da- 
niel. D'autres  visions  se  trouvent  dans  un 
manuscrit  grec  de  la  bibliothèque  impériale 
de  Paris,  cité  par  Anselme  Banduri,  Ad  An- 
tiquitales  ConstantinopolitanaSt  p.  872,  Léon 
Allaiius  {De  Georgiis^  p.  35l),  mentionne 
les  visions  de  Daniel  parmi  divers  ouvrages 
iradoils  en  grec  par  George  Zegabenus. 

Nous  lisons  dans  la  traduction  de  la  Bible, 
par  M.  Cahen,  t.  IX,  p.  159,  qu'une  His- 
toire de  Daniel  se  trouve  dans  le  manuscrit 
persan,  n""  45,  de  Tancien  fonds  de  la  Biblio- 
llièque  impériale  ;  elle  parait  tirée  d*uu 
Targum  de  Daniel  iuconau  jusqu'ici.  Aorès 
plusieurs  légendes  oonoues  par  d  autres  Tur- 
yoiimtfis,  on  y  trouve  une  longue  pro|>/i^/ia 
de  Daniel  qui  prouve  que  le  livre  a  été  écrit 
après  la  première  croisade.  Non-seulement 
il  V  e»t  évidemment  question  de  Mahomet 
et  de  ses  successeurs,  mais  on  y  parle  aussi 
(l*un  roi  qui  viendra  d'Europe  et  qui  ira 
jusqu'à  Damas.  Ce  roi  tuera  les  princes  des 
Ismaélites  (Musulmans),  abattra  les  mina- 
rets et  détruira  les  mosquées;  personne  n'o- 
sera prononcer  le  nom  du  profane  (c'est-à- 
dire  de  ÈÊahomet),  Les  Israélites  seront  aussi 
frappés  de  grands  ninlheurs;  de  ce  roi  le 
projthète  passe  immédiatement  au  Messie, 
lits  de  Joseph,  à  Gog  et  Magog,  et  au  vrai 
Vessie,  Uls  de  David^  ce  qui  donne  lieu  de 


croire  que  ce  Targum  a  été  écrit  au  xi*  siècle* 
pendant  que  le  royauuie  chrétien  de  Jéru- 
salem existait  encore 

Le  catalogue  des  manuscrits  de  la  biblio^ 
thèque  d'Uffenbach  indique,  p.  lO-i-,  une  con- 
juration de  Daniel  contre  les  lions,  prise  dans 
un  manuscrit  en  hébreu  sur  la  cabale. 

L*épisode  de  l'interprétation  des  songes 
raconté  dans  le  Livre  de  Dame/ donna  tout 
naturellement  à  des  imposteurs  l'idée  de 
mettre  à  l'abri  du  nom  du  prophète  hébreu 
les  ouvrages  qu'enfanta  leur  imagination 
sur  cette  matière. 

F.  Sylburge,  dans  le  catalogue  des  manus« 
crits  grecs  de  la  bibliothèque  Palatine,  p.  98, 
mentionne  un  écrit  par  ordre  alphabétique 
intitulé  :  Oneirocriiica  Danielis  prephetœ. 

Un  catalogue  des  manuscrits  anglo-saxons 
de  la  bibliolhèf^ue  Bodléyenne  à  Oxford  est 

t'oint  au  Thésaurus  linguarum  septentriona* 
ium  de  Georges  Hickes,  et  nous  y  trouvons 
mentionné  (t.  11,  p.  38)  un  livre  de  la  diver- 
sité des  songes^  en  latin  avec  une  version 
saxonne  inierlinéaire.  On  y  rencontre  l'ex- 
plication de  deux  cent  vingt- neuf  songes 
suivant  l'ordre  alphabétique.  Voici  le  der- 
nier :  Se  promener  dans  un  verger  est  un 
sujet  d'une  grande  anxiété. 

La  bibliothèque  de  Berlin  renferme  une 
composition  analogue  eu  vieux  français  et 
toujours  sous^le  nom  de  Daniel.  Lacroze  en 
fli  un  extrait  ciu'il  communiqua  à  Fabricius, 
et  c'est  d'après  cet  érudit  (Cod.  apocr,  Yei, 


i87 


DICTIONNAIRE  DIS  APOCRYPHES. 


fS8 


Teit.^  U  ly  p.  1132]  qae  nous  allons  repro- 
duire ce  fragment  : 

«  Ci  commence  Texposicion  des  songes  se- 
lon ce  que  Daniel  le  prophète  le  fisl,  et  en 
escriture  le  mist  de  asseurer  tute  gens  de 
songe  warie  lentendement  ci  peut  homme 
lire  apertemenL 

«  Dieu  omnipolent  que  tûtes  choses  créa 
quant  homme  fourma  a  sa  semblance.  Si  créa 
aime  parfite  sage  et  resonable  et  au  corps 
domme  la  assembla.  Et,  par  ceu  extent 
homme  reson  et  lest  le  mal  et  prent  le  bien 
et  rend  loenge  a  Dieu  son  creatour.  Lalme 
que  cointe  est  al  corps  per  quei  homme  est 
resonable  et  siet  les  aventures  que  sont  a 
venir  al  aime.  Souvent  \y  monstre  per  songe 
les  bi»3ns  ou  les  mais  que  sont  avenir  grant 
temps  ajires.  Et  par  ceu  que  checun  homme 
de  Illl  ans  en  amont  peut  songer  solom  le 
dit  de  Aristotle  et  songes  monstrent  verrei- 
nient  les  aventures  uuu  sont  avenir  par  cest 
escript  a  ma  d<ime  Alice  de  Courtenei  et  à 
tous  sages  par  ceu  quil  trouveront  les  ex- 
posicions  des  tûtes  manere  de  songes. 

Jugement  des  songes.  —  «  Jugement  des 
songes  en  moult  de  manercs  se  varient  so- 
lom labite  et  la  dignete  des  persone^  et 
solom  diverse  temps  et  diverses  lioures.  Car 
un  mesme  songe  autrement  signifie  au  roy 
que  a  un  subject»  autrement  a  homme  de 
religion  que  a  seculer,  autrement  a  clert 
que  a  lay,  autrement  a  riche  que  a  poure, 
autrement  a  homme  que  a  femme,  autre- 
ment a  pucele  que  a  autre  femme.  Sachez 
qui  vest  noir  draps  en  songe  signifie  an- 
goise  el  travail,  i» 

L'ouvrage  en  (|uestion  se  compose  de  cent 
quatre-vingt-seize  chapitres  et  se  termine 
ainsi  : 

«  Dit  avons  les  exposicions  de  songes  so- 
iom  ceu  que  trouve  avons  eu  escript  per  la 
exposicions  de  sages  philosophes  de  Inde, 
de  Perse,  de  Egipte,  et  qui  emprent  garde 
de  la  signifiance  des  choses  que  sont  de-* 
devant  exposées  et  dites,  il  pourra  par  ceu 
expondre  tous  les  songes  que  avenir  pour- 
ront. 9 

Cette  explication  a  été  mise  en  vers  latins, 
ainsi  que  !  oi)5erve  Sgambatus  (163),  et  il  eo 

(165)  I  Oneirocritica  Danielis,antiquaiinpo8tura. 
leiôtur  et  Latiiio  carminé  hujusmodi  lil>er  inter 
vulgi  iiugas,  de  quibus  operae  pretium  non  est  plura 
hic  addere.  >  {Archiv,  Vet.  Tesi,,  p.  378.) 

(164)  Ecri\ain  recoud  et  savant,  mais  sans  gnûl 
et  de  peu  «le  criiique.  Il  mourut  en  1655.  On  trou- 
ver.i  dan«  te  tome  XXI\  des  Mémoires  pour  terttr 
à  Vhiêioire  de$  hommes  Ulustres,  par  le  P.  Micerou, 
la  longue  énuméraiion  de  ses  ouvrages. 

(105)  Ecrivain  grec  que  Ton  regarde  comme  c^m- 
temporain  de  Marc-Aurèle;  divers  savants  croient 
eependaiii  qu*il  \ient  a  Tépoque  de  Constantin.  Ses 
Oneirocêiiica^  publiés  pour  la  première  fois  à  Ve- 
nise, en  1518,  ont  été  derechef  édiles  p.ir  N.  Ri- 
gaud  (Pariii,  1005,  in-4*),  et  par  J.  G.  ReilT  (Leipzig, 
1805,  2  vol.  in  8'j.  Il  en  existe  une  traduction  Trau- 
çaiie  par  Cb.  Fontaine  qui,  du  1546  à  1664,  a 
obtenu  huit  éditions. 

(166)  Des  significalions  et  événements  des  songes  ^ 
iotifité  du  grec  en  lai  in  ,  par  Leuiiclavius ,  et  mis  en 
(Tançais  par  Denys  Durai,  Paris,  1581,  in-8'. 


est  fait  mention  dans  un  ancien  poëme  al- 
lemand :  Le  roi  Tyro  d'Ecosse  et  tridebrand 
son  filSf  que  cite  Fabricius  {Cod.  apocr,  Vet, 
Test.^  t.  1,  p.  1133)  d'après  un  des  ouvra^^es 
de  Melchior  Goldast  (164),  Parœnetiei  vet^ 
res^  p.  273. 

Il  ne  faut  pas  confonare  le  prétendu  Kvr« 
de  l'interprétation  des  songes  attribué  au 

f prophète  Daniel  avec  un  opuscule  en  vers 
rançais  composé  au  xv*  siècle  et  intitulé: 
Les  songes  de  Daniel, 

Il  existe  aussi  en  italien,  une  composi* 
lion  analogue,  car  nous  trouvons  au  cata- 
logue Libri  (1847,  n*  24S6)  un  opuscule  de 
quatre  feuillets  intitulé  ; 

Sogni  di  Daniel,  profola. 

Les  ouvrages  relatifs  aux  songes  et  rois 
sous  le  nom  de  Daniel  ne  sont  d'ailleurs  que 
des  recueils  d'assertions  gratuites  et  chiméri- 
ques, telles  qu'on  en  trouve  chez  le  Grec 
Arlémidore  (165),  chez  l'Arabe  Apoma- 
zar  (166),  chez  Jean  Belot  (167),  et  chez  tant 
d'autres  ;  ce  n'est  pas  là  qu'il  faut  chercher 
quelques  idées  justes  au  sujet  de  la  grande 
et  curieuse  théorie  des  phénomèaes  du 
rêve, 

L'évèque  de  Crémone,  Luitprand,  dnns  son 
récit  de  l'ambassade  envoyée  à  l'empereur 
Phocas  (168),  dit  que  les  Grecs  et  les  Sarra- 
sins ont  des  livres  qu'ils  appellent  Visions 
de  Danielf  où  est  écrit  le  nombre  d'années 
qui  doivent  former  la  vie  de  chaque  empe- 
reur, les  événeitients  qui  s'accompliront  sous 
son  règne,  si  la  guerre  ou  bien  la  paix  y 
dominera,  si  les  hostilités  avec  les  Sarrasins 
seront  couronnées  du  succès  ou  marçiuées 
par  des  revers.  «  Ou  trouve,  en  ce  qui  con- 
cerne Nicéphore  Phocas,  que  les  Assyrieus 
ne  pourront  résister  aux  Grecs,  et  que  cet 
empereur  ne  vivra  que  pendant  une  pé- 
riode de  se|jt  ans  (169J;  a|)rès  sa  mort,  un 
empereur  pire  que  lui  (mais  je  crois  qu'on 
ne  pourrait  en  rencontrer) ,  et  plus  faible 
encore ,  doit  monter  sur  le  trône ,  et ,  sous 
son  règne,  la  supériorité  des  Assyriens 
sera  telle  qu'ils  ^soumettront  tout  le  pays 
jusqu'à  la  ville  de  Chalcédoine,  qui  esta  une 
petite  distance  de  Constautinople.  » 

Du  Gange  a  cité  ce  passage  dans  son  Glos^ 

(167;  Les  Œuvres  de  Jean  Belot  ^  contenant  CAri 
de  mémoire.  Traité  des  detinations ,  augures  et  son- 
ges, etc.,  Rouen,  1688,  in  12. 

(168)  Celte  mission  eut  lieu  en  968;  l'empereur 
grt'c  accueillit  mal  renvoyé  de  IVnipereur  d'Occi- 
dent, Othon,  bien  qu*il  lut  question  d*an  maiiage 
entre  les  enfaitts  de  ces  deux  monarques.  La  rela- 
tion que  nous  citons  a  de  rintérët  pour  rbtstotr«  de 
rëpoque;  elle  a  été  traduite  en  riaiiçaispar  le  pré- 
sident Cousin  et  insérée  dans  le  second  volume  de 
son  Histoire  d* Occident, 

Elle  se  trouve  aussi  dans  les  éditions  des  ouvra- 
ges de  Luiiprand  ;  la  meilleure  est  celle  d* Anvers, 
16i0,  in-folio. 

(  1 09)  Couronné  empereur  le  9  août  9fô,  Nicéphore 
fut  assassiné  le  11  décembre  969.  Il  avait  e«  U(*s 
succès  contre  ie>  S.trrasiiis  auxquels  il  avait  repris 
la  Cilicic,  nie  de  Chypre  et  la  Syrie.  Il  eul  piMir 
successeur  Jc:ui  Zimiscè^,  un  de  ses  meilleurs  fiéiiô- 
laux  cl  claf  de  la  conspiration  ourdie  contre  lui. 


If9 


DAN 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


DAN 


190 


farium  grœciMis  ;  il  pense  que  par  ces  yi- 
>ionsde  Daniel,  il  faut  entendre  des  préten- 
oiis  oracles  dans  le  genre  des  prophéties 
Q.iribuées  à  Léon  le  Philosophe,  au  sujet  des 
tuipereurs  de  Conslanlinople ,  et  publiées 
|dr  Kul^Pisius  dans  sesVariœleclioneSf  I.  y, 
i.  S  (170),  et  avec  les  noies  de  Lauibécius» 
:  :riiii  les  écrivains  byzantins;  on  n'a  pas 
(  e  jus<|U*à  prétendre  que  ces  écrits  fussent 
ilu  iroptièle  Daniel,  cnais  co.nmc  ils  ont 
uriffoniieanaloguehceilede  ses  prophéties, 
vu  Irura  donné  le  nom  qu^ils  portent. 

Du  CâDge,  dans  ses  Notes  sur  Zonaras , 
p.  12,  mentionne  un  manuscrit  grec,  con- 
H'T\é  À  la  Bibliothèque  impériale  à  l^aris, 
nMifermant  des  piophélies  mises  sous  le  nom 
ilo  D  niei  et  traduites  par  les  Septante,  à  ce 
«lu'avance  très- faussement  riniiluié  de  ce 
manuMTit;  nousen  donnerons  ici  la  iraduc* 
t  n  d*an  passage  qu'a  rapporté  Fabricius 
j  mUi  apoer,  Vel.  Test,^  t.  1,  p.  1137). 

•Piolémée  Phi ladelphe,  roi  d'Egypte,  régna 
troDte-huitans  (171).  Ayant  soumis  ic^s  llé- 
i.reui  à  ^  domination  ,  il  les  força  de  tra> 
liiiredans  la  langue  grecque  tonte  i'£orilure 
Minte/et  celte  version  fut  faite' par  dos 
hutimes  renommés  parmi  les  Hébreux  en 
r-'i^on  de  leur  science.  Parmi  ces  écrits 
Minis,  il  y  avait  un  livre  approuvé  et  ad- 
i!i  rabie  contenant  les  visions  du  prophète 
Daniel  (172);  tous  les  événements  qui  doi- 
▼rnl  survenir  jusqu'à  la  fin  du  monde  y  sont 
in  liLjués  d'après  les  prodiges  qui  s^accom- 
I  i^^ent  dans  le  firmament.  A  Tépoque  de 
iônslant,  filsd'Héraclius,  qui  régna  à  Cons- 
ijut.nople  (173),Moavia,  souverain  des  Ara- 
io,  avança  jusqu'à  Rhodes  eu  faisant  de 
grandes  conquêtes  ;  il  ravagea  les  territoires 
«iV^ctenant  aux  Romains,  détruisant  les  po- 
luâtous,  et  dépouillant  toutes  les  contrées 
xiueessur  les  côtes  de  la  roer.  L'empereur 
i^dtiireçu  ces  nouvelles,  réunit  des  trou- 
r'N  et  entra  en  Phénicie  pour  arrêter  les 
i'ivjsiuos  de  Moavia,  et  il  lui  livra  bataille. 
Miis  les  Romains  furent  vaincus.  Constant 
"n>fflêQie  se  sauva  avec  peine  et  revint 
l'Jiuilié  dans  sa  capitale.  Moavia,  enorgueilli 
li^'  sa  victoire ,  porta  le  ravage  dans  tout 
•pavs,  jusqu'à  Conslantinople;  et  le  livre 
^ 'niDous  venons  de  parler  élant  (ombé  dans 
H'5  ruains,  il  vil  avec  surprise  ce  qui  y  était 
<  ni,  et  il  le  donna  à  de  savants  Arabes 
i 'Uri}u'il!»  le  traduisissent  en  leur  langue,  et 
'i  sul)siste  encore  aujourd'hui  sous  cette 
^nue.  L'an  6753  (1145  de  l'ère  chrétienne), 

nO)  Leyde,  1618,  in^**.  Le  s  savants  eslimcni 
r-  i(*<i]fil  il^ubserva tiens  el  de  remarques  phiiol»- 
r  ,ue^,  œoTie  d*t>n  értidit  hollandais  qiruiie  mort 
I  enmiuiée  enleva  en  lGi25,  à  Tàge  de  ueuie* 
"iW  ans. 

l'îllCe  monarque,  auquel  son  père  Piolémée 
Sii«r  céda  U  couronne  d'Eseypie ,  la  posséda  tn 
^âcideai  ans  peudani  la  vie  de  sou  piédécessenr 
ti  irente-sii  ans  seul.  Ses  années  royales  complè- 
rcnt  du  i  novemlire  185  avant  Tére  cliréiiennc  jus- 
«  li'itt  2i  octobre  2i7,  époque  du  règne  de  Ptoléniéc 
l^^erjèle. 

il'^i)  Remarquons  que  saint  Epipliane  (De 
«^inrii  acponderibut^  sect.  10)  dit  que  les  Sepr 


un  nommé  Aleiius,  qui  avait  été  pris  par 
les  troupes  de  l'empereur,  et  qui  était  esclave 
à  Byzance,  et  qui  connaissait  la  bngue  et 
l'alphabet  des  Arabes,  traduisit  ce  môme 
livre  dans  la  langue  des  Romains  (17^i^).  » 

Les  Orientaux  regardent  Daniel  comme 
un  devin  fort  habile,  et  ils  lui  attribuent  des 
ouvrages  sur  les  sciences  occultes.  Herbelot 
[Bibliothèque  orientale)  parle  de  l'ouvrage 
d'Abdallah  ,  fils  de  Salem,  intitulé  Odhmus 
al  mancal  an  Danial  al  Nabi,  qui  est  tiré  du 
livre  apocryphe  de  Daniil ,  et  il  mentionne 
un  écrit  intitulé  Odmat^  et  contenant  des 
prédictioi),s  reçues  par  tradition  de  Daniel  ; 
livre  plein  d*absurdités  et  fabriqué  par  les 
Musulmans. 

Lambécius  signale,  parmi  les  manuscrits 
syriaques  de  la  bibliothèque  de  Vienne,  un 
Prognoslicon  apocryphum  singuhrum  onno- 
ri4//i,  prirlant  le  nom  de  Daniel. 

LUisloire  de  Daniel,  et  surtout  l'épisode 
de  Suzanne,  ont  fourni  le  sujet  de  nom- 
breuses oompnsitions  dramali()ues  dont  les 
auteurs  n'ont  pas  reculé  devant  Tadmission 
de  bien  des  détails  apocryphes.  Voici  Tindi- 
caiion  de  ce  qui  existe  de  plus  remarquable 
en  ce  genre  : 

Ihstoria  de  Daniel  reprœsantanda^  dans  Z/t- 
larii  versus  el  ludi  (  Chami  ollion-Figeac 
frfe/i/e.},  Paris,  1838,  in-8*;  Tragicomadia  ex 
Danielepropheta  contra  idololalriam  (Joannis 
Carl)oniroÀ®  Kirchoviensis,  Bâie,  1535  ;/>a- 
niel  dans  la  fosse  aux  lions^  tragédie  par 
Tahbé  Bellet,  dédiée  à  l'archevêque  de  Bor- 
deaux, et  rejjrésentée  par  les  écoliers  ilu 
collège  de  Guyenne,  1731,  in-12;  Susanna, 
comadia  tragica  psr  Xyslum  Z^e/a/iu/n,  Zu- 
rich, 1538,  in-S",  et  <lans  les  Dramata  sacra. 
Bêle,  iîkli  Susanna  comœdia,  dans  les  Opéra 
poetica  de  Nicodème  Frischlin,  Strasbourg, 
1585  et  1589;  Susanna  per  Placentium  evan^ 
gelistenlusu^Anyers.  1534- ;  Susanna,  comœdia 
G .Macropedii,ib^;Susannœ  tragica  comadia 
heroicis  tersibus  expressaaCaroloGodranio^ 
Dijon,  1571,  in-4-. 

L'Histoire  de  sainte  Suzanne,  exemplaire 
de  toutes  sages  femmes  el  de  tous  bons  juges 
(à  Vh  personnages  et  en  vers),  Troyes,  sans 
date.  L*analyse  que  la  Bibliothèque  du  Théâ' 
Ire  français  a  donnée  de  celle  composition 
est  reproduite  dans  le  Dictionnaire  des  mys- 
tères, Migi.e,  185i,  col.  926;  Tragédie  de 
la  chaste  et  vertueuse  Suzanne^  où  Von  voit 

I  innocence  vaincre  ta  malice  des  juges,  Rouen, 
1614,  in-8";   Suzanne,   tragi-comédie  par 

lanle,  îoilépendammentdes  Livres  saints  de  rAnc'en 
Testament,  traduisirent  soixante- douze  livrcs^apo- 
crypbcs. 

(175)  Ce  prince  monta  sur  le  trône  à  Page  de 
douze  ans.  Sous  son  règne,  les  Sarrasins  conduits 
par  le  kalife  Moavia  ,  obtinrent  en  effet  des  grands 
succès  contre  les  Grecs.  La  làcheié,  l^avarice  el  la 
tyrannie  de  Gonsiant,  qui  s'était  retiré  en  Sicile, 
favorisa  If  s  Conspirations  qui  s'ourdirent  contre  lui. 

II  fut  a>sassiné  le  15  judiel  668,  après  avoir  régné 
vingt- sept  ans. 

(174^  Cette  expression  doit  s'entendre  ici  dans  l6 
8CIU  de  lajigiie  grecque. 


19! 


DIGTIUMNAIRE  DES  APOCKYPIIES. 


f« 


P.  JeossoD  Heyeland,  Copenhague,  1579, 
iii-4*  ;  ËM  Susanntf  miroir  des  mesnagêreit 
qui  figure  dans  le  très-rare  volume  des  Co» 
médité  et  tragédies  de  Pierre  Uejros  (Uarlem, 


1506),  n*est  pas  précisément  celle  de  la  Bt* 
ble  ;  c*est  une  espèce  de  moralité  où  Ogurent 
des  personnages  allégoriques»  tels  qae  Loi 
de  nature,  Somctlude,  etc. 


DAVID. 


Un  piTsonnage  aussi  célèbre  que  David  ne 
pouvait  échapper  à  Tindustrie  des  fabricants 
de  livres  apncryphcs.  Fabriciusfait  connaître 
ceux  qui  sont  encore  connus. 

Entretien  de  David  avec  Dieu  sur  la  cons' 
truction  du  temple  (d'après  le  Talniud  Jal- 
kut,  m  II  Samuel  vu,  loi.  21,  co).  k). 

«  Le  Seigneur  dit  à  Nathan  :  Va  et  dis 
h  mon  serviteur,  à  David  :  le  Seigneur  a 
dit  :  Esl-ce  que  lu  m*élèveras  une  maison? 
Ce  ne  sera  pas  en  vain,  car  tu  as  répandu 
le  san^.  »  Lorsque  David  eut  entendu  ces  pa- 
roles, ilifut  ttTrayé,  et  i!  pensait  qu*il  n'aurait 
pas  riiabileté  et  les  moyens  nécessaires  pour 
élever  un  temple.  Mais  llabi  Juda,  fils  de 
liabi  Eiai,  enseigne  que  Dieu  saint  et  béni 
parla  ain5i  h  David  :  «  O  David,  n*aie  point 
do  crainte,  car  je  jure  par  .ma  vie  que  ce 
sang  que  tu  as  répandu  n^est  pas  de  plus 
grande  valeur  devant  mes  yeui  que  le  sang 
d'une  chèvre  ou  d*un  cerf.  »  (  et  au  sujet  de 
celte  effusion,  on  lit  danslejDeu(^roitome,xu, 
16  :|  Tu  le  répandras  sur  la  terre  comme  de 
l'eau).  Quelques-uns  disent  que  les  paroles 
de  Dieu  furent  celles-ci  :  «  Je  jure  par  ta  vie 
que  le  sang  que  tu  as  répandu  est  pour  moi 
itans  la  même  estime  que  le  san;;  des  sacri- 
lices.  »  Pari  e  qu'il  est  dit  dans  le  i"  livre 
des  Chroniques f  xxii,  8:  «<rTu  as  répandu 
beaucoup  de  sang  devant  moi.  «Partout  où 
se  rencontrent  les  mots  devant  moi^  il  faut 
les  entendre  des  sacrifices ,  parce  qu'il  est 
dit  de  même  dans  le  Lévitique^  i,  H  :  Et  il 
tuera  un  jeune  taureau  devant  le  Seigneur. 
David  répondit  h  Dieu  :  «Si  le  saug  que  j'ai 
versé  est  devant  tes  yeux  comme  le  sang  des 
sacrifices,  pourquoi  ne  dois-je  pas  t'éiever 
un  temple  ?k  Dieu  répondit  :  «  Si  tu  réle- 
vais, il  subsisterait  toujours  et  ne  serait  ja- 
mais détruit.  »  David  répondit  :  «  Ce  serait 
un  lien,  i»  Dieu  répondit  :  «  il  est  manifeste 
|)0ur  moi  que  les  Israélites  tomberont  dans 
te  péché,  aussi  ma  colère  s'appesantira  sur  le 
temple,  et  je  le  détruirai  en  épargnant  les 
Israélites.  •  Ainsi  il  est  écrit  (Thrtn.  u, 
k)  :  Il  a  répandu  $a  colère  comme  le  feu  sur 
la  tente  de  la  fille  de  Sion.  Dieu  saint  et  béni 
ajouta  :  «  Je  jure  par  ta  vie  que  parce  que  tu 
as  eu  dans  la  pensée  d'élever  un  temple, 
chose  que  ton  us  Salomon  doit  exécuter,  je 
t'en  regarderai  comme  le  fondateur.  «  C'est 
ainsi  qu'il  est  dit  en  tète  du  psaume  xxx  : 
Cantiquederinitiationdelamaison  deDavid,» 

Entretien  de  David  avec  Dieu. 

C'est  d'après  la  version  latine  de  G.  E.  £d- 
zard  que  nous  traduisons  ce  passage  que 
Fabricius  a  reproduit  d'après  le  Talmud 
(Cad.  sanhédrin,  fol.  i07,  col.  2,  et  Jaikul, 
m  //  Sam.f  c.  xi,  fol.  22,  col.  2). 


«  Rabi  Jehuda  dit  :  L'homme  doit  veiller 
soigneusement  sur  lui  en  tout  temps,  |*c>ur 
qu'il  ne  s'induise  pas  lui-même  en  tentation, 
car  voici  que  David  s'indui&it  lui-même  eu 
tentation  et  tomba,  11  dit  à  Dieu  saint  et 
béni  :  aO  Arbitre  du  monde,  pourquoi  t'ap- 
pelle-l-on  le  Dieu  d'Abraham,  d'Isaae  et  de 
Jacob,  et  pourquoi  ne  t'api)elle-t-on  pas  aussi 
le  Dieu  de  David  ?»  Dieu  lui  répondit  :  «  Ce; 
trois  patriarches  ont  été  tentés  par  moi,  mai> 
loi,  tu  n'as  pas  été  tenté.  »  David  répliqua  : 
«0  Seigneur  du  monde,  éprouve-moi  aussi  et 
tenle-moi.»Dieu  répondit  :  «  Je  te  tenterai  et 
j'agirai  avec  toi  de  manière  que  ta  constance 
se  manifeste.  Mais  quand  j'éprouvai  les  ir^i» 
patriarches,  je  ne  les  en  prévins  pas  à  l'a- 
vance; toi,  je  te  donne  cet  avis.  >»  Et  Se  roi 
David  se  promenant  un  soir  sur  Id  toit  de 
son  palais,  Belhsabée,  femme  d'Urie,  qui 
était  fort  belle,  se  lavait  la  tête  dans  sa  mai- 
son qui  était  près  de  là,  et  la  fenêtre  de  sa 
chambre  était  fermée  par  un  treillis.  Saian 
se  mit  sous  la  forme  d'un  oiseau  et  se  (-osa 
sur  cette  fenêtre,  et  David  lui  ayant  lancé 
une  flèche,  le  treillisfut  brisé,  et  le  roi  aper- 
çut Belhsabée,  et  David  la  fit  venir,  et  il  la 
connut,  et  elle  se  purifia  de  sa  souillure  et 
revint  dans  sa  maison.  » 

Entretien  de  David  avec  Dieu  sur  fatantoQs 

de  la  folie. 

m 

Jaikut,  Super  !  Sam.  xii,  fol.  18,  ool.  4;  ec  He- 
drascli  Tebillim,  Super  piai.  xxiiv,  fui.  20,  col. 
2,  cités  par  Fabricius,  1. 1,  p.  1002. 

«  David  dit  à  Dieu  saint  et  l>éni  :  «  O  Sei- 
gneur  du  monde,  tout  ce  que  lu  as  fait  dans 
ton  univers  est  bon,  et  la  sa\^esse  est  la 
meilleure  de  toutes  les  choses  créées.  Mais 
la  folie  seule  doit  être  exceptée,  carde  quelle 
utilité  est  l'homme  insensé?  11  parcourt  les 
places,  il  déchire  ses  vêtements,  les  eafants 
se  moquent  de  lui  et  courent  après  lui  ;  il 
est  un  objet  de  dérision  pour  tout  le  }»eup:e. 
Ksl-ceque  cela  estagréabledevaullesyeux?* 
Dieu  saint  et  béni  lui  répondit:  «  O  David, 
lu  seras  encore  appelé  le  marchand  d^  u 
folie,  car  j'espère  par  ta  vie  qu'il  viendra 
un  temps  où  tu  auras  besoin  d'elle.  Tu  m'a- 
dresseras tes  prières  pour  l'obtenir  jusqu\^ 
ce  que  je  t'en  accorde  un  peu.»  Ensuite  Da- 
vid s'enfuit  vers  les  Philistins,  comme  il  e:>l 
dilau  /"  livre  de  Samuel  (ch.  xxi,  f  ïi).  Et 
Dieu  saint  et  béni  lui  dit  ;#  David,  ôses-tu  u* 
réfugier  auprès  du  roi  AchisT  Hier  tu  as  tué 
(joliath,  et  maintenant  tu  vas  auprès  de  si  s 
frères,  portant  avec  toi  l'épée  de  Goliath, 
tandis  ^ue  ses  frères  sont  les  satellites  d'A- 
chis,  et  le  snng  de  Goliath  est  encore  sur 
toi.  »  Les  frères  de  Goliath  vinrent  auprès  du 
roi  Achis  et  lui  demandèrent  la  i^ermisMou 


m 


DAV 


PART.  llf.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


DAV 


iM 


de  tuer  celui  qui  avait  tué  leur  frère.  Mais 
Achis  leur  répondit  :  «  Est-ce  qu*ii  n'y  avait 
pas  entre  eux  une  guerre  ouverte?  Si 
votre  frère  l'avait  tué,  est-ce  que  ce  n'eût 
pas  été  un  fait  de  guerre  ?  Votre  frère  n'a- 
vait-il  pas  fait  un  accord  avec  lui  commeil 
istdit:  s'il  peut  me  combattre  et  s'il  me 
frappe*  nous  serons  vos  esclaves.  »  Les  frères 
deGoiiathréfiondirenl:  «  Si  la  chose  est  ainsi, 
tu  dois  te  lever  de  ton  trône,  car  le  royaume 
revient  à  David,  et  lu  seras  son  esclave.  » 
Alors  David  fut  saisi  de  frayeur,  et  il  com- 
mença à  dire,  d'après  le  psaume  lvi,  k: 
i  J'aurai  confiance  en  toi,  le  jour  où  je  serai 
frappé  d*épon vante  »,  et  il  pria  Dieu  de 
l'exaucer  à  cette  heu^e.  Dieu  lui  répondit: 
f  Qu'est-ce,  ô  Da  vid,que  tu  demandes  de  moi?» 
Et  David  répondit:  «  Jedeaoande  que  tu  me 
donnes,  Seigneur,  un  peu  de  cette  chose  que 
)*ai  méprisée  jadis  (c'est-à-dire,  un  peu  de 
folie).  »  Dieu  répondit  :  «  Ne  t'ai-je  pas  dit 
que  celui  qui  méprise  une  chose,  se  félici- 
(era  ensuite  de  l'obtenir?  Voici  i|ue  tu  me 
demandes  la  f(>lie;  vois  donc  combien  lu  avais 
erré  dans  ton  jugement  à  son  é^ard.  »  Alors 
David  feignit  d*ètre  insensé  et  il  écrivit  sur 
tesportes:«  Achis,  roi  de  Galb,  me  doit  cent 
myriades,  mais  sa  femme  m'en  doit  cinq.  » 
La  fille  d'Achis  était  folle,  et  elle  se  liviait  à 
des  accès  de  fureur  et  à  des  vociférations 
dans  fintérieur  du  palais,  et  David  criait  et 
faisait  l'insensé  en  dehors.  Et  Achis  s'irrita 
et  dit  :  ^  Ne  savez- vous  |)as  que  la  folie  m'en- 
vironne? »  Et  c*est  ainsi  qu*il  est  dit  au  I" 
livre  de  Samuel  (ixi,  10):  '(N'ai-ie  pas  au- 
près de  moi  assez  defoiie,  et  faut'il  que  vous 
in*ayez  amené  cet  homme  pour  qu'il  se  con- 
duise en  ma  présence  comme  un  insensé?» 
David  délivré  de  ce  péril  en  éprouva  une  joie 
infinie,  et  vit  combien  la  folie  pouvait  être 
mile.  Et  c'est  ce  qui  est  dit  au  psaume  xxxiv» 
2:  Je  louerai  le  Seigneur  en  tout  temps.  » 

Fabricius  {Cod.  apocr.  Y  et.  Test,^  t.  1,  p» 
912)  cite  un  manuscrit  grec  de  la  bibliothèque 
de  Vienne  (Josephus  Christianus  in  Hypom" 
nef/ico,  lib.  ii,  c  120),  et  il  insère  la  traduc- 
tion latine  que  Lambecius  a  faite  d'un  pas- 
sage; nous  allons  le  donner  en  français  : 

«  Les  livres  de  Nathan,  d*Adelo,  d*Achias 
le  Silonite,  de  Sem  et  de  Jéhu  sont  men- 
tionnés dans  le  Livre  des  Rois.  Ces  prophètes 
écrivirent  des  ouvrages  qu'on  ne  retrouve 
plus. 

«  On  lit  dans  1e$  Paralipotnènes  (175)  au 
sujet  des  psaumes  de  David  qu'ils  étaient  au 
nombre  de  trois  mille;  il  n'en  reste  plus  que 
cent  cinquante  qui  furent  choisis  par  les 
au]is  du  roi  Széchias  ;  les  autres  ont  dis- 
paru. 

«  h^%  Paratipomines  disent  aussi  que  Salo- 
œon  avait  composé  cinq  millions  de  pro- 
verbes; il  n'en  subsiste  plus  que  ceux  qui 
sont  reçus  par  l'I^lise  parmi  les  écritures 
canoniques. 

(175)  Rien  de  pareil  ne  le  lit  dans  les  Paraltpo^ 
»^es;  on  iry  voii  point  uoii  plus  que  Salomon  ait 
composé  des  millions  de  proverbes.  Micliei  Glycas 
[Annui.^  jMirt,  ii)  dit  égalemeni  qu'Ezéchias,  avec 


«  Josèphe  dit  que  le  prophète  Ezéehiel 
avait  écrit  deux  livres  de  prophéties,  nous 
n'en  retrouvons  plus  qu'un  seul.  » 

Fabricius  {Coa.  apocr.  Yet.  Test.,  1. 1, 
p.  1007)  donne  la  figure  du  bouclier  de  David  ; 
il  est  formé  de  deux  triangles  accouplés,  et 
des  mots  hébreux  y  sont  inscrits.  Des  au* 
teurs  juifs  lui  ont  attribué  des  propriétés 
merveilleuses.  Aucun  trait  ne  pouvait  le  per- 
cer, et  il  rendait  David  invulnérable.  On  a 
prétendu  qu'il  fallait,  en  cas  d'incendie,  pé- 
trir de  la  pâte  de  manière  h  lui  donaer  la 
forme  du  bouclier  en  question ,  y  tracer  le 
nom  du  Seigneur,  et  le  jeter  dans  le  feu: 
aussitôt  les  flammes  s'éteindraient.  C'est  da 
moins  ce  qu'on  lit  dans  un  ouvrage  hébreu 
intitulé  :  De  propriettUibus  rerum  et  medica^ 
mentis^  imprimé  à  Amsterdam  en  1703,  rem- 
pli de  prescriptions  magiques  et  supersti- 
tieuses, et  que  Fabricius  cite  d'après  G,  E. 
Edzard  ad  Avoda  Sara^  cap.  ii,  p.  353.  Le 
même  savant  renvoie,  è  cet  égard,  d'après 
Carpzov,  à  W.  Schickard,  m  Tarich^  p.  54; 
à  fi.  (ieier,  De  superstit.,  cap.  m,  et  à  J.  Kei- 
cbelt,  De  amuletis^  p.  86. 

Nous  lisons  encore,  dans  Fabricius,  qu'en 
1695,  il  vint  d'Egypte  à  Florence  un  Juif 
nommé  Delphilim  Dorra,  apportant  avec  lui 
soixante-dix  livres,  parmi  lesquels  il  y  en 
avait  deux  écrits  par  jDavid  :  les  Juifs  de 
Rome  et  de  Livourne  lui  en  offrirent  quatre- 
vingt-dix  mille  écus;  mais  il  seiit  baptiser 
et  il  lit  don  de  ces  deux  manuscrits  au  grand- 
duc  de  Toscane,  qui  le  gratifia  d'une  pen- 
sion. G*est  ainsi  que  la  chose  est  racontée 
dans  le  journal  latin  de  Cologne  :  nous  n'a- 
vous  pas  besoin  de  dire  qu  elle  ne  mérite 
guères  qu'on  s'y  arrête. 

Sgambatus  {Ârchiv.  Vet.  Test.^  p. 288)  rap- 
porte ce  passage  emprunté  au  livre  hébreu 
Oruch  Chujim^  c.  kS  :  Rabi  Meier  dit  :  11  faut 
répéter  chaque  jour  cent  bénédictions.  Rabi 
Natronai,  oui  fut  le  chef  de  l'académie  à  Mata 
Macasia^ré^jondit  :  Le  roi  David  a  composé 
ces  cent  bénédictions,  et  en  voici  le  motif. 
Chaque  jour  un  grand  nombre  d'Israélites 
mouraient,  et  on  ne  voyait  pas  la  cause  de 
tant  de  morts.  Enfin  David,  instruit  par  TEs- 

Erit  saint,  composa  cent  bénédictions,  et 
ieu  étant  imploré  ainsi ,  le  mal  cessa.  » 
Ajoutons  que  Sgambatus  dit  qu'il  existe  à 
la  bibliothèque  de  Munich  un  livre  intitulé 
te  fondement  de  la  foi^  et  qui  fut  composé 
par  David  i  à  ce  quo  prétendent  quelques 
Juifs. 

11  serait  très-long  et  peu  intéressant  de 
relater  les  divers  contes  qu*ont  entassés  les 
rabbins  au  sujet  de  David  :  nous  nous  bor- 
nerons à  citer  un  trait  que  rapportent  grave- 
ment deux  des  docteurs  juits  tes  plus  en  re- 
nom,  Kubbi  David  Kimchi  et  Rabbi  Salomon 
Jarchi. 

«  Lorsque  David  fil  creuser  les  fondements 
du  temple  sur  l'abîme,  comme  Ton  craignait 

Taide  d'Esdras ,  choisit  parmi  un  grand  nombre  de 
psaumes,  cent  cinquante  qui  étaient  hiconteoiabl!^ 
ment  Tcvovre  de  David 


«5 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


IM 


otiA  le  monde  ne  fût  inondé,  Achitophcl 
écrivit  le  nom  ineffable  du  Seigneur  et  le 

!)osa  sur  rabtme ,  et  aussitôt  l'abîme  s'én- 
onça de  seize  mille  coudées  ;  mais  comme 
on  observa  qu*il  était  utile  au  monde  que 
l'abtine  ne  fût  pas  à  une  aussi  grande  pro- 
fondeur, parce  que  ks  eaui  sont  nécessaires 
AU  monde  et  que  c'est  l'abtme  qui  fait  verdir 
la  terre ,  il  chanta  les  quinze  psaumes  gra* 
duols,  et  il  fit  ainsi  remonter  l'abîme  de 
quinze  mille  coudées,  et  il  l'arrêta  à  une 
profondeur  de  mille  coudées.  » 

Les  auteurs  musulmans  racontent,  au  su- 
jet de  David,  une  foule  de  légendes  apocry- 
phes :  nous  en  citerons  quelques-unes,  d'a- 
près l'ouvrage  de  M.  Weil,  auquel  nous  avons 
delà  eu  recours  [Bibliiche  Legenden  der  Mu^ 
^ehnânner). 

<(  Aussitôt  que  Talut  (Saiil)  eut  été  nommé 
roiy  il  passa  en  revue  l'armée  des  Israélites, 
et  il  nmrcha  contre  les  Philistins,  à  la  tête 
de  soixante-dix  mille  hommes.  Lorsqu'ils 
traversaient  le  désert,  l'eau  vint  un  jour  à 
leur  manquer,  de  sorte  que  de  violents  mur- 
mures s'élevèrent  contre  Samuel  et  contre 
Talut.  Samuel,  qui  marchait  derrière  l'arche 
d'alliance,  adressa  ses  prières  è  Dieu ,  et  il 
jaillit,  du  milieu  d*uu  sol  rocailleux,  une 
source  d'eau  aussi  fraîche  que  la  neige,  aussi 
douce  que  le  miel  et  aussi  blanche  que  le 
lait.  Samuel  s'adressa  alors  aux  soldats  qui 
s'empressaient  d'accourir  vers  cette  source, 
et  leur  dit  :  «  Vous  avez  gravement  pérhé 
contre  Dieu  et  contre  votre  roi ,  e  i  vous  li- 
vrant è  votre  mécontentement  et  à  voire  in* 
subordination.  Renoncez  à  faire  usage  de 
cette  eau,  afin  que  votre  abstinence  témoi- 
gne ainsi  votre  repentir  de  votre  péché.»  Mais 
les  paroles  de  Samuel  ne  furent  point  écou- 
tées ;  trois  cent  treize  hommes  seulement  y 
eurent  égard  et,  combattant  leur  soif ,  se 
contentèrent  de  se  rafraîchir  un  peu  :  tout 
le  reste  do  l'armée  se  laissa  entraîner  par 
l'occasion  et  but  à  longs  traits.  Quand  Talut 
vit  cela,  il  congédia  l'armée  entière  et^  met- 
tant sa  cônliance  en  l'aide  de  Dieu,  il  mar- 
cha à  l'ennemi  avec  le  petit  nombre  d%om- 
mes  seulement  qui  avaient  résisté  à  la  ten- 
tation. Dans  cette  troupe  si  peu  considérable, 
il  se  trouvait  six  fils  d'un  homme  vertueux 
qui  s'appelait  Isa.  Le  septième  fils ,  nommé 
Dawud  (David)  était  seul  resté  au  logis  pour 
avoir  soin  de  son  père;  et  comme  on  resta 
longtemps  sans  combattre,  parce  que  per- 
sonne ne  voulait  entrer  en  combat  singulier 
avec  Djalut  (Goliath),  ce  qui  devait  précé- 
der une  bataille  rangée,  Isa  envoya  au  camp 
son  septième  tils ,  alin  qu'il  portât  à  ses  frè- 
res des  provisions  fraîches,  et  alin  qu*il  re- 
vint lui  donner  des  nouvelles  de  ce  qu'ils 
faisaient. 

«  En  se  rendant  au  camp,  Dawud  entendit 
une  voix  qui  sortait  d'une  pierre  qui  se  trou- 

(176)  La  vicioire  de  David  a  été  le  sujet  de 
Quelques  composi lions  draniaiiqiies.  Uoe  tragédie 
de  Joacbim  deCoixnac,  la  Déconfiture  du  géant  Go- 
tUthf  Lausanne,  1550,  in-8<*,  c»i  deveuue  d*une  ra- 
reté etirônie  ;  ni  le  duc  de  la  Vahiëre,  ni  M.  de  So- 
kioue  n'avaient  pu  se  ta  procurer  pour  la  placer 


vail  au  milieu  du  eherotn ,  et  qui  loi  dît  • 

«  Soulève-moi;  je  suis  une  des  pierres  avtv 
lesquelles  le  prophèie  Abraham  chassa  S  i- 
tan,  lorsque  celui-i^i  voulait  lui  inspirer  de 
l'hésitation  dans  sa  résolution  trobéirè  Dieu 
qui  lui  avait  ordonné  de  sacrifier  son  û\s.  • 
David  prit  la  pierre,  sur  laquelle  était  inscrit 
le  nom  sacre;  il  la  mit  dans  un  sac  qu'il 
portait  sur  sa  tunique,  car  il  était  babillé 
comme  un  voyageur,  et  non  comme  un  guer- 
rier. Ayant  fait  encore  un  peu  de  chemin,  il 
entendit  une  voix  qui  sortait  de  môme  d'une 
autre  pierre  :  «  Prends-moi  avec  toi;  Je  suis 
la  pierre  sur  laquelle  fange  Gabriel  posa  son 
pied  ,  lorsqu'il  frappa  la  terre  dans  le  désert 
afin  d'en  faire  jaillir  une  source  |K)ur  Isinaêl.» 
David  ramassa  aussi  cette  pierre  ;  il  la  mit 
avec  la  première  et  il  continua  son  chemin. 
Mais  bientôt  il  entendit  les  paroles  suivantes 
sortir  d'une  troisième  pierre  :  't  Ramasse* 
moi;  je  suis  la  pierre  avec  laquelle  Jac^b 
combattit  contre  l'ange  que  son  frère  £*a(i 
avait  envoyé  contre  lui.  »  David  ^amas^a 
aussi  cette  pierre  et  poursuivit  sa  route  sans 
interruption,  jusqu'à  ce  qu'il  parvint  auprès 
de  ses  irères,  dans  le  camp  des  Israélites.  Et 
quand  il  y  fut  rendu,  il  entendit  qu'un  héraut 
criait  :  «  Celui  qui  tuera  le  génnt  Djalut  épou- 
sera la  fille  de  Talut  et  sera  un  des  favoris 
du  roi.  »  David  engagea  ses  frères  à  combat- 
tre Djalut,  non  pour  devenir  le  gendre  et  le 
favori  (lu  roi,  mais  pour  effacer  la  honte  qui 
s'attachait  au  peuple  d'Israël.  Et  comme  ils 
manquaient  de  courage  et  de  confiance,  il 
alla  vers  Talut  et  lui  demanda  la  perm  ssion 
de  se  mesurer  avec  Djalut.  Talut  n'avait 
guère  espoir  de  voir  un  adolescent,  tel  qu'é- 
tait encore  David,  rester  vainqueur  d'un 
guerrier  tel  que  Djalut;  il  consentit  cepen- 
dant ,  car  il  comptait  que  lors  même  que  Da- 
vid succomberait ,  son  exemple  encourage* 
rait  d'autres  Israélites  et  i|u'il  trouverait  des 
imitateurs.  Le  lendemain  matin,  Djalut 
ayant,  selon  son  habitude,  commencé  à  pio- 
voquer  en  termes  insultants  les  guerriers 
d'Israël,  David  s'avança,  couvert  de  son  cos- 
tume de  voyageur  et  portant  le  sac  où  il  avait 
déposé  les  trois  pierres  qu'il  avait  ramassées. 
Djalut  éclata  de  rire  en  voyant  son  frêle  an- 
tagoniste ,  et  lui  dit  :  «  Retourne  chez  ton 
père  et  amuse- toi  avec  les  petits  garçons  de 
ton  âge.  Comment  veux-tu  combattre,  toi  qui 
es  entièrement  dépourvu  d'armes?  »  David 
répondit  :  c  Je  te  regarde  comme  ufi  chien 
que  l'on  chasse  5  coups  de  pierre.  »  Et  avant 

aue  Djalut  eût  tiré  son  épée  du  fourreau ,  il 
ra  les  trois  pierres  de  son  sac.  De  la  première 
il  frappa  Djalut  à  la  tête  et  i'étendit  sans  vie 
sur  le  rarreau  (176);  avec  la  seconde,  il  luit 
en  fuite  l'ailo  droite  de  l'armée  des  Philis- 
tins, et  avec  la  troisième,  il  dispersa  l'aile 
gauche. 
«  Mais  Talut  devint  jaloux  de  David  qu'ls- 

dans  leurs  coUeciions  spécifies.  La  DaM  eombat- 
lanf,  qui  se  (rouve  dans  tes  Tragédieê  $aiHt€$  de 
Louis  Desniiizures  (Genève,  1560,  Auvets,  I58i).  eu 
une  œuvre  sans  invention  et  sans  aucun  tueni*'* 
Nous  iudiquerons  plus  loin  quelques  pièces  la- 
tiues. 


m 


DAY 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


DAV 


19a 


raSI  (oat  entier  Vailtâit  comme  un  grand 

héros  et  il  lui  refusa  de  lui  donner  sa  fille 
jusqu'à  ce  que  David  lui  eût  encore  apporté, 
coQime  présent  de  noces,  cent  autres  têies 
de  géaots.  Et  plus   les  exploits  de  David 
étaient  grands,  plus  la  jalousie  de  Talut 
était  envenimée,  au  point  qu*il  essaya  bien 
des  fois  de  le  faire  assassiner.  David  décon- 
certa toujours  ces  projets,  et  quoiqu'il  n'en 
tirât  pas  vengeance,  la  haine  de  Talut  s'ac- 
crut encore  en  raison  de  cette  magnanimité. 
Un  jour,  il  rendit  visite  à  sa  fille,  pendant 
que  David  était  absent,  et  il  la  menaça  de  la 
faire  mettre  è  roort,  jusqu'à  ce  qu'elle  lui 
prooQit,  en  s'engageant  par  les  serments  les 
plus  sacrés,  de  lui  livrer  David  pendant  la 
nuit.  Et  quand  celui-ci  revint  à  sa  maison, 
$di  femme  courut  toute  troublée  au-devant 
de  lui,  et  elle  lui  raconta  ce  qui  s'était  passé 
entre  elle  et  son  père.  «  Reste  fidèle  à  ton 
serment,»  lui  dit  David,  «  et  ouvre  à  ton 
père  la  porte  de  mn  chambre  lorsque  je  serai 
endormi.  Dieu  veillera  sur  moi  pendant  mon 
sommeil,  et  me  donnera  le  moven  de  priver 
i*épée  de  mon  ennemi  de  la  faculté  de  me 
nuire,  de  même  qu'il  n'a  pas  permis  à  Abra- 
ham de  rien  faire  contre  Ismaël ,  quoique 
celui-ci  eât  tendu  son  cou  au  fer  qui  allait 
le  frapper* 

i  David  se  rendit  ensuite  dans  son  atelier 
etfabriqua  une  cotte  de  mailles  qui  couvrait 
tout  son  corps,  h  parlir  du  cœur.  Cette  cotte 
de  oiailles  était  mince  comme  un  cheveu, 
elle  se  pliait  sur  le  corps  comme  un  tissu  de 
laine,  et  elle  résistait  à  toute  sorte  d*armes. 
David  avait  reçu  de  Dieu  la  grâce  spéciale  de 
travailler  le  fer  sans  avoir  besoin  de  feu  et 
sans  employer  ni  enclume,  ni  outil;  il  le 
maniait  comme  de  la  cire  et  il  le  façonnait  à 
l'usage  qu'il  voulait.  On  lui  doit  la  décou- 
verte des  cuirasses  à  anneaux  ;  jusqu'à  lui,  les 
armures  défensives  consistaient  en  grandes 
plaques  de  fer. 

<  David  dormait  fort  tranquillement,  lors- 
que Talut,  accompagné  de  sa  fille,  entra 
dans  sa  chambre;  il  s'efforça  de  fendre  avec 
son  épée  comme  avec  une  scie  la  cotte  de 
mailles  qui  résistait  à  tous  ses  efforts.  David 
se  leva  et  il  arracha  l'épée  des  mains  de  son 
beau-père  sans  lui  faire  cependant  le  moin- 
dre reproche,  et  il  la  brisa  comme  un  mor- 
ceau de  pain. 

«  Après  cet  événement,  David  ne  jugea 
plus  à  propos  de  séjourner  dans  le  voisinage 
de  Talut;  il  se  retira  dans  la  montagne  avec 
quelques  compagnons  dévoués.  Talut  profita 
de  sa  retraite  p<»ur  le  calomnier  auprès  du 
peuple,  et  le  représentant  comme  un  traître. 
Il  niarcba  contre  lui  à  la  tête  de  quelques 
milliers  de  soldats.  Mais  David  avait  en  sa 
faveur  tous  les  habitants  des  montagnes  et 
il  connaissait  si  bien  tout  le  pays  qu'il  fut 
impossible  à  Talut  de  s'emparer  de  lui. 

«  Une  nuit,  tandis  que  Talut  dormait, 
David  sortit  d'une  caverne  qui  était  proche 
du  camp  du  roi  auquel  il  enleva  une  bague 
qui  était  à  son  doigt  ;  il  lui  prit  aussi  ses 
armes  et  un  drapeau  qui  se  trouvait  auprès 
de  lui.  Il  se  retira  ensuite  dans  la  caverne 


qui  avait  une  double  issue,  et  il  se  montra 
le  lendemain  matin  sur  une  montagne  qui 
dominait  le  camp  des  Israélites;  il  était  ceint 
de  la  longue  épée  de  Talut,  il  agitait  son 
drapeau  et  il  étendait  le  doigt  auquel  il  avait 
passé  la  bague  royale.  Talut,  qui  ne  pou- 
vait Comprendre  comment  il  était  possible 
qu'un  voleur  se  fût  introduit  dans  le  camp 
où  l'on  faisait  bonne  garde,  reconnut  David, 
et  cette  nouvelle  preuve  de  la  gént^rosité  de 
son  gendre  qui  avait  épargné  sa  vie,  triom* 
plia  enfin  de  sa  jalousie  et  de  son  inimitié. 
Il  lui  envoya  un  messager  pour  lui  deman^ 
di  r,  en  son  nom,  pardon  de  tout  ce  qu'il 
avait  fait  contre  lui^  et  pour  l'engager  à  re* 
tourner  dans  sa  patrie.  David  revint  volon- 
tiers auprès  de  son  i)eau-père,  et  ils  vécu-> 
rent  en  bonne  intelligence  jusqu'à  ce  que 
Talut  périt  dans  un  combat  malheureux  li^ 
vré  aux  Philistins. 

«r  Après  la  mort  de  Talut,  David  fut,  d'une 
voix  unanime,  choisi  pour  roi  d'Israël,  et, 
avec  l'aide  de  Dieu,  il  vainquit  bientôt  les 
Philistins  et  étendit  de  tout  côté  les  fron- 
tières de  son  royaume. 

«  David  n'était  pas  seulement  un  brave 
guerrier  et  un  sa^e  monarque,  il  était  aussi 
un  grand  prophète.  Dieu  lui  révéla  soixante* 
dix  psaumes  et  lui  donna  une  voix  telle  que 
nul  mortel  n'en  avait  eu  avant  lui,  et  dont 
la  douceur,  ainsi  que  la  sonorité  et  l'éten- 
due n'avaient  pas  de  rivales.  Il  pouvait  imi- 
ter les  roulements  du  tonnerre  et  les  rugis- 
sements du  lion,  aussi  bien  que  les  accents 
les  plus  mélodieux  du  rossignol,  et  tant 
qu'il  vécut,  il  n'y  eut  en  Israël  f>as  un  chan- 
teur, pas  un  musicien  qu'on  pût  écouter 
avec  plaisir  lorsqu'on  avait  entendu  David. 
Tous  les  trois  jours,  il  priait  devant  la  foule^ 
et  il  chantait  les  psaumes  dans  une  chapelle 
qui  était  creusée  dans  le  roc.  Là,  ce  n  était 

Eas  seulement  les  hommes  qui  se  rassem- 
laient  pour  l'entendre,  mcis  encore  toutes 
les  bêtes  et  tous  les  oiseaux  étaient  attirés 
auprès  de  lui  par  l'harmonie  de  ses  chants 
et  lis  accouraient  de  leurs  retraites  les  plus 
sauvages.  Il  consacrait  un  des  deux  autres 
jours  au  soin  du  gouvernement,  et  le  troi- 
sième à  ses  femmes,  dont  il  avait  quatre- 
vingt-dix  neuf  sans  compter  un  grand  nom- 
bre de  concubines. 

«  Un  jour,  lorsqu'il  revenait  au  palais  après 
sa  prière,  il  entendit  deux  de  ses  sujets  dis- 
putant entre  eux  sur  la  question,  lequel 
d*AhraIiam  ou  de  David  était  le  plus  ^rand 
prophète.  «Abraham,»  dit  Tun,  «  n'a-t-ilpas 
été  préservé  des  flammes  d*un  four  embrasé?  v 
«David,»  répondait  Tautre,  «  n'a-t-il  pas  com- 
battu le  géant  Djalut?  Quelle  est,  répli(|ua 
le  premier, «parmi  lesactionsde  David,  celle 
qui  peut  se  comparer  à  la  promptitude  qu*a 
uiise  Abraham  à  se  soumettre  aux  ordres  de 
Dieu  en  voulant  sacrifier  son  fils?  » 

«  Aussitôt  que  David  fut  revenu  au  palais, 
il  se  prosterni  devant  Dieu,  et  il  pria,  di* 
sant:«  Seigneur,  toi  qui  as  éprouvé  la  fidélité 
et  l'obéissance  d'Abraham,  donne-moi  l'oc- 
casion de  montrer  à  mon  peuple  que  mon 


f99 


DICTIONNAIftE  DES  APOCRYPHES. 


108 


amour  pour  loi  résiste  à  toutes  les  épreu- 
ves 7  » 

c  La  prière  de  David  fut  exaucée.  Lo  troi- 
sième jour,  comme  il  montait  en  chaire»  il 
remarqua  un  oiseau  dout  le  plumage  magni- 
fique attira  toute  son  allentioDv  et  ses  re^^ards 
le  suivirent  dans  tous  les  coins  de  la  cha- 
pelle et  sur  tous  les  arbres  et  buissons  du 
voisin  i^e.  Il  chanta  moins  de  psaumes  qu'à 
l'ordinaire;  sa  voix  se  iroublait  lorsc|ue  Toi- 
seau  disparaissait,  et  elle  se  montrait  incer- 
laine  et  embarrassée  lorsqu'il  se  montrait 
derechef.  Toute  Tatlention  du  monarque 
était  ailleurs.  Après  la  Gn  du  service  divin, 
qui,  à  la  grande  surprise  de  tou.s  les  assis- 
tants, dura  plusieurs  heures  de  moins  que  de 
coutume,  David  suivit  seul  Toiseau  oui  vol- 
tigeait d'arbre  en  arbre  iusqu'à  ce  qu  un  peu 
avant  le  coucher  du  soleil,  il  se  trouva  au 
bord  d*un  petit  lac.  L*uiseau  disparut  dans 
le  lac,  mais  David  l'oublia  bientôt,  car,  h  sa 
place,  il  sorlit  de  l'eau  une  femme  dont  Vas^ 
))ect  éblouit  le  rot  comme  l'eût  fait  la  plus 
grande  clarté  du  soleil.  Pour  ne  yias  l'ef- 
frayer, David  se  cacha  d'abord  derrière  un 
buisson;  il  s'approcha  ensuite  et  il  lui  de- 
manda son  nom;  elle  répondit  :  «  Je  me 
nomme  Saja,  fille  de  Josu,  etje  suis  la  femme 
d*Urie,  fils  d'Hanan,  c|ui  est  à  Tarmée.  » 
David  s'éloigna,  mais  il  fut  embrasé  d'une 
passion  telle  qu*aussilôt  qu'il  fut  de  retour 
au  palais  il  d^nna  l'ordre  au  général  de  ses 
troupes  de  placer  Urie,  fils  aHanan,  à  1'»- 
vant*garde,  dans  le  poste  le  plus  périlleux. 
L'ordre  du  roi  fut  accompli,  et  on  ne  tarda 
pas  è  lui  annoncer  la  mort  d'Urie.  Il  fit  venir 
sa  veuve  et  il  l'épousa  aussitôt  que  le. délai 
fixé  parla  loi  fut  écoulé.  Le  jour  qui  suivit 
son  mariage  était  un  des  jours  destinés  aux 
affaires  publiques,  et  voici  que  suivant  l'or- 
dre de  Dieu,  Gabriel  et  Mikail  (Michel)  pa- 
rurent transformés  en  hommes  devant  David, 
€t  le  premier  (Gabriel)  dit:«,L'hommequetu 
vois  devant  toi  possède  quatre-vingt-dix- 
neuf  brebis;  je  n  en  possède  qu'une  seule, 
et  cependant  il  me  poursuit  avec  acharne- 
ment, et  il  exige  que  je  lui  abandonne  mon 
unique  brebis.  »  David  dit  :  «  Cette  préten- 
tion est  injuste;  elle  annonce  un  cœur  in- 
crédule et  un  naturel  barbare,  y»  £t  Gabriel 
répondit  :  «  Beaucoup  de  croyants  habiles  et 
placés  dans  des  situations  éminentes,  se  per- 
mettent des  actions  encore  plus  coupables.  i» 
David  s'aperçut  que  c'était  une  allusion  è  sa 
conduite  a  l'égard  d'Urie;  plein  de  colère,  il 
tira  son  épée  et  il  voulut  fiercer  Gabriel. 
Mikail  poussa  un  éclat  de  rire,  et  aussitôt 
Gabriel  et  lui  reprenant  leur  forme|d'anges, 
se  montrèrent  aux  yeux  de  David,  et  ils  di- 
rent :  «  Tiras  toi-même  prononcé  ton  arrêt, 
et  tu  as  dépeint  ta  conduite  comme  celle 
d'un  mécréant  cruel;  c*est  pourquoi  Dieu 
t*dtera  une  partie  de  la  puissance  qu'il  t'a 
donnée  et  roctroyera  à  un  de  tes  fils.  Ta 
foute  est  d'autant  plus  grande  que  toi-même 
lu  avais  sollicité  d  être  mis  à  Tépreuve,  sans 
avoir  la  force  de  la  supporter.  » 

«  Les  anges  disparurent  ensuite  et  David 
•entit  tout  le  poids  de  son  péché.  Il  arracha 


la  couronne  qui  était  sur  sa  tête,  et  il  dé- 
chira la  pourpre  royale  qui  couvrait  son 
corps,  et  il  erra  dans  le  désert,  couvert  d'uno 
simple  étoffe  de  laine,  et  il  pleura  et  se  dé- 
sola jusqu'à  ce  que  la  sueur  tomba  de  son 
Tisage;  les  anges  du  ciel  eurent  pitié  de  lui, 
et  implorèrent  Dieu  en  sa  faveur,  mais  ce  hh 
fut  qu'après  qu*il  eut  passé  trois  anné(>< 
dans  la  pénitence  qu*il  entendit  une  voix  du 
ciel  qui  lui  annonça  que  le  Seigneur  cum()a- 
tissant  lui  avait  ouvert  la  porte  de  la  grâce. 
Consolé  et  rassuré  par  ces  paroles,  David 
reprit  bientôt  ses  forces  physiques  et  sa 
bonne  mine,  de  sorte  qu*à  son  retour  en  Pa- 
lestine on  n'observa  pas  en  lui  le  moindre 
changemenL 

Pendant  la  longue  absence  de  David,  tous 
les  mauvais  sujets  qu'il  avait  exilés  da 
royaume  se  réunirent  autour  de  son  fils  Ah* 
salon  et  le  proclamèrent  roi  dlsraël.  Absalon 
ne  voulant  point  quitter  le  trône  au  retour 
de  son  pèrei  il  fallut  avoir  recours  aux 
armes,  mais  il  n  y  eut  point  de  batailles,  car 
aussitôt  qu'Absalon  se  plaça  à  la  tète  de  ses 
troupes,  Dieu  ordonna  à  ranee  d9  la  mort 
de  l'enlever  de  cheval  et  de  le  pendre  par 
ses  longs  cheveux  à  un  arbre,  afin  de  serr ir, 
dans  tous  les  temps,  d'exemple  aux  fils  re- 
belles. Absalon  demeura  ainsi  pendu  jus- 
qu'à l'arrivée  d'un  des  généraux  de  David 
qui  le  perça  de  son  épée. 

«  Quoique  David  fût  rentré  en  possession, 
comme  jadis,  du  respect  et  de  ramour  de 
son  peuple,  il  n'osait  pas  remplir  l'oŒcede 
juge,  se  souvenant  de  son  entrevue  avec  les 
deux  anges.  Il  avait  déjà  nommé  un  csjI 
qui  devait  juger,  à  sa  place,  toutes  les  con- 
testations, et  un  jour  l'ange  Gabriel  lui  ap- 
porta une  baguette  de  fer  avec  une  cloche, 
et  lui  dit  :  «  Dieu  a  vu  avec  satisfaction 
Texemple  d'humilité  que  tu  as  donné;  c><^t 
pourquoi  il  t'envoie  cette  baguette  et  ceiîe 
cloche;  grêce  à  elle,  il  te  sera  facile  de  ren- 
dre exactement  la  justice  dans  Israël  et  de 
ne  jamais  prononcer  un  jugement  inique. 
Place  cette  baguette  dans  la  salle  ou  tu  rend.« 
la  justice,  et  attache  au  milieu  Thorloge;  fa.s 
mettre  l'accusateur  d'un  côté  de  la  baguett»* 
et  l'accusé  de  Tautre,  et  rends  ton  arrêt  en 
faveur  de  celui  pour  lequel  la  cloche  tintera 
lorsqu'il  aura  touché  la  t)aguette.  » 

«  David  fut  très-content  de  ce  don,  on 
moyen  duquel  le  bon  droit  remportait  tou- 
jours la  victoire,  de  sorte  que  personne  n'o^^j 
,  bientôt  commettre  une  injustice»  puiî^^ju  • 
Ion  était  assuré  qu'elle  serait  découverte  an 
moyen  de  la  cloche.  Un  jour,  deux  homm^^^ 
vinrent  pour  être  jugés  ;  l'un  d'eux  soutenait 

3uil  avait  confié  une  perle  è  la  garJ* 
e  l'autre,  ce  que  celui-ci  niait,  et  il  affir- 
mait l'avoir  rendue.  David  les  flf,  comme 
d'habitude,  toucher  ta  baguette  l'un  apr^-s 
l'autre,  mais  la  cloche  ne  rendit  aucun  son, 
de  sorte  que  le  roi  ne  savait  pas  lequel  d^^^ 
deux  avait  raison,  et  il  lui  Tint  à  douter  «t 
la  cloche  avait  conservé  ses  vertus,  Aprc^ 
avoir,  à  diverses  fois,  fait  loucher  la  b.»- 
guette  par  les  deux  adversaires,  il  s*aprn  ui 
que  l'un  deux,  chaque  fois  au'il  s appro- 


lOi 


DAV 


PART.  III.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


DAT 


S'Ji 


ehait  de  la  baguette^  donnait  son  biton  à  te- 
nir à  son  antagoniste.  Le  roi  le  fit  alors 
avancer  de  nouveau  et  toucher  la  baguette, 
tandis  que  lui-même  prit  en  ses  mains  le 
bâlon,  et  aussitôt  la  cloche  se  mit  à  tinter. 
DaYid  flt  alors  examiner  le  bAton;  il  était 
creQt,  et  la  perle  y  était  cachée. 

4  En  punition  toutefois  du  doute  que  David 
avait  eu  sur  la  vertu  de  la  cloche^  elle  dis- 
parut et  remonta  au  ciel,  de  sorte  que  le  roi 
fut  souvent  embarrassé  dans  ses  jugements, 
jusqu'à  ce  que  Salomon,  le  fils  qu'il  avait 
en  de  son  épouse  Saja,  la  fille  de  Josa,  Tas» 
sistât  de  ses  conseils.  David  mit  en  lui  "une 
conGance  entière  et  Je  prit  pour  guide 
dans  toutes  les  circonstances  difficiles,  car 
il  avait,  dans  la  nuit  de  sa  naissance,  entendu 
l'ange  Gabriel  s*écrier  :  «r  La  puissance  de 
Salao  touche  à  sa  fin;  car  cette  nuit  est  né 
uo  enfant  auquel  Iblis  et  toute  son  armée 
et  tous  ses  sectateurs  seront  soumis.  La  terre, 
l'eau  et  Tair,  avec  toutes  les  créatures  qu'ils 
contiennent,  seront  ses  serviteurs,  et  lui 
seul  sera  gratifié  des  neuf  dixièmes  de  toute 
la  sagesse  et  de  toutes  les  connaissances  que 
Dieu  a  accordées  aux  hommes,  de  sorte 
qu'il  entendra  non-seulement  le  langage  des 
hommes,  mais  encore  celui  des  bétes  et  des 
oiseaux,  m 

«  Cn  jour  (Salomon  avait  à  peine  atteint 
l'âge  de  treize  aus),  deux  hommes  vinrent 
pour  être  jugés;  il  y  avait  entre  eux  un 
procôs  qui»  à  cause  des  circonstauces  ex- 
traordinaires qui  l*accompagnaient,  frapjja 
de  surprise  tous  les  assistants  et  mit  David 
dans  un  grand  embarras.  Le  demandeur 
avait  acheté  un  domaine,  et,  en  creusant,  il 
avait  trouvé  un  trésor.  Il  prétendait  que  le 
défendeur  devait  reprendre  ce  trésor,  puis* 
qu'il  u'avajt  pas  été  compris  dans  le  prix 
d'achat;  le  détendeur  soutenait,  de  son  côté, 
qu'il  n*avait  aucun  droit  sur  ces  valeurs, 
puisque  ignorant  leur  existence,  it  avait 
vendu  le  domaine  avec  tout  ce  qu'il  conte- 
oait.  Après -de  longues  réflexions,  David  dé- 
cida (]u'il  fallait  que  le  trésor  fût  réparti  par 
moitié  entre  chacun  d'eux.  Salomon  inter- 
ro^^ea  le  demandeur  pour  savoir  s'il  avait  un 
âl^  et  celui-ci  ayant  répondu  que  oui,  il 
s'informa  si  le  défendeur  était  père  d'une 
^iie.  Cette  question  ayant  eu  une  réponse 
affirmative,  Salomon  dit  :  «c  Si  vous  voulez 
terminer  votre  différend  d'une  manière  qui 
oe  fasse  tort  à  aucun  de  vous  deux,  mariez 
ensemble  vos  deux  enfants  et  donnez-leur 
le  irésor.  • 

Nous  emprunterons  à  la  Bibliothecarabbi" 
^ica  de  Bartolocci,  que  nous  avons  déjà  ci- 
tée, l'indication  de  quelques  autres  récits 
apocryphes  au  sujet  de  David  :  Judœorum 
i^isiri  tamfutilia  de  Davide  confinaunt  com' 
menta^  ui  vecordes  et  omnino  impuaentei  ha^ 
btndi  sint.  Dicunt  Davidem  natum  de  Je$$e  et 
uxore  $tta  quam  vacant  NUxeueth^  sed  de  po- 
^tadulterantCf  quia  intenebrie  arbitraretur 
aiiam  esse  mulierem  quam  uxoremf  et  quia 
Jfuse  intentio  fuerat  inancillamf  idcirco  dixit 
David  :  «  Ecce  tn  iniquitate  formalus  sum.  » 
ffdl.L,!.)  {Bibl.  rdbin.  t.  L) 

Dicrio?i5f.  DES  Apocryphes.  IL 


Le  même  auteur  nous  apprend  que,  selon 
quelques  rabbins,  David  était  né  circoncis, 
que  jusqu'à  quatorze  ans,  il  n'avait  pas  eu 
d'Ame,  et  que  son  regard  rendait  lépreux  les 
hommes  sur  lesquels  il  s'attachait.  Voici  e.u 

?|uels  termes  s'exprime  à  cet  égard  un  livre 
brt  renommé  chez  les  luifs,  le  Zohar,  édi- 
tion de  Mantoue,  p.  206  : 

Quando  aulemulisrriplum  est  (/5am.xvii, 
43]  «  et  maledixit  Philistœus  Davidi  in  diiê 
SUIS.  »  Intuitus  est  eutn  David  torvo  oculo. 
Qùia  quisquis  torve  aspiciebatur  ab  eo  fiebat 
leprosuSf  quod  et  Joab  expertus  est.,..  Idem 
accidit  in  Philistœo  quando  maledixit  nomini 
(Dei).  Intuitus  est  eum  (David)  torvo  oculo,  et 
obtutum  in  fronte  ejus  fixité  ut  leprosa  fieretf 
eistatim  fixus  est  lapis  in  fronte  ejus  et  adhœ* 
sit  lepra. 

On  apprend  aussi  dans  les  livres  des  tal- 
mudistes  que  David  ayant  été  atteint  de  la 
lèpre,  fut  pendant  six  mois  exclu  du  gou- 
vernement, et  on  y  trouve  h  l'égard  de  ce 
monarque  bien  des  récits  déshonnétps  que 
nous  passons  sous  silence.  Transcrivons 
du  moins  deux  passages  auxquels  on  ne 
peut  reprocher  que  leur  absurdité. 

Quodam  die  eareditur  (David)  ad  capien- 
dam  prœdam^  ad  venandum,  Venit  Satan  in 
similitudinem  capreoli,  emisit  (David)  in  eum 
sagittam  et  non  perlingit  eum,  attraxit  Davi- 
dem quousque  pervenerit  in  terram  Philis- 
tœorum.  Cum  auiem  vidisset  illum  Ischibe' 
no6,  dixit  :  «  Uic  est  ille  qui  interfeeit  Go* 
lialh,  fratrem  meum  ;  »  ligavit  eum,  cepit  eum 
et  projecit  illum  sub  prelum,  Factum  est  ei 
miraculum.  Terra  efnollila  est,  ne  lœderetur. 
Eodem  die,  appropinquante  vespere  Sabbathi 
Abisai  fiUus  Tzurijah  quatuor  aquœ  lagenas 
super  caput  portabat.  Yidit  aquam  sanguin 
nis  maculis  aspersam.  Et  sunt  qui  dicunt  : 
Yenit  colomba  alis  sauciata  coram  (Abisai), 
Inde  Abisai  cognovit,  quod  David  erat  in  tri- 
bulatione.  Abiit  in  domum  suam,  et  non  in- 
venit  illum.  Dixit  :  «  De. jure  equitari  non 
potest ,  nec  in  throno  jura  reddi,  nec  scep^ 
tro  uti  in  hora  periculi.  v  Venit  in  acade* 
miam,petiit  de  hoc  (dubio  solutionem),  Dixe^ 
runt  (doclores)  :  In  hora  periculi  potest  quis 
super  mulam  equitare,  »  Surrexit  et  Mit, 
exiliit  terra  muitum  dum  iret.  Vidit  Orpham, 
tnatrem  ejus  (Jschibenob)  quœ  fila  ducebat 
(nendo)  cumque  illa  vidisset  (Abisai)  projecit 
colum  in  eum,  putavit  eum  posse  occidere, 
dixitaue  ei  :  h  Adolescens,  a/fer  mihi  colum,  w 
Impellit  eum  in  caput  ipsius,  percussit  et  oc* 
cidit  eum.  Cumque  hœc  vidisset  Ischibenob 
dixit':  «  Nunc  duo  sunt  contra  me,  certe  oc* 
cident  me.  »  Projecit  Davidem  in  altum  et  i »- 
fixit  lanceam  suam  in  terram,  dixit  :  «  Cadet 
David  super  eam  et  interjicietur.  a  Pronun- 
tiavit  Abisai  nomen  et  fecit  stare  Davidem 
inter  cœlum  et  terram.  Et  sunt  qui^ dicunt, 
quod  \pse(Glossa;  David  per  seipsum  adju- 
ravit  nomen  Deijnullusvinctuseduxii  seipsum 
de  careere.  Dixit  ea  :  «  Cur  hue  venistiY  »/îe- 
spondit  :  aSic  dixit  mihi  Deus  sanctus  benedic- 
tus,  et  rursus  sic  respondi  ei...  »  (Voy.  Barto- 
locci, t.  1,  p.  179.)  Citharapendebat  ei  ad  caput 
lectuli  et  foramina  cilharœ  centra  Boream 

7 


toi 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Wl 


êtabant.  Quando  tnim  média  nocte  surgebàt 
Boreaij  et  tiens  pukabal  chordas^  surgebàt 
David  et  daoat  operam  legis  siudio. 

De  nombreux  auteurs  se  sont  occupés  d'é- 
crire riiisloire  de  David;  nous  indiquerons 
parmi  eux  : 

J.  Bissel,  Décade  ii  illusirium  virorum; 
J.  Bocluus.  Vita  Davidis  observationibus  ad 
Psalmos  adjuncta:  A.  Cowley;  Tabbé  de 
Cfaoisyi  Histoire  de  David;  Drexelius  (Jé- 
rème)y  In  Davide  rege  (U  II  des  Œuvres  de 
'  ce  Jésuite);  Desfargues,  Datid^  poëme  hé- 
roïque  ;  Otto  Victor ,  Vie  de  David  (  en  alle- 
mand). 

Donnons  aussi  Tindication  des  principales 
productions  dramatiques  dont  rhistoire  de 
David  a  fourni  le  sujet  : 

Monùmaehia  Davidis  et  Goliœ^  tragicomœ" 
dia^  auctore  J.  Schœppero,  Antuerpiœ,  1551, 
in-8*;  Monomachia  Davidis  cum  Golialhf 
5  actes,  en  vers,  dans  les  Tragicœ  comœdiœ'sa' 
crœ  quinque^  auctore  Gabriele  Jansenio, 
Gand,  1600,  in-4*;  David  cadens  et  resurgens^ 
tragice  exhibitus^  par  Guillaume  Jennyn, 
Bruges,  1663,  in-i"*;  David  per  Saulis  perse* 
cutionem  ad  regnum  Israelis  erecius^  5  actes, 
vers,  dans  le  tome  111  de  la  Poesis  dramalica 
Micolai  Avancini  e  Societate  Jesu ,  Coloniœ  p 


1675,  in-12;  David  de  Golia  ttc^or,  5  actes 
dans  le  tome  V  du  même  recueil. 

La  littérature  française  présente  la  tri- 
logie  de  Louis  Desmasures  :  Datid  com- 
battant ^  David  triomphant f  David  fugitif  y 
(Genève,  1566;  Anvers,  1582),  dénuée  d'in. 
venlion  et  de  style.  (Koy.  la  Bibliothèque da 
Théâtre  Français,  1. 1,  p.:181,  et  les  Estais  his- 
toriques  sur  les  origines  du  théâtre  français, 
1782,  in- 18,  1. 11,  p.  98-106.) 

David  et  Jonathas^  tragédie  en  musique, 
représentée  au  collège  Louis  le  Grand ,  Pa- 
ris,  1706,  in-12;  David  et  Jonathas^  pocmts 
mis  en  musique  par  Uamale,  Lié;<e,  vers  17V0; 
Davidf  tragédie,  par  Lacoste,  1763;  réimpri- 
mée dans  les  OEuvres  de  cet  avocat,  1789, 
2  vol.  in-12;  le  Couronnement  de  David^  pas- 
torale représentée  au  collège  de  Rouen,  17^8. 

L'Allemand  Uans  Sachs,  dont  nous  avoos 
déjà  parlé,  a  composé  quelques  pièces  au 
sujet  de  David,  entre  autres,  \à  Persécution 
du  roi  David  par  le  roi  Saiil,  jouée  en  1557, 
et  David  et  Bethsabée^  jouée  en  1559.  Il  exiïio 
aussi  une  Comedia  von  David  und  Goliath, 
écrite  par  G.  Mauritius,  Leipzig,  1606. 

Nous  trouvons,  en  italien,  un  David  scon» 
solatOf  tragedia  spirituals  del  R.  PierGio- 
vanni  Brunetlo,  frate  di  S.  Fraucesco.  Flo- 
rence, 1556,  1586,  1606* 


DEXTER. 


Flavien  Lucius  bexter  était  un  Espagnol 
qui  vécut  h  la  fin  du  iy'  et  au  commencement 
du  V*  siècle;  il  occupa  des  emplois  impor- 
tants auprès  de  Tempereur  Honorius;  il  fut 
longtemps  préfet  du  prétoire,  et,  de  retour 
dans  sa  patrie,  il  gouverna  la  cité  de  Tolède. 
Saint  Jérôme,  dans  son  Catalogue  des  écri- 
vains  ecclésiastiques ^  le  cite  comme  ayant 
écrit  une  histoire  ou  chronique.  Cet  ouvrage 
était  perdu,  et  personne  n*y  songeait,  lors- 
qu*un.£spagnol,.Geronimo  Homanode  la  Hi- 

Suera,  né  en  1538,  eut  Tidée  de  le  refaire; 
composa  des  écrits  qu'il  attribua  à  Dexter, 
à  Maxime,  à  Luilprand,  et  à  d'autres  vieux 
auteurs;  son  idée  était  de  suppléer  ainsi  aux 
lacunes  de  l'histoire  sur  l'établissement  du 
christianisme  en  Espagne.  Il  donna  le  Chro- 
nicon  Dexttri  comme  copié  sur  un  manus- 
crit appartenant  au  monastère  de  Fulde,  en 
Allemagne;  mais  des  recherches  faites  pour 
retrouver  ce  Codex  ont  été,  comme  on  peut 
croire,  sans  aucun  résultat.  Publiée  à  Sara- 
gosse  en  1619,  cette  Chronique  trouva  des 
antagonistes  et  des  défenseurs.  Rodrigue 
Caro  en  donna,  en  1627,  une  nouvelle  édition 
à  Séville,  et  la  même  année  un  religieux  de 
Tordre  de  Clteaux,  François  de  Bivar,  né  à 
Madrid,  et  qui  croyait  de  bonne  foi  h  Tau- 
thenlicité  du  faux  Dexter,  le  publia.à  Lyon, 
en  1627,  in-fol.,  avec  un  commentaire.  Ce 
travail  reparut^  Madrid  en  1640. 

Un  bibliographe  esj>agnol  laborieux,  mais 
d*UM0  critique  |)eu  sévère,  Nicolas  Antonio, 
abrégea  les  récits  du  pseudo-Dexter  dans  sa 
BiHiotheca  Uispana  cetus,  1. 11,  p.  411.  Ta- 
mayo  de  Vargas  en  avait  en  vain  soutenu 


Tauthenticité  dans  un  volume  intitulé  : 
Flavio  DextrOf  o  Novedades  antiguas  de  Es- 
pana  defendidas^  Madrid,  1634,  in-4*.  L'opi- 
nion des  érudits  est  maintenant  unanime  à 
cet  égard.  Foy.Vossius,  Dehistoricis  Latinité 
1.  11,  c.  10;  Paggi,  Criticœ  Baronianœ, 
t.  VllI,  p.  251  ;  Fabncius,il/fr/io/Aeca  Latina, 
t.  m,  428  et  Bibliotheca  Latina  mediœ  œtalis, 
1. 11,  p.  75-79,  édit.de  Padoue,  1754,  in-4*;  la 
Biographie  universelle^  Paris,  Michaud,  t.  XI, 
p.  271,  et  t.  XX,  p.  371. 

Voici  le  sommaire  de  quelques-uns  des 
événements  que  raconte  le  pseudo*Dexler. 

«  Sous  la  date  de  Tan  34  de  l'ère  de  Jésus- 
Christ,  Claudia  Procula ,  femme  de  Pilale, 
avertie  en  songe,  croit  en  Jésus-Christ  et 
obtient  le  salui.  Même  année,  C  Oppius, 
centurion  espagnol,  croit  en  Jésus-Cliri^t 
mourant  sur  la  croix.  —  Caïus  Cornélius, 
centurion,  de  Capharnaiim ,  maître  de  l'es- 
clave que  le  Seij^neur  guérit,  et  père  de 
C.  Oppius,  centurion,  Qeurit  en  |  Espagne 
d'une  manière  admirable.  On  lit  un  peu  plus 
loin  que  cet  Oppius  fut  le  troisième  évèiue 
de  Milan. 

«  An  35.  Les  Espagnols,  les  Juifs  surtout, 
envoient  des  députés  aux  apôtres  pour  de- 
mander  que  l'un  d'eux  vienne  vers  eux  leur 
apporter  d'amples  et  véridiques  instructions 
sur  la  doctrine  de  Jésus-Christ  et  sur  les 
choses  qu'il  a  faites. 

«An  36.  L'Espagnefut,  après  la  Galilée,  la 
Judée  et  Samarie,  la  première  province  du 
monde,  dans  TOccideiit,  c^ui  ombrasi^a  la  i''i 
de  Jésus-Christ;  les  gentils  qui  y  ré>idaieiil 
se  convertirent  à  la  foi  ;  elle  fut  les  véntao 


208 


DEX 


PART.  III.  --  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


DEX 


Î06 


bles  prémices  des  gentils.  Car  Jacques ,  le 
saint  apôtre,  fils  de  Zébédée,  ayant  parcouru 
les  villes  de  l'Espagne,  etyayant  élevé  beau- 
coup d*égiises  et  institué  des  évèques,  éleva 
à  Saragosse  un  temple  ou  un  oratoire  à  la 
bienheureuse  Vierge  Marie,  d'après  son  or- 
dre el  après  qu'elle  lui  eut  apparu  sur  une 
cdlonne.  11  accomplit  aussi  beaucoup  de  mi- 
racles; il  conduit  par  la  puissance  de  sa  pa- 
role, sous  le  doux  joug  de  Jésus-Christ,  les 
esprits  cruels  des  Espagnols.  Beaucoup  de 
Juifs,  appartenant  aux  douze  tribus  emme- 
nées on  captivité  à  Babylone,  se  convertis- 
sent, Tapôtre  leur  ayant  prêché  la  foi.  Et  il 
envoie  celte  épitre  canonique  qui  commence 
ainsi  :  «  Jacques,  serviteur  de  Dieu  et  de  No- 
tre-Sei^neur»  »ux  douze  tribus  qui  sont 
dispersées,  salut.  »  Laquelle  fut  la  (iremière 
composition  écrite  qui  ait  fait  partie  du 
Nouveau  Testament  et  digne  d'un  aussi  grand 

apôtre. 

a  L*an  38,  la  première  de  toutes  les  églises 
consacrées  dans  le  monde  à  la  bienheureuse 
Vier^^e  est  élevée  h  Saragosse. 

«L'an  48»  Lazare  et  Madeleine,  Marthe  et 
Marcelle,  placés  par  les  Juifs  sur  une  em- 
barcation sans  voiles  ni  rames,  arrivent  à 
Marseille. 

«  L'an  W,  Pierre,  comme  vicaire  de  Jésus- 
Chri>t,  se  rend  en  Es;  agnc  ;  il  apporte  d'An- 
tioclie  les  images  saintes. 

«  Lan  64,  Lucius  Annaeus  Sénèque,  natif  de 
Cordoue ,  après  avoir  échangé  des  lettres 
avec  saint  Paul,  reconnaît  la  vérité  de  la  foi, 
et  devient  en  secret  Chrétien  ;  il  fut  le  dis- 
cifile  de  Paul,  et  lorsque  celui-ci  était  en 
Espagne,  il  lui  écrivit  avec  beaucoup  d'aifec- 
tion. 

«An  G6.  Saint  Paul  écrit  son  Ëptlre  aux  Hé- 
breux convertis. 

«  An  70.  Dans  la  ville  de  Sessane  des;Adru- 
mèles,  dans  l'Arabie  Heureuse,  martyre  des 
trois  rois  Gaspard,  Balthazar  et  Melchior, 
qui  adorèrent  Jésus-Christ. 

a  An  86.  La  mémoire  de  la  bienheureuse 
Vierge  Marie  est  célèbre  paruû  les  habitants 
de  Messine,  auxquels  elle  a  envoyé  une  lettre 
pleine  de  bonté. 

«An  100.  M.  Marcellus, excellent  poëte  et 
orAteur,  auquel  Perse  a  adressé  sa  quatrième 
satire,  et  qui  est  célèbre  par  l'amitié  qu'eu- 
renipourlui  Juvénal,  Perse,  Sénèque,  Gallus 
etSiace,  se  rend  fameux  par  ses  nombreux 
miracles. 

c  Même  année.  Denys  l'Aréopagite dicte  les 
livres  des  noms  divins  à  Eugène  Marcelle, 
surnommé  Timothée,  à  cause  de  la  supério- 
rité de  son  esprit. 

«  An  110.  Saint  Denys  l'Aréopagite  visite 
TEspaj^ne,  te  bienheureux  Clément  l'ayant 
désigné  pour  son  légat  dans  TOccideut  en- 
tier. 

t  An  116.  Les  épltres  do  saint  Ijgnace  à 
la  bienheureuse  Vierge  deviennent  célè- 
bres, 
«An  220.  Tite  convertit  à  la  foi  Pline  le 


Jeune  qui  revenant  delà  fiythinie  et  du  Pont,* 
s'était  arrêté  dans  l'île  de  Crète  où,  suivant 
Tordre  de  Trajan,  il  avait  élevé  un  temple  à 
Jupiter. 

«  An  420.  En  ce  temps  on  trouva  dans  l'é- 
glise de  Messine  une  lettre  écrite  en  hébreu 
par  la  bienheureuse  Vierge  aux  habitants  de 
cette  ville,  et  on  la  tient  dans  la  plus  grande 
estime.  » 

^  Il  serait  superflu  de  profonger  ces  extraits; 
l'ouvrage  du  faux  Oexter  est  tombé  dans 
l'oubli  qu'il  méritait. 

11  nous  offrira  du  moins  Toccasion  de 
remarquer  que  bien  d'autres  supercheries 
littéraires  ont  pu  se  produire  comme  lui,  et 
surprendre  la  bonne  foi  de  juges  trop  con- 
fianis. 

Un  des  livres  supposés  les  plus  remarqua- 
blcs  par  son  étendue  est  celui  qu'un  Sicilien, 
Joseph  Vella,  mit  un  jour  sous  le  titre  de  : 
Codice  diplomatico  délia  Sicilia  soUo  il  gO' 
verno  degli  Arabi;  Palermoy  1780-92,  6  vol. 
in-4*'.  En  1791,  il  sortit  des  presses  de  l'Im- 
primerie royale  de  Palerme  lo  premier  vo- 
lume in-fofio  d'une  traduction  latine  de  ce 
recueil  :  Codex  diplomaticus  Siciliœ  sub  Sa- 
racenorum  imperio^  ab  anno  827  ad  annum 
1070,  nunc  primum  e  mss.  Mauro-occidenta-* 
libus  conscriptus^  cura  et  studio  Alphonsi 
Ayroldi;  les  mêmes  presses  donnèrent  en 
1793,  à  Palerme,  une  très-belle  édition  du 
Libro  delconsiglio  diEgitto,  grand  in-folio; 
le  texte  arabe  à  côté  de  la  traduction  italienne. 
Le  second  volume  était  commencé  lorsque 
la  supercherie  fut  découverte,  et  il  fut  aban- 
donné. Cette  étrange  supposition  trompt 
pendant  quelque  teuipsdes  savants  italiens, 
mais  elle  fut  dévoilée  par  un  érudit  alle- 
mand, Hager  {Relation  d'une  insigne  impos' 
iure  découverte  dans  un  ouvrage  fait  en  Sicile; 
Erlangon,  1799,  iu-4'.  Voy.  à  ce  sujet  le 
Magasin  encyclopédique,  5'  année,  t.  VL  p. 
330-356),  et  elle  est  racontée  tout  au  long 
dans  le  Bulletin  du  bibliophile  belge,  t.  VI. 
1849,  p.  281. 

Au  siècle  dernier,  un  jeune  Anglais,  Chat- 
terton, attira  Tattention  en  publiant  des  poé- 
sies quil  attribuait  à  Rowiey,  auteur  du 
xiii*  sièclci  et  qu'il  s'était  amusé  à  com- 
poser. 

Un  autre  Anglais,  Ireland,  produisit  des 
tragédies  qu'il  donna  comme  étant  de  Sha- 
kspeare,  et  il  trouva  des  personnes  disposées 
h  se  laisser  abuser. 

En  France,  nous  pourrions  mentionner  les 

£  rétendues  Poésies  de  Clotilde  de  Surville. 
>e  nos  jours,  celte  déplorable  industrie  s'est 
donné  carrière  ;  on  a  mis  sous  le  nom  d'au- 
teurs en  vogue  des  écrits  fabriqués  par  des 
écrivains  dépourvus  de  tout  mérite,  et  telle 
a  été  la  multiplicité  de  ces  faits,  qu'un  bi- 
bliographe bien  connu,  M.  Quérard,  en  a  fait 
le  sujet  d'un  travail  qui  compte  plusieurs 
volumes  intitulés  :  Supercheries  littéraires, 
el  dont  une  édiliou  nouvelle  est  annoncée 
avec  des  augmeataiions  considérables. 


tm 


mCTIONNAIRB  DES  APOCRYPHES. 


.1 1 


DOROTHÉE. 

(Catalogue  dti  apôtres  et  des  disciples  du  Sauveur,)  (177) 


SiHOii  Pierre.  ^  Le  premier  est  Simon 
Pierre,  le  chef  des  apAtres.  Ainsi  que  ses 
Eptlres  paraissent  Tindiquer,  il  prêcha 
l'Evangile  du  Seigneur  Jésus-Christ  oatis  le 
Pont,  la  (talatie,  laCappadoce,  laBythinie,  et 
enGn  à  Rome,  où  il  fut  cruciGé  sous  le  roi 
Néron,  le  troisième  jour  des  kalendes  de  juil- 
let, la  tète  tournée  vers  la  terre,  (car ce  fut 
ainsi  qu*il  voulut  souffrir),  et  oùil  fut  ense- 
veli. 

AnDRi.  —  André»  frère  de  Simon  Pierre, 
prêcha,  selon  la  tradition  de  nos  ancêtres, 
l'Evangile  du  Seigneur  Jésus-Christ  parmi 
les  Scythes,  les  Sogdiens,  les  Saces  et  dans 
la  ville  intérieure  de  Sébastopol  où  habitent 
les  Ethiopiens  qui  résident  dans  les  champs. 
Il  fut  enseveli  è  Patras,  ville  d*Achaïe,  ayant 
été  cruciGé  par  Egée,  roi  des  Edesséniens. 

Jacques,  fils  de  Zébédée.  —  Jacques,  pé- 
cheur et  fils  de  Zébédée,  prêcha  TEvangiledu 
Seigneur  Jésus-Christ  aux  douze  tribus  dis- 
persées. Il  fut  frappé  du  glaive  par  Hérode, 
tétrarque  des  Juifs,  dans  la  Judée  où  il  fut 
enseveli. 

Jean.  —  Jean,  frère  de  Jacques,  et  Tévan- 
géliste  du  Seigneur,  fut  celui  que  le  Sei- 

Sneur  aima.  Il  prêcha  en  Asie  l'Evangile  du 
eiçneur  Jésus-Christ.  Il  fut  condamné  par 
Trajan  h  être  exilé  dans  l'île  de  Pathmos  à 
cause  de  la  parole  du  Seigneur,  et  il  y  écri- 
vit son  saint  Evangile  qu  il  publia  plus  tard 
h  Ephèse,  par  les  soins  de  Caius,  son  hôte  et 
son  diacre,  dont  Tapôtre  Paul,  écrivant  aux 
Romains  (177*),  rendit  témoignage  en  disant  : 
«  Caïus,  mon  hôte  et  celui  de  toute  l'Eglise, 
vous  salue.  »  Après  la  mort  de  Trajan,  il 
revint  en  l'Ile  de  Pathmos  et  il  séjourna  à 
Ephèse,  et  il  y  vécut  cent  vingt  ans.  Lors- 
qu'il furent  terminés,  il  s'ensevelit  lui-même 
vivant,  par  la  volonté  du  Seigneur.  Il  y  a 
des  personnes  qui  disent  que  ce  ne  fut  pas 
sous  Trajan,  mats  sous  Domitien,  fils  de  Ves- 
pasien,  qu'il  fut  relégué  à  Pathmos. 

Philippe.  —  Philippe,  de  la  ville  de  Betb- 
saide,  prêcha  en  Phrygie  TEvangile  du  Sei- 
gneur et  fut  honorablement  enseveli  è  Hié- 
ropolis  avec  ses  filles. 
BiRTHELEMT.  —Barthélémy  prêcha  TEvan- 
ile  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  dans  les 
ndes  qu'on  appelle  Heureuses,  et  il  leurre- 


f, 


(I77-)  Rom.  XVI,  23. 

(177)  Oii  trouve  dans  le  Chronicon  PauhoU^  édile 
par  Ou  Cange  (Paris,  1688,  in-fol.  p.  1(54)  et  dans 
les  éditions  de  la  BihlioUièque  des  Pères  (et  notam- 
ment dans  celle  de  Lyon,  1677,  t.  lll,  p.  4tl),  ua 
abrégé  de  la  Vie  des  apôlres  et  des  disciples,  sous 
le  nom  de  saint  Doroihee,  évoque  de  Tyr  et  martyr. 
Cetieprodaciionest  apocryphe;  on  croit  que  saint 
Doroibée  avait  en  effet  rédigé  un  travail  semblable^ 
mais  son^œ'ivre  fui,  au  ii«  siècle,  interpolée  et  gà(ée 
par  un  écrivain  du  nom  deProcope.  Telle  que  nous 
la  possédons,  elle  est  pleine  d'erreurs  ;  Tauteur  n*a 
aucune  critique  et  fait  preuve  d*une  ignorance 
fikbeuse  ;  tons  les  Chrétiens  que  nomme  saint  Paul 


mit  l'Evangile  de  saint  Matlbieu.  Il  s^endor- 
mit  et  fut  enseveli  à  Albanie,  ville  de  la 
grande  Arménie. 

Thovas.  —  Thomas,  à  ce  que  rapporte  la 
tradition,  prêcha  l'Evangile  de  Notre-Sei- 
gneur Jésus-Christ  aux  Parthes,  aux  llèdes 
et  aux  Perses.  Il  prêcha  aussi  aux  Germains, 
aux  Hircaniens,  aux  Bactricns  et  aux  Daces. 
Il  s'endormit  h  Caiomène,  ville  de  l'Inde, 

Eercé  d'un  coup  de  lance,  et  il  y  fut  honora- 
lement  enseveli. 

Matthieu.—  Matthieu  l'Evan^liste  écrivit 
en  diaS&cte  hébraïque  l'Evangile  de  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  et  le  remit  è  Jacques, 
frère  du  Seigneur,  selon  la  ehair,évéquede 
Jérusalem.  Il  mourut  à  Hiéropolis  dans  le 

Kays  des  Parthes  où  il  lut  enseveli  avec 
onneur. 

Simon  Le  ZélA.  —  Simon  le  Zélé  parcou- 
rut la  Mauritanie  et  le  pays  des  Aphres  et  il 
y  prêcha  Jésus-Christ.  Il  fut  enfin  crucifié, 
mis  à  mort  et  enseveli  dans  la  Bretagne. 

JuDB.  — •  Jude,  frère  de  Jacques,  qu'on  ap- 
pelle au5si  Thadée  et  Lébée,  prêcha  l'Evangile 
du  Seigneur  aux  Edessiens  et  è  toute  la 
Mésopotamie.  Il  fut  tué  à  Bérjrte,  sous  Abgare, 
roi  des  Edessiens  et  enseveli  avec  honneur. 
Simon.— Simon  surnommé  Jude,  quidevint 
évêque  de  Jérusalem  après  Jacaues  (je  pense 
que  c'est  le  même  que  Jacques,  nlsd'Alphée), 
lut  crucifié  sous  le  roi  Trajan  ;  il  mourut 
dans  la  ville  d*Ostrocino  appartenant  h 
l'Egypte,  après  avoir  vécu  cent  deux  ans. 

Mathias.  —  Mathias,  qui  était  un  des 
soixante-dix  disciples,  fut  joint  aux  onze 
apôtres  et  devint  le  douzième  au  lieu  du  traî- 
tre Judas.  11  prêcha  TEvangile  è  des  hommes 
barbares  et  carnivores  dans  l'Ethiopie  inté* 
rieure ,  où,  est  le  port  de  mer  nommé  Hys- 
sus,  ainsi  que  le  fleuve  Phasis.  Il  mourut  à 
Sébastopol  et  il  y  fut  enseveli  près  du  tem« 
pie  du  Seigneur. 
Paul.  —  Paul  fut  appelé  par  Nolre-Sei- 

f;neur  Jésus-Christ  après  son  assomplion,  et 
ut  joint  au  catalogue  des  apêtres;  après 
avoir  prêché  l'Evangile  à  Jérusalem,  il  se 
rendit  en  lllyrie  jusqu'en  Italie  et  jusque 
dans  les  Espagnes,  en  prêchant.  Ses  Epltres 
sont  répandues  parmi  les  fidèles,  et  elles 
sont  remplies  de  toute  sagesse.  11  souiTrit 

deviennent  sous  sa  plume  non-seulement  des  disci- 
ples, mais  même  des  é^èques.  Bellarmin  et  tous  les 
critiques  ont  rejeté  comme  Indigne  de  toute  con- 
fiance une  pareille  production.  Elle  mérite  cependanl 
de  trouver  pluce  ici,  car  elle  fait  connaître  lea  idées 

tui  s*étaient  répandues  parmi  les  Grecs  du  Bjs- 
Impire,  et  qui  se  sont  conservées  parmi  les  Chré- 
tiens de  rOrient.  Quant  à  »aint  Uorothée  eC  à  yf 
écrits,  on  peut  consulter  les  Acta  SS.,  recueiMif 
par  les  BollandUies,  t.  I  de  Juin,  p.  392;  Cavf. 
Hist.  liner.  script,  eccles.^  U  I  p.  163;  Ouilin 
Comment,  de  scnpt,  eccles.f  1. 1,  p.  1377;  Vos^ius. 
De  historieis  Crœeis,  1.  il,  c«  18  ;  TilleukOat,  Mi 
moires  f  U  V,  etc. 


m 


DUR 


PART.  111.  •-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


DOR 


SIO 


le  martvre  à  Rome  sous  Néron ,  ayant  été 
décapité  le  troisième  jour  des  calendes  de 
juin,  et  il  y  fut  enseveli  ainsi  que  saint 
Pierre,  le  premier  des  apôtres. 

Marc  TEvangéliste.  —  Marc  {"Evangéliste, 
le  premier  évégue  d'Alexandrie,  prêcha  TE- 
Taagile  du  Seigneur  aux  Alexandrins  et  & 
tome  la  portion  de  TEgypte  jusqu'à  la  Pen- 
tapolis.  Sous  le  règne  de  Trajan,  il  fut  (rainé 
la  corde  au  cou,  depuis  Tendroit  qu'on 
appelle  Bucolus  jusqu'à  celui  qu*on  nomme 
les  Auges,  et  il  fut  brûlé,  au  mois  d'avril, 
par  des  idoifltres  insensés,  et  enseveli  dans 
Bucolus. 

Luc.  —Luc  évangéliste,  natif  d'Antioche 
et  médecin  de  profession,  écrivit  l'Evangile, 
en  ayant  été  chargé  par  Tapôlre  Pierre,  et  les 
Actes  des  apôtres ,  en  ayant  été  chargé  par 
Paul.  Il  accompagna  les  apôtres  et  surtout 
Paul  dans  leurs  voyages.  C'est  de  lui  que 
Paul  fait  mention  lorsqu'il  écrit  :  «  Luc,  mé- 
decin chéri  dans  le  Seigneur,  vous  salue.  »  Il 
mourut  et  fut  enseveli  a  Ephèse,  et  son  corps 
fut  transféré  à  Constantinopie  avec  ceux  des 
apôtres  Adrien  et  Timothée,  du  temps  du 
roi  Constance,  Hls  de  Constantin  le  Grand. 

Des  soixante -douxe  disciples  » 

Jacques,  frère  du  Seigneur.  — Jacques, 
frère  du  Seigneur  selon  la  chair,  qui  fut  ap- 
pelé le  Juste  et  qui  fut  le  premier  évoque 
de  Jérusalem,  y  mourut  lapidé  par  les  Juifs 
et  fut  enseveli  dans  le  temple ,  près  de  l'au- 
lel. 

TmoTHÊE.  —  Timothée,  évêque  d'Ephèse, 
établi  par  Paul,  prêcha  TEvangile  du  Sei- 
ffDeur  Jésus-Christ  depuis  Ephèse  Jusqu'à 
nilyrie  et  dans  toute  THellade,  oti  il  mou- 
rut et  où  il  fut  enseveli  honorablement  (178). 

Trr£.  —  Tite,  évoque  des  Cretois,  prêcha 
TEvangile  de  Jésus-Christ  dans  la  Crète  et 
dans  les  lies  voisines  ;  il  y  mourut  et  il  y  fut 
enseveli  avec  gloire  (179) 

Bakkabé.  — Barnabe,  investi  du  ministère 
apostolique  par  la  parole  de  Paul,  prêcha 
d*abord  Jésus-Christ  à  Rome  et  ensuite  il 
devint  évoque  de  Milan. 

Anauie.  —  Ananie,  qui  baptisa  le  bien- 
heureux  Paul,  fut  évêque  de  Damas. 

Etie^^nb.  — Etienne,  premier  martyr,  un 

(178)  Timothée  fut  le  compagnon  fidèle  du  grand 
Apélre.  Les  anciens  liagiologues  (icfaSS^  Bollaiid., 
i4«an.,  p.  566)  diseni  qu'il  souffrit  le  martyre  sous 
Domiiien,  en  l*an  97. 

(179)  On  ne  sait  guère  sur  le  compte  de  ce  dis* 
fipte  de  saint  Paul,  le  plus  iUustre  après  Timothée, 
nue  les  particulaiilés  qu'on  rencontre  dans  l»s 
Epures  de  TApôtre.  11  existe  une  relation  apocryphe 
(le  son  martyre.  Nous  en  parlerons  à  son  nom. 

(480)  11  existe  sous  son  nom  une  histoire  de 
uint  Jean,  .remplie  de  fables;  on  la  trouvera  plus 
loin. 

(181)  Circon«tance  dont  il  n^esi  nullement  fait 
meuiion  dans  les  Aciet  des  apàtre$» 

(182)  Il  en  est  fait  m-  ndon  dans  les  Actes^  vi,  5, 
nais  abandonnant  la  foi  pour  se  livrer  à  des  pas- 
lions  brutales,  il  fut  le  cbefde  la  secie  des  nicolaiies^ 
diei  laqueUe  régnait  une  immoralité  effrénée. 

(185)  Siias  fut  le  plus  ancien  disciple  de  saint 
Paul,  son  coaipagQon  et  son  ami.  On  voit  par  le 


des  sept  diacres,  mourut  à  Jérusalem  lapidé 
par  les  Juifs,  comme  Luc  le  rapporte  dans 
les  Actes  des  apAtres. 

Philippe. —  Philippe,  qui  fut  aussi  ua 
des  sept  diacres,  baptisa  Simon  le  Magicien 
et  l'eunuque  Candace,  et  fut  fait  évêque  à 
Truselle,  ville  d*Asie. 

PnocHOBB.  —  Vu  des  sept  diacres,  fut 
évêque  deNicomédie,  ville  de  Bythinie  (180). 

NiCANOR.  — Dn  des  sept  diacres,  mourut 
le  même  jour  que  son  compagnon  £tienne, 
le  premier  des  martyrs,  et  que  deux  raille 
autres  personnes  expirèrent  en  Jésus* 
Christ  (181). 

Simon.  —  Un  des  sept  diacres,  fait  évêque 
de  Bostra,  en  Arabie,  fut  brûlé  par  les  gen- 
tils. 

Nicolas.  —  Nicolas  fut  un  des  sept  dia* 
cres.  Il  fut  fait  évêque  de  Sapria,  et  tombant 
dans  Terreur  il  se  joignit  à  Simon  et  aban* 
donna  la  foi  (182). 

ParhexNas.  —  Parmenas  fut  un  des  sept 
diacres.  11  mourut  tandis  qu*il  s^acc^uittait, 
en  présence  des  apôtres,  des  fonctions  du 
diaconat. 

Cléophas. — Cléophas,  appelé  aussi  Simon, 
fut  parent  du  Sauveur.  Il  cneminait  avec  Luc 
lorsqu'il  vit  le  Seigneur  apès  sa  résurrec- 
tion d'entre  les  morts,  et  il  parla  avec  lui, 
comme  il  est  dit  dans  l'Evangile  II  devint 
ensuite  évêque  de  Jérusalem. 

SiLAs.  —  Silas,  compagnon  de  Paul  dans 
la  prédication  de  TEvangile,  fut  fait  évoque 
de  Corinthe  (183). 

STLYAicf.  —  Sylvain,  qui  prêcha  aussi  avec 
Paul  la  parole  de  Dieu,  devint  aussi  évêque 
de  Thessalonique. 

Cresckns.  —  Crescens,  dont  l'apôtre  Paul 
fait  mention  dans  son  EpUre  à  Timothée  (184), 
fut  fait  évêque  de  Chalcédoine  qui  est  dans 
les  Gaules,  y  prêcha  l'Evangile  de  Jésus - 
Christ,  y  souffrit  le  martyre  sous  le  règne  de 
Trajan,  et  y  fut  enseveli, 

Epaïnâte.  —  Epaïnète,  dont  l'Apôtre  fait 
mention  dans  VEpUre  aux  Romains  (185), 
fut  fait  évêque  de  Carthage. 

Andronig. — Andronic,  dont  l'Apôtre  parle 
aussi  dans  VEpitre  aux  Romains  (186),  de- 
vint évêque  de  Pannonie. 
^    Ampuus.  —  Amplius,  dont  l'Apôtre  tait 

récit  des  Aetes^  ch.  xv,  qu*il  avait,  parmi  les  Chré-' 
tiens  à  Jérusalem  une  nauie  autorité.  Il  accompa- 
gna TApùtre  dans  ses  péiégrinations  à  travers' la 
Syrie,  la  Cilicie  et  pins  loin  que  la  Macédoine.  (Act, 
XV,  XVI,  xvii).  Au  delà  de  cette  dernière  mission, 
on  ne  sait  rien  de  positif  sur  son  compte.  Le 
Ménologe  grec  de  Basile,  (edit.  1727, 1. 111,  p.  186) 
le  cite  au  iiombre  des  apôtres  avec  Sylvain.  Cette 
distinction,  qui  est  aussi  dans  Dorothée,  est  conGr- 
méeparsaint  Hippolyie(1716,App.,p.42),  mais  les 
meilleurs  critiques,  se  fondant  sur  Tautorité  de  saint 
Jérôme  et  de  Tbéodoret,  regardent  Sdas  et  Syhin 
comme  un  seul  et  même  nom. 

(184)  //  Tim,  IV,  10.  Selon  une  tradition  répan- 
due en  Orient  (Ilippol.  De  70  </ticip.;  Ado,  Mariyrol,; 
Usuard,  MarlyroL)^  Crescens  aurait  fondé  les  égli- 
ses de  Vienne  eu  Dauphiné  et  de  Mayence,  mais 
cette  assertion  est  fort  douteuse. 

(185)  Rom.  XVI,  5. 

(186)  Ibid.,  7. 


111 


DICTIONNAIRE  DES  APOCHYPHES. 


219 


mention  dans  YEpUre  aux  Romaine  (187), 
fut  fait  évêque  de  la  ville  d'Odissa. 

Urbain.  —  Urbain,  dont  l'Apûlre  parle 
dans  VEpUre  aux  Romains  (188),  devint 
évêque  de  Mac<^doine. 

Stachts.  —  Stachys,  dont  parle  l'Apôtre 
dans  son  EpUre  aux  Romains  (189),  fut  ins- 
tallé premier  évêque  de  Byzance  par  Tapô- 
tre  AndrtS  à  Argyropolis,  en  Thrace. 

Appelles. — Appelles,  dont  l'Apôtre  fait 
ép;alement  mention  en  écrivant  aux  Romains 
(190),  fut  fait  évoque  de  Smyrne  et  précéda 
saint  Polycarpe. 

Aristobule.  —  Aristobnle,  que  mentionne 
aussi  TApôlre  dans  son  Epilre  aux  Romains 
(191),  devint  évoque  de  Brelngne. 

Narcisse. — Narcisse,  dont  TApôlre  parle 
de  même  en  écrivant  aux  Romains  (192),  fut 
fait  évêque  de  Palras. 

RuFus.  —  Rufus,  dont  l'Apôlre  fait  men- 
tion avenraulres  dans  la  même  Epilre  (193), 
fut  fait  évêque  «l'Hyroanie, 

Phlégon.  —  Phlégon  ,  que  l'Apôlre  cite 
dans  la  même  lettre  (194),  fut  fait  évêque  de 
Marathon. 

Hermès.  —  Hermès,  mie  l'Apôlre  cite  dans 
la  même  lettre  (195),  lut  fait  évêque  de  la 
Balmalie. 

Hermès.  —Hermès  mentionné  également, 
dans  celle  lettre  (t96),  devint  évêque  de  la 
cilé  de  Philippe. 

Patrobas.  —  Pfllrobas,  que  cite  aussi  l'A- 
pôtre (197),  fui  fait  évoque  de  Nafilcs. 

Agabus.  —  Agabus,  dont  il  est  fait  mention 
dans  les  Actes  des  Apôtres  (198),  fut  doué  du 
don  de  prophétie. 

Lin.  —  L'Apôlre  en  parle.  Il  fut  évoque  de 
Rome  et  succéda  à  Pierre,  le  prince  des  apô- 
tres. 

Gaius.— L'Apôlre  le  mentionne  aussi  (199). 
Il  fut  fait  évêque  d'Ephèse  après  Timoihée. 

Philologue.  —  L'Apôlre  en  parle  (200).  Il 
fut  établi  par  André,  évêque  de  Sinope. 


Oltmvas.  — L'Apôtre  en  fait  égalemeol 
mention  (201).  Il  fut  décnpilé  à  Rome,  et 
souffrit  le  martyre  avec  Pierre,  le  chef  des 
apôtres. 

Rhodion.— Paul  l'a  cité  pareillement  (202). 
II  fut  décapité  à  Rome,  subissant  le  martyre 
avec  Pierre  et  Olympas. 

Jason.  —Paul  en  parle  de  même  (203).  Il 
fui  fait  évêque  de  Sarde. 

Sosipater.  —  L'Apôlre  le  nomme  aussi 
(20"^).  Il  devint  évêque  d'Iconium. 

Lccius.  —Paul  en  fait  pareillement  men- 
tion (205).  H  fut  ordonné  évêque  de  Lao> 
dicée. 

Skrtius.  —  C'est  celui  qui  écrivît  VEpUrs 
de  saint  Paul  aux  Romains  (206).  Un  aulre 
devint  évêque  d'Iconium. 

Fraste.  —  Paul  en  fait  aussi  mention  dans 
VEpitre  adressée  aux  Romains  (207).  Il  fut 
économe  do  l'Eglise  de  Jérusalem  et  il  fuC 
appelé  ensuite  à  l'épiscopat  de  Panéade. 

PiiiGELLts.  —  Paul  en  parle  aussi,  mais 
comme  ayant  embrassé  une  doctrine  erron-'e 
et  ayant  suivi  Simon.  11  fut  évêque  d'E- 
phèse. 

Hermogène.  —  Paul  en  fait  aussi  mention 
en  dii^ant  qu*il  a  introduit  un  dogme  nou- 
veau (208).  Il  devint  évêque  de  Mégare. 

Demas.  —  Paul  a  dit  é^'alen>ent  qu'il  s*élait 
écarlé  (Je  la  foi.  Dans  son  EpUre- à  Timo* 
Ihée  (209),  il  dit  que  Demas  la  abandonné, 
ayant  aiuié  le  siècle  présent. 

li  fut  ensuite  prêtre  des  idoles  à  Thessa- 
Ionique.  L*apôtre  Jean  a  écrit  à  leur  égard  : 
«  Ils  se  sont  retirés  do  nous,  mais  iis^n'é- 
taient  pas  des  nôtres.  » 

pUARTUs.  —  Il  est  cilé  dans  VEpUre  de 
saint  Paul  aux  Romains  (210),  et  il  devint 
évêi|ue  de  Béryle. 

Apollon.  —  Paul  en  parle  dans  la  /*•  Epi' 
tre  aux  Corinthiens  (211).  Il  fut  fait  évêque 
de  Césarée. 

CÉPHAS.  —  L'apôtre  Paul  le  reprit  i  An- 


(187)  iîoTO.  XVI,  8. 

(188)  Ibid,,  9. 

(189)  /6td.,9. 

(190)  ïbid.,  10. 

(191)  ifrtd.,  10. 

(192)  Ibid,^  11.  —  Quelques  auteurs  ont  cru  que 
ee  Narcisse  était  raffraiichi  de  Claude  qui  jnua  un 
rôle  influent  sons  cet  empereur,  mais  cette  opinion 
est  rejetce  par  les  meilleurs  critiques.  Saint  Hippo- 
lyie,  'b*écariai  t  de  Passeriion  de  Utirotliée,  signale 
comme  évêque  de  Palras  le   N.ir(-isse  qu'on  place 

Êarmi  les  soixanie*dix  disciples.  (Voj/.  Puuvrage  de 
I.  Amédée  Flenry,  saint  Poulet  SéHèqueA.  1,  p.2i9). 

(193)  Ibid.,  13. 
(194)/6td.,44. 
(195)  Jbid. 
(19G)  Ibid. 

(197)  Jbid. 

(198)  Act.  XXI,  10. 
^199)  Rom.  XVI,  23. 
(200)  Ibid,,  15. 
(201) /6id. 

(202)  Ibid.,  11. 

(205;  Ibid.,  21. 

(iOA)  Ibid.  —  Les  Actes  rappellent  Bopater  et  le 
meniionnent  (Act.  xx.  A)  parmi  ceux  qui  accompa* 
g'ièreiik  TApôire  lorsiju  après  sun  second  voyag«s  eo 


Macédoine,  il  retourna  à  Jérusalem.  On  n*a  pss 
d'ailleurs  de  notions  positives  sur  son  compte.  Les 
Grecs  célèbrent  sa  fête  le  28  a^ril,  et  les  Latins  la 
25  juin. 

(205)  Aom.  XVI,  21. 

(20G)  Ibid.,  32.  —  Son  nom  est  évidemment  un 
mollati!)  grécisé.  11  servit  de  secrétaire  à  s^int  Paul 
pour  rEpItre  aux  Romains.  Saint  llippolyie,  de 
inénio  que  le  pseudo-Dorothée,  le  signale  couima 
évêque  d*lcoiiium. 

(207>  Rom.  XVI.  23.— Il  est  appelé  le  trésorier  de  la 
ville  (arcarius  civiiatis).  Il  en  est  fait  mention  éga* 
lem^nt  dans  fa  II*  Epître  de  Timothée,  iv,  20. 

(208)  //  Tim.  i,  15. 

(2U9)  L\issertion  de  Dorotliée  sur  ridol&iriede 
Dénias  se  retrouve  dans  saint  Hippolyte,  mais  Djro- 
nius  ta  rejette.  L*insertiou  du  nom  de  Dénias  parmi 
ceux  des  soiiante-dix  disciples  permet  de  supposer 
qu'il  est  revenu  à  la  vérué  (Voy^  A.  Flcarv,  1. 1, 
p.  238),  //  Ttm.iv,9.Ilen  est  lait  mention égafemeot 
dans  V Epilre  à  Philémon.  (Vers.  2i.) 

(210)  Rom.  XVI,  23. 

(211)  /  Cor.  I,  12.  —  II  est  également  question 
dans  les  Actes,  xvii  et  xix,  de  cet  Apollon  ou  plus 
exactement  Apollos,  Juif  alexandrin.  Ion  instruit  cl 
plein  de  ferveur.  Il  avait  été  converti  et  baptise  \*»f 
saint  Jeta;  saint  Hippotyte  place  comme  Doroiuce 


213 


DOR 


PART.  lir.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


DOR 


SU 


tiocbe  de  son  nom  commun  avec  Pierre,  il 
devint  évéque  deCânde. 

SosTHÈHE.  —  Paul  Ta  mentionné.  Il  devint 
évoque  de  Colophoniade. 

Epiphbodite.  —  Paul  en  parle  également 
(212).  ]l  fut  évoque  d*Adriana. 

CÉsAB.-<Paul  l'a  mentionné  (213).  Il  fut 
évSque  de  Djrrachium. 

MiBG.  —  Il  fut  cousin  de  Barnabe  et  Paul 
en  a  aussi  fait  mention  {2ik).  Il  fut  évêque 
d'Apolloniade. 

Joseph. — Joseph,  surnommé  le  Juste,  et 
qui  est  aussi  appelé  Barnabe,  et  dont  Luc 
fait  mention  dans  les  Actes  des  apôtres 
comme  ayant  été  tiré  an  sort  avec  Matthieu, 
fut  fait  évêque  d'Ëleulhéropolis. 

Arthêhas.  —  Paul  le  cite  également.  Il 
fui  évéque  à  Lystra. 

Clémei^t.  —  Paul  en  parle  comme  étant 
un  des  compagnons  de  ces  hommes  qui  ont 
combattu  avec  lui  pour  TEvangile.  Il  fut  le 
premier  des  gentils  et  des  Grecs  qui  crut  en 
Jésus-Christ  (215).  Il  devint  évéque  de  le  ville 
deSardica  appelée  aujourd  hui  Triaditza. 

Onésiphore.  —  Paul  en  fait  aussi  men- 
tion (216).  Il  devint  évêque  de  Corenia. 

Tychichus.  —  Paul  le  cite  aussi  (217).  Il 
fut  le  premier  évêque  de  Chalcédoine,  ville 
de  la  Bythinie. 

Carpds.  —  Paul  l'a  mentionné  égale- 
ment (218).  Il  devint  évêque  de  Bethuœs, 
qui  est  une  ville  de  la  Thrace. 

EvoDE.  —  Paul  en  parle  de  même  (219); 
il  fut  après  Pierre,  prince  des  apôtres,  le 
premier  évêque  d'Antioche. 

Philemon  ^220).  —  Paul  lui  a  adressé  une 
lettre.  Il  fut  évêque  de  Gaza. 

Z£!?us.  —  Zenus  jurisconsulte  d«nt  Paul 

ion  siège  h  Gésarée;  d^aulres  Grecs  le  désignent 
comme  évêqne  de  Colophoii  ou  dlcona.  Voy. 
A.  Fleory,  t.  1,  497. 

(212)  Philipp,  IV,  18. — On  connaît  plusieurs  per- 
lonnages  de  ce  nom.  Yoy,  Touvrage  de  A.  Fleury, 
4.  L  p.  253. 

(2t3)  P/n7f>.  IV,  25. 

(214)  Col.  IV,  10.  11  fut  avec  fi»int  Karnabé 
doni  il  était  purent,  le  plus  ancien  compagnon  de 
voyage  dt^  saint  Paul.  Fou.  A.  Fleuty,  1. 1, 255. 

(215)  Philip.  IV,  3. 

(216)  il  Tim.  1.  16-18  ;  iv,  19.  Voy.  l'ouvrage  de 
L  Fieurv,  1. 1,  p.  259. 

(217)  hid„  12;  Tite  ni,  12;  Enhe».  vi,  21  ;  Col. 
IV,  7.  Les  Grecs,  {Menœaj  Dec.  o)  disent  qu*il  fut 
éTéi{Oc  de  Goloplion.  Hip|K)lyie,  dans  sa  nomencla- 
l'iredes  soixante-dix  disciples,  nomme  deux  Tychi- 
t\iui,  Tun  évéque  de  Clialcédoine,  Pautre  de  Colo- 
phon.  Cette  répétiiion  se  retrouve  dans  le  Catalogue 
de»  toixanle-dix  disciples  que  donne  le  Manuel  d'i- 
cono  graphie  à  htsagedes  Eglises  grecques^  par  M.  Di« 
d  on,  p.  313.  Voy.  l'ouvrage  de  A.  Fleury,  t.  i,  p.  249. 

(218)  //  Tim.  IV,  13. 
(2»9t  PhiUpp.  IV.  2. 

(220)  LesMénéeset  saint  Hippolyte(De  70  discip,) 
confirment  rasserikoo  de  Dorothée;  selon  lesConsfi- 
luiions  flémeiitines^yu,  46,  il  avait  été  ordonné 
évéque  de  Colosse.  L^  \Hienologe  de  Basile  (i,  27, 
t  I,  p.  20 j)  alliime  quil  subit  le  martyre  à  Eplièse, 
sous  le  régne  de  Néron.  Voy.  A.  Fleury,  t.  1,  39. 

(221)  fit.  III,  13. 

itâ)  ICor.  ivi,  3;  //  Ttrii.  iv,  19.  Ilestanssi 
mtiitioQué  dans  les  Actes  des  Apàtres,  iviii,  2.  Le 


fait  mention  (221);   il    devint   évoque  de 
Diospolis. 

Aquila.  —  Paul  en  parle  également  (222). 
II  fut  évêque  d'Héraclée. 

Priscus.  —  Paul  Ta  également  mentionné 
(223).  Il  fut  évéque  de  Colophon. 

JuNius.  — Paul  en  a  de  même  parlé  (22ï). 
11  fut  fait  évêque  d'Apaaiée  en  Syrie. 

Marc.  — Marc,  qui  est  aussi  appelé  JeaUf 
et  dont  Luc  parle  dans  les  Actes  des  apô'* 
très  (225) ,  fut  évoque  de  Byblos. 

Aristarghe.  —  Paul  eu  fait  également 
mention  (226). 

PuDENs.  —  Paul  le  cite  de  môme  (227). 

Trophime.  —  Paul  en  parle  apssi  (228). 
Ces  trois  personnages  furent  les  compa- 
gnons de  Paul  dans  ses  peines  et  ses  afflic 
lions.  Ils  souffrirent  avec  lui  le  martyre 
sous  le  règne  de  Néron,  et  furent  décapités. 

Tels  sont  ceux  dont  Marc  et  Luc,  évangé- 
listes,  font  mention  et  ils  appartiennent  au 
catalogue  des  soixante-dix  disciples.  On  y 

I'oint  l'eunuque  de  la  reine  Candace  en 
Slhiopie,  qui  prêcha  l'Evangile  dans  l'Ara- 
bie Heureuse,  et  dans  l'Ile  de  Taprobane  et 
dans  l'Erythrée  entière.  Ou  dit  qu'il  souf- 
frit glorieusement  le  martyre,  et  qu'il  fut 
enseveli.  Son  tombeau  est  pour  les  fidèles 
un  asile  insurmontable;  il  met  en  fuite  les 
barbares  féroces,  il  chasse  les  maladies  et 
opère  des  guérisons  jusqu'au  jour  actuel. 

Nous  croyons  qu'il  ne  sera  pas  inutile  de 
placer  ici  la  liste  des  apôtres  et  des  disciples 
du  Sauveur  telle  que  la  donnent  les  Grecs, 
et  telle  que  M.  Didron,  dans  son  Manuel 
d'iconographie,  18i^5,  in-8*,  p.  309,  l'a  fait 
connaître. 

Saint  Jacques  l'Adelpbo  Theos  (quoiqu'il 

Ménologe  grée  de  Basile  (t.  II,  p.  185)  et  d*autref 
documents  le  sîpalent  comme  martyr,  mais  od 
ignore  où  il  a  fini  ses  jours.  Voy.  la  note  que  lui  a 
consacrée  Amédée  Fleury,  Saint  Paul  et  Sénèquet 
1. 1,  p.  180. 

(225)  Ibid,  Le  pseudo-Dorothée  tombe  ici  dans 
une  absurdité  ;  il  transforme  en  homme  Prisca  on 
Priscilla,  femme  d*Aquila. 

(224)  Rom.  XVI,  7. 

(225)  Act.  XII,  12  et  alibi. 

(226)  Col.  IV.  10;  Philem.,  y.  20.—  H  par- 
tageait la  captivité  de  saint  Paul,  et  fut  son  compa- 
gnon fidèle;  il  se  trouva  avec  lui  ^  Ephése  (Act,  xix, 
29;  Col.  IV,  10)  et  à  Home.  Les  haeiographes  grecs 
disent  qu'il  périt  avec  saint  Paul  (  Menœa^  April. 
14)  et  ils  le  font  évéque  d*Apamée ,  assertion  que 
confirme  aussi  saint  ilippolyte.  lis  prétendent  qa*il 
se  réduisait,  pour  toute  nourriture,  à  des  sauterelles 
et  à  du  miel  sauvage.  Adon  (Fest.^  p.  30)  dit  qu'il 
mourut  évéque  de  Thessalonique.  Voy.  Fouvrage  de 
H.  Amédée  Fleury,  t.  1,  p.  237. 

(227)  //  Tim.  iv,  21. 

(228)  Rom.  xvi,  12;  //  Tim.  iv,  20.  —  Les  Actes 
en  font  mention,  (xx,  4  ;  xxi,  29.)  On  a  dit  que  saint 
Paul,  se  rendant  en  Espagne,  passa  par  les  Gaules 
et  qu'il  laissa  Tropbime  à  Arles  pour  y  prêcher 
TEvangile  (Acta  SS.,  Februar.  I,  p.  8)  ;  l'Eglise 
grecque,'  confirmant  l'assertion  de  Dorothée,  dit 
que  le  disciple  partagea  à  Rome  le  martyre  au 
maître  {Menœa^  April.  14;  HippoL,  De  70  disciv.)^ 
mais  ces  faits  ne  sont  nullement  certains.  Vo|f« 
l'ouvrage  de  M.  Amédée  Fleuiy,  1. 1,  p.  2'.S6. 


SIS 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES 


île 


soit  ici  appelé  frère  de  Dieu  et  de  Jésus- 
Christ,  il  n*en  est  que  le  cousin  geruiaîD), 
Mathias,  Cléophas  (père  de  saint  Jacques  le 
Mineur  et  de  saint  Jude),  Andronie,  A^aris, 
Ananide, Philippe,  Sii vanus,  Procbore,  Nica- 
nor,  Jacques  (OU  d*Alpbée),  Jude  (frère  du 
Seigneur),  Linus,  Rufus,  Sosthène,  Stachys, 
Etienne,  Timon,  Hermas,  Phlegon,  Sosipa- 
ter,  Jasou  (tous  ces  noms  sentent  la  Grèce), 
Caius,  TichiKOS,  Philémon,  Narcisse,  César, 
Trophime,  Aristarque,  Marc,  Silas,  Hermès, 
Asjncritos,  Appelles,  CephAs,  Clément,  Jus- 


tus ,   Quartus ,  Eraste  ,^  Onesîme  •  Carpios  t 

Evode.  Aristobule,  Urbain,  Tiehikos,  Siméoo» 

Daphnia,  Hérodieu  ,  Artemas,    Pbilolops» 

Lympus,  Rhodion  ,  Luc,  Apeltes,  Amplias* 

Patrobus,  Titus,  Terpneus,  Thaddée  (les 

Grecs  font  deux  saints  ou  deux  apAtres  avec 

Jude  et  Thaddéo,  que  les  Latins  réunissent 

en  un  seul  homme),  Epienète,Chaicos»AcbiU 

las,  Lucius,  Barnabas,  Fortunatus  (un  dece.s 

rares  noms  latins  dépaysés  dans  ce  ctatalo^ue 

où  abondent  les  saints  grecs),  Epaphrodite. 

Crescis,  Parménas. 


ÉBIONITES. 


Dîrers  auteurs  modernes,  enlre  autres 
Richard  Simon  {Histoire  critique  du  iVoti* 
weau  Testament,  1705,  ch.  8,  t.  1,  p.  87  et 
euiv.),  et  Fleury  {Histoire  ecclésiastique)^  ont 
parlé  avec  détail  de  ces  hérétiques  qui  se 
montrèrent  dès  le  i"  siècle. 

Les  ébionites  soutenaient  que  Jésus  était 
le  fruit  de  Tunion  de  Joseph  et  de  Marie,  dont 
ils  niaîeni  la  virginité.  Quelnues  critiques 
croient  qu*Ebion ,  qui  signifie  en  hébreu 
misérable,  était  un  &:urnom  de  Cérinthe; 
d'autres  pensent  que  les  ébionites  étaient 
linsi  Appelés  à  cause  de  Tinterpréiation  mi- 
sérable qu'ils  donnaient  aux  renseignements 
de  TEcriture  sainte  touchant  la  personne  de 
Jésus.  Le  fait  est  que  les  ébionites  ne  diffé- 
raient guèredesGerinthiens,  dont  ils  avaient 
conservé  les  usages  et  le  rite  juifs.  (Epiph., 
Adv.  hœreg.^  i,  26.)  D*autres  auteurs  recon- 
naissent Tindividualité  d'Ebion,  notamment 
saint  JérAme  et  saint  Epiphane.  Ce  dernier 
Ihœres.  30,  n.2)  le  dit|né  à  Cockab,  bourg 
du  pajs  de  Basan,  en  Arabie.  Ebion  ne  re- 
connaissait que  TEvangilede  saint  Matthieu, 
mais  ses  discipJes  se  firent  un  évangile  à  leur 
usage.  Saint  Epiphane  nous  a  conservé  queU 
ques  fragments  de  cet  évangile.  11  le  repré- 
sente (haeres.  30,  n.  13)  comme  n'étant  point 
entier^  mais  corrompu  et  tronqué.  Ces  héré- 
tiques en  avaient  retranché  la  généalogie  du 
Sauveur  et  tout  ce  qui  suit  jusqu'au  chapi- 
tre ui  de  saint  Matthieu.  Ils  commençaient 
leur  évangile  par  ces  mots  :  «  Il  arriva  qu'au 
lemps  d'fiérode,  roi  de  Jérusalem,  Jean  vint 
baptiser  du  baptême  de  pénitence  dans  le 
Jourdain.  On  le  croyait  être  de  la  race 
d'Aaroo^  et  fils  de  Zacharie  et  d'Elisabeth. 
Et  tout  le  monde  venait  le  trouver.  » 

Le  k>8p(éme  de  Notre-Seigneur  par  saint 
Jean  était  raconté  de  la  façon  suivante  :  «  Le 
peuple  ayant  été  baptisé,  Jésus  vint  aussi  et 
lut  baptisé  par  Jean.  Et  comme  il  sortait  de 
Teau,  les  cieux  furent  ouverts,  et  il  vit  le 
Saint-Esprit  de  Dieu  en  forme  d'une  co- 
lombe qui  descendait  et  qui  venait  vers  lui, 
et  Ton  entendit  une  voit  du  ciel  qui  disait  : 
«  Tu  es  mon  Fils  bien-aimé;  Je  me  suis  plu 
<ea  toi  uniouement,  et  je  t'ai  engendré  au- 


jourd'hui. »  Le  lieu  fut  aussitôt  éclairé 
d'une  lumière,  et  Jean  layant  vu,  lui  parla 
en  ces  termes  :  «  Qui  es-  tu.  Seigneur?  Et 
une  voix  du  ciel  lui  dit  une  seconde  fois: 
«  C'est  mon  Fils  bien-aimé,  dans  lequel  je 
me  suis  plu  uniquement.  »  Alors  Jean  se 
prosternant  devant  lui,  lui  dit  :  «  Je  te  prie, 
Seigneur,  de  me  baptiser  toi-même.  »  Ce 
qu'il  refusa,  et  il  dit:  «  Laisse-moi  faire,  parce 
qu'il  faut  en' celte  vie  accomplir  toutes 
choses.  » 

C'est  ainsi  que  dans  l'évangile  des  ébio- 
nites, l'ordre  des  paroles  nétait  pas  tonti 
fait  le  même  que  dans  l'Evangile  canonique, 
et  qu'il  y  avait  quelques  changements  et  des 
additions.  Saint  Epiphane  en  rapporte  aussi 
un  autre  passage  que  nous  plaçons  ici  : 

«^Un  certain  homme,  appelé  Jésus,  égé 
d'environ  trenteans,  nous  a  choisis,  et  étant 
venu  à  Capharnaûm,  il  entra  dans  la  mai- 
son de  Simon,  surnommé  Pierre,  auquel  il 
dit  :  «  Lorsque  je  passai  le  long  du  lac  de 
Tibériade,  j  ai  choisi  Jean  et  Jacques,  fils  de 
Zébédée,  Simon,  André,  Thaddée,  Simon  le 
Zélé  et  Judas  riscariote;  et  toi  Matthieu,  tu 
étaisàton  bureaudes  impôts:  je  t'ai  appelé,  et 
tu  m*as  suivi.  Je  veux  donc  que  vous  sovez 
douze  apôtres  pour  servir  de  témoignante  à 
Israël.  »  Jean  baptisait,  et  les  pharisiens  vin 
renl  à  lui,  et  ils  étaient  baptisés  et  tout  Jéru- 
salem.  Il  avait  un  vêtement  de  poil  de  cha- 
meau, et  uneceinture  de  cuir  autour  de  ses 
reins.  Son  manger  était  de  miel  sauvage 
qui  avait  legoût  de  manne  comme  un  gâteau 
à  Thuile.  » 

Les    ébionites  rejetaient    tous  les  pro- 

Ehctes.  Ils  avaient  en  horreur  les  noms  de 
>avid,  de  Salomon ,  d'isaïe,  de  Jérémie,  de 
Daniel  et  d'Ezéchiel.  ils  ne  s'attachaient 
qu'au  Pentateuque,  et  môme  ils  n'en  fai- 
saient pas  çrand  cas,  disant  qu'après  la  venue 
de  l'Evangile,  la  loi  de  Moïse  ne  pouvait  être 
utile. 

On  peut  d'ailleurs  consulter  Fabricias, 
BibliothecaGraca,  t.  II,  p.  759,  et  la  disser- 
tation de  Semler,  Commentatio  de  evangelio 
Ebionitarum^  Haie,  1777,  in-fc'. 


£J7 


EGT 


PART.  lil.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


EGT 


lis 


ÉGYPTIENS. 

{Evangile  des  Egyptiens.) 


Nous  en  sommes  réduits  pour  la  connais- 
sance de  cet  évangile  à  un  petit  nombre  de 
passa^<)s  rapportés  par  les  anciens  auteurs 
eccié^iastîques  : 

Clément  d'Alexandrie  (Slromaies^  I.  m) 
s'exprime  ainsi  : 

Salome  inierroganti  quoadusque  homines 
morieniurt  dixii  Dominus^  quoadusque  vos 
mulieresparitis.  Cumque  ea  dixisset:  recte  ergo 
feeiquœ  non  peperi,  excipit  Dominus^  dicens[: 
Omni  herba  vescere,  ea  autem  quœ  hahet  ama- 
ritudinem  ne  vescaris.  Aiunt  ipsum  Servalo- 
rtm  dixisse  :  Veni  ad  dissolvendum  opéra  /c- 
minœ,  Feminœ  quidem^  cupiditates ,  opéra 
xtro  generationem  et  interitum  (229). 

On  lit  dans  saint  Clément  le  Romain  (epist. 
Il,  c.  12,  p.  189,  éd.  1724)  :  Jnterrogatus  a 
quodam  ipse  Dominus  quando  venturum  esse't 
ftgaum  ejus  dixit  :  Cum  duo  erunt  unum ,  et 
guod  foris  est  quod  intuSy  et  masculum  cum 
ftmina  ,  neque  mas  neque  femina. 

Saint  Epiphane  (hœres.  42)  dit  que  les 
Sahelliens  avaient  puisé  en  grande  partie 
leurs  erreurs  dans  V Evangile  des  Egyptiens  : 
Hune  autem  errorem  omnem  ejusque  firma- 
mentum  ex  apocryphis  quibusdam  hauseruni^ 
prœsertim  ab  JEgyptiorum  Evangelio  (  hoc 
enim  itii  nomen  quidam  indiderunt) ,  m  quo 
pleraque  sunt  hujus  generis,  quœ  expersona 
Salvatoris  clam  atque  occulte  velut  myste^ 
rium  proponuntur^  quasi  discipulis  ipse  de- 
clarel  eumdtm  esse  Fatrem^  et  FiUum  et  5pî- 
ritum  sanctum. 

Cest  encore  Clément  d'Alexandrie  {Stro- 
mates,  K  m)  qui  otfre  une  autre  citation  re- 
Diarquable  : 

«  Proptereay  ait  Cassianus,  cum  percontO' 
retur  Salome^  quando  cognosceretur  ea  de 
quibus  interroaabat,  dixit  Dominus  :fi  Quando 
pudoris  induftamentum  conculcaveritis  ^  et 
tpiando  duo  facta  fuerint  unum,  et  masculum 
nim  femina^  neque  mas  neque  femina,  Primp 
quidem,  in  nobis  traditis  quatuor  Evangelia 
non  habent  hoc  dictum,  sed  in  eo  est  quod  est 
s'tundumJEgyptios.  Deinde  mihividetur  (Cas- 
sianus)  ignorare,  quod  {Evangelium  Ulud) 
pirmasculum  quidem  significet  tram,  tmpe/um, 
ptrfeminam  vero  cupiditatem  ;  quœ  cum  operala 
fuerintf  pœnitentia  et  pudor  consequitur. 

Les  témoignages  des  autres  écrivains  ec- 
clésiastiques au  sujet  de  l'Evangile  des  Egyp- 
tiens sont  pour  la  plupart  sans  importance. 
Ori^ène  dit,  dans  sa  première  homélie  sur 
tmt  Luc  :  Écclesia  quatuor  habét  Evangelia, 
h/rresesplurimaieqmbus  quoddam  scribiturse^ 
fmdum£gyptios,  aliud  jurta  duodecimapo- 
ftolos.  Saint  Jérôme  {Prœf.  in  Matth.)  parle 
ftussi  de  faux  évangiles  quœ  a  diversis  au- 

m 

(i^)  Toici  la  iioie  de  Fabriciiis  sur  ce  passage  : 
(  U«relici  pma,  cunjugio  inimici,  ex  Evangelio  se- 
rondom  /Egyptios  ista  proférant.  Cent.  Gi  oliiis  Ad 
^^<A.  II.  10:  iioaiim  tamen  sensum  lUa  aUniit 


ctoribus  édita  diversarum  hœreseon  fuere 
principia,  ut  est  illudjuxtaJEgyptios^tt  TAo- 
mam,  et  Matthiam  ei  Bartholomœum. 

Les  citations  que  fournissent  les  Pères 
grecs  dont  nous  avons  transcrit  en  latin  les 
expressions  doivent  nous  arrêter  un  instant. 

Le  premier  passage  que  cite  Clément  d'Ale- 
xandrie rappelle  la  doctrine  philosophique 
des  pythagoriciens  au  sujet  des  nombres  et 
le  dualisme  qui  fut  soutenu  par  de  nom- 
breux gnostiques.  C'est  ainsi  que  Marc  en- 
seignait, à  ce  que  nous  apprend  saintlrénée 
(Aav.  hœres.,  lib.  i,  c.  11,  n.  16),  que  tout  était 
sorti  de  la  monade  et  de  la  dyade.  Lesidisciples 
de  Marc  citaient  comme  preuve  de  celte  as- 
sertion l'anecdote  relatée  dans  l'^von^ttede 
VEnfance  (ch.  vi)  et  qui  montre  Tenfanl  Jé- 
sus, auquel  on  enseigne  l'alphabet,  refusaut 
de  dire  0  jusqu'à  ce  que  la  force  et  la  signi- 
fication de  l'a  aient  été  expliquées.  On  re- 
trouve des  traces  de  ces  idées  combinées  avec 
la  doctrine  de  l'incarnation  par  couplesdaos 
les  homélies  attribuées  h  tort  è  saint  Clément 
(hom.  3,  n'  16, 32,  33)  et  dans  les  Testaments 
des  douze  patriarches  {kser,i.)  Les  esséniens 
et  les  thérapeutes  dont  les  doctrines  subi- 
rent l'influence  du  pythagoricisme  (230) 
partagèrent  ces  opinions. 

Fabricius  dit  au  sujet  du  second  passage  par 
Clément  d'Alexandrie  :  Jam  vero  Gilse  (Cowi- 
mentatio  de  Patrum  apostolicorum  doctrina 
morali)sed  quanquam  horumverborum  explica- 
tionem  in  fragment onostro  desideramus  cuivis^ 
tamen  credo  in  aperto  est,  hœc  verba  omniê 
commerça  carnalis  maris  cum  femina  cessai 
tionem  et  castam  et  abstinentem  utriusqu4 
sexus  conversationem  clare  exire. 

Il  existe  une  dissertation  d'un  écrivain  pro- 
testant, Mallh.  Schneckenburger  sur  TEvan- 
gilequi  nous  occupe  (Berne,  183i>,  in-8');  elle 
se  divise  en  douze  sections.  Les  quatre  pre- 
mières sont  consacrées  à  l'examen  des  frag- 
ments qui  restent  de  cet  écrit:  dans  les  sept 
autres,  l'auteur  établit  des  rapprochements 
entre  la  doctrine  de  ces  fragments  et  la  doc-»- 
trine  des  ébionites.  Le  résultat  de  son  tra- 
vail peut  se  traduire  ainsi  :  1*  TEvangile 
des  Egyptiens  se  liait  par  d'étroites  et  inti- 
mes retalions  de  parenté  à  l'Evangile  des 
ébionites,  et  comme  celui-ci  avait  pour  base 
l'Evangile  des  Hébreux,  il  s'ensuit  que 
l'Evangile  des  Egyptiens  était  profondément 
lié  comme  production  dogmatique  à  l'Evan- 
gile des  Hébreux  ;  2*  on  peut  rapporter  en 
outre  à  ce  dernier  Evangile,  comme  à  une 
source  commune,  les  Evangiles  des  ébioni- 
tos,  de  Carpocrate  et  de  saint  Pierre,  quelles 
que  soient  d'ailleurs  les  légères  ditTérencen 

tcre  Clemcns  tiOCv». 

(i50)  Joseph.,  Anliq.,  1,  xv,  c.  10,  4;  Gfiôerer^ 
Philo  und  die  Alexandrinitche  ilteosophie,  ii,  2r55. 


tu 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


t2û 


qai  sont  entre  eux.  Cette  opinion  parait  dérivait  de  celui  ae  saint  Matthieu,  l*EraQ* 
mieux  fondée  que  celle  deDeVeUe  qui  pense  gile  des  Egyptiens  pouvait  avoir  sa  source 
que,  de  même  que  l'Evangile  des  Hébreux     dans  quelque  autre  Evangile  canonique. 

ELDAM  ET  MODAL. 


Il  pst  fait  mention  oe  ces  personnages  dans 
le  livre  du  Pasteur^  qui  porto  le  nom  d*Her- 
mas:  H  Le  Sauveur  est  proche  de  ceux  qui 
se  convertissent,  comme  il  est  écrit  dans 
Heldam  et  Modal  qui  prophétisèrent  au 
peuple  dans  le  désert,  m  Ils  ne  sont  connus 
d'ailleurs  que  par  ce  gifen  dit  le  Livre 
des  Nombres  (ch.  xi,  26J.  Deux  hommes 
étaient  restés  dans  le  camp.  Le  nom  de  Vun 
d'eux  était  Edad,  et  ienom  de  iautre  Médad. 
L^ Esprit  reposa  sur  eux;  ils  étaient  parmi 
les  inscrits  :  ils  n'étaient  pas  sortis  devant 
la  tente ,    ils    prophétisaient  dans  le  camp 

1231).  L*auieur  de  la  Synopse^  mise  sous 
e  nor.)  (le  saint  Athanase,  et  Nicéphore,  dans 
sa  Stichométrie  ,  constatent  Texistence  de 
rouvra^^e  qui  leur  fut  attribué,  et  qui  est 
aujourd'hi  cnlièrt'Rient  perdu.  Cotelicr  a  , 
dans  son  Commentaire  sur  Uermas^  inséré 
une  note  relative  à  ce  passage,  et  il  observe 
que  la  sentence  que  nous  avons  rapportée 
ressemble  fort  è  ce  qu'on  lit  psaume  xxxiii, 
19  :  Le  Seigneur  est  prés  de  ceux  dont  le 
cœur  est  dans  la  tribulation. 

Sgambatns,  {Arch.  Tel.  Test.y  I.  ii,  p.  258), 
donne,  relativement  à  ces  deux  Hébreux 
quelques  détails  ({ue  nous  reproduisons. 

Qui  aut  quo  génère  orti  fuerint  Eldad  et 
Medad  Hebrœi  variant,  Tenchuma  ait^  eos 
t)ocatos  aliis  nominibus  :  Eldad^  BenCuslon, 
€t  Medad^  Kamuel  Ben  Saphtan.  Midras  ait 
eos  esse  Epher  et  Jalon  Levitas  quos  I  Parai, 
lu  habet  plios  Amram  patris  Moysis  ex 
alia  uxore.  Quod  scilicet  Aloyses  post  latam 
legem  jusserit  Amramum  dimittere  \uxorem 


Jochabed  quam  habebat^  quod  esset  e/tii  ma- 
gna amita  quiy  alia  ducta^  genuii  Eldad  H 
Medad,  Sic  auctor  traditionuin  Hebraicarum^ 
quœ  Hieronymo  ascribuntur.  Ai  R,  Ghedo» 
lias  idem  e  Medras  aliter  narrai,   Eliiaphen 
filium  Pharnach  duxisse  Jochabedem  Moysis 
matrem^  et  ex  ea  suscepisse  hos  duos  pro' 
phetas,  idemque  post  mortem   Amram,  Cur 
autemprœ  cœteris  meruerint  prophetia  do- 
num,  sic  narrant   Tract,  Sanhédrin^  e,  1: 
Cum  eos  vocassei  Moyses^  ut  in  numeritm 
Lxx  seniorum  eos  eligeret^  responderunt  le 
indignos  quibus  id  honoris  demandaretur, 
Tanthuma,  o  Quia  seexiguos  fecerunt.mugni 
effecti  suni  supra  ipsos  lxx  seniores,  mui- 
lis  rebuSf  1*  seniores  prœdicabant  proiiiua 
quœdam  aui  qnœ  essent  crastino  eveniura: 
tpsi  autem  longinqua^  ut  quœ  essent  eventura 
post  annos    quadraginta.  2*  Seniorum  no- 
mina  non  explicantur  in  sacris  Litteris,  sed 
ipsorum  explicantur.  3*  Seniorum  prophe- 
tia defecit^  quid  erat  ex  Moyse  desumpta  : 
scriptum  est  enim  :  «  Sumam  de  spirilu  luo  ; 
ipsorum  non  defecit  quiaerat  ex  Deo.^  ^*  5^;- 
niores  non  sunt  ingressi  terram  promissam , 
ipsi  ingressi  suni  :  quœrit  deinde  qua  dt  tî 
vaticinati  sunt  Eldad  et  Medad^  respondti- 
que  :  Alii  dicunt  eos  dixisse  moriturum  in 
déserta  Moysem^  etJosuemfuturum  ducem  po- 
pull  in  ingressu  terrœ.  Alii  de  coturnicibus  eût 
vaticinatos  dicunt  ;  alii  de  Gog  et  Magog, 

Les  indications  que  fournit  le  livre  du 
Pasteur  se  trouvent  I.  i,  ch.  7,  ].  u,  cb.  5. 
Voy.  les  notes  de  Cotelier. 


ÊLIE. 

{Apocalypse  d^Elie.) 


Saint  Jérûme  (epist.  101,  Ad  Pamma- 
cAtum,  et  lib.  xvii  in  Esaiam)  la  cite  à  deux 
reprises  sans  détail,  et  comme  un  ouvrage 
où  des  sectaires  puisaient  des  idées  absur- 
des. Les  Constitutions  apostoliques  et  la  5y* 
nop<«  de  saint  Atbanase  mentionnent  de  mô- 
me cet  écrit  qui  se  composait  de  316  vers, 
à  ce  qu'apprend  UStichométriede  Nicéphore. 
Il  n'en  reste  d'ailleurs  aucun  fragment. 

Des  rabbins  mentionnent  des  lettres  d'E- 
lie  apportées  au  roi  Joram  sept  ans  après 
que  le  proplièfe  eût  été  enlevé  de  ce  monde. 
ISeder  Ùlum  Rabba,  cap,  17)  ;  David  Kimchi, 
[Ad  I,  chron.  xxi,  v.l2)  donne  de  cette  mer- 
veille une  explication  plus  simple;  il  pré- 

(i3l)  Le  Targum  de  Ben  L'zlel  rapporte  cespro- 
pbëlicH  ;  elles  ont  trait  à  la  mort  de  Moïse,  à  la 
deskiructiou  do  toniple,  à  la  vengeance  que  Dieu  en 
tirera. 

jS3i)  On  pourrait  citer  quelques  autres  exemples 
d*écrit8  auxquels  on  attribuait  la  même  origine 
apocryphe.  Baluzc,  à  la  suite  de  ses  Cespitularia,  u 


tend  qu'un  prophète,  obéissant,  k  Pinspira- 
tion  divine ,  vint  reprocher  au  roi  Joram 
son  impiété  en  lui  parlant  au  nom  d'Çlie, 
et  comme  s'il  lui  rapportnit  les  expre^^ioos 
d'une  lettre  de  cet  illustre  personnage. 

Cette  explication  a  été  adoptée  par  deux 
auteurs  que  cite  Fabricius  (  Cad.  apoc, 
Yet.  Test^  t.  I,  p.  1076),  et  parmi  lesqutîs 
figure  un  écrivain  auquel  on  doit  une  dis- 
sertation que  nous  avons  vainement  cher- 
ché à  nous  procurer.  J.  A.  Srhmidt,  Dt  li* 
bris  et  epistolis  coslo  et  inferno  delatis  (23*2) 
la  Biblioth.  rabbinica,  t.  I,  p.  133  et  182  uit 
qu'il  y  a  au  Vatican  deux  manuscrits  hébreut 
écrits  sur  parchemin,  intitulés  Le  grand  et 

II,  col.  1397,  rapporte  des  lettres  qu'on  disait  tom- 
bées du  ciel  au  vni*  siècle. 

Les  Abyssiniens  ont  un  livre  intitulé  Fata  »- 
gnestna  (le  Jugement  des  rois),  qu^ils  disent  di<^ 
tombé  du  ciel  sous  le  règne  de  Coiistanliii.  Le  i  n 
de  Cboa,  Sablé  Salassi,  en  envoya  une  copie  a 
Louis-Philippe.  (Revue  des  Deux-Mondes^  1*'  iuiUirt. 


Uï 


EU 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ELI 


222 


1$ petit  Fh>,  et  contenant  le  récit  de  visions 
et  d'apparitions  d'Élie.  Sgambatns  {Archiv. 
Yet.  T€$t,t  Lu)  cite  trois  ouvrages  hétireux 
in!ilul(^s  Le  grand  ordre  d'Elie^  Le  petit  or^ 
dît  cfEUe  et  La  caverne  d'Elie^  mais  i!  s'agit 
ici,  nou  du  prophète,  mais  d*an  autre  £lie 
qui  vivait  après  la  captivité  de  Babylone,  et 
è  l'égard  duquel  les  rahhins  ont  débité  des 
febîes  qui  sont  étrangères  à  notre  sujet  (233). 

Fahricius  rapporte  des  idées  singuiières 
cilrailes  des  rabbins,  au  sujet  d'Eiise  (Seder 
Olam  Rabba,  cbap;  17.)  «  La  seconde  année 
d'Aclidsias.  Elie  disparut,  et  il  ne  paraîtra 
{'lus  jusqu'à  ce  que  vienne  le  Messie  ;  alors 
il  se  montrera  de  nouveau,  et  il  disparaîtra 
ensuite  une  seconde  fois,  jusqu'à  ce  que 
Gog  et  Magog  se  montrent.  Pendant  ce 
temps  il  écrit  les  événements  et  les  actions 
qui  se  .passent  dans  chaque  siècle.  .  •  On 
tpporlB  au  roi  Joram  des  lettres  d'Klie,  lorsque 
sei'tannéess'étaientdéjèécouléesdepuisqu'E- 
Jie  avait  dispartj  et  qu*on  ne  l'avait  plus  vu.  » 

David  Kimchi,  dans  son  Commentaire  sur 
le  II'  ivre  des  Chroniques,  ch.  xxi,  12,  s'ei- 
f  rime  ainsi  : 

«  Et  une  lettre  du  prophète  Elie  vint  à 
lui.  Cela  survint  af)rès  qu*Elie  fut  monté 
[au  ciet).  Mais  il  lui  avait  été  révélé,  par 
TetTet  de  la  prophétie,  ce  qui  concernait  Tim- 
piété  de  Joram,  et  il  avait  mis  dans  la  bou- 
che d'un  prophète  les  paroles  de  celte  lettre, 
lui  recomniand(*nt  de  les  mettre  par  écrit  et 
de  les  porter  à  Joram,  et  de  lui  annoncer 
qu'Ëlie  lui  envoyait  ces  lettres  aQu  que  Jo- 
ram fût  conduit  à  penser  que  ces  lettres  lui 
éiaienl  envoyées  du  Ciel,  etqu'ainsi  son  cœur 
s'buiuiiiât,  etqu'il  reconnût  tout  le  mal  qu'il 
avait  fait.  » 

Divers  auteurs,  tels  que  J.  Mejer,  Em- 
manuel Sa,  Jérôme  Drexetius,  etc.,  se  ran- 
gent à  celte  explication  de  Kimchi;  d'au- 
tres, tels  que  Cajetan  et  Li^htfoot,  supposent 
qu'ii  s'agit  d'un  autre  Elie,  moins  ancien 
que  le  célèbre  prophète  :  d'autres,  enfin, 
pensent  qu'au  lieu  du  nom  d'Elie  il  faut 
substituer  celui  d'Elisée.  {Yoy,  J.  Eusèbe  Nie- 

iSi».  p.  87.) 

Un  Anglais,  Ch.  T.  Bake,  a  publié  à  Londres,  en 
\U)i,  une  brochure  relative  au  Livre  de  ta  lettre 
[Hatihafa  Tomor)^  qu'on  prétendait  être  venue  en 
dcsrentlant  du  ciel  dans  les  mains  de  saint  Atlia- 
nase,  et  dont  il  eiistc  dans  la  bibliothèque  de  Tu- 
tin^ue  un  manuscrit  éltiiopien. 

Inéruilit  lal.orieux,  dont  nous  avons  h  plusieurs 
reprises  signalé  les  travaux,  M.  Edetestand  Du  Mé« 
ril.  a  publié  (Poéiies  inédites  du  moyen  âge,  Paris, 
1H54,  p.  i95,)  une  petite  pièce  de  vers  qu*on  trouve 
dans  divers  manuscrits,  et  à  laquelle  une  origine 
sonialurelle  était  attribuée.  La  voici,  telle  que  cet 
érudit  Ta  fait  connaître,  d*après  un  manuscrit  du  xi* 
Siècle  de  la  Bibliothèque  impériale,  sans  chercher  à 
eo  expUauer  le  sens,  ni  à  en  corriger  les  fautes  : 

Aiiiio  Uomlni  117U,  isti  versiculi  fuerunt  de  Jhe- 
rosoliinis  transmissi  et,  ut  Tania  retulii,  ab  augelo 
cumpo&iti  et  ab  eodem  in  templo  delati  : 

Sic  Caipb»  mercede  caput  dampnatar  alumni, 
Celsa  ruuDt,  humili  peudel  ulerque  gradus 
Salvaol  elperdunt  a  a  a  qu»  suni  Jeremis; 
biient  et  pierimii  quod  coosonai  euphoritt. 
lo  sacrium  mit  exitus,  cgra  poteolia  migrât; 
■oo^bus  eicedant  taonager  atque  leo. 


remberg.  De  ortgine  S.  Scripturce^  1.  ix,  c.  18.) 

Elie  a  été  rangé  parmi  les  chercheurs  de 
la  pierre  philoso|:)hale;  on  a  dit  quMl  avait 
écrit  sur  t*alchirnie. 

Le  passade  ^eV Apocalypse^  ch.  ti,  3,  sur 
.  les  deux  témoins  qui  prophétisèrent  durant 
mille  deux  cent  soixante  jours,  a  été  appli- 
qué à  Elie  et  à  Enoch,  et  a  donné  lieu  à  di- 
verses interprétations. 

Les  scribes  disaient  qu'Elie  devait  se 
montrer  avant  Tavénement  du  Messie  (Matth. 
XVII,  10;  Marc,  ix,  10)  ;  ils  s'appuyaient  sur 
un  passage  du  prophète  Malachie  (iv,  5)  : 
Ecce  ego  mittam  vobis  Eliam  prophetam^ 
antequam  veniat  dies  Domini  magnus  et  hoV" 
ribilis. 

Fabricius  observe  que  plusieurs  anciens 
écrivains  ecclésiastiques  ont  partagé  l'opi- 
nion qu*Elie  devait  apparaître  avant  la  fin 
du  monde;  il  cite  saint  Justin  le  martyr 
(Z)(a{o</t4eat'ec  Tryphon),  et  l'auteur  de  l'ou- 
vrage sur  les  vies  des  prophètes,  attribué 
sans  preuves  è  saint  Epiphane. 

Parmi  les  opinions  singulières  relatives 
au  prophète  qui  nous  occupe,  on  peut  men- 
tionnerceile  de  quelques  gnostiques,  qui  so 
reproduisit  chez  des  sectaires  du  moyen 
âgé,  et  qui  soutenait  que  l'âme  d'Elie  avait 
passé  dans  le  corps  de  saint  Jean-Baptiste. 

Fabricius  cite  à  cet  égard  l'ouvrage  de 
J.  Alting,  De  Shilo,  lib^v,  c  11,  et  une 
dissertation  singulière  de  Jean  Tarnov  :  De 
tribus  Eliis^  sive  comparatione  Eliœ^  Joannit 
et  Lutheri,  Rostock,  1618,  in4'  (234.). 

C'est  ici  le  lieu  de  parler  d'une  tradition 
dont  l'origine  est  attribuée  à  Elie,  et  d'après 
laquelle  le  monde  doit  durer  six  mille  ans. 
Les  taimudistes  (235)  rapportent  ainsi  cette 
prophétie  :  «  La  tradition  est  dans  la  maison 
d'Elie  que  le  monde  doit  durer  six  mille  ans. 
Il  sera  désert  pendant  deux  mille  ans.  La 
loi  sera  en  vigueur  pendant  deux  mille  ans. 
Le  Messie  étendra  sa  domination  pendant 
deux  mille  ans;  mais,  à  cause  de  nos  pé- 
chés qui  se  sont  multipliés,  les  années 
du  Messie  se  sont   déjà  écoulées,  x  Josué 

Comoa  vervecia  matilabnnt  f<»dera  taori  ; 
Sidère  PoUocis  frateruum  corruel  aslrum; 
Uua  dies  moriis  deponet  séria  duorum 
El  Babel  Arcbadiae  perfasa  craore  pulebit. 

(Î33)  Mous  ne  croyons  pas  qu*on  ait  attribué  des 
écrits  apocrypiies  à  Elisée ,  mais  ce  disciple  d'Elie 
a ,  comme  les  personnages  célèbres  dans  Tbisloire 
sainte,  été  le  sujet  de  contes  ridicules.  Il  suffira  d'en 
citer  un  :  La  femme  qui  le  reconnut  comme  un 
saint  (//  Reg.  iv ,  9) ,  parce  qu'aucune  mouche  ne 
voltigeait  au-dessus  de  sa  table.  (Ba/tolocci ,  Bi- 
blioth,  rabbin,  t.  I,  p.  171.) 

(St54)  En  fait  d'écrits  relatifs  au  célèbre  prophète 
qui  nous  occupe,  mentionnons  Frischmuth  ,  Dû 
ftomîne,  patria  et  prosapia  Eliœ,  lena,  1683;  et  une 
pièce  latine  intitulée  :  Elias ,  drama  tragicum  sa* 
crum  (5  actes  en  vers),  ek  historia  Eliœ  praphetm 
maxime  concinna(um ,  exhibîtum  publiée  m  ihealro 
Argentinensi  y  auctore  G.  Gasparo  Brulovio,  Stras- 
bourg, 1613,  in-12. 

(235)  Gemara,  sanhédrin^  cap.  %  §  S9,  éd.  Cocccj. 
(Cf.  J.  Morinum,  p.  561,  Exercit.  bxbL  ^  et 
Theodori  Hacskspaui  MisvelL  lib.  ii ,  c.  9)  ;  Ce* 
mara,  Avoda  Sara  ^  cap.  1,  p.  65,  edit»  G.-E* 
Ediardi.) 


ti3 


DICTIONISAIlifi  DES  APOCRYPHES. 


m 


Lurki,  luif  conYerli,  qui  prit  le  nom  de  Jé- 
rôme de  Sainte-Foi»  Qt  grand  usage  de  cette 
tradition  pour  démontrer  la  venue'du  Mes- 
sie aux  rabbins  avec  lesquels  il  soutint  à 
Gérone,  en  H09,  une  conférence  publique 
en  présence  de  rantipa[>e  Benoit  XIII.  {Voir 
ce  que  dit  à  cet  é^ard  Etienne  Le  Moyne  ' 
dans  ses  notes  sur  r£[)llre  de  saint  Barnabe, 
passage  cité  par  Fabricius.  {Cod.  apocryph. 
fet.  Test.t  t.  It  p.  1079.)  Vossius,  dans  sa 
dissertation  sur  les  Oracles  sibyllins,  c.  8» 
pense   que  celte  tradition  avail  $a  source 


dans  un  ouvrage  apocryphe  altribaé  k  tille: 
Quod  auêem  Judœi  id  vaticinium  e  schoia 
Eliœ  promanasse  dicuntf  id  forlasse  tx  to 
factum^  quod  desumptum  fuerit  e  libro  pro^ 
pheliarum  EliŒf  quem  olim  Veleha  Testa' 
menti  scriptis  annumeralwn  fuisse  constaïf 
licet  poêtea  apocryphii  ut  appellantur,  ac- 
cesserit.  Le  savant  Bollandiste  aurait  dû  in« 
diquer  sur  quelles  bases  il  établissait  son 
assertion  relative  à  ces  prophéties*  quiau« 
raient  été  regardées  comme  faisant  partie  d« 
r Ancien  Testament  (236). 


ENCRATITES. 

{Evangile  des  encratites,) 

Ces  hérétiques  eurent  pour  chef  Talien;  Tatie!!},  et  ils  faisaient  aussi  usage  de  faox 
ils  se  servaient  de  l'Evangile  coordonné  par  Actes  de  saint  André»  de  saint  Jean  et  do 
cet  hérésiarque  {Voy.  plus  loin  à  Tarticle     saint  Thomas. 


ENOCH. 


Le  premier  volume  de  ce  Dictionnaire  ren- 
ferme une  traduction  accompagnée  de  notes 
et  de  dissertations  sur  Touvragequi  porte  le 
nom  d*Eiioch  et  qui  est  un  des  plus  célèbres 
des  livres  apocryphes.  Depuis  celte  publica- 
tion, il  a  été  mis  au  jour  un  mémoire  d*ua 
savant  orientaliste  M.  H.  Ewald  :  Abhandlung 
Uber  des  ^Ihiopischen  Bûches  H^noch  Ent» 
stehung^  Sinn  und  Zusammensetzung  {Mi" 
moire  sur  V origine^  le  sens  et  Varrangement 
des  diverses  parties  du  livre  éthiopien  d'£- 
noch)^  Gœltingue,  in-&^  ce  travail,  fait  par- 
tie au  siiième  volume  des  Mémoires  de  la 
Société  royale  des  sciences  deGœttingue^  1855. 
Il  en  a  été  donné  un  extrait  dans  une  publi^^ 
cation  périodique  C|ui  a  cessé  de  paraître, 
VAtkœneum  français  (n*  du  22  mars  1856): 
nous  allons  en  reproduire  quelques  passa- 

tes  ;  ils  compléteront  ce  que  nous  avons  dit 
)*égard  de  cette  œuvre  intéressante. 
Le  livre  d'Enoch  est  une  suite  de  visions, 
de  songes  et  de  paraboles,  entremêlés  de 
récits  empruntés  à  l'Ancien  Testament,  mais 
surchargés  de  fables  ;  c'est  une  réunion  de 
prétendues  révélations  sur  la  fin  du  monde, 
sur  la  félicité  réservée  aux  hommes  pieux, 
sur  les  maux  qui  attendent  les  impies,  et  sur 

(256)  Fabricius  observe  qne  la  tradition  trans- 
mise, selon  les  Juifs,  depuis  Adam  jiisqu*à  Elie,  en 
fiassant  par  les  patriarches,  Moïse  ei  les  proplièles , 
est  mentionnée  dans  les  ëcrils  des  anciens  rabbins, 
dans  le  livre  du  Zohar,  dans  Menasseh-ben-Israel , 
In  Coneiiiatore  ad  Geti.  viii,  2%.  Plus  lard,  pressés 
par  letCliréliensqiii,  dans  leurs  controverses,  pui- 
saient des  arguments  dans  cette  tradition ,  les 
Juifs  voulurent  en  diminuer  rautoriié  et  ils  TaUri- 
buèrent  à  un  second  Elie,  personnage  supposé  qui 
aurait  vécu  un  siècle  et  demi  après  la  reconstruction 
dn  temple  de  Jérusal*  m.  Vou,  les  dissertations  de 
Gilles  Straucii  :  De.  puudO'EÏia^  Witteberg».  1062, 
«U  de  Chr.  Rcineccius,  De  traditiùne  EliaM,  Leip- 
zig. MQ/l,  8cambatus  (Itb.  ii  Arehitorurk  Veteris 
Teslammil)  dit'  que  Iroî»  ouvrages  intitulés  :  Le 
frand  ordre  ,é^Elte ,  Le  ptiil  ordre  d'Eue  et  La  ca- 


un  grand  nombre  de  points  de  physique  et 
d'astronomie. 

Quand  on  examine  ce  livre  avec  on 
peu  d'attention,  on  aperçoit  bien  vile  au'il 
se  compose  de  deux  parties  assez  hétéro* 
gènes.  Le  fond  général,  excepté  toutefois  ce 
qui  se  rapporte  à  la  physique  et  à  l'asiro- 
nomie,est  uniforme,  mais  les  idées  de  détail, 
le  ton  des  divers  morceaux,  les  noms  sous 
lesquels  sont  désignés  les  mêmes  êtres,  of- 
frent des  diversités  frappantes  qui  trahissent 
des  auteurs  différents.  M.  Ewald  veut  dé- 
montrer qu'il  est  formé  de  cinq  parties  dis- 
tinctes appartenant  è  des  auteurs  particuliers 
et  à  des  époques  diverses,  et  combinées  en- 
semble  par  un  Juif  de  la  seconde  moitié  du 
siècle  antérieur  à  Tère  chrétienne.  Ces  cinq 
parties  sont  d*abord  trois  livres  attribués 
également  à  Enoch  ou  du  moins  mis  soussoo 
nom!;  ensuite  un  écrit  attribué  à  Noé,  et  en* 
fin  un  court  fragment  d'une  main  égale- 
ment inconnue.  Diaprés  les  indications  que 
M.  Ewald  découvre  dans  cet  ouvrage  même, 
le  premier  des  trois  livres  d*Enoch  seraildo 
très-peu  postérieur  au  temps  d'Antiocbus 
Epipuane,  le  second  aurait  été  composé  dans 
la  première  année  de  la  longue  dominatioa 

terne  d'EUe ,  étaient  regardés  par  les  docteurs  Joifs 
comme  étant  Tœuvre  de  ce  second  Elie.  il  racoou 
en  ces  termes  d'où  viennent  les  titres  donnés  am 
deux  premiers  de  ces  écrits  :  f  A.  Anan  veiiiebai 
ad  Eliam  prophetam  et  ille  docebat  enni  Seder  Ehx. 
Cum  vero  nescio  quid  pcrperam  admisisset  Jiscessit, 
egit  pœnitentiam  et  diu  abfuit.  Poslquam  redut 
verebator  Elise  s«  ostendere.  Igitur  insiar  arcs  eu- 
jusdam  parari  curavit  in  quo  Inclusus  Eliam  Ji- 
centero  audiret,  quousque  toturo  Seder  audivii  et 
eo.  Et  ea  est  causa  cor  dictura  sit  :  Seder  Ëli« 
Rabba  et  Zata.  i  Coromentarius  Aben.  Habib  : 
Partem  quam  prius  didicerat  eitra  arctm,  vctanot 
Seder  El'ue  Rabba,  iîve  mi^orem  ;  partem  vero  qaain 
dtdicit  inu-a  trcam,  vocaruot  Seder  Eli»  tsfà,  ^ 
minor  fuit. 


isS 


ENO 


PART,  in.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ENO 


(itiieaa  Hjrrkam,  le  troisième  peu  de  temps 
dprès,  Ters  TaD  lii  avant  J*ère  (chrétienne. 

L'examen  critique  auquel  M.  Ewald  rient 
soucneUre  cet  ouvrage  dans  son  ensemble, 
tend  à  établir  que  le  livre  d*£nocb  est  une 
compilation  du  môme  genre  que  tant  d*au- 
tres  qai  furent  faites  à  celte  époque,  non- 
seuleiuent  parmi  les  Juifs,  mais  aussi  parmi 
les  Grecs  d'Alexandrie.  Seulement  parfois  le 
savant  Allemand  pousse  ses  explications  jus- 
que de  si  minces  détails,  qu'il  est  bien  dif • 
&•  lie  de  ne  pas  l'accuser  d*accorder  une  trop 
cramie  importance  à  ses  conjectures.  A  la 
ùiduière  dont  il  dissèque  le  livre  d*£aocb, 
00  dirait  quMl  a  été  témoin  du  travail  du 
cKnpilateiir  et  qu  il  Ta  vu  prendre  ce  verset 
dans  tel  des  documents  primitifs  et  cet  au- 
tre dans  tel  autre.  C'est  ce  qui  frappe  surtout 
dans  ce  qu'il  ditdu  livre  de  Noé  quii  retrouve, 
ri'pandu  par  fragments  souvent  infiniment 
petits,  dans  l'ensemble  du  livre  d'£noch.  Une 
ompiiation  semblable  a  pu  éprouver  tant 
(je  iiiodillcations  depuis  son  premier  collec- 
teur, par  le  filit  de  ceux  qui  ont  pu  vou- 
iuir  le  compléter  plus  tard  au  moyen  des 
mêmes  documents  ou  autres  analogues 
cnin(Q>f  aussi  de  la  part  des  traducteurs  qui 
i'oiu  fait  passer  de  Thébreu  en  grec  et  du 
grec  en  éthiopien,  qu'il  est  plus  que  témé- 
raire de  prétendre  expliquer  l'origine  de 
uj3.]ue  chapitre  et  de  chaque  verset. 

M.  Ewald  observe  que  la  cosmogonie  du 
iJTre d'Enoch  est  tout  empreignée  d'idées 
orientales;  l'auteur  regarde  les  astrescomme 
des  êtres  intelligents  (237)  ;  il  croit  à  l'eiis- 
leuce  de  colonnes  sur  lesquelles  la  voûte 
(]<j  ciel  repose;  il  représente  Dieu  comme 
hnçautdes  flèches  et  comme  ayant  un  car- 
qoûis;  les  éclairs,  et  la  foudre  sont  ses 
Uaits;  de  pareilles  expressions  se  trouvent 


dans  TEcriture  avec  un  sens  métaphorique, 
et  c'est  là  que  l'auteur  les  a  prises,  mais  il 
est  permis  de  croire  qu'il  les  prenait  couime 
indiquant  des  choses  réelles. 

Une  portion  considérable  du  livre  est  con- 
sacrée a  ce  que  Ton  peut  appeler  l'angélogra- 
phie  (238),  et  à  la  description  du  monde  in- 
visible. 

Quelques  analogies  fortuites  qu'on  peut 
observer  entre  une  célèbre  tragédie  grec- 
que et  le  livre  qui  nous  occupe  ont  occupé 
un  critique  anglais.  Voy,  Remarks  on  the 
Prometheus  of  Mschyles  and  the  book  of 
Enoch  ;  Classical  journal^  n'  68,  p.  290-305. 

Ce  qu'on  trouve  dans  ta  Bible  de  Vence, 
1832,  t.  XXIH,  p.  602-620  sur  le  livre  d^E- 
noch,  est  la  réimpression  d'une  dissertation 
arriérée.  11  n'y  est  rien  dit  des  travaux  de 
Silvestre  de  Sacy. 

On  peut  aussi  consulter  VBistoireunhef" 
selle^  traduction  française,  1780,  t.   I,  p.  31. 

Enoch  est  célèbre  chez  les  Musulmans; 
le  Coran  en  parle,  ch.  19  (239),  et,  selon  di- 
vers commentateurs,  il  est  encore  en  vie  dans 
un  des  sept  cieux ,  y  ayant  été  transporté 
après  sa  mort  et  ensuite  ressuscité. 

Bàrio\occ\[Bibliotheca  rabbinica^  1. 1,  p.8^S,) 
indique  un  manuscrit  hébreu  du  Vatican  oCi 
se  trouve  une  prière  attribuée  à  Enoch,  et 
qu'il  récitait,  a  ce  qu'on  prétend,  en  pré- 
sence de  Dieu. 

Th.  Mal  vende,  dans  son  traité  Deparadiso^ 
RT)mœ,  1605,  p.  281  et  suiv.,  s'occupe  d*£- 
nocb,iil  cite  un  grand  nombre  d'auteurs;  en^ 
tre  autres  Claudius  Marins  Victor  qui 
s'exprime  ainsi  :  (iib.  nCarm.  in  Gènes,) 

Cujus  de  S'Tîe  pollens  virlutibus  Enoch 
Desc^ndens,  nieriiis  non  Eliain  impar  avitîs , 
RedJItus  in  sedes  palrias^  orl)eiiMiue  bealuiii, 
Yivil  adtiuc  et  liabet  vil»  jam  régna  futarae. 


ENOS. 


Geneorard  attribue  dans  sa  CArono^rapAta 
fii'»0)  quelques  écrits  à  Enoch,  fils  et  frère  de 
Câiiîan.  Il  dit  qu'il  écrivit  sur  la  religion, 
^urla  manière  de  prier  Dieu  et  sur  les  cé- 
rêiuonies,  mais  ces  ouvrages  sont  tout  à  fait 
lucoQûuSyet  nul  auteur  ancien  n'en  a  fait 

(SS7)  D*après  une  opinion  fort  ancienne  en  Orient, 
1^  asires  sont  des  créatures  animées.  Philon  les 
t^ptik  comme  des  êtres  inielligenls  qui  n*ont  ja- 
i&ais  (ail  de  mal  et  qui  sont  incapables  d*en  faire. 
\btmmdiopilicio),  Maimonides  ne  doute  pas  que  les 
nulles  oe  couuaissent  Dieu  qui  les  a  fatt4»s  et  qu^elles 
ne  se  connaissent  elles-mêmes.  {More  Nebuchim^ 
pirt.  Il ,  c.  4 ,  p.  194 ,  et  De  fundamento  legis^  c.  5, 
\ô\ 

1^)  La  dissertation  de  J.  Engestroem  ,  Anqelo^ 
Uia  Judaica^  Lund.  1737,  pourrait  ici  être  con- 
Klt<fe.  Les  ouvrages  relatifs  aux  anges  sont  nom- 
b'tui;  le  docteur  Graesse,  Bibliotheca  magica  et 
pvsniaiica,  Leipzig,  1845,  in-8°,  en  a  compté  plus 
'î**  Mixanie,  et  il  est  loin  d*avoir  tout  connu.  On 
I«Qi  mentionner  surtout  le  traité  de  la  Hiérarehie 
(^e««,qui  nous  est  parvenu  sous  le  nom  de  saint 
l'cAVs  l'Aréopagite ,  et  dans  lequel  se  rencontrent 
pviuls  des  idées  bublinies;  Cocceius,  dans  son 
^^/olofiii,  donne  des  eitraits  de  presque  tout  ce 


mention.  (  Totr  Fabricius ,  Codex  pseud, 
Yet.  Test,,  t.  I,  p.  157);  il  est  dit  dans  la 
Genèse  (iv,  26)  qu  Enoch  commença  à  invo« 
quer  le  nom  du  Seigneur,  c*est  ce  qui  a  pti 
donner  lieu  de  croire  que  ce  patriarche  avait 
écrit  sur  la  religion. 

qui  a  été  écrit  sur  ce  sujet ,  et  Suarez,  De  angetis, 
laisse  bien  peu  de  chose  à  dire-aprés  lui. 

Dans  le  vi'  livre  de  ["Histoire  ae$  Juifs,  par  Bas* 
nage ,  on  trouve  n?entionnées  les  étranges  rêverie» 
des  rabbins  à  Tégard  des  anges;en  voici  des  extfinples.r 

Jls  ne  savent  point  la  langue  chaldaique^  c*est 
pourquoi  ils  ne  portent  point  à  Dieu  les  oraisou» 
de  ceux  qui  prient  dans  celte  langue,  ils  se  trom«* 

ϻent  souvent  et  font  dt'S  erreurs  dangereuses,  car 
*ange  de  la  mort,  qui  est  chargé  de  fa.re  mouiir  un 
homme,  en  prend  quelquefois  un  autre. 
'  (i39)  I  Célèbre  Héiioch  ;  il  fut  juste  et  prophète  ; 
nous  renlevàmesdaus  un  lieu  suliiline.  t  (Traduciioii 
de  S:ivary.) 

(240)  Piiris,  1580,  in-folio.  On  trouve  à  ht  suite 
de.  c^t  ouvrage  divers  traités  traduits  des  rabbins. 
Génébrard  ,  mort  prieur  de  Semur  en  1597,  après 
avoir  été  archevêque  d'Aix,  était  un  bcbraisaol 
télé  et  un  savant  laborieux,  niais  on  aurait  yoaia 
que  6on  érudition  eût  été  uiélée  de  plus  de  criiisue. 


m 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES: 


tl! 


ESDRAS. 


On  trouvera  dans  le  tome  1"  de  ce  Diction^ 
naire^  la  Iraduclion  des  Iroisième  et  qua- 
trième livres  d*Esdras,  qui  ont  constamment 
élô  relégués  parmi  les  apocryphes  ;  nous 
pouvons  ajouter  à  ce  que  nous  en  avons 
ditja  mention  d'un  écrit,  où  il  y  a  de  l'érudi- 
tion :  Dispulatio  critica  de  Esdrœ  librovulgo 
quarto  divto  par  C.  J.  Van  der  Viis,  Amsler- 
tlam,  1839,  iu-8'.  L*auleurde  ce  travail  exa- 
niirie  la  rédaction  éliiiopienno  du  ii*  Livre 
d  Êsdras,  publiée  par  le  docteur  Laurence, 
et  il  IcM-approche  de  la  traduction  latine  qu'on 
ronuaissail  déj5.  Cet  examtn  le  conduit 
aux  conclusions  suivantes  :  1*  L'ouvrage 
avait  été  écrit  originairement  en  grec,  et 
c'est  sur  ce  texte  primitif  que  les  traduc- 
tions latine  et  éthiopienne  ont  éié  faites; 
2*  les  passages  de  la  version  latine  d  après 
lesquels  un  avait  conclu  que  Touvrage  avait 
dû  être  écrit  vers  le  xi'  siècle,  sont  des  in- 
terpolations ;  3"*  les  prétendues  prophéties 
renfermées  dans  ce  livre  se  rapportent  à 
l'ejupire  romain,  dont  elles  retracent  d*une 
manière  figurée  Thisloire  jusqu'à  la  mort  de 
César,  et  les  efforts  faits  par  Antoine  et  Lé- 
pide,  pour  s'emparer  du  pouvoir; 4" l'auteur 
était  un  Juif,  natif  d'Egypte,  il  a  dû  écrire 
son  livie  après  la  mort  de  César  et  avant 
celle  d'Antoine.  (Journal  asiatique,  3' série  » 
t.  VIII,  p.  WO.) 

Quelques  éi  rits  relatifs  h  l'astrologie  ou 
£  la  divination  se  répandirent  au  moyen  âge 
sous  le  nom  d'Ësdras.  M.  Boissonade  men- 
tionne {Notices  des  manuscrits  de  la  Biblio^ 
thiquedu  roi,  t.  XI,  r*  partie,  p.  186)  un  écrit 
rempli  de  niaiseriei^  astrologiques  et  météo- 
rologiques, attribué  à  ce  proptiète.  il  existe 
aussi  un  livret  devenu  rare  et  intitulé  Pro' 
phéties  et  révéhtionsd' Esdras  ;  nous  en  avons 
rencontré  deux  éiJitions  citées  dans  des  ca- 
talogues, toutes  deux  sans  date,  l'une  avec 
l'indication  d'Arles;  elles  ont  été  imprimées 
au  commencement  du  xvi*  siècle. 

Lambéclus  meotionne  parmi  les  manus- 


crits de  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne 
Comment,  de  Biblioth.  Vindob,,  I.  vu,  i». 
^kO)  un  écrit  grec  intitulé  :  Tableau  det 
jours  heureux,  et  qui  porte  pour  nom  d'au- 
teur celui  d'Esdras. 

Fabricius  a  rapporté  (Codex  psiuiep.  ¥>/. 
Test.  t.  il,  p.  170)  la  citation  que  fait  >v\y\o 
Sgambatus, d'après  Jalkul,  m  librisReg.,  de 
Tanathème  qu'£sdras  lança  cimtre  les  Sa- 
maritains; il  avait  réuni  tout  le  peuple  iians 
le  temple;  huit  cents  prêtres  sonnaient  tJo 
la  trompette,  et  trois  cents  enfants  lena  eut 
en  leurs  mains  les  livres  de  la  loii;au  mi- 
lieu d('S  chants,  Esdras  auaihéiuali^a  les 
Samaritains,  déciata  impur  quicon(|ue  au- 
riiit  commerce  avec  eux,  et  prononça  qu*jls 
n'auraient  point  de  part  à  la  résurrection 
des  morts  et  à  la  mémoire  d'Israël. 

On  prétendait  conserver  h  Bologne,  cliez 
les  Dominicains,  un  manuscrit  autographe 
d'Esdras,  et  contenant  les  livres  de  Mui>e  : 
il  était  serré  sous  double  clef,  une  d'elles 
restant  dans  les  mains  des  nsagistrais  de  la 
cité.  Montl'ancoii  y  re*  onnut  une  copie  l!ij 
Panlateu({ue  faite  au  commencement  du  xn* 
siècle.  (Voy.  Diarium Italicwn,  p.309,  el  Fa- 
bricius, Cad.  pseud^Yet.  Test.,  t.  I,  p.  UV7.J 
Ce  dernier  écrivain  cite  divers  auteurs  lois 
que  A.  ttoccha  (De  biblioth.  Yaiicano'; 
Mayer  (Dissert,  de  autographes  biblicis)  ;  J.  Le 
Long,  [Biblioth.  sacra):  J.  Morin  (tsercil, 
biblioth.),  etc.,  qui  ont  parlé  de  ce  mauus- 
cri  t. 

Une  Apocalypse  en  langue  grecque,  attri- 
buée à  Esdras,  i>e  trouve  dan^  le  inoniisciit 
Colbert  929  de  la  Bibliothèque  impériale  d6 
Paris;  il  resterait  à  examiner  si  cette  compo- 
sition s'/iccordeavec  lequatrièo:e  livre  d'B- 
dras,  publié  par  Laurence  d'après  le  texte 
éthiopien  (Voir  le  t.  I"  de  ce  Dictionnaire, 
coi.  579)  et  dont  il  existe  aussi  iinerédduion 
arabe  qu'Okley,  profess4ur  à  Cambridge,  lit 
passer  en  anglais. 


ETIENNE. 

(  Apocalypse  de  saint  Etienne.  ) 


Cet  ouvrage  n  est  connu  que  par  le  té- 
moignage de  Sixte  de  Sienne  qui  dit,  dans 
sa  Bibliotheca sacra,  I.  ii,  que  les  manichéens 
avaient  pour  lui  une  telle  vénération  qu'ils 
se  faisaient  une  incision  à  la  cuisse  et  qu'ils 
l'enfermaient  entre  chair  et  peau  ;  il  rapporte 

• 

ttil)  Toy^  Caniftiiis ,  Thésaurus  monumentorum 
gCcieéiasUcoruiu  et  higioricorum,  $en  Leciioitts  ami" 
quœ,  éd.  J.  Basnage,  Aiiiuerpiae,  1723,  i.  1,  p.  43. 

L*ouvragc  de  ré^é^iie  *ie  Tiienuis  se  trouve  aussi 
Haiis  la  BiOliolhecaGrmcO'Laiittti  veurum  /^alraiin,de 
GaU.iiidi  (Venise ,  1765-81,   i4  vol.  iii-rolio,t.  V. 

Î>.  5i) ,  el  dans  les  Hetiqaiœ  sacrm ,  publiées  par 
ioiilti,  Oxford,  i8l4*l»l8,  4  vol.  in-8«,  1. 1,  p. 
6i4.)  U  est  en  latin  seulenieni  dans  la  Biblïoikeca 


cette  particularité  dénuée  de  toute  vraisem- 
blance sur  l'autorité  de  Tévôque  é,.:y|'iien 
Sérapion,  mais  ce  passage  ne  se  trouve  di 
dans  divers  manuscrits  ^recs  du  livre dcMO 
prélat  contre  les  manie  léens,  ni  dans  lo 
texte  que  Canisius  a  publié  (241)  11  faut  donc 

maxlma  Patrum.  (Lyon,  1677,  t.  IV,  p.  160.)  Oa 
peut  consullfr,  à  son  cgurd,  Cave,  Scripivrum 
eccle*ia$iicorum  ki$toria  litteraria,  u  I,  p.  il^; 
Uupin,  Bibliothèque  de»  auteurs  eccléêiatt.qMii, 
t.  Il,  p.  75;  T'Ileuiunl,  Mémoires  sur  Pbutoi  c 
ecelésiaêtique,  l.  Vlll,  p.  844  ;  Ceiilicr,  llisioirt  aé 
néraU  des  auteurs  sacrés,  t.  Yl,  p.  5(>  ;  GoldwiUir, 
Patroioaie,  Nuronil>e  g,  1854, 2  vol.  in-8*.  U  h  P* 
373  ;  Walci],  Bibliotheca  patr'tstica,  p.  Idl8. 


199 


F.VA 


PART.  m.  --  LEGENDES  ET  FRAGMEiNTS. 


EVA 


15<l 


croire  à  quelque  erreur  de  la  oart  de  Sixte  nous  est  impossible  de  savoir  si  c'est  cell9 

de  Sienne.  que  Sixte  de  Sienne  avait  en  vue  ;  le  passage 

Un  décret  du  Pape  Gélase  condamne  aussi  des  Actes  des  apôtres^  vu,  55,  a  pu  suggérer 

le  Apocalypse  de  sain(  Etienne  ,  mais  il  Tidée  d*un  ouvrage  semblable. 


une 


ÉVANGILE  ÉTERNEL. 


L*Evangile  éternel  dut  son  origine  h  un 
pssa$e de  \  Apocalypse  {xiY, 6):  Et  vidialte-' 
rum  angelum  volantem  per  médium  cœli,  ha" 
benlem  Evangelium  œternum. 

Il  n*en  fallait  pas  davantage  pour  attirer, 
vers  la  fin  du  m*  siècle,  Taltention  de  quel- 
ques rêveurs:  ils  s'imaginèrent  y  voir  la 
prédiction  d*un  dernier  Ëvangiie  qui  devait 
remplacer  celui  de  Jésus-Christ  et  durer 
éternellement.  En  conséquence,  ils  imagi- 
Dèrent  trois  âges  ou  trois  règnes  qui  corres- 
pondaient aux  trois  personnes  de  la  divine 
Trinité,  d'/ihord  TAncien  Testament,  âge  de 
Dieu  le  Père,  du  régime  patriarcal  ou  du 
ponlilicat  des  pères  de  famille  ;  puis  le  Nou- 
veau Testament,  Age  de  Dieu  le  Fils  fonda* 
leur  du  sacerdoce  uni  à  la  vie  active;  enfm 
l'ère  du  Saint-Esprit  qui  ïi*ouvrlrail  en  1260 
et  qui  serait  caractérisée  par  les  progrès,  la 
perfection  et  la  puissance  de  i'élat  contem- 
pialif  des  cénobites. 

Un  moine  de  Tordre  de  Clteaux,  nommé 
Joachim,  né  vers  le  milieu  du  xii*  siècle 
dans  le  midi  de  Tltaiie,  passe  pour  le  pre- 
mier apôtre  de  ce  nouvel  Evangile.  Ce  per- 
sonnage, remarquable  à  divers  titres  (2^2), 
e5t  auteur  de  plusieurs  ouvrages  de  théologie 
et  passa  pour  avoir  composé  des  propitélies 
qui  ont  été  plusieurs  fois  imprimées» (Colo- 
gne, 1570,  Venise,  1589,  in-4'elc.J,  mais  qui, 
tiausiélatoù  nous  les  possédons,  sont  une 
composition  bien  postérieure  à  sa  mort. 

Dante  {Paradis^  ch.  12,  v.  HO)  rend  liom- 
ma^^eau  génie  prophétique  de  Joachim. 

il  cala^Tese  abbale  Gîovacchino 
Di  prpretico  spirilo  doialo. 

Comme  il  ne  subsiste  aucune  portion  im- 
priméeou  manuscrite  de  l^ Evangile  éternel^  on 
ne  peut  en  juger  que  par  ce  qu*en  disent  les 
auteurs  du  moyeu  A^^e,  tels  que  Guillaume 
de  Saint-Amour,  dans  son  Traité  des  périls 
dt$  derniers  temps  et  Nicolas  Eymeric,  dans 
son  Manuel^  ougaidedes  inquisiteurs.  Fleury 
[Histoire  'ecclésiastique^  1.  lixxiv,  n*  35}  a 


résumé  le  système  des  sectaires  qui,  s*ap« 
puyant  sur  ces  éirang(;s illusions,  allirmaient 
que  leur  Evangile  était  très-supérieur  à 
1  Ancien  et  auNouveau  Testament,  lesquels 
devaient  être  abolis  comme  ne  menant  pas 
à  la  perfection. 

Les  Papes  Innocent  IVet  Alexandre  IVcon- 
damnèrent  VEvangile  éternel  ou  un  abrégé 
qui  portait  ce  titre;  TUniversiléde  Paris  le 
frappa  de  ses  censures;  les  écrivains  du 
temps  les  répétèrent;  un  poëie,  Guillaume 
de  Lorris,  parle  de 

Uiijç  livre  de  par  le  grniit  diable 
Dit  TEvangilti  parJurable. 

On  peut  consulter  Ancilloniana^ou  Mélan^ 
ges  critiques  de  littérature^  1698,  p.  lU-127; 
J.  Heide^>5er,  Dissertalionss  seiectœ^  t.  IV, 
diss.  7,  pt  Noël  Alexandre,  Hist,  eccles.^  in- 
fo!., t.  VU,  p.  78  ;  Peignol,  Dictionnaire  de» 
livres  condamnés,  t.  il,  p.  243. 

Quelques  écrivains  protestants  tels  que 
Stillingfleet,  Jurieu,  etc.,  ont  voulu  chercher 
dans  l'existence  de  cet  écrit  le  sujet  d*Htta« 
ques  fort  injustes  contre  TEglise catholique; 
Rome  ne  perdit  pas  un  instant  pour  condam- 
ner ces  aberrations.  11  existe  une  disserta- 
tion spéc  aie  de  Jean  André  Schmi.Jt:  De 
Pseudo-Evangelio  œtemo^  Helmstadt,  1700, 
iu-8';  nous  ne  lavons  jamais  rencontrée. 

En  1697,  une  visionnaire  anglaise,  Jeanne 
Leaiie,  lit  paraître  h  Londres  un  écrit  mix-' 
iulé:  A  révélation  ofthe  everlasting  Gospel 
message.  Entre  autres  assertions  elle  donnait 
de  grands  détails  sur  la  un  do  toutes  les 
créatures  et  enseignait  que  tous  les  damnés, 
ainsi  que  les  démons,  seraient,  après  une 
expiation  plus  on  moins  longue,  admis  à  la 
béatitude  éternelle.  Cet  ouvr.ige,  un  peu 
moditié,  vit  le  jour  en  1699  dans  une  traduc* 
tion  allemande,  et  peu  de  temps  après,  ua 
docteur,  nommé  Jean  Guillaume  Petersen, 
y  ajouta  un  long  commentaire  dans  lequel  il 
s'efforça  avec  un  grand  appareil  d'érudition» 
de  soutenir  les  erreurs  d  Origène. 


ÉVANGILE  VIVANT. 


LBvangile  vivant  était;  répandu  parmi 
lesmanichécns  ;  il  en  est  fait  mention  dans  les 
écrits  de  TimothéedeCoQStantinople  et  de 
Photius  ainsi  que  dans  des  anathèmes  grecs 
contre  les  erreurs  de  Manès  publiés  par  Co- 

(:4i;  Le  P.  P.ipehroc1i  a  réuni  dans  les  Acta  55., 
t.  VU  de  mai ,  ce  qui  a  parti  de  plus  intéressant 
&urra!il)é  Jo;.ctiim,  qui  est  inscrti  dans  plusieurs 
nurtyrolDges  et  qui  est  honoré  (fun  culte  spécial  en 
Caiabre,  quoique  la  cour  de  Rome  n'ait  jamais  rieo 


telier  (Patres  apostolici^  t.  I,  p.  637  et  par 
J.  Toliius.  {Itiner.  Jtaticum,  p.  U2.)  f^y. 
d'ailleurs  Fabricius,  Cod.  apocryph.  Nov. 
Test.,  1. 1,  p.  Ul,  354et381.j 


statué  9ur  sa  béatification.  Son  Histoire ,  écrite  par 
Dom  G^rvaise,  Paris,  1745,  in-i2.  manque  de  cri. 
tique.  Voj^.  aussi  Biographie  universelle  9  t.  XX1« 
p.  56o. 


J.; 


Sf 


DICTIONNAIRE  DES 


S31 


ÉVANGILES  APOCRYPHES. 


Nous  avons  donntiy  dans  le  tome  1*'  ce  ce 
Dictionnaire^  i*évangile  apocryphe  de  l'En- 
fance^  celui  de  iVicod^mf,  et  autres  qui  sont 
parvenus  en  entier  jusqu'à  nos  jours;  il 
a  existé  un  grand  nombre  d*autres  évan» 
giles  supposés,  mais  différents  de  ceux  que 
nous  Tenons  de  rappeler  et  dont  le  but  éfait 
de  réunir  des  Jégendes  plus  ou  moins  dé- 
nuées de  vraisemblance;  ceux-ci  étaient  Tœu- 
vre  d'hérétiques  qui  s*eil'orçaientde  propager 
leurs  erreurs  en  leur  donnant  la  sanction 
d'une  autorité  respectée.  Justement  réprou- 
vés par  l'Ëgliset  ils  ont  subi  le  sort  oui  a 
frappé  tant  de  monuments  littéraires  de  la 
Grèce  et  de  Rome  ;  leurs  titres  seuls,  accom- 
pagnés parfois  de  notions  insuffisantes  ou 
de  bien  courts  fragments,  ont  échappé  aux 
ravages  du  temps.  Il  est  permis  de  regretter 
leur  perte;  les  doctrines  qu'ils  contenaient 
seraient  aujourd'hui  sans  danger,  et  la  cri- 
tique trouverait,  dans  ces  écrits  d'utiles  ma- 
tériaux pour  l'histoire. 

Nous  parlons  de  ces  divers  évangiles  en 
rappelant  le  nom  de  leurs  auteurs  ou  des 
sectes  qui  les  regardaient  comme  l'expres- 
sion de  leur  pensée.  (  Yoy,  âpellu,  Basi- 
UDE,  Egtptoens,  Hébrbux,  M4tciofr,  Naza- 
BÉENS,  etc.)  ;  nous  n'avons  donc  qu'à  placer 
ici  quelques  considérations  générales. 

Les  nombreux  évangiles  apocryphes  cités 

Kr.Fabricfus  peuvent  fort  bien,  ainsi  que 
hserve  M.  Glaire  {Introduciion  aux  livres 
de  PAncien  et  du  Nouveau  Testament^  6  vol. 
in-12,  t.  y,  p.  191),  se  réduire  de  beaucoup; 

I)lusieurs  d'entre  eux  ne  diffèrent  que  par 
e  titre;  et  d'an  autre  côté,  des  évangiles, 
primiiivement  canoniques  ayant  été  inter- 
polés par  des  hérétiques  de  sectes  difTéren- 
les,ont  pris  les  divers  noms  de  ces  sectaires 
et  ont  été  considérés  comme  formant  des 
évangilesdifférents.L'original  hébreu  desaint 
Matthieu,  altéré  par  les  additions  des  Naza- 
réens, est  devenu  l'Evangile  des  Nazaréens^ 
y  Evangile  des  Hébreux  ^  V  Evangile  des  5y- 
risns.  Ce  même  Evangile  de  saint  Matthieu, 
corrompu  et  mutilé  par  les  ébionites,  a  pris 
le  nom  de  ces  hérétiques  et  celui  de  Cérin- 
the.  On  peut  assurer  qu'il  n'est  pas  diffé- 
rent de  celui  qui  regut  le  nom  'ie  Barthé- 
lémy, parce  que  cet  apôtre  porta  1  Evangile 
hébreu  de  saint  Matthieu  dans  les  Indes, 
d'où  Pantène  le  rapporta  à  Alexandrie,  ni  de 
ceux  de  Barnabe  et  des  douze  apôtres.  Quant 
à  VEvangile  de  saini  Pierre^  c'est  celui  de 
saint  Marc  interpolé  par  les  docètes,  c'est 
aussi  ran<:ien  Evangile  des  Egyptiens.  L'E- 
vangile de  Marcion  n'était  autre  que  celui 
de  saint  Paul,  et  ces  deux  représentaient 
l'Evangile  de  saint  Luc  mutilé.  L*Evangile 
des  eticratites  ne  différait  |ias  de  celui  de 
Tatien,  lecjuel  avait  composé  une  sorte  de 
concordance  tirée  des  quatre  Evangiles  cano- 
niques, en  retranchant  ce  r^ui  était  contraire 
à  ses  erreurs.  Les  évangiles  des   valenti- 
niens,desçnosiiques,des  l)asiiidiens,  étaient 


PEvangile  de  saint  Jean  altéré  de  divci^es 
manières. 

Il  n'entre  pas  dans  notre  plan  de  revenir 
ici  sur  les  divers  évangiles  apocryphes  que 
nous  avons  fait  figurer  dans  le  premier  vo- 
lume de  ce  Dictionnaire:  nous  si^n8ierons 
seulement  une  publication  récente  relative  à 
l'un  d'eux. 

Nous  avons  parlé  de  VEvangile  de  CEn- 
fance  en  langue  romane,  et  nous  avons,  dV 
près  M.  Raynouard,  offert  quelques  extraits 
de  cette  traduction  en  vers;  un  savant  aile* 
mand,  M.  Paul  Heyse,  dans  un  volume  qui  a 
été,  en  1856,  mis  au  jour  à  Berlin  {Romanit- 
che  Inédit  a  aus  Italimnisthen  Bibliotheken)  a 
publié  d'autres  fragments  de  ce  poëme  qui 
ne  se  borne  pas  à  reproduire  la  produciioa 
apocryphe  si  connue  au  moyen  Age,  mais 
qui  Y  ajoute  de  nouveaux  épisodes;  en  voici 
un  dont  nous  présentons  l'analyse  en  nous 
servant  de  celle  qu'a  donnée  la  Revue  cqi^ 
temporaine,  t.  XXVIU,  p.  203. 

«  L'enfant  Jésus  se  leva  un  matin  et  alla 
se  promener  hors  de  la  ville  le  long  de  la 
rivière;  il  s'arrêta  auprès  d'une  tuilerie,  où 
grand  nombre  d'ouvriers  fabriquaient  des 
tuiles  et  des  pots.  L'enfant  les  regarda  faire 
et  voulut  les  imiter.  Le  tuilier  lui  dit  :  €  Qui 
es-tu,  toi  qui  es  plein  de  grftce  et  de  beauté? 
tu  n'es  \ïàs  de  ceux  qui  travaillent  à  la  po- 
terie. Je  crois  ^ue  tu  es  noble  enfant;  tu  pd 
as  te  visage  et  I  apparence.  Tu  semblés  d'une 
race  noble  et  avoir  des  parents  très-éminents. 
Je  te  prie  de  nous  laisser.  »  L'enfant  Jésus 
répondit  :  «  Je  n'en  ferai  rien  ;  i»  il  demeura 
avec  les  ouvriers  et  il  les  aida  jusqu'à  ce  que 
la  nuit  fût  venue.  Quand  l'heure  de  rentrer 
au  logis  fut  arrivée,  les  ouvriers  voulurent 
s'en  aller,  et  regardant  leur  travail,  ils  se  fé* 
licitaient  de  voir  qu*il  yen  avait  beaucoup 
d'exécuté  et  de  la  façon  la  plus  jolie.  Ils 
avaieut  fait  cette  journée  plus  que  dans  \v$ 
cinq  précédentes.  Et  le  sage  tuilier  dit  à  ses 
ouvriers  :  «  Je  ne  sais  où  a  été  cet  enfant 

2ui  nous  a  aidés  aujourd'hui.  Nous  avons 
té  bien  fautifs  et  bien  ingrats  de  ne  rien 
lui  donner  et  de  ne  pas  l'avoir  invité  à  man- 
ger. »  Ils  répondirent  tous  :  «  Si  nous  pou- 
vons le  retrouver,  nous  lui  marquerons  tous 
notre  reconnaissance.  »  Et  ils  se  rendirent 
à  leur  auberge,  bien  satisfaits  et  bien  joyeux 
d'avoir  fait  un  si  bon  travail. 

«  \fais  l'enfant  Jésus  était  resté  caché  dans 
la  tuilerie,  et  quand  les  ouvriers  se  furent 
éloignés,  il  se  mit  à  briser  tout  le  travail 
qui  avait  été  fait  depuis  quatre  ou  cinq  jours. 
Marmites,  tuiles  et  pots,  rien  nu  rebta  en- 
tier, et  Jésus,  ayant  tout  cassé,  s'en  alla  en 
sa  maison. 

«  Or,  Joseph  cherchait  son  enfant  et  il 
avait  grand  peur  à  son  égard,  car  la  nuit 
était  déjà  noire,  et  il  ne  pouvait  pas  le  trou- 
ver. Joseph  pleurait  amèrement  et  il  disait  : 
«I  Qu'est-ce  que  je  ferai,  malheureux  que  je 
suis?  où  trouverai-je  cet  enlant?  »  £t  après 


533 


EYA 


PART.  III.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ETA 


S3I 


raconter  la  perte  cl  le  grand  dommage  que 
son  enfant  vous  a  fait  éprouver.  »  Ils  répon- 
dirent tous  :  «  Maître,  tu  parles  très-bien; 
allons-y  aussitôt.  »  Us  partent  donc  et  se 
présentent  devant  Joseph  qu^ils  saluent*  et 
Joseph  les  salue  également,  et  puis  il  leur 
dit  :  «  Seigneurs,  que  désirez- vous?  »  Ils  ré- 
pondirent :  4  Seigneur,  nous  allons  te  le  diro 
tout  de  suite.  »  Joseph  pensa  alors  que  l'en- 
fant leur  avait  fait  quelque  tort,  et  le  maître 
tuilier,  prenant  la  parole,  dit  :  t  Soigneur 
Joseph,  ecoute-nous.  Ton  ûls  Jésus  est  venu 
dans  la  tuilerie;  il  nous  a  aidés  de  bonne 
volonté,  mais  ensuite  il  nous  a  fait  payer 
bien  chérie  service  qu'il  nous  avait  rendu, 
car  de  tout  notre  travail  il  n^est  rien  resté 
dentier,  ni  pots,  ni  tuiles,  ni  marmites.  » 
Joseph  dit  alors:  «  Matlre,  je  serai  fort 
étonné  si  c*est  notre  enfaift  qui  a  ainsi  gâté 
tout  votre  ouvrage.  »  Le  tuilier  re()arlit  : 
«  Que  Dieu  me  soit  en  aide;  apprends,  sei- 
gneur Joseph,  que  pour  quelque  considéra- 
tion que  ce  fût  au  monde,  je  ne  dirai  pas 
une  chose  fausse.  »  Joseph  dit  alors  au  tui- 
liier  !  «  Allons  ensemble  à  la  tuilerie  et  nous 
verrons  si  Tenfant  a  fait  ce  que  vous  dites.  » 
Us  répondirent  tous  :  «  Nous  irons  trôs-vo- 
lontiers.  »  Et  ils  partirent  les  premiers,  aGn 
de  montrer  à  Joseph  le  dégât  qui  avait  été 
opéré.  Le  tuilier  s'empressa  de  voir  les 
choses,  et  quel  fut  son  étonnement  lorsqu'il 
aperçut  tout  l'ouvrage  en  parfait  état!  Mar- 
mites, tuiles  et  pots  étaient  intacts  comme 
auparavant.  Et  Joseph  dit  alors  :  «  Seigneurs, 
que  voulez-vous  de  moi  puisque  votre  tra- 
vail est  entier?  Vous  paraissez  avoir  voulu 
plaisanter  et  vous  m'avez  fait  venir  pour 
vous  railler  do  moi.  C'est  une  mauvaise 
chose  que  vous  avez  faite  ainsi,  et  je  serai  en 
droit  d  aller  me  plaindre  au  juge.  »  Le  maî- 
tre tuilier  répondit  :  «  Seigneur  Joseph,  jo 
te  prie  d'avoir  pitié  de  moi;  daigne  me  par- 
donner par  un  ellét  de  ta  grande  bonté.  » 
Joseph  répondit  :  «  Que  Dieu  te  pardonne^ 
car  il  peut  le  faire  mieux  que  moi.  ^  Et  le 
tuilier  s'en  alla  ensuite  en  sa  maison  et  tous 
SCS  ouvriers  en  firent  de  même,  et  ils  étaient 
pleins  de  joie  et  de  satisfaction,  car  leur  tra- 
vail était  Uni.  » 


.ivoir  heaocoup  cherché,  comme  il  était  ac- 
<.v):é  do  fatigue,  il  aper<;ut  l'enfant  Jésus 
rjMi  revenait  vers  sa  maison,  et  il  le  prit  et 
i(  ramena  avec  lui.  Et  quand  Notre-Dame  vit 
Joseph  qui  ramenait  son  enfant  chéri,  elle 
• ,  r  ura  une  très-grande  joie.  Et  puis,  Notre- 
bvwQ  lui  demanda  tout  doucement  et  en 
::Mn<)c  humilité  :  «  Mon  fils,  où  as-tu  donc 
tiJaiis  cette  nuit  si  noire?Si  l'on  t'a  hébergé, 
/  ;e  prie  de  me  le  dire.  »  L'enfant  répondit  : 
'  C.Q  malin,  je  me  suis  levé  et  j'ai  voulu 
:;  cr  me  promener  dans  la  ville,  et  en  pas- 
N^nt  le  long  de  la  rivière,  je  suis  entré  dans 
i.ic  (uiierie  où  il  y  avait  beaucoup  d'ou- 
t^ers  qui  faisaient  des  tuiles  et  des  pots.  ». 
N  ire-Dame  lui  demanda  alors  :  «  Mon  fils, 
wi]  Irais-tu  te  reposer?  »  et  il  répondit  : 
t  Je  Toudrats  dtner,  car  je  n*ai  rien  mangé 
y  toute  la  journée,  v  Notre-Dame  dit  alors  : 
tMon  fils,  ceui  que  tu  as  aidés  aujourd'hui 
>tntf;ep$  bien  grossiers,  puisqu'ils  ne  t'ont 
n^n  donné.  »  Jésus  répondit  :  «  Ils  ne  m'ont 
rien  donné  et  ils  ne  m'ont  pas  offert  à  dtner.  » 
£(  l'enfant  Jésus  but  et  mangea;  il  alla  en* 
saile  se  coucher. 

«  Le  roattrede  la  tuilerie  se  leva  de  bonne 
Leare  et  alla  à  son  travail,  menant  avec  lui 
ui  grand  nombre  d'ouvriers.  Il  pensait  re- 
irourerla  besogne  comme  il  l'avait  laissée, 
mais  il  vit  qu'il  ne  restait  rien  d'entier,  ni 
marmites,  ni  tuiles,  ni  pots.  11  se  mit  alors 
à  crier  :  c  Que  vais-je  faire  et  à  qui  ro'a« 
âesserai-je?  Qui  m'a  causé  un  si  graïul  dom- 
riii^e  en  brisant  ainsi  tout  ce  que  i'avais  fa- 
briqué? Il  vaudrait  mieux  qu'il  m  eût  tué.  » 
Le  tuilier  était  donc  rempli  de  chagrin  et  de 
coière  eo  voyant  la  tuilerie  en  si  piteux 
éui;  puis,  il  dit  à  ses  ouvriers  :  «  Je  vais 
T>us  dire  ce  que  je  pense;  je  soupçonne 

•  «nfiut  qui  nous  a  aidés  d'avoir  fait  tout  ce 
'''S'^t.  parce  qu'il  était  irrité  qu'on  no  lui  eût 
'irg  donné.  »  Tous  les  ouvriers  répon  li- 
rtnt  :  «  C'est  bien  possible;  nous  avons  fort 
^iisi  a^i  II  l'égard  de  cet  enfant  en  ne  lui  don- 
p^ol  rien,  et  c'est  assurément  la  raison  pour 
'3|uelle  nous  trouvons  pareille  récompense 
(ie  sa  part.  » 

«  Alors,  un  sage  Juif  prit  la  parole  et  dit  : 

•  Seij^neur,  si  vous  le  trouvez  bon,  je  vous 
OûQseillerai  d'aller  devant  Joseph  et  de  lui 

M^'enre   entre   les  miraclcê  racontée  dans   les  Evangiles  canoniques   et   ceux  que  Us 

évangiles  apocryphes  attribuent  à  Jésus  Christ. 

cryphcs.  Rien  de  plus  simple;  les  uns  sont 
le  fruit  de  Tinsniration  divine,  les  autn-s 
sont  l'œuvre  d'hommes  crédules  et  peu 
éclairés.  La  comparaison  des  apocryphes 
otfre  un  argument  très-sérieux  en  faveur  du 
la  vérité  ^des  Evangiles  canoniques  et  do  la 
réalité  des  faits  qu'ils  rapportent.  Si  l'Evan* 
gilo  n'était  pas  le  narré  des  faits  tels  qu'ils 
se  sont  passés,  si  l'histoire  du  Sauveur  f 
était  inventée  ou  embellie,  il  présenteraii 
infail  1  iblemen  t  quelqu'un  de  ces  caractères  fâ« 
cheux  que  l'on  reconnaît  dans  les  apocryphes. 
L'exposition  si  simple,  ai  naturelle  des 
récits  canoniques  ne  forme*t«elle  pas  un 
contraste  des  plus  marqués  avec  les  narra- 
tions supposées  où  l'on  reconnaît  partout  le 

8 


. Cette  différence  est  telle  qu'il  est  impos- 
^«l>.e  de  ne  pas  en  être  frappé  do  la  façon  la 
p'us  forte;  elle  a  été  exposée  avec  netteté 
Mnsui»  thèse  présentée  à  la  Facultéproes- 
tanie  de  Strasbourg  par  M.  Hippolyte  Cam- 
prodon,  ti  imprimée  dans  cette  ville  (in-8% 
1^,  W  pages).  L^aoteur  de  ce  travail  trace 
^3{>idement  eu  son  épigraphe  la  pensée  qui 
I  présidé  aux  deux  points  do  vue  sous  les- 
q<iels  il  embrasse  son  sujet  :  Ce  nest  pas 
mtt fH*^  mreriltf;  cent  ainsi  qu'on  invente. 
•^"is  allons  lai  emprunter  quelques-unes  des 
<»Jisidérations  qu'il  développe. 

l^flc  différence  radicale,  essentielle,  îm- 
"^nsi»,  (je  fond  et  d'esprit,  un  abîme  sépare 
^wEtangiles  canoniques  des  évangiles  apo- 
DtcT.  DES  Apocryphes.  If. 


as 


D.CTIONNAIRK  DES  APOCRYPHES. 


r.' 


dt^sirde  frapper  rimaginalion,  de  donner  un 
aliment  à  la  curiosilé? 

Quelle  différence  dans  les  miracles  opérés 
par  Jésus-Chrislet  ceui  que  lui  attribuent  les 
apocryphes  I  Ce  n*est  pas  ainsi  qu*on  invente, 
3*écriait  en  rendant  hommage  à  TEvangile 
un  sophiste  trop  célèbre.  On  ajoute  une 
force  nouvelle  à  l'exclamation  de  Rousseau 
lorsqu'on  peut  dire  en  montrant  les  apocry- 
phes :  Cest  ainsi  au'on  invente. 

Tous  les  miracles  attribués  au  Sauveur 
par  les  évangiles  apocryphes  sont  à  rejeter, 
par  la  raison  qu'ils  ne  sont  accompagnés 
d'aucun  enseignement.  Que  signifient,  en 
effet,  ces  prodiges  qu*opère  Jésus-Chrisl 
trente  ans  avant  de  commenceb  son  minis- 
tère et  de  dire  :  Amendez-vous^  car  le  royaume 
des  deux  est  proche  [2^3)  ?  Que  signifient  en 
particulier  ces  miracles  en  grand  nombre 
qui  signalent  la  fuite  et  le  séjour  de  Jé- 
sus en  Egypte?  Quelle  est  leur  portée, 
leur  but  dtans  un  pays  où  Jésus  ne  devait 
se  révéler  que  cinquante  ou  soixante  ans 
plus  lard  par  le  ministère  de  ses  apôtres, 
devant  des  inconnus  qui  allaient  le  perdre 
de  vueun  moment  après  ;  devant  des  païens 
qui  n'étaient  préparés  par  aucune  révélation 
particulière  à  recevoir  le  Messie  ;  devant  des 
hommes  qui,  comme  tous  les  autres,  pou- 
vaient s'extasier  devant  des  prodiges,  mais 
qui  étaient  incapables  de  les  rapporter  h 
leur  vérilable  but?  Il  est  évident  qu'ici, 
plus  que  partout  ailleurs,  un  enseignement 
était  indispensable  pour  que  te  miracle  pût 
porter  ses  fruits.  Il  est  bien  permis  aux  aj'O- 
cryphes  de  travestir  les  Ecritures,  de  rap- 
porter que  ces  miracles  produisaient  le 
même  effet  en  Egypte  que  trente  ans  plus 
Jard  en  Palestine  ;  que  là  aussi  on  disait  : 
«rJamais  homme  n'a  fait  les  choses  qu'il  fait, 
il  doit  être  le  Fils  de  Dieu  ;  »  que  là  aussi 
les  témoins  en  rapportaient  la  gloire  à  Dieu, 
lui  adressaient  des  actions  de  grAces  et  chan- 
taient ses  louanges.  Mais  il  nous  est  bien 
prrmis  aussi  do  regarder  ces  résultats  des 
miracles  comme  une  invraisemblance  de 
plus,  qui,  loin  de  les  rendre  plus  acceptables, 
ne  fait  (fueles  rendre  plus  suspects.  Le  but  de 
bienfaisance  qu'on  pourraitobjecter,justifie- 
t-il  les  guérisons?Dans  celles  que  racontent 
les  Evangiles  canoniques,  le  but  théologique 
se  joint  au  but  de  bienfaisance  ;  elles  tendent 
tout  au  moins  à  gagner  à  Dieu  celui  qui  en 
est  l'objet.  Mais  les  guérisons  miraculeuses 
rapportées  dans  les  apocryphes  ne  pouvaient 
avoir  ce  résultat. 

Dans  l'Ecriture,  les  miracles  ne  sont  pas 
des  faits  isolés  sans  liaison  avec  d'autres 
faits.  Ils  ne  sont  pas  des  hors-d'œuvre  ;  ils 
font  portie  intégrante  de  l'œuvre  du  Sau- 
veur et  s'adaptent  parfaitement  aux  autres 
fonctions  de  son  ministère.  Ses  miracles 
rassemblent  de  toutes  parts  et  attachent  à  ses 
pas  les  foules  curieuses  de  la  Galilée,  exci- 
tent leur  admiration  et  leur  enthousiasme, 
font  vibrer  toutes  leurs  espérances;  ses 
bienfaits  les  touchent,  lui  concilient  leur 


amour,  en  attendant  que  les  paroles  p\mc% 
de  grâce  qui  sortent  de  sa  bouche  tienntr.t 
les  instruire,  les  faire  réfléchir  et  les  trans- 
former. Les  miracles,  quelque  nombroui 
3u'ils  soient,  ne  sont  pas  le  fond  esseniitl 
e  l'Evangile;  ils  sont  toujours  siibonlon. 
nés;  ils  ne  sont  jamais  qu'un  moyen  et  ps 
un  but;  ce  sont  des  signes^  comme  les  Ap- 
pelle la  Bible, .et  lorsque  le  Sauveur  j.k^! 
qu'ils  ne  porteraient  aucun  fruit,  il  oeo 
opère  point. 

Les  miracles  de  l'Evangile,  en  un  mot, 
entrent  dans  le  plan  général  de  la  révéla* 
tiou  de  Dieu  au  monde  par  son  Fils.  Dans 
les  apocryphes,  au  contraire,  ce  sont  des 
faits  isolés,  sans  liaison.  Ils  sont  opérés  pour 
eux-mêmes;  ils  sont  sans  but,  ou  piuiùi 
ils  n'ont  que  le  but  puéril  des  contes  unen- 
taux,  celui  de  fournir  une  pâture  à  la  cu- 
riosité, à  l'imagination,  à  l'amour  du  mer* 
veilleux,  du  fantastique,  qui  font  la  hase  du 
caractère  des  populations  ignorantes. 

Les  caractères  qui  distinguent  les  miracles 
racontés  dans  les  livres  apocryphes  sont  1a- 
ciles  h  distinguer.  On  peut  leur  reprocher: 
1"  leur  profusion,  qui  fait  parliculièreiDcnt 
ressortir  Timpossibililé  de  leur  assignerun 
motif  et  un  but  légitimes;  3*  une  variH^ 
d^espèces  qu'on  peut  soupçonner  d'être  re- 
cherchée. Tous  les  genres  6onl  réunis  dar.s 
les  miracles  des  apocryphes.  Les  auteurs  <:«' 
ces  livres  paraissent  s'être  proposé  de  faire 
exercer  au  Sauveur  son  pouvoir  miracukux 
dans  tous  les  sens.  On  trouve  dans  leurs 
écrits  des  guérisons  de  toutes  sortes,  guéri- 
sons de  démoniaques,  d'aveugles, de  lépreui, 
d*hommes  mordus  par  des  serpents  ;  on  v 
trouve  des  effets  exercés  sur  la  nature  ina- 
nimée comme  sur  la  nature  vivante;  on  r 
rencontre  des  délivrances  de  captifs,  des 
métamorphoses,  des  chutes  d'idoles,  des 
désenchantements,  des  créations.  Ici  une 
ville  d'idoles  se  réduit,  à  l'approche  de  Jésus 
en  un  tas  de  sable  ;  là  une  source  jaillit  à  sa 
voix.  Dans  sa  marc4ic ,  les  bêtes  sauvag^'s 
l'accompagnent,  sa  présence  les  radoucit,  sa 
parole  leur  indique  la  proie  qu*ils  doivent 
poursuivre.  Les  malfaiteurs  tremblent  à  son 
approche  et  croient  entendre  un  roi  qui  s'a- 
vance avec  sa  cour  et  son  armée,  tandis  que 
les  captifs  voient  tomber  leurs  liens.  Le 
chemin  se  raccourcit  sous  ses  pieds,  le  bois 
s'allonse  sous  ses  doigts  ;  son  soufilo,  couui  t- 
celui  de  l'Eternel,  donne  la  vie  à  \le$  ou- 
vrages d'argile.  Il  fait  parler  un  mort;  &<>n 
contact  transforme  ou  ressuscite  ;  sa  rusl«'; 
diction  tue.  Il  jette  en  terre  un  grain  de  i'ié, 
et  l'épi  qui  en  sort  produit  cdnt   ch()^c> 

ui  suffisent,  et  au  delà,  pour  la  nourriture 

e  tout  un  village. 

3*  Le  manque  de  simplicité.  Il  est  rare  <'^ 
trouver  dans  les  apocryphes  des  mirac  «? 
simples  et  simplement  racontés.  Il  faut  toa* 
jours  qu'ils  parlent  à  rimagination  et  qui  > 
intéressent  la  curiosité.  Il  faut  d'une  nianit  r  ^ 
ou  d'une  autre  qu'il  y  entre  quelque  élé- 
ment fantastique.  Voyez ,  par  exemple  1 1^^^ 


3 


(^2(5)  Matili.  ni,  S. 


Î57 


EYÂ 


PART.  11I.-.LEGËNDES  ET  FRAGMENTS. 


EVA 


28 


gui^risons  de  démoniaques.  Les  apocryphes 
se  coo(eolent-îls  de  dire  que  le  déaion  s'en* 
fuyait  à  la  yoii  de  Jésus?  Non;  le  démon 
sort  toujours  des  possédés  sous  quelque  for- 
me visible  :  tantôt  c*est  un  corbeau,  tantôt 
cest  un  chien  enragé,  tantôt  un  beau  jeune 
homme.  Ici,  il  esi  représenté  comme  un 
serpent  qui,  chaque  nuit,  entoure  de  ses 
anneaux  hideux  le  corps  d'une  femme  et 
s^uce  tout  son  sang;  là,  comme  un  dragon 
atlteiii  qui  trouble  partout  la  vue  d'une  jeu- 
ne filie  et  la  glace  d  épouvante.  Jésus  guérit 
nn  enfant  de  la  morsure  d'une  vipère;  le 
faiiMJ  simplement  en  cicatrisant  la  plaie  par 
un  elTei  de  sa  toute-puissance?  Non,  il  se 
lait  conduire  à  1  endroit  où  l'enfant  a  été 
inuniu,  il  appefle  le  reptile  hors  de  sa  re- 
traite, il  le  fait  ramper  jusqu'à  la  plaie,  sucer 
tout  le  venin  qu'il  y  a  déversé,  et  il  le  tue 
ensuite  en  le  maudissant.  Jésus  et  sa  famille 
descendent  à  une  hôtellerie  voisine  d'un  tem- 
ple consacré  aux  idoles.  Les  idoles  tombent 
dès  que  Marie,  tenant  dans  ses  bras  r£nfânt 
divin,  met  le  pied  sur  le  seuil.  (On  ne  sait 
trop  ce  qu'elle  va  y  faire.)  Mais  cela  ne  suffit 
pas;  Tune  d'elles,  avant  de  se  rompre,  rend 
d'une  voix  haute  et  claire  témoignage  à  TEn* 
f3nl  Jésus  :  <c  Celte  épouvante,  dit-elle,  a  été* 
apportée  par  un  Dieu  ignoré  qui  est  le  Dieu 
véritable,  et  nul  autre  que  lui  n'est  digne 
des  honneurs  divins,  car  il  est  véritablement 
le  Fils  de  Dieu.  »  Nous  no  finirions  pas  si 
nous  voulions  énuraérer  tous  les  exemples 
de  merveilleux  fantastique,  qui  est  un  ac- 
compiii^nement  obligé  do  presque  tous  les 
apocryphes. 

4*  Leur  caractère,  le  rù]e  passif  ei  presque 
mécanique  de  Jésus-Christ.  Quelque  chose 
qui  contribue  beaucoup  à  la  vénération 
qu  inspirent  les  miracles  des  Evangiles  cano- 
ni<|ue5,  c'est  leur  caractère  spirituel,  édifiant, 
profond,  caractère  oui  leur  permet  de  se 
fondre  si  bien  dans  f  ensemble  du  ministère 
deJcsa$-Christ,et  qui  fait  qu'ils  ne  déparent 
aucune  scène,  mais  au  contraire  qu'ils  con* 
tinuent  felTet  de  ses  prédications.  11  y  a 
dans  fËvangile  une  relation  intime,  une 
liaison  mystique  entre  le  miracle  et  les  dis- 
positions religieuses  de  l'âme.  Il  est  attaché 
en  entier  à  cette  disposition  intérieure  qui 
les  résume  toutes,  la  foi  ;  ce  mélange  de  re- 
pentir» de  contiauue,  d'abandon,  de  désir,  de 
crainte  de  Dieu,  d'espérance  en  sa  bonté  et 
eu  sa  puissance.  Jésus-Christ  demande  la  foi 
i  ceux  qu'il  veut  guérir  ;  il  reproche  à  Pierre, 
qui  s'enfonce  dans  les  eaux,  de  manquer  de 
lu  On  voit  dans  Jésus ,  opérant  des 
Uliracles ,  une  volonté  libre  et  agissante, 
une  volonté  sainte,  soumise  à  la  volonté  di- 
vine ou  plutôt  toujours  d'accord  avec  elle* 
Ce  rapport  établi  par  la  foi  entre  celui  en 
faveur  de  qui  s'opère  le  miracle  et  celui  qui 
l'opère,  la  communion  de  celui-ci  avec  Dieu, 
tout  cela  vous  transporte  au  delà  des  réalités 
visibles  dans  un  monde  nouveau  où  l'esprit 
domine  la  chair.  Ajoutons  que  dans  les 
guérisons  miraculeuses  qu'il  opère,  Jésus 
rend  la  santé  à  fflme  aussi  bien  qu'au  corps; 
iléveiHe  le  sentiment  des  péchés  et  du  re- 


pentir; VAme  qu*il  a  ainsi  remuée  éproiivo 
un  si  grand  besoin  de  pardon,  qu'à  ces  (m- 
rôles  qui  portent  la  guérison  au  carps  :  «c  Soh 
guéri;  prends  ton  lit  et  marche,  n  il  doit 
ajouter  ces  autres  paroles  qui  donnent  la 
paix  à  rame  :  a  Va,  mon  fils,  tes  péchés  te 
sontpardonnés.>/Quelle  chute  lorsqu'on  des- 
cend de  ces  divines  hauteurs  aux  platitudes 
des  apocryphes  I  comme  le  miracle  se  dé- 
grade! comme  la  notion  en  est  rapetissée 
et  rendue  mesquine  1  La  foi,  on  n'en  connaît 
ni  le  nom,  ni  la  chose  :  l'effet  moral,  on  n'y 
son^e  pas.  Un  fait  surnaturel  s'accomplit ,  il 
atteint  le  but  matériel  en  vue  duquel  il  a  été 
opéré,  et  voilà  tout.  La  puissance  miraculeuse 
est  chez  Jésus  quelque  chose  d'extérieur,  de 
superficiel  qui  semble  plutôt  teniràson  corps 
qu'à  son  âme.  Il  est  une  machine  à  miracles, 
un  canal  par  où  s'écoule  le  pouvoir  miracu- 
leux. De  même  que  de  l'approche  de  deux 
corps  chargés  d'électricité  jaillit  fatalement 
l'étincelle,  de  môme  sa  présence,  son  con- 
tact, son  soufHe  engendre  fatalement  des 
prodiges.  Cette  vertu  miraculeuse  est  là  tel- 
lement extérieure,  qu'elle  se  communique 
facilement  à  tout  ce  oui  lui  appartient,  à 
tout  ce  qui  le  touche,  à  Veau  dont  il  est  lavé» 
aux  linges  dont  il  est  enveloppé,  à  la  sueur 
qui  découle  de  ses  membres.  C'est  par  ces 
intermédiaires  que  s'opèrent  presque  toutes 
les  guérisons  miraculeuses.  Marie  a  mis  & 
s(^cher  sur  une  corde  des  linges  de  l'enfant 
Jésus;  un  démoniaque,  dans  son  accès,  eu 
prend  un,  et  il  est  guéri  sans  que  Marie  et 
Jésus  aient  été  consultés.  L'eau  dans  laquelle 
Jésus-Christ  est  lavé  est  la  grande  recette 
curative  que  Marie  distribue  aux  aveugles 
et  aux  lépreux.  Une  femme  fait  du  drap  de 
Jésus  une  tunique  pour  son  (ils,  qui  se 
trouve  ainsi  préservé  de  tous  les  dangers; 
jeté  dans  un  four  ardent,  précipité  au  fond 
d'un  puits,  il  n'est  nullement  blessé,  et  sa 
mère  vient  raconter  ces  merveilles  à  la  sainte 
famille,quienest  ravie  d'admiration.  Une  au- 
tre femme  se  sert  d'un  linge  de  Jésus  pour 
éloigner  l'esprit  malin  lorsqu'il  vient  lassail- 
lir,  et  l'esprit  malin  dit  au  linge  tout  comme  it 
le  ferait  à  Jésus-Christ  même  :  i  Qu'y  a-t-il 
entre  toi  et  moi?  »  Lorsque  les  mages  d'O» 
rient,  conduits  par  l'étoile,  viennent  adorer 
le  Roi  des  Juifs  et  lui  présenter  de  l'or,  do 
l'encens  et  de  la  myrrhe,  Marie  leur  fait  ca- 
deau d'un  des  draps  du  nouveau-né,  qui 
opère  dans  leur  pays  toute  sorte  de  mira- 
cles et  y  équivaut  à  la  présence  de  Jésus 
môme. 

5"  La  difficulté  d'admettre  les  prémisses 
sur  lesquelles  repose  le  miracle.  C'est  le  cas 
de  tous  les  désenchantements  racontés  dans 
les  apocryphes.  Un  jeune  homme  a  été  chan- 
gé en  mulel  par  un  enchanteur  ;  une  femmo 
a  perdu  l'usage  de  la  parole,  parce  qu*on  a 
jeté  un  sort  sur  elle  :  Jésus-Christ  détruit 
les  etlcts  de  la  puissance  magique.  Il  faut, 
pour  admettre  le  miracle,  admettre  aussi  les 
précédents  sur  lesquels  il  repose;  mais  les 
circonstances  dans  lesquelles  se  produisent 
les  merveilles  opérées  sont  parfois  absolu-* 
ment  inaccentablcs,  et  tout  au  moins  invrai** 


S39 


DICTIÛNNAIUE  DES  APOCRYPHES. 


110 


semblables,  forcées,  inventées,  aHn  d*amencr 
une  nouvelle  révélation  de  la  puissance  du 
Sauveur.    • 

0*  Une  autre  différence  entre  les  miracles 
apocryphes  et  les  mi  racles  canoniques  résulte 
de  Fêxamen  du  conlexU  dans  lequel  ils  sont 
enchAssés.  Les  miracles  des  Evangiles  cano- 
niques sont  enveloppés  dans  le  plan  général 
de  la  révélation  ;  ils  font  partie  intégrante  de 
Ja  mission  du  Sauveur;  les  miracles  ap- 
ftiiienl  les  enseignements,  et  les  enseigne- 
ments rendent  les  miracles  profitables.  Si 
les  miracles  et  la  prédication  sont  ainsi  liés 
en  principe,  ils  sont  aussi  liés  dans  les  récits 
des  auteurs  sacrés.  Ils  sont  mêlés  à  des  pa- 
raboles, à  des  paroles  frappantes,  à  des  sen- 
tences, à  des  traits  qui  portent  un  cachet 
évangélique  et  qui  empêchent  de  les  mettre 
en  doute.  La  multiplication  des  pains  est 
suivie  du  beau  discours  sur  le  pain  de  vie, 
la  guérison  do  la  fille  de  la  Cananéenne  est 
mêlée  à  de  hautes  leçons  sur  la  foi,  la  persé- 
vérance, rhumilité,  la  prière.  C'est  ce  lacis 
de  circonstances  dont  il  esi  impossible  de  les 
séparer  qui  garantit  leur  réalité,  tandis  que 
les  miracles  isolés  tels  que  les  racontent  les 
apocryphes  ne  peuvent  être  regardés  que 
comme  les  produits  du  penchant  des  peuples 
de  rOrientpour  le  merveilleux.  Ajouterons- 
nous  qu*il  y  a  des  miracles  dans  l'Evangile 
aui  se  font  croire  par  la  seule  manière  dont 
s  sont  racontés  ?  Ne  faudrait-il  pas  repous- 
ser d'une  manière  absolue  la  réalité  des  mi- 
racles^  pour  ne  pas  croire  à  la  guérison  de 
l'aveugle-né  (Joan.  ix)  et  à  la  résurrection 
de  Lazare  {Jôan.  xt)  ?  On  ne  trouve  pas  dans 
les  apocrvphes  des  miracles  de  ce  genre,  et 
quoique  les  rédacteurs  aient  dA  toujours  se 
représenter  une  scène  quelconque ,  les  cir- 
constances oui  les  accompagnent  sont  rare- 
ment frappées  au  coin  do  Ta  vérité.  On  n'y 
trouvera  jamais,  par  exemple,  un  miracle 
opéré  progressivement  comme  celui  de  l'a- 
veugle de  Bcthsaïde.  Les  auteurs  des  apocry- 
phes auraient  trop  craint  de  compromettre 
la  toute-puissance  de  Jésus.  Et  pourtant  c'est 
un  Irait  unique  de  vérité.  Une  telle  circons- 
tance, on  le  sent,  n*a  pu  être  inventée. 

7*  Une  dernière  remarque  portera  sur 
roccoiion  des  miracles  des  apocryphes  et  sur 
les  motifs  avoués  de  leur  production. 

La  morale  évangélique  nous  enseigne  que 
la  fortufte,  la  puissance,  le  crédit,  et  tous  les 
biens  dont  nous  jouissons  ne  nous  appar- 
tiennent pas,  mais  qu'ils  sont  la  propriété  de 
celui  qui  les  dispense  h  tous,  selon  sa  vo- 
lonté et  dans  la  mesure  qui  lui  convient,  de 
telle  sorte  que  ces  dons  de  Dieu  sont  un  pur 
«lépôt  remis  entre  nos  mains,  afin  que  nous 
en  usions  dans  les  vues  et  selon  la  volonté 
du  notre  souverain  Maître  et  Juge.  Le  pou- 
voir miraculeux,  le  plus  çranddes  privilèges 
dont  le  Créateur  puisse  doter  la  créature,  le 
don  le  plus  directement  émané  de  sa  main, 
serait-il  seul  eu  dehors  de  cette  loi  morale, 
universelle,  et  celui  qui  en  a  été  gratitié 
)K)urrait-il-  en  user  selon  son  caprije  sans 
devenir  prévaricateur?  C'est  inadmissible. 
Jugez  d'après  ce  principe  un  grand  nombre 


des  miracles  des  apocryphes,  et  il  ne  restera 
qu*à  les  rejeter  avec  répulsion.  Ce  n'est  pas, 
en  effet ,  seulement  le  bon  sens  et  la  ratsoo 
(^ui  sont  ici  blessés,  c'est  le  sentiment  chré- 
tien qui  reçoit  une  profonde  atteinte. 

Nous  consentons  à  ne  pas  nous  arrêter  sur 
tous  les  miracles  qui  ne  se  légitiment  point 

f)ar  un  but  religieux  et  bienfaisant,  \lai.s,  si 
e  Sauveur,  dans  l'Evani^ile,  montre  une  ex- 
trême réserve  dans  Tusage  qu*il  lait  de  sa 
puissance,  qu'il  est  autre  dans  les  apocry- 
phes I  Non-seulement  il  prodigue  ses  mira- 
cles sans  scrupule  comme  sans  raison,  niais 
il  les  emploie  à  des  usages  bas  et  indignes. 
Il  les  fait  servir  aux  intérêts  de  sa  famille  oa 
è  ses  propres  passions.  Dans  l'Evengilu  Jé- 
sus, accablé  par  la  faim,  né  veut  pas  foire 
un  miracle  pour  se  rassasier.  Jésus,  liiré 
aux  mains  de  ses  ennemis,  ne  veuipas  user 
de  son  pouvoir  miraculeui  pour  sedéfen- 
dre;  il  aime  mieux  se  laisser  mener  à  la 
boucherie  comme  un  agneau  et  comme  uoa 
brebis  muette  devant  celui  qui  la  toad;  Jé- 
sus, crucifia,  ne  veut  pas  répondre  aux  mo- 
queries et  aux  sarcasmes  de  ses  persécu- 
teurs par  une  manifestation  éclatante  de  sa 
puissance;  Jésus  résiste  aux sollicilations 
lie  deux  apAtres  qui  veulent  faire  descen- 
dre le  feu  du  ciel  sur  une  ville  qui  avait  re- 
fusé de  les  recevoir.  Dans  les  apocryphes 
Jésus  fait  jaillir  une  fontaine,  seulement 
pour  que  sa  Mère  y  lave  sa  tunique;  il  com^ 
mande  h  un  arbre  de  s'incliner,  parce  que 
sa  Mère  veut  en  goAter  les  fruits,  et  il  ré- 
compense Tarbre  de  son  obéissance  en  fai* 
sant  transporter  un  de  ses  rameaux  dans  le 
paradis.  Jésus  abrège  le  chemin,  seulement 
pour  que  la  caravane  ne  se  fiatigue  pas  à  le 
parcourir.  Jésus,  envoyé  k  une  fontaine,  ci 
ayant  cassé  sa  cruche,  fait  un  miracle  {»o:tr 
porter  de  l'eau  à  sa  Mère.  11  aide  Joseph  le 
charppntier  dans  toutes  ses  fonctions,  sup- 
pléant par  son  pouvoir  miraculeux  au  man- 
que d*habileté  de  son  père  putatif  et  répa- 
rant ses  bévues.  Ce  n'est  pas  tout  encore. 
Jésus  fait  parade  de  son  pouvoir  miraculeux 
BU  milieu  des  enfants  de  son  âge  i^t  dei  coni- 
pagnons  de  ses  jeux.  Ils  font  ensemble  cte 
petits  animaux  avec  de  la  terre  détrempée, 
mais  lui  leur  donne  la  vie,  fait  marcher  !e« 
quadrupèdes,  voler  les  oiseaux  et  na^^erM 
poissons.  Il  use  de  son  pouvoir  miracuieui 
de  la  manière  la  plus  capricieuse.  Un  pauvre 
teinturier  s'apprête  è  teindre  des  étoffes  uo 
diverses  couleurs;  Jésus  passe  et  les  jette 
toutes  dans  la  même  chaudière;  ce  n'est  que 
lorsque  le  teinturier  s'est  bien  mis  en  eo!ère. 
et  l'a  menacé  d'aller  trouver  ses  parents, 
qu'il  retire  les  étotfes  chacune  avec  la  cou- 
leur voulue.  Une  autre  fois  il  se  présente  Mir 
la  place  publique  pour  jouer,  ei  les  enfanis 
ne  voulant  pas  s'amuser  avttc  lui  parce  qu'il 
prend  avec  eux  des  airs  de  supériorité  <{'! 
leur  déplaisent,  vont  se  cacher  sous  un  ar« 
ccau.  1^  susceptibililé  de  l'Enfant  di^m 
blessée  de  cette  conduite,  trouve  movenu'tn 
tirer  vengeance.  Il  découvre  de  loin  Ici 
enfants  dans  leur  cachette,  et  dit  à  leurs  mè« 
res  qui  étaient  là  :  «N'est-ce  pas  toi  qwfi 


1(1 


ETE 


PART.  U1.—  LEGENDES  ET  FfiAGMEKTS. 


E>E 


U% 


vois  Ih-bas.T  «  Non,  répondent-elles  en  plai- 
saillant,  ce  sont  des  béliers.  »  Et  Jésus  amène 
sur  iciiri  visages  une  pâleur  morlelle,  en  jus- 
tifiant leurs  |)arotes  et  faisant  paraître  les 
enfants  sons  la  forme  de  béliers.  Ce  n'est  que 
lorsque  les  adorations  et  les  prières  ont 
rairné  son  courroux,  qu'il  relini  sa  parole  et 
leur  rend  la  forme  humaine.  Un  enfant  le 
heurte  par  m.éi^arde  dans  la  rue,  il  tombe 
mort  à  ses  pieds;  un  autre  répand  l'eau  qu'il 
avait  recueillie  dans  de  petites  fosses,  il  est 
maudit  et  il  sèche  ;  un  autre  lève  la  main  sur 
lui,  et  cette  main  so  flétrit.  Il  fallait  que  l'u- 
sa^^e  qu'il  faisait  de  ses  miracles  fût  bien  ré- 
firéhensilile  pour  que  de  toui  côté  on  vint 
porter  plainte  à  Joseph,  lui  disant  :  a  Tu  as 
un  enfant  tel  que  tu  ne  peux  habiter  le 
njètna  village  que  nous  :  apprends-lui  à  bé- 
nir et  non  a  maudire:  car  il  fait  périr  nos 
enfants.  »  Joseph  adressa  h  ce  sujet  des  ad- 
monestations sérieuses  au  petit  Jésus  oui 
D'en  tint  compte ,  eC  même  un  Jour  il  lui 
tira  les  oreilles. 

Assez  sur  un  sujet  qui  répupçne  en  vérité 
à  la  conscience  chrétienne.  L'esquisse  des 
caractères  des  miracles  apocryphes  a  dû  suf- 
fire pour  faire  sentir  leur  immense  infério- 
rité aux  miracles  évan^éliques.  Ne  portent- 
ibpas  Tempreinte  visible  de  l'usage  puéril 
eu  de  l'abus  que  l'homme  serait  disposé  à 
fure  du  pouvoir  miraculeux,  s'il  lui  était 
cooGé?  N  y  voit-on  pas  la  recherche,  le  cu- 
rieux, le  fantastique,  et  avec  toutcela  l'enfan- 
tillage? Ces  derniers  traits  s'appliquent  aussi 
aux  autres  miracles  non  plus  opérés  par  Jé- 
sus, mais  en  sa  faveur.  La  personnalité  du 
Sauveur  n'y  étant  plus  en  jeu,  on  a  moins 
(Je  reproches  è  leur  faire,  mais  ils  ne  sont 
pourtant  pas  au-dessus  danixeaudes  au- 
tres. 


Après  avoir  mis  en  parallèle  les  miracles 
qu'attribuent  h  Jésus-Christ  les  a()0cryphe5 
et  ceux  que  racontent  les  Evangiles  cano- 
niques, il  serait  intéressant  do  comparer 
l'enseignement  que  lui  prêtent  les  uns  et 
les  autres  sur  les  vérités  importantes  de  la 
religion.  Mais  cela  n'est  pas  possible.  Jésus, 
dans  les  apocryphes,  fait  des  miracles,  donne 
des  leçons  de  cosmographie,  de  grammaire, 
mais  quant  à  enseigner  aux  hommes  leurs 
devoirs,  leur  vocation,  quant  à  amener  les 
âmes  à  Dieu,  il  n'en  est  pas  Question.  On 
serait  heureux  si,  parmi  ces  puérilités  et  ces 
invraisemblances,  parmi  ces  fables  que  l'i- 
magination de  deux  ou  trois  siècles  avait  ac- 
cumulées sur  le  compte  du  Sauveur,  la  tra- 
dition avait  sauvé  de  l'oubli  quelques-unes  de 
ces  paroles  qui  s'échappaient  de  sa  bouche, 
et  que  l'Evangile  ne  nous  aurait  pas  trans- 
mises, mais  on  n'en  trouve  pas  une  seule 
digne  d'être  relevée.  Inventer  des  discours» 
pareils  h  ceux  que  les  Evangiles  mettent  dans 
la  bouche  de  Jésus-Christ,  cela  n'élait  pas 
possible;  aussi  les  auteurs  des  apocrypnes 
n'ont  pas  osé  essayer  leurs  forces.  11  est  di- 

§ne  de  remarque  qu'ils  mettent  d'ordinaire 
ans  la  bouche  de  Jésus-Christ  un  langage 
biblique,  mais  la  plupart  du  temps  mal  ap- 
proprié. Dans  la  Bible  chaque  personnage  a 
son  caractère  individuel,  et  parle  sou  lan- 
gage propre.  Les  auteurs  des  apocryphes  oa^ 
souvent  commis  des  fautes  de  tact  à  cet* 
égard.  Règle  générale,  ils  font  peu  parler 
Jésus-Christ,  et  ne  mettent  dans  sa  bouche 
que  quelques  mots  de  circonstance  asseï 
insigniBants.  On  nepeut  regarder  comme  dis- 
cours du  Sauveur  l'histoire  de  Joseph,  quoi- 
qu'il soit  censé  la  raconter  à  ses  discipieai 
(Tune  seule  haleine  sur  le  mont  des  Oli.- 
viers  ;  l'auteur  s'y  trahit  sans  cesse. 


EVE. 

(  Evangile  d'Eve.  ) 


Cet  écrit  m  nous  est  connu  que  par  ce 
qu'en  dit  saint  Epiphane  (hsdres.  26)  qui 
le  cite  comme  étant  répandu  parmi  les  gnos- 
tiques  et  qui  en  transcrit  deux  passages, 
«près  avoir  ajouté  qu'Eve  y  était  représen- 
tée comme  devant  au  serpent  la  connais- 
sance de  tout  ce  qu'elle  révélait;  les  sec- 
taires qui  se  servaient  de  cette  production, 
«a  représentaient  comme  étant  la  révélation 
priinuive  faite  à  la  première  femme  par  le 
génie  Ophis  au  nom  du  Dieu  supérieur. 
On  jr  lisait  ces  paroles  prononcées  par  l'&me 
qui  s'élève  au  plérome  à  travers  les  ré- 
gions des  puissances  célestes  :  «  J'étais  élevé 
sur  uoi;  haute  montagne  (élancé  dans  les 
pîQs  hautes  contemplations).  J'ai  vu  un 
bomme  très-grand,  et  un  autre  qui  n'eu  était 

'iU)  c  In  arihio  monte  conslîteram ,  cum  pcce 
video  proctTum  hominein  et  mulilum  aliiim.  Inde 
^eci;m  lonitrui  instar  exaudio.  Propius  i;:ilur  ad 
audicndura  acccdo,  tum  me  bunc  in  modnni  e^t 
allocmuft  :  c  Ego  idem  sum  ac  tu,  et  tu  idem  atquc 
^^  et  ubicojique  tu  es  ,  illtc  ^o  sum,  ac  per  om  • 


qu'une^  image  mutilée  ;  j'entendis  une  voix 
comme  celle  du  tonnerre.  J'en  approchai  : 
elle  me  dit  :  Je  suis  le'  marne  que  toi  ;  tu  es 
le  même  que  moi  ;  oiji  que  tu  puisses  être,  je 
suis;  je  suis  répandu  partout  :  tu  peux  me^ 
recueillir  de  partout  :  tu  te  recueilles  toi-^ 
même  ou  me  recueilles  toi-même  e»  me  re- 
cueillant (2y»j.  » 

Diverses  légendes  parfois  ridicules  ont 
trouvé  place,  h  l'égard  de  l'épouse  d'A- 
dam, dans  les  écrits  des  docteurs  juifs  et  dos 
auteurs  musulmans. 

Des  rabbins  ont  donné  au  nom  d'Eve  uno 
étymologie  satirique.  Ils  le  font  dériver  d'un 
mot  hébreu  qui  signifie,  parler,  bavarder, 
et ,  ajoute  Heidegger  »  tanquam  a  garru^ 
litaU  nomiti  tpji  impositum  foret,  Fingunt 

nia  sum  dispersas.  Et  undecunque  volacrls.  œc 
colligis,  me  vero  colligendo  lemelipsum  coliigis...i 
Vidi  arborem  daodecim  fruclus  quolanuis  feren- 
tem  et  dixilmihi  :  <  Hoc  est  lignuro  vitx.  >  Idtpsum 
de  menstruis  muUerum  profluviis  iiitcrpretan- 
tur.)  » 


uz 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


144 


decem  euhos  colloautorum  cœUtus  dtlapMOi  ex 
quibus  novetn  mulieribus  cesserini.AUi  elicun 
atrocius  sentiunt^  Evam  rm  dictam  quasi  nt^i 
serpentem^  quia  toii  humano  pcrniciem  al* 
tuiit  generi. 

fiartolocci  a  reproduit  d*aprè$Rabbi  Elie- 
zcr  un  loDg  récit  delà  maniès^e  doutSainaçl 
trompa  Eve;  on  y  voit  entre  autres  circons- 
tdQces  que  Tarbre  de  la  science  était  doué 


de  la  parole  ;  il  dit  au  serpent  :  Impie, 
De  m*approche  pas.  (Biblioth.  [rabbin.,  t.  Il, 
p.  320.) 

En  souvenir  du  pécbé  d*£ve  è  la  rue  du- 
quel, suivant  les  rabbins,  le  soleil  cacha  ^a 
lumière,  les  femmes  juives  sont  spéciale- 
ment chargées  d'allumer  les  lampes  qui  brû- 
lent dans  chaque  maison  pendant  la  nuit  du 
sabbat^ 


£ZËCHIEL. 


Josèphe  {Anliq.  Hb.  x,  C.  6)  et  d*après  ^ui 
Sonaras  {Annal.,  1. 1,  p.  79)  attestent  qu*£zé- 
chiel  avait  écrit  deux  livres  sur  la  défaite 
et  les  malheurs  du  peuple  d'Israël.  Un  autre 
auteur  du  nom  de  Joseph,  celui  qui  était 
chrétien^  dit  qu'il  n'a  pu  trouver  qu'un  seul 
de  ces  livres,  et  d'un  autre  côté»  le  premier 
josèphe  énumérant  dans  un  autre  écrit  (m 
Apionem)  les  livres  saints,  ne  cite  qu'un 
&eul  livre  d'Ezéchiel.  Quelques  érudits,  tels 
que  Le  Moyne  {Notœ  ad  varia  sacra)  et  Huef 
{Detnonsi.  evangei^  ont  cru  au'il  s'agissait 
des  prophéties  d'Ezéchiel,  telles  que  nous 
les  possédons,  mais  divisées  en  deux  parties. 
Toutefois,  cette  opinion  ne  s'accorde  pas 
avec  le  témoignage  de  la  ^ynopse  de  saint 
Athanase  et  de  la  Slichométrie  de  Nicéphore 
qui  mentionnent  les  productions  apocryphes 
d'Ezéchiel.  Observons  aussi  que  divers  au- 
teurs ecclésiastiques  citent,  sous  le  nom  d'E- 
zéchiel,  des  ouvrages  qui  ne  se  trouvent  pas 
dans  les  écrits  de  ce  prophète  tels  que  les 
olfre  le  texte  de  la  Bible. 

«  Je  te  jugerai  dans  l'état  où  je  te  trouve- 
rai» »  dit  le  Seigneur.  Saint  Jean  Climaque 
cite  ces  paroles  comme  prises  dans  EzéchtL 
[Echelle  du  paradis^  degré  7,  et  Vie  de  saint 
Antoine f  c.  15.)  Voy.  Grabe,  Nolœ  ad  Spivi- 
legium  Palrum  sœc.  i,  t.  1,  p.  327,  et  Cote- 
lier fMonumentaEcclesiœ  Grœcœ^  1. 1»  p.  821. 

«  En  quelque  heure  que  gémira  le  pé- 
cheur, il  sera  sauvé  »,  cilé  par  Lucifer  de 
Çagliari,  et  par  d*autres  auteurs  comme  se 
Hsant  dans  Ézéchiel.  Voy^  Richard  Simon, 
Observations  nouvelles  sur  le  texte  et  les  ver* 
sions  du  Nouveau  Testament* 

Tertullien  {De  carne  Christi,  c.  23)  dit  : 
m  Nous  lisons  dans  ézéchiel  au  sujet  de  cette 
vache  qui  a  engendré  et  qui  n'a  las  engen- 
dré. »  Saint  Epiphane  (haeres.  30>  cite  ce 
inème  passage,  et  Clément  d'Alexandrie 
{Stromat.f  lib.  vu)  y  fait  allusion.  Ce  dernier 
écrivain  s'exprima  ainsi  dans  un  autre  de 
ses  ouvrages ÏPœdagogus^l,  i,  c.  10)  :  «Dieu 
dit  aussi  par  la  bouche  d'EzéchicI  :  Si  vous 
vous  convertissez  de  tout  votre  cœur,  et 
si  vous  dites  Père ,  je  vous  entendrai 
roùime  un  peuple  saint,  j»  Saint  Clément  le 
Komain  {Epist.  1  ad  Corinthios,  c.  8)  donne 
60  passage  plus  en  détail  :  «  Repentez-vous, 


maison  d'Israël,  de  votre  iniquité.  Dis  ans 
fils  de  mon  peuple  :  Lors  même  que  vos 
péchés  atteindraient  de  la  terre  jusqu'au 
ciel,  qo'ils  seraient  plus  rouges  que  la  pour- 
pre et  plus  noirs  qu'un  ci  lice,  si  vous  vous 
convertissez  à  moi  de  tout  votre  cœur  et 
que  vous  dites  Père,  je  me  conduirai  envers 
vous  comme  à  l'éj^ard  d'un  peuple  saint.  » 

Fabricius  conjecture  que  ces  passages 
d'Ezéchiel  avaient  été  conservés  chez  les 
Juifs  par  la  tradition. 

Les  anciens  auteurs  juifs  ont  fait  au  sujet 
d'Ezéchiel  des  récils  dépourvus  de  touid 
vraisemblance.  Ils  racontent  qu'uu  rahbio 
célèbre  trouvait  d'exirêmes  diOkulté;»  dans 
le  livre  d'Ezéchiel;  ses  disciples  lui  prépa- 
rèrent 300  tonneaux  d'huile  pour  réclaircr 
rendant  les  nuits  solitaires  qu'il  consacrait 
l'étude  des  écrits  du  prophète.  (Bartolocd, 
{Biblioth.  rabbin.,  t.  I,  p.  848 

La  vision  de  la  résurrection  des  osdessé- 
chés  {Ezech.  xxxvii,  1-10)  a  amené  une  lé- 
gende orientale  fort  ancienno,  car  il  en  e>l 
fait  mention  dans  le  Coran,  nh.  2.  Dn  grand 
nombre  des  enfants  d*lsraël  abandonnèrent 
leurs  maisons,  par  peur  de  la  peste  ou  pour 
éviter  de  prendre  les  armes  dans  une  guerre 
religieuse.  Mais  comme  ils  fuyaient,  Diea 
les  frappa  tous  de  mort  dans  une  vallée. 
Huit  jours  après,  Ezéchiel,  passant  en  cet 
endroit,  pleura  en  voyant  tous  ces  cadavres. 
Alors  Dieu  lui  dit  :  «  Appelle-les,  0  Ezé- 
chiel, et  je  leur  rendrai  la  vie,  »Ën  etTel,  à 
la  voix  du  prophète,  ils  se  levèrent  tous  et 
vécurent  encore  de  longues  années,  mais 
durant  tout  le  cours  de  leur  existence  nou- 
velle, ils  conservèrent  la  couleur  et  la  puan- 
teur propres  aux  cadavres,  et  les  vêtements 
(]u'ils  portaient  restèrent  noirs  comme  de 
la  poix,  et  ils  transmirent  à  leur  postérité 
ces  qualités  désagrénblcs.  Quant  au  nombre 
de  ces  Israélites,  le  Coran  dit  qu'il  y  en  avait 
des  millions,  les  commentateurs  varient  do 
3,000  èi  70,000. 

Entre  autres  écrits  spéciaux  relatifs  à 
Ezéchiel»  nous  mentionnerons  :  C.  J.  Boer- 
ner,  Dissertatio  de  Ezechiele  propheta  ejus- 
que  vaticiniis,  Lipsiœ,  1719,  in-V  ;  F.  A. 
Waller,  De  Ezechiele  bibliophago,  BremeUj 
1720,  in-i*. 


115 


G£M 


PART.  III.-.  LEGENDES  ET  FAAGhËNTS. 


GEN 


Stô 


G 

GENÈSE  f PETITE 


) 


Cette  production  remplie  de  fables  au  su- 
jet Je  nos  premiers  parents  et  des  anciens 
palriarcliesy  existait  dans  les  premiers  siè- 
cles de  Tère  chrétienne,  et  elle  parait  avoir 
élé  assez  répandue. 

Saint  Kpiphane  (hœres.  39,  n.  5)  en  parle 
mumed'un  livre  qui  circulait  paran  lesgnos- 
tiques,  et  d*après  lequel  Caïnauraitépousésa 
sortir  aînée,  nommée  Saven,  et  Seth  aurait  eu 
l'Our  femme  sa  sœur,  nommée  Azura.  Adam 
D  aurait  eu  que  deux  ûlles,  mais  il  aurait 
eu  douze  ûis. 

D'après  Lambecius  [Comment,  de  biblio- 
iheca  Vindobonensi^  I.  v,  p.  28),  la  Pelile 
Genèse  existe  parmi  les  manuscrits  grecs  de 
la  bibliotiièque  de  Vienne;  il  s'en  trouve 
deux  copies  ;  Tune  d'elles  a  pour  litre  :  Nar- 
ratioQ  faite  par  le  grand  Moïse,  qui  vit 
Sku  face  à  face,  de  la  vie  d'Adam  et  £ve, 
les  premières  créatures.  Elle  lui  fut  révélée 
(jc  la  part  de  Dieu  lorsque,  selon  les  instruc- 
tions de  l'archange  Michel,  il  reçut  de  la 
Zââin  de  Dieu  les  tables  de  la  Loi.  Lam- 
becius ajoute  qu'un  ancien  poëme  allemand 
inédit,  composé  par  Latwin,  et  relatif  à  la 
tic  d'Adam  et  d'Eve,  reproduit  les  fables 
qui  remplissent  cette  composition  apocry- 
phe. Saint  Jérôme  en  a  fait  mention  (  epiet. 
120,  Ad  Fabiolam)  en  citant  un  mot  hébreu 
qu'il  dit  ne  se  rencontrer  que  dans  \à  Petite 
iienèse  {2kb). 

Zonaras  rapporte  dans  ses  Annales  que, 
iraprès  la  Petite  Genèse,  les  puissances  cé- 
lestes furent  créées  le  premier  jour  avant 
)€s  aulres  êtres,  mais  il  s'empresse  d'ajou- 
ter que  ce  livre  ne  jouissant  nullement  d'une 
autorité  reconnue,  cette  opinion  n*est  point 
certaine  (246;.  Un  autre  écrivain  grec,  Geor^^o 
Synceile,  constate  de  même  que  cette  asser- 
tion était  en  effet  dans  le  livre  qui  nous 
ocnipe  et  qu'on  yirouvaildes  détails  sur 
riiisioire  de  nos  premiers  parents  (24-7). 

George  Syncelie  a  également  puisé  dans 

(243)  c  Hoc  verbum  quantum  memoFÎa  suggerit 
DQsquaui  alibi  in  Srripiuris  sanctis  apud  Hebrscos 
îM^eiiisse  me  novi ,  absque  libre  apocryphe  quia 
Gnecis  Parta  Genesû  apppJlalur.  ibi  in  aediticatioiie 
uirns  pro  stadio  ponilur  in  quo  exorienlur  pugiies 
ei  aiblelse,  et  cuisorum  veiociier  r.omprobalur... 
Hoc  eodein  vocabulo  ei  iîsdem  liueris  scriplum  in- 
venio  pairem  Abraham ,  qui  in  supradiclo  apocry- 
ptio  Geneseos  volumine  abaciis  corvis  qui  honiiiiuiii 
^uiiieiiu  vasiabant,  abacloiis  vel  depulsoris  soi- 
tuus  est  nonien.  i 

lii6)  c  Equidem  scio  in  Parva  Genesi  scriplum , 
orimo  die  rœlestcs  eiiam  potestates ,  ante  cxtcta 
•ili  universitatis  Opifice  esse  condilas.  Sed  quoniam 
porta  isla  Cenesis  a  diviiiis  Palribus  non  relata 
<^ài  in  approbatos  Hebraicx  sapicntipc  libros  :  niliil 
tuod  iii  ea  scriplum  est,  salis  (innum  judico, 
oique  ititi  rationi  assenlior.  i  (\nnat.,  1.  i.) 

\^i7]  f  Sexto  vero  die  pruduxit  Dcus  quadiu- 
r^Jia,  tcrrse(|ue  rej^iilia,.   et    homineni;  quatuor 


la  Petite  Genèse  des  particularités  qu  on  no 
trouve  point  dans  les  livres  canoniques.  En 
voici  l'aperçu  : 

Adam  viola ,  dans  la  septième  année ,  lo 
commandement  de  Dieu,  et  ce  fut  dans  la 
huitième  année,  quarante-cinq  jours  après 
sa  faute,  qu'il  fut  expulsé  du  paradis.  Ce  fut 
le  10  du  mois  de  mai  qu'il  en  fut  chassé, 
avec  sa  femme  Eve ,  après  y  être  demeuré 
trois  cent  soixante-cinq  semaines. 

Les  bètes,  les  quadrupèdes  et  les  reptiles, 
s'il  faut  s'en  rapporter  à  Jo^èphe  et  à  la 
Petite  Genèse^  «valent  la  faculté  de  causer 
avec  nos  premiers  parents,  avant*  qu'ils 
n'eussent  transgressé  les  ordres  du  Seigneur, 
et  c'est  dans  le  langage  ordinaire  aux  hom- 
mes que  le  serpent  s'adressa  à  Eve. 

Dans  la  huitième  année,  Adam  connut 
Eve,  son  épouse;  leur  fils  premier-né,  Caïn, 
na(]uit  dans  la  soixante-dixième  antiée;  lo 
juste  Abel  naquit  dans  la  soixante-dix-sep- 
tième. Dans  le  cours  de  la  quatre-vingt-cin- 
quième année,  Adam  et  Eve  eurent  une  Qllo 
nommée  Asuam;  Caïn  offrit  un  sacrifice 
dans  la  quatre-vingt-dix-septième  année,  et 
Abel  dans  la  quatre-vingt-dix-neuvième,  à 
la  pleine  lune  du  septième  mois  des  Hé- 
breux. Ce  fut  dans  la  môme  année  que  Caïn 
tua  Abel  ,  que  ses  parents  pleurèrent  pen- 
dant quatre  semaines  d'années  ,  c'est-à-dire 
pendant  vingt-huit  ans.  Dans  la  cent-vingt- 
septième  année,  Adam  et  Eve  cessèrent  leur 
deuil;  dans  la  cent-trente-cinquième  année, 
Caïn,  ayant  soixante-cinq  ans,  prit  pour 
femme  sa  sœur  Asuam  qui  en  avait  cin- 
quante. 

Plus  loin,  Syncelie  rapporte,  toujours 
d'après  la  Petite  Genèse^  que  l'ange,  parlant 
avec  Moïse,  lui  dit  qu'il  avait  enseigné  à. 
Abraham  la  langue  hébraïque  (248) ,  et  c'est 
aussi  d'après  le  même  livre  qu'il  prétend 
qu'Esali,  ayant  fait  la  guerre  à  Jacob ,  fut 

opéra.  Cuncia  sininl  opéra  duo  et  viginti  snnt» 
duahus  ac  viffinli  liUcris  Hebraicis,  eorumdemque 
Hebrseorum  lihris  viginti  duobus,  ac  insuper  viginli 
duabus  ab  Adam  ad  Jacob  usque  generaiionibus 
paria  numéro,  prout  in  Parva  Genesi^  quam  qui- 
dam Moysis  revelationiMn  vocuiit,  circumfertur. 
Hase  caJem  cœlcsles  \iriules  primo  die  conditas 
narrât...  in  Parva  Gênai  ac  libro,  cui  titulus  Adami 
vita^  dubise  licel  Iniei  voluminibus,  conipcritur 
dieruni  numerus  quo  nomen  animaliasorlita  sunt,  vel 
quomulier  Cormala,  vel  Adaniuain  paradlsum  indue- 
tus,  vel  de  viiaiido  ligni  est  praecepium  ei  posilum  s^ 
Deo.vel  quod  Ëva  inparadi&um  ingressa,  renovaiuui 
est,  cunctaque  transgressionis.  séries,  nec  non  qua; 
transgressionem  sunt  senita.  i 

(248)  c  Angélus  lainiliari  coiioquîo  cum  Moyse 
solitus  uti  diiit  ei  :  nebrseam  linguam ,  qnalis  pri- 
milus  purior  erat ,  ego  docui  Abraham ,  ut  ea  velut 
pairia  loqui  uoverat.  Ua^ç  releri  Parvi\  Gejiesi».  \ 


fi7 


DICTIONNAUE  DES  APOCRYPHES. 


^ 


▼ainco ,  et  que  Judas  le  tua  d*un  coup  de 
flèche. 

Le  même  historien  ajoute  que  le  chef  des 
lémons,  Mastiphas,  provoqua  le  sacrifice 
d'Abraham  (2^9). 

Passons  h  uu  autre  historien  byzantin ,  à 
Michel  Gtycas  qui ,  dans  ses  Annales^  cile 
Josèpbe  et  le  Petit  livre  de  V origine  des  cho' 
sest  pour  montrer  que  le  serpent  avait 
d*abord  des  pieds  ;  il  mentionne  aussi  »  d  V 
près  raulorité  du  même  ouvrage,  mais 
comme  ne  méritant  pas  qu'on  s*y  arrête  » 
des  circonstances  sur  la  faute  d'Adam  (250)  ; 
enfin  il  nomme  la  Petite  Genèse  comme  re- 
latant qu'Adam  était  entré  dans  le  paradis 
a!>rès  quaraate  jours ,  et  Eve  après  quatre- 
▼ingts, 

George  Cédrène,  dans  son  Abrégé  des  Aû- 
toires^  cite  également  la  Petite  Genèse  ^ 
romme  annonçant  que  les  puissances  cé- 
lestes avaient  été  créées  le  premier  jour,  et 
que  Caïn  avait  péri  par  l'écroulement  de  sa 
maison.  Il  ajoute  qu'on  lisait  dans  le  môme 
ouvrage  que  Mastiphas,  prince  des  démons, 
5*était  approché  de  Dieu  et  avait  dit  :  «  Si 
Abrahoui  l'aime,^  qu'il  t'immole  son  fils.  ». 
C'est  encore  cet  ouvrage  qui  disait  que  les 
enfants  des  Israélites  avaient  été  jetés  dans 
le  Nil  durant  dix  mois,  jusqu'è  ce  que  la  fille 
de  Pharaon  sauv&t  Moise.  Pour  punir  les 
£^yptieas,  dix  {genres  de  calamités  vinrent 
durant  dix  mois  les  frapper  ;  ils  furent  noyés 
dans  la  mer  Rouge,  de  même  qu'ils  avaient 
Qoyé  les  enfants  des  Hélireux,  et  pour  cha- 


que enfant  qu'ils  avaient  fait  périr,  a{x  mii  e 
Egyptiens  moururent.  Ce  fut  le  chef  des  an- 
gef,  l'ange  Gabriel,  qui  enseigna  è|M oïse l'ori 
ginedu  monde,  Thistoire  du  premier  horome 
et  du  déluge  ainsi  que  toutes  les  sciences. 

Une  scolie  sur  VExode,  xxiy,  15,  citée  i^^r 
Monlfaucon  (Bibliotheca  Coisliniana,  p.  15, , 
dit  que  JJoïse  obtint  la  révélation  des  mys- 
tères de  la  création  et  reçut  l'ordre  de'its 
mettre  par  écrit  (251).  Fbbricius(Coc(.  psfud, 
Vei.  Tesl.,  t.  H,  P.  120),  rapporte  ce  pas- 
sage à  la  Petite  Genèse,  ainsi  que  celui  «Je 
Fréculphe  qui  dit  dans  sa  CAronifue  (Lu, 
c.  8) ,  que  pour  se  délivrer  des  serpeuts  qui 
infestaient  les  déserts  par  lesquels  devaient 
passer  les  Israélites,  Moise  eut  la  préraulioo 
d'apporter  un  -grand  nombre  a  ibis,  ces 
oiseaux  étant  ennemis  jurés  des  serpents  et 
les  poursuivant  avec  acharnement.  Lo 
même  érudit  rapporte  aussi  àla  Petite  G  enèsef 
une  citation  empruntée  à  une  Chaîne  sur  le 
Pentateuque  qui  dit  qu'une  nuée  lumineuse 
déroba  aux  yeux  des  hommes  Tendroit  où 
mourut  Moïse  et  le  lieu  de  sa  sépulture  lîoi\ 

Les  récils  fabuleux  empruntés  à  la  Petite 
Genèse  et  à  d'autres  sources  tout  aussi  suv 
pectes ,  se  retrouvent  dans  un  ouvrage  ita- 
lien rejQpli  de  contes  et  souvent  d'inconve- 
nances, intitulé  :  Fioretto  de  tutta  la  Biblia, 
Venise,  1521 ,  in-8\  (>oy.  Fat^ricius,  6VJ. 
pseud.  Vet.  Test.,  t.  Il,  p.  12^)  Les  pré- 
tendus miracles  consij^nés  dans  VEtangiU 
de  l'enfance  se  sont  point  oubliés  dans  cettQ 
production. 


CGC  etM.V  GOG. 


Peuples  qui  jouent  un  rôle  dans  les  lé- 
gendes apocryphes;  on  les  représentait 
comme  habitant  aux  extrémités  du  monde 
et  comme  étant  d'une  grande  férocité  ;  on  a 
supposé  qu'il  s'agissait  des  Tartares  Cal- 
mojucl^.  Lfi$  auteurs  musulmans  relatent 


bien  des  fables  à  leur  égard  (ooy.  d*Herbclot, 
Bibliothèque  orientale^  p.  470);  ils  disent 
qu'ils  sant  séparés  du  reste  du  monde  par 
une  montagne  qu'on  ne  franchit  qu'en 
trente-quatre  jours  de  marche  (dix-sept  jours 
pour  monter,  dix- sept  pour  descendre). 


H 

HÉBREUX. 

(  Evangile  des  Ilébreux. } 


Saint  Jérôme  est  le  premier  auteur  ecclé- 
siastique qui  annonce  avoir  eu  entre  les 
mains  VEvangile  des  Hébreux  en  langue  hé- 
braïque (chaldéenne).  Il  parait  d'abord  avoir 
cru  que  cet  £vangib  était  lo  mémo  que  ce- 

(919)  i  Maslipliani  daemonum  sopremus  ,  ut  nar- 
rât l'arva  Geutêis,  Deiim  acccssil  aique  his  vcibis 
e&i  affanis  :  Si  le  diligit  Abradiain,  Ulium  io  sacri- 
llcînm  oiTfrat.  » 

(itO)  I  Ca;ierum  parvus  iile  de  orlti  rcruni  liber 
Adauium  titra  circum^pociioueni  suuipsisse  deligno 
et  cninedisse  prorsiis  bv»  verbis  liauil  impulsum , 
tradi!.  S«*nsis9e  niuiiruin  moksiiam  nniiui  qoain- 
dam  ex  fatigatione  ac  fume.  Veruin  hxc  sdenlio 
Cesi  pnesut,quaniperpetuuni  sileniiunimereaniur.i 

(251}  I  Ibi  tuuc  digi.u:$  liabitus  fuit  uittgiius  M^scs 


lui  de  saint  Matthieu,  mais  ensuite  il  spéciOe 
plus  particulièrement  les  citations  qui  si- 
gnalent des  différences;  mentionnons  d  ail- 
leurs les  passages  du  saint  docteur: 
De  viris  illHstribuSf  e.  3  :  JUattnctus.,. 


pnst  illos  XL  dies  in  visione  uilueri  quorcoJo  sti 
<iiebus  feciâ«ei  Deus  cœluni  et  lernni ,  cl  qux  i  < 
iilis  sunl  ottïvA'à  et  oitlinem  diei  cujuscunque  c> 
scripto  b£c  consî^Dare  est  jussus.  > 

(25:2)  c  E$t  quiiicDi  in  apocryphe  my^tiroioc 
codice  légère,  iM  de  crealis  rébus  $ublitia>  ^^^^"^^ 
uubeni  lucidam  quo  lempore  murluus  esl  M<>:>rb. 
lociini  sepulcri  co:nplexitni  oculos  circunulanitHiu 
perslriiixisse  lia  ut  nulltis  ncque  inorienleiu  li^islr 
lorein ,  neque  lucum  viJcre  pulucril ,  uLi  cad^\  J 
coudcrclui.! 


919 


HEB 


PART..  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


HEB 


tse 


frimui  in  Judœa  propier  eo«,  qui  ex  circum* 
éisime  crediderani^  Evangelium  Christi  He^ 
braicis  litteris  verbisquecompoêuit  ;  quodquis 
poitea  in  Grœcum  transtulerit  »  non  salis 
cerium  esi.  Perro  ipsum  Hebraicum  habetur 
usque  kodie  in  Cœsariensi  biblioiheca^  quam 
Pamphylus  martyr  studiosissime  confecit. 
Mihi  quoque  a  Nazarœis  qui  a  Bercsa  urbe 
Syriœ  hoc  volumins  ulunturt  describendi  fa^ 
(ultasfuH,  Inquo  animadvertendum  quodubi- 
cunque  evangelisiasiveex  persona  sua,  sive  ex 
ptrsona  DominiSakatoris,  Veteris  Scripturœ 
tfitimoniisabutiiur,  non  sequiturLXXtrans- 
latorum  auclorilalem  sedHebraicam,  equibus 
illa  duojunt  :  «  Ex  JEgyplo  vocavi  Filium 
meum  (2a3)  ;  »  #/  ;  «  Quoniam  Nazarœus  t>o- 
cabitur  (25fcj.  »  —  /6îd..  c,  2  :  Evanqelium 
quoque^  quod  appellatur  secundum  Heùrœos^ 
t(  a  me  nuper  in  Grœcum  Latinumque  sermo'- 
nem  iransteUum  est^  quo  et  Origenes  sœpe 
utUur,,.,—  Comment,  ad  Mich.^  vu,  c.  6: 
Qui  credideruni  Evanaelio  quod  secundum 
Uebrœos nuper  transtuiimus.»..  — Comment, 
ad*,  Matth.  vi,  11  :  In  Evangelio  quod  appel- 
laturtecundumHebrœos.—  ad  cap.  xu,  13  : 
Ecangelium  quo  utuntur  Nazareni  et  Ebio- 
niiCB  quod  nuper  in  Grœcum  ex  Hebrœo  ser* 
mone  transtulimuSfet  quodvocaturaplerisque 
Matlhœiauthenticum, — Ibid.yadcap.XMiijOiî 
in  Evangelio  quo  utuntur  Nazareni.  —  Jbid,^ 
xirir,  16  :Jn  Evangelio  quod  scribitur  juxia 
lUbrœos.  —  Comment,  ad  Jer. ,  xi ,  1  : 
Jujta  Evangelium,  quod  Bebrœo  sermonecon^ 
icriptum  legunt  Nazarœi.—Jbid.^adcap.  il,  9  : 
In  Etangeïio  quod  juxta  Hebrœos  scriptum 
}(asarœi  lectitant, —  Prœf.  adlibr.  xviii  Com" 
Oient>  in  Jer.  ;  Evangelium  quod  Hebrœorum 
Uctilant  Nazarœi.  —  Comment,  in  Ezech.t 
ifiii  :  in  Evangelio,  quod  juxta  Hebrœos  Na^ 
larœi  légère  consueverunt,  —  Contra  Pélagie^ 
noi,  m,  2  :  In  Evangelio  juxta  Hebrœos 
quod  Chnldaico  quidem  Syroque  sermone^  sed 
Bebraieis  litteris  scriptum  est ,  quo  utuntur 
unque  hodie  Nazareni  secundutn  aposloloSf 
lirf,  ul  plerique  autumant^  juxta  Maithœum^ 
quod  et  in  Cœsariensi  habetur  bibliotheea. 

Quelques  autres  passages  menlionnés  éga- 
lement par  saint  Jérôme  ue  monlrentque  fort 
peu  ou  poîDi  de  rapports  avec  TEvaûgile  de 
saint  MaUiiieu. 

Contra  Petagianos^  I.  m,  c.  2  :  In  Evangelio 
juxta  Hgbrœos,.  :  narrât  historia  :Ecce^mater 
Domini  et  fratres  ejus  dicebant  ei  :  «  Jeannes 
Baptiêtabaptizai  inremissionem  peccatorum; 
tamut  et  baptizemur  ab  eo.  Dixit  autem  eis: 
Quid  peccavif  ut  tadam  et  baptizerab  eo  ?  Nisi 
(oriehoe  ipsum,  quod  dixi,  ignorantia  est.  » 
—  Comment,  ad  Jer.^  xr»  1 1  Juxta  evange* 
liumquod,.:legunt  Nazarœi:  «  Descendetsu' 
ptrtHmomnis  fons  Spiritus  sancti.  »  Porro  .. 
h*tc  tcripta  reperimus  :  Factum  est  autem  cum 
iitcendisset  Bominus  de  aqua,  descendit  fons 
omnis  Spiritus  sancti^  et  requievit  super  eum 
tt  dixit  illi  :  Fili  mi,  in  omnibus  prophétie  ex^ 
spectabamte,  ut  venires  et  requiescerem  in  te. 
Tu  es  enim  requies  mea,  tu  es  filius  meus  pri^ 
n{0{jenUusqui  régnas  in  sempiternum,^  Com* 


ment,  in  Mich.  va,  6....  In  q%M  {Evang.  sec, 
Hebrœos)  ex  persona  Salvatoris  dicitur: 
tiModo  tulit  me  mater  mea  sanctus  Spiritus  in 
uno  capillorum  meorum. — Comment,  in  Epist, 
ad  Ephesios,  y.  S:  In  Hebraico  qtu>que  Evan^ 
gelio  legimus  Dominumad  discipulos  loquen» 
tem  :  «  Et  nunquam,  »  inquit,  «  lœti  sitis,  nisi 
cum  ftatrem  vestrum  videbitis  in  charitate,  » 
—  Comment,  in  Ezechielem,  xvin  :  In  Evan^ 
ffelio  ..  inter  maxima  ponilur  crimina,  qui 
(ratris  sui  spiritum  contristaveril. — De  viris 
illustriOus  ,  c.  2  :  Evangelium.  ••  sec.  He^ 
brœos. . .  post  resurrectionem  Salvatoris  referl  : 
«  Dominas  autem ,  cum  dedisset  sindonem 
servo  sacerdoiis,  ivit  ad  Jacobum  et  apparuit 
ei.  Juraverat  enim  Jacobus ,  se  non  comestu^ 
rum  panem  ab  illa  hora,  qua  biberat  calicem 
Domini,  donecvideret  eumresurgentem  a  dor* 
mientibus.  9—Rursusque  postpaululum  :nAf'-' 
ferte,  »  ait  Dominus  »  «  mensam  et  panem.  v» 
Stalimque  additur  :  n  Tulit  panem  et  benc" 
dixit  9  ac  fregU ,  et  dédit  Jacobo  justo ,  et 
dixit  ei  :  Frater  mi,  comede  panem  tuum  , 

?uia  resurrexit  Filius  hominis  a  dormienti- 
us.  » 

D'autres  passages  rencontrent  dans  saint 
Matthieu  des  analogies  sensibles,  et  c*est  en- 
core d'après  saint  Jérôme  que  nous  les  men- 
tionnerons ;  on  remarquera  qu'ils  présentent 
toutefois  des  additions  et  des  modificaiions. 

Contra  Pelagianqs ,  m,  2  :  Et  in  eodem 
volumine  :  «  Si  peceaverit,  »  inquit,  «  frater 
tuus  in  verbo,  et  satis  tibi  fecerit,  septies  in 
die  suscipe  eum.  Dixit  illi  Simon  discipulus 
fius  :  Septies  in  die  ?  Respondit  Dominus  et 
dixit  ei: Etiam ego  dico  tibi,  usque  septuagies 
septies,  Etenim  in  prophétie  quoque ,  post^ 
quam  uncti  sunt  Spxritu  sancto,  intentus  est 
sermo  peccati.  »(Voy.  Matth.  xviii,  21-) — 
Comment,  in  Matth.f  vi,  11  :  In  Evangelio 
quod  appellatur  secundum  Hebrœos,  pro 
supersuostantiali  pane^  reperi  :  Mahar, 
quod  dicitur  crastinum^  ut  sit  sensus  :  Pa^ 
nem  nostrum  crastinum,  id  est  futurum,  da 
nobis.  —  In  Matth.  xii,  13  :  Jn  Evange- 
lio,... homo  iste,  qui  aridam  habet  manum^ 
cœmentarius  scribitur^  istius  modi  auxUium 
precans  :  «  Cœmentarius  eram,  manibusvictum 
quœriians  :  precor  te,  Jesu,  ut  mihi  restituas 
sanilatem,  ne  turpiter  manducemcibos.^ — In 
Matth.  xxiii,  35  :  In  Evangelio....  pro  filio 
Barachiœ  «  filium  Jqjadœ  ■  reperimus  scri- 
ptum,..  —  Epist.  126  Ad  Hedibiam  :ln  Evan^ 
gelio....  legimus  non  vélum  templi  scissum^ 
sed  «  superliminare  templi  »  mirœ  magnitudi- 
nis  corruisse. 

On  ne  sait  pas  exactement  si  l'exemplaire 
que  saint  Jérôme  avait  sous  les  yeux  ren- 
fermait les  deux  premiers  chapitres  de  saint 
Matthieu,  mais  c'est  vraisemblable,  puis- 
que Hégésippe,  ciié  par  Eusèbe  (Hist.  ec- 
des.  iT,  22),  les  y  trouva. 

C'est  encore  saint  Jérôme  qui  nous  a  con- 
servé (lib.  IV  Commentar.  in  Isa.  \\,  2)  un 
passage  de  TEvangilo  écrit  en  hébreu,  et 
dont  se  servaient  aussi  les  Nazaréens  :  «Il 
arriva  que,  lorsque  le  Seigneur  monta  hors 


1^53]  0$tt  If,  1. 


(254)  MûWu  II,  r». 


tb\ 


DICTIONNAIRE  DLS  APOCRTPMS. 


Î5Î 


de  l'eau,  la  source  de  tout  l'Esprit-Saint  des- 
cendit et  reposa  sur  lui,  et  lui  dit  :«Moa  Fils,  je 
t'attendais  dans  tous  les  prophètes,  pour  que 
tu  vinsses  et  pour  que  je  me  reposasse  en 
toi,  car  tues  mon  repos,  tu  es  mon  Fils  pro- 
iiiier-né,  toi  qui  règnes  dansTéternilé.  »(0n 
observera  facilement  quelle  différence  il  ^v  a 
entre  ce  passage  et  celui  de  saint  MatthteUf 
cb.  m,  17.)  Nous  ajouterons  que  dans  un 
ouvrage  dont  l'antiquité  n'est  peul-ôtre  pas 
inoindre  que  celle  de  VEvangile  des  Hébreux^ 
dans  le^  Testaments  des  douze  Patriarches^ 
on  trouve  un,  passage  qui  rappelle  celui  que 
cite  saint  Jérôme,  et  qui  a  en  vue  le  Mes- 
sie :  «f  Les  cieux  s'ouvriront  en  sa  faveur,  et 
du  baut  du  temple  de  la  gloire  la  voix  du 
Père  fera  tomber  sur  lui  la  sancliûcalion, 
ainsi  qu'elle  a  été  promise  à  Abraham,  père 
d'Isaac.  >»  (ïeslamentde  Lévi,  Vict.  desApo^ 
cryphesy  t.  I,  col.  872.) 

Quelques  passages  de  VEvangile  des  Hé^ 
breux  ont  été  conservés  par  d'anciens  au- 
teurs ecclésiastiques. 

Eusèbe  (Hist.  eccles.^  1.  m,  c.  39)  dit  que 
Papias  raconte  rbistoirc  d'une  femme  qui 
fut  accusée  de  crimes  nombreux  devant  le 
Seigneur,  histoire  qui  est  dans  ^i'£vangile 
selon  les  Hébreux. 

C'est  encore  Eusèbe  qui  dit  (I.  m,  c.  27) 
que  les  ébionites  irejelaient  les  Euilres  de 
saint  Paul  qu'ils  appelaient  un  déserteur 
de  la  Loi,  et  qu'ils  ne  reconnaissaient  que 
l'Evangile  selon  les  Hébreux.  Plus  loin  (l.iv, 
c.  2â),  parlant  d'Hégésippe,  il  dit  que  cet 
écrivain  avait  fait  usage  de  l'Evangile  selon 
les  Hébreux  et  les  Syriens,  et  qu'il  avait 
aussi  recueilli  les  traditions  des  Juifs. 

Origène  a  cité  h  deux  reprises  le  passage: 
«  Ha  mère,  TEsprit-Saint,  me  prit  par  un  de 
mes  cheveux  et  me  porta  sur  la  grande  mon- 
tagne du  Thabor.  »(Hom.  15  m  Jerem.^  1. 1, 
p.  148,  édit.  de  Buet,  t.  ii  m  Joannem, 
p.  158.) 

Saint  Jérôme  mentionne  aussi  ce  passage 
(lib.  XI  Commentar.  inlsa.  xui),  en  observant 
que  des  Hébreux  prétendaient  qu'en  leur 
langue  le  Saint-Esprit  était  désigné  par  une 
expression  appartenant  au  genre  féminin  : 
Bebrœi  asserunt^  nec  de  hac  re  apxid  eos  ulla 
dubilatio  est^  Spiritum  sanctum  lingiia  sua 
appellari  génère  femineo.»..  Nemo  autem  in 
hac  parte  scandalizari  débet  quod  dicatur 
apui Uebrœos  Spiritus  génère  femineOy  cum 
nostra  lingua  appelletur  génère  masculino^ 
et  Grœco  sermone^  neutro»  Jn  Divinitate  enim 
nullus  est  sexus. 

Ce  Père  parle  également  du  même  passage 
dans  son  Commentaire  sur  Nichée  (sur  le 
cbap.  VII,  6). 

D'après  les  assertions  de  saint  Epîphane, 
on  voit  que  les  ébionites 'lisaient  un  Evan- 
gi.e  qui  était  probablement,  dans  le  fond, 
celui  de  saint  âallhieu,  avec  le  retranche- 
ment des  deux  premiers  chapitres.  On  ne  sait 
])as  au  juste  quel  en  était  le  commencement: 
j'évoque  de  Sdlamine  no  parait  pas  d*ail- 
leurs  avoir  vu  lui-même  les  textes  auxquels 
il  fait  allusion,  mais  avoir  puisé  dans  l'écrit 
de  quelque  sectateur  d'Ebion. 


Nous  allons  d'ailleurs  reproduite  ici  lo$ 
passages  de  saint  Epiphane  que  Fabririu^ 
(Cod.  Nov.  Test.,  1. 1,  p.  368),  et  de  Wiito 
(p.  90),  ont  donnés  en  grec  : 

Uœres.  30, 3  :  Atque  Etangelium  ilH  (£6io- 
nitœ)  quidem  secundum  Matthœumadmitluni^ 
pro  solo  Cerinthianorum  instar  utuntur^  id- 
que  ipsum  secundum  Hebrœos  appellant.  Et» 
enim  tere  illud  affirmare  possumus^  unum  tx 
omnibus  Novi  Teslamenti  scriptoribus  Mat- 
thœum  Bebraice  ac  litleris  Uebraicis  eran» 
gelicam  historiam  ac  prœdicationem  ejpo*, 
suisse. 

Hœres.  39,  9  ;  Est  vero  pênes  illos  [Naza- 
rœos)  Evangelium  secundum  Matthœum  Ht* 
braice  scriptum  et  quidem  integerrimum.  Hoc 
enim  cerlissimeprout  Hebraicis  litteris  iniiio 
scriptum  est,  in  hodiernum  tempus  usque 
conservant.  Verum  illud  nescio  num  geneah' 
gias  nias  amputarinl  quœ  ab  Abrahamo  ad 
Christum  usque  perductœ  sunt. 

Il  paratt  d'ailleurs,  d'après  divers  anciei  s 
auteurs,  et  notamment  d'après  Origène,  que 
l'évangile  attribué  à  saint  Pierre  reprodui- 
sait des  traditions  hébraïques  :  on  peutd'iic 
supposer  qu'il  avait  des  analogies  sensibits 
avec  VEvangile  des  Hébreux. 

Quelques  critiques  modernes  (notamment 
Schwegler  et  Baur),  ont  supposé  que  r£tan- 
gile  des  Hébreux  avait  été  le  premier  de  tous 
qui  eût  été  mis  par  écrit;  mais  cette  appré- 
ciation est  rejelée  par  d'autres  juges  coiui^é- 
tents,  qui  supposent  que  des  Cbrélieos  hé- 
braisants  ayant  besoin  d'un  évangile  ddus 
leur  langue,  traduisirent  l'Evançile  de  saint 
Matthieu,  répandu  par  les  Chrétiens  d  ori- 
gine juive,  qui  faisaient  usage  de  la  laoguo 
grecque  ;  cette  traduction  se  trouva  oièice 
d'additions  et  de  modiGcations  dont  il  se- 
rait aujourd'hui  impossible  de  fixer  Tim- 
porlance. 

Divers  critiques  ont  examiné  avec  plus  d« 
détails  qu'il  ne  serait  utile  d'en  placer  ici, 
les  questions  qui  se  rattachent  à  l'évangiio 
dont  nous  parlons.  Indépendamment  des 
deuxdissertationsspécialesdeCh.-J.  Weber: 

Veber  das  evangelium  der  Hebrœer  {dans  les 
Beilraege,  zur  Geschichte  der  NetUestament. 
Leipzig  Kanons,  1791,  in-8*),  et  Untersuchun- 

?en  ueber  das  Aller  und  Ansehn  der  étangs- 
ten  der  Hebrûer,  Tubingne,  1806,  in-8\  ou 


Histoire  critique  du  texte  du  Nouveau  Ttsla- 
ment,c\ï.^  et  8;  Micbaelis,  Einleiiupgm 
das  Neue  Testament,  l.  II,  p-  lOOi;  deWclte. 
Eiuleitung,  1848,  p.  69-75. 

On  peut  consulter  également  la  disserta- 
tion déjà  citée  d'Emmericb  :  DeEvangeliis  se- 
cundum Hebrœos ,  Mgyptios  atque  Justwi 
viartyris.  Strasbourg,  1817,in-Veiropuscuio 
de  J.  A.  Strolh  ,  Entdeckte  Fraamentc  d(r 
evangeliender  Hebraer  in  Justin  der  Martyr, 
dans  le  Répertoire  de  littérature  bibhp^ 
d'li:iih'M;rn,  1. 1,  p.  1-59. 


2S3 


BEM 


PARTv  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


HCM 


9M 


HEMORROISSE. 

(Lettre  adressée  à  Pilate  par  la  femme  hémorroisse.) 


lîusebe  [Hist.  eccles.^  I.  vu,  c.  18)  parle  de 
la  femme  que  le  Sauveur  guérit  d'un  flux  de 
sifi}^(Maith.  IX,  20);  il  dit  qu'elle  avait  fait 
placer  dans  la  ville  de  Panéade  une  statue 
pour  perpétuer  la  mémoire  du  bienfait 
(ju*elle  avait  reçu;  cette  statue  était  d'airain 
et  placée  sur  une  colonne  de  pierre  ;  la  fem- 
me était  représentée  à  genoux  et  les  mains 
étendues;  auprès  d'elle  était  la  statue  éga- 
lement en  airain  d'un  homme  qui  était  cou- 
Terl  d'une  longue  robe,  et  qui  tendait  la 
main  à  cette  femme.  Aux  pieds  de  cette  effi- 
gie croissait  une  plante  inconnue  qui  mon- 
Itit  jusqu'à  la  frange  de  la  robe  dont  nous 
yenone  de  jiarler,  et  qui  offrait  un  remède 
(ies  plus  puissants  contre  toute  espèce  de  ma- 
lalies.  (Voy.  Eusèbe,  édition  de  Valois,  1. 1, 
p.  3V2.J  Cet  écrivain  ajoute  qu'on  disait  que 
celle  statue  représentait  les  traits  do  Jésus- 
Clrrist,  et  qu'élanl  restée  en  place  jusqu'à 
son  époque,  il  la  vit  lui-même. 

Ce  récit  a  soulevé  quelques  objections; 
des  critiques  se  sont  étonnés  de  ce  qu'aucun 
ancien  écrivain  ecclésiastique  n'ait  fait  men- 
tion de  ces  détails.  Rien  de  pareil  ne  se 
trouve,  ni  dans  saint  Justin  le  martyr,  qui 
était  originaire  de  la  Palestine,  ni  dansOri- 
gène  qui  passa  de  longues  années  à  Tyr,  non 
loin  de  Panéade,  ni  dans  saintlrénée,ni  dans 
Tertullien.  L'hémorroïsse  avait ,  d'après  le 
témoignage  de  deux  évangélistes,  dépensé 
tousses  biens.  Comment  aurait-elle  pu  avoir 
les  moyens  défaire  élever  deux  statues  dont 
la  dépense  devait  être  considérable? 

Ce  que  dit  Kusèbe  se  retrouve  cependant 
dans  divers  autres  auteurs  ecclésiastiques, 
iDaisqui  écrivaient  après  les  premiers  siè- 
cles, tels  que  Nicéphore.  {Hist.  ecclés.,  1.  vi, 
c.  15);  saint  Jean  Damascène  (crat.  3,  De 
Imaginibus,  i  I,  p.  369,  édit.  de  Le  Quien, 
Pans,.1712,2  vol.  in-fol  j ; Charîema^ne,  De 
maginibus^  I.  iv,  c.  15,  etc.     . 

Jean  Malala,  dans  sa  Chronographie  (édiU 
d'Oiford,  1691,  in-8%  p.  305)  donne  à  cet 
é^arJ  des  détails  plus  circonstanciés;  nous 
allons  traduire  le  passage  de  cet  auteur  : 

«  Le  roi  Hérode  s'étant  retiré  à  Panéade, 
Tille  de  Judée,  une  femme  riche,  nommée 
Véronique,  qui  habitait  cette  ville,  vint  au- 
près de  lui.  Elle  avait  l'intention  d*éle ver  une 
statue  en  l'honneur  de  Jésus,  qui  l'avait  dé- 
livrée de  la  mort.  Mais  n'osant  pas  le  faire 
sans  avoir  obtenu  la  permission  du  roi,  elle 
ternit  dans  ce  but  une  pétition  au  roi  Hé- 
rude.  Cet  écrit  était  ainsi  conçu  : 

«  Véronique,  femme  honorable,  demeu- 
rant dans  la  ville  de  Panéade,  adresse  ses 
très-humbles  prières  au  très-auguste  Hé- 
rode, tétrarque,  législateur  des  Juifs  et  des 
gentils,  et  roi  de  la  Trachonitide.  La  justice, 
la  bonté  à  l'égard  des  hommes,  et  tout  ce 
Mui  est  vertueux,  entourent  votre  tète  divine 
il  lui  font  Gomme  uae  couronae.  Counais.- 


sant  très-bien  vos  qualités,  je  m'approcne 
de  vous  dans  l'espérance  complète  que  mes 
vœux  seront  exaucés.  Ce  qui  va  suivre  ex- 
pliquera ce  que  je  demande  ainsi.  De|)uis 
l'enfance,  je  souffrais,  d'un  flux  de  sang,  et 
j'avais  employé  ma  fortune  entière  et  toutes 
mes  ressources  à  avoir  recours  aux  médecins. 
La  renommée  du  Christ  vint  à  moi  au  mo- 
ment qu'il  faisait  les  plus  grands  miracles, 
tels  que  ressusciter  les  mdits,  rendre  la  vue 
aux  aveugles,  chasser  les  démons  du  corps 
des  hommes,  et  qu'il  guérissait  les  malades 
par  sa  parole  seule  ;  je  me  réfugiai  donc 
auprès  de  lui  comme  auprès  d'une  divinité. 
Observant  la  foule  qui  l'entourait,  je  crai- 
gnais de  lui  expliquer  ma  maladie  incuiMble, 
et  j'avais  peur  que,  rebuté  par  l'impureté  do 
mon  mal ,  il  ne  conçût  de  la  colère  contre 
moi,  et  que  ma  maladie  ne  sévit  avec 
encore  plus  de  force.  Pensant  que  si  je 
réussissais  à  toucher  seulement  la  l'range  de 
son  vêtement,  je  serais  aussitôt  guérie,  je 
me  mêlai  en  cachette  à  la  foule,  et  ayant  tou- 
ché son  vêtement,  je  ressentis  aussitôt  une 
guérison  complète,  car  mon  flux  de  sang 
s'arrêta.  iMais  lui,  connaissant  les  pensées  de 
mon  cœur,  éleva  la  voix  et  dit  :  «Qui  est- 
ce  qui  m'a  touché?  car  une  vertu  est  sortie 
de  moi.  »  Moi,  couverte  de  pâleur  et  gémis- 
sant» craignant  que  le  mal  ne  revint  m'as- 
saillir  avec  une  force  nouvelle,  je  tombai  à 
ses  pieds,  et,  arrosant  la  terre  de  mes  larmes, 
je  Gs  l'aveu  do  mon  audace.  Il  eut  pitié  de 
moi  dans  sa  miséricorde,  et  il  confirma  la 
santé  qui  m'avait  été  rendue,  disant  :  u  Aie 
confiance,  ma  fille;  ta  foi  fa  sauvée;  va  en 
paix.  »  De  même,  ô  souverain  très  augustOi 
je  vous  supplie  d*exaucer  ma  requête. 

«  Hérode,  ayant  pris  connaissance  de  cet 
écrit,  demeura  tout  stupéfait  d'un  pareil  mi- 
racle, et  voyant  avec  etfroi  le  mystère  de 
cette  guérison,  il  répondit  :  «  O  femme,  une 
pareille  cure  mérite  bien  une  statue.  Va 
donc,  et  érige-la  telle  que  tu  la  voudras , 
rendant  à  celui  qui  t'a  guérie  les  honneurs 
que  tu  désires  lui  témoigner.  » 

ft  Et  aussitôt  Véronique  éleva  à  Notre  Sei* 
gneur  et  Dieu  Jésus-Christ,  dans  la  ville  de 
Panéade,  une  statue  de  bronze  mêlé  d'un  peu 
d'or  et  d'argent.  Cette  statue  se  voit  encore 
dans  la  ville  de  Panéade,  ayant  été  transférée 
dans  une  église  sainte,  au  lieu  de  la  placo 
où  elle  était  an  milieu  de  la  ville.  J'ai  trouvé 
l'écrit  que  j'ai  relaté  chez  un  nommé  fiassus, 
habitant  de  cette  ville  de  Panéade,  et  qui 
avaitquittélejudaïsmepourembrasserlafoi; 
il  avait  aussi,  dans  le  même  livre,  l'histoiro 
de  toutes  les  choses  accomplies  par  les  an« 
ciens  rois  de  Judée.  » 

D^autres  auteurs,  au  moyen  âge,  ont  re« 
produit  ces  circonstances  en  les  amplifiant 
parfois;  voici  de  quelle  manière  s'exptime 
Gervais  de  Tilbury  dans  s*:s  Otia  imper ialia 


iSS 


DICTIONNAIRE  DES  APOCflYPUBS. 


ise 


(p*  976deré(liteurdeLeihnitz»  p.  25  de  l*édi- 
tionde  Liebrechl)  :  Legilurquod quidam  facit 
staluam  auream  m  honore  SahaierU^  $i  posi 
statuam  ipsius  illic  Martham  quœ  sanata  est. 
Ibi  quoque  nascebatur  herba  axtœdam^  iia 
pleruwque  crescens^  quod  iangebat^  fimbriam 
vestimenti  imaginis^  eraique  iantœ  virtulis 
quod  quieunque  ex  ea  sumebalt  a  languore^ 
qw)  tenehalur^  liberaijalur.  Ces  mêmes  dé- 
Ifii  s  se  n  (roiivcrudaus  la  Légende  dorée  de 
J{ic<|<ie»  (ie  Vora^ine,  dans  le  chapitre  con- 
>a>  ré  à  ^:ainte  .Marthe  (p.  kki  de  rédilion  de 
Grœsse,  Dr(^Mle,  1845,  in-8*), ainsi  que  dans 
VUiitorta  tcholanica  de  Pierre  Coinestor. 

iEvangeL  c.  61,  de  filia  archisifnagogi  et  de 
\œmorroissa.) 

Ce  que  dil  Gervais  se  retrouve  &  peu  près 
dans  les  mèmps  termes  dans  un  chapitra  qui 
fait  partiede Tédilion  allemande  des  Gesia  Ro- 
manorunif  mais  qui  ne  fi^^nre  pas  dans  le  texte 
latin  de  cette  comnilnlion  $i  répandue  au 
ico.yen  Age  (cb.  91  de  Tédition  de  Relier,  et 
%.  II ,  p.  218  de  TéditioD  de  Grœsse,  Dresde, 
1842,  2  vol.  in-12). 

Ce  qui  concerne  la  statue  élevée  è  Jésus-* 
Christ   par  riiéinorroïsse  a   été   traité   par 
M.  Pei^iinot ,  dans  ses  Recherchée  $ur  la  per^ 
Bonne  de  Jéeus-Chrisi  et  sur  celle  de  Marie, 
Dijon,  1821),  in-8%  p.  85. 

Asiérius,  év6({ue  d*Amasee,  fait  mention 
de  cette  statue;  il  dit  qu'elle  fut  enlevée  par 
Tempereur  Galérius  Valérius  Maximiii,  que 
Diodétien  éleva  au  pouvoir  suprême  et  qui 
persécuta  avec  acharnement  le  christianisme. 
Photius  nous  a  conservé  les  paroles  du  pré- 


lat, en  donnant  dans  sa  BibUothiaue  (cod. 
271}  un  extrait  de  ses  écrits,  aujourd  hui  per- 
dus. Voici  la  traduction  du  texte  relaté  par 
le  patriarche  de  Constant! nople  : 

«  Cette  femme  était  de  la  ville  de  Paneaae 
dans  la  Palestine;  elle  érigea  une  statue 
d*airain  en  Thonneur  de  celui  qui  ravali 
guérie,  regardant  que  ce  bienfait  méritait 
bien  ce  témoignage  de  reconnaissance  ;  cette 
statue  resta  debout  pendant  bien  de$années« 
pour  la  confusion  de  ceux  qui  osaient 
taxer  les  évangélistes  de  mensonge,  et  cette 
stntue  se  serait  conservée |usqu*è  nos  jours 
afin  de  montrer  k  la  fois  le  miracle  opéré 
par  la  puissance  de  Dieu  et  la  reconnaissance 
de  la  femme;  mais  Maximin,  qui  fut  eoipe- 
reur  avant  Maxjmien,  et  qui  rendit  aux  yo- 
les un  culte  impie,  s'irri4a  contre  la  statue 
de  Jésus-Christ  et  la  fit  enlever,  nuis  il  n^ 
put  détruire  la  mémoire  du  fait. 

Maximin  n*avait  point  détruit  cette  statue; 
elle  fui  rétablie  plus  tard,  et  placée  dans  la 
sacristie  de  Téglise  (iti  diaconieo  ecclesiet)  : 
Julien  TApostat  la  fit  enlever  derechef,  traî- 
ner sur  la  place  publique  et  briser.  Elle  fut 
remplacée  par  Tefllgie  de  ce  prince;  mais  » 
peu  de  le^mps  après,  la  foudre  brisa  celle-ci. 
Tels  sont  les  détails  ^  contestés  d'ailleurs 
par  de  judicieux  critioues,  que  donnent  S  - 
zomène  (Hisl.  eccles.^  lib.  v,  c.21)  et  Pbilus- 
torge  (Uist.  eccles.,  lib.  vh,  c.  S.Sfoy.  aussi 
Auctuarium  novissimum  de  Combétis ,  I.  ', 
u.  26!^,  et  les  notes  de  I.  Godcfioj  sur  Pbi* 
lostorge,  p.  26<^.. 


HERMAS^ 


Le  livre  do  Poslnir,  qui  nOQS  est  par- 
Tenu  sous  le  nom  d*Hermas,  et  qui  constitua 
an  monument  précieux  de  l'ancienne  littéra- 
ture chrétienne,  a  trouvé  place  dans  quel- 
ques collections  consacrées  aux  apocrvphes, 
3 unique,  à  vrai  dire,  ce  n'est  point  la  qu'il 
evrait  être  rangé. 

Il  n'entre  pas  dans  notre  plan  de  donner  ici 
une  traduction  de  cet  ouvrage  ;  on  le  trou- 
Tera  en  latin  dans  le  lome  I*'  de  la  Palrologia 
Grœca^  Latine  édita  (M  igné,  1856,  ffr.  in-8*,  col* 
1311-U12}.  Il  est  précédé  des  dissertations 
de  Le  Nourry  et  de  Gallandi ,  qui  exposent , 
avec  une  judicieuse  et  sagace  érudition,  ce 
que  l'on  connaît  de  ce  livre  et  de  son  au- 
teur. 

Notre  but  est  seulement  d'exposer  quel- 
qucsdétails  bibliographiques,  lesquels  pour- 
ront être  utiles  aux  personnes  désireuses 
de  faire  de  cette  composition  intéressante 
.*Dt)jet  de  leurs  études. 

La  première  édition  du  texte  grec  d'Her- 
mas  se  trouve  dans  les  œuvres  de  saint  Atha* 
nase,  publiévs  par  Montfnucon,  t.  Uf,  p.  252. 
Il  fut  reproduit  dans  la  Bibliolheea  Grœca  de 
Fabricius  (1"  édition,  t.  V,  p.  7;  2*  édition, 
t.  Vli,  p.  18),  et  dans  h  Spicilegium  Patrum 
de  Grabe,  t.  i,  p.  303,  ainsi  que  dans  la 
BtbliothecaPatrumh  QàWdtidi  (Venise,  1761, 
io-folio),  t.  I,  p.  ^9.  Fabrici'is  l'inséra  éga- 


lement dans  le  Codox  apoerypkus  Navi   7#« 
$Xam€nti,  t.  III, p.  737-1036. 

La  traduction  latine  avait  été  mise  au  jour 
bien  avant  le  texte  grec;  elle  se  montra  d Sa- 
bord dans  l'ouvrage^de  J.  Fabri,  Liber  trium 
virorunif  et  trium  spiritualium  rtryinum , 
Paris,  1513,  in-folio;  elle  figura  successive- 
ment dans  les  Orthodoxographa  recueillis 
par  HérolJ,Basileœ,1559,  p.25;  dans  les  I/o- 
numenta  Patrum^  orthod,,  ibid.,  t.  II,  p.  399; 
dans  la  Bibliolheca  maxima  Patrum  ^  t.  I, 

&n,  p.  22;  dans  Tédition  du  traité  de  Claude 
amerliii  De  statu  antmcF,  donnée  par  Harth» 
qui  V  joignit  des  notes,  Cygneas,  1655, 
in-8%  à  la  suite  de  l'édition  de  ÏEpUre  de 
saint  Barnabe,  donné  par  Fcll,  Oxford  1G85. 

Le  Pasteur  Ggure  également  dans  les  Patres 
aposlolicif  publiés  par  Cotelier,  1672  et  172^, 
dans  la  collection  des  mêmes  Pères,  donnée 
par  J.  Leclerc,  Amsterdam,  1068.  et  par 
11.  Russell,  Londres,  17W;  il  on  est  qneslion 
dans  la  Revue  Européenne^  t.  IX,  n*  38,  et 
dans  la  Palrologie  de  MoebJec,  Irad.  fran- 
çaibe,  t.  I,  p.  107-116. 

On  n*en  possédait  qu*une  édition  séparée, 
devenue  fort  rare,  publiée  b  Strasbourg,  apud 
L  Schoitum,  1522,  in-4*,  et  elle  ne  donnait 
que  le  ttxto  latin  ;  mais,  en  1855,  il  a  paru 


& 


IIER 


PART.  m. -> LEGENDES  EN  FRAGMENTS. 


tiER 


S» 


à  Leiptig  une  édition  pins  complète  e(  due 
à  (Inhabiles  critiques  (2St^*). 

En  fait  de  Ireduclions,  nous  citerons  : 
la  rersion  allemande  de  J.  O.  tiliising;  elle 
occupe  les  p.  i4-226  du  volume  imi(ij|<^  : 
Britfen  und  Scrifien  derapostolichenMànnen 
Hamhouri;,  1718,  in-8';  la  version  anglaise 
(j«  W.  Wake,  dans  Pouvraj^e  intiiulé  : 
Tramlaliên  of  tht  gênuinê  episths  of  the 
apostolicat  Faikers^  Londres,  1693  (autres 
éditions.  1710,  1719,  1737);  la  version 
hollandaise»  imprimée  à  Amsierdam»  1687, 
io-8*. 

Voieian  surpins  Tindicaiion  de  divers  an- 
(eups  qui  se  sont  occupés  d*Hermas  : 

Cave,  Bi4l.  icript,  eeclei,^  1. 1,  p. 30;  Du- 
pin,  BihUotkiqut  de$  auteurs  ecelésiasti* 
juei,  1. 1,  p.  28;  TiMemonf,  Mémeires,  t.  II, 
\K  111  ;  Ceillier,  Histoire  des  auteurs  sacrés^ 
t.I,  p,  582;  Ittig,  Dissert,  de  Patr.  apost.^ 
\K  l»-206. 

I  Meuiionnons  aussi  les  dissertations  spé- 
fiales  de  Torelii ,  de  Gratz,  Disq.  in  Pasto-^ 
rm  Bermetf  Bonn,  1820,  ink"  ;  de  Jachmnnn, 
Der  Hirte  der  HermaSj  Kœnigsberg,  1835, 
in  8*;  et  ci  torts  encore  Colla,  De  Hermœ  Pas- 
toreJBistoria  ecc/fs.,  t.  I,  p.  655);  Lange, 
Di  Éerma  libro  (Histor.  dogmat.  memor, 
1. 1,  p.  75-84);  N.  Le  Nourry,  Dissert,  in 
tfu  libros  Pastoris  S.  Hermœ  (Apparat,  ad 
Bibliotli.  max.  vet.  Pairutn^  1. 1,  p,  kl)  ;  Ro« 
seomiÀller,  De  Herma{\n  libro  de  Ckristianœ 
theologim  origine  ^  p.  38);  Sfhœckh  ,  JTtr- 
thengesckichte  ^  vol.  Ih    p.  373;  Zimmer- 


mann.  De  Berma  (Disquis.  de  visionibus  m* 
séria  in  ejus  opuseutis,  p.  i,  p.  688). 

M.  Bunsen,  dont  nous  avons  déjà  men- 
tionné les  IroTaox,  sVst  œcupé  da  livre  du 
Pasteur  (Christianity  and  Mankind,  t.  1, 
p.  1855-215).  il  observe  qu'il  n'est  guère  de 
livre,  af)parlenant  à  l'antiquité  chrétienne, 
qui  ait  ét(^  aussi  maltraité  par  le  temps  et 
par  les  éditeurs.  Du  texte  grec,  il  ne  reste 
que  des  fragments,  et  la  vieille  traduction  la- 
tine est  fort  défectueuse.  Sur  les  cinq  ma- 
nuscrits qu'on  en  connaît,  trois  sont  à  Paris, 
un  h  Oxford  (Inbliothèque  Bodieyenne),  un 
è  Londres  (bibliothèque  du  palais  de  Lam- 
beth)  ;  ce  dernier  ne  contient  pas  des  passa- 
ges qui  peuvent  être  regardés  comme  des 
interpolations. 

Le  premier  éditeur,  Lefebvre  d'Etaples, 
eut,  en  1513,  l'idée  malencontreuse  de  divi- 
ser arbitrairement  le  texte  en  chapitres  ^ 
détruisant  la  netteté  et  l'harmonie  de  l'en- 
semble, et  donnant  à  Tœuvre  une  marche 
lourde  et  illogique. 

Le  texte  donné  dans  les  Patres  apostolici 
de  RusselU  1. 1,  est  peut*>étre  le  meilleur;  on 
y  trouve  en  entier  les  fragments  grecs  qui  ne 
sont  parfois  donnés  que  par  extraits  dans  l'é- 
dition d'Hefele. 

Le  résultat  de  la  maladresse  de  l'ancien 
traducteur  a  été  de  rendre  très-obscurs  plu- 
sieurs des  passages  sur  lesquels  les  com- 
mentateurs se  sont  fort  exercés  sans  grand 
succès. 


HERMES. 


Les  livres  attribués  à  ce  personnage  énig- 
malique  se  rattachent  par  certains  points 
aux  idées  chrétiennes  et  ont  joui  d'une  grai^ 
de  célébrité  ;  c'est  donc  pour  nous  un  devoir 
d'en  parler  avec  quelques  détails  dans  notre 
Dictionnttire. 

Cicéron  [De  naiura  deorum^  1.  m,  c.  92^  « 
reconnaît,  parmi  les  cinq  Mercures  qu  il 
mentionne,  un  Mercure  (fermes)  qui  était 
adoré  en  Egypte;  les  Egvptiens  lui  donnaient 
le  nom  de  Thot  ou  JAeu/,  et  Lactance  (De 
felia  relig.f  1.  i,  c.  6)  nous  apprend  qu  ils 
avaient  appelé  d'après  lui  le  mois  de  sep- 
tembre» qui  était  le  premier  des  mois  de 
leur  année*  Lorsque  l'école  néo-platonicien- 
ne d'Alexandrie  Toulut  entreprendre  la  fu- 
sion des  anciennes  doctrines  égyptiennes 
avec  les  opinions  de  l'Orient,  mêlées  à  celles 
de  la  philosophie  grecque,  le  prétendu  Thot 
&e  prescotâ  comme  ie  père  de  toutes  les 
cnniiaissauces  humaines  ;  on  lui  attribua 
1  invention  de  l'alphabet,  de  raslrouomie,  de 

{^U*)%Bermm  Poster;  Graaœ  f»ninum  etlfde- 
Mi»i  ei  imerpretaiîoiieiii  vetereiu  LniiDam  ex  <odi* 
ciiiiti  fmeiidataai  addidenuit  R.  Anger  et  C 
Dinilorf,  8*.i 

Il  faut  toutefois  observer  qu'on  a  reproché  à  ceUe 

pubticaiion  d*àvo1r  admis  comme  auiheniiqne  un 

maoaacrii  irrec  qui  paraît  avoir  élé  fabriqué  par 

uo  nommé  SiiDonidéSt  dont  les  préiendoes  décou- 

%rtet  oot  fait  du  bruit  en  Allemagne.  Mention- 


rarithnl^nque;  ce  fut  ainsi  que  Hermès  se 
trouva  transformé  en  l'auteur  de  nombreux 
ouvrages.  On  avait  prétendu  que  Thot  avait 
gravé  ses  découvertes  sur  des  colonnes  et 
qu'elles  étaient  ainsi  parvenues  jusqu'à  Pla- 
ton qui  les  avait  apportées  dans  la  Grèce; 
Hermès  fut  révéré  comme  la  source  de  toute 
instruction, comme  2yismégiste{rptçitiytvx9ç)  ; 
ce  fut  le  Verbe  (U70O  personnifié.  Clément 
d'Alexandrie  parle  {Stromates^  I.  vi,  c.  k)  des 
vingt-doux  livres  d'Hermès;  c'était  une  sorte 
d'encyclopédie  renfermant  ôes  notions  sur 
toutes  les  sciences,  un  exposé  de  la  religion, 
les  éléments  de  la  géométrie,  les  principes 
de  la  médecine.  Jamblique,  au  début  de  son 
traité  sur  les  mystères  des  Egyptiens,  d  t 
que  toutes  les  inventions  ré|iandues  chez 
cette  nation  avaient  été  mises  sous  le  nom 
d'Uermôs.  Plus  loin  il  rapporte,  d'après  Se- 
leucus,  qu'Hermès  avait  écrit  vingt  mille 
liyrc:^  ou  même,  selon  Manéthon,  trente-six 
mille  cinq  cent  vingt-cinq;  nous  ol)serve- 

noi»s  nue  brochure  de  M.  G.  Ilollenbf  rg,  Be  Hermœ 
i^attBris  coikce  Lipsiensu  Bcrii»,  1856,  iii-8%  tft 
ajoutons  t|u*un  iravail  de  M.  T.achemlorr  sur  lier- 
mas  occupe  les  p.  408  à  657  des  Putrum  avoito» 
iieerum  opéra ,  edi<lil  Albertus  Dresse!  »  Leîpsig , 
1850,  in-8*.  Il  est  iutiuilé  :  Uernim  Pastor  ex  frua-' 
mentis  Grœcis  LipsieiwbuSf  instiiuta  quœsiwne  if* 
9erQ  ejus  lextus  fonte. 


Î59 


HER 


DICTIONiNAIRE  DES  APOCRinifiS. 


HER 


teo 


rons  que  ce  dernier  chiffre ,  donl  l'exagéra- 
tion est  si  frappante,  correspond  au  nombre 
d'années  que  Manéthon  énonce  comme  étant 
la  durée  des  trente  dynasties  dont  il  retrace 

l'histoire. 

Jamblique  parle  aussi  des  livres  d'Hermès 
comme  ayant  été  ironsporlés  dans  la  Grèce; 
Plularque  {De  Iside  et  Osiride)  Tait  mention 
d'ouvra:;es  attribués  à  Hermès,  ainsi  que 
Gaiien  (DesimpL  medic.  facuU.,  U  vi,  c.  1) , 
et  saint  Cyrille  {Cont,  Julian,^  1.  i). 

On  ne  saurait  ainsi  révoquer  en  doute 
rexiitenoe  au  W  siècle  de  notre  ère  d'ou- 
vrages portant  le  nom  d'Hermès;  ils. rou- 
illent sur  la  théologie  et  la  philosophie; 
Dieu,  le  monde,  la  nature ,  envisagés  au 
point  «le  vue  des  néo-platoniciens  en  ét.ûent 
le  sujet.  Lactance  en  fait  mention  (255); 
mais  il  leur  a  donné  une  origine  trop  an- 
cienne. Admettons  qu'il  existât  en  eilet  de- 
puis longtemps  quehjues  écrits  dont  Hermès 
fût  signalé  comme  Tauteur  et  qui  seraient 
sortis  des  temples  de  TEgypte,  les  prétendus 
docteurs  alexandrins  les  déligurèrent  et  les 
interpolèrent  è  Tenvi,  y  entassant  les  rê- 
veries des  sciences  occultes  alors  si  fort  à  la 
mode,  et  s'efforçant  de  les  opposer  au  chris- 
tianisme. Il  s'est  conservé,  soitea  grec,  soit 
dans  une  traduction  latine,  quelques  frag- 
ments de  ces  productions;  ils  paraissent 
appartenir  à  une  période  peu  ancienne  du 
néu-platonisme  ;  ils  formulent  avec  peu  de 
clarté  des  doctrines  qui  circulaient  enEgypte. 
On  y  reconnaît  parfois  Tinfluencc  des  idées 
chrétiennes,  et  un  érudit  iillemand,  Baun- 
garten-Orusius,  s'est  efforcé  de  les  rappro-* 
cher  des  ouvrages  de  Porphyre. 

L'idée  d'attribuer  ces  ouvrages  h  des  Chré- 
tiens et  la  supposition  qu'ils  ont  été  altérés 
et  interpolés  par  des  Chrétiens  ont  été  re- 
poussées par  les  meilleurs  critiques. 

Plusieurs  de  ces  écrits  existent  dans 
les  manuscrits  de  quelques  grandes  biblio- 
thèques et  n'ont  pas  trouvé  d'éditeurs. 

Nous  mentionnerons  d'almrd  un  dialogue 
qui  paraît  remonter  à  une  époque  plus  an* 
cienne  que  les  autres  écrits  hermétiques. 
Lactance  le  cite  sous  la  dénomination  de  >ô- 
y9ç  TÙuoç  (Dit;.  Inslit.f  I.  vu,  c.  18);  il  ne 
nous  est  parvenu  que  dans  une  traduction 
latine  qu'on  attribue  (à  tort  selon  quelques 
érudits)  à  Apulée  de  Madaure;  il  porte  le 
titre  û'Asclepius  ^  seu  de  nalura  deorum  dia* 
logus^  Cl  l'on  no  peut  douter  qu'il  n'ait  été 
composé  en  Egypte.  11  reproduit  le  dialogue 
d'Hermès  avec  un  de  ses  disciples,  nommé 
Asclépius;  il  y  est  question  de  Dieu,  de 
l'univers,  de  la  nature,  au  point  de  vue  des 
néo-platoniciens. 

Une  production  plus  étendue  et  la  plus 
importante  de  celles  de  cette  espèce,  c'est  le 
Pymandre^  ou  comme  porte  le  texte  grec  : 
*£pjuioû  Tov  TpcvftcyîTov  nocfiàv^pi}^ ,  nom  dé- 
rivé de  Yroip«v  (pasteur)  et  qui  rappelle  le 

(255)  t  Hic  (Hermès)  scrîpsil  libres  el  quidem 
nulios  ad  cogoiiioiiem  divinaruiii  rcrum  peninen- 
t«s,  in  quibiis  mojpsiatem  su  moi  i  ac  singniaris  Dei 
aaaerli;  iisdemqiic  iioininitius  appellit ,  quibut  nos, 


Pasteur  d'Herroas  C'est  encore  une  série 
d'entretiens  ayant  pour  sujet  Dieu ,  la  na- 
ture, la  création  du  monde,  la  conscience; 
les  théories  du  néo- platonisme  s'yroèlenl 
parfois  à  des  vues  chrétiennes,  à  des  doc- 
trines bibliques,  à  des  ojnnions  eaiprun- 
tées  à  l'Orient  et  è  la  Kabale. 

Une  autre  production  hermétique  rt'un 
autre  genre  roule  sur  la  guérison  des  ma- 
ladies d'après  les  règles  do  l'astrologie;  cV^i 
un  tissu  do  rêveries  où  l'on  examine  léini 
des  constellations  au  moment  do  l'invaMon 
du  mal ,  l'instant  précis  où,  d'après  lo  situa- 
tion des  planètes ,  il  faut  faire  usage  des  re- 
mèdes. Ce  fatras,  indigne  d'attention  el  qui 
ne  parait  pas  remonter  plus  haut  que  le  y* 
siècle ,  a  été  publié  en  grec  par  J.  Cramer. 

Un  écrit  encore  plus  récent  roule  sur  l'as- 
trologie et  n'a  été  publié  qu'en  latin  par 
Jérôme  Woltfsous  le  titre  de  Derevoluiio- 
nibus  nativUaium,  BAle,  1559,  à  la  suite  du 
traité  de  Proclus  sur  le  Quadripartilum  de 
Ptoîémée  ;  le  texte  original ,  grec  selon 
quelques  savants,  et  arabe  selon  d'autres, 
est  resté  inédit. 

Ce  n'est  aussi  que  dans  une  version  la* 
tîne  souvent  réimprimée  qu'a  paru  un  auire 
ouvrage  astrologique  portant  le  nom  d'Her- 
mès et  qu'on  croit  traduit  de  l'arabe,  le 
Cenliloquium  ou  Aphorismi^  seu  cenium  un- 
tentiœ  astrologicœ.  11  en  existe  diverses  édi- 
tions, Venise  ,  H91  et  1501  :  Bâie,  1551,  et 
il  a  été  imprimé  à  plusieurs  reprises  avec 
Plolémée.  C'est  encore  dans  cette  classe  qu'il 
faut  ranger  une  autre  production  médicale 
cl  astrologique  qui  n'a  été  publiée  qu'ui 
latin.  Liber  physico  -  medicus  Kiranidum 
Kirani ,  td  est ,  rtgis  Persarum  vere  aurtus 

ffe/wmeu5qfuf,édilé  par  André  RivinusrLeiiiziiTi 
1638,  Francfort,  1681).  11  s'en  trouve  à  Madr.d 
un  manuscrit  grec.  {Voy.  Yrïarie.BibUoth. 
reg.  Matritensis  codices  tirœci^  Madrid,  ITti'J. 
in  folio,  p.  432.) 

Celouvrtige,quiporleaussi  le  nom  d'Hermès 
et  qu'Olympiodore  a  cité,  est  divisé  en  qua- 
tre parties;  il  ex|)ose,  d'après  l'ordre  alpha- 
bétique, les  matières  qui  peuvent  furuKf 
la  matière  médicale,  et  il  développe  ks 
vertus  thérapeutiques  et  magiques  û^s  pier- 
res, des  plantes  et  des  animaux;  ses  asser- 
tions sont  puisées  à  des  sources  égyptiennes, 
persanes  et  arabes;  elles  ne  doivent  nulle- 
ment nous  arrêter.  Nous  ne  nous  occupe- 
rons pas  davantage  des  divers  écrits  relatifs 
à  l'alchimie  qu'enfanta  le  moyen  âge  et  aux- 
quels on  donna  le  nom  d'Hermès,  tels  que 
le  Tractatus  vere  aureus  de  lapidis  phiios)* 
phici  décréta  (Leipzig,  1610, 1613,  in-8*);  ta 
Tabula  smaragdina  (Nuremberg,  1541,15^5, 
Stra3l)0iirg,  1566,  in-S-). 

L'édition  originale  du  texte  grec  du  Pyman- 
dre  vit  le  jour  à  Paris  en  155V,in-l^%  chez  A«tr  im 
Turnèbe;  François  de  Foix  de  Candalle  pu 
donna  une  autre  accompagnée  d'une  tra^.uc- 

Deum  et  Patrcni;  ac  ne  quis  nomi»n  «jjus  nwuU' 
rci,  àv«i>vu|xov   esse  dixii ,  etc.  i   [Dinn,   lum., 
lib.  I,  c.  8.; 


Ml 


HER 


PART.  m.^-LEGENDES  ET  FRAGHE?vTS. 


l!Efl 


IdJ 


tion  ./i(ine,B^rdeaux  J572«  in-4*;  le  Pymandre 
reparut  en  1591  dans  Touvrage  de  François 
?n{riu\  \nl\in\e:  Deœihereacrebuscœlestibus, 
Ferrare,  in-folio,  et  plus  tard  dans  une  autre 
production  de  ce  même  auteur  :iVot7a  de  uni- 
unis  philosophia^  Venise,  1593,  in-folio,  et 
en  1611  dans  une  réimpression  faite  à  Lon- 
dres de  celte  philosophia.  Citons  aussi  Py- 
mander  et  Asclepius^  Grœce  et  Latine  per 
Ficinum^  Paris,  159i,  in-4.',  et  Divus  Py^ 
mander  Hermelis  Mercurii  Trimegisticum 
commentariii  R,  P.  F,  Hannibalis  Rosseli^ 
ord,  FF.  Minorum  regularis^  Coloniœ,  1630, 
1. 1  à  VI ,  in-folio.  Ce  commentaire  énoruie 
est  toutefois  demeuré  inachevé. 

Les  éditions  latines  du  Pymandre  isolé  ou 
joint  à  VÀsclepius  sont  nombreuses;  indé-* 
pendamment  d'une  sans  date,  on  peut  citer 
celles  d»;  Tarvis,  IWl,  Ferrare,  1472;  Ve- 
Tiise,  1481,  1483,  1491,  1493,  Paris,  1494, 
Venise,  1497  (avec  Jamlilique),  Mayence, 
1503,  Paris,  1505,  Florence,  1412,  et  Venise, 
1321  (avec  les  œuvres  d'Apulée),  Paris,  1522, 
Bâie,  1542,  Lyon,  1549,  Paris,  1554,  Lyon  1570 
et  1577  ;  dans  ces  réimpressions  multi()liées , 
on  a  fait  usage  de  la  version  de  Marsile  Fi- 
cin,  laquelle  se  trouve  aussi  dans  les  édi- 
tions de  ses  OEuvres,  Bâie,  1561/  Paris, 
1576  et  1640.  En  lait  d'éditions  séparées  de 
l'Asclepius^  nous  sommes  à  môme  de  men- 
tionner celtes  de  Vienne,  1488,  et  de  Veni- 
se, 1521  (  Tune  et  fautre  avec  les  Mélamor- 
phoses  d*Apulée),de  Florence,  1522,  de  BÂIe, 
1561,  dans  les  OËuvres  de  Ficin. 

Deux  traducteurs  français  se  sont  exercés 
sur  le  Pymandre.  Gabriel  de  Préau  publia  son 
iravail  à  Paris  en  1549,  et  François  de  Foix 
mit  au  jour  le  sien  à  Bordeaux  en  1574, 
ia-8*;  il  iiU  réimprimé  à  Paris  en  1587  ,  in- 
fdiio. 

Du  AUemaDd,  caché  sous  le  nom  d'AIeto- 
phiius,  donna  à  Hambourg  en  1707,  in-8% 
UQ9  version  du  même  ouvia>i;e.  Un  savant 
(l'une  tout  autre  portée,  D.  Tiedmann,  en 
publia  aussi  en  1780  une  version  avec  des 
notes. 

Il  existe  en  italien  /{  Pymandro  tradotto 
da  Tommoêo  Benci  in  lingua  (iorenlina^ 
Florence,  1548,  in-8',  réimprimé  en  1549, 
ia-8*.  Un  anglais,  le  docteur  £verard,  prit  la 
peine  de  traduire  VAsclepius  aussi  bien  que 
.''  Pymandre t  et  le  tout  parut  à  Londres  en 
1650. 

Au  XVII*  siècle,  parmi  les  savants  qui  s*oc- 
cnpèreni  d^Uermès  avec  peu  de  criti^jue,  on 
(ihiiiigue  Ursinus,  dans  ses  Exercitationes 
de  Mercureo  Trismegisto^  Zoroastro  et  San- 
rhoniatone  (Nuremberg,  1661,  in-8'')  ; Kœser, 
i^e  Uermele  Trismegisto ,  Utlerarum  inven- 
<vre(Willenjberg,  1686,  in-4');  1.  Moller, 
Vetlermtte  (in  £fomonymo5co/}iaj, Hambourg, 
1697,  in-8*J,  ainsi  que  fauteur  de  l'in/p/- 
ieciual  System  of  the  universCy  R,  Cudwortli 
(Londres,  1678,  in-folio,  p.  31 9J. 

Ment:onnonsaussi  les  travaux  de  Jablons- 
k\f  dans  sou  Panthéon  Mgyptiacumj  pars  m, 
p.  156;  de  Bruckor,  dans  son  Uistoria  cri- 
ùca  philosophiœ  f  t.  I,  p.  252;  de  Ouadrio, 


dans  sa  Storia  d'ognipoesia,  1. 1,  p.  20;  df 
Fabricius,  dans  sa  Bibliotheca  Grceca^  U  1 
p.  46;  et  rroublions  pas  la  dissertation  or 
programme     acad«^mique    de    Baumgarlei 
Crusius,  De  librorum  Hermeticorum  origim 
algue  indole,  lena,  1827,  in-4»(19  pages). 

Pour  ce  qui  regarde  la  bibliographie  Voy^ 
Hoffmann,  Lexicon  bibliographicum  ,  Leip- 
zig, 1833,  MI,  p.  347. 

Nous  donnerons  une  idée  du  Pymandre. 
en  insérant  ici  un  court  extrait  pour  lequel 
nous  ferons  usa;jjo  de  Taricicnne  traduction 
de  François  de  Foix. 

«  0u3»d  jo  pensais  quelquefois  aux  choses 
qui  sont,  eslevant  mon  entendement  par  une 
grande  détention  et  amortissement  de  mes 
sens  corporels,  comme  il  advient  à  ceux  qui 
tombant  en  sommeil  par  réplétion  de  nour- 
riture ou  bien  ennui  do  leur  personne,  et» 
abandonnent  Tusage,  il  m'a  semblé  voir 
quelqu'un  démesuré  et  incompréhensible 
oui,  m'appelant  de  mon  nom,  .nie  dit  :  ;Que 
désires-lu  voir  et  ouïr?  et  que  délibèrés-lu 
apprendre  et  connaître  ? 

«  Je  lui  demande  :  Qui  es-tu  ?  Je  suis,  dit- 
il,  Pymandre,  pensée  de  celui  qui  est  de  par 
soi,  je  sais  ce  que  tu  veux,  et  suis  partout 
avec  toi. 

«  Je  désire,  dis-je,  apprendre  les  choses 
qui  sont,  et  entendre  leur  nature  et  connaî- 
tre Dieu,  voulant  ouïr  comment  ces  choses 
sont  :  derechef  il  me  dit:  a  Fais  état  de  tout 
ce  que  tu  désires  apprendre,  et  je  te  fensei* 
gnerai.  »  Ayant  ainsi  parlé,  il  changea  de 
forme,  et  soudainement  toutes  choses  m*ont 
été  révélées  en  un  instant. 

«  Lors  je  vois  un  spectacle  indétermimS  à 
savoir  toutes  choses  converties  en  lumière, 
chose  merveilleusement  douce  et  délecta- 
ble, laquelle  voyant,  j'ai  été  prins  d'amour. 
Peu  après  les  ténèbres  étaient  portées  en  bas 
en  partie  terribles  et  odieuses,  obliquement 
terminées;  de  manière  qu'il  me  semblait, 
les  voyant,  qu'elles  se  transmuaient  en  queU 
que  nature  humide  de  telle  sorte  agitée  qu'il 
ne  se  peut  dire 

«  Puisque  l'ouvrier  a  fait  le  monde  uni- 
versel, non  par  ses  mains,  mais  par  son 
verbe,  pense  toujours  en  toi,  en  cette  ma- 
nière qu'il  y  est  présent  et  toujours  et  qu*il 
a  fait  tout  et  un  seul  et  par  sa  même  volonté 
a  bâti  les  choses  qui  sont.  Car  ceci  est  son 
coipsnon  tangible,  ni  visible,  non  mesura- 
ble, ni  distant,  à  nulle  cho:)e  aucunement 
semblable.  Il  n'est  feu,  ni  eau,  ni  air,  ni 
esprit,  mais  est  toutes  choses,  lesquelles 
sont  de  lui ,  et  met  bon  ce  que  à  celui  seul 
il  a  attribué. 

«  Il  a  voulu  aussi  orner  la  terre,  et  a  en- 
voyé l'homme  ornement  du  corps  divin, 
animal  mortel  du  vivant  immortel.  £t  de 
vrai  le  monde  avait  plus  en  soi  que  l'animal 
des  animaux,  et  que  la  raison  et  pensée  du 
monde.  Car  l'homme  a  été  fait  contempla- 
teur des  œuvres  de  Dieu  et  s'en  est  émer- 
veillé et  a  reconnu  le  facteur...  Si  tu  peux 
connaître  Dieu ,  tu  connaîtras  beauté  et 
bonté  qui  est  très-éclatnntc  et  r:st  illuminée 
de  Dieu.  £t  cette  beauté  est  incomparable  9 


M3 


DICTIOMIUIRE  DES  ilKXIRTPHES. 


SC4 


«(  ce  bien  ne  peut  Atre  imité  comme  le 
même  Dieu.  Comme  donc  tu  entends  Dieu , 
entends  aussi  beauté  et  bonté,  car  elles  ne 
peuvent  être  communiquées  aux  autres 
•inimaux,  parce  qu'elles  sont  inséparables  de 
Dieu.  Si  tu  t*enquieresde  Dieu,  tu  t*enquerras 
aussi  de  beauté.  Car  c*est  niAme  voie  qui 
conduit  à  celui-là,  à  savoir  piété  avec  con- 
naissance, dont  les  ig;norants  et  qui  ne  cbe- 
minent  par  voie  de  piété,  osent  bien  dire , 
I  hommeèlre  beau  et  bon  qui  seulement  n*a 
veu  eu  songe  s'il  y  a  aucun  bien.  Mais  étant 
prévenu  de  tout  mal,  et  ayant  cru  le  mal  être 
bien,  il  use  témérairement  etinsatiabSemcnt 
de  celui-là  et  il  craint  en  être  privé.  Telles 
sont  les  beautés  et  bontés  humaines  les- 
quelles nous  ne  pouvons/uir  ni  luiyr,  mais  te 
plus  dur  qui  soit  en  toules  ces  choses,  c*est 
que  nous  en  avons  nécessité  et  ne  pouvons 
vivre  sans  eMcs. 

t  Où  ètes-vous  emportés  I  ô  hommes  eni- 
vrés, qui  avez  bu  le  pur  propos  d'igno- 
rance, lequel  vous  ne  pouvez  porter.  Reje- 
lez-le  dès  maintenant.  Soyez  sobres,  regar- 
dant les  yeux  de  vos  cœurs.  Et  si  bien  tous 
ne  pouvez,  à  tout  le  moins,  tous  qui  le 
l-ouvez.  Car  la  malice  d'ignorance  a  noyé 
toute  la  terre  et  corrompu  l'Âme  enclose 
dansie corps,  en  permettant  qu'elle  arrive 
aux  portes  de  sauveté.  Ne  vous  laissez  donc 
aller  en  bas  avec  ce  grand  flux. 
'  «  Et  vous,  ayant  enduré  les  ondes  contrai- 
res,qut  pouvez  prendre  le  port  de  salut,  ar- 
rivez à  celui-là  et  cherchez  qui  pourra  pré- 
céder, comme  vous  menant  par  la  main 
aux  portes  de  connais.sance  ;  là  où  est  la 
très-claire  lumière,  pure  de  ténèbres,  où 
aucun  n'est  enivré,  mais  tous  y  sont  sobres, 
regardant  du  cœur  à  ceiuy  qui  veut  estre 


yen.  Car  il  ne  peut  estre  ouy,  ny  peot  esire 
dict,  ny  peut  estre  veu  des  yeux,  mais  de 
cœur  et  pensées.  Premièrement,  il  te  faut 
rompre  la  robe  que  tu  portes,  couverture 
d'ignorance,  fermeté  de  malice,  lien  de  cur> 
ruption,  pure  de  ténèbres,  sépulchre  porté 
entre  soy,  larron  domestique  qui  ha^t  parce 
qu'il  ayme,  et  porte  envie  parce  qu'il  hayu 
«  Telle  est  la  robe  ennemie  de  laquelle  tu 
es  vestu  qui  te  serre  dans  toy-mesmes;  h  rc 
qu'ayant  recouvré  la  veue  et  considéré  la 
beauté  de  vérité  et  le  bien  qui  est  assis  en 
elle,  tu  ne  hayes  sa  malice,  ayant  co^neu 
ses  embûches,  par  lesquelles  elle  t*a  cspié 
lorsqu'elle  a  faict  insensible  les  choses  que 
l'on  fiensait  et  semblaient  estre  8ensibie<, 
les  environnans  de  beaucoup  de  {matière  (t 
les  remplissans  d'abominable  volupté.  Alla 
que  tu  n'entendes  ce  qu'il  te  faut  enleodre, 
et  que  tu  ne  voyes  les  choses  qu'il  t'est  be- 
soin regarder.... 

«  rieu  n'ignore  point  l'homme,  mais  il 
connaît  et  veut  en  être  connu.  Cecy  seul  est 
salutaire  à  l'homme,  connaissance  de  Dieu. 
Celle-là  est  la  montée  au  ciel.  Pour  cecy 
seul  l'Ame  est  bonne  et  jamais  celle  qui  est 
bonne,  n'est  faiie  mauvaise,  n*ais  elle  s'ea 
fait  par  la  nécessité.  Contemple  ràmed'uo 
enfant  pendant  qu'elle  n'a  encore  reçu  sa 
dissolution,  son  corps  étant  petit  et  non  en- 
core parvenu  ^en  sa  masse.  Elle  est  belle, 
n'étant  encore  touchée  des  atfections  du 
corps,  encore  à  peu  près  dépendantedeilâine, 
du  monde.  Mais  après  que  le  corps  a  creu  et 
l'a  estendue  parles  masses  du  corps,  elle- 
mesmes  soy  desparlant,  engendre  obliamo 
et  ne  participe  de  beauté,  ni  du  bien,  de  tant 
que  obliance  est  vice.  » 


HÊSYCHIUS. 

(  Evangile  iHi$ychiut^  ) 


Il  est  nientionné  dans  le  décret  du  Pape 
Gé!a%e,  et  saint  Jérôme  {Prœf.  tu  Evangetia^ 
ad  Damasum)  s'exprime  ainsi  :  PrœUrmiilo 
eos  codiees  quos  a  Luciano  ei  Hesychio  nun^ 
cupatos  paucorum  hominumas$erii  perversa 
coA/cn/to...  11  n'est  d'ailleurs  rien  parvenu 
qui  puisse  jeter  quelque  écla.rclssement  sur 


ce  qu'était  cette  production.  C*est  après  Ori- 
gène  et  en  se  servant  de  ses  travaux  sur  le 
texte  des  Septantes  qu'Hésychius  et  un  autre 
grec  nomme  Lucien,  s'occupèrent  des  évan- 
giles. {Voy.  Cave,  Scriptorum  ecelet'mt, 
hisl.,  t.  1,  p.  iik;  de  Wette,  EinUUung^ 
p.  74.) 


I 


ISAIE. 


Nous  avons  publié  dans  le  premier  vo.ume 
de  ce  Dictionnaire  fcol.  647-704)  le  Livre  de 
la  vision  ii7sate,  tel  qu'il  nous  est  parvenu 
d'après  un  texte  éthiopien;  nous  n'avons 
donc  pas  à  revenir  sur  cette  production. 

L*auteur  de  l'ouvrage  incomplet  sur 
saint  Matthieu  inséré  parmi  les  écrits  de 
saint  Jean  Chrysostome,  dit(hom.  1)  qu'Ezé- 


chias  étant  malade,  le  prophète  £lio  rint 
pour  le  visiter  et  que  le  roi,  ayant  appe!^ 
son  ûls  Manassé,  se  mit  à  lui  donner  des 
conseils,  lui  recommandant  de  craindre 
Dieu,  et  de  gouverner  avec  sagesse.  Et  Isaio 
dit  au  roi  :  «  Je  crains  que  tes  |>aro^es  ne 
descendent  nas  dans  son  cœur,  et  il  faut  que 
je  sois  mis  à  mort  par  ses  mains.  »  Ezé^hiaii 


m 


JAC 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


MS 


enteodant  ces  paroles,  voulait  faire  périr  son 
fils,  et  il  dit:  «  Mieux  vaut  que  je  meure 
sans  postérité  pfutftt  que  de  laisser  un  pa- 
reil fils  qui  irrite  Dieu  et  qui  persécute  ses 


saints.  »  Et  le  prophète  Isaïe  le  retint  avee 
peine,  en  lui  disant  :  «  Ton  projet  déplatt  k 
Dieu,  »  et  il  vit  que  le  roi  Ezéchias  aimdt 
Dieu  plus  que  son  fils. 


j 


JACOB. 


D'anciens  rabbins,  dont  l'autorité  D*est 
guère  respectée  de  nos  jours,  ont  signalé 
ce  patriarche  comme  très-instruit  dans  la  ca.- 
baie  et  dans  les  sciences  occultes.  (Voy,  Fa- 
bricius,  Cod.  pseud,  Vet,  Test,^  t.  1,  p.  436.) 

Les  éhionites  possédaient  un  livre  inti- 
\M  V Echelle  de  Jacob;  c'é\,9M  une  allusion 
è  la  vision  qu'eut  ce  prophète  :  //  vit  en 
songe  une  échelle  appuyée  sur  la  terre ,  et 
dont  le  bout  montait  jusqu  au  ciel  ^  et  les  an- 
ges et  Dieu  en  montaient  et  en  descendaient, 
iGen.  xxvtii,  12.)  Saint  Epiphane  en  fait 
luenlion,  [Hœres,^  lib.  i,  c.  30.) 

Stalas  enim  quasdam  et  in  ipsas  sealas 
txpositiones  Jaeobi  proponunt  Eoionœi^  vel- 
ut  qui  exponat  contra  templum  et  sacrificia^ 
contraque  ignem  altari^  et  alla  multa  vani- 
tateptena. 


Le  décret  du  Pape  Gélase  range  aussi  par- 
mi les  apocryphes  un  écrit  intitulé  Testai 
ment  de  Jacob  :  il  est  vraisemblable  que  les 
idées  développées  dans  cet  écrit  aujourd'hui 
perdu  avaient  été  suggérées  par  les  pro- 
phéties que  rapporte  la  Genèse^  c.  xlix: 
Jacob  fit  appeler  ses  enfants^  et  dit  :  Assem^ 
blez'vous,  je  veux  vous  annoncer  ce  qui  vous 
arrivera  à  la  fin  des  jours. 

Les  Musulmans  n'ont  pas  manqué  de  ra« 
conter,  à  l'égard  de  Jacoi),  quelques-uns  de 
ces  traits  apocryphes  dont  ils  ont  surchargé 
l'histoire  de  tous  les  personnages  illustres 
de  l'Ancien  Testament  ;  un  commentateur 
du  Coran  rapporte  que  ce  patriarche,  affli&é 
d'une  sciatique,  fit  le  vœu  de  renoncer,  s  il 
était  guéri,  a  l'usage  de  la  viande  qu'il  ai* 
mait  le  mieux,  et  c'était  la  chair  de  chameau. 


JACQUES  LE  MAJEUR. 

Binôire  de  Jactpits  le  Majeur  ^  £  après  VHistmre  apostoli^p^  d'Abdiat^  livre  iv.) 


CHAPITRE  PREMIER. 

Jacques  était  fils  de  Zébédée,  et  frère  ^er* 
main  dn  Jean  (256)  qui  a  laissé  un  Evangile  ; 
Jésus-Christ ,  notre  Sauveur,  lui  ordonna 
de  le  suivre  (257),  en  le  voyant  daas  une 
barque  avec  son  père  et  son  frère  C*est  ce 
qu'il  fit,  poussé  par  l'amour  divin^  et  depuis 
ce  temps  il  s'attacha  à  Notre-*Seigneur,  non 
pas  simplement  comme  un  de  ses  disciples 
qui  étaient  nombreux;  mais  il  fut  appelé 
sur  la  monta^^ne  (258j  à  la  dignité  d'apôire, 
et  dans  la  répartition  des  contrées  faite  par- 
mi les  apôtreSi  la  Judée  et  Samarie  lui  échu- 
rent (259). 

Il  parcourut  «;es  pays»  et  entra  dans  leurs 
synagogues,  et  il  montra,  d'après  l'Ecriture, 
que  tout  ce  qui  avait  été  prédit  par  les  pro- 
piièies,  au  sujet  du  Messie,  était  accompli 
en  Jésus-Cbrist,  Notre-Seigneur  (260). 

CHAPITRE  II. 

Tandis  que  cela  se  passait,  Hermogône  et 
un  certain  Pbilétas  (261)  s'opposèrent  à  Ta- 
pétre,  et  ils  prétendirent  que  Jésus-Christ 
de  Nazareth,  dont  Jacques  se  disait  l'apôtre, 

(256)  ¥aflA.  IT,2I. 

mi)  ÊM.,  ei  Jlarc.  i,  ÎO. 

(258)  Jfarc.  lit,  43,  17. 

(239)  Persoiiue  n*ignore  que  les  auteurs  modernes 
ODt  avAiicé  que  sainl  Jacques  avait  élé  Tap^lre  de 
rEspagne.  €^  aMerlîon  se  trouve,  à  ce  que  nous 
croyons,  pour  la  première  fois  dans  un  livre  De 
tîirn  it  m&rte  «aitcfomm,  iuséré  dans  les  œuvres  de 

DlCTlONN.   DES   ApOCRTFHRS.    II. 


n*était  pas  le  vrai  Fils  de  Dieu.  Mais  Jacques, 
inspiré  par  I'£sprit-Saint,  renversa  tons  leurs 
raisonnements,  et  montra,  d'après  TËcriture, 
que  Jésus  était  le  vrai  Fils  de  Dieu  qui  avait 
été  promis  au  genre  humain. 

£t  Philétas  fut  frappé  de  ce  qu«  disait 
Jacques,  et  il  admira  sa  sagesse^  et  il  revint 
vers  Uermogène,  et  lui  dit  :  «  Voici  que  Jac- 
ques se  donne  comme  un  serviteur  de  Jé- 
sus de  Nazareth,  et  comme  son  apôtre  :  et 
personne  ne  peut  le  réfuter,,  car  je  l'ai  vu 
chasserdu  corps  des  possédés  des  esprits  ma- 
lins au  nom  de  Jésus  ;  je  Tai  vu  rendre  la 
vue  À'des  aveugles,  et  guérir  des  lépreux  ; 
et  quelaues-uns  de  mes  amis  les  plus  fi- 
dèles m  ont  assuré  qu'ils  Tavaient  vu  même 
ressusciter  des  morts.  Pourquoi  différons- 
nous?  Il  a  présent  à  l'esprit  toutes  les  sain* 
tes  Ecritures,  et  il  rooutre  d'après  elles  qu'il 
n'y  a  pas  d'autre  Fiis  de  Dieu  que  celui  que 
les  Juifs  ont  crucifié.  Si  tu  suis  mon  con- 
seil, nous  irons  vers  lui  afin  d'obtenir  son 
pardon.  Si  tu  ne  veux  pas  le  faire,  je  te 
quitterai  et  j'irai  vers  lui,  dans  l'espoir  d'ê- 
tre trouvé  digne  d'être  son  disciple.  » 

Quand  Hermogène  entendit  ces  paroles, 

saint  Isidore,  mais  que  les  criiigaes  les  (dus  éclai- 
rés regardent  comiiie  supposé.  (Voy.  Baroniiis,  Ad 
Mariyrologium  Aornamiin ,  25  Jul.,  et  Anant.^  ad 
OR.  816,  Duni.  19;  TUlement,  kémaires^  noie  6  sur 
la  vie  de  saint  Jacques.) 
(360)  Paroles  de  saini  Paul.  (#  Cor.  xv»  3.) 
(261  >  Noms  ^m  se  trouvent  daas  la  //*  épUrê  à 
Timothée^  i,  IS,  et  n,  17. 

9 


WI 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


M 


il  fût  outré  de  colère,  et  il  garrotta  Philétas 
avec  des  liens  magiques,  et  il  dit  :  «  Nous 
▼errons  si  ton  Jacques  peut  le  délîYrer.  >» 
Et  Philétas  envoya  en  nftle  son  esclave  à 
Jacques  afin  de  lui  annoncer  ce  qui  s*élait 
passé.  El  aussitôt  le  bienheureux  apôlre 
envoya  k  Philétas  le  linge  dont  il  envelop- 
pait sa  tète  (262),  et  dit  :  «  Le  Seigneur  Je- 
&us-Christ  relève  ceux  qui  sont  renversés, 
et  il  délivre  ceux  qui  sont  liés.  >  Et  aussitôt 
que  Philétas  toucha  le  linge  que  Tapôlre 
lui  envoyait,  il  fut  délivré  des  liens  de  Ten- 
ehanleur  ;  il  se  leva  et  vint  vers  Jacques, 
et  il  commença  à  tourner  en  ridicule  les 
malétices  de  son  maître. 

CHAPITRE  111. 

Hais  Hermogène,  Tenchanteur ,  qui  était 
irrité  de  ce  que  Philétas  le  bravait  ainsi  ^ 
réunit,  par  son  pouvoir,  des  esprits  malins, 
et  les  envoya  à  Jacques,  et  il  leur  dit  :  «  Al- 
lez et  amenez-moi  Jacques  ainsi  que  Phi- 
létas, mon  disciple,  atinque  jeme  venge  sur 
eux  de  ce  que  mes  autres  disciples  se  mo- 
queal  aussi  de  moi.  » 

Les  esprits  malins  vinrent  à  l'endroit  où 
Jacques  priait,  et  ils  poussèrent  dans  Tair 
de  grands  hurlements,  et  ils  dirent:*  Jac- 
ques, apôtre  de  Dieu,  aie  pitié  de  nous,  car, 
avant  que  le  temps  des  flammes  (263)  ne 
vienne,  nous  serons  brûlés.»  ElJacques  leur 
dit  :  «  Pourquoi  venez-vous  vers  moi  ?»  Et 
les  esprits  dirent  :  «  Hermogjène  nous  a  en- 
voyés afin  que  nous  t'amenions  à  lui  ainsi 
que  Phi  létas,  mais  aussitôt  que  hous  som  mes 
entrés  ici,  un  ange  de  Dieu  nous  a  liés  avec 
des  chaînes  de  feu,  et  nous  souffrons  des 
douleurs  extrêmes.  » 

Jacques  leur  répondit  :  «  Au  nom  du  Père, 
et  du  Fils,  et  du  Saint-Esprit,  que  l'ange  de 
Dieu  vous  délivre;  retournez  à  Hermogène, 
et  ne  lui  faites  pas  de  mal,  mais  amenez-le 
iu  attaché.  >  Et  ils  allèrent,  et  ils  lièrent  à 
Hermogène  les  mains  derrière  le  dos,  et  ils 
le  conduisirent  à  l'apôtre,  et  ils  dirent  : 
«  Voici  que  nous  t'amenons  celui  vers  le- 
quel tu  nous  as  envoyés,  lorsque  nous  brû- 
lions dans  les  flammes.  » 

Et  J'apôtre  de  Dieu  lui  dit:  «Ole  plus 
insen5é  des  hommes,  lorsque  l'enuemi  du 
genre  humain  était  en  rapport  avec  loi, pour- 
quoi n*as-ta  pas  songé  à  ceux  que  tu  en- 
voyais [>our  me  perdre?  C*est  moi  mainte- 
nant qui  ne  leur  permets  pas  de  déployer 
leur  fureur  contre  toi.  » 

Alors  les  esprits  malins  crièrent  :  «  Li- 
Yre-nous-le,  et  remets-le  en  notre  pouvoir, 
afin  que  nous  nous  vengions  sur  lui  du  mal 
qu'il  a  voulu  te  faire,  et  des  flammes  aux- 

*  (iUSt)  Le  telle  dît  :  iudarium:  voy.  sur  les  sigiil- 
llcalious  diverses  (ioonées à  ce  inol,Groliu8,  Ad  tn^am, 
iiz,  20,  et  Joan.  xi,  44.  Une  circonstance  semblable 
te  retrouvera  dans  Thistoire  de  saint  Paul,  cb.  iv, 
d  VEtangile  de  VEnfanu  relate  aussi  des  miracles 
opérés  par  raitottchemeot  des  langes  de  Tenfant 

JttUS. 

(263)  C*est-à-dire .  le  temps  des  supplices  plus 
rigourenz  r^rvet  aus  démons  après  la  consom- 
mauon  du  siècle.  (Fpy.lesoommeouteors  Vlu^Moo-. 


quelles  il  nous  a  fait  livrer.  »  Et  rapAirn 
leur  dit  :  «  Philétas  est  devant  vouit;iioor- 
quoi  ne  vous  saisissez-vous  pas  de  lui?» 
Et  les  esprits  dirent  :  «  Nous  ne  fouvous 
pas  même  toucher  une  fourmi  si  elle  e&t 
dans  ta  chambre,  v 

Et  le  bienheureux  Jacques  dit  k  Philétas  : 
«c  Apprends  ninsi  que  la  doctrine  de  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ  ordonue  aux  hom- 
mes de  rendre  le  bien  pour  le  mal  (2Û)  ; 
rends  donc  la  liberté  à  celui  qui  t'a  aitsclié. 
Il  s'est  efforcé  de  te  faire  amener  vers  lui, 

f;arrolté  par  des  esprits  malins,  et  toi  tu  dé- 
ivi  es  celui  qui  est  attaché.  >  Philétas  délivra 
donc  Hermogène  qui  resta  tout  troublé  et 
confondu. 

Et  Tapôtre  se  tourna  vers  lui,  et  dit  :  i  Ta 
es  libre;  va  où  tu  veux,  car  il  n*est  («s  dans 
notre  doctrine  que  personne  soit  forcé  de 
se  convertir  (265j.  »  Et  Hermogène  répoo* 
dit  :  «  Vois,  je  connais  la  fureur  des  esprits 
malins  ;  si  lu  ne  me  donnes  pas  quelque 
chose  pour  que  je  le  porte  sur  moi,  ils  s*em- 
pareront  de  moi,  et  ils  me  feront  périr  dans 
de  grands  tourments.  >  Et  le  bienheureux 
Jacques  lui  dit:  «Prends  mon  ItAlon  do 
▼oyage  (266),  et  avec  lui  tu  seras  en  sûreié 

Eartout  oii  lu  seras.  »  Et  Hermogène  prit  1j 
Aton  de  l'apôtre,  et  retourna  en  sa  maison. 

CHAPITRE  IV. 

Et  peu  après,  il  réunit  tous  ses  livres  de 
magie,  et  il  en  remplit  des  paniers  que  lui 
et  ses  disciples  apportèrent  sur  leurs  épau- 
les à  Tapdtre,  et  il  se  mil  à  les  brûler  en 
présence  du  bienheureux  Jacques;  mais  Ta* 
pôlre  Ton  empêcha,  et  dit  :  «  AGu  que  To* 
deuf  de  cet  incendie  n*incommode  pas  ceoi 
qui  ne  se  iiendraient  pas  sur  leurs  gardes, 
mets  des  pierres  et  du  plomb  dans  ces  pa- 
niers, et  jette-les  dans  la  mer.  » 

Et  quand  Hermogène  eut  fait  ce  que  Tapôtre 
lui  avait  dit,  il  revini  et  il  embrassa  ses 
pieds  et  il  le  pria,  disant  :  «  Libérateur  des 
âmes,  accueille  le  repentir  de  ceux  dont  ta 
as  supporté  l'envie  el  Tinimitié.  •  ElJacques 
répondit  et  dit  :  «  Si  tu  apportes  h  Dieu  un 
repentir  sincère,  tu  recevras  véritablement 
son  pardon.  »  Et  Hermogène  répondit  :  ■  Il 
est  si  vrai  que  j'apporte  a  Dieu  un  repentir 
sincère  que  j*ai  détruit  tous  mes  manuscrits 
qui  contenaient  une  fortune  immense,  vt 
que  j*ai  renoncé  à  tous  les  artifices  de  l'ea- 
Demi.  » 

Alors  le  saint  apAtre  lui  dit  :  «  Retourni^ 
dans  les  maisons  de  ceux  auxquels  tu  as 
fait  tort,  afin  que  tu  rendes  au  Seigneur  ce 
que  tu  lui  as  enlevé.  Apprends  que  ce  que 
tu  enseignais  comme  étant  la  vérité,  est  Ter* 

veau  Testament  sur  mIjU  Matthieu^  viii,  f9,  et  ssr 
la  II*  EjAlre  de  iaint  Pierre^  ii,  4.) 

(i64)  MaUh.  v,  44. 

(SG5)  C*est  ainsi  que  Lactanee  a  dit,  lib.  nr,  c. 
19  :  c  Religionis  non  est  cogère  leligionem,  quà 
sponle  suscipi  débet,  non  vi.  » 

(266)  On  sait  que  les  peintres  représentent  saiol 
Jj»eqnes  avec  un  bâton  de  pèlerin  et  des  ooqa 
[Voy,  Molanus,  De  imagimbMf  lib.  m,  c.  ta.j 


îe9 


JAG 


PART.  m.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAG 


tl9 


reur,  et  que  ce  que  tu  représentais  comme 
éiant  Terreur,  est  la  yérité.  Brise  les  idoles 
que  (u  adorais,  et  détruis  l^s  réponses  que 
tu  prétendais  retirer  d*elles;  consacre  è  de 
bonnes  œuvres  Targent  que  tu  as  gagné  par 
de  mauvaises  actions;  tu  as  été  le  Gis  du  dia- 
ble, puisque  tu  imitais  le  diable  ;  deviens  le 
fiisdeDieu,  en  suivant  Texemple  de  Dieu 
gui  chaque  jour  répand  ses  bienfaits  sur  des 
ingrats  (267),  et  qui  nourrit  ceux  qui  blas- 
phèment contre  lui.  Tandis  que  lu  étais  mé- 
chant h  regard  de  Dieu,  il  s  est  montré  bon 
è  ton  égard  ;  il  se  montrera  bien  plus  favo- 
rable pour  loi,  lorsque  tu  cesseras  d'être 
un  enchanteur,  et  lorsque  tu  commenceras 
à  lui  plaire  par  tes  bonnes  œuvres.  » 

Et  quand  Jacques  eut  dit  ces  choses  et 
d^aiitres  semblables,  Hermogène  s*y  con- 
forma en  tout  point,  et  il  devint  si  parfait 
dans  la  crainte  du  Seigneur,  que  le  Seigneur 
opéca  par  son  entremise  beaucoup  de  mer- 
Teilles. 

CHAPITRE  V* 

Et  quand  les  Juifs  virent  que  Tapôtre  avait 
?aincu  cet  enchanteur,  qu'ils  regardaient 
comme  invincible,  et  qu'il  s'était  converti  à 
l'apôtre  et  que  tous  ses  élèves  et  ses  amis, 
qui  avaient  coutume  de  se  réunir  dans  la 
synagogue,  avaient  été  amenés  par  Jacques 
à  la  m  de  Jésus-Christ,  ils  offrirent  de  l'ar- 
gent à  deux  officiers  romains,  nommés  Ly- 
rias  et  Tbéocrite,  qui  commandaient  a  Jé- 
rusalem, afin  qu'ils  se  saisissent  de  Jacques. 
Mais  comme  un  soulèvement  se  manifesta 
parmi  le  peuple»  lorsquMl  était  conduit  en 
prison,  les  pharisiens  lui  dirent  :  «  Pour- 
quoi préches-tu  ce  Jé^us,  qui,  nous  le  savons 
lous,  aété  crucifié  entre  deux  voleurs?  »  £t 
Jacques,  plein  de  l'Esprit-Saint,  leur  répon- 
dit :«  Ecoutez-moi,  mes  frères,  et  vous  tous 
qui  voulez  être  les  fils  d'Abraham  :  Dieu  a 
promise  notre  père  Abraham  qii*en  sa  po8« 
lériié  toutes  les  nations  de  la  terre  auraient 
part  à  sou  héritage  (268).  Sa  postérité  n'est 
pas  sur  Ismaël,  mais  sur  Israël.  Carlsmaël 
lut  chassé  avec  Agar,  sa  mère,  et  il  a  été 
exclu  de  rbérilage  de  la  race  d'Abraham.  Car 
Dieu  a  dit  à  Abraham  :  «  C'est  par  Isaac  que 
se  nommera  ta  postérité  (269).  » 

«Abraham,  notre  père,  fut  appelé  Tamide 
Dieu  (270)  avant  qu'il  n'eût  reçu  la  circonci- 
siùaei  qu*ii  n*eût  ordonné  d*observer  le  sab- 
bat, et  qu'il  ne  connût  la  loi  annoncée  par 
la  révélation  divine.  Mais  il  ne  fut  pas  l'ami  de 
Dieu,  seulement  parce  qu'il  se  circoncit, 
mais  oarce  qu'il  crut  en  Dieu  (271);  car  H 

(167)  Matth.  V,  45. 

{M)  Gen.  xxn,  i9. 

(^)  Geu.  XXI.  i%;  Galat.  iv,  îî. 

(iîO;  Gen,  xn  ;  Jae,  ii,  25.J 

(^i)  Gen.  IV,  6;  Rom,  iv,  5. 

(Ht)  Oenu  xvni,  15. 

(iî5)  /sa.  vni,  14;  MaUh.  i,  23. 

\tli)  Ce  |>assage  ne  se  trouve  pas  dans  Jérëmie , 
nais  OD  trouve  quelque  ctiose  de  semblable  daus 
Isaif  (Mxv,  k\  XXIX,  18.) 

(2f6)  Le  prélendu  Abdias  se  trompe  de  nouveau 
eflauaiid  Ëzécbiel.  One  pensée  analogue  se  trouva 


crut  que  tous  les  peuples  auraient,  en  sa 
postérité,  part  k  son  héritage.  Et  puisque 
Abraham  est  devenu,  par  la  foi,  un  ami  de 
Dieu,  il  s'ensuit  que  celui  qui  ne  croit  pas 
en  Dieu  est  un  ennemi  de  Dieu.  > 

Et  après  que  l'apôtre  eut  ainsi  parlé,  les 
Juirs  dirent  :  «  Et  quel  est-il  celui  qui  ne 
croit  pas  en  Dieu?« 

CHAPITRE  VI. 

Jacques  répondit  :  «Celui  qui  ne  croit  pas 

Sue  tous  les  peuples  auront  part  à  l'héritage 
e  la  race  d'Abraham,  celui  qui  ne  croit  pas 
à  Moïse,  lorsqu'il  dit  (272)  :  «  Le  Seigneur 
suscitera  pour  toi  un  prophète  de  ta  race  et  de 
tes  frères  comme  moi.  »  Et  Isaîe  a  prophé* 
tisé  comment  cette  promesse  s  accomplirait, 
lorsqu'il  a  dit  (273)  :  «  Voici  qu'une  vierge 
concevra  et  elle  enfantera  un  fils,  et  il  sera 
appelé  du  nom  d'Emmanuel ,  c'est-à-dire 
Dieu  est  avec  nous.  » 

«  Et  Jérémie  dit  aussi  (274)  :  «  Voici  q.ue 
ton  Libérateur  vient,  6  Jérusalem!  et  son 
signe  sera  celui-ci:  Il  ouvrira  les  yeux  des 
aveugles,  il  rendra  l'ouïe  aux  sourds  et  sa 
voix  réveillera  les  morts.  )• 

«  EtEzéchiel  le-suivitde  son  côté  en  disant 
(275)  :  «  Ton  Roi  viendra,  6  Sion  1  il  t'a- 
baisse et  il  te  relève;  ^  et  Daniel  dit  aussi  : 
ff  II  viendra  comme  le  fils  de  l'hommcel  il 
recevra  la  puissance  et  la  domination  (276).  « 

<  David  a  également  prophétisé  ces  choses, 
en  disant  (277)  :  «  Le  Seigneur  m*a  dit  :  Tu 
es  mon  Fils,  »  et  la  voix  du  Pèreaditdu  Fils  s 
ff  11    m'invoquera  ;  tu  es  mon  Père,  et  je 

{ placerai  ce  premier-né  au-dessus  des  rois  de 
a  terre  (278).  >  Et  de  plus  :  t  Je  plao  rai 
le  fruit  de  ton  ventre  sur  mon  trône  (279).  » 
«  Les  prophètes  ont  également  prédit  ses 
souffrances,  car  Isaïe  a  dit  (280)  :  «  Il  est 
mené  comme  un  agneau  à  i  abattoir.  »  Et 
David,  parlant  en  son  nom  (281)  :  «(  Ils  ont 
percé  mes  mains  et  mes  pieds,  ils  ont  compté 
tous  mes  os,  ils  se  raillent  de  moi  et 
me  prennent  pour  Tobjet  de  leur  dérision  ; 
ils  ont  partagé  entre  eux  mes  vêtements  et 
ils  ont  tiré  au  sort  mon  habillement.  »  Et 
en  un  autre  endroit,  David  dit  (282)  :  «  Us  ont 
mis  du  Qel  dans  ma  nourriture,  et,  dans  ma 
soif,  ils  m'ont  abreuvé  avec  du  vinaigre.  » 

«Et  David  a  aussi  prophétisé  au  sujet  de  la 
mort  du  Messie  (283)  :  «  Ma  chair  se  repose 
dans  Tespérance,  parce  uuc  tu  n'abandonne* 
ras  pas  mon  âme  dans  1  enfer,  et  que  tu  ne 
laisseras  pas  la  corruption  s'emparer  de  ton 
Saint.  »  Et  la  voix  du  Fils  parle  au  Père  :  «  Je 

dans  Zacharie  (ix,  9).  Les  cilsUons  \nexactc8  sont 
fréquentes  chez  les  auteurs  anciens,  mais  elles  na 
prouvent  rien  contre  leur  bonne  foi;  ils  citaieni 
très-souvent  de  mémoire. 

(276)  Dan,  vu,  13. 

(277)  PtaL  II,  7. 
(i78)  Pwi.  Lxxxit,  57. 

(279)  Pitf/.  cxxxn,  II. 

(280)  /la.  LU,  7. 

Ï281)  P$aL  XXII,  47. 
282)  Piol.  LXix,  22. 
285)  PmI.  XVI,  9. 


171 


UCTIONMAIRE  DES  ÂPOCaTPIlES. 


«7a 


me  lèf  erai,  et  je  suis  avec  toi  (284).  »  Et  il 
a  dit  ailleurs  :  «  A  cause  du  besoin  de  Tin* 
digent  et  des  soupirs  du  pauvre  je  me  lève- 
rai* dit  le  Père  (285)  .» 

c  Les  prophètes  ont  également  annoncé  son 
ascension  au  ciel  :  «  Il  est  monté  en  haut, 
et  ci>ptif,  il  a  pris  la  captivité  (286).  »  Et  ail- 
leurs :  «  Dieu  est  monté  dans  ta  jubilation 
(287).  9  Et  on  lit  aussi  :  «  1!  est  élevé  au- 
dessus  des  Chérubins  (288).  » 

«  Et  Anne»  la  mère  de  Samuel  le  saint;  dit 
aussi  :  a  Le  Seigneur  est  monté  dans  le  ciel, 
et  il  tonne  (289).  » 

«t  Et  beaucoup  d'au  très  témoignages  de  son 
ascension  se  trouvent  dans  la  Loi.  David  at- 
teste qu'il  est  assis  à  la  droite  du  Père, 
on  disant  :  «  Le  Seigneur  a  dit  à  mon  Sei- 

f;neur  :  Assieds-toi  a  ma  droite  (290).  >»  Et 
e  Prophète  annonce  qu'il  viendra  juger 
le  monde  par  le  feu  (291).  El  il  dit  ailleurs  : 
«  Le  Seigneur,  notre  Dieu,  viendra  en  se 
manifestant»  et  il  ne  gardera  pas  le  silence. 
Le  feu  sera  ardent  en  sa  présence»  et  une 
grande   tempête  accompagnera    sa    route 

CHAPITRE  Vn. 

«ijTout  ce  qui  a  été  annoncé  au  sujet  de  Jé- 
sus-Christ» iHotre-Seigneur,  a  déjà»  en  par- 
lie»  été  accompli»  comme  il  avait  été  pré- 
dit» ou  s'accomplira»  ainsi  que  les  prophètes 
vous  l'ont  prédit  ;  car  Isaïe  dit  :  «  Il  fera  le- 
ver les  morts»  et  il  fera  lever  ceux  qui  sont 
danslestombcaux(293).»Etsi  vousdemandez 
ce  qui  arrivera»  lorsqu'ils  seront  réveillés, 
David  répond  qu'il  a  entendu  le  Seigneur 
dire  :  «  Dieu  a  parlé  une  fois,  et  je  l'ai  en- 
tendu» car  la  puissance  du  Seigneur  est  à 
toiy  Seigneur»  ainsi  que  la  miséricorde»  à  toi 
qui  rends  è  chacun  selon  ses  œuvres,  jf 

«  C'est  pourquoi»  mes  frères»  que  chacun 
de  vous  lasse  pénitence»  afin  qu'il  ne  soit 
pas  traité  selon  ses  œuvres  et  qu'il  n'ait  pas 
part  au  sort  de  ceux  qui  ont  attaché  sur  la 
croix  celui  oui,  par  ses  souffrances»  a  déli- 
vré le  monde  entier.  Il  a  avec  sa  salive  ou- 
vert lesyeux  d'un  aveugle-né  (294),  et  afin  de 
montrer  qu'il  était  celui  qui  avait  formé  Adam 
avec  de  la  terre  (295)»  il  a  fait  de  la  boue  avec 
sa  salive,  il  l'a  mise  sur  les  yeux  do  l'aveu- 
gle» et  il  l'a  guéri. 

«(  Et  lorsque  nous»  ses  apôtres,  nous  lui 

demandions  (296)  si  c'était  cet  homme  ou 

ses  parents  qui  avaient  péché  et  cfui  avaient 

fait  qu'en  punition  il  fût  aveugle»  le  Maître 

nous  répondit  :  «  Ce  n'est  ni  pour  ses  pé- 

> 

(98i)  PtaL  cxxstx,  18. 

(285)  Pial.  xu,  6. 

(286)  On  ignore  de  quel  écrit  est  Urée  cette  sen- 
tence. George  Syncelle  •  qui  la  cite ,  dit  qu'elle  est 
empruntée  âi  des  propbélies  aprocryplies  de  Jéréiiiic  ; 
d*autre8  ont  avance  qu'elle  provenait  d'un  pié- 
t(*ndu  livre  d'Elie.  Voir  la  note  de  Fabricius.  {Cod* 
apvcr,  Nov,  Teêt,^  t.  I,  p.  524.) 

(28'3)  Pittl.  XLvn,  6. 

(^8)  Pêal.  xvui,  iO 

(289)  /  Reg.  ii,  iO. 

(Î90  Pial.  ex,  I. 

(291)  Piul.  zcvi,  t3;  xcviii,  9. 


chés  ni  pour  ceux  de  ses  parents»  mais  pour 
que  les  œuvres  de  Dieu  se  manifestassent  en 
lui;  c'est-è-dire  pour  que  l'ouvrier  qui  Ta- 
vait  fait  se  manifestât.  » 

«  Et  le  roi  David  a  annoncé  d'avance  en  son 
nom  qu'il  rendrait  le  bien  pour  le  mal,  en 
disant  (297)  :  «  Ils  me  rendront  le  mai  |>our 
le  bien  et  de  la  haine  au  lieu  de  mon 
amour.  »  Enfin»  après  qu'il  eut  répandu  (aqi 
de  bienfaits  sur  les  Juils,  guéri  tant  de  mala- 
des, purifié  tant  de  lépreux»  chassé  tant  de 
mauvais  esprits  et  ressuscité  des  morts,  ils  se 
sont  tous  écriés  d'une  voix  unanime  :  «  Il 
mérite  la  mort  (298).  » 

«t  Et  David  a  également  annoncé  qu'il  se- 
rait trahi  par  son  disciple  en  disant  :  «  Celui 
qui  mangeait  mon  pain  a  développé  contre 
moi  toute  la  perfidie  (299).» 

«  Les  fils  d  Abraham  ont  prédit  toutes  ces 
choses»  mes  frères»  tandis  mie  l'Esprit-Sainl 
parlait  par  leur  bouche  (300).  Si  nou6  ro 
croyons  pas  de  pareilles  choses,  pourrons* 
nous  donc  échapper  à  la  peine  du  feu  éternel 
et  ne  pas  être  justement  punis?  car  les 
païi'us  mêmes  croient  la  voix  des  prophètes. 
Hais  nous»  le  peuple  élu  de  Dieu,  voulons- 
nous  n'accorder  aucune  foi  à  nos  patriarches 
et  à  nos  prophètes?  Je  pense  que  nousdevons 
rougir  de  tant  de  fautes  et  de  tant  de  crimes» 
et  en  faire  pénitence»  en  les  pleurant»  afln 
que  le  Seigneur  miséricordieux  accepte  no- 
tre repentir»  et  afin  qu*il  ne  nous  arrive  pas 
ce  qui  est  déjà  arrivé  à  nos  ancêtres  :  «  la 
terre  s'ouvrit  et  elle  engloutit  Dathau,  et 
elle  se  referma  sur  les  fils  d'Abiron.  Le  feu 
éclata  dans  leur  synagogue,  et  la  flamme 
détruisit  les  pécheurs  (301).  » 

CHAPITRE  VIU. 

Après  que  Jacques  eut  développé  tous  ces 
arguments  devant  la  multitude»  non  sans 
une  grâce  particulière  de  Dieu»  tout  le  peu- 
ple frappé  d'étonnement  s'écria  d'une  seule 
voix  :  «  Nous  avons  péché»  nous  avons  fait 
le  mal»  dis-nous  ce  ()ue  nous  devons  faire.  • 

Et  l'apôtre  leur  dit  :«  Mes  frères,  ne  vous 
livrez  pas  au  désespoir»  croyez  seulement 
et  faites-vous  baptiser»  et  tous  vos  péchés 
vous  seront  remis.  » 

Et  comme»  après  ce  discours  du  bienheu- 
reux Jacques  »  beaucoup  de  Juifs  se  fai- 
saient baptiser»  A  biathar»  grand  prètredeceto 
année  (302),  voyant  qu  un  grand  nombre 
de  personnes  s'attachaient  chaque  jour  è  h 
foi  de  Jésus-Christ»  excita  avec  de  l'argent 
un  soulèvement;  un  des  scribes  des  pbiri- 

(292)  Pial.  IV,  5. 

(293)  ha.  XXVI,  19. 

(294)  Joan.  ii.  6. 

(295)  Gen.  n,  7. 

(296)  Joan.  ix,  2. 

(297)  PêaL  XXXV,  12. 

(298)  Matth.  ixvi,  6. 

(299)  Pial.  XLi,  10;  Joan.  zui,  18. 

(300)  11  Pelr.  j»  21. 

(301)  Num,  XVI,  32;  Pla$.  cxvi»  17. 

(302)  Josèphe  ne  meoiioone  à  celte  ^oqœ  au 
gran4  prêtre  du  nom  d*Abiathar. 


m 


JAC 


PART.  IIK  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


SU 


si^as  jeta  une  corde  au  cou  de  l'apôtre  et 
le  conduisit  au  palais  du  roi  Hérode  (303). 
CetHérode  était  filsd'Archélaus  (304),  et  lors- 
qiril  eal  entendu  le  récit  de  celle  affaire, 
il  ordonna  que  le  bienheureux  Jacques  serait 
décapité. 

El  lorsqu'on  le  conduisait  au  supplice,  il 
vit  un  paralytique  qui  élail  couché  par  terre 
et  qui  lui  cria  :  «  Homme  saint,  délivre-moi 
des  douleurs  que  tous  mes  membres  res- 
seDtent«  »  Et  Tapôlre  se  tourna  vers  lui  et 
dit  :  t  Au  nom  de  Jésus-Christ,  mon  Sei- 
gneur, qui  a  été  cruciCié  et  pour  la  foi  du- 
quel je  suis  conduit  k  la  mort,  lève-toi 
guéri  et  bénis  ton  Sauveur.  »£t  aussitôt  le 
paralytique  se  leva,  et,  plein  de  joie,  il 
be  mit  à  marcher  et  à  bénir  le  nom  du  Sei- 
gneur Jésus. 

CHAPITRE  IX. 

Alors  le  scribe  des  pharisiens  dont  nous 
avons  parlé  comme  ayant  passé  une  corde 
au  cou  de  Jacques,  et  qui  s'appelait  Josias, 
tomba  aux  pieds  de  l'apôlre,  et  dit  :  «  Je 
te  supplie  de  ro'accorder  mon  pardon  et  de 
me  faire  participer  au  saint  nom.  »  Et  Jac- 
ques se  tourna  vers  lui,  et  dit  :  «e  Crois-tu 
que  le  Seigneur  Jésus-Christ  que  les  Juifs 
onl  cruciQe  est  réellement  le  vrai  Fils  du 
Dieu  vivant?»  Et  Josias  dit  :  «  Je  le  crois,  et, 
dès  ce  moment,  ma  fui  est  qu'il  est  réelle- 
meolleFils  du  Dieu  vivant.  » 

La  célèbre  Légende  dorée  que  nous  avons 
d<^jà  citée  à  plusieurs  reprises  abrège  beau- 
coup te  récit  d'Abdias  :  elle  y  joint,  comme 
elle  le  fait  souvent,  le  récit  de  nombreux 
miracles  opérés  par  l'inlercession  du  saint 
martyr,  mais  dont  il  n'est  nullement  ques- 
tion dans  les  relations  primitives  à  legard 
des  apôlres.  Voy.  le  Dictionnaire  des  légen* 
ift  du  chrisiianisme^  Migne,  1855,  col.  662. 

Nous  avons  trouvé  parmi  rindicatiori  de 
nombreux  oianuscrils  syriaques  acquis  il  y 
8  quelques  années  par  le  Musée  britanni- 
que, une  Relation  au  martyre  de  saint  Jac- 
pes;  elle  mériterait  sans  doute  que  quel- 
que oriental  iste  la  fil  connaître. 

Le  poëte  J.  B.  Mantuan  que  nous  avons 
déjà  cité,  n*a  point  oublié  de  prendre  Ab- 
dias  pour  ^uide  dans  le  récit  que  ses  Fasti 
tarrt  présentent  au  sujet  de  Tapôtre  qui  nous 
occupe.  Voici  un  passage  emprunté  a  sa  nar- 
ration : 

Raddilus  Assyrils ,  nolas  dum  i)ernieal  urbes, 
Injbuiiiro  Pliitone  magum  vcrbisqiie  potenlem 
Tbe&^licis  cœlo  audeiilem  deducere  luiiaiii 
H«pperii  Haroiogeiiem  casu,  coiniiemque  Philetam  ; 
Rcpi>enl  ei  vieil,  viclos  in  fliimine  lavit. 
^  ea  prtiDiires  Juiiaeum  accendit  et  ira, 
Aiqve  giavi  iivore  aclos  capere  arma  coegit, 

(303)  Clément  d*A1exandrle ,  Suidas  et  Eusêbe 
parlent  de  la  norl  de  Jacques  comme  ayunt  été 
ordonnée  par  Hérode,  mais  aucun  d*eux  ne  men- 
tionne Il  corde  passée  au  cou  de  Tapôire. 

(304)  Alt.  xii. 

(305)  Les  persécuteurs  voulaient  forcer  les  Chré- 
tiens à  ce  blasphème;  Act,  xxvi,  11.  Pline  écil- 
Tût  ï  Trajan ,  qu*il  av;:it  ordonné  aux  g'.'n8  suspects 
^t  christianisme  de  supplier  les  dieux  de  maudira 


Quand  le  grand  prêtre  Abiathar  vit' cela,  il 
fit  saisir  ce  scribe,  et  il  lui  dit  :  «  Si  tu  ne 
blasphèmes  pas  le  nom  de  Jésus  (305),  et  si 
tu  ne  te  sépares  pas  de  Jacques,  lu  seras  dé- 
capiléavec  lui. »£t  Josias  lui  dit.-cSois  mau- 
dit, etqne  tous  tes  jours  soient  maudits  aussi  ; 
le  nom  du  Seigneur  Jésus-Christ  que  proche 
Jacques  est  béni  dans  réternité.sAlors Abia- 
thar fut  outré  de  colère,  et  il  ordonna  de 
frapper  le  scribe  à  coups  de  poing,  et  il 
adressa  au  roi  Hérode  une  accusation  contre 
lui,  et  il  demanda  qu*il  fût  décapité  avec 
Jacques. 

Et  Jacques  fut, avec  Josias,  conduit  aa 
supplice,  et  avant  d'être  décapité,  il  demanda 
au  bourreau  qu'on  lui  donnât  de  l'eau.  Et 
on  lui  apporta  un  vase  plein  d*eau.  L'apôtre 
en  prit,  et  dit  à  Josias  :  «  Crois-tu  au  nom  de 
Jésus-Christ,  Fils  de  Dieu?  »  Et  Josias  dit  : 
«  Je  crois.  »  Kt  Jacques  dit  :  «  Donne-moi 
le  baiser  de  paix.  »  Et  lorsqu'il  Tout  em- 
brassé, il  mit  sa  main  sur  sa  tête,  et  il  la 
bénit,  et  il  fit  le  signe  de  la  croix  sur  son 
front.  Et  peu  après,  il  tendit  le  cou  au  bour- 
reau. 

Et  c'est  ainsi  que  Josias,  déjà  parfait  dans 
la  foi,  reçut  avec  joie  la  palme  du  martyre 
pour  celui  que  le  Dieu  éternel  a  envoyé  en 
ce  monde  pour  nous  sauver.  A  lui  soient 
rhonneur  et  la  gloire  dans  toute  l'éternité. 
Amen  (306 j. 


Vimque  pio  moliri  hominî  ;  feralibus  ausls 
Affuit  Alecio.  Missis  ad  colla  catenîs, 
Sisiitur  Agrlppae  régi  ;  capitale  jubcttir 
Supplicium,  indignamque  pati  sine  crtmtne  morlam. 
Discipulos  aiunl  uociu  venerabile  corpus 
ImposuJsse  rali,  vcntoque  ivisse  secundo 
Rursus  ad  Hesperios  et  LusUana  pelisse 
Lillora  ;  sic  Patri  qui  tempérai  omuia  visum  est 
lil  quos  non  potuil  vivens,  post  funera  sallem 
FÎecteret  xtherei  possessor  et  incola  mundl. 

Malgré  les  lémoigages  positifs  qui  consta- 
tent le  martyre  à  Jérusalem  de  saint  Jac- 
ques le  majeur,  une  tradition  fort  an- 
cienne représente  cet  apôtre  comme  ayant 
prêché  la  foi  en  Espagne  et  la  cathédrale 
de  Composlelle  comme  possédant  son  corps. 
Nous  n  avons  pas  h  nous  occuper  ici  de  ce 
point  controversé  ;  la  liste  des  ouvrages  pu- 
bliés en  Espagne  en  faveur  de  cette  tradi- 
tion remplirait  plusieurs  colonnes  (les  prin- 
cipaux d'entre  eux  sont  indiqués  dans  la 
Méthode  pour  étudier  l'histoire,  par  Lenglel 
Dufresnoy,  art.  Histoire  ecclésiastique  dtls' 
pagne.  On  peut  aussi  consulter  les  Acta 
sanctorum,  publiés  par  les  Bollandistes,t.  VI 

de  juillet.) 

Le  récit  d'Abdias,  ampliflé  et  chargé 
d'épisodes  étranges,  a  servi    de  base  k  la 

le  Christ.  On  lil  dans  Tertullicn  (Scorpiae.,  c.  9), 
€  Ut  qui  se  Chrislianum  iiegasseï,  ipsum  quoque 
Chrislum  compellerc  blasphemando  «olare.  i  Fa- 
bricius  a  réuni  d'autres  passages  analogues.  {Cvd. 
apocr,  Nov.  Test,^  t-  t,  p.  629.)         .       ,    ,.      j 

(306)  Ou  monire  encore  à  Jérusalem  le  lieu  du 
supplice  de  saint  Jacques ,  sur  lequel  a  été  bàu  un 
couvent  d'Arméniens. 


i7S 


DICTiaNNAiRE  DES  AFOCKYPIIES. 


S7; 


tragédie  de  ' Saint' JacqueSt  par  B.  Bardon, 
Limoges*  1596,  in-8*.  Od  peut  consulter  sur 
cette  pièce  dans  le  g»*nro  des  mystères  la 
Bibliothèque  du  théâtre  français,  t.  I,  p.  309; 
elle  est  dédiée  à  tris-grand,  très-illustre  et 


céleste  prince  »  lieutenant  du  Roy  des  royi, 
sur  toute  ta  terre  universelle  et  purticuUtre* 
ment  is  provinces^  royaumes  et  climati  de 
Judée  ,  Samarie  et  Bespagne,  monstigntur 
sainct  Jacques  le  Grand* 


JACQUES  LE  MINEUR. 

{Bistoire  de  Vapôtre  Jacques  le  Mineur^  d'après  VBistoire  apostolique  d'Abdias^  lif.  ti.) 


CHAPITRE  I. 

Simon*  surnommé  le  Cananéen,  etJude 
qu[on  appelait  aussi  Tliad(iée,  et  Jacques 
qui  étaient  appelés  par  plusieurs  personnes 
les  frères  du  Seigneur  (307),  étaient  frères 
germains  et  originaires  de  Cana  en  (Galilée; 
leurs  parents  étaient  Alphée  et  Marie,  Glle 
de  Cléophas. 

Et  Jacques  était  né  de  la  même  mère,  mais 
u*un  autre  père,  c*est-è-dire  de  Joseph  le 
Juste,  auquel  la  bienheureuse  Mère  de  Dieu, 
Marie,  avait  été  fiancée.  C*est  pourquoi  il 
fut  appefé  te  frère  du  Seigneur,  mais  il  faut 
entendre  selon  la  chair ,  car  Joseph ,  père 
de  Jacques,  avait  eu  pour  fiancée  et  nulle- 
ment pour  épouse  la  \  ierge  Marie  qui,  plus 
tard,  devenue  enceinte  par  l'opération  du 
Saint-Esprit»  enfanta  Jésus,  Notre-Seigneur» 
le  Sauveur  du  monde,  en  restant  vierge. 

Et  ces  trois  iils  de  Marie,  fille  de  Cléo- 
phas, purent,  h  cause  de  ce  lien  de  famille, 
être  appelés  par  Jésus-Christ  à  faire  partie 
de  ses  dtsriples,  et  plus  tard»  il  les  éleva  à  la 
dignité  d*a  pâtres. 

El  Jacques  le  Mineur  fut  parmi  eux  Tob- 
jet  d*un  attachement  particulier  de  )a  part 
du  Sauveur  (308),  et  il  fut  enflammé  d'un 
tel  zèle  pour  son  Maître  qu'il  ne  voulut 

t;rendre  aucune  nourriture  lorsque  cetui-ci 
ut  crucifié  (309),  et  qu'il  n'en  prit  que  lors- 
qu'il eut  vu  Jésus  re>suscité  d'entre  les 
morts,  car  11  se  rappelait  que  lorsque  le 
Christ  vivait,  il  ava«t  donne  ce  précepte  à 
lui  et  aux  frères.  C'est  pourquoi  il  fut,  avec 
Marie  Madeleine  et  P]erre«  le  premier  de 
tous  (3l(^j  auxquels  Jésus-Christ  voulut  ap- 
paraître afin  de  confirmer  ses  disciples  dans 

(307)  Saint  Paul,  EpUre  aux  Calâtes,  i,  l9;Jo- 
sèplie,  AntHiJudaiqueê^  1.  xx,  c.  8.  (Vou,  aussi 
Siiicer,  Thesauruê,  ei  Conibclls  dans  ses  ifoteg  sur 
la  Vie  de  rel  apôUe  par  Simon  Métaphrasie,  Auetua" 
rticm  itooÎMtmttm,  1.  I,  p.  541.)  L%xpresson  de 
Jacques  le  Mineur  se  trouve  dans  salui  Marc, 
XV,  40. 

(308)  11  n*y  a  dans  le  Nouveau  Testament  nulle 
trace  de  ceue  assertion. 

(301f)  CVsi  ce  que  rapporte  saint  JérAine  (in  Ca- 
tatogo  seripiornm  eccleiiasticorum)  diaprés   1  evan- 

f;ile  des  Na/aréens,  et  le  récit  de  ce  Père  de 
'Eglise  a  été  reproduit  par  Grégoir»;  de  Tours 
itftsi.  Francorum,  I.  i,  c.  22)  ainsi  que  par  bien 
l'autreM  auuuis. 

(310)  Un  des  premiers  mais   non  le  premier  de 
tous.  (Voy.  !'•  Kpitre  aux  Cortn/Zitens,  xv,  17.)  La 
iradiuou  porte  que  Jacques  fut  ordonné  par  Jésus 
.Cbrifti  le  premier  é^équede  Jérus  lem. 
(3il)Lttc.  XXIV,  42. 
(312)  Cest  ce  qu'affirme  un  passage    de  l'Evan- 


la  foi,  et  afin  qu'il  ne  souffrît  pas  plus  long- 
temps du  jeûne,  un  rayon  de  Dite)  hii  ayant 
été  offert  (311),  il  invita  Jacques  k  le  man- 
ger (312).  Il  resta  après  Tascension  de  Jé- 
sus-Christ au  ciel,  avec  Pierre  et  Jean  à  Jé- 
rusalem (313),  et  il  prêcha  aux  Juifs  la  p.i- 
rôle  du  Seigneur.  Et  il  pfiuvait  le  faire  tfau* 
tant  plus  Mcilement  qu*il  remplissait  dans 
le  temple  de  Salomon  une  fonction  publi- 
que (314) 

CHAPITRE  II. 

Et  la  quatorzième  année  après  la  Passion 
du  Sauveur  n'était  pas  encore  tout  k  fait 
écoulée,  quand  Paul  arriva  à  Jérusalem  avec 
Tite  et  Barnal>é^ses  compagnons  de  voyage, 
et  il  tendit  la  main  &  Jacques  et  h  Piene, 
et  À  Jean  (315),  et  les  douze  ai  ôtres  se  réuni- 
rent à  Jérusalem,  h  la  fête  de  Pâques,  et  sous 
la  présidence  de  Jacques  (316),  et  en  pré- 
sence du  peuple,  chacun  d*eui  raconta  briè- 
vement ce  qu'il  avait  fait  dans  les  lieui  qu'il 
avait  parcourus. 

Et  alors  le  grand  prêtre  Caïphe  envoyi 
vers  eux,  et  les  pria  de  venir  auprès  de  lui. 
afin  quïls  lui  fissent  voir  sur  quels  monf) 
ils  s*appuyaient  f»our  montrer  que  Jésu^ 
était  le  Dieu  éternel  et  le  Christ,  et  atin  qu'il 
leur  montrât  le  conlraire.Et  au  jour  fixé,  les 
apOtres  se  rendirent  dan^  le  temple,  el  ib  i^ 
mirent,  en  présence  de  tout  le  peuple,  à 
montrer  que  Jésus  était  le  Messie,  et  à  re- 

f)rocher  aur  Juifs  tout  ce  que,  Jans  leur  fo- 
ie, ils  avaient  fait  è  son  égard. 

Et  lorsqu'ils  étaient  sur  les  degrés  da 
temple,  le  peuple  ayant  fait  silence,  ils  ios- 
truisireut  les  prêtres  au  sujet  du  Dieu  uni- 


gile  des  Nj^zaré<>ns  :  c  Âfferte,  ail  Dominiis.  t^fth 
sain  el  pauem.  TiiHu|ue  p^neiiK  et  ben^dixii  acfie- 
gil  el  p)st  dedii  Jacobo  jiislo  el  iliiii  ei  :  Fnler  ni, 
comeae  panem  l><um  quia  resuri  exil  Fi  lias  boiui- 
iiis  a  dormienlibus.  i 

(515)  Cléim^nl  d'Alexandrie,  Stromaie»,  l  ^i, 
d*aprés  le  livre  apocryplie  De  la  pridicêiicn  de 
Pierre^  el  Apolto»«iii6,  ciié  parEusèbe  (/ifsf.  erW/i.. 
1.  V,  c.  f8)  relaleiil  que  JéSHS-Clirisi  avait  ruHiK 
aux  apôtres  <ie  resler  douze  mois  à  Jérusakna^anl 
d*aller  préchtr  l'Evangile. 

(514)  Vsy.  sailli  Epipbane  (liaeres.  99,  o.  4;  l>^ 
ren.  78,  n.  15);  le  P.  Pt-iau  a  imiulr^  qurCfUetir- 
coiislance  ne  reposail  sur  aucune  basr  solide. 

(515)  Cal.  XI,  9. 

(516)  Celle  assemblée  est  diff^renle  de  celle  qui 
esi  inenlioniiee  dans  tes  Actes  des  apôtres^  >^  ^ 
qui  eut  lieu  avaol  la  coi' version  de  saint  Paul,  tll^ 
s*élail  leisue  ëgalemenl  sous  la  présidence  de  Jac- 
ques, âi  ce  que  lapporient  d*auires  auteurs.  Vofr 
saiut  Jean  Chrysdstome,  bou.  55  in  Acte, 


177 


JAG 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


178 


3ue,  Jésus-Christ,  les  saducéens  »  au  sujet 
ela  résurrection  des  morts»  les  samari* 
[•ins»  au  sujet  de  )a  sainteté  de  Jérusalem, 
'es  docteurs  de  la  loi  et  les  pharisiens  au 
sujet  du  ro^raume  descieux«  et  ils  montraient 
ail  peuple  entier  que  le  Christ  est  éternel, 
etilsfînirent  par  exhorter  le  peuple  à  se 
réconcilier  avec  Dieu,  en  recevant  son  Fils 
avant  qu'ils  n'allassent  prêcher  aux  nations 
(317)  la  connaissance  de  Dieu  le  Père.  Ils 
montrèrent  que  Thomme  ne  pouvait  être 
sauvé  (318)  s'il  n'était  purifié  par  le  bap- 
tême, donné  par  la  grflce  de  l'bsprit-Saint , 
sous  l'invocation  de  la  Trinité  (319)  et  s'il 
De  prenait  l'Eucharistie  du  Seigneur  Jésus* 
Christ,  auquel  seul  il  faut  croire,  en  ajou- 
tant foi  à  ce  cju'ii  a  enseigné  et  en  méritant 
ainsi  d'obtenir  le  salut  éternel. 

CHAPITRE  III. 

Ils  avaient  ainsi,  durant  sept  jours  en- 
tiers, annoncé  au  peuple  et  au  grand  prêtre 
qu'il  fa  lait  s'empresser  de  recevoir  le  bap- 
tême, et  les  auditeurs  étaient  au  moinent  de 
venir  et  de  se  faire  baptiser  quand  voici 
qu'un  homme,  animé  de  dispositions  enne* 
mies  (320),  entra  dans  le  temple  avec  un 
tfès-petit  nombre  d'adhérents  et  se  mit  è  crier 
et  à  dire  :  «  Que  faites-vous ,  ô  Israélites? 
comment  vous  'aissez-vous  si  facilement 
tromper?  pourquoi  vous  laissez-vous  éga- 
rer par  des  malneureui  qu'un  enchanteur  a 
rendus  insensés?» 

.  £t  après  qu'il  eut  ainsi  parlé  et  que  Pévê- 
que  Jacques  l'eut  entemiu  et  lui  eut  ré- 
pondu, il  commença  à  soulever  le  peuple  et 
t  exciter  du  tumulte,  de  sorte  que  le  peu* 

lo  ne  put  pas  entendre  davantage  ce  que 
'apôtre  disait,  et  il  mit  ainsi  tout  en  mou- 
vement ,  il  détruisit  ce  qui  avait  été  fait 
avec  beaucoup  de  peine  et  il  adressa  des  re- 
proches au  grand  prêtre.  £t  il  commença  à 
enOammer  tous  les  esprits  par  des  injures  et 
des  réprimandes.  Et,  pareil  à  un  insensé,  il 
excitait  chacun  à  tuer  l'apôtre,  en  disant  : 
«  Que  taites-vous  ?  qu'attendez-vous,  gens 
paresseux  et  lAches?  pourquoi  ne  saisis- 
sons-nous pas  ces  gens-lèy  et  pourquoi  ne 
les  déchirons-nous  pas?»Etayant  parlé  ainsi, 
il  saisit  sur  l'autel  un  tison,  et  il  commença. 

Alors  les  autres  qui  le  voyaient,  furent 
saisis  d'une  fureur  égale,  et  il  s'éleva  de 
grandes  clameurs  poussées  par  les  meur- 
triers et  par  ceux  qu'ils  tuaient,  et  il  coula 
beaucoup  de  sang  de  tout  côié,  et  ua  grand 
nombre  de  gens  prirent  la  fuite ,  et  cet 
homme  hostile  à  la  vérité  saisit  Jacques  et 


(dl7)  AeU  iHi,  i6,  xvni,  6;  xxviu,  28. 

(3lH)  Joan.  ni,  5;  Marc,  xvi,  ift. 

iôl9)  Maitb.  xxvni,  19. 

152U)  C  eUii  comme  il  esl  dii  plus  loin  Saul ,  qui 
fut  ensuite  l'apêtre  PauL 

(3i0  Le  iiarraiiMir,^  franr hissant  une  longac  pé- 
rio4lf,  saute  des  événemients  arrivés  avant  la  con- 
version de  saint  Paul  à  Pappel  fait  à  Tempereur, 
doQl  il  esl  qaesiion  dans  lesAclei,  xxv.  11,  ei  il 
empruotd  le  reste  de  son  récit  à  \  Hiiloire  eeclé- 
sûnt^Ne  d'Euscbe,  eo  se  bornant  presque  toujours 
^  transcrire  la  traduction  de  Rufin. 


I 


le  précipita  du  haut  des  escaliers  en  bas,  et 
comme  il  le  regarda  comme  mort,  il  cessa 
de  le  maltraiier  davantage. 

Et  Jacques  eut  un  pied  brisé  par  cette 
chute,  et  depuis  il  boita  beaucoup. 

Cet  ennemi  de  l'apôtre  était  Saul,  celui 
que  le  Seigneur  appela,  plus  tard  à  la  di- 
gnité d'apôtre. 

CHAPITRE  IV. 

Paul  fut  envoyé  par  Festus,  gouverneur 
du  pays,  à  l'empereur  auquel  il  avait  fait 
appel  (321)  et  quand  les  Juifs  virent  que  les 
pièges  qu*iis  lui  tendaient,  restaient  sans 
etfet,  ils  tournèrent  la  scélératesse  de  leur 
malice  contre  Jacques,  le  frère  du  Seigneur, 
et  voici  ce  qu'ils  hreni  à  son  égard  : 

Ils  le  conduisirent  sur  la  place  publique» 
et  ils  exigèrent  qu'il  renonçât,  en  présence 
de  tout  le  peuple,  à  la  foi  en  Jésus-Christ. 
Mais  d'une  voix  forte  et  claire  et  devant 
tout  le  peuple  assemblé,  l'apôtre  proclama 

2ue  Notre-Seigneur  et  Sauveur  Jésus^hrist 
tait  le  Fils  de  Dieu. 

Alors  ils  ne  purent  supporter  un  témoi- 
gnage aussi  grave  et  aussi  imposant,  d'au- 
tant plus  qu%  cause  des  mérites  de  sa  vie 
très-pieuse  et  très-reiirée,  Jacques  était 
regardé  comme  le  plus  juste  de  tous,  et 
ils  résolurent  de  le  mettre  à  mort,  et  comme 
le  moment  leur  était  favorable,  et  que  la 
(gouverneur  était  mort,  beaucoup  d'autres  se 
joignirent  à  eux. 

Car  il  était  advenu  que  Festus  était  mort 
dans  la  Judée,  et  la  province  restait  sans 
gouverneur  et  sans  commandant. 

Clément  et  d'autres  ont  raconté  de  quelle 
façon  mourut  Jacques,  et  Hégésippe  qui 
faisait  partie  des  premiers  disciples  de  1  a- 
pôtre,  en  fait  aussi  le  récit  de  la  manière 
suivante,  dans  le  cinquième  livre  de  sas 
Mémoires  (322). 

CHAPITRE  V. 

Le  frfre  du  Seigneur,  Jacques,  auquel 
plus  qu'à  tous  les  autres  revenait  le  sur- 
nom de  Jiisie,  entreprit  de  gouverner  l'E- 
glise de  concert  avec  les  apôtres  ;  depuis  les 
jours  du  Sauveur,  il  resta  avec  nous.  Beau- 
coup l'appelaient  Jacques. 

Il  ne  but  jamais  de  vin,  ni  de  boissons 
enivrantes,  il  ne  mangea  pas  de  chair  (323), 
et  un  couteau  à  découper  n'entra  jamais 
en  sa  maison.  Il  ne  se  frottait  point 
d'huile,  et  ne  faisait  point  usage  des  oains 

(322)  Hégésippe  vivait  au  milieu  du  ii*  siecie  de 
l*ére  ciirélieniie  ;  il  était  contemporain  de  saint  Jus- 
tin, de  Tatien,  de  Montan  ;  saint  Jérôme  cite  t*bis- 
totre,  divisée  en  cinq  livres ,  qu*il  avait  écrite  de 
tous  les  événements  survenus  dans  TËglise  depuis 
la  mort  de  Jésus-Christ.  H  ne  reste  rien  de  cet  ouvrage 
et  des  autres  nombreux  écrits  qu*il  avait  composés. 

(323)  11  en  est  dit  autant  de  saint  Pierre  daus  tes 
Ricoiimiioni  clémentinei^  liv.  vi,  ch.  6  {voy.  la  note 
de  Cotelier  sur  ce  passage  ),  et  de  saint  Matthieu 
dans  le  Pédagogue  de  Clément  d'Alexandrie,  1.  u, 
cl. 


m 


DICTIONNAIRE  DES  AFOCHTPHfiS. 


(8S4).  Il  était  le*  seul  h  qui  il  fût  permis 
d*entrer  dans  le  Saint  des  saints  (325).  Il  ne 
se  servait  pas  de  vêtements  de  laine»  mais 
seulement  de  toile  (326).  Il  entrai!  tout  seul 
dans  le  temple,  et  il  restait  à  genoux,  et  il 
priait  pour  que  Dieu  pardonnât  à  son  peu- 
ple» et  ses  longues  prières  firent  uue  ses 
genoux  contractèrent  de  grandes  callosité-s 
comme  ceux  d'un  chameau»  car  il  fiécliissait 
toujours  les  genoux  (327)»  et  il  n'interrom- 
pait jamais  son  oraison. 

À  cause  de  ses  vertus  incroyaDJes  et  de 
son  extrême  justice,  il  reçut  les  surnoms  de 
Juste  et  d'Obiias  (328)»  ce  qui  signiOe  dé- 
fense du  peuple»  ainsi  que  les  prophètes 
l*ont  annoncé. 

Et  quelques  adhérents  aux  sept  sectes 
(329)»  qui  sont  parmi  le  peuple»  et  dont 
nous  avons  déjà  parlé,  lui  demandèrent  ce 
qu'étaient  les  portes  du  Seigneur  (330),  et  il 
répondit  :  «  c'est  le  Sauveur.  »  Quelques-uns 
des  Israélites  croyaient  que  Jésus  est  le 
Christ»  mais  ces  sectes  ne  le  croyaient  pas» 
et  niaient  qu'il  fût  ressuscité  et  qu'il  dût 
venir  pour  juger  chacun  selon  ses  œuvres.  Et 
ceux  qui  le  croyaient  devaient  leur  foi  aux 
inslruetions  de  Jacques. 

Et  comme  il  y  en  avait  beaucoup  parmi 
les  plus  éminents  d'entre  eux  qui  avaient 
reçu  la  foi  »  il  s'éleva  un  tumulte  parmi  les 
iuifs»  quij  disaient  :  «  Il  s'en  faut  de  peu 
que  tout  le  peuple  ne  croie  en  Jésus  et  ne  le 
regarde  comme  le  Christ.  »  Et  ils  vinrent  en 
masse  à  Jacaues  et  lui  dirent  :  «  Nous  le 
prions  do  détromper  le  peuple,  car  voici 
qu'il  s'égare  è  la  suite  de  Jésus,  qu'il  regarde 
comme  le  Christ.  Nous  te  conjurons  de  le 
détromper  ^  l'égqrd  de  Jésus»  et  de  parler 
ainsi  devant  tous  ceux  qui  se  rassemblent 
pour  la  fêle  de  PAques.  Car  nous  te  suivons 
tous»  et  nous  rendrons  de  toi  témoignn^jeqne 
tues  juste  et  que  tu  nefais  nulle  accephonde 

yersonne.  Parle  donc  au  peuple  au  sujet  de 
ésus»  afin  qu'il  nes'égare  pas  (331),  car  nous 
t'obéirons.  Monte  donc  ausommet  du  temple» 
afin  qu'étant  sur  cet  endroit  élevé»  tous  puis- 
sent te  voir»  et  que  tes  paroles  puissent  être 
entendues  de  toute  la  foule  ;  car  ce  ne  sont 
pas  seulement  les  Juifs  qui  se  rassemblent 

CS^i)  Epîphane,  haere».  78,  n.  13. 

(525)  Eusèbe,  Uiti.  eccUi,;  Nicéphore,  lib.  ii,  c. 
53,  eie.  Saiot  Epipbane,  après  avoir  dii  (liasres. 
39,  n.  A)  que  la  loi  recouimanitail  au  grand  prêtre 
d'entrer  une  fois  chaque  année  dans  le  Saint  des 
saints,  ajoute  :  c  Quod  quidem  de  Jacobo  plerique 
ante  nos  ueoioriae  pro<iideruni ,  ut  Eusebius,  Cle- 
meus  et  alii.  i  {Yow.  d'ailleurs  la  noie  de  Fabriclus. 
(Cod,  apocr.  Nov,  fest.,  1. 1,  p.  599.) 

(3i6)  C*est  ce  qui  était  prescrit  au  grand  prêtre. 
{LevU,  XVI,  4.) 

(527)  Circonstance  qui  se  retrouve  dans  saint  Jë« 
rôma  (Catalog.  $cripL  eccUi.)  et  dans  saint  Epi- 
pbane (lia-res.  78,  n.  14).  S.iint  Giégoire  de  Na- 
lianse  (orai.  iO)  cite  également  b  génuflexion  de 
•a  sœurGorgonia,  et  sainu  JérOnie  (epist.  25)  celles 
d*Aselli. 

(328)  Ce  nom  d'Oblias  se  trouve  aans  Evsébe, 
dan^  Nicépbore»  dans  Orderie  \it:il ,  etc.  Il  vient 
de  rbébreu  et  il  a  donné  lieu  à  de  lonu ues  discus- 
sions parmi  les  érudits.  (Voy.  la  note  de  Fabrtcios, 


poHr  la  fête  de  Pâques ,  mais  encore  beau* 
coup  de  païens.  » 

Et  les  docteurs  de  la  Loi  et  les  pbarisiens 
conduisirent  ainsi  Jacques  au  sommet  du 
temple»  et  ils  élevèrent  la  voix  et  dirent  : 
4  O  le  plus  juste  des  hommes I  toi  que  nous 
devons  tous  suivre»  puisque  le  peuple  est 
dans  l'erreur  au  sujet  de  Jésus  le  cruciûé» 
apprends-nous  ce  quec*estque  les  poriesdu 
Seigneur.» 

£t  Jacques  leur  répondit  d*une  voii  forte: 
ff  Que  me  demandez- vous  concernant  le  Fils 
de  l'homme?  11  est  assis  dans  le  ciel  à  la 
droite  du  Tout-Puissant,  et  il  viendra  daos 
les  nuées  du  ciel.  » 

CHAPITRE  VI. 

Et  comme  beaucoup  étaient  satisfaits  d'une 
pareille  réponse  et  d*un  semblable  tétiioi- 
gnage,  et  qu'ils  voyaient  avec  plaisir  que 
Jacq^ues  parlait  ainsi  publiauement  an  sujet 
du  Christ,  ils  se  mirent  à  louer  Dieu  et  è 
dire  :  «  Hosannah  au^Fils  de  David.  » 

Alors  les  docteurs  de  la  Loi  et  les  pharisiens 
se  dirent  les  uns  aux  autres  :  «  Nous  avons 
mal  fait  en  le  laissant  rendre  un  semblable 
témoignage  concernant  Jésus.  Allons  cl  pré- 
cipil6ns-le,  afln  que  les  autres  soient  ef- 
frayés et  qu'ils  ne  croient  point  ce  qu'il  dit.» 
Et  aussitôt  ils  se  mirent  a  élever  la  voix  et 
è  dire  :  c  Oh  I  obi  le  juste  est  aussi  dans 
Terreur.  » 

El  ils  ont  ainsi  accompli  ce  qui  est  dans 
TEcriture»  ainsi  que  Taditisaïe  (332): «Dé- 
truisons le  Juste,  car  il  nous  est  inutile;  il^ 
jouiront  ainsi  du  fruit  de  ses  œuvres.  » 

Ils  montèrent  donc  »  et  ils  précipitèrent 
Jacques»  et  ils  se  dirent  :  «  Cet  homme  doit 
être  lapidé.  >  Et  après  avoir  ainsi  parlé,  i.s 
commencèrent  è  lancer  des  pierres  conlre 
Jacques.  Et  après  sa  chute»  I  apAlre  se  re- 
leva, se  mit  à  genoux  et  dit  :  «  Je  te  prie, 
Soigneur»  de  le^r  pardonner  ce  péché»  car  ils 
ne  savent  ce  qu  ils  font.  » 

Et  l'on  dit  qu*il  priait  ainsi»  comme  ils  lui 
lançaient  toujours  des  pierres  ;  un  des  pré* 
Ires  de  la  race  des  Héchabites ,  dont  |>arle  lo 
proi)hèle  Jérémie  et  rend  témoignage,  se 

Cod.  apotr.  N.  Teti.^  t.  I,  p.  600.) 
(329)  Ces  sectes  étaient  celles  des  esséniens,  un 

SalJléeiis,  des  liéinorobapiisles ,  des  masbotbéent, 
es  sainariiaiiis»  des  saJdui'éens  et  des  pharisiens. 
Voir  les  notes  de  Valois  sur  Eusébe«  de  Peiau  iur 
saint  Ëpipliaite,  Coielier,  Mvnum,  eecUi,  Grec, 
p.  760,  etc. 

(530)  Pour  romprendre  ceci  il  faut  se  souu*  «Ir 
que  Jésus-Christ  dit  :  i  Je  suis  la  port|>  ;  crtui  <i>i 
entre  par  moi  sera  sauvé.  »  (  Voir  Eusébe,  Démvn- 
itraiion  évan^lique^l.  hi,  ch.  7.) 

(^31)  n  est  difficile  de  supposer  que  les  doeifurs 
qui  devaient  savoir  combien  J;icqiies  ét»lt  auaclic  i 
la  foi  de  Jésus  C^iriëi,  soient  venus  lut  propo;>er 
longuement  de  parler  ainsi  au  peuple.  Voy.  d'ail- 
leurs Tillemoni,  Mémoire$,  1. 1,  note  13  sor  la  Vie 
de  saint  Jacques. 

(332j  /m.  tn,  10.  Dans  VEpiirê  de  lotnl  Burn^U, 
ainsi  que  dans  les  écrits  des  saints  Pères,  ce  pas- 
sage est  appbqué  à  Jésus-Cbrisl  et  noo  à  sau»l 
Jacques. 


u\ 


JAC 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


Î92 


leva  et  s*écria  :  «  Que  faites-TOusT  épargnez- 
le,  je  TOUS  eu  prie;  ce  juste  que  vous  lapi^ 
dez  prie  pour  tous.  » 

Et  un  d'eux»  un  foulon,  prit  une  poutre , 
avec  lequel  on  a  coutume  de  presser  les 
étoffes,  et  frappa  l'apôtre  sur  la  tèle. 

£t  ce  fut  ainsi  que  le  bienheureux  Jac- 
ques, qui  avait  le  surnom  de  Juste,  reçut 


enfin  la  couronne  du  martyre»  et  il  fut  ense- 
veli dans  ce  même  endroit»  à  côté  du  temple. 
Et  c'est  lui  qui  s'est  élevé»  parmi  les  Juifs 
et  les  païens»  comme  témoin  de  la  vérité 
que  Jésus  est  le  Christ  »  Fils  du  Dieu  vivant 
qui  règne  et  gouverne  depuis  l'éternité  jusque 
dans  toute  l'éternité  avec  le  Père  et  TEsprit- 
Saint. 


L'Epllre  de  saint  Jacqnes  le  Mineur  pré- 
sente, ch.  IV,  5,  un  passage  qui  a  paru 
emprunté  à  un  ouvrage  que  nous  ne  pos- 
sédons pas  :  «  Pensez-vous  que  l'Ecriture 
parie  en  vain?  L'Esprit  qui  habite  en  nous 
|.orte-t  il  à  l'envie?  »  La  plupart  des  com- 
mentateurs ont  pensé  qu'il  y  avait  ici  une 
allusion  à  ce  qu'on  litdnns  la  Genèse,  ch.  vi, 
3, 5  :  Non  permanebit  spiritus  meus  in  Ao- 
ffltne  m  œlernum, 

Groiius  et  Hammond  ont  soutenu  cette 
opinion;  mais  elle  a  été  combattue  par 
6rlwri^'ht  (in  Electis  Targumico-Rabbinicis), 
et  par  Wit^ius,  qui  a  longuement  traité  ce 
sujet  (in  Meletematibus  Leidensibus;  Disser-- 
tatio  de  spiritu  concupiscente  ad  invidiam^ 
p.  440.)  Les  uns  ont  été  d'avis  qu'il  fallait 
se  rapporter  aux  paroles  de  VExode  (xxiii» 
23),  d  autres   au  Livre  des  Nombres  (xi,  29). 

Telle  a  été  l'opinion  de  Junius»  de  Pisca- 
tor,  de  Louis  Capell»  de  Wilsius,  de  Th.  Ga- 


taker.  D'autres  auteurs  ont  cherché  la  source 
de  la  sentence  de  l'apôtre  dans  le  Deutiro^ 
nome  (vu,  %  5),  dans  le  Litre  de  Job  (v,  2), 
dans  les  Proverbes  de  Salomon  (xxi)  ;  Heinsius 
s'en  est  tenu  aux  Proverbes  (iif,  34;  iv,  9); 
Cocceius  a  songé  au  Cantique  des  cantiques 
(vui,  6),  et  à  la  11'  EpUre  à  Timotkée  (i,  7)  ; 
Hugues  et  de  Lyra  ont  penché  pour  le  Livre 
de  la  Sagesse  (i»  4).  Jean  Le  Clerc  pensant 
qu'aucun  de  ces  passages  ne  saurait  être  indi- 
qué avec  quelque  apparence  de  certitude» 
comme  celui  que  saint  Jacques  avait  en  vue» 
suppose  qu'il  s'agit  seulement  d'un  de  ces 
préceptes  conservés  {>ar  la  tradition  parmi 
les  Juifs,  et  auxquels  ils  appliquaient  par-* 
fois  la  désignation  d'Ecriture.  Simou  Epis- 
copius  et  d'autres  critiques  protestants 
avouent  qu'ils  ignorent  à  quel  endroit  de  la 
Bible  pourraient  se  rapporter  les  paroles  de 
l'apôtre, et  ils  supposent  qu'il  s'agtssâiit  d'un 
livre  aujourd'hui  perdu. 


LITURGIE  DE  SAINT  JACQUES  LE  MINEUR  (333). 


Seigneur»  notre  Dieu,  ne  me  méprise  pas» 
quoique  je  sois  souillé  d'une  multitude  de 
|iéchés.  Voici  que  je  m'approche  de  ton  mys- 
tère divin  et  plus  que  céleste»  quelque  in- 
digne que  j'en  sois;  mais»  contiant  en  ta 
bonté,  j'élève  la  voix  vers  toi»  Seigneur,  afin 
que  tu  sois  propice  à  un  pécheur  tel  que  moi  ; 
j*8i  péché  contre  le  ciel  et  contre  toi,  et  je  ne 
suis  pas  digne  de  diriger  mes  yeux  vers 
celte  table  sacrée  et  spirituelle  où  ton  Fils 
unique,  Notre-Seigneur  Jésus-Christ»  est  of- 
fert en  sacrifice  (lour  moi ,  qui  suis  un  pé- 
cheur et  couvert  de  taches.  Je  t'otfre  cette 
prière  et  cette  action  de  grâces  pour  que  ton 
Esprit -Saint  me  soit  envoyé,  afin  de  me  for- 
tifier et  de  me  préparer  pour  cette  Messe  ; 
reuds-moi  digne  de  faire  entendre,  pour 
mon  salut»  cette  parole  qui  vient  de  toi  et 
que  j*ai  annoncée  au  peuple»  en  Jésus- 
Christ»  Notre-Seignenr,  saint  et  bon  viviQ- 

(555)  Celle  Uturgîe  se  trouve  dans  les  Liturgiœ 
iêsciorum  Palrum,  P»ri8.  1560,  p.  5;  d^iis  Keiiii:- 
doi,  Liturgiarum  orienlalium  Coltectio^L  III,  p.  I^O; 
dans  Fabricius»  Cod£X  apocryphus  Novi  Tetiamenii^ 
1. 111,  p.  53  ;  dans  la  Biblioiheca  Palrum  maxima, 
éJiiioD  de  Lyou,  t.  H,  part,  i,  p.  i. 

Fabri'  ius  a  fait  précéder  le  texte  de  la  Hliir^ie 
de  saint  Jacquet  des  passages  de  divers  écrivains 
qui  en  ont  p?.rté;  il  cite  Isaac,  patriarche  de  PAr- 
niéiiie  (au  xi*  siècle),  Théodore  Ralsamon  ,  pa- 
triarche d*Aiitioche,  Lîgbifoot,  Le  Nain  de  TUlemont  ; 
ee  dernier  écrivaÎH  dans  ses  Mémoires  pour  servir  à 
fkiêtnrt  ecclésiastique  (sole  16  sur  la  Vie  d6 saint 
iaques  le  Mineur)  a  traité  cetle  question»  et  s'ex- 


cateur,  avec  lequel  tu  es  uni  de  toutes  les 
manières»  ainsi  qu*avec  l'Esprit  qui  t*e8t 
consubstantiel,  et  maintenant  et  toujours»  et 
dans  les  siècles  des  siècles.  Amen. 

Oraison  lorsque  le  prêtre  est  devant  Vautet. 

Gloire  au  Père,  au  Fils  et  au  Salnt-Esprif, 
triple  et  un»  lumière  de  la  Divinité»  qui  est 
séparément  dans  la  Trinité,  et  qui  se  divise 
.sans  division.  Car  la  Trinité  est  un  seul  Dieu 
tout- puissant  dont  les  cieux  racontent  ta 
gloire  ;  la  terre  reconnaît  sa  domination  et  la 
mer  sa  toute-puissance  :  et  toute  créature» 
soit  qu'elle  possède  la  raison,  soit  qu'elle 
n'ait  que  l'inslincl»  proclame  constamment  sa 
magnificence;  à  lui  reviennent  toute  gloire, 
honneur,  puissance»  magnificence  et  louan- 
ges» et  maintenant  et  toujours»  et  dans  les 
'siècles  des  siècles.  Amen, 

prime  ainsi  :  i  Toute  la  dilDnillé  se  rédah  à  Savoir 
si  saint  Jacqne»*  a  donné  par  écrit  Tttrdrc  de  la?  li-- 
targîe  (comme  Allairos  te  préietfd  de  Ini  él  des  au- 
très  apdtres),  ou  s'il  Va  seulcmenl  deanéparce 
qu'il  a  pratiqué  ou  Mi  pratiq«er  aux  autres.  H  ne 
vois  pas  qu  il  soit  d'une  frandte  i»portaiic«  pour 
iious  de  le  savoir,  puisque  w  çiu'it  a  laissé  sur  cela» 
soit  par  écrit,  soii  par  u-adllioo,  ayant  été  alteié 
par  la  suite  des  temps,  je  ne  sais  pas  t^ien  cttoiment 
on  peut  discerner  ce  qui  vient  de  lui  ou  ce  qui  n'en 
vient  pas,  ni  par  conséquent  rien  établir  sur  celte 
liturgie  qu*on  puisse  dire  être  fondé  sur  une  amo- 
rilé  apostolîfue.  » 


DICTIONNAIRE  DES  AP0CRY1'HE& 


Prière  lomqWon  allume  Vencens  au  eommen- 

cernent  de  la  Mené. 

Seigneur  Jésus-Christ,  Verbe  Dieu ,  qui 
t*es  sponlanémenl  offerl  au  Dieu  et  au  Père 
sur  la  croix  comme  une  viclinie  sans  tachu, 
charbon  de  double  nature  qui  a  touché  les 
lèvres  du  prophète  et  quia  enlevé  ses  péchés, 
touche  aussi  nos  lèvres  »  parce  que  nous 
sommes  des  pécheurs  ;  Ibrtiûe  nos  sentiments 
et  puritie-nous  de  toute  tache;  fais  que  nous 
soyons  purs  quand  nous  sommes  devant  ton 
au'tel  pour  t'otfrir  un  sacrifice  de  louanges  ; 
reçois  avec  bonté  Toffrande  que  nous  au- 
tres, tes  serviteurs  inutiles,  nous  te  pré- 
sentons; qu'elle  soit  auprès  de  toi  en  odeur 
de  suavité,  et  qu'elle  dissipe  la  fétidité  de 
notre  âme  et  de  notre  corps;  sanctitie-nous 
par  la  puissance  de  ton  esprit,  qui  donne  la 
saintelé  ;  toi  seul  es  saint  et  toi  seul  donnes 
aux  Gdèles  la  saintelé;  à  toi ,  avec  ton  Père 
éternel  et  avec  ton  Esprit-Saint,  bon  et  vi- 
vifiant, revient  la  gloire,  et  maintenant  et 
toujours  y  et  dans  les  siècles  des  siècles. 
Amen. 

Oraison  au  commencement  de  la  Messe. 

Roi  bienfaisant  des  siècles  et  auteur  de 
toute  créature,  reçois  ton  Eglise,  qui  s'ap- 
proche de  toi  par  Jésus-Christ;  accorde 
a  chacun  ce  qui  lui  est  utile;  conduis-nous 
tous  à  la  perfection,  et  rends-nous  dignes,  par 
la  grAce  de  la  sanctitication,  d*Atre  tous  réu- 
nis dans  ton  Eglise  sainte,  que  tu  as  fondée 
par  le  sang  précieux  de  ton  Fiis  unique,  Jé- 
sus-Christ, Notre-Seigueur  et  notre  Sauveur, 
avec  lequel  tu  es  béni  et  loué  avec  ton  Es- 
prit très-saint,  bon  et  viviûant,  et  mainte- 
nant, et  toujours»  et  dans  les  siècles  des  siè- 
cles. A 'lien. 

Le  diacre  :  Prions  derechef  le  Seigneur. 

Le  prêtre  dit  la  prière  suitante,  lorsque 
Tencens  est  allumé^  quand  la  congrégation 
entre  : 

Dieu  qui  as  accueilli  lesdonsd'Abel,lesa- 
critice  de  Noé  et  celui  d'Abraham,  les  of- 
frandes d*  A  a  ron  et  de  Zac:iarie,  reçois,  je 
t'en  prie,  de  nos  mains,  quoique  nous  soyons 
des  pécheurs,  l'encens  que  nous  t'otfrons  ; 
qu'il  soit  devant  toi  en  odeur  de  suavité 
pour  la  rémission  de  nos  péchés  et  ceux  de 
tout  ton  peuple  ;  parce  que  tu  es  béni  et 
que  la  gloire  te  revient,  au  Père,  au  Fils  et 
au  Saint-Esprit,  maintenant  et  toujours. 

Le  diacre:  Seigneur,  bénis. 

Le  prêtre  :  Jésus-Christ,  Notre-Seigneuret 
noire  Dieu,  toi  qui,  par  ton  immense  bonté 
et  ton  amour  très- vit,  as  voulu  être  cruciûé 
et  n*as  pas  refusé  d  être  percé  de  la  lance  et 
des  clous,  qui  nous  as  révélé  un  mystère 
Saint  et  redoutable  dont  la  mémoire  doit  du- 
rer éternehemi^nt ,  bénis  notre  réunion  et 
permets,  par  ta  miséricorde  ineffable,  que 
les  fonctions  de  notre  ministère  sacré  s'ac- 
complissent pour  ta  gloire,  maintenant  et 
toujours,  et  dans  les  siècles  des  siècles. 
Amen. 

Le  diacrCf  étant  en  prière^  répond  : 

Que  le  Seigneur  nous  bénisse  et  nous 


rende  dignes  d'apporter  les  dons  et  de  cfaao* 
ter  le  cantique  adorable  de  l'hymne  divin  et 
trois  fois  saint  en  l'honneur  de  celui  qui  D'à 
besoin  de  rien  et  qui  est  rempli  niainten.int 
et  toujours  de  toute  perfection  sanctiGanle. 

Le  diacre  commence  alors  à  chanter: 

Fils  unique  et  parole  de  Dieu,  toi  qui  es 
immortel  et  qui  as  daii^né,  pour  notre  salul, 
t'incarner  dans  le  sein  de  la  Vierge  Marte; 
toi  qui  es  devenu  homme  sans  éorouver  au- 
cun changement,  et  qui,  attaché  à  la  croix, 
as,  par  ta  mort,  foulé  aux  pieds  la  mort;  loi 
qui,  faisant  partie  de  la  sainte  Trinité,  es 
gloritié  avec  le  Père  et  le  Saint-Esprit,  pro* 
tége-nous. 

Le  prêtre  récite  cette  prière  en  allant  du 
portes  de  f  église  jusqu'à  lautel  : 

Dieu  tout-puissant.  Seigneur  glorieux  nui 
nous  as  permis  d'approcher  du  Saint  (les 
saints,  par  Tavénement  de  ton  Fils  unique, 
notre  Seigneur  et  notre  Dieu,  notre  Sauvehr 
Jésus-Christ,  nous  implorons  et  invoquons 
ta  bonté,  lorsque  nous  avançons  avec  ctaioi^ 
et  tremblement  vers  ton  saint  autel  ;  fais, 
Seigneur,  que  la  grâce  se  repose  sur  nous; 
sanctifie  nos  corps  et  nos  esprits,  tourne 
nos  pensées  vers  la  piété,  a6n  que  nous  te 
présentions  avec  une  conscience  pure  nos 
offrandes,  pour  que  les  péchés  que  nous 
avons  commis  soient  effacés  ;  sois  propice  à 
tout  ton  peuple,  et  étends  sur  lui  la  grâce, 
la  miséricorde  et  la  bonté  de  ton  Fils  unique, 
avec  lequel  tu  es  béni  dans  les  siècles  des 
siècles.  Amen. 

Lorsque  le  prêtre  est  arrivé  auprès  de  Fau* 
tel,  il  dit  : 

La  paix  à  tous^ 

Le  peuple  :  Et  à  ton  esprit.. 

Le  prêtre  :  Que  le  Seigneur  nous  bém'sso 
tous  et  nous  sanctifie  dans  la  célébration  des 
mystères  saints  et  sans  taches  ;  qu'il  fasse 
reposer  les  Ames  bienheureuses  avec  les 
saints  et  les  justes,  |)ar  un  effet  de  sa  grâce 
et  de  sa  bonté,  maintenant  et  toujours,  cl 
dans  les  siècles  de  siècles.  Amen. 

Le  diacre  dit  ensuite  la  collecte  : 

Prions  en  paix  le  Seigneur,  prions  le  Sei- 
neur,  pour  que  du  haut  du  ciel  il  nous 
donne  la  paix,  pour  que  Dieu  nous  (Mile 
selon  sa  bonté  et  qu'il  conserve  nos  Ames. 

Prions  le  Seigneur  pour  qu'il  accorde  la 
aix  à  tout  l'univers,  et  qu'il  unisse  toutes 
es  Eglises. 

Prions  le  Seigneur  pour  qu'il  nous  re- 
mette nos  péchés  et  qu'il  efface  nos  fautes, 
et  qu'il  nous  délivre  de  toute  trihulalion, 
de  la  colère,  des  périls,  du  besoin  et  des 
attaques  de  nos  ennemis. 

Les  chantres  chantent  ensuite  trois  fois  cet 
hymne  saint  : 

Dieu  saint,  saint  et  fort,  saint  ctimtnortcl, 
aie  pitié  de  nous. 

Ensuite  le  prêtre  sUnclinant,  prie. 

Seigneur  clément  et  miséricordieux,  pa- 
tient et  doué  d'une  grande  miséricorde,  j<*tl^ 
tes  regards  sur  nous,  et  écoute  les  prière» 

aue  nous  t'adressons  d'une  voix  supijlid"!^* 
élivre-nous  de  toute  tentation  du  diable  et 
des  hommes;  ne  détourne  pas  de  nous  ton 


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f  ART.  m.   LEGENDES  ET  FRAGMENTS; 


JAC 


S96 


secours,  efne  nous  reprends  pas  au  delè  de 
ce  que  nos  forces  peuvent  supporter»  car 
nous  ne  sommes  pas  en  mesure  de  surmon- 
ter nos  adversaires  ;  mais  toi,  Seigneur,  tu 
as  le  pouvoir  de  nous  sauver  et  de  nous 
arracher  à  toutes  les  calamilés  et  à  tous  les 
maui;  déJivre-nons,  Seigneur,  par  la  bonté, 
de  toutes  les  angoisses  et  de  toutes  les  souf- 
frances de  ce  monde,  atin  qu'approchant 
avec  une  conscience  pure  de  ton  autel  saint, 
et  récitant  Thyrane  bienheureux  et  trois  fois 
saint  avec  les  Vertus  célestes,  nous  tinvo- 
(juions  sans  ^offenser  nullement,  et  que 
i  ayant  rendu  un  sacrifice  digne  de  toi  et 
agréable  à  ta  majesté,  nous  méritions,  grâce 
è  toi,  la  vie  éternelle. 

Exclamation, 

Seigneur,  notre  Uieu,  c'est  parce  tque  tu 
es  saint  et  que  tu  habites  et  reposes  avec  les 
saints  ,  que  nous  te  gloritions  et  adressons 
cet  hymne  trois  fois  saint,  au  Père,  au  Fils 
et  au  Saint-Esprit,  maintenant,  et  toujours, 
et  dans  tous  les  siècles. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Paix  à  tous. 

Le  peuple:  Et  à  ton  esprit. 

Les  chantres  :  Alléluia. 

On  lit  ensuite  tout  au  long  les  oracles  sa* 
tris  de  V Ancien  Testament  et  des  prophètes^ 
$t  l'on  expose  l'incarnation  du  Fils  de  Dieuy 
M  passion^  sa  re'surrection  d'entre  les  morts^ 
lof»  ascension  au  cte/,  et  son  second  avéne- 
mm/  glorieux.  Et  il  en  est  ainsi  chaque  jour 
pendant  la  Messe  divine  et  sacrée. 

Après  la  lecture  et  instruction,  le  diacre 
ditf 

Répétons  tous  :  Seigneur,  »^e  pitié  de 
Dous.  Seigneur  tout  puissant,  Dieu  de  nos 
pères,  nous  te  prions  de  nous  exaueer. 

Nous  prions  le  Seigneur  de  faire  descen- 
dre sur  nous  la  paix  et  de  préserver  nos 
âmes.  Nous  te  prions.  Seigneur,  de  faire 
que  le  monde  entier  jouisse  de  la  paix,  de 
proléger  et  de  favoriser  tout  peuple  qui  em- 
brasse la  foi  de  Jésus-Christ  ;  exauce-nous 
et  délivre-nous  de  toute  tribulation,  de  l« 
eoière,  du  péril  et  du  besoin,  de  la  captivité, 
de  la  mort  amère  et  de  nos  iniquités. 

Nous  t'implorons  pour  le  peuple  qui  est 
ici  présent,  et  qui  attend  de  toi  une  abon- 
dante miséricorde,  nous  te  prions  de  répan- 
dre sur  lui  les  entrailles  de  ta  compassion. 

Seigneur,  protège  ton  peuple  et  bénis  ton 
hériiaj^e. 

Visite  dans  ta  miséricorde  et  dans  ta  bonté 
le  monde  qui  t'appartient. 

Eève  la  puissance  des  Chrétiens  et  le 
pouvoir  de  la  croix  précieuse  et  viviGante, 
Seigneur  plein  de  miséricorde,  nous  te  sup- 
plions d*écoater  nos  prières  et  d'avoir  pitié 
de  nous. 

Le  peuple  :  Seigneur,  aie  pitié  de  nous. 
(Trois  fois,) 

Le  diacre:  Prions  le  Seigneur  pour  qu'il 
lous  remette  nos  pédhés,  pour  qu'il  nous 
pardonne  nos  fautes,  et  pour  qu'il  nous  dé- 
livre de  toute  tribulation,  de  la  colère,  du 
péril  et  du  besoin. 


Demandons  tous  au  Seigneur  de  passer 
tous  nos  jours  dans  la  perfection,  la  sainteté, 
la  paix,  et  exempts  de  péché.    , 

Demandons  au  Seigneur  l'ange  de  la  paix, 
conducteur  fidèle  et  gardien  de  nos  Âmes  et 
de  nos  corps. 

Demandons  au  Seigneur  la  grâce  et  la 
rémission  de  nos  péchés  et  de  nos  fautes. 

Demandons  au  Seigneur  qu'il  nous  ac- 
corde ce  qui  est  bon  et  ulile  è  nos  flmes 
et  à  nos  corps,  et  qu'il  donne  la  paix  au 
monde. 

Demandons  au  Seigneur  de  passer  le 
temps  qui  nous  reste  à  vivre  dans  la  paix  et 
dans  la  bonne  santé. 

Demanilons  è  Jésus-Christ  ie  persévérer 
dans  une  foi  sincère,  et  d*ètre  exempts  de 
douleur,  de  peine  et  de  reproche;  deman- 
dons-lui d'être  défendus  devant  le  redoutable 
et  terrible  tribunal  de  Dieu. 

Le  prêtre  :Txi  es  maintenant  et  toujours 
Tannonciation  salutaire,  lu  es  la  lumière,  le 
conservateur  et  le  gardien  de  nos  corps  et 
de  nos  âmes,  ô  Dieu,  et  toa  Fils  unique,  et 
ton  Esprit  très-saint.j 

le  peup/e;  Amen. 

Le  prêtre:  Faisant  la  commémoration  de 
h  très-sainte,  sans  tache  et  très-glorieuse 
Mère  de  Dieu,  notre  soaveraine,  Marie, 
toujours  vierge,  nous  nous  recommandons 
è  Jésus-Christ  pour  toute  notre  vie,  avec 
tous  les  saints  et  les  justes. 

le  peup/e:  Nous  nous  recommandons  à 
toi,  Seigneur. 

le  prêtre:- Dieu  qui  nous  as  instruits  par 
tes  oracles  saints,  salutaires  et  divins,  illu- 
mine nos  flmes,  quoique  nous  soyons  pé- 
cheurs^ afin  que  nous  puissions  obtenir  les 
choses  qui  ont  été  prédites;  favs  que  nous 
ne  soyons  pas  seulement  les  auditeurs  des 
cantiques  spirituels,  mais  que  nous  accom- 
plissions les  bonnes  œuvres,  et  que  nous 
t'offrions  une  foi  sincère,  une  vie  irrépro- 
chable et  une  conduite  exempte  de  blflme. 

Exclamation, 

En  Jésus-Christ,  notre  Seigneur,  avee 
lequel  tu  es  béni,  avec  ton  Esprit  saint,  bon 
et  vivifiant,  maintenant,  et  toujours,  et  dans 
les  siècles. 

le  peuple  r  Amen. 

le  prêtre  :  Paix  à  tous. 

Le  peuple:  Et  à  ton  esprit. 

Le  diacre  .-Inclinons  nos  tètes  devant  le 
Seigneur. 

le  peuple  :  Nous  te  rendons  hommage,  à 
Seigneur! 

le  prêtre  prie^  disant  : 

Seigneur,  toi  qui  donnes  la  vie  et  qui  ac- 
cordes les  biens,  toi  qui  as  donné  aux  hom< 
mes  Jésus-Christ  notre  Seigneur,  espoir 
bien  heureux  de  la  vie  éternelle,  rends-nous 
dignes  de  t'offrir  un  sacrifice  saint,  afin  que 
nous  jouissions  de  la  béatitude  future. 

Exclamation, 

Afin  d'être  toujours  protégés  par  ta  puiis- 
sance,  et  d'arriver  è  la  lumière  de  la  vérité, 
nous  te  rendons  gloire  et  action  de  gr&ces 


tSS  DICTIONNAIRE  DES  APOCKYl  U 

Prière  lorsqu'on  allum  V encens  au  eommen-  rende  d^) ^ 1 1 

cernent  de  la  Mené.  ^rlxs  foi^  ^ 

Seigneur  Jésus-Christ,  Verbe  1^*®"»  ^*^^  besoin  «l»- 

t'es  spontanément  offert  au  Dieu  et  au  Père  ^j  lou.]' ^ 
sur  la  croix  comme  une  victime  sans  tache,  /e  dni. 
charbon  de  double  nature  qui  a  touché  les         piis^  u 

lèvres  du  prophète  et  quiaenievéses  péchés,  inmioii' 

louche  aussi  nos  lèvres,  parce  que  nous  fincoi'- 

sommes  des  pécheurs;  fortifie  nos  sentimenls  ^^j  ,^1 

et  purilie-nous  de  toute  tache; fais  que  nous  ^,^^^  , . 

soyons  purs  quand  nous  sommes  devant  ton  ^^^  j,;. 

autel  pour  t'otfrir  un  sacrifice  de  louanges;  q^,^  i 

reçois  avec  bonté  l'offrande  que  nous  au-  ^i..i,. 

irp«.  iA«   eopviiAi«»e   4 il .«..lie   tp  nré* 


1res,  les  serviteurs  inutiles,  nous  te  pré-     ^(.^ 


tre»,  les  servueurs  mutiies,  nous  le  \n^~ 
semons;  qu'elle  soit  auprès  de  toi  en  odeur 
desuavilé,  et  qu'elle  disMpe  la  fétidité  de 
noire  âme  et  de  noire  corps;  sanctilie-nous 
par  la  puissance  de  ion  espril.qui  donne  la 
aainielé;  loi  seul  es  saint  et  toi  seul  donnes 
aux  fidèles  la  sainleié  ;  à  toi ,  avec  ton  Père 


Je 


l 

II"' 


aux  Udèles  la  sainleié  ;  à  toi ,  avec  ton  Pore  ^ 
élernel  et  avec  ton  Esprit-Saint,  bon  et  vi-  ^ 
vifiani,  revient  la  gloire,  et  maintenant  et 
toujours,  el  dans  les  siècles  des  siècles. 
Amen. 

Oraison  au  commencement  de  la  Messe. 

Roi  bienfaisant  des    siècles  et  auteur  «'. 
toule  créature,  reçois    ton  ELçlise,  q«^  ^''' 
croche  de    toi    par    Jésus-Christ;    a^*^<»' 
a  chacun  ce  qui  lui  esi  utile;  conduis-n 
tous  à  la  perfection,  el  rends-nous  di^^nes, 
Ja  grâce  de  la  sanclitii:ation,  d'Atre  lou^  ' 
nisdans  ton  Eglise  saînie,  que  tu  as  1' 
par  le  sang  précieux  de  ion  Fils  unip" 
sus-Chrisl,Notre-Seigueur  et  notre  Sv. 
avec  lequel  tu  es  béni  el  loué  avec  i 
prit  très-saint,  bon    el  vivifiant,  el  i 
iianl,  et  toujours»  el  dans  les  siècle- 
clés.  Anen. 
Le  diacre  :  Prions    derechef  1^*  ^ 
Le  prêtre  dit    la    prière  suivnf'' 
tencens   est   allumé^    quand  la   c 
entre  : 

Dieu  qui  as  accueilli  les  dons  o 
crifice  de    Noé    el   celui  d'Abri 
fraudes  d*Aaron    el  de  Zac>aii 
t'en  prie,  lie  nos  mains,  quoiii> 
des  pécheurs,    i*eucens  que  i. 
qu'il  soit    devanl   loi   en  od' 
pour  la  rémission  de  nos  i>é* 
tout   ion     peuple  ;  parce  i\u> 
que  la  gloire  le  revient,  au 
au  3ainl-I^S|^>ril,  maintenani 
Le  diacre  2  Seigneur,  Ixi- 
Le  préire   :  Jésus-Chri^i.  ' 
floire  Dieti»    loi  qui,  par  l<>' 
el  (on  aaiour  irès-vif,  as  \ 
et  n*as  |>as  refusé  déirt;  | 
des  clous  9     c|ui  nous  as  i 
tainl  el  t-ecJttutable  doni 
Ter  élfrii€?l*«fnent ,   béni> 
i/eroiels,      |»ar    la   ujisêrit 
esfonuiioiB^  de  notre   i 
coujplisseni     pour  ta  '^ 
toujours  9     €?t    dans    leb 

Aoien. 
Le  di€M.crc^   étant  en  / 
Que     lo      t^eigneur   i^ 


lENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC, 


t90 
i  de  nous. 


t-les  nflvij^alcurs. 

BiflS  Chrétiens  qui 

•  itiiuije,   pour  (uus 

<  lapiiviié,  l'exil. 

:  [ii-ions-le  jiuur 

lï  eus. 

1  rémission  de 

■Ji  lie  nos  faules, 

.-■  irilvuialion.  de 

[i  et  (les  attaques 

'liTil  rende  l'air 
\i-i  rosiSus  bien- 
l'aliundancu  des 
nous  fournisse 
T.ilile  do   luules   les 

Jf  ptiur  tous  nos  [lères  et 
T  ni  [irianl  avec  nuiis  à 
'■(cnl'jiiltQmjJS,  afin  qu'ils 
TlljoriiiUX,    aelil's  el  dili- 

■Mr  [lOur  toute  unie  chrâ- 

xie,  a^SDt  Ijcsoin  ilu  la 

l'assistance   de    Dit-u; 

•  niM  les  hommes  éj^arés  su 

~      *      lenl  à  la  pieté  ,  pour 

joient  guéris,  que  les  cap- 

éf,  pour  que  nos  frères  ut 

►  »ont  déjd  murts  reposent  en 

Mineur  pour  que  noire  [iriôro 
>»l  que  le  Seijjneui'  l'accueille, 
Kt  répande  sur  nous  sa  j^randu 
~  •:(  sa  comniiséralion. 

'0    comuiémoration  de   la   Irès- 

— glorieuse  et  liénie  Marie,  lnu- 

i  taciiQ  et  MÈre  de  Uicn; 

■  de  tous  les  saints  iM  de  loiis  le, 

.n  que,  par  leurj  pyières  ei  leur  iii- 

>,  nous  obtenions  tous  la  miséri- 

seigneur. 

'ons  le  Seigneur,  notre  Dieu,  pour 
^  précieux,  célestes,  ineffables,  infail- 
aSQS  tache,  glorieux,  dignes  de  tout 
t  at  divins;  demandons  au  Seigneur 
•ilégM  Ib  prêtre  ici  présent  qui  les 


Le  peuple:  SeignUU.",  aie  p!I 
{Trois  Ms.) 

Leprilre  fait  eniuile  U  ligne  de  la  croix 
sur  Um  dons  et  dit  mentalement  : 

Gloire  dans  les  cieui  à  Dieu,  el  paix  sur 
U  terre  aux  bomaies  de  bonne  volonté. 
[Troitfoit.) 

Seigneur,  la  ouvriras  mes  lèvres,  el  ma 
IjouchQ  annoncera  ta  louange.  [Trois fois.) 

Que  Qia  bouche  soit  remplie  de  la  louan- 
^Q,  Seigneur,  atin  que  je  célèbre,  pendant 
lout  le  jour,  la  gloire  et  ta  magniGcence. 
[Trois  fois.) 

La  gloire  du  Père,  amen;  du  Fils,  amen  ; 
el  de  l'K'ipril-Sainl,  amen,  maintenant  et 
toujours,  el  dans  les  siècles  des  siècles, 
-sonen. 

Le  prêtre  t'incline  à  droilt  et  à  gauche,  el 
dit  : 

Célébrez  avec  moi  le  Seigneur,  et  louons 
easemble  son  nom. 

Les  assislants  répondent  : 

Que  riîspril-Sainl  vienne  sur  loi  ;  la  puis- 
sance du  Ti'ès-Uaul  te  couvrira  de  son 
ombre. 

Le  prêtre  dit  ensuite  à  haute  voix  : 

Seii^neur,  toi  qui  nous  as  visités  en  ta 
miséricorde  et  en  U  lionié,  et  qui  ayant  pitié 
de  nous,  pécheurs  abjects  et  tes  serviteurs 
indignes,  nous  as  accordé  d'approcher  avec 
conliance  de  ton  saint  autel,  et  de  l'offrir  co 
sacriTice  redoutable  et  non  sani^lanl ,  alîn 
d'obtenir  la  rémission  de  nos  péchés  et  le 
pardon  des  erreurs  du  peuple,  jeltc  les  yeux 
sur  moi,  ton  serviteur  inutile,  effaco  mes 
péchés  par  les  entrailles  de  ta  miséricorde, 
purifie  mes  lèvres,  purifle  mon  cœur  de  louio 
souillure  de  la  chair  et  de  l'esprit,  écarte  de 
moi  toute  pensée  honteuse  et  dépourvue  do 
sagesse;  rends-moi,  par  la  vertu  de  ton  Es- 
prit Irès-saint,  propre  è  m'acquilter  de  ce 
ministère  sacré;  reçois-moi,  par  ta  bonté, 
lorsqueje  m'approche  de  ion  saint  autel.  J>ai- 
gne.  Seigneur,  accueillir  les  dons  que  t'uf- 
fient  nos  mains;  pardonne  h  ma  faiblesse  et 
ne  me  rejetle  pas  de  devant  la  face,  n'aie  pas 
égard  à  mon  indignité,  mais  aie  pilié  de  moi 
sulon  ta  grande  miséricorde;  efface  mes  ini- 
quités seins  la  (grandeur  de  ta  compassion, 
aûn  que  me  présentant  exempt  de  fautes  de> 
vant  ta  gloire,  je  sois  digne  d'être  couvert 
d9  la  protection  de  ton  Fils  unique  et  d'être 
éiilairé  par  ton  Esprit  très  saint;  afin  que  je 
na  sois  point  rejeté  comme  l'esclave  du  pé- 
ché, mais  qu'au  contraire  je  puisse,  comme 
Ion  serviteur,  trouver  grAce  fl  miséricorde 
auprès  de  toi,  et  obtenir  devant  loi  la  rémis- 
sion de  mes  péchés,  maintenant  et  dans  les 
siècles  h  venir. 

Seigneur,  maître  lout-puissant  et  doué  de 
loules  les  forces,  écoule  ma  prière;  tu  es 
celui  qui  fait  toutes  choses  dans  toutes  les 
créatures  ;  sans  loi,  nous  cberchons  en  vain 
du  secours  el  de  l'appui  ;  nous  ne  pouvons 
l'attendre  que  de  toi  el  de  ton  Fils  unique  el 
de  t'Esprit-Saint,  bon,  vivifiant  el  consubs- 
tantiel  à  toi,  maintenant  et  dans  tous  les  siA- 
cles. 

Dieu  qui,  par  suite  de  ton  grand  et  ineSk* 


DlCTIOiNNAIRE  DES  APOCRYPHES 


U 


Prière  lor»qu*on  allufM  Vencem  au  commen- 

cernent  de  la  Mené. 

.  Seigneur  Jésus-Christ,  Verbe  Dieu ,  qui 
t*e$  spontanément  offert  au  Dieu  et  au  Père 
sur  la  croix  comme  une  victinie  sans  tache, 
charbon  de  double  nature  qui  a  touché  les 
lèvres  du  prophète  et  quia  enlevéses  péchés, 
touche  aussi  nos  lèvres,  parce  que  nous 
sommes  des  pécheurs;  fortifie  nos  sentiments 
et  puritie-nous  de  toute  tache;  fais  que  nous 
soyons  purs  quand  nous  sommes  devant  ton 
autel  pour  t*otfrir  un  sacrifice  de  louanges  ; 
reçois  avec  bonté  l'offrande  que  nous  au- 
tres, tes  serviteurs  inutiles,  nous  te  pré- 
sentons; qu'elle  soit  auprès  de  Un  en  odeur 
de  suavité,  et  qu'elle  dissipe  la  fétidité  de 
notre  âme  et  de  notre  corps;  sanctitie-nous 
par  la  puissance  de  ton  esprit,  qui  donne  la 
sainteté;  toi  seul  es  saint  et  toi  seul  donnes 
aux  fidèles  la  sainteté;  à  toi ,  avec  ton  Père 
éternel  et  avec  ton  Esprit-Saint ,  bon  et  vi- 
viciant,  revient  la  gloire,  et  maintenant  et 
toujours,  et  dans  les  siècles  des  siècles. 
Amen. 

Oraison  au  commencemeni  de  la  Messe. 

Roi  bienfaisant  des  siècles  et  auteur  de 
toute  créature,  reçois  ton  E^^tise,  qui  s'ap- 
proche de  toi  par  Jésus-Christ;  accorde 
a  chacun  ce  qui  lui  est  utile;  conduis-nous 
tous  à  la  perfection,  et  rends-nous  dignes,  par 
la  grAce  de  ta  sanctitication,  d'être  tous  réu- 
nis dans  ton  Eglise  sainte,  que  tu  as  fondée 
par  le  sang  précieux  de  ton  Fils  unique,  Jé- 
sus-Christ, Notre- Seigneur  et  notre  Sauveur, 
avec  lequel  tu  es  béni  et  loué  avec  ton  Es- 
prit très-saint,  bon  et  vivifiant,  et  mainte- 
nant, et  toujours,  et  dans  les  siècles  des  siè- 
cles. Anen. 

Le  diacre  :  Prions  derechef  le  Seigneur. 

Le  prêtre  dit  la  prière  suitanle^  lorsque 
tencens  est  allumé^  quand  la  congrégation 
entre  : 

Dieu  qui  as  accueilli  les  dons  d'Abel,  le  sa- 
crifice de  Noé  et  celui  d'Abraham,  les  of- 
frandes d*  A  a  ron  et  de  21ac:iarie,  reçois,  je 
t'en  prie,  de  nos  mains,  quoique  nous  soyous 
des  pécheurs,  l'encens  que  nous  t'offrons  ; 
qu'il  soit  devant  toi  en  odeur  de  suavité 
pour  la  rémission  de  nos  péchés  et  ceux  de 
tout  ton  peuple  ;  parce  que  tu  es  béni  et 
que  la  gloire  te  revient,  au  Père,  au  Fils  et 
au  3aint-Esprit,  maintenant  et  toujours. 

Le  diacre  :  Seigneur,  bénis. 

Le  prêtre  :  Jésus-Christ,  Notre-Seigneur  et 
notre  Dien^  toi  qui,  par  ton  immense  bonté 
et  ton  amour  très- vif,  as  voulu  être  crucifié 
et  n'as  pas  refusé  détre  percé  de  la  lance  et 
des  clous,  qui  nous  as  révélé  un  mystère 
Saint  et  redoutable  dont  la  mémoire  doit  du- 
rer éternellement ,  bénis  notre  réunion  et 
t permets,  par  ta  miséricorde  ineffable,  que 
es  fonctions^  de  notre  ministère  sacré  s'ac- 
complissent pour  ta  gloire,  maintenant  et 
toujours,  et  dans  les  siècles  des  siècles. 
Amen. 

Le  diacre^  étant  en  prièrct  répond  : 

Que  le  Seigneur  nous  bénisse  et  nous 


rende  dignes  d*apporter  les  dons  et  de  chao* 
ter  le  cantique  adorable  de  l'hymne  divin  et 
trois  fois  saint  en  Tbonncur  de  celui  qui  n'a 
besoin  de  rien  et  qui  est  rempli  mainlenaoi 
et  toujours  de  toute  perfection  sanctifiante. 

Le  aiacre  commence  alors  à  chanter: 

Fils  unique  et  parole  de  Dieu,  toi  qui  es 
immortel  et  qui  as  daigné,  pour  notre  saiui, 
t'incarner  dans  le  sein  de  la  Vierge  Marie; 
toi  qui  es  devenu  homme  sans  éprouver  au- 
cun changement,  et  qui,  attaché  à  la  croix, 
as,  par  ta  mort,  foulé  aux  pieds  la  mort;  lui 
qui,  faisant  partie  de  la  sainte  Trinité,  es 
glorifié  avec  le  Père  et  le  Saint-Esprit,  (>ru- 
tége-nous. 

Le  prêtre  récite  cette  prière  en  allant  iti 
portes  de  l'église  jusqu'à  lautel  : 

Dieu  tout-puissant.  Seigneur  glorieux  qui 
nous  as  permis  d  approcher  du  Saint  (lc> 
saints,  par  Tavénement  de  ton  Fils  unique, 
notre  Seigneur  et  notre  Dieu,  notre  Sauveur 
Jésus-Christ,  nous  implorons  et  invoquOD> 
ta  bonté,  lorsque  nous  avançons  avec  cimi*t 
et  tremblement  vers  ton  saint  autel  ;  fais, 
Seigneur,  que  ta  grâce  se  repose  sur  nous  ; 
sanctifie  nos  corps  et  nos  esprits,  tourne 
DOS  |iensées  vers  la  piété,  afin  que  nou^  te 
présentions  avec  une  conscience  pure  nos 
offrandes,  pour  que  les  péchés  que  nous 
avons  commis  soient  effacés  ;  sois  propice  à 
tout  ton  peuple,  et  étends  sur  lui  la  grâce, 
la  miséricorde  et  la  bonté  de  ton  Fils  unique, 
avec  lequel  tu  es  béni  dans  les  siècles  des 
siècles.  Amen. 

Lorsque  le  prêtre  est  arrivé  auprès  de  /au- 
tel,  il  dit  : 

La  paix  à  tous« 

Le  peuple  :  Et  à  ton  espriti. 

Le  prêtre:  Que  le  Seigneur  nous  Moisso 
tous  et  nous  sanctifie  dans  la  célébration  des 
mystères  saints  et  sans  taches  ;  qu'il  fa^se 
reposer  les  Ames  bienheureuses  avec  iei 
saints  et  les  justes,  par  un  effet  de  sa  grâce 
et  de  sa  bouté,  maintenant  et  toujours,  et 
dans  les  siècles  de  sièoles.  Amen. 

Le  diacre  dit  ensuite  la  collecte  : 

Prions  en  paix  le  Seigneur»  prions  le  Sei* 
neur,  pour  que  du  haut  du  ciel  il  nous 
donne  la  paix,  pour  que  Dieu  nous  iraile 
selon  sa  bonté  et  qu'il  conserve  nos  Ames. 

Prions  le  Seigneur  pour  qu'il  accorde  la 
paix  à  tout  l'universy  et  qu'il  unisse  toutes 
les  Eglises. 

Prions  le  Seigneur  pour  qu*il  nous  re- 
mette DOS  péchés  et  qu'il  effnce  nos  faules, 
et  qu'il  nous  délivre  de  toute  tribulalion. 
de  la  colère,  des  périls,  du  besoin  et  dis 
attaques  de  nos  ennemis. 

Les  chantres  chantent  ensuite  trois  fois  cet 
hymne  saint  : 

Dieu  saint,  saint  et  fort»  saint  et  immortel, 
aie  pitié  de  nous. 

Ensuite  le  prêtre  s'inclinant,  prie. 

Seigneur  clément  et  miséricordieux,  p<- 
tietit  et  doué  d'une  grande  miséricorde,  jt'Uo 
tes  regards  sur  nous,  et  écoute  les  j^nères 

aue  nous  t'adressons  d'une  voix  sup(»liauie; 
éiivre-nous  de  toute  tentation  du  diable  et 
des  hommes;  ne  détourne  pas  de  noustoo 


tS5 


iA( 


f  ART.  m.   L£GEND£S  ET  FRAGMENTS/ 


JAC 


iS6 


secours,  et  ne  nous  reprends  pas  au  delè  de 
ce  que  nos  forces  peuvent  supporter,  car 
nous  ne  sommes  pas  en  mesure  de  surmon- 
ter nos  adversaires  ;  mais  toi,  Seigneur,  tu 
as  le  pouvoir  de  nous  sauver  et  de  nous 
arracher  è  toutes  les  calamités  et  à  tous  les 
maiJi;  délivre  nous,  Seigneur,  par  la  bonté, 
de  toutes  les  angoisses  et  de  toutes  les  souf- 
frances de  ce  munde,  atin  qu'approchant 
arec  une  conscience  pure  de  ton  autel  saint, 
et  récitant  Thyrane  bienheureux  et  trois  fois 
saint  avec  les  Vertus  célestes,  nous  l  invo- 
(|uions  sans  t*offenser  nullement,  et  que 
i  ayant  rendu  un  sacrifice  digne  de  kn  et 
agréable  à  ta  majesté,  nous  méritions,  grâce 
è  toi,  la  vie  éternelle. 

Exclamation, 

Seigneur,  notre  Uieu,  c'est  parce  ique  lu 
es  saint  et  que  tu  habites  et  reposes  avec  les 
saints  ,  que  nous  te  gloritions  et  adressons 
cet  hymne  trois  fois  saint,  au  Père,  au  Fils 
et  au  Saint-Esprit,  maintenant,  et  toujours, 
et  dans  tous  les  siècles. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Paix  à  tous. 

Le  peuple  :  Et  à  ton  esprit. 

Les  chantres  :  Alléluia. 

On  lu  ensuite  tout  au  long  les  oracles  la- 
erés  de  V Ancien  Testament  et  des  prophètes^ 
•t  l'on  expose  l'incarnation  du  Fils  de  Dieu^ 
ta  passion^  sa  re'surrection  d'entre  les  morts^ 
ton  ascension  au  ciel^  et  son  second  avène- 
ment glorieux.  Et  il  en  est  ainsi  chaque  jour 
pendant  la  Messe  divine  et  sacrée. 

Après  la  lecture  et  Unstructiony  le  diacre 
iU  : 

Répétons  tous  :  Seigneur,  »>e  pitié  de 
nous.  Seigneur  tout  puissant.  Dieu  de  nos 
pères,  nous  te  prions  de  nous  exaueer. 

Nous  prions  le  Seigneur  de  faire  descen- 
dre sur  nous  la  paix  et  de  préserver  nos 
âaies.  Nous  te  prions,  Seigneur,  de  faire 
que  te  monde  entier  jouisse  de  la  paix,  de 
protéger  et  de  favoriser  tout  peuple  qui  em- 
brasse la  foi  de  Jésus-Christ  ;  exauce-nous 
el  délivre-nous  de  toute  Iribulation,  de  l« 
colère,  du  péril  et  du  besoin,  de  la  captivité, 
de  la  mort  amère  et  de  nos  iniquités. 

Nous  t'implorons  pour  le  peuple  qui  est 
ici  présent,  et  qui  attend  de  toi  une  abon- 
dante miséricorde,  nous  te  prions  de  répan- 
dre sur  lui  les  entrailles  de  ta  compassion. 

Seigneur,  protège  ton  peuple  et  bénis  ton 
héritajje. 

Visite  dans  ta  miséricorde  et  dans  ta  bonté 
le  monde  qai  t'appartient. 

£ève  la  puissance  des  Chrétiens  et  te 
pouvoir  de  la  croix  précieuse  et  viviGante, 
Seigneur  plein  de  miséricorde,  nous  le  sup- 
plions d*écoater  nos  prières  et  d*avoir  pitié 
de  nous. 

Le  peuple  :  Seigneur,  aie  pitié  de  nous. 
(Trois  fois.) 

Le  diacre:  Prions  le  Seigneur  pour  qu*il 
lous  remette  nos  pédhés,  pour  qu'il  nous 

Krdonne  nos  fautes,  et  pour  qu'il  nous  dé- 
Te  de  toute  tribulalion,  de  la  colère,  du 
péril  et  du  besoin. 


Demandons  tous  au  Seigneur  de  passer 
tous  nos  jours  dans  la  perfection,  la  sainteté, 
la  paix,  et  exempts  de  péché.    , 

Demandons  au  Seigneur  l'ange  de  la  paix, 
conducteur  fidèle  et  gardien  de  nos  ftmes  et 
de  nos  corps. 

Demandons  au  Seigneur  la  grâce  et  la 
rémission  de  nos  péchés  et  de  nos  fautes. 

Demandons  au  Seigneur  qu'il  nous  ac- 
corde ce  qui  est  bon  et  ulile  à  nos  flmes 
et  à  nos  corps,  et  qu'il  donne  la  paix  au 
monde. 

Demandons  au  Seigneur  de  passer  le 
temps  qui  nous  reste  à  vivre  dans  la  paix  et 
dans  la  bonne  santé. 

Demandons  à  Jésus-Christ  ie  persévérer 
dans  une  foi  sincère,  et  d*étre  exempts  de 
douleur,  de  peine  et  de  reproche;  deman- 
dons-lui d*ètre  défendus  devantle  redoutable 
et  terrible  tribunal  de  Dieu. 

Le  prêtre  :T\i  es  maintenant  et  toujours 
Tannoncialion  salutaire,  tu  es  la  lumière,  le 
conservateur  et  le  gardien  de  nos  corps  et 
de  nos  âmes,  ô  Dieu,  et  toa  Fils  unique,  et 
ton  Esprit  très-saint.j 

Le  peuple  :  Amen, 

Le  prêtre:  Faisant  la  commémoration  de 
la  très-sainte,  sans  tache  et  très-glorieuse 
Mère  de  Dieu,  notre  souveraine,  Marie, 
toujours  vierge,  nous  nous  recommandons 
è  Jésus-Christ  pour  toute  notre  vie,  avec 
tous  les  saints  et  les  justes. 

Le  peuple  :^i)\is  nous  recommandons  à 
toi,  Seigneur. 

Le  prêtre :^  Dieu  qui  nous  as  instruits  par 
tes  oracles  saints,  salutaires  et  divins,  illu- 
mine nos  âmes,  quoique  nous  soyons  pé- 
cheurs, »fin  que  nous  puissions  obtenir  les 
choses  qui  ont  été  prédites;  fais  que  nous 
ne  soyons  pas  seulement  les  auditeurs  des 
cantiques  spirituels,  mais  que  nous  accom- 
plissions les  bonnes  œuvres,  et  que  nous 
t'offrions  une  foi  sincère,  une  vie  irrépro- 
chable et  une  conduite  exempte  de  blâme. 

Exclamation. 

En  Jésus-Christ,  notre  Seigneur,  avee 
lequel  tu  es  béni,  avec  ton  Esprit  saint,  bon 
et  vivifiant,  maintenant,  et  toujours,  et  dans 
les  siècles. 

Le  peuple  r  Amen. 

Le  prêtre  :  Paix  à  tous. 

Le  peuple:  Et  à  ton  esprit. 

Le  diacre  :  Inclinons  nos  tètes  devant  le 
Seigneur. 

Le  peuple  :  Nous  te  rendons  hommage,  A 
Seigneur  I 

Le  prêtre  prie^  disant  : 

Seigneur,  toi  qui  donnes  la  vie  et  qui  ac- 
cordes les  biens,  toi  qui  as  donné  aux  hom< 
mes  Jésus-Christ  notre  Seigneur,  espoir 
bien  heureux  de  la  vie  éternelle,  rends-nous 
dignes  de  t'offrir  un  sacrifice  saint,  afin  que 
nous  jouissions  de  la  béatitude  future. 

Exclamation. 

Atin  d'être  toujours  protégés  par  ta  puis- 
sance, et  d'arriver  à  la  lumière  de  la  vérité, 
nous  te  rendons  gloire  et  action  de  grâces 


S87 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


iss 


au  Père,  au  Fils  el  au  Saint-Esprit»  mainte* 
nant  et  toujours. 

Le  peuple  ;  Amen. 

Le  diacre  :  Que  nul  des  catéchumènes, 
que  nul  de  ceux  qui  ne  sont  pas  encore  ini* 
tiés  aux  choses  sacrées,  que  nul  de  ceux  qui 
ne  peuvent  point  prier  avec  nous,  n'entre 
ici  ;  reconnaissez-vous  mutuellement.  Prions 
derechef  le  Seigneur. 

Le  prêtre  dit  C oraison  de  V encens: 

Seigneur  tout-puissanl,  Roi  de  gloire, 
Dieu  qui  as  connu  toutes  choses  avant 
qu'elles  ne  se  fissent ,  assiste-nous  à  cette 
heure  sacrée,  écoute-nous,  nous  qui  t'invo- 
quons, rachèlc-nous  de  l'abomination  de 
nos  péchés,  pnriûe  nos  esprits  et  nos  pen- 
sées des  convoitises  coupables,  de  l'impos- 
ture du  monde  et  de  toutes  les  suggestions 
du  diable  ;  reçois  de  nos  mains,  quoique 
nous  soyons  pécheurs,  Tencens  que  nous 
allumons,  comme  tu  as  reçu  les  offrandes 
d'Abel,  de  Noé,  d'Aaron,  de  Samuel  et  de 
tous  les  saints;  délivre-nous  et  préserve- 
nous  de  tout  ce  ojui  est  mal,  el  fais  que 
nous  te  soyons  toujours  reconnaissants,  que 
nous  t'adorions  el  gloritiiuns ,  Père,  et  ton 
Fils  unique,  el  ton  Esprit-Saint,  maintenant 
et  toujours,  el  dans  les  siècles. 

Les  lecteurs  entonnent  l'hymne  des  cMm- 
bins: 

•  Que  toute  chair  humaine  et  mortelle  se 
taise,  qu'elle  se  tienne  dans  la  crainte  et  la 
terreur,  et  qu'elle  ne  conserve  aucune  pen- 
sée terrestre.  Le  Roi  des  rois,  le  Maître  des 
souverains,  Jésus-Christ  notre  Dieu,  s'a- 
vance pour  être  immolé  et  pour  être  donné 
en  nourriture  aux  fidèles  ;  les  chœurs  des 
anges  le  précèdent  lorsqu'il  vient  avec 
une  puissance  complète  ;  les  chérubins  aux 
yeux  nombreux,  et  les  séraphins  doués  de 
six  ailes,  se  voilant  la  face,  chantent  à  haute 
Toix  ;  Alléluia,  alléluia,  alléluia. 

Le  prêtre^  apportant  les  offrandes  saintes^ 
dit  celte  prière  :  . 

.Dieu,  noire  Dieu,  qui  as  donné  le  pain  cé- 
leste, nourriture  du  monde  entier,  Je^sus- 
Christ,  Noire-Seigneur,  celui  qui  nous  a  ra- 
chetés, qui  nous  bénit  et  nous  sanclifie,  bénis 
cette  offrande,  et  reçois-la  sur  ton  autel 
céleste  ;  souviens-toi  avec  bonlé  de  ceux 
qui  te  l'offrent  et  de  ceux  pour  lesquels  ils 
I  offrent  ;  maintiens-nous  exempts  de  fautes 
et  de  reproches  dans  celte  opération  sacrée 
de  tes  divins  mysUTes,  car  ton  nom,  celui 
du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-Esprit,  est  sanc- 
tifié, est  glorifié,  et  doit  èlre  respecté  et  cé- 
lébré en  tous  lieux,  mainlenant  et  toujours 
et  dans  tous  les  siècles. 

Le  prêtre  :  Paix  h  tous  les  hommes. 

Le  diacre  :  Seigneur,  donne-nous  la  béné- 
diction. 

Le  prêtre:  Seigneur,  bénis  el  sanctifie-nous 
tous  dans  celte  oblalion  de  tes  mystères  di- 
vins et  exempts  de  touie  tache;  place  nos 
âmes  dans  le  repos  et  la  tranquillité  avec 
celles  des  saints  et  des  justes,  maintenant  et 
toujours  et  dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  diacre  :  Prêtons  une  attention  sage. 

Le  prêtre  :  Je  crois  en  un  5cul  Dieu,  le 


Père  tout-puissant,  Créateur  du  ciel  et  de  )a 
terre,  et  en  un  seul  Seigneur  Jésus-Christ, 
Fils  de  Dieu  (ei  la  suite  du  Symbole), 

Il  prie  ensuite  la  tête  courbée  :  Dieu,  S»>i- 
gneurde  toutes  choses,  purifie^nous  en  celle 
heure  de  nôtre  indignité,  rends-nous  dignes 
d'être  réunis  par  le  lien  de  la  paix  et  ue  la 
charilé,  afin  qu'exempts  de  toute  ruse  el  de 
tonlA  tromperie,  nous  soyons  confirmés  par 
Jti  sanctifiraiion  de  ta  connaissance  divin^ 
par  ton  Fils  uni^^^ue.  Notre -Seigneur  et 
Sauveur  Jésus-Christ,  avec  lequel  tu  es  béni 
nvec  ton  Esprit-Saint,  bon  et  vivifiant,  main- 
tenant et  toujours  et  dans  les  siècles  des 
siècles.  Amen. 

Le  diacre  :  Maintenons-nous  dans  l'hoQ* 
néteté,  maintenons-nous  dans  le  respect, 
maintenons-nous  dans  la  crainte  de  Dieu  ei 
dans  la  componction  du  cœur.  Prions  le  Sei- 
gneur dans  In  paix. 

Le  prêtre  :  Seigneur,  tu  es  le  Dieu  de  la 
paix,  de  la  miséricorde,  de  l'amour,  de  la 
commisération  et  de  l'humanité  ;  toi  el  (ou 
Fils  unique  et  ton  Esprit-jjaint  »  maiDlenant 
et  toujours. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  à  tous. 

Le  peuple  :  Et  a  ton  esprit. 

Le  diacre  :  Embrassons- nous  mutuelle- 
ment par  un  baiser  saint  ;  inclinons  nos  tètes 
devant  Dieu. 

Le  prêtre^  s'inclinant^  dit  cette  prière: 

Dieu  miséricordieux,  toi  oui  seul  es  le  Sci* 
gneur,  répands  ta  grâce  salutaire  sur  ceui 
qui  inclinent  leurs  tètes  devant  l'autel  sacré, 
et  qui  te  demandent  les  dons  spirilues; 
bénis-nous  tous  en  nous  accordant  toutes  les 
bénédictions  spirituelles  et  qui  ne  peuvent 
être  enlevées,  6  toi  qui  habites  au  haut  des 
cieux  et  qui  veilles  sur  les  humbles  1 

Exclamation. 

Ton  nom  Irès-saint,  celui  du  Père,  du  Fiis 
et  du  Saint-Esprit,  est  di^sne  de  louange;  il 
est  adorable  et  glorieux,  maintenant  el  lua* 
jours  et  dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  diacre  :  Seigneur,  donne.-nous  ta  béné* 
diction. 

Le  prêtre  :  Que  Je  Seigneur  nous  bénis^<» 
et  qu  il  nous  donne  à  tous  le  secours  Je  sa 
grâce  et  de  sa  bonté. 

H  ajoute  :  Que  le  Seigneur  nous  bénisse 
et  nous  rende  dignes  d'approcher  de  l'autel 
sacré,  maintenant  et  toujours  et  dans  tous 
les  siècles. 

Seigneur  béni,  bénis  et  sanctifie  tous  ceui 
qui  assistent  et  qui  prennent  part  à  tes  mys- 
tères sans  tache,  maintenant  et  toujours  et 
dans  tous  les  siècles. 

Le  diacre  fait  la  collecte  catholique  et  uni- 
verselle. 

Prions  en  paix  le  Seigneur. 

Le  peuple  :  Seigneur,  aie  pitié  de  nous. 

Le  diacre  :  Seigneur,  protége-nous,  ion- 
serve-nous,  aie  pitié  et  compassion  de  nous 
par  ta  grâce. 

Prions  le  Seigneur  pour  que  du  ciel  il 
nous  envoie  la  paix,  pour  qu'il  soit  oiiséri* 
cordieux  pour  nous  et  pour  qu*il  préserve 
nos  âmes. 


tS9 


JAG 


PART.  ni.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


«90 


PrfDHâ  fe  fieiffflffutr  poar  la  paix  du  monde 
entier  et  pour  1  union  de  toutes  les  saintes 
Eglises  de  Dieu. 

Prions  le  Seigneur  pour  ceux  qui  sont 
uiiles  et  qui  exécutent  des  œuvres  éclatantes 
dans  les  saintes  Eglises  de  Dieu  »  pour  ceux 
qui  assistent  les  pauvres,  les  veuves,  les  or- 
phelins* les  étrangers  et  les  indigents  ;  pour 
ceux  qui  nous  ont  recommandé  de  nous  sou* 
venir  d*eux  dans  nos  prières. 

Prions  le  Seigneur  pour  les  vieillards  et 
les  malades,  pour  ceux  qui  sont  tourmentés 
par  des  esprits  impurs  ;  prions- le  afin  qu*il 
daigne  leur  rendre  la  santé  et  pour  qu'il  les 
guérisse. 

Prions  le  Seigneur  pour  ceux  qui  vivent 
dans  la  virginité  et  la  chasteté,  dans  les  mo- 
nastères ou  dans  une  union  respectable ,  et 
pour  les  saints  Pères  et  frères  qui  sont  reti- 
rés dans  les  montagnes,  les  cavernes  et  les 
solitudes. 

Prions  le  Seigneur  pour  les  navigateurs, 
pour  les  vo.Yageurs,  pour  les  Chrétiens  qui 
sont  éloignés  de  leur  domicile,  pour  tous 
DOS  frères  qui  sont  dans  la  captivité,  Texil, 
la  servitude  ou  les  prisons  ;  prions-le  pour 
qu'ils  reviennent  en  paix  chez  eux. 

Prions  le  Seigneur  pour  la  rémission  de 
nos  péchés  et  pour  le  pardon  de  nos  fautes, 
pour  être  délivrés  de  toute  tribulation,  de 
la  colère,  du  péril,  du  besoin  et  des  attaques 
de  nos  ennemis. 

Prions  le  Seigneur  pour  au'il  rende  l'air 
tempéré,  les  pluies  légères,  les  rosées  bien* 
faisantes ,  pour  qu'il  donne  l'abondance  des 
fruiis  et  pour  que.  Tannée  nous  fournisse 
une  provision  considérable  de  toutes  les 
choses  nécessaires. 

Prions  le  Seigneur  pour  tous  nos  pères  et 
frères  ici  présents  et  priant  avec  nous  à 
cette  heure  sainte  et  en  tout  temps,  afin  qu'ils 
soient  studieux,  laborieux,  actifs  et  dili- 
gents. 

Prions  le  Seigneur  pour  toute  Ame  chré- 
tienne affligée  et  vexée,  a^ant  besoin  de  la 
miséricorde  et  de  Tassistance  de  Dieu; 
prions-le  pour  que  les  hommes  égarés  se 
convertissent  et  reviennent  à  la  piété  ,  pour 
que  les  malades  soient  guéris,  que  les  cap- 
tifs soient  délivrés,  pour  que  nos  frères  et 
nos  pères  qui  sont  déjà  morts  reposent  en 
paix. 

Prions  le  Seigneur  pour  que  notre  prière 
soit  exaucée  et  que  le  Seigneur  Taccueille, 
et  pour  qu'il  répande  sur  nous  sa  grande 
miséricorde  et  sa  commisération. 

Faisons  la  commémoration  de  la  très- 
sainte,  très-glorieuse  et  bénie  Marie,  tou- 
jours vierge  sans  tache  et  Mère  de  Dieu; 
faisons  celle  de  tous  les  saints  et  de  tous  les 
justes,  afin  que,  par  leurs  prières  et  leur  in- 
tercession, nous  obtenions  tous  la  miséri- 
corde du  Seigneur. 

Implorons  le  Seigneur,  notre  Dieu^  pour 
les  dons  précieux,  célestes,  ineffables,  infail- 
libles, sans  tache,  glorieux,  dignes  de  tout 
respect  et  divins;  demandons  au  Seigneur 
<1«  protéger  le  prêtre  ici  présent  qui  les 
offre. 


Le  peuple:  Seigneur;  aie  pUié  de  nous* 
{Trois  fois.) 

Le  prêtre  fait  ensuite  le  signe  de  la  croix 
sur  les  dons  et  dit  mentalement  : 

Gloire  dans  les  cieux  à  Dieu,  et  paix  sur 
la  terre  aux  hommes  de  bonne  volonté. 
{Trois  fois,) 

Seigneur,  tu  ouvriras  mes  lèvres,  et  ma 
bouche  annoncera  ta  louange.  [Trois  fois,) 

Que  ma  bouche  soit  remplie  de  ta  louan- 
ge, Seigneur,  afin  que  je  célèbre,  pendant 
tout  le  jour,  ta  gloire  et  ta  magnificence. 
{Trois  fois.) 

La  gloire  du  Père,  amen;  du  Fils,  amen  ; 
et  de  TKs prit-Saint,  amen,  maintenant  et 
toujours,  et  dans  les  siècles  des  siècles, 
^men. 

Le  prêtre  sHncline  à  droite  el  à  gauche^  et 
dit  : 

Célébrez  avec  moi  le  Seigneur,  et  louons 
ensemble  son  nom. 

Les  assistants  répondent  : 

Que  TEsprit-Saint  vienne  sur  toi  ;  la  puis- 
sance du  Très -Haut  te  couvrira  de  son 
ombre. 

Le  prêtre  dit  ensuite  à  haute  voix  : 

Seigneur,  toi  qui  nous  as  visités  en  ta 
miséricorde  et  en  ta  bonté,  et  qui  ayant  pitié 
de  nous,  pécheurs  abjects  et  tes  serviteurs 
indignes,  nous  as  accordé  d'approcher  avec 
conhance  de  ton  saint  autel,  et  de  t'offrir  co 
sacrifice  redoutable  et  non  sanglant,  afin 
d*obtenir  la  rémission  de  nos  péchés  et  le 
pardon  des  erreurs  du  peuple,  jette  les  yeux 
sur  moi,  ton  serviteur  inutile,  efface  mes 
péchés  par  les  entrailles  de  ta  miséricorde^ 
purifie  mes  lèvres,  purifie  mon  cœur  de  touio 
souillure  de  la  chair  et  de  Tesprit,  écarte  de 
moi  toute  pensée  honteuse  et  dépourvue  de 
sagesse;  rends-moi,  par  la  vertu  de  ton  Es- 
prit très-saint,  propre  à  m'acquitter  de  ce 
ministère  sacré;  reçois-moi,  par  ta  boiité, 
lorsque  je  m'approche  de  ton  saint  autel.  Dai- 
sne,  Seigneur,  accueillir  les  dons  que  t'of- 
frent nos  mains;  pardonne  à  ma  faiblesse  et 
ne  me  rejette  pas  de  devant  ta  face,  n'aie  pas 
égard  à  mon  indignité,  mais  aie  pitié  de  moi 
selon  ta  grande  miséricorde;  etface  mes  ini- 
quités selon  la  grandeur  de  ta  compassion, 
afin  que  me  présentant  exempt  de  fautes  de- 
vant ta  gloire,  je  sois  digne  d*être  couvert 
de  la  protection  de  ton  Fils  unique  et  d'être 
éclairé  par  ton  Esprit  très  saint;  afin  que  ie 
ne  sois  point  rejeté  comme  l'esclave  du  pé- 
ché, mais  qu'au  contraire  je  puisse,  comme 
ton  serviteur,  trouver  grâce  et  miséricorde 
auprès  de  toi,  et  obtenir  devant  toi  la  rémis- 
sion de  mes  péchés,  maintenant  et  dans  les 
siècles  à  venir. 

Seigneur,  mattre  tout-puissant  et  doué  de 
toutes  les  forces,  écoute  ma  prière;  tu  es 
celui  qui  fait  toutes  choses  dans  toutes  les 
créatures  ;  sans  toi,  nous  cherchons  en  vain 
du  secours  et  de  l'appui  ;  nous  ne  pouvons 
l'attendre  que  de  toi  et  de  ton  Fils  unique  et 
de  TEsprit-Saint,  bon,  vivifiant  et  consubs*- 
tantiel  à  toi,  maintenant  et  dans  tous  les  siè- 
cles. 

Dieu  qui,  par  suite  de  ton  grand  et  inefiS»» 


•CI 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


5» 


ble  amour  k  Tégard  des  hommes,  as  envoyé 
Ion  Fils  uni'^ue  dans  le  monde  aGn  de  rame- 
ner les  brebis  erraules ,  ne  nous  repousse 
pas,  nous  autres  pécheurs  que  réunit  ce  sa- 
critke  redoutable  et  non  sanglant;  nous  ne 
moltons  pas  notre  coiiGance  en  noire  justice, 
uiais  im  (a  miséricf'rd* ,  par  laquelle  (u  as 
racheté  Tespèce  humaine;  nous  conjurons 
e(  implorons  la  bonté  atin  uue  ce  mystère 
qui  s'effectue  pour  notre  salut  ne  soit  pas 

Kiir  la  condamnation  du  peuple,  mais  pour 
bolilion  des  péchés  et  pour  le  renouvel- 
lement des  âmes  et  des  corps,  alin  qu'il  soit 
agréable  è  Dieu  et  au  Père,  pour  la  miséri- 
corde et  Thumanitéde  ton  Fils  unique  avec 
lequel  lu  es  béni,  ainsi  qu*avec  ton  Esprit 
trè:>*saint,  bon  et  viviûant,  maintenant  et 
toujours  et  dans  tous  les  siècles. 

Seigni'ur  Dieu  qui  nous  as  créés  et  amenés 
dans  celte  vie,  toi  qui  nous  as  montré  la 
route  qui  onduit  au  salut  et  qui  nous  as 
découvert,  dans  ta  bonté,  les  mystères  céles- 
tes, et  qui  nous  as  appelés  au  ministère  sa- 
cré dans  la  vertu  de  ton  Esprit  très-saint, 
daigne  faire,  Seigneur,  que  nous  soyons  les 
ministres  de  ton  alliance  nouvelle  et  du  sa- 
critice  de  tes  mystères  sans  tache  ;  reçois- 
nous,  lorsque  nous  approchons  de  ton  saint 
autel,  selon  la  multitude  de  ta  miséricorde,  atin 
que  nous  soyons  dignes  de  fotTrir  desdons  et 
le  sacrifice  pour  nous  et  pour  expier  ce  que 
le  peuple  a  commis  par  ignorance  ;  donne- 
nous.  Seigneur,  la  grAce  de  t*offrir,  avec  une 
crainte  entière  et  avec  une  conscience  pure, 
ce  sacrifice  spirituel  et  non  sanghmt  ;  après 
ravoir  accueilli,  en  odeur  de  suavité,  sur 
ton  autel  saint,  céleste  et  intellectuel,  ac- 
corde-nous la  tcrAce  de  ton  Esprit  très-saint. 
Siiigneur,  jette  les  yeux  sur  nous  et  sur  nos 
offrandes,  reçois-les  comme  tu  as  reçu  les 
dûns  d*Abel,  les  sacrifices  de  Noé,  le  sacer- 
doce de  Moïse  et  d'Aaron,  la  pénitence  de 
David,  Tencens  de  Zacharie  ;  de  même  que, 
(As  la  main  de  tes  apôtres,  tu  as  accueilli  ce 
culte  véritable,  reçois  aussi  de  nos  mains, 
quoique  nous  soyons  pécheurs,  ce  que  nous 
te  présentons,  en  nous  confiant  en  ta  bonté  ; 
fais  que  notre  offrande  te  soit  agréable,  et 
qu'elle  soit  sanctifiée  par  Tlispiit-Saint  pour 
la  rémission  de  nos  péchés  et  de  ceux  que 
Je  peuple  a  commis  par  ignorance,  et  pour 
le  repos  des  Ames  de  ceux  qui  se  sont  en- 
dormis avant  nous. 

Seigneur,  fais  que  nous,  pécheurs  abjects 
et  tes  serviteurs  indignes,  nous  soyons  trou- 
tés  dignes  d*otficier  sans  tromperie  auprès 
de  ton  autel  sacré,  et  que  nous  recevions  la 
récompense  des  administrateurs  fidèles  et 
prudents  ;  fais  que  nous  obtenions  miséri- 
corde en  ce  jour  redoutable  où  tu  rendras 
justice  aux  bons  et  aux  méchants. 

Oraiion  du  voile. 

Nous  te  rendons  grAces,  ô  Seigneur  notre 
Dieu,  de  ce  que  tu  nous  as  donné  la  con« 
fiance  de  nous  approcher  de  tes  saints  au- 
tels, et  de  ce  que  tu  nous  as  renouvelé  la 
voie  récente  et  vivante  par  le  voile  de  la 
chair  de  ton  Christ.  Lorsque  tu  nous  ren- 


dras dignes  d*entrer  dans  le  lieu  da  tabcr. 
nacle  do  ta  gloire,  et  que  nous  avons  [tea- 
ché  ce  voile,  et  que  nous  voyons  tes  ssidis 
des  saints,  nous  fléchissoi>8  les  genoux  de- 
vant ta  bonté,  Seigneur.  Seigneur,  at«  fùtié 
de  nous,  carc*estaveccrainleeten  treiublant 
que  nous  approchons  de  ton  saint  autel  h 
que  nous  t^oiirons,  pour  nos  péchés  et  pour 
ceux  que  le  peuple  as  commis  par  ignoraïuf, 
ce  sacrifice  redoutable  et  non  sanglant.  OSei« 
gneur,  répands  ta  grAce  sur  nous,  et  sanc- 
title  nos  Ames,  nos  corps  et  nos  esprits; 
tourne  nos  pensées  vers  la  piété  afin  que, 
dans  une  conscience  pure,  nous  l*offrioQs 
Thuile  de  la  paix,  le  sacritice  de  la  louaoï^e. 

Exclamation. 

Par  la  miséricorde  et  la  bonté  de  ton  Fils 
unique,  avec  lequel  tu  es  béni,  avec  ton 
Esitrit-Saint,  bon  et  vivifiant,  mainteuamtt 
toujours. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Paix  à  tous. 

Le  diacre  :  Restons  dans  l'humilité,  res- 
tons dans  le  respect,  restons  dans  la  crainte 
de  Dieu  et  la  couiponction;  sojrons  aUeniifs 
à  Toffrande  divine  afin  d*offrir  à  Dieu  la 
paix. 

Le  peuple  :  L'huile  de  la  paix,  le  sacriGce 
de  la  louange. 

Le  prêtre  :  Seigneur,  écarte  le  voue  des 
énigmes  qui  recouvrent,  d*une  maDièra 
symbolique,  ce  sacrifice  saint;  monlre-le* 
nous  dans  sa  clarté  et  remplis  le^  yeux  de 
notre  intelligence  de  cette  lum  ère  incom- 
préhensible; purifie  notre  pauvreté  de  toute 
souillure  de  ta  chair  et  de  Tesorit,  et  tais 
qu'elle  soit  digne  d'approcher  de  ce  roinis* 
tère  terrible  et  redoutable;  S.  igneur,  la  mi- 
séricorde et  ta  bonté  sont  admirables,  et 
nous  te  rendons  gloire  et  actions  de  grâces, 
au  Père  et  au  Fils  et  au  Saint-Esprit,  main- 
tenant  et  toujours  et  dans  tous  les  siècles. 

Jl  s'écrie  ensuite  :  Que  la  charité  du  Sel- 
gneur  et  du  Père,  la  grâce  du  Seigneur  et 
du  Fils,  et  la  communication  et  le  don  da 
r£sprit-Saint  soient  avec  vous  tous. 

Le  peuple  :  £t  avec  ton  esprit. 

Le  prêtre  :  Elevons  notre  esprit  et  nos 
cœurs. 

Le  peuple  :  C'est  digne  et  juste. 

Le  prêtre  prie  ensuite^  disant  : 

Il  est  vraiment  digne  et  juste,  il  est  con- 
venable et  il  est  dû  de  te  louer,  de  te  célébrer 
par  des  hymnes,  de  te  bénir,  de  t*adorer,de 
chanter  tes  louanges,  de  te  rendre  grices, 
auteur  de  toutes  les  créatures  visibles  et  in* 
visibles,  trésor  des  biens  éternels,  fonlaioede 
la  vie  et  de  l'immortalité.  Dieu  et  Seigneur 
de  toutes  choses;  toi  que  lescieux,  lescieui 
des  cieux  et  toutes  leurs  puissances  célèbrent 
par  leurs  louanges;  toi  que  louent  le  soleil» 
la  lune,  tous  les  chœurs  des  astres,  la  terre, 
la  mer  et  tout  ce  qu'elles  renlerment;  toi, 
que  célèbrent  la  congrégation  de  la  Jérusa- 
lem céleste,  l'église  des  premiers  habitants 
du  ciel,  les  esprits  des  justes  et  des  pro* 
phètes,  les  Ames  des  martyrs  et  des  apAtres, 
les  anges,  les  archanges,  les  trdnes,  les  do* 


•♦ 


t% 


JÂG 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FKAGMENTS. 


JAG 


tu 


minatîoos,  les  principautési  les  puissances 
et  les  Tertus  redoutables  «  les  chérubins 
pourYus  d'une  grande  multitude  d*^eux,  les 
séraphins  ayant  six  ailes*  et  se  couvrant  le 
TÎsage  de  deux  de  ces  ailes,  les  pieds  de 
deux  autres,  et  volant  avec  les  deux  der- 
nières, tous  d'une  voix  non  interrompue, 
chantent  perpétuellement  tes  louanges,  ô  Sei- 
gneur. 

EâcclamaUon. 

Ils  chantent  à  voix  haute  l'hymne  triom- 
jihaie  de  ta  gloire  éclatante;  ils  te  célèbrent 
et  le  gloriGent,  Seigneur,  en  disant  : 

Le  peuple:  Saint,  saint,  saint  le  Seigneur 
Dieu  des  armées;  le  ciel  et  la  terre  sont 
pleins  de  ta  gloire  ;  hosannah  dans  les  cieux. 

Béni  celui  qui  vient  au  nom  du  Seigneur, 
hosannah  dans  les  cieux. 

Le  prêtre  faisant  le  signe  de  la  croix  sur 
Its  dons^  dit  : 

Seigneur,  tu  es  le  Roi  saint  de  tous  les 
siècles;  c'est  toi  qui  es  le  maître  et  le  dis* 
(ribuleur  de  toute  sainteté;  saint  est  ton  Fils 
unique,  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  par 
lequel  tu  as  fait  toutes  choses;  saint  est  ton 
Esprit- Saint  qui  scrute  toutes  choses  et 
même  tes  profondeurs;  tu  es  saint  et  tout' 
puissant ,  étendant  ta  suprématie  sur  toutes 
choses;  bon,  vénérable,  miséricordieux  et 
compatissant  pour  ta  créature;  toi  qui  as 
fait,  avec  de  la  terre,  Thomme  à  ton  image 
et  à  ta  ressemblance  ;  toi  qui  lui  as  donné  de 
jouir  du  paradis,  toi  qui  ne  l'as  pas  aban- 
donné lorsqu'ayant  violé  tes  commande- 
menu,  il  est  tombé  dans  le  péché,  mais  qui 
Tas  corrigé  comme  un  père  miséricordieux; 
(01  qui  Tas  appelé  par  la  loi  et  qui  l'as  ins- 
truit par  les  prophètes  ;  toi  qui  as  enfin  en- 
Tojédans  le  monde  Jésus-€hrist,  ton  Fils 
unique,  Notre-Seigneur,  atin  que,  par  sa 
Tenue,  il  ranimât  et  renouvelât  ton  image; 
il  est  descendu  du  ciel,  il  s'est  revêtu  de 
chair  de  l'Esprit-Saiut  et  de  la  Vierge  Marie, 
Mère  de  Dieu;  il  s'est  entretenu  avec  les 
hommes,  dispensant  toutes  choses  pour  le 
salut  de  notre  race,  et  par  sa  mort  volon-- 
taire  et  vivifiante  sur  la  croix,  il  a,  exempt 
de  péché,  souffert  pour  nous  pécheurs,  dans 
la  nuit  où  il  fut  livré,  ou  plutôt  où  il  se  li- 
vrait lui-môme  pour  la  vie  et  le  salut  du 

monde. 
Le  prêtre  prenant  ensuite  le  pain  dans  ses 

matVia,  dit  : 

LeSauveur,  prenant  le  pain  dans  ses  mains 
saintes,  sans  tache,  exemptes  de  fautes  et 
immortelles,  et  te  rendant  grâces,  à  toi  Dieu, 
son  Père,  en  regardant  au  ciel,  sanclitia  le 
pain,  le  brisa,  et  nous  le  donna,  à  nous  ses 
disciples  et  ses  aiiôtres,  disant  : 

Let  diacres  disent  : 

Pour  la  rémission  des  péchés  et  pour  la 
île  éternelle. 

Ensuite  le  prêtre  s'écrie  : 

Recevez  et  mangez;  c'est  mon  corps  qui 
est  brisé  pour^vous  et  qui  est  donné  pour  la 
rémission  des  péchés. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  prend  ensuite  le  calice  et  dit  : 


De  même,  après  qu'il  eut  soupe,  prenant 
le  calice  et  y  mêlant  du  vin  et  de  l'eau  et  re- 
gardant vers  le  ciel  et  le  montrant  è  toi. 
Dieu  et  son  Père,  rendant  grâces,  sancti- 
fiant, bénissant  et  remplissant  de  TEsprit- 
Saint,  il  mms  le  donna  à  nous,  ses  disci- 
ples, disant  :  <c  Buvez-en  tous;  c'est  uion 
sang,  celui  de  l'alliance  nouvelle,  qui  sera 
répandu  pour  vous  et  pour  beaucoup  d'hom- 
mes et  qui  sera  donné  pour  la  rémission  des 
péchés,  j» 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Faites  cela  en  mémoire  de  moi  ; 
toutes  les  fois  que  vous  mangerez  ce  pain  et 

aue  vous  boirez  ce  calice,  annoncez  la  mort 
u  Fils  de  l'homme ,  et  confessez  sa  résur- 
rection jusqu'à  ce  qu'il  vienne. 

Le  diacre  :  Nous  croyons  et  nous  confes- 
sons. 

Le  peuple  :  Nous  annonçons  ta  mort,  Sei- 
gneur, et  nous  confessons  ta  résurrection. 

Le  prêtre  :  Nous  antres  pécheurs,  nous 
nous  souvenons  des  soutfrances  vivifiantes 
du  Sauveur,  de  sa  croix  salutaire,  et  de  sa 
résurrection  le  troisième  jour,  de  son  as- 
cension au  ciel,  et  de  sa  place  à  la  droite 
de  Dieu  le  Père,  de  son  second  avè- 
nement glorieux  et  redoutable  lorsqu'il 
viendra,  dans  sa  gloire,  juger  les  vivacts  et 
les  morts  et  qu'il  rendra  à  chacun  selon 
ses  œuvres;  nous  t'otfrons ,  Seigneur,  ce 
sacrifice  redoutable  et  non  sanglant,  te  sup« 
pliant  de  ne  pas  nous  traiter  selon  nos  pé- 
chés et  de  ne  pas  nous  punir  selon  nos 
iniquités,  mais  d*a{<ir  envers  nous  selon  ta 
miséricorde  ineffable  et  d'effacer  la  dette 
dont  tes  serviteurs  te  sont  redevables;  dai- 
gne nous  accorder  tes  dons  célestes  et  éter- 
nels que  l'œil  n'a  (>as  vus,  que  l'oreille  n'a 
pas  entendus,  et  que  le  cœur  de  l'homme  ne 
peut  comprendre  ;  ces  biens,  Seigneur,  que 
tu  as  préparés  pour  ceux  qui  t'aiment.  O 
Seigneur  miséricordieux,  ne  repousse  pas 
ce  peuple  à  cause  de  moi  et  à  cause  de  mes 
péchés. 

Jl  dit  ensuite  et  répète  trois  fois  : 

Car  ton  peuple  et  ton  £glise  t'adressent 
leurs  supplications. 

Le  peuple  :  Aie  pitié  de  nous.  Seigneur 
Dieu,  Père  tout-puissant. 

Le  prêtre  dit  : 

Aie  pitié  de  nous.  Dieu  tout-puissant  : 
aie  pitié  de  nous.  Dieu  notre  Sauveur;  aie 
pilé  de  nous,  ô  Dieu,  selon  ta  grande  misé- 
ricorde, et  répands  sur  nous  et  sur  les  dons 
que  nous  te  présentons  ton  Esprit  très-saint. 

Jl  dit  ensuite  en  inclinant  la  tête  : 

Nous  t'invoquons,  Seigneur  vivifiant.  Dieu 
le  Père  et  ton  Fils  unique  régnant  avec  toi, 
consubstantiel  et  coéternel  qui  as  parlé 
dans  la  Loi,  et  par  les  prophètes  et  dans  le 
Nouveau  Testament,  qui  est  descendu,  sous 
la  forme  d'une  colombe,  sur  Jésus-Christ, 
Notrc-Seigneur,  dans  le  fleuve  du  Jourdain, 
et  qui  s'est  reposé  sur  lui,  qui  est  descendu 
sur  tes  apôtres  sous  la  forme  de  langues  de 
feu,  dans  le  cénacle  de  la  sainte  et  glorieuse 
Sion  au  jour  de  la  Pentecôte  ;  Seigneur,  en-- 
voie  maintenant  ton  Esprit  lrda-9difit  -sur 


195 


MCTiONNiURË  DES  APOCRYPHES. 


M 


nous  et  sur  les  dons  sacrés  que  nous  Tof- 
frons. 

Et  $e  relevant f  il  s'écrie  : 

Afin  qu'il  les  sanctiQe  par  sa  présence 
sa'mie»  bonne  ei  glorieuse,  el  pour qu*il  fasse 
de  oe  pain  le  ciorps  sacré  de  ton  Christ. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Et  de  ce  calice  le  sang  pré- 
cieux de  ton  Christ. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre,  se  tenant  debout  y  dit  mentale^ 
ment  : 

Afin  qu'il  serve,  pour  tous  ceux  qui  r  par- 
ticipent, h  la  rémission  de  leurs  péchés  et  à 
la  vie  éternelle;  qu'il  leur  procure  la  sanc- 
tification des  âmes  et  du  corps,  quil  serve 
à  Pailermissemenl  de  la  sainte  Ëglise  catho- 
lique et  apostolique  que  lu  as  fondée  sur 
la  pierre  de  la  foi,  aQn  que  les  portes  de  Ten- 
fer  ne  prévalent  pas  con  re  el!e  ;  la  délivrant 
de  toute  hérésie,  de  scandale  et  de  ceux  qui 
commettent  Tiniquité,  et  la  conservant  jus- 
qu'à la  con'^ommaiion  des  siècles. 

Et  s'étant  incliné^  il  dit  : 

Nous  l'offrons,  Seigneur,  les  dons  de  ton 
Espril-Saint,  et  pour  ies  saints  lieux  que  tu 
as  glorifiés  par  l'apparition  divine  de  ton 
Christ  et  par  ravénemeat  de  ton  Esprit  très- 
saint,  et  surtout  pour  la  glorieuse  Sion , 
Mère  de  toutes  les  Eglises,  et  pour  ta  sainte 
EgUse  calholir|ue  et  apostolique  qui  est  r^ 
pandue  datis  Tunivers  entier. 

Souviens-toi,  Seigneur,  des  Pères  saints 
et  des  frères  qui  font  partie  de  l'Eglise,  et 
des  évèques  qui ,  dans  une  foi  orthodoxe, 
distribuent  la  parole  de  ta  vérité  dans  l'u- 
nivers entier. 

Souviens-toi,  Seigneur,  de  toutes  les  cités 
et  de  toutes  les  régions  et  de  ceux  qui  y  ha- 
bitent dans  la  foi  orthodoxe;  fais  qu'ils  de- 
meurent dans  la  paix  et  la  sécurité. 

Souvieiis-tûi,  Seigneur,  des  navigateurs, 
de  eeux  oui  sont  en  voyage,  des  Chrétiens 
éloignés  (le  leur  patrie,  et  qui  sont  retenus 
dans  les  chaînes  et  dans  la  servitude,  des 
exilés  et  de  ceux  qui  sont  condamnés  aux 
travaux  des  mines  el  aux  supplices. 

Souviens-toi,  Seigneur,  des  malades  et  des 
inûniies,  et  de  ceux  qui  sont  tourmentés  par 
des  esprits  immondes  ;  fais,  Seigneur,  qu'ils 
soient  promptement  guéris  et  sauvés. 

Souviens-toi  .Seigneur,  de  toute  âme  chré  • 
tienne  dans  l'aiSiotion,  tourmentée  et  implo- 
rant la  miséricorde  et  ton  secours  ;  ramène 
aussi  dans  la  bonne  voie  ceux  qui  sont  égarés. 

Souviens-toi,  Seigneur,  de  nos  pères  et  de 
nos.  frères  qui  travaillent  pour  nous  et  qui 
nous  assistent  h  cause  de  ton  saint  nom. 

Souviens-toi,  Seigneur,  de  tous  et  traite- 
les  avec  bonté;  aie  pitié  de  tous.  Seigneur; 
donne  le  pain  à  ton  peuple,  dissipe  les 
scandales,  «iiolis  les  guerres,  arrête  les  ra* 
vages  des  hérésies,  accorde-nous  ta  paix  et 
ta  charité,  6  Seigneur,  notre  Sauveur  qui  es 
l'espoir  de  toutes  les  extrémités  de  la  terre. 

Souviens-toi,  Seigneur,  de  donner  un  air 
tempéré,  des  pluies  douces,  des  rosées  salu- 
taires, l'abondance  des  fruits,  et  que  ta  bonté 
s'exerce  sur  nous  pendant  tout  le  cours  de 


l'année;  les  yeux  de  tons  les  hommes  enflè- 
rent en  toi,  et  tu  leur  donnes  la  nourriture 
en  temps  opportun  ;  tu  ouvres  tavmain  el  la 
remplis  de  bénédiction  tout  être  animé. 

Souvieiis*toi,  Seigneur,  de  ceux  qui  ren- 
dent des  services  à  ton  Eglise,  de  ceotqQj 
se  souviennent  des  pauvres,  des  veuves,  «jes 
orphelins  et  des  étrangers,  et  de  tous  ceux 
qui  nous  ont  demande  que  leur  souvenir 
fût  conservé  dans  nos  prières. 

Daigne  aussi  te  rappeler.  Seigneur,  de 
ceux  qui  offrent  aujourd'hui  ces  prières  de- 
vant ton  saint  autel,  et  de  tous  ceux  f}our 
lesquels  ils  les  offrent  ou  sur  lesquels  leur 
pensée  se  dirige. 

Souviens-toi  aussi.  Seigneur,  de  moi  (nn 
serviteur  abject  et  inutile;  souviens-iVn 
selon  la  multitude  de  tes  misériconles.  ai  si 
que  des  diacres  réunis  autour  de  Ion  sami 
autel;  accorde-leur  une  vie  exempte  <)e  Uu\n, 
comme  leur  ministère  exempt  de  tache; fois 
que  nous  trouvions  auprès  de  loi  grâce  et 
miséricorde  avec  lous  tes  saints  qui  t'ont 
plu  depuis  Téternité,  et  pendant  les  gén<*ra- 
tions  successives  de  nos  pères,  des  patriar- 
ches, des  apôtres,  des  martyrs,  des  coDk^- 
seurs ,  des  docteurs,  des  saints  et  de  tout 
esprit  juste  consommé  dans  la  foi  de  tou 
Christ. 

Je  te  salue,  Marie,  pleine  de  grâce;  le 
Seigneur  est  avec  toi  ;  tu  es  bénie  parmi  les 
femmes,  et  le  fruit  de  ton  ventre  e^t  béni, 
parce  que  tu  as  enfanté  le  Sauveur  de  dos 
âmes. 
,    Le  prêtre  s'écrie  ensuite  : 

Saluons  la  très-sainte  immaculée,  bénie 
su-dessus  de  tous  et  glorieuse  Marie,  tou- 
jours vierge,  Mère  de  Dieu  el  notre  Souve- 
raine. 

Les  chantres:  Il  est  juste  que  nous  te  ré- 
lébrions,  6  Mère  de  Dieu,  toujours  bienbeu- 
reuse  et  exempte  de  toute  tache  et  de  tout 
reproche,  toi  qui  as  engendré  le  Verbe  Dio-j 
sans  corruption ,  plus  digne  d'hommage  «jue 
les  chérubins,  et  plus  glorieuse  que  les  sera* 
phins. 

Ils  chantent  ensuite  :  0  loi,  pleine  dégrade, 
toutes  les  créatures  te  célèbrent,  ainsi  qutf 
les  chœurs  des  anges  et  la  race  humaine,  toi 
qui  es  le  temple  sanclifié,  le  paradis  spn- 
luel,  la  gloire  des  vierges,  toi  de  qui  i>ieu 
a  pris  la  chair  et  dont  notre  Dieu  qui  e^l 
avant  les  siècles,  est  devenu  l'enfaol;  tui 
dont  il  a  changé  le  sein  en  un  trône  et  dont 
il  a  rendu  le  ventre  plus  étendu  et  plusam 
pie  que  les  cieux  eux-mêmes;  toutes  le» 
créatures  te  célèbrent,  A  toi  qui  es  pleioe  de 
grâce,  gloire  à  loi. 

Le  diacre  :  Souviens-toi  de  nous,  Sei* 
gm^ur  notre  Dieu. 

Le  prêtre,  s' étant  incliné^  dit  : 

Souviens-toi ,  Seigneur  notre  Dieu,  des 
esprits  et  de  la  chair  de  tous  ceux  dont  nous 
iaisons  la  mémoire  et  de  tous  les  autres 
hommes  qui  ont  conservé  rorlhodoiieei  la 
foi  véritable  depuis  Abel  le  justeiusouau 
jouractuel;  fais  qu'ils  reposenldans  la  re^ÎMn 

des  vivants,  dans  ton  royaume,  eldanslf^ 
'délices  du  paradis,  dans  fa  Sion  d^Abrahaio, 


fJl 


JÂC 


PART.  IlL-  LEGFNDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


208 


d'Isaac  et  de  Jacob,  nos  pères  saints,  là  où 
il  n'y  a  ai  douleur,  ui  tristesse,  ni  gémisse- 
ineDlf  et  où  la  lumière  de  ton  visage  répand 
une  clarté  perpétuelle.  Dirige  dans  la  paix 
je  tenue  de  notre  vie,  le  rendant  pur  et 
eiempt  de  péché  ;  place-nous  sous  les  pieds 
de  tes  élus,  nous  conservant  exempts  do 
fautes  et  de  reproches,  par  ton  Fils  uni- 
<)ue,Notre-Seigneur«  Sauveur  et  Dieu  Jésus- 
Cbrisl,  le  seul  qui  ait  paru  sur  la  terre, 
libre  de  tout  péché. 

Le  diacre  :  Prions  pour  la  paix  et  la  tran- 
quillité du  monde  entier  et  des  saintes  égli- 
si's  de  Dieu,  et  pour  tous  ceux  en  faveur 
desquels  chacun  apporte  ou  a  l'intention 
d'apporter  des  offrandes,  et  pour  tout  le 
|)cuple  ici  présent. 

Le  peuple  :  Prions  pour  tous. 

Le  prêtre  :  Afin  que  tu  sois  miséricor- 
dieux et  compatissant,  Seigneur,  à  notre 
égard  et  au  leur. 

Li peuple  :  Seigneur,  remets,  excuse  et 
pardonae  nos  péchés  volontaires  et  invo- 
lontaires, ceux  que  nous  avons  pu  com- 
lueilre  par  action  ou  par  parole,  de  jour  ou 
de  Duil,  par  pensée  ou  par  intention  :  par- 
doone«nous  toutes  nos  fautes,  parce  que  tu 
es  ffliséricordieux  et  bon. 

Le  prêtre  :  Par  la  grÂce,  la  miséricorde  et 
la  houté  de  ton  Fils  unique  avec  lequel  tu 
es  béni  et  gloritié,  avec  ton  Esprit  très-saint^ 
bon  et  vivifiant,  maintenant,  et  toujours  et 
dans  les  siècles. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Paix  à  tous. 

U peuple:  Et  à  ton  esprit. 

Li  diacre  :  Offrons  sans  cesse  en  paix  nos 
prières  au  Seigneur. 

Nuus  prions  le  Seigneur  Dieu,  par  ses  aons 
sanctitiés,  précieux,  célestes,  ineffables,  sans 
tache,  'glorieux»  redoutables,  terribles  et 
(iirin«. 

Le  prêtre  :  Nous  qui  sommes  les  servi - 
t«  r5,  nous  inclinons  nos  tètes  devant  ton 
saïQi  autel,  attendant  de  toi  d'abondantes  mi- 
séricordes, ta  grâce  et  ta  bénédiction  ;  exauce- 
nous,  Seigneur,  sanctifie  nos  Ames  et  nos 
corps,  afin  que  nuus  soyons  dignes  de  parti- 
ci^»er  à  tes  saints  mys;ères  pour  la  rémission 
Jis  péchés  et  pour  la  via  éternelle. 

Exclamation. 

Car  tu  es  di^ne  d'adoration  et  tu  es  glori- 
li,  6  notre  Dieu,  et  ton  Fils  unique  et  ton 
tsprit  très-saint,  maintenant  et  toujours. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre:  Et  la  grAce  et  la  miséricorde  de 
'3  sainte  et  consubstantielle  Trinité  incréée 
il  niiorable  sera  avec  nous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Le  diacre:  Soyons  attentifs  ,  avec  la  crainte 
^e  Dieu  et  avec  respect. 

Le  prêtre  fuit  V offrande ^  en  disant  tnenta^ 
iement  : 

Soigneur  saint,  qui  reposes  dans  les  saints, 
^aiiciifie-nous  par  la  parole  de  ta  grâce  et  par 
'  avènement  de  ton  Esprit  très-saint,  car  tu  as 
'Jit»  Seigneur  :  Vous  serez  saints  parce  que  je 
^uis  saint.  Seigneur  notre  Dieu,  Verbe  de  Dieu, 

DtCTioTi^.  DES  Arocp.YPnES.  II. 


incompréhensible  çt  consubslantiel  au  Père 
et  à  rEsf)rit-Saint,  coéternel  et  inséparable, 
reçois  Thymne  que  dans  tes  sacrifices  saints 
et  non  sanglants  je  t^adresse  avec  les  chéru- 
bins et  avec  les  séraphins,  quoique  je  no 
sois  qu'un  pécheur,  en  disant  : 

Exclamation. 

Les  choses  saintes  aux  saints. 
Le  peuple:  Un  seul  saint,  un  seul  Seigneur 
Jésus-Christ  dans  la  gloire  de  Dieu  le  Père, 
à  qui  gloire  dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  diacre  :  Prions  nour  la  rémission  de 
nos  péchés,  et  pour  la  propilialion  de  nos 
âmes,  et  pour  toute  £me  aiQit^ée  ayant  be- 
soin du  secours  et  de  la  miséricorde  de  Dieu  ; 
prions  pour  la  conversion  des  hommes  éga- 
rés, pour  la  guérison  des  malades,  pour  la 
délivrance  des  captifs,  pour  le  repos  de  nos 
pères  et  de  nos  frères  endormis  avant  nouî^, 
et  disons  en  élevant  la  voix  :  Seigneur,  aie 
pitié. 
Le  peuple  :  Seigneur  aielpitié.  ^Douxe  fois  } 
Le  prêtre  :  Nous  prions  le  Seigneur  notre 
Dieu  pour  que,  acceptant  en  .odeur  de  par- 
fum céleste  les  dons  placés  sur  son  autel 
saint,  céleste  et  spirituel,  il  nous  envoie  sa 
grâce  divine  et  le  don  de  TEsprit  très-saint. 
Nous   nous   recommandons   les   uns  les 
autres   et  toute   notre   vie  à  Jésus-Christ 
vrai  Dieu,  implorant  l'unité  de  la  foi  et  la 
communication  de  son  Esprit  très-saint  et 
adorable. 
Le  peuple:  Amen. 
Le  prêtre  prie: 

Dieu,  Père  de  Notre-Seigneur  et  Sauveur 
Jésus-Christ,  Seigneur  dont  le  nom  est  glo- 
rieux, nature  bienheureuse,  bonté  répandue 
sur  les  hommes.  Dieu  et  Seigneur  de  toutes 
choses,  toi  qui  es  béni  dans  tous  les  siècles, 
qui  es  assis  sur  les  chérubins,  qui  es  glori** 
tié  par  les  séraphins;  toi  que  servent  mille 
milliers  de  saints  anges  et  les  troupes  des 
archanges,  reçois  en  odeur  de  suavité  les 
dons  qui  te  sont  présentés  et  les  offrandes 
des  fruits  ;  toi  qui  as  daigné  sanctifier  les 
hommes  par  la  grâce  de  ton  Christ  et  Tavé- 
nement  do  ton  Esprit  très-saint,  sanctifie, 
Seigneur,  nos  âmes,  nos  corps  et  nos  esprits  ; 
touche  aussi  nos  pensées,  explore  nos  con» 
sciences,  chasse  loin  de  nous  toute  mau- 
vaise  pensée,  tout  raisonnement  impur,  toute 
convoitise  honteuse,  toute  envie,  tout  or« 
gueil  et  toute  hypocrisie,  tout  mensonge, 
toute  tromperie,  toute  avarice,  toute  vaine 
gloire,  toute  colère,  tout  souvenir  des  inju- 
res, tout  blasphème,  tout  mouvement  de  ta 
chair-etde  Tesprit,  étranger  à  la  volonté  du 
ta  sainteté. 

Exclamation. 

Daigne,  Seigneur,  nous  mettre  à  même  fie 
t'invoquer  avec  hardiesse  et  confiance,  avec 
un  cœur  pur,  un  esprit  repentant  et  des  lè^- 
vres  sanctifiées,  afin  que  nous  t'invoquions, 
6  Dieu  saint,  qui  es  dans  le  ciel  et  que  nous 
disions  : 

Le  peuple  :  Notre  Pèn*,  qui  es  ûiuïs  les 
cieux,  que  ton  nom  soit  sanctifié,  etc. 

10 


299 

Léprftre  M'incline  tt  dit  : 

Et  ne  nous  induis  pas  en  tenlatton,  Sel* 
gneur.  Dieu  de  la  puissance*  loi  qui  connais 
uolre  faiblesse,  mais  délivre-nous  du  ma- 
lin esprity  de  ses  œuvres,  de  toutes  ses  atta- 
ques ei  de  ses  ruses,  h  cause  de  ton  nom 
saint  qui  est  invoqué  par  notre  humilité  : 

Exclamation. 


Car  ton  règne,  la  puissance  et  la  gloire  du 
Pèie,du  Fils  etduSaint-Espritdurent  main- 
tenant et  toujours. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre:  Paix  à  tous. 

Le  peuple:  Et  à  ton  esprit. 

A<  diacre:  Inclinons  nos  tètes  devant  le 
Seigneur. 

Ce  peuple:  Nous  nous  inclinons  devant  toi, 
Soigneur. 

I^  prêtre  brise  ensuite  le  pain:  il  en  tient 
une  moitié  de  la  maindroite^  Vautre  moitié 
de  la  main  gauche,  et  il  plonge  dans  le  ca^ 
lice  le  morceau  qu'il  titnt  de  la  main  droite^ 
en  disant  : 

Union  du  très-saint  corps  et  du  sang  pré- 
ricux  de  Notre-Seigueur  Dieu  et  Sauveur 
Jésus-Chrisi. 

//  fait  le  signe  de  la  croix  sur  le  morceau 
qu'il  lient  de  la  main  gauche^  et  se  met  aussi' 
tôt  à  le  partager  en  diverses  portions  ;  il  en 
met  une  dans  chaque  calice  et  il  dit  : 

Il  est  uni  et  sanctifié  et  consommé  au  nom 
du  Père,  et  du  Fils,  et  de  Tësj  rit-Saint, 
maintenant  et  toujours. 

Et  lorsqu'il  signe  le  pain,  t7  dit  : 

Voici  TAgneau  de  Dieu,  le  Fils  du  Père, 
qui  6te  les  péchés  du  monde  et  qui  a  été 
mis  à  mort  pour  la  vie  et  le  salut  du  peu- 
ple. 

Et  lors^uil  dépose  une  portion  du  pain 
dans  les  divers  calicet^  il  dit: 

La  portion  sainte  du  Christ,  pleine  de 
grÂce  et  de  vérité,  du  Père  et  de  TEsprit- 
Saint,  auquel  gloire  et  empire  dans  les  siè* 
dus  des  siècles. 

//  commence  ensuite  à  diviser  en  parties  et 
à  dire  : 

Le  Seigneur  me  gouverne,  et  rien  ne 
me  manquera;  il  m*a  placé  dans  le  lieu  des 
pâturages.  (Et  le  reste  du  psaume  xxu'.) 

//  dit  ensuite  : 

Je  bénirai  le  Seigneur  en  tout  temps,  etc.  ; 
ie  t'exalterai,  ÔDieu  qui  es  mon  roi  ;  nations, 
lourz  toutes  le  Seigneur,  etc. 

Le  diacre:  Seigneur,  bénis-nous. 

Le  prêtre  :  Qua  le  Seigneur  nous  bénisse 
et  qu  il  Aous  préserve  du  la  condamnation 
<ians  la  réception  de  tes  dons  immaculés 
uiaintt'nant,  et  toujours  et  dans  tous  les  siè- 
tlet». 

Que  le  Seigneur  nous  bénisse  et  nous 
rende  dignesde  recevoir  le  charbon  enflammé 
appi»rté  pardes  tenailles  pures,  et  de  l'appli- 
quer sur  les  Jèvres  des  ôdèles  [>our  puritier 
et  renouveler  leurs  Ames  et  leurs  corps, 
inaintenant  et  toujours. 

//  récite  ensuite  ce  qui  suit  :  Goûtez  et  voyi  z 
que  le  Seigneur  est  ^bon  ;  il  est  distribué 
00  diverses  oarties  et  il  ii*est  pas  divisé;  il 


^DICTIONNAIRE  DES  APOCRTPHKl  l^^ 

C'A  accordé  aux  fidèles  sans  être  cotasomiiu», 
pour  la  rémission  des  péchés  et  la  vie  C^i.  r- 
ndle,  maintenant^  et  toujours  et  dans  ums 
les  siècles. 

Le  diacre:  Chantons  dans  la  paix  du  Sei- 
gneur. 

Les  chantres  :  Goûtez  et  voyez  que  le 
Seigneur  est  bon. 

Le  prêtre  dit  la  prière  avant  la  communion . 
^  Seigneur,  notre  Dieu,  pain  céleste,  vIhOh 
Tunivers,  jai  péché  contre  le  ciel  elenia 
présence,  cl  je  ne  suis  pas  digne  de  pren<!t'^ 
part  à  tes  mystères  sans  tache;  mais,  Seigneur, 
toi  qui  es  miséricordieux,  rends-moidi^n^ 
par  ta  grflce,  de  participer,  sans  encourir  i.i 
condamnation,  à  ton  corps  saint  et  h  (on  >an; 
précieux  pour  la  rémission  des  pécbés  el  la 
vie  éternelle. 

//  donne  ensuite  la  communion  au  cUrgi 
Lorsque  les  diacres  apportent  les  calicet  ti  in 
plats  pour  donner  la  communion  au  peuplt, 
ie  diacre  dit,  en  prenant  le  premier  plat  : 

Seigneur,  bénis-nous. 
^  Le  prêtre  répond  :  Gloire  à  Dieu  qui  nous 
a' sanctifiés  et  nous  sanctifie  tous. 

Le  diacre  dit  :  Seigneur,  tu  es  élevé  au-'l^^^- 
sus  des  cieux  et  au-dessus  de  toute  la  lerr*; 
ta  gloire  et  (on  empire  restent  dans  les  siè- 
cles des  siècles. 

Le  diacre  étant  au  moment  de  déposer  la 
calices  sur  la  petite  table^  le  prêtre  dil  : 

Que  le  nom  de  Notre-Seic^neur  soii  béu 
dans  tous  les  siècles. 

Le  diacre  :  Approchez  avec  crainte,  arec 
foi  et  avec  amour  pour  Dieu. 

Le  peuple:  Béni  celui  qui  vient  au  noQ 
du  Seigneur. 

Le  diacre:  Seigneur,  bénis-nous. 

le  pr^/re:  Seigneur,  conserve  ton  peu[> 
et  bénis  ton  héritage 

Jl  ajoute:  Gloire  h  notre  Dieu  qui  nouM 
tous  sanctifiés. 

Et  quand  il  dépose  le  calice  sur  la  talU 
sainte^  le  prêtre  dit  : 

Que  le  nom  du  Seigneur  soit  béni  dons 
les  siècles  des  siècles. 

Le  diacre  et  le  peuple  disent  : 

Remplis  notre  bouche  de  tes  lounn.jes 
Seigneur,  et  remplis  nos  lèvres  de  jni«sfli'«i 
que  nous  louions  (a  gloire  et  que  nous  cé- 
lébrions chaque  jour  ta  magnificence. 

Nous  le  rendons  grâces,  Jésus-ChrifJ. 
notre  Dieu,  parce  que  tu  as  daigné  nn -^ 
faire  |»aiticiper  à  ton  corps  et  à  ton  s.i  z 
pour  la  rémission  des  péchés  et  pour  la  ^ic 
éternelle. 

Nous  te  supplions,  Seigneur,  toi  qui  f^ 
bon  et  miséricordieux,  de  nous  préserver  <c 
la  condamnation. 

On  récite  à  V extrémité  du  vestibule  laprùr* 
suivante: 

Nouste  rendons  grâces.  Dieu  conservateur 
de  toutes  choses,  pour  tous  les  biens  que  ii 
nous  as  accordés,  et  pour  notre  participation  s 
tes  saints  mystères  sans  tache;  nous  te  présen- 
tons cetteoffrande,  en  te.prian  t  d^'.nous  gar  .i  r 
sous  Tombre de  tes  ailes,  et  de  daigner  nt»*^ 
maintenir,  jusqu'au  dernier  instant  de  nou-* 
vie,  dans  la  partici|iatiou  de  tes  san^lUutf- 


roi 


JAC 


PART.  lu.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


S(ti 


(ions,  afin  de  sanctifier  nos  âmes  et  nos  corps, 
e(  (l'avoir  part  à  Théritage  du  royaume  des 
rieux,  parce  que  tu  es  notre  sanctification, 
St'ii^neur,  et  c'est  à  toi,  Père,  Fils  et  E-^prit- 
Snint,  que  nous  rendons  gloire  et  actions  de 
grâfps. 

Le  diaert  comtntnce  dans  le  vestibule  cette 
oraison  : 

>i!oire  à  toi,  gloire  à  toi,  gloire  à  toi,  Je- 
sus-Cbrist ,  Roi»  Verbe  et  Fils  unique  du 
Père,  parce  que  tu  as  permis  que  nous,  pé- 
cheurs et  tes  serviteurs  indignes,  nous  jouis- 
sions de  tes  mystères  sans  tache,  pour  la 
rémission  des  péchés  et  pour  la  vie  éter- 
nelle :  Gloire  à  toi. 

LorsQue  le  diacre  a  traversé  le  vestibule,  it 
$e  met  a  dire  : 

Maintenant,  et  de  nouveau,  et  en  tout 
temps,  invoquons  en  paixie  Seigneur,  afin  que 
la  réception  deses  mystères  sacrés  nous  serve 
»  nous  préserver  de  tout  mal,  et  à  nous  gui- 
oer  vers  la  vie  éternelle;  invoquons  la  com- 
munication et  le  don  de  TËspril-Saint. 

Le  prêtre  prie: 

Nous  faisons  mention  de  la  très-sainie, 
(rùs»^!orieuse  et  bénie  Mère  de  Dieu,  Marie» 
toujours  vierge  et  sans  tache*  et  de  tous  les 
saillis  ({ui  t'ont  été  agréables.  Seigneur,  et 
nous  nous  recomii  andons  mutuellement  à 
Je^us-Christ  notre  Dieu. 

Lepeupie  :  Gloire  à  loi.  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Dieu  qui,  par  suite  de  ta  grande 
et  metfable  bonté  ,  as  condescendu  à  la  fai- 
blesse oe  tes  serviteurs,  et  qui  as  daigné  nous 
faire  participera  cette  table  céleste,  ne  noua 
conilaoïne  pas,  nous  qui  sommes  pécheurs, 
à  cause  de  la  réception  de  tes  saints  mystères 
sans  tache»  niais  conserve-nous  avec  bonté 
daos  la  sanctiOcation  de  ton  Esprit-Saint,  atin 
que,  devenant  saints,  nous  obtenions  une  part 
dans  ton  héritage  avec  tous  les  saints  que  tu 
a^gréés  dès  l*éternilé,  et  que  nous  contem- 
plions la  lumièrede  ton  visage  par  la  miséri- 
corde de  ton  Fils  unique,  Notre-Seigneur , 
Dieu  et  Bauvcor  Jésus^Christ,  avec  lequel  tu 
es  béni ,  avec  ton  Esprit-Saint,  bon  et  vivi- 
Gant,  parce  ijue  ton  nom ,  celui  du  Père,  du 
Fils  et  du  Saint-Esprit,  doit  être  béni  et  glori- 
fié, et  honoré  de  toutes  les  manières,  et  célé- 
bré, maintenant,  et  toujours,  et.  dans  les 
siècles  des  siècles. 

Lepeupie  :  Amen. 

La  prêtre  :  La  paii  h  tous. 

Lepeupie  :  Kt  à  ton  esprit. 

Le  diacre  :  Inclinons  nos  tètes  devant  le 
Seigneur. 

Le  prêtre  :  Dieu  grand  et  admirable ,  re- 
garde tes  serviteurs,  parce  que  nous  incli- 
nons nos  tètes  devant  toi  ;  étends  ta  main 
puissante  et  pleine  de  bénédictions,  et  bénis 
loa  peuple  ;  préserve  ton  héritage ,  afin 
que  toujours  et  continuellement  nous  te 
glorifions,  toi  qui  es  le  seul  Seigneur  vivant 
<^t  véritabldi  et  afin  que  nous  célébrions  la 
sairiic  et  consubMantielle  Trinité,  le  Père , 
'<^  Fils  et  le  Saint-Esprit,  maintenant  et  tou- 
j'^rsy  et  dans  les  siècles  des  siècles. 

Exciamalion, 

Car  c*est   à   loi  que  nous  devons  offrir 


louange  et  gloire.  Seigneur  tout -puissant; 
honneur,  adoration  et  actions  de  grâces  au 
Père,  au  Fils  et  au  Saint-Esprit,  maintenant 
et  toujours. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  :  Chantons  donc  la  paix  de  Jé- 
sus-Christ. 

El  il  dit  ensuite  :  Allons  dans  la  paix  de 
Jésus-Christ. 

Le  peuple:  Au  nom  du  Seigneur  suprême, 
bénis-nous. 

Otaison  que  le  diacre  récite  quand  le  peuple 

est  renvoyé» 

Avançant  de  gloire  en  gloire ,  nous  to 
louons,  toi  qui  cons^rve^  nos  âmes.  Gloire  au 
Père  et  au  Fils,  et  au  Saint-Esprit!  mainte- 
nant et  toujours,  et  dans  tous  les  siècles, 
nous  te  louons,  toi  qui  conserves  nos  âmes. 

Le  prêtre  dit  cette  oraison  depuis  Vautel 
jusqu'à  la  sacristie. 

Progressant  de  vertu  en  vertu ,  et  ayant 
accompli  tout  le  sacrifice  divin  en  ton  tem- 
ple, nous  te  prions.  Seigneur  notre  Dieu,  do 
daigner  étendre  sur  nous  ta  miséricorde  par- 
faite; dirige  notre  voie,  affermis-nuus  dans 
ta  crainte,  rends-nous  dignes  du  royaume 
céleste,  en  Jésus- Christ  Notre -Seigneur, 
avec  lequel  lu  es  béni,  avec  le  Saint-Esprit, 
bon  et  vivifiant,  maintenant  et  toujours,  et 
dans  tous  les  siècles. 

Le  diacre  :  Maintenant  et  de  nouveau,  et 
toujours,  invoquons  en  paix  le  Seigneur; 

Oraison  qui  se  récite  après  que  le  peuple 

a  été  renvoyé. 

Tu  nous  as  accordé,  Seigneur  Dieu,  1à 
sanctification  dans  la  réception  du  corps 
très-saint  et  du  sang  précieux  de  ton  Fils 
unique,  Jésus-Christ»  Notre-Seigneur;  ac- 
corde-nous aussi  la  grâce  de  toh  Esprit- 
Saint,  et  conserve-nous  exempts  de  fautes 
dans  la  foi;  conduis-nous  à  une  adoption 
parfaite,  et  h  la  rédemption,  ei  aux  félicités 
éternelles;  car  c'est  toi ,  Seigneur,  qui  nous 
ianctifies  et  qui  nous  éclaires,  ainsi  que  ton 
Fils  unique  et  ton  Esprit  très-saint,  mainte^ 
nant  et  toujours,  et  dans  les  siècles  des  siè- 
cles. Amen. 

Le  diacre  :  Maintenons-nous  dans  là  paix 
de  Jésus-Christ. 

Le  prêtre  :  Béni  est  Dieu,  qui  bénit  et  qui 
sanctifie  par  la  réception  oe  ses  mystères 
saints,  vivifiants  et  sans  tache,  maintenant 
et  toujours,  et  dans  les  siècles  des  siècles.  ^ 
Amen. 

Ensuite  l'oraison  de  la  propitiation. 

Seigneur  Jésus-Christ,  Fils  du  Dieu  vi- 
vant. Agneau  et  Pasteur,  oui  ôtes  les  péchés 
du  monde,  qui  aS  fait  à  aeux  débiteurs  re- 
mise de  ce  qu'ils  devaient,  et  qui  as  accordé 
à  la  femme  pécheresse  la  rémission  de  ses 
péchés,  toi  qui  as  accordé  au  paralytique  la 
guérison  et  la  rémission  de  ses  péchés,  re- 
mets, pardonne  et  efface.  Seigneur,  nos  pé- 
chés volontaires  et  involontaires  que  nous 
avons  commis  de  propos  iléiib(^ré  ou  par 
ignorance,  et  dans  lesquels  nous  sommes 
tOiJioés  on  désobéissant  h  les  orurr.s;   ion 


zoz 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYniKS. 


>\ 


Esprit  Irès-saiiU  les  connatl  mieux  que  tes 
serviteurs.  Quand  ûes  hommes  revêtus  de 
chair  et  habitant  ce  monde,  et  séduits  par 
le  diable,  ont  erré  par  parole  ou  par  acliots 
et  ont  encouru  i'anathème ,  je  prie  et  i*invo- 
que  ta  l)onté  inetrable  pour  qu  ils  soient  ab- 
sous, et  pour  que,  daus  ta  miséricorde,  tu 
leur  accordes  le  pardon,  et  que  tu  les  déga- 
ges (le  Tanalhème. 

Seigneur  Dieu,  exauce  ma  prière  en  fa- 
veur de  tes  serviteurs  ;  mets  en  oubli  toutes 
leurs  fautes,  pardonne-leur  tous  leurs  délits 


volontaires  et  involontaires;  délivre-les  du 
supplice  éternel.  Car  tu  es  celui  qui  nou«*  as 
donné  ce  précepte  :  ^  Tout  ce  que  vous  lie- 
rez sur  la  terre  sera  lié  dans  le  ciel,  et  (h -> 
ce  que  vous  délierez  sur  la  terre  sera  «!•• ,  • 
dans  le  ciel  ;  »  car  tu  es  notre  Dieu  supri^tne, 
tu  peux  avoir  pitié  de  nous,  nous  prutiv<r 
et  remettre  nos  péchés  ;  c'est  à  loi  que  re- 
vient la  gloire  ,  avec  le  Père,  qui  n'a  [m  :t,t 
de  coromenceraenl,  et  avec  l'Esprit  vivili.inî, 
maintenant  et  toujours,  et  dans  les  5.è«  !cs 
des  siècles.  Amen. 


LITURGIE  DE  SAINT  JACQUES  L'APOTRE,  FRÈRE  DU  SEIGNEUR  (32ij, 

traduite  du  syriaque  par  Renaudol. 


On  récitt  d'abord  roraison  avani  le  baiser 
de  paix  : 

Seigneur  notre  Dieu ,  toi  qui  aimes  les 
hommes,  rends-nous  dignes  par  ce  salut 
d*étre  purifiés  de  toute  ruse,  de  tonte  accep- 
tion de  personne,  et  fais  que  nous  nous 
saluions  mutuellement  par  un  baiser  saint 
et  divin,  étant  réunis  par  le  lien  de  la  cha- 
rité et  de  la  paix.  Par  Notre-Seiuneur  Dieu 
et  Sauveur,  Jesus-Christ,  ton  Fils  unique, 
par  lequel  et  avec  lequel  à  toi  reviennent 
ilionneur,  la  gloire  et  la  puissance  avec 
ton  Esprit. 

Le  peuple  :  Amen 

Le  diacre  :  Tenons-nous  avec  respect  et 
prions,  rendons  grâces,  adorons  et  louons 
TA^noau  vivant  de  Dieu  qui  est  offert  sur 
J'autcl.  La  divinité  s'est  abaissée  sur  les  pé- 
cheurs Qls  d'Adam  ,  elle  les  a  sauvés  de 
l'erreur  et  de  ta  servitude  du  péché;  les 
prophètes  ont  été  insjûrés  par  TEsprit-Saint 
et  ils  ont  parlé  du  premier-né  ;  chacun 
d'eui  a  décrit  à  l'Eglise  les  mystères  de 
son  avènement.  Moïse  a  écrit  clairement 
qu'il  a  formé  les  créatures  et  qu'il  a  dis- 
posé pour  le  servir  les  ordres  du  feu  et 
de  l'esprit.  Marque,  Seigneur,  du  signe  de  la 
croix  l'Eglise  qu*il  a  épousée  en  sa  personne, 
élèvu-!e  et  établis-le  dans  le  ciel  à,  la  droite 
de  celui  qui  l'a  envoyé.  Tu  es  heureuse, 
Eglise  tidèle,  à  cause  des  dons  que  t'a  don- 
nés ton  Seigneur,  par  son  corps  et  son  sang 
sacré  et  par  sa  croix  qui  te  garde.  Faisons 
la  commémoration  de  la  pure  Vierge  Marie, 
des  prophètes,  des  apôtres,  des  martyrs,  des 
Pères  et  des  justes.  Des  vases  snints  seront 
offerts  à  notre  Père  en  notre  offrande,  afin 
qu'il  leur  donne  un  baiser,  et  notre  Père 
en  sa  liturgie  se  rappelera  de  tous  ceux  qui 
croient  en  Jôsus-Christ. 

Le  prélre  :  Seiî^.'ieur,  toi  seul  qui  es  mi- 
.séricordieux,  répands  Ws  bénédictions  sur 
ceux  qui  cuurbt.nt  leurs  léles  devant  ton 
autel,  toi  qui  habiles  dans  les  cieux  et  qui 
regardes  les  régions  les  j)lus  bassins;  bénis- 
les  par  la  grâce,  la  miséricorde  et  l'amour 

(554) Cette  Liturgie  se  trouve  dans  la  Liturgia 
êQiutorum  Patrum.  Paris,  4500,  p.  5;  (iaiis  Keu'ju- 
(Jj/<«  LHur(jiarum  Oricnialium  coUecliotl.  Il,  p.  liG; 


pour  les  hommes  de  Jésus-Christ,  ton  Fil* 
unique,  par  lequel  et  avec  lequel  ihon* 
vient  de  te  rendre  glo<re  et  hommage. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prélre  :  Dieu  le  Père  qui,  h  cause  de 
ton  grand  et  ineffable  amour  à  l'égard  tJes 
hommes,  as  envové  ton  Fils  dans  lenjonle 
pour  ramener  les  brebis  égarées,  ne  détourne 
pas  ta  face  de  nous,  lorsque  nous  célébrun) 
ce  sacrifice  redoutable  et  non  sanglau(;i^ 
n>st  pas  en  notre  justice,  mais  en  ta  m1s^ 
ricorde  que  nous  mettons  notre  coDGaiK<'. 
Nuus  invoquons  ta  clémence  afin  que  ce 
mystère,  qui  a  été  institué  pour  le  salut,  n* 
soit  pas  un  sujet  de  condamnation  [mou- 
ton [leuple,  mais  qu'il  serve  au  (larion  Jn 
péchés,  h  la  rémission  des  fautes  et  a<j\ 
grâces  qu'il  convient  de  te  rendre,  \^r  ti 
grâce,  la  miséricorde  et  l'amour  pour  U'> 
h  mmes  de  ton  Fils  unique  par  lequel  it 
avec  lequel  la  gloire  te  revient. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  :  Donnez  la  paix,  chacun  à  5<^>n 
prochain,  dans  la  charité  et  la  foi,  qui  s<>i.: 
agréables  à  Dieu.  Vas  en  |mix,  prêtre  (ih- 
tingué.  Tenons-nous  debout,  en  priant  avtc 
respect  ;  tenons-nous  dans  ia  crainte  et  \^ 
tremblement;  tenons-nous  dans  la  modesn-* 
et  la  sainteté,  car  voilà  l'offrande  qui  *•< 
apportée  et  la  Majesté  qui  se  lève.  Les  port 
du  ciel  s*ouvrenr,  et  TEsprit-Saint  de>u' 
sur  ces  mystères  sacrés.  Nou^  nous  («n* i^ 
dans  le  séjour  de  la  crainte  et  de  l'etlri'. 
et  nous  nous  rangeons  avec  les  chérult.i  ^ 
et  les  séraphins.  Nous  sommes  develJu^  i  ' 
frères  et  les  compagnons  des  veillants  elO*  > 
auges,  et  nous  accomplissons  avec  eui  ' 
iniidslère  du  feu  et  de  l'esprit.  Que  i*. 
de  ceux  qui  osent  approcher  de  ces  un-- 
tères  ne  soit  lié,  car  le  voile  est  enicMe 
et  la  grâce  descend,  et  les  miséricordes  ai- 
vines  se  répandent  sur  chacun  deceuiq>ii 
prient  avec  un  cœur  pur  et  une  conscicuîi^^ 
bonne. 

Le  prêtre  élève  le  voile  et  fait  troif  {"* 
le  Migne  de  ia  croix  sur  le  peuple  et  il  du 

dans  Fabricius,  Codex  apocrpphns  Soti  Tettami'n\, 

t.   III,  p.  i'ii,  :  dans  la  Dibiiôtkeca  Patrum  mcn 

é  :it.  de  l.yoïi,  I.  Il,  part,  i,  p.  1. 


t  * 


.  1 


505 


JAC 


PART.  111.— LKCENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


S06 


Que  la  cltarité  du  Père»  aiie  la  grficc  du 
Fils  et  la  coiniuunîcation  de  TEsprit-Saint 
soient  avec  nous  tous. 

Le  peuple  :  Amen. 

le  prêtre  :  Elevez  vos  cœurs. 

Le  peuple  :^ous]e$  avons  vers  le  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Rendons  grâces  au  Seigneur 
notre  Dieu. 

Lt  peuple  :  C^est  juste  et  convenable. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  : 

il  est  vraiment  digne  et  juste,  il  est  con- 
Tenable  et  il  t'est  dû  que  nous  te  louions, 
que  nous  te  bénissions,  que  nous  t*adorions, 
qne  nous  te  rendions  grâces,  à  toi,  auteur 
de  tnulesles  créatures  visibles  ou  invisibles. 

Et  élevant  la  voix  il  dit  : 

Toi  qui  lèves  le  ciel  et  les  cieux  des  cieni 
et  toutes  leurs  armées,  le  soleil  et  la  lune^ 
et  toutes  les  légions  des  étoiles,  la  terre  et 
les  mers  et  tout  ce  qui  est  en  elles,  la  Jé- 
rusalem céleste,  l'Eglise  des  uremiers  habi- 
tants des  cieux,  les  anges,  les  archanges, 
les  principautés,  les  puissances,  les  trônes, 
les  dominations,  les  vertus  célestes,  et  les 
armées  du  ciel  supérieures  au  monde,  les 
(liénibins  qui  ont  des  yeux  nombreux  et 
les  séraphins  qui  ont  sixailes  et  qui,  se  cou- 
u  nt  le  visage  avec  deux  et  les  pieds  avec 
deni  autres,  volent  avec  les  deux  dernières, 
en  cbanlanl  sans  reiflche  l'hymne  triomphal 
de  ta  gloire  éclatante,  chantant  d'une  voix 
sonore  et  disant  : 

Le  peuple  :  Sainif  saint,  saint,  le  Seigneur, 
Pieu  des  armées  ;  les  cieux  et  la  terre  sont 
pleins  de  ta  gloire,  de  ton  honneur  et  de  (a 
majesté.  Salut  à  toi.  Seigneur,  au  haut  des 
cieux.  Béni  celui  qui  vient  et  qui  doit  venir 
un  nom  du  Seigneur.  Salut  à  toi,  Seigneur, 
80  haut  des  cieux. 

Lt  prêtre  t'incline  et  dît  : 

Ta  es  vraiment  saint ,  roi  des  siècles, 
t'iqui  donnes  toute  sainteté;  saint  est  (on 
F]is  unique,  Notre -Seigneur  et  Sauveur 
it^sQs-Christ  ;  saint  est  ton  Esprit-Saint  qui 
scrute  toutes  tes  profondeurs,  ô  Dieu  le 
rère,  car  lu  es  saint,  toi  qui  contiens  tout, 
toi  qui  es  tout-puissant,  terrible,  t>on,  avr  c 
î' n  Fils  unique  qui  a  souffert  à  cause  du 
i  homme,  ton  ouvrage,  que  tu  as  fabriqué* 
fivecdela  terre  et  auquel  tu  as  accordé  les 
''éiices  du  paradis.  Lorsqu'il  eut  violé  ton 
commandement  eX  qu'il  fut  tombé,  tu  ne  l'as 
p's  aimndonné,  C  Seigneur  plein  de  bonté, 
uiais  lu  Tas  soutenu,  comme  étant  le  Père  de 
•a  miséricorde  souveraine.  ïu  Tas  appelé  par 
^sioi;  tu  l'as  dirigé  par  les  prophètes,  tu 
8>  envoyé  ensuite  dans  le  monde  ton  Fils 
unique  pour  qu'il  renouvelât  ton  image;  il 
est  desrendu  du  ciel,  il  a  été  incarné  de  l'Es- 
l' t-Saint  et  de  la  sainte  Mère  de  Dieu, 
M.iric,  toujours  Vierge;  il  a  conversé  avec 
'">  bohines  et  il  a  tout  institué  ftcur  le 
^'iul  (lu  genre  humain. 

Le  prêtre^  élevant  ta  volXy  prend  l'offrande 
fi  du  : 

Lorsqu'il  allait,  lui  exempt  de  tout  péché, 
i'jl/ir  vrijonlairement  la  mort  pour  nous  au- 
trtb  pécheurs,  dans  la  nuit  ou  il  allait  être 

i^ré  ]»uur  la  vie  et  le'  salut  du  monde,  U 


prit  du  pain  dans  «es  mains  saintes,  imma« 
culées  et  sans  souillures,  et,  ayant  levé  les 
yeux  au  ciel,  il  regarda  vers  toi,  6  Dieu  le 
Père,  et  rendant  grâces,  il  bénit,  sanctifia  H 
brisa  le  pain  t^t  il  le  donna  h  ses  disciples 
saints  et  aux  apôtres,  disant  :  «  Prenez  et  man- 
gez-en tous.  C'est  mon  corps  qui  est  donné 
pour  vous  et  pour  beaucoup  pour  la  rémis- 
sion des  péchés  et  ta  vie  fHernelle.  n    . 

Et  de  méiiie,  après  qu'ils  eurent  soupe,  il 
prit  le  calice,  et  y  mêlant  du  vin  et  de  Tnau 
et  rendant  grâces,  il  le  bénit,  le  sanctifia  et 
le  donn.-i  à  ses  disciples  et  aux  apôir  s 
saints,  disant  :  «  Prenez,  buvez-en  tous.  C'e>t 
mon  sang  de  l'alliance  nouvelle  qui  est  versé 
pour  vous  et  pour  beaucoup  defidèles  et  qi^i 
est  donné  pour  la  rémission  des  péchés  et 
la  vie  éternelle.  » 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Faites  ceci  en  mémoire  de  moi  ; 
toutes  les  fois  que  vous  mangerez  ce  pain 
et  que  vous  boirez  ce  calice,  vous  annon- 
cerez ma  mort  et  vous  confesserez  ma  ré- 
surrection iusqu'à  ce  que  je  vienne. 

Le  peuple  :  Seigneur,  nous  célébrons  la 
mémoire  de  ta  morl;  nous  confessons  la 
résurrection  et  nous  attendons  ton  second 
avènement;  nous  implorons  ta  miséricorde 
et  ta  grâce;  nous  sollicitons  la  rémission 
de  nos  péchés;  que  tes  miséricordes  s'éten- 
dent sur  nous  tous. 

Le  prêtre  :  Nous  célébrons  ainsi  la  mémoi- 
re, Seigneur,  de  ta  mort  et  de  ta  résurrection 
le  troisième  jour,  et  do  ton  ascension  au 
ciel  où  tu  es  assis  à  la  droite  de  Dieu  le 
Père;  nous  célébrons  aussi  celle  de  ton 
second  avènement  terrible  et  glorieux,  où 
tu  jugeras  l'univers  dans  ta  justice  et  lorsque 
chacun  sera  rétribué  selon  ses  œuvres.  Nous 
t'offrons  ce  sacriGce  redoutable  et  non  san- 
glant pour  que  tu  ne  nous  traites  pas,  Sei- 
gneur, selon  nos  péchés,  et  que  tu  ne  nous 
rétribues  pas  suivant  nos  iniquités  ,  mais 
suivant  ta  bonté  et  ton  amour  ineffable  pour 
les  hommes;  efface  nos  péchés^  ceux  de  tes 
serviteurs  qui  t'implorent.  Car  ton  peuple 
et  ton  héritage  t'invoquent,  et  par  toi,  in- 
voquent ton  Père,  en  disant  : 

Le  peuple  :  Aie  pitié  de  nous.  Seigneur 
Père  tout-puissant,  aie  pitié  de  nous. 

Le  prêtre  :  Nous,  faibles  pécheurs,  tes  ser- 
viteurs, nous  te  rendons  grâces,  Seigneur  ; 
nous  te  louons  pour  toutes  choses  et  à  cause 
de  toutes  choses. 

Le  peuple  :  Nous  te  louons,  nous  te  l)é- 
nissons  et  nous  t'adorons,  nous  te  rendons 
prâces  et  nous  implorons  ton  pardon,  Seigneur 
Dieu,  aie  pitié  de  nous  et  exauce-nous. 

Le  prêtre:  Nous  célébrons^surlout  la  n)é- 
moire  de  la  sainte  et  glorieuse  Marie,  tou- 
jours vierge.  Mère  de  Dieu. 

Le  diacre  :  Souvieuii-loi  d'elle,  Seigneur, 
et  par  ses  prières  saintes  et  pures,  épargne- 
nous,  exauce-nous  et  aie  pitié  de  uoihS. 

Le  même  :  Qu'elle  est  terrible  cette  heuio, 
qu'il  est  redoutable  ce  temps,  mes  bien- 
aimés,  où  l'Esprit  vivant  et  saint  vient  des 
hauteurs  sublimes  du  ciel,  descend  sur  cotte 
Eucharistie  placée  dans  le  sanctuaire  et  la 


807 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


^i 


i 


sanctifie.  Tenea-vous  en  prière  avec  crainte 
et  tremblement  La  paix  soit  avec  nous  et 
la  sécurité  de  Dieu  le  Père  avec  nous  tous. 
RIevons  la  voix  et  disons  trois  fois  ;  Kyrie^ 
eleison. 

Le  prétr^  s*inclinant  récite  rinvocation 
de  l'Esprit 'Saint. 

Aie  pitié  de  nous.  Dieu  Père  tout-puissant, 
et  envoie  ton  Espril-Saint»  souverain  et  vivi- 
iiant  qui  t*est  é^^al  par  le  trône  et  qui  est 
é]^al  &  ton  Fils  pçr  le  royaume,  consubslan- 
lier çt  éternel,  qui  n  parlé  dans  la  loi  et  dans 
les  prophètes,  et  dans  ton  Nouveau-Testa- 
ment, qui  est  descendu  sous  la  forme  d\ine 
colombe  sur  Noire-Seigneur  Jésus-Christ 
dans  le  fleuve  du  Jourdain,  et  qui  est  des- 
cendu sur  ks  saints  apôlres  sous  la  forme 
de  langues  de  feu. 

£epeMp/c;Ky rie, eleison  (335).  {Trois  fois.) 

Le  prêtre  :  Afin  qu'en  venant,  il  fasse  de 
e  paiu  le  corps  vivifiant,  le  corps  salutaire, 
le  corps  céleste  qui  donne  le  salut  aux  flmes 
et  aux  corps,  le  corps  de  Notre-Seigneur 
Dieu  et  Sauveur  Jésus-Christ,  pour  f)rocu* 
rer  à  ceux  qui  le  reçoivent  la  rémission 
des  péchés  et  la  vie  éternelle. 
'  Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  .\  Et  qu'il  fasse  dir^in.qui  est 
ifaiis  ce  calice  le  sang  de  la  nouvelle  alliance^ 
le  sang  salutaire,  le  sang  vivifiant,  le  sang 
«réleste,  le  sang  qui  donne  le  salut  aux  âmes 
i;t  aux  corps,  le  sang  de  Notre-Seij^neur  Dieu 
et  Sauveur  Jésus-Christ,  pour  procurer  à 
ceux  qui  le  reçoivent  la  rémission  des  pé- 
chés et  la  vie  éternelle. 

Lé  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Pour  qu'ils  servent  h  sanctifier 
nos  Ames  et  nos  corps  ainsi  que  de  tous 
ceux  qui  prendront  part  à  ce  sacrement, 
éfin  de  faire  fructifier  les  bonnes  œuvres, 
afiiî  dé  fortifier  ton  Eglise  sainte  que  tu  as 
établie  sur  la  pierre  de  la  vraie  foi,  et  les 
portes  de  l'enfer  ne  prévaudront  pas  contre 
elle,  lorsque  tu  la  délivreras  jusqu'à  la  con- 
s  )mmatiun  des  siècles  de  toutes  les  hérésies 
et  des  scandales  de  ceux  qtû  commettent 
riniquité,  par  la  grAce,  la  miséric^^rde  et 
rauiour  pour  les  hooiimes  de  ton  Fils  uni- 
ùue  par  lequel  et  avec  lequel  la  gloire  et 
1  honneur  te  reviennent. 

Le  peuple  :  Amen. 


JLe  veupte  : 
Is  prêtre  s 


Hncline  et  dit  : 


(335)  L*adinissioQ  de  quelques  mots  grecs  dans 
la  Liiurgie  latine  remonte  à  une  époque  fori  récu- 
rée; indépendamment  du  kyrie  eUison,  qui  se  ré- 
l^''  le  tou^  tes  dimanches.  Tantienne  Agios  o  Theoi  se 
ib.a^'te  le.  vendredi  saint,  et  Ton  appelle  encore  le 
St*igneor,  dans  quelques  prières.  Alpha  et  Oméga. 
Un  laborieux  érudU,  M  Edelestand  du  Meril, 
dans  un  travail  récent  qu*il  a  mis  au  jour,  Floire  et 
Blaicepor^  poème  du  xiu*' siècle.  Introduction, 
(pagi*  CLxxxiii,  iK56},  ok)serve  que  dans  plusieurs 
églises  établies  par  des  missionnaires  venus  de 
rOrîent,  on  conserva  Tusagc  de  chanter  à  certaines 
fêles  de  Tannée,  au  moins  une  partie  de  rOIVice  en 
grec.  Votf.Narienne,  Dgantiqua  Ecciesiœ  diiciplina, 
p. 80;  NUbiHon,  Musaum  Ualicum,  U  l(,  p.  U3; 
liinterim ,  Denkwurdigkehen  àer  elmst-catholischen 
Kifche,  1. 1 Y,  p.  316, 33i  et  403.  Au  Mont-Cassin ,  on 
cé^ébr^it  même  nne  fo*s  par  mois,  en  gcccV  rOlfice 


Cest  pourquoi  nous  t'offrons,  Seigneur. 
ce  sacrifice  redoutable  et  non  sanglant  [M»nr 
tes  lieux  saints  que  tu  as  iltustri's  i«r 
la  manifestation  de  Jésus-Christ,  ion  Fis 
et  principalement  pour  la  sainte  Sion,  mère 
de  toutes  iesi  Eglises  et  |X)ur  ton  Eglisesaiuie 
répandue  dans  tout  Tunivers. 

Le  diacre  :  Bénis,  Seigneur.  Prions  ei  in« 
voquons  le  Seigneur  notre  Dieu  en  ce  m* 
ment  saint,  redoutable  et  grand,  pour  in  s 

Eères  et  nos  guides  qui  sont  aujounliiM 
notre  tète  et  qui,  dans  la  vie  sainte,  {div 
sent  et  gouvernent  les  saintes  Euli^us  ijo 
Dieu  ;  pour  les  vénérables  et  bieiiheureut, 
le  seigneur  N.,  notre  pairiarclie,  et  le  sei- 
gneur N.,  notre  métropolitain;  nous  iu>t>- 
quons  aussi  le  Seigneur  pour  les  auins 
vénérables  métropolitains  et  évéque». 

Le  prêtre  :  Accorde  •leur.  Seigneur,  les 
dons  les  plus  riches  àe  ton  Ëspril-Sâini. 
Souviens-toi,  Seigneur,  de  nos  saints  éNè- 
ques,  qui  nous  distribuent  selon  ia  jtMi.e 
la  parole  de  la  vérité  et  surtout  du  hr.* 
des  Pères,   notre  patriarche  N.  et  de  nttre 
évèque  N.  avec  tous  les  autres  évèques  or- 
thodoxes. Accorde-leur,  Seigneur,  une  ^iei>- 
lesse  digne  de  vénération,  conserve- les  «i 
nombreuses  années  tout  occupés   h  (air* 
pattre  ton  peuple  avec  toute   piété  et  1'mii« 
sainteté.^Souviens^toi,  Seigneur,  des  prè:r'> 
de  ce  lieu  et  de  teut^utre,  desdiacres  eii 
tous  ceux  qui  exercent  le  ministère  ec<:é- 
siastique,   à  quelque  ordre  qu*ils  appariim 
nent.  Souviens-toi  aussi,  Seigneur,  ù\)  ni" . 
car  tu  as  daigné  m*appeler,  quelque  inu- 
gne  que  j*en  sois.  Ne  gante   pas  le  soute- 
nir des   péchés  de  ma  jeunesse  et  de  ui"'. 
ignorance,  mais  souviens-toi   da  moi  sei«^  < 
la  multitude  de  tes  miséricordes;  si  tn  "i  • 
serves  les  iniquités.  Seigneur,  quiest-oe<|. 
pourra,  Seigneur,  se  tenir  devant  toi  ?  Cr 
ia  propitiation  se  trouve  auprès  de  toi;  m- 
site-moi  et   puriG.e-moi ,  afin  que  la  ^r^ 
surabonde  \h  où  ie  péché  a  abondé. 

Souviens-toi  aussi.  Seigneur,  de  ceux  •;•< 
sont  retenus  en  captivité  et  dans  lesf<r^; 
souviens-toi  de  nos  frères  qui  sont  alli -^ 
des  maladies  et  qui  sont  dans  Teiil,  et  > 
ceijx  qui  sont  troublés  par  des  osprii»  i  - 
purs.  Souviens-toi,  Seigneur,  de  l'air,  •  «* 
luies,  de  la  rosée  et  des  fruits  de  la  terr  : 
es  yeux  de  tous    les  bommes  espèrent  i- 


E 


tout  entier;  Cassiodore,    De  ditinis  tectionii-* 
cil.  28,  elMabîUon,  Annales  ordini^  tancii  BtHtd*^ 
t.  I,  p.  426.  Nous  renverrons  aussi  à  un  voluinr  • 
rieux  et  peu  commun,  intitulé  :  Messe  grecqn*-  *  » 
riionneur  de  saint  Denys,  apôire  des  Gaules,  s< 
Tubage  (te  i'abbayede  Saint-Denys,  pour  le  jour  « 
Tociave  defaT^ie  solennelle  du  saînl,  mi  llî  oiU'!"- 
Paiis,  1677,  in-12.  C'est  une  édition  grecque,  l:i  i- 
ei  française,  donnée  par  Desurre  Duptan.  lU- 
M<»s$e  qui  se  chaniail  en  grec  dans  la  catlièdrâi'* 
Saint-Denis. 

Parmi  ces  anciens  livres  de  Messe,  bien  dt." 
d*iiM  tr.«vail  spécial,  nous  indiquero«(S  la  Mu>. 
Eihiopes  communiter  tclvnliir,  {(utr  etiam  can*  n  . 
versalu  appellatur  nunc  primum  ex  lingua  tl^i  •• 
site  /EUiiopica  in  Laiinam  conversa.  Homae.  y* 
Anlouiuni  Bladum,  15i9,  in*  i"  (0|)ascuIcde  SM«  • 
Jets,  très- rare). 


239 


JÂG 


PART.  III. —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS; 


JAG 


S)0 


toi  et  (ul^ur  donnes  la  nourriture  au  mo- 
ment opportun  ;  tu  ouvres  ta  main  qui  sudit 
pour  pourvoir  aux  besoins  de  tous  les  èires 
«Dimés  et  tu  les  nourris  tous  par  Teffet  de  ta 
bonté. 

Elevant  la  voix:  Préserve-moi,  Seigneur 
Dieu.de  toute  angoisse,  de  toute  colère  et  de 
Iddrersité,  de  toutes  les  machinations  et 
manœuvres  des  hommes  pervers,  do  toute 
attaque  et  de  toute  violence  de  la  part  des 
déffloas,  de  tout  fléau  envoyé  par  toi.  Sei- 
gneur, à  cause  de  nos  péchés  ;  conserve- 
DoQS  dans  la  foi  orthodoxe  et  dans  l'observa- 
tion de  tes  commandements  qui  sont  saints 
et  vivifiants,  nous  et  tous  ceux  qui  sont  di- 
gnes de  se  tenip  devant  toi  et  qui  attendent 
ae  loi  d*amples  miséricordes,  parce  que  tu 
ei  le  Dieu  qui  veut  la  miséricorde  et  nous 
te  rendons  grâces,  etc. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  diacre  prie  pour  les  frères  fidèles. 

Nous  réitérons  la  commémoration  de 
DOS  frères  fidèles,  vrais  Chrétiens  qui  nous 
ont  recommandé,  à  nous  faibles  et  débiles 
créatures,  de  nous  souvenir  d'eux  en  ce  mo- 
ment, et  nous  nous  souvenons  aussi  de  ceux 
qui  sont  troublés  par  un  genre  quelconque 
delenlations  et  d'afflictions. 

Le  prêtre  s*incHne  et  dit  : 

Daigne,  Seigneur,  te  souvenir  de  ceux  qui 
irennent  part  à  qos  prières,  de  nos  pères, 
lie  nos  frères,  de  nos  ancêtres  et  de  ceux 
qui  sont  absents.  Souviens-toi  aussi,  Sei- 
boeur,  de  ceux  qui  nous  ont  recommandé 
«ie  conserver  leur  mémoire  dans  les  oraî- 
^msque  nous  l'adressons.  Accorde  à  chacun 
•ieui,  Seigneur,  ce  qu'il  te  demande,  en  ce 
'i'Ji  regarde  le  salut.  Souviens-loi,  Seigneur 
^e  ceux  qui  ont  apporté  des  offrandes  à  Ion 
^intautel,  et  do  ceux  pour  lesquels  ils  ont 
fîiides  vœux  ainsi  que  de  ceux  qui  ont 
^<Jufa  faire  des  offrandes,  mais  qui  ne  l'ont 

Élnant  la  voix  : 

Souviens-toi,  Seigneur,  de  laus  ceaxdont 
n  us  rappelons  la  mémoire  et  de  ceux  dont 
u^'us  ne  la  rappelons  pas;  daigne,  selon 
a  maltiiudede  ta  miséricorde,  leur  accor- 
«î-T  la  joie  de  ton  salut  ;  reçois  leurs  sacri- 
î;e>dans  l'immensité  de  tes  cieux;  rends-le 
'^nede  la  visite  et  de  ton  secours;  donne- 
itur  l'appui  de  tes  forces  et  de  ta  puissance; 
insiruis-les,  car  tu  es  miséricordieux  et  tu 
tîfeires  la  miséricorde,  et  à  toi  reviennent 
'^gloire,  l'honneur  et  la  puissance,  conjoin- 
l'îneniavec  ton  Fils  unique  et  lonEspiit- 

Lepeupu  :  Amen. 

Le  diacre  prie  pour  les  souverains, 

Nous  réitérons  la  commémoration  de  tous 
ksioxs  fidèles  et  vrais  Chrétiens  qui  ont 
''onsiruit  et  fondé  dans  les  quatre  parties  du 
moiuie  des  églises  et  des  monastères  consa- 
(fé$  à  Dieu;  nous  invoquons  le  Seigneur 
f'oartoule  la  républiq,ue  chrétienne,  pour  le 
^'^''/^é  et  pour  le  peuple  fidèle,  afin  qu'ils  en 
Koiiieoi  (jjiQs  la  vertu. 

Lf  prêtre  s'incline  et  dit  : 

Souvi(»ns-toi  aussi,  Seigneur^  de  nos  rois 


pieux  et  de  nos  reines,  prends  tcâ  armes  et 
ton  bouclier,  et  lève-toi  pour  les  assister. 
Soumets-Irur  tous  leurs  ennemis  et  tous 
leurs  adversaires,  afin  que  nous  menions 
une  vie  tranquille  et  calme,  dans  la  crainte 
de  Dieu  et  dans  Thumililé,  parce  que  tu  es. 
Seigneur,  le  refuge  du  salut  et  la  puissance 
secourable;Vest  toi  qui  donnes  la  victoire 
à  ceux  qui  t'invoquent  etqui  espèrent  eu  toi. 
Nous  te  rendons  gloire  et  honneur. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  fait  la  mémoire  des  saints  : 

Nous  faisons  derechef  la  commércoralion 
de  la  Mère  de  Dieu,  Marie  toujours  vierge» 
véritablement  heureuse,  louée  et  bénie  par 
toutes  les  générations  de  la  terre;  nous  fai- 
sons aussi  celle  des  prophètes,  des  apôtres, 
des  évangélistes,  des  prédicateurs,  des  mar- 
tyrs et  des  confesseurs  et  du  bienheureux 
Jean-Baptiste,  précurseur  du  Sauveur^  du 
glorieux  Etienne,  premier  martyr  et  premier 
diacre,  et  nous  souvenant  de  chacun  d'eux^ 
nous  adressons  nos  prières  au  Seigneur. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  : 

Seigneur,  c'est  à  toi  qu'est  la  puissance  de 
la  vie  et  de  la  mort  ;  tu  es  le  Dieu  des  mi- 
séricordes et  de  l'amour  pour  les  hommes  ; 
rends-nous  dignes  de  célébrer  la  mémoire 
de  tous  ceux  qui  t'ont  été  agréables  dans  les 
siècles  passés,  des  saints  pères  et  des  pa- 
triarches, des  prophètes  et  des  apôtres,  de 
Jean-Baptiste  le  précurseur,  de  saint  Etien- 
ne, le  premier  des  diacres  et  des  martyrs  et 
de  la  sainte  Mère  de  Dieu  et  toujours  viergd^ 
Marie,  et  de  tous  les  saints. 

Elevant  la  voix  : 

Nous  te  prions,  Seigneur,  plein  de  misé- 
ricorde, toi  pour  qui  il  n'est  rien  d'impossi- 
ble, admets-nous  dans  celte  bienheureuse 
réunion,  fais-nous  entrer  dans  cet(e  égli5e,- 
élablis  nous  par  ta  grflce  parmi  ces  élus  qui 
soiU  inscrits  dans  les  cieux.  Nous  célébrons 
t«ur  mémoire  pour  que,  lorsqu'ilsseront de- 
vant (on  trône,  ils  se  souviennent  de  notre 
faiblesse  et  de  notre  misère  et  qu'ils  l'offrent 
avec  nous  ce  sacrifice  redoutable  et  non  san* 
glant,  pour  servir  à  guider  ceux  qui  vivent, 
pour  consoler  les  malheureux  et  les  indi- 
gnes tels  que  nous  sommes;  pour  le  repos 
de  la  bonne  mémoire  de  nos  pères,  de  nos 
frères  et  de  nos  maîtres  qui  sont  morts  dans 
la  vraie  ioi.  C'est  ce  que  nous  te  demandons, 
Seigneur,  par  la  grAce  et  la  miséricorde  de 
ton  Fils  unique. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  fait  la  commémoration  des  doc*- 
teurs  : 

Nous  faisons  derechef  en  ta  présence, 
Seigneur,  la  commémoration  de  ces  docteurs 
divins  qui  ont  expliqué  la  foi  d'une  façon 
irré|.)réhensible,  et  qui,  décoré?  des  plus 
belles  vertus,  sont  morts,  en  nous  confiant 
et  nous  remettant  le  dépôt  de  la  foi  ortho- 
doxe.. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit: 

Souviens-toi,  Seigneur,  des  saints  évo- 
ques qui  sont  morts,  et  qui  nous  ont  dis* 
Iribué  la  parole  de  la  vérité,  et  qui,  depujjs 
Jacques  lapôtro,  prince  des  apôtres  et  mac-^ 


211 


DlCTIONNAmE  DES  APOCRYPHES. 


:i^ 


tyr,  jusqu'aujourd'hui,  ont  prêché  en  ton 
hglise  sainte  la  parole  de  la  foi  orthodoxe. 

Elevant  la  voix  : 

Seigneur,  accorde  la  paix  k  Ion  Eglise  par 
la  prière  etiessupplications  des  docteurs  qui 
ont  été  les  flambeaux  de  ton  Eglise  sainte, 
(|ui  ont  glorieusement  combattu  pour  la  foi, 
et  qui  ont  porté  ton  saint  nom  devant  les 
peuples,  les  rois  et  les  fils  d'Israël  ;  fortifie 
dans  nos  flmes  leurs  doctrines  et  leur  en- 
seignement ;  comprime  les  hérésies  qui  nous 
^ont  nuisibles;  accorde-nous  de  jiaratire 
^ans  confusion  devant  ton  tribunal  ;  parce 
que  tues  saint,  Seigneur,  et  que  tu  reposes 
dans  les  saints,  toi  qui  sauves  et  récouji)en- 
ses  les  saints. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  fait  la  commémoration  des  fidèles 
défunts. 

Nous  faisons  derechef  la  commémoration 
de  tiais  les  fidèles  défunts  qui  ont  trépassé 
dans  la  vraie  foi,  soit  qu'ils  appartinssent  à 
ce  saint  autel,  ou  à  cetle  ville,  ou  à  tout  au- 
tre pays,  et  qui  sont  parvenus  à  toi.  Seigneur 
Dieu  des  esprits  et  de  toute  chair.  Nous 
prions,  nous  supplions  et  nous  invoquons 
Jésus-Christ,  notre  Dieu,  qui  a  pris  aupiès 
de  lui  leurs  âmes  et  leurs  esprits  afin  que, 
par  un  effet  de  ses  grandes  miséricordes, 
il  les  juge  dignes  d'obtenir  le  pardon  de 
leurs  fautes  et  la  rémission  de  leurs  péchés, 
^t  de  les  faire  parvenir,  ainsi  que  nous,  l  son 
royaume  dans  le  ciel.  C*est  pounjuoi  nous 
élevons  la  voix  et  nous  disons  Kyrie  eleison 
{trois  fois). 

Le  prêtre  sUncline  et  dit  : 

Souviens-toi  aussi,  Seij^neur,  oes  prêtres 
orthodoxes  qui  sont  morts,  des  diacres  et 
des  sous*diacres,  des  lecteurs,   des  inter- 


avons cbînmises,  soit  en  le  sachant,  soii  ;.- 
ijAnoranre. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  : 

Pardonne,  Seigneur,  remets  et  efface  !^5 
pochés  volontaires  et  involontaires  de  noi.> 
tous,  ceux  que  nous  avons  commi?  par  1 1- 
rôle,  ou  pensée  ou  en  action  ;  pardoniie- 
nous  nos  fautes  publiques  ou  cacluos. 
récentes  on  anciennes,  et  toutes  celles  q^c 
connaît  ton  nom  saint. 

Elevant  la  voix: 

Accorde-nous  uncfin  chrélienneelexer,!  •• 
te  de  péi hé;, réunis-nous  sous  les  pieds  lp 
tesélus,  quand»  où  et  comme  tu  voudras 
préserve-nous  de  la  confusion  de  nos  ini- 
quités, afin  qu'en  cela  comme  en  U^mu^ 
choses,  ton  nom  adorable  soit  loué  et  cé!t  ire 
ainsi  que  Jésus-Christ  Notre-Seigneureii  n 
Eiiprit-Saint. 

Lfi  peuple  :  Tel  qu'il  est  et  qu'il  a  t  ■ 
dans  la  {vénération  des  générations  et  ikh^ 
les  siècles  des  siècles  futurs.  Amen. 

Le  prêtre:  La  paix  avec  vous. 

Le  peuple:  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  prêtre:  Que  les  miséricordes  de  Dieu 
soient  sur  nous  tous. 

//  dit  ensuite  :^ous  brisons  avec  f<.i  e; 
recueillement  ce  pain  céleste  euciiari^li]  !-, 
corps  du  Dieu  vivant,  dans  le  calice  dusai.; 
et  de  Taction  de  grâces. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  diacre  dit  à  haute  voix  : 

Bénis-nous,  Seigneur,  Nous  prions  d<  r- 
chef  par  cette  oblation  sainte  et  par  ce  <^arr  • 
flce  propitiatoire  qui  estotfertà  Dieu  lePc^. 
sanctifie,  complété  ^t  rendu  parfait  par  .< 
descente  de  rKsprii- Saint  vivant,  n*  .^ 
prions  pour  notre  père  le  prêtre  qui  a  ml  -. 
et  consacré  ce  sacrifice  ctpourl  autel  de  Di 


que 
pensée 

Elevant  la  votx: 

Seigneur  Dieu  des  esprits  et  de  toute 
chair,  souviens-toi  de  tous  ceux  dont  nous 
conservons  la  mémoire  et  qui  sont  morts 
dans  la  foi  orthodoxe;  donne  le  repos  ii  leurs 
ftmes,  à  leurs  corps  et  è  leurs  esprits,  les  dé- 
livrant de  la  damnation  future  sans  fin,  et 
les  rendant  dignes  de  prendre  part  À  la  joie 
qui  est  dans  le  sein  d  Abraham,  d'isaac  et 
(le  Jacob,  où  resplendit  la  lumière  de  ton 
ima^e.  d'où  sont  éloignés  les  gérai-sements, 
ta  liouteuret  les  angoisses;  ne  leur  impute 
pas  tous  leurs  péchés.  N'entre  pas  en  juge- 
ment avec  tesserviteurs,  car  nul  èlre  vivant 
ne  sera  justifia  en  ta  présence,  et  de  tous  Jrs 
liororaes  qui  ont  été  sur  la  terre,  nul  ne  sera 
arrivé  exempt  de  souillure,  ou  pur  de  péché, 
i>\  ce  n'est  seulement  Notre-Seigneur  Jésus- 
dhrist,  ton  Fils  unique,  par  lequel  nous  es- 
pérons obtenir  la  miséricorde  et  la  rémission 
de  nos  péchés. 

If  peii|>/e:  Accorde-leur  le  repos.  Seigneur, 
et  sois-leur  propice;  pardonne-nous  tou- 
tes nos  errt'urs  et  toutes  les  fautes  que  notis 


de  la  crainte;  voici  Theure  pleine  de  Itrr  >:-. 
les  anges  adorent  Dieu  avec  effroi;  la  it- 
nur  s*empare  des  enfants  de  la  lum;' ' . 
c'esti  'heure  où  vient  le  pardon,  et  les  f>é<    - 
fuient  loin  d*elïe.  Minisires  de  l'Eglise,  (p   • 
blez,  parceque  vou$administrezlefi'uii>    . 
La  puissance  qui  vous  est  donnée  e^l  i    * 
excellente  que  celle  que  possèdent  les  > 
raphins.  Heureuse  rânie({ui  est  ntainlrr.  ' 
dans  TEglise  avec  pureté,  parce  que  rE>;  ■ 
Saint  écrit  son  nom  et  félève  dans  lei' 
Diacres,  tenez- vous  avec  frayeur,  au  in(»ii 
sacré  où  TEsprit-Saint  descend  pour  ^ft|  • 
tifier  les  corps  de  ceux  qui  le  reçoivent.  U- 
garde.  Seigneur,  d'un  œil  de  misériconli*  ' 
serviteur  qui    célèbre  le  saint  niyslère.  lî  • 
çois.  Seigneur,  cetle  (iffrantle  romnie  • 
des  prophètes  et  des  apôtres.  Souviens- 
Seigneur,  de  nos  pères  ei  de  nos  frères  »• 
que  do  nos  maîtres;  rends-les  divines  a  ' 
que  nous  par  ta   miséricorde,  du  roy;ii 
célesie.  Souviens«toi,  Seigneur,  partir'-  * 
et  la  miséricorde  divine,  de  notre  f>air  y- 
fhe  N.  et  de  ceux  dont  les  prières  sont  e*.- 
j primées   ici.    Souviens-toi  ,   Seigneur, 
ah>enls,  et  aie  pitié  des  présents.  Don 


I  •  » 


.1.» 


JAC 


PART.  ifl.  -  LEGrNDES  ET  FRAGMEiNTS. 


JAC 


3ti 


!o  refios  aux  esprits  des  défunts  et  épargne 
les  pécheurs  au  jour  du  jugement.  Donne, 
Seij^neur  Jésus-Christ,  le  repos  aux  es- 
prits de  ceux  qui  sont  sortis  de  ce  monde 
et  adffle's-les  avec  les  hommes  justes  et 
l»ieux.  Que  ta  croix  soit  pour  eux  un  pont 
pl  ton  baptême  une  défense.  Que  ton  corps 
elque  ton  sang  sacrés  soient  pour  eux  la 
voie  qui  conduise  à  ton  royaume.  Il  con- 
vient que  du  milieu  du  sanctuaire,  nous 
rendions  perpétuellement  gloire  au  Père^  au 
Fils  et  à  rÉsprit-Saint  vivant,  les  adorant 
'/une  manière  qui  soit  accueillie  d'eux,  afin 
que  Dieu  répande  sur  nous  sa  grâce,  sa 
l".'nédiclion,  sa  miséricorde  ot  sa  clémence 
depuis  ce  moment  jusqu'à  la  fin,  et  que  fous 
nous  adressions  nos  oraisons  au  Seigneur. 

Le  prêtre,  avant  de  réciter  VOraison  domU 
«iVfl/f,  dit  : 

Père  de  Notre-Seigncur  Jésus-Christ,  père 
de  miséricorde  et  dieu  de  toute  consolation, 
qui  es  assis  au-dessus  des  chérubins  et  qui 
reçois  les  louanges  des  séraphins,  devant 
lequel  se  tiennent  mille  myriades  d*anges, 
armées  célestes  et  éminentes,  toi  qui  as  dai- 
gné sanctifier  et  rendre  parfaites  par  la  j^râce 
u^  l'^n  Fils"  unique,  et  par  la  descente  de 
li>n  Esprit-Saint,  les  offrandes  faites  des  dons 
el  des  fruits  qui  te  sont  présentés  en  odeur 
Oe  suayité,  sanctifie  aussi,  Seigneur,  nos 
âuies.  nos  corps  et  nos  esprits,  alin  que  nous 
puissions  l'invoquer  avec  un  cœur  pur,  une 
âioe  lucide  et  une  figure  exempte  de  confu- 
son,  6  Dieu  céleste.  Père  tout-puissant,  et 
i|uc  nous  te  priions  en  disant  :  Notre  Père 
qui  es  dans  les  cieux. 

le  peuple  :  Que  ton  nom  soit  sanctifié. 

Z^pr^/re:  Seigneur,  notre  Dieu;  ne  nous 
inlnis  pas  en  des  tentations  quo,  privés  de 
Iroe^nous  ne  pourrions  supporter,  maisac- 
curde-Qous  ton  secours  afin  que  nous  puis- 
sions surmonter  la  tentation, et  délivre-nous 
<  1  mal.  Par  Jésus-Christ,  Notre-Seigneur, 
l'-r  lequel,  etc. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Le  diacre  :  Inclinez  vus  têtes  devant  Dieu 
r'i:>érieordieux,  devant  l'autel  propitiatoire, 
f-i  devant  le  corps  et  le  sang  de  notre  Sau- 
ym  dans  lequel  est  placée  la  vie  pour  ccui 
<;iii  le  reçoivent,  et  recevez  la  hénéuictioo 
li  1  Sei|§neur. 

Le  prêtre  :  Tes  serviteurs  inclinent  leurs 
lêtes  devant  toi.  Seigneur;  ils  attendent  do 
>'M  des  miséricordes  abondantes.  Envoie, 
H^^neur,  les  bénédictions  copieuses  qui 
tiennent  de  toi.  Seigneur,  et  sanctifie  nos 
diu»  s,  nos  corps  et  nos  esprits,  afin  que  nous 
^i^om  dignes  de  partici[)er  au  corps  et  au 
Sang  du  Christ,  notre  Sauveur,  par  la  grâce, 
le  mente  et  jl*amour  de  Jésus-Christ  avec 
^'Jcl  tu  es  loué  et  béni  dans  les  cieux  et 
sur  la  terre  avec  ton  Esprit-Saint. 

le  peuple  ;  Amen. 

Le  prêtre:  Que  la  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Le  prêtre  :  Que  les  miséricordes  do  Dieu 
^•!  ni  avec  vous. 


Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Le  diacre  :  Que  chacun  avec  crainte  et 
tremblement  dirige  ses  regards  vers  Dieu, 
et  qu'il  invoque  la  gr&ce  et  la  miséricorde 
du  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Saint,  saint,  saint  le  Seigneur 
Dieu  mallre  des  armées  ;  les  cieux  et  la 
terre  sont  pleins  de  tes  louanges.  O  Dieu, 
ta  gloire  s'élève  au-dessus  des  cieux  et  au- 
dessus  de  toute  la  terre.  J'ai  levé  mes  yeux 
vers  toi  qui  habites  dans  les  cieux. 

Le  prêtre  prend  ensuite  l'Eucharistie  dans 
les  mainSf  et  il  dit  à  haute  voix  : 

Les  choses  saintes  sont  livrées  aux  sainte 
dans  la  perfection,  dans  la  pureté  et  dans 
la  .<aintelé. 

Tous  disent  alors  ensemble  :  Un  Père  saint, 
un  Fils  saint,  un  £s})rit  saint.  Que  béni 
soit  le  nom  du  Seigneur  qui  est  dans  le 
l'iel  et  sur  la  terre;  h  lui  gloire  dans  tous 
les  siècles.  Gloire  au  Père,  au  Fils  et  à 
TEsprit-Saint,  qui  sanctifie  toutes  choses  et 
qui  expie  toutes  choses. 

Le  prêtre  :  Seigneur,  nous  croyons  en  loi 
avec  vérité  et  avec  certitude,  comme  l'Eglise 
sainte  et  catholique  croiten  tni.  Nous  croyons 
que  tu  es  lejseul  Père  saint  auquel  revient 
la  gloire.  Amen  ;  un  seul  Fils  saint;  à  lui  la 
louange.  Amen;  un  seul  Esprit-Saint;  à  lui 
la  gloire  et  actions  de  grâces  dans  tous  les 
siècies.  Amen. 

Le  diacre  :  Recevons  dans  la  résurrection 
du  roi  Jésus-Christ  la  grâce  pour  nos  âmes 
dans  la  foi,  et  disons  tous  également  au  Fils 
qui  nous  a  sauvés  par  sa  croix  ;  Béni  no- 
tre Sauveur,  tu  es  saint,  saint,  saint  de  toutes 
les  manières  ;  glorifions  la  mémoire  de  sa 
Mère,  des  saints  et  des  fidèles  défunts.  Allé- 
luia, Les  vertus  des  cieux  se  tiennent  avec 
nous,  au  milieu  du  sanctuaire,  et  elles  s'in- 
clinent devant  le  corps  du  Fils  de  Dieu  qui  a 
été  immolé  en  notre  présence.  Approchez, 
recevez  de  lui  la  rémission  de  vos  péchés 
et  de  vos  fautes.  Alléluia,  Seigneur,  que 
sur  ton  autel  saint  se  fa&se  la  mémoire  de 
nos  pères,  de  nos  frères  et  de  nos  maîtres  ; 
qu'ils  ressuscitent  pour  être  placés  à  la  droi- 
te, au  jour  de  Tavénement  de  ta  majesté,  ô  Jé- 
sus-Christ, roi. il//€/uïa.  Béni  soit  le  Seigneur 
qui  nous  a  donné  son  corps  ei  son  sang  vi- 
vant, afin  d'obtenir  par  eux  le  pardon  de  nos 
péchés.  Prêtres,  lorsque  vous  êtes  dans  le 
sanctuaire,  ouvrez  les  portes  de  vos  cœurs, 
récitez  le  psaume  et  bénissez  cette  Eucha- 
ristie placée  dans  le  sanctuaire. 

On  récite  le  psaume  cl. 

Le  prêtre  récite  encore  quelques  prières  qui 
varient  selon  les  usages  des  diverses  Eglises  ; 
il  sépare  du  pain  eucliaristique  un  morceau 
qu  il  trempe  dans  le  calice^  et  il  fait  sur  les 
autres  le  signe  de  la  croixy  en  disant  : 

Que  le  sang  de  Notre-Seigneui  arrose  son 
corps  au  nom  du  Père  t,  et  du  Fils  ft  ^l  ^« 
l'Esnrit-Saint  f. 

Il  place  dans  le  calice  cette  mime  petite  par^ 
lie  en  disant  : 

Seigneur,  lu  as  mêlé  ta  divinité  avi^c  no- 
ire humanité  et  nrdrc  humanité  avec  la  dt- 
vinité,  ta  vie  avec  notre  mortalité  et  notre 


311 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


M 


tyr«  jusqu'aujourd'hui,  ont  prêché  en  ton 
Kglise  sainte  la  parole  de  la  tçi  orthodoxe. 

Elevant  la  voix  : 

Seigneur,  accorde  la  paix  k  Ion  Eglise  par 
la  prière  etiessupplications  des  docteurs  qui 
ont  été  les  flambeaux  de  ton  Eglise  sainte, 
qui  ont  glorieusement  combattu  pour  la  foi* 
et  qui  ont  porté  ton  saint  nom  devant  les 
peuples,  les  rois  et  les  fils  dlsraël  ;  fortifie 
dans  nos  flmes  leurs  doctrines  et  leur  en- 
seignement ;  comprime  les  hérésies  qui  nous 
5ont  nuisibles;  accorde-nous  de  jaratlre 
sans  confusion  devant  ton  tribunal;  parce 
que  tu  es  saint,  Seigneur,  et  que  tu  reposes 
dans  les  saints,  toi  qui  sauves  et  récompen- 
ses les  saints. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  fait  la  commémoration  des  fidèles 
défunts. 

Nous  faisons  derechef  ja  commémoration 
(le  tous  les  fidèles  défunts  qui  ont  trépassé 
dans  la  vraie  fji,  soit  qu'ils  appartinssent  à 
ce  saint  autel,  uu  à  cette  ville,  ou  à  tout  au- 
tre pays,  et  qui  sont  parvenus  à  toi.  Seigneur 
Dieu  des  esprits  et  de  toute  chair.  Nous 
prions,  nous  supplions  et  nous  invoquons 
Jésus-Chrisl,  notre  Dieu,  qui  a  pris  aupiès 
de  lui  leurs  flmes  et  leurs  esprits  afin  que, 
par  un  effet  de  ses  grandes  miséricordes, 
il  les  Juge  dignes  d*obtenir  le  pardon  de 
leurs  fautes  et  la  rémission  de  leurs  péchés, 
et  de  les  faire  parvenir,  ainsi  que  nous,  l  son 
royaume  dans  le  ciel.  C*est  pourcjuoi  nous 
élevons  la  voix  et  nous  disons  Kyrie  eleison 
(trois  fois). 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  : 

Souviens-toi  aussi*  Seigneur,  oes  prêtres 
orthodoxes  qui  sont  morts,  des  diacres  et 
des  sous-diacres.  des  lecteurs,  des  inter- 
prètes, des  exorcistes,  des  moines,  des  reli- 
«  îflieux,  des  auditeurs,  des  vierges,  des  sécu-  • 
fiers  qui  soni  morts  dans  la  vraie  foi  et  de 
ceux  que  chacun  de  nous  désigne  dans  sa 
pensée 

Elevant  la  votx: 

Seigneur  Dieu  des  esprits  et  de  toute 
chair,  souviens-toi  de  tous  ceux  dont  nous 
conservons  la  mémoire  et  qui  sont  toorts 
dans  la  foi  orthodoxe;  donne  le  repos  b  leurs 
flmes,  à  leurs  corps  et  è  leurs  esprits,  Ips  dé- 
livrant de  la  damnation  future  sans  fin,  et 
les  rendant  dignes  de  prendre  part  à  la  joie 
qui  est  dans  le  sein  d  Abraham,  d'isaac  et 
de  Jacob,  où  resplendit  la  lumière  de  ton 
ima^çe,  d'où  sont  éloignés  les  gérai-sements, 
ÏH  iloulcurer  les  angoi^sses;  ne  leur  impute 
pas  tous  leurs  péchi^s.  N'entre  pas  en  juge- 
ment avec  (esservileurs,  car  nul  être  vivant 
ne  sera  justifia  en  la  présence,  et  de  tous  les 
homme»  qui  ont  été  sur  la  terre,  nul  ne  sera 
arrivé  exempt  de  souillure,  ou  pur  de  péché, 
b\  ce  n*est  seulement  Noire-Seigneur  Jésus- 
(«hrist,  (on  Fils  unique,  par  lequel  nous  es- 
pérons obtenir  la  miséricorde  et  la  rémission 
de  nos  péchés. 

Le  petfo/e:  Accorde-!eurl6  repos,  Seigneur, 
et  sois-leur  propice;  pardonne-nous  tou- 
tes nos  errf'urs  et  toutes  lesfaute>  que  nous 


avons coînmises,  soit  en  le  sachant,  soit  ;/: 
ignorance. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  : 

Pardonne,  Seigneur,  remets  et  efface  Wf^ 
péchés  volontaires  et  involontaires  de  duun 
tous,  ceux  que  nous  avons  comœi?  par  i  > 
rôle,  ou  pensée  ou  en  action  ;  pardoi.tit- 
nous  nos  fautes  publiques  ou  cacht'rs, 
récentes  on  anciennes,  et  toutes  celles  i;.i«- 
connatt  ton  nom  saint. 

Elevant  la  voix: 

Accorde-nous  unefin  chrétienneetexen  j- 
te  de  pé<  hé;  réunis-nous  sous  les  pieds  i.e 
tcsélus,  quand,  où  et  comme  tu  voudra^; 
préserve-nous  de  la  confusion  de  nos  ini- 
quités, afin  qu*en  cela  comme  en  tMji'^ 
choses,  ton  nom  adorable  soit  loué  et  céUirt» 
ainsi  que  Jésus-Christ  Notre-Seigneur  cl  t'  :i 
Esnrit-Sainl. 

Lff  peuple  :  Tel  qu'il  est  et  qu'il  a  é  • 
dans  la  {vénération  des  générations  et  «l.v.' 
les  siècles  des  siècles  futurs.  Amen. 

Le  prêtre:  La  paix  avec  vous. 

Le  peuple:  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  prêtre:  Que  les  miséricordes  de  Dieu 
soient  sur  nous  tous. 

//  dit  ensuite  :^ous  brisons  avec  fol  el 
recueillement  ce  pain  céleste  eucharislijii', 
corps  du  Dieu  vivant,  dans  le  calice  du  salui 
et  de  Taction  de  grâces. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  dit  à  haute  voix  : 

Bénis-nous,  Seigneur.  Nous  prions  dere- 
chef par  cette  oblation  sainte  et  f^ar  ce  ^mn- 
lice  propitiatoire  qui  estolfertà  Dieu  lePir»», 
sanctifie,  complété  ^t  rendu  parfait  par  <: 
descente   de  l'Esprit -Saint    vivant,  nnj- 
prions  pour  notre  père  le  prêtre  qui  a  olI»;. 
et  consacré  ce  sacritice  et  pour  l'autel  de  I)i>  ': 
sur  lequel  il  s'est  accompli,  et  pour  le  { eu{  . 
béni  qui  en  approche  et  qui  Je  reçoit  «Jan^ 
une  foi  sincère,  et  pour  ceux  en  faveur  lit-*- 
quels  il  est  olferl  et  consacré.  Voici  le  teni[5 
de  la  crainte;  voici  l'heure  pleine  de  tcrr  i;r; 
les  anges  adorent  Dieu  avec  effroi;  la  it- 
rcur  s'empare  des  enfants  de  la  UiuwiTo, 
c'esti  'heure  où  vient  le  pardon,  et  les  fiée  *'- 
fuient  loin  d'elle.  Ministres  de  l'Eglise,  Ir- 1.  - 
blez,  parceque  vousadministrezlefou^ir'  ". 
La  puissance  qui  vous  est  donnée  est  |-  ' 
excellente  qun  celle  que  possèdent  les  ^ 
raphins.  Heureuse  l'âme  qui  est  mainicn  *: 
dans  l'Eglise  avec  pureté,  parce  que  rE>|'fi  • 
Saint  écrit  wson  nom  et  l'élève  dans  lei<' 
Diacres,  tenez-vous  avec  frayeur,  au  incm;.  m 
sacré  où  TEsprit-Saint  descend  pour  >«!•  - 
lifier  les  corps  de  ceux  qui  le  reçoivinl.  lî- 
t;arde.  Seigneur,  d'un  œil  de  miséricorli-  '  ■'■ 
serviteur  qui    célèbre  le  saint  mystère.  K- 
çois,  Seigneur,  celle  oflrande  cômnic  <•• 
des  prophètes  el  des  apôlres.  Souvierii-'  • 
Seigneur,  de  nos  pères  ei  de  nos  frères  »t';  ' 
que  (le  nos  maîtres;  rends-les  dignes  a:'-: 
que  nous  par  ta   miséricorde,  du  rop""  • 
céle5;e.  Souviens-toi,  Seigneur,  parlfl^''  '* 
et  la  miséricorde  divine,  de  noire  j>air!*r- 
che  N.  et  de  ceux  dont  les  prières  sont  cv 
primées   ici.    SouTiens-toi  ♦  Seigneor.  <^* 
ah>enls,  cl  aie  pitié  des  présents.  Pom.;*. 


:-\:t 


JAC 


PART.  ifl.  -  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


3tl 


;•>  repos  aux  esprits  des  défunts  et  épargne 
les  pécheurs  au  jour  du  jugement.  Donne, 
Seigneur  Jésus-Christ,  le  repos  aux  es- 
prits de  ceux  qui  sont  sortis  de  ce  monde 
el  admets-les  avec  Jes  hommes  justes  et 
]tieut.  Que  (a  croix  soit  pour  eux  un  pont 
pi  lj>n  baptême  une  défense.  Que  Ion  corps 
et  que  ion  san^  sacrés  soient  pour  eux  la 
voie  qui  conduise  à  ton  royaume.  Il  con- 
vient que  du  milieu  du  sanctuaire,  nous 
rendions  perpétuellement  gloire  au  Père^  au 
Fils  et  à  l'Espril-Saint  vivant,  les  adorant 
«/une  manière  qui  soit  accueillie  d'eux,  afin 
que  Dieu  répande  sur  nous  sa  grâce,  sa 
l'.Qédiction,  sa  miséricorde  et  sa  clémence 
(iepuisce  moment  jus(]ii*à  la  Gn,  et  que  tous 
Dotjs  adressions  nos  oraisons  au  Seigneur. 
Le  prêtre,  avant  de  réciter  iOraison  domi- 
nicaUf  dit  : 

Période  Noire-Seigneur  Jésus-Christ,  père 
de  miséricorde  et  dieu  de  toute  consolation, 
qui  es  assis  au-dessus  des  chérubins  et  qui 
reçois  les  louanges  des  séraphins,  devant 
lequel  se  tiennent  mille  myriades  d'anges, 
années  célestes  et  éminentes,  toi  qui  as  dai- 
gné sanctifier  et  rendre  parfaites  par  la  grâce 
u<?  l'^n  Fils' unique,  et  par  la  descente  de 
U»n  Esprit-Saint,  les  offrandes  faites  des  dons 
el  (les  fruits  qui  te  sont  préseniés  en  odeur 
de  suavité,  sanctifie  aussi.  Seigneur,  nos 
âmes,  nos  corps  et  nos  esprits,  afin  que  nous 
puissions  t'invoquer  avec  un  cœur  pur,  une 
âioe  lucide  et  une  figure  exempte  de  confu- 
son,  6  Dieu  céleste.  Père  tout-puissant,  et 
H\ie  nous  te  priions  en  disant  :  Notre  Père 
qui  es  dans  les  cieux. 

U peuple  :  Que  ton  nom  soit  sanctifié. 

I0 praire: Seigneur,  notre  Dieu;  ne  nous 
induis  pas  en  des  tentations  quo,  privés  de 
l'roe,nous  ne  pourrions  supporter,  mais  ac- 
corde-nous ton  secours  afin  que  nous  puis- 
sions surmonter  la  tentation, et  délivre-nous 
'' 1  mal.  Par  Jésus-Cbrist,  Notre-Seigneur, 
|flr  lequel,  etc. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre  :  La  p.iix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  £t  avec  ton  esprit. 

Le  diacre:  Inclinez  vos  têtes  devant  Dieu 
miséricordieux,  devant  Tautel  propitiatoire, 
el  devant  le  cor[)S  et  le  sang  de  notre  Sau- 
vt'ur  dans  lequel  est  placée  la  vie  pour  crui 
<:iâ  le  reçoivent,  et  recevez  la  béncuiclion 
u  I  Seijjneur. 

Le  prêtre  :  Tes  serviteurs  inclinent  leurs 
ièles  devant  toi,  Sei)^neur;  ils  attendent  do 
ioi  des  miséricordes  abondantes.  Envoie, 
^''i(^neur,  les  bénédictions  copieuses  qui 
ueiineni  de  toi.  Seigneur,  et  sanctifie  nos 
âiues,  DOS  corps  et  nos  esprits,  afin  que  nous 
Soyons  dignes  de  parlicifter  au  corps  et  au 
s<')ngdu  Christ,  notre  Sauveur,  par  la  grâce, 
je  raénle  et  Uamour  do  Jésus-Christ  avec 
lequel  lu  es  loué  et  béni  dans  les  cieux  et 
sur  la  terre  avec  ton  Esprit-Saint. 

Le  peuple  :  Amen. 

^^  prêtre:  Que  la  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

^-«  prêtre  :  Que  les  miséricordes  do  Dieu 
Kin  ut  avec  vous. 


Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Le  diacre  :  Que  chacun  avec  crainte  et 
tremblement  dirige  ses  regards  vers  Dieu, 
et  qu'il  invoque  la  gr&ce  et  la  miséricorde 
du  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Saint,  saint,  saint  le  Seigneur 
Dieu  matlre  des  armées  ;  les  cieux  et  la 
terre  sont  pleins  de  tes  louanges.  O  Dieu, 
ta  gloire  s'élève  au-dessus  des  cieux  el  au- 
dessus  de  toute  la  terre.  J*ai  levé  mes  yeux 
vers  toi  qui  habites  dans  les  cieux. 

Le  prêtre  prend  ensuite  l'Eucharistie  dans 
les  mainsy  et  il  dit  à  Imute  voix  : 

Les  choses  saintes  sonl  livrées  aux  sainte 
dans  la  perfection,  dans  la  pureté  et  dans 
la  .<ainleté. 

Tous  disent  alors  ensemble  :  Un  Père  saint, 
un  Fils  saint,  un  Esprit  saint.  Que  béni 
soit  le  nom  du  Seigneur  qui  est  dans  le 
l'iel  et  sur  la  terre;  à  lui  gloire  dans  tous 
les  siècles.  Gloire  au  Père,  au  Fils  el  à 
l'Esprit-Saint,  qui  sanctifie  toutes  choses  et 
qui  expie  toutes  choses. 

Le  prêtre  :  Seigneur,  nous  croyons  en  loi 
avec  vérité  et  avec  certitude,  comme  TEglise 
sainte  et  catholique  rroiten  loi.  Nous  croyons 
que  lu  es  lei^eul  Père  saint  auquel  revient 
la  gloire.  Amen  ;  un  seul  Fils  saint;  à  lui  la 
louange.  Amen;  un  seul  Esprit-Saint;  à  lui 
la  gloire  et  actions  de  grâces  dans  tous  les 
siècles.  Amen. 

Le  diacre  :  Recevons  dans  la  résurrection 
du  roi  Jésus-Christ  la  grâce  pour  nos  âmes 
dans  la  foi,  et  disons  tous  également  au  Fils 
qui  nous  a  sauvés  par  sa  croix  ;  Béni  no- 
tre Sauveur,  tu  es  saint,  saint,  saint  de  toutes 
les  manières;  glorifions  ta  mémoire  de  sa 
Mère,  des  saints  et  des  fidèles  défunts.  Allé- 
luia, Les  vertus  des  cieux  se  liennenl  avec 
nous,  au  milieu  du  sanctuaire,  el  elles  s'in- 
clinent devant  le  corps  du  Fils  de  Dieu  qui  a 
été  immolé  en  notre  présence.  Approchez, 
recevez  de  lui  la  rémission  de  vos  péchés 
et  de  vos  fautes.  Alléluia.  Seigneur,  que 
sur  ton  autel  saint  se  fa^se  la  mémoire  de 
nos  pères,  de  nos  frères  et  de  nos  maîtres  ; 
qu'ils  ressuscitent  pour  être  placés  à  la  droi- 
te, au  jour  de  Tavénement  de  ta  majesté,  ô  Jé- 
sus-Christ, roi. ii//«/Mia. Béni  soit  le  Seigneur 
qui  nous  a  donné  son  corps  ei  son  sang  vi- 
vant, afin  d'obtenir  par  eux  le  pardon  de  nos 
péchés.  Pi  êtres,  lorsque  vous  êtes  dans  le 
sanctuaire,  ouvrez  les  portes  de  vos  cœurs, 
récitez  le  psaume  el  bénissez  cette  Eucha- 
ristie placée  dans  le  sanctuaire. 

On  récite  le  psaume  cl. 

Le  prêtre  récite  encore  guelgues  prières  qui 
varient  selon  les  usages  des  diverses  Eglises  ; 
il  sépare  du  pain  eucharistique  un  morceau 
qu'il  trempe  dans  le  calice,  et  il  fait  sur  les 
autres  le  signe  de  la  croix,  en  disant  : 

Que  le  sang  de  Notre-Seigneui  arrose  son 
corps  au  nom  du  Père  t,  el  du  Fils  f»  ^l  ^« 
rEsprit-Saint  t. 

Jl  place  dans  le  calice  cette  même  petite  par^ 

lie  en  disant  : 

Seigneur,  tu  as  mêlé  ta  (divinité  avi^c  no- 
tre humanité  el  notre  humanité  avec  ta  di- 
vinité, ta  vie  avec  nidre  mortalité  cl  notre 


SIS 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


310 


mortalité  avec  ta  vie;  tu  as  reçu  ce  qui 
était  à  nous  et  tu  nous  a  donné  ce  qui  éPiit 
à  loi,  pour  la  vie  et  te  salut  de  nos  Ames. 
A  toi  gloire  dans  tous  les  siècles. 

Le  prêtre  reçoit  le  corps  de  Jésus  Christ 
sn  disant  : 

Seigneur,  fais  que  nos  corps  soient  sanc- 
tifiés par  ton  corps  saint  et  que  nos  Ames 
soient  purifiées  par  ton  sang  propitiatoire  : 
que  ton  corps  et  ton  sang  nous  servent  à 
obtenir  ta  grAce  de  nos  fautes  et  la  remis* 
sion  de  nos  p  chés;  Soigneur  Dieu,  gloire 
à  toi  lians  lous  les  siècles. 

Le  prêtre  distribue  ensuite  l'Eucharistie 
aiêx  prêtres^  puis  aux  diacres  et  enfin  aux 
laïques,  en  disant  : 

Que  l(*  corps  et  le  sang  de  Nolre-Seifçneur 
Ji^sus-Christ  le  soient  donnés  pour  le  pardon 
de  les  fautes  et  la  rémission  de  tes  péchés,  en 
ce  monde  et  en  Taulre. 

Pendant  que  la  communion  est  administrée, 
U  diacre  dit  à  haute  voix  : 

Mes  frères,  receviez  lecorps  du  Christ,  bu- 
vez son  sang  avec  foi,  et  chantez  sa  gloire  ; 
c'est  le  calice  que  Notre-Seigneur  a  mêlé 
sur  le  bois  de  lacroii;  approchez-vous,  mor- 
tels; buvez-en  pour  la  rémission  de  vos  fau- 
tes; alleluia;h  lui  la  louange;  son  troupeau 
en  boit  et  obtient  la  pureté. 

Ces  vers  et  beaucoup  d'autres  semblables  se 
récitent  ou  se  suppriment,  selon  que  le  nombre 
des  communiants  est  plus  ou  moins  grand. 

Le  prêtre  essuie  ensuite  les  vases  sacrés  par 
le  ministère  des  diacres,  et  ensuite  l'oraison 
d'action  de  grâces  est  récitée. 

Nous  te  rendons  ^rAc(s  A  Dicnl  et  nous  te 
louons  surtout  è  caiiSH  de  ton  immense  et 
ineffable  amour  è  Tégard  des  hommes.  O 
Seigneur  I  ne  condamne  pas,  è  cause  de  la 
participation  qu'ils  ont  prise  à  tes  mystères 
saints  et  sans  tAche,  ceux  que  tu  as  daigné 
admettre  à  ta  table  céleste.  Daigne  nous  gar- 
der dans  la  justice  et  dans  la  sainteté,  atin 
que,  rendus  dignes  par  In  communication 
de  ton  Esprit-Saint,  nous  obtenions  une  nart 
et  un  héritage  avec  tous  les  saints  qui  t  ont 
été  agréables,  par  la  grAce,  etc. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Le  diacre  :  Prions  derechef  pour  la  con- 
sonimalion  de  ces  mystères  maints. 

Le  prêtre  :  Dieu  grand  et  admirable,  qui 
as  incliné  les  cieux  et  qui  es  descendu  pour 
le  saluf  des  hommes,  jette  les  yeux  sur  nous 
par  tn  effet  de  ta  grAce  et  de  ta  miséri- 
corde; bénis  ton  pouple,  et  préserve  ton  hé- 
ritage, atin  que  nous  te  louions  toujours  et 
on  tout  temps,  parce  que  tu  es  notre  seul 
Dieu  véritable, et  nous  louons  aussi,  mainte- 
nant et  toujours  et  dans  tous  les  siècles.  Dieu 
le  Père  qui  t'a  engendré,  et  ton  Esprit-Saint. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  :  Seigneur,  donne  la  bénédic- 
tion. 

Le  prêtre:  Seigneur,  bénis  tous  ceux  qui 
•ont  m  présents,  conserve-les  tous,  etc. 

La  bénédiction  tarie  selon  Vusage  des  Egli 
ses  et  selon  la  fête  quon  célèbre. 


Quand  elle  est  récitée,  le  diacre  entonne  le 
psaume  xxxiv  :  «  Je  bénirai  en  tout  tempx  U 
Seigneur.  »  Ensuite  chacun  se  retire  et  la  (t« 
turgie  est  terminée. 

Autres  oraisons  à  réciter  au  moment  de  la 
communion  et  après,  et  qui,  dans  quelques 
manuscrits,  sont  jointes  a  laliturgie  de  Jac» 

Îues,  dans  d'autres  à  celle  de  Xysie  ou  de 
ierre. 

Lors  de  la  distribution  de  la  communion,  le 
prêtre  dit  : 

Seigneur,  tu  es  saint,  saint,  saint.  Ain^ilo 
crie  TE^Iise.  Béni  celui  qui  m*a  donné  M>ii 
corps  et  son  sang,  afin  que  par  lui  j'obiiennc 
Texpintion  de  mes  péchés.  Nous  invoquons 
ton  saint,  afin  qu'il  nous  soit  favorable,  lors- 
qu'au jour  du  jugement  nous  paraîtrons  de- 
vant son  trOne  qui  inspire  la  crainte  et  l'ef- 
froi. Je  fuis  le  pain  de  vie,  dit  le  Soigneur, 
et  celui  qui  me  mange  avec  foi  héritera  d»* 
la  vie.  Que  celui  qui  est  pur  parmi  ceux  qui 
voient  avec  foi  le  corps  du  Fils,  s'approche, 
et  qu'il  te  reçoive,  et  qu'il  obtienne  par  lui 
le  pardon  des  péchés.  Bénie  est  Marie,  cl 
béni  est  fe  fruit  qui  est  sorti  d'elle,  parce 
que  nous  recevons  son  corps  et  quo  nous 
buvons  son  sang  pour  l'expiation  de  nos  fau- 
tes. Reçois,  Seigneur,  les  offrandes  que  le 
présentent  tes  adorateurs;  sois  propice, dans 
tes  miséricordes  t  aux  Ames  de  ceux  qui 
sont  défunts.  . 

Oraison  pour  les  morts. 

Voici  que  l'offrande  est  apportée,.et  voin 
que  les  Ames  sont  purifiées.  Qu'elle  procura 
le  repos  aux  morts  pour  lesquels  elle  est 
offerte.  Celte  offrande,  que  les  vivants  pn^ 
sentent  pour  les  défunts  expie  Tiniquiiéile 
TAme,  et  par  elle,  leurs  péchés  leur  soni 
remis.  Que  celui  qui  a  appelé  Lazare  el  le 
fils  de  la  veuve  répande  la  rosée  de  ses  mi- 
séricordes sur  les  os  des  défunts.  Seigneur, 
souviens-toi  de  celui  par  lequel  celto  («f- 
fraude  est  présentée,  et  place-le  avec  Abra- 
ham, Isaac  et  Jacob. 

Roi  céleste,  reçois  l'offrande  de  tes  servi- 
teurs, et  conserve  leur  mémoire  dans  la  ié- 
rusalem  d'en  haut  et  dans  celle  qui  est  sur 
la  terre,  et  que  leur  mémoire  soit  favora- 
ble sur  Tautel  qui  est  dans  le  lieu  élevé. 
Agneau  de  Dieu  et  pasteur,  qui  es  dhtI 
pour  tes  brebis,  accorde.  Seigneur,  par  id 
grAce,  le  repos  aux  fidèles  défunts. 

Mon  Ame  a  soif  de  ton  cor|)$,  mais  je  re- 
doute d'approcher  de  lui  :  mes  péchés  m'ins- 
pireot  l'effroi;  qu'ils  S'»ient  expiés,  Sei- 
gneur, par  ta  clémence.  Que  ton  corps  el  (en 
sang  que  nous  recevons  soient  pour  nous  la 
voie  et  le  chemin  pour  que  nous  passin^^ 
sans  crainte  des  ténèbres  à  la  lumière.  Q'i" 
la  joie  soit  dans  les  régions  supérieures  h 
l'espoir  dans  les  régions  inférieures,  p^n 
suite  des  offrandes  que  les  vivants  font  p'^ui 
leurs  (Horts. 

Le  diacre  :  Prions  après  être  devenus  iJi- 
gnes  de  recevoir  le  corps  et  le  sang  de  notre 
Sauveur;  c'est  le  mystère  et  le  gage  qui  esi 
descendu  du  ciel^  qui  ne  passe  pas  et  qu: 


S17 


iAG 


PART.  m. ---LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


S18 


n'est  pas  détruil.  Prions,  afin  qu'il  demeure 
parmi  nous,  et  afin  que  nous  ie  conservions 
avec  pureté.  Gloire  au  Seigneur  qui,  dans  sa 
bonté,  nous  a  rendus  dignes  de  ce  don  spi- 
rituel. 

Nous  le  confessons  derechef  dans  la  con- 
sommation de  les  saints  mystères,  Seigneur 
Jésus-Christ,  parce  que  tu  nous  a  nourris 
de  (on  corps,  et  que  tu  nous  a  abreuvés  de 
ton  sang.  Aie  pitié  de  nous,  el  exauce- 
no'js. 

Auire  oraison  d'action  de  grâces. 

Que  les  bouches,  rassasiées  ae  les  dons, 
confessent  la  gloire,  Seigneur,  par  laquelle 
elles  ont  mérité  ce  don  céleste  qui  est  le 
corps  et  le  sang  de  ton  Fils  uniaue,  par  le- 
quel elavec  lequel  la  gloire  et  l'honneur  le 
reviennent  avec  ton  Esprit-Saint. 

Seigneur  Jésus-Christ,  pain  céleste,  lof 
qui  t'es  buoailié  jusqu'au  point  de  devenir 
pour  nous   une  nourriture  qui  ne  périsse 


point,  ne  permets  pas  que,  lors  de  ton  se- 
cond avènement,  nous  soyons  dévorés  par 
un  feu  inextinguible.  Donne  ta  bénédiction 
à  nous  tous,  conserve-nous  tous;  secours- 
nous  tous  ^  montre-nous  la  voie  de  la  vie  et 
du  salut;  que  tes  miséricordes  el  que  la 
clémeuf^e  soient  sur  nous  tous.  Veille  sur 
nos  frères  qui  sont  éloignés;  instruits  ceux 
qui  sont  proches,  en  leur  distribuant  une 
doctrine  suffisante:  protège  aussi  tous  les 
fidèles  de  Tun  et  l'autre  sexe  qui  ont  parti- 
cipé à  celle  Ëucharisti'  qui  a  éiè  apiiorléep 
offerte  cl  présentée  sur  ton  saint  aulek 

Que  le  Dieu  qui  a  reçu  les  f»frrandes  des 
justes  d'autrefois,  d'Abraham,  d'Isaac  et  de 
Jacob,  accueille  ajssi  vos  offrandes,  vos 
vœux,  les  prémices  el  les  dîmes  qne  vous 
lui  présentez;  qu'il  accorde  le  repos  et  un 
bon  souvenir  aux  défunts;  qu'il  sanctifie  et 
protège  les  vivants,  par  les  prières  de  la  Mère 
de  la  vie,  Marie,  qui  a  engendré  Dieu,  et  de 
tous  les  sainlsdans  tous  Tes  siècles.  Amen. 


(PETITE  LITURGIE  DE  SAINT  JACQUES,  FRÈRE  DU  SEIGNEUR, 

mu  en  ardre  par  Grégoire,  patriarche  de  COrient,  dan»  les  tnontognfx  de  la  Grande-Arménie ^  Van  des  Grecs  1903, 

et  de  JésuS'Chrihl  1591. 


Oraison  avant  la  patx. 

Dieu,  Seigneur  tout- puissant,  accorde- 
nous,  quoique  nous  en  soyons,  indignes,  le 
sdiul  que  nous  implorons,  afin  (]ue,  réunis 
sansfraude  par  le  lien  de  la  charité,  nous 
Doussaluions  mutuellement  par  un  baiser 
sdiniet  divin,  et  que  nous  t'otlVions  gloiro 
H  louange;  ainsi  qu'à  ton  Fils  unique  et  à 
i'E<|)rii-Saint ,  maintenant  et  toujours  et 
dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre:  La  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  £t  avec  ton  esprit.  Donnons  la 
paix. 

Le  prêtre  :  Seigneur,  loi  seul  qui  es  mi- 
séricordieux, qui  habites  dans  les  lieux  éle- 
vas, el  qui  jettes  tes  rej^ards  sur  les  hutn- 
l»les,  envoie  les  bénédictions  vers  ceux  nui 
inclinant  leurs  télés  devant  loi,  et  bénis-les 
parla  srflce  de  ton  Fils  unique,  et  de  ton 
£<pril-Saint,  maintenant  et  toujours,  et  dans 
les  siècles  des  siècles.  Amen. 

Dieu  Père  qui,  par  ton  grand  amour  pour 
)^s  nommes,  hs  envoyé  ton  Fils  dans  le 
nionde  pour  ramener  les  brebis  égarées,  ne 
rpousse  pas,  Seigneur,  leculte.que  nous  le 
rt'QiloDsen  l'offrant  ce  sacrifice  non  sanglant, 
car  c'est  en  tes  miséricordes  et  non  en  notre 
j'Hice  que  nous  mettons  notre  confiance. 
Oue  ce  mystère»  institué  pour  noire  salut, 
iie  tourne  pas  pour  notre  condamnation, 
luais  pour  l'absolution  do  nos  péchés,  et 
lour  l'action  de  grâces  qu'il  convient  de  te 
rendre  à  toi  et  à  ton  Fils  unique,  el  à  Ion 
^prii-Sainl,  maintenant  el  toujours. 

ie  dmcre  :  Tenons-nous  avec  respect. 

Le  peuple  :  Que  les  miséricordes  du  Sei- 
b"Ci:rsuient  avec  nous 


Le  prêtre  :  Que  la  grâce  du  Seigneur  soU 
avec  vous. 
^  Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Le  prêtre  :  Elevez  vos  cœurs. 

Le  peuple  :  Nous  les  avons  vers  le  Sei- 
gneur. 

Le  prêtre:  Rendons  grâces 

Le  peuple  :  C'ist  digne  et  juste. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  : 

Il  est  vraiment  juste  et  digne  que  nous 
rendions  grâces  à  l'Auleur  de  toute  créature  ; 
uous  devons  l'adorer  et  le  glorifier. 

Elevant  la  voix  : 

C'est  lui  que  louent  les  puissances  céles- 
tes, les  créatures  corporelles  et  incorporel- 
les, le  soleil,  la  lune  el  toutes  les  étoiles, 
la  terre  et  les  mers,  les  premiers-nés  de  la 
Jérusalem  céleste,  les  Anges,  les  Archanges, 
les  Principautés,  les  Trônes,  les  Domina- 
lions,  les  Vertus,  les  Chérubins  aux  yeux 
nombreux,  les  Séraphins  pourvus  de  six 
ailes  qui,  couvrant  leurs  faces  et  leurs  pieds, 
volent  en  s'écrianlalternaliven>ent  : 

Le  peuple  :  Saint,  saint,  saint,  etc. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  : 

Tues  vraimenlsainlelsancliGcaleur,  6  Roi 
des  siècles  I  Saint  aussi  est  ton  Esprit  qui 
scrute  les  mystères.  Tu  as  fait  riiomme  avec 
de  la  terre,  et  lu  Tas  placé  dans  le  faradis; 
lorsqu'il  eut  enfreint  ton  commandement,  tu 
ne  l'abandonnas  point,  mais  lu  l'as  dirigé  par 
la  voix  des  prophètes;  tuas  enfin  envoyé  dans 
le  monde  ton  Fils  unique  qui  a  été  incarné 
de  l'Esprit-Saint  et  de  la  Vierge  Marie,  el  11  a 
renouvelé  ton  image  qui  avait  été  souillée. 

Elevant  la  voix  : 

Lorsqu  il  était  préparé  à  souffrir  une  mort 
volontaire  pour  nous  autres  pé^'heurs,  lui 


SI9 


DlCTIONiNAtRE  DES  APOCRiPUES. 


^iO 


qui  n'avait  point  commis  depéchô,  ii  prit  le 
pain  dans  ses  mains  saintes,  et  rendant  grâ- 
ces, t  il  le  bénit,  f  le  sanctifia,  t  ^^  1^  ^^^^^ 
et  le  donna  à  ses  apôtres  saints,  et  il  dit  : 
ff  Prenez  et  mangez-en.  C*est  mon  corps  qui 
sera  brisé  pour  vous  et  pour  beaucoup,  et 
qui  sera  donné  pour  la  rémission  des  péchés 
et  pour  la  vie  éternelle.  » 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Il  prit  de  pnéme  le  calice,  et  ren- 
dant grâces,  t  il  le  bénit,  f  le  sanctifia  f  et 
le  donna  à  ses  saints  apôtres  et  il  dit  :  «  Pre- 
nez, buvez-en  tous;  c*est  mon  sang  qui  sera 
donné  pour  vous  et  pour  beaucoup  pour  ser- 
vir à  la  rémission  des  péchés  et  à  la  vie  éter- 
nelle. » 

Le  peuple  :  Amen. 

Leprétre  :  «  Faites  cela  en  mémoire  de 
moi  ;  quand  vous  prendrez  part  è  ce  mystère, 
souvenez-vous  de  ma  vie  et  de  ma  mort  jus- 
qu'à ce  que  je  vienne.  » 

Le  peuple  :  Seigneur,  de  ta  mort,  etc. 

Le  prêtre  :  Nous  faisons  la  commémora- 
tion de  la  mon,  Seigneur,  el(Je  ta  résurrection 
après  trois  jours,  de  ton  ascension  dans  le 
riel  où  tu  es  assis  h  la  droite  de  Dieu  le  Père, 
ainsi  que  de  ton  second  avènement  oi^  tu 
dois  juger  Tunivcrs  dans  la  justice,  et  où  tu 
rendras  à  chacun  selon  ses  œuvres.  Nous 
toifrons  aussi  ce  sacrifice  non  sanglant,  afin 
que  tq  ne  nous  traites  [^as  selon  nos  péchés 
et  que  tu  ne  nous  rétribues  pas  selon  nos 
fautes,  mais  d*anrès  tes  grandes  miséricor- 
des. Efface  les  péchés  de  tes  servit<»urs.  Ton 
peuple,  ton  hérédité  t'invoquent,  et  par  toi, 
ton  Père,  en  disant  :  Aie  pitié  de  nous  Sei- 
gnour. 

Le  peuple  :  Et  fais  nous  miséricorde. 

Leprétre  :  Invoquons  TEspril-Saint. 

Le  diacre  :  Que  cette  heure  est  redouta- 
ble, etc. 

Le  pr^/re  :  Exauce-moi ,  Seigneur.  Aie 
pitié  de  nous,  Dieu  Père,  et  envoie  sur  nous 
et  sur  ces  offran<les  ton  Esprit-Saint,  qui  est 
le  Seigneur,  égal  à  toi  et  à  ton  Fils  dans  le 
trône,  le  royaume  et  la  substance  éternelle, 
qui  a  parlé  dans  ton  Tes:ament  Ancien  et 
Nouveau,  qui  est  descendu,  sous  la  forme 
d'une  colombe,  sur  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ  dans  le  Ûeuvedu  Jourdain,  et  comme 
une  langue  de  feu,  sur  les  apôtres  dans  le 
cénacle. 

Exauce-moi. 

Le  peuple  :  Kyrie  eleison. 

Le  prêtre  :  Afin  qu'eu  descendant,  il  fasse 
de  ce  pain  f  le  corps  vivifiant,  f  le  corps  sa- 
lutaire, t  le  corps  du  Christ,  noire  Dieu. 

Le  peuple  :  Amen. 

Leprétre  :  El  qu'il  fasse  de  ce  calice  f  le 
sang  du  Nouveau  Testament,  f  le  sang  salu- 
taire, -j  le  sang  du  Christ  notre  Dieu. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Afin  que  ce  pain  et  ce  cnlic*: 
sanctifient  les  Ames  et  les  corps  de  ceux  qui 
y  prennent  part  pour  faire  porter  les  fruits 
des  bonnes  œuvres  et  pour  la  contirmation 
du  l'Effiise  sainte  qui  est  établie  sur  la  pierre 
de  la  loi,  et  qui  ne  peut  être  surmontée  par 
itt  portes  infernales.  Délivre-la,  S'igrur, 


ces  scandales  des  liérétn|ues  jusqu'à  U  lin, 
afin  qu'elle  te  rende  gloire  et  louange,  aiusi 
qu'à  ton  Fils  unique,  etc.  Amen. 

Le  diacre  :  Prions. 

Leprétre  s'incline  et  dit  :  Nous  t'offrons, 
Seigneur,  ce  sacrifice  non  sanglant  pour  la 
sainte  Sion,  mère  de  toutes  les  Eglisrs,  et 
pour  ton  Eglise  répandue  dans  l'uniTers 
entier,  afin  que 'tu  lui  accordes  le  don  do 
ton  Esprit-Saint. 

Souviens-toi  aussi,  Seigneur,  de  nos  libres 
pieux  et  orthodoxes,  de  notre  patriarche  N., 
de  notre  évèque  N. ,  des  prêtres,  des  dia- 
cres, et  de  tous  les  ministres  de  l'Eglise,  ainsi 
que  de  moi,  pauvre  pécheur^  Ne  cooscrTa 
ftas  le  souvenir  des  péchés  de  ma  jeunesse, 
mais  vivifie-moi  selon  ta  miséricorde.  Sou- 
viens-toi aussi  de  mes  frères  captifs,  iniir* 
mes,  affligés  de  diverses  maladies,  et  de  ceux 
qui  sont  tourmentés  par  des  esprits  inaiins. 
Bénis  également  l'air,  et  les  saiso  is  de  l'an- 
née accompliront  ta  bonne  volonté  à  Vé^htd 
de  tout  être  vivant. 

Elevant  la  voix  : 

Et  délivre-nous,  Seigneur,  de  toutes  les 
attaques  des  méchants,  de  toute  invasion  des 
dénions,  et  de  tous  les  fléaux  qui  pourraient 
venir  sur  nous  à  cause  de  nos  péchés.  Con- 
serve-nous dans  l'observation  de  tes  sainis 
commandements,  parce  que  tu  esIeSeignrur 
miséricordieux,  et  nous  te  rendons  grâci-s, 
ainsi  qu'à  ton  Fils  unique ,  etc. 

//  s'incline  et  dit  : 

Souviens- toi ,  Seigneur,  des  pères  et  des 
frères  qui  sont  ici  et  qui  prient  avec  nou>» 
et  de  ceux  qui  nous  ont  quittés ,  ainsi  que 
de  ceux  qui  ont  voulu  faire  des  offrandes  et 
qui  ne  l'ont  pu;  accorde  à  chacun  d'eux  u 
qu'il  demande  avec  justice. 

Elevant  la  voix  : 

Souviens-toi,  Seigneur,  de  tous  ceux  dont 
nous  nous  souvenons  et  de  ceux  dont  nou^ 
ne  nous  souvenons  pas.  Reçois  leurs  sacri- 
fices dans  la  région  infinie  de  tes  cieux 
Donne-leur  l'allégresse  du  salai,  et  accorde 
leur  ton  secours;  fortifie -les  par  ta  puis- 
sance et  arme-les  de  ta  vigueur,  |)arce  que 
tu  es  miséricordieux,  et  nous  te  rendues 
grâces,  ainsi  qu'à  ton  Fils  unique,  etc. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  : 

Souviens-toi,  Seigneur,  des  rois  et  des 
reines  qui  professent  la  véritable  religion; 
protège 'les  par  la  puissance  de  ^£^|>rll- 
Saint;  soumets-leur  tous  ceux  qui  les  ïm^- 
sent,  afin  que  nous  jouissions  d'une  vie 
tranquille. 

Elevant  la  voix  : 

Parce  que  tu  os  le  Sauveur  qui  nous  as- 
siste, et  que  tu  donnes  la  victoire  h  um^ 
ceux  qui  espèrent  en  toi,  Seigneur;  nou^ 
te  rendons  gloire,  ainsi  qu*à  ton  Fis  uia* 
que,  etc. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  [s'incline  et  dit  :  Seigneur ,  toi 
qui  domines  sur  les  vivants  et  sur  les  morts, 
souviens-toi  des  saints  Pères,  des  prophèlf*s 
des    apôlres,   dej»  vierges,  de  la  Mcre  d:* 


!il 


JAC 


PART.  -  III.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JAC 


zn 


Dieu,  de  Jean-Bapliste,  d*Ktienne  ,  des 
martyrs,  ainsi  gue  de  tous  les  justes. 

Elevant  la  voix  : 

Nous  (e  prions  ,  Seigneur ,  de  donner  oe 
la  force  à  nôtre  faiblesse  ;  joins-nous  à  1  as- 
semblée de  tes  premiers-nés  admis  dans  le 
ciel.  Nous  faisons  leur  commémoralion,  afin 
qu'ils  se  souviennent  de  nous  devant  toi,  et 
i]<rils  participent  avec  nous  à  ce  sacritice 
sf^irituel  pour  la  conservation  des  vivants, 
(•ûur  la  consolation  de  ceut  d'entre  nous  qui 
sont  malades ,  et  pour  le  repos  des  fidèles, 
nos  pères,  nos  frères  et  nos  maîtres  qui  ont 
trépassé,  par  la  grâce  et  les  miséricordes  d<e 
ton  Fils  unique  et  de  ton  Esprit-Saint,  main- 
tenant et  toujours  et  dans  les  siècles  des 
siècles.  Amen. 

Le  prêtre  slncline  et  dit  :  Souviens-toi 
aussi ,  Seigneur  ,  des  vrais  chefs  de  ton 
Eglise,  et  de  ceux  qui,  depuis  Jacques,  le 
l»riuce  des  évéques ,  jusqu*au  jour  actuel , 
ont  lualateuu  dans  tes  Ëglises  la  foi  ortho- 
doxe. 

Elevant  la  voix  :  Confirme,  Seigneur,  dans 
nctô  âmes,  la  doctrine  de  ces  docteurs  illus- 
tres uui  ont  porté  ton  saint  nom  devant  les 
peuples,  et  les  rois  et  les  ûls  dlsiaël  ;  com- 
prime les  hérésies  qui  nous  sont  pernicieu- 
^^es,  et  accorde-nous  de  pouvoir  nous  tenir 
sans  trouble  devant  ton  tribunal  redoutable, 
l>arceque  tu  es  saint  et  que  tu  es  le  sancli- 
ticaleurdes  saints.  Nous  te  rendons  gloire , 
ainsi  qu'à  ton  Fils  uuique,  etc. 

ht  peuple  :  Amen. 

ÏA  prêtre  s'incline  et  dit:  Souviens-loi, 
Seigoeur,  de  tous  ceux  de  l'ordre  ecclésias- 
tJ(|ue  qui  sont  morts  et  qui  se  sont  reposés 
dans  ta  foi  orthodoxe,  et  de  tous  ceux  pour 
lesquels  ils  ont  offert  le  sacriQce,  et  de  ceux 
qui  sont  nommés  en  ce  moment. 

Elevant  ta  voix  :  Seigneur,  Seigneur  Dieu 
des  esprits  et  de  toute  chair,  souviens-toi 
do  tous  ceux  qui  nous  ont  quittés  dans  la 
lui  orthodoxe  ;  donne  le  re()OS  à  leur  corps, 
à  leurs  &mes  et  à  leurs  esprits,  et  délivre-les 
de  la  damnation  qui  n'a  poiulde  fin.  Comble- 
les  de  joie  dans  la  région  qu'illumine  la 
splendeur  de  ton  visage  ;  efface  leurs  préva- 
ncatioQs  en  n'entrant  pas  en  jugement  avec 
eui.  car  personne  n'est  pur  devant  toi,  si  c« 
u  est  Ion  Fils  unique,  par  lequel  et  à  cause 
auquel  nous  espérons  obtenir  miséricorde 
pour  eux  et  pour  nous. 

Repeuple  :  Amen. 

Le  prêtre  élève  la  voix  et  dit  : 

Préserve,  Seigneur,  noire  fin  du  péché, 
eiréuaisnous  sous  les  pieds  de  tes  élus, 
quand ,  où  et  de  la  manière  que  lu  voudras; 
affranchis -nous  seulement  de  la  confusion 
«cause  des  péchés  que  nous  avons  commis, 
aiin  que  ton  nom  saint  et  béni  soit  glorifié 
^n  toutes  choses  et  célébré,  ainsi  que  celui 
deNotre-Seigneur  Jésus-Christ  et  do  l'Espril- 
î!>«inl,  mainieuant  et  toujours,  et  dans  les 
iiècles  des  siècles. 

Le  peuple  :  Atnen, 

Le  prêtre:  Que  les  miséricordes' de  Dieu 
^Jicnt  sur  vous. 


Le  prêtre  brise  le  pain  et  fait  le  s-gne 
de  la  croix;  le  diacre  dit  Foraison  unicer-- 
selle. 

Le  prêtre  récite  la  prière  avant  le  Pater 
Nos  ter: 

Dieu  et  Père  de  Notre -Seigneur  Jésus- 
Christ,  qui  es  béni  par  les  chérubins  et  qui 
es  sanctifié  par  les  séraphins,  qui  esglorilié 
par  des  milliers  de  milliers  et  par  des  dizai- 
nes de  milliers  de  dizaines  de  milliers  des 
armées  célestes,  toi  qui  sanctifies  et  qui 
rends  parfaites  les  offrandes  qui  te  sont 
présentées  en  odeur  suave,  sanctifie  aussi 
nos  âmes,  nos  corps  et  nos  esprits,  afin  que, 
d'un  cœur  pur  et  d'une  face  exempte  de  con- 
fusion ,  nous  t'invoquions ,  Père  céleste  : 
nous  te  priions  et  nous  disions  :  Notre  Père 
qui  es  dans  les  cieux. 

Le  peuple  :  Que  ton  nom  soit  sancti- 
fié ,  etc. 

Le  prêtre  :  Seigneur,  ne  nous  induis  pas 
dans  la  tentation,  etc.  Nous  te  rendons  gloire 
et  actions  de  grâces,  ainsi  qu'à  ton  Fils  uni- 
que. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  diacre  :  Inclinez  vos  tôles  devant  le 
Seigneur. 

Le  peuple  :  Et  devant  toi. 

Le  prêtre:  Seigneur,  tes  humbles  esclaves, 
devenus  riches  de  tes  miséricordes,  ont  incli- 
né leurs  têtes  devant  toi;  envoie,  Seigneur, 
tes  bénédictions,  et  sanctifie  les  âmes,  les 
corps  et  les  esprits  de  nous  tous;  rends-nous 
dignes  de  prendre  part  aux  mystères  vivi- 
fiants de  Jésus-Christ,  notre  Sauveur,  et 
nous  te  rendrons  gloire  et  louange ,  ainsi 
qu'à  ton  Fils  unique. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  soit  avec  vous 

Le  peuple  :  Kl  avec  ton  Esprit. 

Le  diacre  :  Kyrie  eleison. 

Le  peuple  :  Un  seul  Père. 


Oraison  dCactions  de  grâces. 

Leprêtre:  Nous  te  rendons  grâce,  Sei- 
gneur, à  cause  de  la  multitude  de  tes  misé- 
ricordes, par  lesquelles  nous  avons  mérité 
de  communier  à  ta  table  céleste.  Ne  soyons 
pas  condamnés,  Seigneur,  pour  avoir  parti- 
cipé à  tes  saints  mystères;  mais  accorde- 
nous  d'être  en  communauté  avec  ton  Esprit- 
Saint,  et  d'obtenir  part  et  héritage  avec  loua 
les  justes  qui  ont  existé  depuis  le  commen- 
cement du  monde,  et  nous  te  rendrons  gloire 
et  actions  de  grâces,  ainsi  qu'à  ton  Fils  uni- 
que, etc. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  soit  avec  vous. 

Le  diacre  :  Après  avoir  reçu. 

Le  peuple  :  En  ta  présence. 

Leprêtre  :  Dieu  grand  et  admirable,  qui  es 
descendu  des  cieux  à  causedu  salut  de  la  race 
humaine,  sois-nous  propice  et  aie  pitié  de 
nous,  afin  que  nous  te  glorifiions  perpétuel- 


923 


DlCTIONN.\mE  DES  APOCRYPHES. 


leinent.  Dieu  le  Père*  ainsi  que  ton  Fils  et 
ton  £sprit-Saint,  maintenant  et  toujours  et 
dans  les  Siècles  des  siècles.  Amen. 


3îi 

Le  peuple  :  Bénis-nous,  Seigneur. 
Le  prêtre  :  Seigneur,  répands  ta  béoédio* 
tion  sur  nous  tous. 


.Dans  le  tome  VII  du  grand  ouvrage  do 
H.  Bunsen,  que  nous  avons  déjà  cité  (CAm- 
tianity  and  Munkind)^  tome  qui  forme  le 
troisième  des  Anatecta  ante--  Nicœna,  on 
trouve,  p.  180  et  suiv.,  un  travail  étendu 
sur  la  Lilur(j;ie  de  saint  Jacc|ues;  il  est  inti- 
tulé :  Liturgia  quœ  sancli  Jacobi  dicilur 
ecclesiœ  Antiochenœ  et  Hierosolymitanœ  ad 
quarti  sœculi  or dinem  quantum  fieri  potuit 
restituta. 

M.  Bunsen  s'est  servi  de  rexplication  de 
cette  Liturgie  par  saint  Cyrille  de  Jérusalem 
et  de  l'ouvrage  de  Jacques  d'Edesse ,  com- 
posé vers  Tan  650  :  Expositio  Liturgiœ 
/aco6t' (d*après  la  Bibfiothecaorientalis  d'AS' 
s«mani,  t.  1.  p.  479;  voir  le  Codex  liturgicus 


d'Assemani    le   jeune,  Uissale  Hieraol  , 
t.  iV,  p.  240-245). 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  que  noui 
n*admettons  point  de  confiance  les  résul- 
tats du  travail  d*un  auteur  protestant; 
mais  nous  avons  dû  en  faire  mention,  car  il 
peut  être  utile  aux  personnes  assez  imtrui- 
tes  pour  démêler  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  juMe 
et  ce  qu'il  y  a  d'erroné  dans  tes  idées  qu'ex- 
pose le  dintomale,  qui ,  tout  en  représentant 
la  Prusse  a  Londres,  s'occupait  avec  ardeur 
d'investigations  sur  l'histoire  des  proaiiers 
siècles  du  christianisme,  sur  les  peuples 

f)riinilifs   et   sur  la    théorie  générale  des 
angucs. 


JANNÈS  ET  MAMBRÈS. 


VExode  (ch.  vir,  11)  ne  désigne  pas  no- 
roinativemeut  les  deux  enchanteurs  qui  s'op- 

Îiosèrent  à  Moïse  et  auxquels  on  attribua  des 
ivres  de  mac;ie.  D'après  Abulpharagc  (i/e«- 
toriadynastiarum,  p.  17)  et  d'autres  auteurs, 
ces  deux  personnages  étaient  des  sages  égyp- 
tiens auxquels  Moïse  fjit  confié  par  la  iille 
de  Pliaraon,  afin  qu'ils  l'instruisissent.  Saint 
Paul  en  a  fait  mention  (//  Tint  m,  8,  il 
les  homme  comme  ayant  résisté  à  Moïse. 
Quelques-uns  des  anciens  commentateurs 
de  cette  Kpitre  ont  dit  que  ces  Egyptiens 
étaient  frères.  Bochart  [llierozoicon  ^  1.  ii, 
c.  53),  cite  à  leur  égard  un  passage  du  Tal- 
mud  de  Babylone  [tra%*tatu  Menacothf  De 
oblationibus ,  cap.  9  :  Misi  dixerunt  Janes 
et  Jambres  stramen  tu  inféré  in  Aphraiin 
{Mgypti  urbein  ubi  muUuin  straminis).  El 
respondil  Moses^  vulgo  dicere  homines^  in 
uroem  oleris  olera  deferto, 

Numénius,  philosophe  pythagoricien,  cité 
parEusèbe.  {Prœpar.  evangel  ^  I.  ix),  faisait 
mention  de  ces  thaumaturges  dans  le  nr  livre 
de  son  Traité  du  bien  :  n  Januès  et  Jambrès, 
hiérogrammales  égyptiens,  .se  distinguèrent 
comme  no  le  cédant  à  personne  dans  les 
sciences  magiques  à  l'époque  où  les  Juifs 
fureut  chassés  d'Egypte  (336).  »  Pline  les  dé- 

(536)  Eiisél>e,  (.  II,  p.  If ,  tradaciioti  de  M.  Sé- 
RUierde  Saîiil«llrisson,  4846,  2  ¥0l.  in-8*. 

(537)  c  Oplavii  aliquando  stjpulcrum  ingredi  qiiod 
in  horto  liabelMni  Jannet»  et  Jambres  sub  Pharaone 
inagi  ut  videret  et  occurreret  dxmonibus,  qui  illic 
•unt.DicebanlureniiQ  infamis  illorum  arlis  vi  locum 
esse  aortiii  muiti  et  molesli  dxmones.  Facuunque 
fuerat  boc  boruim,  sepulcrum  ab  lUis  ipsis  fralribus 
Janne  elJambre  qui  propter  magicae  artis  prx*- 
ftUntiam  tuui  teniporis  apud  Pbaraooem  primam 
lenebant.  » 

Ceu**  légende  est  d*aiUeurs  en  contradiction  avec 
les  traditions  juives  qui  r«*préscnlent  ce^  magiciens 
comiue  ayant  pé  i  d;iiis  la  mer  Uougc.  Un  coniiuen- 
taire  arabe  sur  le  Peutaieuque  ^Vxpriuie  ainsi  : 


signe  aussi  (Ilisi.  natur. ,  lib.  ixx,  1), 
mais  en  altérant  leurs  noms. 

Palladius,  Lausiac.^  c.  20,  ditquesaint  M.v 
cairn  trouva  dans  le  désert  le  sépulcre  de 
Jannès  et  de  Jambres  qui  étaient  en  granl.* 
faveur  auprès  de  Pharaon  à  cause  de  leur 
savoir  dans  la  magie  (337). 

Henri  Hammond,  dans  son  Commentain 
sur  lEpitreà  Timothée,  cité  par  Fahriciii> 
(Cod.  pseud.  Vei.  Test,,  t.  1,  p.819),  obser^f 
ùue  les  noms  de  ces  personnages  vantr.i 
fort  dans  les  mêmes  auteurs.  Dans  le  Ta- 
mud  ils  sont  appelés  Jochanès  et  Ha  i.rv^ 
dans  la  Vie  de  Moïse  (écrit  rabbinique  que 
nous  reproduirons  plus  loin),  ils  se  nom- 
ment Janès  et  Mamrès;  dans  le  Zohar,  Jaoès 
et  Jambres;  ailleurs,  c'est  Jonoset  Jombros. 
Michel  Glycas  écrit  Zambrès.  On  peut  con- 
sulter d'ailleurs  Buxtorf.  Lexicon  thalmudi- 
cum^  col.  94-5,  article  reproduit  par  Fabri* 
cius,  p.  820,  lequel  renvoie  aussi  à  M. 
Ménard ,  Ad  epistolam  5.  Barnabm  (p.  22,  l. 
I  Patrum  apostolicorum ,  éd.  de  Cotelier)  :  à 
Lambécius,  Prodrom.  Hist,  liUer.,\K  151; 
à  Sgambatus,  Archiv.  Vet.  Test.j  n.  249;  ei 
à  J.  Godefroi,  Ad  Philostorgium,  lib.ix,c.2. 

Photius,  dans  son  écrit  contre  les  mani- 
chéens, publié  par  Wolf ,  Anecdota  Grctca, 

€  Haec  sunt  nomina  magôrum  qui  sletere  cou  m 
Mosem.  Dejannes,  Jambaras  et  barudas;  Deusvero 
€08  perdidit  in  mari  Rubro  cum  Pharaone  et  eju^ 
exercitu.  » 

Et  on  lit  dans  un  commentaire  hébreu  nr  le 
Peniateuque  imprimé  à  Constant! nople  : 

c  Dixeiunt  samentes  nostri  :  eundo  in  mari 
submersi  sunt  ^gyplii,  fuerunl  inter  ipso*  duo 
magi ,  quorum  nomina  Jocliane  et  Jan.re  qui  dii^ 
runt  Pbaraoni  :  Si  per  manum  Dei  liai  lioc,  uou 
prasvalcbimus  ei,  sed  si  per  manu  atuelortit»  Um, 
polerinius  iltos  pro.steriiere  in  mare,  receninl  ig:- 
tur  niiracula  et  drjecerunt  eos  (augelo»)  in  m*  <- 
Tune  dixei'uiit  angili  :  S  r\a  nos,  o  Der'" ,  q*'-* 
Intraveruul  aquae  usque  ad  aniwam.  • 


325  JEA  PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 

lionne  le  nom  de  Jambrès  et  non  de  Mem- 
bres 


JKA 


52t 


Fabricius  (t.  II,  p.  105)  dit  h  cet  égard  : 
J,B.Majuê  in  Observationibus  sacris^  Ub. 
lif  p,  32  et  156,  Jannem  et  Jambrem  putat 
esse  nomina  ficta  hominum  ignotorum, 
Certe  Christianorum  non  modo  et  Judœo- 
runif  sed  Grœcorum  etiam  ut  Numenii   et 


Romanorum^  ut  Plinii  testimonia  suadent  ^ 
famoêos  exititisft  magos  hoc  nomtnf,  sivê 
ut  Agobardus  (BibL  Patrum,  1677,  L  XiV, 
p.  272]  appellat,  incantatores  jEgyptios. 

Le  Zohar  fiarle  en  plusieurs  endroits  des 
magiciens  J.  et  M. 

Le  Medraschf  le  Talmud  et  Jonathan  ne 
les  oublient  pas  non  plus. 


JEAN  (SAINT)  L'ÉVANGÉLISTE. 

{Ecrits  attribués  ou  qui  se  rapportent  à  saint  Jean  VEvùngéliste.) 


Divers  écrits  apocryphes  furent'  mis  en 
rirciiiation  sous  le  nom  de  cet  apôlre  ;  ils 
n'ont  pas  grande  importance. 

Nous  avons  parlé  dans  le  tom.  T'de  ce 
Dictionnaire^  col.  1167  du  prétendu  Evan- 
g\\t  de  saint  Jean  conservé  chez  les  Tem- 
)Jiers  et  du  livre  que  les  cathares  et  les  al- 
bigeois, ces  manichéens  du  moyen  ftge,  pré- 
sfutèrent  comme  l'œuvre  de  l'apôtre. 

Apocalypse  de  saint  Jean. 

Lanabécius  cite  cet  ouvrage  comme  se 
trouvant  |>arnn  les  manuscrits  grecs  de  la 
Bibliothèque  impériale  à  Vienne;  il  com- 
mence ainsi  : 

t  Apocalypse  de  saint  Jean  le  théologien 
el  (le  1  Antéchrist.  Après  l'ascension  de  Jé- 
sus-Christ Notre-Seigneur,  je  fus  seul  sur  le 
riiont  Thabor.  » 

Théodose  d*Aleiandrie,  grammairien  grec, 
qui  vivaitau  vu'siècle,  indique  aussi  dans  ses 
Gr;ma]enlaires  sur  Denys  de  Thrace,  le  pré- 
itn^u  Apocalypse  de  Jean  le  théologien.  (Fabri- 
cius, Cod.  Nov.  Test.,  1. 1,  p.  954.)  Observons 
d'ailieurs  tjue  le  prénom  de  théologien  se 
donne  habituellement  à  saint  Jean,  et  que 
(eue  indication  se  trouve  très-fréquemment 
^'Jr  les  manuscrits  de  \  Apocalypse  cano- 
nique. 

Birch  mentionne  aussi  dans  son  Auctua* 
num  cod.  apocrj^pA., un  manuscrit  conservé  à 
^oiue  {Codex  Palalino-Valicanus  31»6)  du  xiV 
siècle  ei  très-incorrect.  Thilo,  qui  voulait 
comprendre  cette  prétendue  Apocalypse  dans 
53  collection  des  apocryphes,  en  avait  colla- 
tionné  le  texte  sur  deux  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris,  Tundu  xv* 
^i«*cle  (C.  1034,  tum  Hegius  2899),  l'autre  C. 
'^7,  daté  de  1523. 

Prophétie  de  saint  Jean  sur  la  fin  du  monde. 

Celte  pièce  apocryphe  lait  partie  des  pré- 
tendus manuscrits  découverts  en  1588  dans 
le  royaume  de  Grenade,  et  dont  nous  avons 
parlé  à  l'article  Dextba. 


Fabricius  l'a  insérée  (p.  72!  Jj  d'après 
Geddes  :  Miscellaneous  tracts.^  t.  I,  î^ondres 
1702;  nous  eQ^r^acerons  ici  la  traduction 
française  : 

«(  L.e  temps  de  la  lumière  se  lève  avec  le 
Seigneur  et  avec  sa  sagesse  accomplie  par 
les  tourments  très-rigoureux  de  son  corps; 
les  pro[>hèle$,qui  avaient  vécu  et  qui  avaient 
été  éclairés  par  une  personne  tierce,  atten- 
daient avec  anxiété  sa  venue  ,  et  lorsque  jo 
serai  mis  au-dessus  des  autres  par  la  misé- 
ricorde du  Seigneur,  je  raconterai  la  con- 
sommation du  monde  comme  je  l'ai  apprise 
de  la  bouche  du  Seigneur.  Après  la  con- 
sommation des  six  âges  depuis  l'avènement 
du  Seigneur,  les  ténèbres  augmenteront  à 
cause  des  péchés  terribles  des  hommes,  et 
les  ténèbres  seront  grandes  dans  l'Orient , 
et  elles  envahiront  aussi  l'Occident  par  suite 
de  la  fureur  des  ministres  qui  se  précipi* 
teront  au  dehors  d'elle;  et  lorsqu'ils  vien- 
dront, le  soleil  se  couvrira  de  nuées,  et  lo 
temple  du  Seigneur  subira  des  persécutions 
très-cruelles.  Et  après  que  quinze  âges  se 
seront  écoulés  au  milieu  des  esprits  obs- 
tinés et  endurcis  des  hommes,  de  secondes 
ténèbres  se  lèveront  dans  les  régions  du  Sep- 
tentrion, sur  lesquelles  descendra  le  dragon 
qui,  de  sa  bouche,jettera  la  semence,  et  lors* 
qu'elle  sera  éparse,  il  divisera  la  foi  en  di* 
verses  sectes,  qui,  jointes  à  d'autres,  occu- 

f seront  l'univers  entier.  Kt  il  s'élèvera  dans 
es  régions  de  l'Occident  trois  ennemis  qui, 
grandissant  dans  leur  malice,  infecteront  lo 
monde,  et  une  lèpre  telle  au'il  n'en  a  jamais 
existé;  c'est  pourquoi  la  lumière  extrême- 
ment diminuée,  mais  soutenue  dans  les  ta- 
bles même  du  naufrage,  sera  protégée  par  la 
colonne  de  pierre;  la  menace  de  ces  pro- 
diges et  de  tous  les  miracles  que  montrera 
le  ciel,  fera  trembler  tous  les  hommes  et 
surtout  les  troupeaux  des  prêtres,  et  l'An- 
téchrist, dont  Tavénement  est  proche,  se  ma- 
nifestera, et  cette  prophétie  sera  accompliep 
et  le  jugement  détinitif  approchera;  et  après 
ces  choses,  la  vérité  sera  manifestée  à  l'uni* 
vers  et  ralliance  accomplie,  et  te  Juge  de  ta 
vérité,  à  l'heure  qui  lui  est  tixéc,  arrivera  de 
rOccident.  » 


8» 


DICTIONNAIUE  DES  APOCRYPHES. 


;i8 


HISTOIRE  DE  SAINT  JEAN  L'ÉVANGÉLiSTE, 

d^aprèb  VU'ntohe  apiysloUque  d^Abdias^  L  T. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Jean,  frère  de  Jacques  le  Maicuri  lequel 
était  son  ami  (338),  fils  tous  deux  de  Zé- 
bédée,  futappelé  par  Jésus-Christ  tandis  qu'il 

f)échait  (339).  Le  Seigneur  non-seulement 
*éleva  à  Taposlolat  (3^0),  mais  encore  eut 
pour  lui  une  aiïeclion  toute  particulière 
(3U).  Aussi  fut-il  un  dos  trois  qui  étaient 
sur  la  montagne  (3^2)  lorsque  Jésus  s*y  ma- 
nifesta, et  dans  le  jardin  où  il  fut  saisi  (343), 
et  à  la  dernière  cène  (<^4),  lorsaue  le  Soi- 
gneur établissait  ce  Nouveau  Testament 
(34>o),  de  notre  salut,  assis  à  côté  du  Christ 
et  reposant  sur  son  sein,  il  s*endormit  (3/»6). 
Et  c'est  de  lui  que  TcWan^éliste  a  écrit  (347) 
que  sa  mère  demanda  à  Jésus-Christ  que 
1  un  de  ses  deux  fils  fût  assis  à  sa  droite,  et 
l'autre  à  sa  gauche,  dans  Ih  royaume  des 
cieux.  El  elle  voulait  ainsi  parler  de  Jacques 
et  de  Jean.  Ainsi  que  Jésus-Christ  le  lui 
avait  recommandé  sur  la  croix  (348),  il  eut 
soin,  depuis  la  Passion,  de  la  Vierge,  mère 
du  Seigneur,  et  réunissant  ses  etTorls  à  ceux 
dé  son  frère  Jacques,  il  prêchait  aux  Juifs  et 
aux  Samaritains  le  sauveur  Jésus.  Et' il.  était 
attaché  à  Pierre  ;  et,  après  ta  résurrection, 
lorsque  le  Seigneur  se  montra  aux  pé- 
cheurs (349),  Jean  l'ayant  reconnu  le  pre- 
mier, en  donna  la  nouvelle  à  Pierre.  Ayant 
reçu  TEsprit-Saint,  il  entra  avec  Pierre,  à  la 

(5^)  G*est  ce  qui  semble  résutler  des  paroles  des 
é^aiigélistes  qui  nenimeiit  toujours  Jacques  a  vaut 
Jk*au.  Saint  Jérôme,  salut  Anit>roi8e  et  d'autres  Pères 
repi éxentent  saint  Jean  comuie  le  plus  jeune  des 
apôtres.  Ceue  iraJitioii ,  fort  ancienne  ,  a  clé  cou- 
serrée  par  les  artistes  qui  représentent  toujours 
baîiit  Jean  comme  un  jeune  homme  imberbe.  Elle 
est  favorisée  par  la  circonslance  bien  connue  que 
des  douze  apôires  ce  fut  celui  qui  mourut  le  der- 
nier. 

Au  milieu  de  toutes  les  fables  répandues  dans  le 
récit  d*Abdi«8,  on  trouve  dans  le  caractère  de  saint 
ieau  cet  esprit  de  cliariié  et  de  bonté  que  des  témoin 
giiage  suoaniroes  reconuaisseni  chez  ce  erand  saint. 

(;»39)  Maiih.  IV,  21. 

(540;  Matth.  x,  d;  Marc,  m,  17. 

(341)  Joan,  xiu,  25  ;  )lii,  7,  20. 

(542)  l/fiif/i.  XVI,  5. 

(545)  Mntth.  XXVI,  37. 

(544)  Joan,  xiii,  23. 

(515)  Lue.  xxii,  2U. 

(54b)  Les  Evangilesi  ne  disent  point  que  Jean 
6V*udormit,  mais  seulement  qu*il  était  couché  vers 
le  sein  de  Jésus.  (Joan,  xiii,  25,  25  )  Cela  s'expli- 
que lorsqu\)u  sait  que  le»  anciens  prenaient  leurs 
rf  pas  à  demi  étendue  sur  den  lits  ;  cet  u&a^e  a  donné 
lieu,  d'  la  part  des  archéologues,  à  de  longues 
dissertations  dont  nous  n'avons  point  à  nous  occu- 
per en  ce  moment.  Voir  la  n<ae  de  Fabricius  :  Cod, 
aprocr.  No9,  Teêt.,  i.  1,  p.  552. 

(547)  Jf ail*.  XX,  20. 

(548)  7oa».  xix,  27. 

(549)  Joun,  XXI,  2. 

(550)  Actei  III,  1.  Mais  c*est  à  tort  que  ce  para- 
lytique est  courondu  avec  Enôc  dont  parlent  les 
Actes f  IX,  5 i. 


neuvième  heure,  dans  le  temple  (350)  •].• 
Jérusalem,  et  il  rendit  la  santé  à  Enée,  |  > 
nilytique  et  boiteux  dès  sa  naissance,  ip.! 
demandait  l'aumône  à  la  grande  porte  j] 
temple.  Se  conformant  ensuite  à  l'ordro  «jo 
son  Maître  d'annoncer  l'Evangile  auxtitu- 
tiis  (351),  il  se  rendit  de  la  Palestine  en 
Asie,  et  se  transporta  à  Ephèse  où,  sou!^  .e 
règne  de  Domitien  (352),  il  s'acquittait  en- 
core des  fonctions  ae  l  apostolat,  pre^i ]<• 
nonagénaire  (353)j,  ce  que  Jésus-Cbrist  pu* 
ratt  avoir  prédit;  car,  lorsque  JésuS'Cliri>t 
ordonna  à  Pierre  de  le  suivre,  Jean  rajar.t 
suivi  avec  plus  d'empressement,  Pierre  en 
parut  contrarié,  et  lui  demanda  ce  que  Jeai 
voulait  faire  ;  et  Jésus  lui  répondit  :  «  Si  je 
veux  qu'il  reste  dans  la  vie  jusou'à  ce  qi^e 
je  revienne,  que  vous  importe  (à5&).  ■  Le;» 
disciples  n'entendant  pas  cette  parole,  ei 
avant  d'avoir  reçu  le  Sainl-Espril,  crureui, 

far  une  opinion  vaine,  que  cela  signifiait  que 
ean  ne  mourrait  jamais  (355|. 

CHAPITRE  II. 

C'est  une  marque  remarquable  clê  Tamour 
du  Sauveur  pour  saint  Jean,  qu'il  sur(>a5^ 
tous  les  autres  apôtres  par  la  durée  de  sa 
vie,  et  qu  il  annonça  en  Asie  ta  parole  i^e 
Dieu  au  peuple  jusqu'à  l'époque  de  l*eaj{'«'- 
reur  Domitien  (356),  et,  peu  aorès  la  murt 

(551)  Matth.  xzviii,  49. 

(552)  Jusqu'au  régne  de  Nerva,  selon  saint  II  p- 
polyte  de  Tlièbes  et  Suidas,  jusqu*à  celui  de  Tu- 
ja<i,  d*après  saint  trénée. 

(555)  Los  auteurs  anciens  diffèrent  au  sojel  ùr 
Tàge  lie  saint  Jean  ;  les  uns  lui  attribuent  uue  ui- 
riére  de  U8  ou  99  ans,  d*aulres  parlent  de  iOi  i»u  w. 
106  ;  il  en  est" qui  ont  été  jusqu^à  120  aos.  Vvir 
Tillemont,  Mémoires^  t.  I,  p.  945. 

(554)  Joan.  xx,  19. 

(555)  Cotte  opinion  fut  assez  répandu-i  dans  !*•«•• 
tiquiié.  y  ou.  saint  liipjiolyie,  I)€  Antickwi^t 
Ephraîm  de  Theopolis,  cité  par  Photius  {Bibliu  (•, 
cod.  229)  ;  et  Nicépliore,  Ui$t.  ecclés. ,  liv.  ii  ,r.  «:, 
ainsi  que  Grégoire  de  Tours ,  De  yloria  mauyrun, 
c.  30  ;Tbeophanes(dansrAurli4arîttni  notiwmum  'te 
Conil)eûs. ,  1. 1 ,  p.  484) ,  Tauteur  du  tivre  De  m-nt 
tanctorunif  publié  parmi  les  écrits  de  saint  Isiilorr , 
etc.  George  de  Tiébizonde  prit  la  peine  de  (o::- 
poser  un  traité  qu*il  adressa  au  Pape  :  (/'•<- 
<S.  Johaunes  Evatigeliila  ttonduntiU  mortuut,  mai:»  il 
hit  réfuté  par  le  cardinal  Besbariou.  Saint  Augu^i.» 
(tract.  24  m  Joanntni)  avait  coaibaUu  cette  él  ai-^" 
assertion,  au  sujet  de  laquelle  on  peut  \oir  T*il<' 
rooiit,  dans  sa  \%e  de  saint  Jean,  tt  qui  a  éie  leMor; 
dans  une  dissertation  spéciale  d*un  docu-or  .«l'- 
mand,  J.-S.  Mitlernacbt,  Diêurl.  ad  tocum  Jvfm^'-n 
x\t,  22,  Gers,  1668. 

(5;i6)  (rest-à-dire  jusqu'à  Tan  81,  époquo  (U 
Domitien  parvint  à  reinpire.  Saint  llippulye  a 
Suidas  disent  que  Tapôtre  gouverna  Vt$Uic  J  K* 
plièse  jusqu'au  règne  de  Néron  (successeur  de  iNr 
initien  en  96),  et  selon  saint  Irénée,  saint  J««»'i'^ 
et  Ëusébc,  il  la  dirigea  jusqu'au  régne  de  lr.a,^ 
(iMi  98). 


^^0 


JEA 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FHAGMENTS. 


3EA 


z:m 


..i*  Tifflolhée  (357),  il  commença  à  gouver- 
ucr  TEglise  dans  la  ville  d'Ephèse.  Et  le 
proconsul  lui  ayant  lu  Tédit  de  l'empereur 
qui  lui  enjoignait  de  renier  le  Christ  et  de 
s'Abstenir  de  prêcher,  le  bienheureux  apétre 
réf'Ondit intrépidement  (35S)  -«Il  faut  obéir 
il  Dieu  plutôt  qu'aux  hommes  ;  je  ne  renie* 
rai  fK)int  le  Christ,  mon  Dieu,  et  je  ne  ces- 
serai de  prêcher  son  nom  jusqu^à  ce  que 
[aie  ai  compli  le  cours  de  mon  ministère  que 
j*ai  reçu  du  Seigneur.»  Et  le  proconsul,  irrité 
de  cette  réponse,  le  condamna  comme  re- 
{'elle  à  être  p'on^é  dans  une  cuve  d'huile 
J)ouiliante  (359).  Hais,  aussitôt  qu'il  y  eut 
élé  jeté,  il  sortit  de  la  chaudière  d'airain 
comiiie  un  athlète  frotté  d'huile  (360),    et 
sans  brûlure.  Le  proconsul ,  frappé  de  stu- 
peur h  la  vue  de  ce  miracle,   voulait  lui 
rendre  sa  liberté,  et  il   l'eût  fait  s'il  n'eût 
pasoraint  l'édil  de  César.  S'atlachant  donc 
aune  peine  plus  douce,  il  l'envoya  en  exil 
dans  rtie  qu'on  appelle  Pathmos  (361).  Le 
Jean  eut  les   visions  qu'il  a  écrites  dans 
\\ipocalyps€^  que  nous  lisons  sous  son  nom. 
Après  la  mort  de  Donatien,  \^  sénat  ayant 
lassé  tous  les  décrets  d«  cet  empereur  (3G2), 
Je<in  fut  rappelé  ainsi  que  tous  les  autres 
exiiôs  qui  purent  retourner  dans  leurs  de- 
meures, et  il  revint  àEphèse  où  il  iivait  sa 
demcuie  et  t>eaucoup  d'amis.  Se  recomman- 
dant ftar  ta  plénitude  de  la  çrAce  divine  et 
l>ar  (a  sincérité  de  ses  intentions,  il  se  fai- 
sait aimer  de  tous.  Vieillissant  dans  cette 
ville,  il  appuyait  la  prédication  de  la  parole 
divine  !>air  ses  vertus  et  par  des  prodiges,  de 
sorte  que,  par  l'attouchement  de  son  vête- 
ment (363),  tes  malades  étaient  rétablis,  \çs 
iotirmes  étaient  guéris,  les  aveugles  recon- 
vraient  la  vue,  les  lépreux  étaient  purifit'^!;, 
^i  les  démons  étaient  expulsés  du  corps  dos 
iiummes  qu'ils  possédaient  (364). 

CHAPITRE  111. 

L'itpûlre  étant    reveau  à    Ephèse  (303), 


était  invité  à  visiter  les  provinces  voisines , 
soit  pour  fonder  des  églises  dans  les  lieux 
où  il  n'y  en  avait  pas,  soit  pour  instituer, 
dans  les  endroits  où  il  y  en  avait ,  des 
])rélres  et  des  ministres,  selon  ce  que  TEs- 
prit-Saifil  lui  indiquait.  Quand  il  fut  venu 
dans  une  ville  peu  éloignée  d'Epliése,  toutes 
les  solennités  tcclésiastiques  ayant  été  ac- 
complies, il  vit  un  jeune  nomme,  robuste  de 
corps  et  beau  de  figure,  mais  trop  violent  de 
caractère.  Et  se  tournant  vers  révoque  qui  ve- 
nait d'être  ordonné,  Jean  lui  dit  :  k  Je  te 
recommande  très-particulièrement  de  veiller 
sur  ce  jeune  homme,  au  nom  de  Jésus-Christ 
et  de  toute  l'Eglise.  »  L'évèque  promit  do 
lui  donner  toute  sa  sollicitude,  et  l'apûtro 
ayant  renouvelé  à  plusieurs  reprises  sa 
recommandation,  retourna  à  Ëphèse.  Alors 
le  prêtre  mena  en  sa  maison  le  jeune  homme 
qui  lui  était  confié  ;  il  (e  nourrit  avec  grand 
soin,  réleva  et  l'admit  è  la  grâce  du  baptême 
(366).  Ensuite,  comme  il  se  c<3n liait  à  ia 
grâce  qui  avait  été  communiquée  au  jeune 
homme,  il  commença  è  ie  traiter  avec  plus 
d'indulgence.  Et  celui-ci,  jouissant  d  une 
liberté  excessive,  se  trouva  continuellement 
avec  des  gens  de  son  Age,  que  le  luxe  et  le 
dérèglement  du  cœur  portaient  h  aimer  les 
vices  et  à  suivre  le  chemin  d^une  vie  cor- 
rompue. Il  commença  d'abord  h  se  laisser 
séduire  par  les  plaisirs  des  festins,  ensuilK 
ses  compagnons  en  firent  leur  complice 
dans  des  larcins  nocturnes,  puis  ils  l'entraî- 
nèrent dans  de  plus  grands  désordres.  Et  il 
était  graduellement  entiaîné  vers  le  crime  , 
et  il  éiih  d'un  caractère  violent,  tel  qu'un 
cheval  vigoureux  qui  méconnaît  le  frein,  et 
qui,  abandonnant  les  voies  droites  et  mépri- 
sant son  guide  ,  précipite  sa  course  rapide. 
Faisant  toujours  des  progrès  dans  le  mai, 
et  arrivant  à  désespérer  du  salut  promis 
par  le  Seigneur,  il  dédaigna  de  s'en  tenir  à 
de  petits  désordres,  et  se  mit  h  en  accomplir 
de  grands,  et,  se  livrant  entièrement  a  la 


j57)  Le  compagROn  de  saint  Paul;  une  li-adi- 
(ion  universelle  le  repr^^senie  comme  ayant  éié  le 
premier  évé(|ue  d*Eplièsc. 

ôo>{)  Ici  comme  dans  les  Actes^  iv,  19;  ▼,  59. 

,559)  Circofiitances  eue  lelatent  divers  auteurs 
anèiciis,  tels  que  Tertuilien ,  De  prancript, ,  g.  30  : 
I  Apoftiolusioannes,  po&leaquim  in  oleum  igneum 
deinersus  nikil  passus'est,  in  iusulaiu  relegatur;  i 
«t  sailli  Jérôme.  {AdvJooin.^eiud  Matlh.  Yx,S3.)Les 
martyrologes  diseulque  ce  rair.ideeullieu  à  tioiiie 
<^n  présence  du  séiiai,  mais  Abdias  larait  éirc  mieuK 
'lans  le  vrai  en  le  plaçanl  a  Lplièse.  (V.  Coui- 
Mi,^  Aucluar,  novtssimum,  L  I,  p.  4^4.) 

(3G0)  Tout  ie  monde  saii  que  les  allilètes  et  les 
gUdiaieurs  étaient  frottés  d*buile. 

(561  Yoy,  sainl  Jérôme,  liv.  v,  c.  59;  Eu$èba.y 
Jiv.  m,  c.  18«  etc. 

(3i)2)  Cesl  ce  que  dit  Lactance  (  De  moriibus 
Veneculorum^c.  5)  :  c  llescissis  igitur  actis  tyraiiiii, 
iioit  modo  in  siamm  pristinum  Ecdcsia  restiluta 
<^l.  v)l  eilam  multo  clarius  ac  floridius  eiiituiu  » 
Voir  aussi  Eusébe,  ni,  20,  etc.  Siiéioue  (Vie  de  Do- 
''ti'i<fji.c.65),  relaie  également  le  fail  de  la  radiali-.iii 
«le  lous  les  édits  de  cet  empereur  aussi (ôl  qu'il  cul 
!»••,  (ju  U  vie. 

(ot>r.)  C<»mmc  pour  railouchomcnl  dos  vétomeiils 

DiCTmX?!.   DES   APOCRYPUi-S.   II. 


de  Jésus-Cbrist  (MaUh.  i\  ,  20).  Un  miracle  pareil 
se  retrouvera  dans  V Histoire  de  saint  Paul,  c.  4. 

(364)  Imitalion  évidente  de  laiut  MaUhieu,  c.  xv, 
30,  et  de  saint  Luc,  c.  vu,  21. 

(365)  Les  récits  suivants  sont  empruntés  à  l'^u- 
sèbe  (Ûist.  eccles.,  lib.  m,  c.  25),  qui  dit  les  avoir 
pris  dans  un  livre  de  Clément  irAlexanJrie  :  Quel 
riche  sera  sauvé?  Ce  livre  subsiste  encore,  ila  eii 
publié  à  ton  sous  le  nom  d*Origéne,  par  M.  Gliisicr. 
(l.  ni  f»  Jeremiam,  p.  271.)  Mais  Combelis  (Auc- 
luar  nov.,  t.  1,  P.  185)  Ta  reslilué  à  Clément. 
L*évÔ4pie  anglican  J.  Fell  en  a  donné  à  Oxford  nue 
édilioo  séparée,  et  luig  Ta  fail  pamllrc  h  Leipsick  à 
la  suite  des  œuvres  de  Clément.  D^aulres  écrivainb, 
tels  que  Nicépbore  ei  George  Syncelle,  ont  puisé  à 
la  même  source.  (Voir  la  note  de  Fabricius ,  Cad, 
apocr.  Sov.  Test.,  t.  I,  p.  556).  L^'liisloire  du  voleur 
converti  fut  fort  goûlée  dans  les  premiers  siècles  ; 
on  la  retrouve  dans  saint  Atbanasc,  dans  saint  Jean 
Cbrysostumc,  dans  les  ouvrages  qui  portent  le  noua 
de  saint  Donys  rAréopagl^le. 

(566)  Clément  d'Alexandrie  dit  :  c  II  lui  donna  la 
lumière,  »  et  Eusèbe  :  c  il  lui  fil  part  enliu,  pour  le 
protéger,  du  sceau  du  Seigneur,  i  Ces  deux  ex  près - 
si):ns  sont  prises  souvent  dans  le  sens  de  bapleme. 

11 


Xîl 


DICTIO?ïNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


perdition,  ii  no  voulut  être  infériour  à  per- 
sonrie  eo  fait  de  dérèglement.  11  fit  enfln 
ses  disciples  de  ceux  qui  avaient  été  d'a- 
bord ses  maîtres  dans  le  crime ,  et  il  réunit 
une  troupe  de  voleurs  dont  il  fut  le  chef  et 
Je  commandant,  et  avec  eux  il  se  souilla  de 
tout  genre  de  cruautés.  Plus  tard,  saint  Jean 
fut  invité  derechef  à  visiter  celte  ville,  les 
fidèles  voyant  futilité  de  sa  venue.  Et,  lors- 
qu'il eut  accompli  les  choses  sacrées  pour 
lesquelles  il  était  venu  ,  il  dit  à  Tévéque  : 
c  Représente  le  dép6t  que  Jésus-Christ  et  moi 
nous  t'avons  remis  en  présence  de  TE^Iise 
que  lu  gouvernes.  »  L'évéque  fut  saisi  de 
surprise,  pensant  d*abord  aue  Ta^ôlre  lui 
réclamait  de  Targent  qu'il  n  avait  pas  reçu, 
Il  pensait  que  Jean  ne  pouvait ,  ni  se  trom- 
per, ni  demander  ce  qu  il  n'avait  pas  donné, 
de  sorte  qu'il  demeurait  dans  la  stupeur.  £t 
Jean  le  voyant  dans  cet  embarras  dit  :  «  Je 
te  'réclame  un  jeune  homme  et  l'âme  de  ce 
frère.  »  Alors  l'évêque  soupirant  et  ver- 
sant beaucoup  de  larmes,  répondit  :  «  Il  est 
mort.  »  Et  l'apôtre  dit  :  «  Comment  et  de 
quelle  mort?»  L'évêque  répondit  :  «Il  est 
mort  au  Seigneur,  car  il  s'est  livré  aux  plus 
grands  crimes,  et  maintenant  il  est  dans  le 
montagnes  è  la  tête  d'une  bande  de  nom 
bnîux  brigands.  » 

Ayant  entendu  ces  paroles,  TapAlre  dé- 
chira aussitôt  les  vêtements  qui  le  cou- 
vraient (367) ,  el,  se  frappant  la  tête  en  gé- 
missant, il  dit  :  «  J'ai  confié  l'âme  de  mon 
frère  à  un  bon  gardien.  Mais  qu'on  me  donne 
un  cheval  et  un  guide.  •  Et  quittant  celte 
église,  il  se  mit  aussitôt  en  route.  Et  quand 
il  fut  arrivé  è  l'endroit  où  se  tenait  la  bande 
lies  voleurs,  il  fut  arrêté  par  ceux  qui  étaient 
en  sentinelle.  Mais  lui,  ne  vouIarI  ni  s'en- 
fuir, ni  se  cacher,  disait  avec  de  grands 
cris  :  «  Puisque  je  suis  venu  vers  vous , 
conduisez-moi  à  votre  chef.  »  Et  quand  il  fut 
venu  armé,  et  aussitôt  qu'il  eut  reconnu 
l'apôtre  Jean ,  il  fut  couvert  de  honte  el  il 
prit  la  fuite.  Mais  l'apôtre,  étant  descendu 
de  cheval,  poursuivit  le  fugitif,  et  oubliant 
son  âge  avancé ,  il  s'écriait  :  «  Pourquoi ,  ô 
mon  fils, fuis-tu  ton  père?  Pourquoi  fuis-tu 
un  vieillard  débite?  iNe  crains  rien;  tu  peux 
encore  espérer  la  vie.  Je  rendrai  à  Jésus- 
Christ  compte  pour  toi.  Je  recevrai  volon- 
tiers la  mort  pour  toi  comme  le  Seigneur  l'a 
reçue  pour  nous ,  et  je  donnerai  mon  âme 
pour  la  tienne.  Arrête-toi  seulement  et  crois* 
mai,  car  Jésus -Christ  m'a  envoyé,  n  Et  le 

(567)  C*élail  ainsi  qiron  Icnioignail  sa  douleur 
pour  la  perle  d*uu  uiorl.  Vov,  Geler,  De  luctu 
Uebrœor.^  c.  22. 

(308)  On  sait  que  la  pénitence  a  été  appelée  le 
baptême  des  larmes.  Voy.  J.  Morin,  De  sacratnenlo 
ptrittiffiinr,  I.  m,  c.  i,  et  ix,  c.  2. 

(3k>9)  Valois  regarde  avec  raison  ce  détail  comme 
apocryphe  ;  uo  \oTeur,  chef  de  bandits,  quoique  re- 
pfiiiant ,  n'a  pu  être  élevé  aussitôt  à  la  dignité 
d'évéque.  Il  faut  remarquer  toutefois  que  celte  cir- 
constance, inadmissible  en  effet,  parait  ne  trouver 
place  dans  le  récit  du  prétendu  Abdias  que  par  suite 
d*nne  erreur  de  traduction.  Eusèlie  se  sert  d'une 
e%iire»sion  qui  sigMilic  que  Tapélre  rendit  le  péni- 


jeune  homme,  s*arrêlant,  tint  le  visage  altaw- 
se  vers  la  terre;  ensuite  il  jeta  ses  armos 
et  se  mettant  à  trembler,  il  versa  des  laru.es 
très-amères,  et  se  prosternant  aux  pieds  du 
vieillard ,  il  poussa  des  gémissemenls  et  u** 
grands  cris.  Il  fut  de  nouveau  baptisa  |.,v 
les  torrents  de  larmes  quMl  versait  (368;  «: 
il  cachait  sa  main  droite.  L'apôtre  lui  [ m- 
mil  avec  serment  que  son  pardon  lui  si  r.  : 
accordé  par  le  Seigneur,  et  tombant  à  i:  - 
noux,  il  lui  prit  la  main  que  tourmentait  .'• 
remords  de  1  homicide ,  et  la  baisant  comn.  > 
étant  puriûée  par  la  pénitence ,  il  le  rameni 
è  Téglise;  là,  otTrant  sans  cesse  au  Sei^ne  r 
ses  prières  pour  lui ,  observant  avec  lui  iie» 
jeûnes  fréquents,  il  attendait  du  Seigneur 
la  miséricorde  qu*il  avait  promise.  Et  il  a  o». 
cissait  par  des  paroles  de  consolation  re>pri; 
effravé  et  égaré  de  ce  pécheur.  11  ne  a^^^ 
que  lorsqu*iT  Teut  entièrement  amendé,  el  i 
le  mit  même  è  la  tête  de  TEglise  de  cet  en- 
droit (369),  donnant  ainsi  de  grands  eier,- 
pies  de  la  véritable  pénitence  et  un  téiiiu 
gnage  éclatant  de  la  régénération  naturel 
et  montrant  les  trophées  d'une  résurrecii  . 
visible. 

CHAPITRE  IV. 

Saint  Jean  ayant  parcouru  beaucoup  1 
villes,  en  prêchant  la  parole  de  Dieu,  rev:;. 
à  Ephôse,  sachant  que  la  fin  de  sa  vie  appr  • 
chait.  £t  Tapôtre  était  toujours  entouré  du 
tel  respect  parles  habitants  d'Epbèse,qu 
1  un  se  félicitait  de  toacber  ses  mains,  u 
autre  de  les  appliquer  sur  ses  yeux  ou  su- 
sa  poitrine,  et  ceux  qui  pouvaient  touchfr 
son  vêtement  s*en  réjouissaient ,  car  le  con- 
tact de  ses  habits  guérissait  les  malades. Ma.^ 
Tennemi  des  hommes,  voyant  avec  gémisse- 
ment ces  saintes  joies  et  cette  pieuse  cc  c- 
brité,  s'efforça  d'y  jeter  lo  trouble,  et  . 
choisit  pour  cet  instrument  du  mal  qu': 
voulait  rai  rcy  un  gentil  qui  ne  connaissait!^^ 
Dieu,  prenant  pour  cause  de  ce  désorJr 
une  femme  belle  et  chrétienne  qui  8*appt- 
lait  Driisiane;  car  notre  ennemi  sait  qn 
la  jeunesse  est  sujette  à  tomber  en  faute,  c 
jeune  homme  se  nommait  Callimaqiie,  et. 
ayant  vu  Drusiane,  il  se  mit  è  Taimer  ép^r- 
dûment.  Et ,  quoiqu'il  sût  qu'elle  était  \i 
femme  d'Andronius^il  brûlait  pour  le  cr.R« 
d'adultère.  Et  l'on  disait  qne  cette  feromf, 
assidue  aux  discours  de  l'apAtre,  n'avait  pa^ 
de  commerce  avec  son  mari  à  cause  du  eu  : 
de  Dieu  (370),  et  que,  comme  renf<r;> 

tent,  le  replaça  auprès  de  ses  frères,  et  (e  rf(!j<tiu- 
de  {"Histoire  aponolique  a  confondu  ce  mot  a>ei  ' 
autre  qui  y  ressemble  fort  et  qui  sigiiiûe  :  il  k  ■' 
à  la  tète,  et  le  donna  pour  ibef. 

pîO)  On  a  supposé  qu'il  y  avait  ici  des  enpr»''' 
faits  au.\  Actes  ae%  apàtret  composés  par  le  i»^' 
chésn  Leucins.  Parfois  des  époux  vivaient  àA»^ 
continence  d*un  consentement  mutuel,  ce  qui  e  i 
regarda  comme  fort  digne  d*éloge  1  Vov.  Teriol  « 
De  resurrectione^  c.  8,  et  les  notes  de  Paoïéliu»  ^ 
ce  passag**.)  Mais   une  conduite  comme  rcitr  • 
Drusiane  est  condamnée  par  le  précepte  àt  »«■:- 
Paul.  (/  Cor.  vil,  3,  4.) 


ÔÙJ 


i?A 


PART.  IH.  —  KKGRNDES  ET  FUAGMENTS. 


JEA 


;5I 


dcins  UD  sé|iuicrc,  elle  ne  pcrmeltait  pas 
qu'il  s approcliâl  d'elle; car  elleaurail  mieox 
aimé  mourir  qu*avoir  commerce  avec  son 
mari,  et  il  la  pressait  disant  :  «  Ou  rends-moi 
réf)Ouse  que  je  trouvais  précédemment  en 
loi,  ou  je  mettrai  à  mort  celle  qui  se  révolte 
conlre  moi.  »  Mais  elle  n'était  pas  émue  de 
h  crainle  de  Ja  mort ,  et  nul  don ,  ni  nulles 
caresses  ne  pouvaient  la  détourner  de  la 
conleraplalion  céleste.  Le  jeune  homme, 
enflammé  d'amour,  comme  nous  l'avons  dit, 
méprisa  les  conseils  qu'on  lui  donnait  et 
pensa  qu'il  pourrait  porter  sa  fureur  sur 
(et!e  que  fortifiait  la  parole  de  Dieu  et  qui 
avait  forcé  son  propre  mari  à  Tobservalion 
de  la  chasteté,  remplaçant  l'union  du  raa- 
riaze  par  l'affection  de  l'esprit.  Il  la  poursui- 
vit longtemps,  et  déçu  dans  ses  espérances, 
il  tomba  dans  un  chagrin  de  plus  en  plus 
viûlenl.  Drusiane,  offensée  de  son  audace, 
fut  deux  jours  après  saisie  d'une  fièvre,  et 
elle  était  afflfgée  d'être  revenue  dans  sa 
patrie  et  de  ce  que  sa  beauté  ne  lui  avait  at- 
tiré que  des  malheurs. 

■  Plût  à  Dieu»  »  dji-elle,*  que  je  ne  fusse 
jamais  revenue  dans  ma  patrie,  ou  que  lui , 
instruit  par  la  parole  divine,  ne  se  fût  pas 
jeté  en  de  pareilles  erreurs  1  Puisque  ie  suis 
la  cause  d'une  si  grande  blessure  faite  a  cette 
âme  malade,  je  désire,  Seigneur  Jésus,  que 
tu  me  délivres  de  cette  vio,  afin  que  ta  ser- 
vante étant  rappelée  à  loi ,  ce  malheureni 
puisse  vivre  en  paix.  »Et  Drusiane  s'expri- 
mait ainsi  en  présence  de  l'apôtre  Jean, 
mais  ni  l'apôtre,  ni  les  autres  ne  compre- 
naient le  sens  de  ses  discours.  Et  triste  et 
oéiolée  k  cause  de  la  blessure  de  ce  jeune 
homme,  elle  nnourut.  Et  son  mari  fut  dans  la 
iiésûation,  parceque  sa  femme  était  morte 
'Jans  un  (jrand  trouble  et  qu'accablée  de 
tiiaj;rin,  elle  avait  désiré  de  cesser  de  vi- 
ue. 

ClIAl'iTRi^  V. 

Andronicus  pleurait  ainsi,  lorsque  l'apôlre 
le  reprit,  disant  :  «  Ne  nleure  point  comme 
si  lu  Ignorais  où  ta  femme  s'est  rendue  eu 
nous  quittant  (371).  Ne  connais-tu  pas  la 
situation  à  laquelle  est  arrivée  la  sainte  et 
fidèle  Drusiane  qui  est  dans  le  ciel,  atten- 
dant l'espérance  de  la  résurrection  d*entro 
les  morts?  El  Andronicus  répondit  qu'il  ne 
doutait  pas  que  Drusiane  ne  ressuscitât,  et 
qu'il  ne  vacillait  point  dans  sa  foi;  qu'il 
pensait  que  celui  qui  aurait  accompli  avec 
pureté  le  cours  de  celle  vie  serait  sauvé; 
mais  qu'il  ressentait  une  vive  douleur,  parce 
que  sa  sœur  (c'est  ainsi  qu'il  appelait  Dru^ 
siane)  avait  succombé  à  un  chagrin  secret 
dont  il  n'avait  jamais  pu  connaître  fa 
cause,  et  qu'il  devait  ignorer  à  jamais  puis- 
qu'eileétail  ensevelie.  El  l'apôtre  ayant  inter- 
rogé en  secret  Andronicus ,  parla  ainsi ,  en 
sérarianl  un  peu  de  tous  les  frères,  qui  s'é- 

(371)  /  The$*.  IV,  13.  Observons  qu*Andronicu$ 
»i  ici  représeiiié  comme  chrclieii,  ce  qui  ne  s'ac- 
f'^rrie  |^a$  avec  ce  que  le  narrateur  a  dit  précédem- 

li.l'!lt. 


laient  ri'iinis  pour  jouir  de  sa  douce  conver- 
sation : 

CHAPITRE  VI. 

«Le  commandant  d'un  navire  dit  adieu  àco 
navire  et  «  tous  ceux  qui  ont  navigué  avec 
lui,  lorsqu^il  a  amené  son  vaisseau  au  terme 
de  son  voyage,  et  qu'il  Ta  conduit  dans  une 
rade  sûre.  De  mêmelecnUivalcur,aprô$avoir 
confié  la  semence  à  la  terre  et  travaillé  à  la 
récolte  avec  beaucoup  de  soin  ,  après  s'être 
donné  grand' peine  et  avoir  fait  bonnegarde, 
reçoit  la  récompense  de  son  travail  lorsqu'il 
a  placé  la  moisson  dans  les  greniers.  Et  ce- 
lui oui  court  dans  le  cirque,  se  réjouit  lors- 
qu'il remporte  le  prix.  Celui  qui  s'est  pré- 
paré aux  exercices  athlétiques,  esl  plein  de 
joie  lorsque  la  couronne  lui  est  remise. 
Tous  ceux  qui  s'appliquent  à  divers  arts  et 
se  livrontau  travail,  louent  Dieu  avec  raison 
è  la  tin,  parce  quMIsnesont  pas  abandonnés , 
mais  justifiés  selon  la  promesse  que  le  Sei- 
gneur a  daigné  faire  à  ses  sainls.  Et  chacun 
doit  savoir  ainsi  qu'il  aura  la  récompense 
des  épreuves  de  sa  foi,  lorsqu'ayant  accom- 
pli le  cours  de 'sa  vie,  il  reiiJra  intact  et  pur 
ce  qui  lui  a  été  confié  (372).  Car  il  est  bien 
des  choses  qui  brisent  la  foi  des  hommes  et 
qui  causent  de  grands  soucis  à  la  pensée  hu- 
maine; les  enfants,  les  parents,  la  gloire,  la 
j^auvreté,  l'adulation,  la  jeunesse,  la  beauté, 
l'orgueil ,  le  désir  des  richesses,  la  négli- 
gence, Tenvie,  la  dissimulation,  la  colère, 
Tamour,  la  tristesse,  la  possession  des  es- 
claves, le  patrimoine,  et  bien  d'autres  motifs 
de  ce  genre  qui  apportent  des  obstacles  au 
Seigneur,  de  même  qu'un  vent  contraire  ar- 
rête souvent  Ja  marche  d*un  navire  qui  fai- 
sait bonne  route,  et  soulève  des  tempêtes. 
Des  circonstances  malheureuses  viennent 
aussi  déjouer  souvent  les  espérances  du  cul- 
tivateur. C'est  ainsi  que  chacun,  avant  d'ar- 
river au  mo/nentoù  il  faut  quitter  la  vie, 
doit  considérer  ce  qu'il  a  lait  et  examiner  eu 
qu'il  doit  être,  c'est-à-diro  sobre,  vigilant, 
et  dégagé  de  tout  embarras,  n'étant  point 
troublé  par  les  voluptés  du  siècle  et  chargé 
de  leur  poids.  De  même  que  personne  ne 
loue  la  beauté  du  corps  s'il  n*a  été  dégagé  do 
tout  ce  qui  le  couvre,  de  même  que  per- 
sonne ne  loue  un  général  s'il  n*a  pas  glo- 
rieusemeni  terminé  une  grande  guerre;  de 
même  que  personne  ne  loue  un  médecin,  à 
moins  qu'il  n  ait  guéri  diverses  maladies  ;  de 
même  personne  ne  peut  louer  une  vie,  si  ce 
n'est  celle  de  l'homme  qui  est  en  étal  d'offrir 
un  esprit  plein  de  foi  et  une  chair  digne  du 
temple  de  Dieu  (37dj;  une  vie  qui,  dans  son 
cours,  ne  s'est  point  jetée  dans  la  vanité  ni 
dans  le  désordre;  qui  n'a  point  été  hébétée 
et  étourdie  par  les  choses  humaines,  qui  ne 
s'est  point  attachée  aux  choses  temporelles, 
qui  n'a  point  piéféré  les  biens  passagers  aux 
biens  durables   et  qui  n'a  point  dénié  les 

(372)  Une  Densée  semblable  se  trouve  dans  la 
//•  Epitre  à  Tlmothée,  c.  u,  5. 
(ù75)  /  Cor.  m,  itf. 


35 


D:CTI0NNA!KE  1;ES  AP0CIIYP1II:S. 


choses  perroanenles,  alin  d  avoir  celtes  qui 
ne  subsistent  pas;  une  vie  qui  n*a  point 
honoré  ce  qui  n*es(  point  digne  d*hon- 
neur,  qui  n'a  point  aimé  les  œuvres  pleines 
d'opprobres, qui  n'a  point  reçu  legagede  Sa- 
tan (37^-75),  et  qui  n'a  point  enfermé  le  ser- 
pent eu  son  sein,  qui  n'a  point  ri  de  ce  qui 
ne  doit  point^exciler  le  rire,  et  qui  n'a  point 
rougi  des  insultes  reçues  pour  Jésus-Cnrist. 
Car  il  est  des  gens  qui  afiirment  par  leurs 
paroles  et  qui  nient  par  leurs  œuvres.  Cha- 
cun ne  doit  point  se  laisser  inspirer  par  la 
concupiscence  de  sa  chair,  de  peur  de  de- 
venir un  vase  d'immonilices  (376)  ;  mais  il 
doit  se  délivrer  des  passions  corrompues , 
surmonter  l'avarice,  triompher  de  la  cupi- 
dité de  l'argent,  ne  pas  se  laisser  dompter 
par  ta  férocité  du  corps,  ne  pas  être  entraîné 
par  la  colère  et  l'indignation,  ne  passe  lais- 
ser accabler  par  la  tristesse,  ne  pas  se  lais- 
ser affaiblir  par  des  actions  répréhen^ibles, 
mais  il  doit  s'attacher  aux  choses  qui  au^- 
incnlont  la  foi  en  Jésus-Christ  Nolre-Sei- 
gneur,  et  qui  fassent  que,  lorsqu'il  recevra 
la  vie  éternelle,  il  obtiendra  une  maguiûque 
récompense,  en  dédommagement  des  choses 
qu'il  aura  méprisées  en  ce  monde,  v 

CHAPITRE  VI!. 

L'apôlro  ayant  ainsi  parlé,  afin  d'exhorter 
les  frères  à  désirer  les  choses  éternelles  et 
h  mépriser  les  choses  temporelles,  le 
jeune  homme  dont  nous  avons  parlé,  et  qui 
aimait  Drusiane,  nourrissait  dans  sa  poitrine 
une  blessure  cachée,  étant  chaque  jour  con- 
sumé par  l'incendie  que  la  mort  de  cette 
femme  n'avait  pu  éteindre.  Et  il  n'est  pas 
étonnant  qu'il  ne  reçût  nul  remède  du  dis- 
cours de  Jean;  car,  négligeant  de  l'entendre, 
il  ne  cherchait  pas  à  apporter  un  remède  à  sa 
blessure,  mais  il  désirait  chaque  jour  aug- 
menter la  grandeur  de  son  crime.  El  il  ad- 
vict  que  CaTlimaque,  toujours  épris  de  Dru- 
siane, morte  et  déjà  ensevelie,  corrompit 
à  prix  d'argent ,  l'intendant  d'Andronicus , 
afin  qu'il  lui  ouvrit  le  tombeau  qui  renfer- 
mait Drusiane,  et  qu'il  lui  livrât  le  corps  de 
celle  qu'il  aimait.  Car  il  voulait,  dans  son 
aveugle  furie,  exercer  sa  passion  désordon- 
née sur  ce  cadavre.  Et  ce  n'était  pas  chez  lui 
l'effet  d'un  mouvement  soudain,  mais  celui 
li'une  réflexion  délirante  :  <  Puisqu'elle  n'a 
pas  voulu  durant  sa  viey»disait-il,<x  que  j'eus- 
se commerce  avec  elle,  il  faudra  qu'après  sa 
mort  elle  subisse  ma  volonté.»  Et  étant 
entré  dans  le  tombeau,  il  se  mit  à  débarras- 
ser le  corps  des  étoffes  qui  l'enveloppaient. 
Et  il  disait  dans  l'égarement  de  sa  passion 
monstrueuse  :  «Que  t'aura*t-il  servi,  6 
malheureuse  Drusiane,  de  me  refuser  du- 
rant ta  vie  ce  que  tu  subiras  après  la  mort  î  » 
Et  voici  que,  tandis  que,  dans  sa  fureur,  il 
s'apprêtait  5  consommer  son  crime,  un  grand 
serpent  sorti,  on  ne  sait  d'oCl,  apparut  tout  h 
coup»  et  le  jeune  homme,  blessé  par  sa  uior- 
sure,  mais  encore  plus  saisi  de  frayeur,  prit 


la  fuite,  et  privé  de  toute  sa  furce  ï»ar  le  froil 
du  venin,  il  tomba,  et  aussitôt  le  seq>eni  h* 
plaça  sur  son  corps  et  s'y  linl  tranquille. 

CHAPITRE  VIII. 

Le  lendemain,  qui  était  le  troisième  j'cr 
depuis  la  mort  de  Drusiane,  saint  Jean  >  ; 
Andronicus  vinrent  le  matin  au  tombeau  .n. , 
de  célébrer  les  saints  mystères,  et  yui  . 
qu'ils  ne  pouvaient  trouver  les  clefs,  tt 
Jean  dit  :  «  C'est  avec  raison  que  les  clefs  le 
se  trouvent  pas  puisque  Drusiane  n'est  p^ 
dans  le  tombeau  parmi  les  morts.  Mais  eu- 
Irons,  les  portes  s'ouvriront  d'elles-méiui'5; 
car  nous  ne  pouvons  douter  de  la  miséri^urie 
du  Seigneur,  et  qu'il  n'étende  sur  nous  sa 
grande  générosité.  »  Lorsqu'ils  se  furent 
donc  approchés  du  sépulcre»  aussitèt,  sut 
l'ordre  de  Jean,  les  portes  s'ouvrirent,  ti 
nous  vîmes  un  beau  jeune  homme  étenduau- 
près  du  sépulcre.  Et  Jeans'éoriaàson  aspid* 
«  Tu  nous  préviens,  Seigneur.  »  Et  il  dit  si 
jeune  homme  :  «  Pourquoi  es-tu  venu  ici?* 

Et  nous  entendions  une  voix  qui  disait  : 
«  Je  suis  venu  à  cause  de  Drusiane ,  qne  m 
dois  ressusciter,  et  à  cause  de  celui  qui  J< 
inanimé  auprès  du  tombeau,  et  afin  que  a- 
Iiommes  honorent  Dieu  à  cause  de  uj'I. 
Et  quand  le  jeune  homme  eut  ainsi  (aric. 
remonta  au  ciel  en  présence  de  Jean  et  i.^ 
autres.  Et  Jean,  s'étant  relourné,  vit  J'. /. 
corps  étendus  auprès  du  sépulcre  :  l'un  e' 
celui  de  Callimaque,  qui  était  un  desdi  : 
de  la  ville  d'Ephèse,  et  un  immense  slT|  " 
se  tenait  sur  lui  ;  l'autre  corps  était  r 
de  Forlunat  qui  avait  été  l'intendant  dVi;- 
dronic.  Et  rCe^ardant  ces  deux  cor()S,  l'a;- 
tre  pensait  en  son  esprit  et  se  disait  :  «  tj  * 
veulent  dire  ces  choses  et  pourquoi  le>- • 
gneur  ne  m'a-t-ii  pas  révélé  sa  vuluntc!  » 

CHAPITRE  IX. 

Mais  Andronicus  voyant  le  corps  de  D.  • 
siano  gisant  dans  le  sépulcre,  àdemi-ui  * 
couvert  d'un  seul  voile,  dit  à  Jeau  :  <J 
comprends  co   qui   s'est   passé.   Ce  O   * 
maquo   était    épris    de    Drusiane ,    ta:i<.  ^ 
(juelle  était  en  vie,  et  quoiqu'elle  eût  rt* 
poussé  ses  vo»ux,  il  ne  laissait  pas  né<inMi    * 
de  la  poursuivre  de  ses  obsessions.  Aài  - 
de  ses  refus  il  a  recherché  l'auiiiiéde  n  . 
intendant,  afin  d'avoir  son  concours  pour    ^ 
actions  illicites.  On  dit  qu'on  l'aso.N' 
entendu  dire  que  s'il  ne  pouvait  forcer  P  < 
siane  à  répondre  de  son  vivant  k  sa  pa>>:  ' . 
il  lui  ferait  violence  après  sa  mort.  Je  \>^'^r 
donc,  6  JeanI  que  cet  ange  qui  était  ici  -.laf  >  • 
le  corfis  de  Drusiane  ,  atm  de  le  pn^rt 
de  tout  outrage,  et  je  pense  que  ces  cairi^r 
2»ont  ceux  des  hommes  qui  n'ont  |»a)  n 
de  vouloir  accomplir  un  crime  infâme.  1  . 
vois  que  c'est  pour  cela  que  tu  as  en!  :■ 
ui  e  voix  annonçant  la  résurrection  de  b  i 
siane,  ({ui  avait  éprouvé  une  mort  prciMi:  • 
rue,  par  suite  de  la  douleur  i*t  de  la  tr^tt^- 
(pTiMlo  éprouvait  en    voyant  qu'un  j<- -  • 


(571-75)  Ajwc,  Mil,  10;  xiv,  9;  xvi,  2;  xx,  4. 


(37G)  /  Thesi,  iv,  4. 


537 


lEA 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JEA 


538 


liDOime  s'élaiUépris  pour  elle  d'une  passion 
coupable.  C'est  pour  ce  molif  que,  tandis 
qne  nous  voyons  ici  trois  cadavres  ,  la 
voix  n'a  cependant  parlé  de  la  résur- 
rection que  de  deux ,  et  elle  a  gardé  le 
silence  sur  le  troisième  ;  le  Seigneur  voulait 
que  Dnisiane  revînt  à  Ja  vie,  qu'elle  avait 
{)erduedaDS  la  douleur,  et  qu'elle  passera  de 
nonveaudans  la  tranquillité.  Ce  jeune  hom- 
me paraît  digne  d'indulgence  parce  qu'il  était 
♦^aré.  Mais  je  crois  que  le  troisième  n'est 
l'as  digne  d  être  l'objet  de  la  clémence  de 
Xolre-Seigneur  Jésus-Christ.  Je  te  prie  donc, 
Jean,  de  t'approcher  de  ces  corps  et  de  res- 
>u5citer  d'abord  Callimaque,  afin  qu'il  nous 
lacooto  ce  qui  est  arrivé.» 

CHAPITUE  X. 

Et  Jean  s'approchant  du  corps  du  jeune 
homme,  dit  au  serpent  :  «  Eloigne-toi  de  ce- 
lui qui  était  devenu  le  serviteur  de  Notre- 
Seigueur  Jésus-Christ.  »  Et  aussitôt  le  ser- 
pent s'éJoigna.  Et  lapôlre,  se  prosterna  it 
\àî  t«rro,  adressa  sa  prière  au  Seigneur,  en 
Usant:  «Dieu  dont  nous  honorons  l'Eglise, 
Hdonl  la  domination  règle  toutes  choses, 
Dieu  dont  la  volonté  accomplit  tout  co 
'{u'elle  prétend  faire,  exauce-nous  à  cause 
•le  la  gloire,  et  que  ta  grâce  arrive  dans  ce 
jeune  liomme  à  son  plus  haut  degré  ;  et  que 
te  que  ce  jeune  homme  a  fait  nous  soit 
lévélépar  lui-même,  lorsqu'il  se  relèvera.» 
ti  au;îsilôt  le  jeune  homme  se  leva,  et  il 
dormit  une  heure  entière.  Et  quand  il  eut 
»«^pris  son  entière  connaissance,  Jean  l'in- 
•  rrogea,  afin  qu'il  révéldt  la  cause  de  ce 
•lui  lui  était  arrivé.  Et  il  raconta  les  faits  qui 
•Jaieni  tels  quAndronicus  lavait  prévu. 
Lamour  qu'il  portait  à  Drusiane  avait  été 
le  molif  qui  l'avait  porté  à  étendre  sur  elle 
^a  passion  jusqu'après  sa  mort.  Jean  lui 
ayant  demandé  si  des  reliques  pleines  de 
•««^nératiou  et  de  grâce  pouvaient  avoir  quel- 
que eCfet  sur  son  audace,  il  répondit:»  Com- 
weni  flurai$-Je  pu  faire  ou  osir  quelque 
•'lose,  lorsqu'un  animal  monstrueux  s'est 
jKé  sur  moi  el  a  blessé  Fortunat  qui  avait 
alimenté  la  flamme  de  ce  délire  qui  aurait 
pu  s'apaiser?  La  cause  de  ma  mort  a  été 
que  lorsqu'on  proie  à  ma  frénésie  et  aveuglé 
l^r  ma  (mssion,  je  dépouillai*  le  corps  mort 
jieson  Unceul,  me  préparant  à  consommer 
le  crime  que  jje  méditais,  je  vis  tout  d'un 
^<)U))  un  beao  jeune  homme  qui  couvrait  de 
»es  vêlements  le  cadavre  de  Drusiane,  et  il 
jaiiliâsaitdeKon  visage  des  étincelles  de  feu 
qui  illuminaient  tout  le  sépulcre.  Et  l'une 
délies  me  frappa,  tandis  qu'une  voix  disait: 
"  Callimaquuy  meurs  atiu  que  tu  vives.  » 
J'n'nore  qui  était  ce  jeune  homme,  mais 
*'Hnme  je  vois  que  tu  es  le  serviteur  do 
l^itu,  et  (jue  lu  t'es  montré  à  moi,  je  suis 
^ûr  que  c'était  un  an^e  de  Dieu,  et  je  re- 
connais que  le  vrai  Dieu  est  celui  que  lu 
annonces.  C'est  pouranoi  je  te  supplie  de 
»'«  pas  m'abandonner  dfans  ces  embarras.  Je 
'^«is  ce  que  j'ai  fait,  et  je  n'ai  pas  oublié  les 
'  «dignités  que  j'ai  tentées,  et  je  m'en  re- 
I  '  Ub  de  toute  mon  ûiue.  Plût  à  Dieu  que  lu 


pusses  voir  dans  le  fond  de  mon  cœur,  et  tas- 
surer  de  l'étendue  de  ma  douleur  !  Je  m'af- 
flige d'avoir  voulu  commettre  d'aussi  grands 
crimes,  mais  j'attends  de  toi  le  remède  à 
mon  affliction,  toi  qui  es  le  prédicateur  du 
Dieu  tout -puissant  dont  Notre -Seigneur 
Jésus-Christ  est  véritablement  le  Fils,  et  je 
désire  que  tu  m'enseignes  saparole.  Je  no 
doute  pas,  si  lu  étends  la  main  vers  moi, 
qu'à  sa  voix  ne  s'accomplisse  la  vérité  de  la 
parole  qui  disait  qu'il  fallait  que  je  meure 
afin  de  vivre.  Je  suis  mort  plein  d'audace, 
mais  je  suis  ressuscité  doux  et  humble  ;  je 
suis  mort  gentil,  mais  je  suis  ressuscité 
chrétien.  Je  reconnais  la  vérité,  mais  je 
demande  quêtes  leçons  me  la  révèlent  plus 
amplement.» 

Et  l'apôtre,  rempli  d'allégresse  en  enten- 
dant ces  paroles  dit  :  «  Seigneur  Jésus,  je  ne 
sais  ce  que  je  dois  faire.  J'ai  élé  frappé  do 
surprise  en  vpyant  l'élendue  de  la  miséri- 
corde, et  je  reconnais  avec  joie  toute  la  gran- 
deur de  ta  patience.  » 

Et  ayant  ainsi  parlé,  il  bénit  le  Seigneur, 
et  prenant  Callimaque,  il  l'embrassa,  disant: 
«Bénis  soient  le  Seigneur  Dieu  miséricor- 
dieux et  Jésus-Christ  son  Fils,  qui  a  en 
pitié  de  toi,  et  qui,  par  sa  mort,  t'a  délivré 
de  la  fureur  et  de  la  démence,  qui  a  éteint 
les  feux  de  l'impureté,  lui  qui  Ole  l'occa- 
sion de  la  faute,  qui  anéantit  les  tentations 
d'une  passion  insensée,  lui  qui  a  rendu 
derechef  à  la  viexelui  qui  était  mort  da^s 
le  péché,  afin  que  tu  reposes  dans  la  foi  et 
dans  la  grâce  de  Jésus-Christ  Notre-Sei- 
gneur.  Tu  vois  quelle  multitude  de  bienfaits 
divins  est  venue  pour  seconder  notre  minis- 
tère et  pour  procurer  ton  salut.  » 

CHAPITRE  XL 

Quand  Andronicus  vit  que  Callimaque 
était  ressuscité,  il  fut  ému  d'une  atfeclion 
conjugale,  et  il  commença  à  prier  l'apôtre 
de  ressusciter  aussi  Drusiane,  disant  :  «Il 
convient  qu'elle  ressuscite ,  afin  qu'elle 
perde  sa  tristesse,  celle  dont  la  mort  avait 
été  causée  par  Tafiliction  qu'elle  éprouvait 
en  voyant  que  ce  jeune  homme  était  séduit 
par  sa  beauté.  »  Il  supplia  donc  l'apôtre  de 
la  rappeler  à  la  vie,  si  telle  était  la  volonté 
du  Seigneur.  Jean,  touché  des  prières  d'An- 
dronicus  et  des  vertus  de  Drusiane,  s'ap- 
procha du  sépulcre,  et  prenant  la  main  de 
la  morte,  il  adressa  ses  prières  au  Seigneur, 
et  il  dit  :  «Drusiane,  lève-toi,  au  nom  de  Jé- 
sus-Christ Notrc-Seigneur,  lève-toi  dans  sl 
gloire.»  Et,  se  levant,  elle  sortit  du  tombeau. 
Et  se  vovant  presque  nue  et  couverte  seu- 
lement d'un  léger  voile,  elle  en  demanda  la 
cause.  Et  quand  l'apôtre  l'en  eut  instruite- 
elle  glorifia  le  Seigneur,  et  elle  se  couvrit  de 
vêtements. 

CHAPITRE    XII. 

Voyant  ensuite  le  corps  de  Fortunat  quf 
gisait,  elle  dit  à  Jean  :  «  Mon  frère,  je  to 
prie  aussi  de  ressusciter  cet  homme,  quoi- 
qu'il se  soit  montré  gardien  infidèle  de  ma 
sépulture.  »  Et  Callimaque,  l'ayant  entendue 


IIO 


DICTIONNAIUF  DLS  AIOChYiniES. 


S'O 


ia  pria  de  ne  pas  demander  la  réaurrection 
de  cet  homme  pervers  dont  les  eicilalions 
l'avaient  fait  tomber  dans  le  délire  et  que  la 
grâce  divine  jugeait  indigne  de  ses  faveurs, 
puisque  la  voix  qui  s*était  fait  entendre  n'a- 
vait parlé  que  de  la  résurrection  de  Dru- 
siane  et  de  la  sienne  ;  «  le  Seigneur,  ^  dit-il, 
«  a  donc  jugé  digne  de  mort  celui  qu'il  n*a 
pas  déclaré  digne  de  la  résurrection.  » 

Mais  Jean  répondit  :  a  N'apprenons  pas, 
mon  fils,  à  rendre  le  mal  uour  le  mal  ;  car 
nous  sommes  tous  des  pécneurs  coupables 
de  fautes  graves  et  nous  avons  par  Jésus- 
Christ,  Notre-Seigneur,  olitenu  miséricorde; 
il  n'a  pas  pensé  qu'il  fallût  rendre  le  mal 
pour  le  mal,  mais  ensevelir  les  délits  dans 
la  pénitence  et  la  conversion.  Si  tu  ne  me 

f Permets  pas  que  Fortunat  ressuscite,  ce  sera 
'œuvre  de  Drusiane  et  l'eifet  de  sa  généro- 
sité. • 

Et  Drusiane  remplie  de  l'Esprit- Saint, 
s'approchant  du  corps  de  Fortunat,  dit  : 
«  Seigneur  tout-puissant  qui  m'as  accordé 
<le  voir  tes  œuvres  si  dignes  d'admiration» 
toi  qui  m'as  fait  la  grâce  non-seulement 
de  t*3  connaître,  mais  encore  d'être  avec  mon 
époux  dans  les  liens  d'un  attachement  fra- 
ternel (377);  toi  qui  as  voulu  ma  mort,  afin 
que,  séparée  pour  un  instant  du  corps,  je 
fusse  encore  plus  à  toi  ;  toi  qui  as  voulu  que 
ce  jeune  homme  succombât,  afin  qu'il  mou- 
rût à  la  faute  et  qu^il  revtut  à  la  vie  vé- 
ritable, ne  méprise  pas,  û  Soigneur,  les 
prières  de  ta  servante,  ordonne  que  For- 
tunat ressuscite,  quoiqu'il  ait  voulu  user  de 
trahison  à  mon  égard  ;  »  et,  lui  prenant  la 
main,  elle  dit  :  c  Lève-toi,  Fortunat,  au  noui 
de  Jésus-Christ,  Notre-Seigneur  et  noire 
Dieu,  h  Et  quand  Fortunat  se  fut  levé,  et 
qu'il  eut  vu  que  Drusiane  était  ressuscitée, 
et  que  Cajlimaque  croyait  au  Seigneur,  iJ 
dit  dans  son  ingratitude  (378)  pour  le  salut 
qui  lui  était  accordé  qu'il  aimait  mieux  être 
mort  que  rappelé  à  la  vie,  afin  de  ne  pas 
voir  que  la  grâce  s'était  au>si  étendue  sur 


eux. 


CBAPITKK  XllI. 


Et  Jean,  voyant  ces  choses,  dit  :«C*est  ainsi 
que  le  Seigneur  a  dit  dans  l'Evangile  (379)  : 
un  mauvais  arbre  ne  peut  donner  que  de 
uiauvaLs  fruits.  Les  sucs  d'une  mauvaise 
racine  l'ont  gâté,  et  il  ne  peut  porter  de 
bons  fruits.  Ce  n'est  pas  la  faute  de  la  na- 
ture qui  est  partout  la  même,  c'est  le  vice  de 
la  racine  qui  fait  tout  le  mal  (380).  La  terre 
inonlrela  même  fécondité  pour  tous  lesarbres, 
elle  les  réchauffe  tous  dans  son  sein  mater- 


neU  et  le  champ  tout  entier  subit  les  iofluer»- 
ces  d'une  même  température.  Le  Seigneur 
tout-puissant  arrose  toutes  les  plantes  de 
la  même  pluie  et  il  réchauffe  des  ardeurs 
du  même  soleil  les  (iroduits  de  la  terre  ei 
les  bois  des  forêts.  Mais  divers  sont  les  fruii.^ 
et  autres  sont  les  provenances  des  différent> 
arbres.  L'un  est  stérile,  l'autre  est  fécond. 
Il  y  en  a  qui  ont  pour  cause  de  leur  dépé- 
rissement de  mauvaises  racines  ()ui  ne  peu- 
vent ressentir  les  effets  de  la  fertilité  terrestre 
et  des  bienfaits  du  ciel.  De  même  notre  Dieu 
a  fait  tous  les  hommes  à  son  image  ^381), 
c'est-à-dire  il  les  a  appelés  k  ta  même  grâce 
divine  aOn  qqe  nous  louions  la  miséricorde, 
la  vertu,  la  piété,  la  justice  et  les  aulns 
qualités  qui  sont  en  Dieu  et  que  nous  de- 
vons imiter;  il  a  ordonné  à  son  soleil  de  $e 
lever  (382)  et  Notre-Sei^^neur  Jésus-Chibi 
est  venu  pour  tous,  il  a  été  crucifié  pour 
tous  (383),  il  est  ressuscité  pour  tous.  Maiv 
il  ^  a  peu  d'hommes  qui  revendiquent  jus- 
r]u  è  la  fin  ce  bienfait  et  ce  don  de  Dieu  ie 
P«Ve  qui  a  livré  son  Fils  pour  nous  et  de 
Jésus-Christ  Notre  Seigneur  qui  s'est  otTiit 
pour  noire  rédemption.  Les  uns  se  fatiguerii 
et  refusent  le  salut  qui  leur  est  offert,  ou» 
ne  voulant  nas  croire  au  bonheur  du  salui, 
la  plupartdesirent  la  grâce diviuequiop»'!' 
en  nous,  mais  ils  se  rendciU  indignes  de  <<* 
fruit  céleste,  comme  ce  inalheureui  qui, 
trompé  );ai  t'envie,  ne  se  félicite  pas  b*- 
ce  que  la  vie  lui  est  rendue,  il  a  duncH' 
charbons  (38V)«  il  a  le  fruit  du  mauvais  ai- 
bre  que  ie  feu  doit  brûler  (38&)  et  qui  ^e 
consume  de  ses  propres  incendies*  Qu'une 
semblable  racine  soit  séparée  de  la  conver- 
sation des  tidèles  et  de  toute  œuvre  de  ceui 
qui  craignent  Dieu,  de  toute  occupation  de> 
hommes'pieux,  de  la  congrégation  des  sainls 
et  de  la  communion  des  sacrements.  Que 
celui  qui  a  regardé  la  mort  de  Drusiane 
comme  digne  d'outrage  et  qui,  par  eirès 
do  jalousie,  n'a  pu  supporter  qu'elle  fût 
en  vie ,  n'ait  pas  de  communion  avec  Dru- 
siane rendue  à  l'existence.  Nous  accorderoub 
à  la  vivante  la  communion  que  nous  don- 
nions à  la  morte.  » 

C'est  ainsi  aue  l'apôtre,  ayant  achevé  de 
rendre  grâces  a  Jésus-Christ  Notre-Seigneur, 
se  rendit  à  la  maison  d'Andronicus  oi^,  ins- 
piré par  l'Esprit-Saint,  il  montra  aux  irèrcs 
que  Fortunat  avait  été  blessé  par  un  serpent. 
Et  il  ordonna  d'envoyer  quelqu'un  qui  re- 
connût ce  qui  était  à  cet  égartl  et  qui  vlni 
eu  rapporter  la  nouvelle  fidèle.  Et  ils  en- 
voyèrent un  des  jeunes  hommes,  qui  le  vil 
froid  et  le  corps  infecté  du  venin  du  serpcni. 


(577)  C'a8t-à*dir*',  vivant  avec  lui  comme  avec 
uu  fiéte,  non  p  s  comme  avec  un  époux. 

(578)  Il  va  dcns  le  lexte  :  Ingralutt  ialuliê,  ex- 
presmon  qui  se  trouve  égalemml  dans  Virgile.  (AU" 
nêié,^  hb.  x,  vers.  6ee.)  W  n*t8l  pas  bien  rare  de 
lancontrer  ninsi  dans  des  écrivains  de  la  plus  li.nsse 
laiinilé  quelques  expre-s'ons  poéliqurs  et  heu- 
leuscs* 

{7»l)i)  Mauh.  MU  17. 

(580)  n   V  u  là  dth  Uacfft  de  Li    rt'Iaclion  m;ini- 


chéi*nn<^  de  Leiicins. 

(58i)G0ii.  i,iG. 

(382)  Maith,  v,^5. 

(385)  Hebr.  u,  9. 

(58i) /tom.  XII,  iO,  d*après  les  Prûnrbn  ^^^ 
Salumon  (xxv,  2i);  mais  le  préianda  AtMtias ''C 
prend  pas  les  paroles  de  ra|»éire  dans  leur  vêritaMi 
sens. 

(38?i;  Slatth  v.i.  m. 


r>ii 


JEA 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JEA 


542 


Et  qnana  on  annon^  a  Jean  qu'il  mourrait 
dans  trois  heures,  il  dit  :  «  Ta  as  ton  fils, 
A  démon.  »  Et  il  passa  ce  jour  avec  les  frères 
daas  Tallégresse. 

CHAPITRE  XIV 

Le  lendemain,  un  philosophe  nommé  Cra- 
ton  (386)  avait  annoncé  qu'il  donnerait  dans 
le  forum  des  exemples  au  mépris  pour  les 
richesses  ;  et  fa  chose  était  ainsi.  Il  avait  per* 
suadéàdeux  jeunes  gens,  deux  frères,  les 
|tlus  riches  des  habitants  de  la  cité,  à  em- 
ployer leur  patrimoine  à  acheter  des  pierres 
jirécieuses  qu'ils  brisèrent  publiquement  en 
présence  de  la  foule.  Et  quand  ils  eurent 
lait  tout  cela,  il  arriva  que  l'apôtre  passait 
par  hasard  auprès  d'eux.,  et,  appelant  à  lui 
je  philosophe  Craton^  il  dit  :  «  il  n'y  a  que 
folie  dans  ce  mépris  du  monde  qui  est  loué 
par  la  bouche  des  hommes,  et  qui  est  con- 
damné par  le  jugement  divin.  De  même  que 
le  remède  qui  ne  chasse  pas  la  maladie  est 
vain,  de  même  la  doctrine  qui  ne  guérit  pas 
les  vices  des  âmes  et  des  mœurs  est  vaine. 
Mon  maître,  voyant  un  jeune  homme  qui 
voulait  parvenir  à  la  vie  éternelle,  Tinstrui- 
siten  lui  disant  (387)  que  s'il  voulait  être 
parfait,  il  devait  vendre  tous  ses  biens,  et 
en  donner  le  prix  aux  pauvres,  et  qu'en  agis- 
sant ainsi,  il  acçiuerrait  un  trésor  dans  le 
ciel,  et  trouverait  une  vie  qui  n'a  point  de 
fin.  9 

Craton  répondit  :  «  Le  fruit  de  la  cupidité 
humaine,  placé  au  milieu  des  hommes ,  est 
brisé.  Mais  si  ton  maître  est  réellement  Dieu, 
et  s'il  veut  que  la  valeur  de  ces  piorros  pré- 
cieuses soit  distribuée  aux  pauvres,  fais 
qu*elles  soient  rétablies  dans  leur  état  pri- 
mitif, afin  que  ce  que  fai  fait  pour  obtenir 
de  la  célébrité  parmi  les  hommes,  tu  le  fasses 
pour  la  gloire  de  celui  que  tu  présentes 
lomme  ton  niattre.  ]» 

Alors  le  bienheureux  Jean  réunit  les 
fragments  des  pierres  précieuses,  et  les  te- 
n.mt  en  sa  main,  il  éleva  les  yeux  au  ciel  et 
il  dit  :  «  Seigneur  Jésus-Christ,  auquel  rien 
n'est  impossible,  toi  qui  par  le  bois  de  ta 
croii,  as  rétabli  en  tes  tidèles  le  monde  brisé 
par  le  bois  de  la  concupiscence  ;  loi  qui  as 
rendu  à  un  aveugle-né  (388)  les  yeux  que  la 
nature  lui  avait  refusés;  toi  qui  as  rendu  la 
vie  à  Lazare  mort  depuis  quatre  jours  (389) 
t;l  enseveli  ;  toi  qui  guérissais,  par  la  puis- 
sance de  ta  parole  toutes  les  maladies  et  tou- 
tes les  infirmités,  fais.  Seigneur,  que  par  la 
main  de  tes  anges,  ces  pierres  se  rétablis- 
sent, afin  que  le  prix  soit  consacré  à  des 
œuvres  de  miséricorde,  et  qu'elles  fassent 
•  roireen  loi,  père  non  engendré,  par  ton 
Fils  unique  Notre-Seigneur  Jésus-Christ, 
avec  l'Esprit-Saint  qui  éclaire  et  sanctifie 

(386)  Ou  trouve  dans  VBbiûire  aposhliqve,  aa 
récit  consacré  à  saint  Simon  et  à  saint  Jiide,  ineu- 
tioii  d*un  disciple  des  apôires  nommé  Craloti  et 
qui  éciîvii  leur  histoire,  il  n*est  pas  probable  que 
Ifpseulo-Abdiiisaiivoulaeu  l'aire  leinéme  persoii- 
i>3^c  que  le  philo&uphe  duiii  il  est  question  ici  et 
<!oDtIc  nom  est  peut-être  emprunté  à  l'auci<  n  pbilo- 
ioplieCratès,  qui  se  fit  icmarqner  par  sou  mépris 


toute  l'Eglise  dans  les  siècles  des  siècles.  » 
Et  les  fidèles  qui  étaient  avec  l'apôtre, 
ayant  répondu  et  dit  iimen,  les  fragments 
des  pierres  précieuses  se  réunirent,  et  il 
n'y  avait  en  elle  nulle  trace  de  fracture.  Et 
le  philosophe  Craton,  avec  ses  disciples, 
ayant  vu  ce  prodige,  tomba  aux  genoux  de 
l'apôtre,  et  il  crut,  et  il  fut  baptisé  avec 
tous  ses  adhérents,  et  il  commença  à  prêcher 
lui-même  publiquement  la  foi  du  Seigneur 
Jésus-Christ. 

CHAPITRE  \y. 

Les  deux  frères  dont  nous  avons  parié-, 
vendant  les  pierres  précieuses  qu'ils  avaient 
achetées  avec  le  produit  de  leur  patrimoine, 
en  donnèrent  la  valeur  aux  pauvres,  et  une 
foule  immense  de  fidèles  se  mit  è  s'attacher 
à  l'apôtre.  Et  cet  exemple  fit  que  deux  hono- 
rables habitants  d'Ephèse  vendirent  tout  ce 
qu'ils  possédaient,  et  le  distribuèrent  aux 

fsaïuvres,  et  suivirent  l'apôtre  qui  allait  par 
a  ville,  et  prêchait  la  parole  de  Dieu.  Et 
quand  ils  furent  entrés  dans  la  ville  de  Per-> 
game,  ils  virent  des  esclaves  revêtus  de  vê- 
tements de  soie  qui  marchaient  en  pub1ic^ 
et  qui  brillaient  d'une  pompe  mondaine. 
D'où  il  advint  que  frappes  de  la.  flèche  du 
diable  (390) ,  ]ls  devinrent  tristes,  parce- 
qu'ils  se  croyaient  dans  le  dénûment,  et 
couverts  d'un  simple  manteau,  tandis  que 
leurs  esclaves  étaient  dans  la  puissance  et 
Téclal.  Mais  l'apôtre  de  Jésus-Christ,  com- 
prenant ces  suggestions  du  diable,  leur  dit: 
«  Je  crois  que  vos  pensées  ont  changé,  et 
que  vous  regrettez  tous  les  biens  que  voas 
avez  distribués  aux  pauvres  afiu  de  suivre 
la  doctrine  de  Jésus-Christ.  Si  voiis  voulez 
recouvrer  tout  ce  que  vous  possédiez  jadis 
en  or,  en  argent  et  en  pierres  précieuses, 
apportez-moi  des  baguettes  de  bois  sépa* 
rées.  ^  Et  quand  ils  Teurent  fait,  et  que  Ta» 
pôtre  eut  invoqué  le  nom  de  Jésus-Christ, 
ces  baguettes  se  changèrent  en  or.  Et  l'apô- 
tre leur  dit  :  «  Apportez-moi  de  petits  cail- 
loux pris  sur  le  bord  de  la  mer.  %  Et  quand 
ils  Teurent  fait,  et  que  Jean  eut  invoqué  la 
majesté  du  Seigneur,  tous  ces  petits  cail- 
loux se  changèrent  en  pierres  précieuses, 
et  le  bienheureux  Jean,  s'étaut  tourné  vers 
les  deux  frères,  dit:  a  Allez  pendant  sei)t 
jours  chez  les  orfèvres  et  chez  les  joailliers, 
et  lorsque  vous  aurez  reconnu  que  c'est 
vraiment  de  l'or  et  des  pierres  précieuses, 
vous  m'en  porterez  la  nouvelle.  »  Et  les 
deux  frères  firent  ce  que  disait  l'apôtre,  et 
ils  revinrent  au  bout  de  sept  jours,  et  di- 
rent :  «  Seigneur,  nous  avons  parcouru  les^ 
boutiques  de  tous  les  orfèvres,  et  ils  disent 
tous  qu*ils  n'ont  jamais  vu  d'or  aussi  pur,  « 
et  les  joailliers  disent  aussi  qu'ils  n'ont  ja- 

pour  les  richesses  et  qui  jeta  son  argent  en  di-atit  : 
4  Péris,  afin  de  ne  pas  me  perdre,  i 

(387)  Malth.  xix,  21. 

(388)  Joan.n,  i. 

(389)  Joan,  xi,  43. 

(390)  Expressiou  qui  rappelle  celUî  de  saint  Paul 
qui  parle  (£f>/{ei.  vi,  16)  dis  iraiis  LiilloUimés  dj 
malin  esprit*. 


513 


DÎCTIONNAmE  DES  APOCRTPIIES. 


%»  » 


mais  rencontré  de  pierres  aussi  parfaites 
(  1  ntissi  urécieuscs.  » 

CHAPITRE  XVI. 

Alors  saint  Jean  leur  dit:  «  Allez  et  ra- 
chetez pour  vous  les  biens  que  vous  avez 
vendus,  car  vous  avez  perdules  trésors  des 
eieux.  Achetez-vous  des  vêtements  de  soie 
afin  que  durant  quelque  temps  vous  brilliez 
comme  la  rose  qui  montre  son  odeur  et  sa 
couleur  et  qui  se  flétrit  subilcMnent.  Vous 
s  )upirezè  Taspect  de  vos  serviteurs,  et  vous 
gémissez  de  ce  que  vous  êtes  devenus  pau- 
vres. S)yez  donc  fleurissants  ]»our  flétrir 
ensuite;  soyez  riches  momentanément  pour 
**ire  réduits  à  la  mendicité  perpétuelle.  Est- 
re  gue  la  main  de  Dieu  n'a  pas  le  pouvoir 
tie  faire  abonder  les  richesses  et  de  leur  don- 
ner un  éclat  incomparable?  mais  te  Seigneur 
a  institué  la  lutte  des  esprits  des  hommes 
afin  que  ceux  qui,  pour  son  nom,  auront 
repoussé  les  richesses  temporelles,  sachent 
4|u'ils  posséderont  les  biens  éternels.  Notre 
Maître  nous  a  parlé  d'un  riche  qui  faisait 
tous  les  jours  un  festin  et  qui  brillait  dans 
Tor  et  la.  pourpre  (391).  Et  un  mendiant, 
nommé  Lazare,  gisait  devant  sa  j)orle  et  as- 
pirait après  les  miettes  qui  tombaient  de  la 
table  du  riche,  et  personne  ne  les  lui  donnait, 
et  il  advint  qu'un  jour  ils  moururent  tous 
deux  ;  le  mendiant  fut  conduit  dans  le  repos 
qui  est  dans  le  sein  d'Abraham  (392),  et  le 
riche  fut  jeté  dans  la  flamme  ardente,  et, 
en  élevant  les  veux,  il  vit  f^zare  et  il  lui 
demanda  de  plonger  son  doigt  dans  l'eau, 
afin  de  rafratchir  sa  bouche  qui  éiait  tortu- 
rée dans  la  flamme.  Abraham  lui  répondant 
lui  dit  :  ftSouviens-loi,inonfilsquetuasreçu 
tes  biens  en  cette  vie,  et  que  Lazare  n'y  a 
éprouvé  que  des  maux.  Il  est  donc  juste 
qu'il  soit  glorifié  maintenant,  tandis  que  tu 
es  tourmcnlé.  Et  i!  v  a  entre  vous  et  nous 
un  grand  abîme  (393),  de  sorte  que  vous  ne 
pouvez  venir  vers  nous  et  que  nous  ne  pou- 
vons aller  vers  vous.  »  Mais  le  riche  répon- 
dit: «J'ai  cinq  frères  et  je  te  prie  que  quel- 


({u'iin  aille  les  r.vcrtir  afin  qu'ils  ne  tombctit 
pas  dans  ces  flammes.  »  Abraham  répondit: 
«  lis  ont  Moïse  et  les  prophètes;  qu*ils  It^s 
écoutent.»  Le  riche  répondit  :  «  Seigneur,  si 
quelqu'un  ne  ressuscite,  ils  ne  croiront  pas.  » 
Abraham  répondit:  «S'ils  ne  croient  pas  \ 
Moïse  et  aux  prophètes,  ils  ne  croiraient  pa.^ 
non  plus  è  quehju'un  qui  ressusciterait.  »  — 
Notre-Sergneur  et  maître  confirmait  ces  dis- 
cours par  des  miracles;  car,  comme  on  lui 
disait: Qui  est  venu  de  là-bas  |K)ur  que  nous 
croyions  en  lui?  il  répondit  :  «  Apportez  ici 
les  morts  que  vous  avez.  »  Et  lorsqu'on  eut 
apporté  devant  lui  un  jeune  homme  qu» 
était  mort,  il  fut  ressuscité  parle  Seigneui 
(394),  et  il  se  réveilla  comme  d'un  long  som- 
meil et  il  donnait,  par  ses  discours,  la  foi  h 
tous  ceux  qui  l'entendaient.  Mais  pourquoi 
raconlerai-je  ainsi  les  merveilles  opéréo< 
par  le  Seigneur,  lorsque  vous  avez  devant 
vous  les  hommes  qu'en  son  nom  et  en  ▼oin* 
ï)résen{;e  j'ai  réveillés  d'entre  les  morts.  Vows 
avrz  vu  les  paralytiques  guéris  en  son  nom, 
les  lépreux  purifiés,  les  aveugles  doués  dcî 
la  vue  et  un  grand  nombre  de  possédés  dé- 
livrés des  démons.  Mais  ceux  qui  ont  voulu 
|)0sséder  h'S  richesses  terrestres  n'ont  pu 
avoir  pareille  puissance.  Vous-mêmes,  qtiand 
vous  vous  êtes  approchés  des  malades,  iK 
ont  été  guéris  lorsque  vous  avez  invoqué  le 
nom  de  Jésus-Christ.  Vous  avez  expulsé  ks 
démons  et  vous  avez  rendu  la  vue  aux  aveu* 
f;les.  Voici  que  cette  grâce  vous  a  été  enl^ 
vée  et  vous  qui  étiez  forts  et  puissants,  vous 
^Les  devenus  misérables.  El  tandis  que  !<;;* 
<i(^mons  éprouvaient  une  frayeur  telle  qu'a 
votre  ordre  ils  abandonnaient  les  possédés, 
c'est  vous  maintenant  qui  craindrez  les  dé- 
mons. Car  celui  qui  aime  l'argent  e^i  Tes- 
clave  de  Mammon  (395).  Mammon  est  lo  nom 
du  démon  qui  préside  aux  profils  cliarneN» 
et  il  est  le  souverain  de  ceux  qui  aiment  k* 
monde;  ceux  qui  aiment  le  n)onde  ne  |)os- 
sèdent  pas  les  richesses  ;  ils  sont  |K>ssédés 
par  elles.  Il  est  absurde  que  là  où  il  n'^'  a 
([u'un  seul  ventre,  il  y  ait  des  aliments  suili- 


(591)  Eulti^mtos  dans  ses  Note%  sur  saint  Luc^ 
(  II.  XVI,  19,  du  que  le  Rom  de  ce  riche  élail  NimeU' 
êin  Adrîchoinius  (Ducript,  terrœ  ionctœ)  dil  que 
de  son  iemp«  on  inonlraît  à  Jérusalem  la  maison 
i\n\\  avait  occupée. 

(39i)  Nous  renvoyons  aux  commentateurs  des 
Rvangites  à  Pégard  de  relie  expression  qui  a  sou- 
lové  des  explicatious  dixerses;  nous  indiquerons 
:uissi  l*ouvrage  île  Mamachi,  De  animiê  jmtornm 
in  êinu  Abrahami  ante  Chrit^ti  moriem  experiibu» 
bealœ  visionis  libri  duo:  Rome,  1766.  2  V()l.,iu  4*", 

I  Patel  apud  llebrxos  de  siou  Abrabx  aiiliquissi- 
roam  fuisse  irnJili  nem.quam  a  priniaeva  Synago- 
^a  Talmuiislas  récépissé  credeodum  est.  In  liunc 
A l)rahae  sinumoltm  descendisse  omnes  san  li  Pa- 
tres, ncuipe  anle  advenium  Christi  doctl  Ëcdesin, 
cl  sancii  Paires  cum  D.  Hifronjrmo ,  in  Eccle. 
cap.  111, 18.  I  (Barlolocci.  Dibl.  rabbin. ,  l.  1,  p. 
iU,) 

(393)  Fabrieius  renvoie  ici  aux  Actes  lîe  sainte 
Perpétue ei  de  sain  e  Fêlkilé  dans  la  collci ion  de 
iloiu  Ruinart  :  Aeia  primorum  moTtyrum  te f cela. 

II  existe  une  Moraiité  du  mauraii  riche  et  du  la  - 
<jic,,a  douze  personnages,  sans  date,  in  ^\  On  n*cn 


confia.»  qu'un  seul  exemplaire  qui  fut  adjuj^c  jq 
prix  énorme  le  18G0  francs  eu  I&34.  Il  en  avaii 
été  fait  Tannée  précédente  une  réimpression  h  40 
exemplaires.  Con-ulterà  régarl  de  cette  conipo- 
i^ition  le  Dictionnaire  des  Mystères,  Migne,  1851, 
col.  508. 

(394)  Il  n'est  point  question  dans  les  évangile^ 
Câ^noniqncs  de  li  résurr^c  ion  de  ce  jeune  linmmr, 
ni  de  celle  de  trois  morts  que  meniionne  Mi^l  ii<> 
dans  sa  narration  que  iumis  donnerons  l)icnrot,  rr> 
lative  à  saint  iean.  Les  é  ai>gé:ibles  ne  luirleiil  qu* 
le  irois  perscmnes  ressuscites  par  le  Seigneur,  k 
(ils  du  cliefde  la  Synagogue,  le  fds  de  la  %«uve  d^ 
^.iim  ei  Lazare;  s^tint  Augnsti:i  (s  rm.  44,  Ot 
vcrbis  Domini)  soi'pçonneqn'ii  j  en  rul  d'auiiM. 

(595)  M;imnioii,  chez  les  Syriens  le  dieu  des  ri- 
chesses, correspoMifant  vu  Pin'usdes  Gre^*.  S"m 
nom  se  retrouve  d.ins  «nni«  Mallhien,  m,  2ti,  c!an* 
saint  Luc^  xvi,  9.  Vcy,  es  ronimeniairnis  sur  i  ^ 
passages.  Pierre  Lombard  (lib.  u  Sentent. ^  dt<i.t> 
iUlk  cel  cg'»rd  :  i  Non  ideo  est  qnod  dialolus  in 
poteslate  h:i!}eal  d are  Tel  aufcrrc  diviin»  cni  ^'I»'-. 
sed  quia  fis  ntiinr  ad  huniinuni  leRlnii«m  tu  i*  «•* 
nj  lio  nu.  > 


►'  ♦.> 


JMA 


Px\RT.  IH.  -  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JEA 


oi6 


>an(5  pour  salisf^îro  à  un  milJier  de  vcntre.«, 
H  qD*i)n  seul  corps  puisse  disposer  d'une 
qnanliié  de  vêlements  qui  couvriraient  les 
corps  d'un  millier  d*bommes.  C'est  ainsi  que 
ce  qui  n'est  pas  employé  est  conservé  en 
vain,  et  on  ignr)re  pour  qui  il  est  conservé, 
luiiiitie  le  Saiul-Ksprit  Ta  dit  par  la  voix  du 
prophèle(396)  :  a  Tout  homme  qui  amasse  des 
(résors  se  trouble  en  vain  ;il  nesait  pas  pour 
«mi  il  les  réunit.  »  Les  leromes  nous  ont  mis 
;ni  jour  nus(397)  et  déjjourvus de  nourriture  et 
ik'  hoisson;  la  terre  nous  recevra  nus.  Nous 
l'Ossédons  en  commun  les  richesses  du  ciel; 
la  splendeur  du  soleil  est  la  même  pour  le 
riche  et  pour  le  pauvre,  ainsi  que  la  lumière 
«le  la  lune  et  des  astres.  Il  en  est  de  même 
«lu  souffle  de  l'air  et  des  gouttes  de  la  pluie, 
(OS  portes  de  l'Eglise,  de  la  fontaine  de 
^anctiGcalion,  de  la  rémission  des  péchés, 
<icla  participation  à  l'autel,  de  la  nourriture 
«lu  corps  et  du  sang  de  Jésus-Christ,  et  de 
ronclion  du  saint  ctiréme  (398),  de  la  visi- 
•ation  du  Seigneur  et  du  pardon  des  pé- 
ces;  toutes  ces  choses  sont  données  égale- 
•ueni  sans  distinction  de  personne.  Le  riche 
v\  le  pauvre  ne  font  pas  usage  de  ces  dons 
«rune  façon  différente,  mais  malheu- 
reux et  infortuné  est  Thomme  Qui  veut  pos- 
séder au  delà  de  ce  dont  il  a  Lesoin.  C*esl 
lie  là  que  naissent  les  chaleurs  des  tièvres, 
les  ri>;ueurs  des  froids,  les  douleurs  diver- 
ses dans  tous  les  membres  des  corps.  L'avi- 
•Jité  est  insatiable  ;  elle  ne  son^e  qu'à  enlas* 
serdes  richesses  qui,  une  fois  réunies,  oc- 
casionnent à  leurs  possesseurs  des  inquiétu- 
des continuelles  le  jour  et  la  nuit,  et  qui  ne 
les  laissent  pas  tranquilles  pendant  l'espace 
ii'une  heure.  Car  lorsqu'ils  gardent  leurs 
irésurs,  lorsqu'ils  s'opposent  aux  tentatives 
«les  voleurs,  lorsqu'ils  font  cultiver  leurs 
terres,  lorsqu'ils  surveillent  les  labourages, 
lorsqu'ils  payent  les  impôts,  lorsqu'ils  cons- 
truisent des  greniers(399),  lorsqu'ils  s'atta- 
chent à  leurs  bônéflces,  lorsqu'ils  s'efforcent 
il'apaiser  les  prétentions  des  personnages 
plus  puissants  qu'eux,  lorsqu'ils  travaillent 
àiiéj'ouillcr  ccuxqui  sont  moins  puissants, 

tS96)  PsaL  xxxvni,  7. 

{rSDJob  I,  21;  /  Tim.  vi,  7. 

(398)  Fabricius  fait  ici  Poliservation  suivante  : 
«  lu  baplismo  olim  chrisiuate  sivc  oleo  saiicio  un  • 
vcbantur  mares  pariicr  et  feroinïe,  ut  constat  ex 
CmttiL  apoit.  lib.  m,  c.  15  cl  Mé  veteribus  tpios 
«deum  locuin  laudat  Cotelerius.t 

(599)  Gomme  cet  liomiiio  riclie  dont  il  est  ques- 
iiaii  daos  uitnf  Luc^  xu,  i8. 

(400)  Les  justes  a|>porleiit  »p\è<  leur  mort  leurs 
bonnes  œurres  {Apoc.  xiv,  15)  et  les  pét  heurs  leurs 
Iniquités.  (/  Tm,  v,  2i.)  On  lit  dans  rKpilie  qui 
porte  le  nom  de  saint  Barnabe  :  «  Unusquisqiie  se- 
•  Dndumquae  facil  accipict.  Si  rueiiiboniis,  bonitas 
cHmuTitecedet,  si  nequam  inerces  nequitia^  eum  se- 
quiinr.  I 

(4U1)  D^nciennes  éditions  d*Abdias  portent  ici  le 
nom  «le  Syricus,  mais  elles  donnent  plus  loin  celui 
de  Stacteus,  et  c*est  celui  qu'on  trouve  dans  la  nar- 
niion  de  Mellilus.  (Depaisione  S.  Johannit,)  D'après 
Àpdlonius,  écrivain  du  ni*  siècle,  qui  écrivit  contre 
U  roomanistes  et  que  citei>t  dans  leurs  Hisioirfs 
Hdémuitfnes,  Ensébe  (I.  v,  c.  18)  et  Sozomcne 


lorsqu'ils  font  ton)ber  leur  colère  sur  qui  ils 
peuvent,  et  qu'ils  ne  supportent  pas  qu'on 
leur  fasse  tort,  lorsqu'ils  se  livrent  aux 
plaisirs  de  la  chaif,  lorsqu'ils  ne  s'abstieo* 
nent  ni  du  jeu  ni  des  afteclacles,  lorsqu'ils 
ne  crai[:nent  poinlde  souiller  et  d'être  souil- 
lés, ils  sortent  soudain  de  ce  monde  nus  et 
ne  portent  avec  eux  que  leurs  péchés  (^00), 
pour  lesquels  ils  endureront  des  peines 
éternelles.  » 

CHAPITRE  XVIL 

Tandis  que    l'apôtre   saint  Jean    parlait 
ainsi,  voici  qu'on  portait  eu  tombeau  un 
jeune  honime,  fils  d'une  veuve,  lequel  sY- 
tait  marié  trois  jours  auparavant.  Et  la  foule 
(pli  accompagnait  les  funérailles,  ainsi  que 
sa  mère,  se  jeta  aux  pieds  de  l'apôtre,  et  tous 
poussaient  des  cris  et  des  gémissements  et  ver* 
saient  des  larmes;  ils  priaient  Jean, au  nom 
de  son  Dieu,  de  ressusciter  ce  jeune  homme 
comme  il  avait  ressuscité  Drusiane.  Et  lello 
était  la  désolation  générale,  que  TapôirL* 
lui-même  ne  put  s'empêcher  de  pleurer.  Il 
so  I  rosterna  pour  prier  et  il  versa  beaucoup 
de  larmes.  Et,  se  levant  après  son  oraison, 
il  étendit  les  mains  vers  le  ciel,  puis  il  pria 
longtemps  de  cœur.  Et  ayant  agi  trois  lois 
de  la  sorte,  il  ordonna   de  délier  le  corps 
qui    était  enveloppé  de  langes,  et  il  dit: 
«O  jeune   Stacteus  (401),  toi  qui,  conduit 
par  Tunion  de  la  chair,  as  bientôt  perdu  ton 
âme  ;ô  jeune  homme  qui  as  ignoré  ton  Créa- 
teur et  qui  n'as  pas  connu  le  Sauveur  des 
hommes,  tu  es  resté  étranger  à  ton  véritoljle 
ami,  et  tu  t'es  ainsi  exposé  aux  embûches 
d'un  ennemi  détestable;  j'ai  réj  andu  devant 
mon  Scii^ueur  n»es  prières  et   mes  larmes, 
afin  qu'il  te  pardonne  ton  ignorance  et  que 
te  relevant  d'entre  les   morts,   le  lien  tiu 
trépas  étant   brisé,    lu  annonces  h  Atlicus 
et  à  Eugène,  ici  présents,  quelle  gloire  ils 
ont  perdue  et  quelle  peine  ils  ont  encourue.» 
Alors  Slacteus   se   levant  adora  l'apôtre  et 
commença  à  reprendre  ses  disciples,  disant  : 
«  J'ai  vu  des  anges  qui   pleuniient  (402)  et 
les  auges  de  Satan  qui  se  félicitaient  de  votre 

(I.   Vil,  e.  â7),   saint  Jean   ressuscita  un  mort  à 

Epbèse.  ^    «  ,  .  . 

(402)  Transcrivons  ici  la  noie  de  Fabncius  : 
€  Cbristus  (Luc.  xv,  it)  teslalur  lœiari  angelos 
boroine  pœniiente.  Sic  vicissim  dolent  bominibus 
in  peccau  relabeniibus,  eosquc  fugîunt  veliii  apes 
fumuro,  et  felorem  columbœ,  utbene  aitBasiliu«,  in 
psaL  xxxiii.  Idem  Judaeis  ac  Malioni»  l:iiiis  pcr- 
^uaMlln  e*se  doceuiGiib  rlus  Gauliiiiniis  {i\oii$  ad 
tibrum  de  morte  Moiis,  p.  357)  et  J.  Giejiorius 
Anglus  (Observationum  in  quœdam  sacrœ  S.  Scrip^ 
tnrœ  loca,  c.  50.)  EFlalonicis,  Cbalcidius,  p.  2iG. 
^ullc  de  sancio  daemouum  génère  sit  seimo  qnod 
ail  Plalo  (in  Timmo)  admirabiii  qnadam  esse  pru- 
denlia  memoriaque  eidocililalc  lelici  quod  omnia 
sciai  cogitalionesque  bominuni  iutrospicial  et  bonis 
quideui  debctttur,  iroprobos  oderil  coniing'-nte  so 
irislilia  quae  nasciiur  ex  odio  displiccnlis.  Soiiis 
quippe  Deus  uipoie  pleiiae  peifeclaequc  dîviniiaiis 
iieque  trislilia,  nrque  voluptale  toniinganr.  i 
Addam  è  Clirislianis  Procopiura  Gazaium,  p.  505  la 
Octateuch.  :  t  Uni  voluntati  daenionum  non  oblempe- 
rani,  doloreiiios  alRciunt.  aiigelosquc  lactiiia.  • 


SI7 


blCnuNNAlHE  DES  APOCRYPHES. 


l.i 


chute.  Le  royaume  était  préparé  pour  vous  ; 
TOUS  afez  perdu  un  séjour  orné  de  pierres 
précieuses  éclatantes ,  rempli  irallégresse , 
de  festin  et  de  délices ,  en  jouissance  de  la 
Tle  perpétuelle  et  de  la  lumière  éternelle  ; 
TOUS  avez  acauis  des  lieux  couverts  de  té- 
nèbres» remplis  .de  dragons»  remplis  de 
flammes  ardentes,  de  tourments  et  Je  peines 
inexprimables  9.  remplis  de  douleur,  d'an- 
goisse, de  cruautés  et  de  tremblements  hor- 
ribles. Vous  avez  perdu  des  lieux  remplis 
de  fleurs  qui  ne  pouvaient  se  fléirir,  remplis 
d'une  harmonie  suave,  et  vous  avez  acquis 
au  contraire  des  lieux  où  ni  Je  jour,  ni  là 
nuit,  ne  cessent  les  hurlements,  les  gémis- 
sements et  les  cris  de  douleur.  Il  ne  vous 
reste  nulle  ressource,  si  ce  n'est  de  prier 
l'apôtre  du  Seigneur  de  vous  rappeler  au 
salut  comme  il  m*a  rappelé  à  la  vie,  et  d'ob- 
tenir que  ces  Ames  qui  ont  déjà  été  eiracées 
du  livre  de  vie  (i^03^  v  soient  rétablies.  » 

CHAPITRE  XVIII. 

Ces  choses  étant  dites,  le  jeune  hoiimie 
qui  avait  été  ressuscité,  et  le  peuple  entier, 
ainsi  <}u'Atticus  et  Eugène,  se  prosternèrent 
aux  pieds  de  l'apôtre,  le  suppliant  d*intcr- 
céder  le  Seigneur  en  faveur  de  ces  deux 
disciples.  Et  I  apôtre  ré(>ondit  qu'ils  devaient 
faire  pénitence  pendant  trente  jours  et 
prier  avec  ferveur  pendant  ce  temps  pour 
que  les  baguettes  d*or  reprissent  leur  nature 
primitive  et  que  les  pierres  précieuses  rede- 
vinssent des  objets  sans  nulle  valeur  romiiii:.* 
elles  avaient  été.  El  il  advint  qu'après  cette 
période  de  trente  jours  les  baguettes  d'or 
redevinrent  du  bois  et  les  pierres  précieuses 
Jes  cailloux.  Et  Atticus  et  Eugène  vinrent 
et  dirent  h  Tepô  ro  :  «  Tu  as  toujours  en- 
seigné la  justice;  tu  as  toujours  prêché  l'in- 
dulgence, et  tu  as  recommandé  que  l'homme 
eût  de  la  bonté  pour  son  prochain.  Et  si 
Dieu  veut  que  l'homme  ait  de  l'indulgence 
pour  un  autre  homme,  combien  à  plus  forte 
raison,  puisqu'il  est  Dieu,  a-t-il  de  l'indul- 
gence et  des  ménagements  pour  l'homme; 
nous  avons  péché  contre  lui,  mais  si  nos 

i^eux  ont  contemplé  avec  désir  les  biens  de 
a  terre,  ils  on  font  pénitence  en  versant  des 
larmes.  Nous  le  prions  donc,  Seigneur,  nous 
le  prions,  apôtre  de  Dieu,  de  nous  montrer 
par  tes  actions  l'indulgence  que  tu  as  tou- 
jours promise  dans  tes  discourîS.  »  Alors 
saint  Jean  les  voyant  devant  lui  pénilenls  et 
versant  des  larmes,  et  le  peuple  entier  in- 
tercédant pour  eux ,  dit  :  «  Seigneur,  notre 
Dieu,  tu  as  piirlé  de  la  sorte,  lorsqu'il  s'a- 

(i05)  Expression  qui  nppclle  celle  i|  11*011  Ironie 
dans  \  Exode  (xi&ii,  5â)  :  Efface-moi  du  livre  que 
lu  as  écrit, 

(m)  Ezech.  xxxiu,  H. 

(405)  Le  pftfiido-Alxliar»  elle  ici  peu  exaclemonl 
Ic^  paroles  du  Sauveur  rapporiées  dans  tainl  Luc^ 
XV,  7  :  la  texte  sacré  n-  parle  pas  de  ceux  (pii 
u*oni  pas  péché,  mais  de  ceux  qui  iront  p:i>  be»oiii 
de  pëiiiience. 

(406)  1^8  Actet  des  apôtres,  xit,  27,  1  isent  que 
le  culte  lie  la  Diane  d'Cptièse  était  r^'pandn  dans 
toaic  l'Asie.  L:  temple  dont  il  est  q*'e»Uon  eaï  mm 


gissaii  des  pécheurs  :  «  le  ne  Teux  pas  m 
mort  du  pécheur,  mais  je  veux  plutôt  qu'il 
se  convertisse  et  qu'il  vive  {kOk).  »  Lorsque 
le  Seigneur  Jésus-  Christ  nous  enseignait  à 
l'égarade  la  pénitence, il  dit  :  «En  vérité, ie 
vous  le  dis ,  il  y  a  une  grande  joie  dans  te 
ciel  pour  un  seul  pécheur  qui  se  relient  et 
se  convertit  de  ses  péchés,  et  il  y  a  à  son 
égard  une  plus  grande  allégresse  qu'au  sujet 
de  quatre-vingt-dix-neuf  qui  n*ont  pas  pé- 
ché (i^05).  9  C'est  pourquoi  je  veux  que  vous 
sachiez  que  le  Seigneur  reçoit  la  pénitean? 
de  ces  hommes,  w  El  se  tournant  vers  Atti- 
cus et  Eugène ,  il  dit  :  «  Allez  et  rapportez  k 
la  forêt  le  bois  que  vous  y  avez  pris,  puis- 
qu*il  a  recouvré  sa  forme,  et  jetez  sur  le  li- 
vage  de  la  mer  les  cailloux  qui  sont  redevenus 
ce  qu'ils  étaient,  v  Et  quand  ce  fut  accompli» 
ils  reçurent  de  nouveau  la  grAce  quits 
avaient  perdue,  recouvrant  le  pouvoir  de 
chasser  les  démons  comme  précédemment, 
de  guérir  les  malades  et  de  rendre  la  ?ue 
aux  aveugles,  elle  Seigneur  accomplissait 
chaque  jour  par  leur  entremise  de  nombreux 
miracles. 

CHAPITUE   XIX. 

Tandis  que  cela  se  passait  à  Ephèse  et  aue 
les  provinces  de  l'Asie  s'attachaient  de  plus 
vn  plus  à  Jean,  il  arriva  que  les  adorateur» 
des  idoles  excitèrent  une  sédition.  Et  in 
traînèrent  Jean  au  temple  de  Diane  (i06),  et 
ils  voulurent  l'obliger  àoil'rirson  sacrifice 
El  Jean  dit  :  «  Allons  tous  à  l'Eglise  de  Jt- 
sus-Christ  Notre-Seigneur,  et  en  invoquani 
son  nom ,  je  ferai  tomber  ce  temple  et  toIm* 
idole  sera  brisée,  et  si  cela  arrive,  il  ^>\ 
juste  que  vous  reconnaissiez  que,  renon- 
çant à  vos  superstitions,  vous  devez  adorer 
mon  Dieu  qui  a  vaincu  votre  idole  et  vous 
convertir  à  lui.  »  Le  peuple  se  rassembla  a 
la  voix  de  l'apôtre,  et  quoiqu'il  y  en  eûi 
quelques-uns  qui  s'opposèrent  à  sa  proposi- 
tion, la  plus  grande  partie  cependant  y  don- 
na son  assentiment.  Et  le  bienheureux  Jean 
exhorta  avec  douceur  le  peuple  à  se  tenir 
éloigné  du  temple.  Et  lorsque  tous  furent 
sortis  et  se  furent  mis  à  distance,  il  s'écria 
d'une  voix  forte  :  c  Afin  que  toute  celte 
multitude  sache  que  l'idole  de  votre  Diane 
est  un  démon  et  lion  un  Dieu ,  qu'elle  s*é- 
croulo  ainsi  que  toutes  les  images  qui  sont 
dans  le  temple,  mais  sans  faire  de  mal  a 
personne.  » 

El  dès  que  lapôtre  eut  prononcé  ces  pa- 
roles, toutes  \ts  idoles  s'écroulèrent  (iOT' 
ainsi  que  le  temple,  et  furent  comme  la  pou^- 

lîoiiné  par  e  nombreux  auteurs  a.icicos,  et  tuitc 
dulicâpai  T.te-Live  (i.  1,  c.  <i5)  :  ■  Jaiu  tuui  (S^tui 
Tullii  teuipoiihus)  trat  inclytum  Dians  Epliesix 
fauuni  ;  id  (omiituititcT  a  ciMtatibus  A»is  factuiii 
laïua  Ictcliat.  »  On  p.  ut  cou  su  lier  d*ai  Heurs  la  di»* 
sertrion  do  A.  Hirt  lue  à  (Wcadéniie  de  Uerlin  fo 
1801  .  /Vr  emiiel  der  Diana  xu  Ephetus.  {\kr\\»\ 
180U,  iii-î<^,  68  pj;;.)  A  peme  aujoind'iiui,  au  dnv 
d*uu  voyageur  contemporain  et  jitdtci.  u\,  prulou 
dislingu-f  rem;daccni«  nt  où  ji  s*é  cvait.  (Proàrwll. 
Erintierungen  aus  Egypten  und  hUinasUn,,  11,  ii)6*l 
(lOTj  Nit'cphore,  I.   11,  c.  4i,  parlM  au^i  de  li 


:49 


JEA 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FKAGMKNTS. 


JKA 


550 


^ièr6  que  le  vent  souiôve  sur  la  surrace  de  la 
terre.  £l  ce  même  jour,  douze  tnilliers  de 
gentils,  sans  compter  les  feuimes  et  les  pe- 
tits enfants»  se  convertirent  et  ils  furent 
baptisés  par  le  bienheureux  Jean  et  consa- 
crés par  la  vertu  de  TEsprit-Saint. 

CHAPITRE  XX. 

Et  Aristodème,  qui  était  le  grand  prêtre 
(le  toutes  ces  idoles,  ayant  vu  ces  choses  et 
étant  animé  d*un  esprit  très-méchant,  ex- 
cita une  sédition  parmi  le  peuple,  de  sorte 
c|'ie  la  guerre  civile  était  au  moment  d*écla- 
liT.  Et  Jean  se  tournant  vers  lui ,  lui  dit  : 
t Dis-moi,  Aristodème,  que  ferai-je  pour 
détruire  l'indignation  qui  est  dans  ton  âme  ?  » 
El  Aristodème  répondit  :  «  Si  lu  veux  que 
je  croie  en  tun  Dieu,  ie  te  donnerai  du  poi- 
dou  à  boire,  et  si  tu  le  bois  et  que  tu  ne  meurs 
jasjl  paraîtra  que  ton  Dieuestic  vrai  Dieu. «> 

L*apôtre  répondit  :  «  Si  lu  me  donnes  à 
l)oire  du  poison ,  j*invoquerai  le  nom  du 
Seigneur,  et  il  ne  pourra  me  nuire  (408).  » 
Et  Aristodème  répliaua  :  «  Je  veux  que  lu 
îoies  d'abord  que  dfes  gens  en  boivent  et 
qu'ils  meurent  aussitôt ,  et  ton  cœur  se  re- 
fusera peut-être  ensuite  à  cette  épreuve.  ». 
El  le  bienheureux  Jean  dit  :  «  J'ai  déjà  dit 
que  je  suis  prêt  à  boire,  afin  que  tu  croies 
au  Seigneur  Jésus-Christ,  lorsque  tu  auras 
la  preuve  que  ce  poison  ne  m*a  fait  au- 
cun mal.  9 

El  Aristodème  alla  vers  le  proconsul  et  lui 
demanda  deux  hommes  condamfiés  au  der- 
nier supplice.  Et  quand  il  les  eut  amenés 
au  milieu  du  forum ,  en  présence  de  tout  le 
peuple  et  devant  Tapôtre,  il  leur  lit  avaler  le 
poison,  et  aussitôt  qu'ils  l'eurent  bu,  ils 
expirèrent.  Et  Aristodème  se  tournant  vei*s 
Jean,  dit  :  «  Ecoule -moi  et  renonce  à  ta 
doctrine  qui  éloigne  le  peuple  du  culte  des 
dieux,  ou  bien  prends  et  bois,  aùn  que  tu 
montres  que  ton  Dieu  est  tout-puissant,  si, 
après  avoir  bu ,  tu  peux  rester  sain  et  sauf.  » 

Alors  le  bienheureux  Jean,  ayant  morts 
à  ses  pieds  ceux  qui  avaient  bu  le  poi- 
son, et  restant  ferme  et  intrépide,  prit  la 
coupe  (409),  et  faisant  le  signe  de  la  croix, 
il  parla  ainsi  :  «  O  mon  Dieu ,  Père  de  Jésus- 
CbristNotre-Seigneur,  toi  dont  la  parole  a 

chnte  <fu  lem  le  a  la  voix  de  saint  Jean.  On  a  voulu 
itier  c**  miracle  en  s'appuyani  sur  le  lémoigiiage  de 
Trebellius  Pollio  qui  ditqu*ilfut  brûlé  par  les  Goths 
M)U4  le  règne  de  Gallien,  mais  rédilice  aurait  fort 
Lien  pa  éire  reconstruit  pendant  une  péiiode  d*un 
Mecle  et  demi.  Pine  (t.  xvi,  c.  40)  rapporte  qu'il 
fut  bept  fois  renversé  ei  rele\é. 

(108)  C*e*t  un  des  miraclfS  que  Jésus  Clirisl 
avait  auDOocés.  (Vay.  l*£vangile  de  saiiil  Marc, 
1111  18.) 

(409)  D'aucleus  auteurs  ecclésiastiques  relatent 
ce  que  raconte  ici  Abdias.  Nous  citerons  seulement 
saint  Augustin  {SolHoq.)  :  i  Pro  tua  dulcedine  gus- 
tuida  veneni  poculuin  Joannes  polavit;  »  et  l*autenr 
du  livre  De  morte  sunctorum,  inséré  parmi  lesUtlu- 
vies  de  saint  Isidore  :  c  Bibens  letbil'crum  haustuni 
itoii  solum  evasit  periculum,  t>ed  eodem  proslratos 
(Htculo  in  \itae  reparavit  ftatum.  i  De  là  viçni 
H<i*oii  reprcscnt**  saint  Jr?an  tenant  un  calice.  De 


créé  M's  deux  (&>10)  et  auquel  toutes  choses 
sont  sujettes,  auquel  toute  créature  est  as- 
sujettie et  auquel  toute  puissance  est  sou- 
mise, nous  invoQuons  ton  secours ,  toi  dont 
le  nom  fait  que  le  serpent  $*apaise,  que  le 
dragon  s*enfuit,  çiue  la  vipère  se  lait,  que  le 
crapauds*assoupit(411),que  te  scorpion  périt, 
que  le  basilic  (4>12)  est  vaincu  et  que  I  arai- 
gnée venimeuse  n\'i  plus  rien  de  nuisible, 
et  que  tous  les  animaux  venimeux  et  féro- 
ces perdent  le  moyen  de  faire  mal  è  Thom- 
me,  daigne  dissiper  le  virus  de  ce  poison, 
éteins  ses  effets  meurtriers  et  étouffe  les 
forces  qui  sont  en  lui,  donne  en  ta  présen- 
ce, à  tous  ces  hommes  que  tu  as  créés,  des 
yeux  ponr  Qu'ils  voient,  des  oreilles  pour 
qu'ils  eulendent,  et  un  cœur,  afin  qu'ils  com- 
prennent ta  grandeur.  » 

Et  lorsque  Tapôtre  eut  dit  ces  paroles,  il 
munit  sa  bouche  et  toute  sa  personne  du 
signe  de  la  croix  et  il  but  tout  ce  qui  était 
dans  la  coupe.  Et  après  qu*il  eut  bu ,  il  dit  : 
c  Je  demande  que  ceux  pour  lesquels  j*ai 
bu  se  convertissent  à  toi.  Seigneur,  et  qu'ils 
méritent  le  salut  qui  est  auprès  de  lui  et 
que  tu  leur  donneras  eu  les  éclairant,  v  Et 
le  peuple,  observant  Jean  pendant  (rois  lieu^ 
res,  vit  qu'il  conservait  un  visage  riant  et 
an'il  n'y  avait  en  lui  nul  signe  de  pâleur  ou 
ae  tremblement,  alors  il  se  mit  à  «crier  è 
haute  voix  :  i  Le  Dieu  unique  cl  véritable 
est  celui  que  Jean  adore.  » 

CHAPITRE  XXI. 

Aristodème  ne  croyait  pas  encore,  et  le 
peupleiuireprocliaitsonujanc|uedefoi;  mais, 
s*étant  tourné  vers  Jean,  il  dit:  «  Il  reste  5$n- 
core  quelque  chose  à  faire  ;  si  tu  fends,  au 
nom  de  ton  Dieu,  la  vie  à  ces  hommes  qui 
sont  morts  des  effets  du  poison,  tu  auras  di*i- 
sipé  tout  doute  en  mon  esprit,  p  Et  lorsqu'il 
eut  ainsi  parlé,  le  peuple  se  souleva  conlru 
lui,  disant  :  «  Nous  te  brûlerons,  toi  et  M 
maison,  si  lu  fatigues  ainsi  l'apôtre. de  tes 
discours.  »  Et  Jean,  voyant  qu'une  sédition 
très-grave  s'élevait,  demanda  que  l'on  flt  si- 
lence, et  il  dit  à  tous  ceux  qui  étaient  pré- 
sents :  «(  La  première  des  vertus  divines  une 
nous  devons  imiter  est  la  patience,  qui  lait 
que  nous  pouvons  supporter  la  folie  des  in- 
crôdules.  C'est  ainsi  que,  si  Aristodème  est 

semblables  miracles  se  lisent  dans  la  V]e  de  Victor 
de  Cilicie  {Martyrologe  d\iclon)  <  t  de  l'évéque  Sa- 
bin  (Grégoire  de  Tours).  Clinstophe  Angélus  (De 
statu  EccleiiœCrœcœ)  dit  «prun  pauiarche  de  Cuiis- 
tanûiiople  but,  sans  en  ressei.iir  aucun  mat,  du 
{loison  que  des  Juifs  lui  avair-nt  t:o:iné.  Kusébe 
{tiist.  eccles,^  Jib.  ni,  cip.  ull.)  tapportc  un  mira- 
cle semblable. 
(4t0)  i'saL  XX XII,  6. 

(41 1)  Pline  raconte  beaucoup  défaits  merveilleux 
et  fabuleux  an  sujet  du  p<M  on  du  crapaud  ou  de  'a 
rana  rtttata.(Uist.  nal.^  lib.  tui,  c.  51  ;  lib.  xxxii, 
€.  5.)  Des  devins  se  serTaicni  de  4*furft  entrailles 
pour  prédire  Tavi  nir.  (Juvenal,   sat.  ni .  vers   44.) 

(412)  Régulai  vincUur  ;  »ti  mt^yiMi  âge  Cf  nom  de 
Kégulus  fut  donné  au  basilic,  ;tnunul  fabuleux,  di- 
gne pendant  du  dragon,  au  sujet  itiiqurl  on  a  dé- 
bité  lani  de  contes. 


551 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


33t 


encore  retenu  dans  .es  liens  de  l'intidéliié, 
nous  l'en  délivrerons.  Qu'il  soil  forcé  de  re- 
connaître, quoique  tardivement,  son  Créa- 
teur, et  je  ne  cesserai  de  travailler  à  celte 
œuvre  jusqu'à  ce  que  ses  blessures  soient 
guéries.  Et  de  môme  que  les  médecins  ont 
entre  leurs  mains  un  malade  qui  a  besoin  de 
traitement,  de  même,  si  Aristodème  n'a  pas 
encore  été  guéri  parce  quej*ai  fait,  il  lésera 
par  ce  que  j*acco(iiplirai.  » 

Et  l'apôtre,  appelant  Aristodème  auprès  de 
lui ,  lui  donna  sa  tunique  et  resta  couvert  de 
son  manteau  (^13).  El  Aristodème  lui  dit  : 
«  Pourquoi  me  donnes-lu  ta  luniqniî?  »  Et 
Jean  lui  répoufiit:  «Afin  que  tu  sois  con- 
fondu dans  ton  incrédulité  et  que  hi  y  re- 
nonces. X  Et  Aristodème  lui  dit  :  «  El  com- 
ment ta  tunique  me  fera-i-elle  revenir  de 
mon  incrédulité  ?»  Et  l'apôlre  réi)Otnlil: 
«  Va  et  mets-la  sur  les  corps  des  moris  (VIV) , 
et  dis  :  L'apôlre  de  Jésus-Christ,  Noire-Sei- 
gneur, m'a  envoyé  afin  que  vous  ressuscitiez 
en  son  nom,  pour  que  tous  connaissent  que 
la  vie  et  la  mort  sont  soumises  à  Jésus- 
Christ,  mon  Seigneur  » 

Et  Aristodème  ayant  fait  ce  que  Jean  lui 
Avait  prescrit,  et  voyant  que  les  morts  res- 
suscitaient, adora  l'apôtre, et  il  courut  auprès 
du  proconsul  et  il  s'écria:  ^  Ecoule-moi, 
écoute-moi,  proconsul,  je  pense  que  tu  te 
souviens  que  j'avais  souvent  eicilé  la  colère 
contre  Jean,  et  que  j'avais  chaque  jour  ourdi 
des  machinations  pour  lui  nuire;  c'est  pour- 
quoi je  crains  d'eiciler  sa  colère  :  c'est  un 
Dieu  caché  sous  la  ligure  de  Thomme  (415); 
car  buvant  du  poison,  non-seulement  il  n'en 
éprouve  aucun  mal,  mais  encore  il  a  rap- 
pelé à  la  vie  ceui  que  le  poison  avait  tués, 
en  medoYinant  sa  tunique  pour  que  je  l'ap- 
plique sur  leurs  corps,  et  il  n'y  a  en  eux 
nulle  trace  du  mal  qu'ils  ont  soutfert.  • 

Le  proconsul  l'ayant  entendu,  dit:  «  Que 
veux-tu  que  je  fasse?  » 

Aristodème  répondit  :  «  Allons  et  tombons 
k  ses  genoux,  et  faisons  tout  ce  qu'il  nous 
commandera.  »  Et  alors  ils  vinrent  et  se  pros- 
ternèrent devant  l'apôtre,  implorant  son  par« 
don.  Et  Jean,  les  accueillant  avec  bonté,  ot- 

(413)  Citons  ici  la  note  de  Fabrlcins  :  c  Tunica, 
Xtxcôv ,  vestimenium  interiiis;  p;tlliain,  ôjAiTiov 
exleritts  operimoniiim.»  Plaiilus,  Trinummo,  lil).  v, 
2,  50;  €  Tuiiica  patlio  propion  est.  Vide  iiilerpretes 
ad  Matth.  v,  40  el  iElian.,  Uli.  i,c.  16,  Var.  Hist,; 
Ociav.  Ferrarium,  part.  i,  De  re  veiiîaria,  lib.  ni, 
G.  i;  part,  u,  lib.  iv,  c.  3.  i 

{Aie)  il  est  quesiion  de  la  puisi^anc-'.  miracu- 
iDUse  des  vêtements  des  apôtres  dans  les  Aeiei, 
cb.  XIX,  12. 

(415)  C'est  ainsi  qu*il  est  di>  (AcL  xiv,  10),  que 
le  peuple  de  Lyslre  8*écria  eu  voyant  les  itiiraoles 
faits  par  Paul  et  Barnabe  :  Des  dieux  ayant  une 
forme  kumaine  sont  descendus  parmi  nous. 

(416)  L'église  consacrée  k  saint  Jean  auprès 
d^Éphèse  éiaitcieuséedans  une  roche  et  fort  petite. 
Prucope  (De  adificiîs  JuUin,  imprr. ,  lib.  v]  dit 
que  cet  empereur  la  fit  réparer  et  rebâtir  a\ec 
pompe  lorsqu'elle  était  presque  tombée  en  ruiui's. 
Spon,  dans  son  Voyage  aU  Levant  ^  écrit  ouc  les 
Turcs  Tant  convertie  en  mosquée. 

(417)  Mauh,  vni,  IK 


frit  à  Dieu  ses  prières  et  ses  actionsde  grâces, 
et  il  ordonna  à  chacun  d'eux  de  jeûner  pen> 
dnnt  une  semaine,  et  il  les  baptisa  ensuite  au 
nom  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  de  !»od 
Père  tout-puissant  et  du  Saint-Esprit  qui 
éclaire  les  hommes.  Et  quand  ils  eurent  été 
baptisés  avec  toute  leur  famille  et  leurs  e$> 
(iaves  et  leurs  parents,  ils  brisèrent  (ouïes 
h,>s  idoles,  et  ils  érigèrent  une  basilique  au 
nom  de  Jésus-Christ  (VI6;. 

CHAPITRE   XXII. 

L'apôlre  ayant  quatre-vingt-dix-sept  ans, 
le  Seiîjneur  Jésus-Christ  lui  apparut  avec  ses 
disciples  et  lui  dit  :  ^  Viens  à  moi,  parce 
quM  est  temps  que  tu  prennes  part  à  mon 
fosiin  (V17)  avec  les  frères,  *  Et  l'apôtre  sa- 
lant levé,  le  Soigneur  ajouta  :  «Tu  vien- 
drais aussi  à  la  fêle  de  ma  résurrection  (^18;, 
(|ui  est  dans  cinq  jours,  n  Et  quand  il  eui 
ainsi  fiarlé,  il  remonta  aux  cieux.  El  le  jour 
de  la  fête  étant  venu  ,  une  multitude  ini* 
mense  se  rendit  à  Téglise  qui  avait  été  éle- 
vée au  nom  de  Jésus.  El  dès  le  chant  du 
co(i  (^19),  lorsqu'ils  eurent  accompli  le^ 
mystères  de  Dieu,  l'apôlre  s'adressa  à  tout 
le'  peuple  eu  ces  tc^^mes  vers  la  troisième 
.heure  du  jour  : 

«  Conjj)agnons  et  cohéritiers  du  royautre 
de  Dieu ,  vous  voyez  ce  que  le  Seigneur  Je- 
sus  a  daigné  accomplir  par  nos  mains.  Nous 
avons  été  les  ministres  de  sa  volonté  ;  mais 
il  a  été  lauteur  des  œuvres  i)uc  nous  parais- 
sions faire  et  qui  s'accomplissaient  è  sa  vo- 
lonté. Nous  avons  reçu  de  lui  les  dons,  !c 
repos,  le  ministère,  la  gloire,  la  foi,  la  com- 
munion, la  grâce,  et  tout  ce  qu'il  a  bien 
voulu  nous  accorder;  nous  avons  distribué 
tout  ce  qu'il  nous  a  donné.  En  lui  nous  avons 
conversé,  en  lui  nous  nous  sommes  réjouis, 
en  lui  nous  avons  vécu.  Mais  maintenant  il 
m'appelle  à  une  autre  œuvre  qui  doit  être 
consommée  dans  le  Seigneur.  Je  désire  quit- 
ter ce  monde  et  être  avec  le  Seigneur  (V20), 
atin  qu'il  daigne  nous  accorder  enfin  ce  qu'il 
nous  a  promis  jadis.  Que  vous  laisseraije 
comme  témoignage  (421)?  Mais  vous  avez  ses 
gages,  vous  avez  le  dépôt  de  sa  douceur  el 

(418)  Flureniinius  a  noontré  que  ceci  ne  devait  pas 
sViiteiidre  de  la  fête  de  Pâques,  mais  d*un  simple 
dimanclie;  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  ancier.s  mo- 
teurs ecclédiasiiqties  appeler  un  dimanche  quelon- 
quc  le  jour  de  la  rét^urrection  du  Seigneur.  (  Vt^jf. 
Mabiiioii,  Anaiecta^  t.  U,  p.  iOUtl38.) 

(il 9)  Les  premiers  Chrédeiis  se  rasserohlait'Dl 
dès  le  point  du  jour  adn  de  célébrer  le  sacrr-nieiil 
de  PËucliarislie,  ainsi  que  le  constate  Tenullen. 
{De  corona  miliiis,  c.  3.)  Voy.  à  cet  égard  les  iw 
te^  éni  lites  de  Yo^sius  et  de  liorlbolt  sur  Vtinire 
de  Pliue  à  Trajan, 

(4iO)  Saint  Paul  (P/ii/t>.  i,  i3)  exprime  le  uietiie 
vœu. 

(4ii)  ExangysiSy  mot  dérivé  du  grec  claus^'j'i 
duquel  Fabricius  fait  la  note  suivante,  ;i prés  a vuir 
oUbervé  que  Démosthène,  dans  son  discours  contre 
Timocraie,  en  a  fait  usage  :  i  Harpocraiion  docfi 
esse  vadimoiiiuni  quo  interposito  aller  liberatur. 
Sextus  igilur  est,  Joannero  par  mortem  Ubertaû  as- 
screiidum  vadimonii  loco  commendare  eiemplutu 
Clir  sii.  * 


353 


JEA 


PVÎIT.  III.  —  LEGENDES  ET  FftAGMENTA. 


Jr:\ 


o. 


i 


de  sa  piélé.  II  liemeure  en  vous,  il  se  plaît 
en  tous  ceux  qui  vivent  chastement.  Que 
votre  nourriture  soit  de  faire  la  volonté  du 
Père  qui  est  dans  le  ciel  (V22).  Qu'il  se  cou- 
ronne en  vous  de  ces  lauriers  qu'il  a  dispo- 
sés lui-même,  se  faisant  une  couronne  des 
fleurs  qu*il  a  teintes  de  son  sang.  O  Seigneur 
Jésus  I  protège  dans  ta  miséricorde  compa- 
tissante ton  Eglise  que  tu  as  édifiée  pour  toi 
seul. Toi  seul,  Seigneur,  es  miséricordieux; 
toi  seul  es  pieux,  toi  seul  es  le  Sauveur  équi- 
table; tu  es  la  racine  de  Timmortalilé  et  la 
source  qui  préserve  de  la  corruption;  sanc- 
iKie-nous  en  nous  accordant  tes  grâces.  »  Et 
l'apôtre  ajouta  :  «  Dieu  qui  seul  es  le  Sau- 
veur, et  qui  as  daigné  rendre  la  liberté  h  ce 
peuple  par  la  glorieuse  Passion  de  ton  Fils, 
daigne,  Seigneur,  le  protéger  constamment, 
le  maintenant  dans  Pobservation  de  tes  prin^ 
cipes  et  dans  l'abondance  de  tes  bonnes  œu- 
vres. Ec-oute   les   humbles  prières  de  ton 
serviteur;  dirige  le  peuple  qui  t'est  consa- 
cré et  qui  observe  tes  lois;  veille  sur   le 
peuple  que  tu  as  adopté,  et  que  tu  as  bien 
voulu  appeler  tes  fils;  conduis-le  nuit  et  jour 
uans  le  cnemin  de  tes  commandements,  par 
tim  Fils  unique  et  béni,  qui  nous  a  choisis 
pour  être  ses  disciples  et  qui  nous  a  faits 
les  pasteurs  de  ses  troupeaux,  qui  est  avec 
toi,  ô  Pèrel  et  qui  règne  avec  TÉsprit-Saint 
dans  les  siècles  des  siècles.  » 

CHAPITRE  XXlil. 

Et  Tapôtrc,  ayant  acheré  sa  prière,  ordon- 
na qu'on  lui  donnât  un  pain,  et  ayant  élevé 
les  yeux  vers  le  ciel,  il  le  bénit,  et  l'ayant 
rompu,  il  le  distribua  h  tout  le  peuple,  di- 
sant :  «  Que  ma  part  soit  avec  vous  et  que 
la  vôtre  soil  avec  moi.  »  Et  il  dit  aussitôt  à 
un  frère,  qui  se  nommait  Byrrhus  (^3),  de 
prendre  av«c  lui  deux  autres  frères,  d'em- 
porter avec  eux  deux  corbeilles  et  des  pio- 
ches, et  de  le  suivre.  Et  étant  sorti  avec  une 
tranquillité  parfaite,  il  ordonna  à  la  foule  de 
î-Vioigner.  Et  lorsqu'il  fut  venu  auprès  d'un 
tombeau,  un  des  frères  dit  aux  jeunes  gens 

(123)  Ceci  est  emprunté  à  VEvan^le  de  mtiil 
Jean,  c.  iv,  54. 

(423)  U  est  fait  mention  du  diacre  Byrrhus  dnns 
réplirede  sainl  Ignace  aux  Smyruiens,  et  ailleurs  où 
il  est  apiielé  Burrhus.  Gé  nom  n*clail  pas  rare  chez 
les  Romains  ;  il  était  celui  d*un  précepteur  de  Né- 
ron et  d'un  persoon^ige  cité  par  Muni:)!  ;  mais,  com- 
me il  s*agit  ici  d*uu  Grec,  ou  peut  y  voir  le  nom  de 
Ijrrhiif  ilcfiguré. 

(4ii)  Ou  remarquera  que  Pécrivain  parle  corn  i.e 
témoin  oculaire. 

U^)  Fauste  le  Manichéen,  cité  par  saint  Augus- 
tin (Adv.h'avsium^cZQ,  n.5),d.it  que  saint  Jean  vé- 
cut toujours  dans  la  virginité  ;  cette  opiniou  a  d'ail- 
leurs été  partagée  par  des  Pères  de  PEglise.  S.iint  Au- 
gu^lio,  à  la  tin  de  son  dernier  traité  sur  saint  Jean, 
ft'expriiHc  ainsi  :  c  Sunt  qui  scnserint  et  hi  quidein 
ooQ  coDtemptihites  sacri  eloquii  tractatores  a  Cbristo 
Jujnnem  apostulum  proplerea  plus  amalum,  quod 
ncqiie  uiorein  duxcril,  et  ab  ineunte  puerilia  castis- 
simai  ^iscril.  Uuc  quidem  m  Scripluris  canon  lois 
liou  evKJeitler  appartl  :  verumtamen  id  quoque 
mulitim  adjuval  congruentiani  hujusce  sententi^, 
quoii  illa  vita  per  eum  signillcata  est  ubi  non  crani 
buptit-e.  I 


que  Byrrhus  avait  amenés  :  «  Creusez,  mes 
enfants,  h  Et  ils  se  mirent  à  creuser,  et  l'a- 
pôtre les  pressait  pour  qu'ils  creusassent 
flus  profondément.  Et  lorsqu'ils  obéissaient 
son  ordre,  il  exhortait  les  autres  frères  à 
suivre  le  Seigneur,  et  il  li.s  édifiait  tous  par 
la  parole  de  Dieu,  aûn  de  ne  point  paraître 
rester  oisif  pendant  que  les  jeunes  gens  tra- 
vaillaient. 

Et  lorsque  la  fosse  fut  telle  qu'il  le  vou* 
lait,  sans  qu'aucun  de  nous  (424.)  prévit  co 
C|u1l  en  voulait  faire,  il  ôta  son  vêtement  ni 
1  étendit  dans  cette  fosse,  et,  restant  couvert 
d'un  seul  tissu  de  lin,  il  étendit  les  mains  et 
il  invoqua  Dieu,  disant  :  «  Dieu,  Père  tout- 
puissant,  et  loi,  Seigneur  Jésus,  qui  as  eu 
pour  ton  serviteur  un  attachement  particu- 
lier; toi  qui  as  été  annoncé  par  les  patriar- 
ches et  prédit  par  les  prophètes,  qui  as  eu 
pitié  des  hommes  et  qui  nous  as  remis  nos 
j)échés:  toi  qui  as  envoyé  tes  apôtres  pour 
réunir  tous  les  peuples,  toi  qui  as  abreuvé 
ceui  qui  sont  altérés  de  ta  parole,  qui  adou- 
cis les  méchants  et  qui  remplis  de  la  grâce 
de  ton  Esprit  ceux  qui  sont  défaillants,  re- 
çois l'Ame  de  Jean,  ton  serviteur,  que  tu  as 
choisi  de  bonne  heure,  mais  que  tu  as  tardé 
è  appeler  à  toi.  Seigneur,  qui  as  préserva 
ton  esclave  de  toute  union  avec  les  fem- 
mes (425),  je  t'implore,  toi  qui  t'es  montré 
à  moi  lorsqu'étant  jeune  je  m'empressais 
vers  les  noces,  et  qui  m'as  dit  :  «  ïu  m'es 
nécessaire,  Jean  ;  je  demande  ton  œuvre.  » 

Mais  lorsque  pressé  par  l'ardeur  delà  jeu 
nesse,  je  pensais  ne  pouvoir  observer  ton  pré- 
cepte et,  me  défiant  d'avoir  la  force  de  garder 
la  chasteté,  j'avais  formé  le  projet  de  me 
marier  (426),  tu  m'as  châtié,  Seigneur,  dans  ta 
bonté,  frappant  mon  corps  d'une  maladie 
et  tu  ne  m'as  pas  livré  à  la  mort.  Enfin  tu 
m'as  détourné  par  un  empêchement  léger  de 
songer  au  mariage,  car,  Seigneur,  tu  m'as 
dit  sur  la  mer  :  «  Jean,  si  tu  n'étais  pas  à  moi, 
je  te  permettrais  de  prendre  une  épouse,»  c*est 
donc  par  un  don  de  ta  part  que  tu  as  daigné 
dompter   et  brider    les   mouvements  de  la 

On  peut  citer  aussi  saint  Jérôme  {Contra  Jovinia- 
num)  :  i  Cur  Jonunein  aposLoiuni  et  Baptistuni  sua 
dUectione  (Dominm)  castravit,  quos  virus  f»!ceral.  » 
Et  Tautetir  d'un  co:iimeniair<^  sur  les  Eplires  de 
saini  Paul  (//  CéOr.  xi,  2),  qui  a  été  inséré  parmi  les 
œuvres  de  saint  Ambroise  :  i  Nam  si  mulieresin- 
telligas,  ut  ideo  pûtes  vii'gines  dictas  quia  corpora 
sua  hitsiminata  servaver uni,  exclu  Jit  de  hac  gloria 
sanctos,  quia  omnes  apostoii  exceptis  Joanne  ci 
Paulo  nxores  habuerum.  «  Et  Tertutiien  {De  mono- 
gamia^c.  17)  appelle  sainl  Jean  feunuque  de  Jésus- 
Cbrist.  On  pNeul  invoquer  Tautonté  de  saint  Epi pha- 
ne,  de  saint  (Ibrysosiume,  de  saint  Paulin, de  Ga-i- 
sien  ;  Tillemont  (MénHtires,  1. 1,  p.  912)  a  réuni  l^u.» 
passades. 

(4i6)  Quelques  écûvains  ont  pensé  que  saint 
Jean  TEvangéliste  était  l'épon  iiont  il  est  question 
aux  noces  de  Cana ,  et  que  Inippé  du  miracle  a<:- 
corapli  par  le  Sauveur,  il  quitta  tout  pour  le  sui- 
vre. Telle  est  Topinion  d*Haymon,  de  l^udolplie  de 
Saxe,  de  Rupert  et  de  crriains  auteurs  de  peu  d*uu- 
torilé  II  n*y  en  a  nulle  trace  p^niii  les  écrivains  an- 
ciens, et  elle  a  otë  rejelée  par  Ujronius  (ad  'mu 
XXXI,  n.  51),  par  Molanus  {Oe  imaqin.  (.  iv,  c.  ^0| 
et  par  bien  d  autres  anleui  s. 


DICTlONNAmE  DES  APOCUYPilES. 


»  • 


chair  et  ro*iiispirer  la  foi,  qu*ii  ne  pouvait 
rien  y  avoir  de  plus  précieux  pour  moi  que 
de  in*8ttacher  a  loi.  Tu  m'as  appelé  de  la 
mort  b  la  vie,  du  monde  au  royaume  de  Dieu, 
de  la  maladie  de  Tâme  à  la  santé.  Tu  es  la 
loi  qui  règle  ma  vie  et  la  couronne  après  le 
combat.  Je  viens  donc  vers  toi,  Seigneur,  je 
viens  à  ton  banquet,  je  viens  te  rendant 
grâces.  Seigneur  Jésus-Christ,  de  ce  que  lu 
asdaii^né  m^inviler  à  ton  festin;  c*esltoique 
de  tout  mon  cœur  je  désirais.  J*ai  vu  ton 
visage,  et  j'ai  été  comme  rappelé  hors  du  sé- 
puitTO.  Ton  o.leur  a  excité  en  moi  les  con- 
cupiscences éternelles;  la  voix  est  pleine 
(l*uno  douceur  r-o.nme  celle  du  miel,  et  ton 
discours  (^st  rempli  d'une  excellence  inoom- 
panble.  Toutes  les  fois  que  je  t'ai  prié  do 
me  laisser  venir  vers  toi,  tu  as  dit  :  «  Attends, 
afin  (pje  tu  délivres  mon  peuple.»  Et  tu  as 
préservé  mon  cor{>s  de  toute  souillure,  et  tu 
as  toujours  éclairé  mon  Amo,  et  tu  ne  m'as 
pas  abandonné  lorsque  j'étais  en  exil  et 
lorsque  j'en  revenais,  et  tuas  mis  dans  ma 
bouche  la  parole  de  ta  vérité,  aQn  que  je 
puisse  conserver  la  mémoire  des  témoigna- 
ges de  ta  puissance,  et  j'ai  écrit  les  œuvres 
que  j'ai  vues  de  mes  yeux  elles  paroles  que 
*raes  oreilles  ont  entendues  de  ta  bouche. 
Et  maintenant,  Seigneur,  je  te  recommande 
les  enfants  que  ton  Eglise  vierge  et  Mère  vé- 
ritabiea  régénérés  par  l'eau  et  l'Bsprit-Saint. 
Keçois-moi  afm  que  je  sois  avec  mes  frères  ; 
tu  m'as  appelé  à  les  rejoindre.  Ouvre-moi 
les  portes  de  la  vie  h  laquelle  je  frappe  ; 
que  les  princes  des  ténèbres  n'accourent 
point  au-devant  de  moi.  Que  le  pied  de  l'or- 
KMeit  ne  vienne  pas  contre  moi  et  qu'une 
lii^in  qui  le  serait  étrangère  ne  me  touche 
pas,  mais  reçois-moi  suivant  ta  parole  et 
conduis-moi  à  ton  banquet  auquel  tous  tes 
amis  prennent  part  avec  toi,  car  tu  es  le 
Christ,  Fils  du  Dieu  vivant  qui  as  sauvé  le 
monde   suivant  le  couiaiandement  de   ton 


Père,  et  qui  asdaigne  nous  dicter  ton  Esprit 
saint  afin  qu*il  maintienne  en  nous  le  sou* 
venir  de  tes  préceptes  ;  nous  te  rendons 
grâces  par  ce  même  Esprit  dans  tous  les 
sièles  ues  siècles.»  Et  quand  tout  le  peup!*- 
eut  répondu  amen,  il  parut  au-dessus  de  IV 
f>ôlre  pendant  une  heure  entière  une  lu- 
mière si  éclatante  que  personne  no  pouvait 
en  contempler  Téclai.  Et  faisant  le  signe  <lc 
la  croix  sur  toute  sa  personne.  Ji*an  dit«:  Sim- 
(^neur  Jésus,  loi  seul  es  avec  m  i.  »  Kl  il  se 
jeta  sur  le  tombeau  où  il  avait  étendu  sc^ 
vétemenls  en  nous  disant  :  «  La  paix  soilavpc 
vous,  mes  frères.  »  Et  bénissant  tout  le  neupe 
et  lui  disant  adieu,  il  se  plaça  vivant  dans  le 
sépulcre  (^27),  et  il  lui  ordomia  de  s'ou- 
vrir en  glorifiant  le  Seigneur,  et  aussitôt  il 
rendit  l'esprit.  Et  [>armi  nous  qui  étions  pré- 
sents, les  uns  se  livraient  à  la  joie,  d'autres 
pleuraient.  Nous  nous  réjouissions  fie  ceque 
nous  voyions  une  si  grande  grAce  ;  nous 
nous  afDigions  de  ce  que  nous  étions  privés 
de  !a  présence  et  de  la  vue  de  l'apAtre.  Et 
aussitôt  il  sortit  du  tombeau  de  la  manne 
qui  se  montra  aux  yeux  de  tous,  et  cet  endroit 
en  produit  encore  aujourd'hui  {Vi8),  et  des 
miracles  fréquents  s'y  opèrenl.  Par  les  priè- 
res de  l'apôtre  des  malades  sont  guéris  de 
toutes  leurs  infirmités  et  chacun  y  obtient  re 
qu'il  a  demandé  en  ses  oraisons.  Et  telle  fut 
la  vie  du  bienheureux  Jean  dont  le  Seigneur 
avait  dit  è  Pierre  ;  «  Si  je  veux  au'il  re^t'' 
jusqu'à  ce  que  je  vienne,  que  l  importe? 
Toi,  suis-moi.  »  Ce  qui  signifiait  que  le  bien- 
heureux Pierre  glorifierait  le  Seigneur  en 
mourant  sur  la  croix.  Et  Jean  s'endcrroaiii 
subitement  reposa  dans  le  Seigneur,  par  No- 
ire-Seigneur, Jesus-Christ  qui  décore  se^ 
saints  de  couronnes  de  laurier  et  qui  est  a 
louange  éternelle  et  l'attente  de  tous  ses  éluv 
A  lui  gloire  éternelle,  vertu  et  puissante 
dans  les  siècles  des  siècles.  Amen. 


Les  récils  contenus  dans  YHistoirt  apos- 
tolique d'Abdias  ont  fourni  h  Jac(|ues  de  Vo- 
ragiiie  les  éléments  de  la  Vie  de  saint  Jean 
telle  qu'il  l'a  placée  dans  la  L^^^encfe  doréfe; 

(427)  Celte  Iradllion  es  fort  ancienne;  sainlAa- 
gusiiii  en  fail  mention  (Tract,  tii  in  Joan,)  : 

f  Quein  iraiiuiii  etiaiii  quod  in  qnibusdam  scri- 
pturis  qoamvis  npocrypliis  reperiiur«  (pianilu  sihi 
llerijuftsitsepulcrum,  inculuinem  fuisse  prsRseutem, 
eoque  efluto  diligeniissime  pra^paraio  ,  ilii  se  tan- 

Îjuani  in  lectulo  collocasse  staiiiiioue  «  uin  essi;  de- 
uncliini.  • 

(4i8)  Citons  encore  saint  Augustin  :  c  Cui  pla> 
cet...  asserat  apostolum  Joaunein  vivere,  atque  in 
îtlo  sepulcro  ejus  quod  est  apud  Ephesum  Uiirniire 
eum  potius  qnam  morluuni  jacere  contendat.  As- 
su  nnat  iii  argunientum  quod  iilic  terra  scnsini 
ficatere ,  et  liuatti  ebullire  pet  hikieatur,  atque  hoc 
ejus  anbelitu  lieri...  Et  cum  inortuus  putarelur, 
scpultum  fuisse  dormientcm ,  el  donec  Cbrîsins 
veniat  sic  manere  snamque  viiani  scalurigine  pul- 
veris  indicare,  ouo  pulvis  cre.iitur  utiib  inio  ad 
supcrficiem  lumoii  asceudat  f^Utu  quiescentis  lui- 
pclli.  Yiderint  qui  locom  sciuiilqula  et  rêvera  non 


elle  est  beaucoup  moius  étendue  qucrœi- 
vre  de  Prochore,  et  il  esta  croire  que  rac- 
chevêque  de  Gênes  ne  connaissait  pas  cett" 
dernière   relation  ;  la  sienne  a  été  mise  eu 

a  levibus  hominibus  id  audÎTimus.  Restai  m  si  «er« 
ait  quod  »parsii  fa  ma  de  terra  <|uns  aubinde  alla  m 
succrescit,  aut  îdeo  Hat  ut  eo  modo  cotiiroen4ie4»r 
pretiosa  mors  ejus.  i  (Vot|.  aussi  tn  passage  d'K- 
phraîm  de  Tbéopolls  cité  par  Pholius,  BtkUotk., 
ce  I.  32G.) 

Fabricius  ajouti^  :  c  Die  ot  tava  Mail  quota  nis 
sacrum  hune  pulverem  e  Jobann'S  arptilcro  scj* 
ttirire  tradunt  Grseri  in  Svnxxario  et  in  llen.i  î%  1 1 
illam  diem.  i  Vide  Combelisii  Notai  ad  Niant  t^rat, 
in  Jounnem,  t.  I,  Auetar.  nortti.  p.  485 

L*opinion  que  saint  Jean  ii*élait  pas  mort  a  ci^ 
renouvelée  par  Jacques  ie  Févre  d*Liaptes,  IHiter- 
tatio  de  una  ex  tribui  M  aria  ^  Paris,  1516,  et  par 
Florentinius  (Notœ  in  Martyrologium  têiuê  Hiero 
nymi);  mais  elle  a  é.é  létutée  avec  beaucoup  «'«^ 
solidité  par  Tilleraont  {Vie  detainiJeau,  an.  10. 
11,  noies  13-18.  Voy,  dont  Calmet,  Diiurtaiun 
sur  la  mon  de  êaint  Jean.) 


i57 


JEA 


FAUT.  m.  —  I.EGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JKA 


55s 


français  et  ins<!Tée  dans  le  Dictionnaire 
dfs  ygendes  du  christianisme^  Migne,  1855, 
col.  6V^2. 

Uqo  autre  histoire  fort  détaillée  de  saint 
Jean  se  trouve  dans  notre Tecueil  à  Tarticle 
Prochorb.  {Voy,  aussi  Tarticle    Mellitus.) 

Thilo  avait  Irouvé  dans  le  manuscrit  grec 
n'520  de  la  Bibliothèque  inapériale  de 
Paris  une  Vie  de  saint  Jean  qui  se  rencontre 
(ie  même  dans  un  manuscrit  de  la  t)ib)iothè- 
(|ue  impériale  de  Vienne  {Voy.  Lambécius, 
Comment  ,  t.  VUI,  p.  796,  édit.  de  Kollar), 
et  ce  savant  en  parle  avec  quelques  détails. 
{Acta  S.  Thomœ,  Leips.,  1823,  p.  73.)  Indi- 
quons succinctement  le  sujet  de  cette  nar- 
ration apocryphe. 

Après  que  Domilien  eut  ordonné  de  chassrr 
tous  les  Juifs  de  Rome,  ceux-ci  s*adressè- 
reut  à  Tempereur  pour  protester  de  leur  in- 
nocence, et  ils  accusèrent  les  Chrétiens  de 
chercher  à  leur  nuire  et  de  prêcher  des  nou- 
veautés condamnables,  ils  enflammèrent 
ainsi  le  courroux  de  Domitien  qui  ordonna 
(Je  livrer  au  supplice  ceux  qui  feraient  pro- 
fession de  la  foi  chrétienne.  Ayant  appris 
que  Jean  annonçait  à  Ëphèse  la  chuie 
{Tochaine  de  Tempire,  il  envoya  un  centu- 
rion et  des  soldats  pour  le  saisir.  L'apdtre 
fut  conduit  à  Rome  et,  pendant  la  route,  il 
s'absiiut  de  nourriture,  se  contentant  de 
prendre  un  peu  d*aliment  le  dimanche.  Les 
soldats  instruisirent  Domilien  de -cette  absti- 
nence étonnante  et  dirent  qu'ils  regardaient 
Jean  comme  un  dieu.  L'empereur  fut  touché, 
il  embrassa  Tapôtre  etTécouta  attentivement 
prêcher  le  royaume  céleste  de  Jé^us,  mais 
il  refusa  de  le  croire  à  moins  de  témoignages 
certains  de  la  vérité  de  ce  qu'annonçait  Jean. 
Alors  i^apôtre  fait  apporter  un  poison  mortel 
oi  le  boit  sans  éprouver  aucun  mal.  Domi- 
tien, soupçonnant  quelque  fraude,  ordonne 
d'amener  un  prisonnier  condamné  à  mort  ;  on 
luidonne  là  poison,  il  meurt,  mais  Jean  lui 
rend  la  vie.  En  ces  diverses  circonstances, 
l'apêtre  adresse  au  Seigneur  des  tirières. 
L'empereur  ne  veut  point  paraître  enfreindre 
les  édits  qu'il  a  rendus  ;  il  révoque  l'arrêt 
de  œort  rt^ndu  contre  Jean  et  l'exile  à  Pa  h- 
mos.*  Avant  de  partir,  l'apôtre  guérit  une 
femme  nommée  Trepta,  concubine  de  Do- 
mitien, qui  était  possédée  du  démon.  Trans- 
Dorlé  ensuite  à  Pathmos,  il  y  écrit  VApoca^ 
Ijfpse.  Il  retourne  à  Ephèso  sous  le  règne 
(le  irajan  et  il  y  demeure  jusqu'à  une  ex- 
trême vieillesse.  Sentant  approcher  le  mo- 
ment de  sa  mort,  il  réunit  les  tidèles  un 
jour  de  dimanche,  célèbre  avec  eux  le  saint 
»^criQce,  ordonne  ensuite  au  diacre  Euly- 
(iiès  de  l'accompagner  avec  quelques-uns 
(i;*s  frères  hors  des  portes  de  la  ville  ;  là, 
d'après  ses  ordres,  ils  creusent  une  fosse 
ei  lis  l'y  laissent. 

A  ces  récits  sont  entremêlés  de  longs  dis- 
cours que  l'auteur  mei  dans  la  bouche  de 
saint  Jean  et  qui  trahissent  des  doctrines 
peu  orthodoxes.  Beausohre  a  pensé  {Uist,  du 
manichéisme^  1. 1,  p.  385)  que  Leucius  devait 
être  le  premier  rédacteur  de  ces  Actes,  et 
Tliilo  cite,  à  l'appui  de  cette  opinion,  les 


circonstances  que  l'apôtre  signalo,  comme  \m 
des  bienfaits  qu'il  doit  à  Jésus-Christ,  d'avoir 
été  h  trois  reprises  diffi^rentcs  détourné  de 
l'idée  de  se  marier. 

Un  ouvrage  que  nous  avons  cité  plusieurs 
fois  dans  le  Dictionnaire  des  Légendes  du 
Christianisme,  et  qui  a  obtenu  de  nombreu- 
ses éditions  au  commencement  du  xvr  siè- 
cle, la  Fi«  de  Jésus-Chtist  avec  sa  mort  et  sa 
Passion^  raconte  sommairement  l'histoire  de 
l'apôtre  d*une  façon  qui  s'accorde,  au  fond, 
avec  les  récils  d'Abdias. 

Après  avoir  indiqué  quelques-uns  des 
miracles  opérés  par  Je  saint  évangéliste, 
l'auteur  de  cette  Vie  continue  ainsi  : 

«  Leve<que  des  payens  fut  fort  courroucé 
contre  sainct  Jch:in  et  mist  tout  le  peuple  a 
sa  volonté  pour  le  faire  mourir.  Kt  sainct 
Jehan  lui  demanda  :  que  veulx  tu  que  je  to 
face.  Levesque  luy  dist:  je  te  veulx  iairo 
donner  du  venin  et  sil  ne  te  faict  nul  mal 
jadorerav  ton  Dieu.  Sainct  Jehan  dist  :  Jen 
suis  content.  Et  levesque  luy  dist  :  je  veulx 
que  tu  aves  plus  grant  paour.  Adonc  leves- 
que se  alla  au  prevost  et  luy  demanda  deux 
larrons  qui  estoient  en  prison  et  condamnez 
à  mourir,  lesquelz  luy  furent  octroyez;  il 
les  mena  en  la  place  publicgue  dans  la  cilé 
devant  tout  le  peuple,  et  sainct  Jehan  avec 
euix  et  leur  feit  boire  du  venin  et  aussitust 
les  larrons  moururent.  Apres  sainct  Jehan 
prinst  le  venin  et  feit  le  signe  de  la  croix 
dessus,  et  le  beut  et  neut  oucques  mal  dont 
le  peuple  loua  Dieu.  Je  doubte  encore,  dist 
leve.sque  et  ne  crois  pas  en  ton  Dieu.  Mais 
si  tu  fais  ressusciter  ces  deux  hommes  icy 
qui  sont  morts  de  ce  venin,  je  croiray  en 
ton  Dieu.  Alors  sainct  Jehan  bailla  sa  robbe 
a  levesque  et  demoura  vestu  d'une  jacqueite 
blanche  qu'il  avoit  et  levesque  dist  :  pour- 
quoy  m'as-tu  donné  la  robbe  ;  me  fera-t-elie 
croire  en  ton  Dieu,  et  sainct  Jehan  luy  dist  : 
metz  ma  robbe  sur  ces  mors  et  leur  dy  que 
je  tenvoye  à  eulx  et  que  je  leur  mande  quilz 
se  lèvent  afin  quilz  cogneissent  la  puissance 
de  Dieu.  Adonc  levesque  tist  ainsi  que  sainct 
Jehan  luy  avoit  dit,  et  incontinent  les  deux 
mortz  ressuscitèrent  loussainz.  Quant  leves- 
que veit  ce  miracle,  il  enleva  sainct  Jehan, 
et  sen  alla  au  prevost  de  la  cité  et  luy  comp- 
ta les  miracles  que  sainct  Jehan  avoit  faiclz. 
Alors  le  prevost  et  plusieurs  autres  vindrent 
devant  sainct  Jehan  et  l'adorèrent.  Et  sainci 
Jehan  leur  commanda  quilz  tissent  sept  jours 
pénitence  et  puis  les  uaptiseroil,  et  quant 
ilz  furent  baptisez,  ils  feirent  une  église  en 
l'honneur  et  révérence  du  benoist  sainct 
Jehan  levangeliste.  » 

Le  poète  Jean-Baptiste  Mantouan,  que 
nous  avons  déjà  cité,  a  reproduit  ces  récits 
dans  ses  Fasti  sacri  ;  nous  nous  bornerons 
à  citer  ce  qu'il  dit  de  Pexil  du  saint  à 
Pathmos. 

DIcîtur  hue  venisse  magnm  certare  volenlem 
Cuin  sene  et  auxilîo  lariuoi  leniasse  marinos 
Ire  super  fluctus,  et  abyssum  inlrasse  profundum 
Qno  (telphiiies  eunt,  habitant  ubi  graudia  rete. 
At  Deus  extemplo  lémures  horrescere  fecit. 


o'^D 


DICnONNAlRE  DES  APOCRYPIICS. 


In  incdioqu.^  suos  virosauillerepODto. 
'l'tim  magus  inrelîx  SiyKÎis  deserlus  ab  umbris 
Esi  oppressus  aquis,  animamque  retiquit  io  alga  ; 
Osaris  exslincli  posl  iristia  fuiieta  Uodeni 
Uegrediens  Epliesum  viduani  revocavit  ab  orco  ; 


A  Cratonc  viro fractus  rapie.te  Upillos 
tl  varias  hominiin  curas  et  inania  tou 
Argueret,  siguo  criicis  iiilegravil,  1 1  ipsum 
Edociii.  Cratona  (idem,  gemniîsqi'ered.tcts 
In  cumules  numroura  iDgenies  doaavit  egcno^. 


'0 


LITURGIE  DK  SAINT  JEAN  LÊVANGÉUSTK, 

traduite  du  Syriaque  par  Eusci)0  Reuaudot.  (4i9). 


Oraison  avant  U  baiser  de  paix. 

Le  prêtre  :  Seigneur,  Dieu  fort,  toi  qui  es 
)e  véritable  amour,  la  paix  imperlurbabie  et 
respéranco  qui  nest  point  trompée,  toi. 
Seigneur,  Dieu  Père, •accorde  à  les  servi- 
teurs oui  sont  en  présence  de  la  Majesté,  (a 
charité,  la  bonté,  la  tranquillité  et  la  paix 
perp(^tuclle  et  accorde-nous  à  tous  de  nous 
donner  la  paix  les  uns  aux  autres,  avec  la 
pureté  du  cœur  et  la  sainteté  de  Tânie,  dans 
le  baiser  saint  et  spirituel  qui  est  agréable  h 
ton  saint  nom  et  nous  te  glorifierons,  etc. 

Le  peuple:  Ainsi-soit-il. 

Le  prêtre  .{élevant  la  voix):  Nous  nous 
liuinilions,  Seigneur,  en  ce  moment,  d*es- 
prii  et  de  corps  devant  ta  Majesir»,  et  envoie- 
nous,  du  haut  du  trône  brillant  de  ton  sanc- 
tuaire, ta  grâce  précieuse,  ta  bt^nédiction  qui 
donn*;  le  calme  et  qui  ne  se  perd  point,  afin 
que  nous  te  gioriflons  et  louions  ainsi  que 
ton  Fils  unique  et  ton  Esprit  très-saint  et 
bon. 

Le  peuple:  Ainsi-sbit-il. 

Le  prêtre:  Tu  as  envoyé  ton  Fils  au  temps 
marqué  pour  nous  sauver:  c*est  lui-même 

2ui  a  institué  ces  mystères  saints  et  vivi- 
ants  ;  ne  nous  éloigne  pas,  Seigneur,  de  ce 
saint  ministère,  ne  détourne  pas  ta  face  de 
nous  à  cause  de  nos  péchés,  car  seul  tu  es 
saint,  avec  ton  fils  unique  et  ton  Esprit  très- 
saint  et  bon. 

Le  peuple  :  Ainsi-soil-il. 

Le  diacre  :  Donnez  la  paix. 

Lepeuple:  Que  les  miséricordes  du  Sei- 
gUHur  soient  sur  nous. 

Le  prêtre  :  Que  Pamour  du  Père,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi-soit-il. 

Le  prêtre:  Elevons  nos  cœurs. 

Le  peuple:  Nous  les  élevons  au  Seigneur 

Le  prêtre:  Nous  rendons  grâces  au  Soi 
gneur  notre  Dieu. 

Le  peuple  :  Cela  est  digne  et  juste. 

Le  prêtre  (incliné)  :  La  louange  t'appar- 
tient, Si'igneur,  de  tout  ce  qui  est  dans  les 
cieux  et  sur  U  terre. 

[Elevant  la  voix)  :  Car  les  vertus  et  le 
ciel  où  elles  habitent  te  glorifient  et  te  louent; 
les  chérubins  embrasés  te  célèbrent  dans  le 
respect,  te  bénissent  avec  transport,  et  les 
bienheureux  séraphins  sanctifient  la  Majesté, 
et  transportés  de  Tun  À  Kaalre  par  le  rapide 
mouvement  de  leurs  ailes,  ils  (lisent,  crient 
et  répètent  : 

Le  peuple:  Saint. 

(429.)  Renaudot  a  inséré  la  traduction  latine  de 
ce  te  liuirffie  dans  ssiCollectio  liturgiarum  que  nous 
avoos  déjà  citée  (  t.  Il,  p.  163);  rabricias  fa  re- 


Le  prêtre  [incliné)  :  Tu  es  saint.  Seigneur, 
Dieu  Puissant,  d'une  seule  nature  indivJM. 
bleavec  ton  Fils  unique  et  ton  Safht-Esprii; 
tu  es  Saint  et  tu  sanctifies  tout  par  la  verdi 
de  ta  divinité.  Le  Père  a  envoyé  son  Fi.5 
pour  notre  salut;  le  Fils  est  descendu  (Jh 
ciel,  s*est  fait  chair,  a  souffert  et  a  été  cruc<> 
fié  pour  riiomme  fait  àson  imaj;e  qui  étail 
tombé  dans  la  corruption  ;  et  rEsprit  vi- 
vifie et  sanctifie  ce  divin  sacrifice. 

[Elevant  la  voix)  :  Ainsi,  lursqu*il  a  vou'ii 
de  sa  propre  volonié  souffrir  la  passion  qm 
nous  a  sauvés  ,  il  a  pris  dans  ses  maios^aUl 
tes  le  pain  en  présence  de  ses  disciples,  il  a 
levé  les  yeux  au  ciel ,  a  rendu  grÂcf^s,  f  béni, 
t  sanctifié,  f  et  rompu  ce  pain.  Ta  donné  ;i 
ses  apôtres  saints  en  leur  disant  :  «Prenez  ii 
mangez-en,  ceci  est  mon  corps  qui  e( 
rompu  et  divisé  pour  vous  et  pour  tous  ceu\ 
qui  croient  en  moi,*  pour  1  expiation  (J<  ^ 
crimes,  pour  la  rémission  des  péchés  et  |)uu( 
obtenir  la  vie  des  siècles  futurs.  » 

Le  peuple  :  Ainsi-soit-iK 

Leprêtre:Ei  après  cette  cène  mystique, il 
prit  aussi  Io  calice  avec  du  vin  et  de  Teau, 
rendit  grâces  sur  lui,  f  le  bénit,  f  le  sancliûa, 
t  le  donna  à  ses  apôtres,  et  leur  dit:  «  Ceii 
est  le  calice  de  mon  sang,  du  Naiiveau  IV^ 
tament,  reeevez-le  et  buvez-en  tous.  II  i'>i 
répan()u  pour  la  vie  du  monde,  pour  l'expia- 
tion des  crimes,  la  rémission  des  pécli<!>  à 
tous  ceux  qui  croient  en  utoi  dans  les  siècles 
des  siècles.  » 

Le  peuple  :  Ainsi-soit-il. 

Leprêtre  :  Vous  en  agirez  ainsi  en  mémoire 
d^  moi,  car,,  toutes  les  fois  que  vous  pren- 
driez ce  sacrement  et  que  vous  boirez  ccsan.', 
vous  rappeHerezjna  mort  jusque  ce  que  / 
revienne. 

Lepeuple:  Nous  rappelons f  Seigneur,  le 
souvenir  de  ta  mort. 

Le  prêtre  :  Eu  faisant  la  commémorali'>n 
de  cette  salutaire  institution,  nous  te  prions 
Seigneur  Dieu,  et  nous  supplions  ta  bonii. 
afin  que,  lorsque  tu  viendras  dans  la  gloire. 
avec  tes  anges  saints,  et  qu'après  avoir  étal»  i 
ton  trône,  tu  commanderas  b  la  terre  o** 
rendre  tous  les  morts  qu'elle  a  reçus,  p<^u' 
quMIs  se  placent  en  ta  présence  dans  M 
crainte  et  Tappréliension,  lorsque  tu  plau- 
ras  les  agneaux  à  ta  droite  et  les  boucs  à  u 
gauche  et  que  chacun  attendra  la  récom- 
pense qu'il  a  méritée  et  le  lieu  qui  lui  ^< 
destiné;  afin  que,  Seigneur,  nous  t'enltu- 

produite  dans  son   Codex  apocryphus  Sovi  Ta  * 
vienii^  l.  m,  p.  35i.) 


361 


ê\\ 


PART.  01.  L£GEXDE$  ET  FftlGUENTS. 


JEA 


56Î 


dioDS  pas  prononcer  contre  nous  ces  paroles 
sévères  et  qui  donnent  la  mort  :  Aetirez-voas 
de  moi,  maudits,  allez  au  feu,  parce  que  je 
De  fOus  «i  pas  counus  ;  afln  que  nous  ne 
soyons  pas  rejetés  de  ta  bonté,  q.ue  tu  ne 
déiourues  pas  ta  face  de  nous,  que  tu  ne  nous 
regardes  {Mis  avec  indignation ,  que  nos  pé- 
cbésel  nos  crimes  ne  se  présentent  point  à 
ion  cœur  saint;  afin,  Seigneur,  que  tu  n'en- 
tres point  en  jugement  arec  nous,  que  tu  ne 
sois  pas  pour  nous  comme  tu  seras  pour 
ceux  dont  tout  espoir  est  perdu,  que  tu  ne 
tires  pas  vengeajice  de  nous  comme  de  les 
eooemis,  que  tu  ne  nous  repausses  pas 
cooimedes  inconnus,  que  tu  ne  nous  chasses 
pas  de  U  |>résettce,  nous  quv  avons  connu 
ton  saint  nom,  qui  avons  confessé  ta  divi- 
oiié.  Maïs  agis  envers  nous  suivant  tes  pro- 
messes, qui  sont  vraies  et  sincères;  remets- 
nous  nos  crimes,  pardonne-nous  nos  péchés 
et  répands  tes  miséricordes  sur  ceux  que  tu 
as  choisis  ei  sur  les  brebisdont  tuas  composé 
ton  troupeau^  comme  ton  f^gliso  péniiente 
te  le  demandet  el  avec  loi  a  ton  Père,  en 
di.^ant  : 

Le  peuple  :  Aie  pitié  de  nous. 

U  prêtre:  De  nous  aussi. 

Le  peuple  ;  Nous  te  louons. 

Le  prêtre:  Principalement. 

Lt  diacre  :  Que  cette  he^re  sera  terri- 
ble 1  etc. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Dieu  clément  et  in- 
finiment miséricordieux,  aie  pilié  de  nous, 
fais  descendre  sur  moi  eX  sur  ces  offrandes 
tau  Esprit  de  vie,  saint  et  vivifiant,  ^ui  sanc- 
tifie lout,  qui  donne  la  sainteté,  qui  a  parlé 
oar  les  prophéties  et  les  saij^ts  apôtres,  qui 
a  couronné  les  martvrs  :  qu'il  descende  sur 
ces  mystères  et  qu'il  les  sanctifie. 

Le  peuple  :  Exaucez-moi,  Seigneur. 

Le  prMre  {élevani  la  voix),  :  Afin  qu^en 
descendant  il  change  ce  paiu  au  corps  du 
Christ  noire  Dieu.. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Lt  prêtre  :  Et  ce  calice  au  sang  du  Christ 
fiolre  Dieu. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Afin  que  ce  corps  et  ce  sang 
sanctifient  le  corps  et  Tâme  de  ceux  qui  les 
recevront,  afin  que  leurs  cœurs  soient  puri- 
fiés, que  leurs  pensées  soient  pures  et  que 
.eurs  Ames  obtiennent  cette  sanctification 
qui  est  dans  le  royaume  des  cieux,  qui  «st 
la  vie  éternelle. 

Le  diacre  :  Prions. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Nous  faisons,  Seigneur 
Dieu,  pendant  ce  sacrifice,  la  commémora- 
tion de  toutes  les  saintes  églises  et  des  pas- 
teurs  orthodoxes  qui  vivent  au  milieu  d'elles, 
mais  prinçipalemeiit  des  seigneurs  N.  et  N., 
«t  d'autres  éi^équçs  orthodpxes. 

Mous  faisons  égaleq»ent  la  commémora- 
tion des  vrais  prêtres  et  diacres,  et  de  tes 
antres  serviteurs  qui  suivent  tes  comman- 
dements. Nous  (e  prions  encore ,  Seigneur, 
pour  la  tranquillité  et  1^  paix  du  monde 
eotier,  pour  Ja  bénédiction  de  l'année, 
pour  rabondajice  des  fruits.  Nous  te  prions 
encore  pour  les   infirmes,  les  affligés  et 

DiCTio?fN.  OIS  Apocrtpoxs.  il 


ceux  qui  sont  tourmentés  des  mauvais  es- 
prits; visite -les.  Nous  le  prions  encore. 
Seigneur,  pour  tous  ceux  qui  invoquent 
ton  nom  et  qui  confessent  que  tu  es  le  vrai 
Dieu. 

{Elevqnt  la  eoix)  :  Sauve  et  délivre,  Sei- 
gneur vrai  Dieu,  ton  troupeau  de  toutes  les 
plaies  dangereuses,  cruelles,  mortelles,  de 
toutes  les  humiliations  des  nations  barbares 
qui  n*oni  pas  connu  ton  saint  nom  et  ne 
reconnaissent  pas  Xa  divinité;  conduis- le 
par  la  force  et  la  toute-puissance  de  la  main 
droite,  afin  qu'il  ie  glorifie*  toi  et  ton  Fils 
unique  et  ton  Esprit. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Souviens -toi  aussi  « 
Seigneur,  de  ceux  qui  ont  offert  aujourd'hui 
des  oblations  sur  cet  autel;  eX  de  ceux  qui 
voulaient  en  offrir,  mais  qui  n'ont  pu  le 
faire.  Donne  à  chacun ,  Seigneur,  selon  son 
intention. 

(Elevani  la  coix)  :  Souviens-toi,  Seigneur^ 
sur  ton  autel  saint  et  ton  trâne  céleste,  de 
ceux  qui  t*ont  connu ,  et  reçois  par  ta  grAca 
leurs  offrandes  et  leurs  dîmes,  et  rends-les 
dignes  de  la  gloire  de  ton  saint  nom  et  de 
Ion  Fils  unique,  etc« 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Souviens-toi,  Sei^ 
gneur,  des  rois  fidèles;  prends  les  armes  et 
le  bouclier,  et  !àve*toi  pour  aller  à  leur 
secours  ;  donne-leur  par  ta  puissance  la  vic- 
toire sur  leurs  ennemis. 

{Elevant  la  voix)  :  Car  c^est  toi  qui  donnes 
la  force  et  la  victoire  à  tous  ceux  qui  croient 
en  toi  et  qui  t'aiment  sincèrement. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  (incliné)  :  Nous  faisons  encore  en 
ta  présence,  Seigneur,  la  commémoration 
de  tous  les  saints  et  Pères,  avec  les  pro- 
phètes, les  apôtres,  les  martyrs  et  les  con- 
fesseurs, de  la  Mère  de  Dieu  et  de  tous  les 
saints. 

{Elevant  la  voix)  :  Et  célébrant  la  mémoire 
de  tous  les  saints  qui  ont  en  partage  ton 
amitié,  nous  te  prions  et  supplions.  Sei- 
gneur, que  par  leurs  prières  pures  et  saintes, 
nous  soyons  jugés  dignes  de  prendre  place 
parmi  eux  et  de  participer  au  sort  qui  leur 
est  échu  ;  nous  t*en  prions  par  la  grAce  et  ta 
miséricorde,  par  l'amour  de  ton  Fils  unique 
pour  les  hommes,  par  lequel  et  avec  lequel 
la  gloire  i*appartien( ,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Souviens -toi,  aussi 
Seigneur,  des  prélats,  docteurs  et  pasteurs 
de  ton  Eglise  orthodoxe. 

{Elevant  la  voix):  De  ceux  qui,  suivant  la 
vraie  doctrine  de  leur  matlre,  ont  constitué 
ta  sainte  Eglise  et  ont  détourné  d'elle  les 
hérésies  dangereuses,  et  qui  ont  par  leurs 
dogmes  publié  la  vérité  de  la  foi  drthodoxe. 
Nous  te  demandons.  Seigneur,  par  leur 
sainte  intercession,  d'être  raffermis  dans  la 
doctrine  de  vie  qu'ils  ont  enseignée,  afin  que 
nous  et  eux  nous  le  glorifiions,  etc. 

]Le peuple  :  Ainsi  soil-ii. 

f^  prêtre  {incliné)  :  Souviens-toi,  Sei- 
gneur, par  ta  grâce,  de  ceux  qui  nous  ont 

i2 


30( 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


yi 


quittés  pour  sa  rendre  auprès  de  toi»  qui  ont 
reçu  ton  corps  et  ton  sang  précieux,  qui  ont 
été  marqués  du  sceau  d'élection  depuis  les 
premiers  temps  de  l'institution  chrétienne 
jusqu'è  ce  jour. 

{Èlevani  la  voix)  :  Tu  es  en  effet  le  Créa- 
teur des  âmes  et  des  corps,  et  ceui  qui  sont 
morts  te  désirent  ardemment  et  te  regardent 
comme  leur  seule  espérance  de  vie.  Res- 
suscite-les, Seigneur,  dans  ce  dernier  jour; 
que  ta  face  ne  s'irrite  pas  h  leur  aspect,  et 
gne  la  miséricorde  leur  pardonne  leurs  pé- 
chés et  leurs  fautes,  parce  que  de  tous  ceux 
qui  ont  été  sur  la  terre,  aucun  ne  sera  trouvé 
exempt  des  souillures  du  péché,  si  ce  n'est 
Noire-Seigneur  Dieu  et  notre  Sauveur  Jésus- 
Christ,  ton  Fils  unique»  pour  lequel  nous 
espérons,  nous  aussi,  obtenir  miséricorde 
et  la  rémission  de  nos  péchés,  car  elle  s  u- 
père  pour  nous  et  pour  eux. 

Le  peuple  :  Donne  le  repos. 

Le  prêtre  ;  Epargne-nous,  Seigneur  Dieu, 
et  oublie  nos  péchés  et  nos  fautes,  celles 
que  nous  et  eux  avons  comiuises  avec 
méchanceté  et  injustice.  Accorde -nous  la 
pureté  et  la  sainteté,  une  vie  sans  tache  et 
une  contiance  entière  en  toi;  exempte-nous 
de  retomber  dans  le  péché,  afin  que  ton  nom 
sublime  et  béni,  qui  est  celui  do  Notre-Séi- 

Î;neur  et  de  ton  Saint-Esprit,  soit  glorifié, 
oué  et  honoré  sans  cesse. 

Le  peuple  :  Qu'il  en  soit  ainsi. 

Le  prélre  :  Paix  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  prélre  :  Que  la  miséricorde. 

Le  prélre  rompt  rhostie  et  fait  h  signe  de 
la  croix. 

Le  diacre  :  Encore  et  encore. 

Le  prélre  dit  Voraiton  qui  se  récite  avant 
U  Pater  noster  : 

Dieu  Père,  qui  reçois  nos  prières  et  ré- 
ponds à  nos  demandes,  qui  nous  a  appris 
par  ton  Fils  bien*aimé  à  nous  présenter  de- 
vant toi  et  à  te  prier  avec  pureté  et  sainteté, 
accorde-nous.  Seigneur  Dieu,  une  Ame  pure, 
des  intentions  chastes  et  innocentes  pour  te 
prier»  élever  nos  voix  et  dire  :  Notre  Père 
qui  es  aux  cieux. 


Le  peuple  ;  Qu'il  soit  sanctifié. 

Leprétre  :  Délivre,  Seigneur  Dieu,  les  âmci 
de  tes  serviteurs  des  violentes  tentatioaset 
de  tous  les  arlifices  des  démon«,  desbuiumt^ 
mauvais  et  implacables,  parce  que  tu  es  le 
seul  puissant  :  Et  nous  te  glorifions,  etc. 

Le  peuple.  Ainsi  soie-il. 

Le  prélre  :  La  paix  avec  vous. 

Le  diacre  :  Inclinez-vous. 

Le  prélre  :  Par  ta  grâce  et  ton  immense 
miséricorde,  bénis  ceux  qui  s'inclinent  de* 
vant  toi ,  Seigneur;  rends-les  dignes  de  ces 
mystères  vivifiants  et  de  faire  partie  de  la 
réunion  de  tes  saints,  afin  qu'ils  célèbrent  u 
louange,  etc. 
.  Le  même  :  La  paix  avec  vous  tous. 

Le  peupje  :  Et  avec  ton  esprit. 

Le  prêtre  :  Que  cela  soit. 

Le  diacrt  :  Tenons- nous  décemment. 

Le  prêtre  élevant  les  mystères ,  dit  : 

Donnez  aux  saints  ce  qui  e>t  saini. 

Le  peuple  :  Le  Père  est  saint,  etc. 

Le  prêtre  dit  f  oraison  après  la  communiù%, 

Que  rendrons-nous  à  ta  bonté.  Dieu  bien* 
faisant,  pour  le  salut  que  lu  viens  de  nous 
donner?  Quel  est-celui  qui  peut,  même  im- 
parfaitement, le  rendre  la  gloire  qui  t'est 
due?  Autant  donc  que  nous  le  pouvons, 
nous  t'adorons,  nous  te  glorifions,  nous  te 
louons,  toi  et  ton  Fils  unique  et  ion  Esprit 
de  vie  et  saint. 

Le  peuple  :  Ainsi-soit-ih 

Le  prélre  :  La  paix  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  prêtre  :  Nous  t'adorons,  nous  te  louons, 
nous  le  glorifions,  Christ  notre  Dieu,  in- 
Tocant  ta  bonté  et  la  miséricorde  pour  le 
salut  et  la  délivrance  du  monde  entier,  pour 
la  conservation  des  vivants,  pour  le  repos 
des  fidèles  défunts,  pour  rassasier  ceux  qui 
ont  faim,  pour  donner  des  aliuienls  à  ceui 
qui  en  manquent,  pour  visiter  les  inGrojes 
et  consoler  tous  les  affligés.  Visite  d(»nc  par 
ta  gr&ce  et  vivifie  par  ta  grande  miséricorJe 
ce  peuple  et  bénis-le;  conserve  par  ta  croii 
victorieuse  ceux  que  tu  a  choisis,  car  è  toi 
est  due  l'adoration,  ainsi  qu'à  ton  Père  et 
à  l'Esprit  de  vie,  maintenant  et  toujours. 


JÉREMIË. 


(Ecrits  attribués  à  Jérémie.) 


\}n  livre  apocryphe  portant  le  nom  de 
Jérémie  était  répandu  chez  les  Nazaréens 
comme  l'indiaue  saint  Jérémie  :  Legi  nuper 
in  quodam  Heoraico  volumine  auod  Nazarenœ 
sectœ  mihi  Hebrœus  obtulit^  Hieremi  et  apo- 
erypkum.  {Ad  Mattfi.  xxvii,  9.)  Cette  pro- 
duction ne  nous  est  pas  d'ailleurs  connue. 

Cantique  de  Jérémie  sur  la  mort  de  Josias. 
—  Il  est  mentionné  dans  le  U*  Litre  des 
Paralipomènes  (xxxv,  25),  et  il  existait  en- 
core du  temps  de  Flavius  Josèphe,  comme 
n>>us  rapprend  cet  historien.  {Antiq.  Judaic.^ 
1.  X,  G.  6.)  Aujourd'hui  on  ne  le  retrouve 
plus.  Uerman  ao  Hardi  {Programma  in  Aben* 
JJsram,   Helmstadt ,  1712,  k%  p.  13)  sup- 


pose que  cet  écrit  n'étaft  pas  du  prophète 
Jérémie,  mais  d'un  autre  Jérémie,  gendre 
de  Josias,  cité  dans  le  IV'  Livre  des  Roi» 
(xiii,  31).  Fabricius  ne  partage  pas  cetie 
opinion,  mais  il  pense  que  ce  cantique  n'é- 
tait  point  compris  dans  le  canon  des  h^n- 
lures.  (Vojr.  Codex  pseudepigraphus  }euris 
Testamenti,  t.  il,  p.  163)  ;  il  est  imiKissibleiie 
savoir  si  Josèphe  regardait  cet  écrit  coiuuie 
inspiré  ou  s'il  se  boruAit  à  émettre  ui^e 
opinion  répandue  parmi  les  Juits  de  cet  e 
époque.  Son  langage  paraît  timide  :  In  hune 
usaue  diem  servatus  libelius. 

La  Cftafîie  sur  les  Psaumês^  t.  III*  p*  657, 
nous  appreudqu^  quelques  personnes  attn- 


S65 


JCS 


PART.  m.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JES 


SGC 


huaient  à  Jérémie  le  psaume  137,  mais  cetlH 
opinion  est  dénuée  de  fondement;  en  effet  ce 
psaume*  ainsi  que  l'indique  srai  début,  fut 
composée  Babylone,  et  Jérémie  ne  fut  pas 
du  nombre  des  captifs  conduits  en  cette 
vilîc. 

L'ouvrage  intitulé  De  vilis  prophelarwn^ 
attribué  à  saint  Epiphane  sur  la  foi  de  quel- 
ques copistes  ignorants  ou  intéressés,  mais 
qui  est  indigne  de  ce  saint  docteur,  ren-- 
Icrme  sur  Jéréniie  des  détails  apocryphes. 
Il  est  dit  (|u*il  fut  lapidé  à  Taphnès  en 
Ei^'vpte,  dans  un  endroit  où  Pharaon  avail 
jadis  sa  demeure.  11  fut  en  grande  véné- 
ration auprès  des  Egyptiens  à  cause  du 
service  qu  il  leur  avait  rendu  en  doniplant 
!cs  serpents  et  les  crocodiles.  Les  fidèles 
qui  prennent  un  peu  de  poussière  à  Ten- 
(iroitoù  il  mourut,  s'en  servent  pour  guérir 
les  blessures  faites  par  les  serpents  et  pour 
clusser  le£  crocodiles.  Le  prophète  annonça 
aux  prêtres  de  l'Egypte  que  les  statues  de 
toutes  les  idoles  s^écrouleraient  lorsqu'une 
vierge  ayant  enfanté  mettrait  avec  son  divin 
cnraut  le  pied  en  Egypte.  Avant  la  des* 
tructioQ  du  Temple,  il  cacha  Tarche  d'aii- 
Itanceel  tout  ce  qu'elle  contenait  {hSO)  dans 
un  rocher  qui  s'entrouvrit  et  se  referma. 
!l  dit  ensuite  aux  princes  du  peuple  et  aux 
anciens  :  «le  Seigneur  est  remonté  duSiuaï 
dans  le  ciel  ;  il  reviendra  avec  sa  puissance 
sacrée.  Et  le  signe  de  son  avènement  sera 
celui-ci  :  lorsque  toutes  les  nations  adore- 
ront le  bois  (c'est-à-dire  la  croix).  » 

Le  prophète  dit  ensuite  :  «  Nul  parmi  les 
protihètes  ou  les  prêtres  n'ouvrira  cette  ar- 


che, si  ce  n'est  Moïse  i'ëlu  de  Dieu;  ut 
Aaron  seul  déploiera  les  tables  qui  sont  en 
elle.  Dans  la  résurrection  l'arche  se  lèvera 
avant  toute  autre  chose  et  sortira  de  ce  rocher, 
et  elle  sera  placée  sur  le  im)nt  Sinaï  (431  ). 
Alors  tous  les  saints  se  rendront  vers  elle 
et  ils  attendront  le  Seigneur,  ils  fuiront 
Tennemi  qui  veut  les  faire  périr.»  Ayant  pro- 
noncé ces  paroles,  il  traça  avec  le  doi^t  le 
nom  dé  Dieu  sur  le  rocher,  et  ce  nom  fut 
comme  gravé  avec  le  fer  (432).  Ensuite  une 
nuée  couvrit  ce  rocher,  et  nul  homme  ne 
sait  en  quel  lieu  il  se  trouve,  nul  ne  le 
saura  avant  la  destruction  du  monde.  Il 
est  dans  le  désert,  parmi  les  montngnes  où 
se  trouvent  les  tombeaux  de  Moïse  et  d'Aa- 
ron.  La  nuit,  une  nuée  semblable  à  du  feu, 
s'arrête  en  ce  lieu.i> 

Paul  Lucas,  voyageur  très-peu  digne  de 
foi,  dit  que  le  tombeau  de  Jérémie  se  voyait 
auprès  du  Caire.  L'opinion  se  répandit  parmi 
quelques  Juifs  que  ce  prophète  n'était  point 
mort  et  qu'il  reviendrait  avec  Elle.  Quel- 
ques-uns croyaient  que  son  flme  avait  passé 
dans  le  corps  de  saint  Jean-Baptiste,  et  on 
voit  dans  saint  Matthieu  (c.  xvi,  ik)  que 
l'on  disait  que  Jésus  était  Elie,  ou  Jérémie, 
ou  Tun  des  prophètes.  On  supposa  aussi 
qu'il  renaissait  dans  Zacbarie.  Fabricius  ren- 
voie à  regard  de  Jérémie  aux  Acta  sancto^ 
rumy  ad  calendas  Maii,  t.  I,  p.  5,  et  VII, 
52iik,  à  Hottinguer,  Thésaurus  philotogicus^ 
p.  473,  à  Huet,  Demonstratio  Evangelica^ 
p.  430,  à  d'Herbelot,  Bibliothèque  orientalep 
art.  Irmia. 


JESUS-CHRIST. 

{Ecrits   attribués    eu  relatifs  à  Jésus  •Christ,) 


Le  Sauveur  nei^oulut  rien  laisser  par  écrit 
(^),  et  la  hardiesse  des  fabricants  délivres 
supposés  recula  devant  l'idée  de  lui  attribuer 
des  ouvrages  :  aussi  ne  connalt-on  en  ce 
genre  que  la  lettre  au  roi  Abgaredont  nous 
avons  déjà  parlé.  Saint  Augustin  {De  con- 
sensu  evangelisturum^  l.n,  c.  9}  fait  mention 
d'imposteurs  qui  prétendaient  que  Jésus- 
Christ  avait  écrit  sur  la  magie  des  livres 
adressés  à  saint  Pierre  et  à  saint  Paul.  Ces 
ouvrages  dont  il  ne  reste  aucune  trace  ont 
été  l'objet  de  deux  dissertations  du  Suédois 
A  Wessien  :  De  scriptis  Christi  servitoris  de 
mgia,  Lundo,  1724-26,  4*. 

f4S0)  La  chute  des  idoles,  à  la  venue  de  l'enfaet 
ié>us  en  Egypte ,  est  racontée  au  chapitre  x  de 
iEtungitedê  PEnjûnee,  (l.i,  Cul.  987  de  ce  Diction- 
nairt,) 

(iôlj  Fabricius  Tait  à  cet  égard  la  note  suitanle  : 
•  Couler  qu»  de  saiTO  igneper  Jeremiam  defosso  in 
DODte  Nebo  leguntar.  //  Mach.  ii,  i  ^eq.,et  apud 
J(He|>bain  Gorionidem,  !•  i,  c.  47;  Abnlfaraiuai, 
p*S7,qui  de  saeris  libris  etiam  abco  absconditis  re- 
ferl»  p.  i6,  licet  iota  illa  narraiio  fabulosa  videiur 
Hiveio,  I.  11,  Oper.,  p.  878,  et  iteiuesio  Defensione 
Mr.  Uct,^  p.  51. 

iiSi)  Ou  troave  au  pied  du  mont  Horfib  cies 
ioicripiiOBi  en  caractères  inconnus  que  U'S  ha» 


Saint  Paul  cite  [Actesj  xx,  35)  une  sen- 
tence du  Sauveur  sur  laquelle  nous  revien- 
drons, et  qui  ne  se  trouve  pas  dans  les  Evan- 
giles. Ces  discours  qui  seraient  d*uii  prix 
inestimable»  mais  que  la  Providence,  dans 
ses  desseins  ineffables,  n*a  pas  voulu  lais- 
ser venir  jusqu*à  nous,  ont  été  l'objet  d'une 
dissertation  spéciale  d*un  érudit  Allemand, 
J.-C.  Kerner,  De  sermonibus  Christi  agra^ 
phoiSf  Leipsig,  1776,  in>4*;  mais  ce  travail 
n'apprend  pas  grand'chose. 

L'évèque  africain  Licianus,  dans  une  let- 
tre adressée,  Tan  584,  à  Tévéque  Vincent 
(publiée  par  le  cardinal  J.Slaenz  de  Aguirre, 

bttants  du  pays  disent  avoir  ëlë  tracés  par  Jérémie , 
alin  d*ifidHjuer  où  repose  Tarcbe  (Wageuseîl,  Teta 
ignea  Satanm^  p.  441.) 

435)  Il  existe  sur  cette  Question  deux  écriis  pu- 
bliés en  Allemagne;  Tun  de  J.-C.  MichaeHs 
(Exercitatio  ikeotogica criiica  de eo  :  num  Christuê  do- 
minus  aliquid  scripserii  ?  tift  minus  nuœ  hujus  rei 
sit  ratio  ?  et  an  Ula  scriptionis  inlermisiio  rei  Ckri^ 
iitianœ  sit  delrimento  T  dans  les  Symbolœ  litter. 
Dremem.^  coll.  2,  n.  5,  p.  85),  Fautre  de  G.  I. 
Sarlorius.  {Caûsarumcur  ChriUus  scripti  nihil  ri- 
liqutrH^  diiffuisitio  ImtoricO'Chronologica  ^  Lipsiae^ 
1815,  in4-.> 


5C7 


DICTIONNAIRE  DRS  AK)CRYMI£d. 


:c3 


d*apiè$  un  munuscrit  ae  Téglise  de  Tolède, 
dans  la  CoUectio  maxima  canciîiorum  Hispa- 
nicBy  Rome,  1693,  t.  Il,  p.  ^28)  blâme  oe  pré- 
lat d'avoir  regardé  comme  yériiables  des  lel- 
1res  qu'on  attribuait  à  Jésus-Christy  et  qu*on 
disait  tombées  du  ciel. 

Lettre  attribuée  à  Jésut-Christ. —  Une  let- 
tre apocryphe  attribuée  au  Sauveur  se  trouve 
dans  un  ouvrage  peu  commun  en  France  : 
Anecdota  litteraria  ex  Mis,  codicibus  eruta^ 
publiée  par  Amaducci,  Rome»  1773,  in>8*,  1. 1, 
p.  63. 

Dans  une  lettre  que  l'éditeur  adresse  à  l'é- 
voque François^MariePasini,  et  où  il  rappelle 
Taudace  des  faussaires,  il  cite  les  évangiles 
apocryphes  de  Nicodème  et  de  Thomas  i*Is- 
raélite,  et  il  ajoute  : 

Inter  hos  cette  adnumerandus  est  ineptus 
conditor  epistolœ  nomine  Jesu  Christi  Salva* 
toris  ad  àivxim  Petrum  fcrscriptœ  ianauam 
tx  septimo  throno  de  dtei  Dominici  ohser- 
tantia  et  cutlu  quœ  ab  ipso  Bcecuio  vi,  ut  mox 
Dstendanif  in  cathoiica  Ecclesia  sacraria  tr- 
repserat, 

Amaducci  annonce  avoir  trouvé  cette 
pièce  dans  un  manuscrit  du  xii*  siècle  dé- 
posé aux  archives  de  Todi,  et  il  pense  n'en- 
courir aucun  blâme  en  la  livrant  à  la  pu- 
blicité, tout  comme  Fabricius  et  autres  Font 
fait  pour  des  documents  non  moins  labulcux. 
Il  y  signale  une  autre  leltre  également  attri- 
bnôe  au  Sauveur  (V34), 

5i  quidemin  synodo  Diamperitana  celebrata 
ab  Atexio  Menezesso  eremita  Àugustiniano  et 
archiepiscopo  Goense,  anno  cianxciK  inter 
libros  apocryphos  Syriacos  rccensetur  (Romœ^ 
typis  JUaynardi^  i7^5,  art.  3,  dec.  14)  Epis^ 
tol(t  Dommica  quama  cœlo  lapsam  nugantur, 
tt  quam  etiam  Mathurinus  Veysierreius  La 
Crozius  in  ejus  epistola  ad  Theophilum  Sige- 
fridum  Bayerium  memorat  {Thésaurus  épis* 
tol.t  la  Crox.  Leipsig,  1742,  t.  II!»  epist.  12, 
pag  30.) 

La  préface  d'Amaducci  occupe  les  pages 
63  à  67.  Après  une  page  blanche,  vient  la 
lettre  apocryphe,  pag.  69-74.  Le  texte  est 
rempli  d^abféviations  et  de  fautes  de  toute 
espèce  que  nous  croyons  devoir  reproduire 
exactement ,  a&n  de  ne  pas  dénaturer  la 
physionomie  de  cette  pièce. 

lucip.  Dom.  epl. 

In  nomine  dni  nri  ihû  xpi  incipit  epistO" 
ïa  de  xpo  di  ^lio.  de  die  domico  sco , 
qualiter  oms  xptani  celébrare  debêtur.  Au- 
dite  os  populi.  et  magis  vos  q.  nescitis  ilïut* 
Timere  me  et  eusiodire  sicut  mandatum  est 
^ob.  Ppt  hoc  venit  ira  dei  super  vos^  et  fia- 
geUavit  laboribus  vris  inpecorib;  sivein  ani- 
ma  lib.  quem  vos  possidetis.  Pro  eo  quod  non 
observastis  Aoc,  quod  inbaptismo  promisistis, 
tt  de  die  dominico  scô  hoc  venit  super  vos 
gens  .paganor.  inter  vos.  et  corpora  vra  in 
cQptivitalem* 

iiU)  Thilo  {Acla  S.  Tfiomœ,  18Î5,  p.  lixxii),  si- 
|iiale  comme  se  renconlraiil  dans  les  manuscrits  9i9 
t(  Ui7,  une  lettre  en  grec,  auribuée^i  iésus-Cliiist, 


Et  propterea  venu  super  vos  lupi  rtipom. 
et  in  profundum  maris^  dimergunt. 

Et  avertunf  ego  dns  faciem  mm  a  ro6 
et  tabernncula  q;  fecerunt  man,  met  quecîui: 
aût  malo  feceritis  in  sclameâ.  Ego  dudain 
qualiter  reddam  tobis,  trado  vobis  in  maim 
alienor.  exterminabo  vob,  in  manu  amener. 
exterminabunt  vos  sic  demergam  vos  sicut  m- 
mersit  sodomamf  et  egomurrea  quos  Uns 
absorbuit. 

Et  ambulaverit  in  jiliu  locum  in  die  $cm 
domicu  nisi  ad  ecclain  aut  ad  alia  loca  tcor, 
ul  loca  martyrum  aut  infirmum  visitare.  ul 
mortuo  sepelUre  aut  discordantes  ad  concor- 
diam  revocare  ul  vidais  et  orphanis  et  ptrt* 
grinantibus  subvenire  si  aliu  feceritis  fiagtUa* 
bo  vobis  duris^  flagellis.  Et  inmitto  tob.  u 
domib;  vris  orne  plaga.  et  confusionem  ma- 
lam^  si  q.  negotium  fecerit  in  die  sein  domi- 
nicti  aut  aliquid  in  domû  sua  fecerit  ut  ca- 
pillo^  tonderit  aut  vestimcnta  sua  laverit  aut 
panem  suum  coxerit.  aut  operatus  fucil, 
nulla  opéra  xpianis  non  est, 

lune  inmitto  super  eu  malédictions^  et  non 
abent  benedictionem  meam ,  nec  in  die,  ntc 
in  nocte;  et  pono  in  domu  suam  et  super  tm 
tt  super  filios  suos  orne  infvrmitat'i,  si  qs  aut 
causaterit  in  die  dominicu  scm^aut  ira  perjie* 
trabity  autquiipsa  comiserit,  mittam  super  eum 
orne  malu  ut  deficiat,  et  disperdat,  Auditeoim 
ppli   et  ingredula  gentes  gentrationê  mala 
adq:  pessima  quare  mihi  non  vultis  credtrt. 
et  servis  meis  quod  vos  cotidie  predicam 
Paucit,    dies  vris.  et    cotidie  adpropimpu 
fines  nras.  Ego  aut  patiens  super  oms  ex  pec- 
cato  peccatares  ut  converta.  ad  penitenûam, 
Audite  oms  et  videte  ut  nullus  ex  tobis  iurti 
in  dietn  scJh  dominicum^  quia  in  eo  paler 
luce  concedit.  etinsex  die  cunctaperfecerit.U 
ipso  scô  die  dominico.  resurrexii  a  mortuis,  et 
in  eo  spùsco  super  discipulo  infudit.Tanta  est 
débet  observantiam,  ut  ppt  orationem.  et  mii- 
sarum  solemnifl.  nichil  aliu  faciat,  ita  et  ro< 
requiescite  ab  oib;  operibus  vrti.  Tarn  liberi, 
quam  et   servi,  et  n  alius    faciens  nisi  ui 
serviatis  dô  in  eccla  meù  et  a  sacerdotH; 
meis.  Si  ent  non  custodieritis  die  dominûu 
sein,  de  ora  nona  Sabbati  usque  ad  secida 
/r.  ora.  I.  et  non    occurritis  ad  êcim  ec- 
clam    cum  oblationib;  et  luminarib:  a  mis 
saru  solemnia.   cû  anathematicus  vos  cora 
pâtre  meû  qui  est^  in  Celis.  Et  non  abeatis 
parle  mecu  neq:  cû  angelis  meis  in  scta  sctor. 
Ain  dico^  vobis_^  si  non  custodieriiis  die  sein 
dominicu.  et  oms  cqro patres  vros.  Mitto  supti 
vos  grandine  et  fulgora^  et  coruscationti  d 
tempestates  ut  ptrerit  labores  trôs.  ei  tintas 
et  olivas  iras,  neq:  aqua  veniam  super  n  « 

et  annoncée  comme  ayant  élé  li*ouvéeà  Ronr,  dam 
réglise  de  Saini-Pierre  ;  il  pense  que  ce  iloit  r*Tc 
au  fond  b  même  que  celle  qu*a  pttbhëe  Ania<<Oi  i- 


SGd 


JES 


PART.  111.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


^^S 


570 


oi'S^latattMKn.  Am  dico  vobisasacerd9tib:meh 
dicimiâffris  dàte.Sciath  oins  quia  qui  ipsa 
fniudaverii  de  omib;  quicûq:  manus  suas 
opcraius  fuerit  sive  in  corpus,  sive  in  anima, 
Et  non  vîdehit  viia  elnam  que  desiderat  vi- 
dere  et  fines  in  terra  Xpinor,  Hoc  incredulis 
ppls  iudiciû  tibi  servo  nec  in  sclo  condempno. 
Sijeceritjs  q;  pcipio  tob.  si  custodieritis  di^ 
scmdnicut  aperiam  vobis  cataratâ  eeli  et  omia 
bonamuliipîicabo  m  hboribus  rm.  Non  trit 
famés,  neq:  coniurbatio  in  genteê,  stat  ego  in 
ro6.  et  vos  in  me.  et  sciatis  quia  ego  su  ds 
pt  me  non  est  alius. 

Am  dico  vob.  Si  observareritis  diedomi- 
f^ciscm  orna  malaaufero  a  vob,  omis  sacer- 
dos  qui  isim  epystoîa  legit  ad  pplo  suo  non 
ostendit. 

Sire  in  villis  in  tremdo  iudiciis  gravis 
periculum  sustinebit,  et  istam  epystola 
iingulis  dtebus  dominicis  oins  sacerdos  ad 
cuius  man"  pervenerit  legant.  et  pdicant. 
ut  credanê  et  semper  in  memoria  a- 
béant.  Quod  si  non  custodierit  epistotà 
istam  anathematizo  vos  illos  usque  in  sclm 
icU,  et  de  septimo  trono  dni  nri  Iku  pteritô 
anno  in  Civitatem  gazize  ubi  ses  petrus  epys- 
copatum  accepit.  ^.  Ibi  vo  ad  me  petrus  eps 
istam  epystolam  dns  diresit  dico  non  mlior. 
qniaper  nullum  hominëmichi  mandatum  est. 
Vide  quod  si  non  eustodieritis  quod  supe- 
rius  dixit.  amte  tribunal  Xpi.  sustineritis  dt^ 
ri$  flagelis, 

luro  ego  petrus  eps  ses  per  dCpotestalem 
qui  fecit  cela  et  terram  et  omia  q:  in  eTs, 
et  per  thm  Xpih  filiu  eius. 

Et  per  sca  Trinitatem.  et  per  quatuor  evan^ 
gtUsta.  et  per  XII.  pphe,  et  per  XII.  apli,  et  per 
Oeatissima  virgine  mariam.  et  per  corpus  tîir- 
ginù.  et  per  ereliquia  scor,  omium  si  mentior 
vûb,  quia  epystola  istam  non  est  formata 
de  manu  hor.  set  de  septimo  throno  dei  est 
scripta  digiti  dni.  Vero  sr  nrds  missa  est 
de  septimo  throno.  qualiter  die  dominicu 
custodire  debeatis  in  scia  sclor.  Am, 

Paroles  attribuées  à  Jésus-Christ.  —  Saint 
Jeaa  dit  à  la  fin  de  son  Evangile  que  si  les 
choses  qae  Jésus  a  faites  étaient  écrites  en 
détail,  le  monde  ne  pourrait  contenir  les 
livres  qu'on  en  écrirait  (435).  11  ne  faut 
(ionc  pas  s'étonner  si  l'on  trouve  dans  d'an- 
cieos  écrits  des  paroles  attribuées  au  Sau- 
veur que  la  tradition  avait  conservées  en  les 
altérant  peut-èire^p  et  qu'on  chercherait  en 
vaiu  dans  les  Evangiles  canoniques. 

(455)  L'hyperbole  qu'on  croirait  trouver  dam 
mie  expression  est  une  iignre  commune  chez  les 
c  rivains  sacres  (Voy.la  Genèse,  xi,  4;  le»  Nombres, 
im,  24;  Daniel,  iv,  il;  Jean,  vu  11);  el  VEcetésiat- 
tique,(\m  dit  de  David  (xlvu,  iG-17)  :  Ton  nme  a  ouvert 
/«  terre,  et  lu  l'as  remplie  des  paraboles  des  énigmes.) 

F<(brtcius(t.l.  p.  3ÎI)  cite  de  nombreux  |taâ6agef 
tlaiig  le  métue  sens,  empruntés  à  des  auieurs  orien- 
laus  ou  ;;recR.  C*«  si  ainsi  fju'on  Ht  dan»  le  Tahnud, 


L'auteur  des  CùnmVMions  apostoliques 
(iv,  3),  cite  le  Sauveur  comme  ayant  dit  que 
celui  qui  donne  est  plus  heureux  que  celui 
qui  reçoit,  et  comme  ayant  condamné  ceux 
qui ,  ayant  ii^s  richesses,  fei^'^nenl  d'être 
pauvres,  afin  do  recevoir  des  autres  ce  qu'ils 
pourraient  se  procurer  avec  leurs  propres 
richesses.  Quandoquidem  et  Domimis  bea^io- 
rem  es^e  dixit  eum  qui  dat  quam  qui  accipit, 
sed  ab  eo  etiam  dtctum  est  :  «  Vce  iis  qui 
habent  et  simulantes  {puupertatem)  accipiunt^ 
aut  qui  cum  sibi  possinl  suppetias  afferre, 
ab  aliis  accipere  volunt.r^  Celte  sentence  se 
trouve  d'ailleurs  conQrmée  par  i'autorilé  de 
saint  Paul,  qui  rappelle  {Act>.  xx,  35)  que  le 
Seigneur  a  dit  qu'il  y  avait  plus  de  bonheur 
h  donner  qu'à  recevoir. 

On  rencontre  parfois  dans  d'anciennes 
copies  des  Evangiles  des  passages  qui  ne 
sont  pas  dans  le  texte  reçu  par  l'Eglise,  et 
(ju'il  faut  regarder  comme  des  interpola- 
tions ;  mais  ils  méritent  quelque  attention, 
et  ne  sauraient  être  oubliés  dans  un  recueil 
du  genre  du  nôtre. 

Un  manuscrit  grec  appartenant  à  Robert 
Estienne,  et  un  autre  à  l'université  de  Cara- 
brige,  donnaient  une  addition  à  un  passage 
de  saint  Luc  (vi^  5)  ;  «  Le  même  jour  Jésus 
ayant  vu  un  homme  qui  travaillait  le  jour 
du  Sabbat,  lui  dit  :  Si  tu  sais  ce  que  tu 
fais,  tu  es  heurclix»  mais  si  lu  ne  le  sais  pas 
tu  es  exécrable,  et  tu  transgresses  ta  loi.  » 
Quelques  autours,  tels  que  Loisel  et  l^aul 
Colomies,  ont  cherché  à  montrer  que  ces 
paroles  n'avaient  rien  de  contraire  à  la  doc- 
trine évangélique  ;  mais  Richard  Siuiun  a 
conjecturé  avec  vraisemblance  que  c'était 
un  emprunt  fait  à  l'Evangile  des  Egyptiens 
ou  des  Nazaréens.  Grotius  suppose  que  c'est 
une  interpolation  faite  par  quelque  marcio- 
nite;  Antoine  Arnaud  y  reconnaît  la  main 
des  marcioniles  el  des  manichéens.  (V'oir 
Fabr.,Cod.  apoeryphusNov.  Test.,  1. 1,  p. 324^.) 

D'autres  manuscrits  ojoutonl.au  texte  de 
saint  Marc,  xvi,  8,  relatif  aux  saintes  fem- 
mes, les  paroles  suivantes: 

Omnia  autem  quœ  ipsis  fuerant  imperata 
celeriter  Petro  et  ipsius  comitibus  renumia^ 
runt.  Postea  vero  etiam  Jésus  ipse  ab  Oriente 
ad  Occidentem  per  eos  sacrum  l'i/um  et  incor- 
ruptumœternœ  salutis nuntium  promulgavit. 

Sîiint  Jérôme  {Adv.  Pelagianos,  lib.  ii)  dit 
que,  dans  quelques  manuscrits  de  l'Evangile 
selon  saint  Marc,  on  trouvait  à  la  fin  un 
passage  ajouté»  représentant  Jésus  comme 
ayant  apparu  aux  apôtres  et  leur  ayant  re- 
proché la  dureté  de  leur  cœur.  Ceux-ci  s'ex- 
cusaient sur  rincréduiité  du  monde  et  sur 
les  efforts  des  esprits  immondes  pour  em- 
pêcher la   prééminence  divine    Voici   en 

dans  le  Traité  du  sabbat:  i  Si  omnia  maria  essent 
aLramcnium,  el  omnes  jund  calami,  ei  lolum  cos- 
lum  pergamenum,  ei  omnes  homines  scrib»,  non 
suflicereiii  ad  describendas  profunditaies  principum 
sive  regum.  i  Tliéodorel  a  dit  de  son  côlé,  dans  la 
prologue  de  son  Uisloire  ecclésiastique  :  c  iJ»c  sunt 
fiumiiia  Oceani  occidentalis  famosa  ;  nam  si  ejus 
flumiua  omnia  requiramur,  nec  cliarl'<*,  nec  manus 
iutticerei.  » 


871 


DICTIONNAIRE  DES  AFOCRYPHES. 


Vî 


quels  termes  le  saint  docteur  rapporte  ce 
fragment  :  Postea  cum  accubuissent  undecim^ 
apparuit  eit  Jesu$  et  exprobravit  increduli* 
tatem  et  duritiam  tordis  eorum^  quia  his  qui 
videront  eum  resurgenlem^  non  crediderunt. 
Et  un  satisfaciebant  dicentes  :  u  Sœculum 
istud  iniquilat's  et  incredulitatis  subtitantia 
est  qua  non  iinit  per  immundot  spiritus  ve- 
ram  Dei  appfthendi  virtutem^  iacirco  jam 
mane  révélas  juititiam  tuam.^^ 

Colle  réponse  des  apôtres  a  |>arn  à  divers 
critiifues  devoir  provenir  de  quelque  écrit 
apocryphe  ayant  également  cours  parmi  les 
inareionites  et  les  manichéens  (/»36}. 

Un  manuscrit  de  Tuniversité  de  Cam- 
bridge, remontant  à  nne  dMe  fort  reculée, 
contient,  aorès  le  verset  21  du  chapitre  \x 
de  V Evangile  de  saint  Matthieu,  un  passa i^c 
que  i*on  peut  rendre  ainsi:  «Mais  vous 
cherchez  è  croître  si  vous  èles  petits,  et  à 
diminuer  si  vous  êtes  grands.  Quand  vous 
entrez  h  un  repas  auquel  vous  êtes  priés,  ne 
vous  couchez  pas  aux  endroits  les  plus  émi- 
Dents,depeurqu*i]  n'arrive quelqu  un  desu- 
périeurà  vous,etque  celui  qui  vous  a  invité, 
s*approchant  de  vous ,  ne  dise  :  Descendez 
ulus  bas;  et  ce  serait  un  sujet  de  confusion. 
Mais  si  vous  avez  pris  place  dans  un  endroit 
inTérieur,  et  s*il  survient  une  personne 
moindre  que  vous,  celui  qui  aura  invité  au 
repas  vous  dira  :  Montez  plus  haut;  ai  cela 
vous  sera  utile.  » 

Cette  même  addition  a  été  trouvée  dans 
un  vieux  manuscrit  conservée  l'abbaye  de 
Corbie,  d'une  ancienne  traduction  latine 
antérieure  à  saint  Jérôme.  (Voir  Martiany 
ainsi  que  Richard  Simon  :  Nouvelles  obser- 
vations sur  le  texte  et  les  versions  du  Nouveau 
Testament  y  p.  Si,)  On  les  rencontre  aussi  dans 
divers  manuscrits  de  Tancienne  traduction 
anglo-saxonne.  Juvencus  qui,  au  iv*  siècle, 
mit  en  vers  les  récits  de  l'Evangile,  avait  le 
texte  sous  les  yeux  lorsqu'il  écrivait  (Hist. 
ivangeLf  1.  m)  : 

At  vos  ex  minimis  opibus  transcendere  vullis, 
£t  sic  t  summts  lapsi  cumpreiidilis  imos. 
Si  ifos  quisqae  vocat  cœnae  convivia  poncns, 
Cornibus  in  sumniis  deviiet  poiiere  membra 
Quisque  sapit,  venict  forsan  si  nobilis  aller 
'J'urpiler  eiiiiiio  cogelur  cedere  cornu 
Qaem  tumor  inflaU  cordis  per  suinma  locarat  : 
8iii  conteoius  erit  mediocria  première  cœna, 
Inferiora  deliinc  si  mox  convi\a  subibit 
Ad  poiiora  pudens  iransibit  slrala  tororum. 

La  Pape  saint  Léon,  dans  sa  lettre  è  Tim- 

Eératrice  Pulchérie  (epist.  76,  éd.  Quesnel. 
yon,  1700,  in-folio),  cile  les  premiers  mots 
de  la  sentence  mise  dans  la  bouche  du  Sau- 
veur :  Sicut  Filius  hominis  non  venit  mt- 
nistrari  sed  ministrare.  Et  tamen  hœc  illis 
tune  insinuabanturt  qui  depusillo  volebant 
erescere^  et  de  in/imis  ad  summa  transire. 

On  trouve  dans  Origène  (Commentar.  in 
Matth.  XVII,  21)  :  «Jésus  a  dit  :  J'ai  été  ma- 

(456)  Parmi  les  additions  que  lireni  les  héréti- 
ques au  lexte  des  Evangiles,  on  peut  ciicr  cello  qui 
se  trouvait  dans  saint  Luc,  c.  iv,  30,  et  que  men- 
lionne  lemaniiiië  en  Fau^tus,  cilé  par  <aint  Augustin 


lade  à  cause  de  ceux  qui  sont  malades,  et 
j'ai  eu  faim  è  cause  de  ceux  qui  ont  f;iim,  et 
j'fli  eu  soif  à  cause  de  ceux  qui  ont  soif.  • 
Huet  pense,  dans  ses  Notes  sxxt  Origène,  que 
ces  paroles  sont  tirées  de  quelque  évangile 
apocryphe  aujourd'hui  perdu.  Richard  Si- 
mon (Nouv,  observ,^  p.  3)  est  d'avis  qu'elles 
proviennent  de  quelque  interpolation  placée 
dans  le  texte  d'un  des  évangiles  canoniques. 

Clément  d'Alexandrie  (Strom,^  lib.  i),  et 
Origène  {De  orci/ione)  rapportent  ces  paroles 
de  Jésus-Christ  :  «t  Demandez  les  grandes 
choses,  et  les  petites  vous  seront  accordées. 
Et  demandez  les  choses  célestes,  et  les  cho- 
ses terrestres  vous  seront  accordées.  »  On  a 
conjecturé  que  cette  sentence  pouvait  Atre 
empruntée  h  l'Evangile  des  Nazaréens,  qu'O- 
rigene  cite  fréquemment.  Telle  est  l'opinioB 
de  Grabe  {Spicileg.,  t.  I,  p.  li).  Mais  Ori- 
gène, en  citant  TEvangile  des  Nazaréens, 
fait  observer  que  son  autorité  estdouteuM*, 
tandis  qu*il  cile  Ips  paroles  ci-dessus  snns 
indiquer  nullement  qu*il  en  soupçonne  l'au- 
thenticité ,  il  la  joint  au  contraire  h  d'aulr^^s 
passages  empruntés  aux  Evangiles  canoni- 
ques; aussi  Fabricius  pense-t-ii  que  cette 
phrase  vient  également  de  quelque  inter- 
polation. 

On  trouve  souvent  cité  dans  les  autours 
anciens,  comme  étant  sorti  de  la  bouche  du 
Sauveur,  le  précepte  suivant  :  «Soyrzdes 
changeurs  honnêtes;»  c*est  ainsi  que  le 
rapportent  Tauleur  des  Homélies  démenti* 
neSf  Âpelie  le  gnostiqne,  cité  par  saint  Epi* 
phane  (HaBres.  k2,  n.  9),  Origène  (Ad  Joan. 
viir,  20),  Saint  Jérôme  (ej)ist.  152),  saint 
Jean  Chrysostome  (Sermo  cur  in  Pentecosie 
Acta  apostolorum  leguntur)  ;  Socrate  {Hitt* 
écoles, y  lib.  m,  16;,  Cassius  (Collect.  3,  n.  10). 
D'autres  écrivains  se  bornent  è  citer  cet 
adage  comme  se  trouvant  dans  TEcriture 
[Voy,  les  Constitutions  apostoliques^  1.  n, 
c.  36),  Clément  d'Alexandrie  (Stromat,  l.i), 
Pamphile  {Apologet.  pro  Origène)^  Palladius 
{De  Vita  Chrysostomi,  Q,  i^),Nicéphore(//M^ 
eccles,9  lib.  x,  c.  26).  Denys  d^Alcxanilrie. 
cité  par  Eusèbe  {Hist,  eccles,,  lib.  vu,  c.  7.. 
qualifie  cette  sentence  de  paroles  apostoli- 
ques. Saint  Cyrille  d'Alexandrie  raiiribuel^ 
plusieurs  reprises  à  saint  Paul  (lib.  iv  i4(/ 
Joan,  VII,  12;  contra  Nestorium^  lib,  i).  Elle 
serait  prise  de  TEvanzile  des  Nazaréens, 
è  ce  que  conjecturent  Usser  (Prolegom,  ad 
Ignatium^  c.  8),  Valois  (Notes  sur  Eu-èl»e 
et  sur  Socrate),  Huel  {Notes  sur  Origène} 
On  a  pensé  aussi  qu*elle  pouvait  s'être 
conservée  par  tradition  durant  les  pre- 
miers siècles  sans  avoir  été,  dans  le  pnn- 
cipe,  mise  par  écrit.  {Voy.  une  longue  nota 
de  Fabricius  Cod.  apocr.  Nov.  Testam.f  1. 1. 
p.  329.) 

L'Epltre.de  saint  Barnat)é  présente  deui 
sentences  attribuées  au  Sauveur  :  «  Résistons 
à  toute  iniquité,  et  ayons  de  la  haine  contre 

{Adv,  Fauilum,  lib.  xxvi.  t.  î.\  Elle  iwrUit  que  t** 
habilsnts  de  Naxareth  précipitèrent  Jésus  du  u-m* 
met  de  leur  montagne. 


373 


JES 


PART.  m.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JES 


17A 


elle.»  c  Ceux  qui  veulent  me  voir  et  parve- 
nir à  mon  royaume,  doivent  rae  posséder 
par  les  afilictions  et  les  tourments  (&^37).  «. 
Hugues  Ménard  conjecture  que  ces  paroles 
avfiient  été  conservées  parla  tradition  parmi 
les  apôtres  et  les  disciples .  ou  qu'elles 
avaient  passé  dans  quelque  Evangile  apo- 
cryphe. 

Clément  d'Alexandrie  (5/rom.,  liv.  vi), 
rapporte  que  saint  Pierre,  parlant  aux  apô- 
très,  leur  rappelait  que  le  Seigneur  avait 
dit  :  «  Si  quelqu'un  veut  être  conduit  hors 
d'Israël  par  la  pénitence  et  croire  en  Dieu 
par  mon  nom,  ses  péchés  lui  seront  remis. 
Après  douze  ans,  vous  sortirez  et  irez  dans 
le  monde»  aGn  que  nul  ne  puisse  dire  :  Nous 
D*avons  pas  entendu  (la  parole),  p  Ceci  s'ac- 
corde avec  la  tradition  que  mentionne  Eu- 
sèbe  (Hist.  eccles.^  lib.  v,  c.  18],  et  d'après 
laquelle  le  Sauveur  aurait  commandé  aux 
tpôtres  de  séjourner  douze  ans  à  Jérusalem. 
Il  est  vraisemblable  que  Clément  avait  pris 
oe  qu'il  rapporte  âans  te  livre  apocryphe 
des  prédications  de  saint  Pierre,  aujourd'hui 
{ierau. 

La  seconde  Epltre  aux  Corinthiens,  qui 
porte  le  nom  de  saint  Clément,  rapporte 
quelques  paroles  comme  étant  sorties  de  la 
bouche  du  Sauveur;  nous  allons  les  men- 
ûonner  : 

c  C'est  pourquoi  le  Seigneur  nous  a  dit  : 
Si  vous  étiez  réunis  avec  moi  dans  mon 
."•ein,  et  si  vous  n'observiez  pas  mes  com- 
mandements, je  vous  rejetterais  et  je  vous 
dirais  :  Eloignez-vous  de  .moi;  je  ne  sais 
doi^  vous  èlQSt  ouvriers  d'iniquité  (§1^).  v 

«Car  le  Seigneur  dit:  «Vous  serez  comme 
des  agneaux  au  milieu  des  loups,  p  Pierre 
lui  répondit  et  dit  :  «  Est-ce  que  les  loups 
déchireront  les  agneaux ?p  Jésus  dit  à  Pierre  : 
<  Que  les  agneaux  ne  craignent  point  les 

(437)  c  Nibil  enim  proderil  nobis  oinne  lempus 
tike  ooslrae  et  fidei,  si  non  odio  iniquum  cl  futuras 
tfntaiiones  habeamus ,  sicut  dixil  Filius  Dei  :  Re- 
ûsumas  oinni  iniquilati  et  o  iio  habeamus  eam 
(uttm.  4).  —  Sic ,  inquii,  qui  volunt  me  videre,  et 
td  regnum  meum  pervenire,  debenl  per  aflliclioncs 
ac  lormenta  possidere  me.  » 

(458)  Elie  de  Crète  dit  que  ces  parolei  sont  ve- 
niusdc  Dieu  par  les  propliéles.  (Respom,  ad  ùyoui- 
^nm  monachum;  apud  J.  Bonneiidium,  Ju$  grœco- 
romanum^  p.  437.)  Clément  d'Alexandrie  (Quis  dives 
la/w/ttr,  §  40)  se  sert  en  parlant  de  Dieu  le  Père 
d*une  cspression  semblable,  et  son  éditeur  angUis, 
{'  Fell ,  met  en  note  quVlle  est  empruntée  à  un 
évangile  apocryphe.  Saint  Jean  Climaque  (Scala 
paradiii,  gradus  7) ,  Tatiribue  à  Ezéchiel ,  chez 
lequel  ou  trouve,  en  eill't,  une  pensée  aii»lo^ne 
<^ii,  5,  8;  xviit,  30;  xxiv,  ii;  xxxiii,  âO.)  Grabe 
a  cru  que  saint  Nil,  dans  un  passage  conservé  sur 
Ana>(ase  le  moine  sinaîle,  attribue  ces  paroles  à 
lésus-Cbrist ,  mais  selon  robscrvation  de  Fabricius 
1^^  mots  le  Seigneur  a  dit  :  i  propbet»  sunt,  non 
Kili  I  ut  patct  ex  iibr.  n  consultatione  Zacbsci  et 
Apolloiiii,  c.  iS,  t,X.  Spicilegium  Dacherianum  : 
«JSolo  dabites,  per  prxscntia  semper  non  praeteiita 
Peus  ceiiset.  Hoc  enim  ait  :  i  In  q'ia  in  le  invenero 
inde  te  judicabo,  dicit  Dominus.  i  Pareille  sentence 
•c  rencontre  «tans  les  apophtegmes  des  Pères  re- 
cueillis par  Coielier  (Monumenta  Ecclesiœ  Crœcœ, 
l.I.p.  O?.*?) ,  et  danç  bien  d'auircs  aul^'urs  ccdé- 


loups  après  la  mort;  ne  craignez  point  ceux 
qui  vous  tuent  et  qui  ne  peuvent  rien  vous 
faire  ensuite,  mais  craignez  celui  qui,  après 
que  vous  serez  morts,  conserve  le  pouvoir 
sur  votre  corps  et  sur  votre  âme,  et  craignez 
qu'il  ne  vous  jette  dans  Tablme  du  feu  (5  6).» 

Le  Seigneur  dit  :  i  Gardez  la  chair  chaste 
et  le  sceau  sans  tache,  aûn  que  vous  rece- 
viez la  vie  éternelle  (S  8).  » 

Plusieurs  des  Pères  des  premiers  siècles 
présentent  des  sentences  attribuées  au  Sau- 
veur. 

On  lit  dans  saint  Justin  (Dialogue  avec 
Tryphon)  :  Notre -Seigneur  Jésus-Christ  a 
dit  :  a  C'est  dans  l'état  ou  je  vous  surpren- 
drai que  je  vous  iugerai  »  (Î38). 

Saint  Irénée  (Adv.  Hœres.^  lib.  i,  c.  17), 
rapporte  ces  paroles  de  Jésus-Christ  :  «  J'ai 
souvent  désiré  d'entenJre  un  de  ces  dis- 
cours, et  je  n*ai  pas  eu  quelqu'un  qui  me  le 
dit.  »  Il  faut  d'ailleurs  observer  que  ce  Père 
indique  ces  paroles  comme  étant,  du  nom- 
bre de  celles  qui  se  trouvent  dans  les  Evan- 
giles authentiques ,  et  que  les  hérétiques 
ont  corrompues  par  leurs  fausses  inlërpré-^ 
talions.  {Quœdam  aulem  etiam  eorum  quœ  in 
Evangelio  posita  sunty  in  hune  characterem 
(sensum  hœreticum)  transfigurant,) 

C'est  encore  dans  le  môme  ouvrage  de 
saint  Irénée  (lib.  v,  c.  33)  que  nous  lisons 
ce  passage  :  Des  prêtres  (W9)  qui  avaient  vu 
Jean,  le  disciple  du  Seigneur,  se  souvien- 
nent de  lui  avoir  entendu  dire  qu'en  |)arîant 
de  ces  temps,  le  Seigneur  enseignait  et  di- 
sait :  a  II  viendra  des  jours  où  naîlront  des 
vignes  avant  chacune  dix  mille  liges  et  cha  • 
que  tige*^  aura  dix  mille  branches  (&^0),  et 
chaque  branche  aura  chacune  dix  mille  grap- 
pes, cl  chaque  grappe  aura  dix  mille  grains, 
et  chaque  grain  étant  pressé  donnera  vingt- 
cinq  mesures  de  vin*  El  lorsqu'un  des  saints 

stastiques.  (Fpy.  Fabricius,  Cod.  apocr,  Nov.  Test.. 
1. 1,  p.  33i.) 

(439)  Il  s'agit  sans  doute  de  Papias  auquel  saint 
Jérôme  (epist    29,  Ad  Theodorum, )  ^onne  sain 
Irénée  pour  disciple. 

(440)  Ces  cliilTres  accumulés  sont  communs  dans 
les  écrits  des  Orientaux.  Le  savant  Uyde,  dans  son 
livre  Dé  ludit  orientalibus ,  Oi^ord ,  i69â,  in-8% 
cite  ce  passage  extrait  d*un  ouvrage  imlieii  :  c  0 
rex  mille  annos  in  regno  vivilo,  et  regina  mille 
annos  in  loro  ejus  sit,  et  sit  quilii)rt  aunus  uiilia 
mensium,  et  quilibet  mensis  mille  dierum  ,  et  qui- 
libet  dies  mille  horarum  et  quaellbet  liora  mille 
annorum.  •  Dans  une  épltre  d*un  Arabe  célèbre, 
Ibn  Topbarl,  publiée  par  Pococke,  Hai-lbn-Youiiam, 
prétend  que  l'essence  de  ce  monde  a  soixante-dix 
mille  faces,  ebaque  face  soixante-dix  nulle  bou- 
ches, et  ebaque  bouche  soixante-dix  nulle  langues, 

Boûr  louer  l'essence  de  TËtre  unique  et  invisible, 
u  reste,  les  paroles  attribuées  au  Sauveur,  et  dont 
personne  sans  doute  ne  soutiendra  rautbeiilicité, 
sont  le  reflet  de  croyances  juives  dont  le  Talmud 
présente  de  nombreuses  traces;  des  rabbins  ont 
été  jusqu'à  prétendre  que,  sous  le  règne  du  Messie, 
les  épis  produiront  spontanément  des  gùieaux  riui 
tomberont  sur  le  sol  où  les  lidèles  n'auront  qu'à  I  s 
ramasser.  Il  est  juste  d^aiUeurs  d'observer  que  plu  • 
sieurs  docteurs  entendent  ces  récils  dans  un  sens 
allégorique  et  non  au  pied  do  la  lettre. 


S75 


DICTIONNAIRR  DES  APOCRYPHES. 


376 


prendra  une  grappe,  Tes  entres  s*écrieront  ; 
«Je  suis  la  meilleure  des  grappes,  prends- 
moi  el-  bénis  îe  Seigneur  a  mon  sujet. a  De 
même,  chaque  grain  de  froment  donnera 
dix  mille  épis,  et  chaque  grain  de  ces  épis 
d'mnera  dix  livres  de  pure  farine,  et  les  au- 
tres fruits,  el  les  grains,  et  les  herbes,  pro- 
duiront dans  la  même  pro|[»ortion,  chacun 
selon  sa  n.iture,  et  les  animaux,  qui  se 
nourriront  de  ces  productions  de  la  terre, 
seront  dans  une  soumission  entière  à  Pégard 
des  hommes,  a  C'est  ce  dont  Papias  qui  avait 
entendu  les  paroles  de  Jean,  et  fut  le  com- 
jiagDon  de  Polycarpe,  a  consigné  le  témoi- 
jSnage  dans  le  quatrième  de  ses  livres,  car 
il  avait  écrit  cinq  livres.  Et  il  ajoule  :  «  Toutes 
ces  choses  sont  croyables  pour  ceux  qui 
croient.  »  Et  comme  le  perfide  Judas  ne 
croyait  pas,  et  denuindait  comment  le  Sei- 
gneur accomplirait  de  semblables  créations, 
ïe  Soigneur  dit  :  «  Ceux  qui  viendront  en 
ces  temps  le  verront.  » 

On  lit  dans  la  Passion  de  saint  Pierre  at* 
fribuée  à  saint  Luc  (ouvraj^e  que  nous  pla- 
cerons dans  notre  recueil)  :  «  C'est  pour- 
quoi le  Seii^neur  a  dit  en  s'eiprimant  dans 
le  mystère  :  Si  vous  n'usez  pas  de  la  main 
droite  comme  de  la  gauche,  et  de  la  main 
(:auche  comme  de  la  droite,  et  de  ce  qui  est 
au-dessus  comme  de  ce  qui  est  au-dessous, 
ot  de  ce  qui  est  devant  comme  de  ce  qui  est 
derrière,  vous  ne  connaîtrez  pas  le  royaume 
de  Dieu.» 

Ces  paroles  obscures  ont  trait  à  la  cessa- 
lion  de  ta  ditTérence  établie  entre  les  Juifs 
et  les  Gentils. 

Saint  Luc  raconte  (  Lue.  ixir,  13  )  que 


le  SauTeur  apparut  à  deux  de  ses  disci- 
ples qui  se  rendaient  k  Emmaus,  et  qoMI  leor 
expliqua  tout  ce  que  les  prophéties,  k  par- 
tir de  Moïse,  avaient  dit  A  son  égard.  CeUe 
explication  qu*it  eût  été  du  plus  grand  prît 
de  posséder  et  que  saint  Luc  entendit  peut- 
être,  ne  subsiste  nulle  part  (Ht). 

Fabricius  a  reproduit  [Codex  apocryphus 
Novi  Ttstamenti^  t.  H,  p.  i5)  la  dissertation 
du  P.  C.  Nitscher  :  Schediasma  de  Ckristi 
eum  tûersaretur  inter  homineê  studiU:  elle 
offre  peu  d'intérèi;  Vauteur  examine  si  le 
SauTeur  connaissait  les  langues  grecaue  et 
latine  (hk2).  Après  avoir  ditque  Jéisus-Christ 
devait  faire  habituellement  usage  de  la  lan- 
gue syro-chaldéenne,  il  émetTaTis  qu'il  dé- 
liait connaître  le  grec,  Ungue  que  les  con- 
quêtes d'Alexandre  avaient  répandue  dans 
tout  l'Orient,  et  le  latin,  c'est-à-dire  Tidiome 
des  Romains,  maîtres  alors  de  la  Judée.  On 
sait  que  Jésus-Christ  s'entretenait  sans  in< 
terprète  avec  Pilate. 

Nous  avons,  dans  le  premier  volume  de  ce 
Dictionnaire^  fait  connaître  les  évangiles  ajie 
cryphes  qui  racontent  de  prétendus  mira 
des  opères  par  le  Sauteur  durant  son  en- 
fance; d'autres  ou  vraies  composésan  moyen 
A;^e  et  s'inspirant  ofe  ces  productions,  ont 
narré  les  mêmes  merveilles  en  les  moh- 
fiant ,  en  les  amiililiant  parfois.  Nous  nous 
bornerons  è  faire  quelques  emprunts  à  l'un 
des  plus  rares  de  ces  livres,  à  celui  qui  a 
pour  titre  :  Enfance  de  Notre -Seigneur. 
C'est  un  opuscule  qui  a  paru  sous  <ii* 
verses  lormes  è  la  tin  du  xv'  siècle;  la 
naïveté  du  style  donne  h  ces  récits  un  at- 
trait que  la  diction  moderne  leur  enlèfe. 


EXTRAIT  DE  QUELQUES  MIRACLES 


L*B!irAI«T  JÉSrS   FIT   EN   Si  IC   RBSSB  (4i5)  ,    LF>QCEL8    NE   SONT   POINT  EN   L*ÉVANG1LE  ;   MUS  ttrCLOSB 
PERSONNE  DÉVOTE  CONTEMPLANT   LA  PUISSANCE  DE  DIEU,  LEQIJEL  PEUT   PAIES   TOUTE!  CBOtIbS,  LBS  A  MU 
.EN  ÉCRIT,  ESPÉRANT    QU*IL  SERAIT    PROFITABLE   AU   TEMPS  ADVENIR  A  UN  CHACUN  CHRttlEN  D«  MUWDRE 
PLAISIR  A   LIRE  CECI   PLUTÔT   QUE  D*ÉTRE  OISEUX  OU  DIRE  DO   MAL  D' AUTRUI. 


Comment  les  dragons  adourerent  FEnfant 

Jésus  {hkk). 

Jésus  Fenfant  s*en  va  gracieusement  de 
son  chemin  parmi  les  déserts  avec  toute  la 

(iil)  Saint  Luc  désigne  un  des  deux  disciples 
comme  se  nommant  Cleophis;  on  ignore  qui  il 
éiRÎt.  Quelqaes  mitciirs  ont  pensé  que  c*élail  le  père 
ouïe  mari  de  Marie,  dite  Cléophée:  d*aulres  ont 
cru  qtril  s*agissail  d*un  disciple'  du  Sauveur  resté 
d*ailleors  inconnu.  Uuant  à  celui  qui  n*cst  pas 
nommé,  les  Pères  ont  avancé  diverses  opinions; 
sa  m  Grégoire  le  Grand  fut  d*avis  que  ce  devait  être 
saint  Luc;  Origène  désigne  saint  Siméon;  saint 
Epiphane  indique  Natbauael;  saint  Ambroise  le 
nomme  Amaon. 

(442;  La  langue  dont  le  Sauveur  faisait  usage  a 
été,  parmi  les  savants,  Tobjn  de  quelques  débais. 
Un  Italien,  Dominique  Diodati ,  essaya  de  montrer 
que  c*éiali  le  grec.  (De  Chritto  Grmee  loquenU  exer* 
ctlatio  qua  oêiendUMr  Grœcam  site  UelUnislicam 
iinfpiam  cum  Judœis  omnibus^  tum  tpii  adeo  Chrisfo 
et  tipoiîoliê  iiafivam  ne  vernacuiam  fuiiu,  Naupoli , 
1/67,  in^8*.)  Cette  opinion  fut  ronibaUiie  par  le 
r4V2nt  liéliraîsant  de  Rnssi ,  dan^i  IVcri:  qiril  inli-- 


compagnie;  Notre-Dame  menait,  pour  son 
service,  trois  enfants  et  une  pucelle.  Advint 
que  la  nuit  les  surprint,  si  se  l0(2èrent  en 
une  muraille  dedans  une  cave  (H5);  advint 

tula  :  Délia  lingua  propria  de  Criêio  e  degti  Ehra 
nazionali  délia  PaleH'ma  da"  lempi  de'  MactabA, 
Parme,  1772,  iii-4*.  Elle  fut  repris»?  avec  quelque» 
modifications  par  un  savant  de  i*AIIetnagne  :  Vtro- 
similia  de  Judœis  palœstinensibm  »  Jesu  ftiam  alqui 
apostolis  non  aramœa  diaUcla  sola  •  ^ed  grœca  //■&• 
que  aramaizanle  locutis,  ienae,  1803,  in  4*.  M.  Si I- 
vestre  de  Sacy  rendit  compte  de  cette  dermeu 
dissertation  dans  le  Magasin  encffclopédique  ^  iSU^, 
t.  1,  p.  125. 

(443)  Ces  réciu  suivent  d*ordinaîre  ceui  de» 
évangiles  apocryphes  ;  pu  fois  ils  s*en  écartent  »-u 
quelques  p<»iuts;  nous  les  empruntons  k  un  voiuni-* 
petit  in-folio  de  29  feuillets  sans  lieu  ni  date,  im- 
primé il  Lyon  vers  h  tin  du  xv*  siècle  et  dont  un 
exemplaire  se  trouve  à  la  Bibliothèque  impériale. 

(440  ^'^''^  ^^  '^  Naiivtté  de  la  bieukturfaê, 
Marti  el  de  l'Enfance  du  Sauveur,  i\u  18,  t.  I  de  c« 
Dictionnaire^  coi.  lt)75. 

(415)  Vieux  mot  qui  signifle  caverne. 


377 


J£S 


PART.  Iir.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JES 


S78 


que  qQaod  il  fut  jour,  il  jaillit  de  cetlo  cave 

§ranae  quantiié  de  dragons,  dont  tous  ceux 
e  la  compagnie  eurent  très-grand'  paour,  et 
commencèrent  h  crier  Subitement.  UEnfanf 
Jésus,  qui  était  an  giron  de  sa  Mère,  s'en  va 
sur  ses  pieds  derant  les  dragons,  lesquels 
radoarerent  doucement.  Lors  fui  accompli 
l/i  prophétie  dite  par  David  :  Laudate  dumi- 
numide  terra  draeonei  et  omnes  abyssi, Tous 
les  dra^^ons  et  toutes  les  choses  basses  de  la 
terre  Tiendront  adourer  Noire-Seigneur.  Ki 
)>o:irtant  Joseph  eul  bien  grand  paour  que  les 
dragons  ne  mangeassent  Notre- Seigneur. 
Biais  TEnfant  Jésus  lui  dil  qu*il  n'eûl  point 
paour,  car  il  est  nécessaire  que  loules  ces 
bêles  sauvages  et  les  privées  aussi  soient 
bumbles  et  gracieuses  devant  moi. 

Comment  Noêtre-Seigneur  s'en  fut  aecompa- 
gnié  de  loups  et  de  griffons,  de  biches  et  de 
plusieurs  atUres  bêtes  sauvages  (kh%). 

Bit  rhistoîre  qu*il  paissait  dans  un  déserl 
noali  de  bestos  sauvaiges,  en  tant  que  nul 
se  ressemblait  à  Tautre  ;  il  y  avait  des  liotis, 
léopards^  griffons,  loups  et  tigres,  ours,  cerfs, 
Lichesy  renards»  marmottes,  bœufs,  vaches, 
et  de  toutes  manières  de  bêles;  les  unes  al- 
Viient  devant  pour  montrer  le  chemin;  les 
autres  venaient  après,  pâturant.  Lors  fut  ac- 
ronipHe  la  prophétie  que  dil  Jbérémias  : 
Lapi  auttm  cum  agno  pa^centur^  et  leo  et  bos 
insimul  eomedent.  Les  loups  paissent  avec 
lAgniel.  C'était  KEnfant  Ihesus,  el  le  lion  et 
le  bœuf  ensemblement  mengeassent  la  paille. 

Notre-Dame  et  toute  la  compaignie  étaient 
Bioalt  ébabif^s  de  voir  telles  béles.adonc  No- 
tre-Seigneur  leur  dil  :  Mère,  ne  ayez  point 
(le  paour,  car  elles  sont  venues  pour  notre 
service;  ne  vojrez-vous,  mie,  comme  elles 
ttOtts  montrent  le  chemin. 

Du  miracle  de  ta  palme  (UT). 

Un  jour  après  midi  Notre-Dame  et  sa  com- 
pagnie furent  moult  las.  Si  se  vont  repouser 
dessous  l'orobrc  d^une  palme  qui  portait  des 
tlali  s.  Adonc  Notre-Dame  regarda  que  le 
l>almier  était  bien  charsié  de  dalils  ;  si  dit  à 
son  mari  Joseph  que  elle  en  mangerait  vo- 
lontiers. «  Ma  mie,  dit  Joseph,  je  suis  moult 
^bahi  pourauoi  vous  me  demandez  de  ce 
Iruit,  quanu  vous  voyez  bien  quUl  est  si 
irès-haul  que  je  n'y  pourrais  advenir.  Car 
les  arbres  qui  portent  les  dalils  ont  cent  ans 
avant  qu'ils  portent  fruit.  Je  désire  plutôt 
que  nous  eussions  de  Peau,  car  il  r  a  trois 
jours  que  nos  besles  ne  burent.»  Adoncques 
lEnfanl  Jésus  dit  à  l'arbre  :  «  Baisse  tes  ra- 
meaux aGn  que  ma  Mère  et  sa  compagnie 
talent  de  ton  fruit,  h  El  lanlAt,  h  la  vois  de 
IT.nrant  Jésus,  l'arbre  se  baissa  devant  la 
Vierge  Marie,  qui  print  du  fruil  autant  qu'elle 
et  sa  compagnie  en  eurent  assez.  Lors  Notre- 
Seigneur  commanda  è  l'arbre  qu'il  se  mon- 
lûst,  car  il  était  bien  heureux»  cl  que  de  sa 

<li6!  Ibid,,  cil.  tfi,  ool.  tA'^J. 
(4i7)i6id..ch.  iO,  cfr*    ^07<i;  KvuiigiU  de  HJ'4i' 
(«Nfe.  di.îi,  col.  99G. 
(4i8)  Evangile  de   Thoinaê^  cli.  22,  col.  tM5. 


racine  il  naîtrait  une  fontaine  afint  qu'il  fust 
honoré  par-dessus  tons  les  arbres  du  désert. 
Incontinent  l'arbre  s'en  montir,  et  de  la  ra- 
cine issit  une  très-belle  fontaine;  de  quoi 
Joseph^  Marie  et  toute  la  compagnie  et  Aussi 
leurs  besles  furent  rassb^iésde  soif.  Si  ren- 
dirent grâces  à  Dieu  tePère  qui  leur  a  donné 
Enfant. 

Comment  Notre-Sei^neur  abrégea  le  chemin^ 
et  des  miracles  quil  fit  quand  il  entra  e^ 
Egypte. 

Quant  ils  se  furent  reposés  dessous  la 
palme,  comme  dessus  est  dil,  Joseph  com- 
plaignait  k  Notre-Dame  disant  ainsi  :  i  Marie» 
ma  mie,  je  suis  bien  las,  le  chaud  me  brûle 
et  art.  Nous  avons  trente  et  huit  journées 
jjour  aller  en  Egypte  el  tout  par  déserts.  » 
Et  quand  Jésus  les  ouït  ainsi  complaindre  : 
«  Je  ferai,  dil  Noire-Seigneur^  que  nous  pas- 
serons bien  en  trois  jours.  »  Advint  ainsi; 
comme  ils  cheminaient  doiïcemenl  enlour 
v*'spres,  l'Enfant  Jésus  leur  montra  les  mon- 
tagnes el  le  pays  dTEgypte,  auquel  pays  ils 
habitèrent  devant  trois  jours.  El  quant 
TEnfant  Jésus  entra  premièrement  dedans 
le  pays  d'Egypte,  toutes  les  idoles  des  Sarra- 
zins  qui  étaient  en  celui  temps  trébuchè- 
rent toutes  è  terre.  A  l'entrée  du  pays,  l'En- 
fant Jésus  trouva  un  champ  semé  de  nou- 
veau ;  il  commanda  au  grain  de  froment 
qu'il  devinsl  épis,  dont  ce  fut  fail(U8).Lors 
Noire-Seigneur  print  des  épis ,  en  mengea, 
puis  donna  sa  bénédiction  sur  le  champ,  et 
ce  lui  donna  telle  grAce,  que  quand  son 
maître  le  ferait  cueillir,  qu'iJ  lui  rendisl  au- 
tant de  muids  comme  il  y  avait  semé  des 
grains,  el  ce  fut  fait. 

Ci  on  parle  du  poisson  (W9),  el  en  quel  lieu 
fut  logée  Noire-Dame. 

Ouand  ils  furent  entrés  en  une  grande  cité^ 
eu  laquelle  ils  deiDeurèrent  sept  ans»  Notre- 
Dame  se  logea  en  ThAlel  d'une  pouvre  fem- 
me veuve  et  demeurèrent  un  an.  Quand 
Noire-Seigneur  eut  l'âge  de  trois  ans,  il  s'en 
allait  de  jour  ébattre  avec  les  petits  enfants. 
El  ainsi  qu'il  passait  par  la  rue  où  l'on  ven- 
dait du  poisson ,  l'Enfant  Jésus  print  un 
poisson  salé  tout  sec  qui  avait  été  mort  un 
an  ou  deux.  Si  le  mil  en  un  bassin  plein 
d'eau,  et  dit  au  poisson  :  «  Laisse  le  sel  de 
quoi  tu  es  salé,  et  fais  comme  tu  coulais 
quand  tu  étais  dans  la  rivière.  »  El  inconti- 
nent le  poisson  commença  à  mener  la  queue 
et  à  triper  (m),  et  à  nouvel  parmi  le  bassin 
comme  s'il  fut  vif.  Quand  les  voisins  virent 
cette  chose,  ils  s'émerveillèrent  moult  et  le 
contèrent  à  la  femme  veuve,  l'hôtesse  de 
Noire-Seigneur  et  de  Notre-Dame,  laquelle 
femme  douta  moult  que  ce  ne  fust  une  chose 
de  mal,  et  les  jeta  hors  de  son  hdtel.  Adonc 
Notre-Dame  logea  en  une  petite  maison  en 
laquelle  ils  demeurèrent  six  ans.  L'Enfant 

Livre  de  in  Ntnivilé  de  la  bienheureuse  Marie  el  de 
f enfance  du  Sauveur^  ch.  20,  col.  1076 
(lIV)  Nathiié  de  Marie,  ch.  io   <«il.  t078. 


zn 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


Jésus  était  tout  beau,  tout  doux  et  (oui  cour- 
tois, et  avait  les  cheveux  tout  blonds,  et  était 
si  débonnaire,  que  tous  ceux  qui  le  voyaient 
Taimaient  et  b(^nissaient  tout,  prenaient 
grand  plaisir  à  1*^  regarder  et  lui  donnaient 
(te  leurs  l)iens.  Ni)(re- Darne  ae  levait  niatin 
et  allait  à  la  syna^o^ne  dos  Juifs,  et  là  se 
UMiainiouc-'inenl  en  oraison;  [)uis  s'en  re- 
tournaii  en  son  hôtel  pour  gai^ncr  la  vie 
(io  sfui  £utan{,  et  «Je  soie  elle  ouvrait,  et  cou- 
saiUJesoieetbroudait  en  iaisanljoyeusement 
>on  petit  ménage.  En  la  ville,  il  y  avait  des 
vaillantes  dames  qui  voyaient  sa  pauvreté 
et  son  petit  gouvernement  honnête,  lesquel- 
les pour  pillé  lui  donnaient  aucunes  fois  de 
leurs  biens,  dont  la  douce  Vierge  les  rece- 
vait moult  humblement. 

Comment  VEnfanl  Jésus  fil  venir  un  Irait  de 
bois  plus  long  (i»50}. 

Le  bon  vieillard  Joseph  était  charpentier 
et  si  ne  pouvait  plus  guère  travailler  à  cause 
de  vjrillesse.  Et  pourtant  il  prit  à  faire  une 
maison,  se  mit  de  suite  h  Tœuvre  et  acheta 
une  grande  pièce  de  fusle  (sic)  de  bois  pour 
mettre  au  bâtiment.  Advint  que  quand  Jo- 
seph charpentait  celui  tref,  il  le  rogna  autant 
au*il  fut  trop  court.  Âdoncques  le  preu- 
homme  Joseph  fut  moult  dolent  et  moult 
troublé,  et  faisait  maie  chière,  car  celui  tref 
était  trop  court,  et  li  n*avait  de  quoi  en  ache- 
ter un  autre.  Et  quand  le  doux  Enfant  Jésus 
qui  amassait  les  bûchettes  et  les  écorces  aux 
entours,  le  preud*homme  le  vit  si  courroucé, 
lui  parla  ainsi  :  'i  Mon  père,  dit  Jésus,  qui 
parlait  comme  enfant,  ne  vous  courroucez 
pas,  car  nous  le  ferons  bien  venir  plus  long.  » 
«  Vous  en  parlez  bien  comme  enfant,  »  dit 
Joseph  en  croulant  la  tète  comme  homme 
ancien.  Et  derechief,  lui  dit  Notre-Seigneur  : 
«  Mon  père,  tire  de  là  et  moi  deçà,  si  verrez 
comme  je  vous  aiderai  bien.  »  «  El  mon  en- 
fant, dit  Joseph,  vous  êtes  trop  jeune  pour 
moi  aider  ;  vous  n*avez  mie  assez  mangé  du 
pain;  en  ceci  n'y  faut  point  d'aide  ;  il  n'y  a 
point  de  remède  que  d'en  acheter  un  autre. >» 
A  la  fin  l'Enfant  tit  tant,  que  Joseph  rcprint 
à  tirer  d'une  part  et  l'Enfant  Jésus  d'autre 
part,  et  tellement  vont  tirer  et  retirer,  que 
quand  Joseph  mesura  son  tref,  il  le  trouva 
si  très-long,  qu'il  lui  en  convint  rongnerplus 
d*une  aulne. 

Comment  VEnfant  Jésus  fit  des  petits  oiseaux 

(451). 

Un  jour  de  samedi  TEnfant  Jésus  s'en  al- 
lait ébattre  Jivec  les  petits  enfants;  si  print 
de  l'ardille  ;  c'est  \a  terre  d<int  on  fait  des 
pots.  Si  en  fit  de  toutes  manières  d'oiseaux, 
comme  d'alouettes,  d'étourneaux,popc^ais, 
i.neile-,  sardines,  passei*eaux  et  rossigneux  ; 
si  leurd  nna  du  blé,  les  oiseaux  le  mangè- 
rent, et  quand  le?  enfants  ihs  Juifs  les  cui- 
daieut  prendre,  ils  s'envoulaient.  Dont  les 

(iSO)  Evangile  de  Thomas,  cli.  45,  col.  iMo. 
Livre  de  la  ^aiêsance  de  la  bienheureuse  Marie  et  de 
l'Enfance  du  Sauveur,  cli.  5H,col.  1084. 

(451)  Evanqilêde rEnfnnce,  ch.S6  et  49,  col.  10)1 


Juifs  furent  moult  ébahis,  s^émerveillèrent 
grandement,  et  réprimandèrent  fort  Jésus, 
car  il  les  avait  faits  le  samedi,  et  incontinent 
ceux  qui  l'avaient  blAmé  devinrent  avenji'i«^s. 
Lors  les  Juifs  vinrent  h  Joseph  niouU  \t  - 
contre  lui  et  qu'il  faisai.l  peehié  quan  J  i'  ' 
apprena't  à  son  Enfant  Jésus  le  liion  ei  r 
f)as  le  mal ,  et  tantôt  Jnsepli  si  s'en  alla  v*  r^ 
Noire-Seigneur  pour  le  tenser,  et  sitôt  .pie 
Jésus  le  vil  venir,  il  fit  retourner  la  veue  n 
ceux  qui  étaient  aveugles,  et  Joseph  le  prinl 
par  la  main  et  l'emmena  à  rbôteU 

Comment  Jésus  porta  Veau  en  son  chaperon 

(452). 

Quand  Jésus  eut  six  ans,  sa  mère  si  l'en- 
voya quérir  un  jour  de  l'eau  à  la  fontaines 
advint  que  la  cruche  se  rompit  en  clieuun. 
Si  print  son  chaperon,  le  remplit  d'eau  et 
l'apporta  à  sa  mère.  Les  voisins  voyant  ceci, 
se  donnèrent  grande  merveille  de  ce  que 
son  chaperon  tenait  l'eau  ainsi  bien  que  la 
cruche. 

Comment  Jésus  porta  le  feu  dans  son  giron. 

Outre  plus  advint  que  Noire-Seigneur  al- 
lait un  jour  quérir  du  feu  en  l'hôtel  d'un 
marchand  dont  il  y  eut  un  varlet  qui  était 
mauvais  garçon  qui  dit  à  l'Enfant  Jésus  qu'il 
n'en  emporterait  point,  sinon  qu'il  l'em- 
portât dans  son  giron  :  «iJ'en  suis  content,» 
dit  TEnfant  Jésus.  Adonc  le  bon  varlet  si  lui 
mit  des  charbons  dedans  son  giron  dont  le 
doux  Enfant  Jésus  l'emporta  aussi  douce- 
ment comme  si  ce  fussent  poires,  sans 
en  avoir  sa  robe  gâtée;  de  quoi  le  marchand 
et  le  varlet  en  furent  moult  ébahis. 

Comment  VEnfant  Jésus  fit  pots  de  terre. 

Un  autre  jour  advint  que  Notre-Seigneiir 
regardait  une  vieille  qui  faisait  doules  {tic) 
et  pots  de  terre,  laquelle  vieille  lui  parla 
raouItrudcmentdisant:«i  Va- t'en  d'ici,  garçon 

mauvais:  n'as  tu  pas  honte  demuser  ici?  ȣi 
quand  lavieillefut  Atéede  là,  Notre-Seic^tieur 
prit  les  doules  qui  n'étaient  pas  cuit  s,  et  les 
mit  en  pures  pelolles;  et  quand  la  vieille 
revintàson  ouvrouir,  elle  fut  moult  ébahis 
et  spécialement  quand  vit  l'ouvrage  qui  ét<iit 
gâté  de  l'Enfant  Jésus.  Si  s'en  alla  h  Notre* 
Dame  criant  et  braïant  comme  une  fol>  : 
«Eh?  dame  Marie,  dit  la  vieille,  votre  fils  J^- 
sus  m'a  fait  un  très-grand  dommaige.  — Ne  la 
croyez  point,  dit  Jésus  ;  allez  avec  elle  pour 
voir  si  elle  dit  vérité.  »  Lors  Notre-Dame 
print  son  enfant  par  la  main  et  dit  ^  ia 
vieille  :  «  Allons  voir,  ma  mie,  ce  (pie  vous 
a  fait  ce  bon  enfant.  Car  si  vous  a  fait  doin- 
mai^e,  je  le  paierai  bien.»  El  quand  ils  fo- 
rent en  Touvrouir,  ils  trouvèrent  des  pots  et 
doules  les  plus  beaux  que  oncques  furenl 
faits,  ni  douze  ouvriers  n'en  eussent  pas  i^uu 
fait  en  quinze  jours.  Adunc  la  vieille  voyant 

cl  tOO;i;  Nativité  de  Marie,  ch,  27,  col.  i079. 

(45â^  Evangile  de  Tliomait.  ch.  Il,  cul.  1145; 
Livre  de  la  Naiêêance  de  la  bienheuru$e  Uarifttàs 
ttt  Satiritédii  Sauveur,  ch.  SS,  col.  lUti*». 


^1 


JIES 


PART.  IH.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JES 


389 


cela,  segeDOuilIa  devant  PËnfanlJésus  el  le 
remercia. 

Comment  Notre  Seigneur  fat  teinturier  (^53). 

Er  la  TiHe  avait  un  teinturier  qui  était  re- 
nommé le  meilleur  ouvrier  du  pays.  Tous 
les  marchands  lui  portaient  tant  de  draps 
pour teinire,  que  à  peine  lui  souvenait  de 
quelle  couleur  chacun  marchand  voulait  son 
drap;  car  Tun  le  voulait  gris,  Tautre  rouge, 
l'autre  vert,  Tautre  noir,  l'autre  jaune  et 
Taulre  crimelin.  Advint  un  jour  que  entre 
tierce  et  midi,  le  maître-teintuner  com- 
manda àsesvarlets  qu'ils  missent  chacundrap 
d'une  pari  el  chacune  couleur  en  la  chau- 
dière; ce  fut  fait  elpuis  s*en  allèrent  disncr. 
L'hnfaat  Jésus  s'en  alla  en  la  boutiijue  du 
(einlurier,  et  print  tous  lesdraps  qu*il  trouva 
et  les  mit  tous  dedans  une  chaudière  qui 
était  pleine  de  teinture  noire,  et  fil  si  grand 
feu  que  tout  fut  ars  et  hrusié.  Puis  il  print 
toutes  les  couleurs,  comme  graine  d'écar- 
laie,  Lrelytz,  verd  perse,  inde,  Qourée  rouge, 
izure»  vermeillon  minin,  ancre  blanc  de 
pulle,  alium  etsuscet,  et  va  mettre  tout  en- 
semble dedans  une  chaudière;  puis  s'en  alla. 
Et  ainsi  qu'il  s'en  allait  de  la  l)Outi(]ue,  il 
rencuntra  un  des  varlets  du  teinturier,  le- 
auellaidit:«D'oùviens-lu7i>  EllorsJésusIui 
n^pondit  rien,  mais  s'en  alla  autant  qu'il 
l'UUTait  faire  le  trop.  El  quant  le  maître 
eulra  en  la  boutique,  il  ne  trouva  nuls  draps. 
«Hélas  ldit-il,j*ai  étédéroubé  et  ai  perdu  ce 
qui  n'était  pas  mien,  et  aussi  les  couleurs 
que  j  avais  laissées,  les  diables  les  en  ont 
portées.  Elles  valaient  plus  de  cent  marcs 
d'argent.  Qui  les  a  roulées?  —Je  ne  sais,  di- 
saient les  varlets  ;  nous  n'avons  vu  personne 
entrer  céans  fors  que  celui  Enfanl  Jésus,  fils 
de  Marie. —  Hélas  liiit  le  preud'hoiume,  celui 
enfant  ne  pourraii  faire  tant  de  dummaige. 
Il  it'eust  peu  porter  le  moindre  drap  qui  fut 
en  cette  place.»  Lors  ils  se  mirent  è  chercher 
devant  et  derrière  tous  les  draps.  Dont  le 
maître  en  eut  si  grand  deuil  que  il  cheut  en 
arrière,  car  tous  les  draps  étaient  brusiés  cl 
ars.  «Uélas,  dit  le  maître,  qui  m'a  fait  ce 
dommaige,  el  ainsi  gâlé  mon  ouvraige?  Je 
ne  tiens  à  nuili  {sic)  tort,  mieux  me  vaulsist 
élreniorl.—  Âdoncques,  ditunvarlet,  jecrois 
ceriaine(uent  que  ce  a  fait  TEnfant   Jésus. 
—  ELjueen  ferai-je?dil  le  maître;  je  ne  sais 
pas  hien  qui  m*(n  fera  raison  de  la  value 
tj'un  hocton;  car  j'ai  toujours  ouï  dire  de 
fous  et  d'enfants  ('^54),  se  doit-on  souvent 
garder;  car  s'ils  font  mal  ou  bien  ils  ne  fail- 
ientderien;*je  ne  m'en  fusse  jamais  gardé  : 
Or  suis-je  pauvre  à  loul  temps.  »  Mais  lors 
vont  dire  les  varlets  :  «  Sire,  ne  vous  décon- 
forlez  pas,  mais  à  son  père  Joseph  contez  la 
vérité,  et  lui  dire  que   le  méfait  veuille 
amender.  »   Si  ce  vinrent  lors  .ploranl  et 
criant  devant  Notre-Dame  et  Joseph,  les- 
quels furent  moult  dolanls  quant  ils  ouïrent 
conter  les  nouvelles  et  le  dommaige  si  grand, 

((53)  Evangile  de  rEnfame,  cli.  57,  col.  iOOi. 
(454)  De  fol  et  d'enfanl  se  doit-on  délivrer,  an- 
cien proverbe  cité  par  M.  Leroux  de  Linrj,  dans 


1 


c  Cerles,  dit  Joseph  au  teinturier,  vous  me 
semblez  preud'homme;  je  crois  que  vous  ne 
me  diriez  jamais  mensonge,  mais,  s'il  vous 
plaist,je  veux] aller  voir  ce  dommaige,  »  et 
tantost  s'en  vont  en  la  boutique.  «  Monlrez-p 
moi,  dit  Joseph,  les  draps.  —  Cerles,  dit  le 
teinturier,  ils  sont  tous  ars.  )»  Adonc  Joseph 
commanda  atix  varlets  que  los  draps  fussent 
jetés  hors  de  la  chaudière,  et  quan  J  les  draps 
furenl  étendus,  ils  virent  qu'il  n'avait  rien 
perdu,  et  furent  de  si  belle  couleur  que  ja- 
mais n'avail  veu  de  meilleure;  car  chacun 
drap  était  de  couleur  qu'il  devait  être,  el  en 
chacune, chaudière  trouvèrent  sa  couleur,  et 
jamais  ne  virent  point  de  meilleure.  Adonc- 
ques le  teinturier  devant  Jésus  s'agenouilla 
et  doucement  le  remercia. 

Comment  Jésus  jeta  hors  du  puits  un  enfant. 

Dit  l'histoire  :  Il  était  un  riche  qui  avait 
un  grand  puits  en  son  hôtel.  Son  ûls  cheut 
dedans  le  puits  dont  il  fut  bien  doulanl,  et 
aussi  tous  les  parents.  Et  ût  venir  tous  les 
compaignons  de  la  cité  pour  son  enfant  ser- 
chier.  El  ainsi  que  Notre-Seigneur  passait 
»ar  une  rue,  il  oit  les  cris  et  les  nleurs  que 
.'on  faisait  en  celui  hôlel.  Si  va  dedans  en- 
trer et  demanda  au  père  de  l'enfant  pour- 
quoi il  menait  doleur  si  grande.  Répond  le 
père:w(  Las  I  j'ai  doleur  amère,  car  trois  jours 
ont  mis  mes  yeux  è  pécher  mon  enfant  oui 
est  dedans  ce  puits  noyé.  »  Adoncques  Jé- 
sus devant  toutes  les  gens,  sans  dire  mot,  en 
un  coup  dedans  le  puits  sauta,  et  aprè«  s'en 
monta,  et  sur  son  col  l'enfant  porta  dont  le 
)*ère  en  eut  très -grande  joie.  Si  loua  Jésus 
tout-puissant  et  remercia.    - 

Comment  VEnfant  Jésus  ressuscita  V enfant  de 

leur  voisine. 

Advint  une  autre  fois  que  l'enfant  de  leur 
voisine  mourut  dont  la  mère  en  menait 
srand  deuil.  Jésus  alla  par  pitié,  si  toucha 
1  enfant  en  disant  :  «  Enfant,  lève  toi  et 
parle  à  la  mère;*»  et  incontinent renfant|res- 
suscita.  Adoncques  Jt'sus  dit  à  la  mère  de 
l'enfant  :«  Femme,  garde  ton  enfanl  et  te  sou- 
vienne de  moi  ;  »  et  quand  les  Juifs  virent  ce 
miracle,  disaient  entre  eux  que  Jésus  était 
ccleslial. 

Je  laisserai  à  parler  de  cette  matière,  et  de 
celle  enfance  lesquelles  ne  sont  point  ap- 
prouvées; pourtant  Dieu  peut  plu? faire  que 
je  ne  saurais  écrire,  dire,  ne  [)enser. 

(Ici  commence  le  retour  de  Jésus  à  Beth-' 
léem.) 

Dans  le  trajet  de  Marie  et  Joseph  avec  le 
Sauveur  pour  TEgyple,  on  rapporte  ce  qui 
suit  ; 

Mario  et  Joseph  n'avaient  point  d'argent 
et  il  leur  fallait  pourter  leur  enfanl  et  fuir 
en  étrange  pays  el  déserts  sauvaiges  et  che- 
mins terribles  où  ils  trouvèrent  des  larron» 

son  ouvrage  sur  les  Proverbes  fran fais,  Paris,  IS42, 
t.  1»p.  158. 


583 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Z^% 


dont  il  en  eut  un  qui  leur  fit  bonne  chière 
en  les  renroyanl  moult  doucement,  et  leur 
montrait  le  chemin,  et  dit^onque  ce  fut  le 
bon  larron  qui  fut  sauré  à  la  Passion  de  No- 
tre-Seignecr.  Ainsi  après  que  Notre-Dame 
cheminait,  ils  vont  trouver  un  laboureur 
qui  séminait  du  bié.  L*enfant  Jésus  mit  la 
main  au  sac  et  jeta  son  plein  poing  de  blé 
au  chemin;  incontinent  le  blé  fut  si  grand 
et  si  raeûr  que  s*il  eût  demeuré  uu  au  à 


croître»  et  quand  les  gens  d'armes  de  Hé- 
rodes  qui  queraient  l*enfaat  pour  Toccire, 
vinrent  à  celui  laboureur  qui  cueillait  son 
blé,  si  lui  vont  demander  s*il  avsit  point  tu 
passer  une  femme  qui  portait  uu  enfant  : 
«  Oui,  dit-il,  quand  je  semais  ce  blé.  »  Lors 
les  meurtriers  se  pensèrent  ao'il  ne  savait  ce 
qu'il  faisait,  car  il  avait  près  d*un  an  ']U6 
celui  blé  avait  été  semé,  si  s*en  retournèraDt 
arrière. 


De  nombreuses  légendes  apocryphes  se 
répandirent  à  Tégard  de  Jésus-Clîrist  ;  on 
voulut  sur  bien  des  points  suppléer  à  la 
divine  simplicité  des  Evangiles.  Un  de  ces 
récits  n9u$  a  été  conservé  par  un  écrivain 
grec.  Suidas  qui  compila  un  Lexii^ue  au 
XI*  siècle;  voici  ce  que  nous  v  lisons  à 
l'article  Jésus.  (T.  II,  p.  105,  de  Pédilion  de 
Kuster,  Amsterdam,  1705,  3  vol.  in-folio.) 

«  Aux  temps  du  très-religieui  empereur 
Justinien,  il  y  eut  un  homme  prince  des 
Juifs  nommé  Théodore,  qui  était  connu  de 
beaucoup  de  Chrétiens  et  de  ce  pieux  em- 
pereur que  nous  venons  de  nommer.  A  la 
même  époque,  il  y  avait  un  Chrétien,  nommé 
Philippe,  argentferde  son  état,  qui  était  in- 
time ami  de  Théodore  et  qui  Texhortait  à  se 
faire  Chrétien.  Un  jour  ce  Philippe  adressa  à 
Théodore  les  paroles  suivantes  :  «Dis-moi, 
je  te  prie,  pourquoi  toi  qui  es  un  homme 
sa^e,  et  qui  connais  fort  bien  ce  que  la  L')i  et 
les  Prophètes  annoncent  au  sujet  de  Jesus- 
Christ,  tu  ne  crois  point  en  lui  et  tu  ne  de- 
viens pas  Chrétien  7  Jesuis  persuadéque,  lors- 
que  tu  te  seras  bien  rendu  compte  des  choses 
qu*annonce  TËcriture  sainte  au  sujet  de 
1  avènement  deNotre-Seigneur  Jésus-Christ, 
tu  ne  repousseras  pas  la  loi  chrétienne. 
Hâte-toi  donc  de  sauver  ton  âme  en  croyant 
à  Nutre-Seigneur  et  Sauveur  Jésus-Christ  et 
en  ne  persévérant  pas  dans  l'incrédulité  qui 
te  ferait  mourir  parcondamnationéternelle.» 

€  Le  Juif,  ayant  entendu  ces  paroles,  loua 
le  Chrétien,  et  lui  ayant  rendu  gr&ces,  il  lui 
parla  ainsi  :  «  Je  regarde  comme  une  preuve 
de  ton  affection  pour  moi  que  tu  te  préoccupes 
du  salut  de  mon  âme,  et  que  lu  t'efforces  par 
tes  exhortations  de  me  rendre  tlhrétien. 
C'est  }>ourquoi  je  t'exposorai  sincèrement 
et  sans  mensonge  les  secrets  de  mon  âme, 
parlant  comme  devant  Dieu  qui  connaît  et 
contemple  les  secrets  des  cœurs.  Je  suis 
certain  que  le  Christ  prédit  par  la  Loi  et  par 
les  Prophètes  et  qui  est  adoré  par  vous  au- 
tres Chrétiens,  est  venu,  et  je  le  reconnais 
franchement,  en  le  parlant  comme  à  un 
ami  sincère  et  qui  m  est  très-attaché.  Mais 
des  raisons  humaines  s'opposent  à  ce  que 
je  devienne  Chrétien,  et  je  m'en  blâme  moi- 
même.  Professant  en  ce  moment  la  religion 
judaïque,  je  suis  le  prince  des  Juifs  et  je 
jouis  do  grands  honneurs  et  d'amples  reve- 
nus ;  je  possède  en  abondance  tout  ce  qu'il 
faut  pour  passer  heureusement  la  vie.  Si 
je  devenais  le  patriarche  de  l'Eglise  catholi- 


que et  si  j'obtenais  ae  vous  les  magistra- 
tures les  plus  élevées  et  les 

<r  Pour  ne  pas  perdre  les  plaisirs  de  cotte 
vie,  je  ne  m  inquète  pas  de  la  vie  future 
et  j'avoue  que  je  pèche  en  cela.  Et  |»our  le 
prouver  que  ce  quuje  te  dis  est  vérilo')!^ 
je  te  révélerai  un  secret  q<n  est  conservé 
avec  mystère  chez  nous  autres  Hébreux  et 
d'après*  lequel  nous  savons  que  le  Cfiri>l 
que,  vous  autres  Chrétiens,  vous  adorez,  esi 
celui  qui  a  été  prédit  par  la  Loi  et  les  Pp> 
phètes.  Voici  l'explication  de  ce  myNlèrc: 
Aux  tcm[)S  anciens  lors(|ue  le  temple  de 
Jérusalem  était  en  construction,  il  y  avaii 
une  coutume  parmi  les  Juifs  qu'il  demeura 
dans  le  lemp'e  autant  de  prêtres  qu'il  y  a  de 
lettres  dans  notre  al))habct,  c'est-à-dire  vin^i- 
deux.  Tu  sais  que  nous  comptons  aussi  vin^t 
deux  livres  inspirés  par  TEsprit  de  Dieu.  U  i 
registre  était  déposé  dans  le  temple,  et  cha  |ue 
prêtre  y  était  inscrit  avec  le  nom  de  ^ot 
père  et  odui  de  sa  mère.  Quand  un  des 
prêtres  venait  à  mourir,  les  autres  se  réu- 
nissaient dans  le  temple  et,  par  un  suffrage 
commun,  ils  nommaient  un  autre  prêtre  tu 
remplacement  du  défunt,  aQn  que  le  nouib  e 
de  vingt-dolix  fût  toujours  au  complet.  Oq 
conservait  aussi  sur  le  registre  la  date  du 
jour  du  décès  du  prêtre  qui  était  mort,  et 
auel  était  celui  qui  I  avait  remplacé,  et  quels 
étaient  son  père  et  sa  mère.  Et  tan  lis  que 
cet  usage  subsistait  chez  les  Juifs,  il  advint 
qu'au  temps  où  Jésus  était  dans  ta  Juiée, 
un  des  vingt-deux  prêtres  mourut  avaul  que 
Jésus  ne  se  fût  manifesté  et  qu'il  n'eût  ap- 
pris aux  hommes  à  croire  en  lui.  Les  autres 
prêtres  se  réunirent  pour  nommer  celui  qui 
devait  occuper  la  place  du  défunt.  Et  quand 
chacun  proposait  l'homme  qu'il  jugeait  di- 

f;ne  de  remplir  cette  fonction,  les  autres 
e  repoussaient  comme  n*étant  pas  assez 
pourvu  des  qualités  que  devaient  eu  avoir 
ceux  qui  étaient  appelés  à  ce|sacerdoce.  Lors 
même  qu'il  était  sage  et  irréprochable  sou^ 
le  rapport  de  la  vie  et  des  mœurs,  s*il  n'i^ 
tait  pas  parfaitement  instruit  dans  la  Loi  et 
les  Prophètes,  il  était  jugé  comme  imprui^re 
à  la  diguittS  dont  il  s'agissait.  Beaucoup  de 
prêtres  ayant  été  successivement  pro(K)sés 
et  rejetés,  un  prêtre  se  leva,  et  se  tenant  au 
milieu  des  autres,  il  dit  :  «  Voici  que  vous 
avez  proposé  beaucoup  de  prêtres,  et  tou> 
ont  été  regardés  comme  n'étant  pas  aptes 
à  être  élevés  h  la  dignité  que  vous  avj'2 
en  vuo.  Ecoutez  donc  ce  que  j'ai  h  vous 


JES 


PART.  m.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JES 


390 


Jiie  au  sujet  de  la  nomination  qu'il  faut 
faire  |»our  remplacer  celui  qui  est  mort,  et 
je  pense  que  vous  ne  désapprouverez  pas 
mon  opinion,  v  Les  autres  prêtres  Payant 
engagé  k  parler,  |il  dit  :  «  Je  veux  nommer 
à  la  place  du  prêtre  décédé  Jésus,  fils  de 
Josopb  le  charpentier;  il  est  encore  fort 
jeune,  mais  il  se  recommande  par  son  élo- 
quence, par  sa  vie  et  par  ses  mœurs.  Je 
pense  qu'on  n'a  encore  vu  aucun  mortel 
qui  ait  été  son  égal  sous  le  rapport  de  las  a- 
gesse  et  de  la  pureté  de  vie,  et  je  pense 
que,  pour  vous  tous  qui  habitez  Jérusalem, 
('est  chose  connue  et  à  l'abri  de  toute  con- 
troverse. 9 

«  Les  autres  prêtres,  ayant  entendu  ce 
discours,  y  applaudirent  et  approuvèrent 
ravis  qui  venait  d*être  émis,  et  ils  dirent 
que,  mieux  que  tout  autre  homme,  Jésus 
^lait  apte  au  sacerdoce.  Quelques-uns  di- 
saient cependant  qu*il  n'était  pas  de  la  tribu 
(leLévi,  mais  de  celle  de  Judas,  parce  qu'ils 
le  regardaient  comme  le  flis  de  Joseph  (c'est 
air>si  que  l'appelaient  les  Juifs]  et  ils  sou- 
tenaient qu'il  ne  pouvait  être  appelé  à  cette 
fonction  sacerdotale,  puisqu'il  n'était  pas 
(le  la  tribu  de  Lévi.  Mais  le  prêtre  qui  l'avait 
proposé  répondit  que  sa  race  était  mélan;zée, 
ar  autrefois  ces  deux  tribus  s'étaient  mêlées 
ensemble,  et  de  là  provenait  la  race  de 
Joseph.  Les  autres  prêtres,  ayant  entendu 
celle  opinion,  Tapprouvôrent,  et  d'un  accord 
unanioie,  ils  convinrent  de  mettre  Jésus  à 
la  place  du  prêtre  qui  était  mort.  Et  comme 
il  était  d'usage  qu'on  écrivit  sur  le  registre, 
non-seulement  le  nom  du  prêtre  désigné, 
mais  encore  celui  de  son  père,  et  de  sa  mère, 
quelques-uns  dirent  qu'il  fallait  d'abord 
appeler  les  parents  de  Jésus  et  connaître  de 
leur  propre  bouche  leurs  noms  et  recevoir 
lour  témoignage  pour  savoir  si  celui  qui 
était  désigné  pour  remplacer  la  fonction  sa- 
cerdotale était  bien  leur  Gis. 

«  Cette  résolution  fut  approuvée  de  tous, 
et  celui  qui  avait  proposé  Jésus  dit  alors 
que  Joseph,  le  père  de  Jésus,  était  mon, 
ei  que  sa  mère  seule  vivait  encore.  Tous 
pensèrent  alors  qu'il  fallait  appeler  sa  mère 
^  leur  réunion  et  connaître  d'elle  si  elle 
était  la  mère  de  Jésus  et  le  nom  du  mari 
(le  qui  elle  avait  engendré  Jésus.  Ils  appe- 
lèrent donc  la  mère  de  Jésus  et  ils  lui  dirent: 
•  Un  prêtre  est  mort  et  nous  avons  résolu  de 
noiuiuer  à  sa  place  ton  fils  Jésus,  et  comme 
l'usage  est  que  le  nom  du  père  et  de  la 
mère  soit  écrit  sur  nos  registi es,  dis-nous 
si  Jésus  est  ton  fils  et  si  tu  l'a^  engendré.  » 
Marie,  ayant  entendu  ces  paroles,  répondit 
<iux  prêtres  :  «  Je  confesse'que  Jésus  est  mon 
Dis;  c'est  moi  qui  l'ai  engendré,  et  il  y  a 
des  hommes  et  des  femmes  encore  en  vie 
qui  ont  été  présents  lorsque  je  l'enfantais 
et  qui  peuvent  à  cet  égard  rendre  témoi- 
gnante. Mais  je  vous  montrerai,  si  vous  vou- 
lez, par  des  arguments  certains,  qu'il  n'a 
point  de  père  sur  la  terre.  Lorsque  j'étais 
vierge  et  quo  je  résidais  en  Galilée,  l'ange 
de  Dieu  entra  dans  ma  chambre  où  j'étais 
éveittée  et  non  livrée  au  sommeil,  et  ii  m'ap- 


porta l'heureuse  nouvelle  que  j'engendre-, 
rai  de  l 'Esprit-Saint  un  fil«  auquel  il  me 
prescrivit  ue  donner  le  nom  de  Jésus.  Etant 
vierge,  et  ayant  eu  cette  vision,  je  conçus  et 
j'enfantai  Jésus,  et  je  suis  restée  vierge  jus- 
qu'à ce  jour,  même  après  avoir  enfanté,  n 

«  Les  prêtres,  ayant  entendu  ces  paroles, 
firent  venir  des  sages-femmes  dignes  de  loi 
et  leur  ordonnèrent  de  rechercher  avec  soin 
si  Marie  était  encore  vierge.  Elles,  convain- 
cues de  la  vérité  du  fait,  affirmèrent  qu'elle 
était  encore  vierge.  Il  vint  aussi  des  femmes 
qui  avaient  été  témoinsde  son  accouchement 
et  qui  déclarèrent  qu'elle  avait  mis  au  monde 
Jésus.  Les  prêtres,  saisis  d'admiration  par  ce 
qu'avait  dit  Marie  et  ce  que  déclaraient  les 
témoins,  dirent  à  Marie;  «  Parle-nous  fran- 
chement pour  que  nous  apprenions  de  ta 
bouche  quel  est  le  père  de  ton  enfant,  afia 
de  l'inscrire  sur  nos  registres;  nous  ins« 
crirons  ce  que  tu  nous  auras  dit  et  non  autre 
chose.  V  Mais  elle  leur  répondit  :  «  C'est  vé- 
ritablement moi  qui  l'ai  enfanté,  ignorant 
son  père  sur  la  terre,  mais  j'ai  appris  de 
l'ange  qu'il  était  le  Fils  de  Dieu.  C'est  donc 
mon  fils,  de  moi  qui  m'appelle  Marie  et  le 
Fils  de  Dieu,  et  je  suis  vierge  et  n'ai  jamais 
eu  de  mari.  » 

«  Les  prêtres,  ayant  entendu  ces  paroles, 
firent  apporter  le  registre  et  transcrivirent  : 
<  Ce  jour  est  mort  le  prêtre  un  tel,  fils  de  tel  et 
de  telle,  et  d'un  suffrage  unanimi9,  nous 
avons  désigné  à  sa  place  Jésus,  Fils  de  Dieu 
vivant  et  de  Marie,  vierge.»  Ce  registre,  au 
temps  de  la  prise  du  temple  et  de  Jérusa- 
lem, fut  conservé  par  les  soins  des  princes 
des  Juifs  et  déposé  dans  la  ville  de  Tibé- 
riade;  et  ce  mystère  n*est  connu  que  d'un 
irès-petit  nombre  de  fidèles  d'une  autre  na- 
tion. Il  m'a  éîé  révélé  comme  au  prince  et 
au  docteur  des  Juifs.  Ce  n'est  donc  pas  seu- 
lement par  la  Loi  et  les  prophètes  que  nous 
savons  que  le  Christ,  que  vous  autres'  Chré- 
tiens adorez,  est  le  Fils  du  Dieu  vivant,  venu 
sur  ta  terre  pour  le  salut  des  hommes  ;  c'est 
aussi  d'après  le  témoignage  qui  a  été  con- 
servé jusqu'à  ce  jour  à  Tibériade  et  qui 
y  est  encore  déposé. 

«  Le  Chrétien  ayant  entendu  le  Juif  s'ex- 
primer ainsi,  fut  animé  d'un  zèle  divin  et 
lui  dit:  <K  Je  dois  me  hâter  de  rapporter  fi- 
dèlement à  notre  pieux  empereur  ce  que  tu 
m'as  appris,  afin  qu'il  écrive  à  Tibériade,  et 
qu'il  produise  au  grand  jour  ce  registre  dont 
tu  parles,  confondant  ainsi  l'incrédulité  des 
Juils.  »  Mais  le  Juif  répondit  :  t  Pourquoi 
veux -tu  t'engager  ainsi  à  apporter  cette 
nouvelle  à  Tempereur,  sans  refléchir  aux 
conséquences  qu'elle  peut  avoir  7  Si  ce  que 
tu  demandes  s'accomplissait,  il  s'élèverait 
des  guerres  terribles,  et  des  massacres  en 
seraient  la  suite.  Et  les  Juifs,  lorsqu'ils  se 
verront  opprimés  par  les  armes,  brûleront 
l'endroit  où  est  déposé  le  manuscrit,  et  nous 
aurons  ainsi  travaillé  en  vain,  l'événement 
ne  ré]  ondant  point  à  nos  eûorls,  et  nous  au- 
rons été  la  cause  d'un  grand  carnage  Je  t'ai 
révélé  ces  choses  comme  à  un  atui  affec- 
tionné et  sincère,  afm  de  te  montrer  que  c^ 


5S7 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


D*élait  pai  par  ignorance ,  mais  par  une 
vaine  gloire  qaeje  repoussais  le  christia- 
aisme.  » 

•  Lo  Chrétien  ayant  entendu  les  paroles 
du  Juif,  et  les  croyant  vraies,  n'informa  pas 
Tempereurde  ce  qu'il  avait  appris,  de  peur 
que  ce  t^rand  et  Gdèle  monarque,  enflammé 
aun  zèle  divin,  n'ensanglantât  ses  mains  par 
le  meurtre  de  beaucoup  d*bommes,  et  oue 
l'événement  ne  répondit  pas  è  ses  vœux.  Il  lit 
part  toutefois  de  ces  circonstances  à  un  grand 
nombre  de  ses  connaissances  et  de  ses  amis, 
et  nous  les  apprîmes  ûfis  gens  auxquels  ce 
Philippe,  Targenlier,  les  avait  annoncées; 
nous  nous  occupâmes  alors  avec  zèle  de  re- 
chercher si  ce  que  le  Juif  avait  dit  était  vrai. 
Nous  trouvâmes  que  Josèphe,  qui  a  raconté 
la  guerre  de  Jérusalem  (et  dont  Eusèbe  fait 
souvent  mention  dans  son  Histoire  ecclésiasti- 
que)^ avait  dit,  dans  ses  commentaires  sur  la 
Guerre  judaïque,  que  Jésus  avait  célébré 
dans  le  temple  le  service  avec  les  prêtres. 
Ayant  trouvé  que  ce  fait  était  relMé  par 
Josèphe,  écrivain  ancien  et  proche  du  temps 
des  apôtres,  nous  dirigeâmes  notre  atten- 
tion sur  la  question  do  savoir  si  son  asser- 
tion était  corroborée  par  l'autorité  de  l'Ecri- 
ture sainte.  Nous  trouvâmes  dans  l'Evangile 
selon  saint  Luc,  que  Jésus  était  entré  dans 
la  synagogue  des  Juifs  et  qu'on  lui  avait  re- 
mis le  livre,  et  qu'il  avait  lu  la  prophétie 
d'isaïe  qui  dit  :  a  L'esprit  dû  Seigneur  est 
sur  moi;  c*esi  pourquoi  il  m'a  oint  et  il  m'a 
envo^^épour  apporter  aux  pauvres  une  bonne 
nouvelle.  »  Nous  eûmes  la  pensée  que,  si 
Jésus-Christ  n'avait  pas  rempli  chez  les  Juifs 
quelque  fonction  sacerdotale,  il  ne  serait  pas 
arrivé  qu'on  lui.eût  remis  dans  lasyna^o-, 
gue  un  livre  pour  qu'il  en  fît  la  lecture  de- 
vant le  peuple  qui  Técoutait.  Car,  chez  nous 
autres  Chrétiens,  il  n'est  permis  à  personne 
de  lire  au  peuple  les  livres  de  l'Ecriture 
sainte,  s'il  n  est  pas  admis  dans  le  clergé. 
Ainsi,  dans  les  écrits  de  Josèphe,  aussi  bien 
que  d'après  le  récit  de  saint  Luc,  il  est  clair 
que  le  Juif  Théodose  n'a  pas  imaginé  ce  qui 
a  été  rapporté  précédemment,  mais  qu'il  a 
franchement  et  naïvement  rapporté  è.  l'ar- 
gentier Philippe^  comme  à  un  ami  sincère, 
un  mystère  tenu  secret  chez  les  Juifs,  h 

Le  Coran  reuferme  de  nombreux  récits  au 
sujet  de  Jésus-Christ  ;  ils  ont  fait  l'objet  de 
quelques  travaux  spéciaux  : 

Compendium  historicorum  eorum  quœ  Mo- 
hammedani  de  Christo  tradiderunt^  auctore 
Levino  Warnero,  Leyde,  1643,  in-4*. 

Chriêtologiœ  Korani  lineamenta^  disser- 
talio  à  J.  G.  Augusti,  Jena,  1799: 

Versuch  einer  Darstellung  der  Christologie 
des  Koran,  von  C.  D.  Gerock,  Ifamburgh, 
1839,  in-8*.  (Ce  travail  deixetU2  pages  se  di- 
vise en  deux  parties,  l'hisloiro  et  le  dogme. 
La  première  comprend  l'histoire  de  Jésus- 
Christ  d'après  le  Coran  et  tous  les  passages 
du  Coran  qui  concernent  les  apôtres;  la 
seconde  expose  la  doctrine  du  Coran  sur 
la   personne  et  la  doctrine  du  Sauveur. 

Les  auteurs  musulmans  ra()nortent  diver- 


ses paroles  qu'ils  attribuent  au  Sauveur  et 
que  nous  n'avons  pas. 
•  Levin  Warner  {Notœ  ad  eenluriam proter^ 
biorum  Bersecorum^  Leyde,  164fc,  in  v)  en  a 
recueilli  quelques  exemples  que  nous  meo* 
tionnerons  d'après  lui  : 

«  Jésus,  le  tils  de  Marie,  sur  lequel  soil  la 
paix,  a  dit:  «  Celui  qui  convoite  les  richesses 
est  semblable  à  celui  qui  boit  de  l'eau  de  la 
mer;  plus  il  en  boit,  plus  sa  soif  augmente, 
cl  il  ne  cesse  de  boire  jusqu'à  ce  qu'il  pé- 
risse. » 

«  Jésus,  fils  de  Marie,  dit  à  Jean,  fils  de 
2acharie  :  «  Si  quelqu'un  parlant  de  toi  lit 
des  choses  vraies,  loue  Dieu  ;  s'il  dit  des 
faussetés,  loue  Dieu  encore  plus,*  car  les 
bonnes  œuvres  seront  accrues  dans  le  cata- 
logue de  tes  œuvres  sans  aucune  peine  de 
ta  part.  » 

«  Jésus,  de  bienheureuse  mémoire,  vit  un 
jour  lo  monde  sous  la  forme  d'une  vieille 
femme  décrépite  et  il  lui  demanda  :  k  Com- 
bien as-tu  eu  de  maris?»  Elle  lui  répondu 
qu'elle  en  avait  eu  un  si  crand  nombre  qu  oo 
ne  pouvait  le  calculer.  ^  Ils  sont  donc  morts,  • 
répondit  Jésus  «  it  ils  t'ont  quittée.  >£lle 
répondit:  «  Je  les  ai  tués  et  détruits,  b  Alors 
Jésus  lui  dit  :  «  Il  est  étonnant  qu'il  y  en  au 
encore  d' assez  insensés  pour  avoir  encore 
de  l'amour  pour  toi,  lorsqu'ils  voient  com- 
ment tu  as  traité  les  autres,  et  pour  ne  pas 
profiler  de  leur  exemple.  » 

«  Au  temps  de  Jésus,  trois  voyageurs,  che- 
minant ensemble,  trouvèrent  un  trésor. 
«  Nous  avons  faim  ,  dirent-ils;  que  Tua 
de  nous  aille  è  la  ville  et  achète  de  la  nour- 
rilure.  »  Celui  qui  alla  en  chercher  se  d;t 
à  lui-même  :  «  Il  faut  que  je  mêle  du  poisoa 
h  ces  aliments  afin  que  mes  compagnons  meu- 
rent  après  en  avoir  mangé,  et  je  serai  se  1 
en  possession  du  trésor.  »  C'est  ce  qu'il  ÛU 
et  il  mêla  du  poison  aux  aliments.  Ses  com- 
pagnons avaient  de  leur  c6té  formé  le  des- 
sein de  le  tuer  quand  il  reviendrait,  afin  de 
rester  seuls  propriétaires  du  trésor.  Ainsi 
lorsqu'il  leur  apportait  des  mets  empoison- 
nés, ils  le  tuèrent,  et  ayant  mangé,  ils 
moururent  aussitôt.  Et  Jésus  venant  A  ()as« 
seravec  sesapAlres,  dit  :  «  Voici  lacondiiion 
du  monde.  Voyez  comme  il  a  traité  ces  trots 
hommes,  et  après  eux  il  persévérera  cepen- 
dant en  son  état.  Malheur  à  celui  qui  de- 
mande le  monde  au  monde  lui-même!  • 

Le  célèbre  poëte  Sadi,  dans  sonGulision, 
attribue  à  Jésus  ces  paroles  :  «  0  Qls  de 
l'homme,  si  je  te  donne  la  fortune  et  la  pui^ 
sance,  tu  te  détournes  de  moi,  et  tu  appli- 
ques aux  richesses  et  à  la  grandeur  tous  i^' 
succès  et  toute  ton  étude  ;  si  je  te  retiù> 
pauvre,  tu  languis  accablé  de  chagrin  et  ue 
soucis  :  oJ!i  trouveras-tu  donc  la  douceur  de 
mon  dme,  et  quand  est-ce  que  tu  t'applique- 
ras à  mon  culte?  » 

Nous  avons,  dans  le  tome  I**  du  Diction- 
naire des  apocryphes^  col.  OTT,  mentionné 
des  légendes  relatives  au  Sauveur  et  conser- 
vées par  les  écrivains  musulmans  ;  bous  ne 
les  reproduirons  (las  ici. 

On  trouve  de  longs  récilSi  mais  dont  l'aa- 


389 


JE8 


PART.  III.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JES 


590 


torité  est  nulle,  à  Tégard  de  la  vie  du  Sau- 
veur, dans  un  ouvrage  jadis  célèbre,  la  Cité 
mystique  de  Marie  d'Agreda  (pari,  ii,  liv.  iv, 
cliafK^I);  Dous  lui  emprunterons  la  Jenetirdtf 
la  sentence  de  mort  que  Pilale  prononça  con- 
tre le  Sauveur. 

«  Moi,  Ponce  Pilate,  président  de  la  basse 
Galilée,  gouverneur  ici  à  Jérusalem  ponr 
l'empire  romain,  dans  le  palais  de  Tarchi- 
présidence,  je  juge  et  prononceque  je  con- 
damne Jésus,  appelé  du  peuple  Nazaréen, 
orij^inaire  de  Galilée,  homme  séditieux,  con- 
traire à  la  loi,  h  notre  sénat  et  au  grand  em- 
pereur Tibère  César.  Et  par  celte  sentence 
)e  détermine  qu*il  meure  sur  une  croix, 
attaché  avec  des  clous  comme  on  y  attache 
les  criminels,  parce  qu'assemblant  ici,  cha- 
que jour,  plusieurs  personnes  pauvres  el  ri- 
ches, il  a  causé  du  trouble  par  loute  la  Judée, 
sedisant  être  le  fils  de  Dieu  el  le  roi  d'Israël, 
menaçant  la  ruine  de  celle  aujfusle  ville  de 
Jérusalem,  du  saint  temple  et  du  sacré  em- 
pire, refusant  le  tribut  à  César,  et  pour  avoir 
osé  entrer  en  triomphe  avec  des  palmes, 
«ccompa^né  d^une  grande  partie  du  peuple 
dans  celte  ville  de  Jérusalem  et  dans  le  sacré 
temple  de  Salomun.  J'ordonne  au  premier 
ceDtenier,  appelé  Quintus  Cornélius,  de  le 
mener  par  la  même  ville,  avec  ignominie, 
lié  comme  il  est  et  fouetté  par  mon  ordre. 
Oq  lui  mettra  ses  propres  nabils  afm  qu'il 
soit  connu  de  tous;  il  portera  la  croix  à  la- 
quelle il  doit  ôlre  crucitié.  11  ira  par  toutes 
les  rues  les  plus  fréquentées  entre  deux  vo- 
leurs qui  ont  été  condamnés  à  la  mort  pour 
des  larcins  et  des  meurtres  qu'ils  ont  faits, 
el  c'est  aUu  qu'il  serve  d'exemple  à  tout  le 
peuple  et  aux  malfaiteurs. 

«Je  veux  aussi, et  j'ordonne  parcelle  pré- 
sente sentence,  qu'après  que  l'on  aura  mené 
de  la  sorte  ce  malfaiteur  par  les  rues,  on  le 
fasse  sortir  par  la  porte  Go  appelée  main- 
teuaat  Anlooiana,  et  qu'un  héraut  déclare 
tous  les  crimes  exprimés  dans  celle  sentence  ; 
on  le  conduira  ensuite  sur  le  mont  que  l'on 
appelle  Calvaire,  où  Ton  exécute  ordinaire- 
ment les  plus  insignes  malfaiteurs,  et  là, 
oyanl  été  cloué  et  crucifié  sur  la  croix  qu'il 
Aura  portée  (comme  il  a  été  dit),  son  corps 
demeurera  suspendu  entre  les  deux  susdits 
voleurs.  On  mettra  au  plus  haut  de  la  croix 
le  litre  de  son  nom  en  ces  trois  langues  qui 
SODI  u)ain tenant  en  usase;  à  savoir,  l'hé- 
braïque, la  grecque  et  la  latine,  de  façon  que 
chacun  dise  :  C'est  Jésus  Nazaréen,  roi  des 
Juifs;  aQn  que  tous  l'entendent  et  le  cou- 
ûaissent.  • 

«Jedéfends  aussi,  sous  peine  de  mortel  de 
contiscationde  biens,  el  d'être  déclaré  rebelle 
h  Tempire  romain,  qu'aucun,  de  quelque  état 
et  condition  qu'il  soit,  ose  empêcher  la  jus- 
tice que  j^ordonne  de  l'aire  et  d'exécuter 
en  loule  rigueur,  selon  les  lois  romaines  et 
hébrai^^ues.  L'année  de  la  création  du  monde 
cinq  ualle  deux  cent  trente-trois,  le  vingt- 
ciuquième  de  mars.  Pontius  Pilatus^  judex 
^  gubemaior  Galiteœ  inferioris pro  Romano 
Imperio^  qui  supra  propria  manu.» 

Un  'iitérateur  zélé,  H.  Germond  de  Lavi- 


^ne  a  fait  connaître  sous  un  point  de  vue 
Ignoré  jusqu'alors  la  religieuse  à  laquelle 
on  doit  cet  ouvrage;  il  a  publié  en   J85S 
une  traduction   française  de  sa  Correspon- 
dance inédite  avec  Phitippe  /F,  roi  d  Espagne^ 
(P.iris,  A.  Valon),  et  il  y  a  joint  une  iniro- 
duclion  historique  fort  inléressanle.  Marie 
d'Agreda  avait  une  piéié  aussi  fervente  que 
sainte  Thérèse,  el  sous  le  rapport  du  talent 
elle  ne  le  cé.iail  j;uère  à  l'immortelle  canué- 
\iie.  S'd  Cité  mystique  et>i  un   livre  des  plus 
remarquables  à  divers  points  de  vue;  les 
points  les  plus  diffîtiles  des  dogmes  sacrés 
y  Sont  abordés  avec  une  science  étonnante. 
Accueilli  avec  enthousiasme  en    Espagne, 
pays  dont  le  génie  particulier  se  plaît  aux 
œuvres  d'imagination  et  de  mysticisme,  cet 
écrit  trouva  en  France   des  contradicteurs 
zélés  ;  on  crul  y  rencontrer  des  |>ropositions 
condamnables,   une   censure  fut  lancée  el 
bientôt  suspendue.  Nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper  ici  de  cette  controverse.  M.  Ger- 
mond de  Lavigne  a  réimprimé,  p.  279,  un 
opuscule  du  commencement  du  xviii*  siècle, 
intitulé  :  Abrégé  des  disputes  causées  à  l'occa- 
sion du  livre  qui  a  pour  titre  la  Cité  mystique. 
Longtemps  après  et  lorsqu'on  croyait  celle 
controverseoubliée,  un  théologien  de  Vienne, 
E.  Amort,  publia,  en  1749,  un  in-quarto  inti- 
tulé :  Controversia  de  revelationibus  agredu" 
nis  explicata. 

M.  Germond  de  Lavigne  a  reproduit  quel- 
ques chapitres  de  la  Cité  mystique^  tels  que 
la  légendede  Nuire-Dame  del  Pilar,  les  noces 
de  Cana,  le  chemin  du  Calvaire,  la  mort  de 
la  Vierge,  d'après  la  traduction  du  P.  Croi- 
zel,  Bruxelles,  1715.  3  vol.  in-/>*  ou  8  vol. 
in-12;  nous  y  renvoyons  le  lecteur. 

Les  ouvrages  relatifs  à  Jésus-Christ  for- 
meraient une  bibliothèque  des  plus  considé- 
rat)les;  nous  ne  pouvons  avoir  l'idée  de  les 
én'imérer  tous,  nous  en  signalerons  seule- 
ment un  certain  nombre,  en  profitant  des 
recherches  de  M.  OEilinger  que  nous  avons 
déjà  eu  l'occasion  de  citer,  el  en  y  ajoutant 
quelques  détails  ,  résultat  de  nos  investiga- 
tions personnelles. 

Ludolphus  Carlhusianus  ou  De  Saxonis, 
Vita  Jesu  Chrisli,  Argent.,;i4.74, 2  vol.  in-4% 
Norimb.,lW8.  fol., Paris.,  1511,  fol.;  Lugd., 
1514,  in-4% 

Filicaja  (Ludovico),  Vi  la  del  nostro  Salvator 
Jesu  Chrislo,  Venez.,  1548,  in-4». 

Miré  (Louis),  Vie  de  Jésus-Christ:  Par.. 
1553,  in-16. 

Tauler  (Johannes),  Exercitia  super  vita  et 
passione  Salvator  is  nos  tri  Jesu  Chris  ti.  Par., 
1561,  in-8-. 

Ciremberg  (Joachim),  HistoriaJesu  CAri- 
sti:  Région!.,  J571,  in-4'. 

Buisstin  (Jean  du),  Historiaet  harmonia 
evangelica^  seu  Vita  Jesu  Christi  ex  quatuor 
evangelistis  in  unum  caput  congesta:  llom., 
1571,  in-12;  Lugd.Batav.,  1693,  in-12. 

Adrichomius  (Cbiisiian.).  Vita  Jesu  Chri- 
sti ex  quatuor  evangelistis  breviter  contexta; 
Antw.,  1578,  in-12. 

Wirlb  (George),  Vita  vel  Evangelium  Jesu 
Christi,  Dei,  et  MariœFilii,Salvatori$  mundi, 


591 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHBS. 


IM 


ex  quatuor  tvangelUiis  eonseriptum, ,  Frr.  » 
159»»  in-fol.  (Eilrftmeiueol  rare.) 

Rebello  (Joa6),  Vida  de  Jesu  Chriito  senhor 
N0880  :  Evora»  1602,  in-&*. 

Ricci  (Bartholoincoj,  Vila  D.  !f.  Jesu 
Ckriiti^  ex  verbis  Evangeliorum  in  ipsismei 
concinnata;  Rom.,  1607»  in-^*  (avec  162  figu- 
res.) 

Lubheri  (Sibrand),  De  Jesu  Christo  Serta- 
ioret  A.  e,  cur  et  qua  ratione  Jésus  Christus 
noster  servator  sit^  libri  iv;  Franeq.»  1611, 
în-4*  (For*,  rare.) 

Palma  (Jonas  Germuadi),  Sinopxis  histo^ 
riœ  JesuChrisii;  Holm.,  16U,  ia-8*. 

Bor^hèse  (J...)  VitœJesu  Christi  mysteria; 
Anlw.  Ifâ2,  in-8'.  (Avec  76  gravures.) 

Sanlorelli  (Anlonio),  Yita  di  Gesu  Cristo 
€  di  Maria  Vergine:  Rom. ^  162S,  in-^i^*.;  tra- 
duit eu  allemand  :  Augsb.  1776,  in-S*. 

Monlereul  (Bernardin  de),  Vie  du  Sauveur 
du  monde,  etc.  ;  Par.,  1637,  k  vol.  in-^*.  /6id., 
1619,  6  vol.  in-8.  Ibid.,  1651,3  vol.  in-S*. 
Ibid.,  1696,3  vol.  ia-8*.  Jbid.^  17&1,  3  voi. 
ta-12. 

Louis  de  Dieu,  Historia  Christi;  Lugd. 
Bat.,  1639,  in-4%  Cet  ouvrage,  écrit  eu  persan 
et  en  latin,  sera  plus  loin  i\)i)Jet  de  quelques 
détails  spéciaux. 

Jean  de  Paris,  Margdrita  evangeUcaS,Jesu 
Christi  D  N.  vita  ;  Anlw.,  1657,  in-4*. 

Stanyhursl  (WiUiani),  Dei  imnior(ali$  in 
corpore  mortali  patientis  historia ^  etc.  ; 
Anlw.,  1660,  in-8-.  Ibid.  1664.  in-8*.  /6ïrf., 
1669,  in-8*;  CampoduQ.,  167V,  in-8*.  Ibid., 

1677,  in-8';  Col.  Agr.,  1681,  in-12.  Ibid., 
169i,in-8'.  Ibid.,  1706,  in-8*.  Ibid.,  17U. 
traduit  en  allem,1722,  17W,  1736,  1777;  en 
esp.  1836,  en  flam.  171&,  1770;  en  bong. 
1722;  en  polon.  1721. 

Borja  ^Francisco  de)  Orationes  y  médita- 
eiones  de  la  Vida  de  Jesu  Christo,  Bruss.  1661, 
in-V. 

Ayancini  (  Niccolo),  Vita  et  doctrina  Jesu 
Christi  ex  quatuor  evangelislis  collecta,  Vien. 
Auslr.,  16G5,  in-12.  Ibid.,  1667.  in.l2.  Ibid., 
1673,  in-t2.  Col.  Agr.,  1674,  in.l2.  Ibid. 

1678,  in-12.  Ibid.,  1689,  in-12;  Autw., 
1693,  in-12;  Par.,  1695,  in-12;  Pa5sav.,S.  D. 
(vers  1718),  in-12;  Antw.,  1735.  in-12;  Gand., 
1735,  in-12;  Venet.,  1737,  in-12;  Gand. , 
1838,  in-12;  Mutin..  1838,  2  vol.  in-16  :  tra- 
duit en  allem.,  1672,  1751,  1820,  1850;  en 
flam.,  1753;   en  franc.,  1671,    1672,  1677, 

1679,  1713,  1775;en  bong.,  1690,  1759;  en 
ital.,  1834. 

Gumppenberg  (Wilhelm.),  Jésus,  vir  do/o- 
roiuê,  àfariœ  matris  dolorosœ  Filius,  Mo- 
naeb.,  1672,  in-V. 

Letourneiii  {S\co\as};Histoire  de  la  vie  de 
N.  S.  Jé$uS'Christ:Pàv.,  1678  :  Irad.  en 
ital.,  1757,  in-8,. 

Masini  (Antonio  di  Paolo)  Vita  di  Gesu 
Christo,  delta  siau  santa  Madré,  de  gti  apo^ 
êtoliedi  altri  sanii:  Milan.,   1681,  in*&*. 

Bagge  (Fredrik),  Disputatio  eynodatis  de 
Jeàu  Christo  Beo  homine;  Goibeb.,  1688,  in- 
V. 

Saint-Real  (César  Vicliard  de)  Vie  de  Jésue- 
CArif^' Par.,  1689.  io-6. 


Lenoble,  Dissertation  historique  et  ckrono^ 
logique  touchant  l'année  de  la  naissance  de 
Jésus-Christ  :  Par.,  1693,  in-12. 

Hruldric  ou  Ulrich  (Jobann.  Jacob),  fliiro- 
ria  Jeschuœ  Naxareni  l  écrite  en  faébreu  et 
«n  latin);  Lugd.  Bal.,  1705,  in-8*. 

Marti  ns  (JoaA),  Oraeoes  e  meditacoes  di 
vida  de  Jésus  Christo;  Lisb.,  1716.  in-8. 
Cet  ouvrage  parait  être  une  tr^ductioa  ue 
récrit  de  Francisco  de  Borja. 

Rempis  (Tbomas  a).  De  vita  et  passions 
JesuCnsti  ex  manuscripto  bibliothecœ  Socit- 
tatis  Jesu  Padtrbomensis;  Coi.  Agr.,  1717, 
in-8'. 

OtTerhaus  (Leonhard),  Dissertatio  de  riu 
Salvatoris  privala  et  publica;  Gronini;., 
1719,  itï'h\ 

Calmet  f  Au;;ustin),  Histoire  de  la  vie  et  mi" 
racles  de  Jésus-Christ;  Brux.,  1721,  io-ll 

Croizet  {Jean),  Vie  de  N.  S.  Jésus-Christ, 
tirée  des  quatre  évangétistes,  et  celle  de  la  très- 
sainte  Vierge;  Lyon  et  Par.,  1723,  in  12. 
/6id.,1726,  in-12.  Ibid.,  1732,  in-12.  Ibid.. 
1738,  in-12.  Ibid.,  1822,  in-12:  traduil  in 
allem,  1738,  in-8*;  1844,  ia-8*;  eu  iul.. 
1733, in-12. 

Koecher  (Johann.  Christopb),  Bislom 
Jesu  Christi  e  scriptoribus  profanis;  jcus., 
1726.  in-8.. 

Driessen  (Anlon),  Jésus  nascens,  patient 
et  moriens,resurgens,  in  calum  ascendens  ei 
ad  dexteram  Patrie  sedens,  Spiritum  «un- 
ctum  effundens]  Groning.,  173i«in-4*. 

Poiin  (N...  N...),  Histoire  de  la  vie  de  S.  S 
Jésus-Christ,  selon  les  quatre  évangétistes. 
Par.,  1743,  in-18. 

Hebenstreit  (Johann  Ernst.),  Vita  Ckrisu 
aescripta;  Lips.,  1751,  in-4*. 

Ca:»tro  (  Joaô  Baptisla  de)  Vida  de  Jesé 
Christo;  Lisb.,  1741,  in-4*. 

Masini  (Carlo).  Vita  di  N.  S.  Jesu  Christo; 
Rom.,  1759,  in-8'';  Milan.,1837,  2  vol.  inlG 

Tricalel  (Pierre- Joseph),  Précis  histori- 
que de  la  vie  de  Jésus-Christ,  de  sa  doctrint, 
de  ses  miracles  et  de  rétablissement  de  s-fu 
Eglise;  Par.,  1760,  inl2;  ibid,  1777,  in- 
12. 

Grisot  (  Jean-Urbain  ),  Histoire  dt  la  rit 
publique  de  Jésus -Christ;  Besanc.  S.  1> 
(1765),2  vol.  in-12.  —  Histoire  de  la  sainit 
jeunesse  de  Jésus-Christ,  tirée  de  rErang\l\ 
etc.;  Besançon  S.  D.  (1769),  2  vol.  in-!l- 
Histoire  de  la  vie  sounrante  et  glorieuse  ih 
Jésus-Christ^  dis  la  dernière  Pdque  jusqu  à 
son  ascension,  etc.  ;  Besançon  8.  D.  (177U  •  i 
parts,  in-12^  Ces  trois  ouvrages  de  Gri»  i 
ont  été  souvent  réimprimés. 
t  Lign  V  (François  de).  Histoire  de  la  tie  de 
ff.  S.  JesuS'Chnst,  depuis  son  incarnation  jus- 
que son  ascension,  etc.  ;  Avig.,  1774,  3  v<>!. 
in-8*;  Par.,  1802—04,  4  vol.  io-4*;  Ibid. 
1823,  2  vol.  in-8«  ;  Ibid.,  1825,  3  vol.  in  11 
Avig.  1825,  3  vol.  in-12;  Lvod,  1829,  2  v..'. 
in-12  ;  ibid.,  1830,  2  vol.  in-b*  ;  Par.,  1830. 
3  vol.  in-12;  Ibid.,  1853,  2  vol.  in-12:  tra- 
duit en  allem.,  1843,  in-8*. 

Werner  (A...  O...)  Jésus  in  Talmuds: 
Stadaa.  1791,  in-4*. 

Dutour  (Etienne  François),  Vita  Chrisliel 


395 


JKS 


PART.  111.  — LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JES 


591 


concordia  Evangelistarum  ;  Riom,  ITSS»  in- 
12;  Mogunt.,  178b,  in  12  :  Riom,  1820,  în- 
l2;tra(l.  en  franc.,  1787,  in-12, 

Bahrdt  (Cari  Friedrich),  Fueta  et  res  geitw 
JesuChrisli  ex  qiuituor  evangtliii;  fieroL, 
1787.  in*. 

Compflns  (N...  N...)  Histoire  de  la  vit  de 
Jésus-Christ  ;  Par.,  1788,2  vol.  in-12. 

Tisset  (François-Barnabe  ) ,  Abrégé  des 
principaux  événements  de  la  vie  de  Jésus-- 
Chritty  en  vers^  à  l'usage  des  fidèles  croyants. 
Paris,  an  •  IV,  in  8*.  (Opuscule  rare  et  que 
nous  n'indiquons  que  comme  un  triste  exem- 
ple des  aberrations  Je  l*époque  révolution- 
naire.) 

While  (Joseph),  Diatessaron^  seu  intégra 
hisloria  Jesu  Christi  ex  quatuor  etangeliis  ; 
Oion.,  1800,  in-8*. 

Marsella(Domenico  Antonio),  Vita  e  dot' 
trinadiGesûChristo:  Rom.,  1814,  in-8-. 

Valverde  (Pedro  Fernandoz)  Vie  de  Jésus- 
Christ,  Dieu-Homme^  Irad.  de  l*Esp.  par 
TabM  Régnier  ;  Angers.,  1825,  5  vol,  in-8\ 
ftiJ..  1828,  5  vol.  in-^'. 

Trento  (Francesco),  Storia  délia  vila  di 
GauCristo:  Udine,  1825,  in-8\ 

Perlusati  (Francesco)  Storia  délia  vita  di 
€(ià  Cristo^  dedotta  dai  quatri  evangeli  : 
Milan,  1826,  3  vol.  in- 12. 

Coudoul  (Jean-François -Hilaire),Fi>  de 
Jésus-Christ^  d'après' la  concorde  évangéli^ 
que,  etc.;  Par.,  1827,  3  vol.  in-32. 

Cesari  {Antonio),  Vita  di  Gesà  Cristo; 
Milan,  1829,  6  vol.  iu-12. 

Marina  ^(Martinez),  Historia  de  la  vida  de 
nuestro  senor  Jesu  Cristo  ,  etc.  ;  Zarasr , 
liWi  *  lol.  in.8-. 

Kuechler  (Cari  Gaslav.),  Vila  Jesu  Christi; 
Li})s.,  1835,  in-8*. 

Gcnoude  (  Antoine  de  } ,  Vie  de  Jésus- 
Christ;  Par.,18&l,  2  vol.  in-S". 

Rérny  (Am...),  Jitudes  sur  Jésus  Christ  ; 
Par.,  1841,  iii-8-. 

KoUhoff  (  Ernest  Wilhelm.),  Vita  Jesu 
(hristi,  a  Paulo  apostolo  adumbrata;  corn- 
meniatio,  Hafn.,  1852,  ^n-8^ 

Brispot  (N...  N...),.Fi>rfe  N.-S.  Jésus- 
Christ,  écrite  par  les  quatre  évangélisles  ; 
«rui.,  1852—54,  in-fol. 

Lachèze  (Pierre),  Vie  de  N.  S.  Jésus-Christ, 
oui  Evangile  dans  son  unité;  Par.,  1853,  in- 
8' (illustré  de  36  gravures  en  acier.) 

l^içard  de  Saint-Adon  (François),  Histoire 
»«ïpi«  et  cJironologique  des  voyages  de  Jésus- 
Christ  ;?jr.,  1740,  in.l2. 

Riesling  (Johann.  Rudolph.),  Commentatio 
de' Jesu  Nazareno  ingrata  patria  exule; 
Ih)8.,  1741,  in  4*. 

Voyages  de  Jésus-Christ  ;  Paris,  1837,  in- 
^•|  trad.  en  Allem.,  1838,  in-8'. 
.  L'histoire  de  Jésus-Christ  a  fourni  le  su- 
jet de  diverses  compositions  dramatiques 
uont  les  auteurs  se  proposaient  un  but  d*é- 
'rtlicalion;  une  appréciation  plus  sévère  re- 
jPllerait  aujourd'hui  ces  tentatives,  qu'il  faut 
••nmager  en  se  mettant  au  point  de  vue  des 
t'poques  où  elles  se  produisirent.  Voici  les 
'lires  d'un  certain  nombre  de  ces  ouvrag»  s, 
lombes  pour  la  plupart  dans  l'oubli  : 

Diction?!,  des  Apocrtpbks.  II. 


Traqœdia  de  passions  Domini  nostri  Jesu 
Christi  quœ  Theoandrathanatos  inscribttur, 
perJ.J.QuintianuoiStoamfContiQuinzuno), 
Alilan«  1508,  in-4%  et  dans  les  Christiana 
opéra  de  cet  auteur,  Paris,  1514,  in-folio. 

Christus,  tragœdia,  parCoriolanMartiranî, 
évoque  deCosenza;Naples,  1556.  Il  y  a  une 
réimpression  faite  à  Parme,  1786,  in-8*;  le 
texte  latin  est  accompagné  d'une  traduction 
italienne  en  vers. 

Stepbani  Tuccii  (eSocieta'e  Jesu)  Christus 
judex;  Munich,  1697,  in-12. 

Parabata  vinctus,  sive  iriumphus  Christi, 
tragœdia;  Paris,  1595.  in-8*. 

Jesulus,  comœdia  sacra  de  nativitate  Domi" 
ni;  facta  et  acla  a  M.  Henrico  Hertzvigio  * 
Marbourg,  1628,  in-8*. 

Sacrœ  eclogœ,  seu  idyllœ  de  Jesu  Christo, 
nuclore  A.  de  Champ  Renaud;  Bernœ,  1706, 
in-8-. 

Jésus  scholasticus ,  auct.  G.  Mucropedio; 
Ulrecht.  1556,  in  S\ 

I  Christus  triumphans,  comœdia apocatyptica, 
auctore  J.  Foxo;  Bâle,  1556;  Londres,  1672. 

II  en  existe  une  traduction  française  par 
Jacques  Bienvenu  (nom  supposé),  Genève, 
1562.  (Poy.  sur  cette  pièce  rare  la  Biblio- 
thèque du  théâtre  français ,  1756 ,  t.  111, 
p.  236  239.) 

De  passions  Domini  comœdia^  par  G.  Mrcro- 
pedius({)ièce  si  rare  queM.de  Soleinne  n'a- 
vait pu  s'en  procurer  un  exemplaire  pour  le 
placer  dans  son  immense  biblothèque  dra- 
matique.) 

Nous  rencontrons,  dans  l'ancien  théfttre 
religieux  de  ritalio  :  Rapresenlalione  délia 
Passione  di  nostro  Signore  Gesù  Christo;  il 
en  existe  plusieurs  éditions;  Rome,  1515; 
Venise,  1525,  etc.  Elles  présentent  entre 
elles  des  diiférences  assez  sensibles 

Rapresenlazione  delta  resurrezione  di 
nostro  Signore  Gesû  Christo  ;  Florence  , 
1587,  in-4-. 

La  Resurrezione  di  Christo,  rapresenta* 
zione  in  verso  sciolto,  composta  d£(l  Padre  fra 
Benedetto  Cinquanta  ;  Milan,  1617,  in-12. 

La  littérature  française  nous  présente  Xa 
sanglante  et  pitoyable  tragédie  de  nostre 
Sauveur  Jésus'Christ  (poëme  tragique  en 
vers),  par  Denis  Coppée;  Liège,  l624,in-8% 
très-rare. 

La  mort  de  Théandre,  ou  sanglante  tragédie 
de  la  mort  et  Passion  de  Nostre  Seigneur  Jé- 
sus-Christ, (iar  Chevillard.  On  en  connaît 
plusieurs  éditions,  Orléans,  1649;  Rennes* 
1665;  Paris,  1694;  Rouon,  1701,  etc.  Elle 
est  d'ailleurs  fort  singulière  sous  le  rapport 
du  style. 

La  Passion  de  Nostre  Seigneur  Jésus  Christ^ 
réduite  en  vers  par  le  P.Gromzel,de  la  Com- 
pagnie de  Jésus,  pour  être  représentée  par 
les  bourgeois  de  Dinant,  l'an  1670  (manus- 
crit porté  au  catalogue  So'e  nne,  n*  1437). 

Discours  tragique  (h  onze  personnages)  sur 
la  passion  de  Nostre  Seigneur  Jésus-Christ , 
Paris,  1674,  in-8". 

La  naissance  de  Jésus  en  ffeM/^em,  pasto- 
rale par  frère  Claude  Macée ,  Caen,  1729, 
in.l2.    ' 

La  Passion  de  notre  Seigneur  JcsusChristf 

13 


S9d 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ifC 


Ce  qui  concerne  Ift  personne  du  Sauveur 
a  été  traité  par  divers  auteurs  dont  M.  Pei- 
gnot  a  résumé  tes  \TBYanx  dans  ses  Recherches 
sur  la  personne  deJésus^Christ  et  de  Marie  (Di- 
jon, 1829 ,  in-8*}  ;ilcited*aboril  le  témoignage 
de  Nicéphore;  cet  historien  ditdansson  £fi5- 
toire  ecclésiastique^  1. 1,  cb.  M>  que  Jésus* 
Christ  avait  un  visage  d'une  beauté  eipres- 
siye»  des  cheveux  peu  épais  et  tirant  sur  le 
blond,  des  sourcils  noirs,  des  yeux  bruns, 
la  barbe  rousse  et  courte,  la  tète  un  peu 
penchée,  le  visage  vermeil  (456-57). 

Les  légendes  au  sujet  de  la  Passion  sont 
nombreuses. 

Sur  la  vraie  croix  consulter  une  des  notes 
de  Peignot  sur  VHistoire  de  la  Passion^  par 
Olivier  Maillard,  1835,  gr.  in-8";  il  men- 


tionne divers  ouvra 


«5,  gr. 

aes  èc 


e  sujet,  tels  que 


les  dissertations  de  Bartholonius,  de  Rip- 
ping,  de  Paschius,  de  Cyprianus,  lyoutons: 

J.  Lipsiûs,  De  cruce^  1594, 1670,  etc.;  Gret- 
serus.  De  sancta  cruce  Christi;  Ingoistadt, 
1600-1606,  3  vol.  in-4*. Ouvrage  savant,  mais 
où  il  y  a  bien  des  divagations. 

Allatius,  De  ligno  crucis^  dans  les  5ym- 
micta  de  cet  auteur*  Coloniœ,  1653,  în-8^ 
Cet  écrit,  contenu  dans  un  recueil  devenu 
rare,  renferme  une  histoire  singulière  de 
Tarbre  qui  a  servi  è  faire  la  croix. 

Essai  (fun  traité  historique  de  la  Croix  de 
N*  S.  /•  C,  contenant  ce  qui  s'est  passé  de 
plus  remarquable  au  sujet  de  cet  instrument 
du  salut  du  genre  humainjusquà  notre  temps, 
(Cet£fsatforme  divers  articles  insérés dan^  le 
Mercure  de  Froncf,  depuis  juin  1736,  p.  1303 
jusqu'à  décembre  1741,  p.  26^0.) 

n.  fi.  du  Mérit,  dans  une  note  de  son  re- 
cueil de  ses  Poésies  populaires  latines  du 
mogen  âge,  Paris,  1847,  in-8%  p.  320,  fait 
connaître  une  des  traditions  relatives  au 
sujet  qui  nous  occupe  : 

On  regardait  le  bois  de  la  croix  comme 


sanctifié  depuis  longtemps  par  les  mvsières 
de  l'Ancien  Testament.  C  était  l'arbre  (!e 
science  dont  les  fruits  avaient  caus^  la  dé- 
sobéissance  de  notre  premier  père;  Jélhro  y 
avait  coupé  le  bâton  qui  mettait  h  l'épreuve 
les  prétendants  à  la  main  de  sa  fille,  et  Aaron 
la  baguette  merveilleuse  avec  laquelle  il 
vainquit  les  magiciens  de  rEgypte;c*éia'i 
kson  tronc  que  Moïse  avait  attaché  le  srr* 
l>ent  dont  la  seule  vue  guérissait  les  bles- 
sures des  Hébreux,  et  tous  les  efforts  de 
Salomon  pour  le  faire  entrer  dans  la  cons* 
truction  de  son  temple  étaient  restés  im- 
puissants. 

Adelphus  raconte  ces  traditions  dans  un 
passage  latin  que  M.  du  Méril  rapporte  d*après 
le  Thésaurus  humnologicus  de  Daniel,  t.  Il, 
p.  80;  la  légenoe  de  Tarbre  de  la  croix  figure 
ézalement  dans  le  Mystère  de  lanatitUéds 
iV.  5.  Jésus-Christ^  publié  par  If.  Jubinal  : 
Mystères  inédits  du  xv*  siècle^  t.  Il;  elle 
a  donné  lieu  à  un  ouvrage  très-rare,  im« 
primé  è  Caleaborch ,  en  iU3 ,  et  qui  se 
compose  de  6^  figures  imprimées  avec  des 
planches  de  bois,  et  ayant  chacune  au-des- 
sous quatre  vers  en  langue  liull/«nJase. 
Tous  ces  quatrains  ont  été  reproduits  avec 
une  traduction  anglaise  dans  le  somptueui 
ouvrage  de  Dihdin  :  Bibliotheea  spenseriana, 
t.  111.  Signalons  aussi  une  croyance  siogu- 
Hère  qui  s*était  répandue  dans  le  roo>en 
fige  et  que  mentionne  Thiers  dans  son  Traiu 
des  superstitions.  Des  criniinels  condamnés 
è  la  question  pouvaient  échapper  è  la  souf- 
france; des  voyageurs,  iraversant  des  pas- 
sages dangereux,  étaient  certains  de  ne  \^^ 
être  volés,  en  récitant  des  vers  composés «n 
Thonneur  du  bon  larron  et  dont  voici  le 
début  : 

Imparibus  meritis  pendent  trU  corpora  ramit 
Diamas  et  Gesmaa,  nieilia  est  difina  PotesUs: 
Alu  pciit  Ditnus,  lufelix  infima  Gestas.. 


JOAGHIM. 


Joachim,père  de  la  sainte  Vierge,  à  Tégard 
duquel  on  manque  de  renseignements  au- 
thentiques, figure  dans  les  évangiles  apo- 
cryphes, ainsi  qu'on  le  voit  au  premier  vo- 
lume de  ce  recueil.  Plusieurs  des  Pères  de 
TEglise  le  mentionnent  au  même  point  de 
vue  comme  jouant  un  rôle  dans  des  écrits 
sans  autorite  :  citons  saint  Augustin  {Contra 
Fausium^  1.  xxiii,  c.  8)  :  Apocrypham  Sert- 
pturam^  ubi  Joachim  pater  Mariœ  legitur^  eu- 


l 


(456-57)  Transcrivons  d^ailleiirs  le  passage  latin 
u*gffr<t  la  iraduclion  de  Nicéphore,  faite  par  le 
K  Fronton  du  Duc  (Paria,  i650,2  voK  in-fol.  t.  1, 
p.  125^.  c  Porro  effigies  formas  Domini  nosiri  Jeau 
nhriati,  aicuti  a  veieribua  accepîroua,  talis  prope- 
modum*  qoatenu»  eam  crasaius  verbis  comprehen- 
dere  licet,  fuit.  Egregio  vividoque  vultu  fuit. 
Corporis  statu  ra  ad  palmas  proraua  aeptem,  cxsa- 
riem  habnit  tub/lavam,  ac  non  admodum  densam* 
leniter  quodam  modo  ad  criapoa  deelinantem.  Su- 
percilia  nigr»,  non  perinde  inflexa.  Kx  oculia  fui  vis 
ft  aubflavescentibua  mirifica  promtnebat  grsitia. 
Acrti  ii  erant  et  nuus  iongior,  barb»  capillus 


jus  auctoritate  non  dettneniur.  Saint  Gré* 

Soire  de  Nysse  (Oratio  de  natale  die  Ckristi 
it  de  son  côté  :  Ftr^tnt^  pater ^  ut  ex  histo;' 
ria  quadam  incerti  auctoris  accepta  fuit  inii* 
gnis  quidam  citns. 

Un  livre  populaire,  la  Vie  de  sainte  Anne, 
dont  nous  avons  déjk  fait  mention,  repro- 
duit les  récits  contenus  dans  les  évangiles 
apocryphes.  Voici  les  titres  des  deux  cha- 
pitres de  cet  écrit  :  Comme  Anne  fuit  oxn 

flavus  nec  admodum  demiaaua.  Capitis  porro  ca^ 
loa  tulit  prolixiores.  Novacula  enim  in  capu(eju« 
non  ascendit,  neque  manus  aliqua  hominis,  P*^''* 
quam  matris,  in  lenera  duntaxat  state  ejua.  Coliiim 
fuit  sensim  déclive,  ita  ut  non  arduo  et  ext^nl^^ 
nimium  corporis  statu  esset.  Porro  tritict  refertfis 
eolorem,  non  rotundam  aut  aurtam  lisbait  ra(M'ii<. 
sed  qualis  mairis  ejns  erat,  paiilum  d^orsom  «mum 
vergenlem,  ac  moderate  rubtrundam;  iravîtaifni 
alqne  prudent  iam  eu  m  lenilale  coujunct^ni,  plsr^- 
bititatem  iracniuliae  expertt*n]  prae  se  ferenl^ir. 
Persimilis  denique  per  omnia  fuit  divbue  et  vnnor 
culatse  suae  Genitrid.  i 


iOI 


JOB 


PART.  in.-LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOB 


402 


Joachim^  en  Vétat  Je  mariage  vingt  ans  sans 
fruit,  et  comme  il  fut  reproché  par  le  sauve- 
tain  prêtre^  allant  à  V offrande,  —  Comme 
Joachim  s'en  alla  voir  ses  bergers  et  pastou- 
reaux gardant  son  bétail ,  et  comme  Vange 


le  conforta»..  —  Ces  détails  se  trouvent  éga* 
leraent  dans  un  livre  populaire  de  PAIIe- 
Diaode  dont  nous  avons  vu  une  édition  im« 
primée  là  Leipsick  sous  (e  titre  de  Joachiin 
und  Anna. 


JOB. 


Le  célèbre  cardinal  Angelo  Maï,  a  publié 
dans  son  précieux  recueil  (Script»  vet.  nova 
coileet.,  t.  VIII,  p.  191,  1839,  in-^'),  un  livre 
^rec  fort  curieux,  attribué  à  Job,  et  qui  re- 
monte à  une  époque  très-reculée,  puisqu'il 
en  est  question  dans  le  décret  du  Pape  Gé- 
lase,  qui  condamne  des  ouvrages  apocry- 
phes (Mansi,  Collect.  conciLj  t.  VIII,  col.  169). 
Oq  y  lit  qu*au  bout  de  trois  jours  de  mala- 
die, Job,  couché  sur  son  lit,  vit  venir  à  lui 
les  saints  anges  qui  s*apprètaient  à  recevoir 
son  Ame,  qu  alors  il  se  leva,  prit  sa  harpe  et 
la  donna  à  sa  fille  Héméra  ;  il  donna  un  en- 
censoir à  sa  fille  Cassia,  et  lui  mit  entre  les 
mains  un  tambour,  afin  que  ses  filles  chan- 
tassent et  jouassent  de  la  musique  è  Tarri- 
fée  des  esprits  bienheureux  ;  celles-ci  se 
mirent  à  célébrer  les  louantes  du  Seigneur 
en  sV-compagnant  de  ces  instrumentSi  et 
lange  vint,  nQonté  sur  un  grand  char;  il 
embrassa  Job,  prit  son  ftme,  la  fit  monter 
sur  le  char  et  la  remit  au  ciel.  Nous  don- 
nons plus  loin  une  traduction  entière  de 
celle  production  qui  n*avait  jamais  été  tra- 
duite en  français. 

Il  faut  placer  au  nombre  des  écrits  apo- 
cryphes, et  nous  les  reproduisons  d'après 
Fabricius  {Codex  pseud.  Vet.  Test.,  t.  I, 
p.  791),  les  paroles  que  la  femme  de  Job 
a  iresse  à  son  mari,  d'après  la  version  grec- 
que du  livre  i,  ch.  2,  19,  et  qui  ne  sont 
pasdansla  Vulgate  : 

Tempore  autem  multo  transacto  dixit  ei 
ttxor  ejus  :  Quousque  sustinebis  dicens  :  Ecce 
permaneOf  tempus  adhuc  parvum  exspectans 
tpem  salutis  meœ.  Ecce  enim  deletum  est  me- 
moriale  tuum  de  terra,  filii  et  filiœ,  mei  uteri 
dolores  et  labores,  quos  in  vacuum  laboravi 
(^umnis.  Tu  vero  ipse  in  putredine  vermium 
ftdes  pemocians  sub  dio.  Et  ego  errans  et 
ancWa  locum  ex  loco  et  domum  e  domo  cir- 
cumeo  ;  exspectans  solem  quando  occidet,  ut 
Ttcfuiucam  ab  œrumnis  mets  et  doloribus  qui 
me  nunc  prémuni.  Sed  dicito  aliquod  ver- 
hum  in  Dominum  et  morere. 

Fabricius  a  également  placé  dans  son  re- 
cueil les  additions  apocryphes  que  la  ver- 
sion grecque  a  faites  au  Livre  de  Job  (après 
le  verset  17  du  chapitre  xui). 

Scriptum  autem  est,  ipsum  rursus  resur^ 
Tfciurmn  cum  quibus  resuscitat  Dominus. 

{Bic  in  interprétations  redditur  ex  libro 
Sj/riaco)  :  In  terra  quidem  Ausilide  habitans, 
i^  finibus  idumœœ  et  Arabiœ,  et  ercU  ei  namen 
Johab.  Cum  autem  accepisset  uxorem  Arabie- 
smn,  générât  filium  cui  nomen  Ennon.  Erat 
autem  ipse  ex  paire  quidem  Zare,  defiliis  Esau 
Mi^,  matris  atiteni  Bossorœ;  ita  ut  ipse  sit 
^iitntus  ab  Abraham. 


Et  hisunt  reges  qui  regnaverunt  in  Edom^ 
cujus  etiam  ipse  dominatus  est  : 

Primus  Balac  filius  Beor,  et  nomen  civita- 
tis  ejus  Demaba.  Post  Balac  autem,  Jobab 
qui  vocatur  Job.  Post  hune  autem ,  Asom 

Îui  erat  dux  ex  regione  Thcemanitide  :  post 
une  autem ,  Adad  filius  Barad ,  qui  excidit 
Madiam  in  campo  Moab,  et  nomen  civitatis 
ejus  Gethœm. 

Amici  autem  qui  ad  eum  venerunt  :  Eli' 
phaz  de  filiis  Esau,  Thœmenorum  rex  {Théo- 
dotio  autem  filium  Josaphat  reddidit)  ;  BaU 
dad,  tyrannus  Sacchœorum  {Theodotio  addit  : 
Filius  Ammonis,  filii  Choboc);  Sophar  ^  rex 
Minœorum. 

Divers  auteurs  dramatiques  se  sont  ins- 
pirés du  Livre  de  Job;  nous  pouvons  citer 
parmi  ces  productions  peu  connues  aujour* 
d'hui  : 

Jobus^  pièce  en  cinq  actes  et  en  vers,  par 
Jean  Lorich  dans  les  Dramata  sacra  (Bile , 
1547,  in-8-) 

La  Patience  de  Jobt  histoire  extraicte  de  la 
bible...  ainsi  qu*il  se  verra  par  le  présent 
mistere  représenté  par  quarante  et  neuf 
personnages 9  Paris,  in -4*,  sans  date,  et 
1579,  in -16.  L'analyse  que  les  frères  Par- 
faict,  dans  leur  Histoire  du  théâtre  français , 
ont  donnée  de  nette  composition,  a  été  re* 
produite  dans  le  Dictionnaire  des  mystères  ^ 
Migne,  1854,  col.  240. 

Dans  ie  théâtre  de  l'Allemand  Hans  Sachz, 
il  se  trouve  une  pièce  sur  Job,  en  cinq  actes , 
jouée  en  1547. 

Los  Trabajos  de  Job^  pièce  de  Felipe  Go- 
dinez,  est  insérée  dans  le  tome  VI  (1654)  des 
Comedias  nuevas  escogidas,  recueil  fort  rare. 
Quelques  poètes  se  sont  également  efforcés 
de  mettre  en  vers  l'histoire  de  Job  et  les  le- 
çons de  morale  qu'il  doit  fournir.  On  comp- 
te parmi  les  écrits  du  président  de  Thou  un. 
ouvrage  intitulé  :  Jobus ,  sive  de  constantia 
/t6rt  IV  poetica  metaphrasi  explicatif  VariSf. 
1588.  Mentionnons  aussi  :  J.  Mellius  de  Sou- 
za ,  In  librum  Job  paraphrasis  poetica  ;  Lyon, 
1615,  in-12.   • 

La  Bibliographie  biographique  de  M.  QEt- 
tinger,  que  nous  avons  déjà  citée  h  plusieurs 
reprises ,  nous  fournit  les  litres  de  trois  ou- 
vrages relatifs  au  patriarche  qui  nous  oc» 
cupe. 

F.-J.  Spanheim,  JSTû/ona  Jobt,  GeneV», 
1670,  in-4*;  D.  Stemler,  Programma  de  Jobo 
theologo  tentationibus  probato,  Lipsiœ,  1746, 
in-4\ 

S. -S.  Weickmann , /oftuf  resurrectioniê 
non  typuSf  sedprofsssor^  Wittemberg,  1758t 
in-4% 


in 


DICTIONNAIRE  DES  APOGUYPHES. 


4C4 


TESTAMENT  (kSS)  DU  VERTDEDX/  GLQRIKDX  (US6}  CT  BIENHEUREUX  JOB. 


Livre  de  Job  nommé  Jobàb,  sa  Vie  et  ta  copie 
du  testament  qu*H  fit  le  jour  oÀ,  étant  tom- 
bé malade  ^  il  sentit  que  son  dme  allait  se 
séparer  de  son  corps. 

Or,  il  appela  ses  sept  ûls  et  ses  trois  filles  et 
leur  dit  :  «  Approchez,  mes  enfants,  entou- 
rez-moi, soyez  attentifs,  et  je  vous  racon- 
terai ce  que  le  Seigneur  a  fait  avec  moi  et 
tout  ce  gui  m'est  arrivé. 

«Je  suis  Job  votre  père,  6  mes  enfants  I  vous 
êtes  d'une  race  choisie,  et  vous  n'oublierez 
pas  votre  noble  origine.  Je  descends  d*£sim 
et  ie  suis  ffère  de  Naôr  (4^60)  :  Dinafut  votre 
mère.  Ma  première  femme  et  dix  autres  en- 
fants furent  frappés  d'une  mort  cruelle  1 
Ecoutez-moi ,  6  mes  enfants t  je  vous  dévoi- 
lerai tout  ce  qui  nj*est  arrivé. 

«  J'étais  le  plus  riche  de  l'Orient,  dans  la 
terre  de  Hus,  et  avant  que  le  Seigneur  me 
nomroAt  Job,  on  me  nommait  Jobab.  Le  eom- 
raencement  de  mes  épreuves  survint  ainsi  : 
Il  j  avait  tout  près  de  chez  moi  une  idol«f 
que  le  peuple  vénérait;  je  voyais  qu'où  lui 
Offrait  continuellement  des  sacrifices  comme 
à  un  dieu.  Pensant  en  moi-même,  je  me 
dis  r  «  Est-ce  là  celui  qui  a  fait  le  ciel,  la 
terre,  la  mer  et  nous  tous?  Comment  donc 
pourrai-je  connaître  la  vérité  ?  » 

«  Cette  même  nuit,  taudis  que  je  sommeil- 
lais^ j'entendis  une  voix  qui  disait  >  «  Jo- 
bab l  Jobab  I  lève- toi  et  je  te  ferai  voir  celui 
que  tu  désires  connaître  I  Celui-là  certaioe- 
ment  r  auquel  les  hommes  offrent  des  sacri- 
fices et  des  libations,  n'est  pas  Dieu,  mais 
bien  uoe  forme  de  la  puissance  et  de  la  force 
même  du  diable,  au  moven  de  laquelle  il 
trompe  les  hommes.  »  Ayant  entendu  ces 
paroles ,  je  tombai  à  terre  et  je  me  proster- 
nai en  disant  :  n  O  Seigneur,  qui  me  |>arles 
pour  ie  salut  de  mon  flme,  je  t'eq  prie,  si 
cette  idole  est  l'imaKe  de  Satan,  je  t'en  prie, 
oitlunne-moi  de  la  renverser  et  de  la  dé-* 
truire,  et  je  purifierai  ce  lieu  ;  personne  ne 
peut  m'eq  empêcher,  puisaue  je  règne  dans 
cette  contrée.  Après  cela  elle  n'induira  plus 
personne  eu  erreur.  »  Et  la  voii  me  répon- 
dit :  «  Tu  peux  purifier  ce  lieu;  mais  voici 
que  je  vais  te  dévoiler  tout  ce  que  le  Sei** 
gneur  m'a  ordonné  de  te  dire  :  car  je  suis 
un  archange  de  Dieu.  »  Et  moi  je  répondis  : 
«  J'obéirai  à  tout  ce  qu'il  ordonnera  à  son 
serviteur.  »  Et  l'archange  me*  dit  :  %  Voici 
ce  que  dit  ie  Seigneur  :  Si  tu  entreprends 
de  détruire  par  la  purification  l'image  de 
Satan ,  il  s'élèvera  contre  toi  dans  sa  colère, 
et  te  montrera  dans  une  lutte  terrible  toute 
sa  .méchanteté  ;  il  te  frappera  de  coups  ré- 

(4d8\  Le  lesla  gréa  tet  qiê  Ta  puliKé  le  c»r- 
diniftl  liai    ^ai  «u    général    fort    ii>corrfci.     t)e 

Î [raves  «liéniiioim  eii  ceiuioa  anérolu  eu   rendent 
liiU-lligeiice  fori  difAcile. 

(459)  LaHtoriié  d«8  Didîoiinaires  mus  riPté- 
ch«*.  de  traduire  le  mot  grec  du  léiie  par  t  ué&- 

é^MOUTé.  I 

A  hoire  avifr  IVxislence  de  Job  seiait   mieux  ré- 


pétés  et  douloureux,  te  dépouillera  de  tous 
tes  biens ,  fera  périr  tes  enfants  et  le  fera 
soufi'rir  toutes  sortes  de  maux,  et  hi  seras 
comme  un  athlète  du  pugilat  supportant  les 
fatigues  dans  Tattente  d'une  récom{)ense  et 
endurant  les  épreuves  et  les  tribulations; 
mais  si  tu  sup(X)rtes  tout  cela  lk6i),  je  ren- 
drai ton  nom  glorieux  chez  toutes  les  géné- 
rations de  la  terre  jusqu'à  faccomplisseffi  \\ 
des  temps.  Et  je  te  rétablirai  dans  tous  w% 
bieiiS,  et  il  te  se:  a  nadu  le  double  d^ioai 
ce  que  tu  auras  perdu;  afin  que  tu  oou^ 
naisses  que  Dieu  est  équitable ,  qu'il  coiu* 
bie  de  biens  chacun  de  ses  serviteurs  comme 
il  t*en  comblera  toi-même  ;  et  tu  recevras  une 
couronne  immortelle  et  tu  te  réveilleras  à  la 
résurrection  |>our  la  vie  éternelle;  tu  roo- 
nattras  alors  que  le  Seigueur  est  juste,  lu- 
failli  ble  et  puissant.  » 

c  Et  moi ,  mes  enfanls,je  lui  répondis  :  t  Je 
suis  disposé  à  souffrir  pour  l'amour  de  Dieu 
tout  ce  qui  peut  m'arriver,  jusqu*à  la  mort 
et  Je  ne  reculerai  pas.»  Alors  l'ançe  m'ajAnt 
confirmé  (462)  me  quitta.  Le  lendeniiiD 
matin  m'étant  levé,  je  pris  avec  moi  cinquante 
serviteurs;  j*allai  dans  le  temple  de  l'idole 
ei  je  la  détruisis  de  fond  en  comble;  fMiis 
je  rentrai  à  la  maison ,  ordonnant  de  fermer 
as  portes  et  recommandant  à  leurs  gardiens 
(]ue  si  quelqu'un  venait  rae  demander  re 
jour-lè,  on  ne  me  fit  pas  voir  :  «  Répondez  :li 
est  à  la  floaison ,  mais  il  s'occupede  soins  indis- 
pensables.» Alors  Siatao,s*étant  métamorphosé 
en  visiteur,  vint  frapper  à  la  porte  et  dit  à 
la  gardienne  :  «  Avertissez  Job  que  je  désire 
le  voir.  ^  Et  la  gardienne  entrant  me  rap- 
porta ces  paroles,  et  je  lui  répondis  quê 
j*étais  occupé.  Le  méchant,  dérouté  dans  ^a 
ruse,  se  retira,  jeta  sur  ses  épaules  un  vê- 
tement en  lambeaux,  et  revenanl  dità  ia^^r- 
dieune  ;  «  Va  dire  k  Job  qu'il  me  fasse  doDo^r 
par  ta  main  du  pain  pour  que  je  le  mange,  i 
Ce  qu'ayam  entendu,  je  donnai  à  la  gardien- 
ne, pour  le  lui  donner,  du  pain  (463)brûlé;et 
je  lui  fia  dire:  «Je  ne  veux  pas  que  tu  manges 
de  mon  pain,  parce  je  ne  veux  avoir  aucune 
communauté  avec  toi.  »  Et  la  portière  ayanl 
rougi  de  lui  donner  ce  pain  brûlé  et  couleur 
de  cendre,  parce  qii*elle  ignorait  que  ce  iûi 
Satan ,  alla  prendre  un  de  ses  bons  paioset 
le  lui  donna;  Satan,  l'ayant  pris  et  connais- 
sant ce  qui  s'était  passé,  dit  à  resclare: 
«  Va-t-en,  mauvaise  servante,  et  apporte- 
moi  le  pain  que  Ton  t*a  dit  de  me  donner.  » 
L'enfant  se  mit  h  pleurer  de  chagrin  et  liii  : 
«  Tu  as  raison  de  m'appeler  mauvaise  ser- 
vante, parce  que  je  n'ai  pas  fait  ce  que  ui  3- 

sanée  par  ces  trois  mois  :  YtrtusKX,  <rèi-/pro«r^ 
el  bienheureux  Jvh. 

(4^6)  Narher  est  cité  dans  la  Genhe  (n,  î5}cof 
me  frère  d*AbraJiam,  elle  f^érede  Job  à  h  fin  « 
ee  lesiaBneat  asi  appelé  Néréus  (Ni^fc uç  ) 

(461)  IIpoax4^tip«»v,  li«ex  icpoaxapx£f<tf>'« 

(i&i)  Marqué  de  son  sceau. 

(405)  Du  liistuiu 


M 


JOB 


PART.  III.-LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOB 


#Uf 


nii  ordonné  mon  mallre.  »  Elle  retourna 
donc  lui  chercher  le  pain  brûlé  et  lui  dit  : 
f  Voit!!  ce  que  mon  maître  te  fiait  dire  ;  Tu 
ne  mangeras  pas  du  m6me  pain  que  moi, 
l>arce  que  je  ne  yeux  avoir  aucune  société 
avec  Coi  y  et  je  t'envoie  celui  •  ci ,  parce 
que  je  ne  veui  pas  qu*il  soit  dit  que  je  n*ai 
rien  donné  à  un  ennemi  qui  demandait.  » 
Ce  qu*ayant  entendu,  Satan  me  renvoya 
Tesclave  pour  me  dire  :  «  Comme  tu  vois  ce 
pain  entièrement  brûlé ,  ainsi  dans  peu  de 
temps  je  rendrai  ton  corps  .nEt  je  répondis  : 
c  Fais  à  ta  volonté  et  exécute  tous  tes  des- 
seins ;  je  suis  prêt  à  soutenir  tout  ce  que  tu 
voudras  entreprendre  contre  moi.  » 

«Le  diable,  ayant  entendu  ces  paroles«me 
quitla,  et,  étant  monté  au  Brmament,  il 
fit  promettre  au  Seigneur  de  lui  donner  pou- 
voir sur  tout  ce  qui  m'appartenait ,  et  Dieu 
lui  ayant  accordé  ce  pouvoir,  il  vint  et  m'en- 
leva tout  d*un  coup  toutes  mes  richesses. 
Javaiscent trente  mille  moutons:  surcenem- 
bre,  j'en  consacrais  plusieurs  milliers  (kùk)  à 
vèiir  les  orphelins,  les  veuves,  les  pauvres 
et  les  indigents;  j'avais  huit  cents  chiens 
qui  gardaient  mes  moutons,  et  deux  cents 
chiens  qui  gardaient  ma  maison  ;  j'avais  neuf 
cents  mules  pour  être  employées  dans  toute 
la  ville  et  pour  transporter  les  fardeaux,  et 
je  les  envoyais  dans  tous  les  quartiers  aux 
indi)(euts,  aux  infirmes  et  aux  nécessiteux  ; 
favais  cent  quarante  mille  ftnes  errants  (dans 
mes  pAturages):  sur  ce  nombre,  j'en  avais 
fait  prendre  cinq  mille,  et  gavais  ordonné 
d'eo  vendre  les  produits  et  d'en  donner  le 
prix  aux  pauvres  et  aux  indigents;  car  les 
pauvres  venaient  à  cette  distribution  de  tou- 
tes parts.  En  effet,  les  quatre  portes  de  ma 
maison  étaient  ouvertes  dans  ce  but  :  afin  que 
personne  ne  s'en  allât  demandant  l'aumône, 
et  que  tous  pussent  me  voir  assis  près  d'une 
des  portes  et  s'en  aller  par  l'autre»  et  pren- 
dre ce  dont  ils  avaient  besoin. 

«  J'avais  trois  cents  tables  immobiles  tou- 
jours servies  en  tout  temps  pour  les  seuls 
étrangers;  j'avais  encore  douze  tables  ser-* 
vies  pour  les  veuves,  et  s'il  venait  quelqu'un 
demandant  l'aumdne,  il  n'avait,  pour  se 
nourrir,  qu'à  prendre  sur  ma  table  ce  dont 
il  avait  besoin,  et  je  ne  permettais  à  per* 
sonne  de  sortir  de  chez  moi  les  mains  vi- 
des (465)«  J'avais  trois  mille  cinq  cents  paires 
de  bœufs  :  j'en  choisissais  cinq  cents,  et  je 
les  dressais  au  lal)0urage,  afin  de  pouvoir 
tout  faire  dans  le  champ  de  chacun  de  ceux 
Que  j'assistais ,  et  je  les  employais  aussi  à 
faire  transporter  les  récoltes  des  pauvres  sur 
leurs  tables;  j'avais  cinquante  boulangeries 
qai  étaient  employées  pour  la  table  des  pau- 
vres; j'avais  des  esclaves  choisis  pour  ce  ser- 
vice. 

«Il  y  avait  des  étrangers  qui,  voyant  ma 
générosité,  désiraient  s'associer  avec  moi 
pour  ces  bonnes  œuvres  ;  d'autres  qui,  pau- 
vres et  ne  pouvant  rien  dépenser,  venaient 

(464)  Selon  unité  apparence,  le  chiffre  C  (7)  ex- 
primé plus  bas  dans  le  discours  d*£iius  manqua 
ki. 


me  trouver  et  me  suppliaient  en  disant  : 
«  Nous  avons  besoin'de  toi ,  car  nous-mèmes- 
nous  voulons  aussi  nous  joindre  à  ces  bon- 
nes œuvres;  mais  nous  ne  possédons  rien  i 
aie  compassion  de  nous;  avance-nous  de 
For  pour  que  nous  allions  dans  les  gramfes 
villes  faire  du  commerce,  et  que  nous  puis- 
sions consacrer  aux  pauvres  le  superflu  do 
notre  gain,  et,  après  cela,  nous  te  rendrons 
ce  qui  t'appartient.  »  Et  moi  je  m'enorgueil- 
lissais de  ce  qu'ils  tenaient  de  mes  mains  de 
3uoi  faire  du  bien  aux  pauvres,  et  je  leur 
onnais  généreusement  tant  qu'ils  voulaient, 
recevant  leur  billet,  sans  accepter  d'eux 
d'autre  nantissement  qu'un  écrit.  Et  ils  al- 
laient faire  le  commerce,  puis  ils  donnaient 
le  gain  aux  pauvres.  Souvent  onelquesuus 
perdaient  une  partie  de  leur  rortune  dana 
leurs  voyages  sur  terre  ou  sur  mer,  ou  bien 
ils  étaient  volés;  alors.  Tenant  vers  moi,  ils 
me  suppliaient  en  disant  :  «  Nous  avons  be- 
soin de  toi  ;  accorde-nous  du  temps,  pour 
que  nous  voyions  à  te  rendre  ce  qui  t'ap- 
partient. M  Et  mot,  entendant  ces  paroles  et 
rempli  de  compassion  pour  eux,  j'a{)portais 
leur  billet  et  le  lisais  devant  eux;  puis, 
l'ayant  déchiré,  je  les  délivrais  de  leur  dette 
en  leur  disant  :  «  De  tout  ce  que  je  vous  ai 
confié  pour  l'intérêt  des  pauvres,  je  ne  vous 
réclame  rien.  »  Et  je  ne  recevais  rien  de  mon 
débiteur. 

«  Et  s'il  se  présentait  un  homme  de  bonna 
volonté,  me  disant  :  «  Je  n'ai  aucun  moye.t 
de  secourir  les  pauvres;  je  veux  pourtant 
t'aider  à  servir  les  mendiants  à  ta  table,  »  je 
lui  accordais  sa  demande  et  il  mangeait,  et, 
le  soir,  je  lui  donnais  son  salaire  et  il  re- 
tournait chez  lui  plein  de  joie;  et  s'il  ne 
voulait  pas  le  recevoir,  je  l'y  contraignais  en 
disant  :  «  Je  sais  que  tu  es  un  homme  bien- 
faisant, et  tu  dois  recevoir  un  salaire,  et  il 
faut  aue  tu  le  prennes;  car  jamais  ie  n'ai  re- 
fusé le  salaire  à  un  serviteur  ou  à  tout  an- 
tre, et  je  n'ai  jamais  refusé  le  salaire  à  per- 
sonne qui  ail  mangé  un  soir  dans  ma  mai- 
son. » 

«Et  ceux  qui  étaient  chargés  de  traire  mes 
sénisses  et  mes  brebis  luttaient  de  zèle  pour 
fournir  du  lait  aux  voyageurs  sur  tes  routes, 
et  le  lait  et  le  beurre  coulaient  en  abondance 
sur  les  montagnes  et  sur  les  routes,  et  mes 
brebis  mettaient  bas  sur  les  rochers  et  sur 
les  montagnes.  Et  ceux  de  mes  esclaves  qui 
étaient  chargés  d'apprêter  les  aliments  aux 
veuves  et  aux  pauvres  en  étaient  fatigués, 
et  des  indigents  (b66)  venaient  me  dire  :  c  Qui 
nous  donnera  de  quoi  nous  nourrir  et  nous 
rassasier  de  tes  viandes?  »  Car  'e  leur  pa- 
raissais très-riche. 

«J'avais  un  recueil  de  chants]et  une  cithare 
à  dix  cordes,  et  j'en  jouais  pendant  le  jour, 
et  les  veuves,  après  dîner,  prenaient  la  ci- 
thare et  chantaient  è  leur  tour.  Au  moyen 
de  la  lyre,  je  les  faisais  souvenir  de  Dieu, 
afin  qu'elles  glorifiassent  le  Seigneur.  Et  si 

(465)  Le  texte  porte  naSkiap  xtvÇ  -^  le  sein  viJe 
— -  On  emporiaii  les  provisions  dans  sa  roba. 

(466)  'OAtY«poOvte(,  Usez  :  dXiYb)pouvnc< 


407 


OICTIONMAIRE  DES  APOCRYPHES. 


^^ 


parfois  mes  servantes  se  disputaient»  je  pre- 
nais !a  lyre,  et  je  célébrais,  enchantant,  les 
bienfaits  de  la  concorde,  et  j'apaisais  ainsi 
leur  murmure. 

«Mes  enfants,  après  m'avoiraidé  au  service, 
prenaient  chaque  jour  leur  repas,  et  emme- 
nant leurs  trois  sœurs,  ils  allaient  chez  leur 
frère  aîné  et  ils  faisaient  festin;  et  moi,  me 
levant  de  bonne  heure,  je  leur  portais  des 
bêtes  immolées,  cinquante  chevreauiet  dix- 
neuf  brebis:  et  ce  qui  restait  était  consacré 
aux  pauvres.  £t  je  leur  disais  :  «  Prenez  ces 
restes  et  priez  pour  mes  enfants,  afin  que 
mes  Gis  ne  pèchent  pas  devant  le  Seigneur 
en  disant  avec  mépris  :  Nous  sommes  les 
lils  de  cet  homme  riche,  donnez-nous  ses 
biens.  Pourquoi  vous  servirions-nous  ?»  En 
parlant  ainsi  par  orgueil  on  excite  le  cour- 
roux de  Dieu,  et  l'orgueil  est  en  exécration 
devant  la  face  du  Seigneur.  Et  j*offr»is  des 
génisses  à  l'autel  pour  que  mes  filles  n*eus« 
sent  jamais  dans  le  cœur  de  mauvaises  pen- 
sées contre  Dieu. 

«  Telle  était  ma  vie,  mais  le  diable  ne  put 
souffrir  mon  bonheur.  II  obtint  de  Dieu  la 
permission  de  me  déclarer  la  guerre,  nuis  il 
s*abattit  sur  moi  impitoyablement.  D  abord 
il  consuma  par  le  feu  toutes  mes  brebis,  puis 
mes  chevreaux  ;  de  mes  génisses  et  de  tout 
mon  bétail,  les  uns  furent  brûlés  par  le  dia- 
ble, les  autres  furent  pillés  non-seulement 
par  les  ennemis,  mais  même  par  ceux  à  qui 
j'avais  fait  du  bien.  Mes  bergers  en  arrivant 
m'annoncèrent  ces  malheurs.  Et  moi,  k  cette 
nouvelle,  je  glorifiai  Dieu  et  ne  blasphémai 
point. 

Alors  le  diable  ayant  reconnu  ma  fermeté, 
inventa  de  nouvelles  machinations  contre 
moi  :  ayant  pris  la  forme  du  roi  des  Perses, 
il  s'établit  dans  ma  ville  et  en  rassembla  tous 
les  citoyens,  et  leur  tint  d'infâmes  dis- 
cours en  disant  avec  menace  :  t  Cet  homme, 
ce  Job  a  pillé  tous  les  biens  de  la  terre  sans 
en  rien  épargner  ;  puis  il  a  détruit  et 
anéanti  Je  temple  du  Seigneur,  c'est  pour- 
quoi je  lui  rendrai  selon  ce  qu'il  a  fait  con- 
tre la  maison  du  erand  Dieu.  Venez  donc 
avec  moi  et  nous  pillerons  tout  ce  qu'il  pos- 
sède dans  sa  maison.  »  Et  ceux-ci  lui  répon- 
dirent:«  il  a  sept  fils  et  trois  filles, nous 
craignons  qu'ils  ne  s^enfuient  dans  d'autres 
pays,  qu'ils  ne  tombentsur  nous  comme  sur 
des  oppresseurs,  et  enfin  qu'ils  ne  revien- 
nent contre  nous  en  force  et  ne  nous  fassent 
)>érir.»  Et  il  leur  dit:  «  N'ayez  aucunecrainte, 
▼oilà  que  fai  détruit  par  le  feu  ses  troupeaux 
et  ses  possessions,  et  j'ai  pillé  tout  le  reste, 
et  voici  que  je  forai  périr  ses  enfants.  » 

Après  avoir  ainsi  parlé,  il  s*en  alla,  ren- 
versa la  maison  sur  i^es  enfants  et  les  fit 
mourir.  Et  mes  concitoyens  voyant  que 
tout  ce  qu'il  avait  dit  était  vrai,  se  précipitè- 
rent après  moi  et  ravagèrent  tout  dans  mon 
habitation ,  et  je  vis  de  mes  yeux  le  pillage 
de  ma  maison  et  des  hommes  de  la  plus  vne 
populace  assis  è  mes  tables  et  montés  sur 
mes  lits;  et  je   ne  pouvais  rien  dire  contre 


eux,  car  j'étais  étourui  comme  une  feroui; 
dont  les  reins  sont  tourmentés  par  les  «Jou. 
leurs  de  l'enfantement,  songeant  surtout  h 
la  guerre  qui  m'avait  été  annoncée  au  non 
du  Seigneur  par  son  envoyé.  J*étais  comnii 
un  homme  qui,  ayant  placé  une  cargaiv» 
dans  une  barqueet  se  trouvant  au  roitieudv 
la  mer,  à  la  vue  de  la  fureur  des  flots  et  du 
combat  des  vents,  a  jeté  les  marchandises 
è  la  mer  en  disant  :  «  Je  veux  tout  perdre  pour- 
vu que  je  revienne  dans  la  ville  etqnpjo 
sauve  la  barque  et  mes  meubles  les  plus  pn;. 
cieux;  »  c'est  ainsi  que  je  faisais  de  mes  ri- 
chesses. Alors  vint  un  second  messager  qui 
m'annonça  la  destruction  de  mes  enfauis,  ei 
je  fus  troublé  d'un  grand  trouble,  et  jedéchi- 
rai  mes  vêtements  et  je  dis  :  «  Le  Seigneur  a 
donné,  le  Seigneur  a  ôté,  la  volonté  du  Sei- 
gneur s'est  accomplie,  que  le  nom  du  Sei- 
gneur soit  béni  I  » 

Satan  voyant  donc  que  rien  ne  peuv.iit 
m'induire  au  péché,  s'en  alla  demander  aa 
Seigneur  mon  corps  afin  de  pouvoir  me  frap- 
per, f»arce  que  le  méchant  ne  pouvait  pins 
supporter  ma  fermeté.  Alors  leSeigneurlui 
permit  d'étendre  ses  mains  sur  mon  corp> 
à  sa  volonté,  mais  il  ne  lui  donna  p^sd*? 
pouvoir  sur  ma  vie.  Et  il  vint  me  trouver 
pendant  que  j'étais  sur  mon  siège  et  que  je 
pleurais  mes  enfants  ;  et  semblable  i  un 
ouragan,  il  renversa  mon  siège  et  me  préci- 
pita contre  terre,  et  je  restai  trois  heures 
étendu  sur  le  sol,  et  il  me  frappa  d*unepldic 
hideuse,  depuis  le  semmet  de  la  tête  jusqu'aui 
oncles  des  pieds  ;  et  je  sortis  par  la  f  île 
plein  d'épouvante  et  d  ansoisse,  et  in*ëian( 
assis  sur  un  fumier  j'avais  Je  corps  rongé  de 
vers  et  j'arrosais  la  terre  d'une  humeur 
abondante;  le  pus  suintait  de  mon  corps  et 
les  versy  fourmillaient, et  lorsqu*un  ver  sor- 
tait de  mon  corps,  je  le  prenais  et  je  l'y  re- 
mettais en  disant  :«  Reste  au  lieu  où  tu  as  tiu 
placé  jusqu'à  Tordrede  celui  è  qui  tu  obéi^» 

Je  passai  ainsi  sept  ans,  assis  sur  le  fu« 
mier,  hors  de  la  ville  et  couvert  de  plaies; 
et  je  vis  de  mes  yeux,  6  mes  chers  enfants, 
je  vis  ma  femme,  épousée  naguère  dan^  le 
luxe  et  la  puissance,  maintenant  buoQiiiée, 
portant  de  l'eau  comme  une  serrante  dans 
la  demeure  d'un  misérable  pour  v  gagoerdu 
pain  et  me  le  rapporter.  Et  pénétré  de  dou- 
leur je  disais:  a  O  vanité  des  chefs  de  celle 
ville  que  j'estime  moins  que  les  chiens  de 
ma  bergerie,  puisqu'ils  traitent  ma  femme 
comme  une  esclave.  »  Et  ensuite  je  reprenais 
ma  patience,  et  après  quelque  temps  ils .'"' 
enlevèrent  le  pain  de  peur  qu'elle  ne  niVn 
apportât,  s'inquiéiant  a  grand'peine  d«;Iuï 
laisser  sa  propre  nourriture;  elaprè$qu*elîe 
l'avait  reçue,  elle  la  partageait  entre  elle  <t 
moi,  en  disant  avec  douleur  .-«HélasI  bientôt, 
peut-être,  il  manauerade  pain  I  »  Elle  d'Ih''|* 
tait  pas  à  s'en  aller  sur  la  niace  pour  uitir 
dier  du  pain  au  boulanger  (467)  et  me  l'ap- 
porter à  manger. 

Et  Satan  s^en  étant  aperçu  se  métan.or- 
phosa   en   boulanger  ;    il   arriva  qut»  i^f 


(i(i7)  'Af-torpaTo;  :  f]\\\  vend  du  oain. 


109 


JOB 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOB 


é\i3 


hasard,  ma  femme  retourna  vers  lui  pour 
lui  demander  du  pain»  le  prenant  pour  un 
homme;  et  Satan  lui  dit  :  «  Apporte*iiioi  la 
Taleur,  et  prends  ce  que  tu  voudras.  »  £t 
ma  femme  lui  répliqua  en  disant  :  «  D'où 
auraiS'je  de  l'argent  ?  Ignores-tu  toutes  les 
misères  qui  me  sont  arrivées  ?  Si  tu  les 
connais  (^68),  aie  pitié  de  nous  !  si  non»  tu 
les  apprendras.»  Et  il  lui  répondit  en  disant: 
<  Si  vous  D*aviez  point  mérité  ces  malheurs, 
ils  ne  vous  seraient  point  arrivés.  Donc, 
Diaiutenant,  si  tu  n'as  pas  d'argent  dans  la 
main,  donne-moi  ta  cnevelure,  et  prends 
trois  pains  pour  que  vous  puissiez  vivre 
pendant  trois  jours.  »  £t  ma  femme  se  dit 
en  elie-mème  :  «Qu'est*ce  que  la  chevelure 
lie  ma  tôte  en  comparaison  de  mon  mari 
qui  afaim?j»  et  ainsi  s'oubliant  elle-même 
elle  lui  dit  :  «  Lève-loi  et  rase-moi?  »  Alors, 
prenant  un  rasoir,  il  lui  coupa  sa  chevelure 
à  la  vue  de  tous,  et  il  lui  donna  trois  pains. 
Celle-ci  les  reçut,  vint  et  me  les  apporta, 
eiSalau  venait  derrière  elle  se  cachant  dans 
la  roule,  après  l'avoir  ainsi  abusée.  Et  alors 
ma  femme  se  tint  auprès  de  moi,  et  criant 
et  sanglotant,  elle  me  dit  :  «  Job  !  Job  1  jus- 
qnesàquand  resterez-vous  assis  sur  un  fu- 
mier hors  de  la  ville,  comme  un  insensé 
aiiendant  et  espérant  votre  salut,  tandis  que 
moi,  comme  une  esclave  et  une  vagabonde, 
ferre  de  place  en  place?  Voilà  que  déjà  votre 
souvenir  a  disparu  de  la  terre  I  C'en  est  fait 
(Je  mes  Gis,  de  mes  filles,  de  tous  les  tra- 
vaux et  de  toutes  les  douleurs  que  j'ai 
•souffertes  en  vain,  et  vous,  vous  restez  cou- 
ché sur  un  fumier,  tout  ronjjé  de  vermine 
et  passant  vos  nuits  en  plein  air,  tandis 
que  moi  misérable,  je  peine  et  je  souffre 
eucore  jour  et  nuit  pour  me  procurer  du 
pain  et  vous  l'apporter.  Et  ce  pain,  on  ne  me 
le  donne  point  en  abondance;  c'est  à  grand' 
peine  que  je  recueille  ma  nourriture  pour 
la  partager  avec  vous.  Réfléchissant  en  mon 
Âme,  que  vous  ne  pouvez  rien  pour  vous 
soulager  dans  vos  misères  et  vgtre  famine, 
j'ai  osé  sans  honte  aller  sur  la  place  pu- 
blique 1  Et  comme  un  marchand  de  pain  ura 
dit  :  Donne-moi  de  l'argent,  si  tu  veux  avoir 
du  pain,  ie  lui  ai  exposé  notre  misère  ; 
et  il  m'a  repondu  :  Donne-moi  ta  chevelure, 
et  prends  trois  pains  pour  vous  faire  vivre 
trois  jours.  Et  moi,  dans  mon  chagrin  je 
lui  ai  dit  :  Lève-toi  et  rase-moi  ;  et  se  le- 
vant, avec  un  rasoir,  il  m'a  honteusement 
rasé  la  chevelure  de  ma  tète,  sur  la  place 
publique,  aux  regards  étonnés  de  toute  la 
foule. 

«  Qui,  en  effet,  n'ii  point  été  frappé  d'un 
douloureux  étonnement  en  se  disant  :  Celle- 
ci  c'est  Silis,  la  femme  de  Job,  dont  l'ap- 
partement était  précédé  de  quatorze  vesti- 
bules et  de  portes  multipliées  qu'il  fallait 
franchir  quand  on  était  admis  à  l'honneur 
d*ètre  introduit  près  d*elle  :  et  voilà  que 
maintenant  elle  vend  ses  cheveux  pour  avoir 
du  painl  Elle,  qui  avait  des  salles  pleines 
de  trésors  dont  on  faisait  largesse  aux  pau- 

(468)11  y  a  là  quelque  al'.cration  dan^  le  texte. 


vres  du  pays,  maintenant  elle  donne  ses 
cheveux  pour  avoir  du  pain!  Elle  qui  avait 
sept  tables  toujours  dressées  dans  sa  maison 
pour  le  repas  des  pauvres  et  des  voyageurs, 
maintenant  elle  vend  sa  chevelure  pour  avoir 
du  pain  1  Voyez,  celle  qui  avait  des  bassins 
d'or  et  d'argent  pour  baigner  ses  pieds, 
maintenant  elle  marche  pieds  nus  sur  le 
soll  Voyez  cette  même  femme  qui  portait 
pour  vêtement  des  étoffes  de  lin  lamées 
d'or;  maintenant  elle  vend  ses  cheveux  pour 
avoir  du  painl  Voyez,  celle  qui  avait  des 
lits  d'or  et  d'argent,  voyez-la,  vendant  sa 
chevelure  pour  avoir  du  pain  !  £t  pour 
en  tinir,  Job,  après  toutes  les  choses  qui 
m'ont  été  dites,  je  résumerai  tout  en  un 
mot;  car  la  faiblesse  de  mon  cœur  m'a  brisé 
les  os  ;  levez-vous,  prenez  ces  pains,  man- 
gez, et  après  avoir  maudit  le  Seigneur, 
mourez  1  Je  serai  ainsi  délivrée  des  cha* 
grins  que  me  causent  vos  souffrances.  » 

Et  je  lui  répondis  :  a  Voici  que  depuis  sept 
années,  je  suis  frappé  de  plaies  et  que  je 
supporte  les  vers  qui  rongent  mon  corps, 
sans  que  jamais  mes  souffrances  aient  aussi 
profondément  affligé  mon  &me  que  cette 
parole  que  vous  avez  prononcée  :«  Mau- 
dissez le  Seigneur  et  mourez!  »  Cependant, 
je  supporte,  ainsi  que  vous,  tous  les  maux 
que  vous  voyez,  et  nous  subissons  la  perte  de 
tous  nos  Mens.  Voulez-vous  donc  que  maiiH 
tenant  nous  maudissions  le  Seigneur  et  que 
nous  soyons  exclus  du  souverain  bien  7 
Avez-vous  donc  perdu  le  souvenir  des  grands 
biens  que  nous  possédions?  Si  donc  nous 
avons  reçu  les  bienfaits  de  la  main  du  Sei- 

f;neur,  ne  supporterons-nous  pas  en  échange 
es  maux  qu'il  nous  envoie  et  ne  prendrons- 
nous  pas  patience  jusqu'à  ce  que  le  Seigneur, 
touché  de  miséricorde,  prenne  compassion 
de  nous?  Ne  voyez-vous  pas  le  diable  qui 
se  tient  derrière  vous  et  qui  trouble  vos  pen- 
sées pour  que  vous  m'abusiez  moi-même?  v 
Et  m'étant  tourné  vers  Satan,  je  lui  dis  : 
«  Pourquoi  ne  te  présentes-tu  pas  en  face  de 
moi  ?  Cesse  de  te  cacher,  misérable  1  Le  lion 
monlre-t-il  sa  force  dans  une  loge?  L'oi- 
seau prend-il  son  essor  dans  une  cage? 
Et  maintenant,  je  te  dis 'Sors  et  combats 
contre  nous.  » 

El  sortant  alors  do  derrière  ma  femme.  iS 
se  tint  devant  moi  en  pleurant  et  en  disant  : 
«  Job!  vois,  je  cède,  et  je  me  retire  devant 
toi,  qui  es  un  homme  de  chair,  moi  qui  suis 
un  esprit.  Toi ,  tu  es  dans  la  souffrance,  et 
moi  je  suis  dans  un  grand  trouble.  J'éiais 
comme  un  athlète  luttant  contre  un  athlète-, 
l'un  a  terrassé  Taulre,  il  lui  a  fait  mordre  la 
poussière  et  lui  a  brisé  les  membres;  mais, 
cependant,  il  a  proc'amé  la  vigueur  de  celui 
qu'il  avait  abattu  et  qui  avait  supporté  tout 
son  effort  sans  vouloir  céder;  de  même  aussi. 
Job  !  tu  es  terrassé,  tu  es  dans  la  souffrance 
et  Taffliction,  et  cependant  tu  as  vaincu  dans 
la  lutte  que  j'avais  enlreprise  contre  toi  ;  et 
voici  que  je  cède  et  me  relire,  v  Alors  Sa- 
tan, confus,  se  retira  de  moi. 


411 


DSCnONlf  AISE  DES  APOCRYPHES. 


4U 


Dune  f  o  mes  enfaoU ,  ayez  boa  oourage 
dans  tous  les  événements  malheureux;  ear 
le  coi>rage  triomphe  ëe  tou4. 

Alors  d<^s  rois  ayant  appris  ce  qui  m*était 
arrivé,  vinrent   me  trouver  de  différents 

|)ays  ()Our  me  voir  et  me  consoler.  Quand  ils 
urent  près  Je  moi,  ib  poussèrent  de  (grands 
cris,  déchirèreni  leurs  vétemenis  et  se  eou- 
yrirent  la  tète  de  poussière  el  demeurèrent 
assis  sur  la  terre  durant  sept  jours  et  durant 
sept  nuits;  elnul  ne  me  dit  aucune  parole. 
Or  iis  étaient  quatre  :  Cliphaz,  roi  de  Tlié- 
raan;  BaMad,  Sophar  et  EJius.  Kt  s*élaot  as- 
sis, ils  sVntretenaient  de  moi  :  car,  lorsqu'ils 
étaient  venus  autrefois  me  voir,  je  leur  avais 
fotit  présenter  des  pierres  précieuses,  et  ils 
avaient  dit  avec  admiration  :  «  Les  trésors 
de  nous  trois  n'égalent  pas  la  valeur  des 
pierres  précieuses  du  seigneur  Jobab;  car  il 
est  le  plus  noble  de  tous  les  princes  da 
l*Orient.  »  Donc,  lorsqu'ils  revinrent  dns 
la  terre  de  Hus  pour  me  voir,  ils  demandèrent 
dans  In  ville  :  «  Où  est  Jobab,  le  seij^neur  do 
toute  cette  contrée?  )»  Et  on  leur  répondit  : 
«  il  est  assis  sur  un  fumier  hors  des  portes; 
et  voilà  sept  ans  qu'il  n'est  pas  entré  dans  la 
ville.  »  Ils  firent  de  nouvelles  questions  sur 
ce  qui  me  concernait,  et  on  les  mit  au  cou- 
rant de  tout  ce  qui  m'était  arrivé. 

Ce  qu'ayant  entendu,  ils  sortirent  de  la 
Tille  avec  les  citoyens^  et  ceux-ci  me  mcm- 
trèrent  à  eux.  Mais  eux  refusaient  de  les 
croire  en  disant  :  Cen*est  point  là  Jobab.  Et 
ppnJant  qu'ils  discutaient ,  Elipbaz,  roi  de 
Tbéman,(Jil  :  «  Approchons-nous  et  voyons. « 
Et  quand  ils  vinrent, on  me  l'annonça,  et  moi 
je  pleurai  amèrement  en  apprenant  leur  ve- 
nue» et  je  couviis  ma  tête  de  poussière,  et 
dans  mon  affliction,  je  secouai  la  tète.  Et 
pendant  que  je  secouais  la  tète,  ils  me  re- 
connurent, et  me  voyant  secouer  la  lôle,  ils 
se  laissèrent  tomber  sous  l'empire  de  Témo- 
tion,  et  les  gens  c|ui  les  escortaient  regar- 
dèrent les  trois  rois,  et  les  virent  prosternés, 
immobiles  comme  des  cadavres  pendant 
trois  heures.  Puis  s'élant  relevés,  ils  se 
disaient  les  uns  aux  autres;  «  Nous  ne  pou- 
vons pas  croire  que  celui-ci  soit  Jobab.  »  En- 
suite, pendant  sept  jours,  ils  s'entretinrent 
de  moi,  énuniérant  mes  possessions  et  mes 
biens,  eu  disant  :  •  N avons-nous  donc  pas 
vu  toutes  If  s  richesses  qu'il  envoyait  dans  les 
villes  et  dans  les  bour^aiies  d'alentour,  pour 
être  distribuées  aux  indigents,  sans  compter 
tout  ce  qui  se  donnait  dans  sa  maison?  Com- 
ment donc  est-il  tombé  dans  une  telle  extré-* 
mité  et  misère?  » 

Et  au  bout  des  sept  jours,  Elias  s'étant 
tourné  dit  aux  rois  :  «  Approchons-nous  de 
lui,  et  demandons-lui  nettement,  s'il  est  ou 
non  Jobab.  »  Or  ceux-ci  se  tenaient  à  un 
demi-stade  de  moi,  à  cause  de  la  mauvaise 
odeur  de  mon  corps.  S'étant  levés,  ils  s'ap-! 
prochèrent  de  moi,  tenant  à  la  main  des* 
parfums;  burs  soldats  les  accompagnaient 
el  foisaient  brûler  do  l'encens  tout  autour 
pour  qu'ils   pussent   s'approcher  de  moi. 


Eliphaz ,  s'étant  tourné,  me  dit  :  t  Es-m 
ce  Job,  roi  comme  nous?  es-tu  cultti  deat la 
gloire  est  si  répandue?  es-'tu  cet  homme  sem- 
blable au  soleil  qui  édaire  le  monda?  es-tu 
cet  homme  semblable  à  la  lune  et  aux  as- 
tres qui  brilienl  pendant  la  nuit?  »  Et  in'é- 
tant  retourné,  je  lui  répondis  :  «  Je  le  suis.» 
£t  m'ayant  entendu,  les  rois  éclalàrent  en 
larmes  et  en  sanglots,  et  toute  leur  suite  gé* 
mil  avee  eux.  Alors  Eliphaz  reprenant  U  fia* 
ruie,  me  dit  :  «  Es-tu  celui  qui  consacrait 
se)>t  mille  brebis  à  vêtir  les  pauvres?  qu'est 
devenue  ta  gloire?  Es-tu  celui  qui  destinait 
trois  mille  bœufs  à  labourer  le  champ  des 
pauvres?  Qu'est  devenue  la  gloire  de  tau 
trône?  Es-tu  celui  qui  possédait  des  lits  en 
or,  toi  qui  maintenant  gts  sur  un  fumier? 

«  Es-tu  celui  qui  faisait  établirsoixaole  ta- 
bles toujours  dressées  pour  les  pauvres? 
Es-tu  celui  qui  avait  des  encensoirs  de  mar« 
bre?  Qu'est  devenue  ta  gloire,  toi  qui  roaio- 
tenant  croupis  dans  ^infection?  Es-tu  celui 
qui  avait  des  lampes  d'or  et  d'argent, 
loi  qui  maintenant  n'as  plus  pour  t'éclairer 
que  la  lumière  de  la  lune?  ks-lu  celui  qui 
avait  des  parfums  du  Liban,  toi  qui  couooes 
sur  un  fu.iiier  ?  Es-tu  Celui  qui  méprisait  les 
coupables  et  les  pécheurs,  toi  qui  pour  tous 

es  devenu  un  objet  de  risé  ?  ^ 

Et  comme  E'iphaz  prolongeait  sa  plainte, 
et  que  les  rois  se  lamentaient  avec  lui.  de 
façon  à  produire  un  grand  trouble,  je  leur 
dis  :«  Taisez- vous,  et  je  vous  montrerai, 
mon  trdne  et  toute  la  majesté  de  sa  gloire. 
Mon  trône  est  éternel»  le  monde  entier  pas- 
sera, sa  gloire  sera  flétrie,  et  tous  ctui  qui 
s'attachent  à  lui  disparaîtront  de  dessus  sa 
face.  Quant  à  moi«  mon  trône  est  au-dessus 
du  monde;  sa  gloire  et  sa  majesté  spnt  A  la 
droite  du  Sauveur,  dans  les  cicux.  Mon 
trône  est  dans  la  vie  céleste,  sa  gloire  est 
dans  le  temps  immuable.  Les  fleuvesse  des- 
sécheront et  leurs  courants  tomberont  dans 
les  profondeurs  de  l'abîme ,  mais  les 
fleuves  de  la  terre  où  mon  trône  est  établi 
ne  se  dessécheront  pas,  car  ils  couleront 
d'un  cours  éternel.  Les  rois  passeront,  lei 
puissants  disparaîtront»  leur  gloire  el  leur 
splendeur  s'évanouiront  comme  une  vaine 
image  ;  pour  moi,  ma  royauté  durera  dans 
l'éternité  des  temps,  ma  gloire  et  marna* 
jesté  son^t  sur  les  cnars  du  Père  suprême  • 

Et  quand  je  leur  eus  parlé  de  la  sorte, 
Eliphaz  irrité  dit  aux  autres  rois  :<  A  quoi 
bon  être  venus  ici  dans  cet  équipage  pour 
le  consuler?  Voici  qu'il  nous  attaque  nous* 
mômes.  Retirons-nous  donc  chacun  dans 
notre  pays  ;  le  malheureux,  rongé  de  ver>, 
gtt  dans  la  pourriture  et  l'infection,  et  votli 
qu'il  s'élève  contre  nous  en  disant  :  Us 
royautés  passeront,  et  les  puissants  dispa- 
rattront,  mais  ma  royauté  durera  pendant 
réiernité  t  »  Eliphaz  s'étant  alors  levé  en 
grand  trouble,  se  sépara  d'eux  plein  de 
colère,  eu  disant:  «  Moi  je  m'en  irai  ;  noui 
sommes  venus  pour  le  consoler»  et  il  nou3 
humilie  en  présence  de  nos  soldats.  ■ 


il3 


JOB 


PART,  m,— LEGiNraiS  ET  FRAGHETfTS. 


JOB 


il4 


Alors  Batdad  le  retint  de  la  main  en  di- 
sant :  «  Il  ne  faut  point  p(»rler  ainsi  à  un 
homme  dans  la  douleur,  et  qui  de  plus  est 
afllij^é  de  vant  de  plaies.  Voici  que  nous  qui 
soiouies  en  sauté,  nous  n'avons  pu  nous  ap- 
procher de  lui ,  à  cause  de  sa  mauvaise 
odur.sans  être  munis  de  p8rfums.Ettoi,Eli- 
uhazy  tu  Tonblies  et  tu  mangues  de  sagesse. 
Prenons  patience  pour  savoir  dans  quel  état 
(i  esprit  il  se  trouve,  de  crainte  qu'en  lui 
rafipelaot  son  bonheur  passé,  nous  n'ayons 
é^aré  son  esprit.  Qui  ne  serait  point  frappé 
de  douleur  en  voyant  un  tel  homme  plongé 
dans  un  tel  abîme  de  chagrins  et  de  maux? 
laisse-moi  m*approcher  de  lui  pour  savoir 
dans  quel  état  il  se  trouve.  » 

Et  Baldad  s'ëtant  levé  s'approcha  de  moi 
en  disant  :  «  Es-tu  Job.  »  Et  Je  lui  répon- 
dis :  «  Oui.  »  Et  il  me  dit  :  «  Est-ce  que  (on 
Ame  est  dans  le  calme  et  le  bon  sens?  » 
El  je  lui  répondis  :  a  Elle  ne  s'est  point 
allachée  aux  choses  de  la  terre,  car  la 
terre  est  incertaine,  ainsi  que  tous  ceux  qui 
l'habitent  ;  mon  Ame  s'est  appuyée  sur  les 
choses  du  ciel,  parce  qu'il  n'y  a  pas  de  trou- 
ble dans  le  ciel.  »  Et  Baldad  reprenant  me 
dil  :«  Nous  savons  ç[ue  la  terre  est  incer- 
taine, puisque  parfois  elle  change;  quelque- 
fois elle  est  en  paix,  d'autres  fois  elle  est 
agitée  par  la  guerre.  Quant  au  ciel,  nous 
entendons  dire  qu'il  est  calme  et  tranquille  : 
donc  ton  âme  est  véritablement  ferme  et 
sensée.  Je  vnis  tinterroger;  et  si  tu  me  ré- 
ponds dans  le  sens  de  (a  première  pensée.  Je 
le  terai  une  seconde  question,  et  si  tu  me 
réponds  avee  suite  et  constance  ,  il  est  évi- 
dent que  ton  âme  n'est  point  troublée  et  en 
désordre.  »£t  il  me  dit:  «  Bn  quoi  mets-tu 
ton  espérance?  »  Et  je  lui  répondis:  «£tons  le 
Dieu  vivant.  »  El  il  me  dit  :  <i  Si  tu  espères 
en  Dieu,  pourquoi  l'aceuses-tu  de  l'avoir 
injustement  traité  eu  t'accabiaut  de  ces 
plaies  ei  de  ces  malheurs,  et  en  l'enlevant 
les  biens.  S'il  te  les  a  enlevés,  il  aurait  dû 
ne  pas  te  les  donner;  jamais  un  roi  n'ou- 
Ira^e  le  soldat  qui  l'a  bien  servi  ;  qui  pourra 
sonder  les  profondeurs  de  la  sagesse  du 
Seigneur,  si  tu  oses  le  (axer  d'injustice  ? 
réponds-moi  donc  à  cela,  lob;  et  je  te 
dis  encore,  si  ton  âme  est  r>alme,  instruis- 
moi,  si  ton  intelligence  est  droite  :  pour- 
quoi voyons-nous  le  soleil  se  lever  a  To- 
rieet,  puis  se  coucher  à  l'occident  et  le 
retrouvons-nous  le  lendemain  au  réveil , 
qui  se  lève  et  l'orient.  Eclaircis-moi  ee 
lujrstère.i» 

El  je  lui  dis:  «  Pourquoi  no  célébrerai-je 
pas  la  grandeur  de  Dieu  dans  mon  âme  ?  Ma 
Louche  pourrait-elle  outrager  mon  MnttrH? 
I^on,  jamais.  Quisomntes-nous  avec  nos  fri- 
voles questions  sur  les  choses  du  ciel,  nous 
qui  sommes  de  chair,  moitié  cendre  et  moi- 
tié boue.  Pour  vous  prouver  que  mon  âme 
est  fbrme  et  sensée,  écoutez  ma  question  : 
La  nourriture  passe  par  la  bouche,  qui  ab- 
sorde  aussi  la  boisson;  toutes  deux  passent 
ensemble  par  le  gosier;  mais  lorsqu'elles 
sont  arrivées  ensemble  au  fond  des  intes- 


tins, elles  se  séparent  Tune  de  Tautre,  Qui 
donc  les  divise  ?»  Et  Baldad  répondit:  c  Je 
l'ignore.»  Et  moi  réprenant,  je  lui  dis  :  «c  Si 
tu  ne  comprends  pas  les  voies  de  ton  eorps, 
comment  comprendras-tu  les  choses  céles- 
tes? V  Et  Sophar  prit  la  parole  et  dit  :  «  Nous 
ne  recherchons  point  ce  qui  est  au-dessus  de 
nous,  mais  nous  voulons  savoir  si  ton  esprit 
est  maître  de  lui.  Et  voilà  que  nous  connais- 
sons très-bien  que  ton  intelligence  n'est 
point  altérée.  Quel  service  veux-tu  donc 
recevoir  de  nous?  car  voici  que  nous  avons 
amené  avec  nous  les  médecins  de  trois  rois; 
si  tu  veux,  fais- toi  guérir  par  eux.  »  Je  répon- 
dis :  «  Mon  traitement  et  ma  guérison  dé- 
pendent du  Seigneur  qui  a  créé  aussi  les 
médecins.  » 

Et  pendant  que  je  leur  parlais  ainsi,  voici 
venir  ma  femme  Sitis,  couverte  de  ses  hail- 
lons ,  et  qui  s'était  enfioie  de  la  maison  du 
maître  quelle  servait,  bien  qu'il  eât  voulu 
s'opposer  è  sa  fuite,  parce  qu'il  craignait 
que  les  rois,  en  ta  voyant,  ne  l'enlevassent. 
Quand  elle  fut  arrivée,  elle  se  jeta  à  leurs 
pieds  en  pleurant  et  en  disant  :  «  Eliphaz  et 
vous  tous,  souvenez-vous  de  ee  que  j*éiais 
autrefois  et  comment  j'étais  vêtue;  et  voyex 
maintenant  mon  extérieur  et  comment  je  suis 
couverte.  »  Et  alors  les  rois  exprimèrent  une 
longue  plainte,  et,  frappés  d'une  double  dou- 
leur, ils  gardèrent  le  silence.  Eliphaz  même, 
déchira  son  manteau  de  pourpre  pour  la  revê- 
tir. Et  elle  le  suppliait  en  disant  :  «  Je  voue 
supplie,  mes  seigneurs,  ordonnez  à  vos  sol- 
dats de  fouiller  les  décombres  de  notre  mai- 
son, qui  s'est  écroulée  sur  mes  enfants, 
afin  que  leurs  os  soient  recueillis  dans  le 
tombeau,  puisque  nous  ne  l'avons  pu  à 
cause  de  la  dépense.  Que  nous  voyions  au 
moins  leurs  os.  Je  ne  veux  point  ressem- 
bler h  une  brute,  à  un  animal  sauvage,  moi 
S(ui  ai  perdu  en  un  même  jour  mes  dix  en- 
ànts,  et  (fui  n'en  ai  point  enseveli  un  seul.  » 
Et  les  rois  donnèrent  l'ordre  de  fouiller  la 
maison.  Mais  je  les  empêchai,  en  disant  : 
«  On  ne  retrouvera  pas  mes  enfants,  car  ils 
sont  mainlenaiU  sous  la  garde  de  leur  Créa- 
teur et  Roi.  »  Et  les  rois  répondirent  :  a  Qui 
oserait  prétendre  maintenant  qu*il  ait  sa 
raison  et  son  bon  sens?  nous  voulons  re- 
cueillir les  es  do  ses  enfants,  et  il  nous  ar- 
rête, en  disant  qu'ils  ont  été  ramassés  et  sont 
gardés  par  leur  Créateur?  La  vérité  nous 
semble  évidente.  » 

Je  dis  ensuite  aux  rois  ;  «  Soutenez-moi  » 
que  je  me  tienne  debout.  »  Ceux-ci  me  rele- 
vèrent en  passant  de  chaque  côté  leurs  bras 
sous  les  miens.  Et,  m'étant  dressé ,  je  com- 
mençai par  rendre  gloire  à  Dieu.  Et,  après 
ma  prière,  je  leur  dis  :  «  Levez  les  yeux  du 
côlé  de  l'orient.  »  Et  les  ayanl  levés,  ils  vi- 
rent mes  enfants  couronnés  de  la  gloire  du 
Roi  des  cieux.  Mais  ma  femme  Siiis,  les 
ayant  vus  ,  tomba  prosternée  contre  terre, 
adorant  Dieu  et  disant  :  «Je  connais  main- 
tenant qu'il  m'arrive  un  témoignage  de  la 
f)art  du  Seigneur.  »  Et  ayant  dit  cela,  h 
a  tombée  du  soir,  elle  rentra  dans  la  ville  i 


415 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Itfi 


chez  les  tnattres  qu*elle  servait  »  et  elle 
alla  se  coucher  près  de  la  crèche  des  bœufs, 
et  là  elle  mourut  épuisée  de  force  et  de  cou* 
rage.  Et  son  maître  Payant  cherchée  et  ne 
la  IrouTsnt  point,  entra  dans  Pétable  de  ses 
troupeaux»  et  là  trouva  morte,  étendue 
près  de  la  crèche.  Les  animaux  qui  Ten- 
tduraient  pleuraient  sur  elle.  Et  tous,  la 
voyant,  crièrent  et  gémirent,  et  l.e  bruit  s*en 
répandit  dans  toute  la  ville.  Et  Tayant  enle- 
vée, ils  lui  rendirent  les  honneurs  suprêmes, 
et  Tenterrèrent  dans  les  débris  de  la  maison 
qui  s*était  écroulée  sur  ses  enfants.  Les  indi- 
gents de  la  ville  vinrent  se  lamenter  sur 
elle  en  disant  :  «  Voilà  cette  Sitis  dont  au- 
cune femme  n'égalait  la  puissance  et  la 
gloire;  elle  n*a  pas  même  obtenu  la  sépul- 
ture nécessaire,  n 

(Vous  trouverez,  mes  enfants,  le  reste  de 
leurs  chants  funèbres  dans  mes  Paralipo- 
mènes  (469-71 J. 

Mais  Fliphazet  ceux  qui  raccompagnaient, 
épouvantés  de  ces  événements,  restèrent  à 
dialoguer  et  à  s'emporter  contre  moi  pen- 
dant vingt -sept  jours,  disant  que  j'avais 
aouffertjustement  tous  ces  malheurs  à  cause 
de  mes  fautes,  et  qu'il  ne  me  restait  plus 
d'espérance,  et  moi,  je  répondais  à  leurs 
acclimations  ;  irrités ,  ils  se  levèrent  pour 
s'en  aller  en  fureur,  et  alors  Elius  les  sup- 
j>lia  de  rester  encore  ;  il  leur  expliqua  ceci  : 
«  Vous  êtes  restés  tous  ces  jours  en  suppor- 
tant que  Job  se  glorifiât  d'être  juste  :  moi  je 
ne  le  supporterai  pas.  Dans  le  commence- 
ment j'ai  pleuré  sur  lui,  ému  par  le  souve- 
nir de  son  bonheur  passé,  et  voilà  que 
maintenant  il  vient  de  nous  dire  une  parole 
pleine  de  hauteur  et  d'orgueil,  qu'il  avait 
son  trône  dans  les  cieux  !  Donc  écoutez-moi, 
et  je  vous  ferai  connaître  quelle  est  sa  des- 
tinée et  son  sort.  »  Alors  Elius,  inspiré  par 
Satan ,  m'adressa  des  discours  insolents , 
dont  quelques-uns  ont  été  consignés  dans 
]^  Paralipomènn  d'Eliphaz.  Quand  il  eut 
fini,  le  Seigneur  se  manifesta  à  moi  dans  un 
tourbillon  et  un  nuage,  condamnant  Elius  , 
et  me  montrant  que  ce  n'était  pas  un  hom- 
me, mais  un  monstre  qui  avait  parlé  par  sa 
bouche  ;  et  après  que  le  Seigneur  eut  cessé 
de  me  parler,  le  Seigneur  dit  à  Eliphaz  : 
«Vous  avez  péché,  toi  et  tes  amis,  vous 
n'avez  pas  dit  la  vérité  en  accusant  mon 
serviteur  Job;  Ainsi  donc,  lovez- vous,  et 
faites-lui  apporter  de  quoi  offrir  pour  vous 
un  sacrifice  pour  laver  votre  iniquité;  car, 
sans  la  con2>idérati(m  de  mon  serviteur,  je 
vous  ferais  périr.  »  Et  ceux-ci  m'apportè- 
rent ce  au'il  fallait  pour  offrir  un  sacrifice» 
et  moi  I  ayant  pris ,  j'offris  pour  eux  le  sa- 
crifice, et  le  Seigneur  l'ayant  agréé,  leur 
remit  leur  péché.  Alors  Elipliaz ,  BaiJad  et 
Sophar  connurent  qie  le  Seigneur  leur  avait 
remis  leur  iniquité  à  la  considération  de  son 
serviteur  Job.  (Quant  à  Elius,  il  ne  le  jugea 
jias  digne  de  pardon.)  Eliphaz  prenant  la 
jiarole  commença  un  hymne,  tous  les  au- 


tres l'accompagnaient ,  ainsi  ope  tes  sonlatt 
rangés  autour  de  l'autel  ;  et  Eliphaz  |)irla 
ainsi  : 

«  Notre  iniquité  est  effacée,  et  notre  faute 
a  été  lavée  ;  le  seul  Elius,  comme  un  criuii- 
uel,  n'aura  pas  de  souvenir  parmi  les  vivants 
son  flambeau  s'est  éteint  et  a  obscurci  .va 
lumière  ;  la  gloire  de  sa  lampe  tournera  à  sa 
condamnation,  parce  qu'il  est  fils  des  ténè- 
bres et  non  plus  de  la  lumière;  les  gardiens 
des  ténèbres  hériteront  de  sa  gloire  et  de  sa 
majesté;  sa  royauté  est  évanouie;  son 
trône  est  renversé;  son  honneur  et  son  éclat 
appartiennent  aux  enfers;  il  a  préféré  la 
beauté  du  serpent  et  les  écailles  du  dragon; 
il  s'est  nourri  de  son  fiel  et  de  si^n  venin  ; 
il  n*a  point  gagné  le  Seigneur,  il  ne  l'a  i>as 
redouté  ;  il  a  irrité  ses  élus;  le  Seigneur  s  est 
retiré  de  lui  et  les  saints  l'ont  abandonné; 
la  colère  et  la  fureur  seront  sa  nourriture 
et  il  n'a  ni  compassion  ni  peine  dans  son 
&me,  il  a  eu  le  venin  du  serpent  sur  sa  lan- 
gue. Le  Seigneur  est  juste ,  ses  condamna- 
tions sont  équitables;  devant  lui  il  n'yt 
pointd'accepiionde  personnes,  il  nousjugcra 
tous  également.  Voilà  que  le  Seigneur  s'e^l 
révélé.  Voilà  que  les  saints  se  sont  manifes- 
tés, apportant  les  couronnes  et  les  éloges. 
Gloire  anx  saints  I  que  leurs  cœurs  soient 
bénisi  parce  qu'ils  ont  abandonné  riion- 
neur  qu  ils  avaient  en  partage  :  nos  iniqui- 
tés sont  lavées,  notre  injustice  a  été  puriliée, 
mais  le  criminel  Elius  n'a  pas  eu  de  souve- 
nir parmi  tes  vivants.  » 

Lorsqu'Eliphaz  eut  fini  sonb]rmne,  nous 
nous  levâmes  et  revînmes  à  la  ville  dans  la 
maison  que  nous  habitions,  et  ils  me  firent 
un  festin  dans  la  grâce  et  la  bénédiction  du 
Seigneur.  Et  tous  mes  amis  revinrent  auprès 
de  moi,  et  tous  ceux  qui  me  virent  heureux 
me  demandèrent: «Que  réclames-tu  mainte- 
nant de  nous?  »  Et  moi,  leur  répondant,  je 
leur  demandais  de  nouveau  de  quoi  faire  du 
bien  aux  pauvres,  en  disant  :  «  Donnez-uioi 
chacun  pne  brebis  pour  vêtir  ceux  c|ui  stmi 
pauvres  et  nus  ;  »  et  alors  chacun  m  apporu 
une  brebis  et  quatre  drachmes  d'or  et  d'ar- 
gent. Et  alors  le  Seigneur  bénit  tous  mes 
biens,  et  en  peu  de  jours  je  fus  de  nouveau 
comblé  de  toutes  les  richesses,  de  tous  K*s 
troupeaux,  et  de  tous  les  biens  que  j'avais 
perdus  ;  et  je  recouvrai  tout  au  double,  etr 
pris  une  femme  qui  fut  votre  mère,  et  je 
vous  engendrai  tous  les  dix  h  la  place  dts 
dix  enfants  que  j'avais  perdus.  Et  mainte- 
naut,  mes  entants,  écoulez  mes  avis  :  ■  Voici 
que  je  vais  mourir,  vous  ne  serez  plus  arec 
moi  ;  n'oubliez  pas  le  Seigneur,  faites  du 
bien  aux  pauvres,  ne  méprisez  pas  ceux  ijui 
sont  nus,  ne  prenez  pas  de  femme  chez  le^ 
étrangers.  Voici  donc,  mes  enfants,  que  je 
vous  partage  tous  mes  biens,  afin  que  cna- 
cun  de  vous  en  soit  le  maître»  et  puisse,  avec 
sa  part,  avoir  la  liberté  de  faire  du  i;)en 
comme  il  lui  plaira.  » 

Et  ayant  ainsi  parlé,  il  apporta  toutes  ses 


(469-71)  Malgid  li  bizarrerie  du  mot,  Dous  avons     eu  devoir  IVniplajor  iii,  patca  qu'il  cit  t^Ç^* 
•lub  bas. 


il7 


jUB 


PART,  m.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOR 


418 


richesses  et  les  partagea  entre  ses  sept  en- 
fants mÂles.  Et  il  n'en  donna  point  à  ses 
filles.  £l  elles  dirent  à  leur  père  :  «  Seigneur, 
Dotre  père»  est-ce  que  nous  ne  sommes  pas 
tes  enfants?  pourquoi  ne  nous  avoir  pas 
donné  aussi  une  part  de  tes  biens?  »  Et  Job 
(iitàses  rilles:«Ne  vous  troublez  point,  mes 
GlIeSy  car  je  ne  vous  ai  point  oubliées.  Voici 
que  je  vous  ai  gardé  une  part  d'héritage 
plus  précieuse  qUe  celles  de  vos  sept  frères. i» 
Etajant  appelé  celle  de  ses  filles  qui  se  nom- 
mait Hétnéra^  il  lui  dit  :  «  Prends  cette  clef, 
entre  dans  la  chambre  de  garde  et  apporte- 
moi  la  cassette  d'or,  pour  que  je  vous  donne 
i  vous  aussi  votre  part.  »Ëlle  s'en  fut  et  la 
lui  apporta.  Et  ayant  ouvert  ce  coffre,  il  en 
lira  trois  écbarpes  si  belles,  que  le  langa^^e 
humain  serait  impuissant  à  les  décrire.  Ce 
n'était  point  uo  ouvrage  terrestre,  mais  di- 
vin, et  elles  étincelaient  de  rayons  aussi 
brillants  que  les  feus  du  soleil.  Et  il  donna 
Qoe  écharpe  à  chacune  de  ses  fillesi  en  leur 
disant  :  <  Prenez-les  et  vous  en  ceignez,  afin 
qu*  elles  vous  protègent  tous  les  jours  de 
votre  vie  et  vous  procurent  toute  sorte  de 
biens.  » 

Mais  fautre  QUe,  qui  se  nommait  Cassia, 
loi  dit  :  «  Mon  père,  est-ce  donc  là  cette  part 
que  tu  nous  disais  dIus  précieuse  que 
celle  de  nos  frères?  Quoi  donc,  avec  ces 
ceintures,  nous  n'aurons  pas  de  quoi  vivre?  » 
Et  leur  père  leur  dit:  «  Non -seulement  vous 
aurez  avec  cela  de  quoi  vivre,  mais  encore 
ces  ceintures  vous  conduiront  à  une  vie 
meiUeure,  à  la  vie  du  ciel.  Ignorez-vous, 
mes  enfants,  la  vertu  de  ces  ceintures,  par  le 
moyeu  desquelles  Dieu  a  daigné  prendre 
pillé  de  moi  et  délivrer  mon  corps  des  plaies 
vides  vers?  Car  m'ayant  appelé,  il  me  pré- 
s<rola  ces  trois  écbarpes,  et  il  médit  :  «Lève- 
toi ,  ceins-loi  les  reins  comme  un  homme. 
Je  l'interrogerai,  et  réponds-moi.  »  Et  moi, 
les  prenant,  je  me  ceignis,  et  aussitôt  les 
vers  disparurent  de  mon  corps;  et  en  mémo 
temps  toutes  mes  plaies  et  tout  le  reste  de 
mon  corps  fut  fortifié  par  la  puissance  du 
Seigneur.  Et  dans  la  suite  je  n'éprouvai  plus 
une  seule  douleur  ;  je  ne  conservai  même 
plus  dans  mon  Ame  le  souvenir  de  mes  souf- 
frances. Or,  le  Seigneur  me  parla  dans  sa 
force  et  me  montra  le  passé  et  favenir. 

«  Donc,  mes  enfants,  aujourd'hui,  avec 
ces  ceintures,  vous  n'avez  plus  à  redouter 
les  attaques  de  l'ennemi ,  ni  même  les  pen- 
sées de  votre  Ame.  Car  c*est  ici  la  protecliou 
et  la  garde  du  Seigneur.  Levez-vous  donc, 
et  revêtez-vous  de  ces  ceintures  avant  que 
je  meure,  a&n  que  vous  puissiez  voir  les 
anges  assister  à  ma  sortie  de  ce  monde , 
et  que  vous  admiriez  les  puissances  de 
Dieu.  » 

Alors  celle  des  trois  sœurs  qui  se  nom- 
mail  Héméra  s'étant  levée,  ceignit  l'écharpo, 
et  aussitôt  elle  se  dégagea  de  la  chair,  comme 
Tavait  annoncé  son  père,  et  elle  prit  une  au- 
tre flme,  au  point  d  oublier  les  pensées  de  la 
terre,  et  elle  chanta  les  hymnes  angéliques 


dans  la  langue  des  anges,  et  elle  entonna 
un  hymne  A  Dieu ,  comme  les  cantiques  des 
an^es.  Et  alors  Tautre  fille,  Cassia,  se  cei- 
gnit è  son  tour,  et  son  Ame  fut  transportée» 
au  point  d'out)Iier  les  pensées  de  ce  monde; 
sa  bouche  parla  la  langue  des  prinres  céles- 
tes, et  elle  entonna  les  cantiques  du  ciel.  De 
sorte  que  si  (juelau'un  veut  connaître  les 
chants  des  cieux,  il  pourra  les  comprendre 
dans  les  hymnes  de  Cassia.  Alors  aussi,  Tau- 
tre  sœur,  qui  se  nommait  Corne  d'abondance 
{kl^)y  prit  la  ceinture,  et  sa  bouche  aussitôt 
parla  le  langage  d'en  haut,  car  son  Ame 
avait  été  exaltée  et  séparée  des  pensées 
d'ici  bas.  Elle  parla  dans  la  langue  des  ché- 
rubins, glorifiant  le  Maître  des  vertus  et  ré- 
vélant leur  gloire.  Et  celui  qui  voudrait  re- 
trouver la  trace  de  la  gloire  du  Père,  la  re- 
trouverait reproduite  dans  les  prières  de 
Corne  d'abondance. 

Et  quand  les  trois  sœurs  eurent  fini  de 
chanter,  moi,  Néréu$,  frère  de  Job,  je  m'as- 
sis auprès  de  Job  qui  était  couché,  et  j'en- 
tendis les  chants  glorieux  des  trois  filles 
de  mon  frère  ,*reprenant  l'une  après  l'autre. 
Et  j'écrivis  ce  livre,  à  l'exception  des  hym- 
nes et  des  signes  de  la  Parole,  parce  que  ce 
sont  les  glorifications  de  Dieu. 

Donc  Job  était  couché  tout  affaibli,  sans 
douleur  et  sans  souffrance,  parce  que  la  dou- 
leur ne  pouvait  plus  s'approcher  de  lui  à 
cause  de  la  vertu  de  la  ceinture  dont  il  avait 
été  revêtu.  Et  après  trois  jours.  Job  vit  les 
saints  anges  qui  venaient  chercher  son  Ame. 
Et  alors,  s'étant  soujevé,  il  prit  sa  cithare  et 
la  donna  à  sa  Ulte  Héméra  ;  à  Cassia,  il  donna 
un  encensoir;  è  Corne  d'abondance^  il  donna 
un  tympanon»  pour  qu'elles  glorifiassent  les 
saints  anges  qui  venaient  chercher  son  Ame; 
et  celles-ci,  les  prenant,  chantèrent  et  jouè- 
rent des  instruments,  et  elles  louèrent  et 
elles  glorifièrent  Dieu  dans  une  langue  su- 
blime, et  ensuite  celui  qui  était  monté  sur 
un  grand  char  descendit»  et  il  embrassa  iob 
à  la  vue  de  ses  trois  filles,  et  les  autres  ne 
le  virent  point,  et  il  prit  l'Ame  de  Job  et  il 
s'enleva  en  l'emportant,  et  il  la  fit  placer  sur 
le  char,  et  il  prit  sa  route  vers  l'orient.  Le 
corps  de  Job  rut  porté  au  tombeau,  précédé 
de  ses  trois  filles  qui,  ceintes  de  leurs  écbar- 

Ses,  chantaient  des  hymnes  h  la  louange  de 
lieu. 

Et  alors  Néréus,  frère  de  Job,  et  ses  sept 
fils»  avec  tout  le  reste  du  peuple,  les  pau- 
vres, les  indigents  el  les  orphelins  firent 
une  grande  lamentation  sur  lui,  en  disant  : 
«  Malheur  I  parce  qu'aujourd'hui  a  été  en- 
levé d'entre  nous  celui  qui  était  la  force  des 
faibles,  la  lumière  des  aveugles,  le  père  des 
orphelins  I  il  a  été  enlevé,  le  père  des  étran* 
gers,  la  route  des  égarés*  le  vêtement  de 
ceux  qui  étaient  nus ,  le  prolecteur  des 
veuves  !  qui  maintenant  ne  pleurerait  pas 
l'homme  de  Dieu?  v  Et  avec  toutes  ces 
plaintes  ilsempêchèrentqu^onnedéposAt  Job 
dans  le  tombeau.  Et  après  trois  jours,  il  fut 
placé  dans  le  tombeau  pour  un  glorieux 


(472)  Dans  la  Vulgate,  Cornuttibii, 


410 


DICTIONNAlnE  DES  AIH)C!IYPIIE9. 


m 


soniuieili  i^dm>ré  (l*un  nom  Illustre  et  véné- 
rable dans  toutes  les  générations  r)ii  temps. 
Il  laissa  sept  fils  et  trois  filles.  Et  il  ne  se 
irouTa  jamais,  après  les  QlleS  de  Job,  de 
femnaes  supérieures  à  elles  sous  le  cinl. 

Job  avait  d'abord  reçu  le  nom  de  Jobab; 
le  Sei'^neur  changea  son  nom  en  celui  de 
Job.  Il  avait  vécu,  avant  son  malheur,  qua- 
(re*vin^t  cinq  ans,  et  après  son  malheur, 


ayant  recouvré  le  tout  en  double,  il  r^rut 
aussi  le  double  de  ses  années,  c*est-è-dtr« , 
cent  soixante  et  dix  ans.  Il  vécut  donc  en 
tout  deux  cent  quaraniebuit  années  (^73). 
et  il  vit  les  enfants  de  ses  enfants  jusqu'à 
la  Quatrième  générati<^n.  Et  il  a  été  écrit 
qu*il  avait  été  ressuscité  avec  ceux  que  i« 
Seigneur  avait  res5:uscilés  (474). 
Donc,  rendons  gloire  k  Dieu. 


JOSEPH. 


Ce  patriarche  célèbre  a  été  le  sujet  d*un 
grand  nombre  de  récits  apocryphes.  Noua 
en  avons  déjà  cité  quelques  uns  dans  le 
premier  volume  de  ce  Dictionnaire  ^  col. 
705,  en  mentionnant  divers  opuscules  qui 
avaient  été  iBis  sous  son  nom,  et  qui  sont 
aujour  i*hui  perdus  (475),  et  nous  avons  tra- 
duit V Histoire  de  son  mariage  avec  Asseneth^ 
fille  de  Putiphar  n  petit  ruman  oriental  oik  il 
y  a  plus  de  grÂce  et  plus  d*imagination  que 
dans  la  plupart  de  ces  vieux  récits. 

Les  Musulmans  mêlèrent  *&  Thistoire  de 
Joseph  une  foule  de  détails  apocryphes.  Nous 
«;a  rapporterons  quelques-uns  aaprès  Tou* 
vrage  deM.  Weil, dont  nousavons  déjà  parlé, 
lis  racontent  que  lorsuue  ses  frères  le 
jetèrent  dans  une  citerne,  il  s'y  serait  noyé, 
si  Dieu  n*avait  pas  ordonné  à  range  Gabriel 
de  placer  une  grosse  pierre  sous  ses  pieds 
<fc76).  L'ange  éclaira  aussi  ce  lieu  ténébreux 
au  moyen  d'une  pierre  prérieuse. 

«  Après  avoir  vendu  Joseph,  ses  frères 
trempèrent  sa  robe  dans  le  sang  d'un  agneau 
(477),  parce  que  le  sang  d'un  agneau  ne  se 
distiUi^ue  pas  de  celui  de  Thomme,  et  ils  le 
portèrent  à  Jacob,  disant  :  •  Un  loup  est  venu 
et  il  a  dévoré  Joseph,  et  nous  avons  trouvé 
cette  robe  que  nousavons  reconnue  comme 
étant  la  sienne.  »  Jacob  répondit  :  «  Com- 
tois) Il  y  a  ici  une  efreur  dé  texte.  Il  fbal  lire 
cvc  *n  lieu  de  tf{Ai),  ei  alors  on  obtieni  \%  nombre 
S55  composé  de  85  et  170,  ou  bleu  il  faut  lyouter 
les  7  aiiueesda  soufi-ance  dont  le  texte  9fii)  ne  ti>  ul 
^B  compte  et  qui  ajoutés  aux  248  donnent  i55. 

(474)  iob  se  irouvail  dans  les  limbes  au  uiomeni 
de  la  tiesceoie  du  Sauveur,  dans  Tintervalle  de  sa 
tuort  à  sa  résurrection. 

(475)  Entre  autres  «ne  prière  dont  Origéne  a 
fait  mention  (toiu.  m  m  tienetim  apud  Eusebiura, 
Prmpar,  ewangel.^  Lb.  vi,  o.  11,  et  in  PkiloeaUa 
OrigeniSf  c.  25)  :  i  In  Josrphi  precatione  a  Jacobo 
4  ciiur  :  t  Legi  io  tabutis  cœti  quxcunaue  accident 
vobis  et  fihis  vcsiris...  •  Quod  si  quis  admjttat 
precaUonem  Joseph  inscripiam  in  bis  libris  qui 
apud  U'braeos dicuntor  apocryphi,  moi  hoc  dogma 
etiam  aperie  dictnm  inde  sumptnrus  est  ;  perinde 
quasi  qui  a  principio  eximium  aliquid  prai  hoinini« 
lius  b»tNi«runt,  longe  meliores  exieris  animabus, 
cuiu  aiigeli  es«ent,  ad  bumanam  deseeuderint  na« 
turam.  • 

Frooope  de  Gaza,  dans  son  Commentaire  sur  la 
CenêM,  dit  aussi  :  c  Prcterea,  ut  magis  suam  opi« 
niuneiu  siabiliant,  adducunt  illud  tesiimonium  ab 
Jacobo  dictum  ex  oratiune  Joseph!  :  i  Legi  in  ta- 
buhs  cœli  quanta  contingent  vobis  et  Iliiis  vas- 
iris.  I 

Michel  Glycas  s'exprime  de  son  cété  dans  ses 


ment  puis-je  croire  qu'un  lo«ip  a  dévoré 
Jost>ph  lorsqu'il  n'y  a  aucune  déchirure  sur 
sa  tunique?»  Les  frères  avaient  oublié  en 
effet  de  la  déchirer  afin  de  rendre  leur  récit 
vraisemblable.  «  D^ailleurs  ,  »  continua  Jt* 
cob,  «  il  y  a  longtemps  qu'il  ne  s*est  (tas 
montré  de  loup  dans  le  pays  i*  «  Nous  pen- 
sions bien,  »  répondit  un  des  fils,  «que  tu 
n'ajouterais  pas  foi  à  nos  paroles,  mais  nous 
cheroherons  le  loup,  et  nous  le  fournirons 
afnsi  la  preuve  que  nous  avons  dit  la  vé- 
rité. » 

«  Ils  se  mirent  donc  en  quête  avec  un  gran<l 
équipage  de  chasse,  et  ilsjiarcoururenl  tout 
le  pays,  jusqu'à  ce  qu'enfin  ils  eurent  trou- 
vé un  gros  loup  qu'ils  prirent  vivant  et  qu'ils 
amenèrent  à  Jacob  comme  étant  le  meur- 
trier de  Joseph.  Mais  Dieu  ouvrit  la  bouche 
du  loup,  et  il  dit  :  a  Ne  crois  pas,  fils  d*I>aac, 
à  ce  que  disent  tes  fils.  Je  suis  d'un  pays  fort 
éloigné,  je  cherche  un  de  mes  ^letits  qui  me 
été  enlevé  pendant  mon  sommeil  ;cooHnen( 
aurais-je  privé  d'un  de  ses  fils  un  prophète 
de  Dieu?  a  Jacob  fit  remettre  le  loup  en  li- 
berté, et  il  éloigna  ses  fils  de  sa  présence,  ne 
gardant  auprès  de  lui  que  Benjamin. 

c  Joseph,  amené  par  les  marchands  ara* 
bes,  aperfut  le  tombeau  de  sa  mère  ;  alors, 
accablé  de  chagrin,  il  se  jeta  par  terre,  et  il 

Annalêi  (part,  n,p.  171)  dans  Irs  tennes  suivants  : 
i  Appetlatio  Uriells,  ut  vere  sapiens  vir  PmtIIhi 
scripsit,  née  prisd  fcedérii  libris  nec  novi  coaii- 
netur,  sed  exstal  in  libre  qiiodani  llrbraico  <|a' 
vulgo  non  estnotus  habetiue  inscrtpdoueni  preca- 
tjoiiis  Josephi,  quo  in  libro  /otepki  pairr  Jacobtt 
hoc  cum  aiigelo  et  cum  HapbaelecoHoq'îens  iutroiiu« 
cilur.  Liber  ipse  apud  Hebraeos,  ut  »lii  quoque 
apocryphi,  pio  reieciilîo  duciinr,  et  uibll  auciunu» 
tis  habet.  • 

Richard  Simon  (Bibliothèque  ctitlque,  t.  Il,  p. 
258)  observe  qu*Or  gène  a  invoqué  l'autorité  Je 
la  Prière  de  Joieph  pour  montrer  que  sai»a  ido- 
liaptisln,  qui  était  un  ange,  a  été  envoyé  ea  Criu 
qualité  ponr  servir  Jésus^Ghrist  ;  mais  les  priodpe* 
qu*0r4géue  suppose  d'apiés  son  prétenéu  J^iS^plii 
s*ai  cordent  plutôl  avec  le  platonisme  qu'avec  la  vé- 
ritable croyance  de  TEglise.  Comme  il  ne  iioi<f 
reste  que  f(»ri  pou  de  chuie  de  celte  ancienne  ^^t' 
re,  il  est  difficile  de  savoir  si  les  JuUs  beliéiâi»ies 
ou  les  anciens  hérétiques  séparés  dti  christisiii^m^ 
en  sont  les  auteurs.  Use  peut  Taire quVigiuairenirot 
elie  vienne  des  premiers  et  que  les  autres  qui  m  Mil 
soureiil  copiés  l'aient  adoptée 

(476)  La  Genète  au  contraire  :  La  foM  Ueni  ni$t 
il  tCy  avait  pas  d^eau, 
(%n)  La  tenèëe  (xxwii,  31)  d  t  :  drunjteiu  Mac 


Ul 


JOS 


PART.  nL-*LEGENDES  ET  FHAGUENTS. 


JOS 


m 


se  mil  à  prier  et  à  pleurer.  Le  chef  de  la 
caravane  le  frappa,  et  voulat  le  forcer  de 
se  remettre  en  route,  mais  une  épaisse  nuée 
noire  couvrit  aussitôt  la  terre  ;  il  fut  épou- 
vanté; et  Joseph  pria  sans  empêchement 
jusipj*à  ce  que  Tobscurité  fût  dissipée. 

I  Plus  tard,  devenu  victime  d'une  ferome 
effrontée*  Joseph  était  en  prison,  lorsque  le 
roi  des  Grecs,  qui  était  alors  en  guerre  avee 
l'Egypte,  envoya  un  ambassadeur  à  Pha- 
raon, sous  prétexte  d*ouvrir  des  qégociations 
pour  ia  pais,  mais  au  fait  pour  chercher  à 
faire  périr  ce  courageux  monarque.  L'am* 
iiassadeur  s'adressa  à  une  vieillefemme  grec* 
que,  qui  demeurait  depuis  longtemps  en 
^pte,et  lui  demanda  conseil.  «Je  ne  cou- 
nais  d*autre  moyen,  dit-elle, que  d« corrom- 
pre TéchansoB  ou  le  chef  des  cuisines  du 
roi,  sGn  qu'un  d'eux  l'emitoisonuf.  »  L'am- 
bassadeur s'attacha  è  faire  la  conuaissancede 
ces  deux  foulionnaires,  et  trourant  le  chef 
des  cuisines  plus  accessible,  il  Qnit  par  lut 
persuader  d'empoisonner  le  roi,  moyennant  lo 
jond'un  quintal  d'er.  Dès  qu'il  pensa  avoir 
atteint  le  but  de  son  vojrage,  il  se  tint  prêt  à 
l>artir,  mais  auparavant  il  alla  voir  sa  compa* 
iriole,  afin  de  l'informer  de  ce  qu'il  avait 
fait.  Elle  o*était  pas  seule  et  il  dut  se  borner 
à  lui  dire  qu'il  avait  tout  lieu  d'être  satisfait 
du  résultat  de  sa  mission.  Ces  paroles  revin« 
rentaux  oreilles  de  Pharaon,  et  comme  eU 
les  ne  pouvaient  s'expli(]uer  naturellement, 
car  les  négociations  étaient  rompues,  et  la 
guerre  avait  recommencé ,  on  soupçonna 
quelque  mjstàre.  La  femme  grecque  fut 
amenée  devant  le  roi,  et  pressée  jusqu'à  ce 
qu  elle  edt  révélé  ce  qu'elle  savait.  Le  mo- 
narque, justument  irrité.  Ut  enfermer  l'é- 
cbansoQ  et  le  chef  des  cuisines  dans  la  pri- 
son oili  était  Joseph. 

«  lies  deux  captifs  lui  racontèrent  un  jour 

3u  ils  avaient  eu  des  songes  et  lui  en  deman- 
èrent  l'explication  {VIS).  Joseph  leur  dit 
que  ces  songes  annonçaient  que  l'échanson 
serait  remis  en  possession  de  sa  charge,  et 
que  le  chef  des  cuisines  serait  pendu,  lisse 
luirent  à  rire  et  dirent  :  «  Nous  .  n'avons 
voulu  que  te  mettre  à  l'épreuve,  et  nous  n'a- 
vons pas  eu  de  songe.  »  Joseph  leur  répon- 
dit:«Votre  Honge  peut  être  réel  ou  inventé 
i  plaisir,  mais  ce  que  je  vous  dis  est  le  juge- 
ment de  Oien,  et  i)  s'accomplira.  »  Les  cho- 
ses se  passèrent  comme  Joseph  l'avait  an- 
ooncé;  il  pria  l'échanson  de  sa  souvenir 
de  lui,  mais  celui-ci  l'oublia,  et  comme  Jo- 
seph avait  mis  sa  confiance  en  un  homme 
plutôt  qu'en  Dieu,  l'arbre  de  la  cour  de  la 
prison  se  dessécha  et  la  source  tarit.  » 

D'après  une  légende  rabhiniqne,  Jacob 
recommanda  à  ses  fils  de  ne  pas  entrer  en- 
semble dans  la  vilio  k  cause  du  mauvais  œil. 
Joseph,  pensant  bien  que  ses  frères  revien- 
draient en  Egypte,  avait  ordonné  aux  gar- 
diens des  portes  de  lui  apporter  cha^jue  jour 

(i78)  iAGenè$e(rhr  xi)  s*  borne  à  dire  que  te 
chef  des  écbaiisons  ei  le  chef  des  panuetiers  ayant 
oft-nsé  le  roi,  il  les  A(  eorerm^tr  daus  la  roaisou  du 
clM(d«s  exécaieurs,  où  Joseph  éuit  déianu;  les 


la  liste  de  noms  des  tous  I«s  étrangurs.  tJii 
jour  on  lui  apporta  le  nom  de  Ruben,  tils  de 
Jacob,  un  autre  jour,  celai  de  Siméon,  fils  de 
Jacob,  et  ainsi  de  suite- jusqu*À  un  dixième 
nom, .qui  fui  celui  d*A£ser.  Joseph  fit  alors 
venir  auprèsde  lui  les  préposés  aux  magas^ins 
publics  où  se  faisaient  des  distributions  de 
vivres,  et  il  ordonna,  lorsque  ses  frères  se 
présenteraient,  de  les  arrêter,  et  de  les  con« 
duire  devant  lui. 

Quand  Joseph  fit  saisir  Siméon,  ses  frères 
voulurent  le  défendre,  mais  Siméon  n'avait 
pas  besoin  de  leur  secours;  Joseph  demanda 
alors  à  Pharaon  d'envoyer  soixanto  dix  des 
plus  robustes  de  ses  soldats  pour  s'emparer 
de  l'Hébreu;  mais  celui-ci  poussa  un  cri 
terrible,  et  les  soixante-dix  soldats  tombè- 
rent par  lerre,et  se  cassèrent  ies  dents.  Joseph 
dit  alors  à  son  fils  Menasché  qui  était  auprès 
de  lui  :  «Va  ei  passe-lui  une  corde  autour  du 
cou.  »  Menasché  frappa  Siméon,  le  renversa 
et  l'enchatna.  EtSimôon  dit  en  tombant  :  «  K 
n'y  a  qu  un  homme  de  ma  famille  qui  ait  pu 
frapper  ainsi.  » 

«  Quand  Joseph  fit  enfermer  Benjamint 
Judas  cria  avee  tant  de  force,  que  Chuschim, 
le  fi  s  de  Dan,  l'entendit  dans  le  pays  de  Cha* 
naan, et  lui  répondit.  Joseplicraignitd'ètre  mis 
à  mort  en  voyant  Judas  dans  une  colère  telle, 

3u'il  jaillissait  du  sang  de  son  œil  droit.  Ju<- 
as  portait  habituellemeat  cinq  vêtements 
sur  lui,  et  quand  il  était  en  colère,  son  cœur 
enflait  tellement  que  ces  cinq  vêtements  se 
déchiraient.  Joseph  poussa  un  cri  si  vio- 
lent qu'uûe  colonne  tomba  en  débris,  et  Ju<* 
das  dit  alors  :  «  Voici  également  un  héros 
comme  nous.  » 

Le  Coran,  chap.  12,  raconte  tort  au  long 
l'histoire  de  Joseph,  en  Tembellissant  de  cir- 
constances fabuleuses,  dont  voici  un  échan** 
tillon  2 

«  Jacob  étant  devenu  aveugle.  Joseph  lui 
envoya  son  manteau  et  le  vieillard  recouvra 
la  vue.  Ce  manteau  avait  été  apporté  par 
l'ange  Gabriel  à  Abraham,  lorsque  ce  pa- 
triarche fut  jeté  au  milieu  des  Hammes,  et 
il  était  fait  de  la  soie  du  paradis.  11  répandait 
une  odeur  divine,  et  il  guérissait  tous  les 
malades  qu'il  touchait.  Abraham  le  laissa  à 
Isaac,  qui  le  transmit  à  Jacob,  des  mains  du- 
quel il  passa  à  Joseph.  » 

Les  rabbins  ne  le  cèdent  point  aux  Musul- 
mans en  fait  d'anec<lotes  controuvées  rela- 
tives à  Joseph.  Nous  nous  bornerons  à  en 
mentionner  une: 

«  Les  astrologues  de  Pharaon ,  irrités  de 
voir  Joseph  en  faveur  auprès  du  rui ,  di« 
saient  :  «Il  faut,  pour  gouverner  l'État» 
qu'il  sache  soixante«»dix  langues.  »  L'ange 
ôabriel  vint  et  les  lui  enseigna.  »  (Barto- 
locci,  BibUolh.  rabbin,  t  L  111,  p.  521.} 

Les  auteurs  arabes  se  sont  livrés  à  tous  les 
caprices  de  leur  imagination  en  racontant 
l'bistoire  do  Joseph  :  s'il  faut  s'en,  rapporter 

songes  que  racontent  les  lé^n^fes  arabes  sont  d  ail- 
leurs ooaforniea  à  eeux  |qa*iDJique  la  narmiion  de 


42S 


DlCTIONi;.JRC  DES  ÀPOCAYFUES. 


m 


h  leurs  récits,  le  puits  où  ses  frères  Tavaient 
l'elé  se  revêtit  d*herbes  et  de  Qeurs;  les  ron- 
ces qui  remplissaient  cet  abîme  devinrert 
des  branches  d*arbres  vt^rdoyants  qui  fur* 
mèrent  sur  sa  (été  un  ombrage  frais  el  déli- 
cieux; une  rosée  douce  et  suave  (omba  dans 
la  bouche  du  fils  de  ianob.  Ce  puits  avait  été 
creusé  par  le  sa^^e  Schadad,  qui  avait  habité 
autrefois  la  terre  de  Chanaan,  et  que  Dieu 
avait  enlevé  et  transporté  dans  le  paradis 
terrestre,  où  il  jouissait  du  bonheur  éternel 
et  du  don  de  prophétie.  Il  se  promenait  dans 
ce  lieu  enchanteur  avec  Enoch ,  lorsque 
l'ange  du  Seigneur  Tenlevade  nouveau  et  le 
transporta  dans  le  puits  même  où  se  trouvait 
Joseph.  *Dieu  le  chargea  de  le  consoler  et  de 
rinstruire.  Le  prophète  apprit  à  Joseph  que 
le  Seigneur  voulait  le  punir  et  lui  infliger 
des  malheurs  passagers,  parce  qu'il  avait 
conçu  des  pensers  d'orgueil  en  se  regardant 
dans  un  miroir  et  en  admirant  sa  jolie  figure, 
et  pour  avoir  réfléchi  avec  trop  de  comptai* 
sance  sur  TagrémeBt  de  son  esprit  et  sur  l'é- 
tendue des  connaissances  qu'il  avait  ac* 
quises.  Joseph  se  prosterna  devant  Schadad  ; 
celui-ci,  après  lui  avoir  donné  les  conseils 
les  plus  sages,  lui  prédit  tout  ce  qui  devait 
lui  arriver,  et  lui  laissa  une  provision  de 
grenades  d'une  douceur  et  d'une  suavité 
exquises 

Joseph  étant  en  Egypte  chez  Katflr  (Puti- 
pbar),  un  chameau,  sur  lequel  était  monté 
un  Arabe  qui  se  rendait  dans  le  pays  de 
Chanaan,  s'arrêta  tout  court,  et  c]uelque8 
eflbrts  que  fit  son  maître  pour  le  faire  avan* 
cer,  il  s'j^  refusa  obstinément.  Regardant 
Joseph  qui  vint  sur  la  porte  du  palais,  l'ani- 
mal s'agenouilla,  baisa  ses  pieds  et  versa 
ùes  larmes.  Joseph  s'attendrit  de  son  côté. 
Cette  scène  singulière  attira  de  toutes  parts 
des  spectateurs.  Kattir  accourut  pour  en  de- 
mander l'explication  è  Joseph,  lequel  déclara 
reconnaître  ce  chameau  pour  avoir  appar- 
tenu è  son  père;  il  lui  avait  souvent  donné 
à  manger  en  sa  jeunesse.  L'Arabe  convint 
qu'il  i  avait  acheté  dans  le  pays  de  Chanaan, 
el  promit  de  porter  à  Jacob  des  nouvelles 
du  fils  qu*il  croyait  perdu. 

Une  tradition  orientale  attribue  à  Joseph 
U  fondation  de  Memphis,  la  construction  du 
canal  duCaire  pour  l'écoulement  des  eaux  du 
Nil,  férection  des  obélisques  et  des  pyra- 
mides que  l'on  prenait  dans  le  moyen  |âge 
|iour  les  greniers  dont  le  patriarche  avait 
ordonné  la  construction.  Selon  d'autres  au- 
teurs, Joseph  a  été  le  Mercure  ou  l'Hermès 
du  l'Egvpte,  inventeur  des  sciences  les  plus 
profondes  et  de  la  géométrie. 

Un  des  poëtes  persans  les  plus  célèbres, 
Djamt,  mort  l'an  898  de  l'Hégire  (14^92  de 
l'ère  chrétienne),  a  pris  Joseph  pour  le  hé- 
ros d'une  épopée  fort  estimée  chez  les  Orii  n- 
laux,  et  qui  a  été  traduite  en  hindostani.  La 
Bibliothèque  des  Romane  ^  juin  1778,  avait 
donné  une  analyse  peu  satisfaisante  de  cette 
épopée;  M.deRosenzweiga  publié  à  Vienne, 
en  1824,  une  édition  du  texte  original  in*foIio, 
et  il  en  a  donné,  la  même  année,  une  traduo 
lion  aHemande  ia-8*.  M.  Sylvestre  deSacy  a 


rendu  compte,  dansaeux  articles  du  Joumni 
des  Savante  (iuin  et  août  1826),  de  cette  i^u- 
blication  intéressante. 

Le  poëme  s'ouvre  par  un  s<Dge  d'A<lam, 
dans  leauel  le  premier  homme  voit  paraîtra 
devant  lui  toute  sa  postérité.  La  beauté  de 
Joseph  fra))pe  ses  regards;  il  désire  savoir 
quel  est  celui  qui  se  distingue  ainsi  entrt 
tous  ses  descendants.  Une  voix  céleste  l'ins- 
truit des  destinées  de  Joseph,  et,  par  l'onire 
de  cette  même  voix,  il  lui  lègue  une  rirhe 
portion  des  dons  naturels  et  surnaturels  que 
le  Créateur  lui  a  accordés. 

Nous  laisserons  de  côté  lou.<(  les  épisodes 
dans  lesquels  se  complaît  l'imagination  du 
poëte  persan;  nous  dirons  seulement  qu'a- 
près bien  des  épreuves  et  des  souffrantes 
supportées  avec  courage,  le  fils  de  Jacoû 
épouse  Zouleikha,  devenue  veuve  par  la  mort 
de  Putiphar. 

Une  nuit  que  Joseph  avait  été  surpris  du 
sommeil  au  pied  de  Vautel  devant  lequel  il 
adorait  la  Majesté  divine,  son  père  etsa  méro 
lui  apparurent  en  songe,  et  lui  annoncèrent 

3ue  le  moment  n'était  pas  loin  où  son  âme 
evait  quitter  la  terre  pour  aller  se  rejoindrt 
à  celle  de  ses  pères.  Joseph  s'empressa  de 
faire  part  de  cette  annonce  à  Zouleikha,  et, 
dès  ce  moment,  il  oublia  tous  les  intérêts 
passagers  de  ce  monde,  et  n*eut  plus  de  dé>ir 
que  pour  l'éternité.  Sa  femme,  en  proie  è  ia 
plus  vive  douleur,  et  crai^jnant  de  perdre 
celui  qu'elle  chérissait  depuis  quarante  ans 
se  livra  aux  gémissements  et  aux  plainte) 
les  plus  amères.  Dès  le  lendemain ,  Joseph, 
averti  par  l'ange  Gabriel  que  son  heure  éiait 
venue ,  et  renongant  à  dire  les  dernier:^ 
adieux  à  Zouleikha  pour  ne  pas  la  rmdrc 
témoin  de  cette  dure  séparation,  respira  IV 
deurd'un  fruit  venant  des  jardins  du  parad>s 
que  l'ange  lui  présenta,  et  à  Tinstant  son  âui^ 
cessa  d*animer  son  corps.  A  la  nouvelle  o* 
la  mort  de  Joseph,  Zouleikha  tombe  privtT 
de  sentiment  ;  elle  ne  sort  de  cet  état  que  le 
quatrième  jour,  et  c'est  pour  sentir  plus  ri* 
vement  son  malheur.  Elle  se  livre  à  toute  la 
violence  du  désespoir;  elle  s'arrache  les  clie- 
veux,  couvre  sa  tête  de  poussière  ;  son  sanj; 
ruisselle;  elle  pousse  les  cris  les  plus  lamen- 
tables. Elle  se  fait  porter  au  tombeau  de  Jo* 
seph  :  un  tertre  de  terre  fraîchement  remui  e 
lui jndique  le  lieu  où  repose  son  époux;  elM< 
s'y  précipite ,  exhale  sa  douleur  dans  do> 
expressions  déchirantes  ,  et  rend  le  dernier 
soupir.  On  l'ensevelit  avec  son  mari. 

L'Egypte,  privée  de  son  sauveur,  ne^e^se 
pas  d'éprouver  la  puissance  de  ses  ceudrr^. 
La  famine  et  la  peste  s'unissent  pour  porit^r 
la  désolation  tantôt  sur  une  rive  du  Nili 
tantôt  sur  une  autre,  suivant  qu'on  en  en- 
lève le  corps  de  Joseph,  qui  porte  partout 
avec  lui  le  bonheur  et  la  fertilité.  P<»ur 
mettre  fin  à  ces  fléaux,  on  met  ce  corps  dans 
un  cercueil  de  pierre|,  dont  on  l)Ooche  eiac- 
tenient  toutes  les  fentes  ntecde  lapuii.tl 
on  le  précipite  dans  le  fleuve. 

Le  poëme  se  termine  par  des  conseils  mo- 
raux que  l'auteur  donne  à  son  fils,  par  drs 
exhortations  sur  le  néant  du  monde,  le  re* 


128 


«OS 


PART.  i:i.-*  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOS 


4»» 


noocemeol  tui  choses  passagères  et  à  soi- 
tuéme,  la  aécessilé  de  se  préparer  è  la  oiorU 
enfin  parles  actions  de  grâces  au  Ciel,  qui  a 
aaordé  le  teraps  et  ia  force  nécessaires  pour 
achever  ceile  œuvre. 

De  miime  que  dans  la  plupart  des  producr 
lionsdesOrientauifOn  trouve  dans  Touvrage 
de  Djami  ua  mélange  de  beautés  véritables 
et  d'oroetnents  de  mauvais  çoût«  d*expres« 
sioDs  vives,  fortes,  et  de  froides  allusions, 
de  détails  ridicules  ou  grossiers,  de  jeui 
d*esprit  plus  subtils  que  justes  et  bien  pla- 
cés. 

Entretien  de  Joseph  avec  la  femme  de  Puti- 
phar,  d'après  le  Talmud  deBabylone.  { Tract. 
JomayC/3^  fol. 35,  col.  2— Fabricius (Cad. 
apocr.  Vet.  Test.^  t.  1,  p.  771)  a  inséré 
ia  traduction  de  ce  passage  par  Georges 
Eiiézer  Edzard  : 

«  Les  rabbins  ont  dit  :  «  Le  pauvre  et  le  ri- 
che et  Timpie  paraîtront  (un  jour}  au  juge* 
ment  de  Diea.  »  II  sera  demandé  au  pauvre  : 
«  Pourquoi  ne  i*es-tu  pas  appliqué  a  Tétude 
de  la  loi?  »  S*il  répond  :  «  J  étais  pauvre  et 
préoccuf>é  des  moyens  de  gagner  ma  subsis* 
lance»  »  il  lui  sera  dit  :  «  Est-ce  que  tu  as  été 
plus  pauvre qu*Hillel?»  On  rapporle,  au  su- 
jet d'Hillel  Tancien,  que  chaque  jour  (avant 
qu'il  n*aliAt  aux  écoles  J  il  gagnait  par  sou 
travail  ua  demi-deuier»  dont  il  donn;iit  ia 
moitié  au  portier  (  qui  laissait  entrer  dans 
TeDceinte  des  écoles  ouqui  excluait  ceux  qui 
ne  devaient  pas  y  pénétrer),  et  il  gardait  le 
reste  pour  sa  subsistance  et  celle  de  sa  fa- 
mille. Un  jour,  Uillel  n^avaitrien  pu  gagner, 
et  le  portier  refusa  de  Tadmettre;  il  grimpa 
alors  le  long  des  murailles,  et  s*assit  hors 
de  l'école  auprès  d'une  fenélre,  pour  enten- 
dre les  paroles  du  Dieu  vivant  de  la  bouche 
de  Schemaja  et  d*Aftaljon.  C*étail  alors  la 
veille  du  Sabbat  et  l'époque  du  solstice  de 
décembre,  et  il  tomba  une  neige  abondante^ 
El  quand  Taurore  se  fut  levée,  Schemaja  dit 
à  Afialjojn  ;  «  O  mon  frère  !  cette  maison  n'a 
jamais  été  bien  claire;  mais  aujourd'hui  elle 
est  extrêmement  obscure  :  peut-être  le  jour 
est-il  obscurci  par  un  grand  brouillard,  p 
Ayant  regardé  avecplus  d'attention,  ils  aper- 
çurent uu  homme  sur  la  fenêtre.  (Ls  y  moa- 
tèrent  et  ils  trouvèrent  Billej  enfoncé  ;dans 
la  neige,  qui  avait  une  hauteur  de  trois  au- 
nes; ils  le  débarrassèi-ent  aussitôt  de  celte 
neige  qui  le  couvrait,  le  lavèrent,  le  couvri- 
rent de  vêtements,  et  le  placèrent  près  du 
feu  pour  qu'il  se  réchautl'ât,  et  ils  dirent 
qu'il  méritait  qu'on  lui  rendit  tous  ces  soins., 
quoiau'ils  fusseât  une  profanation  du  Sab- 
lai. 11  sera  dit  au  riche  :  «  Pourquoi  ne  t'^- 
ta  pas  adonné  à  l'étude  de  la  Loi?  n  S'il  ré- 
pond :  «  J'étais  riche  et  occupé  d^  l'admi- 
nistration de  mes  biens,  i^  il  lui  sera  dit  : 
•  Est-ce  que  ton  opulence  surpassait  celle 
deRabbi  Ëléazar?  i»  On  raconte  au  sujet  de 
cet  Eléazar,  fils  de  Chursum,  que  son  père 
lai  avait  laissé  mille  villes  sur  le  continent 
et  mille  uavires  voguant  sur  là  mer,  et  ce- 
pendant, prenant  chaque  jour  sur  ses  ^ult  s 
une  outre  de  farine  pour  lui  servir  de  pro- 
vision, il  voyagea  uune  Tille  à  une  autre 

DlCTfO!VN.   DES   APOCRYPHES.   H. 


ville,  et  se  traasporta  de  province  en  pro- 
vince afin  d'étudier  la  Loi«  Oo  dit  que  quel- 
ques-uns de  ses  eaclaves  se  saisirent  un  jour 
de  lui,  et  voulurent  le  forcer  à  travailler  pour 
le  prince  du  pays«  ne  sachant  pas  qu'ils 
avaient  affaire  a  leur  maître  et  au  vrai  prince 
du  pays.  Il  les  pria  d'abord  de  le  laisser  aller, 
afin  qu'il  pût  étudier  la  U>i;  mais  ils  jurèrent 
par  la  yie  de  leur  mettre  Ëléazar  qu'ils  ne 
lui  rendraient  point  la  liberté;  toutefois, 
quand  il  leur  eut  payé  une  somme  considé* 
rable,  il  se  lira  de  leurs  mains.  On  ajoute 

aue  ce  possesseur  de  tant  de  villes  et  de  tant 
e  navires  n'alla  jamais  les  visiter  ;  m^is  qu'il 
rcstHit  assis,  employa^]!  les  jours  et  les  nuits 
è  étudier  la  Loi.  Il  sera  dit  également  à  Tim- 

f)ie  :  «c  Pourquoi  ne  t*es-tu  pas  appliqué  h 
'étude  de  la  Loi?  »  S'il  répond  qu'il  élait 
doué  de  beauté,  et  eiiposé  aiusi  à  l'empiro 
d'une  coQcupiscence  déréglée,  il  lui  sera 
dit  :  «  Est-ce  que  tu  étais  plus  beau  que  Ji»- 
seph?)i  Ou  raconte  de  Joseph  le  juste  que  la 
femme  de  Putiphar,  voulant  le  séduire,  lui 
adressait  chaaue  jour  des  paroles  flalteuses^ 
et  que,  dans  le  but  de  lui  plaire,  elle  c^n- 
geait  de  costume  chaque  matia  et  chaque 
soir;  mais  il  refusa  toujours  de  paritager  sa 
passion  coupable.On  dit  qu'elle  ie  menaça  de 
je  faire  jeter  en  prison;  mais  Josepti  répon- 
dit :  «Le  Seigneur  délivre  les  captifs.  »  Elle 
le  menaça  de  lui  arracher  les  yeux;  mais  Jo* 
seph  répondit  :  «  Le  Seigneur  <Hivre  i^s  yeux 
des  aveugles.  »  Elle  lui  offrit  mille  talenta 
d'argent;  mais  Joseph  repoussa  cesoQTres, 
pe  voulant  pas  pécher  avec  elle  en  ce  monde 
et  partager  sa  punition  dans  1^  x^on.de  futur. 
C'est  ainsi  qu'Hillel  sera  un  sujet  de  coa- 
damnation  pour  les  pauvres;  Rabhi  Eléascar, 
fils  de  Chursum,  pour  les  rif  hes^  et  Joseph 
pour  les  impies.  » 

Fabricius  a  pris  la  peine  dlnsérer  dans 
^n  Codex  apocryphus  Veleris  T4slamenti^ 
t.  li  p.  4|i>l-496,  une  série  de  letlr£S..riunies 
£Ous  le  titre  de  Johanhis  Lemovicensis 
morale  somnium  Pharaonis.  Cet  ouvrage, 
adressé  h  Thibauld,  roi  de  Navarre,  comte 
de  Champagne  et  de  Brie,  se  compose  de 
.dix-«huit  Lettres  échangées  entre  Pharaon 
.et  les  principaux  oificiers  de  sa  cour.  Elles 
roulent  sur  les  devoirs  des  rois  et  sur  divers 
sujets  de  morale,  et  Ton  peu!  les  {)lacer 
parmi  les  plus  fastidieuses  compositions 
de  ce  genre  qu'ait  enfantées  le  moyeu 
Age  :  nous  nous  bornerons  à  eu  traduire 
deu%. 

n.  Pharaon,  par  lamasuificence  divine,  roi 
dTgypte,  à  l'eminent  do<Ueur  et  à  l'incom- 

E arable  interprète  de  l'avenir,  Joseph,  ^é^ 
reu,  salut. 

«  Nous  savons  maintenant  que  Dieu  a 
envoyé  son  ange,  homme  angélique,  ci- 
toyen du  ciel,  serviteur  de  Dieu,  AÙn  qi/il 
mit  au  jour  le  véritable  sens  de  la  yision 

3ue  nous  avions  eue,  et  qui  était  garrollée 
ans  les  liens  des  figures,  et  pour  que  la 
lumière  de  l'intelliâ^ence  brillât  dans  la  pri- 
son de  l'énigme.  Vraiment  ton  infortune  a 
été  un  boohaur,  6  le  plus  lieureux  des  hom- 
mes 1  elle  a  humilié  tes  pieds  en  les  met-* 


4i7 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


tant  dans  les  fers,  mais  la  sagesse  est  venue 
couronner  la  lêtede  rbumilié.  .Heureuse  la 
jalousie  fraternelle  qui  nous  a  procuré  un 
interprète  aussi  distingué.  Heureux  Taveu- 
{;leuicnt  d*lsraôl  qui  a  amené  une  si  grande 
illumination  des  nations.  Mais,  par-dessus 
tout,  heureuse  la  Sagesse  divine,  habile 
ordonnatrice  des  sages  et  des  insensés»  qui 
assujettit  à  sa  |»ieuse  volonté  les  volontés  oes 
impies.  Rien  ne  se  montre  à  nos  yeux  sous 
un  aspect  plus  riant,  rien  ne  résonne  à  nos 
oreilles  avec  une  harmonie  plus  suave,  que 
l'éclatante  sa^^acité  avec  laquelle,  dévelop- 
pant la  vision  dont  nous  avons  parlé,  tu  dis- 
sipes les  soucis  de  la  royauté,  et  lu  puriQes 
et  réformes  les  abus  dans  le  gouvernement. 
Que  d*nutres  se  fient  à  la  prudence  dont  ils 
se  croient  doués,  qu*its  s'efforcent  de  plaire 
AUX  hommes,  qu'ils  se  plaisent  à  être  aîi- 
piaudis  et  à  entendre  leurs  louantes  pro- 
clamées par  la  voix  des  hérauts;  nous  pen- 
sons mieux  accomplir  notre  ministère  et 
honorer  notre  emploi,  en  sachant  que  la 
gloire  d'un  roi  consiste  à  aimer  la  justice, 
-et  que  l'équité  et  la  sagesse  sont  les  bases 
de  son  trône.  A  moins  de  vouloir  détruire 
le  joug  naturel  et  briser  les  liens  de  la  rai- 
son, nous  devons  agir  avec  nos  inférieurs 
comme  nous  voudrions  que  nos  supérieurs 
vécussent  avec  nous.  Nous  serions  coupa- 
bles de  négliger  nos  devoirs  envers  nos  su- 
jets, lorsque  nous  voulons  qu'ils  s'acquittent 
des  leurs  envers  nous.  Comment  pourrions- 
nous  raisonnablement  espérer  de  trouver 
fidèles  ceux  envers  qui  nous  manquerions 
de  foi?  Aurions-nous  la  hardiesse  d'exiger 
de  nos  troupes  le  service  qu'elles  doivent, 
lorsque  nous  ne  nous  appliquerions  j)âs 
%  combattre  en  faveur  des  intérêts  communs? 
Serions-nous  tombés  dans  une  folie  telle 
q^ue  nous  pussions  croire  aue  nous  plai- 
rions à  Dieu  lorsque  nous  violerions  les  lois 
de  la  prudence  et  de  la  tempérance?  Le 
domaine  des  vertus  est-il  tombé  dans  une 
anarchie  telle  qu'nn  puisse  en  abandonner 
une  et  en  pratiquer  une  autre,  en  exclure 
nne  et  s'adonnera  une  autre?  Non,  certai- 
nement ;  celui  qui  en  blesse  une  les  blesse 
toutes;  elles  sont  unies  et  reliées  ensemble 
par  une  chaîne  d'or.  La  douce  harmonie  de 
ton  éloquence  a  résonné  à  nos  oreilles,  et 
nous  le  prions,  6  fleur  brillante  des  inter- 

I frètes  de  l'avenir,  de  chasser  de  notre  cœur 
es  soucis  oiseux,  et  d'y  affermir  des  nré- 
occupations  louables  et  raisonnables,  il  ne 
suffit  pas  que  ta  persfiicacité  révèle  notre 
faiblesse,  elle  doit  aussi  la  guérir.  Il  ne 
nous  suffit  pas  non  plus  de  prévoir  les  pé- 
rils, il  faut  que  nous  soyons  munis  de  la 
circonspection  qui  nous  guidera  avec  sûreté. 
Nous  ne  faisons  pas  en  vain  un  «ppel  à  ta 
bienveillance,  toi  que  décore  réellement  le 
triple  éclat  d*une  vie  irréprochable,  de  la 
science  et  de  la  justice.» 

Répoute  Je  loscpb  à  Pharaon. 

«  Au  seigneur  Pharaon,  |)ar  la  magnifi- 
cence  divine,  roi  puissant  de  l'Egypte,  Jo- 


seph, Hébreu,  le  dernier  de  ses  esc1au'«, 
salut  avec  un  dévouement  sincère. 

1  Puisse-t-il  recevoir  l'onction  à  sept  for- 
mes de  l'Esprit-Saint.  Le  roi  magnifique  qui 
accomplit  seul  de  grandes  merveilles  en  ou- 
vrant la  main  de  sa  ma^niGcence,  a  renipit 
toutes  choses  de  sa  bonté,  en  dispensant  h 
répandant  dans  sa  générosité  les  tri[ji«s 
dons  de  sa  inuniQcence,  les  dons  de  Is  lor* 
tune,  de  la  nature  et  de  la  grAce.  Accor- 
dant h  Voire  Excellence  des  favenrs  extra- 
ordinaires, il  l'a  gratiGée  de  dons  particu- 
liers, présentant  Te  flambeau  à  ses  yeux, 
aQn  de  montrer  la  science  royale,  et  incli- 
nant ses  oreilles  pour  qu'elles  reçussent  une 
instruclioM  admirable.  Heureux  ceux  qui 
lisent,  qui  comprennent  ce  qu'ils  lisent, 
qui  aiment  ce  qu'ils  comprennent,  et  qui 
ne  perdent  jamais  de  vue  ce  qu'ils  ainicni. 
Toutes  les  générations  vanteront  voire  bon- 
heur, si  vous  vous  attachez  à  écouler  avic 
attenlion,  à  garder  dans  la  mémoire  et  à 
accomplir  avec  zèle  la  règle  de  la  justice.  Le 
Souverain  des  souverains  et  le  Roi  des  rois 
est  décrit  avec  brièveté,  comme  étant  bril- 
lant en  son  aspect,  puissant  par  son  souflli*» 
ardent  en  sa  démarche,  et  comme  éleoi 
placé  entre  sept  candélabres  d*or;  ces  signes 
sont  les  indices  caractéristiques  de  la  con- 
duite que  doit  observer  un  roi,  et  qui  a  é;é 
fixée  par  la  sagesse  divine.  Instruisez-vous, 
ôroisi  apprenez,  vous  qui  gouveruf^z  ia 
terre,  comment  les  rois  qui  sont  au-dessous 
du  ciel  doivent  se  rég'er  sur  le  Koi  qui  est 
au-dessus  des  cieux,  et  s'efforcer  d'acquérir 
les  dons  spirituels.  Des  rois  et  des  princes 
prudents  à  leurs  propres  yeux,  n'ont  pas 
voulu  comprendre  quelle  ligue  ils  devaient 
suivre  pour  parvenir  au  bonheur;  ayant 
déserlé  le  chemin  du  la  droiture,  ils  se  sont 
égarés  dans  les  régions  de  la  fausselé,  ei 
comme  ils  n'ont  pas  eu  la  science  qui  était 
nécessaire,  ils  ont  péri  à  cause  de  leur  igno- 
rance. Il  faut  donc  qu'un  roi  ait  la  sages>p, 
et  qu'il  ne  soit  pas  indigne  de  la  dignité 
royale;  il  doit  posséder  l'éclat  de  la  pr>> 
dence,  la  fermeté  de  la  justice,  la  sérénité 
de  la  tempérance  et  la  vigueur  du  courage, 
et  il  doit  être  élevé  au-dessus  de  la  hauteur 
des  autres  hommes.  Il  doit  se  revêtir  des 
armes  du  Seigneur  pour  combattre  dans  ies 
rangs  des  armées  célestes,  pour  prolé^er  Ips 
enfants  de  la  lumière  et  pour  lutter  avec 
les  princes  des  ténèbres.  Il  doit  appli^iuir 
tousses  soins,  toute  sa  sollicitude,  louio 
son  habileté  à  se  rendre  agréable  à  Dieu  et 
utile  au  peuple,  à  protéger  la  justice,  à 
poursuivre  l'iniquité,  à  semer  lejugeroeni, 
a  récolter  la  paix.  Il  doit  agir  avec  vigueur, 
ne  se  rebutant  pas  du  travail,  ne  s'abriianl 
pas  dans  la  retraite,  ne  refu>ant  pas  d'écou- 
ter les  plaintes  qu'on  porte  auprès  de  tut, 
ne  différant  pas  de  rendre  ses  senlenct^, 
ne  se  laissant  séduire  ni  par  des  préscms  m 

far  des  égards  pour  telle  ou  telle  personne. 
I  doit  se  comporter  avec  circou$pectioo. 
évitant  les  discours  emphatiques,  exacninaui 
lesdi  verses  opinions,  étudiant  lesjugeroen  s 
approfondissant  les  enquêtes,  visitautles  Jif* 


429 


JOS 


PART.  Ul.^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOS 


450 


férenles  administrations,  essayant  lont,  Yéri- 

fiantioul,  de  crainte  que  les  voies  droites  du 
Seigneur  ne  soient  renversées  nar  quelque 
négligence.  Il  doit  comprendre  a  qui  il  faut 
qai/  se  montre  indulgent,  et  à  qui  il  doit 
faire  sentir  son  indignalion;  à  qui  il  doit 
confier  des  emplois,  à  qui  il  doit  retirer  sa 
confiance,  se  montrant  doux  pour  les  fai- 
bles et. dur  pour  les  superbes;  rigoureux 
quand  il  s'agira  d*oSrenses  envers  l'Etat, 
clément  pour  les  offenses  envers  ,sa  per- 
sonne ;  pourvoyant  à  la  distribution  des 
erapiois  selon  le  mérite;  ne  semant  pas  dans 
le  vent  de  la  vanité ,  dans  Teau  de  la  vo- 
lupté, dans  le  sable  de  la  cupidité,  mais 
dans  le  sol  fertile  et  gras  de  la  charité.  Que, 
dans  sa  compassion  pour  les  pauvres,  il  soit 
prodigue  à  leur  égard,  afin  de  prêter  avec 
usure  au  Seigneur;  qu'il  soulage  les  besoins 
des  nécessiteux,  sans  conii)ler  les  riches, 
iréférant  les  biens  spirituels  à  ceux  du 
monde,  et  mettant  les  richesses  éternelles 
au-dessus  de  celles  du  temps.  Qu'il  ne 
craigne  pas  d'encourir  le  blâme  à  cause  do 
la  vérité,  la  critique  à  cause  de  la  vertu,  et 
les  souffrances  à  cause  de  la  justice,  mais 
(lu'il  redoute  le  glaive  acéré  et  la  sentence 
inévitable  du  Juge  formidable  auquel  il 
aura  k  rendre  compte  de  sa  gestion.  Telles 
sont  les  vertus  brillantes  et  clignes  de  res* 
pect  dont  l'observation  est  un  sujet  d'hon- 
neur pour  les  princes  qui  s\  conforment, 
et  dont  l'oubli  est  un  motif  de  honte  pour 
ceux  qui  les  négligent.  Les  rois  de  la  terre, 
£dèles  î  leurs  devoirs,  sont  fortifiés  par 
jVppui  des  dons  célestes  ;  le  don  de  sa- 
gesse leur  permet  de  comprendre  Texcel- 
ience  divine;  le  don  de  1  intelligence  les 
met  à  même  de  se  joindre  à  la  milice  intel- 
lectuelle; le  don  du  conseil  leur  permet  de 
diriger  la  puissance  judiciaire  ;  le  don  du 
courage  les  aide  à  punir  les  outrages  faits  à 
la  Justice;  le  don  du  la  piété  leur  permet  de 
régler  la  munificence  royale,  et  le  don  de 
crainte  d'observer  avec  soin  les  vertus  ci* 
viles  ;  car  l'édifice  de  la  vertu  s'écroule 
prooiptement,  s'il  n*est  constamment  sou- 
tenu par  l'effet  de  la  crainte  divine....  » 

U  Bibliographie  biographique  de  M.  Œt- 
tinger  que  nous  avons  déjà  citée,  énumère 
quinze  ouvrages  relatifs  à  Joseph  {Vld}  ;  la 
plupart  sont  des  dissertations  spéciales  du 
^enre  de  celles  qu'enCante  la  patiente  érudi- 
tion  de  l'Allemagne;  nous  citeronsentre  elles: 

£.  Hoppe,  Ùissertatio  de  philosophia  José- 
phi^proregis  JEgypli ;  Hclnistadt,  1706,in-{t*. 

J.  A.  R.  Piderit  Programmata  II  de  litulo 
et  nomine  Josephi  palriarchœ  in  JEgypto  ; 
Cassel,  1769,  in-4'. 

J.  A.  Ueuser,  Dissertatio  non  inhumaniter 
*nl  prudeniissime  Josephum  cum  frairibus 
fcdêity  Uaiffi,  1773,  in-iii-". 

(479)  M.  Edeslettand  du  MériUPo^<i>«  inédUtt  du 
Moyen  4j^,  Paris,  185i,  in-8«,  a  publié  diaprés  uo 
maiiuscrUde  la  bibliothèque  de  Bruxelles,  reoion- 
Uoi  au  ii«  siècle,  une  histoire  de  Joseph  en  cin- 
quanieuiie  »irophes  de  i  ve^ s, à  rorme irochaif^ue 
tic  quinze  syllabes. 


Il  existe  en  anglais:  Retiew  of  ihe  moral 
and  poiitical  life  and  administration  of  tfte 
patriarch  Joseph^  Londres,  17^3,  in-J2;ei 
un  poëte  allemand,  caché  sous  le  pseudo- 
nyme de  Melander,  s'est  inspiré  des  récits 
apocryphes  pour  composer  l'ouvrage  qu'il  a 
publié  en  1732  sous  le  titre  de /o^^rpA  und 
Assenât^, 

Mentionnons  aussi  :  Dissertatio  de  nomine 
patriarches  Josephi  a  Pharaone  impositOf  in 
defensionem  Vulgatœ  editiônis  et  Patrum  qui 
Josephum  in  Serapide  adumbratum  tradi- 
derunt ,  a  Guill.  Ponjour,  Romœ,  1696« 
in  4.';  Historia  Josephi  patriarchœ^  ex  Al- 
corano^  Arabice  cum  tripîici  versione  La- 
tina  et  scholiis  Th.  Erpenii,  Leyde,  1617, 
in-4*(480^ 

L'histoire  de  Josef>h  a  donné  lieu  &  uu 
assez  grand  nombre  de  compositions  drama- 
tiques qui  ont  suivi,  avec  plus  ou  moins 
d'exactitude,  les  récits  bibliques;  nous  si- 
gnalerons :La  moralité  de  la  venditiondeJo^ 
sephf  à  49  personnages,  Paris,  sans  date, 
iH-4.'.  Celle  pièce  est  extraite  mot  pour  mot 
du  Mystère  du  fieil  Testament.  On  peut  con- 
sulter h  son  égard  le  Dictionnaire  des  mys- 
tères,  Migne,  1854,  col.  478.  Il  en  a  été  fait  à 
Paris,  en  1835,  aux  frais  d'un  bibliophile 
opulent,  une  réimpression  tirée  à  petit 
nombre.  Joseph  le  chaste,  par  Ni^rolas  de 
Monlreux,  trois  actes,  vers,  Rouen,  1601.  Jo- 
sephy  tragédie  par  l'abbé Genesl,  Rouen,  1711 . 
Joseph,  tragédie,  par  Mlle  Barbier  (morie 
en  1745),  restée  inédite.  Joseph  vendu  par 
ses  frères^  tragédie  faite  par  Péchantré,  pour 
le  collège  d'Harcourt,  et  demeurée  inédite. 
La  reconnaissance  de  Joseph,  tragédie  chré- 
tienne, par  le  P.  Artus,  Jésuite,  Paris,  1749. 
Joseph  reconnu  par  ses  frères,  dans  le  Théâ'- 
tre  saint  à  V usage  des  jeunes  personnes,  par 
Mme  de  Genlis,  1785.  Joseph,  iirame  en  cinq 
actes  el  on  prose,  par  Gassier  »  l  Lemaire, 
an  VIII.  Pharaon  ou  Joseph  en  Egypte,  mé- 
lodrame, 3  actes,  prose,  par  Lefranc,  1806. 

Nous  trouvons,  dans  l'ancienîthéâtre  de  l'I- 
talie, la  Rappresentationedi  Joseph,  figliuolo 
di  Jacob,  Florence,  1585,  in-4*. 

Le  théâtre  latin  moderne  est  riche  en  ce 
genre,  ainsi  que  le  démontre  la  liste  sui- 
vante, oui  est  sans  doute  loin  d'être  com- 
plète : 

La  Comadia  sacra  cui  titulus  Joseph,  par 
C.  Crocus,  professeurà  Amsterdam  (Anvers, 
1536),  et  fréquemment  réimprimée  pendant 
le  XVI*  siècle. 

Joseph  vates,  en  un  acte,  par  Michel  Denis, 
Vienne,  1794;  Josephus^  dans  les  Fabulœ 
comicœ  de  Georges  Macropedius,  Utrecht, 
1552,  in-8*;  il  existe  une  traduction  en  prose 
de  cette  pièce  par  Antoine  Féron,  Anvers, 
1564. 

(480)  Erpenius  i  voula  faire  un  livre  dViudo 
pour  la  langue  arabe.  Il  a  donné  une  versioo  inler- 
ilDéaire,  une  version  en  latin  plus  libre  et  la  tta- 
duciion  latine  de  BiMe;  ses  noies  cxiUqueut  les 
difûcultés  grammaticales. 


431 


BICTIONNAIRC  DES  APOU^PUËS. 


a 


Josephuf,  dans  le  Terentius  ChrUtianui  de 
Corneillo  Schoen  (159^,  1625,  1656,  etc.): 
Tragœdiœ  m  sacram  histùriamlûtephi, {l^xit 
trai^édios  chacune  en  cinq  actes  par  le  P.  Jac^ 
ques  Libcn,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  An- 
vers, 1639;  Tune  d'elles,  Joseph  pairi  reddi- 
tus,  a  été  réimprimée  à  Ypres  en  16^»5.}  Jo-- 
sephus,  tragédie  en  cinq  actes  dans  les  Tra- 
gicœ  comicœqut  aetiônes,  a  regio  artium 
coUegio  Socielalis  Jesu^  datœ  Conimbricœ  in 
publicumthealrum,  duciove  Ludovico  CruciOi 
Ljron,  1605,  in-8**;  Joseph,  5  actes,  vers,  par 


André  Diethor,  dans  les  Dramata  êottû,  BâI  *, 
1547,  in-8*;  S<ynmiator shi  Joseph,  tragttjia 
auctoreL6one|Saflciio,  Rome,  16U,  in-lî;io* 
sephus  vendUus  ;  Josephus  fratrts  agnoscens; 
Josephus  JEgyptoprœftclHê;  trois  IraKédieiieQ 
cinq  actes  par  Fr.  Le  Jay,  Paris,  1695*1698; 
Josephus^  comœdia  sacram  ei  mirabUem  Jo* 
sephi  historiam  cùmpleciens^  composila  a 
Martino  Baltico,  Ulm,  vers  1570,  in-^; 
Josephus  JEgypti  prorex,  dans  les  Ludi  thêo* 
traies  sùcri  du  Jésuite  Jacques  BvdermanD, 
Munich,  2  vol.  in-8*. 


JOSEPH  D'ARIMATHIE. 


On  peut  consulter,  au  sujet  de  ce  saint 
•personnage,  Winer,  Biblisches  Real  JLextcon, 
I.  I,  p.  716. 

L'Evangile  de  Nicodème  (ch.  12  ei  15, 1. 1, 
€0).  1111^  et  1118  de  ce  Dictionnaire)  ajoute 
quelques  détails  à  ceux  que  rapportent  les 
Evangiles  canoniques. 

Selon  une  vieille  légende  dont  les  Bollan- 
distes  ont  reproduit  une  rédaction  latine 
{Acta  55.  ad  17  Martii,  t.  Il,  p.  507),  Joseph 
quittant  la  Palestine  et  embarqué  sur  le  même 
navire  que  Marie-Madeleine,  serait  venu 
aborder  en  France  et  aurait  ensuite  parcouru 
1  Espagne  et  TAngleterre  pour  y  prêcher  la 
foi.  Cette  tradition  est  racontée  par  le  pseu- 
do-Dexter  dont  nous  avons  déjà  parlé. 

Les  écrivains  du  moyen  ftgo  ajoutèrent  à 
tout  ceci  force  détails  puisés  dans  leur  ima- 
gination; ils  prétendirent,  entre  autres  cir- 
constances,  que  Joseph  avait  été  durant  se|t 
ans  au  service  de  Pilate.  {Voy,  Fr.  Michel 
note  sur  le  Roman  de  la  Violette^  v.  53(Tnilt 
Schraidt,  Wiener  lahrbucher,  1825,  t.  XXIX, 
p.  73.)  Ils  affirmèrent  aussi  que  Joseph  avait 
recueilli  dans  un  vase  d*émeraude  le  sang 
qui  sortit  du  côté  du  Sauveur  lorsqu'il  eut 
été  percé  d*un  coup  de  lance. 

La  légende  de  Joseph  d'Arimathiese  rat- 
lâche  à  l'introduction  du  christianisme  en 
Angleterre,  ainsi  que  le  rapporte  un  passage 
d*un  historien  peu  connu  sur  le  continent, 
tiuillaume  de  Malmesbury,  dans  son  livre 
De  antiquilate  Glasloniensis  Ecclesiœ,  in- 
séré dans  le  recueil  publié  par  Gale  :  Hisio* 
riœ  Anglicœ  scriptores  fuîndfcim,  Oxford , 
1691,  in-folio,  t.  I,  p.  292. 

Post  Dominicœ  Resurreclionis  gloriam  As-^ 
censionisque  triumphum,  invidiœ  ergo  fatci^ 
bus  accensi  sacerdotes  Judœorum  cum  Pha* 
risœis  et  Scribis  concitaverunt  persecutionem 
inEcclesia,  interficiendo  protomartyrem  Ste- 
phanum  et  fere  a  finibus  suis  omnes  procul 
pellentes.  Mac  igitur  persecutionis  procella 
sœviente,  dispersi  credentespetierunt  diversa 
régna  terrarum  a  Domino  sibi  delegata,  ver^ 
bum  salutis  gentibus  propinando,  Sanctus 
autem  Philippus,  ut  testatur  Freeulphus, 
M.    II,  capitulo  4,   regionem  Francorum 


adiens  gratta  prœdicandi^  plnm  ni  fUem  eon» 
vertit  ac  baptixavit;  volens  igitur  vtrbum 
Christi  dilatari,  duodecim  ex  suis  discipulii 
tUgit,  ad  prœdicandam  Incamationem  Jesu 
Christi  et  super  singulos  manum  dexterwn 
devotissime  extendit  et  ad  evemgetizandum 
terbum  viiœ  misit  in  Britanniam  ;  quibus  vî 
ferunt  charissimum  amicum  suum  Joseph  ab 
Arimathia  qui  et  Dominum  stpeiivii^  prefe- 
cit.  Venientes  igitur  in  Britanniam  anno  ab 
Jncarnatione  Oomini  sexajesimo  tertio,aba»* 
sumptionebeatœ  Marias  undetimo  fidemChrûii 
fiducialiter  prœdicabant:  r ex  autem  barbarui 
cum  sua  génie  tam  nova  audiens  et  inconsnefn, 
omnino  prœdicationi  eorum  consenlirerenue- 
bat,  nec  palemas  traditiones  commutare  tols' 
bat:  quia  tamen  de  longerenerant ,  vitœque  eorum 
exigebatmodestia,quamdaminsulamadpetiliù' 
nem  eorum  suivis,  rubis  atque  paludibus  cir* 
Cumdatam  ao  incolis  Yniswritia  nuncupa* 
tam  in  lateribus  suœ  regionis  ad  habitandam 
eoncessit  ;  postta  et  alii  duo  reges,  licet  pagani, 
successive  comperta  eorum  vitœ  sanctmo* 
nioy  unicuique  eorum  unemi  portionem  terra 
conctsserunt,  Ac  ad  petitiantm  ipsorum  st» 
cundum  morem  confirmavtrunt.  tlnde  et  xu 
hidœ  per  eos  adhuc,  ut  creditwr,  nomen  scr* 
tiuntur-  Prœdicti  itaque  sancti  in  eodem  de^ 
serto  conversantes  post  pusillum  temporis 
visions  archangeli  Gabrietis  admoniti  sunt, 
ecclesiam  in  honorem  sanctœ  Dei  Genitricis 
et  Virginie  Mariœ  in  loco  cœlitus  eis  d^ 
monstrato  construere,  qui  dirinis  pretcepin 
non  segniter  obedientes  secundum  quod  eit 
fuerat  ostensum,  quamdam  capeliam,  inferius 
per  circuitttm,  virgis  tarquatis  muros  perp- 
cientes,  consummaverunt,  anno  post  Passtonm 
Domini  tricesimo  tertio,  tx  deformi  quidem  ste^ 
matCf  sed  DdmuUipliciter  aaomatum  virlute, 
Sancti  igitur  memoraii  in  eodem  eremo  sic 
degentes  effluenlibus  muttis  annorum  curn* 
cutis  camis  ergastulo  sunl  tducti, 

Joseph  d'Arimathie  figure  dans  le  poème 
du  Saint-Graal ,  publié  par  M.  Francisque 
Michel  en  1841  ;  il  a  été  inséré  dans  !• 
Dictionnaire  des  légendes  du  christianismt 
(Migne,  1855,  col.  449  et  suiv.),  et  »ur lequel 
iJ  est  donc  inutile  dto  revenir. 


m 


JOS 


'ART.  m.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOS 


454 


NARRATION  (481)  DE  JOSEPH  D'ARIMATHIE  QUI  DEMANDA  LE  CORPS  DE  JÉSUS. 


i 


I.  Joseph  (i'Arimathie,  moi  qui  ai  demandé 
i  Pilate  le  corps  de  Notre-Seigneur  Jésus 
pour  Pensevelir,  j'ai  été  pour  ce  motif  rois 
aux  fers  par  les  Juifs  meurtriers  et  déicides, 
qui,  eo  conservant  la  loi  de  Moïse,  sont  de- 
venus des  agents  d'afQiction;  car  ils  ont  ir- 
rité le  législateur  en  méconnaissant  ce 
Dieu  qu'ils  ont  cruciflé,  et  ils  ont  prouvé  sa 
divinité  à  tous  les  croyants» 

Or  dans  cesjoursoùilsont  condamné  èla 
croii  leFils  de  Dieui  sept  jours  avant  la  mort 
(lu  Christ,  on  envoya  devant  Pilale  deux 
larrons  condamnés  à  Jéricho,  et  dont  voici 
ks  motifs  d'accusation. 

Le  premier,  qui  s'appelait  Gestas,  avait 
assassiné.des  voyageurs  et  en  frvait  dépouillé 
d'autres;  il  avait  suspendu  des  femmes  par 
les  pieds  la  tête  en  bas,  et  leur  avait  coupé 
les  seins;  il  avait  bu  le  sang  d'enfants  qu'il 
avait  mutilés;  il  n'avait  jamais  reconnu  de 
Dieu,  obéi  à  aucune  loi,  et  dès  son  début 
dans  ta  vie  il  s'était  ainsi  conduit. 

Voici  dans  quelles  conditions  se  trouvait 
Fautre  : 

11  avait  nom  Démas ,  était  Galiléen  d'ori* 
ine,  et  tenait  une  hôtellerie  ;  il  hébergeait 
es  riches,  mais  rendait  service  aux  pau- 
vres, car  il  ensevelissait  en  secret,  comme 
Tobie,  les  morts  indigents;  il  s'appliquait  à 
voler  les  Juifs,  et  violant  la  loi  même  è  Jé- 
rusalem, il  avait  dépouillé  la  fille  de  Caïphe, 
prêtresse  du  temple  saint,  et  s'était  appro- 
prié ce  dépAt  mystique  de  Salomon.  Telles 
étaient  les  actions  dont  il  s'était  rendu  cou* 
pable. 

Or  Jésus  fut  également  arrêté  la  veille  du 
troisième  jour  de  Pâaues,  au  soir.  Ëi  Caïphe 
et  le  peuple  des  Juirs  ne  célébraient  point 
la  Pâque,  oiais  leur  douleur  était  profonde, 
à  cause  du  vol  consommé  dans  le  temple 
sacré;  et  ayant  appelé  Judas  Iscariote,  ils  le 
lui  dirent,  car  il  était  fils  du  grand  prêtre  , 
frère  de  Caïphe;  et  comme  il  n'était  pas  un 
des  disciples  qui  suivaient  Jésus,  les  Juifs 
tous  en  foule  l'engagèrent  à  raccompa- 
gner :  il  devait,  non  pas  ajouter  foi  aux  pro- 
digesqu'il  opérait,  ni  approuver  ses  discours, 
mais  livrer  Jésus  entre  leurs  mains  ,  en  lui 
attribuant  une  parole  mensongère,  et  il  reçut 
pour  prix  d'un  si  bel  exploit  un  drachme  d  or 
par  jour  :  il  y  avait  aussi  un  des  disciples 
iiomuié  Jean  qui  avait,  dit-on,  passé  cieux 
années  avec  Jésus. 

Et  la  troisième  jour  avant  de  s'emparer 
do  Jésus,  Judas  dit  aux  Juifs  :  «  Délibérons 
ici  et  décidons  que  ce  n'est  point  le  brigand, 

(4SI)  Birch  a  le  premier  publié  ce  fragment  dans 
wn  Aucluarium  (Copeiihacue.  1799,  p.  183)  d'après 
le  niauascrit  gr<-c  de  la  uibliollièi|Uft  impérial  le  de 
Paris,  II*  710.  Tbilo  n'a  pat  jugé  à  propos  de  re* 
prtHluire  tiue  composition  qu'il  jugeait  de  peu  d'in- 
térêt pour  les  érudiis  cl  coinpiLée  d'après  Wi  Aeie$ 
de  Pilale  00  VEnangïU  ée  Piicodème,  M.  Tiscbeo- 
(torf  a  pensé  sivpc  raison  qu'on  ne  pouvait  écarter 
du  C'orjvni  apocryphorum  un  morceau  dont  la  ¥Ogur« 


mais  Jésus  lui-même  Qui  a  violé  la  loi,  et 
moi  je  me  charge  de  I  arrêter.  » 

Comme  ces  paroles  venaient  d'être  pror 
noncéos,  entre  au  milieu  de  nous  Nicodeme, 
gardien  des  clefs  du  temple,  qui  dit  on  s'a- 
dressant  à  tous  :  «  Ne  commettez  pas  ce  for- 
fait. »  Or  Nicodèmo  était  loyal  par-dessus 
tous  les  Juifs.  Mais  l'épouse  de  Caïphe  s*é- 
cria  et  dit  :  «  Jésus  a  dit  lui-même  en  par- 
lant de  ce  lieu  saint  :  Je  puis  détruire  U 
(emple  el  le  reconstruire  en  trois  jours.  i>  Et  les 
Juifs  lui  répondirent  :  a  Nous  croyons  tous 
k  tes  paroles.  » 

C'est  qu'ils  la  regardaient  comme  une  pro- 
phétesse.  Et  lorsque  la  délibération  fut  ter- 
minée, Jésus  fut  arrêté. 

H.  Et  le  lendemain,  quatrième  jour  du 
mois,  ils  le  conduisirent,  à  la  neuvième 
heure,  en  présence  de  Caïphe.  Et  Anne  et 
Caïphe  lui  dirent  :  «  Dis-nous  pourquoi  tu  as 
violé  notre  loi,  pourquoi  tu  as  renié  la  pa- 
role de  Moïse  et  des  prophètes.  »  Mais  Jésus 
ne  répondit  rien.  Et  une  seconde  fois ,  la 
multitude  s'étant  encore  rassemblée,  quel- 
qu'un lui  dit:  «(  Le  temple  que  Salomon  mit 
quarante-six  ans  à  construire ,  pourquoi 
voulais-tu  le  détruire  en  un  seul  instant?  » 
Et  Jésus  ne  répondit  rien  à  cela.  Or  le  tem- 
ple pillé  par  le  voleur  étaitcelui  de  la  Syna- 
gogue. 

Mais  vers  le  soir,  à  la  fin  du  quatrième 
jour,  toutela  multitude  demandait  que  la  fille 
de  Caïplie  fût  livrée  au  feu,  à  cause  de  la 
violation  de  la  loi,  et  l'on  ne  savait  com- 
ment célt^brer  la  PÂque.  Et  celle-ci  leur  dit  r 
«  Persévérez,  continuez,  et  mettez  à  mort 
ce  Jésus  ;  telle  est  la  loi;  en  cela  consiste* 
l'accomplissement  de  la  solennilé.  »  Anne  et 
Caïphe  récompensèrent  Judas  Iscariote  ea. 
lui  donnant  une  somme  assez  forte,  et  ils  lui 
dirent  :  «  Parle  selon  ce  que  tu  nous  as  dit  ;. 
J'ai  vu  que  la  loi  avait  été  violée  par  Jé- 
sus, et  non  par  cette  jeune  fille,  qui  est  ir- 
réprorhable.  »  Et  Judas,  en  étant  convenu» 
leur  dit  :  «  Il  faut  que  tout  le  peuple  ignore 
que  vous  m'avez  fait  cette  recommandation 
au  sujet  de  Jésus  :  mais  délivrez-le,  et  je 
persuaderai  au  peuple  que  cela  est  ainsi.  » 
Et  par  ruse  ils  délivrèrent  Jésus. 

Or  Judas  étant  allé  dans  le  temple  le  cin- 
quième jour,  dit  en  s'adressant  à  tout  le 
[peuple  :  «  Que  me  donnerez-vous  si  je  vous 
ivre  le  violateur  de  la  loi  et  le  contempteur 
des  prophètes?  d  Les  Juifs  lui  répondirent: 
«  Si  tu  nous  le  livres,  nous  te  donnerons 
trente  pièces  d'or.  »  Or  le  peuple  ne  savait 

au  moyen  âge  e^t  altesice  par  le  grand  nombre  de 
manuscriis  pccs  qui  le  renferment.  Il  a  rovu  le 
leite  sur  trois  manuscrits  conservés,  Ton  à  Paris  (Bi« 
bliolbèque  impériale,  n*  ^9,  xv«  siècle),  i*aulre  è 
Milan  (bibliolhéque  Ambroisienne.E.  i 90,  m*  siè- 
cle); le  troisième  à  Londres  (Musée  britannique, 
fonds  Uarleyen,  5656,  xv»  siècle), et,  après  celle  ré^ 
vision,  il  a  inséré  eet  écrit  dans  ses  EvangefU  «po- 
cnipha,  1853,  p.  436447. 


IK 


DlCTIONNÂmE  DES  'APOCRYPHES. 


431 


pas  que  Judas  voulait  parler  de  Jésus;  car 
]  opinion  était  assez  bien  établie  qu*il  était 
le  Fils  de  Dieu.  Et  Judas  reçut  les  trente 
pièces  d'or. 

El  étant  sorti  à  la  quatrième  et  à  la  cin- 
quième heure,  Judas  trouva  Jésus  qui  dis- 
courait sur  la  place  ;  et  comme  le  soir  ap- 
prochait, il  dit  aux  Juifs  :  a  Donnez-moi 
une  escorte  de  soldats  armés  d*épées  et  de 
bâtons,  et  je  vous  le  livrerai.  »  Ils  lui  don- 
nèrent donc  une  escorte  pour  le  prendre. 
Mais,  chemin  faisant,  Judas  dit  à  ses  com- 
iKignons  :  «  Emparez-vous  de  celui  que 
j'embrasserai  ;  car  c'est  lui  qui  a  enfreint  la 
ioi  et  méprisé  les  prophètes.  » 

Et  tes  Juifs  soumirent  Jésus  à  un  interro- 
gatoire inique,  en  disant  :  «  Pourquoi  as-tu 
fait  cela?  »  et  Jésus  ne  répondait  rien. 

El  quand  nous  vîmes,  Nicodème  et  moi, 
Joseph,  comment  procédaient  ces  impies, 
nous  nous  en  éloignâmes,  ne  voulant  pas 
partager  leur  perte  avec  leur  opinion. 

111.  Ils  inSigèrent  encore  à  Jésus  beau- 
coup de  traitements  indignes  pendant  cette 
nuit,  et  ils  le  livrèrent  à  Pilale,  le  gouver- 
neur, la  veille  du  sabbat,  aQn  qu*il  fût  cruci- 
fié, et  ils  se  réunirent  tous  pour  qu*il  en  fût 
ainsi.  C*esl  pourquoi,  après  Tavoir  inter- 
rogiS  Pilato,  le  gouverneur ,  ordonna  qu'il 
fût  crucifia  avec  deux  voleurs  ;  et  en  même 
temps  que  Jésus,  on  crucifia  Gestas  h  sa 
gauche  et  Démas  h  sa  droite  (tô2). 

Et  celui  qui  était  à  gauchecommcnça  écrier 
en  disant  à  Jésus  :  «  Vois  combien  j  ai  com- 
mis de  crimes  sur  la  terre  :  quoique  je  susse 
que  tu  es  le  roi,  je  pensais  que  tu  périrais. 
Et  pourquoi  dis-tu  que  tu  es  le  Fils  de  Dieu, 
et  ne  peux-tu  te  sauver  toi-même  dans  le 
danger?  Comment  peux-tu  porter  secours  à 
un  autre  qui  t'invoque  ?  Si  tu  es  lo  Christ, 
descends  de  la  eroix,  et  je  croirai  en  toi  :  et 
maintenant  je  ne  te  considère  point  comme 
un  homme,  mais  comme  une  bète  sauvage 
condamnée  h  périr  avec  moi.  a  Et  il  se  mit  à 
dire  beaucoup  d'autres  choses  touchant  Jé- 
sus, blasphémant  et  grinçant  des  dents  con- 
tre lui,  car  ce  voleur  était  pris  dans  les  piè- 
ges du  démon. 

Mais  le  voleur  qui  était  h  droite,  nommé 
Démas,  voyant  la  grâce  divine  répandue  sur 

(481)  11  est  fait  mention  dans  VEvangite  de  ren- 
fonce (di.  23, 1. 1,  col.  99i5,  de  ce  Dieiionnaire)  des 
deuK  larrons  crociOés  à  côté  de  Jésus-Clirisiei  qui, 
selon  le  récit  spocrYpIie,  renconirèrenl  la  sainte 
Famille  en  Eppte.  Ils  sont  appelés  Titus  et  Dvroa- 
chus.  Dans  V Evangile  de  Nicodème  (cb.  iO,  col.  Il  15) 
ils  portent  les  noms  de  Dymas  et  de  Gestas,  et  c'est 
ts\m\  que  la  plupart  des  écrivains  les  ont  nommés. 
Dans  les  CoUectanea  vulgairement  attribués  à  Bède, 
ils  sont  désignés  comme  se  nommant  Matha  et 
Joca  ;  le  P.  Xavier,  dans  son  Hnloire  de  Jésut' 
Chrittf  les  désigne  d*une  façon  que  nous  n'avons 
vas  rencontrée  ailleurs  :  c  Duo  euro  ipso  crucifixl 
'uiit  latrones  ;  unus  convjeiator  ad  sinistram,  no- 
nlne  Justiniis,  aller  pœuitens  ad  destram,  nomine 
\icimus.  >  P.  481. 

Selon  des  légendaires  da  moven  &ge,  <  e  fut  celui 
des  larrons  sur  lequel  porta  I  ombre  du  corps  du 
Sauveur  qui  se  eonvi*rtit.  Le  cardinal  Pierre  Da- 
mien,  mort  ca  i07i,  attribue  sa  cou>ciYion  à  umu 


Jésus,  lui  parla  ainsi  :  «  Je  vois,  Jésus* 
Christ,  que  tu  es  le  Fils  de  Dieu  ;  je  te  vois 
Christ,  adoré  par  des  milliers  de  myriades 
d'anges  :  pardonne-moi  les  péchés  que  j'ai 
commis;  rais  que  les  étoiles  ni  l'astre  de  la 
nuit  n'assistent  pas  à  ma  condamnation 
lorsque  tu  viendras  juger  toute  la  terre, 
parce  que  j*ai  exécuté  dans  la  nuit  mes  mau* 
vais  desseins.  Fais  que  le  soleil  maintenant 
obscurci  à  cause  de  ton  sort,  n*éclaire  pas  le 
mal  qui  est  dans  mon  cœur,  car  je  ne  |iuis 
rien  l'offrir  pour  acquitter  mes  fautes.  Déjà 
la  mort  de  mes  péchés  devance  la  mienne  . 
tu  accomplis  le  sacrince;délivre-moi9  souve- 
rain de  Tunivers,  de  ta  réprobation  terrible; 
ne  permets  pas  au  démon  de  m'engloutir  ti 
d*hériter  de  mon  âme  comme  de  celle  du 
misérable  crucifié  à  ta  gauche.  Car  je  vois 
comment  le  flémon  s'empare  avec  joie  de 
son  Ame,  et  son  corps  devient  peu  i  peu 
invisible  :  ne  me  place  pas  dans  le  parti  des 
Juifs.  Car  je  vois  Moïse  et  les  patriarches 
plongés  dans  une  grande  désolation  et  le  dé- 
mon se  réjouissant  de  leur  douleur.  C'est 
pourquoi,  o  mon  maître,  avant  que  je  rende 
le  dernier  soupir,  ordonne  que  mes  péchés 
me  soient  remis,  et  souviens-toi  de  moi, 
pauvre  pécheur»  dans  ta  royauté,  lorS({ue 
sur  ton  trône  élevé  qui  domine  les  cieux  lu 
viendras  juger  les  douze  tribus  d'Israël  :  car 
tu  as  préparé  au  monde  par  loi-mèuie  le 
moyen  d'éviter  un  grand  châtiment.  « 

Ainsi  parlait  ce  larron,  et  Jésus  lui  dit  : 
«Je  te  dis  en  vérité,  en  vérité,  Démas,  tu  se- 
ras avec  moi  dans  le  paradis,  et  les  eulaoïs 
du  royaume,  les  descendants  d'Abraham, 
d'Isaac,  de  Jacob  et  de  Moïse,  seront  rejetés 
dans  les  ténèbres  extérieures  :  c'est  là  qu'il 
y  aura  des  pleurs  et  des  grincements  de 
dents.  Toi  seul  lu  habiteras  dans  le  paradis 
jusqu'à  ce  que  pour  la  deuxième  fois  je 
vienne  pour  juser  ceux  qui  auront  méconnu 
mon  nom,  »  Jésus  dit  ensuite  au  voUur; 
«  Quand  tu  seras  parti,  dis  aux  chérubins  et 
aux  Dominations  qui  portent  le  glaive  flam- 
boyant, gardiens  du  paradis  (d  où  le  pre- 
mier homme  Adam,  que  j'avais  créé  dans  ic 
même  lieu,  a  été  chassé  par  eux  après  avoir 
violé  mes  ordres),  dis-leur  qu'aucun  homme 
ne  verra  le  paradis  jusqu'à  ce  que  je  vieune 

prière  de  la  Vierge  qui  r^^connut  en  lui  celui  qui 
avaii  pris  en  Egypie  la  sainte  Famille  sous  sa  jnv 
leclion. 

Les  Grecs  célébraient  la  féie  du  bon  larron,  le  tO 
des  calendes  d'avril,  les  Lalliis  le  8.  La  croit  sur 
laquelle  il  mourul  fui,  dil-on,  conservée  longK^mpi 
dans  nie  de  Chypre.  On  trouvera  de§  détails,  na< 
noire  cadre  nous  interdit,  dans  d*Herbelot«  Btblto* 
thèque  orientale,  1697,  p.  512,  dans  les  Acta  tan- 
ctorum  des  Bollandistes  (au 25 mars),  dans  ^ei|tm)t, 
notes  sur  VHhloire  de  la  Pa$iion^  par  Olivier  Mail- 
lard, p.  100,  dans  Molanus,  De  hulûria  Mcrarum 
itnaginnm,  Louvatn,  1594,  L  iv,  c.  9.  Un  auuur 
fécond,  le  Jésuite  Théophile  Raynaud ,  a  composé  uo 
traité  De  eancto  lalrone,  (Voy.  le  tonte  II  de  ses 
Cl^ivres,  Lyon,  1665,  19  vol.  hi-folio.) 

César  de  Nosire-Daine,  fils  do  célèbre  astrologue, 
publia  en  1606  à  Toulouse,  X^ymason  le  bon  taitoat 
pucine  dcveau  rare. 


437 


iOS 


PART.  nr.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOS 


438 


pour  la  deuxième  fois  pour  juger  les  vivants 
el  tes  morts.  Ceci  est  écrit  :  Jésus-Christ 
Fiis  de  Dieu,  moi  descendu  du  haut  des 
cieux,  sorti  du  sein  invisible  de  mon  Père 
sans  en  être  séparé  et  venu  sur  la  terre  pour 
y  prendre  un  corps  et  être  crucifié,  aGn  de 
sauver  Adam  ma  créature,  salut  à  mes  do« 
iiiinalions  d*archanges,  aux  gardiens  du  pa- 
radis, aux  serviteurs  de  mon  Père.  Je  veux 
ti  j'ordonne  l'admission  de  celui  qui  a  été 
(TuciCéavec  moi;  qu'il  soit  absous  de  ses 
fauies,qu*il  entre  dans  le  paradis  revêtu  d*un 
corps  immortel  et  qu*il  demeure  là  où  per- 
sonne jusqu'à  présent  n*a  pu  demeurer.  » 
El  voici  qu'après  ces  paroles  Jésus  rendit 
Tàme,  le  jour  de  la  veille  du  sabbat,  à  la 
neuvième  heure,  el  les  ténèbres  se  répandi- 
rent sur  toute  la  terre,  une  grande  secousse 
se  tll  sentir,  et  le  sanctuaire  s*écroula  ainsi 
que  le  pinacle  du  temple* 

IV.  Or,  moi  Joseph,  j'ai  demandé  le  corps 
(1h  Jésus  et  je  Tai  enseveli  dans  un  tombeau 
neuf,  où  personne  n  avait  eucor^^  été  déposé, 
maison  ne  trouva  pas  le  corps  du  voleur 
i|ui  avait  été  à  sa  droite;  et  le  corps  de  ce- 
lui qui  était  à  sa  gauche  était  semblable  h 
celui  d'un  dragon  {W3). 

Mais  lorsque  feus  demandé  lo  corps  de 
Jésus  pour  lui  donner  la  sépulture,  les  Juifa 
irrilés  me  renfermèrent  dans  une  prison, 
où  l'on  retenait  de  force  les  malfaiteurs  ;  or, 
j'éprouvai  ces  traitements  le  soir  du  sabbat, 
e(  dans  ce  DQoment  notre  peuple  outrageait 
là  justice.  Et  voilà  comment  notre  nation 
elle-même  exerçait  une  dure  oppression  le 
jour  du  sabbat. 

Or,  le  soir  du  premier  jour  du  sahbat,  à 
•a  cinquième  heure  de  la  nuit,  Jésus  vint  à 
inoi  dans  la  prison  avec  le  voleur 'crucifié  à 
sa  droite,  qu'il  avait  lui-même  envoyé  dans 
le  paradis,  et  une  lumière  éclatante  remplit 
!a  chambre  :  la  maison  (ut  suspendue  par  les 
quare  coins,  et  le  passage  étant  ouvert  je 
sortis.  Je  reconnus  donc  Jésus  le  premier, 
et  ensuite  le  larron  qui  apportait  des  lettres 
À  Jésus.  Et  nous  étant  mis  en  route  en  Gali- 
lée, une  vive  clarté  commença  à  briller  sans 
origine  apparente.  D'un  aulre  côté,  un  agréa- 
ble parfum  s'exhalait  du  larron,  celui  du 
paradis. 

Or,  Jésus  s'assit  dans  un  lieu  et  lut  ce  qui 
suit:  «  Nous,  chérubins,  et  anges  commis 
par  ta  divinité  à  la  jgarde  du  jardin  du  para- 
<lis,  nous  communiquons  ceci  à  ta  puissance 
par  l'intermédiaire  du  larron  qui  a  été  cru- 
eitiéavec  loi.  Nous  avons  vu  l'empreinte  des 
Housde  ce  larron  cruciGéet  l'éclat  des  let- 
tres detadivinilé  :  le  feu  s'est  éteint  ne  pou- 
vant supporter  la  splendeur  de  celte  emprein- 
te, et  nous  sommes  tombés  frappés  d'une 
grande  crainte  :car  nous  avons  entendu  le 
poêle  du  ciel,  de  la  terre,  et  de  toute  la  créa- 
tion, qui  existe  depuis  les  régions  lesplus  éle- 
vées jusqu'aux  profondeurs  de  la  terre, chan- 
ter le  premier  homme  Adam.  Et  en  voyant  la 


croix  immaculée  qui  brillait  sur  le  larron 
avec  un  éclat  sept  fois  plus  vif  que  celui  du 
soleil  resplendissant,  la  frayeur  s'est  empa- 
rée de  nous  ;  nous  avons  ressenti  la  se- 
cousse de  la  terre,  et  ceux  qui  servent  la 
mort  ont  dit  avec  nous  à  haute  voix  :  a  Saint, . 
saint,  saint  celui  qui  commande  au  plus 
haut  des  cieux,  »  et  les  Puissances  criaient  : 
«  Seigneur,  tu  t'es  manifesté  au  ciel  et  sur  la 
terre  en  portant  la  joie  au  monde^  et  ce  qui 
vaut  mieux  qu'un  tel  présent,  tu  as  par  ta 
volonté  invisible  sauvé  de  réternité  l'œu.- 
vre  même  de  la  mort,  i» 

V.  J'ai  vu  ces  choses  en  voyageant  en 
Galilée  avec  Jésus  et  le  larron  :  Jésus  se 
transfigura,  et  il  n'était  |)lus  comme  avant 
d'être  crucifié,  mais  il  était  tout  de  feu  :  or, 
les  anges  le  servaient  toujours,  et  Jésus 
parlait  avec  eux.  Pour  moi,  je  passai  trois 
jours  avec  lui  :  et  aucun  de  ses  disciples 
n'était  avec  lui,  si  ce  n'est  le  larron  seul. 

Or,  au  milieu  de  la  fête  des  azymes,  ar- 
riva San  disciple  Jean  :  et  nous  n'avions 
pas  remarqué  ce  qu'était  devenu  le  larron. 
Et  Jean  demanda  à  Jésus  :  a  Quel  est  cet 
homme,  pour  que  tu  ne  m'aies  pas  encore 
présenté  à  lui?  »Mais  Jésus  ne  lui  répondit 
rien.  Alors  Jean  se  prosternant  devant  lui  : 
^Seigneur,  »  dil-il,  «je  sais  que  tu  m'as 
aimé  dès  le  commencement;  pourquoi  ne 
me  fais-tu  pas  connaître  cet  homme?  »  Jé- 
sus lui  dit  :  «  Pourçjuoi  demandes-tu  des 
choses  cachées?  Un  instant  t'a-t-il  enlevé 
l'intelligence?  Ne  vois-tu  pas  que  le  parfum 
du  paradis  remplit  ce  lieu  ?  Ne  connais-tu 
pas  quel  est  cet  homme  ?  Le  larron  cruciGâ 
a  oblenu  le  paradis.  En  vérité,  en  vérité  je 
te  dis  que  lui  seul  n'attendra  pas  le  grand 
jour.  »  Et  Jean  répondit  :  «  Rends-moi  di- 
gne de  le  voir.  >» 

Et  comme  Jean  parlait  encore,  le  larron 
lui  apparut  tout  a  coup;  et  Jean  stupéfait 
se  prosterna  sur  la  terre.  Or,  le  larron  n'é- 
tait plus  tel  qu'avant  la  venue  de  Jean,  mais 
il  était  semblable  à  un  roi  entouré  d'une 

frande  puissance  :  il  portait  sa  croix,  ^et 
on  entendit  plusieurs  voix  qui  disaient 
ensemble  :  «  Viens  dans  le  heu  qui  t'est 
préparé  :  nous  avons  disposé  pour  loi  des 
serviteurs,  de  la  part  de  celui  qui  t'a  envoyé 
jusqu'au  grand  jour.  »  El  après  ces  paroles, 
le  larron  et  moi  Joseph  nous  devînmes  in- 
visibles, et  je  me  trouvai  dans  ma  maison; 
mais  je  ne  vis  plus  Jésus. 

Et  ayant  vu  ces  choses,  je  les  ai  écrites, 
afin  que  tous  croient  en  Jésus-Christ  Noire- 
Seigneur,  crucifié,  et  que  personne  ne  célè- 
bre plus  la  loi  de  Moïse,  mais  qu'on  ajoute^ 
foi  aux  prodiges  et  aux  miracles  au'il  opéra, 
et  que  par  cette  croyance,  nous  obtenions  la 
vie  éternelle  et  que  bous  arrivions  an 
royaume  des  cieux  ;  parce  qu'il  est  dû  à  Jé- 
sus gloire,  force,  louange  et  grandeur  dans 
les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 


(485)  Celle  expression  peut  paraître  singulière     euciivûpicijv  û^Jiup  fipixovxoç  ^ôiot,  oIWiiK  ^v  t6  9it>\àA. 
utais  eite  e&i  ainsi  tiaus  le  texte  grec  :  ToG  ^ï  i^     aCiToii. 


459 


MCTIQNriAlllfi  MS  AFOCRIPHCS. 


440 


{Bypomn$$iicanf  $ive  libir  $acer  mimoriaKê.) 


Tel  est  le  titre  d*un  ouvrage  écrit  en  grec 
et  que  Fabricius  a  publié  à  Horabourg  avec 
une  traduction  latine,  llkU  in-8% 390  pages. 
Avant  d'avoir  été  imprimé,  il  avait  été  cité 
par  un  grand  nombre  desavants,  tels  que 
Patrice  Junius  (dans  sos  Notes  sur  les  Epi- 
très  clémentines).  Du  Cange,  Selden,  Cotelier, 
G.  Cave,  Vossius,  Olearius,eto.  Les  opinions 
ciecesérudits  variaient  h  l'égard  de  Tépoque 
qu'il  fallait  assigner  à  Josèphe.  Cave  pensait 
(iu*il  avait  dû  écrire  vers  fan  420;  vossius 
le  regardait  comme  un  même  personnag<^ 
avec  un  Joseph  de  Tibériade  qui  abandonna 
le  judaïsme  pour  devenir  Chrétien  et  dont 
saint Epiphane  a  parlé.  (H»res.  30,  n. 4.)  Mais 
Fabricius  a  montré  que  ces  opinions  étaient 
erronées  ;  le  manuscrit  conservé  à  Cambridge 
ne  saurait  avoir  la  haute  antiquité  qui  lui 
avait  été  attribuée,  puisqu'il  renferme  des 
Y(rsde  Léon  le  philosophe. 

Fabricius,  sans  déterminer  râgedeTau- 
tour,  suppose  qu'il  vivait  entre  le. vm*  et  le  x' 
siècle* 

Oudîn  {De  scriptor.  ecclesiast.  ,  t.  II,  p. 
1061}  est  tombé  dans  une  erreur  complète 
va  avançant  que  V Hypomnestia^n  n  était 
autre  chose  qu'une  traduction  latine  du  livre 
de  Joseph  Gorionide. 

"V Hypomnesticon  forme  une  chronique 
divisée  en  167  chapitres.  Après  un  exposé 
6ec  et  succinct  des  principaux  faits  de  1  his- 
toire des  Israélites,  Tauleur  range  par  ordre 
de  matières  les  sujets  qu'il  veut  traiter  et  à 
regard  desquels  il  accumule  les  exemples 
que  lui  offrent  l'Ancien  et  le  Nouveau  Tes-« 
tament  ;  en  voici  des  exemples  : 

Cliapitre  40.  —  Quelles  sont  les  femmes  qui 
le  conduisirent  bienàViaard  de  hursjnaris  et 
qui  plurent  à  Dieu  par  leurs  actions  ? 

Ctia pitre  42.  —  Quelles  ont  été  les  fem- 
mes dignes  d'admiration  à  cause  de  Uur  sc^ 
gesse  t 


Chapitre  51.  —  Quels  sont  les  Aommet 
auxquels  il  a  été  enjoint  demùurir  hrsqu'iU 
n  étaient  pas  wuslades  f 

Cbap.  57.  —  Qui  sont  ceux  qui  ont  été 
renversés  à  cause  de  leur  arrogance? 

Chap.  60.  —  Qui  sont  ceux  qui  ont  été 
lapidés  à  cause  de  leurs  péchés  ? 

Chap.  69.  —  Quelles  sont  Us  mervtiUet 
qua  vues  Moise  et  quelles  sont  ceUes  quil  a 
accomplies? 

Chapitre  131  :  Quels  sont  les  témoigna^ 
ges  rapportés  par  les  apôtres. 

Nous  traduirons  ce  dernier  chapitre  quia 
du  moins  le  mérite  de  la  brièveté. 

a  Matthieu  dit,  au  sujet  du  domicile  de 
Joseph,  après  qu'à  son  retour  d'Egypte,  il  fut 
venu  avec  le  Sauveur  dans  la  ville  de  Naza- 
reth :  Et  venant  à  Nazareth,  il  y  habita  afin 
?me  ce  qui  est  écrit  fût  accompli:  Il  sera  appe^' 
é  Nazaréen  (484).  Saint  Paul  dans  son  £pt/re 
aux  Ephésiens  dit  :  C'est  pour  cela  quil  e$l 
dit  :  Beveille-toif  toi  qui  dors^  et  Jésus-ChrUl 
(éclairera  (485).  Et  ailleurs  cet  apôtre  dit  : 
Suivant  qu'il  est  écrit  :  Le  premier  kommt 
a  été  fait  une  dme  vivante^  mais  le  second  e$t 
un  esprit  vivifiant  (486).  Et  parlant  aux  |  rè- 
très  de  Milet  il  dit  :  Souvenez»  vous  des  p^ 
rôles  du  Seigneur  Jésus  aui  a  dit  quHya 
plus  de  bonheur  adonner  qu'a  recevoir  {WI).  > 

On  croit  Josèphe  originaire  de  la  Bretagne. 
Il  voulut  donner  à  sa  nation  une  histoire 
en  hébreu  ;  il  la  tira  d'une  version  latine  de 
Flavius  Josèphe  et  il  y  mêla  beaucoup  de  fa- 
bles (Foj^.  Basnnge,  Hist.  des  Juifs,  ï.n, 
ch.  6  ;  Wolf,  Bibl.  Aefrr.,  1. 1,  p.  509.) 

Malgré  les  contes  dont  fourmille  celle 
Chronique,  des  rabbins  ont  dil  que  toutes 
les  paroles  qu'elle  contient  sont  justice  et  vé- 
rité; que  ce  lirreestcelui  qui  approche  le  plus 
de  ceux  des  prophètes  ;  que  la  main  de  Dieu 
était  sur  sou  auteur  pendant  qu'il  le  compo* 
sait. 


JOSUÉ. 


(  Ecrits  qui  se  rapportent  à  Josué.  ) 


Joseph  Sch\i^^t{Deemendalione  temporum^ 
]ib.  vu)  mentionne  une  chronique  rédigée 
d'abord  en  hébreu  et  traduite  en  arabe» 
mais  écrite  en  caractères  samaritains.  Elle 
relate  l'bisioire  des  Samaritains  depuis  la 
mort  de  Moïse  jusqu'à  l'époque  de  l'empe- 
reur Adrien.  Elle  porte  le  nom  de  livre  de 
Josué,  parce  qu'elle  commence  au  moment 
où  ce  chef,  objet  d'une  vénération  particu- 

(484)  Màttfr,  II,  S5. 

(485)  Ei>hes.  v,  U. 

(486)  /  Cor.  XV,  46.  ^  Cette  ciiation  de  sn'nl 
Tant  fNirâli  devoir  se  rafiporter  aox  paroles  qii*on 

ronve  dans  la  Genèse  (ii,  7),  au  sujet  d'Adam. 

(487)  Act.  XX,  35. 


lière  de  la  part  des  Samaritains»  succéda  à 
Mo'i«e.  Quoique  mêlé  de  bien  des  fables,  cet 
ouvraçe  n'est  point  indigne  d'attention. 

Scaliger  légua  ce  manuscrit  à  la  bitilio' 
thèque  publique  de  Tacadémie  de  Leyde,  et 
il  figure  dans  le  catalogue  imprimé  de  cHte 
bibliothèque  (488),  p.  282.  L'orienUli5te 
Hottinçuer  en  fit  une  copie  ;  il  aononçAii 
J^intention  de  le  publier  en  raccompagnant 

(488)  Il  est  question  de  celte  chroiiîqne  rfar-i 
Tlnlroduction  (en  allemand)  de  De  WeUe  sur  Hr^^ 
de  r Ancien  Testament  (4-  éJition  ,  Berlin,  185o),  e( 
dans  Maurer,  Commenlar  ûber  da$  Bnck  Josus, 
StiiUprd,  18S1,  în  8*.  Nous  aurons  IVra  ionde  b 
fiientionner  derechef  à  Tiinicle  Sam abitim 


411 


JOS 


PART.  m.  --  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JOS 


iii 


d'une  traduction  laline«  mais  ce  projet  ne  fut 
point  exécuté.  Il  a  du  moins  publié  un  som- 
maire des  laits  relatés  dans  les  quarante-sept 
chapitres  de  cette  chronique^  sommaire  que 
Fabriciusa  réproduit  et  que  nous  allons  tra- 
duire en  français  (^89). 

«L  Résumé  de  Touvrage  entier  racon- 
tant rétat  dos  Israélites  sous  Moïse  dans  le 
désert,  ainsi  que  sous  Josué  et  les  autres 
Juges. 

«  JI.  Moïse  étant  près  de  la  mort,  transmet 
ï  Josué  les  insignes  du  commandemenU  au 
milieu  de  Tassenlimenl  et  des  félicitations 
(iu  peuple  entier.  Il  contle  du  prêtre  £léazar 
le  ^oin  de  la  véritable  religion.  Enfin  ayant 
réuni  ses  troupes,  il  attaque  les  Madianites. 

«  Jll.  LemaKicien  Bileam  estappelé  par  cinq 
(ies  rois  des  Madianites  et  des  Moabites  qui 
lui  demandent  de  maudire  les  Israélites  ;  Dieu 
le  lui  défend,  et  il  bénit  les  Israélites  malgré 
l'indignation  des  rois.  (Ce  chapitre  est  em- 
prunté en  grande  partie  au  livre  des  Nombres f 
ch,  xxa-xxiv.) 

<  iV.  Bile.Hnis*avised'un  stratagème àem- 
ployercontreleslsraélites.Ilconseiileauxrois 
dont  il  n*avait  pu,par  suitedeTintervention 
(liTine,  seconder  les  projets,  de  recourir  è  un 
autre  moyen  ;  il  leur  recommande  d'envoyer 
au  camp  des  Israélites  des  bandes  de  jeunes 
(i!ies,  belles  et  parées  de  bijoux  et  d'urne* 
inents  d'or,  afin  qu'elles  provoquent  ies 
Israélites  à  la  débauche  et  au  péché,  et 
qu'ils  attirent  ainsi  sur  eux  la  colère  de  Dieu. 
Ce  conseil  se  trouve  du  goût  des  rois,  et  ils 
envoient,  le  jour  du  sabhat,  vingt-quatre 
mille  jeunes  filles  qui  séduisent  les  Israéli- 
tes et  les  mènent  à  leur  gré.  Dieu,  enflam- 
nté  contre  son  peuple  d'un  très-juste  cour- 
roux, les  frappe  rudement,  etdes  milliers 
d  Israélites  et  de  gentils,  de  l'un  et  de  l'autre 
'^eie,  périssent  de  mort  subite.  Mais  enfin 
Eliézer,  tciut  bouillant  de  %èle,  perce  de  sa 
lance  la  fille  du  roi  et  apaise  la  colère  de  Dieu. 

<V.  Moïse,  excité  par  l'ordre  de  Dieu, et  ne 
voulant  pas  laisser  impunie  la  fraude  impie 
des  Madianites,  envaoit  leur  pays  à  la  tête 
<i*une  grande  armée  ;  il  se  saisit  des  cinq 
rois  par  suite  d*un  heureux  stratagème.  Bi- 
leam, occupé  d'adorer  les  idoles,  est  tué, 
contre  la  volonté  de  Josué  qui  désirait  le 
conduire  vivante  Moïse. 

«  VI.  Mo'iso  ayant  adressé  au  peuple  de 
sérieuses  exhortations  et  ayant  prophéti- 
sé les  choses  qui  devaient  arriver  à  chaque 
Iribu,  meurt  sur  la  montagne  de  Nébo  Les 
Israélites  déplorent  amèrement  sa  perte. 

«  VU.  Josué  prononce  un  éloge  de  Moïse 
dont  il  raconte  les  actions  depuis  sa  nais- 
sance jusqu'à  son  décès,  et  il  expose  les  dons 
précieux  que  le  Seigneur  lui  avait  accordés, 
de  préférence  aux  autres  hommes. 

>  Vlil.  Josué  retourne  au  camp  des  Israéli- 
tes; il  pleure  Moïse  durant  trente  jours  ;  les 
Cananéens*  reprenant  courage  k  la  mort  de 
Moïse,  se  décident  à  attaquer  derechef  les 
Israélites. 


c  IX.  Dieu  fortifie  Josué  par  le  lâcours  de 
sa  présence;  il  veotqu'il ait  de  la  résolution; 
il  lui  commande  de  passer  le  Jourdain  et  de 
commencer  l'occupation  de  la  Terre-Sainte. 

n  X.  Josué  avertit  de  leurs  devoirs  toute 
l'assemblée  du  peuple  d'Israël  ;  i)  leur  ex** 
pose  l'alliance  nouvelle  que  Dieu  fait  avec 
eux.  II  promet  à  ceux  qui  écouteront  la  voix 
de  Dieu  la  bénédiction  du  Seigneur  et  la 
victoire  sur  les  ennemis. 

«  XI.  Le  peuple,  versant  des  larmes  et 
l'esprit  soumis,  promet  de  suivre  la  parole 
de  Dieu  sans  s'en  écarter  ni  à  droite,  ni  à 
gauche. 

«  XII.  Recensement  des  Israélites.  L^s 
tribus  deRubenetde  Gad  et  la  demi-tribu  de 
Manassé  reçoivent  la  portion  qui  leur  est 
assignée. 

1  Xill.  Fable  relative  aux  espions  envoyés 
à  Jéricho.  (Les  Samaritains  ne  reçoivent 
que  lePentateuque  et  mêlent  de  nombreux 
récits  absurdes  è  l'histoire  des  Hébreux.) 

«XIV.  Josué,  après  le  retour  des  espions, 
prépare  le  peuple  à  une  expédition.  Un  mi- 
racle tel  que  depuis  nul  homme  n'en  a  vu 
de  semblable,  fait  que  le  Jourdain  se  dessè* 
che  pour  livrer  passage.  Les  prêtres  s'avan- 
cent les  premiers  portant  l'arche  d'alliance 
et  tout  le  peuple  les  suit.  Hymne  des  lévites 
après  que  le  passage  a  été  effectué. 

'i  XV .  Josué  célèbre  par  un  hymne  la  puis-* 
sance  du  Seigneur  qui  a  conduit,  à  travers 
le  Jourdain  desséché,  les  Israélites  dans  la 
Terre-Sainte.  Les  rois  voisins  sont  épouvan- 
tés par  un  si  grand  miracle,  et  beaucoup  en 
l'apprenant  tombent  morts.  Josué  se  trouve 
dans  l'assurance  de  la  bénédiction  de  Dieu. 

«  XVI.  La  ville  de  Jéricho  est  capturée  et 
livrée  à  la  destruction  ;  le  sacrilège  d'Achan 
est  découvert. 

«  XVII.  Le  crime  d'Achan  est  découvert  par 
la  voie  du  sort.  Il  est  mis  à  mort  avec  tous 
ses  parents,  après  avoir  fait  l'aveu  entier  de 
sa  faute..  La  colère  de  Dieu  est  apaisée. 

«  XVIIÎ.  Les  Gabaonites  rachètent  leur 
vie  par  leur  astuce.  Ils  feignent  de  venir  de 
pays  éloignés  et  ils  obtiennent  une  alliance 
de  la  part  de  Josué  et  des  Israélites. 

«XIX.  Cinq  chefs  ou  petits  rois  déclarent 
la  guerre  aux  Gabaonites;  ceux-ci,  voulant 
détourner  le  péril  qui  les  menace,  implo- 
rent le  secours  de  Josué.  Les  rois  mis  en 
fuite  cherchent  un  refuge  dans  des  cavernes; 
ils  en  sont  arrachés  et  mis  à  mort. 

«  XX.  Dieu  soutient  Josué  contre  les  en* 
nemis  qui,  frappés  du  feu  du  ciel,  sont  at- 
teints dune  terreur  panique;  et  la  victoire 
revient  aux  Israélites  qui  avaient  d*abord  été 
forcés  de  tourner  le  dos.  Josué  transniet  h 
Eléazar,  au  moyen  d'une  lettre  attachée  aux 
ailes  d'un  oiseau,  la  nouvelle  d'une  victoire 

Î;lorieuse,  et  il  annonce  qu'il  ne  reviendra  que 
orsqu'il  aura  soumis  toute  la  Terre  promise 
aux  Israélites.  Ayant  effectué  cette  conquête, 
Josué  revient  à  sa  demeure,  et  se  puriQo 
avec  toute  l'armée  dans  le  fleuve  qui  coulo 


,     .  CêUdoqw  Hbrùrum  tam  imprenorum  quam     Lugàuno-Batatlctf^  cura  et  opéra  W^Sinwntrdii,  Jae. 
''^''nnicriotomm   bîbHQilrecçs   pubUcm   unwenitath     GronoviieîJoh.  Heymanieri,  Loyde,17n|  io-folio«^ 


iî3 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ii\ 


du  sommet  du  mont  béni.  Des  sacriGces  sont 
offerts»  un  jour  de  fôle  est  célébré,  et  des 
actions  de  grâces  sont  rendues  à  Dieu  pour 
l'occupation  de  la  Terre-Sainte. 

«XXI.  Les  limites  de  la  Terre  promise  sont 
mesurées,  et  trois  asiles  sont  établis. 

«  X.XII.  Josué  rend  grflces  aux  deux  tri* 
bus  et  demie,  au  nom  des  autres  tribus, 
de  ce  qu'elles  n'ont  pas  occupé  le  terri- 
toire dont  elles  avaient  été  mises  en  pos- 
session, avant  d*avoir  aidé  leurs  frères  à  ex- 
pulser les  ennemis  du  reste  de  la  Terre 
promise.  Il  leur  recommande  avec  une  grande 
solennité,  comme  leur  cbef  suprême,  le  roi 
Nebichusqui,  se  séparant  de  ses  sujets  au 
delà  du  Jourdain,  est  accueilli  avec  beau- 
coup d'honneurs  et  d'empressement. 

«  XXIII.  La  terre  est  mesurée  et  répartie 
entre  les  dix  tribus.  Eléazar  donne  son  suf- 
frage à  celte  ré|>arlition.  Josué  élève  non- 
seulement  une  citadelle,  mais  encore  un 
temple  au  sommet  du  mont  béni. 

«  XXIV.  Les  Israélites  résidant  dans  la 
Terre-Sainte  servent  Dieu  suivant  le  pré- 
cepte de  la  Loi.  Ils  éprouvent  les  nombreux 
avantages  de  leur  Qdélitéi  jouissent  d*une 
profonde  paix  pendant  vingt  ans,  et  ils  ont 
sur  tous  les  rois  et  princes  répandus  jus- 
qu'à de  grandes  distances  une  complète  su- 
périorité. 

«  XXV.  La  guerre  se  ranime  entre  les 
Israélites  et  les  nations  étrangères.  Schau- 
bec,  fils  d'Héman,  roi  des  Perses,  tué  par 
Josué,  appelle  aux  armes  les  rois  dissémi- 
né» dans  tout  Tunivers,  atin  de  venger  la 
mort  de  son  père,  et  d'exterminer  les  Is- 
raélites. 

«  XWI.  Lettre  du  roi  Schaubec  à  Josué. 

«  XXVII.  Cette  lettre  est  envoyée  à  Josué 
par  un  ambassadeur  le  dixième  jour  du  se- 
cond mois,  après  la  vingt-unièmeannée  à  com- 
pter de  rentrée  dans  la  Terre  promise.  Mais 
comme  Josué  était  occupé  à  décider  des  pro- 
cès, et  qu'un  jour  de  fête  approchait,  il  ne 
voulut  pasd'atiord  lire  cette  lettre  au  peuple, 
de  crainte  que  les  Israélites  effrayés  fus- 
sent moins  appliqués  à  l'observation  de  la 
loi.  Après  la  lôte,  la  lettre  fut  lue  en  pré- 
sence des  chefs  du  peuple  qui  furent  ef- 
fra;^'és  des  menaces  que  faisait  Schaubec, 
mais  qui  se  promirent  de  triompher  de  lui 
avec  l'aide  de  Dieu. 

«  XXVIII.  Josué  répond  aux  rois,  et  les  re- 
prend fortement  de  leur  témérité.  Il  ne  se 
préoccupe  pas  de  leurs  menaces  et  de  la 
guerre  qu'ifs  préparent.  Il  leur  oppose  le  se- 
cours divin  qui  avait  jusqu'alors  toujours 
soutenu  miraculeusement  les  Israélites,  et 
repoussé  les  efforts  de  leurs  ennemis. 

«  XXiX.  Les  Israélites  reprennent  courage 
lorsqu'ils  connaissent  la  fermeté  des  senti- 
roentsTexprimés  dans  la  lettre  de  Josué  aux 
rois,  et  ils  lui  rendent  grâces.  D'après  l'ordre 
de  Josué,  la  cavalerie  se  réunit  et  dans  l'es- 
pace d  une  heure,  300,000  hommes  sont  ras- 
semblés. La  réponse  de  Josué  est  lue  de  nou- 
veau en  présence  de  l'envoyé  de  Schaubec. 
/  «XXX.  L'envoyé  ayant  vu  l'armée  des  Is- 


raélites, revient  vers  les  siens,  tout  ibauj 
et  craintif. 

1  XXXI.  L'envoyé,  de  retourde  sa  mission, 
lit  publiquement  les  lettrés  de  Josoé.  Lji 
rois,  à  la  lecture  du  seul  titre  où  Josué  «m 
qualifié  avec  les  siens  de  ooras  très-hotm. 
râbles,  et  où  les  rois  sont  traités  avec  l»*dt.- 
coup  de  mépris,  perdent  courage  et  dé>Hv. 
pèrent  de  la  victoire,  ce  qu'ils  témoigTif-nt 
en  répandant  be.sueoup  de  larmes.  T^nOi^ 
qu'ils  déplorent  leur  sort,  la  mère  de  Schau- 
l>ec,  très-experte  dans  la  magie,  vient  au 
milieu  d'eux  avec  un  vieux  magicien  et 
réprouve  leur  pusillanimité,  «i  Comment,  dj* 
sent-ils,  avez-vous  une  telle  frayeur  d'ua 
ennemi  que  vous  n'avez  pas  vii?  Nous  au5si, 
nous  entendrons  l'envoyé.  »  L'envoyé  vi(*r.i 
et  il  ne  laisse  aucun  espoir  de  triompherais 
Israélites,  soit  par  des  enchantements,  seit 
par  des  stratagèmes ,  soit  par  la  force  é^$ 
armes.  Mais  en  dépit  de  ses  paroles,  ils  per- 
sistent à  vouloir  emplover  contre  le  peuplo 
de  Dieu  les  ressources  Je  la  magie. 

ff  XXXII.  Josué  se  prépare  à  l'expédition 
contre  les  rois,  mais  avant  de  faire  marebrr 
l'armée,  il  ordonne  à  Eléazar  de  convc- 
quer  le  peuple,  de  le  bénir  selon  le  cooi- 
mandement  de  la  Loi,  et  de  prier  pour  io 
salut  du  peuple»  tandis  que  lui ,  Josu^ 
combattra  les  ennemis. 

ff  XXXIII.  Josué  et  les  autres  Israélites 
ont  les  yeux  abusés  par  des  artifices  ma- 
giques, de  sorte  qu'ils  se  croyaient  entourô 
de  murs  de  fer.  Cela  advint  par  la  permifr 
sion  divine,  afin  de  procurer  au  roi  Nébi- 
chus  une  renommée  et  une  gloire  éternelle^. 
Enfin  ces  murs  s'écroulèrent  au  sou  de  la 
trompette  du  prêtre  Eléazar,  et  les  ennemis 
furent  mis  en  fuite. 

«  XXXIV.  Josué  envoie,  par  le  ministèri> 
d'une  colombe,  des  lettres  à  Nébicbos,  vic«- 
roi  des  deux  tribus  et  demie,  et  déploresco 
sort. 

«  XXXV.  Lettre  de  JoSué  à  Nébicbus.  Il  sa 
plaint  de  se  trouver  enfermé  entre  sept  mu- 
railles de  fer,  il  le  conjure  de  venir  à  sou 
secours  sans  aucun  délai. 

n  XXXVL  Nébicbus  ,  fils  de  Giléad . 
petit-fils  de  Hacir,  arrière-petitrfils  de  Ma- 
nasse,  ayant  reçu  les  lettres  de  Josué,  marri  .* 
au  secours  des  Israélites  avec  unepuissan:: 
armée.  Il  perce  d'un  dard  Schaubec,  les  au 
très  ennemis  prennent  la  fuite  et  les  Isiaé- 
lites  rendent  a  Dieu  des  actions  de  grflcts 
pour  leur  victoire. 

a  XXXVII.  Abrégé  des  lois,  des  rites  euhs 
Israélites  dans  le  temps  de  la  tranquilliiê, 
après  la  fin  des  guerres  avec  les  rois;  pres- 
criptions relatives  au  jubilé;  de  l'année  'i<> 
rémission  ;  des  fêtes,  des  dîmes  à  payer  au\ 
lévites  et  aux  prêtres;  de  raffrancnissenien: 
des  esclaves  hébreux,  des  sacrifices  i  Lt'l<-- 
brer  sur  le  mont  béni. 

«  XXXVin.  Josué,  étant  près  delà  wot\ 
faitses  adieux  aux  Israélites.  Le  sort  iJé2»it!r:< 
pour  son  successeur  Babel,  son  neveu,  ii  ' 
de  son  frère  Cbaleb  de  la  tribu  de  JuJa^ 
Il  exhorte  le  peuplo  à  ne  pas  s'écarter  de» 
voies  du  Seigneur.  H  meurt  et  il  est  esse- 


;i5 


JOS 


PART.  III.  ^  LEGENDES  ET  FRÂGKEKTS. 


JUS 


416 


\i'li  daas  la  cayerne  de  Sed  ;  Babel,  après 
avoir  jagé  le  peuple  pendant  neuf  ans,  meurt 
e(  laisse  pour  successeur  Ferf  de  la  tribu 
d'Ephraiin.On  ne  connaît  pas,  à  l'exception 
(le  Samson,  les  noms  des  autres  ju^es  qui, 
durant  deux  cent  soixante  ans,  administrè- 
rent fa  république  des  Hébreux. 

*  XXXIX.  Le  grand  prêtre  Eléazar,  étant 
près  de  mourir,  recommande  aux  chefs  des 
i>raétites  Taccomplissement  de  leurs  devoirs 
ei  leur  prescrit  Tobser vallon  du  culte  divin. 
Il  se  rend  à  la  caverne,  et  ayant  quitté  Jes 
Tètemeuts  sacerdotaux,  il  meurt  et  il  y  est 
eoseveli  SonfilsPinchuslui succède, etayant 
accompli  les  mêmes  cérémonies,  il  se  démet 
du  sacerdoce  au  moment  de  sa  mort,  et  il 
est  enseveli  dans  le  même  tombeau  que 
ioû  père. 

<XL.  Samson  périt  d'une  manière  tragi- 
que. Les  ennemis  des  Israélites  apprennent 
(idDs  les  livres  de  Biléam  qu'ils  ne  peuvent 
caaser  de  dommage  aui  Israôliles,  que  si 
ceux-ci  provoquent  la  colère  de  Dieu  par  leur 
im\néié  et  par  leur  apostasie.  On  envoie 
dODCdes  hommes  malintetitionnés,  qui,  ça- 
guant  la  familiarité  des  Israélites,  leur  in- 
culquent des  mœurs  corrompues,  ce  qui 
eicite  1(1  colère  de  Dieu,  de  sorte  que  le 
temple,  privé  par  le  feu  céleste  de  la  splen- 
deur de  sa  gloire,  est  complètement  obs- 
curci. 

c  XLI.  Le  chroniqueur  continue,  sans  en 
Ifévcnir,  les  histoires  racontées  dans  les  li- 
bres de  Samuel  qu'il  met  en  lambeaux  d'une 
isçon  déplorable.  II  relate  la  dispute  élevée 
entre  les  fils  de  Pinchus  et  le  prêtre  Eli,  au 
M)jet  de  la  dignité  sacerdotale.  Il  calomnie 
lli,  ce  pieux  vieillard,  et  le  représento 
comme  un  magicien  qui  avait  amassé  d*im- 
nipnses  richesses  par  la  pratique  de  la  sor- 
cellerie. Il  lui  reproche  d'avoir  oGFert  des 
sacriflces  contre  l'ordre  de  Dieu,  et  d'avoir, 
pir  une  audace schismalique,  troublé  le  culte 
^ac^é.  11  ne  craint  pas  de  dire  que  Samuel, 
cet  hommede  Dieu,  était  adonné  à  la  magie. 

«  XLII.  L'historien  raconte  bien  des  faits 
qu'on  trouve  dans  rEcriture  ;  il  parle  do  la 
guerre  faite  aux  Israélites  par  les  Philistins, 
du  meurtre  du  Qls  d*Eli ,  de  l'enlèvement 
de  rarche,  de  la  mort  d'Ëli. 

«  XLlll.  On  y  trouve  les  fables  au  sujet 
du  roi  de  Perse,  Bachlnezar.  (Hottinguer  les 
s  mentionnées  dans  ses  Exercitationes  anli- 
morm.,  sect.  W.) 

«  XLIV.  Histoire  d'Idden  et  d'Alexandre 
le  Grand.  {Yoy.  le  même  ouvrage,  sect.  55.) 
Indiiaiion  des  villes  eldes  pays  conquis  par 
Alexandre.  Il  ordonne  aux  Samaritains  et 
9UX  autres  luifs  d'ériger  des  statues,  se- 
iuD  la  coutume  des  gentils;  pour  se  sou- 
nietiro  à  cet  ordre,  ils  veulent  que  les 
enfants  nouveau-nés  reçoivent  le  nom  d'A- 

U90)Ce  rabbin,  né  à  Salamanque,  écrivait  à  la 
fi^  du  x%*  siècle.  Le  Sephef  Juchasin  ou  Livre  det 
l'^'io^'i,  donne  Va  série  dtc  tous  les  rabb'ns  qui  ont 
i^iiMe  ii:squ*en  Van  1500;  il  y  est  question  des  rois 
*n»(aêl,(ieft  monarques  des  autres  natioDS,  des 
i>:'ilén)ies  iu^ves  éui>lics  à  Sora  et  k  Pumbedita  cl 


lexandre.  Et  lorsque  le  roi,  h  son  retour  d'E- 
gypte, leur  demande  où  sont  les  statues,  ils 
s'écrient,  en  montrant  leurs  enfants  :  «  O  roi, 
voici  des  statues  vivantes  auxquelles  nous 
avons  donné  ton  nom.  i> 

«  XLV.  Long  récit  du  siège  de  Jérusalem, 
par  Adrien.  L  empereur  accorde  la  posses- 
sion de  Naplouse,  et  y  construit  plusieurs 
palais.  En  ce  temps-là,  les  Samaritains  se 
virent  enlever  leurs  livres  historiques  et 
généalogiques,  et  les  choses  restèrent  dans 
une  situation  très-fâcheuse  jusau'à  Bara- 
barra,  fils  de  Nathanaël,  fils  d'Ahkan,  è  l'é- 
gard  duquel  on  trouve  des  récits  détaillés. 

«  XLVI.  Nathanaël  eut  trois  fils,  Habar- 
raba,  Akbas,  et  Pinchus.  Los  Romains  défen- 
dent aux  Samc.ritains  de  circoncire  aucun  de 
leurs  enfants.  Ceux-ci  n'osant  violer  ou- 
vertement cette  défense,  conduisent  en  se- 
cret leurs  enfants  dans  des  cavernes  où  ils 
les  font  circoncire  par  leurs  servantes.  Les 
Romains  veulent  de  plus  qu'ils  mangent  de 
la  chair  de  porc  et  autres  viandes  défendues. 
Ils  placent  aussi  sur  le  mont  Garizim  un 
oiseau  d'airain,  qui,  lorsque  les  Samari- 
tains venaient  sur  la  montagne  pour  célé- 
brer leur  culte,  s'écriait,  «Hébreu:v  alors  tes 
Romains  qui  se  tenaient  en  embuscade  s'é- 
lançaient aussitôt  et  tuaient  l'Hébreu  dont 
la  présence  leur  était  signalée. 

«  XLVII.  Lévi,  neveu  de  Babarraba,  est 
envoyé  par  son  oncle  à  Constantinople , 
pour  y  apprendre  les  arts  libéraux  ;  il  fait 
dans  les  lettres  de  tels  progrès  qu*il  est  élu 
grand  prêtre;  il  demande  la  permission  de 
se  rendre  sur  le  mont  Garizim,  et  Tcyant 
obtenue  de  l'empereur,  il  se  rend  à  Naplouse 
avec  une  grande  escorte.  »  (Le  chroniqueur 
ne  fait  pas  connaître  si  les  Samaritains  réus- 
sirent dans  leur  intention  de  secouer  le 
joug  des  Romains.) 

Lettre  du  roi  des  Perses  et  des  Mides  à 
Josué.  —  Fabricius  (Cod,  pseudepigra- 
phus  Yet,  Testam.y  t.  II,  p.  130)  a  publié 
cette  pièce  d'après  Eusèbe  Nieremberç  (D^ 
origine  S.  Scripturœ,  I.  i,  c.  16)  qut  cite 
le  Sepher  Juchasin  du  rabbin  Abraham 
Zachut  r490),  et  \a  Chaîne  des  traditions  du 
rabbin  Uedalia.  (Voy.  aussi  N.  Serarius,  Ad 
Josuam,  t.  II,  p.  Vî^y  et  J.  Buxtorf,  Cata* 
lecta  philologico-theologica^  Bftlei  1707, 
in  8%  c.  274.) 

«  Samuel  Scholem  dit  :«  J'ai  trouvé  et  j'ai 
vu  dans  le  Livre  des  chroniguesd^%  Cuthéens 
ou  des  Samaritains,  un  récit  qui  figure  dans 
un  commentaire  juif.  Il  est  ainsi  conçu  : 
«  Lorsque  Josué  eut  subjugué  le  pays  d  Is- 
raël ,  et  qu'il  eut  l'ait  périr  trente-un  rois, 
il  arriva  qu'un  de  ces  rois  avait  un  fils  sou- 
verain de  l'Arménie  mineure,  qui  s'appelait 
Schobuch.  Il  réunit  autour  de  lui  les  rois 
des  Mèdes  et  des  Perses  au  nombre  de  qua- 

des  événements  arrivés  chez  le  peuple  Israélite.  Ou 
connaît  plusieurs  éditions  de  cet  ouvrage  :  Cons- 
tantinople, 1566,  in4";  Cracovic,  tô80,  in-4*;  Anw- 
sterdam,  4717,  In-4*.  Aaron  Margalitli  en  a  donné 
une  traduction  latine  ,  écrite  sans  élégance ,  mais 
lidéle,  ï  ce  que  dit  Wolf. 


4V7 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Ui 


raote-cinq.  Et  Us  prirent  a? ec  eux  ttn  g^ant 
nommé  Japhei,  qui  était  d'une  force  ex- 
traordinaire, et  habitué  à  brandir  sa  lance 
contre  un  grand  nombre  d'ennemis  ;  ils  ras* 
semblèrent  une  armt^e  nombreuse  comme 
le  sablu  qui  est  sur  le  rivage  de  la  mer,  et 
ils  envoyèrent  une  lettre  à  Josué,  et  elle 
était  ainsi  conçue  :  «  De  la  part  de  l'excel- 
lente et  heureuse  réunion  des  Mèdes  et  des 
Perses,  les  rois  te  saluent,  ô  Josué,  fils  de 
Nun. 

«  Tu  eslo  loup  du  soir.  Nous  savons  ce  que 
tu  as  fait  h  l'égard  de  nos  proches,  quelles 
dévastations  tu  as  commises  dans  les  palais 
de  nos  alliés;  tu  n'as  épor^né  personne,  de- 
puis l'enfant  jusqu^au  vieillard  ;  tu  as  fait 
]»érir  les  |>ères  par  le  glaive,  et  tu  as  détruit 
toutes  leurs  villes  renommées.  Apprends 
donc  et  sache  que,  dans  trente  jours,  à  par- 
tir de  celui-ci,  nous  le  rejoindrons  et  te  ren- 
contrerons sur  les  frontières  de  ton  hérilay.e, 
au  mont  Ephraïin.  Noos  sommes  quurante- 
cinq  rois  puissants,  et  ch«icun  de  nous  com- 
mandeà  soixante  mille  guerriers  braves,  bien 
exercés  h  la  guerre  et  bien  pourvus  d'armes, 
et  le  géant  Japhet  nous  donne  son  appui. 
Tiens-toi  donc  prêt  ;  apprête  tes  armes ,  et 
ne  dis  pas,  j'agirai  plus  tard,  car  nous  mar- 
chons rapidement  contre  toi.  » 

c  Ils  remirent  ces  lettres  à  un  messager 
sage  et  prudent,  qui  partit  et  trouva  Josué 
assis  sur  son  trône  royal,  et  tout  le  peuple 
se  tenait  debout  autour  de  lui.  El  Josué  or- 
donna que  le  messager  fût  conduit  en  sa 
présence,  mais  il  ne  ht  pas  à  attention  à  lui 
jusqu'à  ce  qu  il  eut  achevé  de  juger  les  af- 
laires  des  Israélites.  Alors  il  reçut  l'écrit  de 
sa  main,  et  il  le  lut  dans  la  maison  de  Dieu, 
en  jeûnant,  et  en  pleurant,  et  il  resta  en  sa 
demeure,  jusqu'à  ce  que  le  jour  de  la  fête  de 
la  Pentecûte  qui  était  proche  fût  passé.  Il  ne 
voulut  pas  eu  ce  temps  causer  aucun  souci 
au  peuple,  mais  comme  je  l'ai  dit,  il  garda 
ce.i  lettres  au|)rès  de  soi,  et  quand  la  fête  de 
la  Pentecôte  fut  passée,  il  réunit  l'assem- 
blée entière  du  peiiple,  et  lut  ces  lettres  en 
sa  présence,  et  il  dit  :  «i  Vous  savez  que  j*ai 
déjà  livré  bien  des  combats,  et  jamais  les 
rois  étrangers  ne  m'ont  troublé,  mais  dans 
cette  circonstance,  je  suis  saisi  de  crainte  et 
d'effroi.  »  Lorsque  les  Hébreux  l'entendi- 
rent parler  ainsi,  ils  furent  livrés  è  une 
grande  douleur,  ils  sentirent  tous  leurs 
reins  vaciller  et  leurs  genoux  s'entre-cho- 
({uer;  ils  baissèrent  la  tête  vers  la  terre,  et 
ils  dirent  à  Josué  :  «  Nous  t'écoutons  comme 
nous  avons  écouté  Moïse.  O  prince,  prends 
le  livre,  et  écris  comme  les  hommes  sont 
dans  l'usage  de  le  faire,  et  réponds  à  ceux 
qui  nous  haïssent  en  termes  durs  et  amers 
comme  Tabsinthe.»  Josué  répondit  :  «Atten- 
dez, et  je  TOUS  ferai  connaître  la  réponse 
que  j'ai  faite  à  ces  lettres,  et  si  elle  vous 

i)ara!t  convenable  ,  je   l'enverrai.   »  Tout 
e  peuple  dit  :  «  Ouvre  ta  bouche  et  que  tes 


paroles  soient  éclalanies.  »  Alors  Josoé  lut 
et  dit  : 

«  Au  nom  du  Dieu  d'Israël  qai  renver5^ 
les  forts  et  les  superbes,  qui  frappe  de  mort 
les  impies  révoltés  contre  lui,  qui  di5per>  - 
les  pécheurs  réunis  pour  faire  le  mal  et  qui 
rassemble  les  justes  et  les  saints  é^ars  l*- 
Dieu  des  dieux,  le  Seigneur  des  seigneurs, 
le  Dieu  d'Abraham,  d'Isaac  et  de  JacoK  ^ 
Seigneur  qui  combat  et  triomphe.  De  la  part 
de  moi  Josué  et  de  l'Eglise  sainte  et  chouir. 
et  de  la  bienheureuse  réunion  dlsnêl,  di« 
fils  d'Abraham,  d'Isaac  et  de  Jacob,  au  pi-i.- 
pie  qui  veut  nuire,  à  l'assemblée  de  ceox 
qui  adorent  des  idoles  et  qui  rendent  un 
culte  à  des  objets  inanimés,  nul  salut.  Di«  u 
a  dit  :  Sachez  que  vous  avez  mal  agi  lor^*) .'. 
vous  êtes  venus  inquiéter  le  lion  endoroi; 
et  que  vous  l'avez  réveillé,  car  il  rer^cr^ 
votre  sang.  J*ai  vieilli  dans  la  justice  afm  6^ 
faire  retomber  sur  votre  tête  ce  qui  d^i: 
vous  revenir.  Pourquoi  osez- vous  venir  n»r.> 
le  lieu  saint?  Pourquoi  a vez-vous  l'audace 
de  venir  souiller  notre  pays?  Préparez- 
vous  et  ne  sortez  pas  de  votre  terre,  pan  e 
que,  dans  une  semaine,  je  viendrai  vers  voi^ 
et  j*eiterminerai  vos  guerriers,  et  la  fuit»* 
no  vous  sauvera  pas.  Vous  vous  glorifiez  co 
ce  que  vous  ^les  quarante-cinq  rois  et  que 
chacun  de  vous  a  sous  ses  ordres  soixante 
mille  hommes  vaillants.  Je  ne  me  gtoritiers* 
pas  de  ce  qu'il  y  a  avec  nous  des  rois  de  !i 
terre,  mais  de  ce  qu'il  y  a  les  anges  du  Trè  - 
Baut,dont  un  a  renversé Sodome  etGomor- 
rhe,  un  a  fait  tomber  le  déluge,  un  a  d)v]>e 
la  terre  entre  soixante-dix  peuples  ('»91;,  H 
le  peuple  qui  est  avec  moi  compte  six  cci.l 
mille  hommes  vaillants;  ils  ont  passé  la  mtr 
et  le  désert,  et  Dieu  les  a  précédés  de  du:i 
et  de  jour  dans  une  colonne  de  nuée  et  da;  s 
une  colonne  de  feu,  et  douze  mille  chois  > 
parmi  eux  ont  fait  périr  les  cinq  rois  o-.* 
Madian  et  ont  tué  Balaam,  Gis  de  Béhur,  «t 
tous  les  mâles  dont  pas  un  seul  n'est  re^t^* 
Et  un  prêtre  nommé  Phinée  force  tous  I  ^ 
ennemis  à  s'enfuir  aussitôt  qu'il  sonne  dar«^ 
les  trompettes  retentissantes  qu'il  tient  cu 
ses  mains.  N'avez-vous  pas  entendu  paritr 
de  Pharaon  et  de  toute  la  multitude  qui  ['m- 
conipagnait,  et  qui  périt  avec  lui  dans  .a 
nier,  tandis  que  nous  passions  comme  >ut 
le  sable  desséché?  N'avez-vous  pas  ap(::s 
comment  nous  avons  traité  Amalec  et  yn 
peuple?  N'avez-vous  pas  vu  comment  dou^ 
avons  frappé  Seon  et  Og.  les  deux  rois  oi^ 
Aroorrbéens?  Si  vous  avez  avec  vousJa* 

r)het,  dont  la  force  est  grande,  nous  aruu? 
e  fort  des  forts,  le  Très-Haut  éle^ô  au- 
dessus  de  toutes  les  créatures.  • 

Les  fils  d'Israël  entendirent  ces  paroles tt 
ils  restèrent  à  leur  place,  et  Josué  renvoya  •  e 
messager  en  son  pays.  Et  il  revint  vers  ceut 
qui  l'avaient  envoyé  et  il  leur  rapporta  cequ'i' 
avait  vu  ;  il  leur  dit  que  la  stature  de  Jo>u»* 
était  de  cinq  coudées  et  comment  il  et  • 
vêtu  d'hyacinthe  et  de  pourpre,  et  qu'il  a^M 


(491)  L'idée  de  reiisicnre  de  soiiante-dix  peuples   di\ert  composant  la  race  bamaine  se  rvu 
IN  uksez  souvent  cbca  les  auciciu  aatvurs  iuifs. 


U9 


JUS 


PART.  m.  -  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


JUS 


450 


sur  'la  téta  une  cooreone  royale  où  était  f^onlre  terre,  et  ils  dirent  :  «  Qu'est-ce  quo 
inscrit  le  dooq  de  Dieu.  Quand  les  peuples  nous  avons  fait?  nous  aTons  attiré  sur  nous 
apprirent  ces  choses,    s  tombèrent  ia  lace     de  grands  maux.  » 

JUDAS. 


S'éleTant  au  if  siècle  au  milieu  des  çnos- 
tiques,  les  CMnites  ou  judaites  se  signa- 
lèreat  par  la  témérité  de  leurs  idées;  dans 
sa  liiroe  contre  les  Juifs  et  les  doctrines  mo- 
sai'^ues  cette  secte  regarda  €omme  autant 
d'bommes  supérieurs  et  de  justes  tous  les 
f-nnemis  du  Dieu  des  Juifs»  tous  les  hom- 
mes que  frappa  la  colère  de  JéhoTsh.  Judas 
était,  selon  eux,  le  seul  apôtre  instruit  des 
rapfiortsdu  monde  inférieur  arec  le  monde 
siipt^rieur  et  connaissant  la  gnose  céleste.  Il 
sêTailque  rempiredeJéhovah  serait  détruit 
par  la  mort  do  Sauveur,  et  c'est  pour  amener 
ce  résultat  qu'il  trahit  Jésus-Christ. 

Cette  secte  étrange  mettait  ses  doctrines 
antisociales  sous  le  ^^tronage  d'un  pré- 
tendu évangile  de  Judas  qu'elle  donnait 
comme  le  seul  évangile  véritable  et  qui 
est  aujourd'hui  perdu,  mais  qui  a  été  men- 
tionné par  saiat  Irénée,  saifit  Ëpiphane  et 
Tbéodoret. 

Empruntons  à  M.  Matter  (Hisi.  du  gnos- 
ticisme,  t.  Il,  p.  172)  quelques  détails  sur 
les  extravagantes  théories  d'une  école  qui 
ne  |>iit  sans  doute  recruter  de  nombreux 
prosélytes  et  qui  disparut  promptement  : 
^  Le3  caïnites,  loin  de  se  dire  ennemis  du 
clrisliani^ne ,  prétendaient  au  contraire 
être  des  Chrétiens  meilleurs  en  tout  point 
que  les  autres,  lis  rejetaient  commo  erroné 
lu  code  entier  des  orthodoxes.  Pour  la 
science,  leur  évangile  était  complété  dans 
QQ  ouvrage  compc^  par  saint  Paul  après 
ce  ravissement  au  troisième  ciel,  oili  il  avait 
vu  è*s  choses  qu*il  n* était  point  permis  à 
l'homme  d'articuler. 

<  En  effet,  ils  abusaient  de  cette  vision 
pour  assigner  une  origine  suivie  è  la  pré- 
tendue révélation  qui  faisait  la  base  de 
toutes  leurs   tbéories. 

«  Un  autre  de  leurs  écrits  apocryphes  était 
'^nTraité C0ntr€  Bysléra,  Ils  désignaient  par 
^«  terme,  qui  est  le  Yoni  du  système  indien, 
et  dont  ils  faisaient  uoe  injure,  le  créateur 
léhevah,  laldabaoïh. 

•  Ils  abusèrent  d'une  manière  bien  plus 
extravagante  des  principes  que  proclame  le 
christianismesurl  wraachissementderhom- 
me  par  la  rédeoiption  et  sur  l'adoration  .de 
lAea  en  esprit  et  en  vérité. 

«  Le  premier  devoir  de  la  morale  supé- 
rieure, d^ent-ils,  est  d'anéantir  l'empire 


du  mauvais  ange,  ses  ouvres,  son  institu- 
tion, ses  lois;  ils  ajoutaient  qu'en  méprisant 
toutes  ces  lois,  l'homme  s'alTranchit,  se  sauve 
et  se  place  au-dessus  d'elles. 

«  Ils  appelaient  cet  acte  d^atfranchissement, 
passer  par  toutes  les  choses^  c'est-à-dire  prou- 
ver le  mépris  de  toutes  les  lois  judaïques 
et  le  mépris  de  la  matière  sur  laquelle  règne 
Jéhovah,  en  se  livrant  à  tout  ce  que  proscrit 
ce  Dieu,  et  à  tous  les  plaisirs. 

«  Ils  s'y  livrèrent  en  elfet,  au  rapport  do 
leurs  adversaires,  avec  la  plus  effroyable  li- 
cence et  en  dérision  des  mauvais  anges  dont 
ils  pratiquaient  ainsi  les  œuvres  tout  en  se 
livrant  à  de  bizarres  invocations.  » 

Des  circonstances  apocryphes  relatives  à 
Judas  n'ont  pas  manqué  d'être  avancées  en 
assez  grand  nombre ,  mais  elles  ne  sont 
guère  dignes  qu'on  s'y  arrête. 

D'après  la  tradition  constante  da  moyen 
ê^.  Judas  était  roux.  Shakspeare  fait  allu- 
sion à  la  couleur  de  ses  cheveux  dans  une 
de  se«  comédies  {As  y  ou  like  i/,  act.  III, 
se. iv) : 

Ilis  very  hatr  is  orihe  dissenibling  colour 
Suroetlung  browner  tlian  Judas^s. 

Tniers  en  parle  aussi.  {Uistoire  des  per^ 
ruques^  1710,  p.  28.) 

Parmi  les  ouvrages  relatifs  à  Judas,  nous 
mentionnerons  les  Ex'hortaliones  academùœ 
de  Jacques  Gronovius  De  nece  Judœ  et  ca^ 
daveris  ignominia^  Leyde,  1702-1703,  2  par- 
ties in-4*.  Ce  travail  n'est  point  mentionné 
dans  la  Bibliographie  biographique  do  M. 
OEttinger  laquelle  indique  (col.  86i)  sept 
ouvrages  relatifs  à  Judas  ;  nous  n'emprun- 
terons à  celte  liste  que  les  titres  de  deux  dis- 
sertations composées,  l'un^par  J.-F.  Hebens- 
treit,  De  Juaa  Ischarioth  ^  Wittemhergœ, 
1712,  in-4';  l'autre  par  C.-G.  Zandt,  DeJuda 
prodilore,  Simonis  Belhaniensis  filiOf  Lipsi^i*, 
1769,  in-4*. 

Signalons  aussi  :  Judas  Ischariotes^  ira- 
gœdia  nova  et  sacra  (  5  a^Ues,  vers),  Thoma 
Naogeorgo  auctore,  sans  lieu  ni  date,  in-8*. 
(Vers  1553.)  Nous  avons  déjà  eu  l'occasion 
de  citer  diverses  légendes  relatives  à  Judas 
{Dictionnaire  des  légendes  du  christianisme^ 
Migne,  i^  col.  714),  nous  n'y  reviendrons 
Doint. 


JUSTIN. 

{Evangile  de  saint  Jusiin.^ 


Saint  Justin  le  martyr  aplace  oans  ses 
fcriis  tieanconp  da  traits  «mprantés  à  This- 
i<^re  évangélique  ;  %  se  rapportent  partie 
^  des  actions  du  Sauveur,  partie  aux  paro- 
les qu'il  ft  prononcées.  €'«st  surtout  dans 


les  Evangiles  de  saint  Uatthieu  et  de  saint 
Luc  qu'ils  se  retrouvent,  plus  rarement  dans 
celui  de  saint  Jean.  On  peut  les  «partager  en 
diverses  catégories  ; 
Dans  certains  passages,  il  y  a  identité  ve> 


^it 


DICTiONiNAlRE  DES  ÂPOCRTPHES. 


I^î 


DaiOt  mais  cette  circonstance  est  peu  corn- 
iDune.  En  voici  qiielqnes  exemples  : 

Dialogue  avec  Tryphon^  p.  301  (édition 
de  Cologne,  1682,  in-fol.)  Ventent  ab  Oriente. 
(Voy.  ihint  Maiihieu,  ch.  tiii,  11  et  l2.)/6td., 
p.  333  :  Nisi  abundaverit  justitia^  etc.  (Ch. 

V,  17.)  Apologie,  p.  6k  :  Omnis  arbor 
non  faciens  fructum.  (Ch.  vu,  17.)  Le  Dia- 
logue avec  Tryphon,  p.  327,  cite  aussi  saint 
Luct  ch.  I,  38. 

Dans  quelques  passages,  il  n'y  a  qu'une 
légère  différence  uun  mot;  Apologie  2,  p. 
04  :  Oùxl  niç  (où  irôiç,  Matth.  Yii»  21).  Dialogue^ 

p.  384  :  AoCiQfftrat  avroîç  (doOii^iTac  ocùtq  ,  Matih, 
XTI,  h).  Ibid.,  p.  269  :  ^Wkixç  uh  a/ucircct  xai 
('Hli/xç  ni*  c/9xcTai  Tr/sûroy  xai.  Matth.  XVII,  12.) 

Les  versets  11  et  12  du  chapitre  m  de 
tainl  Matthieu  cités  dans  le  même  dialogue, 
p.  268,  présentent  aussi  quelques  diffi^ren- 
ces,  ainsi  que  divers  préceptes  de  Jésus 
rapportés  dans  VApologie,  p.  61  et  suiv. 
d'après  saint  Matthieu,  ch.  v,  28  ;  et  29, 
32;   ch.  XII,    12,  42  et  46  ;  xvi,  26  ;  £uc, 

VI,  29  et  36  ;  J(/aa/i.,  xi,  27;  xxi,  13;  xxiii, 
17;  XXV,  41.  (La  Vulgate  rend  ainsi  ce  der- 
nier verset  :  Discedite  a  me,  tnaledicd^  in  ignem 
œtemum  qui  paralus  est  diabolo  et  angelis 
ejus;  et  le  traducteur  de  saint  Justin  traduit 
ainsi  le  texte  grec  do  son  auteur  :  Abite 
in  tenebras  exteriores  quas  paravit  Pater  Sa- 
tanœ  et  an^e/tse/u^.]  Quelques  différences  se 
montrent  aussi  entre  les  passages  rapportés 
dans  V Apologie^  p.  63,  et  saint  mat Ihieu,  ch.  v, 
37,  et  ch.  XIX,  16;  p.  63,  et  Matth  ,  v, 
22;  p.  64,  et  lue,  x,  16  :  Cui  plus  contulit 
Deus^  plus  etiam  reposcet  ab  eo;  rédaction 
fort  abrégée  des  paroles  de  Tévangéliste.  Des 
niodi fications  semblables  ajoutan t  parfois  aux 
expressions  du  texte  canonique,  le  conden- 
sant quelquefois,  se  manifesteront  en  com- 
parant les  passables  si  lés  :  Apologie^  p.  64, 
et  Luc  y  XII,  48;  ibid,^  p.  66,  cl  MaUh.j  xix, 
26;  Dialogue^  p.  235«  et  3/a//A.,  xxiii,  23; 
ibid.t  p.  308,  et  Matth. ^  xxii,  30;  Luc,  xx, 
36;  Apologie,  n.  94,  et  Jean,  m,  3  et  4;  t6ic/., 
)).  63,  et  Matin,,  vi,  25  et  suiv. 

On  trouve  aussi  des  passages  formés  de 
la  réunion  des  expressions  de  deux  évangé- 
iistes,  en  voici  un  exemple  :  llle  (Joannes) 
clamitavit  :  Non  ego  sum  Chrislus,  sed  vox 
clamantis.  Yeniet  enim  fortior  me  cujus  non 
sum  dignus  aut  idoneus  ut  calceamenta  por- 
tem.  Voy.  Jean^  i,   20,    23  :  Non  sum  ego 

Chrislus Ego  vox  clamantis  in  deserto. 

Et  Matlh.f  iii,  11  :  Qui  autem  post  me  ven- 
turus  est,  fortior  me  est,  cujus  non  sum 
dignus  calceamenta  portare. 

Les  citations  histori(}ues  sont  conformes, 
auant  au  fond  du  récit,  avec  la  narration 
évan^élique,  mais  dans  les  expressions,  elles 
en  diffèrent  parfois  assez  sensiblement  :  on 
peut  rapprocher  les  passages  suivants  : 

Dialogue  avec  Tryphon,  p.  303,  et  Matth.f 
I,  18  à  II,  23  ;  Luc,  xi,  2  à  5  ;  ibid.,  p.  100, 
et  Luc,  I,  35,  38;  tfrtd.,  p.  88,  et  Luc,  m, 
p.  23;  ibid.,  p.  316,  et  Matth.,  m,  4;  tfrid., 
p.  315,  et  Malth.,  m,  13,  16,  17;  ibid., 
^.  268,  et  Matth.,  xiv,  3,  6;  ibid.,  p.  328,  et 
Matth.,  XXVII,  39,  40,  lSi3;  ibid.^  p.  333^  et 


,•% 


I  ^ 


I'  » 


Marc,  m,  17;   tfrid.,  p.  331,  et  lur.  uu. 
44  ;  Apologie,  p.  50,  et  Luc,  xxiv,  25. 

Une  attention  spéciale  sera  accordée  am 
circonstances  qui  ne  sont  pas  rao(>ori  . 
dans  les  Evangiles  canoniques  :  Dialogut,  { . 
303  :  Nato  autem  tum  puero  m  BtthUf  •< . 
guia  Joseph  in  via  eo  non  habuit  qui  r.i. 
verteret,  in  specum  quemdam vien  proxtm.i.s 
concessit.  Atque  t6i  cum  essent,  entja  m 
Maria  Christum,  et  in  prœsepi  posmt,  u' 
eum  ex  Arabia  venientes  intenerunt  Mihj>. 
ibid,,  p.  315:  Ac  tum  Jesu  ad  Jordan*  ^ 
(lumen  adveniente,  ubî  Joannes  bftptiziU: . 
cum  Jésus  in  undam  descendisset ,  et  tgu  - 
in  Jordane  accensus  est.  On  ()Ourrait a^  i 
signaler  des  passages  p.  267, 296  et  316,  n..^  i 
nous  ne  voulons  pas  entrer  dans  des  (ic- 
tails  trop  minutieux. 

Saint  Justin  mentionne  les  Evangiles  ^ . 
les  Mémoires  (Memorabilia)  des  apù.r 
comme  lui  ayant  fourni  les  circonstan 
qu'il  relate  et  les  préceptes  qu*il  ra[){xni' 
11  ne  cite  pas,  il  est  vrai,  les  noms  d» 
évangélistes,  mais  il  lui  arrive  aus^^i  parf< 
de  citer  de  mémoire  des  passages  de  ri>  • 
lure.  {Apologie,  p.  73,  voy.  Genise,xii\,  It; 
p.  74,  Jsaie,  xi,  1,  10;  ibid,,  p.  79.  tm  . 
psaume  xcvi  ;  t6id.,  p.  86,  voy. /*«»  • 
XXIV,  7;  Dialogue,  p.  228,  voy.  Jérémr, 
XXXI,  31.)  Il  n'est  pas  sans  exemple  q-> 
rapporte  des  passages  de  TEcrilure,  sà;>^ 
mentionner  les  noms  des  auteurs  sa  r  ^ 
dont  il  invoque  l'atitorité.  (Apologie,  p.  h^.. 
psaume  xxiv,  7;  Dialogue,  p.  295,  psau.  ' 
XIX,  5,  Jsaie,  xxxv  ;  p.  315,  Joël,  ni,  28.  ei 

Les  passages  étrangers  aux  Evangiles  cat.  - 
niques  autorisent  à  croire  que  saint  Ju^i  n 
avait  sous  les  yeux  un  évangile  apocrjcl". 
peut-être  celui  des  Hébreux  ou  celui  i^ 
saint  Pierre  (et  telle  est  l'opinion  de  Cre  • 
ner),  ou  bien  possédait-il  un  exemplaire  •• 
VEvangile  de  saint  Matthieu  auquel  il  aut 
été  fait  des  additions  provenant  des  sourr^ 
que  nous  venons  d'indiquer.  Quclaues  cra  • 
ques  ont  pensé  qu'il  se  servait  d  une  har- 
monie des  Evangiles  ou  d'une  copie  où 
texte  de  saint  Matthieu  avait  été  mêlé  arr 
celui  de  saint  Luc.  C*estce  travail  sur  lequt 
on  manque  d'ailleurs  de  renseiKnementsprf 
cis  que  l'on  a  désigné  en  Alfemagne  ^^  ^ 
le  nom  d'Evangile  de  saint  Justin.  De  ^'^^ 
{Einleitung,  p.  95-105)  est  entré  à  ce  su/ 
dans  des  détails  minutieux  dont  nous  av^ '^ 
dû  nous  borner  à  offrir  un  résumé.  Oo  \*-  • 
aussi  citer  les  travaux  d'autres  auteurs  (••  ^ 
protestants  et  ne  devant  ainsi  être  consuii  ^ 
qu'avec  réserve  :  Paulus  :  Ob  das  Evan^/- 
liumJustins  das  Evangelium  nach  dm  Ir- 
braem  sey  ?  Mémoire  inséré  dans  ses  ^-f' 
getische  kritische  Abhandlungen,  Tuliin:  > 
1784  ;  Gratz,  Kritische  Untersuchungen  w  ' 
Justin aposlolische  DenkttUrdigkeiten,  Si>i  :* 
gart,  1814;  Winer,  Justini  Martyris  fi^ 
geliorum  canonicorum  usum  fuisse  ostff*  • 
tur,  Leipsig,  1819,  in-4*;  J.*G.  MynsUrJ 
ber  das  evangelium  des  Justinus,  liaD^ 
Theologische   Schriften  de  cet  auteur,  < 
penbague,  1825. 

Indépendamment  de  ces  travaux  spéciaux 


iC3 


LEN 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


LEN 


4:4 


on  trouve  les  questions  relatives  à  Tévan- 
gile  de  saint  Justin  discutées  dans  les  /n- 
iroductiona  (Einleilungen)  de  Eichhorn,  de 
S  hmidt  et  de  Hug  au  Nouveau  Testament^ 
dans  les  Mémoires  de  Storr  et  de  Luecke 
sur  les  écrits  de  saint  Jean,  et  dans  ceux 
de  Ritsche  sur  YEvangiU  de  saint  Marc. 
Credoer  dans  ses  Matériaux  (en  allemand] 


pour  Vintroduction  au  Nouveau  Testatnentf 
a  inséré  (t.  I,  p.  92-167J  une  longue  disser- 
tation :  Justin  und  sein  Evangelium. 

Nous  avons  déjà  mentionné  la  disserta- 
tion d'Emmerich,  relative  à  trois  des  évan- 
giles supposés  et  aujourd'hui  perdus^:  De 
Èvangeliis  secundum  Hebrœos^  Mgyptios  at' 
que  Justini  martyriSf  Strasbourg,  18i7|  in-4\ 


L 

LENTULUS. 

{Lettre  de  Publius-Lentulus.) 


Cette  lettre,  qui  donne  une  description  as- 
sez détaillée  de  la  ))ersonne  du  Sauveur,  n*a 
commencé  à  être  citée  que  vers  le  xiir  ou 
le  XIV' siècle;  il  n*estdonc  pas  douteux  qu'elle 
n'ait  été  fabriqué»  dans  le  cours  du  moyen 
âge.  Elle  est  toutefois  curieuse,  parce  qu*elle 
reproduit  des  descriptions  antérieures  qui 
ont  eu  pour  base  quelque  tradition.  On  la 
retrouve  dans  divers  manuscrits  et  dans 
tlusieurs  ouvrages  anciens;  en  dépit  de 
quelques  variantes,  le  fond  est  toujours  le 
même. 

Le  prédicateur  Olivier  Maillard,  dont  nous 
avons  déjà  eu  Toccasion  de  parler  {Voy.  Ab* 
gake),  a  placé  une  traduction  de  cette  épltre 
à  la  suite  de  ses  Conformités  des  mystères  de 
la  Messe  :ï\  lui  donne  le  tilre  suivant  :  Epis^ 
tre  de  Publius  Lentulus^  payen,  jadis  vice- 
consul  romain  très-renommé  au  pays  de  Judée; 
laquelle  tpistre  il  écrivit  en  Hierusalem  et 
envoya  au  sénat  et  au  peuple  de  Rome^  tes- 
moiynant  de  .ce  au  il  avoit  veu  et  cogneu  de 
Njstrs'Seigneur  Jésus-Christ  ainsi  quescript 
Eutrope  l  historien. 

La  mërae  lettre  est  insérée  dans  YUistoria 
Christif  Persice  conscripta,  du  P.  Jérôme  Xa- 
vier; dans  le  Catalogus  gloriœ  mundi  de 
Barthélémy  de  Chasseneux,  1529,  in-folio; 
dans  les  Catalecta  philologico-theologica^ 
édités  par  J.  Buxtorf.BâIe,  1707;  dans  le  traité 
de  J.  Ueiske  :  De  imaginibus  Jesu  Ckristi; 
ilans  les  Recherches  de  Peignot  sUr  les  per- 
tonnes  de  Jésus-Christ  et  de  Marie.  (Dijon, 
1829,  in-8*,  paee  20.)  Elle  se  trouve  aussi 
\iàn$  les  Orthodoxographa^  publiés  à  fiâle, 
in-folio,  1556;  dans  rjUistoria  universalis  de 
Laziard,  c.  12,  et  dans  d*autres  ouvrages. 

Son  authenticité  a  été  soutenue  par  un 
riocteur  allemand,  Henri  Lemnich,  dans  sa 
Mndicatio  incarnati  veri  Messiœ  promissi^ 
RoMuchii,  1666;  mais  elle  a  été  combattue 
p^r  J.  Keiske  dans  l'ouvrage  que  nous 
menons  dMndiquer,  et  par  Varenius  ,  Ratio- 
nnrium  de  scriptoribus  ecclesiasticis^  etc.  Elle 
«  été  fobjet  d'une  savante  dissertation  de 
Gabier,  imprimée  à  léna,  1819,  et  introuva- 
ble eu  France. 

•  11  suffit  de  la  lire  pour  être  persuadé  de 
sa  supposition  ;  p  ainsi  s'exprime  dom  Ceil- 
lier.  {Histoire  des  auteurs  ecclésiastiques. 
t.J»p,^98j 


Thilo,  qui  voulait  la  comprendre  oans  son 
recueil  des  apocryphes,  avait  collationné  le 
texte  sur  un  manuscrit  d'iéna  et  sur  un  du 
Vatican,  et  il  observe  qu'elle  est  loin  d'être 
rare  dans  les  manuscrits;  il  l'avait  trouvée 
dans  ceux  de  la  bibliothèque  impériale  de 
Paris, n<'1716,3158, 3159,3282, 5530;  mais,  ce 
qu'il  avait  cherché  en  vain,  c'était  un  texte 
meilleur  et  plus  ancien  que  ceux  qui  ont  été 
imprimés. 

^  Un  homme  a  apparu  aans  ce  temps  et 
vit  encore,  un  homme  doué  d'une  grande 

Euissance  ;  son  nom  est  Jésus-Christ.  Les 
ommes  disent  que  c'est  un  prophète  puis- 
saut  ;  ses  disciples  l'appellent  le  Fils  de  Dieu. 
Il  rend  la  vie  aux  morts,  il  guérit  les  mala- 
des de  tout  genre  de  maladies  et  de  souf 
frances.  Cet  homme  est  d'une  stature  élevée 
et  bien  proportionnée;  l'aspect  de  son  visage 
est  empreint  de  sévérité  et  rempli  d'ex- 
pression, de  sorte  que  ceux  qui  le  voient 
sont  disposés  à  l'aimer  et  à  le  craindre  à  la 
fois.  Sa  chevelure,  tirant  suir  le  roux,  des- 
cend droite  et  sans  plis  jusqu'au  bas  des 
oreilles ,  et  de  là  tombe  en  boucles  sur  ses 
épaules  et  au-dessous  ;  au  sommet  de  la  tèto 
ils  sont  partagés  en  deux,  selon  l'usage  des 
Nazaréens.  Le  front  est  uni  et  pur,  le  visage 
est  sans  tache,  et  une  rougeur  qui  est  cepen- 
dant modérée,  le  décore.  Son  aspect  est  ou- 
vert et  agréable.  Le  nez  et  la  bouche  ne  peu- 
vent être  exposés  à  aucune  critique.  Sa 
barbe,  de  la  couleur  de  ses  cheveux,  se  bi- 
furque. Ses  yeux  sont  bleus  et  extrêmement 
brillants.  Il  est  formidable  quand  il  répri- 
mande et  qu'il  reproche;  lorsqu'il  enseigne 
et  qu'il  exhorte,  son  langage  est  caressant 
et  aimahle.  Il  y  a  une  çrâce  admirable  mêlée 
de  gravité  dans  son  visage.  Personne  ne  Ta 
jamais  vu  rire,  mais  on  Ta  ru  pleurer.  Sa 
taille  est  alongée,  ses  mains  sont  belles  et 
eflîlées,  ses  bras  gracieux.  En  s'exprim/int 
il  est  grave  et  mesuré,  et  il  parle  peu.  Enfui, 
c'est  le  plus  beau  des  hommes.  >» 

Lentulus  est  un  personnage  fictif;  il  n'y 
eut  point  de  proconsul  roumain  de  ce  nom  eu 
Judée  à  l'époque  du  Sauveur.  Valériusi^ra- 
tus  vint  en  Tan  15  de  Tère  vulgaire  remplir 
ces  fonctions  ;  Pilate  lui  succéda  en  l'an  26: 
il  fut  exilé  en  l'an  38,  et  remplacé  par  Mar- 
cellus. 
Nous  ajouterons  que  parxni  les  écrivains 


45S 


nsCTlONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


4» 


du  XVI'  siècle  qui  regardèrent  comme  au- 
thentique la  lettre  de  Lentulus,  on  distingue 
un  écrivain  espagnol,  doué  d*un  certain  mé- 
rite, Huarte,  i  auteur  d'un  ouvrage  de  mé« 
decine  et  de  morale,  intitulé  :  Examen  de  loe 
ingenioêj  dont  la  réputation  se  soutint  long- 
temps. Il  a  inséré  dans  son  livre  Tépître  en 
question,  et  voici  comment  elle  est  mi-se  en 
français  dans  la  traduction  que  G.  Chappuis 
fit  paraître  de  VExamen,  Paris,  1588,  fol. 
200. 

f(  Il  est  homme  de  moyenne  stature  et 
droite;  beau  de  visage,  auquel  se  voit  une 
telle  révérence  imprimée,  que  ceux  qui  le 
regardent  sont  induits  à  Taymer  et  craindre. 
Il  a  les  cheveux  de  couleur  d*avclaine  bien 
meure;  jusques  aux  aureiltes,  ils  sont  uniz. 
et  d'une  mesme  sorte,  mais  depuis  les  au- 
reilles  jusques  aux  espaules,  ils  sont  de 
couleur  de  cire,  el  pour  celte  cause  ils  re- 
luisent davantage.  Au  milieu  du  front  et  en 
la  teste,  il  n*est  ni  plus  ni  moins  que  les 
Nazaréens;  il  a  le  front  uny  et  fort  serain, 
le  visage  sans  aucune  rida  ni  tache,  accom- 


pagné d'une  couleur  modérée.  On  ne  içou- 
rail  trouver  à  redire  ni  à  son  nex,  ni  eu  m 
bouche  ;  il  a  la  barbe  espaisse  à  la  semblant* 
des  cheveux,  non  large,  mais  fendue  par  le 
milieu;  il  a  un  regard  fort  grave,  il  a  U-< 
yeux  clairs  et  esclatants;  il  estonne  quim 
il  reprend  et  quand  il  admoneste,  il  esi  ^rj* 
cieux.  » 

Nous  avons  dit  que  Thilo  avait  le  projet  > 
publier  cette  lettre  dans  son  recueil  Jc^^  a,*  •• 
cryphes  du  Nouveau  Testaaieot,  en  pa'n.r>i 
pour  base  le  texte  qui  se  trouve  daas  •> 
Orthodoxographa^  et  en  y  joignant  les  tv 
riantes.  Il  est  à  regretter  que  M.  Tischen  •  f 
n*ait  pas  compris  cette  pièce  dans  son  éJiii  *.. 
des  hvangilia  apocryphes 

Les  copies  de  la  prétendue  lettre  de  L  n- 
tuius  sont  fréquentes  dans  les  bibli"i  ^.' 
ques;  elle  se  rencontre  indépendaiumeui 
des  manuscrits  de  la  bibliollièque  iiupéru.  : 
de  Paris,  déjà  cités,  dans  d'aures  codicn  •.j 
Musée  britannique  de  Bruxelles,  de  Leij'^J^ 
etc. 


LEUCIUS. 


Hérélique  qui  vivait  au  iv*  siècle  de  notre 
ère  et  qui,  partisan  des  erreurs  de  Manès , 
voulut  leur  donner  pour  appui  des  ouvrages 
qu'il  attribua  hardiment  aux  apôtres  et  sur- 
tout à  suint  Jean. 

Le  décret  du  Pape  Gélase  condamne  tous 
les  écrits  de  Leucius  et  rappelle  le  fils  du 
démon. 

Saint  Augustin  (De  fide  contra  Afartt- 
chœoi^c.SS)  parle  des  faux  Actes  de  saint 
André,  qu*avai(  fabriqués  cet  imposteur  et 
dans  les  Actes  de  son  colloque  avec  Fauste, 
le  manichéen  (lib.  u,  c.  6),  il  sVxprime  sur 
le  même  sujet  dans  les  termes  suivants  : 

Habetis  etiam  hoc  in  tcripturis  apocry^ 
phis  quas  Canon  quidem  catholicuê  non  ad* 
miltit ,  vobîê  autem  (Manickceis)  tanto  gra^» 
riores  sunl ,  quanio  a  caiholico  Canone  «e- 
cluduntur.  ÂUquid  etiam  inde  commemorem 
cnjui  ego  aucloritate  non  leneor^  sed  tu  con^ 
vinceris.inÀctibus  conscripUs  a  Leucio  quos 
tanquamactus  apostolorum  scribit^  habes  iia 
posituttt  :  Etenim  tpecioêa  figmenta  et  oetefi" 
iatiû  simulata  et  coactio  visibilitun^  nec  qui- 
dem  ex  propria  naiura  procédant ,  $ed  ex  eo 
hominequiperseipuun  delerior  foetus  est  par 
eeducUonem. 

De  son  côté ,  le  patriarche  de  Consiantî- 
nopie,  Photius,  avait  eu  sous  les  yeux  ces 
écrits  aujourd'hui  perdus;  et  il  s*en  est  oc- 
cupé dans  sa  Bibliotheca.  (Cod.  114.) 

Lectus  est  liber  inscriptus  Periodi  apos- 
iolorum  in  qao  continebanturActa Pétri,  An* 
dhœ^  JoanniSt  Thomœ  et  Paulin  scriptore^  ut 
liber  ipse  déclarât^  Leueio  Charino.  Dietio 
ejus  omnino  inœquatis  atque  varia  est  ;  con* 
structione  vocibusque  utitur  interdum  quidem 
non  abjeetie ,  ut  plurimum  tamen  plebeiis  ae 
tulgo  protritis.  Nulhsm  in  eo  vesttgium  die* 
ti&nismqualisexttmporediset  na/tivœ  quœhine 
nasci  solet  gratiœ  quomodo  etangelicus  et 
apostolicus  ttrmo  est  tfformaius.  At  rfril'Û}! 


scatet  multijflici  insania  et  lacis  inter  $e  pu- 
gnantibus  sibique  mutuo  adversantibus.  Au.i 
alium  ait  esse  Deum  Judœorwn  malum,  cupt 
Simon  minister  fuerit  :  alium  vero  Christu., 
bonum  ut  idem  aitj  inquinans  omnia  ocpri- 
vettens,  eumdemque  Patrem  vocans  el  Filiu" . 
neque  rêvera  hominem  factum  affirmai ,  ri 
ita  visum   iantummodo  fuisse,    inria   i.'f  » 
forma  sœpe  discipuiis  suis  se  prœbuisst  c  •  • 
spiciendum^nunc  juvenem^  nunc  senem^j  •- 
pueram  atque  jam  iterum  «eitem,  nunc  m^ 
rem  9  nunc  minorem^  interdum  et  maxrtfu.. 
ita  uf.  vertice  cœlum  contingeret,  Muttatyr:- 
terea  super  cruce  fingit  ineptias  c/  û6*m'u«' 
taies ^  ueque  Christum  fuisse  cruci  ehr,  . 
sed  alium  ejus  vice,  et  crucifigentes  a  thri^- 
derisos.  Conjugia  quoque  légitima  impio' 
omnemque  aaeo  generationem  malam  et  e  tno. 
esse  afjirmans ,  alium  insuper  dœmonum  f^r- 
matorem  délirât. 

«  Leuce  dogmatisait  dans  les  Actes  de  i^i^' 
Jean  contre  les  images  comme  les  Icon"- 
c!astes  font  fait  depuis;  et  il  disait  que  e^ 
bœufs  et  les  chevaux  et  outres  animauioi'/^* 
ressusciteraient  comme  les  hommes;  l'i^^ 
s'exprime  Photius.  Un  fragment  de  ces  Âctt 
est  conservé  dans  les  Actes  du  ii*  ccnalf 
Nicée.  En  voici  la  substance  : 

«  Un  Chrétien,nomraé  Lycomède,  arait  f  : 
peindre  saint  Jeaq  ^i,  ayant  vu  uneni<^* 
chez  son  disciple,  et  ne  sachant  pa^qiec^ 
ftLi  la  sienne,  dit  à  Lycomède  :  «  Que" 
gnilie  cette  image  et  duquel  de  vos  «Im  -^ 
est-elleT  Je  vois  bien  que  vous  n'arez  ;  * 
renoncé  entièrement  aux  coutumes  des  r<^'' 
tils.  »  Lycomède  répondit  :  «  Je  ncrci'-n* 
nais  qu'un  seul  IKcu;  c'est  celui  qui  dou*  * 
rendu  la  vie  à  ma  femme  et  à  moi.  Mai$.  '< 
après  ce  Dieu  l'on  peut  «ppeiardieusi^» 
hommes  qui  sont  nos  bieoiaiteor$«  tu  c5 
dieu  qtie  cette  image  rej>réseDte.  C'e^t  t> 
que  je  couronne  ;  c'est  toi  que  j*aime  et  ^  ^ 


l 


457 


LËU 


PART,  in.-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


lEV 


4SS 


j'honore  comme  le  guide  fidèle  qui  m*a  con- 
duit à  la  source  de  tous  les  biens.  ?»— «  Ta 
railles ,  mon  fils,  »  répondit  saint  Jean,  «  ta 
ne  me  feras  pas  croire  que  ce  soit  là  mon 
portrait.  »  Alors  Lycomede  ajant  fait  ap- 
porter un  miroir»  et  saint  Jean  ayant  re- 
connu son  yisage,  s'écria  :  ^  Le  Seigneur 
Jésus  est  vivant;  il  est  vrai  que  cette  image 
me  ressemble»  mais  tu  as  eu  tort  d'agir 
ainsi  [maie  véro  hanc  rem  fetisti).  » 

Il  ]r  a  encore  dans  le  fragment  des  Actes 
de  saint  Jean  par  Leuce  que  nous  a  con- 
servé la  relation  du  ti*  concile  de  Nicée»  un 
p.issage  curieujL  qui  confirme  ce  qu*on  a 
dit  que  les  Prisciliianistes  s'en  servaient»  et 
qui  nous  apprend  auel  est  cet  hymne  que 
Jésus-Christ  chanta  la  veille  de  sa  mort  et 
dont  saint  Augustin  (Epist.  217»  Ad  Ceret.) 
rapporte  quelques  paroles.  Saint  Jean  s'ex- 
prime ainsi  dans  cette  composition  apo- 
cryphe : 

I  Avant  que  le  Seigneur  fût  pris  par  les 
Juifs,  il  nous  assembla  tous  et  nous  dit  : 
Chantons  un  hymne  en  l'honneur  du  Père» 
après  quoi  nous  exécuterons  le  dessein  que 
nous  avons  formé.  II  nous  ordonna  donc  do 
faire  un  cercle,  et  de  nous  tenir  tous  par  la 
maie;  puis  s'étant  mis  au  milieu  du  cercle» 
il  nous  dit  :  Amen»  suivez-moi.  Alors  il 
commença  le  cantique  et  il  dit  :  Gloire  te 
soit  donnée^  6  mon  Père  1  Nous  répondîmes 
tous  :  Amen.  Le  Seigneur  continua  à  dire  ; 
Gloire  au  Verbe»  etc.  Gloire  à  l'Esprit,  etc. 
Gloire  à  la  grâce;  les  apôtres  répétaient 
toujours»  Amen.  Après  quelques  autres 
prières,  Jésus  dit  :  Je  veux  être  sauvé  et  je 
veux  sauver»  et  les  apôtres  répondirent  : 
Amen.  Je  veux  être  défié  et  je  veux  délier; 
amen.  Je  veux  être  blessé  et  je  veux  blesser; 
amen.  Je  veux  naître  et  je  veux  engendrer  ; 
amen.  Je  veux  manger  et  je  veux  être  con- 
sommé; amen.  Je  veux  être  entendu  et  je 
veux  entendre.  Amen.  Je  veux  être  compris 
de  l'Esprit,  étant  tout  esprit,  tout  intelli- 
gence. Amen.  Je  veux  ê-re  lavé  et  je  veux 
laver.  La  Grâce  mène  la  danse;  je  veux  jouer 
de  la  flûte;  dansez  tous.  Amen.  Je  veux 
chanter  des  airs  lugubres;  lamentez- vous 
tous.  Amen.  « 

Un  autre  fragment  de  cet  ouvrage  n'est 
pas  indigne  d'attention  :  c'est  l'apôtre  saint 
Jean  que  le  faussaire  faisait  parler  : 

*»  Voyant  souffrir  le  Seigneur  et  ne  pou* 
▼anl  soutenir  la  vue  de  sa  Passion,  je  m'en- 
fuis à  la  montagne  des  Oliviers.  Ce  fut  là 
qu'il  se  présenta  à  moi  dans  la  caverne  où  je 
m'étais  retiré.  Il  la  remplit  de  sa  lumière  et 
me  parla  en  ces  termes  :  «  Les  Juifs  me  cru- 
ciflenl  ;  ils  me  percent  de  lances  et  m'abreu'* 
vent  de  vinaigre;  cependant  c'est  moi  qui 
▼ous  parle.  Ecoulez  bien  ce  que  je  vous 
dis,  aun  que  vous  sachiez  ce  que  le  Maître 
veut  apprendre  à  son  disciple  et  Dieu  à 
I  homme,  h  Alors  il  me  fit  voir  une  croix  de 
lumière  toute  dressée  et  un  peuple  de  diffé- 
rente figure  qui  l'environnait;  une  forme 
toute  semblable  h  la  sienne  était  attachée  à 
^Ite  croix.  Au-dessus»  je  voyais  le  Seigneur,  ^ 

Diction?!,  dks  Apocetphes.  Jf« 


mais  sans  aucune  figure»  ce  n'était  qu'une 
simple  voix»  différente  à  la  vérité  de  celle 
dont  il  avait  coutume  de  nous  parler»  une 
voix  douce,  agréable  et  véritablement  de 
Dieu. Il  médit  :«  Jean»  j'ai  une  cboseà  tedire» 
mais  dont  il  faut  que  tu  conserves  bien  la 
mémoire.  Je  parlerai  par  ta  bouche  et  j'ap- 
pellerai cette  croix  de  lumière  tantôt  rin- 
telligence,  tantôt  le  Verbe.  » 

Entre  autres  erreurs»  Leucius  soutenait 
que  Jésus  n'a  point  été  homme,  mais  qu'il 
a  seulement  paru  l'être»  qu'il  se  montrait  k 
ses  disciples  tantôt  jeuno,  tanlôt  vieux,  tantôt 
enfflnt  et  ensuite  vieillard»  tantôt  grand, 
tantôt  petit,  et  quelquefois  si  grand  qu'il 
touchait  le  ciel  de  sa  tête. 

Tillemout»  dans  ses  Mémoires  pour  servit 
à  Vhistoire  ecclésiastique  (t.  JI,  p.  73),  s'ex- 
prime en  ces  termes  au  sujet  de  ce  faus^- 
saire  : 

<  Les  disciples  de  Procle  ou  Procule  étaient 
encore  célèbres  vers  l'an  390*  du  temps  de 
saint  Pacien  qui  les  appelle  les  plus  nobles 
physiciens  ^  c'est-à-dire  des  monianistes.Ils 
se  vantaient  d'avoir  été  animés  et  illuminés 
p;ir  un  Leucius.  Baronius  (Ad  annum  CArt- 
sii  277,  n.  42)  le  prend  pour  le  plus  célèbre 
auteur  d^  tant  d  actes  fabuleux  des  saints 
apôtres,  à  qui  le  Pape  Gélaso  donne  Téloge 
de  disciple  du  diable  que  méritent  si  bien 
les  auteurs  des  pièces  fausses  et  supposées 
et  tous  les  amateurs  du  mensonge.  Photius 
(cod.  114)  l'appelle  Leucius  Cannus,  et  té- 
moigne qu'il  avait  fait  les  Actes  de  saint 
Pierre^  de  saint  Jean^  de  saint  Andréa  dé 
saint  Thomas  et  de  saint  PauL  Innocent  1*% 
dans  son  épître  m*  (Concil.^  édit.  Labbe* 
t.  H»  p.  1256) ,  y  ajoute  saint  Jacques  le  Mi« 
neur  et  saint  Matthias.  L'auteur  du  Truiti 
de  la  foi  contre  les  manichéens ,  qu'on  croit 
être  Evode  d'Uzale,  cite  (chap.  38)  de  cet  im- 
posteur les  Actes  de  saint  André  ei  dit  qu'il 
attribuait  ses  pièct  s  aux  apôtres  mêmes.  » 

aPhotius  décrit  son  stylecomme  rempli  de 
tous  les  vices  qui  se  puissent  imaginer»  et  sa 
doctrine  comme  encore  plus  corrompue  que 
son  style;  ce  qui  peut  faire  ju^er  qu'il  était 
ou  de  quelqu  une  des  anciennes  liranches 
des  gnosliques»  ou  de  l'hérésie  des  mani« 
ehécns,àquoi  le  passage  de  saint  Pacien 
peut  n'ôtre  pas  contraire»  selon  que  nous 
avons  expliqué  ce  qu'il  dit  de  Praxéas. 
Evode  témoigne  (Z76  fide  contra  ManichœoSf 
r.  5)  que  les  manichéens  recevaient  ces  actes 
fi  ïs  par  Leucius;de  sorte  qu'il  s'en  sertcontre 
eux  dans  les  choses  mêmes  de  la  foi.  Et  ainsi 
l'.e  sont  apparemment  ces  Actes  écrits  sous 
le  non  des  apôtres  par  des  faiseurs  de  fa«» 
blés  que  saint  Augustin  [In  Faustum,  I.  xxit» 
c.  79)  témoigne  être  reçus  par  ces  héréli* 
ques  comme  des  écritures  canoniques.  Dans 
le  Traité  de  la  nativité  de  la  Vierge  »  qui  est 

[>armi  les  œuvres  sup^nisées  à  saint  Jérôme» 
es  faux  Actes  des  apôtres  sont  attribués • 
avec  un  autre  ouvrage»  à  Séleucus»  disciple 
de  Manicbée»  et  Baronius  croit  que  Séleucus 
et  Leucius  ne  sont  que  la  même  pèrsoqne  9t 
le  même  nom.  » 

16  A 


«M 


DICTIONNyRÊ  DES  APOCnTPHES. 


VXi 


LIN. 


Le  Pape  sainl  Lin  fui  le  successeur  immé- 
diat de  saint  Pierre  fan  66.  On  croit  qu*il 
gouverna  TE^ilise  pendant  douze  ans  et  qu*il 
reçut  la  couronne  du  martyre  en  78.  On 
manque  d'ailleurs  de  renseignements  posi- 
tifs sur  ce  Pontife.  Le  P.  Stilting  a,  dans  les 
Acta  sanctorum^  t.  VI  de  septembre,  p.  5dJ^- 
5^5,  discuté  avec  une  judicieuse  érudition 
tout  ce  que  i*on  en  connaît. 

Ce  Pontife  aviiit  écrit  YHisloire  de  saint 
Pierrf  el  de  saint  Paul^  mais  les  Actes  qu*on 
possède  sous  son  nom  ne  sont  nullement 
authentiques.  Baronius,Possevin,  Le Nourry, 
dans  son  judicieux  Apparatus  ad  bibliothe- 
eam  Patrum  (t.  I»  disseri.  6) ,  et  bien  d'autres 
auteurs  les  rejettent  comme  apocryphes.  Le 
cardinal  Bellarmin  {De  R.  Pontif.y  lib.  ii,  c.  9) 
dit  :  Lini  historia  vers  conficta  est ,  et  nullius 


auctoritatis.  Divers  témoignagss  attestent 
que  saint  Lin  avait  écrit  en  grec;  ce  teite 
est  perdu.  11  ne  faut  pas  regarder  la  réd^c* 
tion  latine  comme  faite  sur  le  grec.  Il  serait 
difficile  de  préciser  ave»  quelque  cerlilude 
la  date  de  la  composition;  elle esl antérieure 
au  XI*  siècle,  car  on  la  trouve  dans  des  ma- 
nuscrits de  cette  époque.  Jacquesde  Voragine 
la  connaissait  et  s*ea  est  servi  pour  sa  !/• 
gende  dorée.  Lefebvred'Etaples  est  le  premier 

2ui  Tait  publiée  à  la  tin  de  son  édaiondes 
^pitres  de  saint  Paul.  Elle  a  passé  dans  la 
Bibliotheca  Patrum  maxima^  tom.  Il»  p.  i« 
p.  67. 

Nous  placerons  ici  Tbistoire  du  martyre 
de  saint  Pierre,  renvoyant  à  Tarlicle  eoii* 
sacré  à  saint  Faul  ce  qui  concerne  ce  dernier 
apôtre. 


RÉCIT  DE  LA  PASSION  DE  SAINT  PIERRE. 

adressé  a%x  Eglises  de  rOrient  par  le  bienheureux  Lin^  PoMlife  des  Romains' 


Après  avoir  été  en  butte  aux  événements 
les  plus  variés,  après  avoir  fourni  TédiGca- 
tion  d*une  vie  sainte,  après  avoir  accompli 
d'éclatants  miracles,  et  avoir  aussi  soutenu 
de  nombreux  combats  contre  Simon  le  Ma- 
gicien et  d*autres  hérauts  de  TAntechrist, 
après  avoir  subi  des  tourments  multipliés, 
enduré  la  rigueur  des  flagellations  et 
riiorreur  des  prisons  fétides,  le  bienheureux 
Pierre  se  réjouissait  dans  le  Seigneur,  ren- 
dant grâces  de  nuit  et  de  jour  avecles  frères, 
accueillant  la  foule  de  ceux  qui  croyaient  à 
Ja  foi  de  Dieu  et  de  Jésus  «Christ  Notre- 
Seigneur,  s*appliquant  à  la  prière,  à  fins- 
truction  et  aux  autres  offices  de  la  piété , 
observant  surtout  la  charité  et  la  chasteté; 
il  répandait  la  grflce  dans  le  cœur  de  ses  au- 
diteurs, exhortant  ceux  qui  croyaient  en 
Jésus-Christ  à  vivre  dans  la  pureté  et  dans 
Taustérité.  La  ville  qui  se  regardait  comme  la 
capitale  du  monde  s  était  adonnée  avec  excès 
au  luxe  et  à  la  magniQcenco,  et  un  faste  ré- 
prébensible  y  dominait,  ainsi  qu*il  résulte 
aordinaire  de  Topulence  et  d*une  sécurité 
indolente.  L'élévation  des  pensées  est  habi- 
tuellement suivie  du  mépris  de  la  chair,  et 
il  arriva  que  beaucoup  de  femmes  de  divers 
âges  et  de  conditions  aifférentes  conçurent, 
grAce  à  la  vertu  des  discours  du  bienheu- 
reux Pierre,  un  grand  amour  de  la  chaste- 
té, et  un  grand  nombre  de  matrones  romai- 
nes se  plaisaient  à  garder,  autant  qu*il 
dépendait  d'elles,  leurs  cœurs  ainsi  que 
leurs  corps  exempts  de  tout  commerce  char- 
nel. Hais  comme  le  temps  approchait  où  la 
foi  et  les  travaux  du  bienheureux  apôtre  de- 
vaient recevoir  leur  récompense,  Néron, 
Tennemi  du  Christ  et  le  chef  (le  la  perdition, 
oruonna  daps  son  iniquité  consommée  que 
l'apAtre  fût  chargé  de  cbatoes  et  jeté  dans 


un  cachot  infect,  où  quatre  des  concubiuN 
d'Agrippa  vinrent  le  visiter;  elles  se  nom- 
maient Agrippine,  Eucharie,  Euphétuie  et 
Dioné.En  écoutantceuu'ii  prêchait  au  sujet  da 
la  chasteté  et  de  tous  les  commandements  de 
Jésus-Christ  Notre-Seigneur,  elles  se  déso- 
laient d'être  soumises  aux  passions  d*Ai;ri.- 
pa.  C'est  pourquoi,  se  vouant  à  lacha^tito, 
elles  firent  entre  elles  un  pacte,  et  aOeruin» 

r>ar  Jésus-Christ  Notre-Seigneur,  elles  rév»- 
urent  de  n'avoir  dorénavant  aucun  rap[Nrt 
avec  Agrippa.  Celui-ci,  voyant  qu'elles  m» 
refusaient  a  toute  relation  avec  lui,  en  fit 
très-affligé,et  envoyant  des  agents  habiles  et 
zélés,  il  apprit  qu'elles  allaient  trùs-sonvent 
entendre  les  discours  du  bienheureux  Pier* 
re.  Et  quand  elles  revinrent  chez  lui,  il  leur 
dit  dans  un  mo.ivement  de  colère  et  de  ja- 
lousie :  «  Je  sais  d'où  vous  venez;  ce  Chré- 
tien vous  a  appris  à  vous  éloigner  de  moi 
et  à  vous  refuser  à  votre  devoir,  mais  jo 
suis  certain  qu'il  n*a  pu  détruire  par  ses  ar- 
tifices magiques  votre  amour  pour  moi.  • 
Mais  ni  ses  caresses,  ni  ses  dures  paroles 
ne  purent  les  amener  à  reprendre  lechemio 
du  désordre,  parce  qu*elles  s*anpuyaient  sur 
les  discours  de  l'apôtre.  Le  préfet  Agrippa 
voyant  ainsi  que,  fidèles  à  la  doctrine  dn 
Pierre,  elles  repoussaient  unanimement  ses 
vœux  déréglés ,  commença  à  leur  adresser 
des  menaces  horribles,  disant  qu'il  les  ferait 
brûler  vives  et  qu'il  ferait  périr  Pierre  daos 
les  plus  cruels  supplices,  Tetfaçant  ainsi 
de  la  mémoire  des  hommes.  Hais  il  ne  put 
jamais  ébranler  leur  résolution;  elles  dirent 
qu'elles  préféraient  succomber  dans  les  tor- 
tures en  gardant  la  chasteté,  plutêt  que  de 
renoncer  a  Jésus-Christ  à  qui  elles  araieai 
fait  vœu  de  continence. 
La  colère  d'Agrippa  contre  Tapêtre  s'aui;- 


i6J 


UN 


PPRÎ.  111.^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


LIN 


Mi 


mentait  donc  de  plus  en  plus,  elil  grinçait 
(tes  dents  contre  lui,  cherchant  l'occasion  de 
Je  faire  périr.  Et,  sur  ces  entrefaites ,  Xan- 
dippe,  femme  d'Albin,  ami  parliculier  de 
Tempereur,  vint  à  Pierre  avec  d'autres  ma- 
frones  romaines  de  la  première  noblesse. 
Albin  en  ressentit  un  très-vif  chagrin ,  et  il 
menaça  d'infliger  à  Pierre  les  plus  cruels 
supplices;  il  adressait  aussi  à  Xandippe  des 
paroles  pleines  d'injure,  et  s'efforçait  de 
Teffrayer  pour  la  faire  renoncer  à  la  foi.  Et 
s*adressant  à  Agrippa,  avec  lequel  il  était 
uni  par  l'amitié,  il  Tinstruisit  du  chagrin 
que  lui  causait  son  épouse  et  qu'il  imputait 
à  Pierre,  le  priant,  s'il  était  réellement  son 
ami.de  tirer  vengeance  de  l'apôtre,  et  qu'au- 
trement il  se  vengerait  lui-même.  Agrippa 
lui  Bt  répondre  qu  il  éprouvait  lui-môme,  à 
cause  de  Pierre,  des  choses  semblables  et 
encore  plus  fâcheuses.  Albin,  voyant  en- 
suite que  ni  ses  prières  ni  ses  menaces  ne 
])OU?aient  vaincre  la  résistance  de  Xandip- 

Je,  se  concerta  avec  Agrippa  sur  les  moyens 
employer  pour  lîire  tomber  Werre  dans 
nn  piège,  comme  on  prend  un  niseau  dans 
UQ  lacet,  et  pour  le  faire  passer  comme  ma- 
gicien. Et  Xandippe,  ayant  entendu  leur 
conversation,  envoya  è  Pierre  un  messager 
dune  grande  fidélité  pour  lui  recommander 
de  sortir  de  Rome  et  d'échapper  aux  embû- 
ches qu'on  multipliait  autour  de  lui.  Elle 
révéla  les  projets  de  son  mari  et  d'Agrippa 
à  Marcel,  fils  du  préfet  Marc,  qui,  après 
avoir  échappé  à  la  doctrine  empestée  de  Si- 
mon, avait  Gdèlement  et  courageusement 
adhéré  à  Pierre  ainsi  que  ses  frères. 

Le  lendemain  quelques-uns  des  sénateurs 
se  levèrent  dans  la  réunion  du  sénat  et  di- 


la  mort  que  nous  appelons  chaque  jour  par 
nos  gémissements  et  par  nos  soupirs  comme 
étant  rentrée  de  la  vie  qui  doit  nous  con- 
xiuire  au  Sauveur,  ainsi  qu'il  l'a  révélé  lui- 
même.  » 

Tous  les  frères,  ayant  entendu  ces  paro- 
les, se  levèrent  en  disant  :  «  0  mon  père, 
tu  nous  disais  que  tu  étais  prêt  à  souffrir 
la  mort  pour  noire  vie,  et  maintenant  nous 
ne  pouvons  obtenir  de  toi  que  tu  consentes 
à  vivre  encore  quelque  temps,  afin  de  con- 
tribuer à  notre  salut,  jusqu'à  ce  que  nous 
soyons  fortifiés.  »  Et  les  jeunes  gens,  sur 
lesquels  Pierre  exerçait  une   surveillance 

f>articulière  et  qu'il  élevait  avec  soin  dans 
a  foi  et  la  chasteté,  étend  ml  les  mains  au 
ciel  et  se  jetant  à  terre  nommes'  ils  étaient 
frappés  de  mort,  s*écriaienl  en  poussant  de 
grands  cris  :  «  O  Pierre,  plein  de  bonté,  no- 
tre père  et  notre  pasteur,  loi  dont  la  misé- 
ricorde n'est  surpassée  que  par  celle  du  Sei- 
gneur, pourquoi,  après  nous  avoir  si  récem- 
ment engendrés  au  Seigneur  par  la  fontaine 
sacrée,  et  avoir  eu  pour  nous  une  affection 
maternelle,  pourquoi  nous  exposes-tu  aux 
morsures  des  loups  furieux,  déployant  ainsi 
contre  nous  une  rigueur  et  une  sévérité  dont 
tu  n'avais  jamais  donné  d'exemple?  »  Et  les 
femmes,  ayant  couvert  leurs  tètes  de  pous- 
sière, criaient  :  «  Est-ce  donc  là  la  miséri- 
corde que  tu  avais  l'habitude  de  nous 
prêcher  comme  appartenant  à  ton  Sauveur? 
touché  de  piiié  en  vojant  les  larmes  après 
que  tu  Teus  renié,  il  te  pardonna  ta  faute,  et 
maintenant,  en  dépit  des  torrents  de  larmes 
que  nous  versons,  tu  ne  veux  pas  nous  ac- 
corder unpeu  de  temps,  tandis  que  lu  peux 
servir  le  Seigneur  dans  la  chair  et  obtenir 


renl  :  «  Nous  vous  exposons ,  augustes  ma-  ^  la  couronne  éternelle  qui  t'esl  réservée.  » 


gistrals,  que  Pierre,  travaillant  à  la  destruc-  | 
lion  de  la  ville  éternelle,  sépare  nos  femmes 
de  nous  et  qu'il  prêche  nous  ne  savons  quelle 
loi  nouvelle  et  inouïe  jusqu'ici,  v  Et  ils  pro- 


Les  gardes  de  la  prison,  Processus  et  Mar- 
tinianus,  et  les  autres  magistrats  et  officiers, 
priaient  aussi  Pierre,  en  disant  :  «  Seigneur, 
va  où  lu  voudras,  car  nous  croyons  que  Tem- 


voquaient  ainsi  les  autres  sénateursà  s*em-  '  pereur  t'a  oublié;  mais  ce  méchant  Agrippa» 
porter  contre  Pierre  et  à  des  mesures  de  ri-     enflammé  du   dérèglement  de  l'impureté 


gueur.  Agrippa  se  réjouit  de  ce  que  l'occasion 
qu'il  cherchait  venait  s'offrir,  etil  se  fendit  au 
sénat.  Mais  cette  démarche  n'échappa  point 
àPierreetaux  frères,  car  quelques-uns  des  se- 
naieursquiavaientreçu  la  foi  s'empressèrent 
deleurfaireparvenircette nouvelle. Marcel  et 
les  frères  priaient  Pierre  de  s'éloigner,  mais 
Pierre  dit  :  «  Il  ne  convient  pas  aux  fils  et  aux 
frères  que  j'échappe  par  la  fuite  à  des  souf- 
frances endurées  par  Jésus-Christ  pour  noire 
salut,  h  Et  Marcel  et  les  frères  lui  répondi- 
rent en  pleurant  abondamment  :  «  Aie  pitié, 
père  miséricordieux,  des  jeunes  gens  et  de 
ceux  qui  sont  novices  dans  la  foi,  et  ne  nous 
abandonne  pas,  ainsi  qu'eux,  sans  secours 
parmi  la  foule  des  infi^ièles.  »  Alors  Pierre 
Uil  à  ceux  qui  l'invoquaient  :  «  Vous  me 
conseillez  de  fuir  et  de  répandre  ainsi  par 
mnn  exemple  dans  le  cœur  des  jeunes  el  des 
faibles  la  crainte  de  la  souffrance,  tandis  que 
nous  derous  rester  avec  fermeté  attachés  à 
la  parole  de  Dieu  el  conserver  les  fonde- 
ments de  la  sainte  chasteté  que  nous  avons 
]eiés.  Vous  croyez  qu'il  faut  fuir  pour  éviter 


veut  le  perdre.  S'il  obtenait  à  ion  égard  un 
ordre  de  l'empereur,  nous  recevrions  un 
arrêt  de  mort  contre  toi  de  la  part  de  Plau- 
tin,  homme  très- illustre,  qui  t'a  remis  à 
nous  pour  que  nous  te  gardions.  Après  avoir 
fait  sortir,  par  le  signe  de  la  croix,  une 
source  d'un  rocher,  lu  nous  as  baptisés  au 
nom  de  la  sainte  Trinité,  el  depuis  tu  as  joui 
de  ta  liberté, personne  ne  l'inquiétant,  mais 
ce  feu  infernal,  qui  ravage  la  ville,  dévore 
Agrippa.  Nous  te  supplions,  toi  qui  es  le 
ministre  de  notre  salut,  de  daigner  avoir 
égard  à  notre  demande;  lu  nous  as  délivrés 
des  chaînes  des  démons  et  du  péché,  reste 
libre  des  fers  et  des  entraves  dont  nous 
sommes  chargés  d'employer  les  rigueurs,  et 
sors  libre,  aQn  de  travailler  au  salut  de  tant 
de  peuples.  » 

Les  veuves  y  les  ornhelins  et  les  vieillards 
accablés  par  l'Age,  s  arrachant  les  cheveux  « 
se  déchirant  les  joues  et  découvrant  leurs 
poitrines,  disaient  ;  «  Tu  nous  as  guéris  de 
bien  de^  maux,  tu  nous  as  mèmerappelé» 
de  la  mort,  et  maintenant i  père  olein  de 


m 


DICTIONNAIRE  DES  ÂPOCliYPHES. 


4a 


bonté,  tu  veux  te  dérober  à  iiousl  Envoie- 
nous  plutôt  tous  avant  toi,  de  peur  que  nos 
âmes  ne  périssent  lorsqu'elles  seront  privées 
des  bienfaits  de  tes  instructions  et  que  nos 
corps,  dépourvus  de  la  consolalion  de  ton 
assistance,  ne  succombent;  hâte -loi  ainsi 
d  accomplir  ce  que  tu  désires,  de  peur  quV 
près  t*avoir  perdu,  notre  vie  ne  s*éteigne 
misérablement.  » 

Pierre  qui,  dans  sa  miséricorde  extraor- 
drnaire,  ne  pouvait  jamais  voir,  sans  verser 
de  larmes,  les  pleurs  des  affligés,  ne  put 
résister  aui  témoignages  de  douleur  qu*il 
voyait  tout  autour  de  lui  et  il  dit  :  «  Que  nul 
de  vous  ne  vienne  avec  moi  ;  mais  seul  je 
m*élûignerai ,  ayant  changé  de  résolution.  » 
Et,  la  nuit  suivante,  a^'ant  célébré  le  pre- 
mier sacrifice,  il  dit  adieu  aux  fr^^res,  et  les 
recommandant  à  Dieu  en  les  bénissant,  il 

fmrlil  seul.  Et  lorsqu'il  se  mit  en  route,  les 
iens  qui  retenaient  sa  Jambe  se  rompirent. 
Mais  quand  il  voulut  sortir  de  ta  porte  cte 
la  ville,  il  vit  Jésus-Christ  qui  venait  au-de- 
Tant  de  lui,  et  Tadorant,  il  lui  dit  :  «  Sei- 
gneur, où  vas-tu?»  Et  Jésus-Christ  lui  ré- 
pondit :  «  Je  vais  à  Rome,  pour  y  être  cru- 
ciQé  de  nouveau.  »  El  Pierre  dit  :  «  Seigneur, 
est-ce  que  tu  dois  6lre  crucifié  une  se- 
conde fois?»  Et  le  Seigneur  dit  :  «tEn  vérité, 
je  dois  être  crucifié  de  nouveau.  »  Et  Pierre 
dit  :  «  Seigneur,  je  reviendrai  et  je  te  sui- 
vrai. »  Et,  après  avoir  dit  ces  paroles,  le 
Seigneur  monta  au  ciel.  Pierre  l'accompa- 
gna de  ses  regards  en  versant  des  larmes 
ti'ès-douces.  El  ensuite,  revenant  en  lui- 
même,  il  comprit  qu'il  s'agissait  de  sa  Pas- 
sion, parce  aue  le  Seigneur  qui  souiïre  dans 
les  élus  par  fa  compassion  de  sa  miséricor- 
de et  par  réctatdclcur  glorilicalion,  devait 
souffrir  en  lui.  Il  revint  donc  avec  joie  dans 
la  ville,  glorifiant  Dieu,  et  il  raconta  aur 
tfëres  que  le  Seigneur  élail  venu  au-devant 
de  lui  et  lui  avait  déclaré  qu'il  devait  de- 
rechef être  crucifié  en  la  personne  de  son 
apôtre. 

Et  lorsqu'ils  surent  qu'il  devait  mourir,, 
ils  se  mirent  tous  à  pleurer  et  à  pousser  des 
cris,  et  se  livrant  à  leur  douleur,  ils  di- 
ssent: «  Pense  à  tes  brebis,  &bon  pasteur, 
pense  à  ceux  qui,  étant  faibles  dan^  la  foi, 
ont  besoin  de  tes  discours  pour  être  forti- 
fiés; pense  aux  cœurs  chancelants  que  lu 
raffermis.  »  Et  Pierre  leur  dit  :  «  Il  est  facile 
au  Seigneur  de  fortifier  les  cœurs  de  ses 
serviteurs  sans  l'appui  de  mes  humbles  dis- 
cours. Ce  qu'il  a  iiianté,  il  le  fera  croître  ; 
et  il.en  résultera  Jes  plantes  nouvelles.  Moi, 
esclave  du  Seigneur,  je  dois  nécessairement 
exécuter  sa  volonté.  S'il  veut  qu'à  cause  do 
vous  je  retourne  en  prison,  je  m'y  soumets  ; 
et  s'il  a  décidé  que  je  souffrirai  à  cause  de 
son  nom,,  s'il  daigne  m'a4!cuei:iir  en  me 
faisant  passer  par  le  martyre,  je  me  réjouis 
dans  sa  grAce  »  Et  tandis  qu'il  consolait  les 
frères,  leur  adressant  ces  paroles  et  beau- 
coup d'autres^  ils  ne  pouvaient  retenir  leurs 
laroics,  et  roici  qu*Héros  arriva  avec  quatre 
appariteurs  et  dix  autres  hommes,  et  se  sai- 
sissant de  rap6lre  ^  ils  Tarrachèreut  du  mi- 


lieu des  frères,  et  le  conduisirent  garrotta 
devant  Agrippa,  préfet  de  la  ville. 

Agrippa,  le  voyant,  lui  dit  :  «  Tu  montres 
une  grande  audace,  scélérat,  en  séduisant  io 
peu[)lo  comme  tu  le  fais,  et  en  engaj^eani 
les  femmes  à  renoncer  au  commerce  de  leurs 
époux.  Tu  as  osé  également  prêcher  je  ne 
sais  quel  Christ,  et  enseigner  une  doclriLd 
vaine  etinsensée,op()Oséeaux  ri  tes  respectés 
des  Romains,  et  au  culte  de  la  ville  éter- 
nelle. »  Le  visage  de  l'apôtre  devint  alors 
brillant  comme  le  soleil,  et  Pierre  ourraiu 
la  bouche,  dit  :  «  Agrip|)a,  je  vois  à  quoi  ht 
tends,  chef  do  l'impureté,  ami  de  la  souil- 
lure, adonné  è  la  cruauté,  persécuteur  dci 
innocents,  protecteur  des  imposteurs,  fac- 
teur du  mensonge,  demeure  de  Satan.  Tu 
ignores  la  gloire  dans  laquelle  je  me  gV 
nfio,  et  c'est  pourquoi  tu  dis  que  je  meis 
ma  confiance  dans  des  hommes  et  dans  dis 
femmes.»  Et  Agrippa  répondit:  «  Puisque 
tu  sais  que  j'ignore  ce  en  quoi  tu  te  glo- 
rifies,  fais-le  moi  connaître.  » 

Pierre  lui  répondît:  «11  n*est  peur  moi 
d'autre  gloire  que  la  croix  de  Jésus-Cbri^l, 
mon  Seigneur,  liont  je  suis  l'esclave,  y  Et 
Agrippa  dit  :  «  Tu  veux  donc  être  cru(  itié 
Cfimme  le  Seigneur  ton  Dieu  l'a  élé?> 
Pierre  répondit  :  «Je  ne  suis  pas  digne  da 
donner  au  monde  le  spectacle  de  ma  mort 
sur  la  croix  comme  le  Seigneur;  maisja 
désire  et  j'espère  suivre  les  traces  de  sa  Pas- 
sion, à  travers  quelques  supplices  que  ce 
soit,  n^  Alors  le  préfet,  inspiré  par  le  cour- 
roux qui  résultait  de  son  incontinence,  et 
Je  couvrant  du  prétexte  du  zèle  pour  la  re- 
ligion romaine,  ordonna  de  crucifier  l'ai  ô- 
tre.  Et  voici  qu'une  très-grande  réunion  eut 
lieu  aussitôt  de  gens  de  tout  sexe  et  de  tout 
âge,  riches,  pauvres,  veuves,  enfants,  j'Ub- 
sants  et  faibles,  et  ils  criaient  à  haute  voix  : 
«  Pourquoi  Pierre  est-il  mis  à  mort?  Quel 
crime  a-t-il  commis  ?  En  quoi  fait-il  turt  a 
la  cité  7 11  n'est  pas  permis  de  condamner  un 
inn<icent.  N'esl-il  pas  h  craindre  que  Dicii 
ne  venge  la  mort  aun  tel  homme,  et  qu'il 
ne  nous  Casse  tous  périr?  »  Et  le  peuple  sa 
mil  à  s'emporter  contre  Agrippa,  et  il  vou- 
lail  délivrer  Pierre,  et  un  grand  trouble  sa 
répandait  dans  Rome  au  milieu  de  ces  cia* 
meurs. 

Alors  Pierre  s'arrêla  un  peit,  et  montant 
Sur  un  endroit  élevé,  il  invita  par  ses  gesti'> 
le  peuple  au  silence,  et  il  dit  :  t  O  houiiuo 
fidèles  à  Dieu,  et  qui  combattez  pour  Jésus- 
Christ  l  vous  tous  qui  espérez  en  lui,  si  votre 
attachement  pouf  moi  est  véritable,  et  si  vous 
avez  à  mon  égard  i\es  entrailles  d  atTeolioD, 
ne  détournez  (las  celui  qui  va  vers  le  Sei- 
gneur, n'arrêtez  pas  celui  qui  s'emprcb^e 
vers  Jésus-Christ.  Demeurez  dans  l;i  trau- 
quilliié,  et  réjouissez- vous  de  ce  que  jotfro 
avec  bonheur  iùon  sacrifice  au  Seigneur,  car 
Dieu  aime  celui  qui  donne  avec  allé- 
gresse. » 

Lorsque  TapAtre  eut  parlé  ainsi,  le  tumulte 
s'apaisa,  et  le  préfet  ne  fut  pas  inquiété.  Ubc 
grande  partie  du  peuple  désirait  ardemmen-. 
1  attaquer ,  mais  ils  craignaient  d'afllgt. 


165 


LIM 


PART,  m.-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


UN 


KM 


Tapôtre ,  lequel  suivait  l'exemple  de  soa 
Uallre  qui  avait  dit  :  Je  puis  prier  mon 
Père,  et  il  m! enverra^  si  je  te  veuxj  plus  de 
douse  légions  d'anges.  Et  une  foule  im« 
mease  accompagna  Tapûtre  et  les  soldats 
jasqu'à  JVndroh  qu'on  appelle  Naumacliie» 
auprès  de  Tobélisque  de  Néron,  sur  la  iBon- 
(a^ne.  Là  était  placée  une  croix,  et  Tapôtre 
Yojaat  le  peuple  qui  suivait  et  qui  était 
encore  au  moment  de  se  soulever  ,  dit  ; 
t  N'essayez  pas»mesfrères,je  vous  en  prie, 
(l'empécner  mon  offrande.  Ne  vous  emportez 
uoint  contre  Agrippa,  et  n*aycz  pas  de  haine 
à  soo  égard.  Il  est  Tesécuteur  d'une  inspi- 
raliOQ  étrangère.  Le  diable,  abusant  de  la 
permission  du  Seigneur,  est  l'auteur  de  la 
condamnation  de  mon  corps.  Il  regrette  que 
je  lui  aie  enlevé  des  vases  d*ignominie,  et 
qu'ils  soient  devenus  les  réceptacles  de  la 
conlinencejeslemplesdu  Seigneur,  ledomi- 
ciie  de  rhonneur  et  de  la  grâce.  Soyez  donc 
soumis,  mes  frères  et  mestijs,  car  il  m'a  étéaa- 
noncé,  par  unerévélation  venant  du  Seigneor 
Jésus-Christ^  ce  qui  devait  arriver.  Le  dis- 
ciple n'est  pas  au-dessus  du  maître,  ni  l'es- 
claYB  au-dessus  de  son  propriétaire.  Uàlez-r 
Yous  donc,  afin  que,  sortant  de  la  chair,  je 
uie  réunisse  au  Seigneur.  Il  est  temps  que 
j'offre  mon  sacriflce.  Souvenez-vous  des 
miracles  et  des  prodiges,  et  des  guérisons 
nue  vous  avez  vues  et  contemplées ,  et  que 
Jésus-Christ  a  opérées,  en  employant  mon 
ministère.  Les  maladies  de  bien  des  hom- 
mes ont  été  guéries  afin  que  les  Ames  de 
tous  fussent  sauvées.  Les  corps  morts  ont 
été  rappelés  à  la  vie,  afin  que  les  Ames  mor^ 
tes  revinssent  aussi  à  Teiistence.  Mais  pour- 
quoi ces  retards  que  j'éprouve,  et  pourquoi 
esl^ce  que  je  n'approche  point  de  la  croix  ? 
Adieu,  mes  frères,  soyez  patients,  et  con- 
servez ce  que  vous  avez  entendu  ;  je  vous 
recommande  à  Jésus-Clirist.  » 

Et  s'approchant  ensuite  de  la  croix,  il  dit  : 
tO  nom  de  la  croix,  mystère  caché  l  ô  grâce 
ioeffahle  dans  le  nom  de  la  croix  1  O  croix 
qui  as  joint  l'homme  è  Dieu,  et  qui  l'as  sous- 
trait à  la  domination  du  diable  1  O  croix  qui 
représentes,  au  genre  humain  la  passion  du 
Sauveur  du  monde  et  la  rédemption  de 
l'homme  aflTrauebi  de  la  captivité  1  O  croix 
qui,  chaque  jour,,  distribues  aux  peuples  fi- 
dèles les  chairs  de  l'Agneau  sans  tache,  qui 
préserves  le  peuple  dès  aiTreux  poisous  du 
lerpent,  et  qui  montre  sans  relftche  aux  (i- 
dèles  le  phare  entLammé  du  paradis  l  O 
croix  qui  rétablis  chaque  jour  la  paix  entre 
la  terre  et  le  ciel,  qui  présentes  sans  relAcho 
au  Père  éternel  la  mort  du  Médiateur  qui 
est  ressuscité  d'entre  les  morts ,  et  qui  ne 
meurt  plus,  je  souffre  à  cause  de  toi,  et  je 
n'aurai  pas  de  repos  tant  que  je  pourrai  prê- 
cher le  mystère  divin  caché  dans  la  croix. 
0  vous  qui  croyez  en  Jésus-Christ,  que  la 
croix  ne  soit  pas  pour  vous  ce  qu'elle  sem- 
ble. Elle  a  un  sens  caché  qui  ne  se  montre 
pas  aux  yeux.  O  vous  qui  pouvez  m'entcn- 
(Ire  aux  derniers  moments  de  ma  vie,  sé- 
parez vos  Ames  de  toutes  les  apparences  du 
monde,  dirigez-les  vers  ce  qui  est  invisible, 


et  sachez  que  le  mystère  du  salut  s'est  ac« 
compli  en  Jësus-Christ  par  la  croix.  C'est 
un  devoir  pour  loi,  Pierre,  de  rendre  à  la 
terre  le  corps  que  tu  as  reçu  ;  et  l'entre- 
mise de  ceux  à  qui  il  est  donné  de  tuer  les 
corps  est  nécessaire  pour  cet  objet.  « 

Et  il  dit  ensuite  aux  chefs  des  bourreaux  : 
«  Qu'attendez-vous?  Pourquoi  ces  satellites 
me  font-ils  éprouver  tant  de  retards  ?  Ac- 
complissez ce  qui  vous  a  été  ordonné  ; 
dépouillez-moi  de  la  tunique  mortelle,. afin 
que  je  sois  réuni  au  Soigneur.  »  Mi  s'adres-* 
sant  aux  bourreaux,  il  leur  dit  :  *«  Je  vous 
prie,  agents  de  mon  salut,  de  me  crucifier 
la  tète  en  bas,  et  les  pieds  élevés,  car  il  ne 
convient  pas  que  le  dernier  des  servjteurs 
soit  crucifié  comme  le  Seigneur  de  runiver9 
la  été  pour  le  salut  du  monde  entier  ;  ma 
mort  doit  le  glorifier,  et  aussi  afin  que  je 
puisse  touîours  contempler  d'un  œil  atten- 
tif le  mystère  de  la  croix,  et  afin  que  les 
assistants  entendent  avec  plus  de  facilité  ce 
que  je  dirai.  » 

£t  lorsque  ce  fut  fait  comme  il  l'avait 
demandé,  Pierre,  s'adressant  au  peuple  qui 
pleurait,  se  mit  à  le  consoler  du  haut  de  la 
croix,  et  à  l'instruire,  en  disant  :  «  Grand  et 
profond  mystère  de  la  croix ,  et  lien  ineffable 
et  inséparabledelacharité, c'est  parla  croix 
que  Dieu  attire  tout  à  lui.  C*est  le  lien  de 
la  vie  par  lequel  l'empire  de  la  mort  a  été 
détruit.  Tu  m'as  révélé  ces  mystères,  ô  mon 
Dieu  1  Ouvre  aussi  les  yeux  de  tout  ce  pau^ 
pie,  afin  qu'il  aie  la  consolation  de  la  vie 
éternelle.  »  Et  lorsqu'il  eut  ainsi  parlé,  Dieu 
ouvrit  les  yeux  cte  ceux  qui  pleuraient,  et 
qui  versaient  des  larmes  en  voyant  le  mar- 
tyre de  Pierre,  et  ils  aperçurent  des  anges 
qui  tenaient  des  couronnes  de  roses  et  de 
lis,  et,  au  sommet  de  la  croix.,  Pierre  était. 
det}0ut,  recevant  un  livre  des  mains  du  Sei- 
gneur, et  y  lisant  les  paroles  qu'il  faisait 
entendre.  £t  à  cet  aspect  ils  se  mirent  tous 
à  se  réjouir  dans  le  Seigneur  ;  et  les  incré- 
dules et  les  bourreaux  qui  les  avaient  vus 
tristes  et  désolés,  les  voyant  pleins  de  joie, 
perdirent  soudain  courage,  et  disparurent 
comme  do  la  fumée. 

Et  Pierre  ,  reconnaissant  que  sa  gloire 
avait  été  manifestée  aux  yeux  de  ceux  qui 
pleuraient  précédemrneut,  rendit  grAces  aa. 
Seigneur  Jésus-Christ,  et  dit:  «Seigneur, 
toi  seul  as  pu  avec  raison  être  crucitié  sur 
un  gibet  élevé,  toi  qui  as  racheté  le  monde 
entier  du  pérhé  ;  j'ai  cherchée  t'i miter,  mê- 
me dans  la  passion,  mais  je  n'ai  pas  pré- 
tendu aux  honneurs  du  crucifiement  tel  que 
le  tien,  car  nous  sommes  des  pécheurs,  les 
enfants  d'Adam  qui  n'était  qu'un  homme,, 
toi  seul  es  Dieu,  venant  de  Dieu,  et  la  vraie 
lumière  venant  de  la  vraie  lumière  avant, 
tous  les  siècles  et  dans  la  fin  des  siècles.  Ta 
as  daigné  devenir  homme  pour  tous  les 
hommes,. sans  participer  à  la  souillure  de 
l*homme,  et  tu  es  le  glorieux  rédempteur  de 
l'homme.  Tu  es  toujours  droit,  toujours  éle- 
vé, toujours  puissant.  Nous  sommes ,  selon 
la  chair,  les  fils  du  premier  homme  qui  est 
reiXù  fittaché  à  la  terre,  et  sa  chute  siguifie 


161 


DICTIONISAIRË  DES  APOCRYPHES. 


4CI 


Il  corruption  de  la  race  humaine.  Nous 
naissons  de  manière  à  paraître  ne  pas  pou- 
voir nous  élever  au-dessus  de  la  terre ,  et 
•incapables  de  discerner  ce  qui  doit  être  à 
drrnle  dece  qui  doitètre  è gauche  ;  mais  toi» 
Seigneur,  tu  délivres  les  hommes,  de  même 
que  par  tes  prédications,  tu  as  sauvé  les  Is- 
raélites qui  étaient  au  moment  de  périr. 
Vous,  mes  frères,  qui  êtes  disposés  à  m*é- 
couter,  ouvrez  les  oreilles  de  votre  cœur  et 
faites  atteption  à  ce  qui  doit  vous  être  an- 
noncé, c*est-à-dire  au  mystère  de  toute  la 
nature  et  au  commencement  de  tout  ce  qui 
est  établi;  le  premier  homme  è  l'espèce  au- 
quel j'appartiens,  ayant  la  tête  baissée  vers 
Ja  terre,  montra  ainsi  la  perte  de  sa  race,  car 
elle  était  morte  et  n'avait  plus  de  mouve- 
ment de  vie.  Mais  le  deux>ème  appelé  par 
sa  miséricorde  vint  dans  ce  monde  prenant 
une  substance  corporelle;  il  vint  vers  celui 
que  par  une  sentence  équitable  il  avait 
courbé  vers  la  terre,  et,  attaché  à  la  croix, 
il  le  régénéra  par  ses  souffrances, et  il  nous 
rendit  ce  qui  avait  été  donné  à  l'homme 
Avant  sa  chute.  O  tous,  mes  bien-aimés,qui 
in'écoutez  et  que  mes  paroles  peuvent  con- 
«luire  à  la  perfection  et  à  la  piété,  vous  qui, 
revenus  de  votre  première  erreur,  êtes  en- 
trés dans  la  région  très-sûre  de  la  foi,  main- 
tenez-vous dans  la  persévérance  et  tendez 
au  repos  de  la  vocation  céleste;  Jésus-Christ 
est  la  voie  dans  laquelle  vous  devez  mar- 
cher. Il  faut  donc  avec  Jésus-Christ,  le  Dieu 
véritable,  monter  sur  la  croix  qui  a  été 
iransformée  pour  nous  en  un  discours  so- 
lide et  vivant.  C'est  pourquoi  TEsprit-Saint 
I»  dit  :  «Le  Christ  est  la  parole  et  la  voix  de 
Bicu.v  La  parole  signifie  ce  bois  sur  lequel 
je  suis  crucifié.» 

Et  après  avoir  dit  ces  mots  d*un  air  se- 
rein et  joyeux,  l'apôtre  s'écria,  en  se  met- 
tant en  prière  :  •  Seigneur  Jésus-Christ,  tu 
m'as  fait  connaître  ces  paroles  dévie,  et  ie 
«e  rends  grA<;es  de  ce  que  tu  m'as  révélé 
ce  que  je  devais  dire  sur  la  croix.  Je  te  rends 
gr<1ces,  non  de  ce  cœur  qui  se  laisse  parfois 
aller  à  des  sentiments  condamnables,  non 
de  ces  lèvres  attachées  h  la  chair,  non  de 
cette  langue  qui  articule  le  faux  comme  le 
▼rai,  non  de  ces  paroles  qui  sont  produites 
))flr  les  moyens  de  la  nature,  mais  je  le  re- 
mercie, 6  bon  lloi  t  en  te  faisant  entendre 
celte  voix  que  le  silence  n'empêche  pas  de 
comprendre,  qui  ne  s'exprime  point  par  les 
organes  d'une  chair  périssable,  qui  n'appar- 
tient point  à  la  terre,  qui  ne  s*écrit  point 
danades  livres,  et  à  la«juelle  tout  ce  qui  est 
matériel  est  étranger;  c  est  de  cette  voix  spi- 
rituelle que  je  te  rends  grâces,  Seigneur  Jé- 
sus, 6  mon  Maître  1  c*est  par  elle  que  je 
viens  à  toi,  que  je  te  comprends,  que  je 
t'appelle,  que  je  t'aime,  que  je  te  possède. 
Seigneur,  tu  es  pour  moi  un  père  plein  de 
bonté  et  l'auteur  de  mon  salut.  Tu  es  mon 
désir,  mon  rafraîchissement,  ma  satiété. 
Tu  es  tout  pour  moi  et  tout  est  en  toi  pour 
cioi  ;  tu  es  tout  à  moi,  et  tout  ce  qui  existe, 
tu  l'es  pour  moi.  C*est  en  toi  que  nous 
vivons,  que  nous  nous  mouvons  et  que  nous 


sommes.  Et  c'est  pourquoi  nous  devons  te 
regarder  comme  étant  pour  nous,  afln  que 
tu  nous  donnes  ce  que  tu  nous  a  premis, 
ce  que  l'œil  n'a  point  vu,  ce  que  l'oreillen'a 
point  entendu,  et  ce  qui  n*a point  pénétré 
dans  le  cœur  de  l'homme  ;  c  est  ce  que  ta 
as  préparé  pour  ceux  qui  t'aiment.  Garde 
ces  trésors  pour  tes  serviteurs  ;  garderies 
et  distribue-les-leur,  car  tu  es  le  Pasleor 
éternel  et  souverainement  bon,  le  vrai  Fils 
de  Dieu.  Je  te  recommande  les  brebis  que 
tu  m'as  confiées.  Remets-les  en  ton  bercail, 
et  protége-les.  Tu  ea  le  pâturage  et  la  réfec- 
tion éternelle.  A  toi  gloire  avec  le  Père  et 
TEsprit-Saint,  maintenant  et  dans  tous  les 
siècles  des  sièclea.  i» 

Et  le  peuple  entier  ayant  répondu  à  haute 
voix  :  Amen,  Pierre  rendit  TespriU 

Aussitôt  Marcel,  sans  attendre  aoenne 
autorisation,  et  voyant  que  l'apêtre  était 
expiré,  détacha  de  la  croix  le  corps  sarré 
et  le  lava  avec  du  lait  et  du  vin  précieux.  Et 
prenant  de  la  myrrhe,  de  l'aloës  et  d*autri^ 
aromates^  il  l'embauma  avec  grand  soin,  et 
il  le  plaça  dans  un  sarcophage  tout  neuf 
qu'il  remplit  de  miel  de  TAttique.  Et  o^lte 
même  nuit,  tandis  aue  Marcel  veillait  auprès 
du  sépulcre,  et  quil  pleurait  par  suite  de 
son  regret  amer  (  car  il  avait  résolu  de  ne 
pas  s'éloigner  de  toute  sa  vie  du  sépulcre 
de  son  maître  chéri),  le  bienheureux  Pierre 
vint  Yers  lui.  En  le  voyant,  Marcel,  tout 
ému,  courut  au-devant  de  l'apôtre,  et  celui- 
ci  lui  dit  :  <i  Mon  frère  Marcel,  est-ce  que 
tu  n'as  pas  entendu  la  parole  du  Seigneur  : 
Laissez  les  morts  ensevelir  leurs  morts?  t  ïl 
Marcel  dit  :  «Cher  maître  ,ie  l'ai  enlendae.» 
Aiors  Pierre  répondit  :  «  N'agis  pas  comme 
si,  déjà  mort,  tu  avais  enseveli  un  mort,  mais 
tel  qu'un  être  vivant,  réiouis-toi  avec  inn 
ami  qui  vit.  Va  prêcher  ce  que  tu  as  appris 
de  moi,  et  enseigne  le  roy.iume  de  Dieu.  > 

Et  Marcel  instruisit  les  frères  de  ce  doot 
il  avait  été  témoin,  et  la  foi  de  ceui  <;"> 
croyaient  en  Dieu  fut,  |Mir  l'intercession  de 
saint  Pierre,  1  confirmée  au  nom  de  J*^^us- 
Christ  Notre-Seigneur  et  dans  la  saDcliti<3- 
tionde  l'Elsprit-Sâint. 

Néron  ayant  appris  le  supplice  de  Pierre, 
fut  irrité,  [larce  qu'il  avait  dit  de  renfermer 
l'apôtre,  et  non  de  le  mettre  à  mort,  et  n 
ordonna  de  se  saisir  d'Agrippa,  coui)able 
d'avoir  fait  périr  l'apôtre,  et  il  voulut  le 
faire  expirer  dans  les  supplices.  Mais  A|^ip|*>a 
obtint,  par  l'intervention  de  ses  amis,  de 
rester  chez  lui,  privé  de  ses  honneurs  et 
éloigné  do  la  cour,  et  la  colère  de  Tempe- 
reur  fut  ainsi  apaisée  ;  mais  il  n^écliappa 
pointa  la  vengeance  divine,  et  il  mourut 
après  en  avoir  ressenti  les  effets  d*uoo  ma- 
nière terrible.  Le  féroce  Néron  tourna  alor< 
ses  pensées  vers  la  persécution  de  ceux  qu'il 
sut  avoir  été  les  adhérents  du  bienheureui 
Pierre,  mais  l'apôtre  instruisit  les  frère* 
par  une  révélation,  et  leur  conseilla  d'en- 
ter l'empereur  comme  une  bête  sauvage.  Et 
Néron  eut  une  vision  qui  lui  montra  sa>ot 
Pierre  cruellement  flagellé  par  son  onlrei 


m 


UAG 


PART.  IlL-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


M\G 


470 


el  il  entendit  une  voix  qui  disait  :  «  Impie, 
cesse  de  porter  tes  mains  sur  les  serviteurs 
de  Notre-Sei^neur  Jésus-Christ  que  tu  ne 
saurais  plus  avoir  en  ton  pouvoir.  »  L'empe- 
reur, épouvanté,  resta  plus  tranquille,  etjlea 
frères  se  livraient  à  Tallégresse  et  à  la  joie 


dans  le  Seigneur»  fortifiés  fréquemment  par 
la  vision  uu  bienheureux  ap&tro  Pierre,  et 
ils  glorifiaient  Dieu  le  Père  très-puissant  et 
le  Seigneur  Jésus-Christ  avecTEsprit-Saint. 
A  lui  gloire,  puissance  et  adoration  dans  les 
siècles  des  siècles.  Amen. 


LOT. 


Le  P.  Labbe,  dans  ses  notes  sur  les  An- 
nala  de  Michel  Glycas  (Paris,  1660,  in-fo- 
lio), donne,  d'après  un  manuscrit  du  collège 
(ieClermont,  quelques  détails  apocryphes 
sur  ce  patriarche. 

Abraham  l'envoya  aux  sources  du  Nil, 
pour  y  chercher  trois  espèces  différentes  de 
bois,  mais  avec  l'intention  qu'il  serait  dé- 
voré par  les  bétes  féroces.  Lot  revint  eu 
fort  peu  de  temps,  apportant  avec-  lui  des 
morceaux  de  cyprès,  de  pin  et  de  cèdre. 
Abraham,  étonné,  reconnut  que  la  protec- 
tion divine  s'était  étendue  sur  son  parent,  et 
il  loua  le  Seigneur.  Tous  deux  gravirent  la 
montagne,  et  Abraham  planta  les  trois  mor- 
ceaux de  bois,  en  forme  de  triangle;  il  or- 
donna è  Lot  d'aller  chaque  jour  puiser  de 
1  eau  dans  le  Jourdain  et  de  les  arroser.  La 
montagne  était  éloignée  du  Jourdain  de 
vingt-quatre  milles;  au  bout  de  trois  mois, 
les  arbres  fleurirent  ;  Lot  alla  en  prévenir 
Abraham  qui  vint  et  qui  reconnut  que  les 
trois  morceaux  s'étaient  réunis  en  un  tronc 
unique,  doQt  les  racines  seules  étaient  sé- 
parées de  divers  côtés.  £t  Abraham,  recon- 
naissant ce  miracle,  se  prosterna,  la  face 
eonlre  la  terre,  et  adora  le  Seigneur,  et  il 
dit  :  «  Ce  bois  sera  l'abolition  du  péché,  v 
Et  l'arbre  grandit  et  dura. jusqu'au  règne  de 
Saloaion.  Et  de  là  Abraham  eut  la  confiance 


que  Lot  avait  obtenu  le  pardon  de  son  pé- 
ché. Lorsqu'il  fut  question  de  construire  le 
temple  de  Jérusalem,  cet  arbre  fut  du  nom- 
bre de  ceux  que  Ton  coupa,  et  après  avoir 
é'é  abattu,  il  resta  sans  emploi  dans  le  tem- 
ple, par  un  eflet  de  la  volonté  de  Dieu,  et 
lorsque  Jésus-Christ,  notre  Dieu,  dut  souffrir 
pour  le  salut  du  monde,  ce  fut  sur  cet  arbre 
qu'il  fut  crucifié  par  les  Juifs. 

Hermann  van  Hardt  (m  Ephemeridibu» 
philologiciSf  p.  90)  cite  des  rabbins  qui  ont 
dit  qu'une  des  filles  de  Lot  s'appelait  Plu- 
tith  et  que  sa  femme  se  nommait  Ëditt),  mot 
qui,  en  hél)reu,  signifie  lémo'in  {velut  testem 
dicas^  stuUitiœnimirum  et  imprudentiœ  femi* 
ntn(F).£llefutchafigéeencolunnedesel.(6ren. 
XIX,  26.)  Fabricius  (iCod.  pseud.  Vet.  Test.^  1. 1, 
p.  W2)  renvoie,  à  cet  égard,  aux  commen- 
tateurs de  la  Genèse,  h  J.-J.  Schudt  (Fû^o- 
ria  Judaica,  p.-322>,  à  Paul  Coloraies  (Opera^ 
p.  631),  à  Ph.  Barlholin  {De  morbis  biblicis, 
p.  5>;  aux  dissertations  de  J.  Saubert,  S. 
Scheloih,  C.  Grumm,  et  H.  G.  Marius;  au 
discours  de  H.  Pontanus  {De  sale  sacrificio- 
rum,  Utrerhl,  1703);  aux  ExercUation^ 
d'Herman  Wilsius,  etc.  Plus  tard  il  a  paru, 
en  Suède,  une  dissertation  de  O.  Westman: 
De  statua  salifia  uxoris  Lothi,  Upsal.  1763, 
in-4*;elle  se  rencontre  bien  rarement  ea^ 
France. 


m 

MAGES   (LES  ROIS). 


Des  légendtîs  apocryphes  se  soni  multi- 
pliées au  sujet  de  ces  personnages  dont  PE- 
vangile  ne  parle  qu'en  termes  succincts.  Un 
écrivain  anglais,  W.  Sandys,  auteur  d'un 
Ud  ouvrage  sur  les  Noëls  {ChristmasCarols^ 
Londres,  1833,  8"  p.  Ixxxiii)  signale  auel- 
ques-unes  des  circonstances  rapportées  à 
r^t  égard  dans  des  manuscrits  conservés  au 
musée  britannique. 

Durant  le  voyage  qui  dura  douze  jours, 
ils  ne  prirent  ni  repos,  ni  nourriture;  le 
besoin  ne  s'en  fit  pas  sentir,  et  celte  période 
leur  sembla  n'avoir  que  La  durée  d'un  jour. 
Plus  ils  approchaient  de  Bethléem,  plus  l'é- 
toile brillait  avec  éclat;  elle  avait  la  forme 
d'un  aigle,  volant  à  travers  les  airs  et  a^i  • 
tant  ses  ailes;  au-dessus  était  une  croix. 
Melchior  oITrit  trente  pièces  d'or  frappées 
par  Terah,  le  père  d'Abraham  ;  Jose()n  les 
avait  données  en  payement  au  trésorier  du 
royaume  de  S^ba  ctimrae  le  prix  des  par- 
fums qu'il  avait  employés  è  embaumer  le 


corps  de  Jacob,  et  la  reine  d6  Saba  les  avait 
présentées  è  Salomon. 

Une  ancienne  tradition  rapporte  que  les 
trois  rois  furent,  dans  leur  vieillesse,  bapti- 
sés par  saint  Thomas. 

En  fait  de  récits  apocryphes  du  même 
genre,  nous  signalerons  aussi  les  paroles 
d'un  écrivain  du  xu*  siècle  : 

Sunt  qui  dicunt^  stellam  Magorumy  suo 
compléta  ministeriOf  inputeum  cecidisse  Be- 
tiilehemeticum^  et  illic  eam  introvideriautu- 
mant.  (Gervais  de  Tilbury,  Otia  imperialxa^ 
p.i,éd.  1856.)  Grégoire  de  Tours  (Afiraclib. 
1, 1),  donne  de  plus  amples  détails  :  Est  autem 
in  Bethlehemputeusmagnus  dequo  Mariaglo^ 
riosa  aqwtmfertur  hausisse;  ubi  sœpiusaspi' 
cientibus  miracuium  iliustre  monstratur^  id 
est ,  Stella  ibi  mundis  cordef  quœ  apparuit 
MagiSf  osienditur.  Venientibusdevotisac  re* 
cumbentibus  super  os  putei  operiuntur  linteo 
capita  eorum.  Tune  ille  cujus  meritum  ofrlî- 
nuerit,  videt  slelhûi  ab  uno  parie  te  putei  su- 


471 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


471 


per  aquas  (rannnigrare  adaliumy  in  illo  mo- 
do^ quq  iolent  iuper  cahrum  circulo  stellœ 
transférri.  Et  eum  muhi  aspictunt  ab  illi$ 
ianlumvidetur^  quibus  est  mens  sanior.  Non^ 
nulfos  vidi  qui  eam  ascribuntse  vidisse.  iVu- 
perautem  aiaconus  noster  retutit^  quod  cum 
quinque  viris  aspexit^  sed  duobus  tantum  ap' 
pafuit. 

On  trouve  une  narration  è  peu  près  sem- 
blable dans  la  relation  d*un  voyageur  alle- 
mand, Félix  Faber»  qui  visita  la  Terre-Sainte 
au  xv'siè.Je.  [Evagatorium^  1. 1,  p.  khS^  Stutt- 
garl,  18W,  3  vol.  iq-8".) 

D'après  quelaues  auteurs,  entre  autres 
Pierre  de  Natolious  (lib.  ii  Catalogi  sancto-^ 
rum),  Gaspar  avait  soixante  ans,  fialthazar 

3uaranle,  Melchior  vingt.  Ce  n*est  qu*è  une 
atcassezmodernequ*on  a  commencé  à  don- 
ner è  Tun  d*eux  les  traits  d*un  nègre.  Yoy. 
Molanus,  De  historia  S.  S.  imaginum  (Lour 
vain,  159!^,  1.  m,  c.  3). 

En  fait  de  productions  dramatiques  rela- 
tives à  l'histoire  des  Mages,  nous  citerons  : 

Le  Geu  des  trois  roys  qui  alèrent  adourer 
Nostre  Seigneur  Jhésucrist^  composition  qui 
fait  partie  des  Mystères  inédits  du  xv*  siècle, 

Subliés  par  M.  Achille  Jubinal,  Paris,  1837, 
vol.  iu-S"*.  (Voy.  le  Dictionnaire  des  mystères^ 
Migne,  1851^,  col.  976.) 

Le  Mystère  des  trois  Mages^  par  Jean  d'A- 
bondance, royal  notaire  de  la  ville  du  Pont- 
Saint-Esprit.  —  Cette  pièce  ne  paratt  pas 
livoir  été  imprimée,  mais  on  en  conserve  iies 
copies  dans  les  cabinets  de  quelques  biblio- 
philes. (Voy.  le  Dictionnaire  des  Mystères^ 
col.  978.) 

Comédie  de  l'adoration  des  trois  rois  à  Je- 
fus-Christ,  Cette  pièce  fait  partie  du  volume 
()e  poésies  de  la  reine  de  Navarre ,  sœur  de 


François  I",  publié  sous  le  titre  de  :  Jfdr. 

Î mérites  de  la  marguerite  des  princesses,  (Voy, 
e  même  Dictionnaire^  col.  979.) 

Sur  des  légendes  relatives  aux  rois  mages 
Voy.  Sandys,  Christmas  Carols  (Loodoo, 
1833),  introduction^  p.  lxxxiu  et  suiv. 

Several  old  rass.  relating  to  their  bistory 
are  in  the  bristish  Muséum.  In  tbe  course 
of  their  journey  which  lasled  for  13  days, 
the  neither  took  nor  required  res  or  refrôs* 
hment,  it  seemed  to  them  us  one  day.  The 
nearer  Ihey  approachedt  the  brigbter  the 
star  shone.  It  was  said  to  be  as  an  eagle 
flying  and  beating  the  air  with  bis  wings 
and  nad  within  it  the  form  and  likencss 
of  a  young  child,and  above  him  the  sign  of 
a  cross.  Melchior  ofTered  thirly  pièces  o( 
gold  ;  coined  by  Tirah,  the  father  of  Abra- 
ham. Joseph  paid  them  to  the  trea^ury  of 
Sheba  for  spices  to  embalm  Jacob.  Thu 
quocn  of  Shcba  gave  them  to  Saloroon.  Tli^ 
tbree  kings  werc  baptizcd  io  .their  old  a^e 
by  saint  Thomas. 

Voy.  également  sur  les  Mages,  Didron, 
Sîanùel  d* iconographie^  18V5,  p.  159;  J.  C. 
Mayr.  Hist,  Magorum  Christum  adorath 
tium,  Altorfi,  1688,  in-V.  Histoire  des  trois 
rois  Mages  en  lii-6  chapitres,  mss.  du  xv*  siècle 
{Cat.  des  mss,  de  la  bib.  do  Cambray,  p.  128.) 

A  la  cathédrale  d'Amiens,  les  médaillons 
qui  composent  la  légende  des  Mages  sont 
fort  curieux  ;  il  faut  recourir,  pour  les  cotr 
prendre,  à  des  traditions  tout  a  fait  oubliée*, 
aujourd'hui.  Un  de  ces  bas-reliefs  les  repré- 
sente regagnant  leur  patrie  par  mer. 

On  trouve  dans  laCAront^ue  armenienni 
de  Telniahar,  publiée  par  Tullberg,  Uusal, 
1850,  de  longs  détails  sur  les  Mages 


MANICHEENS. 

(Evangile  des  manichéens.) 


Titus  de  Boslra.  dans  son  Traité  contre  les 
pianicMens  ^49*2-93],!.  m  {Voy,  làBibliolheca 
Patrum^  t.  iV,  p.  ii,  col.  2^9),  dit  que  les 
manichéens,  ayant  retranché  des  Evangiles 
ce  qiii  ne  leur  convenait  pas,  et  y  ayant  en 
revanche  fait  des  additions,  avaient  ainsi 
composé  un  livre  qu'ils  avaient  qualifié  d*E« 
▼angile.  A.  ce  sujet,  Beausobre  [Histoire  du 
manichéisme  t  t.  I,  p.  803)  pense  que  ce 
devait  être  le  J>iatessaron  de  Tatieo,  ou  TE- 
vangile  selon  les  Syriens  ;  et  il  ajoute  :  «  Les 
manichéens  avaient  des  raisons  particuliè- 
res pour  préférer  cet  évangile  à  d'autres  ; 
car  Tatien  était  à  peu  près  dans  les  mêmes 

Erincipes  au'eux  sur  le  mariage,  sur  le  céli- 
at  et  sur  l'abstinence  des  viandes,  et  on  ne 

(492-93)  C«*t  ouvrAffe  était  divisé  en  quatre  livres  ; 
une  parité  du  iroUieme  et  le  quatrième  ne  nous 
tout  point  parvenus.  €e  qui  en  reste  a  été  publié 
pour  la  première  fois  en  laiin  d'après  la  traduction 
de  Turrian,  dans  les  Leetiones  antiques  de  €anisius 
(Ingolitadi,  ld01-t6CM,6  vol.  m-4',  t.  ?.  p.  36):  le 
lesta  grec  a  été  mit  au  Jour  dans  Féditioa  que  Bai- 
page  a  d^miée  de  cet  Lectionet  (Anvers,  I7i5,  7 


trouvait  dans  son  Biatessaron^  ainsi  qu^ 
le  dit  Théodoret  (Hœret.  fab.^  1. 1,  c.  iO,,  m 
la  généalogie  de  Jésus-Christ,  ni  aucun  des 
témoignages  qui  montrent  que  le  Seigneur 
est  sorti  do  la  race  de  David,  selon  la  cbair.t 

Il  n'est  rien  parvenu  d'ailleurs  de  la  pro- 
duction dont  se  servaient  les  manichéens. 

Saint  Léon  le  Grand  accuse  ces  béréli- 
ques  d'altérer  l'Ecriture  sainte  :  Manichœiip- 
$asevangelicas  et  apostolicas  paginas^  gutniam 
auferendo  ,  et  qwrdam  inserendo^  vitiarunt, 
(Serm.  34..)  Il  en  dit  autant  des  prisciliitois- 
tes  :  Unde  si  quis  episcoporum  $ub  canonico- 
rum  nomine  eos  codices  m  ecclesia  permis»  r^t 
legif  qui  Priscilliani  adulterina  sunt  emendù' 
tionc  tftta/t,  hœreticum  te  noterit  judican- 

vol.  in-folio,  1. 1,  p.  59)«  et  dans  la  Bibliotkeea  Cr^^- 
Latina  teterum  Patrum,  deGultandi  (Venise,  ^1^ 
4781,  U  vol.  in-folio,  t.  V,  p.  69).  FatHiauv» 
inséré  les  arguments  des  quatre  livret  dtns  m  Ih- 
tlhtheca  Graca ,  t.  Y,  p.  295.  Nout  n'tvon^  pts 
betoin  de  mentionner  ici  les  autretécriit  éeiiun; 
ce  prélat  mourut  Tan  371. 


473 


MAa 


PART,  lil.—  LEGEfiDES  JiT  FRAGMENTS. 


MAH 


m 


dum.  (Episl.  15.|  Beausobre  se  trompe  lors-     lérés,  mais  ils  ne  les  alléraient  pas,  »  (tfnl 
qu'il  dit:  «  Les  Manichéens  soutenaient  que     des  mmich.f  t,  I,  col.  341.) 
les  lirres  du  nouveau  Testament  étaient  al- 


MARC    (SAINT). 


Les  Bollandistes  (addiem^^Aprilis,  p.  3U) 
ontpubliéf  eu  grec  et  en  latin,  les  actes  de  la 
vfe  et  du  martyre  de  saint  Marc,  fiède  les  a 
5uivis  dans  ce  qu*il  a  dit  de  cet  évangéliste, 
et  ils  se  trouvent  presque  mot  à  mot  dans 
la  Chronique  orientale  d'Ecchellctisis.  Dom 
Ceiilier  dans  son  Histoire  des  auteurs  ecclé» 
siastiques^  t.  I,  p.  492,  remarque  qu'on  ne 
peut  plus  douter  de  leur  antiquité.  Il  y  a 
jjea  de  croire  qu'ils  contiennent  plusieurs 
faits  véritables  de  la  vie  de  saint  Mare,  que 
fauteur  avait  appris  de  la  tradition  conser- 


vée dans  l'Eglise  d'Aleiandrie.  Il  v  a  toute- 
fois bien  des  choses  fabuleuses,  il  est  dit, 
pareiemple,  que  saint  Marc  voyant  que  son 
soulier  s'était  rompu  lorsqu'il  entra  à  Alexan- 
drie, dit  que  son  voyage  était  agréable  à  Dieu. 
El  ensuite  qu'un  jour  leSauveur  apparut  k 
saint  Marc  dans  I9  même  forme  et  avec  les 
mômes  habits  qu'il  avait  lorsqu'il  conver- 
sait avec  ses  disciples  avant  sa  Passion,  et 
qu'il  lui  dit  :  La  paix  soit  avec  toi^  MarCf^ 
notre  évangéliste.' 


HISTOIRE  DE  SAINT  MARC  L'ÉVANGÉLISTE, 

par  un  auteur  inconnu^ 


A  répoque  où  les    arôtres  étaient  dis- 

Siersés  dans  le  monde  entier,  le  bienheureux 
larc  fut  amené  par  la  volonté  divine  dans 
la  terre  d'Egypte,  où  les  saints  canons  ca- 
tholiques et  apostoliques  le  reconnaissent 
pour  évangéliste.  Car  il  avait  le  premier 
prêché  l'Evangile  et  la  venue  de  Notre-Sei- 
gneur  Jésus-Christ  dans  toute  l'Egypte,  dans 
la  Libye,  la  Marmorique  et  la  Pentapole* 
Tous  les  habitants  de  ces  pays  étaient  incir- 
concis et  adorateurs  des  idoles,  et  ils  fabri- 
quaient des  images  des  faux  dieux  ;  des  prati- 
ques très-coupables  étaient  répandues  par- 
mi eux,  ainsi  que  des  enchantements,  et 
toutes  les  erreurs  que  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ  a  détruites  et  renversées  par  son 
avènement,  florissaienlchez  eux.  Le  vénétia- 
l)le  évangéliste  Marc,  étant  venu  è  Cyrène» 
qui  est  une  des  villes  de  la  Pentapole,  y 
trouva  une  foule  d'idolfltres,  et,  prêchant  la 
parole  divînci  il  guérissait  les  malades  et 
les  lépreux ,  et  chassait,  par  la  gr&co  de 
Jésus-Christ,  les  esprits  impurs;  beaucoup, 
touchés  de  ses  discours,  crurent  au  Seigneur 
Jcsus-Christ,et,brisant  leurs  idoles,  ils  reçu- 
rent de  lui  le  baptême  au  pom  du  Père,  du  Fils 
et  du  Saint-Esprit.  Il  lui  fut  ensuite  révélé 
par  rEsprit'Saint  qu'il  devait  aller  à  Alexan- 
drie et  y  porter  la  boqne  semence  et  la  pa- 
role divine.  Le  bienheureux  évangéliste, 
semblable  à  un  vigoureux  athlète,  se  rendit 
avec  empressement  au  lieu  du  combat.  Et 
il  dit  aux  frères  :  «  Le  Seigneur  m'a  com- 
mandé d'aller  à  Alexandrie.  i>  Ils  raccompa- 
gnèrent jusqu'au  navire,  et,  mangeant  le 
pain  avec  lui,  ils  prirent  congé  de  lui,  distant: 
««Que  le  Seigneur  Jésus-Christ  t'accorde  un 
voyage  prospère.  «  Le  vénérable  Marc  arriva 
h  Alexandrie  le  second  jour.  Et,  en  entrant 
dans  la  ville  ,  son  soulier  se  déchira  ,  et  le 
bienheureux  apôtre,  comprenant  ce  que  cela 
siguiGait,  dit  :  «  Vraiment  mon  voyage  est 
ttrmin^.  ^  Et  voyant  un  homme  qui  réua- 


rait  les  vieilles  chaussures,  il  lui  donna  la 
sienne  pour  qu'il  la  remit  en  état,  et  cet 
homme  se  blessa  à  la  main  droite  pendant 
son  travail,  et  il  s'écria  :  «  Il  n'y  a  qu'un 
Seigneur.  )«  Le  bienheureux  Mare,  enten- 
dant qu'il  avait  dit,  il  n'y  a  qu'un  Seigneur^ 
se  réjouit  en  lui-même,  et  dit  :«  Le  Seigneur 
rend  mon  voyage  prospère.  »  Et  crachant 
par  terre,  il  oignit  la  main  de  cet  homme  , 
disant  :  «Au  nom  de  Jésus-Christ,  Filsde 
Dieu...  V  Et  aussitôt  la  blessure  fut  guérie. 
Et  l'ouvrier  considérant  la  puissance  du 
bienheureux  Marc  et  la  sagesse  de  sa  vie , 
lui  dit  :  «  Homme  de  Dieu,  je  te  prie  d'en- 
trer dans  la  maison  de  ton  serviteur  et  de 
manger  le  pain  avec  moi,  parce  qu'aujour- 
d'hui tu  m'as  fait  miséricoroe.  » 

Le  Lûenheureux  évangéliste  répondit  avec 
joie  :  «  Que  le  Seigneur  te  donne  le  pain  de 
vie  venantdu  ciel.  >»  Eil'ouvrier,  plein  d'allé- 
gresse,  amena  l'apôtre  i»nson  lo^is.  Et  quand 
saint  Marc  fut  entré,  il  dit:  «  Que  la  béné- 
diction du  Seignenr  soit  sur  vous  tous  ; 
urions,  frères,  >et  ils  prièrent  ensemble.  Et 
rouvrierdil  alors  :  «  Doù  viens-tu,  et  com- 
ment ta  parole  a-t- elle  autant  de  puissance?» 
Et  le  bienheureux  Marc  répondit  :  x  Je  suis 
Tesclave  du  Seigneur  Jésus-Christ,  Fils  du 
Dieu  vivant.  »  Et  l'ouvrier  dit:  «Je  voudrais 
ïe  voir.»  Le  bienheureux  Marc  rénondit:  «  Je 
vais  te  le  montrer,  v  £t  il  se  mit  a  expliquer 
TEvangile  de  Jésus-Christ,  à  dire  ce  que  les 
prophètes  avaient  annoncé  au  sujet  du  Sau- 
veur. Et  l'ouvrier  dit:  «(Je  n'ai  jamais  entendu 
parler  des  Ecritures  dont  lu  parles,  mais  je 
connais  VJliade  et  ÏOdyssée^  que  les  enfants 
des  Egyptiens  s'appliquent  à  étudier.  »  Et  le 
Jdenheureux  Marc  lui  montra  que  la  science 
de  ce  monde  n'était  qu'une  folie  auprès  du 
Seigneur.  Et  cet  homme,  instruit  par  le 
bienheureux  Marc,  crut  au  Sei«;oeur.  Et  il 
fut  baptisé  avec  toute  sa  famille  et  un  grand 
nombre  d'habitants  de  cet  endroit;  il  s'appe- 


475 


DICTIOlSNAmE  DES  APOCRYPHES. 


4:6 


lait  Anizanus.  El  le  nombre  de  ceux  qui 
croyaient  au  Seigneur  s'ëtant  accru,  les  ha- 
bitants de  la  ville  apprenant  qu*il  était  venu 
un  Galiléen  qui  détruisait  leurs  sacrifices 
et  prohibait  leurs  cérémonies,  cherchaient 
hie  tuer,  lui  tendant  beaucoup  de  pièges. 

Le  bienheureux  Marc  ,  connaissanl  leurs 
intenlions,ordonnaAnizanuscommeévèque, 
a'nsi  que  trois  prêtres  nommés  Mélius,  Sa- 
binus  et  Cerdens,  et  sept  diacres  et  onze  au- 
tres appartenant  au  ministère  ecclésiastique. 
Et  il  se  rendit  dans  la  Pentapole,  et  il  y  sé- 
journa deux  ans,  confortant  les  frères  qui 
avaient  déjà  cru,  et,  ordonnant  des  évéques 
et  des  prêtres  dans  ce  pays.  Il  revint  à 
Alexandrie,  et  il  y  trouva  les  frères  confir- 
més dans  la  grflce  et  dans  la  foi  du  Seigneur, 
et  ils  avaient  construit  une  église  dans  un 
endroit  qu*on  appelle  Bubuins,  près  de  la 
mer,  sous  des  rochers.  Et  il  se  réjouit  gran- 
dement, et,  ayant  fléchi  les  genoux,  il  rendit 
grâces  au  Seigneur.  Son  lemps  se  trouvait 
accompli ,  et  10  nombre  des  Chrétiens  se 
multipliant,  les  païens,  irrités  de  voir  que 
leurs  idoles  tombaient  dans  le  mépris,  lu- 
rent très-irrités  contre  le  saint,  et  ils  pâ- 
lirent de  colère  à  cause  des  miracles  qu'il 
opérait.  Car  il  guérissait  les  malades,  ren- 
dait TouKe  au  sourds  et  ta  vue  aux  aveu* 
gles.  Et  ils  cherchaient  à  se  saisir  de  lui , 
mais  ils  ne  pouvaient  le  trouver,  et  ils  grin- 
çaient des  dent^enTO.yant  leurs  idoles  aban- 
données, et  ils  s*écriaient  :  <<  Ce  magicien  a 
un  grand  pouvoir.  » 

Et  il  advint  que  notre  fête  de  Pâques  tom- 
bait le  vingtième  jour  du  mois  de  Parmar- 
thi,  c*est-à-dire  le  huitième  jour  des  calendes 
de  mai,  qui  est  le  moment  où  se  célèbre  la 
fête  de  Sérapis.  Profitant  de  cette  occa- 
sion, ils  envoyèrent  des  espions  qui  trouvè- 
rent le  bienheureux  Marc  célébrant  la  très- 
sainte  offrande  de  la  prière  h  la  majesté  di- 
vine. Ils  se  saisirent  de  lui,  et,  lui  mettant 
une  cordeau  cou,  ils  le  traînèrent,  en  disant  : 
m  Menons  ce  bœuf  à  Tabattoir  (494).  »  Le 
bienheureux  Marc  rendait  grâces  au  Sauveur 
Jésus-Christ,  disant:  «  Je  te  rends  grâces,  Sei- 
gneur,d'avoir  été  trou  védignedesouffrirainsi 
pour  ton  nom.  ^  Et  des  lambeaux  de  sa  chair 
traînaient  à  terre,  et  les  pierres  se  teignaient 
de  son  sang.  Et,  le  soir  étant  venu,  les 
païens  le  mirent  en  prison,  jusqu'à  ce  qu'ils 
eussent  décidé  de  (]uclle  façon  ils  le  feraient 
mourir.  Vers  le  milieu  de  la  nuit,  les  portes 
étant  fermées  et  les  gardes  dormant  sur  le 
seuil,  voici  au'il  se  fit  un  grand  tremblement 
de  terre.  Lange  du  Seigneur  descendit  du 
ciel,  et  toucha  le  bienheureux  Marc,  disant  : 
«  Serviteur  de  Dieu  et  chef  de  ceux  qui  pro- 


pagent dans  TEgypte  les  décrets  divins  voici 
que  ton  nom  est  écrit  dans  le  livre  de  U  vie 
céleste,  et  ta  mémoire  ne  périra  point;  lu  fs 
devenu  le  compagnon  de  la  puissance  su- 
prême, car  ton  esprit  sera  admis  dans  les 
cieux;le  repos  ne  périra  point  en  toi.  »  Et  le 
bienheureux  Marc ,  voyant  que  sa  fin  était 
venue,  leva  les  mainsauciel,  endisant  :  «  Je  te 
rends  grâces.  Seigneur  Jésus-Christ ,  de  ce 
que  ta  nem*as  pas  abandonné,  maisde  ce  que 
tu  m'as  compte  au  nombre  de  tes  saints.  Jeté 
supplie,  Seigneur,  de  recevoir  en  paix  mon 
âme  et  de  ne  pas  souffrir  que  je  sois  8ép.iré 
de  ta  grâce.  »  Et  quand  il  eut  dit  ses  paroles, 
le  Seigneur  Jésus-Christ  viiU  à  lui,  ayant 
la  fizure  quMI  avait  avant  sa  Passion,  et  tel 
qu'il  se  montrait  à  ses  disciples,  et  il  dit  : 
«  Paix  à  toi,  Marc  Tévangéliste.  »  Et  quand 
le  matin  fut  venu,  la  foule  se  réunit,  et 
tirant  le  bienheureux  de  prison,  ils  lui  mi- 
rent derechef  une  corde  au  cou,  et  le  trat« 
nèrent  dans   les  rues,  et  le  luenbeureux 
Marc   rendait  grâces  au  Seigneur,  en  di- 
sant :    «Seigneur,  je  remets  mon  esprit 
entre  tes  mains.  »  Et,  disant  ces  paroles,  il 
rendit  l'esprit.  Et  la  foule  barbare,  allumant 
du  feu,  voulut  brûler  les  restes  du  corps 
sacré.  Alors,  par  la  volonté  de  Dieu  et  de 
T<}otre-Seigneur  Jésus-Christ,  il  s'éleva  une 
grande  tempête  et  des  tourbillons  de  vent  ;  le 
soleil  cacha  ses  rayons,  et  de  violents  coups 
de  tonnerre  se  firent  entendre,  une  très- 
forte  pluie  tomba  depuis  le  matin  jusquaa 
soir,  de  sorte  que  beaucoup  de  maisons  s'é- 
croulèrent et  un  grand  nombre  de  gens  t)é- 
rirent.  Ceux  qui  gardaient  le  corps  du  saint 
furent  épouvantés;  ils  l'abandonnèrent  et 
prirent  la  fuite.  D'autres  dirent  par  dérision: 
«  Notre  puissant  Sérapis  a  voulu  luttrr  avec 
cet  homme  le  jour  de  sa  fête.  »  El  des  hora- 
raes  pieux    vinrent    enlever    le  corps  da 
juste,  et  ils  l'emportèrent  en  un  endroit  où 
ils  prièrent  avec  ferveur,  offrant  sans  relâ- 
che leurs  hommages  au  Seigneur.  Et,  ayant 
achevé  leurs  prières,  ils  l'ensevelirent  de  la 
manière  que  le  demandait  la  coutume  df)  \^ 
ville,  et  ils  le  déposèrent  avec  honneur  dans 
un  sépulcre  taillé  dans  le  roc,  vénérant  sa 
mémoire,  et  se  réiouissant  de  ce  qu'il  avait 
le  premier  mérité  le  trône  très-précieux  d'A- 
leiandrie.  Le  bienheureux  apôtre  fut  déposé 
dans  la  partie  orientale  de  la  ville,  et  il  fut 
le  premier  martyr  qui  souffrit  à  Alexandrie; 
il  s'endormit  le  septième  jour  des  calendes 
de  mai,  ou  le  dix-huitième  selon  lecompld 
des  Hébreux,  Caïus  étant  empereur,  et  sous 
le  règne  de  Notre-Seigneur  Jésus-Chri>l,  à 
qui  honneur  et  gloire  daus  les  siècles  des 
siècles.  Amen. 


On  ne  peut  contester  que  saint  Marc  ait 
été  le  fondateur  de  l'Eglise  d'Alexandrie; 
les  Occidentaux  sont  tousd'accord  sur  ce  point 
et  Renaudot  en  a  démontré  la  certitude  par 
le  témoignage  de  Sévère,  d*Eutichius,  d'EI- 

(49 1)  Il  y  a  dans  le  texte  un  jen  de  mots  qu*on  ne 
•aurait  traduire  exactement   et  lui  est  une  allu- 


maçin,  d'AbuIpliarage,  d'Enassal,  et  de  plu- 
sieurs autres .  Orientaux  tant  Chrétiens  que 
musulmans.   (  Hist,  palriarcharum  AUjan- 
drinorum,) 
On  conjecture  qu'il    s*y  établit   la  m*|»* 

ston  à  Tendroit  nommé  Bneulm  où  Tauteur  vicst 
de  dire  qu'une  ôgllse  avait  été  élevée. 


m 


MAR 


PART,  m.—  LEGEiNDES  ET  FRAGMENTS. 


HAR 


47S 


tième  année  de  Néron  et  qu'il  n*en  tint  le 
siège  que  peu  d'années.  Ses  reliques,  con- 
servées religieusement  au  village  de  Bucole 
où  il  avait  souffert  le  martyre»  s*y  voyaient 
encore  au  viii*  siècle,  dans  un  oratoire  élevé 
sur  son  tombeau.  Les  Vénitiens,  qui  ont 
pris  ce  saint  pour  leur  patron,  prétendent 
que  son  corps  fut  transporté  dans  leur  ville» 
fan  815. 

11  existe  une  Historia  S.  Marci  qui  se 
trouve  jointe  h  d'anciennes  éditions  de  VHis^ 
toria  aposiolica  d'AbdiasetqueHinscbeoius 


a  donnée  en  grec  et  en  latin.  Son  récit  s'ac- 
corde  avec  ce  que  disent  de  saint  Marc  les 
Annales  d'Eutichins  et  le  Chronicon  orientale 
d'Abraham  Ecchellensis.  {Voy.  Fabricius., 
Cod,  apocr.  Nov.  Ttst.j  t.  Il,  pag.  781.) 

Sigebert  et  quelques  écrivains  du  moyen 
âge  ont  attribué  è  saint  Marc  une  Histoire 
de  la  passion  de  saint  Barnabe^  et  une  tra- 
duction latine  de  cet  écrit,  due  au  cardinal 
Sirlet,  a  été  insérée  dans  le  tome  11  des  Acta 
Semctorum.  Personne  ne  sera  tenté  d'ensou^ 
tenir  l'autbentici-té. 


UTURGIE  OU  MESSE  DU  SAINT  APOTRE  ET  ÉVANGÈUSTE  MARC,  DISCIPLE  DR 

SAINT  PIERRE  (i95). 


Le  prêtre  :  La  paix  h  tous. 

Le  peuple  :  El  à  ton  Esprit. 

Le  diacre  :  Priez. 

Le  peuple  :  Kyrie  eleison  (trois  fois). 

Le  prêtre  prie  : 

Nous  te  rendons  grâces,  et  nous  te  rendons 
plus  que  des  grftces.  Seigneur,  notre  Dieu, 
Père  de  Notre-Seigneur  Dieu  et  Sauveur 
Jésus-Christ,  à  cause  de  toutes  choses  et  pour 
toutes  choses  et  en  toutes  choses,  parce  que 
lu  nous  a  protégés,  aidés,  soutenus  et  con- 
duits au  temps  de  notre  vie  passée,  et  que  tu 
nous  a  aimés  jusqu'à  l'heure  présente  ;  lu  as 
daigné  ensuite  nous  placer  en  ta  présence 
dans  ton  lieu  saint,  nous  qui  implorons  la 
rémission  de  nos  péchés  et  que  tu  sois  pro- 
pice à  tout  ton  peuple.  Nous  t'invoquons 
et  te  supplions,  toi  qui  étends  la  bonté  et 
ton  amour  sur  tout  le  genre  humain;  fais  que 
nous  passions  ce  jour  saint  et  tout  letempsde 
notre  vie  sans  péché,  dans  la  joie,  dans  ta 
crainteet  en  toute  sanctification.  Chasse  loin 
de  nous,  Seigneur,  etdetasainte Eglise  catho- 
lique et  apostolique,  toute  envie,  toute  crain- 
te, toute  tentation, touteœuvredeSatan,  toute 
embûche  des  méchants.  Accorde-nous  ce  qui 
est  utile  et  bon.  Si  nous  avons  péché  en  pa- 
role, en  œuvre,  ou  en  pensée,  daigne  nous 
pardonner,  toi  qui  es  bon  et  qui  as  de  Ta- 
luour  pour  l'espèce  humaine  ;  no  nous  aban- 
donne pas,  ô  mon  Dieu,  nous  qui  espérons 
en  toi,  et  ne  nous  induis  pas  en  tenta- 
lion,  mais  délivre-nous  du  malin  esprit  et 
de  toutes  ses  œuvres  ;  par  la  grâce,  la  misé- 
ricorde et  la  bonté  {à  haute  voix)  de  ton  Fils 
unique  par  lequel  et  avec  lequel  h  toi  gloire 
et  souveraineté  dans  ton  Esprit  très-saint, 
bon  et  viviûani,  maintenant  et  toujours,  et 
dans  tous  les  siècles  des  siècles. 

Le  peuple  :  An)en. 

Le  prêtre  :  La  paix  è  teus. 

Le  peuple  :  Et  à  ton  Esprit. 

(493)  La  première  éilition  de  la  Liturgie  de  iaint 
Uerc  vil  le  jour  à  Paris  en  4583.  {Divhia  litHrgia 
taucH  gpoitoii  et  evungeiistœ  Marci  de  rt/ii  Miisœ  es 
Clemeuln  P.  J/.  libri$  VJil  apoBtoiiearum  couslt- 
luiioHum.  Accesêit  deciaralio  divini  horarum  Oficii 
tz  antiquist.  cod.  in«.,  nunc  prim,  Gr.  et  Lat.)  Elle 
fut  reproduite  dans  les  Liiurgiœ  $anclorum  /'a/rvrii, 
l^ariit,  1590,  in-foL.p.  1 38; dans  Renaudot» Lifur^ia- 
ram  orienlalium  ccUectio,  1716,  L  J,  p.  131  ;  dans 


Le  diacre:  Prions  pour  le  rof. 

Le  peuple  :  Kyrie  eleison  {trois  fois). 

Le  prêtre  récite  cette  prière: 

Soigneur  souverain.  Dieu  lout-puissan' ^ 
Père  de  Notre-Seigneur  Dieu  et  Sauveur  Je* 
sus-Christ»  nous  te  prions  et  t'invoquons 

1)ourque  tu  conserves  notre  roi  dans  la  paix, 
a  force  et  la  justice.  Soumets-lui,  6  Dieu, 
tous  ses  ennemis  et  ses  adversaires.  Prends 
les  armes  et  le  bouclier  et  lève-toi  pour  l'as- 
sister. Donne-lui,  ô  Dieu,  des  victoires,  pour 
3u'il  dirige  son  esprit  vers  ce  qui  peut  nous 
onner  la  paii  et  vers  ton  nom  saint.  Fa^s 
que,  dans  la  tranquillité  de  ses  jours,  nous 
passions  une  vie  tranquille  et  exempte  de 
trouble,  en  toute  piété  et  honnêteté,  par  la 
grâce,  la  miséricorde  et  la  bonté  de  ton  Fils 
unique  {à  haute  voix)  |)ar  lequel  et  avec  le- 
quel è  toi  gloire  et  domination  avec  le  trèS'* 
saint  Esprit  bon  et  viviQant,  maintenant  et 
toujours,  et  dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  à  tous. 

Le  peuple  :  Et  à  ton  Esprit. 

Le  diacre  :  Priez  |)Our  le  Pape  et  l'évô» 
que. 

Le  peuple  :  Kyrie  eleison  {trois  fois). 

Le  prêtre  prie  : 

Seigneur  souverain.  Dieu  tout-puissant, 
Père  de  I^otre- Seigneur  Dieu  et  Sauveur 
Jésus-Christ,  nous  te  prions  et  te  supplions, 
toi  qui  étends  ta  bonté  et  ton  amour  sur  le 
genre  humain,  de  conserver  notre  très-saint 
et  très-heureux  pontife,  le  Pape  N.  et  le  très- 
vénérable  évoque  N.  Conserve -les -nous 
durant  beaucoup  d'années,  s'acquittant  en 

f>aix  des  fonctions  du  saint  sacerdoce  où  tu 
es  a  placés,  administrant,  en  ta  sainte  et 
bienheureuse  volonté,  la  parole  et  la  vé- 
rité, avec  tous  les  évèques  orthodoxes,  les 
prêtres,  diacres,  sous -diacres,  lecteurs,  chan- 
tres et  laïques;  accorde-leur  la  paix,  la  santé 

la  Bibliotheca  Palrum,  édit.  de  Paris,  I.  XII,  p.  26, 
el  éduion  de  Lyon,  U  11,  part,  i,  p.  176,  ainsi  que 
dans  Fabriciiis ,  Cod.  apocr.  Nov.  Tes!.,  I.  III .  p. 
255.  Elle  se  trouve  aussi,  en  grec  et  en  latin,  dans 
«  le  V  volume  du  Codex  iiturgicm  Eccleiice  unipersœ^ 
de  J.-A.  Asseinanl ,  Rome,  1754,  in-4-.  Ce  savant 
regarde  comme  certain  que  celle  liturgie  est  l'œuvre 
de  saint  Marc  ;  il  reconnaît  loutefois  (qu'elle  a  suttt 
des  ciiangeuients. 


4:a 


UICTIONNAIRB  DES  APOCRYPHES. 


4^ 


et  le  salut  ainsi  qu'k  toute  l'Eglise  sainte 
et  seule  universelle.  Regois,  Seigneur,  sur 
ton  autel  saint  et  céleste,  les  prières  de  ceux 
qui  les  offrent  pour  nous  et  celles  que  nous 
offrons  pour  eux. 

Mets  sous  leurs  pieds  tous  les  ennemis  de 
ta  sainte  Eglise.  Par  la  grâce,  et  la  roiséri- 
corde,  et  Ta  bonté  de  ton  Fils  unique  (  à 
haute  voix  )  par  lequel  et  avec  lequel,  à  loi 
gloire  et  domination,  avec  le  très-Saint-Es- 
prit bqnet  viviQanI,  maintenant  et  toujours 
dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  à  tous. 

Le  peuple:  Et  à  ton  Esprit. 

Le  diacre:  Levez-vous  pour  prier. 

Le  peuple  :  Kyrie  eleison  {trois  fois). 

Le  prêtre:  Seigneur  Jésus-Christ,  notre 
Dieu,  qui  as  fait  choix  des  douze  apôtres 
comme  d'une  lampe  brillant  de  douze  lu- 
mières, et  qui  les  as  envoyés  dans  l'univers 
pour  prêcher  et  enseigner  l'Evangile  de  ton 
royaume  et  pour  guérir  toute  maladie  et 
toute  soufl'rance  parmi  le  peuple,  toi  qui  as 
soufflé  sur  leur  face  et  qui  leur  as  dit  :  «  Re- 
cevez TEspril-Saint  ;  les  péchés  seront  remis 
à  ceux  auxquels  vous  les  remettrez,  et  ils 
seront  retenus  à  ceux  auxquels  vous  les  re- 
tiendrez,» souffle  de  même  sur  nous  qui  nous 
epprochons  de  tes  saints  mystères,  sur  les 
évêques,  les  prêtres,  les  diacres,  les  lecteurs, 
les  chantres  et  les  laïques  avec  toute  la 
sainte  Eglise  catholique  et  apostolique.  Dé* 
livre-nous,  Seigneur,  des  malédictions,  des 
anathèmes,  des  liens  de  l'excommunication; 
purifie  nos  lèvres  et  nos  cœurs  de  toute 
souillure  et  de  toute  malice,  afin  que  nous 
t'offrions,  dans  la  pureté  du  cœur  et  de  la 
conscience,  cet  encens  en  odeur  de  suavité 
et  pour  la.  rémission  de  nos  péchés  et  de 
ceux  de  tout  le  peuple.  Par  la  gr&ce,  la  mi- 
séricorde et  la  bonté  de  ton  Fils  unique,  (  à 
haute  voix)  par  lequel  et  avec  lequel  à  toi 
gloire  et  empire  avec  l'Esprit  irès-saint,  bon 
et  vivifiant,  maintenant  et  toujours  et  dans  les 
siècles  des  siècU>s. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  diacre  :  Levez-vous.  (  Ils  chantent  : 
Fils  unique  et  Verbe  de  Dieu.)  —  On  ré- 
cite Vintroit  et  l'EvangiUf  et  le  diacre  dit  : 
Priez. 

Le  prêtre:  La  paix  h  tous. 

Le  peuple  :  Et  a  ton  Esprit, 

Le  diacre  :  Prions. 

Le  peuple  :  Kyrie  eleison. 

te  prêtre;  Seigneur  souverain,  Jésus-ç 
Christ,  Verbe  coéternel  au  Père,  qui  l'es  fait 
semblable  è  nous,  en  tout  point,  sauf  le  pé- 
ché, pour  le  salut  de  notre  espèce,  qui  as 
envoyé  tes  saints  apôtres  et  disciples,  prê- 
cher et  annoncer  ton  Evangile ,  guéris 
chez  ton  peuple  toute  maladie  et  toute 
souffrance  ;  maintenant,  Seignear,  répands 
ta  lumière  et  la  volonté,  et  éclaire  les  yeux 
de  notre  esprit,  aOn  que  nous  comprenions 
tes  discours  divins  ;  fais  que  nous  soyons 
capables  de  les  entendre  et  que  non-seule-» 
ment  nous  entendions  la  parole,  mais  encore 
que  nous  y  soyons  fidèle? ,  afin  que  nous 


fructifions  et  aue  nous  portions  de  bons 
fruits,  pour  aevenir  disnes  du  royaume 
des  cieux  (d  haute  voix)  et  pour  que  iu 
miséricordes  se  répandent  sur  nous.  Sei- 
gneur, car  tu  es  la  bonne  nouvelle,  le  Sau- 
veur et  le  gardien  de  nos  èmes  et  de  nos 
corps.  Seigneur  Dieu,  et  à  toi  eloîre  et  ac- 
tion de  grêces  ;  nous  offrons  rnymoe  trois 
fois  saint  au  Père,  au  Fils  et  au  Saiot-Es- 
prit,  maintenant  et  toujours  et  dans  les  siècles 
des  siècles. 

Le  peuple:  Amen. 

Dieu  saint,  saint  et  fort,  saint  et  immortel, 
aie  pitié  de  nous. 

Le  prêtre  fait  ensuite  le  signe  de  la  croix 
sur  le  peuple,  disant  : 

Paix  &  tous. 

Le  peuple  :  Et  k  ton  Esprit. 

On  dit  ensuite  :  Nous  sommes  attentifs,  et  U 
prologue  de  VEpitre  apostolique  :  Alléluia. 

Les  diacres  :  Seir^neur,  bénis-nous. 

Le  prêtre  :  Que  le  Seigneur  vous  bénisse 
et  que,  par  sa  grâce,  il  vous  assiste  main- 
tenant, et  toujours,  et  dans  les  siècles  des 
siècles. 

Avant  de  réciter  l'Evangile^  il  offre  tencens, 
disant  : 

Nous  offrons  devant  ta  gloire  sainte  l'en- 
cens, te  demandant  de  le  recevoir  sur  ton 
autel  saint,  céleste  et  intellectuel.  Eniroie- 
nous.  Seigneur,  la  grâce  de  ton  Esprit-Saint. 

Le  diacre  qui  doit  réciter  VEvangile  dit: 

Seigneur,  donne  ta  bénédiction. 

Le  prêtre:  Que  le  Seigneur  nous  bénisse 
et  nous  fortifie  et  nous  fasse  entendre  'on 
saint  Evangile,  lui  qui  est  le  Pieu  béni, 
maintenant,  et  toujours,  et  dans  les  siècles 
des  siècles.  Amen. 

JLe  diacre  :  Tenez-vous  debaut,  EcouloQS 
le  saint  Evangile. 

Le  prêtre:  Pai*x  à  tous. 

Le  peuple  :  El  h  inn  Esprit. 

Le  diacre  lit  l'Evangile,  le  prêtre  récits  ea- 
suite  la  Collecte  : 

Seigneur,  visite  dans  ta  miséricorde  Ifs 
malades  qui  sont  parmi  ton  peuple  et  guéris- 
les.  Conduis  no$  frères  qui  sont  en  voya^^e 
ou  qui  vont  s*y  mettre,  au  terme  de  leur 
route.  Fais  tomber  des  pluies  salutaires  sur 
les  lieux  qui  en  ont  besoin.  Elève  |)ar  ta  gr&ca 
les  eauxuuviates  à  leur  mesure.  Fais  pros- 
pérer la  récolte  des  fruits  de  la  terre.  Main- 
tiensdansla  paix,  dans  la  force,  dans  la  justice 
et  la  tranquillité,  le  rè^nede  touservitcurque 
tu  as  trouvé  ^uste  d'établir  comme  souverain 
du  pays.  Seigneur,  loi  qui  as  épargné  la 
ville  de  Ninive,  délivre  des  jours  mauvais, 
de  la  famine,  de  la  peste  et  des  attaques  ues 
ennemis,cette  ville  l^umble,  miséricordieuso, 
aimant  Jésus-Christ,  car  tu  es  comf)atisdan( 
et  tu  ne  te  souviens  pas  des  iniauités  Je» 
hommes.  Tu  as  prophétisé  par  la  bouche  de 
ton  prophète  Isaïe  :  je  protégerai  celte  cité» 
afin  de  ta  sauver,  h  cause  de  moi,  et  de  Oa* 
vid,  mon  serviteur.  O  toi,  qui  dans  ta  bonté 
aimes  le  genre  humain,  nous  te  prions  et  te 
demandons  de  protéger  cette  cité  à  cause 
de  ton  saint  martyr  et  évangéliste  Marc, 
qui  nous  a  montré  la  voie  du  ^alut,  par  ia 


M 


UKH 


PART.  111.-^  LEGENDES  ET  FHAGMENTS. 


MAR 


iSl 


grâce,  la  misêricorile  el  la  bonté  de  ton  Fils 
unique,  {à  haute  voix)  par  lequel  et  arec 
lequel  À  toi  gloire  et  empire  avec  ton  Esprit 
très-saint,  bonel  vivifiant. 

//  récite  ensuite  trois  litanies^  et  le  prêtre 
fait  cette  prière  : 

Seigneur  souverain,  Dieu  tout-puissant, 
Père  de  Noire-Seigneur  Jésus-Christ,  nous 
le  prions  et  te  conjurons  de  répandre  dans 
nos  cœurs  la  paix  venant  du  ciel,  et  de  conser- 
yer  notre  très-saint  et  très-heureux  Pape  N. 
et  notre  très- vénérable  évoque  N.  Conserve- 
uous-les  pendant  beaucuupd'années,s*acquit^ 
tant  en  paix  du  saint  pontificat  auquel  tu  tes 
as  préposés,  par  suite  de  ta  sainte  et  bien- 
heureuse volonté  et  fais  qu'ils  distribuent 
avec  justice  la  parole  de  vérité  à  tous  les 
éyêques  orthodoxes,  aux  prêtres,  diacres, 
soos-diacres ,  lecteurs  et  chantres.  Iténis, 
Seigneur,  toutes  nos  assemblées  ;  fais  que 
nous  les  célébrions  en  liberté  et  sans  empê- 
chement selon  ta  sainte  volonté.  Daigne  bé- 
nir nos  églises  et  les  conserver  perpétuelle- 
ment à  nous  et  à  nos  successeurs. 

Lève-toi,  Seigneur,  et  que  tous  tes  enne- 
mis soient  dissipés,  que  tous  ceux  qui  haïs- 
sent ton  saint  nom  soient  mis  en  fuite.  Bé- 
nis (on  peuple  Qdèleet  orthodoxe,  multiplie- 
les  par  millions  et  dizaines  de  millions.  Que 
la  mort  du  péché  ne  prévale  pas  contre  nous, 
ni  contre  tout  ton  peuple,  par  la  grâce,  la 
piiséricorde  el  la  bonté  de  ton  Fils  unique, 
(à  haute  voix)  par  leqUel  et  avec  lequel  è  toi 
gloire  et  empire  avec  ton  esprit  très-saint  et 
tivifiant. 

Le  peuple:  Amen. 

Le  prêtre:  Paix  à  vous  tous. 

Le  peuple  :  Et  à  ton  Esprit. 

Le  diocre  :  Voyez  qu'aucun  des  catéchu- 
mènes ce  s*éloigne. 

Leprêtre  offre  V encens  et  prie  :  Seigneur, 
notre  Dieu,  qui  n'as  besoin  de  rien,  reçois 
cet  encens  qui  t'est  offert  par  une  main  in- 
digne et  accorde-nous  ta  bénédiction,  car 
c*esi  toi  qui  nous  sanctifies  et  c'est  à  toi  que 
nous  rendons  gloire. 

Les  offrandes  sacrées  sont  déposées  sur  Vau-- 
tel,  et  le  prêtre  dit  : 

Seigneur  saint,  souverain  et  redoutable, 

Iui  reposes  dans  les  cieux,  sanctifie-nous  el 
aigne  nous  permellre  d'approcher  de  ton 
autel  vénérable  avec  une  bonne  conscience, 
et  un  cœur  purifié  de  toute  souillure  ;  chasse 
loin  de  nous  tout  senltmenl  digne  de  répro- 
bation. Sanctifie  nos  esprits  et  nos  âmes,  et 
fais-nous  la  grâce  d'observer  les  rites  de  nos 
Pères  saints  el  de  trouver  en  tout  temps 
ton  visage  propice.  Car  lu  es  celui  qui  bénis 
et  sanctifies  toutes  choses,  et  nous  t'adres- 
sons derechef  nos  actions  de  grâces  en  te 
glorifiant. 
Le  diacre  :  Saluez-Tous  mutuellement. 
Leprêtre  :  Seigneur,  souverain  tout-puis- 
sant, jette  du  haut  du  ciel  les  yeux  sur  ton 
EgUse,  sur  tout  ton  peuple  et  sur  tout  ton 
troupeau  ;  protége-nous  tous,  nous  qui  som- 
mes tes  serriteurs  indignes  et  les  brebis  de 
ton  troupeau  >  daigne  nous  accorder  ta  cha« 
rite  et  ton  seèoars  ^  répands  sur  nous  le  don 


de  ton  Esprit  très-saint,  afin  que  nous  nous 
saluions  mutuellement  par^  un  baiser  saint 
dans  un  cœur  pur  et  clans  une  conscience 
pure,  nous  saluant  ainsi  sans  ruse  et  sans 
hypocrisie^  mais  avec  innocence  et  franchise, 
en  un  même  esprit,  dans  le  lien  de  la  paix 
et  de  la  charité^  ne  formant  qu'un  corps  et 
un  esprit  en  une  même  foi,  de  même  que 
nous  sommes  appelés  en  une  même  espé- 
rance, afin  que  nous  nous  réunissions  tous 
en  un  amour  infini  et  divin  dans  Jésus-Christ 
Notre-Seigneur,  avec  lequel  tu  es  bénii 
Alors  it  offre  l'encens,  en  disant  : 
Que  l'encens  soit  oflTert  à  ton  nom.  Que 
de  nos  humbles  mains,  nous  qui  sommes  pé- 
cheurs, il  s*élève  jusqu'à  ton  autel  céleste^ 
eti  odeur  de  suavité,  pour  le  salut  de  tout  ton 
peuple.  Car  toute  gloire,  honneur^  adoration 
et  actions  de  grâces  te  reviennent,  au  Père« 
au  Fils  et  au  Saint-Esprit,  et  maintenant,  et 
toujours  et  dans  les  siècles  des  siècles. 
Âmen. 

Après  la  salutation^  le  diacre  dit  à  haute 
voix  : 

Levez-vous  pour  venir  è  l'offrande. 

Le  prêtre  fait  le  signe  de  ta  croix  sur  leè 
calices  et  les  patènes^  et  il  dit  à  haute  voix  : 

Je  crois  en  Dieu. 

Le  diacre  :  Levez-vous  pour  prîen 

Leprêtre  :  La  paix  è  tous. 

Le  diacre  :  Priez  pour  ceux  qui  présentent 
l'offrande. 

Le  prêtrfi  :  Seigneur  Jésus-Christ,  Verbe 
coéternel  du  Père  éternel  et  de  l'Esprit-' 
Saint,  grand  pontife,  pain  qui  est  descendu 
du  ciel,  et  qui  as  retiré  notre  âme  de  la  cor- 
ruption; toi,  agneau  sans  tache,  qui  t'es 
donné  pour  la  vie  du  monde,  nous  te  prions 
et  te  conjurons,  Seigneur,  ami  des  hommes, 
de  montrer  ta  face  sur  ce  pain  et  sur  cei 
calices  que  la  très-sainte  table  a  reçus  par 
le  ministère  des  anges,  par  l'interveniiori 
du  chœur  an^élique  et  |)ar  le  sacrifice 
sacerdotal;  agis  ainsi.  Seigneur,  pour  la 
gloire  et  pour  le  renonvellieroent  de  nos 
âmes,  par  la  grâce,  la  miséricorde  et  l'hu- 
roanité  de  ton  Fils  unique,  par  lequel  et  avec 
lequel  à  toi  gloire  et  empire. 

Tandis  que  le  peuple  dit  :  Et  il  a  été  in- 
carné de  rfesprit-Saint,  leprêtre  fait  le  signe 
de  la  croix;  le  peuple  ajoute  :  Et  il  a  été  cru-* 
cifié  pour  nous.  Le  prêtre  fait  de  nouveau  le 
signe  de  la  croix  :  Et  dans  l'Esprit-Saint.  La 
profession  de  foi  achevée,  le  prêtre  fait  le 
signe  de  la  croix  sur  le  peuple^  et  dit  a  haute 
voix  : 

La  paix  h  tous.    - 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit, 

Le  prêtre  :  Elevons  nos  cœurs. 

Le  peuple:  Nous  les  avons  vers  le  Sei-' 
gneur. 

Le  prêtre  :  Bendons  grâces  au  Seigneur. 

Le  peuple  :  C'est  juste  et  convenable. 

Le  diacre  :  Tenons-nous  avec  respect. 

Le  prêtre  récite  Vanaphore  ou  élévation. 

Il  est  vraiment  convenable  et  juste,  il  esl 
saint  et  à  propos  et  il  esl  utile  à  nos  âme^ 
de  te  célébrer  par  nos  cantiques  et  nos  iiy^ 
nés,  ô  Seigneur  souverain,  Dieu  ^ère  toJiM^ 


M5 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


W 


puissant ,  de  le  rendre  grâces,  de  proclamer 
ta  grandeur  le  jour  comme  ta  nuit,  \)sr  une 
bouche  qui  ne  s'arrête  point,  par  des  lèvres 
qui  ne  se  taisent  pas  et  par  un  cœur  qui  ne 
66  refroidit  point  ;  toi  qui  as  fait  le  ciel  et  la 
terre ,  et  tout  ce  que  conlient  l'espace  des 
cieux,  et  tout  ce  qu'il  y  a  sur  la  terre,  dans 
la  mer,  dans  les  fleuves,  les  lacs  cl  les  fon- 
taines; toi  qui  as  fait  l'bomme  à  ton  image 
et  à  ta  res^emblance,  qui  lui  as  donné  un 
paradis  d^ilicieux,  qui  ne  l'as  point  aban- 
donné après  sa  chute,  mais  qui  Tas  rappelé 
par  la  loi.  Tu  l'as  insiruit  comme  un  enfant 
par  la  prophélie,  et  tu  Tas  ensuite  réfor.i  é 
et  renouvelé  par  ce  sai rement  redoutable, 
vivitiant  et  céleste. 
Tu  as  tout  fait,  Seigneur,  par  ta  sagesse» 

far  ta  lumière  véritable,  par  ton  Fils  unique, 
ésus-Christ,  Notre-Seigneur  Dieu  et  Sau- 
veur, par  lequel,  te  rendant  ^rftces  avec  lui 
et  TEsprit-Saint,  nous  t'offrons  l'offrande 
sans  tache,  celle  que  toutes  les  nations  l'of- 
frent. Seigneur,  depuis  le  lever  jusqu'au 
coucher  du  soleil,  depuis  le  septentrion  jus- 

au'au  midi,  parce  que  ton  nom  est  grand 
ans  toutes  les  nations,  et  qu'en  tous  lieux 
l'encens  el  le  sacrifice  sont  offerts  à  ton  nom 
saint. 

Nous  te  prions  el  t'invoquons,  toi  qui» 
dans  ta  bonté,  aimes  l'espèce  humaine. 

Souviens-tdi,  Seigneur,  de  la  sainte  et 
unique  K;^lise  catholique  el  aposloliaue  qui 
eht  répandue  depuis  les  contins  de  la  terre 
jusqtrà  ses  extrémités  les  plus  ^reculées, 
Kouviens-toi  de  tous  les  peuples  et  de  tou- 
tes tes  brebis. 

Donne,  Seigneur,  h  tous  nos  cœurs,  la  paix 
Tenant  du  ciel  et  la  paix  de  celte  vie. 

Conserve  en  une  paix  entière  le  roi  »  les 
armées»  les  princes,  les  sénats  et  les  conseils» 
les  peuples  el  nos  voisins. 

Roi  de  la  paix»  donne-nous  ta  paix;  main- 
tiens nous,  6  Dieu»  dans  la  concorde  el  la 
charité;  nous  ne  connaissons  pas  d'aulru 
Dieu  que  toi:  vivifie  nos  âmes  à  nous  tous, 
et  la  mort  du  péché  ne  prévaudra  point  con- 
tre ton  peuple. 

Seigneur,  visite  dans  la  miséricorde  et 
dans  la  compassion  les  malades  qui  se  trou- 
vent parmi  ton  peuple  el  guéris-les;  dé- 
tourne loin  d  eux  el  de  nous  toute  maladie 
el  toute  infirmité,  chasse  loin  d'eux  l'esprit 
de  la  faiblesse.  Relève  les  patients  que  des 
souffrances  de  chaque  jour  abattent.  Guéris 
ceux  qui  sont  tourmentés  par  des  esprits 
impurs;  délivre  tous  ceux  qui  sont  retenus 
dans  les  prisons  ou  dans  les  mines,  ou  dans 
l'exil»  ou  dans  une  servitude  cruelle,  car  lu 
es  notre  Dieu  qui  délivres  les  captifs»  qui  re- 
lèves ceux  qui  sont  renversés;  tu  es  Tespoir 
de  ceux  qui  sont  dans  le  malheur»  le  secours 
de  ceux  qui  sont  aliandonnés,  le  port  des 
Dauftagés»  le  vengeur  des  affligés;  donne  k 
toute  Ame  chrétienne  affligée  et  errante  la 
miséricorde»  la  consolation  el  le  rafratchis- 
sement.  Guéris,  Seigneur,  les  maladies  dont 
nos  Ames  souffrent,  et  délivre-nous  des  in-  * 
firmités  du  corps»  6  toi  qui  es  le  médecin 
des  Ames  et  des  corps,  l'inspecteur  de  toute 


chair.  Dirige  nos  frères  qui  sont  en  vojage 
ou  qui  s'y  mettront»  veille  sur  eux  eu  loui 
lieu,  soit  sur  terre  »  soit  sur  les  fleuves,  Mir 
les  lacs,  sur  les  routes»  de  Quelque  manière 
qu'ils  accomplissent  leur  chemin ,  amène- 
les  tous  à  un  port  tranquille  el  salutaire; 
daigne  être  le  compagnon  de  leur  pérégrina- 
tion, rends-les  à  leurs  familles  dans  une jme 
réciproque»  et  conserve,  Seigneur,  jusqu  a 
son  terme,  notre  route  dans  celte  vie;  reod^ 
la  exempte  de  dommage  et  de  temptie. 

Fais  tomber  de  tes  trédors  des  pluies  sa- 
lutaires sur  les  lieux  qui  en  ont  hesoin.  Re- 
nouvelle cl  réjouis  par  leur  descente  h  faee 
de  la  terre,  ahn  qu'elle  soit  couverte  d*unj 
▼égélation  florissante.  Elève  les  eaux  fluvia- 
les à  leur  juste  mesure.  Réjouis  el  renou- 
velle» par  leur  montée»  la  face  de  la  terre; 
remplisses  ruisseaux,  multiplie  sesproduii:». 
Bénis»  Seigneur,  les  fruits  de  la  terre;  cdo- 
serve-les-nous  exempts  de  corruption;  veii:^ 
sur  les  semences  el  sur  les  moissons. 

Bénis  également.  Seigneur»  dans  ta  bonté» 
les  pauvres  qui  sont  parmi  ton  peuple,  les 
veuves  »  les  orphelins  »  les  pèlerins  el  les 
étrangers;  bénis-nous  tous  qui  espérons  en 
toi  et  qui  invoquons  ton  saint  nom.  Les  jeui 
de  tous  espèrent  en  loi»  et  tu  leur  donnes  la 
nourriture  au  temps  convenable.  Toi  qui 
donnes  des  aliments  à  toute  chair»  remplis 
nos  cœurs  de  joie  el  d'allégresse»  afin  que, 
possédant  toujours  le  nécessaire,  nous  abon- 
dions en  toute  bonne  œuvre  en  Jésus-Christ, 
Noire-Seigneur.  Conserve,  ô  Roi  des  rois  et 
Souverain  des  souverains,  conserva  dans  la 
paix,  dans  la  force»  dans  la  justice  et  la  tran- 
quillité,  le  rè^rne  de  ton  servi  leur  orthodoxe, 
noire  roi,  aimant  Jésus-Christ»  et  que  lu  as 
trouvé  juste  de  faire  régner  sur  la  terre. 
Soumets  lui.  Seigneur,  tout  ennemi  et  \ouf 
adversaire,  à  l'intérieur  comnae à  l'extérieur. 
Prends  les  armes  et  le  bouclier,  et  lève-loi 
pour  l'assiater.  Frappe  ceux  qui  rattaqueni, 
couvre  sa  tète  de  ton  ombre  au  jour  du  com- 
bat, fais  que  ses  rejetons  soient  assis  sur  son 
trône.  Fais  entendre  à  son  cœur  de  bonnes 
paroles  pour  le  profit  de  la  sainte  £;$li^6 
caltiolique  et  apostolique,  el  de  tout  peuple 
aimant  Jésus-ChriSt»  pour  que»  sous  sa  do- 
mination paisible,  nous  menions,  eo  toute 
piété  el  sainteté»  une  vie  tranquille. 

Seigneur»  notre  Dieu,  donne  le  repos  aui 
Ames  de  nos  pères  et  de  nos  irères  qui  ^o 
sont  endormis  dans  la  foi  de  Jésus-Christ; 
souviens- toi  de  nos  prédécesseurs  qui  ne 
sont  plus  en  ce  monde»  des  përe5»  des  pa* 
triarches»  des  prophètes»  des  apôtres,  iïts 
martyrs,  des  confesseurs,  des  saints,  des 
jusics,  des  esprits  de  tous  ceux  qui  sont 
morts  dans  la  foi  de  Jésus-Christ»  ainsi  i|ue 
de  ceux  dont  nous  célébrons  aujourd'hui  la 
mémoire,  et  de  notre  saintPère  Marc,  Tapè- 
tre  et  l'évangélistequi  nous  a  montré  la  voie 
du  salut. 

Salut,  pleine  de  grAce,  le  Seigneur  est 
avec  loi.  Tu  es  bénie  parmi  les  femiues,  el 
le  fruit  de  ton  ventre  est  béni»  car  tu  as  eo- 
fauté  le  Sauveur  de  nos  Ames.  {Ahauiivoul 
Célébrous  surtout  Ja  mémoire  de  la  Uiy 


ifê 


MAR 


PART.  U!.-  LEGENDES  ET  FRAGMEiNTS. 


MAR 


MG 


sainte,  bénie  et  sans  tacho  Mario,  toujours 
Vierge,  Mère  de  Dieu  et  notre  Souve- 
raine. 

Le  diacre  :  Seigneur,  donne-nous  ta  béné- 
diction. 

Le  prêtre  :  Que  le  Seigneur  le  bénisse  par 
saj^râce,  maintenant  et  toujours  et  dans  tous 
les  siècles. 

Le  diacre  lit  les  tables  sacrées  sur  lesquelles 
ett  inscrit  le  catalogue  des  trépassés. 

Le  prêtre  s'incline  et  dit  cette  prière  : 

Donne,  Seigneur  souverain,  notre  Dieu» 
le  repos  à  rame  de  tous  ceux  que  nous  avons 
Qommés;  admets-les  dans  les  tabernacles 
saints  de  ton  royaume,  leur  accordant  les 
biens  que  tuas  promis  et  que  nul  œil  n*a 
rus,  que  nulle  oreille  n'a  entendus  et  que  le 
cœur  de  JMiomme  ne  peut  comprendre  ;  ces 
biens  que  lu  as  préparés.  Seigneur,  pour 
ceux  qui  aiment  ton  saint  nom;  daigne  rece- 
voir leurs  âmes  dans  ton  royaume;  accorde- 
nous  d'arriver  au  terme  de  notre  vie  en  te 
restant  agréables  et  en  étant  exempts  de  pé- 
ché; donne-nous  d'avoir  part  et  héritage* 
avec  tous  tes  saints  qui  présentent  l'oblation 
du  sacrifice.  Reçois,  Seigneur,  les  dons  eu- 
chari^itiques  ou  d'action  de  grâce  sur  ton 
autel  saint,  céleste  et  intellectuel,  dans  les 
grandeurs  des  cieux  et  par  le  ministère  de 
tes  arciianges  ;  reçois  ces  offrandes,  comme 
lu  as  reçu  les  dons  du  juste  Abel  (  il 
offre  rmcens  et  continue) ,  le  sacrifice  de 
notre  père  Al)raham ,  l'encens  de  Zacharie, 
les  aumônes  de  Corneille  et  le  denier  de  la 
veuve;  donne  en  échange  d'objets  terrestres 
des  biens  célestes,  et  en  échange  d'objets 
passagers  des  biens  éternels.  Conserve  le  très- 
saint  et  très-heureux  Pape  N.,  que  tu  as 
placé  h  la  tête  de  ta  sainte  Eglise  catholique 
et  apostolique,  ainsi  que  notre  très-saint 
tvique  N.;  fais  que,  pendant  de  no  i>breuses 
innées  de  paix,  ils  s'acquittent  des  fonctions 
du  saint  pjntificat  auauel  tu  les  as  ap[)eiés 
par  la  sainte  et  bienheureuse  volonté,  et 
qu'ils  distribuent  les  paroles  de  la  vérité, 
^uviens-toi  aussi.  Seigneur,  du  tes  servi- 
teurs orthodoxes  répandus  en  tout  lieu,  des 
évêques,  des  prêtres,  des  diacres,  des  sous- 
diacres,  des  lecteurs,  des  chantres,  des  moi- 
nes, des  vierges,  des  veuves  et  des  laïques. 
Souviens-toi,  Seigneur,  de  la  sainte  cité  de 
Jésus-Christ,  Notre-Seigneur,  et  de  notre 
ville  et  de  toutes  celles;  des  divers  pays  et  de 
leurs  habitants  fidèles  à  la  foi  de  Jésus-Christ; 
maintiens-les  en  paix  et  en  sécurité.  Sou- 
vitns-toi  de  toute  âme  afllif;éc  et  tourmentée, 
et  ayant  besoin  de  la  miséricorde  divine  ; 
Kiuviens-toi  aussi  de  la  conversion  de  ceux 
|ui  se  sont  écartés  de  la  voie  droite.  Sou- 
viens-loi, Seiçjneur,  de  ceux  de  nos  frères 
')ui  sont  retenus  captifs;  fais,  Seigneur,  que 
t^euxqui  les  ont  fait  tomber  dans  la  caplivité 
soient  misérables  devant  tous  les  hommes. 
îH)u>iens-toi  de  nous,  Seigneur,  quoique 
nous  soyons  des  pécheurs  et  tes  serviteurs 
indignes;  eila^-e  nos  péchés,  parce  que  tu  es 
le  Dieu  bon  et  compatissant.  Souviens-toi  de 
uioi,  Seigneur,  pécheur  vil  et  abject,  et  ton 
•serviteur  indigne  ;  efface  mes  péchés,  parce 


que  lu  es  le  Dieu  bon  et  compatissant.  Sois 
près  de  nous  qui  i-endons  hommage  à  ton 
nom  Irès-^aint.  Bi^nis,  Seigneur,  nos  assem- 
blées, extirpe  radicalement  l'idolAtrie  de  la 
surface  du  monde.  Foule  sous  nos  pieds 
Sfltan,  toutes  ses  œuvres  et  sa  malice.  Humi- 
lie, Seigneur,  h  jamais,  les  ennemis  de  ton 
Eglise,  et  confonds  leur  orgueil;  fais  éclater 
leur  faiblesse  ;  déjoue  et  confonds  leurs  piè- 
ges et  les  embûches  qu'ils  tendent  pour  nous 
attaquer.  Lève-toi,  Seigneur,  et  que  tes  eo- 
ncmis  soient  dispersés,  et  que  tous  ceux  qui 
haïssent  ton  saint  nom  soient  mis  en  fuite. 
Bénis  des  milliers  de  milliers  et  des  dizai« 
nés  de  milliers  de  milliers  de  fois  ton  peuple 
fidèle  et  orthodoxe  qui  accomplit  ta  sainte 
volonté. 

Le  diacre  :  Levez-vous,  vous  qui  êtes 
assis. 

Le  prêtre  continue  de  prier  : 

Délivre,  Seigneur,  les  captifs  et  secours 
ceux  qui  sont  pressés  du  Besoin,  rassasie 
ceux  qui  ont  faim,  console  ceux  qui  sont 
désolés,  ramène  ceux  qui  sont  égarés,  éclaire 
ceux  qui  sont  assis  dans  les  ténèbres,  relèvo 
ceux  qui  sont  tombés,  fortifie  les  faibles, 

§uéris  les  malades,  dirige  tous  les  hommes 
ans  la  voie  du  salut  et  réunis-les  dans  ton 
bercail;  délivre -nous  de  nos  indignités,  toi 
qui  es  notre  prolecteur  et  notre  défenneur 
en  toutes  choses. 

Le  diacre:  Tournez- vous  vers  l'Oriep.t. 

Le  prêtre:  Car  tu  es  au-dessus  de  tant 
empire,  de  toute  puissance,  de  toute  force, 
de  toute  domination  et  de  tout  nom  qu'on 
puisse  prononcer,  non -seulement  en  ce 
siècle,  mais  aussi  dans  l'avenir.  Des  milliers 
de  milliers  et  des  dizaines  de  milliers  de 
centaines  de  milliers  d'armées  d'anges  saints 
et  d'archanges  t'accompagnent.  Auprès  de 
toi  se  tiennent  tes  deux  créatures  très-dignes 
de  vénération,  les  chérubins  aux  yeux  nom- 
breux et  les  séraphins  pourvus  do  six  ailes, 
se  couvrant  te  visage  avec  deux  de  ces  ailes, 
les  pieds  avec  deux  autres,  volant  avec  les 
deux  dernières,  et  répétant  d'une  voix  in- 
cessante l'hymne  triomphal  et  trois  fois  saint, 
chantant,  proclamant  et  glorifiant  ta  gloire 
éclatante.  Saint,  saint,  saint,  le  Seigneur, 
Dieu  des  armées  ;  le  ciel  et  la  terre  sont 
remplis  de  ta  gloire  sainte;  reçois.  Seigneur 
souverain,  avec  tous  ceux  qui  te  glorifient, 
notre  sanctification,  nous  qui  te  louons  et 
disons  : 

Le  peuple  :  Saint,  saint,  saint  est  le  Sei- 
gneur. 

Le  prêtre  fait  le  signe  dfila  croix  sur  les 
mystères  saints  et  dit  : 

Le  ciel  et  la  terre  sont  réellement  pleins 
de  ta  gloire  par  l'apparition  de  Notre-Sei- 
gneur Dieu  et.  Sauveur  Jésus-Christ  ;  fais , 
0  Dieu,  que  ce  sacrifice  soit  de  même  pleÎQ 
de  ta  bénédiction  par  l'avènement  de  ton 
Esprit  très-saint.  Le  Seigneur  Dieu ,  notre 
roi  souverain,  Jésus-Christ,  dans  la  nuit  od 
il  se  livrait  lui-même  pour  nos  péchés  et  où 
il  subissait,  en  sa  chair,  la  mort  pour  tous  , 
étant  assis  à  table  avec  ses  sainte  disciples 
et  apôtres,  prit  lepaindans  ses  mains  saintes^ 


4«7 


DICTIONNAIRE  DES  APOnRYPHES. 


m 


eiemptes  de  tache  et  de  reproches,  et  éle  - 
yani  les  yeux  au  ciel  vers  toi,  son  Père«  notre 
Dieu  et  le  Dieu  de  l'univers,  il  rendit  grâces^ 
le  bénit,  le  sanctifia,  le  brisa  et  le  donna  à 
ses  saints  et  bienheureux  disciples  et  apô- 
tres, disant  (âAaur^  voix)  :  «prenezetroangez, 
car  c'est  mon  corps  qui  est  livré  pour  vous 
et  qui  est  distribué  pour  la  rénaission  des 
pécnés.i^ 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  De  même,  après  qu'il  eut  soupe, 
prenant  le  calice  et  ayant  fait  le  mélange  du 
vin  et  de  l'eau,  levant  les  yeux  au  ciel)  vers 
toi,  son  Père,  notre  Dieu  et  le  Dieu  de  l'u- 
nivers, il  rendit  grâce,  le  bénit,  sanctifia,  rem* 
plit  de  t'Esprit-Saint  et  donna  à  ses  saints 
et  bienheureux  disciples  et  apôtres,  disant 
{à  haute  voix  )  :  abuvez*en  tous,  car  c'est  là 
mon  sang  de  1  alliance  nouvelle  qui  sora  ré* 
pandu  pour  vous  et  pour  beaucoup,  et  qui 
sera  distribué  pour  la  rémission  des  péchés.» 

Le  peuple  :  Amen, 

Le  prêtre  continue  à  prier  : 

«  Faites  cela  en  mémoire  de  moi.  Toutes 
les  fois  que  vous  mangerez  ce  pain  et  que 
boirez  ce  calice ,  annoncez  ma  mort  et  ma 
résurrection  ,  et  confessez  mon  ascension  » 
jusqu'/l  ce  que  je  vienne.  » 

Nous  annonçons  ainsi ,  Seigneur  souve- 
rain^ Roi  du  ciel,  la  mort  de  ton  Fils  unique» 
notre  Sauveur  Jésus -Christ,  et  nous  nro^ 
clamons  sa  bienheureuse  résurrection  d  en- 
tre les  morts  après  trois  jours,  et  son  as- 
cension dans  le  ciel  où  il  est  assise  la  droite 
de  Dieu  le  Père^  et  nous  attendons  son  se- 
cond avènement  terrible  et  redoutable  lors- 
u'il  viendra  juger  les  vivants  et  les  morts 
'après  l'équité  et  te  rendre,  Seigneur  Dieu, 
ce  qui  t'appartient.  Nous  te  prions  et  te  sup- 

E  lions,  toi,  qui,  dans  ta  bonté,  aimes  le  genre 
umain,d'envoyer  de  tes  hauteurs saintes,de 
ton  tabernacle  et  de  ton  sein  sans  limite,  le 
Paraclet, Esprit  de  vérité.  Seigneur  saint  et 
vivifiant  qui  a  parlé  dans  la  loi,  les  pro-^ 
phètes  et  les  apôtres  ;  qui  est  partout  et  qui 
remplit  toutes  choses,  fontaine  des  grâces 
divines,  consubstantiel  è  toi,  procédant  de 
toi  (et  du  Fils),assis  avec  toi  sur  letrône  de 
ton  royaume, et  avectonFils  unique,  Nofre- 
Scigneur  Dieu  et  Sauvetir  Jésus-Christ.  Hé- 

f)ands  sur  nous,  sur  ces  pains  et  sur  ces  ca- 
ices,  ton  Esprit-Saint  pour  qu'il  te  sanctifie 
et  conserve,  toi  qui  es  le  Dieu  tout-puis- 
sant (  à  haute  voix  )  et  pour  qu'il  fasse  de  ce 
pain  le  corps. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Et  de  ce  calice  le  sang  de  la 
nouvelle  alliance  de  Notre-Seigneur  et  Dieu, 
Sauveur  et  souverain  Roi,  Jésus-Christ. 

Le  diacre  :  Descendez,  diacres. 

Le  prêtre  à  haute  voix  : 

Afin  de  procurer  à  nous  tous  qui  y  pre- 
nons part,  la  foi,  la  sobriété,  la  tempérance, 
la  sanctification,  le  renouvellement  de  l'âme, 
du  corps  et  de  l'esprit  dans  la  communion 
de  la  béatitude  de  la  vie  éternelle  etde  l'im- 
mortalité, pour  la  glorification  de  ton  nom 
très-saint,  pour  la  rémission  des  péchés  , 
a&n  que  ton  nom  précieux^  très-saint  et  glo- 


3 


rieux  soit  glorifié,  béni  et  sanctifié  dans  tout 
l'univers  avec  Jésus-Christ  et  avec  TEsprit- 
Saint. 

Le  peuple:  Comme  il  était  et  comme  il  est. 

Le  prêtre  :  Paix  à  tous. 

Le  diacre  :  Priez. 

Le  prêtre  prie  à  voix  basée  : 

Dieu,  créateur  de  la  lumière,  créateur  de 
la  vie,  créateur  de  la  grâce,  toi  qui  fondf s 
les  siècles  et  qui  donnes  la  science,  trésor  de 
sagesse,  docteur  de  la  sainteté,  toi  qui  ac- 
cueilles les  prières  pures  de  l'âme  et  qui  don- 
nes laforceaux  timides  qui  se  confient  eo  toi, 
toi  qui  nous  as  tirés  de  l'abîme  pour  nous 
unir  à  la  lumière  qui  nous  a  donné  la  vie  au 
lieu  de  la  mort ,  qui  as  changé  notre  servi- 
tuu e  en  liberté,  qui  as  détrui  t  en  nous  les  lénè* 
bres  du  péché,  par  l'avéneuient  de  ton  Fil< 
unique,  Seio^neur  souverain,  par  l'avéoement 
de  ton  Esprit  tros-saint,  éclaire  les  yeui 
de  notre  esprit  afin,  que  nous  soyons  di- 
gnes de  recevoir  cette  nourriture  immortelle 
et  céleste;  sauctitie-nous  complètement  et 
absolument  en  âme ,  en  corps  et  en  isprit, 
afin  qu'avec  tes  saints  disciples  et  a}'6lre«, 
nous  t'adressions  celte  prière  : 

Notre  Père  qui  es  dans  les  i  ieui,  etc. 

A  haute  voix  :  Et  daigne.  Seigneur  souve- 
rain, toi  qui  aiines  le  genre  humain,  fane 
que  nous  osions  t'invoquer  avec  liberté,  duo 
c^ur  pur  et  avec  l'âme  éclairée,  la  face 
exempte  de  confusion  et  les  lèvres  sanctifiées; 
toi  qui  es  dans  les  deux  et  qui  es  le  Dieu 
saint  et  Père  fais  que  nous  disions  s 

Le  peuple  :  Notre  Père,  etc. 

Le  prêtre  prie  : 

Seigneur,  ne  nous  induis  pas  en  tentation* 
mais  délivre-nous  du  malin  esprit.  Car  tl 
connaît  par  ta  grande  miséricorde  que  noos 
ne  pouvons  supporter  la  tentation  k  cau>e 
de  notre  grande  faiblesse  ;  accorde-nous  le 
moyen  d'y  résister.  Car  tu  nous  as  doni.c 
Je  pouvoir  de  fouler  aux  pieds  les  serpent 
et  les  scorpions  et  toute  la  puissance  de 
l'ennemi,  (  a  haut'ivoix)  parce  qu'à  loi  ap- 
partiennent  l'empire  et  la  puissance. 

Le  peuple  :  Aman* 

Le  prêtre:  Paix  à  tous. 

Le  diacre  :  Inclinez  vos  tètes  vers  Jé5U5' 
Christ. 

Le  peuple  :  Nous  te  rendons  homroa^r, 
Seigneur. 

Le  prêtre  récite  cette  prière  : 

Seigneur  souverain.  Dieu  tout-puissant 
qui  es  assis  sur  les  chérubins  et  que  le^ 
séraphins  glorifient ,  qui  as  fait  sortir  le 
monde  des  eaux  et  qui  lui  as  donné  pour 
ornement  les  chœurs  des  astres,  toi  qui  as 
établi  dans  les  cieux  les  armées  incorporel- 
les des  anges  pour  célébrer  éternellement  U 
gloire,  nous  inclinons  devant  toi  nos  âmes  et 
nos  corps  en  signe  de  notre  servitude;  noiu 
te  prions  de  chasser  de  notre  pensée  les  at« 
taques  ténébreuses  du  péché  et  de  porter, 

f)ar  les  splendeurs  divines  de  tooEspri t-Sainl, 
'allégresse  dans  notre  esprit,  afin  que,  for- 
tifiés par  ta  connaissance,  nous  panici- 
pions  dignement  aux  biens  qui  nous  50ct 
proposés,  c'est-à-dire  à  ceux  du  ccr^^s  nùt 


189 


HAR 


PART.  II!.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAR 


iO« 


t«iheel  da  sang  précieux  de  ton  Fils  ani- 
qup« Noire-Seigneur  Dieu  et  Sauveur  Jésu»- 
Uiristi  nous  accordant  le  pardon  de  toute 
espèce  de  pécbé,  par  ta  grande  et  inépuisa- 
ble bouté,  et  par  la  çrâce,  la  misérioorde  et 
rhumanilé  de  ton  Fils  unique  (^Aou^tpotx), 
p^r  lequel  et  avec  lequel  à  toi  gloire  et  ero- 
pireavectonËsprlt^trôs-sainty  bon  et  vivifiant. 
Lî  prêtre  :  Paix  à  tous. 
Le  diacre  :  Avec  la  crainte  de  Dieu. 
Le  prêtre  :  Seigneur    saint,   souverain 
cl  redoutable»  oui  reposes  dans  les  saints» 
s8nctiGe-nou.s,  beigneur ,  par  la  parole  de  ta 
grâce  et  par  Tavénement  de  ton  Esprit  tr^s- 
Mint,car  tu  as  dit,  Seiçneur  :  «-Soyez  saints, 
parce  oue  je  suis  saint.   »  Seigneur  notre 
Dieu,  Verbe  incompréhensible  de  Dieu,con- 
subslantiel  etcoéternel  au  Père  et  a  TEsprit- 
Sainl,  reçois  rhvmne  immortelle  qui,  avec 
les  chérubins  et  les  séraphins,  et  proclamée 
par  moi,  pécheur  ton  serviteur  indigne»  crie 
et  dit  par  mes  lèvres  indignes  : 
Le  peuple  :  Kyrie  eleison  {trois  foie). 
Le  prêtre  {à  hiaute  voiœ)  :  Les  choses  sain- 
tei>  aux  saints. 

Le  peuple  :  Un  seul  Père  saint ,  un  seul 
Fils  saint,  un  seul  E'^prit  saint  dans  l*uniié 
de  l'Esprit-Saint.  Amen. 

Le  diacre  :  Pour  notre  salut  et  notre  dé- 
fense. 

Le  prêtre  fait  le  signe  de  la  eroix  sur  le 
peuple  et  dit  à  haute  voix  : 
Le  Seigneur  avec  Cous. 
//  baise  ehsuite  les  pains  et  dit  : 
Louez  Dieu. 

//  coupe  le  pain  en  morceaux  et  dit  aux 
ùssittants  : 

Que  le  Seigneur  vous  bénisse  et  vous  as- 
siste par  sa  srande  miséricorde. 

Le  Clergé  :  Que  fEsprit-Saint  commande  et 
sanctifie. 

Le  prêtre  ^  VoiCi,  ils  sont  sanctifiés  eC 
consacrés. 
Le  clergé  :  Un  seul  Père  saint  {troi'S  fois). 
Le  prêtre  :  Le  Seigneur  avec  tous. 
Le  clergé  :  Et  avec  ton  Esprit. 
Le  prêtre  :.  De  même  que  le  cerf  aspire 
fers  les  fontaines ,  etc. 
//  distribiu  au  clergé  en  disant  : 
Le  corps  saint. 
Et  au  calice  il  dit  : 

Le  sang  précieux  de  Noire-Seigneur  Dieu 
et  Sauveur. 
Le  sacrifice  étant  achevé^  le  diacre  dit  r 
Levez-vous  pour  pri<*r. 
Le  prêtre  :  La  paix  à  tous. 
Le  diacre  :  Priez. 
'   Le  prêtre  récite  Voraisàn  d'actions  de  grâces: 
Nous  te  rendons  grAces,  Seigneur  souve- 
rain notre  Dieu,  à  cause  de  la  participation 
à  tes  mv&tères  saints,  sans  tache^  immor- 
tels et  célestes»  que  tu  nous  As  donnés  pour 
le  profit»  le  salut  et  la  sanctification  de  nos 
âmes  et  de  nos  corps.  Nous  te  prions  et  te 


supplions,  Seigneur,  qui  dans  ta  bontéaimeii 
le  genre  humain,  accorde-nous  la  commu- 
nion du  corps  saint  et  du  sang  précieux  de 
ton  Fils  unique  dans  une  foi  nette»  dans  une 
charité  sincère ,  dans  la  haine  de  tout  mal^ 
dans  l'observation  de  tes  préceptes,  dans  la 
préparation  de  la  vie  éternelle»  dans  une 
défense  aui  spii  agréée  devant  le  tribunal 
redoutable  de  ton  Christ  {à  haute  voix),  pour 
lequel  et  avec  lequel  à  toi  gloire  et  empire 
avec  TEsprit  très-saiàt,  bon  et  vivifiant. 

Se  tournant  ensuite  vers  te  peuple  dit  : 

Grand  Roi,  coéternel  au  Père,  toi  qui,  par 
ta  puissance^  as  dépouillé Fenfer  et  foulé  aux 
pieds  la  mort  et  retiré  Adam  du  tombeau, 
par  ta vertudivineettasplendeur  éclatante  dé 
ta  divinité  ineffable,  étends  sur  nous,  Sei- 
gneur, ta  main  invisible  pleine  de  bénédic- 
tions, par  la  réception  de  toti  corps  sans  ta- 
ehe  et  de  ton  sang  précieux  ;  bénis-nou^ 
tous,  aie  pitié  de  nous,  fortifie-nous  par  ta 
puissance  divine ,  ôte  de  nouis  ropéraliofi 
pécheresse  et  malicieuse  de  la  concupis- 
cence charnelle,  éclaire  nos  yeux  intellec- 
tuels contre  la  culpabilité  des  ténèbres  oui  ' 
nous  entourent.  Réunis-nous  à  rassemblée 
de  ceux  qui  te  sont  agréables,  parce  que  par 
toi  et  avec  toi ,  P'ère  et  Esprit  très-saint-, 
reviennent  tous  hymnes,  honneurs,  empire» 
adoration  et  actions  de  grAces»  maintenant  et 
toujours»  et  dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  diacre  7  Allez  en  paix; 

Le  peuple  :  Au  nom  du  Seigne\ir. 

te  prêtre  {à  haute  voix  )  :  Qqq  la  charité 
de  Dieu  et  du  Père ,  la  grAce  du  Fils  et 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  la  communica<;> 
tion  et  le  don  de  TEsprit  très-sàint»  soient 
avec  nous  tous  maintenant  et  toujours  et 
dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  peuple  :  Amen.  Que  le  nom  du  Sei-  * 
gneursoitbéi^i. 

Le  prêtre  prie  dans  le  lieu  où  se  tiennent 
les  diacres^  ou  dans  la  sacristie^  disant  : 

Tu  nous  as  donné.  Seigneur-,  la  sanctifi- 
cation dans  la  participation  du  corps  très- 
saint  et  dti  sang  précieux dd  ton  Fils  unique; 
donne-nous  la  grAce  et  te  don  de  ton  Esprit 
très-saint;  garde-nOus\àxempts  de  reproches 
en  notre  fie-,  conduis-nous  a  la  rédemption 
parfaite  et  à  l'adoption  et  aux  jouissances 
éternelles.  Car  tu  es  notre  sanctification,  et 
nous  t'adressons  nos  hommages,  au  Père,  et 
au  Fils,  et  au  Saint-Esprit»  maintenant  et 
toinours  et  dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  La  paix  à  tous. 

Lepeuple  :  Et  a  ton  Esprit. 

Le  prêtre  renvoie  rassemblée  en  disant  : 

Dieu  béni»  qui  nous  bénis,  sanctifie» 
protège  et  conserve-nous  tous  par  la  partici- 
pation de  ces  saints  m^rstères,  toi  qui  es  béni 
dans  les  siècles  des  siècles.  Amen. 


On  trooTe  des  analogies   sensibles  entre     éthiopienne  ou  anyssinienne  ;  ceile-ci  avaii 
h  liturgie  dite  de  saint  Marc  et  la  liturgie     son  origine  en  Egypte.  C'est  d'AlexanJria 

Dn:T10!<5.  DBS  Apogrtphbs;  II;  16 


i9t 


DICTIONNAIRK  BES  AHXIRTPHES. 


4!>t 


que  bien  des  traditions  étaient  venues  jus- 

Stie  dans  les  régions  éloii^nées  où  il  faut 
_  lercher  les  sources  du  Nil, 

L'édition  primitive  de  la  liturgie  abyssi- 
nienne vit  le  jour  à  Rome  en  15)^8,  avec  le 
Nouveau  Testament  éthiopien,  publié  par 
Pierre  Comosi,  connu  également  sous  le 
nom  de  Tesia-Sion  (i98).  L*année  suivante, 
une  traduction  latine  de  cette  liturgie  fut 
imprimée  avec  ce  titre  :  Missa  qua  ^thiopeh 
communiter  utuntur  quœ  etiam  Canon  uni- 
versalis  appellatur^  nunc  primum  ex  lingtui 
Chaldœa  sive  jElhiopica  in  Latinam  conversa. 
Elle  fut  insérée  dans  rédition  de  la  BibliO' 
thèque  des  Pères ,  donnée  par  Margarin  de 
la  Bigne,  et  elle  a  reparu  dans  les  diverses 
éditions  de  cette  Bibliothèque.  Renaudot, 
ayant  comparé  cette  version  avec  le  texte 
éthiopien  «  y  trouva  beaucoup  de  choses  à 
corriger;  il  a  publié  son  travail  dans  sa  £t- 
turgiarum  orientalium  collection  Paris,  1715, 
2  vol.  in-i%  1. 1,  p.  1^99-522.  Il  y  joignit  une 
dissertation,  p.  523-545,  dans  laquelle  il  re- 
lève les  erreurs  du  protestant  Ludolphe,  et 
discute  avec  érudition  quehpies-unes  des 
questions  que  soulève  cette  liturgie,  dont  il 
serait  inutile  de  placer  ici  une  traduction 
complète;  mais  afin  d*en  donner  du  moins 
une  idée«  nous  présenterons  une  version  de 
son  début. 

«  Alléluia,  dans  Tabondance  de  ta  miséri- 
cu)rde.  Seigneur,  j'entrerai  en  ta  maison;  je 
t*adorerai  dans  ton  temple  saint  en  demeu- 
rant dans  la  rrainte. 

«  Je  te  confesserai,  Seigneur,  de  tout  mon 
cœur,  parce  que  tu  as  exaucé  les  paroles  de 
ma  bouche. 


«En  présence  des  ançes,  Je  t*adr«sserai  mes 
cantiques  ;  je  t*adorerai  dans  ton  temple  saint. 

«  Que  tes  prêtres  se  revêtent  de  la  lustice  a 
que  tes  saints  se  livrent  à  Tallégresse. 

«  Tu  m'arroseras  d'hyssope,  et  je  serai  pu- 
riGé;  tu  me  laveras,  et  ma  blancheordépav* 
sera  celle  de  la  neige. 

<i  Lave-moi,  Seigneur,  de  mon  iniquité, 
et  puri6e-moi  de  mon  péché,  et  épargne  ton 
serviteur. 

«  H  leur  a  donné  le  pain  du  ciel  ;  rhomme 
a  mangé  le  pain  des  an^es. 

«  le  laverai  mes  mains  parmi  les  inno- 
cents, et  je  ferai  le  tour  de  ton  autel.  Seigneur. 

«  Je  me  suis  rendu  dans  ton  tabernacle, 
et  j*ai  immolé  l'hostie  de  la  vocifération. 

«  Tu  as  préparé  en  ma  présence  la  table 
contre  ceux  qui  m'afDigent;  tu  as  versé  de 
l'huile  sur  ma  tète.  Qu'elle  est  grande  la 
beauté  de  mon  calice  enivrant  t  Je  prendrai 
le  calice  du  salut,  et  j*invoquerai  le  nom  *ï\i 
Seigneur.  Seigneur,  sauve-nous  et  donn;*- 
nous  la  prospérité  1 

«  Béni  celui  qui  vient  au  nom  du  Sei- 
gneur. Nous  vous  bénissons  de  la  maison  du 
Seigneur.  Amen. 

«  Salut,  Eglise  sainte,  entourée  d*une  d)u* 
raille  divine  formée  de  diverses  pierres  pré- 
cieuses et  de  topazes  1  Tu  es  Tarcue  d*or  pir, 
où  est  cachée  la  manne  du  pain  qui  est  u^ 
cendu  du  ciel,  et  qui  donne  la  vie  au  mosde 
entier.  » 

Il  ne  sera  pas  d'ailleurs  hors  de  propos  •  e 
citer  ici  un  échantillon  de  la  liturgie  abys- 
sinienne que  Ludolphe  a  fait  connaître. Nuus 
transcrivons  sa  version  latine ,  jugeant  inu- 
tile de  la  traHuire  en  français. 


UTDRGi  alexandrinje;  ECCLESIJB  APOSTOUCA 

Ex  ^thiopicii  a  Ludolpko  latine  édita. 


EUCHARISTIA  SlVB   LAUDBS. 

Prœfata. 

Dominus  vobiscum  omnibus 

Totus  cum  Spiritu  tuo  sit. 

Sursum  corda  elevate. 

Sunt  apud  Dominum  Deum  nostrum. 

Gratias  agamus  Domino. 

Rectum  et  justum  est. 

peinde   dicunt    orationem   euehansticam 
tpiscopum  prœeuntem  sequendo. 

Gratias  agimus  ti'bi,  Domine,  per  dilectum 
Filium  tuum  Jesum  Christum  quem  in  ulti-* 
mis  diebus  misisti  nobis  Salvatorem  et  Re» 
demptorem  nuntium  consilii  tui.  Iste  Ver- 
bum  quod  ex  te  est, per  quod  omnia  fecisti 
voluntate  tua.  Et  misisti  eum  de  cœlo  ia  ule 
rum  Virginis.  Caro  factus  est  etgestatus  fuit 
in  ventre  ejus;  et  Filius  tuus  manifestatus 
fuit  a  Soiritu  sancto  ut  impleret  voluntatera 


tuam,  et  populum  tibi  efficeret  eipandendo 
manus  suas  ;  passus  est  ut  patientes  libe- 
raret  qui  conudunt  in  te.  Qui  traditus  tA 
voluntate  sua  ad  Passionem;  utmortem  dif- 
solveret,  vincula  Satanaerumperet,  etconcui- 
caret  infernum,  etsanctos  educeret,  et  resur- 
rectionem  patefaceret. 

Domine  œterne  gnarus  occultonim,  decli- 
naverunt  tibi  capita  sua  popuius  tuus ,  et 
tibi  subjecerunt  duritiem  oordis  et  carnis. 
Respice  de  parata  habitatione  tua,  et  beoe- 
die  illos  et  lUas.  Inclina  illis  aures  tuas  it 
exaudi  preces  eorum*  Corrobora  eos  virtute 
dextrœ  tuœ  et  protège  eos  a  passione  mald. 
Custos  eorum  esto  tam  corporis  qaam  aoi* 
niœ.  Auge  et  illis  et  nobis  fidem  et  timorem. 
Per  unicnm  Filium  tuum,  in  cpio  tibi  cuui 
illo  et  cum  Spiritu  sancto,  sit  laus  et  poteo- 
tia  in  perpetuum  et  in  çancula  saaculoruu). 
Amen. 


MARCION 

Cet  hérésiarque  célèbre  vivait  au  n*  siècle     notre  plan  de  nous  occuper  ici  de  $à  \\e  ci 
dû  l'ère  chrétienne.  Il  n'entre  point  dans     de  ses  doctrines  :  c'est  un  sujet  qui  a  tHc 


(496]  Ce  volume  est  un  in-4-  de  12  et  176  feotl- 
ksis,  devenu  fort  rare.  On  trouvera  des  détails 
caconatinciés  à  son  égard  dans  le  Catalogue  de  la 


Miiothèque  de  M.  Siheêtre  de  S«r«,  rédigé  fur 
M.  R.  Merlin,  Paris,  f8it,  t.  I ,  p.  iO«  IIQ  U 
liturgie  cowprcud  las  IcuitleU  iSH  à  illL 


m 


UAR 


t'ART.  111.  *-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAA 


494 


TobjeC  de  nombreux  traraux  (^97)  ;  nous  yoa- 

Ions  seulement  pnrler  de  la  manière  dont  il 

préteodit  refondre  et  remanier  les  livres  du 

Nouvi)au  Testament 

Les  témoignages  des  Pères  abonaent  à  cet 
ézard,eCilsnous  permettent  de  rétablir  avec 

euctitode  rEvangiîe  que  Marcion  présenta  à 
sesdisoipies;  c'est  un  travail  que  nous  som« 
mes  hors  d*état  d'entreprendre  pour  les  pro- 
ductions semblables  rédigées  par  d'autres  hé*- 
réliques  des  premiers  siècles. 

Tertullien,  contemporain  de  Marcion,  écri^ 
vit  contre  lui  un  ouvrage  spécial,  et  parle 
suuveQt  de  ses  tentatives  sur  TEvangile  : 
Lucam  videêur  Morcion  elegisse  quem  cœde- 
ret....  Marcion  Evangelio  suo  nuUum  ascri- 
bit  auctorem  quasi  non  licuerit  iili  titutum 
([uoqus  affingerCy  cui  nef  as  non  fuit  ipsum 
corpus  everêere...  Contraria  quœqut  senlen- 
tût  suœ  erasitj  conspirantia  cum  crtatore  , 
qwui  ah  assertoribus  ejus  intexta;  compe- 
tttuia  auttm  sententiœ  suœ  reservamt,,\  On 
pourrait  multiplier  de  pareilles  citations. 

Ecoulons  aiaintenant  saint  Irénéé  (  Adv. 
hiBres.,  1. 1,  c.  27}  :  Et  super  hœc  id,  quod  est 
ttcundum  Lucam ,  Evangelium  circumcidens 
et  omnia  quœ  sunt  de  generatione  Domini 
conscripta  auferens^  et  de  doctrina  sermonum 
Domini  multa  auferenSf  in  quibus  manifestis- 
iimt  cùnditorem  hujus  universitatis  suurn 
Patrtm  confittns  Dominas  conscriptus  est.,.. 
Semtipsum  veraciorem  quam  sunt  hi  qui 
£tangeliumtradiderunt,apostoli,suasitdisci- 
pulis  suis  non  Evangeliwn  ,.  sed  particulam 
ÈkangeHi  tradens  eis.  —  Jbid,^  I.  m,  c  12: 
Apostolos  quidem  adhuc  quœ  sunt  Judœorum 
t^ntitntes  annuntiasse  Evangelium ,  se  autem 
Siiueriores  et  prudentiores  apostolis  esse.  Unde 
et  Marcion  et  qui  ab  eo  sunt^  ad  intercidendas 
Scripturas  eanversi  sunt^  quasdam  quidem  in 
totumnon  coifnoscentes^  secundum  Lucam  au- 
tem Evangelium  et  Epistolus  Fauii  decurtan^ 
^eiy  kœc  sala  légitima  esse  dicunt ,  quœ  ipsi 
minoraierunt^ 

Richard  Siaion  {Histoire  critique  du  Nou- 
reau'XMtament f  1689,  in-i-**,  cliap.  12)  41 
parlé  en  détail  de  Marcion  et  des  corrections 
ôue  cet  hérésiarque  s'était  permis  d*intro- 
uuire  arbitrairement  dans  les  Evangiles  ca* 
noniqoes.  Ce  critique  observe  que  saint  £pi- 
phanea  traité  cette(^uestion  aveq  plusd'exac- 
litude  que  Tertullien.  Voici  quelques-uns 
des  changements  signalés  par  ce  Père  : 

Au  chapitre  y«  verset  U,  de  saint  Luc^  au 
lieu  de  :  Pour  leur  servir  de  témoignage , 
Marcion  mettait  :  Afin  que  cela  vous  serve  de 
témoignage^  appliquant  ainsi  à  ceux  que  le 
Sauveur  avait  guéris 9  ce  qui*  dans  la  pensée 
de  l*évaDgélisle,  concerne  les  sacrificateurs. 

Au  chapitre  x<,  versets  29  et  30,  Marcion 
avait  supprimé  tout  ce  qui  est  ditde  Jonas; 
Il  y  traduit  seulement  les  mots  :  //  ne  sera 
àonnè aucun  signe  à  cette  terre.  Il  retranchait 
«ossiiesdeux  versets  suivants  oùil  eslparléde 
la  reine  du  Midi,  de  Salomon  et  des  Ninivites. 

Au  verset  49  du  mftme  chapitre,  son  sys- 

(497)  Gave ,  Eisioria  lilteraria  scrîplorum  eecle^ 
ciatiûoniM,  i.  l«  p.  54;  TiUemont,  l/^moiresj  t.  H, 
p.  i66  et  604  ;  Waleb,  Historié  der  Keizereien,  1. 1, 
^  4^j  Biaufebra,  Bistoirs  du  Manichéisme ^  t.  il. 


tème  de  rejeter  les  prophètes  l'avait  conduit 
à  effacer  les  mots  :  Cest  pourquoi  la  sagesse 
de  Dieu  a  dit  :  <  Je  leur  enverrai  des  pro- 
phètes.i^  Il  retranchait  au  verset  50  ces  au- 
tres mots  :  On  en  demandera  compteà  cette  race. 

Au  chapitre  xii,  le  verset 6 était  supprimé: 
le  verset  28  ne  présentait  pas  les  mots  :  Dieu 
prend  soin  de  vêtir  Vherbe^  et  dans  le  ver- 
set 32,  au  lieu  de  :  Votre  Pêre^  on  lisait  sim- 
plement :  Pire. 

Au  chapitrexin,  Marcion  avaitretranohé  les 
trois  premiers  versets;  il  effaçait  au  verset  5 
les  mots  :  Si  vous  ne  faites  pénitence  ^  vous 
périrez  tous.  Au  verset  28,  au  lieu  de  :  Alors 
vous  verrez  Abraham ,  IscLac  et  Jacob  et  tous 
les  prophètes  dans  le  royaume  de  Dieu^  il  met- 
tait :  Lorsque  vous  verrez  tous  les  justes  dane 
le  royaume  de  Dieu  et  vous  chassés. 

Les  versets  29  et  35  du  mémo  chapitre 
étaient  presque  entièrement  supprimés;  la 
parabole  entière  de  Tenfant  prodigue  qui  est 
au  chapitre  xv  avait  disparu,  ainsi  que  ces 
mots  au  verset  10  du  chap.  xvii:  Ditcs^  nous 
sommes  des  serviteurs  inutiles;  nous  avons 
fait  ce  que  nous  sommes  obligés  de  faire. 

Au  chapitre  xviii,  Marcion  lisait,  verset20: 
Je  saiSf  au  lieu  de  :  Vous  savez;  il  suppri- 
mait le  verset  31  de  ce  chapitre,  et  aux  ver- 
sets 32  et  33,  il  retranchait  les  mots  :  //  ser^s 
livrée  il  sera  mis  à  mort  »  et  U  ressuscitera  le 
troisième  jour. 

Au  chapitre  xix,  il  faisait  disparaître  ce 
qui  regarde  l'histoire  et  i*arrivée  de  Jésus- 
Christ  a  la  montagne  des  Oliviers,  et  tout  ce 
qui  est  dit  de  l'dnesse  sur  laquelle  Notre- 
Seigneur  monta  lorsqu'il  fi't  sou  entrée  dana 
Jérusalem,  ainsi  que  les  autres  versets  où  il 
est  parlé  du  temple. 

La  parabole  de  la  vigne  louée  à  des  vigne*» 
rons  était  retranchée  du  chapitre  xx,  ce  qui 
faisait  disparaître  les  versets  9  à  16;  le  ver- 
set 37  et  une  partie  du  verset  38,  dans  lequel 
il  est  parlé  de  la  résurrection  des  morts  « 
étaient  également  supprimés. 

Au  chapitre  xxi,  les  mots  :  U  ne  se  perdra 
pas  un  cheveu  de  votre  téte^  n'étaient  point 
dans  l'exemplaire  de  Marcion ,  non  plus  que 
le  verset  21  et  les  suivants. 

Au  chapitre  xxn,  les  versets  16,  35  à  37» 
étaient  supprimés,  ainsi  que  ce  quiei^^tdit  au 
verset  50  de  saint  Pierre,  qui  coupa  l'oreille 
A  l'un  des  gens  du  grand  prêtre. 

Chapitre  xxiii,  verset  2,  à  ces  mots:  Nous 
Vavons  trouvé  pervertissant  notre  nation  ^  il 
avait  ajouté  ceux-ci  :  Et  détruisant  la  loi  et 
les  prophètes.  Au  même  endroit,  après  ces 
mots  :  Défendant  de  payer  le  tribut ,  Marcion 
avait  ajouté  ceux-ci  :  Et  détournant  les  fem- 
mes et  les  enfants.  U  avait  par  contre  retran- 
ché au  verset  kS  ces  mots  :  Vous  serez  au* 
jourdhui  avec  moi  en  paradis. 

Le  verset  25  du  chapitre  xxiv  était  sup- 

Srimé,  ainsi  que  ces  mots  du  verset  26: 
^e  fallait'il  pas  qu'il  souffrit  cela?  Au  lieu 
de  la  leçon  authentique  du  verset  25:  A  ce 
que  les  prophètes  ont  dit  ,  il  avait  substi- 


p.  69*128;  Matter,  Histoire  du  Gnostidêms  ,  t.  I , 
p.  34i  ;  Neumann ,  Manions  Gtaubitusystem^  ôah^ 
le  Journal  (en  allemaDd)  de  ihéelo$ic  Uistorich^tf 
é'ilftti,  t.  lY,  p.  71-78. 


495 


'f- 


DICTIONNAIRE  DES  APOCR'YPHES. 


496 


tué  :  A  ce  que  je  vous  avais  dit. 

Nous  laissons  de  côté  un  assez  grand  nom- 
bre (le  corrections  de  peu  dMmportancet  et 
qui  parfois  ne  changent  guère  le  sens. 

On  trouve  de  mftme  dans  l'ouvrage  de 
Richard  Simon  (chap.  xv)  des  détails  éten- 
dus sur  le  travail  que  Marcion  avait  entre- 
pris au  sujet  des  Epttres  de  saint  Paul.  Il  (es 
avait  rangées  dans  un  ordre  méthodique, 
plaçant  d*abord  VEpUre  aux  Galates^  ensuite 
les  deux  aux  Corinthiens^  celle  aux  Romains^ 
les  deux  aux  Thessaloniciens ,  et  finissant 
par  celle  aux  Philippiens.  Il  intitulait  ce 
recueil  Aposiolicon^  et  saint  Jérôme  observe 
que  les  marcionites  avaient  forgé  des  épitres 
des  apôtres  ;  il  s'étonne  qu'ils  eussent  la 
hardiesse  de  prendre  le  titre  de  Chrétiens: 
Cum  aposlolorum  epistolas  non  apostolorum 
Chrislx  fecerant  esse^  sed  proprias  ^  miror 
quomodo  soli  Christianorum  nomen  audeant 
vindicare.  {Proœm.  in  Epist.  ad  Tit.) 

Saint  Epiphane  signale  quelques-unes  des 
altérations  que  Marcion  s'était  permises  : 
dans  VEpUre  aux  Ephésiens  (ch.  y,  3},  il 
avait  retranché  les  mots  :  à  sa  femme.  Dans 
la  /"  aux  ICorinihiens  (ch.  ix,  8),  au 
lieu  de  :  La  Loi  ne  dit-ellepas  cela?  il  avait 
mis  :  J?ien  que  la  Loi  de  Bioise  nt  dise  pas 
cela.  Même  E{)î(re  (ch.  xiv,  f  19),  il  avait 
mis  :  Taime  mieux  ne  dire  dans  l  église  que 
cinq  paroles  à  cause  de  la  lot,  remplaçant 
par  ces  'derniers  mots  ceux  du  texte  cano- 
nique :  En  mon  intelligence» 

Tertullien  reproche  à  Marcion  d'avoir 
effacé  le  mot  de  prophètes  dans  VEpUre  aux 
Ephésiens  (ch.  ii,  20)  :  Etant  édifiés  sur  le 
fondement,  des  apôtres  et  des  prophètes.  11 
avait  ôté  dans  la  même  épltre  (en.  vi,  2) 
ces  mots  :  Car  c'est  le  premier  commandement 
êccompagné  de  promesses. 

Saint  Jérôme,  dans  son  commentaire  sur 
YEvUre  aux  Galales^  observe  que  dans  cette 
Epltre,  au  chap.  i,  1,  Marcion  avâit  effacé 
les  roots  Dieu  le  Père^  afin  de  donner  à  en- 
tendre que  Jésus  était  lui-même  l'auteut 
de  sa  résurrection  et  non  son  Père.  Un  dia- 
logue Contra  Marcionem^  inséré  dans  les 
Ol^uvres  d'Origène,  nous  ap(>rend  aussi  que, 
dans  la  /'*  hpitre  aux  Corinthiens  (ch.  xv, 
38),  au  lieu  de  :  Dieu  lui  donne  un  corps 
comme  il  veut^  les  marcionites  lisaient  :  Dieu 
lut  donne  un  esprit  comme  il  veut, 

Marcion  porta  la  même  témérité  dans  ce 
qu*il  appelait  Vépuration  des  EpUrei^apostO" 
tiques.  Une  se  servait,  à  ce  qu'atteste  saint 
Epiphane,  que  des  dix  Epitres  de  saint 
Paul;  il  retranchait  dans  quelques  chapitres, 
il  changeait  dans  quelques  autres.  VEpUre 
nux  Romains^  après  avoir  subi  ses  ciseaui, 
offrait  tant  de  lacunes,  que  Tertullien  se 

• 

(498)  <  Et  qiiidem  Marclontt  ille  lit>er  Evange- 
iium  iecundum  Lucam  stylo  ipso  referre  videiur; 
ut  autem  ab  eo  muiilaïus  est,  luîilo,  medio  ac  flne 
decurlalis,  corrosi  a  tiiieis  ondique  vestimenii  si- 
millimus  est.  Eieiiim  ab  ipso  sutiin  iniiio,  ea  uade 
Lucas  exorsus  est,  niniiruin  :  Quoniam  quidem  muUi 
conali  iunt  ordinare  narraiionem,  eic,  una  cum 
Kli'zabcthœ  et  angeli  àforiap  Virgini  nuntium  affe- 
«euUs  bislorla,  Joanois  item  âc  Zacha'io;  adeoque 


lassa  de  [les  énumérer.  Saint  Epipbane  est 
entré  dans  plus  de  détails  ;  il  nous  apprend 
qu'au  i*'  chapitre  Marcion  n'avait  cbangi 

aue  le  verset  17,  mais  qu'au  chapitre  vm 
n'avait  conservé  que  les  versets  12  à  17; 
le  chapitre  ix  avait  disparu  en  entier;  le 
chapitre  x  avait  perdu  les  versets  S  i  21,  et  le 
chapitre  xi,  les  versets  t  à'32,  qui  citent  avec 
éloge  Moïse  et  les  prophètes  :  les  deai 
derniers  chapitres  de  cette  Epltre  furent  en* 
tièrement  supprimés. 

Dans  VEpUre  aux  Galates^  Marcion  *re- 
trancha  les  versets  6  è  9  du  iir  chapitre,  qui 
font  réloge  d'Abraham,  ainsi  que  les  ver* 
sets  15  à  25,  27  à  29,  relatifs  à  la  Loi  et  à 
la  postérité  d'Abraham  ;  les  deux  premiers 
versets  du  chapitre  iv  ,  sur  rbéritier 
encore  enfant  et  ne  différant  en  rien  de 
l'esclave,  furent  proscrits  également. 

VEpUre  aux  Ephésiens  ne  subit  que  peu 
de  mutilations;  cependant,  au  verset 9  da 
chapitre  m,  où  il  est  dit  que  Dieu  a  tout 
créé  par  Jésus-Christ,  Marcion  retrancha 
ces  derniers  mots. 

Les  EpUres  aux^Thessaloniciens^aux  Philif' 
piens  et  à  Philémon^  étaient  tellement  alté- 
rées, au  jugement  de  saint  Epiuhane,  que 
ce  Père  n'a  rien  voulu  en  signaler  particu- 
lièrement. Marcion  rejetait  en  entier  les  deux 
EpUres  à  Timothée,  celle  à  Tite  et  celle  aux 
aébreux, 

M.  Matter  {Histoire  du  (rnoi/tcitme,  18i3, 
t.  11}  entre  dans  de  longs  détails  au  sujet  de 
cet  hérésiarque;  il  consacre  un  chapitre  ^spé- 
cial è  son  Evangile. 

Les  travaux  de  l'érudition  ai^emanda  se 
sont  portés  avec  prédilection  sur  ce  sujet; 
des  hypothèses  téméraires  ont  été  mises  en 
avant,  mais  une  critique  à  la  fois  sévère  et 

i'udicieuse  a  démontré  que  TEvan^le  de 
larcion,  loin  d'offrir  un  texte  primitif, 
comme  lavaient  avancé  quelques  rationa- 
listes,  n'est  plus  concis  et  plus  simple  que 
par  suite  des  mutilations  arbitraires  que  ce 
gnoslique  faisait  subir  au  texte  qu'il  sui- 
vait. Les  écrivains  des  premiers  siècles, 
Tertullien,  saint  Irénée,  Origène  ,  saint 
Ephrem,  saint  Cyrille,  rendent  à  cet  égard 
Jes  témoignages  unanimes. 

Saint  Epij^ane  nous  apprend  (hsre^. 
42}  que  Marcion  n'a  que  le  seul  Evangile  do 
saint  Luc,  encore  l'a-t-il  mutilé  dès  le  corn* 
mencement,  è  cause  du  récit  de  la  naissance 
du  Sauveur.  Non-seulement  il  en  retrancha 
le  commencement,  en  se  faisant  plus  de  uiai 
à  lui-même  qu'à  l'Evan^le,  mais  il  rejeu 
encore  de  la  Ou  et  du  milieu  beaucoup  de 
paroles  de  vérité;  il  osa  même  j  substituer 
d'autres  choses  (498). 
On  ne  saurait  d  ailleurs  douter  que  le5 

nati  apud  Uettuehemum  Domini,  xum  ejasdcm 
geiiealo^la,  ac  baptismale;  haec,  Inqoani,  omuu 
circumoideDS  ac  traiisilieos,  inde  EvaageKuai  exor- 
ditur  :  Anna  xv  Tiberii  Cwsaris^  elc«  Hoc  igttMr  illi'-^ 
Inilium  est.  Neque  tamea  caetera  onliiie  pertc&it . 
verum  quaBdam,  ut  diiimas.  ampuiai,  addi(  alîa  , 
susque  deaiie,  quod  aiunt,  oannia  perturbaoi*  brc 
reçus  gradieiis ,  sed  malitioae  hue  illucqve  €ar>«^ 
tans.  I  (P.  311,  éiHt.  dei;<rfogue,  I68i.) 


497 


MAP 


PART.  III.~  Ii£G£N0E&  ET  FRAGMENTS. 


MAR 


498 


discip)e&  de  Marcion  n'aient  usé  de  la  m6me 
liberté  que  leur  maître,  en  arrangeant  à 
leur  ^ré  son  ETangile«  de  sorte  qu*il  s*en 
Fépandit  des  copies  présentant  entre  elles 
des  différences  sensibles  :  des  passages  de 
saint  Matthieu  et  de  saint  Jean  y'iurent 
insérés. 

Voici  d'aprèslesaintévèque  de  Salamine  un 
aperça  des  opérations  critiques  de  Marcion  : 

Retranchement  des  deux  premiers  cha- 
pitres relatant  Tannonciation  et  la  naissance 
de  Jésus-Christ. 

Combinaison  du  commencement  du  in' 
chapitre  avec  le  verset  31  du  chapitre  iv; 
l'histoire  de  la  tentation  était  supprimée. 

Le 34*  verset,  qui  donne  è  Jésus-Christ 
pour  lieu  natal  le  village  de  Nazareth,  fut 
retranché,  ainsi  que  les  versets  29  à  35  du 
chapitre  ni;  il  lui  paraissait  contraire  è  la 
nature  de  Jésus-Christ  de  boire  du  vin. 
.  Au  chapitre  viii,  le  verset  19  qui  j^arle  de 
la  Mère  et  des  friàres  de  Jésus -Cbrisi  dis- 
)>arutb 

Dans  rOraison  dominicale  du  chapitre  xi, 
Marcion  demandait  le  Saint-Esprit  en  place 
de  ia  formule:  Que  tonnom  $oii  tanctifiij 
et  il  retrancha  les  mots  :  Délivre-noui  du 
noi. 

Les  versets  29  à  32  de  ce  mAme  chapitre 
furent  effacés  ;  ce  qu'ils  disent  de  Jonas  et 
de  la  reine  du  Midi  écoutant  la  sagesse  de 
Salomon,  était  contraire  aux  idées  de  Mar- 
cion sur  la  sagesse  des  Juifs.  lien  futde 
même  des  versets  49  è  51  qui  invoquent  la 
Uième  sagesse. 

Le  verset  28,  qui  étend  la  Providence  jus- 
que  sur  Therbe  des  champs,  se  trouvait  dans . 

I  Evangile  de  Marcion  dont  se  servait  Ter- 
tullien  ;  il  manquait  dans  celui  dont  se  ser- 
Tait  saint  Epiphane. 

Marcion  retrancha  les  neuf  premiers  versets 
du  chapitre  xiii,  la  punition  des  hommes  telle 
qu*elte  y  est  indiquée  contrariant  ses  idées. 

II  en  fut  de  même  des  versets  29  à  35 ,  et 
plusieurs  changements  furent  faits  dans  Tin- 
t^r?alle  du  9*  au  29*. 

Au  chapitre  xv,  la  parabole  de  YEnfant 
prodigue  disparut  entièrement  ;  les  plaisirs 
et  les  festins  auxquels  elle  fait  allusion 
Qavaient  pas  Tapprobation  du  rigide  Marcion. 

le  chapitre  xvi  subissait  divers  change- 
ments ;  le  chapitre  xvii  perdait  les  versets  5 
À 10  (ordres  donnés  au  serviteur  fatigué  de 
préparer  le  souper  de  son  maître  avant  de 
^  mettre  à  table;  détails  que  Marcion  jugeait 
peu  dignes  du  christianisme). 

Les  versets  31  è  3^  du  chapitre  xviir,  où 
le  Sauveur  parait  en  appeler  aux  prophéties 
des  codes  judaïques,  furent  supprimés,  ainsi 
que,  dans  le  chapitre  xix,  les  versets  rela- 
laut  l'entrée  de  Jesus-Ghrist  dans  Jérusalem 
et  Taccomplissemenl  d'une  prophétie.  Même 
proscription  dans  le  chapitre  xx,  pour  les 
ursets  9  à  18  (parabole  des  vignerons  infi- 

{W)  Cet  ouvrage  t/émoigne  d*une  vaste  érudi- 
tioo  ;  il  esif  fait  avec  «eUe  exactitude  de  recherches 
et  ceue  abondance  de  citations  qui  caractérise  les 
travaiii  derAUeniagne,  mais  il  ne  doit  être  consulta 


dèles),  et  dans  le  chapitre  xxi,  pour  le  verset 
18,  qui  étend  les  soins  de  la  Providence  jusr 
que  sur.  les  cheveux  de  Thomme  ;  les  ver- 
sets 21  et  22,  qui  parlent  de  Taccomplisse- 
ment  d'une  prophétie,  avaient  été  effacés. 

Le  verset  3  du  chapitre  xxii  fut  changé, 
parce  au'il  attribuait  à  Satan  l'action  d*avoir 
séduit  J  udas;  le  verset  16  fut  supprimé,  Jésus- 
Christ  n'ayant  pas  mangé  réellement  l'agneau 
pascak  Les  versets  35  h  38,  42  à  U,  49  à  51, 
la  mission  sans  provision,  la  prière  et 
l'agonie  du  Sauveur,  Pierre  frappant  de 
répée,  eurent  le  même  sort.  Au  chapitre 
VUi»  les  versets  47  è  49,  c'est-à-dire  les.té- 
moigna^es  rendus  à  Jésus- Christ  sur  la 
croix,  disparurent  également. 

Il  est  constaté,  d'après  le  relevé  que  nous 
venons  d'exposer,  que  le  prétendu  travail 
critique  de  Marcion  fut  simplement  une 
œuvre  arbitraire  dirigée  par  les  opinions  de 
l'auteur  ;  il  se  fit  un  système,  et  il  arrangea 
ensuite  l'Evangile  selon  ses  idées. 

Les  travaux  de  Marcion  ont  été  discutés 
avec  de  grands  développements  par  M.  Au* 
guste  Hann,  professeur  à  l'université  deKo»- 
nigsberg.  Antithèses Marcionis  gnosiici ,  liber 
deperdituSf  nune  quoad  ejus- fieri  potuit 
restitutus ,  1823,  in-8*,  283  pases.  Cet  éru- 
dit,  qui  avait  déjè^  en  1821, publié  un  écrit, 
De  gnosi  Marcionis  antinomie  réunit  tous 
les  passages  des  Pères  relatifs  à  cet.  héré- 
siarque et^s'efEopce  d'après  les  témoignages 
de  Tertullien  et  de  saint  Epiphane  d'arriver 
à  établir  quels  étaient  les  retranchements 
et  les  changements   qu'il  avait  introduits. 

Voy,  aussi,  indépendamment  des  auteurs 
déjV  mentionnés,  Eichhorn ,.  Einjleitung  in 
da<  N.  Test. 

Michel  Arneth,  chanoine  à  Saint-Florian, 
Veber^  dta  Bekanntschaft  Marinons  mit  un-, 
serm  Canon  des  neuen  Èundes  und  insbeson* 
dere  ueber  dos  Evangelium  desselben^  Linz, 
1809, in- 4*,  travail  étendu  et  rédigé  avec 
soin. 

Gratz,  Kritische  Untersuchung  ueber  Mar* 
cions  Evangelium,    Tubingue,  1818,  in-8*. 

Neander,  Ueber  dos  Verhliltniss  des  mar- 
cionitischen  Textes  vom  N.  T,  xu  seinem  System^ 
dans  son  Entwickelung  der  vornehmsten 
gnostischen  Système^  Berlin,  1818.  Il  pense 
que  Marcion  avait  pris  pour  point  de  déi 
part  \  Evangile  desÈébrfiux. 

Signalons  enfin  la  dissertation  de  LœfOer  r 
Marcionem  Pauli  epistolas  et  Lucœ  Evange- 
lium adultérasse  dubitatur^  Utrecht,  1788, 
in-4*.  Elle  est  réimprimée  dans  les  Comment. 
theoL  recueillies  par  Kuinoel  et  Ruperti,  voL 
1,  p.  180.  Il  existe  aussi  une  dissertation  de 
Scnelling  au  sujet  des  travaux  de  Marcion 
sur  les  Epltresde  saint  Paul,  .Tubingue, 
1795. 

Un  critique  protestant,  de  Welte,  dans  son 
Introduction  (i99)  aux  Livres  canoniques  du 
Nouveau  Testament  (édition  de  Berlin,  1848, 

qu'avec  circonspection ,  car  il  subi  riiifluence  de  U 
hardiesse  dans  la  critique  et  de  ia  lémérité  dans 
les  conjectures  qui  caractérisent  Técole  Moderne 
des  thénloi(i«ns  germaniques. 


4M 


S.  110  et  suiv.},  est  entré  dans  des  détails 
tendus  au  sujeC  des  travaux  de  Marcion  ;  il 
cite  à  leur  égard  un  grand  nombre  d*auteurs 
allemands  non  catholiques  et  il  place  Bur 


DICnONNAIRE  DES  APOCRTPRES.  SOO 

deux  colonnes  le  texte  de  saint  Luc  en  r-- 
gard  des  rectifications  que  s'était  permifes 
Marcion,  et  qui  ont  été  signalées  parTerlul- 
lien,  saint  Epiphwe  et  les  autres  Pères. 


Selon  les  rabbins ,  Mardochée  connut 
soixante-dix  langues  et  exposa  des  mystères 
ignorés  des  hommes.  Voici  ce  que  rapporte 
?abricius,  citaul  les  talmudisles  :  inMiêchna 


MARDOCHÉE. 


Skekalim,  cap.  y  :  Petiuhias  €âî  Mardochai. 
Eccur  aulem  vocatur  nomine  Pttackiaf 
Quia  res  absconditoê  aperuU^  tatqtu  u- 
poiuit  f  tt  septuaginta  lingwa  eaUuit. 


MARIE. 

LETTRES  DE   LA  SAINTE  VIERGE  AUX  HABITANTS  DE  MESSINE 

ET  DE  FLORENCE. 


Ces  lettres  ont  joui  pendant  quelque 
tc^mps  d*une  certaine  célébrité;  elles  sont 
d'ailleurs  courtes  et  insignifiantes  ;  roici 
celle  adressée  aux  habitants  de  Messine  : 

«Marie  Tierge*  fille  de  Joachim,  très- 
humble  servante  de  Dieu«  Mère  de  Jésus- 
Christ  le  crucifié,  de  la  tribu  de  Juda,  de  la 
race  de  David,  à  tous  les  habitants  de  Mes- 
sine, salut,  et  la  bénédiction  de  Dieu  le 
Père  tout-puissant. 

«  Vons  tous  inspirés  par  une  foi  vive, 
,T0us  nous  avez  adressé  des  envoyés,  ainsi 
que  ratteste  un  document  public.  Vous  re- 
connaissez notre  Fils  pour  le  Fils  de  Dieu 
et  pour  Dieu  homme;  vous  confessez  qu'il 
est  monté  au  ciel  après  sa  résurrection,  et 
tons  suivez  la  voie  de  vérité  que  vous  ont 
enseignée  les  prédications  de  l'apôtre  Paul. 
C'est  pourquoi  nous  vous  bénissons,  ainsi  que 
votre  ville,  dont  nous  voulons  être  la  protec- 
trice éternelle.  L'année  de  notre  Fils  tô,  le 
trois  des  nones  de  juillet,  à  Jérusalem.  » 

Le  faux  Dexter  (ad  annum  86)  transcrit 
cette  lettre  et  (ad  an.  430)  il  dit  qu'on  la 
trouve  dans  les  archives  de  Messine;  mais 
on  sait  que  ce  prétendu  chroniqueur  n'a  ja- 
mais existé,  et  que  son  livre  fut  fabriqué 
au  XVI*  siècle  par  J.  Bivar. 

Nous  observerons  que  le  teite,  tel  qu'il  est 
donné  dans  quelques  auteurs,  est  présenté 
comme  écrit  de  la  main  de  saint  Luc  ,Ja 
Vierge  l'ayant  seulement  approuvé  :  Maria 

!juœ  iupra^  hoc   chirographum  approbavit 
500). 

La  lettre  adressée  aux  Florentins  est  en- 
core plus  succincte  : 
«Florence,  ville  cnérie  de  Dieu  et  du  Sei- 

f;neur  Jésus-Christ  et  de  moi,  conserve  la 
6i,  applique-toi  à  l'oraison,  fortifie-toi  dans 
la  patience  :  c'est  ainsi  que  tu  obtiendras  le 
salut  éternel  auprès  de  Dieu.  » 

Plusieurs  auteurs  ont  soutenu  Tauthenticité 
de  Tépltre  ad  Messantnses.  Le  Jésuite  Inchœ- 
fer  la  défendit  avec  chaleur  dans  un  vo- 
lume intitulé  :  Epistolœ  beatœ  Mariœ  ad 
Messanenses  veritas  vindicala ,  Messanœ, 
1629.  Ce  volume  fut  réimprimé  avec  quel- 
ques changements  à  Vilerbeen  1631.  Le 
Pape  Alexandre  VH  l'avait  mis  à  l'index  ; 

(500)  f  Edidtrant  liane  epislolam  pneier  Biva- 
fium  Canisius,  Leraeus,  aliique.  Ëam  pro  genuina 
habel  Anloniu»  Maccdo ,  lihr.  De  diis  tuteUribui 
9rbU  Chritîianif  p.  S07.  >(F;ibriciu8}. 


aussi  dans  la  réimpression,  le  titre  fol-ii 
moins  affirmatif  :  De  epistola  B.  Mariœ tjrqx' 
nis  ad  Messanenses  eoniectatio  plurimii  ro- 
tionibus  et  verisimilituainibuê  locuplts. 

Benoit  Selvaggi,  Ap^iogia  pro  pittctt 
Mesitanensi^  Messanœ,  16U),in-i'*« 

H.  M.  Perpami,  De  epistolaad  Messammet. 
Messanœ,  164!^,  in-i*. 

P.  Belli,  Gloria  Messanensiif  $it€  de  epi- 
stola  Deiparœ  Virginis  ad  Messanenseâ  du- 
sertatio,  Messanœ,  164T.  (On  trouve  à  la 
suite  de  cet  ouvrage  un  petit  poème  de 
Jérôme  Petruci;i  en  525  vers  iambiquis, 
au  sujet  de  cette  lettre.) 

Pielro  Menniti,  Rome,  1718,  in-4*. 

Mabillon  {De  re  diplomqiica,  p.  25)  s  ex- 
prime en  ces  termes  :  Hie  adde  quod  a 
Rocco  P{rro(Siciliœ\.  i,  p.  2M)  meinoratur 
de  quodam  Grœco  aniistiie  qui  ut  Mei$anen- 
êium  gratiam  iVitrer,  spem  tnjecit  reoeriendi 
autographi  epiHolœ  beatœ  Virginis  aà  Mena- 
nenses  Hebraice  conscripti^  quod  in  mm- 
brwna  con/ictum  cum  sub  lateribus  eerto  rn 
loco  abscondisset  ;  viri  quidam  religiosi  tan- 
dem eju$  detexerunt  imposlnram. 

VÉpître  aux  Florentine  a  soulevé  peu  d" 
débats  ;  Antoine  Macédo ,  que  nous  rewm 
de  citer  parmi  les  défenseurs  de  la  Lettre 
aux  habitants  de  Messine  (  Voy.  note  ^^^ 
ci  -  dessous  )  ,  convient  que  celle-ci  e^i 
fort  douteuse  ;  Adrien  van  der  Lyere 
(Trisag.  Marian.)  mentionne  le  fameux  Si- 
vonorole  comme  ayant  prêché,  en  1V95,  un 
sermon  où  il  regardait  cette  Epître  com- 
me authentique  ;  Jean  de  Carthagène  s'a;»- 
puie  sur  l'ancienne  tradition  existant  à  Fh^ 
rence;  mais  ces  faibles  autorités  n'ont  p<'ij' 
empêché  l'immense  majorité â!escritiquo5  >• 
regarder  TEpltre  en  question  comme  u:.<' 
supposition  qui  n*est  pas  même  fort  an* 
cienne. 

Il  nous  reste  à  parler  de  la  prétendu  ^ 
Lettre  de  saint  Ignace  à  la  Vierge  et  de  la  rt- 
ponse  à  cette  lettre* 

Elles  ont  été  citées  (501)  par  le  pseud<>- 
Dexter  (ad  an.  116  et  130),  mais  elles  ^olî 
bien  plus  anciennes,  car  dès  le  xn*  siècle  oq 
les  trouve  mentionnées. 

Denys  le  Chartreux,  dans  son  Commentaire 

(501)  €  Sanclus  Ignaliua,  in  «na  snaniin  Ept$i^ 
larum  ad  êacraliêûmam  Virginem^  eandem  mpat 
lervide ,  iil  pro  consolatione  el  confortatione  sui  a 
pluriuin  neophytorum  digiiareiur  venire  9d  k.  > 


SOI 


MAR 


PART.  ni.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAR 


8<n 


sur  le  traité  de  Denys  rAréopagitet  Des 
nom$  divins  (502);  Pierre  de  Natalibus, 
(lib.  III»  G.  6i]  ;  Marc  Michel  de  Corione  {De 
nrii  illustriom)  ;  MàTianns  Victor  (Schol. 
aJ  lih.  m  Hiernnyaii  contra  Pelagianos)  » 
et  d'autres  écrivains,  en  ont  parlé  et  n'ont 
pas  douté  qu'elles  ne  fussent  authentiques. 
Mais  de  plus  judicieux  critiques  dont  on  ne 
saurait  révoquer  en  doute  la  piété  et  l'or- 
thodoxie, les  ont  rejetées  comme  supposées  ; 
telle  est  l'opinion  des  cardinaux  Baronius 
(ad  an.  48,  n.  25;  ad.  an.  109,  n.  34),  et  Bel- 
larDjin  (De  scriptoribus  ecclesiasiicis)  ;  de 
Pierre  Posse vin  (itppara/.  sacr.);  de  Théo- 
phile Raynaud  {Erolemata  de  bonis  et  malis 
liMs^  p.  i!kS),  et  Christophe  de  Castro  {His- 
toria  Deiparœ,  c.  23)  ;  de  Bailïet  {Jugements 
du  savants,  t.  I,  p.  176);  de  Tillemont  {Mé^ 
moires,  1. 1,  p.  119),  et  de  bien  d'autres  au 
teurs  catholiques.  Il  est  inutile  de  dire 
quelle  a  été  à  cet  égard  la  façon  de  voir  des 
protestants. 

Ces  lettres  parurent  ponr  la  première  fois 
à  Paris  en  149S,  à  la  On  d'une  Histoire  de  la 
ne  et  de  la  mort  de  saint  Thomas  de  Cantor- 
béry:  Jacques  Lefebvre  d'Ëtaples  ne  les  ad- 


mit pas  dans  son  édition  des  Epîtres  de  saint 
Ignace,  1498,  et  elles  ne  figurèrent  point 
dans  les  éditions  de  1S02  et  de  1515;  mais 
Symphorien  Champier  les  réunit  aux  au- 
tres lettres  du  saint  martyr  (1520,  in-8"). 
Elles  reparurent  dans  l'édition  de  Co- 
logne, 1536;  dans  les  Orthodoxographa , 
Bâle,  1555  ;  dans  les  éditions  des  Bibliothè- 
ques des  Pires.  Halloix  leur  consacra  uoe 
partie  de  son  Apologia  pro  scriptis  Ignatii 
[t.  I,  p.  464,  Yitarum  scriptorum  Orienta- 
/ttim).  Des  critiques  modernes,  qui  les  ont  re- 

Sardées  comme  apocryphes,  ont  cru  cepen- 
anl  devoir  les  réimprimer;  c*est  ainsi 
Ju'elles  ont  trouvé  place  dans  les  éditions 
e  saint  Ignace  données  par  Ussérius  (Ox- 
ford, 1644),  par  Isaac  Vossius  (Amsterdam, 
1646),  par  Cotelier  (dans  ses  Patres  aposto- 
liciy  1672);  et  qu  Ittig  les  a  insérées  dans  sa 
Bibliotheca  Patrum  apostolicorum  (Leipsick, 
1699).  Richard  Russel  les  a  également  admi- 
ses «ans  le  tome  1"  de  ses  Patres  apostolici 
(Londres,  1746).  On  les  trouve  aussi  dans  le 
Codex  apocryphus  Novi  TesfUmenti  de  Fa- 
bricius,  t.  I,  p.  841). 
Voici  maintenant  ces  deux  Eptlres  : 


LETTRE  D'IGNACE  A  LA  SAINTE  VIERGE  MARIE,  MÈRE  DE  NOTRE  SEIGNEUR 

JÉSUS-CHRIST. 


•  A  Marie,  qiii  a  f )Orté  le  Christ,  son  Ignace. 

«  Tu  aurcâs  dû  me  fortifier  et  me  conso- 
ler, Dioi  qui  suis  néophyte  et  disciple  de 
Jean.  J*ai  entendu  dire  de  ton  Jésus  des 
choses  admirables,  et  je  suis  resté  frajipé  de 
stupeur  en  les  entendant.  Mais  je  désire  de 
touie  mon  Ame  avoir  une  plus  grande  cer- 


titude, en  la  recevant  de  toi,  qui  as  toujours 
vécu  dans  sa  familiarité,  qui  as  été  unie  à  lui 
et  qui  as  connu  ses  secrets.  Je  l'ai  écrit  d'au- 
tres lettres  et  je  t'ai  fait  les  mêmes  deman- 
des. Porte  toi  bien,  et  que  les  néophytes  qui 
sont  avec  moi  soient  réconfortés  en  toi ,  par 
toi  et  de  loi.  Amen.  » 


RÉPONSE  DE  LA  SAINTE  VIERGE. 


«  A  Ignace,  le  condisciple  chéri,  l'humble 
servante  de  Jésus-Christ. 

<  Les  choses  que  tu  as  apprisses  et  enten- 
dues de  Jean  au  sujet  de  Jésus  sont  vraies. 
Crois -les,  restes  -  y  attaché,  suis  avec 
fermeté  la  doctrine  de  Jésus-Christ  i]ue 
tu  as  reçue,  et  conforme  tes  mœurs  et  ta  vie  à 

Nous  ne  devons  pas  omettie  une  lettre 
f'Tl  peu  connue  et  donnée  comme  ajrant  été 
adressée  par  la  Vierge  à  un  moine  italien; 
elle  se  trouve  dans  rouvrage  die  J.  Lami, 
De  eruditione  apostolorum  liber  singularis, 
etc.,  Florentiœ,  Rprn.  Paperini,  1738,  in-8*, 
cap.  11,  pag.  n^iDelibriset  litteris  apostolist 
virisque  apostoUcis  falso  tributis  et  apocry- 
yhis.  Pag.  189  :  Epxstola  sanctœ  Mariœ  Dei- 
j'arœad  Jgnatium  marlyrem.  Epistola  sanctœ 
Mariœ  ad  Messanenses.  Epistola  sanctœ  Ma* 
riœ  ad  Florentinos.  —  simple  mention  de 
•CN  lettres.  Pour  cette  dernière,  la  dissertation 
<''tuQ  peu  plus  longue  et  conduit  à  la  lettre 
suivante  de  la  manière  que  voici,  pag.  190  : 

Sed  ne  mirum  videatur  si  monachus  ille 
hanc  Mariœ  supposuit  epistolam,  exploratœ 
ylnesse  animadvertendum  est,  ab  eiusdem 
(*rdinis  monacho   epislolam  ;  pariler  Virgini 

.  ^^01)  c  Ignaiitis  bcatae  Virgini  'valdc  dilectuâ 
tikinadliuc  iocarna  exsist^nli  devolam  Epi^ioîam 


cette  doctrine.  Je  viendrai  un  jour  avec 
Jean  te  visiter,  toi  etceuxqui  sont  avec  toi. 
Persévère  dans  la  foi  et  agis  avec  vigueur, 
et  que  la  rigueur  de  la  persécution  ne  te 
trouble  pas,  mais  que  ton  esprit  tressaille 
en  Dieu,  qui  est  ton  salut.  Amen.  » 

Deiparœ  af/lctam  fuisse  a  F.  Antonino  sei-- 
licet  de  Villa  Basilica;  quam  epistolam  in  opi- 
nionis  meœ  confirmationem  hic  adducere 
lubet ,  cum  prœcipue  hoc  commenturn  desit 
in  apocryphis  diligenlissimi  Fabricii  inter 
multa  tamen  hujusmodi,  quœ  affert  et  recen- 
set,  et  quorum  menlionem  consulta  omisimus, 
utpote  non  omnium  id  genus  deliramentorum 
curiosi  et  captatores.  Ex  ms.  igitur  codice 
bibliothecœ  Riccardianœ  ridicuiam  hanc  et  fa- 
bulosam  epistolam  proferimus,  atque  respon* 
sum  est  ad  epistolam,  quœ  per  angelum  eus- 
todem  a.  F.  Antonino  missa  fingitur  ad  Dei- 
param,  atque  ita  habet  : 

«r  Fratri  Antonino  prœdilecto  misericordia 
JUaler  opem  salutarem. 

9  Quod  a  me  precibus  expostulasti ,  dut- 
cissime  fili,  nequevaleo  denegare,  neaue  pe- 
nitus  indulgere  relim.  Abnuere  quidem  ne- 

sciipsi: ,  cl  ab  ea  responsioncm  «dus  sanais  inaaiî' 
i)us  fcripiam  ebtiauii.  » 


505 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


nr 


queo  quœ  toto  terrarum  crbe  misericordiœ 
Mater  appellor;  prorsus  autem  illud  tibique. 
iuisqtêe  condiscipulis  ^  quod  adhuc  plurtbus 
H  effrenis  antmi  moribuâ  prœoccupata 
tanto  muneri  cordQ  recludUis^  elargiri  nolo; 
mentes  igitur  vestras  a  vanis  terrenorum  eu- 
m,  ac  voluntates  ab  illicitis  affectibus  ex- 
purgale:  tum  divini  numinis  opém  pro  voto 
percipietis.  Ego  enim  tum  illapietalu  regina^ 
quœ  pro  differenda  severi  juaicis  ira^  dum 
tribus  olim  telis  mundum  deperdere  statuisse 
Videretur^  Praedicatorum  ordinem  per  amicum 
meum  Dominicum  imtituit ,  quem  deinceps 
peculiari  amori  prosQcuta  et  quam  pluri^ 
mis  inclytum  fec%  prmrogativis^habitu  per* 
pulchro  insigniviy  singulos  ejus  fratres  in  fi^ 
lias  cooptavi ,  et  sub  amplissimo  meo  paltio 
suscepi,  Unum  prœterea.  /f/t,  te  admoneam, 
ut  puerilibus  nugis ,  quibus  admodum  pro* 
funderisy  abjectis,  te  maturius  ac  religiosiui 
liabeaSf  et  postergatis  mundi  insaniis^  in  ur* 
dentissimo  Christi  latere  te  recipias.  Tu  de- 
mum  angelico ,  quo  maxime  delector,  eutogio 
Viihi  sœpius  et  fevventius  inservire  studeas  in 
dilccto  meo  canobio  Saxensi  sanctis  illiSf 
quorum  devotione  mirum  in  modum  afficeris 
gratiosius  exhibens^  jam  utroque  nomine  te 
valerejubeo, 
a  Ex  calo  empyreo  in  die  œternilatis^  )• 
Les  gnostiques  passédaient  deu:i^  ourrages 
intitulés  :  Les  Grandes  et  les  Petites  interro- 
gations de  Marie:  saint  Epiphane  en  fait 
Mention  (hœres.  26,  §  8,  p.  89  de  Tédit.  de 
i682)  et  nous  apprend  qu*ils  étaient  rem- 
plis de  détails  infâmes  qui  montrent  jusqu'à 
quel  point  d'égarement  peut  arriver  l'esprit 
bumain  libre  de  tout  frein. 

Prière  magique  portant  chez  les  Abyssiniens 
le  nom  de  la  sainte  Vierge,  —  Elle  est  signa- 
lée par  Ludotphe  qui»  dans  son  HistoriaMthio* 
piea,  111)  4*.  l'appelle  avec  raison  libellus 
vanissimus  et  ineptissimus.  Il  paraît  d'ail- 
leurs qu'en  Abyssinie  même,  elle  n'est  point 
universellement  admise.  C'est  en  partie  un 
assemblage  de  noms  d'esprits  auxquels  s'a- 
dressent des  invocations,  tels  que  Adnuel, 
Adetani,     Adotael,  Filelmejus,  Cuercuer- 

}*anos,  Flafla  Flagiel.  Ceci  rappelle  de  nom- 
breuses formules  de  ce  çenre  qu'on  ren- 
contre chez  des  écrivains  juifs,  dans  les  rap- 
sodies  nu'on  qualifie  de  livres  de  sorcellerie. 
Buxtori  dans  son  Lexicon  Chaldaicum  et 
Talmudicum  cite,  d'après  un  ancieu  manus- 
crit hébreu,  la  formule  suivante  d^anatbëme: 
«  Qu'il  soit  maudit  par  Addirion  et  par 
Achtariel,  et  par  Sandafphon  et  Hadarniel, 
^t  par  Ansiciel  et  Patchiel,  et  par  Seraphiel 
et  Zeganzael,  et  par  Michel,  et  par  Gabriel, 
«t  par  Raphaël  et  par  Meschartiel ,  et  qu'il 
soit  interditpar  Tzanlzevir  et  par  Havlevir. 
(celui  -  ci  est  le  Dieu  grand  ),  et  par  les 
soixante-dix  noms  du  grand  Roi.  » 


Ludolphe  ajoute  qu'une  autre  prière  sem- 
blable se  trouve  dans  diverses  bibliothèquf^^ 
de  l'Europe,  notamment  dans  celle  du  Va* 
tican  ;  il  n'a  eu  sous  les  yeux  qu'une  copii* 
qui  commence  ainsi  : 

«  Au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Sainl- 
Esprit. 

o  Ceci  est  la  prière  de  Notre«Dame  Mane, 
celle  qu'elle  fit  dans  la  ville  de  Bérythe.  Vx 
toutes  les  chatnes  de  fer  qu'il  y  avait  dans 
cette  ville  furent  brisées,  et  elle  délivra  Ma- 
thias  le  disciple ,  el  tous  les  citovens  de  la 
ville  crurent. 

«  Notre-Seigneor  et  notre  Sauvear  Ji-sus- 
Christ  dit  à  ses  anges  purs  et  è  ses  disciples 
pieux  etsaints,  au  sujet  de  cette  prière  :  «Il 
Q'esl  personne  qui  !a  connaisse,  ni  les  anges 
célestes,  ni  les  archanges,  ni  les  chérubins, 
ni  les  séraphins,  ni  personne  des  arniées 
célestes,  si  ce  n'est  le  Père  et  le  Fils,  et  r£s- 
prit  saint,  Dieu  unique.  » 

«  Et  s'étant  tourné  vers  sa  mère,  il  dit: 
«  Je  m'adresse  derechef  k  toi ,  6  Uarie, 
ma  mère,  afin  que  tu  entreprennes  ce  grand 
ouvrage  et  que  tu  fasses  entendre  tes  de* 
mandes  en  faisant  cette  prière.  »  Etil  advint 
que  lorsque  Notre-Dame  eut  entendu  ces  pa- 
roles de  son  Fils  bien-aimé,  elle  se  dressa 
sur  ses  pieds,  el  elle  pria  Jésus-Christ  Nôtre- 
Seigneur,,  de  d^ivrer  le  disciple  Matbias  des 
liens  qui  le  retenaient.  Et  toutes  les  cbaljies 
qu'il  y  avait  alors  dans  la  ville  furent  bri- 
sées. Et  Marie  étendit  ses  mains  sur  TOrient, 
et  elle  regarda  son  Fils  bien-aimé  Jésus- 
Christ.  Et  elle  commença  à  prononcer  cette 
prière  disant  :  «  Je  t'invoque,  ô  meo  Sei- 
gneur et  mon  Dieu  I  mon  Fils  et  mon  Koi, 
et  mon  Sauveur  Jésus-Christ.  » 

«  Moi,  Marie,  ta  mère,  moi,  celle  qui  a  en- 
gendré la  vie  de  l'univers  entier,  je  te  sup- 
plie aujourd'hui  et  je  te  conjure  d'écouler  ;& 
voix  de  mes  prières  et  de  m'envoyer  la  force 
des  anges,  des  séraphins  et  des  chérubins, 
et  toute  la  force  des  cieui,  afki  qu*ils  a^- 
complissent  ce  qui  est  en  mon  cœur  et  qu'ils 
fassent  tout  ce  que  je  demande  el  tout  ce  qui 
est  bon  et  que  j'aurai  désiré  de  leuri)ait. 
Car  tu  es  mon  appui  et  mon  espoir,  et  n^^ 
confiance  est  en  toi ,  Adonai,  Adonai,  nva 
Fils  bien-aimé.  » 

Suivent  diverses  salutations  selon  TuSi^'^e 
des  Abyssiniens  et  une  série  de  noms  bi- 
zarres dont  il  serait  d'autant  plus  inutile  «le 
rechercher  le  sens  ou  l'étymolo^io  qu'ils 
sont  sans  doute  fort  corrompus. 

«c  Paix  aux  grands  noms,  aux  soiiart*) 
noms  du  Père  Lami.  El  ce  sont  :  Alfa,  \p^' 
jontodech  ^  Hedra,  JodarfvouflopaioU'*'^ 
Uussenojaccavos,  Hesevoondenfes,  Aronj'  v 
Dehdi,  Kenelo,  Gheepeneldecan,  Hehed< 
Matarodadulamaris,  beael,  Rehebarus,  i''* 
jos,  Keel,  etc.  » 


LIVRE    DU  PASSAGE  DE  LA    BIENHEDREUSE  VIERGE  MARIE, 

écrit  par  saint  Jean. 

feld,  R.  L.  Friderlch,  18»,  in-fr,  xii  a 
107  p.)  Il  avait  trouvé  le  texte  dans  un  o.^- 
nuscritdela  bibliothèque  de  Ronn(3(K].  <t 
c'est  peut-être  le  ^eul  qui  existe;  il  faui.:.' 


Cette  production  était  restée  ignorée  jus- 
qu'à ce  qu'un  savant  allemand,  M.  Maximi- 
Ifen  Enger,  en  eut  publié  le  texte  arabe, 
accompagné  d'une  traduction  Iniine.  (Elbrr- 


m 


MAti 


PART.  ni.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAR 


50O 


d'ailleurs  Te  eomparer  avec  un  manuscrit  du 
Vaticao  qu'Assomani  {Bibliotheca  orientalis^ 
l  III,  p.  287)  mentionne  sous  le  titre  sui- 
vant: Eistoria  DormUionis  et  Auumptionis 
heatœ  Mariœ  Yirginii  Joanni  tvangelistœ 
falso  inscripia. 

On  sait  d'ailleurs  que  dans  les  premiers 
siècles»  il  existait  un  livre  intitulé:  Transi- 
tus  tanct€f  Mariœ  :i\  figure  dans  le  décret 
du  Pape  Gélase,  qui  condamna,  en  k9kf 
comme  apocryphes,  un  certain  nombre  d'é- 
criis  du  même  genre.  Avant  le  décret  en 
question,  ou  ne  trouve  point  de  menlionfaite 
de  ce  livre,  cars*il  y  est  fait  allusion  dans 
une  lettre  attribuée  è  saint  Jérôme  et  dans  un 
discours  placé  parmi  ceut  de  saint  Augustin 
(50^),  ces  deui  compositions  sont  rngardées 
par  les  meilleurs  critiques  comme  n'étant 
iK)int  sorties  de  la  plume  des  illustres  doc- 
teurs auxquels  des  copistes  les  ont  données. 

L'ouvrage  mis  sous  le  nom  de  Méliton, 
érôquede  Sardes,  et  qui  nous  occupera  bien* 
tôt,  diffère  d'une  manière  sensible,  dans  le 
récit  des  faits,  de  celui  que  nous  allons  tra- 
duire. Voici,  à  cet  égard»  comment  s'ei;- 
prime  M.  Enger  : 

MelitOt  ut  in  summa  rei  cum  nostro  con^ 
ipiratt  rta  in  singulii  diversus  est.  Ex  quibus 
illud  imprimis  memoria  dignum  est^  quod 
heatam  Virginem^  Christo  mortuo,non  Ephe- 
tij  ted  Hitrosolymis  vixisse^  in  utroqjike  pro^ 
ditum  est,  eum  tamen  veteres  Evangelti  aucto^ 
Tiiateducti  {Joan.  xix,  27),  id  sibiperstm^ 
fum  habeantf  Joannem  quem  Ephesx  episco- 
fum  fuisse  constans  fama  est,  ut  Christi  mo" 
rimtis  mandata  obtemperaret^  eam  ç(  semper 
apud  se  habuisse^  nec  aimisisse  a  se  unquain  ; 
id  quod  tanquam  extra  omnem  dubitationem 
coUôcaium  Patres  Ephesini  non  dedita  opéra, 
9fd  quasi  prœtereundo  commemorarunt.  Et 
Aune  quiaem  utriusque  a  vulgari  opinione 
discetsumunde  potissimum  originem  traxisse 
dicamus?  Num  eam  sequamur  rationemquam 
noster  suppeditat,  beatam  scilicet  Virginem 

An  nom  du  Père  et  du  Fils  et  de  l'Es- 
prit-Saint, Dieu  unique  dans  lequel  je  mets 
ma  confiance. 

Voici  rhistoire  de  la  Dame  sans  tache 
Marie,  Mère  de  la  lumière,  lorsqu'elle  passa 
de  ce  monde  au  royaume  des  cieux  préparé 
pour  elle  et  pour  les  fidèles,  et  voici  le  récit 
des  miracles  qu'elle  accomplit  en  ce  temps^ 
et  comment  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  lui 
apparut  avec  ses  açges  avec  tous  les  pro- 
phètes et  les  apôtres.  Que  sa  prière  reste 
en  nous  tous.  Amen.  Jeen,  fils  de  Zéhédée, 
réTaDgéliste,<|ui  disserlasur  la  divinité,  rap- 
porte celte  histoire,  et  que  ses  prières  conser-. 
vent  tous  les  fils  des  fils  du  haptôme.Amen. 

Jean,  fils  de  Zébédée,  TapAlre,  dit  en  son 

(503)  Ce  manoscrii  fait  partie  de  la  roHccUon 
^  maiiuscrUs  orienUiux  légués  p»r  A.  Scliolz  à 
ct^Ue  bibliothèque  ;  il  est  d'une  écriture  peu  soignée 
et  assez  mauvaise,  et  ne  remonie  pas  à  une  date 
l)ien  reculée.  Le  li^re  attribué  à  saint  Jean  y  occupe 
l«$  feoiUeis  65-93  ;  le  reste  du  volume  présente  le 
livre  de  Syntipai ,  dont  M.  Boltsonade  a  publié,  à 
l^^ng^en  iHiS,  le  texte  grec,  un  poème  d*Hariri 


idcirco  Hierosolymis  mansisse^  ut  meditari 
precarique  sibi  liceret  eis  locis^  quœ  Jésus 
Christus  doetrinœ  prœdiceUione,  mxraculorum 
splendore,  dolorum  passions,  crucis  deniquf 
supplicia  et  resurrectionis  gloria  iilustravit? 

L  éditeur  allemand  discute  quelques-unes 
des  circonstances  relatées  dans  le  texte  arabe. 

Il  observe  qu  il  n'est  pas  douteux  que  la 
sainte  Vierge  n'eût  quarante-huit  ansenviron 
è  Tépoque  de  la  Passion  ;  mais  on  ne  saurait 
déterminer  avec  quelque  certitude  Tépoque 
de  sa  mort.  A  cet  égard  les  anciens  auteurs 
varient.  Selon  Evode,  cité  par  Nicéphore 
(Hist.  écoles.  I.  ii,  c.  3),  elle  atteignit  Tâge  de 
cinquante-sept  ans;  saintHippoTyte  de  Thè- 
bes  {Serm.  de  Deipara)  pense  Qu'elle  alla  jus*^ 
qu*è  cinquante-neuf  ans;  saint  Epiphane 
parle  de  soixante-dix.  Méliton  prétend  que 
TAssomption  eut  lieu  vingt-un  ans  après  is 
mort  de  Jésus-Christ,  mais  ce  n'est  pas  pro- 
bable ,  car  il  indique  tous  \es  apôtres  comme 
étant  encore  en  vie  è  cette  époque,  et  c*esl 
«ne  circonstance  que  Ton  peut  contester. 
L'auteur  arabe  suppose  que  six  des  apôtres, 
étaient  morts,  mais  que  Dieu  les  iressuscita, 
a^  qu'ils  assistassent  aux  derniers  mo- 
ments que  Marie  devait  passer  sur  la  terre., 

On  remarquera  aussi  que  l'auteur  arab» 

Î;arde  le  silence,  au  sujet  de  la  palme  ce- 
este  dont  parle  Méliton,  comme  apportée  du 
ciel,  et  qui  rappelle  le  rameau  de  l'arbre  de. 
vie,  que,  selon  l'Evangile  de  Nicodème,  cb. 
XIX,  ]*Ange,  préposé  à  la  garde  du  paradis» 
donna  à  Seth,  envoyé  par  son  père  Adam„ 
afin  de  chercher  l'huile  de  la  miséricorde. 
Quant  au  projet,  prêté  aux  Juifs,de  brûler  le 
corps  de  la  Vierge,  il'  n'a  rien  d'invraisem- 
blable ;  on  lit  dans  les  Actes  de  saint  Pol v- 
carpe,  que  les  Juifs  engageaient  le  préfet 
romain  a  livrer  aux  flammes  les  restes  des 
martyrs,  afin  que  les  Chrétiens  ne  leur  ren- 
dissent pas  des  honneurs. 

Voici  maintenant  une  traduction  fidèle 
de  cette  production  : 

chapitre  1"  :  Salut  au  Seigneur  qui,  par  un 
effet  de  sa  volonté,  a  envoyé  dans  le  monde 
son  Fils  bien-aimé,  pour racheteriles  hommes 
et  qui  a  préparé  une  lumière  éclatante  dans 
le  sein  d'une  Vierge,  qui,  se  revêtant  de  I» 
chair,  a  fait  d'elle  li)bjet  de  son  amour  et  de 
s^%  délices,  et  qui  a  ouvert  à  ceux  qu'il  a 
créés  ce  qui  a  rapport  à  leur  utilité,  à  leur 
salut  et  à  leur  rédemption,  qui  les  a  éclai- 
rés de  la  grAce  de  l'Esprit-Saint,  leur  inspi- 
rant la  sai^esse  et  la  connaissance  spirituelle 
du  seul  Dieu  dont  on  ne  peut  ni  calculer  la 
miséricorde,  ni  compter  l.es  louanges,  ni 
comprendre  lanature,ni  entendre  Téternilé, 
qui,  dans  la  lumière  de  son  trône,  surpasse 
tous  ceux  qu'il  a  créés,  qui  embrasse  tout 

(compris  dans  réditîon  donnée  par  H.  Silveslre  de 
Sacy,  Paris,  I8Î1 ,  «  vol.  in-8«) ,  et  un  refucil  de 
fables  ésopiennei .  Nous  tn^érerons,  à  Tarticle  Mé- 
liton ,  un  autre  récit  des  derniers  moments  de  la- 
sainte  Mère  de  Dieu. 

(501)   S.   Hieron,   t.    IX,  ep.  49;  S.   km.. 
De  $ancti$,  term.  25  ;  Baronii^  ad  an,  48,  c.  1ï. 


507 


BIGTIONNAIRE  DE8  APOCRYPHES. 


M 


ce  qu'il  y  a  de  plus  éleyé  et  toat  ce  qu'il  y  a 
de  plus  inférieur,  dont  la  puissance  accomplit 
tout  ce  qu'il  veut,  gui  connaît  toutes  choses 
ayant  qu'elles  n'arrivent,  qui  a  institué, dans 
sa  sagesse,  tout  ce  qu'il  a  fait,  qui  accorde 
gratuitement  ses  bienfaits  h  ceux  qui  Tin- 
Yoquent,  qui,  [lorsqu'il  accomplit  quelque 
chose,  n'éprouve  aucune  fatigue  et  ne 
ressent  point  le  besoin  de  la  méditation, 

3ui  ne  change  point,  n'augmente  point,  na 
iminue  point  ;  nous  l'invoquons  pour  qu'il 
nous  ouvre  les  portes  de  sa  miséricorde,  afin 
de  recevoirnos  prières,  et  pour  que  l'odeur  de 
l'encens  de  notre  réunion  soit  agréée  devant 
le  irône  resplendissant  de  sa  majesté;  qu'il 
donne  aux  Ois  de  son  Eglise,  pour  appui 
dans  leurs  combats,  ses  an^es  célestes  uni 
enflent  les  trompettes,  et  qui  se  tiennent  de- 
vant lui,  dans  l'ordre  et  la  division  où  ils 
sont  placés,  chantant  ses  louanges  et  disant 
d'une  voix  harmonieuse  :  «  Saint,  saint,  saint 
est  le  Seigneur,Dieudesarmées.»Et  les  saints, 
les  martyrs  et  les  prophètes  disent  :  «  Bénj 
soit  le  Seigneur  qui  a  envoyé  son  Fils  , 
sortant  de  la  splendeur  de  sa  lumière  ;» 
il  a  apparu  dans  la  Vierge  Marie  ,  et 
ayant  pris  un  corps,  il  est  né  d^elle  à  Beth- 
léem, et  il  a  pris,  comme  un  voile,  la  forme 
d'un  esclave,  et  il  a  souffert  la  tribulation,&Qn 
d'enseigner  la  i^atience  aux  malheureux  qui 
sont  dans  Tafiliction,  et  aQn  de  les  consoler. 
Et  il  n'a  pas  craint  d'être  voyageur  sur  la 
terre,  afin  de  racheter  ceux  qui  le  cherchent 
avec  confiance  et  avec  les  sentiments  con- 
venables, afin  d'avertir  ceux  de  ses  servi- 
teurs qui  sont  négligents,  pour  qu'ils  re- 
noncent à  leurs  péchés.  Et  il  a  montré  la 
faiblesse  de  son  numanilé  pour  expulser  le 
démon  hors  du  genre  humain,  et  pour  déli- 
vrer les  hommes  de  l'iniquité  et  accomplir 
ses  promesses;  il  est  monté  sur  la  croix,  il  est 
mort  et  a  été  enseveli,  pour  que  ce  qu'il 
avait  ordonu"  au  sujet  des  corps  s'accou[)lU 
dans  sa  proï)re  chair,  et    il  a  montré  sa 

1  Puissance  contre  le  démon,  en  accomplissant 
es  antiques  prophéties  ;  le  troisième  jour,  il 
est  resssusrité,  enseic^nant  la  résurrection  à 
ceux  qui  l'ignoraient ,  et  quarante  jours 
après,  il  est  monté  au  ciel,  pour  manifester 
sa  grandeur  è  ses  créatures,  et  il  est  assis 
dans  le  sein  du  Père,  éternel  dès  le  com- 
mencement, sur  le  trône  de  sa  maiesté,  re- 
vêtu d'un  corps,  et  les  yeux  qui  désirent  le 
voir  seront  remplis  de  la  splendeur  de  son 
aspect.  Célébrons  sa  présence,  lorsque  sa 
Mère  est  transportée  dans  le  séjour  qu'il  a 
préparé  pour  ses  élus  et  pour  ses  bien-ai- 
mes,  et  qui  ne  doit  jamais  cesser  d'exister; 
reconnaissons  sa  puissance,  afin  d'approcher 
do  ses  anges  célestes  et  de  ses  élus  terres- 
tres, dos  Pères,  des  prophètes,  des  apôtres, 
des  martyrs,  des  fidèles  vivanis  et  morts; 
^nluonscelle  qui  aété  élevée  au-dessus  de  tou- 
tes les  femmes,  la  Vierge  sans  tache;  adorons 
celui  qui  a  pris  d'elle  un  corps,  afin  que  ni 
sa  divinité,  ni  son  humanité  ne  se  changeât 
en  uneauire  nature  et  substance,  mais,  com- 
nir*  a  dit  le  prophète  Isnïe,  afin  qu'il  fût  tel 
qu'un  palmier  sortant  d'une  terre  aride.  Et 


ce  prophète  a  dit  aussi  :  «  Voici  qu'une 
vierge  concevra  et  enfantera  un  fils,  et  son 
nom  sera  Emnanuel ,  qui  signifie  :  Netre 
Dieu  avec  nous.  »  Marie  élue  a  été  sanctifie 
dès  le  sein  de  sa  mère  qui  l'enCsnta  chaste- 
ment et  saintement,  et  comme  une  ét'Oii^e 
sortant  de  rappart*»merft  nuptial,  elle  a  m- 
mené  l'agneau  qui  s'était  écarté  do  l)on  i  Au- 
teur; elle  a  arraché  l'agneaudela  gueule  rjii 
lion  féroce  et  rusé  qui  voulait  le  dévoriir; 
elle  a,  par  la  lumière  de  sa  foi,  conduit  le 
senre  humain  è  l'Evangile  de  son  Créateur, 
le  tirant  des  ténèbres  de  la  torpeur  et  de  la 
négligence;  elle  a  procuré  h  sa  nation  une 
voie  droite  et  un  très-large  accès  vrrs  la 
miséricorde  divine,  lui  procurant  le  fruit 
d'une  douce  tranquillité,  la  destruction  Jcs 
épines,  l'incendie  de  l'ivraie,  la  fuite  des  es- 
prits malins,  l'anéantissement  du  pouroir 
de  la  mort,  la  défaite  des  démons  rebelles, 
l'exemption  de  l'affliclirmdansrassembléedes 
justes,  au  nom  de  celui  qui  est  né  d'elle,  aa 
nom  duquel  il  convient  d'offrir  des  sacrifi- 
ces purs,  et  dont  tout  malheureux,  en  ce 
monde,  doit  invoquer  l'appui.  Ecoutez,  6 
amis  élus  et  frères  saints,  comment  s'est 
accomplie  cette  histoire  remplie  de  raîMcles 
admirables. 

Il  y  avait  deux  prêtres  et  un  diacre  sur 
la  montagne  sainte  de  Sinaï,  au  sommet  de 
laquelle  Dieu  (dont  la  mémoire  soit  sancti- 
fiée) apparut  a  Moïse,  lui  parla  conc»*rn.vit 
les  eniants  d'Israël,  et  accomplit  par  lui  de 
^grands  miracles. 

Le  nom  d'un  des  prêtres  était  David,  celui 
de  l'autre  Jean;  le  diacre  avait  nomPhilif'pe. 
Ils  assistaient  à  l'autel,  et  il  y  avait  sans  eux 
trois  cent  vin^t  autels  sur  la  oiuntai^ne 
sainte.  Et  ils  écrivirent  à  Cyriaque,  évèque 
de  Jérusalem,  le  priant  de  leur  transmettre 
l'histoire  de  Marie,  et  comment  elle  était  sor- 
tie de  ce  monde,  et  ils  lui  demandèrent  de 
leur  faire  connaître  la  gloire  et  les  miracit'S 
qui  s'étaient  accomplis  alors.  Et  le  saint  évè* 
que,  ayant  lu  leur  lettre,  fit  appeler  les  mi- 
nistres de  l'Eglise,  et  il  les  interrogea,  et  il 
dit  :  a  Allez  chercher  les  livres.  »  Et  ils  n*eu 
trouvèrent  pas  d'autres  qu'un  livre  de  la 
main  de  Jacques,  frère  du  Seigneur,  évêque 
de  Jérusalem,  qui  fut  le  premier  que  les 
Juifs  mirent  à  mort. L'an  d'Alexandre  3V5,  \^ 
jour  de  la  naissance  de  Notre-Seigneur  «lui 
est  le  jour  du  soleil,  le  quinzième  du  mois 
d'Ab  ou  d'cioût ,  la  Vierge  Marie  sortit  do  ce 
inonde,  en  présence  de  Notre-Seigneur  Jé- 
sus-Christ et  de  moi,  tous  les  ani;es  et  mu- 
tes les  créatures  se  rendant  à  son  habitatcHi 
àBethléeni  et  è  Gelhsémani,  avant  qu'ell'Miii 
fût  morte.  Et  sachez  quelessix  chapitres  dnns 
lesquels  est  consignée  l'histoire  de  la  Vitr.:'» 
sans  tache  Marie  et  de  son  passage  et  de  i<hj^ 
lesmiraclcsqu'ellc  avait  faits,  sontcliezJcan. 
fils  de  Zébédée,  rév«nn^éliste,  que  JéMi-- 
Christ  Notre-Seigneur  aima,  et  que  les  au- 
tres, ses  compagnons,  ont  souscrit  de  It^-r 
témoignage  que  ce  qu'il  avait  rapporté  éiait 
vrai.  Et  ils  répondirent  aux  lettres  vi-ns^^s 
du  mont  Sinaï,  et  ils  assurèrent  qu'il»  n'a- 
vaient pas  trouvé  d'histoire,  mais  ils  trou- 


509 


MAP 


PART,  m.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAR 


510 


TèreDt,  d*après  le  testament  de  Jacqo^s.FéTè- 
que»  que  cette  histoire  était  à  Epnèse  chez 
I  ffpôtre  Jean.Et  ils  les  prièrent  de  faire  faire 
h  leor  usage  une  copie  de  ce  livre'afin<|u'ils 
Teussentanssi  à  Jérusalem,  oi^  ilss*en  servi* 
raient  pour  réfuter  les  Juifs,  etchaûun  aurait 
le  plaisir  de  l'entendre  lire,  et  ils  resteraient 
en  tout  temps  dans  leurs  prières.  Et  la  lettre 
ayant  été  portée  au  mont  Sinaï,ils  écrivirent 
aussitôt  à  révèque  de  Rome  et  à  celui  d*A- 
leiandrie,  et  leur  envojèrentdes  messagers, 
et  ils  firent  chereber  auprès  d'eux  l'histoire, 
et  ne  l'ayant  pas  trouvée,  ils  envoyèrent  deux 
hommes  k  Ephèse.  Et  lorsqu'ils  y  furent  ar- 
rires,  ils  ne  cessèrent  d'offrir  durant  la  nuit 
de  l'encens  h  la  Mère  de  Notre -Seigneur 
Jésus-Chris!,  disant  :  «  O  Jésus-Christ,  No- 
treSeigneur,  tu  as  choisi  l'apôtre  Jean,  et 
ta  as  eu  plus  d'amour  pour  lui  que  pour  ses 
compagnons,  et  tu  l'as  caché  aux  yeux  des 
hommes,  lorsque  tu  as  dit  :  «  Il  me  gardera 
la  foi;  »  s'il  te  plaît  de  nous  le  montrer,  afin 
qu'il  (>arleaveG  nous,  et  qu'il  nous  enseigne 
l'histoire  de  ta  Mère  avec  les  miracles  et  les 
merveilles  qui  ont  été  accomplies  pour  elle 
elen  son  nom,  lorsque  tu  l'as  transportée 
au  paradis  éternel,  ane  ta  volonté  s'accom- 
plisse. ■  Cela  arrlvale  vingt-cinquième  jour 
du  mois  de  Canan,  le  jour  de  la  naissance  du 
Seigneur  Jésus-Christ,  l'an  3i^5  d'Alexandre. 
Alors  la  ViergQ  sans  tache,  Marie  apparut 
i  Jean,  disant  :  «  O  mon  fils,  <lonne  ton  livre 
quicontient  l'histoire  de  ma  sortiede  ce  mon- 
de, à  ces  hommes  venus  à  toi  depuis  le  mont 
Sinaï,  afin  que  ce  soit  pour  Dieu  un  sujet  de 
doire.  n  II  y  avait  à  Ephèse  dans  l'église  de 
Jean  où  Ton  avait  coutume  d'aller  se  laver 
et  chercher  la  santé,  et  il  jaillissait  une  fon- 
taine qui  rendait  la  santé  à  tous  ceux  qui  y 
Tenaient  au  nom  de  Jean.  Et  aussitôt  l'apô- 
tre apparut  aux  envoyés  et  leur  dit  :  «Salut, 
mes  frères  bienheureux;  ne  vous  aiQigezpas, 
car  Notre-Seigneur  Jésus-Christ ,  lorsqu'il 
élaitsurleboisde  lacroix,m'aditcesparoles, 
au  sujet  de  la  Vierge  Marie  :  9  Voici  ta  Mère, 
prends-la  au  près  de  loi.»£t  il  lui  dit  :  «Va  avec 
lui.tDieu  récompensera  votre  travail  et  votre 
peine,  et  je  vous  donne  en  entier  l'histoire 
qui  est  en^mes  mains.  »  Alors  il  disparut  de 
devant  eux.  Ils  entrèrent  dans  l'église  dont 
les  portes  étaient  ouvertes,  et  lorsqu'ils  fu- 
rent venus  auprès  de  la  fontaine,  ils  trouvè- 
rent sur  l'autel  un  livre,  et  ils  le  prirent  avec 
unejoie  extrême,  etilsledonnèrentàun  hom- 
me pour  le  réciter  à  la  foute,  etletémoi- 
l^naçe  des  Pères,  des  prophètes  et  des  autres 
«iisciples  y  était  écrit  en  hébreu,  en  grec 
ei  en  latin. 

CHAPjiAE  PREMIER. 
An  nom  de  Dieu,  Notre-Seigneur,  et  de 
Jésus-Christ,  notre  Dieu  et  notre  Sauveur,  né 
(iu  Père  avant  tous  les  siècles  et  incarné  de 
Marie,  la  Vierge  sans  taclie,  afm  d'être  sem- 
blable aux  hommes,  voulant  délivrer  le 
ïflonde  de  la  puissance  du  diable  rebelle; 
cesllui  qui,  par  la  lumière  de  sa  divinité 
•durable,  a  délivré  le  genre  humain  des  té- 
nèbres de  la  désobéissance,  <e  que  nul  ne 
pouvait  faire,  si  ce  n'est  le  Dieu  du  ciel  et 


de  la  terre  et  de  tout  ce  qni  y  est  contenu.  Que 
sa  bonté  et  sa  clémence  descendent  sur  ceux 
qu'il  a  créés  de  sa  main,  afin  que  ceux  qni 
croient  en  lui  obtiennent  la  vie  perpétuelle 
dans  le  paradis  éternel.  Il  est  également 
juste  de  célébrer  la  gloire  de  son  adorable 
•et  parfaite  Mère  qui  fut  cachée  aux  hommes 
lorsqu'elle  vécut  et  lorsqu'elle  se  transporta 
vers  celui  que  nul  œil  n'a  vu,  que  nulle 
oreille  n'a  entendu,  et  que  l'esprit  de  l'hom- 
me ne  peut  comprendre  ;  nous  espérons  et 
attendons  l'intercession  de  Marie,  afin  d'ar- 
river au  séjour  éclatant  et  à  la  gloire  dura- 
ble. Et,  ô  frères  très-chers  ,  bienheureux  et 
élus,  vous  qui  êtes  passés  des  ténèbres  de  la 
rébellion  et  delà  desobéissance  à  la  lumière 
de  Tobéissance  et  de  la  soumission,  nous 
vous  assurons  que  la  troisième  fête,  à  midi, 
la  Vierge  sans  tache,  MariCy^était  sortie  de 
sa  maison  et  était  allée  au  sépulcre  du  Christ 
et  au  Golgotha,  afin  de  prier  et  de  chercher 
le  salut  comme  elle  faisait  chaque  jour.  Mais 
les  Juifs  ayant  roulé  une  grosse  pierre  h  la 

J)orte  du  sépulcre,  dirent  :  «  Nous  ne  souf- 
rirons  pas  que  personne  vienne  prier  au 
sépulcre  et  sur  le  Golgotha,  »  et  ils  repous- 
saient tous  ceux  qu'ils  voyaient,  et  leur 
lançaient  des  pierres,  et  ils  prirent  la  croix 
du  Christ  et  les  croix  des  larrons,  et  la  lance 
dont  Notre-Seigneur  fut  percé,  et  les  vête- 
ments dont  il  était  couvert,  et  les  clous,  et  la 
couronne  d'épines  qui  avait  été  fixée  sur  sa 
tète,  et  lés  lingesdans  lesquels  on  Pavait  enve- 
loppé lorsquon  Tlbnsevelit,  et  ils  cachèrent 
tousces  objets  en  un  certain  endroit,  et  ils  tin- 
rent lachose secrète,  et  ils  empêchaient  qu'on 
ne  passât  par  là,  craignant  que  quelque  roi  ne 
vint  et  ne  prit  des  informations  à  cet  égard. 
Mais  les  gardes  voyaient  la  Vierge  Marie 
venir  chaque  jour  vers  le  sépulcre  et  sur  le 
Golgotha,  et  IK  verser  des  larmes  et  dire,  le 
visage  prosterné  contre  terre  et  les  naains 
élevées  :  <t  O  mon  Seigneur  et  mon  Dieu, 
ôte-moi  de  ce  monde  méchant,  car  je  crains 
que  les  Juifs  mes  ennemis  ne  me  mettent  à 
mort;  chaque  fois  que  je  viens  prier  dans  ce 
lieu  saint,  ils  m'injurient  et  me  menacent; 

f)Oussés  par  leur  maligniténaturelle,  ils  m'ont 
ourni  à  cause  de  toi  l'eau  delà  tribulation, 
mais  je  les  ai  vaincus  ;  j'ai  surmonté  leurs 
ruses,  et  je  les  ai  réfutés  par  mes  paroles 
à  cause  de  ma  foi  en  toi,  et  ta  puissance 
a  aveuglé  leurs  yeux  et  confondu  leurs  es- 
prits, et  ils  n'ont  pu  me  faire  de  mal;  c'est 
pourquoi  ne  me  prive  pas  de  ton  secours.  » 
Et  les  gardes  étant  entrés  dans  la  ville,  di- 
rent aux  prêtres  :  «  Personne  ne  vient  prier 
auprès  du  sépulcre  et  sur  le  Golgotha  si  ce 
n'est  Marie  qui  y  vient,  chaque  jour,  le  matin 
et  le  soir.  »  Et  les  prêtres  répondirent  :  «  Lors- 
qu'elle viendra,  accablez-la  de  coups  de 
pierre,  car  elle  mérite  d'être  lapidée,  parre 
que  l'ignominie  touche  les  enfants  d'Israël.  « 
Mais  les  gardes  dirent  :  «  Nous  ne  le  ferons 
point,  mais  nous  vous  la  livrerons  afin  que 
vous  fassiez  d'elle  ce  que  vous  voudrez.  » 
Et  quand  vint  le  vendredi,  elle  alla  selon  son 
habitude,  et  lorsqu'elle  priait,  elle  éleva 
les  yeux  au  ciel  et  elle  vit  les  portes  du 


DlCTfONNAtRE  DES  APOCRYPHES. 


Mi 


ciel  oufertes.  El  voici  que  Gabriel»  le  prince 
des  angeSy  descendit  vers  elle,  et  s*inclinant 
devant  elle,  il  dit  ;  «  Je  te  salue,  pleine  de 
grâce;  tes  prières  sont  parvenues  au  Sei- 
gneur Jésus-Christ  qui  est  né  de  toi  ;  il  t'a 
accordé  ta  demande  et  il  m'envoie  pour  t'an* 
noocer  que  tu  seras  enlevée  de  ce  monde 
pour  passer  dans  la  vie  éternelle  dans  les 
siècles  des  siècles.  Amen.  »  Ayant  entendu 
ces  paroles,  la  Vierge  Marie  fut  pleine  d'al- 
légresse, et  s'étanl  prosternée,  elle  revint  à 
sa  demeure.  Alors  les  gardes  étant  sortis, 
racontèrent  aux  prêtres  qu'elle  était  venue 
pour  prier.  Et  il  y  eut  à  cet  égard  un  grand 
tumulte  à  Jérusalem.  Et  les  prêtres  vinrent 
au  préfet  et  lui  dirent  qu'il  ctevait  envoyer 
vers  elle  et  lui  défendre  de  se  rendre  au 
sépulcre  et  d'y  prier.  Et  lorsqu'ils  délibé- 
raient sur  cet  objet,  une  lettre  d'Abcrare,  roi 
d'Edesse,  vint  au  roi  Tibère,  dans  laquelle 
il  disait  :  «  Il  y  a  chez  nous  un  disciple  qui 
s'annonce  comme  un  des  soixante-douze  dis- 
ciples de  Jésus-Christ,  et ila guéri  beaucoup 
de  malades,  et  il  a  fait  des  merveilles  au 
nom  de  ce  Christ  ;  il  a  construit  une  église, 
et  beaucoup  lui  ont  donné  leur  foi,  et  ils 
m'ont  enseigné  quel  a  été  ce  Christ  et  quels 
miracles  11  a  accomplis  chez  vous,  de  sorte 
que  son  amour  est  venu  en  mon  cœur,et 
j  aurais  voulu  ie  voir  auprès  de  moi  ou  dans 
mes  Etats,  et  j'ai  éprouvé  une  grande  dou- 
leur de  ce  que  les  Juifs  lui  avaient  fait 
et  de  ce  qu'ils  l'avaient  mis  en  croix,  quoi- 
qu'ils ne  trouvassent  aucun  sujet  de  repro- 
die  contre  lui,  car  il  a  fait  parmi  eux  beau- 
coup de  choses  bonnes  et  miraculeuses.  Et 
je  suis  venu  avec  tous  mes  compagnons  è 
Jérusalem  pour  la  ravager  et  faire  périr  tous 
les  Ju^fs  qui  y  sont,  afin  que  tu  tires  d'«ux 
une  vengeance  complète.  Mais  lorsque  l'ex- 
pédition était  préparée,  une  pensée  m*est  ve- 
i)ue  dans  Tespritet  j'ai  craintque,  toi,  Tibère, 
mon  souverain,  tu  ne  t'irritasses  contre  moi 
et  que  la  guerre  ne  s'élevAt  entre  nous;  c'est 
pourquoi  j'ai  jugé  bon  de  t'écrire  aQn  de  te 
demander,  comme  il  convient  entre  souve- 
rains, de  punir  les  Juifs  et  de  les  châtier  de 
ce  qu'ils  ont  fait.  Car  si  tu  avais  su  cela  avant 
que  Jésus-Christ  n'eût  été  crucifié,  la  chose 
se  serait  passée  bien  différemment,  mais  tu 
ignores  pourquoi  j'ai  agi  comme  je  te  le  dis; 
je  préfère  que  ce  soit  toi  qui  accomplisses 
l'obligation  que  j'avais  contractée  et  que  tu 
chAties  les  coupables  en  faisant  ce  a  quoi 
j'étais  préparé.  J'en  ai  la  confiance  et  je  t'en 
rends  grAces.  »  Lorsque  le  roi  Tibère  eut  lu 
la  lettre  d'Abgare,  il  fut  saisi  d'horreur  et 
de  colère,  et  il  fut  violemment  troublé  et 
il  |)ensa  à  faire  périr  tous  les  Juifs,  et  il 
écrivit  à  ce  sujet  à  son  allié.  Lorsque  les 
habitants  de  Jérusalem  apprirent  cette  nou- 
velle, ils  furent  remplis  d'effroi  et  ils  recou- 
rurent au  préfet  et,  lui  donnant  une  grosse 
somme d'arj^ent,  ils  le  prièrent  défaire  qu'il 
ne  leur  arrivAi  aucun  mal  à  cause  de  Marie 
et  de  son  Fils,  et  d'empêcher  que  Jérusa- 
lem ne  fût  détruite  pour  toujours.  Et  ils  lui 
dirent  :  «  Nous  ^'avons  fait  périr  et  avec  rai- 
spn,  parce  qu'il  se  disait  le  Fils  de  Dieu,.*  et 


ils  se  jetaient  aux  pieds  du  préfet  te  yrlèuï 
de  faire  ce  qui  était  pour  leur  salu^et  celui 
de  leur  ville,  et  le  suppliant  d'écrire  au  roi 
et  d'exposer  leur  cause  afin  n'obtenir  un  ja- 

Semeat  plus  doux,  et  ils  lui  demandaient 
*aller  vers  Marie,  ftfin  de  l'avertir  de  ne  plas 
aller  au  sépulcre  ni  faire  ses  prières  sur 
le  Golgotha  ;  ils  comptaient  couper  ainsi 
la  racine  du  mal.  Le  préfet  leur  dit  :  «  Alhz 
et  agissez  avec  douceur  è  son  égard,  et  dites- 
lui  ce  que  vous  jugerez  convenable.  »  Alors 
les  prêtres  allèrent  vers  Marie  et  lui  dirent: 
«  O  Marie,  souviens-toi  des  péchés  que  la 
as  faits  devant  Dieu  et  de  ce  que  nous  avons 
souffert  à  cause  de  toi  et  de  ton  Fils;  nous 
te  prions  de  ne  pas  vouloir  venir  davantage 
en  cet  endroit,  afin  que  le  soupçon  ne  vienne 
pas,  à  cause  de  toi,  tomber  sur  d'autres  per- 
sonnes et  afin  que  le  mal  cesse  ;  lorsque  tn 
voudras  prier,  prie  avec  la  multitude  et 
conforme-toi  aux  lois  de  MoiserCar  tous  les 
péchés  que  tu  as  faits  te  seront  pardonnes. 
Nous  invoquerons  Dieu  pour  qu  il  ait  pitié 
de  toi  ;  réunis  autour  de  toi  tes  compagnes 
chaque  jour  de  sabbat,  et  nous  mettrons  sur  ta 
tête  le  livre  de  la  Loi ,  afin  que  la  miséricorde 
de  Dieu  habite  en  toi;nous  ne  t'abandonnerons 
point  et  lorsque  tu  seras  malade,  nous  enfle- 
rons la  trompette,  et  tu  seras  guérie.  Si  tu  ne 
nous  écoutes  pas  et  si  tu  ne  veux  pas  faire  ce 
que  nous  proposons,  va  de  Jérusalem  à  Beth- 
léem, car  nous  ne  souffrirons  plus  que  tu 
viennes  davantage  prier  sur  le  Golgotha  et 
auprès  du  sépulcre,  de  peur  que  d'auU'es 
personnes  ne  tombent  aans  le  soupçon  ei 
qu'il  ne  s'élève  des  tumultes  parmi  les  hom- 
mes » 

Et  Marie,  la  Vierge  sans  taefae,  leur  ré- 
pondit et  dit  :  c  II  ne  convient  pas  que  fovs 
m'adressiez  ce  langage;  je  ne  vous  écou- 
terai pas  et  je  ne  me  conformerai  pas  à  votre 
désir.  »  Alors  les  Juifs,  très*irrités,  s'éloi- 
gnèrent d'elle,  car  déjà  le  soir  était  venu. 
Et  le  lendemain  matin  ils  revinrent  auprès 
d'elle  et  ils  répétèrent  ce  qu'ils  avaient  dit 
Alors  elle  leur  promit  de  se  rendre  à  Bethléem 
afin  que  le  tumulte  s'apaisAt.  Et  sa  maison 
était  près  de  Sion^et  de  la  maison  de  Joseph. 
Et  lorsque  quarante  jours  se  furent  écoulés, 
la  Vierge  Marie  réunit  auprès  d'elle  toutes 
les  femmes  du  voisinage  et  leur  dît  :  •  ie 
vous  salue,  mes  sœurs;  je  veux  aller  à 
Bethléem  et  v  résider  dans  ma  maison,  parce 
que  les  Juifs  m'ont  défendu  d^aller  prier 
auprès  du  sépulcre  et  sur  \^  Golgotha,  de 
peur  qu'à  cause  de  moi  il  ne  s'élevAt  du 
tumulte.  Et  si  quelqu'une  de  vous  veut  aller 
avec  moi,  qu'elle  vienne,  car  j'ai  confiance 
dans  le  Seigneur  qui  est  dans  le  ciel  et  qui 
accomplira  ses  promesses,  et  ie  suiscerlaiae, 
si  je  lui  demande  quelque  cnose,  qu'il  rac- 
cordera à  moi  et  à  vous.  »  Et  elle  médilail 
en  son  esprit  sur  la  parole  de  Gabriel  et  sur 
le  discours  qu'il  lui  avait  adressé  :«Tu  sorti* 
ras  de  ce  monde  pour  aller  h  la  vie  éternelle 
et  pour  entrer  dans  le  paradis;»  et  elle  trou- 
vait de  la  consolation  aans  cette  méditation. 
Alors  trois  vierges  saintes,  qui  la  seivaicnt 
et  qui  avaient  soiqde  ce  qui  luiapparteQaiii 


515 


MâR 


PARt.  iji.  —  IlegeNdes  et  fragments. 


MAR 


Ml 


Vapprocbèrent  d'elle  et  lui  dirent  :  «  Nous 
Irons  avec  toi  efnous  ne  te  quitterons  point, 
car  nous  désirons  yivre  et  mourir  à  ton  servi- 
ce;  c'est  pour  toi  que  nous  avons  quitté  notre 
Tamiliet  nous  t*avons  choisie  et  suivie  afin 
que  nous  obtenions»  par  ton  entremise,  le 
salut,  la  grAce  et  la  miséricorde  du  Seigneur 
qui  est  né  de  toi.  »  Et  Marie  les  accueillit  et 
les  bénit.  Elle  les  aimait  beaucoup,  et  elles 
resiaientk  son  service,  et  elles  la  prièrent  de 
leur  exposer  nomment  elle  avait  pu  con- 
cevoir sans  avoir  de  commerce  avec  un 
homme  et  enfanter  sans  que  sa  virginité  fût 
détruile.  £l  Marie,  par  suite  du  grand  amour 
qu'elle  avait  pour  ces  vierges,  leur  expliqua 
ce  mystère,  et  elle  était  en  grande  estime  à 
leurs  yeux.  Et  elles  dormaient  devant  son 
lit,  et  elles  voyaient  de  jonr  et  de  nuit  ses 
grands  miracles.  Et  le  premier  des  miracles 
dont  elles  furent  témoins,  c'était  une  odeur 
1rès-suave  qui  s*exhalaitet  qui  remplissait 
l'endroit  où  elle  était.  Et  chaque  fois  que 
des  hommes  atteints  d*une  maladie  ou  d*une 
infirmité  venaient  à  elle,  elle  les  bénissait, 
e(  lorsqu'ils  s'étaient  prosternés  devant  elle 
elqa'ils  avaient  baisé  ses  pieds,  ils  étaient 
délivrés  de  toute  souffrance,  après  qu'elle 
avait  prié  pour  eux,  et  de  grandes  louanges 
étaient  faites  d'elle.  Et  lorsqu'il  en  était  ainsi, 
voici  que  dans  la  nuit,  l'ange  Gabriel  vint  à 
elle  et  lui  dit  :  «  Aie  du  courage,  6  bien- 
heureuse Marie,  et  ne  crains  point;  va  à 
Bethléem  et  demeure  en  cette  ville  jusqu'à 
ce  que  tu  voies  le  Seigneur,  w  Et  le  jour  étant 
venu,  elle  réunit  les  trois  vierges  ot  leur 
dit '.iSortez,  mes  filles,  tet  ayant  pris  Tencen- 
soir  et  l'encens,  elles  se  mirent  en  route. 
Et  ces  vierges  se  nommaient  [il  y  a  ici  une 
lacune  dan$  le  texte  arabe).  Et  c'était  le  jour 
de  la  cinquième  fête  lorsque  Marie  se  rendit 
à  Bethléem  avec  les  trois  vierges. 

CHAPITRE  II. 

Le  vendredi  étant  venu,  la  Vierge  Mane 
se  trouva  malade,  et  ayant  pris  l'encens  et 
Tencensoir,  elle  pria  et  dit  :  «  0  mon  Sei- 
gneur et  mon  Dieu  éternel,  Jésus-Christ,  toi 
qui  es  dans  les  cieux,  toi  qui  as  rendu  ta 
servante  digne  que  tu  prisses  d'elle  la  chair 
humaine  afin  d'apparaître  dans  ce  monde  en 
ton  humanité  par  un  effet  de  ta  volonté,  afin 
que  les  intelligences  pussent  te  comprendre 
et  que  les  yeux  pussent  te  voir,  afin  que  les 
hommes  crussent  que  ta  divinité  était  des* 
ccnduedans  la  chair  et  afin  qu'ils  fussent  dé« 
livrés  de  leurs  péchés,  écoute  les  prières  de 
la  Mère  et  envoie-moi  Jean  le  Mineur,  ton 
hien-aimé,  qui  annonça  tes  préceptes  au 
monde  ;  fais  que  je  me  réjouisse  en  le  voyant 
et  envoie  aussi  tous  tes  disciples  et  tes  bien- 
aimés,  les  prophètes  et  les  élus,  les  vivants 
et  les  morts,  afin  que  je  me  réjouisse  en 
les  voyant,  avant  que  je  ne  quitte  ce  monde, 
car  je  sais  que  tu  peux  toutes  choses  et  que 
tu  m*accorderas  ce  que  je  désire.  ^  Et  lors- 


iaUèrede  ton  Seigneur  veut  te  voir  avant 


qu'elle  ne  sorte  de  ce  monde.  Va  à  Bethléem 
auprès  d'elle,  et  j'avertirai  tes  compagnons 
tant  vivants  que  morts,  afin  qu'ils  y  aillent 
aussi.  »  Alors  je  me  sentis  porté  par  cette 
nuée  lumineuse,  et  il  me  semblait  que  je 
marchais  sur  la  terre,  et  soudain  je  me  trou- 
vai à  la  porte  de  la  maison  où  était  la 
Vierge  Marie.  Et  ayant  ouvert  la  porte,  j'en- 
trai. Et  voici  qu'elle  était  couchée  sur  son 
lit  et  elle  priait.  Et  quand  elle  eut  fini  sa 
prière,  j  avançai  vers  elle,  et  l'ayant  baisée 
sur  la  poitrine  et  aux  genonx,  je  m'écriai 
et  je  dis  :  «  Je  te  salue,  6  mère  de  Dieu,  toi 

aui  es  heureuse  parmi  les  femmes;  ne  t'af<- 
ige  pas,  car,  quittant  ce  monde  fragile,  tu 
passeras  avec  beaucoup  de  louange  et  de 
gloire  à  la  vie  éternelle.  »  Et  elle  éprouva 
une  grande  allégresse  en  me  voyant,  et  je 
m'assis  et  je  lui  exposai  ce  qui  m'était  arrivé. 
Je  m'approchai  ensuite  des  vierges  et  je  les 
bénis.  Ensuite  elle  me  dit  :  «  Prends  l'en- 
cens et  prie  pour  moi.  »  Et  je  le  fis,  et 
m'étant  incliné,  je  dis  :  <x  0  mon  Seigneur 
et  mon  Dieu  Jésus-Christ,  montre  les  mi- 
racles de  ta  Mère  et  fais-la  sortir  de  ce  monde 
avec  une  grande  gloire  ainsi  que  tu  le  lui  as 

Eromis,  et  montre-lui  ta  gloire  et  ta  magni- 
cence  avec  tes  élus,  afin  que  les  fidèles  se 
réjouissent  et  qu'ils  te  louent,  et  afin  que 
ceux  oui  t'ont  crucifié  et  qui  ont  nié  que  tu 
étais  le  Christ,  Fils  de  Dieu,  soient  rem** 
plis  d'effroi,  et  afin  que  le  témoignage  des 
choses  célestes  et  terrestres  soit  rendu  à 
ta  Mère,  A  toi  à  qui  revient  la  louange 
et  la  gloire  dans  tous  les  siècles.  Amen.  » 
Et  guand  j'eus  fini  ma  prière,  la  Vierge 
Marie  me  dit  :  <c  O  saint  iean,  ton  Mattre  a 
promis  que,  lorsque  je  devrais  quitter  ce 
monde,  il  se  montrerait  à  moi  avec  ses  anges 
et  avec  ses  élus,  et  que  je  quitterais  cette 
terre  avec  cette  glorieuse  escorte.  »  Et  je  dist 
«  Il  viendra  afin  que  lu  le  voies,  et  il  accom- 
plira sa  parole.  »  Alors  elle  dit  :  «  O  Jean, 
les  Juifs  ont  résolu  de  prendre  mon  corps 
et  de  le  détruire  par  le  feu  lorsque  je  serais 
sortie  de  ce  monde.  »  Et  je  lui  dis  :  «  Ne 
crains  rien,  ni  les  Juifs,  ni  aucun  autre  n'au« 
ront  nulle  puissance  sur  toi,  vivante  ou 
morte,  parce  que  le  Seigneur  est  avec  toi.  » 
Alors  elle  dit  :  «  0  iean,  oà  m'ensevelirez-» 
vous?  »  Et  je  dis  :  «Comme  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ  l'ordonnera.  »  Alors  ses  larmes 
coulèrent  et  je  me  mis  à  les  essuyer  avec 
mon  vêtement,  et  je  pleurai,  et  les  trois 
vierges  pleuraient,  et  elles  s'afiliçeaient  gran- 
dement a  cause  d'elle.  Et  je  lui  dis  :  «(Puis- 
que tu  as  engendré  le  Christ  et  que  tu  as  ses 
promesses  et  ses  témoignages ,  pourquoi 
crains-'tu  de  sortir  de  ce  monde  vain  et  pé- 
rissable et  pourquoi  le  regrettes-tu?  Quelle 
sera  donc  la  situation  des  autres  qui  sont 
placés  au-dessous  de  toi  et  qui,  lorsqu'ils 
quittent  ce  monde,  ignorent  quel  doit  être 
leur  sort?  car  tu  recevras  de  ton  Fils  des 
couronnes  brillantes  et  tu  les  poseras  sur 
la  tète  de  tous  les  hommes  justes  et  pieux, 
et  une  peine  éternelle  frappera  ceux  qui 
Tauront  méritée.  » 
«Ne  te  livre  donc  pas  à  latristesseetà  la 


bi$ 


DICTIONNAIRE  DLS  APOCRITPHCS. 


doulettr,  6  bienneurease  Marie,  carJ'Esprit- 
Saint  m*a  dit  à  Ephèse  q^ue  mes  compagnons 
et'ies  autres  saints  devaient  se  réunir  autour 
de  toi,  sollicitant  ta  bénédiction,  comme  a  dit 
le  prophète  David  :  €  Tous  les  peuples  vien* 
dront  et  t'adoreront,  et  toutes  les  tribus  des 
nations  s'humilieront  devant  toi.  »  Et  Marie 
médit  derechef:  «Allume  l'encens  et  prie.» 
Et  j*allumai  l'encens  et  je  dis  :  «  Mon  Sei- 
gneur  et  mon  Dieu  Jésus-Christ,  écoute  ma 
prière,  et  entends  la  voix  de  ta  Mère,  et  ac« 
complis  les  promesses  que  tu  lui  as  faites. 
Que  ta  volonté  soit  faite,  ainsi  que  le  désir 
de  (on  Père  céleste,  de  même  que  tu  as  vo- 
lontairement habité  en  elle.  Et  les  anges  et 
toutes  les  créatures  doivent  te  louer.  »  Et 
mes  prières  étant  unies,  voici  qu'une  grande 
voix  dit  :  Amen^  et  je  fus  frappé  d'élonae- 
ment.  Et  lorsque  l'Esprit-Saint  m'eut  dit  : 
c  As-tu  entendu  cette  voix,  Jean?  »  je  dis: 
«  Oui,  Je  l'ai  très-bien  entendue.  »  Et  l'Es- 
prit-Saint  dit  :  «  Cette  voix  ira  aux  disciples. 
Ces  compagnons,  et  ils  viendront  pour  saluer 
la  bienheureuse  Marie;  je  les  ai  avertis  cha- 
cun dans  l'endroit  où  il  habite,  et  je  leur  ai 
préparé,  sur  une  nuée  éclatante,  les  chars 
qui  les  apporteront  ici.  Et  j'ai  fait  savoir  à 
Rome,  à  Siméon  Céphas ,  lorsqu'il  se  ren- 
dait au  temple  saint  pour  y  offrir  le  sacrilice, 
et  je  lui  ai  dit  :  «  Quand  tu  auras  présenté 
ton  offrande,  hflte-toi  de  te  rendre  à  Beth- 
léem, car  la  Mère  de  ton  Mattre  j  est,  et  elle 
vasortir  dece  monde;»  j'ai  donné  cet  avis  à 
Paul,  qui  était  à  une  distance  de  cinquante 

I'et^  de  flèche  de  Rome,  et  qui  disputait  avec 
es  Juifs,  et  les  Juifs  le  raillaient  et  disaient  : 
€  Assurément,  ce  que  tu  dis  ne  sera  })as 
écoulé,  car  tu  prêches  le  nom  jdu  Christ, 
toi  qui  es  originaire  de  Tarse,  et  nous  te  con- 
naissons. »  rai  appelé  Paul,  et  aussitôt  il 
s'est  levé  et  il  est  sorti.  J'ai  ensuite  appelé 
Thomas  qui  était  dans  l'intérieur  de  l'Inde; 
il  était  auprès  du  lit  de  la  ûlle  du  roi,  et  il 
l'avait  baptisée,  lise  hâta  de  se  rendre  à 
réj^lise ,  et  il  pria  et  il  partit.  Et  j'appelai  en- 
suite Matthieu  et  Jacoues.  Et  je  m  adressai 
ensuite  aux  morts,  è  Philippe,  André,  frère 
de  Siméoq Céphas,  Luc,  Siméon  le  Cananéen, 
Marc  et  Barthélémy,  et  je  leur  dis  :  «  Allez, 
quittez  vos  tombeaux,  et  ne  croyez  pas  que 
te  dernier  jour  soit  venu;  ce  n'est  pas  encore 
rcxirémité  des  temps.  Mais  rendez-voUS  en 
h&te  à  Bethléem,  aliu  de  saluer  la  Dame  Ma- 
rio, la  bienheureuse  Mère  du  Seigneur,  car 
elle  est  près  de  sortir  de  ce  monde.»  Et  ils  se 
mirent  à  dire  :  «  Comment  nous  y  rendrons^ 
nous,  et  oui  est-ce  qui  nous  y  portera?  »  Et 
voici  que  des  chars  splendides  que  portait  une 
nuée,  descendirent  au  milieu  d'eux,  et  lés 
vents  soufflaient  avec  force,  et  le  ciel  et  la 
terre  étaient  sillonnés  par  la  foudre.  Et  cette 
nuée  les  porta  tous  à  Bethléem,  et  s'appro- 
chant  de  Mario,  ils  la  saluèrent,  et  il  y  eut 
alors  une  grande  joie,  et  Jean  allumait  de 
l'encens  en  leur  honneur  et  les  saluait.  Et 
sur  leurs  tètes  était  la  splendide  couronne 
du  Christ.  Et  lorsque  Marie  les  vit,  elle  se 
souleva  sur  son  lit,  et  elle  loua  Dieu  et 
elle  les  bénit  pleine  d'allégresse,  disant; 


«  J'ai  la  conGance  que  mon  Seigneur  viendrt 
des  cieux  pour  que  je  le  voie,  comme  vous 
êtes  venus  et  comme  je  vous  vois;  dites* 
moi  comment  vous  avez  su  ce  qui  me  con- 
cerne. »  Et  chacun  d'eux  commença  k  raro-i- 
ter  comment  l'Esprit-Saint  lui  avait  rené 
ce  oui  regardait  Marie,  et  par  quels  mira  les 
ils  étaient  arrivés ,  et  ils  dirent  :  «  0  Lien* 
heureuse  Vierge ,  ne  te  livre  pas  au  cha- 
grin, caf  celui  qui  est  né  de  toi  te  conduira 
nursde  ce  mondeavec  une  grande  gloire,  el  tu 
entreras  dans  la  maison  de  la  gloire  et  tu  ea 
seras  la  maîtresse.  »  La  Vierge  Marie  ayant 
entendu  ces  choses,  étendit  la  main  et^alua 
le  Seigneur,  disant  :  «  Je  t'adore,  mon  Sei- 
gneur et  mon  Dieu,  et  je  crois  en  ta  gran- 
deur et  en  ta  puissance,  car  tu  n'as  pas  fait 
de  moi  le  jouet  de  ce  peuple  stupide,  et  tu 
ne  les  as  pas  laissés  accomplir  ce  qu'ils  an« 
nonçaientdevoirfaire  lorsqu  ilsdisaienlqu'ils 
livreraient  mon  corps  à  l'ignominie;  mais  lu 
as  entendu  les  prières  de  ta  servante  et  lu 
as  montré  tes  merveilles,  ô  loi  qui  es  puis- 
sant et  qui  peux  ce  que  ta  veux.  C'est  pour^ 
qiit)i  ton  nom  est  digne  de  louange,  el  la 
puissance  est  très-grande  dans  tous  les  siè* 
des  des  siècles.   Amen.  Et  c'est  pourquoi 
toutes  les  nations  me  loueront.  »  Lorsqu  eila 
eut  Coi  sa  prière,  les  disciples  dirent  AmpQ. 
Alors  elle  dit  aux  disciples:  «  Allumez  l'en- 
cens et  priez ,  et  laites  sur  votre  visage  \t 
signe  de  la  croix.  »  Et  lorsqu'ils  eurent  faii  ce 
qu'elle  leur  avait  dit,  voici  qu'on  enleodit 
un  bruit  comme  celui  d'un  tonnerre  venant 
du  ciel ,  et  comme  celui  de  chars  se  précipi- 
tant et  se  heurtant  les  uns  les  autres,  et  il 
se  répandit  une  odeur  d'encens  dont  la  sua- 
vité ne  saurait  se  décrire.  El  voici  que  les 
anges  et  les  puissances  dont  le  nombre  ne 
peut  s'exprimer,  descendirent  dans  la  mai- 
son oik  étaient  la  Vierge  Marie  et  les  di*oi2- 
ples ,   et  les  entourant ,  dirent  ;  «  Satni , 
saint,  saint,  est  le  SeigneurSabaoth.  »  El  its 
hdbitants  de  Bethléem   voyant  ces  cIiohs 
furent  saisis  d'elfroi,  et  de  grandes  tuer- 
veilles  se  manifestaient  à  eux;  les  armées  du 
ciel  montaient  et  descendaient,  et  la  voix  du 
Fils  de  l'homme  se  faisait  entendre  paruii 
eux.  Alors  un  grand  nombre  dMiabitanis  d*^ 
Bethléem  tinrent,  et  ils  racontèrent  au  prt- 
fet  et  aux  prêtres,  k  Jérusalem,  tout  ce  qu'ils 
avaient  vu  et  entendu,  annonçant  les  ujer- 
veilles  oui  étaient  survenues  à  l'endroit  oà 
était  la  bienheureuse  Marie. 

CHAPITRE  III 

Lorsque  les  habitants  de  Jérusalem  enten- 
dirent ces  choses,  plusieurs,  quittant  leur 
famille,  partirent  aun  de  voir  les  miracits 
que  faisait  la  bienheureuse  Marie.  Et  ie5 
cieux  furent  ouverts,  etil  en  sortit  des  armées 
d'anges,  et  des  foudres  et  des  tonnerres,  et 
une  nuée  vint  du  ciel  et  elle  arrosa  la  terre 
de  rosée,  et  les  étoiles  tombèrent  du  ciel  et, 
ainsi  que  le  soleil  et  la  lune,  elles  adoraient 
la  bienheureuse  Marie.  Quelques-uns  oes 
habitants  de  Bethléem  tournaient  les  yeiix 
vers  la  maison  où  était  la  bienheureuse  Ma- 
rie.  Et  les  disciples  l'entouraient  avec  rei* 


517 


Mkti 


PART,  ill.—  LEGENDES  ET  PRAGHENTS. 


MAR 


Mil 


R 


et,  tenant  les  mains  élevées  vers  le  ciel  ; 

ange  Gabriel  lui  rairaichlsss4t  la  léle  et 
Michel  les  pieds;  Pierre  et  ^an  essayaient 
avec  leurs  vêtements  les  larmes  de  Marie, 
e(  un  souffle  comme  celui  des  grandes  eanx 
sortait  de  cette  maison,  et  chacun  disait  : 
t  Je  te  salue,  6  toi  qui  es  bienheureuse,  et 
bienheureux  celui  qui  est  né  de  toi  ;  »  et 
ils  célébraient  ainsi  ses  louanges  etsa  gloire, 
et  on  ne  pouvait  la  voir  h  cause  de  la  clarté 
éblouissante  gui  sortait  d'elle.  Et  si  quelque 
malade  venait  en  cet  endroit  et  posait  sa 
télé  sur  le  seuil  de  la  porte  et  sur  le  mur  de 
la  maison,  et  s*il  criait  :  a  O  bienheureuse 
Marie,  prie  pour  moi  et  aie  pitié  de  moi ,  » 
aussitôt  il  se  trouvait  guéri,  quoique  Marie 
ne  Teût  pas  vu  ;  mais  lorsqu'elle  entendait 
leur  voix,  elle  étendait  la  main  et  elle  les 
bénissait,  et  ils  étaient  délivrés  de  leurs  in- 
firmités. Et  il  y  avait  là  des  muets,  des 
sourds  et  des  aveugles,  et  ils  furent  aussi- 
tôt guéris.  Et  quelques-uns  prirent  de  la 
poussière  de  la  muraille  de  la  maison  et  la 
mêlèrent  à  de  l'eau  qu'ils  burent,  et  ils  fu- 
rent délivrés  de  tous  les  maux  qu'ils  endu- 
raient. Et  la  bienheureuse  Marie  fit  tant  de 
miracles  et  de  prodiges,  que  personne  ne 
peut  les  raconter,  si  ce  n  est  le  Seigneur, 
qui  est  né  d'elle  et  qui  a  fait  d'elle  le  temple 
de  sa  grandeur.  Et  ce  qu'il  y  a  de  plus  ^raud 
eideplus  merveilleux,  c'est  aue  les  habitants 
de  Bethléem  la  louaient  malgré  eux.  Et  des 
femmes  venaient  à  elle  de  tous  les  pays,  de 
Rome,  d'Alexandrie  et  de  l'Egypte;  ainsi 
Que  des  filles  de  rois  et  de  princes  qui  of- 
iraient  à  Marie  des  présents  et  qui  l'ado- 
raient, et  qui  confessaient  le  Christ  qui  était 
né  d'elle.  Et  en  partant ,  elles  la  priaient  de 
les  bénir  et  de  leur  donner  des  livres  et  des 
vertus,  aân  que  dans  leur  pays  on  crût  aux 
témoignages  qu'elles  rendraient.  Et  il  vint 
une  femme  qui  était  tourmentée  de  deux 
démons  qui  la  possédaient,  l'un  pendant  le 
jour,  l'autre  pendant  la  nuit,  et  elle  était 
accompagnée  de  la  fille  du  roi  d'Alexandrie 
qui  était  couverte  d'ulcères  ;  elles  se  pros- 
ternèrent devant  Marie,  sollicitant  son  in- 
tervention et  la  priant  de  les  guérir.  Et  Marie, 
«yanl  pitié  d'elles,  pria  pour  elles,  et  aussi* 
tôt  elles  furent  guéries.  11  vint  une  autre 
Bgyptienne  atteinte  dune  maladie  d'entrail- 
les, et  elle  fut  guérie  aussitôt  que  Marie  eut 
prié  cour  elle,  et  elle  loua  Dieu.  Et  il  vint 
une  femme  possédée  du  démon,  et  elle  pria 
Marie  afin  d  en  être  délivrée,  et  la  bienheu- 
reuse Vierge  étendit  la  main  sur  elle  disant: 
<  Au  nom  de  Jésus-Christ,  mon  Seigneur, 
éloignez-vous  de  cette  ftme  et  ne  la  troublez 
plus  d'aucune  façon,  »  et  aussitôt  les  démons 
sortirent  et  dirent  :  «  Qajy  a-t-il  de  commun 
«ptre  toi  et  néus,  ô  Marie?  nous  craignons 
d'approcher  de  tout  lieu  où  règne  ton  Fils, 
et  nous  ne  pouvons  tenir  devant  ses  compa- 
gnons. 11  nous  a  relégués,  par  sa  puissance, 
au  fond  de  l'abtme,  et  toi,  par  tes  prières, 
lu  nous  as  chassés  hier  de  cette  ftme  et  de 
uien  d'autres.  »  Alors  la  bienheureuse  Marie 
l^s  rénrimanda,  et  aussitôt  ils  s'enfuirent  et 
^  réfugièrent  dans  les  profondeurs  de  la 


mer;  El  un  fils  de  Sophrin,  roi  d'Egypte, 
dont  la  tète  avait  été  déchirée  par  un  lion, 
s'adressa  à  elle,  et  après  qu'étenaant  ia  main 
elle  eut  prié  pour  lui,  sa  tête  fut  aussitôt 
guérie,  et  tous  les  assistants  louèrent  Dieu. 
Et  beaucoup  d'hommes   ayant  appris   tes 
choses  se  rendirent  à  Bethléem,  et  iU s'in- 
formaient où  était  la  bienheureuse  Marie,  et 
comme  ils  frappaient  à  la  porte  et  c^ue  les 
disciples  n'ouvraient  pas,  ils  se   mirent  à 
crier  avec  force,  disant  :  n  Aie  pitié  de  nous, 
bienheureuse  Marie,  et  guéris-nous  et  ne  lais- 
se pas  nos  vœux  sans  les  exaucer.  »  Et  Marie 
entendit  leurs  voix,  et  elle  pria  pour  eux  de 
l'intérieur  de  la  maison,  et  elle  dit:  «i  0  mon 
Seigneur  et  mon  Dieu  Jésus-Christ,  toi  qui 
es  mon  maître,  mais  qui  as  voulu  devenir 
mon  fils,  écoute  ma  voix  en  faveur  de  ceux 
qui  sont  venus  à  toi,  et  ne  laisse  pas  sans 
récompense  la  foi   qu'ils  ont  en  toi,  mais 
daigne  les  secourir.  »  Alors  une  grande  vertu 
émana  de  la  maison,  et  tous  les  malades 
furent  délivrés  de  toutes  leurs  souffrances, 
et  leur  nombre  était  d'environ  deux  mille 
quatre-vingts.  Et  il  y  eut  ce  jour- là  de 
grandes  louanges  dans    toute  la  terre  de 
Bethléem.  Alors  les  magistrats  de  Bethléem 
et  de  Jérusalem  demandèrent  aux  hommes 
qui  avaient  été  guéris,  ce  que  la  bienheu- 
reuse Marie  leur  avait  fait,  et  comment  ils 
avaient  été  délivrés  de  toutes  leurs  souffran- 
ces. Et  auand  ce  récit  eut  été  fait,  il  y  eut 
un  grand  étonnement  parmi  les  prêtres  de 
la  synagogue,  et  ils  virent,  avec  surprise,  le 
grand  honneur  qu'on  rendait  au  Christ  et 
la  joie  des  fidèles.  Et  leurs  yeux  furen: 
obscurcis,  et  ils  frémirent  et  tremblèrent, 
ils  conçurent  une  grande  colère,  et  ils  di- 
rent :  «  Assurément  ce  qu'ils  disent  nou« 
cause  beaucoup  de  sollicitude,  et  même  nous 
donne  un  ^and  sujet  de  troublo.  »  Et  beau* 
coup  de  Juifs  étant  partis  de  Jérusalem  pour 
Bethléem,  les  prêtres  leur  dirent  :  «  Allez, 
saisissez  les  disciples  du  Christ,  et  chassez 
Marie  de  la  ville.  i>Et  quand  les  Juifs  furent 
à  un  millier  de  pas  de  Jérusalem  et  que  le 
soleil  était  à  son  couchant,  un  grand  mira« 
cle  se  manifesta  ;  leurs  pieds  furent  arrêtés, 
et  ils  ne  purent  aller  è  Bethléem  et  retour- 
nèrent sur  leurs  pas.  Et  les  prêtres,  de  plus 
en  plus  troublés  et  remplis  de  colère,  se 
rendirent  auprès  du  préfet  en  criant  :  «  Ces 
choses-là  sont  grandes,  et  les.  Juifs  périront 
à  cause  de  ce  que  fait  cette  Marie.  »  Et  ils 
le  prièrent  de    l'expulser   de   Jérusalem. 
L'étonnement  du  préfet  augmenta  lorsqu'il 
les  eut  entendus,  et  il  dit  :  «  Assurément 
je  ne  le  ferai  point.  »  Alors  ils  redoublè- 
rent leurs  clameurs  et  ils  l'adjurèrent  au 
nom  de  l'empereur,  disant  :  «  Si  tu  ne  ie  tàU 
pas,  nous  te  dénoncerons  auprès^de  Tibère 
César*  *  Et  un  grand  nombre  de  Juifs  s'étani 
rassemblés,  se  portèrent  vers  la  maison  où 
était  la  bienheureuse  Marie,  et  la  porte  était 
ouverte,  et  ils  voulaient  entrer;  mais  ils  ne 
pouvaient  approcher  ,  parce  que  les  portes 
au  ciel  étaient  ouvertes,  et  qu'une  grande 
splendeur  était  répandue  à  rentrée  de  le 
maison  de  Marie  Et  à  cause  de  leurs  elfr 


619 


D1CT10NNA1R£  DES  APOCRYPHES. 


&» 


meurs  et  de  lears  menaces,  un  des  chefs 
partit  avec  eux  avec  trente  mille  cavaliers 
et  beaucoup  de  fantassins»  et  il  dit  :  «  Allez 
à  Bethléem ,  et  conduisez  ici  Marie  et  les 
disciples.  »  Alors  le  chef  sortit  de  Jérusa- 
lem avec  les  soldats  ;  mais  l'Esprit -Saint  dit 
aux  disciples  du  Christ  :  «  Voici  :|u*un  chef 
«rrive  de  Jérusalem  avec  une  nombreuse 
armée;  prenez  Marie  et  emmenez-la  avec 
vous»  et  ne  craignez  rien,  car  je  vous  porte- 
rai sur  une  nuée  à  travers  les  airs»  et  je 
vous  protégerai  contre  tous»  et  nul  ne  pourra 
vous  nuire»  car  la  puissance  du  Seigneur  est 
«vec  vous.  »  Alors  les  disciples  se  levèrent  et 
quittèrent  la  maison  portant  la  bienheureuse 
Marie  sur  son  lit»  et  TEsprit-Saint  les  por- 
iait»  et  ils  passèrent  sur  la  tète  de  leurs  enne- 
mis qui  ne  purent  les  voir.  Et  quand  les 
disciples  furent  arrivés  à  Jérusalem,  ils 
se  rendirent  à  la  maison  de  Marie»  et  ils  7 
restèrent  occupés  à  prier  et  à  louer  Dieu. 

Et  lorsque  tes  cavaliers  furent  venus  à 
Bethléem»  ils  dirent  :  «  Fermons  les  portes 
de  la  maison.  »  Ils  n'y  trouvèrent  personne» 
et»  remplis  de  colère»  ils  se  saisirent  de  tous 
les  habitants  de  Bethléem»  et  ils  dirent  : 
«  Vous  êtes  venus  auprès  du  préfet  et  des 
prêtres  à  Jérusalem,  et  vous  les  avez  assurés 
que  les  disciples  du  Christ  étaient  auprès  de 
Marie  »  et  ne  cessaient  pas  de  célébrer  ses 
louanges  et  qu'une  foule  d'anges  montaient 
«u  ciel  et  en  descendaient»  et  vous  avez  dit 
que  leurs  chants  étaient  parvenus  jusqu'à 
vous.  Où  sont*ils  maintenant?  Venez  avec 
nous  »  et  défendez- vous  comme  vous  vou- 
drez» car  nous  ne  trouvons  rien.  »  Ils  parti- 
rent donc  avec  eux  et  revinrent  auprès  du 
préfet»  et  ils  dirent  «  au'ils  n'avaient  vu  per- 
sonne à  Bethléem.»  Et  les  prêtres  dirent  : 
%  Les  disciples  du  Christ  ont  fait  un  prestige 
devant  vos  yeux  afin  que  vous  ne  le  vissiez 
pas.»  Et  le  préfet  leur  dit  :  «  Si  vous  les  trou- 
vez dans  quelque  endroit»  emparez -vous 
d'eux  et  fermez  les  portes.  »  Et  cinq  jours 
après,  les  habitants  oe  Jérusalem  virent  les 
anges  descendre  vers  la  bienheureuse  Marie 
et  sortir  de  la  maison  qu'elle  avait  à  Jérusa- 
lem sur  la  montagne  de  Sion,  et  les  voisins 
accoururent,  et  ils  se  mirent  à  prier»  disant  : 
«  0  sainte  Marie»  mère  du  Christ,  qui  est 
le  Seigneur»  nous  te  prions  d'intercéder  par 
ton  Fils  auprès  de  nous,  aûn  que  le  salut 
nous  soit  accordé.  »  Et  il  y  eut  beaucoup  de 
miracles  accomplis»  et  beaucoup  de  malades 
guéris.  Et  les  habitants  de  Jérusalem  eurent 
une  grande  frayeur»  et  lorsque  le  jour  fut 
venu»  ils  se  saisirent  des  voisins»  et  ils  di- 
rent :  «  Pourquoi  ce  tumulte  et  ce  bruit  et 
ces  cris  que  vous  poussiez  hier  ?  »Et  les  voi- 
sins racontèrent  que  Marie  était  venue  à  sa 
maison  accompagnée  des  louanges  des  anges 
et  des  hommes»  et  que  tout  malade  qui  ap- 
prochait d'elle  était  aussitôt  guéri  de  son 
mal.  Alors  les  Juifs  se  rendirent  auprès  du 
préfet»  et  lui  dirent  :  «  Nous  t'affirmons 
qu'il  y  a  une  grande  inquiétude  à  Jérusa- 
lem à  cause  de  Marie»  »  et  ils  racontèrent 
te  qui  leur  avait  été  dit.  Et  le  préfet  ré- 
pondit :  «  Qu'est-ce  que  je  puis  faire  nour 


vous  7  »  Et  ils  dirent  :  «  Prenons  da  i)ois  et 
du  feu»  et  brûlons  la  maison  oii  elle  esu  • 
Et  il  leur  dit  :  «  Faites  ce  que  vous  jugerei 
à  propos.  »  Et  les  prêtres  se  rassemblèreot, 
ainsi  qu'une  grande  multitude»  etayanipris 
du  feu  et  du  bois»  ils  se  rendirent  à  l'endroit 
où  était  la  bienheureuse  Marie  pour  y  mettre 
le  feu  ;  le  préfet  et  sas  compagnons  regar* 
daient  de  loin  ce  qu'ils  faisaient.  Et  lors- 
qu'ils furent  venus  aux  portes  de  la  maison, 
un  grand  feu  se  montra  sortant  de  la  porte, 
etdesangesétaientauprès»  etquiconque  s*ap* 
prochait  était  brûlé»  et  beaucoup  de  Juifs 
périrent  à  cette  heure»  et  les  autres  furent 
frappés  de  frayeur»  et  le  préfet  fut  aussi  saisi 
d'épouvante.  Et  étendant  les  mains  vers  le 
ciel»  il  s'écria  è  haute  voie  :  «  Vraiment,  ô 
Marie,  celui  qui  est  né  de  toi  est  le  Fils  «Je 
Dieu  (  nous  désirons  le  voir»  et  je  l'adorerai 
toujours.  »  Et  une  grande  discorde  sVleva 
parmi  les  Juif<»  et  beaucoup  d'entre  eux 
crurent  au  nom  de  Jésus-Christ.  Alors  le 

{préfet  réunit  les  habitants  de  Jérusalem  et 
es  prêtres»  et  il  leur  dit  :  t  0  peuple  mé- 
chant» vous  avez  mis  en  croix  le  Christ  qui 
était  descendu  du  ciel  pour  nous  racheter; 
vous  avez  refusé  d'écouter  la  vérité,  tous 
avez  fait  le  mal  ;  vous  serez  livrés  aui  tour- 
ments de  l'enfer.  Mais  moi»  je  crois  aa 
Christ»  et  je  ne  suis  point  un  de  vous,  et  j6 
crains  que  la  colère  du  roi  Tibère  ne  s'anpe- 
santisse  sur  vous  à  cause  de  votre  mécfaao- 
ceté.  Et  voici  ce  que  je  vous  dis  :  que  per- 
sonne ne  s'approche  de  la  maison  de  celte 
bienheureuse  Marie»  et  ne  la  calomDtez 

f>9S.  »  Alors  un  des  principaux  docteurs  se 
eva  »  çt  il  se  nommait  Cafeb»  et  il  était  on 
de  ceux  qui  croyaient  en  Jésus-Christ  et  en 
la  bienheureuse  Marie  sans  tache,  et  il  dit 
«u  préfet  :  «  Demande-leur  au  nom  de  Dieu 
qui  a  conduit  les  enrantsd'lsraël  hors  de  TE- 
gypte»  et»  par  les  livres  de  la  loi  sainte,  de 
dire  si  ce  Fils  de  Marie  est  parmi  vous 
comme  un  prophète»  comme  le  Fils  de  Dieu 
ou  comme  les  autres.  Je  sais  que  vous  iisoz 
et  aue  vous  reconnaissez  les  livres  des  Pèr.s 
et  aes  prophètes.  »  Alors  le  préfet  se  leva  et 
monta  en  un  lieu  élevé  au-dessus  des  autres 
hommes,  et  il  recommanda  à  ceux  qui 
croyaient  en  Marie  et  au  Fils  de  Dieu,  ci 
d'elle»  de  se  mettre  d'un  côté.  Et  beaunn; 
de  Juifs  se  séparèrent  des  autres,  et  l'as- 
semblée fut  partagée  en  deux  parties.  El  i^ 
préfet  dit  :  «  Est-ce  que  vous  croyez  an 
Christ  7  TP  Et  ils  dirent  :  t  Nous  croyons  quV 
est  le  Fils  de  Dieu  unique  qui  |ugera  toui>^ 
les  créatures»  et  qu'il  est  le  Christ  annuru^ 
dans  nos  livres»  que  les  peuples  attenJtt i 
et  qui  nous  rachètera.  »  Et  les  autres  s'êir  ^'^ 
rent  :  «  Que  dites-vous?  Nous  savons,  nous 
que  ce  n'est  point  le  Christ  car  les  tra<ii* 
tions  et  les  cnosea  écrites  à  son  égard  ne 
sont  pas  encore  accomplies.  »  Les  Qdèles  ré- 
pliquèrent :  «  Vous  ne  comprenez  pas  le 
véntable  sens  des  livres»  et  vous  ne  savez 
pas  ce  qu'ils  signifient,  et  les  traditions  vous 
sont  inconnues.  Ne  savez-voils  pas  que  noirt> 
père  Adam»  lorsqu'il  éUit  prés  de  la  wort. 
prescrivit  à  son  fils  Seth  d'ordonner  è  s^s  de»* 


'Ai 


MAR 


PART.  II.  —  LEGFilDES  £T  FRAGMENTS. 


MAR 


521 


rendants  d*eniporter  son  corps  hors  de  la 
raTerne  des  trésors  et  de  le  transporter  dans 
la  lerre  sainte,  parce  qu'il  saYait  que  la  ré- 
ijeroption  de  sa  race  s'effectuerait  par  le  mi- 
Diâtèredo Christ.  Et  il  dit:  «  L'or,  la  myrrhe 
et  Tenions  qui  sont  dans  la  caverne  des  tré- 
sors, sont  les  présents  qui  seront  apportés 
à  Bethléem  par  la  main  des  Mages  qui  sont 
les  fils  des  rois,  car  Dieu  a  promis  que  le 
Christ  viendrait  en  ce  monde,  et  qu'il  mani- 
festerait sa  divinité  par  des  miracles,  et 
qu'il  sortirait  de  Sion  se  manifestant  aux 
hommes.  »  Et  le  prophète  dit  :  «  Les  pieds 
du  Seigneur  se  fixeront  sur  le  mont  des  Oli- 
Tiers  de  Jérusalem ,»  et  vous  savez  qu'il  en 
a  été  ainsi.  Et  Caleb  dit  beaucoup  d'au- 
tres choses  qu'il  serait  lonf^  de  rapporter. 
Et  les  jQifs  repondirent  :  «  Penses-tu  que  ce 
Christ  soit  plus  grand  auprès  de  Dieu  que 
notre  père  Abraham  auquel  les  cieux  ont 
été  ouverts  et  qui  a  parle  avec  Dieu  ?  »  Les 
fidèles  répondirent  :  «  Nous  savons  et  nous 
connaissons  avec  certitude  que  celui  qui  est 
oé  de  Marie  a  créé  Adam  avant  qu'Abraham 
ne  fût  formé  dans  le  ventre  de  sa  mère,  car 
il  e$t>avant  toutes  les  créatures,  et  c'est  celui 
arec  lequel  Abraham  a  parlé  et  de  qui  Da- 
niel a  dit  que  dans  soixante  semaines  vien- 
drait le  Messie  en  qui  toutes  les  nations 
espèrent.  »  Et  les  Juif^  répondirent  :  «  Est- 
ce  que  ce  Christ  en  qui  vous  croyez  est 
plus  grand  qu'Isaac,  qui  fut  devant  Dieu 
une  olîfaQde  pure  dont  se  réjouissent  les 
cieux  et  la  t«rre?  »  Et  les  fidèles  dirent  : 
i  Dieu  ne  permit  pas  qu'Isaac  fût  offert  en 
sacrifice,  et  -s'il  avait  été  immolé»  ce  n'eût 
été  qu'une  offrande  unique  ;  mais  le  Christ 
a  été  une  hostie  offerte  pour  toutes  les  créa- 
tares  et  en  montant  sur  la  croix,  il  a  offert 
on  sacrifice  qui  réconciliât  Dieu  avec  les 
hommes.  Ceux  qui  ont  foi  en  lui  sont  déli- 
vrés de  tous  péchés  comme  les  fils  d'Israël 
étaient  guéris  de  la  morsure  des  serpents, 
h'rsqu'ils  regardaient  le  serpent  d'airain  que 
Dieu  avait  ordonné  à  Moïse  d'élever,  v  Les 
Juifs  dirent  :  «  Estrce  que  tu  penses  que  le 
Christ  est  supérieur  à  Jacob  qui  vit  les  portes 
du  ciel  ouvertes,  et  qui  contempla  les  anges 
montant  et  descendant  l'échelle  du  salut?  » 
Us  fidèles  répondirent  :  «  Jacob  et  les  an^es 
et  l'échelle  qu  il  vit  sont  Tima^e  du  Christ. 
Ce  sont  de  grands  miracles  qui  frappent  les 
^prils  de  stupeur,  mais  de  plus  grandes 
merTeilles  sont  accomplies  par  ceux  qui  in* 
▼oquent  son  nom,  et  vous  pouvez  les  voir  de 
vos  yeux;  mais  vous  êtes  aveugles  et  vos 
cœurs  sont  endurcis.  »  Et  les  Juifs  dirent  : 
«  Penses-tu  que  ce  Christ  est  supérieur  à 
Ëlie,  qui  monta  dans  le  ciel  et  qui  vit  tout 
»"  qui  est  dans  le  ciel  et  sur  la  terre.  »  Et 
'es  Udèles  dirent  :  «  Elie,  transporté  par  un 
in^e,  monta  dans  ce  del  où  sont  le  soleil 
st  la  lune,  mais  le  Christ,  en  se  montrant 
^ur  le  Tbabor  avec  Elle  et  avec  Moïse  qui 
éiaii  mort  et  qui  avait  pourri,  a  moniré 
joute  sa  puissance,  puisqu'il  pouvait  appe- 
ler auprès  de  lui  les  vivants  et  les  morts, 
el  qu'ils  devaient  obéir  à  ses  commande- 
tQenu.  »  Et  les  Juifs  dirent  :  «  Penses- tu 

DiCTIOTIlf.   DES  ApOCRTPHBS.    II. 


que  ce  Christ  est  supérieur  à  Moïse  qui  dé- 
livra de  l'Egypte  les  enfants  d'Israël,  et  qui 
leur  ouvrit  un  passage  à  travers  la  mer  tan- 
dis que  Pharaon  et  son  armée  furent  englou- 
tis.» Elles  fidèles  dirent  :  «  0  gens  insensés  et 
ignorants*  la  Divinité  ayant  pris  le  corps  du 
Christ,  a  fait  toutes  ces  choses  et  les  mira- 
cles qu'elle  accomplit  étaient  décrits  depuis 
l'éternité.  Le  Christ  a  expulsé  les  démons 

3 ni  étaient  forcés  de  lui  obéir,  et  lorsque 
imon  Pierre  marchait  sur  la  mer  comme 
sur  la  terre,  il  fut  saisi  d'une  mauvaise  pen- 
sée et  au  moment  d'être  submergé,  alors  le 
Christ  étendit  vers  lui  sa  main,  et  le  délivra 
de  sa  terreur.  Il  commande  à  toutes  les  créa- 
tures, et  elles  écoutent  sa  voix  avec  terreur, 
et  elles  lui  sont  soumises.  »  Alors  le  préfet 
fit  saisir  quarante  d*entre  les  Juifs,  et  or- 
donna de  les  frapper  de  verges,  et  les  autres 
furent  remplis  ae  frayeur.  Et  quand  la  nuit 
fut  venue,  le  préfet  prit  un  de  ses  fils  qui 
avait  été  atteint  d'une  grande  douleur  d'en- 
trailles, et  il  alla  h  la  demeure  de  la  Vierge 
Marie,  et  ayant  frappé  à  la  porte,  une  des 
vierges  qui  servaient  Marie  vint  au-devani 
de  lui,  et  lui  dit  :  «  Entre  et  dis  à  la  bien- 
heureuse Marie  que  je  suis  le  préfet  de  la 
ville.  »  Et  la  vierge  alla  annoncer  ce  qu'il 
avait  dit,  et  Marie  ordonna  de  lui  ouvrir  la 
porte  et  de  l'introduire.  Et  il  entra  en  pleu- 
rant, et  il  dit  :  c  Je  te  salue.  Mère  de  Dieu, 
ie  crois  en  celui  qui  est  né  de  toi  et  qui  est 
le  Christ  rédempteur;  étends  tes  mains. 
Hère  de  lumière,  et  bénis-moi,  et  prie  pour 
mon  fils  afin  qu'il  soit  délivré  de  la  dou- 
leur qu'il  endure,  et  prie  aussi  pour  tous 
mes  parents  qui  sont  è  Rome,  afin  qu'ils 
soient  préservés  de  tout  mal ,  et  accorde- 
moi  de  revenir  facilement  auprès  d'eux  alla 
que  je  puisse  les  revoir.  »  Et  il  pleurait 
amèrement.  Et  la  bienheureuse  Vierge,  se 
tenant  debout,  priait  ainsi  que  les  disciples 
qui  étaient  autour  d'elle,  puis,  s'étant  tour- 
née vers  le  préfet,  elle  étendit  les  mains  e: 
elle  bénit  son  fils,  et  elle  lui  commanda  de 
s'asseoir.  Mais  lui,  s'inclinant  devant  elle, 
se  jeta  aux  pieds  des  disciples,  et  dit  : 
«  Je  vous  salue,  élus  de  Dieu,  vous  qu'il  a 
choisis  parmi  toutes  les  créatures,  afin  que 
vous  prêchiez  au  monde  entier.  »  Alors  les 
disciples  le  bénirent,  et  aussitôt  son  fils  fut 
guéri,  et  il  se  retira  plein  de  joie.  Et  sur-le- 
champ,  il  monta  à  cheval,  et  se  rendit  dans 
la  ville  de  Rome,  et  y  arriva  en  sûreté*  et 
ayant  trouvé  ses  parents  et  les  ayant  salués, 
il  leur  raconta  tout  ce  qu'il  avait  vu  faire  par 
la  bienheureuse  Marie,  et  tout  ce  qu'il  lui 
avait  entendu  dire.  Et  là  étaient  les  disci- 
ples de  Pierre  et  de  Paul,  apôtres,  et  ils  leur 
mandèrent  par  écrit  ce  qu'il  avait  entendu  et 
tous  les  miracles  qui  avaient  été  opérés  à 
Rome,  et  dans  les  autres  villes  par  l'inter- 
cession de  la  bienheureuse  Marie. 

CHAPITRE  IV. 

£t  le  rendredi  au  matin ,  TEsprit-Saint 
dit  aux  disciples  :  «  Allez  ;  prenez  Marie,  , 
la  Vierge  sans  tache,  et  por4ez-la  è  Jérusa- 
lem, et  entrez  sur  le  chemin  qui  conduite 

17 


5iS 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


la  Taillée  qu'on  appelle  Gelhsemani  ;  il  y  a 
là   (rois  cavernes  qui  communiquent  l'une 
avec  l'autre»  et  du  côté  de  l'Orient»  il  7  a  un 
endroit  sablonneux  ;  déposez  Ik  la  bienheu- 
reuse Marie,  et  priez  auprès  d'elle  jusqu'à 
ce  que  je  vous  parle.  »  Alors  les  disciples 
firent  ce  qui  leur  était  commandé  et  ils  em- 
portèrent Marie.  Et  lorsque  les  Juifs  les  lui- 
rent, ils  se  rassemblèrent,  et  ils  dirent  à  un 
d^ntre  eux  qui  se  nommait  Japhia»  et  qui 
élait  d'un  caractère  timide  :  «  Va  avec  eux, 
et  lorsqu'ils  seront  proche  de  la  vallée,  fraupo 
la*lilière   Qu'ils  portent  et  fais-la  tomber 
dans  la  vallée;  nous  te  suivrons  avec  du 
bois  et  du  feu,  et  nous  la  brûlerons  dans  la 
vallée,  et  ces  faiseurs  de  prestiges  ne  pour- 
ront pas  croire  qu'ils  sont  au-dessus  des  ba- 
l)îiants  de  Jérusalem.  «  Et  Japhia  leur  obéit 
ci  il  sv  mit  en  route  avec  les  disciples,  et 
lorsqu'ils  furent  près  de  la  vallée,  Japhia 
étendit  la  main  pour  se  saisir  de  la  litière, 
mais  un  ange  ie  irappa  d'un  glaive  de  fer  et 
lui  coupa  lespoignets,desortequ  ils  restèrent 
attachés  à  la  litière.  Alors  Japhia  se  mit  à  im- 
ptorer  les  disciples  el  à  pleurer,  et,  la  face 
contre  lerre,  il  dit  :  «  Ayez  pitié  de  moi,  A 
disciples  de  Jésus-Christ  rédempteur  I  »  Et 
ils  eurent  compassion  de  lui,  et  ils  dirent  : 
«  Implore  la  Vierge  Marie  dont  tu  as  voulu 
briser  la  litière  et  la  précipiterdans  la  vallée.» 
Et  il  se  mit  à  crier  et  à  dire  :  «  0  ma  sou- 
veraine, ô  mère  du  salut,  aie  pitié  de  moi.  n 
Et  elle  dit  à  Pierre  :  «  Rends-lui  ses  poi- 
gnets,» et  Pierre  les  prit  et  les  remit  en  place, 
en  disant  :  «  Au  nom  de  Jésus  lo  Nazaréen 
€ft  par  les  prières  de  sa  mère,  que  ces  mains 
reviennent  à  leur  place  sans  douleur;  »  et 
«Mes  furent  rétablies  dans  l'état  où  elles 
étaient,  et  il  n'éprouva  aucun  mal.  Alors  il 
lui  «lonna  un  bâton  desséché,  disant  :  «  Va  et 
annonce  à  tous  les  Juifs,  par  ce  bâton,  la 
puissance  de  Dieu,  et  montre-leur  quelle  est 
leur  faiblesse  et  leur  ignorance,  si  on  la 
compare  à  la  puissance  et  à  la  sagesse  de 
Pieu,  et  expose-leur  ce  que  Dieu  a  fait  pour 
toi  et  quels  biens  il  t'a  donnés,  afiu  que 
tous  ceux  qui  t*entendront  sachent  que  notre 
doctrine  ne  provient  point  des  hommes, 
mais  qu'elle  nous  a  été  envoyée  du  ciel, 
par  le  Mattre  du  ciel  et  de  la  terre,  et  ils  re- 
nonceront à  leurs  mauvaises  pensées  ainsi 
qu'à  Terreur  qui  les  ferait  périr,  et  ils  ne 
pourront  accomplir  ce  qu'ils  ont  médité  con- 
tre la  bienheureuse  Marie  et  contre  les  dis- 
ciples du  Christ.  »  Japhia  crut  et  pria,  et, 
ayant  pris  le  bâton,  il  retourna  vers  les 
Juifs,  ei  lorsqu'il  fut  venu  à  la  porte  de  la 
ville,  il  la  frappa  de  son  bâton,  et  voici  que 
le  bâton  reverdit.  Alors  Japhia  loua  Dieu  et 
il  dit  :  «  Ce  bâton  est  supérieur  à  la  verge 
d'Aaron.  »  Et  les  Juifs  dirent  :  «  Qu'est-ce 

3ui  t'arrive,  A  insensé?  et  que  fais-tu?  Les 
isciples  du  crucifié  t'ont  abusé,  et  pourquoi 
as-tii  été  avec  eux?  »  Et  il  y  avait  là  un 
aveugle,  et  Japhia  alla  auprè3  de  lui,  et  il  ap- 
procha le  bâton  de  ses  yeut  et  il  dit  :  «  Au 
namdj  Dieucruciaé,que  tesyeuxs'ouvreni;» 
et  r«veutfle  recouvra  la  vue.  Alors  les  âssis- 
littis  louèrent  Dieu.  Et  toutes  les  fois  qu'il 


approchait  son  bâton  de  quelque  malade  on 
de  quelaue  infirme,  celui-ci  était  guéri.  Lors* 
que  les  Juifs  virent  cela,  ils  furent  (rès-étnu- 
nés ,  et  beaucoup  cnirent ,  en  lui  disant  : 
«  Vraiment,  cette  Yertu  vient  du  ciel,  êtres 
choses  prouvent  la  puissance  de  Dieu.  »  Et 
les  prêtres  étaient  remplis  de  confusion,  et 
leur  colère  élait  extrême.  Mais  les  disciples 
descendirent  au  fond  de  la  vallée,  et  ils  y  trou* 
vèrent  une  caverne,  dans  laquelle  ils  déposè- 
rent la  bienheureuse  Marie,  suivant  Tordre 
que  l'Esprit-Saint  leur  avait  donné,  et  ils  ne 
cessèrent  pas  do  louer  le  Seigneur.  Et  le 
lendemain  au  soir  voici  que  I  Esprit-Sainl 
dit  aux  disciples  :«  Le  jour  du  soleil,  le  si- 
xième, l'ange  Gabriel  est  descendu  vers  la 
vierge  et  l'a  saluée,  et  lui  a  prédit  que  le 
Rédempteur  du  monde   naîtrait  d'elle,  et 
c'est  aussi  le  jour  du  soleil  qu'elle  a  enfanté 
à  Bethléem,  et  c'est  aussi  le  jour  du  soleil 
que  les  habitants  de  Jérusalem  sont  venus 
avec  des  palmes  au-devantdu  Christ,  disant: 
«  Béni  celui  qui  vient  au  nom  du  Seigneur;» 
c'est  aussi  le  jour  du  soleil  ou'il  est  ressus- 
cité d'entre  les  morts,  et  c  est  un  jour  du 
soleil  qu'il  viendra  pour  détruire  le  ciel  et 
la  terre  et  tout  ce  qu'ils  renferment,  et  pour 
juger  le  monde;  et  c'est  aussi  le  jour  du  so* 
leil  qu'il  doit  venir  avec  les  créatures  cé- 
lestes et  terrestres  chantant  ses  louanges, 
afin  de  conduire  hors  de  ce  monde  Tâme  de 
sa  mère  sans  tache.  >»  Et  les  disciples  éprou- 
vèrent une  grande  consolation.  Et  lorsqu'ils 
étaient  ainsi,  voici  qu*Eve,  la  mère  de  la 
chair,  et  Anne,  la  mère  de  la  bienheureuse 
Marie,  et  Elisabeth,  la  mère  de  Jean-Bap- 
tiste, vinrent  à  elle  et,  l'ayant  embrassée, 
elles  dirent  qui  elles  étaient.  Et  Anne,  ^a 
mère  dit  :  «O  ma  fille,  béni  soit  Dieu  qui 
t'a  choisie,  afin  que  tu  fusses  le  lieu  de  »a 
gloire.  Et  dès  que  tu  as  commencé  à  être 
formée  en  mon  sein,  je  savais  que  tu  étais 
d'avance  bénie  et  élue,  et  que  le  Dieu  du 
ciel  et  de  la  lerre  descendrait  en  ton  sein* 
(  omme  il  est  dit  dans  les  livres.  »  Et  toutes 
louaient  Dieu,  et  la  bienheureuse  Marie  les 
salua  avec  joie.  Ensuite  Pierre  leur  dit  : 
«i  Eloignez-vous  d'elle,  car  îe  vois  arriver  les 

Satriarehes.  »  Et  voici  qu'Adam,  Setfa,  Seiu, 
oéf  Abraham,  Isaac,  Jàcob  et  David,  et  les 
autres  patriarches  et  les  prophètes  et  les 
saints  arrivèrent  sur  une  nuée  et  s'appro- 
chèrent de  la  bienheureuse  Marie,  et  ils  la 
saluèrent  en  exprimant  ses  louanges  et  en 
rappelant  bienheureuse,  et  elle  leur  rendit 
leur  salut,  et  les  prophètes  se  firent  connal* 
tre  par  ce  qu'ils  avaient  annoncé  d'elle,  et 
elle  éprouva  une  grande  joie.  Et  Enoch  vint 
ainsi  qu'Elie  et  Moïse,  et  se  tenant  dans  des 
chars  de  feu  entre  le  ciel  et  la  terre,  ils  at- 
tendaient la  venue  de  Jésus-Christ  Notre- 
Seigneur.  Et  voici  que  douze  chars  conduits 
par  des  anges,  dont  le  nombre  ne  pouvait 
s  exprimer,  frappèrent  les  yeux  avec  une 
grande  gloire  et  une  grande  splendeur,  et  le 
Christ,  iNotre-Seigueur, apparut  en  son  huma- 
nité, porté  sur  un  char,  autour  duquel  étaient 
les  Séraphins  et  les  Vertus,  et  il  approcha  de 
la  vierge  Marie,  et  toutes  les  créaturts  s'in- 


Si5 


MAR 


PART.  m.  -  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


mar; 


&'2G 


clioereni  derant  lui.  Alors  le  Seigneur  dît  à 
Marie  :  «  0  Marie,  célébrée  dans  tout  Puni- 
Tprs.  >  Et  elle  dit  :  «  Je  suis  ici,  Seigneur.  » 
El  il  dit  :  «  Lève-toi,  et  vois  ce  que  mon  PèrA 
m'a  donné.  »  Et  elle  se  leva  et  elle  vit  une 
gloire  et  une  lumière  que  les  yeux  ne  peu- 
vent contempler  et  qui  ne  peut  être  décrite. 
Et,  s'étant  prosternée,  elle  dit  :  «  0  mon 
Seigneur  et  mon  Dieu,  mets  ta  main  sur 
moi  ;  t  alors  il  étendit  la  main  et  il  la  posasur 
elle,  et  il  la  bénit,  et  Marie  prit  sa  main  et 
elle  ^embras^a,  et  elle  la  posa  sur  ses  jeux 
et  elle  pleura,  et  elle  dit  :  «  Je  m'incline  de- 
vant cette  main  qui  a  créé  le  ciel  et  la  terre 
et  tout  ce  qui  s*y  trouve,  et  je  te  rends  grâces, 
et  je  te  loue,  parce  que  tu  m'as  jugée  digne, 
en  cette  heure  également  chère  à  moi  et  au 
monde  qui  se  tient  devant  toi.  »  Et  elle  dit 
alors  :  «  O  mon  Seigneur,  prends-moi  h 
toi.  »  Et  il  répondit  :  «  Tu  seras  en  paradis 
en  ton  corps  jusqu'au  jour  de  la  résurrec- 
tion, et  les  anges  te  serviront,  mais  ton  es- 
prit pur  luira  dans  le  royaume,  dans  les  ha- 
bitations du  Père  de  la  plénitude.  »  Et  les 
disciples  approchèrent  et  ils  dirent  à  Marie  : 
«  0  Mère  de  la  lumière,  prie  pour  le  monde 
dont  tu  vas  sortir.  »  Et  la  bienheureuse 
Marie  réfiondit  en  pleurant  :  «  O  mon  Sci- 

?nenr  et  mon  Dieu  et  mon  Maître  Jésus- 
brist,  toi  nui,  par  la  volonté  du  Père  et  le 
secours  de  I  Esprit  et  par  Tefifet  d'une  divi- 
nité unique  et  aune  volonté  unique,  as  créé 
le  ciel  et  la  terre  et  tout  ce  qu'ils  contien- 
nent; je  te  prie  d'écouter  la  prière  que  j'a- 
Lfesse  pour  tes  serviteurs  et  les  enfants  du 
baptême,  pour  les  justes  et  pour  les  pé- 
cheurs, et  accorde-leur  ta  gr&ce.  Reçois  ceux 
qui  se  réunissenten  ton  nom,  ceux  qui  offrent 
lies  présents  en  mon  nom,  et  qui  t'invoquent 
dans  leurs  prières,  dans  leurs  désirs  et  dans 
leurs  souffrances;  fais  qu'ils  soient  délivrés 
de  toutes  leurs  peines  et  qu'ils  obtiennent 
ce  qu'ils  auront  espéré  dans  leur  foi,  et  dé- 
tourne d'eux  les  maux  qu'on  voudrait  leur 
inûiger;  guéris  leurs  maladies ,  augmente 
leurs  richesses  et  multiplie  leurs  enfants; 
seconde-les  en  tout  ce  qu'ils  entreprendront 
en  ce  monde  et  accorde-leur  enfin  le  bon- 
heur d'avoir  part  à  ton  royaume.  Ecarte 
d'eux  leur  ennemi,  Satan  plein  de  malice; 
êogmente  leur  force  et  comprends-les  dans 
le  troupeau  du  Pasteur  doux  et  bon,  clément 
et  miséricordieux  ;  accomplis,  dans  cette  vie 
et  dans  l'autre,  l'espoir  de  quiconque  prie 
et  demande  ton  secours  en  mon  nom,  et  une 
ton  assistance  les  protège,  ainsi  que  tu  l'as 
promis,  toi  qui  es  stable  en  tes  promesses, 
qui  abondes  aans  la  miséricorde  et  dont  la 
nom  est  digne  d'être  glorifié  dans  tous  les 
siècles.  Amen.  ^  Et  le  Seigneur  lui  dit  :  «  Je 
t'accorde  ce  que  tu  demandes;  et,  suivant 
ui  prière,  je  ne  les  priverai  pas  de  ma  gr&ce 
elde  lu  miséricorde.  »  Et  toutes  les  créa- 
tures ptcîa»  de  joie  répondirent  :  Amen. 
Alors  Jésus  dit  h  Pierre  et  aux  disciples  : 


«  Voici  le  temps,  »  et  tous,  ainsi  que  les 
an^es,  louaient  et  glorifiaient  Dieu  a  haute 
VOIX  et,  versant  beaucoup  de  larmes,  ils  je- 
tèrent l'encens  avec  beaucoup  de  respect  et  de 
piété.  Et  le  visage  de  la  bienheureuse  Marie 
resplendissait  dune  clarté  merveilleuse,  et, 
ayant  étendu  les  mains,  elle  les  bénit  tous, 
et  le  Seigneur  étendit  sa  main  saiiîte,  et  il 
prit  son  ftme  pure  qui  fut  portée  aux  trésors 
du  Père.  Et  il  se  manifesta  une  lumière  et 
une  odeur  suave  comme  le  monde  n'en  con- 
naît pas,  et  voici  qu'une  voix  vint  du  ciel, 
disant  :  «  Je  te  salue,  heureuse  Marie;  tu  es 
bénie  et  honorée  parmi  les  femmes.  »  Et 
Jean  le  disciple  étendit  sa  main,  et  Pierre 
ferma  ses  yeux,  et  Paul  étendit  ses  pieds,  et 
Notre-Seigneur  monta  ^  son  royaume  éter- 
nel, escorté  par  les  anges  et  au  milieu  des 
louanges.  Et  ils  posèrent  une  pierre  h  l'en- 
trée de  la  caverne  où  était  son  corps,  et  ils 
restèrent  autour  en  prières.  Et  l'Esprit-Saint 
répandit  une  grande  lumière  qui  les  enve- 
loppa, de  sorte  quMIs  ne  pouvaient  s'aperce- 
voir entre  eux  et  que  personne  ne  pouvait 
les  voir.  Et  la  vierge  sans  tache  fut  portée 
en  grand  triomphe  au  paradis  sur  des  chars 
de  feu.  Alors  une  nuée  souleva  tous  les  as- 
sistants et  chacun  revint  à  l'endroit  d'où  il 
était  parti,  et  il  ne  resta  que  les  disciples  qui 
demeurèrent  trois  jours  en  prières,  et  ils 
entendaient  toujours  le  chant  des  cantiques. 
Et  lorsqu'ils  étaient  ainsi  réunis,  voilà  que 
Thomas,  un  des  disciples,  arriva  sur  une 
nuée,  et  le  corps  de  la  bienheureuse  Marie 
était  porté  sur  les  épaules  des  auges,  et  il 
leur  cria  de  s'arrêter,  afin  qu'il  obtint  sa  béné- 
diction. Et  lorsqu'il  fut  avec  ses  compagnons 
3ui  persévéraient  dans  la  prière,  Pierre  lui 
it  :  «  Thomas,  notre  frère,  qui  est-ce  qui  ta 
^  empêché  d'assister  au  trépas  de  la  Mère  du 
'  Seigneur  Jésus  et  de  voir  la  multitude  des 
miracles  qui  se  sont  accomplis  à  son  égard  ; 
et  tu  as  été  privé  de  sa  bénédiction.  »  Et 
Thomas  répondit  :  a  C'est  le  service  de  Dieu 
qui  m'a  empêché  d'être  avec  vous,  car  l'Es* 
prit-Saint  m'a  révélé  ce  qui  se  passait,  lors- 
çiue  je  prêchais  la  p;r&ce  du  Christ  et  lorsque 
je  baptisais  Golodius,  fils  de  la  sœur  du  roi. 
Kt  dites-moi  où  est  maintenant  son  corps?  » 
Ei  ils  dirent:  «  Dans  cette  caverne.  •  Et  il  ré- 

Eondit  :  «t  Je  veux  aussi  la  voir  et  recevoir  sa 
énédiction  afin  de  pouvoir  afiirmer  la  vé- 
rité de  ce  que  vous  dites.  »  Les  disciples  ré- 
pondirent :  «  Tu  es  toiijours  en  méfiance  (Je 
ce  aue  nous  disons,  de  même  que  tu  t'es 
défié  au  temps  de  la  résurrection  du  Sei- 
gneur jusqu'à  ce  qu'il  t'eût  donné  la  certi- 
tude et<qu'il  t'eût  montré  les  traces  des  clous 
dans  ses  mains  et  de  la  lance  dans  son  côté, 
alors  tu  t'écrias  :  «  O  mon  Seigneur  et  mon 
Dieul  »  Alors  Thomas  répondit  :  «  Vous 
savez  que  je  suis  Thomas,  et  je  n'aurai  pas 
de  repos  jusqu'à  ce  que  j'aie  vu  le  sépulcre 
où  a  été  enseveli  ie  corps  de  Marie,  sinon 
je  no  croirai  pas  (I&05)  »  Alors  Pierre  se  leva 


(5ê5)  ff  Aa  XV*  et  au  xvi'  siècle ,  on  représenta 
qtelquefoif  répiaode  de  saint  Th<>ina«i  recevant  la      meut  à  la  résurreciion  et  i  Tassomplion  du 'corps 
ttinttticde  la  Vierge.  C^  apétre,  iocrédiile  à  la  ré*     ée  Marie.  Lorsqu^il  vint  au  tombeau  de  Marie  av.c 


surreciion  de  Jésus-Chrîsl ,  refusa  de  croire  égale- 
ment i  la  résurreciion  et  i  rassomnlion  du'corns 


M7 


DICTIONNAIRE  DE^  ArOCRTPHE&. 


SU 


avec  colère  ni  arec  promptitudei  eX  les  disci- 
p'es  l'aidèrent  à  Ater  la  pierre,  et  ils  entrè- 
rent dans  la  caverne,  et  ils  D*y  trouvèrent 
rien,  ce  qui  leur  causa  une  extrême  surprise, 
et  ils  dirent  :  «  Nous  nous  sommes  absentés 
et  nous  disons  que  les  Juifs  ont  enlevé  le 
corps  afln  d*en  faire  ce  qu*ils  voulaient.  » 
Et  Thomas  répondit  :  «  Ne  vous  affliges  pas, 
mes  frères,  car,  lorsque  j'arrivai  de  Tlnde 
sur  une  nuée,  je  vis  le  corps  saint  accompa* 
gné  d'un  grand  nombre  d'anses,  et  il  montait 
avec  eux  en  triomphe  dans  le  ciel,  et  je  de- 
mandais, avec  de  grands  cris,  que  la  bien- 
heureuse Marie  me  bénli,  et  elle  me  donna 
cette  ceinture.  »  lorsque  les  disciples  la  vi- 
rent, ils  louèrent  Dieu  avec  ferveur,  et  ils 
fermèrent  avec  un  rocher  la  porte  de  la  ca- 
verne, et  ils  se  mirent  en  prières,  et  ils  mon- 
•ièrent  tous  sur  la  montagne  dos  Oliviers,  et 
ils  s'y  arrêtèrent  et  ils  dirent  :  c  O  Jésus- 
Christ,  Notre-Seigneur  et  notre  Dieu,  tu 
nous  as  fait  sortir  des  peines  de  ce  monde, 
et  tu  nous  as  montré  ta  grandeur,  et  tu 
nous  as  fait  bénir  par  la  bienheureuse 
irierge  Marie  avant  qu  elle  fût  enlevée  de  ce 
monde  fragile,  et  tu  nous  as  promis  que  tu 
nous  donnerais  le  pouvoir  de  marcher  sur 
l'aspic  et  sur  le  basilic  et  sur  les  démons 
pleins  de  malice,  et  tu  nous  as  dit  que  nous 
siéj^erions  sur  douze  sièges  au  jour  du  juge- 
ment, afin  de  juger  les  douze  tribus  d'Israël; 
daigne  maintenant  nous  bénir.  »  Alors  ils 
se  prosternèrent  devant  le  Seisneur,  et  ils 
reçurent  sa  bénédiction,  et  chacun  d'eux 
commença  à  célébrer,  dans  un  cantique,  tout 
ce  qui  concerne  la  bienheureuse  Marie.  Et 
▼oici  qu'il  vint  à  eux  une  voix  qui  disait  : 
«  Que  chacun  de  vous  retourne  en  son  en- 
droit, »  et  aussitôt  des  chars  portés  sur  des 
nuées  se  montrèrent  et  rapportèrent  chacun 
d*eux  à  la  ville  d'où  il  était  parti,  et  les  morts 
furent  ramenés  dans  leurs  sépulcres. 

CHAPITRE  V. 

Lorsque  Marie  eut  été  portée  dans  le  pa- 
radis, le  Seigneur  Jésus-Cllirist  vint,  et  avec 
fui  une  multitude  d'esprits  célestes;  car  les 
fondements  du  paradis  sont  dans  la  terre,  et 
son  enceinte,  doit  s'écoulent  quatre  fleuves, 
atteint  jusqu'au  ciel.  Et  lorsque  le  déluge 
était  sur  la  terre,  le  Seisneur  ne  permit  pas 
è  l'eau  de  mouterjusqu  au  paradis.  Et  il  dit 
h  la  bienheureuse  Marie  :  «  Contemple  la 
gloire  à  laquelle  tu  as  été  élevée.  »  Et  elle 
ae  leva,  et  elle  vit  une  grande  gloire  que 
J'ϔi  de  l'homme  ne  pouvait  contempler,  et 
▼oici  qu*Enoch,  Elle,  Moïse,  et  tous  les  pro- 
phètes, et  les  autres  patriarches  et  les  élus 
Tinrent,  et  ils  adorèrent  le  Seigneur  et  la 
bienheureuse  Marie,  et  ils  se  retirèrent. 
Alors  le  Seigneur  dit  h  Marié:  «  Vois  les 
biens  que  j'ai  préparés  pour  les  saints  et  que 

tes  autres  a|Mkres  et  qo*il  le  trouva  vide  du  corps 
qu'on  y  avait  défMsé  trois  Jours  auparavant ,  il  ue 
voulut  pas  croire  à  la  résurrection  de  la  Vierge , 
ouïs  il  porta  ses  yeui  ao  ciel,  et  ii  y  vit  Marie  qui 
«•nuit  lentement  an  milieu  des  acclamations  des 
infes  et  des  saints.  An  même  moment  la  ceinture 


je  leur  ai  promis.  »  Et  avant  levé  les  jeux, 
elle  vit  des  demeures  belles  et  éclatantes,  et 
elle  vit  les  couronnes  splendides  des  mar- 
tyrs, et  elle  tourna  les  yeux  vers  des  ir* 
bres  sujierbes  et  parfumés,  et  il  sortait  d'eux 
des  odeurs  que  personne  ne  peut  bien  dé- 
crire. 

Et  le  Seigneur  prit  des  fruits  de  ces  arbres 
et  les  donna  à  la  bienheureuse  Marie,  afin 

Su'elle  mangeât  de  ces  fruits  beaux  et  suaves 
u  paradis,  et  il  lui  dit  :  «  Va  et  tois  le  haut 
des  cieux.  »  Et  elle  monta,  et  elle  vit  le  pre- 
mier et  le  second  ciel ,  et,  dans  le  troisième, 
elle  vit  la  maison  céleste  élevée  au-dessus 
de  ce  séjour  terrestre,  et  elle  yit  de  grandes 
merveilles,  et  elle  loua  Dieu  le  Créateur  de 
ce  qu'il  avait  accompli  dans  les  cieux  de$ 
choses  admirables  que  l'homme  ne  peut  ni 
décrire  ni  comprendre.  Et  le  Seigneur  or- 
donna au  soleil  de  s'arrêter  sur  les  portes  du 
ciel,  ayant  une  de  ses  faces  tournées  vers  le 
paradis,  et  le  Seigneur  était  dans  un  char  de 
leu  au-dessus  du  soleil.  Et  la  bienheureuse 
Marie  vit  les  trésors  de  la  lumière  où  étaient 
la  neige,  la  grêle,  la  pluie,  la  rosée,  la  foudre 
et  le  tonnerre,  et  toutes  les  choses  qui  leur 
sont  semblables.  Et  elle  vit  les  troupes  des 
an^es ,  les  ailes  étendues,  disant  :  Saini, 
$ainif  $aint  le  seigneur  Sabaoth^  et  elle  vil 
les  douze  enceintes  de  la  lumière,  ayant  cha* 
cune  une  porte  ^vec  un  gardien.  Et  elle  vit 
la  grande  porte  des  Jérusalems  célestes ,  et 
^r  elle  étaient  écrits  les  noms  des  jusies 
Abraham,  Isaac^  Jacob,  David,  et  de  tous  les 

Ïrophètes  depuis  Adam.  Et  la  bimbeureube 
larie  étant  entrée  par  la  première  porte, 
les  anges  s'inclinèrent  et  célébrèrent  ses 
louanges ,  et ,  étant  entrée  par  une  auire 
porte,  les  chérubins  lui  offrirent  leurs  priè- 
res, et,  étant  entrée  par  la  troisième  porte, 
les  séraphins  lui  otfrireRt  leurs  prières. 
Quand  elle  eut  passé  la  quatrième  porte» 
des  myriades  d'anges  Tadorerent;  quand  elh 
eut  passé  la  cinquième  porte,  la  foudre  et  h 
tonnerre  la  louèrent;  quand  elle  eut  passé  îa 
sixième  porte,  les  anges  s'écrièrent  :  «  Saint* 
saint ,  saint  le  seigneur  Sabaoth  ;  salut  et 

(gloire  à  toil  Que  le  Seigneur  soit  avec  toi 
ouée  entre  la  femmes,  et  qu'il  soit  loué  re- 
lui qui  est  né  de  toi.  »  Quand  elle  eut  pas^d 
la  septième  porte,  la  lumière  la  loua;  quan  1 
elle  eut  passé  la  huitième  porte,  la  pluie  et 
la  rosée  l'adorèrent,  et  quand  elle  eut  passé 
la  neuvième,  Gabriel  et  Michel  et  les  autres 
anges  l'adorèrent  ;  à  la  dixième  porte,  le  so- 
leil et  la  lune,  et  les  étoiles  et  tous  les  astres 
l'adorèrent;  quand  elle  fut  entrée  par  la 
onzième  porte,  les  Ames  des  disciples,  des 
prophètes  et  des  justes  la  louèrent  et  Tado 
rèrent;  entrant  par  la  douzième  porte,  ei^e 
rit  son  Fils  assis  sur  un  trône  éclatant  et  eu- 
vironné  d'un  grand  éclat,  et  elle  s'inciiua 

de  Marie  lui  tomba  du  ciel  comme  anirefeis  tomba 
sur  Elisée  le  manteau  d*£iie«  Saint  Thomas  ciai 
alors  plus  fermement  que  les  autn».  Un  voit  ccik 
Jolie  scène  sur  un  vitrail  qui  orne  la  chapelle  Ui^ 
rate  de  l'église  de  Brou,  i  (Didron,  Ménnel  é^û^- 
nographie  chrétienne^  p.  Î87.) 


5» 


MAR 


PART.  —  ÎII.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAR 


53^ 


deyant  la  majestédu  Père  et  du  Fils  et  de 
riisprit  -  Saint.  Lorsqu'elle  eut  tourné  les 
yeax  yers  la  Jérusalem  céleste»  et  qu'elle  vit 
sa  gravité 'et  sa  beauté»  son  esprit  fut  frappé 
destupeur»  et  elle  ne  pouvait  compreudre 
lOQt  ce  qu'elle  voyait  »  et  le  Seigneur  lui  prit 
la  main  et  lui  cnontra  les  joies  cachées  et  les 
trésors  de  l'Eglise  sainte»  et  il  lui  fit  voir 
beaucoup  de  choses  telles  que  l'œil  ne  peut 
lesapercetoir,  ni  l'oreille  les  entendre»  ni  la 
langue  les  raconter  »  ni  t'esprit  des  hommes 
les  comprendre,  et  ces  choses  seront  don- 
nées aux  fidèles  qui  viendront  au  dernier 
jour  avec  une  grande  allégresse»  et  qui  en 
jouiront  dans  tous  les  siècles.  Et  la  bienheu- 
reuse Marie  vint  ensuite  au  Libérateur  des 
créatures»  et  le  Seigneur  lui  dit  :  «  C'est  ici 
rhabitaiion  d'Enoch»  où  il  est  prié  dans  tous 
les  temps,  w  Amen. 

CHAPITRE  VI. 

Alors  la  bienheureuse  Marie  leva  le  vi- 
sage» et  elle  vit  beaucoup  d'hommes  qui 
l'agitaient  et  des  tabernacles  innombrables  » 
et  il  s'élevait  une  odeur  d'encens,  et  on  en- 
tendait le  chant  des  cantiques»  et  la  foule 
TOjait  cette  splendeur  et  elle  louait  Dieu. 
Kt  la  bienheureuse  Marie  dit  :  «r  Mon  Maître 
et  mon  Seigneur»  oui  sont  ces  hommes  qui 
te  tiennent  là?  %  Et  il  répondit  :  «  Ici  sont 
les  tabernacles  des  justes  et  ils  y  séjournent» 
et  cette  lumière  indique  en  quel  honneur  ils 
lODt  auprès  de  moi;  et»  au  dernier  jour,  ils 
ressusciteront  pour  jouir  de  ces  biens»  et  ils 
seront  en  possession  d*une  joie  plus  grande 
que  celle-ci»  et  elle  n*aura  plus  de  fin  lors- 
que leurs  Ames  seront  retournées  à  leurs 
cnrfis.  »  Et  voici  (]ue  la  bienheureuse  Marie 
vit  une  autre  région ,  très -obscure»  et  d'où 
lorlait  une  grande  fumée»  ainsi  qu'une  odeur 
fétide  comme  celle  du  soufre»  et  un  grand 
feu  y  brûlait,  et  beaucoup  d'hommes  y  étaient 
et  poussaient  des  cris  en  pleurant.  Et  la  bien- 
heureuse Marie  dit  :  «  Mon  Seigneur  et  mon  / 
Dieu»  quels  sont  ces  gens 'qui  sont  dans  les 
ténèbres  et  qui  souffrent  de  1  ardeur  du  feu?  » 
Et  il  dit  :  «  C'est  la  région  de  la  géhenne  qui 
est  ouverte  aux  pécheurs  et  préparée  pour 
eux  »  et  ils  y  resteront  Jusqu'au  dernier  lour» 
lorsque  leurs  Ames  retourneront  dans  leurs 
corps»  et  ils  éprouveront  de  grandes  souf- 
frances et  une  douleyr  extrême»  parce  qu'ils 
n'auront  point  fait  pénitence  de  leurs  Jautes» 
et  ils  seront  tourmentés  par  un  remords,  con- 
tinuel» comme  par  un  vers  rongeur  qui  ne 
meurt  ni  ne  dort»  parce  que»  rebelles  à  mes 
commandements,   ils  auront  méprisé  ma 
gr^ce  et  qu'ils  auront  nié  ma  divinité.»  Et 
lorsque  la  bienheureuse  Marie  entendit  les 
louanges  des  justes»  elle  ressentit  une  grande 
juie,  et  lorsqu'elle  vit  ce  qui  était  préparé 
pour  les  pécheurs»  elle  fut  saisie  de  tristesse» 
et  elle  pria  le  Seigneur  d*avoir  pitié  des  pé- 
cheurs et  de  les  traiter  plus  doucement»  caria 
nilure  de  l'homme  est  débile»  et  il  le  promit. 
Alors  il  la  prit  par  la  main  et  il  la  condui- 
sit dans  le  paraîdis  saint  et  splendide  »  ac- 
compagnée de  tous  les  saints  et  de  tous  les 
justes. 


Et  voici  que  des  lettres»  adressées  de  di^- 
verses  villes  et  par  les  disciples  qui  étaient  à 
Rome,  furent  apportées  à  Pierre»  à  Paul  et.è 
Jean  »  pour  leur  demander  d'annoncer  ce 
qu'ils  avaient  appris  au  sujet  de  la  bienheu- 
reuse Marie»  et  c'est  par  eux  que  les  mira- 
cles concernant  Marie  furent  annoncés»  et 
Su'elle  avait  apparu  à  beaucoup  de  personnes- 
i^nes  de  foi.  Et  voici  quelques-uns  de  ces 
miracles  :  Il  y  avait  sur  la  mdr  quatre-vingt- 
douze  navires»  et  ils  étaient  poussés  par  de 
farauds  vents  et  par  les  flots  ;  alors  les  mate- 
ots  invoquèrent  Marie»  et  aussitôt  elle  leur 
apparut»  et  aucun  des  navires  ne  périt  et  ils 
furent  sauvés.  Des  voyageurs  »  surpris  par 
des  voleurs  qui  voulaient  les  dépouiller  ». 
invoquèrent  Marie  »  qui  leur  apparut  et  qui 
frappa  les  voleurs  comme  la  foudre;  de  sorte 
qu  ils  furent  aveuglés»  et  les  voyageurs  con-^ 
tinuèrent  leur  route  sains  et  saufs  »  et». dans 
leur  joie»  ils  louaient  le  Seigneur.  Due  veuve 
avait  un  fils  unique  qui ,  étant  allé  chercher 
de  l'eau  »  tomba  dans  un  puits  »  et  sa  mère 
s'écria  et  dit  i  «  O  sainte  Marie  1  assiste-moi 
et  délivre  mon  fils  I  »  Et  aussitôt  la  bienheu- 
reuse Marie  lui  apparut,  et  elle  retira  son 
fils»  et  il  ne  fut  pas  noyé.  Un  homme»  affligé 
depuis  seize  ans  d'une  grande  maladie»  avaiti 
donné  beaucoup  d'argent  aux  médecins  et 
n'avait  pu  çuérir»  et  il  jeta  de  l'enceâs  dans 
le  feu  et  il  pria  »  disant  :  «  O  sainte  Mariel 
mère  du  Rédempteur^  jette  les  yeux  sur  ma. 
faiblesse  et  guéris-moi  de  cette  maladie.  » 
Et  aussitôt  elle  lui  apparut»  et  elle  mit  sa 
main  sur  lui»  et  elle  le  toucha»  et  il  fut  guéri 
de  sa  maladie^ et  il  se  rendit  à  l'église»  et  it 
loua  le  nom  de  Dieu»  et  il  rendit  grices  à  1&« 
bienheureuse  Marie.  Un  grand  navire  reiUr 
pli  d'hommes  fut  brisé  par  la^  mer,,  et  iis^ 
criaient  tous»  disant:  «Aie  pitié  de  nous» 
6  Vierge  bénie  I  »  Et  elle  leur  apparut»  et 
les  conduisit  à  terre  sains  et  saufs.  Un  grana 
dragon»  sortant  d'une  caverne»  vint  au-de- 
vant de  deux  fSmmes  qui  étaient  en  voyage, 
et  s'avança  vers  elles  pour  les  dévorer  ;  elles 
s'adressèrent  à  Marie» criant:  «Sauve-nousl  » 
Et  aussitôt  la  bienheureuse  Vierge  leur  ap- 
parut» et  elle  frappa  de  sa  main  le  dragon 
sur  la  gueule»  et  sa  tète  se  fendit  jusau'aux 
oreilles»  et  les  femmes  s'en  allèrent  en  louant 
Dieu.  Un  marchand  avait  emprunté  miUe 
deniers  afin  d'acheter  des  marcnandises,  et» 
lorsqu'il  était  en  route»  [il  perdit  sa  bourse 
sans  s'en  apercevoir  jusquli  ce  qu'il  fut  à 
une  grande  distance  »  et  se  mit  à  se  frapper 
le  visage  »  et  à  s'arracher  les  cheveux  et  à 
pleurer»  et  ensuite  il  s'avisa  d'implorer  Ma- 
rie» et  il  dit  :  «0  bienheureuse  Vierge  I  as- 
siste-moi. n  Et  elle  lui  apparut  et  dit:  «  Suisr 
moi  et  ne  t'afflige  pas.  j»  Et  il  la  suivit»  et  elle 
le  mena  à  un  endroit  où  il  retrouva  sa 
bourse  qu'il  ramassa  avec  une  grande  joie, 
et  il  alla  à  ses  affaires»  louant  Dieu  tout- 

f missent  et  glorifiant  Notre-Dame.  Lorsque 
es  disciples  eurent  appris  les  miracles  qui 
avaient  été  accomplis  à  Rome  et  en  d'autres 
endroits»  ils  louèrent  Dieu»  et  ils  éprouvè- 
rent une  extrême  allégresse»  et  ils  écrivirent 
les  choses  qu'avait,  faites  Marie  nendant  sa 


531 


t>lCTIOiNNAlllE  DES  AMCRliPUeS* 


!C1 


\ie  et  après  sa  mort,  et  céiàl'ttt  dans  Tan  3^5 
de  l'ère  d'Alexandre.  Il  y  eut  aussi  bien  des 
miracies  opérés  dans  d*aatres  villes,  dont 
le  récit  ne  nous  est  pas  parvenu  :  si  on  s*en 
informait  et  si  on  les  écrivait  «  beaucoup  de 
livres  ne  pourraient  les  contenir.  Et  les  dis- 
ciples dirent  :  «  Nous  voulons  célébrer  sa 
mémoire  trois  fois  cb»)ue  année,  car  nous 
savons  que  tous  les  anges  célèbrent  sa  fête 
avec  joie»  et  que  c*est  par  elle  que  la  terre 
sera  délivrée.  »  Ils  fixèrent  donc,  pour  célé- 
brer sa  commémoration^  le  second  jour  après 
ia  nativité  du  Seigneur,  pour  que  les  saute- 
relles cachées  dans  la  terre  périssent  et  que 
les  moissons  prospérassent ,  et  pour  que  les 
roia  fussent  protégés  par  Marie  et  qu*il  n'y 
eût  pas  de  guerre  entre  eux  ;  et  ils  fixèrent 
le  quinzième  jour  du  moisd'Aiar  pour  que 
les  insectes  ne  sortissent  pas  de  terre  et  ne 
vinssent  pas  détruire  les  moissons,  ce  qui 
amène  la  famine  qui  £ait  périr  les  hommes 
contre  lesquels  Dieu  est  irrité,  et  alors  les 
hommes  s  approchent  des  lieux  saints  en 
|)riani  et  en  pleurant,  afin  que  Dieu  les  dé« 
livre  de  ces  fléaux.  Et  enfin  la  troisième  fête 
fut  établie  au  quinzième  jour  du  mois  d'Ab, 
qui  est  le  jour  de  sa  sortie  de  ce  monde,  et 
celui  où  elle  avait  fiiit  des  miracles  et  le 
iemf)s  où  les  fruits  des  arbres  mûrissent.  Et 
ils  réglèrent  que  lorsqu'on  présenterait  une 
oŒrande  au  Seigneur,  elle  serait  le  soir  ap- 
portée à  l'église,  et. les  prêtres  devaient 
prier  sur  elle,  et  ils  dirent  :  «  Nous  avons 
établi  les  rites  d'après  lesquels  ceux  qui  ont 
été  baptisés  doivent  offrir  les  sacrifices,  afin 
qu'il  ne  soit  pas  nécessaire  de  le  redire  à 
ceux  qui  ne  croient  ni  en  toi,  ni  en  ta  sainte 
Mère  Marie,  et,  dans  ta  bonté,  tu  as  préparé 
ces  biens  ^ur  ceux  qui  croient.  Accorde- 
nous,  ainsi  qu'aux  nôtres,  qui  avons  en- 
tendu tes  paroles ,  la  joie  et  les  biens  q^ue  tu 
as  prépares  à  tes  élus  et  h  tes  bien-aimés; 
doone-nous  ces  biens  que  l'œil  n'a  pas  vus, 
que  l'oreille  n'a  pas  entendus,  et  que  l'es- 
prit de  l'homme  ne  peut  comprendre.  Et  re- 
çois nos  prières  pour  tout  le  troupeau  que 
tu  vois  réuni  autour  de  nous;  ne  souffre  pas 
qu'un  seul  de  ses  memhres  périsse;  reçois- 
les  sous  ta  garde  et  assiste-les,  par  Tinter- 
cessioD  de  la  bienheureuse  Marie  et  les  sup- 
plications de  tous  les  saints.  »  Amen.  Et 
tandis  que  les  disciples  saints  étaient  en 
prières  et  en  oraison  aux  lieux  saints,  voici 
oue  le  Beieneur  Jésus-Christ  leur  apparut, 
disant  :  «  Réjouissez-vous,  car  tout  ee  que 
vous  demanderez  vous  sera  donné  pour  tou- 
jours, et  votre  désir  sera  accompli  devant 
votre  Père  céleste.  »  Et  la  bienheureuse  Ma- 
rie m'a  montré»  à  moi»  Jean,  qui  prêche  le 


Seigneur»  tontes  «escnoses  queJé&cf^ntisi 
lui  a  montrées,  qnelque  indigne  que  je  sois 
de  cette  faveur,  et  elle  m'a  dit:  «Omonfilst 
conserve  ce  discours  et  ajoute-le  aux  liTres 

Sue  tu  as  écrits  avant  que  je  ne  fusse  sortie 
e  ce  monde  périssable,  et  sans  doute  od  le 
demandera  è  le  voir,  et  tous  ceux  qui  le 
verront  seront  remplis  de  joie,  et  Us  loue- 
ront le  nom  de  Dieu,  ainsi  que  le  mien, 
quoique  j'en  sois  indigne.  Je  te  fais  satoir 
que,  dans  les  derniers  temps»  les  hommes 
seront  eu  butte  à  des  malheurs»  ï  la  guerre, 
et  à  la  famine  et  à  la  terreur,  k  cause  de  la 
multitude  des  péchés  qu'ils  commettent el de 
leur  peuae  charité;  et  beaucoup  de  calamiiés 
frapperont  la  terre,  et  il  n'y  aura  que  l'homme 
qui  se  méprise  dans  le  monde  et  qui  se  bait 
lui-même  qui  en  sera  préservé,  ainsi  que 
celui  qui  désire  les  biens  qui  sont  auprès  de 
Dieu,  qui  agit  selon  la  charité  et  la  miséri- 
corde, qui  travaille  avec  courage  à  faire  le 
bien,  et  qui  redoute  la  colère  de  son  Créa* 
teur.  Et  beaucoup  de  miracles  se  verront  au 
ciel  et  sur  la  terre.  Alors  viendra  le  Fils  éter- 
nel, né  du  Père  avant  tous  les  siècles,  cl  il 
viendra  aux  derniers  temps  à  Bethléem,  elje 
ne  pense  pas  qu'il  trouve  chez  les  hommes  U 
foi  ni  la  justice.  »  Et  la  bienheureuse  Marie 
m'appelait  :  ,«  Mon  Fils  1  »  et  je  lui  dis: 
«i  O  ma  Mère,  que  le  salut  soit  avec  toi,el  que 
ta  bénédiction  se  répande  partout  où  se  tour- 
neront tes  jeux;  j'espère  en  ta  prière  el  en 
ton  intercession;  délivre  le  monde  de  ses 

f)eines,  et  fais  que  les  hommes  entrent  d^ns 
a  voie  de  la  justice  et  de  la  vérité;  que  la- 
niour  de  Dieu  ne  manque  poiat  à  Adam  et  à 
sa  race  que  le  Seigneur  a  créée  de  sa  main. 
etquel'ennemides  hommes  soitéloipéd*eui 
par  l'effet  de  la  miséricorde  du  Seigneur.  • 
Et  la  bienheureuse  Marie  répondit:  «Amen.» 
Et  le  nombre  des  années  pendant  lesquelles 
la  Vierge,  Mère  de  Dieu,  avait  vécu  sur  la 
terre  était  de  cinquante-neuf»  et,  depuis  sa 
naissance  jusqu'à  son  entrée  dans  le  temple, 
il  s*était  écoulé  trois  ans;  elle  était  restée 
onze  ans  et  trois  mois  dans  le  temple,  et 
elle  avait  porté  en  son  sein  le  Seigneur  Jé- 
sus durant  neuf  mois,  et  elle  avait  passé 
trente-trois  ans  avec  le  Seigneur  Jésus  lors- 
qu'il vivait  sur  la  terre,  et,  après  son  ascen- 
sion au  ciel,  il  s'était  écoulé  onze  ans,  et 
cela  fait  le  nombre  de  cinquante-neuf  ans. 
Nous  espérons  en  ses  prières  auprès  de  sou 
Fils  chéri  pour  délivrer  nos  flmes  dans  les 
siècles  des  siècles.  Amen.  L'humble  Josepiu 
filsde  Khalil  Nunnah,  atranscrii  cette  histoire; 
que  Dieu  comprenne  dans  sa  miséricorde 
tous  ceux  qui  I  écriront»  la  liront  ou  l'eu- 
tendront!  Amen. 


Il  serait  trop  lon^  de  mentionner  ici  les 
auteurs  dont  les  récits  s'accordent  en  géné- 
ral avec  ceux  de  l'écrivain  arabe  que  nous 
avons  fait  connaître  à  nos  lecteurs.  11  con- 
tient toutefois  d'en  signaler  quelques-uns. 

Voici  d'abord  ce  que  Nicéphore  raconte 
diaprés  Juvénal  p  évèque  de  Jérusalem  : 


JutenaKs  Hierosolymarum  episcopui,  ma- 
gnuê  $ane  dwinoque  af/latus  numine  tir,  ei 
vetusta  traditione  acceptam^  refit  Imne  sic 
gestam  êcriptiê  $uii  cum  fide  confirmât,  P»* 
cU  entm,  iotum  iriduum  apoêtolos  ad  tnenu- 
mentum  W,  divinorum  hymnorum  earminr 
aiudien(tSf  ptntttrasst,  Aêidit  autem  rur* 


535 


MAR 


PART.  tll.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


IIAR 


554 


iitm  nt  Tkoma»  ab  eis  abesset  :  videlicet  ui 
nota  periptelaque  divœ  Genitriciê  fteret  As'- 
tomptio  f  ttidem  ui  antea  Filii  ejus^  pro  «o 
aique  decebat  fPosl  diem  tertium  reêurrecdo  ; 
ingtnti  af/iciebalur  dotore,  ne^e  quieto  crnt- 
mo  use  poterut  Thomas  ^  qutppe  qui  tanti 
boni  non  fkêissei  particeps.  Sacer  autem  ille 
chorus  f  iniquum  essejudicans ,  si  ille  quoquo 
divinum  Yirginis  matris  corpus  non  spectarst 
otaue  eompieeteretur  t  apeftri  monumentum 
jubet.  Quoa  quidem  ubi  ita  est  factum  deside- 
ratum iilud  corpus  non  comparuit.  Sèpulcralia 
tantum  lintea  rite  eomposita  loco  suo  manebant; 
itidem  ut  Filii qunque  ejus  in  sepultro  relicta, 
Quœet  ipse^  et  qui  cum  eo  aderantf  cum  vene- 
ratione  exosculatif  incredibilique  votuplatCf 
odorisaue  suavilate  repleti^  sepulerum  qui- 
dem aapristinum  conformant  modum^  mira- 
eulum  auiem  ipsum  quasi  per  manus  subinde 
posteris  traditum  ad  nos  quoQue  transmi- 
itrunt^ 

Dn  auteur  du  xii*  siècle^  qui  a  réuni  en  de 
Tolumineuses  cempilaiions  tout  ce  que  Ton 
savait  »  tout  ce  que  l'on  croyait  à  cette  épo- 
que, Vincent  de  Beau  vais,  raconte  ainsi 
dans  son  Miroir  historial^  1.  tiii»  c.  75  (506)» 
les  derniers  moments  de  la  Mère  de  Dieu , 
nous  reproduisons  le  texte  dans  son  antique 
naiveté  : 

«  Au  second  an  après  que  Jesu  Christ  es- 
toit  monté  au  ciel,  comme  elle  ploroit  ung 
joar,  vecY  Tange  de  nostre  Seigneur  estant 
devant  elle,  la  salua  et  luy  dict  :  Vecy  ung 
rain  de  palmier  du  paradis,  Dieu  teTenvoye, 
je  te  Tay  aporlé.  Et  tu  le  feras  porter  devant 
ta  bière  quand  tu  seras  receue  aux  cîeulx 
au  tiers  jour  d*aujourd'hui.  VecY  que  le  fils  de 
Dieu  te  attend  avec  toutes  les  Vertus  du  ciel. 
Auquel  Marie  dicl  :  Je  te  prie  que  tous  les 
apostres  de  monseigneur  soient  assemblez 
I  moi.  Lai^uelle  chose  Tange  luy  octroyant 
8*eo  départit  a  grant  clarté. 

c  La  vierge  recevant  la  palme  qui  resplen- 
dissoit  par  grant  clarté ,  est  yssue  au  mont 
d*Olivet,  ora  et  puis  revint.  Et  vecv  comme 
Jehan  prêcha  en  Ephdse  à  l'heure  de  tierce , 
un  jour  du  dimanche  ,  grand  terremote  est 
faicie  soubdainement,  et  une  nuée  soy  le- 
vante amena  icelluy  dans  Tbuys  de  la  mai- 
son ou  elle  estoit  »  laquelle  s'esjouyt  moult 
quand  elle  le  voit  et  luy  dist  que  elle  de- 
iîartiroit  du  corps  au  tiers  jour  et  luy  de- 
monstra  les  vestements  de  sa  sépulture  et  la 
|)alffle  de  lumière  quelle  avoit  receue,  ad« 
monestant  icelluy  que  il  les  flst  porter  de- 
vant son  lict  quand  elle  iroit  a  son  monu- 
ment. A  laquelle  il  dict  :  «  Mes  frères  ne 
viennent  ils  et  mes  compaignons  les  apos- 
tres a  rendre  honneur  à  ton  corps.  »  Aaonc 
vecy  soubdainement  par  le  commandement 
de  Jesu-Christ,  tous  les  apostres  de  Dieu 
sont  ravis  en  une  nue  de  tous  les  lieux  où  ils 
prescboient  et  sont  mis  devant  Thuys  de  la 
maison  où  Marie  estoit.  Entre  lesquels  estoit 

(SOS)  La  i^remière  édition  latine  de  ce  grand  tra- 
vail parut  à  Stnslioarg,  chez  Mcntelia,  en  U73, 
>  Yot.  la-folio  ;  Touvrag^  a  piasieuri  fois  été  réim- 


Paul  qui  estoit  pris  avec  Barnabe  au  mistère 
des  gens. 

«  Et  saluans  lung  laultre  se  merveillerent 
pourquoy  nostre  Seigneur  les  avoit  ilUc  as- 
semblez. Et  ainsi  comme  ilz  prièrent  d*un 
accord  nostre  Seigneur  quil  leur  demons'- 
tract  la  cause  de  leur  assemblement ,  Jehan 
est  venu  k  eulx  soubdainement  et  leur  d&- 
monstra  toutes  ces  choses,  Adonc  iceull 
sont  entrez  dedans  la  maison,  et  saluè- 
rent Marie  et  elle  les  resalua  et  disU: 
Nostre  Seigneur  ne  ma  pas  docen  de  vos- 
tre  venue.  Or  Je  vous  prie  que  vous  veillez 
tous  ensemble  jusques  à  tant  que  nostre 
Seigneur  viendra ,  car  je  suis  a  départir  du 
corps.  Et  si  comme  ilz  se  consentissent  et  la 
confortassent  et  entendissent  es  loueuses  de 
Dit  u  par  trois  Xours,.  un  tiers  jour  à  rneure 
de  tierce  si  grant  somme  il  vint  à  tous  ceulx 
qm  estoient  dedans  celle  maison  qjje  nul  ne 
peut'  veiller  fors  que  les  apostres  et  trois 
vierges  qui  y,  estoient. 

«  Et  vecy  que  nostre  Seigneur  est  venu 
soubdainement  avec  grant  resplendeur  et 

Î;rant  multitude  d'anges,  et  les  anges  disoient 
ouenges  et  chantoient  a  nostre  Seigneur. 
Et  donc  dist  nostre  Seigneur  :  Viens,  mon 
esleve,  et  entre  au  tabernacle  de  vie  par- 
durable.  Etdoncicelle  s'agenouilla  au  pave- 
ment, adorant  Dieu  et  dist  :  Benoist  soit  le 
nom  de  ta  gloire.  Sire,  que  moy  ton  hum- 
ble servante,  as  daigné  eslire  et  moy  recom- 
mander ton  secret.  Soyes  adonc*  Sire,  roy 
de  gloire,  remembrant  de  moy,  car  tu  sais 
que  je  t'ay  aimé  de  tout  mon  cœur,  et  èy 
garde  le  trésor  baillé  à  moy.  Reçois  moy, 
Sire»  et  me  délivre  de  la  puissance  de  ténè- 
bres que  nulle  enoubyed*ennemy  ne  me  vei- 
gne  à  rencontre ,  que  je  voye  les  malins  es- 
prits venant  encontTe  moy.  A  laquelle  le 
Saulveur  respondit  :  Gomme  je  feusse  en- 
voyé de  mon  Père  estre  petdu  en  la  croix 
pour  le  salut  de  tout  le  monde,  le  prince  do 
ténèbres  vint  à  moy,  mais  comme  il  ne  peust 
trouver  en  moy  riens  de  son  œuvre,  il  s'en 
alla  vaincu.  Tu  le  verras'  doncques  par 
la  loy  de  Thumain  lignage ,  |>ar  laquelle  ta. 
es  a  avoir  ta  fin  de  mort,  mais  il  ne  te  pourra» 
Duyre,  car  je  îjuis  avec  toy.  Viens  Jonc 
car  toute  la  chevalerie  celestielle  te  attend, 
afin  que  elle  te  m^tte  dedans  paradis  en  joye 
pardurable. 

<  Et  nostre  Seigneur  disant  ce^clto  se  re- 
coucha sur  son  lict,  et  mist  T^sprit  hors  en 
rendant  grâces  a  Dieu.  Et  les  apostres  vei- 
rent  Tame  d'elle  estre  de  si  grant  blancheur 
que  nulle  mortelle  langue  ne  le  pourroit 
racompter.  Et  donc  dist  nostre  Seigneur  aux 
apostres  :  Prenez,  le  corps  et  le  portez  en  la 
dextre  padie  de  la  cité  devers  orient, et  vous 
trouverez  là  ung  monument  auquel  vous  le 
mettrezi.attendant  taatque  je  viengneà  vous. 
Et  ce  disant  bailla  l'ame  d'elle  a  Michel, 
prevofiVdii  paradis.  Et  tantost  soy  départant 


primé  »  ihisi  qoe  la  traduction  française  faite  nar 
laan  df  Viffnay,  et  mise  au  jour  âi  Paris ,  cd« 
Vérard,  an  U9o,cu  cimt  vol.  la-folio. 


555 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


h:^ 


des  apo3lres,  monta  atec  les  anges  aux 
eieaix.» 

Un  orientaliste  fort  distinffué,  M.  Edouard 
Dulaurier,  a  publié  en  1835  (Paris»  impri- 
merie royale,  in-8'')  d'après  aes  manuscrits 
eopteSydes  fragments  a'écrits  apocryphes 
relatifs  à  saint  Barthélémy  et  a  d*autre.s 
apôtres;  nous  les  avons  déjà  cités  ;  il  y  a  joint 
un  fragment  Sur  ta.mort  de  la  vierge  Marie  ^ 
traduite  d*après  la  citation  qui  en  aétéfaile 
dans  le  précieux  ouvrage  de  Georges  Zoega: 
Catalogue  coéticum  copticorum  manuscripio^ 
rum  gui  in  museo  Borgiano  Telitris  aaser- 
van/tir  (507).  Nous  allons  reproduire  cette 
version.  «  11  arriva,  quinze  ans  après  que 
le  Seigneur  fut  ressuscité  d'entre  les  morts» 
comme  il  est  rapporté  dans  les  antiquités 
de  Joseph  et  dlrénée»  Hébreux,  que  rapd- 
tre  gui  conserva  toujours  sa  virginité,  et 
Marie»  mère  du  Sauveur ,  habitaient  la 
même  maison  è  Jérusalem.  Un  jour,  y  lit- 
on  f  la  sainte  vierge  Marie  appela  Jean  et 
iui  dit  :  «  Va  chercher  de  ma  part  Pierre 
et  Jacques,  et  dis-leur  de  se  rendre  ici  au- 
près de  moi.  »  Lorsque  le  iour  de  sa  fin  fut 
venu,  ta  Vierge  sainte  appela  Jean  et  lui  dit  : 
«  Va  et  allume  des  flambeaux  et  des  lampes, 
car  le  soir  est  arrivé.  »  Elle-même  prit  des 
linceuls ,  les  étendit  sur  la  terre  à  la  ma- 
nièred'ljn  lit  ou  d*un  tapis  et  répandit  dessus 
des  parfums.  S'adressant  aux  ap6tres,  elle 
leur  dit  :  «  Offrons  nos  prières  à  Dieu  mi» 
séricorcbeux»  afin  qu*il  ait  pitié  de  nous,  »  et, 
se  tournant  vers  Torient,  elle  [>ria  en  ces  ter- 
mes ;  «  Je  te  rends  grAce,  6  Dieu  tout-puis- 
sant, je  rends  grAce  à  ton  Fils  unique  qui 
est  veau  au  monde  pour  sauver  nos  Ames , 
lui  qui  est  le  Fils  et  le  conseil  du  Père ,  lui 
qui  est  venu  à  nous  ses  esciaveSi  qui  a  pris 
uncorpssemblableaunôtre,  luiquej'ai  conçu 
sans  cesser  d*ètre  vierge ,  que  j'ai  enfanlé 
sans  souUlure  et  que  j*ai  nourri  sans  quil 
ait  eu  besoin  d'aucun  soin  de  ma  part,  lui 
qui  nous  nourrit  tous.  Je  rends  grâce  à  ton 
Ésf  rit-Saint  qui  s'est  reposé  sur  moi ,  è  la 
vertu  sainte  qui  m*a  couverte  de  son  ombre. 
Maintenant,  mon  Seigneur  et  mon  Dieu, 
Theure  est  arrivée  où  je  dois  aller  vers  toi  ; 
aie  compassion  de  moi,  éloigne  avec  soin 
toutes  les  pierres  d*iichoppement  et  les  figu- 
res monstrueuses.  Qu'ils  disparaissent  en 
ma  présence  (ces  génies)  qui  sont  à  ta  gau- 
che,, et  qu*au  contraire  ceux  qui  sont  à  ta 
droite  s'y  maintiennent  dans  la  joie.  Que 
toutes  les  puissances  de  ténèbres  soient  con- 
fondues en  ce  jour,  car  elles  n'ont  trouvé 
aucune  tache  en  moi.  Ouvre  les  portes  de 
justice,  afin  qu'elles  m'offrent  un  passage 
pour  aller  contempler  è  découvert  la  face 
de  mon  Dieu  et  que  le  dragon  se  cache  è  ma 
vue.  Pleine  de  confiance,  je  vais  è  toi  qui 
seul  es  vrai  Dieu.  Que  le  fleuve  de  feu  qui, 
dans  ses  deux  parties ,  sert  à  éprouver  les 
bons  et  les  méchants,  s'apaise  jusqu'au  mo- 

(507)c  Ron]«,typogr.  Coagreg.de  ProDsg-jnd  I  Fi<le, 
1810,  in-folio,  i  €e  volume,  de  plus  de  600  pages, 
ii*a  point  été  terminé  par  son  auleur  que  la  mon 
Ml  venue  frapper  trop  tél.  Le  savant  Bënédtciin  doin 
Pitra  dit  que  Ton  ne  coniiall  en  France  que  deux 


ment  où  je  l'aurai  traversé.  Car  c'est  toi  qiii 
es  mon  Dieu  et  mon  Seigneur ,  cW  loi  qui 
es  le  Père  de  toutes  créatures  avec  ton  Fiis 
unique  qui  t*est  consubstantiel  et  avec  TLs- 

r^rit-Saintqui  procède  de  toi,  gloire  k  toi  avi  c 
ui  dans  tous  les  siècles  des  siècles.  Amen  I  • 
Dès  qu'elle  eut  prononcé  ces  mots,  la 
sainte  Vierge  se  plaça  sur  les  linceulsavecdes 
l»arfums.  Elle  tourna  le  visage  vers  l'orient, 
et  se  signant  au  nom  du  Père',  du  Fils  el  du 
Saint-Esprity  elle  rendit  le  dernier  soupir. 
A  l'instant  même,  le  Seigneur  vint  k  elle, 
monté  sur  les  chars  des  chérubins  et  pré- 
cédé par  des  anges.  Il  vint  et  se  tenant  au* 
dessus  d*elle«  il  lui  dit  :  «  Ne  crains  pas  la 
mort»  A  ma  If  ère;  celui  qui  est  la  vie  tout 
entière,  est  devant  toi.  Il  faut  que  tu  la  voie^ 
seulement  une  fois  de  tes  propres  yeux,  et 
je  lui  prescrirai  de  ne  pas  t'apppocher.  &  Le 
Souverain  ordonna  en  disant  : ....  «c  Accours, 
6  toi  qui  viens  du  cAié  du  midi  et  qui  résides 
dans  un  lieu  caché.  »  Et  aus8it6t,  dès  que 
la  Vierge  Taperçut,  son  âme  s'élança  dans 
le  sein  de  son  Fils ,  qui  l'étreignit  de  ses 
embrassements  célestes.  Lorsqu'elle  eut 
rendu  l'esprit  entre  les  mains  de  Dieti,  les 
apdtres  lui  fermèrent  les  yeux.  Elle  mourut 
d  une  mort  paisible  dans  la  nuit  du  20  du 
mois  de  janvier,  sur  le  matin,  e'est-h-dire  le 
21  (25)  du  mois  de  Tybi  dans  la  paix  de 
Dieu.  Amen.  Jésus  ordonna  à  aes  apèlns 
de  l'ensevelir  dans  la  vallée  de  Josapbat. 

Nous  avons  eu  sous  les  yeux  une  relation 
grecque  des  derniers  moment*!  de  la  Vierge» 
rédigée  selon  des  traditions  fort  anciennes; 
ce  texte  se  trouve  d'après  les  Méném^  in  Ai« 
etoriade  obdormiiione  beatœ  VirginUtdans 
un  ouvrage  fort  intéressant  publié  par  le 
P.  Simon  wenenereck  de  la  Compagnie  de 
Jésus,  Ptf^as  JffartatiaCraeoru  m,  702  pages. 
Munich,  1627,  in-12.  Ce  travail,  que  Tau  leur 
offre  è  la  Mère  de  Dieu  {AugustiMêimœ  reginœ 
cœli  et  terrœ^  etc.)»  offre  la  réunion  eu  gre<\ 
avec  une  traduction  latine,  de  cinq  cents 
passages  empruntés  è  des  auteurs  divers  et 
pour  la  plupart  fort  peu  connus  en  France. 

Nous  emprunterons  un  seul  passage  à  la 
traduction  latine  de  cet  opuscule;  c'est  lors- 
que saint  Paul  arrive  auprès  de  la  mourante: 

Ad  divinœ  Matris  pedee  procumbeni^  ^<i'n* 
que  adorantium  ritu  veneratue  copiosiê  enc^- 
miis  palam  affecit.  n  Yale,  aiebat^  o  Genitrii 
viiœftale  primaria  prœdicationis  mtœ  v^a- 
teria  !  Licet  enim  Chrislum  in  hac  vitadegentm 
non  viderim^  tamen  tuus  eum  aspectuiabunde 
mihi  reprœeenlabat,  ^  Psahnodiam  educendo 
funeri  apiam  inchoat  Pelrus^  et  apoetolorum 
uKi  Virginie  lectulum  in  humerôe  toliunl. 
mKi  cum  lampadibus  et  hymnorum  caniu 
prœceduntf  ut  corpus  itlud.  ouodDeus  inco- 
luit^  eum  pampa  deducant.  Tune  cerU^  tun( 
et  angeli,  euae  de  cœlo  tocee  dedere  ordinum- 
que  cœlestium  modulis,  aer  etloci  totusper* 
êonuit  (508). 

exemplaires  de  ce  Kvre  ;  celui  de  b  bibUolliégee  6é 
rhiKtilut  et  celui  que  possède  11.  Cb.  UnonuatMl. 
membre  de  rAcadéroie  des  intcription». 

{iim  L'abbé  Godt*scard  remiirque  fort  Judifu^^ 
ment  que  ni  les  Latins  ni  les  Grecs  eux- même».  ». 


•37 


UAR 


PART.  Ili.  —  LEGFNDES  ET  FRAGMENTS. 


MAR 


r^t 


Bien  d*aotres  cinsonstaaces  apocrj|»hes 
ont  été  énoncées  au  sujet  de  Marie. 

Nif*éphore (^r>^  Eccies,^\,m,c.  23)doniiP, 
d'après  saint  Epipbane,  quelques  détails  sur 
la  personne  delà  sainte  Vier;^e.  Après  avoir 
M.^oalé  sa  gravité,  son  affabilité,  la  parfaite 
convenance  de  ses  discours,  il  dit  qu'elle 
avait  la  figure  un  peu  otale,  le  teint  couleur 
Je  froment,  les  dotets  longs  (509). 

M.  Peignot,  dans  l'ouvrage  que  nous  avons 
cité  {Beekerehtê  $ur  la  personne  de  Jésus- 
Christ  et  sur  celle  de  Marie,  1829,  in-8'),a  re- 
rueilli  les  diverses  opinions  émises  à  cet 
égard;  nous  rentovons  h  son  travail  qui 
pourrait  d'ailleurs  être  complété,  grAceà  aes 
investigations  nouvelles. 

Diverses  compositions  dramatiques  ont 
reproduit  les  traditions  relatives  au  trépas- 
sement  de  la  Vierge. 

On  peut  citer  :  L'Assomption  de  laglo- 
rieuse  tierce  Marie  en  trenie-huit  personna» 
ges,  Paris,  sans  date,  in-16.  (Koy.le  Diction^ 
naire  des  m^stêres^  Higne,  185ik,  col.  159.) 
Moralité  tres^excellente  à  l'honneur  de  la 
glorieuse  Assomption  de  Nostre  Dame  à  dix 
personnages^  composée  par  Jean  Parmentier 
de  IKeppe,  et  jouée  au  dit  lieu  Tan  1527. 
Sédition  originale  décret  opuscule  est  d'une 
rareté  excessive  ;  les  frères  Parfait,  dans 
leur  Histoire  du  Théâtre  français^  en  ont 
donné  une  analyse  qui  a  été  reproduite  dans 
la  Dictionnaire  des  mystères^  que  nous  ve- 
nons de  citer,  col.  161.  Nous  pouvons  ajou- 
ter que  cette  composition  a  été  reimprimée 
ï  Paris  en  1839  in-16  et  qu'elle  forme  la 
S'  livraison  de  la  Collection  de  poésies^  chro* 
i«t7u««,  etc.,  éditée  en  caractères  gothiques 
parle  libraire  Silvestre. 

N'oublions  pas  les  Sermons  de  MonseU' 
gneur  sainct  Paul  en  le  trespassement  de  ta 
saincte  Vierge^  en  vers,  à  50  personnages. 

Marie  va  expirer  dans  les  bras  de  ses  ser- 
vantes qui  mettent  des  oreillers  sous  sa  tète, 
et  en  présence  des  apdtres  qui  sont  venus 
de  plusieurs  contrées  sur  un  nuage,  pour 
assister  k  l'Assomption  de  Notre-Dame.  £Me 
leur  dit  : 

l.iseï  le  sauliier  par  arroy 
En  auendant  que  ma  On  viengne. 
Saiol  Pierre  se  tourne  vers  les  assistants  : 
Cbascun  sou  livre  eu  sa  main  tieogue. 

Uo  mystère  du  trespassement  Nostre  Dame 
composé  vers  le  milieu  du  xv*  siècle,  est 
conservé  parmi  les  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque impériale;  il  n'a  point  été  imprimé, 
i^tfy.  le  Dictionnaire  des  mystères  ^  M  igné, 
185^,  col.  909.) 

Citons  aussi  VAdtocaite  Nostre  Dame^  ou  la 

avides  de  nouveautés  et  de  légendes,  aucun  peuple, 
^n  un  mo(,  aucune  ville ,  aucune  égilise ,  ne  se  sont 
proais  vaniés  de  |>»s^éder  la  dépouille  niorleile  de 
U  ttinle  Vierge,  ni  aucune  partie  de  son  corps. 

(509)  I  Erat  stalura  mcdiocri ,  quamvis  sint  qui 
•am  ftli^oanittlum  i»  edioerem  longiiudinem  eices- 
M«se  dicant.  Decenii  dicendi  libertale  adversus 
bomines orones  usa  est,  sine  risu,  sine  perinfba- 
iiAn«  et  sine  Iracundia  maxime.  Colore  fuit  trili- 
cum  referentet  caiiilli  flavi,  oculis  acribus,  bub- 


Vierge  Marie  plaidant  contre  le  dia6/f ,  poème 
du  XIV'  siècle,  en  langue  franco-normande, 
attribué  à  Jean  de  Justice,  et  publié  d'après 
un  manuscrit  de  la  bibliothèque  d*£vreux; 
par  M.  A.  Chassant,  Paris,  l85o,  in-8*. 

La  dédicace  faite  h  la  Vierge  de  divers  ou- 
vrages, résultat  d'une  piété  naïve,  pourrait 
aussi  trouver  place  dans  une  Bibliographia 
Mariana  que  Ton  voudrait  rendre  complète  ; 
parmi  les  écrivains  ({ui  ont  donné  pareil 
exemple  9  nous  mentionnerons  Jacquemin 
Oonnet,  auteur  fort  peu  connu  de  V Adora- 
tion des  bergers^  drame  en  cinq  actes  et  en 
vers,  Lyon,  1646,  k*. 

Voici  en  quels  termes  il  fait  horomage 
de  son  œuvre  à  la  Reine  du  ciel  et  de  la 
terre. 

«  Très-grande,  très-haute  et  très  puiç- 
sante  princesse,  bien  que  rineifable  Trinité 
vous  eust  eslevée  au  plus  haut  degré  d'hon* 
neurde  tous  les  mortels  en  vous  faisant 
Mère  du  Verbe  éternel,  néanlmoins  vostre 
très-grande  humilité  fit  que  vous  ne  dédai* 
gnastes  point  la  visite  des  pauvres  bergers,, 
tïy  leurs  présents  et  façons  de  faire  rusti* 
ques,  cette  considération.  Madame,  a  donné 
le  courage  ou  plus  tost  la  témérité  à  ma 
plume  qui  est  la  moindre  de  France,  de 
prendre  un  vol  jusques  en  la  Palestine,  pour 
réveiller  ces  mêmes  pastoreaux,  et  après  les 
avoir  revestus  de  leurs  pauvres  habits,  les 
faire  voir  aux  habitants  ae  mon  village,  atln 
que  la  patience  que  vous  eusles  h  vosiro 
très-chère  compagnie  en  la  misère  de  l'es- 
table,  fut  un  antidote  aux  calamités  que  les 
pauvres  villageois  souffrent  durant  les  fâ- 
cheuses guerres.  Je  vous  prie  donc  très- 
humblement,  très-admirable  et  très-haute 
princesse,  de  les  recevoir  avec  la  même  dou- 
ceur que  vous  les  receustes  en  Bethléem 
jadis.  » 

Parmi  les  ouvrages  relatifs  à  la  sainte 
Vierge  il  en  est  un  qui  a  longtemps  joui  d*une 
grande  vogue,  c*est  la  Vie  des  trois  Maries, 
c'est-à-dire  la  sainte  Vierge  et  ses  deux 
sœurs,  Marie  Salomé  et  Marie. 

Les  récits  des  évangiles  apocryphes  sur 
la  fuite  en  Egvpte,  et  diverses   traditions 

{»eu  certaines  font  la. base  de  ces  récits  qui 
urent,  au  xiir  siècle,  composés  en  vers  fran- 
çais par  un  religieux  peu  connu,  Jean  Ve- 
nette,  et  que  J.  Drouin  mit  en  prose  au 
commencement  du  xv'  siècle.  De  nombreu- 
ses éditions  se  succédèrent  rapidement  ;  les 
bibliographes  citent  celle  de  Rouen,  vers 
Tan  1511  ;  de  Lyon,  1513;  de  Paris,  vers  1530 
et  vers  1560;  d*Anvers,  1600.  Les  presses  de 
Troyes  reproduisirent  plusieurs  fois  cet 
écrit  (510},  dont  le  style  naif  fait  le  mérite. 

flavas  et  lanquaro  olei  colore  nupillas  in  cis  habens^ 
Supercilia  ei  erant  inflexa  cl  dei  eiuer  nigra  ;  naaus 
longior,  labla  florida,  et  verbortim  suavilale  plana  ; 
fai'ies  non  rotunda  et  acuta,  sed  aliquvndo  lougior„ 
roanns  simal  ei  digîii  longiores.  > 

(510)  On  trouve  des  détails  étendus  sur  cette  pro- 
diictiou  dans  l»^s  Mémoires  de  liiléraiure  d*Artigny, 
t.  VI,  p.  i91.  (  Voy,  aussi  un  Mémoire  de  La  Cunits 
de  Sainte-Palaye,  dans  le  Recueil  de  P Académie  des 
Imcriptions,  t.  Xlli,  p  520-553.) 


8^ 


DICTIONNAIRE  DES  AFOCRVPHESw 


SiO 


Nous  en  citerons  queloues  passages  qui  en 
donnerom  une  idée  suiGsante. 

L'auteur,  après  avoir  dit  que  «  Joseph  bailla 
h  la  Vierge  une  chambrière  pour  lujr  tenir 
compagnie  et  aussi  pour  la  servir  ;  cette  cham- 
brière eut  nom  Sarrelte  ;  elle  était  bonne 
tille  et  bien  enseignée  à  serrir,  »  passe  au 
récit  de  la  mort  de  Marie. 

c  Les  larmes  lui  saillaient  des  veux  quand 
il  lui  souvenoitdesonFils.  Etelie  pria  Dieu 
qu'il  la  voulut  prendre,  ou  autrement  son 
vouloir  fut  faicl.  Ainsi  qu^elle  se  comblai* 
gnoity  un  ange  descendit  du  ciel,  tenant  une 

italme  en  sa  main,  et  rendoit  grande  lumière. 
4  s*agenouilla  devant  la  vierge  Marie  moult 
honorablement,  et  la  salua  disant  ainsi  Ave: 
Dame  chère  vierge,  pleine  de  bonté,qui  estes 
honorée  sur  toutes  femmes,  recevez  la  béné- 
diction de  Jésus-Christ.  II  vous  mande  salut 
{)ar  mojr  et  vous  envoie  cette  palme  que  je 
liens  ;  c'est  signe  que  dans  trois  jours  vous 
viendez  vers  lui  ;  il  vous  attend  comme  sa 
zuère  et  amie.  Vous  ordonnerez  à  vos  gens 
que  ceste  palme  soit  portée  devant  vostre 
corps  ;  elle  a  esté  par  moy  apportée  de  para- 
dis. Ceste  palmeest  sigoequ'avez  eu  victoire 
de  tous  maux.  Quand  la  Vierge  Tentendit, 
elle  fut  fort  joyeuse  et  en  rendit  grâces  à 
Dieu,  car  elle  cogneul  au'il  ne  Tavoit  pas 
oubliée.  Alors  elle  dit  è  range:Amv,  qui 
Avei  esté  à  moy  transmis,  vous  soyez  le  très- 
bien  venu,  vostre  parole  me  rejouit  ;  dites- 
liioy,  s'il  vous  plaist,  vostre  nom.  Je  veux  que 
les  aposires  ensevelissent  mon  corps  et  que 
40US  soient  à  ma  mort,  puis  je  vous  requiers 
que  je  ne  voie  les  ennemis  à  ma  mort  et  qu'ils 
iraient  nulle  puissance  sur  moi.  Lors  1  ange 
iui  dit  :  Dame,  mon  nom  est  esmerveillable. 
Les  apostres  seront  tous  à  vostre  mort,  ceux 
qui  vivent  encores,  car  Ahacuch  fut  porté 
en  Judée  de  sa  maison,  pour  porter  à  man- 
ger au  prophète  Daniel  ;  ainsi  seront  les 
apdtres  apportez  à  votre  porte  et  arriveront 
tous  en  un  moment;  les  diables  ne  seront 
point  à  vostre  trépas  et  n'auront  pouvoipsur 
votre  &me  ;  vous  leur  avez  casse  et  brisé  la 
leste. 

«  Alors  range  se  partit  et  laissa  la  palme  à 
la  vierge  Marie.  La  feuille  estoit  très-verte, 
et  la  leuille  reluisoit  très-fort.  La  Dame  la 
fit  mettre  dessus  son  lit  et  dit  à  ses  sœurs 
son  affaire.  La  nouvelle  fut  par  la  ville  que 
la  Mère  de  Jésus  devoit  trépasser,  par  auoy 
plusieurs  y  vindrent,  tant  hommes  que  lem- 
mes. 

«  En  la  chambre  de  la  Vierge  estoient 
plusieurs  personnes  pour  voir  le  trespasse- 
menl,  et  ainsi  que  la  Dame  faisoit  semblant 
de  dormir  ^'aDS  sentir  nul  mal,  il  se  tit 
un  tonnerre  et  grand  esclair,  le  ciel  se  fen- 
dit sans  faire  nul  mal,  entra  en  sa  maison 
un  doux  vent  et  si  grande  odeur  que  la  mai- 
son en  fut  remplie,  il  n'est  liouche  qui  le 
peust  raconter,  tant  étoit  odoriférante  et 
pensoienl  les  habitants  estre  en  paradis. 
Quand  le  fier  futsenty,  tous  s'endormirent, 
sinon  la  Vierge ,  les  apostres  et  trois  vierges 
qui>  tenoient  trois  cierges  ;  et  h  celle  heure 
vint  Jésus-Christ  accompagné  de  belle  com- 


pagnie. Il  troit  avec  fuy  cent  roHIe  anges 
chantant  et  plus  de  cinq  cents  tant  saints,  (»- 
triarches,  prophètes  ou  martyrs,  confesseurs 
'  que  vierees  et  faisoient  grande  feste  et  so- 
lennité. Les  apostres  furent  joyeux  quand 
ils  virent  leur  maistre  avec  telle  ceiD|>a^n>e 
et  ils  cognurent  bien  qu'il  venoit  au  trépas 
et  obsèques  de  la  vierge  Marie.  Jésu$-Cliri$i 
s'approcha  de  son  lict,  et  tous  l'environné^ 
reutetse  mirent  à  chanter  mélodieusemeni. 
Ce  seroit  chose  fort  difficile  à  raconter,  mais 
je  la  vous  dirajr  comme  je  l'ai  trouvé  par  es- 
crit.  Jésus-Christ  adressa  sa  voix  à  la  Vierge, 
lui  disant  :  Venez,  je  ne  vous  ai  pas  oubliée  ; 
je  vous  mettray  sur  mon  throsne;  je  Jésire 
de  voir  vostre  regard  plein  de  grAce  ;.  jamais 
n'aurez  courroux.  Alors  la  Vierge  respond^i: 
O  sire,  puissant  Dieu,  mon  très  cher  Fils  d 
amy,  sachez  que  je  suis  toute  preste  d'aller 
quand  il  vous  plaira.  Lors  tous  les  sainis 
qui  là  esloient  s'écrièrent  à  haute  voix  en 
chantant:  Biendoitestreexaucée  ceste  dame; 
c'est  celle  qui  en  mariage  et  viduité  D*a  eu 
cure  de  charnel  delict  ;  elle  a  samctemeol 
vescu  au  monde,  en  quoi  doit  bien  avoir  re- 
pos. Or,  pensez  donc,  sire,  d'elle  comme  de 
vostre  amie  et  espouse.  La  vierge  Marie  res- 
pondit  tout  bas  :  Toutes  nations  m'appelle- 
ront la  t)ienheureuse  et  m'honoreront  {lour 
les  bienfaits  que  Dieu  m'a  fait,  quand  je  lui 
fus  obéissante.  Il  est  vra v  et  puissant,  et  est 
son  nomsainct  pardurablement,  par  quoyje 
luy  prie  que  briesvemenl  puisse  aller  auc 
luy. 

f  Lors  Jésus-Christ  commença  à  chanter 
plus  haut  que  devant  et  dit  :  Venez  avec 
moi,  très-douce  mère  nette  de  cœur  et  da 
corps;  venez  à  moi  du  Liban  qui  estes  de 
toutes  la  plus  parfaite,  venez  en  consolation, 
car  vous  estes,  ma  mère  et  mon  espouse,  ma 
mye  ni  ma  fille;  venez  avec  moy,  je  vous  cou- 
ronneray  d'une  précieuse  couronne*  venant 
de  paradis;  c'est  la  couronne  de  virginité 
qu'avez  desservie  :  c'est  lauréole  que  vous 
avez  bien  méritée,  de  quoy  vous  serez  cou- 
ronnée en  paradis,  par  les  anges,  dessus  le) 
archanges,  a  la  droite  de  Dieu  mon  père  ;  vou^ 
serez  aimée  de  toutes  gens  ;  et  appelée  Royne 
du  ciel.  La  Vierge  respondit  :  Sire,  je  ^àis 
à  vostre  commandement,  je  vous  recom- 
mande mon  flme  et  mon  corps  ;  ie  suis  es- 
crite  au  livre  au  premier  chef;  cest  que  je 
dois  faire  vostre  vouloir,  aussi  le  veux-je 
faire,  tant  que  je  pourray,  car  mon  esprit 
s'est  eslevé  par  vostre  venue,  comme  à  s<»n 
Dieu  et  Sauveur,  grire  je  vous  rends  ;  rece- 
vez-moi, je  m'en  vais  vers  vous.  » 

Parmi  les  cent  soixante-seize  chapitres  aui 
composent  l'édition  <iuo  nous  avons  sous  les 
yeux,  nous  reproduirons  encore  le  chapiire 
110  :  Comme  les  apostres  ouvrireni  Usépul' 
chre  de  la  Vierge  Marie^  et  ne  trouttrcnt 
rien  dedans^  sinon  les  draps  st  vsÊtemens. 

c  Or  fut  il  ainsi  que  devant  que  les  apos« 
très  partissent  de  la  place,  il  vint  un  homme 
qui  ne  vouloit  pas  croire  aue  ce  lust  chose 
vraye,  il  leur  requist  que  le  sepulchre  fust 
ouvert,  afin  que  il  sceust  la  vérité  si  lei^orps 
estoit  ressuscité.  Les  ai)ostrcs  ne  le  vou- 


M 


HAT 


PART.  111.  ~  LEGENDES  £T  FRAGMENTS. 


MAT 


549 


loient  pas  faire,  mais  nonpbstaut  ils  luv 
iiiODStrèrent  craignant  les  parolles  des  Juifs 
(le  pnour  qu'ils  ne  dissent  que  les  aposlres 
l'afoient  desrobee.  Ils  ostereut  la  pierre  de 
dessus  le  sepulcbre»  puis  regardèrent  au  cof- 
fre, en  remuant  les  vestemens,  mais  ils  n'y 
trouvèrent  point  le  corps  de  la  vierge  Marie, 
car  il  estoit  en  la  gloire  éternelle.  Celuy 
homme  ne  croyoit  pas  encore,  sinon  qu*on 
ouvrit  le  coffre.  Quand  il  eut  vu  Jl  loua  Dieu 
grandement,  car  il  ne  demeura  au  sepulchre 
siooD  les  vestemens,  draps  et  suaire.  Après 
que  le  bon  homme  eut  vu  dedans  le  sepul- 
chre, les  apostres  le  refermèrent,  et  y  lais*se- 
rent  la  robe  et  le  suaire  dedans,  mais  long 
temps  après  JesChrestiens  y  firent  une  moult 
belle  église,  et  firent  le  sepulchre  haut,  large 
•;t  spacieux,  et  y  allèrent  plusieurs  pèlerins 
en  grande  dévotion,  pour  en  faire  reliques 
en  plusieurs  lieux  où  ils  les  mirent.  » 

1!  existe  un  livret  répandu  dans  le  colpor- 
tage, sorti    des   presses   d'Epinal  ou  de 


Troyes,  et  intitulé  le  Trépaisement  de  la 
sainte  Vierge ^  contenant  les  Litanies  et- plu- 
sieurs oraisons;  c'est  un  récit  en  prose  et  en 
vers  de  la  maladie,  de  la  mort,  oe  la  résur- 
rection et  de  l'Assomption  de  la  sainte 
Vierge.  M.  Gb.  Nisard»  dans  son  Histoire 
des  livres  populaires^  t.  Il,  p.  &,  a  donné 
quelques  citations  de  ce  livret;  il  suffira 
d'en  transcrire  deux  stances  ;  elles  expri- 
ment l'état  où  était  la  sainte  Vierge  avant 
d'expirer. 

Dedans  cel  avaiit-goûi  des  ci  eux 
Sans  cesse  «'Ile  y  perlait  les  yeux, 
Uien  ne  pouvait  la  satisfaire. 
Bien  ne  lui  plaisait  ici-bas 
Que  ces  doux  et  divins  appas 
Qu*ell*t  y  tesseiitait  (fordinairc. 
bon  cœiîr  par  mille  ardenis  soupirs 
Poti9*ail  au  ciel  mille  désirs. 
Son  àme  en  douc^-ur  distillée 
Fa:sail  d'adniiiables  efforts 
Pour  se  détacher  de  son  corps, 
De  ce  bas  séjour  ennuyée. 


MARIE-MADELEINK. 


Des  écrits  apocryphes  circulèrent  au  sujet 
de  cette  pénitente  célèbre. 

Tilleiuont  {Mémoires^  t.  II,  p.  A-TS),  s'ex- 
prime ainsi  : 

•  Nous  ne  rapporterons  rien  de  Tbistoire 
de  sainte  Madeleine,  qu*on  prétend  atroir  été 
écrite  en  hébreu  par  Marcella,  servante  de 
sainte  Marthe,  et  traduite  en  latin  par  un 
nommé  Synthex.  Il  n*y  a  personne  aujour- 
d'hui, parmi  ceux  qui  ont  quelque  goût  de 
l'antiquité,  qui  ne  reconnaisse  que  c'est  une 
pure  fable  très-mal  composée.  » 

Michel  Glycas  raconte  que  Galien  ren- 
contra, dans  ses  voyages,  Marie-Madeleine  ; 
et  apprenant  d'elle  le  miracle  de  la  guérison 
d'un  aveu^le-né,  tel  qu'il  est  raconté  dans 
TEvangile,  il  s'écria  que  le  Christ  devait 
connaître  parfaitement  la  science  des  mé- 
taux ou  la  pierre  philosophale,  pour  avoir 
pu  opérer  une  pareille  cure.  L'historien 
grecad'ailleursassez  de  critique  pour  rejeter 
cette  anecdote,  en  observant  que  Galien 
vifait  un  siècle  après  Madeleine. 

L'histoire  de  Marie  Madeleine  a  été  le  su- 
jet de  divers  ouvrages  remplis  de  circonstan- 
ces apocryphes  et  plus  que  douteuses.  Yoy. 
notamment  Y  Histoire  des  trois  Maries. 

On  peut  consulter  la  dissertation  de  dom 
Caimet  dans  ^s  Dissertations  sur  le  Nouveau 
Testament,  in-»",  1. 1,  p.  kSO-Md. 

H.  QËttinger,  dans  sa  Bibliographie  frto- 
Srapkique  que  nous  avons  déjà  citée  indi- 
que (col.  1127) ,  dix  ouvrages  relatifs  à 
Harie-Hadeieine,  mais  cette  liste  est  loin 
d'être  complète  :  nous  nous  contenterons 
d'y  ajouter  les  quatre  écrits  suiv/ints  : 

Dissertation  sur  sainte  Marie- Magdeleine^ 
pour  prouver  que  Marie-Magdeleine,  Marie ^ 
iffur  de  Marthe,  et  la  femme  pécheresse,  son^ 
troii  femmes  différentes,  par  Anquetiu, 
Rouen,  1699,  in-12. 

Diftertation  pour  la  défense  des  deux 
mnits  Mariê^Madeleine  et  Marie  de  Béthanie, 
i<'vLr  de  Lazare  (par  Mauconduit),  Paris, 
1W3,  in  12. 


Justification  de  la  femme  pécheresse  ;  son 
unité  avec  Marie- Madeleine  et  Marie  de  Bé* 
thanie^  sœur  de  Lazare,  par  Le  Masson,  Pa* 
ris,  1703,  in. 8-. 

Monuments  inédits  sur  Vapostolat  de  sainte 
Marie- Madeleine  en  Provence  et  sur  les  autres 
apôtres  de  ceUe  contrée^  saint  Lazare^  saint 
Maximin,  sainte  Marthe^  les  saintes  Marie 
Jacobé  et  Solomé ^  QIC  par  M.  Paillon»  de 
Saint-Sijlpice.  Paris,  édit.  Migne.  2  forts  vol. 
in-&%  enrichis  de  300grav.  Prix  :  16  fr.  (La 
Correspondance  de  Borne  dit  que  c'est  peut- 
être  l'ouvrage  le  plus  plein  d  érudition  qui 
ait  paru  depuis  200  ans.) 

Des  poètes,  des  écrivains  dramatiques  ont 
également  pris  pour  sujet  de  leurs  écrits  la 
pécheresse  de  l'Évangile  ;  mentionnons  :  . 

Balduinus  Cubilliavus,  Magdalena  elegia* 
rumquinque  libris  celebrata  Antuerpiee,1625, 
in-12. 

Car.Werjœus,  Magdalena  pœnitens  exu-^ 
lans,  versib,  eleg.  tribus  libris  expressa,  Léo- 
dii,  1667,  in-12. 

Magdalena  evangelica,BLUCi.  PetroPhilicino, 
Autuerpiœ,  1546,  in-8*. 

Magdalis,  comœdia  sacra,  auctore  Guiliel- 
mo  Gazœo,  Ariensi,  Duacl,  1589. 

La  Maddelena,  sacra  rappresentatione  di 
Giov.  Baptista  Andreini,  Fiorenlino,  Man- 
toue,  1617,  in-V,  pièce  singulière  au  sujet 
de  laquelle  on  peut  consulter  une  note  in-* 
sérée  dans  le  Catalogue  de  la  bibliothèque 
de  M.  de  Soleinne  (ISUj,  n*  MkS.  L*auteur 
refit  plus  tard  son  œuvre,  la  réduisit  de  cinq 
actes  à  trois,  et  sous  cette  forme  nouvelle 
elle  fut  imprimée  à  Milan  en  1652.  Un  autre 
Italien,  Gio.  Francesco  Magnani,  composa 
la  Maddelena  peccatrice  eonvertita,  scenica 
rappresentatione,  oui  fut  publiée  à  Plai- 
sance en  1650,  in-1^. 

Un  écrivain  anglais,  Lewis  Mayer,  avait, 
un  siècle  plus  lot,  mis  au  jour  un  Interlude 
cf  the  repeatance  of  Mary  Magdatene,  Lou- 
don,  1567,  in-V\ 


513 


DICTIONNAIRE  DES  APOcnTPHES. 

MATHUSALEM. 


su 


Les  rabbins  ont  attribué  dos  livres  &  ce 
patriarche;  Sgacnbatus  {in  Archivis  Veteriê 
TeêiamentU  p.  139)*  cité  par  Fabricius  [Co* 
dex  pneudepigraphus  Veteriê  Testamenti 
t.  i,  p.  22<^),  a  recueilli  leurs  assertions  à 
cet  égard.  On  a  prétendu  qu'il  avait  com- 
posé autant  de  livres  de  commentaires  sur 
les  traditions  des  patriarches,  qu'il  avait 


vécu' d'années.  On  Ta  représenté  commo 
l'inventeur  des  proverbes  (511).  Selon  di« 
vers  rabbinSy  il  mourut  sept  jours  seule- 
ment avant  le  déluge;  et,  au  moment  do 
son  trépas»  on  entendit  une  voix  qui  venait 
du  ciel»  comme  pour  célébrer  ses  funé- 
railles. 


MATTHIAS. 

[Ecrits  attribue't  ou  relatifs  à  saint  Matthias.) 


Etangile  de  saint  Matthias.  —  Il  ^st  men- 
tionné |:ar  Origène  (m  Luc.  homil.  1),  par 
saint  Ambroisë  [Prœjat.  tn£iic.)«  par  saint 
Jérôme  (Procem.  in  Matth,)^  et  par  Bède  le 
Vénérable  {Prœfat.  in  Luc);  mais  ils  n'en 
ont  conservé  que  le  nom.  Le  décret  du 
Pape  Gélase  range  parmi  les  apocryphes 
cetle  production  entièrement  perdue  au- 
jourd'hui. 

Traditions  de  saint  Matthias.  —  Il  a  existé 
sous  ce  titre  un  ouvrage  que  cite  Clément 
d'Alexandrie  (512).  Le  même  Père  dit  que 
}es  carpocratiens  altribuaieni  à  saint  Matthias 
des  principes  à  l'appui  de  leurs  doctrines 
Immorales  (513) ,  et  que  diverses  sectes 
fnostiques,  telles  que  celles  de  Marcion, 
tfe  Vaientin  et  deBasilide,  prétendaient 
également  invoquer  l'autorité  de  cet  apô- 
tre (51^). 

Les  Acta  55.  (ad  2^  Februar., III,  pag.  4V2, 
renferment  les  Actes  du  martyre  de  saint 
Matthias,  tirés  selon  la  Préface»  d'un  livre 


hébreu,  intitulé  Le  livre  des  condamnés,  Ch 
Actes  furent  traduits  en  latin  dans  le  xii* 
siècle  par  un  religieux  de  l'abbaye  de  saint 
Matthias  à  Trêves.  La  manière  dont  le  tra- 
ducteur prétend  avoir  obtenu  ce  livre  d'un 
Juif,  le  miracle  d'une  traduction  faite  par 
trois  personnes  et  se  trouvant  exactement 
conforme,  les  termes  de  conjti6«/anlie/ et  do 
coélemel  employés  pour  marquer  la  divioiio 
du  Fils  de  Dieu,  ce  qu'on  dit  de  l'éducation 
du  saint  par  le  grand  prêtre  Siméon  et  ne 
plusieurs  millions  de  Juifs  qu'on  pr^tena 
avoir  été  tués  par  les  armées  rotoaiotii 
avant  le  commencement  de  la  guerre,  suffi* 
âent  pour  montrer  que  ces  Actes  ne  sont 
point  originaux.  Aussi  Bollaiidits  les  tient 
pour  suspects,  et  Florentinius  {Martyro- 
«of/.,  p.  176)  dit  nettement  qu'ils  sont  à  pla- 
cer à  côté  des  fables  qui  portent  le  nem 
d'Abdias  (515). 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  allons  en  donner 
ici  la  traduction. 


HISTOIRE  DE  SAINT  MATTHIAS. 


Matthias,  le  très-glorieux  apôtre  de  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  fut  originaire  de  la 
tribu  de  Juda,  et  naquit  dans  la  ville  de 
Bethléem  ;  il  appartenait  à  une  race  illustre  : 
ses  parents  qui  possédaient  de  grandes  ri- 
chesses et  occupaient  un  raugfort^distingué, 
étaient  dignes  de  respect  par  leur  piété  et  la 
pureté  de  leur  vie.  On  croit  que  ce  fut  un 
effet  de  la  grâce  divine  que  des  parents 
aussi  religieux  eussent  un  fils  aussi  fervent. 
Ils  rappelèrent  Matthias,  ce  qui  signifie  en 

(511)  c  YetDS  lîbcr  Mîdras  Abchor  de  eo  dixii  : 
IKiieuii  (slve  innovavil)  nenagenios  ordines  Misna* , 
K  Jalkiil,  in  Genesim  :  Dixcriiii:  de  Maihusale  : 
Jiistus  erat,  perfectus,  et  quodcunque  cris  ejus  ef- 
faliiiD  eral  ^rahola  seu  proverbiuin,  et  pronut.iia- 
bai  Ci-cixt  parabolas  in  laudeni  Oei  Opt.  Max.  i 
Eiipolemiis ,  cité  par  Eu^éhe  (Prœpar.  Etang. ^  1.  x, 
c.  17)  ili(*qiri1  avait  été  instruit  par  les  ailles. 

(5i2)  Sirom.,  I.  ii ,  MaCitiias  adhortans  iii  tradl- 
tionibus  :  Admirare  prϑentia,  inqurt,  el  liunc  pri- 
uium  adalieiiorem  cognilionum  gradiim  suppo- 
sait (a).  —  IM.,  I.  VII.  Dicunt  aul<*in  in  iradiiu»- 
nibtis  Mauliiam  aposiolnm  iiiier  cciera  dixisse  : 
Si  elecli  vicijiut  peccaverit ,  peccavii  elerUis ,  nain 
si  se  ita  gessisaet  ui  jubet,  Verbuin  aeu  ratio,  ejus 
viiani  esse  reveriiun  vicimis  et  non  prcca^set. 

(513)  Dicunt  Carprocraliani  Maltliiaui  quo<|ue  sic 


notre  langue  Dieudonné  ou  le  petit  de  Dien, 
et  dès  sa  plus  tendre  jeunesse,  ils  l'instrui- 
sirent dans  la  loi  divine.  11  reçut  les  pre- 
miers éléments  de  la  loi  aux  pieds  de  Si- 
méon, homme  éminent  et  incomparable,  tt 
h  cette  époaue,  le  plus  savant  dans  la  loi  da 
Moïse.  Aidé  par  la  grAce  divine,  il  acquit  en 
peu  de  temps  toute  la  science  de  laloietdei 
prophètes.  Il  s'efforçait  dans  un  âge  encore 
tendre  à  imiter  les  exemples  des  roattresi 
s'appliquent  avec  zèle  à  l'étude  de  la  lot  dt- 

docuisse  :  cnm  carne  qnldem  esse  pognandun  et 
illl  aegre  faciendum,  iiîbil  impiidicam  ttrgiemfo  li 
voluptateni,  augmentum  auiem  animae  promoteo* 
dum  per  fldeni  et  cogiiiiioneiD.  (Lib.  m.) 

(514)' £x  bsresibus  autem  aliae  quidfn  app^^I- 
lantur  ex  nomine  auctoris,  ut  mi»  appeilaue  wui  i 
TalentiDO  et  Marcione  et  Basilide,  etianisi  glorlepiur 
se  Maltbiae  opinionem  adducere  :  Falso  sauf  ;  fuit 
enlm  una  omnium  apostolorum  sicut  doclriua  iu 
etiani  tradiiio.  (Lib.  vu.) 

(515)  Les  livres  saints  nous  laissent  ignorer  le« 
particularités  de  la  vie  de  cet  apôtre;  unatmitiion 
conservée  cbez  les  Grecs  nous appivnd  qtt*ap'é$sv<'(r 
prêché  TËvangite  vers  ia  Cappadoce  el  te  P«<ai- 
Euxin,  il  scella  de  son  sang  la  loi  dans  la  Colcbi«)c. 
I<e  savant  Jésuite  Henscbt  nius  a  oulilié  daai  Ici 
Acta  SS.  une </t«serlalf on  iitr  $uini  sluffkiai^ 


(a)  Une  note  du  P.  Felaa  sur  ce  passage  est  rerroduttc  dans  la  Fatrotogia  Cratco- Laitue  édita,  t.  I,  cvl.  i^l 
(Minnc,  1856,  gr.  iiiS-O 


545 


MAT 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


HAT 


K6 


fine,  et  ne  se  livrant  point  à  la  fougue  des 
passions»  il  triomphait  par  la  malurilé  de 
ses  mœurs  de  l'inexpérience  de  la  jeunesse. 
En  grandissant,  il  fut  éprouvé  par  de  fré- 
quentes controverses  et  il  fit  Tadmiratton, 
noQ-sealement  de  ses  condisciples»  mais  en- 
core de  ses  maîtres.  Quoiqu'il  fût  très-ins- 
truit» il  ne  s'enorgueillissait  nullement; 
mais»  fidèle  à  la  signification  de  son  nom»  il 
s'efforçait  de  se  montrer  humble  et  petit»  se 
souvenant  toujours  de  ce  jprécente  :  «  plus  tu 
es  grand»  plus  tu  dois  t'humilier  en  toutes 
choses»  •  et  ne  perdant  pas  de  vue  cet  autre 
conseil  du  Sage  :  «  la  honte  accompagne  le 
superbe*  et  la  gloire  suit  celui  qui  s'humi- 
lie.» 

Le  bienheureux  Matthias  restait  ainsi  très- 
pur  de  corps  et  d'esprit»  très-habile  dans  la 
solution  des  difficultés  de  l'ficrilure  sainte» 
très-expert  en  ses  paroles.  Appelé  par  Jésus- 
Christ  au  nombre  des  disciples»  il  suivit 
(lauvre  un  Maître  pauvre»  et  quand  le  Sei- 
gneur eut  accompli  sa  mission  sur  la  terre» 
<(u'il  eut  souffert  et  qu*il  fut  remonté  aux 
cieux»  Pierre  se  leva  au  milieu  des  frères 
qui  étaient  réunis  au  nombre  de  cent  vingt 
et  dit  :  «  Mes  frères»  il  faut  accoipplir  ce  qui 
est  écrit  en  mettant  quelqu'un  à  la  place  de 
Judas  qui  a  trahi  le  Seigneur  et  qui  s'est 
pendu.»  lls^ tirèrent doncau  sort»  après  avoir 
proposé  Joseph  qui  s'appelait  Barsabas  et 
(|ui  était  surnommé  le  juste»  et  Matthias»  et 
le  choix  du  Seigneur  tomba  sur  ce  dernier» 
et  il  fut  compte  au  nombre  des  apôtres»  et 
après  la  Pentecôte»  les  apôtres  se  répandi- 
rent dans  le  monde  entier»  pour  prêcher 
TEvanflcile»  et  le  bienheureux  Matthias  re- 
çut la  Judée  comme  siège  de  sa  prédication» 
et  il  s'7  appliqua  avec  un  zèle  extraordi- 
naire. 

La  trente-troisième  année  aorès  la  Pas- 
sion, le  grand  prêtre  Ananus  le  jeune»  qui 
avait  remplacé  Akauva  dans  le  pontificat» 
pensant  que  le  moment  était  favorable  pour 
persécuter  les  Chrétiens»  saisi!  le  moment 
où  le  proconsul  Féstus  étant  mort»  son  suc- 
cesseur Albin  n'était  pas  encore  arrivé;  il 
tint  conseil  avec  les  juges  et  s'entendent 
avec  eux»  il  leur  livra  Jacques»  le  frère  de 
Jésus,  pour  le  punir.  Pendant  cet  orage»  le 
bienheureux  apôtre  Matthias  parcourait  la 
Judée  en  prêchant  la  parole  de  Dieu»  et  par 
ses  miracles  et  ses  prodiges  il  convertissait 
à  Dieu  un  grand  nombre  d'enfants  d'Jsraël. 
Car  il  rendait  la  vue  aux  aveugles»  il  gué- 
rissait les  lépreux»  il  chassait»  au  nom  de  Je- 
sus-Christ»  les  démons  du  corps  des  possé- 
dés, il  rendait  l'ouïe  aux  sourds»  il  redressait 
les  boiteux  et  il  ressuscitait  les  morts.  Il  en- 
seignait  la  religion  et  la  morale»  montrant 
comment  la  loi  de  Moïse  était  remplacée 
|*arceUe  du  Seigneur  Jésus-Christ»  qu'elle 
avait  précédée  et  annoncée.  En  parcourant 
ainsi  le  pays  en  faisant  le  bien  et  en  annon- 
çant le  royaume  do  Dieu,  il  parvint  à  une 
^ille  de  Galilée»  nommée  Galis»  ce  qui  signi- 
tîe  en  latin  Ghiscala.  £t  entrant  dans  la  sy- 
BAftOgue»  il  se  mit  à  annoncer  »  d'après  TË- 
critttre»  le  Seigneur  Jésus,  fit  les  Juifs 


s'opposaient  avec  colère  à  ses  discours, 
maudissant  le  nom  sacré  du  Sauveur  et  pro<» 
férant  des  blasphèmes  et  des  injures.  Et 
comme  il  redoublait  de  zèle  pour  leur  prê- 
cher Jésus-Christ»  ils  le  prirent  et  le  liè- 
rent» et  ils  écrivirent  aux  princes  des  prêtres 
et  aux  anciens»  disant  :  «  Nous  avons  saisi  un 
disciple  de  ce  Jésus  qui  a  été  condamné  et 
qui  se  disait  le  Fils  de  Dieu;  nous  l'avons 
détenu  tandis  qu'il  soulevait  le  peuple  dans 
les  synagogues  et  sur  les  places  publiques. 
Voyez  ce  qu'il  convient  de  faire.  Nous  l'a- 
vons examiné  en  lui  adressant  beaucoup  de 
questions  au  sujet  de  la  loi»  et  nous  avons 
trouvé  un  homme  qui  agit  contre  la  loi»  mais 

3ui  la  connaît  parfaitement  et  qui  se  glorifie 
'avoir  eu  Siméon  pour  maître.  Il  est  d'une 
race  illustre  et  bien  vu  du  peuple  :  c'est 

Pourquoi  nous  avons  résolu  de  ne  rien  faire 
son  égard  sans  la  sanction  de  votre  au- 
torité. » 

Quelques-uns  des  princes  de  la  synago- 
gue dirent  :  «  Notre  loi»  frères»  comme 
vous  savez»  ne  punit  le  coupable  que  d'a- 
près des  témoins  dignes  de  foi»  comme  il  est 
éerit  :  «  Dans  la  bouche  de  deux  ou  trois  té- 
QQoins  toute  parole  sera  stable  et  personne 
ne  sera  puni  si  des  témoins  ne  Taccusent.  ji 
Mais  les  Juifs  répondirent  :  «  Nous  l'avons 
trouvé  qui  soulevait  le  peuple  dans  les  sy- 
nagogues, qui  provoquait  des  rassemble- 
ments dans  toute  la  Galilée  et  qui  propa- 
Seait  la  doctrine  de  Jésus  le  Nazaréen  (\\xi  a 
té  crucifié  d'après  le  jugement  des  princes. 
11  n'est  pas  une  ville  ni  une  bourgade  où 
cet  homme  très-exécrable  n'ait  répandu  la 
secte  nouvelle,  et  il  n'a  pas  craint  de  blas- 
phémer contre  Moïse»  contre  le  lieu  saint  et 
contre  la  loi.  C'est  ce  dont  nous  sommes 
témoins.  » 

I^  grand  prêtre  Ananus  dit  alors  :  «  Fai- 
tes-nous savoir  quel  est  son  nom.  x  Et  les 
Juifs  répondirent  M  11  se  nommeMattIiias»'et 
il  esi  natif  de  Bethléem.  »  Le  grand  prêtre 
dit  :  «Qu'il  soit  amené  ici»  car  il  ne  convient 
pas  que  ces  discours  au  sujet  de  Jésus  se  ré- 
pandent; s'il  a  péché  par  ignorance»  qu'il 
en  fasse  pénitence  ;  sinon»  qu'il  subisse  la 
peine  due  à  sà  prévarication.  »  Et  les  Juifs 
amenèrent  le  bienheureux  Matthias  devant 
le  conseil  des  prêtres  et  des  anciens.  Le 
grand  prêtre»  l'ayant  regardé»  dit  :  «  Tout  le 
conseil  sait  aussi  bien  que  l'univers  entier 
en  quel  opprobre  est  tombée  notre  nation» 
non  par  suite  de  nos  fautes»  mais  k  cause  dé 
la  perversité  d'un  petit  nombre  d'hommes 
qui  sont  sortis  d*enlre  nous  et  de  Tavarice» 
ou,  pour  parler  plus  exactement»  de  la  sé- 
vérité des  gouverneurs  romains.» 

«  Les  hommes  dont  je  parle»  avides  de  mer- 
veilles» ont  introduit  des  sectes  funestes  qui 
ont  perdu  des  milliers  de  Juifs»  et  qui  ont 
été»  vous  le  savez»  réprimées  par  les  princes 
romains.  Le  plus  grand  de  ces  hérésiarques 
a  été  Jésus  de  Nazareth»  qui»  se  disant  Dieu 
et  Fils  de  Dieu»  a  prétendu  abroger  l'obser- 
vation de  la  loi  »  et  qui»  par  ses  prestiges»  a 
attiré  sur  lui  les  regards  et  l'assendmenlde 
beaucoup  de  personnes.  Mais  à  auoi  boa  cea 


617 


niCTIONNAinE  DES  APOCRYPHES. 


M 


iiaroles?  Nous  savons  que  la  loi  donnée  par 
ieS  igneurk  Moïse,  confirmée  par  les  paroles 
et  1e^ allions  ries  patriarches,  a  été  observée 
par  les  prophètes  auxquels  Dieu  a  accordé  le 
don  de  faire  des  miracles  tels  que  Jésus  n*a  pu 
en  accomplir.  Qui  ne  sait  que  Moïse  s*est  en- 
tretenu avec  le  Seigneur  comme  un  homme 
avec  un  antre  homme?  Qui  ignore  qu'Ella 
a  été  enlevé  au  ciel  sur  un  char  de  feu,  et 
que  le  cadavre  d*Elisée,  ayant  été  jeté  sur  un 
mort,  ce  mort  est  ressuscité?  Qui  ne  sait 
que  les  autres  saints  prophètes  n*ont  ac- 
compli de  grands  miracles,  sans  qu'aucun 
it'eux  ait  eu  la  prétention  d*u5urper  le  titre 
de  Dieu  ou  de  vouloir  introduire  une  loi 
nouvelle?  Les  prophètes  ont  parlé  d*une 
voix  pleine  d'humilité;  ils  n'exprimaient  rien 
d'après  leur  volonté,  mais  selon  Timpulsion 
de  l'Ësprit-Saint  qui  les  entraînait.  Ce  Jé- 
sus, n'agissant  que  par  ostentation,  proférait 
des  paroles  vaines,  et  sa  déraison  en  était 
venue  au  point  qu*il  outrageait  les  princes 
des  prêtres  et  qu'il  traitait  d*hy[)0crites  les 
Seribes  et  les  Pharisiens.  Quel  prophète 
avait  jamais  eu  pareille  présomption?  Son 
audace  a  trouvé  une  juste  fin,  et  plût  à  Dieu 
que  sa  mémoire  périt  avec  lui,  et  qu'il  ne 
se  trouvât  personne  pour  rappeler  sa  doctrine 
A  la  vie.  Mais  il  n'en  est  pas  arrivé  selon  nos 
vœux.  Voici  que  le  temple  saint,  la  ville 
sainte,  les  lois  de  nos  ancêtres  sont  soumises 
à  un  uouverneur  romain  et  aux  lois  romai- 
Bes.  11  n'y  a  personne  qui  ait  pitié  de  nous, 
il  n'y  a  plus  de  juges  en  notre  nation.  Ce 
sont  surtout  ces  GaTiléens  qui  nous  livrent 
aux  mains  des  Romains;  ils  ne  rougissent 
pas  d'appeler  sur  nous  et  sur  notre  race  le 
sang  de  Jésus,  comme  étant  celui  d'un  inno- 
cent. Il  faut  donc  que  quelques  hommes 
jiérissent,  de  crainte  que  les  Utimains  ne  dé- 
truisent toute  notre  nation  et  notre  capitale. 
8i  des  deux  maux  on  ne  peut  éviter  l'un  et 
l'autre,  il  convient  de  choisir  le  moindre. 
Il  est  plus  sage  de  se  montrer  indulgent  pour 
des  hommes  égarés,  et  de  leur  offrir  des 
moyens  de  salut  que  de  se  réjouir  de  leur 
perte.  Nous  qui  sommes  au  milieu  des  pé- 
rils^nous  no  désirons  que  personne  soit  ex- 
{)0$é  au  danger,  mais  nous  nous  occupons 
avec  zèle  de  remplir  notre  devoir,  qui  con- 
siste à  relever  ceux  qui  sont  tombés,  à  cor- 
riger ceux  qui  s'égarent,  k  secourir  ceux 
qui  sont  en  détresse.  Que  cet  homme  que 
vous  amenés  éprouve  donc  la  douceur  de 
notre  âme;  il  est  libre  de  dire  tout  ce  qu'il 
voudra  pour  sa  défense  et  de  combattre  les 
assertions  de  ses  accusateurs.  • 
^  Alors  le  bienheureux  Matthias,  remplit  de 
l'Esprit-Saint,  éleva  les  mains  au  ciel  et  dit: 
«  Mes  frères,  ii  n'est  pas  à  propos  que  je 
(«arle    longuement  des  faits  que  vous  me 


bouche  de  son  prophète:  «  J'appellerai  dans 
les  derniers  jours  mes  serviteurs  par  uo 
autre  nom.  » 


(516)  HM.  xMi.  t^ 


Alors  le  grand  prêtre  Ananas  dit  :  <  Qiku? 
n'est-ce  pas  un  crime  que  de  regarder  1«  loi 
comme  n  ayant  aucune  valeur,  que  de  blas- 
phémer contre  Dieu  et  de  propager  des  (a- 
blés  superstitieuses  et  vaines?  »  Matthias 
répondit  :  «  Si  vous  écoutez  attentivement 
mes  paroles,  je  vous  montreiai  que  ce  quA 
nous  prêchons  n'est  point  un  amas  de  fa- 
bles, mais  une  chose  prouvée  dès  le  corn- 
mencement  par  les  témoignages  de  la  loi.  I^ 
Dieu  de  nos  pères  a  délivré  notre  pèreAbra* 
ham  du  pouvoirdes  Cbaldéens,  lui  promettant 
de  luidonner  la  terredeChanaan,  et  quoiqu'il 
n'eât  point  d'enfants,  et  que  sa  femme  Sara 
fût  stérile,  le  Seigneur  lui  promit  qu'il  au- 
rait un  fils,  et  Sara  enfanta  Isaac.  •  Et  le 
bienheureux  Matthias  retraça  ainsi  Thistclre 
des  patriarches,  expliqua  les  paroles  des  pro- 
phètes, montrant  que  c'étaient  des  signes  de 
Ja  venue  de  Jésus,  le  vrai  Messie.  Le  grand 
prêtre  l'entendant  parler  ainsi,  fut  rempli 
de  colère,  et  dit  :  «  Tu  veux  la  destruction 
de  la  loi.  Ignores-tu  qu'il  est  écrit  :  Si  un 
prophète  ou  on  imposteur  se  lève  en  Israël , 
afin  de  vous  détourner  de  la  loi  de  votre  Sei- 
gneur, qu'il  soit  mis  à  mort  (516)?  » 

Matthias  répondit  :  «  Loin  de  moi  de  re- 
noncer par  1  apostasie  à  la  vérité  que  j'ai 
trouvée  1  Je  confesse  de  cœur,  et  je  prérhe 
de  bouche  que  Jésus  de  Nazareth,  que  vous 
avez  renié,  est  le  vrai  Fils  de  Dieu  en  toutes 
choses,  consubstantiel,  coéternel  et  Cdé^ii 
au  Père.  Je  suis  l'esclave  de  Jésus>Chris(  ; 
je  ne  puis  Têtre  d'un  autre.  »  Alors  le  graui 
prêtre,  se  bouchant  les  oreilles  et  grinçant 
des  dents,dit  :  «  Cet  homme  a  blasphémé; 
qu'il  entende  la  loi.  •  Et  on  lut  la  loi,  qui 
dit  :  «  Tout  homme  qui  blasphémera  con- 
tre  Dieu  portera  son  péché,  et  celui  qui 
blasphème  le  nom  de  r£ternel  mourra  (StTj.f 

Et  comme  le  saint  apdire  n'était  ébranlé 
ni  par  des  menaces,  ni  par  des  paroles  ca- 
ressantes, le  grand  prêtre  rendit  contre  hn 
une  sentence,  et  dit  :  «  Ta  bouche  a  parlé 
contre  toi,  et  ton  sang  est  sur  ta  tête.  ■  El 
on  le  conduisit  au  supplice.  Lorsqu'il  fut 
venu  au  lieu  qu'on  appelle  Bethlaskila,  c'est- 
à-dire  maison  des  laj)idateur8,  il  recem- 
manda  qu'on  fit  silence,  et  il  dit  :  «  Quand 
je  verrai  la  face  du  Seigneur,  est-ce  que 
mon  ême  ne  vivra  pas?Hjrpocrites,  Davida 
bien  prophétisé  à  votre  sujet,  disant  :  «  li 
tendroot  des  embûches  à  l'ami  du  juste  et 
ils  vous  donneront  le  sang  innocent.» 

Deux  témoins  posèrent^  selon  le  voeu  de  la 
loi,  les  mains  sur  lui,  et  ils  jetèrent  les  prtf- 
mières  pierres.  Et  Matthias  demanda  Que 
ces  deux  pierres  fussent  ensevelies  avec  lui 

f>our  servir  de  témoignage.  El,  lapidé  i-ar 
es  Juifs,  il  fut  aussi  frappé  de  la  bacbe, 
selon  l'usage  des  Romainx,  afin  d'accorder 
en  cette  circonstance  an  témoigoige  de  dé- 
férence à  l'autorité  du  goavemenr  roDam. 
Et,  étendant  les  mains  vers  le  eiel,  il  rendit 
l'Ame  le  six  des  calendes  de  mars.  Il  futeo« 
seveli  {«r  quelques-uns  de  B€$  disciiles, 

(517)  UffiL  XXIV.  15,  !«. 


549 


MAT 


doot  les  noms  sont  :  Ldchis,  Kaph»  Himnu, 
Hemihdu,  SamueU  Simou  Naamen,  Joseph, 
IsQithely  Sicnéon,  Jean.  Ce  Jean»  abandonné 
de  la  grâce  de  Dieu,  apostasia  ;  les  autres 


PABT.  III.  —  LEGENDES  ET  TRAGMENTS.  MAT  !KiO 

Siersistèrent  dans  la  foi  de  Notre-Seigneur 
ésus-Christ  auquel  sont  honneur  et  ijloire 
avec  le  Père  éternel  et  le  Saint-Esprit  dai^s 
tous  les  siècles  des  siècles.  Amen. 


MATTHIEU. 

f Histoire  de  saint  Matthieu  diaprés  F  Histoire  apostolioue  d'Abdias^  K  ?ii. 


CHAPITRE  PREMIER. 

MaUbieUt  Surnommé  Lévi(518),  et  fils 
f  Âlphée,  fut  de  l'ordre  des  Publicains,  et  il 
en  sortit  pour  devenir  Tapôtre  de  Noire- 
Seigneur  Jésus-Christ  qui  l'appela  (519). 
Après  être  arrivé  à  la  dignité  d'apôtre  (520), 
il  ne  fil  rien  de  particulier  parmi  ses  com- 
pagnons jusqu'à  l'ascension  du  Seigneur 
dans  le  ciel.  Mais  après  qu'il  eut,  avec  les 
autres,  été  illuminé  par  TEsprît-Saint,  et 
qu'il  eut  reçu  l'ordre  d  aller  prêcher  l'Evan- 
gile dans  l'univers,  il  eut  l'Ethiopie  (521) 
pour  son  lot  dans  la  division  des  pays.  El , 
s'élant  rendu  dans  cette  contrée,  il  sèiourna 
dans  une  grande  ville  qu'on  appelle  Nadda- 
nT(522),  oïl  résidait  le  roi  Eglippus,  et  il 
j  avait  deux  magiciens,  nommés  Zaroes  et 
Arphaxal  qui  abusaient  le  roi  par  les  mer- 
Teillcs  qu'ils  faisaient,  de  sorte  qu'il  croyait 
qu'ils  étaient  des  dieux.  Et  le  roi  avait  en 
eux  une  foi  entière,  et  tout  le  peuple,  non- 
seulement  de  cette  ville,  mais  encore  des 
reliions  les  plus  éloignées  de  l'Ethiopie,  ve- 
uait  chaque  jour  pour  les  adorer.  Ils  fai- 
saient que  les  hommes  s'arrêtaient  soudain 
dans  leurs  mouvemenis,  et  restaient  immo- 
biles h  leur  volonté,  et  ils  privaient  à  leur 
gré  les  hommes  de  la  vue  et  de  l'ouïe.  Ils 
ordonnaient  aux  serpents  de  mordre,  com- 
me font  les  Marses  (523) ,  et  ils  guérissaient 
ensuite  par  leurs  enchantements.  Et,  comme 
on  dit  vulgairement,  on  montre  aux  mé- 
chants plus  de  respect  par  suite  de  la  crainte 
quoi  a  d'eux,  qu  on  n'en  montre  aux  bons 
par  suite  de  l'attachement  qu'on  leur  porte; 
aussi  ces  magiciens  étaient-ils  en  grande 
vénération  parmi  les  Ethiopiens. 

Hais  Dieu  qui,  comme  on  dit  souvent 

(318)  Quelques  auteurs  ont  supposé  que  Lëvi  et 
Mauliifto  éuieot  deux  personnes  différentes,  mais 
i opinion  consignée  ici  est  la  plus  répandue.  {Voy. 
la  ifoie  de  Fabricius,  Cod,  apoer»  Nov.  Tett.^  t.  1, 
p.  636. 

(51S)  Mmh.  IX,  6.  —  On  peut  remarquer  avec 
qiieUe  coneision  XEvang/ile  de  taini  MaUnieu  prie 
iiecequi  regarde  cet  apôtre  lui-mème.'Nous  y  lisons 
(iv,29)qoe  Jétius  l'appela  lursquMI  éuît  assis  au  bu- 
reaa  des  impôts  :  et  nous  vo^fons  que ,  dans  saint 
Marc  (n,  i4)  ainsi  que  dans  saint  Luc  (v,  27),  il  en 
êsi  rtitaount  de  Lévi,  fils  d*Alpbée.  La  plupart  des 
îDierprites  ont  pensé  quMl  s^agissait  d*une  même 
persoooe;  toutefois  Héracléon,  cité  par  Clément 
(l'Alexandrie,  pensait  quil  s*agissait  de  deux  indi- 
vidus différents  et  ccue  opinion,  qui  se  retrouve 
<bn8  ^rigéne  (Contra  Celsuin^  lib.  i,  c.  62)  a  été 
a^iée  par  quelques  critiques  modernes,  tels  que 
Groiius,  in  Maith.  .iv,  Michaelis,  Einieitung^  in  die 
foiUuktn  ickriften  des  Neuen  Bandes^  t.  Il,  p.  934. 

tit.  Ha$e,  Diiaictstt.  de  LevU  (dans  la  Bibliotheca 

iirmmîê,  dass.  5,  p.  475,  J.-F.  Friscb;  De  Levi 


règle  les  aemarches  des  nommes,  envoya 
contre  eux  son  apôtre  Matthieu.  Et,  étant 
entré  dans  la  ville»  il  commença  k  découvrir 
leurs  prestiges.  Il  défaisait,  au  nom  de  Je* 
sus-Christ,  toutne  qu'ils  faisaient  ;  il  rendait 
la  vue  k  ceux  qu*i!s  aveuglaient,  et  l'ouïe  à 
ceux  qu'ils  en  avaient  privés.  Il  plongeai! 
dans  le  sommeil  les  serpents  qu'ils  excilaient 
k  mordre,  en  faisant  le  signe  du  Seigneur; 
il  guérissait  de  leurs  morsures.  Un  eunuque 
éthiopien  ,  nommé  Candace  qui  avait  élé 
baptisé  par  Tapôtre  Philippe,  voyant  cela, 
tomba  aux  pieds  de  Matthieu,  et  dit  en  l'a- 
dorant :  «  Dieu  a  jeté  les  yeux  sur  cette  ville 
aBn  de  la  délivrer  des  mains  de  ces  deux  ma- 
giciens que  des  hommes  insensés  regardent 
comme  aes  dieux.  »  Et  il  recevait  Papôtre 
dans  sa  maison ,  et  tous  ceux  qui  étaient  les 
amisdereunuque Candace  venaient  k  lui,  et, 
entendant  la  parole  de  la  vie  ,  ils  croyaient 
au  Seigneur  Jésus-Christ.  Et,  chaque  jour, 
un  grand  nombre  d'hommes  étaient  baptisés, 
et  ils  croyaient  que  le  disciple  de  Dieu  répa- 
rerait tout  le  mal  que  les  magiciens  avaient 
fait;  ils  frappaient  de  maux  divers  tous  ceux 
qu'ils  pouvaient,  et  prétendaient  ensuite  les 
guérir  ;  cette  guérison  n'était  que  la  cessa- 
tion du  mal  qu'ils  avaient  infligé.  Mais  Mat- 
thieu, l'apôtre  de  Jésus-Christ,  guérissait 
non-seulement  tous  ceux  que  les  magiciens 
avaint  frappés,  mais  encore  tous  les  malades 
atteints  d'infirmités  diverses  qui  lui  étaient 
apportés.  Et  il  prêchait  au  peuple  la  vérité 
de  Dieu  de  façon  telle  que  tous  admiraient 
son  éloquence. 

CHAPITRE  II. 

Alors  l'eunuque  Candace,  qui  a^it  reçu 

cum  Matihœo  non  confundendOf  1764.  Hëradéon  a 
dit  que  Fapdtre  était  décédé  de  mort  naturelle,  tan« 
dis  que  la  plupart  des  anciens  auteurs  (Nicépbore, 
Isidore  de  Séville ,  etc.)  disent  qu'il  finit  ses  jours 
par  le  marrtyre. 

(520)  Maith.  x,  3. 

(521)C*est  ce  que  disent  RuBn,  Socrate,  le  Mar- 
tyrologe romain,  etc.  D'autres  auteurs  ont  indiqué 
divers  pays  comme  le  tbé&tre  des  prédications  <lo 
saint  Matthieu  ;  on  a  nommé  la  Macédoine,  la  Perse, 
la  Syrie. 

(bti)  Ce  nom  se  retrouve  dans  le  poème  de  ve» 
nance  Fortunat  (De  gaudio  vitœ  œternœ) 

Inde  triompbantem  fert  India  Bartholomsam, 
Matthcum  eximium  NsddiTer  alta  tirum. 

Le  Méiioioge  pubUé  par  Ughelli  dit  que  la  ville 
d^Hierapolis  fut  le  tbé&t  e  du  martyre  de  saint 
Matthieu  llialia  sacra,  t.  Vl,.p.  1136.) 

(523)  Virgde,  les  deux  Pliiies,  Lampride,  SoUn, 
etc.,  parlent  de  ce  pouvoir  sur  .les  serpents  nue  les 
anciens  aUribuaient  aui  Marses,  nation  de  1  Italie. 


(iSl 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


l'A 


Blatthieu  avec  beaucoup  d'aOection,  l*iater« 
roj$ea«  disant  :  «  Je  te  prie  de  me  faire  sa? oir 
comroent  il  se  lait  qu  étant  Hébreu,  tu  con- 
naisses les  tangues  grecque,  égy(>tienne  et 
éthiopienne,  si  bien  que  ceux  qui  sont  nés 
dans  ces  pays  ne  peuvent  pas  les  parler  avec 
autant  de  perfection  que  toi.  »  Et  l'apôtre 
répondit  :  «  Le  monde  entier  n'eut  d'abord 
qu'une  seule  langue  parlée  par  tous  les  hom- 
mes (524-525)  ;  mais  il  se  ré[)antiit  parmi  les 
liommes  une  présomption  telle  Qu'elle^  les 
porta  h  vouloir  élever  une  tour  d  une  hau- 
teur telle  que  son  sommet  tonchAi  le  ciel. 
Dieu  tout-puissant  châtia  celte  présomption 
en  faisant  qu'ils  ne  pouvaient  plus  se  com- 
prendre les  uns  les  autres  ;  il  y  eut  urte 
grande  variété  parmi  les  idiomes ,  et  la  fa- 
iMilié  de  s'entendre  qui  résultait  de  Pusage 
<l*une  seule  langue  ne  subsista  plus.  L'in- 
4enlion  de  faire  une  tour  dont  le  sommet 
f)arvlnt  jusqu'au  ciel  était  bonne»  mais  la 
présomptioUf  qui  voulait  parvenir  aux  cho- 
ses saintes  autrement  que  par  des  mérites 
saints,  était  mauvaise.  Le  Fils  de  Dieu  tout- 
puissant,  en  venant  en  ce  monde»  a  voulu 
montrer  par  quel  genre  d'édiûce  nous  pou- 
vons parvenir  au  ciel,  et  il  nous  a  envoyé 
du  haut  du  ciel  TËsprit-Sainl  à  nous»  ses 
douze  <lisciples,  lorsque  nous  étions  réunis 
dans  un  même  lieu»  et  il  est  venu  sur  cha- 
cun de  nous,  et  nous  avons  été  enflammés 
comme  le  fer  est  enflammé  par  le  feu.  Et» 
lorsque  sa  splendeur  se  fut  dissipée  »  ainsi 
que  notre  crainte»  nous  avons  commencé  à 
parler  aux  gentils  en  diverses  langues,  et  à 
annoncer  les  merveilles  de  la  nativité  de  Jé- 
sus-Christ» et  comment  le  Fils  unique  de 
Dieu»  dont  personne  ne  connaît  l'origine 
avant  les  siècles,  est  venu  au  monde»  et 
comment  il  est  né  du  sein  de  la  Vierge  Ma- 
rie, il  a  été  nourri  et  allaité  par  une  vierge 
sans  tache,  «t  comment  il  a  été  instruit»  bap- 
iisé»  et  tenté»  et  comment  il  a  souffert»  ^st 
mort»  a  été  enseveli»  «t  est  ressuscité  te 
troisième  jour.  Et  il  est  monté  au  ciel»  pour 
s'asseoir  à  la  droite  de  Dieu  Tout- Puissant» 
<J'où  il  viendra  juger  le  monde  entier  par  le 
feu.  Et  ce  ne  sont  pas  seulement  ces  quatre 
langues  que  nous  savons»  comme  tu  le  pen- 
ses; mais  nous  qui  sommes  les  disciples  do 
Jésus  crucifié»  nous  savons  non  imparfaite- 
ment» mais  entièrement  les  langues  de  tou- 
tes les  nations.  Et,  quel  que  soit  le  peuple 
chez  lequel  nous  puissions  aller»  nous  con- 
naissons parfaitement  sa  langue.  Et  mainte- 
nant» pour  tous  ceux  qui  sont  baptisés  au 
nom  du  Père»  et  du  Fils,  et  du  Saint-Esprit» 
il  s'élève  une  tour»  non  avec  des  pierres» 
mais  avec  la  vertu  de  Jésus»  et  la  tour  que 
Jésus-Christ  élèveainsi»  leur  est  ouverte,  et 
ils  y  montent  jusqu'à  ce  qu'ils  parviennent 
aux  royaumes  des  cieux.  » 

CHAPITRE  IIL 

Et  TapAtre  ayant  dit  ces  choses  et  d'au- 
ires  semblables,  quelqu'un  vint  annoncer 


q^ie  les  magiciens  arrivaient  avec  des  dra- 

Sons.  Et  ces  dragons  étaient  d'une  gran>ieiir 
norme»etieursoufiIerépandailQneardeureri- 
flammée, et  ils  jetaient  par  les  narines  des  va- 

fleurs  sulfureuses  dont  l'odeur  faisait  mourir 
es  hommes.  Et  Matthieu»  se  fortifiaot  du 
signe  de  la  croix,  avança  tranquillemeot  aa- 
devant  d'eux»  et  Gandace»  ayant  fait  fermer 
les  portes,  voulut  l'en  empAcher»  et  dit: 
t  Parle»  je  t'en  prie»  par  la  fenêtre  à  ces 
masiciens»  si  tu  le  trouves  boa.  »  Et  TapA- 
tre  lui  dit  :  «  Ouvre-moi  la  porte»  et  tu  ver- 
ras par  la  fenêtre  l'audace  de  ces  magi- 
ciens. »  Et  quand  la  porte  fut  ouverte,  et 
que  l'apêtre  sortit»  voici  uue  les  deux  ma- 
giciens» précédés  chacun  d'eux  de  son  «ira- 
gon»  vinrent  au-devant  de  lui.  Mais  quand 
ils  se  furent  approchés»  les  deux  dragous 
s'endormirent  aux  pieds  de  l'apôtre.  £t  la- 
pôire  dit  aux  magiciens:  <  Où  est  voire 
science  7  » 

«  Ranimez»  si  vous  pouvez»  ces  dragons.  Si 
je  n'avais    pas   invoqué  Jésus-Cbrist»  moa 
Seigneur»  ils  auraient  tourné  contre  vous 
toute  cette  fureur  que  vous  vouliez  qu'i  s 
eussent  contre  moi.  Mais  ils  sont  endorffli5, 
et  comme  personne  n'ose  approcher  d'eus, 
je    les  réveillerai  et  je  leur  ordonnerai  de 
retourner,  pleins  de  douceur»  è  l'endroit  d'où 
ils  viennent.  »£t  Zaroêset  Arphaxat  cher- 
chaient par  leur  art  magique  à  ranimer  l(  i 
dragons,  mais  ils  ne  pouvaient  ni  leur  faire 
ouvrir   les  yeux»  ni  leur  faire  faire  aucun 
mouvement.  Et  le  peuple  s'adressait  tnc 
prière  à  l'apAtre»  disant:  «  Nous  te  conjun  ns 
seigneur»  de  délivrer  notre  cité  de  ces  mons- 
tres. »  L'apôtre  répondit:  «  Ne  craignez  rien, 
je  fer^i  qu'ils  s'éloignent  d'ici  sans  faire  le 
moindre  mal.  »  Et  s'étant  tourné  vers  Ic^ 
dragons»  il  dit:  «  Au  nom  de  mon  Seigneur 
Jésus-Christ»  qui  a  été  conçu  de  I'Esitii- 
Saint  et  qui  est  né  de  la  vierge  Marie,  ei 
qui  a  été  livré  par  Judas  aux  Pharisiens,  et 
qu'ils  ont  crucifié»  et  qui,  enseveli  après  >a 
mort,  est  ressuscité  le  troisième  jour,  et  qui 
a  conversé  avec  nous  durant  quarante  jours 
nous  enseignant  ce  qu'il  avaiienseigné  avant 
sa  Passion»  nous  rappelant  toutes  les  choses 
qu'il  avait  dites  et  qui»  après  quarante  jour5, 
est  monté  au  ciel  en  notre  présence,  et  qui 
est  assis  è  la  droite  de  Dieu  le  Père»  d'où  il 
viendra  juger  les  vivants  et  les  morts  :  tu 
son  nom  et  par  sa  puissance,  ranimez-vous. 
Et  je  te  conjure»  Esprit-Sainr,de  faire  qujii 
reviennent»  en  toute  douceur»  au  lieu  ilCù 
ils  sont  partis,  ne  faisant  de  mal  à  personne, 
è   aucun  homme»  è  aucun  ({uadrupède  et  a 
aucun  oiseau.  »  Et,  à  sa  voix»  les  dragons 
élevant  leurs  tètes»  commencèrent  è  se  inou- 
voir,  et  les  portes  étant  ouvertes»  ilssortirrni 
è  la  vue  de  tout  le  peuple,  et  depuis  iJ»  i>J 
reparurent  jamais. 

CHAPITRE  IV. 

Ensuite  l'apdtre  s'adressa  ainsi  au  peuple: 
<  Ecoulez,  mes  frères  et  mes  tils,  et  vous 


(&i4-5i5)  CtH.  Il,  I .  -.  Ce  passage  a  grandement      Fabricius»  Cod.  apocr.  Nov.  Tisi.^  1. 1,  ^  6*0.) 
«ercé  les  iiitcrpicies  modernes.  (  Vof.  la  note  da 


85S 


MAT 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAT 


651 


tous  qui  roulez  délivrer  ces  ftmesdu  véritable 
dragoo  qui  est  le  diable.  Dieu  m'a  envoyé 
rers  tous  pour  vous  sauver»  afin  qu^aban- 
donnant  la  vanité  des  idoles»  vous  vous  con- 
Tertissiez  vers  celui  qui  vous  a  créé.  Dieu, 
jor$qu*il  fit  le  premier  homme»  le  plaça  dans 
un  lieu  de  délices  avec  sa  femme  quMI  avait 
liréede  sa  oôle.  Le  paradis  des  délices  est  au- 
dessus  de  toutes  les  montagnes  (526)  et  il  est 
proche  du  ciel»  et  il  n*y  a  rien  en  lui  qui 
puisse  être  contraire  à  la  santé  de  Thomme. 
Les  oiseaux  ne  s'y  effrajrentpas  de  l'aspect 
e(da  bruit  de  Thomme»  ;  il  n'y  croît  ni  épi- 
nes, Di  ronces;  les  roses  et  les  lis  ne  s'y  flé- 
trissent pas»  les  fleurs  n'y  passent  point,  on 
n'y  éprouve  ni  fatigue»  ni  aucune  maladie  ; 
laVistesse»  la  douleur  et  la  mort  n'y  ont  au- 
cun accès.  Le  veni  qui  y  souflle  est  toujours 
é^^\  et  doux  et  il  apporte  l'éternité  aux  na- 
rives.  Car  de  même  que  la  vapeur  de  l'en- 
cens chasse  les  odeurs  fétides,  de  même  les 
narines  y  respirent  la  vie  éternelle»  qui  ne 
permet  à  l'homme  de  ressentir  ni  fatigue»  ni 
souffrance,  mais' d'être  toujours  jeune,  tou- 
jours allèi^re  et  exempt  de  tout  changement. 
Les  instruments  de  musique  des  anges  s'y 
font  toujours  entcndreetdes  voix  mélodieu- 
ses retentissent  aux  oreilles.  Et  il  ny  a 
la  iii  serpent»  ni  scorpion,  ni  mouche»  ni 
ducun  animal  préjudiciable  à  rhomme;  les 
liuns,  les  tigres»  et  les  léopards  s'y  associent 
avec  les  tiomaies  et  tous  les  ordres  que 
l'hoDime  donne  aux  bêtes  et  aux  oiseaux 
5oni  exécutas  avec  un  empressement  respec- 
tueux. Quatre  fleuves  arrosent  ce  paradis; 
l'un  s'ap{)eile  le  Géon»  le  second  le  Pliison» 
le  troisième  le  Tigre»  et  le  quatrième  l'Eu- 
plirate(d27).  Ils  abondent  en  poissons  de  tout 
genre.  Nul  aboiement  de  chiens,  ni  rugisse- 
ment de  lion  ne  se  fait  entendre;  tout esi 
<alme,  doux  et  tranquille.  La  face  du  ciel 
o)' est  jamais  voilée  par  des  nuée^;,  les  éclairs 
n'y  brillent  pas  et  le  tonnerre  n'y  gronde 
point,  mais  il  y  a  une  joie  sans  fin  et  une 
fête  qui  ne  coooait  pas  de  terme. 

CHAPITRE  V 

Je  YODS  ai  dit  qu'il  n'v  avait  pas  de  ser- 
pent dans  le  paradis,  et  la  cause  en  est  que 
le  diable  avait  déjà  exercé  par  lui  son  envie» 
^t qu'ayant  été  maudit  de  Dieu»  le  maudit 
lie  pouvait  séjourner  dans  un  lieu  béni. 
L'ange  fut  saisi  de  jalousie  (528)  quand  il  vit 
que  fimage  de  Dieu  existait  dans  l'homme» 
<^i  qull  était  possible  à  l'homme  de  s'entre- 
tenir avec  tous  les  animaux  dans  ce  séjour 

(ji6)  Cest  aussi  ce  qo*avince  le  livre  éihtopien 
w  Combat  d'Adam  qui  fait  partie  du  1"  volume  de 
coine  bkiiùnnaire  d€ê  Apocryphei.  La  même  opinion 
le  retrouve  dans  d'autres  auteurs.  (Voy.  Peiau,  De 
^^0  les  digmm.'U  ii,  c.  5).  Albert  le  Grand 
^^^mma ihiohgiœ^l^n.  n,traci.i5,  qu.79)avatice» 
nous  ne  savons  d*apré»  quelle  autorité»  que  Tapètre 
^i»i  TlioiiUtf  représentait  le  paradis  comme  étant 
d  on<  ti^iuteur  telle  qu*il  aUeignait  la  Lune. 

(Si7)  iien.  ii,  i0*14. —  Ces  fleuves  ont  donné  lieu 
^  <le  longues  discussions,  M.  Caben  rend  ainsi  les 
nom»  que  |(.Qr  ikinne  le  texte  hébreu,  lePicbon,  le 
^'Uicboii,  rHidekel  et  l'fekiplirate. 

DicTio?iN.  DES  Apocryphes.  IL 


'  deiélicité.  C'est  pourquoi  l'ange»  ayant  con^u 
/de  l'envie»  entra  dans  le  serpent  par  la  puis- 
sance angMi(]ue  et  persuada  à  la  femme 
d'Adam  de  manger  du  fruit  de  l'arbre  auquel 
Dieu  leur  avait  défendu  de  toucher  sous 
peine  de  mort.  Et  après  avoir  péché»  la  fem- 
me séduisit  l'homme.  Et  tous  deux  étant 
prévaricateurs»  furent  exilés  dans  cette  terre 
aride  et  déserte,  étant  chassés  de  la  région 
de  la  vie  dans  la  région  de  ia  mort  ;  et  1  au- 
teur de  leur  faute»  caché  dans  le  serpent» 
subit  la  malédiction  éternelle.  Et  le  Fils  de 
Dieu»  qui,  selon  l'ordre  du  Père»  avait  fait 
•  l'homme  (529)»  ayant  compassion  de  l'é- 
tal de  l'homme»  daigna»  pour  secourir  notre 
misère»  prendre  la  forme  humaine  sans  quit- 
ter sa  divinité.  Et  c'est  cet  homme,  Jésus- 
Christ»  qui  a  de  nouveau  racheté  l'homme 
et  qui  a  vaincu  le  diable'en  souffrant  sur  la 
croix,  et  en  supportant  les  dérisions  et  les 
insultes,  il  a  vaincu  la  mort  en  mourant,  afln 
d'ouvrir  le  paradis  en  ressuscitant.  Et  atia 
que  personne  ne  pût  douter  que  tous  ceux 
qui  croient  en  Jésus-Christ  ne  pussent  y  en- 
trer» le  f|remier  qu'il  y  a  introduit  est  le 
larron  qui»  étant  cruHSe,  a  reconnu  la  jus- 
tice de  sa  condamnation»  et  il  a  ouvert  le 
paradis  à  toutes  les  âmes  saintes  qui  sortent 
de  ce  corps.  Et  au  dernier  jour»  il  ouvrira 
aussi  les  royaumes  célestes  à  tous  les  res- 
suscites qui  seront  dignes  d'y  entrer.  Et 
notre  père  charnel  Adam»  expulsé  du  paradis» 
nous  a  tous  engendrés  dans  l'exil»  mais  Jé- 
sus-Christ nous  a  ouvert  les  portes  du  para- 
dis» afin  que  nous  retournions  à  cette  patrie 
où  la  mort  n'a  point  de  place,  et  où  dure  une 
joie  continuelle. 

CHAPITRE  VI. 

Et  tandis  que  Tapôtre  disait  ces  choses  et 
d'autres  semblables»  voici  qu'il  s'éleva  sou- 
dain un  tuinulle  môle  de  plaintes»  oarceque 
le  fils  du  roi  venait  de  mourir.  Et  les  magi- 
ciens, ne  pouvant  le  ressusciter»  s'efforçaient 
de  persuader  au  roi  qu'il  avait  été  enlevé 
par  les  dieux  afin  de  prendre  place  parmi 
eux»  et  qu'il  fallait  lui  élever  un  (emple  et 
lui  ériger  une  statue.  Et  quand  l'eunuque 
Candace  apprit  ces  choses»  il  alla  vers  la 
rené  et  lui  dit  :  «  Ordonne  de  faire  garder 
ces  magiciens»  et  je  te  prie  de  faire  venir  à 
nous  Matthieu»  Tapôtre  de  Dieu.  Et  s'il  res- 
suscite ton  fils»  tu  feras  brûler  vifs  ces  ma- 
'  giciens»  parce  qu'ils  sont  la  cause  de  tous  les 
maux  qui  surviennent  dans  notre  cité.  »  Et 
Candace»  homme  honorable  (530}»  attaché  à 

(528)  On  pourrait  citer  à  cet  égard  les  passages 
empruntés  à  divers  auteurs  ;  nous  nous  bornerons 
à  transcrire  deux  lignes  de  saint  Augustin  (tract.  5 
tn  /  ioan,),  i  Et  diabolos  iiividendo  dejectt.  Ccci- 
ditenim  et  Invidit  stanti.  Non  ideo  vokiit  dejicere 
ut  ipse  staret ,  sed  ne  solus  caderet.  >  {Voy.  d*ail- 
leurs  la  note  de  Fabricius»  Cod,  apocr.  Nov.  Teil.» 
1. 1,0.647.) 

(529)  Gen.  i,  96;  Pgûl.  xxxii.  9.  —  Foy.  Petau, 
De  Trimtaie^  1.  n»  c.  7;  et  Bull»  Defemio  fidei 
Nieœnœ^p.  68  et  135. 

(550)  Saint  Irénée  (lib.  Hi»  c.  4t)  ;  saint  Jérôme 
(oa  /m.  I.  iti)  et  Ëusébe  (flift.  eccle$.^  I.  ii,  c.  I)» 

18 


èS5 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


554 


la  personne  du  roi  »  envoya  des  émissaires 
yers  l'apôtre»  et,  l'ayant  prié  de  yenir»  il 
Tintroduisit  avec  respect  auprès  du  roi.  Et 
Matthieu  étant  entré  »  Euphenisse,  la  reine 
des  Ethiopiens,  se  jeta  à  ses  genoux  et  dit  : 
«  Je  te  reconnais  pour  Tapdtre  de  Dieu  en- 
Toyé  pour  le  saiut  des  nommes»  et  pour  le 
disciple  de  celui  qui  ressuscitait  les  morts 
et  qui  guérissait  toutes  les  maladies.  Viens 
et  invoque  son  nom  sur  mon  tils  qui  est  mort, 
et  je  crois  que  si  lu  le  fais,  il  reviendra  à  la 
vie.  »  L'apôtre  lui  répondit  :  <i  Tu  ne  m*as 
pas  encore  entendu  prêcher  la  parole  de  Jé- 
sus-Christ» mon  Sauveur»  comment  dis-tu 
donc  :  Je  crois  ?  Sache  que  ton  (lis  te  sera 
rendu.  »  Et  étant  entré»  il  étendit  ses  mains 
vers  le  ciel  et  il  dit  :  «  Dieu  d'Abraham» 
Dieu  d'IsaacetDieu  de  Jacob,  qui,  pour  nous 
sauver»  as  envoyé  ton  Fils  unique  du  ciel 
sur  la  terre  aOn  qu'il  nous  retirât  de  l'er- 
reur et  qu'il  te  montrât  à  nous  comme  le 
vrai  Dieu»  souviens-toi  des  paroles  de  Noire- 
Seigneur  Jésus-Christ»  ton  Fils  (531)  :  En 
vérité f  ie  vous  le  dii^  tout  ce  que  vous  deman- 
derez a  mon  père  en  mon  nom,  il  vous  le  don^ 
liera.  Et  afin  que  les  nations  sachent  qu*il 
n'y  a  que  toi  de  tout-puissant,  et  que  ce  que 
j*a(ïïrme  à  cet  égard  est  la  vérité,  que  cet  en- 
fant se  ranime,  n  Et  prenant  la  main  du 
mort,  il  dit  :  «  Au  nom  de  mon  Seigneur  Jé- 
sus-Christ le  Crucifié,  lève-toi,  Euphranor.  n 
Et  aussitôt  Tenfantse  leva.  Et  le  cœur  du  roi 
fut  effrayé  en  voyant  ce  prodige»  et  il  or- 
donna de  porter  à  Tapôtre  des  couronnes  et 
de  la  pourpre  (532).  E(  il  envoya  des  hérauts 
dans  la  ville  et  dans  les  diverses  provinces 
de  l'Ethiopie,  disant  :  «  Venez  à  la  ville,  et 
voyez  Dieu  sous  l'image  d*un  homme.  » 

CHAWTRE  Vil. 

Et  une  multitude  arriva  portant  des  fiam- 
beaux  et  des  pierres  (533)  et  allumant  de 
l'encens  et  se  livrant  aux  rites  des  sacrifices» 
et  Matthieu»  l'apôtre  du  Seigneur,  parla  au 
peuple  en  ces  termes  :  «  Je  ne  suis  pas  Dieu» 
mais  je  suis  Tesclave  de  Jésus-Christ»  mon 
Seigneur»  le  Fils  de  Dieu  tout-puissant  qui 
m'a  envoyé  vers  vous  afin  qu'abandonnant 
l'erreur  de  vos  idoles,  vous  vous  convertis- 
siez au  vrai  Dieu.  Si  vous  me  prenez  pour 
un  Dieu»  moi  qui  ne  suis  qu*un  homme 
comme  vous»  combien  devez-vous,  h  plus 
forte  raison»  croire  à  ce  Dieu  dont  j*avoue 
que  je  suis  le  serviteur»  et  au  nom  duquel 
j  ai  ressuscité  le  fils  du  roi.  Et  maintenant» 
ôtez  de  devant  mes  yeux  cet  or  et  cet  argent, 
et  ces  couronnes  d*or»  vendez-les  et  élevez 
un  temple  au  Seigneur»  et  réunissez-vous-^ 
afin  d'entendre  la  parole  du  Seisneur.  »  Et 
quand  U  eut  parlé  ainsi»  onze  mille  hommes 

disent  queCandace  introduisit  la  foi  chréiieone  dans 
rEibiopie. 

<55l)  Joan.  ivi,25. 

(552)  Le  sens  de  ce  passage  paraît  mal  interprété 
par  Laiiut  qui  croit  qu*U  8*agit  de  couronnes  civi- 
c|ues  telles  que  celles  que  décernaient  les  Romains. 
Mous  croyons  que  le  roi  voulail  donner  à  Mauhicu 
les  attributs  de  la  souveraineté. 

(535)  Des  pierres  pour  coniiruire  des  autels»  ou 


s'étant  rassemblés  »  achevèrent  en  trente 

Curs  la  construction  de  Téglise  sainte.  Et 
atthieu  appela  ce  temple  Résurrection, 
parce  qu'une  résurrection  avait  été  I  occa- 
sion de  sa  construction.  Et  Matthieu  resta 
vingt-trois  ans  dans  cette  église,  et  il  ;  éta- 
blit des  prêtres  et  des  diacres»  et  il  ordonna 
des  évèques  dans  les  diverses  villes,  et  il 
éleva  un  grand  nombre  d'églises  dans  des 
lieux  divers.  Et  le  roi  Eglippus  fut  b«plbé 
ainsi  que  la  reine  Euphénisse  et  Euphranor, 
son  fils»  qui  avait  été  ressuscité,  et  sa  fi'.ie 
Iphigénic  (534),  qui  resta  vierge  consacrée  à 
Dieu.  Et  les  magiciens,  saisis  de  frayeur, 
s'enfuirent  chez  les  Pers  s.  11  serait  lon^  do 
raconter  combien  d'aveuj^les  recouvrèrent  Ia 
vue»  combien  de  paralytiques  furent  guéris. 
combien  de  possédés  du  démon  délivrés  et 
combien  de  morts  furent  ressuscites  par  l'a- 
pôtre. Et  ce  roi  fut  très  attaché  à  la  foi  aimi 
3ue  son  épouse  et  toute  l'armée  et  le  peuple 
'Ethiopie.  Il  serait  aussi  trop  long  de  dire 
combien  d^idoles  furent  détruites  et  de  tem- 
ples renversés,  et  lai  sant  de  cdté  tontes  ces 
choses  à  cause  de  leur  abondance,  nous  pas- 
serons à  ce  qui  concerne  la  passion  du  saint 
a^)ôtrc. 

CHAPITRE  VIII. 

Peu  de  temps  après»  le  roi  Eglippus,  aéro- 
bie de  vieillesse,  s'en  retourna  vers  le  Sei- 
gneur, et  Hyrtaque»  son  frère  jumeau,  se 
mit  à  la  tête  du  gouvernement.  Et  il  voulut 
prendre  pour  femme  Iphigénie,  lillo  du  nà 
défunt,  qui  s'était  déjà  consacrée  k  Jésus- 
Christ,  et  qui,  ayaut  reçu  le  saint  voile  de 
la  main  de  rapâlre,  était  h  la'tèle  d'une  con* 
grégation  de  plus  de  deux  cents  vierges,  et 
le  roi  Hyrtaque  espérait  que  Tapôtra  la  dé- 
ciderait à  se  rendre  à  ses  désirs.  C'est  pur- 
quoi  il  se  mit  en  rapport  avec  ie  bienheu- 
reux Matthieu,  disant  :  «  Reçois  la  moitié  d*^ 
mon  royaume  (535)»  pourvu  que  je  puisse 
épouser  Iphigénie.  v  Et  le  bienheureux  apô- 
tre lui  dit  :  «  Conforme-toi  à  la  pieuse  habi- 
tude de  ton  prédécesseur,  qui  se  rendait 
chaque  jour  du  sabbat  (536)  h  Tendroit  où  je 
prêchais  la  parole  de  Dieu»  et  ordonne  que 
toutes  les  vierges  gui  sont  avec  iphigéni'^ 
s'y  réunissent  aussi»  et  tu  entendras  touies 
les  louanges  que  je  donnerai  devant  le  peu- 
ple k  un  mariage  heureux  et  tous  les  avan- 
tages que  je  montrerai  s*y  trouver»  et  com- 
bien une  union  sainte  est  agréable  è  Dieu.  • 
Et  Hyrtaque»  fenlendant  (>arler  ainsi,  se 
félicita»  et  il  ordonna qu'Iphigénie  assisterait 
aussi  à  cette  réunion»  comptant  qu*elle  en- 
tendrait de  la  bouche  de  l'apôtre  qu  elle  de* 
vait  devenir  sou  épouse. 


des  autels  portatifs.  L^usage  des  flambeiai  djt« 
les  cérémoniea  est  fort  aueieii  ;  Ëusèbe  eo  parl«.  \l>* 
vita  ConiCanitm,  I.  ii,  c.  5.) 

(554)  Tous  les  noms  de  la  famille  rojate  d*Cibio- 
pie  font  grecs,  indice  ceruio  de  suppositiofi. 

(555)  Marc,  vi,  23. 

(536)  Le  mot  de  aabbat  au  Heu  de  celai  de  «di- 
manche se  trouve  parfois  dans  les  anciens  aiiia«rs 
chrétiens.* 


S57 


MAT 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAT 


fôS 


CHAPITRE  IX. 


El  on  grana  silence  s*étflnl  fait  dans  l'as- 
semblée, TapAlre»  ooTrant  la  bouche,  dit  : 
f£coatezmes  paroles,  à  vous  tous,  Gis  de  TE- 
glis«,  écoutez  et  comprenez  toutes  colles  c|ue 
?ous  entendez ,  afin  qu'elles  restent  écrites 
dans  vos  cœurs.  Votre  Dieu  a  béni  les 
noces  (537)  et  il  a  permis  h  Tamour  corporel 
de  dominer  dans  les  sens  de  la  chair,  afin 
gue  rhomme  aime  son  épouse  et  que  la 
lemae  chérisse  son  mari  (538).  Voici  que 
nous  avons  vu  fi'équemment  qu*il  arrivait 
que  la  femme  détestait  son  marijusqu*à  vou- 
loir le  faire  périr  par  le  poison  ou  par  le 
fer,  ou  jusqu*à  demander  le  divorce.  De 
mèoDe fhomm^^  abhorre  parfoissa compagne. 

Qu'arriveraitMl  si  ce  stimulant  de  l'amour 
charnel  n'était  pas  accordé  !  Si  c«^  stimulant 
eierce  son  usage  avec  l'amour  de  Dieu,  et  si 
rhomme  prend  sa  femme,  et  la  femme  son 
mari  par  amour  pour  leurs  enfants,  il  est 
bon  et  n'est  point  contraire  au  précepte  de 
Diea,  mais  il  faut  que  la  femme  n'ait  aucun 
rapport  avec  un  autre  homme,  et  que  le  mari 
ttt  en  horreur  tout  commerce  avec  une 
fêoiiBa  élcangère.  Car  la  règle  de  Dieu,  si 
elle  est  observée  par  les  époux,  les  purifie 
de  la  sooillttre  dtt  commerce  charnel.  Les 
souillures  corporelles  sont  lavées  aut  yeui 
de  Dieu  |>ar  le  moyen  des  aumônes  et  des 
œa?res  de  miséricorde;  ce  i>e  sont  pas  des 
crimes;  ceux-ci  ne  peuvent  se  laver  qu« 
dans  les  larmes  de  la  pénitence.  Le  mariage 
entraine  donc  la  souilhire  du  commerce 
charnel,  mais  il  n'est  pas  criminel.  Cepen- 
dant à  certains  jours  tels  c[ue  ceux  du  Ca- 
rême et  aux  temps  prescrits  pour  les  jeû- 
nes (539),  celui  qui  ne  s'abstient  pas  de  l'u- 
sage des  viandes  ainsi  que  du  rapproche- 
ment  des  corps,  n'encourt  pas  seulement 
une  souillure,  il  commet  un  crime.  Manger 
Q*est  pas  un  crime,  mais  manger  ce  qui  est 
défendu  est  un  péché  et  un  crime.  Si  quel- 
qu'un prend  d'abord  de  la  nourriture  char- 
nelle, et  que  le  même  jour,  après  en  avoir 
fait  usage,  il  ose  prendre  la  nourriture  spi- 
rituelle, il  est  criminel  et  audacieux  (5^0) , 
non  pour  avoir  mangé,  mais  pour  avoir 
mangé  des  aliments  charnels  contre  l'ordre 
et  contre  la  justice  et  conlre  la  règle  de 
Dieu.  Ce  n'est  pas  ce  que  lait  l'homme  qui 
le  rend  coupable;  c'est  que  la  répréhensi- 
bililé  de  l'action  à  laquelle  il  vient  de  se  lir 
vter  le  condamne.  Nous  voyons  souvent  des 
homicides  adorer  des  statues  et  des  images, 
celui  quitue  un  ennemi  de  la  paix,  un  barbare 
et  un  voleur,  est  un  homicide,  et  pourtant 
il  D*est  pas  regardé  comme  un  meurtrier, 

(557)  Cen.  i,  98. 

(538)  TU.  Il,  4. 

(539)  Voy.  Mabillon.notes  sur  Tépitrede  Waselon, 
!k  contineniia  eonjugaiorum  anie  communionem. 
{ifiiceiL^  1. 1,  P..345,  el  EUm.  Marieue,  De  anliquii 
tuiaiœ  ritibut^  lib.  i,  p.  2.) 

(540)  La  prescriptiun  d*éire  à  jeun  pour  recevoir 
1^  saiaie  coiomuuion  remonte  à  une  anliquité  des 
plus  reculées.  Saint  Augustin  ^enist.  ilS)  atteste 
qae  lel  éuit  l'usage  de  louie  TEglise.  (  Vou»  la  nuia 
^  Fibricius  sur  ce  passage  d'Abilias,  Cod,  apoery, 
A«.  Tut..  I.  I,  p.  650.) 


3 


non  que  Tbomicide  soit  un  bien,  mais  parce 
^u'il  est  innocent  d'un  meurtre  commis  dans 
es  intentions  perverses.  Et  souvent  le  ma- 
riage qui,  par  sa  nature  est  un  mal,  peut 
devenir  un  bien  par  suite  de  la  cause  qui  le 
produit  (5^1).  Car  si  tu  peux  te  cacher  à  ton 
ennemi  qui  veut  te  frapper  et  qu'il  cherche 
où  tu  es  retiré,  tu  peux  non-seulement  nier, 
mais  encore  affirmer  avec  serment  ce  qui  n'est 
pas.  Le  mensonge  et  le  parjure  sont  un  dou- 
ble mal,  maiscesmauxs'eSbrcentdeproduire 
unbonfruit.Dieun'apascirconscritleslimites 
de  nos  actions  avec  une  rigueur  telle  que  ta 
puisses  dire  :  J*ai  craint  de  mentir  et  c'est 
pourquoi  j'ai  livré  un  homme»  ou  dire  :  J'ai 
craint  de  perdre  un  peu  d'argent,  c'est 
pourquoi  i'ai  encouru  la  perte  d'une  énorme 
quantité  d'or.  Il  y  a  des  actions  qui  ne  sont 
point  mauvaises  par  leur  nature  elle-même, 
mais  par  suite  de  notre  dérèglement.  Car  si 
c>4ui  qui  n'a  pas  encore  été  arrosé  de  l'eau 
céleste,  ^se  recevoir  les  mystères  des  sacre- 
ments, il  convertit  en  crime,  une  chose 
bonne,  et  par  là  il  encourt  le  châtiment  de  la 
peine  éternelle  jusqu'à  ce  qu'il  ait  pu  Atre 
délivré  de  ce  châtiment.  De  même  le  ma- 
Kage^  lorsqu'il  est  béni  de  Dieu,  que  Dieu 
Ta  sanctifié  et  que  Dieu  l'a  spécialement  con- 
sacré par  la  bénédiction  des  prêtres  (ih2) . 
parait  à  quelques  hommes  égarés  une  of* 
lense  digne  de  Tindignation  divine. 

CHAPITRE  X. 

Quand  Matthieu  parlait  ainsi,  le  roi  Hyr- 
taque  faisait  retentir,  ainsi  que  ses  officiers, 
de  bruyantes  louanges,  pensant  que  l'apôtre 
s*expriinait  de  la  sorte  afin  de  déterminer 
Iphigénie  au  mariage  que  lui,  le  roi,  avait 
en  vue.  Mais,  après  qu'il  eut  très-vivement 
exprimé  son  approbation,  lapêtre  reprit  son 
discours  et  le  silence  s'étant  rétabli,  il  dit  : 
d  V^oyeï,  mes  fils  et  mes  frères,  juj^qu'à  quel 
point  est  arrivé  notre  discours,  puisque 
nous  avons  prouvé  que  l'homicide  pouvait 
être  un  bien.  Cur  celui  qui  est  tué,  aurait 
pu,  s'il  n'avait  pas  reçu  la  mort,  causer 
beaucoup  de  mal  et  faire  périr  beaucoup 
d'innocents ,  c'est  ainsi  que  Goliath  a  été 
tué (543),  ainsi  aue  Sisara  (544),  et  Aman  (545)»  ''^ 
et  Holopherne  (546) ,  et  c'est  ainsi  que  ceux 
qui  étaient  les  ennemis  d'Israël  ont  été  tuéa  ^ 
d'une  manière  digne  d'éloges,  de  même  les 
mariages  sont  ornés  du  mérite  d'une  bonne 
œuvre,  s'ils  s'etTectuent  d'une  manière  sainte, 
juste,  honnête  et  irrépréhensible.  Si  au- 
jourd'hui un  esclave  du  roi  osait  s'emparer 
de  la  fiancée  du  roi,  il  commettrait  non- 
seulement  une  otfense,    mais  encore  un 

(54i)  Saint  Augustin  {Liber  ad  Comcntium)  re- 
pousse avec  raisun  ceue  doctrine  qui  pourrait  eu 
effet  devenir  irès-dangereuse. 

(542)  Cliez  les  Juifs  ain^i  que  chez  les  premiers 
Chrétiens,  la  bénédiction  sacerdotale  précédait  la 
cérémonie  des  noces.  (Vou,  Groiius,  ad  Haiik, 
XXV,  et  H.-G.  Hochmann,  De  omîtdiciione  nuptiarumf 
Altorf,  i686.) 

(543)  /  Reg.  xvii,  50. 
(hAi)Jwiic,  IV,  SI. 
(545)  EktherM\,  lu. 
(fSiti)  Judith  \in  iU. 


•ssa 


DICTIONNAIRE  DES  ÂPOCRirasS. 


SGO 


crime «i  grand  quSl  serait  avec  raison  livré 
tout  vivant  aui  flammes,  non  pour  avoir 
voulu  se  marier,  mais  pour  avoir  prétendu 
i  réponse  de  son  roi.  C'est  ainsi  que,  ô  roi 
Hvrtaque,  mon  cher  Fils ,  sachant  qulphi- 
génie,  la  fille  de  ton  prédécesseur,  est  de- 
venue la  Gancée  du  roi  céleste  et  qu'elle  a 
été  consacrée  j^ar  le  saint  voile ,  comment 
peux-tu  vouloir  te  saisir  de  réponse  d'un 
plus  puissant  que  toi,  et  l'unir  à  toi  par  un 
mariage  (5i^7)  ?  >»Et  le  roi  Hyrtaquequi  avait 
loué  les  paroles  que  l'apôtre  avait  dites  au- 
paravant, se  retira  rempli  de  colère,  après 
avoir  entendu  ce  discours. 

CHAPITRE  XI. 

Mais  l'apôtre  intrépide  et  ferme,  et  redou- 
blant d*énergie,  continua  son  discours  en 
disant  :  «  Ecoutez-moi,  vous  qui  oraiçnez 
Dieu.  Un  roi  terrestre  n'a  qu'une  domina- 
tion dont  la  durée  est  courte,  mais  le  roi 
céleste  possède  une  souveraineté  éternelle. 
Et  de  même  qu'il  fait  goûter  des  joies  inef- 
fables à  ceux  qui  observent  sa  foi,  de  même 
il  livre  à  des  tourments  ineffables  ceux  qui 
s'éloignent  de  sa  foi  et  de  la  sainteté.  S'il 
faut  craindre  la  colère  d'un  roi  ofTensé,  il 
faut  redouter  bien  davantage  le  roi  du  ciel. 
Car  la  colère  d'un  homme,  soit  qu*el)e  re- 
coure aux  supplices,  ou  au  feu,  ou  au  fer,  se 
borne  à  des  tourments  passagers  :  mais  la 
colère  de  Dieu  allume  pour  les  pécheurs  les 
flammes  éternelles  de  la  géhenne.  C'est  pour- 
quoi Notre-Seigneur  et  maître  Jésus-Christ 
a  dit  (548)  :  «  Vous  serez  devant  des  rois  qui, 
s'ils  vous  flagellent  en  vous  mettant  à  mort, 
ne  peuvent  ensuite  rien  vous  faire,  w 

CHAPITRE  XII. 

Alors  Iphigénie  se  prosterna  devant  tout  le 
peuple  aux  pieds  de  l'apôtre  et  dit  :  «  Je  te 
prie,  au  nom  de  ceiui  dont  tu  es  l'apôtre , 
d'imposer  les  mains  sur  moi  et  sur  ces 
vierges,  afin  que,  consacrées  au  Seigneur 
par  ta  parole,  nous  puissions  échapper  aux 
menaces  de  celui  qui ,  même  du  vivant  de 
mon  père  et  de  ma  mère ,  faisait  beaucoup 
de  menaces,  et  nous  effrayait  ainsi,  et  vou- 
lait nous  capter  par  de  grands  présents.  S'il 
osait  agir  ainsi  de  leur  vivant,  que  ne  fera- 
t-il  pas  maintenant  qu'il  a  la  souveraineté 
en  ses  mains  ?  » 

Alors  l'apôtre  ayant  confiance  dans  le  Sei- 
gneur, et  ne  redoutant  nullement  Hyrtaque, 
mit  un  voile  sur  la  tète  d'Iphigénie  et  sur 
celles  de  todtes  les  vierges  qui  étaient  avec 
elle ,  et  il  leur  donna  sa  bénédiction  en  ces 
termes  : 

«  O  Dieu ,  qui  as  formé  les  corps  et  vivifié 
les  âmes»  toi  qui  ne  méprises  iamais  le  sexe 
ni  rflge,  et  qui  ne  juges  nul  état  indigne  de 
ta  grâce,  mais  qui  es  le  Créateur  et  le  Ré- 
dempteur de  tous,  veille  sur  tes  servantes, 
que,  tel  qu'un  bon  pasteur,  tu  as  choisies  dans 
ton  troupeau,  et  qui,  pour  conserver  la  cou* 
ronne  d'une  virginité  perpétuelle,  conser- 

(547)  L*apétre  aurait  pu  ajouter  que  la  roi  ne 
pouvait  épouser  sa  nièce,  union  interdite  par  la  loi 
divine.  (L<nl.  xix,  13;  ix,  19.) 


vèrent  la  chasteté  de  l'âme  ;  couvre-les  du 
bouclier  de  ta  protection,  afin  que  celles  que 
tu  as  préparées ,  dans  ta  sagesse  infinie,  k 
toute  œuvre  de  vertu  et  de  gloire,  triom« 
phantes  des  séductions  de  la  cbajr  et  repous- 
sant des  unions  légitimes,  m'éritent  une 
union  éternelle  avec  ton  Fils  Jésus-Christ, 
Notre-Seigneur.  Nous  te  conjurons,  Seigneur» 
de  leur  donner  des  armes,  non  celles  de  la 
chair,  mais  celles  de  la  force  do  l'esprit  afin 
que,  grâce  k  un  secours  que  tu  accorderas  à 
leurs  sens  et  h  leurs  membres,  le  péché  ne 
puisse  do. iiiner  dans  leur  corps,  et  que,  dési- 
rant vivre  sous  ta  grâce  sainte,  nul  défen- 
seur des  méchants,  nul  ennemi  des  bons  ne 
puisse  nuire  à  ces  vases  déjà  consacrés  à  Ion 
nom.  Que  la  pluie  de  ta  grâce  céleste 
éteiijne  toute  ardeur  naturelle,  et  allume  )a 
lumière  d'une  chasteté  perpétuelle.  Que 
leur  visage  pudique  ne  soit  pas  exposé  au 
scandale  et  leurnégligence  aux  imprudentes 
occasions  de  pécher.  Qu'une  virginité  cir- 
conspecte soit  en  elles,  ornée  et  armée  d'une 
foi  entière,  d'une  espérance  sincère  et  d'une 
charité  ardente,  afin  qu'une  telle  force  soit 
donnée  à  ces  âmes  préparées  pour  la  conli- 
nonce  qu'elle  surmonte  toutes  les  ruses  du 
diable,  et  que  méprisant  les  choses  présen- 
tes, elles  s'attachent  aux  choses  futures, 
qu'elles  préfèrent  les  jeûnes  aux  repas  char- 
nels, et  qu'elles  mettent  les  leçons  saintes 
au-dessus  des  festins  et  des  banquets.  Que 
nourries  de  l'oraison  et  remplies  de  la 
science,  et  illuminées  par  l'abstinence,  elles 
exercent  l'œuvre  de  la  grâce  virginale.  Ac- 
corde, Seigneur,  l'appui  de  tes  armes  à  cel- 
les qui  se  consacrent  À  loi,  afin  qu'elles  ac- 
complissent le  cours  de  leur  virginité  parla 
grâce  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  Ké- 
dempteur  de  nos  âmes;  à  lui  honnenr  et 
gloire  avec  Dieu  le  Père ,  par  l'Esprit-Sainl 
et  maintenani,  et  toujours,  et  dans  les  siècles 
immortels  des  siècles.  » 

Et  \ti  peuple  ayant  répondu  Amen,  après 
que  les  mystères  du  Seigneur  eurent  été 
célébrés  et  que  toute  l'Eglise  eut  participé 
au  sacrifice  de  la  Messe,  i'apdtre  resta  atin 
de  recevoir  la  palme  du  martyre  auprès 
de  l'autel  où  il  avait  consacré  le  corps  de 
Jésus-Christ.  Et  tandis  qu'il  priait  les  mains 
étendues,  un  soldat  envoya  par  Hyrtaque, 
le  frappa  par  derrière  de  la  pointe  de  son 
épée  et  lui  donna  ainsi  le  martyre.  A  cette 
nouvelle,  tout  le  peuple  se  porta  au  palais 
afin  d'y  mettre  le  feu.  Mais  tous  les  prêtres 
et  les  diacres  et  les  clercs,  ainsi  que  les  dis- 
ciples de  Tapâtre,  accoururent  au-devant  du 
peuple  disant  :  «  Ne  violez  pas,  mes  frères 
le  précepte  du  Seigneur,  car  l'apôtre  saint 
Pierre  avant  saisi  son  glaive»  coupa  roreillti 
de  Malchus  qui  voulait  s'emparer  du  Sei- 
gneur (549).  Et  le  Seigneur  lui  ordonna  de  ré- 
parer ce  qu'il  avait  fait,  en  replaçant  IV 
reille  du  blessé  où  elle  était,  et  il  dit  j 
Pierre  :(550J  «Est  ce  que  si  je  le  voulais,  uixU 

(548)  Matth.  X,  17,  28;  Lue.  xii,4. 

(549)  Joan.  xviii,  10. 

(550)  Luc.  xxu,  51  ;  le  récit  de  révaasëtiste  dit 


561 


MÂT 


PART.  HI.  --  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAT 


5G2 


Père  ne  m'enrerrait  pas  plus  de  douze  mille 
légions  d*aoges  (551)?  »  Célébrons  donc  tous 
8Tec  allégresse  te  martyre  de  l'apûlre,  et  ai* 
tedions  ce  que  Dieu  voudra  ordonner.  » 

CHAPITRE  XIII. 
Pendant  ce  temps  Iphic^énie,  vierge  con- 
sacrée au  Christ,  apporta  aux  prêtres  et  au 
clergé  tout  ce  qu'elle  pouvait  posséder  d*or» 
d'argent  et  de  pierres  précieuses,  disant  : 
f  Après  Que  vous  aurez  érigé  une  église 
digne  de  l'apôtre  du  Christ;  distribuez  aux 
)aarres  tout  ce  oui  restera  ;  il  faut  que  moi, 
e  soutienne  la  lutte  avec  Hyrtaque.  »  Et  il 
Brrmf  après  qu'Iphigénie  eut  parlé  de  la 
sorte  que  le  roi  Hyrtaque  lui  envoya   les 
femmes  de  tous  les  nobles,  dans  Tespoir  de 
fflinener  à  consentir  à  ce  qu'il  voulait.  Mais 
n'ayant  pu  y  parvenir,  il  eut  recours  à  des 
magiciens,  ann  qu'ils  l'enlevassent  par  le 
ministère  des  démons.   Et    la  chose   leur 
ayaut  été  impossible,  il  fit  mettre  le  feu  au 
monastère  où  elle   résidait  avec  les  autres 
vierges  du  Christ,  s'entretcnant  avec  son 
Seigneur  le  jour  et  la  nuit.  Mais  lorsque  l'é* 
diûce  était  entouré  de  flammes,  un  ange  du 
Seigneur  apparut  à  Iplngénie  avec  Matthieu 
Tapôtre,  et  lui  dit  :«tlphigénie,  sois  ferme,  et 
que  ces  feux  ne  t'épouvantent  point.  Ils  re^ 
loarneroot  vers  celui  qui  a  voulu  les  diri- 
ger coutre  toi  (552).  »  Et  quand  les  flan\mes 
enieloppaient  la  demeure  de  la  sainte,  Dieu 
eicita  un  vent  violent,  et  détournant  le  ftu 
de  Tbabiialion  de  la  vierge,  il  consuma  le 
palais  d'flyrlaque,  et  on  ne  put  rien  sauver 
de  cequ'il  contenait.  Hyrtaque  échapi^a  avec 
beaucoup  de  peine,  ainsi  que  son  fils  uni- 
que, mais  il  eut  mieux  valu  qu'il  eut  péri 
dansTiocendie.  Car  un  démon  des  plus  ter- 
ribles se  saisit  de  son  fils,  et  le  conduisant 
d'une  course  rapide  au  tombeau  de  Tapôtre 
Malihieu,  il  le  contraignit,  après  lui  avoir 
lié  les  mains  derrière    le  aos,   à  avouer 
les  crimes  de  son  père.  Et  Hyrtaque  fut  cou- 
îert,  des  pieds  à  la  tête,  des  plaies  de  Télé- 
pbantie(553).  Aucun  médecin  ne  pouvant  le 
guérir,  il  plaça  son  épée  sur  sa  poitrine  et 
^  ienfonga  lui-même,  subissant  ainsi  un 
j'isle  supulice,  celui  qui  avait  frappé  par 
derrière  l'apôtre  de  Dieu  se  perçant  lui- 
mènae  le  corps  par-devant.  Ensuite  tout  le 
Peuple,  insultant  à  sa  mort,  et  d'accord  avec 
toute larmée,  prit  pour  roi  son  frère  Beor, 
qui  avait,  p^r  l'entremise  de  sasœurlphigé- 
Qie,  reçu  de  la  main  de  Matthieu  la  grâce  de 

qoe  le Sjuveur ordonna  à saii.l  Pierre  ile  replacer 
m  épëe  d^ns  te  fourreau  et  que  le  Sauveur  guérit 
l  oreille  en  la  louchant. 

(^l)  On  ViX  dans  saint  Matthieu  douze  légious 
^fln^es.  Les  auteurs  des  livrfs  apocryphes  dou- 
ijaieotioujotirRaux  particularités  t|irils  prenaient 
^i^Ds  les  écrits  canoniques,  une  exagération  carac- 
KTisiique.  Saint  Jérôme  a  dit  à  cet  égard  ;  c  Una  legio 
]|PQ<i  veteres  6,000  lioininum  ampiectebaïur;  de 
dooleciiD  ergo  legioulbos  72,000  angflorum  suni, 
Uàqooi  gantes  bominum  lingua  divisa  est.  i  Sur 
çeue  iiadiitoo  fort  incertaine  des  suixante-douze 
Unfues  dtlTërentes  qui  eurent  leur  origine  spiès 
««{euge,  Yoy,  Bochart,  Phaleg.,  1.  i,  c.  15. 

(^i)  Nicéptiore  (Hist.  eccles.,  l  u,  cli.  41)  racon- 
**  un  P«i  dînéretumcit  tout  ceci. 

1553)  L,es  auteurs  anciens  oni  parlé  de  celte  hor- 


la  connaissance  du  Seigneur.  Il  commença 
dans  la  vingt-cinquième  année  de  son  âge  à 
régner  en  Ethiopie,  et  il  régna  pen* 
dant  soixante  -  trois  ans.  Il  vécut  ainsi 
pendant  quatre-vingt  huit  ans.  Et  de  son  vi- 
vant, il  établit  un  de  ses  fils  commandant  de 
toute  l'armée,  et  il  nomma  un  autre  pour 
roi.  Et  il  vit  les  fils  de  ses  fils  jusqu'à  la  qua- 
trième génération,  et  il  entretint  une  paix  so- 
lide avec  les  Romains  et  les  Perses.  Toutes 
les  provinces  de  l'Ethiopie  furent  remplies 
par  les  soins  dlphigénie,  d'églises  catholi- 
ques, qui  subsistent  encore  aujourd'hui.  Et  il 
s'y  fait  de  grands  miracles  par  la  glorifica- 
tion de  l'apôtre,  qui  le  premier  écrivit  en 
langue  hébraïque  (551»)  l'Evangile  de  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  qui  est  et  règne  avec 
le  Père  et  l'Esprit-Saint,  dans  les  siècles  des 
siècles. 

Voragîne  a  suivi  dans  sa  Légende  dorée, 
le  récit  d'Abdias,  en  l'abrégeant  considéra- 
blement. Son  récit  a  été  inséré  dans  le  Dic- 
tionnaire des  légendes  du  christianisme^  Mi- 
gne,  1855,  col.  851. 

On  trouve  à  la  suite  des  anciennes  édi- 
tions de  Vllistoria  apostolica  d'Abdias  et 
dansle  recueil  des Bollandisles,2Vfévrier,une 
ViedesaintMallhieu,t?cr5acJÎre6r(PO,mccr/o 
auctore,  Tillemont,  {Mémoires,  t.  I,  p.  118) 
les  a  signalés  comme  apocryphes.  Foy.  aussi 
Fabricius,  Cod,apocr.  Nov.Test.^  t.  II,  p.  782. 

Mantouan,  dans  ses  Fasti  sacri,  a  repro- 
duit les  récits  d'Abdias.  Voici  un  échantillon 
de  sa  poésie. 

Ecce  duo  docti  magicos   in  Perside  cantus 
Arpbasat  et  Zaroes  adsunt,  geminosque  draconcs 
Naribus,ore,  oculis.  flammam  spirantibus  anie 
Ora  viri,  monst'is  illuni  se  posse  puianies 
Talibus  exierrere,  ferunt;  inlerritus  ille 
Goi.stitit,  atque  crucîs  fecit  inaiisuescere  signo 
Tum  fera  moustra  manu  palpans  et  tergora  et  ora. 
Hoc  oculis  regioa  suis  urbanaque  turba 
Vidit,  ei  attouito  siêlii  ad  spectacula  vultu. 
Gontinuo  venere  aegri  vix  lenia  fereules 
Gorpora,  et  infusam  meutbris  aniroisque  salutem 
Accepere  ahcr^s,  pulsis  ex  tempore  morbis. 
Interea  iCgypti  régis  pulcberrimus  Euphrou 
Filius,  inmortcm  subitani  prolabitur;  adsunt 
Ëcce  niagi  juvcnem  ad  viiam  revocare  voleutes  ; 
Sed  frustra  connixi ,  n»^  despicerentur,  in  astra 
Snblatum  dîxere  pairi,  nec  posse   reverti 
Anoplius  ad  vitaro.  Tune  résina  vocale 
Ëuphœnissa  viro  casum  déplorât,  opemqufr  ^ 
Postulai;  ille  oculis  subito  in  sublime  levatîs 
Resiiiuit  meinbris  animam;  quod  tota  repente 
Urbs  opiis  admiraia,  bominem  compulsa  fateri  est 

rible  maladie  qui  rend  la  peau  noire  et  couverte  de 
puslnles.  {Voir  C^lse,  1.  ui,  c.  25.)  On  a  supposé 
(et  Fabricius  trouve  cette  coujecture  heureuse) 
que  ce  fut  le  mal  dont  Job  fut  frappé. 

^554)  Les  anciens  auteurs  ecclésiastiques,  à  oom- 
mencer  par  Papias  dont  Eusébe  (llist,  ecclés.  1.  ni, 
ch.  39)rappoite  le  témoignage,  disent  que  saint 
Matthieu  rédigea  son  Evangile  en  bébreu,  ou  plutôt 
dans  le  dialecte  syro-clii»ldaîque  dont  les  Juifs  fai- 
saient alors  usaee.  Ge  texte  n'est  pas  venu  juse^u'à 
nous.  Il  fut  alilré  de  bonne  heure  par  les  épîonites 
et  les  Naxaréens,  ce  qui  fut  cause  qu*on  le  négligea 
et  qu'on  Ta  hissé  perdre.  La  version  grecque  faite 
sous  les  yeux  des  apétres ,  selon  saint  Jérôme  et 
saint  Augustin,  el  approuvée  par  eux,  tient  la  place 
de  roriginai. 


965 


DICTiOiNNAlRE  DES  APOCRYPHES. 


^' ^se  Deumnostrt  in  lemm  eub  imagine  lapsam. 
Manera  ceriaiim  apportant;  quaeproiinus  ipse 
^ertii  in  excelsae  molis  delubra,  Tonanti 
»acra,  sacerdoces,  liymnos,  riiumqne  perennem 
liistUuens  ;  rt^em  ac  populuni  lustralibus  undis 
LaYit,  et  ^thiopes  Cnnstum  diffudît  In  omnes. 
Hyrtbacus  iEgyppo  régi  successit,  et  Euphroti 
Pellitar  a  re^iio  ;  pedicas  Ergina  tetendit 
Matiheo  regique  simul  ;  nam  virginis  ora 

8uae  faerat  sacraia  Deo  javeniliier  arsit 
yrtbacoSiet  rapidosanimoconceperat  ignés. 


m 


Sed  Toto  Msubsus  erat  eontrarius  ;  ora 
^bjurgans  regeni  telrico,  violentia  amoris 
Hyribacus  impulsas,  Matthaeum  obironcai  ;  amiu 
Yi  potiiur  ;  tantum  potuit  Venus  atqne  Cnpido. 

Il  existe  une  composition  dramatiqae  d  on 
écrivain  espagnol  (leu  connu,  Felipe  Godi- 
nez  ;  elle  est  intitulée  :  San  Matto  en  Fltopm, 
et  elle  se  trouve  dans  le  tome  XXVIII,  (pu- 
blié en  1667)  d'un  recueil  très-rare  :  Comt- 
dia$  nuetoi  escogidas  de  loi  mqorei  ingmoi. 


r 

r 


UTURGIfi  DE  SAINT  MATTHIEU, 

à  Vuiage  det  élhiopieHi. 


Au  nom  du  Père,  f  etdu  Fils,  f  et  du  Saint- 
Esprit,  f  Ainsi  soit-il. 

Le  chœur  chante:  Alléluia. 

Pour  moi  dans  Timmensité  de  ta  miséri- 
corde, j'entrerai  dans  la  maison. 

Je  t'adorerai,  dans  ton  saint  temple,  plein 
de  ta  crainte. 

Je  te  confesserai.  Seigneur,  de  tout  mon 
cœur,  parce  que  tu  as  exaucé  les  paroles  de 
ma  bouche. 

Je  chanterai  tes  louanges,  en  présence  des 
anses,  je  t'adorerai  dans  ton  saint  temple. 

Que  tes  prêtres  revêtent  la  justice  et  que 
les  saints  soient  dans  l'exultation. 

Tu  m*arroseras.  Seigneur,  avec  l'hyssope 
et  je  serai  purifié,  tu  me  laveras  et  je  devien- 
drai plus  blanc  que  la  neige. 

Lave-moi  de  plus  en  plus  de  mon  iniquité 
et  puriGe-moi  de  mon  péché. 

Délivre  ton  serviteur  des  étrangers. 

Jl  leur  a  donné  le  pain  du  ciel. 

L'homme  a  mangé  le  pain  des  anges. 

Je  laverai  mes  mains  avec  les  justes  et  j'en- 
tourerai ton  autel.  Seigneur. 

Je  l'ai  entouré  et  j'ai  immolé  dans  ton  ta- 
bernacle l'hostie  de  la  supplication. 

Tu  as  préparé  devant  moi,  la  table  contre 
ceux  qui  me  persécutent. 

Tu  as  versé  l'huile  sur  ma  tête,  et  qu'il  est 
brillant  le  calice  qui  m*enivre. 

Je  prendrai  le  calice  du  salut  et  j'invoquerai 
le  nom  du  Seigneur. 

Béfii  soit  celui  qui  vient  au  nom  du  Sei- 

Sneur;nous  vous  avons  donné  notre  béné- 
iction  de  la  maison  du  Seigneur. 
Salut,  Eglise  sainte,  notre  mère,  entou- 
rée de  murailles  et  ornée  de  topazes;  salut, 
Eglise,  notre  mère. 

Tu  es  le  vase  d'or  pur  dans  lequel  est 
cachée  la  manne,  tu  es  le  tabernacle  du  pain, 
et  tu  es  descendue  du  ciel,  et  tu  donnes  à  tous 
la  vie  pour  toujours. 

Au  nom  du  Père,  f  et  du  Fils,  f  du  Sainl« 
Esprit,  f  Ainsi  soit-il. 

te  prêtre  dit  d'abord  les  oraisons  «ut- 
vantes  ,  pour  l'Eglise ,  l'autel  et  leurs  or^ 
nements, 

(555)  Fabricitis ,  Codex  apocryphui  Novi  Teifa- 
mentu  t.  il,  p.  ill,  a  publié  en  latin  c^lte  liturgie, 
laquelle  se  trouvait  déjà  dans  le  Novum  Tetiamen- 
tum  œihiopice  t  Roroae,  1548,  p.  158.  Notons  en 
p-ifisant  que  ce  Nouveau-Testament  est  un  volume 
d  une  rareté  extrême  tt  tellement  difficile  à  trouver 


Seigneur,  notre  Dieu,  tu  es  seul  saint, 
sanctiûant  tout  par  ta  puissance  secrète.  El 
nous  te  supplions  de  daigner  envoyer  ton 
Esprit-Saint  sur  cette  église,  et  sur  cet  au- 
tel  et  surtout  ce  qui  sert  a  l'accomplissemeol 
des  saints  mystères.  Bénis-les  de  nouveau , 
sanctifie-les  et  purifie-les  de  toute  tache  et 
de  toute  souillure,  et  qu'il  ne  reste  en  eux 
aucune  marque  d'impureté  et  aucun  motif 
d'incrédulité  ;  fais  que  pour  cette  église, 
toutes  choses  soient  pures  etsaintes,  de  même 
que  l'argent  qui  augmente  septfois  de  valeur 
après  avoir  été  essayé,  éprouvé  et  purifié  par 
le  feu.  Fais  que  toutsoit  un  mystère,  au  nom 
du  Père,  f  du  Fils  f  et  du  Saint-Esprit,  t 
maintenant,  et  toujours,  dans  les  siècles  des 
siècles.  Ainsi  soit-il. 

Cette  oraison  terminée^  on  revêt  Fautd 
et  on  prépare  tout  pour  le  sacrifice*  Le  pri* 
tre  continue  : 

Seigneur,  Seigneur  Dieu,  qui  sondes  toas 
les  cœurs,  qui  manifeste  ce  qui  est  caché, 
qui  connais  tout  et  chaque  chose  en  ^>artica* 
lier,  tu  es  saint,  reposant  sur  les  saints.  Tu 
es  le  seul  sans  faute,  pouvant  effacer  les  pé« 
chés.  Tu  sais,  Seigneur,  que  je  suis  indigne 
pour  ce  saint  mystère  qui  procède  de  toi, 
que  ma  face  ne  devrait  pas  en  approcher  et 
que  ma  bouche  est  incapable  de  célébrer  tes 
louanges  et  de  te  rendre  grâces.  Mais  è  cause 
seulement  de  Tinfinité  de  tes  miséricordes  t 
pardonne-moi,  Seigneur,  parce  que  je  suis 
un  pécheur.  Accorde-moi,  donne-moi,  (si 
dans  ce  moment  j'obtiens  mi:iéricunle,)  et 
en  voie -moi,  Seigneur,  ta  force  afin  que  je 
je  puisse  di^^nement  célébrer  ces  saints  mys- 
tères, suivant  la  volonté  et  le  désir  de  mon 
cœur.  Que  l'encens  et  cette  oblatioo  soient 
en  bonne  odeur  en  ta  présence,  et  toi,  Notre- 
Seigneur  et  notre  Sauveur,  Jésus-Christ, 
sois  avec  nous  et  bénis-nous;  tu  es  celui  qui 
efTace  nos  péchés,  tu  éclaires  notre  âme  t 
tu  es  noire  vie,  notre  force  et  notre  guidf. 
Nous  te  rendons  grâces  jusqu'au  pi^i 
de  ton  trâne ,  maintenant  et  toujours ,  et 
dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

•   Oraison  sur  la  patine. 

Seigneur,  notre  Dieu,  Jésus-Christ,  qui  à$ 

complet,  que  sur  cino  exemplaires  existant  à  Vtrî*» 
pas  un  ne  réunit  les  diverses  parties  q^ï  doé^eai  k 
composer.  Voir^  à  ce  suiei,  des  détails  éleedus  dans 
le  Catalogue  de  ta  bibliothèque  ds  M.  SitHStrêét 
Saey,  par  U.  R.  Merlin,  18»,  1. 1,  p.  ISl  etTM* 


5il5 


MAT 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAT 


66« 


étendu  tes  miiins  sur  le  bois  de  la  sainte 
croix,  étends-les  aussi  sur  cette  patène  qui 
sert  pour  ton  sacré  corps-»  bénis-la  en  ce 
moment,  sanctiBe-ia,puriûe-la, pour  latrans- 
substanliatioo  de  l'hostie  eo  ton  saint  corps 
au  milieu  de  cette  Eglise  sainte  et  apostoli- 
que, parce  que  toute  gloire  t'ap))artient  ainsi 
qu*à  ton  Père  céleste  et  à  rEsprit-Sainti 
source  de  vie,  maintenant  et  toujours  et 
dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soitril. 

Oraison  sur  le  calice. 

8eigpeur,nolre  Dieu,  Jésus-Christ,  immor^ 
te),  qui  étant  vraiment  Dieu,  t'es  fait  boni  me, 
sans  te  séparer  jamais  de  ta  di?inité,  qui  as 
Tprsé  volontairement  ton  sang  précieux  pour 
uoe  faible  créature,  fais  qu'en  ce  moment, 
tes  mains  soient  sur  ce  calice,,  f  bénis-le,  f 
sanctilie-le,  f  et  purifie-le  afin  qu*il  serve  à 
la  consécration  de  ton  sang  sacré,  dans  ton 
Eglise  apostolique  ;  toute  gloire  t'appartient, 
atnsiqu'à  ton  Père  très-bon  et  au  Saint- 
Esprit,  maintenant,  et  toujours  et  dans  les 
siècles  des  siècles.  Ainsi  soil-il. 

Que  ta  bénédiction ,  la  pureté  et  la  joie 
soient  h  ceux  qui  recevront  ton  précieux 
sang.  Ainsi  soit-il. 

Oraiton  sur  la  cuiller  représentant  la  lance 
de  la  croix» 

Seigneur,  noire  Dieu  qui  as  daigné  per* 
meure  à  ton  serviteur  le  prophète  Isaïe, 
d'avoir  les  lèvres  purifiées  par  le  charbon 
ardent  qu'un  séraphin  prit  sur  Taiitel,  afin 
•}>nl  i  ût  soutenir  son  regard,  accorde-nous. 
Père  tout-puissant,  Notre-Seigneur  et  notre. 
DieUp  qui  contiens  toutes  choses,  que  tes 
mains  soient  surcette  lance  afin  qu'elle  serve 
dignement  au  sacrifice  du  corps  et  du  sang 
précieux  de  ton  Fils  unique,  Jésus-Christ, 
Nûtre-Seigneur  et  Dieu  ,  notre  Sauveur. 
Béois>la  en  ce  moment,  f  sanctifie-la  et 
puritle-la;  f  donne-lui  la  puissance  et  la 
gloire,  ainsi  qu'à  celte  coupe,  car  à  toi 
appartient  la  gloire,  ainsi  qu'à  ton  Fils  uni- 
que et  à  ton  Esprit-Saint,  maintenant  et 
toujours  et  dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi 
iou-ij. 

Que  la  vertu,  t  ^^  bénédiclion,  f  1a  sanc- 
litication,  de  la  Sainte-Trinité,  soit  sur  celle 
éc;  ise  dédiée  à  saint  N.  ;  à  toi  la  gloire,  Sei^ 
gneur,  cl  à  ton  Fils  et  au  Saint-Esprit,  main- 
t(?nant  et  toujours  et  dans  les  siècles  des  siè- 
cles. Ainsi  soit-il. 

Oraison  sur  la  boîte  servant  à  recevoir  TAof  • 
(te  pour  le  sacrifice. 

Seigneur  notre  Dieu,  qui  as  ordonné  sur 
le  mont  Sinai  à  Moïse  ton  serviteur  et  ton 
p'opbèie  de  réunir  en  un  lieu  les  objets. 
«-œployés  au  service  de  l'autel,  de  Farcbe 
et  (lu  sanctuaire  dans  ton  tabernacle,  étends 
maintenant.  Seigneur  notre  Dieu  tout-puis- 
sant, les  mains  sur  cette  boite,  emplis-la 
de  vertu,  de  force  et  de  pureté  et  de  la 
Krâce  de  l'Esprit-Saint  pour  la  gloire,  afin 
qu'elle  serve  dignement  au  corps  de  Moire- 
Seigneur,  unique,  notre  Dieu  et  Jésus-Christ 
Dotrc  Sauveur,  dans  cette  sainte  Eglise  apo$« 


tolique.  A  toi  la  gloire,  à  Ion  Fils  unique 
et  à  ton  Esprit-Saint,  maintenant,  et  tour 
jours  et  dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi 
soit-il. 

Que  Dieu  le  Père  nous  donne  la  sancti- 
fication que  nous  pouvons  recevoir  et  la 
rémission  de  nos  pécnés  ;  à  lui  appartiennent 
la  louange  et  l'honneur,  maintenant,  et  tou- 
jours et  dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi 
50il-il. 

Quand  le  prêtre  offre  Vhostie  sur  Vautel^ 
il  dit  la  prière  suivante  : 

Seigneur  notre  Dieu,  qui  as  accepté  le 
sacrifice  d'Abel  dans  le  désert,  celui  de  Noé 
sur  l'autel,  celui  d'Abraham  sur  le  haut  de 
la  montagne,  celui  d'Hélie  sur  le  mont  Car- 
mel,  celui  de  David,  devant.  l'arche,  celui 
d'Elisée  et  l'oblation  de  la  pauvre  veuvedans 
le  temple  saint,  reçois  ce  sacrifice  que  je 
t'offre  et  que  t'offrent  en  ton  saint  nom 
tous  tes  serviteurs  et  servantes,  afin  qu'il 
serve  à  la  rémission  de  mes  péchés  et  des 
leurs  et,  pour  cette  offrande  que  nousfaisons, 
accorde  la  récompense  que  nous  n^iérilons 
dans  ce  siècle,  dans  la,  vie  future  et.  dans 
les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il 


il  versê- 


Oraison  que   fait   le  diacre  quand  ii 
le  vin  et  Veau  dans  le  calice. 

Vrai  Christ,  notre  Dieu  et  Nôtre-Seigneur, 
qui  as  été  convié  aux  noces  de  Cana  eo* 
Galilée  et  les  as  bénis,  qui  as  changé  l'eaii 
en  vin,  fais  de  même  aujourd'hui  et  f  bé- 
nis, t  sanctifie,  f  purifie  ce  vin  qui  t'est 
offert  afin  qu'il  soi!  la  joie  et  la  vie  de 
notre  Âme  et  de  notre  corps  et  pour  que 
le  Père,  le  Fils  et  le  Saint-Esprit  soient  en 
tout  temps  avec  nous,  parce  que  nous  n'a- 
vons d'autres  dieux  que  toi,  Seigneur.  Em- 
plis-nousdoncduvinderallégresse,dusalut, 
de  la  joie,  de  la  vie,  de  l'intelligence  et  de  la 
résolution  de  l'Esprit-Saint,  dans  les  siècles 
des  sièces.  Ainsi  soit-il.  f  Que  le  Seigneur 
Dieu  tout-puissant  soit  béni,  f  Que  le  Fils 
unique,  Jésus-Christ,  né  de  la  Vierge  Marie, 
soit  béni,  f  Que  l'Esprit  Paraclet,  notre. 
Dieu,  soil  béni,  car  au  Père,  au  Fils  et  au 
Saint-Esprit  appartient  la  vraie  force  dans, 
les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

Le  diacre  répète  sur  le  calice  Voraison:^ 
Seigneur  notre  Dieu  qui  as  accepté,  etc., 
comme  ci-dessus  à  Voffrande  de  Vhostie 

Le  prêtre  dit  en  chantant  et  en  élevant  les 
mains  de  manière,  qu'elles  ne  dépassent  paê 
la  tête  : 

'    Père  unique  saint.  Fils  unique  saint  et 
Esprit  unique  saint. 

Le  peuple  répond  :  Ainsi  soit^h 

Le  prêtre  chantant  dit  : 

Naiions,Jouez  toutes  le  Seigneur;  peuples, 
louez-le  tous,  parce  que  sa  miséricorde  a 
été  établie  sur  cous  et  que  la  vérité  du  Sei- 
gneur demeure  éternellement.  Gloire  au 
Père,  etc« 

Le  diacre  :  Levez-vous  pour  prier. 

Le  peuple  :  Que  Dieu  ait  pitié  de  nous. 

Le  prêtre  :  La  paix  est  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit, 


W7 


DICTfONSAIRE  DES  APOCRYPHES. 


M 


Le  prêtre  dii  en  action  de  grâces^  Voraiion 
duivante  : 

Rendons  grftces  à  notre  bienfaiteur  le 
Seigneur  roiséricordieuxt  au  Père  de  Notre* 
Seigneur  Dieu  et  notre  Rédempteur  Jésus- 
Cfari&t,  parce  qu'il  nous  a  protèges,  secourus, 

Sardes,  recommandés,  attirés  à  lui,  reçus 
ans  ses  bras,  rorlifiés,  et  qu'il  nous  a  fait  vi- 
vrejusqu'è  ce  moment. Prionspourque  notre 
Dieu  tout-puissont  nous  conserve  encore 
en  ce  saint  jour  et  en  paix. 

Le  diacre  dit  :  Priez. 

Le  prêtre  répond  :  Seigneur  notre  Dieu, 
Père  i)on  et  toul-puissaiil,  Père  de  Notre- 
Seigneuret  Rédempteur  Jésus-Christ,  nous 
te  louons  par-dessus  toute  chose,  pour  toutes 
et  dans  toutes  tes  œuvres,  parce  que  lu  nous 
as  protégés^  secourus,  gardés,  recommandés, 
attirés  à  toi,  reçus  dans  (es  bras,  fortifiés  et 

Ïue  tu  nous  a  fait  vivre  jusqu'à  ce  moment, 
lous  le  demandons  aussi  à  ta  bonté,  ô  toi 
qui  aime  le  genre  humain. 

Le  diacre  afit  :  Demandez  et  priez  pour 
que  le  Seigneur  nous  épargne  et  nous  lasse 
miséricorde  et  pour  qu  il  exauce  la  prière 
que  lui  adressent  ses  saints  pour  nous,  pour 
qu'il  -nous  rende  dignes,  comme  il  convient 
que  nous  le  soyons,  pour  participer  à  ce 
saint  sacrement,  afin  que  nos  péchés  nous 
soient  remis. 

Le  prêtre  poursuit  :  Afin  que  nous  pas- 
sions, tout  le  temps  de  notre  vie,  ce  s$aint 
Jour  en  toute  paix  et  dans  la  crainte,  éloi- 
gne el  chasse  loin  de  moi  et  de  tout  ce  peuple 
et  de  ce  saint  lieu  tout  mauvais  désir,  toute 
tentaiion,  toute  œuvre  de  Satan  ;  les  conseils 
dos  hommes  mauvais,  les  insultes  secrètes 
et  publiques  de  nos  ennemis;  donne-leur 
par  nous  tous  les  biens,  selon  leur  avan- 
tage et  utilité,  car  tu  es  celui  qui  nous  a 
donné  le  pouvoir  d'écraser  le  serpent  et  le 
scorpion  et  toute  violence  ennemie  ;  ne  nous 
induis  point  en  tentation,  mais  atfrancbis- 
nous  et  délivre-nous  de  tout  mal,  par  la 
grâce^  la  miséricorde  et  l'amour  pour  les 
hommes,  de  ton  Fils  unique  Jésus-Christ 
Notre-Seigneur,  Dieu  et  notre  Rédempteur, 
avec  lequel  et  avec  le  Saint-Esprit ,  gloire  et 
puissance  soient  à  toi,  maintenant  et  tou- 
jours, et  dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi 
aoit-il. 

//  dit  f  pour  ceux  gui  offrent  des  pre^ 
$ents  : 

Demandons  de  nouveau  à  Dieu  tout-puis- 
sant. Père  de  Notre*Seigneur,  notre  Dieu 
et  notre  Rédempteur,  Jésus-Christ  pour  ceux 
qui  ont  offert  à  l'Bglise  sainte,  unique  et 
qui  est  au-dessus  de  toutes  les  autres,  le 
sacrifice  des  premières  dîmes  qui  sont  une 
preuve  et  un  témoignage  de  leurs  actions 
de  grâces,  soit  q^ue  cette  offrande  ait  été 
abondante  ou  minime,  secrète  ou  publique, 
possible  ou  impossible,  que  le  Seigneur 
notre  Dieu,  qui  donne  l'Esprit-Saint,  et  en 
qui  réside  le  pouvoir  de  toutes  les  bonnes 
œuvres,  tienne  à  chacun  compte  de  sa  vo- 
lonté. 

Le  diacre  dii  :  Priez  pour  ceux  qui  ont 
apporté  des  présents 


Le  prêtre  répond  :  Seigneur  Dieu  tout- 
puissant,  nous  te  prions  et  nous  le  demao* 
dons  pour  ceux  qui  ont  présenté  leurs  of« 
fraudes  à  l'Eglise  sainte,  unique  et  élevée 
au-dessus  de  toutes  les  autres,  soit  que 
ces  offrandes  aient  été  riches  ou  pauvres, 
faites  en  secret  ou  publiquement,  volon- 
taires ou  impossibles,  accepte  la  volonié 
de  tous,  et  donne  à  chacun  ta  bénédiclioa 

f)Our  récompense,  par  ton  Fils  unique  arec 
equel  et  con^intemenl  avec  le  Saint*Esprii, 
gloire  et  puissance  appartiennent,  mainte- 
nant, et  toujours,  et  dans  les  siècles  des  siè- 
cles. Ainsi  soit-il. 

Oraison  pour  t offrande  sacrée. 

0  noire  prince,  Jésus-Christ,toiquiesd*ane 
substance  incréée ,  qui  es  le  Verbe  pur,  le 
Fils  du  Père  et  du  Saint-Esprit,  tu  es 
le  pain  de  vie  descendant  du  ciel,  qui,  avant 
ta  venue  sur  la  terre,  étais  la  figure  de 
TAgneau  sans  tâche  pour  la  rédemption  du 
monde,  manifeste  maintenant  ta  bonté  sur 
le  pain  et  le  calice  qui  te  sont  offerts  sur 
cet  autel  portatif.  Bénis  f,  sanctifie  f,  pu- 
rifie t  et  change  ce  pain  en  ta  chair  im- 
maculée et  ce  vin  en  ton  sang  précieui.Que 
ce  sacrifice  soit  ardent  et  qu'il  te  plaise;  qu'il 
soit  pour  notre  flme  et  notre  corps  un  re* 
mède  de  salut,  parce  que  tu  es  notre  Roi, 
Christ,  notre  Dieu,  nous  te  rendons  grâces 
avec  toutes  les  louanges,  le  respect  et  la 
gloire  qui  nous  sont  possibles,  ainsi  qu'à 
ton  Père  céleste,  au  Saint-Esprit,  la  source 
de  la  vie,  maintenant,  el  toujours,  et  dans 
les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

Le  diacre  :  Fléchissez  les  genoux. 

Le  peuple  :  Nous  nous  prosternons  devant 
toi,  Seigneur,  et  nous  te  louons. 

Le  coadjuteur  du  prêtre  dit  ce  qui  suit: 

Seii<neur,  Seigneur,  Jésus-Christ,  Fils  uni- 
que. Verbe  db  Dieu  le  Père,  qui  par  ta  pas- 
sion  nous  as  rendu  le  salut  et  la  fie, 
qui  as  brisé  tous  les  liens  de  nos  (léchés. 
qui  as  soufflé  sur  la  face  de  tes  saints  disci- 
ples, tes  ministres  sans  tache,  en  leur  di- 
sant :  «  Recevez  TEsprit-Saint  ;  ceui  à  qui 
vous  remettrez  les  péchés,  les  péchés  sont 
remis  et  ils  sont  retenus  à  ceux  à  qui  vous 
les  aurez  retenus.  »  Comme  tu  as  accordé  {'dr 
ce  pouvoir  sacerdotal  donné  à  tes  apOtro 
qui  sont  ta  sainte  Eglise,  la  puissance  oe 
lier  et  d'absoudre  en  tout  temj>s  les  péchés 
et  les  liens  de  nos  iniquités,  fais,  Seigneur, 
nous  en  supplions  ta  bonté  et  la  cléweuro, 
ô  toi  qui  aimes  les  hommes,  fais  que  ie5 
ministres  nousabsolvent,  nous  tes  serviteur». 
nos  parents,  frères,  sœurs  et  amis  et  uwu 
pécheur,  et  tous  ceux  qui  s'inclinent  devant 
ta  présence  dans  ce  saint  sacrifice.  Dirige- 
nous,  Seigneur,  dans  la  voie  de  ta  m  m** 
ricorde,  romps  et  brise  lous  les  liens  de 
nos  péchés. 

O  Seigneur,  si  nous  avons  péché  envers 
toi  sciemment  ou  par  ignorance^eu  parma- 
lioe  du  cœur,  légèreté  de  l'esprit  ou  ^rioclH 
nation  etsouilluredela  chair,  paradions, (pa- 
roles et  intentions,  épargne-nous.  Seigneur, 
parce  que  tu  connais  notre  faiblesse.  0  Sei- 


569 


MAT 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAT 


570 


goear  très-bon  qui  aimes  tous  les  hommes, 
accorde-nous  la  rémission  de  nos  péchés,  f 
Béois  ei  t  sanctifie»  f  purifie  et  parfume, 
al)5ous-nons  et  rends-nous  libres.  Absous 
nos  pontifes,  nos  princes  et  nos  rois,  pa- 
(riarcheSt  arisheTéc^ues,  évoques,  prêtres, 
diacres,  et  nos  ministres,  et  ton  peuple,  et 
Bos  parents,  et  nos  firères.  Souviens-ioi, 
Seigneur,  des  princes,  des  pontifes,  des  rois, 
des  patriarches,  des  archevêques,  des  évè- 
qaes,  des  prêtres,  des  diacres  et  de  tes  mi- 
nistres, de  nos  parents  et  de  tous  ceux  qui 
dorment  et  reposent  dans  la  vraie  foi  ;  rem- 
plis-nous de  la  crainte  de  ton  nom,etap« 
prends-nous  h  faire  ta  volonté.  Que  gloire 
et  honneur  te  soient  rendus  dans  les  siècles 
des  siècles,  parce  que  tu  en  es  le  seul  digne. 
Ainsi-5oit-il. 

Qu*en  ce  jour,  tes  ministres,  le  prêtre,  le 
diacre,  tous  tes  serviteurs,  le  peuple  et  moi, 
ton  pauvre  serviteur  et  pécneur,  nous 
soyons  absous  au  nom  delà  sainte  Trinité, 
)e  Père,  le  Fils  et  le  Saint-Esprit,  de  la  bien- 
heureuse Marie  du  second  ciel,  Mère  de  Dieu, 
de  Michel,  de  Gabriel,  de  tous  les  archanges, 
des  quatre-vingt-dix-neuf  ordres  des  anges  et 
des  mille  milliers  de  tes  serviteurs  dont  nous 
ne  pouvons  dire  les  noms,  et  des  quatre  ani- 
maui,  et  des  quatre-vingts  vieillards  et  pre- 
miers saints  Pères,  des  quinze  prophètes  et 
de  leurs  douze  fils  et  des  douze  apôtres,  de 
saint  Jacques,  évêque  de  Jérusalem,  saint 
Paul,  Timotbée,  Sylla,  Barnabas,  Titus,  Phi- 
léfflon,  Clément,  des  soiiante-et-douze  dis- 
ciples et  de  leurs  cinq  cents  compagnons, 
de  saint  Mare  annonçant  ta  Divinité  et  des 
aalres  évangélistes,  des  trois  cent  dix-huit 
é.réques  qui,  pour  la  défense  de  la  foi,  se  sont 
réunis  dans  le  synode  deNicée,des  cent  cin- 
quante qui  ont  assisté  au  synode  de  Cons- 
tantinople  et  des  deux  cents  àeelui  d*£phèse, 
de  notre  pontife  Saviros,  de  Jean-Chrysos- 
tome,  bouche  d*or,dti  Cyrille,  de  Basile,  de 
Théophile,  d'Athanase,  de  Grégoire  et  de 
nos  Pontifes  Matthieu,  Gabriel,  Jean,  Sa  la- 
ma, Bartholomée,  Isaae,  Marc  et  de  TEgiise 
uoique  formée  par  les  saints  apôtres  et  par 
moi  pécheur;  soyez  absous  et  remplis  de 
la  grâce  pour  la  gloire  et  l'honneur  du  Père, 
do  Fils  et  du  Saint-Esprit.  Ainsi  soit-il. 

ici  le  prêtre  faii  connaitre  Vépacte^  ie  nom" 
brt  d^or^  les  fêles  mobiles  et  immobiles,  les 
indulgences^  tes  rites  et  les  cérémonies  du 
commencement  à  la  fin  ^  répand  T  encens  en  mé- 
mire  des  vivants  et  des  morts  et  dit,  en  met- 
tmt  f  encens  dans  fencensoir  cette  prière  :  f 
Béoisoille  Père  tout-puissant,  f  bénisoit  Jé- 
sus Christ,  le  Fils  unique,  f  béni  soit  TEsprit 
Paraclet  à  qui  maintenant  et  toujours  hon- 
neur et  gloire  soient  rendus. 

Encensant  ensuite  autour  de  Vautel,  il  dit  : 

ÀUeluia  au  Père,  alléluia  au  Fils,  alléluia 
BU  Saint-Esprit,  maintenant  et  toujours  et 
dans  les  siècles  des  siècles. 

,t  0  Dieu  éternel!  tu  es  avant  et  après,  tu 
nas  ni  commencement  ni  fin,  tu  es  grand 
daos  ta  providence,  puissant  dans  tes  œuvres 

^^  prudent  dans  tes  conseils  (tout  le  prouve)  ; 

nous  te  prions  et  supplions,  Seigneur,  qu'en 


ce  jour  tu  sois  avec  nous,  que  tu  nous  ré- 
vèles ta  face  ;  demeure  avec  nous,  efface  nos 
péchés  et  nos  iniquités  que  nous  avons  com- 
mis volontairement  et  involontairement, 
sciemment  et  par  ignorance,  purifie  notre 
cœur  et  sanctifie  notre  Ame.  Permets-nous 
d'approcher  de  toi,  que  cette  oblation,  ce  sa- 
crifice d'actions  de  grâces,  cet  encensspiri- 
tuel  arrive  et  s'élève  jusqu'au  trône  de  (a 
sainteté. 

Lorsqu'il encenserautelf  il  dit  cette  prière: 

Souviens-toi,  Seigneur,  de  ton  Eglise  uni- 
que, sainte,  apostolique,  de  cette  assemblée 
qui  est  la  tienne  depuis  le  commencement. 
Souviens-toi,  Soigneur,  de  notre  prince  N. 
des  pontifes,  nos  Pères,  de  nos  patriarches, 
archevêques,  évoques,  prêtres,  diacres  et  de 
tous  ceux  qui  pratiquent  la  foi  catholique. 
Souviins-toi,  Seigneur,  de  notre  roi  N.  et  de 
tous  les  rois  chrétiens,  de  nos  parents,  de  tes 
servileurset  servantes,  de  nos  frères  etsœurs, 
de  tous  les  fidèles  qui  dorment  et  reposent 
avec  le  signe  de  la  vraie  foi.  Souviens-toi, 
Seigneur,  de  nos  congrégations  et  bénis-les. 

£e  diacre  dit  :  Levez-vous  pour  prier. 

Le  prêtre  :  La  paix  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit 

Le  prêtre^  à  haute  voix,   dit   trois  fois  : 

Adorons  le  Père,  le  Fils,  le  Saint-Esprit 
qui  sont  trois  et  un. 

Le  peuple  répète  trois  fois  la  même  prière. 

Le  prêtre  répond  : 

Que  la  paix  soit  avec  toi,  sainte  Eglise, 
demeure  de  la  paix.  Salut,  Vierge  Marie, 
Mère  de  Dieu,  tu  es  Tennensoir  d'or,  qui 
porte  le  charbon  ardent  ;  béni  soit  celui  qui 
du  sanctuaire,  a  reçu  ce  charbon,  parce  (jue 
lui-même  il  est  vraiment  le  Verbe  de  DieU| 
qui  remet  les  péchés  et  eOace  les  fautes,  qui 
est  né  de  toi  et  qui  s'est  offert  au  Père  com- 
me un  véritable  encens  et  un  précieux  sa- 
crifiioe.  Nous  t'adorons.  Christ,  ainsi  que 
ton  Père  très-bon  et  miséricordieux  et  l'Es- 
prit source  de  vie,  parce  que  tu  es  venu  et 
tu  nous  as  délivrés. 

Le  peuple  répète  la  même  prière  ;  ensuite  le 
coadjuteur  du  prêtre  continue  la  prière  : 

Seigneur  d'intelligence,  t u  nous  as  fait con- 
naitreet  manifesté  la  sagesse  nui  avant  nous 
était  inconnue;  Seigneur,quiaonnesles  paro- 
les de  joie  et  d'allégresse  h  ceux  qui  annon- 
centlamagnificencedeta  vertu,  tues  celuiqui, 
dans  la  grandeur  de  sa  bonté,  a  appelé  Paul 
qui  persécutait  ton  Eglise,  et  tu  l'as  établi 
comme  un  vase  d'élection  en  ton  royaume,  tu 
l'as  choisi  pour  ministre  et  prédicateur  de 
ton  Evangile  et  de  ton  règne. 

0  Christ,  notre  Dieu,  le  meilleur  des  amis 
des  hommes,  accorde-nou^t,  nous  t'en  prions, 
la  sagesse,  l'intelligence,  la  science  et  l'en- 
tendement; sois  sans  cesse  avec  nous  pour 
que  noussentions,  comprenions,  sachions  et 
entendions  l'Ecriture  qui  annonce  ta  sain- 
teté, et  qui  est  lue  en  ta  présence.  De  même 
que  tu  as  accordé  à  PauJ  celte  faveur  et  l'as 
nendu  digne  d'une  si  grande  grAce,fais  aussi 
(nous  t'en  supplions)  que  nous  en  soyons 
disnes,  afin  que  nous  l'imitions,  lui,  le  chef 
de  la  vie,  que  nous  marchions  dans  sa  voie. 


175 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPIIfcS. 


574 


bienheureuse  volonté»  afin  qu*ils  jugent 
dans  la  justice  et  la  droiture»  et  qu'ils  fas- 
sent pattre  tes  peuples  dans  Téquité.  Con- 
serve aussi  tous  nos  évéques,  prêtres  et 
diacres,  qui  sont  dans  la  yraie  foi  et  tous  en 
conformité  avec  la  sainte  et  unique  Eglise» 

3ui  est  la  congrégation  apostolique.  Regois, 
u  haut  de  ton  trâae,  comme  un  sacrifice  de 
bonne  odeur»  les  prières  qu^ls  t*adressent 

Ï^our  nous  et  pour  tous  tes  peuples.  Dissipe 
eurs  ennemis  et  leurs  adversaires,  et  brise- 
les  promptement  sous  leurs  pieds.  Pour  eux» 
conserve-les  dans  la  justice  et  la  paix»  et 
dans  ta  sainte  Eglise. 

Pour  les  assistants  : 

Et  prions  de  nouveau  Dieu  tout-puissant» 
Père  de  Notre-Seigneur  et  notre  Dieu»  et 
notre  Sauveur  Jésus-Christ.  Nous  prions  et 
sollicilons  ta  bonté»  ô  toi  qui  aimes  tes  hom- 
mes :  souviens-toi»  Seigneur»  de  ceux  qui 
sont  ici  réunis,  et  bénis-les. 

Le  diacre  dit  :  Priez  pour  cette  Eglise 
sainte  et  pour  nous  qui  sommes  réunis  en 
elle. 

Le  peuple  dit  :  Bénis  notre  réunion  et 
cODserve-)a  en  paix. 

Le  diacre  dit  :  Animés  de  la  sagesse 
du  Seigneur»  dites  et  chantez  Toraison  de  In 
foi. 

Le  peuple  dit  :  Je  crois  en  un  seul  Dieu» 
Père  tout-puissant»  le  créateur  du  ciel  et  de 
la  terre»  des  choses  visibles  et  invisibles»  et 
en  un  Seigneur  Jésus-Chrisl»  Fils  unique  de 
Dieu»  et  né  du  Père  avant  tous  les  siècles» 
Dieu  de  Dieu»  lumière  de  lumière»  Dieu 
vrai  de  Dieu  vrai.  Engendré  et  non  créé» 
consubstanliel  au  Père»  par  lequel  toutes 
ctioses  ont  été  faites.  Qui  pour  nous  hom- 
mes» et  pour  notre  salut»  est  descendu  des 
cieux.  Et  çiui  a  été  incarné  du  Saint-Esprit 
dans  le  sein  de  Marie  vierge,  et  s*est  fait 
homme;  et  il  a  été  crucifié  pour  nous  sous 
Ponce  Pilate»  et  il  a  souffert  et  a  éié  ense- 
veli. Et  il  est  ressuscité  le  troisième  jour» 
selon  les  Ecritures.  Et  ilestmontéauciel»est 
assis  à  la  droite  du  Père.  Et  il  viendra  de 
nouveau  dans  sa  gloire  juger  les  vivants  et 
les  morts;  c*estluidont  le  règne  n*aurapasde 
fin.  Et  au  Saint-Esprit  Seigneur  et  vivifiant» 
qui  procède  du  Père  et  du  Fils,  qui  est 
adore  et  congloritié  avec  le  Père  et  le  Fils. 
Qui  a  parlé  par  les  prophètes.  Et  à  son  Eglise 
sainte»  catholique  et  apostolique.  Je  confesse 
un  seul  baptême  pour  la  rémission  des  pé- 
chés, et  j'aitends  la  réîjurrection  des  moris 
et  la  vie  du  siècle  qui  doit  venir.  Ainsi 
80il-il. 

Le  prêtre  dit  :  Fais  qu'ils  ne  soient  ja- 
mais divisés  devant  toi,  et  qu'ils  accomplis- 
sent sans  négligence  ta  sainte  et  bienheu- 
reuse volonté.  Fais  d*eux  une  maison  de 
prière,  une  maison  de  pureté,  une  maison 
u*aboiulance  et  de  gr&ce,  et  accorde.  Soi- 
gneur, celte  laveur  à  nous  tes  serviteurs,  et 
a  ceux  oui  doivent  nous  succéder  dans  le 
siècle.  Lève-toi,  Seigneur  notre  Dieu,  et  que 
nos  ennemis  soient  dissipés,  et  qu'ils  fuient 
devant  ta  face,  tous  ceux  qui  haïssent  ton 


nom  saint  et  béni  ;  mais  que  tes  peuple» 
soient  bénis  de  mille  milliers  et  encore  do 
mille  milliers  de  bénédictions,  et  qu'ils  ac- 
complissent toute  ta  volonté»  par  la  grâce, 
la  bonté  et  l'amour  que  ton  Fils  unique 
Seigneur  Dieu,  et  que  notre  Sauveur  Jésus- 
Christ  a  pour  les  hommes.  Que  gloire  et 
puissance  lui  soient  données  ainsi  qu'à  toi 
et  au  Saint-Esprit,  maintenant  et  louyours, 
et  dans  tous  les  siècles  des  siècles.  Ainsi 
soit-il. 

Pour  la  paix  : 
Le  Seigneur  grand  et  éternel  a  créé  Thom- 
me  sans  tache  et  incorruptible.  Mais  la  mort 
entra  dès  le  commencement  dans  le  monde 

Ear  la  haine  du  démon  ;  toi ,  Seigneur,  tu  as 
risé  sa  puissance  par  l'avènement  de  ton 
Fils  unique»  Seigneur  Dieu»  et  de  notre  Sau- 
veur Jésus-Christ»  et  tu  as  donné  la  paix  à 
toute  la  terre.  C'est  pourquoi  les  légions  cé- 
lestes te  louent  en  disant  :  Gloire  au  Sei- 
gneur dansles  cieux»  et  paix  sur  la  terreaux 
nommes  de  boune  volonté. 

Le  diacre  dit  :  Priez  pour  une  ^ix  par* 
faite»  agréable»  salutaire  et  apostolique;  sa- 
luez-vous les  uns  les  autres.  Retirez-vous, 
vous  qui  ne  voulez  pas  vivre  en  paix;  ruais 
vous,  qui  voulez  la  paix»  embrassez-vous 
dans  la  plénitude  de  voire  cœur  :  celui  qui 
vit  en  paix  se  préserve  du  mal. 

Le  prêtre  dit  :  Seigneur»  que  la  bonne  vo* 
lonté  remplisse  nos  cœurs  delà  paix,  et  puri- 
fie-nous de  toute  mauvaise  pensée,  de  tome 
souillure,  de  tout  souvenir  des  ii^ures,  d  i 
toute  haine,  et  du  souvenir  des  mauiqui 
donnent  la  mort.  O  Seigneur  ,  rends-nous 
dignes  de  nous  saluer  réciproquement  d'un 
salut  saint  et  sans  tache»  et  de  recevoir,  sans 
reproche  et  sans  la  mort  du  péché»  ton  doo 
céleste»  c'est-à-dire  ta  grâce  avec  le  Saint- 
Esprit. 

Le  peuple  dit  :  Christ,  notre  Dieu,  rends- 
nous  dignes  de  te  saluer  un  jour  daus  les 
cieux,  el  de  te  louer  avec  les  chérubins  et 
les  séraphins,  en  disant  :  Saint,  saint,  saint, 
saint  tout-puissant,  les  cieux  et  la  terre  soui 
pleins  de  la  sainteté  de  ta  gloire. 

Le  prêtre  dit  :  Que  le  Seigneur  soit  arec 
vous;  le  sain  tentre  les  saints;  lesaini  entra 
les  saints;  le  saint  entre  les  saints.  Nous  le 
rendons  grâces.  Seigneur,  par  ton  cher  Fils 
unique,  Seigneur  Dieu  et  noire  Sauveur 
Jésus-Christ,  de  ion  Fils  que  tu  nous  as  en- 
voyé en  ces  derniers  temps ,  qui  nous  a 
sauvés;,  rachetés,  qui  nous  a  annoncé  la 
parole,  qui  est  loa  Verbe ,  el  par  lequel  lu 
as  tout  fait  selon  ta  volonté. 

Le  diacre  dit  :  Par  notre  bienheureux  et 
saint  patriarche,  N.  et  par  notre  vénérahie 
pontife,  N. ,  qui  te  louent  dans  leurs  orai« 
sons  et  prières,  parEUenoo,  nrccnier  mar- 
tyr; par  Zacharie,  prêtre;  [lar  Jean-Baplisie, 
par  tous  les  sainis  martyrs  qui  ont  oUenii 
le  repos  dans  la  foi  de  Jésus-Chrisl;  p^r 
Matthieu,  Marc,  Luc  et  Jean  évangélistes;  i>ar 
Marie»  Mère  de  Dieu  ;  par  Simon ,  Pierre, 
André, Jacques,  Jean,  Philippe,  Barlhélcmy, 
Thomas,  Matthieu,  Tliadée,  NaihaDaël,  ia^ 
ques  d'Alphéc  et  Mathias ,  apôtres;  par  Jac- 


577 


MÂT 


PART.  m.  -LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MAT 


S7S 


qoês,  apôtre,  le  frère  de  Notre-Seigneur  ; 
^«r  les  éféques  de  la  sainte  Jérusalem*  par 
Paul ,  Timotbée ,  Silas  ,  Barnabe ,  Titus  » 
Philémon,  Clément,  et  par  les  soixante  et 
douze  disciples,  et  par  leurs  cinq  cents  com«> 
pagnons  ^  et  par  les  trois  cent  dix^huit  Pères 
de  la  foi  orthodoxe,  visite^nouset  fais-nous 
participera  leurs  prières;  et  ayant  tout  sou- 
TieBs4oi  de  donner  la  paix  à  ton  Eglise  ca- 
tholique et  apostolique,  que  le  Christ  a  fon- 
dée de  son  satng  précieux  ;  souviens^oi 
aussi  de  tous  les  patriarches,  des  archevé* 
ques,  évêcjues,  prêtres  el  diacres  qui  en- 
seignent la  parole  conduisant  à  la  vérité. 

Le  ptuple  dit  :  Aie  pitié,  Seigneur,  des 
Ames  de  tes  serviteurs  et  de  tes  servantes 
qui  se  sont  nourris  de  ta  chair,  ont  bu  ton 
sang  et  se  sont  reposés  dans  ta  foi. 

Oraison  pour  la  bénédiction. 

0  sainte  Trinité,  Père,  Fils  et  Snint-Es- 
prit,  bénis  ton  peuple  chrétien  par  la  béné- 
diction céleste,  et  envoie-nous  la  grâce  de 
TEsprît-Saint.  Ouvre-nous  tes  portes  de  ta 
sainte  Eglîse  à  cause  de  ta  miséricorde  et 
de  Dûire  loi  ;  confirme  notre  foi  en  la  Tri- 
Dite  jusau'à  notre  dernier  soupir.  O  notre 
prince  Jésus-Christ  visite  ton  peuple  dans 
ses  infirmités,  et  guéris -le.  conduis  nos 
pères  et  nos  frères  dans  leurs  voyages,  et 
ramène-les  à  leurs  foyers,  avec  le  salut  et 
la  paix  ;  bénis  de  la  grâce  les  vents  du  ciel 
et  la  pluie,  et  les  fruits  de  la  tf^rre  pour  cette 
année;  répands  sur  la  face  du  monde  la  joie 
etiesplaisirs,  et  assure-nous  dans  ta  paix.  Dis- 
pose les  cœurs  des  rois  justes  à  nous  faire 
du  bien;  donne  favorablement  l'honneur 
aux  princes  de  ta  sainte  Eglise,  à  chacun 
d'eux  selon  son  mérite;  rends-les  agréables 
à  la  face  dos  rois  puissants  ;  ô  Seigneur, 
accorde  le  re()Os  aux  Âmes  de  nos  pères,  de 
nos  frères  qui  dorment  et  reposent  dans  la 
Traie  foi,  el  bénis  ceux  qui  préparent  l'en- 
cens, les  sacrifices,  le  vin,  l'huile,  le  bourre, 
les  vases,  les  livres,  même  les  chaires,  et 
tous  les  objets  nécessaires  h  la  sainte  Eglise, 
afin  que  Jésas-Christ  notre  Dieu  les  récom- 
pense dans  la  céleste  Jérusalem.  Aie  pitié 
de  tous  ceux  qui  se  sont  réunis  à  nous  pour 
demander  la  miséricorde  de  notre  Dieu  Jésus- 
Christ,  et  sois,  le  jour  du  jugement,  sans  ri- 
gueur et  sans  sévérité  pour  ceux  qui  nous 
ont  fait  l'aumône.  Délivre,  Seigneur,  à  cause 
de  l'immeusité  de  ta  miséricorde,  toules  les 
Ames  indigentes  et  affligées,  ainsi  aue  ceux 
qui  sont  retenus  dans  tes  prisons,  la  capti- 
vité, Texil,  la  servitude,  ou  employés  à  de 
durs  travaux;  souviens -toi,  Notre-Seigneur 
iésus-Christ,  dans  le  royaume  des  cieux,  de 
tous  ceux  qui  nous  ont  demandé  de  ne  pas 
les  oublier.  O  Seigneur,  délivre  ton  peuple 
el  bénis  ton  héritage  ;  nourris-le  et  fais-le 
prospérer  jusque  la  fin;  conserve-le  sans 
cesse  dans  la  foi  orthodoxe  et  dans  la  gloire  ; 
qu'il  soit  embrasé  d'une  ineffable  et  incom- 
préhensible charité  par  les  prières  et  l'in- 
teicession  de  notre  reine  sainte  et  imma- 
culée, la  Vierge  Marie,  par  les  prières  des  ar- 

^liauges  resplendissants,  Michel  et  GabrieU 


Ra|)bael  et  Uriel,  et  des  quatre  animanx  sans 
chair,  et  des  quatre-Ylngb  vieillards  du  ciel» 
et  de  nos  pères  les  saints  patriarches,  Abra«> 
faam,  Isaac  et  Jacob ,  et  de  tous  les  anciens 
pères  vertueux,  et  des  quinze  prophètes  nos 
pères,  de  saint  Jean-Baptiste,  des  quatorze 
mille  enfants  de  Bethléem,  de  nos  douze 
pères,  les  princes  apôtres,  des  soixante  et 
douze  discif)Ies  et  de  leurs  cinq  cents  com- 
pagnons, des  trois  enfants,  Ananias,  Azarias 
et  Misaël,  de  saint  Marc,  évan^éliste  et  mar- 
tyr; de  saint  Etienne,  archidiacre,  premier 
martyr;  de  saint  Georges,  l'étoile  de  l'hon- 
neur; de  Théodore,  Banadiius,  de  Claude, 
de  Minas,  l'élu;  de  Cosme  et  Damien,  et  de 
nos  Pères  les  princes  évéques  qui,  au  nom<- 
bre  de  trois  cent  dix-huit,  assistèrent  au  sy- 
node de  Nicée  ;  des  cent  cinquante  qui  furent 
présents  à  celui  de  Constantinople,  des  deux 
cents  qtii  vinrent  à  celui  d'Éphèse  et  de 
Tecla  Aimanot,  dont  nous  demandons  et 
pour  toujours,  les  prières,  les  bénédictions, 
l'assistance  et  la  protection.  Ains^i  soit-it. 
Donne  à  leurs  flmes  le  repos  et  aie  pitié 
d'eux  :  car  c'est  pour  cela  €[ue  tu  as  envoyé 
du  ciel  ton  Fils  dans  le  sein  de  la  Vierge. 

Le  diacre  dit  :  Vous  qui  êtes  assis,  levez- 
vous. 

Le  prêtre  dit  :  Dans  lequel  il  a  été  porté» 
où  il  s'est  fait  chair,  et  a  été  manifesté  par 
l'Esprit-Saint  dans  sa  Nativité. 

Le  diacre  dit  :  Regardez  du  côté  de  TO- 
rient. 

Le  prêtre  dit  :  Devant  toi  se  tiennent  mille 
milliers  d'an;;es  et  leurs  chefs. 

Le  diacre  dit  :  Regardons. 

Le  prêtre  dit  :  Regardons  aussi  les  créa- 
tures honorées  ayant  six  ailes,  les  séraphins 
et  les  chérubins  qui  se  voilent  la  face  avec 
deux  ailes,  qui  se  couvrent  les  pieds  avec 
lieux  autres,  et  se  servent  des  deux  qui  leur 
restent  pour  se  transporter  d'un  bout  de  l'u- 
nivers à  l'autre;  et  comme  ils  te  sanctifient 
et  te  louent  sans  cesse,  Seigneur  reçois 
de  nous  aussi  les  saintes  prières  que  nous 
faisons,  nous  qui  disons  avec  assiduité  : 
Saint. 

Le  diacre  dit  :  Dites. 

Le  peuple  dit  :  Saint,  saint,  saint,  le  Sei- 
gneur Sabaoth  ;  les  cieux  et  la  terre  sont  en- 
tièrement remplis  de  la  sainteté  de  ta  gloire. 

Le  prêtre  dit  :  Les  cieux  et  la  terre  sont 
véritablement  pleins  de  la  sainteté  de  ta 
gloire,  par  Notre-Seigneur  et  Sauveur  Jésus- 
Christ,  avec  le  Saint-Esprit,  dans  les  siècles 
des  siècles.  Ainsi  soit-il.  Ton  Fils  saint  est 
venu  de  la  Vierge  afin  qu'il  accomplit  ta 
volonté,  afin  qu'il  te  préparât  un  peuple 

saint. 

Le  peuple  dit  :  Seigneur,  agis  selon  ta  mi- 
séricorde et  non  selon  nos  péchés. 

Le  prêtre  dit  :  11  a  étendu  ses  mains  sur 
les  faibles,  et  il  s'est  fait  faible  pour  ^érir 
les  faibles  qui  espèrent  en  lui.  Mais  il  s'est 
livré  à  la  faiblesse  par  la  volonté  pour  dé- 
truire la  mort,  briser  les  liens  du  démon, 
fouler  Tenfer  sous  ses  pieds,  diriger  les 
hommes  de  bien,  rétablir  l'ordre  et  mani- 
feMer  sa  résurrection.  Dans  la  nuit  où  il 


879 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


M 


a  été  livré,  il  a  pris  le  pain  dans  ses  mains 
pures,  saintes  et  divines,  a  levé  les  yeux  au 
ciel  vers  toi,  son  Père,  a  rendu  erâces,  f 
Ta  béni,  f  sanctifié,  f  et  fa  donné  à  ses  dis- 
ciples, en  disant  :  «  Recevez  et  mangez-en 
tous  :  ceci  est  mon  corps  qui  sera  livré  pour 
vous  pour  la  rémission  des  péchés,  w  Ainsi 
8oit-il. 

Le  peuple  dit  :  Ainsi  soit-ii,  ainsi  soit-il, 
ainsi  soit-il  ;  nous  croyons  et  nous  confes- 
sons et  nous  te  louons,  6  Seigneur  notre 
Dieu.  Ce<:i  est  vraiment  ton  corps. 

Le  prêtre  dit  :  De  même  prenant  le  ca- 
lice et  rendant  grâces,  f  il  le  bénit,  f  il  le 
sanctifia, t  et  il  leur  dit  :<«  Recevez  et  buvez- 
en  tous; c*est  le  calice  de  mon  sang  qui  sera 
répandu  pour  vous  et  pour  la  rédemption  de 
plusieurs.  »  Ainsi  soit-il. 

Le  peuple  dit  :  Ainsi  soît-il,  ainsi  soil-il, 
ainsi  soit-il  ;  nous  croyons  et  nous  confas- 
sons,  et  nous  le  louonSy  6  Seigneur  notre 
fiîea  ;  c'est  vraiment  ton  sang. 

Le  prêtre  dit  :  Toutes  les  fois  que  vous 
ferez  cela,  vous  le  ferez  en  mémoire  de 
moi. 

Le  peuple  dit  :  Nous  confessons  la  mort, 
Seigneur,  et  ta  sainte  résurrection;  nous 
croyons  à  ton  ascension  et  à  ton  second  avè- 
nement; nous  te  prions.  Seigneur  noire 
Dieu  ;  nous  croyons  que  ces  choses  sont 
vraies. 

Le  prêtre  dit  :  Nous  nous  souvenons  main- 
tenant de  ta  mort  et  de  la  résurrection  ;  nous 
t'offrons  ce  pain  et  ce  calice,  nous  le  ren- 
dons grâces,  parce  que -par  ce  sacrifice  lu 
nous  as  faits  dignes  de  nous  tenir  en  la  pré- 
sence et  d'accomplir  devant  toi  le  devoir  sa- 
cerdotal. Nous  te  prions.  Seigneur,  et  nous 
te  supplions  avec  instance,  afin  que  tu  en- 
voies ton  Esprit-Saint  sur  ce  pain  et  ce  ca- 
lice qui  sont  le  corps  et  le  sang  de  Nnire- 
Seigneur  et  Sauveur  Jésus-Christ,  dans  les 
siècles  des  siècles.  Ainsi  soil-il.  Accorde 
également,  k  tous  ceux  qui  y  prendront  part, 

3ue  cette  jparticipaiion  les  sanctifie  et  leur 
onne  la  plénitude  de  l'Esprit-Saint  pour  les 
fortifier  dans  la  foi,  afin  qu'ils  te  sanctifient 
et  te  louent  par  Notre-Seigneur  et  Sauveur 
Jésus-Christ,  et  avec  le  Saint-Esprit,  dans 
les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soil-il. 

Le  diacre  dit  :  Nous  le  demandons.  Sei- 
gneur notre  Dieu,  de  tout  cœur,  de  nous 
accorder  la  bvnne  union  de  ton  Esprit-Saint. 

Le  prêtre  continue  :  Accorde-nous  d*èlre 
unis  en  ton  Saint-Esprit,  et  guéris-nous  par 
ce  sacrifice  afin  que  nous  soyons  sauvés 
en  toi,  dans  tous  les  siècles  des  siècles. 
Ainsi  soit-il. 

Que  le  nom  du  Seigneur  soil  béni,  et  béni 
soit,  celui  qui  tient  au  nom  du  Seigneur, 
et  que  son  nom  glorieui  soit  béni;  que 
cela  soit,  que  cela  soit,  aue  cela  soit. 

Le  peuple  dit  :  Que  le  nom  du  Seigneur 
soit  béni,  et  béni  soit  celui  qui  vient  au 
nom  du  Seigneur,  et  que  son  nom  glorieux 
soit  béni  ;  que  cela  soit,  que  cela  soil,  que 
ceiasuii. 

Le  prêtre  dit  :  Seigneur,  envoie-nous  la 
grâce  de  ton  Esprit-Sainl. 


Le  diacre  dit  :  Levez-vous  pour  prier. 

A  roraison  de  la  fraction  [du  pain),  U 
prêtre  dit  : 

Je  le  confesse.  Seigneur,  mon  Dieu  tout- 
puissant,  qui  es  assis  au-devant  tia  trône  des 
chérubins,  qui  habites  au-dessus  des  cieui. 
qui  es  loué  par  les  humbles,  et  qui  dans  ta 
splendeur  n*as  pas  oublié  le  monde,  et  no*is 
as  manifesté  le  mystère  caché  dans  ta  croit 
Quel  est  le  Dieu  miséricordieux,  et  sa. ni 
comme  toi?  Tu  ne  nous  as  pas  retiré  le 
pouvoir  que  tu  as  donné  à  tes  disciples,  te 
servant  d'un  cœur  pur  el  sincère,  et  t  oirrant 
le  sacrifice  d'agréable  odeur,  par  Noire-Sei- 
gneur et  Sauveur  Jésus-Christ  k  qui,  ave: 
toi  el  avec  le  Saint-Esprit,  grâces,  tionncnr 
et  gloire  sont  rendu»  dans  les  siècles  des 
sièc*ies. 

Le  dimere  dit  :  Vous  qui  êtes  ici  présents, 
inclines  vos  t6fes. 

Le  prêtre  dit  :  Seigneur  qui  bâMes  «a- 
dessus  des  chérubins,  qui  daignes  avoir 
égard  à  ton  peuple  et  à  ton  héritage,  bëois 
tes  serviteurs  et  tes  servantes,  et  leurs  fils  ; 
accorde  une  part  à  ceux  qui  s'approcbeol 
de  celle  lable  miraculeuse,  pour  la  purifr- 
cation  de  leurs  cœurs,  la  rémission  de  leurs 
péchés,  leur  union  è  l'Esprit-Saint,  le  satot 
de  leurs  âmes  et  de  leurs  corps,  et  rbiri- 
tage  du  royaume  des  cieux,  dans  l'honneur 
el  la  vérité  à  qui,  ainsi  qu'à  toi  arec  lui,  et 
avec  le  Saint-Esprit,  louange  et  gloire  soient 
données  maintenant  et  toujours,  et  dans  les 
siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

Le  êous'diacre  dit  avec  le  peuple  : 

Les  arméesdes  angesdu  Sauveurdu  monde 
se  tiennent  en  sa  présence  et  disent  les  mer- 
veilles ducorps  et  du  sang  de  Notrc-Scigneur 
el  Sauveur  Jésus-Christ.  Présentons-nous  à 
lui  et  révérons-le  avec  foi. 

Le  diacre  dit  :  Adorez  Dieu  avec  crainte. 

Le  prêtre  dit  :  Seigneur,  Dieu  tout- puis- 
sant, salut  de  notre  Ame  et  de  noire  corps, 
qui ,  par  la  bouche  de  Notre  -  Seigneur  et 
Sauveur  Jésus-Christ,  as  dit  à  Pierre,  ootr« 
Père  :  «Tu  es  Pierre,  et  sur  cette  pierre  j'é- 
lèverai mon  Eglise,  et  les  portes  delVnfer  oe 
prévaudrontpas  contre  elle  pour  la  renreiser, 
et  je  le  donnerai  les  clefs  du  royaume  des 
cieux;  celui  que  lu  auras  lié  sur  la  terre  sera 
lié  dans  le  ciel,  et  celui  que  tu  auras  délié 
sur  la  terre  sera  délié  dans  le  ciel  ;  »  que  les 
serviteurs  et  tes  servantes  soient  di^hés  f^ar 
la  bouche  de  la  sainte  Trinité,  et  aussi  par 
ma  bouche  ,  moi ,  ton  serviteur  pécheur  et 
plein  de  fautes.  Seigneur  notre  Dieu,  qui 
elTaces  les  péchés  du  [monde,  ne  rejelte  (-as 
le  repentir  de  tes  serviteurs  et  de  les  serran* 
tes;  fais  lever  sur  eux  la  lumière  de  la  vie; 
délivre-les  de  leurs  péchés,  parce  que  tu  (S 
miséricordieux  et  que  tu  as  compassion  de 
nous.  Seigneur  notre  Dieu,  toi  qui  es  inac- 
cessible à  la  colère,  qui  abondes  en  miséri- 
corde et  qui  es  vraiment  juste.  Quand  ooiis 
péchons.  Seigneur,  ou  par  pensée,  ou  i^ar 
parole,  ou  par  action,  pardonne-nous,  pre* 
serve-nous,  et  aie  pitié  de  nous,  parce  qu0 
tu  es  miséricordieux  el  que  lu  Bïmes  les 
hommes.  Seigneur  notre  Dieu ,  délie*oo(U 


5Si  MAT  PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS 

tous,  délie  .tous  tes  peuples;  délie»  Seigneur, 
notre  Souverain  Pontife  N.  et  notre  saint  et 
bienheureux  prélat  N. ,  et  tous  les  pontifes, 
évoques,  prêtres  et  diacres;  protége-les  et 
conserve-les  dans  la  justice  et  la  paix  pen- 
dantdeloriguesannées  et  de  nombreuijours. 
Délie,  Seigneur,  notre  roi  Claude  du  lun  de 
ses  péchés;  souviens- loi,  Seigneur,  de  tous 
ceux  qui  dorment  et  reposent  dans  la  foi  du 
Christ;  place  leurs  âmes  dans  le  sein  d'Abra- 
ham, d'Isaac  et  de  Jacob;  délivre-les  de  toutes 
leurs  fautes,  des  malédictions,  de  louies  les 
occasions  de  nier  la  vérité,  de  tout  parjure, 
de  la  communion  des  inûdèles,  des  gentils 
et  des  hérétiques.  Donne -nous  la  connais- 
sance et  la  force  de  fuir  les  œuvres  du  dé- 
raon;  fais  que  nous  accomplissions  la  vo- 
lonlé  dans  tous  les  temps;  inscris  nos  noms 
dtins  le  royaume  des  cieux,  et  réunis-nous 
avec  tous  les  saints  et  marlvrs  par  Jésus- 
Ihrist,  Notre-Seigneur,  à  qui,  et  à  toi  et  au 
Saint-Esprit,  gloire  et  puissance  appartien- 
nent maintenant  et  toujours  et  dans  les  siè- 
cles des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

Le  diacre  dit  :  Recueillons-nous. 

Le  prêtre  :  Donnez  aux  saints  ce  qui  est 

saint. 

Le  peuple  dit  :  Un  est  le  Père  saint,  un  est 
le  Fils  saint,  un  est  l'Esprit-Saint. 

le  prêtre  dit  :  Que  le  Seigneur  soit  avec 
vous. 

Le  peuple  dit  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  prêtre 9  élevant  le  sacrement  y  dit  à  haute 
voix: 

Seigneur  Jésus-Christ,  aie  pitié  de  nous; 
Seigneur  Jésus-Christ,  aie  pitié  de  nous; 
Seigneur  Jésus-Christ,  aie  pitié  de  nous. 

Le  peuple  répète  les  mêmes  paroles. 

Le  prêtre  dit  :  Priez,  vous  qui  êtes  re- 

Kntants;  humiliez-vous  pt  levez- vous  pour 
doration.  Que  la  paix  soit  avec  vous  tous. 

Le  peuple  dit  :  El  avec  ton  Esprit. 

Le  prêtre  dit  :  Ceci  est  le  corps  saint,  véné- 
rable et  vivifiant  de  Notre-Seigneur  et  Sau- 
veur Jésus-Christ,  qui  a  été  donné  pour  la 
rémission  des  péchés  et  procurer  la  vie  éter- 
nelle à  ceux  qui  le  reçoivent  digaement. 
Ainsi  soit-il . 

Ceci  est  le  sang  de  Notre-Seigneur  et 
Sauveur  Jésus-Christ ,  saint ,  vénérable  et 


Ainsi  soit-il. 

Ceci  est  vraiment  le  corps,  ceci  est  vrai- 
ment le  sang  d'Emmanuel,  notre  Dieu. 
Ainsi  soit-il.  ,. 

Je  le  crois,  je  le  crois ,  je  le  crois,  dès  ce 
moment  et  pour  toujours.  Ainsi  soit-il. 

Ceci  est  le  corps,  ceci  est  le  sang  de  Notre- 
Seigneur  et  Sauveur  Jésus -Christ,  qu'il  a 
pris  dans  le  sein  de  la  bienheureuse  et  im- 
mtculée  Vierge  Marie,  qu'il  a  uni  à  sa  divi- 
nité sans  mélange  et  sans  lien  naturel,  sans 
séparation  ou  mutation  de  la  Divinité  ;  ce 
qu'il  a  prouvé  abondamment  au  temps 
de  Ponce  Pilate ,  lorsqu'il  s'est  livré  pour 
nous  sur  le  bois  saint  de  la  croix.  Ainsi 
loii'il. 


MAT  m 

Je  crois,  je  crois,  je  crois  que  la  Divinité 
n'est  pas  séparée  de  l'humanité  ni  pendant 
une  heure,  ni  pendant  un  seul  instant,  mais 
qu'il  s'est  donné  à  nous  pour  notre  salut  et 
la  rémission  de  nos  péchés,  et  pour  procurer 
la  vie  éternelle  è  tous  ceux  oui  le  reçoivent 
dans  la  vérité.  Ainsi  soit-il. 

Je  crois,  je  crois,  je  crois  dès  ce  moment 
et  pour  toujours  :  c'est  la  doctrine, de  celui 
qui  est  digne  de  tout  honneur,  gloire  et 
respect. 

Ici  il  prend  le  corps  et  le  sang ,  et ,  don* 
nant  à  communier  de  la  même  hostie  aux  mi" 
nisires  du  sacrifice ,  il  dit  : 

Ceci  est  le  corps ,  etc. 

Le  diacre  dit  :  Priez  pour  nous  et  pour 
tous  les  peuples  chrétiens,  et  souvenez-vous 
de  ceux  qui  se  sont  recommandés  k  votre 
souvenir.  Louez  et  chantez  en  paix  et  dans 
l'amour  de  Jésus- Christ. 

Pendant  que  le  sacrement  est  administré  au 
peuple  ,  les  chantres  récitent  quelques  vers 
composés  en  V  honneur  du  sacrifice  et  des  saints 
dont  on  célèbre  la  fête^  et  le  peuple  les  répète 
en  chantant. 

Le  prêtre  dit  :  Ceux  que  tu  as  appelés, 
Seigneur,  et  que  tu  as  sanctifiés,  donne^leur 
une  part  dans  ton  choix;  fortifie-les  dans  ton 
amour,  et  conserve-les  dans  ta  sanctification 
par  le  Christ,  ton  Fils  unique,  à  qui  (gloire 
et  honneur  soient  rendus,  ainsi  qu  à  toi  avec 
lui  et  avec  l'Esprit-Saint,  maintenant  et  tou- 
jours et  dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi 
soit-il.  Seigneur,  qui  as  donné  à  tes  servi- 
teurs la  lumière  éternelle  de  la  vie  et  la 
force ,  qui  les  as  protégés  pendant  de  nom- 
breux jours  passes  dans  la  paix,  bénis-les 
encore  en  ce  jour  dans  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ,  h  qui  gloire  et  honneur  sont  dus, 
ainsi  qu'à  toi  avec  lui  et  avec  l'Esprit-Saint, 
maintenant  et  toujours  et  dans  les  siècles  des 
siècles.  Ainsi  soit-il. 

Le  diacre  dit  :  Rendons  grâces  au  Soigneur  ; 
nous  avons  reçu  son  saint  corps,  qui  est  la 
moelle  vivifiant  l'flme.  Honorons  le  Seigneur 
notre  Dieu.  Nous  avons  reçu  son  saint  corps 
et  son  vénérable  san^  :  ceci  est  le  corps  du 
Christ,  et  rendons-lui  grftces  de  ce  que  nous 
avons  été  jugés  dignes  de  participer  k  ce 
mystère  saint,  et  qui  mérite  notre  véné- 
ration. 

Le  prêtre  dit  :  Je  te  glorifierai ,  mon  Roi 
et  mon  Dieu,  et  je  bénirai  ton  nom  dans  le 
siècle  et  dans  les  siècles  des  siècles. 

Le  peuple  dit  à  haute  voix  :  Notre  Père 
qui  es  aux  cieux,  ne  nous  induis  pas,  Sei- 
gneur, en  tentation. 

Le  prêtre  dit  :  Je  te  bénirai  tous  les  jours 
et  je  louerai  ton  nom  dans  les  siècles  des 
siècles. 

Le  peuple  dit  de  nouveau  :  Notre  Père  qui 
es  aux  cieux,  ne  nous  induis  point  en  tenta- 
lion. 

Le  prêtre  dit  :  Ma  bouche  célébrera  la 
louante  du  Seigneur,  et  toute  chair  bénira 
son  saint  nom  dfans  le  siècle  et  dans  le  siècle 
du  siècle. 

Le  peuple  dit  encore  :  Notre  Père,  etc., 
comme  ci-dessus. 


583 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


8S4 


L$  prêtre  dit  :  Seigneur  qui  diriges  nos 
Amesi  chet  des  saints  et  honneur  des  justes, 
donne-nous  les  yeux  de  la  sagesse,  pour  te 
voir  sans  cesse,  et  des  oreilles  qui  n'enten- 
dent que  toi,  puisque  tu  as  rassasié  notre 
Ame  de  ta  grâce.  Crée  en  nous  un  cœur  pur, 
Seigneur,  aHnque  nous  comprenions  ta  gran- 
deur, ta  pureté  et  ton  amour  pour  les  nom- 
mes; que  ta  volonté  se  fasse  sur  notre  âme, 
et  donne-nous  un  esprit  chaste  et  droit,  à 
nous  tes  humbles  serfileurs  qui  avons 
reçu  ton  corps  et  ton  sang  et  qui  faisons 

Cartie  de  ton  royaume,  Seigneur.  Gloire  et 
énédiction  soient  au  Père,  au  Fils  et  au 
Saint-Esprit,  maintenanlet  toujours,  et  dans 
:es  sidcles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

Seigneur  notre  Dieu,  lumière  éternelle, 
jette  un  regard  sur  tes  serviteurs  et  tes 
servantes,  mets  dans  nos  cœurs  le  germe 
de  la  crainte  de  ton  nom,  et  accepte  ceui 
qui  ont  reçu  ton  corps  et  ton  sang,  afin 
qu'ils  te  sancliGent  et  te  bénissent.  Établis 
ta  (îemeure  parmi  ces  peuples  qui  sont  h  toi, 
qui  se  prosternent  devant  toi,  hommes,  fem- 
mes et  enfants.  Kéuuis-nous  à  eux,  prolége- 
nous,  conserve-nous,  et  gouverne-nous  par 
la  puissance  des  chefs  de  tes  anges.  Délivre- 
nous  des  mauvaises  œuvres,  procure-nous 
les  bonnes  actions,  par  le  Christ,  ton  Fils 
unique,  à  qui  sont  Thonoeur  et  la  gloire, 
ainsi  qu*à  toi  avec  lui  et  avec  le  Saiol-Ësprit,  ^ 
maintenant  et  toujours,  et  dans  les  siècles 
des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

Tout  le  peuple  dit  en  mangeant  :  Saint, 
saint,  saint,  Dieu  en  trois  personnes,  inef- 
fable ;  fais  que  nous  recevions  la  vie  par  ce 


corps  et  non  notre  jugement  ;  fais-nous  froc- 
tifier  selon  ta  bonne  volonté  ;  qae  nos  fruits 
se  manifestent  dans  ta  gloire,  donne-nous 
la  vie  en  toi,  afin  que  nous  accomplissions  ta 
volonté.  Nous  t'invoquons  avee  foi.  Père, 
nous  demandons  d'avoir  part  k  ton  royanme 
et  que  tu  nous  sanctifies,  parce  que  tu  es 
fort  et  digne  de  louange  et  de  gloire,  tiloire 
te  soit  rendue  dans  les  siècles  des  siècles. 
Le  diacre  dit  :  Inclinez  vos  tètes  devant  le 
Seigneur  éternel  afin  qu'il  voas  tiénisse  |iar 
la  main  du  prêtre,  son  serviteur* 

Le  peuple  dit  :  Ainsi  soit-il.  Que  le  Sei- 
gneur nous  bénisse,  nous,  ses  .serviteurs. 
Que  la  rémission  de  nos  péchés  nous  donne 
le  pain,  è  nous  qui  avons  reçu  le  saint  corps 
et  le  sang  précieux.  Accorde- nous  de  com- 
battre avec  force  toutes  les  altat|ucs  de  Ten- 
nemi.  La  bénédiction  de  ta  main  sainte  est 
pleine  de  miséricorde,  nous  mettons  tous  eu 
elle  notre  espérance.  Sépare-nous  des  mau- 
vaises ouvres  et  attache-nous  aux  bonnes; 
béni  soit  celui  qui  nous  a  donné  son  saint 
corps  et  son  précieux  sang.  Nous  avons  reçu 
la  grflce,  et  nods  avons  trouvé  la  vie  par  la 
vertu  de  la  croix  de  Jé^us-Christ.  Nous  te 
rendons  grâces,  puisque  nous  avons  reçu 
l'Ësprit-Saint.  Gloire  soit  au  Seigneur,  qui 
nous  a  donné  son  corps  saint  et  son  san;^ 
précieux.  Gloire  soit  à  la  divine  Marie,  qui 
est  notre  gloire  et  la  source  de  ce  sacri- 
fice. 

Fin  dti  canon  de  nos  Pêree  les  apôtres.  Qut 
leurs  prières  et  leur  bénédiction  soient  ote< 
nous.  Ainsi  soit-il. 


MELCHISËDËCH. 


Ce  patriarche  célèbre,  mais  dont  Thistoire 
est  assez  obscure  a  été  Tobjel  de  récits  apo- 
cryphes. 

Saint  Athanase  (édit.  de  Montraucon,  t. 
III,  p.  239)  rapporte  à  son  égard  des  tradi- 
tions conçues  en  ces  termt^s  : 

«  Il  V  avait  autrefois  une  reine  qui  s'appe- 
lait Salem  et  qui  régnait  dans  la  ville  du 
même  nom.  Elle  engendra  Salaad,  Salaad 
engendra  Melchi,  Melchi   eut  une  épouse 

3U1  se  nommait  aussi  Salem.  Et  elle  engen- 
ra  deux  fils,  l'un  s*appela  Melchi  et  Taulre 
Melchisédech.  Leur  père  était  un  Grec,  infi- 
dèle et  offrant  des  sacrifices  aux  idoles.  Le 
temps  propice  pour  sacrifier  aux  idoles 
était  venu,  et  le  roi  Melchi  dit  è  son  fils 
Melchisédech  :  «  Prends  avec  loi  des  servi- 
teurs et  va  à  rétable,  et  amène- moi  sept 
veaux  afin  que  nous  les  immolions  aux 
dieux  .  r  Melchisédech  partit,  mais  une  pen- 
sée divine  le  frappa,  et  ayant  levé  les  yeux 
au  ciel,  il  voyait  le  soleil,  et  il  considérait 
la  lune  et  les  étoiles,  et  méditant  à  cet  égard, 
il  disait  r  <  Qui  est-ce  qui  a  fait  le  ciel,  et  la 
terre,  et  la  mer  et  les  astres  ?  C*est  è  celui 
qui  lésa  créés  qu'il  taut  immoler  des  victi- 
mes. Les  signes  du  ciel  me  donnent  la  cer- 
titude gue  le  créateur  des  corps  célestes 
n'est  sujet  ni  à  la  corruption,  ni  à  la  déca- 


dence ;  c'est  lui  qui  est  le  seul  Dieu  véritable, 
et  les  blasphèmes  du  cœur  ne  lui  sont  pas 
cachés.  Je  reviendrai  donc  vers  mon  père  et 
je  lui  ferai  part  de  mon  opinion,  peut-être 
écoutera-t-il  mes  paroles?  »  MelcbiséJecii 
revint  donc  sans  avoir  fait  ce  qui  lui  arait 
été  commandé.  Quand  son  père  le  vit,  il  Uit: 
«  Où  sont  les  veaux?  »  Melchisédech  répondiii: 
«  Ne  t*irrile  pas  contre  moi,  ô  mon  fère, 
mais  écoute-moi.  »  Le  roi  lui  répondit  : 
«  Qu'est-ce  que  tu  as  à  dire?  dis-le  tout  de 
suite.  »  Melchisédech  répondit  :  •  Renooco 
au  sacrifice  que  tu  avais  préparé  et  ne  l'of- 
fre pas  à  ces  dieux,  car  ils  ne  me  paraissent 
point  des  ètresdivins,mais  offrons  un  saeriûce 

à  celui  qui  est  au  haut  des  cieux,  eiqui  les 
gouverne.  C'est  lui  qui  est  le  Dieu  des 
dieux.  »  Son  père  irrité  répondit  :  «  Va  et 
fais  ce  que  je  t'ai  dit,  si  tu  veux  vivre.  >  Et 
Melchisédech  étant  retourué  vers  réiabl«,  la 
roi  Melchi  alla  vers  sa  femme  Saleco  ai 
lui  dit  :  «  Je  ferai  un  sacrifice  de  Tun  da  (es 
fils.  »  Ayant  entendu  ces  paroles,  SaleiD 

{»leura  amèrement,  parce  qu  elle  safait  que 
e  roi  ferait  mourir  Melchisédech  qui  aîail 
condamné  le  sacrifice  offert  aux  idoles,  et  /< 
reine  dit  en  gémissant  :  «  Uélasl  J*ai  aoanert 
et  j'ai  enfanté  en  vain.  »  Le  roi  reotandaDlt 
lui  dit  :  «  Ne  pleure  pas,  mais  tirons  au  sort, 


5So 


HEL 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MEL 


S«9 


et  si  le  sort  m'est  favorable,  je  choisirai  ce- 
lui de  nos  fils  que  je  voudrai  pour  Toffrir 
en  sacrifice  è  nos  dieux  ;  sî  le  sort  i'esi  pro- 
pice, lu  choisiras  celui  que  tu  voudras  et  tu 
le  garderas.  »  Ils  tirèrent  au  sort,  et  la  reine 
ajaot  eu  l'avantage ,  choisit  Mclehîsédech 
qa*elle  aimait.  Le  roi  prit  son  autre  fils  ("t 
joroa  pour  le  sacrifice.  Melchisédech  revint 
sur  ces  entrefaites  et  amena  sept  veaux.  Le 
roi  conduisit  au  temple  des  idoles  le  fils  que 
le  sort  avait  désigné,  et  il  y  avait  dans  le 
temple  cinq  c^nt  trois  enfants  qui  avaient 
été  amenés  par  leurs  pères  et  d*aulres  par 
leurs  mères,  «t  des  bOBufs  et  des  brebis  in- 
nombrables, et  taut  était  prêt  pour  le  sacri* 
Gce.  Mas  Salem,  mère  de  Melchisédech, 
i4aît  assise  en  sa  maison,  et  elle  poussait  de 
grands  cris,  et  elle  dit  à  Melchisédech  : 
«  Est-ce  que  iu  iie*pletires  pas  ton  frère  qui, 
après  que  nous  en  avons  pris  tant  de  soin^ 
e  i  mené  à  la  mort?»  El  Melchisédech  pleura 
et  il  dit  à  sa  mère  :  «  J*irai  invoquer  le  Sei- 
gneur, »  et  se  levant,  il  monta  sur  le  mont 
Tbabor,  et  sa  mère  se  levant, .entra  dans  le 
temple  des  idoles  pour  voir  son  fils  avant 
(ju  il  oe  fût  mis  è  ii.ort.  Et  Melchisédech  , 
^lant  parvenu  au  sommet  du  Tiiabor,  Qérhit 
les  genoux  et  dit  :  «  Mon  Dieu,  Seigneur  de 
toutes  choses,  créateur  du  ciel  et  de  la  terre, 
toi  que  j*adore  comme  le  seul  Dieu  vérita- 
ble, exauce-moi  à  cettt»  heure  ;  ordonne  que 
tous  ceux  qui  assistent  au  sacrifice  de  mon 
frère  soient  engloutis  par  la  terre  qui  s'en- 
trouvre comme  renferpourJesdévorer.vDieu 
tcoula  la  prière  de  Melchisédech,  et  aussi- 
tôt la  terre  s*ouvrit,  et  elle  engloutit  tous  les 
A!»sistanis  et  toute  la  suite  de  Melchi,  avec 
ia  ville  entière  de  Salem;  il  n'en  resta  p»s 
uu  bufflme,  pas  un  autel,  pas  un  temple,  pas 
^D  animal,  pas  une  créature  quelconque, 
mais  tout  fut  englouti.  Melchisédech  des«  en- 
c'it  de  la  montagne  du  Thabor,  et  voyant  ce 
«jueDîeu  avait  accompli,  il  fut  saisi  d'effroi 
et  retourna  à  la  n)ontagoe,  et  il  se  retira 
dans  une  foiét  épaisse  où  il  resta  sept  ans, 
oa  depuis  le  ventre  jusqu'aux  reins,  et  son 
dos  s'endurcit  comme  ia  coquille  d'un  lima- 
çon. Il  senoarrissait  de  végétaux,  et  il  avait 
l»our  boissou  la  rosée  qu  il  léchait.  Et  au 
i»ouide  se^nans,  une  voix  appela  Altraha  m, 
disant:  «  Abraham,  Abrahnm,  »  et  Abraham 
rêpondii  :  *  Sei^^neur.   ^  Et   la   voix  dit  : 

*  Prends  ton  âne  et  charge-le  d'habits  somp- 
|ueiix,  et  monte  sur  le  mont  Thabor,  et  crie 
^  trois  reprises  :  Homme  de  Dieu,  et  il  sur- 
tira du  bois  un  homme  d'un  aspect  sauvage. 
Ne  crains  rien  de  lui,  mais  lorsque  ses  che- 
veux et  ses  ongles  seront  coupés,  revéts-le 
des  habits  que  tu  auras  apportés,  et  qu'il  te 
l'unisse.  »  Et  Abraham  exécuta  les  ordres  du 
N;i^neur,  et  ayant  gravi  le  mont  Tbabor,  il 
péoélradans  une  forêt  très-épaisse,  et  il  cria 
ii^ois  fois:  «  Homme  de  Dieu.  »  Alors  Mei- 
^Misédech  sortit,  et  à  son  aspect  Abraham 
tm  épouvanté.  Mais  Melchisédech   lui  dit  : 

*  Ne  crains  rien,  mais  dis-moi  qui  tues  et 
nui  lu  cherches.  »  Abraham  lui  répondit  : 

'«6)  Ptat,  cix,  4. 

Djctionn.  di£s  Apocbtpbics.  U. 


«  Le  Seigneur  m'a  ordonné  de  te  couper  les 
eiieveuxet  de  te  rev^tii*  d'habits  précieux^ 
et  de  te  demander  la  bénédiction.  »  £t  MeU 
chisédech  lui  ré^iondit  :  «  Exécute  les  or- 
dres du  Seigneur,  »  Et  Abraham  Ot  ce  que 
le  Seigneur  lui  avait  prescrit.  Et  Melchisé- 
dech descendit  de  la  montagne  du  Thabor, 
et  il  bénit  Abraham,  disant  :  «  Sois  béni  par 
le  Dieu  Très-Haut,  et  ton  nom  sera  appelé 
parfait  dans  ia  postérité  :  »  et  la  voix  se  faisant 
derechef  entendre,  Abraham  demanda:  «  Que 
me  veux-tu.  Seigneur?  «  Et  le  Seigneurdil: 
«  Comme  il  ne  i^ste  sur  la  terre  personne 
de  la  famille  de  Melchisédech,  il  sera  appelé 
sans  père,  sans  mère ,  sans  famille,  n'ayant 
ni  le  commenci^raent  de  ses  jours,  ni  la  tiu 
de  sa  vie.  Il  a  été  comparé  au  Fils  de  Dieu, 
et  il  demeure  prêtre  dans  rélernité,  et  je  l'ai 
chéri  comme  j'ai  chéri  mon  Fils  bien-aimé, 
parce  qu*il  a  observé  mes  préceptes  et  qu^il 
deit  les  observer  à  jamais.  Comme  personne 
ne  connaît  sa  famille,  ni  son  père  ni  sa  mère, 
il  est  représenté  comme  n'ayant  ni  père,  ni 
mère^  ni  famille,  et  parce  qu'il  a  plu  à  Diej, 
ii  demeurera  prêtre  à  jamais.  »  Et  Melchi- 
sédech étant  venu  au-devant  d'Abraham^ 
lorsqu'il  retournait  vainqueur  des  rois,  lui 
donna  du  pain  et  du  vin,  ainsi  qu*è  sa  suite 
composée  de  quarante-huit  personnes.  Et 
aujourd'hui,  on  le  regarde  encore  comme 
semblable  au  Fils  de  Dieu,  mais  non  selou 
la  grÂce;  ii  fut  le  premier  type  de  l'utTrando 
d'un  sacriQce  non  sanglant  et  de  la  sainte 
oblation.  C'est  pourquoi  le  Seigneur  a  dit  : 
Tu  es  prêtre  pour  Véternité^  selon  tordre 
de  Melchisédech  [ï^)\  ^)arce  qu'il  fut  le  type 
de  l'offrande  sainte  qu'il  |)résenta  è  Abra- 
ham et  è  ses  trois centdix-huit compagnons. 
Et  les  saints  Pères,  réunis  dans  la  ville  de 
Nicée,  qui  nous  ont  confirmé  la  vraie  foi,  se 
trouvèrent  réunis  en  on  nombre  égal  à  ce- 
lui des  compagnons  d'Abraham,  c'est-è-dire 
trois  cent  dtx-huit  saints  évéques.  • 

D*après  quelques  rabbins,  Melchisédech 
serait  l'auteur  de  divers  psaumes,  entre  au- 
tres du  Giz  :  Dixit  Doniinus  Domino  meo. 
On  peut  consulter  Fabricius  {Codex  pseude- 
pigr.  Vet.  Test.^  t.  U  p.  329.)  au  sujet  de  di- 
verses opinions  singulières  relatives  à  Mel- 
chisédech et  pour  l'indication  des. auteurs 
qui  ont  écrit  touchant  ce  patriarche;  huit 
auteurs  allemands  ou  hollandais.  Dannhauer, 
Hamel,  Steenhuysen,  Rein,  Gaillard,  Biiuer, 
Celsius,  Sandyk,  ont  composé,  à  cet  égard, 
de  1635  à  1737,  des  dissertations  qui  sont 
énumérées  dans  la  Bibliographie  biographique 
de  M.  OËttin<$er,  col.  1183. 

Parmi  ï^s  opinions  étranges  émises  au 
sujet  de  ce  patriarche,  on  peut  signaler  celles 
de  Jacques  Auzoles  Lapeire  q^ui  publia  à 
Paris,  en  1621,  un  traité  de  2l4  pages  pour 
établir  que  «  Melchisédech  est  enoores  au* 
jourd'hui  vivant  en  corps  et  en  flme,  bien 
qu'il  y  ave  plus  de  trois  mille  sept  cents 
ans  qu'il  donna  sa  bénédiction  è  Abra* 
ham.  »  Ainsi  s'énonce  le  titre  de  cet  ou- 
vrage dont  l'auteur,  s'appuyant  sur  des  textes 


19 


mi 


DICTIONNAIRE  D£S  APOCIOPHES. 


■VS 


dont  il  force  le  sens,  veut  prouver  que 
Meîchisédech  n^avait  eu  ni  père  ni  mère, 
mais  qu'il  4(  avait  été  procrée  par  nouvelle 
création  ou  par  quelque  façon  extraordinaire 
à  nous  incogneûe  etànous  ininterprétable,» 
et  que  ce  patriarche  était  Enoch  «  qui  avait 
pu  SOI  tir  du  paradis  terrestre  et  changer  de 
nom.  » 

D*après  cet  auteur,  Meîchisédech  avait  été 
créé  avant  Adam  et  il  était  d'une  race  cé- 
leste bien  supérieure  à  celle  qui  réside  sur 
la  terre. 


On  jugea  inutile  de  réfuter  sérieusomcM 
de  sembradtes  paradoxes. 

Dorn  Calmet  a  placé  dans  ses  Ditcouu  ^t 
dissertations  sur  leNouveau  Ttsl€ment,  ITCio, 
in-8%  t.  II,  p.  259-283,  une  longue  di&verD- 
tion  sur  Meîchisédech  ;  il  fait  connaître  ii  s 
diverses  opinions  émises  au  sujet  de  ce  pa- 
triarche peu  connu;  il  signale,  entre  aulri'^ 
opinions  bisarres,  celle  qui  prétendait  i]ii<' 
Meîchisédech  n'était  que  le  patriarche  Eno<  lu 
et  celle  d'après  laquelle  les  tmis  ma^ts 
étaient  Enoch»  Meîchisédech  et  Elie« 


MÉLITON  (^^). 

(Livre  4u  passage  de  la  tris-sainte  Vierge  Mère  de  Dieu.) 


CHAPITRE  PREMIER. 

Méliton,  serviteur  de  Jésus-Christ,  évèque 
de  l'Eglise  de  Sardes,  è  nos  vénérables  frères 
dans  le  Seigneur  établis  è  Laodicée,  salut  et 
paix.  Je  me  suis  souvent  souvenu  d'avoir 
écrit  au  sujet  d'un  certain  Leucius  qui  a  eu 
avec  nous  des  rapports  avec  les  apôtres, 
mais  qui,  entraîné  par  sa  témérité  et  par  ses 
opinions  personnelles  et  s'écartant  de  la  voie 
de  la  justice,  a  inséré  dans  ses  livres  beau- 
coup de  choses  au  sujet  des  actions  des  apô- 
tres, disant  des  choses  vraies  k  l'égard  de 
Jeurs  vertus,  mais  avançant  beaucoup  de 
mensonges  au  sujet  de  leur  doctrine,  affir- 
mant qu  ils  avaient  enseigné  ce  qu'ils  n'a« 
valent  jamais  dit,  et  établissant  des  asser- 
tions détestables  comme  étant  leurs  paroles. 
Il  ne  s'en  est  pas  tenu  là,  et  il  a  raconté  le 

(557)  Saint  Mëllton,  évoque  de  Sardes,  vivait 
sous  le  régne  de  Marc-Auréle  ;  il  adressa  à  ce  prince 
une  Apologie  des  Chrëtiena  ;  il  n'en  reste  plus  que 
quelques  passages.  i.*ËgJise  célèbre  le  i*'  avril  ia 
féie  de  ce  sa  hit  prélal  ;  la  dale  de  sa  mori  est  in- 
connue. On  trouve  des  fragmenis  de  ses  nombreux 
ouvrages  aujounriiui  perdus  dans  le  t.  Il  du  recueil 
publié  parle  P.  llaUoix,de  la  Société  de  Jésus  : 
Scrif  tores  Ecclesiœ  Orientaiit. 

Voir  aussi  les  Acla  Sancicrum^  1. 1 ,  avril,  p.  il  ; 
Cave,  Uisioria  scriptcrum  eccicôiasticorum ,  t.  I,* 
p.  71  ;  Du  Pin  ,  Bibliothèque  des  auteurs  ecclésiasti' 
quei ,  t.  I ,  p.  55  ;  la  dissertation  de  C.  Wuog  ,  De 
MelUone  Sartiiam  in  Asia  £piuopo,  Leipzig,  4744, 
în-4*  ;  Noéi  Alexandre,  llisior,  tccles,^  t.  Ill,  p.  298, 
50i  *  el  N.  l/e  Mourry,  Apparalui  ad  DibliotJiecam 
Pair  unit  p.  556*558. 

Margarin  de  la  Signe ,  qui  a  inséré  dans  sa  Bi» 
blioiiuea  Pairnm^  Touvrage  (|uc  nous  allons  tra- 
duire, s^exçrime  ainsi:  i  Injecit  niilii  scrupulum 
inilio,  Gelasii  P.  M.  dccretuin,  ac  deinde  me  permo- 
vcbat  Venerabilis  Bed»  censura,  ui  S.  Melitonis 
llbellum  hune  de  Virginie  Deiparœ  tramitu  ex  bac 
bibliolbeca  expurffarcni  :  quod  ille  quidem  (DD, 
Hieronyroum  et  Auguslinum  opinor  secuius)  non 
indicato  an  dore  libeTium  De  Mariœ  irantiiu  ,  in  ter 
apocrypha  scripia  rejiceret;  bic  vero,  ex  apostoii- 
Ciirum  Actuum  Ais/oria,  inscitix  mendaciique  dam- 
iiaret  nominaiim;  quia  nonnullos  novi,  inquit, 
pr»raio  voiumiiii  contra  aucloritaiem  B  Lucas  in- 
cauia  teuieriute  prasbere  asnen^um.  At  cum  dici 
posait  permulta  eo  dcereio  rejeela  tolerari  ab  Eccle- 
tàa  magnoqtie  commodo  perlegi  a  llicologia,  ac  forte 
ciiam  non  Imjus  libti  daninari  doctrinam ,  seil 
cmen^itum  esse  aucioris  iiomen,  designari  lantutu. 


passage  de  la  bienheureuse  Marie,  toujours 
vierge,  Mère  de  Dieu,  d'une  façon  tellement 
impie  qu'il  est  interdit  dans  l'Eglise  de  Dieu, 
non-seulement  de  lire  son  livre  mais  encore 
de  l'entendre.  Vous  nous  demandez  ce  qii«? 
nous  avons  a|)pris  de  l'apôtre  Jean;  nous 
récrivons  avec  simplicité  et  nous  l'adres- 
sons à  votre  fraternité,  croyant,  non  aui 
dogmes  que  répandent  les  hérétiques,  mais 
au  Père  dans  le  Fils,  au  Fils  dans  le  Père,  à 
la  personne  restant  triple  dans  la  divinité  M 
la  substance  non  divisée;  nous  ne  croyons 
pas  qu'il  y  ait  deux  natures  dans  rboiume, 
une  bonne  et  une  mauvaise,  mais  nous 
croyons  qu'il  y  a  une  seule  nature  boDrM\ 
créée  par  le  Dieu  bon ,  corrompue  par  la 
faute  commise  par  la  ruse  du  serpent,  et  r^ 
parée  par  la  grfice  de  Jésus*Chrisi  (ol>8j. 

Quod  vero  ad  Venerabilis  Bede  censurani  attinet, 
cum  nullus  in  boc  libello  sic  lapsus  îllc,  ex  qoo  [**- 
lum  illius  corpus  infamat  (bujus  eidm  bist^nx 
tempus,  non  in  secundum,  ged  iu  vlcesimuro  secui.- 
dum  anuum  a  Chrtsti  in  cœlos  Ascensu  rejicii/  :>c 
proinde  non  hune  reprebeiidi,  sed  forte  illuin  alk- 
ruin,  in  quamO.  Joanni  evangelistx  ascriptum,  ic 
incidisse ,  aut  Jacobus  ,  arcbiepiscopua  Genuensi^ 
suspicio  sit;  facile  persuasit  mibi  anUqua  roullorwio 
Laiinorum ,  in  sanctis^imam  Deiparam  pieias .  ui 
historiam  liane  de  illius  iransitu  sancto  Melit^M 
Sardium  episcopo,  a  Triihemio  attributam  (nljocu^ 
Grxcorum  Patrum  testiinoniis  quibus  ejas  lidej»  i"^- 
gis  ac  magis  constat)  legendi  studiosis,  In  bac  Bi* 
Miotbeca  proponerem  ampleclendam.  • 

Le  livre  en  question  se  rencontre  aussi  dan>  U 
Bibliotheca  Patrum,  édition  de  Lyon,  l.  Il,  part,  i . 
p.  !21i-'216,  et  la  Bibliotheca  Patrum  coHci'metçm 
du  P.  Fr.  Combéfls,  Paris,  1662,  8  vol.  iiiMis 
t.  VII ,  p.  643.  Cest  d'après  lui  que  Grégoire  c'* 
Tours  a  raconté  ce  qu*il  dit  dans  son  trauë  i'^ 
miracuUs ,  1.  j ,  c.  i ,  au  sujet  de  la  mort  et  ilr  t4 
résurrection  de  Marie.  Il  ne  raudniitpaf,seUii!^''t 
tromper  par  le  titre,  ranger  dans  la  classe  de»  U^f"* 
apociyplits  un  ouvrage  publié  en  Hollande  en  ll*ii. 
et  réimprimé  en  1665  et  1668,  VÂpocetfipif  <»• 
Méliiont  in  iâ.  C^est  une  satire  contre  les  ct»ui«(>(s 
pleine  de  mensonges  et  de  calomnies ,  et  ceite  p-^*- 
dnction,  sortie  de  la  plume  d*un  proieiiant,  ti. 
Pitbois,  u*à  rieu  de  commun  avec  Te^éqoe  tk 
Sardes. 

(558)  L*auteur  s*élève  Ici  contre  les  ermir%  rr 
pandues  p»r  les  preiuiers  béréti<|ttcs  à  Tégard  dt  n 
sainte  Tnuitc  et  contre  les  doctruies  maii  cbétuuo. 


M 


MEL 


PART-  III.  —  leg;  ndes  et  fragments. 


MEL 


s:mï 


«/«.- 


CHAniIlË  11. 


Lorsque  Noire-Seigneur  el  Sauveur  Jésus- 
Christ,  crucifié  pour  la  vie  du  monde  entier» 
était  attaché  au  bois  de  la  rroix,  il  vit,  au- 
}»rès  de  la  croix,  sa  Mère  qui  se  tenait  debout 
et  Jean  Kévangéliste  qu*il  aimait  d'une  affec- 
tion spéciale  et  plus  que  les  autres  apôires, 
larce  que  seul  |Hirmi  eux  il  était  demeuré 
vierge  de  corps.  Il  le  chargea  d'avoir  soin 
(ie  la  sainte  vierge  Marie,  lui  disant  :  voilà 
laMêref  et  à  elle,  eaiei  ton  FUs.  Et  depuis 
retle  heure,  la  sainte  Mère  de  Dieu  resta 
sj)écialemeQt  confiée  au  soin  de  Jean  pen- 
dant tout  le  temps  qu'elle  vécut.  Et  les  apô- 
tres ayant  tiré  au  sort  quelles  régions  ils 
devaient  aller  instruire,  elle  resta  dans  la 
maison  de  ses  parents»  auprès  du  mooi  des 
Oliviers* 

CHAPITRE  111. 

Dans  la  vîngt-deuxième  année  apr^s  que 
Jésus-Christ,  ajant  vaincu  la  mort,  fut  monté 
au  ciel,  Marie,  enflammée  du  désir  de  revoir 
le  Sauveur,  était  un  jour  seule  dans  un  lieu 
retiré  de  sa  maison  çt  versait  des  larmes, 
et  voici  qu'uu  ange,  resplendissant  d'une 
grande  lumière,  se  présenta  devant  elle  et 
prononça  les  paroles  de  la  salutation,  di- 
sant :  «  Je  te  salue,  toi  qui  es  bénie  par  le 
Seigneur,  regois  le  salut  de  celui  qui  a  en- 
voyé le  salut  i  Jacob  par  ses  prophètes; 
voici  que  j'ai  apporté  une  branche  de  pal- 
mier venant  du  paradis  de  Dieu,  et  que  tu 
feras  porter  devant  ton  cercueil,  lorsque 
dans  trois  jours  tu  auras  été  enlevée  au  ciel 
en  ton  corps.  Car  ton  Fils  t'attend  avec  les 
Trônes  et  avec  les  anges  et  toutes  les  Puis- 
sances du  ciel.  »  Alors  Marie  d  t  à  l'ange  : 
<  Je  te  demande  que  tous  les  apôlres  de  mon 
Seigneur  Jésus-Christ  se  réunissent  autour 
(le  moi.  h  El  Tange  lui  dit  :  «  Tous  les  apô- 
tres seront  amenés  ici  aujourd'hui  par  la 
puissance  de  Jésus-Christ.  »  Et  Marie  dit  : 
«  Jeté  prie  d'envoyer  sur  moi  ta  bénédiction 
aOn  que  nulle  puissance  de  l'enfiT  ne  m'atta- 
queàTheureoiimon&mesortirade  mon  corps 
elafinquejene  voie  point  le  prince  des  ténè- 
bres.cEtl'ange  luidit:«  La  puissance  de  l'en- 
1er  ne  le  nuira  pas;  le  Seigneur*  dont  je  suis 
Tesclave  el  l'envové,  te  donnera  la  béné- 
diittion  éternelle;  Il  ne  m'est  pas  donné  de 
fe  donner  de  ne  pas  voir  le  prince  des  ténè- 
bres; c'est  au  pouvoir  de  celui  que  tu  as 
jmi  lé  dans  ton  sein  sacré  et  dont  la  puissance 
s*élend  dans  les  siècles  des  siècles.  »  Et 
l'aUi^e»  ayant  dit  ces  paroles,  s'éloigna  en- 
touré d'une  grande  lumièie,  et  la  palme 
qu'il  avait  apportée  brillait  d'un  éclat  mer- 
veilleux. Marie  alors  se  revêtit  dliabille- 
ments  neufs,  et  prenant  la  palme  qu'elle 
avait  reçue  de  la  main  de  l'ange,  elle  se  ren- 
dit au  mont  des  Oliviers,  et  se  mit  à  prier, 
distant  :  «  Je  n*étais  pas  digne.  Seigneur,  do 
le  recevoir,  mais  lu  aseu  compassion  de  moi  ; 
]*Ai  gardé  le  Iréior  que  tu  m'avais  confié  :  je 
te  demande  donc,  Roi  de  gloire,  que  la  puis- 
^ncede  l'enfer  ne  puisse  pas  me  nuire.  Si 
1^4  deux  et  les  anges  tremblent  chaque  jour 
^cvanl  toi,  combien  è  plus  forte  raison  doit 


trembler  une  créature  humaine,  formée  do 
ia  terre  et  en  qui  il  ne  réside  rien  de  bon, 
si  ce  n'est  ce  qu'elle  a  reçu  de  ta  bonté.  Tu 
es  le  Seigneur  Dieu  toujours  béni  dans  les 
siècles  des  siècles.  »  Et  quand  elle  eut  dit 
ces  paroles,  elle  revint  en  sa  demeure. 

CHAPITRE  IV. 

El  voici  que  tandis  que  le  bienheureux  Jean 
prèchaitàEphèse  le  jour  du  Seigneur,à  la  troi- 
sième heure,  il  se  fit  un  grand  tremblemcnl de 
terre,  et  une  nuée  l'enleva  aux  yeux  de  tous 
et  le  porta  devant  la  porte  de  la  maison  où  était 
la  Vierge  Marie,  Mère  de  Dieu.  £r  poussant 
la  porte,  il  entra  aussitôt.  Quand  la  très- 
sainte  Vierge  le  vit,  elle  fut  saisie  de  joie  et 
elle  dit  :  «  Je  te  prie,  mon  fils  Jean,  de  te 
souvenir  des  paroles  du  Seigneur  Jésus- 
Christ  ton  maître  qui  m'a  recommandée  à 
toi  ;  je  dois  abandonner  ce  corps  dans  trois 
jours,  et  j'ai  entendu  les  Juifs  qui  tenaient 
conseil  et  qui  disaient  :  «  Attendons  le  jour 
où  mourra  celte  femme  qui  a  porté  cet 
imposteur,  et  nous  brûlerons  son  corps,  i» 
Elle  appela  donc  le  saint  apôtre  Jean  et  elle 
le  fit  entrer  dans  le  lieu  le  plus  retiré  de  sa 
maison,  elle  lui  montra  les  vêtements  qui 
devaient  servir  à  sa  sépulture  et  la  palme 
de  lumière  qu'elle  avait  reçue  de  l'ange,  et 
elle  lui  recommanda  de  faire  porter  cotte 
palme  devant  son  cercueil  lorsqu'elle  serait 
portée  au  lieu  de  sa  sépulture. 

CHAPITRE  V. 

Le  bienheureux  Jean  répondit  à  la  très- 
sainte  Vierge  :  *i  Comment  pourrais-jeseul 
préparer  les  funérailles  si  mes  frères  les  dis- 
ciples de  Jé^us-Christ  et  mes  compagnons 
dans  l'apostolat  ne  venaient  pas  pour  rendre 
les  honneurs  à  ton  corps?  »  El  soudain,  par 
l'ordre  de  Dieu,  tous  les  apôtres  furent  en- 
levés par  une  nuée  des  endroits  où  ils  prê- 
chaient la  paride  de  Dieu,  et  ils  furent  dépo- 
sés devant  la  pqrte  de  la  maison  où  habitait 
Marie,  la  Mère  du  Sauveur,  et,  remplis  d'é- 
tonnemcnt,  ils  se  saluaient,  disant  :  «  Pour- 
quoi le  Seigneur  nous  a-t-il  tous  réunis  vn 
ce  lieu?  »Paul,  que  le  Seigneur  avait  pris 
parmi  les  Juifs  pour  annoncer  l'Evani^ile 
aux  gentils,  arriva  aussi.  Et  tandis  qu'une 
pieuse  discussion  s'engageait  entre  eux  pour 
savoir  qui  adresserait  le  premier  ses  prières 
au  Seigneur,  afin  qu'il  leur  révélât  la  cause 
de  ce  qui  était  arrivé,  comme  Pierre  deman- 
dait à  Paul  de  prier  le  premier,  Paul  répon- 
dit :  «t  N'est-ce  pas  à  toi  que  revient  ce  de- 
voir puisaue  tu  as  été  choisi  de  Dieu  pour 
être  ia  colonne  de  l'Eglise,  et  que  tu  as  la 
préséance  sur  tous  tes]  collègues  dans 
l'apostolat?  moi,  je  ne  suis  que  le  moiu'ire 
d'entre  vous,  et  je  ne  puis  prétendre  à  ètie 
votre  égal;  toutefois,  c'est  par  la  gr&ce  de 
Dieu  que  je  suis  ce  que  je  suis.  » 

CHAPITRE  VI. 

Tous  les  apôtres,  édifiés  par  l'humilité  de 
Paul,  se  mirent  alors  à  adresser  leurs  prié* 
res  au  Seigneur,  et  lorsqu'ils  eurent  fini  et 
qu'ils  eurent  dit  :  Amen,  l'apôtre  Jean  vint 


891 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


k  etiE  et  leur  annonça  la  volonté  du  Sei- 
gneur. Ils  entrèrent  dans  la  maison  où  était 
Marie,  Mère  de  Notre-Seigneur,  et  ils  la  sa- 
luèrent disant  :  c  Sois  bénie  par  le  Seigneur 
qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre  I  »  Et  elle  dit  : 
«iQuelapaixsoitavecvouSyfrèreschoisis  parle 
Seigneur  1  •  Et  elle  leur  demanda  :  t  Comment 
ètes-vous  yeuus  ici  ?  »  Ils  lui  racontèrent  que 
chacun  d*eux avait  étéentevé par  une  nuée  et 
apporté  auprès  d'elle.  Et  elle  dit  :  •  Le  Sei- 
gneur vous  a  amenés  ici ,  aîin  de  me  conso* 
ler  dans  les  angoisses  q^ui  doivent  me  fra(>- 
per.  Je  vous  prie  de  veiller  tous  avec  moi 
sans  relâche  jusqu'à  Tbeure  où  le  Seigneur 
viendra  et  où  je  sortirai  de  ce  corps.  » 

CHAPITRE  VU. 

Ils  s  assirent  et  la  consolèrent,  et  ils  restè- 
rent trois  jours  occupés  à  louer  Dieu,  et  le 
troisième  jour*  le  sommeil  s'empara  do  tous 
ceux  qui  étaient  dans  la  maison,  et  nul  ne 
put  rester  éveillé,  si  ce  n'est  les  apôtres  fît  trois 
vierges  qui  étaient  les  compagnes  de  la  Vier- 
ge sainte.  Et  voici,  que  le  beigneur  Jésus 
arriva  soudain  avec  une  grande  multitude 
(ranges  et  une  splendeur  éclatante ,  et  les 
anges  chantaient  des  hymnes  et  glorifiaient 
le  Seigneur.  Alors  le  Sauveur  pana  disant  : 
«  Viens,  toi  que  j*ai  choisie,  perle  très-pré- 
cieuse, entre  dans  le  séjour  de  la  vie  éter- 
nelle. » 

CHAPITRE  VIII. 

Alors  Marie  se  prosterna  sur  le  pavé,  ado- 
rant le  Seigneur  :  «  Béni  suit  le  nom  de  ta 
gloire,  ô  Seigneur,  mon  Dieu,  toi  qui  as  dai- 
gné choisir  ton  humble  servante  et  me  con- 
fier le  secret  de  ton  mystère  1  Souviens-toi 
de  moi,  Roi  de  gloire.  Tu  sais  c^ue  je  t'ai  aimé 
de  tout  mon  cœur  et  aue  j'ai  conservé  le 
.  trésor  que  tu  m'as  conué.  Reçois  ta  servan- 
te. Seigneur,  et  délivre-moi  (le  la  puissance 
(les  ténèbres,  pour  que  Satan  ne  m'attaque 
pas  et  pour  que  je  ne  voie  pas  les  esprits 
affreux  venir  autour  de  moi.  »  Le  Sauveur 
répondit  :  «  Lorsque,  envoyé  par  mon  Père 
pour  le  salut  du  monde,  jfliélé  suspendu 
sur  la  croix,  le  prince  des  ténèbres e^t  venu 
vers  moi  ;  mais,  ne  pouvant  trouver  en  moi 
nul  vestige  de  son  cœur,  il  s'est  retiré  vaincu 
et  foulé  aux  pieds.  Je  Tai  vu  et  tu  le  verras, 
suivant  la  loi  commune  du  genre  humain,  à 
laquelle  tu  te  conformes  en  mourant,  mais 
il  ne  pourra  te  nuire,  parce  qu*il  n'y  a  en  toi 
rien  qui  soit  en  lui,  et  je  serai  avec  toi  pour 
te  protéger.  Viens  donc  en  paix,  car  la  miliee 
céleste  rattend  pour  que  je  t'introduise  dans 
les  joies  du  paradis.  »  El  le  Seigneur  ayant  dit 
ces  paroles, la  Vierge  se  releva,  se  coucha  sur 
son  lit,  et,  rendant  grftces  à  Dieu,  elle  rendit 
l'esprit.  Les  apôires  virent  alors  une  splen- 
deur telle,  que  nulle  langue  humaine  ne 
saurait  l'exprimer,  car  elle  surpassait  la 
blancheur  de  la  neige  et  la  clarté  de  far- 
gent  (((59). 

(559)  Voy.  Siniéon  MëUphraste  et  saiiii  Jean 
DAiua^céiii:,  Serm.  de  dorm,  Deipara  :  i  liane  mots 
Uaiuinasi)k'iciii«!(tiniult  :ejuieiiiin  Filiuma^eressa» 


CHAPITRE  IX. 

Alors  le  Sauveur  du  monde  parla  dtsaal  : 
«i  Lève-toi,  Pierre ,  ainsi  que  les  autres  n\  6- 
très,  et  prenez  le  corps  de  Marie,  ma  bien* 
aimée,  et  portez-le  à  la  droite  de  la  ville  vers 
l'Orient,  et  vous  y  trouverez  un  sépulcre 
nouveau  ;  vous  l'y  déposerez  et  vous  aUen* 
drez  que  je  vienne  à  vous.  »  Et  le  Seigneur, 
ayant  dit  ces  paroles,  remit  TAme  de  ^a 
sainte  Mère  Marie  è  l'archange  Michel  qui 
est  le  gardien  du  paradis  et  le  prince  de  la 
nation  des  Hébreux ,  et  l'archange  Gabriel 
alla  avec  lui,  et  le  Seigneur,  avec  les  autr^^s 
anges,  remonta  au  ciel* 

CHAPITRE   X. 

Les  trois  vierges  qui  étaient  Ik  prirent  le 
cor^s  de  Marie  et  le  lavèrent  suivant  VnsB^f* 
ordinaire  pour  les  funérailles.  Et  quand  elles 
l'eurent  dépouillé  de  ses  vêtements,  ce  corfis 
sacré  brillait  d'une  telle  clarté,  que  ce  n'é- 
tait que  par  un  effet  de  la  bonté  de  Dieu 
qu*on  pouvait  le  toucher;  il  était  parfailt"* 
ment  pur  et  exempt  de  toute  souillure.  i:t 

Jjuand  il  eut  été  revêtu  de  linges  et  d'étor- 
és  ordinaires,  cette  clarté  disparut  peu  à 
Eeu.  Et  le  visage  de  la  bienheureuse  Marie, 
[ère  de  Dieu ,  était  seinblable  k  la  fleur  du 
lis,  et  son  corps  répandait  une  odeur  d*une 
suavité  merveilleuse  et  telle  qu'on  ne  sau- 
rait en  trouver  de  pareille. 

CHAPITRE  XI. 

Les  apôtres  dé|)osèrent  le  corps  sacré  au 
cercueil  et  ils  se  dirent  mutuellement  :  •  Qui 
est-ce  qui  portera  la  palme  devant  le  cer- 
cueil? »  Alors  Jean  dit  k  Pierre  :  <  Toi  qui 
nous  précèdes  dans  l'apostolat ,  tu  mérite) 
de  porter  cette  palme.  »  Pierre  répon«iil  * 
«  Tu  es  le  seul  d^entre  nous  qui  soit  demeuré 
vierge,  et  lu  as  trouvé  auprès  du  Seigneur 
une  faveur  telle,  que  tuas  repjosé  sur  sa  [K)i« 
trine.  Et  déplus,  lorsqu'il  était  attaché  sur  la 
croix,  il  t'a  recommandésa  Mère.  Tu  dois  donc 
porierla  palme  ;  jejsoutiendrai  le  corps  sacré  rt 
vénérable  jusqu'au  sépulcre.»  Paul  dit:  «Moi 
qui  suis  le  plus  jeune  de  tous  tous,  je  lo 
porterai  avec  toi.  »  Etant  ainsi  d'accurJ» 
Pierre,  élevant  le  cercueil  sur  sa  tétr,  se  nui 
k  chanter  et  k  dire  :  •  Lorsqu'lsraël  sortit  <)e 
TEgypte,  »  et  Paul  aidait  Pierre  k  soutenir 
le  corps  sacré,  et  Jean  portail  devant  la i-a- 
me  de  la  lumière,  et  les  autres  apAtres  chau- 
laient d'une  voix  fort  harmonieuse. 

CHAPITRE  XII. 

Et  voici  qu'il  se  passa  un  nouveau  mira- 
cle. Car  une  grande  couronne  de  nuée  i(^ 
parut  sur  le  cercueil,  semblable  au  gra(  ^1 
cercle  qui  a  coutume  d'apparaître  auprès  lie 
la  splendeur  de  la  lune.  Et  l'armée  des  angeb 
était  dans  les  nuées,  chantant  des  hymnes,  et 
la  terre  retentissait  des  sons  d'une  tiarmnDie 
exquise.  Et  le  peu()le,  au  nombre  de  quinxa 
mille  hommes  en virou, sortit  de  la  ville,  et  i< 

didîciiex  U$  qu«  passa  etl»  et  ciun  ifsa  eiperiAviii 
diilicissel,  fuil  caiôigau.  » 


S'J3 


MEL 


PART.  lîl.-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


UEL 


m 


liisait  :  «  Qu'est-ce  que  c*est  que  ces  sous  si 
Itarmonieux  T  »  Et  Tun  d'eux  dit  aux  autres  : 
c  Marie,  Mère  de  Jésus,  vient  de  sortir  de 
son  corps,  et  lesdiscipiesde  Jésus  chantent  au- 
irèsd'eile  les  louanges  deDieu.^Etils virent 
iesap6tres  qui  apportaient  le  cercuei  I  en  chan- 
tant.Alorsund'euxqui  était  princedes  prêtres 
des  Juifs  fut  rempli  de  fureur  et  dit:  «Voyez 
qaeis  honneurs  reçoit  le  cercueil  de  la  M*ère 
(le  celui  qui  a  jeté  dans  votre  nation  tant  de 
irooblel  »  Et,  s'approchent  du  cercueil,  il 
Toulat  le  renverser.  Et  aussitôt  ses  bras  se 
desséchèrent  à  partir  du  coude  et  restèrent 
attachés  au  cercueil,  et  il  éprouvait  des 
souffrances  horribles,  tandis  que  les  apôtres 
s*arançaient  en  chantant  :  «  Les  anges  qui 
étaient  dans  la  nuée  ont  frappé  le  peuple 
d'aveuglement.  » 

CHAPITRE  XIII. 

Et  il  criait  disant  :  «  Je  t'en  supplie,  Pier- 
re, toi  qui  es  chéri  de  Dieu,  ne  m'abandonne 
pas  dans  un  si  grand  besoin,  car  je  ressens 
des 'tourments  extrêmes.  Souviens-toi  que 
lorsque  Ja  servante  te  reconnut  dans  le  pré- 
toire et  que  d*autres  t'accusaient ,  je  pris  ta 
défense  et  je  dis  du  bien  de  toi.  »  Pierre  ré- 
pondit :  «Il  n*est  pas  en  mon  pouvoir  de  te 
secourir,  mais  si  tu  crois  de  tout  ton  cœur 
au  Seigneur  Jésus -Christ  que  la  Vierge  que 
tu  as  voulu  outrager  a  porté  dans  son  sein 
sacré,  restant  vierge  après  l'avoir  enfanté, 
Dieu  te  guérira  lui  qui,  dans  sa  grande  clé- 
mence, sauve  ceux  oui  en  sont  indignes.»  Et 
le  prêtre  juif  répondit  :  «  C'est  l'ennemi  du 
genre  humain  qui  a  aveuglé  nos  cœurs,  afin 
que  nous  ne  confessions  pas  les  grandeurs 
de  Dieu,  et  qui  nous  a  amenés  à  blasphémer 
contre  le  Christ  en  criant  :  Que  son  sang 
soit  sur  nous  et  sur  nos  enfants.  »  Pierre 
Jil  :  4  Ce  blasphème  ne  nuira  qu'k  ceux  qui 
fiersisleront  dans  l'infidélité.  La  miséricorde 
île  Dieu  n'est  pas  refusée  à  ceux  qui  se 
convertissent  h  lui.  »  Et  le  prêtre  répondit  : 
•  Je  crois  tout  ce  que  tu  dis,  mais  aie  pitié 
de  moi  pour  que  je  ne  meure  pas.  » 

CHAPITRE  XIV. 

K\oTs  Pierre  fit  arrêter  le  cercueil  et  dit  au 
prêtre  :  t  Si  lu  crois  de  tout  ton  cœur  au 
Seigneur  Jésus-Chnst ,  que  tes  mains  rede- 
viennent .libres.  »  Et  quand  il  eut  dit  :  «  Je 
crois,  •  aussitôt  ses  mains  se  dégagèrent  du 
cercueil ,  mais  ses  bras  restaient  paralysés 
et  ses  souffrances  n'avaieut  pas  cessé.  Et 
Pierre  lui  dit  :  «  Approche-toi,  et  embrasse 
le  cercueil,  et  dis:  Je  crois  en  Dieu  et  au  Fils 
de  Dieu  Ji'sus- Christ  que  Marie  a  porté,  et 
je  crois  à  tout  ce  que  Pierre,  Tapôtre  de 
Weu,  m'a  dit.  »  Et  le  prêtre  s'approcha,  il 
baisa  le  cercueil,  et  aussitôt  il  n'éprouva  plus 
aucune  souffrance,  et  ses  bras  furent  guéris. 
Y  ^^  se  mit  b  louer  et  à  bénir  Dieu  avec 
K'rveur  et  à  rendre,  d'après  les  livres  de 
«Uiise,  témoignage  à  Jésus-Christ,  de  sorte 
•)ue  les  apôtres  en  étaient  frappés  d^étonne-r 
Ijient  et  pleuraient  de  joie,  louant  le  nom 
ao  Seigneur. 


CHAPITRE   XV. 


Et  Pierre  lui  dit  :  n.  Reçois  la  palme  d^s 
mains  de  notre  frère  Jean,  et  retourne  à  la 
ville  où  tu  trouveras  une  grande  foule  frap- 
pée d'aveuglement,  et  annonce  la  parole  de 
Jésus -Christ,  et  mets  cette  palme  sur  les 
yeux  de  tous  ceux  qui  croiront,  et  ils  recou- 
vreront  la  vue.  Ceux  oui  ne  croiront  pas 
resteront  aveugles.»  Et  le  prêtre,  ayant  fait 
ce  que  lui  disait  Pierre,  trouva  une  multi- 
tude d'hommes  qui  disaieut  :  «  Malheur  à 
nous,  car  nous  avons  été,  comme  les  habi- 
tants de  Sodome,  frappés  d'aveuglement.  » 
Et  quand  ils  entendirent  les  paroles  du  prê- 
tre qui  avait  été  guéri,  ils  crurent  au  Sei- 
gneur Jésus- Christ,  et  ils  recouvrèrent  la 
vue,  après  que  la  palme  eut  été  posée 
sur  leurs  yeux.  Et  ceux  qui  persistèrent 
dans  la  dureté  de  leur  cœur  moururent 
aveugles.  Et  le  prêtre  revint  aux  apôtres, 
rapportant  la  palme  et  leur  annonçant  ce  qui 
s'était  passé. 

CHAPITRE  XVI. 

Les  apôtres,  portant  le  corps  de  Marie» 
parvinrent  .à  la  vallée  de  Josaphat  quo  le 
Seigneur  leur  avait  désignée. Et  us  le.'déposè* 
rent  dansunsépulcreneuf  etilsie  fermèrent» 
et  ils  s'assirent  à  la  porte  du  monument, ainsi 
que  Dieu  le  leur  avait  commandé.  Et  voici 
qiie  le  Seigneur  Jésus  arriva  soudainement 
avec  une  armée  innombrable  d'anses  bril- 
lants d'une  grande  splendeur,  et  il  dit  aux 
apôtres  :  «  La  paix  soit  avec  vous.  »  Et  ils 
repondirent  :  «  Seigneur,  que  ta  miséricor- 
de s'étende  sur  nous  qui  avons  espéré  en 
toi.  »  Alors  le  Sauveur  leur  parla  disant  : 
«  Avant  que  je  montasse  vers  mon  Père ,  je 
vous  ai  promis,  à  vous  qui  m*avez  suivi, 
que  lorsque  le  Fils  de  Thomme  aurait  pris 
possession  du  siège  de  sa  majesté ,  vous  se* 
riez  assis  sur  douze  trônes,  jugeant  les 
douze  tribus  d'Israël.  L'ordre  de  mon  Père 
Il  choisi  Marie  parmi  les  tribus  d'Israël  pour 
que  j'habite  en  elle;  que  voulez-vous  donc 
que  je  fasse  à  son  égard?  »  Et  Pierre  et  les 
autres  apôtres  dirent  : '«  Seigneur,  tu  as 
choisi  ta  servante  sans  tache  pour  y  faire  ta 
résidence,  et  tu  nous  as  choisis,  nous  qui 
sommes  tes  esclaves,  pour  prêcher  la  pa- 
rôle.  Avant  tous  les  siècles,  tu  as  réglé  tou- 
te chose  avec  le  Père  et  l'Esprit-Saint  avec 
lesquels  une  seule  divinité  égale  est  k  lui 
ainsi  qu'une  puissance  iniinie.  Il  paraîtrait 
juste  à  tes  serviteurs  que,  de  même  qu'ay/mt 
vaincu  la  mort,  tu  règnes  dans  la  gloire,  tu 
ressuscitasses  le  corps  de  Mario  et  tu  la  con- 
duisisses pleine  de  joie  dans  le  ciel,  ji 

CHAPITRE   XVIL 

Alors  le  Sauveur  dit  -  «i  Qu'il  suit  fait 
suivant  votre  parole.  »  Et  il  ordonna  à  l'ar- 
change Michel  d'apporter  l'âme  sainte  de 
Marie.  Et  aussitôt  1  archange  Gabriel  enleva 
la  pierre  qui  fermait  le  monument,  et  le  Sei- 
gneur dit:  «  Lève-toi,  mon  amie;  loi  qui 
n*as  pas  senti  de  corruption  par  le  contact 
de  l'homme»  tu  ne  souffriras  [)as  la  destruc- 


dfts 


DICTÎOKNAIIIE  DES  APOCRIPHES. 


506 


tion  du  corps  dans  le  sépulcre.  »  Et  aussitôt 
Marie  se  leva  et  bénit  le  Sei)$neur»et,  étant 
tombée  k  ses  pieds,  elle  Tadorait  disant  : 
<r  Je  ne  puis ,  Seigneur,  te  rendre  des  ac- 
tions de  grâce  dignes  des  bienfaits  que  tu  as 
daigné  accorder  à  ta  servante. Que  ton  nom, 
Rt^dcmpteur  du  monde  et  Dieu  d'Israël ,  soit 
béni  dans  tous  les  siècles.  » 

CHAPITRE  XVm. 

Le  Seigneur,  Payant  embrassée,  la  remit 
nux  mains  des  an^es  pour  qu*ils  Ja  portas- 
sent dans  le  paradis.  Et  il  dit  aux  aiiôlres  : 
«  Approchez^vous  de  moi.  »  Et  lorsqu'ils  se 


furent  approchés,  il  tes  embrassa  et  leur 
dit  :  «  Que  la  pait  soit  avec  vous;  je  serai 
toujours  avec  vous  jusqaà  )tt  consoinmalioii 
du  siècle.  »  Et  le  Seigneur,  ayant  dit  ces  (lâ- 
rôles,  fut  enlevé  par  une  nuée  et  remonta 
au  ciel,  et  les  anges  Taccomnaguèrent  (sor- 
tant la  bienheureuse  Marie,  Mère  de  Dieu, 
au  paradis  de  Dieu.  Et  les  apôtres  furent 
rapportés  par  des  nuées»  chacun  à  Tendroii 
où  il  prêchait  i'Evafigile,  racontant  kes gran- 
deurs divines  et  louant  Noire-Seigneur  Jé- 
sus-Christ qui  vit  et  qui  règne  avec  le  Père 
et  le  Saint-Esprit  dans  une  parfaite  unité  et 
dans  une  même  substance  de  divinité, Uau> 
Les  siècles  des  siècles»  Amen  (560], 


On  peut  placer  à  cAté  deTouvragede  Méli- 
ton  une  légende  grecquedont  ilexistedivers 
manuscrits.  Thilo,  qui  avait  l'intention  delà 
comprendre  dans  son  Corpus  apocryphorum^ 
resté  inachevé,  l'avait  transcrite  d  après  le 
manuscrit,  C.  1173  de  la  bibliothèque  im- 
péiiale.  où  elle  occupe  les  feuillets  26V-267, 
et  oit  elle  porte  le  titre  de  Discours  de  saint 
Jean  le  théologien  sur  la  résurrection  de  la 
sainte  Mire  de  Dieu.  Les  manuscrits  C.  1021, 
770»  1215,  renferment  la  même  production 
avec  quelques  variantes.  Un  autre  manuscrit, 
C.  523,  en  présente  un  extrait  en  y  joignant 
un  passage  emprunté  aux  ouvrages  attribués 
h  sàiiti  Denys  f'Aréopa.^ite.  [Yoy.  le  livre  De 
divinis  nominibus,  c.  3,  t.  I,  p.  WtS^  de  l'édi- 
tion de  Gordier,  Venise,  IGSO)  Denys  dit 
quM  est  venu  avec  Jacques,  Pierre  et  d'au- 
tres apôtres,  afin  de  contempler  ce  corps  qui 
avait  donné  le  principe  de  vie,  et  qui  avait 
reçu  Dieu,  mais  qu'il  n'avait  trouvé  nul  ves- 
tige du  corps  de  Marie,  lequel  avait  été  en- 
levé au  ciel. 

Un  manuscrit  de  la  bibliothèque  Coislin, 
n*  121,  indiqué  par  Montfaucon,  renferme 
aussi  ee  discours.  On  le  retrouve  dans  d'au- 
tres manuscrits  avec  le  nom  de  Jacques  au 
lieu  de  celui  de  Jean,  notamment  dans  un 
manuscrit  do  la  bibliothèque  de  Vienne 
(TheoL  Grœc.  n.  151),  cité  pnr  Lambécius 
(Comment,^  t.  IV,  p.  121),  et  dans  un  du  xir 
siècle,  appartenant  à  ta  bibliothèque  impé- 
riale de  Paris  (C.  150<^,  olim  Colbertinus 
1033,  ium  Regius  22^5).  Celui-ci  offre  quel- 
«ues  différences  avec  le  récit  ordinaire; 
il  représente  les  douze  apôtres  comme  ayant 
«•té  enveloi)pés  par  une  nuée,  lorsqu'ils  por- 
taieot  sur  leurs  épaules  le  sépulcre  où  était 
le  corps  de  Marie,  et  enlevés  au  ciel  avec  lui 
avant  d'être  parvenus  au  sépulcre.  ' 

Thilo  [Acla  S.  Thomœ ,  Lipsi»,  1823, 
p.  xviii)  donne  surtout  ceci  de  plus  amples 
détaiisqu'il  serait  superflu  de  reproduire,  et 
il  observequ'Epiphane,  moinede  Jérusalem, 
qui  vivait  vers  le  xn*  siècle,  invoque  l'au- 
torité de  Jean  le  théologien,  dans  son  livre 

(5(>0)  Comhëfis  [Aueluar'tum  notHm  Biblioth.  Pa- 
truMj  I.  I,  p.  8il)  iiier.tioniic  un  dis*  ours  de  Jraii 
du  Tiirssaloiiiipio  sur  runsoipption  de  lu  Vii'i'<;e;  il 
reproduit  en  gi-jndc  partie  le:»  '>ctai!s  coiitcuus  dans 


De  vilaS.  Jfari»,  publié  par  J.-A.  Minija- 
rellidans  \es  Anecdota  litteraria  d'Amaducci» 

vol.  m,  p.  29. 

Donnons  maintenant  une  analyse  succincta 
de  cette  production  qui  est  demeurée  iné* 
dite. 

alarie  s'élant  un  jour,  selon  son  usage, 
et  malgré  l'opposition  des  Juifs,  rendue  au 
tombeau  de  son  Fils,  afin  d*y  prier,  Tar- 
change  Gabriel  lui  appparut  et  lui  annonça 
que  ses  désirs  seraient  bientôt  accomplis,  et 
qu'elle  serait  admise  dans  le  ciel.  Elle  revint 
alors  à  Bethléem  avec  (rois  vierges  qui  rac- 
compagnaient, et  elle  demanda  au  Sei^^neur 
de  reunir  auprès  d'elle  Jean  et  les  autres 
apôtres,  vivants  ou  morts.  Jean  fut  porté 
depuis  Ephèse  sur  une  nuée,  et  après  de^ 
salutations  réciproques,  après  avoir  ensemble 
adoré  Jésus-Christ,  Marie  annonce  à  l'a^'ù- 
treque  les  Juifs  avaient  juré  quMIs  brûle* 
raient  son  corps.  Alors  une  voix  céleste  an- 
nonce l'arrivée  des  autres  apAtre<$  que  le 
Saint-Esprit  avait  appelés,  et  qui,  apportés 
soudain  par  des  nuées  dans  la  demeure  d^- 
Marie,  lui  rendent  hommage,  et,  conforwj- 
ment  à  sa  prière,  lui  racontent  d'où  ts 
sont  venus,  de  quelle  manière  et  dans  quel 
but.  Ln  Vierge,  d'accord  avec  eux,  rend  grâ- 
ces à  Jésus-Christ.  Et  voici  qti'au  milieu  d'J 
fracas  du  tonnerre,  les  armées  célestes  en- 
tourent l'humble  habitation  de  Marie;  un 
grand  nombre  d'habitants  de  Bethléem  s^ui 
guéris  de  toutes  leurs  maladies  en  touchant 
\qs  murailles  de  cette  demeure. 

De  pareils  p'-odiges  no  font  qu'irriter  i^s 
prêtres  juifs;  ils  veulent  a!taquer  les  apô- 
tres, mais  une  vision  redoutable  les  en  em- 
pêche; ils  s'adressent  alors  au  préteur  ro- 
main, et  lui  demandent  d'envoyer  è  Bi*tli- 
léem  un  officier  supérieur.  Les  apôlri\^ 
reçoivent,  de  leur  côté,  l'ordre  do  ne  ru:i 
craindre  et  de  se  rendre  à  Jérusalem;  ii>  y 
sont  transportés  sur  une  nuée,  et  ilsappu* 
tent  avec  eux  le  cercueil  do  Marie,  ils  |>j^- 
seut  en  cette  ville  cinq  jours  consacrée  u  u 

récrit  qui  porte  le  nom  de  Méliion  ;  le  Mvani  IV^ 
iiiiniiaiii  avaii  d'alMird  en  la  |MMiséâ  de  pulil^r  «t 
écrit  :  il  y  renonça,  le  irouvaiU  trop  chargé  de  eu - 
constances  apocrvi>lie5« 


191 


iiEL 


PART.  UI.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MKL 


m 


prjèfA. Cette  nouvelle  se  répand,  elles  JuiTs 
leuloiU  de  mettre  le  feu  k  la  demeure  de 
Marie,  mais,  pnr  un  juste  châtiment  de  leur 
impiété»  les  flammes  qu'ils  ont  allumées 
consument  un  grand  nombre  d'entre  eux. 
Celte  merveille  démontre  au  préteur  et  à 
beaucoup  de  Juifs  la  sainteté  de  Marie  et 
des  apôtres.  Le  Saint-Esprit  annonce  alors 
que  le  jour  du  dimanche,  Jésus  viendra 
prendre  sa  Mère  avec  lui,  et,  au  moment 
atiDoncé,  le  Sauveur  arrive  avec  une  grande 


multitude  d'anges,  el,  après  divers  discours, 
il  reçoit  l'&me  de  Marie.  Tandis  que  les  apô- 
tres portent  dans  un  cercueil  le  cadavre 
inanimé,  un  des  Juifs,  appelé  Jéphonias, 
veut  le  saisir  ;  aussitôt  un  glaive  de  feu  tran« 
che  ses  mains,  mais  elles  lui  sont  rendues, 
lorsqu'il  a  promis  de  croire  en  Jésus-Christ. 
Après  ce  miracle,  le  corps  sacré  de  Marie 
est  enlevé  au  ciel;  les  apôtres  y  sont  égale- 
ment transportés,  et  ils  y  contemplent  toute 
l'armée  céleste. 


MELLITUS. 

[Passion  de  saint  Jean  Vévangélisle^  écrite  par  Mellitus  (561). 


Cette  composition  qui  reproduit,  au  sujet 

du  saint  apôtre,  des  traditions  d'une  haute 

antiquité  fut  publiée  pour  la  première  fois 

)iar  Florentinius  dans  son  Martyrologium  S. 

tiieronymi  et  insérée  par  Fabricius  dans 

son  Codex  apocryphus  Novi  Teslamenti,  t.  li, 

p  604;  le  premier  éditeur  donne  à  son  é^ard 

desdétaiIsquMl  n'est  pas  inutiledere|)roduire: 

Quiavero  in  idem  consonat  aniiquaMeU 

lili  Laodieensis  episcopi  historia  et  Joannis 

assumptionem  confirmât,  libuit  eamdem  ex 

manuseripto  ac  pervetusto  pênes  me  Hagiolo' 

gio  attexerCf  quodmultis  tamen  non  ignotam  et 

nUquibus  emunctœnaris  viris  non  improbatam 

xiderim,  Eadem  fere  est  quœ  apud  Boninum 

Mombritium  legilur^  sedquia  ilbusjam  perve- 

titsti  codices  rariores  sunt  dum  nostras  qualeS' 

eunque  notationes  addimus^  nec  iterato  edere 

dûplicuit.  Hanc  eamdem  qua  sanctus  Petrus 

Damianiatiique  Patres  usi  suntf  acta  verbaque 

rouferentibusj  et  ex  in fra  dicendis  facile  cons- 

<afru.  Eamdem  quoque  esse  quam  Ordericus 

VUaliSf  lib.  ii  Eccles,  hislor.t  contractam 

tfmtilamqtie  exhibuit^  palam  est ,  sicuti  illam 

pariier  quam  ex  Codice  Passionali  apud  Prœ^ 

tncMratenses  Lovanii  vidit  Joannes  Nessels^ 

tt  in  historiarum  censura  uti  pietati  et  veri' 

laticonsonam  taudabit.  An  vero  Miletus  tel 

Mtllitus  potius  dicendus  sit  quanquam  non 

p/ffie  liqueatf  Orderico  tamen  qui  ante  quin- 

^tnios  annos  scripsit  et  non  minoris  œtalis 

ihqioloaio  nostro  adhœreo ,  qui  Metlitum , 

f^on  Metitumexpresselegunt. Melitonem  Asia^ 

Hum  sanctumepiscopum  Sardensem^  cui  falso 

eiiam  ascribitur  liber  De  transiiu  B.  Virgi- 

n.'i,  palam  convincitur  non  esse^  cum  is  sub 

Àureliano  secundo  sœculo   floruerit,  nosler 

tfro  Mellitus  vulgata  jam  hœresi  Manichœo- 

r»m  scripsisse  liqueat.    Laodicena  profecto 

tccltsia  cujiÂS    episcopus    enumiatur,    non 

mdo  in  Asia  conlinetur^  ubi  D.  Joannes 

f^cangelii  seminaintudt^  sedunam  ex  septem 

l^cclesiis  quas  ipse  fundavit^  docti  in  Apocali- 

pnm  interprètes  passimdocent, ut  dubitandum 

«oft  sit  quin  Joannis  Acta  et  sinceriores  de 

r/us  vita   tractationes  inde  habere  potuerit^^ 

d^mmodo  verum  prœferat  titulum  Laodiceni 

U'iicopi,An€tiam  Latinus  hic  scriptor  sitf 

(%l)  Parmi  les  manuscrits  syriaques  qui  onl  ëlé 
^t'itiifi  il  y  a  peu  d  aunceH  par  le  Musée  britannique, 
ï.wirouvc  u.  12.174,  I4,i;il.  14,050,  une  histoire 


vel  e  Grœco  translatus^  dum  interpretis  tio- 
men  refert,  dicere  non  auderem.  Gravis  un'- 
queauctor  est^  et  falsi  redarguiposse  non  video. 
Quod  enim  objicit  eidem  Joannes  Bessels  ex 
Tertulliano  de  tempore  exsilii  in  Pathmo  tn- 
sula^  facile  ex  infra  dicendis  diluitur.  Quœ- 
eunque  autem  Acta  hœc  doctioribus  reputari 
possintt  edere  non  piguit^  cum  et  Prochori  de 
Joanne  historia^  nemine  réclamante^  menda^ 
dis  aspersa  et  apocrypha  pluries  jam  édita 
sit  et  de  ea  non  desint  graves  scriptores  qui 
fabulis  amputatis  ad  aliorum  veritatem  eon- 
firmandam  testimonia  non  vereantur  addu- 
cere. 

Photiusade  son  côté  mentionné  Thistoire 
qui  nous  occupe;  il  la  joint  aux  écrits  mis 
sous  le  nom  de  Prochore  ou  attribués  à  Leu- 
cius,  et  comme  ces  derniers  étaient,  nous 
l'avons  dit,  remplis  de  fables  et  d'erreurs,  le 
partpiarcbedeConstantincple  en  porteun  ju- 
gement sévère.  Etverboutdicam^  liber  hic  in- 
pnita  continet  puerilia^  non  credenda ,  mais 
confictaetfafsa^  stultaque^  et  intersepugnantia 
atque  impia  et  Deo  indigna  ,  ut  qui  eum  hœ- 
reseos  omnis  fontem  atque  fundum  dixerit^  a 
verominimeaberrarit.  [Bibliotheca^  cod.l^i^*) 
Fabricius  (Codex  apocr^  N.  Test.^  t.  Il, 
p.  774)  conjecture  que  c'est  de  l'écrit  que 
pouvait  être  emprunté  le  trait  rapporté  par 
Cassien  (collât.  24,  c.  21),  et  qui  montre 
saint  Jean  répondant  à  un  chasseur  qui  s'é- 
tonne de  le  voir  caresser  une  perdrix,  qu'il 
n'est  pas  possible  de  tenir  un  arc  toujours 
tendu  et  bandé,  et  qu'un  peu  de  distraction 
est  nécessaire  à  l'esprit  pour  qu'il  reprenne 
ensuite  sa  Iflche  avec  une  vigueur  nouvelle: 
Nec  nostri  animi  te  offendat  tamparvahœc 
brtvisque  taxai io  ^  quœ  nisi  remissions  qua- 
dam  vtgorem  intensionis  suœ  interdum  rele^ 
vet  ac  relaxetf  irremisso  rigore  lentescens 
virtute  Spiritus  cum  nécessitas poscit  obsecun^ 
darenon  polerit.  {Voy.  aussi  t6id.,  p.  788.) 
L'ouvrage  portant  le  nom  de  Mellitus  cor- 
respond en  bien  des  endroits  aul  Actes  grecs 
dont  nous  avons  parlé  dans  l'article  consacré 
h  saint  Jean  (col.  357)  On  y  retrouve  la  cir- 
con>tatice  du  poison  bu  impunément  par  fa** 
pôlre,  cl  celles  qui  accompagnent  sa  mort.  Coa« 

de  la  Vie  et  mort  ds  saint  Jean  ;  elle  inériterail 
<rélie  rapprochée  des  ccri(s  apocryphes  que  nous 
pus^éJous  sur  Je  même  sujet. 


599 


DICTIONNAIUE  D£S  APUCIl¥rilE&. 


600 


sultcz   irailietirs    Thilo    {Acia  S,    Thomœ^ 

SLXxvii),  qui  lerinine  en  ces  termes  les  ré- 
eiionsauKqiiellcs  il  se  livreà  cet  égard  :  llœc 
Latini  opusculi  cum  Grœco  quœ  deprehendi' 
tur  convenientia ,  ex  eo  videlur  explicanda^ 


qnod  uirumque  a  Leucii  Actis  haustum  est. 
Oinnino  uterqae  scriptor  altos  /radi/tcmei  Je 
rébus  Joannts  divulgatas  ad  libidimm  ad- 
miscuisse  sire  us  Leucianus  Ismperatisu 
censendus  est^ 


MeriilQS,  serviteur  de  Dieu,  éVèque  de 
Laodicée,  à  tous  les  évèques  et  à  toutes  les 
églises  des  Catholiques,  souhaite  le  salut 
éternel  dans  le  Seigneur.  Je  veux»  mes  frè- 
res, (jue  vous  soyez  en  d(^fiaifce  contre  un 
certain  Leucius,  qui  a  écrit  les  Actes  des 
apôtres,  ceux  de  Jean  l'évangélisterde  saint 
Andiét  et  de  Thomas  l'apôtre.  Il  a  dit  cer- 
taines choses  vraies  des  prodiges  que  ]e 
ScrgneuF  fit  par  leur  entremise,  mais  au  su- 
jet de  la  doctrine,  il  a  avancé  beaucoup  de 
mensoiiges.  Car  il  dit  qu^ils  ont  avancé  qa*il 
eiistait  deux  principe»»  ce  que  TËglise  de 
Jésus-Christ  abhorre  ;  et  saint  Jean  I  apôtre, 
en  tôle  de  son  Evangile,  atteste  qu*il  n\y  a 
qu'un  principe  en  lequel  a  toujours  été  le 
Verhe»  par  qui  ont  été  créées  toutes  les 
choses  visibles  et  invisibles.  .Mais  Leucius 
dit  qu*ils  ont  enseigné  qu'il  y  avait  deux 
principes,  celui  du  bien  et  celui  du  niai  ; 
que  le  bien  était  l'œuvre  du  bon  principe, 
et  le  mal  Tœuvre  du  mauvais,  tandis  qu'il 
est  certain  .que  le  mal  n'est  rien  de  subslan* 
tiel,  et  qu'il  n'y  a  nulle  créature,  visible  ni 
invisible,  qui  puisse, par  sa  nature,  ôlre 
regardée  comme  mauvaise.  L*ange  mauvais 
ainsi  que  Thumme  mauvais  a  été  créé  bon 
par  le  Seigneur  ;  s*il  est  méchant,  c'est  parce 
qa'il  a  osé  se  révolter  contre  la  volonté  de 
son  créateur;  car  les  anges  et  les  hommes 
qui  sont  connus  pour  être  méchants  sont 
condamnés  par  la  justice  do  Dieu.  Le  juste 
sait  que  l'injustice  vient,  non  de  Torigine 
des  anges  ou  des  hommes,  mais  de  ce  qu'ils 
Font  encourue  en  agissant  injustement.  Si 
l'esclave  a  accompli  ce  que  le  Seigneur  a 
défendu,  et  s*il  n'a  pas  fait  ce  qui  lui  était 
commandé,  il  sait  qu'il  est  chfttié  avec  jus- 
tice; lorsqu'il  aura  avi*c  humilité  reconnu 
sa  présofnption,  et  qu'il  aura  dit  de  tout  son 
cœur:  n.  J'ai  péché  contre  toi, Seigneur,  aie 
pillé  de  moi,  »  la  miséricorde  du  Seigneur 
le  soutiendra,  et  celui  qui  avait  encouru  les 
châtiments  de  la  justice  du  juge  équitable , 
obtiendra  Tindulgence  du  Seigneur  misé- 
ricordieux.  Ainsi,  pour  te  montrer  vrai- 
ment pécheur,  honore  Dieu  ton  créateur  ; 
tu  l'honores  en  l'accusant  toi  seul  lorsque 
tu  es  en  faute,  et  si  tu  n'attribues  pas  à  ton 
rréaieur  les  péchés  que  tu  commets.  Si  tu 
t'accuses  avec  franchise  lorsque  tu  pèches, 
tu  peux  réussir  à  obtenir  la  véritable  indul- 
gence. J*ai  mentionné  ces  choses  à  i^use  de 
Leucius  qui,  rempli  demensonges,  aannoiicé 
que  les npôlres du Seigneuravaient  enseigné 
Qu'il  existait  deux  principes  créateurs  de 
I  homme,  fâme  étant  l'œuvre  du  Dieu  bon, 
et  la  chair  l'œuvre  du  Dieu  méchant,  ei  que 
Tâme  avait    été  entraînée  dans  le  péché 
par  la  nécessité  de  la  chair.  S*il  en  était 
ainsi, ccluiqui  ne  pèche  pas  ne  vivrai  point. 


de  même  que  celui  qui  ne  mange  pas,  ou  ne 
boit  pas,  ou  ne  digère  pas,  ou  ne  dort  pas, 
assurément  ne  peut  vivre.  Et  on  ne  pourrait 
pas  dire  que  celui-là  vil  qui  ne  se  livre  pa^ 
à  la  fornication,  ou  qui  ne  vole  pas,  ou  qui 
ne  commet  pas  quelque  autre  crime.  Ce 
sorait  prétendre  que  1  homme,  qui  ne  peut 
vivre  sans  nourriture  et  sans  vêtement,  n<^ 
peut  vivre  sans  fornication.  Mais  il  est  cer- 
tain que  Thomme  a  été  formé  par  leCréateur 
pour  qu'il  vive  exempt  de  crimes,  tamiift 
qu*il  ne  petit  vivre  privé  d*aliment5.  Nous 
stivoHs  qu'il  peut  vivre  sans  crimes,  dêteou 
dans  un  cachot,  chargé  de  chaînes,  relé)çu6 
en  exil,  tandis  qu'il  ne  peut  exister  sau^ 
nourriture,  sans  boisson,  sans  digestion  et 
sans  sommeil.  Ces  choses  étant  leconoue», 
nous  revenons  au  récit  des  Actes  du  bien- 
heureux Jean  l'évangtMisle,  et  nous  dirons 
comment  il  émigra  vers  le  Seigneur. 

Domiiien  exerça,  après  Néron,  la  secoo^ld 
persécution  contre  les  Chrétiens,  d*où  il  ar- 
riva  que  Tapôtre  saint  Jean  fut  éloigné d*K* 
phèse ,  et  exilé  dans  Tlle  de  Pathmos,  u\\ 
il  (écrivit  de  sa  main  Y  Apocalypse  que  le 
Seigneur  lui  révéla.  Domitien  fut  mis  à  mort 
|)ar  le  sénat  romain  dans  la  mémo  année  où 
il  ordonna  Texil  de  saint  Jean,  et,  courue 
Dieu  veillait  sur  son  apôtre,  il  fut  décrété  (»ar 
un  arrêt  unanime  du  sénat,  que  tout  ce  que 
Domitien  avait  ordonné  serait  cassé.  De  \h 
il  advint  que  saint  Jean,  qui  avait  été  en* 
voyé  en  exil  par  Tordre  de  Dotuitien,  revint 
avec  honneur  à  Ephèse.  Et  le  peuple  en* 
tier,  hommes  et  femmes,  alla  au-devsnl  «i^ 
lui,  se  livrant  à  la  joie,  et  disant  :  «  Béni 
qui  vient  au  nom  du  Seigneur.  >  Et  lorsqu'il 
entra  dans  la  ville,  Drusiane,  qui  favaii  tou- 
jours suivi,  et  qui  avait  été  accablée  du  lié- 
sir  de  sa  venue,  était  portée  au  sépulcre. 
Alors  saint  Jean  vit  que  les  pauvres  et  lis 
veuves  avec  les  orphelins  pleuraient  ain^ 
que  ses  parentSi  et  qu'ils  disaient:  «  Saiui 
Jean,  voici  qu'on  emporte  Drusiane  qui,  se 
conformant  à  tes  préceptes  saints,  nous  nour- 
rissait tous,  servant  le  Seigneur  dans  rbomi* 
lité  et  dans  la  chasteté,  et  chaque  jour  elle 
espérait  après  ta  venue,  disant:  «Puis5é*je 
voir  de  mes  yeux  Tapôtredu  Seigneur  avant 
de  mourir  l»  Voici  que  tu  es  venu,  et  elle 
n'a  pu  te  voir.  »  Et  l'apôtre  dit;  «Le  Sei- 
gneur te  rappelle  à  la  vie,  Drusiane  ;  lève- 
toi,  et  retourne  en  marchant  à  ta  maisoQ«  et 
prépare-moi  un  repas.  »  Et,  è  sa  voix,  elle 
se  leva,  et  elle  marcha  selon  l'ordre  de  l'a* 
pôtre,  et  il  lui  semblait  à  elle-même  qu'elle 
n*était  pas  revenue  de  la  mort,  mais  seule- 
ment du  sommeil.  Et  le  peuple  poussa  de 
grandes  clameurs  pendant  trois  heures,  lii- 
sant  :  «  Il  n'y  a  qu'un  Dieu,  celui  que  prèclu' 


m 


UEL 


Part.  111.  -^  LEGEKDES  ET  FRAGMENTS. 


MEL 


60i 


JeiD;  il  n'y  a  qu*iin  seul  Seigneur  qui  est 
]ésus«Cbri&t.  » 

Un  autre  Jour,  le  philosophe  Craton  avait 
iDooncé  qu*]|  donnerait  au  forum  un  ex€*m- 
|Je  du  mépris  des  richesses,  ayant  persua- 
dé à  deux  jeunes  gens  qui  étaient  frères  et 
fort  riches,  d*emptojer  tout  leur  patrimoine 
à  acheter  des  pierres  précieuses  etde  les  bri- 
ser en  présence  de  tout  le  peuple.  Et  lors- 
que cela  se  faisait,  Tapôlre  vint  à  passer  en 
ixi  endroit,  et  appelant  à  lui  le  philosophe 
Cralon,  il  dit  :  «  Le  mépris  des  choses  du 
monde  est  insensé,  lorsqu'il  est  loué  par  la 
bouche  des  hommes  et  condamné  par  le  ju- 
gement divin.  De  même  que  le  remède  est 
Tain  lorsqu'il  ne  détruit  pas  la  maladie,  de 
luême  une  doctrine  est  raine  lorsqu'elle  ne 
itiiérii  pas  les  vices  des  âmes  et  des  mœurs. 
Mon  Maître  répondante  un  jeune  homme  qui 
liii  demandait  comment  on  pouvait  arriver  à 
la  vie  éternelle,  lui  dit  :  «  Si  tu  veux  être 
pariait,  vends  tout  ce  que  tu  as  et  donne-le 
aoi  pauvres,  et  tu  acquerras  ainsi  un  tré- 
sor dans  le  ciel  I  et  tu  obtiendras  la  vie  éler- 
nelle  qui  n*a  point  de  tin.  » 

Craton  répondit  :  «  Le  flux,  de  la  cupidité 
humaine  est  indomptable  ;  mais  si  vraiment 
Ion  maître  est  Dieu,  et  s'il  veut  que  la  valeur 
de  ces  pierres  précieuses  soit  distribuée  aux 
fiauvres,  fais  qu'elles  soient  remises  dans 
leur  état  primitif,  afin  que  ceque  j*ai  fait  pour 
acquérir  la  renommée  humaine,  tu  le  fasses 
pur  la  glotrede  celui  que  tu  annonces  com  me 
ton  maltro.  » 

Alors  le  bienheureux  Jean,  rassemblant 
les  fragments  des  pierres  précieuses  et  les 
plaçant  en  sa  main,  éleva  les  yeux  au  ciel  et 
dit :c Seigneur  Jésus*Christ,  à  qui  rien  n'est 
impossible,  qui  as  restauré  par  le  bois  de  la 
croix  le  monde  qui  avait  été  brisé,  qui  as 
rendu  à  un  aveugle-né  les  yeux  que  la  nn- 
lure  lui  avait  refusés,  qui  as  rappelé  à  la  vie 
Lazare  mort  et  enseveli  depuis  quatre  jours, 
et  qui  as  guéri  toutes  les  maladies  par  la 
puissance  de  ta  parole;  considère.  Seigneur, 
ces  pierres  précieuses  que  des  hommes, 
i;inorant  le  prix  de  l'aumône,  ont  brisées 
ponr  obtenir  les  applaudissements  des 
i)ommes;  rétablis-les.  Seigneur,  par  la  main 
de  les  anges  aOn  que  leur  prix  soit  appliqué 
aux  œuvres  de  miséricorde  et  qu'il  fasse  que 
ceux  qui  croiront  en  toi  parviennent  à  ton 
ff^aume,  toi  qui  vis  et  qui  rè;^ncs  par  tous 
l«s  siècles  des  siècles  avec  le  Père  etleSaint- 
^m,  » 

Et  lorsque  les  fidèles  qui  étaient  avec  l'a- 
pôtre eurent  répondu  et  dit  amen  Jes  frag- 
ments des  pierres  se  réunirent  si  bien  qu*it 
ne  demeura  nul  vestige  de  fracture. 

Alors  le  philosophe  Cralon  tomba  aux 
pieiJs  de  l'apôtre  avec  Its  deux  jeunes  gens 
et  avec  tousses  disciples,  et  il  crut,  et  il  fut 
l>3piisé  avec  eux  tous,  et  il  commença  à  prô- 
^}^f  publiquement  la  foi  de  Jésus-Christ. 
I^Mos  lieux  frères,  vendant  tout  ce  qu'ils 
Pouvaient  posséder  et  le  donnant  en  totalité 
8»»x  pauvres,  suivaient  l'apôlr**  de  ville  en 
ville  en  prêchant  la  parole  de  Dieu. 

Cl  il  arriva  qu*eu  entrant  dans  la  ville  do 


Pergame,  iU  virent  leurs  esclaves  qui  mnr- 
cliaient  revêtus  de  vêtements  de  soie  et  bril- 
lants de  l'éclat  du  monde,  et  il  résulta  que, 
frappés  de  la  flèche  du  diable,  ils  tombèrent 
dans  la  tristesse  en  se  voyant  couverts  d'un 
simple  manteau,  tandis  que  leurs  esclaves 
brillaient  de  la  splendeur  de  la  puissance. 
Mais  l'apêtre,  comprenant  (\u&  c'était  les 
ruses  du  diable,  dit  :  «  Je  vois  que  vous  avez 
changé  de  dispositions  et  de  visages,  parce 
que,  fidèles  à  l'enseignement  de  Jésus-Crrist, 
vous  avez  donné  aux  pauvres  tout  ce  que 
vous  possédiez.  Mais  si  vous  voulez  recou- 
vrer ce  que  vous  avez  possédé  en  fait  d'or  et 
d'argent  et  de  pierres  précieuses,  apportez- 
moi  quelques  petits  cailloux  pris  sur  le  bord 
de  la  mer.  » 

£t  quand  ils  Teurent  fait,  l'apôtre  avant 
in  vogué  le  nom  du  Seigneur,  ces  cailloux 
se  cnan^èrent  en  pierres  précieuses  par 
l'effet  de  la  puissance  de  Dieu.  Et  l'apôtre 
dit  :  «  Apportez-moi  des  bajçuettes  de  bois 
droites,  )»  et  il  invoqua  la  Trinité  du  Seigneur, 
et  elles  furent  changées  en  or.  Alors  le  saint 
apôtre  leur  dit  :  n  Allez  pendant  sept  jours 
auprès  des  bijoutiers  et  des  lapidaires,  et 
lorsque  vous  aurez  reconnu  que  c'est  vrai- 
ment de  l'or  et  des  pierres  précieuses,  an- 
noncez-le-moi. » 

Et  tous  deux  s'en  allèrent  et  ils  revinrent 
après  sept  jours  auprès  de  Tapôtre,  disant; 
4  Seigneur,  nous  avons  parcouru  toutes  tes 
boutiques,  et  partout  l'on  a  reconnu  la  valeur 
de  ces  objets.  »  Alors  saint  Jean  leur  dit  : 
«  Allez  et  rachetez  les  terres  que  vous  avez 
vendues  ;  achetez  pour  vous  des  vêtements 
de  soie  afin  que pendantquclcjue  temps  vous 
brilliez  comme  la  rose,  mais  dont  la  fleur, 
après  qu'elle  a  donné  son  parfum  et  montré 
sa  rongeur,  se  flétrit  soudainement.  Vous 
soupirez  à  l'aspect  de  vos  serviteurs  et  vous 
gémissez  de  ce  que  vous  êtes  devenus  pau- 
vres. Soyez  riches  dans  le  temps  pour  être 
[perpétuellement  dans  l'indigence.  Est-ce  que 
a  main  du  Seigneur  n'a  pas  assez  de  puis- 
sance pour  rendre  ses  serviteurs  possesseurs 
de  richesses  incomparables  et  pour  les  faire 
briller  du  plus  vif  éclat?  Mais  il  a  prescrit  le 
combat  des  âmes  afin  que  ceux  qui  pour 
son  nom  n'ont  pas  voulu  posséder  les  ri- 
chesses temporelles,  sachent  qu'ils  possé- 
deront les  trésors  éternels.  Notre  Maître 
nous  a  raconté  qu'un  certain  riche  faisait 
chaque  jour  de  somptueux  repas  et  qu*ii 
brillait  dans  l'or  et  la  pourpre,  tandis  qu'uu 
menJiant,  nommé  Lazare, était  couche  de- 
vant sa  porte  et  désirait  mander  les  niiettea 
qui  tombaient  de  la  table  du  riche,  mais  per- 
sonne ne  les  lui  donnait;  il  arriva  un  jour 
?|u'ils  moururent  tous  deux,  et  le  mendiant 
ut  conduit  dans  le  repos  qui  est  dans  le  sein 
d'Abraham,  tandis  que  le  riche  fut  plongé 
dans  la  flamme  de  t'incendie,  et  élevant  les 
yeux,  il  vit  Lazare  et  il  dit  :  <<  Je  te  conjure, 
père  Abraham,  d'envoyer  Lazare  afin  qu'i| 
place  dans  ma  bouche  l'extrémité  de  son 
doigt  trempé  dans  l'eau,  car  je  suis  éternel* 
lement  tourmenté  en  cette  flamme  â 
«Et  Abraham  lui  répondit  :  «  Souviens  toi^ 


003 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


t^i 


mon  fils,  que  tu  as  reçu  des  biens  pendant  ta 
vie»  tandis  que  Lazare  n'a  éprouvé  que  des 
soufTrances.  Il  reçoit  maintenant  des  con- 
solations, tandis  que  tu  es  livré  aux  tour- 
ments. Et  un  grand  intervalle  est  établi 
entre  vous,  lequel  ne  peut  être  franchi ,  car 
il  est  impossible  que  l'un  de  vous  aille  à 
l'autre.  »  Et  le  riche  répondit  :  «  J'ai  cinq 
frères  et  je  te  prie  d'envoyer  quelqu'un  vers 
eux  pour  les  avertir  de  ne  pas  tomber  dans 
ces  flammes.  »  Et  Abraham  répondit:  «i  Ils 
ont  Moïse  et  les  prophètes  ;  qu'ils  les  écou- 
tent. P  Et  le  riche  répondit  :  «  Seigneur,  ils 
ne  croiront  pas,  si  quelqu'un  ne  ressuscite.  » 
Et  Abraham  dit  :  h  S*ils  n'écoutent  ni  Moïse, 
ni  les  prophètes,  ils  ne  croiront  pas  lors 
même  que  quelqu'un  ressusciterait  d'entre 
les  morts  (562).  » 

«  Le  Seigneur  confirmai  t  par  des  signes  écla- 
tants les  discours  de  Tapfttre,  car  quelques 
hommes  ayant  dit ,  «  Si  un  mort  revenait, 
nous  te  croirions,  »  il  dit:  «  Apportez  ici 
les  cadavres  que  vous  avez.  »  Et  on  apporta 
devant  lui  trois  corps  morts,  et  ils  furent 
ranimés  comme  s'ils  étaient  endormis,  et 
cela  se  fit  par  la puissancede  celui  qui  prou- 
vait ainsi  qu'il  fallait  ajouter  foi  à  ses  dis- 
cours. Mais  que  dirai-je  de  mon  Seigneur, 
lorsque  ceux  que  j'ai  ressuscites  en  son  nom 
et  en  votre  présence  sont  devant  vous?  Vous 
avez  vu  les  parai vtiques  guéris  en  son  nom, 
les  lépreux  purifiée,  les  aveugles  rendus  à 
la  vue,  les  possédés  délivrés  des  démons. 
Mais  ceux  qui  veulent  posséder  les  richesses 
terrestres  ne  peuvent  être  en  possession 
d*une  semblable  puissance.  Lorsque  vous 
vous  êtes  approchés  des  malades,  ils  ont  été 
l^uéris,  après  avoir  invoqué  le  nom  de  Jésus- 
Christ.  Vous  avez  chassé  les  démons ,  vous 
avez  rendu  la  vue  aux  aveugles.  Cette  grâce 
vous  a  été  enlevée,  et  vous  qui  étiez  puis- 
sants et  Krands,  vous  êtes  devenus  miséra- 
bles. Mais  tandis  que  vous  inspiriez  aux  dé- 
mons une  frayeur  telle,  que,  sur  votre  com- 
mandement, ils  abandonnaient  les  corps  des 
hommes,  vous  vous  êtes  mis  à  craindre  les 
démons,  car  celui  qui  aime  l'argent  est  l'es- 
clave de  Mammon,  et  Mammon  est  le  nom 
du  démon  qui  préside  aux  ^6ins  charnels 
et  qui  domine  sur  ceux  qui  aiment  le  mon- 
de. Ceux  qui  aiment  le  monde  ne  possèdent 
point  les*  richesses  ;  ils  sont  possédés  par 
elles.  L'Esprit-Saint  a  dit  par  la  bouche  des 
prophètes  :  «  Tout  homme  se  trouble  en  vain 
parce  qu'il  thésaurise  et  qu'il  ignore  qui  ras- 
semble les  rishesses.  »  Les  femmes  qui  vous 
ont  enfantés  vous  ont  mis  au  monde  nus  et 
privés  de  nourriture,  de  boisson  et  de  vêle- 
ments; la  terre  recevra  nus  ceux  qu'elle  a 
produits.  Nous  possédons  en  commun  les 
richesses  du  ciel;  la  splendeur  du  soleil  est 
égale  pour  le  riche  et  pour  le  pauvre,  ainsi 
que  les  gouttes  de  pluie,  et  les  portes  de 
1  église,  et  la  sanctification  des  fonts  du  bap- 
tême, et  la  rémission  des  péchés,  et  la  par- 
ticipation à  l'autel,  et  la  nourriture  du  corps, 
et  la  l)oisson  du  sang  sacré,  et  l'onction  du 

(56S)  Luc.  XVI,  19-31. 


saint  chrême,  et  la  Visitation  du  Seigneur, 
et  le  pardon  du  [)éché.  Le  Créateur  accor.je 
également  toutes  ces  choses  sans  dislinctit  n 
de  personne.  Le  riche  n'use  pas  difléreoi- 
ment  que  le  pauvre  des  biens  terrestres 
mais  l'homme  malheureux  et  indigent  c^t 
celui  qui  veut  posséder  plus  que  r«  dont  li 
a  besoin.  Car  alors  les  douleurs  des  fièvres, 
les  rigueurs  des  froids,  des  peines  diverse» 
dans  chacun  des  membres  de  son  corps  nai>- 
sent  pour  lui,  et  il  ne  peut  se  rassasier  ni 
avec  des  aliments,  ni  avec  de  la  I'O.ssod. 
L'homme  avide  est  jour  et  nuit  en  proie  & 
l'inquiétude,  et  il  ne  connaît  pas  une  heur*' 
de  repos;  tandis  que  les  hommes  se  livreni 
à  leurs  passions,  qu'ils  s'efforcent  de  dé- 
pouiller ceux  qui  sont  plus  faibles  qu  eui, 
Îiu'ils  ne  veiuent  supfiorter  qu'on  leur 
asse  aucun  tort,  tandis  qu'ils  font  retomU^r 
sur  autrui  tout  le  poids  de  leur  colère,  qui  s 
s'abandonnent  aux  plaisirs  de  la  chair,  i]\i'i.i 
n'ont  pas  en  horreur  de  jouer  aux  tablo 
(563)  et  d'assister  aux  spectacles  ;  qu'ils  t.i 
craignent  p»s  de  souiller  et  d'être  souilléN 
ils  sortent  soudain  de  ce  monde  nus,  a[>(K)r- 
tant  avec  eux  leurs  seuls  péchés,  pour  les* 
quels  ils  souffriront  des  peines  peri  Ri- 
tuelles, h 

Et  tandis  que  l'apêtre  parlait  ainsi,  os  af- 
portait  au  sépulcre  un  jeune  homme  qui  éiati 
le  fils  d'une  veuve,  et  qui  s*était  marié  u  v 
avait  trente  jours.  Et  une  foule  nombreu^^e 
suivait  ses  funérailles  avec  sa  mère  la  veuv  . 
cl  les  assistants,  poussant  de  grands  cris  dt 
douleur,  se  jetèrent  aux  pieds  de  TapôT'î 
et  le  supplièrent  de  ressusciter  ce  jcur  " 
homme,  au  nom  du  Seigneur,  comme  < 
avait  ressuscité  Drusiane.Kt  la  douleur  o>* 
tous  élait  si  grande,  que  l'apAtra  lui-oiéiue 
ne  put  s'empêcher  de  répandre  des  larmes 
El  se  prosternant,  il  pleura  fort  longten.pN 
et  se  levant  après  son  oraison,  il  étendit  le^ 
mains  vers  le  ciel  et  adressa  taciteroeniai 
Seigneur  une  longue  prière.  Et  ayant  f'  i 
cela  trois  fois,  il  ordonna  de  délivrer  lacor;'^ 
du  suaire  qui  l'enveloppait,  et  i|  dit: < U 
jeune  homme  qui,  eniratné  par  l'amour  (i^ 
la  chair,  as  prématurément  perdu  la  ne!  ô 
jeune  homme  qui  n*as  pas  connu  ton  Créa- 
teur, qui  n'as  pas  connu  le  Sauveur  d^s 
hommes,   qui  n  as  pas  connu  le  vérilatie 
Ami  et  qui  est  ainsi  tombé  au  pouvoir  duQ 
ennemi  détestable  I  J'ai  répandu  devaot  l** 
Seigneur  mes  larmes  et  mes  prières  afin  qu  i> 
eût  pitié  de  ton  ignorance,  afin  qu  alTran  :.. 
du  lien  de  la  mort  tu  te  relèves,  et  alin  «l'ij 
tu  annonces  à  ces  deux  jeunes  gens,  Aiiu'i> 
et  Eugène,  quelle  gloire  ils  ont  perdue  e( 
quel  cnâliroent  ils  ont  encouru.  • 

Alors  le  jeune  homme  se  levant,  se  pn  $- 
terna  devant  l'apôtre,  et  il  se  mit  k  refn- 
mander  ses  disciples,  disant  :  «  J'ai  enieu'» 
vos  anges  s'affliger  et  les  anges  de  Saiw  *' 
réjouissant  de  votre  attachement  f>our  it> 
bivns  terrestres.  Une  résidence  tout  om' 
de  pierres  précieuses  éclatantes,  reinpl»**^^ 
;oie,  remplie  de  festins,  remplie  de  délices» 

(565)  LuHtre  (ahuih. 


(Vi5 


HCL 


PART,  m.-  LEGENDES  £T  FRAGMENTS. 


MEL 


coa 


remplie  de  la  vie  éternelle,  remplie  de  la 
lu;uière  éternelle,  remplie  de  {>lai>irs,  avait 
éîépn^paiée  pour  vous;  vous  ravez  perdue 
par  roire  faute,  et  vous  avez  acqui$  des  lieux 
d"  ténèbres  remplis  de  dragons ,  remplis  de 
flammes  dévorantes,  remplis  de  tourments 
eide  peines  incomi  arables,  remplis  de  honte, 
remplis  de  douleurs,  remplis  d'angoisses, 
remplis  de  crainte  et  d'efiroi.  Vous  avez 
porlu  un  séjour  plein  de  fleurs  qui  ne  se 
tWisscnt  jamais,  plein  de  voix  mélodieuses 
et  Je  l'harmonie  des  instruments;  vous  avez 
nqois  des  lieux  dans  lesquels  ne  cessent 
les  pleurs,  les  hurlements  et  le  deuil.  Il  ne 
vous  reste  plus  qu*à  prier  fapôlre  du  Sei- 
gneur de  ressusciter  vos  Âmes  qui  ont  été 
eifacées  du  livre  de  vie,  de  même  qu'il  m'a 
ressuscité  et  qu'il  m'a  ramené  du  trépas  à 
J'existeoce.  » 

Ellejeune  homme  qui  avait  été  ressuscité 
se  prosterna  avec  tout  le  peuple  et  avec  At- 
lieus  et  Eugèoei  et  ils  prièrent  tous  l'apôtre 
d  intercéder  pour  eux  auprès  du  Seigneur, 
et  le  saint  apôtre  leur  repondit  d'offrir  à 
Dieu  leur  pénitence  pendant  trente  jours,  et 
de  prier  avec  ferveur,  durant  cette  période 
de  temps,  pour  que  les  baguettes  dor,  re- 
I  Tenant  leur  nature  primitive,  redevinssent 
du  bois,  et  pour  que  les  cailloux  fussent 
aussi  ramenés  à  leur  ancien  état.  Et  au  bout 
(le  trente  jours,  les  baguettes  d'or  n'étant 
point  changées  en  bois,  et  les  pierres  pré* 
(ieuscs  ne  redevenant  pas  des  cailloux,  At- 
licus  et  Eugène  vinrent  auprès  de  ra})ôlre 
et  dirent  :  <«*Tu  nous  as  toujours  enseigné 
Is  miséricorde,  tu  nous  as  toujours  prêché 
l'indulgence ,  et  tu  as  recommandé  que 
l'bomme  épargnât  l'homme.  Et  si  Dieu  a 
mia  que  rhomme  eût  de  l'indulgence  pour 
i'boinme,  combien  lui,  qui  est  Dieu,  n'a-til 
pas  plus  dlndulgence  et  de  commisération 
pour  l'homme  ?  Nous  avons  été  confus  en 
notre  péché,  et  nous  déplorons  avec  larmes 
ce  que  la  concupiscence  du  monde  nous  a 
fait  commettre.  Nous  te  prions,  A  notre  mal* 
tre,  nous  te  prions,  apôtre,  de  montrer  par 
^es  faits  l'indulgence  de  Dieu  que  tu  prêches 
par  tes  paroles*  i 

Alors  le  bienheureux  Jean  pleura,  et  il  dit 
à  tout  le  peuple  qui  s'était  réuni,  ému  par 
des  sentiments  de  pénitence  :  «  Notre-Sei* 
gneur  Jésus-Christ  disait  :  «  Je  ne  veux  pas 
la  mort  du  pécheur,  mais  je  veux  qu'il  se 
convertisse  et  qu'il  vive.  »  Car  Notre-Sei- 
gneur 'Jésus  en  nous  enseignant,  au  sujet 
^e  ià  pénitence,  a  dit  :  «  En  vérité,  je  vous 
le  dis,  il  y  a  dans  le  ciel  une  grande  joie 
rarmi  les  anges  lorsqu'un  pécheur  se  con- 
v'^riit  et  fait  pénitence,  et  cette  allégresse  est 
plus  grande  que  celle  au  sujet  de  quatre- 
vin^lHiix-neuf  justes  qui  n'ont  pas  péché.  » 
D'où  je  veux  que  vous  sachiez  que  le  Seigneur 
a  accepté  leur  pénitence.  » 

Kl  se  tournant  vers  Atticus  et  Eugène,  il 
leur  dit:  «  Allez  et  rapportez  les  baguettes 
^  la  forêt  oii  vous  les  avez  prises,  parce 
qu'elles  sont  revenues  à  leur  état  primitif, 
^i  rapportez  aussi  les  pierres  précieuses  qui 
sont  redevenues  des  cailloux.  »  Et  les  jeunes 


gens  ayant  accompli  les  ordres  do  l'apôtre, 
recouvrèrent  la  grâce  qu'ils  avaient  perdue, 
de  sorte  qu'ils  chassaient  les  démons  et  qu'ils 
guérissaient  les  malades  comme  auparavant, 
et  que  le  Seigneur  faisait,  par  leur  entremise, 
beaucoup  de  prodiges. 

Et  tandis  que  toute  la  ville  d'Ephèse  et 
toute  la  provinced'Asie  vénéraient  Jean  et  le 
célébraient,  il  arriva  que  les  adorateurs  des 
idoles  excitèrent  une  sédition.  Et  ils  traînè- 
rent Jean  au  temple  de  Diane,  le  pressant 
d'offrir  rabomination  du  sacrifice.  Alors  le 
bienheureux  Jean  dit  :  «  Je  vous  conduirai 
tous  à  l'église  de  mon  Seigneur  Jésus-Christ, 
et  si,  en  invoquant  le  nom  de  votre  Diane, 
vous  faites  tomber  son  église,  alors  je  ferai 
ce  que  vous  demandez  de  moi.  Mais  si  vous 
ne  pouvez  pas  le  faire,  et  si,  en  invoquant 
le  nom  de  Jésus-Christ,  mon  Seigneur,  je  fais 
tomber  votre  temple  et  briser  votre  idole, 
il  devra  vous  paraître  juste  de  vous  convertir 
à  mon  Dieu,  et  d'abandonner  votre  respect 
pour  un  simulacre  qu'il  aura  vaincu  et  brisé.» 

Et  tout  le  peuple  se  tut  en  entendant 
l'apôtre  parler  de  ta  sorte,  et  quoiqu'il  y  en 
eât  quelques-uns  qui  s'élevèrent  contre  sa 
proposition,  la  plupart  cependant  y  donnè- 
rent leur  assentiment.  Et  Jean  engageait  avec 
douceur  le  peuple  à  se  tenir  éloigné  du  tem- 
ple. Et  quand  tous  ceux  qui  étaient  dedans 
en  furent  sortis,  il  dit  d'une  voix  forte  en 
présence  de  tout  le  peuple  :  «  Afin  que  toute 
celte  foule  sache  que  cette  idole  de  Diane 
est  un  démon  et  non  un  Dieu,  qu'elle  s*é« 
croule  ainsi  que  toutes  les  autres  idoles  fai- 
tes de  la  main  des  hommes  qui  sont  hono- 
rées dans  ce  temple,  mais  que  nul  homme 
n'en  éprouve  le  moindre  mal.  »  Et  aussitôt, 
à  la  voix  de  l'apôtre,  toutes  les  idoles  s'é- 
croulèrent ainsi  que  le  temple,  et  il  n'en 
resta  qu'une  poussière  comme  celle  que  dis- 
perse le  vent  de  la  terre.  Et  en  ce  jour  douze 
mille  gentils,  sans  compter  les  femmes  et 
les  enfants,  se  convertirent,  et  ils  furent  bap- 
tisés et  consacrés  par  la  vertu  du  Seigneur. 
Alors  Aristodème,  qui  était  le  grand  prêtre 
des  idoles,  étant  aniiué  d'un  esprit  très-per- 
vers, excita  une  sédition  parmi  le  peuple,  et 
une  partie  du  peuple  était  prête  à  combattre 
contre  l'autre.  Et  le  bienheureux  Jean  dit  : 
«  Dis-moi,  Aristodème,  que  ferai-je  pour  dé- 
truire l'indignation  qui  est  dans  ton  cœur  7  n 
Et  Aristodème  dit  :  «  Si  tu  veux  que  je  croie 
è  ton  Dieu,  je  te  donnerai  du  poison  û  boire, 
et  si,  après  l'avoir  bu ,  tu  ne  meurs  pas,  il 
sera  prouvé  que  ton  Dieu  est  le  vrai  Dieu.  » 

Et  l'apôtre  lui  répondit  :  «  Si  tu  me  don- 
nes du  poison  à  boire  après  que  j'aurai  in- 
voqué le  nom  de  mon  Dieu,  il  ne  pourra  me 
nuire.  »  Et  Aristodème  dit  :  «  il  faut  d'abord 
que  tu  voies  des  hommes  en  boire  et  mou- 
rir aussitôt  après,  et  ion  cœur  s'épouvantera 
de  ce  danger.  »  Mais  le  bienheureux  Jean 
répondit  :  «  Je  l'ai  déjà  dit  de  te  préparer  à 
croire  en  mou  Seigneur  Jésus-Christ  lors- 
que tu  m'auras  vu  sain  et  sauf  après  (|ue 
j  aurai  bu.  »  Et  Aristodème  se  rendit  auprès 
du  proconsul  et  lui  demanda  deux  hommes 
qui  avaient  été  coudaainés  à  être  décapités 


607 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


t'i» 


à  cause  de  leurs  crimes;  et  les  plaçant  au 
milieu  du  forum,  en  présenco  de  tout  le 
peuple,  il  leur  fit  boire  le  poisoni  et  aussitôt 
qu'ils  eurent  bu,  ils  expirèrent.  Alors  Arîs- 
todème  dit  :  «  Ecoute,  Jean;  ou  renonce  à 
cette  doctrine  que  tu  prêches  au  peuple  pour 
le  détourner  du  culte  des  dieux,  ou  prends 
et  bois,  afin  que  tu  montres  à  tous  que  ton 
JDieu  est  tout-puissant,  si,  après  avoir  bu,  tu 
n'éprouves  aucun  mal.  »  Et  le  bienheureux 
Jean,  voyant  étendus  à  ses  pieds  ceux  qui 
avaient  bu  le  poison,  prit  avec  fermeté  et 
courage  le  calice,  et  faisant  sur  lui  le  signe 
de  la  croix,  il  dit:  «  Père,  Fils  et  Esprit- 
Saint,  auquel  toules  choses  sont  sujettes,  au- 
quel toute  créature  est  soumise  et  que  toute 
puissance  redoute  et  vénère,  lorsque  nous 
t'appelons  à  notre  assistance,  toi  dont  le  nom 
fait  taire  la  vipère,  met  le  dragon  en  fuite, 
a|)aise  le  serpent  et  détruit  le  scorpion,  toi 

3ui  anéantis  TeBet  des  poisons  les  plus  re- 
outables  et  aveugles  les  animaux  nuisibles 
h  l'homme  et  fais  périr  toutes  les  plantes 
nuisibles  k  la  santé  de  Thomme,  éteins  ce 
poison,  et  fais,  en  présence  de  tout  le  peuple 
que  tu  as  créé,  disparaître  les  forces  qu*il  a 
en  lui;  ouvre  leurs  yeux  pour  qu'ils  voient 
ta  grandeur,  et  éclaire  leur  cœur  pour  qu'ils 
ta  comprennent.» 

Et  Tapôlre  ayant  ensuite  parlé,  prit  le  ca- 
lice sur  lequel  il  avait  fait  le  signe  de  la 
croix,  et  but  tout  ce  qu'il  contenait,  et  après 
qu'il  eut  bu,  il  dit  :  «  Je  demande  que  ceux 
pour  lesquels  j'ai  bu  se  convertis^nt  k  toi, 
Seigneur,  et  qu'éclairés  par  toi,  ils  méritent 
le  salut  qui  est  en  toi.  »  Et  tout  le  peuple 
observa  Jean  durant  trois  heures,  et  vit 
qu'il  conservait  un  visage  joyeux,  et  qu'il 
n'y  avait  en  lui  aucun  signe  de  nftleur  ou  de 
tremblement,  et  ils  se  mirent  a  crier  :  «  Il 
û'y  aqu'un  vrai  Dieu,  celui  qu'adore  Jean.  » 

Et  Aristodèaie  refusait  de  croire,  mais  le 
peuple  le  pressait.  Et,  se  tournant  vers  Jean, 
il  dit  :  a  11  me  reste  encore  un  doute,  mais 
si  tu  rends  à  la  vie,  au  nom  de  ton  Dieu,  ces 
hommes  oui  sont  morts  par  Tetfet  du  poi- 
son, mon  ame  sera  affranchie  de  toute  incré- 
dulité.» Et  le  peuplese  soulevait  contre  Aris- 
todème,  disant  :  t  Nous  te  brûlerons  avec  ta 
maison,  si  tu  oses  encore  parler  contre  l'apô- 
tre de  Dieu.  »  Et  Jean  voyant  qu'une  sédi- 
tion très-violente  s'élevait,  dit  :  «La  première 
des  verlus  divines  que  nous  devons  imiter 
est  la  patieuce  qui  fait  que  nous  suppor- 
tons la  folie  des  incrédules.  Si  Aristodème 
est  encore  reienu  dans  son  infidélité,  bri- 
sons les  nœuds  de  son  infidélité,  et  quoique 
ce  soit  tanii veulent,  faisons  lui  connaître 
son  Créateur.  Je  ne  cesserai  de  travailler  k 
celte  œuvre  jusqu'k  ce  qu'elle  ait  guéri  ses 
blessures.  Et  de  même  que  les  médecins 
ayant  dans  les  mains  un  malade  ont  recours 
k  divers  remèdes,  de  même  si  ce  que  nous 
avons  fait  n'a  pas  encore  guéri  Aristodème, 
pous  ferons  autre  chose.  »  Et  l'appelant  k 
lui,  il  lui  donna  sa  tunique,  ei  il  resta  cou- 
vert de  son  manteau.  Et  Aristodème  dit  : 
«  Pourquoi  m*as-lu  donné  ta  tunique?  »  Et 
Jean  lui  dit  :  «  Afin  que  tu  sortes  confus  de 


ton  incrédulité.  »  Et  Aristodème  réiionJii  : 
«(  Et  comment  la  tunique  me  fera-t-elie quit- 
ter mon  incrédulité?  »  Et  l'apôtre  lui  répoih 
dit  :  «  Va  et  mets<-la  sur  le  corps  des  morts, 
et  dis-leur  :  «  L'apôtre  de  Notre-Seigiieur 
Jésus-Christ  m'a  envoyé  afin  que  vous  tous 
leviez  au  nom  de  son  Dieu,  et  afin  que  les 
hommes  connaissent  que  la  vie  et  la  aort 
sont  soumises  k  mon  Seigneur  Jé^us-ChrisLi 
El  Aristodème  ayant  fait  ce  que  Jeao  lui 
avait  recommandé,  et  voyant  les  moru  se 
relever,  se  prosterna  devant  l'apôtre,  et  cou- 
rut vers  le  proconsul  t  et  se  mit  k  crier  ; 
«  Ecoute-moi ,  proconsul  ;  je  pense  que  tu 
te  souviens  que  j'ai  souvent  excité  ta  colère 
contre  Jean,  et  que  j'ai  voulu  lui  faire  beau* 
coup  de  mal ,  et  je  crains  d'éprouver  sa  co- 
lère, car  c'est  un  Dieu  caché  sous  la  fonuf 
d'un  homme.  Car  non-seulement  il  estre^e 
sans  avoir  éprouvé  le  moindre  mal  aprèsaToir 
bu  le  poison,  mais  il  a  même  ressuscité  par 
l'attouchement  de  sa  tunique  ceux  que  la 
poison  avait  tués,  et  ils  vivent,  n'ayautau* 
cun  signe  de  mort.  » 

Et  le  proconsul  dit  ;  «  Que  veui*lu  qu.> 
je  fasse?  »  Et  AristoJème  ré(>ondit  :  ^  Il  faut 
que  nous  lui  demandions  grâce,  et  que  nous 
lassions  tout  ce  qu'il  nous  commandera.  ■ 
Et  venant  devant  fapôtre,  ils  se  prosternè- 
rent k  ses  pieds,  et  ils  implorèrent  leur  par- 
don. Et  il  les  reçut  avec  bonté»  et  il  pria  le 
Seigneur,  en  reuvlant  des  actions  de  grâce:, 
et  il  leur  commanda  d'observer  un  jeûne  uc 
se|>(  jouis.  Ensuite  il  les  baptisa.  Ellors- 
qu  ils  eurent  été  baptisés  avec  tous  leurs  pa- 
rents  et  leurs  serviteurs,  ils  lirisèrent  toutes 
leur^  idoles,  et  ils  élevèrent  une  église  au 
nom  de  saint  Jean,  et  ce  fut  dans  cette  églix^ 
qtie  saint  Jean  alla  vers  le  Seigneur  ue  la 
façon  suivante  : 

Lorsqu'il  avait  quatre-vin^t-dix-sept  ans, 
le  Seigneur  Jésus-Christ  lui  apparut  avec 
ses  disciples,  et  lui  dit  :  «  Viensamoi,  |)arce 
qu'il  est  temps  que  tu  prennes  part  h  oiou 
banquet  avec  tes  frères.  »  Et  Jean  selevaot, 
commença  k  aller,  mais  le  Seigneur  lut  dit  : 
«  Le  dimanche  de  ma  résurreetion  oui  arri- 
vera dans  cinq  jours,  tu  viendras  k  moi.  ■ 
Et  ayant  dit  ces  paroles,  il  remonta  au  ciel. 
Et  le  dimanche  étant  venu,  toute  la  mulli* 
tude  se  réunit  dans  l'église  qui  avait  éle 
élevée  au  nom  de  l'apôtre,  et,  dès  lecbaDl 
du  coq,  célébrant  Ks  mystères  de  Dieu,  li 
s'adressa  k  tout  le  peuple,  jusqu'k  la  troi* 
sième  heure,  en  disant  : 

«  Mes  frères  et  mes  compagnons,  cohéri- 
tiers du  royaume  de  Dieu,  et  y  prenant  part, 
connaissez  le  Seigneur  Jésus-Cbnsl ,  et 
sachez  combien  de  merveilles,  combien  de 
prodiges  il  a  faits  pour  démontrer  la  doc- 
trine que  je  vous  ai  précbée  et  pour  contir* 
mer  toutes  les  ^rkces  qu'il  vous  a  accordets. 
Persévérez  d.ins  ses  coiumanderoent5,carle 
Seigneurdai^nem'appelerhorsdcce  monde.' 
il  ordonna  ensuite  de  creu&er  auprès  de 
Tautel  une  fosse  carrée,  et  de  jeter  la  terre 
hirs  de  l'église  Et  descendant  dans  cette 
fosse,  il  étendit  ses  mains  vers  le  Seigneur, 
et  il  dit  :  «  Invité  k  Ion  festin,  je  viens  eu 


609 


HEN 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MEN 


6  0 


terenoanl  grftces,  parce  que  tuasd&igné. 
Seigneur  Jésos-Christ,  ui*inviler  à  ton  ban* 
quel,  saciiant  que  je  te  désirais  de  tout  mon 
cœur.  J*ai  vu  ton  visage,  et  j*ai  été  comme 
rappelé  de  la  sépulture.  Ton  odeur  excile 
en  Dûoi  les  concupiscences  éternelles.  Ta  voix 
est  pleine  d'une  douceur  comme  celle  du 
miel,  et  ta  diction  incomparable estau  dessus 
de  celle  des  anges.  Combien  de  fois  t*ai-je 
prié  de  me  laisser  venir  à  toi?  et  tu  as  dit  : 
Alteods,  afln  que  tu  délivres  le  peuple  qui 
m'a  été  confié;  tu  as  préservé  mon  corps  de 
toute  souiltarc,  et  tu  as  toujours  éclairé 
mon  AruCy  et  tu  ne  m'a.s  pas  abandonné  lors- 
que j'allais  dans  Teiil,  et  tu  as  mis  en  ma 
iK)Qcne  la  parole  de  ta  vérité,  me  rappelant 
les  témoignages  de  ta  puissance,  et  j'ai  écrit 
les  œuvres  que  je  t*avais  vu  faire  de  mes 
yeui,  et  les  paroles  que  mes  oreitb  s  avaient 
recueillies  de  ta  bouche.  Et  maintenant, 
S^i^oear,  jd  te  recommande  tes  fils  que  ton 
Eglise,  vierge  et  véritable  mère,  a  engendrés 
;«r  Teau  et  par  FEsprit-Saint.  Réunis-moi 


avec  mes  frères  que  tu  m*as  invité  à  aller 
joindre.  Ouvre-moi  la  porte  de  vie  à  laquelle 
je  frappe;  que  les  princes  des  ténèbres 
n*accourent  pas  au-devant  de  mui,  et  que 
le  pied  de  l'orgueil  et  une  main  étrangère  à 
toi  ne  me  louchent  pas.  Mais  reçois -moi 
suivant  ta  [larole,  et  conduis-moi  à  ton  ban- 
quet où  tous  tes  amis  sont  fêtés  avec  loi. 
Tu  es  le  Christ,  Fils  de  Dieu,  qui  vis  et 
règnes  avec  ton  Père  el  avec  rÈsprit-Saint 

dans  les  siècles  des  siècles.  » 

« 

Et  lorsque  tout  le  peuple  eut  répondu 
amen,  il  apparut  au-dessus  rie  Tatiôlre  pen- 
dant une  heure  entière  une  lumière  si  vive 
que  nul  ne  pouvait  en  supporter  Téclat. 
Et  ensuite  la  fosse  se  trouva  pleine,  n'ayant 
rien  en  elle,  si  ce  n*est  de  la  manne  que  ce 
lieu  produit  encore  aujourd'hui  (56<^),  et 
des  miracles  s'y  opèrent,  par  les  mérites 
des  prières  de  l'apôtre  ;  tous  les  malades  ob* 
tiennent  la  guérison  de  leurs  infirmités  et  de 
leurs  souffrances  et  Taccomplissemenl  de 
leurs  prières.  Amen  (565J. 


MENDAITES. 


Nous  avons  donné  dans  le  premier  vo- 
lume lie  ce  Dictionnaire  la  traduction  de 
la  longue  composition  apocryphe  connue 
sous  le  nom  de  Litre  d'Adam^  et  conservée 
chez  ces  sectaires  Inen  peu  nombreux, 
et  qui  sont  encore  assez  imparfaitement 
conDus.  Depuis  la  publication  du  vo- 
lume eo  question,  un  orientaliste  distingué, 
M.  Chwolsohn,  a  mis  au  jour,  à  Seioi-Pé- 
lersbourg,  un  ouvrage  de  haute  érudition, 
ÏDlilulé  :  Die  Ssabier  und  der  Ssabismus 
(1856,  2  fol.  in  8").  Ce  livre  fournit  sur  les 
ineoddîtes  quelques  renseignements  que 
nous  croyons  devoir  placer  ici. 

Un  auteur  arabe,  qui  écrivait  vers  Tan 
377  de  l'hégire  (987  de  l'ère  chrétienqe}, 

(564)  On  voit  que  Tauteur  parait  favorable  à 
lApinion  répandue  jadis  et  qui  mai  mena  il  que  saint 
Jean  ne  subit  pas  la  mon  comme  les  autres  hu* 
naini.  Dans  les  Dûcoun  et  Ditêertalions  de  dum 
Calmetsar /a  BibU,  l.  I,  p.  469487,  il  se  trouve 
use  disseruiion  sur  la  morl  de  saint  Jean  Tévan- 
fiéiiste;  le  savant  Bénédictin  cite  le  iraiié  que 
(^e  de  Trébizonde  dédia  au  Pape,  et  dont  le 
irai  tii  de  prouver  que  le  saint  apôtre  n*est  pas 
mort,  maÎ4  qu*il  viendra  à  lu  fin  des  siècles  pour 
fomlMUre  TAntechrist.  (Quod  Jonnnet  evangeiista 
Hoi^iniMi  mcrimuê,  Basileae,  1543.) 

Jicqu^s  Le  Fèvre  d'Etaples  renouvelle  cette  opi- 
nion {DisurL  de  una  est  tribus  Maria ,  fol.  82)  ;  U 
pcns«  que  saini  Jean  j\  été  enlevé  comme  Enucli  et 
Hiie ;Fioreutinius(iVo/ff  inmafiyrologiumvetus  Ilie- 
ronjfmt,  p.  123),  est  venu  au  secours  des  défenseurs 
tle  »iiit  Jean  ;  il  p«nseqtte  l'apélre  est  mort,  liiAis 
(i'Hi  est  ressuscité  p/esque  aussitôt,  et  qu'il  doit 
^enir  à  la  fio  du  monie  pour  prêcher  la  foi  et  mou- 
nrnoe  seconde  fois.  Tillcmont  a  examiné  ces  di- 
gnes raisons  el  n*a  pas  eu  de  peine  à  montrer 
combien  elles  étaient  peu  f  ndées.  Du  temps  de 
^iini  Augustin  (in  Jounn,^  tract.  125),  et  de  saint 
<'>égoife  de  Tours  (De  gtoria  martyrum  »  c.  30) , 
k^usieurs  croyaient  que  saint  Jean  était  dan»  son 
U^mbeau,  encnrt  doué  de  vie,  mais  plongé  dans  le 
lomoieil  et  nt  devant  se  réveiller  qu*au  Jaur  du 


Mohammed  ben  Ishaq  Nedtmi  dans  son  ou* 
vrage  intitulé  :FtAmf  eruicin,  est  entré  dans 
quelques  détails  intéressants  sur  les  men- 
aaïte.H.  11  consacre  un  chapitre  à  ce  qu'il 
appelle  les  dualistes^  c'est-à-dire  mani- 
cliéens  (566).  Après  avoir  parlé  des  daissâ^ 
niens  (sectateurs  de  Bardesane)  et  des  mar- 
cioniles,  il  arrive  à  la  secte  des  mogtasilAh 
(ceux  qui  se  lavent)»  qu*il  appelle  aussi 
Ssâbah  el  balhdib  (SaDiensdes  marais),  c'e^l- 
à-dire  habitant  les  districts  marécageux  com* 
pris  entre  le  Tigre,  le  has-Euphrate  et  le  dé- 
sert d'Arabie. 

En-Nedim  dit  que  ces  sectaires  regardent 
comme  un  devoir  pour  l'homme  de  se  laver 
fréquemment,  et  il  ajoute  qu'ils  lavent  tous 

jugement. 

(565)  Nous  renvoyons  à  Part.  Prockore ,  pour 
faire  connaUre  un  autre  ouvrage  relatif  à  saini 
loan. 

(566)  Un  célèbre  et  savant  orientaliste,  M.  de 
Hammer-PurgslaU  a,  en  1840,  publié  dans  Its. 
Wiener  lahrbucher,  t.  XC»  p.  10-26,  une  traduciioa 
de  ce  chapitre  remarcjuable ,  mais  il  n'avait  mal* 
heureusement  sous  les  yeux  qu'un  manuscrit  fort 
corrompu.  Si  le  docteur  i.  Baur  avait  connu  Téc*  il 
de  1  auteur  arabe,  il  n*eût  pas  avaneé  que  les  Oricn* 
t;iux  ne  nous  apprennent  rien  d'important  au  sujet 
de  la  doctrine  de  Manès.  {Dai  manichaische  reii^ 
gioniByêlem,  Tubingue,  1831,  p.  5  )  Une  publication 
du  chapitre  dont  U  s*acil,  revu  sur  les  quatre  mar- 
nubcrits  conservés  à  Vienne,  à  Leyde  et  à  Paris» 
et  accompagnée  d'une  traduction ,  serait  un  véri- 
table service  rendu  à  Fétude. 

Ajoutons  qu'un  orientaliste  français,  dout  tes 
vastes  connaissances  sont  bien  connues,  M.  Qua- 
tremère,  regarde  tes  mendaites  comme  le  reste  des 
Chaldéens  de  Tantiquité  dont  ils  ont  conservé ,  du 
moins  en  partie ,  les  dogmes  religieux  et  les  prati- 
ques superstitieuses.Ceteruditvient  de  rendre  compte 
&M\»  le  Journal  des  Savants  ^  4857,  de  l'ouvrage  oe 
M.  Chwolsohn  que  nous  signalons,  et  il  y  reconnaU 
un  savoir  des  plus  étendus  et  lum  critiqui:  judi* 
cieuse. 


en 

leurs  aliments.  T  menlionne  comme  fonda- 
teur de  la  secte  de  ces  mogtasilâh  un  certain 
Ëlchasaiclt,  qui  mit  en  avant  la  doctrine  de 
deux  principes,  Tun  mâle  et  l'autre  femelle, 
CAuime  auteurs  de  la  création.  On  peut  avec 
toute  vraisemblance  regarder  le  personnage 
désigné  sous  lo  nom  que  *nous  venons  de 
transcrire,  comme  un  des  principaux  repré- 
sentants du  gnosticisme  après  Tère  chré- 
tienne. Les  idées  gnosli({ues  étaient  répan- 
dues avant  Tavénement  du  Sauveur,  elles 
avaient  des  adhérents  paniii  les  Juifs  (567)  ; 
mais  ce  fut  surtout  au  second  siècle  de  notre 
ère,  et  sous  le  règne  d*Adrien,  que  le  gnos- 
ticisme acquit  son  plus  haut  de^^ré  de  déve- 
loppement :  Basilideà  Alexandrie,  Saturnin 
en  Syrie,  Valenlin  à  Rome,  lui  donnèrent 
une  impulsion  énergique.  On  a  cherché 
dans  le  platonisme  et  dans  la  théosophie  ju- 
dn'ique  les  sources  d'où  proviennent  les  doc- 
trines des  gnostiques;  il  faut  reconnaître 
aussi  Tiniluence  du  parsisme  et  du  boud- 
dhisme, mais  il  est  bien  difllcile  aujourd'hui 
de*faire  la  part  de  ces  influences,  de  retra- 
cer leur  marche  et  de  déterminer  quais 
furent  les  propagateurs  des  doctrines  gnos- 
tiques dans  la  direction  de  TAsie  centrale. 
Elchasaich,  le  fondateur  du  mendaïsme,  fut 
incontestablement  un  de  ces  propagateurs. 
En-Nedtm  ne  dit  pas  à  quelle  époque  il 
vivait,  mais  il  donne  à  entendre  qu*il  était 
antérieur  à  Manès.  On  peut  arriver  à  déter- 
miner d*une  façon  plus  précise  Tépoque  où 
il  se  montra. 

Dans  les  Philosophumena  attribués  à  Ori- 
gène,  et  qui  exercent  si  fort  depuis  plu- 
sieurs années  les  eiïarts  de  la  critique,  il 
est  dit  (livre  m,  p.  2d2  de  l'édition  de 
M.  Miller,  Oxford,  1851),  qu'un  certain  Al- 
cibiade  d'Apamée  en  Syrie,  était  venu  à 
Home,  et  qu*il  y  avait  apporté  un  livre  dont 
il  expliquait  ainsi  Torigine  :  Un  homme 
juste  et  pieux ,  nommé  Elchasai ,  avait 
a;*»porté  ce  livre  de  la  ville  de  Sera  dans  la 
Parthie,  et  Tavait  remis  à  un  certain  Sobiaï 
comme  un  ouvrage  remis  par  un  ange. 
L*ange  qui  avait  révélé  cet  écrit  est  repré- 
senté comme  étant  d*une  stature  colossale, 
et  k  cet  ange  mAle  est  joint  un  autre  ange  du 
sexe  féminin  ;  on  voit  là  un  indice  de  la 
théorie  des  deux  principes  mâle  et  femelle. 
Cet  Elchasai  se  montra  au  commencement 
du  rè^ue  de  Trajan  (qui  parvint  à  Tempire 
en  l'an  98),  peut-être  môme  sous  Nerva  (en 
97-98).  On  ne  saurait  douter  que  rEJchasai 
(*U>x«70it)  des  Philosophumena  ne  soit  le 
inéme  personnage  que  J*£lchasaich  ou 
£rkasai*h,  le  fondateur  du  mendaïsme.  Ses 
sectateurs  sont  signalés  dans  Touvrage  grec 
que  nous  citons,  comme  adonnés  à  l'astro- 
logie, à  la  magie  et  aux  mathématiques 
(tuotstiu'il  faut  prendre  ici  dans  le  sens 
d'horoscopie),  et  comme  se  donnant  le  litre 
de  gens  connaissant  el  annonçant  l'avenir 
{lipoyymvTiMQi).  Ce  penchant  superstitieux 
vers  des  connaissances  surnaturelles  se  ré- 


DICTIONNAIRE  DES  APOCïlîPiîES.  et 

vèle  dans  les  écrits  aes  mendaites,  Icsqnf  ». 
de  nos  jours  encore,  se  préoccupent  beaj* 
coup  de  l'astrologie. 

On  peut,  k  cet  égard,  invoguer  le  t^moi* 
gnage  d'Abraham  Éccheliensis,  qui,  o«n> 
son  livre  De  origine  nominis  Papœ^  etc., 
Romœ,  1660,  p.  355,  s'exprime  ainsi  eo  par- 
lant des  sabéens  ou  mendaïtes:  Alitu  (iiber, 
circumfertur  inter  Sabailas  Chaldaict  imcri- 
plus  «  Sphar  Molua$ce^  »  libtr  signorum  so* 
diaci ,  sive  de  sphœra ,  et  est  de  Ckaldœorum 
perantiqua  illa ,  et  tam  decantnta  a$trohg\a. 
Jn  viginti  quatuor  signa  ex  hujus  Hbri  regu- 
lis  tota  divîdilur  sphœra,  scihcet  in  duodf- 
cim  signa  mascula,  ac  totidem  signa  feminiM. 
Uinc  natorum  diligenlissime  horoscopes  ob- 
servant ,  et  fausta  vel  infausta  prœntintiant. 
Prœlerea  mari  signi  masculini^  sub  quo  nasa- 
tur ,  inditur  nomen ,  matris  semper  addito 
nomine.,.,  Similiter  feminœ  femininum  impù- 
nitur  nomen.  Si  vero  contingat  ut  mas  nai(a' 
tur  sub  signo  feminino,  et  femina  sub  moicu- 
lino^  tune  proximioris  signi  nati  gentrit  ra- 
tionem  habent,  Nomen  auiem  ejusmodi  *  astro- 
logicum  )»  vocant .  ac  sacrum  illis  est,  et  in 
rébus  utunlur  sacris.  Prœter  quod  nomenaliud 
habenl  civile^  seu  profanum^  quo  in  rebut  r>- 
vilibus  et  profanis  uluntur. 

Théodorel  (iïcprer.  /ti6.,  lib.  ii,  c.  7)  p8r> 
aussi  des  sectateurs  a'Elchasai;  il  les  repré- 
sente également  comme  adonnés  à  l'astro- 
logie et  aux  sciences  occultes  ;  il  «jouie 
qu  Origène  avait  écrit  contre  leur  hérésie . 
et  qu'Alcibiade  d'Apamée  en  Syrie  Tavait 
répandue. 

Le  témoignage  de  saint  Epipbane  (hsres. 
19, 1  1,  3,  &)  est  moins  clair  et  moins  net; 
ce  Père  dit  qu'au  temps  de  Trajan,  un  faux 
prophète,  qu'il  appelle  £lxai  ou  Eliait>$, 
et  qui  était  d'origine  juive,  se  montra  parai 
les  ossènes  ,  secte  juive  qui  halùtait  au  d^ m 
de  la  mer  Morte.  Les  restes  de  ces  ossèn<*ï, 
dit-il  plus  loin,  résident  maintenant  dans  les 
provinces  de  Nabathea  et  de  Petra,  et  i  s 
portent  le  nom  de  sampséens  (9ft/ft>i9i;.  LV- 
véque  de  Salamine  observe  aussi  qu'EUa; 
enseignait  l'existence  des  deux  principe  s 
créateurs,  l'un  mâle  et  l'autre  femelle.  U 
parle  avec  détail  de  ses  sectateurs  (hieres.5-% 
§  1,  2),  et  les  représente  comme  babiiM.1 
au  delà  de  la  mer  Morte,  croyant  en  un  seul 
Dieu,  et  l'honorant  par  des  ablutions  ire- 
quentes.  Ils  se  rapprochent  des  Juifs  soi  > 
beaucoup  de  rapports,  t  Us  ne  sont,  d'ail- 
leurs, »  dit  le  saint  docteur,  «  ni  Chrétiens 
ni  Juifs,  ni  païens;  mais  ils  forment uu  iu6- 
lange  d*eux  tous,  ou  plutôt  ils  ne  sont  ri  n 
de  tout  cela,  et  ils  rejettent  les  proptiéte^  »t 
les  apôtres.  Us  rendent  un  culte  à  IVau. 
parce  qne  c'est  par  cet  éiémeot  que, daj ri> 
eux,  la  vie  a  été  transmise,  » 

En  réunissant  et  en  comparant  les  divers 
témoignages  •  relatifs  à  rÉIchasaicfa  d'E^* 
Nedtm  {V Elchasai  des  Philosophumena, IKi- 
kesaï  de  Théodoret ,  TElxai  de  saini  £|<i- 
phane),  on  en  vientàconclure  que  ceperson- 


(567)  Voy.  cDire  autres  ouvrages  ceux  de  M.      1846.  rt  GesMchte  der  Judrn,  Bcinn.  IS53,  t.  n\ 
braeix  :  i^iwiltasmus  und  Judenlknin,  Kiotuschin,      o.  100. 


Iil5 


MET 


PART.  UI.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MET 


614 


\ 


nage  n'était  point  un  Juif,  mais  un  Persan 
(ou  (out  au  moins  natif  d'une  des  contrées 
vobiaes  de  ta  Perse),  et  qu'il  était  attachéaux 
doctrines  de  Zoroastre  ;  il  se  rendit  dans  les 

ars  oui  forment  le  point  de  contact  entre 
a  Clialdée  et  la  Palestine,  et  qui  ont  toujours 
(  fferl  un  mélange  de  religions  et  de  races  oii 
riofluenceduparsismea  tonjoursété  grande; 
ii  y  fonda,  à  la  Gn  du  r' siècle,  la  secte  à 
laquelle  fauteur  des  PAt'/osopAumena,  £n^ 
Nediro  et  saint  Epiphane  donnent  les  noms 
de  sabiens,  ssabiens  ousampséens,  et  que  ce 
dernier  auteur,  ainsi  nue  Théodoret,  appel- 
lent également  elckéséens. 

Ceci  posé,  il  ne  faut  pas  s'étonner  si  l'on 
rencontre  chez  les  mendaites  et  dans  le 
Livre  d'Adam  de  nombreuses  allusions  aux 
traînions  juives  et  aux  personnages  de  la 
Bible;  ils  avaient  fait  des  emprunts  aux 
gnosligues,  aux  ébionites  entre  autres,  dont 
lis  étaient  voisins;  il  est  d'ailleurs  notoire 
qu'ils  avaient  déguisé,  sous  les  noms  de  per- 
s  images  bibli|ues,lesdivinitésetles  génies 
dateur  religion  ;  ils  voulaient  ainsi,  en  faisant 
croire  aux  mahométans  qu'ils  avaient  foi  en 
rEiriture  sainte,  jouir  delà  tolérance  accor- 
dée aux  Juifs. 

Parmi  diverses  preuves  qu'on  pourrait 
invoquer  à  cet  égard ,  le  Livre  d'Adam  offre 
un  passage  remarquable  :  Testes  cUamus 
Fetahil  apostolorum  cui  Gabriel  noment  qui 
îttahUper  virtutem  vitœ  gentorumque  Eoel 
{kM),Schetel  (Seth)  et  Anûsch  (Enoch) ,  qui 
Mûhr  Msch  et  Rast  sunt ,  eœlum  extenait. 
(T.  Il,  p.  210,  édit.  Norber^.) 

MûbrouMihr  est  l'expression  persane  bien 
connue  quil  signifie  Milhra.  Rusch  et  Rast 
se  reconnaissent  au  premier  coupd'œil  dans 
Jeux  divinités  que  mentionne  le  Zend-Avesia^ 
Raoço  [Lumière)  etRazista  [léVéridique), 

Divers  érudits  tels  que  Richard  Simon,  Pé- 
ri nger,Géseni  us,  etc.,  s'étaient  déjà  aperçus 

ue  le  mendaïsme    avait   bien    des  points 

''fifinité  avec  le  manichéisme,  mais  ces  rap- 
prochements étaient  susceptibles  d'élucida- 
tious  nouvelles.  L'ouvrage  d'En-Nedim,  dans 
le  chapitre  déjà  mentionné  et  relatif  aux 
manichéens,  fournit  à  cet  égard  quelques  dé- 
tails qu'il  importe  de  recueillir. 

D'après  lauteur  arabe,  «  Fonnaq,père de 
Mani  (ou  Manës},  était  originaire  de  THa- 


3 


madan  et  alla  s'établir  à  Babylone;  il  enten- 
dit, trois  jours  de  suite,  dans  un  temple  des 
idoles,  une  voix  qui  lui  criait  :  «  0  Fonnaq,  ne 
mange  point  de  chair,  ne  bois  point  de  vin, 
et  abstiens-toi  de  tout  commerce  avec  lesmé- 
chants.  »  Fonnaq  se  rendit  ensuite  auprès 
d'un  peuple  qui  est  connu  sous  le  nom  do 
Mogtasilali  et  qui  vit  dans  le  pays  de  l^^S' 
tomeisan  (près  de  Bassora)  et  dans  des  dis- 
tricts marécageux;  ses  restes  subsistent  en- 
core de  nos  jours  (c'esl-à-dire  vers  l'an 
986).  »  Les  Moglasilah  reçurent  les  doctrines 

Sue  Fonnaq  leur  annonça,  et  plus  tard  il 
leva  son  fils  Mani  dans  sa  religion,  c'est- 
à-dire  dans  le  mendaïsme.  Arrivé  à  Page  de 
douze  ans,  Mani  eut  une  révélation  du  dieu 
comçntissant  delà  lumière,  et  l'ange  qui  fut 
.  le  ministre  de  cette  révélation,  lui  recom- 
manda de  quitter  sa  religion.  Cet  an^e  ap- 
parut une  seconde  fois  à  Manès  lorsqu'il  eut 
atteint  sa  vingt-quatrième  année,  et  lui  en- 
joignit derechef  d'abandonner  sa  religion 
et  de  prêcher  une  doctrine  nouvelle. 

Les  détails  que  donne  l'auteur  arabe  pro- 
viennent évidemment  de  quelque  sectateur 
deManèsquivoulaitentourersonmaîtred'nne 
auréole  surnaturelle.  La  grandeur  future  de 
l'enfant  avait  été,  avant  sa  naissance,  annon- 
céeèses{)arents,etsa  mère,  qui  descendaildes 
Aschjanides  (Arsacidcs)  ou  des  rois  de  la 
troisième  dynastie  persane,  vit  en  rêve  son 
fils  emporté  au  ciel  par  un  ange  qui  le 
lui  rendit  ensuite.  En-Nedtm  ne  manqua  pas 
d'occasion  pour  apprendre  ces  circonstances 
merveilleuses,  car  durant  les  quatre  pre- 
miers siècles  de  l'hégire  fc'est-a-dire  jus- 
qu'au XI*  siècle  do  l'ère  cnrélienne)  grand 
nombre  de  manichéens  vivaient  dans  les 
pays  mahométans;  Bagdad  en  comptait  une 
certaine  quantité,  ainsi  que  Bibyfone  qui 
fut  longtemps  leur  résidence  principale. 

Autant  qu'on  peut  en  juger  d'après  les  fai- 
bles traces  qui  restentdecesdoctrineséteintes, 
te  dualisme  des  mendaites,  l'existence  des 
deux  principes  mâle  et  femelle  (c'est-à-dire 
la  force  active  de  la  Divinité  et  la  force  pas- 
sive de  la  matière),  servent  de  base  à  la  théo- 
rie de  Manès,  mais  il  y  mêle  des  idées  em- 
pruntées au  paganisme,  et,  faisant  un  pas 
en  avant,  il  enseigne  l'existence  des  deux 
principes,  l'un  bon,  l'autre  mauvais. 


MÉTHODIUS. 

[Prophéties  attribuées  à  saint  Méthodius.) 


Saint  Méthodius,  évèque  de  Tyr,  vivait 
au  commencement  du  iv'  siècle  (567).  11 
avait  composé  un  grand  non)bre  d'ouvra- 
ges, il  n'en  est  parvenu  jusqu'à  nous  qu'un 
petit  nombre  en  entier,  et  des  fragments 
assez  étendus  de  quelques  autres  ont  aussi 
^lé  conservés  par  saint  £pipbane,  saint  Jean 
Daroascèue,  Piiotius,  etc.  Plusieurs  ouvrages 
admis  sous  son  nom  dans   les  anciennes 

(56V)  Consulter  à  son  égard  Moehlcr,  Patro- 
'?'>,».  H.  p.  478-500. 


Ribliotneques  des  Pères  sont  rejetés  comme 
apocryphes  par  les  meilleurs  critiques.  On 
ne  saurait  déterminer  au  juste  à  quelle 
époque  ont  été  rédigées  les  prophéties  dont 
il  est  représenté  comme  Tauleur  et  qui  se 
composent  de  récils  apocryphes  et  de  pré- 
dictions obscures,  où  il  est  facile  de  recon- 
naître une  imitation  mal  faite  de  ÏApoca^ 
lypse  (5G8). 

(568)  I^s  révélations  ou  prophéiiea  de  Bfélho- 
dius ,  prndant  sa  capllviië ,  se  trouvent  en  grac  et 


6t5 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


«19 


La  cent-neuvième  année  de  la  troisième 
cbiliade,  Noë  eul  un  quatrième  fils  et  il  rap- 
pela Jonithus.  Et  dans  la  trois-centième  an- 
néequi  suivit  les  trois  mille  ans,  Noé  donna 
des  possessions  à  son  fils  Jonithus»  et  l'en- 
voya dans  la  lerre  d*Ë(ham.  Et  après  la  mort 
de  Noé|  dans  la  six  cent  qualre-viogl-dix- 
neuvième  année  après  les  trois  mille,  les  fils 
de  Noé  iDontèrent.de  la  terre  orientale  d'E- 
tham  et  ils  construisirent  une  tour  dans  la 
terre  ou  dans  le  champ  de  Sennaar,  et  là  se 
fit  la  division  des  langues,  et  de  là  les  hom-* 
mes  se  dispersèrent  sur  la  surfacade  la  terre 
entière.  Jonithus,  le  fis  de  Noé,  occupa  feu- 
trée (iu  pa^sd*Ëtham  jusqu'à  la  mer  qu'on 
appelle  Elichora,  c*est-à-dire  région  duso- 
leii,  où  se  fait  le  lever  du  soleil,  et  il  y  ha- 
bita. Ce  Joniihus  reçut  de  Dieu  le  don  de  la 
sagesse  pour  tous  les  arts,  et  il  fut  le  premier 
inventeur,  non-seulement  des  lettres  et  de 
différents  arts,  mais  encore  de  toute  l'astro- 
nomie. Nemrod,  qui  était  un  géant,  et  qui 
avail  été  instruit  de  Dieu  en  beaucoup  de 
choses,  reçut  de  Jonithus  un  avis  lui  ensei- 
gnant sous  quelles  influences  des  asti  es  il  de- 
vait commencer  à  régner  sur  la  terre. 
Merarod  naquit  des  fils  de  Chus,  qui  avait  eu 
Oham  pour  père,  et  il  fut  le  premier  qui 
régna  sur  la  terre.  Dans  la  sept  cent  qualre- 
vingl-dixième  année  de  la  troisième  cbiliade, 
la  grande  cité  de  Babylone  fut  édifiée  et 
Nemrod  y  régna.  Et  ensuite  les  fils  de  Cham 
choisirent  parmi  eux  un  roi  qui  se  nommait 
Pontipius.Ét,danslatroisièmeannéedurè^ne 
de  Nemrod,  ils  envoyèrent  aux  fils  de  Japhet 
des  hommes  puissants  très-savants  et  habi- 
les dans  Tart  de  l'architecture,  et  ils  descen- 
dirent dans  la  terre  d'Etham  vers  Joniihus, 
fils  de  Noé,  et  ils  y  bàtireni  une  ville,  et  il  y 
avait  une  grande  paix  dans  la  terre  de  Joni- 
thus et  dans  celle  de  Nemrod.  Mais  Nemrod 
et  les  fils  de  Sem,  et  les  fils  de  Pontipius,  de 
Cham  et  de  Japhet  se  faisaient  la  guerre. 
Jonithus  écrivit  à  Nemrod  une  lettre  disant 
que  le  rè^^ne  des  fils  de  Japhet  devait  entre- 
prendre de  détruire  le  règne  de  Cham.  Ce 
furent  là  les  premiers  royaumes  qui  paru- 
rent sur  la  terre,  et  ensuite  toutes  les  nations 
Jipprirent  à  établir  parmi  elles  6es  royaumes 
comme  le  royaume  de  Nemrod. 

L'an  huitième  de  ]a  quatrième  chiliade, 
les  divers  royaumes  combattaient  toujours 
entre  eux.  Et  le  royaume  des  Egyptiens 
fut  vaincu  par  le  royaume  de  Nemrod,  et 
Nemrod  conquit  beaucoup  de  pays,  et  après 
la  mort  de  sa  femme,  il  en  prit  une  qui 
s'appelait  Eledes;  elle  engendra  Elisdes  et 
celui-ci  engendra  Cosdras,  lequel  réunit 
autour  de  lui  de  grandes  forces  et  se  leva 

en  Utin  dans  les  Momumenla  Palrum  orihodoxo' 
$rûpha,  B&le,  1555,  in-folio,  t.  1 ,  p.  95-115  :  qtiel- 
4|ueB  édiUoiis  latines  avaient  déjà  paru  (  Râle,  1498, 
in  4%  fig.  sur  bois;  Bàle,  1516,  in-4%  64  fig.  sur 
bois ,  etc.).  Un  anonyme  composa ,  on  ne  saurait 
dire  à  <iuelle  époque,  ces  prédictions  ;  un  docteur 
en  droit,  résidant  à  Augsbourg,  y  ajouta  un  long 
cïommeniaire  avec  préface  et  concordance. 

Méthodius  avait  été  traduit  de  bonne  heure  en 
langue  russe.  L'ann^ista  Nestor  le  cite,  et  Kai  am  • 


contre  Cham  :  il  le  réduisit  en  servitude  et 
dévasta  par  le  feu  toutes  les  régions  qui 
étaient  à  l'Occident.  Dans  la  seconde  année 
du  règne  de  Cosdras,  fils  d'Elisdes,  les  flisde 
Cham  se  réunirent  dans  la  terre  d^Ethem 
pour  combattre  avec  le  roi  Cosdras;  il  y  avait 
trois  cent  vingt  mille  fantassins  n'ayant  d'ao* 
très  armes  dans  leurs  mains  que  des  bâtons. 
Cosdras  en  apprenant  qu'ils  marchaient  cno* 
tre  lui,  sourit,  et  il  attendit  qu'ils  eussent 
passé  le  fleuve  du  Tigre;  il  envoya  alors 
contre  eux  ses  guerriers  montés  sur  des 
éléphants  et  il  les  extermina,  et  il  n'en  resu 
pas  un  seul,  et  depuis  tes  enfants  de  Cbaai 
n'osèrent  plus  combattre  contre  lui«  Et  dans 
la  ving-cinquième  année  de  cette  cbiliaJp, 
SamsaTus  qui  était  de  la  race  de  Joniihus, 
fils  de  Noé,  descendit  dans  le  pays  d'Etham, 
et  depuis  le  fleuve  de  TEuphrate  jusqu*aa 
fleuve  d'£dnese,  soixante-huit  villes  furent 
dévastées,  aioNi  que  le  pays  qui  dépendait 
do  chacune  d'elles,  et  Samsalus  envatiil  les 
trois  royaumes  de  la  Judée,  il  incendia  et 
ravagea  toutes  les  contrées,  et  il  pénétra  dans 
le  désert  de  Saba»  et  il  dévasta  les  carnfs 
des  enfants  d'ismaël,  fils  d'A^^ar  l'Egyptien- 
ne, servante  de  Sara,  femme  d*At>rahaffl,  et 
tous  ceux  qui  élaient  de  la  tribu  d'Agar  fu- 
rent  expulsés  et  s'enfuirent  dans  le  désert. 

Ils  y  multiplièrent  durant  deux  cent 
soixante-dix  ans  et  parvinrent  avec  la  per- 
mission de  Dieu  à  un  nombre  immense,  et 
ensuite  ils  sortirent  du  désert  et  enu^reat 
dans  la  terre  habitable,  et  ils  combattaient 
avec  les  rois  des  nations,  ils  réduisirent  les 
hommes  en  servitude,  et  ils  subjuguèrent  les 
peuples  qui  étaient  dans  la  terre  promise,  et 
elle  fut  couverte  de  leurs  camps.  Jls  élaient 
comme  des  sauterelles,  et  ils  allaient  le  cor^is 
nu,  et  ils  mangeaientdes  chairs  de  charneaai 
qu'ils  portaient  dans  des  outres,  et  ils  bu- 
vaient du  saug  mêlé  au  lait  de  leurs  trou- 
peaux. Lorsque  les  fils  d'Jsmaèl  se  furent 
rendus  maîtres  de  tout  le  pays»  et  qu'ils 
eurent  ravagé  les  villes  et  les  contrées  qui 
en  dépendaient,  ils  construisirent  des  na- 
vires et,  s'en  servant  comme  des  oiseaui, 
ils  volaient  sur  les  eaux  de  la  mer.  Ils  pé- 
nétrèrent dans  les  régions  de  l'Occident  jus- 
(ju'à  Rome  la  grande,  dans  rillyri^,  dans 
l'Egypte  et  dans  la  Sardaignequi  est  au  delà 
de  Rome,  et  ils  demeurèrent  sur  la  terra 
])endan(  soixante  ans,  y  faisant  tout  ce  qu'ils 
voulaient. 

Après  soixante-dix  semaines  et  demie  <Je 
durée  de  cette  puissance  qui  leur  avait  donné 
une  domination  universelle  sur  les  nations, 
leur  cœur  fut  gonflé  d'orgueil,  iorsquiis 
virent  qu'ils  avaient  tout  subjugué.  Eo.ce 

sin,  dans  son  Histoire  de  Aumm,  reproduit  les 
passages  que  le  vieux  chroniqueur  moscovite  avaiua 
vue,  et  qui  annonçaient  la  dominaiion  des  filsd*U- 
UMél,  et  plus  tard  leur  asservissement  par  un  m* 
des  Grecs  ou  des  Romains.  Il  faut  se  reporter  ï 
réplique  de  rapparitiou  du  livre  povr  eoroprendi* 
tout  lUoiérèt  que  faisait  éprouver  raaoooee  des 
victoires  futurei»  sur  les  Turcs.  La  prise  de  Cons- 
tantinople,  les  progrès  de«  Musulioans  ver»  K) 
Danube,  inspiraient  alors  la  plus  vive  terreur. 


617 


MET 


TAKT.  ni —LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MET 


618 


lomps  il  s'éleva  parmi  eux  quatre  tyrans, 
chefs  des  troupes,  qui  étaient  tils  d'Hu- 
meas  et  qui  s'appelaient  Oreb»  Zeb,  Zebeas 
et  Salmanas;  ils  combaltirent  r;ontre  les  is« 
raélites.  Dieu  avait  délivré  ceux-ci  des  mains 
des  Egyptiens  par  Tentremise  de  son  servi- 
teur Moïse;  il  leur  fit  miséricorde  en  ce 
temps»  et  il  suscita  Gédéou ,  et  Israël  fut 
délivré  du  joug  des  fils  dlsmaël.  Gédéon 
détruisit  leurs  camps,  les  chassant  de  la  terre 
habitable  et  les  repoussant  dans  le  désert 
d'où  ils  étaient  sortis,  et  ceux  qui  restèrent 
conclurent  un  traité  de  paix  avec  les  fils 
(/Israël,  et  ils  se  retirèrent  dans  le  désert 
ao  delà   de  la  résidence  des  neuf  tribus.  » 

Nous  jugeons  inutile  de  traduire  tout  ce 
que  dit  le  pseudo-Méthodius  au  sujet  de  l'his- 
toire ancienne  qu'il  raconte  d'une  façon  im- 
prévue. D'après  lui,  Nabuchodonosor  était  le 
61s  de  la  reine  de  Saba  et  d'un  Lacédé- 
iLonien  ;  Alexandre  le  Grand  avait  pour 
mèreChiJseth,  fille  d'un  roi  d'Ethiopie;  après 
la  mort  de' ce  prince,  empoisonné  par  ses 
eniânls,  Chusetti  se  remaria  avec  Bias,  fon- 
dateur de  Byzanue  ;  et  Romulus  ayant  à  son 
lour  épousé  Bisantia,  fille  de  Bias  et  de 
Cliuseth,  se  trouvait  assez  proche  parent 
(l'Alexandre 

Laissons  là  tous  ces  anachronismes,  et 
loyons  ce  que  ces  prétendues  révélations 
annoncent  au  sujet  de  l'avenir. 

«  lorsque  le  nombre  des  années  de  la  puis- 
sance que  les  infidèles  doivent  exercer  sur  la 
terre  sera  accompli,  la  tribulation  se  multi- 
pliera sur  les  hommes  et  sur  les  animaux, 
et  il  y  aura  une  grande  famine  et  une  grande 
ppsle,'  et  les  hommes  se^nt  jetés  sur  la 
terre  comme  la  poussière.  Les  hommes  ven- 
dront pour  vivre  tout  ce  qu'ils  possèdent, 
leurs  outils,  leurs  vêtements  et  jusqu'à  leurs 
enfants.  Dieu  infligera  ces  souffrances  à  son 
peuple,  afin  que  les  tidèles  soient  séparés 
des  intidèles  comme  la  paille  est  séparée  du 
froment  purifié. 

<  Les  Barbares  se  glorifieront  de  leurs  vic- 
toires, buvant,  mangeant,  se  réjouissant  et 
se  vantant  de  la  désolation  au'ils  auront  ré- 
pandue dans  la  Perse,  la  hyrie,  la  Cappa- 
lioce,  risaurie,  l'Afrique,  la  Sicile  et  dans 
Ips  pays  qui  sont  proches  de  Rome,  et  dans 
les  ties  qui  les  entourent;  ils  diront  en  blas- 
phémant :  a  Nous  avons  conquis  ce  pays  par 
notre  courage,  et  nous  avons  soumis  tous 
ceux  qui  y  habitent,  et  les  Chrétiens  ne  pour- 
root  jamais  échapper  à  nos  mains.»  Alors  le 
roi  des  Grecs  et  des  Romains  se  lèvera  tout 
i  coup  contre  eux  avec  une  grande  fureur, 
H  il  s'agitera  comme  un  homme  qui  avait 
été  endormi  par  l'ivresse  et  qu'on  regardait 
comme  mort  et  ne  pouvant  plus  rien  faire. 
11  sortira  de  la  mer  des  Ethiopiens  pour 
m^irchcr  contre  eux ,  et  il  portera  le  glaive 
i^t  la  désolation  dans  la  tribu  qui  est  dans 
leor  jiatrie,  et  il  réduira  en  captivité  leurs 
femmes  et  leurs  fils. 

<  l«e  fils  du  roi  descendra  avec  l'épée  sur 
ia  terre  promise  y  et  la  frayeur  se  répandra 
parmi  eux;  tous  leurs  camps  seront  livrés  au 
glaive  et  à  la  captivité,  à  la  mort  et  à  la  cor- 

DiCTioNH.  DES  Apoghypses.  il 


ruption;  et  le  roi  des  Romains  imposera  sur 
eux  un  joug  sept  lois  plus  pesant  que  celui 
qu'ils  imposaient  sur  la  terre.  De  grandes 
angoisses ,  la  faim ,  la  soif  et  la  tribulation 
s'empareront  d'eux,  et  eux,  leurs  femmes  et 
leurs  fils  serviront  ceux  qui  les  servaient  pré- 
cédemment, et  leur  servitude  sera  cent  fois 
plusamèreetplusdurequecellequ'iis  avaient 
imposée  aux  Chrétiens.  Les  terres  qu'ils 
avaient  dévastées  seront  pacifiées,  et  chacun 
reviendra  dans  son  pays  et  dans  l'hérédité 
de  ses  pères,  et  les  hommes  multiplieront 
comme  des  sauterelles  sur  la  terre  qui  avait 
été  dévastée;  mais  l'Egypte  sera  désolée* 
l'Arabie  ravagée  par  les  flammes,  et  toute  la 
fureur  du  roi  des  Romains  se  déploiera  con- 
tre ceux  gui  auront  renié  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ. 

«  Les  hommes  se  reposeront  alors  de 
leurs  tribulations,  mais  cette  paix  sera  celle 

aue  le  bienheureux  apôtri^  a  signalée  quand 
a  dit  :  «  Lorsque  les  hommes  diront  paix 
et  sécurité,  alors  la  destruction  viendra  sur 
eux.  X  Tandis  que  les  hommes  se  livreront  à 
la  joie ,  mangeant  et  buvant,  se  mariant  et 
restant  dans  la  tranquillité  et  l'allégresse, 
bâtissant  des  maisons  et  demeurant  exempts 
de  soucis  et  d'inquiétude,  alors  les  portes  de 
l'Aquilon  seront  ouvertes,  et  les  armées  de 
ces  peuples  enfermés  par  Alexandre  accour- 
ront et  tous  les  h^ibitants  de  la  terre  seront 
saisis  d'effroi  à  leur  aspect;  ils  prendront  la 
fuite  et  iront  se  cacher  dans  les  montagnes 
et  dans  les  cavernes,  et  beaucoup  d'entre 
eux  expireront  de  frayeur,  et  il  n'y  aura 
personne  qui  les  ensevelisse.  Car  les  peu- 
ples qui  sortiront  de  l'Aquilon  mangeront 
les  chairs  des  hommes  et  boiront  le  sang  des 
bètes  comme  de  l'eau,  et  mangeront  des 
animaux  immondes,  des  serpents,  des  scor- 
pions et  toutes  sortes  de  bêtes  horribles  et 
abominables,  et  les  reptiles  qui  rampent  sur 
la  terre,  ainsi  que  les  cadavres  des  animaux 
et  des  hommes,  et  les  fruits  de  l'avortement 
des  femmes;  ils  tueront  les  enfants  et  les 
donneront  à  leurs  mères  afin  qu'elles  les 
mangent,  et  ils  corrompront  la  terre,  et  ils 
la  souilleront,  et  il  n'y  aura  personne  qui 
puisse  tenir  contre  eux. 

«  Après  une  semaine  de  temps,  lorsqu'ils 
auront  pris  la  ville  de  Joppé,  le  Seigneur 
Dieu  enverra  contre  eux  un  des  chefs  de  son 
armée  et  il  les  frappera  soudainement.  Et 
ensuite  le  roi  des  Romains  descendra  et  il 
séjournera  dans  Jérusalem  une  semaine  et 
demie,  c*est-à-dire  dix  ans  et  demi.  Et  guand 
ces  dix  ans  et  demi  seront  accomplis,  le 
fils  de  la  perdition  apparaîtra.  Il  naîtra  à 
Chorosaïm,  il  sera  nourri  à  Bethsaïdo  et  il 
réj^neraà  Capharnaiim.Et  Chorosaïm  se  ré- 
jouiradecequ'il  y  aura  pris  naissance,  etBeth- 
sa'ide  de  ce  qu'il  y  aura  été  nourri,  et  Ca- 
phtirnaûm  de  ce  qu'il  y  aura  régné.  C'est 
pour  celaque,  dans  le  troisième  Evangile,  le 
Seigneur  a  rendu  son  jugement  en  disant  : 
«  Malheur  à  toi,  Chorosaïm,  malheur  à  toi, 
Bethsai<ie  et  à  toi ,  Capharnaiim  :  si  tu  t'es 
élevée  jusqu'aux  cieux,  tu  descendras  jus- 
qu'à l'enfer.  » 

20 


ei9 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


€!ii 


•«  Et  quand  le  fils  de  la  perdition  appa- 
raitra,  le  roi  des  Romains  montera  derechef 
sur  leGoIgotha  où  est  fixé  le  bois  de  la  croix 
sainte,  dans  le  lieu  où  le  Seigneur  a  soutfert 
la  mort  pour  nous,  et  le  roi  ôterala  cou- 
ronne de  sa  tète,  et  il  la  déposera  sur  la  croix, 
et-  i-l  étendra  ses  mains  vers  le  ciel,  et  il 
remettra  le  roj[aume  des  Chrétiens  à  Dieu  le 
Père,  et  la  croix  sera  enlevée  au  ciel,  ainsi 
que  la  couronne  du  roi,  parce  oue  le  Sei- 
gneur Jésus-Christ  a  été  suspenau  sur  elle 
pour  le  salut  de  tous  les  hommes;  cette  croix 
reparaîtra  devant  lui  lors  de  son  avènement 
pour  réprimander  la  perfidie  des  intidèles,  et 
alors  s*accomplira  la  prophétie  de  David  qui 
A  dit  :  «  Dans  les  derniers  jours  i'Ethiopieprè- 
tera  ses  mains  à  Dieu.  »  Et  quand  la  croix 
aura  été  enlevée  au  ciel,  le  roi  des  Romains 
rendra  aussitôt  Tesprit;  alors  toute  puis- 
sance et  toute  principauté  sera  détruite, 
lorsque  le  fils  de  la  perdition  apparaîtra.  Et 
il  sera  de  la  tribu  de  Dan  selon  la  prophétie 
dupatriarcheJacobquidit  :  «Ce  cheval  est  la 
vérité  et  la  piété  des  justes;  et  les  saints  qui, 
en  ce  temps,  monteront  ce  cheval,  c*est-à- 
dire,  qui  auront  la  vraie  foi,  seront  pour- 
suivis par  le  serpent,  c'est-à-dire,  par  le  lils 
de  la  perdition,  il  adviendra  alors  beaucoup 
de  miracles  et  de  prodiges.  Les  aveugles 
verront,  les  boiteux  marcheront,  les  sourds 
entendront  et  les  démoniaques  seront  gué- 
ris; le  soleil  sera  transformé  en  ténèbres,  la 
lune  paraîtra  comme  du  sang.  Le  fils  de  la 
perdition,  fourbe  et  imposteur,  séduira,  s*il 
est  possible,  jusqu'aux  élus  par  la  puis- 
sance de  ses  prestiges,  ainsi  que  le  Seigneur 
l'a  expliqué  dans  TEvangile.  9  Le  patriarche 
Jacob,  considérant  des  yeux  du  corps  ce  qui 
devait  arriver  dans  les  derniers  jours  et  ce 
que  devait  accomplir  le  serpent  venimeux 
ou  le  fils  de  la  perdition,  reconnut  que  les 
hommes  devaient  souffrir  beaucoup  d'an- 
goisses et  de  tribulations,  et  ému  de  com- 
passion pour  Tespèce  humaine,  il  éleva  la 
voix,  et  il  dit  :  «  Vattendrai  ton  salut,  Sei- 
gneur. » 

«Le  fils  de  la  perdition  entrera  ainsi  dans 
le  temple  de  Jérusalem,  et  il  s'assoira  dans 
le  temple  de  Dieu,  comme  s'il  était  un  Dieu, 
quoiqu'il  ne  soit  qu'un  homme  né  de  la 
femme  et  de  la  tribu  de  Dan,  et  Judas  Iscn- 
riote  qui  trahit  le  Seigneur  descendait  aussi 
de  la  tribu  de  Dan. 

«  Lorscfue  la  tribiilation  venant  du  fils  de 
la  perdition  se  sera  multipliée  en  ces  jours, 
le  Seigneur  ne  voulant  pas  la  perte  du  genre 
humain  qu'il  a  racheté  de  son  propre  sang, 
enverra  ses  serviteurs  très-fidèles  et  très- 
chers,  Enoch  et  Elie  pour  le  réduire,  et  en 
face  de  toutes  les  nations,  ils  déjoueront  sa 
séduction  et  ils  montreront  aux  yeux  de  tous 
les  hommes  que  c*est  un  menteur  et  un 
homme  de  rien.  Et  comme  il  sortira  du 
temple  à  cause  de  la  perte  et  de  la  destruc- 
tion de  beaucoup  d'hommes,  les  peuples  le 
voyant  dans  la  confusion,  et  voyant  que  ses 
perfidies  sont  l'objet  de  vifs  reproches  de  la 
))art  des  serviteurs  de  Dieu,  le  chasseront  et 
fuiront  loin  de  lui,etadhéreront  è  ces  justes. 


Le  séducteur  se  voyant  repris  avec  oeaucoar 
de  force  et  tombé  dans  un  mépris  nnitemi, 
sera  enflammé  de  colère  et  de  fureur,  etii 
tuera  ces  deux  serviteurs  de  Dieu. 

«  Alors  apparaîtra  le  signe  de  ^aTéD^ 
ment  du  Fils  de  l'homme,  et  il  viendra  dans 
les  nuées  du  ciel  avec  la  gloire  céleste,  ei 
Dieu  fera  périr  l'impie  par  le  souffle  de  m 
bouche,  selon  l'assertioci  de  rApAtre;alors  k^ 
justes  brilleront  comme  des  étoiles  et  ils 
contiendront  en  eux  la  parole  de  vie.  Le^ 
impies  seront  précipités  dans  Teofer  d'où 
nous  avons  été  arracnés  par  la  grAce  et  Tbih 
manité  du  Seigneur  Dieu  notre  Saoïeur 
Jésus-Christ,  avec  lequel  revient  ainsi  qu'au 
Père,  dans  TEsprit-Saint,  tout  honneur  et 
gloire,  et  grandeur  et  empire,  maintenant  a 
toujours  etdans  les  siècles  des  siècles. Ameo.t 

Un  travail  curieux  et  dont  les  prophéties 
du  faux  Métliodius  pourraient  fournir  IV 
casion,  consisterait  à  offrir  une  énumé- 
ration  raison  née  des  écrits  qui  ont  ea  la 
préXention  de  révéler  l'avenir.  L'obscorilé 
•sibylline  de  ces  compositions  les  rendeo 
général  tout  à  fait  propres  k  se  prêter  à  d'in- 
nombrables interprétations.  Citons-en  quel- 
ques unes. 

Mirabilis  liber  qui  prophelias  revelaiiom- 
qu€t  necnonret  mirandasprœteritoi,  prusnltt 
ac  futuras  aperte  demonstnU ,  in-S*;  00  eo 
connaît  plusieurs  éditions  eiécutéesaa  com- 
mencement du  XVI'  siècle;  le  savant  auteur 
du  Manuel  du  libraire  en  indique  sii(t.lil, 
p.  ^01],  et  il  pense  que  celle  datée  de  Rome 
(Lyon)  152&,  est  la  plus  rare  de  toutes.  Dis 
prédictions  assez  spécieuses  sur  les  tribu- 
lations de  r£glise,  avec  plusieurs  éfene- 
ments  de  la  révolution  de  1789,  ont  donoê 
pour  un  moment  quelque  vogue  à  cet  écrit. 

Le  Livre  merveilleux  contenant  en  bref  k 
fleur  et  substance  de  plusieurs  trailtz  tant  è 
prophéties  et  révélations  qu'anciennes  chro- 
niques, Paris,  1565,  iu-S*,  annonce  également 
de  grandes  discordes  et  tribulations.  «  On  os- 
tera  et  tollera  aux  gens  d'église  et  cleii;^ 
leurs  biens  temporels.  > 

11  existe  un  volume  rare  et  peu  connu  où 
la  révolution  française  est  indiquée  d^nne 
manière  bien  plus  claire  que  dans  le  Mira- 
bilis liber  et  dans  les  autres  écrits  où  Ton  a 
cru  trouver  Tannonce  de  ce  grand  événe- 
ment; il  a  pour  titre  :  Livre  de  Ce$tat  et  my- 
talion  des  temps  prouvant  par  authorilezdt 

VEscripture  saincte  et  par  raisons  astrvlo- 
gales  la  fin  du  monde  esfre  prochaine  (pat  Bi- 
chard  Roussat,  chanoine  et  médecin),  LpOt 
1550,  petit  in-««.On  lit  à  la  page  152  :  <  Venons 
à  parler  de  la  grande  et  merveilleuse  cuo- 
jonction  que  les  astrologues  disent  estre  à 
venir  environ  les  ans  de  Nosire-Seigneur, 
mil  sept  cent  octante  et  neuf  avec  dix  révo- 
lutions saturnales...  Ces  choses  imaginées  d 
calculées,  concluent  les  susdiclz  as(rologue> 

3ue  si  le  monde  jusques  à  ce  et  tel  (eo;» 
ure  (ce  qui  à  Dieu  seul  est  cognu),  de  tre.'- 
grandes,  merveilleuses  et  espouvaniablesœu^ 
tations  et  altérations  seront  en  ceituy  o^ode 
universel,  mesmcment  quant  aux  sectes  ci 
loyx.fc 


6ÎI 


MIC 


PAKT.  m.  -.  LEGENDES  ET  FRAGMEiNTS. 


MIC 


619 


Le  siear  du  Pavillon,  après  avoir  publié 
ses  prophéties  en  1556,  attaqua  celles  des 
autres,  et  mit  au  jour  à  Paris,  en  1560,  les 
Contredits  aux  faulses  et  abbusives  prophé^ 
lies  de  Nostradamus  et  autres  astrologues;  il 
y  signale  une  circonstance  f»rt  curieuse  en 
disant  qu'il  courait  de  son  temps  une  pro- 
phétie par  laquelle  le  monde  planétaire, 
emblème  du  monde  politique  ou  social,  était 
menacé  d'une  immense  révolution  qui  com« 
mencerait  en  1789,  et  dont  Teffet  serait  arrêté 
oadélruit  vingt-cinq  ans  après. 

Le  Champ  du  eoqfrançois  au  roy,  où  sont 
rapportées  les  prophéties  dun  her mit e^  Alle- 
mand de  nation^  Paris,  1621,  annonce  qiie  le 
roi  de  France  doit  réunir  toutes  les  fausses 
religions  à  la  catholique  et  se  rendre  em- 
))erear  de  l'univers.  Louis  XIII  put  Âtre 
flaité  d'apprendre  qu'il  devait  réunir  la 
France  à  l'Espasne  et  conquérir  l'empire 
ouoman,  mais  l'événement  prédit  ne  se 
réalisa  pas. 

Parmi  les  prétendues  prophéties  que  Tim- 
prioerie  s'emçressa  de  publier  dès  son  dé- 
huU  on  peut  citer  : 

Lichtenbergeri  (Joannis)  Pronosticalio 
Latina^  Maj^ence,  1&92,  in-tolio,et  plusieurs 
fois  réimprimé.  Il  en  existe  aussi  des  édi- 
tions allemandes  (avec  une  préface  de  Lu* 
'iier)  et  italiennes.  Cette  production  fit  grand 
Unit  lorsqu'elle  parut,  et  elle  conserve  en- 


core quelque  réputation  au  delà  dn  Rhin 
(569).  Le  Pronosticon  de  J.  Grunpeckius,  seu 
judicium  ex  conjunctione  Saturni  et  Jovis^ 
ViennflB,li96,in-4°eutau!isiunegrandevogue. 
En  remontante  une  époque  plus  reculée, 
on  rencontre  les  prophéties  du  célèbre  Mer- 
lin ;  elles  sont  fort  communes  dans  des  ma- 
nuscrits latins  du  xiii'  au  xv*  siècle;  mais 
il  faut  observer  qu'un  chroniqueur  anglais, 
Geoffroy  de  Monmouth  ,  qui  vivait  au 
milieu  du  xii*  siècle,  en  a  conservé  une 
rédaction  fort  différente,  qui  a  été  éditée, 
dans  une  publication  faite  en  1837,  par 
MM.  Francisque-Michel  et  Thomas  Wright 
(Galfredi  de  Monmouth  Vila  Merlini)^  et 
reproduite  dans  les  Prophetœveteres  pseu- 
depigraphi^  édités  à  Stuttgard,  en  1840,  par 
Gfroerer,  in-8*',  p.  415-426.  Le  même  recueil 
renferme, p.  429-432,  le  Vaticiniummelrieum 
fratris  Hermanni  monachi  de  Marchia  ejus* 
que  electoribus  scriptumanno  MCCCVI  (olO)^ 
.'linsi  que  la  fameuse  prophétie  attribuée  à 
l'Irlandais  Malachie,  archevêque  d'Armagh, 
sur  les  Souverains  Pontifes  romains.  Gfroe- 
rer y  a  joint  les  explications,  faites  nprès 
coup,  d'Alphonse  Ciaconius  et  de  quelques 
autres;  ces  prétendues  prédictions  sortent 
également  d'une  source  qui  n*est  pas  bien 
connue;  c'est  Wion  qui,  dans  son  ouvrage 
intitulé  :  Lignum  vitœ.  t.  I,  p.  307  (Venise, 
1595,  2  vol.  4*) ,  les  a  publiées  le  i)remier* 


MICHEL. 

{Cantique  de  saint  Micl^eL) 


Fabricius  {Codex  pseudepigr.  VesL  Test,^ 
tu,  p. 26)  a  publié  ce  prétendu  canti- 
que d'apcès  une  supposée  révélation  de 
mni  Àmédée  ,  consignée  dans  l'ouvrage  de 
l  Kusèbe  Nieremberg  (571)  ,  De  origine 
S.ScripturŒf  lib.  vu,  p.  195;  c'est  ainsi  nue 
iarcbange  et  ses  compagnons  auraient  célé- 
bré la  défaite  de  Lucifer  et  des  autres  anges 
rebelles. 

«Glorifions  notre  Dieu  et  eiallons  son 
Mint  nom.  C'est  notre  Dieu,  gloritions-le. 
C'est  notre  Seigneur,  exaiton^-le.  Sa  droite  a 
déployé  sa  puissance,  il  a  renversé  nos  ad- 
Tertiaires;  ceux  qui  lui  résistent  sont  des 
ioseDsés.  Maudits  sont  ceux  qui  s'écartent 
de  ses  commandements.  £n  lui  ne  subsiste 
fii  ignorance,  ni  erreur;  il  n'y  a  dans  sa 
volonté  nulle  iniquité;  tout  ce  qu'il  veut 
€$l  bon  et  juste;  tout  ce  qu'il  ordonne  est 
droit  et  saint.  L'intelligence  suprême  ne 
peut  errer;  l'être  parfait  no  peut  vouloir  le 
(oal;  il  n'est  rien  au-dessus  de  celui  qui  est 

(56$)  Une  édiUoo  de  Cologne,  4528,  in-8",  avee 
^  jolies  figures  sur  bois ,  est  mentionnée  dans  les 
Mélûnget  extraiu  dTune  peliu  bibliothèque,  par 
M.  Nodier,  iëi9 ,  p.  239.  Cet  écrivain  en  ciie  un 
1A»&age  qui  offre  matière  à  une  de  ces  rencontres 
ùngoliéres  as&ex  fréquentes  d'ailleurs  dans  les  livres 
àfi  ce  genre  :  i  In  illo  anno  veniet  Aquila  alis  suis 
tQ(«f  tMlem  extensis...  *  tune  castra  destrueiit, 
(iinor  roagnus  erii  in  mando...  Perdet  Lilium  co* 
rooaoi  quam  accipiet  Aquila. 


suprême,  et  il  n  est  rien  de  meilleur  que 
celui  qui  est  parfait.  Il  accorde  à  chacun  ce 
qu'il  lui  platt  ;  il  ne  doit  rien  de  plus  à  l'un 
qu'à  l'autre  ;  il  n'y  a  de  di^ne  auprès  de  lui 
que  celui  qu'il  a  rendu  digne.  Il  doit  être 
chéri  au-dessus  de  toutes  choses  et  adoré 
comme  le  Roi  des  siècles  de  l'immortalité. 
Vous  avez  abandonné  le  Dieu  qui  vous  a 
créés,  et  vous  avez  oublié  le  Seigneur  votre 
Créateur.  Vous  avez  abandonné  Dieu  votre 
Sauveur,  et  vous  vous  êtes  éloignés  de  Dieu 
votre  Sauveur.  Vous  vous  êtes  aimés  plusque 
Dieu,  et  vous  avez  voulu  être  des  dieux  mal- 
gré sa  volonté.  Vous  avez  fait  un  échange 
inique;  abandonnant  Dieu,  vous  vous  êtes 
attachés  h  la  créature.  Vous  avez  provO(|ué 
Dieu  en  adhérant  à  des  faux  dieux ,  vous 
avez  provoqué  sa  colère.  C'est  pourquoi 
VOUS  êtes  descendus  comme  une  pierre  et 
vous  êtes  tombés  de  ces  sièges  élevés.  Re- 
connaissez donc  la  grandeur  de  notre  Dieu  ; 
ses  œuvres  sont  parfaites,  et  ses  jugements 

(570)  L*origlne  de  cette  pièce  est  assez  onscure , 
maîH  on  croit  qu*elle  fut  fabriquée  à  Berlin  vers  la 
fin  du  xvn*  siècle. 

(571)  Ce  Jésuite  espagnol;  mort  en  i658,  a  bissé 
plus  de  cinquante  ouvra|e»  dans  li^squels  on  trouve 
un  va^te  savoir,  mais  parfois  on  y  voudrait  plus  d«« 
critique.  On  peut  consulter,  à  son  égard ,  le  ';|^ 
lionnairê  de  Moréri ,  édit.  de  4759;  la  Bibliothèque 
universelle,  t.  XXXI,  p.  273,  etc. 


013 


DICTIONNAIRE  DES  AlHXIllYPHES. 


m 


sont  justes.  Dieu  est  parfait  el  sans  aucune 
iniquité;  il  est  saint,  il  est  le  Seigneur  équi- 
table. Toutes  choses  sont  réunies  en  une;  il 
a  mis  toutes  chosDS  dans  THoranoe-Dieu.  LV 
mour  souverain  le  voulut  ainsi;  il  a  réuni 
ce  qui  était  dispersé:  Dieu  est  plein  de  tou- 
tes choses,  et  toutes  choses  sont  pleines  de 
Dieu.  11  n*est  pas  surprenant  s*il  a  pris  la 
nature  de  Thomme,  et  s'il  n'a  pas  voulu 
prendre  celle  de  Fange.  En  prenant  Thomme, 
il  a  pris  toutes  choses  ;  en  prenant  l'ange,  il 


n'eût  pas  pris  toutes  choses.  Que  tes  œotres 
sont  magnifiques,  Seigneur  1  tu  as  fait  tou- 
tes choses  avec  nne  sagesse  infinie.  Aimez- 
le  tous,  6  anges  qui  êtes  à  lui.  Bénissez-lp, 
Puissances  et  Vertus.  Bénissez,  A  anges,  le 
Seigneur  Dieu-Homme,  vous  qui  êtes  ses 
ministres  et  qui  accomplissez  sa  volonté.  Re- 
cevez les  hommes  comme  vos  frères.  Gloire 
soit  à  Dieu  dans  les  siècles  des  siècles;  ré- 
jouissons-nous en  ses  œuvres.  » 


MIRIA  ou  MARIA^  sœur  de  moïse. 


Selon  la  Chronographie  de  George  le  Syn- 
celle,  elle  était  très-versée  dans  les  scien- 
ces, et  elle  écrivit  des  livres  sur  Tor,  Tar- 
gent  et  les  métaux  dans  un  style  énigmati- 

3ue;  cela  sisniûe  qu*elle  composa  un  traité 
*alchimie  dans  lequel,  suivant  un  usage 
conservé  narmi  les  auteurs  hermétiques, 


elle  s'exprimait  en  termes  allégoriques,  de 
façon  à  rester  inintelligible.  Il  va  sans  dire 
que  le  chroniqueur  byzantin  rappelle  11  une 
tradition  dénuée  de  toute  autorité;  il  donne 
d'ailleurs  la  mesure  de  son  exactitude  en 
représentant  le  philosophe  grec  Démocrite 
comme  un  contemoorain  de  Mirja. 


MOISË. 

(Ecrits  attribués  ou  relatifs  à  Motse.^ 


Livre  de  l'Assomption  de  Moïse.  —  Oriijène 
en  parle,  et  il  nous  ap^irend  qu'on  y  lisait 
que  l'archange  Michel  disputant  avec  le  dia- 
ble au  sujet  du  corps  ne  Moïse,  lui  avait 
dit  aue  c'était  par  l'inspiration  du  démon 
que  le  serpent  avait  été  la  cause  de  la  faute 
d'Adam  et  Eve  (572).  Les  Actes  du  concile  de 
Nicée  (573)  nous  ont  conservé  deux  passages 
de  ce  livre  : 

Dans  le  Livre  de  V Assomption  de  Moïse, 
Tarchange  Michel,  parlant  avec  le  diable, 
dit  :  «c  Nous  avons  tous  été  créés  par  son 
Esprit-Saint...»  Et  il  dit  encore  :  «  De  la  per- 
sonne de  Dieu  sortit  son  Esprit  et  le  monde 
fut  fait....»  Le  prophète  Mo'ise,  au  moment 
de  sa  mort,  comme  il  est  écrit  dans  le  Livre 
de  V Assomption  de  Moïse,  appela  à  lui  losué, 
iils  de  Navé,  et  lui  dit:  «  Dieu  a  réglé,  avant 
la  création  ;du  monde,  que  je  serais  le  mé- 
diateur de  son  Testament.  »  Et  dans  le  Livre 
des  discours  mystiques  de  Moïse,  ce  môme 
Moïse  a  fait  des  prédictions  au  sujet  de 
David  et  de  Salomon,  et  il  a  dit  de  Salomon  : 
«  Dieu  mettra  en  lui  la  sagesse  et  la  justice 
et  la  science  entière,  et  il  édiûera  la  maison 
de  Dieu.  » 

Il  est  également  fait  mention  de  l'ascen- 
sion ou  anabase  de  Moïse  dans  Sixte  de 
Sienne  (Bibliotheca  sancta^  lib.  ii)  :  cet  au« 
teur  observe  que  c'est  de  cet  écrit  que 
l'apôtre  saint  Jude  a  pris,  dit-on,  ce  qu'il 
rapporte  de  la  contestation  de  l'archange 

(572)  c  Primo  quidam  ut  in  Cenesi  Evam  se- 
doxisse  describilur,  de  quo  în  Ascen^ione  Moysis , 

icuius  lilielU  meminit  in  Episiola  sua  apcstolas 
udas)  Michaei  arcliangelus  cum  diabolo  dispuians 
de  oorpore  Moysis,  ait  diabolo  inspiratuni  serpentera 
causam  exstitisse  praevaricationis  Ad»  et  Evx.  t 

j[573)  A  cet  égard  Fabricius  renvoie  aux  auteors 
Miivanis  :  Uaynaldus ,  De  libris  apocryphis ,  prae 


Michel  avec  le  diable  touchant  le~  corps  de 
Moïse  (574). 

Ce  livre,  aujourd  hui  perdu,  paraît  aroir 
renfermé  le  récit  de  ce  qui  adrini  k 
Moïse  lorsque,  quittant  les  plaines  de Moab, 
il  monta  sur  le  mont  Nebo,  ainsi  que  ses 
entretiens  avec  Dieu  lorsqu'il  était  prèsde 
sa  mort,  et  ce  qui  concerne  sa  sépulture 
creusée  en  un  lieu  caché  par  la  maio  des 
anges. 

Grotius  (ad  Matth.  xxvii,  7),  dit  que  le< 
paroles  de  Zacharie  (m,  2)  :  Que  Dieu  u 
réprimande^  ô  Satan,  proviennent  d*ane  an- 
cienne tradition  qui  passa  ensuite  dans  le 
Livre  de  l'Ascension  de  Moïse. 

Le  même  auteur,  revenant  sur  le  même 
sujet,  dans  son  Commentaire  sur  CEpUre  de 
saint  Jude,  s'exprime  ainsi  : 

Eadem  verba  Michaeli  contra  diabolim 
decertanti  de  corpore  Moysis ,  quod  Miche/A  ex 
Dei  imperio  volebat  abscondere  {Deut.  iixir, 
6),  diabolus  autem  in  apertum  proferre,  ut 
ad  idololatriam  populusallicereturf  quodnie* 
tuendum  fuisse  si  ia  corpus  apparuisset  tetOh 
tur  el  Josephus  (iv,  8)  ;  tribuerat  scriptor  U- 
bri  qui  Beoraice  dicebatur  mzro  rrras,  Grèce 
vero  * ÉL^^akirifiç  McitOa-lwc,  unde  hœc  desumvi*[ 
Judas,  vclut  concesso  utens,  Solebant  Rabhini 
et  angetis  et  magnis  hominibus  tribuere  en 
verba  quœ  verisimiliter  dicere  potuervnt. 
Taie  ittud  de  Henocho  et  illud  ejuod  Hehr, 
XII,  21,  et  Act.  vu,  26.  Similia  habes  in  JUi* 

lect.  i6,  p.  155;  Rob.  Cocms,  Ceiifiir«  Kn>«r. 
veier.,  p.  i49;  G.  CalixUis,  Dé  numéro  liknrnm 
canonicorum  VeUris  Teitamenii,  {  58. 

(574)  Cum  Michaei  archaogelus  cum  diabolo  dis- 
poians  altercarelur  de  Moysis  corpore,  non  e^ 
au  SOS  judiciuni  inferre  biasphemiCt  sed  diin: 
f  lœperet  tibi  Dominus.  • 


m 


MOI 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MOI 


6i6 


drasch,  odDeuter.,  in  Aboth  Rabbi  Nathan 
et  àhis.  Librum  illum  *Ava3Uî>f»c».-  nominat 
OrigefHSj  litpl  «ox«v.  m,  2;  el  Epiphanius 
{Ug.  Athanasius)  in  Synopsi:  nec  dtibito  quin 
indidem  sit  desumpia  narratio  quœ  est  apud 
Clementem  (Sirom.  lib.  vi).  Simile  certamen 
inter  angelos  bonos  et  malos  de  Abrahœ  sa- 
Im<^  et  interitu  commémorât  Origenes.  (Hom. 
35  initie.)  Jn  libro  Hebraico  oui  voeatur 
rca  m  q'^tûph  >-nT  referuntur  vetva  quœdam 
diaboli  ad  Moysen  ante  mortem  qus,  et  mi- 
nisteria  quœ  angeli  Moysi  exhibuere.  Sed  quœ 
hic  leguntur  verba,  in  eo  libro  non  compa- 
rent, unde  credibile  fit  librum  illum  'Ava- 
W^wf  pridem  intercidisse. 

OKcumenius  fait  à  cet  égard  la  remarque 
suivante  : 

Porro  de  Moysis  corpore  hoc  est  judicium. 
Dicitur  Michael  archangelus  mtnisterium 
pmtitisse  in  sepeliendo  Moyse,  id  non  fe- 
Tfbat  diaboluSj  sed  accusationem  afferebat, 
projeter  cœdem  Mgyptii,  quasi  Moyses  ipsius 
tsset,  et  proptereanon  permittebatut  ille  ho- 
norificam  consequeretur  sepulturam. 

Psaumes  attribués  à  Moïse.  —  Une  an- 
cienne Iradition  donne  Moïse  comnrie  Tau- 
leur  du  xc*  psaume  eldes  onzeaulres.  Saint 
Jérôme  en  fait  mention  lorsqu'il  dit  (  Adv. 
Rufinum)  :  Octogesimum  quoquenonumPsal- 
mm  qui  incribitur  :  a  Oratio  Moysi,  homifii 
De»,»  et  reliquos  undecimquinonhabent  titu- 
ios.Origenes  secundum  Huilli{i\  faut  lire  <sans 
doute  Hilleli)  expositionem  ejusdem  Moysis 
pttfa^  D'autres  anciens  auteurs,  notamment 
Jean  Malala,  dans  sa  CfcronojyropAte,  attri- 
buent le  xc*  psaume  à  Moïse.  Cosmas  Indo- 
iJleustes  prétend  (Cosmographia^  lib,  v)  que 
ces  psaumes  ne  sont  pas  du  législateur 
des  Hébreux,  mais  d'un  autre  Moïse  qui  vi- 
vait  du  temps  de  David. 

Apocalypse  de  Moïse.  —  George  le  Syncelle 
prétend  que  c'est  d'un  ouvrage  portant  ce 
J'ire  qu'est  extrait  ce  que  dit  saint  Paul 
[Gdlat.  V,  6;  vi,  15),  qu'en  Jésus-Christ  il  ne 
sert  de  rien  d'être  circoncis  ou  de  ne  l'être 
pas,  mais  qu'il  faut  avoir  la  foi  qui  agit  par 
la  charité,  et  devenir  une  créature  nouvelle. 

Montfaucon  (Diarium  Italicum  ,  p.  212) 
relate  qu'un  manuscrit  du  xr  siècle,  con- 
servé a  Rome,  signale  ce  passage  comme 
epprunié  à  un  livre  apocryphe  de  Moïse. 
Cesi  également  ce  que  mentionnent  deux 
manuscrits  grecs  de  l'ancienne  Bibliothèque 
du  roi  à  Paris ,  cités  par  Cotelier.  (Consti- 
^^lonesapoétolicœ^  lib.  vi,  IC.jCédrène  nous 
apprend  que  l'Apocalypse  de  Moïse  était  sou- 
vent regardée  comme  étant  le  même  ou- 
vrage que  la  Petite  Genèse. 

Ajoutons  que  les  Samaritains  prétendaient 
qiiun  livre  de  prières  écrit  par  Moïse  lui- 
même  avait  été  conservé,  par  leurs  grands 
prêtres,  jusqu'au  pontihcat  d'un  certain 
Adrien;  mais  cette  assertion  ne  trouvera 

(573)  On  en  connaît  deux  ou  trois;  Bariholin  en 
J  «au  graver  une  dans  son  livre  De  unicomu ,  el 
^  après  lui  Lambécius  Ta  donnée  dans  le  Prodromus 
ffiuonai  Unerariw,  p.  ISO.  Carpov  dit  en  avoir  vu 
tt"c.  ei  elle  lui  fournil  Ttccasion  de  publier,  à  Leip- 


sans  doute  aucun  défenseur.  J.  Grégory 
(Prœfat.  ad  observationes  sacras ,  t.  IX 
Critic.  sacr.)  dit  qu'un  prêtre  arménien  lui 
assura  que  chez  les  Arméniens  il  j  avait  des 
livres  de  Moïse  inconnus  ailleurs.  C'est  en- 
core une  allégation  dépourvue  de  toute 
preuve. 

Un  rabbin  allemand,  Scbaltui  Streiner, 
dans  un  ouvrage  intitulé  :  Les  lèvres  des 
dormants,  prétend  que  Moïse- est  auteur  d'un 
livre  ayant  pour  nom  :  La  fontaine  de  la 
sagesse,  livre  resté  parfaitement  inconnu  et 
qui,  s'il  a  existé,  ce  qui  est  douteux,  a  été 
fabriqué  par  quelque  faussaire. 

Testament  de  Moïse.  —  11  est  indiqué  dans 
la  StichometriadQ  Nicéphore  comme  se  compo- 
sant de  onze  cents  vers  ou  lignes;  il  est  aussi 
mentionné  dans  la  Synop«û  S.  Scripturœ,  qui 
porte  le  nom  de  saint  Athanase,  ainsi  que 
dans  une  liste  des  livres  saints  que  Cotelier 
ci  te  (Préface  des  Constitutions  clémentines)  d'à- 

Eres  un  manuscrit  grec  de  l'ancienne  bi- 
lioibèque  du   roi,  n*"  1789  ;  c'est  tout  ce 
que  nous  en  savons. 

Ces  mêmes  Con^n'^u^ton^  (I.  vi,e.  16)  citecit 
Moïse  comme  figurant  parmi  les  patriarches 
et  les  prophètes  auxquels  on  a  attribué  des 
ouvrages  qu'ils  n'avaient  jamais  écrits. 

Saint  Epipbane  mentionne  des  livres  faus- 
sement attribués  à  Moïse  comme  circulant 
parmi  les  gnostiques. 

Fabricius  {Codex  pseudepigraphus  Vête  ris 
Testamenti)  a  discuté  un  grand  nombre  de 
questions  relatives  à  ce  législateur  des  Hé- 
breux. Ha  consacré  un  chapitre  à  son  nom. 
Observons  que  les  rabbins  prétendent  que 
le  nom  de  Moïse,  qui  a  été  expliqué  par 
sorti  ou  sauvé  de  leau,  n'était  pas  le  vrai 
nom  du  législateur  des  Hébreux,  et  qu'il  en 
avait  un  autre:  mais  ils  diffèrent  à  cet  égard  ( 
les  uns  l'appellent  Jojakim,  d'autres  Pal- 
thiel,  d'autres  Metchiel;  selon ({uelques-uns 
de  ces  docteurs.  Moïse  avait  dix  noms  diffé- 
rents. (Voy.  Fabricius,  t.  II,  p.  112.)  Ce 
même  savant  s'occupe,  t.  1,  p.  868;  t.  11,  p. 
163,  des  médailles  où  Moïse  est  représenté 
avec  des  cornes  (575).  Bayer  (  Oryctogra- 
phia  Norica,  p.  59)  suppose  qu'elles  furent 
fabriquées  par  des  Juiis  pour  insulter  les 
Chrétiens.  On  sait  toutefois  qu'il  existe  des 
médailles  représentant  Bacchus,  Tryphon  et 
Alexandre  avec  cet  appendice  singulier,  et 
ce  n'était  pas  dans  des  vues  de  dérision. 
(Voy.  F.  G.  Freylag,  De  Alexandro  torni" 
gero,  Leipsig,  1715,  in-fol.) 

C.  Lampe  dans  sa  dissertation  De  cornu 
salutis  fulgido  (  insérée  dans  la  Bibliotheca 
historico-theologica,  Brème,  t.  Il,  p. 680),  a 
montré  que  les  cornes  étaient  un  emblème 
de  la  splendeur  dont  brillait  la  figure  du  pro- 
phète. 

Les  Orientaux  ont  débité  à  l'égard  do 
Moïse  une  multitude  de  récits  fabuleux  ;  en 


sig,  en  1659»  un  opuscnlc  Denummh  Bîoyseu  cor* 
miium  exh'tbentibus.  D'siprès  la  gravure  i|ue  donne 
Fiibriciiis,  ces  cornes,  qui  oui  la  forme  de  celles 
d'un  bélier,  sont  appliquées  sur  un  casque  qui  cou-* 
vre  la  léle  du  prophète. 


S27 


DICTIOtfNAIRi;  D£S  APOCRYPHES. 


ea 


Yoici  un  échantillon  d*après  Weil»  BibUseh$ 
tegenden  der  Muselmànner, 

«  Les  espions  envoyés  dans  la  terre  de 
Chanaan,  étant  de  retour,  dirent  :  «<  Nous 
avons  vu  le  pays  que  nous  devons  conqué- 
rir avec  répée  ;  il  est  bon  et  fertile.  Le  cha- 
meau le  plus  robuste  est  à  peine  en  état  de 
porter  une  seule  des  grappes  de  raisin  que 
produit  cette  terre  ;  un  seul  épi  donne  assez 
de  grain  pour  qu'une  famille  entière  y  trouve 
sa  nourriture,  et  Técorce  d'une  grenade 
peut  couvrir  cinq  hommes  armés.  Mais  les 
habitants  de  cette  terre  et  leurs  villes  ont 
des  dimensions  en  harmonie  avec  l'abon- 
dance des  produits  du  sol.  Nous  avons  vu 
des  hommes  dont  le  plus  petit  avait  une 
stature  de  six  cents  coudées.  Ils  nous  regar- 
dèrent avec  surprise»  et  nous  méprisèrent 
comme  des  nains.  Les  murs  qui  entourent 
leurs  villes  sont  tellement  élevés  qu'un  aigle 

Eeut  k  peine  s*élever  jusqu'à  leur  sommet.  » 
es  espions  ayant  fini  de  faire  leur  rapport» 
toml>èrent  morts  ;  il  n'v  en  eut  que  deux» 
Josué»  fils  de  Nun,  et  Caleb»  qui  restèrent  en 
vie;  ceux-là  avaient  gardé  le  silence. 

<  Les  Israélites  se  mirent  alors  à  murmu- 
rer contre  Moïse  et  à  dire  :  «  Nous  ne  pour- 
rons combattre  contre  de  pareils  géants; 
va  les  attaquer  seul  avec  ton  Dieu»  si  tu  on 
as  envie.  »  Moïse  leur  annonça  qu'en  puni- 
tion de  leur  peu  de  confiance  dans  le  se* 
cours  de  Dieu  qui  avait  ouvert  devant  eux 
les  Qots  de  la  mer,  ils  seraient  condamnés  à 
errer  dans  le  désert  pendant  quarante  ans. 
Il  les  quitta  ensuite»  et  il  parcourut  la  terre 
entière  depuis  le  Nord  jusqu'au  Sud»  et  de- 
puis l'Orient  jusqu'à  l'Occident»  en  prêchant 
ta  vraie  foî. 

Un  jour»  Moïse  s'enlretenant  avec  Josué 
qui  raccompagnait,  se  vantait  de  sa  sagesse» 
lorsque  Dieu  lui  dit  :  «  Vh  au  golfe  Persi- 
que»  à  l'endroit  où  la  mer  des  Grecs  se  réu- 
nit à  celle  des  Perses;  tu  trouveras  là  un  de 
mes  pieux  serviteurs  qui  te  surpasse  en 
sagesse.» 

«  Comment  reconnaftrai-ie  ce  sage?  »  dit 
Moïse.  Le  Seigneur  répondit  :  «  Prends  un 
poisson  dans  une  corbeille;  il  te  montrera 
où  réside  mon  fidèle  serviteur,  i» 

«  Moise  se  mit  en  voyage  avec  Josué  vers 
l'endroit  que  Dieu  lui  avait  désigné»  et  il 
apporta  un  poisson  dans  une  corbeille.  Il 
s  arrêta  enfin»  accablé  de  fatigue»  au  bord  de 
la  mer»  el  il  s'endormit.  Lorsqu'il  se  ré- 
veilla» il  était  tard»  et  il  hâta  sa  manche  afin 
de  trouver  un  gtte  avant  là  nuit.  Dans  sa 
précipitation»  Josué  oublia  de  prendre  le 
poisson»  et  Moise  ne  se  souvint  pas  de  lui  en 
parler.  Ce  ne  fut  que  le  lendemain  matin 
qu'ils  s'aperçurent  de  leur  négligence;  ils 
voulurent  alors  revenir  à  l'endroit  où  ils 
s'étaient  arrêtés.  Quand  ils  furent  venus  au 
bord  de  la  mer»  ils  aperçurent  un  poisson 
qui  se  tenait  tuut  droit  sur  la  surface  de  la 
mer»  au  lieu  de  rester  étendu  selon  l'usase 
de  ces  animaux;  ils  le  reconnurent  pour  le 
poisson  qu'ils  cherchaient»  et  ils  se  mirent 
à  le  suivre  en  côtoyant  le  rivage.  Après 
Qu'ils  eurent  ainsi  suivi  leur  Kuide  pendant 


quelques  heures»  celui-ci  disparut  toatd'ûa 
coup.  Ils  s'arrêtèrent  alors»  et  dirent  :  «  Cesl 
ici  que  doit  demeurer  le  serviteur  de  dm 
que  nous  cherchons.»  Us  aperçurent  bientôt 
une  caverne  à  l'entrée  de  laqnelle  étaient 
infcrits  ces  mois  :  «  Au  nom  de  Dieu  tout- 
puissant  et  plein  de  miséricorde.  •  5lnf<e 
et  Josué  entrèret*t  sans  hésiter  dans  celte 
caverne,  et  ils  y  trouvèrent  un  homme  qiij 
était  vigoureux  et  frais  comme  ud  jeuip 
homme  de  dix-sept  ans,  mais  une  barbe  aossi 
blanche  que  la  neige  tombait  jus|iu*à  ses 
pieds.  C'était  le  prophète  Chidr  qui  réunis- 
sait à  la  possession  d*une  jeunesse  éternelle 
les  marques  de  la  plus  belle  vieillesse. 

«  Prends-moi  pour  ton  disciple,  »  lui  dit 
Moïse,  après  des  salutations  réciproques,  ««rt 
permets- moi  de  t'accompagner  dans  tes  {)é* 
ré^rinations  sur  cette  terre»  afin  que  j'a<i- 
mire  la  sagesse  oue  Dieu  t'a  accordée. 

—  Tu  ne  peux  la  comprendre  et  tu  ne  re^ 
teras  pas  longtemps  auprès  de  moi. 

--  Tu  me  trouveras  patient  et  soumis,  s'il 
platt  à  Dieu  ;  ne  me  repousse  pas. 

—  Tu  peux  me  suivre»  mais  ne  me  fai^u- 
cune  question»  et  attends  que  je  te  dooDe 
de  mon  plein  gré  Texplication  de  ma  con- 
duite. » 

a  Moïse  se  soumit  à  cette  condition,  H 
Al  Chidr  le  mena  au  bord  de  la  mer  où  uq 
navire  se  trouvait  à  Tancre.  Al  Chidr  prit  une 
hache  et  fit  sauter  en  éclats  deux  des  plan- 
ches du  navire»  de  sorte  qu'il  coula  à  fonj 
«  Que  fais-tu  ?»  cria  Moïse, «  les  gens  qui  &oot 
à  bord  de  ce  bâtiment  vont  se  noyer. 

—  Ne  t'ai-je  pas  dit  que  tu  ne  resterais  pas 
longtemps  tranquille  auprès  de  moi? 

—  Pardonne-moi,»  reprit  Moïse  ;  «  j'aTaij 
oublié  mon  engagement.  » 

«  AI  Chidr  continua  sa  route»  et  ils  ren- 
contrèrent bientôt  un  bel  enfant  qui  jouati 
avec  des  coquillages  au  bord  de  la  mer.  Al 
Chidr  prit  un  couteau  qu'il  portait  sur  lui 
et  coupa  la  gorge  de  l'entant. 

«  Pourquoi  fais-tu  mourir  ainsi  un  enfaoi 
innocent?  «demanda  Moïse  ;«  tu  viens  Je 
commettre  un  gr^nd  crime. 

—  Ne  t'ai-je  pas  dit»  »  répliqua  Al  Chidr. 
«r  que  tu  ne  pourrais  pas  longtemps  voyager 
avec  moi  ? 

—  Pardonne-moi  encore  pour  cette  fois,» 
dit  Moïse,  «  et  si  j'élève  encore  la  voii, 
chasse- moi  loin  de  toi.  » 

«  Ils  marchèrent  longtemps  encore,  el  ils 
arrivèrent  enfin  dans  une  grande  ville,  uiat» 
ils  étaient  fatigués  et  affamés.  Personne  ne 
voulut  les  loger»  ni  leur  donner  à  boire  ou  à 
manger  sans  leur  demander  de  l'argent.  Ai 
Chidr  voyant  Que  le  mur  d'une  belle  iLai^n 
d'où  il  atait  été  chassé  menaçait  ruine,  '^* 
redressa,  le  consolida  et  se  retira  eosuiie. 
Moïse  lui  dit  :  «  Tu  as  accompli  là  un  Ua- 
vail  qui  aurait  occupé  de  nombreux  ma^oti^ 
pendant  bien  des  jours;  pourquoi  na»  tu 
pas  demandé  un  salaire  qui  nous  aurait 
donné  les  moyens  d'acheter  des  aliments?  ^ 

«  Al  Chidr  répondit  :  «  Nous  allons  nou< 
séparer,  mais  auparavant»  je  te  donnerai 
l'explication  de  ce  eue  tu  m*as  vu  iaire*  U 


m 


MOI 


^AM.   Ilf .  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MO! 


630 


nafueqae  j*ii  endommagé,  mais  qui  peut  se 
réparer  facilement,  appartient  k  de  pauvres 
gens  auxquels  il  fournit  Tunique  moyen  de 
subsistance  dont  ils  disposent.  Lorsque  je  l'ai 
avarié,  des  navires  appartenant  à  un  roi  in- 
juste et  cruel  parcouraient  la  côte,  et  s'em- 
paraient de  force  de  tous  les  bAtiments  en 
état  de  servir.  J*ai  fait  à  celui-ci  un  dégât 
passager  qui  assurera  à  ses  propriétaires  le 
moyen  de  le  conserver.  L'enfant  que  j'ai  tué 
était  le  fils  de  parents  pieux,  mais  il  était 
d'uD  naturel  mauvais,  et  il  aurait  fini  par 
pervertir  ses  parents;  j'ai  donc  jugé  à  pro- 
pos de  le  tuer;  Dieu  leur  accordera,  à  sa 
place,  une  progéniture  pieuse.  Quant  à  la 
maison  dont  j'ai  raffermi  les  murs,  elle  âp- 
parlient  k  des  orphelins  dont  le  père  était 
un  bomme  pieux.  Au-dessous  du  mur,  est 
caché  un  trésor  que  les  personnes  qui  occu- 
pent en  ce  moment  celte  maison  se  seraient 
approprié,  si  elle  s'était  écroulée;  je  l'ai 
donc  raffermie,  afin  Qu'elle  se  maintienne 
jusqu'à  ce  que  les  eniants  aient  grandi.  Tu 
vois  que  je  n'ai  point,  dans  mes^actions,  cédé 
à  ua  entraînement  aveugle ,  mais  que  j'ai 
agi  selon  la  volonté  du  Seigneur.  » 

•  Moïse  pria  Al  Chidr  de  lui  pardonner, 
mais  il  n'osa  pas  solliciter  la  permission  de 
raccompagner  davantage.  Il  avait  passé  trente 
ma  parcourir  le  Sud,  l'Orientet  l'Occident. 
Ils  lui  restait  encore  dix  années  à  consacrer 
8 ses  voyages  dans  le  Nord;  il  en  parcourut 
toutes  les  régions  en  dépit  de  la  rigueur  du 
climat  et  de  la  barbarie  des  peuples  qui  tiabi- 
tentces  contrées,  et  il  arriva  enfin  à  la  grande 
muraille  de  fer  qu'Alexandre  avait  élevée 
pour  empêcher  les  excursions  des  peuples 
pillards  de  Jac^judj  et  de  Hadjudj.  Après  avoir 
béni  la  toute-puissance  de  Dieu,  Moïse  re- 
viat  enfin  dans  les  déserts  de  TArabie. 

«  Trente-neuf  ans  s'étaient  écoulés  depuis 
gu'il  s*était  séparé  de  ses  frères  :  la  plupart 
(les  Israélites  qu*il  avait  laissés  dans  la  force 
de  l'âge  étaient  morts,  et  une  génération 
Douvelle  avait  sur^i  à  leur  place.  Parmi  le 
petit  nombre  de  vieillards  qu'il  trouva  en- 
core en  vie,  était  son  cousin  Karun,  fils  de 
Jasshas.  11  avait  épousé  Kolthum,  la  sœur 
de  Moïse,  et  celui-ci  lui  avait  enseigné  l'al- 
chimie, de  sorte  qu'il  pouvait  changer  en 
or  le  métal  le  plus  grossier.  Telle  était  son 
opulence  qu'il  avait  fait  construire  autour 
de  ses  jardins  des  murs  très-élevés  en  or 
massif,  et  lorsc[u*il  était  en  voyage,  il  ne  lui 
fallait  pas  moins  de  quarante  mulets  pour 
porter  les  clefs  des  coffres  où  il  déposait  ses 
trésors  (576).  Pendant  l'absence  de  Moïse» 
il  avait  mis  ses  richesses  k  profit  pour  affec- 
ter tout  l'extérieur  d'un  roi.  Il  fut  très-mé- 
^otent  du  retour  de  Moïse,  et  il  vit  dans 
sou,beaa-frère  un  rival  qu'il  s'efforça  de  per- 
dre. Il  entra  en  rapport  avec  une  fille  perdue 
de  mœurs  que  Moïse  avait  expulsée  du  camp 
des  Israélites  à  cause  de  son  inconduite,  et 

(576)  Des  rabbins,  renchérissant  encore  sur  ce 
chiffre,  élèvent  k  iroit  cents  mules  blanches  le 
nombre  des  bêtes  de  somme  qui  étaient  uécessaires 
|KHir  porter  les  clefi  en  question. 

(377)  On  voit  i^ue  ce  récit  diffère  en    certains 


il  lui  promit  de  l'épouser  si  elle  déclarait 
devant  les  anciens  aue  Moïse  ne  l'avait  ban- 
nie que  parce  qu'elle  refusait  d'écouter  ses 
propositions  déshonnètes.  La  malheureuse 
promit  à  Karun  de  faire  tout  ce  qu'il  voulait, 
mais  quand  elle  se  trouva  en  présence  des 
anciens  j  elle  ne  put  accomplir  son  projet. 
Dieu  mit  dans  sa  bouche  des  paroles  toutes 
différentes  de  celles  qu'elle  comptait  pro- 
noncer ;  elle  avoua  sa  faute,  et  déclara  que 
Karun  1  avait,  par  ses  promesses,  amenée  à 
rendre  un  faux  témoignage.  Moïse  pria  Dieu 
de  le  protéger  contre  la  malice  de  Karun. 
Alors  la  terre  s'ouvrit  sous  les  pieds  de  l'en- 
nemi du  prophète,  et  Tengloutit  avec  toute 
sa  famille  et  avec  tous  ses  trésors. 

t  La  quarantième  des  années  fixées  pour 
le  séjour  des  Israélites  dans  le  désert  appro- 
chait de  son  terme,  et  Moïse  se  dirigea  avec 
le  peuple  vers  les  frontières  de  la  Palestine. 
Quand  lalub  Ibn  Safan,  roi  de  Balka,  apprit 
Tarrivée  des  Israélites,  qui  avaient  pris  un 
grand  nombre  de  villes  sur  leur  route,  il  fit 
appeler  le  magicien  fiileam,  fils  de  Baurs, 
afin  de  lui  demander  les  moyens  de  résister 
aux  Israélites.  Mais  un  an^e  apparut  à  Bi 
leam  pendant  la  nuit-  et  lui  défendit  de  se 
rendre  auprès  du  roi.  Les  envoyés  du  roi. 
étant  revenus  sans  Bileam,  le  monarque  en  fit 
partir  d'autres  auxquels  il  confia  des  bijoux 
du  plus  grand  prix,  en  leur  recommandant 
de  les  remettre  à  la  femme  de  Bileam,  la- 
quelle exerçait  le  plus  grand  empire  sur 
son  mari;  il  l'aimait  tellement,  qu'il  ne  sa- 
vait rien  lui  refuser.  Elle  accepta  les  pré- 
sents du  roi  et  détermina  son  mari  a  sa 
rendre  à  Balka. 

«  Le  monarque  vint  au-devant  de  Bileam 
avec  une  suite  nombreuse;  il  lui  assigna 
pour  résidence  une  des  plus  belles  maisons 
de  la  ville,  et  il  le  fit  nourrir  aux  frais  da 
l'Etat.  Trois  jours  se  passèrentainsi,  et  lequa- 
trième  iour,  le  roi  fit  amener  Bileam  devant 
lui  et  lui  demanda  de  maudire  les  Israélites. 
Mais  Dieu  paralysa  la  langue  du  nécroman- 
cien, de  sorte  que,  malgré  sa  haine  contre 
Israël,  il  ne  put  proférer  une  seule  parole 
d'anathème.  Le  roi  le  pria  alors  de  lui  in« 
diquer  quelque  moyen  pour  repousser  le 

f)euple  conquérant;  Bileam  dit  qu'il  fallait 
aire  tomber  les  Israélites  dans  le  péché,  afin 
de  leur  dter  l'appui  divin  qui  les  rendait  in- 
vincibles, et  il  conseilla,  dans  ce  but,  de  leur 
envoyer  les  plus  belles  femmes  de  la  capi» 
taie.  Le  roi  suivit  ce  conseil  ;  mais  Moïse, 
prévenu  de  tout  par  l'ange  Gabriel,  fit  déca- 
piter le  premier  Israélite  qui  se  laissa  sé- 
duire par  une  des  habitantes  de  Balka,  et  il 
fit  placer  sa  tète  dans  le  camp,  au  haut  d'un 
piquet,  afin  de  servir  de  leçon.  11  donna  en- 
suite le  signal  de  l'attaque.  La  ville  de  Balka 
fut  enlevée  d*assaut,  et  le  roi,  ainsi  que  Bi- 
leam, périrent  des  premiers  dans  ce  combat 
(577).  » 

points  de  ce  f|ue-  le  Livre  da  Nombres ,  cbap.  xxii 
et  suiv.,  renferme  au  sujet  de  Bilamc  ou  Balaam. 
Moïse  dit  qu'après  s*éire  entretenu  avec  le  roi 
Balak  Bilam  iHtant  levé,  s'en  aléa  et  s'en  retourna 
à  lOH  endroit.  Le  Talmud  alBrme  qae  c*e§t  d'après 


631 


PIE 


DICTIONNAIUE  DES  APOCRYPHES. 


Pl£ 


Ci 


Le  Coran  (cb.  28)  raconte  nue  Pharaon 
voulut  faire  bâtir  une  tour  élevée  pour  mon- 
ter vers  le  Dieu  de  Moïse.  Les  auteurs  ara- 
l>ps  n'ont  point  manqué  de  raconter  des  fa- 
bles sans  nombre  au  sujet  de  cette  tour. 
Cinquante  mille  ouvriers  y  (ravaillaient  cha- 
que jour.  Lorsqu'elle  fut  parvenue  à  une 
très-grande  hauteur,  Pharaon  monta  sur  le 
&ommet  et  lança  vers  le  ciel  un  trait  qui  re- 
tomba couvert  de  sang.  Le  roi  se  glorifia 
d*avoir  tué  le  Dieu  de  Moïse;  mais  Gabriel, 
d'un  coup  d'aile,  renversa  l'édiBce  qui  écrasa 
une  partie  de  son  armée. 

Hammel,  un  des  plus  riches  d'entre  les 
Israélites,  ayant  été  tué,  ses  parents  condui- 
sirent à  Moïse  les  prétendus  meurtriers.  Ils 
nièrent  le  fait.  11  n'existait  aucun  témoin. 
La  vérité  était  difficile  à  découvrir.  Le  Sei- 
gneur ordonna  d'immoler  une  vache  avec 
les  conditions  requises.  On  toucha  le  cada- 
vre avec  la  langue  de  la  victime.  Il  revint  à 
la  vie,  se  leva,  prononça  le  nom  du  meur- 
trier et  mourut  cle  nouveau.  Le  Coran,  ch.  2, 
fait  allusion  à  cette  légende. 

Voici  un  autre  récit  qui  n'est  pas  sans  g»*à- 
ce,  et  que  nous  présentent  des  auteurs  ambes. 

«  Un  jour  que  Moïse  gardait  dans  le  dé- 
sert les  troupeaux  de  Jélhro,  il  aperçut  un 
ii^neau  qui  ^'éloignait.  Il  courut  après  lefu- 

S'tif,  mais  celui-ci  allait  encore  plus  vite,  et 
oïse  ne  le  rejoignit  que  lorsque  le  petit 
animal  s'arrêta  auprès  d'un  ruisseau  et  élan- 
cha  sa  soif.  «  Pauvre  créature  innocente 
et  douce,  »  s'écria  le  chef  des  Hébreux,  «  je 
vois  pourquoi  tu  te  hfttais  tellement  :  si  je 
Tavais  su,  je  t'aurais  moi«m(^me  porté  au  ruis- 
.5eau.  Viens  que  je  te  prenne  dans  mes  bras.  » 

«  Et  il  le  rapporta  ainsi  au  troupeau.  Le 
Tout-Puissant  goûla  cette  action,  et  on  en- 
tendit une  voix  qui  disait  :c  Moïse,  puisqu'un 
faible  animal  excite  à  ce  point  ta  compas- 
sion, avec  quelle  sympathie  ne  prendras-tu 
{)às  part  aux  souffrances  des  enfants  des 
nommes  ?  Tu  seras  le  conducteur  du  peuple 
que  j'ai  choisi  et  le  pasteur  de  mon  trou  - 
peau;  car  le  Seigneur  est  miséricordieux, 
et  .«a  grâce  s'étend  sur  toutes  les  œuvres  de 
miséricorde.  » 

II  est  facile  de  comprendre  que  l'histoire 
d'un  législateur,  aussi  célèbre  que  Moïse,  a 
dû  provoquer  de  nombreux  travaux.  Aussi 
M.  (mttinger,  dans  sa  Bibliographiehiographi- 
quCf  a-t-il  été  en  mesure  d'énumérer soixante- 
onze  ouvrages  divers  relatifs  à  ce  grand 
homme. 

Nous  reproduirons  cette  énumération,  en 
y  ajoutant  de  nouveaux  détails.' 

Mylius(Georg.),  Commentatio  depersona^ 
vita  et  rebîif  geslis  iUfom.  Will.,15S5,  in-4*. 

Gaulmin  (Gilbert),  De  vita  et  morte  Mosis, 
libri  très.  Paris,  1629,  in-8".  Réimpr.  f)ar 
Johann  Albert  Fabricius,  Hamb.,  171/1^,  in-8^ 

Fuentes  y  Biota  (Antonio  de),  Vita  del 
profeta  Moyssen.  Bruss.,  1G57,  in-8". 

11!  conseil  de  cet  enelianteur  que  les  Aloabitcs  prosti- 
tuéreiii  leurs  filles  aux  Israélites  aitn  de  les  atiirer 
dans  ridol&trte ,  ei  Ton  trouve  un  indice  dans  le 
méine  Une  (tes  Nombra ,    cit.    sxxi ,     15  ,    i6. 


Liebetanz  (Michael),  Dissertath  de  fa  te 
Mosis^  quam  pingunt^  comiira.  Wiil,,  li;Vj 
in-«^'^:  ibid.,  1666,  in-4*;  ibid.,  17W,  in  i  / 

Frischmuth  (Johan.),  Oratio de poniificau 
Mosis.  lenffi,  1673,  in-i*. 

Zentgrav  (Johann  JoachimJ,  Disteriaiinti' 
hibens  Mosen^  legislatorem  Ebrœorum,  \\  w: , 
1685,  in-8'. 

Froster  (Erik  Johann),  Moses^  $.  de  m.  que 
in  magno  illo  merito  suspiciuntur  dispuiau 
Aboœ,  16%,  in-4\ 

Graverol  (Jean),  Moees  vindicatus,  etc. 
Amst,,  169i,  in-12. 

Chion  (J.),  Dissertationes  duœ  de  corpon 
JUosie.  Lugd.  Bat.,  1697,  in-4'. 

Morin  (Jean-Baptiste),  Disqui$Uio  dt  n^. 
mine  Mosis.  Lugd.  Bat.,  1698,  \\\-k\ 

Hugoj  (Charles-Louis),  Histoire  de  hhm, 
Luxemb.,  1699,  in-8';  tftid.,  1709.  in-8*. 

Roch  (Cornelius-Dietrich),  Disputatia  :- 
eloquentta  et  poesi  Mosis.   Helmst.,  ITi». 

Nicolai  (Johann),  Disquisitio  de  Mo$t  J/- 
pha  dicto.  Lugd.   Bat.,  1703,  in-lâ. 

Moller  (Daniel-Wilhelm),  Dissertatio  de 
Mose  philosopho.  Altorf,  1707,  in  V.  I'- 
ben  Mosis  und  dessen  schriften.  Leiii>;:. 
17U,  in-8«. 

Heusiing (Christian-Friedrich),  Disserta- 
tio theologico^litteraria,  Mosen  quœ  enuln- 
tum  omni  Mgyptiorum  sapientia^  non  rerrun 
esse  eorumdem  in  cultu  V.  T.  cœremonioUm^ 
tatorem^  sed  regni  Mgyptiaci  candidaim 
Servest,  1718,  in-4". 

Stenchius  (Johann), Dissertatiode  radianit 
vultu  Mosis.  Upsal,  1722,  in-8\ 

Eichier  (Christian  Gottlieb) ,  Dissermh 
de  Mose^  candidato  regni  JEgyptiaci.  Leiu\, 
1733,  in-S-. 

Aslruc  (Jean) ,  Conjectures  sur  les  Si- 
moires  originaux  dont  il  paraît  que  M.  ' 
s'est  servi  pour  composer  le  livre  de  la  d*- 
nèsef  avec  des  remarques  qui  appuient  l 
éciaircissent  ces  conjectures.  Brux.  (Pai.  , 
1753,  in-12. 

Cattenburg  (Adriaan  Van)»  Syntagma  .<:- 
pientiœ Mosaicœ.  Amst.,  17^7,  iu-4*. 

Campbell  (John),  Life  ofMoses;  Loud^r.. 
1728,in.foI. 

Blanfiiss  (Jacob), Programma  de  MoseUga- 
latorCf  Alpha  dicto.  lenœ,  1745,  in-4'. 

Messerschmied  (Johann  Ueinricti),  itoff* 
disciplines  Mayptiœ  alumnus  praclarui. 
Leucopet..,  1745,  in-4^ 

Eisfeld  (N...  N...),  Leben  Mosis.  Jcnst 

1761,  in  8-. 

Walterius  [Johann  Goisch.)^  Disputatio  tU 
Mose  mineratogo  et  chemico  summo,  LV^^>« 

1762,  in-8-. 

Wetterhollz  (Isaac),  Dissertatio  de  M'f' 
auctore  Pentateuchi.  Lund.,    1768,  in  y 

Hess  (Johann  Jacob),  Geschichte  Mm* 
Zûrch,  1777,  2  vol.  in  8-, 

Duvoisin  (Jean  -  Baptiste) ,  Lautorité  en 

Moïse  dit  :  Avez^votu  laine  tivre  saute*  ies  ft^v^o  * 
^"e$t'ce  pai  eUe$  ^ui  ont  été  pour  tei  enfauu  d  i^- 
raél ,  dans  Ca/faire  de  BUame^  une  ouatm  di  per- 
fidie envers  l  Eternel  ? 


53 


MOI 


FAUT.  lU.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


MOI 


634 


itres  in  Moïse  établie  et  défendue  contre  les 
ncrédules.  Paris,  1778,  in-l2. 

Luederwald  (Ralthasar)»  Untersuchun^  einù 
}tr  neuern  ZweifelUberdie  Aufrichtigkeit  und 
Jottlichkeit  Mosis  und  seiner  Begebenheiten, 
lelmst.,  1782,in-8*. 

Warhurton  (William),  The  divine  légation 
)fMoses  demonstrated.  London,  1788,  in  8*. 

Pasloret(EmmaDuel-Claude-Joseph-Pierre 
lej,  Moyse  considéré  comme  législateur  et 
:omme  moraliste,  Paris,  1788,  in-8'. 

Bertholdt  (Leonhard),  Disserlatio  de  rébus 
iMosein  Mgypto  gestis.  Erlaog,   1795, 

Thym  (Johann  Friedrich  Wilhelm) ,  Dis^ 
irrtaïio  de  vita  Mosis  a  Philone  conscripta, 
«alap,  i793,  in-4*. 

Delamardelle  (G...),  Moyse  justifié  d'après 
'tqite  cet  historien  donne  tui-méme  de  la 
irktion  de  Vunivers,  Tours  et  Paris,  1804, 
in-li 

Townsend  (Joseph),  The  character  of  Mo- 
tf$  alablished  as  an  historian.  Lond.  et 
M.,  1813-15,  2  vol.  in  k\ 

Clarisse  (Jan),  Over  Mozes  als  dichter  ;  eene 
mdezing,  Amst.,  1815,  in-8'. 

Hufna^el  (Wilhelm  Friedrich),  Moseh^ 
r)>  er  sich  selbst  zeichnet  in  seinen  fUnf 
Mem.  Erf.,  1822,  in-8'. 

Schumann  (G...  A...),  Yitœ  Mosis  pars  i. 
Leips.,  1826,  in  ». 

Kurn  (Friedrich),  Das  Leben  Mosis  aus 
im  aiirognostischen  Standpunkt  betrachtet, 
teips.,  1838,  in  8".  Publié  sous  le  pseu- 
luoyrae  de  F,  Nork. 

Vervost  (l'abbé),  Appendix  deMoysis  vita 
mtis.  Paris,  18/^3,  in.l8;  ibid.,  1846,  in-18. 

Breay  (John-George),  Thehistory  ofMoses 
nmically  consideredf  etc.  London,  1846, 
d8'. 

Sleenmeyer  (Jan),  Mozes  in  leerredenen. 
irahem,  1852,  in.l2. 

Piaocini  (Jeaq  -  Baptiste) ,  In  historiam 
^tatims  Mosaicam  commentatio.  Lovan. , 

Bousquet  (Eugène),  Histoire  de  sept  réfor- 
w/fttfi.  !•  Moïse.  Agen,  1853,  in-S';  ou- 
ffâ:e  non  terminé. 

Appia  (George),  Essai  biographique  sur 
^m.  Thèse.  Slrasb.,  1853,  in-8'. 
Heimarus  (Hermann  Samuel),  Cogitation 
fiieleg'ibus  Mosaicis  ante  Mosen.  Hamb.» 
'»l,in-4% 

Iken  (Conrad),  Dissertatio  de  institutis  et 
^fmoniis  legis  Mosaicœ  ante  Mosen,  Brein. 

l^egis  (Pietro),  Moses  legislator,  S.  de  Mo- 
W'^arww  legum prœstantia.  Taurin,  1779. 

Venger  (N...  N...),  Esprit  des  lois  mosai- 
»«.  Bord,,  1785,  ia-8% 


Burmann  (Johann  Georg.),  Programmata 
duo  de  fontibus  et  œconomia  legum  Mosaica^ 
rum.  Frf„  1789,  in-4* 

Hornsyld  (Janus),  Nonnulla  ae  principio 
legum  Mosaxcarum^  de  genio  populi^  eui  hœc 
leges  datœ  suntj  et  de  ea  vi,  quam  in  gentem 
habuerunt.  Hafn.,  1791,  in-4*. 

Slaendiin  (Cari  Friedrich),  Commentatio- 
nés  duœ  de  legum  Mosaicarum  momento  et  in- 
génia ,  collectione  et  effectibus.  Gœtting , 
1796,  in -4». 

Salvador  (Joseph),  Histoire  des  institutions 
de  Moyse  et  du  peuple  hébreu.  Paris,  1828, 
3  vol.  in-8'. 

Michaelis  (Johann  David  j,J(fo5atsc/^e5ilecA^ 
Frf.,  1770-75,  6  vol.  in-S». 

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Baumgarlen  -  Crusius  fGoltlob  Awgusfj, 
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1789,  in-4-. 

Faye  (Jacques  de  la),  Defensio  religionis^ 
nec  non  Mosis  et  gentis  Judaicœ^  contra  duas 
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Zenkel  (Georg.  Peter),  Beitrdge  zur  Ver- 
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Behr  (Alexander),  Lehrbuch  der  mosaischen 
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rum  Osiris.  Kilon.,  1671,  in-4*. 

Schmalz  (J...),  Dissertatio  deuxore  Mosis 
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Sennert  fAndreas),  Exercitatio  de  morte  et 
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Gerhard  (Johann  Ernst) ,  Dissertatio  de 
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Creil  (J.),  Dissertatio  de  sepultura  Mosis. 
Jena.,  1684,  in-8% 

Schmidt  (Johann  Andréas),  Dissertatio 
theologico^exegetica  de  morte  et  sepulcro  Mo^ 
sis.  Helmst.,  1703,  in-4*. 

Bartsch  (Johann),  Exercitatio  de  sepulcro 
Mosis.  Leips.,  1703,  in-4°. 

Abbt  (Thomas),  Ob  Gott  Moses  begraben? 
Halle,  1757,  in-4-. 

Drasdo  (Johann  George),  Commentatio  de 
morte  et  sepultura  Mosis^.  Witteb.,  1784, 
in-4'. 

Lidell  (Johann  Martin),  Dissertatio  de  se^ 
pultura  Mosis.  Lund,  1803,  in-8*. 


tS5 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRTPIIES. 


«M 


NAISSANCE  OE  LA  VIERGE. 

{Evangile  de  la  Naittanee  de  la  Vierge.) 


Il  est  parvenu  jusqu'à  nous  deux  évangiles 
apocryphes  sous  ce  titre  ;  nous  les  avons 
insères  dans  le  premier  tome  de  notre  recueil 
(col.  10&9-1088J  ;  il  eu  a  existé  un  troisième 
qui  est  perdu.  Saint  Epiphane  fhœres  26, 
11.  12}  en  rapporte  une  circonstance  assez 
remarquable,  dont  Sérapion,  évoque  de 
Tunis,  parle  aussi  dans  son  livre  Contre  les 
manichéens,  Zacbarie,  père  de  saint  .Jean- 
Baptiste,  étant  dans  le  temple  où  il  offrait 


l'encens,  vit  un  homme  sous  la  forme  d*uQ 
Ane  qui  se  présenta  devant  lui.  Etant  sora 
du  temple,  il  s*écria  :  «  Malheureux  qo« 
vous  êtes,  qu'est-ce  que  vou.^  adorez?!  Maii 
la  figure  qu  il  avait  vue  lui  ferma  la  boucle 
et  l'empêcha  d'en  dire  davantage.  11  per:* 
Tusase  de  la  parole,  qui  ne  lui  fut  rend: 
qu'à  la  naissance  de  son  fils;  et,  ajranl  u 
publier  ce  mystère  d'iniquité,  les  Juifs  i 
firent  périr  dans  le  temple  (578). 


NATHAN. 


Ce  prophète  est  mentionné  par  l'auteur  de 
VOuvrage  imparfait  sur  saint  Matthieu  (com- 
pris parmi  les  productions  d'Ori^ène)  comme 
avant  prophétisé  et  écrit,  ainsi  qu'Esdras. 
Il  ne  s  est  rien  conservé  de  ses  écrits,  s'ils 
ont  existé. 

Saint  Epiphane  raconte  {De  vita  propheta- 
mm,  t.  Il,  p.  235),  d'après  un  écrit  apocry- 
phe aujourd'hui  perdu,  que  Nathan  sachant, 
par  une  révélation  divine,  que  David  voulait 
faire  périr  Urie,  se  mit  immédiatement  en 
route  pour  Jérusalem,  afin  de  détourner  le 


roi  de  ce  crime,  mais  il  arriva  tropUrd;  • 
démon  jeta  un  cadavre  sur  la  route;  le  prth 

f^hète  s'arrêta  pour  l'ensevelir,  etceoisi 
ui  fit  manquer  le  but  de  son  voyage. Fsr>rr 
ri  us  {Cod.  apocr.  Yet.  Test.f  t.  I,  p.  iOll 
observe  que  du  nom  de  Nathan  est  dénv" 
celui  d'un  ange  qui  figure  dans  une  iégeoc« 
racontée  par  d'anciens  écrivains  :  Ei  Si- 
thanis  nowine  Eupolemus  apud  EutAm. 
(lib.  IX,  c.  30,  Prœpar.  Etang.  [579],  ««v 
mentus  est  nomen  Àngeli  Atav«6«y,  ftii  i%* 
videm  a6  adificandQ  templo  prohibutrii. 


NAZARÉENS. 

{Evangile  des  Nazaréens.) 


Cejfut  un  des  évan{;iles  auxquels  donnèrent 
lieu,  dès  les  premiers  temps  du  christia- 
nisme, les  altérations  apportées  par  les  hé- 
rétir]ues  dans  les  écrits  canoniques.  Il  parait 
avoir  été  le  même,  quant  au  fond  des  choses, 
que  l'Evangile  des  Hébreux  dont  nous  avons 
parlé  en  détail. 

Saint  Jérôme  traduisit  en  grec  et  en  latin 
VEvangile  des  Nazaréens  ;  il  observe  que  ces 
sectaires  le  lisaient  encore  de  son  temps 

(578)  c  liiflniia  porro  pênes  Gnosticos  sunt  sup- 
posiiilia  atqiie  impudenler  coiiUcta  monimenta.Cujus- 
iiiodi  est  qui  De  proyenie  Mariœ  liber  inscribîlur,  in 
quo  borribilia  quaedâiin  ac  détesta  vida  ,illoruiii  dicla 
coniineiUur.  Velut  inier  alla  :  eam  Zacbarise  necis 
in  templo  causam  exsiilisse,  quod  enim  visum 
quodUain  ilU  esset  oblalum ,  idque  pr»  rnetu  signî- 
ûcare  veilet,  os  ei  primo  prxclusum  sit.  Viderai 
.lutem ,  inquiunl ,  cum  incensi  hora  suiBret,  asini 
ligura  staiiiem  boniuiem,  ac  cum  egredi  veilet, 
iiaque  proloqui  :  Vae  vobis  I  quem  enim  tandem 
adoraiis!  àb  eo  qui  in  temple  inius  apparuit,  oris 
illi  ne  efferre  possel  usus  interclusus  est  :  post  au- 
icm  ubi  voi  eidem  est  reslîtuia ,  atque  hoc  lu  Ju- 
da*os  arcaiium  evulgavii,  ab  illis  inierfectus  esi. 
ll«c ,  inquinnt,  Zacbarlae  uiortis  occasio  fuit.  Ad- 
duni  euntdem  ilbm  ob  causam  Jussum  a  legisla- 


dans  leurs  assemblées  (580);  il  enaïain. 
deux  exemplaires  :  un  était  conservé  oi&» 
la  bibliothèque  de  Césaréf»,  et  il  avait  «c 

Srunté    l'autre  aux  Nazaréens  mêmes  :i 
érei  pour  le   copier  (581)  ;  c'est  sur  «J 
exemplaire  qu'il  fit  sa  traduction. 

Ce  même  Père  nous  apprend  de  plus  qc« 
bien  des  gens  croyaient  que  TEvaDgile  tî- 
breu  dont  les  Nazaréens  et  les  Kbiooi^ 
se  servaient  était  l'original  de  sâiot  Mi^ 

tore  poniificem  tintinnabula  gestasse,  ut  qooii«  ^ 
funclionem  siiam  otieundam  ingredereiur,  c^p*!  ^ 
lorum  slrcpita  is,   qui  adorabalur  adinooiiui  *c< 
roedio  subtraberet,  ne  cum  larva  illa  ac  iun»i<i»»' 
deprehendereiur.  •  (P.  U,  cdit  Colooiç,  jwi 

(579)  T.  II,  p.  44,  de  la  iraduciîon  de  M.  ^''' 
de  Siint-Brisson. 

(580)  In  Evangelio  jvxttt  Bebrœoi  quodCb^i»*'' 
quiiieni  Syroque  sermouc,  sed  llebt^icis  ii'^"' 
scripium  est ,  quo  uluntur  usque  bedîc  ^aIlro.  • 
{Adv,  Pelagium^  lib.  ni.)  .    ^ 

(581)  c  Ipsum  Uebraicom   habetur  mq»c  b^  • 
in  Cœsarecnsi  bibliotlieca  quan  Paropbylu»  w't' 
studiosissinie  conrecil.  Mibi  qaoque  a  Naunf  * 
quia  Berva  urbi  Syri»  boc  voiumine  «tuDiMr.  < 
scribendi  facullas  fuit.  •  {De  Hripiet.  tt(W .  » 
Mankœum,) 


7 


NAZ 


PART.  111.  »  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


NAZ 


63f 


ieu  (582).  Plusieurs  anciens  auteurs  Tont 
lé  comme  tel*  et  ils  ont  pensé  que  saint 
nAce  en  avait  tiré  ces  paroles  qu'il  transcrit 
m  son  EpUre  aux  habitanis  de  Smyrne^ 
mine  ayant  été  adressées  par  le  Sauveur 
saint  Pierre  :  Touchez  "  moi  ^  et  voyez 
\tjt  ne  suis  pas  un  esprit,  liiusèbe  et  saint 
ruine  citent  ce  passage  de  saint  Ignace,  et 
léœoignage  de  ce  dernier  est  formel  à 
Igard  de  la  provenance  des  mots  que  nous 
lions  de  transcrire. 

Riithard  Simon  (Bist.  critique  du  Nouveau 
filament f  ch.  7)  discute  ce  qui  concerne 
ïtangile  des  Nazaréens;  il  pense  qu'il  est 
)$sible  que  les  additions  faites  par  ces 
claires  au  tente  original  de  saint  Matthieu 
étaient  pas  fausses  ;  c'était  la  coutume»  dans 
&  premiers  temps  du  christianisme,  de 
informer  avec  soin  de  ce  que  les  disciples 
P.S  apôtres  avaient  appris  de  leurs  maîtres  ; 
y  a  apparence  que  les  Nazaréens  avaient 
osérédans  leur  Evangile  des  histoires  qu'ils 
rovaient  être  fondées  sur  de  bons  témoi^na- 
es!  C'est  pourquoi  on  ne  doit  pas  les  rejeter 
iules  comme  lausses,  bien  qu'ellt^s  ne  se 
rouvpnt  dans  aucun  des  exemplaires  dont 
Eglise  se  sert.  Toutes  les  Eglises  ont  tiré 
(ors  versions  de  l'exemplaire  grec  où  ces 
KitioDs  ne  se  trouvent  pas»  parce  que  saint 
laiihiea  avait  été  apparemment  traduit 
hébreu  en  grec  avant  que  les  Nazaréens 
i\v  eussent  insérées. 

Ces  différences  paraissent  avoir  été  en 
s>ez  grand  nombre  si  l'on  en  juge  par  celles 
ae  saint  Jérôme  nous  a  laissées  en  divers 
Diiroits  de  ses  ouvrages.  On  est  néanmoins 
irogô  sur  quelques-unes  de  ces  additions. 
'apas,  qui  a  vécu  avec  les  disciples  des  apô- 
>$etqu'Eusèbecite  [Hist.eccles,^  l.v,c.  39)» 
tque  rhistoire  de  la  femme  qui  fut  accusée 
e  plusieurs  uéchés  devant  Notre-Seigneur  . 
«  lit  dans  1  Evangile  qu'on  appelait  selon 
^Hébreux;  ceci  semble  devoir  s'entendre 
)e>8  femme  adultère  dont  il  est  question 
iiQs  Tévangile  de  saint  Jean;  cependant 
indiques  écrivains,  Baronius  entre  autres 
H  an.  99,  n.  6),  ont  cru  que  l'histoire  rap- 
H>rtée  par  Papias  est  différente  de  celle  dont 
^rle  saint  Jean. 

I>^ savant  Bénédictin  dom  Calmet  (Discours 
' fiisiertations  sur  le  Nouveau  Testament^ 
'ôô,  iQ-8%  t.  I  »  p.  33)  parle  aussi  du  faux 
vanille  qui  nous  occupe. 
Du  milieu  de  l'Eglise  des  Nazaréens  ou  des 
iiK'tiens  hébraïsants»  il  s'éleva,  dès  la  fin 
Ji"  siècle  et  au  commencement  du  ii%  une 
^>illitude  d'hérétiques  qui  niaient  la  divi- 
iité  du  Sauveur  et  la  virginité  de  Marie,  et 
|ui  soutenaient  d'autres  erreurs  capitales. 


Pour  donner  du  crédit  h  leurs  sentiments,  ils 
les  insérèrent  dans  l'Evangile  de  saint  Mat- 
thieu, qui  était  le  seul  qu'Us  reçussent  |iour 
la  plupart  è  cause  des  choses  qui  leur  étaient 
favorables,  et  ils  en  retranchèrent  diverses, 
autres  qui  leur  étaient  contraires.  Ainsi,  le 
même  Evangile  fut  considéré  et  loué  comme 
authentique  entre  les  mains  des  Nazaréens, 
et  rejeté  comme  hérétique  entre  les  mains 
des  Ebionites.  Pour  le  déguiser  encore 
davantage,  et  aOn  qu'on  ne  pût  les  convain- 
cre de  falsiflcations,  ces  hérétiques  en  chan 
Sèrent  le  titre  et  l'appelèrent  Evangile  des 
ouze  apôtres  t  de  saint  Pierre  ^  des  Naza^ 
réens  ou  des  Ebionites.  On  ne  doit  pas  s'é- 
tonner que  l'Evangile  hébreu  de  saint  Mat- 
thieu se  soit  perdu  et  ait  été  enveloppé  dans 
l'oubli,  puisqu'il  fut  altéré  de  si  bonne 
heure.  Depuis  que  les  Ebionites  l'eurent 
corrompu ,  l'Eglise  ne  s'intéressa  point  à  sa 
conservation. 

Ce  qu'on  sait  de  VEvangile  des  Nazaréens 
se  réduit  d'ailleurs  à  peu  de  chose;  saint 
Jérôme  [De  scriptoribus  ecclesiasticiSf  au  mot 
Jacques) ,  nous  apprend  qu'on  y  lisait  que 
saint  Jacques  le  Mineur  avait  fait  le  serment» 
lorsque  Jésus  fut  saisi  par  les  Juifs,  de  ne 
prendre  aucun  'aliment  et  aucune  boisson 
jusqu'à  ce  qu'il  eût  revu  son  maître  (583). 
Ce  même  Père  rapporte  [Ado,  Pelagianos , 
1.  m),  qu'on  lisait  dans  cet  évangile  le  pas- 
sage suivant  :  <(  Et  voici ,  la  Mère  du  Sei- 
gneur,et  ses  frères  lui  disaient  :  «Jean-Baptiste 
baptise  pour  la  rémission  des  péchés  ;  allons 
et  soyons  baptisés  par  lui.  »  Mais  il  leur 
dit  :  «  En  quoi  ai -je  péché,  pour  9ue  je  doive 
aller  et  me  faire  baptiser  p  ir  lui.  »  Origène 

iinJoan.)  cite  comme  emprunté  aa  même 
Svangile  ou  à  celui  des  Hébreux ,  un  pas- 
sage qui  est  inspiré  par  une  erreur  répandue 
chez  quelques  sectes  gnostiques,  et  d'après 
laquelle  TEsprit-Saint  était  la  Mère  du  Christ. 
Le  Christ  dit  :  «  Ma  mère,  l'Esprit-Saint  me 
prit  par  un  de  mes  cheveux  et  me  transporta 
sur  la  grande  montagne  du  Thabor.  » 

Tbéodoret  {Hœret.  fabuL^  lib.  ii,  c.  1)  dit 
que  les  Nazaréens  faisaient  usage  de  TEvan- 
uile  selon  saint  Pierre  (58^^)  :  c'est  le  seul 
écrivain  qui  mentionne  cette  circonstance, 
et  il  est  permis  d'y  voir  l'effet  d'une  mé- 

?rise  de  sa  part.  L'Kvangile  attribué  à  saint 
ierre,  et  dont  nous  parlerons  plus  loin,  ne 
semble  pas  avoir  été  Te  même  aue  l'Evangile 
selon  les  Hébreux.  Il  est  d'ailleurs  impos- 
sible, comme  nous  l'avons  déjà  observé,  de 
déterminer  d'une  façon  un  peu  précise  ce 
qui  différenciait  ces  compositions  apocry- 
phes dont  le  texte  n'était  pus  bien  fixé. 


^^l  «  In  Evangelio  quo  utuntur  Nazareni  et 
2fnit£,  qu(Kl  nuper  in  Graccum  senuoiiem  irans- 
WRus  quod  vocatur  a  plen8q4ie  Maillixi  au- 
ntirom.  •  (Comm.,  lib.  ii   in  Malth.^  c.  xii.) 

S  (Mo)  Circonsiance   reproduile    dans   VUUtoria 
><i  du  P.  Xavier  (  Voy.  ce  nom)  :  «  \idit  Chri- 
quoque  Jacobus  Minor  qui ,  quemadinodiiu 
wCbmiQS  caperetur,  juraverat  se  nihil  quidquaiii 


esuruiD  bibihinimvc,  donec  cum  viveiilem  vident, 
sic  a  lenipore  captivitalis  circiter  iisqiie  ad  iiieri- 
diem  priniTP  dîei  seplimanae,  nec  edil,  nec  bibii.  i 
(fcdit.  de  Levde,  in-4%  1639,  p.  506.) 

(58^)  €  Nâzaraei  aulem  sunl  Judsi  qui  Chrislum 
tanquam  juslum  hoiuinem  veiierantur,  et  K\au- 
gelio  quod  dicilur  secunduni  Pciruin  utunlur.  » 


e3d 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPOES. 


NEMROD. 


\k* 


Ce  personnage  a  été  Tobiet  de  récits  fort 
apocryphes:  oh  Ta  identifié  avec  le  tyran 
Zohac  des  Perses ,  roi  de  la  première  dy- 
nastie des  princes  qui  ont  régné  immédiate- 
ment après  le  déluge.  D'après  quelques 
historiens  persans,  son  règne  dura  aeux 
siècles.  Quelques  auteurs  orientaux  racon- 
tent  qu*i]  voulut  monter  au  ciel  dans  un 


coffre  traîné  par  quatre  oiseaux  gigantes- 
ques,  mais  il  retomba  si  rudement  sur  m  * 
montagne  qu'elle  en  fut  ébranlée  jos;  : 
dans  sa  base.  On  peut  observer  en  paï^  n 
que,  dans  les  récits  fabuleux  répandus  •. 
moyen  âge  sur  l'histoire  d'Alexandre,! 
entreprise  semblable  est  attribuée  au  ci 
quérant  macédonien. 


NOE. 


On  lit  dans  la  Genèse  (vi,  9  ;  x,  1)  :  Voici 
les  générations  de  Noé  :  Voici  les  générations 
des  enfants  de  Noé.  Quelques  docteurs  juifs 
ont  pensé  que  Moïse  avait  emprunte  les 
détails  dans  lesquels  il  entre  k  des  ouvrages 
dont  l'Ecriture  désignerait  ainsi  les  titres, 
mais  les  critiques  les  plus  judicieux  n'ont 
point  partagé  cette  opinion. 

Le  pseuao*Bérose,  cité  par  Annius  de 
Viterbe,  mentionne  (I.  in)  des  écrits  de  Noé 
sur  les  secrets  des  choses  naturelles ^  conservés 
mystérieusement  chez  les  Scythes  et  les  Ar- 
méniens (585). 

Fabricius  {Codex pseud^pigr.  Vet.  Test.y  t.I, 
p.  2M  et  suiv.)  s'occupe  de  Noé  et  des 
écrits  attribués  à  ce  patriarche  ;  voici  les 
titres  de  quelques-uns  des  chapitres  de  sa 
dissertation  à  ce  sujet  :  Noarhi  industria  in 
lectitnndis  Adami  et  Enochi  libris  :  —  Oratio 
Noachi  quant  in  arca  quotidie  recitasse  fertur 
ad  corpus  Adami;  —  Quœ  Noachus  post 
diluvium  suos  docuit  ;  —  Noachi  dirœ  et  tes- 
iamentum, 

Eutycliius  {AnnaL,  t.  I,  p.  36)  dit  que 
Noé,  se  conformant  à  un  ordre  de  Dieu,  fit 
une  cloche  haute  de  trois  coudées  en  bois 
de  platane  d'Inde,  qu'il  sonnait  trois  fois 
par  jour,  le  matin,  à  midi,  et  le  soir,  di- 
sant k  ceux  qui  lui  demandaient  pourquoi 
il  agissait  ainsi  :  «  Le  Seigneur  enverra  le 
déluge  qui  vous  détruira.  » 

Des  cabalistes  ont  prétendu  que  Cham 
avait  dérobé  è  son  père  un  livre  de  la  magie 
naturelle  et  l'avait  remis  à  son  ûls  Mis- 
raïm. 

(iuiraume  Postcl  (586)  dans  son  livre  des 
Origines^  Bâie,  1553,  in-8',  annonce  hardi- 
ment dès  le  frontispice  qu'il  a  puisé  dans 
les  écrits  d'Enoch  et  de  Noé.  Voici  le  titre 
de  cet  ouvrage  r  De  originibus  seu  de  va- 
ria ac  potisstmum  orbi  Latino  ad  hanc  diem 
incognita  aut  inconsiderata  historia^  cum  to* 
tius   OrientiSf    tum   maxime   Tartarorum^ 

(585^  «  Tune  sacerrimiis  omnium  pater  N<ie,  jam 
antca  edocios  theologiam  et  sacros  riiiifi,  cœpii 
eliain  eos  erudire  bumanam  sapienliam.  Et  quideni 
mulla  naliiralium  rerom  sccreU  mandavii  liueris , 

3UX  solis  sacenlolibus  Scythae  Armenii  commen- 
anl.  Neque  enim  fas  est'illa  ulli  inspîcerc,  aut 
légère  Vfl  doceie ,  quam  solis  sacerdoiibus  et  înler 
sacerdoies  duntaiat  sicut  cl  quos  rituales  libros  rc- 
lîquit;  ex  quibus  itlis  primam  Sa^a  nomen  fuit 
iiiclytum,  quod  est  sacrrdot  et  saerificulus  et  pon- 


Periarum,  Turcarum  ae  omnium  Àbrah'^ 
ac  Noachi  alumnorum  origines  ac  myan 
Brachmanum  retegente^  quod  ad gentium., 
terarumque  quibus  utuntur  rationes  aihif 
ex  libris  Noachi  et  Henochi  totiusque  at 
traditionis  aMosis  alumnis  ad  nostrain, 
pora  servatœ^  ac  Chaldaicis  litteris  coti^n 
ptœ. 

Bangius  {Cœlum  OrientiSf  p.  105}  zn 
tionne  un  volume  de  Noé  en  élhiui'iec.i 
est  possible  en  effet  que  parmi  les  ^-r 
apocrvphes  peu  connus  encore  qui  circul* 
en  Abyssinie,  il  en  est  qui  portent  le  n 
de   ce  patriarche.  Gn  manuscrit  grec  Jt 
Bibliothèque  impériale  de  Vienne, cité;* 
Lambécius  îCommenlarii  de  biblioihtcal 
dobonensi^  Vienne,  1665-1679,  in-fol.,  -- 
135),  t*st  attribué  à  Noé:  il   a   pour  tin 
MethoduM  seu  mantica  prœdicandi  futurti 
faussaire  a  prétendu  que  ces  secrets  avi 
été  révélés  au  patriarche  par  un  angr 

Nous  lisons  dans  la  Bibliothèque  on>  " 
d*Herbelot,  p.  675:  «  Les  mahomélans^v 
que  Dieu  envoya  dix  livres  à  Noé.i" 
signifie,  selon  leur  langage,  que  N«i«  :  - 
en  mourant  dit  volumes  dans  lesqu. 
écrivit  les  révélations  et    tous  les  or.  - 
qu'il  avait  reçus  de  Dieu.  » 

Prière  de  Noé^  telle  qu'il  la  récitait  cU  • 
jour  dans  Farche  auprès  du  corps  dÀ  ■ 
-—  Ce  fragment  a  été  publié  par  Fabri  .• 
d'après  J.  Grégory  [ObservcUionts  iocr^^ 
25,  t.  IX  des  Critîci  sacri^  édition  de  L  * 
dres,  1660),  et  d'après  une  Chaîne  y- 
manuscrite  sur  la  Genèse^  écrite  en  c^'' • 
tères  syriaques. 

«  O  Seigneur,    tu  es  excellent  dao^  ' 
vérité,  et  auprès  de  toi  rien  n'est  grr. 
Regarde-nous    d*un  œil    de    misérior 
délivre-nous  de  ce  déluge  deseaui.  Par  • 
douleurs  d*Adam,  le  premier  homme  •. 
tu   as  créé,  par  le  sang  d'Abel  le  SJ* 
par  la  justice  de  Seth  dans  lequel  tJ 

tifex.  f 

(586)  Cen*«stpasici  le  lieu  de  parler  arec  qwH'* 
détails  de  cet  écrivain  du  svi'  siècle  doni  le  s»* 
éuit  immense,  dool  racUvilé  inlellectofl!«  f'  ' 
infatigable,  mais  qui  était  un  Tîiioonaire  def-**  " 
de  bon  sens.  (Voy.  Touvrage  du  P.  I^»   '* 
Ectairciiumenu  sur  Postel;  Adelung,  tthiv*^'  >- 
folie  humaine  (en  allemand),  i.*  vl,  |u  K^'  * 
Sallcnare,  Mémoires  de  tiuéraiurr^  1 1;  l<^  '^*' 
nairt  des  scienca  phiiosopMques ,  t.  V,  p.  I9l<  <^ 


41 


NOE 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


NOE 


6ii 


liais,  ne  nous  compte  point  parmi  ceux 
mi  ont  enfreint  tes  commandements,  mais 
Kends  sur  nous  ta  protection  miséricor- 
iieuse,  parce  que  tu  es  notre  libérateur, 
i  à  toi  revient  Ja  louange  proclamée  par 
outes  les  œuvres  de  ta  main  depuis  l'éter- 
iKé.  Elles  Ûls  de  Noé  dirent  :  «Amen,  Sei- 
;Deur.  i 

Donnons  ici,  d'après  l'ouvrage  de  G.  Weil 
|Qe  nous  avons  cité  plusieurs  fois,  un  échan- 
illnn  des  circonstances  apocrvphes  que 
^  Orientaux  ont  ajoutées  à  l'histoire  de 

«Dien  voulant  punir  les  hommes,  or- 
onna  à  Noé  de  construire  Tarche  pour  lui 
I  pour  sa  famille,  et  de  s'y  retirtT  aussitôt 
jnp  sa  fename  verrait  Teau  sortir  d'un  four 
taé.  Ce  fut  en  effet  le  signe  qui  annonça 
e  délace.  L'archo  flotta  pendant  quarante 
ours  dune  extrémité  de  la  terre  à  l'autre, 
Q-dessus  des  plus  hautes  montagnes;  elle 
il  sept  fois  le  tour  de  la  montagne  d'Aba- 
ivabeis  que  le  Seigneur  avait  choisie  pour 

conserver  la  pierre  noire  sacrée  qui  de- 
m  servir  h  la  construction  de  l  Kaaba  ; 
lie  s'arrêta  enfin  sur  le  mont  Bjadi  dans 
1  Mésopotamie; 

(Malgré  l'avertissement  donné  par  le  dé« 
Q^,  les  hommes  retombèrent  bientôt  dans 
f.rs  fomes.  Cham  manqua  de  respect  à 
on  père,  et  il  en  fut  puni  en  devenant 
f)Qipléie[Dent  noir.  Japhet,  qui  avait  partagé 
I  faute  de  Cham,  resta  blanc  ainsi  que 
>$  enfants,  mais  nul  dans  sa  postérité  ne 
Qi  élevé  à  la  dignité  de  prophète.  Sam 
Sffnj  fut  seul  l'ancêtre  de  tous  les  prophè- 
â  parmi  lesquels  Hud  et  Salik  tinrent  un 
Mî  fort  élevé. 

«Hud  (387)  fut  envoyé  vers  les  Aad,  na- 
';»Q  de  géants  qui  habitaient  dans  la  pro- 
<itic«  d'Àden  en  Arabie;  il  leur  ])r6cna  la 
^•ei  la  crainte  de  Dieu  et  leur  roi  Schad- 
>1  lui  demanda  :  «  Que  me  promets-tu  si 
>(ile  tes  paroles  ?  »  Hud  répondit  :  «  Mon 
l^f^  te  donnera  en  ce  monde  un  jardin  flo- 
r^^aiit  et  des  palais  ornés  d'or  et  de  pier- 
^  précieuses.  »  Schaddad  répondit  :  «  le 
oainul  besoin  de  ce  que  tu  me  promets,  car 
j-  m  en  ce  monde  me  faire  bfltir  un  pa- 
'*i^  somptueusement  décoré  et  avea  des 
^Mins  magnifiques.  »  Il  fit  alors  bâtir  la 
»'îb  d'irem  qui  fut  appelée  la  cité  des  pi- 
''<^rs  parce  que  chaque  chftteau  reposait 
'"t  mille  piliers  d*émeraude  et  de  rubis, 
^i  cliacun  d'eux  avait  cent  aunes  de  lon- 
>'im.  Il  fit  ensuite  creuser  des  canaux 
'  >iessiner  des  jardins  où  l'on  réunit  les 
i'iis  beaux  arbres  et  les  fleurs  les  plus 
[^armantes.  Lorsque  tout  fut  terminé  et  que 
1^  [lalais  eut  été  meublé  avec  un  luxe  ex- 
traordinaire, Schaddad  dit  :  «  Je  suis  main- 
'("l'ant  en  possession  de  tout  ce  que  le  pro- 
!''^teHud  m'avait  promis  pour  ce  monde.  » 
Mfiis  lorsqu'il  voulut  entrer  dans  ce  palais, 
»^»«Q  fil  disparaître  la  ville  de  devant  ses 

r^T)  Hud  est  vraisemblablement  Heber,  Gis  de 
";«lub ,  nommé  dans  la  Getièse ,  ex,  t  *i  ;  les 
^^m\%\t  sigoaltnt  comme  un  prophète  t't  comme 


veux  et  depuis  on  ne  Ta  revue  qu'une  seule 
fois  sous  le  règne  de  Muawia.  Schaddadt 
et  son  peuple  errèrent  dans  le  désert,  ex- 
posés à  la  tempête  et  à  une  forte  pluie; 
lis  cherchèrent  un  refuge  dans  les  caver- 
nes, mais  Dieu  voulut  qu'elles  s'écroulas* 
sent  sur  eux  'et  Hud  seul  échappa  à  cette 
catastrophe.  Le  désastre  qui  frappa  ainsi 
la  race  d'Aad  porta  les  Thamudites  qui  ha- 
bitaient près  d'eux  et  qui  craignaient  un 
pareil  sort,  à  quitter  leur  pays  et  à  choisir 
pour  séjour  la  contrée  d'Hadjr  située  entre 
la  Syrie  et  l'Hedjas;  ils  se  creusèrent  des 
habitations  dans  les  rochers  et  se  crurent 
ainsi  plus  en  sûreté.  Leur  roi,  Djunda  Ibn 
Omar  comptait,  parmi  ses  sujets,  soixante- 
dix  mille  combattants,  il  s'était  fait  creuser 
dans  le  roc  un  palais  tel  qu'on  n'en  avait 
jamais  vu  sur  la  surface  de  la  terre;  le 
grand  prêtre  Kanuch  Ibn  Abid  en  avait  un 
semblable.  Mais  l'édifice  le  plus  somptueux 
était  le  temple  où  l'on  adorait  une  idole  dont 
le  visage  ressemblait  à  celui  d'un  homme, 
mais  qui  avait  le  cou  d'un  taureau,  le  oorps 
d'un  lion  et  les  pieds  d'uii  cheval;  elle 
était  faite  de  l'or  ^e  plus  pur  et  enrichie 
d'un  très-grand  nombre  de  pierres  pré- 
cieuses. 

«  Un  jour  Kanuch,  s'étant  endormi  après 
la  prière  dans  le  temple,  entendit  une  voix 
qui  disait  :  «  La  vérité  paraîtra  et  elle  dissi- 
pera l'erreur.  »  Il  se  leva  tout  effrayé  et 
courut  vers  Tidole,  mais  elle  gisait  par  terre 
et  auprès  d'elle  était  la  couronne  qui  était 
tombée  de  dessus  sa  tête.  Kanuch  appela 
au  secours,  le  roi  et  ses  officiers  vinrent , 
l'idole  fut  relevée  et  la  couronne  replacée 
sur  son  front.  Cet  accident  laissa  dans  Tes- 

{)rit  de  Kanuch  une  forte  impression  :  sa 
bi  dans  les  idoles  fut  ébranlée,  son  zèle 
se  refroidit;  le  roi  remarqua  ce  change- 
ment et  il  envoya  un  jour  ses  deux  mi- 
nistres avec  ordre  d'arrêter  le  grand  prêtre 
et  de  l'amener  devant  lui.  Mais  à  peine 
avaient-ils  quitté  le  palais  du  roi  quils  fu- 
rent frappés  d'aveuglement,  et  ils  ne  pou* 
valent  trouver  la  demeure  de  Kanuch.  Dieu 
lui  envoya  deux  auges  et  le  fit  transporter 
dans  une  vallée  éloignée,  inconnue  aux 
Thamudites,  où  une  grotte  avait  été  préparé» 
pour  lui  servir  de  résidence  :  tout  ce  que 
réclament  les  besoins  de  l'homme  s'y  trou- 
vaient. 

«  Kanuch  vécut  tranquillement  dans  cette 
retraite,  occupé  du  service  de  Dieu  et  à  i'a- 
bri  des  investigations  de  Djunda  qui  en- 
voya inutilement  de  tous  côtes  des  émissai- 
res afin  de  le  découvrir.  Le  roi  abandonna 
enfin  tout  espoir  de  le  retrouver,  et  il  éleva^ 
à  sa  place,  son  cousin  Davudà  la  dignité  de 
grand  prêtre.  Trois  jours  après  son  installa- 
tion, Davud  vint  annoncer  au  roi  que  l'idole 
était  derechef  renversée.  Le  roi  la  fit  rele- 
ver de  nouveau,  et  Iblis  cria  de  l'intérieur 
de  la  statue:  «Persévérez  à  m'adorer  etrésis- 

le  fondateur  d'une  école  illustre  de  docteurs  de 
la  loi. 


S43 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Hl 


tez  h  tous  les  efforts  que  l'on  tentera  pour 
vous  faire  adopter  quelques  nouveautés.  » 
c  A  la  fête  la  plus  proche,  comme  Davud 
allait  immoler  aui  idoles  deui  bœufs  gras, 
îfs  prononcèrent  ces  mots  d'une  voix  comme 
celle  de  riiomme  :  «  Voulez-vous  immoler 
des  créatures  auxquelles  Dieu  a  donné  la  vie, 
dans  ridée  de  rendre  ainsi  hommage  à  un 
morceau  d*or  que  vous  avez  façonné,  mais 
que  le  Seigneur  tout-puissant  a  créé?  Détruis, 
'6  Dieu,  un  peuple  aussi  coupable.  »  Après 
avoir  parlé  ainsi,  les  bœufs  prirent  la  fuite 
et  les  cavaliers  (jue  le  roi  envoya  après  eux 
ne  purent  réussir  à  les  rejoindre.  Dieu  réso- 
lut dans  sa  sagesse  et  dans  sa  miséricorde, 
d*épargner  les  Thamudites  et  de  leur  en- 
voyer un  prophète  qui,  par  des  merveilles 
éclatantes,  les  amènerait  à  la  vérité.  11  en- 
voya du  paradis  un  oiseau  à  Raghwah,  la 
femme  de  Raiiuch,  pour  la  suider  àlagrolte 
où  était  son  mari  ;  depuis  qu  il  avait  disparu, 
elle  n'avait  cessé  de  répandre  des  larmes. 
Cet  oiseau  était  un  corbeau;  il  avait  la  tête 
blanche  comme  la  neige,  le  dos  vert  comme 
l'émeraude,  les  pieds  couleur  de  pourpre, 
le  bec  bleu  de  ciel ,  et  les  yeux  comme 
deux  pierres  précieuses;  le  corps  seul  était 
noir,  car  l'oiseau  n'avait  pu  échapper  entiè- 
rement à  la  malédiction  de  Noé  qui  avait 
frappé  des  volatiles  et  les  avait  condamnés  à 
devenir  de  couleur  noire.  Il  était  minuit 
Jorsque  le  corbeau  entra  dans  la  chambre 
obscure  de  Raghwah  qui  était  assise  sur  un 
tapis  et  qui  pleurait;  la  lueur  de  ses  yeux 
éclaira  soudain  l'appartement  comme  aurait 
pu  le  faire  le  soleil  en  plein  jour.  Raghwah 
se  leva  et  demeura  frappée  de  surprise  ;  l'oi- 
seau lui  dit:  «  Lève-toi  et  suis-moi.  Dieu  a 
vu  tes  larmes  et  il  te  réunira  derechef  à  ton 
mari  :  »  Raghwah  suivit  le  corbeau  qui  vola 
devant  elle  et  qui  changeait  la  nuit  en  jour 
par  la  lueur  de  ses  yeux  :  l'étoile  du  malin 
n*avait  point  encore  apparu  lorsqu'elle  ar- 
riva devant  la  grotte  de  Kanuch.  L'oiseau 
s'écria  alors  :  «  Kanuch,  ouvre  ta  porte  à  ta 
femme,»  et  il  disparut. 

«  Neuf  mois  après  que  Raghwah  eut  été 
réunie  à  son  mari,  elle  mit  au  monde  un 
fils  qui  était  le  portrait  de  Seth  et  sur  le 
front  duquel  resplendissait  la  lumière  de  la 
prophétie.  Kanuch  l'appela  Salih  (le  pieux), 
et  mourut  peu  de  temps  après  la  naissance 
de  cet  enfant.  Le  corbeau  revint  à  la  grotte 
pour  reconduire  Raghwah  avec  son  fils  dans 
sa  patrie.  Salih  croissait  chaque  jour  en  sia- 
ture  et  en  intelligence,  à  la  grande  surprise 
de  sa  mère  et  de  tous  ceux  qui  le  voyaient. 
A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  était  un  des  plus 
beaux,  des  plus  {robustes  et  des  plus  ins- 
truits des  jeunes  gens  de  son  époque.  11 
advint  alors  que  Jes  descendants  de  Cham 
4  ntreprirent  contre  les  Thamudistes  une 
guerre  qui  paraissait  devoir  amener  à  de 
très-fâcheux  résultats  pour  ces  derniers. 
Leurs  meilleures  troupes  avaient  déjà  suc- 
combé, et  les  autres  étaient  au  moment  de 
fuir  lorsque  Salih,  accompagné  de  quelques 
amis,  parut  soudain  sur  le  champ  de  bataille, 
et  grâce  à  sa  valeur  ainsi  qu'à  1  habileté  des 


manœuvres  qu'il  commanda,  il  arnchi  « 
l'ennemi  la  victoire  que  celui-ci  croy\: 
avoir  remportée. 

«Cet  exploit  attira  à  Salih  Tattachemeut  *. 
la  reconnaissance  des  Thamudites,  niai» 
lui  valut  aussi  la  jalousie  et  la  haine  du  '. 
qui  conspira  contre  sa  vie.  Des  meorine.** 
vinrent  pour  l'égorger,  mais  leurs  maiD«  fu* 
rent  aussitdtfrappéesde  paralysie,  ei  i:5: 
furent  guéris  que  lorsque  Salibeutpritf-ju* 
eux.  Le  nombre  de  ceux   qui  croyaient  *-. 
Salih  et  en  son  Dieu  invisible  alla  aiuM  -^ 
croissant,  et  ils  érigèrent  unemosqué«  («  .- 
y  prier  en  commun.  Un  jour,  leroi  la  Gi-:- 
tourerpar  ses  soldats  et  il  menaça  Sà'uuV 
ses  adhérents  de  les  faire  mettre   k  mor;.  -. 
leur  Dieu  ne  les  sauvait  pas  par  un  mirai.* 
Salih  pria,  et  aussitôt  les  feuilles  d'uo:-.* 
tier  qui  était  devant  la  mosquée  se  c'4  • 
gèrent  en  serpents  et  en    scorpions,  qui  > 
jetèrent  sur  le  roi  et  sur  ses  satellites,  u:- 
dis  que  deux  colombes,  qui  s'étaient  po>'' 
sur  la  terrasse  de  la  mosquée,  criau:; 
«  Croyez  eu  Salih  ;  il  est  un  prophète  et  i  < 
voyé  de  Dieu.  » 

«  Salih  fut  sauvé  par  ce  double  mir;  ' 
et  il  en  survint  encore  un  troisième,  œ* 
sa  prière,  l'arbre  reprit  sa  première  foni , 
et  les  Thamudites  qui  avaient  succombée  • 
morsure  des  reptiles  furent  rendus  à  la  n^ 
leroi  resta  cependant  fidèle  à  ses  i<j<  c 
cariblis  Tendurcit  dans  son  incrédulité.' 
parlant  parla  bouche  des  idoles,  il  a}>^-> 
Salih  un  magicien  et  un  possédé.  Dienal 
gea  alors  les  Thamudites  d'une  îm.i^ 
mais  ce  fléau  ne  les  amena  pas  à  se  c.:- 
vertir. 

«  Lorsque  Salih  vit  tout  Vendurcissec- 
des  Thamudites,  il  demanda  à  Dieu  * 
néantir  un  peuple  aussi  pervers,  et,  f*»- 
dant  son  sommeil,  il  fût  transporté  la: 
ange  dans  une  caverne  souterraine,  •% 
resta  vingt  ans.  En  se  réveillant,  il  t». 
aller  faire  la  prière  du  matin  dans  sa  il> 
quée,caril  croyait  n'avoir  dormi  qu- 
seule  nuit,  mais  il  la  trouva  en  ruiot"^  ! 
chercha  ses  amis  et  ses  adhérents,  mai5  " 
uns  étaient  morts  ;  les  autres,  crovaDi  «*- 
leur  chef  s'était  éloigné  ou  avait  été  se<  rc: 
nient  assassiné,  s'étaient  sauvés  dans  un  m 
tre  pays;  d'autres,   s'écartant  de  la  f 
étaient  retombés  dans  l'erreur.  Salih  ne  ^^ 
vait  ce  qu'il  devait  faire.  Alors  Tange  Ga.  ' 
lui  apparut  et  lui  dit:«  Dieu  a  relrancheT  . 
années  de  ta  vie  pour  te  punir  de  ta^trom, 
tude  que  tu  as  mise  è  condamner; luit' 

f cassées  endormi  dans  la  caverne  ;  maioicr.'' 
ève-toi  et  prêche  de   nouveau.  Voici    - 
Dieu  t'envoie  la  tunique  d*Adam,  les  san  ^ 
d'Habil,  le  manteau  de  Seth,  Fanneau  o'I  i 
l'épée  de  Nué  et  le  bâton  de  Uud:  (ar  • 
moyen,  tu  peux  appuyer  la  parole  j  ai- 
merveilles  de  tout  genre.  » 

«Le  lendemain,  comme  le  roi,  accump^^ 
des  prêtres,  des  chefs  du  peuple  ei  <> 
très-grand  nombre  des  habitants  de  la  «  • 
se  rendait  en  procession  à  une  chap«  t  < 
était  une  idole  semblable  à  celle  du  teaif  - 
Salih  se  montra  tout  d'un  coup»  et  d Jec; 


ei5 


MOE 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


NOE 


64« 


au  roi  d'entrer  dans  ]a  chapelle.  «  Qui  es- 
tu?*  demanda  le  monarque  étonné  ;  car 
Salih  avait  tellement  changé  d'aspect  durant 
lesTinstans  qu*il  avait  passés  dans  la  caver- 
De,quil  était  méconnaissable.  Il  répondit  : 
«Je  suisSalih,  Tcnvoyé  du  Dieu  unique  ; 
ce$t  moi  qui  t*ai  proche  la  vérité  il  y  a  vinsçt 
ans,  et  je  t*aî  donne  par  mes  miraclesia  preuve 
de  la  vérité  de  ma  mission.  Mais  comme ,  à 
ce  que  je  vois,  tu  persislesdans  le  cultn  des 
idolestje  me  montre  derechef  devant  toi,  sui- 
vant Tordre  du  Seigneur,  et,  avec  sa  permis- 
sion, afin  dedémontrer  que  je  suis  véritable- 
ment  son  prophète,  j'accomplirai  en  ta  pré- 
sence toutes  les  merveilles  que  tu  dési- 
reras, » 

«Le  roi  se  retira  à  Técart  pour  consulter 
m  frère  Schihab  et  le  grand  prêtre  Davud 
qui  élaitauprès  de  lui,  et  celui-ci  dit  :  «Qu'il 
fasse  monter  sur  ce  rocher  escarpé  une  cha- 
melle longue  de  cent  aunes,  et*  sur  le  dos 
de  laouelle  toutes  les  couleurs  se  réunissent, 
dont  les  yeux  brillent  comme  des  éclairs, 
doQllà  voix  soit  égale  au  tonnerre,  et  dont 
les  pieds  dépassent  le  vent  en  rapidité.  » 

cSalih  s'étarit  déclaré  tout  prêt  à  faire 
paraître  une  semblable  chamelle ,  Davud 
ajouta:  «Il  faut  que  ses  pieds  de  devant 
soient  d'or  et  ses  pieds  de  derrière  d'argent, 
la  tète  d'émeraude ,  les  oreilles  de  rubis,  et 
«Ile  doit  porter  sur  son  dos,  soutenu  par 
quatre  colonnes  de  diamant,  un  pavillon 
d'étoffes  de  soie  brodées  d'or  et  enrichies  de 
{lerles.  »  Salih  ne  se  montrant  nullement 
eaibarrassé  de  satisfaire  à  cette  demande,  le 
roi  dit  :  «  Ecoute-moi,  Salih  ;  si  tu  es  le 
(ropbète  de  Dieu,  ordonne  k  ce  rocher  de 
^ontr'ouvrir,  et  qu*il  en  sorte  une  chamelle 
(l'une  laille  gigantesque,  et  qu'elle  soitsuivie 
d'uD  jeune  chameau  qui  raccompagne  com- 
me un  enfant  {suit  sa  mère,  et  qui  à  peine 
ce  s'écriera  :  cDieu  est  unique,  et,  Salih  est 
m  prophète  et  son  envoyé. 

-  Vous  con vertirez-vous,  y»  dit  Salih,  c  si 
/Adresse  à  Dieu  une  prière ,  et  si  un  pareil 
(Qiraclese  manifeste  devant  vos  yeux? 

-CertaiRement, «répondit  Davud,  «mais 
celle  chamelle  doit  donner  du  lait  sans  qu'on 
sit  besoin  de  la  traire,  et  ce  lait  doit  être 
froid  en  été  et  chaud  en  hiver. 

-^  Sont-ce  là  toutes  vos  conditions?»  de- 
manda Salih. 

-*-  Il  faut  de  plus,  v  ajouta  Schihab,  «  que 
1^  lait  guérisse  tous  les  malades  et  enri- 
riiisse  tous  les  pauvres,  et  la  chamelle  devra 
ailerà  chaque  maison  appeler  les  habitants 
par  leur  nom,  et  remplir  de  son  lait  tous  les 
vaisseaux  vides.  - 

,  —  Que  votre  volonté  s'accomplisse,»dit'Sa- 
lih;  •  mais  j'ai  à  vous  prévenir  que  personne 
ne  doit  faire  le  moindre  mal  à  la  chamelle, 
quUne  faut  lui  refuser  ni  boisson,  ni  nour<- 
niure;  qu'il  ne  faut  ni  monter  sur  elle,  ni  la 
soumettre  à  aucun  travail.  » 

<  Us  jurèrent  de  traiter  la  chamelle  comme 
une  chose  sacrée,  et  Salih,  s'adressant  à 
I^ieu,  dit  :  «Seigneur,  toi  qui  as  formé 
Adaai  avec  de  la  terre,  et  qui  as  tiré  Eve 
<1  une  de  ses  côtes,  Dieu  tout-puissant,  pour 


lequel  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile  est 
facile,  fais  que  de  ce  rocher  sorte ,  pour  la 
conversion  des  Thamudites ,  une  chamelle 
telle  que  le  roi  l'a  demandée.  » 

«  A  peine  Salih  avait-il  proféré  ces  paroles, 
gue  la  terre  s'ouvrit  à  ses  pieds,  et  il  en 
jaillit  une  source.  Le  rocher  sur  lequel 
s'appuyait  le  côté  oriental  du  temple  s'agita 
et  se  tordit  comme  une  femme  qui  souffre 
les  douleurs  de  Tenfantement  ;  une  foule 
d'oiseaux  accoururent ,  et,  remplissant  leurs 
becs  de  l'eau  de  la  source,  ils  la  répandirent 
sur  le  rocher;  alors  la  tète  d'une  chamelle 
se  montra  et  bientôt  parut  le  reste  du  corps, 
et  elle  se  tint  debout,  telle  gue  le  roi  Tavail 
décrite,  et  elle  cria  d'une  voix  forte  :  «  Il  n'y 
a  pas  d'autre  dieu  que  Dieu;  Salih  est  son 
prophète  et  son  envoyé.  » 

«  L'ange  Gabriel  descendit  alors  du  ciel 
et  toucha  la  chamelle  de  son  épée  de  flamme, 
et  elle  mit  bas  aussitôt  un  petit  qui  lui  était 
exactement  semblable ,  et  qui ,  dès  qu'il  fut 
né,  répéta  la  profession  de  foi.  La  oliamelle 
alla  ensuite  auprès  des  demeures  des  Tha- 
mudites ;  elle  appela  chacun  d'eux  par  son 
nom,  et  elle  remplit  de  lait  tous  les  vais- 
seaux vides.  Tous  les  animaux  s'incli- 
naient devant  elle  à  son  passage,  et  tous  les 
arbres  courbaient  leurs  rameaux  afin  de  lui 
témoigner  leur  respect.  Le  roi  ne  put  fer- 
mer plus  longtemps  son  cœur  à  une  preuve 
aussi  éclatante  de  la  toute-puissance  de  Dieu 
et  de  la  mission  de  Salih;  il  embrassa  ce 
prophète ,  et  lui  dit  :  «  Je  reconnais  qu'il 
v\y  a  qu'un  Dieu,  et  que  tu  es  son  envoyé.  » 
Mais  le  frère  du  roi  et  le  grand  prêtre  Davud, 
ainsi  que  tous  les  prêtres,  traitèrent  tout  ce 
qui  venait  de  se  passer  de  prestige  et  de 
sortilège,  et  ils  eurent  recours  à  toute 
sorte  de  mensonges  pour  maintenir  le  peu- 
ple dans  l'incrédulité  et  dans  l'idolâtrie. 
Comme  la  chamelle  merveilleuse  faisait  cha- 
que jour  de  nouveaux  prosélytes ,  parce 
qu'elle  continuait  de  donner  son  lait,  et 
parce  Qu'elle  rendait  grâces  à  Dieu  chaque 
lois  qu  elle  buvait,  ils  résolurent  de  la  tuer: 
bien  des  jours  se  passèrent  cependant  avant 
qu'aucun  d'eux  n  osât  en  approcher.  Alors 
Schihab  fil  connaître  qu'il  donnerait  sa  fille 
Rajan  en  mariage  à  celui  qui  tuerait  la  cha- 
melle. Kaddar,  un  jeune  homme  qui  aimait 
depuis  longtemps  cette  vierge  remarquable 
par  sa  beauté  et  sa  grâce,  mais  qui  n'osait 
prétendre  l'épouser  parce  qu'il  était  d'une 
naissance  obscure,  s'arma  d'une  grande  épée, 
et,  suivi  de  Davud  et  des  autres  prêtres,  il 
s'approcha  de  la  chamelle  par  derrière,  tan- 
dis qu'elle  buvait  à  une  source,  et  il  la 
blessa  dans  les  reins.  Au  même  instant,  la 
nature  entière  poussa  un  effroyable  cri  de 
douleur,  et  le  petit  chameau  se  coucha  en 
gémissant  sur  la  cime  de  la  montagne,  et 
dit  :  «  Que  la  malédiction  de  Dieu  soit  avec 
toi,  ô  peuple  pécheur.  » 

«  Salih  se  rendit  à  la  ville,  accompagné 
du  roi,  qui,  depuis  sa  conversion,  ne  l'avait 
pas  quitté,  et  il  demanda  que  Kaddar  et  ses 
complices  fussent  punis;  mais  Schihab  qui, 
pendant  ce  temps,  s'était  emparé  du  gouver- 


6i7 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYra^S. 


U 


nementv  le  menaça  de  le  faire  mettre  à 
mort,  et  Salih  ,  obligé  de  s'enfuir  en  toute 
hâte,  ne  put  leur  rien  dire,  si  ce  n'est  que 
Dieu  leur  accordait  encore  trois  jours  pour 
faire  pénitence,  mais,  qu'après  ce  délai,  il  les 
détruirait  comme  il  avait  détruit  les  Aadi- 
tes.  Sa  menace  s'accomplit,  car  ils  étaient 
incorrigibles.  Dès  le  lendemain  leur  visage 
devint  tout  jaune,  et  partout  oùentraitla 
chamelle  blessée,  une  source  desang  jaillis- 
sait de  la  terre.  Le  second  jour,  les  faces 
des  Thamudites  se  montrèrent  rouges  comme 
du  sang,  et  le  troisième,  noires  comme  du 
charbon.  Le  soir  on  vit  la  chamelle,  pourvue 
d'ailes  rouges,  s'envoler  à  travers  les  airs, 
et  des  anges  jetèrent  sur  le  peuple  coupable 
des  montagnes  de  feu,  tandis  que  d'autres 
anges  ouvraient  les  réservoirs  des  eaux  sou- 
terraines, qui  sont  en  communication  avec 
Tenfer,  de  sorte  qu'il  sortait  de  terre  des 
tourbillons  de  flammes  avant  la  forme  de 
chameaux.  Au  coucher  du  soleil,  tous  les 
Thamudites  étaient  réduits  en  cendres;  Salih 
seul  fut  sauvé,  ainsi  que  le  roi  Djunda,  et 
ils  se  retirèrent  tous  deux  en  Palestine,  oCi 
ils  tinirent  leur  vie  dans  la  solitude.  » 

Saint  Augustin  [De  civit.  7>ei,  lib,  xviii, 
€.  38)  parle  d'écrits  d'Enoch  et  de  Noé  com- 
me dépourvus  d'autorité  chez  les  Juifs  et 
chez  les  Chrétiens. 

Hollinguer,  dans  son  Historia  patriarcho" 


rum^  expose  en  détail  les  questions  qni  v 
sont  élevées  au  sujet  des  circonstances  reii- 
tives  è  la  vie  de  Noé;  nous  nous  bornen,;c 
pour  ces  détails  et  pour  d'autres  du.  méi- 
genre  concernant  les  divers  patriarches  ^ 
renvoyer  au  travail  de  l'érudit  que  noc^ 
venons  de  nommer.  Nous  sortirions  du  u- 
dre  dans  lequel  nous  avons  dû  nous  circoD^ 
crire,  si  nous  traitions  bien  des  poiabsac 
importance,  et  si  nous  retracions  tout  ce  '{>;.* 
l'imagination  trop  féconde  des  commen;.- 
teurs  Juifs  a  réuni  en  fait  d'anecdotes  n  &- 
trouvées  touchant  la  vie  des  persooua^cs 
illustres  de  l'ancien  testament. 

L'histoire  de  Noé  a  fourni  le  sujet  de  que* 
ques  œuvres  dramatiques  ;  nous  connaisso'- 
en  ce  genre  : 

Le  Déluge  univernl^  tragédie  en  cinqaci^ 
et  en  vers  par  Hugues  de  Piure,  avocat»  P.v 
ris,  16fc3,  in-8\  L'auteur  de  cette  pièt<»,Mrr 
gulière  et  fort  rare,  la  dédie  au  cardinal  M»- 
zarin,  qu'il  appelle  un  des  premiers  o/^Wen 
de  Dieu,  en  le  félicitant  d'employer  sa  vui- 
lante sagesse  àconduire  Varche  numarcAtç»/, 
afin  qu'elle  soit  doucement  conserrée  parai 
les  troubles  qui,  comme  le  déluge  du  im* 
de  Noé ,  c  se  sont  espandus  par  toute  :? 
terre.  » 

El  Arca  deNoe^  de  don  Antonio  Hartinez, 
dans  le  tome  XXil  (1665)  de  la  collection «1» 
Comedias  nuevas  escogidai. 


NORIA,   FEMME  DE  NOÉ. 


Saint  Epiphane  nous  apprend  gue  les 
nicolaïles,  secte  de  gnostiques,  attribuaient 
à  Noria  des  livres  remplis  de  fables  et  d'im- 

{ piétés  ;  ces  hérétiques  prétendaient  que  cette 
emme,  croyant  que  l'entrée  de  Tarcbe  lui 
était  interdite,  y  avait  mis  le  feu,  et  ils' la 
regardaient  comme  liguée  avec  les  puissan- 
ces qui  résistaient  à  rautorité  du  principe 
auquel  était  due  la  création  du  monde.  Ci- 
tons d'ailleurs  à  cet  égard  les  paroles  de 
''évèque  de  Salamine  : 

Ergo  isti  cum  Nicolao  conjuncti  et  ab  eo 
velul  su^venianeo  êerpenlis  ovo  scorpii^  sive 
axpidibus  prognati^  quœdam  nobis  tnaniter 
sonantia  nomina  librogque  commentisunt: 
velul  inter  cœteroi  quem  Noriam  appellant^ 
atqueex  superstiliosis  gentilium  opinionibus 
conformatie  ad  inslilutum  suum  nugis  illis 
ac  fabulis  veritati  mendacium  admiscent. 
Qutppe  Noriam  istam  Noemi  conjugemfaciurU. 
ijuam  idcirco  Noriam  vocant^  ut  quœ  a  Gen^ 
lilibus  concinnata  sunt ,  barbaris  vocibus 
dissimulantes  circumventis  a  se  hominibus 
facilius  illudant;  quo  quidem  pacto  ut  Pyr* 
rhœ  vocabulum  interpretando  reddertnt^  No- 
riœ  appellationem  indiderunt,  Nam  cum  Nara 
apud  Hebrœos  ignem,  non  illa  quidem  secre- 
tiore  lingua,  sea  Syriaca  significel^  Hebrœi 


siquidem  ignem  E.<auts  nomînant  ;  illi  pr* 
inscilia  atque  imperitia  eo  vocabulo  suntakp. 
Atqui  neque  Pyrrha  illa  Grœcorum  ctlettii'i 
scriptis^  neque  ab  illis  con/ùta  Nom  f^ 
Barthenus  Noemi  conjux  fuit.  GrœcM'^ 
Pyrrham  Deucalionis  uxorem  fuisse  iw»> 
rant.  Tune  causam  adferunt  iidemiii\^*' 
Philislionis  mimos  iterum  nobis  oblruiiu^i 
Cum  enim  ,  inquiunt ,  in  arca  t$»t  (^"^ 
Noemo  cuperet^  nunquam  id  et  permisse 
est;  quod  eamPrinceps  mundi  conditor um 
cum  cœteris  omnibus  dÙuvio  vellet  exstinguat 
Ergo  hœc  invidens  arcœ  nonsemel  actecund*, 
sed  sœpius  adeoque  teriio  tllum  inct^dû, 
Quo  factum  est  ut  ad  complurts  annot  « 
Noemo  hœe  arcœ  structura  prorogata  (unii, 
cum  ab  illa  sœpius  esset  exusta,  Siquiàm 
Noemus  Principi  se  obsequenlem  prasto^  > 
Noria  vero  superas  virtuteSf  etabnspr<^ 
fectam  Barbelonem  principi  conlrarium  i»- 
dicavitf  quemadmodumet  aliœfecere  tirtuU*, 
atque  illud  prœterea  docuit  :  Oportert  ?»' 
supremœ  parenti  a  Conditore  mundi  prinfif 
ac  reliquis  qui  cum  eo  sunt  diis  at<fik€  oniti^^ 
et  dœmonibus  erepta  «tin/,  ex  tnsito  (^r- 
porum  vi  per  marium  se  feminarum  pro^*' 
via  co  digère. 


j 


C49 


ORP 


PART.  IH.  —  lEGEXDES  ET  FRÂGHENTS. 


ORP 


tu 


o 

OG. 


Le  décret  du  Pape  Gélase  mentionne  par- 
ni  les  ouvrages  apocryphes  :  «  le  Livre  aOg 
h  géant  qui,  avant  le  déluge,  avait  combattu 
avec  ie  dragon,  n  C*est  à  tort  que  quelques 
critiques  ont  pens^  qu*ii  fallait  lire  après  le 
déluge  ;  une  fabie  rabbinique  prétend  qu*Og 
échappa  au  déluge  en  montant  sur  Tarcbe; 
elle  se  retrouvas  dans  le  'Targum  ou  Para- 
phrase chaldaïque  (588). 
•  04,  roi  de  fiasan  ou  de  Baschone ,  est 
rûeiitionné  dans  le  livre  des  iVom6r«5,ch.xxi, 
33,  comme  ayant  été  vaincu  par  les  Is- 
raélites. 

BenUnziel  rapporte  sur  lui, d'après  IcTai- 
mud,  une  historiette  qui  donne  une  idée  de 
ce  que  les  anciens  docteurs  juifs  ont  inventé 
en  ce  genre  :  «  Quand  Og  vit  le  camp  israé- 
.1(6,  qui  avait  six  parasanges  d'étendue,  il 
ùi(  :  t  Je  veux  seul  entreprendre  le  combat 
((inlre  ce  peuple.  »  11  détacha  à  cet  effet 
une  montagne  de  six  porasanges  d*étendue 
M  la  posa  sur  sa  tête  pour  la  lancer  3ur  les 
Iraélites.  Dieu  fit  venirjun  insecte,  qui,  per- 
dant la  montagne  par  le  milieu,  y  fit  enfon- 
cer la  tôle  d'Og;  celui-ci,  voulant  se  déga- 
ger, ne  put  en  venir  à  bout,  parce  qu'une  de 
^es  dents  avait  poussé  fort  avant.  Moïse  prit 
alors  une  cogné»*-  de  dix  coudées  de  longueur, 
w  sautant  en  Tair  à  dix  coudées  de  hauteur, 
il  frappa  le  géant  à  la  cheville  du  pied.  En 
tombant ,  le  corps  d'Og  toucha  ie  camp  Is- 
raélite. » 

Des  auteurs  arabes  racontent  le  même  fait 
l'ec  quelques  différences.  D*après  eux,  Og 
^vait  arraché  une  montagne  pour  la  lancer 
snr  les  Israélites  ;  Dieu,  exauçant  les  prières 
■ie  Moïse,  ordonna  à  un  oiseau  de  se  placer 
^ar  le  sommet  de  cette  montagne  et  d*y  faire 
un  irou  avec  son  bec,  afin  qu'elle  tombât 


comme  un  collier  sur  le  con  du  géant.  (Fogf« 
la  Chronique  de  Tabari,  traduite  par  M.  Du- 
beux,  p.  M.) 

Il  serait  d  ailleurs  facile  de  réunir  d'autres 
n^cits  tout  aussi  apocryphes  au  sujet  des 
géants,  à  regard  desquels  les  anciens  auteurs 
juifs  se  sont  étendus  avec  complaisance.  Nous 
n'examinerons  point  ici  la  question  bien 
controversée  du  véritable  sens  qu^ïl  faut  at- 
tribuer au  mot  hébreu  qui  se  trouve  dans 
la  Genèse,  ch.  vh,  ^,  et  que  les  Septante  ont 
rendu  par  ^iya^zsç, 

La  dissertation  de  dom  Calmet  sur  les 
a;éanis{DissertationsquipeuvenC  servir  depro- 
ïégomènes  de  V Ecriture  sainte^  tom.  H,  lï* 
pcirlie),  est  un  morceau  ûes  plus  savants, 
quoique  dénué  d'une  critique  juste  etsûre« 
Cuvier  s'est  entouré  avec  beaucoup  d'érudi- 
tion de  tous  les  ouvrages  sur  la  gigantologie 
^tom.  I  de  ses  Recherches  sur  les  ossements 
fossiles  f  p.  101,  3'  édit.).  11  donne  avec  dé- 
tail l'histoire  de  la  polémique  qui  s'éleva,  en 
1613,  entre  les  médecins  Habicot  et  Riolan 
à  l'égard  du  géant  Teutobocus,  dont  le  pre- 
mier de  ces  docteurs  prétendait  avoir  re- 
trouvé les  restes. 

Ces  os  sont  aujourd'hui  au  Muséum;  ils 
n*apparlienneht  pas  à  l'éléphant  comme  l'a- 
vait cru  Riolan,  mais  au  mastodonte. 

On  peut  consulter  aussi,  au  sujet  des 
géants,  M.  Berger  de  Xiviey,  Traditions  té- 
ratologiques,  1836,  in-8%  p.  189-193;  Virey, 
Dictionnaire  des  sciences  médicales  ^  Hviiclo 
Géants;  de  Eeiffenberg,  introduction  à  la 
Chronique  de  Philippe  Mouskesy  Bruxelles, 
1836,  iQ-&%  1. 1,  p.  Gxxi.  11  y  a  de  l'érudi- 
tion dans  un  écrit  imprimé  èi  A Itona  en  1756: 
De  gigantibus  nova  disquisitio^  auctor.  J.  San- 
gatell,  edid.  G.  Schut^e. 


ORPHEE. 


Dans  les  premiers  siècles  du  christianis- 
me, le  nom  d'Orphée,  presque  oublié  de  la 
ijrèce ,  brilla  d'un  vif  éclat  et  jouit  d'une 
haute  autorité,  grâce  à  des  écrits  récemment 
fabriqués  à  l'usage  du  paganisme  expirant 
et  remaniés  par  des  Chrétiens.  D'illustres 
docicurs,  tels  que  saint  Augustin  et  saint 
Jérôme,  n'ont  pas  dédaigné  d'emprunter 
•Jans  leurs  controverses  le  secours  de  ces 
productions  apocryphes.  (August. ,  Contra 
taustum,  I.  XIII ,  c,  15,  et  De  civit.  Dei^ 
ï-  xvni,  c.  23;  Hieronym.,  Contra  Jovinia- 
1«w»,  I  1);  avant  eux,  deux  docteurs  de 
TEglisî  grecque,  Théophile  d'Antioche  et 

(58K>  Ad  Ce»,  xrv,  13.  •  Et  venil  Og  qui  cva- 
serat'ei  virisqui  mortui  erant  in  diluvio,  et  îr- 
«]uitaTeratarcx,ei  erat  operimenlum  in  cacumine 
^JU5.  Alebatur  auiem  ex  cibis  Noacb ,  nec  jiistilia 

DicTioNN.  DES  Apocryphes.  II. 


Clément  d'Alexandrie  {Cohort.  ad  gentes)  ont 
pensé  me  le  mythe  d'Orphée  adoucissant  les 
bètés  féroces  au  son  de  sa  lyre,  était  une 
sorte  d'inaage  symbolique  de  Dieu  fait  hom- 
me, et  attirant  a  lui  les  cœurs  par  je  charme 
de  sa  parole. 

Ses  hymnes,  qui  doivent  nous  occuper 
spécialement,  ont  été  souvent  imprimés  avec 
les  autres  productions  de  ce  noëte,  notam- 
ment en  1517,  in-8%  chez  les  Aides;  en  1566, 
dans  les  Poetœ  Grœci^  publiés  par  Henry 
Estienne;  en  1606,  dans  le  Corpus  poetarum 
Grœcorum^  édité  par  Lectios  ;  en  1764',  dans 

sua  ercplns  est,  sed  ut  vidèrent  incolx  mundî  for- 
tiludinem  Dei,  et  dicer<}nt  :  Annon  gigintes  qui 
erant  ab  iniiio ,  rebellaruni  in  DoiDiiium  mundi  cl 
perJiii  sunt  ex  terra,  etc.  » 

21 


«51 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


l'édition  aa  Gesner;  en  1805,  dans  celle 
d*Hermann. 

Il  existe  aussi  diverses  éditions  des  hym- 
nes; Hoffmann  [Lexicon  bibliographicum  t 
t.  III»  p.  186),  en  mentionne  dix;  les  plus 
remarquables  sont  celle  de  Leyde  »  1695  [ex 
Officina  Plantiniana) ,  où  Ton  trouve  la  tra- 
duction et  les  notes  de  Scaliger»  travail  qui 
avait  déjè  paru  dans  les  Opuscules  de  Scali- 
ger  (Paris,  1610  ou  1615,  in-4%  et  qui  a  été 
reproduit  par  Maittaire ,  jlfïic«//anea  Grme, 
aitauoi  icriptor.  carminat  Londres,  17^, 
in-V).  Un  critique  anglais,  Wakefield,  a  de 
même  publié  ces  hymnes  dans  sa  Sitva  cri' 
ticaj  Londres,  1703.  Diestch  les  a  donnés  en 
grec,  en  les  accompagnant  d'une  traduction 
«llemande  qui  est  estimée  (Erlangen,  1822, 
in  k^) ,  et  qui  avait  deux  ans  auparavant  été 
mise  au  jour  à  Nuremberg.  £n  178ik,  Tobler 
en  avait  aussi  donné  une  version  allemande 
"dans  le  Muêée  suisie.  Quelques-uns  ont  été 
traduits  en  italien  parGaremberti,  parZano- 
Uni,  par  Strocchi.  Dodd  en  joignit  six  à  sa 
traduction  anglaise  de  Callimaque.  Thomas 
Taylor  les  fit  passer  en  anglais,  et  y  joignit 
un  discours  sur  la  vie  et  la  théologie  d'Or- 
phée ;  Londres,  1787,  in-8*,  1792, 182<^. 

Le  Lexicon  d'Hoffmann  que  nous  venons 
de  citer  indique  de  nombreux  critiques  qui 
se  sont  occupés  d*Orphée  ;  nous  nous  con- 
tenterons de  signaler  Gerlach  :  De  hymnis 
Orphiciif  Goltingue,  1797  ;  Lobeck ,  De  Or- 
phei  theoaonia  etsermone  jocro,  Rœnigsberg, 
1827  *,  Schneider,  De  dtUfia  earminum  Orphi^ 
eorum  auctoritate  et  vetuitaUj  Franciorty 
1777;  Snedorf,  De  Orphei  Aymnt>,  Leipzig, 
1786  :  Tiedemann,  Vte  et  syitime  d'Orphée 
(en  allemand)  dans  son  livre  sur  la  philoso^ 

Shie  primitive  des    Grecs,  Leipzig,  1780; 
oega.  Sur  le  dieu  d'Orphée  (en  allemand) 
dans  le  recueil  de  ses  Dissertations  diverses^ 
publiées  par  Welcker,  1817,  p.  211-26^. 
Les  critiques  les  plus  judicieux  pensent 

Sue  les  poèmes  orphiques  ont  été  fabriqués 
ans  les  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne; 
Je  dialecte  qui  y  domine  est  celui  d'Alexan- 
Hlrie  ;  on  y  rencontre  même  des  locutions 


d'une  époque  plus  moderne.  La  poëme  sur 
les  pierres  renferme  des  allusions  évidentes 
au  mysticisme  des  néo-platonîciens.  (Voir 
Séguier  de  Saint-Brisson,  Annales  de  philo- 
Sophie  chrétienne^  3*  série,  1. 1,  ç.  4â,  et  o^ 
Sainte-Croix,  Mystères  du  paganisme,  2*  ét'i- 
tion,  t.  Il,  p.  60-64.) 

Un  érudit  qui  a  jeté  sur  les  doctrines  do 
paganisme  grec  une  vive  lumière,  Lot>e«k. 
s'est  occupé  de  cette  question.  {Aglaopkamut, 
sive  de  theologiœ  Grœcorum  mysticm  ceutu, 
Rœnigsberg,  1829,  2  vol.  in-S*,  p.  353-^0. 
D'après  lui,  ces  hymnes  remontent,  dans  le 
principe,  à  une  haute  antiquité;  mais  ei.^i 
ont  subi  un  remaniement  très-considén* 
ble;  plusieurs  écrivains  de  ^antiquité  par* 
lent  d'un  Athénien  nommé  Onomacrite,  corv 
temporain  de  Thémistocle,  et  qui  s*occui  aii 
de  divination;  ils  le  signalent  romue  élsni 
l'auteur  des  hymnes  qui  portaient  le  ooœ 
d'Orphée.  (Voy.  entre  autres  Eusèbe,  Prépar 
évang.f  I.  x,  c.  k;  t.  II,  p.  97,  de  la  tra<Ju<^- 
tion  de  M.  Séguier  de  Saint-Brisson.)  Ma;) 
les  critiques  les  plus  judicieux  regardent  ces 
écrits,  tehs  gue  nous  les  possédons ,  comme 
bien  postérieurs  à  Tépoçu*)  où  vient  ce  c/'O* 
temporain  des  Pisistratides.  Un  érudit  an- 
glais, Tyrwhitt,  pense  que  leur  rédartioû 
actuelle  a  eu  lieu  peu  de  temps  après  Coos- 
tauiin. 

On  peut  aussi  consulter,  k  cet  égard,  'i 
dissertation  de  Rœni^smann,  De  œtaUcv- 
minis  quod  sub  Orphei  nomine  circumfertur, 
Schleswig,  1810,  in-fc'  ;  et  G.-H.  Bode»  das^ 
une  dissertation  :  De  Orpheo  poetarumGrf- 
corum antiquissimOf  Gottingue,  182V,  niî'; 
et  dans  son  Histoire  (en  allemand)  de  lapw- 
sie  helléniquCy  t.  I,  p.  87-190. 

N'oublions  pas  les  savants  travaui  • 
M.  Alfred  Maury,  consignés  dansdeuiV^ 
moires  qui  se  trouvent  dans  la  publier. 
française  de  Touvrai^e  de  Creuzer  sur  - 
Religions  de  l'antiquité: Des  rapports  hifi^- 
riques  des  pythagoriciens  et  au  pytkagf'ry- 
cisme  avec  les  orphiques  et  leur  donnK 
t.  III,  p.  935;  De  la  cosmogonie  orphtijt 
p.  956. 


p 

PATRIARCHES. 

(Révélations  des  patriarches  et  des  prophètes  ) 


Cet  ouvrage  ne  nous  est  connu  que  par  ce 

Îu'en  dit  saint  Jérôme  dans  son  écrit  contre 
igilance.  Voici  les  paroles  du  saint  docteur  : 
«  Tuj  Yigilans,  dormis  et  dormiensscribiSy  et 
propinas  mihi  librum  apocryphum  qui  sub 
nomine  Esdrœ  a  te  et  similibus  tui  legiturf 
ubi  scriptum  est  quod  post  mortem  nullus  pro 
cliis  gaudeat  deprecart^  quem  ego  librum  nufi- 
quam  legi;  quid  enim  necesse  est  in  manus 
sumere  quod  Ecclesia  non  recipit?,...  Et  si 

B)9)  Us  se  trouvent  aussi   en  latin  dans    le  tome 
,  frand.  in-8«. 


tibiplacuerit,  legito  fictas  revelationesomnii  • 
pairiarcharum  et  prophetarum  et  eum  i/*' 
dediceriSf  inter  mulierum  textrintu  (^'"' 
tato. 

Quelques  savants  ont  cru  qne,  par  ce$  rr- 
vélations,  saint  Jérôme  entendait  les  Tm^ 
ments  des  douxe  patriarches  qut  nousaTObi 
insérés  dans  le  tome  1"  de  notre  Diction* 
naire  (589)  ;  mais,  d'après  les  CaiM/i/M/i^y 
apostoliques,  lib,  vi,  c.  16,  le  Synopif  Je 

!••  de  la  Patrologia  Grœca,  LatiuitscMtâ,  H'P'' 


6^ 


PAL- 


PART.    III.  -«  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PAU 


0S4 


saiol  Athanase  et  d'autres  téinoîgnnges,  on 
sait  qu*il  existait  des  livres  attribués  aux 
patriarches.  Le  concile  de  Braga  les  con- 
damna (Can.  17y  Concil.f  t.  V,  p.  839,  édit. 
de  Labhe)  :  Si  quit  scripturas  guas  Priscil- 
lianus  secundum  $uum  depravavit  errorem^ 
rd  tractatuê  Dictinii  quos  ipse  Dictinius  an- 
uquam  converieretur,  êcripsU^  vel  quœcunqut 
kœredcorum  $ub  nomine  patriarcharum ^prO'^ 
pftetarum^  vel  apostolorum  seu  errori  consona 
confixerunt^  legit^  et  impia  eorum  figmenta 


êequUur  aui  defendiif  anathema  $U 

Les  Conslitutiom  apoitoliques  (I.  ti,  c.  16) 
indiquent,  entre  autres  ouvrages  apocry- 
phes, un  écrit  intitulé  Des  trois  patriarches. 
Colelier  pense  qu'il  s*a^issait  d*Abraham« 
dlsaac  et  de  Jacob.  La  Synopse  d'Alhanasc 
et  le  Canon  de  Nicéphore,  cités  dans  notre 
Introduction,  contiennent  :  Le  Testament  de 
Benjamin^  ouvra^^e  qui  était  peut-être  celui 
qui  fait  partie  des  testaments  des  enfants  de 
Jacob. 


PAUL   (SAINT). 
(Ecrits  attribués  ou  relatifs  à  saint  Paul.) 


ÂDocalypse^  Ascension  et  Vision  de  saint 
Paul.  —  ljè  passage  remarquable  dans  lequel 
Tapôtre  dit  avoir  été  ravi  au  troisième  ciel 
(//  Cor.  XII,  4),  dut  naturellement  suggérer 
l'idée  d'écrits  relatant  ces  mystères  ineffa- 
bies.  Denvs  d'Alexandrie,  cité  par  Eusèbe 
{Hist,  ecctes.^  I.  vu,  c.  25),  dit  que  le  saint 
ue  mit  point  par  écrit  ses  révélations  sur- 
naturelles :  In  epistolis  nonnihil  de  révéla- 
tionibus  suis  indicasse^  sed  in  proprium  volu- 
men  illius  non  retulisse.  Toutefois,  desgnos- 
liques  supposèrent  à  cet  égard  des  écrits 
que  réprouve  saint  Epipbane  (hœres.  18, 
n.  3)  (590). 

L  historien  byzantin  Michel  Glycas  rap- 
porte dans  ses  Annales  qu*il  circulait  parmi 
les  hérétiques  un  livre  contenant  le  récit  des 
cfioses  que  saint  Paul  avait  vues  au  troi* 
sième  ciel  ;  mais  l'imposture  était  mani- 
feste, puisque  l'apôtre  avait  expressément 
déclaré  que  nulle  langue  ne  pouvait  expri- 
mer ce  qu'il  avait  vu  et  entendu. 

Vers  la  Qn  du  iv*  siècle,  il  se  répandit  une 
Apocalypse  de  saint  Paul,  ainsi  que  le  con- 
state saint  Augustin  (591).  Sozomène  {Hist. 
tccles.^  1.  vil,  c.  19),  dit  aussi  que  certains 
luoines  vantaient  cette  Apocalypse^  et  qu'on 
prétendait  'que  le  manuscrit  avait  été  dé- 
couvert sous  te  règne  de  Théodose,  et  grAce 
à  une  révélation  divine,  dans  la  maison  de 

(590)  I  In  alium  insupcr  Paoli  aposloli  nomitie 
libdium  excogitarunt ,  pteniiin  rebua  qu»  eloqui 
nefas  est.  Huiic  ei  ii  quos  Gnoslicos  vocant,  adhi- 
Iwrcsoleut, quod  PauliAnabatieumyocAui  cujus  sup- 
posiiii  operis  ansam  ex  eo  ceperaiit,  quodApostoius 
[Il  Cor.  XII,  4)  ipse  tesutur  se  in  teriium  usque 
cunscendisse  ctelum ,  arcana  ibidem  aodisse  verba 
f|uc  non  iicet  honiini  loqui.  Haec  aulem,  inqaiunt, 
aroana  il  la  vecba  sunt.  » 

Remarquons  en  passant  qu*il  existe  une  disser- 
taiioii  de  B.  Eising ,  De  pseudepigraphis  S.  Pauti , 
Leipiig,  1707,  in -4*.  Elle  esl  peu  connue,  même 
<-!!  Atleoiagne,  car  Fabricius  n*eo  a  point  fait 
meiiiioii. 

(5B0  c  Quidam  spiritualium  ad  ea  pervenerant 
fuff  non  ticet  homini  loqui ,  qua  occasione  visui 
qtiidam  Apocalypsin  Pauti  qiiam  sane  non  recipit 
Ëcclesia,  nescio  quibus  fabulis  plenam  slullissima 
prxsanciione  linxerunt,  dicenies  banc  esse  unde 
«lixerat  raplum  »e  fuisse  in  teriium  cœlum,  et  illic 
audisse  ini^flabilia  verb»  quœ  non  tieet  homini  loqui, 
luunqoe  illoram  tolerabilis  essel  audacia  si  se 
aodkse  dWisset  quse  adliuc  non  Iicet  homjni  loqni. 


saint  Paul  à  Tarse,  enfermé  dans  un  coffra 
de  marbre.  11  traite  ce  récit  de  fable,  et  pense 
que  le  livre  en  question  avait  été  fahrii]ué 
par  des  hérétiques  (592),  Ce  qu'il  dit  h  cet 
égard  est  reproauit  dans  VHistoire  ecclésias- 
tique de  Nicéphore. 

Théophylacte,  dans  son  Commentaire  sur 
VEpitre  aux  Corinthiens^  signale  l'Apoca- 
lypse de  saint  Paul  comme  un  livre  supiposé. 
Le  patriarche  d'Alexandrie,  Marc,  qui  vivait 
au  commencement  du  xiir  siècle,  men- 
tionne (les  Visions  de  saint  Paul  parmi  les 
livres  répandus  en  £^yj)te,  et  demande 
h  Théodore  Balsamon,  légiste  alors  lort  cé- 
lèbre, si  on  peut  les  lire  ;  le  jurisconsulte 
répond  qu'il  faut  se  délier  des  écrits  forgé;) 
par  les  hérétiques,  et  auxquels  on  a  donné 
des  noms  respectables;  quoiqu'ils  aient  l'éti- 
quette du  miel,  ils  sont  plus  amers  que  l'ab- 
sinthe (593). 

Nicéphore  Homologeta,  ou  le  Confesseur, 
qui  vivait  au  ix*  siècle,  range  l'Apocalypse 
de  saint  Paul  avec  celles  d'Esdras  et  de  Zo* 
zime,  et  divers  actes  supposés  des  martyrs, 
parmi  les  livres  qu'il  faut  rejeter  et  non 
admettre  (59/»)' 

Assemani  (Bibliotheca  orientalis,  t.  Ilf, 
1.  I,  p.  282)  mentionne  comme  se  trouvant 
au  Vatican  un  manuscrit  arabe  contenant 
une  Apocalyso  attribuée  à  saint  Paul. 

Cum  vero  dixcrit  qua  non  ticet  homini  loqui,  iiti  qui 
sunt  qui  liaec  audeant  impudeuter  et  infeliter  loqui  1 
(Traci.  98  in  Joan.)  • 

(592)  c  Ëam  vero  qoae  nune  quasi  Pauli  apostoli 
reveiatio  circumfertur,  quain  nuUus  veterum  affno« 
vit,  plurimi  ex  monacliis  valde  commendant.  Qui- 
dam autem  affirmant  bujus  de  quo  agimus  impe- 
ratoris  n'beodosii  magni)  temporibus  repertum  esse 
hune  librum.  Aiunt  enim  apud  Tarsum  Ciliciae'in 
asdibus  Pauli  arcara  marmoream,  Deo  révélante,  sub 
lerra  inveniam  esse  in  qua  hic  liber  esset  recon* 
ditus.Mibiverohacde  re  percuuctanti  falsumideisa 
dixit  Gilix  quidam  presbyter  Ëcclesi»  Tarsensis» 
^uem  quidem  jam  granUasvum  esse  ipsa  cauiiies 
indicabai.  Aiebat  autem  se  uihil  ejusmodi  apud 
ipsos  gestes  comperisse,  ac  suspicasse  ne  id  ab  hae- 
reticis  conflctum  esset.  • 

(593)  Voy,  E.  Boneroud,  Jus  orientâtes  p*  840, 
et  Marquard  Freher,  Jus  Crmeo-Homanum ,  L  i  • 
p.  365. 

(594)  Ses  Canons  se  trouvent  dans  les  recueils  da 
Bonefond  et  de  Freher,  que  nous  venons  de  citer. 


«5» 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


(M 


Un  auteur  grec,  Théodorn  le  Grammai- 
rieut  mentionne  VApocaly$e  de  iaint  Paul 
comme  étant  l*Œuvre«  non  de  l'Apôtre,  mais 
de  rhérésiarque  Paul  de  Samosate.  (Fabri- 
eios,  Cad.  N.  Test.,  t.  l,  p.  954.) 

11  ne  faut  pas  confondre  avec  VApoca^ 
lyp$e  de  saini  Paul ,  répandue  dans  les  pre- 
miers siècles  de  TEglise  et  aujourd'hui  per- 
due, un  ouvrage  composé  au  moyen  âge* 
et  qui  offre  le  récit  du  voyage  de  saint  Paul 
dans  la  région  de  Tenfer  et  du  purgatoire 
où  saint  Michel  le  conduit.  Grabe  avaU,  il  y 
a  longtemps,  sip:nalé  dans  son  Spicilegium 
Pairunij  1. 1,  p.  85,  un  manuscrit  de  cette 
production  conservé  à  Oxford  dans  la  biblio- 
thèque du  collège  de  Merton.  Il  en  existe  une 
rédaction  provençale,  dont  parle  M.  Fauriel 
{Uistoire  de  la  poésie  provençale,  1846,  t.  1, 
p.  260-262).  Le  trouvère  Adam  de  Ros, 
s*exerçant  sur  ce  sujet,  a  écrit  en  vers  une 
Descente  de  saint  Paul  aux  enfers,  que  nous 
nous  bornerons  à  mentionner  ici,  puisque 
nous  Tavons  reproduite  dans  le  Diction" 
naire  des  légendes  du  christianisme  ^  col. 
1035«  d'après  M.  Ozanam  (Dante  et  la  Philo- 
Sophie  chrétienne  au  xiu'  siècle,  1839,  in^S**, 
p.  3W-355). 

Prédication  de  saint  Paul.  Cette  production 
paraît  avoir  été  répandue  dans  les  premiers 
siècles  de  TËgiise,  et  Clément  d'Alexandrie 
[Strom.,  lib.  vi)  en  a  reproduit  un  passage 
que  nous  allons  donner  dans  la  traduction 
latine  : 

Quod  uti  Judœos  salvos  esse  Deus  voluit, 
dans  eis  prophetas,  ita  etiam  Grœcorum  pro' 
batissimos  excilans  propriœ  suœ  linguœ  pro- 
phetas,  prout  apti  erant  ad  recipiendam  Dei 
àeneficentiam,  a  vulgo  hominum  secreverit, 
declaraverit  propter  Pétri  prœdicationem 
apostolus  hoc  affirmons  Paulus  :  Librosquo- 
que  Grœcorum  sumite,  agnoscite  Sibyllam 
quomodo  unum  Deumsignificaret,  etquœ  sunt 
futura:  et  Bystapemrsumentes  legite,  et  in- 
venietis  Dei  Filium  multo  clarius  et  apertius 
êcriptum,  et  quemadmodumadversus  Christum 
mutti  reges  instruent  aciem  odio  habentes 
illumet  istosqui  gestant  nomen  ejus,  et  fidèles 
ejus  illiusque  tolerantiam  et  adventum, 
Deinde  uno  terbo  nos  interrogat  :  Totus  au* 
tem  mundus  et  quœ  sunt  in  mundo,  cujus 
êunt?  Nonne  Dei?  Pr opter ea  dicit  Petrus  Do- 
minum  dixisse  apostofis  :  Si  quis  ergo,  etc. 

Le  livre  de  la  Prédication  de  saint  Paul 
est  de  même  mentionné  dans  un  Traité  sur 
le  non-renouvellement  du  baptême  des  lUréti* 
ques  que  Sirmond  découvrit  parmi  les  ma- 
nuscrits de  l'église  de  Saint-Remy  à  Reims, 
-'  et  que  N.  Rigault  publia  à  la  fin  de  son  é<ii- 
tion  des  œuvres  de  saint  Cyprien;  Cave,  dans 
son  Uistoria  litieria  scriptorum  ecclesiasti" 
corum,  mentionne  un  manuscrit  du  Vatican 


qui  indique  pour  auteur  ae  ce  traité  If 
moine  africain  Ursinus  qui  vivait  au  r  siè- 
cle; cette  circonstance  contrarie  ropioiond'^ 
quelques  savants  qui  regardaient  cet  érr  t 
comme'plus  ancien.  Quoi  qu'il  ensoit,  voi-i 
le  passage  qui  nous  intéresse  en  ce  moisera  : 
Est  autem  adulterini  hujus^  imo  interne- 
cini  baptismatis,  si  quis  aliuM  auetor  lum 
etiam  quidam  ab  eisdem  ipsis  hœreticis  prop* 
ter  hune  eumdem  errorem  conscriptus  liber, 

?rtii  inscribitur  Pauli  prœdicatio.  In  quj 
ibro  contra  omnes  scrtpturas  et  de  peccah 
proprio  confitentem  inventes  Christum,  qni 
solus  omnino  nihil  deliquit^  et  ad  accipun- 
dum  Joannis  baptisma  pêne  invitum  a  mairt 
sua  Maria  esse  compulsum  :  ita  rum  hay- 
tizaretur  ignem  super  aqiuim  esse  risun. 
Quod  in  lEvangelio  nullo  est  êcriptum.  Lt 
post  tanta  tempora  Petrum  et  Paulum  pôii 
collationem  Evangelii  in  Hierusalem  et  mu- 
tuam  altercationem  et  rerum  agendarun 
dispositionem,  postremo  in  urbe  quost  tut  t 
primum  invicem  sibi  esse  cognitos.  Et  quf- 
dam  alla  hujucemodi  absurde  ac  turpiitr 
conficta.  Quœ  omnia  in  illum  librum  tnu- 
niens  congesta. 

Actesdesaint  Poulet  deThècte. — IlssontriiM 
par  TertuI lien  (595)  et  par  saint  Jérôme  ;5% 
qui  les  mentionnent  comme  !*œuvre  u'un 
prêtre  d'Asie  lequel,  obéissant  à  un  zèle  peu 
éclairé,  avait,  ainsi  qu'il  l'avoua  lui-IDéa]^ 
écrit  cette  narration  dans  le  dessein  de  re- 
hausser la  gloire  de  l'ApAtre.  Un  grand  nom- 
bre de  Pères  ont  parié  de  sainte  Tliè^lo; 
nous  citerons  entre  autres  saint  Cyprieo, 
saint  Epiphane,  saint  Grégoire  de  Nazianze, 
saint  Grégoire  de  Nysse,  saint  Ambroise, 
saint  Jean  Chrysostome,  saint  Isidore  <if 
Peluse  et  bien  d'autres.  (Voy.  Pamelius,  .4^ 
Tertullianum;  Baronius,  Ad  Martyrolopm 
Romanum,  23  sept.,  etc.)  P.  Pantin  a  fiuMif, 
en  grec  et  en  latin,  deux  vies  de  cette  saisk, 
l'une  extraite  de  Siméon  Métaphrasle,  Ta.- 
tre,  sous  le  nom  de  Basile  de  Séleucie,  mai) 
il  faut  observer  que  cette  dernière  est  ec 
prose,  ce  qui  donne  des  doutes  sur  son  aa- 
thenticité,  car  Photius  (Cod.  168)  dit  qje 
l'ouvrage  de  Basile  était  en  vers.  Grabe  a 
inséré,  dans  son  Spicilegium  Patrum,  ics 
actes  de  sainte  Thècte,  en  grrc,  d'après  aa 
manuscrit  d'Oxford  (fonds  Ba^occianus),  ea 
y  joignant  une  version  latine  et  d^  nolcf, 
et  il  y  a  joint,  d'après  un  autre  manuKni 
(fonds  Digby),  une  rédaction  iaiine. 

Nous  donnerons,  à  l'article  Thèclbi  la  re* 
lation  apocryphe  de  la  Vie  de  cette  sainte. 


(595)  De  bapiisme,  c  17.  c  Qaod  si ,  qui  Paoli 
periier^m  scripta  legani,  eiemplum  Tbecise  ad  li- 
ceiitiam  mulieruni  docendi  (ingendique  defcRdunI , 
aciaot  in  Asia  presbyleruni  qui  eam  pcripluram 
eonaimiit  quasi  liiulo  Pauli  de  auo  cuinutaus, 
^louvictum    aique   confeasam  id  se  aroore  Pauli 


fccisae,  loco  decessiase.  t 

(59U)  Catat.  script,  ecctes.  i  Pêriodicani  PauHVi 
Thecl»  et  lotaro  baptizati  Leonis  fabubm  ia^^^ 
apocryplias  scrlpturas  computatVius.  Qnale  eoin  »< 
ui  iudividuus  comea  aposioli  ^Lucas)  inicr  caeicfai 
fjus  res  hoc  solum  ignoraverit.  > 


657 


FAU 


PART.  III.  ^  LEGElNDES  ET  FRAGMENTS. 


PAU 


85» 


HISTOIRE  DE  SAINT  PAUL, 

tCaprèi  Vliiiioire  apoUoUque  tTÂbdias,  lib.  ii  (597). 


CHAPITRE  PREMI-ER. 

Ilyeal,  dans  la  vil  le  de  Jérusalem»  ua 
homme  nommé  Saul,  de  la  tribu  de  Benja- 
min (598),  très-instruit  dans  les  livres  de 
Moïse  et  dans  toutes  les  cérémonies  de  la 
loi  (599),  qui  étaient  alors  exécutées  selon 
]a  lettre,  sans  qu'on  y  Ot  aucun  changement. 

Il  tourmentait  r£glisedeDieu,entrantdans 
les  maisons  et  traînant  les  hommes  et  les 
femmes  en  prison,  et  chaque  jour  il  rassem- 
i)Iait  une  grande  foule  de  Juifs.  Et  lorsqu'il 
exhalait  des  menaces  de  mort  contre  les  apô- 
tres du  Seigneur,  il  vint  au  prince  des  prê- 
tres et  lui  demanda  des  lettres  pour  les  sy- 
na^^ogues  de  Damas,  afin  que  sil  trouvait 
dans  cette  ville  des  hommes  ou  des  jfemmes 
appartenant  à  la  foi  de  Jésus-Christ,  il  pAt 
les  mener  liés  à  Jérusalem.  Et  s'étant  mis 
en  route  dans  ce  dessein,  il  arriva  que, 
lorsqu'il  approchait  de  Damas,  il  fut  subite- 
ment entouré  d'une  lumière  venant  du  ciel, 
et,  tombant  par  terre,  il  entendit  une  voix 
qui  disait  :  «  Saul,  Saul,  pourquoi  me  per- 
sécutes-tu? Il  est  fâcheux  pour  toi  de  regim- 
ber contre  l'aiguillon  (600).  »  Et  il  dit  : 
•  Qui  es-tu,  Seigneur?  »  Et  la  voix  répondit  : 
<  Je  suis  ce  Jésus  que  tu  persécutes.  Lève- 
toi,  et  entre  dans  la  ville,  et  ce  que  tu  dois 
laire  te  sera  annoncé.  »  Et  les  hommes  qui 
l'aiM^ompa^naient  restaient  frappés  de  stu- 
peur, car  lis  entendaient  la  voix,  mais  ils  ne 
voyaient  personne.  Et  Saul  se  releva,  mais, 
ouTranl  les  yeux,  il  ne  voyait  rien.  Et  ses 
compagnons,  le  conduisant  par  la  main,  en- 
trèfenl  à  Damas.  Et  il  resta  trois  jours  privé 
de  la  vue,  ne  mangeant  ni  ne  buvant.  Et  il  y 
avait  à  Damas  un  disciple  de  Jésus-Christ 
nommé  Ânanie  (601),  et  le  Seigneur  lui  ap- 
parut el  lui  dit  :  1  Auanie.  »  Et  il  dit  :  «  Me 
îoici.  Seigneur.  »  Et  le  Seigneur  lui  dit  : 
t  Lève-loi,  et  va  dans  la  rue  qu'on  appelle 
Droite,  et  cherche  dans  la  maison  de  Judas 
pn  nommé  Saul,  de  Tarse.  Il  est  en  prière  et 
il  t'attend,  atin  qu'en  entrant  tu  mettes  les 
mains  sur  lui  pour  qu'il  recouvre  la  vue.» 
El  Ananie  répondit  :  a  Seigneur,  j'ai  en- 

(397)  Jacques  de  Voragine  a ,  selon  son  usage , 
pns  iilistoire  apoitolique  d'Abdias  pour  base  du 
r<^  il  qu'il  fait  de  la  vie  et  de  la  mort  de  sainl  Paul. 
[]oy.  le  Dictionnaire  dei  légendes  du  chmlianiume 
^'im.  1856,  col.  iOia.) 

(598)  Rom,  xi ,  1  ;  Philip,  ni ,  S.  La  suite  de  ce 
r^ii  jusqu*au  chapitre  vu  est  un  abrégé  des  Actes 
^uapàtrtê.  [\  est  inutile  de  multiplier  des  renvois. 

1^09)  Il  existe  des  dissertations  spéciales  sur  le 
savoir  de  saint  Paul,  composées  par  Strobach ,  De 
ff^diiione  Pauli  apostoli ,  Lij>siae,  1708,  in-8»;  par 
[jcbnnim ,  De  stupenda  erudiiione  Pauli  apostoli , 
Merbipoli,  1710.  iu-4*;  par  Tlialemann  ,  De  erurfi- 
'*?^  '^^«'i  hebruica,  non  graca,  Lips^ae,  1769,  in-4». 

(600)  Proverbe  grec  qu'on  trouve  dans  Eschyle , 
dans  Pindarc  et  dans  d*auiref  auteurs.  Téreuce  le 
leproduil  : 

Namqoe  inscttia  est 

AdTersom  stimolvm  calces.    .    .    . 
(TtWRT.,  Phormio,  act  I,  se.  u,  vers.  38,  ».) 

(Ml)  On  rapporte  qu'il  fut  un  des  soixante-dix 


tendu  beaucoup  de  gens  parler  de  cet  bomme 
et  dire  combien  il  avait  fait  de  mal  à  tes 
saints  à  Jérusalem.  Et  il  a  reçu  du  prince 
des  prêtres  le  pouvoir  de  lier  tous  ceux  qui 
invoquent  ton  nom.  »  Et  le  Seigneur  dit  : 
«  Va,  car  cet  bomme  est  pour  moi  un  vase 
d'élection  atin  qu'il  ()orte  mon  nom  devant 
les  nations,  et  les  rois  et  les  Qls  d'Israël.  Je 
lui  montrerai  quelles  souffrances  il  doit  en- 
durer pour  mon  nom.  »Et  Ananie  alla,  et  il 
entra  aans  la  maison,  et  mettant  les  mains 
sur  lui,  il  dit  :  «  Mon  frère  Saul,  le  Seigneur 
Jésus  qui  l'a  apparu  sur  la  route  que  tu  sui- 
vais, m'a  envoyé  vers  toi  afin  que  tu  voies  et 
que  tu  sois  rempli  de  TEsprit-Saint.  »  El 
aussitôt  il  tomba  des  yeux  de  Saul  comme 
des  écailles,  et  il  recouvra  la  vue.  Et  se  le- 
vant, il  fut  baptisé,  et  lorsqu'il  eut  pris  de 
la  nourriture  il  fut  fortifié  (602). 

CHAPITRE  IL 

Et  il  resta  quelques  jours  avec  les  disci- 
ples qui  étaient  à  Damas,  et  se  tenant  dans 
les  synagogues,  il  prêchait  que  Jésus  était 
le  Fils  de  Dieu.  Et  tous  ceux  qui  le  voyaient 
étaient  frappés  de  surprise  et  disaient  : 
«  N'est-ce  pas  lui  qui  persécutait  dansJérusa- 
1^  ceux  qui  invoquaient  le  nom  de  Jésus,  et 
qui.  est  venu  ici  pour  les  amener  liés  au 
prince  des  prêtres  ?»  Et  pendant  ce  temps 
Paul  se  rétablissait  de  jour  en  jour,  et  il  con- 
fondait les  Juifs  qui  habitaient  Damas,  en 
montrant  que  Jésus  était  le  Fils  de  Dieu. 
Et  beaucoup  de  jours  s'élant  passés,  les 
Juifs  tinrent  conseil  pour  le  faire  mourir, 
mais  leurs  embûches  furent  aussitôt  con- 
nues de  Saul.  Ils  gardaient  les  portes  nuit  et 
jour  afin  de  se  saisir  de  lui ,  mais  pendant 
la  nuit,  les  disciples  le  descendirent  du  haut 
des  murs  dans  une  corbeille.  Et  lorsqu'il  fut 
venu  à  Jérusalem,  il  tentait  de  se  joindre 
aux  disciples  de  Jésus-Christ.  Mais  ceux-cL 
le  craignaient,  ne  croyant  pas  qu'il  fût  con- 
verti. Enfin  Barnabe  le  conduisit  aux  apô- 
tres, et  il  leur  raconta  qu'il  avait  vu  le  Sei- 
gneur sur  la  route  et  qu'il  lui  avait  parlé,  et 

disciples,  qoMl  devint  évéque  de  Damas  et  qu*il 
souffrit  le  uiartvre.  (Vog.  les  Bollandistes ,  Acta 
SS.,  ad  diem  25  Jait.,  et  Tiilcniont,  Vie  de  saint 
Paul,  c.  4.) 

(CiOi)  La  conversion  de  saint  Paul  a  été  le  sujet: 
de  quelques  œuvres  dramatiques  au  moyen  Age. 
Collier,  Uxstorg  of  the  brittsh  stage  ^  t.  11 ,  p.  250, 
dit  qu'un  manuscrit  conservé  au  Musée  britannique, 
renferme  trois  miracles  sur  cette  conversion.  M. 
Edelestand  du  Meril  a  publié  (OrigineM  latines  du. 
théâtre  moderne,  Paris,  1849,  p.  257-241),  un  petit 
drame  latin  sur  le  même  sujet,  diaprés  le  manuscrit 
de  la  bibliothèque  d'Orléans,  d<*  178.  Deux  mystères 
de  la  Conversion  de  saint  Paul  sont  Tobjet  d*assez 
amples  détails  dana  le  Dictionnaire  des  mystères , 
Migiie,  1854,  coL  825-829;  Tun  d'eux  est  tiré  d'un 
ancien  manuscrit  du  xu*  siècle,  cminu  sous  le  nom 
de  Manuscrit  de  saini  BenoU-sur-  Loire  ;  Taulre  fail 
partie  d'un  manuscrit  de  la  bibliothèfue  Sainte- 
Geneviève,  et  il  a  été  publié  par  M.  Jubinul  {Mystères 
ittédiis  du  xv-  siècle.  Parts,  1857,  1. 1,  d.  25-42.) 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRTPQES. 


M 


ce  qoll  a?ait  ait  à  Damas  avec  confiance  au 
Dom  de  JésQS-GbrisL 

CHAPITRE  III. 

El  en  ce  temps,  Saul  qui  avait  pris  le 
nom  de  Paal,  prêchant  TEvangite  de  Jé- 
sus-Christ dans  beaucoup  de  yilles,  vint  à 
Lystra.  Et  il  y  avait  là  un  homme  qui 
était  paralysé  des  pieds  depuis  sa  naissance, 
et  qui  n*avait  jamais  pu  marcher.  Et  enten- 
dant Paul  prêcher,  il  le  regardait  avec  atten- 
tion. Et  Paul  voyani  que  cet  homme  avait  la 
foi,  diti  haute  voix  :  <» Lève-toi ,  et  tiens-toi 
droit  sur  tes  pieds.  »  Et  aussitôt  cet  homme 
se  leva  et  il  marcha.  Et  le  publie,  ayant  vu  ce 
qu*avait  fait  Paul,  éleva  la  voii,  disant  :  «  Ce- 
lui qui  fait  tant  de  choses  en  Israël  est  vrai- 
ment I&  ministre deDieu.  »  Et  il  advint  que 
lorsque  nous  allions  h  la  prière,  nous  ren- 
contrâmes une  jeune  fille  qui  était  t>ossédée 
d*un  esprit  de  Python  (603)  et  qui,  par  sa 
divinaUon,  rapportait  un  grand  profit  à  ses 
maîtres.  Elle  nous  suivit  un  moment,  en 
8*écriant:c  Ces  hommes  sont  les  serviteurs  de 
Dieu»  el  ils  nous  annoncent  la  voie  du  sa- 
lut. »  Et  elle  fit  cela  pendant  bien  des  jours. 
Paul  s'en  affligeant,  dit  à  TEsprit  :  <i  Au  nom 
de  Jésus-Christ,  je  te  commande  de  sortir  de 
c^tte  femme.  »  Et  il  sortit  sur  Theure. 

CHAPITRE  IV. 

Etant  ensuite  venu  en  Asie  avec  quelques- 
uns  de  ses  disciples,  il  disputa  pendant  deux 
ans  dans  réi:ole  de  Tyrannus  (604),  de  sorte 
que  tous  ceux  qui  étaient  en  Asie,  Juifs  et 
gentils  entendirent  la  parole  de  Dieu,  et  le 
beigneur  faisait  de  grandes  merveilles  par 
les  mains  de  Paul.  (605)  de  sorte  que  les  vête- 
ments oui  avaient  servi  à  son  usage  guéris- 
saient les  malades  sur  lesquels  ils  étaient 

(605)  Toici  ta  note  de  Fabricios  sur  ce  passage  r 
c  Puellain  è\tYaaTp(uuOov.  Vide  qiias  de  Pylhoiiibus 
praeier  Grottum  ad  Aciorum  locum,  Leinonius , 
Notii  ad  varia  tacra ,  p.  1009 ,  et  A.  Van  Dalan  in 
lihro  De  origine  idolotatri^g, 

(604)  Ce  personnage  est  mentionné  dans  les 
Acteêf  XIX,  9.  Suidas  parle  d'un  sophiste  nommé 
Tyrannus,  qui  «Yait  écrit  sur  la  rhétorique  ;  Joséphe 
elle  un  satellite  d*Hërode  qui  portait  ce  nom,  amsi 
qu*uji  prêtre  païen  dont  Eulin  (Hisi»  «cc/m.,  1.  il , 
e.  25) ,  mentionne  les  impostures. 

(605)  Saini  Chryso»tome  dît  que  des  morts  étaient 
ressuscites ,  des  malades  guéris  par  la  seule  vertu 
de  son  ombre.  (Voy.  TiUemont,  Mémoirei^  t.  1, 
p.  602,  825  et  suiv.) 

(606)  C'est  THe  de  Malte.  Quelques  écrivains  ont 
pensé  toutefois  qu'il  s'agiî»sail  d'une  autre  Ile  appe- 
lée MéUiee^  et  située  dans  la  mer  Adriatique.  Les 
commentaires  des  Acteê  de$  apàtrei  et  les  biogra- 
phes de  saint  Paul  ont  traité  fort  en  détail  cette 
question  étrangère  ^  notre  sujet.  Elle  a  donné  égale- 
meni  lieu  4  q««elques  dissertations  spéciales  que 
nous  citerons  d'après  CEttinger  :  P.  Crusius,  Patt- 
iuê  naufragfUt  Lipsi»,  1609  ;iJ.-G.  Bûcher,  De  pe- 
regrinadone  Pauli  trammarinaf  Witteberg,  1679; 
J.-F.  Waiidalen.,  Dieurtaiio  de  Melila  Paulin 
Hafnias,  1707;  J.-i.  Quandt  •  Dtsurialîo  tfe  ma* 
ff lima  PaMli  peregrinaiione  ^  Regiom,  1710;  L 
Hasse ,  Diieertaiio  de  navibu$  AUxatidriiùt  Paulum 
îff  lialiam  deferentibu^,  Bremas,  1716;  1.  Georgius, 
Paulue  apoêtoluê  in  mari^  quod  nunc  Venetuê^  sinus 
éicitur  na^ragns  MeUtm^  datmaiensis  insuiœ  Aoi» 


appliqués,etles  esprits  malins  etaientchassés. 
£iun  jourde  sabbat,  comme  nous,  sesdis- 
ciples,  venions  pour  briser  le  pain, Paul  dis- 
putaitavec  les  Juifs  etson  discours  doraju^ 
qu*au  milieu  de  la  nuit.  Et  des  lampes  nt»ui- 
breuses  étaient  placées  dans  la  salle  où  noi.v 
étions  rassemblés.  Et  un  jeune  homm^, 
nommé  Eutychus,  étant  assis  sur  une  fenê- 
tre, fut  accablé  par  le  sommeil,  tandis  <{u<- 
Paul  parlait, I  et  il  tomba  par  terre  dnn 
troisième  étage,  et  il  fut  relevé  mort.  L; 
Paul  étant  descendu ,  se  coucba  sur  lui.  ei 
rayant  embrassé,  il  dit  :  «  Ne  vous  trouMei 
pas,  car  son  âme  est  en  lui.  »  Et  remonlatii 
il  rompit  le  pain, el  lorsqu'il  l'eut  goûté,  u 
prolongea  son  discours  jusqu'au  jour.  Et  on 
rapporta  vivant  le  jeune  homme  qui  s'était 
tué  par  accident.  Et  ce  fut  pour  tous  un  gracJ 
sujet  de  consolation. 

CHAPITRE  V. 

Ensuite  Paul  étant  monté  sur  un  narin», 
vint  à  une  lie  qu'on  appelait  Miletus  (GOt) 
Et  des  barbares  nous  reçurent  avec  utit' 
grande  humanité,  el  ils  allumèrent  du  f^: 
pour  que  nous  réchauffions  nos  rorps  r^i.h 
par  la  pluie  et  par  le  froid.  Et  Paul  auir: 
ramassé  dos  fagots  et  les  ayant  mis  sur'" 
feu,  une  vipère  (GG7;  attirée  par  la  chaloir 
lui  mordit  la  main.  Et  les  barbares  vo\a:.t 
cette  bêle  suspendue  à  la  main  de  Paul.  > 
disaient  entre  eux  :  «  Cet  homme  est  uu  ti<  • 
micide  qui  s'est  sauvé  des  périls  de  la  mer. 
mais  la  ven;;eance  divine  ne  lui  permet  |ui^ 
de  vivre.  )»  Mais  l'apôtre  serrant  sa  main,  tu 
tomber  la  vipère  dans  le  feu,  et"il  n'éproun 
aucur>  mal.  Et  ils  pensaient  qu*il  allait  gon- 
fler et  qu*il  tomberait  subitement  et  q  i'i) 
mourrait.  Et  quand  ils  virent  qu'il  n'épn 
vaitaucun  mai(608j,  ils  se  disaient  eniiec 


ui 


pes ,  VeHetns ,  1730;  B.  AtUrdi  •  Biiancia  detlê  u- 
rita,  0  sia  risposta  al  libro  iniùolato  :  Panlut  apit 
lolM...,  Palermo;  1738.  (C'est  une  réfutation  J" 
rouvrage  de  Georgi)  ;  C.-À.  Ginaiar,  De  B.  /'«-/« 
tu  Melilam  insulam  naufragio  efecto^  Venet.  173^; 
Riipertus  a  sancto  Caspare,  Divus  Paulus  apoti*^'* 
e  keiiia  Itlyricia  in  Afrieanam  feiieiUr  redus. 
Venel.  1739.  iii-4*  ;  A.  Schumacher,  De  aiw/raf 
Paulino.  Brem.  1730;  J.-€.  Kirchmayer.  Denq^'-' 
Pauli  in  Melitœ  insula,  Marb.  1731  ;  !>.  Scinglia?). 
Opuacùli  Italiani  e  latini  sopra  il  naufragio  di^ 
Paolo  cuntro  gli  scrittori  Filo-Mallesi»  Venei.,  l'^"- 
(Cet  écrivain  avait  préludé  à  ce  travail  en  publta*'it 
à  Youise.en  1757,  le  Naufragio  ai  S.  Paolo  ma- 
bililo  nella  Melites  Illyrica)  ;  G.-P.  Agio  de  Soldjnv 
Discorso  apologetico  contro  la  dissertaziotu  <<■'• 
abate  Ladvocat  inlomo  il  naufragio  di  S*  /'"<'  • 
Venez.  1757.  (Il  en  existe  une  traduction  franchi'*' 
Avignon,  même  date.)  Nous  pourrions  iKotif"' 
encore  cette  énumération*,  mais  n*est-elie  pasil^' 
bien  suffisante? 

(607)  H  y  a  dans  le  ^rec  Si^plov.  Diverses  int<*r* 
pretations  ont  été  données  de  ce  mot,  mais  ctWf  «i^ 
V  ibère  a  prévalu.  (Voff.  Lambert  Bos,  m  Di^irttiu 
adNov.  Test.,  p.  62,  et  Bochart,  Uieros.,  part  » 
1.  m,  c«  S.) 

(608)  Ost  ce  qu^exprime  Jacques  Doport  en  ^n 
êl^ants  : 

Sic  quem  viperea  damnât  gens  barbara  Uagvs 
Omis  et  admisse  damitat  esse  reum  • 

AbsolvU  serpens  (sunèipsa  pericuU  tanlil 
insontemqae  stio  prcdicat  ort  viniia. 


«M 


PAU 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PA6 


eM 


qu'il  était  un  Dieu.  Et  il  y  avait  dans  ce  pays 
les  domaines  d'un  prince  nommé  Publiusqui 
nous  reçut  avec  bonté  (609) ,  nous  donnant 
l'hospitalité  pendant  trois  jours.  Et  le  père 
de  Publias  était  au  lit  fort  souffrant  de  la 
(iètre  et  de  la  dyssenterie.Et  Paul  étant  venu 
?ers  lui,  pria  et  lui  imposa  les  mains  et  le 
guérît.  Et  cela  étant  fait,  tous  ceux  dansHle 
qui  avaient  des  maladies»  vinrent  à  lui,  et 
il  les  guérissait.  Et  ils  voulurent  rendre  do 
grands  honneurs  à  Paul.  Ensuite  il  vint  par 
mer  à  Rome,  où,  délivré  de  ses  cbatnes,  il 
passa  deux  ans  dans  une  maison  qui  avait 
été  préparée  pour  lui ,  et  il  recevait  tous 
ceui  qui  s'approchaient  de  lui ,  prêchant  le 
rè^ne  de  Dieu,  et  enseignant  les  choses  qui 
concernent  le  Seigneur  Jésus-Christ. 

CHAPITRE  VI. 

£(  après  que  Pierre  eut  été  crucifié  et  que  Si« 
mon  le  Magicien  eut  péri  misérablement,  Paul 
restait  encore  libre  à  Rome,  la  couronne  du 
martyre  ayant  été  différée  pour  lui  afin  qu'il 
remplît  toutes  les  nations  de  la  prédication  de 
r£vangile(610).AprèsavoirétéconduitàRome 
par  le  centurion  Jules  (611),  il  avait  été  placé 
sous  la  garde  d'un  soldat  (612),  et  le  troi- 
sième jour,  ayant  réuni  les  principaux  des 
Juifs,  il  leur  parla  ainsi  lorsqu'ils  fu- 
rent rassemblés  dans  sa  demeure  :  «  Mes 
frères,  ne  faisant  rien  contre  le  peuple, 
ni  contre  Tusage  des  maîtres,  j*ai  été  à  Je- 
rnsaiem  livré  enchaîné  aux  mains  des  Ro- 
mains. Et  ayant  fait  une  information  k  mon 
égard,  ils  voulurent  d*abord  me  renvoyer, 
ne  trouvant  nul  sujet  de  mort  contre  moi. 
Mais  les  Juifs  s'élevant  contre  eux,  j*ai  été 
forcé  d*en  appeler  à  César.  (613)  C'est  pour- 
quoi étant  en  voyage,  i*ai  désiré  yous  voir 
et  TOUS  parler.  Je  suis  chargé  de  cette  chaîne 
àcAusederespéranced'lsraël.»Mais  les  Juifs 
lui  répondirent  :  i  Nous  n'avons  point  reçu 
de  la  Judée  de  lettres  de  toi,  et  aucun  des 
frères  qui  sont  yenus  ici,  ne  nous  a  an- 
noncé ton  nom  et  ta  situation.  Nous  dési- 
rons savoir  quels  sont  tes  sentiments,  car 
nous  savons  au  sujet  de  cette  secte ,  que  de 
toute  part  on  s*élàve  contre  elle.  » 

(609)  Ce  sont  tes  paroles  de  saint  Luc  {Acî. 
xxTiii ,  7) ,  qui  accompagnait  Tapôtre.  Le  pseudo- 
Abdiis  eonserve  Texpres^ien  nova,  comme  s*il 
avait  été  témoin  oculaire  des  faits  quUl  rapporte. 

(610)  Denys  de  Corinthe,  cité  wr  Eusèbe  {Hisl. 
tccUu,  1.  Il,  c.  25) ,  et  d^autres  écrivains  anciens, 
disent  que  saint  Pierre  et  saint  Paul  souffrirent  le 
martyre  le  même  Jour,  mais  Topinion  énoncée  ici 
M  trouve  d*acGord  avec  Prudence  et  avec  d'autres 
auteurs  qui  affirment  ^ae  les  deui  apôtres  furent  mis 
à  mort,  le  29  Juin,  mais  dans  des  années  différentes. 
Voir  Tillemoc> ,  note  44,  sur  la  vie  de  saint  Pierre. 
Il  y  a  une  dissertation  de  J.  P.  Mynster  :  De  ultimit 
nm  muneriê  apoitolici  a  Paulo  geHi,  Halni^e, 
iSlo,  in-8*. 

(611)  ici.  xxvn.  1. 
(612  Act.  mu,  i6. 

(613)  Ad.  XIV,  II. 

(615)  /ta.  Ti,  9;  If al/A.  xiu,  14. 

(614)  Jusqu^ici  le  pseudo-Abdias  s*e6t  appuyé  sur 
les  Actii  des  apàlrei  rédigés  par  saint  Luc  ;  le  reste 
lie  son  récit  est  emprunté  à  des  Actes  du  martyre  de 


Au  jour  fixé  f  un  grand  nombre  de  Juifs 
vinrent  donc  trouver  Paul  »  et  il  leur  expo- 
sait les  Ecritures,  rendant  témoignage  au 
royaume  de  Dieu,  et,  argumentant  avec 
eux ,  il  les  enseignait  d*aprës  la  loi  de  Moïse 
et  des  prophètes  depuis  le  matin  jusqu'au 
soir.  Hais  comme  tous  ne  croyaient  pas  à 
Jésus,  Paul  leur  dit  :  «  C'est  avec  justice  que 
TEsprit-Saint  a  dit  par  la  bouche  dlsaïe 
(613r)  :  «  Va  à  ce  peuple  et  dis-lui  :  Vous 
entendrez  de  vos  oreilles  et  vous  ne  com- 
prendrez pas,  et  vous  verrez  en  voyant  et 
TOUS  ne  pourrez  comprendre.  Car  le  cœur  de 
ce  peuple  est  engourdi,  et  ils  ont  fermé  les 
yeux  pour  ne  pas  voir,  et  pour  que  leurs 
oreilles  n'entendent  pas,  et  que  leur  cœur 
ne  comprenne  point,  et  pont  qu'ils  ne  se  con*- 
vertissent  pas  et  que  je  ne  les  guérisse- 
point.  »  Je  oésire  donc  que  vous  sachiez,  ainsi, 
que  les  gentils  »  que  Dieu  vous  envoie  ce- 
moyen  de  salut,  et  que  les  gentils  vien^ 
dront.  » 

Et  quand  Paul  eut  parlé  ainsi,  les  Juifs, 
sortirent,  ayant  entre  eux  de  grandes  con- 
troverses. Et  TApAtre  resta  deux  ans  à  Rome^ 
dans  la  maison  gui  avait  été  préparée  pour- 
lui ,  et  il  recevait  tout  ceux  qui  venaient  à 
lui,  prêchant  le  royaume  de  uieu,  et  ensei- 
gnant sans  obstacle  et  en  toute  i^onfiance  les 
choses  qui  concernent  le  Seigneur  Jésus*- 
Christ. 

CHAPITRE  VII. 

Tandis  que  Tapôtre  faisait  ces  choses  à 
Rome  (61fc},  il  fut  dénoncé  auprès  de  l'em- 
pereur Néron  (615) ,  non-seulement  comme 
prêchant  des  superstitions  nouvelles,  mais 
aussi  comme  voulant  exciter  des  séditions 
contre  l'empire.  Il  fut  donc  conduit  devant 
Néron  et  interrogé  pour  rendre  compte  de 
sa  doctrine,  et  il  parla  ainsi  devant  l'empe- 
reur :  «  Quant  è  la  doctrine  de  mon  Maître , 
au  sujet  de  laquelle  tu  m'interroges,  elle 
ne  peut  être  comprise  que  par  ceux  gui  re«- 
Qoivent  la  foi  avec  pureté  de  cœur  (61o).  J'ai 
enseigné  des  doctrines  de  paix  et  de  charité» 
et,  dans  mes  voyages  depuis  Jérusalem  jus- 
qu'en Illyrie ,  j  ai  répandu  ta  parole  de  paix 

saint  Paul,  d*une  autorité  douteuse. 

(645)  Saint  Jean-Clirysostome  (Hom.  10  in  U 
EpisL  ad  Timo/A.,  et  Adversui  vitujferQtore»  vitm 
monaiticœ^  1. 1,  c.  4),  dit  que  Néron  Ut  mettre  Paul 
à  mort  parce  que  Tapôire  avait  converti  à  la  foi  une 
concubine  et  un  échanson  de  Temperenr.  D*a||)rèsd2an- 
ciens  Actes  ffrecs  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul, 
publiés  à  llale,  en  1817,  par  Tbilo,  les  Juifs  avaient 
demandé  à  Néron  d^iuterdire  âi  saint  Paul  l'entrée  de 
rilalie.  Voici  comment  Lascaris  a  traduit  ce  passage  • 
c  CoDsilium  fecerunt  Judsi  eontra  Paulum,  et  cum 
niulta  tractavissent,  olacuiteis  Neronem  adiré,  ne 
permitterct  Paulum  tiomam  intrare.  Et  afférentes^ 
munera,  dixerunl  :Te  veliementer  rogamus,  o  im- 
perator  bone,  ut  omniljus  tui  imperii  provinciis. 
scribas,  ut  Paulus  bac  nequaquam  accédât;  sufficit« 
enim  nobis  molestia  quam  a  Petro  pertuliiiius.  » 
Haec  audiens  Nero  respondit  :  i  Fiat  juxia  petiiionet 
vestras ,  et  scribemus  per  omnia  loca  ut  Paulus  in 
partes  Italiae  non  accédais  t  Hoc  quoque  Simon 
magus  consuluit. 

(616)  t$a.  VII,  9. 


PICTIORNAIRE  DES  APOCBTPRES. 


9^ 


|6i7).  J'ai  enseigné  aux  hommes  de  s'aimer 
les  uns  les  autres  (618).  J'ai  enseigné  aux 
puissants  et  aux  riches  de  ne  pai  s^'enor- 

Sueillir  et  de  ne  pas  mettre  leur  confiance 
ans  des   richesses  incertaines ,   mais  de 
n'espérer  qu'en  Dieu  seul  (619).  J'ai  eâsei- 

Sné  aux  hommes  privés  de  richesses  d'user 
e  modération  dans  leurs  aliments  et  leurs 
vêtements  (620).  J'ai  enseigné  aux  hommes 
de  se  réjouir  dans  leur  indigence  (621).  J'ai 
enseigné  aux  pères  d'élever  leurs  enfants 
dans  la  crainte  de  Dieu  (622).  J'ai  enseigné 
aux  enfants  d'obéir  à  leurs  parents  et  dé 
suivre  des  conseils  salutaires  (623).  j^ai  en- 
seigné à  ceux  qui  possèdent  de  payer  le 
tribut  avec  exactitude  (6211).  J'ai  enseigné  aux 
femmes  d'aimer  leurs  maris  (623)  et  de  les 
craindre  comme  leurs  maîtres  (626).  Tai  en- 
seigné aux  maris  de  garder  la  foi  i,  leurs 
épouses  de  mémo  au'ils  veulent  qu'elles  la 
gardent  à  leur  égard.  Le  mari  punit  l'adul- 
tère de  sà  femme  y  et  Dieu,  père  et  créateur 
de  toutes  choses ,  pun^  également  l'adul- 
tère chez  le  mari  (627).  J'ai  enseigné  aux 
maîtres  d'agir  avec  Qouceur  à  Tégard  de  leurs 
esclaves  (628).  J'ai  enseigné  aux  esclaves  de 
servir  leurs  maîtres  avec  ûdélilé  (629)  et 
comme  s'ils  servaient  Dieu.  J'ai  enseigné  à 
l'Eglise  des  fidèles  d'adorer  un  seul  Dieu 
tout-puissant,  invisible  et  incompréhensi- 
ble (630).  Cette  doctrine  ne  m'a  point  été 
donnée  par  les  hommes,  ni  révélée  par  au- 
cun homme,  elle  m'a  été  donnée  par  Jésus- 
Christ  et  par  le  Père  (631)  de  gloire  qui  m'a 
farlé  d<?s  cieux.  £t  quand  mon  Sieigneur 
ésus-Christ  m*a  envoyé  prêcher^  il  m'a  dit  i 
«  Va ,  je  serai  avec  toi  Tespril  de  vie  pour 
tous  ceux  qui  croient  en  moi,  et  tout  ce  aue 
tu  auras  dit  ou  fait ,  je  le  justifierai  (632).  » 

CHAPITRE  Y 111. 

Paul  ayant  ainsi  parlé ,  l'empereur  N<^ron 
fut  saisi  de  surprise,  et,  ensuite  ému  d*indi- 
gnation,  il  prononça  contre  Tupôtre  la  sen- 
tence de  mori,  le  condamnant  à  avoir  la  lêle 
tranchée  (633).  Et  il  envoya  deux  olTiciers  de 

(617)  Rom.  IV,  ID. 

(618)  Rom.  XII,  10. 

(619)  /  Tim.  VI,  17. 
(G20)  Ibid.,  g. 
(621)  //  Cor.  VI,  10. 
y^iH)  Ephet.  VI,  4. 

(6i3)  Ihid,,  iO;  coL  tu,  SO. 

(624)  Rom.  iiii.  7. 

(625)  Tit.  Il,  4. 

km  Ephei.  V,  22  et  53  ;  CoL  m,  iS. 
^27)  Bebr.  xiii,  4. 

(628)  Ephes.  vi,  2;  Colon.  iv,!4,i.  Cette  recom- 
mandaiion ,  inspirée  par  le  chri&lianisroej  éiaii  bien 
uécessaire,  car  on  sau  avec  quelle  barbarie  les  an- 
ciens iraitaient  leu/s  esclaves,  ei  quel  mépris  ils 
avaient  pour  la  vie  humaine.  Lises  Touvrage  d<s 
H.  Wallon  sur  Tesclavage. 

(629)  Ephe$.  vi,  5. 

(630)  /  Tim.  i  17. 

(631)  Calât,  i,  1. 

(632)  Aet.  IX,  15. 

iG33)  Ces  dclaiU  se  retrouvent  avec  quelques 
différences  dans  la  passion  de  saint  Paul,  attribuée  à 
Lin. 


sa  garde,  Feregus  et  Partheioios,  oui  trou- 
vèrent Paul  instruisant  le  peuple  des  mer- 
veilles de  Jésus-Christ.  £t  Paal ,  les  Toyao; 
approcher,  les  exliortait  disant  :  «  Venez, 
mes  enfants,  et  croyez  en  Dieu,  afin  que  vio 
âmes  soient  sauvées:  le  Seigneur  n'arcuej  - 
le  ainsi  que  tous  ceux  qui  croient  en  lui  i  if 
ravéqemenl  de  son  Fils  unique,  et  il  le^ 

Ï lacera  dans  son  royaume  qui  est  éternel.  ' 
;t  ils  répondirent  :  a  II iaut  d'abord,  Paul. 
que  nous  allions  à  Néron,  lui  annonçant  u 
qiort.  Mais  toi ,  prie  pour  nous  •  a6u  qu^ 
pous,  croyions  au  Dieu  que  tu  prêches.  »  Ei 
ils  priaient  Paul  pour  leur  salut,  afin  qu*ii> 
lussent  baptisés.  Alors  l'ap6ire    leur  dit  : 
«  Dans  peu  de  temps,  mes  fils,  venez  à  mon 
sépulcre,  et  vous  y  trouverez  deux  homme> 
en  prière,  Tile  ^t  Luc,  et  ils  vous  donne- 
ront après  moi  le  signe  du  salut.  »  Et  lors- 
qu'il eut  parlé  ainsi,  les  soldats  vinrent,  et, 
le  ffliisant  sortir  de  la  maison,  ils  le  condui- 
sirent hors  de  la  ville.  Et  Paul,  lorsqu'il  fui 
yenu  au  lieu  du  supplice,  se  tourna  verb 
l'orient  (634),  et  ayant  élevé  les  mains  €(  le> 
yeux  vers  le  ciel  i  il  pria  fort  longtemj>s.  El 
ayant  terminé  sa  prière,  il  donna  la  paix  aui 
frères  qui  l'avaient  suivi;  et   leur  disani 
adieu ,  ayant  fléchi  les  genoux  et  se  munis- 
sant du  signe  de  la  croix ,  il  tendit  le  cou 
au  bourreau.  £t  sa  tète  étant  tombée,  u 
sortit  du  lait  au  lieu  de  sang  (635) ,  de  sorfe 
que  la  main  du  bourreau  fut  inondée  d'un 
jet  de  lait.  Et  les  assistanU,  ayant  vu  cr 
prodige,  furent  frappés  d'admiration  et  louè- 
rent Dieu  qui  avait  donné  une  si  grande 
gloire  à  son  apôtre.  Et  Lucine,  servante  fie 
Jésus-Christ,  l'ensevelit  dans  un  jarJin  à 
deux  milles  de  la  porte  d'Oslie  (636) ,  aj»r« 
avoir  embaumé  son  corps  avec  des  parfums. 
Et  il  souffrit  le  troisième  jour  des  calendts 
de  juillet,  deux  ans  après  la  passion  de  Pier- 
re, sous  le  règne  de  Jésus-Christ  Notro-bet- 
gneur,  auquel  soient  honneur  et  gloire  avec 
le  Père  éternel  et  KEsprii-Saint  dans  les  siè- 
cles des  siècles.  Amen  (637). 

(63*)  D'après  la  coutume  des  Juifs,  ils  se  loor- 
naienldu  côlé  vers  lequel  éuit  siiaée  JéruMlow; 
ainsi  à  Rome  ils  devaicni  se  tourner  vers   I  Oneni. 

(655)  Celle  circonsiance  est  également  racopice 
dans  une  homélie  m  Peiraim  ei  Paulum,  aUnbuee  i 
suint  Jean-Chrysoslwne  par  d'anciens  éOiuurs,  mv> 
regardée  comme  supposée  par  les  meilleurs  crui- 
ques.et  dans  le  sermon  68  de  ceux  attribués  ï  »2ii.i 

Ambroise.  ^,     „  ....  . 

(636)  Eusèbc,  Bist.  ecdés.  L  u,  r.  W  ;  lUbiIloi, 
Uer  Uaitcum.  1. 1.  p.  52.  Ce  fut  comme  çiUi yen- 
niatn,  que  saint  Paul  eut  la  tète  ^^J^^^.V]^^^ 
des  eaux  JuUennes,  dan»  uu  leo  au|Qurd Wi o* 
sert,  à  quelque  dislance  de  la  basilique  apptiet 
Saint  Paul  hon  des  Murs. 

(637)  Quelques  critiques  éclairé»  pensent  w 
sa 'ni  Paul  fut  deux  fois  incarcéré  à  Rome,  eiqoe« 
fui  U  seconde  déienliou  qui  fut  suivie  de  sa  mon. 
Dans  cette  supposiUon  Abdiasse  iroropcwt  en  pt 
raconunt  qu'une  seule  capliviéde  lapélw.  "J  ' 
toutefois  des  auteurs  qui  repoussent  I  idot  do  «««; 
double  incarcération.  Voy.  VVolf,.  lU  aiiiu^^^ 
captmtati.  et  les  nombreux  écrivains  alWffli«;> 
indiqués  par  de   Wctie  :  Lehfbuik  der  /«*»•'"  ' 


(«5 


PAU  PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 

PASSION  DE  SAINT  PAUL, 

adruêéê  aux  Égli$ei  d*Orient  el  attribuée  à  iaint  Lin  (638). 


PAU 


6ft6 


Lorsque  Luc  Tenant  de  laGalatie  et  Tite 
venant  de  la  Dalmatie  furent  arrivés  à  Rome, 
iisyaUendireDtPaul.  Et  lorsqu'il  vintetqu*il 
les  eut  TUS  y  il  éprouva  une  grande  joie,  et 
il  s'établit  hors  de  la  ville  dans  une  hôtel* 
lerie,  où I  avec  eux  et  les  autres*  frères,  il 
s'eoiretenait  de  la  parole  de  vie.  Et  il  com- 
mença k  réunir  autour  de  lui  une  grande 
foale,  et  il  amenait,  à  Taide  de  la  grâce  de 
Dieu,  beaucoup  d*Ames  à  la  foi,  de  sorte  que 
le  bruit  de  ses  prédications  et  de  sa  sainteté 
se  répandait  dans  toute  la  cité,  et  sa  renom- 
mée se  disséminait  dans  le  pays  entier.  II  se 
fai'^ait  connaître  au  monde  romain  par  ses 
miracles  et  ses  prodiges ,  par  retendue  de  sa 
doctritiç  et  par  son  admirable  sainteté.  Et 
btiducoupde  gens  appartenant  à  la  maison 
Je  César  s'empressaient  autour  de  lui  et 
croyaient  au  Seigneur  Jésus ,  el  la  joie  des 
tiièles  augmentait  chaquf^  jour.  Et  le  pré- 
cepteur de  l'empereur  se  lia  avec  l'apôtre 
d'une  telle  amitié  en  voyant  en  lui  une  grâ- 
ce difine,  qu'il  ne  pouvait  se  passer  de  I  en- 
knJre,  et  lorsqu'il  était  dans  l'impossibilité 
itf causer  avec  lui,  il  jouissait  de  ses  aima- 
bles entretiens  et  de  ses  conseils  en  lui 
ïJressant  des-  lettres  nombreuses  et  en  re- 
cevant ses  réponses.  La  doctrine  de  l'apôire 
^e  répandait  ainsi  par  l'inspiration  de  Tlils- 
jTil-Saint  et  réunissait  de  nombreux  parti- 
ians:  elle  était  écoulée  avec  empressement 
[lar  beaucoup  de  sens,  et  elle  était  prèchée 
en  liberté,  Paul  disputait  avec  les  philoso- 
rte païens  et  les  confondait,  et  bon  nom- 
i'fB d'entre  eux,  convaincus  par  ses  raison- 
'•  >')onts,  donnaient  les  mains  à  son  mini^»- 
îere.  Ca  officier  de  César  lut  ses  écrits  en 
ire^encede  l'empereur,  et  montra  combien 
::  «.Hait  admirable  en  tout  point.  Le  sénat 
cuii  aussi  de  lui  une  hdute  opinion. 

Eiunjour,  Paul  préchant  ladoctrine  du  Sei- 
b^neur,s'adressait  au  peuple  dans  une  chambre 
HiaCeà  un  étage  élevé,  et  un  nommé  Patrocle, 
Hiansondel'empereurjSerenditàrhôtelIeriô 
«>J  ^à\ï\  était  logé  ,aOn  d'entendre  les  instruc- 
tions de  la  vie  éternelle.  Il  y  avait  été  engagé 

^nùicken  Emltiêung  in  die  Bûcher  dtt  neuen  Tes- 
f^-WNii,  b'éduion,  BcrI  II,  1848,  8°,  p.  Ul.  L«s 
4ucieus  Griiiques  ecclésiastiques  aUribuent  tous  la 
U  mon  de  saiiii  Pierre  el  de  saiot  Paul  à  la  per- 
H-ioiion  de  Néron  ;  nous  citerons  Terlullien  : 
'  Oririitem  ûdem  Romae  prirous  Nero  cruentavit. 
^ncPetrug  .ib  allero  eiugilur  cum  cruci  adstriii- 
fiiur.  TuDc  Paulus  civitaiis  Roman»  coosequiiur 
taMiaiem  cum  iliic  iDartyril  renascilur  geuero- 
j:aitf  »  [Scorytac,  c.  15.)  Habes.  Roinam...  ubi 
^ lut  Passkxii  Domkiicx  adaequatur,  Paulus  Joan- 
<f->  etiiu  corooatur.  i  (De  prœscript.  c.  56.) 

U)ebe:NerQ  adexlera  scelera  pctsecut'onem 
'li^|u>:  Cbri&liânorujii  primus  adjunxit,  sub  quo 
^  •iciicci  Parus  et  Paulus  apostoli  martyrium  Rumx 
f '  iKuiQnuveruut  (C/t roniVofi.,  éd.  Mai  et  Zolirab , 
^'^•n,  1818,  p.  575.) 

ticuiice  :  Camque  jam  Nero  imperarci,  Petrus 
^"tnagi  advenît..  Convertit  muUos  ad  justiliam, 
l^'o  [ue  icraplum  fidèle  ac  siabiie  collocavii.  Qu?e  res 


f)ar  quelques-uns  de  ses  compagnons  très  en 
àveur  auprès  de  l'empereur  qui  étaient  atta- 
chés à  renseignement  de  Paul.  Et,  comme 
il  ne  pouvait,  a  cause  de  la  foule,  parvenir 
auprès  de  l'apôtre,  il  monta  sur  une  fenê- 
tre et  s'y  assit  afin  d'entendre  plus  commo- 
dément la  parole  de  Dieu,  car  il  désirait 
avec  ardeur  d'être  reconforté  par  les  dis- 
cours de  l'apôtre.  Et  Paul  ayant  longtemps 
prolongé  son  discours,  le  jeune  homme  s'en- 
dormit» et,  par  un  elTet  du  diable  irrité  de 
ce  qu'il  voulait  s'attacher  à  Dieu  et  à  l'apô- 
tre, il  tomba  de  la  fenêtre  qui  était  à  une 
grande  hauteur,  et  il  expira. 

Quand  Néron  revint  du  bain ,  il  apprit 
cette  nouvelle  et  il  fut  extrêmement  affli- 
gé de  la  mort  de  Patrocle  qu'il  aimait  beau- 
coup, et  il  installa  à  sa  place  un  autre  échan- 
son  chargé  de  lui  présenter  du  vin.  Et  Paul, 
apprenant  par  une  révélation  de  l'Esprit  ce 
qui  s'était  passé,  dit  au  peuple  :  «  Mes  frè- 
res, le  malin  a  trouvé  un  moyen  pour  nous 
éprouver,  mais  le  Seigneur  Jésus-Christ, 
selon  son  habitude,  fera  tourner  à  sa  propre 
gloire  la  malice  de  Satan.  Sortez,  et  vous 
trouverez  étendu  sans  vie  uu  jeune  homme 
de  la  maison  de  l'empereur;  apportez-moi 
promptement  son  corps.  >  Ils  sortirent  et  re- 
vinrent bientôt  apportant  le  cadavre.  La  foule 
s'étonnait  de  ce  que  Paul  eût  su  ce  qui  avait 
eu  lieu,  personne  n'étant  venu  le  lui  révé- 
ler, et  Paul  dit  au  peuple  :  «  Maintenant  la 
foi  en  Jésus-Christ  Notre-Seigneur  se  ma- 
nifestera avec  éclat.  Il  est  temps  que  la  se- 
mence de  la  vie  éternelle,  répandue  sur  une 
bonne  terre,  fructiûe  et  centuple.  Approchez 
donc  de  Noire-Seigneur  Diou  avec  une  foi 
entière,  et  prions-le  pour  que  Tâme  de  ce  jeune 
homme  rentre  dans  le  corps  qu'elle  animait 
et  pour  qu'il  mène  désormais  unç  vie  meil- 
leure que  celle  qu'il  avait  menée.  » 

Et  tous  les  assistants  s'étaut  prosternés 
pour  se  mettre  en  prière,  Paul  dit  :  «  Patro- 
cle, lève- toi, et  dis  les  grandes  choses  que  le 
Seigneur  a  accomplies  à  ton  égard.  » 

A  cette  voix ,  Patrocle  se  leva  comme  sor- 

ad  Neronem  delata,  cuui  adnimaaverteret...magnam 
multitudinein  deûcere  a  cuitu  idolorum...  ut  erat 
exsecrabilis  ac  nocens  lyrannus,  prosilif  it  ad  exci- 
dendum  cœleste  templum...  et  primus  omwum 
pertecutus  Dei  serves,  Petrum  cruci  affixit  et  Pau- 
lum  interfecit.  >  (De  morte  persecut.^  c.  2.) 

Sulpice  Sévère  :  c  Hoc  înîiio  in  Chrislianos 
saeviri  cœptum.  Post  eliam  datis  legilus  religio 
\eiabatur,  palainquQ  edictis  propos  tis  Chrisliauuui 
esse  non  iicebat,  Tuuc  Piirus  ac  Pi»ulu«  capits 
dauiuati,  quorum  uui  cervii  gladio  dcsecta,  Petrua 
cruceiQ  sublatus  est.  » 

(658}  Cette  relation  dont  Taullieii licite  ne  trouve 
plus  dé  partisans,  reproduit  des  traductions  fuit  an- 
ciennes et  mer i  le  quelque  atteulion 

Dans  la  collection  des  manuscrits  syriaques  acquit 
par  le  Musée  brilannique  et  dont  fOus  avons  <'éjà 
eu  Toccasion  de  parler,  se  trouve  n°*  12172  ci  14641 
une  relalioa  de  la  Vie  et  passion  de  saint  à*auL 


«C7 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


W 


tant  d'un  rêve»  et  il  se  mit  à  glorifier  Dieu 
qui  a  donné  une  si  grande  puissance  aux 
hommes.  Paul  le  renvoya  avee  les  autres  qui 
appartenaient  à  la  maison  de  César,  et  ils  se 
retirèrent  pleins  de  joie  dans  le  Seigneur 
qui  écoule  les  prières  de  ceux  qui  le  crai- 
gnent. 

Et  tandis  que  Néron  déplorait  la  mort  de 
Patrocle  et  restait  plongé  dans  une  tristesse 
e!ktiémejes  assistants  lui  dirent  :  «  Seigneur» 
que  t'i  majesté  ne  se  désole  pas  au  sujet  de 
la  mort  de  ce  jeune  homme,  car  il  vit  et  il 
e>t  à  la  porte.  »  Lorsque  Temnereur  apprit 
que  i^alroele,  dont  il  avait  su  la  mort,  était 
vivant,  il  fut  etfrayé  et  il  avait  peur  de  le 
laisser  entrer  et  venir  en  sa  présence;  mais 
enthi ,  céiiant  à  la  persuasion  de  ses  nom- 
breux amis,  il  permit  qu'il  entrât. 

Gt  le  voyant  sain  et  sauf,  sans  nul  ves- 
tige de  trépas,  il  lui  dit  :  «  Patrocle,  es-tu 
vivant?»  Kl  le  jeune  homme  répondit  :«Oui» 
César,  je  vis.  »  Et  Néron  dit  :  «  Qui  est-ce 
qui  t*a  rendu  la  vie?  »  Et  Patrocle  plein  de 
joie  et  enffammé  de  Tardeur  de  la  foi,  dit: 
«  C'est  le  Seigneur  Jésus-Christ,  le  roi  de 
tou^  les  siècles.  »  Néron  troublé  en  enten- 
d'iiii  nommer  ce  souverain,  dit  :  «  Est-ce 
qu'il  doit  régner  à  jamais  et  subjuguer  les 
empires  de  ce  monje?  »  Et  Patrocle  dit: 
«  Crois,  César;  il  détruira  tous  les  royaumes 
qui  sont  sous  le  ciel,  et  toutes  les  choses 
qui  sont  sous  le  ciel  lui  sont  soumises, 
car  il  est  le  roi  des  rois  et  le  matire  des 
souverains.  »  Alors  Néron  lui  donna  un 
soufflet  en  disant  :  <iEsi-ceque  tu  es  un  sol- 
dat de  ce  roi  ?»  Et  Patrocle  répondit  avec 
feu  :  «  Oui,  car  il  m'a  ressuscité  d'entre  les 
morts.  V 

Alors  Barnabe,  et  Juste,  et  un  certain  Paul, 
et  Arion  de  Cappadoce,,  et  Justin  le  Galate 
qui  étaient  au  nombre  des  officiers  de  Cé- 
sar et  à  son  service  intime,  dirent  à  Néron  : 
«  Pourquoi  frappes-t.u  un  jeune  homme  dont 
les   pensées  sont  sages  et  les  réponses  très- 

f prudentes?  car  nous  aussi,  nous  sommes 
es  soldats  du  roi  invinciiîle  Jésus-Christ 
Notre-Seigneur.  » 

Néron  les  entendant  dire  d'une  voix  una- 
nime que  Jésus  était  le  roi  invincible,  les  Qt 
renfermer  dans  une  prison,  voulant  livrer  aux 
tourments  ceux  qui  étaient  auparavant  les 
objets  de  sa  faveur.  Et  il  ordonna  de  recher- 
cher les  serviteurs  de  ce  roi,  et  il  rendit  un 
édit  portant  aue  partout  où  ils  seraient 
trouvés,  les  soldats  du  Christ  seraient,  sans 
jugement,  livrés  aux  supplices.  Et  les  ser- 
viteurs de  Dieu,  poursuivis  par  les  satellites 
de  l'empereur  et  par  les  agents  de  la  milice 
du  démon,  furent  saisis  en  grand  nombre  et 
conduits  en  présence  de  Néron.  Paul  fut 
amené  portant  les  chaînes  dont  il  avait  l'ha- 
bitude d'être  chargé  pour  le  nom  de  Jésus- 
Christ,  et  tous  les  captifs  le  regardaient  de 
manière  que,  sans  qu'il  fût  besoin  d'aucun 
autre    indice,    l'empereur  put  reconnaître 

Îu'il  avait  devantlui  Paul,  regardé  par  tous  les 
hréliens  comme  leur  chef.  Il  lui  dit  alors  : 
c  O  toi  qui  es  le  serviteur  de  je  ne  sais  quel 
roi,  et  qui  parais  enchaîné  devant  moi,  coiu- 


ment  as-tu  osé  entrer  en  cachette  dans  h 
Etats  des  Romains,etydétoarnerdeinon«^r.| 
vice  mes  principaux  officiers  pour  les  fa  :t 
passer  à  celui  de  ton  roi?  » 

Paul,rempli  de  TEsprit-Saint»  répondit!^- 
fermeté  et  de  manière  à  être  entendu  de  i  . 
ceux  qui  étaient  présents:  «Ce  n'est  |4s  ^c.; 
lement  dans  ton  palais  que  j'ai  recrute  ,- 
soldats  pour  mon  roi,  c'est  dans  toute  }{ 
ferre.  Il  m'a  été  ordonné  de  ne  rep»i<>^^ 
aucun  de  ceux  qui  voudront  servir  U-  W 
éternel  ;  le  Seigneur  peut  dan<:  sa  puissa? 
répartir  h  tous  d'une  main  généreuse 
dons  les  plus  riches.   Si  tu  veux  croire  : 
lui  et  remplir  fidèlement  ses  ordres,  i<iv 
t'en  repentiras  pas.  Ne  crois  point  que  Ic^*. 
chesses  de  ce  monde,  que  la  splendeur  o; 
gloire  puissent  te  sauver,  mais  si  tu  te  y- 
mets  au  Seigneuf,  tu  seras  sauvé  à  jaii.a> 
lorsqu'il  viendra  juger  les   vivants  el 
morts,  il  détruira  ce  monde  par  le  feu  c 
donnera  à  ses  soldats  des  biens  pré^'S  > 
avant  la  création  du  monde  et  caché»  '  '. 
yeux  du  siècle,  des  biens  qui  ne  pénr  j 
jamais  et  qui  mettront  à  l'abri  de  toute .. 
digence.  » 

Lorsque  Néron  entendit  ces  paroles,  f: 
enflammé  de  colère,  et  comme  TApôtre  a^. 
dit  que  le  monde  serait  détruit  par  le  feu. 
conçut  la  pensée  de  faire  brûli:r  tous 
Chrétiens,  et  il  donna  ses  ordri'S  enco:>: 
quence  ;  il  condamna  Paul  comme  cilov". 
romain  et  comme   coupable  de  lèze-iuv 
jesté,  à  avoir,  conformément  aux  lois,  < 
l6te  tranchée.  Et  il  le  remit  aux  pM- • 
Longin  et  Mégiste  et  au  centurion  Ace$:^ 
afin  que,  le  conduisant  hors  de  la  ville  ^ 
donnant  au  peuple  le  spectacle  de  son  sup- 
plice, ils  le  fissent  décapiter.  Et  Paul  le:/ 
prêchait   sans  interruption    la  parole  :. 
salut.  Et  Néron,  inspiré  par  la  malice  du  > 
mon,  avait  envoyé  dans  toute  la  Tille  •:  ^ 
agents  et  des  soldats  afin  de  rechercher  a)  ' 
le  plus  grand  soin  les  Chrétiens  qui  se  cidr 
raient  et  de  tuer  tous  ceux  qui  seraiem  J^ 
couverts.  Et  il  se  fit  un  si  grand  caruii^]^^ 
le  peuple  se  souleva  et  pénétra  dans  le  ii* 
lais  en  criant  :  «Mets  une  borne, César, ^  :^ 
ordres  très-iniques,  calme  une  fureur  u* 
sensée,  apaise  ton  courroux  qui  dépasse  î^ 
limites  de  la  cruauté.  Les  hommes  que  tu  Is-^ 
périr  sont  lesprotecteursderempircronmt 
Tu  détruis  le  pouvoir  de  Rome,  si  lernbîe  ^ 
tous  les  peuples,  en  faisant  périr  (aot  ^ 
vaillants  soldats,  j»  Alors  Néron,  effrayé  ^« 
les  clameurs  du'peuple,  rendit  un  autreédit 
défendant  de  faire  aucun  mal  aux  Chrétien. 
jusqu'à  ce  que  la  cause  de  chacun  a^'* 
eût  été  apportée  devant  l'empereur  et  pi'> 
nement  discutée.  Et  Paul  fut  ainsiameor  o&- 
autre  fois  devant  l'empereur;  lorsque  ceiuii- 

le  vit,  il  s'écria  :  «  Emmenez  ce  malfaiteur. 
décapitezcet  imposteur,  ne  laisseï  iias^^'J" 
ce  criminel,  anéantissez  cet  honaiw  «J"' 
trouble  les  sens,  faites  disparaître <|« •**".! 
face  de  la  terre  celui  qui  per?ertit  1«^  *"  * 
prits.  »  Paul  répondit:  «Néron, je sootînrj- 
encore  un  peu  de  temps ,  mais  je  J'^' 
éternellement  avec  mon  Dieu  et  afec  ic  »*^ 


Cfô 


PAU 


PART.  l\U  —  LEGENDES  El  FRAGMENTS. 


PAU 


670 


éternel  Jésus-Christ,  qui  doit  venir  juger  la 
terre  lorsqu'il  la  détruira  par  le  feu.» 

Néron  dit  à  Mégiste,  è  Longin  et  à  Aceste: 
«  Faites  promptement  lomber  sa  tète,  et  qu*il 
;uiii5se  ainsi  de  la  vie  éternelle  qu'il  se  pro- 
met ;  qu'il  apprenne  que  moi  qui  l'ai  fnit 
Misiret  mettre  è  naort,  je  suis  le  roi  vain- 
(jiieur.M  Paul  répondit  :  a  Néron,  afin  que  tu 
^^hes  qu'après  mon  supplice  je  vivrai  éler- 
nelieriieut  avec  mon  roi  invincible,  et  que 
mt  loi  qui  es  vaincu.  Quoique  tu  croies 
vaincre,  je  t'apparaltrai  pleia  de  vie  après 
iiionsupplice^  et  tu  pourras  reconnaître  que 
|j  vie  et  la  mort  sont  soumises  à  Jésus- 
Christ  mon  Seigneur,  dont  le  royaume  est 
universel,  et  gui  le  donnera  è  qui  il  voudra, 
f!que  toute  victoire  étant  h  lui,  il  Tait  ma- 
'^nitiqaement  triompher  ceux  qu1l  veut 
rendre  vainqueurs;  lui  seul  est  le  roi  éter- 
relltmeot  invincible.» 

El,  après  avoir  ainsi  parlé,  Paul  fut  con- 
duit au  supplice.  Et  lorsqu'il  y  était  mené, 
Longin,  Mégiste  et  Aceste  lui  dirent  :«  Paul, 
ui>-nous  où  est  ce  roi  et  où  il  vous  est  ap- 
(iru,  àvous  autres  Chrétiens,  et  comment 
\ous  l'avez  connu,  et  quels  biens  il  vous 
a  apportés  ou  vous  apportera,  pour  que  vous 
raiiiiiez  avec  tant  d'ardeur.  Vous  ne  voulez 
en  rien  donner  votre  assentiment  à  notre  reli- 
gion afin  de  vivre  et  de  jouir  des  avantages  de 
ei'Ue  vie,  et  vous  aimez  mieux  perdre,  h  son 
service,  la  vie  dans  les  totfrmenls.il  nous 
stmblequec'estunegrandeerreurqued'avoir 
ainai  de  la  haine  pour  la  vie  et  .d'embrasser 
avec  ardeur  les  souffrances  et  la  mort.  >] 

Paul  dit  :  «  O  hommes  zélés  et  intelligents, 
abandonnez  les  ténèbres  de  l'ignorance  et  de 
I  erreur,  car  votre  raison  est  plongée  dans 
robscurilé,  et  vous  ne  voyez  pas  la  vériié 
doDlle  germe  est  en  vous  ;  tournez  les  yeux 
de  votre  esprit  vers  la  lumière  véritable  et 
éternelle,  afin  d'arriver  àyous  connaître  vous- 
luèQjesetde  parvenir  ainsi  avec  joie  à  la 
connaissance  de  mon  roi  et  d'être  préservés 
liufeuqui  détruira  l'univers  entier.  Nous 
ne  servons  pas,  comme  vous  le  croyez,  un 
roi  terrestre  ;  nous  servons  le  Dieu  vivant, 
roi  (J3s  cieux  et  de  tous  les  siècles,  qui  vien- 
dra juger  le  monde  à  cause  des  iniquités  qui 
s  y  commettent,  et  qui  le  jugera  par  le  feu. 
Heureux  rhomme  qui  croira  en  lui,  car  il 
aura  la  vie  éternelle  et  régnera  dans  tous  les 
siècles  des  siècles,  et  malheureux  plus  que 
tout  autre,  misérable  celui  qui  méprisant 
les  richesses  de  sa  bonté  et  de  sa  miséri- 
<^orde,  ne  se  convertira  pas  à  lui,  car  il  pé- 
rira liourréternilé.  C'est  pourquoi  celui  qui 
a  fait  le  ciel  et  la  terre  est  descendu  du  ciel 
sur  la  terre,  et  celui  qui  a  fait  l'homme  s'est 
"U  homme  pour  que,  l'homme  revenant  de 
Son  iniquité,  et  abandonnant  les  images  vai-' 
lies  et  trompeuses  cjue,  dans  son  impiété,  il 
auore  comme  des  dieux,  serve  son  créateur 
et  qu'il  honore  celui  devant  qui  tremblent 
'^f  anges  et  que  toutes  les  puissances  du  ciel 
adorent. 

•Et  lorsque  vous  lui  serez  fidèles,  il  vous 
pendra,  vous  qui  lui  rendez  un  culte  sincère, 
^«s  compagnons  des  ans^es  et  des  esorits 


saints  et  bienheureux.  Dieu  est  esprit,  et  11 
place  dans  la  compagnie  de  l'Esprit-Saint 
celui  qui  l'adore  en  esprit  et  en  vérité,  mais 
il  rejette  celui  qui  a  refusé  de  croire  en  lui, 
dans    la   compagnie  de«  démons  qui  sont 
condamnés  au  feu  éternel.  Songez  à  celui 
qui  a  fait  le  monde,  car  il  ne  s  est  pas  fait 
sans  un  Créateur;  ppusez  è  celui  qui  a  fait 
l'homme,  car,  ainsi  que  l'attestent  les  nra 
clés  divins,  il  ne  s'est  pas  fait  lui-même; 
faites  attention  que  les  idoles  ne  sonr  pas 
des  dieux,  mais  Tœuvre  de  la  main  des  hom- 
mes, vi  la  demeure  des  démons  qui  y  ré.^i- 
dent.  Apprenez  que  le  nom  de  la  Divinité  ne 
se  partage  pas  ;  il  n'y  a  qu*un  Dieu  tiui|uel 
viennent  toutes  choses,  et  un  Seigneur  Jé- 
sus-Christ par  lequel  sont  toutes  choses,  et 
un  Es|)rit-Saint  dans  lequel  toutes  'rhoses 
subsistent,  auquel  toutes  choses  sont  sou- 
mises, et  il  n  y  a  pas  de  division  dans  la  Divi- 
nité parce  qu'elle  manque  de  pluralité  Faites 
attenlion,citoyens  romains,aux  motifsquiont 
fait  naître  la  discorde,  et  qui  la  développant 
si  longtemps  et  si  misérablement,  l'ont  ame- 
née au  point  où  nous  la  voyons,  et  ont  conduit 
è  tant  de  calamités.  Beaucoupont  voulu  deve- 
nir princes  et  tyrans,  et  commander  non  aux 
vices,  mais  aux  hommes,  leurs  semblables. 
Plongés  dans  la  tempôte  de  l'ignorance  et 
précipités  dans  le  goutfre  de  leur  arrogance, 
chacun,  au  gré  de  sou  caprice,  a  établi  des 
dieux  ou  en  a  changé",  et  la  folie  de  la  mi- 
sérable espèce  humaine  est  devenue  telle, 
que  les  hommes  ont  reconnu  comme  des 
dieux  d'autres  hommes  leurs  semblables.  £t 
la  parole  divine  s'est  accomplie  :  «  Qu'ils 
soient  semblables  à  ceux  qui  les  font  ;  »  les 
hommes  se  sont  fait  des  dieux  misérables 
comme  eux,  ils  ont  été  assez  insensés  pour 
dire  à  un  morceau  de  bois  taillé  :  «  Tu  es 
notre  Dieu ,  >*  et  à  une  pierre  :  «  Protége- 
nous.  X» 

Alors  la  foule^  élevant  la  voix,  dit  :  «  Nous 
avons  erré,  nous  avons  péché,  nous  avons 
commis  l'iniquité  ;  A  directeur  du  salut  et 
de  la  vie  éternelle,  toi  qui  nous  montres  la 
vérité,  sois-nous  propice,  afin  que  nous 
échappions  des  liens  du  péché,  et  que  nous 
puissions  échapper  au  leu  qui  détruira  le 
monde  et  qui  punira  les  imfiies.  d 

Paul  dit  alors  :  «  O  mes  frères  dont  le  Sei- 
gneur a  touché  le  cœur  avec  son  esprit,  res- 
tez fidèles  dans  la  foi,  car  vous  aurez  avec 
vous  les  ministres  de  Jésus-Christ  qui  vous 
baptiseront,  et,  si  vous  persévérez  dans  la 
charité  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  vous 
serez  sauvés  éternellement.  » 

Longin,  Mégiste  et  Aceste,  s'adressant  en 
particulier  à  I  Apôtre,  lui  dirent:  a  Fais- 
nous,  Seigneur,  inscrire  parmi  les  soldats 
du  Roi  éternel ,  afin  que  nous  puissions 
échapper  au  feu  et  avoir  part  au  royaume 
éternel,  et  nous  te  rendrons  la  liberté;  tu 
pourras  aller  où  tu  voudras  ;  nous  t'accom- 
pagnerons, et  jusqu'i  la  mort  nous  te  serons 
soumis,  h  Paul  leur  répondit  :  «i  Mes  frères, 
je  ne  suis  pas  un  fuyard  ;  je  suis  le  soldat  de 
mon  Roi.  Si  je  ne  savais  que  la  mort  me  fera 
oarvcnir  ()lus  tôt  à  la  vie  et  à  la  gloire,  non- 


67f 


DICTIONNAIRE  DES  àPOGRyPHES. 


r» 


seulement  je  ferais  ce  que  vous  me  propo- 
sez, mais  encore  je  vous  le  demaoïierais  , 
mais  ce  n'est  pas  en  vain  que  j'ai  accompli 
ma  course  à  travers  beaucoup  de  souffrances, 
et  ce  n'est  pas  sans  motif  que  je  désire  souf- 
frir, (i  me  reste  à  obtenir  la  couronne  de 
victoire  que  me  donnera  celui  auquel  j*ai 
cru  et  auquel  je  crois,  et  je  viendrai  avec 
lui  lorsqu'il  viendra  dans  sa  splendeur,  ac« 
compagne  des  saints  anges,  pour  juger  le 
monde.  Je  méprise  donc  la  mort,  et  je  n'é- 
couterai pas  la  |)rière  que  vous  me  faites 
pour  que  je  m'enfuie.  » 

Et  ils  lui  répondirent  en  pleurant  :  «  Que 
pouvons-nous  faire?  comment  vivrons-nous 
quand  tu  auras  été  supplicié?  comment  par- 
viendrons-nous à  celui  auquel  tu  nous  re- 
commandes de  croire  ?»  Et  tandis  qu'ils  par- 
laient ainsi  entre  eux,  et  que  le  peuple  pous- 
sait de  grands  cris,  Néron  envoya  des  offi- 
ciers, Parthénius  et  Phérélas,  pour  voir 
si  Paul  avait  été  mis  à  mort.  Et  ils  le  trou- 
vèrent vivant  et  haranguant  le  peuple. 
Et  Paul  les  appelant  près  de  lui,  leur  dit  : 
a  Mes  frères,  croyez  dans  le  Dieu  vivant, 
qui  me  ressuscitera  d'entre  les  morts,  moi 
et  tous  ceux  qui  croient  en  lui.  »  Mais  ils 
lui  répondirent  :  «Nous  irons  rendre  compte 
à  l'empereur  de  la  mission  dont  ils  nous  a 
chargés,  et  quand  tu  seras  mort  el  que  lu  se- 
ras ressusciié  comme  tu  le  dis,  alors  nous 
croirons  h  ton  Roi.  Explique-nous  les  re- 
tards qui  s'opposent  à  l'exécution  de  l'ordre 
de  César,  et  va  à  l'endroit  fixé  où  tu  dois 
subir  la  sentence  que  tu  as  méritée.  » 

Paul  leur  répondit  :  a  Si  vous  voulez  croire, 
vous  avez  besoin  que  je  séjourne  dans  la 
chair,  mais  moi,  je  vais  à  la  vie  par  le  che- 
min de  la  mort;  marchons  pleins  do  joie 
dans  le  nom  du  Seigneur  Jésus-Christ,  x»  Et 
comme  ils  approchaient  du  lieu  du  supplice, 
accompagnés  d**uno  foule  nombreuse,  Paul 
arriva  h  la  porte  de  Rome,  où  il  rencontra 
une  dame  d'une  fauiille  très-noble,  nom- 
mée Plautille,  qui  avait  pour  l'Apôtre  un 
attachement  très-vif  et  un  grand  zèle  pour 
le  culte  divin,  et  elle  commença  h  nieurer, 
et  se  recommanda  à  lui.  Et  Paul  lui  dit  : 
«  Va,  Plautille,  iille  du  salut  éternel,  prête- 
moi  lélotTe  qui  couvre  ta  tète,  et  éloigne-loi 
un  peu  à  cause  de  la  foule;  attends-moi  jus- 

au'a  ce  que  je  revienne  è  toi,  et  je  te  ren- 
rai  ton  cadeau  ;  je  banderai  mes  yeux  avec 
ce  voile,  et  en  allant  à  Jésus-Christ,  je  le 
laisserai  ce  voile,  ga^e  de  ton  amour  pour 
le  Seigneur.  9  Elle  obéit  et  fit  ce  que  l'Apô- 
tre lui  avait  prescrit.  EtParthéniusel  Phé« 
rélas  l'insultaient  en  disant  :  «  Pourquoi 
crois-tu  h  un  imposteur  et  à  un  magicien? 

Ë3urquoi  perds-tu  ainsi  un  voile  de  prix  ?  » 
t  Paul  dit  :  ^  Attends  ma  venue,  ma  fille, 
et  je  te  rapporterai  avec  Jésus-Christ  ce  voile 
marqué  des  signes  de  ma  mort,  n 

J^ongin,  Mé^iste  et  Accsle,  s'inquiétant 
de  leur  salut,  et  demandante  l'apôtre  com- 
ment ils  pourraient  parvenir  à  la  vie  éter- 
nelle, il  leur  dit:  a  Mes  frères  et  mes  fils, 
aussilôt  que  j'aurai  été  décapité,  éloignez- 
vous,  ainsi  que  les  autres  agents  de  ma 


mort,  du  lieu  où  Dieu  a  daigné  m*appc;eri 
lui,  et  laissez  les  fidèles  enlever  et  en^ev. 
lir  mon   corps;  oliservez  en  quel  en*:- 
j'aurai  été  enseveli,  et  venez-y  le  lendc:/ 
au  point  du  jour;  voua  y  trouverez -: 
hommes  en  prière,  Tite  et  Luc.  Diteb-.. 
pourquoi  je  vous  ai  envoyés  vers  eux»  <•• 
vous  donneront  les  signes  du  salut  darh 
Seigneur.  Ne  manquez  pas  d'exécuter  ce 
je  vous  prescris,  cap  aussitôt  que  vous  h\r  i| 
été  purifiés  par  la  fontaine  sainte  et< 
sacrés  par  la  viviHcation  des  mystèrt'^ 
vins,  vous  serez  lavés  de  tous  vos  pt* 
ainsi  que  de  ce  que  vous  faites  en  re  l 
ment  a  mon  égard, et  qui  vous  effraie,ti  : 
venus  plus  blancs  que  la  neige,  vous  m' 
ensuite  du  nombre  des  soldats  de  hi 
Christ ,  et  vous  deviendrez  cohérilier^ 
royaume  céleste.  » 

Ayant  dit  ces  choses,  il  parvint  au  lieu 
son  supplice, et s'étant  tourné  versTOriec: 
ayant  élevé  les  mains  au  ciel,  il  pria1onj;tea 
parlant  en  langue  hébraïque,  et  versaui 
larmes,  et  il  rendit  grâces  à  Dieu.  Elqik 
il  eut  achevé  son  oraison,  il  dit  adieu  > 
Irères  et  les  bénit,  et  liant  sur  ses  ycji 
voile  de  Plautille,  il  mit  les  geuoui  à  u 
et  il  tendit  le  cou.  Le  bourreau,  élevani 
bras,  frappa  de  toute  sa  force  etIuiaU 
la  tête,  et  lorsqu'elle  fut  séparée  du  cor  , 
elle  prononça  fort  distinctement,  en  hél  : 
le  nom  de  Notre-Seigneur  Jésus-CbriM,  : 
aussitôt  il  sortit  de  son  corps  du  lait  eU   > 
du  san^^;  le  voile  qu'il  avait  attaché  sur  > 
yeux  disparot  lorsque  quelques-uns  des  î^- 
sistants  voulurent  s*cn  saisir»  et  il  serép:  - 
dit  un  parfum   teUement   suave  que  lu 
langue  humaine  ne  saurait    l'exprimer.  { 
il  parut  au   ciel  une  splendeur  telle  >, 
nul  œil  humain  ne  pouvait  la  coDtcii.[ 
Et  tous  les  assistants,  voyant  la  grâa 
Dieu  manifestée  parle  saint  Apôtre,  furc 
remplis  d'élonnement  et  de  joie,  et  ils  U  ..- 
rent  et  glorifièrent  Jésus-Christ  le  Seiun<  ' 
et  le  Roi  éternel  qu'avait  prêché  l'adiuirj. 
docteur  et  maître  des  nations,  PauL 

Les  ofliciers  de  l'empereur,  qui  aval'-  i 
eu  l'ordre  d'assister  au  supplice,  renconirL- 
rent  à  la  porte  de  la  ville  Plautille  qui  io  '  > 
et  glorifiait  le  Seigneur,  et  ils  lui  demau^c 
rent  avec  dérision  pourquoi  elle  ne  couuj  * 
pas  sa  tète  iu  voile  qu'elle  avait  prêté  è  Pd' 
Et  enflammée  du  feu  de  la  foi,  elle  leur  réi^d- 
dit  courageusement  :«  O  hommes  vain» '^ 
misérables,  qui  ne  savez  pas  croire  ce  qu:r 
vous  voyez  de  vos  yeux  et  ce  que  vous  tu*- 
chez  de  vos  mains  1  j'ai  le  voile  que  je  Im  » 
prêté,  et  il  est  teint  de  son  sang  précieui. 
descendant  du  ciel,  et  suivi  d'une  f(M' 
d'anges  vêtus  de  blanc,  il  me  l'a  rapi^tret. 
il  m'a  dit  :  «  Plautille,  tu  m'as  rendu  un^<^^ 
vice  sur  la  terre,  et  je  t'en  rendrai  ditti>  -< 
ciel  où  tu  parviendras  bientôt.  Je  retourne* 
rai  bientôt  près  de  toi,  el  je  te  ferai  vuir  •& 
gloire  du  Roi  invincible.  »  Et  Plautille,  tirant 
de  son  sein  un  voile  teint  de  sang,  U  mon- 
tra auxotficiera  qui,  saisis  d'épouvaote.  >^ 
bâtèrent  de  revenir  auprès  de  l'empereur,  et 
ils  lui  racontèrent  ce  qu'ils  avaient  vu. 


673 


PAU 


PART.  IIÏ.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PAU 


67t 


Néron  fat  rempli  d*étonneinent  en  enten- 
dant ce  récit»  et  il  s'en  entretint  avec 
ses  favoris,  et  avec  les  philosophes»  et  avec 
]e9  chefs  de  TKtat,  et  avec  les  sénateurs.  Et 
tous  partageaient  son  trouble  et  son  effroi. 
Li  tandis  qu'ils  dissertaient  ainsi,  Paul  vint 
Ti^rsla  neuvième  heure,  et  quoiciue  les  por- 
H  restassent  fermées,  il  parut  devant  1  em- 
pereur, et  il  dit  :  «  Néron,  me  voici,  moi, 
hui,  soldat  du  Roi  éternel  et  invincible; 
iiidliilenant  tu  peux  croire,  malheureux,  que 
i}  ne  suis  point  mort,  mais  que  je  vis  avec 
mon  Dieu.  Quant  à  toi,  après  un  peu  de 
[<  rnps,  des  maux  inexprimables  te  irappe- 
rniit,  et  lu  subiras  un  cruel  sup[)lice,  ainsi 
juelamort  éternelle,  parce  que,  entre  au; 
:re.^  crimes  exécrables  que  tu  as  commis,  tu 
.15  versé  injustement  le  sans  des  justes,  y 
E(  après  avoir  dit  ces  mots  lApdtre  dispa- 
rut. 

Néron  resta  frappé  d'une  terreur  qu'on  ne 
."«urait  exprimer,  et,  comtne  devenu  insensé, 
Ine  savait  ce  qu'il  devait  faire.  Et,  d'après 
econseil  de  ses  amis,  il  ordonna  de  remettre 
^n  liberté  Barnabe,  Patrocle  et  leurs  compa- 
gnons de  captivité,  et  de  les  laisser  aller  où 
i:^  voudraient.  Longin,  Mégiste  et  Àceste, 
unantau  point  du  jour  au  tombeau  de  TA- 
;%e,  comme  il  le  leur  avait  recommandé. 
Tirent  deuxhommes' Qui  étaient  en  prière,  et 


Paul  se  tenait  debout  au  milieu  d'eux.  Et 
épouvantés  de  ce  spectacle,  ils  n'osaient  ap^ 
procher  Tite  et  Luc,  revenus  de  l'eitase  de 
leur  oraison,  aperçurent  les  p^éfets  et  1q  cen- 
turion qui  avaient  présidé  au  supfilice  de 
PauK  et  saisis  d'une  frayeur  humaine,  il^ 
prirent  la  fuite,  et  Paul  disparut  à  leurs 
yeux.  Et  ils  tes  poursuivirent,  en  criant  : 
«  Nous  ne  venons  pas,  comme  vous  le  crai- 
gnez, hommes  de  Dieu,  dans  le  but  de  Vous 
mènera  la  mort,  mais  pour  que,  nous  don-^ 
nant  l'eau  du  baptême,  vous  nous  fassiez 
parvenir  à  la  vie  éternelle,  ainsi  que  nous  Ta 
promis  Paul,  la  docteur  véritable  que  nous 
venons  de  voir  auprès  de  vous,  et  priant 
avec  vous.  »  Tite  et  Luc,  les  entendant  par- 
ler  ainsi,  s'arrêtèrent  remplis  d'allégresse  et 
d'une  joie  spirituelle,  et  leur  imposèrent  les 
mains,  leur  donnant  le  signe  de  la  sanctifi- 
cation perpétuelle,  et  après  s'être  appliquée 
au  jeûne,  ils  furent  baptisés  au  nom  de  Jé- 
sus-Christ Notre-Seigneur;  à  lui,  et  avec  le 
Père,  dans  l'unité  derEsprit-Saint,  honneur, 
gloire,  vertu  et  empire  dans  les  siècles  des 
siècles.  Amen.  » 

C'est  d'après  les  ouvrages  mis  sous  le  nom 
d'Abdias  et  de  Lin,  que  Vincent  de  Beauvais^ 
Jacques  de  Voragine  et  les  écrivains  du 
moyen  âge  ont  raconté  l'histoire  de  saint 
Paul  (639). 


LETTRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  ÉPHÉSIENS, 

en  vers. 


On  lit  dans  les  Actes  des  apôtres,  cnap , 

18-35,  un  discours  que  saint  Paul  adressa 
AUX  prêtres  d'Ephèse  qu'il  avait  fait  venir  à 
Milet  auprès  de  lui.  Un  érudit  du  xv'  siècle, 
i.  Camérarius  «  paraphrasant  ce  texte,  a 
composé  et  mis  sous  le  nom  de  saint  Paul 
';ne  Leitre  aux  Ephésiens,  De  veri  episcopi 
lolliciiudine  et  presbytorum  cura,  et  il  y  a 
i'jinl  la  réponse  des  Êphésiens.  Le  tout  est 
en  grec  et  accompagné  d'une  traductioa  en 


vers  latins.  Après  avoir  paru  dans  un  petit 
volume,  publié  à  Leipzig  en  1551  :  Capita 
pietatis  et  religionis  christianœ  versibus  grœ- 
cis  comprehensa  ad  institufionem  puerilem^ 
ces  pièces  ont  été  réimprimées  par  Fabri- 
cius  dans  le  Codex  apoeryphum  Noti  Testa^ 
mentir  L  II,  p.  685  et  suiv.  Nous  croyons  à 
propos  de  donner  place  ici  aux  vers  latins  do 
Camérarius. 


D.  PAULI  TARSEN91S  AD  EPISCOPOS  ET  ECCLESIAH  EPHESI0RU3ff  EPISTOLA, 

expresia  versibus. 


DB  CAPITB  XX  ACTORUH  AP09T0L0RU1I. 


Quanleg'uis  Yobis  traierno  jiinctus  amore, 

Nost)ue  Deo  Cbrisli  coiiciliaiue  fide, 
Niinc  MTipiam  Paulus  consueio  more  salutem, 

Pacirerum  aelberii  roillo  favoris  opus. 
Oiiâm  niiper  cupido  discedens  ore  precabar, 

Cbarior  o  viia  sancla  caterva  mea, 
I  uni  vos  Milclum  accersilos  corde  reliqui, 

Turbalo  nosiri  soUicitodinil>us. 
l'oM  profusa  pio  de  pectore  vola»  patrisque 

Oraio  posiiis  aoxilio  genibus. 
^cfiri  ego  quas  lacrymas,  luiii  fundere  lumina  vidi  ? 

Uui  gemitas  nicesio  redditus  ore  fuil? 

(659)  La  Conversion  de  saint  Paul  fait  partie  des 
^atièrei  inédits  du  xv*  siècle^  publiés  par  H.  Aehille 
J"trtna!,  Paris,  1837,  9  vol.  in-8-.  (  Voy.  Diction- 
^^^rtdn  maures,  Mîgne,  1854,  col.  82U.) 

UCtfnrf  rston  de  saint  Pau/,  tel  esi  aussi  le  litre  d^uiie 


Cuiti  complexii  eiiam  manuum  mollissiroa  eoUo 

Yincura  sirinxerunt  bracbia  vestrâ  mea 
Oscula  cum  sanclo  pia  nobis  ore  dedtstis 

Pliirima,  quae  castus  ferre  jubebai  amor. 
Et  vox  cunclorum  miserabilis  una  sonabal, 

Me  socium  vellem  deseruisse  gregem. 
Non  égo  vos  fralrum  charissima  lurba  relinquam, 

Vobisciimqiie  omiii  lempore  fidus  ero. 
Qiiamvis  nos  lelhis,  quamvis  nos  separel  unda, 

Splrllus  est  juiictos  qui  tanien  esse  facil. 
Quin  eiiani  ipsa  meo  cum  corpore  vila  recedet» 

Mensque  suc  requiem  funcla  labore  petei, 

lrag<^die  en  cinq  actes  et  en  vers,  coropo>ée  par  on 
auteur  très-peu  connu,  nommé  Viliemol,  (Lyon, 
1655,  in-8«.)  La  Justice  divine  est  la  seule  feoind 
que  cet  écrivain  ait  admise  dans  son  ouvrage. 


675 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


r» 


Tune  qttoqne  non  Testri  vobis  praeseniia  Pauii 

Deerii.  et  tivoi  mortuus  inier  ero. 
Qoid  ?  non  jam  scripto  licet  hoc  me  eernere  eorum, 

NoDiie  referi  Domînuni  littera  roissa  suum? 
Litlcra  verborum  praeclara  mîuistra  rneonim» 

Consilii  interpres  (iu^ra  eeria  met, 
Quam  revocaliiram  monitus  in  peclora  vobîs, 

El  praecepta  niei  misinius  eloqiiii. 
lijnc  ubi  nosira  ralio  priinuin  sululiicia  quievit, 

El  stal  Phœnices  regia  prisca  Tyrus, 
Nunc  aliam  dui»  nos  Judaica  régna  peteiitem, 

Qua^riinus  el  nosira:  fil  mora  ia»ila  viae: 
Composilam  paribus  verbis  el  sensibus  iisdem, 

Lt  sludmm  eoruni  commémorasse  fuil. 
Nola  mea  est  vobis  a  primo  tempore  vila, 

Terrain  Asiae  nostri  qtio  leiigere  pedes, 
Vila  Deo  sanclo  cullu  servire  parala, 

Conliiiet  insignem  qui  pielate  fidem, 
Quae  mala  periultrim  nimium  esseï  scribere  longum, 

Dum  jacio  verbi  seiiiina,  Glirisle,  lui.* 
Yidislis  laeryroas  nosiras,  flevisiis  el  ipsi» 

L^rgo  pervigilea  imbre  riganle  gênas. 
Et  ii*ea  communes  auxere  advf  rsa  dulores, 

Publicaque  xrumna  causa  fuere  mea. 
Ut  lamen  auie  Deiim  summissa  procido  menle, 

Jnque  meos  nil  me  lenius  esse  polcsl; 
bic  forli  reiudisse  aninio  mcminisse  poicsiis, 

Mepopuli  fraudes  insidiasque  mei, 
His  ego  diviiiam  Cbrisli  convellere  laudem, 

El  cupidis  sanclam  dissolulsse  ûdein, 
Opp«)«ui  viUmque  meam,  fortique  relucians 

Pt'Clore,  probra,  minas,  vertîera,  vîncla  luli. 
^ulla  eiiam  noslro  i^ludio  res  obstilii  unquani, 

Non  ullo  mens  esl  nosira  repressa  roeui. 
Quoininus  ad  vestram  facerent  quaecunque  salulcm, 

Conarer  vrrbiA  expticuisse  meis. 
Yos  convenia  igilur  docui  per  pubiica  el  inlra 

Privaias  cum  res  sivil,  uhique  domos. 
Docliinam  exiernis  paril^rque  el  civilms  unam 

Exposui,  priscos  leslilicando  libros. 
Esl  ammi  sensus  cniqtie.  el  sua  corda  novanda, 

i£laiem  ut  ooleal  sii  abiissc  suam  ; 
Defleai  ei  viiur  comniis>a  nelaiida  prioris, 

Ouinia  conspeclum  qui  vidtl  anle  Dei. 
Ulque  sibi  parlant  Cbrisli  de  sanguine  viiam 

Credal  et  hoc  IreKi  posse  nocere  niliil 
El  SDeraie  illis  fa»  solis  esse  saluieiii, 

Quos  pei-caloriini  poeniluisse  polesl, 
Servanlemque  ll«ie  qui  coinplecluniur  Jesum, 

Vivifica  unius  noinina  cujus  babeni. 
Ergo  eadem  fuit  bxi'  vox,  baec  eadeinque  futura  est, 

Sive  ergo  Juduîis  Grajugeniste  loquar. 
Pœnileal  fraadisque  niala*  viiaeque  prîoris, 

Et  projecia  Dei  mens  cadat  anle  pedes  : 
Aiqae  bic  te ,  bone  Cbriste,  fide  comprebendcre 

[quaeral, 

Soi»,  Gbrisle,  toa  purificanda  fide, 
Quem  Genitor  ver^m  uobis  dédit  esse  salulem, 

Directufiique  su»  cognilionis  iter. 
Al  nunc  ad  bolymam  rapiat  me  Spiritiis  urbem» 

El  Telai  nijecia  compede  corda  iraliit  ; 
Huctendo  ignarus  reruiu  sorli^^quefulurae» 

Flaniinis  ei  sancti  concila  lora  sequor. 
Cuucia  caiiunl  omnes  ïamen  isia  per  oppida  Talcs, 

Diviiia  et  solvuni  lalibus  ora  souis. 
iErumnasque  graves  et  sa^va  pericula  Paulum, 

Viuculaque  innocuos  dura  mauere  pedes. 


Haud  ego  quid  de  me  flat  nnnedeinde  laboiti, 

Ipsaque  vila  mea  ui  non  preciosa  mîbi. 
Dum  liceat  praesens  spaiium  decurrere  cœlo, 

Et  solnisse  mei  pensa  mluisterii, 
Quae  Dominus  dedil  ipse  meus  mihiChrisins  U*;i- 

JuHS»que  quae  facias  baec  mea,  dixit,  haïr, 
Nunlia  divjni,  ul  proclames  grata  favoris, 

Silque  Ëvangelii  vox  lua  praeco  mei. 
Nnnc  ex  boc  visura  inagis  scio  lempore  ennm 

Uuud  non  sint  vnlius  lumipa  vestra  meos; 
YcHlr:!,  quibiis  noslri  doclrina  innotoil  orts, 

Perqiie  Ëvangelii  quos  mihi  facia  via  e>t, 
Quosque  apud  iElherii  feci  pracconia  agoi, 

Verbaiiue  viiifero  deveiiiente  dte  : 
Nunc  quem  per  cunque  est  testera  voco.inf  f  " 

Puriim,  sors  luerilsi  qoasinistra,  necis; 
Nil  elenim  lexi,  non  ullî  oper»ve  peperci, 

Mens  Palris  ut  vobis  esseï  aperta  Dei. 
Proinde  adhibete  aninios  nob!sque  advenite  te»:- 

Sedulus  et  tutom  servei  ovile  latwr. 
Spiritus  in  quo  vos  sanctos  dedil  esse  ro»gistr<H, 

Yestra  suc  ul  praestet  p»buia  cura  ^n-gi. 
Adversum  quem  tania  ':.X  dilectio  Chri^ii, 

Sanguine  mercari  vellet  ut  ipse  suo. 
Namqiie  ego  praevideo  poslquani  disces>ero,  fr.L,  i 

ExpfTs  ppiesidii  coneio  sacra  mei, 
Mox  grassaluros  lanlo,  clarissîme  paslor, 

Parla  libi  rabidos  in  lua  septa  lupo«. 
Heu  mibi  quns  illi  strages  ni  ovilibusedenl, 

Qua^quedabiint  lurbas,  qualia  damna,  Uii»? 
Quin  eliam  e  veslro  numéro  perversa  %irt>niin 

Mox  naiio  el  fatsi  progredielur  anian*: 
Sique  volent  popiili  recloies  aique  inagisifi, 

El  piebis  suuiinuin  Cbri^lidos  esse  caput, 
Alque  suam  a  dexlro  setlucenl  tramiie  sectioi, 

lu  la:vuin  stullae  crndelilaiis  lier. 
Ergo,  viri,  ignavum  sedudiie  peciore  Fonnaifit 

puisque  sno  veslrum  pervigileique  hxe, 
lUa  recordanles  aiiinii  prae^epta  lidelis 

Tradita  nunc  aiiiiis  nocîe  dieque  tribas, 
Dum  flens  a  vobis  unumquemque  borlor  el  oro, 

Doclrtnae  ui  servel  iraaila  »ancia  mec; 
Dum  uioneo,  adfer^us  dum  ciuictos  inblnio  ca>3tf 

El  uiihi  in  boc  capilur  null»  laliore  qaies. 
Nunc  vos  quod  supi-resl,  fralrum  clians^inK  «ti  < 

O  frairuni  pi  «pria  lurba  ^alule  (irior, 
Commitlo  dexira*que  Dei  ûJelque  poleuUs; 

illi  us  1 1  verbo  irado  beallttco. 
Quique  augere  opus  iiieepium  \alei  et  dare  t    « 

rarlem  inler  saiiclt>s  unmibus  exiiniam. 
Non  vestes  me,  non  argenli  pondère  el  auri, 

Eslis  vos  testes,  concupilsse,  mihi  ; 
Âssiduis  aluit  nam  dextra  laborilms  insiaoi 

Nosira,  ministerio  neque  meosquesoo. 
Ac  sludii  vobis  exempta  relinquere  nosira 

Unae  proprium  facerei  quis<|ue  seei<liis  opQi> 
Deque  illo  miseros  et  egentes  ip^e  levaret. 

Et  cupido  iiiflrmis  pectore  ferret  open  ; 
Sahiûd  ul  Doinini  cœlesli  voce  motirinur, 

Pauperibusprompla  suppeiltiare  maoo. 
Quae  largiii  aliis  el  trairibus  addere  pKiea, 

Quam  capere  iminenso  reciius  e»se  docel. 
Quou  restai  fralres,  dilecta  caterva,  valele 

Me  vocal  ad  luclain  \entus  et  uoda  dotiid* 
0  iierum  aiquc  iierum  Cbrisli  inctyia  lurta  uîri 

Propiiii  aulcrno  lula  favore  M» 


RESPONSIO  EPISCOPORUH  EPHESIORUU. 


Mandatum  nobis,  charissime  Paule,  salulem 
Allulitantiqua  lillera  missa  Tyro. 

Hanc,  velut  anie  datas,  recilari  fecirous  illo 
Condo  quo  fralrum  lempore  plena  fuit. 

Atqae  omnes  solala  ut  sunt  suavissinia  scripfa. 
Sic  nemo  siccis  audiii  illa  genis  : 


Ulque  procui  vecium  pelagi  trans  aeqaora  nsa 
Cbara  suiim  soboles  plorat  abesst*  patrr«i 

A  quo  si  qua  Umen  data  ? enit  epistola  Oeiss* 
Exhilaraiit  patrtae  cog nita  signa  man»;»  : 

Gaodia  nosira  rot*lestifero  sic  misu  doiori, 
Laeiitiam  et  mœrorflebilts  intererat. 


)77 


PAU 


PART.  111.  ^   LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PAU 


678 


id  vero  repettu  itsst  dUcrimine  vîtae, 
El  modo  suseeptae  tania  perida  viae 
}ui  gemitus  fleiusque?  ei  quae  lameiiia  fuere  ? 

U£(u  oninî  quierulis  exhalante  sonis. 
Audiii  bos  Ephesinorum  vicinia  liiciu8, 

Excita  ut  populo  Yocireraiite  fuit. 
C'jmque  inier  crebro  tua  nomîna,  Paule,  sonarenl 

Ciah'Ctt  planctum  credidit  esse  lui. 
r.inia  etiam  nostras  tristis  pervenit  ad  aures, 

Dirla  »  vtcinis  sparsa  luisse  Syriâ. 
Te  po$i  coiirertos  tandem  maris  aêquore  cursus 

Prima  PalaîStrîui  régna  pâtisse  soli. 
Ho>pitio(|ue  fuisse  acceptuin  mœntbus  urbis, 

}ux  célèbre  a  magiio  Csesare  nomen  haltet, 
Alqo*'  tvangelii  doctoris  in  aede  Pbilippi, 
Con&lituisse  aliquot  vtUe  inanere  dies. 
Kdaea  liunc  Tateni  terra  venisse  ferebant, 
Diraque  terriÛcis  lune  cecinisse  modis. 
Ciflgulaque  înjecisse  libi,  cum  diceret,  iila 
Sisiia,  catenarum  ei  careeris  esse  lui. 
Tune  fralrum  fusis  lacrymis  orasse  catervanii 

Viiares  Solymae  cauius  ut  urbis  lier, 
Sed  le  etiam  mortem  dtxisse  subire  paratum, 

Mcmine  pro  Ghristi  si  subeunda  foret. 
Tania  pericla  igitur  quo  nos  audisse  dolore, 

Quanti  sollicites  anxietate  putas? 
Anieqiioque  omnium  adhuc  œulos  versainr  et  aures 

Grassatus  noslra  terror  in  urbe  recens. 
dijus  eiai  simuUcrilicus  Demetrius  auctor, 

Formidans  artis  quxstibus  ille  su». 
Aciu  noslra  qoidem  mellitis  pectora  verbis 
Fkrroa^  cunique  tuis  te  fore  semper  eis. 
.V  larocn,  beu  !  modo,  te  nimiiim  sentimus  abesse, 

Fiinctio  jamque  tuam  nostra  requirit  o(iem. 
Alqiietui  capiet  nos  cerie  oblivio  niinquam, 

Obrueiet  merili  débita  nulia  dies, 
Ipdi  dum  nostri  memores  liac  luce  fruemur, 

Membraque  dum  vegetans  spiritus  isia  reget. 
Non  suspen.-a  iia  suiit  leiiui  vestigia  sulco, 

Eidubi»  oflTicii  signa  relicta  lui. 
Quidîdoeiriiia  pis  ett|uod  verba  (idelia  mentis, 
Nunquam  nos  Pauli  non  meminisse  sinunt. 
Noa  iios  terra  igitur  dirimet,  non  nos  mare,  quin 

[nec 
Yasiairice  secans  omnia  parca  manu. 
F4S€nl  exceplura  tamen,  sanctissime  Paiilo, 
Tu  vidisii  babitum  qualia  damna  tuum  î 
D 'v  nos,  0  miseros,  qnanium  experiendo  gravamen? 

Veraque  valiciiiii  dicta  fuere  tui; 
Vuud  si  dum  prope  adbuc  oculis  le  ceniimus ,  et 

[dum 
Pêne  istinc  ad  nos  yox  tua  missa  venit, 
Tao)  eito  defecit  muiata  Ecdesia,  quis  post 

Annos,  post  quis  erit  sxcula  plura  status? 
Quid  Uei?  euro  non  modo  tu  jam,  Paule,  quietem 

Perfecto  injuncto  munere  nactus  eris. 
Sed  nosimm  et  rapiei  quosdam,  quaecunque  manet 

[mors, 
Quorum  idem  tecam  est  spiritus  atque  Ûdes* 
At  exempta  quidem  tua  sunl  notissima  cunctiSt 

Quid  refert?Paucis  si  placet  illa  sequi. 
Coniemptum  dicuut  parère  et  ludibria  vitam, 

Viia  operis  quae  sit  plena  laboriferis  : 
Te  nudum  irrident,  quaerunt  regnare,  bonisque 

£i  rerum  in  terra  commoditate  frui. 
Ac  purs  verbis  doctrinal  et  simplicis  addunt, 

Paule,  suos  fucos  deliciasque,  tuis, 
UDimiuro  esse  feruni  exsUia,  credere  Ghristo, 

bpemque  salotiferam  justiticamque  fidem  : 
Adjunciumqae  illis  fraterni  munus  amoris 

Cuncu  bac  splendorîs  rentur  babere  parom. 
w  variis  cumulant  ornantes  legibus  ipsi, 
v^Uetuti  coitiptis  sint  redimita  comis. 
"5^'^inistadedes,  solemnehoc  tenipus  babebis: 
«t  vestis  sancta  est  baec  magis,  ista  minus. 
vumeiiain  Chriito  adjungenda  juvamina  quaedam, 
:^on  ftUodum  auxiiio  soiius  esse  doceni. 


Quid  ?quod  corda  plagis  illi  irretita  pîorum, 

Perversoque  Dei  capta  timoré  tentant. 
Gertum  est  si  pergant  utinam  nos  falsa  loquamor  1 

Et  nisi,  Gliriste,  tuum  tu  tueare  gregein, 
Mox  dominos  in  plèbe  tua  passim  exorituros. 

Qui  duro  astringant  libéra  colla  ji*go. 
Jam  misera  est  magnos  babilura  bcriesia  reges, 

lp<e  caput  Ghristus  non  ma^is  hujus  ern  ; 
Scripsimus  bo<-  faiso  :  caput  bujus  eorixiris  ille 

Semper  erit,  nec  qui  detrabates^e  potest. 
Et  quosdam  brève  post  tempus  lam  esse  veremur 

1  liuH  ausuros  se  perliibere  caput. 
Relligio  in  pompas  evadet  casta  sacrorum, 

Eaque  novum  faNaecredulitatis  opus. 
Vana  suprrstiiio  pro  veris  somnia  vendet, 

Rectaquc  jam  noient  discere,  prava  volent. 
Longius  et  fiai  paulum  modo,  serviet  isti 

Terra  poiestati  hubdita  tula  sacrae, 
Inque  Evangelii  residebunt  sede  tyranni. 

Stratus  et  islorum  sub  pede  niundtis  erit. 
Haec  dictu  quamvis  ,  ut  suni,  borrenda  putentur» 

Accersi  Uiistra  sponte  viderclicet; 
Nam  quis  jam  rectos  monitus  audire  docentum 

Lucifera  nudos  utiliiate  cupit  ? 
Quis  carpi  dvlicta  sua  et  peccaia  notari, 

Ferreque  reprehendt  quis  maiefacta  potest  ? 
Indiffnari  animis  videas  ardentibus  omnes, 

Quos  tetigere  pii  verba  ministt  rii. 
lllos  qui  dicant  non  offendentia  quaTunt, 

Guncio  sola  carens  asperitaie  placet, 
Quaeqne  litillaudo  jucundis  vocibus  aures 

Expédiât  dictis  cuncia  suaviloquis. 
Ergo  etiam  illa   sequi  tandem  metuenda  necesse 

[est, 

Noctis  et  erroris  leuipora  caec:)  mali 
Fabula*  nt  oblectent  boniirtes  nugaeque  decoix, 

Rideiisque  bunianae  caliiditatis  opus. 
Sic  facile  in  laquens  perversi  et  relia  sensus, 

lu  foveam  ititeritus  sic  quoque  deiiide  cadent. 
Uaec  utinaui  precibus  communibus  aveitantur! 

Qua  causa  et  pla  uit  significare  tibi 
Quidquid  erit,  te  ccrie  Epliesina  Eccle^ia  fratrem. 

Te  doctorem  babuit,  te  qnoquf,  Paule.  patrem: 
Quo  studio  a  te  suut  qnaeque  oainia  t.  ad  ta  iio.jis« 

MousiravitGbrifttus  quas  libi  cunquo  fiuel 
Te  celasse  nibil,  nihil  obscurasse  faieuiur, 

Quae  verae  débet  nosse,  saiutis  amans. 
Atque  erit,  baud  jam,  Paule,  tua  saiictissime  culpa, 

Sed  proprio  iiidoctus  crimiue,  si  quis  erit. 
Qoln  etiam,  ut  melius  nobis  didicisse  iiceret, 

Et  nibil  Qt  studii  taederet  orsa  pii. 
Te  praesenie  animo  opposuisti  bostibbus  ausis, 

Yisque  omnis  cura  est  puisa  inimica  tua. 
Ipsis  doctrinse  est  jam  nota  potentia  Graiis» 

Israellgenis  est  quoque  nota,  tuae. 
Quam  non  sermonis  facundia  docta  poliei, 

Non  celebri  eloquio  lingua  diserta  probat, 
Sed  per  multa  probat  fidei  miracula  virtus. 

Et  mens  cœlestis  firma  robore  Patris. 
Quique  tuis  datus  est  legatis  Ghristi  supremus 

Flatus,  militiae  dux  sociusque  suae. 
Gura  quidem  nubis  studio  praestante  fideque. 

Ut  tua  concordes  verba  sequamur,  erit. 
Nulla  dies  sanctx  docirinae  jussa  revellet 

E  memori  cœtus  pectore,  Paule,  lui. 
SI  tamen  banc  mentem  tu  nobis,  Ghriste,  réserves, 

Propositique  velis  sciia  valere  boni, 
Auxilioque  probes  conantum  adjuveris  actus* 

Orsa  tua  flrmans  cordis  etoris  ope. 
Fiat  ut  hoc  cupidis  orans  annitere  volis, 

Nosque  tua  fuites  érige,  Paule,  prece. 
Quid  supplex  possit  conjuucta  petitio  fratruro, 

Ipse  quod  banc  doceat  pondus  babere  Deus, 
Scimus,  teque  recordamur  monuisse  fréquenter» 

Ardoris  memores  bac  quoque  parte  tui. 
Ergo  tuis  quamvis  absens  communibus  assis, 

Paule,  pi£  votis  suppliciisque  précis. 


€7d 


Nos  quoqae ,  tel  est  xqumn ,  in  commissOique  U- 

[bores, 

Atqae  initaK  noper  8«Ta  |>ericla  tis, 
Sedul»  et  eventum  carae  studiique  fidelis, 

Atque  EvangeKi  progredieniis  iler, 


DICTIONNAIRE  DE5  APOCRYPHES. 

Comiiiendare  Deo  nunqoaia  oesMbinM,  orii 
Chrisiicol»  admittii  qui  facili  anre  precn. 

Charei  taie,  nosterdoctor  frâterq«e  patcrqne, 
Iiique  hostes  Chrisli  nomiiie  tinte  tnot. 


PERFECTION. 

(Evangile  de  la  Perfection.) 


Cet  évangile  est  menlionné  par  saint  Epi- 
phane  comtne  étant  répandu  parmi  les  gnos- 
tiques,  et  comme  une  œuvre  des  plus  con- 
damnables. Voici  d'ailleurs  la  version  latine 
des  paroles  de  ce  Père  (Hœres.  26). 
Sunt  et  ex  iis  nonnulli  qu i  adultertnum  quod-' 


dam  et  adscititium  scriptnm  venâiiant  tv'  . 
opusPerfectionis  Evangelium  inseribuntur. 
rêvera  non  Evangelium,  seddoloris  li/oc/.. 
tus perfectio,  Universa  ^uippe  consurnu,- 
atque  mortis  acerbitas  m  eo  diaboU  [  . 
vonlinetur. 


PHILIPPE    (SAINT) 
{Ecrits  attribués  ou  relatifs  d  saint  Philippe,) 


Evangile  de  saint  Philippe.  —  Il  était  ré- 
pandu parmi  les  gnostiques,  mais  on  ignore 
s*il  s'agit  de  Tapôtre  ou  du  disciple.  Saint 
£piphane  le  cite,  et  d'après  ce  qu  il  en  dit, 
on  voit  que  cet  écrit  se  rattachait  aux  opi- 
nions de  cent  qui  représentaient  te  mariage 
et  la  {génération  comme  Tceuvredu  mauvais 
))rincipe,oudu  princede  ce  monde  (6^0).  Plu- 
sieurs anciens  auteurs  grecâ,  Timothée  de 
Constantinople  et  Léontius,  mentionnent  un 
écrit  attribué  è  saint  Philippe,  comme  étant 
répandu  parmi  les  Manichéens.  C'est  tout  ce 
que  nous  en  savons.  Voici  d'ail  leurs  comment 
dom  Cal  met,  dans  ses  Discours  et  disserta^ 
(ions  sur  les  livres  du  Nouveau  Testament^  ^ 
1715,  in-8%  1. 1,  p.  18?^,  a  traduit  le  fragment 
ffui  nous  reste  de  ce  pseudo-évangile:  «  Le 
Seigneur  m'a  découvert  ce  que  l'âme  devait 
dire  lorsqu'elle  serait  arrivée  dans  le  ciel,  et 
qu'elle  devait  répondre  à  chacune  des  vertus 
célestes  :  «Je  me  suis  reconnue  et  recueillie, 
«  et  je  n'ai  point  engendré  d'enfants  au 
'<  prince  {de  ce  monde^  au  démon),  mai^  j'ai 
«  arraché  et  extirpé  ses  racines.  J'ai  réuni 
«(  les  membres  ensemble;  je  connais  qui 
€  vQus  êtes,  étant  moi-même  du  nombre  des 
«  choses  célestes,  d  Ayant  dit  ces  choses,  on 
la  laisse  passer  :  que  si  elle  a  engendré  des 
enfants,  on  la  retient,  jusqu'à  ce  (|ue  ses 
enfants  soient  revenus  à  elle,  et  qu'elle  les 
3it  retirés  des  corps  qu'ils  animent  sur  la 
lerre.  » 

IJo  écrivain  grec  du  ix*  siècle,  dépourvu 

(640)  Praeterea  evan^liam  qaoddam  siib  Phi- 
lippi  saoctissimi  Christi  discîpali  nninine  clrcum- 
feruDi,  in  qno  ista  narrantor  :  cMihi,  inquit.  Do- 
minus  aperuit  quibas  anima  verbis  uti,  cum  in 
cœlom  ascendit  ac  quemadmoduro  unicuique  cœ- 
lestium  virtotum  respondere  debeat,  aimirum  : 
Ego  me  tpiam  agnovi  atque  undequaque  collegi  : 
neque  prineipi  filiot  genui^  nd  ejns  radiées  exêtirpavi 
ac  dissjpata  membra  in  unum  coegi^  teque  adeo  qui 
sis  Rovt,  iHiti  enim  e  eœtestium  uwnero.  Atqoe  hoc 
modo,  inquiant,  tlla  dimittHor.  Si  autem  so- 
bolem  propagasse  reperîtor,  tandia  infra  detinetur 
douée  niios  sucs  recipere  poCuerit  et  ad  8emeti|>sam 


d'autorité,  Anastase  e  Sinalie,  dans  f - 
Traité  De  tribus  quadragesimis,  publii'j'* 
Cotol ier dans  les  AfonumeH/a£cc/eji(r  Gtxt  * 
t.  111,  p.  428  (641),  raconte,  à  l'égard  de<a  ' 
Philippe,  une  fable  que  nous  ne  \\q\i\  \ 
omettre. 

«(  Au  sujet  de  la  quarantaine  de  la  NatiT  : 
de  Jésus-Christ,  il  est  écrit  dans  le  von. 
ou  itinéraire  de  saint  Philippe,  que  iorsq  i 
annonçait  la  parole  de  visite,  il  vint,  en  V.* 
nonçant,  jusqu'à  Hiéropolis  en  Asie,  a\ 
Barthélémy  et  sa  sœur  Marianne;  les  lu: 
tants  de  cette  ville  adoraient  une  vipère.  L. 
s'étant  saisis  de  l'apôtre ,  ils  lui  firent  sou! 
frir  beaucoup  de  tourments,  aucun  d'eui 
voulant  écouter  la  parole  divine,  si  ce  n»  \ 
celui  qui  avait  le  premier  reçu  l'apôtre;   - 
lui-là  fut  baptisé,  ainsi  que  toute  sa  mx-^ 
et  sa  famille,  et  la  femme  du  proconsul.  I* 
traînèrent  Philippe  après  lui  avoir  percé 
talons,  et  le  crucifièrent  la  iéte  en  bas; 
attachèrent  Barthélémy  è  une  croix  aupr 
de  lui,  et  ils  mirent  Marianne  en  pri>OD.  L: 
saint  Jean  étant  alors  arrivé  eo  ces  liem 
Philippe  lui  demanda  de  prier  |xjar  que  i 
feu  tombât  du  ciel,  et  consumât  tous  •  - 
infidèles;  Tapôlre  Jean  ne  le  voulut  poin: 
et  trois  jours  après  son  départ,  saint  Phili; 
pria,  et  la  terre  s'ouvrit,  et  tous  les  itiv 
très  furent  engloutis  dans  Tenfer.  Eoso 
le  Sauveur  lui  apparut,  et  lui  rappelle' 
précepte  de  ne  pas  rendre  le  mal  pour 
mal,  et  il  ajouta  :  <<  Comme  to  as  vicié  o:^ 

attrahere.    Hae  sont    nuj^  iilomm    et  coauûi  • 
(libres.  26,  §  45,  p.  95.  ËdiU  de  16S^) 

(641)  Cotetier  témoigne  son  indignation  contre 
récit  en  fermes  énergiques  :  t  Apocrypba  «^«"i'' 
tur  falsa,  fabulosa,  însulsa,  inpia,   lisrciici.  u. 
digna  plane  qu»  ab  Apostasio  vd  fnUtfmx^' 
dignissima  contra  quas  Gelasiano  synodi  Rooa>-» 
decreto  sternum  perseviu     maneaoï.    Quocim 
prudentius  atiis  vlaum  lectumqae  Phtiippi  >P^ 
phum  repurgaverînl,  M^opulit  dili^ter  tittt»*-  a> 
aiiis  isnoratom  est  Philippi  nrartyrnrti  postClw: 
tem  Alezandrinum.  »  fSiromari.,  Kb.  iv.) 


ftl 


PHÏ 


PART.  m.  -  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PHI 


681 


commaDcieaienî,  etqaetn  as  maltraité  ceux 
qui  t'avaient  fait  du  mal  y  tu  dormiras  ici , 
et  lorsque  mes  saints  anges  te  porteront  au 
fiar^idisi  tn  ne  pourras  pas  y  entrer ,  mais 
durant  quarante  jours  tu  resteras  en  dehors 
danslaluiction;  un  glaive  de  feu  t*crapècbera 
d*approcher,  parce  que  tu  as  puni  ceux  qui 
l'avaient  fait  souffrir  {  ensuite  tu  entreras, 
et  lu  seras  mis  en  possession  de  i*endroit 
qui  a  été  préparé  pour  toi.  »  Alors  le  Sau- 
veur, ramenant  ceux  qui  avaient  été  conduits 
dans  lenfer,  monta  dans  les  cieux.  Ensuite 
Philippe  ordonna  à  Barthélémy  et  à  Marianne 
de  dire  à  Jacques  et  aux  autres  apAtres  de 
jeâneret  de  prier  pour  lui  pendant  qua- 
raote  jours.  Et  c'est  ainsi  que  les  apAtrea 


prescrivirent  à  tous  les  fidèles  des  jeûnes 
et  des  prières  pendant  quarante  jours»  Et 
ce  commandement  fut  confirmé  par  les  saints 
Pères,  et  par  les  sept  conciles  généraux.  Et 
il  fut  ordonné  que  ce  jeûne  ne  serait  pas  de 
cinq»  ou  de  huit,  ou  île  dix  jours^  mais  de 
quarante.  11  est  appelé  le  Jeûne  de  la  Na- 
tivité du  Christ,  parce  qu*à  la  fin  de  ces  qua^ 
rante  jours  arrive  la  salutaire  Nativité  de 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ.  Et  il  en  résuite 
deux  bons  effets,  car  nous  accomplissons  la 
tradition  des  apAtres,  et  nous  nous  purifions 
pour  recevoir  et  adorer  Jésus-Christ  Notre- 
Seigneur,  qui  est  né  sans  tache  et  d*une  ma« 
nière  ineffable  de  la  sainte  Mère  de  Dieui  tou* 
jours  Vierge.  »  , 


ACTES  DE  SAINT  PHlUPPE  (642), 

ixiraitt  dêi  tnanu$ertti  grect  par  Simon  Métaphratte^  et  publiée  par  les  BollandinUê^  t.  1  de  Malf 

p.  Tel  iuiv. 


.aucun 


Dieu,  le  Verbe  de  Dieu,  coexistant  tou-^ 
jours  avec  le  Père,  et  n'étant  circonscrit  par 
temps,  a  voulu,  à  cause  de  la  chute 
notre  nature,  s'assimiler  à  nous  et.se 
lettre  au  temps  ;  il  s'est  donc  enfermé 
sein  d'une  vierge,  et  il  a  déifié  par 
sai^^ipatioD  ce  qu'il  avait  pris«  Comme 
son^^kment  dans  la  chair  devait  opérer  le 
salut  i^^^us  les  hommes,  il  fallait  qu'il 
eût  des  ^p^^leurs  de  sa  dispensation  divine 
et  ineffabUBl  dos  disciples  qui  participas- 
sent à  st  s  iiMtôres,  et  par  le  moyen  des- 
quels il  pâtcj^tuer  amplement  la  vocation 

laïUi    Donc,    après  que  ta 

Jésus  se  fut  répandue  dans 

du  Jourdain,  et  que,  par 

la  grâce  de   TEsprit-Saint , 

>nt  regu  le  baptême   de  ses 

be  incompréhensible  do  Dieu 

r  des  villes  (car  jusqu'alors  il 

habité  à  Jérusalem),    et  il 

iaiilée  où  l'admirable  Philippe 


de  l'esprit 
prédication 
toute  la  réj 
l'o|)ération 
beaucoup  ei 
mains,  le 
quitta  le  séj 
parait  av( 
vint  dai 


résidi ^ 

r,.e  était  originaire  do  Bethsaïde, 
André  et  do  Pierre,  mais  alors  il  se 
uvait  dans  la  Galilée  :  dès  sa  première 
jeunesse  il  avait  été  instruit,  par  les  soins 
de  ses  parents,  dans  les  sciences  libérales, 
etromoieil  avait  de  bonnes  dispositions 
piopres  l  toute  étude  digne  d^éloges,  il  lut 
i^s  livres  de  Moïse,  et  il  se  pénétra  de  toutes 
les  prédictions  qu'ils  renferment  au  sujet 
(ie  iésus-Christ,  qu'ils  annoncent  devoir 
venir  dans  les  derniers  jours,  afin  d'appor- 
ter le  salut  è  tous.  Il  n'était  pas  permis  à 
ceui  qui  instruisaient  la  jeunesse  d'en- 
seigner à  leurs  disciples  une  doctrine  diffé- 

(6fô)  DiiiD  Ceiilier  {Bistoire  des  auteurs  ecelésias- 
^'"l»6t,  1. 1,  p.  493)  fait  à  Tégard  de  cet  écrit  lub- 
s^rvaiion  suivante  :  i  Les  éditears  des  Acla  sanê' 
iorum  (ad  1  M'ait)  ont  inséré  des  Actes  latins  de 
^''^nt  Philippe  ^  qu*ils  regardent  comme  plus  purs 
<iue  ceux  qui  portent  le  nom  d'Abdias.  Us  sont  ee- 

Dittiosi!!.  JIE8  Apocryphbs   IL 


rente  de  celle  qu*ils  avaient  apprise  dans  les 
écrits  de  Moïse. 

Jésus  venant  en  Galilée  et  y  trouvant  le 
pieux  Philippe»  lui  ordonna  de  le  suivre^ 
Et  lorsque  Philippe  enten<iil  Jésus  qui  Tap-* 
pelait,  il  eut  aussitôt  présent  à  la  mé- 
moire tout  ce  c[u'ii  avait  entendu  dès  soa 
enfance  au  sujet  du  Christ,  et  il  reconnut 
que  c'était  lui  dont  les  livres  de  Moïse  an* 
nonçaient  la  venue.  Il  s'attacha  donc  aussitôt 
au  Maître  qui  l'appelait,  et  faisant  des  pio« 
grès  dans  la  vertu,  il  fut  compris  dans  le 
nombre  des  principaux  disciples.  Il  voulut 
communiquer  aux  autres  ce  qu'il  avait  reçu 
de  bon,  et  aussitôt  qu'il  rencontra  Natha« 
nael  >  qui  depuis  longtemps  était  son  ami  et 
son  compagnon,  il  lui  annonça  la  présence 
du  Messie,  non  comme  une  chose  future^ 
mais  comme  un  fait  accompli,  en  lui  disant: 
«  Le  salut  d'Israël  ne  consiste  plus  dans 
l'espérance;  le  Sauveur  que  les  prophètesi 
inspirés  par  TEsprit  divin,  ont  prédit  comme 
devant  se  révéler  è  la  fin  des  temps,  est  pré« 
sent  parmi  nous.  Nous  le  reconnaissons  dans 
Jésus  de  Nazareth,  et  nous  ne  pouvons  re-* 
fuser  notre  foi  à  l'excellence  de  ses  mira- 
cles, et  à  la  supériorité  de  sa  doctrine.» 

Ayant  parlé  ainsi  et  conduisant  APfès  lui 
Natbanael,  quoique  celui-ci  fût  dilBcile  à 
persuader,  et  qu'il  contestât  qu'il  pût  rien 
sortir  de  bon  de  Nazareth,  Philippe  l'amena 
auprès  de  Jésus,  fournissant  ainsi  la  pre- 
mière preuve  de  la  sincérité  de  sa  foi.  Na-« 
thanael,  convaincu  de  la  vérité  de  la  mission 
de  Jésus,  sécria  :  «  Maître,  tu  es  le  roi  d'I» 
raë).  »  Et  Jésus-Christ  reconnaissant  qu'il 
parlait  ainsi  avec  une  conviction  prufonde« 

pendant  rejetés  comme  fabuleux  par  les  meilleur! 
critiques,  tels  que  Tillemont  {MémoireSj  1. 1,  p.  640}, 
et  il  suffit  de  les  lire  pour  être  convaisca  clé  lear 
fausseté  :  ceux  que  les  Aèta  donnent  aussi  d'apréi 
Métaphraste  ne  valent  paa  mieux*  » 


sa 


«85 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


6M 


lui  tûûOlra  qu*ii  serait  instruit  dans  les  mys- 
tères divinSy  et  qu'il  verrait  le  royaume  c<^- 
lesie,  car  il  lui  dit:  «  Rn  véritéy  je  >ous  le 
dis,  vous  verrez  les  deux  ouverts  et  les 
anges  de  Dieu  monter  et  descendre  sur  le 
Fils  de  l'homme.  »  Depuis  ce  temps,  saint 
Philippe  appliquant  son  oreille  aux  mystères 
sacrés,  s'^  consacrait  de  tout  son  esprit,  et 
ne  se  laissant  détourner  par  aucune  autre 
pensée,  il  était  purifié  )^r  la  lumière  de  la 
connaissance  divine;  se  dc^pouillant  de  son 
ignorance  primitive,  il  était  renouvelé  en 
iTiomme  intérieur.  Avançant  en  Age,  il  con- 
çut pour  Jésus-Christ  un  attachement  encore 
plus  parfait,  et  il  était  de  même  l'objet  d'une 
affection  non  moins  vive,  de  sorte  qu'il  était 
regardé  comme  le  fils  du  Sauveur  el  comme 
devant  être  son  héritier,  devant,  à  Tavéne- 
ment  de  l'Esprit-Saint,  être  établi  prince  do 
ia  terre  entière. 

Quand  vint  le  temps  de  la  Passion  qui 
donnait  le  salut  au  monde,  Philippe  resta 
toujours  auprès  du  Sauveur.  Des  envoyés 
iles  gentils  se  rendirent  à  Jérusalem  pour 
voir  Ta  fête,  et  ils  furent  saisis  de  surprise 
en  entendant  raconter  les  miracles  opérés 
par  Jésus,  car  on  racontait  qu'il  avait  res- 
suscité Lazare  d'entre  les  morts,  et  'a  foule 
le  comblait  d'éloi^es  et  rapportait  des  mil- 
liers de  merveilles  qu'il  avait  accomplies. 
Ces  gentils  désiraient  donc  s'entretenir  avec 
le  Sauveur  ;  ils  le  suivirent  dans  celte  in- 
tention, et,  s'approchant  de  Philippe,  ils  lui 
exposèrent  le  molifJe  leur  venue:  Philippe  en 
tit  part  à  André,  qui  avait  été  appelé  avant 
lui,  et  tous  deux  en  parlèrent  à  Jésus,  qui  leur 
expliqua  sa  Passion  et  la  gloire  qui  devait 
la  suivre,  en  disant  :  <i  Si  le  grain  de  fro- 
ment tombant  par  terre  n'est  pas  mort,  il 
reste  solitaire,  mais  s*il  est  mort,  il  produit 
beaucoup  de  fruit.  »  Et  Jésus*Christ  lui  dit 
alors  qu  après  sa  Passion  et  sa  résurrection 
il  se  manifesterait  bien  des  fois  à  ses  disci- 
plest  et  qu*il  les  ferait  assister  à  des  choses 
au-dessus  de  1  entendement  humain.  Phi- 
lippe, prenant  part  aux  mystères  ineffables, 
assistait  à  ceux  qui  s'accomplissaient.  Quand 
Notre-Seigneur  et  Sauveur  Jésus-Christ  eut 
accompli  tout  ce  qu'il  devait  faire  dans  la 
chair  qu'il  avait  prise  pour  nous,  unissant 
d'une  laçon  admirable  les  choses  terrestres 
à  celles  du  ciel;  lorsqu'il  fut  monté  avec 
gloire  pour  s'asseoir  à  la  droite  du  Père,  et 
que,  selon  sa  promesse,  il  eut  fait  descendre 
1  Esprit-Saint  en  forme  de  langue  de  feu  sur 
ceux  qui  avaient  été  les  compagnons  de  sa 
Tie  mortelle  et  les  confidents  de  ses  secrets, 
alors  Philippe,  plein  de  ce  même  Esprit,  se 
disposa  à  entreprendre  le  cours  de  ses  pré- 
dications évangéliques. 

Tandis  que  les  apôtres  pénétraient  les  uns 
dans  l'Orient,  les  autres  dans  TOccident; 
tandis  qu'ils  s'enfonçaient  dans  les  régions 
septentrionales  ou  aux  extrémités  du  Midi 


toutes  les  villes  et  dans  tous  les  bourgs, 
il  amena  k  la  piété  une  multitude  innom- 


brable, qu'il  éclaira  de  la  lumière  de  ii 
régénération  et  qu'il  conduisit  ao  Père  cé- 
leste. Il  guérissait  par  sa  parole  et  par  rim* 
position  des  mains  ceux  qui  étaient  atteints 
de  maladies  ou  qui  étaient  possédés  par  den 
esprits  impurs;  il  chassait  les  enneuiis in* 
visibles  des  hommes  et,  par  l'éclat  de  so<^ 
prédications  et  l'accomplissement  de  mira- 
cles extraordinaires,  il  amenait  i  ta  con- 
naissance de  la  vérité  une  multitude  de 
gentils.  Il  ordonnait  partout  des  prêtres  et 
fondait  des  églises,  enseignant  h  offrir  Tho^- 
tie  non  sanglante  au  lieu  des  victimes  en- 
sanglantées, et  à  observer  les  préceptes  df» 
l'Evangile,  et  il  amena  ainsi  h  Jésus-Chri>i 
un  trè^-grand  nombre  de  fidèles.  Et  les  choses 
étant  venues  au  point  où  tous  deraitm 
passer  h  la  foi  et  où  il  devait,  lui,  passer 
vers  le  Seigneur,  voici  comment  sa  vie  S" 
termina. 

Après  des  travaux  infinis,  il  vint  dsns 
une  ville  de  Pbrygie  qu'on  appelle  la  saini? 
(Hiérapolis)  et  qui,  surpassant  par  le  nomltrc 
de  SCS  habitants,  toutes  les  autres  cités  de 
celte  province,  est  appelée  leur  mère.  LV 
pôlre  y  étant  arrivé  pour  y  prêcher  TEwn- 
gile,  vit  qu'on  y  adorait  les  idoles  et  qu'un 
y  rendait  un  culte  à  une  vipère  monstrueux* 
et  empoisonnée  ;  il  fut  entlammé  d'un  s^int 
zèlo  et  s'appliquant  avec  ferveur  à  la  priiT<*, 
en  invoquant  le  nom  de  Jésus-Christ,  il  m 
mourir  cette  bête  pernicieuse  qui  avait  donne 
la  mort  à  beaucoup  de  gens.  Après  avo.r 
ainsi,  par  le  secours  divin,  triomphé  de  cet 
animal  féroce,  il  se  mit  à  prêcher  tous  les 
habitants,  leur  recommandant  de  venir  à 
Dieu  qui  est  dans  le  ciel  et  de  ne  pas  sai- 
tacher  aux  serpents  qui  rampent  sur  la  terre; 
il  leur  enseigna  que  Dieu,  éternel,  parfait 
et  incompréhensible,  a  créé  le  mon<ie,  et 
formé  rhomme  à  son  image,  et  qu*a{>rès  sa 
chute,  il  Ta  racheté  on  faisant  naître  (ïm^ 
vierge  son  Verbe  qui  lui  est  consubstaniic! 
et  qui,  se  montrant  sous  la  ressemblance 
humaine,  a  pris  part  à  nos  souffrances. 

L'apôtre  enseignait  ainsi  soit  en  publia 
soit  en  particulier.  S'il  voyait  que  quelques- 
uns  de  ses  auditeurs  recevaient  d^une  nu- 
nière  spéciale  la  parole  de  la  foi,  il  leur 
appliquait  la  lumière  de  la  régénératioi.; 
il  les  recevait  dans  Tordre  des  prêtres  it 
il  en  faisait  les  temples  animés  de  Jésus- 
Christ.  L'ennemi  des  hommes,  voyant  qoe 
la  vérité  se  répandait  ainsi,  s'efforça  de  ten- 
dre des  embûches  à  l'apôtre  et  de  le  penlr**. 
S'insinuant  auprès  des  chefs  de  la  ville  et 
soufflant  l'indignation  comme  le  feu,  il  îe> 
amena  à  faire  saisir  Philippe,  et  à  sou- 
lever la  foule  contre  lui.  Il  fit  ensuite  i 
raf)Atre  tout  le  mal  qui  dépendait  de  lu . 
amenant  ses  persécuteurs  à  l'enfermer  dan» 
une  sombre  prison,  à  le  battre  cruelleoidt! 
et  à  le  soulever  en  l'air  par  des  cordes  |^* 
secs  à  travers  ses  talons. 

Le  saint  apôtre  Barthélémy  arriva  sur  ces 
entrefaites  à  Hiérapolis  et  voulut  part8>:e: 
le  martyre  de  celui  dont  il  avait  parlai 
les  prédications.  Il  le  rejoignit  lorsque  '^* 
saiht  était  attaché  sur  une  croix.  Sa  sorur 


685 


PIIl 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PHI 


685 


Marianne,  vierge  de  corps  et  d'esprit*  atta- 
chée à  son  frère  par  les  sentiments  encore 
plus  que  par  la  nature,  assistait  Philippe 
dans  ses  souffreinces  et  Tencourageait.  Et 
tout  d'un  coup  la  terre  trembla  et  tous  ceux 
qui  s'étaient  rassemblés  pour  être  témoins 
du  martyre  de  l'apôtre,  furent  saisis  de 
frayeur.  L'endroit  où  ils  étaient  s'affaissa,  et 
un  grand  abîme  se  montra  à  sa  place,  et  le 
peuple  fut  en  danger  de  périr  en  entier  de 
la  manière  la  plus  terrible. 

Tous,  ne  sachant  quel  parti  prendre,  re- 
connurent qu'ils  étaient  chAtiés  à  cause  des 
mauvais  traitements  infligés  à  Philippe;  ils 
entourèrent  l'apAtre,  l'appelant  leur  sauveur 
et  le  suppliant  de  leur  tendre  la  main  et 
d'avoir  pitié  d'eux.  Et  comme  ils  se  ré- 
pandaient ainsi  en  supplications,  on  dit  que 
Jésus,  dans  sa  miséricorde  infinie,  eut  pitié 
d*eui  et  qu'il  apparut  soudain  ;  aussitôt  le 
danger  cessa,  la  terre  ne  trembla  plus  et 
Passistance  divine  vint  au  secours  de  ceux 
qui  attendaient  une  mort  misérable,  leur 
tenant  lieu  d'échelle  et  leur  fournissnnt  les 
moyens  de  sortir  du  gouffre  où  ils  étaient 
tombés.  Ces  événements  donnèrent  ainsi  aux 
infidèles  une  voie  vers  la  foi,  et  montrè- 


rent la  grandeur  de  Philippe,  et  surtout 
celle  du  Seigneur  qu'il  prêchaiL  Ceux  qui 
avaient  été  sauvés  s'empressèrent  de  dé- 
livrer les  apôtres  et  de  les  détacher  de  la 
croix,  mais  lorsqu'ils  eurent  délivré  Bar- 
thélémy, Philippe  leur  défendit  d'en  faire 
autant  à  son  égard,  car  il  savait  qu'il  de- 
vait émigrervers  celui  qu'il  désirait  ;il  resta 
donc  toute  la  journée  sur  la  croii  (6'«3], 
s'entretenantavec  les  habitants  d'Hiérapohs 
de  leur  salut,  fortifiant  leurs  âmes  par  ses 
exhortations  et  répandant  pour  eux  des  priè- 
res ;  il  mourut  saintement  au  milieu  de  ses 
saints  discours,  et  il  passa  vers  le  Seigneur 
qu'il  avait  aimé,  recommandant  son  ftmo 
entre  ses  mains. 

Barthélémy  et  Marianne,  après  avoir  ac- 
compli avec  éclat  les  cérémonies  accoutu- 
mées dans  les  funérailles,  déposèrent  son 
corps  vénérable,  en  chantant  des  hymnes 
dans  un  lieu  saint  et  convenable,  et  après 
avoir  conlirmé  dans  la  foi  ceux  oui  étaient 
présents,  ils  retournèrent  dans  leur  pa^rs, 
prêchant  partout  l'Evangile  de  Jésus-Christ 
auquel  reviennent  toute  gloire  ,  honneur  et 
adoration,  maintenant,  et  toujours  et  dans 
les  siècles  des  siècles.  Amen. 


B  autres  Actes  de  saint  Philippe  chargés 
de  circonstances  fabuleuses,  se  trouvent  dans 
divers  manuscrits  grecs,  notamment  au  Va- 
tican etàlatnbliothèque  devienne  (Foy.Lam- 
béci us, Commenl.,  t.ylll,  p.58^,  édit.  Kollar), 
et  k  la  bibliothèque  impériale  à  Paris.  Thilo, 
qui  voulait  les  publier,  avaii  examiné  dans 
ce  dernier  dépôt,  les  textes  souvent  im- 
parfaits que  présentent  les  manuscrits  U5V, 
U68  et  881  (olim  Colbertinus  703,  turt)  Re- 
gius  2382),  et  il  en  avait  noté  les  variantes. 
Voy.  Acta  S.  Thomœ^  Lipsiee,  1823,  p.  LXi.) 

Les  Bollandistes  avaient  connu  ces  Actes, 
mais  ils  ne  les  avaient  pas  jugés  dignesd'ètro 
insérés  dans  leur  recueil;  voici  en  quels 
termes  ils  s'expriment  (Mai,  t.  I,  p.  8)  : 
AliaAeta  GrœcadescripsimusRomœex  codice 
Vaiicano  signcUo  808,  scd  imperfecta^  quœ 
non  est  optrœ  pretium  edere;  solum  noto 
<!uod  hic  dicatur  inter  miracula  prœfectus 
Stachys  a  cœcitate  libérât  us  ^  quant  tulerat 
onnû  quadraginta;  leopardus  etiam  et  hœdus 
humana  voce  locuti. 

Si  Thilo  n*a  pas  mis  au  jour  le  texte  de  ces 
Actes,  il  en  a  du  moins  donné  une  analyse,  et 
nous  allons  faire  connaître  les  détails  les 
plus  saillants  que  renferme  cette  production. 

On  y  lit  que  des  philosophes  grecs,  dési- 
reux de  s'instruire,  avaient  écrit  à  Ânanie, 
grnnd  prêtre  à  Jérusalem ,  afin  d'avoir  des 
informations  sur  Philippe  et  sur  sa  doctrine. 
Le  ^raud  prêtre,  excité  par  le  démon,  se 
rendu  à  Athènes  avec  cinquante  hommes, 
afin  de  disputer  avec  Philippe  et  dans  l'es- 
poir de  le  confondre.  Après  une  vive  contro- 
verse, te  grand  prêtre,  n'ayant  pas  de  bon- 
nes raisons  à  donner,  ordonna  de  flageller 


Philippe,  mais  en  punition  de  son  incrédu- 
lité obstinée,  il  fut  frappé  de  cécité,  ainsi 
que  ses  compagnons,  et  sa  main  fut  dessé- 
chée. L'apôtre,  voulant  opposer  un  témoi- 
gnage divin  au  mauvais  vouloir  de  ses  en- 
nemis, pria,  et  le  ciel  s*ouvrit,  et  laissa  voir 
Jésus- Christ;  toutes  les  idoles  d'Athènes 
s'écroulèrent  aussitôt.  Malgré  ces  miracles, 
Ananie  persista  dans  son  entêtement,  il  fut 
alors  englouti  peu  è  peu,  par  ordre  del'apôtre, 
et  ce  prodige  détermina  une  grande  multitude 
À  embrasser  la  foi.  Parmi  les  convertis,  furent 
les  cinquante  compagnons  du  grand-prêtre 
qui,  ayant  renoncé  à  leurs  erreurs,  recou- 
vrèrent la  vue.  Le  prince  ou  chef  de  la  ville, 
(npûxoç  rnç  itô^fuç),  s'approcha  alors  de  Phi- 
lippe, lui  amenant  son  fils  qui  était  possédé 
du  démon,  et  le  priant  de  le  guérir.  Ananie, 
ayant  crié  qu'il  ne  fallait  point  ajouter  foi  à 
ce  que  disait  l'apôtre,  celui-ci  le  fit  précipi- 
ter vivant  dans  l'enfer,  et  guérit  1  enfant. 
Après  être  resté  deux  ans  è  Athènes,  et  y 
avoirordonnédes  évoques  et  des  prêtres,  Plii- 
lippesemiten  route  pour  le  paysdes  Parthes. 
Tel  ostlesommairedecesActes,qui  peuvent 
figurer,  on  le  voit,  parmi  les  écrits  apocryphes 
les  moins  dignes  de  confiance.  Le  Bollandiste 
Papebroch  en  reparle  (  Àcla  SS,  ad  diem  ^ 
Junii,  p.  620J,  où  il  est  question  des  choses 
accomplies  par  le  diacre  Philippe,  et  cite  un 
autre  manuscrit  du  Vatican  intitulé  :  Àctio^ 
nés  Philippi  apostoli  secundum  in  Heltadem 
Atheniensium   {profecli)  ;  cette  légende   a 

Cassé  dans  les  Menées  des  Grecs.  (l(h  novem- 
re.)  On  a  conjecturé  avec  raison  qu'au  lieu 
d'Athènes,  il  fallait  voir  la  ville  d'Adena,  en 
Arabie,  mais  ce  tissu  de  fables  ne  mérite  pas 


(643)  Selon  Pouvrage  ailribué  à  tort  à  saint  Hip- 
polyle  '  Deduodtcim  apostoliset  alits  dncipuUSf  saint 


Pniiippe  fut  crucifié  à  Hicrapolis,  soas  le  règne  do 
Domitien,  la  tèle  en  bas. 


087 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYFIIES. 


M 


qu'on  s*y  arrête  ;  et  Tliilo,  après  avoir  pris  an  rejeeturi  simus  noitrum  apographum, 
M  peine  de  le  copier,  doutait  qu'il  valût  la  ouippe  juonihil  magnopere  lucrari  videatvr 
la  peine  d'être  imprimé.  {Nos  ipsi  dubUamui     historiœecclesiaslicœ  cognilioJ) 

HISTOIRE  DE  SAINT  PHILIPPE, 

diaprés    VUhioirt   apostoUque    d*Abdiaif   th,   x. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Philippe,  compatriote  de  Pierre  et  d'An- 
dré, était  originaire  du  village  de  Bethsaïde 
(6U)  en  Galilée,  et  appelé  peu  de  temps 
après  Pierre  (645),  il  parvint  h  l'honneur  de 
l'apostolat.  Afin  qu'il  eût  un  compagnon  de 
sa  conversion,  il  amena  à  Jésus-Christ  un  de 
ses  parents  noaiUié  Nalhanael,  et  il  est  re- 
laté que  Jésus-Christ  reconnut  Nalhanael 
SOUS  un  figuier  avant  qu'il  ne  lui  fût  conduit 
par  Philippe.  Et  Nalhanael,  saisi  de  surprise, 
parce  qu*il  n'avait  jamais  vu  Jésus-Christ 
auparavant ,  s'attacha  désormais  de  grand 
cœur  à  lui  (G46),  restant  toujours  dans  la 
compagnie  de  Philippe.  Et  la  veille  de  la 
Passion,  comme  il  entendait  le  Seigneur  diro 
que  personne  n'arriverait  è  son  Père,  si  ce 
n'est  par  lui,  il  commença  à  prier  son  Mal-* 
tre  de  lui  montrer  le  Père  ainsi  qu'à  ses 
condisciples  (GiSj-?),  ce  qu'il  disait  par  amour 
de  la  vie  éternelle.  Mais  Jésus-Christ  re- 
prit Philippe  de  ce  Qu'étant  avec  lui  depuis 
tant  de  temps,  il  ne  le  connaissait  pas  bien 
encore.  Et  1  Evangile  nous  apprend  que  ces 
choses  furent  faites  par  Philippe  avant  la 
Passion  du  Seigneur. 

CHAPITRE  II. 

Après  l'ascension  du  Sauveur,  le  bienheu- 
reux Philippe  prêcha  constamment  TEvan^ile 
aux  gentils  pendant  vingt  ans  dans  la  Sc.y- 
thie  (648).  Et  ayant  été  saisi  par  des  païens 
et  conduit  devant  la  statue  de  Mars  (649), 
comme  on  voulait  le  forcer  à  adorer  cette 
idole,  il  sortit  de  dessous  le  piédestal  qui 
soutenait  la  statue  un  grand  dragon  (650j,  et 

(644)  Joan.  t,  44. 

(645)  La  fêle  de  la  vocalion  de  saint  Philippe  est 
Indiquée  dans  quelques  mariyroioges  pour  le  28  fé« 
vrier.  Foy.  les  Acta  SS.  à  celle  uale. 

(646)  Joan.  xxi,  i.  Quel(|ues  auteurs  eut  cru  que  H 
Nailianael  éialt  un  nom  qu'avait  porté  Tapôtre  Bar-  P 
lliélemy;  Gavaiiti  et  PignateUi  ont  défendu  cette 
opinion  dans  des  dissertations  spéciales.  (Voy. 
Allatius,  Apet  urfranfl?, p.  59,  et  Posse\\n,  Spiciiegium 
etan§eUcttm,  p.  i79.|  Saint  Chrysostome,  saint 
Grégoire  de  Mysse,  saint  Grégoire  le  Grand,  saint 
Augustin  et  bien  d*autre$  écrivains  ecclésiastiques 
nient  que  Matbanael  sut  été  un  des  apôtres.  D^au- 
très  ont  cru  qu*il  fallait  reconnaître  eu  lui  Simon  le 
tbaoanéen  ou  saint  Etienne ,  le  premier  martyr. 
Saint  Ëpipbane  écrit  qu'il  fut  le  disciple  qui  était 
avec  Qéophas  quand  le  Seigneur  se  montra  sur  le 
cbeniin  d*Kmmaû.s.  Le  fait  est  qu*on  ne  saurait  rien 
préciser  de  positif  sur  le  compte  de  f^iathanael. 

(647)  Joan.  xiv,  8.  On  a  cru  ausifi  que  c*étaU 
Pbitippe  qui  avait  demandé  au  Sauveur  la  permis- 
sion d'aller  ensevelir  son  père  :  Matth.  vui,21. 
(Clément  d'Alex.,  Sirom.«  lib.  in.) 

(648)  Selon  divers  auteurs  cc.serait  dans  la  Pbry- 
gie  supérieure  que  saint  Philippe  aurait  exercé 
ra;K)&tolat.  (Vcy,  les  passages  recueillis  par  Cote- 
lier  dans  ses  Nvtttsur  la  Comlilulivns  apo$lQlique»f 


il  frappa  le  fils  du  prêtre  (651)  qui  entretf^ 
nait  le  feu  du  sacrifice.  Et  il  frappa  égaie* 
ment  deux  tribuns  qui  gouvernaient  la  pro- 
vince, et  dont  les  soldats  j^jnaient  Tapôtre 
attaché.  El  ensuite  tous  les  assistants,  ren- 
dus malades  par  le  souffle  empesté  du  dra- 
gon, commencèrent  à  éprouver  de  grandes 
douleurs.  El  Tapôtre,  les  voyant  ainsi,  leur 
dit  :  «  Ecoutez  mon  conseil  et  vous  recouvre- 
rez la  santé,  et  même  ceux  qoi  viennent  de 
mourir  ressusciteront  tous,  et  le  dragon  qui 
vous  était  funeste  sera  chassé  au  nom  du 
Seigneur.  »  Et  les  malades  lui  dirent  :  «  Que 
devons*nous  faire?  »  Eirap6tre  leur  répon- 
dit :  «  Henversez  celte  statue  de  Mars  et  i<ri- 
sez-la,  et,  à  l'endroit  où  elle  s'élève,  dressez 
la  croix  de  Jésus-Christ  mon  Seigneur,  et 
adorez-la.  ^ 

Alors  ceux  qui  souffraient  de  grandes  dou- 
leurs se  mirent  à  crier  :  «  Que  la  santé  nnus 
soit  rendue,  et  nous  renverserons  Mars.  >  Lt 
le  silence  s'étanl  fait,  l'apôtre  dit  :  «  Je  lor- 
donne,  dragon,  au  nom  de  Jésus-Christ, 
Notru-Seigneur,  de  quitter  ce  lieu  et  d'aller 
résider  en  un  désert  oil  n'habite  aucun  hoib* 
me  et  oii  il  n'est  rien  qui  soit  utile  à  la  râco 
humaine,  afin  que  tu  ne  nuises  à  personne.» 
Alors  ce  dragon  si  féroce  s'empressa  de  sV- 
loigner,  et  on  ne  le  revit  plus.  £l  Philipf  e 
ressuscita  le  fils  du  prêtre  qui  entretenait  lo 
feu,  et  les  deux  tribuns  qui  étaient  morts,  et 
il  rendit  la  santé  à  tonte  la  multitude  qui 
était  malade  par  suite  du  souffle  du  dragon. 
ï>'oix  il  advint  que  tous  ceux  qui  poursui- 
vaient l'apôtre  Philippe  firent  pénitence  et 
l'adorèrent  comme  un  dieu  (GS2). 

1.  VI,  c.  7.)  Nieépbore  nomme  l'Asie  supérieore 
{iiisi.  êccles.f  1.  n,  c.  5) ,  ainsi  que  Siinéon  MétJ- 
pliraste  dans  les  Actis  de  saint  Philippe^  ios^t« 
dans  les  recueils  de  Surius  et  des  lioljandivu» 
1"  mai)  ;  Tbéodoret  {in  p^aL  cxvi)  parle  des  dcui 
lirygies. 

(049)  Les  Scythes  rendaient  un  euîle  particulirr 
à  Mars ,  ainsi  que  le  disent  Uéro«loie ,  Pompooio» 
Mêla  et  autres  auteurs  anciens.  Ammieii  filaretUnt, 
en  parlant  des  Alains,  ramille  de  la  race  scyibi^iuc. 
s'ei prime  ainsi  :  <  Gl^dius  barbarico  rilu  buuii  tij*- 
tnr  nudus  eunique  ut  Maitem  regionuin  qoas  cir- 
cumcircant  prxsulem  verecundius  coliiiit.  i  (W^. 
K'S  notes  savantes  de  Llndenbrog  et  de  Valois  sor  <c 
passa^'C,  et  Vossius,  De  idoio/alr.,  lîb.  ix.) 

(iihi))  Celte  circonstance  se  retrouve  dans  l«s 
Actci  de  saint  Philippe  et  dans  le  discours  de  Nice  a« 
en  riionneur  de  Tapétre ,  discours  publié  par  (^oib* 
befis,  Auctuarinm  novinimumt  t.  I,  p.  S83.) 

(d5i)  Chez  la  plupart  dei  natioos  anciennes,  i^i^ 
excepter  les  Juif»,  les  prêtres  et  même  les  gmxt) 
prêtre»  pouvaient  se  marier,  mais  tout  commerce 
charnel  était  interdit  aux  prélres  de  Cérês,  à  fJcu»i», 
dcCybèleetdlsis.  (Voy.  Marsham,  Canon,  cktwKf 
p.  256,  et  Kircher.  (£(/tpMf  JSgypl,,  1,  940.) 

(65i)  Circonstance  analogue  à  celle  que  bous 
trouvons  dans  les  itvf^s,  xtv. 


6S9 


Pl£ 


PART.  III.  —  LE€Q^DES  ET  FRAGMENTS 


PIE 


690 


CHAPITRE  III. 

Et  TapAtrc  les  enseigna  durant  un  an,  leur 
montrant  comment  l'avènement  du  Seigneur 
nvail  secouru  le  monde  qui  était  en  grand 
«langer,  et  comment  le  Seigneur  était  né 
d'une  Tierge  »  comment  il  avait  souffert ,  et 
comment  il  était  ressuscité  le  troisième  jour 
après  sa  Passion  ;  comment  il  avait,  après  sa 
n^surrection ,  enseigné  IfiS  mêmes  choses 
qu'avant  sa  Passion,  comment  il  était  monté 
au  ciel  à  la  vue  des  apôtres,  et  comment  il 
avait  envoyé  TEsprit-Saint  qu'il  avait  pro- 
mis et  qui,  venant  comme  du  feu,  s'était 
posé  sur  les  douze  apôtres  et  leur  avait  com- 
muniqué le  don  de  toutes  les  langues,  et  il 
dit  :  «  Je  suis  un  de  ces  envoyés  et  je  vous 
fais  savoir  que  toutes  idoles  sont  vaines  et 
fatales  à  ceux  qui  leur  rendent  un  culte.  » 
£t  tout  le  monde  crut  à  ce  que  disait  Tapô- 
Ire,  et,  ayant  brisé  Timage  de  Mars,  bcan- 
coap  de  milliers  d*hommes  furent  baptisés. 
Et  1  apôtre  ayant  ordonné  des  prêtres ,  des 
diacres  et  un  évêque,  et  ayant  construit 
beaucoup  d*églises ,  revint  en  Asie  (653), 
obéissant  à  une  révélation  de  Dieu ,  et  il 
résida  depuis  dans  la  cité  d'Hiérapolis,  et  il 
y  étouflfa  Thérésie  perverse  des  Ebionites 
qui  disaient  que  le  Fils  de  Dieu  n'était  pas 
un  bomme  véritablOi  né  d'une  vierge  (65<k]. 


Et  Tapôtre  avait  deux  filte^,  vierges  el 
consacrées  au  Seigneur  (655),  qui  avaient 
attiré  à  Dieu  une  multitude  de  vierges.  Et 
Philippe,  sept  jours  avant  sa  mort,  appela  k 
lui  tous  les  prêires  et  les  diacres ,  ainsi  que 
les  évêques  des  villes  voisines,  et  il  leur  dit  : 
«  Le  Seigneur  m'a  accordé  de  rester  encore 
sept  jours  en  ce  monde;  souvenez-vogs  de 
la  doctrine  de  Notre-Seii^neur  Jésus-Christ , 
et  restez  fermes  devont  les  menaces  de  J^en- 
nemi.  Que  le  Seigneur  accomplisse  ses  pro- 
messes  et  qu'il  fortifie  son  Eglise.  »  £u  di- 
sant ces  choses  et  d'autres  semblables,  l'apô- 
tre Philippe ,  âgé  de  quatre-vingt-sept  ans  » 
se  rendit  vers  le  Seigneur  (656),  et  son  corps 
saint  fut  déposé  dans  la  ville  d'Hiérapolis. 
Et,  après  quelques  années,  ses  deux  tiilos, 
vierges  saintes,  furent  ensevelies  dans  le 
môme  tombeau,  h  sa  droite  et  à  sa  gauche  • 
et,  à  la  prière  de  l'apôtre,  les  bienfaits  du 
Seigneur  y  sont  accordés  k  tous  ceux  qui 
croient  en  un  seul  Dieu,  Père  invisible,  in- 
compréhensible et  immense  que  nui  homme 
n'a  vu  ni  ne  peut  voir,  et  à  son  Fils  unique 
Jésus-Christ,  Kotre-Seigneur,qui  a  été  cru- 
cifié pour  les  péchés  du  monde,  et  en  l'Esprit*^ 
Saint  consolateur  qui  éclaire  nos  Ames,  et 
maintenant  et  toujours,  dans  les  siècles  ia-^ 
finis  des  siècles.  Amen. 


PIERRE  (SAINT)* 

{Ecrits  aUribués  ou  relatifs^  à  saint  Pierre.) 


Evangile  ae  saint  Pierre.  —  Il  est  mention- 
Ré  par  Origène  (657).  Eusèbe,  dans  son  His* 
toire  ecclésiastique  (liv.  iir,  c.  25),  le  cite 
également  avec  les  prétendus  évangiles  de 
Thomas  et  de  Matthias  parmi  les  livres  sup- 
posés;  il  eu  parle  également  (liv.  m,  c.  3), 

(6f»3)  L^apétre  revenait  de  la  pythie  (lui  est  en 
Europe.  Le  Miirtjrologc,  publié  p<ir  Floreiiliiiiis,  dit 
à  Ion  que  la  ville  d*Hiérapolis,  où  mourut  Piiilippe^ 
ciait  en  Afrique  ;  elle  était  en  Plu'ygie. 

(654)  Noua  avons  déjà  parlé  des  Ebionites*  Trans* 
crivoiis  (railleurs  la  noie  de  Fabricius  sur  ce  pas- 
^i^e  :  c  Ebiooiiaruro  itaque  bairesis  fuit,  si  p&eudo- 
AlMlis  credîmus,  homineio  ^uem  assumpserii  Filius 
l^ei,  non  fuisse  ^enim  bominem,  natum  ex  \irgine„ 
led  hominis  i^àvzaayji.  Longe  aliam  lamen  illis 
Knieniiam  tribuunt  veteres  ad  unum  omnes  :  pro 
ni^ro  euîm  boinine  Chrisium  habuisae  testantur, 
sive  naiiim  ex  Virgine,  siva  altoruni  bominuni 
ntore  uiroque  parente  prog^'nltum.  Duo  siquideni 
Renera  Ebiouilaruni  fucit  Qrigencs,  lib.  v  contra 

U^ttfll.  B 


.  Polycrate ,  cité  par  Eusèbe  (UUt,  eecles,, . 
1* Ji  p.  24) ,  relate  la  môme  circonstance.  Valois 
observe  quon  a  confoudu  i*apôtre  Philippe  avec 
rliiiippe,  un  des  S(*pt  diacres  qui  avait  quatre  filles 
vierg^-s  et  propbétesses.  {Aci.  %xi\  9.)  C'est  égale- 
ntem  Topinion  de  plusieurs  savants  ;  TiUemont  a 
J^ndaiit  réuni  les  raisons  qu'on  peut  lui  opposer* 
mémoireê,  1. 1,  p^  958  et  1156)  Consulter  aussi 
UHier  dans  ses  Noie*  tur  lei  Pères  apostûU^ues  » 
**  1>  p.  334,  édit.  de  Le  Clerc.)  Fiorenlinus,  dans 
Mft  hbtn  $ur  te  MaTtyroto§e,  distingue  aussi  les 
y^^tes  lies  deux  Philippes.  Les  Grecs  célèbrent  le  il 
lévrier  h  fèie  de  Marianne,  une  des  filles  de  Tap^tre, 
^M«  4  septembre ,  celle  de  sa  sœur  IIerinioae«  ils 


de  manière  à  montrer  que  cet  écrit  n*eut  j*-*^ 
Biais  grande  autorité  (658j.  Un  troisième 
passage  de  celle  métpe  histoire  est  digne- 
u  attention  ;  il  se  rapporta  à  ce  que  disait  au 
suicide  celle  production  Sérapion,  évéque 
d'Antioche  (659),  qui  vivait  )k  la  ùa  du  ii' 

(ont,  le  il  octobre,  la  fête  dePhlUppe,ledi8eiple;  elle 
est  marquée  au  6  juin  dans  le  Martyrologe  romain. 

(656)  H  fut  crucifié  la  léte  en  bas,  à  ne  que  rappor- 
le)il  Nicélas  (loc,  cit,)  et  les  bagiographes  arecs. 

t*bilippe  de  Voragine  a  reproduit ,  en  rabrcgeant 
encore,  d<ins  &Si  Légende  dorée ,  le  récit  d'Abdias. 
(  Voy,  le  Dictionnaire  des  légendes  du  cfirislianisme , 
Migne,  1855,  coU  i08i.) 

(657)  c  Praires  autcm  jesu  affirmant  nonnulli 
Olios  esse  Josepbi  ex  priore  conjugequam  ipse  anie 
Mariam  duxerit ,  ad  id  scilicet  adducti  tradilione 
Evangelii  quod  secundum  Petruni  inscribitur,  vel 
Ubro  Jacobi ,  »  CammenL  in  Evangelium  Mauhœi^ 
t.  \I,  p.  152. 

(658)  Voici  ee  passage ,  tel  que  nous  le  présente 
kl  version  de  UuUn  :  c  lile  vero  libellus  qui  dicitur 
Actus  Pelri^  et  quod  nominis  ejus  Ëvangelium  nan-. 
liaiur,  sed  quœdiciturejuspraediciitio  vel  revelatio, 
in  Scripiurisprorsus cauonicis  non babelur,  sed  ne 
aUquis  quidem  scripiocum  vcterum  v^  earum  tes* 
limonlis  invenitur  %^ 

(659)  Voir  au  sujet  de  ea  prélat  Ualloix,  Ulustrium 
eccUsiœ  orientalis  tcripiorum  «iitf,  4653  ia»fol.  Ci- 
-lODS  les  paroles  d'Eusébe  : 

4  Sed  et  ille  liber  vcnii  ad  nos  quem  Serapioa 
scribit  de  Ëvangelio  Pelri,  ubl  arguât  qutâdam  falst 
in  co  Gonscripta»  enendare  cupieos  fraires  qui 
eraot  apud  Rliosuni,  oui  per  oceasionem  ScripturiD 
ipsius.in  basresin  dedinabant.  liignuaa  tamen  roibi 
vîdetur  pauca  qjiaedam  de  «jus  liteUo  •insérera,  êk 


G91 


DICTIONNAIRE  D£S  APOCRYPHES. 


sièCie  de  Tère  chrétienne.  Citons  aussi  hcei 
é^ard  un  passage  de  saint  JérOme,  qui  s'ex- 
prime ainsi  dans  son  Catalogue  des  écrivain» 
eceléiiaetiques  au  sujet  de  Sérapion  :  Corn- 
posuil  et  alium  de  Evanaelio  (luoa  sub  nomine 
Pétri  fertur  librum  ad  Âhosensem  Ciliciœ  Ec- 
clesiamf  quœ  in  hœresin  eyas  hctione  dtv«r- 
ierat. 

Apocalypse  de  saint  Pierre.— Son  existence 
nous  est  révélée  par  les  témoignages  d'Eu- 
sèbe  (660)  et  de  Sozomène  (661).  Sanctius 
{NucleusecclesiiMsticuSf  p.  6)  dit  que  les  Coptes 
se  servent  dans  leurs  ép^lises  d'un  livre  qu'ils 
appellent  les  Secrets  de  saint  Pierre^  mais 
il  ignore  si  cet  ouvrage  est  le  même  que 
ÏApocalypse  attribuée  h  cet  apôtre.  Elie 
Dupin  a  dit  que  les  Coptes  possédaient  une 
*  Apocalypse  de  saint  Paut^  mais  on  peut  croire 
avec  Grabe  {Spicilegium,  1. 1»  p.  84)  que  1>u- 
])in  avait  en  vue  \e  passage  d'Eusèbe  et  que^ 
par  méprise,  il  a  écrit  le  nom  de  saint  Paul 
au  lieu  de  celui  de  saint  Pierre.  Jacaues 
de  Vitry  mentionnait  au  xin*  siècle  un  écrit 
intitulé  :  Revelationes  B.  Pétri  apostoli  in 
discipufo  ejus  Clémente  in  uno  volumine  re- 
dactœ.  C'était  une  composition  bien  plus 
récente  que  celle  dont  les  anciens  auteurs 
ont  parl^.  Il  y  était  question  de  la  con- 
sommation de  la  loi  perfide  des  Agaréniens 
et  de  la  destruction  imminente  et  comme  au 
moment  de  s'accomplir  dos  païens. 

On  ne  saurait  douter  d'ailleurs  que,  dès 
les  premiers  siècles  de  l'Eglise,  il  ne  cir- 
culftt  un  ouvrage  sous  le  titre  d  Apocalypse 
de  saint  Pierre^  car  Clément  d'Alexandrie  en 
cite  un  passage  remarquable  (662). 

Prédication  de  saint  Pierre,  —  Cet  écrit  fui 
célèbre  ehez  les  anciens  Pères.  Clément  d'A- 
lexandrie (Strom.  1. 1>  p.  35  ;  I.  vi,  p.  635, 


qnibiis  innolc scat  qn«  fuerit  ejns  de  îpsa  Scriptura 
Mntenlia.  Scribit  ergo  in  quodatn  loco  lia  :  f  Nos 
4  enim,  fratres,  et  Peirum,  et  alios  aposiolos  reci- 
f  plmos  sicot  et  Chrisiam.  Qux  aatem  sub  eorum 
f  nomine  felsa  abaliis  conseripta  s«inl,  Teltit  gnari 
c  eoruni  sensas  ac  senlenli»  ileclinamus,  scieniea 
«  qiiod  tain  nobis  non  sunt  tradiia.  Ego  enim  cum 
4  easem  apad  vos  putabam  omnes  rectas  Û  'ei  esse 
I  înler  vos  et  non  decurso  IUh  Ibi  qui  mihi  oflRereba* 
c  tur,  in  qao  nomine  Pétri  evangelium  ferebator, 
c  dix»:  Si  hoc  est  solum  quod  inter  vos  intmicitiam 
f  shmillalemque  vuletor  inferre,  Ipgatur  codex.  Nunc 
c  aiwem  comperto  quod  bi  qui  codicem  illum  Irgî 
t  deb<;re  asserunt,  pro>peetu  cujusdam  occulte  bae- 
c  resee«  hoc  lierî  poposccruot ,  sicut  mibi  dîcium 
f  est,  festinabo  itcrum  venire  ad  vos.  Nos  cuim  do- 
c  vimus,  fralres,  cujus  haereseoe  fuerit  Martianas, 
I  qui  etiam  sibt  ipsi  centra  rius  exUtit,  non  intei- 
fl  lijfens  qux  loqueieuir,  qiiae  et  jam  vos  discetis  ex 

<  bis  qme  scripta  sont  vobis  investigata  per  nos  : 

<  ab  iilis ,  ^m  hoc  ipsam  Evangelium  secundum 
c  illins  tradilionem  dtdicerunt  el  successores  exsti- 

<  terunt  senientiae  ejus,  quos  noa  E>oceta8  vocamus, 
I  qui.i  m  ba^c  ipsa  doctrina  illorum  sont  quamplu- 
f  rimi  sensiia  et  ab  îpsis  niMuati.  Nam  cerlum  est 
c  aaoïl  plorima  secuoduni  recti  rationem  sentiunt 
4  de  SaWatore,  tlia  vero  aliter,  qo»  et  subjecimus.» 
Haec  Sérapion  acribH.  > 

(660)  Hist.  eccles.  I.  vi,  c.  14,  nbi  de  Clémente 
Aloxandriiio.  —  i  In  libris  vcro  informaiionum,  lit 
brevit«^r  dicam,  noiversam  paritcr  Scripturam  divt* 
iiam   rompemliofis  disheriaiiunîbus  cxplanavit.  In 


636,  639,  678)  en  rapporte  plusieurs  pasu- 
ges  très-ortbodoxes.  Origène  (in  Job)  et  Lae- 
tance  {Instit.  dtv.,  I.  iv,  c.  21)  le  cileot  aussi. 
Origène,  après  avoir  rejeté  ce  livre  comm« 
apocryphe  dans  sob  traité  Des  jM^iftcipet. 
remet  à  une  autre  fois  à  examiner  s*il  est 
légitime»  supposé  ou  mixte,  c'esl-à-dire  cor- 
rompu. 

Ceiie  prédication  remonte  d'ailleurs  a  aoe 
bauie  antiquité,  puisqu'elle  est  citée  pn 
rbérétique  Héracléon  qui  vivait  vers  li3. 

Saint  Gréi^oire  deNazianze  (Jifc.  17,  Aus 
habitants  de  Nazianze)  cite  des  paroles  qa*il 
répète  (épttre  16,  à  Césairé)  en  les  attribuant 
à  saint  Pierre  :  «  L*âme  malade  est  voisine 
de  Dieu.  »  Elie  de  Crète  remarque  que  cette 
phrase  est  prise  dans  le  livre  de  ta  Doc^ 
Urine  de  saint  Pierre. 

Actes  de  Pierre  et  Paul.  — Nous  avons  dvp 
eu  l'occasion  de  mentionner  ces  Actes;  ils  ^e 
trouvent  en  çrec  dans  un  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris  (coté  jadis 
Colbcrtinus  340,  ensuite  Regius  2012)  ;  ils  y 
rem|>lissent  dix  feuillets  (98  à  lOB).  Ce  ma* 
nuscrlt,  d*une  antiquité  remarquable  (il  a 
été  transcrit  Tan  890),.  est  d'une  belle  écri- 
ture. Moutfaucon  l'a  mentionné  honorable- 
ment dans  sa  Palœographia  Grœca^  p.  269, 
et  en  a  donné  un  fac-similé.  D'autres  copies 
de  celte  production  se  trouvent  daus  divers 
grands  dépôts,  notamment  à  Oiford,  dansla 
bibliothèque  Bodleyenne  [cod.  Baroccianus ^ 
IM,  fol.  176),  à  Turin  (cod.  135;  voy.  Catalogué 
codicum  GrœcorumTaurinensium^  p.  232.)  Il  y 
a  également  à  Vienne  un  manuscrit  dont 
Lambécius  (Comment.  biblioth.Cœsar.^  t.Vlll, 
p.  802  et  808)  rapporte  le  titre  et  le  coiu* 
mencement;  la  partie  relative  au  voyage  Jt> 
saint  Paul  à  Rome  parait  manquer  dans  ce 


c    .   fr 


II) 


qiiibas  neeaqiiidem  qu»  apoaypha  a  qnibusda 
babentur  prxieriit,  ut  est  Pétri  reveialio.  > 

HisL  eecUi.  lib.  vu,  c.  19.  —  c  Sic  revelsiio- 
nem  Pétri  qux  est  adultérins  a  ▼cteribus  répudiai! 
est  in  quibusdam  Ecclesiis  Palxstime  semel  quouo- 
nis  legi  animadvertimus,  die  scilicei  ParasccvtK 
qiia  populus  admodum  religiose  Jejunat  in  mémo- 
riam  Domioics  Passionis.  » 

Il  existe  une  Apocalypse  de  saint  Pierre  en  arabe . 
elle  se  trouve  à  Oxrord  ;  Alexandre Nicoll  en  a  par- 
lé :  (Ca(a/oatti  codicum  manuscriptorum  Orieni^- 
lium  bibliolnecœ  Bodieiaaœ.  Oxford,  I8il,  iu-M.) 

Il  subsiste  d*ailleurs  d*autres  manoscrits  daB> 
les  langues  de  l'Orient  à  ce  que  dit  Assenani,  Bt- 
Iflioihieœ  Orienlalis  t.  111,  p.  i,  p.  282,  nais  jus- 
qu'à présent  on  ne  les  a  pas  publiés. 

(601)  Hisl.  eccteê.  lib.  vu,  c.  19.  —  Oa  f  oit  4«e 
celte  production  était  lue  chaque  année  dans  1^ 
églises  de  la  Palestine. 

(66i)  KouesClément  d*Alexandrie(lly|'oiip.,e.  li 
fl  Jam  vero  Petrus  in  Ap^ocatypsi  ail  inlautesalwrtifOf», 
si  meUorls  ruerintsortis,angelocuraton  Iradi.  mco- 
gnitîone  susoeptailitUorem  nanclscautur  majisiiMieni, 
paiieudoquasperlulissent  sieisliti^sent  iocorpore^rr^ 
liquos  auiem  solani  saluleiu  adepturos,  miscncord»!» 
propler  factam  sibi  injuriain  coosequêiido*  mau»»' 
rosque  absque  SMppUcio,  accipientes  id  muDcri».  i 
L*auteur  Inconnu  dd  Traité  sur  le  canoa  du  Lnrr* 
êainltf  inséré  dans  les  Antiqaiîatts  Ifa/ior  m/^i» 
œti  de  Moratori,  t.  III,  p.  854,  range  cette  Xf^ 
calypsf  parmi  le$  ouvrages  canoniques. 


603 


PIE 


PART.  ill.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIE 


691 


codex.  D*autres  manuscrits  grecs  (Paris, 
im,lW5,  1476;  Oxford,  fonds  Laud,  n*  84) 
renferment  deux  récits  des  pérégrinations  et 
du  martyre  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul; 
il  a  passe  dans  la  collection  des  Bollandistes, 
Juin,  t.  V,  p.  411. 

L'ouvraçegrec  a*élé  cité  d'après  des  manns- 
crilspar  divers  savants.  Constantin  Lascaris, 
enayantdécouvertdansuRCOuventdeReggio, 
en  1490,  un  manuscrit  sur  vélin,  en  fit,  pour 
uocpartiedu  moins,  une  traduction, qu'Abela 
parait  avoir  connue.  (Descriptio  Mtlitœ,  1647, 
p.25â.)  L'aiitorité  de  ce  manuscrit  fut  tour 
a  tour  invoquée  ou  contestée  par  Ciautar  et 
par  Giorgi  dans  la  polémique  que  souleva  la 
détermination  de  1  île  où  saint  Paul  fit  nau- 
frage. Coteli^r,  dans  ses  Notes  $ur  les  Consti- 
tniions  apostoliques,  1.  vi,  c.  10,  cite  d'après 
le  manuscrit  1045  delà  Bibliothèque  du  roi,  le 
passage  relatif  à  la  n)ort  de  Simon  le  Mage, 
passagequeFabricinsa  reproduit  dans  ses  no«> 
tes  sur  Aboias  (l.  i,  c.  18),  et  sur  les  Actes  de 
Marcellus.  [Cod.  apocr.  Nov.Test.^XAW,  p. 
650.)  Il  fit  également  mention  de  ces  Actes 
danssaBîfr/«o/Afcatfra'ca,t.  IX,  p.  134.  (T.  X, 
p. 310  de  l'édition  de  Harles.)  £nQn,  l'infa- 
tigable Du  Cange  les  consulta,  d'après  le 
manuscrit  Caibert  4249,  pour  en  extraire 
quelques  mots  au'il  plaça  dans  so»  Glossa- 
riummediœ  et  in/imœ  Grœcitatis.  {Vo-y.  les  ar- 
ticles iTixaptov,  KaerTt»iv,  'O/Dleyivicv,  etC.) 

Ces  Actes  De  présentent  d'ailleurs  rien  de 
bien  différent  des  pièces  que  nous  avons 
déjà  fait  connaître  ;  il  suffira  d'en  donner 
une  brève  analyse. 

Us  peuvent  se  diviser  en  (rois  parties  :  la 
première  comprend  le  voyage  de  saint  Paul 
a  Rome;  la  seconde,  la  iutie  entre  Simon  et 
les  apôtres;  la  troisième,  le  martyre  des 
deux  saints.  Le  récit  commence  au  moment 
où  saint  Paul  quitte  l'Ile  de  Metita  pour  se 
rendre  à  Rome.  Les  Juifs  établis  à  Rome 
apprennent  son  approche,  se  réunissent  et 
prennent  la  résolution  de  demander  h  Néron 
de  ne  pas  permettre  que  l'Apôtre  entre  en 
Jlalie.  L'empereur  promet  de  se  rendre  à 
leurs  vœux.  Les  Juifs  ont  également  recours 
à  Simon,  dont  ils  réclament  l'assistance.  Ins- 
truits de  ces  faits,  les  Chrétiens  envoient 
auprès  de  Paul  deux  messagers  qui  lui  remets 
tent  une  lettre  et  qui  se  joignent  à  lui  et  l'ac- 
(:offlpaçneat  pendant  son  voyage.  De  Melita 
ils  arrivent  a  Syracuse,  ensuite  à  Reggio, 
puis  à  Messine,  do  là  dans  l'Ile  de  Didyine  , 
où  ils  passent  une  nuit,  et  le  lendemain  ils 
Arrivent  à  Putéole.  Cédant  aux  prières  des 
disciples  de  saint  Pierre,  Paul  séjourne  une 
seuiaine  en  cet  endroit  ;  pendani  ce  temps, 
Dioscore,  commandant  du  navire  qui  avait 
apporté  l'Apôtre  h  Syracuse,  est  arrêté  en 
place  de  Paul  et  mis  à  mort  par  ordre  du 
iiiagistrat  de  Putéole.  Cette  nouvelle  est  ap- 
portée à  Rome,  et  les  Juifs,  croyant  que 
c  est  l'Apôtre  qui  a  péri ,  se  livrent  à  la  joie, 
l^aul,  voulant  punir  une  ville  coupable, 
adresse  au  Seigneur  ses  prières,  et  se  retire 
*^«c  ses  compagnons  h  Baï«s;   de  là  ils 
^^enl  la  mer  engloutir    Putéole.    Ils    se 
fendent  en&uile  h  Gaëlo .   oii  Pau  l  passe 


trois  jours  dans  la  maison  d^Erasme ,  oc- 
cupé à  enseigner  les  Chrétiens;  il  va  en- 
suite à  Terraciue.  Remontant  ensuite  le  Ti- 
bre, il  parvient  à  l'endroit  appelé  les  Trois- 
Tavernes,  et,  quatre  jours  après,  il  entre 
dans  le  Forum  d'Appius.  Saint  Pierre  ap- 
prend que  Paul  a  conservé  la  vie;  il  envoie 
au-devant  de  lui  des  délégués  chargés  de  le 
saluer.  Paul  s'achemine  avec  eux  vers  Ro- 
me, et  les  Juifs  eflayés  implorent  de  plus 
belle  l'assistance  de  Simon. 

Le  surplus  de  la  narration  est  conforme 
au  livre  du  pseudo- Marcellus,  que  nous 
avons  fait  connaître. 

Une  portion  des  légendes  contenues  dans 
ces  récits^e  retrouve  (i'ailleurs-(circonstance 
assez  commune  à  l'égard  des  apocryphes) 
dans  les  livres  ecclésiastiques  des  Grecs  et 
parmi  leurs  homélies.  ïhilo  conjecture  avec 
raison  que  l'auteur  des  Actes  en  question 
s'était  proposé  de  donner  une  suite  à  la  nar- 
ration de  .saint  Luc,  et  de  la  conduire  jusqu'à 
la  mort  des  deux  apôtres,  ce  qu'il  avait  fait 
en  puisant  dans  les  traditions  qui  circulaient. 
Onpeutd'ailleursobserverquecequil  dit  du 
martyre  des  deux  saints  est  conforme ,  pour 
le  fond  lies  choses,  à  ce  que  racontent  des  au- 
teurs dignes  d'estime,  entre  autres  Eusèbo 
{Uisloire  ecclésiasti^e,  1.  ii,  c.  25.) 

Actes  de  saint  Pierre,  par  Leuce.  —  Ori- 
gène,  saint  Jérôme,  Eusèbe,  en  font  mention 
et  ils  en  ont  conservé  quelqu<^s  fragments. 
lAdimant.,  c.  17.)  Saint  Augustin  dit  qu'on  y 
lisait  que  saint  Pierre,ayant  demandé  à  Dieu 
la  guérison  de  sa  Glle  et  la  mort  de  celle  d'un 
jardinier,  avait  obtenu  l'un  et  l'autre. 

Clément  d'Alexandrie  {Slroinat.,  I.  vu) 
relate  un  trait  qui  parait  tiré  de  ces  Actes^ 
Le  bienheureux  Pierre  voyant  conduira 
sa  fumme  au  supplice,  et  ravi  de  joie  de  ce. 
que  Dieu  le  rappelât  dans  sa  patrie  lui  cria 
en  l'appelant  par  son  nom  :  «  Souviens-toi 
du  Seigueur.  » 

Origène  (m /oan.)  dit  qu'on  lit  dans  les 
Aptes  de  saint  Pierre  cette  parole  attribuée 
au  Sauveur  :  «  Je  viens  pour. être  cruciliéi 
une  seconde  fois.  » 

Saint  Isidore  de  Péluse  (1.  ii,  epist.  99) 
cite  de  son  côté  ces  paroles  mises  dans  la 
bouche  du  prince  des  apôtres  :  «  Nous  nV 
vuns  écrit  que  ce  que  nous  avons  appris, 
mais  le  monde  n'a  pas  voulu  recevoir  ce 
que  nous  avons  écrite  L'avare  n'a  pas  voulu 
recevoir  les  préceptes  d'une  pauvreté  vo- 
lontaire; le  voluptueux  ceux  de  la  chasteté  ; 
le  ravisseur  du  bien  d'autrui,  ceux  de  la 
justice;  le  cruel  ceux  de  l'humanité,  ni  le 
colère  ceux  de  la  douceur.  » 

Saint  Augustin  {De  civit.  Dei,  lib.  xviii, 
c.  53)  rapporte  que  des  païens  attribuaient 
à  saint  Pierre  des  livres  de  magie  et  qu'ils 
parlaient  de  cet  apôtre  comme  d'un  nécro- 
mancien fort  habile;. entre  autres  méfaits,  ils 
lui  imputaient  d*avo1r  tué  et  mis  en  pièces 
un  enfant  d'un  an,  atin  d'obtenir  que  son 
Maître  fût  adoré  pendant  trois  cent  soixante- 
cinq  ans. 

Les  ébionites  attribuaient  à  saint  PierrQ 


C9S 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


M 


quelques-uns  de  leurs  usages»  entre  autres     purifier  avant  le  repas,  et  de  ne  mangor  d*aa« 
de  se  laver  ou  balgnei  tous  les  jours  pour  se     cun  anima!,  ni  de  ce  qui  ea  wnU 


EPITRE  m  SAINT  PIERRE  A  SAINT  JACQUES. 


Cette  EpKre,  publiée  par  François  Turria- 
nus  dans  son  Apologia  pro  epistolis  Ponti^ 
ficum  (I.  IV,  c.  1,  el  I.  v,  c.  23),  a  été  insérée 
en  grec  et  en  latin  dans  le  recueil  de  Cotelier, 
Patres  apostolici,  X.  I,  p.  602,  et  reproduite 
dans  le  Codex  apocryphus  I(ovi  T^slamenii 


de  Fabrîcius,  t.  I,  p.  907.  Donweii  (  disserl. 
6,  tfi /rencruin ,  §10)  pense  que  cet  écrit, 
composé  par  quelque  ébionite,  servait  d*io* 
troduction  aux  Prœdicaliones  Pefrî,  oovragv 
cité,  comme  nous  l'avons  dit,  parClémentd*A* 
lexaodrie  et  par  d'autres  éîcrivaias  aocieûs. 


«  Pierre  h  Jacques,  seigneur  et  évoque  de 
la  sainte  Eglise,  paix  pour  toujours  au  nom 
de  Jésus-Cnrist  et  de  la  part  du  Père  de  tou- 
tes choses. 

«i  Comme  je  sais,  mon  frère,  avecquel  em- 
pressement tu  te  rends  vers  tout  ce  qui  peut 
être  utile  ou  commun  è  nous  tous,  je  te  prié 
et  je  te  demande  de  ne  conQer  à  aucun  des 
gentils  les  livres  que  je  t'ai  envoyés  de  mes 
prédications,  et  de  ne  pas  en  faire  part  aux 
hommes  que  tu  n'aurais  point  éprouvés. 
Mais  si  tu  as  reconnu  que  quelqu'un  en  est 
digne,  alors  fais-lui  en  part,  selon  la  ma- 
nière d'après  laquelle  Moise  communiqua 
la  loi  au^  soixante-dix  hommes  appelés  è 
S'accéder  à  sa  chaire.  Eit  le  fruit  do  cette  sa- 
gesse se  montre  encore  de  nos  jours,  car 
tous  les  hommes  de  sa  nation,  en  quelque 
lieu  qu'ils  soient,  ont  la  même  idée  de  I  u- 
nité  de  Dieu  et  observent  la  même  règle  de 
conduite,  et  ils  ne  peuvent  être  égares  par 
les  Ecritures  qui  circulent  en  grand  nombre 
ou  différer  de  sentiment,  car  ils  s*efforcentde 
réformer  les  désaccords  d*après  la  rè^le  des 
flcritures  qui  leur  a  été  transmise,  si  quel- 
qu'un par  hasard,  ignorant  les  traditions, 
soulève  diverses  significations  pour  les  pa- 
roles des  prophètes.  C'est  pourquoi  ils  ne 
promettent  è  personne  d'enseigner  à  moins 
qu'il  n'ait  ào^vis  d'abord  d'après  quelle  rè- 
gle il  faut  faire  usage  des  Ecritures,  C'est 
pourquoi  il  y  a  parmi  eux  un  seul  JPieu, 
voe  seule  espérance. 

«  Afin  que  les  choses  se  passent  parmi 
nous  d'une  semblable  façon ,  con6e  à  nos 
frères  et  à  ces  soixante-dix  (disciples)  avec 
mystère  les  livres  de  mes  prédications  afin 
qu'ils  ipstruisent  ceux  qui  veulent  être  ins- 
truits et  recevoir  le  bienfait  de  la  doctrine^ 
S*il  n'en  est  pas  ainsi,  le  discours  de  uotre 
vérité  se  divisera  en  beaucoup  d*opinions. 
C'est  ce  que  je  sais,  noa  parce  que  je  suis 
prophète  »  mais  parce  que  déjà  j*ai  vu  le 
commeocement  qe  ce  mal.  Plusieurs  des 


f;entils  ont  rejeté  ma  prédication  conforme  k 
a  loi,  embrassant  la  doctrine  frivole  et  con- 
traire à  la  loi  que  prêchait  un  ennemi;  d'ao- 
tres  ont  essayé  de  transformer  mes  paroles 
par  diverses  interprétations  tendant  au  ren- 
versement de  la  loi,  comme  si  je  n osais 
prêcher  ce  que  je  pensais,  ce  dont  le  Scm- 
gueur  me  sarde.  C'est  s'opposer  à  la  loi  da 
Dieu  proclamée  par  Moïse,  et  à  iaquelia 
Notre-Seigneur  a  rendu  témoignage  d'une 
durée  perpétuelle,  car  il  a  dit  :  «  Le  ciel  et 
la  terre  passeront,  mais  il  n^  aura  pas  dsos 
la  loi  un  seul  iota  et  un  seul  trait  de  lettre 
qui  ne  s'accomplisse.  »  11  a  parlé  ainsi  pour 
que  toutes  choses  s'accomplissent.  Mais  des 
hommes  attachant  je  ne  sais  quel  sensaui 
paroles  qu'ils  ont  entendues  de  moi,  eopaoïe 
s'ils  savaient  mieux  que  moi  ceque  j*ai  dit, 
ont  la  témérité  d'interpréter  mes  discours, 
donnant  comme  miennes  des  opinions  aux- 
quelles je  n'ai  jamais  songé;  si,  pendant  ma 
vie,  ils  osent  débiter  de  pareils  men$ooge.s 
que  n'oseront  pas  faire  lorsque  je  serai  mort, 
ceux  qui  viendront  après  moi  ? 

a  C'est  pour  qu'il  n'arrive  rien  de  pareil 
que  j'ai  prié  et  demandé  que  tu  ne  confies  à 
personne,  avant  de  l'avoir  éorouvé,  les  li?re$ 
de  mes  prédications  que  je  t  ai  envoyés;  mais 
si,  après  en  avoir  fait  l'épreuve,  tu  l'en  jagoi 
digne,  alors  fais-lui-en  part  selon  la  rè^^le 
établie  par  Moïse,  et  d'après  laguelle  il  com- 
muniqua la  loi  aux  soixante-dix  qui  prirent 
i possession  de  sa  chaire,  afin  qu'ils  conservent 
a  foi  et  qu'ils  répandent  partout  la  doctrine 
de  la  vérité,  interprétant  toutes  choses  sel(}p 
notre  tradition ,  et  de  peur  qu'égarés  par  ri* 
gnorance,  ils  ne  soient  entraînés  dans  Per* 
reur  par  les  coi^ectures  de  leur  esprit  fi 

3u'ils  ne  conduisent  d'autres  personoes 
ans  la  fosse  de  la  perdition.  Et  je  te  (ai^ 
connaître  ce  qui  me  parait  convenable  de 
faire;  il  te  plaira,  Seigneur,  de  l'exécoter 
convenablement.  Adieu.  » 


HISTOIBE  DE  SAINT  PIERRE. 

4'apr^  tBiUoire    apoUoUque  é'Àbdiai ,  Hw.  Tf. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Après  la  venue  du  Seigneur  dans  la  forme 
COrporellCi  sous  laquelle  le  Seigneur  Jésus* 


Christ,  la  véritable  lumière  du  monie. 
éclaira  les  ténèbres  terrestres,  comme  ii 
marchait  une  fuis  sur  les  bords  do  lac  ui 


w 


PIE 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIS 


69S 


t: 


Galilée,  il  Tît  deux  frères,  Simon  qu'on  ap- 
pelait Pierre  et  André  son  frèra,  qui  je* 
talent  leurs  filets  dans  la  mer,  car  ils  étaient 
des  pécheurs.  El  il  leur  dit .  «  Suivez-moi,  je 
Tousferai  pêcheurs  d*hommes.  »IIs  laisse-* 
rent  leurs  ûlels  derrière  eux  el  le  suivi* 
rent  (663), 

Lorsqull  fut  arrivé  aux  environs  de  Césa- 
rée,  il  interro^çea  ses  disciples  ci  leur  dit  : 
(Que  dit  le  peuple  au  sujet  du  Fils  de  Thom* 
me?»  Les  uns  répondirent:  «On  ditquec*est 
JeaD-Baptisle  ;  )>d*aulres  nommèrent  Ëlie  et 
d'antres  Jérémie  ou  l'un  des  prophètes. 
Mais  Simon  Pierre  répondit  avec  lermeté  et 
décision  :  a  Tu  es  le  Christ  Je  Fils  du  Dieu 
vivant.  »  Jésus  Ini  répondit  :  «  Tu  es  heu- 
reux, Simon  Bar-Jonas,  car  ce  n'est  pas  la 
chair  et  le  sang  qui  t'ont  révélé  ce  que  tu  as 
dil»  mais  c'est  mon  Père  qui  est  dans  le  ciel. 
Je  te  le  dis  :  tu  es  Pierre,  et  sur  cette  pierre 
'e  bâtirai  mon  Eglise,  et  les  portes  de  l'en- 
erne prévaudront  pas  contre  elle,  et  je  le 
donnerai  les  clefs  du  royaume  des  cieux, 
eUoutceaue  tu  lieras  sur  la  terre  sera  lié 
dans  le  ciel,  et  ce  que  tudélierassur  la  terre, 
sera  aussi  délié  dans  le  ciel.  » 

Et  vers  ce  temps-là,  Jésus  se  retira  pour 
prier  sur  une  montagne  et  prit  avec  lui  trois 
doses  disciples,  ceux  qu'il  aimait  le  plus, 
Pierre,  Jean  et  Jacques.  Et  quand  ses  disci- 
ples virent  qu'il  était  élevé  dans  Tair  et 
()u*i1  était  entouré  de  la  lumière  du  soleil, 
et  que  Moïse  et  Elle  étaient  à  ses  côtés, 
alors  Pierredit:<i  OSHigneur,  ce  lieu  est  bon 
à  habiter,  et  nous  y  ferons,  s'il  te  plaît,  trois 
tentes,  une  pour  toi  et  les  autres  pour  Elle 
et  pour  Moïse,  n  Mais  Jésus  ne  répondit  rien, 
si  ce  n'est  qu'il  leur  dit  de  se  lever  et  de 
chasser  leur  effroi.  Plus  tard,  comme  la 
fête  de  Pâques  était  proche,  Jésus  sa- 
chant que  son  Père  avait  remis  toutes 
choses  en  ses  maips,  qu'il  était  sorti  do  Dieu 
et  qu'il  devait  aller  h  Dieu,  se  leva  de  table 
(l  mit  SOS  vêlements,  et  ayant  pris  un  lin- 
g^  il  se  ceignit,  et  il  versa  de  l'eau  dans  un 
\ase,  et  il  se  mit  à  laver  les  pieds  de  ses  dis- 
ciples el  à  les  essuyer,  el  lorsqu'il  vint  à 
Simon  Pierre,  Pierre  lui  dit  :  «  Seigneur,  tu 
ne  rae  laveras  pas  les  pieds.  »  Jésus  répon^ 
dit  :  «  Tu  ne  sais  maintenant  ce  que  je  fais, 
mais  tu  le  sauras  pi  us  tard. 9  Alors  Picrredit; 
«  Tu  ne  me  laveras  pas  les  pieds.  9  Jésus 
répondit  :  i(  Si  je  ne  te  lave  pas,  tu  n'auras 
jamais  de  part  avec  moi.  »  El  Pierre  dit: 
«  Alors  lave-moi  non-seulement  les  pieds, 
mais  aussi  la  tête  et  les  mains.  »  Et  Jé- 
sus, entendant  ces  paroles,  dit:  «Celui  qui 
est  lavé  n'a  pas  besoin  d'autre  purification.  9 
Ce  sont  les  choses  que  tît  le  bienheureu]^ 
Pierre  avant  la  résurrection, 

CHAPITRE  II. 

Après  la  résurrection,  le  Seigneur  Jésus 
parla  à  Pierre  et  lui  dit:  «  Simon,   fîls  de 

(665)  Matlk.  IV,  18-ÎO. 
(^)  Jmu.  XXI,  15. 

ib6d)  Allusion  au  supplice  de  la  croix  que  Pier- 
w  devaii  subir. 


Jean,  m'aimes-tu?  (66&).  «  Oui,  Seigneur,  » 
répondit  Pierre,  «  tu  sais  que  je  t  aime.  » 
Et  Jésus  répondit  :  «  Fais  )iallfe  mes 
agneaux.  9  Et  il  continua  :  «  Simon,  fils  de 
Jean,  m*aimes-tu  ?»  Et  Pierre  dit:  «Tu  sais 
que  je  l'aime.  »  «  Fais  paître  aussi  mes  bter 
his,  »  dit  Jésus.  Et  il  dit  pour  la  troisième 
fois  h  Pierre  :  «  Simon,  ûls  de  Jean,  m*ai* 
mes-tu  ?  » 

Et  Pierre  l'entendant  parlerainsi  fut  trou- 
blé de  ce  que  le  Seigneur  lui  demandait 
pour  la  troisième  fois  :  «  M'aimes-lu?  >»  et 
il  répondit  :  «  Seigneur,  lu  sais  que  je  t'aime.  » 
Et  Jésus  dit  :  «  Fais  aussi  paître  mes  trou- 
peaux. En  vérité,  je  le  le  dis:  quand  tu 
étais  jeune,  tu  la  ceignais  et  lu  allais  où  tu 
voulais;  maintenant  que  lu  es  devenu  vieux» 
tu  étendras  les  mains,  et  un  autre  le  ceindra 
et  le  conduira  où  te  ne  voudras  pas  (665).)»  Et 
il  parlait  ainsi  pour  montrer  par  quelle  mort 
Pierre  devait  rendre  témoignage  au  Sei- 
gneur. 

Ces  choses  arrivèrent  au  temps  où  ie 
Sauveur  se  montra  après  sa  résurrection, 
sur  le  bord  du  lac  de  Tibéiiade,  à  ses  disci- 
ples qui  étaient  occupésà  pêcher,  et  leur  de- 
manda s'ils  avaient  pris  du  poisson  (666).  Et« 
ne  reconnaissant  f)Oinl  le  Seigneur  dans  l'é- 
loignement,  ils  répondirent  que  non.  Quand 
Jésus  eutentendu  leur  réponse,  il  leur  dit 
de  jeter  leurs  ûlets  du  côté  droit  de  la  bar- 
que. Lorsqu'ils  Teurent  fait  et  que  Pierre  fut 
descendu  dans  le  lac,  ils  retirèrent  'e  Qlet 
rem|)li  de  poisson. 

Et  frappes  de  surprise  à  la  vue  de  ce  mira- 
cle, ils  commencèrent  à  reconnaître  le  Sei- 
gneur, et  ils  se  dirigèrent  vers  la  terre,  et 
Ils  trouvèrent  auprès  de  lui  un  poisson  cuit 
sur  les  charbons  el  un  pain.  Et  après  qu'ils 
curent  complé  cent  cinquante  poissons 
(667J  qu'ils  avaient  retirés  du  iilet,  Jésus- 
Christ  dit  à  ses  apôtres  qu'ils  pouvaient  s'as- 
seoir et  manger  le  pain  avec  lui. 

Et  c'est  ce  qui  arriva  à  Pierre,  tant  que 
Jésus,  après  sa  résurrection,  resta  sur  la 
terre,  et  ces  choses  méritenl  d'être  conser- 
vées, 

CHAPITBEIII. 

Après  que  le  Seigneur  Jésus  fut  monté  au 
ciel,  Pierre  et  Jean  montèrent  un  jour  au 
temple  (668)  pour  prier ,  à  la  neuvième 
heure.  Et  voici  qu'un  homme,  qui  était  boi*  * 
teui  dès  sa  naissance,  y  avait  été  apporté,  et 
on  le  déposait  chaque  jour  à  côté  d  une  des 
portes  du  temple  qu'on  appelait  la  Belle 
(669),  alin  qu'il  demandât  l^aumône  à  ceux 
qui  entraient  dans  ie  lenâple.  El  uuand  il  vit 
pierre  et  Jean  qui  entraient,  il  les  conjura 
de  lui  donner  Taumône.  Et  Pierre  se  tourna 
de  son  côté  avec  Jean  et  lui  dit  :  «  J^egarde- 
nous.  »  Et  il  se  tourna  vers  eux  dans  Tespoir 
qu'ils  lui  donneraient  quelque  chose. 

Et  Pierre  dit  :  «  Je  n'ai  ni  or  ni  argent,  mais 

667)  Cent  cinquanie-lrois,  Joan,  xxi,  H. 

(668)  Aet.  III,  1. 

(G69)  Ia  Purie  orientale  appelée  iiussi  Porte  de 
^*]c:lnor  ;  elle  se  difelinguait  des  attires  par  aes  di* 
jiieiisions  e|  par  son  ornemcnuiion  plus  riclic. 


899 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


roo 


ee  q^ue  Ta!,  je  te  le  donne.  Au  nom  de  Jésus- 
Chnst  de  Nazareth,  lève-toi  et  marche.  »  Et 
il  lui  prit  la  main  et  le  souleva.  Et  aussitôt 
les  pieJs  du  boiteux  se  fortifièrent;  il  se 
leva,  et  il  se  tint  debout,  et  il  marcha,  et  il 
entra  avec  les  ap6lres  dans  le  temple,  et  il 
rendit  témoignage  devant  tout  le  peuple,  et 
il  loua  le  Seigneur.  Et  il  était  Agé  de  qua- 
rante ans  (670). 

Et  le  nombre  de  ceux  qui  croyaient  en 
Jésus-Christ  s'accrut  d*une  multitude  d*hom- 
mes  et  de  femmes  (671). 

Et  on  les  apportait  dans  leurs  lits  le  long 
des  rues  où  les  apôtres  devaient  passer.  Et 
beaucoup  de  gens  des  villes  voisines  de  Jé- 
rusalem apportaient  aussi  leurs  malades  et 
ceux  qui  étaient  possédés  par  des  esprits 
malins,  et  Pierre  les  guérissait  tous. 

Et  sur  ces  entrefaites,  le  bruit  étant  venu 
k  Jérusalem  (672)'  que  Samarîe  recevait 
la  parole  du  Seigneur,  les  apôtres  y  envoyè- 
rent Pierre  et  Jean,  et  lorsqu'ils  furent  arriv 
vés,  ils  prièrent  pour  ce  peuple  alln  qu'il  re- 

Sût  le  Saint-Esprit,  car  il  n'était  pas  encore 
escendu  sur  chacun  de  ceux  qui  avaient  la 
foi  mais  ils  avaient  été  seulement  baptisés 
au  nom  de  Jésus.  Et  les  a{)ô(res  mirent  les 
mains  sur  eux,  et  les  Samaritains  reçurent 
aussi  l'Esprit-Saint. 

Quand  Simon,  qui  était  appelé  TEnchan- 
tetir,  vit  que  le  Saint-Esprit  était  accordé 
Bar  l'imposition  des  mains  des  apôtres ,  il 
hHir  offrit  de  l'argent  et  leor  dit  :  «  Faites 
aussi  que  j'aie  le  pouvoir  du  faire  que  tous 
ceux  sur  lesquels  j'imposerai  les  mains  re- 
çoivent le  Saint-Esprit.  »  Mais  Pierre  lui 
dit  :  «  Que  ton  argent  périsse  avec  toi,  toi 
qui  as  cru  que  les  dons  de  Dieu  s'obtenaient 
avec  de  l'argent.  Tu  n  auras  nulle  part  à  ce 
dont  tu  parles  (673),  car  ton  cœur  n'est  pas 
droit  devant  Dieu.  Fais  donc  pénitence,  et 
reviens  de  ton  erreur,  et  adresse  tes  prières 
&  Dieu,  afin  qu'il  te  pardonne  la  mauvaise 
pensée  de  ton  cœur,  c^rje  vois  que  lu  es 
dans  le  fiel  de  l'amertume  et  dans  les  liens 
.de  l'injustice.  » 

Et  Simon  répondit  :  «  Priez  pour  moi  le 
Seigneur  afin  qu'il  ne  m'arrive  pas  de  mal 
à  cause  de  ce  auej'ai  dit.  »  Et  après  avoir 
prêché  la  parole  du  Seigneur,  fes  apôtres 
revinrent  à  Jérusalem,  ayant  annoncé  l^van- 
Kîle  de  Dieu  dans  beaucoup  d'endroits  des 
Samaritains. 

CHAPITRE  IV. 

Il  arriva  ensuite  que  Pierre  (674) ,  par- 
courant beaucoup  de  villes  et  de  villages, 
vint  auprès  des  saints  qui  habitaienlàLydda. 
llly  trouva  un  homme  nommé  Enée  (675),  qui 
depuis  huit  ans  gtsait  en  son  lit,  et  qui  était 
paralytique,  et  Pierre  lui  dit  :  «  Enée,  lève- 
loi  ;  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  te  guérit.  » 

(670)  AcL  IV,  9i. 

i67f)  Act.  V,  U. 
67S)  Act.  viii,  i4. 
fm)AcL  Tm,2l. 
674)  Act.  IX,  55. 
(67!9  Ao  sujet  de  cet  Ené<»,   Fabricius  renvoie 


I 


Et  aussitôt  il  se  leva,  et  emporta  son  lit,  et 
tous  ceux  qui  habitaient  à  Lydda  et  k  Saron 
le  virent. 

Tandis  que  cela  se  passait,  il  y  avait  un^ 
femme,  disciple  de  Jésus  -  Christ  »  qui  ve 
nommait  Tabithe,  ce  qui  signifie  gazelle. 
Elle  était  riche  en  aumônes  et  en  bonnes 
œuvres  qu'elle  accomplissait  chaque  jour. 
Et  elle  tomba  malade  et  mourut.  Ses  pareuu 
lavèrent  son  corps  et  le  placèrent  k  Tétage  io 
plus  élevé  de  la  maison.  Et  comme  Jof'^é 
n'était  pas  loin  de  Lydda,  ils  envoyèrent  dcui 
hommes  vers  Pierre,  le  priant  de  ne  pas  re- 
fuser de  venir  auprès  d'eux.  Et  Pierre,  étant 
informé  de  leur  demande,  partit  et  vint  avn 
eux  à  Joppé.  Et  quand  il  fut  arrivé,  on  h 
conduisit  à  la  chambre  où  était  le  cadavre,  h 
toutes  les  veuves  l'entourèrent  en  pleuranu 
et  lui  montrant  les  vêtements  que  Tabi: .'? 
leur  avait  distribués.  Pierre  fut  touché  < .' 
leurs  larmes,  et  il  fit  sortir  tous  ceux  qui 
étdient  là,  et  il  éleva  les  yeux  et  les  main^ 
au  ciel,  il  fléchit  les  genoux  et  il  i^ria.  Il  <c 
tourna  ensuite  vers  le  corps  et  il  dit  :  «  Ta- 
bithe, lève-toi.  »  Et  elle  ouvrit  les  yeux,  ci 
en  voyant  Pierre,  elle  se  laissa  retomber.  Fi 
il  lui  donna  la  main,  et  il  la  leva,  et  il  Ap- 
pela è  lui  les  saints  et  les  veuves,  et  il  leur 
montra  qu'elle  vivait. 

Et  ce  miracle  fut  connu  dans  toute  la  ^ii!*; 
de  Joppé,  et  beaucoup  d'habitants  crureut 
au  Seigneur. 

CHAPITRE  V. 

Et  h  cette  époque,  !e  roi  Hérode  éteuilil  (a 
main  sur  quelques-uns  des  membres  iU 
l'Eglise  et  se  mit  à  les  persécuter.  Et  quar.l 
il  vit  que  cela  plaisait  aux  luifs,  il  fit  saiMc 
Pierre  avec  d'autres,  et  c'était  alors  le  leinp^ 
de  lafôte  des  Azymes.  Et  après  avoir  fa:t 
prendre  l'apôtre,  il  l'envoya  en  prison,  el  il 
chargea  quatre  troupes  de  soldats  de  le  gar- 
der, et  il  ordonna  qu'après  la  fête  de  Piques 
on  le  conduisit  devant  le  peuple. 

Pierre  était  donc  étroitement  gardé  en  pri* 
son,  et  l'Eglise  adressait  pour  lui,  sans  relâ- 
che, dos  prières  au  Seigneur.  Et  dans  la  nuit 
qui  précédait  le  jour  où  Hérode  voulait  le 
faire  comparaître  devant  le  peuple ,  Pitrre 
dormait  entre  deux  soldats,  et  il  était  atta- 
ché avec  deux  chaînes  (676),  et  des  ganio> 
étaient  devant  la  porte  de  la  prison.  Et  voit  i 
qu'un  ange  du  Seigneur  se  tint  auprès  <it) 
1  apôtre,  et  la  prison  fut  éclairée  d'une  lu- 
mière resplendissante.  Et  le  Seigneur  louci  >i 
Pierre  au  côlé,  et  l'éveilla  et  lui  dit  :  «  Lèu'- 
toi  et  sors.  » 

Et  les  chaînes  qui  liaient  ses  mains  tom* 
bèrent,  et  l'ange  lui  dit  :  «  Couvre-loi  d^^ 
ton  mantcauet  suis-moi.  »Et Pierre  le  sui>ii 
et  sortit,  et  il  ne  savait  pas  que  ce  qui  iui 
arrivait  par  l'entremise  de  l'ange  était  un*^ 

Lambécius,  Comment.  d$  bibliolh.    Viadob.,  M' 

ni,  p.  533. 

(676)  On  voit  dans  les  Aet.  xxi,  33,  qiÊe  mii>* 
Paul  eut  de  même  la  main  droite  attarliée  pai  vn' 
chaîne  à  la  main  gauche  d*ati  soldat  et  fa  tn^^ 
gauche  h  la  droite  iVun  antre  gardien. 


m 


PfE 


PART.  II?.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIE 


702 


réalité,  et  il  croyait  que  c'était  une  vision. 
Ils  passèrent  devant  la  première  et  la  se- 
conde garde,  et  il's  arrivèrent  derant  une 
porte  de  1er  qui  conduit  à  la  Tîlle,  et  elle 
s'ouvrit  d'elle-même  devant  eux.  Et  quand 
ils  furent  sortis  de  la  prison»  ils  descendi- 
rent une  rue  et  Fange  quitta  Pierre;  et  l'a* 
pôire,  lorsqu'il  fut  revenu  en  sa  maison, 
dit  :  «  Je  sais  maintenant  arec  certitude  que 
le  Seigneur  m'a  envoyé  son  ange,  et  qu'il  m'a 
délivré  de  ta  main  dllérode  et  de  toute  l'at- 
tente du  oeuple  juif.  » 

]  CHAPITRE  VI. 

Après  que  ces  choses  se  furent  passées, 
Simon,  Samaritain  do  naissance,  qui  avait 
déjà  vu  les  miracles  effectués  par  Pierre,  et 
qui  avait  voulu,  avec  de  l'argent,  se  procu- 
rer les  dons  de  l'Esprit-Saint,  se  montra,  et 
il  prétendait  avoir  une  grande  puissance  et 
f  ouvoir  prendre  diverses  formes,  et  il  disait 
que  ceux  qui  croyaient  en  lui  ne  pouvaient 
être  séparés  de  lui.  Et  il  s'efforça  de  détruire 
la  roule  de  Pierre  et  de  détruire  ce  que 
Fapdtre  édifiait,  et  il  fixa  un  jour  pour 
avoir,  en  présence  du  peuple,  une  dispute 
avec  Pierre  (677). 

Et  Pierre  se  trouvait  alors  à  Césarée  de 
Slraton,  Lorsque  le  jour  fixé  fut  venu,  Za- 
chée  (678),  qui  était  l'homme  le  pFus  émi- 
nent  de  la  ville,  vint  à  Pierre  et  lui  dit  : 
«  Voici  le  temps  où  tu  vas  disputer  avec 
Simoo.  La  foule  est  rassemblée  en  dehors 
delà  porte,  et  il  y  a  là  une  grande  multi- 
tude qui  t'attend,  et  Simon  accompagné  de 
nombreux  adliérents  attend  aussi.  » 

Et  Pierre,  ayant  entendu  ce  discours,  fit 
éloigner  de  lui  quelques  hommes  oui  n'é- 
taient pas  encore  purifiés  des  péchés  qu'ils 
avaient  commis  par  ignorance,  et  il  dit  aux 
autres  :  «  Prions,  mes  frères,  afin  que  le 
Seigneur,  dans  sa  miséricorde  indicible, 
iû*assiste  par  Jésus-Christ  son  Fils,  afin  que 
je  puisse  travailler  au  salut  des  hommes 
qu*il  a  créés,  v 

Et  quand  il  eut  ainsi  parlé,  et  qu'il  eut 
termtné  sa  prière,  il  se  rendit  dans  la  grande 
salie  de  la  maison  où  était  réunie  une  grande 
foule.  Et  quand  il  vit  que  tous  attendaient 
en  silence  et  avec  beaucoup  d'attention,  et 
que  Simon  Tenchanteur  était  au  milieu 
d'eux  comme  un  porte-drapeau,  il  commença 
de  la  manière  suivante  : 

CHAPITRE  VIL 

«  Paix  soit  à  voustousqui  êtes  prétsà éten- 
dre votre  main  vers  la  vérité.  Quiconque  lui 
obéit  se  flatte  en  vain  de  rendre  quelque 
gr&ce  au  Seigneur,  mais  ils  obtiennent  le 
don  de  la  récompense  suprême  en  marchant 
dans  les  voies  ne  la  justice,  car  le  premier 
de  tous  tes  dons  est  de  chercher  la  justice  du 

(677)  Lies  récits  relatifs  à  Simon  se  trouvent  ex- 
po^ en  détail  dans  les  RecognitioM  clémeniines. 

(678)  On  retrouve  Znchée  daus  les  Recogniliong 
^Umeniineê^  où  il  est  signalé  comme  accompagnant 
aaint  Pierre  à  Rome. 

(679)  Eipression  qui  désigne  fouvent  Jésus- 
Chii^i  dans  les   Recogniiiom   clémentives  :  on  y 


Seigneur  et  son  empire;  la  justice,  afin  que 
nous  apprenions  à  faire  ce  qui  est  juste^  et 
Tempire,  afin  que  nous  reconnaissions  quelle 
est  la  récompense  qui  est  établie  pour  la 
peine  et  pour  la  patience.  C'est  là  qu'est, 
pour  les  oons,  la  rémunération  des  biens 
éternels,  et  pour  ceux  qui  ont  agi  contre  la 
volonté  du  Seigneur,  une  juste  distribution 
de  peines  selon  leurs  fautes,  v 

«  Tant  que  vous  êtes  dans  celte  rie  où  il  est 
donné  d'agir,  vous  devez  reconnattre  la  to- 
ionté  du  Seigneur  :  cai*  si  quelqu'un  veut, 
avant  d'amender  sa  vie,  se  mettre  à  la  re- 
cherche des  choses  qu'il  ne  peut  trouver, 
ses  démarches  seront  insensées  et  sans  pro- 
fit, car  le  temps  est  court,  et  le  jugement 
aura  lieu  sur  les  actions,  non  sur  les  ques- 
tions des  hommes.  Il  faut  donc  que  nous 
recherchions,  par-dessus  tout,  ce  que  nous 
devons  faire  pour  nous  rendre  dignes  d'ob«- 
tenir  la  vie  éternelle.  Le  conseil  que  je  vous 
donne  est  donc  comme  l'a  pei^sé  le  vrai  Pro- 
phète (679),  qu'il  faut  d'abord  rechercher  la 
justice,  et  c'est  ce  que  doivent  faire  surtout 
ceux  qui  avouent  connaître  lo  Seigneur.  Si 
quelqu'un  a  quekfue  chose  qu'il  regarde 
comme  plus  juste,  il  peut  l'énoncer.  Quand 
il  aura  parlé,  qu'il  éconte,  mais  avec  pa- 
tience et  tranquillité.  C'est  pourquoi,  en 
commençant,  je  vous  ai,  à  tous,  souhaité  1& 
paix.  » 

CHAPITRE  VllI. 

Et  Simon  répondit  :  «  Nous  n'avons  point 
besoin  de  ta  paix.  Si  la  paix  et  la  concorde 
existaient,  nous  ne  pourrions  faire  aucun 
efl*ort  pour  connaître  la  vérité,  car  les  vo- 
leurs et  les  débauchas  ont  aussi  la  paii  parmi 
eux,  et  toute  malice  est  d'accord  avec  elle- 
même  (680).  Si  nous  sommes  réunis  afin  de 
donner,  pour  le  bien  de  la  paix,  notre  assen- 
timent a  tout  ce  qui  se  dit,  nous  ne  ren- 
drons aucun  service  à  ceux  qui  nous  entèn^ 
dent,  mais,  après  les  avoir  abusés,  nous  nous 
séparerons  amis.  C'est  pourquoi  je  n'ai  pas 
voulu  t'inviter  à  la  paix,  mais  bien  plutôt  à 
nos  controverses,  et  si  tu  peux  combattre  les 
erreurs,  ne  réclame  pas  une  concorde  accor- 
dée à  des  assertions  injustes,  car  je  veux 
3ue  tu  saches,  avant  toutes  choses,  qu'eniro 
eux  combattants,  la  paix  ne  sera  rétablie 
que  lorsque  l'un  aura  été  vaincu  et  terrassé 
par  l'autre.  » 

Et  Pierre  dit  :  «  Pourquoi  crains-tu  d'enten- 
dre souvent  le  nom  de  paix?  Ne  sais-tu  pas 
que  la  paix  est  l'accomplissement  de  la 
loi  (681)?  car  les  guerres  et  les  combats  pro- 
cèdent des  péchés.  Et  oii  il  n'y  a  nul  péché, 
la  paix  se  trouvera  dans  les  entretiens,  et  la 
vérité  dans  les  oeuvres.  » 

Et  Simon  dit  :  «  Les  paroles  que  tu  pro- 
nonces n'ont  aucun  poids,  mais  je  te  mon- 

voU  une  trace  des  doctrines  des  Ebionîstes  qui,  re- 
fusant de  reconnaître  la  divinité  du  Sauveur, 
l*appelaient  volontiers  le  vrai  ou  l^unique  pro- 
phète. 

(680)  Mallh,  xii,  26. 

(68!)  Rom.  xni  9. 


70S 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


•»^ 


tû; 


trerai  la  puissance  do  ma  domination  et  de 
ma  divinité  aûo  que  lu  tombes  soudainement 
à  terre  et  que  tu  m'adresses  tes  supplica- 
tioas.  » 

CHAPITRE  IX. 

«  Je  suis  la  première  dominationj  je  suis 
toujours  et  sans  commencement.  Après  être 
entré  dans  le  se<n  de  Racbei  (682),  j  en  suis 
sorti»  ayant  une  naissance  comme  celle  des 
hommes»  afin  que  je  pusse  être  vu  par  les 
hommes.  J*ai  volé  dans  Pair,  mêlé  avec  le 
feu.  le  me  suis  fait  uu  corps;  j'ai  fait  des 
statues  se  mouvoir.J*ai  ranimé  des  morts,  j*ai 
changé  des  pierres  en  pain  (683)  ;  je  me  suis 
précipité  du  haut  d*une  montagne,  et,  porté 
par  les  mains  des  anges,  je  suis  descendu 
sur  la  terre. 

<«  Nonrseulement  j'ai  fait  ces  choses,  mais 
je  puis  les  renouveler  encore,  aGn  dc[)rouver 
par  des  faits  que  je  suis  le  Fils  du  Seigneur, 

Îtuo  je  demeure  dans  Téternilé  et  que  je 
èrai  également  demeurer  dans  Télernilé 
tous  ceux  qui  croient  en  moi.  Tes  paroles 
no  sont  que  vanité,  <it  lu  ne  peux  montrer 
aucune  œuvre  de  vérité,  de  même  que 
Tenchanteur  qui  t*a  envoyé  et  qui  n*a  pu 
i»e  délivrer  lui-même  du  supplice  de, la 
croix. 

«  Car  je  puis  me  rcndreiovisible  pourceux 
qui  voudraient  ro'altaquer,  et  reparaître  de- 
vant eux,  lorsque  je  voudrai  être  vu.  Si  je 
voulais  fuir,  je  pourrais  percer  les  monta- 
gnes et  passer  à  travers  des  rochers  comme  à 
travers  de  Targile.  Je  puis  me  jeter  du  haut 
d'une  montagne  et  descendre  à  terre  douce- 
ment et  sans  éprouver  le  moindre  mal.  Si  je 
suis  enchaîné,  je  peux  me  délivrer  de  mes 
liens,  etfaire qu'ils  garrottent  ceuxquim'au- 
raient  lié.  Si  je  suis  en  prison,  jo  puis  faire 
que  les  portes  s*ouvrent  d*elles-mèaies. 

tf  Je  puis  donner  à  des  statues  inanimées, 
des  mouvements  tels  que  ceux  qui  les  ver- 
ront croiront  que  ce  sont  des  hommes.  Je 
ferai  sortir  soudain  de  terre  de  nouveaux 
arbres  et  je  ferai  pousser  de  nouvelles  plan- 
tes. Je  me  jetterai  dans  le  feu  sans  ressen- 
tir la  moindre  brâlure.  Je  changerai  les 
traits  de  mon  visage  de  sorte  qu'on  ne  pourra 
nie  reconnaître.  Je  puis  me  montrer  aux 
hommes  comme  ayant  deux  visages,  comme 
offrant  les  traits  d'un  mouton  et  d'un  bouc, 
ou  ceux  d'un  jeune  garçon  et  d*un  vieillard 
avec  une  longue  barbe. 

«  Je  volerai  à  travers  les  airs,  je  montrerai 
pne  immense  quantité  d'or,  je  ferai  des  rois, 
et  je  me  ferai  adorer  comme  le  Seigneur.  Je 
me  ferai  rendre  publiquement  les  honneurs 
divins  {6&k),  de  sorte  que  les  hommes  m*é- 
rigeront  un   monument,  et  m'adresseront 

(682)  Nom  de  la  mère  de  Simon. 

(683)  Ce  que  le  «iiable  demande  à  Jésus-Christ  de 
h'ire.  (Maith,  iv,  3.)  Nicéptiurc,  1.  il.  cb.  27,  éiiu- 
niére  à  peu  tires  d;uis  les  mêmes  termes  les  prodi- 
|e.s  accomplis  par  Simon. 

(684)  Saint  Justin  et  d*aulres  auteurs  disent  que 
lesUoniaiiis  élevéïent  une  statue  à  Simon  avec 
fiette  inscription  :  Simoui  Deo  sancto,  mais  des  cri- 
4«iuearoe^erne8,oot  peosé  qu*il  s'ugissait  d'une 


leurs  prières  comme  auSeigneur.Quel  besrno 
est-il  d*en  dire  davantage,  car  j*ai  déjà,  par 
beaucoup  de  faits,  donné  la  preuve  de  ce 
que  j*avance.  £t  je  puis  faire  tout  ce  que  je 
voudrai. 

«  Un  jour  ma  mère  Racbei  m'ayantordonné 
d'aller  dans  un  champ  et  de  faire  la  ronissoa, 
ayant  vu  une  faucille  nosée  par  terre  je  luj 
commandai  d*aller  et  de  moissonner,  et  elle 
fit  plus  d*ouvra^es  que  dix  travailleurs.  J'ai 
fait  sortir  soudain  de  terre,  à  ma  voix,  de 
jeunes  arbustes,  et  j*ai  percé  une  montagoe 
\c\  proche.  » 

CHAPITRE  X. 

Après  que  Simon  eut  ainsi  parlé,  Pierra 
répondit  :«  Ne  donne  pas  auxautresceqoi  te 
revient  (685).  Tuasfaitconnallreetiu  as  dé* 
montré  par  tes  actions,  que  tu  es  un  enchan- 
teur! luais  notra  Mattre«  qui  est  le  Fils  du 
Seigneur  et  le  Fils  de  l'homme,  a  démooiré 
sa  bonté,  et  c'est  ainsi  qu'il  a  été  justement 
appelé  le  Fils  de  Dieu  et  qu'il  est  appeli 
comme  tel.  Mais  si  tu  ne  veux  pas  reconnM- 
tro  que  tu  es  un  enchanteur,  nous  irons 
avec  cette  foule  qui  est  ici,  è  ta  maison,  ei 
là  il  se  révélera  au  grand  jour  qui  est  un 
enchanteur.)»  Et  Pierreayantdit  ces  paroles. 
Simon  commença  à  se  jeter  sur  lui  en  profe* 
rant  des  injures  et  des  menaces,  et  il  s  éleva 
un  çrand  tumulte,et  au  milieu  de  l'agitation, 
il  disparut.  Et  Pierre  ne  voulant  pas  paraiire 
fléchir  devant  les  injures  de  Simon,  resta  iné- 
branlable,et  se  mit  à  convaincre  encore  plu^ 
fortement  Simon  d'imposture.  Et  le  peu{>  e 
s*irrita,  et  il  chassa  Simon  de  la  salle,  ei  i! 
Texpulsa  hors  des  portes  de  la  maison,  et 
quand  il  eut  été  expulsé,  il  n'y  eut  qu'ua 
seul  homme  qui  le  suivit. 

Et  quand  le  calme  fut  rétabli,  Pierre  sV 
dressa  au  peuple  de  la  façon  suivante  :  «  Vous 
devez,  mes  frères,  sup|)orter  les  méchants 
avec  patience,  sachant  bien  que  le  Sei|$neur 
c|ui  pourrait  lesanéantir,  souffre  qu'ils  restent 
jusqu'au  jour  marqué  pour  que  le  jugement 
s'exercf^  sur  toutes  les  créatures.  Pouisquoi 
ne  souffririons-nous  |}as  ceux  que  souffre  le 
Seigneur,  auquel  le  ciel  et  la  terre  sont  sou« 
mis  et  obéissants?  Vous  donc  qui  vous  con* 
vertissez  au  Seigneur  par  la  pénitencei  flc- 
chisscz  le  genou  devant  lui.  a 

Et  lorsque  Pierre  eut  parlé  ainsi,  tout 
le  peuple  fléchit  le  genou  devant  le  Sei- 
gneur. Et  Pierre  regarda  vers  le  ciel,  et  pria 
pour  eux  aQn  que  le  Seigneur  dans  sa  nn>é- 
ricorde  voulût  bien  accueillir  ceux  qui  ><^ 
réfugient  vers  lui.  Et  après  quli  eut  prié  et 
qu'il  eut  recommandé  que  l'on  sê  réunit  l6 
lendemain,  il  acheva  le  sacribce. 

înscripUoD  antique  qui  ne  se  rapporte  voUnDrit 
à  Sinioa  :  Simoni  tango  Deo  Fidïû.  ^ou$  n*iitOit> 
pas  ici  ii  nous  occuper  de  cette  questiua  sur  la- 
quelle se  sont  eiercees  bien  des  plumes.  Vo9-  h 
noie  dcFubrJcius,  Cod.  apocr,  iVor.  To/.,  t.  1,  p- 
419. 

(688)  C*esl-ii-dire  :  n*accuse  p^s  !<«  auUYS  JVtre 
des  enchanteurs,  tandis  que  loi-méuic  tu  ok  au  ma- 
gi  ien. 


705 


PIE 


PART.  ni.  -.  LEGENDES  ET  FRAGMEiNTS. 


PIS 


7M 


CHAPITRE  XI. 

Quand  le  matin  fut  venu,  un  des  disciples 
de  Simon  vint  et  s^écria  :  «  Je  oae  réfugie 
aussi  auprès  de  toi,  ô  Pierre  ;  reçois  un  mal- 
heureux que  Simon  a  trompé.  Je  le  regar- 
dais comme  le  Seigneur  du  ciel,  à  cause  des 
merveilles  queje  lui  voyais  opérer,  mais, 
a|rèsavoirentendu(esdîscours,itacommencé 
i  ne  plus  me  paraître  qu'un  homme,etcomme 
uu  méchant  (686).  Lorsqu'il  s'est  retiré  je  Tai 
suivi  seul,  car  je  n'avais  pas  vu  assez'  clai- 
renient  ses  impiétés.  Quand  il  s'aperçut  que 
je  le  suivais,  il  me  félicita  de  mon  bonheur 
et  il  me  conduisit  dans  sa  maison. 

<£l,  au  milieu  de  la  nuit,  il  me  dit:  «Je  fe- 
rai en  sorte  que  tu  l'emportes  sur  tous  les 
liommes  si  tu  me  restes  attaché  jusqu'à  la 
fin.  »  El  quand  je  le  lui  eus  promis,  il  me  fit 
)>tô[er serment  de  lui  rester  fidèle,  et  il  mit 
sur  mes  épaules  des  choses  exécrables  et 
souillées  qu'il  tira  d'une  cachette  et  que  je 
devais  porter,  et  il  me  suivit.  Lorsque  nous 
fûmes  arrivés  sur  le  bord  de  la  mer,  il  entra 
dans  une  barque  qui  était  toute  prête,  et  il 
ôia  de  dessus  mon  dos  le  fardeau  qu'il  m'a- 
vait dit  de  porter. 

c  Et,  un  moment  après,  il  revint  vers  moi, 
et  il  ne  portait  rien,  sans  doute  parce  qu'il 
avait  jeté  à  la  mer  ce  que  j'avais  apporté.  Il 
me  dit  que  je  pouvais  me  mettre  en  route 
avec  lui,  et  il  dit  qu  il  allaita  Rome,  car  il  y 
jouissait  d'une  telle  estime  qu'on  le  regar- 
dait comme  le  Seigneur,  et  que  l'Etat  lui 
avait  décerné  les  honneurs  divins,  et  il 
ajouta  :  «  Je  le  comblerai  de  richesses,  et  si 
tu  veux  revenir  ici,  je  t'y  ferai  rapporter  par 
mes  serviteurs.  » 

i  Lorsqueje  l'entendis  parler  ainsi,  je  n'eus 
aucune  confiance  en  ses  promesses ,  mais  je 
recouDus  qu'ilétaitunenchanteuret  un  four- 
Us  et  je  répandis  :  «  Je  te  prie  de  m'excu- 
ser,  car  j'ai  de  la  douleur  aux  pieds  et  je  ne 
peux  quitter  Césarée.  J'ai  d  ailleurs  une 
ieume  et  de  petits  enfants  qu'il  m'est  impos- 
sible d'abandonner.  » 

«Etlorsqu'il  m'enlenditlui  répondre  de  la 
sorte,'  il  me  reprocha  ma  paresse,  et  il  par- 
lit  pour  Rome,  et  il  dit  :  «  Lorsque  tu  ap- 
prendras à  quelle  gloire  je  me  suis  élevé  à 
Rome,  tu  te. repentiras  de  ne  pas  m'avoir 
suivi.  »  Et  il  partit  ensuite  pour  Rome,  à  ce 
qu'il  dit  du  moins.  Moi  je  me  suis  empressé 
de  revenir  ici,  et  je  te  prie  de  m'admettra 
à  la  pénitence,  car  je  me  suis  laissé  séduire 
par  lui.  » 

CHAPITRE  XII. 

Après  que  le  disciple  de  Simon  eut  ainsi 

(686)  Il  y  a  dans  le  texte  latin  maint,  ihais  il  est 
iTés-vraisemblable  que  c*e8t  là  une  de  ces  erreurs  de 
copisies  si  fréquentes  dans  les  aneiens  manuscrits, 
ti  (|u*ti  faut  lire  magui. 

(687)  Les  empereurs  romains  rendirent  de  fréquenis' 
«lecreis  contre  les  magiciens  auiquels  on  donnait 
>osii  les  noms  de  cnatdéens,  de  malhématkietis, 
etc.,  Cl,  en  Tan  1§,  Ils  furent  expulsés  d*llalie, 
u*ais  CCS  riguebrs  irempècbaient  nuilement  le  mal 
^  subsister.   libère    s*apptiquait    eu     cacbet- 


parlé,  Pierre  lui  dit  de  s'asseoir  dans  le  vas* 
tibule.  Et  lui-même  sortit,  et  voyant  une 
multitude  bien  plus  nombreuse  que  les  jours 
précédents,  il  se  plaça  à  Tendroit  accoutumé, 
et  il  montra  le  disciple  qui  avait  quitté  Si- 
mon et  il  dit  : 

«  Cet  homme  que  vous  voyez,  mes  frères; 
est  venu  vers  moi,  et  il  m'a  apporté  des  nou^ 
relies  des  mauvaises  actions  de  Simon,  le- 
quel a  jelé  dans  la  mer  les  instruments  de 
ses  méfaits,  non  qu'il  fût  touché  de  remords» 
mais  parce  qu'il  craignait  d'ôire  découvert  et 
d'être  puni  suivant  les  lois  de  l'Etat  (687).  » 

Et  après  que  Pierre  eut  parlé  ainsi,  le  peu- 
ple vit  l'homme  qui  avait  quitté  Simon,  et  il 
fut  saisi  d*étonnement. 

Et  Pierre  partit  de  Césarée,  et  il  entra  à 
Tripoli,  et  quand  il  fut  entré  dans  la  mai- 
son de  Marc,  il  vit  un  endroit  qui  était  très- 
convenable  pour  adresser  un  discours  ait 
peuple.  Et  la  multitude  qui  s^était  réunie) 
était  comme  un  torrent  débordé  ;  alors  Pierro 
monta  sur  une  hauteur  qui  était  près  de  la 
muraille  du  jardin,  et  selon  un  pieux  usa^e, 
il  salua  le  peuple. 

Et  plusieurs  de  ceui  qui  étaient  )à  et  qui 
depuis  longtemps  étaient  tourmentés  par  des 
malins  esprits  tombèrent  par  terre,  et  les  es- 
prits impurs  le  supplièrent  de  leur  permettre 
de  rester  encore  un  jour  dans  les  corps  qu'ils 
possédaient  (688).  Mais  Pierre  le  leur  refusa, 
et  leur  commanda  de  se  retirer  immédiate- 
ment, et  ils  s'éloignèrent  sans  délai. 

Ensuite  d'autres,  qui  étaient  afiligés  de 
longues  inQrmités,  prièrent  l'apôtre  de  leur 
rendre  la  santé.  Et  afin  d'offrir  pour  eux  ses 
oraisons  au  Seigneur,  il  quilia  la  foule  après 
avoir  achevé  de  prêcher  la  foi  du  Seigneur, 
et,  aussitôt,  ainsi  qu'il  l'avait  promis,  les 
malades  furent  délivrés  de  leurs  souffrances. 
Et  il  leur  dit  de  se  placer  de  côté  avec  ceux 
qui  avaient  été  délivrés  des  malins  esprits, 
comme  étant  accablés  de  la  fatigue  qui  suit 
un  pénible  travail. 

CHAPITRE  XIIL 

Et  Pierre  quitta  Tripoli,  et  il  se  mit  en 
roule  pour  Antioche,  et  il  vint  h  une  lie 
nommée  Ancharadus  (689),  où  il  y  avait  des 
colonnes  d'une  grosseur  extraordinaire,  et 
beaucoup  de  gens  étaient  allés  avec  Pierre 
pour  les  voir,  el  Pierre  les  contempla  avec 
surprise,  el  quand  il  fut  venu  devant  la  porte, 
il  vvt  une  pauvre  femme  qui  demandait  Tau- 
m6ne  aux  passants. 

Et  aiu'ès  l'avoir  regardée  avec  plus  d'atten- 
tion, il  dit  :  «  Parle, femme;  dans  quel  mem- 
bre de  ton  corps  es  tu  frappée,  pour  être 
ainsi  réduite  à  la  triste  condition  de  mendier 

te  aux  sciences  occultes  et  Néron  s'y  adonna  sana 
mystère. 

(688)  Mare,  v,  iO,  ii. 

(689)  Mot  qui  sigiiifle  vision  d'Aradoo.  Dans  let 
Reeogniliotti  clém€HUne$t  cet  (nidroit  est  appelé 
Antaradui  {Wy.  vu,  c.  I  et  i4)  et  Aradu$  (Uv.  vii, 
c.  4  et  12)  ;  Coielier  a  fait  une  note  sur  ce  tiernier 
passage,  lies  géugrapbes  anciens,  tels  que  Sira* 
bon  ei  Etienne  de  Byxancc,  font  mention  d*A- 
randon  qu*uiie  trèf-petile  distance  s^'parait  J«  Tyr* 


707 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


7«9 


l*aiimAne,  ci  pourquoi  ne  cherches-tu  p^^ 
plutdt  à  vivre  avec  le  fruit  du  travail  des 
mains  que  Dieu  t'a  données?  »  Et  la  femme 
soupira*  et  dit:«  Oh|l  si  j'avais  des  mainsqui 
pussent  se  mouvoir,  mais  il  ne  me  reste 
qu'un  semblant  de  mains;  car  elles  sont 
mortes,  et  elles  ont  été  rendues  faibles  et 

!)rivées  de  sentiments  par  mes  morsures 
690).)»  Alors  Pierre  lui  prit  les  mains  et  la 
guérit. 

£t  cette  femme  était  la  mère  de  Clément. 
Par  l'intervention  miraculeuse  de  Pierre, 
elle  avait  aussi  recouvré  son  mari  Faus- 
tin  et  ses  autres  enfants,  Faustin  et  Fauste, 
qui,  après  que  leurs  noms  avaient  été  chan- 
gés, s  appelaient  Aquilas  et  Micias  (691),  et 
ils  étaient  depuis  longtemps  séparés  d'elle. 

£t  quand  ils  voulurent  partir  de  cette  fie, 
la  mère  de  Clément  lui  dit  :  5  O  mon  fils 
bien-aimé,  il  est  convenable  que  je  dise 
adieu  à  la  pauvre  femme  qui  m'a  accueillie  ; 
car  elle  est  pauvre  et  paralytique,  et  elle  est 
retenue  eu  son  lit.  »  Et  Pierre  et  tous  ceux 
qui  l'entendirent  admirèrent  la  bonté  et  la 
simplicité  de  celte  femme.  Et  aussitôt  Pierre 
ordonna  è  quelques-uns  des  fidèles  d'aller  et 
d'apporter  la  malade  sur  le  lit  où  elle  gîsait. 

Et  lorsqu'elle  eut  été  apportée  et  placée 
au  milieu  de  la  foule  qui  1  entourait,  Pierre 
dit  en  présence  de  tous  :  «  Si  je  suis  le  hé- 
raut de  la  vérité,  afin  de  fortifier  la  foi  de 
tous  ceux  qui  sont  ici  et  afin  au'ils  sachent 
et  qu'ils  croient  qu'il  n'y  a  qu  un  seul  Sei- 
gneur qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre,  je  puis, 
au  nom  de  Jésus-Cbrist,  son  Fils,  guérir 
cette  femme.  »  Et  aussitôt  que  Pierre  eut  dit 
ces  paroles,  la  femme  se  leva  guérie,  et  elle 
se  jeta  aux  pieds  de  Pierre,  et  elle  embrassa 
ses  amies  et  ses  parents,  et  elle  rendit  grAces 
au  Seigneur. 

CHAPITRE  XIV. 

Après  que  ces  choses  furent  accomplies, 
Pierre  voulut  entrer  dans  une  hôtellerie,  et 
le  matlre  de  la  maison  lui  dit:  «  Il  n'y  a 
qu'un  impie  et  un  insensé  qui  voudrait  lais- 
ser un  homme  aussi  saint  dans  l'érable,  tan- 
dis que  j*ai  presque  toute  la  maison  vide  et 
une  foule  de  lits  couverts,  et  que  tout  ce  qui 
est  nécessaire  est  préparé.  »  Et  comme  Pierre 
se  refusait  à  ses  instances,  la  femme  du 
maître  d'hôtel,  avec  ses  enfants,  se  jeta  à  ses 

Sieds  et  le  supplia,  disant  ;  «  Je  te  conjure 
e  rester  avec  nous.  » 

Pierre  résista  à  leurs  prières  jusqu'à  ce 
que  la  fille  de  ses  hôtes,  qui  était  depuis 
longtemps  tourmentée  par  un  esprit  malin, 
et  qui  était  renfermée  clans  une  chambre  et 
enchaînée,  fut  tout  d'un  coup  abandonnée  du 
démon,  el,  ouvrant  les  portes,  elle  vint, 
ayant  encore  ses  fers  sur  elle,  se  jeter  aux 

(690)  Cette  femme  avaii,  dans  la  douleur  que  lui 
causait  la  perte  de  ses  enfaots,  déchiré  ses  mains 
avec  ses  dents  ;  c*«stoe  que  dit  avec  phis  de  de- 
uils la  douiiéme  homélie  clëni(fntine,  ebap.  45. 

(691)  Les  Rteognitiom  clémintinet  rappellent  Ni- 
cétas  et  donnent  au  père  de  cet  jeunes  gens  le  iioin 
de  Faoslinien. 

{fli9i)  Ce  qui  suit  est  emprunté  i  la  lettre  à  Jac- 


pieds  de  l'apôtre,  et  elle  dii  :  «  Il  est  conve- 
nable.  Seigneur,  que  tu  célèbres  aujourd'hui 
la  fête  de  ma  délivrance,  et  que  tu  ne  m*8f' 
fliges  pas  ainsi  que  mes  parents.  » 

£t  Pierre  s'informant  pourquoi  elle  par- 
lait ainsi  et  pourquoi  elle  était  enchainé^ 
les  parents  étaient  tellement  joyeux  de  ce 
que  leur  fille  était  guérie  contre  toutes  leurs 
espérances,  gu'ils  ne  pouvaient  rien  dire, 
étant  comme  irappés  de  stupeur.  «  Depuis  la 
septième  année  de  son  Age ,  elle  a  été  \)os$^ 
dée  d'un  esprit  malin,  et  elle  s'efforçait  <jo 
mordre,  d'attaquer  avec  ses  ongles  et  de  dé* 
chirer  tous  ceux  qui  l'approchaient,  et  die 
n'a  pas  cessé  un  seul  instant  d'être  dans  r:t 
état  depuis  vingt  ans,  et  personne  n'a  pu  Li 
guérir;  et  bien  plus  elle  ne  se  laissait  a;>- 
(irocher  par  qui  que  ce  fût.  Elle  a  tué  p!u- 
sieurs  'personnes,  et  elle  en  a  grièveaieDi 
blessé  d'autres,  car  elle  était  plus  forte  qu'un 
homme  quelconque,  la  vigueur  de  Tesprii 
malin  étant  eu  elle.  Maintenant,  comme  iule 
vois,  les  esprits  malins  ont  été  chassés  pr 
ta  présence  ;  les  portes  qui  étaient  ferni«iv< 
de  la  manière  la  plus  solide,  ont  été  ouver* 
tes  et  elle  est  devant  toi,  parfaitement  gué* 
rie,  et  elle  te  prie  défaire  que  le  jour  de  sa 
délivrance  soit  un  jour  de  fête  pour  elle  et 
pour  ses  parents,  en  restant  auprès  d'eux.  » 

Et  un  des  assistants  ayant  ainsi  parlé,  le< 
chaînes  tombèrent  d'elles-mêmes  des  piei^ 
et  des  mains  de  la  jeune  fille.  Pierre  fut 
convaincu  que  cette  çuérison  s'était  opérée 
par  son  entremise,  et  il  consentit  k  séjourner 
dans  la  maison  de  son  père. 

CHAPITRE  XV. 

Ensuite  Pierre  vint  à  Rome,  et  II  prévit 
que  la  fin  de  sa  vie  approchait.  Et  s'ét.in! 
rendu  dans  l'assemblée  des  frères,  il  prit  la 
main  de  Clément,  et  il  se  leva  soudainemcDt 
(692),  et  il  fit  entendre  à  toute  l'Eglise  les  [pa- 
roles suivantes  : 

«  Ecoutez-moi,  mes  frères  et  mes  compv 
gnons,  car  j'ai  été  instruit  par  celui  qui  m'a 
envoyé,  mon  Seigneur  et  mon  Maître,  Jé5u«- 
Christ,  et  le  jour  de  ma  mort  approche;J6 
désignerai  donc  Clément  pour  être  votr^ 
évèque  (693),  lui  confiant, à luiseul,  la  chairo 
de  ma  prédication  et  de  ma  doctrine;  cesi  lui 
qui,  depuis  le  commencement  jusqu'à  la  un. 
a  été  mon  compagnon,  et  qui  a  reconnu  .a 
vérité  de  toute  ma  prédication.  Il  s'est,  en 
tous  mes  efforts,  associé  à  moi  comme  on 
collaborateur  fidèle;  je  l'ai,  plus  que  tout 
autre,  consacré  au  service  du  seigneur,  an^ 
de  ses  frères,  chaste,  appliqué  à  TédiJe. 
droit,  sobre,  charitable,  patient  et  sachant 
supporter  les  injures,  même  de  la  part  de 
ceux  qui  sont  instruits  dans  la  parole  Ja 
Seigneur. 

3UCS,  mise  soua  le  nom  de  Clënaent,  et  insr>f« 
ans  le  recueil  de  Cotelier,  Pairet  apott^lki ,  1. 1. 
p.  805. 

(693)  Tertolllen  (De  prmterlpU^  e.  52)  dit  m^m 
qoe  saint  Pierre  ordonna  Clément  cemme  éTé<i«< 
de  Rome  ;  cette  assertion  a  été  contestée  ;  Vo|.  Tu- 
lemont,  Mémoirtê  iur  Cfiist.  ecelé$,,  1. 1. 


:o9 


PIE 


PART.  m.  ~  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIE 


710 


«C'est  pourquoi  je  lui  remets  la  puissance 
que  le  Seigneur  m  avait  confiée,  le  pouvoir 
de  lier  et  de  délier  (694),  afin  que  tout  ce 
qu'il  déliera  sur  la  terre,  soitaussidélié  dans 
le  ciel.  Il  liera  donc  ce  qui  doit  être  lié,  et 
déliera  ce  qui  doit  être  délié.  » 

Et  quand  il  eut  ainsi  parlé,  il  étendit  les 
luains  sur  Clément,  et  il  le  fît  asseoir  sur  sa 
chaire,  et  il  lui  donna  de  longues  instruc- 
tions sur  la  manière  dont  il  devait  conduire 
l'élise  qui  lui  était  confiée  et  guider  les 
brebis  qui  lui  étaient  remises. 

CHAPITRE  XVI. 

L'apôtre  Paul  vint  ensuite  à  Rome,  et  il  y 
prêcha  Jésus,  le  Seigneur.  Et  au  temps  de 
Néron  (695),  il  y  avait  ainsi  à  Rome  ces  pré- 
dicateurs de  la  doctrine  du  Seigneur,  les 
apôtres  Pierre  et  Paul,  et  ils  répandaient  la 
loi  du  Seigneur  Jésus  dans  tous  les  esprits, 
el  la  propugalion  de  la  foi  faisait  de  grands 
progrès,  car  ils  étaient  accomplis  dans  leurs 
œuvres,  et  pleins  d'éclat  dans  leur  fonction  de 
prédicateurs  de  la  parole  de  Dieu,  par  la  force 
de  la  grftce  divine,  et  Néron  fut  poussé  par 
l'enchanteur  Simon  à  s'opposer  avec  vio- 
lence aux  apôtres.  Car  l'enchanteur  avait, 
par  ses  nombreux  prestiges,  si  bien  capté 
le  coeur  de  l'empereur,  que  celui-ci  le  regar- 
dait comaie  le  protecteur  de  sa  personne,  et 
comme  le  gardien  de  sa  vie.  Car  il  croyait 
que  c*étaitSimon  qui  lui  avait  procuré  d'être 
vainqueur  à  la  guerre  et  d'avoir  soumis  les 
peuples. 

Mais  Tapôtre  saint  Pierre  devinait  ses  im- 
postures et  ses  méfaits.  Car  la  lumière  de  la 
vérité  et  la  clarté  de  la  parole  divine  qui, 
pour  le  salut  des  hommes,  n'avaient  jamais 
été  obscurcies,  dissipaient,  par  le  moyen 
des  apûires,  les  ténèbres  du  mensonge  qui 
couvraient  les  esprits,  et  ils  chassaient  l'obs- 
curité de  l'ignorance. 

L'enchanteur  Simon,  aveuglé  par  Téclat 
de  la  véritable  lumière,  s'opposa  alors  dans 
sa  malice  aux  prédications  de  l'apôtre  (696), 
car  il  avait  déjà  été  convaincu  en  Judée,  par 
l'apôtre  Pierre,  des  méfaits  qu'il  commet- 
tait, et  il  avait  pris  la  fuite  au  delà  de  la 

(C94)  Uanh.  XVI,  i9;  xviii,  18. 
(C95)  Ce  qui  suit  est  emprunté,  presque  mot  pour 
mol,  à  Hégésippc.  (De  excidio  Uiero»ol,,  i.  ui,  c.  â.) 

(696)  Nous  aurons  occasion  de  reparler  de  Simon 
dans  un  article  qui  lui  sora  consacré  ;  nous  dirons 
seulement  qu'il  existe  une  disscrtalion  d*un  Suédois 
sur  sa  lutte  contre  le  prince  des  apôtres.  (De  apoi- 
ioli  Simonii  Pétri  cum  Simone  mago  ceriamine 
auctoreC.-G.  Hallmann,  Upsal,  1725,  in-4«,)  Elle 
esi  introuvable  en  France. 

(697)  On  trouve  dans  la  Vie  de  saint  Pierre , 
écrite  on  présume  par  le  P.  Xavier,  le  récit  relatif 
à  un  chien  que  Simon  avait  lié  devant  la  porte  d'un 
disciple  de  Pierre,  nommé  Vigile,  afin  de  déchirer 
Tapôtre.  Le  même  récit  se  retrouve  dans  la  Légende 
dorée  (Voy.  Dicttonnaire  des  légendes  ^  Miane,  1855, 
col.  1087)  ;  mais  le  disciple  y  est  appelé  Marcel.  Un 
historien  byzantin,  que  nous  avons  cité  quelquefois, 
Cédvéoe,  rapporte  cette  circonstance  avec  quelques 
détails  nouveaux  'qu'on  lit  aussi  dans  V Histoire 
tcclésifutique  de  Nioéphore,  I.  xi,  c.  27  :  i  Lorsque 
k  grand  apôtre  Pierre  vint  k  Home,  il  prit  la  réso- 


mer.  Et  après  avoir,  en  d'au  1res  pays,  éprouvé 
la  puissance  de  Pierre,  il  osa  cependant,  ea 
arrivant  à  ftome,  se  vanter  quHl  pouvait  res- 
susciter des  morts. 

Et,  à  la  même  époque,  il  était  mort  à  Rome 
un  jeune  homme  d^une  famille  noble,  et  pa- 
rent de  l'empereur.  Et  un  grand  nombre  de 
ses  parents  s'étant  réunis,  se  demandaient 
Tun  a  Tautre  s*il  n'y  avait  pas  quelqu'un  qui 
pût  ressusciter  les  morts.  Pierre  était  alors 
regardé  comme  celui  qui  accomplissait  le  plus 
de  n)iracles  semblables.  Cependant,  de  la  part 
des  païens,  lafoi en  lui  n'était  pas  très-ferme. 
Mais  la  douleur  fit  qu'on  cherchait  du  se- 
cours, et  l'on  s'adressa  à  Pierre.  Et  quelques- 
uns  pensaient  qu'il  fallait  recourir  a  Simon. 

Et  Pierre  dit  aux  parents  du  mort  qu'il 
fallait  d'abord  voir  si  Simon,  qui  se  vantait 
si  fort  de  sa  puissance,  était  en  mesure  de 
ressusciter  le  défunt.  Et  il  ajouta,  que  si  Si- 
mon ne  le  pouvait  pas,  il  n  y  avait  point  de 
doute  que  Jésus-Christ  ne  voulût  venir  au 
secours  du  mort.  Et  Simon,  que  les  païens 
regardaient  comme  étant  en  possession  d'un 
grand  pouvoir,  ût  les  conditions  que  s'il  res- 
suscitait le  défunt,  Pierre  serait  mis  à  mort, 
pour  avoir  osé  par  ses  paroles  hardies,  faire 
outrage  à  celui  qui  possédait  une  pareille 
puissance  ;  mais,  s'il  ne  pouvait  pas  le  ressus- 
citer, et  si  Pierre  le  faisait,  alors  lui,  l'en- 
chanteur, subirait  le  traitement  qu'il  récla- 
mait contre  l'apôtre  (697). 

Ces  conditions  furent  arrêtées,  el  Pierre 
s'en  montra  satisfait.  Et  Simon  commença  ; 
il  s'approcha  du  lit  du  mort,  et  il  marmotta 
des  chants  confus  et  des  enchantements,  et 
il  sembla  aux  assistants  que  la  tète  du  mort 
se  remuait.  Et  les  païens  poussèrent  un 
grand  cri  :  «  il  vit: il  parte  à  Simon.)» Et  une 
grande  animosité  se  manifesta  chez  eux 
tous  contre  Pierre,  dece  qu'il  avait  prétendu 
s'égaler  à  un  homme  possédant  une  pareille 
puissance. 

Pierre  demanda  alors  que  le  calme  se  ré- 
tablit, et  il  dit  :  «  Si  le  mort  a  recouvré  la 
vie,  il  peut  parler;  s'il  est  ranimé,  il  peut 
se  lever  el  marcher.  Mais  je  vais  vous  mon- 
trer que  lorsqu'il  vous  semble  que  la  tète 

lution  de  se  rendre  chez  Simon.  Il  y  avait  à  la  porte 
de  Simon  un  chien  d'une  tailln  euorme,  attaché 
avec  une  chaîne  et  dont  Simon  se  servait  pour 
écarter  ceux  qui  voulaient  venir  vers  lui  et  qu'il  ne 
voulait  pas  recevoir.  Lorsque  Pierre  vit  ce  chien 
aussi  redoutable  par  sa  taille  que  par  sa  férocité,  il 
savait  que  cet  animal  avait  tué  beaucoup  de  gens 
qui  prétendaient  apptochcr  de  Simon  contre  son 
gré;  il  s'approcha  ae  lui ,  le  détacha,  et  lui  com- 
manda d'aller  dire  à  Simon  en  parlant  de  la  voix 
d'un  homme  :  f  Pierre,  le  serviteur  de  Jésus^^hrist, 
désire  s'entretenir  avec  toi.  »  Le  chien  courut  aus- 
sitôt et  ût  ce  que  l'apôtre  lui  avait  ordonné,  et  tous 
ceux  qui  étaient  avec  Simon  furent  frappés  d'admi- 
ration et  de  stupeur,  et  Us  dirent  :  c  Quel  est  ce 
Pierre,  et  quelle  est  la  puissance  dont  il  dfspose?  > 
Simon  répondit  qu'ils  ne  devaient  pas  ôtre  étonnés, 
car  il  en  ferait  autant,  et  il  ordonna  aussitôt  au 
chien  d'aller  dire  en  parlant  comme  un  homme,  k 
Pierre  d'entrer,  et  Fe  cbien  l'ayant  (ait,  Pierre  entra 
et  vint  vers  Simon.  » 


7«l 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


:n 


du  mort  s^aeile,  cen*est  qu'une  apparence  et 
non  une  Térité.  Que  ^enchanteur  5*élaigne 
du  Iky  et  les  prestiges  du  diable  seront  dé- 
montrés. » 

Simon  fut  donc  éloigné  du  lit,  et  le  mort 
resta  immobile  sans  donner  aucun  signe 
d'existence.  Pierre  se  tint  &  distance,  et 
après  avoir  pHé  un  instant,  il  dit  è  haute 
ifoix  :  «  Jeune  homme,  je  t'ordonne  de  te 
lever;  Notre*Seigneur  Jésus-Christ  (egué- 
fit  (698).  » 

£t  aussitôt  le  jeune  homme  se  leva,  et  il 
parla,  et  il  marcha,  et  Pierre  le  rendit  plein 
de  vie  à  sa  mère  (699).  El  comme  elle  vou- 
lait récompenser  le  bienheureux  apôtre  (tOO), 
il  dit  :  «  Sois  tranquille,  mère,  au  sujet  do 
ton  fils,  et  ne  crains  point,  car  il  a  son  gar* 
dien.  v 

CHAPITRE  XVII. 

Et  comme  le  peuple  voulait  lapider  l'en- 
chanteur Simon,  Pierre  dit  :  «  C'est  pour 
lui  un  châtiment  suffisant  de  reconnaître 
qu'il  a  été  vaincu  dans  ses  artifices.  Qu'il 
vive  et  qu'il  voie  la  croissance  du  règne  de 
Jésus-Christ.  » 

£t  l'enchanteur,  irrité  et  exaspéré  de  la 
gloire  do  l'apôtre,  courut  vers  l'empereur 
Néron,  et  combinant  une  nouvelle  attaque 
contre  l'apôtre,  il  le  fit  appeler  en  présence 
de  l'empereur,  et  quand  ils  furent  tous  deux 
devant  César,  Simon  parla  le  premier,  et  dit  : 
«  Je  m'étonne,  ô  empereur,  de  ce  que  tu  re- 
gardes comme  un  homme  ayant  quelque 
importance  un  pêcheur  ignorant,  un  fourbe 
insigne,  et  dépourvu  de  tout  pouvoir,  soit 
dans  ses  paroles,  soit  dans  ses  actions.  El 
comme  je  ne  puis  souffrir  davantage  que  cet 
homme  soit  mon  ennemi,  je  vais  commen- 
der  à  mes  anges  de  venir  et  d'exercer  sur 
lui  ma  venseance.» 

Pierre  repondit  :  «  Quant  à  moi,  je  ne 
redoute  point  tes  anges;  ils  seront  forcés  de 
me  craindre,  ainsi  que  la  force  de  mon  pou- 
voir miraculeux  oui  résulte  du  pouvoir  de 
ma  confiance  en  Jésus -Christ,  mon  Sei* 
gneur,  que  tu  blasphèmes  ;  car,  s'il  existe  en 
toi  un  être  qui  scrute  les  secrets  des  cœurs, 
dis-moi  maintenant,  Simon,  ce  que  je  pense 
ou  ce  que  j'ai  le  dessein  de  faire.  El  avant 
que  ta  ne  sois  démasqué  comme  un  impos- 
teur, je  confierai  mes  pensées  à  l'oreille  de 
l'empereur,  qui  redira  exactemeutccqu'ellea 
sont,  n 

£t  Néron  répondit  :  «Viens,  et  dis-moi 
fidèlement  ce  que  lu  penses  »  Et  Pierre  dit: 
«Fais  apporter  une  corbeille  de  pain,  et 
qu'on  me  la  remette  en  secret.»  El  quand 
t*ela  fut  fait,  Pierre  dit  :  «  Simon  pourrail-il 
dire  ce  que  j'ai  pensé,  ce  que  j*ai  dit  ou  ce 
que  j'ai  fait?»  Et  Néron  dit  :  «Que  dis-tu, 

• 

(698)  Paroles  semblables  à  celles  qa*il  y  a  dans 
tes  Àeuê  du  apéim,  m,  tf  ;  xvi,  i8 

|699)  l>a  même  qu'avait  faii  le  Sauveur,  (i^uc.  vji^ 
16.) 

(700)  Hëgé>ippe  ne  parle  pas  4e  celle  récom- 
pense :  il  dii  seulemeui  que  f'ierre  fut  prié  de  ne 
))<is  s'cloignor  du  jeune  bomme  qu*il  venait  de  res» 
MKîtcr. 


Simon?»  Et  Simon  répondit  :  «Non,  Pierre 
ne  pourrait  dire  ce  que  j'ai  pensé  ou  ce  que 
j'ai  fait.  »  Alors  Pierre  répliqua  :  «  Je  moo* 
trerai  que  je  sais  ce  que  Simon  pense,  lors- 
qu'il aura  dit  précédemment  ce  que  j'ai 
pensé.  » 

Et  Simon  ayant  entendu  TapOtre  parier 
ainsi,  répondit:  <  11  faut  que  tu  saches, 
excellent  empereur,  que  personne  ne  con- 
naît les  pensées  des  hommes,  si  ce  n'eu 
Dieu  seul,  mais  Pierre  ment.  »  Pierre  ré|<li- 
qua  :  «  0  loi  qui  prétends  que  tu  es  le  Fils 
de  Dieu,  dis  ce  que  je  pense,  et  expose  ce 

Îue  j'ai  fait  en  cachette,  si  tu  le  sais.i 
ierre  avait  béni  le  pain  qu'il  avait  re(;u, 
et  il  l'avait  brisé,  et  il  l'avait  placé  daDs 
sa  manche  droite  et  dans  sa  manche  gauche. 

CHAPITRE  XVIU. 

El  Simon  était  mécontent»  parce  qu'il  ne 
pouvait  pas  dire  le  secret  de  V Apôtre,  et  li 
s'écria  :  «  Que  de  grands  chiens  vieaneni, 
et  qu'ils  le  déchirent  devant  les  yeui  u  i 
peuple.  »  Et  lorsqu'il  eut  ainsi  parlé,  des 
chiens  d'une  grosseur  monstrueuse  apparu* 
rent  et.se  jetèrent  sur  Pierre.  Mais  Pierre 
étendit  ses  mains  pour  prier,  et  il  mon.ra 
aux  chiens  le  pain  qu'il  avait  béni.  ElquanJ 
les  chiens  le  virent,  ils  devinrent  aussiiûi 
invisibles. 

Alors  Pierre  se  tourna  vers  Tempereur,  et 
il  dit:  a  Je  t'ai  montré,  6  empereur!  non 
par  des  paroles,  mais  par  des  actes,  ce  que 
Simon  avait  pensé  ;  il  avait  promis  d'en- 
voyer contre  moi  des  anges,  et  il  a  fait  appa- 
raître des  chiens,  prouvant  ainsi  que  ce  ne 
sont  pas  des  anges  divins  qu'il  a  à  sa  dispo- 
sition, mais  des  animaux  immondes*  > 

El  l'enchanteur  fut  irrité,  et  il  se  mu  à 
déployer  toutes  les  ressources  de  sod  art 
magique.  El  il  appela  tout  le  peuple,  et  :i 
dit  qu'il  était  outragé  par  des  Galiléeos,  et 
qu'il  quitterait  la  ville  qu'il  avail  prolég^a 
jusqu'alors.  El  il  fixa  un  jour  auquel  il  ao« 
nonça  qu'il  volerait  au  haut  des  airs,  canl 
éiaii  en  son  pouvoir  de  monter  au  ciel  s'il 
le  désirait  (701). 

Et,  au  jour  fixé,  il  monta  sur  la  mootagne 
du  Capitole,  et  il  se  précipita  en  bas,  etilci'ui' 
mença  à  voler.  Le  peuple  fut  frappé  de  su^ 
prise  et  se  mil  à  l'honorer.  El  beaucoup 
disaient  que  c'était  un  etfet  de  la  puissauce 
divine,  et  non  de  celle  d'un  bomœei  de 
voler  ainsi  vers  le  ciel,  et  que  Jésus-Chnsl 
n'avail  rien  fait  de  semblable. 

Alors  Pierre  s'avança  au  milieu  du  peu* 
pie,  et  dit  :  «  Seigneur  Jésus,  montre  ta  \miy 
sance,  et  ne  permets  pas  que  le  peuple  qui 
croira  en  loi  soit  trompé  par  de  pareils  sor* 
liléges.  Qu'il  tombe,  Seigneur,  mais  qu'il  ce 

nO!)  Cest  aussi  ce  que  dit  Hésésippe,  mit  ooea 
avens  vu  dans  Touvrege  aUrîbué  à  Maroilliii ,  *\^ 
Simon  étsit  monté  sur  une  tour.  Cesl  ég^k/u^yi 
d*une  tour  que  parlent  Walalrid  Siralio  ou  ^'' 
nance  Fortunat  dans  le  poéine  de  saint  PierîCf 
inséré  dans  le  recueU  de  Caniiios.  LMiieMiM»* 
quœ,  t.  \l,  p.  659: 


7!3 


PIE 


TART.  m.  —  LEGENDES  ET  FlUCUEMS. 


?IE 


7:\ 


prnle  pas  la  vie,  afin  qu*il  reconnaisse 
(jiiil  ne  peut  rien  contre  ton  pouvoir. }»  Et 
quand  l'a^^tre  eut  ainsi  prié  en  versant  des 
larmes,  il  dit  :  «  O  vous  oui  le  soulcnez,  je 
TOUS  enjoins,  au  nom  de  Jésus-Christ,  de  le 
i  lisser  lomher.  »  Et  aussitôt,  à  la  voix  de 
Merre,  il  fut  abandonné  des  esprits  malins 
qui  le  portaient,  et  les  mouvements  des 
ailes  qu'il  avait  prises  (702)  étant  arrêtés, 
il  tomba,  mais  il  ne  mourut  pas  sur  .le 
niufi;  tout  son  corps  fut  tracassé  et  ses  deux 
jambes  brisées,  et  il  expira  après  quelques 
heures. 

Et  quand  Néron  anoril  ces  choses,  il  le 
regretta,  et  il  s'affligea  d*avoir  perdu  un 
homme  qui  lui  rendait  des  services  et  qui 
était  utile  è  l'Etat,  et  il  se  mit  à  chercher  des 
motifs  afin  de  faire  périr  Pierre. 

CHAPITRE  XIX. 

El  Néron  donna  Tordre  de  garder  Pierre 
étroitement.  Et  tous  les  fidèles  demandaient 
avec  instance  à  l'apôtre  de  se  rendre  dans 
lin  autre  endroit,  mais  il  s'y  refusa  cons- 
tamment, et  il  dit  qu'il  n*en  ferait  rien»  et 
qu'il  ne  prendrait  pas  la  fuite  comme  s'il 
avait  peur  de  la  mort.  Car  il  savait  que  la 
gloire  de  l'immortalité  serait  son  partage  et 
celui  de  tous  ceux  qui  souffrent  pour  Jésus- 
€hrist. 

Et  après  que  Pierre  eut  dit  ces  choses  et 
d'autres  semblables,  le  peuple-le  supplia  en 
versant  des  larmes  de  ne  pas  se  livrer  lui- 
même,  car  un  grand  orage  menaçait  les 
Chrétiens,  et  de  ne  pas  repousser  les  suppli- 
cations de  tant  d'hommes  pieux.  EnGa  l'a- 
pôtre céda  aux  instances  du  peuple,  et  il 
promit  de  quitter  la  ville. 

1!  dit  donc  adieu  aux  frères  dans  la  nuit 
suiviiole,  et  il  se  mit  seul  en  toute.  Et  quand 
ii  fut  parvenu  aux  portes  de  la  ville,  voici 
qu'il  trouva  Jésus-Christ  au-devant  de  lui. 
El  il  le  pria,  et  lui  dit  :  «Seigneur,  où  vas- 
tu?»  Et  le  Seigneur  répondit:  «Je  vais  h 
Rome  pour  y  être  crucifié  une  seconde 
fois  (703).  » 

(702)  Diaprés  Arnotie  {Adv.  génies^  I.  ii),  on  pour- 
rail  croire  que  Simon  av.iit  annoncé  que ,  pareil  à 
E!ie,  it  monterait  au  ciel  sur  un  char  de  feu.  t  Vi- 
deruDl  cursum  Simonis  Magi  et  quadrigas  Igneas 
Pelri  ore  dtlDaïas,  et  nomiiiaio  Ghristo  evanuisse.  » 
Ce  que  dit  le  pseado-Alxlias  des  ailes  qu'eroploy.iit 
Simon  {remigiis  aiarum  quat  êumpserat)  a  Tait 
croire  ï  quelques  critiques  que  cet  imposteur  s^éiait 
avisé  de  quelque  mécanisme  pour  chercher  à  se 
soutenir  en  t*air,  tentative  renouvelée  à  des  ë;io- 
qiies  bien  plus  récentes  et  toujours  sans  succès. 

(703)  Origéne  est  le  premier  écrivain  ecclésias* 
lique  qui  fasâe  mention  de  C(is  paroles  de  Jésus- 
Uriit  (t.  xxi,  in  Joan.,  p.  i98,  édit.  de  lluet; 
i.  XI ,  c.  12 ,  éJit.  de  la  Hue)  ;  il  les  cite  comme 
siyani  été  adressées  ii  saint  Paul,  mats,  ainsi  que  le 
remarque  Gralie  (SpiciL^  t.  I,  p.  )tO),  il  Taut  aJ- 
neure  en  cet  endroit  une  erreur  de  copiste.  Saiil 
Aiubroise  a  meu tienne  aussi  cette  tradition  :  <  No.  te 
muroj  egredi  cœpit  et  videns  sibt  in  porta  Chris- 
tum  occurrere  urt)emque  ingredi,  ait  :  Domine, 
nuo  vadis!  Respondit  Cl)ristus  :  Venio  Romam 
iieruni  crucifigi.i  \Contra  Avixentium^  de  baùlicit  tra- 
àetidis,  t.  Il,  p.  807,  é  it.  des  Bénétiictinb.)  Voir 
sus>i  saint  Giégotre  le  Grand  {ExposUio  in  psalmum 

Di<;tio!<n.  des  At>ocRTPnES.  H. 


Et  qu^nd  lapôlre  entendit  ces  paroles,  il 
reconnut  qi>e  Jésus-Christ  parlait  de  sa  pas- 
sion, et  qu*il  rinvitait  è  la  souffrir,  le  Sei^ 
Sneur  sachant  bien  que  ce  n'était  pas  à  la 
ouleur  du  corps  que  Pierre  voulait  so 
soustraire,  mais  qu'il  cédait  seulenient  aux 
supplications  qui  lui  avaient  été  adressées. 
Pierre  lentra  donc  dans  la  vilie«  et  il  fut 
bientôt  arrêté  par  les  gardes  et  condamne  au 
supplice  de  la  croix. 

Et  quand  le  peuple  apprit  cela,  il  s*éleva 
soudain  un  grand  tumulte,  et  les  rues  no 
pouvaient  contenir  une  foule  composée  de 
personnes  de  tout  âge  et  de  tout  sexe,  el  la 
multitude  criait:  «Pourquoi  Pierre  est-il 
mis  h  mort?  quel  crime  a-t-il  commis?  quoi 
mal  a-hil  fait  h  la  cité?  il  est  injuste  de 
condamner  un  innocent,  et  il  est  à  craindre 
que  le  Christ  ne  tire  vengeance  du  meurtre 
d'un  tel  homme,  et  que  nous  nesoyous  tous 
détruits.  » 

CHAPITRE  XX. 

Mais  Pierre  calma  l'esprit  du  peuple  el 
il  remontra  qu'il  ne  fallait  pns  s^insurgcr 
contre  les  princes,  et  il  dit  :  «  Romains,  qui 
croyez  en  Jésus-Christ  et  qui  n'espérez  qu  en 
lui,  prenez  S  cœur  d'imiter  sa  patience,  et 
ayez  couGance  dans  les  merveilles  que  vous 
avez  vu  qu'il  a  effectuées  par  mon  entro- 
mise. Attendez  donc  jusqu'à  ce  qu'il  vienne 
et  c|uMI  juge  chacun  selon  ses  œuvres.  Ce 
qui  m*arrive  en  ce  moment,  m*a  déjà  été 
révélé  parle  Seigneur;  le  discinle  n'est  pas 
au-dessus  du  maître  (704>],  ni  l'esclave  aq- 
dessus  de  son  seigneur.  Vous  savez  que 
j'éprouve  un  grand  empressement  à  dépo- 
ser le  fardeau  de  la  chair  et  à  paraître 
devant  le  Seigneur  (705).  Pourquoi  diffé- 
rerai-je  de  monter  sur  la  croii?  Les  per- 
sécuteurs peuvent  se  saisir  de  mon  corps, 
mais  je  reste  en  mon  esprit  fermement  at- 
taché au  Seigneur.  »  Et  il  avança  vers  la 
croix,  et  il  demanda  qu'on  Ty  attachât  dans 
une  postlion  renversée  (706),  agissant  ain^^t 
dans  un  esprit  de   vénération,  afin  que  le 

pœnitenikB  iv;  Orderic  Vital,  Hist,  ecclts.^  I.  it , 
p.  295,  €t  Baronius,  ad  aun.  Chr.  69,  n.  G). 
Florentin! us ,  dans  ses  Notes  sur  le  Martyrologe  ^ 
ajoule  :  c  Locus  exstat  adliuc  via  Appia  a  card>D.do 
Polo  re&tauratus  sub  tilulo  :  Domine^  quo  vadis  t  et 
lapis  ubi  Uundni  ves*âgia  rutilant,  in  D.  Sebastiani 
erdesia  translattis  veneratur.i  Une  vue  de  cette  ch;i« 
pelle  se  trouve  dans  les  Acia  &S.,  t.V  de  juin,  p.  455. 

(704)  Matth,  x,  24. 

(705)  PhUipp,  I,  23. 

(70(>)  Cette  eirconstance  et  de  mé -ne  rapportée 
par  Origéne,  cité  par  Eusébe  (Bht.  eeciôê.,  I.  m , 
c.  t),  par  saint  Jéréme  (Deteriptor.  «cc/tfstaii.},  par] 
saint  Cbrjsostome,  par  haint  Astére  et  par  bien  > 
d*autres  auteurs  ecclésiastiques.  Tbilo.  dans  son 
édition  des  Actes  de  saint  Pierre  tt  de  saint  Paul 
dont  nous  parlerons  bientôt  en  détait,  rapporte  cette 
tradition,  et  il  ajoute  : 

c  llittd  crucii  suppliauni  cum  Honnunquam  ma» 
leûciis  decerneretur,  id  quod  Seneca  ad  Mariium , 
€.  20,  et  Eusebius,  Hitt.  eecUs.^  iib.  viii ,  o.  8, 
testantor,  facile  poluit  atiquis  coronilnisci  Petruitt 
eum  sibi  elegisse  passionis  nio<luni,  quod  judicaveiil 
se  indignum  qui  sic  crucifi(;en;tur  ut  Doininus 
SQus.  I  H  cite  ensuite  Pouvrage  d^Hégésippe  ou  de 

23 


YIS 


DICTIOMMAIRE  DES  APOCRYPHES. 


16 


serviteur  ne  fût  pas  crucifié  comme  le  maî- 
tre (707).  Et  quand  ou  Teut  crucifié  de  la 
sorte,  il  parla  au  peuple  et  dit  :  «  O  mys- 
tère profond  et  inexprimable  de  la  croix  I 
6  lien  indissoluble  aamouri  C*esl  le  boiS 
de  la  vie  sur  lequel  le  Seigneur  a  été  élevé 
et  sur  lequel  il  a  tout  attiré  à  lui.  C*est 
le  bois  de  la  vie  sur  lequel  le  corps  du 
Sauveur  a  été  crucifié.' Mais  la  mort  a  été 
crucifiée  en  lui,  et  le  monde  entier  a  été 
délivré  des  chaînes  de  la  mort  éternelle  I 
O  grâce  incomparable,  ô  amour  mdestruo- 
tible  de  la  croix  1  » 

t  Je  te  remercie,  Seigneur  Jésus,  Fils  du 
Dieu  vivant,  non*seulement  avec  la  voix 
ot  le  cœur,  mais  aussi  avec  Tesprit  avec 
lequel  je  t*aime,  avec  lequel  je  le  prêche, 
avec  lequel  je  te  célèbre,  avec  lequel  je  te 


garde,  avec  lequel  je  te  reconnais  et  avro 
U*quet  je  te  vois.  Tu  es  tout  |H)ur  moi,  vi 
en  toutes  choses  tu  es  la  seule  que  je  di- 
sire,  et  je  n'ai  rien,  si  ce  n*est  toi  seul 
Tu  es  bon  et  le  vrai  Fils  de  Dieu,  et  Dieu  ; 
à  loi  honneur  et  {gloire  avec  le  Père  éternel 
et  le  Saint-Esprit,  à  toujours  et  depuis  Té* 
ternité  jusqu'à  l!éternité.  » 

Et  après  que  tout  le  peuple  eut  à  voit 
haute  répondu  :  Amen,  amen,  il  rendit  IV>- 
prit.  Marcellus,  unde  ses  disciples (706), irit 
son  corps  et,  de  ses  propres  mains,  il  le 
descendu  de  la  croix,  et  il  Tembauma  avec 
les  épices  les  plus  précieuses,  et  il  le  dé- 
posa dans  son  propre  tombeau,  à  Tendroil 
que  l'on  appelle  le  Vatican  (709),  dans  la  rut 
Triomphale,  où  il  fut  honoré  en  paix  par  les 
louanges  de  toute   la  ville. 


Ainsi  que  nous  l'avons  fait  remarquer 

Elusieurs  fois,  c'est  d'après  Ahdiaseten  l'a- 
régcant,  mie  Jacques  de  Voragine  raconte 
dans  sa  Légende  dorée  l'histoire  des  apôtres. 
Le  chapitre  qu'il  consacre  à  saint  Pierre  se 
trouve  traduit  en  français  dans  le  Diction- 
naire deg  légendes^  Migne,  1855,  col.  1083. 

C'est  également  à  la  même  source  qu'ont 
puisé  les  écrivains  qui ,  au  moyen  âge,  ont 
mis  sur  la  scène  les  légendes  relatives  au 
chef  des  apôtres. 

La  composition  la  plus  importante  en  ce  gen- 
re est  le  Miitire  de  monseigneur  sainct  Pierre 
et  sainel  Paul^  par  personnages^  contenant 
plusieurs  aultres  vies ,  martyres  et  conter- 
sions  de  saincts ,  comme  de  sainct  Etienne^ 


sainct  Clément^  sainct  JLtn,  sainct  Clef,  Attt 
plusieurs  grands  miracles  faitx  par  rintn- 
cension  des  ditx  saincts  et  la  mort  de  Symon 
magUs.  Avec  la  perverse  vie  et  mauvaise  fn  de 
l'empereur  Néron.  Et  est  ledit  mistire  à  cent 
personnages.  Paris,  veuve  Trepoerel ,  mos 
date,  in4*. 

Des  exemplaires  de  ce  volume  fort  rare  se 
trouvaient  dans  les  collections  de  deux  bi- 
bliophiles distingués,  le  duc  de  la  Vallière 
et  M.  de  Soleinne.  On  peut  consulter  à  ret 
égard  le  Dictionnaire  des  Mystères  (P8ri>, 
Migne,  185!^,  col.  832),  ouvrage  où  l'on  trou- 
vera aussi  des  détails  sur  d'autres  comnoM- 
tions  dramatiques  relatives  aux  deux  afidtrc» 
dont  il  s'agit. 


ACTES  DE  SAINT  PIERRE  ET  DE  SAINT  PAUL. 


Nuus  avons  déjà  eu  Toccasion  de  parler  de 
ces  Actes*qui  reproduisent  avec  des  détails 
nouveaux  puisés  dans  des  traditions  fort  an* 
ciennes,  les  légendes  relatives  h  la  fin  de  l'e- 
xistence des  deux  saints  aoôtres  ;  nous  avons 


déjà  dit  que  Thilo  les  avait  publiés  en  grec; 
nous  allons  en  donner  une  traduction  en  l'ar- 
compagnant  de  quelques  notes  où  nnusnifN 
trons  à  profit  les  observations  de  TéraiK 
allemand. 


saint  Ambroise,  De  excidio  nUrosoL^  où  se  treuvcnl 
des  récits  conformes  à  ceux  des  Actes  apocryphes  : 
f  Ubi  ventum  est  ad  portam,  vidit  sibi  (Petriis) 
Cliristum  occurrere,  et  adoraiis  eum  dixit  :  c  Do- 
mine, quo  vadis?  i  Dicit  ei  Chrislus  :  <  Iterum  vo- 
nio  crucitigi.  >  Intellexit  Petrus  de  sua  dictum  pa«- 
sione,  quod  in  ea  Christus  p.issurus  vtderetur,  qui 
paiilur  in  singulis,  non  utiqiie  corporis  dolore,  scd 
quadam  miserîcordi»  compassione  aut  gloriae  cele- 
britate.  Et  conversas  în  urbem  redit ,  captusque  a 
persecutoribus  croci  adindicatus  poposcit ,  ut  in- 
versis  Yestigiis  cruci  affigeretar,  quod  indignus  esset 
qui  simili  modo  crucidgerelur,  ut  passus  est  Dei 
FIlius.  Quo  impetrato,  vel  quia  ita  debebat,  ut 
Cbrisios  praedixerat,  vel  quia  persecator  non  invi- 
tas indul^^et  pœnarum  incrementa,  et  ipse  et  Paulus, 
alter  cruce,  alter  gladio  necatus  est.  Ambrosio  illos 
libros  vindicavit  Alex.-Svmm.  Mazoccbius  in  Corn" 
ment,  in  Kalend,  ecct.  Pteap,^  vol.  III,  p.  780  seq.  ; 
Idemque  pUcuit  Andr.  Gallandio,  Riblioth»  tet,  PP,^ 
L  VU.  ProUgom.,p,  xxviii  seq.  Quare  faiso  Bcne» 


dictioi  ad  Ambrosii  lib.  i  De  intirpetlattonê  Joè . 
cap.  1,  ubi  invers»  crucifix ionis  Pétri  niemioii. 
eum  bisioi'iam  istam  ab  Hegesippo  motuaian  f^^ 
opinati  sunt.  Alios  scriptores  Eusebio  et  AnilKo^ 
recentiorcft  illam  cruciûxionem  Pétri  cdebrani-^ 
laudant  Baronius ,  ad  ann.  Chr.  69 ,  uiim.  il* . 
Tillemoniius,  Mémoires^  t.  I,  p  181  •  éd.  Par. ,«( 
Sagittarius,  De  marlyrum  crueiatibus,  p.  135»  »^  ' 

(  i07)   Yoy,  saiiU  Ambroise,  saint  Aus uslin,  Tbii> 
doret,  cité  par  Tillemont,  dans  la  Vie  de  iêui 
Pierre, ch.  36. 

(708)  Nous  en  avons  déjà  parlé. 

(7U9)  Vay,  ce  quediseot  Florentinius  dansseSiVci 
sur  le  pseudo-Marcellus  et  les  Aeta  êotuionm,  1^ 
avril.  Un  manuscrit  grec  De  la  passion  dt  mt^i 
Pierre^  qui  fait  partie  de  la  bibliothèque  <lii  Va.i 
can,  renferme,  à  cet  égard,  un  passage  qu^Arrin^bi 
(Roma  subterranea^  1.  ii.  c.  5),  a  traduit  de  la  foc'i 
suivante  :  <  Deducitur  Petrus  ad  eam  parlem  v^^' 
tis  Valicani  qu.*»  arborcm  supra  lercbiuUinm  baUs 
et  infra  in  subjecia  plauitie  naumachiaiu.  » 


717 


ME 


PAUT.  III.-  LEGENI>ES  ET  FRAGMENTS. 


PÎK 


7lg 


L*ap6tre  Paul  étant  venu  à  Rome,  lorque 
NiTon  était  empereur,  il  s'éleva  une  grande 
querelle  entre  les  Juifs  et  les  gentils  qui 
avaient  écouté  la  parole  de  TApôtre.  Les  Juifs 
reprochaient  aux  gentils  de  s'attacher  à  des 
liées  nouvelles  au  lieu  d*ë(re  tidèles  à  la  loi 
.  |ue  le  Seigneur  avait  révélée  par  la  bouche 

e  Moïse,  et  ils  les  blâmaient  disant  :  «  Vous 
leviez  dans  un  aveuglement  égal  h  celui  des 
a  torateurs  des  idoles,  et  couiroe  eux ,  vous 
demeurerez  en  exécration  auprès  de  Dieu.  » 
Lorsque  les  Juifs  disaient  ces  choses  et  d*au- 
irts  semblaiOes ,  les  gentils  répondaient: 
«  Aussitôt  que  nous  avons  entendu  la  vérité, 
nous  Pavons  suivie  et  nous  avons  aban- 
<]onoé  nos  erreurs;  mais  vous,  vous  avez 
TU  les  vertus  de  vos  pères,  et  les  miracles  des 
j»rophètes,  cl  vous  avez  reçu  la  Loi,  et  vous 
avez  passé  la  mer  à  pieds  secs,  et  vous  avez 
vu  vos  ennemis  engloutis,  et  une  colonne 
de  nuée  a  apparu  dans  le  ciel  pendant  !e 
jour  et  une  autre  de  feu  (710)  pendant  la 
nuit,  et  !a  manne  vous  a  été  donnée  du  ciel, 
cl  des  eaux  ont  coulé  du  rocher  pour  vjpus, 
et,  après  tout  cela  ,  vous  vous  êtes  fabriqué 
pour  idole  une  tète  de  veau  et  vous  avez 
adoré  cette  image.  Nous  autres,  ne  voyant 
aucun  miracle,  nous  avons  reconnu  com- 
me Dieu  celui  que,  dans  votre  incrédu- 
lité, vous  rejetez.»  Lorsqu'ils  disputaient  de 
la  sorte,  Paul  l'afiôlre  leur  dit  qu'ils  ne  do- 
Vi'iient  passe  livrer  ainsi  entre  eux  à  des  que- 
ri'lles,  mais  qu'ils  devaient  plutôt  considérer 
que  la  promesse  que  Dieu  avajt  faite  è  Abru^ 
Inm  noire  père  (711)  était  accomplie;  il  lui 
avait  promis  que  toutes  les  nations  auraient 
part  à  l'héritage  de  sa  race,  car  il  n'y  a  pis 
d'acception  de  personne  auprès  de  Dieu.  Car 
tous  ceux  qui  auront  péché  contre  la  Loi 
seront  jugés  selon  la  loi,  et  ceux  qui  auront 
piévariqué  snns  Loi  périront  sans  loi,  car  il 
yadans  les  sentiments  de  l'homme  une  telle 
sainteté,  que  naturellement  il  loue  ce  qui 
est  bien  et  réprouve  ce  qui  est  mal,  afin 
«lu'il  punisse  ceux  qui  sont  coupables  et 
«in'ij  récompense  ceux  qui  ont  bien  mérité. 

Paul  ayant  dit  ces  choses  et  d'autres  sembla* 

(710)  Exod.  xiîi,  21,  22  :  VEiernel  marchait  de- 
vani  eux  le  jour  dant  une  colonne  de  nuée  pour  leur 
itdiquer  le  chemin,  el  tu  nuit  dam  une  colonne  de  feu 
pour  les  éclairer,  afin  qu'ils  marchassent  jour  et  nuit, 
li  ne  laissa  pas  s^ écarter  de  devant  le  peuple,  le  jour 
^a  colonnt  de  nuée  et  la  nuit  la  colonne  de  feu, 
(Traduclioa  de  M.  Gaheii.) 

(711)  Ce/i.  XXII,  18.  Des  idées  analogues  sont  cx- 
primces  daits  les  Actes  des  apôtres,  vin,  17,  cl  dans 
l*£ptlr«  aux  Hébreux,  vi,  15,  17. 

(712)  Ces  paroles  se  irouveiil  dans  le  Psaume  ii , 

(7t3)  Citons  irS  la  noie  de  Tliilo  :  c  P ri  mus  quod 
^îam ,  bac  simililudine  usus  csl  Terlallianus,  De 
auima,  c.  43  :  c  Sic  enim  Adam  de    Chri^lo  ûgu- 

*  rabai  ;  somnus  Ada"*  mors  eral  Cliristi  dormituri  in 

<  niorie,  ut  de  injuria  perinde  laieris  ejus    vera 

<  mater  vivenlium    figurarcliir  Ecclei  a   i     Hune 
iiaiUliis  est  AagusUnus  in  Evan^.  «/oaii.,  iracl.  9; 

*  Dormit  Adam  ul  fiât  Eva  ;  morilur  Cliristus  ut 
«  fiai  Ecctesia.  Oormienii  Adae  fit  Ëva  de  latere  ; 

*  inorioo  Christo  laucea  perculitur  lalus ,  ut  pro- 

<  fluani  sacramenta ,  quibus  formelur  Ecclesia.  > 
rariier  MaxirausTaurinensis,  boni,  infesto  Paschœ, 


blés,  il  en  résulta  que  les  Juifs  et  les  gentils 
s'adoucirent.  Mais  les  chefs  des  Juifs  in-* 
sistaient,  et  Pierre  dit  è  ceux  qui  le  [)res- 
saient  de  frapper  d'interJiction  leurs  syna- 
gogues tr  Ecoulez,  mes  frères;  le  Saint- 
Sisprit  [tromettanC  au  patriarche  David  do 
placer  sur  son  siège  un  héritier  venant 
du  fruit  de  son  ventre ,  celui  auquel  le  Père 
a  dit  du  haut  du  ciel  :  «  Tu  es  mon  Fils  ,  je 
l'ai  engendré  aujourd'hui  f712);  »  c'est  celui 
que  vos  princes  ont  crucifie  par  haine  conire 
lui.  Afin  d'accomplir  la  rédemption  néces- 
saire au  genre  humain,  il  a  voulu  souffrir 
toutes  ces  choses,  et  de  même  riu'Kve  a  été 
fabriquée  de  la  côte  d'Adam ,  de  même  c'est 
du  côté  de  Jésus  posé  sur  la  croix  que  devait 
être  fiibriquée  TÈglise  (713)  qui  n'a  ni  tache 
ni  ride.  Dieu  a  ouvert  cette  entrée  h  tous  les 
fils  d'Abraham,  d'Isaac  et  de  Jacob,  afin  qu'ils 
soieutdans  la  foi  de  l'Eglise  et  non  dans  l'infidé- 
lité de  la  Synagogue.  Convertissez-vous  donc 
et  entrez  dans  la  joie  d'Abraham  votre  père, 
car  ce  que  Dieu  lui  avait  promis  s'est  accom- 
pli. C'est  pourquoi  le  Prophèie  s'écrie  :  «  Le 
Seigneur  l'a  juré  et  il  ne  se  repentira  pas,  tu 
es  le  prêtre  pour  l'éternité  suivant  l'ordre 
deMelchisédech.  nll  est  devenu  prêtre  sur  la 
croix  lorsqu'il  a  offert  pour  le  monde  entier 
l'hostie  de  son  corps  et  le  sncritice  de  son 
sang.  V  Pierre  et  Paul  disant  ces  choses  et 
d'autres  semblables,  la  plus  grande  partie  du 
peuple  crut  et  il  y  en  eut  très-peu  qui  prirent 
le  parli  de  repousser  ouvertement  les  pré- 
ceptes et  les  avertissements  des  apôtres. 

Mais  les  chefs  de  la  Synagogue  et  les  prêtres 
des  gentils,  voyant  (|ue  leur  pouvoir  était  dé- 
truit par  la  prédication  des  apôtres*  firent  en 
î^orte,  par  leurs  discours,  de  provoquer  les 
inurmures  du  peu()le  contre  Pierre  et  Paul. 
Et  ils  lesaccusèrenl  auprèsde  Néron^et  ils  vau- 
lèrent  Simon  le  Magicien  à  l'empereur.  Car, 
tandis  qu'une  quantité  innombrable  do 
personnes  étaient  converties  au  Seigneur 
par  les  discours  de  Pierre,  il  advini  que 
Livie,  femme  deNéron,et  Agrippine,  femme 
du  protêt  Agrippa  (714),  se  convertirent,  et  eJ- 

DibL  PP.  Lugd.,  t.  VI ,  p.  24  :  <  Iiaque  in  Domini 
I  noslri  persoiia  duni  ex  Aitx  primi  lioniiuis  oo»Ui 
c  mater  cunctorum  vi\emium  Eva  proJucilur,  ex 
c  liiijui  sacro  lalcre  ac  sa  lu  la  ri  vulnere  Ecclcsia 
f  omnium  fidelium  parcns  reparaiida  monslralur.  > 
Eadem  liomiliaeliAm  iiiicrËusebilGallicaiii  liomilias 
reperilur,  Ibid.^  p.  (iôô.  Inl«r  Iios  e  Lalinis aurior 
CommentariorummGenesin  Eucherlo  Lugduu.  episc. 
asnripiorum,  I.  i,  c.  il  ;   pseudo  Prosper  Aquit., 
De  promiss,  et  prœdict.  Dei,  part,  i ,  c.  i  ;  Ambro-  . 
sius  Ansberlus,  hb.  n  in  ApocaL,  c.  ii,   8»  aliittuisr 
illam  simililuJineiii  repericnuil.   £  Gnecis  Sevi!-\ 
rianns  Gabulorum  episc.  De  mundi  et  creaiiont^  orat. 
o  ;  c  Gum  obdormiHseï  Adanius,  cosia  sumpta  est; 
c  ubi  Cbriiili  coip»ri  somnus  obveni^sct,  apertum 

<  est  latus  Ul  velerein    tragœdiaiu  nova   liisiorla 

<  sulverei ,  nempe  sonino  quem  in  cruce  pertutit.  > 
Yid.  0pp.  Cbryâoslomi ,  éd.  Montfaacoii ,  t.  YI , 
p.  492.  Gonf.  Anasiabius  SïudtïU^Anagogicarumcon" 
lemplationumin  Hexaemeron  lib.  ix«  «t  Kpipbauius» 
lia:rcs.  48.  u.  6  euro  hxres.  46,  n.  5. 

(714)  Voici  rubservation  de  Thilo  tarée  passa- 
ge :  c  HujusAgrippae  JoannesMalaUbCArono^r.lib.  x, 
p.  2oi,cd  Bonn.,  memiuii  in   bistoria  Siroonis  ci 


7;9 


DICTIONNAIRE  DES  APU<;UIPHES. 


les  se  rellrèrenld'fliiprès  de  leurs  maris  (715), 
El  par  sui lede  la  prédication  de  Paul  beaucoup 
de  gens,  quiUanl  le  service  militaire,  s'at- 
tachaient au  Seigneur;  des  gens  apparte- 
nant h  la  chambre  du  roi  venaient  a  lui, 
ot,  devenus  Chrétiens,  ils  ne  voulaient  ni 
reprendre  le  service,  ni  retourner  au  palais. 
Soutenu  par  les  murmures  malveillants  du 
peuple,  Simon  prit  de  la  hardiesse  et  com- 
mença à  dire  beaucoup  de  mal  de  Pierre* 
aflirmant  qu'il  était  un  magicien  et  un  im- 
posteur. Et  ceux  qui  voyaient  avec  éton- 
nenieut  les  merveilles  (qu'opérait  Simon, 
croyaient  en  lui.  11  faisait  mouvoir  un  ser- 
pent d'airain  et  des  statues  d'airain  (716);  il 
.se  montrait  courant  à  travers  les  airs.  Mais 
Pierre  guérissait  les  malades  par  sa  parole, 
il  faisait  par  ses  oraisons,  voir  les  aveugles, 
il  chassait  les  démons  par  son  ordre  et  il 
ressuscitait  des  morts.  11  disait  au  peuple 
(lu'il  fallait  non-seulement  éviter  d*être  sé- 
duit par  Simon,  mais  encore  découvrir  ses 
fraudes  de  peur  qu'on  ne  parût  adhérer  au 
diable.  Il  advint  ainsi  que  tous  les  hommes 
pieux  détestaient  te  magicien  Simon  et  aflir 
niaient  que  c'était  un  homme  pervers  , 
tandis  que  ceux  qui  croyaient  en  Simon 
.soutenaient  que  Pierre  était  adonné  à  la  ma- 
gie et  que  Simon  était  un  dieu.  Ces  discours 
Vinrent  jusqu'à  l'empereur  Néron,  et  il  or- 
flonna  que  Simon  vtntle  trouver.  Et  Simon 
étant  en  présence  de  l'empereur,  commença 
à  changer  de  figure,  de  sorte  qu'il  parut 
d'abord  un  enfant,  et  ensuite  un  vieillard, 
et  après  un  adolescent.  Il  changeait  de  sexe 
('t  d'âge,  et,  par  le  ministère  du  diable, 
il  prenait  beaucoup  de  Ggures  diverses  (717). 
Lorsque  Néron  eut  vu  cela,  il  crut  que 
Simon  était  le  Fils  de  Dieu.  Mais  l'apôtre 
l'ierrc  disait  que  c'était  un  voleur  menteur, 
un  vil  magicien,  ennemi  de  tous  les  pré- 
ceptes de  Dieu,  adversaire  de  la  vérité»  et 
que  la  volonté  de  Dieu  mettrait  sou  iniquité 
fi.  évidence  aux  yeux  de  tous.  Alors  Simon, 
étant  venu  vers  Néron,  dit  .'«Ecoute-moi,  ex- 
cellent empereur.  Je  suis  le  Fils  de  Dieu  (718), 

Pctrî,  qifàinexi4c<fâ  sanctoram  Apostoloruni  se  re- 
p  liisse  ipse,  p.  255,  in  licai.  Ibi  Chilineadas  faiso 
«*a,  qua*  sub  Clcinenlis  noiidnc  proieant,  înielli- 
t:<'iida  essepulal.  In  pseudo-Lini  lib.  i  Depauione 
VttTt  et  PauU,  quatuor  Agrippaepra?fecii  roncubinad 
iifiminaniur  :  Agrippina,  Eucharia,  Eupbemia  et 
Dione.  <  Qiiae  audicntes  ab  eo  (Pciro)  castitatis 
4  sermoncm  et  omiiia  domini  nostri  Jesii  Clirisli 
<  mandata,  tal)escebant  et  inoleslabantur  sub  thoro 
«  Agripp«.  Uiide  caslit:iti  se  devoventes,  pacium 
c  lonsilij  îià  iuvicem  'nierunt  et  confortai»  a  Do« 
«  tiiino  nostro  Jfsu  Chrislo,  nulle  modo  ei  {scr,  in) 
«  ob8e(|uio  concubitus  acqiiiescere  utterius  «iecre- 
«  verunt.  »  lln«Jein  etiani  uxorAlbini,  Csesarisami- 
cissimi,  nomine  Xandippe  («ic),  cum  alils  pluriinis 
uobilissimis  matronis  répudiasse  dicilar  virile  con- 
niibium,  cum  aPt:iro  verbum  castae  vit»  percepit- 
fiet.  Alia  Xantbippe,  Pauli  apostoli  in  Uispania 
hobpiia  etdistipula,  memoraïur  in  Simeonts  Meta- 
pbrasiT  (^mment,  de  Peiroet  Paulo^  cap.  6,  iiem- 
(|iie  in  MarlyroL  liom.  et  Menot.  Grœc,  ad  diem  13 
bcpt.  I 

(715)  La  prétendue  séparation  de  ces  femmef 
iravtfc  liMirs  maris  parait  eniprunlée  aux  Actes  apii- 
€iy^»))c:»  des  apôtres  rédigés  par  Leuciust  Chariiius. 


et  je  suis  descendu  du  ciel.  Tant  que  Pierre, 
qui  se  dit  un  apôtre,  était  seul,  jV  le  soaf* 
frais.  Maintenant  le  mal  s'est  doublé.  Pau!, 
qui  parle  comme  lui  et  qui  m*ACCu$e  égaie- 
tuent,  ))rêche  de  mô.i.e  que  Pierre.  Si  lu  ne 
t'avises  de  leur  perte,  il  est  certain  que  lr<n 
empire  ne  se  maintiendra  pas.  »  Alors  N*^ 
ron,  rempli  d'inquiétude,  ordonna  qu<* 
Pierre  et  Paul  fussent  amenés  devant  lui. 
Le  lendemain,  les  deux  apôtres  du  Christ  et 
le  magicien  Simon  parurent  devant  Nt^ron, 
et  Simon  dit:  «Voici  les  disciples  de  ce 
Nazaréen  do  la  race  des  Juifs.  »  Néron  du  : 
«  Qu'est-ce  que  Nazareth  ?  »  Simon  répond  l: 
«  C'est  une  ville  en  Judée  qui  a  toujours  a^i 
contre  vous,  et  c'est  d'elle  que  sort  leur 
maître.  »  Néron  dit  :  «Dieu  enseigne  et  aiit^o 
tous  les  hommes,  pourquoi  est-ce  que  tu 
les  persécutes?  »  Simon  dit  :  «  C*est  une  race 
d'hommes  qui  ont  perverti  toute  la  Judée, 
afin  qu'on  ne  crût  pas  en  moi.  »  Net  on  dit  i 
Pierre  :  a  Pourquoi  agissez-vous  avec  lai.l 
de  perfidie  contre  votre  race?»  Alors  Piiîrrc 
dit  è  Simon  :  «  Tu  as  pu  en  imposer  à  tout 
le  monde,  mais  jamais  à  moi,  et  par  nir.u 
entremise,  Dieu  a  retiré  de  leur  erreur  ceux 

?ue  tu  avais  abusés.  Et  lorsque  tu  as 
prouvé  que  tu  ne  peux  remporter  sur  moi, 
je  m'étonne  de  quel  front  tu  oses  le  présen- 
ter devant  César,  comme  si  tu  croyais  élr^ 
à  même  de  triompher  par  ton  art  magique 
des  disciples  du  Christ.  »  Néron  dit: 
«Qu'est-ce  que  le  Christ? «Et  Pierre  dit: 
«C'est  celui  que  Simon  le  Magicien  pré- 
tend  être  ;  mais  il  n'est  qu'un  nomme  des 
plus  méchants,  et  ses  œuvres  sont  diaboli- 
ques; mais  si  tu  veux  savoir,  excellent  em- 
pereur, ce  qui  s*est  passé  en  Judée  au  sujet 
du  Christ,  prends  la  lettre  que  Ponce  Pi- 
late  a  envoyée  à  Claude,  et  tu  sauras  ainsi 
toutes  ces  choses.»  Et  Néron  ordonna  do 
prendre  cette  lettre  et  de  la  lire  en  sa  pré- 
sencc  (719). 

Lorsque  la  lettre  eut  été  lue,  Néron  dit  : 
«  Dis-moi,  Pierre,  est-ce  ainsi  que  ces  choses 
se  sont  passées?  »  Pierre  répondit  :  «  Oa>, 

D'après  Pliolius,  (6î6/foM ,  cod.  fU),  e*-t  aot^vr 
Yd{jiouç  vo{a{uouç  dOcTsl.  Voy.  saint  Augustin,  Iv 
jide,  contra  Mamch,  c.  58 ,  et  Vllistùire  apostoliqui 
d'AtMlias,  lib.  ni,  c.  2t$,  39;  v,  4,  12;  ix,  10,  13. 

(716)  Ces  détails  se  reiroiiveni  dans  divers  écrih 
tels  que  les  Howéliet  :iuribué(*s  h  saint  Clémcoi . 
liom.  Il,  n,  32,  et  les  hécognitions ^  I.  m,  c  47. 
{Voy,  aussi  Anastase ,  quaesi.  20,  p.  242;  Jean  Mj- 
lata ,  1.  X ,  p.  252  ;  Céiirénus ,  Compend.  km.. 
p.  473,  et  Nicépliore,  HUt,  ecctei.f  lîb.  ii,  c  27.. 
Orderic  Vidal  s'expriiike  ain^i  :  «  Faciebat  eoioi 
sorpeiilem  cxreufii  movere  se,  cl  lapideos  cacr» 
lairare,  sialuas  xreasridere  el  inoveri;  teaulem 
currere  et  subito  in  aère  videri.i 

(717)  Voy,  en  sus  des  auteurs  cités  dans  b  do:«' 
p:ecédeniu,  S^éiapliruste,  in  Commenl^  de  Peirttei 
Pauto^  c.  2.  Tliilo  ajoute:  c  Opineris  veteresqi>i 
lia*c  tradunt ,  Stinoiiein  non  tuuc  pro  bomlue  hi- 
bnisse  qiiam  pro  phantasDiate  daemooico.  » 

(718)  A  1  égard  de  la  préleoiioa  de  Sinon  à  >c 
donner  pour  le  Fils  de  Dieu,  roy.  tes  Ré€0g!Mt9»i 
Clémenttnei^  lib.  m ,  c.  47,  eiVifuloin  t^poêivlk^u 
d*Ab(iia.s,  lili.  i,  c.  9. 

(719)  Nous  donnerons  à  rarticio  P'd^ê  b  na* 
duciion  de  cet  e  leiu-c. 


7il 


PIE 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FBAGMEKTS: 


PIE 


721 


je  ne  trompe  pas,  il  en  est  ainsi»  excellent 
empereur.  Ce  Simon»  plein  de  mensonges 
et  environné  de  faussetés»  se  donne  pour  un 
dieu,  quoiau*il  ne  soit  qu'un  homme.  C*est 
en  Jôsus-Cnrist  qu*est  la  victoire  complète 
par  le  dieu  et  Thomme»  car  sa  majesté  in<* 
compréhensible  s'est  revêtue  de  rhomme, 
daignant  venir  au  secours  des  hommes.  Mais 
en  Simon  il  y  a  les  deux  substances  de 
rhoiume  et  du  diable»  et  c*est  par  l'homme 

Sn'il  s'efforce  de  nuire  aux  hommes.  »  Simon 
it  (720)  :  «  Je  suis  étonné»  excellent  empe- 
reur, que  tu  aies  quelque  considération  pour 
cet  homme  qui  n'est  qu'un  pécheur  ignorant, 
irès-menteur»  et  qui  n'a  ni  le  talent  de  la 
parole,  ni  la  science»  et  qui  est  dénué  de 
toute  puissance.  Mais  aûn  de  ne  pas  souffrir 
davantage  cet  ennemi»  je  vais  commander 
à  mes  anges  de  venir  et  de  me  venger  de 
lui.  »  Pierre  dit  :  «  Je  ne  crains  point  tes 
anges;  ce  sont  eux  au  contraire  qui  auront 
à  me  craindre  dnns  la  puissance  et  dans  la 
conGance  du  Christ  mon  Seij;neur  pour  le- 
quel tu  veux  faussement  te  faire  passer.  » 
Néron  dit  :  «  Pierre»  est-ce  que  tu  ne  crains 
j>a$  Simon  qui  prouve  sa  divinité  par  des 
fnit>?  »  Pierre  dit  :  «  Si    la  Divinité  qui 
scrute  les  secrets  du  cœur  est  en  lui»  qu*il 
me  dise  maintenant  ce  que  je  pense  ou  ce 
que  je  fa<s.  Je  vais  confier  è  tes  oreilles  ma 
pensée,  afin  qu'il  n'ose  pas  mentir»  en  disant 
ce  que  je  pense.  »  Néron  dit  :  «  Approche  et 
dis-moi  ce  que  tu  penses.  »  Pierre  dit  : 
<  Ordonne  qu'on  m*apporte  un   pain  d'orge 
et  qu'on  me  le  donne  clandestinement.  » 
Lorsque  cet  ordre  eut  été  exécuté  et  que  le 
pain  eut  tHé  donné  en  secret»  Pierre  dit  : 
1  Que  Simon  dise  ce  qui  a  été  pensé,  ce  qui 
a  été  dit  ou  ce  qui  a  été  fait.  «  Néron  du  : 
i  Comment  veux-tu  que  je  croie  que  Simon 
ignore  cela»  lui  qui  a  ressuscité  un  mort  et 
qui  s'est  montré  plein  de  vie  trois  jours 
après  avoir  été  décapité  et  qui  a  accompli 
tout  ce  qu1l  a  dit  qu'il  ferait?  »  Pierre  dit  : 
«  Mais  ce  n'est  pas  devant  moi  qu'il  a  fait 
ces  choses.  »  Néron  dit  :  «  Mais  il  les  a  faites 
en  Uia  présence,  car  il  a  commandé  à  ses 
anges  de  descendre  du  ciel  et  de  venir  vers 
lui,  et  ils  sont  venus.  »  Pierre  dit  :  «  S'il  a 
fait  ce  qu'il  y  a  de  plus  étonnant,  pourquoi 
ne  fait-il  pas  ce  qui  l'est  moins?  Qu'il  dise 
re  que  j'ai  pensé.  »  Néron  dit  :  «  Que  dis- tu, 
Simon?  Je  ne  peux  pas  vous  mettre  d'ac- 
cord. 9  Simon  répondit  :  «  Que  Pierre  di.se 
ce  que  j*ai  pensé  ou  ce  que  j'ai  fait.  »  Pierre 
répliqua  :  «  Je  montrerai  que  je  sais  ce  que 
pense  Simon  lorsque  j'aurai  uit  ce  qu'il  a 
pensé.  »  Simon  dit  :  «  Tu  sais,  empereur, 
que  personne  ne  connaît  les  pensées  des 
liommes,  si  ce  n^est  Dieu  seul  ;  du  reste, 
Pierre  ment.  •  Pierre  répondit  :  «  Toi  qui 
prétends  être  le  Fils  de  Dieu,  dis  donc  ce 
({ue  ie  pense;  révèle»  si  tu  le  peux,  ce  que 
jai  fait  en  secret.  »  £t  Pierre  hénit  le  pain 
oWe  qu*il  avait  pris  et  qu'il  avait  brisé  et 
qu'it  avait  placé  dans  sa  manche  droite  et 


dans  sa  manche  gauche.  Alors  Simon,  indi- 
gné de  ne  pouvoir  dire  le  secret  de  l'apdtre» 
s*écria  :  «  Que  do  grands  chiens  viennent,  et 
qu'ils  le  dévorent  en  présence  de  César.  »  F.t 
aussitôt  apparurent  des  chiens  d'une  taillo 
extraordinaire»  et  ils  se  jetèrent  sur  Pierre. 
Mais  Pierre,  étendant  les  mains  pour  prier» 
montra  aux  chiens  ie  pain  qu'il  avait  béni, 
et  dès  qu'il  l'aperçurent,  ils  disparurent  aus- 
sitôt. Et  Pierre  dit  h  Néron  :  «  Voici  que  je 
t'ai  montré  non  par  des  paroles  mais  par  dos 
actions  que  je  savais  ce  que  pensait  Simon, 
car  celui  qui  avait  promis  de  faire  venir 
contre  moi  des  anges»  a  fait  apparaître  des 
chiens,  montrant  ainsi  qu'il  avait  pour 
le  servir,  nondes  anges  divins» mais  des  êtres 
de  la  nature  du  chien.  »  Alors  Néron  dit  à 
Simon  :  «  Qu'est-ce  que  c'est,  Simon?  je 
crois  que  nous  sommes  vaincus.  »  Simon 
dit  :  «  Cet  homme  a  agi  de  la  sorte  &  mon 
égard  dans  la  Judée,  dans  la  Palestine  et 
dans  la  Césarée,  et  déjà  en  combattant  sou- 
vent contre  moi,  il  a  appris  ce  qui  lui  était 
contraire,  voilà  pourquoi  il  a  recours  à  ce 
moyen  pour  m'échapper.  Car  personne  ne 
connaît  ies  pensées  des  hommes  si  ce  n'est 
Dieu.  »  Alors  Pierre  dit  à  Simon  :  «Assuré- 
ment tu  mens  en  te  faisant  passer  pour  uu 
dieu.  Pourquoi  donc  ne  révèles-tu  pas  les 
pensées  des  hommes?  »  Alors  Néron  se  tour- 
nant vers  Paul  dit  :  «  Pourquoi  ne  dis-tu 
rien»  Paul?  »  £t  Paul  répondit  :  «  Apprends^ 
César»  que  si  tu  laisses  ce  maeicien  accom- 
plir d'aussi  grandes  choses,  il  en  résultera 
de  grands  maux  pour  tes  Etats,  et  il  renver- 
sera ton  empire.  »  Néron  dit  à  Simon  :  a  Quo 
réponds-tu  a  cela»  Simon?  »  Simon  dit  :  fi  Si 
je  ne  montre  pas  devant  toi  que  je  suis  un 
dieu»  personne  ne  me  témoignera  la  vénéra- 
tion qui  est  due.  »  Néron  répondit  :  «  Qu'at-* 
tends-tu»  et  pour^iuoi  ne  montres-tu  pas  quo 
tu  es  un  dieu  atin  que  ces  hommes  soient 

Eunis.  »  Et  Simon  dit  :  «  Ordonne  qu'on  fa* 
rique  avec  du  bois  une  tour  fort  élevée,  je 
monterai  ausommetetj'appeilerai  mésanges, 
et  je  leur  ordonnerai  de  me  porter,  en  pré- 
sence de  tous»  au  ciel,  vers  mon  Père.  Et 
comme  ces  hommes  ne  pourront  en  faire 
autant,  tu  sauras  lespunir  de  leur  ignorance.  » 
Néron  dit  à  Pierre  :  «  Tu  as  entendu,  Pierre* 
ce  qu'a  dit  Simon;  il  en  résultera  qu'on  aura 
la  preuve  de  la  puissance  qu'il  possède  ou 
de  celle  qu'a  son  dieu.  »  Pierre  dit  :  «  Ex- 
cellent empereur»  tu  peux  comprendre,  si 
tu  veux,  que  Simon  est  rempli  du  démon.  » 
Néron  dit  :  «  Pourquoi  parles-tu  ainsi  par 
détours?  Le  jour  de  demain  vous  éprouvera.  » 
Simon  dit  :  «  Crois-tu,  excellent  empereur, 
que  je  sois  un  niagirien,  lorsque  j'ai  éié 
mort  et  que  je  suis  ressuscité?  »  Car  le  per- 
fide Simon  avait,  en  usant  de  ses  prestiges, 
dit  à  Néron  :  t  Ordonne  que  je  sois  décapité 
dans  les  ténèbres,  et,  si  je* ne  ressuscite  pa5 
le  troisième  jour,  tu  sauras  que  j'ai  été  un 
magicien,  mais  si  je  ressuscite,  tu  sauras  que 
je  suis  le  Fils  de  Dieu.  »  Et  après  que  Néron 


18. 


(^0)  Ceci  se  retrouve  avec  peu  de  cliatigen  cnts    daas  VHiiioire  apoêiolUfut  d'Alxlias,  1.  i,  a.  17  et 


7«5 


DICTiaNNAlUË  DES  APOCRYPHES. 


lil 


eut  donné  des  ordres  en  conséquence,  Simon 
fit,  par  son  art  magique, qu'on  décapitât  un  bé- 
lier qui  passa  pour  Simon  tandis  qu'oD|lui  cou« 
pait  la  tète.  Lorsque  le  bourreau  eut  porté  la 
tète  à  la  lumière»  il  vit  que  c'était  celle  d'un 
bélier,  mais  il  ne  voulut  rien  dire  au  roi. 
Simon  disailquMkessusciterail  le  troisième 
jour,  parce  qu'il  avait  emporté  la  \6ie  et  les 
membres  du  bélier,  et  que  son  sang  s'était 
congelé.  Et  le  troisième  jour,  il  se  montra  à 
Néron  et  il  dit  :  «  Fais  laver  mon  sàw^  qui  a 
été  répandu;  car  moi,  qui  si  été  décapité, 
je  suis  ressuscité  le  troisième  jour,  comme 
je  te  Tavais  promis.  »  £t  lorsque  Néron  eut 
dit:  «  Le  jour  de  demain  vous  mettra  à  Té- 
preuve,  »  il  se  tourna  vers  Paul  et  dit:  «Pour- 
quoi, Paul,  est-ce  que  tu  ne  dis  rien?  quel 
estlemaltreque  tuaseu,oudansquellesvilles 
as-tusuivi  les  leçons  des  philosophes?  Je  crois 
que  tu  es  dénué  de  toute  science,  et  que  tu 
ne  peux  rien  accomplir  de  grand.  >»  Paul  ré- 
pondit :  «  Penses-tu  aue  je  doive  parler  con- 
tre un  homme  perfide  et  un  magicien  ré- 
prouvé, un  malfaiteur  qui  a  destiné  son  Ame 
h  la  mort  et  dont  la  perte  arrivera  prochai- 
nement? Il  feint  d*êlrece  qu'il  n'est  pas,  et 
il  trompe  les  hommes  par  son  art  magiaue. 
Si  tu  veux  écouter  ses  paroles  et  t  y  conior- 
mer,  tu  perdras  ton  Ame  et  tes  Etats.  Car  cet 
homme  est  très-pervers^  et  de  même  que  les 
enchanteurs  égyptiens  Jannès  et  Mambrès, 
qui  conduisirent  dans  Terreur  Pharaon  et 
son  armée,  les  menant  à  être  engloutis  dans 
la  mer,  de  même  celui-ci  persuade  les  hom- 
mes par  rhabiîeté  de  son  père  le  diable,  et 
accomplit  beaucoup  de  choses  par  la  nécro- 
mancie et  par  les  secrets  ()ui  sont  ignorés 
parmi  les  hommes,  et  il  séduit  ainsi  un  grand 
nombre  de  gens  gui  ne  sont  pas  sur  leurs 
gardes.  Mais  moi,  je  combatsdans  les  gémis- 
sements de  mon  cqsur  et  avec  TÉsprit-Saint 
contre  la  parole  du  diable  que  je  vois  se  ré- 
pandre par  le  moyen  de  cet  homme,  et  il  se 
montrera  bienidt  ce  qu'il  est.  Plus  il  pense 
être  élevé  aux  cieux,  plus  il  sera  plongé  dans 
les  enfers.  Quant  à  la  doctrine  de  mon  maî- 
tre au  sujet  de  laquelle  tu  m'as  interrogé,  il 
n'y  a  que  ceux  qui  ont  embrassé  la  foi  dans 
la  pureté  de  leur  cœur  (721)  qui  puissent  la 
comprendre;  car  j'ai  enseigné  tout  ce  qui 
touche  à  la  paix  et  à  la  charité,  et  dans  mon 
voyage,  depuis  Jérusalem  jusqu'en  Illyrie, 
j*ai  répandu  la  parole  de  paix,  enseignant 
aux  hommes  à  s'aimer  mutuellement.  Je 
leur  ai  enseigné  de  se  respecter  le&*uns  les 
autres.  J'ai  enseigné  aux  puissants  et  aux  r^* 
ches  de  ne  pas  s'enorgueillir  et  de 'ne  pas 
mettre  leur  espoir  dans  l'incertitude  de  leur 
opulence,  mais  d'espérer  en  Dieu  (722).  J'ai 

(721)  c  De  doclrina  ma^istri  mci...  non  eam  ca- 
piant  nisî  qui  fldem  niundi  pecloris  adlilbuerini.  i 
Ces  paroles  se  retrouvent  dans  Abdias  (1.  n ,  c.  7). 
Tliilo  fait,  à  cet  égard ,  Tobservation  suivante  : 
<  Ipi>a  senteniia  ab  Augustino  polissimum  et  média 
astaie  ab  An  elmo  Cauiuariensi  celebrata  refertur  ad 
dictura  /laio?,  vil,  9,  quo  Clementem  Alexandr. 
iSirom.,  lib.  i)  jam  UBum  esse  viderous.  > 

(722)  i  Tim.  VI,  t7.  Les  autres  instruninns 
qu*éuninèrc  TApôtre  se  trouvent  également  disse- 


enseigné  aux  hommes  de  se  contenter  de  la 
nourriture  et  du  vêtement.  J'ai  enseigné  aux 
indigents  de  se  réjouir  dans  leur  dénâment. 
J  ai  enseigné  aux  pères  d'instruire  leurs  fil^ 
dans  la  science  de  la  crainte  de  Dieu.  J'at 
enseigné  aux  enranls  d'obéir  à  leurs  parons 
et  de  sui.vre  des  conseils  salutaires.  J'ai  m»- 
seif^né  h  ceux  qui  possèdeni  d'acquitter  eiac- 
tempnt  ce  qu'ils  doivent.  J'ai  enseigné  aii\ 
marchands  de  payer  les  impôts  aux  Agonis 
de  la  république.  J'ai  ensei;^né  aux  feiuni^s 
(723)  à  aimer  leurs  maHs  et  è  les  cr^n'lre 
comme  des  matlros.  J'ai  enseigné  aux  n«aris 
de  garder  à  leurs  épouses  la  foi  nu'ils  veu* 
lentqu'ellesgardente!cac(eme)itè  feurégarJ; 
de  même  que  le  mari  punit  une  épouse  a'iut- 
tère,  de  même  le  mari  adultère  est  châtié  i!e 
la  main  de  Dieu,  son  créateur.  J'ai  ens^^i^né 
aux  maîtres  de  traiter  leurs  esclaves  avec 
douceur.  J'ai  enseigné  aux  esclaves  de  servir 
leurs  maîtres  avf*c  fidélité  et  connroe  s*ils 
servaient  Dieu.  J'ai  enseigné  aux  Eî;Iises(le$ 
fidèles  d'adorer  un  seul  Dieu  tout>pui$^;tn(, 
invisible  et  incompréhensible.  La  doririne 
que  j'ai  enseignée  ne  m'est  point  venue  «fau- 
cun  homme,  elle  m'a  é'é  donnée  par  Jés  1^• 
Christ,  le  Père  de  la  gloire,  qui  m*a  |Mirr'«J:) 
ciel.  Et  quand  mon  Seigneur  Jésus  Chrit 
m'a  envoyé  prêcher,  il  m  a  dit  :  «  Va,  et  j« 
serai  en  toi  l'esprit  de  la  vie  pour  tons  ceux 
qui  vivront  en  moi,  et  je  justifierai  tout  co 
que  lu  auras  dit  ou  fait.  »  Néron,  empereur, 
ayant  entendu  ces  choses,  fut  frappé  de  stu- 
peur; et,  se  tournant  vers  Pierre,  il  dit  : 
«  Et  toi,  que  dis-tu  ?»  Et  Pierre  dit  :  ^  Tout 
ce  qu'a  dit  Paul  est  la  vérité.  Car  il  y  a  beau- 
coup d'années  que  j'ai  reçu  des  lettres  de 
nos  évêques  qui  sont  répandus  dans  tout 
l'empire  romain,  et  les  évêques  de  presque 
toutes  les  villes  m*ont  écrit  au  sujet  de  ses 
actions  et  de  ses  paroles.  Car,  lorsqu'il  était 
du  nombre  des  persécuteurs  de  la  loi  ii<i 
Christ,  une  voix  l'appela  du  ciel  et  lui  ensei- 
gna la  vérité,  parce  que  ce  n'était  point  ^r 
malice,  mais  par  ignorance  qu'il  était  eDO> 
mi  de  notre  foi.  Il  y  avait  eu  avant  nous  6^ 
faux  Christs ,  comme  est  Simon  ,  et  de  faui 
apôtres  et  de  faux  prophètes  qui,  s*opposant 
aux  ordres  saints,  ont  voulu  lutter  contre  h 
vérité.  Et  c'est  contre  eux  qu'il  est  néces- 
saire qu'agisse  cet  homme  qui,  depuis  son 
enlance,  n'avait  pas  eu  d'autre  élude  que 
celle  de  scruter  les  mystères  de  la  loi  divine, 
et  qui  y  a  trouvé  les  moyens  d'être  le  défeo- 
seurde  la  vérité  et  l'antagoniste  de  la  fausseté. 
Comme  c'était  par  zèle  pour  la  défense  de  !a 
Loi  qu^l  persécutait  notre  doctrine,  la  Vérit»; 
lui  parla  du  ciel ,  disant  :  «  Je  suis  1^  vériio 
que  tu  défends,  cesse  de  me  persécuter,  car  je 

mtn<^es  dans  ses  Epftres.  Nous  avons  déjà  eu  Voc- 
casion  de  parler,  dans  le  chapitre  7»  de  la  mort  ^ 
TApétre,  telle  qu'elle  se  trouve  dans  VHuioirt 
apoilolique  d*Abdias. 

(7i5)  Sur  les  devoirs  réciproques  des  époni, 
voy,  VEpîire  à  THe,  ii,l;  aux  Efhé*ieti$ ,  v.  t2 . 
55;  aux  Colouiens,  m,  18  ;  aux  Hébreux ,  xin,  i 
Et  quant  à  ceux  des  maîtres  envers  les  t*scl;ri'>  > 
vice  vena,  voy.  EpUr^aux  Ephi$iens^  vi,  W,  eia-« 
Cohtsiens,  iv|  1. 


:i5 


PIE 


PART,  m.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIE 


7«0 


fais  celle  pour  laquelle  on  te  voit  combattre. 
£t  ]ors(]u*il  eut  reconnu  qu'il  en  était  ainsi, 
il  abandonna  ce  qu'il  défendait,  et  il  se  mit 
a  défendre  ce  chemin  du  Christ,  qui  est  la 
voie  de  ceux  qui  marchent  dans  la  pureté, 
la  vériié  pour  ceux  qui  ne  sMgnorent  point, 
et  la  Yie  éternelle  pour  les  croyants.  »  Simon 
dit:  «Excellent  empereur,  comprends  la 
l'oospiration  de  ces  deux  hommes  contre 
looi.  Car  je  suis  la  vérité  et  ils  s*élèvent 
contre  moi.  »  Pierre  dit  :  «Il  n'y  a  en  toi 
aucune  vérité,  mais  tout  ce  que  tu  dis  et  fais 
yient  du  mensonge.  »  Simon  dit  :  «  Excel- 
lent empereur,  ces  hommes  ont  circonvenu 
ta  clémence  et  ils  veulent  t'abuser.  »  Néron 
dit  :  «  Mais  tu  ne  m'as  pas  donné  encore  les 
preuves  que  tu  m'avais  promises.  »  Simon 
répondit  :  ^  J'ai  prouvé  mon  dire  par  tant 
de  merveilles  et  de  choses  surprenantes,  que 
je  suis  étonné  de  ce  que  tu  paraisses  encore 
a?oir  des  doutes.  »  Néron  dit  :  «  Je  n*ai  pas 
d^  doutes,  et  cependant  je  ne  puis  donner 
mon  assentiment  à  ce  que  vous  dites  l'un  et 
Tauire,  mais  réponds  aux  autres  questions 
que  je  te  ferai.  »  Simon  dit  :  «  Je  ne  te  répon- 
drai plus.  »  Néron  répondit  :  «  Tu  parles 
ainsi  parce  que  tu  mens.  Et  si  je  ne  peux 
rien  faire  à  ton  é^ard  ,  Dieu ,  qui  est 
puissant,  le  fera.  »  Simon  dit  :  «  Je  n'ai  plus 
k  répondre.  »  Néron  dit  :  «  Je  n'ai  plus  d'es- 
time à  avoir  pour  toi,  et  je  pense  que  tu  es 
trompeur  en  toutes  choses.  Mais  quoi  de 
plus?  Vous  trois  vous  m'avez  menti,  et 
lous  m'avez  jeté  dans  de  tels  doutes  que  je 
ne  trouve  pas  à  qui  je  peux  croire.  >»  Pierre 
dit  :  «  Moi,  je  prêche  un  seul  Dieu,  le  Père 
et  Ji^sus-Christ  son  Fils,  qui,  avec  le  Saint- 
Esprit,  a  créé  tontes  choses,  qui  a  fait  le  ciel 
et  la  terre,  et  la  mer,  et  tout  ce  qui  s'y 
trouve  renfermé;  c'est  lui  qui  est  le  roi  vé- 
ritable, et  son  rè^ne  n*aura  point  de  fin.  » 
Néron  M  :  «Quel  est  ce  roi?  »  Et  Paul  ré- 
pondit :  «  C'est  le  Sauveur  de  toutes  les  nn- 
tions.  9  Simon  dit  :  «  Je  suis  cehii  dont 
TOUS  parlez ,  et  sachez  ,  PieiTe  et  Paul  , 
que  ce  C|ue  vous  désirez  ne  s'accomplira 
pas,  et  je  ne  vous  honorerai  pas  du  mar- 
tyre. »  Pierre  et  Paul  dirent  :  «  QuMl  ne 
t arrive  jamais  rien  de  bien  à  toi,  Simon,  ma- 
gicien et  plein  d'amertumes,  v  Simon  dit  : 
«  Ecoute-moi,  Néron  César;  afin  que  tu  saches 
(jiie  ces  hommes  sont  des  trompeurs  et  que 
jaiété  envoyé  du  ciel,  demain  je  monterai 
au  ciel  aGn  de  rendre  heureux  ceux  qui 
croient  en  moi,  mais  je  manifesterai  ma  co- 

(TU)  D*après  les  Actes  publiés  par  Thilo.  saint 
Paul  éuit  à  Malle  lorsque  les  Chrétiens  de  Rome , 
sacbanl  que  les  Juifs  avaient  obtenu  de  Néron  l*or- 
<lre  de  le  faire  lAettre  à  mort,  rengagèrent  à  venir 
rejoindre  saint  Pierre  :  voici  ce  qu'tiffrc,  à  cet  égaril, 
la  Iradociion  de  Lascaris  que  nous  avons  déjà  citée  : 

«  His  iuque  gesiis  ,  nonnulli  noviter  Christiani , 
moniii  a  Peiro,  ad  Paaluni  legatos  miserunt,  bujas- 
nodi  scripta  ferentes:  c  Paule,  serve  légitime  Dominî 
I  nostriJesuGhrisli  ac  Pétri  fraterapostolorum  prinii, 
«audivimusa  ]odaN>ruinmagii)tris  bicexsistentibus, 
'eosaCaesare  petiisse  at  omnibus  provînciis  scri- 
I  Iwret,  te  interficiendum ,  ubicunque  învenius 
>  Tores.  Nos  vero  credimus,.  quod  qucmadmodum 


1ère  contre  ceux  qni  ont  osé  nier  ma  puis- 
sance. 1»  Pierre  et  Paul  dirent  :  <(  Dieu  nous 
aappelésk  sa  gloire;  mais  toi,  c'est  le  diable 
qui  t*a  appelé,  et  tu  cours  vers  les  tourments.» 
Simon  ait:  «Néron  César,  écoute-moi.  £loi- 
gne  de  toi  ces  insensés,  aGn  que  lorsque  je 
viendrai  vers  mon  Père  dans  le  ciel,  je  puisse 
t*être  propice.  »  L'empereur  dit  :  «  Et  com- 
ment aurons-nous  la  preuve  que  tu  montes 
au  ciel  ?  n  Simon  dit  :  «  Ordonne  qu'on  élève 
une  haute  tour  avec  des  bois  et  des  poutres  ; 
j'y  monterai,  et  lorsque  je  serai  au  sommet, 
mes  anges  viendront  vers  moi  dans  les  airs, 
car  ils  ne  peuvent  venir  vers  moi  sur  la  terre 
au  milieu  des  pécheurs.  »  Néron  dit  :  «  Je 
veux  voir  si  tu  accomplis  ce  que  tu  dis.  » 
Alors  Néron  ordonna  d'élever  une   haute 
tour  au  Champ-de-Mars,  et  il  enjoignait  à< 
tout  le  peuple  et  à  tou3  les  gens  en  dignité 
de  venir  assister  à  ce  qui  se  passerait.  Le 
lendemain,  en  présence  de  toute  cette  as- 
semblée, Néron  ordonna  à  Pierre  et  à  Paul 
de  venir  aussi  (724),  et  il  leur  dit  :  «  C'est 
maintenant  que  la  vérité  vase  montrer.»- 
Pierre  et  Paul  dirent  :   «  Ce  n'est  pas  nous^ 
qui  démasquerons  Simon,  ce  sera  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  le  Fils  de  Dieu,  pour 
lequel  il  se  donne  faussement.  »  Et  Paul 
s'étant  tourné  vers  Pierre  dit  :  «  C'est  à  moi 
qu'il  appartient  d'invoquer  Dieu  à  genoux , 
et  à  toi  de  commander  si  tu  le  vois  entre- 
prendre quelque  chose,  car  tu  as  été  avant 
moi  choisi  par  le  Seigneur.  ^  Et  Paul  s'é- 
tant agenouillé  priait.  Mais  Pierre,  regar- 
dant Simon,  dit  :  «  Achève  ce  que  tuas  com- 
mencé; ta  confusion  approche,  ainsi  que  la  . 
preuve  de  notre  vocation.   Car  je  vois  le# 
Christ,  mon  Seigneur,  qui  m'appelle  ainsi 
que  Paul.  »  Nérun  dit  :    «  Et  où  irez-vuus 
contre   ma  volonté  7  »   Pierre  dit  :   «  Nous 
irons  où  nous  appellera  Notre-Seigneur  Jé- 
sus-Christ.  3)  Néron  dit  :  «  Qui  est  votre  Sei- 
gneur? D.Pierre  répondit  ;  «C'est  Jésus-Christ, 
que  je  vois  qui  nous  appelle,  x  Néron  dit  :] 
«Est-ce  que  vous  irez  dans  le  ciel?»  Ei, 
Pierre  dit:   «Nous  irons   où  il   plaira   à. 
celui  qui nousappelle.]»AlorsSimon  dit  :«Afiu, 
que  tu  saches,  excellent  empereur,  que  ces. 
hommes  sont  des  trompeurs,  lorsque  je  se- 
rai monté  dans  le  ciel^  j'enverrai  mes  ances 
vers  loi,  et  je  te  ferai  venir  vers  moi.  »  Né- 
ron dit  :  «  Fais  ce  que  tu  dis.  »  Alors  Simon 
monia  sur  la  tour,  en  présence   de  tout  te 
peuple,  et  étendant  les  mains,  couronné  de 
laurier,  i|  se  mita  voler (725).  Lorsque  Né- 

i  Deus  luminaria  magna  duo  fecit  non  dividi ,  iia. 
c  et  vos  duos  minime  dividet,  nec  Petruni  sciliirt 
f  a  Piiulo,  nec  Paulum  a  P»^tro,  sed  viros  credimu.s, 
c  in  Dorainum  nnstrum  Jesuin  Cliristum,  in  quo 
c  baptizati  sunius»  dignos  fore  vestra  doctriua.  > 
Paulus  recipiens  duos  viros  cum  cpislcla ,  xx  iiie 
mensis  Maii,  promptus  facius  est,  et  graiias  fgit 
Domino  nostro  Jesu  Christo.  > 

(725)  Selon  le  pseudo-Abdias  (1.  i,  c.  18),  Simon 
monta  au  Capitole  et  se  jeUnt  du  haut  du  rocher, 
il  se  mit  à  voler.  Walafrid  Strabo  se  conforme  à 
noire  texte  dans  son  poème  sur  saint  Pierre,  publié 
par  Caiiisius,  dans  ses  Leciionei  ant'ufuœ  (^dit«  d« 


7f7 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


7» 


ron  le  vit  ainsi,  il  dit  à  Pierre  :  «Ce  Simon 
dit  yrai;  toi  et  Paul,  vous  trompez  ]es  hom- 
mes. 1»  Pierre  lui  répondit  :  «  Tu  vas  sans 
nul  retard  connaître  que  nous  sommes  sin- 
cères, et  que  nous  sommes  disciples  du 
Christ,  tandis  qu'il  n*e$t  pas  le  Christ ,  mais 
un  magicien  et  un  faiseur  de  maléfices.  »  Né- 
ron dit  :  «  Est-ce  que  vous  persévérez  dans  ce 
que  vous  dîles?  Voici  que  vous  le  voyez  pé- 
nétrer dans  le  ciel,  x  Alors  Pierre,  regar- 
dant Paul,  lui  dit  :  «  Mon  frère  Paul,  lève  la 
tète  et  vois.  »  Et  Paul,  ayant  élevé  ses  yeux 
pleins  de  larmes,  vit  Simon  qui  volait,*^et  il 
dit  :  «  Mon  frère  Pierre,  qu'attends  -  tu  ? 
Achève  ce  que  tu  as  commencé;  le  Seigneur 
Jésus  Christ  nous  appelle  déjà.  »  £l  Néron« 
les  entendant,  sourit  et  dit  :  «  llssevoieiU 
vaincus,  ils  ne  savent  ce  qu'ils  disent.  » 
Pierre  dit  à  Néron  :  «  Tu  éprouveras  bientôt 
que  nous  n'avons  point  perdu  la  raison.  » 
Paul  dit  h  Pierre  :  «  Accomplis  promptemeot 
ce  que  tu  doi'sâire.  »  Et  Pierre,  regardant  du 
fôtédeSimon,  dit  :  «Je vous  adjure,  anges 
de  Satan,  qui  le  portez  dans  les  airs,  afin 
d*égarer  tes  cœurs  des  hommes  infidèles,  et 
au  nom  du  Dieu,  créateur  de  toutes  choses, 
et  de  Jésus-Christ  qui  est  ressuscité  le  troi- 
sième jour  d'entre  les  morts,  je  vous  ordonne 
,  de  cesser  de  le  porter  et  de  le  lâcher.  »  Et 
aussitôt  Simon  tomba  à  l'endroit  au'on  ap« 
pelle  la  voie  Sacr^^e,  et  s*étant  brisé  en  qua- 
tre morceaux,  il  se  trouva,  au  même  endroit, 
qua*.fe  grosses  pierres  qui  sont  restées  jus- 
qu'au jour  actuel  comme  un  témoignage  de 
la  victoire  des  apôtres  (726). 

Alors  l'empereur  Néron  ordonna  d'enchaî- 
ner Pierre  et  Paul,  et  il  fit  garder  avec  soin 
le  corps  de  Simon  pendant  trois  jours,  pen- 
sant qu'il  ressusciterait  le  troisième  jour. 
Et  Pierre  dit  :  «  Il  ne'ressuscitera  point,  car 
y\  est  mort,  et  il  est  condamné  aux  peines 
éternelles.  »  Et  Néron  dit  :«Qui  t'a  permis 
de  commettre  un  pareil  crime?  r.  Pierre  dit  : 
«C'est ta  résistance  de  Simon,  et  tu  peux  com- 
prendre, ô  empereur,  qu'il  était  fort  avanta- 
geux pour  lui  qu'il  périt,  afin  de  ne  pas  augmen- 
ter son  supplice  en  raison  des  blasphèmes 
si  multipliés  qu'il  proférait  contre  Dieu.  » 

Basnage,  t.  Il,  part,  n,  p.  i56),  où  il  est  dit  au  sujet 

de  Simon  : 

Qui  pnecelsa  radis  scaodit  vesligia  turris 
Alque  ooronatus  tauri  de  froode  volaviL 

Fott.Colelier,  NoLad  ConstUut.  apostoL,  I.  vi,r.9. 

ÇJ^^i  Cette  circonstance  se  retrouve  dans  d'au- 
tres auteurs.  On  lîtdans  les  Actes  de  Marcellus  que 
Simon  :  c  In  quatuor  partes  fiaclus  quatuor  silices 
a.lornavit.  >  Les  Boilandistes  en  font  mention 
(Aeta  S5.,  i.  V,  luiiii,  p.  i52).  c  Mcmînit  idem 
Turrigius  (Franc.  Mar.  Turrigius  in  libello  quein 
a.  1644  edidit  sub  titulo  Sacrorum  traphœorum 
Romanorum) ,  etam  tertii  sa\i ,  quod  prxcipiiem 
Simon**»!  exceperit  ejus(|oe  sanguine  commacula- 
iuQi  fuerit,  cilatque  pro  iilo  canonicum  Beneilict«im 
qui  anno  mcilui  in  suo  ms.  Casrenioniali,  quod  est 
Ml  Archivis  S.  Petr.,  descril)ens  vitam  Poniiticis  a 
Vaticauo  in  Lateranum  die  secundo  Pas»cha!  tran  • 
si  t.  » 

(7i7)  Cardii  ferreh,  i  Cardi  sunt  quasi  ferrei 
feclioes  quibus  bomines  laniantur.  i  (Papias,  cité 


Néron  dit  :  «  Vous  m'av^ec  rampll  I^Mprit  do 
soupçons,  et  j^  vous  ferai  périr  pour  servir 
d'exemple.  »  Pierre  dit:«  €e  a'est  pas  t.i 
volonté  qui  doit  s'accomplir,  mais  cVst  la 
nromesse  qui  nous  est  faite.  •  El  Néron  du 
a  son  préfet  Agrippa:  «  Il  fatilque  lestmpf« 
périssent  dans  les  supplices  ;  fats  donc  dé* 
chir  r  ces  hommes  avec  des  peiimes  de  fer 
(727),  et  fais-les  ensuite  brûler  tians  la  nan- 
machie.  et  que  tons  ceux  qui  les  imiter<»nt 
partagent  leur  sort.  »  Le  préfet  Agrîpfia  du  : 
«  Tr^-saint  emp^îreur,  tu  ne  te<i  traites  fias 
comme  ils  le  méritent.  »  El  Néron  dit  :  «  Pour- 
quoi? »  Agrippa  répondit  :  «  Parce  que  Paul 
paraît  innocent  :  c'est  Pierre  qui  est  fauteur 
de  Thomicide,  et  qui  est  impie.  »  N^ron  dit: 
«  Dq  quelle  façon  doivent-ils  périr?  «Agrippa 
répondit:  «  A  ce  qu'il  me  semble,  ii  est  juste 
que  Paul  ait  la  iéle  coupée,  et  ordonne  que 
Pierre,  qui  a  consommé  Thomicide,  smt  niif 
en  croix.  »  Nénm  dit  :'«  Ton  jugement  <*^î 
excellent.  >  Et  Pierre  et  Paul  furi^nt  conduits 
hors  de  la  présence  de  Néron.  Paul  fat  dé- 
collé sur  la  voie  d'Ostie.  El  lorsque  Payl 
était  mené  au  supplice,  et  qu'il  était  éloi.n^ 
de  la  ville  d'environ  trois  mille  pas,  il  vinW 
lié  avec  des  chaînes  de  fer,  et  il  était  garoé 
par  trois  soldats  (728),  hommes  de  race  oe* 
Lie.  Lorsqu'ils  furent  sortis  de  (a  porte,  «ix 
jeune  femme  pieuse  les  rencontra  h  la  dis- 
tance d'une  portée  de  flèche,  et  voyant  qo*cn 
traînait  Paul  charjçé  de  chaînes,  elle  eut  conv 
passion  de  lui,  et  versa  beaucoup  de  larmes. 
Cette  femme  s'appelait  Perpétue  (729),  eleile 
était  louche.  Paul,  la  voyant  pleurer,  lui  «iii: 
«  Donne-moi  ton  voile  (730),  et  quand  je 
reviendrai,  j<^  te  le  rendrai.  »  Et  celle  femme 
s'umprcssa  de  donner  son  voile  h  Paul.  Li'> 
soldais,  se  moquant  d'elle,  dirent  :  «  Pour- 
quoi veux-tu,  femme,  perdre  ton  voile?  >•* 
vois- tu  pas  qu'on  le  oniène  au  supplice?  »  £î 
Perpétue  répondit  :  «  Je  vous  adjure,  |tar  k 
salut  de  César,  de  couvrir  ses  yeux  avec  o» 
voile ,  lorsque  vous  lui  trancherez  la  tète.  * 
Et  ils  firent  ainsi.  Il  fut  décapité  danslVn- 
droit  appelé  Aquœ  Salviœ  (731),  auprès  d'un 
pin.  Et  par  la  volonté  de  Dieu,  avant  que  ie> 
soldats  ne  fussent  revenus,  le  ruban,  qu'a- 
vait prêté  la  femme,  lui  fut  rendu,  tache  «^v 

dans  le  Gloifarium  inf.  Latmit,  de  Du  Caogf.)  Su 
ret  instrument  de  supplice,  voy.  SagiUarius , />• 
tnarlyrum  cruciatibus^  p.  323. 

(728)  Los  noms  de  ces  niilitaifiS  sont  indiqué, 
d^ns  li;  Livre  de  la  Passion  de  saint  Paul ,  fausse- 
ment altrihué  à  saint  Luc. 

t7i9)  Observons  que  dans  quelques  Marlvrolnffs 
le  nom  de  Perpétue  est  également  donné  à  là  frinm.- 
de  saint  Pierre.  (  Voy»  Grabe,  Spicilegimm  SS.  ti- 
iruni,  t.  1,  p.  350.) 

(750)  Orarium,  [ascia,  fasnale^  étoffe  avec  li* 
quelle  on  sVsstiyait  la  visage;  voy,  sur  c*  n^^ 
Suicer,  Thésaurus  ecclesiasiicus  ^  au  mot  Oran*fn; 
Ferrari,  Analeet.  de  retesliaria^  c«  i3,  et  Ljuii« 
De  erudilione  apostoiomm,  p.  89. 

(731)  <  Locus  iiie  dictus  ad  Aquas  Saivîas,  tertli 
ab  urbe  lapide  dislaus,  alio  nomine  GuUa  jugiie: 
manans  est  appellatus,  ubi  Ctiristianorui»  caruiL* 
ciua  est  aliquando  habiu.  iBaronius,  ad  au.  CAe. 
69.  num.  11.  {Voy»  aussi  les  Doies  Au  m^e 
savant  sur  le  Martyrologe  romain.  9  juillet.) 


720 


PIE 


PART.  Ul.  —  LEGENDES  ET  FIUGMENTS. 


PIE 


730 


jattes  de  sang,  et  dès  qu'elle  en  fit  usage, 
l*œil  qfu"elle  avait  fierdu fut  rouferl. 

Quand  Pierre  fut  arrivé  auprès  de  la  croix, 
il  dit  :  «  Comme  mon  maître  Jésus-Christ  est 
descendu  du  ciel  sur  la  terre,  il  est  juste 
qu'il  ail  été  élevé  sur  la  croix,  mais  moi 
qu*;i  daigne  appeler  de  la  terre  au  ciel,  ma 
croix  doit  montrer  ma  tète  auprès  de  la  ler^ 
re  et  mes  pieds  dirigés  vers  le  ciel.  Puisque 
je  ne  suis  pasdi^ne  d'èlresur  la  croix  com- 
me mon  Seigneur,  tournez  donc  ma  croix.  j> 
lis  le  retournèrent  donc  et  ils  mirei  t  les 
pieds  de  Tapôire  en  haut  et  ses  mains  en 
bas.  Et  une  foule  innomblable  se  rassembla 
maiiiiissaot  César  Néron  et  tellement  pleine 
de  fureur  qu'elle  voulait  brûler  Tem^kereur 
Itii-ménie,  mais  Pierre  les  en  empêchait  di- 
sant :  «  Il  y  a  peu  de  jours  que  je  m'éioignni, 
cédant  aux  pnères  de  mes  frères,  et  je  ren- 
contrai leSeigneur  Jésus-Christ,  et  je  Tadorai, 
et  je  lui  dis  :  «  Seigneur,  où  vas-tu  ?»  El  il 
me  dit  :  «  Suis-moi, carje  vaisàHonie,  pour 
y  élre  cruciié  derechef.  »  £(,  le  suivant,  je 
reloitrnai  à  Rome,  el  il  me  dit  :  «  Ne  crains 
fjoinl,  car  je  serai  avec  toi  jusqu*à  ce  que  je 
t'introduise  dans  la  m-iison  de  mon  Père.» 
Ainsi,  mes  fils,  ne  mettez  poinld'obstacles  à 
mon  voya^M.  Mes  pieds  foulent  déjà  la  voie 
céleste.  Ne  vous  aQligez pas,  mais  réjouissez- 
vous  avec  moi, 'car  je  recueille  aujourd'hui 
le  fruilde  mes  Iravaux.i^Ët  lorsqu'il  eut  ainsi 
parlé,  il  dit  :  «Je  te  rends  grâces,  bon  pas- 
teur, parce  que  les  brebis  que  tu  m*as  con- 
fiées ont  |>ilié  de  moi.  Je  te  demande  de  les 
faire  participer  avec  moi  à  la  grâce.  Je  te 
recomii^ande  les  brebis  que  tu  m*as  con- 
fiées atin  qu'elles  ne  sentent  pas  qu'elles 
ne  m*ont  plus,  puisque  tu  es  leur  con- 
ducteur et  que  c'est  grflce  à  loi  que  j'ai 
pugouverner  ce  troupeau.  »  £t,  parlant,  ainsi, 
il  rendit Tespril.  Aussilôt  apparurent  en  cet 
endroit  des  saints  que  personne  n'avait  ja- 
mais vus  auparavant  ni  ne  parvint  à  voir 
ensuite.  Ils  disaient  qu'ils  étaient  venus  de 
Jérusalem  àcausede  Pierre,  et  un  homme 
noble  nomàaé  Marcel,  qui  avait  cru  et  qui, 
laissant  Simon  le  Magicien,  avail  suivi  Pier- 
re, se  joignit  à  eux;  ils  emportèrent  son  corps 
en  secret,  l'ensevelirent  sous  un  térébin- 
the,  près  de  la  naumachie,  dans  un  endroii 
qu'on  appelle  le  Vatican. 

Les  soldats  qui  avaient  tranché  la  tôle  de 
Paul,  retournant  vers  Néron  ce  même  jour 
à  U  troisième  heure,  rencontrèrent  Per- 
pétue el  lui  dirent  :  «  Qu'est-ce  que  c'est, 
6  femme  ?  voici  que  tu  t'es  laissée  tromper 
il  que  tu  as  perdu  ion  voile.  »El  elle  répon- 
dit: «  J'ai  recouvré  mon  voile,  et  mon  œil  a 
recouvré  l'usage  de  la  vue.  Et  le  Seigneur, 

^  (^52)  Après  la  chnle  de  Néron ,  il  se  répandh 
l'opiniun  qu*ii  n*élail  poiiil  mon  et  qu*il  ne  larde- 
rait pas  à  revenir.  (  Voy,  Suélone,  c.  57,  el  le^  notes 
de  Casauboii  sur  ce  passage.)  Parmi  les  premiers 
Chtctieiit,  il  y  en  eiil  qui  furent  tellement  frap|)és 
ée^  crapules  de  Néron  contre  TEglise  naissante, 
qo'ilK  se  persuaiiérent  que  cet  empereur  était  TAn- 
techiiht  ou  du  moins  quMl  reviendrait  avec  PAi:lr- 
christ.  (  Vott.  les  Oracles  êibyllins  ,  I.  iv,  fers  li6  ; 
Ucuncc,  De  morte  penecut.,  c.  2  ;  Sulpice  Sevérc, 


le  Dieu  de  Paul,  est  vivant;  je  Tai  prié  de 
faire  que  je  fusse  digne  de  devenir  sa  ser- 
vante. »  Les  soldats  regardèrent  et  virent 
qu'elle  avail  son  voile  sur  la  lête,  et  que  son 
œil  avait  recouvro  l'usage  de  la  vue,  elils  di- 
rent tous  à  la  fois,  è  haute  voix  :  «  Nousans^i 
nous  sommes  les  esclaves  du  Seigneur  de 
Paul.  »  Perpétue  s'éloigna  et  elle  apporta 
dans  le  palais  deNéron  la  nouvelle  que  les 
soldats  qui  avaient  décollé  Paul  disaient: 
«Nous  ne  revenons  pas  à  la  ville;  nous  avons 
foi  au  Christ  que  Paul  prêche,  et  noussoin- 
mes  Chrétiens.  »  Alors  Néron,  outréde  colère, 
ordonna  de  jeter  Perpétue  en  prison  elde  la 
charger  de  chatnes.  £l  il  commanda  de  dé- 
capiter un  des  soldats,  de  couper  un  autre 
en  deux  et  de  lapider  le  troisième.  Perpétue 
était  en  prison,  et  dans  celte  même  prison 
était  détenue  une  pieuse  vierge,  nommée 
Potenlienne,quiavaildil: «J'abandonne  mes 
parents  et  tous  les  biens  de  mon  père,  et  je 
veux  êli*e  Chrétienne.  »  Perpétua  lui  raconta 
tout  ce  qui  re^^ardail  Paul,  et  elle  lutta  cou- 
rageusement pour  la  foi  chrétienne.  La  fem- 
me de  Néron  était  sœur  de  Polentienne  cl 
elle  l'enseignait  en  secret  à  l'é^^ard  de  Jé- 
sus-Christ, disant  que  ceux  qui  ont  foi  en 
lui  jouijîS'nt  delà  joie  éternelle  el  que  tou- 
tes choses  de  la  terre  étant  périssables,  il  n'y 
a  que  celles  du  ciel  qui  sont  durables,  el  la 
femme  de  l'empereur  s'enfuit  du  palaisainsi 
que  les  femmes  de  plusieurs  sénateurs. 

Alors  Néron  fit  souiïrir  de  grands  tour- 
menis  è  Pcrfiétue,  et  il  ordonna  qu'après 
avoir  attaché  une  grosse  pierre  à  son  cou, 
on  la  jetât  dans  la  mer.  Ses  reliques  sent 
auprès  delà  porte  Nomentane.  Poteniienno, 
aprèsavoirsupporléaussi  de  cruelles  lortures» 
fut  brûlée  le  même  jour.  El  les  hommes  qui 
se  disaient  arrivés  do  Jérusaem,  direnL.à 
tout  le  peuple  :  «  Réjouissez-vous  el  soyez 
dans  l'allégresse,  parce  que  vous  avez  méri- 
té d'avoir  de  grands  patrons  qui  sont  de  saints 
apôtres  eldes  amisdu  Seigneur  Jésus-Christ. 
Sachez  que  ce  Néron,  ce  roi  très-méchant,  ne 
pourra  conserver  l'empireaprès  le  meurtre 
des  npôtres.  »  Il  arriva  ensuile  que  Néron 
s'attira  la  hainedesonarméeeldu  peuple. ro- 
main, et  ils  ordonnèrent  de  l'attacher  en 
public  et  de  le  faire  périr  d'une  mort  comme 
il  leméritait.Cette nouvelle  lui  élanlparvenue, 
il  fut  saisi  d'une  frayeur  extraordinaire  et  il 
s'enfuit  et  on  ne  le  revit  plus  (732).  il  y  en  eut 
C|ui  dirent  que  s'élanl  sauvé  dans  les  bois, 
il  avait  succombé  au  froid  et  à  la  faim,  et 
qu'il  avait  été  dévoré  par  les  loups.  El  comme 
les  Grecs  emportaienl  lescorpsdessainlsapiV-^ 
1res  pour  les  conserver  en  Orient,  il  survint 
un  lerribio  tremblement  de  terre  (733),  et  le 

Hi$t.  sacra ,  I.  n .  c.  Î8  ci  29.  et  dialo;?.  2  ,  c.  14;: 
saint  Augustin,  Liié  de  Dieu,  I.  xx,  c.  f9,  etc.) 

(755)  Circouslaiice  qui  &>e  retrouve  également  dans. 
l«^s  EpUres  de  saint  Grégoire  le  Grand  (1.  iv,  «*pist. 
50)  :  c  De  corporibus  vero  beat  or  uni  apobtolorum. 
quid  ego  lilcturus  suin ,  dnm  constat ,  quia  eo  lein^ 
pore  quo  passi  siuit,  ex  Oriente  fidèles  vénérant, 
qui  eoriim  corpora  stcutcivium  suorutn  répétèrent? 
Qnse  ducta  usque  ad  secundum  urbis  ndlliarium  in 
loco,  qui  dîceiur  Catacumbas,  collocala  sunt.  Sed 


-JTA 


DlCTIONNAmE  DES  APOCRYPHES. 


Zi 


peuple  romain  secourut  et  ils  les  arrêtèrent 
h  un  endroitqu'on  appelle  Catacombes (734), 
au  troisième  mille  de  la  voie  Appienne,  et 
les  corps  des  apôtres  y  furent  gardés  un  an 
ot  sept  mois  jusqu'à  ce  que  des  sépulcres 
eussent  été  faits  pour  les  recevoir.  Et  ils  fu- 
rent transportés  en  |>onipe  avec  le  chant 
des  hymnes;  le   corps  de  saint  Pierre  fut 


placé  au  Vatican,  et  celui  de  saint  Paul  $m  i« 
voie  d'Oslie,  à  une  distance  de  deux  mii>> 
de  Rome  ;  là  les  bénéfices  des  oraisons  m.. 
complissent   dans    les  siècles  des  siècle^ 
Ameff 

Fin  de  la  passion  des  saints  apAtres  Pierre 
etPaul. 


LITURGIE  OU  SACRIFICK  DIVIN  DE  L'APOTRE  SAINT  PIERRE  (735). 


Oraison  pour  la  proposition  du  pain  ou 
lorsfiue  le  diacre  rapporte  sur  Vautel  (736). 

Il  a  éié  conduit  c<*mme  un  agneau  à  la 
bonchorie»  et,  de  môme  (]u'nn  agneau  devant 
celui  qui  le  tond  ,  il  n'a  point  élevé  la  voix, 
et  il  n'a  point  ouvert  la  bouche.  Son  jugement 
a  été  rendu  dans  son  humilité.  Qui  racontera 
sa  génération  ?  celle  du  Père,  et  du  Fils,  et 
de  TEsprit-Saint. 

Quand  le  prêtre  mile  Veau  cl  le  vin^  il  dit  : 

Un  des  soldats  lui  perça  le  côté  d'un  coup 
<le  lance,  et  aussitôt  il  en  sortit  du  sang  et 
de  Teaji  (737)  pour  le  salut  du  monde. 

Jl  fait  ensuite  l'oraison  de  la  proposition 
ou  de  l'offrande  : 

Seigneur,  notre  Dieu,  qui  t*es  offert  ioi- 
mérne  pour  la  vie  de  ce  monde,  jette  les  re- 
gards sur  nous,  et  sur  ce  pain,  et  sur  ce  calice  ; 
fais-en  ton  corps  sans  tache  et  ton  sang  pré- 
cieux pour  la  nourriluredesâmeset  descorps, 
parceipie  tonnoni  Iroisfois  vénérableet  écla- 
tant, celui  du  P^re,  est  sanctifié  et  çloritié. 

Oraison  de  l'encens^  quand  se  fait  la  céré' 
monie  de  l'encensement  (738)  : 

Dieu  saint  et  qui  reposes  dans  les  saints, 

dum  oa  exinde  levare  omnis  eorum  mnUitudo  con- 
vpnieiis  nitenliir,  ila  eos  vis  lonttrui  alque  ful- 
guris  niniio  met  ii  ter  mit  alque  dispemt,  ui  lalia 
deniio  nullaieniis  alieniare  praesumerent.  Tune  au- 
teni  exciintes  Romatil  eorum  cor^iora  qui  hoc  ex 
Domini  pietate  meruerant,  levaveruiU  et  in  locis 
quibus  nunc  sunl  condiia,  posucrunt.  i  (Voy.  Ba- 
roiiiiis,  ad  an»  2il,  n.  3,  et  Acta  SS.,  l.  Y  Junii, 
p.  434.) 

(734;  Le  moine  Ru  >olphe,  dans  la  Vie  àft  Rahan 
Maur,  n.  50,  8'exprime  ainsi  :  «  Acceptoque  cor- 
pore  R.  Quirini  mariyris ,  Roinam  fiigit ,  et  sacras 
reliquias  via  Appia,  tertio  niilliario  ah  url>e,  in 
ecciesia  be atoruni  apostoloruni  Pétri  et  Pauli ,  ubi 
aliquandiu  jacuenint,  scpelierunt  in  loco,  qui 
diciiur  ad  Caiacumbai,  > 

(73o)  Cette  liturgie  ,  dans  laquelle  on  trouve  des 
ressemblances  avec  celle  qui  porte  le  nom  de  saint 
Basile,  fut  publiée  en  grec  et  en  latin  par  W.  Lin- 
danus  à  Anvers ,  en  1589.  (Mina  apostolica ,  seu 
Saerificium  $ancti  Petn.)  Lindanus  a  joint  à  son 
édition  de  la  liturgie  une  dissertiition  dans  laquelle 
il  «^efforce  de  montrer  quMIe  n*a  pas  été  composée 
à  Rome,etqu*elle  était  fort  courte,  llajoint  à  ce  frag- 
ment une  savante  apologie  de  cette  liturgie  où  il 
montre ,  contre  Topinion  soutenue  par  les  proies- 
tams,  qu'elle  est  authentique  et  quVlle  est  conforme 
aux  doctrines  et  aux  traditions  apostoliques. 

L*édition  .  publiée  à  Pari&  chez  Frédéric  Morel , 
en  i595,  in-8%  et  revue  par  Jean  de  Saint-Andié, 
se  distiiiffue  par  ta  netteté  de  Texécution,  et  rem- 
ploi habile  de  Tencre  rouge  en  cei  tains  passages  de 
quelques  feuillets.  Elle  reproduit  les  notes  niargi- 


lumière  qui  habites  un  séjour  inaccessdi'^ 
Seigneur,  fais,  dans  ta  bonté,  grâct^Àn-^ 
nombreux  péchés,  et  de  même  que  tu  ^ 
reçu  de  Zacharie  (739)  Thomma^e  de  l'en- 
cens .  reçois  de  même ,  des  mains  de  noi.> 
autres  pécheurs,  cet  encens  que  nou«  tV>t- 
frons  ,  et  accorde  -  nous  ta  miséricorJ  ■ 
parce  que  ton  nom ,  trois  fois  vénérable  et 
éi'.latant,  celui  du  Père,  est  sanctifié  et  glo- 
rifié. 

Après  rencensement,  le  prêtre  couvre  (fus 
voile  les  offrandes^  en  disant  : 

Seigneur,  ta  puissance  a  couvert  les  cieui» 
et  la  terre  est  pleine  de  ta  gloire. 

//  d't  ensuite  : 

Le  Seigneur  a  régné;  que  les  nations  s'ir- 
ritent. 

Le  diacre  dit  à  haute  voix  : 

Sei>;n«  ur,  bénis-nous. 

Le  prêtre  :  Béni  soit  la  règne  du  Père  et 
du  Fils. 

Le  diacre  (7W)  :  Nous  te  prions.  Seigneur, 
pour  obtenir  de  toi  la  paix  suprême,  |ioii 
cette  sainte  maison  (741),  pour  notre  |>èr 
et  patriarche  le  vénérable  N.»  (K)ur  ceit* 

nales  de  Lindanus  el  sa  dissertation,  mais  rai»*»' 
iogie  a  été  laissée  de  côté. 

Cette  liturgie  se  trouve  également  dans  la  Bih'*  - 
îheca  maxima  Patrum,  édition  de  Lpn,  i.  M'. 
p.  116,  et  t.  Il,  part,  i,  p.  4t,  de  l'édition  de  lt<«' 
ainsi  que  dans  le  Codrx  apocfypkus  Nvti  Te^'t 
menii,  de  Fabricius,  t.  III,  p.  159. 
•  (756)  c  Ka'c  Graecis  sunt  Paracevaslica  »d  n  ' 
glos^m  dîvinorum  douurum  panis  et  vini  in  «wj  i^ 
et  sanguinem    Dmnini  cons^crandorum  ilUtion   < 
ad  sancium  aliare,  qnap  et  apud  varias  Kccle^  •- 
variant.  I  (Note  de  Lindanus  ainsi  queles  suivaiii'-^  • 

(757)  Dans  la  Messe  qui  porte  le  nom  de  w  •  > 
Bdrnabé,  il  e>t  fait  également  mention  du  sang  ']<•• 
sortit  du  côté  du  Sauveur. 

(758)  f  Similis  exsiat  oratio  Erclesiae  Romau  « 
Blissa  episcopali  quas  in  quntidiana  omiutiur.  i 

(759)  c  Latinus  canon  alludit  ad  thyniiatna  lihJ 
anuiiatum  quod  S.  Micbacl  pro  CbrisU  EicK*:' 
ofTcrt  D>'0  in  Apoc,  Anibrosianus  S.  BamaUr  m- 
picit  odorem  sanctorum  Dfî.  i 

(740)  €  Istx  litanias  variant  variis  in  Cbrift 
Ecclesits,  quas  Chrysostomiana  et  Bastliana  plu"' 
mas  liabet,  et  snppius  itérât,  ut  et  D.  Marei.  » 

(741)  c  Similes  piorum  vetcruni  preces  pro  sal>  i<^ 
.N.  vel  N.  pro  iitUrmis.  pro  iter  ag(*fi'ibuft,  cl  ^i»'* 
)ilins,  sunt  Latinis  secretae  qu»:  a^  Para^t^^*" 
spectant,  teste  D  Âugusiino,  eptst.  59,  Ad  /W^' 
num ,  sic  et  divi  Marci  liturgla.  Expr«*tta  vero  vr>- 
tigia  videre  est  in  OOicio  H.  l'arasoeves,  q"ap«>tf 
Missa  fit,  quae  Pia'sanctificatoruro  Gnecit  dMiu>- 
In  locum  se<pientis  Litani»  oliro  Komaiia  EciV*>« 
Cl  quaedam  alia*  nnjoribus  festis,  et  episci^i  ^^' 


PIE 


PART.  III.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIE 


734 


ville,  pour  la  température  de  Tair,  pour  les 
lîflvigateurs,  les  voyageurs,  etc. 

Le  prêtre  dit  roraison  : 

Seigneur,  noire  Dieu  et  noire  mattre,  toi 
qui  as  établi  dans  les  eienx  les  ordres  et  les 
aripéf's  les  anjç  s  {la  suUe  comme  dans  la  /i- 
turgiede  saint  Basile). 

S<%'iietir ,  assiste-nous,  sauve -nous  et 
aie  piiié  de  nous.  Car  à  loi  revient  tout 
honi'eur  et  gloire. 

Venez,  aJorons-le et  prosternons-nous  de- 
vant lui. 

H  (Ut  ensuite  à  toix  haute  : 

Le  Seigneur  soit  avec  loi. 

le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Lî  prêtre  :  Prions. 

iepeuple:  Seigneur,  aie  pitié  de  nous 
[lroi$  fois). 

Alors  le  prêtre  dit  à  haute  voix  : 

Seir;neur,accorde-nous,ànousqui$ononies 
tes  serviteurs,  le  secours  céleste  de  ta  main, 
afin  que  nous  te  cherchions  de  tout  notre 
cœur,  et  que  nous  obtenions  ce  que  nous  de- 
mandons dignement.  Par  Notre-Seigneur 
Ji^sii^-Chrisl,  avec  le(juel  toi,  noire  Dieu ,  tu 
vis  et  rèo'nes  dans  l'uniléde  TEsprit-Saint, 
pendant  tous  les  sièclps. 

Lepeuph:  Amen.  Dieu  saint.  Dieu  fort. 

Pendant  que  le  peuple  dit  trois  fois  Vhymne 
%ainl,  le  prêtre  prie  (742)  : 

Seigneur,  Dieu  tout-puissant  qui  seul  es 
faitil  (  l  qui  reposes  dans  les  saints,  et  qui  re- 
çois {\ç^%  puissances  célestes  l'hymne  trois 
Il  s  saint,  reçois  de  notre  bouche,  quoique 
nousso'ons  pécheurs,  cet  hymne  trois  fois 
saini;  accorde-nous  tes  miséricordes  et  tes 
bonlés  par  l'intercession  de  la  sainte  Mère 
de  Dieu  et  de  tous  tes  saints. 

le  prêtre  :  Soyons  altenlifs,  la  paix  h 
tous. 

Le  peuple:  Et  h  ton  Esprit. 

Le  prêtre  :  La  sagesse,  etc. 

//  Ut  ensuite  le  texte  apostolique^  alléluia, 
tétangile,  et  aussitôt  l'oraison  : 

Aie  pillé  de  nous,  ô  Dieu 

//  recite  ensuite  Voraison  : 

Seigneur,  notre  Dieu,  exauce  notre  prière. 
(Comme  dans  la  liturgie  de  saint  Basile  ) 

V  prie  ensuite  pour  lui-même^  ayant  chanté 
rhyinne  des  chérubins,  de  cette  manière  : 

Nul  n*est  digne,  parmi  ceux  qui  sont  dans 
les  liens  des  cupidités  charnelles.  (Comme 
dans  la  même  liturgie.) 

v>rsa*io  legeliaiilur  gimilia  vota ,  ut  exstal  in  Pou  - 

(ificali  Romano  :  Chmtus  vincit ,  Chrislut  régnât , 

Chrirns  imperat.  ^  Gloria  nostra,  Chriitus  vincit, 

R  Hane  diem  lœti  ducamus,  Gsmtores  :  Summo  Pon-t 

fifico  nostro  3f.  integritatem  fidei.  Gborus  :  Domi- 

HMi  cotuervet,  Gantores  :    Episcopum  nostrum  N. 

Chorus  :  Dominus  comervet.  CaïUOres  :  Begem  no- 

ilTum  y.  Chorus  :  Deus  comervet  tedem  istam,  elc. 

S^  hxc  iiunc  abierunt  in  desuctudinem.  i 

(74i)  Celle  oraison  du  prêtre  se  trouve,  mais 

^«'auroiip  plus  étendue ,  dans  la   lilurKie  de  saint 

|>(trysosiome.  Elle  est  aussi  dans  celle  de  saint 
Marc 

(743)  I  Vox  est  roinistrorum  Ecciesiae  ad  sacer- 
^owm ,  pro  se  illorum  preces  peteniera ,  apud  D. 
«tobiim  el  Biisilium.  • 

l'ii)  I  Syniboluu)  aposiolicuoi  Lathiis  mox  post 


Ayant  déposé  les  dons  sacrés  sur  la  table 
sainte,  il  lave  ses  mains ,  disant  : 

Je  laverai  mes  mains  parmi  les  innocenls, 
et  j'entourerai  ton  autel  pour  entendre  la 
voix  de  ta  louange. 

// de/f»Mui7e:4/Esprit-Saint  viendra  sur 
toi,  et  a  puis^ancedu  Très-Haut  te  couvrira 
de  son  ombre  (7W). 

A  haute  voix  : 

Le  Seigneur  soit  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Je  crois  en  un  st'ul  Dieu,  etc.  (Wt). 

Le  prêtre  :  Tenons-nous  dans  rattention, 
tenons-nous  dans  le  respect. 

Le  peuple  :  Seigneur,  donne-nous  la  misé- 
ricorde et  la  paix. 

Le  prêtre  à  haute  voix  : 

Sanctifie,  Seigneur,  l'hostie  qui  t'est  of- 
ferte (745),  et,  par  elle,  reçois-nous  avec 
bonté,  par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  ton 
Fils,  avec  lequel  tu  vis  et  tu  règnes,  ô  Dieu, 
dans  Tunité  de  TEsprit-Saint,  pendant  tous 
les  sièries  des  siècles. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  :  Elevez  vos  cœurs  (746). 

Le  peuple  :  Nous  les  tenons  élevés  vers  le 
Seigneur. 

Le  prêtre  :  Nous  adressons  au  Seigneur, 
notre  Dieu,  des  actions  de  grâces. 

Le  peuple  :  C'est  juste  el  digne. 

Le  prêtre:  Il  est  véritablement  digne  et 
juste,  honnôîe  et  saluiaire,  de  te  rendre,  en 
tout  temps  et  en  tout  lieu,  des  actions  degrâ'^ 
ces.  Seigneur  sdint, Père  qui  gouverne  toutes 
choses.  Dieu  tout-puissant  et  éternel,  par 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  par  lequel  les 
anges  louent  ta  gloire,  les  Dominât  ons  l'ado- 
rent, les  Puissances  la  redoutent,  les  Cieux, 
les  Vertus  des  cieux  et  les  bienheureux  s<Çra- 
phins  l'honorent  et  la  servent  en  la  célébrant 
ensemble;  nous  te  supplions  de  nous  per- 
mettre de  joindre  nos  voix  aux  leurs  en 
chantant  h  haute  voix  Thyume  de  vic- 
toire. 

Le  peuple  :  Saint,  saint,  saint  (747). 

Le  prêtre  prie  : 

Nous  te  prions  et  nous  t'invoi^uons,  on 
te  suppliant,  Père  très-bon,  par  Jésus-Christ 
Notre-Seigneur,  et  nous  te  demandons  du 
vouloir  accepter  et  bénir  ces  dons,  celte  of- 
frande, celte  sainte  hostie,  sans  reproche. 
Nous  le  lei  offrons  d'abord  pour  ta  sainte 

Evangelium  decanlatum ,  oui  aptius  cohaerel,seu 
Evangelii  («hrisliani  epilome,  quod  divus  Dionysins 
Âreopagiia  vocandum  pulal  hhmnoloyiam  caihoti- 
cam  sive  polius  hierarchicam  Eucttarisiiam,  i 

(7i5)  <  lla:c  oraiio  :in(e  pr%raLioiieni  Latinis  sé- 
créta vocalur,  Mediulanensiâ  Ecclesia  vocat ,  super 
oblatum,  el  in  ordine  Missx  sic  legilur  :  OralioMs 
secretœ  ad  munus  oblatum,  i 

(746;  I  Pru^fuiio  ebl  Latinis,  ut  MiHrtolaDcn6i 
Ecclesis  quae  ad  verbum  ubique  respondct  Latine, 
nisi  quod  variai  Pra*raiionem  pro  icmpore,  aut 
sanctis,  ut  el  Ecclesia  Latiua  ;  licel  non  iia  fré- 
quenter, poiissimum  posl  Pelagii  primi  reforma- 
tionem  sancii  cauouis  Missx.  » 

(747)  c  Sic  el  in  D.  Marci  evangelistx  liiurgia 
popuins  canil  bunc  1er  [sanctus  hymnuni,  queui  ei 
Epicinion  vocal.  » 


7û6 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


Eglise  catholique  et  apostolique.  Daigne  pa- 
ciner,  garder,  gouverner  toutes  les  extrémi- 
tés de  la  terre,  d'accord  avec  ton  serviteur  le 
Pape  el  notre  patriarche  N.  Souviens-toi , 
Seigneur,  de  tes  serviteurs  et  de  tes  ser- 
vantes, el  de  tous  ies  assistants  dont  la  foi 
t*esi  connue,  e\  dont  raifection  pour  toi  est 
notoire;  ils  t'offrent  cette  hostie  de  louange 
pour  eux-  •  entes  et  pour  tous  les  leurs,  pour 
la  rédemption  des  âmes  et  des  corps,  pour 
Tespoir  de  leur  salut.  Ils  te  rendent  leurs 
vœux  comme  au  Dieu  élernel  el  vivant.  Sa- 
lut, Marie,  pleine  de  grftce  (748),  le  Seigneur 
est  avec  toi,  etc. 

A  haute  voix  :  Dans  la  communion  et  dans 
le  respect  de  la  mémoire ,  d'abord  de  la 
sainte,  glorieuse  et  toujours  vierge  Marie, 
Mère  de  Noire-Seigneur,  Dieu  el  Sauveur 
Jésus-Christ,  el  de  tes  bienheureux  apôtres 
el  inarlyrs,  Pierre  el  Paul,  André,  Jacques, 
Jean,  Thomas,  Philippe,  Barlhélemy,  Mat- 
thieu, Simon,  Thaddée,  Léon,  Ciel,  Clément, 
Xisle,  Corneille,  Cyprien,  L/»urent,  Chry- 
sogone,  Jean  et  Paul,  Côme  et  Damien,  et 
de  tous  les  saints;  accorde-nous,  par  leur 
inlercession  vi  par  leurs  prières,  qu'en  tou- 
tes choses  nous  soyons  munis  du  secours 
de  ta  protection,  par  Jésus-Christ  Notre* 
Seii;n«Mjr. 

Il  fait  ensuite  la  commémoration  des  morts 
(749J  : 

Nous  le  prions,  Seigneur,  d'accepter  favo- 
rablement celte  offrande  de  notre  servitude 
el  de  relte  de  tout  tnn  peuple  que  nous  te 

f^résenlons;  dispose  nos  jours  en  paix,  dé- 
ivre-nous  de  la  damnation  éternelle,  et  or- 
donne que  nous  soyons  comptés  dans  le 
troupeau  des  élus,  parNolre-Seigneur  Jésus- 
Clirisl;  munis  de  la  protection  en  toutes 
choses,  fais,  nous  l'en  prions,  que  cette  of- 
frande bénie  te  soil  agréable  el  soit  reçue  de 
toi,  afin  (ju't'lle  devienne  pour  nous  le  corps 
el  le  san|4:  de  ton  Fils  bien-aimé,  Noire-Sei- 
gneur J(>sus-Cliri$l  qui,  la  veille  du  jour 
qu'il  souffrit,  prenant  le  pain  dans  ses  mains 
saintes  el  sans  tache,  el  levant  les  yeux  au 
ciel  vers  t<ii,  Dieu  et  son  Père  lout-puissant, 
te  rendant  grâces,  bénit  le  pain,  le  brisa  el  le 
donna  à  ^es  disciples,  disant  [à  haute  voix)  : 
Prenez  et  mangez,  c'est  mon  corps  qui  est 
brisé  pour  vous  (750).  (//  continue  ensuite  à 
toix  basse,)  De  même,  après  qu'il  eut  soupe, 
prenant  le  calice  el  rendant  grâces,  il  lo 
bénit  et  le  donna  à  ses  saints  discif>los,  di- 
sant {à  haute  voix)  :  Buvez-en  tous,  c'est 
mon  sang. 
Le  peuple  :  Amen. 

Le  prêtre  ajoute  :  Toutes  les  fbis  que  vous 
feiez  ces  choses,  faites-les  en  mémoire  de 

(748)  c  Au  lieu  de  gralia  plena  ,  des  manuscrits 
tiseiil  graîiaia.  «  llsi^c  baluiaiiu  videUu*  privata  quo- 
riiiiidaiii  pelate  saiiclo  canoiii  iiiseria,  ut  et  qUi-e- 
dafii  liymiiis  Gloria  in  excelsis  el  Agiiut  Dei,  Cerlc 
ci  al.cniort*  hico  posita  est,  iicc  ciiui  pneccilcnlii)us 
vcrbÎ!»  apin  e^l,  ac  colwtrl,  et  nou  Cht  in  cjuone 
Âiiil»rosiuiio,  legilur  laiiieii  iii  D.  Marci  liiurgia.  i 

(749)  c  Observa  tii"  moauorum  utemoriani  lia- 
b(^ri,  scd  lion  est  in  R*niano  ncc  llediolanensi  ca- 
iione.  In  D  Marri  litutgia  diserta  fit  prccalio  ani- 
Riabiia  fralrum  Hostroruni  in  fi'^e  riiristi  donnicu- 


moi.  C'est  pourquoi,  nous»  Us  serviteurs 
cl  ton  peuple  saint,  Seigneur»  se  souveojra 
de  ton  Christ,  Notre-Seigneur  et  Dieu,  de 
sa  bienheureuse  Passion,  de  se  résurrecli*  - 
des  enfers,  de  sa  glorieuse  ascension  d;tr> 
les  cieux  {à  haute  voîx),  nous  t'offrons  i  e 
qui  est  h  toi  el  ce  qui  vient  de  toi  par  Jé&u^ 
Christ,  Noire-Seigneur. 

Le  peuple  :  Nous  te  louons»  nous  te  béais- 
sons. 

Le  prêtre  :  Nous  offrons,  è  ta  majesté  re- 
doutable, rhoslie  pure  (t7  fait  le  signe  dtia 
croix  [751]),  Thostie  sainte  (tdem),  ïhmk 
sans  tache  (tdem),  le  pain  sacré  de  la  T:e 
éternelle  el  le  calice  du  salui  perpétuel.  Dai- 
gne les  regarder  d*un  visage  propice  et  se- 
rein, de  même  que  tu  as  daigné  agréer  )e^ 
dons  de  ton  serviteur  le  juste  Abel,  et  )« 
sacrifice  de  notre  patriarche  Abraham,  et  de 
même  que  ton  premier  prêtre,  llelcliisc- 
dech.  Ta  offert  un  sacrifice  suint  el  une  Uo^u 
sans  tache,  nous  le  4)rions,  Dieu  lout-pui^- 
sanl,  d*ordonner  que  celle-ci  soil  apiiorK* 
\)Hr  la  main  de  ton  saint  ange  sur  ton  auu. 
sacré,  devant  ta  majesté  divine,  afin  que 
nous,  ayant  reçu  une  portion  sainte  du  cor  s 
ou  du  sang  de  ton  Fils,  nous  soyons  r«mpl  s 
de  loute  bénédiction  céleste  et  de  (ouh 
grâce.  Par  Noire-Seigneur  Jésus-Christ  h 
haute  voix)  :  Souviens-loi  d*abord, Seigneur, 
de  notre  évêque. 

Il  fait  ici  la  commémoration  des  titcMt*  ; 

Seigneur,  quoique  nous  soyons  pécheur^» 
et  les  serviteurs  indignes,  nous  espéro::> 
dans  retendue  de  la  miséricorde;  dsi.r. 
nous  accorder  d'avoir  part  à  la  société  de  u 
saints  apAlres  el  martyrs,  avec  Jean,  Eiitnnf. 
Mallhieu,  Barnabe,  Ignace.  Aleiandre,  M^r- 
cellin,  Pierre,  Félicité,  Perpétue,  A}:ailie, 
Lucie,  Agnès,  Cécile,  Anastasie,  Bari«e. 
Julienne,  avec  les  quarante  très-gloiieiix 
martyrs  et  avec  tous  tes  saints.  A^^o- 
cie-nous  à  eux,  non  en  considérant  nos 
actes,  mais  en  nous  accordant  le  fiarJoo  que 
nous  implorons  et  la  rémission  de  n<^>s|> - 
chés,  par  Jésus-Christ,  Notre-SeigneuM'- 
lequel  lu  nous  donnes  toujours,  Sei^nfu*. 
ces  biens,  lu  nous  sanctifies,  viviUes  >. 
bénis. 

Tenant  le  pain ,  i7  fait  le  signe  (^ 
la  croix  sur  le  calice^  disant  : 

Par  lui  el  avec  lui  el  en  lui  est  h  loi,  Pè' 
tout  puissant,  dans  Tunité  du  Saini-E>i'r 
tout  honneur  el  gloire.  (A  haute  voix)  :  lhi> 
les  siècles  des  siècles. 

Le  peuple  :  Amun. 

Le  prêtre  (à  haute  voix)  :  Prions 

Le  peuple:  Kyrie,  eleison  (trois  fois  [75il 

lium,  ul  eis  Deus  donet  requiem,  i 
CîSO)  c  In  Mediolanensi   caiioiie  5.  Barnat»  b/ 

verba  consecratiouis  dicuiit*jr  silenlio^  ul  d  ,LaUui>. 

iOlliiopis,  el  IiiiJiaiii:»'  > 
(751)  c  S.  Cnicis  consignaiio  super  cilicf m  ^^' 

Hier  Ul  in  Mediolanensi  Anibrosiano,  ul  micjk'*''^ 

saiicli  Uaruabae  si  millier  Laliiiis  legitur  mvsu'n»  l 

Hdei.  • 
(75i)  <  Hic  Ibrenus  Kyrie  eleisonin  litorgia  H  • 

robi  repdilur.  In  Hasiliana  (piinquics  rrciJHlur>' 

diaconub  loiic»  oiaiimuni  piorum  itiviuiu  >uccia)^ 


î:7 


PIS 


PAUT.  Ilï.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIE 


7W 


Le  prélre  {à  haute  voix)  :  Instruits  par  la 
r^ocirioc  divine  et  profitant  des  enseigne- 
Lionts  salulairos,  nous  osons  dire  : 

Le  peuple  :  Noire  Père  (753), 

Le  prêtre  {à  haute  voix)  ;  Parce  qu*è  toi 
appartiennent  la  domination,  la  puissance  et 
ia  .ilnirp.  Paix  à  ums. 

Il  fait  ensuite  cette  prière  : 

Di'tivre  nous,  Seigneur,  nous  l'en  prions, 
de  tout  mal  présent  et  futur  par  les  inter- 
cf^ss  ons  de  notre  glorieuse  souveraine  sans 
laelie  Marie,  Mère  de  Dieu  et  toujours  vierj^e, 
de  tps  glorieux  et  bienheureux  apôtres  Pierre 
et  Paul,  et  de  tous  tes  saints;  accorde  la 
I>âii  à  nos  cœurs,  »nn  qu'assistés  par  la  pro- 
i^clinn  de  ta  mist^ricorde,  nous  soyons  dé- 
livrés de  nos  péchés  et  affranchis  de  tout 
trouble  par  Jésus-Christ,  avec  lequel  tu  vis 
et  lu  règnes  notre  Dieu,  dans  l'unité  de 
rEspril-Saint.  (^1  haute  voix)  :  Dans  tous  les 
siè'Ies  des  siècles. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  prélre  prie  :  Seigneur  Jésus-Christ, 
oolre  Dieu,  éi.'oute^nous  (75^}  du  haut  de  la 
demeure  sainte  {comme  dam  la  liturgie  de 
saint  Basile). 

Le  diacre  :  Soyons  attentifs. 

Le  prêtre  élève  le  pain^  disant  :  Les  choses 
saintes  aux  saints. 

Le  peuple  :  Un  seul  Pc^re  saint,  un  seul 
Fils  saint,  un  seul  Esprit-saint,  dans  Tunité 
deTEsprit-Saint.  Amen. 

Le  prêtre  lit  ensuite  Voraison  qui  prépare 
le  peuple  à  la  participation  de  la  sainte  Eu- 
cfwrislie. 


Agneau  de  Dieu  qui  ôtes  les  péchés  du 
monde,  aie  pitié  de  nous. 

Après  que  tous  ont  reçu  la  communion^  il 
répand  l'eau  bénit e^  disant  : 

Seigneur,  tues  élevé  au-dessus  des  cieux» 
et  ta  gloire  est  au-dessus  de  toute  la  terre. 

A  haute  voix  : 

Bi^ni  soit  le  Seigneur  notre  Dieu,  mainte- 
nant, et  toujours,  et  dans  tous  les  siècles. 

te  peuple  :  Que  notre  bouche  soit  rem- 
plie. 

Le  diacre  :  Nous  qui  avons  participé  aux 
mystères,  divins,  immaculés,  céiestes,  vivi- 
fiants et  redoutables,  rendons  dignement  en 
toutes  choses  gr&ces  au  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Nous  te  demandons.  Seigneur 
(755),  que  cette  communion  nous  purifie  do 
toute  souillure  de  la  chair  et  de  Tesprit,  et 
qu'elle  nous  fasse  participer  aux  biens  cé- 
lestes par  Jésus-Christ,  Notre-Seigneur,  avec 
lequel  tu  vis  et  tu  règnes,  6  Dieu,  dans  l'u- 
nité de  TEsprit-Saint,  pendant  les  siècles  des 
siècles.  (A  haute  voix)  :  Parce  que  tu  es  notre 
sanctification,  et  k  toi  la  gloire. 

Le  peuple  :  Amen. 

Le  diacre  :  Allons  en  paix. 

Le  prêtre  prie  à  voix  basse  :  Que  le  Sei- 
gneur béni  (756),  par  lequel  nous  avons  été 
trouvés  dignes  de  participer  à  son  corps  et 
à  son  sang  sans  <ache,  nous  bénisse  et  r^us 
conserve  tous,  et  qu'il  nous  rende  dignes  de 
son  royaume  céleste,  maintenant  et  toujours 
et  dans  tous  les  siècles  des  siècles.  Amen. 


LITURGIE  DE  SAÎNT  PIERRE  CHEF  DES  APOTRES, 

traduite  du  syriaque  par  Euièbe  Renaudot  (7d7). 


On  commence  par  la  prière  de  la  paix. 

Le  prêtre  :  Dieu  grand  qui  es  dans  tous  les 
siècles,  seul  puissant,  charité  parfaite,  et 
BCDour  pur,  Dieu  de  paix  et  Seigneur  de 
tranquillité,  accorde-nous  h  tous,  en  nous 
on  rendant  dignes  par  ta  miséricorde,  de  nous 
embrasser  les  uns  les  autres,  pendant  cette 
vie,  de  ce  baiser  qui  se  donne  sans  artifice; 
baigne  nous  accorder  Seigneur,  la  paix  qui 
vient  de  toi,  et  qui  est  le  partage  des  hommes 
paisibles.  Nous  l*eu  prions  par  les  miséri- 
cordes que  nous  a  apportées  Jésus-Christ, 
^ieu  i^rand  et  notre  Sauveur ,  par  lequel  et 


avec  lequel  gloire  et  honneur  t*appartien- 
nent. 

Le  peuple:  Qu'il  en  soit  ainsi  I 

Le  prêtre  :  Maintenant,  Seigneur,  répands 
encore  sur  nous  la  clarté  de  ton  visage ,  et 
sauve-nous  de  nos  ennemis  qui  nous  ont 
haïs  :  efface  et  enlève  nos  iniquités,  et  nous 
te  slori fierons,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Que  la  paix  soit  avec  vous  lousl 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  diacre  :  Que  chacun  se  donne  la  paix. 

Le  peuple  :  Tous. 

Le  diacre  :  Louez  le  Seigneur. 


^'1  tn  Ambrosiano,  ut  in  Homano,  et  eadem  utro- 
i'iqneprxraiiiincttta,  oisi  quod  variât  a  Parascevei 

t?^)  <  hi  ISasilit  lilorgia  videlur  sacerdos  ciiui 
^uTo  et  populo  li»c  concincre.  Apud  D.  Marcuui 
'scerdos  ifgit  lacilus  et  postea  populus  caRil  Pater 
f'OUer,  Cui  accinit  sacerdos  Epapodion  :  Ne  inducas 
'^ï  »n  Uniationem^  sed  libéra  nvs  a  malo.  i 

('Si)  I  Uarttin  orationum  loco  habet  Romanus 
^anon  precem  ad  Dominum  Jesum  Cliristuin  pro 
^'mesix  SQ9  pace  alque  gubernationc,  ut  et  Ainbro- 
^ '""S  qai  ei  alierani  subteitl  siniilem.  U.  Ifarci 
l»uipa  prolixas  babet  preres  ad  sanclam  coniniu- 
utoucu)  para&cevesticas ,  «luiljus  ante  illud  Sancla 


sanetii  sabteiit  Kyrie  eleison  tei^ninom.  t 

(756)  c  Horum  loco  apud  Laiiiios  est  oralio  qa« 
Il  une  Posteommunio  appellatur  eisdem  aliquando 
verbis.  Variât  enim  pro  fesloruin  et  dlerum  qua- 
iilate.  I 

(75t>}  c  Benedictio  saicerdotis  apud  Roman,  et 
Midiolanen. pro  tempore  at<iue  sacriflcaniis  ralione 
variât  S.  Crucis  signaculis  iusignita.  i 

(757)  Elle  est  insérée  dans  la  Collectio  titmryia^ 
rum  publiée  par  cet  érmlit,  t.  il,  p.  145.  rt  F:«br*. 
ciiis  fa  rppro'uite  dans  son  Codex  apocry\îhus  Koti 
Test.^  i,  111,  p.  479. 


73^ 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


Le  prêtre  :  ^oufiincVinons  Seigneur  pour 
toi  et  devant  loi  nos  têtes  aGn  que  nous  re- 
cevions la  bénédiction  que  tu  donnes  aux 
hunibles  de  cœur  ;  parce  que  lu  connais  nos 
pensées»  et  que  tu  pénètres  nos  intentions; 
et  nous  te  gloriGons, ainsi  que  ton  Fils  uni- 
que, etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soil-i). 

Irf  pr^/re  ;  Parce  que  dans  Tinimmsilé 
des  richesses  d^e  ta  miséricorde,  Dieu  Père, 
tu  as  envoyé  pour  nous  sauver  ton  Fils  qui 
a  ramené  dans  la  bonne  voie  celui  que  Ter- 
reur du  péché  en  avait  détourné,  qui  a 
été  délivré  par  lui  des  embûches  de  la  mort 
et  de  Satan,  et  puritié  par  lui  de  sa  lèpre. 
Illumine-nous  en  cet  instant,  Seigneur,  de 
la  splendeur  de  ta  face,  atîn  que  les  prières 
que  nous  t^adressons,  dans  le  moment  où 
nous  offrons  ce  saint  sacifice,  ne  servent  pas 
à  notre  condaumalion  et  à  notre  perte,  mais 
à  la  bonne  disposition  du  cœur,  et  à  la  pu- 
rification de  la  conscience,  ainsi  qu*A  la  ré- 
mission de  toutes  nos  iniquilé^»  ;  nous  t*en 
supplions  par  ton  amour  |)Our  les  hommes, 
par  celui  de  ton  Fils  unique  engendré  de  loi 
de  toute  éternité,  et  par  celui  de  TEsprit 
Paraulet,  source  de  vie,  et  de  la  même  na- 
ture et  même  substance  que  toi,  mainte- 
nant, etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  diacre  :  Tenons-nous  (en  sa  présence). 

Le  prêtre  :  Que  l'amour  de  Dieu  le  Père, 
etc. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  prêtre  :  Elevez  vos  cœurs. 

Le  peuple  :  Nous  les  élevons  au  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Nous  te  rendons  grâces  ,  Sei- 
gneur. 

Le  peuple  :  Cela  est  digne  et  juste. 

Le  prêtre  :  11  esl  véritablement  digne  et 
justeque  nous  teglorifiions,  adorions,  louions 
et  célébrions,  toi  qui  as  créé  tous  les  êtres 
visibles  et  invisibles  qui  chantent  tes  louan- 
ges. {Elevant  la  voix:)  Les  armées  des  anges  te 
gloritleut, Seigneur,  les  légions  des  archan- 
ges, la  multitude  iies  Puissances  incréées, 
qui,  sans  cesse  et  sans  retour,  avec  TeiTusion 
que  leur  donne  la  connaissance  de  tes  per- 
fections, avec  la  crainte  et  la  sa^^esse  qui 
appartiennent  à  tout  ce  que  tu  sanctifies, 
élèvent  la  voix,  crient,  répètent  et  disent  : 

Le  peuple  :  Saint. 

Le  prêtre  (8*inclinant)  :  Quel  est  en  effet 
celui  qui  esl  intlninient  saint,  ou  dans  le- 
quel nous  chercherons  la  source  de  la  sain- 
teté, ou  duquel  naissent  perpétuellement  les 
saints,  si  ce  n'est  toi,  Père  incréé,  ou  ton 
Fils  adorable  oui  sort  de  ton  sein,  ou  ton 
Esprit  qui  procède  éternellement  de  loi?  Ha- 
bite en  nous,  sanctifie-nous,  dirige-nous 
))ar  rincompréhensible  sainteté  de  la  con- 
naissance. Nous  n'avons  pas  été  délivrés  de 
nos  passions  et  enlevés  aux  liens  du  péché 
(l'une  manière  faible»  mais  abondante  et 
forte,  et  en  proportion  avec  ton  amour  pour 
les  hommes,  aGn  que  nous  pussions  com- 
prendre la  doctrine  mystérieuse  de  ton  Fils 
unique,  et  afin' que  tout  notre  bonheur  rési- 
dât dans  notre  union  avec  loi. 


{Elevant  la  voit)  :  Et  lorsqu'il  vonlut  pré- 
parer  ce  festin  de  son  corps  et  de  son  san; 
pour  nous  le  donner  ,  lorsqu'à pprochail  k 
Passion  qui  nous  a  sauvés,  il  prit  le  paio 
dans  ses  mains  exemptes  de  toute  tache,  le 
rendit  d'une  manière  visible  digne  de  sa  bi- 
nédiclion  incompréhensible,  le  bénit,  j  le 
sanctiGa,  t  le  rompit  f  et  le  donna  à  sesafn)- 
très  en  disant  :  «  Que  ces  saints  mvsieres 
soient  votre  provision  pour  vos  voya^^es,  ei 
toutes  les  fois  que  vous  le  prendrez  comme 
aliment,  croyez  etaye2  pour  certain  quere 
pain  qui  est  rompu  (lour  vous  **{  pour  plu- 
sieurs, est  véritablement  mon  corps,  quMest 
donné  pour  Texpiation  de  vos  péchés,  la  ré- 
mission de  vos  fautes,  et  pour  obtenir  la  v.*: 
éternelle.  » 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  De  même  après  In  Cène,  il  mit 
dans  le  calice  du  vin  et  de  l'eau,  f  le  bénii. 
fie  sanctiGa,  f  et  leprésentaèsesdisciplesen 
leur  disant  :  «  Prenez  et  buvez-en  t<>ns  :  eeti 
est  mon  sang  du  Nouveau  Testament,  quint 
répandu  et  donné  pour  le  pardon  des  péchés, 
la  rémission  des  fautes,  et  pour  obtenir  la 
vie  éternelle.  » 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Et  afin  qu'ils  conservassent  k> 
fruits  suaves  de  cette  divine  institution,  i. 
leur  prescrivit  et  leurdif  :  «  Toutes  les  f»i> 
que  vous  vous  réunirez,  vous  ferez  cela  en  m  i 
mémoire,  prenant  le  pain  qui  sera  présenté,  et 
buvant  cequi  aura  élépréparé  dans  lecaiict , 
vous  !eferezen$ouvenirde  ma  mort; et  vo:j> 
confesserez  ma  résurrection  jusqu'à  ce  q  Jw 
je  revienne.  » 

Le  peuple:  De  ta  mort,  ô  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Nous  attendons  la  venue  de  les 
miséricordes,  Seigneur,  notre  Dieu,  rt^fu^-^ 
(les  pécheurs,  toi  qui  jug  ras  les  juste>  «t 
les  coupables,  qui  accorderas  la  récompense 
ou  le  châiiment,  quand  tu  appelleras  tous  li  s 
hommes  à  ton  tribunal,  que  tu  combleras* -^ 
joie  ceux  qui  auront  gardé  tes  comuian- 
déments,  et  que  tu  piécipiieras  dans  K> 
flammes  de  l'enfer  pour  y  être  brûlés,  tei.\ 
qui  se  seront  écartés  du  chemin  de  la  vir. 
Ne  nous  accable  pas  de  la  honte  de  nos  po- 
chés, ne  nous  rends  pas  coupables  d'un  ^ 
participation  indij^ne  de  ces  saints  mystères, 
car  nous  avons  été  marqués  du  sceau  de  t*»:! 
image,  et  que  nous  ne  soyons  |)as  un  su^et 
de  satisfaction  pour  le  roi  des  airs  et  ses  in- 
fernales cohortes,  car  nous  avons  été  ra»  ii -• 
tés  par  ton  san^j,  mais  éclaire-nous  de  ct-i  e 
lumière  que  tu  répandras,  au  jour  de  t>a 
second  avènement,  sur  ceux  qui  le  iTaiguei.t, 
et  sois  aussitôt  notre  salut.  C'est  ce  lue  i<  d 
Eglise  et  ton  troupeau  le  demandent  à  tout 
par  toi,  et  h  ton  Père,.avec  toi,  eodisam  : 

Le  peuple:  Aie  pitié.  Seigneur. 

Le  prêtre  :  De  nous  aussi. 

Le  peuple  :  Nous  te  louons. 

Le  diacre  :  Que  cette  heure  sera  teripil>-e  î 

Le  prêtre,  s'inclinantf  dit  Foraison  pour 
demander  r  Esprit-Saint: 

Aie  pitié  de  nous,  Seigneur,  tfîep'iié  kU 
nous,  et  du  haut  de  ton  trône  rojal  et  de 
ton  éternelle  demeure ,    envoie-nous  ion 


7)1 


PIE 


PART.  111.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIE 


74Î 


Salul-Esprit  et  le  Paraclel,  égal  en  majesté 
ATec  loi,  égal  par  son  trône  et  son  (!'lernité, 
de  la  même  substance  que  toi  et  source  de 
loule  vie,  qui  a^it  par  les  prophètes,  les  apô- 
tres, les  martyrs,  les  confesseurs,  les  rois, 
les  fhefe,  les  prêtres  et  tous  les  ordres  de 
l'Eglise  fidèle;  qui  est  descendu  sous  la 
forme  d'une  colombe  sur  Noire-Seigneur 
Jésus-ChrJst  dans  te  fleuve  du  Jourdain,  qui 
est  descendu  sur  les  a|)ôires  sous  la  fornio 
de  langues  de  feu;  qu*il  vienne  maintenant 
et  se  repose  sur  nos  offrandes  et  reste  en 
nous  qui  sommes  infirmes,  afin  que  nous 
recevions  lesouiDe  et  la  flamme  de  son  avé- 
neinenl;  qu'il  descende  sur  les  offrandes  que 
nous  présentons  et  qu'il  les  sanctifie. 

Seigneur,  exauce-nous. 

le peup/e  .'Kyrie,  eleison.  {Trois  fois.) 

Le  prêtre  :  Âtin  qu*en  venant  il  change  co 
pain  t  en  un  corps  salutaire,  f  en  un  corps 
viTiûant,'{-au  corps  de  Notre- Seigneur  Dieu 
et  Sauveur  Jésus-Christ,  et  afin  que  ceux 
qui  le  recevront  obtiennent  Texpiation  de 
leurs  péchés,  la  rémission  de  leurs  fautes  et 
la  vie  éternelle. 

Le  peuple  :  Ainsi  soil-il. 

Le  prêtre  :  Qu*il  change  également  ce  ca- 
lice f  en  un  breuvage  céleste,  f  en  un  sang 
salulain*,  f  en  un  sang  vivifiant,  au  sang  de 
Nûtre-Sei^neur  Dieu  et  Sauveur  Jésus-Christ, 
pour  la  rémission  des  fautes  qui  ont  été 
imprudemment  commises,  et  le  pardon  des 
péchés  de  ceux  qui  le  recevront. 

Le  peuple  :  Ainsi  soil-il. 

Le  prêtre  :  Fais,  Soigneur,  que  nous,  qui 
«levons  participer  à  ces  mystères,  nous  y 
trouvions  la  purification  de  nos  corps  et  de 
nos  âmes,  la  règle  pour  nous  conduire,  sui- 
vant TEvangile  et  la  confirmation  de  la  sainte 
Kj^iise  orthodoxe,  ({ui  a  été  fondée  sur  la 
pierre  de  la  foi,  dont  lu  as  dit,  que  les 
portes  de  l'enfer  ne  prévaudront  pas  contre 
elle,  car  tu  la  délivreras  dans  les  siècles  des 
sièdtfs  des  hérésies  et  des  scandales  de  ceux 
qui  commettent  Tiniquité. 

{S  inclinant  :)  Reçois  notre  confession ,  ô 
noire  Roi,  et  rendu  favorable  par  elle,  d  i^ne 
(louMerlatran(|uilliteà  ton  peujde  et  le  pain 
À  ton  troupeau,  daigne  aussi  conserver 
les  pasteurs  orthodoxes,  principalement  le 
p'iiriarche,  notre  seigneur  N.  et  notre  évô- 
«|ueN.,  avec  tous  les  autres  évéques  de  la 
vraie  foi.  Accorde-leur  l'éloquence  de  la 
parole,  afin  que,  dans  leur  piété,  ils  fassent 
roruement  de  ton  troupeau  et  le  préservent 
des  mauvaises  doctrines. 

(Elevant  la  voix  :)  Don  ne- leur  ce  visage 
qui  ne  craint  point;  rends-les  dignes  minis- 
tres de  la  parole  de  vérité,  et  accorde-leur 
abondamment  celte  paix  qui  vient  de  toi 
dans  les  soins  qu'ils  doivent  donner  au  trou- 
l>eau  qui  leur  est  confié  et  qu'ils  feront  pal- 
[ro  dans  la  justice  et  la  vérité,  par  la  grâce, 
la  miséricorde,  Tamour  de  ton  Fils  uniqne 
{jour  les  hommes ,  par  lequel  et  avec  lequel 
t  appartiennent  Thonneur  et  la  gloire. 

Le  peuple  :  Ainsi  soil-il. 
J^^  prêtre  (étant  incliné)  :  Daigne  aussi, 
^i^Heuri  ne  pas  oublier  ceux  qui  se  sont 


recommandés  aux  prières  que  nous  l'adres- 
sions en  ce  moment,  de  ceux  qui  t'ont  pré* 
sente  ces  offrandes,  de  ceux  pour  qui  elles 
ont  été  présentées,  de  ceux  enfin  qui  auraient 
voulu  mais  qui  n*ont  pu  y  contribuer. 

(j^/et^an/ /a  VOIX  :)  Souviens-toi,  Seigneur, 
de  ceux  qui  ont  pris  la  résolution  de  défen- 
dre ta  sainte  Eglise  catholique  et  apostoli- 
que, par  la  parole  de  la  doctrine  de  la  vie  et 
par  les  œuvras  qui  conduisent  à  la  connais- 
sance de  ta  vérité;  sois  leur  refuge  et  leur 
assistance;  délivre-les  de  la  rtiéchancelé  du 
démon  et  des  hommesnervers  et  ine\orai)ies, 
parla  grâce,  la  miséricorde  et  Tarnour  de 
ion  Fils  unique  pour  les  hommes,  par  le- 
quel et  avec  lequel  t'appartiennent  Thonneur 
et  la  gloire. 

(/nc/tW  :)  Souviens-toi  aussi,  Seigneur, 
de  ceux  et  de  celles  qui  par  leur  foi  oblien 
nent  la  puissance  tempo  elle,  afin  que  pour 
eux  et  pour  nous  la  vie  passe  dans  le  c^lme 
et  le  repos,  dans  la  crainte  et  la  chasieté 
de  Dieu. 

{Elevant  la  voix:)  Fais, Seigneur,  que  ceux 
qui  recherchent  Tautorilé  sur  ton  peup  e, 
tournent  vers  toi  leurs  pensées  ;  rends-les 
aptes  à  faire  le  bien,  afin  que  nous  accom- 
plissions auprès  d'eux  et  dans  la  justice,  la 
lonction  df  notre  sacerioc**  avec  cette  paix 
que  produira  leur  conservation,  et  que  nous 
te  glorifiions  ensemble,  toi  et  ton  Fils  uni- 
que. 

(Etant  incliné  :)  Daigne  aussi ,  Seigneor, 
te  souvenir  de  ta  sainte  et  toujours  illus- 
tre bienheureuse  Vierge  Marie,  et  avec 
elle,  des  prophètes ,  des  apôtres,  des  mar- 
tyrs, des  confesseurs,  des  saints,  des  prêtres, 
des  justes  qui  ont  vécu  avec  perfection  dans 
la  vraie  foi,  du  bienheureux  Jean,  ton  pré- 
curseur et  qui  t'a  baptisé,  de  l'illustre  saint 
Etienne,  le  pre  niier  des  diacres  et  le  premier 
martyr,  et  de  tous  lessaitils. 

(Elevant  la  voix  :)  Nous  le  prions  encore, 
ô  Seigneur  Dieu,  afin  (fue  ceux  qui  sont  dans 
le  sentier  étroit  de  raffliclion  et  qui  ne  peu- 
vent en  sortir,  soient  délivrés  par  toi;  atin 
quecetjx  qui  sont  sans  guile  et  sans  chef, 
connaissenl  le  bonheur  de  vivre  sous  ta  loi; 
rends-les  dignes  de  participer  à  la  récom- 
pense de  ceux  qui  font  servi  dans  la  vérité, 
qui  t'ont  été  agréables  et  dont  la  mémoire 
est  élernelle,  et  afin  que  nous  aussi  nous 
puissions  avec  eux  leglorifieret  te  louer  sans 
cesse,  loi  et  Iqn  Fils  unique. 

(Etant  incliné  :  )  Souviens-toi,  Seigneur» 


de    ceux    qui    nous    ont    précédés    dans 

jour  (les    saints,  q 
qui  ont  obtenu  le  repos  cfes  saints   Pères  et 


le    séjour  des    saints,  qui  sont  morts  et 


dos  docieurs  de  la  vraie  foi,  principalement 
d'Ignace,  Denjs  et  des  autres  saints,  afin 
que,  par  leurs  prières  et  leur  intercession, 
nous  soyons  délivrés  des  fourberies  de  nos 
ennemis  et  des  hommes  pervers. 

(Elevant  la  voix:  )El  souviens-toi  de  ceux 
qui  ont  avec  joie  annoncé  ta  parole  de  vie  dans 
tous  les  fieux  de* la  terre,et  qui  ont  par  leur  foi 
orthodoxe  raffermi  la  sainte  Eglise;  accorde- 
nous,  par  leurs  prières  qui  sont  pures  •  par 


745 


DICTIONNAIRE  D£S  APOCRYPHES. 


7U 


ta  miséricorde  et  par  Tespérance  que  lu  nous 
en  as  donnée,  d*6tre  reçus  parmi  eux. 

Le  prêtre  (incliné)  :  Par  ce  sacrifice  que  mes 
mams  pécheresses  fofTrent,  Seigneur,  sou- 
viens-toi de  nos  pères,  de  nos  fières,de 
nos  maftres,  qui,  décédés  et  sortis  de  ce 
mondf%sont  parvenus  jusqu'à  loi, et  de  tous 
les  fiiJèles  défunts  de  ce  Heu  cummede  tout 
autre  lien,  et  enparticulierdeceux  pourqui 
nous  l'ciffrons  c«  lie  ohialion. 

{Elevant  la  ro/x;)  Seigneur,  Seigneur  qui 
as  tant  d*amonr  pour  les  hommes,  place  et 
faisreposer  «lans  le  sein  d'Abraham  ceux  qui, 
pendant  leur  vii«,  ont  persévéré  dans  la  vraie 
foi  et  qui  sont  délivrés  des  liens  de  celte 
vie  temporelle ,  enlevant  et  effaçant  toutes 
leurs  fautes  ainsi  que  nos  iniquités,  par  ton 
amour  pour  les  hommes,  parce  qu'il  leur 
est  impossible  de  se  jusliûer  par  eux,  môme 
d'un  seul  instant  de  plaisir  dans  celte  vie 
et  qu*ils  ne  peuvent  Tétre  que  par  celui  qui 
procède  éterni'lle  i*ent  de  ton  sein,  Notre- 
Seir^neur  et  notre  Sau veur  Jésus-Christ ,  par 
lequel  nous  espérons,  nous  aussi,  obtenir  la 
niis(^ri<;orde  et  la  rémission  de  nos  péchés 
qui  n'existe  que  par  lui  et  pour  nous  et  pour 
eux. 

Le  peuple:  Accorde-leur  le  repos. 

Le  prêtre  :  Pardonne,  remetset  oublie.  Sei- 
gneur, les  erreurs  et  les  fautes  de  tes  S(.*r* 
viteurs  et  de  tes  servantes,  secrètes  et  occul- 
tes, cachées  et  publiques,  passées  et  à  venir, 
quand  il  te  sera  agréable  de  ne  pas  nous 
couvrir  de  confusion  en  la  présence  et  de 
nous  admettre  au  parlagedu  céleste  i)onheur, 
aGn  qu'en  nous,  pour  nous  et  à  cause  de 
nous.  Ion  saint  nom  et  celui  de  Notre-Sei- 
gneur,  Jésus-Christ  et  de  ton  Saint-Es- 
prit, soilglorilié  et  loué,  maintenant  et  ton- 
|Ours,elc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Ise  prêtre  :  Paix  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  prêtre  :  Que  les  bénédictions  de  Dieu 
soient,  elc. 

Le  peuple:  El  avec  ton  Esprit. 

Le  diacre  :  Encore  et  encore. 

Le  prêtre  rompt  VEucharxstie  et  dit  avant 
le  «  Pater  noster^  »  roraison  suivante  : 

Nous  te  prions.  Dieu  le  Père,  qui  as  soin 
de  nous,  qui  nous  consoles  dans  nos  cha- 
grins, qui  nous  fortiûes  dans  nos  faiblesses, 
qui,  de  toute  éternité,  reposes  sur  ton  trône, 
qui  es  glorifié  de  toute  leur  puissance  par 
les  Vertus  célestes,  qui  embrases  de  ton 
amour  intini  les  légions  des  anges,  qui  dai- 

fnes  par  la  présence  de  ton  Fils  unique  et 
envoi  de  TEsprit-Saint ,  sanctilier,  rendre 
|)arfaites  et  agréer  ces  prémices  et  ces  obla- 
tinns  que  nous  t'offrons,  à  toi  qui  n'en  as  pas 
besoin,  purifie-nous  de  tonte  souillure;  dé- 
livreHious  de  toute  impureté,  aon  que  d'un 
cœur  pur  et  uni,  avec  un  amour  incessant, 
comme  il  convient  à  des  fils,  nous  puis- 


sions sans  confusion  chanter  et  dire  :  Notre 
Père  qui  es  aux  cieui. 

Le  peuple  :  Que  t<Hi  nom  soit  sanrt'fié,  et^. 

Le  prêtre  :  Di«'U  bon,  ne  nous  induis  1 1> 
à  la  tentation  de  lYpreuveque  n'm^n  \<i  r- 
rions  soutenir;  mais  aide  nous  par  la  ur.oi- 
•  deur  de  les  misériconies,  nous  uonn^iit  lii  • 
fin  tranquille  qui  nous  enlève  etnniisarra 
che  à  toutes  les  plaies  de  la  furettr,  aux  t>.r- 
piiudes  du  démon,  parce  que  lu  en  «<«  <e 
pouvoir  et  la  force,  que  ton  règne  ci iMp 
dans  lous  les  siècles  et  que  la  gloire  t  ap^idr- 
tient. 

Le  peuple  :  Xins'i  soit- il. 

Le  prêtre  :  If a\x  ave<î  vous. 

Le  peuple:  El  avec  ton  Esprit. 

Le  diacre  :  Avant. 

Le  peuph  :  En  ta  présence 

Le  prêtre  :  Bénis,  Seigneur  Dieu,  tes  ser- 
viteurs qui  s'humilient  et  dVspriletdecors 
pour  l'adresser  leurs  prièrs.  Rends  mms 
tous,  Seigneur,  di^n«s  des  béné  lictitms •;ui 
émanent  de  tes  saints  et  immaculés  tn)>t»'- 
rcs,  etd  gnes  du  pardon  de  nos  pérhés,  aim 
qu'avec  des  intentions  pures  et  sainie*,n<'us 
recevions  le  corps  et  le  sang  de  ton  Fiis  uni- 
que. Accorde  nous  de  répandre  hors  tie 
nous  Todeur  des  bonnes  œuvres  et  nous  te 
glorifierons,  etc. 

Le  peuple  .-Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Paix  avec  vous. 

Lepeuple  :Et  avec  ton  Esprit 

Le  prêtre  :  Que  la  grâce  soit,  etc. 

Le  diacre:  Tenons-nous  dans  le  respect. 

Lepeuple:  Nous  louons  le  Seigneur. 

Le  prêtre  dit  Voraison  de  l'action  de  grâ- 
ces : 

Nous  te  rendons ,  Seigneur,  ae  véritables 
et  sincères  aciionsde  grAcespour  ledonqje 
nous  avons  reçu  de  toi ,  quoique  nous  en 
fussions  indignes.  Ne  nous  laisse  pas,  Se- 
gneur,  avec  la  honte  de  nos  péchés;  ne  n  )u5 
rends  pas  coupables  parce  que  nous  e^f^ni 
reçu  ces  saints  mystères,  mais  sois- n^xis 
propice,  sois  notre  refuge,  délivre-nous  d^ 
esprits  ennemis  qui  luttent  contre  nous  |  ar 
la  communion  de  ces  mystères,  elnouschan- 
lerons  ensemble  ta  gloire  et  la  louange. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Paix  avec  vous. 

Le  peuple:  Et  avec  ton  Esprit. 

Le  diacre  :  Après  la  communioD,  etc. 

Le  peuple  :  En  ta  présence.  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Etends,  Seigneur,  la  main  puis- 
sante et  invisible,  et  bénis  les  serviteur» 
réunis  dans  ton  saiut  temple;  conserve-:e< 
par  la  croix,  perfectionne-les  par  i*alM)D(iao«e 
de  les  bénédictions,  atln  que  tous,  msini^ 
nanl,  et  dans  les  siècles  futurs,  et  dans  le* 
teroité,  nous  te  rendions  grâces,  ainsi  q^*> 
ton  Père,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit*il. 

Le  diacre  :  Bénis,  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Bénis-nous  tous. 


AUTRE  LITURGIE  DE  SAINT  PIERRE. 

'  Oraison  avant  la  paix ^  Seigneur,  nous  nous  humilions  et  d'espr'. 

Le  prêtre  :  Pour  toi,  et  en  ta  présence  ^     et  de  corps^  afin  de  receroir  ta  l>éoédicii<»". 


715 


PIE 


PART.  m.  --  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PIE 


7I« 


et  le  secours  que  réclame  notre  faiblesse, 
parce  que  tu  es  Taide  et  le  refuge  de  tous* 
et  nous  te  glorifions  et  louons,  loi  et  tonFilts 
unique,  et  le  Saint-Esprit. 

Lt  préire  {élevant  la  voix)  :  Seigneur,  ré- 
ponds sur  nous  ia  clarté  de  ta  face,  et  déli- 
vre-nous de  tous  les  ennemis  qui  nous  haïs- 
sent; pardonne-nous,  et  remets-nous  toutes 
DOS  iniquités,  et  nous  te  glorifierons,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit  il. 

Le  prêtre  :  Dieu  et.Seigneur  Dieu  de  paix 
et  de  tranquillité,  accorde^nous,  et  rends- 
nous  dignes  de  nous  embrasser  les  uns  les 
autres  dans  un  esprit  uni  à  la  miséricorde, 
du  baiser  qui  ne  connaît  pas  la  fourberie, 
et  nous  le  glorifierons,  etc. 

Lepeuple.  :  Ainsi  soit-il. 

Le  diacre  :  Tenons-nous  décemment. 

Le  prêtre  :  Que  la  charité,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Elevons  nos  cœurs. 

Le  peuple  :  Nous  les  tenons  élevés  au  Sei- 
gneur. 

Le  prêtre  :  Rendons  grâces  au  Seigneur. 

Le  peuple  :  C'est  une  chose  digne  et  juste. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Il  est  véritablement 
équitable  et  juste  que  nous  te  louions  et  te 
céiébrions,  toi  qui  as  créé  toutes  les  créa- 
tures supérieures  ou  inférieures. 

(Elevant  la  voix  :)  Nous  te  louons,  Sel* 
gneur,  avec  les  anges  et  les  légions  d'ar- 
changes qui  chantent  les  louanges  et  disent: 

Le  peuple  :  Saint,  saint. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Tu  os  saint,  Seigneur, 
et  ta  miséricorde  est  infinie,  car  c'est  à  cause 
de  ton  amour  pour  les  hommes,  que  tu  as 
envoyé  sur  la  terre  ton  Fils  qui,  pour  noire 
iàluU  $*est  incarné  dans  la  Vierge  Marie. 

[Elevant  la  voix  :)  Qui,  lorsqu'il  a  voulu 
5e  préparer  à  la  mort,  et  célébrer  la  Pâque 
au  soir,  a  pris  du  pain  dans  ses  mains,  t  l'a 
béni,  f  sanctifié  f  et  rompu,  l'a  présenté 
à  ses  saints  discipitjs,  et  leur  a  dit:  Pre- 
nez et  mangez  ;  ceci  est  mon  corps  qui , 
pour  vous  et  pour  plusieurs,  est  rompu  ,  et 
qui  est  divisé  pour  l'expiation  des  crimes, 
ia  rémission  des  péchés,  et  pour  obtenir  la 
vie  éternelle. 

Le  peuple:  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre:  Il  prit  de  même  le  calice,  y  mit 
levincl  reau,tlebénit,ttesanclifia,  fetleur 
dit:  «Prenez  et  buvez-en  tous;  ceci  est  le 
calice  de  mon  sang,  du  Nouveau  Testament , 
qui,  pour  vous  et  pour  plusieurs,  est  ré- 
pandu pour  l'expiation  des  crimes,  la  rémis- 
sion des  péchés,  et  pour  obtenir  la  vie  éler- 
nelte.  »  . 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre:  Il  a  enseigné  ce  dogme  è  ses 
disciples,  et  il  leur  a  dit  :  «  Toutes  ies  fois  que 
vous  accomplirez  ces  mystères,  vous  rap- 
pellerez le  souvenir  de  ma  mort  et  de  ma 
résurrection,  jusqu'à  ce  que  je  vienne  de 
nouveau. » 

Le  peuple  :  En  mémoire  de  ta  mort. 

leprAre:  En  mémoire  de  ton  premier  et 
de  loQ  second  avènement,  nous  offrons  des 
louanges  k  la  majesté,  te  suppliant  ,  dans 
^^  terrible  et  effrayant  jour  du  jugement  où 

DicTio!fN.  DES  Apocryphes.  II. 


tu  jugeras  les  justes  et  les  pécheurs,  de  na 
pas  nous  abandonner  aux  pleurs,  aux  peines 
et  aux  supplices  que  nous  avons  mérités 
par  nos  iaiàuités  et  notre  conduite  insensée  ; 
mais  loin  de  nous  punir  sévèrement,  dai- 
gne nous  être  propice,  A  Seigneur,  et  avoir 
pitié  de  nous.  Détourne  donc  ta  face  de  nos 
péchés,  et  secours-nous.  Ton  Eglise  et  ton 
troupeau  t'en  supplient,  par  loi  et  avec  toi 
iOn  Père,  en  disant  : 

Le  peuple  :  Aie  pitié  de  nous. 

Le  prêtre  :  De  nous  aussi. 

Le  peuple  :  Nous  te  louons. 

Le  prêtre  :  Sur  toutes  choses. 

Le  diacre  :  Que  celte  heure  est  redoutable  1 

Le  prêtre  incliné  récite  Voraison  pour  in^ 
voguer  le  Saint-Esprit, 

Aie  pitié  de  nous,  Seigneur,  aie  pitié  de 
nous  ;  envoie  sur  nous  et  sur  ces  offrandes 
ton  Esprit-Saint,  sanctifie  ces  mystères ,  et 
accorde-rrous  le  secours  et  le  pardon  dont 
nous  avons  besoin. 

{Elevant  la  voix  :)Eiance-moi,  Seigneur. 

Le  peuple  :  Kyrie,  eleison  ;  Kyrio,  eleison  ; 
Kyrie,  eleison. 

Le  prêtre  :  Afin  qu'en  venant  il  change  ce 
pain  au  corps  du  Cnrisl  noire  Dieu. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Et  ce  calice  au  sang  du  Christ 
notre  Dieu. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Afin  que  ce  corps  et  ce  sang 
obtiennent  à  ceux  qui  les  recevront,  la  pu- 
reté de  leurs  corps  et  de  leurs  ftmes,  la  ré- 
mission de  leurs  péchés,  et  la  vie  éternelle. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  diacre  :  Prions. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Reçois,  Seigneur,  nos 
prières  et  nos  supplications  ;  donne  à  ton 
peuple  etè  ton  troupeau  la  tranquillité  et  la 
paix,  garde  les  vrais  pasteurs,  avec  les  prê- 
tres et  les  diacres,  etsecours  tous  les  ministres 
de  ton  Eglise. 

{Elevant  la  voix  :  )  Etablis-les,  Seigneur, 
forts  et  puissants  dans  la  force  et  \a  paix  qui 
vient  de  toi  ;  établis-les  d*une  manière  assu- 
rée, afin  qu'ils  prient  et  intercèdent  pour 
nous  auprès  de  toi,  et  nous  te  glorifierons , 
etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Daigne  encore ,  Sei- 
gneur, te  souvenir  de  ceux  qui  nous  ont 
recommandé  de  ne  pas  les  oublier,  et  de 
ceux  qui  n'ont  pu  prendre  part  à  cc^s  offran- 
des, quoiqu'ils  l'aient  vivement  désiré. 

{Elevant  la  voix:)  Souviens-toi  aussi. 
Seigneur ,  de  ceux  qui  aident  la  sainte 
Eglise  ;  sois  pour  eux  une  retraite  et  un 
refuge,  les  délivrant  de  tous  les  artifices 
du  démon  et  des  hommes  pervers,  parce  que 
tu  es  le  Sauveur  de  tous,  et  parce  que  nous 
te  glorifions  et  te  louons,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Leprêtre  {incliné  :)  sk)u  viens-toi.  Seigneur, 
des  rois  fidèles,  et  mets  dans  leurs  cours 
des  sentiments  de  paix  pour  ton  peuple. 

[Elevant  /at70tx):Donnedes  inlenlions  pa- 
cifiques. Seigneur,  è  ceux  qui  veulent  ré- 
gner sur  nous,  et  délivre-nous  des  maii)sde 

2% 


Ul 


IMCTIONNAmE  DES  APOCRYPHES. 


iM 


nos  ennemis  et  de  ceux  qui  nous  haïssent, 
«fin  que  nous  puissions  te  glorifier,  elc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  (incliné)  :  Daigne  encore,  Sei- 
gneur, te  souvenir  de  la  sainte  Vierge  Ma* 
rie,  et  avec  elle  de  tous  les  prophètes,  des 
apôtres,  martyrs,  confesseurs  et  de  tous  les 
autres  saints. 

{Elevant  la  voix  :)  Aide-nous,  Seigneur,  à 
cause  de  leurs  prières  et  intercession  pour 
nous,  et  épargne-nous,  rends-nous  dignes 
de  leur  destinée,  afin  qu*avec  eux»  et  au  mi- 
lieu d*eux,  nous  te  glorifiions,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

£epr^^re(»nc(in^:  Souviens-toi,  Seigneur, 
de  ceux  qui  ont  déjà  obtenu  leur  place  et 
leur  repos  dans  la  demeure  des  saints,  des 
saints  Pères  et  docteurs,  afin  que,  par  leurs 

Srières  et  leur  intercession ,  nous  soyons 
élivrés  des  artifices  de  Tennemi  ainsi  que 
des  hommes  pervers. 

{Elevant  la  voix  :)  Et  de  ceux  oui  ont  porté 
avec  empressement  la  lumière  ae  ton  Evan- 
gile sur  toute  la  terre,  qui  ont  raffermi  ton 
Eglise  sainte  dans  la  vraie  foi  :  secours- 
nous  tous  par  leurs  prières  qui  sont  pures, 
et  confirme-nous  dans  ta  miséricorde,  afin 
qu'avec  eux  et  au  milieu  d'eux,  nous  te  glo- 
rifiions, etc. 

Le  peuple:  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  {incliné)  :  Par  ce  sacrifice  que 
f offrent  mes  mains  pécheresses,  souviens- 
toi,  Seiffneur  favorablement  de  nos  pères, 
de  nos  frères  et  de  nos  maîtres  et  de  tous  les 
fidèles  défunts,  ae  ce  lieu  comme  de  toutau« 
tre  endroit. 

{Elevant  la  voix  :)  Seigneur,  Seigneur,  qui 
aimes  les  hommes,  place  dans  le  sein  d'A- 
braham ceux  qui  ont,  pendant  leur  vie,  per- 
sévéré dans  la  vraie  foi,  enlevant  et  effaçant 
toutes  leurs  iniquités  et  leurs  prévarications, 
ainsi  que  les  nôtres,  parce  que  personne  n'est 
exempt  du  péché,  si  ce  n  est  notre  Dieu  et 
notre  Sauveur  Jésus-Christ,  par  lequel  et  à 
cause  duquel  nous  espérons  pour  nous  et 
pour  eux  obtenir  miséricorde  et  la  rérais- 
aion  des  péchés. 

Le  peuple  :  Pardonne -nous,  Seigneur. 

Le  prêtre:  Oublie,  Seigneur,  et  pardonne 
les  erreurs  et  les  fautes  de  tes  serviteurs  et 
servantes,  tant  celles  qui  sont  cachées  que 
celles  qui  ont  été  publiques;  ne  nous  couvre 
pas  de  confusion  en  ta  présence,  afin  qu'en 
nous,  pour  nous  et  à  cause  de  nous,  ton 
saint  nom,  qui  est  celui  de  ton  Fils»  Notre- 
fieigneur  Jésus-Christ,  et  celui  de  l'Espril- 
Saint  et  vivifiant,  soit  glorifié  et  loué,  main* 
tenant,  etc. 

Le  peuple  :  Qu'il  soit  ainsi. 

Le  prêtre  :  Paix  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit. 

Leprêtre  :  Miséricorde. 


Le  diacre  :  Nous  croyons 

Le  prêtre  rompt  Vhoelit  al  d^î  torawirn 
pour  le  9  Pater  noHer.  • 

Dieu  Père  qui  nous  consoles  et  nous  for- 
tifies dans  nos  faiblesses,  nous  le  prions  «le 
nous  purifier  de  toutes  les  souillures  du  pé- 
ché et  de  l'iniquité,  de  rt^cevoir  ces  olTria- 
des  que  nous  te  présentons  pour  nos  péc'  es 
afin  que,  d'un  seul  et  môme  codur,  nouseie- 
vions  nos  voix  pour  prier  et  dire  :  NoU« 
Père,  qui  es  aux  deux. 

Le  peuple:  Qu'il  soit  sanctifié 

Lt  prêtre  :  Dieu  bon,  ne  nous  laisse  pas 
aller  à  l'épreuve  de  la  tentation,  car  nous 
n'avons  pas  assez  de  force  pour  la  soutenir; 
mais  à  cause  de  ton  immmense  miséncord^ 
délivre-nous  de  toutes  les  plaies  d'un  en- 
nemi furieux;  car  tu  as  la  force  et  la  pois- 
sance,  et  nous  te  glorifions  et  louons. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Paix  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  toi. 

Le  diacre  :  Inclinez-vous. 

Leprêtre  :  Bénis,  Seigneur  Dieu,  tes  ser- 
viteurs et  adorateurs  qui  se  sont  inclinée 
devant  toi  et  d'esprit  et  de  corps,  et  qui  le 
prient.  Rends-les  dignes  de  ta  miséricorde  et 
du  pardon  de  leurs  péchés,  parce  que  tu  e» 
tout-puissant,  et  nous  te  glorifions,  etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  prêtre  :  Paix  avec  vous. 

Le  peuple  :  El  avec  toi. 

Le  prêtre  .-Qu'il  soit  ainsi. 

Le  diacre  :  Soyez  dans  le  respect. 

Le  prêtre  :  Donnez  ce  qui  est  saint  aux 
saints. 

Le  peuple  :  Père  saint. 

Le  diacre  :  Tenons-nous  dans  le  respect 

Le  prêtre  dit  Voraison  après  la  communion. 

Nous  te  louons.  Seigneur,  et  reDd"n> 
grAces,  pour  le  présenii|ue  tu  viens  de  nous 
accorder.  Quoique  indignes.  Ne  nous  im- 
pose pas  !a  nonle  de  nos  péchés,  mais  déîi- 
vre-nous  des  esprits  ennemis  qui  luttent 
contre  nous,  et  d  une  seule  voix  nous  te  glo- 
rifierons, etc. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Leprêtre  :  Paix  avec  vous. 

Le  peuple  :  Et  avec  toi. 

Le  diacre  :  Encore  et  encore. 

Le  prêtre  :  Etends,  Seigneur,  ta  maio,  e^ 
bénis  tes  serviteurs  qui  sont  ici  réonis, 
garde-les  par  le  signe  de  ta  croix,  soi<s  ktu 
retraite  et  leur  refuge  contre  tous  leurs  eo- 
nemis  publics  et  secrets,  et  îais  qu*a.rès 
avoir  reçu  la  bénédictipn,  nous  te  rendioos» 
eux  et  nous,  la  gloire  qui  t'est  due. 

Le  peuple  :  Ainsi  soit-il. 

Le  diacre  :  Bénis,  Seigneur. 

Le  prêtre  :  Bénis-nous  tous. 

Le  diacre  :  Je  bénirai. 


PILOTE. 

Nous  avons  déjà,  dans  le  Dictionnaire  des    juse  inique  dont  le  nom  est  frappé  d'oni 
légendes  du  christianisme  (Migne,  1855,  col.     célébrité  funeste  (ISè). 
1091),  donné  quelques  détails  au  sujet  du        On  lui  attribua  h  des  époques  d'ignorani^ 

(758)  Du  Gange,  dans  ses  notes  sur  Zo^raras,  p.  21,  Paris,  i686,  dit  que  parmi  les  naDOserîlt de 


m 


PIL 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMExNTS. 


PIL 


7S0 


divers  écrits  dont  la  supposition  ne  saurait 
faire  Tobjet  d*uD  doute. 

Nous  avons  rencontré  dans  un  journal  alle- 
mand consacré  à  labibliographie(Ie5erapeum, 
publié  à  Leipsick),  une  notice  sur  divers  ma- 
nuscrits conservés  en  Allemagne»  d*un  ou- 
vrage répandu  au  moj^en  Age,  et  connu  sous 
le  non)  du  Spéculum  humanœ  salvationis. 
Dans  cette  rédaction,  Pilate  est  représenté 
cooioie  le  fils  d*un  roi,  nommé  Cyrus;  sa 
mort  est  conforme  à  ce  que  ra()portent  des 
légendes  déjà  connues.  Voici  d'ailleurs  com- 
ment commence  et  comment  s'achève  le  cha- 
pitre intitulé  :  De  origine  et  persona  Pilati. 

Inititim  :  Fuit  rex  quidam  nomine  Curus 
pi  quamdam  pùellam  nomine  Pylaus  filiam 
cujusdam  Molandinarii  nomine  Acus  cog'no^ 
fit.  Et  de  ea  filium  generavit  quem  vocavit 
Pilalum, 

Finis  :  Qui  cum  nimis  prœfatis  infesiatio- 
nibus  gtavarentur  ipsum  a  se  removerunt  et 
in  quodam  puteo  montibus  circumsepto  im^^ 
merserunt^  uhiadhuCy  retatione  quorumdàm^ 
quœdam  diabolicœ  machinationes  ebuUire  vi- 
ùntur. 

Saint  Justin  est  le  premier  gui  ait  parlé  des 
^c/e5(fePi7û/e.  Il  enest  aussi  question  dans 
ÏHittoire  du  martyre  de  saint  Ignace  d'An" 
tiùche,  dans  V Apologétique  de  Tertullien;  ils 
ont  été  depuis  cités  par  une  foule  d'auteurs, 
avec  un  très-grand  nombre  de  variantes. 

Toy.Fabricius  Cod.  Nov.  Test.,  1. 1,  p.  221, 
298  et  suiV.,  t.  H,  p.  455-^65  ;  et  la  savante 
dissertation  de  dom  Calmet,  t.  111  de  ses 
Dissertations. 

Une  Lettre  de  Pilate  à  Vempereur  romain 
{Epistola  Poniii  Pilati  Quam  scribit  ad  ro- 
fMnum  impératorem  de  Domino  nostro  Jesu 
Christo)  s  est  conservée  dans  d'anciens  ma- 
nuscrits; elle  a  été  publiée  par  Fabricius, 
Cod.  Nov.  Test.  t.  I,  p.  300,  l.Ill,  p.  M9, 
Thilo,  p.  801,  Tischendorf,  Evangelia  apo^ 
crypha,  p.  bll.  Ce  dernier  éditeur  a  établi 
le  texte  d'après  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque de  Saint-Marc,  à  Venise,  qu'il  a  exa- 
niiné,  et  d'après  les  auteurs  qui  avaient  déjà 
Uiis  au  jour  cette  pièce.  (Chassanion,  dans 
la  IV'  partie  de  son  Catalogus  gloriœ  mundt, 
1571;  Florenlinius  dans  l'édition  du  Marty- 
rologium.  vet.  Hieronymi  (759)  et  Gronovius 
dans  la  Préface  de  son  édition  de  Tacite, 
1*21,  d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothè- 
que Bodieyenne  à  Oxford.) 

Celte  Lettre  de  Pilate  à  t'efnpereur  Claude 
forme  dans  l'édilion  de  M.  Tischendorf,  le 
13*  chapitre  de  la  Descente  de  Jésus-Christ 
aux  enfers  (p.  392). 

£lleavaitété  aussi  publiéedepuis  longtemps 
dans  divers  ouvrag'îs  tels  que  les  Orthodo^ 
lographa,  mis  au  jour  par  Hérold,BAle,  1566, 
in-lolio;  la  Bibliotheca  sancta  de  Sixte  de 
Sienne,  1566,  le  livre  du  pseudo-Marcellus  : 
De  mirificis  rébus  et  cetibus  Pétri  et  Pauli. 

TliiJo  l'avait  revue  d Viprès  un  manuscrit 
conservé  en  Allemagne  {Act.  Pétri  et  Pauli, 

Cotbeit,  il  se  trouve  uti  récit  apocryphe  de  la  mort 
de  Pilaie,  portaul  le  nom  de  si^inl  Jean  le  Théo- 
ionien. 


1837,  part,  i,  p.  26)  ;  et  M.  Tischendorf  en  a 
donné  le  texte  grec  dans  ses  Acta  apostolo" 
rum  apocrypha,  p.  16. 

11  en  est  question  dans  une  dissertation 
de  dom  Cal  met  [Dissertations  pouvant  servir 
de  prolégomènes  à  VEcriture  sainte,  1720, 
in  4%  t.  111,  p.  651.) 

«La  p]Ui)art  des  savants  croient  que  Pilate 
écrivit  en  effet  à  l'empereur  pour  l'informer 
de  ne  qui  était  arrivé  au  sujet  de  Jésus-Christ: 
mais  on  es^  partagé  sur  la  question  de  savoir 
si  ces  actes  sont  ceux  que  les  Pères  ont  ci* 
tés,  s'ils  sont  parvenus  entiers  et  authenti- 
ques jusqu'à  nous,  ou  s'ils  sont  perdus  et 
altérés.  » 

On  sait,  par  l'exemple  de  Pline,  par  des 
passages  d  Ëusèbe  et  de  Tertullien,  que  les 
gouverneurs  des  provinces  rendaient  compte 
à  l'empereur  de  ce  qui  se  passait  d'intéres- 
sant dans  les  i  ays  soumis  à  leur  juridiction; 
il  n'y  aurait  donc  rien  de  surprenant  à  ce 

3 ue  Pilate  eût  prévenu  l'empereur  de  la  mort 
e  Jésus. 

Saint  Justin,  dans  sa  seconde  Apologie,  cite 
ce  passage  des  Actes  envoyés  par  Pilate  à  Ti- 
bère :  «  On  attacha  Jésus  à  la  croix  avec  des 
clous  aux  pieds  et  aux  mains,  et  après  la- 
Yoir  crucifié  ,  ceux  qui  l'avaient  mis  en 
croix,  jouèrent  ses  habits  aux  dés,  et  les  par- 
tagèrent entre  eux.  »  11  ajoute  en  parlant 
aux  païens  :  «  C'est  ce  que  vous  pouvez  ai'»> 
sèment  connaître  par  les  Actes  qui  en  ont 
été  écrits  sous  Ponce  Pilate.  v  Et  il  dit  en- 
core :  «  Los  prophéties  ont  marqué  distinc- 
tement que  le  Christ  guérirait  toutes  sortes 
de  maladies,  et  qu'il  ressusciterait  les  morts, 
et  vous  pouvez  vous  convaincre  que  Jésus 
l'a  fait  par  la  lecture  des  Actes  qui  en  ont  été 
écrits  sous  Ponce  Pilate.  » 

On  peut  inférer  de  ces  passages  que  cei 
Actes  étaient  étendus  et  entraient  dansd'am* 
pies  détails. 

Dans  l'Histoire  des  martyrs  de  saint  Ignace 
d'Antioche,  il  est  dit  que  ce  saint  enseignait 
d'honorer  Jésus  -  Christ  comme  un  Dieu, 
quoique  Jésus  eût  été  condamné  à  mort  par 
Pilate  et  eût  été  crucifié,  ainsi  que  Vensei-- 
gnent  ses  Actes;  mais  celte  dernière  phrase 
est  regardée  comme  une  interpolation;  elld 
ne  se  trouve  point  dans  l'édition  que  Ruinart 
a  publiée  des  Actes  des  martyrs. 

Tertullien  Mpolo^.yC.  21),  aprèsavoir  tracé 
un  précis  de  la  vie*  du  Sauveur  et  des  mer- 
veilles qu'il  a  opérées,  aioute  que  Pilate, 
déjà  en  quelque  sorte  chrétien  dans  sa  con- 
science, écrivit  toutes  ces  choses  à  Tibère  : 
Ea  omnia  super  Christo  Pilatus  et  ipse  jam 
pro  sua  conscientia  Christianus,  Cœsari,  tum 
TiberiOf  nuntiavit» 

Dom  Calmet  cite  saint  Epiphane  et  rauteu.r 
d'un  sermon  attribuée  tort  à  saint  Jean-Chry* 
sostome,  comme  ayant  dit  que  les  Actes  ou 
Mémoires  de  Pilate  fixaient  au  huitième  jour 
des  calendes  d'avril  l'époque  de  la  mort  du 
Sauveur.  Le  faux  Hégésippe,  qui  écrivait  au 

(759)  La  lettre  de  Pilate  à  Tibère ,  donnée  par 
Florentiniis,  esl  aussi  dans  la  Bihiioiheca  grœca  da 
Fabricius,  t.  Xlfl,  p.  477. 


751 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Uï 


îv*  DU  an  ?•  siède,  est  le  premier  auteur  qui 
flit  rapporté  une  Lettre  de  Pilate  à  Tibère 
{De  excidio  urbis  Hierosolym.^Biblioih.  Pa^ 
trum^  t.  Vy  p.  1211);  la  supposition  de  cette 
pièce  est  facile  à  reconnaître;  une  autre  que 
oonne  Fiorentinus  (MarturoL  vêtus,  p.  113) 
ost  tout  aussi  peu  authentique.  Les  Boilan- 
distes  {ActaSS.j  4  Februar.,  p.  450)  ont  rap- 
porté une  hisloire  du  Sauveur  envoyée,  dit- 
on,  par  Pilate  à  Tibère,  et  trouvée  à  Jérusa- 
lem dans  un  registre  du  temps  deThéoduse; 
elle  ne  mérite  pas  plus  créance  qu*une  autre 
relation  grecque  de  Pilate  touchant  ce  qui 
•est  arrivé  lors  de  la  mort  de  Jésus-Christ, 
•pièce  que  mentionne  Cotelier,  d*après  un 
manuscrit  de  la  bibliothèque  du  roi,  q*2431, 
«t  qu'il  ne  regarde  pas  comme  digne  d*6lre 
lue. 

Eusèbe  {Hist.  eccles.,  I.  ix,  c.  5),  nous  ap- 
prend que  Tempereur  Maximin  fit  publier 
des  actes  composés  sous  le  nom  de  Pilate  et 
relatifs  à  Jésus-Christ,  mais  remplis  de  hlas- 

f thèmes  et  d*impiétés  contre  le  Sauveur  ; 
*o£[ipereur  les  envoya  dans  toutes  les  pro- 
vhicesde  Tempire,  avec  ordre  aux  magistrats 
de  les  faire  exposer  en  public,  et  aux  maîtres 
des  écoles  de  les  faire  apprendre  par  cœur 
et  réciter  à  leurs  éi-oliers. 

Une  lettre  de  Pilate,  qui  n'a  rien  de  com- 
mun avec  les  deux  autres,  se  trouve  dans 
l'ouvrage  du  P.  Xavier  dont  nous  avons 
déjà  parlé  {Historia  Christù  Persice  con-- 
^eripta);  Fabricius  l'y  a  prise  pour  l'insé- 
rer dans  son  Codex  apocryphus  Novi  Testa^ 
mfintû  t.  I,  p.  301  : 

«  Dans  ce  temps  et  dans  ce  territoire,  il 
y  eut  un  certain  homme  que  ses  disciples 
appelaient  Dieu,  et  il  faisait  divers  miracles 
que  beaucoup  d'hommes  virent,  et  il  monta 


vivant  au  ciel,  et  ses  disciples  font  mainte- 
nant de  grandes  choses  en  son  nom,  et  i!s 
attestent  qu'il  est  Dieu  et  docteur  de  la  voie 
du  salut  dans  la  vérité.  « 

Ce  langage  prêté  à  Pilate  et  qui  ne  serait 
pas  indigne  d  un  apôtre,  suffit  pour  montrer 
ce  qu'il  faut  penser  de  Tauthenticité  de  celte 
lettre. 

Il  existe  un  ouvrage  de  Steller,  jnriscon* 
suite  peu  connu,  auquel  fa  Bù graphie  uni- 
venelle^  t.  LXXXIIl,  p.  39,  donne  no  arlicI^ 
Pilatus  defemus^  Dresde,  1674,  et  1675.  I: 
en  parut  une  réfutation  par  Daniel  Harina- 
ceius,  sous  le  masque  de  Mapbanatus,  Leip- 
zick,  1676. 

Dans  son  Histoire  des  institutions  de  MoUt, 
M.  Salvador  a  essayé  do  justifier  Pilaie  et 
lesHébreux du  reproche  dedéicide.H.Dopin 
atné  a  écrit  une  réfutation  remarquable  de 
ce  paradoxe. 

On  peut  consulter  aussi  les  notes  de 
M.  Poignet  sur  YHistoire  de  la  Passion, 
par  Olivier  Maillard  (1835,  in-8*),  p.  85,(1 
l'ouvrage  de  M.  Jubinal  {Anciennes  tapitu- 
ries  historiées,  Paris,  1838J,  qui  parle  d(*s 
Actes  de  Pilate,  p.  685,  et  p.  765  d'uue  !<  • 

gende  de  Pilate  d'après  un  manuscrit  de  )a 
ibiiothèque  de  Reims. 
Nous  avons  vu  un  volume  italien  intitulé: 
Raxione  di  staro  del  présidente  délia  Giitdta 
nella  Passionedi  Christo^  di  Ani.  Mirando!a, 
Bologna,  1630,  in-4*.  L'auteur  de  cet  ouvraue 
curieux  dit  que  Pilate  était  de  Lyon.  Dans 
YHistoire  littéraire  de  la  France^  t.  XXIl, 
p.  415,  il  est  de  même  question  de  Pilate  d'a- 
près un  manuscrit,  De  la  destruction  dt  U 
rusàlem. 

11  existe  en  anglais  :  Life  of  Pontius  nia- 
te,  1753. 


ARRESTATION    DE  PILATE  (760). 


Quand  ces  lettres  furent  parvenues  à  Rome, 
€t  eurent  été  lues  par  César,  eu  présence  de 
plusieurs  personnes,  la  stupéfaction  fut  gé- 
nérale, de  ce  que  l'iniquité  de  Pilate  avait 
causé  les  ténèbres  et  le  tremblement  de 
terre  qui  avait  partout  porté  l'effroi.  Et  Cé- 
sar irrité  envoya  partout  des  soldats  avec 
ordre  d'amener  Pilate  chargé  de  chaînes. 

Quand  Pilate  eut  été  conduit  à  Rome,  César, 
k  la  nouvelle  de  son  arrivée,  s'installa  dans 
le  temple  des  dieux,  au  milieu  de  tout  le 
sénat,  avec  toute  sa  garde  et  tout  Tappareil 
de  sa  puissance,  et  il  ordonna  que  Pilate  se 


(7C0)  nxpiaooiç  HtXdtou.  Bircb,  dans  son  Auc- 


proditil  en  revoyant  le  texte  sur  un  autre  manuscrit 
du  même  dépét  (n*  929).  M.  Tischeiidorf  l'a  inséré 
lEvangelia  apocrypha ,  1853 ,  p.  4i6) ,  en  se  servant 
des  deux  manuscrits  consultés  par  ses  devanciers 
et  en  collationnant  trois  autres  codices,  Bibliothè«^tie 
impériale  de  P.tris,  fonds  Coisliii ,  n*  H?  (daté  «le 
i532);  bibliothèque  Ambroisienne  à  Milan,  Ë,  iOO 
•uppl.  (iocoDiplet  à  la  Un),  bibliottièfpie  Saint-Marc  k 


tint  devant.  Et  Ton  rapporte  que  César  lui 
parla  en  ces  termes  :  «  Pourquoi  as-tu  o^é, 
misérable  impie,  traiter  ainsi  cet  bom-t^ 
que  tu  savais  auteur  de  si  grands  prO(iig•^^* 
Ton  crime  audacieux  cause  la  tierte  de  Tu- 
nivers,  » 

Pilate  répondit  :  «  Prince  souverairi,  j> 
suis  innocent  de  ce  qui  est  arrivé  ;  mai^  Ui 
coupables  et  les  criminels  sont  les  Juif$.^» 
£t  César  I ui  dit  :  «  Quels  sont  doue  ceoi-i^** 
Et  alors  Pilate  répondit  :  «  Hérode,  krclié- 
laùs,  Philippe»  Anne  et  Ca'iphe  et  tout  le  i^^- 
pie  juif.--*Et  pourquoi,  dit  César, as-tu  sui^i 

Venise,  class.  il,  n*  42,  {xix*  siècle).  On  obsfnn 
que  cette  composition  présente  la  6n  de  Piiairi»  ) 
un  autre  aspect  que  les  autres  écrits  aponfp^^- 
Ils  le  font  périr  misérablement  et  le  livrent  act 
démons  ;  Tauteur  de  ta  Paradosis  rppréseiiie  b  d«''1 
du  proconsul  comme  expiant  sa  faute,  et  l*^  nr.^. 
avec  sa  femme  Procla,  au  nombre  des  bim^'Q* 
retix.  La  tradition,  qui  représente  la  mort  drPUtf 
comme  le  résultat  d*un  suicide,  remonte  à  aitc  fcji:* 
antiquité.  Eubèbe  (Hitt,  eûtes,,  I.  it,  c.  7;  U  1  ^ 
55,  de  rédition  de  Valois),  en  fait  ffle»tJ0tt.(l^««' 
la  note  de  Valois  sur  ce  passage.) 


733 


PIL 


PART.  III.  ~  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


riL 


751 


leur  conseil  ?— Ce  peuple.  dilPilale,  est  sédi- 
tieux et  rebelle  et  ludocileàtn  volonté. sMais 
César  répliqua  :«  Dès  quMls  te  Teurent  livré, 
tu  devais  le  mettre  en  sûreté  et  me  l'envoyer, 
au  lieu  de  leur  laisser  cruciGer  cet  homme 
si  digne  qui  avait  opéré  de  si  grands  prodi- 
ges, comme  tu  le  dis  toi-même  dans  Ion 
rapport  ;  car  de  semblables  merveilles  in- 
diquent évidemment  que  Jésus  le  Christ  était 
bien  le  roi  des  Juifs.  )» 

Comme  César  disait  ces  mots  et  prononçait 
le  nom  du  Christ,  toutes  les  images  des  dieu  t 
tombèrent  et  devinrent  comme  poussière,  là 
où  sié|;eait  César  avec  le  sénat.  Mais  parmi 
le  peuple  qui  entourait  l'empereur,  tous 
furent  tremblants  à  ses  paroles  et  à  la  chute 
des  dieux  eux-mêmes;  ils  se  retirèrent  donc 
tous  effrayés,  et  chacun  rentra  dans  sa  mai- 
son, altéré  de  ce  qui  s'était  passé.  Mais  César 
commanda  çu*on  gardAt  Pilate  avec  soin, 
a&n  de  savoir  la  vérité  sur  Jésus. 

Elle  lendemain,  César  se  rendit  au  Capitole 
arec  tout  le  sénat,  et  essaya  d'interroger 
Pilate.  Il  lui  parla  en  ces  termes  :  «  Dis  la 
Térité,  misérat)le  impie;  la  conduite  infâme 
c|uetuastenne  en  portant  la  mainsur  Jésus  et 
léTidence  de  tes  crimes  sont  démontrées  par 
lachuteet  la  destruction  des  dieux.  Dis-nous 
doocquel  est  cet  homme  crucifié  dont  le  nom 
seul  a  fait  tomber  tous  les  dieux  en  pous- 
sière? j)  Et  Pilate  répondit: «Tous  ses  pré- 
ceptes sont  vrais  ;  j'étais  moi-même  persuadé 
d*apiès  ses  actes  qu'il  était  meilleur  que  tou- 
tes les  di  vini  tés  que  nous  adorons.  »  Alors  Cé- 
sar lui  dit  :  «  Pourquoi  donc  as-tu  eu  assez 
d'audacepouragirainsienverscelhommeque 
lu  connaissais,  si  ce  n'est  que  tu  étais  poussé 
par  une  pensée  hostile  à  ma  souveraineté  ?  » 
Alors  Pilate  dit  :  «  C'est  l'iniuuité  et  la  vio- 
lence des  Juifs  criminels  et  attiées  qui  m'ont 
fait  ainsi*  agir.  » 

Et  César  transporté  de  colère  délibéra  avec 
tout  le  sénat  et  avec  ses  confidents,  et  il 
porta  contre  les  Juifs  un  décret  ainsi  conçu  : 
'A  Licianus,  prince  d'Anatolie,  salut.  J'ai 
appris  quelle  audace  ont  montrée  dans  ces 
temps-ci  les  Juifs  qui  habitent  Ji^rusalem 
et  les  villesdes  environs,  ainsi  que  leur  con- 
duite iniaue  à  ce  point  qu'ils  ont  contraint 
Pilate  de  faire  crucifier  un  dieu  appelé  Jé- 
sus, et  quand  ils  eurent  commis  ce  crime, 
l'univers  enveloppé  de  ténèbres  a  penché 
ms  sa  ruine.  Ordonne  donc  promplement 
qu'une  troupe  de  soldats  marche  contre  eux, 


et  qu*on  décrète  leur  servitude,  en  vertu 
des  présentes.  Obéis»  poursuis-les,  et  après 
les  avoir  dispersés  chez  toutes  les  nations, 
rends-les  dépendants,  chasse  de  toute  la  Ju- 
dée leur  peuple,  et  qu'il  reste  dans  l'aban- 
don, puisqu'ils  n'ont  pas  vu  tous  qu'ils 
étaient  pleins  de  scélératesse.  » 

Or,  ce  décret  arriva  promplement  en  Ana- 
tolie,  et  Licianus,  obéissant  à  la  crainte c|u*il 
lui  inspirait,  fit  écouler  lout  le  peuple  juif; 
quant  à  ceux  qui  étaient  répandus  dans  la 
Judée,  il  les  dispersa  dans  la  servitude  des 
nations,  de  telle  sorte  que  César  fut  satis- 
fait quand  il  apprit  ce  que  Licianus  avait 
fait  contre  les  Juifs  dans  le  pays  d'Anatolie. 

Et  l'empereur  entreprit  de  nouveau  d'in- 
terroger Pilate,  et  il  ordonna  &  un  archonte 
de  lui  tranchi  r  la  tête,  en  disant  :  «  De  même 
qu'il  a  porté  les  mains  sur  Thomme  juste 
appelé  Christ,  de  même  aussi  il  tombera 
sans  espoir  de  salut.  » 

Mais  Pilate  s'étant  éloigné  s'éleva  avec 
calme  contre  cet  argument,  et  dit  :  «  Sei- 
gneur, ne  me  confonds  pas  dans  une  des- 
truction commune  avec  ces  Hébreux  misé- 
rables, puisQue,  si  j'ai  porté  les  mains  con- 
tre toi ,  ce  n  est  que  forcé  par  celte  foule  du 
Juifs  qui  me  tourmentaient  ;  mais  tu  sais 

3ue  j'ai  agi  ainsi  par  ignorance.  Ne  me  con- 
amne  donc  pas  pour  cette  faute  ;  mais  par- 
donne-moi. Seigneur,  ainsi  qu'à  ta  servante 
Procla,  placée  avec  moi  dans  ce  pays  d'oii 
me  vient  la  mort;  c'est  elle  que  tu  as  dési- 
gnée pour  être  crucifiée,  ne  la  condamne  pas 
elle  aussi  pour  ma  faute  ;  mais  réunis-nous 
et  pèse-nous  ensemble  dans  la  balance  de  ta 
justice.  » 

Et  comme  Pilate  venaitde  terminer  sa  priè- 
re, voici  qu'une  voix  descendit  du  ciel,  en  di- 
sant :  «  Tous  les  peuples  et  toutes  les  géné- 
rations des  peuples  proclameront  ton  bon- 
heur, parce  que  toutes  les  prophéties  qui 
me  concernaient  ont  été  accomplies  à  ton 
époque.  Et  toi  même,  mart^rde  ma  religion, 
tu  seras  pour  la  dernière  fois  en  ma  présence 
lorsque  je  jugerai  les  douze  tribus  d'is 
raêl  et  ceux  qui  ne  connaissent  pas  mon 
nom.  »  Et  l'archonte  trancha  la  lête  de  Pi- 
late, et  voici  qu'un  an^e  du  Seigneur  mon- 
tra celte  tête.  Et  Procla  son  épouse,  à  la  vue 
de  l'ange  qui  était  venu  et  qui  montrait  la 
têle  de  Pilate,  fut  transportée  de  joie  et  ren- 
dit elle-même  le  dernier  soupir,  mourant 
ainsi  avec  son  époux. 


RAPPORT  DU  GOCVERNEDR  PILATE  CONCERNANT  N.-S.    JÉSUS-CHRIST, 

envotjé  à  Cé$ar  Auguste^  à  Borne  (761). 


En  ces  jours-là,  Notre-Seignour  Jésus* 
Curist  ayant  été  crucifié  sous  Ponce  Pilate,. 

(761)  Fâbrîcius  Tut  le  premier  qui  publia  {Cad, 
tpocr.  Nov.  Tea.,  l.  111,  p.  456)  le  texte  grec  de  la 
iela»ioïi  (Anaphvra)  de  Pilale ,  en  y  joignant  une 
iraduciion  laiiiie.  Il  s'élail  iicrvî  d'une  copie  faite 
lï'Pfes  un  maiiuscrli  n*  770  de  la  Bibliodiéquc  iin- 


gouverneur  do  Palestine  et  do  Phénicie,  lo 
récit  des  traitements  éprouvés  par  Jésus  de 

périale  de  Pars.  Birch  inséra  ce  texte  dans  son 
Auctuarium,  après  Tavoir  revu  sur  un  manuscrit  de 
la  bibliothèque  impériale  de  Vienne. 

M.  Tisclicndorr  a  donné  derechef   ae  texte  en 
grec  dans  ses  Evaiigelia  apocnjphaf  1^55,  p.  415, 


755 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


736 


1h  pari  des  Juifs  fui  écrit  à  Jérusalem.  Or, 
Pilale  Tenvoja  avec  la  relation  de  ses  pro- 
pres affaires  à  César,  à  Rome 

On  7  lisait  ce  qui  suit  : 

Au  très-puîssant,  très-vénérabie,  très-di- 
vin, et  très^^redou table  Auguste  César,  Pilate, 
gouverneur  d*AnatoUo. 

J'ai  écouté  une  dénonciation  d*où  j*ai  conçu 
de  Ja  crainte  et  de  la  terreur,  tout-puissant 
souverain;  car  dans  ce  ffouvernement  que 
j'administre,  dai\s  une  ville  appelée  Jérusa- 
lem, tout  le  peuple  m'a  livré  un  homme 
nommé  Jésus,  en  portant  contre  lui  de  nom- 
breuses accusations,  qu'il  a  été  impossible 
de  détruire  par  la  forcç  du  raisonnement. 
Les  Juifs  Tavaient  pris  en  haine,  parce  que 
Jésus  leur  avait  dit  que  leSabbat  n'était  pas 
un  jour  de  repos  forcé.  Or,  ce  jour-là  il  a 
opéré  de  nombreuses  guérisons,  rendant  la 
vue  aux  aveugles,  la  marche  libre  aux  boi- 
Ivux,  la  vie  aux  morts,  la  santé  aux  lépreux  ; 
il  guérit  les  paralytiques,  et  ceux  à  qui  la 
force  manquait  pour  remuer  ou  pour  se 
tenir  debout,  qui  avaient  perdu  la  voix, 
ou  d'autres  facultés,  il  leur  rendit  le  pou- 
voir de  marcher,  de  courir,  détruisant  par 
un  seul  mot  leurs  infirmités.  Il  a  même  rait 
quelque  chose  de  plus  surprenant,  qui 
échappe  au  pouvoir  de  nos  divinités,  il  a 
ressuscité  une  personne  défunte  depuis  qua- 
tre jours,  en  l*appelant  par  une  seule  parole. 
Ce  mort  avait  le  sang  corrompu  ;  son  corps 
en  pourriture  était  la  proie  des  vers ,  et 
répandait  autant  d*infection  qu'un  chien. 
Quand  Jésus  l'eut  vu  couché  dans  son  tom- 
beau, il  lui  ordonna  de  courir,  et  celui-ci, 
n'ajant  plus  rien  d*un  mort,  mais  semblable 
è  un  fiancé  qui  sort  de  la  chambre  nuptiale, 
quitta  son  tombeau  en  exhalant  le  plus  doux 
parfim. 

Rt  des  étrangers,  évidemment  possédés  du 
démon,  qui  demeuraient  dans  la  solitude, 
qui  dévoraient  leur  propre  chair,  qui  vi- 
vaient comme  tes  bétes  et  comme  les  rep- 
tiles, vinrent  à  sa  voix  habiter  les  villes, 
apprirent  è  raisonner,  et  se  montrèrent  capa- 
bles de  devenir  sages,  puissants  et  illustres, 
eu  vivant  comme  tous  les  ennemis  des  es- 
prits immondes  dont  ils  subissaient  le  fu- 
neste pouvoir,  et  que  Jésus  précipita  au 
fond  de  la  mer. 

Dans  un  autre  cas,  un  homme  avait  la  main 
desséchée,  et  non-seulement  sa  main,  mais 
plutôt  la  moitié  de  son  corps  était  comme 
pétriflé;il  n'avait  plus  la  forme  d'un  homme, 
son  corps  était  désorganisé  ;  Jésus  le  guérit 
aussi  d'une  seule  parole,  et  le  rendit  sain  et 
sauf. 

Depuis  longtemps,  une  femme  perdait  le 
sang,  et  par  celte  perte,  son  organisation  se 
décomposait,  ses  veines  étaient  épuisées; 
elle  ne  présentait  plus  forme  humaine,  et 
ressemblait  à  une  morte;  la  voix  lui  man- 
quait è  chaque  instant,  au  point  que  tous  les 
médecins  du  temps  n'avaient  pu  trouver  sa 

ap'és  avoir  cnllalionnc  le  insmiiscrit  n**  7*^0  avec 
quatre  aiiires,  Bibliothèque  iropérîalc  de  Paris,  ibid., 
luntls  Coislin,  cxvii ,  n"  029;  bibliothèque  Arobroi- 


guérison;  il  ne  lui  restait  auttune  espérance 
de  vivre,  et  comme  Jésus  passait^  son  om- 
bre seule  lui  donna  de  la  force  ;  elle  s'atta- 
cha par  derrière  au  bord  de  son  rètement , 
et  à  l'instant  même  la  vigueur  n^vint  dans 
ses  entrailles,  à  telle  point  que  n'éprouvant 
plus  de  souffrance,  elle  se  mit  h  courir  atec 
agilité  vers  sa  patrie,  la  ville  de  Capb^naùm, 
et  fit  le  voyage  en  six  jours. 

Et  ces  choses  que  je  viens  d*exprimer  se- 
lon ma  connaissance,  Jésus  les  (il  le  jour  du 
Sabbat,  et  il  a  0(>éré  d'autres  prodij^es  pi  <s 
grands  que  ceux-là  ;  car  j'ai  même  remar- 
qué qu'il  faisait  des  miracb  s  plus  remar- 
quables contre  les  dieux  qui  sont  l'objet  de 
notre  culte. 

Et  c'est  lui  qu'Hérode,  ArchélaQs  et  Phi- 
lippe, Anne  et  Caïphc  m'ont  amené,  de 
concert  avec  tout  le  peuple,  en  me  deman- 
dant à  grands  cris  qu'il  fût  condamné.  J'ai 
donc  ordonné  qu'il  fût  crucifié  après  avoir  été 
flagellé,  et  je  n*avais  trouvé  aucun  motif 
des  accusations  et  des  mauvais  griefs  dont  il 
était  chargé. 

Mais  quand  il  fut  crucifié,  les  ténèbres  se 
firent  sur  toute  la  terre,  le  soleil  s*arrèta  aa 
milieu  de  sa  course,  et  les  étoiles  se  mon- 
trèrent avec  une  clarté  livide;  la  lune  pro- 
jeta une  lumière  comme  ensanglantée.  L'or- 
dre de  la  nature  fut  bouleversé,  le  sanc- 
tuaire d'un  temple  vénéré  par  les  Juifs 
eux-mêmes  fut  invisible  dans  celte  catas- 
trophe générale,  et  la  terre  entr'ouverte 
retentit  avec  fracfts  des  éclats  prolongés  du 
tonnerre. 

Dans  ce  moment  épouvantable  on  vit  les 
morts  se  lever,  selon  le  témoignage  même 
des  Juifs.  On  dit  que  dans  ce  nombre  se 
trouvaient  Abraham,  Isaac,  Jacob  et  les 
douze  patriarches,  et  Moïse  et  Job,  morts, 
suivant  les  mêmes  témoins,depuisdeuxmille 
cinq  cents  années.  Et  la  plupart  de  ceux  que 
j'ai  vus  moi-même,  revêtus  d'un  corps,  gé- 
missaient sur  riniquilé  et  la  perdilioQ 
des  Juifs  et  déploraient  la  perte  de  leur  re- 
ligion. 

Or,  la  terreur  causée  par  le  tremblemeot 
dura  depuis  la  sixième  heure  ,  veille  du 
Sabbat  jusqu'è  la  neuvième,  et  quand  il  fut 
une  heure  du  soir,  le  jour  du  Sabbat,  un 
grand  bruit  se  fît  entendre  dans  le  ciel,  et  ie 
ciel  parut  éclairé  auseptuplede  ce  qu'il  aviit 
été  tout  le  jour. 

Mais  à  la  troisième  heure  de  la  nuit,  le 
soleil  resplendissant  comme  il  ne  le  fut  ja- 
mais, enveloppa  toute  la  terre  de  sa  lumière, 
et  de  même  que  les  éclairs  brillent  subite- 
ment dans  la  tempête,  de  même  on  vit  au 
ciel  paraître  des  hommes  environnés  de 
gloire  et  d'éclat,  en  nombre  inappréciable, 
et  leur  voix  s'entendait  comme  celle  d*QQ 
tonnerre  immense.  Jésus  le  crucifié  se  le^a, 
et  dit  :  «  Sortez  du  tombeau,  vous  qui  éU5 
assujettis  à  Tempire  de  la  mort  :  a  et  la  Irr rc 
s'entr'ouvrit  comme  un  abime  sans  foaJ* 

sienne  a  Milan,  E,  100  suppl.;  Musée  bntaa8iq«<* 
f'jnds  llarkycn,  <>3C« 


757 


PIL 


PART.  Hl.  ^  LEGI*:NDES  ET  FRAGMENTS. 


PIL 


738 


mais  de  telle  sorte  qae  les  fondements  de  la 
Urre  semblaient  se  confondre  avec  ceux  qui 
criaient  dans  lescieuxetqui  se  promenaient 
revêtus  d'une  enveloppe  corporelle  au  mi- 
lieu des  morts  ressuscites.  Mais  Jésus  ayant 
appelé  tous  les  morts  et  les  ayant  réunis» 
leur  dit  :  c  Dites  à  mes  disciples  que  le  Sei- 
gneur vous  conduit  en  Galilée,  là  vous  le 
verrez.  » 

Or,  pendant  toute  cette  nuit,  la  lumière 
resia  éclatante,  et  un  grand  nombre  de  Juifs 
périreot  engloutis  dans  les  abtmes  de  la 
terre,  et  l'on  ne  put  retrouver  au  matin  la 


plupart  de  ceux  qui  s'étaient  acharnés  après 
Jésus.  Quelques  personnes  ont  vu  paraître 
des  ressuscites  que  jamais  aucun  cle  nous 
n'avait  encore  remarqués;  peut-être  quelque 
synagogue  juive  a-t-elle  survécu  dans  cette 
Jérusalem,  lorsqu'elles  ont  toutes  péri  dans 
cette  catastrophe. 

C'est  pourquoi,  tourmenté  par  la  crainte, 
et  possédé  par  une  terreur  excessive,  j'ai 
présenté  à  ta  puissance  les  choses  que  j'ai 
écrites  dans  le  moment  même  ;  j*ai  noté 
les  traitements  infligés  par  les  Juifs,  et  j'ai 
envoyé  ce  récita  ta  divinité,  mon  souverain. 


RAPPORT  DE  PONCE  PILATE  GOUVERNEUR  DE  JUDÉE, 

$nvoyé  à  Ttbèr$  Céiar,  à  Rome  (762). 


An  très-puissant,  vénérable,  redoutable 
el  Irfts-divin  Auguste,  Ponce  Pilate,  gouver- 
neur de  la  province  d'Anatolie. 

Très-puissant  souverain  ,  poussé  par  la 
crainte  el  la  terreur,  j'ai  mis  à  tes  pieds  le  ré- 
cit (fune  délation  que  j'ai  écoutée,  de  la  gra- 
vité des  événements  survenus,  et  de  la  ma- 
nièredont  cette  affaire  s'est  terminée,  car  lors- 
que j*avais  ce  gouvernement,  ômon  prince, 
suivant  un  ordre  de  tagrftoe,  entre  les  villes 
d'Anatolie,  dans  celle  qui  est  appelée  Jéru- 
salem, où  se  trouve  le  temple  du  peuple  juif, 
toute  la  multitude  rassemblée  des  Juifs  m'a 
amené  un  homme  du  nom  de  Jésus  contre 
lequel  s*élevaient  des  accusations  graves  et 
nombreuses  ;  ils  ne  pouvaient  le  confondre 
par  aucun  raisonnement.  Or  le  motif  de  leur 
haine  contre  lui  venait  de  ce  qu*il  avait  dit 
qne  le  Sabbat  ne  forçait  pas  au  repos.  Mais 
cet  homme  opéra  de  nombreusres  guérisons 
par  de  bonnes  œuvres.  11  rendit  la  vue  à  des 
aveugles,  guérit  des  lépreux,  ressuscita  des 
morts,  rendit  la  santé  à  des  paralytiques  et 
la  vigueur  k  des  personnes  qui  n'avaient 
plus  de  forces,  qui  étaient  privées  de  voii  et 
dont  les  os  étaient  disloqués;  il  leur  ren- 
dit le  pouvoir  de  se  promener  elde  courir, 
^n  le  leur  ordonnant  d'une  seule  parole.  Il 
accomplit  encore  un  autre  fait  plus  remar- 
quable, inconnu  même  è  nos  divinités.  Il  a 
ressuscité  d'entre  les  morts  un  certain  La- 
xare,  défunt  depuis  quatre  jours,  en  invitant 
d'un  seul  mot  à  s*éveiller  ce  cadavre  rongé 
|»ar les  vers  qui  s'y  élaii^nt  multipliés;  Jé- 
sus invita  donc  h  courir  ce  mort  infect  cou* 
cbé  dans  son  tombeau  ;  et,  comme  un  fiancé 
qui  sort  de  la  chambre  nuptiale,  celui-Ksi 
quitta  son  tombeau  en  exhalant  le  plus 
oom  parfum. 

Certain?  hommes  évidemment  possédés 
du  démon  avaient  leurs  demeures  dans  les 
déserts,  dévorant  leurs  propres  membres^  et 

(762)  Le  leiie  me  de  cette  relation  a  été  pnlilié, 
P<i0r  la  première  foi?,  par  Bi'Cli ,  d'après  un  manu- 
^fit  de  la  bibliollièque  d^  Vienne  iiu  iiv  siècle, 
ïliilo  le  mil  aa  jour  de  nouveau  après  Pavoir  revu 
■"rdetix  manuscrits  de  la  bililiolhcque  i  m  né  laie 
o«  Paris,  d.  iOI9  cl  i33!.  Enfin,  M,  Tischcndorf 


vivaient  comme  les  reptiles  et  les  bétes  fé- 
roces. Jésus  les  amena  à  habiter  les  villes 
dans  leurs  maisons  respectives,  les  rendit 
raisonnables,  prudents  et  illustres,  eux  qui 
étaient  tourmentés  par  les  esprits  immon^ 
des  ;  il  chassa  dans  une  bande  de  pourceaux  les 
esprits  (|ui  les  possédaient  et  les  noya  dans 
la  mer. 

Un  autre  homme,  qui  avait  la  main  dessé- 
chée et  ne  jouissait  pas  de  la  moitié  de  son 
corps,  fui  rendu  sain  et  sauf  par  une  seule 
parole. 

Une  femme  perdait  le  sang  depuis  long- 
temps ;  ses  os  par  cette  perte  du  sang  pa- 
raissaient et  brillaient  comme  du  verre,  au 
point  que  tous  les  médecins  la  déclaraient 
sans  espérance  et  l'avaient  abandonnée;  car  il 
ne  lui  restait  plus  aucune  chance  de  salut.  Et 
un  jour  que  Jésus  passait  elle  porta  par  der- 
rière la  main  sur  l'extrémité  de  ses  vêtements, 
et  au  même  instant  la  vigueur  revint  dans  son 
corps;  elle  se  trouva  saine  et  sauve  comme 
si  elle  n'avait  eu  aucun  mal«  et  se  mit  è  courir 
jusqu*à  sa  patrie»  la  ville  de  Capharnalim. 

Voilà  les  faits  que  je  connais;  et  les  Juifs 
ont  dit  que  Jésus  les  accomplit  le  jour  du 
Sabbat.  Mais  je  sais  qu'il  fit  des  prodiges 
plus  grands  encore  contre  les  dieux  que 
nous  adorons. 

C'est  donc  lui  qu'Hérode,  Archélaiis,  Phi- 
lippe, Anne  et  Caïphe,  ainsi  que  tout  le 
peuple,  m'ont  livré  pour  le  condamnei  ;  et 
comme  plusieurs  me  le  demandaient  à  grands 
cris,  j'ai  ordonné  quil  fût  crucifié. 

Mais  lorsqu  il  fut  sur  la  croix,  ]es  ténè« 
bres  se  répandirent  sur  tonte  la  terre,  le  so- 
leil se  cacna  complètement  et  le  citl  s'obs- 
curcit au  milieu  du  jour,  de  sorte  que  les 
étoiles  se  montrèrent»  mais  eu  même  temps 
avec  une  lumière  obscurcie,  et  comme  votre 
majesté  le  sait  sans  doute,  on  brûla  des 
flambeaux  dans   tout   l'univers  depuis  la 

Ta  placé  à  la  sufle  des  Evangelia  apoerypha,  p  420, 
après  avoir  conitiUé  deu&  autres  roanuscriU.  Tun 
de  la  bibliothèque  cte  Turin  (dont  le  texte  avait  été 
publié  par  J.  FlecK,  dans  ses  AnecàoiM,  i83*, 
p.  i45)  ;  Tautre  de  In  biblioilièque  Sainl-Marc  à  Va- 
nise,  11  r  siècle. 


790 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


7M 


sixième  heure  jusqu^au  soir.  Mais  1»  lune 
comme  ensanglanlée,  fot  lerne  pendant  kuUe 
la  nuiu  et  némmoins  elle  paraissait  très- 
bien.  Et  les  étoiles  et  Orion  gémissaient 
sur  les  Juifs»  «au  sujet  de  Tiniquité  qu'ils 
avaient  commise. 

Mais  le  lendemain  du  Sabbat,  vers  la  troi- 
sième heure  de  la  nuit,  te  soleil  se  montra 
brillant  comme  il  ne  fut  jamais,  et  tout  le 
ciel  fut  îlliHniBé.  Et  comme  les  éclairs  bril* 
lent  dans  la  tempête,  de  même  des  hommes 
revêtus  de  vêtements  éclatants  ,  entourés 
d*une  gloire  inénarrable,  parurent  dans  le 
ciel,  ainsi  qu*un  nombre  inGni  d*anges  gui 
élevaient  la  voix  et  disaient:  «Gloire  à  Dieu 
ttu  plus  haut  des  cieux ,  et  paix  sur  la  terre 
aux  homo^s  d'e  bonne  volonté;  sortez  du 
tombeau  vous  qui  êtes  assujettis  aux  léuè« 
bres  de  la  mort  ;  »  et  à  leur  voix,  toutes  les 
montagnes  et  les  collines  s*agitèrent,  les  ro- 
chers se  fendirent,  de  grands  abîmes  s*ouvri« 
rent  dans  la  terre,  au  point  qu*on  vit  les 
portes  de  Tenfer. 

Et  dans  ce  moment  épouvantable,  on  vit 
les  morts  se  lever,  et  les  Juifs  eux-mêmes, 
témoins  oculaires,  ont  dit  :  «  Nous  avons  vu 
Abraham,  Isaac  et  Jacob  et  les  douze  palriar* 
ches  morts  depuis  deux  mille  cinq  cents 
ans, ainsi  que  Noé  revêtu d*ancorpséclatant,» 
et  toute  celle  foule  circulait  en  masse  chan- 
tant Dieu  à  haute  voix  et  disant  :  «  Le  Sei- 


gneur notre  Dieu,  ressuscité  des  vietts,  a 
rammé  tous  les  trépassés  et  vaincu  Tenler 
dépouillé.  » 

Or,  pendant  toute  celle  nuit,  tout-puissaoi 
souverain,  cette  lumière  n*a  piais  cessé,  et  un 
grand  nombre  de  Juifs  périrent  noyés  oo 
ençloutîs  dans  les  abtmes  pendant  ceUe 
nuit  ;  de  sorte  qu*en  n'a  pas  trouvé  leurs 
cadavres  ;  et  je  dis  que  ceux  qui  avaient 
parlé  contre  Jésus  furent  ainsi  traités.  Une 
seule  synagogue  resta  dans  Jérusalem,  puis- 
que toutes  celles  qui  s'étaient  élevées  coDtrv 
Jésus  ont  été  détruites» 

C'est  pourquoi,  trotiblé  par  fa  crainte,  et, 
plein  de  terreur,  j*ai  faU  écrire  sur-le- 
champ  et  je  transmets  à  ta  puissance  le  récit 
des  traitements  infligés  à  Jésus  par  tous  les 
Juifs.  » 

Terminons  notre  article,  consacré  au  juge 
dont  l'iniquité  vivra  toujours  dans  la  mé- 
moj4re  des  hommes,  en  disant  qu'âne  tradi- 
tion pofmiaire,  que  rien  n'ai^puie,  prélenii 
que  Pilate  est  né  è  Séville.  Pour  donner 
plus  de  consistance  à  cette  opinion,  les  Se- 
villans  ont  qualifié  de  maison  de  Pilate  uo 

Salais  construit  en  1530,  par  le  ? ice-roi  de 
aples,  DonHenriqjue  de  Kibera,.  après  son 
pèlerinage  à  JéPUôaJem,  à  rimjtaliou,  dii* 
on,  de  la  maison  qui  lui  fut  montrée  comme 
étant  celle  du  célèbre  gouverneur  de  la 
Judée. 


PROCHORE. 

(Hisloire  de  saint  Jean  VEvahgélisU  par  Prochore.  ) 


Une  portion  peu  considérable  de  ce  récit 
fnt  insérée  en  grec  avec  une  traduction  la- 
tine de  Castalion  dans  la  troisième  édition 
du  CalecheseoSf  mise  au  iour  par  Michel 
Méander,  h  Bâie,  1567,  in-8*  (p.  526)  ;  elle  re- 
parut bientôtaprès  dans  le  recueil  de  J.-J.Gry- 
nœus,  OrthodoxographOf  Bâle,1569,  t.l,  p.  854. 
Néander  ne  dit  pas  où  il  avait  trouvé  le  ma- 
nuscrit dont  il  se  servit,  mais  qui  n'était  ni 
fort  ancien,  ni  de  nature  à  donner  un  texte 
bien  correct.  Cette  histoire  bien  plus  étendue, 
mais  sans  le  texte  grec,  se  rencontre  dans  la 
Sibliolheca  Pairum  de  Marguerin  de  la  Bir- 
gne,  (Paris,  1589,  10  vol.  in-folio),  et  dans 
l'édition  plus  ample  de  celle  même  Biblio* 
t€ca  (Lyon,  1677,  t.  Il,  p.  46); il  figure  aussi 
dans  le  livre  publié  par  Laurent  de  la  Barre: 
HistoriavelerumPatrum {Paris,  1583,  in  fol). 
Birch  mentionne,  dans  son  Àucluarium  cod. 
apocr,^  un  manuscrit  grec  du  Vatican,   n* 

(765)  f  BellairminifS  quidem  suspicalur  hnnc 
Procbori  narrationcm  de  ri«bu8  geslis  S.  Joanitis 
cumdeni  librum  e»8e  qui  ab  Aih;ina8io  in  synopsi 
S.  Scripiurae  cire  itus  Joannis  appcllatur,  qu^m 
fenteniiaro  etiam  Vossio  placerc  video.  Verum  nûhi 
Prochori  liber  Athan^sii  asvo  junior  videlur,  ptsi 
forte  ex  iftiis  Joannis  Pr'riudis  Prochurus  fiffmâitta 
sua  pleraqtie  liauserii.  (Tk.  lUig.,  DitserL  de  Pa- 
tnbu%  apoiioiUu^  p.  45.) 

(704)  Cest  ainsi  que  Tappré*  ient  Poss^vio,  Ap- 
pâtai, $acr.;  Baronius,  ad  Mariyroiog,  Rom,,  27 
déc.,  ei  AnnaLf  ad  an,  Chr,^  44 ,  {  20  et  50  ;  ad  an. 


455,  dont  il  avait  une  copie,  mais  qull  ne 
jugea  pas  à  propos  de  publier. 

Thilo  voulait  comprendre  le  texte  grec  de 
Prochore  dans  son  Corpus  apocryphorum; 
dans  ce  but,  il  avait  collationné  les  manos- 
critsCoislin,  306,  U68,  1176,  523,  olim  231S, 
et  U5^  de  la  Bibliothèque  impériale,  au 
sujet  desquels  il  donne  d  assez  longs  détails 
(Acta  S,  Thomœ,  p.  lxxix).  Ajoutons  que 
Mingarelli  a  compris  quelques  fragments 
d'un  livre  copte  attribue  à  Prochore,  parmi 
les  manuscrits  égyptiens  qu*il  mentionoe 
dans  sou  catalogue  de  la  BibhotheeaNaniana^ 
(Bononiœ,  1785,  fasc.  II,  p,  30â.) 

L'ouvrage,  mis  sous  le  nom  de  Prochore,  a 
paru  à  des  critiques  éclairés  ne  pas  reinoo* 
ter  au  delà  du  iv'  siècle  de  Tère  chrétienne 
(763).  Les  écrivains  catholiques  ne  lui  onl 
reconnu  aucun  caractère  authentique  (764 . 
Les  Grecs  lui  ont  accx)rdé  plus  a'aatonté,  cl 

92.  §  i  ;  ac/  an.  99,  §  4;  Bellarmln,  Oe  $evpior 
tcciei,;  Le  Nourry,  ApparaU  ad  Bibl,  PairiB. 
dis8.  5,  p.  liO;  Corobtiis,  Aucluar,  motiuimMm* 
t.  I,  p.  482  ;  TiUeinont,  Mémoirei  iur  fki$i,  icda.* 
1. 1,  p.  920,  952,  et  bien  d'auires. 

Thilci,  dans  les  Actes  cités  ci-dessus,  sVtpriiar 
en  cps  termes  (p.  tx\n)  : 

f  ILec  est  nostra  senteiiUa,  aniiquos  Jfjaonis Acio» 
apocryphos,  ab  Ëncralis,  Manich«is»  et  l'riKiiUs* 
iiistîs  laudatos,  quorum,  uplute  êtiekoi*  ler  mille  ^ 
sexcenlis  consianliam,    baud  eiiguam  fuisse  s:i 
mus  fflolem,  seriori  sevo  retractuiee  csk,  aiaat,  ui 


7« 


/^i       PRO       PART,  m.  — LEGENDES  ET  FRAGMENTS.       PRO 

Sitnéon  Mëlaphraste  Ta  pris  pour  base  de  sa  Ephèse,  dans  une  Vie  de  ce  saint,  en  arabe, 

Vie  de  sainl  Jean.  qu'a  éditée  Kisten.  {VUœ  quatuor  evangelista^ 

Il  est  fait  mention  de  Prochore»  comme  rumex  antiquisaimo  codice  manuscripto  eru^ 

disdple  de  saint  Jean  et  son  successeur  à  tœ^  Bresiau,  1609,  in-folio.) 


CHAPITRE  PREMIER. 

Il  arriva  qu'après  l'assomption  dans  le  ciel 
de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  Fiisdu  Dieu 
virant,  les  disciples  s'étant  rassemblés  à 
Getbsémané,  Pierre  leur  dit  .-«Vous  savez, 
mes  frères,  comment  Notre-Seigneur  nous  a 
laissé  l'ordre  d'aller  dans  le  monde  entier 
prêcher  l'Evangile  à.toutes  les  créatures  et  les 
baptiser  au  nom  du  Père  et  du  Fils  et  du 
Samt-Esprit,  et  comme  nous  ne  désirons 
rien  de  plus  que  d'accomplir  promptement 
ce  qui  nous  a  été  recommandé  par  le  Sei- 
gneur, il  convient,  mes  très-chers  frères, 
que,  par  par  la  grftce  de  la  Trinité,  nous 
nous  appliquions  à  l'œuvre  que  le  Seigneur 
nous  a  prescrite,  car  il  a  dit  :  <i  Je  vous  en- 
verrai tous  comme  des  brebis  au  milieu  des 
loups;  soyez  prudents  comme  des  serpents 
et  simples  comme  des  colombes,  p  {MaPth. 
x]  Vous  n'ignorez  pas,  mes  frères,  que  le 
serpent,  lorsque  quelqu'un  veut  le  tuer, 
abandonne  tout  son  orps,  mais  ^acbe  sa 
tète;  de  même,  mes  frères,  exposons-nous 
à  la  mort  et  ne  renonçons  pas  è  Jésus-Christ 
qui  est  notre  chef;  de  même  les  colombes 
ne  s'affligent  pas  lorsqu'on  les  prive  de  leurs 
fretits  et  ne  savent  pas  renoncer  à  leur  mai- 
ire.Vous  savez  que  Notre-Seigneur  et  Maître 
nous  a  dit  :  <<  Puisqu'ils  m'ont  persécuté, 
ik  vous  persécuteront.  »  C'est  pourquoi, 
mes  frères  •  il  vous  reste  è  traverser  beau- 
coup de  tribulations,  mais  des  biens  sont 
réservés  à  ceux  qui  souffrent  des  tribula- 
tions \  cause  du  saint  nom  du  Seigneur.  » 
Jacques,  le  frère  du  Seigneur,  répondit  à 
Pierre  et  dit  :  «  Tu  as  bien  parlé ,  Pierre, 
oar  le  temps  est  venu  où  l'ordre  du  Seigneur 
doit  s'accomplir;  vous  savez  cependant,  mes 
frères,  que  le  Seigneur  m'a  enjoint  de  rester 
à  Jérusalem.  »  Et  Pierre  répondit  et  dit  : 
«  Nous  savons  tous  que  c'est  le  lieu  confié 
à  tes  soins  et  que  tu  ne  dois  pas  t'éloigner 
de  Jérusalem.  » 

Les  apôtres  tirèrent  donc  au  sort  (765),  et 
il  attribua  l'Asie  h  Jean  qui  gémit  beaucoup 
61  qui  se  jeta  aux  pieds  des  frères  en  ver- 
sant des  larmes.  Et  Pierre,  le  prenant  de  la 
main  droite,  le  releva  et  lui  dit  :  «Nous  avons 
tous  pour  toi  la  plus  grande  vénération; 
nous  regardons  ta  patience  comme  un  exem- 
ple et  un  encouragement  pour  nous  tous  ; 
quefais*iu  donc,  mon  frère,  et  pourquoi  , 
troiibles-tu  nos  cœurs?  »  Et  Jean  répondant 
i.Pierredit  :  «  Pardonne-moi,  mon  père,  de 

Linto  ping  ponderis  tiaberent,  Proclioro,  Joannis 
<liscibulo  ei  comîii,  ssppe  in  iis  coiiiineiiionan.  pio 
niendacio  adscriplos.  Inde  iisdem  usi  bunt  Gra!Ci 
^'i  ^acris  suis  lf€tionibus,  jilque  Simeon  Mela- 
pnustci  in  \ita  Joannis  dcscribenda  pi  ra4ue  sua 
^«hocfoniebausiî.  i 

('65)  La  circonstance  de  ce  tirage  au  sort  se 
«ouve  dans  d'anciens  auteurs,  et  parait  avoir  clé 


ce  que  j'ai  été  extrêmement  troublé  au  mo- 
ment où  j*ai  vu  que  l'Asie  m'était  assignée 
par  le  sort;  j'ai  été  effrayé  des  périls  qui 
pouvaient  m'attendre  sur  mer,  et  je  ne  me 
suis  pas  souvenu  de  la  parole  du  Seigneur 
qui  m'aimait  et  qui  a  ait  :  «  II  ne  tombera 
aucun  des  cheveux  de  votre  lète.  »  Excusez- 
moi  ,  mes  frères  et  priez  pour  mui ,  attn  que 
le  Seigneur  me  pardonne  aussi.  Je  suis  prêt 
à  aller  partout  où  m'appellera  sa  volonté  et 
son  bon  plaisir.  » 

El  tous  les  apôtres  se  levant  se  tournè- 
rent vers  l'orient,  priant  Jacques,  le  frère 
du  Seigneur,  de  prononcer  la  prière  è  la- 
quelle ils  se  joignirent  tous.  Les  ap6lres  se 
dirigèrent  ensuite  chacun  vers  le  pays  qui 
lui  était  désigné,  et  chacun  fut  accompagné 
de  l'un  des  soixante -douze  disciples.  Moi, 
Prochore,  je  fus  signalé  pnr  le  sort  comme 
devant  exercer  le  ministère  avec  Tapôtro 
Jean.  Et  nous  descendîmes  de  Jérusalem  è 
Joppé  où  nous  restâmes  trois  jours  dans  la 
maison  d'une  veuve  du  pays  de  Tabile.  Et 
un  navire  étant  venu  dEt^ypte  et  devant 
continuer  son  voyage  vers  l'Asie,  nous  nous 

Jr  embarquâmes.  Lorsque  nous  fautes  dans 
e  fond  du  navire,  Jean  fut  saisi  d'une  grande 
tristesse,  et  il  dit  :  «  Mon  fils  Prochore,  nous  . 
serons  en  butte  à  beaucoup  de  tribulations 
et  à  beaucoup  de  périls  sur  mer,  et  il  ne  m'a 
rien  été  révélé  par  le  Seigneur  au  sujet  dd 
ma  vie  ou  de  ma  mort,  mais  vous  serez  dé- 
livrés des  périls  de  la  mort,  et  nul  d'entre 
vous  ne  périra.  Lorsque  tu  seras  échappé, 
mon  fils,  aux  dangers  de  la  navigation,  va 
en  Asie,  entre  à  Ephèse  et  attends-y  pen- 
dant trois  mois  mon  arrivée;  si  Dieu  per- 
met que  j'arrive  pendant  ce  temps,  nous 
aurons  à  nous  acquitter  des  fondions  du 
ministère  qui  nous  a  été  confié;  si  les  trois 
mois  s'écoulent  sans  que  je  revienne,  re- 
tourne, mon  fils,  à  Jérusalem,  auprès  de 
Jacques, et  fais  ce  qu'il  te  commandera.  » 

Après  que  J«'an  ,  mon  roaitre,  m'eut 
ainsi  parlé,  vers  la  onzième  heure,  il  s'éleva 
une  tempête  qui  brisa  le  navire,  et  nous  res- 
tâmes dans  le  plus  grand  péril  jusqu'à  la 
troisième  heure  de  la  nuit;  alors  chacun 
saisit  une  rame  ou  un  fragment  quelconque 
pour  essayer  de  s'échapper  à  la  naj^e,  et, 
grâce  à  la  miséricorde  de  Dieu,  nous  fûmes, 
vers  la  sixième  heure  du  jour,  poussés  à  la 
côte  aux  environs  de  Séloucie  et  à  cinq  sta- 
des de  cette  ville.  Nous  étions  au  nombre  de 

uiiQ  tradition  Tort  répandue.  RuHn  en  parle  dans  son 
Hiitoire  ecclésiaUique ,  1.  i ,  c.  9.  el  dit  que  le  pays 
des  Parlhes  échul  à  sainl  Thomas.  PElbiopie  à  suint 
MaUiiieii,  Pliide  ciléricnre  à  sainl  Barlliélemy.  So* 
cia'e  {Util,,  1.  I ,  c.  19)  el  ^icépll0^e  (//ûf.,  I.  u. 
c.  39)  ont  reproduit  ce  que  dit  Runn,  (Voy.  d^ail- 
leurs  la  note  de  Thilo  d\n%  son  édition  des  Acta 
S.  Thomœ^  1823,  p,  ?J7.) 


763 


DICTIONNAIRE  DES  APQCRTPIICS. 


TU 


quaranle-deQX  personnes;  mais  Jean  ne  s'y 
trouvait  pas.  Nous  restâmes  longtemps  éten- 
dus sur  la  rive,  accablés  de  froid,  de  fatiguç 
ctde  crainte  et  comme  sans  vie.et  nous  eoirft- 
mes  ensuite  à  Séleucie,  avant  perdu  tout  ce 
que  nous  possédions  et  n  ayant  rien  à  man« 

Ser.  Nous  demandAmes  du  pain  que  Ton  nous 
onna,  et  mes  compagnons  d'infortune  se 
soulevèrent  contre  moi,  disant  :  «  Quel  est 
cei  homme  qui  était  avec  toi? C'est  un  magi- 
cien qui,  par  ses  maléfices,  a  fait  périr  le  na- 
Tire  afin  de  *s'cnfuir  après  s'être  emparé  de 
notre  avoir,  et  tu  es  son  complice.  Remets- 
nous  ce  magicien,  ou  nous  ne  te  laisserons 
pas  sortir,  car  tu  mérites  la  mort;  dis-nous 
Qoù  vient  cet  enchanteur;  nous  qui  étions 
dans  le  navire,  nous  nous  trouvons  tous  ici , 
et  lui  seul  a  disparu.  » 

Ils  excitèrent  ainsi  contre  moi  les  hahi- 
tants  de  Séleucie  et  ils  me  jetèrent  en  pri- 
son, et,  le  lendemain,  ils  me  conduisirent 
devant  le  gouverneur  de  la  ville,  qui,  me 
parlant  avec  sévériié,  me  dit  :  «  D*oà  es-tu 
et  quelle  est  ta  religion?  Quels  sont  tes 
moyens  de  subsistance  et  quel  est  ton  nom? 
Dis-nous  toutes  ces  choses  avant  que  nous 
te  livrions  aux  tortures.  »  Je  répondis  : 
«  Je  suis  du  pays  des  Hébreux ,  je  suis  Chré« 
tien  de  reli^jion;  mou  nnm  est  Prochore; 
j'ai  été  jeté  ici  par  un  naufrage  ainsi  que  ceux 
qui  m'accusent.  »  Le  gouverneur  dit  :  «  Com- 
ment se  fait-il  .{ue  vous  vous  sovez  tous  sau- 
vés et  que  ton  compagnon  seul  ne  paraisse 
pas;  il  est  certain  que  vous  êtes  accusés  d'ê- 
tre des  magiciens  et  d'avoir  fait  périr  le  na- 
vire par  vos  maléfices,  et,  afin  qu  on  ne  vous 
soupçonne  pas  de  sortilèges,  toi  seul  tu  es 
resté  avec  l'équipage,  mais  ton  compagnon 
s'est  enfui  en  emportant  les  biens  qu'il  y 
avait  è  bord;  peut-être  aussi  que,  comme 
vous  étiez  des  magiciens  coupables  d'avoir 
fait  verser  beaucoup  de  sang,  la  sentence 
divine  a  condamné  ton  compagnon  à  périr, 
et  toi  seul  tu  as  échappé  à  la  mort  afin  de 
trouver  ton  châtiment  dans  cette  ville;  dis- 
nous  donc  de  suite  si  ton  compagnon  a  péri 
on  s'il  s'est  soustrait  au  danser.  » 

Je  répondis  en  versant  des  larmes  :  «  Je  te 
répondrai ,  au  sujet  des  questions  que  tu 
m'adresses,  avec  une  franchise  entière  et 
selon  ce  que  je  sais.  Et  d'abord,  s'il  faut 
parler  de  moi,  je  ne  suis  pas  un  magicien,  je 
suis  Chrélien  et  disciple  de  Jésus-Christ  ;  te 
Seigneur  Jésus-Christ,  avant  do  monter  au 
ciel,  a  donné  cet  ordre  è  ses  apôtres  :  «  Allez 
dans  le  monde  entier  et  (irêcnez  l'Evangile 
à  toutes  créatures,  et  baptisez  toutes  les  na- 
tions qui  voudront  croire,  i*  Après  son  as- 
cension, ses  af)ôtres,  réunis  en  un  même 
lieu,  ont  tiré  au  sort  dans  quelle  contrée 
chacun  d'eux  devait  aller  prêcher.  Et  le  sort 
ayant  attril)ué  TAsie  à  Jean,  mon  maître, 

J|ui  était  avec  nous  dans  le  navire,  il  en 
ut  vivement  peiné,  et  comme  il  se  re- 
fusa d*abord  k  ce  qui  aiail  plu  à  l'Esprit- 
Saint,  il  lui  fut  révélé  qu'en  punition  de  son 

{>éçhé  il  éprouverait  une  tempête  sur  mer; 
orsque  nous  fûmes  embarqués ,  il  me  révéla 
i  l'avance  ce  que  nous  devions  soulTrir  et  me 


prescrivit  de  l'attendre^  Ephèse  pendant  trois 
mois  et  qu'il  viendrait  dans  cet  intervalle, 
s'il  était  encore  vivant,  afin  d'accomplir  la 
tâche  que  Dieu  lui  avait  confiée;  il  ajaou 
que  s'il  ne  se  montrait  pas  avant  Texpira- 
tion  du  délai  qu'il  fixait,  je  devais  retourner 
dans  mon  pays.  Mon  maître  n'est  dotic  pâi 
un  magicien  {  c'est  un  homme  choisi  et  ins- 
(tiré  par  le  Seigneur,  prédicateur  întré(»i(Je 
de  la  vérité  et  très-ferme  dans  la  foi  de  Jésos- 
Christ.  » 

Lorsque  j'eus  ainsi  parlé,  un  nommé  Se- 
lemnis,  qui  était  venu  d'Antioche,  fut  frap- 
pé des  paroles  que  j'énonçais  avec  fermeté 
et  il  demanda  qu'on  me  laissé!  me  retirer, 
et  j*en  eus  la  permission.  Et  quittant  Séleu- 
cie, j*arrivai  quarante  jours  après  dans  qo 
village  qui  était  au  bord  de  la  mer,  et,  j 
trouvant  une  fosse,  j'y  entrai  pour  me  repo- 
ser après  les  grandes  fatigues  que  j'avais 
éprouvées;  et,  h  peine  y  étais-je«  que  je  v\$ 
une  grande  tempête  qui  jeta  un  homme  sur 
le  rivage  de  la  mer  ;  j'eus  grande  compassion 

fiour  lui,  car  j'avais  éprouvé  de  mon  rêté 
es  horreurs  du  naufrage.  Je  courus  vers  lut, 
sans  savoir  que  c'était  Jean ,  et ,  m'appro- 
chent, je  pris  sa  main  et  je  le  relevai,  et  il 
me  reconnut;  je  le  reconnus  également  et 
nous  nous  embrassAmcs  mutuellement  en 
versant  beaucoup  de  larmes  et  en  rendant 
grâces  à  Dieu  qui  étend  sa  miséricorde  sur 
tous  les  hommes  et  qui  seul ,  dans  sa  puis- 
sance infinie,  les  délivre  des  périls ;nons 
restâmes  quelque  temps  privés  de  la  parole 

Kr  suite  de  l'excès  de  notre  joie;  quand 
an  fut  revenu  à  lui ,  il  se  mit  a  me  racon- 
ter ce  qui  lui  était  arrivé  et  conmeotil  était 
ri^sté  quarante  jours,  selon  la  volonté  de 
Dieu,  ballotté  par  les  flots  le  long  du  riva^« 
et  je  lui  fis  de  mon  côté  le  récit  de  ce  que 
j'avais  souffert. 

CHAPITUE  II. 

Nous  nous  levâmes  ensuite*  et,  nous 
éloignant  de  cet  endroit,  nous  entrâmes  dans 
nn  village,  où,  ayant  demandé  du  pain  et 
de  l'eau,  nous  mangeâmes  et  nous  bûmes, 
et  nous  nous  mimes  ensuite  k  cheminer  vers 
Ephèse.  Et  quand  nous  fûmes  entrés  dans 
la  ville,  nous  nous  arrêtâmes  sur  la  place  de 
Diane  où  étaient  les  bains  publics,  et  nous 
nous  rendîmes  chez  un  homme  c|ai  s'appe- 
lait Dioscoride.  Et  Jean  m'instruisait  eo  di- 
sant :  «e  Mon  fils  Prochore,  que  personne 
en  celte  ville  n'apprenne  de  toi  qui  nous 
somuies,  ni  pourquoi  nous  sommes  venus, 
jusqu'à  ce  que  Dieu  nous  ait  révélé  sa  vo- 
lonté et  ce  que  nous  devons  suivre;  mettons 
seulement  notre  confiance  en  Jésus- Cliri>t 
Notre-Seigneur.»Et  lorsqu'il  me  parlait  ain^i, 
voici  qu'une  femme  romaine,  nommée  Ko* 
méca,  qui  étnit  robuste  de  corps  et  stérile, 
avait  été  chargée  de  la  direction  do  bain,  et 
se  fiant  sur  sa  force,  elle  frappait  rudement 
et  maltraitait  les  esclaves  qui  étaient  char^H 
du  service  du  bain;  de  »orie  qn'aacun  oier* 
cenaire  ne  vou'iatt  souffrir  El  quand  el)e 
nous  vit  assis  solitairement  et  la  tête  pen* 
cbée,  elle  pensa  que  nous  étions  des  bo0* 


76& 


PRO 


PART.  111.  — LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


7Ç6 


mes  dépourvus  de  r6$source  et  tombés  dans 
l*indigeace«  et  elle  crut  que  nous  pouvions 
lui  ^tre  utiles  et  lui  fournir  nos  services  ^ 
bon  compte,  et  elle  dit  à  Jean .  «  D'où  es-tu  ?  » 
Il  répondit  :  «  Je  suis  un  étranger,  y»  Elle  lui 
demanda  :  «  De  quel  pays?  »  Et  il  dit  :  «  De 
la  Judée.  »  Alors  elle  dit  :  «  Quelle  relision 
suis-tu?  »  El  il  répliqua  :  «  Je  suis  Cnré- 
ten.  B  Elle  demanda  ensuite  :  «  Comment 
ps4u  venu  ici?  »  Il  répondit  :  «J'ai  fait  nau- 
frd(;^  car  tel  était  le  bon  plaisir  de  Dieu,  mais 
j'en  suis  échappé  et  je  suis  venu  en  cette 
▼ilie.  »  El  elle  dit  ;  «  Veux-tu  me  servir  et 
travailler  k  chauffer  les  bains?  je  te  fourni- 
rai ce  qui  est  nécessaire  pour  le  besoin  de 
ton  corps.  »  Il  répondit  gu'il  le  voulait  bien, 
et  elle  me  dit  :  «c  Et  toi,  d*où  es-tu?  »  Jean 
répondit  :  «  Il  est  notre  frère.  »  Alors  Romé- 
cadil:  «Il  sera  nécessaire  pour  verser  l'eau.  » 
et  elle  nous  conduisit  dans  les  bains, et  elle 
chargea  Jean  de  chauffer  la  chaudière  et  moi 
de  verser  l'eau,  et  elle  nous  donnait  chaque 
jour  trois  onces  de  pain,  et  elle  nous  pro- 
mettait dans  Tannée  ce  qui  était  nécessaire 
à  notre  corps. 

Le  quatrième  j'our  après  que  nous  fûmes 
entrés  en  fonction,  Jean,  mon  maître,  était 
occupé  à  entretenir  le  feu,  et  comme  il  s'ac- 
quittait assez  mal  de  cet  emploi,  Romeca 
enira  et,  après  lui  avoir  dit  des  injures  et 
ravoir  frappé,  elle  lui  adressa  des  menace^ 
dans  le  cas  où  il  ne  ferait  pa$  mieux  son 
ouvrage.  Moi,  Prochore,  de  l'endroit  où  je 
répandais  Peau,  j*entendis  tout  ce  que  Ro- 
meca avait  dit,  et  comme  elle  avait  traité 
mon  maître  avec  inhumanité,  je  fus  gran- 
dement troublé;  je  me  tus  cependant,  et  je 
ne  proférai  pas  un  seul  mot  ;  mais  mon 
roattre  sachant,  par  révélation,  que  j'étais 
triste  à  cause  de  lui,  me  dit  :  «  Mon  fils  Pro- 
chore, lorsque  le  sort  m'assigna  l'Asie,  mon 
Âme  hésita,  et  j'éprouvai  une  grande  peine  : 
j'ai  éprouvé  un  naufrage,  et  toi,  ainsi  que  ceux 
qui  étaient  avec  nous,  vous  avez  eu  le  même 
sort  è  cause  de  moi  ;  je  suis  resté  pendant 
quarante  jours  le  jouet  des  vagues  irritées, 
jusqu'à  ce  que  Dieu,  mon  Seigneur  et  mon 
Maître,  contre  lequel  j'avais  péché,  eut  bien 
voulu  me  ramener  à  terre,  et  tu  te  laisserais 
troubler  par  les  paroles  insultantes  d'une 
femme,  te  laissant  agiter  par  de  vaines  ten- 
tations 1  Marche  dans  l'accomplissement  du 
devoir  qui  l  est  imposé,  et  execute-le  fidèle- 
roenl;  car  Notre-Seigneur  Jésus-Christ, 
créateur  de  toutes  choses,  a  été  souiBeté  et 
flagellé  par  sa  créature,  et  notre  pieux 
Maître  nous  a  donné  un  exemple  de  pa- 
tience, aûn  que  nous  soyons  résignés  dans 
toutes  nos  souffrances,  selon  la  recomman- 
dation qu'il  nous  a  faite,  lorsqu'il  a  dit: 
you$  posséderez  vo$  âmes  dans  la  pa*- 
«tence(î66).  » 

Jean  ayant  dit  ces  choses^  je  m'occupai  de 
louvrafçe  que  Romeca  m'avait  commandé. 
£t  étant  venue  de  nouveau,  elle  demanda 
^Ç  qui  était  nécessaire  à  nos  corps.  Et  Jean 
ait  :  «Nous  avons  en  quantité  suffisante  ce 

'  P66)  lue.  XXI,  19. 


qui  est  nécessaire  &  nos  corps,  et  nous  nous 
appliquons  avec  zèle  à  Touvrage  dont  nous 
sommes  chargés.  »  —  «  Et  comment  se  fait* 
il,  »  dit-elle,  «  que  chacun  ici  vous  signale 
comme  des  maladroits.  >»  Jean  répondit: 
«  C'est  que  nous  n'avons  jamais  eu  à  nous 
livrer  à  une  occupation  de  ce  eenre,  et  qu*it 
est  difTicile  de  bien  faire  ce  quon  commence 
è  faire  pour  la  première  fois;  mais  si  nous 
persistons,  nous  deviendrons  habiles  :  en 
tout  métier  on  ne  saurait,  dès  le  début, 
agir  habilement  et  sans  commettre  d'er- 


reur, k 


Lorsqu'il  eut  ainsi  parlé,  la  femme  se 
retira.  Mais  le  diable  qui,  dès  le  commence- 
ment, cherche  à  nuire  aux  bons,  se  trans- 
forma sous  les  trails  de  cette  femme,  et  il 
vint  frapper  rudement  Jean,  en  lui  adres- 
sant de  violentes  injures  et  lui  disant:  «  Je 
t  avais  confié  une  lâche  que  tu  n'as  pas  su 
remplir  ;  je  ne  veux  plus  te  garder  ;  fais  de 
plus  en  plus  chauffer  la  chaudière  pour  que 
je  te  jette  au  milieu.  »  Et  arrachant  le  man« 
teau  qui  couvrait  Jean,  il  dit  en  multipliant 
ses  menaces  :  «  Si  tu  ne  veux  pas  que  je 
t'ôte  la  vie,  sors;  je  n'entends  pas  que  tu  nie 
serves  davantage,  v  Mais  Jean,  inslruil  par 
Tesprit  de  Dieu  que  c'était  le  démon  qui 
habitait  dans  ces  bains,  invoqua  le  nom 
de  Jésus -Christ,  et  le  mil  aussitâl  en 
fuite. 

Et,  un  matin,  Romeca  vint  et  dit  i  Jean  : 
tfOn  dit  que  tu  t'acquittes  mal  de  ta  be- 
sogne, mais  je  sais  qu'on  parle  ainsi  afin 
que  je  te  rende  la  liberté ,  et,  je  n'entends 
})as  que  tu  me  quittes  ainsi;  si  tu  veux  l'ea 
aller,  je  le  priverai  violemment  d'un  de  ces 
membres  qui  te  sont  le  plus  nécessaires.  » 
Jean  ne  lui  répondit  rien.  Et  alors  la  femme 
voyant  combien  il  était  patient  etrésigni^,  se 
mil  è  le  presser  durement  vi  à  se  fâcner,  et 
elle  dit:  «Tu  n*agis  pas  comme  mon  es* 
clave,  mais  comme  un  homme  litire;  que 
réponds-tu?  est-ce  que  tu  ne  reconnais  pas 
que  lu  es  mon  esclave  ?  réponds-m^i  donc.» 
Jean  dit  :  «Il  est  vrai  que  nous  sommes  les 
esclaves;  j'enlretiens  le  feu,  et  Prochore 
verse  l'eau.  »  Et  Romeca  était  alors  liée  avec 
un  homme  de  loi,  et  elle  alla  vers  lui  et  lui 
dit  :  «  Mes  parenls  m'ont  autrefois  laissé  des 
esclaves  qui,  s'élanl  enfuis,  ont  été  retrou- 
vés après  bien  des  années  ;  mais  j'ai  perdu 
les  lilres  de  leur  achat  ;  ils  sont  venus  vers 
moi,  puis-je  renouveler  ces  litres  d'achats?» 
Et  il  répondit  :  «  S'ils  ne  refusent  pas  de 
convenir  qu'ils  sont  des  esclaves  que  tes 

f)arenl$  t'ont  laissés,  tu    peux  renouveler 
es  titres,  eux  étant  présents  et  disant:  Nous 
sommes  tes  esclaves.  » 

El  Jean  sachant  ,  par  la  révélation  de 
l'esprit  de  Dieu,  ce  qui  se  passait,  me  dit 
«  Mon  fils  Prochore ,  la  femme  que  nous 
servons  veut  nous  faire  avouer  que  nous 
sommes  ses  esclaves,  et  si  nous  en  conve- 
nons, elle  s'est  déjà  assurée  de  témoins 
dignes  de  foi,  pour  recevoir  notre  déclara- 
tion, et  elle  aura  un  acte  authentique  oui 


m 


DICTIONNAmE  DES  AFOCRYPHES. 


rcs 


nous  mettra  en  sa  servitude.  Ne  fafilige  pas 
de  cela,  mon  fils,  mais  réjouis-toi  de  ce  que 
nous  avons  été  jugés  dignes  de  souCfrir 
Toutrage  pour  le  nom  de  Jésus-Christ.  »  Et 
tandis  que  Jean  me  parlait  ainsi,  voici  que 
Romeea  vint,  et  elle  prit  Jean  par  la  main,  et 
elle  se  mit  à  le  battre,  et  elle  dit  :  «  Esclave 
fugitif,  pourquoi,  lorsque  ta  maîtresse  vient, 
n'accours- tu  pas  au-devant  d*elle  et  ne  la 
reçois-tu  pas  avec  le  respect  que  tu  lui  doisT 
Tu  crois  pouvoir  retrouver  la  liberté,  mais 
tu  resteras  soumis  à  ta  maîtresse  ;  »  et  elle  le 
frappait  au  visage  pour  Teffrayer  et  pour 
qu  il  nt  sa  volonté  ,  et  elle  disait  :  «Est-ce 
que  tu  ne  me  répondras  pas?  est-ce  que  tu 
n*es  pas  mon  esclave?» 

Jean  lui  répondit:  «Je  t'ai  déjà  dit  que 
nous  étions  tes  esclaves  ;  j*allume  le  feu,  et 
Prochore  verse  Teau.  »  Uomei;a  répondit  : 
<«  De  qui  es-tu  IVsclave,  esclave  fugitif?  »  Et 
Jean  dit:  «  Pourquoi  veux-tu  que  nous  di- 
sions de  qui  nous  sommes  esclaves  ?  i>  El 
elle  dit  :  «  Dites,  nous  sommes  tes  escla- 
ves.» Ft  Jean  dit:  «Nous  t*avons  déjà  dit, 
et  nous  reconnaîtrons  par  écrit,  que  nous 
sommes  tes  esclaves.  »— «  Je  veux,  »  dit-elle, 
«  que  ce  soit  attesté  par  votre  aveu  devant 
trois  témoins. »Et  Jean  répondit  :  «  Ne  diffère 
pas,  aujourd'hui  même  nous  ferons  ce  que 
tu  demandes.  »  El  Romeea,  .sortant  du  quar- 
tier du  temple  de  Diane,  nous  conduisit 
devant  des  témoins,  et  fit  mettre  nos  décla- 
rations par  écrit,  et  nous  chargea  chacun 
d'une  besogne  particulière.  Kl  maintenant 
•parlons  de  ces  bains. 

CHAPITRE  111. 

Lorsqu'on  les  construisit,  on  dit  que  les 
démons  déployèrent  eu  cette  occasion  tous 
leurs  artifices,  car,  au  moment  où  Ton  en 
creusait  les  fondements,  ils  persuadèrent  h 
quelques  enchanteurs  d*y  iaire  ensevelir 
vivante  une  jeune  fille,  et  ils  dirent  aue  cela 
porterait  bonheur  à  Tédifice ,  mais  il  en  ad- 
vint tout  autrement  ;  car  le  diable  séjournait 
en  ce  lieu  et  il  se  jouait  des  hommes,  et  trois 
fois  dans  Tannée,  il  étoufi'ait  dans  ces  bains 
un  jeune  homme  ou  une  jeune  fille.  Un  ha- 
bitant d*Ephèse,  nommé  Dioscoride,  avait 
observé  à  quelle  époque  ce  malheur  se  re- 
nouvelait habituellement.  Il  avait  un  fils 
Agé  de  vingt  ans  et  d*une  grande  beauté  ;  le 
démon  lui  tendait  des  embûches,  dierchant 
è  l'étrangler.  Il  vint  un  jour  aux  bains  ac- 
compagné de  ses  serviteurs,  et  j'étais  là, 
tenant  le  \ase  nécessaire  pour  remplir  mes 
fonctions.  Mais  le  démon  immonde  s'élan- 
çant  subitement,  Tétraii^la  et  retendit  mort, 
et  SOS  serviteurs  se  relirèrent  plei  s  d'elfroi 
et  de  di'solaiion,  disant:  «Hélas!  malheu- 
reux que  nous  sommes,  que  ferons*nous, 
car  notre  maîire  est  mort?  r  Et  lorsque  Ro- 
meea apprilcela,  elle  dénoua  les  rubans  qui 
ornaient  sa  tète,  et  elle  s'arracha  les  che- 
veux, et  elle  poussait  de  grands  cris,  disant: 
«  Malheur  à  moi,  misérable  1  que  dirar-je  à 
mon  seigneur  Dioscoride  lorsqu'il  appren- 
dra que  son  fils  unique  est  mort?  O  grande 
Diane  des  Ephésicns,  viens  à  notre  aide; 


montre  ta  puissance  à  l'éçard  de  ce  ieune 
homme;  nous  tous,  habitants  d'Ephèse, 
hommes  ou  femmes,  nous  reconnais^oDs 
que  tu  gouvernes  toutes  choses,  et  d.- 
grands  prodiges  s'accomplissent  par  ton 
entremise  ;  écoute  ta  servante,  et  rends  le 
fils  de  mon  maître,  afin  que  tous  ceux  qui 
espèrent  en  toi  sachent  combien  ton  pou- 
voir est  étendu;  rends -nous  ce  jeune 
homme  et  répare  ce  malheur,  parce  que 
tu  es  la  déesse  véritable,  et  qu  il  n'y  a  pat 
de  dieu  plus  i>uissant  que  toi  » 

Et  après  qu*elle  eut  arraché  ses  cheveux, 
et  Tut  restée  dans  cette  désolation  depuis  la 
troisième  heure  iusqu'à  la  neuvième,  une 
grande  foule  s'était  rassemblée;  les  uns 
pleuraient  le  jeune  homme,  cl  les  autres 
s*afiligeaient  à  cause  de  Romeea. 

Et  tandis  que  cela  se  passait,  Jean  ayant 
accompli  sa  tâche,  vint  à  moi  et  me  dit: 
«  Mon  fils  Prochore,  que  dit-on  de  cet  évé- 
nement?» El  quand  Romeea  vil  que  nous 
parlions  ensemble,  avant  que  je  n  eusse  eu 
le  temps  de  répondre,  elle  -vint  et  sai^a 
Jean,  et  elle  lui  dit:  «Esclave  fu^tif,  le> 
maléfices  dont  tu  as  usé  depuis  le  jour  que 
tu  es  venu  auprès  de  nous  sont  enfin  dé* 
couverts  ;  c'est  à  cause  de  toi  que  la  grande 
Diane  m*a  abandonnée.  Ou  tu  me  rendr^^ 
le  fils  de  mon  maître  Dioscoride,  ou  je  t*A(erai 
la  vie  à  cette  heure.  »  Jean  répondit  :  «Qui 
est-ce  qui  t'est  arrivé,  maîtresse?  racome- 
le  moi.  »  Elle^pleura  de  fureur,  se  mit  à  le 
frapper  et  à  dire  :  «  Méchant  serviteur, 
prompt  à  manger  et  paresseux  quand  il  fati 
travailler,  est-oe  que  tous  les  habitants  d'E- 
pbèse  ne  savent  pas  ce  qui  est  arrivé,  et  que 
tu  es  venu  vers  moi,  et  tu  te  réjouis  en 
m'insultant  et  en  feignant  d'ignorer  que  le 
fils  de  Dioscoride,  mon  maître,  est  mort  dans 
les  tjains?»  Alors  Jean  s'éloigna  d*el!(*, 
n'ayant  aucun  ressentiment  ni  aucune  peioe 
pour  ce  qu'il  avait  éprouvé,  et,  un  mouient 
après,  il  entra  dans  les  bains,  et  il  en  cbas>d 
Tesprit  immonde,  et  par  la  puissance  de 
Jésus -Christ  Notre -Seigneur,  il  rappeia 
TAme  dans  le  corps  du  jeune  homme,  et  il 
sortit  des  bains,  tenant  ce  jeune  homme  par 
la  main,  et  il  le  conduisit  à  Romeea,  et  il 
lui  dit  :  «  Reçois  le  fils  de  ton  maître.* 
Quand  elle  le  vil,  elle  fut  frappée  de  ter- 
reur, et  elle  tomba  à  terre  comme  morte  ci 
privée  de  sentiment.  Jean  la  prenant  par  U 
main,  la  releva  doucement,  et  elle  était  tel* 
lement  troublée  à  Taspect  d'un  aussi  granJ 
miracle,  qu'elle  resta  immobile  comme  une 
pierre,  et  que  ce  ne  fut  qu*après  un  espace 
de  deux  heures  qu'elle  reprit  tout  à  fait  ses 
sens.  El  elle  n'osait  regarder  le  vîsai;e  de 
Tapôtre  :  mais,  remplie  a*une  confusion  ex- 
trême, elle  pensait  en  elle-même  :«  Com- 
ment oserai-je  lever  les  yeux  sur  celui  dont 
j*ai  fait  mou  esclave  lorsqu'il  ne  rétsil  1^5. 
et  contre  lequel  j  ai  avancé  des  mensonges* 
il  ne  méritait  aucun  mauvais  Iraiiemeut*  n 
je  le  frappais  sans  cesse.  0  malheureu^^c  ! 
qu'ai-je  Ifaii?  ô  mortl  je  l'invoque,  viens  r» 
absorbe  une  misérable  telle  quemoi.  «l-i 
derechef;  tombant  en  pâmoison,  clic  se  j(^> 


769 


PRO 


PART.  III.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


770 


par  terre  ;  et  Jean,  la  voyant  ainsi  changée, 
la  prit  par  la  main,  la  releva  et  la  munit  du 
siç;ne  Je  la  croii  sainte.  Et  revenue  h  elle, 
elle  tomba  aux  pieds  de  Tapôtre  en  pleurant, 
et  en  disant  :  «  Je  le  le  demande  avec  ins- 
tance, dis-nous  qui  tu  es,  car  je  suis  sûre 
que  tu  es  dieu  ou  fils  de  dieu,  puisque  tu 
opères  de  tels  prodiges.  « 

Jean  lui  répondît:  a  Je  ne  suis  ni  dieu, 
ni  Ois  de  dieu,  mais  je  suis  le  disciple 
du  Seigneur  Jésus- Christ,  Fils  du  Dieu 
vivant,  et  j'ai  reposé  sur  sa  poitrine,  et  j'ai 
entendu  de  lui  les  mystères  que  je  l'an* 
nonce;  si  tu  crois  en  lui,  lu  seras  sa  ser- 
vante, comme  je  suis  son  esclave.»  Alors 
Romeca,  couverte  de  rougeur  et  de  honte, 
dit  à  TapAtre  Jean  :  «  Himirae  de  Dieu,  je  te 
prie  d'oubtier  tous  les  torts  q.uej*aiensà 
ton  égard  ;  pardonne-moi  de  l'avoir  frappé, 
maltraité  et  injurié,  et  surtout  de  ce  que, 
usant  de  faux  témoignages  à  ton  égard  et  à 
celui  de  ton  compagnon,  j'ai  menti,  car  j'ai 
dit  que  vous  étiez  mes  esclaves.»  Jean  lui 
dit  :  «Crois  au  Père,  au  Fils  et  au  Saint-Es- 
prit, et  tes  fautes  le  seront  remises.  » 

Romeca  répondit  è  l'apôtre:  «  Homme  de 
Dieu,  je  crois  tout  ce  que  j'entendrai  de  ta 
bouche.  9  Et  tandis  que  cela  se  passait,  une 
fou^e  très-nombreuse  s'était  réunie,  et  un 
des  serviteurs  de  Dioscoride  courut  lui  an- 
noncer ce  que  Jean,  l'homme  de  Dieu,  avait 
accompli,  et  comment  son  fils  était  mort  dans 
le  bain,  et  comment  Jean  Tavait  ressuscité, 
et  comment  une  grande  multitude  de  peuple 
Tenibrassait  revenu  à  la  vie.  Lorsque  Dios- 
coride apprit  la  mort  de  son  fils,  saisi  aus- 
sitôt de  douleur  et  d'effroi,  il  expira.  Kl  celui 
qui  lui  avait  apporté  celle  nouvelle  revint 
aux  bains  où  Jean  enseignait,  et  où  était 
éc^alement  le  fils  de  Dioscoride,  et  il  s'écriait: 
■  Hélas I  Dioscoride,  mon  mat:re,  est  mort.» 
Lorsque  Théon,  fils  de   Dioscoride,  eut 
appris  le  trépas  de  son  père,  il  se  leva  aus- 
sitôt, et,  quittant  Jean,  il  courut  vers  son 
père,  et  il  le  trouva  sans  vie,  et  étendu  par 
terre.  Et  il  retourna  vers  Jean,  livré  à  une 
ioière  douleur,   et  se  jetant  aux  pieds  de 
Vapôtre,  il  dit:  «  O   bonmie  de  Dieu,  toi 
()ui  m*as  rappelé  à   la  vie  après  ma  mort, 
je  te  conjure  de  venir  à  mon  secours,  car 
luon  père  a  expiré  aussitôt  qu'il  a  appris  ma 
mort;  ne  force  pas  celui  que  tu  as  arraché 
au  trépas  d'éprouver  de  nouveau  la  mort  en 
succombant  à  sa  douleur.  »  El  Jean,  qui  é:ait 
plein  de  bonté,  lui  dit  :  «  Ne  te  troubles  pas , 
ô  Théon,  car  la  mort  de  ton  père  sera  la  vie 
pour  lui  et  pour  toi.  »  Et  prenant  Théon  par 
la  main,  il  lui  dit:  «Allons  vers  ton  père 
Dioscoride.  »  Romeca  le  suivait,  ainsi  qu  une 
grande  foule  de  gens  livrés  à  la  douleur  et 
versant  des  larmes.  Et  Théon  introduisit 
Jean  auprès  deson  père,  et  Jean,  lui  prenant 
la  main,  lui  dii:  «  Dioscoride,  lève-loi,  je  te 
le  dis  au  nom   de  Noire-Seigneur    Jésus- 
^brist,Filsdu  Dieu  vivant ;»etaussitdlDios- 
îiovide  se  releva  plein  do    vie  ;  et  la  foule 


des  assistants,  ayant  vu  ce  miracle,  louait  Fa 
grandeur  de  Dieu;  mais  il  y  en  avait  parmi 
eux  qui  disaient  que  Jean  était  ma^irien  ; 
d*autres,  d'un  jugement  plus  sain,  affirmaient 
que  les  magiciens  n'avaient  pas  le  pouvoir 
de  ressusciter  des  morts. 

Lorsque  Dioscoride  fut  revenu  h  lui,  il 
dit  à  Jean  :  «  N'est-ce  pas  toi,  homme  de 
Dieu,  qui  as  ressuscité  mon  fils  d'entre  les 
morts?  »  Jean  répondit  :  «  Ce  n'est  ftas  moi 
qui  Tai  ressuscité,  c'est  Jésus-Christ,  Fils 
de  Dieu,  qui  prêche  par  ma  bouche,  qui  l'a 
ressuscité.  »  Et  aussitôt  Dioscoride,  tom- 
bant à  ses  pieds,  dit  :  «  Que  faut  il  que  je 
fasse  pour  que  je  sois  sauvé  et  que  jo  de- 
vienne l<î  serviteur  de  Jésus-Christ,  Fils  de 
Dieu  ?  l'Jean  lui  répondit  :  ^Crois  au  nom  du 
Père,  et  du  Fils  et  du  Saint-Esprit,  et  reçois 
le  baptême.  »  Et  Dioscoride  dit  à  Jean  : 
ff  Mon  fils  et  moi,  nous  remettons  en  tes 
mains  tout  ce  que  nous  possédons.  » 

Jean  répondit  :  «  Ces  biens  terrestres  ne 
sont  nécessaires  nia  mon  Dieu,  ni  à  moi.»  Et 
depuis  cette  heure  Dioscoride  et  Théon  sui- 
virent Jean  ;  il  les  enseignait,  disant  :  a  Dieu 
qui  étend  sa  miséricorde  sur  tous,  a  envoyé 
sur  la  terre  sofi  Fils  qui  est  né  de  la  Vierge 
Marie,  qui  a  soufifert,  qui  est  mort  et  qui  a 
été  enseveli,  qui  est  descendu  aux  enfers, 
et  qui,  en  arrachant  les  fiJèies  et  triomphant 
de  la  mort  (767),  est  ressuscité  le  troisième 
jour;  après  sa  rc'surreclion,  il  a  apparu  pen« 
dant  quarante  jours  à  nous,  ses  douze  apô- 
tres ;  il  a  mangé  et  bu  avec  nous,  et  il  nous 
a  commandé  d  aller  prêcher  l'Evan^i'e  dans 
le  monde  entier;  il  nous  a  donné  puissance 
sur  toutes  choses,  nous  mettant  à  même  de 
guérir  toutes  les  maladies,  de  ressusciter  les 
morts,  de  chasser  le  démon ,  et  de  baptiser 
les  hommes  pour  la  rémission  des  péchés. 
Et  non-seulement  il  nous  a  accordé  cette 
puissance,  maisil  l'a  aussi  donnéeà  ceux  qui 
croient  en  lui  par  notre  prédication,  et  sur- 
tout è  ceux  qui,  distingués  par  la  ferveur 
de  leur  zèle,  seront  aptes  à  nous  seconder 
dans  le  saint  ministère.  Ceux  qui  ue  croient 
pas  seront  condamnés.  » 

Et  Jean  ayant  terminé  son  discours,  Dios- 
coride et  son  fils  s'a}mrochèrent  de  lui,  le 
priant  de  les  baptiser.  El  Jean  leur  dit  :  aQue 
Dieu  te  reçoive  ainsi  que  ton  fils.  »El  tandis 
qu'il  parlait  encore,  voici  que  Romeca  ap- 
porta les  actes  qu'elle  avait  fait  dresser  pour 
constater  notre  servitude,  et  elle  les  remit  à 
mon  maître  Jean,  et  il  les  déchira  aussitôt.  Et 
ensuite  il  baptisa  Dioscoride  dans  sa  mai- 
son, ainsi  que  son  fils  Théon,  et  Romeca.  Et 
lorsque  nous  sortions  de  chez  Dioscoride, 
nous  vînmes  aux  bains  où  nous  avions  été 
employés  comme  esclaves,  et  Jean  chassa  de 
tout  le  territoire  l'affreux  démon  qui  ava  t 
étranglé  Théon,  et  Dioscoride  nous  ramena 
ensuite  en  sa  maison,  et  nous  nous  mtmes 
à  table,  rendant  grâces  èi  Dieu  ;  nous  man- 
geftmes  et  nous  bûmes,  et  nous  restftmes 
avec  lui  jusqu'au  soir. 

(767)  H  est  inutile  de  faire  observer  que  ce  passage  rappelle  les  récits  conicnus  dans  rEvaogile  df 
AioMlèiue. 


771 


DICTIONNAIRE  DES  AlHKilYPHËS. 


**4 


CHAPITRE  IV. 

Le  lendemain  matin  toute  la  ville  (l*Epbèse 
eélébrait  laf&te  de  Diane,  et  la  foule  se  ren- 
dait au  temple  où  Tidole  de  Diane  s'éle- 
vait à  une  grande  hauteur.  Jean  vint  et 
Dnonla  au  temple,  et  il  se  plaça  à  la  droite 
de  ridole,  et  tes  habitants  venant  pour  sa- 
crifier étaient  revêtus  de  robes  blanches  ; 
Jean  qui  avait  gardé  les  vêtements  salis  avec 
lesquels  il  travaillait  dans  les  bains»  se  fai- 
sait reman]uer,  et  les  Ephésiens,  remplis 
d'indii^nation  et  de  colère,  prirent  des  pier- 
res pour  les  lui  jeter,  mais,  par  la  puissan- 
ce divine,  les  pierres  quUls  lançaient  contre 
Tapôtre,  se  dirigeaient  contre  la  statue  de 
Diane,  de  sorte  qu'elle  fut  toute  brisée;  et 
eux,  voyant  qu'aucune  des  pierres  qu'ils 
lançaient,  ne  pouvait  loucher  Jean,  grin- 
çaient des  dents,  et  plusieurs  de  ceux  qui 
voyaient  ce  spectacle  riaient. 

CHAPITRE  V. 

Lorsqjue  Tidole  se  fut  brisée  en  tombant, 
Jean  dit  aux  Ephésicns  :  «  Hommes  d'Ë|ihô* 
se,  pourquoi  vous  livrez-vous  à  de  pareilles 
folies  en  rendant  un  culte  aux  démons  et 
en  abandonnant  le  vrai  Dieu,  auteur  du 
inonde  entier  et  votre  créateur?»  Dieu  pro- 
tégeait alors  son  apôtre  Jean  contre  la  colère 
desEphésiens,  et  aucun  d'entre  eux  ne  pou- 
vait mettre  les  mains  sur  lui;  et  Joan  leur 
dieait  :  «  Voici  que  votre  déesse  est  détruite, 
et  qu'elle  a  été  brisée  par  les  pierres  que 
vous  vouliez  lancer  contre  moi;  relevez*la 
et  rétablissez-la,  comme  elle  était  et,  si  elle 
C  quelque  pouvoir,  priez-la  d'exercer  sa 
vengeance  contre  moi  qui  ai  été  la  cause  de 
sa  ruine  ;  qu'elle  donne  quelcrue  témoignage 
de  sa  puissance  qui  m'amène  a  croire  qu'elle 
est  une  déesse  ;  autrement  il  sera  évident 
que  votre  déesse  n'a  aucun  pouvoir.» 

Les  Ephésiens,  entendant  ces  paroles,  fu- 
rent remplis  de  fureur,  et  ils  voulaient  de- 
t^chef  jeter  des  pierres  à  l'apôtre,  mais 
les  pierres  retombaient  sur  eux,  et  ils  se 
blessaient  mutuellement.  Et  Jean,  les  voyant 
animés  d'une  rage  comme  celle  des  démons, 
et  se  frappant  les  uns  les  autres,  leur  dit: 
<  O  hommes  d'Ephèse,  pourquoi  exercez- 
vous  votre  fureur  les  uns  contre  les  au- 
tres? arrêtez-vous  et  voyez  la  terrible  puis- 
sance du  vrai  Dieu  que  vous  provoquez 
contre  vous  par  vos  excès  ;  car  vous  regardez 
Comme  de  la  folie  la  parole  que  je  vous  ai 
apportée  pour  votre  salut;  arrêtez-vous  donc, 
et  regardez  avec  attenlion.  » 

Alors  l'apôtre  étendit  sa  main  vers  l'O- 
rient en  gémissant,  etildit:«Seigneur  Jésus- 
Christ  qui  agis  selon  ta  miséricorde  et  ta 
compassion,  montre  à  ces  hommes  aue  tu 
es  le  vrai  Dieu  et  qu'il  n'y  a  pas  d  autre 
pieu  que  toi.  »  Et  quand  il  eut  parlé  ainsi, 
il  se  ut  un  grand  tremblement  de  terre,  et 
quatre-vingts  hommes  périrent,  et  les  au- 
tres, voyant  ce  qui  s'était  passé,  tombèrent 
aux  pieds  de  Jean,  disant  :  «  Seigneur,  nous 
te  prions  de  faire  revenir  ces  morts  à  la 
vie,  et  nous  croirons  en  ton  Dieu  que  tu 
nous  prêches.  »  Jean  leur  répondit  :  «  Hom- 


mes d'Kpbèset  vous  avez  le  cœur  dur  et  leot 
à  croire  au  vrai  Di6a;je  sais  que,  si  ces  morts 
Ressuscitent,  votre  ccwr  restera  endurci, 
ainsi  que  t'a  été  celui  de PbariOQ après  qoil 
eut  vu  des  miracles  et  des  prodiges.  »  Toute- 
fois les  Ephésiens  persévéraient  à  le  prier  eo 
faveur  de  ceux  qui  avaient  péri  et  ils  se 
prosternaient  devant  l'apôtre.  Alors  Jean,  se 
rendant  à  leur  demande,  leva  le^  yeux  bm 
ciel,  et  resta  longtemps  dans  le  silence,  en 
gémissant  et  en  versant  des  larmes,  et  il 
dit  :  8  Seigneur  Jésus-Christ,  qui  es  toujours 
le  vrai  Dieu  avec  le  Père,  toi  qui  es  des- 
cendu sur  la  terre,  pour  sauver  le  genre 
humain,  écoute  les  prières  de  ton  serviteur 
qui  t'implore,  et  remets  les  péchés  de  tud 

f  peuple;  fais  que  ceux  qui  sont  morts  en  ce 
ieu  reviennent  à  la  vie,  afin  qu'ils  apprennent 
que  tu  es  le  Dieu  véritable,  et  qu'ils  croient 
en  toi  qui  m'as  envoyé,  et  accorde-moi,  è 
ton  serviteur,  le  don  de  leur  prêcher  fidè- 
lement ta  parole.  »  Et  quand  Jean,  le  ser- 
viteur de  Dieu,  eut  parlé  ainsi,  le  trem- 
blement de  terre  cessa,  et  les  morts  qui 
gisaient  par  terre  se  relevèrent,  et  tombant 
aux  pieds  de  Jean,  ils  voulaient  l'adorer; 
mais  Jean  se  mit  à  leur  annoncer  la  divi- 
nité unique  du  Père,du  Filsetdu  Saint-Esprit 
qu'ils  devaient  adorer,  et  que  les  trois  per- 
sonnes n'ont  qu'une  seule  substance,  et  il 
leUr  enseij^na  beaucoup  d'autres  choses  que 
nous  omettons  d'écrire  dans  ce  livre. 

CHAPITRE  VI. 

Dioscoride  nous  conduisit  ensuite  cnez 
lui  et,  après  y  être  restés  quelque  temps, 
nous  nous  rendîmes  en  un  ondroit  qui  e^t 
appelé  le  rempart  do  la  ville,  et  nous  y 
trouvâmes  un  homme  qui  était  hoitecx  et 
paralytique  depuis  douze  ans  et  que  son 
infirmité  mettait  hors  d'état  de  se  mouvoir; 
lorsquil  vit  Jean,  il  se  mit  à  crier  à  haule 
voix  :  «  Aie  pitié  de  moi,  Jean,  apôtre  du 
Dieu  vivant.  »  Et  Jean  reconnaissant  qu'il 
avait  la  foi,  lui  dit  :  «  Au  nom  du  Père, 
et  du  Fils,  et  du  Saint-Esprit,  lève-toi,  » 
et  aussitôt  le  malade  se  leva,  parCaiitement 
guéri. 

CHAPITRE  VIL 

Hais  le  démon  qui  habitait  dans  le  tem- 
ple de  Diane,  voyant  ce  qu'avait  fait  Jean 
et  que  l'idole  était  brisée  et  qu'il  avait  été 
expulsé  de  la  ville,  prit  la  forme  d*ua  soldât 
ayant  en  sa  main  des  papiers,  et  il  s*is$it 
en  un  lieu  élevé,  et  il  criait  avec  force  et 
il  pleurait.  Deux  soldats  passèrent  par  làr 
et  vo;fant  un  homme  revêtu  du  costnnîe 
militaire  qui  criait  et  qui  pleurait,  ils  s'ap*. 
prochèrent  en  disant  :  «  Ami,  qu*as-tu,  et 
quelle  est  la  cause  de  ta  douleur?  >  Lui 
ne  répondait  rien,  mais  il  continuait  se$  e\« 
clamations,  et  répandant  toujours  des  nleurs, 
il  tenait  des  papiers  falsiliés.  Et  ils  lui  di- 
rent derechef  :  «  Apprends-nous  le  motif 
de  ton  trouble,  et  si  nous  le  pouvons,  nous 
y  porterons  remède.  » 

Continuant  de  gémir  et  de  manifester  la 
plus  vive  aiQiction,  il  répondit  :  «  Je  sui> 


75 


PRO 


PART.  111.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


774 


accablé  de  désespoir  et  je  son^e  à  me  donner 
ta  mort.  Si  tous  voulez  venir  à  mon  aide» 
je  vous  raconterai  tout  ce  qui  m*est  arrivé  ; 
si  vous  ne  le  voulez  pas»  pourquoi  vous 
revélerai-je  lé  secret  de  ma  mort  ?  9  Les 
si^ldals  lui  répondirent  :  «  Ton  aspect  et  ton 
costume  montrent  que  lu  es  un  homme  ho- 
norable; tu  peux  savoir  si  nous  sommes 
en  mesure  de  te  secourir  ou  non.  »  Le 
démon  leur  répondit  :  «  Vous  le  pouvez  • 
Et  les  soldats  lui  dirent  alors  :  «  En  quoi 
pouvons-nous  t*assister?  »  Le  démon  leur 
dit  :  «  Jurez-moi  par  la  grande  Diane  que 
vous  ne  me  refuserez  pas  votre  secours,  et 
je  vous  raconterai  tout  ce  qui  m*est  arrivé» 
et  montrez-vous  bienveillants  à  mon  égard» 
car  je  suis  un  étranger  ;  je  vous  en  aurai 
une  reconnaissance  infinie,  et  vous  m*aurez 
sauvé  la  vie.  »  Les  soldats  jurèrent  de  Tas* 
sister  dans  son  infortune  et  de  lui  prêter. 
tout  leur  appui.  Alors  le  démon  leur  mon- 
tra des  anueaux  d*or  et  leur  dit  :  ^  O  mes 
amis  fidèles,  voici  ce  qui  vous  est  réservé 
pour  vous  dédommager  de  vos  peines.  «  Les 
soldats  redoublèrent  d'instances  auprès  de 
lui  et  lui  disaient:  «Raconte-nous,  ami» 
la  suite  de  tes  malheurs.  »  Alors  le  dé- 
mon, en  pleurant  et  en  hurlant»  leur  fit 
le  récit  suivant  : 

«  Je  suis  arrivé  de  Césarée  ;  le  gouverneur 
de  Jérusalem  avait  confié  à  ma  garde  deux 
magiciens»  Tun  s'appelait  Jean  et  l'autre 
Prochore.  Je  les  gardai  trois  jours  en  prison; 
le  quatrième  jour,  ils  furent  conduits  devant 
le  juee  et  ils  furent  convaincus  d'avoir  com- 
mis des  crimes  nombreux.  Le  juge  voyant 
aueile  était  leur  scélératesse»  ne  voulut  pas 
décider  lui-même  de  ce  qu'il  fallait  faire  à 
d'aussi  grands  coupables  et  il  ordonna  qu'ils 
fussent  ramenés  en  prison.  Je  les  j  condui- 
sis, mais  ils  trouvèrent  moyen  de  s'évader» 
et  le  juge  l'ayant  appris»  m'ordonna  de  me 
mettre  à  leur  poursuite»  m'annonçant  qu*ii 
me  pardonnerait,  si  je  les  retrouvais,  mais 
que  si  je  ne  les  ramenais  pas»  il  faudrait 
que  je  subisse  la  mort  oû  que  je  ne  revinsse 
jamais  en  Judée.  Je  sais  quelle  est  la  co- 
lère qui  anime  le  juge  contre  ces  malfai- 
teurs, et  je  n'oserai  jamais  reparaître  devant 
lui  si  je  ne  les  ramène  pas.  »  Et  le  démon 
leur  montra  derechef  des  anneaux  d'or  di- 
sant :  «  Void  ce  que  j'ai  emporté  de  mon 
pays  avec  moi  afin  de  ne  pas  être  sans  res- 
sources, »  et  il  montra  des  actes  supposés 
qu'il  disait  contenir  leurs  aveux  ;  il  ajouta 
qu'il  avait  entendu  dire  à  beaucoup  de  gens 
que  les  fugitifs  étaient  à  Ephèse;  «  c'est 
pourquoi,  dit- il,  j'y  suis  venu  comme  un 
exilé,  abandonnant  mon  pays,  ma  femme  et 
mes  enfants.  Je  vous  prie  donc,  vous  qui 
voulez  bien  ra'accorder  votre  amitié»  de  ne 
pas  refuser  votre  appui  à  un  malheureux 
et  de  ne  pas  me  priver  de  votre  assis- 
tance. > 

Les  soldats  lui  répondirent  :  «  Ne  te  laisse 
pas  accabler  par  la  douleur  et  no  te  fais 
aucun  mal  à  toi-même.  Ces  magiciens  sont 
ici,  et  nous  te  prêterons  notre  secours  pour 
que  tu  te  saisisses  çi'eux.  »  Le  démon  ré- 


pondit :  «  Je  n'ose  pas  me  montrer  à  eux 
cai  le  crains  quMls  ne  m'échappent  encore 
par  les  ressources  de  leurs  sortilèges»  mais 
TOUS»  6  mes  amis»  attirez-les  plutôt  dans 
quelque  lieu  écarté»  et  tuez-les  sans  que 
personne  le  sache.  «  Mais  ils  lui  répondi« 
met  :  «  Il  vaut  mieux  que  nous  les  remet- 
tions entre  tes  mains;  car  si  nous  les  tuons, 
comment  pourras-tu  retourner  en  ton  pays?» 
Le  démon  dit  :«  Tuez-les,  6  mes  amis;  je 
n'ai  plus  aucune  envie  de  revenir,  »  et  il 
en  fit  tant  par  ses  paroles  aue  les  soldats 
lui  promirent  de  les  tuer  a  condition  de 
recevoir*  pour  leur  récompense»  les  anneaux 
d*or  çiuMl  avait  avec  lui. 

Mais  Jean  connut  toutes  ces  choses  par 
la  révélation  de  l'Esprit  de  Dieu,  et  il  sut 
tout  ce  que  le  démon  immonde  machinait 
contre  nous,  et  il  me  dit  :  «  Mon  fils  Pro- 
chore» sache  que  le  démon  qui  habite  dans 
le  temple  de  Diane  a  suscité  deux  soldats 
contre  nous  et  qu'il  leur  a  dit  beaucoup 
de  mensonges.  Dieu  m'a  fait  savoir  tout 
ce  qu*il  a  dit.  Maintenant  sois  ferme  et  pré- 
pare ton  âme  à  la  tentation,  parce  que  le 
démon  dirige  contre  nous  beaucoup  de  ma- 
chinations et  qu'il  nous  fatiguera  par  des 
tribulations  multipliées.  »  Et  lorsque  l'a- 
pôtre eut  dit  ces  paroles,  les  soldats  vinrent 
et  se  saisirent  de  nous»  et  Dioscoride  était 
alors  absent.  Et  Jean  leur  dit  :  «  De  quoi 
nous  accusez-vous,  et  pourquoi  voulez-vous 
vous  emparer  de  nos  personnes?  »  Ils  ré« 

f>ondirent  :  <  A  cause  de  vos  nombreux  ma- 
éfices;  »  et  Jean  dit  :  «  Qui  est-ce  qui  est 
notre  accusateur  ?»  Et  ils  dirent  :  «  Laissez- 
vous  conduire  à  la  prison,  et  vous  verrez 
ensuite  quel  est  votre  accusateur.  »  Alors 
Jean  dit  :  «  Vous  ne  pouvez,  ni  ne  devez 
exercer  aucune  violence  contre  nous»  »  mais 
ils  commencèrent  à  nous  frapper  et  nouscon- 
duisirentdansla  maison  d'un  habitant  de  la 
ville,  ayant  le  dessein  de  nous  tuer»  selon 
la  promesse  qu'ils  avaient  faite  au  démon.* 
Romeca,  sachant  qu'ils  s'étaient  emparés  de 
nous»  accourut  auprès  de  Dioscoride,  lui 
racontant  ce  qui  se  passait.  Et  Dioscoride 
vint  aussitôt,  et  il  nous  délivra  de  leurs 
mains»  disant  :  «  II  ne  vous  est  pas  permis 
de  mener  en  prison  des  hommes  contre 
lesquels  il  n'y  a  aucune  accusation  ;  ils  sont 
avec  moi  dans  ma  maison;  si  quelqu'un 
veut  les  accuser»  qu'il  vienne»  afin  qu'ils 
soient  jugés  selon  les  lois.  >  Alors  les  soldats 
dirent  entre  eux  :  «  Allons  et  amenons  leur 
accusateur  qui  exposera  devant  le  juge  ses 
justes  sujets  de  plainte.  Nous  ne  serions 
guère  écoutés»  Dioscoride  s'opposant  à  nous» 
et  nous  aurions  de  la  peine  à  l'emporter 
sur  lui.  M  Ils  revinrent  donc  k  l'eiulroit 
où  ils  avaient  d'abord  rencontré  le  démon; 
et  ne  le  trouvant  pas,  ils  furent  tout  trou- 
blés et  saisis  d'inquiétude»  et  ils  disaient  : 
«  Comment  ferons-nous,  puisque  nous  ne 
le  retrouvons  plus?  Si  Dioscoride  trouve 
que  nous  n'avons  pas  dit  la  vérité  et  si 
nous  sommes  hors  d'état  de  prouver  ce  que 
nous  avons  avancé,  il  pourra,  comme  il  pos- 
sède une  grande  autorité»  nous  faire  châtier 


775 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


TA 


très-sérèrement.  I»  El  tandis  qu*iis  parlaient 
ai'isi,  le  démon  vint  à  eux,  revêtu  comme 

(précédemment  d'un  costume  militaire,  et  il 
eur  dit  en  les  réprimandant  :  «  Vous  man- 
quez de  courage  pour  me  servir.  »  Mais  il 
lui  racontèrent  tout  ce  qu  ils  avaient  fait, 
et  comment  Dioscoride  nou3  avait  délivrés 
d'entre  leurs  mains,  et  ils  dirent  :  «  Si  tu 
vior.s  avec  nous,  il  faudra  bien  qu*on  nous 
les  r*»nd«,  »— oAllons,»  dil-il,  et  ilallait  der- 
rière eux,  criant  et  hurlant;  la  foule  s'at- 
troupa autour  d'eux,  et  le  démon  racontait 
tout  ce  q'J*il  avait  déjà  dit  aux  soldats,  et 
les  soldais  coidinnaient  son  témoij^nage,  et 
les  auditeurs  furent  tO'is  remplis  de  colère, 
et  il  y  avait  parmi  eux  beaucoup  de  Juifs. 
Et  ils  se  rendirent  à  la  demeure  de  Dios- 
coride, frappant  fortement  aux  portes  et 
criant: «Livre-nous  ces  magiciens,  ou  nous 
mettons  le  feu  à  ta  maison,  et  nous  te  fe- 
rons périr,  toi  et  ton  Hls.»  £t  la  ville  entière 
était  soule?ée  et  criait  :  «  Remets-nous  ces 
malfaiteurs  ;  lors  même  que  tu  serais  le 
gouverneur»  tu  n'aurais  pas  le  droit  de  les 
protéger.  » 

Jean,  voyant  tout  ce  tumuite,  dit  è Diosco- 
ride :  «  Nous  méprisons  les  biens  de  ce 
monde,  et  nous  n'avons  aucun  attachement 
pour  nos  l'orps  ;  Jésus-Christ  est  notre  vie, 
et  la  mort  est  f)0ur  nous  un  proQt  ;  notre 
Maître  nous  a  enseigné  h  porter  chaque  jour 
notre  croix  et  è  le  suivre  ;  livre-nous  donc 
au  peuple.  »  Dioscoride,  entendant  ces  pa- 
roles, répondit  à  Jean  :  «c  Que  plutôt  ma 
maison  soit  détruite  par  le  feu,  et  que  mon 
fds  et  moi,  nous  vous  suivions  afin  de  ga- 
gner Jésus-Christ,  p  Jean  répondit  :  «c  Ni 
toi,  ni  ton  fils,  ne  devez  à  cette  heure  souf- 
frir le  moindre  mal,  et  pas  un  des  cheveux 
de  votre  tète  ne  doit  périr  :  livre-nous  à  cette 
foule.  »  Dioscoride  répondit  :  «  Si  je  voua 
livre,  je  livrerai  aussi  mon  fils.  >  Jean  dit  : 
«  Il  est  heureux  que  cette  foule  se  soit  ras- 
semblée, car  ce  rassemblement  produira  de 
grands  t)iens  ;  laisse-nous  sortir  en  sûreté  ; 
reste  dans  ta  maison  avec  ton  fils,  et  vous 
verrez  la  gloire  de  Dieu.  »  Et  aussitôt  que 
nous  fûmes  sortis,  la  foule  se  saisit  de  nous 
et  nous  conduisit  au  temple  de  Diane.  El 
lorsque  nous  fûmes  arrivés  au  temple,  Jean 
dit  a  ceux  qui  nous  tenaient  :  «  Haljitants 
d'Ephèse,  quel  est  ce  temple?  n  Et  ils  ré- 
pondirent :  «  C*est  le  templo  consacré  à 
Diane,  notre  grande  déesse.  »  Alors  il  dit  ; 
«  Ri3Stons-y  un  peu  ;  je  me  réjouis  beaucoup 
d'y  avoir  été  conduit.  »  Et  quelques-uns  des 
assistants  disaient  :  «  Il  est  avantageux  pour 
nous  d'être  ici,  puisque  Jean  lui-même  en 
convient.  »  Ils  s'arrêtèrent  donc,  et  Jean 
pria  et  dit  :  «  Seigneur  Jésus,  que  ce  temple 
s'écroule  et  tombe  entièrement,  et  que  per- 
sonne ne  périsse  ou  ne  soit  blessé  dans  sa 
tbute.  » 

Et  aussitôt  le  temple  s'écroula ,  et  per- 
sonne n*eut  le  moindre  mal.  Alors  Jean  se 
retourna  vers  le  démun  qui  habitait  en  ce 
lieu,  et  lui  dit  :  tf Pendant  combien  de  temps, 
esprit  impur,  es-tu  resté  dans  ce  temple?  » 
Et  le  démon  répondit  :  «  J'y  ai  fait  mon  do- 


micile pendant  deux  cent  quarante  an<.  • 
Et  Jean  lui  dit  :  «  N'est-ce  pas  toi  qui  a« 
excité  contre  nous  des  soldats  et  qui  as  Un 
soulever  le  peuple?  »  Et  le  démon  en  coa* 
vint.  Alors  Jean  lui  dit  :  «  Je  tecoromanie 
au  nom  de  Jésus-Christ  te  Nazaréen  de  ne 
plus  habiter  dans  ce  temple.  ^  Et  au  ^\u)[ 
le  démon  sortit  de  la  ville  d'Ephèse.  Et  tous 
les  habitants  furent  frappés  de  surprise,  el 
ils  se  disaient  entre  eux  :  «  Nous  ne  savons 
par  quel  artifice  cet  homme  a  fait  ces  choses, 
mais  il  faut  que  nous  le  conduisions  au  j.i^ip 
de  la  ville,  et  qu'il  soit  puni  selon  la  loi.»  Et 
un  d'eux,  nommé  Marnon,  de  race  juive, 
dit:  0  Je  sais  qu'il  est  un  magicien  ainsi  que 
son  compa^inon,  et  qu'ils  ont  commis  beau* 
coup  de  méfaits;  il  convient  donc  qu'ils  p»S 
rissent  comme  des  malfaiteurs,  a  Et  Marnon 
exhortait  tes  assistants,  non  à  nous  faire  ju- 
ger, mais  à  nous  mettre  immédiatement  ) 
mort,  avant  que  nous  eussions  été  men-s 
devant  le  juge  ;  la  foule  s'y  refusa  cependant 
et  nous  amena  devant  le  juge,  qui  dit  :  «  De 
quel  crime  sont  accusés  les  nommes  que  vous 
m'amenez?  >  Et  les  assistants  répondirent  : 
fi  Ce  sont  des  magiciens  et  des  malfaiteurs.  • 
Le  juge  dit  alors  :  «  Qu'est-ce  qu'ils  ont 
effectué  par  leur  art  magique?  »  Et  Marnon 
dit  qu'ils  avaient  par  leurs  sortilèges  ren- 
versé le  temple  de  Diane,  et  qu'un  soldat 
qui  était  venu  de  Jérusalem,  les  accusait  et 
les  connaissait  comme  étant  des  magiciens 
et  qu'il  avait  leurs  aveux  à  cet  égard.  Et  le 
juge  répondit  :  «  Que  ce  soldat  vienne  et 
qu'il  nous  fasse  connaître  la  vérité.  »  Et  il 
nous  fit  charger  de  chaînes  et  renfermer  dans 
la  prison.  Les  soldats  parcoururent  toute 
la  ville  pour  retrouver  celui  qui  leur  avait 
l^arlé,  mais  après  trois  jours,  n  ayant  pu  le 
découvrir,  ils  revinrent  vers  le  juge,  disant: 
«  Nous  ne  pouvons  rencontrer  cet  homme 
qui  a  une  connaissance  certaine  de  leurs 
maléfices.  »  Le  juge  dit  :  «  Nous  ne  pouvons 
punir  des  étrangers  contre  lesquels  il  ne  se 
présente  ni  accusateurs  ni  documents,  et 
nous  ne  saurions  les  retenir  en  prison.  •  Il 
ordonna  donc  que  l'on  nous  tirAt  dn  cacli^'t 
où  nous  étions,  et  nous  fit  des  menaces,  nous 
ordonnant  de  sortir  &e  la  ville.  Et  les  habi- 
tants nous  poursuivirent,  et  nous  nous  reti- 
râmes sur  le  rivage  de  la  mer,  à  reodroit 
oiï  Jean  avait  été  jeté  par  la  tempête,  etnous 
y  restâmes  trois  jours,  et  il  nous  fut  ensuite 
permis  de  rentrer  à  Ephèse. 

CHAPITRE  VIU. 

Sur  ces  entrefaites,  Domitien  suscita  .1 
seconde  persécution,  et  tandis  que  Jean  était 
à  Ephèse,  Tempereur  adressa  au  proconsa! 
de  cette  ville  une  lettre,  disant  :  «  Nous 
avons  appris  qu'il  y  avait  chez  vous  un 
nommé  Jean,  fils  de  Zébédée,  qui  passe  pour 
Chrétien  et  pour  le  disciple  de  ce  Nazaréen 
que  les  Juifs  ont  crucifié  à  cause  de  sri 
crimes;  qu'il  renonce  à  son  erreur  et  qu'il 
vive,  ou  qu'il  périsse  s'il  y  persiste.  •  Le 
proconsul  envoya  des  soldats  pour  faire  ar- 
rêter Jean,  et,  suivant  l'arrêt  de  l'emi^ereur, 
il  l'avertit  de  renier  Jésus-Cfarist  et,  de  eu* 


777 


PRO 


PART.  lU.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


77$ 


5er  de  prêcher  TEvangile.  Maiç  J«an  lui  ré- 
pondit :  «  Loin  de  moi  de  jamais  renier  le 
nom  si  doux  de  mon  Seigneur,  nom  auquel 
tout  genou  se  fléchit  et  que  toute  langue 
coafesse  ;  il  vaut  mieux  obéir  à  Dieu  qu'aux 
hommes  à  cauisç  de  la  grande  gloire  de  sa 
Majesté,  et  de  la  gloire  qu'il  a  promise  a 
ceux  qui  l'ainaenl.  Je  ce  renierai  pas  Jésus- 
Christ  qui  est  mon  Maîlre  et  qui  m'a  aimé, 
et  je  ne  cesserai  pas  de  prêcher  l'Evangile 
de  son  nom,  jusqu'à  ce  que  le  cours  du  mi- 
nisière qu'il  m'aconûé soitacconpU. ^ Lors- 
que le  proconsul  entendit  les  paroles  de 
rapôlre,  son  visage  changea  par  l'excîès  de 
sa  colère,  et  il  dit  à  Jean  :  «  Comment 
es- tu  parvenu  h  une  démence  telle  que 
lu  excites  contre  toi  la  colère  de  l'empe- 
reur? »  et  il  ordonna  aussitôt  qu'on  renfer- 
mât dans  la  prison,  en  disant  :  «  Il  ne  faut 
pas  laisser  en  liberté  ceux  qui  se  révoltent 
contre  le  urince  et  qui  méprisent  les  lois.  » 

CHAPITRE  IX. 

Le  proconsul  écrivit  à  Domilien,  au  sujet 
de  Jean,  une  lettre  ainsi  conçue  :  ^  A  Dorai- 
tien  César,   toujours  auguste,  le  proconsul 
d'Ephèse.  Que  la  majesté  sacrée  sache  au 
sujet  de  Jean,  fils  de  Zébédée,  concernant 
lei|uel  tu  nous  as  écrit  qu'il  est  venu  en 
Asie,  et  qu'il  a  prêché  le  Christ  crucifié,  qu'il 
affirme  être  le  vrai  Dieu  et  le  Fils  de  Dieu; 
il  déprécie  le  culte  de  nos  dieux  invincibles, 
et  il  renverse  les  temples  vénérables  qui  ont 
été  érigés  par  nos  ancêtres.  Comme  il  se 
livrait  à  la  magie,  violant  ainsi  les  édits  ita- 
périaux,  et  comme  par  ses  artifices  et  sps 
prédications,  il  attirait  tout  le  peuple  d'E- 
phèse  au  culte  d'un  homme  mort  et  cruci- 
tié,  nous,  enflammés  de  zèle  pour  l'honneur 
des  dieux  immortels,  nous  avons  ordonné 
qu'il  fût  amené  devant  notre  tribunal,  pour 
(pi'il  cessât  do  prêcher  et  qu'il  offrît  aux 
dieux  des  libations  qui  leur  fussent  agréa- 
bles. Comme  il  nous  a  été  impossible  de 
l'y  déterminer,  nous  transmettons  ces  nou- 
Telles  è  ta  majesté  impériale,  afin  qu'elle 
nous  bs^e  savoir  ce  qu  elle  détermine  dans 
sa  sagesse  suprême  au  sujet  de  ce  rebelle, 
el  nous  l'exécuterons  fidèleQ(ient.  » 

CHAPITRE  X. 

Domitien  disputait  alors   à  Rome  avec 
Marcel  et  avec  Lin  au  sujet  de  l'avénemeot 
de  Jésus-Christ,  et  comme  il  vit  qu'il  ne 
pouvait  les  convaincre,  il  fut  rempli  de  co- 
lère, et  ue  fut  en  ce  moment  qu'on  lui  pré- 
senta les  lettres  du  proconsul  au  sujet  de 
Jean;  il  se  mita  les  lire,  et,  de  plus  ea  plus 
irrité,  il  orçlonna  au  proconsul  de  faire  par* 
lir  Jean  d'Ephèse  et  de  l'envoyer  à  Rome  en- 
chaîné. Le  proconsul  y  recevant  l'ordre  <l€ 
l'empereur,  Ut  enchaîner  Jean  et  le  conduis- 
sit  avec  lui  à  Rome  sous  une  escorle  de  sol- 
dais. Quand  Domilien  apprit  aon  arrivée, 
cet  empereur  impie  ne  voulut  pas  voir  le 
visage  de  l'apAire,  et  il  copamanda  .au  pro- 
consfil  de  faire  conduire  Jean  devant  la  porte 
latine  et  de  le  faire  jeter  tout  vivant  dans 
^ne  cuY^  d'huile  bouillaate,  après  l'avoir 

DicTioNN.  DES  Apocryphes, 


feit  flageller  et  lui  avoir  fait  couper  les  che- 
veux, afin  de  le  montrer  ignominieusement 
i)u  peuple.  Le  proconsul  commanda  de  dé- 
pouiller l'apôtre  et  de  le  fouetter  cruelle- 
ment après  lui  avoir  rasé  la  tête  ;  et  les  lic- 
teurs firent  ce  qui  leur  était  prescrit. 

CHAPJiTRE  XL 

Le  sénat  romain  se  réunit  ensuite  avec  le 
proconsul  et  avec  le  peuple  devant  la  porte 
Latine,  et  Tordre  fut  donné  d'apportir  un 
tonneau  rempli  d'huile  bouillante  dans  le- 
quel le  bienneureuxap6tre  Jean  fut  jeté  la 
veille  des  Nones  de  mau  nu,  flagellé  et  traité 
avec  ignominie,  mais  protégé  par  la  grâce 
divine   de  Noire-Seigneur  Jésus-Christ,  il 
sortit  de  cette  huile  enflammée  et  bouillante 
comme  un  athlète  plein  de  vigueur,  et  sans 
avoir  ressenti  la  moindre  brûlure;  la  protec- 
tion du  SeigneiK  qui  ranimait  fit  qu  il  n'é- 
prouva aucun  mal,  et  qu'il  se  montra  plein 
de  force  et  de  vigueur.  Les  fidèles  qui  étaient 
présents  pleuraient  de  joie,  et  élevaient  leur 
voix  vers  le  ciel,  louant  la  constance  apos* 
tolique  et  le  mérite  de  Jean  l'Evangéliste.  £t 
les  adorateurs  de  Jésus-Christ,  qui  étaient 
devant  la  porte  Latine,  construisirent  une 
église,  la  déUiont  sous  le  nom  de  Jean.  Dieu 
se  servit  d'un  tyran  cruel  pour  arriver  à  ses 
desseins ,  et  de  même  que  Jeén  et  Pierre 
avaient  été  compagnons  par  leurs  vertus  et 

I^ar  les  miracles  qu'ils  avaient  faits,  de  môme 
a  volonté  du  Seigneur  était  qu'ils  lais- 
sassent à  Rome  le  souvenir  de  leur  triomphe. 
La  porte  Vaticane  était  devenue  triomphale 
et  célèbre  à  cause  de  la  croix  de  Pierre,  la 
porte  Latine  doit  aussi  son  renom  au  ton- 
neau de  Jean.  £t  le  proconsul  voyant  que 
TapOtre  élait  sorti  de  l'huiliB  sans  avoir  de 
mal ,  et  oint  comme  un  intrépide  athlète  de 
Jésus-Christ,  fui  frappé  de  stupeur,  et  il  lui 
aurait  rendu  la  liberté  s'il  n'avait  pas  craint 
le  courroux  de  l'empereur.  Domitien  défen- 
dit au  proconsul  de  faire  davantage  torturer 
Jean,  et  lui  commanda  de  le  garder  jusqu'à 
ce  qull  eût  statué  à  son  égard. 

CHAPITRE  XIL 

Après  que  ces  choses  se  furent  passées, 
le  Seigneur  apparut  à  Jean,  et  lui  dit  :  «  11 
faut  que  tu  retournes  à  Ephèse,  et  au  bout  de 
trois  mois,  tu  seras  envoyé  en  exil  à  Path- 
mos;  celte  ville  a  grandement  besoin  de 
toi,  et  après  que  tu  y  auras  beaucoup  semé, 
tu  la  convertiras  à  moi.  »  Nous  entrâmes 
donc  de  nouveau  à  Ephè:>e,  et  les  idoles  qui 
restaient  furent  brisées,  et  il  n'y  avait  pas 
un  temple  à  Ephèse  d*où  !a  souillure  des  si» 
mulacres  des  faux  dieux  n'eût  été  enlevée. 
L'apôtre  Jean  fit  ces  miracles  à  Ephèse  avant 
d'être  exilé,  et  il  eut  beaucoup  à  souffrir  de 
Ja  part  des  Juifs,  des  Grées  et  des  Romains, 
que  le  diable  suscitait  xoittre  ooos.  Kt  lei» 
,prétres  et  les  magistrats  d'Ephèse  écrivirent 
à  Domitien  une  autre  l^l^e  ^insi  conçue  : 

CHAPITRÇ  XyllL 

«  Lf's  habitants  d'Ëphèse  k  DemMen,  son- 
verain  de  l'univers.  Nous  te  prions  <le  noua 

89 


779 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


:îo 


venir  en  aide,  car  des  hommes,  sortis  de  la 
Judée»  et  qu'on  nomme  Jean  et  Prochore, 
sont  venus  jeter  le  trouble  dans  notre  ville, 
y  prêchant  une  doctrine  nouvelle,  et  ils  ont 
détruit,  parleurs  artifices  magiques,  tous  les 
temples  de  nos  grands  dieux.  Nous  te  fai- 
sons savoir  ces  choses  pour  que,  diaprés  tes 
ordres,  nous  exécutions  ta  volonté  à  leur 
ég/ird.  9  L'empereur  ayant  vu  ces  lettres, 
ordonna  que  nous  fussions  exilés,  et  il  écri- 
vit en  ces  termes  : 

CHAPITRE  XIV. 

«  Domitieu  César,  aux  magistrats  et  aux 
habitanls  de  la  ville  d'Ephèse.  Nous  voulons 
que  ces  scélérats  et  ces  impies  magiciens, 
nommés  Jean  et  Prochnre,  soient  exilés;  no- 
Ire  clémence  les  a  trop  longtemps  épargnés, 
mais,  maintenant  qu'ils  insultent  les  dieux 
immortels,  il  n'est  pasjusle  qu'ils  restent  au 
milieu  de  ceux  qui  honorent  les  dieux.  Nous 
ordonnons  qu'ils  soient  relégués  à  Pathmos, 
tl'abord,  parcequ'ils  sonllesennemisdu culte 
des  dieux  ,  ensuite,  parce  au*ils  méprisent 
nos  lois  et  qu'ils  se  jouent  de  nos  édiis;  il 
faut  qu*ils  apprennent,  en  éprouvant  de 
grandes  souffrances,  à  respecter  la  gran- 
deur des  dieux  et  à  ne  pas  mépriser  notre 
autorité,  i» 

Cet ordredeCésarélant parvenu  à  Eph^se, 
les  magistrots  nous  jetèrent  dans  les  chaînes, 
rnon  mattre  Jean  et  moi,  et  ils  nous  frappè- 
rent, nous  insultant  et  disant  :  «  Est-ce  là  le 
séducteur  qui,  par  ses  maléfices,  commet 
tantde  crimes?»Etcentsoldats furent  envoyés 
pour  nous  garder.  Non-seulement  ils  gar^ 
rottèrent  Jean  l'apôtre  et  Tévangéliste,  l'ami 
de  Dieu,  mais  encore  ils  le  frappèrent,  en 
J'accahiant  d'injures,  et  ils  nous  conduisirent 
ensuite  au  navire. 

CHAPITRE  XV. 

Lorsque  hous  fûmes  entrés  dans  le  navire, 
les  soldats  nous  commandèrent  de  nous  as- 
seoir au  milieu  du  bâtiment,  et  ils  nous 
donnèrent  pour  notre  nourriture  six  onces 
de  pain  et  un  petit  vase  plein  d'eau,  avec  un 
peu  de  vinaigre.  Jean  ne  prenait  par  jour 
que  deux  onces  de  pain  et  la  huitième  partie 
de  sa  portion  d'eau,  et  il  me  laissait  le  reste. 
Losqu'arriva  la  troisième  heure  du  jour,  les 
soldats  s*assirent  pour  m;mger,  et  ils  avaient 
en  abondance  des  vivres  et  de  la  bnisson  de 
bonne  qualité.  Après  avoir  mangé,  ils  se 
mirent  à  jouer.  Et,  tandisqu'ils  dansaient  et 
qu*ils sautaient,  un  d'eux,  un  jeune  homme, 
courant  sur  le  bord  du  navire,  tomba  à  la  mer. 
Son  père,  qui  était  aussi  sur  le  navire,  se  li- 
vra à  un  désespoir  exlrème,  et  il  se  serait 
volontiers,  lui  aussi,  précipitée  la  mer,  si  on 
ne  l'avait  retenu.  Et  quelques-uns  des  sol- 
dats et  des  officiers, .  venante  l'endroit  où 
Jean  était  atlach'é,  et  voyant  qu'il  oe  pleurait 
pas,  lui  dirent  :  «  Nous  pleurons  tous  à 
c^use  du  malheur  qui  est  survenu^et  tu  res- 
tas sans  donner  aucun  signe  de  regret?  » 
L*ap6tre  leur  dit  :  •  Que  vouiez-vousqueje 
fasaepourvousTvEt  ils  rét>ondirent:  «  Aîde- 
uous,  si  tu.  )^  peux  ;  «  car  ils  avaient  entendu 


prier  des  nombreux  miracles  qu'il  aratt 
faits  à  Ephèse. 

Jean  dit  à  l'un  d'enx  :  «  Que)  Dieu  adore** 
tu?  »et  il  répondit  :  «Apollon,  Ju  non,  Rerrulp 
etBacchus;»etàun  autre: «El  toi, quels sr-nt 
tes  dieux  ?»  et  il  répondit  :  «  Esculape  et  la 

5rande  Diane  des  Ephésiens.  »  Il  intermgpK 
gaiement  les  autres,  et  chacun  d'eux  tii 
connaître  ses  erreurs,  et  Jean  leur  dit  :  «  De< 
dieux  aussi,  nombreux  ne  peuvent  donc  m 
aider,  ni  secourir  voire  compagnon,  et  i!* 
sont  hors  d'état  de  vous  assister  dans  vos  em- 
barras et  dans  vos  chagrins?  ^  lis  lui  répon)*- 
rent  :  «  C'est  parce  que  nr>as  sommes  im- 
mondes devant  eux,  qu'ils  ont  permis  «|u«: 
nous  éprouvions  ce  malheur.  »  Jean  tes 
laissa  dans  l'affliction  jusqu'à  la  troisièint* 
heure  du  jour  suivant ,  et  ensuite,  émudt* 
compassion  pour  celui  qui  avait  péri,  et  (co- 
ché de  la  douleur  de  tous  les  assistants,  il 
dit  :  «  Lève-toi,  mon  Gis  Prochore,  et  donn^ 
moi  la  main,  h  car  il  était  accablé  par  le  [H)i.(s 
de  ses  fers.  Je  me  levai  et  je  lui  tendisla 
main,  et  il  monta  dans  une  partie  élevée  du 
navire,  et  il  pleura  amèrement,  et  il  dit  à 
la  mer  :  «  Au  nom  du  Fils  de  Dieu  qui  a 
marché  sur  toi  à  pied  sec  et  pour  lequel  jo 
porte  ces  chaînes,  comme  étant  son  esclave, 
rends-nous  sain  et  sauf  le  jeune  homme  que 
tuas  englouti.  > 

Dès  que  Jean  eut  prononcé  ces  mots,  il 
s^éieva  aussitôt  un  orage,  et  les  vagues  Grent 
un  grand  bruit, de  sorte  que  ceux  quiélaienl 
à  bord  du  navire,  se  croyant  dans  un  |»énl 
imminent,  craignirent  d'être  submergés;et 
une  vague  énorme,  tombant  surlenavh'ejeu 
le  jeune  homme  sain  et  sauf.  Tous  ceux  qw 
virent  ce  prodige ,  se  prosternèrent  aui 
pieds  de  Jean,  disant  :  «  Vraiment  ton  Dieu 
est  le  Dieu  du  ciel  et  de  la  terre,  etlecriM- 
teur  de  toutes  les  créatures;  »  ils  détachèrent 
alors  leschntncs  qui  liaient  le  bienheureux 
apôtre,  et  nous  restâmes  avec  eux  en  irè»* 
bon  accord. 

CHAPITRE  XVI. 

Nous  arrivâmes  ensuite'auprès  d'an  châ- 
teau devant  lequel  s'arrêta  notre  navire,  ei 
nous  y  séjournâmes  jusqu'au  coucher  du  so- 
leil. Lorsque  ceux  qui  étaient  descendus  à 
terre  furent  revenus,  nous  partîmes,  el  vers 
la  cinquième  heure  de  la  nuit,  il  s*élevaune 
tempête  terrible,  et  le  navire  était  en  gnnd 
danger  de  se  briser,  de  sorte  que  la  mon 
était  devant  les  yeux  de  nous  tous.  El  du 
des  hommes,  qui  étaient  à  bord,  vinrent  vers 
Jean,  disant  :  «  Apôtre  du  Dieu  vivant,  i«m 
qui,  sauvant  notre  camarade  des  périls  de 
la  mer,  nous  l'as  rendu  vivant,  et  I  as  resti- 
tué à  son  malheureux  père,  prie  ton  dm 
afin  au'il  apaise  cette  tempête,  pour  que  nous 
ne  périssions  pas.  >  L'apOtre  leur  dît  :  <  Tai- 
sez-vous, et  que  chacun  de  vous  se  tienne 
tranquille  à  sa  place.  »  Tous  gardèrent  le 
silence,  mais  les  vagues  s'agitant  de  phi^ 
en  plus»  ils  se  mirent  à  crier  :  «'Aie  J)iti<^ 
de  nous,  apôtre  de  Jésûs-Christ  ;  »  ineur 
répondit  :  «  Taisoz*vous;  ce  navire  ne  pé- 
rira pas,  et  pas  un  d'entre  vous  n^  perUra 


781 


PRO 


PART,  m.-- LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


7St 


un  cheveu  de  sa  lôte.  »  Il  se  leva  ensuite  et 
dil:<0  mer»  l'apôtre  de  Jésus-Christ  te  com- 
mande aii  nom  de  Jésus-Christ,  calme-loi 
et  reste  tranquille.  »  £t  aussitôt  la  mer  de- 
TJnl  parfaitement  calme,  et  tous  furent  rem- 
plis d'étonnemant. 

CHAPITRE  XVII. 

Après  avoir  navigué  durant  trente  jours 
et  autant  de  nuits,  nous  arrivâmes  à  Epi- 
(laure,  où  habitait  te  Juif  Marnon  qui  avait, 
à  plusieurs  reprises,  soulevé  les  Ephésiens 
contre  nous.  Et  quand  il  nous  vit  assis  dans 
le  navire,  il  dit  à  ceux  qui  étaient  avec  nous: 
«Qui  sont  ces  hommes  qui  se  trouvent  avec 
TOUS, k  bord  de  cebAtimenl?  »  Ils  répondi- 
rent :  «  Ce  sont  des  Chrétiens,  et  ils  nous  ont 
sauvés  d*un grand  péril  pendant  notre  navi- 
gation. «Marnon  demanda  :«  Comment  s*ap- 
peiienl-ils?  i>  Et  nos  compagnons  répondi- 
rent :  «  L'un  d*eux  se  nomme  Jean  et  son 
disciple  s'appelle  Prochore.  »  Marnon  monta 
alors  sur  le  navire,  et  se  mita  crier  :  «  Que 
faites-vous  ici,  ô  magiciens,  haïs  de  Dieu  et 
des  hommes  7  »  L'un  des  envoyés  du  roi,  qui 
était  avec  les  soldats  charsés  de  nous  garder, 
réprimanda  Marnon,  en  disant^:  «  Pourquoi 
profères-tu  de  semblables  paroles  contre  des 
hommes  saints?  Nous  les  gardons,  et,  sui- 
vant l'ordre  du  roi,  nous  les  conduisons  à 
l'iie  de  Palhmos.  )» 

Lorsqu'il  eut  parlé  ainsi,  Marnon  descen- 
dit de  la  poupe,  et  déchirant  ses  vêtements, 
il  criait  :  «  Mes  frères,  qui  résidez  avec 
moi  à  Epidaure,  aidez-moi  tous.  »Et,  comme 
Marnon  était  riche  et  qu'il  avait  de  grands 
biens,  une  foule  nombreuse  s'empressa  au- 
tour de  lui,  et  demanda  la  cause  de  ses  cla* 
meurs.  «  C'est,  »  répondit-il,  «  parce  qu'il 
est  arrivé  en  cette  ville  des  magiciens  qui 
sont  souillés  de  crimes,  et  qui  ont  infligé  de 
grands  maux  aux  habitants  d'Ephèse.  Ils 
sont  venus  ici  pour  nous  faire  souffrir  les 
mêmes  peines.  Venez  donc  avec  moi,  vous 
tous  qui  habitez  Epidaure,  mettons  le  feu  au 
navire,  et  (jue  ces  magiciens  périssent.  » 

Les  habitants  crurent  aux  paroles  de  Mar- 
non, et  voulurent  brûler  le  navire  qui  nous 
portait.  Mais  les  envoyés  de  l'empereur, 
voyant  la  mauvaise  volonté  qui  se  manifes- 
tait contre  nous,  dirent  :  «  Habitants  d'Epi- 
daure,  prenez  garde  de  rien  faire  contre  ces 
hommes;  nous  les  conduisons  en  exil  à 
Palhmos,  selon  l'ordre  de  l'empereur  Domi- 
tien  qui  a  commandé  qu'ils  y  fussent  relé- 
gués.» Les  habitants  d'Ëpidaure  s'arrêtèrent 
alors  dans  leur  entreprise,  et  on  leur  mon- 
tra les  lettres  scellées  du  sceau  impérial,  et 
ils  dirent  :  «  Pourquoi  ne  frappez-vous  pas 
r«s  hommes  de  vos  épées,  aOn  qu'ils  ne  vous 
échappent  point  par  leurs  artifices,  et  qu'ils 
se  se  dérobent  à  vos  mains,  ce  qui  attirerait 
sur  vous  la  colère  de  l'empereuri  Ce  sont  des 
hommes  fort  dangereux,  très-habiles  dans 
la  magie,  et  ils  ont  fait  périr  beaucoup  de 
monde  par  leurs  maléfices  ;  celui  qu'on  ap- 
pelle Jean  est  un  fourbe  digne  de  tous  les 
supplices,  n  Nos  gardiens  étaient  étonnés  de 
ces  paroles,  car  Marnon  les  avait  égarés  par 


ses  paroles  trompeuses,  et  il  les  pria  de  man- 
ger avec  lui.  Quand  le  repas  fut  fini,  ils  em- 
brassèrent Marnon,  et  ils  revinrent  furieux 
sur  le  navire;  oubliant  les  bienfaits  que  mon 
maître  Jean  leur  avait  accordés,  ils  le  lièrent 
avec  de  lourdes  chaînes  de  fer,  et  ils  nous 
remirent  au  régime  qui  nous  avait  d'abord 
été  imposé. 

CHAPITRE  XVIll. 

Nous  partîmes  d'Ëpidaure  et  nous  arrivâ- 
mes h  Myrrha,  où  nous  fûmes  retenus  sept 
jours,  à  cause  de  la  maladie  d'un  des  soldats, 

3ui  souffrait  beaucoup  de  la  dyssenterie  et 
'un  flux  de  sang,  et,  le  huitième  jour,  il 
s'éleva  une  querelle  entre  nos  gardiens.  Les 
uns  disaient  qu'il  n'était  pas  à  proposque  nous 
nous  arrêtassions  plus  longtemps,  parce  qu'il 
fallait  accomplir  1  ordre  qui  avait  été  donné, 
et  achever  le  voyage  commencé;  sinon  on 
s'exposerait  à  être  taxé  de  négligence  et  pu- 
ni. Les  autres  répondirent  qu'il  n*était  pas 
juste  d'abandonner  un  camarade  dans  une  si- 
tuation fâcheuse  qui  ne  lui  permettait  pas 
de  supporter  les  fatigues  de  la  mer,  et  qu*il 
fallait  attendre  quelques  jours,  pour  voir  ce 
qu'il  deviendrait. 

Jean,  voyant  que  cette  discussion  se  pro- 
longeait sans  résultat,  me  dit  :  «  Mon  fils 
Prochore,  va  dire  h  ce  malade,  au  nom  de  Jé- 
sus-Christ, qu'il  vienne  vers  moi.  >  Je  m'ap- 
prochai du  malade  et  je  lui  répétai  ce  que 
Jean  m'avait  dit»  et  il  se  leva  aussitôt,  et  il 
vint  avec  moi  auprès  de  Jean.  Et  Jean  lui 
dit  :  «  Dis  a  tes  compagnons  que  nous  de- 
vons partir  d'ici  et  nous  remettre  en  route.  » 
Et  aussitôt  cet  homme  qui,  malade  depuis 
sept  jours,  n'avait  pris  aucun  aliment, 
engagea  ses  compagnons  à  se  remettre  im- 
médiatement en  chemin. 

CHAPITRE  XIX. 

Nous  vînmes  ensuite  k  un  endroit  qui 
s'appelait  Liphos,  et  une  violente  tempête 
nous  y  retint  six  jours.  Ce  lieu  était  dé- 
pourvu d'eau  douce,  et  nous  étions  tous 
tourmentés  par  la  soif.  Et  Jean  me  dit  : 
«  Mon  fils  Prochore,  fais  descendre  un  vase 
dans  la  mer  au  nom  de  Jésus-Christ,  et  re- 
tire-le. »  Je  fis  ce  qu'il  me  commandait,  et  il 
me  dit  ensuite  :  «  Prends  plusieurs  vases  et 
remplis-les  de  cette  eau  de  mer.  »  Je  le  ^fis, 
et  tous  ces  vases  se  trouvèrent  aussitôt  rem- 
plis de  l'eau  la  plus  douce,  et  Jean  dit  à  tous 
ceux  qui  étaient  sur  le  navire  :  «  Au  nom 
de  Jésus-Christ  crucifié,  buvez;»  et  tous  bu- 
rent, et  furent  saisis  d'étonnemenl,  et  ils  s« 
disaient  les  uns  aux  autres  :  «  Que  ferons- 
noijs  à  cet  homme  qui  opère  les  merveilles 
dont  nous  sommes  témoins?  Allons  et  déli- 
vrons-le de  ces  chaînes  et  demandons-lui 
qu'il  nous  pardonne  le  mal  que  nous  lui  avons 
fait,  de  peur  que  le  fendu  ciel  ne  descende 
et  quil  ne  nous  détruise.  » 

Ils  vinrent  donc  k  l'apôtre,  et  lui  direiU  : 
<t  Homme  de  Dieu,  ne  t  irrite  pas  contre  tes 
serviteurs;  nous  accomplissons  les  ordres 
de  l'empereur,  et  nous  n'osons  pas  les  en- 
freindre; mais  nous  te  délivrons  de  tes  diai- 


783 


IICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


;n 


nés  el  nous  ferons  toutce  que  tu  nousdeman* 
deras.  »  Et  aussitôt  ils  déxagèrant  mon  maître 
Jean  de  ses  Liens.  Et  Jean  leur  dii  :  «  Je  oompte 
pour  rien  ies  Xaiigiies  et  l*inquiéLude  de  ce 
monde;  mais  mon  Ame  ^^prouve  une  joie 
eilrAme  à  accomplir  la  volonté  et  les  précep- 
tes de  Jésus-Christ,  mon  Dieu»  qui  a  eié 
crucitié  pour  notre  salut.  »  Les  soldats, 
entendant  ces  paroles,  tombèrent  tous  le 
visaj^e  contre  terre,  et  dirent  à  Tapôtre  : 
«  Seigneur^  voici  que  tout  est  en  ton  pou- 
voir; va  en  liberté  où  tu  voudras  :nous  nouf 
dirigerons  vers  notre  pays.  » 

Jean  leur  dit  :  «  Avez-vous  assez  de  con- 
fiance dans  votre  empereur  pour  croire  que 
vous  ne  vous  exposerez  pas  à  sa  colère,  si 
vous  me  laissez  aller?  »  Et  ils  répondirent  : 
«  Non,  seigneur.  »  Jean  leur  dit:  «  Achevez 
dnnc  ce  que  votre  maître  vous  a  commandé; 
rendez-vous  à  Vendroit  qu'il  a  désigné,  et 
retournez  ensuite  en  paii  chez  vous.  »  Et 
Jean  leur  enseigna  ensuite,  d*après  TEcri- 
ture  sainte,  ce  qui  concerne  le  Fils  de  Dieu, 
et  ayant  écouté  sa  parole,  ils  le  prièrent  de 
leur  donner  le  baptême,  et  il  en  baptisa  en 
ce  jour  dix  qui  étaient  les  chefs  des  autres. 
Et,  partantde  Mphos,  nous  arrivâmes  à  Paih- 
mes,  el  entrant  dans  la  ville,  les  soldats  nons 
remirent,  d'après  les  ordres  de  Tcmpereur,  à 
ceux  qui  devaient  nous  recevoir.  Les  chefs 
qui  avaient  été  baptisés  prièrent  Jean  de 
leur  permettre  de  rester  avec  nous  dans  cette 
lie,  mais  il  ne  le  voulut  pas  et  il  dit  :  «  Mes 
enfants,  eonservaz  seulement  la  grftce  que 
TOUS  avez  reçue,  et  le  lieu  où  vous  résiderez 
n'importera  pas.  i»  Ils  restèrent  dix  jours,  et 
ayant  regu  avec  joie  sa  bénédiction,  ils  re- 
tournèrent tous,  chacun  en  son  pays. 

€UAP1TRE  XX. 

11  y  avait  à  Pathmos  un  homme  fort  ricne 
nommé  Myrxrn,  et  dont  la  femme  s'appelait 
Flora;  ils  avaient  trois  fils  instruits  dans  la 
science  de  la  rhétorique,  et  Talné  d'entre  eux 
était  possédé  du  démon.  Myron  nous  ayant 
reçus  chez  lui,  son  fils,  qui  était  livré  à  l'es- 
prit malin, connaissant  la  puissancede  Jean, 
s'enfuit  dans  un  autre  pays,  de  f)eur^que 
Jean  ne  chass&t  hors  de  lui  Tesprit  im\)ur. 
Myron  sachant  que  son  fils  s'était  enfui^  dit 
è  sa  femme  :  «  Si  ces  hommes  étaient  des 
sens  de  bien,  notre  fils  ne  se  serait  pas  en- 
fui ;  il  faut  qu'ils  soient,  comme  on  le  dit, 
des  magiciens  etdes  enchanteurs  ;  ils  ont  jeté 
leurs  maléfices  sur  ceile  maison,  et  ils  sont 
cause  de  la  fuite  de  notre  fils.  O  mon  cher 
enfant,  comment  ai-je  été  assez.insensé  pour 
recevoir  chez  moi  t'es  magiciens  qui  sont 
cauâaque  je  t'ai  perdu?» 

Sa  femme  lui  répondit  :  «Si  la  chose  est 
telle  ^ue  tu  le  dis,  pourquoi  ne  les  chasses- 
to  pas  de  ta  maistm,  de  peur  qu'ils  ne  frap- 
pent nos  ^utr^  fils  de  pareils  maléfices  et 
qu'ils  ne  les  forcent  à  s'éloigner  de  nous  et 
h  périr  7  j»  Myron  ré|)ondit  i  •«  Je  ne  les  chas- 
serai ps,  mais  je  ieur  infligerai  beaucoup 
de  tribulBtioas  jusqu'à  i:e  qu^ils  fasseal  re- 
venir ici  notre  iils;  ils  serpnx  ensuite  punis 
rigoureusemefit.  »  Myron  était  le  beau-frère 


du  gouverneur  de  l'tle  de  Pathmos,  el  i'>ut 
ce  q  l'il  avait  dit  à  sa  femme  fut  rêvé.  % 
Jean  par  une  inspiration  d  vine,  et  il  mei;)*: 
«  Mon  fils  ProcQore,  sache  que  notre  I;h!^ 
Myron  médite  de  nous  faire  souffrir  be. Mi 
coup  de  maux.  Car  son  fiiss  atné  était  pov 
sédé  du  démon,  et  lorsque  nous  somme>  en 
très  dans  la  maison,  l'esprit  immonde  a  i*a 
peur  que  nous  ne  le  chassions  ;  il  s'est  tul.i 
transportant  ce  jeune  homme  dans  un  antre 
pays,  et  c'est  pourquoi  Myron  est  irrité  c-  'i- 
Ire  nous  ;  mais  que  ton  esprit  ne  se  [tom  ; 
pas  au  sujet  des  machinations  de  Myroo  c'<n- 
îre  nous.»  Et  tandis  qut^Jean  ma  parlaitaïu^N 
il  arriva  une  lettre  du  fils  de  Mvrcn  cou<, j« 
en  ces  termes  : 

^  A  mon  père  et  à  ma  mère,  moi  ApoV.,. 
nide^  saiujt.  Un  magicien  nommé  Jean,  <]  :e 
vous  avez  reçu  dans  votre  maison,  a  accom- 
pli par  ses  prestiges  beaucoup  de  choK'<  (r- 
minulles,  el  il  a  envoyé  un  esprit  qui  m'a 
poursuivi  jusque  dans  cette  ville,  où  8(!f^ 
avoir  souffert  beaucoup  de  périls,  fai  trmjvç 
un  homme  nommé  Cynops,  plein  de  bo  .:•; 
et  de  franchise ,  qui  m'a  raconté  la  rdi- 
de  mes  malheurs.  Et  il  m*a  dit  :  •  Mou  ii  » 
Apollonide,  si  ce  magicien  n'est  pas  tue,  li 
ne  pourras  plus  séjourner  dans  (a  palrit'.r.i 
revoir  tes  parents. »C'est  pourquoi,  mon  (urp, 
je  te  supplie  d'avoir  pitié  de  ton  Gis  ei  oc 
faire  périr  ce  magicien  nommé  Jean,  a.i.i 
que  je  puisse  bientôt  jouir  de  tes  en)bras>f 
ments,  de  ceux  de  n>a  mère  et  de  mesdf^j'. 
frères.  » 

Myron  ayanLiu  cette  lettre,  nouspoteraii 
aussitôt,  et  se  rendant  auprès  du  gouvernei.r. 
il  la  lui  montra;  le  gouverneur  fut  d*auia:.i 
plus  irrité  contre  nous  que  le  nomdeCv[i«>:>» 
se  trouvait  dans  celte  lettre,  et  touscojt 
qui  habitaient  Pathmos  respectaient  ce  Cv- 
DQps  comme  un  Dieu,  à  cause  de  ces  ^nui^ 
prestiges.  Le  gouverneur^  ému  des  (i<iM)  ) 
de  M^ron  et  d'Apollonide,  ordonna  de  1- 
vrer  Jean  aux  bétcs;  nous  fûmes  dunci  df  u 
demeure  deMyron,  conduits  à  la  prisoD.  ci 
aprèsy  ëtrerestés  trois  jours,  on  nous  auii'U.< 
devant  le  gouverneur.     •   . 

Et  il  dit  à  Jean:  ir  Noire  excellent  empereur 
Domitien  ,  après  avoir  entendu  les  stcu^ 
'tions  portées  conire  toi«  t'avait  condamné;  il 
t*a  ensuite  fait  grâce  de  la  vie,  et  voulant  le 
donner  les  moyens  de  t'amender.  il  t'a  *'n* 
voyé  dans  cette  lie,  et  voici  que  tu  prélefiiJ* 
y  commettre  des  méfaits  plus  grands  que 
ceux  dont  tu  t'es  rendu  coupable  i  Ei)li^*>^« 
car  tu  as  chassé  le  fils  de  mon  beau-pèrt:. 
Réponds-moi  promptement  avant  que  ji*  "'' 
te  châtie,  fais  que  mon  parent  revicnueft 
dis  quelle  reli^^ion  tu  professes,  et  de<]uci 
pavs  tu  es  venu  ici.» 

Jean  répondit  :  c  Je  suis  Hébreu,  le  s»  r« 
yiteur  de  Jésus-Christ,  Fils  du  Dieu  vi^nui 

a  ni  a  été -crucifie  et  enseveli  pour  les  pêc'c> 
es  hommes  «t  qui  est  ressuscité  le  trm- 
sième  jour  d*entre  les  morts;  il  m'a  eof^'j^ 
prêcher  TEvangile  è  toutes  les  nations  pour 
qu'elles  croient  en  lui  et  qu'elles  aient  !a 


qu  eues  croient  en  lui  ei  qu  elles  aiem 
vie  éternelle.  »  Le  gouverneur  lui  dit  :  « 
pieux  empereur  t'a  condamné  à  l'exil  j" 


jiour 


785 


fRO 


PART.  III.  — LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


78G 


avoir  prêché  pareilles  ehosf^*  Apprends,  ô 
insensé,  à  honorer  les  dieux  et  à  respecter 
les  immortels  ;  observe  les  lois  de  l'empire 
el  ne  représente  pas  comme  étant  Dieu  un 
homme  qui  a  été  condamné  à  cause  des 
(roubles  qu'il  excitait»  »  Le  bienheureux 
Jean  dit  :  «  Je  le  vénère  toujours  con:me 
étant  immortel»  et  je  Tannouce  à  ceux  qui 
doiTent mener  une  vie  pieuse.  »  Le  gouver- 
neur répondit  :  «  Nous  n'avons  pas  besoin 
d'entendre  toutes  les  fables  que  tu  débites. 
Il  t'a  été  défendu  de  continuer  à  prêcher 
ainsi;  ramène  Apollonide  sain  et  sauf  en 
cette  Tille,  et  rends-le  à  sa  famille.  » 

Jean  répondit  :  «  Je  ne  puis  cesser  de 
prêcher  comme  je  le  fais,  et  d'attendre  ainsi 
la  récompense  du  salut  éternel,  qui  m'est 
promise  d  la  fin  de  mon  travail  et  que  m'ac- 
cordera celui  que  j'ai  aimé  et  en  qui  j'ai 
cru,  mon  maître  Jésus-Christ  qui  est  béni 
dans  tous  les  siècles.  Quant  à  ton  ami  Apol- 
lonide,  je  n'ai  rien  fait  contre  lui  ;  si  tu  le 
permets,  j'enverrai  mondisciple  le  chercher 
el  il  le  ramèoera  ici,  et  s'il  a  à  se  plaindre 
de  nous,  il  nous  accusera  eu  ta  présence.  » 
Le  gouverneur  ordonna  d'en  agir  ainsi,  et 
il  retint  en  attendant  Jean  lié  de  deux  fortes 
chaînes.  Et  Jean  lui  dit  :  «  Permets-moi  d'é- 
crire à  Apollonide ,  el  tu  m'enverras  en- 
suileen  prison.  »  Le  gouverneur  l'ayant  per- 
mis, Jean  adressa  cette  lettre  è  Apollonide  : 

c  Jean  l'apôtre  de  Jésus-Christ,  Fils  de 
Dieu,  à  l'esprit  malin  qui  habité  en  Apollo- 
nide; je  t'ordonne,  au  nom  du  Père  et  du 
Fils  et  du  Saint  Esprit,  de  sortir  de  la  créa- 
ture de  Dieu  et  de  ne  plus  l'introduire  en 
elle,  et  de  ne  pas  séjourner  en  cette  lie,  mais 
de  te  retirer  dans  un  désert  où  nul  homme 
n'habite.  Et  cVst  ce  que  moi,  Jean,  je  tecom- 
mande  au  nom  de  la  sainte  Trinité.  » 

Moi,Prochore,  je  priscette  lettre  et  j'allai  à 
la  ville  où  habitait  Apollonide,  et  qui  était 
àunedistance  de  soixante  milles.  Et  étant 
entré  dans  cette  ville,  je  me  mis  à  le  cher- 
cher, el  je  le  retrouvai  au  bout  de  deux  jours; 
et  aussitôt  que  je  me  fus  approché  de  lui, 
iVprit  immonde  le  quitta.  Et  aussitôt  Apol- 
lonide reprit  ses  sens,  et  il  me  dît  :  «  Pour- 
quoi es-tu  venu  ici,  charitable  disciple  du 
meilleur  des  hommes  ?  ^  Et  je  répondis: «Je 
suis  venu  pour  te  ramener  auprès  de  ton 
père  qui  te  chérit,  et  de  ta  famille.  »  Et  aus- 
sitôt il  ordonna  de  préparer  des  chevaux,  et 
nous  nous  mimes  en  route.  Et  quand  nous 
lûmes  arrivés  à  Pathmos,  Apollonide  mo 
demanda  où  était  la  demeure  de  Jean,  et  je 
ré(K)ndis  que  le  gouverneui'  le  retenait  en 
prisou  chargé  déchaînes.  Alors,  sans  vou- 
loir se  rendre  auprès  de  sa  famille,  il  alla 
droit  à  la  prison,  et  le  geôlier  tomba  à  ses 
pieds,  lorsqu'il  le  reconnut.  Et  Apollonide 
éttnt  entré  et  ayant  vu  Jean,  se  prosterna 
devant  lui,  mais  l'apôtre  le  releva  et  lui  dit  : 
*  Mou  fils,  que  Dieu  te  bénisse.  »  Et  Apol- 
lonide délivra  aussitôt  Jean  de  ses  fers,  et  il 
dit  au  geôlier  :  «  Si  le  g;ouverneur  demande 
qui  a  délivré  ce  prisonnier,  dis-lui  que  c'est 
Boi.  M  U  nous  conduisit  ensuite  à  la  mai^^ou 
oii  son  pèrej  sa  mère  et  ses  frères  étaient  li- 


vrés a  le  douleur.  Et  quand  ils  le  virent,  ils 
se  levèrent  pleins  de  joie,  el  ils  fembrassè- 
rent  en  pleurant,  et  son  père  lui  dit:  <ic  Que 
t*est-il  donc  ârrtvé,  nfton  fil^,  pour  que  tu 
te  sois  échappé  de  ma  maison  et  que  tu 
nous  aies  causé  à  tous  une  affliclîoti  aussi 
vive.  »  Et  Apollonide  répondit  :  «Notre  mai- 
son était  pleine  de  péchés  et  de  démons,  et 
quand  Jean,  l'apôtre  du  Seigneur,  y  est  en- 
tré, nous  l'avons  méconnu,  et  nous  n'avons 
pas  su  qui  l'envoyait,  mais  j*ai  appris  qui  il 
était  et  de  qui  il  tenait  sa  mission.  » 

Myron,  entendant  ces  paroles,  eut  foi  en 
son  fils,  et  il  dit  :  a  Mon  fils,  s'il  en  est  ainsi , 
allons  vers  le  gouverneur  et  annonçons-lui 
ce  que  tu  nous  apprends  ;  c'est  lui  qui  de 
concert  avec  moi,  a  fait  mettre  Jean  en  pri- 
son. »  Apollonide  répondit  :  «  Ne  t'inquiète 
fias  de  cela,  ô  mon  père  :  i'ai  délivré  Jean,  et 
e  gouverneur,  qui  est  notre  lurent,  veut  ce 
que  nous  voulons.  »  Et  Apollonide  introdui- 
sit Jean  et  lui  dit  :  «  Cher  maître,  annonce- 
nous  des  paroles  utiles  qui  nous  fassent  rece- 
voir la  vie  éternelle.  »  Et  Jean  dit  :  «  Je 
veuxd*abord  que  tu  me  racontes  pourquoi  tu 
as  abandonné  ta  patrie  et  pourquoi  tu  t'es 
réfugié  en  un  pays  étranger,  w  Et  Apollo- 
nide dit  :  «  Il  y  a  plusieurs  années,  tandis 
que  je  dormais,  quelc^u'un  vint  et  me  tou- 
cha ;  je  m'éveillai  aussitôt,  et  je  vis  celui  qui 
m'avait  réveillé;  ses  yeux  étaient  grands  et 
brillaient  comme  des  charbons  ardents,  et 
son  visage  resplendissait  comme  Téclair;  il 
me  dit  :  «  Ouvre  la  bouche ,  «  et  aussitôt  il 
entra  dans  mon  ventre,  et  dès  ce  jour,  je 
connus  tout  ce  qui  devait  arriver  de  bien  ou 
de  mal  à  notre  maison,  et  tous  venaient  à 
moi  et  me  questionnaient  sur  leurs  affaires; 
mais  quand  tu  os  entré  dans  cette  mai.son, 
il  me  dit  :  «  Apollonide,  c'est  un  magicien,» 
et  il  me  repéta  toujours  :  «  S'il  n'est  pas  mis 
à  mort,  tu  ne  pourras  revenir  dans  ton 
f)ays.  »  J'inlerro;eai  Cynops,  et  il  m'en  a  dit 
autant.  Et  quand  le  disciple  de  Jean  est  en 
tré  dans  le  lieu  où  j'habitais,  j'ai  vu  l'esprit 
qui  était  en  moi  en  sortir  ayant  une  forme 
pareille  k  celle  qu*il  avait  quand  il  est  entré 
en  mon  corps,  et  aussitôt  je  me  sentis  déli- 
vré de  beaucoup  de  peines  et  rempli  d'une 
grande  joie  et  d'une  consolation  extrême.  » 

Et  Jean  dit  à  Apollonide  :  «  Mon  fils,  c'est 
un  signe  de  la  puissance  et  de  la  miséricorde 
de  Jésus-Christ,  Fils  de  Dieu,  qui  a  été  cru* 
cifié  pour  nous  et  qui  est  ressuscité.  Le  dé- 
mon qui  était  entré  en  toi,  te  chassa  de  ta 
n'aison  lorsque  nous  y  sommes  entrés,  car 
il  craignait  que  nous  ne  le  chassions  par  la 
puissance  de  Jésus-Christ.  Maintenant,  mon 
fils,  non-seulement  nous  triomphons  de  l'es- 
prit impur  en  invoquant  la  puissance  de 
Dieu,  mais  encore  nous  l'expulsons  par  une 
lettre.  »  Et  Jean  me  demanda  la  lettre  qu'il 
avait  écrite  au  démon  et  dont  j'avais  été 
porteur,  et  il  la  montra  à  Apollonide.  Lors* 
que  celui-ci  l'eut  lue,  il  alla  avec  nous  et 
avec  ses  frères,  auprès  du  gouverneur,  et  il, 
lui  raconta  tout  ce  qui  s'était  passé.  Le  gou- 
verneur, baissant  la  tète,  noua  rendit  gr&ces, 
et  depuis  il  eut  un  grand  attachement  oour 


717 


DICTIONNAIRE  DUS  APOCRTPHiiS. 


:^ 


Jean,  mon  maître i  et  Payant  quitté,  nous 
r«?lame$  dans  la  maison  de  Myron. 

CHAPITRE  XXI. 

lean,  rempli  de  l'Esprit-Saint»  commença 
k  leur  raconter  les  grandeurs  de  Dieu,  et  les 
instruisit  dans  les  saintes  Ecritures,  et  ils  le 
prièrent  tous  de  les  baptiser  au  nom  du  Père 
et  du  Fils  et  de  TEsprit-Saint,  et  Jean  bap- 
tisa en  ce  jour  tous  ceux  qui  étaient  dans  la 
maison  de  Myron.  Et  la  femme  du  gouver- 
neur, la  flile  de  Myron,  qui  s'appelait  Chry- 
sippe,  voyant  que  son  père,  sn  mère  et  ses 
frères  croyaient  au  Fils  de  Dieu,  dit  à  son 
mari  :  «  Voici  que  toute  la  maison  de  mon 
père  croit  en  ce  Dieu  cruciQé  que  Jean  prê- 
che; je  déèire  donc  que  nous  croyions  aussi 
aCn  que  notre  maison  soit  glorifiée  comme 
celle  de  mon  père,  et  puisque  tu  es  en  pos* 
session  du  pouvoir,  aide-nous  contre  ceux 
qui  persécutent  Jean,  v  Son  mari  lui  répon- 
dit :  «  Je  ne  puis  faire  ce  que  tu  conseilles 
tant  que  je  gouverne  la  province;  car  la  secte 
des  Chrétiens  est  un  obiet  de  haine  et  de 
mépris  universel,  et  si  Ton  voyait  Jean  et 
les  autres  Chrétiens  frf^quenter  ma  maison 
et  celle  de  ton  père,  on  nous  soupçonnerait 
d'être  Chrétiens,  et  il  en  résulterait  de  vives 
attaques  contre  nos  maisons  et  je  serai  privé 
de  ma  charge.  Lorsque  j'exerçais  la  magis- 
trature en  Grèce,  je  me  conformais,  publi- 
quement, au  cuUe  des  gentils,  mais  en  se* 
cret»  je  favorisais  ceux  qui  croyaient  en 
Jésus-Christ.  Lorsque  j'aurai  accompli  le 
temps  fixé  pour  être  gouverneur,  il  sera  plus 
à  propos  que  je  me  déclare  Chrétien.  Toi, 
prencis  notre  fils  et  entre  dans  la  maison  de 
ton  père,  et  écoute  avec  zèle  la  parole  de 
Jean,  et  que  ton  fils  soit  baptisé  avec  toi.  Ne 
méprise  aucune  des  paroles  de  Jean  et  ne 
m'en  fais  part  que  lorsque  j'aurai  embrassé 
la  foi.  Car  si  les  lois  des  tirées  condamnent 
ceux  qui  révèlent  les  mystères  de  leurs 
dieux,  les  Chrétiens  doivent  être  encore  bien 
plus  sévères  à  cet  é^ard.  • 

Et  Cbrysippe^  quittant  son  mari,  prit  son 
fils  et  vint  chez  son  père  Myron  ;  et  étant 
entrée,  elle  salua  ses  parents  ainsi  que  l'a- 
pôtre Jean.  Et  il  lui  demanda  :  «  Pourquoi 
es-tu  venue  ici,  ma  fille?  »  Et  elle  répondit  : 
m  C*est,  ô  bon  matire,  pour  que  ma  maison 
soit  glorifiée  comme  celle  de  mon  père.  »  Et 
Jean  lui  dit  :  «  Que  Dieu  dirige  ton  cœur, 
relui  de  ton  mari  et  celui  de  ton  enfant,  et 
qu'il  conserve  tout  ce  qui  est  en  ta  maison.  » 
Et  Chrysippe,  tombant  aux  pieds  de  l'apôtre, 
dit  :  «  Maître,  donne-moi,  ainsi  qu'à  mon 
fils,  le  signe  de  Jésus-Christ.  >  Jean  lui  ré- 
pondit :  <(  Allons  d'abord  parler  à  ton  mari 
IH)ur  que  tu  sois  purifiée  avec  son  consente- 
ment.» Chrysippe  lui  raconta  ce  que  son  mari 
avait  dity  et  Jean  fut  plein  de  joie  en  appre- 
nant le  consentement  du  souverneur;  il 
instruisit  Chrysippe  et  son  fils,  ii  lui  recom- 
manda d*observer  tous  les  préceptes  de  la  foi 
et  il  les  baptisa  au  nom  du  Père,  et  du  Fils, 
et  du  Saint-Esprit. 

Myron,  voyant  que  sa  fille  et  son  petit-fils 
croyaient  en  Jésus*Christ,  fut  rempli  d'allé- 


gresse, et  il  apporta  une  grande  somme  i'ir* 
gent  à  sa  fille  et  il  lui  dit  :  «  Voilà  de  qu»; 
pourvoir  à  nos  besoins;  n'atiandonne  pas^j- 
t'en  prie,  ma  maison,  et  ne  retourne  pas  aV 
près  de  ton  mari  de  peur  aa'il  ne  $é\ht 
entre  vous  quelque  querelle  au  sujft  l** 
Jésus-Christ.  »  Et  Chrysippe  lui  ré()OD<J:i  : 
ff  Si  lu  veux,  mon  père,  que  je  reste  avr^c 
toi,  que  cet  argent  demeure  la  propriété; 
j'irai  avec  mon  fiU  chez  moi  où  nousaToos 
ramassé  beaucoup  d'or  et  d'argent,  et,  y  pre- 
nant ce  qui  nous  est  nécessaire,  nous  re- 
viendrons  auprès  de  toi  et  nous  ne  feron» 
qu'un. s 

Jean,  entendant  ces  paroles,  dit  à  Myron  : 
«  Ce  que  tu  proposes  à  ta  fille  n'est  pas  i»er- 
rois  ;  Jésus-christ  ne  m'a  point  envoyé  pour 
que  je  sépare  la  femme  de  son  mari,  ol  le 
mari  de  sa  femme;  que  ta  fille  retourne  eu 
paix  dans  sa  maison,  surtout  poisquVIla 
croit  en  Jésus-Christ  du  consentement  de 
son  mari.  J'ai  confiance  dans  le  Seigneur 
qui  m'a  envoyé  prêcher  son  Evangile;  In 
mari  de  Chrysippe  sera  du  nombre  des  Chré- 
tiens; quanta  l'argent  dont  vous  parlez,dis* 
tribuez-le  aux  pauvres  au  nom  du  Seij^oear, 
car  il  est  dit  dans  l'Ecriture:  c  Celui  qui 
donne  aux  pauvres  donne  à  Dieu.  »  inn 
renvoya  ainsi  Chrjrsippe  avec  son  entant 
auprès  de  son  mari  et  nous  demeurant 
chez  Myron.  Le  lendemain,  Myron  apiioru 
son  trésor  aux  pieds  de  l'apôtre  et  lui  dii  : 
«  Prends  cet  argent  et  distribue-le  aus  psc* 
vres.  »  Jean  lui  dit  :  «  J'entends  avec  plaisir 
ta  proposition,  parce  que  je  sais  qu'elle  pro- 
vient de  l'amour  de  Dieu.  Distribue  de  te> 
mains  ce  que  tu  possèdes  à  ceux  qui  enoni 
besoin.  >  Myron,  fidèle  au  précepte  de  la- 
pôtre,  distribua  aux  pauvres  ce  qu'il  possé- 
dait, et  Dieu  te  bénissait,  et  chacun  «e  réjouis- 
sait de  ce  qu'il  était  assisté  selon  ses  besoins. 

CHAPITRE  XXII. 

Il  y  avait  dans  la  ville  un  homme  rhh" 
qui  se  nommait  Basile,  et  sa  femme  s'apie- 
lait  Charis,  et  elle  était  stérile.  Basile  Tint 
trouver  Rhodon,  neveu  de  Myron,  et  lui  dit: 
«  Comment  se  fait-il  que  ton  oncle  Mn«in 
soit  ainsi  séduit  par  cet  étranger  et  qu^il  oe 
vienne  plus  avec  nous?  »  Rhodon  répim  iu  : 
«  Nous  reconnaissons  sa  doctrine  comma 
bonne,  et  nous  l'écoutons  volontiers.  >  Ba- 
sile dit  :  «  Puisque  cet  homme  a  tant  de  pou- 
voir, qu'il  dise  que  ma  femme  ait  on  fus.* 
Rliodon  dit  :  ff  II  a  une  grande  puissai:^o 
au  nom  de  son  Dieu,  et  il  peut  faire  ce  t^h" 
tu  désires.  »  Basile  se  hâta  alors  d'aller  rhw 
Myron,  afin  de  voir  Jean,  et  il  demanda  m 
Jean  y  demeurait,  et  il  dit  à  l'esclaYe  guï 
désirait  le  voir.  L'esclave  l'annonça  illjrrun 
qui  dit  à  Jean  :  «  Basile  est  à  la  porte  et 
voudrait  te  parler;  >  Jean  se  leva  aasstidt^'t 
alla  au-devant  de  Basile  qui  s'humilia  de- 
vant lui,  et  Jean  lui  dit  :  «  Que  Dieu  eiaucé 
toutes  les  demandes  de  ton  cœur.  Bienheu- 
reux rhomme  qui  ne  tente  pas  le  Seigneur; 
il  a  puni  sévèrement  les  Israélites  <|Ut  le 
tentaient;  crois  fermement  en  lui  et  il  ^^>'' 
tera  ton  éiM)U8e  stérile,  et  il  écoutera  ii» 


rs9 


PRO 


PART,  m.— LEGLNDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


79l^ 


prières.  »  El  Basrie,  To^aot  que  Jean  devi- 
nait les  pensées  qui  étaientenson  esprit,  fut 
saisi  d*aumiration.  Et  Jean  lui  dit  derechef: 
f  Mon  fils*  crois  au  Seisneur  Jésus»  Fils  de 
Dieu,  et  il  te  donnera,  a  cause  de  ta  con- 
fiance en  lui,  tout  ce  que  tu  souhaiteras.  » 
Basile  répondit  :  «  Je  crois  en  ce  que  tu  as 
dit,  ei  je  te  prie  de  prier  le  Seigneur  pour 
nue  ma  femme  ait  un  Gis.  n  Jean  lui  répon- 
dit :  c  Je  te  le  répète,  crois  et  tu  reconnaî- 
tras la  gloire  de  Dieu,  i» 

Et  Basile  revint  chez  lui  plein  de  joie,  et 
il  aononça  h  sa  femme  ce  que  Jean  lui  avait 
dit,  et  ils  furent  tous  deux  se  jeter  à  ses 
pieds.  Et  Jean  dit  à  la  femme  de  Basile  : 
<  Charis,  que  la  grâce  de  Dieu  éclaire  ton 
cœur  et  celui  de  ton  mari,  et  qu*il  t*accorde 
une  postérité  désirable,  b  Et,  après  leur  avoir 
prêché  PEcrilure,  il  implora  sur  eus  la  grâce 
de  Dieu,  et,  sur  leur  demande,  il  les  oap- 
tisa  aa  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Saint- 
Esprit.  Et  Basile  demanda  à  Jean  d^entrer 
chez  lui  et  d*y  faire  son  séjour,  mais  Myron 
ne  permit  pas  que  nous  quittassions  sa  mai- 
son; et  la  femme  de  Basile  mit  au  monde 
un  fils  qui  fut  appelé  Jean  d*après  le  nom 
desonmatlre,  et  il  j  eut  une  grande  joie 
dans  toute  la  famille.  Avant  la  naissance  de 
lel  eofaot,  Basile  et  Charis  offrirent  à  Jean 
une  grosse  somme  d'argent  pourcjuMI  la  dis* 
iribaât  aux  pauvres.  Mais  Jean  dit  à  Basile  : 
«  Va  dans  ta  maison ,  mou  fils,  vends  ce  que 
que  tu  possèdes,  et  tu  auras  un  trésor  dans 
le  ciel.  » 

CHAPITRE  XXIII. 

Le  mari  de  Chrysippe,  la  fille  de  Myron, 
avant  passé  deux  ans  dans  l'emploi  de  gou- 
verneur, fut  déposé  de  ses  fonctions,  et  un 
autre  fut  nommé  à  sa  place.  Et  allant  chez 
son  beau-père,  il  dit  à  Jean  :  «  Le  sou- 
ci des  choses  de  ce  monde  afflige  mon  âme 
et  m'a  privé  de  beaucoup  d'or  et  d'argent  et 
de  grands  biens;  je  te  prie  de  me  baptiser 
et  de  me  purifier  de  mes  fautes.  »  Jean  le 
consola  et  l'exhorta;  il  l'instruisit  dans  la 
doctrine  sainte  et  il  l'avertit  de  croire  de 
tout  son  cœur  è  Jésus-Christ  crucifié.  Sau- 
veur de  tous,  et  il  le  baptisa  au  nom  du 
Père,  et  du  Fils,  et  du  Saint-Esprit. 

CHAPITRE  XXIV. 

il  y  avait  dans  la  même  ville  un  homme 
nommé  Crésus  qui  était  ju^e,  et  sa  femme  se 
nommait  Sélîne,  et  il  avait  un  fils  qui  était 
tourmenté  par  un  esprit  impur.  Et  appre- 
nant les  merveilles  que  Jean  opérait  au  nom 
de  Jésus,  il  prit  son  fils  et  vint  chez  Myron. 
iean,  le  voyant,  lui  dit  :  «  Crésus,  tes  péchés 
^ont  la  cause  de  la  perte  de  ton  fils.  Si  tu 
crois  au  vrai  Dieu ,  tu  recevras  de  lui  de 
grands  bieufoits;  ne  commets  point  d*injus- 
lice  en  tes  jugements  et  tu  rempliras  l'ordre 
ue  Dieu,  i»  Crésus  répondit  :  «  Seigneur,  que 
^ois-je  taire  pour  que  mon  fils  soit  guéri  et 
uéljvré  de  l'esprit  impur?  »  Jean  répondit  : 
<'  Crois  en  Jésus-Christ  le  crucifié,  et  ton  fils 
«cra  guéri.  »  Crésus  répondit  :  ^  Je  crois, 
*«iRneur,  et  que  mon  fils  soit  guéri.  »  Alors 


Jean,  prenant  la  main  droite  de  l'enfant,  fit 
trois  fois  sur  lui  le  signe  de  la  croix  et  chassa 
le  démon.  Crésus  se  prosterna  aux  pieds  de 
Jean  qui  lui  annonça  la  doctrine  des  saintes 
Ecritures;  et  Crésus ,  glorifiant  Dieu  et  pro- 
clamant sa  foi  en  Jésus-Christ,  retourna  chez 
lui,  et  en  revint  bientôt  avec  sa  femme  et  une 
somme  considérable  en  argent,  et  il  dit  à 
Jean  :  «Prends  ce  trésor  ,seigneur,  et  donne- 
moi  ,  ainsi  qu'h  ma  femme  et  à  mon  fils,  le 
signe  de  Jésus>Christ.  »  Jean  dit  :  «  Le  signe 
de  Jésus-Christ  ne  s'acquiert  pas  avec  de 
Targent,  mais  avec  une  foi  sincère.  Ne  con- 
serve pas  de  semblables  pensées  ;  emporte 
ce  trésor  et  distribue-le  anx  pauvres.  »  El  il 
les  baptisa  ensuite  et  les  renvoya  chez  eux 
en  paix. 

CHAPITRE  XXV. 

Nous  restâmes  trois  ans  cnez  Myron,  chez 
lequel  se  réunissaient  ceux  gui  croyaient,  et 
Jean  les  enseignait  et  les  onptisait;  nous 
vînmes  ensuite  dans  un  endroit  où  était  un 
temple  d'Apollon ,  et  une  grande  foule  y 
était  réunie,  et  Jean  leur  parla;  quelques- 
uns  croyaient  ce  qu'il  disait,  d'autres  le  re- 
poussaient. Et  les  prêtres  d'Apollon  dirent  : 
«  Amis,  pourquoi  faites-vous  attention  aux 
mensonges  de  cet  homme,  et  comment  écou- 
tez-vous ses  paroles?  N'est-ce  pas  à  cause  de 
ses  méfaits  qu'il  a  été  exilé  en  cette  lie? 
Vos  ccBurs  aveuglés  ne  connaissent  donc  pas 
la  vérité;  en  l'écoutant  vous  faites  une  grande 
insulte  aux  dieux,  car  il  les  méprise  et  il 
se  révolte  contre  les  ordres  de  Tempereur.  » 
Jean,  entendant  cela,  dit  aux  prêtres  d'A- 
pollon :  «  Afin  qu'il  soit  prouvé  que  vos 
dieux  ne  sont  pas  des  dieux,  que  votre  tem- 
ple s'écroule  ;  &  et  aussitôt  le  temple  tomba 
et  ne  fut  plus  qu'un  tas  de  ruines,  mais  per- 
sonne n'eut  le  moindre  mal. 

Les  prêtres  furieux  se  jetèrent  sur  Jean,  le 
frappèrent  rudement  et  l'enfermèrent  dans 
un  cachot  obscur,  autour  duquel  ils  placé-» 
rent  des  gardes.  Ils  allèrent  ensuite  auprès 
du  gouverneur,  et  ils  dirent:  «  Jean,  cet 
imposteur  et  ce  magicien,  a  renversé  par 
ses  maléfices  le  temple  d'Apollon  ;  ne  souf* 
fre  pas  qu^une  pareille  insulte  faite  aux 
dieux  demeure  impunie.  »  Le  gouverneur  fut 
très-aifiigé,  et  il  ordonna  que  nous  fussions 
détenus  en  prison.  Lorsque  Myron  et  Apol- 
lonide  furent  instruits  de  ce  qui  s'était 
passé,  ils  allèrent  auprès  du  gouverneur 
qui  se  nommait  Aeduset  qui  avait  remplacé 
le  mari  de  Chrysippe,  et  ils  lui  dirent  :  «  Nous 
te  prions  de  nous  rendre  Jean  ;  s'il  est  cou* 
pable,  nous  répondons  de  lui,  et  s'il  ne  l'est 
pas,  pourquoi  sévis- tu  à  son  égard?»  Le 
gouverneur  répondit  :  c  On  assure  que  c'est 
un  magicien  qui  cause  beaucoup  de  maux  ; 
si  je  vous  le  confie,  il  pourra  s'enfuir  par  ses 
artifices  magiques.  »  Apollonide  répondit  : 
«S'il  s*enfuitt  que  nos  têtes  ré()ondeut  de  la 
sienne  et  que  nos  biens  soient  confisqués.  » 
Le  gouverneur  consentit  à  ce  que  deman- 
daient des  gens  qui  tenaient  la  première 
place  dans  la  ville,  et  ils  vinrent  à  la  .pri'* 
son;  ils  nous  délivrèrent,  et  Myron  dit  h  Jean  :. 


701 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPnCS. 


7W 


«  Rq? i«08  en  ma  maison  et  n*en  sors  pas, car 
iî  y  a  dans  celle  ville  des  hommes  mécÊanls 
<.*t  emportés,  et  ils  pourraient  te  tuer  ainsi 
que  Prochore.  »  Jean  répondit  :  <  Le  Sei- 
gneur ne  m'a  pas  envoyé  pour  que  je  me 
cache,  mais  il  m*a  dit  d*aller  trouver  les 
hommes  violents  et  colères ,  el  il  a  dit  :  «  Je 
vous  envoie  au  milieu  des  loups  ;  ne  craignez 
pas  ceux  qui  peuvent  tuer  le  corps,  mais  qui 
ne  peuvent  rien  sur  l'âme.  »  Il  a  dit  aussi  : 
<  Quittez  tout  et  suivez-moi;  »  nous  avons 
tout  quitté  et  nous  Tavons  suivi.  Je  suis 

1)rét,  non-seulement  è supporter  la  captivité, 
a  flagellation  et  les  insultes  à  cause  de  son 
nom,  mais^  encore  a  être  tué  mille  fois  et  à 
tout  souffrir  avec  patience;  je  resterai  dans 
cette  dispositionjusqu*à  ceque  j*aie  accompli 
le  cours  de  cette  vie;  je  vous  l'ai  dit  sou- 
vent :  Mourons  pour  lui,  afin  d*è(re  délivrés 
de  la  mort  éternelle  qui  frappera  ceux  qtii 
ne  croient  pas  en  lui.  »  Et  quand  Jean  eut 
dit  ces  iiaroles,  nous  ne  tardâmes  pas  à  sor- 
tir de  chez  Myron». 

CHAPITRÉ  XXVI. 

Nous  vînmes  ensuite  à  un  endroit  où  gisait 
un  paralytique  qui  avait  coutume  de  distri* 
buerdes  aumônes  aux  passants,  et  il  dit  à 
Jean  :  «  Charitable  Maître  des  Chrétiens,  ne 
délaisse  pas  ton  serviteur.  »  Jean  lui  dit  : 
«  C^ue  veux-tu  que  je  fasse?  »  Et  le  paraly- 
ticjue  lui  répondit  :  «  J'ai  du  pain  et  d^s 
aliments;  ne  refuse  pas  de  t*asseoir  auprès 
de  moi  et  de  partager  mon  repas.  Je  suis  un 
étranger  sur  lequel  se  sont  réunies  toutes 
les  fautes  de  mes  parents,  et  elles  causent  mon 
malheur;  je  fais  pour  eux  el  pour  moi  une 
dure  pénitence,  et  quand  je  vois  un  étranger, 
jelepiainsetmonâmese  repose  en  lui.»  Jean 
eut  pitié  de  cet  homme  et  il  lui  dit  :  «  Nous 
nous  réjouirons  avec  toi  et  tu  seras  dans 
Tallégresse  avec  nous.  »  Nous  bûmes  et  nous 
mangeâmes  avec  loi^  et  quand  nous  l'eûmes 
quitté,  une  femme  veuve  vint  au  devant  de 
nous  et  elle  dit  è  Jean  :  «  Seigneur,  où  est 
le  temple  d'A^^on?»  El  Jean  lui  répondit: 
«Qu'as- tu  à  faire  avec  ce  temple?  »  et  elle 
dit  :  c  Mon  Bis  unique  est  possédé  d*un  esprit 
immonde  qui  le  tourmente  cruellement; 
c'est  pourquoi  je  suis  venue  ici  afin  de  prier 
Apollon  de  le  secourir  et  de  me  donner 
quelque  consolation.  » 

Jean  lui  dit  :  «  De  quelle  ville  es-tu?;  > 
elle  répondit  :«  Je  vis  à  la  campagne  et 
c'est  la  première  fois  de  ma  vie  c^ue  j'entre 
dans  une  ville.  »  Jean  dit  :  «  Depuis  combien 
de  temps  l'esprit  malin  tourmeote-t-il  ton 
fils?  9  et  elle  répondit  ;  a  Depuis  trente-trois 
jours,  et  il  est  très-violent  et  très  furieux.  > 
Alors  Jean  lui  dit  :  •  Retourne  chez  toi  ;  ton 
enfant  sera  guéri  au  nom  de  Jésus-Christ.  > 
I^  femme  revint  chez  elle,  et  trouva  son  Qls 
délivré  de  l'esprit  immonde.  Nous  revînmes 
ensuite  à  )*endroit  où  était  le  paralytique,  et 
Jean  dit  :  «  Nous  revenons  pour  manger  avec 
toi,  mais  qui  nous  servira  ?»  Et  il  dil:cll 
faudra  que  vous  vous  serviez  vous-mêmes, 
oar  je  ne  peux  ni  vous  servir  ni  me  servir 
tD0i-m6me.  »  Et  Jean  répondit  :  c  C'est  toi 


qui  nous  serviras  ;  »  et  le  prenant  par  ;a 
main,  il  lui  dit  :  «  Lève-toi  au  âom  4e  ié^u^- 
Christ,  Notre-Seigneur,  »  et  aussitôt  \t  fdn- 
lytique  se  leva  parfaitement  guéri,  el  il  Ku.^ 
servit  en  glorifiant  Dieu. 

Nous  revînmes  erfsuite  k  la  maison  '.** 
Myron,  et  nous  y  trouvâmes  son  neveu K .  >• 
don,  et  il  pria  Jean  de  lui  donner  le  signe  ue 
Jésus-Christ,  et  Jean  l'instruisit  et  te  ba(>tiv4 
au  nom  de  la  sainte  Trinité.  Le  paralviique 
qui  avait  été  guéri  vint  aussi  el  sejeitdui 
pieds  de  Jean,  et  il  raconta  à  tous  les  a^^is- 
tants  qui  étaient  frappés  de  surprise,  c.ooi* 
ment  il  avait  été  guéri,  et  il  dit:  «Je  suis 
venu  pour  prier  Jean  de  me  faire  coonaiire 
Jésus-Christ  au  nom  duquel  il  nfa  guéri,  i 
Jean,  l'ayant  instruit  dans  la  foi  catiïoliquei 
le  baptisa  au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  etda 
Saint-Esprit. 

CHAPITRE  XXVII. 

Le  lendemain  nous  sortîmes  de  chez 
Hyron  et  nous  vînmes  au  bord  de  la  ai^r, 
dans  un  endroit  où  il  y  avait  un  atelier  Je 
foulons.  Et  Tun  d*eux,  qui  était  Juif  et  qai 
se  nommait  Charus,  ^e  mit  k  parler  à  Jean  en 
citant  les  écrits  de  Moïse.  Jean  lui  réponi.l 
en  lui  montrant  ce  que  dit  TEcrilure  au 
sujet  de  rincarnation  du  Fils  de  Dieu,  d^  «a 
Passion,  de  sa  sépulture  et  de  son  asce^i^on 
au  ciel;  Charus  ne  répondait  que  par  •:•$ 
blasphèmes I  alors  Jean  lui  dit  :  «  Cesse  <l? 
l)lasphémer  et  tais-toi,  »  et  aussitôt  Charus 
devint  muet,  et  il  ne  put  plus  parler.  Les 
assistants  s*étoiinèrent  de  ce  que  la  |)arue 
de  Jean  avait  produit  si  promptcmeiit  ui\ 
pareil  effet.  Ei  trois  jours  après,  une  truuf-. 
des  amis  de  Cliarus  vint  trouver  Jean  eio.i 
avec  colère  :  «  Qu  as-tu  fait  à  Charus  p^^urte 
rendre  muet?  d  Jean  répondit  :  «  Mes  frères 
pourquoi  ètes-vous  irrités  contre  moi  a 
pourquoi  in*imputez-vous  le  chilimeot  que 
Dieu  lui  a  inOigé  à  cause  de  ses  ptwki 
iuipies?  Qu*il  écoute  maintenant  avec  po- 
tience  jusqu'à  ce  uue  la  volonté  du  Sei{;neur 
se  manifeste.  » 

Alors  un  de  ces  Juifs  qui  était  renomo.^ 
pour  sa  sagesse,  dit  :  i  Maître,  il  arrive  par- 
fois que  le  vin  manque  de  douceur  et  que  i 
lait  est  amer;  il  en  estde  même  des  lioiuipo'i 
un  méchant  profère  quelquefois  de  boun  ;^ 
paroles,  et  un  bon  en  dit  de  mauvaises.  »  t! 
Charns  vint  alors  aQu  d'implorer  le  pani  i- 
de  Jean;  il  se  jeta  à  ses  pieds,  et  le  Juif  t|  •> 
avait  d(^jà  parlé,  dit  :  t  Maître,  tues  I*  i*. 
dénoue  ce  que  tu  as  lié.  »  Et  Jean  d-»- 
Charus  :  m  Comme  tu  as  péché  contre  li)^"* 
ta  bouche  a  été  fermée  au  nom  deJe>uv 
Christ;  qu'elle  s  ouvre  en  son  nom;  •  '^ 
aussitôt  Charus  parla,  et,  se  prostemaut'^t 
pieds  de  Jean,  il  dit  :  «  Maître,  nous  sàm- 
par  les  Ecritures  que  nos  pères  ont  jadis  l'r" 
voqué  ia  colère  de  Dieu ,  mais,  dans  sâ  miï^ 
ricorde,  il  leur  a  remis  leur  péché;  si  j'ai  i^c* 
ché  contre  le  Dieu  qui  t*a  envoyé  en  ce:>^ 
lie,  prie-le  pourqa*il  mepardoni1e,etdoQnri 
ton  serviteur  le  t>aptéme  de  ia  grice.  '  i^> 
rapAtre  l'instruisit,  et  il  le  baptisa  au  ao'Ji 
du  Père,  et  du  Fils»  et  du  8aiut-£spnl. 


m 


PRO 


PAR^.  »T.- LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


7»4 


CHAPITRE  XXVin. 


Tajidis  que  l'apÔtre  faisait  ces  choses  à  Path* 
mo$,iiyavaitdanscettelle  ud  magicien  noin- 
niéCynops,  et  il  résidait  dans  un  désert  à  une 
distance  de  quarante  stades  de  la  ville»  et  il 
habitait  une  caverne  qui  passait  pour  servir 
dederoeureaux  esprits  immondeSy  et  tous ?es 
habitants  le  re^irdaient  comme  un  Dieu  à 
dusedes  prestiges  qu*ii  opi^ràit.  Les  prêtres 
d'Apollon  se  réfugièrent  auprès  de  lui  lors- 
qu'ils virent  que  Jean  prêchait  en  liberté 
et  que  (e  gouverneur  ne  songeait  pas  à  ti- 
rer vengearlce  de  la  destruction  du  temple 
d*Apollon,  et  ils  lui  dirent  :  «  Nous  avons  eu 
depuis  hien  des  années  recours  à  toi,  mais 
aiyourd*hui  ton  appui  nous  est  plus  néces- 
saire aue  jamais  ;  sois  notre  protecteur  dans 
le  malheur  qui  nous  frappe.  Car  ce  Jean, 
cet  étranger  banni  de  sa  patrie  à  cause  de  ses 
méfaits  et  exilé  ici,  a  capté  par  ses  maléQces 
la  faveur  des  grands,  et,  fort  de  leur  assis- 
tance, il  excite  du  trouble  dans  le  pays  ;  il 
a  renversé  le  temple  d'Apollon,  et  le  gouver- 
neur, qui  Tavait  fait  emprisonner,  lui  a  rendu 
la  liberté  d*après  les  prières  de  Mjrron  et 
d'ApoIlonide.  Viens  ànotresecours  et  détruis 
sesmaléGces.sCynops  leur  répondit  :  «  Vous 
savez  que  je  ne  quitte  jamais  ma  retraite  ; 
uourquoi  me  demandez- vous  d*en  sortir? 
roulez-vous  que  je  ternisse  ma  gloire,  et 
que  je  rende  mon  nom  méprisable  à  cause 
d'un  hoQQme  sans  conséquence  et  dont  je 
n'ai  pas  à  m*occuper?  J  ai  promis  de  ne 
pas  entrer  dans  la  ville,  mais  demain  j'en- 
verrai un  démon  dans  la  maison  oii  habita 
cet  étranger  ;  il  enlèvera  son  âme  et  je  ren- 
verrai au  jugement  éternel.  » 

Les  prêtres  ayant  entendu  ces  paroles, 
tombèrent  aux  genoux  de  Cynops,  lui  rendis 
rent  gr&ces  et  revinrent  à  la  ville,  et  le  len- 
demain Cynops  réunit  une  multitude  de 
démons,  et  il  dit  à  leur  chef  :  «  Va  dans  la 
maison  de  Myron,  et  enlève  Tâme  de  Jean, 
et  amène-la  moi.  »  Le  démon  se  rendit  chez 
Marron  ;  mais  Jean  connut  sa  Tenue  et 
lui  dit  :  «  Au  nom  de  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ,  je  te  défends  de  sortir  d'ici  jusqu'à 
f^e  que  tu  m'aies  dit*pourquoi  tu  es  venu.  » 
Et  aussitôt  le  démon*  se  trouva  comme  en- 
chaîné, etil  dit  :  «  ApOtre  de  Dieu,  je  te  dirai 
toute  la  vérité  ;  je  te  prie  seulement  de  ne 
pas  t'irriter  contre  moi.  Les  prêtres  d'Apol- 
lon ont  été  prier  Cynops  de  venir  à  la  ville 
et  de  te  tuer;  il  ne  Ta  pas  voulu  disant  qu'il 
perdrait  sa  renommée  s*il  entrait  dans  la 
ville,  mais  il  a  promis  de  m'envoyer  pren- 
dre ton  âme  et  de  la  lui  apporter  ;c*esl  pour- 
quoi je  suis  venu.  » 

Jean  répondit  :  «  As-lu  déjà  été  chargé 
d'une  pareille  mission?  »  Le  démon  répon^ 
dit  :  fl  Ouif  mais  je  ne  lui  ai  pas  apporté  les 
âmes  qu'il  demandait.  »  Et  Jean  dit  :  «  Pour- 
quoi  lai  obéissez-vous  7  »  Le  démon  dit  : 
«  Parce  que  toute  la  puissance  de  Satan  est 
en  lui  et  qu'il  a  un  pacte  avec  tous  ses  chefs, 
et  nous  avons  aussi  un  pacte  avec  lui.  »  Jean 
<lit  alors  :  «  L'apôtre  de  Jésus-Christ  te  com- 
mande dé  ne  jamais  rien  faire  qui  nuise  aux 


hommes  ;  ne  retou rAe  pas  vefs  «elui  ;qui 
t'a  envoyé,  mais  soiis  de  cette  Ile;  >  et  aus- 
sit6t  le  démon  en  sortit. 

Cynops,  voyant  que  l'esprit  malin  ne  reve- 
nait pas,  en  appela  un  autre  et  lui  donna  le 
mècae  ordre,  et  Jean  lui  commanda  égale- 
ment de  sortir  de  l'île.  Cynops  envoya  alors 
(ienx  autres  esprits  et  leur  dit  :  «  Allez  vers 
Jean;  mais  que  l'un  s'approche  de  lui  et  gue 
l'autre  reste  à  la  porte,  observant  ce  qui  se 
passe,  et  qu'il  sache  pourquoi  v06  compa- 
gnons ne  sont  pas  revenus,  i»  Jean  dit  à  I  es- 
prit qui  s'approcha  de  lui  :  <  Je  saîs  pôur- 
qnoi  tu  viens  ;  je  te  commande  de  ne  point 
retourner  vers  Cynops,  mais  de  sortir  im- 
médiatement de  cette  lie,  %  et  anssitdt  le 
démon  obéit  à  Tordre  de  l'apôtre  de  Dieu. 
L'autre  démon  qui  était  resté  à  la  porte, 
voyant  ee  qui  s'était  passé,  revint  vers  Cy- 
no{)s  et  lui  raconta  ce  dont  il  avait  été  té- 
moin. Cynops  convoqua  alors  une  foole  in- 
nombrahlededémons,  et  il  leur  dit  3  «  Jean  a 
chassé  vos  compagnons  de  cettelle,  il  vousea 
ebffssera  aussi  et  vous  fera  souffrir  de  grands 
maux  si  nous  ne  lui  résistons  avec  énergie; 
j'entrerai  dans  la  ville,  fort  de  votre  appui, 
je  renverserai  ses  artitices  et  je  le  ferai  périr.  » 

Cynops  entra  ensuite  dans  la  ville  accom- 
pagné seulement  de  trois  démons,  et  il  com- 
manda aux  autres  de  rester  hors  de  la  ville: 
et  i  son  entrée  tous  les  habitants  furent  en 
grande  émotion,  parce  qu'il  ne  sortait  jamais 
de  St'i  retraite,  et  ta  foule  se  rassembla,  et  on 
lui  adressait  une  foule  de  questions,  et 
il  répondait  à  chacune.  Et  Jean  me  dit  s  «  Mon 
û\s  Prochore,  sois  ferme  et  intrépide,  car 
Cj^nops  fera  tomber  sur  nous  beaucoup  de 
tribulations  etd'anxiélés.  »  Alors  tous  les  frè- 
res que  Jean  avait  baptisés  se  réunirent 
afin  d'écouter  ses  instructions,  ef,  soivant 
l'ordre  de  Jean,  nous  reslâme^i  dit  jours  dans 
ta  maison  de  Myron,  ne  sortant  point  à  cause 
du  tumulte  uue  Cynops  avait  excité  dans  la 
villo,  et  l'ap&tre  nous  consolait,  et  nous  ïop- 
tifiait,  disant  :«  Restez  fermes,  et  vous  serez 
très-convaincus  de  la  présence  de  Dieu.  » 

Tous  les  habitants  de  la  ville  étaient  réu* 
nis  pour  entendre  Cynops,  et  ils  écoutaient 
ses  paroles ,  et  dix  jours  s'étant  écoulés,  Jean 
me  dit:  c  Sortons,  mon  tiis;  »  et  nous  allâmes 
sur  une  des  places  de  la  ville,  et  beaucoup  de 
gens  se  rassemblèrent  pour  écouter  la  pa- 
role de  Jean,  et  Cynops  voyant  que  Jean  était 
entouré  d'auditeurs,  dit  :  <i  O  hommes  aveu- 
gles etéloigr>és  de  la  vérité,  si  Jean  est  juste, 
et  si  sa  parole  et  ses  œuvres  sont  bonnes, 
je  croirai  en  lui,  mais  s'il  se  trouve  qu'il  est 
injuste,  et  que  ses  œuvres  sont  mauvaises, 
tandis  que  les  miennes  sont  bonnes,  croyez 
en  moi  et  non  en  lui.  »  Bt  Cynops  demanda 
è  un  jeune  homme  qui  était  le  si  son  père 
vivait,  et  il  répondit  :  «  Non,  il  a  péri  dans 
un  naufrage,  i»  Alors  Cynops  dit  à  Jean  : 
«  Si  ce  que  tu  dis  est  vrai,  prouve-le  en 
rendant  un  père  à  ce  fils*  »  Jean  répondit  : 
«t  Le  Seigneur  ne  m'a  pas  envoyé  pour  res- 
susciter les  morts,  mais  pour  enseigner  et 
pour  sauver  les  homnies  que  le  diable 
trompe.  »  Et  Cynops  dit  au  peuple  :  «  Ne 


795 


DICTIONNAIRE  MIS  APOCRYPHES. 


m 


voyez- vous  pas,  haoïlantsde  cette  ville,  que 
Jean  est  un  magicien  qui  vous  séduit  par  ses 
artiûces  ?  Reteuez-le  jusqu'à  ce  que  je  rende 
devant  vous  à  ce  jeune  homme  un  père  plein 
de  vie.  » 

Alors  Cynops  conduisit  le  peuple  an  ri- 
vage de  la  mer,  et,  avant  étendu  les  deux 
mains,  il  fit  un  grand  bruit,  et  aussitôt  il  dis- 
parut à  tous  les  yeux,  et  chacun  fut  saisi 
d'effroi,  et  la  foule  s'écria  :  «  Cynops  est 
grand;  11  n'y  a  pas  de  Dieu  plus  grand  que 
lui.  »  Et  aussitôt  il  sortit  de  la  nier  ayant 
avec  lui  un  démon  qui  avait  la  forme  du 
père  du- jeune  homme,  et  Cynops  dit  au 
jeune  homme  :  «  Est-ce  ton  père?  »  Et  il 
répondit  :  «  Oui,  seigneur,  p  Alors  tout  le 
peuple  se  prosterna  devant  Cynops  et  Tado- 
ra,  et  ils  voulurent  tuer  Jean;  mais  Cynops 
leur  dit  :  «  N'eu  faites  rien,  car  vous  verrez 
de  plus  grandes  choses,  et  vous  le  chAtierez 
sévèrement.)»  Et  Cynops  appela  un  autre 
homme  et  lui  demanda  :«  As-tu  un  fils?» 
Et  il  lui  répondit  :  «  J'en  avais  un,  seigneur, 
mais  un  ennemi ,  ému  par  un  sentiment 
d*envie,  lui  a  donné  la  mort.  »  Alors  Cynops, 
proférant  de  grandes  clameurs,  les  appela 
par  leur  nom,  et  aussitôt  deux  démons  pa- 
rurent ,  l'un  d'eux  ayant  la  figure  du  jeune 
homme  qui  avait  été  tué.  El  Cynops  demanda 
au  père  :  «  Est-ce  ton  fils?»  Et  il  dit  :  «  Oui, 
seigneur.  »  Et  Cynops  dit  à  Jean  :  «  N'ad* 
mire$-tu  pas  les  prodiges  que  tu  vois?  » 
Jean  répondit  :  «  Non.  »  Et  Cynops  répli- 
qua :  «  Si  ces  prodiges  ne  t'émeuvent  pas, 
tu  en  verras  de  plus  grands,  et  je  ne  cesse- 
rai jusqu'à  ce  que  je  t'aie  vaincu  parles  mer- 
veilles que  j'etfeduerai.  »  Jean  répondit  : 
«Tes  prodiges  disparaîtront  avec  toi.  »  Le 
peuple  dit  à  Jean  :  «  O  fugitif,  exilé  et  in- 
connu, pourquoi  blasphèraes-tu  contre  le 
puissant  Cynops?  )>  Et,  se  jetant  sur  lui  com- 
me des  bêtes  féroces,  ils  le  renversèrent  par 
torre  et  voulaient  le  déchirer. 'Et  Cynops, 
croyant  que  Jean  était  mort,  dit  à  la  foule  : 
«  (Jiissez-le  sans  sépulture,  aGn  que  les  oi- 
seaux du  ciel  et  les  bêtes  de  la  terre  le  dé- 
vorent, et  vous  verrez  si  le  Chrisi  qu'il  prêche 
le  ressuscitera.  »  Et  les  habitants,  pensant 

aue  Jean  avait  été  tué  ,  s*en  allèrent  pleins 
e  joie,  chacun  en  sa  maison.  Et  Jean  resta 
couché  en  cet  endroit  jusqu'à  la  seconde 
heure  de  la  nuit,  et  je  vins,  livré  à  une 
grande  affliction,  pour  voir  si  je  trouverais 
mon  maître  ;  et,  m'approchant  de  lui,  je  lui 
dis  :  «i  Comment  te  trouves-tu,  seigneur?  » 
Et  il  me  répondit:  oHAte-toi  d'aller  chez 
Myron;  tous  les  frères  y  sont  réunis  et  se 
livrent  à  une  extrême  douleur;  annonce- 
leur  que,  par  la  grâce  de  Jésus-Christ,  Je 
suis  en  vie,  et  tu  reviendras  ensuite  auprès 
de  moi.  »  Je  m'empressai  de  me  rendre  à  la 
maison  de  Myron,  et  j'y  trouvai  les  frères 
.  réunis  et  s'aQligeant  beaucoup  du  malheur 
de  Jean;  et  lorsqu'ils  m*entendirent  frapper  à 
la  pnrte,  ils  n'osaient* ouvrir,  craignant  les 
embûches  des  partisans  du  magicien  Cynops. 
Et  comme  ie  persistais  à  frapper  et  à  crier, 
un  des  esclaves  de  Myron  aie  reconnut,  ot 
annonça  que  Pruchore  frappait  à  la  |>orte;  ils 


ouvrirent,  et,  à  mon  aspect,  ils  furent  frapi^é* 
de  stupeur,  car  ils  croyaient  que  j'étais  mort 
avec  Jean .  Et  quand  ils  apprirent  que  J^ao  vj. 
vait,  ils  coururent  avecjoieà  l'endroit  oùit 
était;  et  nous  le  trouvâmes  à  genoux,  priant  U 
SeigneurJésus-Christ,etquandileutter(nioé 
sa  prière ,  ils  l'embrassèrent.  Jean  se  mit  à 
les  instruire  et  à  les  ^avertir  de  ne  pas  se 
laisser  séduire  par  les  paroles  ou  les  aclioas 
de  Cynops,  et  il  dit  :  «  Tout  ce  qu'il  fait  u'e>t 
que  prestige  et  artifice  du  démon  ;  mais  tous 
le  verrez,  par  la  grAce  de  Jésus-Christ,  |)énr 
avec  ses  ruses.  Allez  chez  Myron,  et  restez- 
y  en  prières  jusqu'à  ce  que  Dieu  manifeste 
sa  volonté,  »  et  ils  s'en  allèrent  après  l'avoir 
embrassé. 

Lorsque  le  matin  fut  venu,  quelques  per* 
sonnes  annoncèrent  à  Cynops  que  Jean  u- 
vait.  Cynops  appela  alors  un  démon  qui  lui 
avait  souvent  donné  son  concours,  et  il  lui 
dit  :  «  Sois  prêt  à  exécuter  mes  ordres,  >  et 
il  vint  avec  le  démon  au  logis  où  nous  étions 
et  une  grande  foule  l'accompagnait.  El  ildti 
à  Jean  :  «  J'ai  voulu  te  faire  subir  ceiiH 
peine  et  cette  confusion,  et  c*est  pourquoi 
je  t'ai  conservé  la  vie;  mais  je  veux  maio- 
tenant  que  nous  revenions  auprès  de  la  mer, 
afin  que  tous  voient  ma  gloire,  et  qu'ils 
jouissent  de  ton  embarras  et  de  ta  destruc- 
tion. »  Il  ordonna  ensuite  aux  assistants  de 
retenir  Jean  jusqu*à  ce  qu'ils  eussent  vu  les 
grands  prodiges  qu'il  pouvait  faire. 

^  CHAPITRE  XXIX. 

■  Et  étant  arrivés  à  l'endroit  oiï  Cynops  opé- 
rait ces  prestiges ,  nous  vîmes  une  grande 
multitude  d'hommes  et  de  femmes  qui  of- 
fraient de  l'encens  à  cet  enchanteur,  et  i!) 
se  prosternaient  devant  lui,  et  il  était  accom- 
pagné de  deux  démons,  qui  avaient  pris  la 
figure  des  hommes  qu'il  feignait  avoir 
ressuscites.  Cynops  frappa  des  mains,  et, 
ayant  fait  un  grand  bruit,  il  se  jeta  k  Is 
mer,  et  le  peuple  dit  :  «  O  grand  CynopsI  • 
Et  les  deux  démons  dirent  à  la  foule  :  <  At- 
tendez ;  Cynops  est  mort  ,  et  il  ressuv- 
ciiera.  »  Et  Jean  dit  aux  démons  :  <  Es- 
prits immondes ,  je  vous  ordonne  de  rester 
ici,  immobiles,  jusqu'à  ce  que  j'aie  prié;* 
et  aussitôt,  l'apôtre  ayant  levé  les  mains  au 
ciel  et  dis|)0sé  les  bras  en  forme  de  croix,  pria, 
disant  :  «  Seigneur,  toi  qui,  écoutant  les  priè- 
res de  Moïse,  as  donné  à  Israël  la  victoire  5ur 
Araalec,  Seigneur  Jésus-Christ,  Fils  du  Duu 
vivant,  jette  ce  Cynops  au  fond  de  Tablcne: 
qu'il  ne  revoie  \A\xs  le  jour  et  qti'tl  tw 
puisse  plus  tromper  les  hommes.  > 

Lorsque  Jean  eut  fini  sa  prière,  ta  fficr  "i 
entendre  un  grand  fracas,  et  elle  fut  trèv 
agitée  à  Tendroit  où  Cynops  s'était  précipi* 
té,  et,  dès  ce  moment,  il  fut  englouti  etpir- 
sonne  ne  le  revit.  Et  Jean  ordonna  aus  deui 
démons  qui  avaient  pris  la  forme  d'botnujw 
ressuscites  de  sortir  aussitôt  du  pays  ;  cl  ^° 
entendant  ce  commandement  donné  an  noai 
de  Jésus-Christ,  qui  a  voulu  être  crucine 
pour  le  salut  de  tous  les  liommesi  Iw^^ 
mons  dispartirent  aussitôt.  La  foule,  vuyii>; 
qu  à  la  voix  de  Jean,  les  morts  qu'elle  avAi* 


797 


PAO 


PART.  m.  —  LEGENDES  £T  FRAGMENTS. 


PRO 


7ti8 


crus  rappelés  à  la  vie,  avaient  disparu  ,  s*ir- 
rila  contre  lui,  et  grand  fut  ie  courroux  du 
jeune  homme  qui  pensait  avoir  recouvré 
son  père,  et  du  père  qui  s'imaginait  que 
son  fils  lui  était  rendu ,  et  ils  Grent  des  me- 
naces è  Jean,  et  les  assistants  disaient  :  a  Si 
tu  étais  on  homme  bienfaisant,  tu  ne  détrui- 
rais pas  ce  qui  est  rendu  ,  mais  tu  rendrais 
ce  qui  est  détruit;  mais  tu  es  un  magicien 
envieux  deCynops,  et  tu  as  anéanti  les  bien- 
faits qu'il  nous  a vai  t  accordés;  rends-nous  ces 
deux  hommes  ou  nous  te  tuerons.»  Quelques- 
uns  disaient  :  «c  Ne  lui  faites  aucun  mal  jus- 
u'à  ce  que  le  juste  Cynops  revienne,  et  alors 
il  ie  livrera  au  jugement  éternel.  »  lis  se 
rendirent  à  cet  avis,  qui  était  conforme  à  ce 
u*avait  dit  Cjrnops,  et  ils  restèrent  au  bord 
e  la  mer  trois  jours  et  trois  nuits  sans  pren- 
dre de  nourriture  et  criant  :  «Puissant  Cy- 
nops, assiste- nous.  »  Et  grand  nombre  d*en- 
tre  eux  tombèrent  gravement  malades  à  cau- 
se de  cette  abstinence  et  des  clameurs  qu'ils 
poussaient;  plusiours  tombèrent  privés  de 
senlimem  et  moururent. 

CHAPITRE  XXX. 

Jean  voyant  qu'ils  périssaient  misérable- 
ment, fut  ému  de  compassion  ;  il  gémit  et  se 
iDJtè  pleurer,  disant  :  u  Seigneur  Jésus-Christ, 
qui  m*as  envoyé  dans  cette  lie  ^our  le  salut 
(ie  ses  habitants,  do^ne-ieur  l'intelligence 
du  cœur  afin  c|u*aucun  d'eux  ne  périsse.  »  Et 
il  les  consolait  en  disant  :  «  Mes  frères,  écou- 
lez-moi avec  patience;  voici  quatre  jours 
que  vous  n'avez  mangé  et  vous  persistez  à 
jeûner,  attendant  celui  qui  ne  viendra  pas. 
Sachez  que,  par  un  juste  châtiment  de  Dieu, 
Cfnops  est  tombé  dans  la  perdition  éternelle; 
que  chacun  de  vous  se  retire  donc,  je  vous 
en  prie,  dans  sa  maison,  et  prenez  de  la 
nourriture  afin  de  conserver  votre  vie.  »  Et 
après  avoir  ainsi  parlé  ,  il  vint  à  ceux  qui 
avaient  succombé  à  ia  fatigue,  et  il  pria  sur 
eux,  disant  :  «  Seigneur  Jésus-Christ  qui , 
»u  dernier  jour,  rappellera  delà  mort  par  le 
son  de  la  trompette,  les  hommes  qui  se  sont 
endormis  et  ont  quitté  le  monde,  étends  (a 
i;râce  sur  ces  hommes  qui  sont  morts,  aGn 
qu'ils  reviennent  à  la  vie,  )>  et  aussitôt  ils 
se  relevèrent.  (Et  la  foule,  voyant  ce  pro- 
<iige,  se  prosterna  devant  Jean  et  l'adora,  di- 
:>ant  :  «  Maître,  nous  savons  h  présent  que 
tu  es  venu  de  la  part  de  Dieu.  »  Et  Jean  leur 
dit  :  «  Allez  en  vos  demeures,  prenez  de  lu 
nourriture  et  restaurez  vos  âmes.  Je  vais  al- 
ler chez  Myron  qui  a  été  converti  à  Jésus- 
Christ,  et  ensuite  j'irai  vers  vous,  et  je  vous 
donnerai  ce  qui  vous  est  nécessaire;  »  et  cha- 
cun alla  en  sa  maison. 

Nous  allAmes  de  notre  côté  chez  Myron,  et 
une  grande  joie  éclata  quand  nous  y  arri- 
vâmes. Et  Myron  mit  la  table,  et  nous  prîmes 
de  la  nourriture  avec  lui.  Au  point  du  jour, 
presque  tous  les  habitants  se  réunirent  de- 
vant la  maison  de  Myron,  disant  :  a  Myron, 
lu  Doérites  de  grands  biens  h  cause  de 
l'homme  de  Dieu  et  du  bon  maître  qui  s*est 
manifesté  à  nous  par  ton  entremise.  Conduis- 
le  donc  dehors  auprès  de  nous,  afin  que  nous 


recevions  de  lui  ia  parole  de  la  foi.  i»  Myron 
pensa  qu'ils  parlaient  ainsi  avec  perfulie  afin 
d'attirer  Jean  au  dehors  et  de  le  tuer,  mais 
Jean  lui  dit  :  «  Ne  t'épouvante  pas,  mon 
frère,  et  ne  crains  rien;  j*ai  confiance  en 
mon  Dieu  qui  a  été  crucifie  à  cause  de  nous, 
et  il  n'y  a  nul  mauvais  dessein  en  ces  hom- 
mes. »  H  sortit  donc,  et  la  foule  s'écria  :  a  Tu 
es  le  sauveur  de  nosAmes,  tu  es  le  grand  Sei- 
gneur etle  Dieu  qui  éclaire  l'hommed'unelu^ 
mière  immortelle.  »Jean,  les  entendant  parler 
ainsi ,  déchira  ses  vêtements  et  couvrit  sa 
tête  de  poussière,  et  il  fil  signe  de  la  main 
pour  demander  le  silence,  et  tous  se  turent 
avec  effroi,  et  Jean  monta  sur  un  lieu  élevé 
et  dit  :  «  Ne  vous  égarez  pas,  mes  frères,  et 
ne  blasphémez  point;  je  ne  suis  pas  un 
Dieu,*  et  ouvrant  lesEcrituresetcomniençant 
par  Moï-^e,  il  leur  expliqua  ce  que  les  pro- 
phètes avaient  dit  du  Fils  de  Dieu,  et  com- 
ment Dieu  a  envoyé  sur  la  terre  son  Fils 
unique  qui  est  né  d'une  femme  pour  le  sa- 
lut des  hommes  :  «Je  suis,  »  dit-il,  «  le  ser- 
viteur indignedu  Filsdu  Dieu  vivant;  il  m'a 
envoyé  dans  cette  île  pour  que  je  vous  fasse 
sortir  de  l'erreur,  et  cest  en  son  nom  et  par 
sa  puissance  que  je  fais  tous  les  prodiges 
que  vous  voyez.  »  El  après  les  avoir  ensei- 
gnés d'après  l'Ecriture,  il  rentra  chez  My- 
ron ,  et  plusieurs  vinrent  le  trouver,  le 
priant  de  les  baptiser,  et  après  les  avoir 
instruits ,  il  les  baptisa  au  nom  du  Père,  et 
du  Fils,  et  du  Saint-Esprit. 

CHAPITRE  XXXf. 

Le  lendemain,|Jean  sortit  avec  moi,  arec 
Myron  et  avec  trente  nouveaux  baptisés,  et 
nous  allâmes  à  l'hippodrome  où  se  font  les 
courses  de  chevaux,  tly  avait  un  Juif  nommé 
Philon  ,  très-versé  dans  la  connaissance  de 
la  loi,  qui  demeurait  en  cel  endroit.  Et  Jean 
se  mit  a  l'interroger  au  sujet  des  livres  de 
Moïse  et  des  prophètes  ;  le  Juif  répondait  se- 
lon la  lettre  du  texte ,  et  Jean  Tinterpréiait 
selon  l'esprit,  et  comme  ils  n'étaient  pas 
d'accord,  Philon  dit  :  «  Ce  n'est  point  par  de 
longues  discussions  qu'on  arrive  h  Tintelli- 
gence  de  l'histoire  ;  c'est  par  un  cœur  pur 
et  sans  tache,  et  par  une  foi  droite  et  agréable 
à  Dieu.  )»  Et  quand  il  eut  dit  ces  paroles,  Jean 
cessa  de  lui  parler,  et  voici  que  non  loin  de 
là  gisait  un  homme  tourmenté  par  une  fièvre 
très-forte,  et  auprès  de  lui  il  y  avait  unjoune 
homme  qui,  voyant  Jean  passer,  accompa- 
gné d'une  grande  foule,  se  mit  à  crier  à  voix 
haute,  disant  :  «  Apôtre  de  Jésus-Christ,  aie 
pitié  de  ce  malade  qui  souffre  cruellement.  » 
Et  Jean  s'approcha,  et  avant  fait  le  signe  de 
la  croix,  il  dit  au  malade  :  «  Au  nom  de 
Notre-Seiçneur  Jésus-Christ,  dont  je  suis  le 
serviteur  indigne  et  l'apôtre,  lève-toi  et  re- 
tourne guéri  en  ta  maison;  »  et  aussitôt  le 
malade  se  leva  et,  fléchissant  les  genoux  de- 
vant l'apôtre,  il  lui  rendit  grâces 

CHAPITRE  XXXII. 

Philon,  voyant  ce  miracle,  f)rit  Jean  par  la 
nain  et  lui  dit  :  «  Maître,  qu'est-ce  que  la 
charité  ?  n  Jean  répondit  :  «Dieu  est  la  cha- 


790 


DlCTtONNAIRE  DES  APOCRYPIlES. 


m 


rite,  et  celui  qui  a  la  charité  possède  Dieu.  » 
Philon  dit  :  «  Si  celui  qui  a  la  charité  pos- 
sède t)feu,  comme  tu  !e  dis,  montre  que  tu 
as  la  chanté,  entre  dans  ma  maison  pour 
que  nous  mangions  etbuvions  ensemble,  et 
Dieu  sera  avec  nous.  »  Jean  le  suivit,  et 
après  te  repas,  il  enseigna  la  parole  de  Dieu, 
et  ta  femme  de  Philon  lui  demanda  le  bap- 
tême; cette  femme  était  atteinte  de  la  lèpre, 
et  sa  peau  était  blanche  comme  la  neige  ; 
dès  qu'elle  eut  reçu  le  baptême,  elle  se 
trouva  comptélemenl guérie.  Philon,  témoin 
<le  celte  ^uérison,  perdit  son  arrogance  et  sa 
vanité;  il  devint  modeste  et  doux,  et  tom- 
bant aux  pieds  de  Tapûtre,  il  dit  :  «  Bon 
maître,  je  t'en  conjure  parle  Dieu  que  tu 
sers,  sois-moi  propice  et  ne  t'irrite  pas  con- 
tre ton  esclave,  j'ai  dit  contre  tes  prédica- 
tions beaucoup  de  choses  dont  je  me  repens, 
et  je  te  prie  de  me  donner  le  signe  de  la  vie 
éternelle.  »  Jean  Pinstruisit  et  le  catéchisa, 
et  le  baptisa  ensuite,  au  nom  du  Père,  et  du 
FilSi  et  du  Saint-Esprit. 

CHAPITRE  XXXIII. 

Le  lendemain  matin ,  nous  sortîmes  de 
bonne  heure  de  la  maison  de  Philon,  et  une 
(grande  foule  se  réunit  aûn  d'écoufer  les 
instructions  de  lean.  Et  les  prêtres  d'Apol- 
lon qui  avaient  voulu  faire  périr  lean,  lors- 
qu'il avait  détruit  leur  temple,  se  réunirent 
aussi.  Ils  se  tinrent  près  de  lui,  épiant  ses 
actions  afin  d'y  trouver  b  redire,  et  un  d'eux 
tenta  Jean,  en  disant  :  «  Maître,  j'ai  un  fils 
estropié  des  d(Miz  jambes,  guéris-le,  et  je 
croirai  au  crucifié  que  tu  pièches.  «Jean 
lui  répondit  :  «  SI  tu  crois ,  ton  fils  sera 
guéri.  »  Et  le  prêtre  répondit  :  «  tinéris-le 
d'abord,  je  croirai  ensuite.  »  Jean  répliqua  : 
«  Ne  parle  pas  imprudemment ,  je  sais  (jue 
tu  veux  me  tenter  et  chercher  une  occasion 
de  blasphème;  c'est  pourquoi,  au  nom  de 
celui  qui  est  crucifié,  tu  seras  estropié  des 
deux  jambes;  »  et  aussitôt  le  |)rêtre  fut  hori 
d'état  de  marcher,  et  Jean  me  fit  appeler  et 
me  dit  :  «  Mon  fils  Pachore,  va  au  fils  du 
prêtre  d'ApoUon  et  dis^lui  que  je  le  fais 
prévenir  au  nom  du  Fils  de  Dieu  qui  a  été 
crucifié  sous  Ponce  Pilate,  de  se  rendre  au- 
près de  moi.  )»  J'allai  lui  rapporter  les  pa- 
roles de  Jean,  et  aussitôt  il  se  leva  parfai- 
tement guéri,  et  il  vint  avec  moi.  Et  quand 
je  rejoignis  Jean,  il  se  jeta  aux  pieds  de  l'a- 
pôtre, et  lui  rendit  grâces.  Et  le  père  voyant 
que  son  fils  était  çuéri,  s'écria  à  haute  voix  : 
<f  Aie  pitié  de  moi,  apôtre  de  Dieu,  i»  Jean  fit 
sur  lui  le  signe  de  la  croix,  lui  prescrivant 
de'se  lever,  et  il  se  leva  aussitôt,  et  se  jetant 
aux  pieds  de  Tapôtre  il  le  pria  de  le  baptiser; 
il  fut  baptisé,  et  il  nous  conduisit  5  sa  mai- 
soni  et  nous  y  demeurâmes  cette  journée. 

CHAPITRE  XXXIV. 

Le  lendemain  ,  nous  nous  rendîmes  au 
portique  qu'on  appelait  portique  de  Domi- 
tifn,  et  une  grande  foule  se  réunit  autour 
deJoan.  Et  il  y  avait  là  un  hydropique  qui 
était  malade  depuis  dix-sept  ans ,  et  il  ne 
pouvaitni  se  mouvoir,  ni  parler;  il  fit  signe 


a 


u'on  lui  donnât  de  l'encre  et  du  pai  ier,  et 
il  écrivit  :  «  Jean,  apôtre  de  Jésus-Chnst, 
un  homme  accablé  par  le  malheur,  te  pne 
d'avoir  pitié  de  lui  ;  »  Jean  reçut  cette  lettre 
et  il  la  lut  en  se  réjouissant  de  la  foi  de  cet 
homme,  et  il  lui  écrivit  :  «AThoinuie  hydro- 
pique,  Jean  esclave  et  apôtre  de  Jé$us-Cbn*t, 

salut  : 
«Tu  me  demandes  de  te  secourirdaas  tadé- 

tresse;  au  nom  du  Père,  et  dii  Fils,  et  da 
Saint-Esprit,  sois  délivré  de  ton  iofirmiié 
et  sois  gnéri.  » 

Quand  l'hydropique  eut  reçu  cette  lettre 
et  qu*il  l'eut  lue,  il  se  leva,  coniplélement 
guéri.  Et  la  foule ,  voyant  ce  miracle,  fut 
frappée  de  surprise ,  et  désirait  encore  plus 
vivement  entendre  ta  prédication  de  J^^an. 
Et  l'homme  qui  avait  été  guéri  tomba  aut 
pieds  de  Jean,  le  priant  de  lui  donner  le  hi- 
gne  de  Jésus-Christ,  et  Jean  le  baptisa  au 
nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Saint-Espriu 

CHAPITRE  XXXV. 

Lorsque  nous  quittâmes  cet  endroit,  uo 
homme  envoyé  par  le  gouverneur  de  Tiie, 
vint  au-devant  de  nous  et  dit  à  Jean  :  «  A)>d- 
tre  du  Christ,  Fils  de  Dieu,  hâte-loi  deie 
rendre  dans  la  maison  du  gouverneur,  car 
sà  femme  est  au  moment  d'accoucberf  et  elle 
est  dans  un  grand  danger.  »  Jean  alla  chez 
le  gouvernenr  ;  au  moment  qu'il  entra  dan^ 
la  maison  ,  la  femme  fut  délivrée.  Et  Jean 
dit  au  gouverneur  :  «  Pourquoi  m'as-tu  fait 
apf)eler  ?»  Et  il  répondit  :  «  Pour  que  tu 
bénisses  ma  maison.  » 

Jean  répondit  :  «  Si  tu  crois  en  Jésus* 
Christ  Fils  de  Dieu,  tu  seras  béni  aiu5i  q(K 
ta  maison.  »  Et  le  gouverneurt  heureux  «le 
voir  le  bien  qu'avait  produit  la  venue  <le 
Jean,  dit  :  <i  Je  crois  an  Dieu  qui  t'a  envou* 
pour  notre  salut.  »  Et  Jean  lui  enseigna  cutii- 
ment  il  devait  croire  au  Père»  au  Fitset  au 
Saint-Esprit  ;  il  le  baptisa  ensuite,  et  sa  feiiimc 
demanda  aussi  à  être  baptisée,  mais  Jeanne 
voulut  pas  jusqu'à  ce  qu'elle  eût  accooipii 
les  quarante  jours  de  la  puritication. 

Le  gouverneur  apporta  à  Jean  une  gros^t» 
somme  d'argent,  le  priant  de  la  recevoir  e: 
de  bénir  sa  maison;  Jean  lui  dit :•  Je  ne 
puis  recevoir  celte  somme  pour  bénirta  mai- 
son, mais  distribue-la  aut  pauvres  au  n<*(ii 
de  Jésus-Christ  et  ta  maison  .nera  k>énie.  ■ 
Et  nous  demeurâmes  trois  jours  dans  la  mai- 
son du  gouverneur,  et  nous  en  sortf  Jies  pour 
aller  chez  Myron  où  il  se  rassembla  une 
grande  foule  qui  demandait  k  eotendn^ 
Jean. 

CHAPITRE  XXXVI. 

Nous  dcmeur&mes  trois  ans  dans  une 
maison  sur  la  place  de  la  ville,  et  nous  ^a 
sortîmes  ensuite  pour  aller  dans  une  autre 
ville  éloignée  de  cinquante  stades.  Celte  vii<? 
était  fort  peuplée,  remplie  d*une  rosi(ilu<lt* 
d'idoles,  et  leurs  adorateurs  étaient  tromi*^; 
par  des  prestiges  mensongers.  Et  il  y  ataii 
un  fleuve  qui  traversait  cette  ville.  Personne* 
ne  nous  connut  lorsque  nous  y  entrâmes,  *t 
nous  y  rencontrâmes  un  homme  qui  menau 


m 


PAO 


PART.  lU.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


8(2 


garrottés  dotize  enfants  apparleoant  aux  pre- 
mières familles  de  cotte  cité.  Jean  ayant  de- 
mandé pourquoi  ces  enfants  étaient  ainsi 
lUachéSy  on  lui  dit  qu*à  chaque  nouvelle 
iiine^  00  offrait  au  dieu  Loup  un  sacrifice 
de  douze  enfants.  Jean  dit  :  «  Je  voudrais 
savoir  qui  est  ce  dieu  Loup?  »  Et  celui  qu'il 
interrogeait  répondit  :  «  A  la  quatrième 
heure  uu  jour,  les  prêtres  viendront  accom- 
pagnés d*une  grande  foule  ;  si  tu  veux  les 
suivre,  ta  verras  le  loup  auquel  on  offre  ce 
sacrifice.  »  Jean  dit  :  «  Je  reconnais  en  toi  un 
homme  lûenveillant,  je  suis  nn  étranger, 
je  le  prie  donc  de  me  montrer  ce  que  je  dé- 
sire voir,  et  si  tu  le  fais,  j*ai  une  perle  d'un 
prii  tel  que  personne  ne  pourrait  h\  payer, 
etjn  te  la  donnerai.  » 

L*homnie  auquel  Jean  parlait  ainsi  nous 
conduisit  alors  dans  Pendrait  où  habitait  le 
loup,  et  il  d  it  :  «  Nous  sommes  arrivés  ;  donne- 
mii  la  perle,  et  je  te  montrerai  le  loup.  ^ 
Jean  lui  dit  :  «  Aie  confiance  en  moi  ;  lors- 
que lu  me  l'auras  montré,  lu  recevras  la 
perle  que  je  t'ai  promise.  »  Peu  de  temps 
après,  un  loup  sortît  du  fleuve,  et  Jean  lui 
dit  :  »  Je  t'adjure,  esprit  immonde,  dis-moi 
depuis  combien  de  temps  tu  résides  en  ce 
lieu.  »  Le  démon  répondit:  «  Depuis  soixante- 
dix  ans.  «  Jean  dit  alors  :  «  Je  te  commande 
au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Saint-Es- 
prit, de  sortir  de  cette  tie,  v  et  aussitôt  Tes- 
prit  immonde  disparut,  vi  Thomme  qui  avait 
ftarlé  h  TapÔtre,  voyant  cela,  tomba  aux  pieds 
de  Jean,  Pt  lui  dit  :  «(  Aie  pitié  de  moi, 
homme  saint;  dis-moi  qui  tu  es  etd*ot!ltu 
viens,  toi  qui  fnis  des  choses  aussi  admira- 
bles, et  qui  donnesdes  ordres  aux  dieux  qui 
accomplissent  ta  volonté  en  tremblant.  » 

Jean  lui  répondit  :  «  Je  suis  Tapôtre  elle 
S(!rviicur  de  Jésus-Christ,  Fils  de  Dieu  ;  ce 
loup  que  tu  regardais  comme  un  dieu  n'était 
qu'un  esprit  immonde  qui  a  fait  perdre  beau- 
coup d*ânies,  et  mon  Seigneur  Jésus-Christ 
m'a  envoyé  en  celte  lie  pour  en  chasser  tous 
le.s  esprits  méchants,  et  i-ouc  prêcher  aux  ha« 
bitants  l'Evangile  de  la  vérité.  »  Cet  homme 
ayant  entendu  ces  paroles,  tomba  sur  sa 
face,  et  dit  :  «  Apôtre  de  Jésus-Christ,  fais- 
moi  miséricorde  afin  que  je  mérite  d'être  le 
serviteur  du  Fils  de  Dieu.  «  Et  Jean  rinstrui- 
sii  comme  il  devait  croire  au  Père,  au  Fils, 
et  auSaint*Espril,  et  le  lendemain  il  lui 
dit  :  ff  Voici  que  tu  as  reçu  une  perle  très- 
précieuse.  »  Et  lorsqu'il  eut  dit,  des  prêtres 
vinrent,  tenant  des  épées  et  menant  des  en- 
fants enchaînés  pour  les  sacrifier  à  leur  Dieu 
Loup;  et  ils  attendaient  la  venue  du  démon 
qu'ils  prenaient  pour  un  dieu.  Et  après  qu'ils 
eurent  lon^^lemps  attendu,  Jean  s'approcha, 
et  leur  dit  :  «  0  ignorants,  qui  ne  connaissez 
pas  la  voie  de  la  vérité  ,  le  loup  que  vpus 
attendez  «t  que  vous  prenez  pour  un  dieu 
est  un  démon  et  un  esprit  méchant  ;  je  l'ai 
chassé  de  ce  pays  au  nom  Ue  Jésus-Christ, 
Fils  du  Dieu  vivant;  vous  l'attendrez  en  vain, 
il  ue  viendra  plus  ;  délivrez  donc  ces  enfants 


et  croyez  en  J^sus-Chrisr,  vrai  Dieu  et  vrai 
homme,  qui  a  été  crucifié  pour  le  salut  de 
tous  les  hommes,  n 

Les  prêtres,  entendant  Jean  parler  de  la 
sorte,  furent  fort  troublés,  et  aucun  d'eux 
n*bsait  lui  répondre,  mais  ils  craignaient  que 
le  luup  ne  vînt  et  ne  les  engloutit  dans  les 
eaux  du  fleuve  s'ils  croyaient  à  un  éiran- 
ger.  Et  Jean  leur  dit  derechef  :  «  Délivr  z 
ces  enfants  ainsi  que  je  vous  Taî  dit,  et  ne 
craignez  point  le  démon,  qui  ne  reviendra 
plus,  car  je  lui  ai  commandé  au  nom  du  Sei- 
gneur Jésus-Christ,  de  se  retirer,  »  Et  comme 
aucun  des  prêtres  ne  répondit,  Jean  délivra 
les  enfants,  et  leur  dit  :  «  Retournez  dans  la 
ville  auprès  de  vos  pères,  de  vos  mères,  de 
vos  frères  et  de  vos  amis,  »  car  aucun  de 
leurs  parents  ne  les  avait  suivis.  El  il  alla 
vers  les  prêtres,  il  leur  ôta  leurs  épées 
d'entre  les  mains,  et  tous  furent  effrayés  et 
aucun  d'eux  n'osa  rien  lui  dire;  car  le  Sei- 
gneur le  protégeait  et  empêLhait  qu'on  ne  la 
touchât  et  qu'on  ne  lui  adr)Bssât  des  injures. 
Ils  entrèrent  tous  dans  la  ville,  et  Jean  vint  à 
l'endroit  où  était  un  petit  portique,  et  une 
grande  foule  se  réunit  pour  entendre  sa  pa- 
role. Et  il  se  mil  à  leur  parler  des  |)assa,^es  de 
l'Ecriture  sainte  qui  ont  prédit  le  Fils  de  Dieu, 
et  quelques-uns  crurent  è  sa  parole,  et  lui 
rendaient  grâces  de  ce  qu'il  avait  délivré  les 
enfants  de  la  mort;  les  prêtres  seuls  avaient 
de  la  haine  contre  lui,  et  ne  voulurent  ni 
écouter  sa  parole,  ni  recevoir  le  bapiême 

CHAPITRE  XXXVII. 

Il  y  avait  dans  cette  ville  un  bain  où  un 
des  fils  des  prêtres  avait  été  étranglé  par  le 
démon,  et  ce  démon  était  celui  que  Jean 
avait  expulsé  d'Ephèse  et  qui  avait  étran- 
glé le  fils  de  Dioscoride.  Quand  le  prêtre  ap- 
prit que  son  fils  avait  été  étranglé,  il  courut 
au  bain,  et  quand  il  le  vit  mort  et  éiendu  par 
terre,  il  s'éloigna  dans  une  (grande  affliction, 
et  il  s'approcha  de  Jean,  et  il  lui  dit  :  <i  II  est 
maintenant  temps  de  croire  en  celui  qui  t'a 
envoyé  et  que  tu  prêches,  car  nïon  fils  e^t 
mort  étranglé  dans  le  bain  ;  je  sais  que,  si 
tu  veux,  tu  peux  me  le  rendre  vivant.  »  Jean 
lui  répondit  :  «  Il  te  sera  rendu,  n  et  pre- 
nant le  prêtre  par  la  main,  ils  allèrent  aux 
bains^  et  nous  les  suivîmes. 

Quand  nous  ïûmes  entrés,  on  apporta  le 
mort,  et  on  le  déposa  aux  pieds  de  Jean,  et 
le  prêtre  dit  à  Jean  :  «  Ressusrite-le  par  le 
pouvoir  du  Dieu  que  tu  vénères  et  que  tu 
prêches,  »  et  aussitôt  Jean  ayant  pris  la  main 
du  jeune  homme,  dit  :  «  Au  nom  du  Sei- 
gneur J(^sus-Chri.st,  Fils  de  Dieu,  lève-toi,» 
et  aussitôt  le  mort  se  leva.  Et  Jean  dit  h 
l'enfant  :  «  Que  t'est-il  arrivé, mon  fils?  • 
Et  l'enfant  répondit  :  «  Tandis  que  je  me  la- 
vais ,  un  homme,  noir  comme  un  Ethio- 
pien (768-69),  estsorti  du  bain  et  m'a  étranglé.» 
Et  Jean  connut  que  c'était  le  démon,  et  il 
entra  dans  les  bains.  Le  démon  se  mit  A 
crier  d'une  voix  terrible  :  «  Jean,  apôtre  de 


t?69-69)  En  plusieurs  endroiis  de  f  I/ti/oire  apo-     i^pri^senlé  sous  la  forme  d*un  Ethiopien  ou  d*uQ 
iiQliqut  au  pacudo-Abdias ,  le  démon  e:>l  de  luême      Pf  gre. 


fio:i 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


fJ4 


Jésus-Christ  et  son  bien-aimé,  je  te  prie,  au 
nom  de  ton  Seigneur,  de  ne  pas  me  chasser 
d*ici.  »  Et  Jean  lui  dit  :  «  Depuis  combien 
d^années  es-tu  ici?  »  Le  démon  répondit  : 
«  Depuis  trois  ans  ;  j'habitais  à  Ephèse  dans 
les  bains  de  Dioscoride,  e(,  lorsque  tu  m*en 
as  chassé,  je  suis  venu  résider  ici.  » 

Jean  lui  dit  alors  :  «Je  te  commande,  esprit 
immonde,  au  nom  de  Jésus-Christ,  de  sortir 
de  ce  lieu  et  de  cette  île,  et  de  ne  nuire  à 
aucun  homme,  mais  d*aller  dans  des  lieux 
déserts,  »  et  le  démon  s'enfuit  aussitôt.  Et 
le  prêtre,  voyant  ce  qu'avait  fait  Jedn,  le 
pria  en  fléchissant  le  genou,  et  en  disant  : 
«  Seigneur,  moi  et  mon  fils  et  toute  ma  maison 
nous  sommes  à  ta  disposition,  et  nous  nous 
soumettons  h  ta  volonté;  nous  ferons  tout 
ce  que  tu  nous  commanderas,  et  nous  t'obéi- 
rons  en  toutes  choses.  »  Jean  lui  dit  :  «  Crois 
en  Jésus-Christ,  Fils  de  Dieu,  qui  a  été  cru- 
cifié, et  tu  seras  sauvé  ainsi  que  ta  maison.  » 
Le  prêtre  répondit  :  «  Je  crois  en  ce  que  tu 
dis,  apôtre  et  disciple  de  Jésus-Christ,  Fils 
de  Dieu.  »  Et  il  nous  conduisit  à  sa  mai- 
son, et  s'étant  agenouillé,  il  priait,  disant  : 
«  Donne  moi  le  baptême  ainsi  qu'à  mon  fils 
et  à  toute  ma  famille.  »  Jean  les  enseigna 
et  les  instruisit  dans  la  foi,  et  les  baptisa 
avec  tous  ceux  qui  étaient  dans  la  maison. 
Et  nous  restâmes  trois  jours  avec  lui,  nous 
réjouissant  de  tout  ce  que  le  Seigneur  ac- 
complissait par  l'entremise  de  son  apôtre 
Jean. 

CHAPITRE  XXXVIIL 

Le  quatrième  jour,  sortant  de  la  maison 
du  prêtre,  nous  vînmes  en  un  endroit  qu'on 
appelle  Plilagon,  et  tous  les  habitants  se 
rdinirent  pour  entendre  la  parole  de  Dieu, 
et  voici  qu  une  femme,  se  jetant  aux  genoux 
de  Jean,  dit  :  «  Je  t*en  conjure  par  le  Dieu 
que  lu  annonces,  aie  pitié  de  moi.  »  Jean 
lui  dit  :  vFemme,  que  veux- tu  que  je  fasse?» 
Et  elle  dit  :  «  Mon  mari  m'a  quittée  me  hiis- 
sant  avec  un  enfant  âgé  de  trois  ans  ;  je  l'ai 
élevé  avec  beaucoup  |de  peine  jusqu'à  ce 
qu'il  ait  été  adulte,  et  voici  que  l'esprit  ma- 
lin s'est  emparé  de  lui;  j'ai  employé  tout  ce 
que  je  possédais  à  consulter  des  magiciens, 
et  ils  n'ont  pu  le  délivrer;  je  te  prie,  apôtre 
de  Jésus-Christ,  de  le  guérir.  » 

Jean  répondit  :  «  Amène-moi  ton  fils,  et 
Jésus-Christ  le  guérira,  i»  La  femme  s'en 
alla  aussitôt,  accompagnée  de  six  hommes 
qui  voulaient  se  saisir  de  l'enfant,  et  ils  le 
prirent ef  lui  dirent  :  «  Viens  vers  Jean,  l'a- 
pôtre de  Jésus-Christ  pour  qu'il  chasse  de 
toi  l'esprit  immonde,  »  et  aussitôt  le  démon 
s'enfuit  avant  d'être  amené  auprès  de  Jean. 
La  femme,  voyant  que  son  fils  était  guéri,  le 
conduisit  à  l'apôtre,  et,  tombant  à  ses  pieds, 
elle  lui  dit  :  «  Donne-moi,  Seigneur,  ainsi 
qu'à  mon  fils,  lu  baptême  de  Jésus-Christ;  » 
et  Jean  l'instruisit,  ainsi  que  toute  sa  fa- 
mille, et  il  la  baptisa,  et  nous  restâmes  trois 
jours  chez  elle. 


CHAPITRE  XXXIX. 


Nous  sortîmes  ensuite  de  sa  maison,  Pi 
nous  étions  suivis  d'une  grande  foalequp 
l'apôtre  enseignait.  Et  nous  vînmes  à  un  en- 
droit où  il  y  avait  un  temple  que  les  païens 
appelaient  le  temple  de  Bacchus,  et  iU y  fai- 
saient des  offrandes  de  vin  et  d*uoe  grande" 
quantité  d'aliments.  Et  l'usage  était  à  un» 
certaine  fête  que  les  hommes  et  les  femmes 
se  rassemblaient  dans  le  temple  sans  les  en- 
fants; ils  buvaient  et  mangeaient,  et  se  ii* 
vraientensuite, comme  des  animaux,  aui  dé- 
sordres les  plus  honteux  ^770).  L'apôtre  Jean 
arriva  le  jour  où  se  célébrait  cette  fête  io- 
fâme,  et  le  peuple  s'étant  rassemblé  pour  sa 
livrer  à  cette  horrible  débauche,  disait  a 
Jean  :  a  Qu'il  te  suffise  d'avoir  prêché  à  des 
ignorants  une  doctrine  insensée;  quille 
promptement  ce  lieu  qui  est  consacré  à  Bac- 
chus,  autrement  il  te  punira  sévèrement.» 
Jean  ne  s'éloignait  point,  et  continuait  d'ins- 
truire ceux  qui  écoutaient  volontiers  la  vé- 
rité. Et  il  y  avait  dans  ce  temple  douze  prê- 
tres très-scélérats,  qui,  voyant  que  Jean  n". 
se  retirait  pas  et  ne  cessait  de  prêcher,  (por- 
tèrent sur  lui  des  mains  violentes  et  le  fra)^ 
pèrent  cruellement;  ils  le  laissèrent ensune 
lié  et  étendu  par  terre,  et  ils  entrèrent  dans 
le  temple.  Et  Jean  pleura  amèreoient,  et 
dit  :  «  Seigneur  Jésus-Christ,  Fils  (lu  Diei 
vivant,  que  le  temple  de  Bacchus  s'écroule,  • 
et  aussitôt  le  temple  s'écroula,  et  cesdouz^ 

[)rêires  furent  tués.  Quand  le  peuple  vit  que 
e  temple  avait  été  renversé  et  q|ue  les  prê- 
tres étaient  morts,  il  fut  saisi  d  effroi,  et  i> 
dit  :  «  Allons  vers  Jean,  et  demandons-lm 
de  nous  pardonner  de  peur  que  le  feu  liu 
ciel  ne  descende  sur  nous  et  ne  nous  d^ 
truise.  »  Ils  vinrent  à  Jean,  le  délivrerez 
de  ses  liens,  et  lui  demandèrent  de  leur  (par- 
donner, et  aussitôt  Jean  se  leva  et  se  mil  i 
les  prêcher, 

CHAPITRE  XL. 

Ilyavaitdans'celtevilleunhommenoœn:' 
Nacien  dont  la  femme  s'appelait  Flore.  I> 
avaient  deux  fils,  l'alné  se  nommait  Poly- 
carpe.  Nacien  s'était  livré  à  des  études  j»er- 
verses  et  était  for.t  instruit  dans  la  mairie,  t^ 
il  avait  chez  lui  beaucoup  de  livres  sur  i^ 
nécromancie.  Il  vint  auprès  de  Jean,  lors- 
qu'il sut  que  le  temple  s'était  écroulé,  etqu* 
les  douze  prêtres  étaient  morts,  et  il  du 
«  Jean,  tout  ce  peuple  t'aimera  si  to  rai- 
pelles  les  douze  prêtres  à  la  vie.  »  Jean  ré- 
pondit :  «  S'ils  avaient  mérité  que  Dieu  leii' 
lit  cette  grâce,  ils  ne  seraient  point  aioris.  • 
Nacien  dit  :  «  Je  diminuerai  ta  gloire,  car  ;• 
les  ressusciterai,  et  ce  sera  pour  toi  ur^ 
grande  peine,  parce  que  tu  les  as  privent:' 
Fa  vie;  mais  si  tu  les  ressuscites»  jacrot'>'t 
au  crucifié  que  tu  prêches.  « 

Nacien  s'en  al  la  ensuite,  et  faisant  le  tonr  «^  i 
ruinesdu  temple,  il  fit,  parsonartmagii|ue,|M 

ratlredevant  lui  douzedéfflons ayant  la  f4'r*>< 


(770)  Tite-Live,  1.  ixxiv ,  c.  8-lt ,  a  Liissë  un  aux  mystères  de  B:icchtis;  le  consul  Poithcm*  i 
tableau  révoltant  des  désordres  affreux  qui  se  pra-  les  dénonça  au  séual,  et  ce  culte  intime  fut  -^'* 
ttqaaicQt  dans  des  assemblées  ifocturnes  cunsacrées      fendu  l*an  de  Rome  5Ô4 


M 


PRO 


PAKT.  UI.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


VWO 


806 


des  douze  prêtres,  et  il  leur  dit  :  «  Suivez- 
moi,  et  je  vous  donnerai  les  moyens  de  tuer 
Jean. »Lesdénaons répondirent  laNousne  pou- 
vons habiter  dans  le  lieu  où  il  réside,  mais 
nous  resterons  ici  ;  amène  le  peuple,  afln  qu*il 
nous  voie  et  qu'il  croie  è  la  résurrection  des 
prêtres  morts,  et,  danssa  fureur  contre  Jean,  il 
lelapidera.  »  Nacien  partagea  cet  avis;  il  vint 
auprèsde  Jean,  et  se  mit  à  crier,  en  présence 
de  la  foule  :  «  Pourquoi  vous  laissez-vous 
égarer  par  ces  hommes  qui  vous  trompent, 
et  qui  n'ont  point  de  pouvoir?  Ils  ne  di- 
sent que  des  choses  insensées,  car,  moi, 
madressant  à  Jean,  je  lui  ai  dit  :  «  Res- 
siiscile  les  morts,  et  je  croirai  au  cruci- 
fié que  tu  prêches;  mais,  si  je  les  ressuscite, 
tu  seras  livré  à  une  mort  ignominieuse,  parce 
que  tu  as  fait  périr  des  innocents.  »  Il  m*a 
lépondu  qu'ils  n'étaient  pas  dignes  de  vivre  ; 
mais  moi,  je  les  ai  ressuscites,  et  je  vous 
rendrai  votre  temple  restauré.  Suivez-moi 
donc  pour  voir  ces  hommes  rappelés  à  la 
vie,  et  ensuite,  que  Jean  le  magicien  pé- 
risse; je  veux  que  ni  lui,  ni  son  disciple 
ne  viennent  avec  nous,  mais  qu'ils  restent 
où  ils  sont.  » 

Et  la  foule  suivit  Nacien,  lorsqu'il  eut  an- 
noncé que  les  prêtres  étaient  ressuscites,  et 
elle  pensait  à  nous  maltraiter  ;  mais,  Jean  et 
moi,  nous  vînmes  d'un  autre  côté  aux  ruines 
eu  temple.  Et  aussitôt  que  les  démons  aper- 
çurent Jean,  ils  disparurent  de  devant  nos 
veux.  Nous  nous  cachâmes  auprès  des  rui- 
nes, et  Nacien,  étant  venu,  commença,  par 
(les  invocations  horribles,  à  appeler  les  dé- 
mons qui  avaient  pris  la  ûgure  des  prêtres, 
el  ils  ne  lui  répondaient  pas,  et  ne  se  mon- 
Iraient  point,  comme  ils  l'avaient  déjà  fait  : 
el  toute  la  journée,  depuis  le  niatinîusqu'à 
ia  dixième  heure,  s'étant  écoulée,  Nocien, 
ne  retirant  aucun  résultat  de  ses  opérations 
magiques,  provoqua  la  colère  du  peuple  qui 
ïoulail  le  tuer,  disant  :  «  Méchant,  pourquoi 
nous  as-tu  fait  quitter  notre  bon  maître,  et 
8s-ta  voulu  que  nous  ajoutassions  foi  à 
les  paroles  mensongères  ?  >'  El  quelques-uns 
voulurent  se  jeter  sur  lui,  mais  d'autres  les 
retenaient,  di.^ant  :  <  Ne  le  tuons  pas,  mais 
conduisons-le  à  Jean,  et  nous  exécuterons 
aussitôt  ce  qu'il  nous  commandera.  »  Alors 
Jean  médit  :  «  Mon  fils  Prochore,  retournons 
à  Tendroil  d'où  la  foule  est  veuue.  »  Nous 
nous  levâmes  et  nous  nous  rendîmes  en  cet 
endroit.  Et  le  peuple  vint,  et  il  amena  Na- 
cien devant  Jean,  en  disant  :  «  Maître,  nous 
avons  reconnu  que  c'est  un  fourbe  qui  veut 
'iélruire  la  voie  de  la  vérité;  nous  voulions 
ietuer,  de  même  qu'il  se  proposait  de  te 
faire  périr;  nous  te  l'amenons,  pour  le  trai- 
ter selon  ce  que  tu  nous  diras.  » 

Jean  leur  répondit  :  «  Laissez  les  ténèbres 
aller  dans  les  ténèbres,  mais  restez  dans  ia 
iuiuière  de  la  vérité,  pour  que  les  ténèbres 
ne  se  saisissent  pas  de  vous,  et  vous  serez 
sauvés;  >  et  il  ne  leur  permit  pas  de  faire 
périr  Nacien.  Alors  un  grand  nombre  d'hom- 
mes demandèrent  à  Tapôtre  de  les  baptiser, 
et  il  leur  dit  :  «  Suivez-moi  jusqu'au  fleuve, 
el  je  vutts  bai>tiserai.  »  Et  il  leur  enseigna 


comment  ilsd<;vaientcroireauPère,  au  Fils, 
et  au  Saint-Esprit,  et  il  les  conduisit  au 
fleuve.  Nacien  avait  rendu,  par  ses  maléfices, 
l'eau  couleur  de  sang ,  et  la  foule  fut 
épouvantée,  mais  le  bienheureux  apôtre 
pria  le  Seigneur,  disant  :  «  Seigneur  Jésus- 
Christ,  Fils  du  Dieu  vivant,  qui  a  mis  à  l'u- 
sage de  l'homme  toutes  les  créatures  ani- 
mées et  toutes  les.  splendeurs  de  la  nature, 
rends  à  cette  eau  la  nature  que  tu  lui  as 
donui^e  dès  le  commencement, et  frappe  d  a- 
veuglement  Nacien  qui  a  voulu  égarer  le 
peuple.  )>£t  aussitôt,  à  la  voix  de  Jean,  l'eau 
reprit  sa  couleur  primitive,  et  Nacien  sa 
trouva  aveugle  ;  et  ensuite  Jean  baptisa  tous 
ceux  qui  demandèrent  à  être  baptisés,  et 
deux  cents  hommes  furent  baptisés  en  ce 
jour.  Nacien,  privé  de  !a  vue,  s'écriait  : 
a  Apôtre  du  Fils  de  Dieu,  qui  est  béni,  aie 
pitié  de  moi,  et  donne-moi  le  signe  de  Jé- 
sus &  Christ;  guéris -moi  et  rends -mol  la 
vue.  »  Jean,  ému  de  pitié,  lui  prit  la  main 
et  le  conduisit  au  fleuve,  lui  disant  d'avoir 
confiance  dans  le  Seigneur  Jésus-Christ,  et 
il  le  baptisa  au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et 
du  Saint-Esprit,  et,  aussitôt,  ses  yeûx  s'ou- 
vrirent, et  il  nous  conduisit,  plein  de  joie» 
à  sa  maison. 

CHAPITRE  XLÏ. 

Il  y  avait  en  cette  maison  des  idoles,  ot 
aussitôt  que  Jean  entra,  elles  tombèrent  et 
sebrisèrenten  morceaux,  comme  de  la  pous- 
sière, et  Nacien,  voyant  cela,  fut  confirmé 
dans  la  foi.  Sa  femme,  et  ses  Ois,  et  tous  ses 
esclaves  crurent  en  Dieu,  el,  louant  lesgran- 
deurs  du  Seigneur,  ils  furent  baptisés  par 
Tapôtre.  Et  nous  restâmes  dix  jours  chez 
Nacien.  Nous  sortîmes  ensuite  de  cette  ville, 
et  nous  fûmes  à  une  autre  qui  est  à  une  dis- 
tance de  treize  milles,  et  un  Juif,  nommé 
Fauste,  qui  était  homme  bon  et  doux,  vint 
au-devant  de  nous,  et  nous  conduisit  à  sa 
maison,  et,  écoutant  les  prédications  de 
Jean,  il  crut  au  Seigneur  Jésus,  lui  et  ceux 
qui  étaient  en  sa  maison,  et  ils  furent  tous 
baptisés. 

CHAPITRE  XLII. 

Il  y  avait,  dans  celte  ville,  une  femme  ri- 
che, nommée  Prodiane,  fort  belle  et  veuve, 
qui  avait  un  flis  unique,  nommé  Sosipater, 
âgé  de  vingt-quatre  ans;  il  était  d'une  très- 
grande  beauté,  mais  ami  de  la  continence  et 
imitateur  de  la  chasteté  de  Joseph.  Sa  mère 
conçut  envers  lui,  à  l'instigation  du  diable, 
une  passion  déréglée,  et  elle  lui  disait  :  «  So- 
sipater, nous  avons  des  biens  très-considé- 
rables; mangeons,  et  buvons,  vivons  dans 
l'allégresse;  je  ne  veux  pas  avoir  d'autru 
mari  que  toi,  et  je  ne  veux  pas  que  tu  aies 
d'autre  femme  que  moi;  je  suis  encore  jeune 
et  belle;  je  serai  ta  femme,  et  tu  seras  mon 
mari  ;  ne  laisse  pas  entrer  ici  d'autre  homme, 
et  je  ne  laisserai  pas  entrer  d'autre  femme.  » 
Sosipater,  ému  de  la  malice  de  sa  mère,  vint 
5  l'endroit  oili  Jean  prêchait  au  peuple  la  pa- 
role de  Dieu,  et  Jean,  ayant  fini  son  discours, 
.  vint  à  lui,  car  il  savait»  par  la  révélation  di- 


SOT 


DICTIONNAme  DES  AIHKIRTPIIES. 


m 


yine,  les  pièges  que  le  diable  tendait  k  ce 
jeune  homme,  et  les  efforis  de  sa  mère  contre 
sa  chasteté.  Il  l'appela, disant  :  «  Sosipater, 
Sosipater  1»  lit  le  jeune  homme  dit  :  «Que 
me  veux-tu,  bon  mnllre?  » 

Alors  Jean  lut  dit  (]u'il  y  avait  dans  une 
ville  une  femme  qui  avait  un  fils  unique 
d*une  grande  beauté,  et  qu'ils  possédaient 
une  grande  forlune;  Kesprit  immonde  entra 
dans  le  cœur  de  cette  femme,  et  lui  inspira  la 
pensée  de  séduire  son  QIs;  celui-ci  résistait, 
et  la  mèr^s  furieuse,  voulail  le  faire  mettre  à 
mon,  et  elle  racciisa  devant  le  juge  d'avoir 
voulu  lui  faire  violence.  Lejuse  le  condamna 
h  mort  en  punition  d*un  tel  crime,  mais 
Dieu,  qui  est  le  juge  souverain,  voyant  que 
rot  innocent  av^it  été  condamné  par  un  juge 
inimie,  le  délivra  et  livra  les  coupables  au 
(  iiâliment  qu'ils  méritaient.  Qui  est  ce  donc 
qui  est  digne  de  louange,  ou  la  mère  ou  le 
fils? 

Alors  Sosipater,  tel  qu'une  terre  aride  qui 
reçoit  la  pluie,  et  qui  rend  une  récolte  abon- 
dante, reçut  avec  empressement  les  paroles 
de  Jean,  et  dit  :  «  Le  (ils  est  digne  d'éloge, 
et  la  mère  est  coupable.  ^  Et  Jean  lui  dit  : 
a  Tu  as  bien  répondu  ;  va  en  ta  maison,  mon 
fils,  et  regarde  ta  mère  comme  une  mère,  et 
non  comme  un«  séductrice,  et  la  vengeance 
du  ^ge  suprême  te  délivrera.  »  Sosipater 
tomba  alors  aux  pieds  de  Jean,  et  lui  dit  : 
«Seigneur,  accompagne,  s'il  en  est  digne,  ton 
serviteur  en  sa  maison;  je  t'apporterai  du 
pain  et  de  l'eau,  te  servant  comme  un  es- 
clave, et  la  maison  de  ton  serviteur  sera  bé- 
nie par  ta  venue.  » 

Jean  suivit  Sosipater,  et  il  entra  chez  lui, 
et  quand  Prodiane  le  vit,  elle  fut  émue  de 
colère,  et  elle  dit  à  son  tils  :  i  Ne  t'id-je  pas 
dit  de  ne  laisser  venir  aucun  homme  près  de 
moi,  et  que  je  ne  laisserai  entrer  aucune  fem- 
me?  pourquoi  as-tu  amené  ces  deux  hommes, 
pour  qu'ils  nous  insultent  ?»  Sosi|)ater  lui 
dit  :  «  Ma  mère,  ne  pense  d'eux  aucun  mal  ; 
ils  sont  entrés  ici  à  ma  prière,  pour  que  je 
leur  offre  du  pain  et  de  l'eau,  et  dès  qu'ils 
auront  mangé  et  bu,  ils  se  retireront.  »  Pro- 
diane répondit  :  «  Jls  ne  feront  point  de  re- 
pas ici  ;  je  les  expulserai  de  chez  moi,  de 
peur  qu'ils  ne  changent  ton  cœur  et  ton  es- 
prit, et  qu'ils  ne  te  fassent  haïr  ta  mère,  «t 
S.u'ils  ne  me  forcentainsiàmourir.sSosipater 
it  :  «  Il  n'en  sera  point  ainsi,  car,  en  ce  mon- 
de, il  n'est  personne  qui  puisse m'inspirer  de 
la  hane  contre  toi.  »  Prodiane  permit  alors 
k  Sosipater  d'accueillir  les  étrangers  comme 
il  le  voudrait,  espérant  ainsi  te  capter  davan- 
tage. Sosipater  plaça  alors  la  table,  il  nous  ser- 
vitseul,  elmangeaavec  nous,  et  Prodianeétait 
nonloinde  làécoutant  avecatlention,  afin  d'en- 
tendre les  paroles  que  Jean  adressaità  son  fils, 
afin  de  le  reprendre,  s'il  disait  quelque  chose 
qui  luidépfdt.  Jean,  connaissant  la  malice  de 
cette  femme,  se  tut,  et  n'adressa  pas  un  seul 
mot  à  Sosipater.  Et,  après  que  nous  eûmes 
mangé,  il  lui  dit  :  «  Mon  fils,  sors  et  viens 
avec  nous,  i»  Et  aussitôt  Sosipater  se  leva  et 
nous  suivit,  car  il  ;^désirait^  entendre  ia^pa- 
rolt)  de  Dieu. 


Et  Prodiane,  voyant  Qii*il  sortait,  eourtji  .1 
lui  et  lui  dit  :  «  Mon  tils,  rentre!  la  mai- 
son. »  Il  lui  répondit  :  <  Ma  mère,  lahs»«' 
moi  un  peu  accompagner  ces  hommes,  h 
aussitôt  je  reviendrai.  •  Sa  mère  lui  «iit: 
«  Va,'mais  reviens  promptement.  »  BtquAni 
il  fut  revenu,  elle  voulut  le  conduire  dan*^ 
un  lieu  retiré  de  la  maison,  afin  qu'il  se  ren- 
dît è  ses  désirs,  et  elle  le  troubla  souveni: 
mais  Dieu  le  délivra  du  poison  mort^'l 
de  la  mauvaise  volonté  de  sa  mère.  E( 
Sosipater,  voyant  qu'elle  était  ainsi  liviée^ 
une  passion  aussi  coupable  qu'insen^^i^e , 
chercha,  par  de  doucea  paroles,  k  la  fair.' 
revenir  h  elle-même  ;  mais  elle  ne  voulut  p.^ 
l'écouter,  et  s'efforça  de  le  retenir,  et  alor^  1. 
s'enfuit,  et  ne  voulut  plus  rentrer  &  caihe 
d'elle,  dans  sa  maison.  Quatre  jours  après 
Prodiane,  qui  était  sortie  furieuse  pour  <U^ 
cher  son  fils,  vint  è  l'endroit  où  Jean  pr^- 
cliait,  et  elle  chercha  Sosipater,  mais  el)«*  'r 
le  vit  pas,  car  il  n'y  était  point.  Et  elle  s'é- 
loigna, mais,  h  peu  de  distance  de  là,  elle  ' 
rencontra,  et  elle  te  saisit  avec  force  pars^^ 
vêlements,  et  il  dit  :  <  Ma  mère*  .l8is5e-ir> 
m'en  aller,  et  je  te  serai  soumis;  •  malsei. 
ne  le  lâchait  pas. 

CHAPITRE  XLUI 

Et  en  ce  temps,  on  nomma  |)Our  gouver> 
neur  de  l'tle  un  nommé  Grérus,  homme  rru< 
et  sans  miséricorde,  qui  haïssait  Jésus-Chr:'! 
et  les  Chrétiens.  Il  vint  pour  nous  chAs*^''r 
de  la  ville,  et  il  pa^sa  par  hasard  dans  Ter- 
droit  où  Prodiane  retenait  son  fils  par  ^(^ 
vêtements.  Et  quand  elle  vit  le  pt0C0R>'j . 
elle  se  mit  à  lui  demander  en  criant  de  In- 
sister, et  elle  arrachait  le  voile  qui  était  h;: 
sa  tète,  et  elle  répandait  beaucoup  de  larm^v 
Le  proconsul  lui  dit  :  «Oui  es-tu7qoe  Teui- 
tu?  et  Quelle  est  la  cause  de  ta  douleur?  • 
Et  Prodiane  répondit  :  «  Je  suis  veoTe*  '•'  j 
voici  mon  fils  qui  avait  quatre  ans  à  la  ij  ' 
de  mon  mari,  et  que  j'ai  élevé  aveogra... 
soin,  et  it  s'est  épris  pour  moi  d'ooe  i^»- 
sion  insensét*,  et  voici  dix  jours  qu*ilrr 
poursuit  et  qu'il  prétend  employer  la  U  ' 
pour  que  je  me  rende  à  ses  infâmes  dés!r<  ' 
Le  proconsul  entendant  cela,  ordonna  de  «9- 
sir  Sosipater  et  de  le  coudre  dans  la  f 
d'un  bœuf  avec  des  serpents,  des  vijières  ^ 
aspics  et  autres  animaux  vénimeoi,  leo:.- 
damnant  ainsi  à  une  mort  misérable. 

Tout  était  prêt  pour  le  suppliée  de  .^»** 
pater,  lorsque  Jean,  ce  vigoureux  bV.  <  > 
accourut  en  s'écriant  :  a  Proconsul,  tu  < 
damnes  injustement  un  jeune  homme  «f 
tueux  et  innocent;  quels  sont  les  tén>    * 
que  tu  as  entendus  avant  de  te  juger?  •  ^ 
Prodiane  saisit  Jean,  en  disant  :«  ^r" 
sul,   assiste-moi  ;  cette  homme  e:^tdV'* 
avec  mon  fils  qui  l'a  amené  malgré  001  < 
notre  maison,  pour  boire  et  pour  mn.*' 
et  après  leur  repas,  ils  sont  sorti.n  eRsen" 
et  mon  fils  l'a  instruit  de  ce  qu'il  ^^ " 
faire.  »  Le  proconsul  entendant  ces  u   * 
ordonna  de  retenir  Jean  et  il  le  condair'  ' 
subir  le  même  supplice  que  Sosipater.  ^ 
l'apêtre,  élevant  les  yeux  vers  le  cici. 


m 


PRO 


PART.- m.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


PRO 


818 


•.Seigneur  Jésas-Christ,  dont  la  nature  est 
immuable  et  dont  la  puissance  est  invinci- 
ble, je  demande  à  la  miséricorde  inQnie  de 
donner  uu  signe  de  ta  colère  à  cause  du  ju- 
l^emenl  inique  du  proconsul.  »  Et  aussitôt  il 
se  6(  un  grand  tremblement  de  terre,  et  tous 
les  assistants  tombèrent  par  terre  comme 
morts,  et  comme  le  proconsul  avait  auda- 
cieusement  étendu  la  main  sur  Jean,  sa  main 
se  dessécha,  ainsi  que  les  deux  bras  de 
Prodiane,  et  les  serpents  et  les  animauxveni- 
nieux  mordirent  tous  les  assistants,  excepté 
Jean,  Sosipater  et  moi.  Le  proconsul,  com- 
prenant que  c*élail  Teffet  de  la  vengeance  de 
Dieu,  dit  à  Jean  d'un  cœur  contrit :«t  Apôlre 
de  Jésus-Christ  et  serviteur  de  Dieu,  guéris 
rnn  main,  et  je  croirai  en  celui  que  tu  prè« 
ches.  »  Jean,  qui  était  toujours  plein  de  mi- 
sérico.'lie,  leva  les  yeux  au  ciel  en  gémis- 
sant, et  dit  :«  Seigneur  Jésus-Christ,  Fils  du 
Dieu  vivant,  toi  qui  as  montré  en  ce  lieu  ta 
puissance,  pour  finstruclion  des. assistants, 
que  les  péchés  de  ces  hommes  soient  effa- 
cés par  la  multitude  de  tes  miséricordes,  et 
qVils  soient  tous  guéris  et  dans  Tétat  où  ils 
étaient  avant  le  tremblement  de  terre.  »  Et 
quand  Tapôtre  eut  fini  ces  paroles,  la  terre 
cessa  de  trembler,  et  le  proconsul  fut  guéri 
ainsi  que  Prodiane,  et  que  tous  ceux  qui 
avaient  été  mordus  par  les  serpents  ou  qui 
étaient  morts  de  Teffroi  causé  par  le  trem- 
blement de  terre. 

CHAPITRE  XUV. 

Le  proconsul  nous  conduisit  à  sa  maison 
el  nous  fîmes  notre  repas  chez  lui,  et  le 
lendemain  il  pria  Jean  de  lui  donner  le  si- 
gne de  Jésus-Christ.  Et  Jean  l'instruisit 
comment  il  devait  croire,  et  le  baptisa.  La 
femme  du  gouverneur,  voyant  que  son  mari 
était  baptisé,  prit  son  iils  et  tomba  aux  pieds 
de  Fapôtre, disant  :  «  Apôtre  de  Jésus-Cnrist, 
àSisque  j*aie  part  à  cette  gloire  ainsi  que  mon 
£IS|  »  et  le  proconsul  fut  rempli  de  joie  ainsi 
que  les  gens  de  sa  maison  qui  reçurent  tous 
le  baplème  des  mains  de  Jean.  Et  quand  nous 
fûmes  sortis  de  la  maison  du  proconsul,  Jean 
dit  à  Sosipater  :  «  Mon  fils,  allons  en  ta  mai- 
son trouver  Prodiane.  j»  Kl  Sosipater  répon- 
dit: «Maître,  je  te  suivrai  partout  où  tu  vou- 
dras, mais  je  ne  reviendrai  pas  en  ma  de- 
meure, car  j*ai  tout  quitté  noue  jouir  de  tes 
paroles  et  de  ta  doctrine  plus  douce  que  le 
iniel.i  Et  Jean  dit  :  «  Mon  fils,  ne  te  sou- 
Tiens  plus  des  maux  passés  et  des  fautes  de 
la  mère;  elle  a,  parla  grâce  de  Dieu,  triom- 
phé de  toutes  les  machinations  du  diable,  et 
elle  s  occupera  de  suivre  les  préceptes  de 
iésus-Christ  et  de  faire  ce  qui  peut  plaire  à 
Dieu,  et  elle  fera  pénitence  de  ce  qu'elle  a 
fait  et  dit  de  mal.  » 

Nous entr&mes  avec  Sosipater  dans  sa  mai- 
sou,  et  quand  Prodiane  nous  vit^  elle  se  jeta 
aux  pieds  de  Jean,  pleurant  et  demandant 
Krâce  pour  tout  ce  qu'elle  avait  fait  ou  dit, 
^t  elle  dit  :  «  Apôtre  de  Dieu,  j*ai  péché  de- 
vant toi  et  devant  le  Dieu  que  tu  adores.  Je 
te  f)rie  de  ne  pas  Virriter  contre  ta  servante  k 
^use  de  tout  le  mal  qu'elle  a  commis  ;  ie 

DlCnoi<5.  DBS  AMCaTPHBS.  1|. 


m'adresse  à  toi  comme  k  un  bon  médecin 
qui  peut  sauver  les  âmes  et  suérir  des  bleu* 
sures  qui  seraient  sans  remède.  La  sugges- 
tion du  diable  m*avait  inspiré  une  passion 
coupable  à  l'égard  de  Sosipater  ;  il  y  a  tou- 
jours résisté,  et  mon  erreur  perverse  m*a 
amenée  à  l'accuser  devant  le  proconsul  d'un 
crime  dont  il  était  innocent.  Le  Seigneur 
l'a  délivré  par  ton  entremise  et  il  a  éteint 
en  moi  cette  fureur  insensée,  et  il  m'a  dé- 
livrée d'une  grande  iniquité.  Je  te  demande 
de  prier  Dieu  pour  moi  afin  qu'il  ne  me  pu* 
nisse  pas  pour  les  maux  que  j'ai  voulu  vous 
faire,  et  qu'il  ne  me  châtie  pas  comme  je 
l'ai  mérité.  »  Alors  Jean  se  mit  à  la  calmer 
par  de  douces  paroles,  et  il  l'instruisit,  d'a- 
près les  Ecritures,  à  croire  au  Père,  au  Fils 
et  au  Saint-Esprit,  et  à  faire  pénitence  de 
ses  fautes  et  à  vivre  chastement  devant  Dieu, 
et  il  la  baptisa,  ainsi  que  son  fils  Sosipater  et 
tous  les  gens  de  sa  maison.  Et  Prodiane  ap- 

f>orta  beaucoup  d'argent  à  Jean,  pour  gu  il 
e  distribuât  aux  indigents.  Et  Jean  lui  de- 
manda s'il  lui  restait  encore  d'autre  argent, 
et  elle  dit  :  «  Oui,  seigneur,  car  ma  richesse 
esttrès-considérai)le.»£lJean  dit:  «Reprends 
cet  argent  pour  en  faire  part  i  ceux  qui  en 
ont  besoin,  et  distribue-le  de  tes  mains  aux 
pauvres,  et  tu  t*amasseras  un  trésor  dans  le 

ciel.  9 

Prodiane  accomplit  religieusement  le  pré- 
cepte de  l'apôtre  et,  chaque  jour,  elle  distri- 
buait à  des  pauvres  ce  dont  ils  avaient  be- 
soin, et  nous  restâmes  bien  des  jours  dans 
sa  maison  avec  Sosipater.  Nous  y  vîmes  les 
heureux  fruits  de  la  pénitence  se  manifester 
par  les  jeûnes,  les  prières  et  les  aumônes 
qui  rachètent  les  iautes  passées. 

CHAPITRE  XLV. 

Par.  la  grâce  de  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ  attribuée  à  Jean,  presque  tous  les  ha- 
bitants de  Pathmos,  écoutant  les  prédica- 
tions de  l'apôtre,  crurent  en  Dieu.  Domitien 
qui  nous  avait  exilés  étant  mort,  son  succes- 
seur ne  persécuta  pas  les  Chrétiens,  et  ayant 
appris  la  sainteté  et  la  bonté  de  Jean,  il  révo- 
qua l'ordre  d'exil  que  son  prédécesseur  avait 
rendu  contre  nous.  Jean  voyant  que  l'île  en- 
tière de  Pathmos  avait  reçu  la  foi,  se  pré- 
para à  retourner  à  Epbèse.  Et  les  frères, 
rayant  su,  furent  saisis  d'une  douleur  ex- 
trême, et  ils  se  réunirent  et  allèrent  vers 
Jean,  le  priant  de  ne  point  s'éloigner,  mais 
de  rester  avec  eux  jusqu'à  sa  mort.  Jean  les 
consolait»  disant  :  «  Pourquoi,  mes  petits  en- 
fants, pleurez-vous  mon  départ?  pourquoi 
m'infli^oz-vous  cette  douleur?  est-ce  que  je 
puis  résister  à  la  volonté  de  Dieu  ?  Sachez 
que  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  qui  m'a 
envoyé,  m'a  apparu  et  m'a  ordonné  de  re- 
tourner à  Ephèse,  k  cause  des  erreurs  où 
sont  tombés  les  frères  qui  sont  en  cetto 
ville.  » 

Et  Quand  ils  virent  que  Jean  ne  se  rendait 
pas  k  leurs  désirs,  ils  tombèrent  à  ses  pieds 
en  pleurant  et  en  disant  :  «  Puisque  tu  veux 
nous  laisser  désolés ,  faibles  dans  la  foi  et 
dépourvus  de  connaissance,  du  moins  ne  nous 


sti 


DICTlONNAIliC  DES  APOCRYPHES. 


m 


abanUoDhe  pas  entièrement  ;  laisse-nous  en 
écrit  la  relation  des  signes  que  tu  as  vus  au- 
près du  Fils  de  Dieu,  et  des  paroles  que  tu  as 
entenduesdesa  bouche,  aûnquenous  restions 
fermes  et  stables  dans  la  parole  du  Seigneur 
et  que  nous»  ne  retombions  point  dans  les 
horribles  pièges  du  diable,  auxquels,  grâce  à 
toi,  nous  avons  échappé.  » 
Jean  leur  répondit:  'c  Vous  avozentendude 
ma  bouche,  mes  nhers  enfants,  le  récit  de  tous 
les  miraclt^s  qu*a  faits  le  Fils  de  Dieu  ;  et  je 
vous  ai  enseigné  les  paroles  qu'il  avait  pro* 
noncées.  ServezDieu,  etquecequeje  vousai 
annoncé  vous  sufllse  ;  observez-le  fidèle- 
ment et  vous  aurez  la  vie  éternelle.  Je  vous 
ai  révélé  la  révélation  qu*a  daigné  me  faire 
le  Seigneur  Jésus  qui  est  le  principe  et  la 
fin,  et  vous  avez  vu  les  miracles  que  le 
Seigneur  a  opérés  par  mon  entremise.  »  Mais 
ils  persistaient  dans  leurs  prières,  disant  ; 
«Maitreet  préce[)teurtrès-véridique  et  grand 
consolateur,  écoute  nos  prières,  et  rends-toi 
à  noire  désir.  Expose-nous  par  écrit  ce  que 
tu  as  vu  à  regard  de  Jésus -Christ,  Fils  de 
Dieu,  et  ce  que  tu  as  entendu  de  sa  bouche.» 
Jean  eut  pitié  d'eux  et  dit  :  «  Mes  enfants, 
allez  chacun  de  vous  en  sa  maison  et  priez 
le  Seigneur  pour  qu'il  daigne  exaucer  vos 
désirs;  si  telle  est  la  volonté  du  Seiji^neur, 
il  la  fera  connaître,  et  par  mon  entremise  ou 
parcelle  d'un  autre,  il  exaucera  votre  de- 
mande, et  il  vous  accordera  ce  que  vous 
souhaitez.  »  Et  chacun  d'eux  se  retira  chez 
lui. 

CHAPITRE    XLVI. 

Après  que  ces  choses  eurent  lieu,  Jean 
me  conduisit  dans  un  lieu  solitaire  et  désert 
qui  était  i  un  mille  de  la  ville  et  où  il  y 
avait  une  montagne  escarpée.  Nous  y  res- 
tâmes trois  jours  pendant  lesquels  Jean  de- 
meura en  prière  et  à  jeun,  demandant  à 
Dieu  d'accorder  aux  frères  ce  qu'ils  dési- 
raient. Et  le  troisième  jour,  il  m'appela  et 
me  dit  :  «  Mon  fils  Pruchore,  va  h  la  ville  et 
apporte-moi  du  papier  et  de  l'encre,  mais 
ne  dis  pas  aux  frères  en  quel  lieu  je  me 
trouve.  »  J'entrai  dans  la  ville,  et  j'exécutai 
son  ordre,  lui  apportant  ce  qu'il  avait  de- 
mandé, et  il  me  dit  :  «  Laisse-là  ce  papier  et 
cette  encre,  et  retourne  à  la  ville,  et  reviens 
k  moi  dans  troi§Jours.  » 

Je  fis  ce  qu'il  avait  ordonné  et  je  revins  à 

(771)  Joan.  i,  1,  5. 

(772)  Une  tradition  fort  ancienne  désigne  Plie 
de  Pallimos  comme  ayanl  été  le  lieu  de  Texii  de 
saini  Jean. 

Un  imporlMU  ouvrage  de  M.  V.  Guérin  {Deurip' 
tion  de  lUe  de  Palhmo»  et  de  Vile  de  Samoi, Paris , 
1856,  in-8*),  donne  de  la  grotie  de  VApocalypu  une 
description  à  laquelle  nous  empruntons  les  détails 
suivants  : 

I  Une  chaussée  mal  pavée  conduit  jusqu*au 
hatit  de  la  montagne  de  Saint-Jean  ;  elle  date  de 
1818,  et  est  duc  à  la  générosité  d*un  moine  de 
Palhmos,  fiominé  Ncctarios,  devenu  arcbevé(|ue  de 
Sanlcs.  A  moitié  chcuiin ,  8*élévent  les  bâtiments 
de  récole  bell'iniquc,  fondée  an  commf^ncemrnt  du 
xviii*  siècl<',  et  qui  pendant  longtemps  a  joui  d'une 
rëpui^ioii  mciiiec  dans  toutes  les  lies  de  TArchipel, 


lui  le  troisième  jour,  et  je  le  trouvai  en 
prière,  et  quand  il  eut  fini  de  prier,  il  me 
dit  :  «  Prends  le  papier  et  l'encre,  et  assi6J$- 
toi  à  ma  droite.  »  Je  le  fis,  et  aassiiAi  uo 
grand  orage  s'éleva,  et  il  y  eut  un  grani 
bruit  de  lonnerre  et  toute  la  monlat^ne  tut 
ébranlée  et  je  tombai  par  terre,  saisi  Oo 
frayeur,  la  face  contre  terre,  et  je  restai  long- 
temps comme  mort.  Mais  Jean  me  releva  et 
me  dit  :  «  Mon  fils  Prorbore,  écris  avec  M>iQ 
ce  que  tu  entendras  de  ma  bouche.  »  Et  Jean, 
se  tenant  les  yeux  dirigés  vers  le  ciel,  ou- 
vritia  bouche,  et,  commençant  lesainlÈ^aii- 
gile,  il  dit:  Au  commencement  était  leVerbt, 
et  il  continua  ainsi,  tenant  les  yeui  (i\é) 
au  ciel  jusqu'à  ce  qu'il  eut  dit  :  Et  Us  ténè- 
bres ne  le  comprirent  point  (771).  Eu^'ii  •. 
api*ès  une  petite  interruption,  il  continua  'Ih 
dire  les  autres  paroles.  J*écrivais  assis,  «t 
nous  restâmes  ainsi  deux  jours  et  su  h^ii- 
res,  lui  parlant,  et  moi  écrivant.  Et  quanJ 
Jean  eut  fini  le  discours  divin,  noas  retour- 
nâmes chez  SosipattT  et  chez  Prodiaoe,  ^a 
mère,  et  nous  y  passAmes  fa  nuit.  Et  Jeau 
dit  à  Sosipater  :  n  Mon  fils,  pmcure-uous  da 
parchemin  excellent  pour  y  écrire  le  saint 
Evangile  que  Dieti  a  daigné  nous  révéler.» 
Sosipater  ot)éit,  et  Jean  m'ordonna  de  wV 
seoir  et  d'écrire  le  saint  Evangile,  ce  qu> 
vecla  grâce  du  Jésus-Christ,  Noire-^i^neur, 
j'accomplis  heureusement. 

CHAPITRE  XLVII. 

Au  temps  où  j'écrivais  l'Evangile,  Jeao 
prêchait  l'Evangile  au  peuple  dans  Tiie  en- 
tière, ordonnait  des  évoques,  des  prêtres  et 
les  autres  ministres  de  I  Eglise.  Et  quani 
j'eus  achevé  d'écrire,  Jeau  ordonna  quo 
tous  les  frères  se  réuniraient  dans  1  égii>c 
de  Dieu,  et  il  commanda  de  lire  le  saint 
Evangile  en  présence  de  cette  assemblée.  Ja 
le  lus  et  tnus  les  assistants  se  réjonireni, 
glorifiant  Dieu  et  louant  ses  grandeurs.  J^an 
dit  à  tous  les  frères  dn  recevoir  le  saint 
Evangile,  et  de  le  copier  et  de  le  pla^rr 
dans  toutes  les  églises,  ce  qu'ils  firent.  En) 
dit  :  n  Gardez  dans  votre  Ile  la  copie  qui  H 
écrite  sur  des  peaux  de  chèvre,  et  il  faut  que 
nous  apportions  avec  nous  à  Epbèse  cel' 
qui  est  écrite  sur  papier.i»  Et  quand  ces  cho- 
ses furent  faites,  Jean  passa  sept  moi>  à 
parcourir  les  villages  de  rtle  en  prêchant,  «t 
il  quitta  ensuite  l'Ile  (772)  .où  il  avait  t^ri 

mais  qui  est  aciuellf^ment  bien  déchue  de  sa  spl*n- 
deur.  Eli  descende* iit  un  escai  er  en  pierre4  ifn  ^ 
trentaine  de  marches,  à  partir  de  la  plate- r«»ri)i  . 
sur  laquelle  est  bâtie  t*éc«*le,  on  arrive  à  la  ir^*^'- 
Elle  est  renfermée  dans  reiiceinle  «ruoe  chjp  * 
consacrée  à  sainte  Anne,  et  dont  elle  ocmfM*  ^ 
droite.  Elle  a  treize  pas  de  laig  sur  quatre  de  Uk'- 
Des  piliers  carrés  et  gross'éreinent  consiniu>  t' 
divisent  en  trois  compartiments  ;  dai*»  le  p'cn'-'. 
qui  est  cnmme  le  vestibule ,  la  voûte  esi  à  pi^  P^^ 
ronde;  dans  le  second,  qui  est  plus  loat,  dle^M- 
cline  dans  la  chapelle  de  sainte  Anne  de  rott*^^  ^ 
Test;  elle  a  4  mètres  de  liant  dans  la  partie  U  |v'<ii 
élevée,  et  2 mètres  50centimélrtrA  dans  œile  qm  Ta* 
le  moins.  C'est  là  ce  qu*on  appelle  ûan»  les  e^l(»c« 
ou  chapelles  grec<|ues  le  Catholicnn.  Les  nn^^^ 
nVublient  pas  de  \on%  montrer,  à  un  ctrtaiacn- 


813 


PRO 


OART.  in.  -'  LEGENDES  ET  FRAGMENTS 


PRO 


8U 


de  sa  main  VSpoealyp$e{Tî3)  ainsi  que  Dieu 
le  lui  avait  commandé. 

CHAPITRE  XLVIII. 

Les  évéques  d*Asie  et  le  peuple,  ainsi  que 
Caius  et  Arislarque»  disciples  de  l'apôtre 
Jean,  avaient  adressé  des  lettres  au  sénat  ro- 
main, demandant  que  Jean  fût  rappelé  de 
son  exil,  puisque  tous  les  édils  de  Doinitien 
avaient  été  cassés:  Jean  fut  donc  rappelé  de 
Teiil,  et  quand  il  revint  à  Ephèse,  tous  al- 
lèrent au-devant  de  lui  pour  le  recevoir 
avec  booneur.  Et  après  qu  il  fut  entré  dans 
une  des  villes  de  Tile,  tandis  qu*il  prècbnit, 
un  fils  d*un  prôtre  de  Jupiter,  nommé  Eu- 
charer,  qui  était  aveugle,  et  qui  écoulait  avec 
zèle  la  parole  de  Tapôtre,  s  écria  :  «  Je  t*é- 
coute  volontiers,  6  toi  qui  prêches  le  vrai 
Dieu,  mais  il  me  manque  de  pouvoir  con- 
templer ton  image  ;  crie  ton  Dieu  de  me 
rendre  la  vueaQnqueje  puisse  te  yoir  avec 
autant  de  plaisir  que  je  t'entends,  et  ma  joie 
5era  entière  et  parfaite.  »  Jean  qui  était  rem- 
pli de  douceur,  fut  touché  du  malheur  de 
ce  jeune  homme,  et  saisi  de  compassion,  il 
s'approcha  de  lui  et  dit  :  «  Mon  Qls,  au  nom 


de  Jésus-Christ,  vois.  »  Et  aussitôt  ses  yeux 
furent  ouverts,  il  vit  et  il  loua  Dieu.  Son 
père  Eucharer,  voyant  ce  miracle,  tomba 
aux  pieds  de  Jean,  en  le  priant  de  lui  don- 
ner, ainsi  qu'à  son  fils,  le  si^ne  de  Jésus- 
Christ.  Et  Jean  entra  dans  sa  maison  et  les  bap- 
tisa. Ensuite  unefoulede  frères  juifset  ^recs 
et  de  femmes  se  porta  autour  de  Jean,  et  il  an- 
nonça la  parole  de  Dieu  d'après  les  saintes 
Ecritures,  et  il  dit  en  finissant  :  «  Mes  pe- 
tits enfants,  souvenez-vous  de  mes  paroles  ; 
conservez  les  traditions  que  vous  avez  re>- 
çuesde  ma  t)0uche,  et  observez  les  précep- 
tes de  Jésus-Christ  qui  vous  sont  donnés  par 
son  saint  Evangile,  afin  que  vous  y  obéis- 
siez, et  Jésus-Christ  régnera  eu  vous.  Lais- 
sez-moi maintenant  retourner  à  Ephèse  au- 
près des  frères  qu^il  faut  que  je  visite;  vous, 
demeurez  dans  la  sainte  garde  et  la  protec- 
tion de  Notre-Seigneur  Jésus- Christ;  je  lui 
demande  de  vous  conserver  dans  l'éternité,» 
et  il  leur  donna  sa  bénédiction,  et  nous  par- 
tîmes. Ils  se  livrèrent  à  une  grande  afflic- 
tion, cherchant  par  leurs  prières  et  par  leurs 
larmesà  retenir  Jean  en  cette  île,  mais  il  s'y 
refusa,  etnous  vînmes  au  rivage  de  la  mer,  et 


droit  de  la  voûte ,  une  fente  triangulaire  qui  repré- 
senie,  suivant  eux,  la  sainte  Trinité,  et  par  laquelle 
ils  prétendent  que  les  voix  mystérieuses  arrivaient 
à  saint  Jean. 

(Le  lemplon,  ou  devanture  en  bois  sculpté  et  doré 
qui. sépare  le  cailrolicon  du  troisième  compartiment 
n  du  sanctuaire ,  est  orné  de  vieilles  peintures  qui 
ont  trait  &  YApocalypie.  » 

(773)  Nous  nous  écarterions  de  notre  sujet  en 
eniraut  ici  dans  quelques  considérations  sur  les 
quesiions  qui  se  rattachent  à  Tépoque  de  la  com- 
position de  TApoca/ypse;  toutefois,  nous  croyons 
devoir  offrir  la  liste,  rangée  par  ordre  chronologi- 
que, des  principaux  ouvrages  composés  à  Tégard  de 
ce  livre  qui  continuera ,  sans  doute,  d*exercer  en- 
core bien  des  plumes.  Nous  indiquerons  par  uue 
éioile  les  écrits  des  auteurs  protestants. 

*  A.  Vignet,  Expoiition  sur  C Apocalypse  de 
taini  Jelian,  Genève,  1545,  in-8".  —  *  Bullinger, 
cent  Sermons  sur  V Apocalypse^  Genève,  1565,  in -8*. 

—  Gœlius  Pannonius  (Fianc.  Gregorius),  Col- 
Uctiones  in  sacram  Apocalypsim  D,  Johannis,  Pa- 
risiis,  1571,  in-S".  —  *  Fr.  Juuius,  Apocalypsis 
S.  Johannis  ihethodica  analysi  argwnentorum^  notiS" 
PU  illustrala^  Heidelberga: ,  1591 ,  in-8^  —  *  G. 
Gallus,  Clavis  prophelîca  nova  Apocalypseos  Joannis^ 
Lugduni  Balav.,  1592,  in-12.  -<  *  ISapier,  Ou- 
KTiure  de  tous  les  secrets  de  t Apocalypse ,  mise  en 
français  par  G.  Thompson,  la  Rochelle,  1602,  iu-4*. 
(Seconde  édition ,  1685 ,  in.8«)  —  BL  Viegas , 
Commeutarii  exegetici  in  Apocalypiim ,  Lueduni , 
1606,  in-4«.  —  *  C.  Graser,  Plaça  regia^  hoc  est 
commeniaritts  in  Apocalypsim^  Tiguri,  1610,  in-4\ 

-  A.  Brondus,  Cominentariorum-»  in  Apoca^ 
hpM  tria  priera  capilUf  tomus  primus,  Romae , 
l<>li,  iu-folio.  —  Lud.  ab  Alcasar,  Vestigatio 
vcani  sensus  in  Apocalypsi,  Lugduni.,  1618,  in-fol.; 
Anvers,  IGU,  in-folio.  —  (irf.)  Jn  eas  Veteris  TeS" 
lamenii  parles  quas  respicit  Apocalypsis^  libri  quin- 
911e,  Lugduuiy  1631,  in-folio. — *  Jos.  Mède, 
OatU  apostotiea^  Gantabrisiae,  1652,  in-4.  —  * 
l^-  Artopœus ,  Apocalypsis  Johannis  breviter  expli" 
caid,  fiasileae  (sans  date),  in-8^  —  B.  de  Mon- 
^reul,  Les  derniers  combats  de  C  Eglise  représentés 
par  rexplication  du  livre  de  l'Apocalypse ^  Paris, 
IWU  iu^».  —  •  Foibes    (P.) ,  Commentarius   in 


Apocalypsim,  Latine  vertit  ex  Anglico,  J.Forbesius, 
Anisteiodami ,  1646,  in-4\  —  Alex,  de  Haies, 
Commentarii  in  Apocalypsim,  Paris,  1647,  in-folio. 
—  J.  de  Sylveira,  Commentaria  in  Apocalypsim^ 
Lugduni,  1667-81,  2vol.  in-folio.—  *J.  Le  Buy 
de  La  Perie,  Paraphrase  et  explication  sur  TA- 
pocalyvse,  Genève,  1651,  in-4°.  —  J.  Herveus, 
Apocalypsis  explanatio  historica  ^  Lugduni,  1684, 
in- 4*.  —  Petrus  Possinus,  Apocahfpsis  enarratio, 
Tolosae,  1685,  in-4%1697.  -  J.-B.  bossuet,  VApo- 
ealypse  avec  une  explication ,  Paris,  1689,  in-8«,  (et 


Elie  Dupin  ,  Analyse  de  V Apocalypse^  Paris,  1714, 
in-12.  —  Fr.  Joubert,  Commentaire  sur  l'Apo- 
ealypse,  Paris.  1762,  in- 12.  —  *  Yeder,  Unter- 
suchungen  ûber  die  sogeiinanie  O/fenbarung  Johannis, 
1769,  in-8-.—  *  C.-J.  Schmidt,  Kritische  Unter- 
suchung  ob  die  Offenbarung  Johannis  ein  œchtes  gôtt^ 
liches  Buch  sei,  1771,  in-8».  —  •  J.-F.  Reuss, 
Dissertatio  de  auctore  Apocalypseos,  1767,  10-4*".  — 

J.-G.  Eichhorn,  Commentarius  in  Apocalypsin 
Johannis,  Gottingae,  1791,  2  vol.  in-12.—  * 
Oonker  Gurtius ,  De  Apocalypsi  ab  indole,  doctrina 
et  seribendi  génère  Johannis  apostoli  non  abhorrente, 
Utrecht,  1799,  in-4».  —  *  L.  Luecke,  Yersuch 
einer  vollstândigen  Einleitung  in  die  Offenbarung 
Johannis  und  in  die  genannte  apocalypiische  Lite- 
ratur,  Bonn,  1852,  in •8».  —  Ph.  Basset,  Expli- 
cation raisonnée  de  C  Apocalypse,  Paris,  1832,  3  vol. 
in-8°.  —  *  E.-G.  Koithoif,  Apocalypsis  Johannis 
vindicata,  Uafuiie,  1834,  tn-8*.  —  '  Heiigslenbct  g. 
Die  Offenbarung  des  heiL  Johannes,  Berlin,  1847-51, 
2  vol.  in-8°.  (Traduit  en  anglais,  1852,  in-8».)  — 
*  A.  Glissold,  The  spiritual  exposition  of  ihe  Apo- 
calupse,  1852,  4  vol.  in-8*  (plus  de  2,000  pages). 

Parmi  les  recueils  de  gravures  dont  VApocalypse 
a  fourni  le  sujet ,  nous  n'en  citerons  qu*uo  seul 
remarquable  par  son  extrême  rareté  et  son  prix 
élevé  ;  c'est  V Apocalypse  figurée  par  maistre  Jehan 
Duvet,  jadis  orfèvre  du  roy  François  i*\  Lyon, 
1561,  in-folio.  Uh  exemplaire  de  ce  volume,  contt*- 
naiit  23  planches,  a  été  adjugé  à  1020  fr.,  en  185^ 
à  la  veute  de  la  bibliothèque  de  M.  Coste,  de  Ly^m» 


815 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


8(6 


a.i^ant  trouvé  un  navire  qui  partait  pour  l'Asie  yioreot  au-devant  ae  noos  irec  une 
TAsie,  nous  7  roonlâmes;  le  dixième  jour»  grandejoie,  criant  el disant:  cBéaiceluiquI 
nous  arrivâmes  à  Ephèse,  et  les  frères  de     vient  au  nom  du  Seigneur,  » 


R 


ROCAIL. 


D'Herbelot,  oans  sa  Biblioihiyue  orientale^ 
s  exprime  en  ces  termes  au  sujet  de  ce  per- 
sonnage apocryphe  : 

«  Rocai),  fils  d'Adam,  selon  la  tradition 
fabuleuse  des  Musulmans»  était  le  frère 
puîné  du  patriarche  Seth  et  possédait  les 
sciences  les  plus  élevées  et  les  plus  cachées. 
11  était  d*un  esprit  si  vif  et  si  pénétrant  qu*il 
paraissait  tenir  plus  de  Tange  que  de  Phom- 
me.  Surkhrage,  qui  était  un  puissant  dieu 
ou  géant,  vivait  en  ce  temps-là  et  comman- 
dait absolument  dans  toute  retendue  du 
mont  Caf  que  les  Musulmans  croient  être 
une  chaîne  ou  ceinture  de  montagnes  qui  en- 
tourent toute  la  terre  (77^.)  Ce  géant  pria 
Seth  de  lui  envoyer  Rocail  son  frère,  pour 
Taider  à  gouverner  ses  Elats  et  pour  tenir 
en  bride  ses  sujets.  Seth  lui  accorda  sa  de- 
mande, et  Rocail  devint  ainsi  le  premier  mi- 


nistredeSurkhrage,dfins  la  montagne  Caf,  oà 
après  avoir  gouverné  pendant  plusieurs  an- 
nées  et  connaissant  ou  par  révélation  divioe 
ou  par  les  principes  des  sciences  secrètes 
qu'il  possédait,  que  le  temps  de  sa  mort  ap- 
prochait, il  parla  à  Surkhrage  eu  ces  1er- 
mes  :  «  Je  sois  sur  le  point  de  passer  en 
Tautre  vie,  mais  avant  de  nous  quiuer,  je 
veux  te  laisser  quelque  ouvrage  iusij;ne 
de  mes  mains  dont  la  mémoire  se  conser- 
ve et  n>e  fasse  vivre  longtemps  ai»rès  ma 
mort,  k  L*effet  suivit  ces  paroles,  caf  Rocail 
fit  bfttir  un  palais  et  unsépulcred^unf  slrac- 
ture  si  magnifique  et  avec  tant  d^artificeque 
l'on  y  voyait  un  très-grand  nombre  de  sta- 
tues de  ditférents  métaux,  failes  par  an  U- 
lismanique,  lesquelles  opéraient  par  des 
ressorts  secrets,  ce  que  tout  le  moude  au- 
rait cru  se  foire  par  des  hommes  vivants.  > 


s 


SABb'ENS. 


Desdélaiiscurieux  et  jusqu'à  présent  incon- 
nus se  trouvent  dansTouvragede  M.Chwol- 
sobn  que  nous  avons  déjà  cité  ;  ils  sont  em- 
pruntés à  des  sources  orientales  qu*ll  a  ex- 
plorées le  premier;  nous  croyons  rendre 
service  aux  amis  de  la  science  en  mettant 
sous  leurs  yeux  des  faits  que  bien  peu  de 
personnes  auraient  le  temps  ou  la  facilité 
(l*aller  chercher  dans  une  publication  faite  è 
Saint-Pétersbourg  en  langue  allemande  et 
destinée  par  conséquent  à  trouver  en  France 
bien  peu  de  lecteurs. 

Le  texte  arabe  relatif  aux  Sabéeiis  et  que 
M.  Chwolsohn  publie  en  raccompagnant 
(fune  version  allemande,  est  emprunté  au 
IX*  livrede  Touvrage  intitulé:  El  Fthrist 
(la  table)  pour  r  Histoire  des  savants  et  Us 
noms  des  écrits  quHls  ont  composés  (775^  L*au- 

(774)  Voir  dans  la  Revue  britannique ,  septembre 
l8oti,  p.  59,  diaprés  la  relaiion  du  voyage  du  liouie- 
iianl  anglais  BuriOD  en  Afrique,uu  de<«sin  rcpféseiiianl 
la  lerre  divisée  en  sept  climats  et  eiilourëe  de  tous 
côtés  par  rOcéan  placé  lui-môim^  dans  un  cercle 

Îue  forme  la  montagne  de  Cal*.  C*esi  ainsi  que  les 
.rabes  résument  les  sciences  géographiques. 
(776)  Le  Fihrist  se  comp  se  de  dix  parties  ;  un 
orientaliste  distingué,  M.  Fluegel,  eu  a  signalé  le 
contenu  dans  le  rapport  de  la  bociété  asiatique 
allemande  pour  i8i5,  Leipxiff,  p.  66. 

(776)  Cet  auteur  arabe  inséia  dans  son  Hvre 
dMmporuuU  extraits  d'un.Cbrétien  qni  se  nommait 
Abuu-JuasurAlischau  ei  QuitiU,  et  qui  avait  écrit  un 


teur  de  cet  ouvrage  est  IshAq  (Isaac)  B^n 
Mohammed  Benl>hâq  (776)surnoinajéhhâo' 
Abu  Jaqûb  el  Warraq  (le  marchand  de  fa* 
pier.) 

CHAPITRE  PREMIER. 

Au  nom  de  Dieu  plein  de  miséricordt." 
Celte  premièrti  divisit  n  du  ix'  livre  tm- 
prend  la  relation  des  doctrines  religieu- 
ses des  Harranites  chaldécns  habitueliemeoi 
appelés  sabéens,  et  des  manichéens  ou  dua- 
listes, dai»sanites,  churromites,  marquinni- 
tes,  mezdekites  et  autres,  et  les  noms  lie 
leurs  écrits. 

Cette  relation  concernant  les  Sabéens  est 
d'après  El-Kindi  (777.) 

5  1.  —  Ces  gens  enseignent  d'uno  voix 
unanime  ce  qui  suit:  Le  monde  a  un  créa- 

ouvrage  intitulé  :  c  Révélation  de  la  docirtnedes 
Hairanites  ou  Sabécnn.  >  On  manque  de  déutU  ^u'' 
son  compte,  mais  il  parait  aii*îl  a  véea  entre  r^r. 
2i0  et  Pan  MO  de  l*h^ire  (854  à  9i3  de  Tère  cbr^ 
tienne).  Un  autre  Chrétien,  Inconnu  d^ailN  s 
Abou  Said  Wabb  ben  Ibrahim,  a  fourni k  Eo Nedii 
des  détails  sur  les  fêtes  des  sabéens. 

(777)  Ei  Kindî  est  un  auir-ur  arabe  diivii'si«f><: 
parmi  ses  nombreux  écrits  dont  Ctsiri  (J^iMt<M^'^ 
ArabicO'Hi$fmna,\7eù,  t.  I,p.  553,  a  donné  une  M« 
Incomplète),  il  ne  se  trouve  point  d*oovrages  rriai<<^ 
aux  SSabéens  ;  peut-^tre  Prioleur  du  Fikriti  seA-'i 
contenté  d*euipruiiter  k  El-Kiudi  la  première  pi' n^ 
qui  eomneace  ce  tabiean  des  doetrincs  des  Sabàrni 


817 


6ÂB 


PART.  I1I.-LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAB 


8fS 


l«>uri|iii  nfljamaiscessé  d'exister,  qui  est  uni- 
que el  auquel  aucune  propriété  d  une  chose 
quelconque  n*est  cachée.  11  (Dieu)  communi- 
que Teiistence  aux  créatures  qu'il  forma  par 
sa  puissance,  il  plaça  en  elles  la  connaissance 
de  sa  souveraineté,  il  leur  révéla  la  voie 
droite  el  il  envoya  des  messagers  (des  pro- 
phètes) pour  les  guider  vers  le  bien  et  pour 
fnrlifier  les  preuves  (de  rexistence  de  Dieu). 
Il  leur  commanda  (aux  prophètes)  d'appeler 
les  hommes  à  accomplir  la  volonté  de  Dieu 
et  de  les  exhorter  à  ne  pas  encourir  sa  co- 
lère. Ils  promirent  à  ceux  qui  obéiraient  un 
bonheur  qui  ne  Gnirait  jamais,  et  ils  mena- 
cèrent les  rebelles  de  peines  et  de  châtiments 
d*après  la  mesure  ae  leurs  mérites.  Mais 
enfin  tout  cela  aura  une  fin.  On  raconte  au 
sujet  d'un  de  leurs  anciens  sages  (des  Sabéens) 
qu'il  avait  dit  :  ce  Dieu  punit  pendant  neuf 
mille  périodes  de  temps:  celui  çiui  a  été 
châtié  est  ensuite  l'objet  de  la  miséricorde 
de  Dieu  (778)  ;  »  cela  s'applique  surtout  à  ces 
gens  (lesSabéens)  qui  ont  étéappelés  [parles 
envoyés  de  Dieu)  a  Dieu  et  à  la  véritable 
religion  par  laquelle  ils  jurent  (ou  d'après 
.aquelle  ils  se  désignent).  Leurs  hommes  cé- 
lèbres et  leurs  sages  sont  Arani  (779),  Agatho- 
démon  et  flermès,  auxquels  quelques-uns 
ajowleûtSolon,  le  grand-père  de  Platon,  du 
côié  malernel. 

(778)  Un  passage  sentbiable  se  trouve  ddns 
Abtilfara  e,  Historia  dynastiarumy  p.  281  :  i  Au- 
iiimani  (Sabii)  animas  sceleratorum  novies  mille 
LTrolis  cruriari,  deinde  ad  misericordiam  Del  re- 
dira*. •  Ofis  idées  de  ce^c^nre  étaient  répandues  dans 
l'antiquité;  Pindare  (Olymp,  2,  vers.  25)  d  t  que 
rime,  après  avoir  mené  trois  existences  exemptes 
de  reproches,  parvient  aux  lies  fortunées.  Hiéroclès 
n  Hermès  avancent  que  Tàme  passe  du  corps  d'un 
homme  dans  un  autre  corps.  (Voy,  Wvitenbach, 
noies  sur  le  Phœdo  de  Platon,  p.  2  et  iu.)  Pt;iton 
e«t  d'avis  aue  les  âmes,  après  Texpi ration  d*une 
période  de  10,000  a  nuées,  se  trouvent  ramenées  à  la 
place  qu'elles  occuraieut  d*abord.  (Voy,  aussi 
Héroîoi.*,  Il,  123;  Ploiin,  iv,  3,  9,  et  Ed.  Iloeih, 
IHiioire  (eu  ailemaml)  de  la  philosophie  occidentale^ 
Ha  nlieim,lS46,  t.  I,  p.  180.) 

(779)  Il  sérail  dî(DL-ile  de  dire  Avee  quelque  exac- 
tiiude  à  quel  ]>ers' nnage  s'applique  ce  nom 
•i*Arani;  il  s'siglt  sans  doute  de  nuelquc  ancien  pa- 
triarche ou  souverain  de  la  Chaldée  ou  de  la  Syrie. 
Iloi&cdeChoiène  parle  d'un  roi  d'Arménie,  nommé 
Aram,  contemporain  d'Abraham  et  de  Ninus,  et  il 
raconte  dans  son  Histoire  d'Arménie  (p.  21-27,  37 
ei67-72,  iraduct.  de  M.  Vaillant  de  Florival)  les  ex- 
ploits de  ce  monarque.  Nous  ignorons  si  c'est  lui 
dont  la  mémoire  s'est  conservée  chez  les  Sabéens. 

(780)  Les  témoignages  varient  au  sujet  du  côté 
Ter.H  lequel  les  Sabéens  se  tournaient  pour  prier. 
Ecteri,  cité  par  llyde  (De  religione  veterum  Persan 
nim,  p.  125)  s^ex prime  ainsi  :  El  eorum  lUblah  ett 
plagaausiralis.  El-Qifthi  dit,  en  parlant  d'Hermès 
dont  il  représente  les  lois  et  les  préceptes  comme 
en  vlffueur  chez  les  Saliéens,  que  la  Qiblah  (ou  lieo 
vers  lequel  ils  fe  tournent)  était  dan  s  Ta  direction  da 
Sud.  Dans  le  dictionnaire  arabe  compose  par  Ferouz- 
ibadi,  publié  par  Lumsden  il  Calcutta,  I8t7,  2  vol. 
in-folio,  n  connu  sous  le  titre  dn  Qamosis  ou 
Kainoos  {VOcéan)^  on  lit  à  leur  égard  :  i  Gorum  ki- 
blab  est  plaga  septentrionalis  tempore  meridiano.  > 
Hy^le  prétend  d'après  d'autres  auteurs  arabes  que 
le&  Satiéeiis  se  tournaient  de  divers  côtés  :  i  Ora- 
Uonet  fac'uM  ad  solcm  per  diem,  qua^uaversum 


§  II.  —  La  profession  religieuse  de  cps 
sens  est  uniforme;  il  n'y  a  aucune  différenre 
dans  leurs  croyances  religieuses,  dans  leurs 
lois  et  dans  leurs  cérémonies.  En  priant,  ils 
se  tournent  vers  le  pôle  nord  (780)  sous  les 
•  sages  instruits  dans  les  écritures,  indiquant 
ainsi  la  recherche  qu'ils  font  de  la  sagesse. 
Ils  rejettent  ce  qni  est  contraire  à  la  direc- 
tion originelle  de  la  nature;  ils  regardent 
les  quatre  vertus  de  l'âme  (781)  romrae  né- 
cessaires, ils  s*eu  tiennent  aux  vertus  qu*j!s 
appellent  partielles  et  ils  évitent  les  vices 
(782).  Ts  disent  que  le  ciel  se  nf^enl  volonlai- 
renient  et  par  un  sentiment  de  raison  (783). 

§  m.  —  Trois  prières  leur  sont  prescrites 
parjour.  La  première  comprend  huit  oraisons, 
et  à  chacune  d'elles  trois  prosternations  (78i); 
elle  a  lieu  demî-hcure  ou  un  peu  pioins 
avant  le  lever  du  soleil,  afin  d'être  accomplie 
au  moment  où  le  soleil  se  lève;  dans  la  se- 
conde, cinq  oraisons  seulement  sont  récitées, 
et  àchacune  d'elles  trois  prosternations;  ello 
est  accomplie  au  moment  où  le  soleil  com- 
mence à  descendre  (c'esl-è^dire  immédiate- 
ment après  midi)  ;  la  troisième  est  égale  à  la 
seconde,  et  elle  est  terminée  au  coucher  du 
soleil.  Ces  temps  sont  réglés  d'après  la  place 
des  trois  piliers  du  ciel,  oui  sont  celui  de 
l'Orient,  celui  du  milieu  du  ciel  et  celui  de 
rOccidenl. 

circumit,  ad  lunam  per  noctem  si  apparet;  si  au- 
tem  non  apparet,  a.l  aquiloniam  part^'m  quo  sol, 
cuin  occidcrit,  ad  orientem  revertitur,  staut 
orantes.  i 

Le  nord  jouait  un  rôle  dans  les  idées  religieuses 
de  diverses  peuples.  Les  Hindous  plaçaient  au 
nord  le  nmnt  Nerou,le  séjour  des  dieux,  et  c*ciaii  le 

{)ôte  nord  qu'ils  regardaient  comme  la  résidence 
labituelld  de  leurs  divinités.  Les  Egyptiens  avaient 
aussi  de  la  vénération  pour  le  côié  du  nord.  (Plu* 
tarque.  De  hîde,  c.  52.) 

(781)  Ces  quatre  vertus  sont  sons  doute  la  Pru- 
dence, la  Justice,  la  Force  et  Ii  Tem|>érance,  con- 
forniément  à  une  classification  fort  ancienne. 

(782)  M.  Cbwolsoiin  convient  qu'il  ne  saurait  dire 
ce  que  c*est  que  les  vertus  ou  les  vices  partiels.  Il 
s^agit  peut-être  de  qualités  ou  de  défauts  qui  ne 
touchaient  qu'à  divers  points  de  la  vie,  par  opposi- 
tion à  la  doctrine  générale  qui  embrassait  les  ques- 
tions les  plus  élevées  de  l'ensemble  du  système 
religieux. 

(783)  L'idée  du  mouvement  du  ciel  se  rencontre 
chez  divers  écrivains  de  Tanllquiié  :  elle  est  dans  un 
écrit  attribué  à  Hermès  et  qui  s'est  conservé  en 
arabe.  (Fleischer  l'a  donné  avec  une  traduction 
dans  le  Journal  (en  allemand)  pour  la  théologie 
historique^  publié  par  llgen,  1840,  1*'  cahier.)  Le 
Talmud  (traité  Baba  Batra,  f.  74)  parle  du  monve- 
ment  de  toute  la  voûte  céleste;  Plotin,  n,  2,  en  fait 
également  mention. 

(784)  Les  prosternations  n'ont  cessé  de  faire 
partie,  en  Orient,  du  service  divin;  ou  pourrait 
citer  à  cet  égard  une  multitude  de  passages.  Dans 
le  Talmud,  traité  Beracoth^  f.  12  et  54,  on  trouve 
énoncé  minutieusement  combien  de  fois  et  en  quels 
endroits  de  la  prière  on  doit  se  prosterner  ou  du 
moins  incliner  vers  la  terre  la  partie  supérieure  du 
corps  de  façon  que  l'on  puisse  distinguer  une  petite 

Eièce  de  monnaie  gisant  sur  le  sol.  On  sait  com- 
icn  If  s  Musulmans  sont  assujettis  à  un  pareil  usnge. 
(Koy.  Mouradjea  d'Ohssoo,  Tableau  de  rempire 
ottoman}  Lanc,  Manners  and  Customs  o[  the  Egyp* 
iianSf  etc. 


819 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


810 


Lears  prières,  qui  sont  aussi  oblit^atoires 
pour  eux  que  Test  pour  les  Musulmans  la 

Erière  el  Wilr  (785),  sont  au  noujbrede  trois, 
a  première  s'accomplit  à  la  seconde  heuredu 
jour,  la  seconde  à  la  neuvième  heure  du  jour, 
la  troisièmeà  la  troisième  beurede  la  nuit  (786J. 
Ils  no  prient  Qu'après  s'être  lavés  (787). 

§  IV.  —  Il  leur  est  ordonné  déjeuner  du- 
rant trente  jours,  qui  commencent  le  huitième 
jour  qui  suit  la  nouvelle  lune  du  mois 
d'Adsur  (mars),  ensuite  ils  jeûnent  neuf 
autres  jours,  à  partir  du  neuvième  jour  qui 
précède  la  nouvelle  lune  du  nouveau  Ranûns, 
enfin  sept  autres  jours  qui  commencent  avec 
le  huitième  jour  après  la  nouvelle  lune  du 
Schobath  et  qui  sont  regardés  comme  les  plus 
importants.  Ils  observent  aussi  des  jeûnes  vo- 
lontaires de  seize  et  vingt-sept  jours  (788). 
S  V.  —  lis  cherchent  par  des  sacriûces  à 

(785)  Les  mahomélans  récileni  cette  prière  pen- 
dant la  dernière  paiiie  de  la  nuit  avant  le  lever  de 
l'aurore;  elle  n^est  pas  dinjonction  aussi  stricte 
que  les  cina  prières  qu*ils  doivent  réciter  pendant 
le  cours  de  la  journée. 

(786)  Abulfeda  (Uin.  anteitlam.,  p.  148)  dit  que 
les  prières  obligatoires  ou  volontaires  des  Sabécns 
sont  au  nombre  «le  sopi,  et  il  les  répartit  de  la  laçon 
suivante  :  c  Sabiis  eiiam  sacr;e  quxdam  caererooniae 
sunt,  ut  septenae  preces,  quarum  quinque  precibus 
nioslemicis  respondeni,  scxia  mcdia  fore  est  inter 
solis  orlum  et  meridiem  seilima  in  finem  horse 
sextae  nocturnae  incidit.  i  L'historien  Ibn  Scholinab, 
ctié-par  Uyde  (De  relig.  veL  Pen.  p.  127),  s'exprime 
en  termes  tout  semblables. 

(787)  L'usage  de  se  laver  le  corps,  ou  du  moins 
les  mains,  avant  la  prière  et  le  sacrilice,  est  des 

Ïdus  anciens  et  des  plus  répandus.  L'Hindou  doit  se 
aver  avant  de  lire  les  Védas  ou  Livri^s  «acres;  les 
lois  de  Manou  le  lui  enjoignent.  Le  Coran  recom- 
mande aui  Musulmans  de  se  purifier  avant  de 
prier.  {Voy.  le  Journal  aiiatique^  série  5,  t.  XII, 

ÎL  159.)  Les  rabbins  ordonnent  aux  Juifs  de  se 
aver  les  mains  avant  de  se  meure  en  prières  et,  si 
Veau  manque  tout  à  fait,  il  faut  du  moins  se  frotter 
les  mains  avec  du  sable  ou  avec  un  |>etit  morceau 
de  bois.  De  nombreux  passages  des  auteurs  de  l'an- 
tiquiié  attestent  que,  dans  le  paganisme,  on  se 
lavait  avant  de  rendre  hommage  aux  dieux.  Nous 
pourrions  citer  ici  llomère,  Hésiode,  Euripide,  Vir- 
gile, Ovide,  Tile-Live,  Tibulle,  Diogène  Laerce, 
benys  d'Halicarnasse,  Plutarque,  Lucien,  Apulée, 
Tertullien,  Porphyre,  JambJique,  Prudus  et  divers 
archéologues  modernes,  iiotamment  Lomeier,  De  lus- 
traiionibuê  veterum  geniium,  mais  ce  serait  nous 
éiait^-r  de  notre  sujet. 

788)  Abulfarage*(  i/t</.  dynakl,,  p.  284)  confirme  ce 
témoignage  au  sujt  t  des  jeûnes  des  Sabéens.  Ibn 
Schobnab  parle  du  même  objet  dans  un  passage 
que  Hyde  a  traduit  d'après  un  manuscrit  peu  exact  : 
<  Ji'junant  mensis  Iresprimos  dies,  compulantesje- 
juniorum  solutiones  ab  ingressu  solis  in  Arietem.  » 
D'Herbelot,  dans  sa  Bibliothèque  orientale ^  a  mieux 
rendu  le  sens  de  l'auteur  arabe,  en  disant:  c  Hs  jeû- 
nent pendant  le  cours  entier  d'une  lune...  et  termi- 
nent toujours  leur  jeûne  à  l'entrée  que  fait  le  so- 
leil dans  le  si^ne  du  Bélier  qui  est  jusiement  l'é- 
quinoxe  du  pinaimps.» 

(789)  Des  bœufs  étaient  ofiV'rtsen  sacrifice  chez 
toutes  les  nations  de  TOrient,  chez  les  Kg^'ptiens, 
les  Perses,  les  Syriens,  les  Phéniciens.  Hs  jouaient 
aussi  le  principal  rôle  dans  les  sacrilites  des  Hé- 
breux, ainsi  que  l'attestent  de  nombreux  passages 
du  Pentateuque.  Porphyre  {De  abttinentia,  li,  10  et 
i9)  dit  que  le  bœuf  lui  le  premier  aumiai  ofieil  en 


ohtenir  la  faveur  de  la  Divinité,  mais  ils 
D*offrent  des  victimes  qu'aux  planètes.  Que)* 
ques-uns  d'entre  eux  disent  que  les  pré- 
sages du  sacrifice  se  montrent  défavorable» 
si  Ton  sacrifie  au  nom  du  créateur,  car, dan> 
leur  opinion,  il  ne  s'occupe  que  d*objels  im- 

Sortants,  et  il  a  abandonné  tout  le  reste  aai 
très  qu'il  a  placés  comme  ses  intermédiaires 
pour  gouverner  le  monde.  On  ég^rce  eo 
sacrifice  un  grand  nombre  de  bœufs  (789),  de 
moutons,  de  chèvres  et  de  tous  autres  ani- 
mauxàquatre  pieds  (790),  sansdentsincisÎTes, 
è  l'exception  du  chameau  ;  on  n'offreparmi  les 
oiseauzqiieceuxquin'ontpasdegriffes(79t;, 
à  l'exception  des  pigeons.  L'immolation  des 
animaux  offerts  en  sacrifice  s'accomplit  chei 
eux  par  la  section  des  veines  du  cou  et  de  U 
gorge  (799)  ;  la  mort  doit  6tre  instantanée. 
Ils  sacrifient  surtout  des  coqs  (793).  Les  rie- 

holocauste. 

(790)  M.  Chwolsohn  rapporte  une  foule  de  pii- 
sages  empruntés  aux  auteurs  orientaux,  fmt  et 
romains,  qui  mon  rent  combien  les  sacrifurs  de 
moutons  et  de  chèvres  étaient  fréquents  dans  fan- 
tiquité.  Nouft  jugeons  superflu  de  donner  iri  place 
à  ces  détails.  I^ous  observons  une  fuis  pour  tou- 
tes, que  le  savant  orientaliste  déploie  dans  ses  n<v- 
tes,  en  rapprochant  les  usages  des  Sabéens  décrit 
des  anciens  peuples,  une  érudition  fort  éten«luf, 
mais  à  laquelle  nous  n'avons  point  dû  faire  d'em- 
prunts. 

(79l),Les  poissons  el  les  reptiles  se  frouvaietitev 
eus  des  sacriflces  des  Sat)éens,  lesquels  D'inmi*»* 
laienlque  les  animaux  dont  la  chair  pouvait  servir  i 
leur  nourriture.  Les  sacrifices  des  bétes  sauva^C) 
et  de  pourceaux  ont  été  rares  en  Orient.  Porptiue 
dit  qu'on  n'immole  que  les  animaux  doot  on  fjit 
usage  comme  aliment,  et  qu'on  ne  sacrifie  point 
de  singes,  d'ànes  ni  d'éléphants.  Julien  obsene  que 
les  prêtres  égyptiens  ne  sacrifiaient  point  de  poiv 
sons,  parce  qu'ils  n'en  roangeaieni  pas.  Lu- 
cien (  De  dea  Syrta,  54  )  observe  que  les  haUutiti 
dliiérapolis  sacrifiaient  des  tours,  des  mouton»  et 
des  chèvres,  mais  non  des  cochons»  animal  qu'ils 
avaient  en  horreur.  On  sait  cependant  que  le^  Pb<^ 
niciéns  et  les  habitants  de  l'Ile  de  Chypre  immo- 
laient des  i'ochons.  11  y  eut  chez  les  Perses,  lesS<v 
thés  et  les  Lacédémoniens  des  sacrifices  de  cbe- 
vaux  ;  à  Hhodes  on  jetait  chaque  année  quatie 
chevaux  à  ki  mer  lors  de  la  Tète  du  soleil.  (Feeto». 
au  mot  October  equus.)  Â  Alexandrie  on  inim"Uii 
des  chuts  en  riionneur  du  dieu  Horus.  Quani  am 
sacrifices  d'oiseaux,  rien  de  plus  commun  cbei  1» 
divers  peuples  de  l'antiquité. 

(792)  Usage  en  vigueur  chez  les  Juifs,  et  à  re- 
gard duquel  les  rabbins  ont  accumulé  de  minuiuti- 
ses  prescriptions. 

(793;  11  est  à  croire  que  les  coqs   joua'cnt  un 
grand  rôle  dans  les  sacrifices  des  Sabéens,  f^^"- 
qu'on  leur  attribuait  des  relations  ima|inairi;9  a>  «* 
le  soleil.  Telle  était  du  muins  une  opinion  fori  r** 
pandue  dans  l'tfntiquité  el  dont  la  cunséqikriH" 
éiait  de  douer  cet  oiseau  de  lacuUés  fort  »tir)Nf 
nantes.  Il  suflit  de  mentionner  ^  cet  égard  le^temoi-i 
gnage  de  Proclus  :  «  Leones  ei  ^alli  cujusdan  n< 
tura  bolum  pro  sua  natura  participes  ;  unde  minin* 
est  quantum  inferiora  in  eodem  ordine  cedaat  »tf|^ 
rioribus,  quant  vis  magnitudine  potenCiaquenoacr- 
daut  ;  hiiic  feruntgallum  timert  a  leooe  qiufo  |n>' 
rimum  et  quasi  coli,  cujus  rei    causam  a  mur^ 
sensu  m  ve  assiguare  non  possumus,  sed  solo*  al» 
oïdinis  suprenii  conteiuplatioiie ,   quouiam  ^wij^ 
cet  prxseiitia  solaris  virtuiis  con%euit  gaUo  "*** 
quaui  le*  ni|  quod  ctinde  apparet,  quasi  q^tb» 


Si! 


SAB 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS, 


SAB 


821 


Urnes  oe  sont  pas  mangées,  mais  brûlées.  Le 
sacriQcateur  ne  doit  pas  entrer  dans  le 
temple  le  jour  où  il  oiïre  le  sacrifice.  Quatre 
époques  sonty  dans  le  cours  du  mois,  indi- 
quées pour  lesacrifice;  la  nouvelle  hine(7%), 
le  premier  quartier,  le  vingt-septième  et  le 
vingt-huitième  jour. 

§  VI.  —  Leurs  fêtes  sont  les  suivantes  :  la 
fête  de  ta  ru|)ture  du  jeûne  de  la  semaine; 
celle  de  la  rupture  du  jeûne  du  mois,  ou 
rupUire  du  jeûne  après  les  trente  jours  (795), 
elle  dure  deux  jours  ;  ensuite  vient  la  rup- 
ture du  jeûne  des  cinq  jours,  et  enfin  celle 
du  jeûne  des  dix-liuit  jours,  qui  tombe  le  26 
do  mois.  Il  y  a  ensuite  la  fête  de  la  concep- 
tion ou  de  la  grossesse,  le  25  du  premier 
Teschrin»  plus  tard  la  fête  de  la  naissance  (796) 
au  23  du  (seund)  Kâmin  ;  enfin  une  fête  au 
29Tammaz. 

§  VII.  —  Ils  sont  tenus,  après  un  écoule- 
ment sperraalique  ou  après  le  contact  d'une 
femme  i  Pépoque  de  ses  règles  (époque  à 
ia(|uel]e  les  femmes  vivent  (railleurs  tout  à 
fait  séparées),  de  se  laver  et  de  changer  de 
vêtements  (797).  Ils  se  lavent  alors  avec  des 
alcalis  (végétaux)  et  du  natron  (798).  Ils  ne 
sacrifient  que  des  animaux  qui  ont  du  sang 
et  un  poumon.  L*usage  du  chameau  leur  est 
interdit,  ainsi  que  celui  des  animaux  qui 
ne  sont  pas  abattus  régulièrement  (799)  et 

hymnîs  applaudit  snrgenti  solî.  >  {De  sacrificiis  et 
magia,  t.  III,  p.  280,  éilit.  Cousin.) 

(794)  L*époque  de  la  nouvePe  lune  était  célébrée 
chez  la  plupart  des  peuples  anciens  par  des  fêles  et 
des  sacrilices  Nous  renv(»yoiis  aux  iioiesdes  coni- 
Di^ii|;ileiirs  pour  d*ampl^s  détails  à  ce  sujet. 

(705)  ('c  passage  est  obscur  ;  M.  Cliwolsobn  (t. 
II.  p.  D5)  en  donne  div<!rses  cxpUcaiions;  mais 
i:ous  n'avons  pas  à  nous  y  arrêter. 

(796)  On  manque  de  détails  sur  ces  deux  fêles, 
sur  leur  origine  et  sur  les  cérémonies  qui  les  ac- 
Cûuipagnaienl. 

(797)  Tout  ceci  est  conforme  aux  lois  et  aux  usa- 
gf'âde  rOrient.  M.  Chwulsohn,  t.  II,  p.  98-100,  en 
expose  le  résumé. 

(798)  11  s*ai(it  sans  doute  du  ni  Ire  qui,  mêlé  avec 
de  riiuile,  forme  du  savon  dont  les  Orientaux  font 
usage. 

(799)  Ia  distinction  étaoïie  ici  entre  les  animaux 
purs  el  les  impurs  s'accorde  avec  celles  qu'éta- 
llissent  les  lois  dt-s  Hindous  cl  les  minutieuses 
prescriptions  des  rabbins. 

(800)  D*anciens  auteurs  araoes  disent  qu'il  était 
Interdit  aux  Sabéens  de  manger  des  pigeons;. dans 
quelques  districts  de  la  Syrie  et  en  Egypte  sembla- 
ble défense  était  en  vigueur.  Cet  oiseau  était  re- 
gardé comme  sacré  chez  divers  peuples  de  TO- 
r.cnt. 

,  (801)  Les  Hindous,  les    Hébreux  el  les    Egyp- 
tiens regardaient    les  oiseaux   de    proie  comme 

iiupurs. 

(801)  Chez  les  anciens  Hébreux,  Tusage  de  toutes 
les  plantes  était  permis,  mais  chez  d^aulres  peu- 
ples on  retrouve  des  défenses  analogues  à  celles 
dont  il  est  fait  ici  mention.  Les  lois  de  Manou  in- 
lerdiseni  aux  prêtres  de  manger  de  certains  légu- 
jnes;  d'après  Hérodote,  les  Egyptiens  détestaient 
les  fèves  et  tes  regardaient  comme  un  objet  impur. 
t^etie  idée  se  trouve  aussi  de  fort  bonne  heure  ré- 
pandue chez  les  Grecs.  Cbwolsohn  entre  à  cet 
^ard  dans  des  détails  étendus ,  mais  étrangers  à 
notre  sujet. 


de  tous  ceux  qui  ont  des  dents  incisa-* 
ves  dans  les  deux  mflohoires  •  comme 
Tâne,  le  chien  et  le  pourceau.  Quant  aux 
oisçaux,  ils  ne  font  aucun  usage  des  pi- 
geons (  800  )  et  des  oiseaux  qui  ont  des 
griffes  (c'est-a-dire  des  oiseaux  de  proie)(801). 
Quant  aux  plantes,  ils  ne  font  point  usage 
des  fèves  et  de  Tail  (802).  Quelques-uns 
d'entre  eux  s'interdisent  l'usage  des  naricots, 
des  choux,  des  choux-fleurs  et  des  lenliUes. 
Leur  réi>ugnance  pour  le  chameau  les 
amène  jusqu'à  dire  que  les  désirs  de  celui 
qui  passe  sous  la  corde  qui  sert  è  guider  un 
chameau  ne  seront  j)as  accomplis.  Ils  se  tien- 
nent éloignés  de  quiconque  est  atteint  de  la 
lèpre  (803),  de  l'éléphantiasis  ou  de  quelque 
maladie  contagieuse.  Ils  n'emploient  pas  la 
circoncision  et  n'altèrent  point  la  façon  dont 
la  nature  opère. 

§  Vlll.—  Ils  se  marient  en  présence  aeté- 
moins,raais  non  entre  parents  (804). Les  lois 
pour  les  hommes  et  les  femmes  sont  celles-ci: 
undivorcen'a  lieuquesur  preuve  bien  claire 
et  a|)rès  que  le  crime  a  des  témoins  ocu- 
laires (805);  la  mari  ne  peut  épouser  de 
nouveau  la  femme  dont  il  a  été  séparé  (806); 
il  ne  peut  avoir  deux  femmes  à  la  fois,  elil  ne 
doit  avoir  commerce  avec  sa  femme  que 
pour  engendrer  des  enfants  (807). 

§  IX.  —  D'après  leur  opinion,  les  recora* 
penses  et  les  peines  doivent  affecter  seule- 

(805)  Il  s*agil  de  la  Lepra  nodosa  ou  tuberculosa, 
Winer,  dans  son  Real  ÉibUsches  Worterbuch^  t.  F, 
p.  114  (article  Aunatz)  a  trailé  à  fond  ce  qui  con- 
cerne cette  horrible  maladie  dont  il  est  si  fréquem- 
n)eni  question  dans  la  Bible  cl  dans  les  écrits  des 
Oiientaux. 

(804)  Chez  les  anciens  le  mariage  était  considéré 
cumaie  un  de  ces  contrats  pour  lesquels  la  prés<  n- 
ce  de  témoins  est  nécessaire.  Les  rabbins  s';ip« 
puvanl  sur  le  Deuléronomet  xix,  15,  n'gard- m  la 

(présence  de  témoins  comme  devant  faire  partie  de 
a  cérémonie  du  mariage.  Dans  le  Talnud  (traité 
Qidûschin,  fol.  G5)  on  trouve  posée  celle  question  : 
c  Le  II  ariage  est-il  valide  lorsqu'il  n*y  a  eu  qu*un 
témoin?  >  Elle  est  résolue  négativement.  Quant 
aux.  alliances  entre  parents,  les  usages  ont  varié 
dans  Taiitiquité.  Elles  étaient  interdites  chez  les 
Hébreux.  Saint  Cyrille  (Conir.  Julian.  iv)  dit  que 
les  ChaUléens  pouvait'nt  épouser  leurs  mères  et 
leurs  sœu r s. Lucien (/)6sacrt/fc.,  c.  li)en  dit  autant 
des  Assy  riens.Pareille  coutume  existait  chez  les  Per- 
ses, mais  cllt*.  éiail  circonscrite  p^rmi  les  hautes 
classes;  elle  éiait  on  vigueur  parmi  les  Egyptiens. 
Mous  nous  écarterions  de  noire  sujet  en  recher- 
chant ce  qu'offre  à  cet  égard  la  législation  des 
Grecs  et  celle  des  Romains. 

(805)  La  loi  mosaïque  était  plus  sévère,  elle  con- 
damnait à  mort  la  femme  adultère  dont  le  crime 
était  avéré. 

(806)  Moïse  n*a  défendu  de  reprendre  la  icmmr 
dont  on  avait  été  séparé  que  dans  le  cas  où  elle 
aurait  contracté  un  second  mariage. 

(807)  La  polygamie  ou  du  moins  la  bigamie, 
était  permise  cnez  un  grand  nombre  de  peuples 
de  rOrient,  et  il  est  vraisemblable  qu'à  des  épo- 
ques reculées,  elle  fut  autorisée  chez  les  Sabccns, 
mais  ils  durent  se  soumettre  à  Tinfluencc  des  idées 
contraires  qui  étaient  parties  de  Rome.  Dioclé- 
lien  interdit  la  bigamie  à  tous  les  sujets  de  rcm« 
pire  (qui  $ub  ditioue  Romani  nominis  sunt,)  Ter- 
tuUien  constate  que  la  monofl[amic  était  en  grand 
honneur  chez  les  païens. 


MS 


BICTiOMNAIRE  BIS  APOCRYPHES* 


m 


ment  Tesprit  et  ne  doivent  pas  être  suspen- 
dues jusqu'à  une  époque  fixée  (le  jugement 
dernierj. 

S  X.  —Ils  disent  qu'un  prophète  doit  être 
eieaipl  de  tout  blême  par  rapport  à  con 
âme,  et  de  tout  vine  par  rapport  è  son  corps; 
il  doit  ainsi  être  accompli  en  toutes  choses 
dignes  de  louange.  Il  doit  répondre  sans  se 
tromper  et  sans  hésilalinn  à  toufe  question 
qui  lui  est  adressée,  il  doit  pouvoir  rendre 
compte  des  pensées  des  hommes,  et  il  doit 
être  exaucé  lorsqu'il  adresse  ses  prières  à 
Dieu,  afin  de  faire  tomber  la  pluie  sur  la 
terre  et  afin  d'éloigner  les  dommages  que 
souffriraient  les  récoltes  et  les  troupeaux.  Sa 
doctrine  doit  être  telle,  qu'elle  ait  pour  effet 
de  développer  le  bonheur  de  ce  monde  et 
d'augmenter  le  nombre  de  ses  habitants. 

§  XI.  —  Leur  doctrine  sur  la  matière  pri- 
mitive, les  éléments,  la  forme,  la  non-exis- 
lence,  le  temps,  l'espace  et  le  mouvement 
s'accordent  avec  les  principes  énoncés  par 
Arisloledans  son  livre  Z>cpAy«ica.  Ils  croient, 
ausujet  du  ciel,  qu'il  conslitueune  cinquième 
matière  primitive  qui  n'est  point  formée  des 
ouatre  éléments  et  qu  il  n'est  soumis  ni  à  la 
destruction,  ni  à  la  corruption  comme  le  dit 
Arislote  dans  son  livre  De  cœlo.  Quant  aux 

?uatre  éléments,  è  leur  combinaison  pour 
rmer  les  végétaux  et  les  animaux,  quant 
aux  créations  qui  résultent  du  mélange  et 
de  Taclion  des  éléments,  ils  partagent  Popi- 
Dion  d'Aristole;  à  l'égard  des  météores  et  dos 
apparitions  célestes  ou  lunaires,  ils  sont 
également    do   l'avis    qu'expose    Aristote 

(808)  Il  ne  Taut  pas  8*étonner  de  voiries  Sabécns 
s*appuyer  constamment  sur  raulorilé  dWrisiote.  Ce 
phiiosoplie  était  regardé  comm^  un  ora^ïle  par  les 
Araties,  et  ses  doctrines  divisèrent,  sur  Men  des 

Saints ,    celles  des   néo-platoiiicicns  dont  les  Sa- 
éens  adoptèrent  les  idées. 

(809)  Cet  oavrage  attribué  à  Ileriiiès  est  sans 
doute  celui  dont  parle  Abuifaragô  {flht.  dynasi., 
p.  9)  comme  étant  éirît  en  syriaque  et  comme  se 
composant  d*uue  suite  de  questions  et  de  répon- 
ses adressées  par  Hermès  à  son  fils  Tat.  Le 
Pymandre  qui  nous  est  parvenu  reproduit  très- 
vraiseroblement  cette  composition. 

L*auieur  arabe  que  nous  venons  de  nommer 
B^accorde  ici  avec  Técrivain  qu*a  traduit  M.  Chwol- 
tobn,  car  il  dit  en  parlant  des  Sabéens  :  c  Argu- 
menta eorum  ad  probandam  Dei  unitatem  longe 
firmîssiroa  sont.  » 

(810)  Ou  bien  Helios  ou  Abelios,  un  des  noms  du 
eoleil. 

ISll)  Sin  ou  Sina  signifie  en  langue  syriaque, 
h  >ane  et  l'argent.  On  trouve  aussi  la  lune  appelée 
Sin  dans  les  livres  des  mendaîtes.  (Codex  Nazaraus^ 
t.  I,  p.  54,  98,  édit.  de  Norberg«  et  Onomasticon^ 
p.  108.)  Divers  auteurs  anciens,  uls  qu'IIérodien  et 
Ammien  Harcellin,  attestent  que  la  lune  était  adorée 
daus  la  ville  d'Harran  (Carrœ)  qui  est,  depuis  bien 
des  siècles,  le  centre  du  sabéisme.  La  Bible  fait  à 
diverses  reprises  mention  du  culte  de  la  lune  couime 
^pandu  cbez  les  Orientaux;  Hérodote,  Pline  et 
Strabon  en  parlent  aussi.  Il  eiiste  une  dissertation 
apécialc  d'Abr.  Calovius,  De  Selenolalria. 

(812)  Mars  ou  Ares  était  adoré  dans  tout  TOrient. 
Les  mendaîtes  rappelaient  Ncrig  (Codex  Nazarœus, 
édit.  Norberg,  1. 1.  p.  U,  99,  îiî;  t.  Il,  p.  96,  98, 
104.  Les  rabbins  l  appelaient  le  rougissant,  soit  à 


dans  ses  Meieorolopica,  Ils  croient  (|Qe  Tâme 
est  douée  d'intelligence  et  de  prescience, 
qu'elle  est  une  substance  corporelle,  non 
exempte  des  accidents  auxquels  le  corps 
est  sujet  ;  c'est  aussi  ce  qu'avance  Arislote 
dans  son  livre  De  anima.  Sur  les  s*0Dges,sur 
les  effets  de  l'imagination,  ils  pensent  aussi 
comme  Aristote.  Ils  disent  à  l'égard  de  Dieu 
qu'il  est  unique,  qu'aucune  propriété  parti- 
culière no  s'applique  à  lui,  qu'aucune af&r* 
malien,  aucun  syllogisme 06  peut  être éDCDcj 
è  son  sujet;  c'est  suivre  ce  que  dit  Aristote, 
dans  son  livre  sur  la  logique.  Pour  ce  m 
concerne  les  démonstrations,  ils  suivent  les 
règles  posées  par  Aristote  (8(K3). 

§  XII.  —  £1  Kandi  dit  qu'il  a  vu  un  livre 
dont  la  doctrine  est  celle  que  professent  les 
Sabéens;  il  consisle  en  un  traité d*Hero)ès 
sur  la  doctrine  de  Tunité  de  Dieu;  Hermès 
récrivit  pour  son  Ois,  en  traitant  celte  doc- 
trine avec  la  plus  grande  habileté,  et  ses 
arguments  sont  tels  que  nul  philosophe, 
quelle  que  fût  la  peine  qu'il  se  donnât  ds 
pourrait  y  échapper  (809). 

CHAPITRE  IL 

Chapitre  relatif  aux  fêtes  et  aux  sacrijîca 

des  Sabéens. 

51.  —  Le  premier  jour  de  la  semaine  esl 
consacré  au  soleil,  nommé  Ilios  (810);  le 
second,  à  la  lune,  appelée  Sin  (8f1);  le  troi- 
sième, à  Mars,  appelé  Ares  (812)  ;  le  qua- 
trième, k  Mercure,  appelé  Nâbua  (813)  ;  le 
cinquième,  à  Jupiter,  appelé  BAI  (8U);!(' 
sixième»  à  Vénus,  appelée  Balthi(815);le 

suite  du  caractèe  belliqueux  et  sanguinaire  atlri 
bué  âi  ce  prétendu  dieu. 

(813)  Le  mot  Nabiiq  ou  Naba  signifle  messa;:(>r, 
nnntius,  et  c*e»t  en  eflfet  t'atiribution  quelans^iU- 
logif)  ai»signe  h  Mercun*.  Un  orientaliste  italien, 
M.  Luzzatlo,  lui  donne  toutefois  un  autre  s^ns  : 
c  N;ibu  fst  formé  dn  la  préposition  négative  sao^- 
crite  nu^  non  et  du  mot  bha^  paraissant  ou  spleu- 
dide,  et  il  signifie,  non  elarus^  non  apparent,  rcn 
VMUs,  cVst'à-îlire  invisible.  H  y  a  en  sanscnlon 
mot  presque  idenlique  oui  est  nabha»,  de  na  el  de 
bhas  qui  signifie  littéralenoent  non  splendide  et,  par 
métaphore,  nuage,  ciel.  »  (Le  ianscriiisme  daus  la  lan- 
gue assyrienne.)  Le  mot  Nebô  se  retrouve  dans  d^s 
noms  cbaUléens,  Nabucbodonosor ,  SamginteM 
(Jerem.  ixiix,  5).  Isale«  xlvi,  1,  Indique  ^cbô 
comme  une  divinité  babylonienne  à  côté  de  Bel.  l^ 
nom  de  Nebô  ou  Nebû  se  trouve  fort  sooveiit  sur 
les  inscriptions  assyriennes  qui  ont  été,  depuis  pc'J 
de  temps,  le  but  des  investigations  de  M.  Rawlicsofl 
et  d'autres  érudits.  {Yoy,  d  ailleurs  St^lden,  De  dm 
Syriis,  le  Commentaire  de  Gésénius  s»r  iitfi^t 
Mueiler,  Religion  der  Babylonier,  p.  14;  Hoetm. 
Die  Phœniiier^  t.  I,  p.  181  et  655. 

(8U)  Bel  ou  Baal  est  signale  par  divers  autrors 
anciens,  par  Dion  Cassius,  entre  autres,  comoi^ 
étant  le  même  que  Jupiter;  d  autres  écrivains  i« 
regardent  comme  étant  le  même  que  Saturne; 
d'autres  le  représentent  comme  le  type  du  soirii. 
H.  Cbwolsobn  traite  avec  érudition  ei  détail  cette 
question  dont  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  ia 
Nous  disons  seulement  que  saint  Epiphane  observe 
(HaerffS.  1,  n.  16)  que  les  Juifs  appelaient  Jupiter  u 
planète  Baal,  el  que  chez  les  meodaltes  cette pl'oeie 
porte  le  nom  de  Bel.  (Codex  iVaMrimi,  édit.  ^o^ 


1U4.  Les  rabbins  l  appelaient  le  rougissant,  soit  à      berg,  1. 1,  p.  «12,  et  Onomastieon,  p.  38.) 
cause  de  la  couleur  rouge  de  la  planète,  soit,  par         (815)  Ce  nom  ae  trouve  écrit  eo  syriaque  Belî"- 


«iS 


S\B 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAB 


8*28 


sepiième,  h  Saturne,  appelé  Cronos  (816). 
§  IL  —  Leur  année  commence  avec  le 
mois  de  Ntsân  (ayril).  Pendanl  les  trois  pre- 
miers jours  de  ce  mois  (817),  il  s*huniilient 
devant  leur  déesse  Balthi,  e*est-à-dire  Vé- 
nus. Ils  se  rendent  par  bandes  ce  jour-tà  au 
temple  de  la  déesse,  ils  offrent  des  sacrifi- 
ces et  ils  brûlent  des  animaux  vivants.  Le 
siiiôme  jour  de  ce  mois,  ils  offrent  un  tau- 
reau k  leur  déesse  la  lune  (818),  et  ils  lui 
rendent  hommage  à  la  Gn  du  jour.  Le  hui- 
tième jour,  ils  jeûnent,  et  à  respiration  du 
jeûne,  ils  mangent  de  la  chair  d  agneau.  Ce 
même  jour,  ils  célèbrent  une  fête  pour  ho- 
norer les  sept  déités  (819),  tes  démons  (820), 
les  génies  et  les  esprits,  et  ils  brûlent  sept 
agneaux  mâles  en  1  honneur  des  sept  déités, 
et  de  plus  nn  en  l'honneur  du  seigneur  des 
aveugles  (821),  (c*e$t-à-dire  animé  d'une  fu- 
reur aveugle),  et  un  autre  en  Thonneur  des 
dieux  des  démons.  Le  quinzième  jour,  ils 
célèbrent  un  mystère  (822)  en  l'honneur  du 

D*apri$  Bar*Serûg  les  Clutldéens  appelaient  Ténus 
B.li(in.  Selon  Aby  ienus,  cilé  par  Lusèbe  (Prœpar, 
etangel.^  Ub,  ix,  c.  4t),  Baailis  était  chez  les  Phéni- 
ciens le  nom  d'Aphrodite  ou  de  Yéiius,  et  Beltis, 
celai  de  Cybèle  chez  les  Babyloniens;  Hésychius 
dans  son  Lexique  donne  le  mot  Belthès  comme 
synonyme  de  Vénus,  Toutefois  Sanchoniaton,  cité 
êjiairmerit  par  Eiiséhe  (Prœpar.  evang.  lib.  i,  c.  10), 
paiali  i4teiitifier  Baaltis  avec  Dione,  mais  ainsi  que 
le  remarque  Selden,  il  y  a  bien  de  h  confusion 
parmi  ce»  noms  de  divinités  asiatiques.  (Junonia, 
Tent-ris,  Lniiae  nomina  surit  lia,  eu  m  ad  Asiaticos 
deos  respcxeris  confusa.)  lieltis  figure  sur  les  in- 
scriptions assyriennes  comme  la  mère  de  Dieu  et 
leur  protectrice.  Muenter  {Religion  der  Babylonier^ 
P  30)  regarde  Beltis  comme  la  déesse  de  la  lun^. 
tn  anteur  syrtaqu»,  Bur-Bahiûl,  observe  que  Vénus 
portait  chez  divers  peuples  seize  noms  dinérenls. 

(816^  Qirqis  dans  des  manuscrits  arabes.  Diaprés 
I.  Lydus,  {De  mens,  i,  9)  les  Egyptiens  et  les 
Ciialiiéens  avaient  consacré  le  septième  jour  de  la 
temaine  à  Phxnon,  c'est  à-dire  à  leur  principale 
diviuiié,  connue  chez  les  Grecs  sous  le  nom  it« 
Kroniis.  Lea  Egyptiens  passent  pour  avoir  été  les 
premiers  qui  partagèrent  la  semaine  en  sept  jours, 
consacraol  chacun  d'eux  à  quelque  divinité.  Selon 
Faisébe,  cette  division  fut  Tceuvre  d'Oiitanès  qui 
Kconipagna  Xerxés  dans  son  expédition  contre  les 
Orecè.  {Prœp.  evaug^^  1.  iv,  cap.  6.)  Celte  division 
dont  Boiis  n'avons  pas  ici  à  examiner  Torigine,  a 
été  lobjet  des  recherches  spéciales  de  quelques 
érudiu.  {Voy,  Wachler,  Dissertatio  iiislorico'phi' 
iilopcu  de  hebdomade  gentil iUum  et  dierum  a  planetis 
dmminalione;  Fuch.,  Abhandlung  von  den  Wo* 
cktutagen,) 

[W)  Voy,  ftiT  rétymologie  du  nom  de  Nîsan 
Beiifey,  Ueberdk  MoHûlsnamen  einiger  alter  Voelker^ 
P*  i30.  M.  Chwolsohn  s'est  donné  beaucoup  de 
P^ine  pour  établir  la  concordance  des  mois  des 
Salniens  avec  ceux  des  Romains.  Le<  données  four- 
nîtes à  cet  égard  par  les  auteurs  orientaux  sont  va^ 
gnes  et  parfois  contradictoires.  11  parait  que  les 
Sabéens  commençaient  leur  année  religieuse  au 
prinlemptet  leur  année  civile  en  automne;  circon- 
^itiiee  qui  se  retrouve  aussi  chez  d'autres  peuple^*, 
i^  Hindous  et  les  Perses  avaient  également,  de 
l^inpi  immémorial,  l'usage  de  célébrer  une  fête  au 
commenceraeut  du  printemps,  lorsque  le  soleil  entre 
dans  le  signe  du  Bélier.  Chez  les  Prrsans  modernes, 
c^'tie  fête  s'est  conservée  et  elle  dure  trois  j0'>rs 
eoQuue  chez  nos  Sabéens.  .Chardin,  Voyages.)  Moïse 
d«  Churéne  {Uisi.d^Avmeute)  dit  qu'au  commeuce- 


ScbemAI  (du  Nord)  ;  ils  apportent  des  oATran* 
des,  ils  célèbrent  leur  culte,  ils  égorgent  et 
brûlent  des  yictimes,  et  ils.  boivent  et  man* 
gent.  Le  20,  ils  vont  au  temple  du  Kadi, 
lequel  est  bâti  auprès  d'une  des  portes  de  la 
ville  d'Herran,  appelée  Bâb-Fonaoq-ez-Zeil, 
(c'est-à-dire  la  porte  du  magasin  à  l'huile; 
ils  Y  immolent  trois  zebrachs  (un  zebrach 
est  un  taureau  dompté),  l'un  en  l'honneur 
du  dieu  Cronos  ou  Saturne,  l'autre  eu  l'hon- 
neur d'Ares  ou  de  Mars  l'aveugle  {c'est-à- 
dire,  animé  d'une  fureur  aveugle)  ;  le  troi- 
sième en  l'honneur  de  la  lune  ou  du  dieu 
Sin.  Ils  immolent  ensuite  neuf  agneaux  mâ- 
les, à  savoir,  sept  en  l'honneur  des  sept  déi- 
tés, un  en  l'honneur  du  dieu  des  génies  ^i 
un  en  l'honneur  do  dieu  des  heures  (823), 
et  ils  brûlent  un  grand  nombre  d'agneaux 
el  de  poules.  Le  28,  ils  vont  à  un  autre  tem- 
ple qui  est  ijans  un  village,  nommé  Sebli, 
près  d'une  des  portes  d'Harran.  appelée  Bab- 
e!-Serab. Cette  porte  conduit  vers  le  nord.  Ils 

ment  du  m*  siècle,  le  roi  Yagarch  intri^duisît  chez 
les  Arméniens  une  fête  pareill<).  Lucien  {De  dea 
Syria,  c.  49)  raconte  qu*à  Hiérapon<(,  en  Syrie,  (in 
celébrnit  an  commencement  du  printemps  une  fête 
où  Ton  sacrifiait  et  livrait  aux  flammes  beaucoup 
d*animanx  et  d*oise:inx. 

(818)  Chez  les  Sabéens  la  lune  est  parfois  désignée 
comme  une  déesse,  d*auircfois  comme  un  dieu.  Us 
regardaient  ponl-élre  cette  divinité  comme  andro- 
gyne.  En  péicral,  la  lune  est  mentionnée  chez  les 
anciens  romme  appartenant  au  sexe  féminin;  Ho- 
race et  Apulée  rappellent  regina  cœli;  les  Pténiciena 
la  qualitiaient  de  souveraine  des  cieux  ;  saint  Ephrem 
la  nommait  une  divinité  femelle.  C'est  dans  un  sens 
mystique  qu*il  fst  parfois  question  chez  les  Grecs  et 
chez  les  Romains  du  Deus  Lunus,(Voy,  la  note  do 
M.  Chwo'sobn,  t.  n,  p.  184.) 

(819)  Ces  sept  déités  dont  il  est  souvent  question 
ici,  sont  celles  qui  président  aux  sept  planètes. 

(8i0)  Les  auteurs  qui  appartiennent  aux  df'r- 
nières  époques  du  paganisme  donnent  de  longs  dé- 
tails sur  les  démons  tels  que  les  néo-platoniciens  1<  s 
dépeignent.  (  Voy.  Porphyre,  De  abslinentia: 
Jomblique,  De  mysferiis  jÈgyptiorum,  Damascius, 
Asclepius,  dans  les  écrits  attribués  à  Hermès  ou 
Mercure  Trisuiëgiste.) 

(821)  L*épithéted*avengle  est  difficile  à  expliquer; 
en  faisant  une  légère  correction  dans  le  mot  arab*', 
on  r**mpliicerait  cette  qualilication  par  celle  d'ar- 
dent, de  brûlant,  qui  serait  mienx  à  sa  place,  lors- 
3u'elle  est  appliquée  à  Mars.  Chez  divers  écrivains 
e  Tantiquite,  ce  dieu  porté  le  nom  de  UMpôziç , 
lequel  dérive  sans  doute  de  la  couhur  de  feu  qu*on 
remarque  sur  la  planète  qui  lui  est  consacrée.  Les 
Egyptiens  obéissaient  à  une  idée  semblable  lors- 
quils  donnaient  à  leur  dieu  Hertosi»  correspondaul 
k  Mars,  le  litre  de  producteur  de  la  sécheresse. 

(8iâ)  Les  mystères  des  Sabéens  sont  Tobjet  d  un 
antre  chapitre  que  nous  donnerons  plus  loin.  Non» 
ajouterons  qu'ils  ont  été  rapprochés  des  autres 
mystères  de  rantiquité  dans  ooe  longue  dissertation 
spéciale  qui  occupe  les  pages  319  à  364  du  second 
volume  de  Pouvrage  de  H.  Chwolsohn. 

(8i3)  Dieu  des  heures  on  du  temps.  LVxîstence 
d*une  pareille  déité  parmi  les  Sabéens  s*accorderait 
avec  ce  qu'on  observe  chez  des  peuplest  voisins.  Les 
Phéniciens  avaient  une  déesse  du  temps  en  géné- 
ral, et  des  divinités  présidaient  aussi  selon  eux  aux 
diverses  parties  du  temps,  au  lever  du  jour,  par 
exemple.  Chez  les  Egvptiens  à  côté  de  Sevech,  le 
dieu  du  temps,  il  y  ivaU  Eboou,  le  dieu  du  }ottr. 


SX! 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Sis 


immolent  un  fort  taureau  au  dieu  Hermès,  et 
ils  offrent  neuf  aj^neaux  mâles,  è  savoir,  sept 
aux  sept  déités,  un  au  dieu  des  génies,  et  un 
au  seigneur  des  heures  ;  ils  mangent  et  ils 
boivent,  et  ce  jour-là  ils  ne  brûlent  aucun 
animai. 

S  111.  —  Le  premier  du  mois  d'Ajftr  (mai) 
ils  célèbrent  le  sacritice  secret  en  Thon* 
neur  de  Schemâl  ;  ils  accomplissent  leurs  ri- 
tes mystérieux,  respirent  l'odeur  des  roses, 
boivent  et  mangent.  Le  2,  ils  célèbrent  la 
fôte  de  Ibn  el-SelÂm,  c*esl-à-dire  du  fils  de 
la  santé  (824),  ils  font  des  vœux  (825),  cou- 
vrenl  leurs  tables  des  prémices  des  fruits, 
des. moissons  et  des  sucreries,  et  ils  boivent 
et  maitgent. 

§  IV.  —  Au  mois  de  Chazîran  (juin)  ils  cé- 
lèbrent le  17  les  rites  secrets,  en  l'honneur 
de  Schemâl  et  du  dieu  qui  fait  voler  les  tlè- 
ches.  Ce  jour-lè,  ils  dressent  une  table  sur 
laquelle  ils  placent  sept  portions  pour  les 
sept  déités  et  une  pour  Schemâl.  Le  prêtre 
apporte  un  arc,  le  tend  et  place  dessus  une 
flèche  à  laquelle  est  attachée  une  torche  dont 
l'extrémité  est  allumée  (826)  ;  elle  est  faite 
avec  un  bois  qui  croit  sur  le  territoire  de  la 
ville d*Harran;  ils  n'en  emploient  pas  d'au- 
tre. Le  prêtre  lance  alors  douze  flèches  et  va 
ensuite  à  quatre  pattes  comme  un  chien  jus- 
qu'à ce  qu  il  ait  ramassé  toutes  les  flèches. 
Il  répète  cela  quinze  fois  en  faisant  atten- 
tion aux  présages:  si  une  des  torches  vient 
à  s'éteindre,  c'est,  selon  [eux  un  sienne  oue 

(82i)  Au  lieo  du  fils  de  la  santé,  on  pourrait  lire, 
d'après  quelques  roanuscrUs,  la  diviniié  de  la  paix. 
Mais  il  nW  a  pas  de  trace  que  les  S.ihéeus  aient 
connu  quelque  déité  analogue  à  VIrène  des  Grecs, 
et  è  la  Fax  des  Romains. 

(825)  Les  vœux  des  Sabéens  paraissent  avoir  éié 
constamment  adressés  à  quelque  divinité  particu- 
lière. Il  semble  qu*il  en  Tut  de  même  dans  le  paga- 
nisme.  On  peut  recourir  à  la  dissertation  de  Ph. 
Thomasin,  De  votis  donariiê,  insérée  dans  le  i.  XII 
du  The$auru$  antiquUatum Romanarum  de  Giaevius. 

(82<))  H  est  question  de  flèches  ardentes  dans  l«*s 
i^aiimw  (vil,  14  et  cxx,  4);  les  anciens  faisaient 
usage  de  dards  enflammés  qui  étaient  lancés  dans 
les  vill<»s  assiégées  pour  y  porter  Tincendie.  (Voy. 
Thucydide,  Arrien,  Vegèce,  etc.) 

(8i7)  Parmi  les  nombreux  moyens  de  divination 
employés  chez  les  anciens  pour  connaître  les  se- 
cre  s  de  ravenir,  il  y  en  avait  un  qui  s^opératt  au 
moyen  de  flèches  ,  on  l'appt  lait  ^fiXojjiavTcta.  Ho- 
mère en  fait  mention (//iarf..  m,  324;  vu,  182),  mais 
il  y  avait  des  différences  entre  le  procédé  des  Sa- 
béens et  celui  dont  Nabuchodonosor  fit  usage, 
{Ezech,  XXI,  2(n,  ainsi  qu*avec  une  antre  méthode 
usitée  chez  les  Arabes.  Clodius  a  écrit  un  traité  De 
magia  sagittarum.  Quant  au  présnge  qn*on  croyait 
trouver  dans  la  circonstance  qu'une  lampe  8*é(eignlt 
ou  non,  c'était  une  idée  répandue  en  Ocrideni. 
Virgile  y  fait  allusion  {Ceorg.  i,  590),  Suétone 
en  parle  {Tiber.  c.  19)  ainsi  que  d*aiitres  auteurs. 
Butenger,  dans  son  traité  De  iorlibus,  inséré  dans 
h;  t.  V  du  Tketaurus  mtiquitalum  Romanarum  de 
Gra^vlns,  a  épuisé  cette  question. 

(8i8)  Tauz  ou  TanmuA  est  regardé  comme  TAdo- 
Dtsdes  Grecs.  H  était  sut  tout  en  Phénicie  l'objet 
d'un  culte  particulier.  Son  histoire  était  très-répan- 
due et  remontait  à  une  antiquité  lort  reculée 
M.  Quatremère  (Journal  asiatique,  t.  XV,  p.  227) 
roeutionnt  on  livre  que  possédaient  les  Mabatéens 


la  fête  n'est  pas  agréable  aux  dieoi,  mais 
si  aucune  ne  s'éteint,  un  en  conclut  que  li-s 
dieux  accueillent  avec  plaisir  i'boiuuja,(> 
qu'on  leur  rend  (827.) 

§V.-— Au  milieu  du  mois  de  T^moiai 
(juillet)  est  la  fête  appelée  Et-BûqAt«  c  esi-i- 
d ire  des  pleureurs  ;  cette  fête  est  la  n.è:i.e 
que  celle  qui  est  en  Thonnour  du  dieu  TJ- 
uz-en-Bft-ur  (8^).  Les  femmes  &e  limoU 
la  douleur,  parce  que  son  maître  Ta  crueiiN 
ment  mis  à  mort,  qu*tl  a  broyé  ses  os  dsos 
un  moulin  et  qu*il  les  a  ensuite  jetés  aui 
vents.  Les  femmes  ne  mangent,  durant  cette 
fête,  rien  qui  ait  été  manipulé  dans  un  rnoo- 
lin  ;  elles  ne  se  nourrissent  que  de  légumes 
desséchés,  de  dattes,  de  raisins  secs  et  autres 
objets  semblables.  Le 27,  leshommescélèl»rent 
un  mystère  en  Thonneur  des  génies,  des  d<;- 
mons  et  des  déités.  Ils  font  beaucoup  «le 

f;Ateaux  cuits  sur  la  cendre  en  employant «ie 
a  farine,  des  légumes  desséchés,  des  tiisw.'s 
secs  et  des  noix  brisées  en  morceaux,  selon 
Tusa^^e  des  bergers. IlssacriGenlneufagneaui 
mâles  à  Hâmân,  le  dieu  suprême,  le  r>èn; 
des  dieux  (829)  et  ils  offrent  un  sacrificeà  Netn- 
rija  (830).  Le  chef  des  Sabéens  reçoit  ce  jour- 
là  deux  dirbems  {pièces  de  monnaie)  de  to.il 
homme  soumis  a  son  autorité  et  ils  boJTent 
et  mangent. 

§  VI.  —  Le  8*  jour  du  mois  d'Ab  (avril'  i  s 
répandent  du  vin  nouveau  qu'ils  offrent  A<it 
déités,  et  ils  lui  donnent  un  grand  nombre 
de  noms  divers.  Ce  jour-lb,  ils  sacrifient  ai 

ou  vieux  CliaUléens  et  qui  était  consacré  k  ntani^ 
les  aventures  de  Tamouz.  La  fèie  funèbre  cck't^ 
en  ison  honneur  durait  sept  jours  cbea  les  Iz^r 
tienset  les  Svriens  ;  les  Grecs  adopièreot  cette  fiv, 
mais  ils  eu  changèrent  le  caractère  mélancoliqoc  lo 
la  terminant  par  se  livrer  à  Tallégresse  sHn  d< 
marquer  la  joie  que  leur  causait  le  retour  d*A  louii 
il  la  vie.  Celte  joie  ne  tarda  pas  à  dégénérer  en  «m 
licence  effrénée.  M.  Chwolsohn  entre  dans  M  dé- 
tails Ton  étendus  sur  ridentiOcation  de  Tanisiu 
avec  Adonis  et  sur  les  mythes  qui  le  coDcemci.L 
(T.  Il,  p.  202-^10.) 

(829)  Cet  H&mftn,  le  dieu  snpréme,  est  ».v> 
doute  le  même  que  FAmnun  ou  Hsimnun  desKft^ 
tiens  ou  que  le  BaaI-Hamnun  des  Pbéaicieo».  it 
premier  était  regardé  comme  le  dieu  des  «l^^Bt. 
comme  la  première  lumière,  comme  le  pèred'0>  r». 
Il  correspondait  au  Jupiter  des  Grers.  Le  Ba»MI>»- 
nun  des  Phéniciens  était  le  dieu  du  Soleil,  i^i. 
Winer,  Real  Worterb,,  t.  I,  p.  419.)  Pfiii^u* 
rilàmàn  des  Sabéens  n'est- il  pas  étranger  à  i'Ho'n 
mystique  des  Iraniens,  des  Hindous  el  des  Tb<!^ 
tains ,  à  Hom,  le  père  des  dieui,  auquel  bStne  ^ 
consacrée  dans  les  inscriptions  découvcrict  < 
Minive,  et  au  dieu  du  feu  Amynas,  aJvre  t* 
Assyrie.    • 

(H30)  On  ne  saurait  dire  quelle  est  cette  dr.  t 
dont  le  nom  ne  se  rencontre  que  cette  seule  (<•% 
mais  c*est  sans  doute  la  même  que  celle  qn'iuii 
en  vue  Tévéquede  S;iruga.  Jacques,  lorsque  ^^i 
\ait  ^ue  les  llarrau:it<*s  rendaient  honmarR  i  (i**' 
divinité  nommé  Bar-Nemré.  (Asaemam,  0îK'<* 
orient,  t.  1,  p.  3i7.)  Af^semani  dit  que  B«r-Vu  r« 
signitie  en  syriaque  le  fils  des  lîgKSi  cl  qB<  ^ 
nom  pourrait  8*appliquer  à  Baccbos  dont  1^  f^ 
est  représenté,  par  divers  poètes,  connue  tialMlfi' 
des  tigres.  Wesseling  {iliner,  AnIm.»  |^  I^' 
adopte  cette  explication  qui  pourrait  étrecoaiAi^ 


m 


SAB 


PART,  nu  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS, 


SAB 


830 


milieu  de  la  nuit  un  enfant  mâle  nouveau- 
né  en  rbonneur  des  dieux.  L'enfant  est  tué 
et  ensuite  il  est  placé  sur  un  bûcher  jusqu'à 
te  que  sa  chair  soit  calcinée;  alors  elle  est 
pilée  avec  de  la  farine  fine,  du  saTran  (831), 
du  nard,  des  dattes  et  de  Thuile  {un  autre 
manuscrit  porte  des  raisins) \  on  en  fait  de 
petits  pains  de  la  grosseur  d*une  figue  qui 
sont  cuits  dans  un  four  tout  neuf  [ou  dans 
un  four  de  fer.)  Ceux  qui  prennent  part  au 
mystère  de  ScnemAI  mangent  de  ces  gâ- 
teaux une  seule  fois  dans  Tannée  (832).  Au- 
cune femme,  aucun  esclave  ,  aucun  flis 
d*esclaye  et  aucun  insensé  ne  peut  en 
manger  (833).  Les  trois  prêtres  sont  seuls 
employés  à  sacrifier  l'enfant  et  h  préparer 
son  corps.  Tout  ce  qui  reste  de  ses  os,  nerfs 
ou  artères,  est  ensuite  brûlé  par  les  prêtres 
comme  un  sacrifice  offert  aux  dieux. 

§  VU.  ->  Le  3  du  mois  d'Ilûb  (septembre) 
ils  font  bouillir  de  l'eau  afin  de  s  en  laver  en 
secret,  en  l'honneur  de  Schem&l,  le  chef  des 
Génies  qui  est  le  plus  grand  desdieux  (83ii^). 
Ils  jettent  dans  cette  eau  quelques  rameaux 
ûi"  tamarin,  de  la  sève  de  figues  (835),  des 
olives,  du  sucre  brut  et  autres  drogues;  ils 
la  font  ensuite  bouillir,  et  un  peu  avant  le 
coucher  du  soleil,  s'en  frottent  le  corps, 
comme  les  sorciers  sont  dans  l'usage  de  le 
faire.  La  même  jour«  ils  immolent  huit 
agneaux  mÂles,  savoir,  sept  en  Thonneur 
des  sept  déités,  et  un  en  l'honneur  de  Sche- 
mâl  ;  ils  mangent  dans  leurs  lieux  de  réu- 
nion, et  chacun  d'eux  boit  sept  tasses  de 
vin;  le  chef  reçoit  de  chaque  tête  deux  dir- 
bems  pour  la  caisse  du  trésor.  Le  26  de  ce 

(83f)  Le  safran  était  d*un  grand  usage  dans  la 
magie.  (Voy.  Psellus,  De  opinione  Crœeorum  circa 
iœmones,  c.  8,  et  Sainte-Croix,  Recherches  sur  les 
myuhet  du  paganisme,  1. 1,  p.  ^K7.) 

(852)  Ce  sacrifice  humain  est  Tobjet  d'une  longue 
dissertation  de  la  part  de  M.  Chwolsohn,  t.  il, 
p.  H1  et  snîv. 

Les  archéologues  les  plus  hahîles  reconnaissent 
qu'il  n*^  a  point  de  traces  dans  Taiitiquité  que  ceux 
qui  assistaient  i  des  sacriûces  humains  aient  mangé 
de  la  chair  des  victimes.  M  est  vrai  que  Dion  Cassius 
aflirme  que  Catilina  fit  prêter  serment  à  ses  com- 
plices sur  le  corps  d'un  esclave  égorgé  et  qu^on  en 
mangea  ensuite;  Salluste  ne  raconte  point  celte 
circonstance,  mais  il  en  rapporte  une  autre  de  même 
es|)èce;  les  conjurés,  selon  lui,  burent  du  vin  mêlé 
ai  da  sang  humain  ;  tout  cela  est  fort  douteux  et 
nous  semttle  devoir  être  rangé  parmi  ces  fables  que 
Pesprit  de  parti  ^*esi,  à  toutes  les  époques,  donné 
beau  ]eu  pour  répandre. 

(833)  1)  existait  chez  les  anciens  des  fêtes  nom- 
breuses où  les  femmes  ne  prenaient  point  de  part, 
ei  d'autres  qui  étaient  iuteraites  aux  esclaves.  Il  en 
était  ainsi  de<»  Thesmophories  à  Albèues,  de  la  fête 
d  Jtirion  à  Cos,  etc. 

(B34)  11  est  difficile  de  préciser  avec  quelque  exac- 
titude le  rôle  deSchemàl  dans  la  doctrine  religicMise 
des  Sabécni.  M.  Cbwolsohn  examine  celte  question 
fon  obscure  (t.  H,  p.  217);  il  pense  qu'il  s*agit  d'une 
divinité  regardée  comme  gouvernant  la  terre  ei 
dont  le  culte  précéda  celui  des  planètes.  Il  est  vrai- 
semblable que  le  nom  de  ce  chef  des  esprits  et  des 
génies  se  cliangea  en  celui  de  Somael,  signalé  par 
le»  Talmudistes  comme  le  chef  des  démons,  et  qui 
est  le  même  que  Satan.  Les  rabbins  vantent  sa 

grandeur  avant  sa  chute  ;  Rabbi  Eliézer  dit  que  les 

animaux  sacrés  ont  quatre  ailes,  les  Séraphins  six, 


mois,  ils  vont  au  sommet  de  la  moniagno 
(836)  ;  ils  y  rendent  leurs  hommages  au  so- 
leil, à  Saturne  et  è  Vénus,  et  ils  brûlent 
huit  jeunes  coqs,  huit  vieilles  poules  et 
huit  agneaux  mAles.  Celui  d'entre  eux  qui 
veut  aaresser  un  vœu  au  seigneur  de  la 
fortune ,  prend  une  vieille  poule  ou  un 
jeune  coq,  attache  à  son  aile  une  tor- 
che dont  il  a  allumé  les  deux  bouts  et  lâche 
Toiseau  en  Thonneur  du  dieu  de  la  for- 
tune (837).  Si  la  poule  ou  le  coq  est  consu- 
mé en  entier,  c'est,  selon  eux,  une  preuve 
ouele  vœu  sera  exaucé,  mais  si  la  torche 
s  éteint  avant  que  le  volatile  ne  soit  brû- 
lé, c'est  un  signe  que  le  dieu  n'agrée  pas  le 
sacrifice  et  repousse  le  vœu  (838).  Le  27  et 
le  28,  ils  célèbrent  des  mystères,  et  ils  ap- 
portent des  offrandes  ainsi  oue  des  victi- 
mes qu'ils  tuent  et  qu'ils  brûlent  en  l'hon- 
neur de  SchemAl  qui  est  le  plus  puissant 
des  souverains,  ainsi  qu'en  l'honneur  des  dé- 
mons et  des  génies  qu'ils  implorent  afin 
d'en  être  protégés,  devoir  leurs  besoins  sa- 
tisfaits et  d'obtenir  la  prospérité. 

§  VIII.  —  Au  milieu  du  mois  de  Teschrin 
(octobre)  a  lieu  la  cérémonie  de  brûler  les 
aliments  pour  les  morts.  Elle  se  passe  de  la 
manière  suivante  :  Chacun  d'eux  achète  des 
denrées  qui  se  rencontrent  sur  le  marché, 
telles  que  viande  de  diverses  sortes,  etfruits 
verts  ou  secs.  Ils  préparent  divers  plats, 
confectionnent  des  sucreries,  et  la  nuit  ils 
brûlent  le  tout  à  l'intention  des  morts;  ils 
brûlent  avec  res  plats  unos  de  la  hanche  d'un 
chameau,  qui  est  destiné  pour  le  chien  de  la 
sorcière  (839),  afin  qu'il  n'inquiète  pas  leurs 

et  que  Semael  en  avait  douze.  Mais  le  caractère  de 
malice  attribué  à  Semael  était  étranger  au  Schem&l 
des  Sabéens. 

(855)  Le  fruit  du  Aguler  avait  dans  le  culte 
idolâtre  de  TOrient  une  signiOcation  symboliqu«>. 
On  le  trouve  souvent  représenté  sur  les  monuments 
babyloniens.  Il  est  interdit  aux  Juifs  par  le  Talmud 
de  vendre  aux  païens  des  flgues  et  des  noix  de  pins, 
parce  que  ces  objets  sont  employés  dans  le  culte  des 
païens.  Les  figues  jouaient  un  rôle  dans  la  fêle  de 
Cybèle  en  Plirygie  et  à  Rome  h  Tépoque  de  Té- 
quinoxe  du  printemps.  Il  serait  facile  de  s'étendre 
sur  ce  sujet. 

(856)  L*usage  d'offrir  des  sacrifices  sur  les  mon- 
tagnes remonte  à  une  très-haute  antiquité.  Il  en  est 
souvent  fait  mention  dans  la  Bible  ;  les  Perses, 
selon  Hérodote  (i,  i5i)  sacrifiaient  sur  des  monta- 
gnes; les  Grecs  plaçaient  d*ordinaire  les  temples 
sur  des  lieux  élevés. 

(857)  Ce  dieu  de  la  fortune  ou  du  bonheur  est 
vraisemblablement  le  même  que  la  planète  Jupiter 
qui  a,  chez  les  Arabes,  le  nom  de  bona  fortuna 
major,  et  que  le  dieu  Gid  ou  dieu  du  bonheur  men- 
tionné daiis  la  Bible.  (Voy.  Moever,  Phœnizier, 
t.  I,  p.  174;  Winer,  lleûl  W oerlerbuch,  1. 1,  p.  2«5.) 

(858)  Ces  procédés  de  divination  rappellent  la 

Î>yromancio  des  Grecs  et  Viynïspicia  de  Pline, 
l.  VII,  57.)  De  nombreux  passages  des  anciens  par- 
ent des  présages  que  Ton  trouvait  dans  la  lumière' 
dont  les  Hammcs  dévoraient  les  victimes  oflertes  en 
Facrifice  ;  Potter,  (Archœologia  Grœca,  lib.  n,  c.  14,) 
a  très-neuement  expliqué  tout  ceci. 

(859)  La  divinité  que  les  Sabéens  appellent  la  sor- 
cière paraît  être  la  même  que  THécate  de»  Grecs, 
que  les  poètes  représentent  comme  accompagnée  des 
chiens  infernaux. 


851 


DICTIONNAIRE 


morts.  Ils  répandent  aussi  sur  le  feu  du  via 
pour  l'usage  des  morts,  et  ils  croient  que 
ceux-ci  le  boivent  et  qu'ils  consomment  les 
mets  qui  sont  livrés  aux  flammes   (SVO.) 

§  IX.  Le  21  du  deuxième  mois  de  Tes- 
clirin  (novembre)  ils  commencent  un  jeûne 
de  neuf  jours  en  l'honneur  du  maître  de  la 
fortune.  Chaaue  nuit  ils  brisent  du  pain 
tendre»  le  mêlent  avec  de  IVge,  de  la 
paille»  de  Tencens  et  du  myrlbe  frais,  ils 
répandent  dessus  de  fhuile»  agitent  le  tout 
ensemble  et  le  versent  dans  leurs  maisons  et 
disent  :  «  O  vous  qui  voyagoz  la  nuit  et  qui 
disposez  de  la  fortune,  tous  avez  ici  du  pain 
pour  vos  chiens  (841),  de  l'orge  et  de  la  paille 
pour  votre  béiai  I ,  de  l'huile  pour  vos  lampes  et 
des  myrlhes  pour  vos  couronnes.  Entrez  en 
paix  et  sortez  en  paix,  et  accordez-nous  à  nous 
et  à  nos  enfants  une  bonne  récompense. 

§  X.  —  Le  4  du  nioisKflnûn,  ils  dressent 
une  tente  en  forme  de  dôme  (842)  qu'ils  ap- 
pellent Elchidr  (appartement  de  la  femme) 
en  l'honneur  de  Balti,  c'est-à-dire  de  Vénus, 
)a  déesse  Barqaja  (la  scintillante),  ils  l'ap- 
pellent aussi  Esch-Scbamijah,  la  brûlante  ou 

(840)  Chez  les  Grecs  il  se  faisait  aussi  dans  les 
sacrifices  mortuaires  des  li dations  de  lait,  de  miel 
eide  vin,  mais  ce  n'éiaU  pas  dans  le  feu,  mais  sur 
le  sol  qu*elles  étaient  réptiinlues.  Des  passages  d'Ho- 
mère et  de  Lucien  montrent  qu'on  supposait  que 
les  Ames  des  défunts  prenaient  part  aux  sacrifices. 
Les  Uiodous  croient  également  que  les  dieux  et  les 
morts  consomment  les  aliments  qu*on  leur  offre,  et 
dans  le  culte  de  ce  peuple,  les  sacrifices  en  Thonneur 
des  morts  tiennent  une  place  dos  plus  importantes. 

^841)  Dans  les  idées  religieuses  de  rantiquilé,  le 
chien  est  signalé  parfois  comme  un  animal  sacré, 
parfois  comme  étant  fn  liaison  immédiate  avec  les 
dieux  et  les  démons.  Les  Perses  ne  pouvaient  en- 
scveUr  leurs  morts  avant  qu'un  ehicn  ne  les  eût  traî- 
nés de  çà  et  de  là.  11  était  permis  au\  mages  de  tuer 
tout  être  vivant,  f  iceplé  1  liorame  elle  cliien.  ( Hé- 
rodot«\  I,  140.)  Chez  les  Egyptiens,  le  chien  était 
vénéré;  on  plenrait  sa  mort  et  ou  le  déposait  dans 
les  caveaux  sacrés.  Dans  les  bois  sacrés  irEphe$t«ts 
près  d*.^tna  en  Sicile  et  dans  le  lemple  de  Minerve 
a  Daulia,  on  nourrissait  des  chiens.  Dans  la  ville 
d*AdranDus  en  Sicile,  mille  chiens  sacrés  étaient 
entretenus  comme  étant  les  serviteurs  du  dieu  Aijra- 
nus.  Il  est  assez  carieux  de  retrouver  chez  les  anciens 
Péruviens  des  vesUges  de  ce  respect  pour  les  chiens. 

(842)  Les  fêtes  pour  lesauellcs  on  dressait  des 
lentes  se  présentent  parfois  dans  Thisloire  des  rites 
religieux  de  l*Oricnt  et  de  rOccidenl.  Les  Baby- 
loniens en  célébraient  une;  du  temps  de  Conunode 
Il  en  existait  à  liome  une  autre  qui  avait  lieu  lous 
les  trois  ans,  au  mois  de  mai.  11  y  en  avait  aussi  une 
aux  ides  de  mai  f^ur  les  bords  du  Tibre,  en  Tbooneur 
de  Mars  Mamutius  et  d*Ânna  Perenna. 

(843)  Barqaja  (dans  le  Tainnid  Barqaî)  nom  de  la 
planète  Vénus  :  ce  mot  signilie  Téclai,  le  rayonne- 
ment d*une  épée,  d*une  pierre  précieuse  ;  ou  lui 
donna  ensuite  1h  sens  d*éclair.  Barq  en  arabe,  fut- 
gor,  êplendor^  fulmen,  L'épiihète  de  brûlante  con- 
vient à  la  planète  Vénus  qui,  chez  les  mendaîk^s, 
est  appelée  la  réchauffante,  la  flamboyaute  (Yoy. 
Cod.  Naxar,^  édit.  Norberg,  t.  f,  p.  5i,  96,  15H, 
180,  210,  et  Onomaiticon^  p.  20.)  L^express'on  em- 
ployée dans  le  texte  arabe  peut  d'ailieui  s  être  prise 
«tans  le  sens  de  noire,  ce  qui  n*a  rien  d'étonnant 
dans  les  opinions  orientales  qui  attachini  à  la 
couleur  uoire  une  idée  de  beauté.  Observons  en 
passant  que,  d'après  Pausanias,  VéAus  Aphrodite 


DES  APOCRYPHES.  Ci 

la  noire  (8i3.J  Ils  dressent  celte  tenta  sur  i« 
pavé  de  marbre,  dans  le  cbœur  deleur  lem* 
pie,  et  ils  suspendent  autour  divers  fruits 
des  plantes  aromatiaues,  des  roses  sècbev, 
de  petits  melons  odorants  (8U),  des ci.trnnj 
et  autres  fruits  secs  ou  frais  dont  To-Ieur 
est  suave.  Ils  sacrifient  ensuite  derant  ceiio 
tente  et  ils  immolent  des  quadrupèdes  et 
oiseaux  de  toutes  les  espèces  qu*ils  ont  pa 
se  procurer,  et  ils  disent  :  «  Ce  sont  les 
sacrifices  offerts  à  notre  déesse  Balthi  •  (cNvu 
à-dire  Vénus.)  Ils  font  cela  pendant  f^*-\.{ 
jours.  Pendant  ces  temps,  ils  broient  besu- 
c^up  d*animaux  comme  sacrifices  en  Thon- 
neur  des  dieux  inconnus  ou  éloignés  et  o  •> 
filles  des  eaux  (nympbe3  des  eaux)  (8^).  L» 
30  de  ce  mois,  au  commencement  du  tn<*  s 
Reis-el-Hamd  (le  mois  consacré  surtout  i 
la  louange  suprême),  le  prêtre  se  |»i3  .- 
sur  une  chaise  élevée  à  la  quelle  on  ar- 
rive  en  montant  neuf  degrés.  Le  prfiro 
prend  ensuite  en  sa  main  un  raT.M: 
de  tamarin*  tous  passent  devant  lui,  a 
il  donne  à  chacun  avec  le  rameau,  tr^  >, 
cinq  ou  sept  coups  (8^6).  Il  prononce  ^u- 

Rortaît  à  Corinihe  et  dans  la  Béotic  îe  surnom  J« 
tsXatvi;,  la  iwire. 


ont 

matn^ 

leur  semeur  agréable. 

(845)  Les  anciens  rendaient  bocnniage  et  al'* s- 

saient  des  prières  à  des  diviuiléiî  dont  ils  Igiu»  '-i^*  -t 
li*s  noms  :  DH  igiioti,  &yvca>toi  Oso\  ou  6£o\^w'>'^ 
IMutarque,  Lucien  et  d'autres  auteurs  parleni  :i"''i 
du  culte  des  dieux  qui  avaient  quitté  te  pays  uu  Lt 
étaient  ailorés. 

Lcsondines  et  les  sy rênes  de  la  mvibologie  clas- 
sique se  retrouvent  aussi  cbex  les  Orieotaui.  Li« 
Mendaltes  croyaient  à  l'existence  des  créaturi'»  hj- 
biiant  les  mers  et  qui,  par  leurs  chants,  auîreni  W 
navigateurs  et  les  amènent  ii  un  naufradje;  iU  i«ur 
donnaient  en  syriaque  les  noms  de  Zarini,  Lccl««  i:<^ 
ou  Laihirè.  (Yoy.  Codex  Natarœus^  t.  Il,  p.  l'^>; 
I.  III.  p.  296,  édit.  Norberg,  et  Ottomoêikon,  p.  4* 
et  86.)  Philon  de  Byblos  parle  d*une  chanieute  Uf 
bile,  IHle  du  roi  des  mers  Pontus;  Moever  j  «<"i 
une  syréne.  {Phœiii^er,  I,  664.)  Les  Fljënici^ 
avaient  de  la  vénération  pour  des  sources  qo'ib  re- 
gardaient c  omme  le  séjour  des  nymphes. 

(846)  On  observera  que  tous  ces  nombres  >mai 
impairs  ainsi  que  celui  des  deg[rés  de  la  ctuir,  d 
dernier  n*élaitpas  sans  doute  déterminé  arbitraire* 
ment;  il  était  le  résulut  d'une  idée  que  nous  i;':^' 
rons.  La  répugnance  pour  les  nombres  pain  (**>' 

générale  eu  Orient,  et  de  là  elte  passa  ta  OaitkM- 
»*après  divers  rabbins,  c*est  au  m<*yai  dos  mi^*- 
bres   pairs  qu*on  évoque  les  mauvais  espnu  f( 

Î|u*on  accomplit  les  enchaniemeois.  Platoo,  (i^' 
ois,  IV)  attribue  les  nombres  impairs  aux  tli<^u}  *^- 
ri)lympc,  et  les  nombres  pairs  aux  déoioni.  Tii^' 
Live  (lib.  X,  c.  6  et  9)  observe  que  d'après  le^  r><;^ 
cipes  de  la  science  des  augures,  le  oombrt  <l<»  P^"" 
sages  doit  cousu mment  être  impair*  Quini^ 
TusMge  de  se  frapper  soi-même  ou  de  frapper  o 
assisiants  dans  les  céiémouies  religieuses,  >t  '^"^*^ 
fréquent  dans  le  paganisme.  A  la  gratiik  ic^^* 
Cérès  à  Eleusie,  le  pré  re  frappait  d^ipiés  us  i»* 
cieu  usage  (pairio  auodam  tuh)  les  assistaau  a^f^ 
un  bâton.  Selon  Hérodote,  les  Ccypiieas  ^  '^^^ 

fiaient  lorsquct  dans  un  sacriflce,  la  ncûwt  (^^ 
ivrée  aux  uammes.  On  pourrait  citer  bkadâSir» 
exemples. 


m 


BAfi 


PART.  III.  -  LEGENDES  ET  PIUGMRNTS. 


SAB 


834 


lofle  nne  prière  rfans  laquelle  il  prie  pour 
toute  la  coroiDunaïUéy  implorant  pour  elle 
Qoe  longue  yie,  une  postérité  nombreuse» 
la  puissance  et  la  sooTeraineté  sur  tous  les 
peuples»  le  retour  de  leur  domination  et  le 
jour  où  ils  verront  détruire  la  grande  mos- 
quée  d*Harran,  Téglise  grecque  et  le  marché 
appelé  le  marché  des  femmes*  car  c*est  dans 
ces  endroits  qu*ils  avaient  jadis  leurs  idoles 
qui  furent  détruites  par  les  empereurs  rou- 
main;»» lorsque  ceux-ci  se  furent  convertis 
BU  christianisme  ;  le  prêtre  prie  aussi  pour 
le  rétablissement  du  culte  d*Azuz  (8&7),  qui 
le  célébrait  jadis  dans  ces  mêmes  localités. 
Il  descend  ensuite  de  la  chaire,  et  chacun 
man^e  de  la  chair  des  victimes  immolées  et 
boil.  Le  chef  reçoit  ce  jour-là  de  tout  homme 
deux  dirhems  pour  la  caisse  du  trésor. 

§XI.  —  Le  24*  jour  du  deuxième  Kanûn 
(jaiiTier)  est  consacré  è  la  fête  du  seigneur, 
c'est-à-dire  de  la  Lune.  Ce  jour-là,  ils  célè- 
brent un  mystère  en  fhonneur  de  Schemftl, 
ils  immolent  des  victimes  et  ils  brûlent  qua- 
rante quadrupèdes  et  oiseaux.  Ensuite  ils 
liolrent  et  ils  mangent  et  ils  brûlent  du 
«JâiJsi,  c'est-è-dire  des  rameaux  de  pin  en 
l'honneur  des  dieux  et  des  déesses. 

{Xll.—  Le  9  du  mois  de  SchobAtb,  ils 
jeûnent  sept  jours  en  Thonneurdu  Soleil, 
le  seigneur  souverain,  le  seigneur  des  bons. 
Pendant  ce  jour,  ils  ne  mangent  rien  de 
i:ras,  ils  ne  boivent  point  de  vin  et  ils 
n'adressent  durant  ce  mois  leurs  prières 
qu'à  SchemAI,  aux  génies  et  aux  démous. 

SXIH.  —  A  partir  du  8  du  mois  d*Adsâr 
/mars),  ils  je&nent  durant  trente  jours  en 
(honneur  de  la  Lune.  Le  20,  le  chef  distribue 
parmi  tes  membres  de  la  communauté  des 
(»ains  d*orge  en    l'honneur  du  dieu  Ares 

Vst4-dire  Mars).  Le  30,  tombe  le  com- 
meocement  du  mois  de  Tamr,  c'est-à-dire 
•iu  mois  des  dattes,  et  la  grande  fêle  des 
Itetii  etdes  déesses.  Ils  partagent  des  dattes 
re  jour-lè,  et  ils  frottent  leurs  yeux  avec  du 
s;il>iam.  Pendant  la  nuit,  ils  placent  sous 
•our  oreiller  sept  dattes  en  l'honneur  des 
stipt  déités  et  uu  morceau  de  pain  avec  du 

(847)  AEnzeslprobalilementnn  nom  de  Mars.  D'a- 
res iaïubtiqiie  (apud  Juliaiium,  orai.  4),  Mars  était 
lioré  à  Edesse  sous  le  nom  d^'AÇiCoç.  On  trouve 
tins  ks  Inscriptiûnet  ielectœ^  recueillies  par  Orelll, 
;(.  1,  n.  4968),  une  Inscription  Deo  Azizo  bono. 
Bjier  (Htsc  Oêhroena^  p.  159)  rapporte  une  autre 
n«cnpti<m  où  est  le  nom  d*Aziziis,  nom  qui  est 
i"*  idème  celui  d*un  roi  d*Emesse  mentionné  par 
J'séplie  {Amiq.  Jud.^  lib.  xx,  7)  et  eeluî  d*un  pa- 
in irfhejacobite  indiqué  par  Asseniani.  On  pourrait 
t'iîtefois  supposer  aussi  qae  le  nom  d^Azuz  désigne 
^fiiiis  qni,  en  syriaque,  était  appelée  Uz.  (Uzo, 
imprtis,  ardor,  cstus,  vis,  vehemeiitia.) 

(SIS)  Les  divers  rites  observés  dans  les  sacrifices 
à^  &t^s  se  retrouvent  aussi  dans  les  cérémonies 
<ii  pagiaiftiM.  M.  Cliwolsotm  entre  à  ce  sujet  dans 
J  -^  eiptîfttions  fort  étendues. 

l^  dÎTinaiion  par  les  monvemenis  des  membres 
^  actinies  érait  d*un  usage  constant  étiez  les 
G^res  ei  ks  Romains  ;  elles  portent  ctiez  ces  der- 
turTï,  ks  noms  de  talMatio  et  palpitûtio.  On  ai  tri* 
buit  ani  Sibylles  un  livre  sur  cette  matière  ; 
(^r^idoiiîQstvait,  à  ce  que  rfU  Snidas,  écrit  sur  le 
«i^tei  ««iti,  tust  qu'un  Aiexaftdrin  nomuié  Me- 


sel  en  l'honneur  du  dieu  qui  préside  aux  fonc- 
tions du  ventre.  Le  chefprélève  de  chacun 
d*euxdeux  dirhems,  pour  la  caisse  du  trésor. 

§  XIV.  —  Le  27  de  ce  mois,  c'est-à*dire 
du  mois  de  la  Lune,  ils  se  rendent  vers  un 
temple  qui  leur  appartient,  appelé  le  temple 
de  Kâdi;  ils  immolent  des  victimes  et  ils  Ic's 
brûlent  en  l'honneur  du  dieu  SIn,  c'est-li- 
dire  de  la  Lune,  et  ils  boivent  et  mangent. 
Le  29,  ils  vont  à  une  chapelle  bAtie  de 
briques  cuites  et  dont  le  toit  est  en'îtmnenfé 
dôme;  ils  immolent  et  brûlent  un  agneau 
mftie  et  beaucoup  de  coqs  et  de  jeunes 
poules,  en  l'honneur  du  dieu  Ares  (Mars). 

S  XV.  —Quand  ils  veulent  offrir  un  grand 
sacriflce,  tel  que  celui  d'un  zebrach,  c'esl- 
à-dire  d'un  taureau  dompt(^,  ou  d*un  agneau 
mâle,  ils  versent  du  vin  sur  la  victime, 
tandis  qu'elle  vit  encore;  et  si  elle  palpite, 
ils  disent  :  C'est  un  sacrifice  que  Dieu  agrée; 
si  elle  ne  palpite  pas,  ils  disent:  Dieu  est 
mécontent;  il  n  accepte  pas  notrô  of- 
frande; 

Dans  un  sacrifice,  quel  que  soit  Tanimal 
immolé,  ils  pratiquent  ce  qui  suit  :  la  tête 
de  la  victime  est  tranchée  d*uu seul  coup; 
ils  regardent  ensuite  ses  yeux  et  leur  mou- 
vement, sa  bouche,  ses  convulsions  et  ta 
manière  dont  les  membres  s'agitent,  et  ils  en 
tirent  des  présages  qui  indiquent  ce  qui 
aura  lieu  dans  l'avenir  (848). 

Lorsqu'ils  veulent  brûler  vivant  quelque 
animal  de  forte  taille,  tel  q[u'un  taureau, 
un  mouton  ou  des  coqs,  ils  le  suspendent 
è  un  crochet  avec  des  chaînes  et  nombre 
d'entre  eux  tiennent  la  victime  étendue  de 
tous  côtés  sur  le  feu,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit 
consumée  (849). Cela  s*appelle  parmi  eux  un 
grand  sacrifice,  il  est  offert  à  tous  les  dieux 
et  è  toutes  les  déesses  réunis. 

Ils  pensent  que  les  sept  planètes  qui  sont 
autaut  de. déités  appartiennent  partie  au 
sexe  masculin,  partie  au  sexe  féminin  ;  ils 
croient  que  ces  astrps  se  marient  entre  eux 
et  s'aiment  mutuellement,  et  qu*il  en  est 
parmi  eux  qui  procurent  le  bonheur,  tandis 
que  d'autres  donnent  le  malheur  (850). 

lampus,  qui  dédia  son  travail  au  roi  Piolomée 
Pbilddelplie,  et  qui  8*é(ait  benacoup  oceupé  des 
sciences  occolies.  Tliéocrite,  Plaute  et  d*autres  au- 
teurs anciens  font  mention  de  cette  façon  de  cou* 
naître  Tavenir  ;  leurs  passages  ont  été  réunis  par 
Bulenger,  De  ominibui  dans  le  Y*  volume  du  T/ie- 
êaurus  aniiquUatum  Romanarum  de  Grevius.  Les 
écrivains  sanscrits  et  aral)es  parlent  aussi  de  cette 
superstition.  M.  Cliwolsofan  a  pris  le  soin  d^extrairo 
ee  qui  pouvait  éclaircir  ce  sujet. 

(849)  Il  ne  parait  pas  qu*on  iroove  cliez  les  Grecs 
et  chez  les  Egyptiens  d'exemples  de  victimes  brûlées 
vivantes.  Pausanias  (lib.  vu,  c.  18)  dit  qu*à  Palras, 
dans  un  sacrifice  offert  à  Diane  Lapbria,  on  brûlait 
vivants  un  grand  nombre  d'animaux»  d*oiseaux,  de 
porcs,  etc.  Lucien  (De  dea  Syra,  c.  i9)  nous  ap- 
prend que  les  habitants  d'Hiérapolis  brûlaient  des 
animaux  vivants  lors  de  la  fête  qu'ils  célébraient 
au  printetiips. 

(850)  Saint  Epbrem  (orat.  8,  t.  11,  p.  458)  men- 
tionne la  n)éme  idée  comme  répandue  chex  les 
Cbaliléens,  lesquels  croyaient  quil  y*  avait  des 
astres  du  sexe  m:tsciilin,  d'autres  dn  sexe  r^minSn, 
et  qu'ils  s'épousaient  mutuellement.  Le  deviu 


B^S 


DICTIONNAIRE  DE3  APOCRYPHES. 


G6 


CHAPITRE  III  (SoO). 


On  compte  parmi  les  divinités  aes  s$a- 
béens,  le  seigneur  des  dieux,  le  seigneur 
animé  d'une  fureur  aveugle  (Mars  regardé 
comme  un  esprit  méchant)  BèU  le  vieil- 
lard (851)  »  Fcsfor  (851*)  parfaitement  ins- 
truit dans  les  écritures,  Qosthér,  le  vieil- 
lard élu;  (832);  la  déesse  avec  les  ailes  du 
vent  (852*).  Ssârab,  la  fille  de  Foqr  (la  pau- 
vreté (853)  du  corps  de  laquelle  sont  sortis 
d'autres  divinités;  THilAn  des  Perses  est  leur 
mère;  elle  avait  six  esprits  méchants  avec 
lesquels  elle  avait  coutume  de  fréquenter 
1(  s  rivages  de  la  mer,  et  elle  fut  la  mère  'des 
poissons  (853*);  Ibn  (ou  Abu)  Rom  (85^^),  le 
seigneur  Arou  (85V),  la  déesse  Ballhi. 

Quant  à  la  déesse  £lh-thel  (855)  elle  est 
la  protectrice  des  chèvres  sacrées  que  per- 
sonne ne  peut  vendre,  et  qui  ne  peuvent 

gîas  passe  pour  avoir  le  premier  professé  dans  la 
Grèce  la  doctrine  des  sexes  différents  des  astres, 
c*est  au  moins  ce  qu'on  lit  dans  un  traité  De  aitro'^ 
togia^  attribué  probablement  sans  motif  à  Lucien  et 
dont  le  texte,  en  tout  cas,  est  fort  corrompu.  Dans 
un  manuscrit  arabe  sur  Tastrologic,  composé  par 
Abu-i-Ssaj^r  cl  Qalissi  et  conservé  dans  la  biblio- 
tlièque  de  l*universitë  de  Breslau,  on  lit  que  Saturne 
et  Mars  sont  mâles  et  malfaisanls  ;  Jupiter  mâle  et 
bienfaisant  ;  Vénus  et  la  Lune  femelles  et  bienfai- 
santes ;  le  Soleil  et  Minerve  ntàles  et  tanlôt  malfai- 
sants, tantôt  bienfaisants. 

(850*)  Ce  chapitre  est  fort  obscur;  le  texte  nr.ibe 
est  fort  corrompu,  circonsiaace  qui  redouble  les 
ténèbres  qui  couvrent  uo  tel  sujet.  M.  Cbwolsobn 
convient  qu'après  s*étre  donné  beaucoup  de  peine 
pour  traduire  ^i  expliquer  les  pages  qu'il  avait  sous 
ie«  yeut,  il  doute  fort  d'y  avoir  réussi. 

(851)  il  s^agit  sans  doute  de  Saturne  qui  portait 
parfois  le  nom  de  Bel  et  qu'on  appelait  souvent  le 
vieillard.  (Voir  Buttmann,  ditserîation  $ur  Cronoê^ 
dans  les  U'avaux  de  l'Académie  de  Berlin,  classe 
d*lii«toire  et  de  philologie,  18U5.)  Elien  (tfisf.,  xni, 
5),  donne  à  Bel  l'épithete  de  bapxaîoç. 

^851*)',Le  nom  de  ^a^^poç  était  donné  dans  Tan- 
quKité  à  diverses  divinités  ;  on  le  trouve  appliqué  à 
la  planète  de  Vénus,  à  Junon  Luclne,  à  Minerve, 
etc.  (  Voy,  Jacobi ,  Handworlenbuch  der  grkch»  uni 
Tom,  Myihologie,  p.  747.)  Peut-être  au  lieu  de  Fosfor« 
f»ut-il  lire  Miser,  divinité  phénicienne  mentionnée 
par  SanchoniathonetPhilon  de  Byblos.  On  sait  com- 
bien dans  les  écrits  arabes  les  noms  propres  sont 
sujets  à  être  déGgurés. 

(852)  Ce  doit  être  le  Xisatbon  de  Bérose  qui  fut 
sauvé  des  eaux  du  déluge  et  dans  lequel  les  Baby- 
loniens reproduisaient  le  souvenir  profond  qu'avait 
laissé  l'histoire  de  Noé. 

(852*)  Rien  de  plus  commun  sur  les  monuments 
de  l'Assvrie  et  de  Babvlone  que  Tiiiiage  des  divinités 
ailées.  L'antiquité  classique  représente  aussi,  on 
le  sait,  les  vents  comme  des  génies  ailés. 

(855)  Ce  passage  e^t  fort  obscur;  la  pauvreté 
était  vénérée  chez  les  Grecs  »ous  le  nom  de  Ilevfa , 
chez  les  Romains  sous  celui  de  Pauperias,  mais 
il  est  peu  probable  que  les  Sabéeiis  connussent  une 
semblable  divinité.  Ou  pourrait  lire  Zaïah  qui  si- 

Snilie  brillt^r,  éclairer,  et  qui  était  un  des  surnoms 
onnés  à  Vénus. 
(855*)  Les  Phéniciens  adoraient  une  déesse  des 

Kissons  qu'ils  appelaient  Turgatu,  Aturgatis  ou 
iketo;  la  mythologie  offre  divers  exemples  de 
déités  qui  se  jouaient  au  sein  des  mers.  Du  reste , 
tout  ceci,  mal  copié  sans  doute  dans  la  traduction 
«rabe,  est  diflicile  à  comprendre,  M.  Cbwolsohn 


servir  qu'aux  sacrifices;  aucune  femme  en* 
ceinte  ne  peul  les  sacrifier,  et  oe  doit  mêiue 
en  approcher. 

Parmi  les  dieux  figure  aussi  Piaoïe  des 
eaux  qui,  au  temps  d*Astha  (Aêlarté?)  tombé 
au-dessous  des  dieux,  mais  qui  ne  resta  i8dV) 
pas  fixée  sur  le  sol  :  elle  s*enfuit  dans  rlnda 
et  s'y  réfugia. 

Ils  se  mtrent  è  sa  recherche  et  la  prièrent 
en  pleurant,  de  vouloir  bien  revenir  et  de 
ne  pas  avoir  de  courroux.  Mais  elle  leur 
dit  :  a  Je  ne  me  rendrai  pas  à  liarrhan,  mais 
je  ne  reviendrai  là  (elle  désignait  ainsi  un 
endroit  nommé  KAdi;  près  a*Harrbdn,da 
côté  de  rOrient),  et  je  veillerai  sur  votre 
ville  et  sur  les  hommes  les  plus  distiot^oés 
d'entre  vous  ».  Et  elle  les  renvoya  ain^i. 

Ils  se  rendent  tous,  hommes  et  femmes, 
encore  maintenant,  le  20  du  mois  de  Msao, 
à  cet  endroit  afin  d'attendre  l'apparitiou  de 

8*est  donné  beaucoup  de  peine  pour  y  trouver  ui 
sens  à  peu  près  raisonnable.  (Voy.  t.  II,  p.  285-286.) 

(854)  Rom  est  une  divinité  asiatique;  Hésvcbius 
la  mentionne  sous  le  nom  de  Ta^àç.  Dans  une  Jn 
înscripiionH  phéniciennes ,  publiées  par  Géseoitti, 
on  trouve  signalé  lé  dieu  Baal  liam  auquel  on  »>• 
crifiait  des  enranis.  Moevers  le  regarde  comme  le 
même  que  Saturne.  On  pourrait  supposer  que  Hin 
n*est  autre  chose  que  le  dieu  Ri  ut  mon  menlioaiié 
au  livre  des  Rois  (il  Reg,  v,  18). 

(854*)  Âron  ;  le  nom  de  ce  dieu  ne  se  trftuve  nolle 
part.  Ne  faut-il  pas  lire  Aren  ou  Vrut  Arev^  (O 
arménien,  soleil;  derevim^  appareo.  l/m,  en  uns* 
erit ,  signifie  grand ,  urvu ,  glorieux.  Ce  nom  n|K 
pelle  d*ailleurs  THorus  des  ^^ypitens  ;  mais  ce  qui 
est  plus  vraisemblable,  c^est  que  le  nom  d*Aron  t»( 
le  résultat  d*une  de  ces  fautes  si  communes  chez 
les  scribes  orientaux,  et  qu*ii  faut  lire  Adad,  Ha  a<l 
ou  Adod.  C*élait  une  des  principales  divinités  de 
Tancienne  Asie.  Sanchoniathon  le  roentionae  tomm 
le  roi  des  dieux  et  comme  une  des  trois  déiiéi  ^a• 
prêmes  auxquelles  Saturne  avait  confié  le  gimvcf- 
nenient  <ie  la  (erre.  Macrobe  indique  Adad  cofniB« 
le  diru  du  soleil,  il  dit  (SatumaL^  i«  23),  eo  pariio 
des  Assyriens  :  c  Deo  eniin  quem  siimiuB«  maii- 
mamque  venerantur  Adad  nomen  dedeniot.  Ejui 
nominis  interpretatio  significat  unus.  Hune  ergo 
ut  potentissimum  adorant  l)eum.  Simulacniin  ÈMà 
insigne  cernitur  radiis  inclinatis.  > 

(855)  On  ne  trouve  nulle  part  ailleurs  le  non  de 
celte  divinité;  on  peut  supposer  qu*il  v  a  là  quel- 
que erreur  de  copiste  et  qu^on  pourrait  lire  lanit 
ou  Anahid  ,  nom  de  la  Diane  àeê  Perses  doiit  le 
culte  se  répandit  dans  la  Syrie ,  TArménie,  TAiie 
miueure ,  et  jusque  dans  l'Afrique  iepientrioiiai«« 
Les  Assyriens  véuéraiient  d'ailleurs  une  déesse  qu'ils 
appelaient  Tal  et  qui  est  indiquée,  sur  une  ioscnp- 
tion  publiée  par  M.  Rawlinson  (Journal  o/  ikt  rtjitfl 
Astatic  êoctely,  1850,  vol.  XJl,  p.  401),  comiaeli»* 
sant  pariie  de  la  suite  de  Beltis,  la  oiére  des  dieux* 
La  déesse  Tel  ou  Thel  rappelle  THéra  iCsophag^ts. 
adorée  à  Sparte,  à  ce  que  nous  apprend  Psusam*^* 
et  à  laquelle  on  ne  sacrifiait  que  des  chèvres;  eli< 
fait  souvenir  aussi  de  la  Juno  CaprotloJi  doat  le» 
Romains  céléhraicnt  la  fête  au  mois  de  juiUet 

(855*)  La  mythologie  ancienne  présenta  divers 
exemples  d'idoles  qu'on  prétendait  être  tombérs  dP 
ciel.  On  prétendait  que  Timage  de  Minerve  (M^'^ 
Poltas)éUit  tombée  sur  TAcrupole  d'Athènes, <«  ^^ 
celle  die  la  Mère  des  dieux  était  tombée  k  PestiD«ot<- 

Quant  au  mot  A$lha^  on*peut  y  voir  wé  *^'^ 
viation  d'Asthara,  étoile  de  Vénus' ou  A^/^ 
Strabon  (l.  xiii)  dit  qu^Aslhara  était  ht  inème  cM9« 
qu'AugurtiSj  adorée  par  les  babitaot»  d'Haï tso. 


837  SAB  PAFVT.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 

rîdole  des    eaux ,  et  son    arrivée   parmi 
eux  (856)*  et  cet  endroit  est  appelé  Kada. 


SAR 


CHAPITRE  V. 


iSS 


CHAPITRE  IV. 

lis  ont  entre  autres  usages,  les  suivants; 
ils  emploient  comme  amulette  l'aile  gauche 
des  poulets  qui  sont  dans  Tintérieur  de 
la  maison  des  dieux;  les  hommes  dépouil- 
lent avec  le  plus  grand  soin  cette  idole  de 
toute  la  chair  qui  s'y  trouve,  et  ils  le  pen- 
ûentau  cou  des  jeunes  girçons,  aux  colliers 
des  femmes,  et  aux  ham'.hes  des  femmes  en* 
ceintes.  Ils  croient  que  c*est  une  amulette 
très-puissante,  et  un  préservatif  très-effi- 
cace. Un  homme  digne  de  foi,  dit  :  %  Depuis 
longtemps  il  s'est  élevé  parmi  eux  des  doc- 
trines diverses  et  des  sectes  qui  prêchent  des 
nouveautés»  ;  jene  sais  si  elles  subsistent  en- 
core ou  non .  Les  partisans  d'une  de  ces  sectes 
portent  le  nom  d'er  Rûfuseln.  Leurs  fem- 
mes ne  font  aucun  usage  de  l'or,  ni  dans 
leurs  vêtements,  ni  dans  leur  toilette  (856*), 
et  elles  ne  portent  point  de  bottines  rouges. 
Chaque  année,  le  matin  d'un  jour  déter- 
miné, ils  sacrifient  des  porcs  et  les  offrent 
à  leurs  dieux  (857).  Ce  jour-là,  ils  mangent 
toute  la  viande  de  porc  qui  leur  tombe  dans 
les  mains.  L'usage,  chez  une  autre  secte, 
parmi  eux,  était  de  ne  jamais  quitter  la  mai- 
son et  de  se  raser  la  tête  avec  des  ciseaux 
ou  avec  une  composition  faite  avec  de  la 
chaux.  Il  y  avait  aussi  parmi  eux  des  fem- 
mes qui ,  lorsqu'elles  se  mariaient ,  se  ra- 
saient la  tête  de  la  même  manière (857). 

(S56)  Celte  légentle  ass(*/  ODsrure  se  rauacliait 
Siiià  doute  à  des  croyances  ptiâniciennes  et  bai>y- 
lonieiines  dunt  on  rencontre  une  trace  dans  Berosc 
qui  dit  que  sons  le  règne  du  roi  Kdoranchus ,  il 
apparut  un  être  venant  de  la  Ricr-rougç ,  moitié 
homme  et  moitié  poisson,  qui  s^appelait  Ociaceon, 
et  qui  donna  des  lois  aux  Babyloniens  (Berosns, 
apud  Eus«*bii  chronicon,  p.  5,  éd.  Mai).  Des  divi- 
iiité<  présîdaut  aux  eaux  se  ironveiil  aussi  dans  les 
anciens  mythes  de  Fhide  «'t  de  la  Perse.  On  lit  dans 
le  Zeud'Avesta  :  i  J'invoque»  je  célèbre  le  baut,  le 
divin  »omroet,  source  des  eaux  et  Teau  donnée  par 
Mazda,  i  (Traduction  de  M.  Burnouf,  dans  bOn 
Cotnmentaire  sur  le  Yaçaa,  p.  256.) 

(856*)  On  trouve  dans  Panliquiié  divers  exemples 
d*une  circonstance  semblable.  Zaleucus,  le  législa- 
teur des  Locriens ,  iiiter<iit  aux  femmes  de  porter 
des  ornements  d*or  ou  des  vêtements  brodée.  Dio- 
gène  Laercc  dit  que  les  Mages  renonçaient  à  tout 
ornement  d*or.  Nicolas  de  Damas  observe  que  chez 
les  Lucaniens  tout  genre  de  luxe  était  prohibé. 

(B57)  Hérodote,  Plntarque  et  Ëlien  rapportent 
que  les  Egyptiens  sacrilLiient  des  porcs  une  seule 
fuis  dans  Tannée.  Cet  animal  était  d\iilleurs  fort 
rarement  immolé  en  Asie;  c'était  le  contraire  trbez 
les  Grecs  et  les  Romains.  (Voy.  la  dissertation  de 
Cassel  :  De  iaenficiis  porcinis  in  cuUu  Deorum, 

(857*)  L'usage  de  se  raser  la  tète ,  pour  motif  de 
religion,  était  répandu  chez  les  anciens.  Les  préires 
égyptiens,  ceux  d'Iss  surtout,  s'y  conformaient. 
Pausanias  parle  à  «diverses  repri'^es  de  cette  cou- 
tume cMnme  fort  connue  dans  la  Grèce.  Elle  était 
en  vigueur  parmi  les  jeunes  gens  et  les  jeunes  iilles 
àt  nie  de  Délos,  à  ce  que  rapporte  Hérodote. 
L'aiiieur  du  traité  De  Dea  syria,  attribué  à  Luci.  u, 
dit  avoir  vu  des  jeunes  guis  ou  des  jeunes  filles 
luspeqdre  dans  le  temple  d'Ûiérapolis  des  tresses 


Mystères  des  Sabéens  (858). 


§I.-r-Ilest  venaen  mes  mains  un  cahier 
qui  a  été  (raduit  sur  des  écrits  des  Sabéens 
et  qui  contient  leurs  cinq  mystères.  Au  com- 
mencement du  premier  mystère  un  feuillet 
est  tombé;  les  derniers  mois  qu*a  tracés 
letradiicteur,  sontceux-ciraCommeraj^neau 
parmi  les  tioupeaux  des  bêles  à  laine,  comme 
le  veau  parmi  les  troupeaux  de  bœufs,  et 
comme  la  jeunesse  des  hommes  qui  s*em* 
pressent,  qui  s'approchent,  et  qui  sont  ins- 
truits dans  la  maison  du  Bogdarite  (858*), 
notre  seigneur  est  le  tout-puissant,  et  nous 
lui  rendons  hommage.  » 

§  IL— Le  commencement  du  second  mys- 
tère qui  est  le  diable  et  Tidolè.  Entre  autres 
paroles  qu*il  prononce,  le  prêtre  dit  à* l'un 
des  jeunes  garçons  :  «(  Ne  tai-je  pas  donné 
ce  que  tu  nras  donné,  et  ne  t*ai-je  pas  livré 
ce  que  tu  m'as  livré?  »  Le  jeune  garçon  ré- 
plique à  ces  paroles,  et  dit  :  a  Pour  les 
chiens,  les  corbeaux  et  les  fourmis  ».  Le 
prêlre  répond,  et  dit  :  tQuel  rapport  avons- 
nous  avec  les  chiens,  les  corbeaiix  et  les  four- 
mis (859)  ?)>  Le  jeune  garçon  répond,  et  dit  : 
«  O  prê  re,  ce  sont  vos  frères  l  Le  seigneur 
est  tout-puis<:ant,  et  nous  lui  rendons  hom- 
mage (ou  nous  célébrons  ses  mj^stères).»  La 
fin  du  second  mystère  est  ceci  :  «  Comme 
les  troupeaux  parmi  les  troupeaux,  comme 

de  leurs  cheveux  après  les  avoir  coupées  en  rhon- 
neur  de  leur  déesse. 

(858)  Ce  chapitre  a  été  conservé  par  le  compi- 
lateur Ën-Nedim.  Nous  avons  dit  que  M.  Chwolsohn 
avait  consacré  aux  mystères  des  Sabéi^is  une  lon- 
gue dissertation  dans  laquelle  nous  n*avons  pas  à 
le  suivre  ;  il  y  déploie ,  au  sujet  des  mystères  du 
paganisme  ,  une  profonde  érudition.  L*écrivain  sy- 
rla«|ue  Barhebraeus  nous  apprend  d'ailleurs  que, 
grâce  à  la  tolérance  du  gouverneur  Ibrahim,  au 
X*  siècle,  les  Sabéens  pouvaient  célébrer  leurs 
mystères  publiquement.  Ils  promenèrent  dans  tonte 
la  ville  un  taureau  couvert  de  riches  étoffes  et  ayant 
des  clochettes  attachées  a  ses  cornes.  Après  Tavoir 
accoAipagné  au  son  des  instruments,  ils  Tinimo- 
lèrent  à  leurs  dieux. 

(858*)  Cette  expression  doit  être  prise  dans  le  sens 
de  tempe.  L'écrivain  arabe  Masoudi,  qui  vivait  au 
xMi*  siècle,  nous  apprend  qu*un  temple  souterrain 
était  encore  de  son  temps  au  pouvoir  des  Harra- 
uites.  Le  mot  Bogdaride  est  diflicile  à  expliquer  ; 
il  n*est  ni  arabe,  ni  sémitique.  On  pourrait  le  faire 
dériver  du  san^^crit  Bhaga^  bonheur  ou  bénédiction. 
Le  dictionnaire  géographique  de  Tarabe  Jacut  dit 
que  Bog  e&t  le  nom  d*une  idole,  mais  on  manque 
de  renseign-  uienl»  sur  son  origine  ei  sur  le  cuUo 
qui  lui  fut  rendu.  Cette  formule ,  qui  se  reproduit 
plusieurs  fois,  est  d*ai)leurs  fort  obscure,  la  cens- 
truciion  anbe  est  contraire  aux  règles  de  la  gram- 
maire ;  il  n'est  pas  douteux  que  le  traducteur  n'ait  | 
eu  >ous  les  yeux  un  texte  syriaque  fort  ancien  qu'il| 
ne  comprenait  pas. 

(859)  Ces  animaux  ont  ici  une  signification  sym- 
bolique. Les  chiens  étaient  Tobjet  du  respect  de 
divers  peuples  de  l'antiquité ,  et  dans  divers  tem- 
ples des  Grecs,  ils  étaient  entretenus  comme  des 


850 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRTPttES. 


M 


les  Yeaux  parmi  les  bœufs,  et  comme  la  jeu< 
nesse  (ou  la  nouveaut**)»  des  hommes  qui 
s*épîent,  se  maudissent  et  entrent  dans  la 
maison  du  Bogdarile  la  maison  du  tout- 
puissant  auquel  nous  rendons  hommage.  » 

§  III.  —  Le  commencement  du  troisième 
mystère.  Le  prètredif  :«  Vous  êtes  les  fils  du 
Bogdarite  ;  quelle  est  la  confession  et  la 
théorie?  »  Le  premier  des  plus  distingues 
d'entre  eux,  répond  :  «  Nous  ur)us  taisons». 
La  tin  du  troisième  mystère  est:  «Et  il  re- 
viendra (ou  il  se  puriGera),  comme  les 
agneaux  parmi  les  troupeaux  et  les  veaux 
dans  un  troupeau  de  bœufs  et  comme  la 
jeunesse  (ou  la  nouveauté)  des  hommes  c|ui 
visitent  souvent  la  maison  du  Bogdarite. 
Notre  seigneur  est  le  tout-puissant,  et  nous 
lui  rendons  hommage.  » 

§  IV. —Le  commeneement du  quatrième 
mystère,  le  prêtre  dit  :  aO  Gis  du  Bogdarite, 
écoulez.  »  L*^  plus  distingué  d*entre  eux, 
répond  :  «  Nous  nous  laisoiis.  »  Le  prêtre 
dit  a'ors  :  cr  Gardez  le  silence.  »  Ils  prennent 
la  parole,  et  disent:  «Nous  écoutons».  I^  fin 
du  quatrième  mystère  :  «  Ceux  qui  visitent 
souvent  la  maison  du  Bogdarite.  Notre  sei- 
gneur est  le  tout*puissaut,  et  nous  lui  ren- 
dons Itommage.  v 

§  V.  —  Le  commencement  du  cinquième 
mystère; le  prêtre  dit  ;  «0  Gis  du  Bogdarite, 
écoulez  :  »  Ils  prennent  la  parole,  et  ils  di- 
sent :  «  Nous  somnies  contents.  »  11  dit  : 
•  Gardez  le  silence.  »  lis  prennent  une  se- 
conde foi  la  parole,  et  disent  :  «  Nous  écou- 
tons. »  Le  prêtre  commence  alors  à  parler, 
et  dit  :  «  Hélas  1  car  je  dis  ce  que  je  sais,  et 
je  ne  m'en  écarte  pas.  »  La  un  uu  cinquième 
mystère  :  «  Ceux  qui  se  dirigent  vers  la  mai- 


son du  Bogdarite.  Notre  seigneur  est  letoot- 
puissant,  et  nous  lui  rendons  hommage,  t 

S  VI.—  L'auteur  du  livre  dit  :  <  Le  nombre 
des  sentences  que  les  prêtres  récitent  dans 
cette  maison  durant  les  sept  jours,  l'sl  do 
vingt-deux.  Il  les  récitent  en  cnantaot  et  ea 
déclamant  avec  le  ton  d'un  faiseur  de  pitK 
diges.  Les  jeunes  garçons  qui  se  destinent 
à  entrer  dans  cette  maison,  y  passent  sept 
jours  pendantlesquels  ils  boiventelmaogeoi, 
et  ne  doivent  être  aperçus  d'aucune  femme. 
Ils  prennent  leur  boisson  dans  sept  va5e5 
placés  en  une  rangée  qu*ils  nomment  Jé&u- 
rab,  et  ils  se  frottent  les  yeux  avec  le  li- 
quide qu'ils  boivent.  Avant  que  ces  jeunes 
garçons  ne  prennent  la  parole,  oo  leur  donne 
du  pain  et  du  sel,  avec  quelque  épice  (859*). 
On  leur  sert  aussi  à  manger  des  pains  cou- 
sacrés  et  déjeunes  poules;  le  septième  jour, 
ils  mangent  de  tous  les  aliments.  Dans  celle 
maison,  ils  ont  un  vase  placé  dans  uu  cuin 
et  rempli  d'une  boisson,  ils  rappelleot 
Faga  (860).  Ils  disent  ensuite  à  leur  chef: 
«  0  maître,  ce  qui  est  demeuré  inouï  s'ac- 
complira.  »  Le  prêtre  répond»  et  dit  :  «  La 
coupe  sera  remplie  de  la  boisson  mystique.» 
C'est  rineompréhensible  mystère  du  septiè- 
me jour.  » 

§  VII.— Mohammed  ben  Isbaq,  dit  :  «  Le 
traducteur  de  ces  cinq  mystères  parlait  vi 
écrivait  Tarabe  d'une  manière  liarbare  et 
incorrecte;  quoiiju'il  traduisit  d'une  façoa 
si  défectueuse  et  inexacte,  il  voulait  donner 
des  notions  exactes  sur  les  Saliéens,  vi  re- 

f>roduire  facilement  lâurs  paroles.  llarenJa 
eurs  paroles  mot  à  mot,  c'est-à-dire  presto- 
tant  à  peine  un  sens  suivi,  et  offrant  ouo 
diction  incohérente.  » 


SALOMON. 

Œcritê  attribués  ou  relatifs  à  Salomon.) 


Testament  de  Salomon.  —  Un  érudil 
français  vivant  au  commencement  du  xvii* 
siècle,  Gilbert  Gautmin,  avait  sous  les 
yeux  un  manuscrit  grec  portant  ce  titre 
et  rempli  de  f.tbles;  il  le  cite  quelquefois 
dans  ses  notes  sur  le  traité  de  Psellus  De 
operatione  dœmonum  (860');  nous  allons 
traduire  deux  de  ces  passages  : 


«  J'ordonnai  à  un  autre  démon  de  s'arrA- 
ter,  et  voici  que  de  nombreux  esprits,  doot 
les  formes  étaient  belles,  étaient  réunis,  et 
moi,  Salomon,  les  contem[)lantavec  étouno- 
ment,  je  les  interrogeai  et  je  leur  dis  :  «  Qui 
êtes-vous?»£tils  me  répondirent  unaoioie- 
ment  et  d'une  seule  voix  :  «  Nous  somiOfS 
ceux    qu*on  appelle  les  éléments  et  les 


animaux  sacrés.  Le  corbeau  avait  un  rêle  dans  les 
prédiclioni  de  Tavenir  (Etit-n,  Hitt.  animal,^  vni , 
18),' il  éuit  consacré  à  Apollon,  ei  Porpbyre  observe 
que  dans  la  inagi^  cl  la  liiéurgle  il  était  d*un  gran<l 
usage.  La  fourmi  était  rcganlee  comme  un  symbole 
de  ractivtié  et  de  la  prévoyance,  mais  vue  en'bonge, 
elle  est  un  signe  de  mort  'selon  Artémidore  (Onei^ 
rorr.,  i,  24);  il  y  en  avait  de  représentées  aux  pieils 
de  Saturne  dans  un  ancien  temple  slave  à  ce  que 
nous  apprend  un  passage  de  Masoudi,  rapporté  par 
Charmuy  {Mémoires  de  V Académie  impériale  de 
Saint-Pétersbourg^  sciences  historiques  et  poiiti- 
i|ue8,  série  vi,  t.  Il,  p.  312). 

(859*)  Un  Fao.  Ce  mot  ne  se  trouve  point  dans 
les  dlctiooiiairea  sémitiques.  Peut  être  est-ce  uji  de 


ces  mots  grecs  corrompus  qui  s'éuieat  glisiéi  <s 
assez  grand  nombre  chez  les  Sabéens. 

(860)  H.  Chwuisohn  ne  traduit  pas  le  aMlqQ*fl''« 
ici  le  texte  etqui  ne  se  trouve  poiui  daos  ksdictkNi- 
naires  arabes  ou  syriaques.  L  usage  de  dernier  orr* 
tains  aliments  aux  iniiiëa  dans  1<«  mystéits  es 
paganisme  éuit  en  pleine  vigueur  ;  Ciéoent  d> 
iexandrie(Prolrep(.)et  Julius  Firiuicus  (De  err.  prs(* 
relig.^  c.  19)  en  font  mention. 

(800*)  11  existait  au  moyen  àte  on  écrit  d*aa  tast 
autre  genre;  c^éuit  un  rfcueil  de  préeepiM  acfiii 
attribués  en  partie  à  Salomon  ;  il  a*en  troave  ■• 
mahttberit  à  la  Bibliothèque  impériale  (foods  à* 
Notre-Dame,  n*  i98>,  sous  ki  titre  rie  Em^mna 
de  SatemonSf  de  Tkitoau  et  de  smmt  iekam. 


u\ 


SAL 


PAUT.  ITI.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


84Î 


princes  de  ce  inonde,  la  fraude,  la  discorde, 
la  nécessité,  Terreur,  la  violence,  i»  etc. 

«Je  demandai  au  démon  s*il  y  avait  des 
démons  femelles;  et,  comme  il  nre  répondit 
que  oui,  je  désirai  les  voir.  Il  m*ajnefia  uti 
ilémon  qui  avait  la  jambe  d*un  ^ne  et  le 
pied  d'un  mulet,  tout  le  reste  de  son  corps 
i^ianl  celui  d'une  femme  d'une  grande 
heaulé.  >» 

Le  Testament  de  Salomon  se  trouve  dans 
le  manuscrit  grec  de  la  bibliothèque  impé- 
riale, n*  1483,  ainsi  que  dans  un  manuscrit 
du  fonds  Colbert.  Du  Gange  le  cite(^d  Zona- 
ram^  p.  9),  mais  on  nous  excusera  de  ne  pas 
nous  arrêter  davantage  sur  ce  tissu  d'absur- 
dités. Ajoutons  aussi  que  Gauimin  dans  ses 
yotes  sur  le  livre  de  ia  Vie  de  Moise^  1  ïi, 
c.  9,  parle  d'un  Lwre  du  trône  de  Salomon^ 
autre  ramassis  de  prétendus  secrets  magi'- 
qoes  (861).  Les  Juifs  et  les  Musulmans  ont 
raconté  une  multitude  de  fables  absurdes  au 
siijetde  la  magnificence  du  trône  de  Salomon 
età  l'égard  des  livres  de  magie  qui  étaient  ca- 
cliésdessous,  de  peur  qu'on  n'en  fil  mauvais 
usage.  Il  est  inutile  de  placer  ici  tous  ces 
résultats  de  l'amour  du  merveîHeux  si  ré- 
jandu  chez  les  Orientaux;  nous  en  don- 
nons des  exemples  bien  suffisants. 

Suidas  (Lexicon,  verb.  Ezer.hias)^  dit  que 
ce  roonarqye  fit  détruire  ufi  livre  de  Salo- 
mon qu4  était  ^ravé  à  la  porte  du  temple,  et 
qui  cofiteRait  \es  remèdes  de  toutes  les  ma- 
ladies. Le  motif  de  cette  destruction  fut  que 
le  peuple  n'invoquait  point  le  secours  de 
Dieu,  tous  les  malades  s'appliquant  unique- 
ment à  ces  remèdes.  Le  Talmud  dit  seule- 
ment qu'Kzéchias  su[]iprima  un  livre  de  roé- 
(iecine,  mais  Maïmonide  ajoute  que  -ce  livre 
était  l'œuvre  de  Salomon. 

Saint  Justin  mentionne  anssi  les  moyens 
ciiraiifs  découverts  par  Salomon  (861*),  et 
Procope  de  Gaza  [Ad  III  Reg.  iv,  33)  dit  qu'il 
est  très-vraisemblable  que  les  auteurs  qui 
ont  écrit  sur  la  médecine  ont  fait  de  grands 
emprunts  aux  livres  de  Salomon  sur  les  bois, 
sur  la  nature  et  les  vertus  des  plantes  ,  des 
arbres  et  des  autres  substances.  D'autres 
auteurs  grecs  s'expriment  de  la  même  ma- 
nière, et  des  rabbins  ont  prétendu  qu'Hippe- 
crate  et  Galien  avaient  puisé  dans  les  écrits 


de  Salomon.   {Voy.  Fabricius,  1. 1,  p.  10&5.) 

Wagenseil,  dans  son  recueil  d'écriU  com- 
f>o<«és  par  des  Juifs  contre  la  religion  cbré^ 
iiefine  (862),  prétend  que  lesluifs  attribuent 
à  Salomon  une  prière  qui  donne,  si  l'on 
prend  tes  premières  lettres  de  chaque  phra- 
se^ le  mot  hébreu  correspondant  è  Salomon 
rex. 

Il  existe,  parmi  les  manuscrits  grecs  do 
la  bibliothèque  impériale,  à  Paris>  un  petit 
poëme  en  vers  poljtiques  grecs ,  de  date  as- 
sez récente,  contenant  les  avis  de  Safomon 
h  son  tils  Roboaiit  ;  Du  Cange  i'«  cit^  dans 
son  Glossarium  Grœcum^  (Appendix ,  p.  68, 
^,  "etc.)  Cest  une  réunion  de  préceptes  mo- 
raux. 

i.  Gretser  [De  jure  et  more  prahibwdi  W- 
hrot  maloty  I.  i,  c.  10),  mentionne  un  écrit 
Qu'il  a  vu  dans  la  bibliothèque  de  Munich  : 
Uygromantia  Salomonis  ad  filium  Hoioam^ 
et  I^nibécius  nous  apprend  qu'un  manus- 
crit grec  de  la  bibliothèque  de  Vienne  ren- 
ferme, à  la  suite  de  traités  d'astrologie,  un 
écrit  concernant  dé  prétendus  secrets révé^ 
lés  par  Salomon, 

Un  livret  fort  rare,  imprimé  vers  1530, 
in-10,  a  pour  titre  :  Traité  fort  notable  di$ 
proprietez  des  jours  d'une  chascune  lune^  ex- 
traict  de  la  grande  scitnce  du  roi  Salomon. 

La  puissance  de  Salomon  sur  les  démons 
n'a  pas  lait  un  obje^  de  do^ite  pour  plusieui*s 
écrivains  grecs.  Léonce  de  Constantinople  y 
fait  allusion  dans  un  sermon  in  mediam  Pen- 
tecastenf  qui  a  été  publié  par  Combéris{86i% 
^icétas  Cnoniatès,  dans  sesi4nnâ/f5,  men- 
tionne Aaron  Isaac,  interprète  auprès  de  T'eia- 
nereur  Manuel  Comnène^  et  fort  appliqué  à 
l'étude  de  la  magie.  Il  possédait  le  livre  de  • 
Salomon,  et,  lorsqu'il  le  lisait,  il  faisait  ve- 
nir auprès  de  lui  des  W^ons  de  démons  qui 
demandaient  pourquoi  ils  étaient  mandés, 
et  qui  exécutaient  ses  ordres  avec  empresse- 
ment.Gregtntius,  archevêque  de  Tepnra,  ra- 
conte aussi  que  Salomon  enferma  les  dé- 
mons dans  un  vase  qu'il  cacheta  et  qu'il  cou- 
vrit de  terre;  mais  plus  tard,  en  tombant 
dans  le  péché,  il  devint  lui-même  soumis 
aux  démons  (863). 


(861)  Paris,  1615,  în-8»;  Touvrage  fut  réimprimé 

^Kiel,  1688,  in-12.  Gaulmn  s'était  serW  de  ia  tra* 

onction  latine  de  G.  Mozelle ,  qui  avait  déjà  paru 

diei  Chaudière,  Paris.  1577,  in-8».  Bés  1576  ,  ce 

jQcmi!  imprimeur  avait  mis  au  jour  une  version 

«rauçaîse  de  ce  même  ouvrage  due  à  Pierre  Mo- 

(%au  :  Traiii  de  Vénergie  ou  opérations  des  diables , 

petit  iM^«.  Un  belléiiisie  Cf^lébre,  M.  Boissonade  ,  a 

«lODne,  en  1838  (à  Nuremberg,  ui-8«) ,  une  édition 

nouvelle  de  ce  traité  avec  les  notes  de  Gauimin ,  et 

^"  y  joignant  queiqoes  opuscules  de  Psellus  de- 
meures inédits. 

(^r)  Pennulta  qaoquc  a  piis  ad  morbos  corpo- 
r«in  corandos  inventa  sunt  remédia,  et  ab  ip2»o 
^pnniis  rega  Salomena  (Ad  onhodoxos ,  q«a!St. 

(Wî)  Tila  ignsa  Satanœ ,  site  areatii  sl4iorrîbites 
*^onm  adtersus  Ckristum  Dëum  et  fJhristiattMm 
'««^aern  ttbn  atucdoiiy  AltdorU,  1681 , 2  vol.  în-V 

i)lCTIO?f«.  DBS  APOCnTFHKS.    II. 


Ce  sujet  a  été  traité  avec  ëmdWoii  par  rillustra 
hébraisant  J.-B.  de  Rossi ,  dans  sa  Bibiiotheea  Ju* 
daica  anikhrisliana  fim  eiiti  et  inediii  Judtforum 
tuiverius  CMstianam  retigîonem  tibri  reetnsemur^ 
Parme,  1800,  iR-8^. 

(86)*)  f  Quid  ergo?  Nonne  Salomon  dominatus 
daemonuQi  est?  Nonne  omries  ceu  unicuio  in  ununi 
coiiclusit?  Nontie  eum  bactenus  timetit?  Veruni 
frustra  baec  opponitis,  Ju'xi,  dsmonum  de«oit 
prie  tigiis,  solus  quippe  Domiiiu»  Chrislus  potenter 
alligans  fortem  ejus  vasa  diripuît.  {Matth.  m,  29.) 
Salomon  autem,  uedum  regia  potesiale  dominaïus 
est  dsemonum,  ut  ad  extremum  corrupius,  dicmonuni 
se  domination!  dediderit.  t  (Ametmarium  iiovum, 
t.  I,p.  7Î4.) 

(863)  c  Onines  malîgnos  temones  sao  imperiô 
devict«»s  reddidîl,  eosq«e  vîacuMs  «t  cateais  coa- 
stHetos  tulo  tenait,  t 

f  Salomon  daMAones  himiliavit^  Nescis  quid  Uh 

37 


t\z 


OîCnONNAlRE  DES  APOCRYPHES* 


%ik 


Les  OrionlAiix  nont  point  manqué  de 
ft  emparer  de  ces  circonstances,  qui  flallent 
51  bien  leur  amour  pour  le  merveilleux,  et 
ils  y  ont  ajouté  une  foule  de  fables. 

Jacques  GoHus  { Ad  Alfaraganum^  p.  18) 
rapporte  Topinion  des  Arabes,  qui  disent 
que  SaloTuon  enchaîna ,  sur  le  mont  Duba- 
vend»  un  des  démons  les  plus  rebelles  »  Sa- 
chra  Elmarid,  TAsmodée  ou  Ashmedai  des 
talmudisles. 

Le  Coran  dit  que  Salomon  enseignait  aux 
hommes  lama^ieet  la  scfence  des  dtux  an- 
ges Harut  et  Marut,  condamnés  à  demeurer 
a  Bnbylone.  (Chap.  2.)  Les  écrivains  arabes 
ajoutent  que  les  démons,  ennemis  de  Salo- 
roon,  répandaient  parmi  les  Juifs,  comme 
étant  son  œuvre,  des  livres  de  maeie  rem- 
plis de  sottises  et  d*impiétés.|Le  roi  les  força 
a  lui  remettre  ces  écrits,  et  il  les  enfouit 
sous  son  trône,  aGn  que  personne  ne  pût  en 
abuser;  mais,  après  sa  mort,  les  démons 
s'en^mparèrentde  nouveau,  et  les  firent  cir- 
culer parmi  le  peuple. 

Nicolas  Eymeric  {Director.  InquisUor. 
part.  11,  quœst.  28)  d.it  que  le  Pape  Inno- 
cent VI  coildamna  et  fit  brûler  un  gros  livre 
divisé  en  sept  parties,  intitulé  le  Livre  de  5a- 
lomon^  et  rempli  d*invocations  et  de  prati- 
ques coupables  pour  commander  aux  dé- 
mons. 

'labriel  Naudé,dans  son  Apologie  pour  les 
grands  hommes  accusés  de  magie  (Amster- 
dam, 1712,  p.  324),  observe  qu*il  ne  faut 
pas  croire  aue  Salomon  ait  composé  «  cette 
quantité  de  livres  en  magie,  qui  se  trouvent 
aujourd'hui  sous  son  nom.  »  Génebrard 
(lib.  1  Chronologiœ)^  ne  fait  mention  que  de 
trois, et  Pineda  que  de  quatre  ou  cinq;  mais 
il  est  facile  de  montrer  qu*ii  y  en  a  bien 
davantage  ,  si  Ton  veut  prendre  garde  pre- 
mièrement qu'Albert  le  Grand  en  cite  cinq 
dans  son  Miroir  d^aslrologie  :  le  premier 
desquels  se  nomme  Liber  Almadal;  le  se- 
cond. Liber  quatuor  annuloruni;  le  troisiè- 
me, Liber  de  novem  candariis;  le  quatrième, 
De  tribus  figuris  spirituum ,  et  le  cinquième. 
De  sigillis  ad  dœmoniacos.  Trilhème  fait  men- 
tion de  quatre  autres,  qui  sont  intitulés  :  le 
i irem'ier t  Clavicula  Salomonis  ad  fiUum  Ao- 
)oam:  le  second,  £t6er  Lamene;  le  troisiè- 
me. Liber  pentaculorum  ;  ei  le  quatrième, /'e 
officiis  spirituum, 

Lei  Clavicule  de  Salomon  f  ou  le  Livre  du 
secret  des  secrets^  est  le  plus  célèbre  des 
écrits  de  ma^ie,  que  de  misérables  im- 
posteurs ont  attribués  à  Salomon.  Il  en 
eiiste,  dans  les  grandes  bibliothèques ,  des 
manuscrits  assez  nombreux,  et  il  a  été  im- 
primé plusieurs  lois,  notnmment  en  Alle- 
magne, 1716,  in-V,  sans  nom  de  lieu ,  sous 


1o  titre  suivant  :  Claris  Salomoms  et  tkisau- 
rus  omnium  scientiarum  régi  Salomoni  ptf 
angelum  Dei  juxla  altare  rtcelatarum  et  ptr 
antiq,  Rabonem  /lama  descripluSfjamtfrn 
per  Balth.  Neydccker  translaius»  Dein  > 
{Disquisit.  magie,,,  i.  n,  c.  S)  dit  qu'ils  jouis- 
sent d*uno  grande  réputation  en  Espagne, 
parmi  les  Juifs  et  les  Arabes,  mais  que  !e 
zèle  des  inquisiteurs  les  portait  à  les  ané^o* 
tir  avec  soin. 

Un  autre  écrit  du  môme  genre,  mais  motni 
répandu,  avait  pour  titre  V Anneau  de  Salo- 
tnon;  il  prétend  expliquer  les  moyens  dVn- 
chaîner  les  démons  dans  un  anneau,  et  il  s** 
rattache  h  une  fable  diaprés  laquelle  Sdl<  • 
mon  était  redevable  de  sa  sagesse  à  une  la- 
gue  qu*il  portait  au  doigt;  un  jour,  il  i.i 
laissa  tomber,  en  se  baignant  dans  le  Jo.r- 
dain,  et  il  resta  privé  d'intelligence  et  d'à-  - 
tivilé  jusqu'à  ce  que  cette  bague  se  fût  re- 
trouvée dans  Testomac  d*un  poisson  qu'un 
pêcheur  apporta  au  roi. 

Un  écrit  sur  la  pierre  philosophale,  et  au- 
quel on  a  donné  pour  auteur  le  nom  de  s- 
Jomon,se  rencontré  dans  un  recueil  d'ouvrant  > 
sur  Talchimie,  publié  par  J.  Hhenau,  decji. 
2  Uarmoniœ  chimico-philosophicœ^  Frao:- 
fort,  1G25,  in-8%  p.  309. 

Des  Songes  de  Salomon  ont  paru  en 
hébreu  à  Venise  en  1516*  in-V;  Barloloc«^ 
en  fait  mention  dans  sa  Bibliotheca  rabbi- 
nica. 

Le  décret  du  Pape  Gélase  range  parmi  !e^ 
apocrvphes  un  écrit  intitulé  La  contradiction 
de  Salomon  ;  mais  nous  n'avons  d'ailleurs 
aucun  détail  è  cet  égard. 

Un  auteur  du  xii*  siècle,  Ciecbo  d'A^co- 
lano,  cité^par  Sixte  de  Sienne  {Biblioth, 
sanct.f  I.  Il,  p.  131),  dit ,'  dans  son  Commen- 
taire sur  la  sphère  de  Jeands  SacroOosco, 
qu*il  existait,  sous  le  nom  de  Saiomoo,  u'* 
livre  intitulé  Des  on^res  des  idées^  et  rel^^'^ 
è  Tastrologie. 

Nous  ne  savons  si  nous  devons  (aireii 
mention  des  dits  de  Salomon  avec  les  ré- 
ponses de  Marcolphe,  composition  satirique 
composée  en  latin,  au  mo^en  âge,  et  promp- 
tement  traduite  en  diverses  langues.  ^^^^ 
nne  série  de  questions,  de  réfieiions  ^]ue 
Salomon  adresse  à  un  rustre,  k  un  boudin 
nommé  Marcolphe,  et  il  n-est  sans  doui^ 
jamais  venu  dans  la  tète  de  personne  de  n* 
garder  sérieusement  le  roi  d'Israël  cotuuio 
ayant  eu  part  à  ces  singuliers  colretieih. 
dont  le  texte  varie  beaucoup  dans  lodirtr^ 
manuscrits,  et  qui  se  ressentent  beaui'^'-i' 
trop  de  la  liberté  de  langage  que  se  |>eriUM- 
laient  les  poêles  d'il  y  a  cinq  on  s'm  Mer'**- 

Fabricius  rappelle  (t.  I,  p.  1038)  un  coi  -; 
assez  singulier  (lepidum  commentum)*  '] '' 
des  auteurs  juil's  relatent  au  su^et  uu  iroc" 
de  Salomon  (857)  Lorsque  le  roi  monta  au? 


quaris.  Ad  lempus  quideih  eos  vasis  incluse*  et 
sepios  tenait,  et  s  gillo  consiriclos  terraque  obruios 
occidult.  Sed  mecum  coiibidera»  quod  menie  et 
spirit04>rofligatu8  ab  ipsis  daeiuonibus.  et  devicius, 
(  ê  %rkhv*^  n^i'iclitatus  est ,  qucmadmoduin  tcstalur 
ICiiuiura.  i 


(S57)  Les  auteurs  arabes  ont  bêànt^P  P*f^  "^ 
ce  irdiie  donl  il  est  fait  mention  daas  i<  t^^^ 
Selon  Gelaleddio,  il  avait  qoanuie  roudan  «< 
large,  quatre-vingts  de  longueur  et  l'*"*'*  t.^ 
teur.  Il  éuit  composé  d'or  et  d*ar;etii.  Une  (^ 
roona  de  robia  et  d^éuwraudea  régnait  a  i  '(^  ' 


w 


SAL 


PART   III.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


816 


te  (rône,  il  y  avait  sur  cnacuii  dés  six  degV'és 
un  héraut;  le  premier  cria  :  «  Ne  reuds  pas 
de  jufçeioeols  injustes  ;  »  le  second  :  «  Ne 
fais  (ias  acception  de  personne  ;  »  le  troi* 
sième  :  «Ne  reçois  pas  de  présents;»  le 
quatrième  t  «  Ne  plante  pas  de  bois;  »  le  cin- 
quième : ff  N'élève  pas  de  statues;  »  le  sixiè- 
me :  «  Ne  tue  pas  des  bœufs,  w  Quand  le  mo- 
narque s'assit,  une  colombe  s'envola  duhaqt 
du  trône,  ouvrit  l'arche  d'alliance,  en  retira 
la  loi  et  la  présenta  au  roi  pour  qu'il  s*en 
servtt  comme  d'une  règle  pour  étudier  le 
droit.  Les  douze  lions  d'or  qui  ornaient  le 
(rônepoussaieni  des  rugissements  effrayants, 
de  sorte  qu'aucun  des  plaideurs  qui  se  pré- 
sentaient devant  ie  roi  n'osait  dissimuler 
la  vérité  ou  dire  des  faussetés.  Fabricius 
renvoie»  pour  des  fables  relatives  à  la  ma- 
gnificence du  trône  de  Salomon  et  aux  livres 
magiques  qui  étaient  placés  sous  lui,  à  la 
Bimothèqut  orientale  de  d'Herbelot ,  et  à 
D.  Mayer,  inMuseo  ministri  Ecclesiœ^  II,  48. 

AJM  autre  docteur  hébreu  raconte  que  » 
pour  mettre  à  l'épreuve  la  science  de  Salo- 
fflon,  des  Egyptiens  déposèrent  devant  lui 
soixante-dix  diplômes  écriis  chacun  en  une 
langue  différente.  Le  roi  les  lut  avec  la  plus 
grande  facilité. 

Michel  Glycas  {Annal.^  part,  ti)  dit  que 
Salomon  composa  des  écrits  sur  les  [jierre^ 
précieuses  ,  expliquant  d'où  provenait  leur 
couleur,  de  quelle  fagon  elles  se  formaient 
et  à  quels  usages  elles  pouvaient  servir. 
Il  signala  celle  qui  était  gardienne  de  là 
chasteté,  celle  qui  sert  de  remède  aux  in- 
flammations de  la  ûèvre,  et  celle  qui  chasse  les 
esprits  malins  (864).  Il  écrivit  Aussi  un  livre 
twr  les  génies^  expliquant  par  quel  pacte  on 
peut  les  faire  sortir  du  monde  invisible,  et 
sous  quelles  formes  ils  apparaissent.  Il  si- 
gnala leur  nature  et  leurs  propriétés,  disant 
par  quelle  conjuration  ou  les  enchaîne  et 
comment  on  tes  réduit  en  servitude  en  cer- 
tains lieux.  Il  leur  imposa  la  tâche  de  porter 
divers  fardeaux,  les  contraignant  à  tailler 
des  pierres  et  à  les  transporter.  Il  guérissait 
les  entrailles  d'hommes  atteints  de  maladies, 
en  y  applicjuant  des  chairs  et  des  herbes, 
liais  Ëzéchias,  homme  pieux  qui  s'était  en- 
tièrement consacré  à  Dieu,  et  qui  rapportait 
tout  à  la  Providence,  faisait  peu  de  cas  des 
connaissances  surnaturelles  que  Salomon 
avait  acquises. 

Tous  les  écrivains  orientaux  s  accordent 
d'ailleurs  pour  reconnaître  que  Salomon 
comprenait  fort  bien  le  langage  des  ani- 
maux entre  eux ,  et  qu'il  se  mêlait  à  leurs 
entreliens  (864*). 

Les  colonnes,  qui  le  soutenaient,  étaient  faites  des 
mêmes  pierres  précieuses.  11  contenait  sept  appar- 
ifcments  où  Ton  entrait  par  sept  portes. 

(S64)  D*autres  écrits  sur  les  sciences  naturelles 
ont  été  attribués  au  tils  de  David.  Morhof  {Pofy- 
^it  L  I,  c.  6)  mentionne  V Herbier  de  Salomon 
en  langue  arabe. 

(S64  )  L*idée  de  la  langue  des  animaux,  et  surtout 
des  oiseaux ,  se  retrouve  dans  d^anciennes  sources 
oiieutales,  ainsi  que  Tobserve  M*  Edelestand  Du- 


.  D'après  Pic  de  la  Mirandole  [Prœfat.  ad 
H'eptapium)^  Salomon  aurait  écrit  un  Livre 
dt  la  Sajessèf  différent  de  celui  que  nous 
possédons  et  qui  porte  i^e  nom  ;  Tautre  était 
rédigé  dans  le  dialecte  de  Jérusalem,  plus 
pur  que  l'hébreu  ordinaire,  et  il  expliquait 
la  nature  des  choses  et  les  parties  les  plus 
saillantes  de  la  loi  de  Moïse.  Cet  encyclopé- 
diste italien,  si  fameux  au  tvi*  siècle,  a  d'ail- 
leurs pris  cette  assertion  dans  l'/n^rodflic/tM 
au  Peniateuque  deRabbiNachman,  lequel  dit 
que  Salomon  était  dépositaire  de  la  doctrine 
de  Moïse^  et  qu'il  avait  composé  £a  jurande 
Sagesse  j  ouvrage  dont  il  rapporte  ces  pas- 
sages :  «La  naissance  d'un  roi  ou  d^un  prince 
ne  diffère  point  de  celle  de  tout  Qls  d'un 
homme;  il  n'y  a  qu'une  manière  d'entrer  en 
ce  monde,  et  il  n'y  a  qu'une  manière  d*en 
sortir.  J'ai  donc  prié,  et  i'espritde  la  sagesse 
est  venu  à  moi,  et  j'ai  appelé,  et  l'esprit  de 
la  sagesse  est  venu  à  moi,  et  j'ai  trouvé  plus 
de  satisfaction  que  dans  les  sceptres  et  les 
trônes.  El  il  m  a  donné  la  science  qui  n'est 
point  fausse,  pour  savoir  où  est  Punivers, 
et  les  opérations  des  signes,  les  commence- 
ments et  les  fins,  et  les  milieux  des  temps,  le 
cours  des  cieux,  les  conjonctions  des  étoiles, 
et  les  humeurs  d«s  animaux  domestiques, 
et  les  colères  des  bètes sauvages,  et  les  forces 
des  vents.  J'ai  appris  à  connaître  les  pensées 
des  fils  des  hommes,  les  applications  des 
plantes  et  les  vertus  des  racines,  et  toute 
chose  cachée  et  toute  chose  révélée,  v 

11  est  clair  que  Nachman  .a  pris  ces  pas- 
sages dans  une  traduction  hébraïque  du 
Livre  de  la  Sagesse ,  que  nous  avons  en 
grec,  et  où  se  retroiivent  des  idées  analo- 
gues. {Voy.  ch.  VII,  3-7,  et   18-2v).) 

Voici  d'ailleurs  d'après  d'Herbelot  {BibUo' 
thique  orientale)  un  échantillon  des  récits 
que  font  les  Orientaux  au  sujet  de  Salo- 
mon : 

• 

c  Les  Persans  font  beaucoup  d*histoires 
de  DavicJ,  mais  ils  en  font  sans  nombre  de 
Salomon,  son  fils,  auquel  ils  disent  que  Dieu 
donna  le  don  des  miracles,  plus  abondam- 
ment qu'à  aucun  autre  avant  lui,  teHeiuent 
quei  SI  on  les  en  croit,  il  commandait  aux 
anges  et  aux  démons,  et  il  était  porté  par  les 
vents  dans  toutes  les  sphères  et  au-dessus 
des  astres.  Toutes  les  choses  de  la  nature 
lui  parlaient  et  lui  obéissaient,  animaux,  vé- 
gétaux, minéraux;  il  se  faisait  enseigner  par 
chaque  plante  quelle  était  sa  propre  vertu,  et 
par  chaque  minéral,  à  quoi  il  était  bon  de 
l'employer;  il  s'entretenait  avec  les  oiseaux, 
et  c'étaient  eux  dont  il  se  servit  pour  faire  Ta- 
mour  à  la  reine  de  Saba,  et  pour  la  persuader 

roéril  {Originei  de  la  poéêie  scanatnavr ,  p.  115); 
on  la  trouve  dans  le  Zend-Avesta^  t.  III,  p.  99,  édi- 
tion deKleuker  ;  elle  se  inoutre  dans  des  riions  bien 
éloignées  de  la  Perse  ;  chez  les  Scandii^aves ,  ainsi 
qu'en  Allemagne.  On  en  trouve  aussi  des  vestig<fs 
chez  les  auteurs  de  Tantiquiié,  notamment  dans  la 
vie  (l'Apollonius  de  Tbyaae ,  et  Jamblique  raconta 
(Vif a  Pythagorica,  p.  l!2ii)  que  Pythagore  se  fai- 
sait fort  bien  entendre  des  animaux» 


M 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


W 


de  le  venir  trouver»  toutes  (ai>Ie$  que  KAI- 
coren  a  prises  des  commentaires  des.  Juifs. 
Parmi  ces  dialogues  fabuleux  de  Saloroon, 
il  y  en  a  un  avec  le  roi  des  fourmis  qui 
porte  que  Sa iomon»  passant  un  jour  h  la  cam- 
pagne» reconnut  ce  roi  des  fourmis,  le 
prit»  et  le  mit  sur  sa  main,  et  que»  comme 
il  le  prenait,  ce  petit  insecte  cria  à  toute  sa 
troupe  :  «  Fourmis»  relirex-vous,  de  peur 
que  le  trône  du  roi-prophète  ne  vous  écrase 
toutes.  9  Salomon  ayant  demaudé  h  celte 
fourmi»  après  beaucoup  d*autres  questions» 
s\  elle  ne  le  reconnaissait  pas  pour  plus 
grand  qu'elle,  elle  répondit  :  «  Non  ;  je  suis 
un  plus  grand  roi  que  toi,  puisque  tu  n*as 
qu'un  trône  matériel  et  que  ta  main  me  sert 
de  trône.  » 

Le  docteur  G.  Weil»  dans  son  livre»  que 
nous  avons  déjà  cité  à  plusieurs  repaises 
{Biblische  Legenden  der  MuselmUnner^  Franc- 
fort, 18V5»  iu-l2u  a  reproduit  quelques-uns 
des  récits  que  les  Orientaux  rapportent  au 
sujet  de  Salomon.  Nous  traduirons  celles 
de  ces  légendes  singulièies  qui  présentent 
le  plus  d'intérêt. 

«  Un  jour  (Salomon  venait  d  atteindre  TAge 
de  treize  ans)»  deux  plaideurs  vinrent  de- 
vant son  père»  pour  faire  juger  un  différend 
qui  était  inouï  et  qui  ne  s*est  probablement 
Jamais  représenté  depuis. 

«  Le  plaignant  avait  acheté  un  champ  h  sa 

{>artie  adverse»  et  en  creusant  le  sol  pour 
aire  une  cave,  il  avait  trouvé  un  trésor.  II 
demandait  à  son  adversaire  de  prendre  cet 
argent»  en  faisant  observer  que  lui,  l'ache- 
teur» n'avait  fait  emplette  que  de  la  terre; 
lo  vendeur  expliquait  qu'il  n'avait'  aucun 
droit  sur  un  trésor  dont  il  ne  connaissait 
pas  l'existence»  et  il  insistait  sur  ce  qu'il 
avait  vendu  le  champ  avec  tout  ce  qu'il  pou- 
vait contenir.  David»  un  peu  embarrassé,  dé- 
cida que  les  adversaires  devaient  prendre 
chacun  la  moitié  du  trésor;  Salomon  de* 
manda  au  plaignant  s*il  avait  un  fils»  et  ayant 
appris  que  oui  »  informé  également  que 
l'autre  partie  avait  une  fille»  il  dit  ^  c  Ter- 
minez rette  querelle  d'une  manière  ^ui  con- 
ciliera tous  vos  intérêts  ainsi  que  la  justice  ; 
mariez  ensemble  vos  deux  enfants»  et  don- 
nez-leur le  trésor  qui  a  été  découvert.  » 

«  Une  autre  fois»  un  cultivateur  vint  se 
plaindre  d'un  berger  dont  le  troupeau  avait 
ravagé  un  champ  qui  lui  appartenait.  David 
condamna  le  berger  à  donner  une  partie  de 
8on  troupeau  au  propriétaire  du  champ»  pour 
l'indemniser  du  dommage  qui  liu  avait 
été  rausé.  Mais  Salomon  blâma  ce  jugement» 
et  dit  :  «  11  convient  que  le  berger  donne  au 
cultivateur  la  jouissance  de  ses  troupeaux^ 
c'est-h-dire  le  lait»  la  laine  et  les  petits  qui 
viendnmt  au  monde,  jusqu'il  ce  que  le  champ 
soit  revenu  dans  Tétat  oa  il  était  lorque  le 
troupeau  l'a  euvahi;  alors  leberger  rentrera 
dans  la  possession  de  son  bien.  » 

<  David  remarqua  un  jour  que  lesjuges  for- 
mant le  tribunal  suprême  qu'il  présidait» 
voyaient  avec  mécontentement  Salomon  se 
uiéler  do  leurs  affaires,  quoiqu'ils  fussent 


forcés  de  reconnaître  que  son  avis  était  tou- 
jours le  meilleur.  Il  résolut  alors  de  mettre 
sa  science  dans  les  préceptes  el  dans  lendoc- 
Irines  de  Moïse,  à  l'épreuve  devant  tous  les 
grands  du  royaume.  «  Lorsqu'ils  auront  re- 
connu, »  pensait  le  roi»  «  toute  l'étendue  des 
connaissances  de  mon  Ois»  ils  cesseront  de 
faire»  à  cause  de  sa  jeunesse»  peu  de  cas  de 
son  opinion»  lorsqu'elle  ne  s'accordera  fias 
avec  la  leur  et  avec  la  mienne.  Dieu  accorde 
la  sagesse  h  qui  il  veut.» 

«  Les  docteurs  de  la  loi  connaissaient  bien 
rétendue  du  savoir  do  Salomon»  mais  ils 
es|)é raient  l'embarrasser  par  des  questions 
captieuses»  et  se  présentant  devant  David, 
ils  réclamèrent  un  examen  public.  Hais  ils 
furent  déçus  dans  leur  attente.  Avant  qu'ils 
eussent  prononcé  le  dernier  mot  d'une  ques- 
tion adressée  à  Salomon,  une  réponse  d  une 
sagesse  accomplie  leur  était  donDée»de sorte 
que  les  assistants  croyaient  que  la  chose  était 
concertée  à  l'avance  entre  les  juges  el  lui  » 
et. que  cet  examen  n^était  qu'une  manceuvre 
imaginée  par  David  aQn  de  recommander 
Salomon  comme  son  digne  successeur. 

1  Toutefois  Salomon  détruisit  cette  idée, 
car,  lorsque  l'épreuve  fut  terminée»  il  se  le- 
va, et  dit  aux  juges:  «rVous  vous  êtes 
fatigués  à  chercher  des  difllcullés  dans  l'es- 
poir (le  montrer,  devant  cette  grande  as* 
semblée,  votre  supériorité  sur  moi,  Maio- 
tenant,  permettez-moi  quelques  questons 
fortsimples  ;  elles  n'exigent»  pour  y  répon- 
dre» aucune  étude,  mais  seulement  de  Tin- 
telligence  et  de  la  raison.  Dites-moi: 
Qu'est-ce  que  c'est  que  tout»  et  qu'est-ce  que 
c  est  que  rien  7  Qui  est  quelque  chose,  et  qui 
est  moins  que  rien  7  »  Salomon  se  lut  lono'- 
temps»  et»  comme  le  juge  auquel  il  s'élail 
adressé  ne  trouvait  rien  h  lui  répondre,  il 
dit  :  c  Tout  est  Dieu»  le  créateur»  et  ri<rn, 
c'est  le  monde»  Tobjet  créé.  Quelque  chose , 
c'est  le  croyanti  et  moins  que  rien»  c'est 
l'hypocrite.  » 

c  Et  Salomon  se  tournant  vers  un  autre 
juge,  dit  :  •.  Qui  sont  les  plus  nombreux,  et 
qui  sont  les  moins  nombreux?  Qu'est-ce 
qu*il  y  a  de  plus  doux»  et  qu'est-ce  qu'il  v 
a  de  plus  amer  7  »  El  comme  ce  second  juge 
restait  aussi  sans  pouvoir  faire  aucuue 
réponse ,  Salomon  dit  :  «  Le3  plus  nom* 
breux  des  hommes  sont  ceux  qui  doutent, 
et  les  moins  nombreux  sont  ceux  qui  sont 
animés  d'une  conviction  religieuse  parfaite: 
ce  qu'il  y  a  de  plus  doux»  cest  d'avoir  une 
femme  vertueuse,  des  enfants  couraseui  et 
un  revenu  durable;  ce  qu'il  y  a  Je  plus 
amer,  c*est  d'avoir  one  fbmme  sans  mœurs, 
des  enfants  méprisables»  et  la  pauvreté.  * 
.  «  Entin  Salouion  s'adressa  à  un  troisièice 
juge,  et  lui  demanda  :  «  Qu'est-ce  qu'il  y  < 
de  plus  hideux»  et  qu'est-ce  qu'il  v  a  de  y\\>^ 
beau  7  Qu'est-ce  qu'il  y  a  ae  plus  sûr»  et 
qu'est-ce  qu'il  y  a  de  plus  incertain?  »t>^ 
questionsrestèreot aussi  sans réponsajusqul 

ce  que  Salomon  eut  .dit  :  «  Co  qn  il  v  i  <1* 
plus  hideux»  c'est  lorsqu'un  croyant  cfefieat 
incrédule  ;  et  ce  qu'il  y  a  de  plus  beaoi  c'est 


m 


SAL 


PART.  111.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


8«^ 


lorsqu'un  pécheur  se  coaverlil.  Ce  qu*il  y  a 
d(>  plus  sâr,  c*est  la  mort  et  le  jugement  der- 
Dier»ce  qu'il  y  a  de  plus  incertain,  c'est  le 
sort  de  rame  après  la  résurrection.  Vous 
Yoyez,  »  continue*t-il,  «  que  les  plus  Agés 
et  les  plus  savants  ne  sont  pas  toujours  les 
plus  sages.  La  vraie  sagesse  ne  vient  ni 
des  années  ni  des  livres  ;elle  ne  vient  que 
de  Dieu  qui  est  le  sage  par  excellence,  a  ' 

t  Les  paroles  de  Salomon  plongèrent  tous 
les  assistants  dans  une  surprise  extrême,  et 
les  chefs  du  peuple  s'écrièrent  tous  d'une 
voix:  A  Loué  soit  le  Seigneur,  car  il  a  donné 
à  notre  roi  un  fils  qui  surpasse  en  sagesse 
tous  ses  contemporains,  et  qui  est  digne  de 
prendre  place  sur  le  trône  de  l>aviu.  »  £t 
David  remeri^ia  Dieu  de  la  grâce  au'il  lui 
avait  faite,  et  ne  songea  plus  qu'à  cnercher 
riiomme  qui  devait  être  son  compagnon  dans 
lo|araJis. 

t  Et  une  voix,  venaat  du  ciel,  se  fit  enten- 
dre et  lui  dit  :  a  Ce  que  tu  souhaites  te  sera 
accordé  ;mais  il  faut  que  tu  le  visites  seul,  et, 
pour  approcher  d^  lui,  il  est  nécessaire  que 
tu  renonces  à  tories  les  pompes  terrestres, 
et  que  tu  te  mettes  en  route  comme  un  pau- 
vre pèlerin.  »  David  désigna,  le  lendemain, 
Salomon  pour  le  remplacer;  il  quitta  ses  vê- 
lements royaux,  se  couvrit  d'une  étoffe  de 
laine,  chaussa  des  sandales,  prit  un  bAton  à 
la  njain  et  quitta  son  palais. 

«  11  erra  de  ville  en  ville  et  de  village  en 
village,  et  s'informa  partout  des  habitants 
qui  élaientrenommés  par  leur  piété,  et vher- 
cliaà  faire  leur  connaissance;  mais,  pendant 
bien  des  seaiAines,  il  ne   trouva  personne 
i|u*il  pût  regardt  r  comme  son  compagnon 
dans  cette  vie.  Un  jour,  étant  arrivé  dans  un 
village,  sur  le  bord  do  la  Méditerranée,  un 
>ieiilard  arriva  en  même  temps  que  lui;  si^s 
vêtements  révélaient  la  plus  grande  pauvreté, 
et  il  portait  sur  la  tête  un  lourd  fardeau  de 
bois.  Ce  vieillard  paraissait  si  respectable, 
que  David  le  suivit  pour  voir  où  if  demeu- 
rait, mais  il  n'entra  dans  aucune  maison;  il 
ne  ûi(iue  vendreson  Tirdeauà  un  marchand 
de  bois  qui  se  tenait  à  la  porte  de  son  ma- 
gasin; il  donna  à  un  pauvre,  qui  lui  de- 
uianda  l'aumône,  la  moitié  de  la  faible  som- 
me qu*il  venait  de  recevoir;  il  acheta  avec  le 
reste  un  morceau  de  pain  dont  il  donna  la 
moitié  è  une  femme  aveugle  qui  implorait 
la  commisération  des  fidèles,  et  il  se  remit 
enroule  vers  la  montagne  d*où  il  était  vt^nu. 
«  Cet  homme,  »  pensa  David,  «  pourrait  bien 
^lie  mon  compagnon  dans  le  uaradis;  son 
aspect  et  ses  actions,  dont  j'ai  été  témoin,  au- 
iioncent  une  piété  rare  ;  il  faut  que  je  cherche 
a  faire  sa  connaissance.  »  Il  suivit  donc  ie 
vieillard,  à  quelque  distance»  et  après  avoir 
marché  pendant  bien  des  heures,  il  le  vit 
gravir  une  montagne  d*un  accès  difficile  et 
coupée  par  de  profonds  torrents;  le  vieillard 
entra  dans  une  caverne  qui  recevait  la  lumière 
<1.6n  haut,  par  une  fente  à  travers  le  roc.  Da- 
vid resta  à  l'entrée  de  la  caverne,  et  il  en- 
tendit que  ie  solitaire  priait  avec  ferveur;  il 
lut  la  t>)i  et  les  Psaumes,  jusqu'à  ce  que  le 
i'jleil  se  couchit.  Il  allumaajorê  une  lampe^ 


et  fit  la  prière  du  soir;  Il  mit  ensuite  sur  une 
table  le  pain  qu'il  avait  acheté. 

«  David,  qui  jusqu'alors  n'avait  pas  osé 
troubler  le  saint  homme  dans  ses  exercices 
de  dévotion,  avança  alors  vers  lui  dans  la  ca- 
verne et  le  salua  :  «  Qui  es-tu?  »  demanda 
le  vieillard,  après  lui  avoir  rendu  son  saiut; 
ff(  à  Texception  du  pieux  M.ita  Ibn  Juhanna,  le 
compagnon  de  paradis  du  roi  David,  je  n'ai 
jamais  vu  ici  aucun  homme.  »  Alors  David 
se  nomma  et  lui  demanda  des  renseignements 
è  l'égard  de  Mata.  L'ermite  lui  répondit  : 
«  ll*ne  m'est  pas  permis  de  te  faire  connaî- 
tre exactement  sa  demeure,  mais,  si  lu  par- 
cours cette  montagne  avec atienlion,  elle  ne 
pourra  t'échapper.  »  David  erra  longtemps 
sans  trouver  aucun  vestige  dé  Mata.  Il  allait 
revenir  vers  l'ermite ,  dans  i'espoir  d'ob- 
tenir de  lui  quelques  données  plus  précises» 
lorsqu'il  aperçut  sur  une  hauteur,  au  mi- 
lieu d'un  terrain  rocailleux,  un  endroit  qui 
était  tout  humide  et  mouillé  :  «  11  est  bien 
étonnant,  »  |)ensa-t-il,  «  qu'ici,  sur  la  cime 
d'une  montagne,  le  terrain  soit  si  humide  ; 
il  estimpossible  qu'il  renferme  une  source.  » 
Tandis  qu'il  restait  ainsi  plongé  dans  ses  ré- 
flexions, au  sujet  de  cette  circonstance  ex- 
traordinaire, un  homme  descendit  de  l'autre 
côté  de  la  montagne;  son  aspect  était  plutôt 
celui  d'un  ange  que  d'un  être  humain.. 
Il  avait  le  regard  penché  vers  la  terre,  ue 
sorte  qu'il  n'aperçut  rws  David.  Il  resta  de- 
bout sur  l'endroit  où  le  terrain  était  humide, 
et  pria  avec  tant  de  ferveur,  que  les  larmes 
coulaient  de  ses  yeux  comme  deux  ruisseaux. 
David  comprit  alors  pourauoi  le  sol  était 
ainsi  humecté,  et  il  se  dit  à  lui-mènie  : 
tf  L'homme,  qui  prie  ainsi  son  Dieu,  peut 
bien  être  mon  compagmm  dans  le  paradis.  )• 

«  Aprèsque  Salomon  eutrehdo  les  derniers 
devoirs  à  son  père,  il  se  reposait  dans  une 
vallée,  entre  Hébron  et  Jérusalem,  lorsque 
soudain  il  perdit connaissaiice.  En  reprenant 
ses  sens,  fl  vit  devant  lui  huit  anges;  chacun 
d'eux  avait  des  ailes  innombrables,  aussi  va- 
riées de  formes  que  de  couleurs,  et  ils  s'in- 
clinèrent trois  fois  devant  le  monarque.  Ce- 
lui-ci, leur  ayant  demandé  qui  ils  étaient, 
ils  répondirent  :  «  Nous  sommes  les  anges 
préposés  aux  huit  vents.  Dieu,  notre  créa- 
teur et  le  tien,  nous  envoie  vers  toi,  aGn  do 
te  servir,  et  pour  que  ton  pouvoir  s'exen  e 
sur  nous  et  sur  les  vents  qui  nous  sont  sou- 
mis. Selon  ta  volonté  et  selon  tes  intentions, 
ils  soufUeront  avec  violence,  ou  bien  ils  s'a- 
paiseront, et  ils  souffleront  toujours  du  côté 
vers  lequel  tu  tourneras  le  dos.  Lorsque  tu 
l'ordonneras,  ils  t'einnorleront  bien  au-des--. 
sus  de  la  terre,  et  te  déposeront  au  sommet 
des  plus  hautes  montagnes,  j»  Le  chef  des  liuit 
anges  remit  alors  à  Salomon  une  pierre  pré- 
cieuse, sur  laquelle  étaient  inscrits  ces  mots: 
tf  Dieu  est  la  puiasance  et  la  grandeur,  »  et  il 
lui  dit  :  <  Lorsque  lu  auras  un  ordre  è  noua 
transmettre,  élève  cette  pierre  vers  le  ciel,  et 
nous  paraîtrons  de  suite,  afin  de  recevoir  tes 
commandements.  » 

^    «  Aussitétque  ces  anges  se  furent  êloigné.s, 


151 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


il  en  parut  quatre  autres,  qui  différaient 
grandement  les  uns  des  autres  par  leurs  for- 
mes et  leur  aspect  ;  Tuo  avait  la  figure  d*iine 
baleine  énorme,  Pautre,  d'unaigie»  le  troisiè- 
me, d*un  lion,  et  le  quatrième  d'un  sorpent. 
Ilss*inc1in$rent  profoudémeot  devant  Salo- 
mon,  et  ils  lui  dirent  :  «  Nous  sommes  les 
souverainsde  toutes  les  créatures  qui  vivent 
sur  la  terre  et  dans  Tonde,  et  nous  parais- 
sons devant  toi,  d'après  l'ordre  de  notre  maî- 
tre, pour  t'apporter  notre  concours  .  Agis 
envers  nous  selon  ton  bon  plaisir;  nous  met- 
tons à  ta  disposition»  çt  à  celle  de  tes  amis, 
toutes,  les  choses  aj$réables  et  bonnes  dont 
le  Créateur  nous  a  gratifiés,  et  nous  em- 
plaierons  contre  tes  ennemis  toutes  les  fa- 
cultés, que  nous  possédons  pour  nuire.  • 

«  L'ange,  qui  commande  aux  volatiles,  pré- 
senta alors  à  Salomon  une  pierre  précieuse, 
sur  laquelle  éti^it  celte  inscription  :«  Tout  ce 
qui  est  animé  loue  le  Seigneur.  »£t  il  lui  dit: 
«  GrAce  à  la  vertu  de  cette  pierre*  que  tu  as 
seulement  besoin  d'élever  au-dessus  de  ta 
tète,  tu  peui  nous  appeler  à  chaque  mo- 
ment, et  nous  communiquer  tes  ordres.  » 
Salomon  fit  ce  que  Tange  disait,  et  il  lui 
cocnn()^nda  d'apporter  un-  couple  de  tout  ce 
qui  existe  dains  Teau,  sur  la  terreet  dans  Pair. 
Les  anges  s*éloignèrent  avec  la  rapidité  de 
réclair,  et,  eu  lin  ins'ant,  toutes  les  créatu- 
res possibles,  depuis  Téléphant  jusqu'au  plus 
petit  ver,  furent  mi^  en  présence  du  roi, 
ainsi  que  tous  les  oiseaux  et  lous  les  pois- 
sons. Salomon  s'entretint  longtemps  avec  ces 
divers  animaux;  il  se  fit  raconter  leur  cenre 
de  vie;  il  entendit  leurs  plaintes,  et  rélorma 
bien  des  abus  qui  existaient  entre  eux.  11 
s'entretint  surtout  avec  les  oiseaux,  leur 
donnant  la  préférence,  à  cause  de  leur  doux 
langage  qu'il  comprenait  aussi  bien  que  ce- 
lui des  hommes,  et  à  cause  des  belles  sen- 
tences qu'ils  prononcent. 

u  Le  cri  du  paon  signifie,  dans  le  langage 
i^es  hommes  :  «  Tu  seras  jugé  de  la  manière 
dont  tu  ju^es.  »  Le  chant  du  rossignol  si- 

f;  >ifie  :  «  La  modération,  dans  les  désirs,  est 
e  plus  grand  des  biens,  y»  La  tourterelle  dit  : 
tf  11  vaudrait  bien  mieux,  pour  bien  des  créa- 
tures, de  n'avoir  pas  été  créées,  v  La  huppe 
dit  :  «  Celui  qui  u;a  pas  pitié  des  autres,  ne 
trouve  personne  qui  ait  de  la  compassion 
pour  lui.  »  L'oiseau  Syrdus  :  «  Convertissez- 
Yous  à  Dieu,  pécheurs.  »L'hirondelle  :  «  Fai- 
tes le  bien;  vous  en  serez  récompensés.  » 
Le  pélican  :  «  Loué  soit  le  Seigneur,  dans  le 
ciel  et  sur  la  terre.  »  Le  pigeon  dit;  «  tout 
passe.  Dieu  reste  éternellement.  »  L'aigle  : 
i  Quelque  longue  que  puisse  être  notre 
vie,  ellp  se  termine  avec  la  mort.  »  Le  coq  : 
«  Pensez  à  votre  Créateur,  hommes  irré- 
ûéchis.  » 

%  Salomon  choisit  le  coq  et  la  huppe  pour 
ses  compagnons  assidus,  l'un,  à  cause  de  son 
cri  éclatant  et  intrépide,  l'autre,  parce  que 
son  regard  traverse  la  terre,  comme  si  elle 
était  un  morceau  de  cristal,  de  sorte  que  cet 
oiseau  pourrait  toujours,  lorsque  le  roi  se- 
rait eu  voyage,  lui  indiquer  Tendroit  où 


l'on  trouverait  une  source,  qui  donnât  Teau 
nécessaire,  soit  pour  la  boisson,  soit  pour 
les  ablutions  prescrites  par  la  Loi.  Salomon 
ordonna  ensuite  à  la  colombe  d'élever  ses 
petits  sur  le  temple  qu'il  (aisfit  hllir.Ei, 
quelaues  années  plus  lard,  la  postérité  <le  ce 
couple  de  colombes  était  si  nombreuse  que 
lous  ceux  qui  visitaient  le  teoxplet  s*yren* 
daient  depuis  le  coin  le  plus  éloigné  de  la 
ville  à  Tombre  des  ailes  de  ces  oiseaux. 

«  Salomon,  étant  ensuite  resté  seul,  vit 
paraître  devant  lui  un  ange  dont  la  partie  su- 
périeure du  corps  avait  Kapparence  de  h 
terre,  et  la  partie  inférieure,  celle  de  Teau.!! 
se  prosterna,  et  il  dit  :  «  Dieu  m'a  créé  pour 
que  je  fasse  connaître  ta  volonté  k  la  terre* 
comme  à  la  mer.  Le  Seigneur  m'aordoni.t' 
d'exécuter  tes  ordres,  et  tu  peux  m'accom- 
nagner  sur  la  terre  et  sur  la  mer.  A  ta  Toii, 
les  montagnes  les  plus  élevées  disparaîtront, 
cl  il  en  surgira  d'autres  du  milieu  des  plai- 
nes. Les  fleuves  et  les  lacs  se  dessécheroni. 
et  des  pays  fertiles  et  secs  seront  couvers 
d'eau,  si  telle  est  ta  volonté.  »  Et  Tang* , 
avant  de  disparaître,  remit  à  Salomon  unr* 
pierre  précieuse  avec  cette  inscription:  *  Ib 
ciel  et  la  terre  sont  les  serviteurs  Ce 
Dieu,  w 

o^nfinun  autre  ange  remit  au  OIsdeDavii 
une  quatrième  pierre  précieuse  avec  cette 
inscriplion  :  «  11  n*y  a  aucun  dieu  sicenV^t 
le  Dieu  unique,  et  Mahomet  e$t  l'envoyé  d? 
Dieu*.  »  Au  moyen  de  cette  pierre,  lui  dit 
range,  tu  obtiens  la  domination  sur  le  nmik 
entier  desL  esprits  qui  est  beaucoup  plus 
étendu  que  celui  des  hommes  et  des  ani- 
maux et  qui  remplit  presque  tout  riDter- 
vaile  entre  le  oiel  et  la  terre.  Une  partie  d»* 
ces  esprits  a  la  foi  et  invoq[ue  le  vrai  Dieu; 
les  autres  sont  incrédules;  il  ^en  a  qui  ado- 
rent le  feu,  d'autres  le  soleil,  d'autres  di- 
verses -étoiles;  beaucoup  regardent  l'e«u 
comme  une  divinité.  Les  premiers  s'empres- 
sent autour  des  hommes  pieux  pour  les  pré- 
server de  tout  malheur  ainsi  que  du  péché; 
les  autres  cherchent  tous  les  moyens  pour 
nuire  aux  hommes,  pour  les  tourmenter  et 
pour  les  égarer,  ce  qui  leur  est  d'auisni 

Elus  facile  qu'ils  peuveot  se  rendre  iovisi- 
les  ou  prendre  la  forme  qui  leur  plalt.*L'an* 
ge  remonta  ensuite  à  travers  les  airs  comme 
une  colonne  de  feu,  et  il  revint  ensuite  a^ec 
une  foule  de  démons  dont  l'aspect  horrible 
fit  frissonner  Salomon,  en  dépit  de  la  puis- 
sance qu'il  avait  sur  eux.  Il  n'avait  pscra 
qu'il  pût  exister  des  êtres  aussi  hideui.  Luo 
avait  la  tète  d'un  homme  placée  «ur  le  <  -^ 
d'un  cheval  dont  les  pieds  étaient  comii» 
ceux  d'un  Ane;  des  ailes  d'aigle  se  trouvauni 
sur  la  bosse  d'un  dromadaire;  des  cornes -j'* 
gazelle  sur  la  tôte  d'un  paon.  L'ange  ex)»-'- 
qua  à  Salomon  que  celle  variété  monstrueuse 
de  formes  était  la  suite  des  dérèglements  dv^ 
mauvais  génies,  chez  lesquels  l'adultère  ei 
l'inceste  étaient  des  circonstances  dechaiUtf 
jour. 

«  Salomon  fit  réunir  en  un  i«nneau  j> 
quatre  pierres  précieuses  que  les  9né^  l>' 


ss 


SAL 


PART.  IH.^  LEGËiNDËS  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


854 


avaient  remises  et  qui  Fui  donnaient  un  em* 
pire  sans  l)ornes  sur  toute  la  nature.  Son 
premier  soin  fut  de  soumettre  les  démons  à  sa 
puissaoce.il  les  fit  touscomparaltredevantlui» 
à  Teiception  d'un  des  plus  puissants  nommé 
Sachr  q\ii  se  tint  caché  dans  une  tie  voisine 
deTOcéany  et  à  Texception  d*lbiisy  le  chef 
de  tous  les  esprits  méchants  »  Dieu  lui  ayant 
accordé  une  indépendance  complète  jusqu'au 
jour  du  jugement. 

4  Lorsque  les  démons  étaient  ainsi  réunis, 
Satoiuon  imprima  à  chacun  d'eux  sur  le  cou 
rempreintedesonanneau^atinde  les  marquer 
comme  ses  esclaves.  11  contraignit  les  esprits 
ou  djins  A  travailler  pour  lui,  les  employant 
surtout  à  la  construction  du  temple.  Les 
djios  femelles  furent  assujetties  h  faire  la 
cuisine,  à  laver,  filer,  lisser,  porter  de  l'eau 
et  exécuter  enfin  toute  la  besogne  réservée 
aux  femmes.  Salotnon  distribua*ajux  pauvres 
les  étoffes  qu'elles  confectionnaient.  Les 
mets  qu'elles  préparaient  étaient  placés  sur 
des  tables  qui  couvraient  une  superficie  d'un 
luille  i-arré»  et  chaque  jour  on  y  employait 
trente  mille  bœufs, autant  de  moutons  et  une 
foule  de  poissons  et  d'oiseaux.  Le  roi  pou- 
vait, au  moyen  de  son  anneau ,  s'en  pro- 
curer en  telle  quantité  qu'il  le  désir/<it. 

«Les  démons  et  les  djins  étaient  assis  à  des 
tables  de  fer,  les  pauvres  h  des  tables  de 
|)ois,  les  chefs  du  peuple  et  de  l'armée  à  des 
tables  d'argent,  les  docteurs  et  les  hommes 
renommés  pour  leur  piété  à  des  tables  d'or, 
etSalomon  lui-méuie  les  servait. 

«  Un  jour,  tous  les  esprits,  tous  les  hom- 
mes et  tous  les  animaux  s'élant  bien  rassasiés, 
après  leur  repas,  Salomon  demanda  à  Qieu 
de  lui  permettre  de  donner  un  jour  uu  repas 
à  toutes  les  créatures  qui  sont  sur  la  terre, 
«Tu  demandes  l'impossible^  »  répondit  le 
Seigneur;  x  commence  demain  matin,  avec 
les  créatures  qui  habitent  la  mer.  »  Salomon 
ordonna  aux  djins  de  charger  de  blé  cent 
mille  chameaux  et  autant  die  mulets,  et  de 
les  conduire  au  rivage  de  la  mer.  Lui-même 
h'y  rendit  et  cria  :  «  Venez,  habitants  de  la 
mer,  afin  que  j'apaise  votre  l'aiin.  »  Alors  une 
multitude  de  poissons  parurent  à  la  surface 
de  l'eau  ;  Salomon  leur  jeta  du  blé  jusqu'à 
qu'ils  fussent  rassasiés  et  ils  plon^^eaient 
ensuite.  Une  baleine  éleva  au-dessus  de 
Tonde  sa  tète  semblable  à  une  montagne. 
Salomon  ordonna  à  des  génies  ailés  de  jeter 
dans  cette  gueule  énorme  des  sacs  de  froment 
Tun  après  l'autre,  mais  la  béte  gigantesque 
ue  cessait  d'en  demander  davantage,  de  sorte 
qu'il  ne  resta  plus  un  seul  grain  de  blé. 
Alors  la  baleine  s'écria  :  u  Donue*moi  de  la 
nourriture  t  Salomon,  car  je  n'ai  jamais  res- 
senti une  faim  comparable  à  celle  que  j'é- 
prouve aujourd'hui.  »  Salomon  lui  demanda 
sH  Y  avait  encore  dans  la  mer  d'autre  pois* 
son  de  son  espèce ,  et  elle  répondit  :  i<  Il  y  a 
soixaivte-dix  mille  sortes  de  poissons  sem- 
blables à  moi,  et  le  plus  petit  d'entre  eux 
o^t  si  grand ,  que  tu  ne  serais  dans  son 
corpg  ^ue  comme  un  grain  de  sable  perdu 
fisns  l'immensild  du  désert.  » 


t  Alors  Salomon  se  jeta  par  terre  et  il 
se  mit  à  pleurer;  il  demanda  à  Dieu  par- 
don du  souhait  ambitieux  qu'il  avait  expri- 
mé. Le  Seigneur  lui  dit  :  n  Mon  empire  est 
plus  vaste  que  le  tien;  regarde  une  seule 
des  créatures  sur  lesquelles  je  ne  puis  don- 
ner à  aucun  homme  d  exercer  son  autorité.  > 
Alors  la  mer  commença  è  s'agiter  et  à  éco- 
rner, comme  si  elle  avait  été  bouleversée 
par  les  huit  vents,  et  il  en  sortit  un  mons- 
tre si  énorme,  qu'il  eût  sans  peine  avalé 
soixaute-dix  mille  poissons  de  la  taille  de 
celui  que  Salomon  n'avait  pu  rassasier,  et  il 
cria  d'une  voix  qui  ressemblait  au  plus  ef- 
froyable tonnerre  :  «  Béni  soit  Dieu  qui 
seul  a  la  puissance  de  m'empècher  de  mourir 
de  faim.  » 

«  Salomon  ,  revenu  h  Jérusalem ,  entendit 
le  bruit  terrible  que  faisaient  avec  leurs 
marteaux  et  leurs  scies  les  djins  qui  travail- 
laient à  construire  le  temple;  le  vacarme 
était  tel ,  que  les  habitants  de  la  ville  ne 
pouvaient  converser  entre  eux.  il  ordonna 
aux  génies  d'interrompre  leur  besogne  et 
leur  demanda  si  quelqu'un  d'entre  eux  \w 
connaissait  pas  un  moyen  pour  façonner  les 
métaux  sans  faire  autant  de  bruit.  Alors  un 
des  djins  dit  :  «  Il  n'y  a  que  le  puissant  Sachr 
qui  connaisse  ce  moyen,  mais  jusqu'ici  il 
est  parvenu  &  se  soustraire  h  ta  domination.  » 
«Ëst-il  impossible  de  parvenir  jusqu'à  lui?» 
demanda  le  roi.  Le  djin  répondit  :  «  Sachr 
est  plus  fort  que  nous  tous  réunis,  et  il  nous 
surpasse  en  rapidité  autant  qu'en  vigueur^ 
Je  sais  que  chaque  mois  il  vient  boire  à  une 
fontaine  qui  est  dans  le  pays  d'Hidjr;  peut* 
être  trouveras-tu  moyen ,  ô  sage  roi ,  de  le 
soumettre  à  ton  sceptre.  »  Salomon  ordonna 
à  une  troupe  de  djins  d*enlever  toute  l'eau  qui 
était  dans  la  fontaine  et  de  la  remplacer  par 
du  vin,  et  il  leur  recommanda  de  c^ster  ca- 
chés aux  environs  et  d'observer  ce  que  ferait 
Sachr.  Quelques  semaines  après,  Salomon 
se  trouvait  sur  la  terrasse  de  son  palais  lors« 
qu'il  vit  venir  un  djin,  plus  rapide  oue  le 
vent,  qui  accourait  du  côté  du  pays  d  Hidjr« 
et  il  lui  demanda  s'il  apportait  quelques 
nouvelles  au  sujet  de  Sachr.  Le  djin  répon- 
dit :  «  Sachr  est  ivre  et  il  est  étendu  auprès 
de  la  fontaine;  nous  l'avons  Hé  avec  des 
chaînes  aussi  grosses  que  les  colonnes  do 
ton  temple,  mais  il  les  brisera  aussi  facile- 
ment qu'un  cheveu  d'une  jeune  (ille  lors- 
qu'il viendra  à  se  réveiller.  »  Salomon  se  fit 
aussitôt  transporter  par  les  djins  auprès  de 
la  fontaine,  et  il  y  arriva  en  moins  d'une 
heure.  Il  était  temps,  car  Sachr  venait  d'ou- 
vrir les  yeux,  mais  ses  mains  et  ses  pieds 
étaient  encore  liés,  de  sorte  que  Salomon 

i)ut  appliquer  son  anneau  sur  ses  chaînes, 
iachr  jeta  un  cri  tel,  que  toute  la  terre 
trembla;  mais  Salomon  lui  dit  :  «  Sois  sans 
crainte,  puissant  djin  ;je  le  rendrai  la  liber- 
té aussitôt  que  tu  auras  indiqué  un  moyen 
de  percer,  sans  faire  du  bruit,  les  métaux 
les  plus  durs.  »  —  «  Je  ne  connais  point  ce 
que  lu  voudrais  savoir,  >*  répondit  Sachr, 
«  mais  le  corbeau  peut  te  donnée  là-dessus 
des  avis  certains.  Prends  les  œufs  qui  soot 


S55 


MCTIUNNAIRB  DES  APOCRYPHES. 


SS6 


dans  un  nid  de  corbeaa^et  couvre-les  d'une 
plaque  de  cristal  ;  tu  verras  comment  la 
mère  s'y  prend  pour  la  percer.  »  Salomoii 
suivit  le  conseil  de  Sachr.  L*oiseau ,  voyAut 

3uMI  ne  pouvait  briser  ni  percer  la  plaque 
e  cristal,  s*éloigna»  puis  revint  quelques 
heures  après  en  portant  dans  son  Lee  une 
pierre  qu  on  appelle  Somur,  et  le  crrstal  se 
zendit  en  deux  aussitôt  qu*il  eut  été  touché 
de  cette  pierre. 

«  Où  as -lu  pris  cette  pierre?  »  demanda 
Salomon  au  corbeau.  <t  Sur  une  montagne 
fort  éloignée  à  Torient ,  v  répondit  le  cor- 
beau. Le  roi  ordonna  à  quelques  djins  de 
suivre  le  cori)eau  et  d'apporter  plusieurs 
prerres  delà  même  espèce,  et  il  rendit  lali- 
nerié  à  Sachr,  ainsi  qu*il  le  lui  avait  promis. 
Aussitôt  que  les  djins  furentde  retour,  Salo- 
mon se  til  rapporter  à  Jérusalem,  et  il  dis- 
tribua les  pierres  aux  ouvriers  du  temple» 
c|ui  désormais  continuèrent  leur  besogne 
sans  faire  le  moindre  bruit  (865). 

«  Le  roi  se  tit  ensuite  construire  un  temple 
où  Tor»  Targent  et  les  pierres  précieuses 
étaient  aiccumulés  avec  une  opuli^nce  eomnie 
nui  roi  n*en  a  jamais  possédée.  De  nombreu- 
ses salles  avaient  un  parquet  de  cristal  et  un 
plafond  également  de  cristal.  Le  trône  était 
de  bois  de  sandat,  orné  d*or  et  de  pierres 
précieuses.  Tandis  qu'on  construisait  ce  pa- 
rais, Salomon  Ct  un  voyage  k  Damas,  atin 
de  visiter  cette  ville  dont  le  territoire  est 
arrosé  par  les  quatre  fleuves  qui  sortent  du 
j^aradis  terrestre^  Le  djin,  sur  le  dos  duquel 
il  fit  ce  voyage,  suivit  la  lisne  droite  et 
vola  ftU'dessttS  de  la  vallée  des  Fourmis, 
qui  est  entourée  de  montagnes  si  escarpées 
et  de  précipices  si  abruptes,  que  nul  homme, 
avant  Salomon,  n'avait  pu  la  voir. Le  roi  fut 
i^ès-étonjié  de  voir  au-dessous  de  lui  une 
foule  de  fourmis  qui  étaient  aussi  grosses 
(uie  des  loups  et  qui  avaient  les  yeux  et  les 
pieds  de  couleur  verte.  La  reine  des  four* 
mis  qui,  de  son  côté,  n'avait  jamais  aperçu 
un  homme,  fut  également  saisie  démoi 
lorsquelle  vit  Salomon  »  et  elle  cria  à  ses  su- 


jets :  «  Retirez- vous  au  pfos  vite  dins  m 
cavernes.  »  Mais  Dieu  lui  commanda  de 
réunir  tout  sou  peuple  ei  de  rendre  hom- 
mage h  Salomon,  le  seigneur  de  toas  tes 
animaux.  Quoique  Salomon  fût  à  uDe  dis- 
tance de  plus  de  trois  milles,  il  entendit  les 
paroles  de  Dieu  ainsi  que  celles  de  la  reine; 
il  descendit  et  il  vit  la  vallée,  aussi  iuin  que 
son  regard  pouvait  s'étendre,  toute  couYer(« 
de  fourmis ,  et  il  dite  la  reine  :  <  Pourijuoi 
me  crains-tu  ,  car  tes  tronpes  sont  tellemenl 
nombreuses,  qu'elles  pourraient coD<]uérir  le 
monde  enliei;?  »  La  reine  répondit  :  «  Je  ne 
crains  que  Dieu^  car  s;  quelque  dan^^iT 
menaçail  mes  sujets,  au  premier  signe  que 
ie  ferai,  il  en  paraîtrait soiiante-dix  fois  Au- 
tant que  tu  en  vois  autour  de  me».  » 

«  Pourquoi  as-tu  commandé  aux  fourmis 
de  se  retirer  lorsque  j'ai  passé  au-dessus  de 
la  vallée?  » 

«  Parce  que  je  craignais  qu'elles  tie  te  sui* 
vissent  du  regard  et  qu'ainsi  elles  ne  vins- 
sent un  moment  &  oumier  leur  Créateur.  > 

«  N'as-tu  pas  quelque  recommaudallou  à 
me  faire  avant  que  je  ne  parte?  > 

•  Je  ne  te  donnerai  qu'un  conseil»  dui 
de  ne  jamais  laisser  ton  anneau  quitter  ta 
main  sans  dire  auparavant  :  «  Au  nom  de 
Dieu  rempli  de  miséricorde.  »— «  Seigneur, 
s'écria  Salomon,  ton  empire  est  plus  graol 
que  le  mien;  »  il  prit,  ensuite  congé  de  h 
reine  des  fourmis. 

«  A  son  retour,  il  ordonna  au  djio  qui  1^ 
portait  de  prendre  un  autre  cheioin  aunde 
ne  pas  troubler  derechef  les  fourmis  dar^ 
leurs  sentiments  de  piété.  Arrivé  aux  fron- 
tières de  la  Palestine,  il  entendit  une  V'W 
qui  disait  :  «Mon  Dieu,  toi  qui  as  accordéiui 
amitié  à  Abraham,  délivre-moi  de  cette  v: 
infortiinée.x  Salomon  descendit, et  il  apen.i:; 
un  vieillard  accablé  par  Và^e  et  la  cadunii* 
et  tremblant  de  tous  ses  e^embres  :  <  {}^'^ 
es-tu  ?  ]»  lui  demanda  le  roi. 

«  Je  suis  un  Israélite  de  la  race  deJuda^» 

«  Quel  est  ton  Age  ?  » 


(865)  Gervalsde  Tûhwry  ((kia  imperkiia,  e.  fOI. 
p.  i8,  élit.  1856)  rapporte  ceUe  légende  avec 
i^uel«iue  diOérence  : 

c  Biblun,  civitatein  Phœiikiâe,  elegîi  Salomen  ad 
sculpetida  et  policnda  mannora  et  ligna  aadifica- 
tiunis  tenipii.  Tradunt  auiem  Judaii,  ad  celerioa 
eruderando»  lapides  Salomonrm  habuisse  saiigui- 
iiem  venniculî,  quem  dicunt  Ihamir,  que  conspersa 
iiiarmora  facile  secab^iitur.  llujus  auiein  rei  reper- 
(oriuio  hoc  fuit.  Erat  Satoiiioni  strulbio  habeni 
puUuni,  et  cuni  conclusisset  paliuni  in  vase  vilreo, 
skruibi»,  videos  pulluin,  neé  euin  poiens  habera,  de 
(leserlo  tulit  venniculum  rnjus  sanguine  vitruin 
llnivit,  et  iia  seclum  est.  \idens  auiem  Salomon 
cacumeii  rooniis  Morijie  aiigustum,  dejecit  el  in 
airesim  spaliis  amplioribus  difludit.  Sane  lemporibus 
B<i$lris  aub  Papa  Ab^xaniro  Ul,  Invenia  est  Rom» 
plitaia  plena  liquore  tacleu,  que  coiiftperfto  omnium 
fapidum  gênera  sculpturam  itieni  recipiebant,  uua- 
Wtn  nianus  insculpere  volenlis  prolrabebat.  Erat 
auiem  phiala  ex  anUquissimO  pafatio  elicila  ;  cujiis 
matériau)  aul  artiUcium  populus  Itoniauus  admira- 
batur.  ft 


Le  ver  que  Gervats  H  Pierre  Come$U)r  apivîJi''' 
tAffinir,  reçoit    dans  ïincent  de  Beaov^is  iV*^'^ 
lum  naluraU,  xx»  170),  le  non  dé  Uiamur.ti  aili^^> 
celui  de  ihumare. 

\ï  existe  dans  les  Mémoire$  ée  CAcodéwie  it< 
teienctt  utUet  à  Erfarl  {Denluckriflw  der  kômf 
Akad.  g^nuimàiziffer  Wi$^en$eh.  1854),  un  méiDtKrt 
de  Ga&sel  sur  cet  animal  fabuleux,  envisagé  au  p*'^' 
de  >ue  de  lliistiiire  naturelle  el  d«%  raichéuliO^* 
(Schamir.  Ein  auhâohg.  BeUrag  2Mr  Naittr.^^ 
Sagenkunde.)  .  , 

Un  récit  analogue ,  quant  au  fond  »  \  celui  c- 
Gervais,  se  trouve  dans  un  anoleii  petit  fn^ri"' 
aUemand  en  Hionneur  de  Salomon,  insén  ■'' 
Diemer  dans  ses  Deuisihe  €edUhte  des  I/w^^' 
iuhrh^  p.  107.  Dans  la  rédacktoii  aDgbisedcs6<^>;' 
Romanorum^  on  rencontre  de  même  une»tini<>e 
employant  le  ver  thumar  pour  fendre  des  ^^^P 
durs,  mais  au  lieu  de  S  loinon,  c'est  Diockiiieu  r 
est  mis  en  scène,  ct,  selon  Tusage  des  Ctno  tv 
dcdgurer  l'bistoire,  cet  empereur  est  dottoé  ^^^ 
un  modèle  de  bouté  ct  d*liumanitë^ 


857 


SÂL 


PART.  III.  --LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


858 


t  II  n  7  a  que  Dieu  qui  le  sache.  J*ai 
complé  niesnnnées  jusqu'au  nombre  de  trois 
cents;  depuis  il  a  pu  s*écouler  cinquante  ou 
&uixante  ans.  i» 

fl  Coinment  es-tu  arrivé  à  jiid  Age  que 
(lepuiii  la  aiort  d^Abrahaiu,  nul  tioôioie nal* 
teiul  plus  ?  ji 

•  J'ai  demandé  h  Dieu  de  voir,  avant  ma 
mort,  le  plus  puissant  des  prophètes.  » 

«  Ton  Souhait  est  accompli  :  prépare-toi  ^  la 
mort,  car  je  suis  le  roi  et  Je  prophète  Sala- 
inon,  h  qui  Dieu  a  accordé  une  puissance 
qu*ii  n'avait  jamais  donnée  à  un  mortel.  » 

<  A  peine  Salomun  avait-il   proféré   ces 

Enrôles  que  Tange  de  Ih  mort  se  montra  sous 
I  foniie  d*ua  homme,  et  il  prit  l'Ame  du 

vieillard. 

c  Tu  étais  sans  doute  tout  près  de  moi,» 
«iil Salomon  à  Tange,  «  puisque  tuas  apparu 
aussi  soudainement.  » 

c  Que  ton  erreur  est  grande.  Sache  que  je 
me  tiens  sur  les  épaules  d*un  ange  dont  la 
lèie  dépasse  le  septième  cial  d'une  hauteur 
que  dix  mille  aassudiraieût  à  peine  à  par- 
courir, et  dont  les  pieds  embrassent  au- 
dessous  de  la  terre  uu  espace  qui  exigerait 
eiriq  cefits  ans  pour  qu'on  en  fit  le  tour. 
Telle  est  la  force  de  cet  ange  que  si  Dieu  le 
lui  permettait,  il  anéantirait,  sans  le  moindre 
effurt,  la  terre  et  tout  ce  qu'elle  contient. 
Cest  lui  qui  me  fait  savoir  où  et  quand  je 
(lois  recueillir  une  Ame.  Il  a  toujours  le  re* 
garii  fixé  sur  l'arbre  Sidrat  Almuntaha  qui 
porte  autant  de  feuilles  qu'il  y  a  d'hommes 
sur  la  terre  ;  sur  chaque  feuille  est  inscrit  le 
nom  d'une  créature  humaine.  Chaque  fois 
qu'un  bomme  vient  au  monde,  une  nouvelle 
ieuille  pousse,  et  chaijue  fois  que  la  fin  d'un 
mortel  arrive,  la  feuille  qui  porte  son  nom 
tombe  de  l'arbre;  au  même  instant  j'arrive 
ei  je  suis  auprès  de  l'homme  aûn  de  recevoir 
sou  Aoje.  » 

«  Qu'eo  fais-  tu  et  où  les  émmènes^tu  ?  » 

«  Gabriel  m*accoropaçne  toutes  les  fois 
qu'un  croyant  meurt;  ]i  enveloppe  TAme 
dans  une  pièce  de  âoieverte  et  un  oiseau  vert 
la  porte  dans  le  paradis  où  eito  reste  jus - 
^u  au  jour  du  jugement.  J'envelappe  l'Ame 
oes  pécheurs  dans  une  étoffe  grossière  de 
laÎQe  enduite  de  poix  et  je  la  placée  la  porte 
de  l'enfer,  jusqu'au  jour  du  jugement.  » 

«  Salomon  remercia  l'ange  de  la  mort  et 
le  pria,  lorsque  viendrait  son  trépas,  de  le 
tenir  caché  à  tous  les  hommes  et  a  tous,  les 
jljins.  Il  lava  ensuite  le  corps  du  vieillard^ 
1  ensevelit  et  pria  pour  luK 

«  Ce  voyage  avait  tellement  fatigué  Salo- 
inoAt  que»  revenu  &  Jérusalem,  il  lit  tisser 
P^r  les  génies  de  grands  tapis  de  soie  sur 
l<^squels  il  pouvait  se  placer»  lui  et  sa  suite 
et  tous  les  meubles  nécessaires.  Lorsqu'il 
voulait  faire  un  voyage,  il  faisait  étendre  un 
<ie  ces  tapis  devant  la  porte  de  la  ville  ;  on  y 
logeait  ce  que  le  roi  avait  l'intention  d'em- 
porter;ilordonnait  aux  huit  vents  dol'en- 
ieTer,et  assis  sur  sou  tr&ne,  il  les  dirigeait 


à  travers  les  airs,  tout  comme  s'il  guidait  des 
chevaux. 

<  Une  nuit,  Abraham  lui  apparut  en  songe 
et  lui  dit  !  «  Dieu  l'a  mis  au-dessus  de  tous 
les  autres  enfants  des  hommes  sous  le  rap- 
port de  la  sagesse  et  de  la  puissance;  il  t'a 
soumis  les  djins  qui  construisent  pour  toi 
un  (ample  tel  que  la  terre  n'en  a  pas  encore 
porté;  il  t'a  donné  l'em^pire  sur  les  venis 
qui  te  rendent  le  service  que  me  rendit  un 
jour  le  cheval  ailé  Borak,  c]ui  séjournera 
daas  le  paradis  jusqu'à  la  naissance  de  Ma- 
homet. Montre  donc  ta  reconnaissance  pour 
le  vrai  Dieu>  et  profile  de  la  facilité  avec 
laquelle  tu  peux  te  Inmsporler  d'un  endroit 
à  un  autre  pour  visiter  la  ville  d'iathrih 
(Médine),  qui  prêtera  un  jour  un  refuse  et 
un  abri  au  plus  grand  des  prophètes;  visite 
aussi  la  ville  de  la  Mecque,  qui  sera  le  lieu 
de  sa  naissance  et  le  temple  saint,  qui  le 
premier  a  été  élevé  après  le  déluge*,  et  que 
j'ai  construit  avec  l'aide  de  mon  lils  K^nitiël 
(la  paixsoit  sur  lui).  * 

«  Le  lendemain  matin,  Salomon  Qt  savoir 
qu'il  allait  entreprendre  un  pèlerinage  h  \tt 
Mecque,  et  que  tout  Israélite  qui  voudr^yt 
raccompagner,  pourrait  se  joindre  à  lui.  Il 
se  présenta  un  si  grand  nombre  de  pèlerins 
que  Salomon  dut  faire  tisser  par  les  génies 
un  nouveau  tapis  qui  avait  un  mille  cane 
de   long  et  autant  de  large.  Ln  place  qui 
restait  vide  fut  remplie  de  chameauî,  de 
Jjoaufsetde  besliaux  destinés  à  être  sacrifiés  à 
la  Mecque  ou  à  être  distribués  aux  pauvres. 
Le  roi  fit  construire  pour  lui  un  pavillon  qui 
était  décoré  d'un  si  grand  nombre  de  pierres 
précieuses    que    personne    ne    pouvait  y 
arrêter  les  yeux,  tant  l'éclat  en  élait  vif. 
Des  sièges  d  or  étaient  placés  k  l'entour  et 
réservés  aux  hommes  fameux  par  leur  piété; 
des  sièges  d'argent  étaient  destinés  aux  doc- 
teurs, et  des  sit^ges  de  bois  à  la  masse  du 
peuple;  des  géaies  et  des  démons  devaient 
voler  devant  le  roi,  car  il  ne  se  Hait  point  à 
eux,  et  il*  voulait  toujours  les  avoir  sous  les 
yeux»  et  il  buvait  toujours  dans  des  vases 
de  cristal  qu'il  ne  perdait  pas  de  vue.  Les 
oiseaux  devaient  voler  au-dessus  du  tapis 
en  rangs  serrés  aOn  de  préserver  des  rayoni 
du   soleil  ceux  qui  s'y  trouvaient  réunis*. 
Tout  étant  disposé  et  mis  en  bon  ordres 
Salomoa  ordonna  aux  vents  de  soulever  la 
tapis  et  de  le  porter  à  laihrib.  £n  approchani 
de  cette  ville,  il  Gt  un  signe  aux  oiseaux;, 
ils  replièrent  leurs  ailes,  et  le    tapis  des- 
cendit doucement  à  terre,  mais  personne  na 
dut  bouger  de  l'endroit  où  il  était,  pano 
que  la  ville  d'Ialhrib  élait  au  pouvoir  d'un 
peuple  infidèle.  Salomon  se  rendit  seul  à 
l'endroit  ou  Mahomet  devait  plus  tardériger 
la  première  mosquée  ;  c'était  un  cimetière; 
je  roi  y  fit  la  prière  de  midi,  il  revint  ensuite 
vers  le  tapis,  et,  d'après  son  ordre,  les  venta 
l'apportèrent  auprès  de  la  ville  de  la  Mecque 
qu  occupaient  alors  les  Djorhamidns,  peupla 
de  l'Arabie  méridionale;  ils  adoraient  lè^ 
Dieu  unique  et  ils  gardaient  la  Caaba  aussi 
puredu  culte  des  ulules  (lu'elle  lavait  été 


839 


DICTIONNAIRE  DES  APOCHTPHES. 


m 


au  leœps  d'Abraham  et  dlsmaëK  Salomon  se 
rendit  dans  la  ville  avec  tous  ceux  qui 
i*ACcompagnaien(;  il  accomplit  toutes  les  cé- 
rémonies prescrites  aux  pèlerins,  et  il 
saeriGa  les  victimes  apportées  de  Jérusalem. 
11  tit  ensuite  dans  la  Cauba  un  long  sermon 
d^us  lequel  il  prédit  la  naissance  future  d*un 

r}p)iète  dans  cette  ville,  et  il  recommanda 
tous  ses  auditeurs  d'inculquer  h  leurs 
enfants  et  à  leurs  petits-enfants  la  foi  dans 
renvoyé  de  Dieu. 

ff  Après  avoir  séjourné  trois  jours  à  la 
Mecque,  Salomon  voulut  retourner  à  Jéru- 
salem. Lorsque  les  oiseaux  reprirent  leur 
voj,  et  lorsque  le  tapisse  mit  en  mouvement, 
leVoi  s*aperçut  qu'un  rayon  de  soleil  venait 
le  frapper,  ce  qui  lui  montra  que  l'un  des 
oiseaux  avait  quitté  son  poste.  Il  appela 
Taille  auprès  de  lui,  et  lui  commanda  d  ap- 
peler chacun  des  oiseaux  par  son  nom  et  de 
voir  quel  était  celui  qui  manquait.  L'aigle 
revint  bientôt  avec  la  nouvelle  que  la  huppe 
avait  déserté.Saloaion  fut  très-irrilé,  d'autant 
plus  qu'il  ne  pouvait  se  dispenser,  en  tra- 
versant le  déser;,de  l'assistance  de  la  huppe 
aGn  de  découvrir  les  sources  les  plus  pro- 
fondes. «Elève-toi  au  haut  des  airs»  >  dit  le 
roi  à  l'aigle,  «  et  cherche  la  huppe  avec  te 
plus  grand  soin;  amène-la  ensuite  ici,  aPui 
que  je  la  chAtieen  lui  arrachant  toutes  ses 
plumes  et  en  l'exposant  au  soleil  jusuu'à  ce 
que  la  vermine  de  la  terre  l'ait  dévorée.  » 

n  L'aigle  s'éleva  dans  le  ciel  &  une  hau- 
teur telle  que  la  terre  ne  lui  paraissait  plus 
que  comme  un  point  ;  il  s'arrêta  alors  et 
regarda  dans  toutes  les  directions  s'il  pouvait 
découvrir  la  huppe.  Il  la  vit  enGn  qui  venait 
du  côté  du  sud,  et  descendant  aussitôt,  il 
vola  vers  elle  et  il  voulut  la  saisir  entre  ses 
serres.  La  huppe  lui  demanda,  au  nom  de 
Salomon,  dé  ne  pas  la  traiter  avec  rigueur. 
«  Oses-tu  encore,  répondit  Taigle,  invoquer 
le  nom  de  Salomon?  Ta  mère  pourra  le 
pleurer.  Salomon  est  irrité  contre  toi,  car  il 
ne  t'a  pas  trouvée,'et  il  a  juré  qu'il  t'fuQige- 
rait,  è  cause  de  ta  désobéissance,  une  puni- 
tion sévère.  » — «  Mène-moi  vers  lui,  »dit  la 
huppe  ;  «  je  sais  qu'il  excusera  mon  absence, 
lorsqu'il  saura  ou  j'ai  été  et  ce  que  je  suis 
è  roî^mede  lui  annoncer.  » 

«  L'aigle  conduisit  alors  la  huppe  devant 
Salomon  qui  était  assis  d'un  air  courroucé 
sur  le  trône  où  il  rendait  la  justice  et  qui 
appela  avec  précipitation  l'oiseau  coupable 
qui  tremblait  de  tout  son  corps,  et  qui,  en 
sizne  de  soumission,  laissait  pendre  ses 
ailes.  Salomon  la  regardant  avec  colère,  la 
^uppe  s'écria: «Songe,  prophè.tede  Dieu, que 
tu  as  aussi  ton  compte  h  rendre  à  Dieu;  ne 
mejugedonc  pas  avantdem'avoir entendue.» 

«  Comment  peux-tu  te  justiGer  de  l'être 
éloignée  sans  ma  permission  ?  » 

«Je  t'apporte  des  nouvelles  d'un  pavs  et 
d'une  reine  dont  tu  n'as  jamais  entendu  le 
nom  ;  je  veux  dire  du  pays  de  Saba  et  de  la 
reine  Balkis.  » 

«  Ces  noms  me  sont  en  effet  complclu- 


ment  inconnus  ;  qui  est-ce  qui  t'a  dcané  it$ 
nouvelles  de  ce  pays  et  de  cette  reioe  ?  » 

I  C'est  une  'huppe  de  ce  pnys-lè  que  je 
rencontrai  en  faisant  une  petite  excursioott 
à  laquelle  je  parlai  de  loi  et  de  ta  grao<Jc 
puissance.  Elle  fut  étonnée  de  ce  que  too 
nom  n'était  pas  encore  parvenu  jusqu'au 
royaume  de  Saba,  et  elle  m'engagea  k  ïèc» 
compagner  aGn  que  je  pusse  me  coovaiocro 
que  ce  pavs  méritait  bien  que  tu  le  coo* 
nusses.  Elle  me  raconta  en  chemin  toute 
l'histoire  merveilleuse  de  ce  pays  josqiùu 
gouvernement  de  la  reine  actuelle  qui  com- 
mande à  une  armée  tellement  nombreuse 
qu'il  faut,  pour  la  conduire,  douze  uii'. 
généraux.  » 

«  Salomon  remit  la  huppe  en  liberté  et  Ini 
ordonna  de  raconter  ce  quVIle  avait  appru 
au  sujet  du  royaume  de  Sabai  celle-ci  fit  le 
récit  suivant: 

«  Sache,  grand  roi  et  prophète^  que  Saba 
est  le  nom  de  la  capitale  d*un  grand  pays  eu 
sud  de  l'Arabie.  Elle  fut  bAtie  par  le  roi 
Saba,  Gis  de  laschhub,  Gis  de  Jurub,  fiUde 
Kachlan.  Ce  roi  s'appelait  d'abord  AM 
Schems  (serviteur du  soleil),  mais  il  reçulle 
surnom  de  Saba  (celui  qui  prend  des  captif»'. 
à  cause  de  ses  nombreuses  conquêtes.  Cette 
ville  était  la  plus  grande  et  la  pfus  belle  qui 
ait  jamais  été  construite  par  la  main  des 
hommes,  et  elle  était  si  forte  qu'elle  aurait 
pu  déGer  toutes  les  troupes  de  la  terre.  £  !? 
était  au  milieu  de  jardins  délicieux,  et  de 
superbes  édiGces  de  marbre  la  décoraient. 
Dans  le* but  de  préserver  la  contrée  d<>$ 
inondations,  à  l'époque  des  pluies,  et  de  )*.i 
fournir  Teau  nécessaire  en  un  temps  de  sé- 
cheresse, Saba  avait,  suivant  le  conseil  du 
sage  Lokman,  fait  élever  d*immenses  chao^- 
sées  et  creuser  des  canaux.  Ce  pays  <(taii  le 
plus  fertile  et  le  plus  riche  du  monde  enlier, 
et  son  étendue  était  telle  qu'il  faudrait  à  uo 
bon  cavalier  un  mois  entier  pour  le  traverser 
d'une  extrémité  à  l'autre.  Il  était  partout 
eouverl  des  plus  beaux  arbres,  de  sorte  que 
le  voyageur  n^était  nullement  incoromooé 
de  la  chaleur  du  soleil.  L'air  était  srpur  et 
le  ciel  si  clair  que  les  habitants  jouissaient 
constamment  d  une  santé  parfaite  et  parre- 
naient  à  un  très-grand  Age.  Le  pays  de  Su* 
était  un  diadème  sur  le  front  de  ruQiîer>. 

«  Cette  prospérité  dura  tant  qu'il  plui  >  j 
Dieu.  Après  Saba,  survint  une  longue  suiie 
de  rois  qui  jouirent  des  fruits  de  la  $age5M> 
de  Lokman,  sans  songer  h  les  entretenir. 
Mais  le  temps  travailla  à  les  détruire.  U^^ 
torrents  qui  descendaient  des  montagne) 
minèrent  les  chaussées  qui  retenaient  leur? 
eaux  et  tes  distribuaient  ea  divers  canaut; 
elles  s'écroulèrent  enGn,et  le  pays  touleulitr 
fut  ravagé  par  une  effroyal>le  inondalwo. 
Les  premiers  indices  d'un  malheur  pn)chAio 
se  montrèrent  sous  le  roi  Amrou.  De  soo 
temps,  la  prêtresse  Dharifa  vit  en  songf  un 
gnind  nuage  noir  qui  s'abattait  sur  le  pa}^ 
au  milieu  d'un  orage  affreux,  et  qui  le  rava- 
geait. Elle  Gt  part  de  ce  rêve  au  roi,  et  e.  e 
I  instruisit  des  nviuiétud'^s  qu'elle  éprouva. 


u\ 


SAL 


PART.  1».  -^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


SGI 


Le  roi  et  ses  courtisans  ne  s*en  émurent  pas 
et  continuèrent  de  mener  une  vie  insoucieuse 
et  dissipée.  Un  jour^  tandis  qu*Amrou  pré- 
sidait un  festin  où  la  sobriété  n'était  nulle- 
ment  observée,  la  prêtresse  vint  à  li^i,  les 
cheveux  épars,  le  visage  tout  troublé,  et  elle 
iui  prédit  derechef  que  le  pays  serait  bien- 
tôt frappé  d'une  grande  calamité.  Le'  roi, 
sortant  de  la  salle  du  banquet,  fit  asseoir  la 
prêtresse  auprès  de  lui,  et  lui  demanda  ce 
qui  Ini  avait  annoncé  de  pareils  malheurs. 
Dharifa  répondit  :  «  J*ai  rencontré  sur  ma 
route  des  rats  de  couleur  rouge  qui,  se  te- 
nant surleurs  pattes  de  derrière,  s'essuyaient 
!(S  yeux  avec  celles  de  devant,  et  j'ai  vu  une 
tortue  qui,  renversée  sur  le  dos,  s'efforçait 
eo  rain  de  se  retourner;  tels  sont  les  pré- 
sages d'une  inondation  qui  replongera  bien- 
tôt ce  pays  dans  le  triste  état  où  il  était 
jadis.  » 

(Quelles  preuves  peux-tu  me  donner  de 
la  Térilé  de  tes  assertions?  » 

«  Va  à  la  chaussée^  et  tu  t'en  convaincras 
de  tes  yeux.  » 

•  Le  roi  alla  vers  la  chaussée,  mais  il  re- 
vint bientôt,  les  traits  tout  décomposés,  et 
ii  dit  à  Dharifa  :  <  J'ai  vu  un  spectacle 
liïrayanL  Trois  rats  rouges,  aussi  gros  que 
des  sangliers ,  s'accrochent  à  la  chaussée 
9vec  leurs  dents  et  arrachent  avec  leurs 
Dattes  de  devant  dps  pierres  que  cinquante 
hommes  ne  pourraient  ébranler.  »  Le  roi 
eut  ensuite  un  rêve  dans  lequel  il  vit  le 
somQiet  des  plus  grands  arbres  couverts  de 
sable.  11  résolut  de  se  soustraire  par  la  fuite 
à  cette  catastrophe,  mais  voulant  vendre  à 
un  bon  prix  ses  châteaux  et  ses  biens,  il  fit 
un  mystère  de  son  projet,  et  il  s'avisa  du 
moyen  suivant  pour  donner  uu  prétexte  k 
m  voyage.  Il  commanda  un  banquet  auquel 
assistaient  les  plus  grands  lonctionnaires  du 
royaume  et  les  généraux,  et  il  ordonna  à 
son  Qls  de  lui  donner  un  soufflet  à  la  suite 
d'une  contestation  qu'ils  feindraient  d'avoir 
ensemble.  La  chose  eut  lieu;  le  roi  tira  son 
épée  et  voulut  tuer  son  fils.  Les  assistants 
Ten  empêchèrent,  ainsi  qu'il  l'avait  prévu, 
et  Grent  promptement  éloigner  le  prince. 
Le  fui  jura  alors  de  ne  pas  rester  daps  un 
pa}s  où  il  avait  reçu  un  pareil  affront;  il 
vendit  ce  qu^il  possédait  et  il  s'éloigna. 

«Peu  de  temps  après  son  départ,  la  catas- 
trophe annoncée  survint;  les  eaux  rompirent 
la  digue,  elles  submergèrent  la  ville  et  tous 
les  environs;  la  plupart  des  habitants  purent 
toutefois  se  sauver  sur  les  montagnes; 
instruits  par  le  malheur,  ils  s*aniendèrent 
et  firent  pénitence,  et  ils  réussirent  bientôt, 
avec  l'aide  de  Dieu,  h  relever  de  nouvelles 
digues  et  à  rendre  à  leur  pays  un  haut  degré 
de  puissance  et  de  bien-être  qui  se  maintint 
sous  les  rois  qui  suivirent  Amrou  ;  ceux-ci 
ne  tardèrent  cependant  pas  à  retomber  dans 
l^urs  méfaits  et  à  adorer  le  soleil,  au  lieu 
do  rendre  un  culte  au  créateur  du  ciel  et  de 
la  terre.  Le  dernier  roi  de  Saba,  qui  s'appe- 
lait Scliarahbit,  poussa  la  tyrannie  si  loin 
((u'aucuae  fille  ne  pouvait  se  marier  dans 


ses  Etats  sans  s'être  d^abord  abandonnée  à 
lui.  Ce  rot  avait  un  vizir  descendu  de  l'an- 
cienne race  royale  des  Himiarilhes  et  qui 
était  si  beau  que  les  filles  des  djins  elles- 
mêmes  prenaient  plaisir  è  le  voir,  et  souvent 
elles  se  transformaient  en  sazelles  et  se 
plaçaient  sur  son  chemin  afm  de  le  regarder. 
Une  d'elles  (son  nom  était  Umeira)  conçut 
pour  lui  une  passion  si  vive  qu'oubliant  la 
distance  qui  sépare  la  race  humaine  do 
celle  des  djins,  elle  lui  apparut,  un  jour 
lorsqu'il  était  à  la  chasse,  sous  la  forme 
d'une  femme  d'une  grande  beauté,  et  elle  lui 
offrit  sa  main,  à  condition  qu'il  la  suivrait  et 
qu'il  ne  lui  demanderait  jamais  compte  de  ses 
actions.  Le  vizir  trouva  ce(te  fille  des  djins 
tellement  admirable  qu'il  promit  de  faire 
tout  ce  qu'elle  voudrait.  Elle  se  retira  avec 
lui  dans  une  île  de  l'Océan  qui  était  sa 
patrie,  et  elle  l'épousa.  Au  bout  de  neuf 
mois,  elle  mit  au  monde  une  fille  qu*elle 
appela  Balkis,  et  peu  de  temps  après,  elle  se 
sépara  de  son  mari,  parce  qu'il  cherchait 
parfois  è  connaître  les  motifs  qui  la 
portaient  à  des  démarches  dont  il  ne  pouvait 
pas  se  rendre  compte.  Le  vizir  revint  av.ec  sa 
fille  dans  son  pays,  et  i}  vécut  caché  dans 
une  vallée  éloignée  de  la  capitale.  Balkis  en 
grandissant  croissait  en  beauté  d'une  façon 
merveilleuse,  ce  qui  inquiétait  fort  son  père, 
car  il  craignait  que  le  roi  ne  vint  à  la  dé- 
couvrir et  ne  la  ménageât  pas  plus  que  les 
autres  jevtncs  filles  du  pays.  La  volonté  do 
Dieu  fut  que  ses  précautions  restèrent  inu- 
tiles. Le  roi,  voulant  examiner  par  lui-même 
la  situation  de  ses  Etats  et  l'opinion  de  ^es 
sujets,  se  déguisa  en  mendiant  et  parcourut 
le  pays;  arrivé  dans  l'endroit  ou  était  le 
vizir,  il  entendit  beaucoup  parler  de  lut  et 
de  sa  fille;  personne  ne  savait  qui  il  était, 
d'oill  il  était  venu  et  pourquoi  il  m^^nait  une 
vie  aussi  retirée.  Le  monarque  entra  chez 
son  ancien  ministre  au  moment  où  il  étnit  à 
table  avec  Balkis,  âgée  de  treize  ans  et  aussi 
belle  qu'une  houri  du  paradis,  car  à  la  grâce 
de  l'espèce  humaine,  elle  joignait  la  majesté 
des  djins  et  l'éclat  do  leur  teint. 

«  Quel  ne  fut  pas  l'étonnement  de  Scha- 
rabhil,  lorsqu'il  reconnut  son  vizir  dont 
personne  ne  connaissait  le  sort  depuis  bien 
des  années  1  Le  ministre  tomba  aux  pieds  du 
roi,  implora  son  pardon  en  pleurant  et  ra- 
conta ce  qui  lui  était  arrivé.  Scharabhil  lui 
pardonna,  par  amour  pour  Balkis  ;  il  l'enta; 
gea  à  reprendre  son  ancien  emploi, et  ii  jui 
donna  pour  séjour  un  très-beau  château 
auprès  de  la  ville. 

«  Fort  peu  de  temps  après,  le  vizir  vint 
un  soir  auprès  de  sa  fille,  l'air  fort  soucieux, 
et  il  lui  dit  :  «Ce  que  je  craignais  est  arrivé. 
Le  roi  me  demande  ta  main;  je  ne  puis  re- 
fuser sans  courir  risque  de  perdre  la  vie,  et 
cependant  j'aimerais  mieux  te  voir  descendre 
au  tombeau  que  de  te  livrer  è  ce  tyran  cor- 
rompu. »— «  Soissans crainte,  mon  père,  »dit 
Balkis,  Jt  je  saurai  medélivrer,.ainsi  que  tout 
mon  sexe,  des  prétentions  de  ce  mauvais 
prince;  montre-lui  un  front  serein  afin  qu'il 


663 


DICTIONNAIRE  DES  APOCUTraES. 


«Si 


QG  conçoive  «ucun  soupçon  et  demaode-lui 
seulement  que  la  noce  soit  célébrée  ici  et 
êans  pompe.  » 

«  Le  foi  souâcriYii  sans  difficulté  h  ce  dé« 
sift  et  le  lendemain  »  accompagné  seulement 
de  quelques  serviteurs»  il  se  rendit  au  palais 
du  Tizir.  Il  y:  trouva  un  superbe  banquet 
tout  prépnré;  le  vizir  se  retira  ensuite  avec 
tous  les  as:>i$tanls;  Balkis  resta  avec  le  roi 
et  avec  quatre  esclaves;  Tune  cbantait»  la 
seconde  jouait  de  la  harpe,  la  troisième 
dansait)  la  quatrième  versait  è  boire  au  mo- 
narque; celui-ci  se  livra  avec  si  peu  de  re- 
tenue au  plaisir  de  boire  les  vins  les  plus 
doux  qu*il  tomba  privé  de  connaissance. 
Balkis  prit  alors  un  poignard  qu'elle  avait 
caché  sous  ses  vêtements,  et  elle  perça  le  roi 
dont  rame  descendit  aussitôt  dans  l'enfer. 
Elle  appela  ensuite  son  père  et,  lui  montrant 
Je  cadavre  du  monarque,  elle  lui  dit  :  «  De- 
main malin,  transmets,  au  nom  du  roi, 
Tordre  aux  principaux  habitants  de  la  ville 
et  aux  chefs  de  Tarmée»  d'envoyer  ici  leurs 
filles.  11  en  résultera  un  mouvement  dont 
nous  ferons  notre  proGt.  » 

«  Balkis  ne  s'était  pas  trompée.  Les  pè.es 
auxquels  on  avait-ordouné  de  livrer  leurs 
filles,  furent  remplis  de  fureur,  et  réunis- 
sant leurs  amis,  ils  se  rendirent  au  palais 
du  vizir,  menaçant  d'y  mettre  le  feu,  si  on 
ne  leur  livrait  pas  le  roi.  Balkis  lui  ccsupa 
la  tète  et  la  jeta  par  la  fenêtre  à  la  foule 
ameutée.  Alors  s'éleva  un  grand  cri  de  joie, 
toute  la  ville  futilluminée,  et  Balkis  dérlarée 
reine,  comme  protectrice  des  jeunes  lllles.  » 

«  La  huppe  continua  ensuite  son  récit  : 
c  La  i-eine  Balkis  gouverne  son  pays  depuis 
longues  années  avec  beaucoup  de  sagesse  et 
de  prévoyanr.o  ;  elle  y  fait  régner  la  justice 
et  elle  le  maintient  dans  une  grande  pros- 
périté. Elle  assiste  à  toutes  les  séances  du 
conseil  de  ses  ministres  sur  un  tr&ne  d'or, 
fort  élevé,  décoré  avec  goût  et  orné  de  pier- 
res précieuses;  un  rideau  très-On  est  de*- 
vaut  elle  et  la  met  à  l'abri  des  regards  des 
hommes  ;  elle  .adore  le  soleil ,  ainsi  que  le 
faisaient  les  rois,  ses  prédécesseurs.» 

«  Lorsque  l'oiseau  eut  achevé  sa  narra- 
tion, Salomon  dit  :  ^  Nous  Voulons  savoir  si 
tu  as  dit  la  vérité  ou  si  tu  appartiens  à  la 
racci  des  menteurs.  »  Il  se  fit  indiquer  une 
source  par  la  huppe,  il  se  purifia,  il  pria  et  il 
écrivit  en*suiteles  lignes  suivantes  : 

^  Salomon,  fils  de  David  et  serviteur  de 
Dieu,  i  Balkis,  reine  deSaba. 

€  Au  nom  de  Dieu,  plein  de  miséricorde, 
salut  à  celui  qui  suit  sa  direction.  Accom- 
plissez donc  ou  que  je  vous  recommande  et 
reconnaissez  ma  domination.  » 

«  Il  cacheta  cette  lettre  avec  du  musc,  il  y 
appliqua  son  anneau  et  il  la  remit  à  la  huppe 
en  disant  :  «  Porte  cette  lettre  à  la  reine 
Balkis  et  reviens  ensuite,  mais  ne  t'éloigne 
pas  trop  afin  de  pouvoir  connaître  le  parti 
Que,  de  concert  avec  ses  ministres,  elle  pren- 
dra à  cet  égard.  »  La  huppe,  tenant  la  lettre 
en  son  bec,  partit  comme  une  flèche,  et  le 


lendemain ,  elle  arriva  auprès  de  la  reine  : 
celle-ci  était  sur  son  trône,  entourée  i^ 
tous  ses  conseillers,  lorsque  le  messager  ai  i^* 
se  présenta  devant  elle  et  lui  remit  la  de- 
pêche.  Dès  que  la  reine  vit  le  sceau  pyjssai.t 
de  Salomon ,  elle  fut  émue,  elle  oevrii  >a 
lettre  avec  empressement ,  et  après  ïûm: 
lue,  elle  en  donna  coanaisaance  à  ses  coq- 
seillers,  parmi  lesquels  étaient  les  géoéraui 
de  ses  armées,  et -elle  leur  demacda  kv.r 
avis  dans  cette  circonstattce  importante.  1  ^ 
répondirent  d'une  voix  unanime:  cTuih^ji 
compter  sur  notre  courage  et  sur  notre  liJv 
lité  ;  agis  selon  ta  sagesse.  »  Balkis  iiii  : 
«  Avant  de  me  laisser  entraînera  uoegiier^ 
qui  est  toujours  pour  un  pays  la  source  .<; 
beaucoup  de  souffrances,  j'enverrai  ôêsyr^- 
seuls  au  roi  Salomon,  et  je  verrai  de  quei.  ; 
manière  il  les  recevra.  S'ii  les  accueilje,  !i 
n'est  pas  au-dessus  des  autres  rois  dOQ(o<>i:> 
n'avons  pas  à  craindre  la  puissance  ;  s'il  <-> 
repousse,  c'est  un  vrai  prophète,  et  nou)  de- 
vons nous  conformer  à  ses  intentions.  > 

<(  Balkis  fit  alors  donner  des  habits  'ii 
filles  à  cinq  cents  jeunes  gens  et  des  nèw- 
ments  d'hommes  à  autant  déjeunes  ni)e>,  a 
elle  commanda  ou 'ils  se  présentassent  ain^i 
déguisés  devant  Salomou.  Elle  fit  prépart^r 
aussi  mille  tapis  de  fil  d'or  ou  d*argentt  uue 
couronne  ornée  de  peiles  et  de  pierres  pré- 
cieuses de  la  plus  grande  beauté,  etde^Tan* 
des  quantités  d'ambre,  de  musc,  d'aioèsn 
d'autres  produits  de  l'Arabie.  Elle  y  joi.;n  i 
une  boite  fermée  dans  laquelle  elle  pl*^;} 
une  perle  gui  n'était  pas  percée,  un  diainar.; 
troué  en  zigzag  et  une  coupe  en  cristal.  B  e 
écrivit  ensuite  à  Salomon  :  «  Si  tu  es  un  uui 
prophète,  tu  seras  en  mesure  de  distinguer 
les  jeunes  gcnâ  d'avec  les  jeunes  fiiie^,  j? 
deviner  ce  que  contient  la  botte  fermée,  i 

(icrcer  la  perle,  et  de  faire  passer  un  lii  à 
ravers  le  diamant,  enfin  de  remplir  la  cou;' 
d'une  eau  qui  n'est  (>oint  descendue  da  ci 
et  qui  n'est  pointsortie  do  la  terre.  »EIiere- 
mit  ces  présents  et  sa  lettre  aux  horames  :  ^ 
plus  éminents  de  ses  Etats,  et  elle  leur! 
en  les  congédiant  :  «  Si  Salomon  vous  re<v '. 
avec  dureté  et  avec  arrogance,  ne  vous  lais- 
sez point  intimider;   ce  sont  des  signes  o 
faiblesse.  S'il  vous  accueille  avec  bieuTei! 
lance  et  avec  douceur,  tenez-vous  sur  r^> 
gardes,  car  vous^avez  affaire  à  un  t)rophète.' 

«  La  huppe  entendit  ces  paroles,  car  elle 
6e  tint  auprès  de  la  reine  jusqu'à  ce  que  id 
envoyés  lussent  partis.  Elle  vola  alors  n\ 
ligne  droite,  sans  prendre  aucun  repos  jus- 
qu'à ce  qu'elle  eut  rejoint  Salomon.  et  t^i'c 
lui  fil  part  de  ce  qu'elle  avait  entendu. 

«  Salomon  ordonna  auK  djins  de  fal^ri* 
quer  un  tapis  qui  avait  une  étendue  de  neuf 
parasanges  et  de  l'étendre  sur  les  niartiit^ 
de  son  trône  du  cAté  du  sud.  Du  cùié  <|€ 
l'orient ,  il  fit  élever  un  mur  en  or  ju^qu^ 
l'endroit  où  s'étendait  le  tapis;  du  iû(é'ii<) 
l'out^st  un  mur  d'4irgent.  Il  ordonna  oue  1*^^ 
animaux  les  plus  rares  et  que  tous  le«  ti^" 
mous  et  génies  se  rangeraientdesdeui  (At(>^ 
du  tapis.  Les  auibassadeurs  de  Bslkia  furibl 


8G3 


SAL 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


8C6 


SiVSïS  de  surprise  lorsqu'ils  arrivèrent  dans 
)e  palais  de  Salomon,  où  ils  trouvèrent  un 
luxe  et  une  richesse  dont  ils  n'avaient  au- 
iMjoe  idée.  A  l'aspect  de  Timmens^  tapis 
dont  iis  apercevaient  à  peine  Teitréroité, 
leur  première  pensée  fut  de  jeter  ceui  qu'ils 
apportaient  en  présent  è  Saloroon.  Plus  ils 
avançaient,  plus  leurélonnement  redoublait» 
àrau5e  des  bêtes  et  des  oiseaui  extraordi- 
o/iirit,  ainsi  que  des  génies  et  des  démons 
d»*ril  ils  avaient  à  traverser  les  rangs  pressés 
a\ant  «farriver  jusqu'à  Salomon,  Ils  furent 
rassurés,  lorsqu'ils  parvinrent  auprès  de 
lui,  car  il  les  accueillit  avec  beaucoup  de 
grâce,  et  il  leur  demanda  en  riant  ce  qu'ils 
lui  apportaient. 

a  Le  plus  éloquent  des  ambassadeurs  re« 
}>ondil  qu'ils  apportaient  une  lettre  de  la 
reine  Balkis,  et  il  s'empressa  de  la  remettre 
au  roi.  <«  Je  sais  cequ*ene  contient  sans  avoir 
U'soin  de  l'ouvrir,  »  dit  Salomon,  «  et  je  con- 
nais aussi  le  contenu  de  cette  botte  que  vous 
apiforlez.  Je  puis  avec  l'aide  de  Dieu,  pcner 
U  perle  et  faire  passer  un  fil  h  travers  le  dia- 
mant, mais  avant  je  remplirai  cette  coupe 
«vec  une  eau  qui  ne  vient  ni  du  ciel  ni  de 
la  terre,  et  je  distinguerai  ces  jeunes  gens 
imberbes  d'avec  les  jeunes  filles.  » 

«  Il  fit  alors  apporter  mille  vases  d'argent, 
ei  il  ordonna  aui  esclaves  qu'amenaient  les 
ambassadeurs  de  se  laver  le  visage.  Les  jeu- 
tii':>  ^ens  se  frottèrent  le  visage  avec  la  main 
sur  laauelleon  avait  versé  l'eau;  les  jeunes 
h!  es  répandirent  dans  leur  main  droite  l'eau 
qui  avait  été  versée  sur  leur  main  gauche,  et 
tilis  se  lavèrent  ensuite  le  visage  avec  les 
lit^ijx  mains,  et  Salomon  reconnut  leur  sexe, 
À  ia  grande  surprise  des  envoyés  de  Balkis. 

«  Salomon  ordonna  ensuite  à  un  gros  et 
lourd  esclave  de  monter  sur  un  jeune  che- 
val fougueux  ,  de  le  mener  aveu  la  plus 
grande  rapidité  jusqu'à  l'extrémité  du  camp 
fi  de  revenir  tout  aussi  vite.  Quand  le  che- 
val tut  de  retour,  des  ruisseaux  de  sueur 
voulaient  de  ses  flancs,  de  sorte  que  la  coupe 
fitremplieen  un  instant.«  Vous  voyez  tè,  »  dit 
v^a)omon,cde  Teau  qui  ne  descend  point  du 
ciel  et  qui  ne  sort  pointde  la  terre.»  11  perça 
lu  perle  au  moyen  de  la  pierre  dont  il  de- 
^•ii(  la  coQnaissance  k  Sachr  et  au  corbeau  ; 
)î  fut  un  peu  embarrassé  pour  faire  passer 
un  (il  à  travers  le  diamant  qui  était  percé 
«l'un  trou  qui  faisait  bien  des  sinuosités, 
inlin  un  démon  lui  apporta  un  ver  qui  s*in- 
Iroduisit  dans  le  trou  et  qui  y  laissa  un  fil 
^•\veux.  Salomon  demanda  au  ver  quelle  ré« 
i<>m|)onse  il  désirait  en  rémunération  du 
ion  oifice  qu'il  avait  rendu  en  sauvegardant 
ainsi  rinfaillibililé  du  roi.  Le  ver  demanda 
q>i'uo  bel  arbre  lui  fût  donné  pour  demeure, 
^inmoa  lui  accorda  le  marier,  qui  depuis 
M(e époque,  procure  aux  vers  à  soie  la 
nourriture  et  l'abri. 

•  Sal«)mon  dit  ensuite  aux  envoyés  de  Bal- 
ais: t  Vous  aves  vu  que  je  me  suis  tiré  heu- 
reusement de  toutes  les  épreuves  auxquel* 
'^s  votre  reine  m'a  mis;  retourne;  vers 
«lie»  remportez  ces  présents  qui  me  sont 


inutiles,  et  dites-lui  que  sTellene  reconnaît 
pas  ma  suprématie,  {'envahirai  ses  Etats  h  la 
tête  d'une  armée  à  laquelle  nulle  puissance 
humaine  ne  saurait  résister,  et  que  je  l'amè- 
nerai dans  ma  capitale,  captive  et  réduite  à 
l'état  le  plus  misérable.  » 

«  Les  amt>assadeurs  quittèrent  Salomon, 
pleinement  convaincus  de  sa  puissance  et  de 
sa  dignité  de  prophète;  Balkis  partagea  leur 
opinion  dès  qu'ils  lui  eurent  rendu  compte 
de  ce  qu'ils  avaient  vu  et  entendu,  x  Salomon 
est  un  puissant  prophète,  »  dit-elle  à  ses  mi^ 
nistres;  «  ce-  que  je  puis  faire  de  mieux, 
c'est  de  me  rendre  auprès  de  lui  avec  les 
chefs  de  mes  troupes  pour  voir  ce  qu'il  nous 
demande.  »  Elle  fit  donc  faire  les  préparatifs 
nécessaires  pour  son  voyage,  et  avant  de 
|)artlr,  elle  enferma  son  trésor  dont  elle  ne 
se  séparait  qu'avec  regret, dans  une  salle  où 
l'on  ne  pouvait  pénétrer  qu'en  traversant 
six  autres  salles  bien  fermés;  toutes  ces  sal- 
ies se  trouvaient  dans  la  plus  reculée  des 
sept  demeures  diverses  dont  se  compusait 
son  palais;  elle  en  confia  la  garde  aux  plus 
fidèles  de  ses  serviteurs.  Elle  se  mit  ensuite 
en  route  ayec  ses  douze  mille  généraux, 
dont  chacun  avait  sous  ses  ordres  plu.'^ieurs 
milliers  d'hommes,  et  quand  elle  fut  arrivée 
à  un  parasange  de  distance  du  camp  do 
Salomon,  ce;monarquedit  à  ses  sujets  :«Qui 
d'entre  vous  m'apportera  le  trône  de  la  reino 
de  Saba  avant  qu  elle  ne  se  présente  à  moi 
pour  me  rendre  hommage?  » 

«  Alors  un  djïn  hideux  qui  était,  aussi 
grand  qu'une  montagne,-  dit  :  «  Je  te  l'ap- 
porterai avant  midi  et  avant  que  tu  ne  lèves 
la  séance  de  ton  conseil.  Il  ne  faut  pas  faire 
usage  de  ma  force  pour  cet  objet  ;  tu  peux 
donc  te  fier  à  moi.  »  Salomon  n'avait  pas  de 
temps  à  perdre,  car  déjà  on  voyait  dans  le 
lointain  les  nuages  de  poussière  qui  annon* 
çaient  l'arrivée  de  la  reine  et  de  son  armée. 
Son  ministre  Assaf,  fils  de  Barahja ,  un 
homme  à'  qui  sa  connaissance  du  saint  nom 
de  Dieu  rendait  tout  facile ,  dit  alors  :  «  Di- 
rige ton  regard  vers  le  ciel,  et  avant  que  lu 
ne  l'aies  ramené  vers  la  terre,  le  trône  de  la 
reine  de  Saba  sera  devant  toi.  «Salomon  re- 
garda le  ciel  I  et  Assaf  pria  Dieu,  en  l'invo'* 
quant  par  son  nom  le  plus  saint,  de  lui  en- 
voyer  le  trône  de  la  reine  Balkis.  Ce  troue 
traversa  aussitôt  la  terre  qui  s'ouvrit  aux 

Eieds  de  Salomon  et  qui  lui  livra  passage, 
e  roi  s'écria  :  «  Que  la  bonté  de  Dieu  est 
grande  et  quelle  doit  être  notre  reconnais- 
sance pour  ce  qu'il  fait  en  notre  faveur  1  i» 
11  admira  le  trône  et  il  dit  à  un  de  ses  servi- 
teurs :  «  Fais  quelques  changements  à  ce 
trône  ;  je  veux  voir  si  Balkis  le  reconnaîtra.» 
Le  serviteur  changea  de  place  diverses  par- 
ties du  trône  et  tes  disposa  dans  un  autre 
ordre.  Salomon  demanda  k  la  reine  si  elle 
le  reconnaissait  et  elle  r<^pondit  :  «  11  est  à 
moi,  s'il  est  ce  qu'il  était.  »  Celte  réponse 
montra  à  Salomon  la  sagesse  de  la  reine  qui 
avait  sans  doute  reconnu  son  trône«  mais 
qui  s'exprimait  toutefois  d'une  manière  aiu* 
biguë,  et  de  façonàn^énonoeraucun  souitfon 
et  aucu2  reproche. 


867 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


U 


«  Le  roi  voultit  s'assurer  si  Balkis  avait 
réellement  des  pieds  d*Ane  comme  les  dé- 
crions voulaient  le  lai  faire  croire»  de  peur 
qu'il  ne  Tépousâl  et  qu'il  n*eût  des  enfants 
qui  ne  fussent  encore  plus  puissants  que  lui* 
parce  qu'ils  auraient  été  de  la  race  des  djins, 
il  la  fit  donc  conduire  dans  une  salle  dont  le 
parquet  était  de  crislal,  et  sous  ce  cristal  était 
de  l'eau  où  se  jouaient  de  nombreux  pois- 
sons. Balkis  qui  n'avait  jamais  vu  de  cristal, 
crut  qu'elle  allait  avoir  à  passer  dans  l'eau» 
elle  releva  ses  vêtements  jusqu'aux  genoux» 
et  Salomon  reconnut  avec  une  grande  joie 
qu'elle  avait  les  pieds  d'une  femme.  Il  Tap- 

f»cla,  et  lui  dit  :  «  Approche,  ce  n'est  pas  de 
*eau,  mais  du  cristal,  et  reconnais  qu'il  n'y 
a  qu'un  Dieu.  » 

«  Balkis  s'approcha  de  Salomon,  et  abjura 
devant  lui  le  culte  du  soleil.  Le  roi  l'épousa, 
mais  il  la  reconduisit  dans  ses  Etals,  et, 
chaque  mois,  il  passait  trois  jours  avec  elle. 

«  Dans  un  de  ses  nombreux  voyages  de 
Jérusalem  àSaha,  Salomon  arriva  un  jour 
près  d'une  vallée  qui  était  habitée  par  des 
Singes;  ils  s'habillaient  et  se  nourrissaient 
comme  des  hommes;  ils  se  construisaient 
des  demeures,  et  ils  avaient  des  armes  de 
toute  espèce,  il  descendit  du  tapis  qui  le 
portait  avec  quelques  troupes,  dans  celle 
vallée.  Les  singes  se  rassemblèrent  pour  le 
combattre,  mais  un  des  plus  Agés  d'entre 
eux,  leur  dit  :  «  Cherchons  plutôt  notre  sa- 
lut dans  la  soumission ,  car  notre  ennemi 
est  un  saint  prophète,  i»  Trois  singes  furent 
donc  envoyés  pour  traiter  avec  Salomon.  Il 
les  accueillit  avec  bonté,  et  leur  demanda 
à  quelle  race  de  singes  ils  appartenaient, 
et  commetit  il  se  faisait  qu'ils  fussent  si 
bien  instruits  dans  les  sciences  de  l'homme. 
Les  singes  répondirent  :  «  N'en  sois  point 
étonné,  car  nous  appartenons  à  la  race  hu- 
maine; nous  sommes  les  descendants  d'une 
peuplade  Israélite  qui  s'obstina,  en  dé[)it  des 
remontrances  d'hommes  pieux,  à  moisson- 
ner le  jour  du  Sabbat  ;  Dieu  la  maudit  et  la 
changea  en  singes,  v  Salomon  les  plaignit, 
et  afin  de  les  garantir  contre  quelques  atta- 
ques de  la  part  des  hommes,  il  leur  donna 
un  acte  sur  parcheu'in,  les  cohlirmant  pour 
toujours  dans  la  possession  de  celte  val- 
lée (865*). 

«  Balkis  trouva  bientôt  une  rivale  dange- 
reuse dans  Djurada,  tille  du  roi  Nabara,  qui 
avait  sous  ses  lois  une  des  plus  belles  lies  de 
la  mer  des  Indes.  Ce  roi  était  un  tyran  cruel, 
et  il  formait  tous  ses  sujets  à  l'adorer  comme 
un  Dieu.  Salomon  conduisit  contre  lui  tout 
autant  de  troupes  qu'en  pouvait  contenir  son 
plus  grand  tapis;  il  conquit  Ttle  et  tua  le 
roi  de  sa  propre  main.  rÈn  entrant  dans  le 
palais  du  monarque  vaincu,  il  rencontra  une 
jeune  fille  qui  surpassait  infiniment  en 
beauté  toutes  les  femmes  que  Salomon  avait 

(866*)  Les  historiens  arabes  racontent  qu*au  temps 
du  caiiie  Omar,  un  corps  de  troupes,  voulut  envahir 
la  vallée  en  question.  Un  vieux  singe  vint  aa-de- 
Viiut  du  général,  tenant  en  ses  pattes  un  parchemin 


vues  jusque-là.  Il  la  remena  à  JérusaletD,  ei 
il  la  contraignit,  par  ses  menaces,  à  abjurtr 
l'idolâtrie,  et  il  la  prit  pour  femme.  Mais  Lv> 
rada  ne  voyait  dans  Salomon  que  le  roeur. 
trier  de  son  père,  et  elle  ne  ré^iODdiit  i  sm 
caresses  que  par  des  larmes  et  par  4es  smj. 
pirs.  Salomon  espéra  que  le  temps  aduun. 
rait  ses  chagrins»  mais,  au  bout  d'une aonr^. 
voyant  qu'elle  était  toujours  aussi  déiol?, 
il  s'emporta  contre  elle,  et  il  lui  deaianoa 
sMi  n'y  avait  pas  quelque  chose  qui  [i): 
adoucir  sa  douleur.  «  Il  n'est  pas  en  ton  [•<  u* 
voir,» répondit-elle,  «de  ramener  mon  \^r» 
è  la  vie,  mais  tu  peux  envoyer  qiK',<. 
djins  chercher  sa  statue;  fais-la  placer <j«'< 
ma  chambre;  sa  vue  m'apportera peuH',: 
quelque  consolation.  »  Salomon  lut  as^-: 
faible  pour  accéder  à  ce  vœu  et  pour  sou  • 
1er  son  palais  avec  l'image  d'un  nomme  q. 
s'était  déifié  lui-même,  et  auquel  Ojur^  \ 
continuait  secrètement  de  rendre  les  I.' n 
neurs  divins.  Ce  culte  idolâtre  durait  (le;  i^ 
quarante  jours,  lorsque  Assaf  en  eut*:  • 
naissance.  H  monta  alors  en  chaire,  eladre^' 
au  peuple  un  discours  dans  lequel  il  r('ira>  > 
la  vie  pieuse  et  pure  de  tous  les  prophèk:. 
depuis  Adam  jusqu'à  David. 

«  Il  passa  ensuite  è  Salomon  ;  il  looa  sa  s^ 
gesse  et  sa  ferveur  durant  les  premières  an- 
nées de  son  règne,  mais  il  se  plaignit  de: 
que  la  crainte  de  Dieu  s'était  affaiblie  cui 
lui. 

<k  Aussitôt  que  Salomon  fut  inslrnitde-^ 
qu'avait  dit  Assaf,  il  le   fit  appeler,  *ri 
lui  demanda  en  quoi  il  avait  mérité  dV:r 
réprimandé  devant  le  peuple  entier.  A^  f 
répondit  :  «  Tu  t'es  laissé  aveugler  par  U^ 
passions,  et  tu  as  souffert  queie culte d^^ 
idoles   s'oierçAt  dans   ton    palais.  •  Sau- 
mon courut  a  la  chambre  de  Djurada,  ' 
la  trouvant  priant  devant  l'image  de  ^ 
père,  il  s'écria  :  *  Nous  venons  deD   , 
et  nous  retournerons  à   lui,  »  et  i(  l»n  > 
l'idole.  Il  punit  Djurada,  et  il  alla  dao;  * 
désert,  répandant  de  la  cendre.sursaii'!'. 
et  demandant  pardon  à  Dieu.  Le  Seigneur  lui 
pardonna  ;  mais  le  roi  dut  faire  j>énitet>  c 
pendant  quarante  jours  de  la  manière  sui- 
vante : 

^  Un  soir,  lorsqu'il  retournait  k  son  p* 
lais,  ayant  à  traverser  un  endroit  imiior. 
remit,  selon  son  usage  en  pareil  cas, à^n 
de  ses  femmes,  son  anneau  sur  lequel  <  *  ^ 
gravé  le  nom  du   Tout-Puissant;  le  . 
Sachr  s'empressa  de  prendre  la  forme-, 
roi ,  et  se  fit  remettre  l'anneau.  Saiu 
l'ayant  redemandé  fut  repoussé  arec  der  ♦ 
sion,  car  la  lumière  du  don  pronhéuv 
s'élait  éloignée  de  lui  ;  personne  ne  le  rrc  ■  • 
naissait,  et  il  fut  chassé  de  son  propre  pa- 
lais comme  un  imposteur.  Il  erra  dan*  •* 
pays,  et  lorsqu'il  s  annonçait  comme  éî*ni 
Salomon,  il  était  traité  comme  uo  uisefi^* 

qu*il  lui  remit  Personne  ne  pottunt  lire  eei  v^^- 
il  fui  envoyé  à  Omar  qui  le  fit  traduire  par  ur  i»^ 
eoDverii  à  rislamtsmr.  Le  calife  doooa  easuiir  j:* 
soldats  Tordra  de  se  reiirer. 


m 


SAL 


PART,  lltà-- LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


870 


et  on  lai  jetait  des  ordures.  Il  passa  ensaîte 
trente-neuf  jours,  mendiant  et  se  nourris- 
sant de  plantes.  Le  quarantième  jour»  il  en- 
tra au  service  d*un  pêcheur  qui  lui  promit 
deux  poissons  pour  son  salaire  de  chaque 
Jour. 

i  Mais  la  puissance  usurpée  par  Sachr 
touchait  h  son  terme.  Cet  esprit  tyrannique 
avait  excité  le  soupçon  par  son  impiété  et 
par  ses  édits  contraires  a  la  loi  divine;  sa 
ressemblanca  extérieure  avec  Salomon,  et  la 
possession  de  Tanneau  qui  lui  soumettait 
les  hommes,  les  animaux  et  les  djins,  n*a- 
vaient  pas  suffi  pour  le  faire  accepter  sans 
résistance.  Les  anciens  d'Israël  venaient 
chaque  jour  porter  leurs  plaintes  à  Assaf, 
mais  les  portes  du  palais  demeuraient  fer- 
mées pour  ce  ministre.  Le!quarantième  jour 
il  pénétra  accompagné  de  quelques  docteurs 
(rèS'iastruitsdans  la  loi  Jusque  dans  la  salle 
du  trône  où  se  tenait  Sachr.  Aussitôt  que 
celoi-ci  eut  entendu  la  parole  divine  révélée 
à  Moïse,  il  reprit  sa  rorme  de  diin,  et  il 
s'enfuit  jusqu'au  bord  de  la  mer  ou  il  laissa 
tomber  Tanneau.  Par  l'ordre  du  Seigneur, 
cet  anneau  fut  avalé  par  un  poisson  qui 
tomba  bientôt  dans  les  filets  de  ce  pêcheur 
au  service  duquel  était  Saiomon.  Le  roi  re- 
cul ce  poisson  pour  son  salaire,  et  lorsque, 
le  soir,  il  voulut  l'apprêter  pour  son  repas, 
il  trouva  Panneau.  Il  se  Ut  aussitôt  apporter 
par  les  vents  à  Jérusalem,  il  rassembla  au- 
tour de  lui  tous  les  chefs  des  hommes,  des 
animaux  et  des  génies,  et  il  leur  raconta  ce 
qu'il  avait  éprouvé  depuis  quarante  jours 
et  comment  Dieu  lui  avait,  d  une  façon  mi- 
raculeuse, restitué  l'anneau  que  Sachr  avait 
dérobé  en  recourant  à  la  ruse.  Il  fit  ensuite 
saisir  Sachr,  et  il  l'enferma  dans  un  vase  de 
cuirre,  qu*il  scella  avec  l'anneau  merveil- 
leux, qu'il  jeta  entre  deux  rochers  dais  le 
Jac  de  Tiliériade;  le  djin  coupable;  restera 
ju^qu'au  jour  de  la  résurrection. 

«Après  cet  événement,  le  règne  de  Saio- 
mon dura  encore  dix  anuées,  et  fut  exempt 
de  troubles.  Il  ne  voulut  jamais  revoir  Dju- 
rada  qui  avait  été  la  cause  de  son  malheur. 
il  rendit  visite  régulièrement  chaque  mois 
^  la  reine  Balkis  jusqu'à  ce  qu'elle  mourût, 
et  il  la  fit  ensevelir  dans  la  ville  de  Tadmor. 
Son  tombeau  resta  inconnu  à  tous  les  hom- 
mes jusqu'au  règne  du  CAlife  Walid,  lors- 
que les  murs  de  cette  ville  s'écroulèrent,  à 
la  suite  de  pluies  très-prolongées.  On  trouva 
alors  un  tombeau  en  pierres,  longdesoixante 
aunes,  large  <ie  quarante»  et  sur  lequel  était 

Sravée  cette  inscription  :  «  C'est  le  tombeau 
e  la  pieuse  Balkis,  reine  de  Saba,  épouse 
^u  prophète  Saiomon,  fils  de  David.  Elle  se 
convertit  è  la  vraie  foi  durant  la  treizième 
année  du  règne  de  Saiomon,  elle  l'épousa 
pendant  la  quatorzième  année,  et  elle  mou- 
rut la  vingt-troisième  année  de  son  règne.  » 
Le  (ils  du  calife  fit  enlever  le  couvercle  du 
tombeau ,  et  il  vit  un  corps  aussi  frais  et 
aussi  bien  conservé  qu*au  moment  où  il 
avait  été  enseveli.  Il  donna  avis  de  cette  cir- 
constance à  son  père,  et  il  lui  demanda  ce 
qu'il  devait  faire  du  tombeau.  Walid  com- 


manda de  le  laisser  où  il  avait  été  trouvé,  et 
de  le  couvrir  de  blocs  de  marbre,  afin  de  le 
soustraire  à  la  vue  des  hommes.  Et  en  etfet, 
depuis,  malgré  les  fréquents  bouleverse' 
ments  qu*a  éprouvés  la  ville  de  Tadmor,  on 
n'a  retrouvé  aucune  trace  du  tombeau  de  la 
reine  de  Saba. 

^  «  .Quelques  mois  après  la  mort  de  Balkis, 
l'ange  de  la  mort  parut  devant  Saiomon, 
avec  six  visages  différents  groupés  autourdu 
sa  tète.  Le  roi^  qui  ne  l'avait  jamais  vu  sous 
un  aspect  aussi  extraordinaire,  lui  demand'a 
ce  que  signifiait  cette  apparition.  L'ange  ré- 
pondit :  «  Avec  le  visage  tourné  h  droite, 
je  surveille  les  âmes  des  habitants  de  l'O- 
rient; avec  celui  qui  est  tourné  à  gaucheg'oh- 
serve  celle  des  hommes  qui  résident  à  l'Oc- 
cident ;  le  visage  tourne  en  haut  se  dirige 
vers  les  habitants  du  ciel,  et  celui  qui' est 
tourné  en  bas  vers  les  djins,  dans  les  pro- 
fondeurs de  la  terre  ;  ma  face  tournée  en 
arrière  contemple  les  peuplades  infidèles, 
et  celle  tournée  en  avant  regarde  les  nations 
des  croyants.  » 

«  £st-ce  que  les  anges  meurent  aussi  7  » 
demanda  le  roi. 

ce  Tout  ce  qui  est  est  sujet  à  la  mort  ;  j'ai 
tué  Gabriel  et  Michel  eux-mêmes,  lorsque  le 
Seigneur  m'en  a  donné  l'ordre.  Dieu  seul 
reste  le  même,  et*dira  un  jour  :  «  A  qui  ap- 
partient le  Uionde?  »  sans  qu'un  seul  être 
vivant  se  trouve  pour  lui  répondre.  Après 
quarante  ans,  Tange  Israfil  sera  rappelé  à 
la  vie  pour  sonner  de  la  trompettent  afin 
d'appeler  et  de  réunir  tous  les  morts.» 

«  Et  quel  sera  de  tous  les  hommes  le  pre- 
mier qui  sortira  du  tombeau  ?  » 

«  Ce  sera  Mahomet,  le  prophète  qui  doit 
paraître  plus  tard  parmi  les  descendants 
dlsmaël.  Israfil  se  rendra  à  son  tombeau  h 
la  Mec(]ue  avec  Gabriel  et  avec  d'autres  an- 
ges, et  il  l'appellera  en  ces  termes  :«0  la  plus 
pure  et  la  plus  noble  des  âmes,  reviens  dans 
ton  corps  sans  tache  et  anime-le  h  Alors  le 
prophète  sortira  du  tombeau  et  secouera  la 

Eoussière  qui  est  sur  sa  tête.  Gabriel  l'em- 
rassera,lui  présentera  le  cheval  ailéBorak, 
lui  donnera  un  drapeau  et  une  couronne 
que  Dieu  aura  envoyés,  et  le  conduira  au 
paradis.  Tous  les  autres  hommes  seront  en- 
suite rappelés  è  la  vie.  Ils  seront  amenés, 
dans  la  Palestine  où  ils  seront  jugés.  Ce  sera 
jun  jour  terrible  auquel  chacun  doit  penser. 
Adam  criera  :  «  OSeigneur,  sauve  mon  Ame; 

{'e  ne  m'inquiète  plus  ni  d'Eve,  ni  d'Abel.  » 
^oé  criera  :  «  O  Seigneur,  préserve-moi 
de  l'enfer,  et  que  ta  volonté  ^'accomplisse 
au  sujet  de  Sem  et  de  Cham.  »  Abraham 
dira  :  «  Seigtieur,  je  ne  t'implore  plus  pour 
le  salut  d'Ismaël  ni  d'Isaac,  mais  pour  le 
mien.  9  Moïse  et  Jésus  oublieront  le  pre- 
mier son  frère  Aaron  et  le  second  sa  mère, 
tant  ils  auront  d'inquiétudes  pour  eux- 
mêmes.  Mahomet  seul  implorera  la  miséri- 
corde de  Dieu  en  faveur  de  tous  les  fidèles. 
Ils  seront  conduits  ensuite  sur  le  pont  Siral, 
lequel  est  composé  de  sept  ponts  d*une  lon- 
gueur telle  qu'il  faut  trois  mille  années  pour 


' 


871 


DICTIONNAinE  DES  APOCRYPHES. 


Bîi 


parcourir  chacan  d'eux.  Ce  poni  est  tran- 
chant comme  une  épée  et  mince  comme  un 
cheveu;  il  faut  monter  un  tiers  de  son 
étendue  et  descendre  un  autre  tiers ,  le  sur- 
plus est  de  niveau.  Il  n*y  a  que  ceux  qui 
peuvent  traverser  heureusement  tous  les 
sept  ponts  à  qui  il  est  donné  de  pénétrer 
dans  le  paradis.  Les  méchants  tombent  du 
premier  dans  Tenfer;  ceux  qui  n*ont  pas 
observé  la  loi  succombent  au  second,  ceux 
qui  aont  pas  donné  d*aumAnes  au  troisiè- 
me ,  ceux  qui  n'ont  pas  observé  le  jeûne 
prescrit  |)ar  la  loi  au  quatrième,  ceux  qui 
n^ont  pas  fait  les  pèlerinages  enjoints  aux 
fidèles  tombent  au  ci{i«]|uième ,  ceux  qui 
n'ont  pas  accompli  le  bien  ausixièmCt  et 
ceux  qui  nonl  pas  évité  le  mal  au  sep- 
tième. » 

«  Quand  aura  lieu  la  résurrection?  » 
«  Dieu  S4>ul  le  sait*  mats  ce  ne  sera  qu'a- 
près la  venue  de  Mahomet,  le  dernier  de  tous 
les  prophètes.  Avant  ce  jour,  le  prophète 
Isa  (le  Christ)  qui  est  de  ta  race,  ressuscitera 
et  prêchera  la  vraie  foi;  les  peuples  de  Gog  et 
Magog  béniront  la  muraille  derrière  la- 
quelle Alexandre  les  a  relégués;  le  soleil  ira 
(i*occident  en  orient,  et  beaucoup  d'appari- 
tions miraculeuses  se  manifesieront*  » 

«  Laisse-moi  vivre  jusquà  ce  que  le  tem- 
ple Boi.t  construit,  car  lorsque  je  serai  mori^ 
Jes  djins  cesseront  d*y  travailler.» 

«(  Ton  temps  est  accompli,  il  n*est  r>as  en 
mon  pouvoir  de  t*accoi*der  une  second».  • 

ff  Suis^moidonc  dans  ma  salle  de  cristal.» 

«  L'ange  de  la  mort  accompagna  le  roi 
dans  une  salle  dont  les  murailles  étaient  de 
cristal.  Salomon  fit  sa  prière,  il  s'appuya  en- 
suite sur  un  bâton  et  pria  Tango  de  prendre 
son  Ame  tandis  qu'il  était  en  celte  position.. 
Sa  mort  resta  cachée  aux  djins  un  an  en- 
tier, jusqu'à  ce  que  le  temple  fût  achevé. 
£nfin ,  le  bfllon  ron^é  par  les  vers  s'élant 
brisé,  le  corps  du  roi  tomba,  et  les  djins 
découvrirent  sa  morl;  voulant  se  vengef, 
ils  cachèrent  sous  son  trône  une  foule  de 
livres  de  mairie,  de  sorte  que  beaucoup  d'in- 
crédules prirent  le  roi  pour  un  nécroman- 
cien. Les  anges  relevèrent  son  corps  et  le 
portèrent  ainsi  que  son  anneau  dans  une 
'Caverne  cachée,  où  ils  le  garderont  jusqu'au 
jour  de  la  résurrection.  » 

Divers  auteurs  dramatiques  ont  pris  pour 
sujet  de  leurs  écrits  l'histoire  de  Salomoo  ; 
uous  citerons  : 

Salomonf  comadia  «ocra,  auctore  Bernardo 
KvrarJo,  Armenleriano,  Douai,  156^,  in-8". 

—  Salomonii  regh  de  duabus  merelricuiis 
fudicium ,  versu  lambico  tractatum,  auctore 
LibiTto  Houtbem,  Mons,  1581,  in-8".  -^/it- 
éiciumSalamonU^dBns  les  Tragice^eomœdiœ 
saçrœ  de  Gabriel  Jansen,  Gand,  lOOO,  in-4\ 

—  Sapieniia  Salomonis^  drama  cOmico-tragi- 
€um  (5  actes,  auctore  Xysto  Betuleio),  dans 
les  Dramala  $acra,  BAIe,  1555.  —  La  Juge- 
ment  deSalomon^  pièce  en  cinq  actes  de 
4'alleinand  Hans  Sachs  jouée  en  1550. 

Dialogues  de  Salomon  et  de  Saturne.  — 


Uoe  production  fort  peu  connne  et  p'ant 
le  titre  que  nous  venons  de  transcrire, etMe 
en  anglo-saxon;  elle  a  été  publiée  en  18Ù, 
h  Londres,  par  M.  Kemble,  sous  le  patro. 
nage  de  VMlfrie  Soekty^  association  dont 
nous  avons  déjà  parlé  à  I  article  conâarré  i 
saint  André. 

Elle  présente  une  analogie  remarquable' 
«ivec  un  autre  écrit  très  en  vo^ueau  moyeu 
é^e,  dont  nous  avons  déjà  dit  deux  iuob\  a 
dans  lequel  Salomon  se  trouve  aux  prises 
avec  un  paysan  rusé  et  narquois  nomue 
Harcolphe  ou  Marcons.  Les  trouvères  ra- 
content de  diverses  manières  comment  le 
roi  et  le  rustre  se  rencontrèrent  ;  voici  coaw 
meut  la  chose  est  narrée  dans  l'une  des  ré- 
dactions les  plus  anciennes  de  cette  histoire 
singulière. 

c  Salomon  étant  assis  dans  toute  sa  gloire 
sur  le  trône  de  son  père  ,  vit  venir  ver^  lui 
un  manant  grossier  et-  contrefait,  accom- 

Sagné  par  une  femme  sale  et  ditîorme.  CVit 
[arcolphe,  personnage  connu  pour  U  viTi- 
cité  et  los  propos  de  ses  reparties;  Saloiuon 
le  provoque  aussitôt  à  une  joute  de  sa^^i 
propos  et  il  promet  de  grandes  récompèfl- 
ses  si  la  victoire  reste  è  Marcolphe.  Le  luo 
narque  commence  aussitôt  ce  comliat  en  iié> 
bitant  des  maximes  morales  ou  quelques- 
uns  de  ses  proverbes  bibliques;  ]lfarcol|*bf 
riposte  aussitôt  par  quelque  sentence  qui. 
en  générai,  forme  le  contre-pied  de  ce  (jue 
le  roi  vient  de  dire.  Le  débat  se  prolon;*- 
longtemps;  Harcolphe  va  d'ordinaire  cher- 
cher ses  exemples  dans  la  vie  du  peu^'ie, 
taudis  que  Salomon  se  mainiient  day>  Je^ 
régions  plus  élevées. 

«  Le  roi  finit  par  «eCrouyer  très^fatiiué,  et 
il  propose  de  mettre  une  fin  k  ce  combat  *, 
mais  Marcolphe  se  déclare  tout  prêt  k  con- 
tinuer, et  il  somme  Salooaon  de  se  recon- 
naître battu  et  do  donner  la  récompense 
promise.  Les  conseillers  du  roi,  irrités  de  ce 
qu'ils  regardent  comme  une  insolence,  veo- 
lent  chasser  le  rustre,  mais  Salomon,  p)u< 
équitable,  accomplit  sa  promesse  et  coDè^ 
die  son  antagoniste  en  lui  donnant,  eo  sus 
du  prix,  des  louanges  chaleureuses.  Mar- 
colpne  s*éloigne  du  palais  en  récitant  celte 
belle  sentence  :  Vbi  non  est  leXf  ibi  non  tM 
res»  » 

Dans  d'autres  manuscrits,  la  cheseesl  ra- 
contée avec  quelques  différences  assez  sen* 
sibles. 

«  Salomon,  étant  k  ta  chasse,  trouve  snr 
son  chemin  la  cabane  de  Marcolphe;  i(  i;** 

facile  ce  rustre,  entre  en  conversation  ave<' 
ui  et  reçoit  une  foule  de  réponses  qei  Te"'' 
barrassent  et  dont  il  ne  peut  avoir  la  $olu* 
tion.  Il  s'éloigne  toutefois  de  bonne  humeur 
et  il  engage  Marcolphe  k  venir  le  leodeoiam 
k  la  cour  lui  apporter  un  pot  de  lait.  Har- 
colphe boit  le  lait  en  route,  et  SaJomon  ir* 
rite  Toblige  k  lui  tenir  compagnie  toutt* 
la  nuit,  le  menaçant  de  le  faire  oetiFe  à 
mort  le  lendemain  matin,  s'il  vient  k  5>fl- 
dormir.  Marcolphe  ne  manque  point  de  r>a* 
fier,  et  lorsque  itelomon  lui  demande:  •  E^i- 


873 


SAL 


PART.  III.  -  LEGENDES  ET  PRAGMEi^TS. 


SAL 


B74 


ce  que  lu  dors  ?»  il  ré(K)nd  :  «  Non,  je  pen* 
se.»— «A quoi  penses-lu?  »— <  Je  pense  au'il 
y  a  âuiant  de  vertèbres  dans  la  queue  (i*un 
lierre  que  dans  son  épine  dorsale.  »  Le  roi 
06  dcule  pas  alors  qu*il  ne  soit  ujaltre  de 
son  adversaire,  et  il  lui  dit  :  <  Si  tu  ne  prou- 
res  pas  ton  assertion ,  tu  meurs  demain  ma- 
lin.  i  Marcolphe  se  rendort»  et  réveillé  de 
nouveau  par  le  roi ,  il  pense  qu'il  y  a  dans 
une  pie  autant  de  plumes  noires  que  de 
plumes  blanches.  Il  lait  encore  d'autres  ré* 
|H)nses  pareilles,  et,  le  m»lin,  il  cherche  h  se 
tirer  d'embarras  par  des  plaisanteries  et  des 
tours  joyeux.  Le  roi  finit  par  se  fâcher  et 
ordonne  qu*il  soit  pendu  à  un  arbre.  Mar- 
colpbe  demande  qu*il  lui  soit  du  moins  per- 
mis» de  choisir  I  arbre  auquel  il  doit  être 
accroché,  et,  cette  faveur  lui  étant  accordée, 
il  nen  trouve  aucun  de  son  goût;  il  fait 
parcourir  à  ses  gardiens  la  moitié  de  la  Pa- 
lestine sans  prendre  un  parti  ;  SalomoQ 
s*enouie  à  la  longue  de  tous  ces  délais,  il 
rend  la  liberté  à  Marcolphe  à  condition  qu*il 
n'approchera  plus  de  la  cuur.  » 

Cette  narration  ne  se  trouve  d'ailleurs  que 
dans  les  imaauscrits  latins  et  allemands,  et 
dao«  ces  derniers,  elle  s*en  réfère  à  des  tex^ 
tes  latins.  Quant  à  VAllercatio  ou  Dialogue 
uilraDt  rechange  des  reparties  entre  les  deux 
interlocuteurs  »  les  manuscrits  en  sont 
peu  commuas  ;  mais  dès  le  xv*  siècle,  on 
en  trouve  plusieurs  éditions.  La  première, 
i^ans  lieu  m  date,  et  sans  nom  d'imprimeur, 
fut  publiée  en  11^83  ;  on  cite  ensuite  les  édi- 
tions d'Anvers  de  14^87,  de  ItôS,  sans  indi- 
mionde  lieu,  et  plusieurs  autres  non  da- 
tées qui  ont  été  décrites  par  divers  biblio- 
graphes. 

L'ouvrage,  sous  le  litre  de  Disputationes 
qu'il  porte  dans  quelques  éditions,  fut  joiht 
an  Dicta praterbialiaeum  versione  Germanica 
^ndr,  Garinerij  publiés  à  Francfort  en 
1585 et  réimprimés  en  1598  dans  la  même 
ville;  00  les  trouve  aussi  à  la  suite  des 
Epistoiœ  obscurorum  virorum^  Francfort, 
16^  (866).  U  en  existe  également  des  tra- 
ductions allemandes.  M.  Kemble  en  a  publié 
(p.  35  à  50)  une  en  vers  d'après  un  ma- 
nuscrit du  XV'  siècle,  conservé  à  la  bi- 
bliothèque d'Heidelberg.  On  en  connaît 
sept  ou  huit  éditions  imprimées  au  xv* 
et  au  XVI*  siècle,  et  devenues  aujourd'hui 
fort  rares.  On  remarque  dans  ces  vers 
un  grand  nombre  d'anciens  proverbes,  et  à 
plusieurs  reprises  Salomon  exprime  les 
idées  qu'on  retrouve  dans  son  Livre  det 
Prottrbes  qui  fait  partie  de  la  Bible.  Entre 
les  diverses  rédactions  du  DitUoguSf  on  ob- 
serve des  variantes  parfois  considérables, 
u)ais  il  faut  en  laisser  Texamen  aux  criti- 
Mues  qui  voudront  s'occuper  spécialement 
^e  ce  sujet  auquel  nous  ne  louclions  uu'eû 

(H66)  On  trouve  de  curieux  et  judicieux  deuils 
^'^r  cette  production  qui  tlt  grand  bruit  au  xvi" 
^i«cle  daas  VHiêivtrt  de  Lutker  par  M.  Aadin. 

(^6t>*)  Con^ulier  égaleineiu  sar  ces  Propoê  Pou* 
^r4ge  de  M.  Aiidiu  (t.  I*'),  quo  nous  venons  d«  cilcr. 

IhcTio.iNAinE  DES  Apocryphes.  II. 


passant.  Un  remaniement  en  prose  de  la  ré- 
daction poétique  allemande  a  plusieurs  fois 
été  imprimé  et  parfois  avec  des  interpola- 
tions de  très-mauvais  goût.  11  existe  aussi 
des  traductions  en  hollandais,  en  danois  et 
en  diverses  langues  du  Nord  de  cette  com- 
position si  répandue.  Une  vieille  rédaction 
anglaise  a  été  mise  au  jour  par  M.  Halliwell, 
Reliquiœ  antiquœ^  n*  3,  p.  109-116. 

Les  anciens  auteurs  allemands  font  souvent 
allusion  à  Marcolphe  et  h  ses  entretiens  avec 
Salomon  ;  il  en  est  parlédans  les  Proposde  la- 
lie  de  Luther  (866^);  l'ouvrage  était  grande- 
ment répandu  et  coûté  dans  toute  la  Ger- 
manie; il  produisit  des  imitations,  parmi 
lesquelles  nous  mentionnerons,  à  cause  de 
la  singularité  du  titre,  un  volume  que  nous 
n'avons  pu  consulter,  mais  dont  Hommel 
{LiUeratura  juris  (2' édition,  p.  163,  Leip- 
sick,  1770,  in-8'),  donne  quelques  extraits  : 
Salomo  et  Marcolphus^  Justintano-Gregoria- 
ni.  A.  e.  Sapida  et  insipida^  nimirum  theo- 
logica^  juridicat  paradoxa^  historica^  poli^ 
tica^  poe/tca,  musica^  proverbia^  solœcismit 
grammaticiy  etc.,  ex  utroquejure  collecta^  au^ 
ctore  S.  X.  P.  Francfort,  1678,  in-8'.  On  at- 
tribue à  Christian  Rhebold  cet  écrit  qui  est 
uuesatiredecertains  professeurs  dedroitci  vil 
ou  de  droit  canon. 

En  Italie ,  Marcolphe  a  servi  de  type  à 
l'histoire  de  Bertholdo,  écrite  par  Giulio  Ce- 
sare  délia  Croce,  et  d(mt  les  éditions  se  sont 
multipliées  depuis  la  fin  du  xvi*  siècle.  (Le 
totilissime  astutiedi  Bertoldo^  villano  moUo 
êagace.^' 

Il  n'est  pas  o  ai..eurs  douteux  que  l'idée  de 
représenter  Salomon  comme  faisant  échange 
de  demandes,  de  réponses  et  de  sentences 
n'ait  eu  son  origine  aans  ce  que  raconte  l'E- 
criture (/ ite<jf,  x),  lorsqu'elle  dit  que  la  reine 
de  Saba  Ot  à  Salomon  des  questions  difficiles, 
et  que  le  roi  répondit  h  tout. 

On  connaît  deux  versions  différentes  de 
Marcolphe  en  français;  l'une  remonte  très* 
probablement  au  xu*  siècle;  elle  est  d'un 
caractère  sérieux,  et  elle  s'écarte  notable- 
ment sous  ce  rapport 'de  la  seconde,  oii  la 
décence  n'est  nullement  respectée.  Dans 
l'une  comme  dans  l'autr»,  il  n'y  a  point  d'his- 
toire ;  c'est  un  simple  dialogue  en  vers  ;  les 
deux  interlocuteurs  débitent  des  sentences, 
et  Marcolphe  parodie  ce  que  Salomon  vient 
d'avancer. 

La  première  rédaction  a  pour  titre  :  Pro'^ 
verbes  de  Mareoul  et  de  Satemon;  elle  se 
trouve  dans  un  manuscrit  de  la  bibliothèque 
impériale  (n*  1830,  f  116).  Elle  est  l'œuvre 
de  Pierre  surnommé  Mauclère,  comte  de 
Bretagne.  M.  Crapelet  l'a  imprimée  dans  ses 
Proverbes  et  dictons  populaires,  1831,  grand 
in-8',  o.  189-200.  Nous  nous  bornerons  ainsi 

M.  G.  Brunct  a  donné,  en  f845,  .a  première  tra- 
duction française  d*uii  cxirail  de  ces  Tùchreden 
fcouversationt»  de  table)  qui,  dan«  le  le\le  Original, 
foruicut  un  li-ès-gros  vulunie. 


28 


875 


DICTIONNAIRE  DFS  APOCRYPHKS. 


8T3 


è  citerquelqnes-uns des  cinquanie-neuf  cou- 
plets doDt  se  compose  cette  production  : 

Ci  eoumence  de  Marconi  et  de  Salemon  que  U  quen$ 

de  Bretagne  /!s<. 

Senr  tote  l*auire  hennor 
Est  procsce  la  flor, 
Ce  dit  Salemoiis  ; 

Ge  n*ains  pas  la  valoiir 
Dont  Ten  muert  à  doulor. 
Marcoul  li  rospont. 

En  cortoisie  a  peine 

Mais  bien  fait  qui  la  meine, 

Ce  dit  Salemons  ; 

Mais  et  jor  et  semaine 
Travail  est  dure  paine, 
Marcoul  li  respont. 

Por  largement  doner 
Puel-Pen  enprès  monter. 
Ce  dit  Salemons  ; 

De  povreté  user. 

Se  Tait -Ken  fol  clamer, 

Marcoul  li  respont. 

Qui  saiges  hom  sera, 
la  trop  ne  parlera. 
Ce  dit  Salemons  ; 

Qui  jà  mot  ne  dira, 
Grant  noise  ne  fera 
Marcoul  li  respont... 

Por  ce  bel  chascun  mon 
Que  nus  ni  a  déport. 
Ce  dit  Salemons; 

Qui  se  sent  vil  et  ort 
De  Toloir  vivre  a  tort 
Marcoul  II  respont. 

On  peut  d'ailleurs  consulter  sur  cette 
production  divers  auteurs  modernes,  tels 
que  MM.  du  Roure,  Analecta  biblion^  t.  I, 
p.  283;  Leroux  de  Lincy ,  le  Livre  de$  Pro- 
verbes français  j  t.  1,  p.  31  et  56;  Gœrres, 
DieteutschenWolksbucher^  p.  189-195,  etc. 
Des  détails  bihiiogranhiques  se  rencontrent 
dans  le  Manuel  du  libraire  de  M.  J.-Ch.  Bru- 
net,  t.  IV,  p.  188,  et  surtout  dans  Grœsse, 
Lehrbuch  einer  allgemeinen  literUrgeschichte^ 
vol.  Il,  3* section,  p.  k66  et  suiv.  (Dresde, 
1842,  in  8-.) 

M.  Kemble  fait  assez  bien  connaître  le 
genre  d*iJées  qui  préside  au  dialogue  qni 
nousoccupe,endonnantquelquesextraitsda- 
près  une  rédaction  latine  dont  il  se  trouve  des 
manuscrits  à  la  bibliothèque  de  Gottingue, 
et  au  Musée  britanniaue 

<  Salomon  dixit  :  Âudivi  te  esse  verbosum 
et  callidumf  ^amvis  sis  rusticus  et  turpis, 
Quamobrem  mter  nos  habeamus  altricatio^ 
nem.  Ego  vero  te  interrogabo ,  lu  vero  sub" 
sequens  responde  mihi,  Marcolphus  respondii: 
Qui  maie  cantat  primo  incipiat.  —  Sal. 
Si  peromnia  poteris  respondere  sermonibus 
meû,  te  ditabo  magnis  opibus  et  nominatissi- 
mus  eris  in  regno  meo.  —  Mar.  Promit tit 
medicus  sanitatem  cum  non  habet  potestatem, 

—  Sal.  Mulier  limens  Deum  ipsa  laudabitur. 
«—  Mar.  Cattus  cum  bona  pelle  excoreabitur. 
'-  Sal.  Mulierem  fortem  auis  invenit?  — 
Mar.  Cattum  fidelem  super  tac  guis  invenit?     battent  ensemble?  » 

—  Sal.  Nullus,  •—  Mar.  Et  mulierem raro.  —  '       «  Salomon  dit  :  «  Trente  formes.  • 


Sal.  Qui  seminat  iniquitatem  metet  mata. — 
Mar.  Qui  seminat  paleas  metet  miserias,  — 
Sal.  Jn  malirolam  animam  non  intrabit  spi^ 
ritus  sapienliœ.  —  Mjir.  Jn  lionum  àurum 
dummitlis  cuneum^  cave  neincidat  in  oru/um. 
—  Sal.  Durum  est  tibi  contra  stimulum  re- 
calcitrare,  —  Mar.  Bos  recalcitrosus  pungi 
débet  vicibus  binis.  —  Sal.  Muiti  funt  qui 
verecundiam habere  nesciunt,  —  Mar.  Ikum 
cum  hominibus  qui  similes  sunt  canibu$,  — 
Sal.  Sermo  régis  débet  esse  immutabilit,  — 
Mar.  Cilo  tœdium  habet  qui  cum  tupo  a$at,- 
Sal.  Quod  timet  impius  veniet  super  mm. - 
Mar.  Qui  nmle  facit  et  bene  sperat  totum  m 
fallit.  —  Sal.  Pro  amore  Dei  omnis  dtiecut, 
est  adhibenda.  —  Mar.  Si  amas  illum  qui  ie 
non  amal  perdes  amorem  tuum.  —  Sal.  Qui 
ante  respondit  quam  audiat  stultum  se  dt* 
monstrat.  —  Mar.  Quando  te  aliquis  pnngit 
subtrahe  pedem  tuum. —  Sal.  Non  omnes  om- 
nia  possunt.  —  Mar.  Scriptum  est  in  castbui 

Îui  non  habet  equum  vaaat  pedibus.  —  &I. 
fullum  habenti  dabitur  et  abundiUfit*  — 
Mar.  Vœ  homini  qui  non  hcAet  panes  et  haba 
parentes.  — Sal.  Non  décent  stulto  rerbacom- 
posita,  —  Mar.  Non  decet  canem  sellam  pot- 
tare.  —  Sal.  Tunde  laterafilii  tui  dum  tenen 
sint.  —  Mar.  Qui  osculatur  agnum  amat  tt 
ariem.  — Sal.  Omnia  fac  cum  consilio  etpopt 
factum  non  pœnitebis.  —  Mar.  Satis  est  in* 
firmus  qui  infirmum  trahit.  » 

11  serait  difficile  de  dire  comment  Satura^ 
s*est  trouvé,  dans  la  vieille  Angleterre  ôo 
VI*  siècle,  substitué  à  Marcolphe,  et  commeL. 
il  est  devenu  l'interlocuteur  de  Salomon. 0* 
a  supposé  qu'il  ne  s'agissait  pas  précis#{nr£! 
du  prétendu  dieu  de  la  mythologie  grecqa^. 
mais  de  qiielque  divinité  adorée  dao«  ^ 
nord  de  l'Europe.  (Haimot  en  langue  p- 
thique,  signifie  étoile.)  La  question  esCi-* 
leurs  de  peu  d'intérêt  pour  nous.  La  c-cî^ 
rence  de  Saturne  et  de  Salomon  se  irouir. 
en  langue  anglo-saxonne,  dans  deux  macus* 
crits  qui  font  partie  de  la  bibliothèque  oi 
collège  Corpus  Christi  à  Cambridge.  Lar. 
et  l'autre  sont  incomplets,  et  ne  présentée: 
qu'une  partie  de  cette  composition.  Elle  rM 
en  vers,   suivie  d'un  fragment  en  pr^. 
M.  Kemble  en  a  publié  le  texte  origiDal  ce- 
tier,  en  y  joignant  une  version  anglaise. 

Nous  ne  traduirons  point  en  entier  retif 
production,  mais  comme  elle  n'est  poi;.: 
sans  intérêt,  puisau'elle  offre  un  tabh*'- 
naif  des  opinions  répandues  à  cette  époqt- 
reculée,  nous  placerons  sous  les  yeux  de  d  « 
lecteurs  quelques  échantillons  qu'ils  a:- 
raient  sans  doute  de  la  peine  à  conoti:" 
autrement  que  par  notre  entremise,  car  .* 
publication  de  M.  Kemble estforl  rare,  aè&- 
en  Angleterre;  hors  de  la  Grande* Breta^ 
elle  peut  passer  pour  inconnue. 

Nous  emprunterons  d'abord  quelques  tn:.^ 

k  la  portion  en  prose  où  il  s'agit,  sous  i.- 
forme  allégorique,  des  propriétés  de -Vi»'- 
Père,  c'est-à-dire  de  l'Oraison  domimcj 
«  Saturne  dit:  «  Combien  de  formes pr-: 
nent  le  diable  et  notre  Père  lorsqu'ils  (v:- 


877 


SAL 


PART.  ni.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


878 


u  Saturne  dit  :  «  Quelle  est  la  première?  » 

<  Salomon  dit  :  «  Le  diable  sera  d*abord 
sous  l'apparence  de  lajeuaessedans  la  forme 
d'uneniant  ;  alors  notre  Père  sera  dans  Tap- 
parenee  d'un  esprit  saint.  La  troisième  fois 
le  diable  sera  sous  la  forme  d*un  dragon  ; 
la  quatrième  noire  Père  sera  s«us  Tappa- 
reQce  du  dard  qui  est  appelé  Brachia  Deù 
Cinquièmement  ]e  diable  sera  sous  la  forme 
des  ténèbres;  sixièmement  notre  Père  sera 
dans  la  forme  de  la  lumière.  Septièmement  le 
diable  sera  sous  la  forme  d'une  bêle  sau- 
vage; huitièmement  notre  Père  sera  sous  la 
forme  de  la  baleine  qu'on  appelle  Leviathan. 
NeuTiènaement  le  diable  sera  sous  la  forme 
d'un  rêve  affreux,  et  dixièmement  notre 
Père  sera  sous  la  forme  d'une  vision  céles- 
te. La  onzième  fois  le  diable  sera  sous  la 
forme  d'une  mauvaise  femme,  et  la  douziè- 
me notre  Père  sera  sous  la  forme  d'une  cui- 
rasse céleste.  La  treizième  fois  le  diable  sera 
sous  la  forme  d'une  épée;la  quatorzième  fois 
Qûtrè  Père  sera  sous  la  forme  d'une  cuiras- 
se d'or.  La  quinzième  fois  le  diable  sera 
)Ous  la  forme  d'un  buisson  épineux  ;  la  sei- 
zième fois  notre  Père  prendra  la  forme  d'un 
sigie  d'argent.  Alors  la  dix-septième  fois,  le 
diable  sera  sous  la  forme  d'un  marteau  ;  la 
dix-huitième  fois  notre  Père  sera  sous  la 
forme  d'un  aigle  d'argent.  La  dix-neuvième 
fois  le  diable  sera  sous  la  forme  d'un  serpent; 
la  Yinglième  fois  notre  Père  sera  sous  la 
forme  du  Christ.  A  la  vingt  et  unième  fois  le 
diable  sera  sous  la  forme  d'un  oiseau  veni- 
meux; la  vingt-deuxième  fois  notre  Père 
sera  sous  la  forme  d'un  aigle  d'or.  La  vingt- 
troisième  fois  le  diable  sera  sous  la  forme 
d'an  loup;  U  vingt-quatrième  fois  noire 
Père  sera  sou^  la  forme  d'une  chatne  d'or.  I4 
Tiflgl-cinquième  fois  le  diable  sera  sous  la 
forme  de  la  colère;  la  vingt-sixième  fois 
notre  Père  sera  sous  la  forme  de  la  paix. 
I^  vingt-septième  fois  le  diable  prendra  la 
forme  d'une  mauvaise  pensée;  la  vingt- 
baiiième  fois  notre  Père  prendra  la  forme 
d'un  pur  esprit.  La  vingt-neuvième  fois  le 
diable  sera  encore  plus  profondément  changé 
dans  les  formes  de  la  niort.  » 

«  Saturne  dit  :  c  Alors  notre  Père  sera  plus 
glorieusemeat  changé  dans  la  forme  du  Sei- 
gneur. » 

«Saturne  dit  ensuite  :  «Mais  qui  poursuivra 
le  diable  jusquedans  les  abtmes  de  l'océan,  et 
(}ui  Iq  livrera  aux  mains  des  champions  du 
i'hrist  c|ui  sont  nommés  les  chérubins  et  les 
^raphins?  » 
«  Salomon  dit  :  «  Uriel  et  Ramiel.  » 
«  Saturne  dit  :  «  Mais  qui  frappera  le  dia- 
ble avec  des  traits  enflamu)és?  » 

<  Salomon  dit:  «  Notre  Père  frappera  le 
diable  avec  des  traits  enflammés  ;  la  foudre 
le  brûlera  et  le  marquera,  et  la  pluie  sera 
répandue  sur  lui,  et  les  ténèbres  l'envelop- 
peront, et  le  tonnerre  l'écrasera  sous  sa 
roue  de  fer  et  le  jettera  dans  les  chaînes  de 
fer  où  demeure  son  père  Satan  ou  Sathiel.  £t 
quand  le  diable  est  très-fatigué,  il  cherche 
le  bétail  de  quelque  homme  pécheur  ou  un 
arbre  impur,  ou  s'il  rencontre  la  bouche  et 


le  corps  d'un  homme  qxii  n'a  pas  été  sanc- 
tifié, alors  il  entre  dans  les  entrailles  de 
l'homme  qui  a  ainsi  oublié  lebien  et,  è  tra- 
vers sa  peau  et  à  travers  sa  chair,  il  s'en- 
fonce dans  la  terre,  et  de  là  il  trouve  soU' 
chemin  jusqu'au  désert  de  l'enfer.  » 

«  Saturne  dit  :  «  Mais  comment  est  la  tète 
de  notre  Père?  » 

«  Salomon  dit  :  «  Notre  Père  a  une  tAte 
d'or  et  des  cheveux  d'argent;  et  lors  m(^nie 
que  toutes  les  eaux  de  la  terre  fussent  mê- 
lées aux  eaux  du  ciel,  et  qu'elles  tombassent 
ensemble  en  pluie  sur  la  terre  et  sur  toutes 
ses  créatures,  elles  resterait  cependant  à  l'a- 
bri sous  une  seule  boucle  des  cheveux  de' 
notre  Père;  ses  yeux  sont  douze  mille  fois 
plus  brillants  que  la  terre  entière,  lors 
même  qu'elle  serait  couverte  des  plus  beaux 
lis  en  fleur,  et  que  les  feuilles  de  chaque 
fleur  eussent  chacune  douze  soleils,  et  que 
chaque  fleur  eût  douze  lunes,  et  que  cheique 
lune  fût  douze  mille  fois  plus  grande  qu'elle 
ne  l'était  avant  le  meurtre  d'Abel.  » 

«  Saturne  dit  :  «  Mais  à  quoi  ressemble  le 
beau  cœur  de  notre  Père  ?  » 

«  Salomon  dit:  «  Son  cœur  est  douze  mille 
fois  plus  brillant  que  les  sept  cieux  qui  sont 
au-dessus  de  nous,  lors  même  qu'ils  seraient 
tous  enflammés  du  feu  du  jugement  dernier 
et  lors  même  que  la  terre  entière  brûlerait 
au-dessous  d'eux.  Et  quand  même  le  monde 
entier  serait  renouvelé  depuis  la  création 
d'Adam,  et  quand  même  chaque  homme  au- 
rait les  douze  sagesses  d'Abraham,  d'isaacet 
de  Jacob,  et  qu'il  vécût  trois  cents  ans,  ils 
ne  pourraient  cependant  pas  découvrir  la 
sagesse  de  la  langue  de  notre  Père,  ni  l'é- 
tendue de  sa  puissance.  Et  ses  bras  sont 
douze  mille  fois  plus  longs  que  toute  celte 
terre  ou  que  les  arbres  qui  la  couvrent,  lors 
même  qu  ils  seraient  tous  réunis  ensemble 
par  les  mains  des  ouvriers  les  plus  habiles 
et  que  d'un  bout  à  l'autre  ils  fussent  cou- 
verts d'argent  doré  et  ornés  de  pierres  pré- 
cieuses du  paradis;  et  ses  deux  mains  sont 
plus  larges  que  douze  mondes  quand  même 
ils  seraient  réunis  ensemble.  Et  le  Père 
céleste  a  des  doigts  d'or,  et  chacun  d'eux  est 
trente  mille  fois  plus  long  que  ce  monde 
entier  ou  que  la  terre,  et  dans  la  main  droi- 
te de  notre  Père  est  l'apparence  d'une  épée 
d'or,  ditlérente  de  toutes  les  autres  armes  ; 
son  éclat  est  plus  brillant  et  plus  clair  que 
toutes  les  constellations  des  cieux  et  que 
tout  l'oret l'argent  qui  sont  sur  la  terre; 
la  lame  droite  de  l'arme  du  Seigneur  est 
plus  douée  que  tous  les  parfums  qu'il  y  a 
dans  l'univers,  et  la  lame  gauche  de  cette 
même  arme  est  plus  aiguë  et  plus  redouta- 
ble que  le  monde  entier,  lors  même  que  de  ' 
l'une  à  l'autre  de  ses  quatre  extrémités,  il 
fût  tout  rempli  de  bêtes  féroces,  et  que  cha- 

Sue  bête  eût  douze  cornes,  et  chaque  corne 
onze  rameaux  de  fer,  et  chaque  rameau 
dduze  pointes,  chacune  de  ces  pointes  douze  , 
mille  lois  plus  aiguë  qu'une  flèche  qui  aurait 
été  aiguisée  par  cent-vingt  forgerons.  £l 
lors  même  que  sept  mondes  seraient  tous 
déployés  sous  la  forme  de  celui-ci  et  qu'il  s'y 


879 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


trouvât  réuni  tout  ce  que  le  ciel,  la  terre  ou 
Tenfer  ont  jamais  pu  créer,  ils  ne  pourraient 
pas  cependant  embrasser  la  ligne  de  la 
vie.  Et  notre  Père  pourrait  seul  broyer  et 
presser  dans  sa  main  droite  toutes  les  créa- 
tures comme  un  morceau  de  cire.  Et  sa  pen« 
i^ée  est  plus  active  et  plus  rapide  que  douze 
mille  esprits  saints,  lors  même  que  chacun 
d'eux  aurait  douze  vêtements  de  plumes,  et 
que  chaque  plume  eût  douze  vents  et  chaque 
vent  douze  vélocités.  Et  sa  voix  est  plus 
forte  que  toute  la  race  humaine  ou  la  race 
des  bétes,  lors  même  qu'elles  seraient  tou- 
tes réunies  sur  une  montacne  dont  la  lon- 
gueur serait  éçale  àcelledf*une  ligne  entou- 
rant trente-trois  fois  la  circonférence  en- 
tière de  la  terre,  et  lors  même  qu'on  j  au- 
rait réuni  tout  ce  qui  a  jamais  pris  naissance 
ilans  le  ciel,  sur  la  terre  ou  dans  Tenter,  et 
lors  même  que  chacune  des  créatures  qui 
parlent  ou  qui  ne  parlent  pas,  eût  unetrom- 
jiette  d*or  en  sa  bouche,  et  que  chaque  trom- 
pette eût  douze  spns,  et  que  chaque  son  fût 
plus  élevé  que  le  ciel  et  plus  profond  que 
Tenfer,  Torgane  d*or  du  cantique  saint  les 
surmonterait  tous  de  son  bruit  et  les  empê- 
cherait d*ètre  entendus.» 

«  Saturne  dit:  «  Mais  à  quoi  ressemble  le 
beau  vêlement  de  notrePère?  >» 

c  Salomon  dit  :  «  Notre  Père  a  une  ban- 
nière d*or,  et  à  cette  bannière  sont  suspen- 
dues douze  banderoles,  et  chacune  d'elles  est 
attachée  à  cent-vingt  anneaux  d'or.  Et  la 

Ïiremière  banderole  est  appelée  Aurum  eœ^ 
esu^ei  les  ténèbres  oepeuventen  approcher 
d'une  distance  de  cent-vingt  milles  ;  les  an- 
ges appellent  la  seconde  banderole  Spiritum 
Paracletum^  et  saint  Michel  Taura  pour  vê- 
tement au  jour  du  jugement;  les  auges  ap- 
pellent la  troisième  banderole  PastoraUees^ 
et  elle  est  semblable  à  celles  qui  étaient  au- 
trefois suspendues  dans  ce  même  temple 
aux  piliers  de  mon  père  David  ;  la  quatriè- 
me banderole  se  nomme  Solatium;  c'est 
elle  que  le  bon  roi  Abimelech  apporta  au- 
trefois comme  une  offrande  et  un  sacrificeà 
Jésus-Christ;  la  cinquième  banderole  se 
nomme  Yita  perpétua  ,  et  elle  est  l'attribut 
de  la  sainte  Trinité  ;  la  sixième  banderole 
s'appelle  Sacrificium  Dei  ;  elle  a  la  ressem- 
blance de  tous  les  animaux.  »  (Le  ifianui- 
eril  s'arrête  en  cet  endroit,) 

Nous  passons  maintenant  à  un  fragment 
qui  se  trouve  dans  un  manuscrit  du  Musée 
britannique  (fonds  Cottonien,  Vitelius,A.159 
(867);  il  a  été  publié  par  M.  Thorpe  dans  ses 
Analeeta  Anglo-Saxonica,  et  réimprimé  par 
M.  Kemble.  La  fin  de  ce  dialogue  manque  ;  il 
exposed'unton  sérieux  des  idées  singulières. 

(867)  Voici  rorîgioe  de  cette  dénomination'  q«i 
petit  sembler  bizarre  :  les  manuscrits  formant  la  bi- 
blioibèque  de  R.  Cotton,  mort  en  1588,  sont  déposés 
au  musée  Britannique;  ils  sont  répartis  en  qua- 
torze armoires  portant  les  noms  des  douze  Césars, 
de  Cléopàtre  et  de  Fausttne  ;  ils  sont  ensuite  enie- 
gistrés  sous  une  lettre  de  Talphabet  qui  indique  le 
rayon  de  Tarmoire  sur  lequel  ils  sont  placés  ;  cette 
lettre  est  suivie  d'un  chiffre  qui  fait  connaître  le  rang 
que  chaque  manuscrit  occupe  en  ce  placement.  Grince 


«  Saturne  dit  à  Salomon  :  «  Dis-moi  où 
Dieu  était  assis  lors(|u*it  créa  le  ciel  et  ii 
terre.  —  Je  te  le  dirai  :  il  était  assis  $ar  lei 
ailes  du  vent.  —  Dis-moi  quel  mot  sorûile 
premier  de  la  bouche  de  Dieu.  ~  Je  te  \t 
dirai  :  Que  la  lumière  êoit^  et  la  iuroièrefai- 
Dis-moi  ce.  qu'est  Dieu.  —  Je  te  dis  qoe 
Dieu  est  celui  qui  a  toutes  choses  ensapuii- 
sance.  —  Dis-moi  d'où  fut  formé  le  dooi 
d'Adam.  —  Je  te  le  dis  :  de  quatre  étoilei- 
Dis-moi  comment  elles  se  nomment,  -h 
te  le  dis  :  ArlkoXf  Dux^  ArotkoUm,  Ma- 
tymbrie.  —  Dis-moi  de  quelle  substance l«; 
formé  Adam,  le  premier  homme.  —  Je  tf  c 
dis  :  de  huit  livres  pesant.  —  Dis-moi  cooi- 
ment  elles  se  nomment.  —  Je  te  le  dis:li 

f)remière  était  une  livre  de  terre  dont  fii 
àite  sa  chair  :  la  seconde  était  une  liire> 
feu  d'où  provint  son  sang  rouge  et  cbao 
la  troisième  était  une  livre  de  vent,  et  de  > 
son  baleine  lui  fut  donnée;  la  qualnèiuc 
était  une  livre  d'écume  et  de  là  l'incODstafic» 
de  son  humeur  lui  fut  donnée;  la  cinqui^oi: 
était  une  livre  de  blanc  d*où  lui  furent  doD- 
nées  sa  graisse  et  sa  croissance  ;  la  sixième 
était  une  livre  delumièred*oùluifutdooDe 
la  variété  de  ses  yeux  ;  la  septième  était  une 
livre  de  rosée  d'où  il  tira  sa  sueur;  la  but* 
tième  était  une  livre  de  sel,  et  de  li  vleoi  .9 
sel  qu'il  y  a  dans  ses'  larmes.  —  DIhdii 
quel  Age  avait  Adam  lorsqu'il  fut  créé.  - 
Je  te  le  dis,  il  était  Agé  de  trente  ans.  -Di»* 
moi  quel  était  la  taille  d'Adam  quand  il  fil 
créé.  —  Je  te  le  dis  :  il  avait  ceot  seizt 
pouces  de  haut.  —  Dis-moi  combien  d'ia- 
nées  Adam  vécut-il  en  ce  monde?— Je i^ 
le  dis  :  il  vécut  neuf  cent  trente  ans  dans  : 
travail  et  la  misère,  et  ensuite  il  alla  di'.* 
l'enfer,  et  là  il  souffrit  de  rudes  cbitiafl:' 
pendant  cinq  mille  deux  cent  vingt-huj:i:> 
—  Dis-moi  quel  Age  avait  Adam  lc4v:3> 
engendra  un  fils.  — Je  te  le  dis  :  iii^'" 
cent  trente  ans.  —  Dis-moi  combien  de  v- 
tions  descendirentdesfilsdeNoé.— Jeteiei^^* 
soixante-douze  nations  ;  trente  desceD'iirtai 
de  Sem,  le  fils  atné,  trente  deChametdoon 
de  Japhet.  ~  Dis-moi  quel  est  celui  qu'i^* 
fut  jamais  né,  qui  fut  ensuite  ensereli  da:* 
le  sein  de  sa  mère,  et  qui  fut  l)aptiséapr<^i 
mort.  —  Je  te  le  dis  :  c'est  Adam.  -  I>> 
moi  combien  de  temps  vécut  Adam  àsù^  t 
paradis.  —  Je  te  le  dis  :  treize  ans,  et  la  qo 
torzième  année,  il  mangea  dufroitdaûéu-^f 
défendu  (867*),  et  c'était  un  vendredi,  eipcr 
ce  motif  il  fut  dans  l'enfer  cinq  oiiMe  i*< 
et  deux  cents  ans  et  vingt-huit  ans.  - 1^<*^ 
moi  quel  était  TAjpe  de  sainte  Marie.  -  J'' 
le  dirai  :  elle  avait  soixante-trois  ans  l^-^ 
qu'elle  mourut,  et  elle  avait  quatone  :^ 


à  ce  système,  les  recherches  sont  facile*  ei  proafi^ 
(867*)  Cetie  assertion  ne  s'accorde  pas  ttK  ^  -* 


quable.  f  A  la  tierce  heure  si  donna  Ada»  ^/^^ 
toutes  bestes,  a  la  siste  bonre  si  a^sfetUf^^ 
l:i  poume  e  en  dona  à  sua  baroun,  •  i]  ^  *'^*^ 

Ear  lamur  de  li,  e  a  âhoure  de  uouae  ai  luvoi  i 
ors  de  paradis,  i 


881 


SAL 


PART.  III.--LEGE1NDES  ET  FRAGMENTS. 


SAL 


88i 


lorsqu  elle  enfiinta  Jésus-Christ^et  ellepassa 
aiec  lui  trente-six  ans  sur  la  terre,  et  elle 
fui  seize  ans  dans  le  monde  après  lui.  — 
Dis-moi  combien  de  temps  dura  la  construc- 
tion de  l'arche  de  Noé.  —  Je  te  le  dis  : 
quatre-vingts  ans,  et  elle  fut  faite  avec  le 
\\o\s  qu*on  appelle  Sem.  —  Dis-moi  com* 
ment  se  nommait  la  femme  de  Noé.  —  Je  te 
iedis  :  elle  était  nommée  Dalila.—  Et  com- 
ment était  nommée  la  femme  de  Cbam  ?  — 
Elle  était  nommée  Jactarcita.  —  Et  comment 
s'appelait  la  femme  de  Japhet  ?  —  Je  te  le 
dis:  elle  était  nommée  Catauu  via,  et  ces  trois 
femmes  sont  aussi  désignées  sous  d'au* 
très  noms;  on  les  appelle  Olla,  Ollina  et 
Ollibaoa. —Dis-moi,  combien  de  temps  le 
déluge  de  Noé  séjourna-t-il  sur  la  terre  ?  — 
Jeté  le  dis  :  quarante  jours  et  autant  de 
nnit«.  —  Dis-moi  quelle  était  la  longueur  de 
l'arche  de  Noé.  —  Je  te  le  dis  :  elle  avait 
trois  cents  aunes  de  long,  cinquante  aunes 
delarjge  et  trente  de  hauteur.  —  Dis-moi, 
combien  Adam  eut- il  de  fils? —  Je  te  le  dis: 
trente  fils  et  trente  filles.  —  Dis-moi  quel 
homme  bâtit  la  première  ville.  —  Jeté  Iedis: 
il  s'appelait  Kanos,  et  Ninive  fut  cette  ville. 

—  Dis-moi  quelle  est  la  meilleure  chose  et 

la  pire  parmi  les  hommes.  — Je  te  le  dis  : 

U  parole  est  la  meilleure  et  la  pire  chose 

parmi  les  hommes.  —  Dis-moi  quelle  est  la 

chose  qui  est  la  mieux  connue  de  l'homme 

sur  la  terre  ?  —  Je  te  le  dis  :  la  chose  la 

mieux  connue  de  tout  homme,  c'est  qu'il 

doit  souffrir  la  mort.  —  Dis-moi  Quelles  sont 

lesiruis  choses  sans  lesquelles  1  homme  ne 

peut  vivre.  —  Je  te  le  dis  :  l'une  est  le  feu, 

la  seconde  est  l'eau,  la  troisième  le  fer. — 

fiis-moi  quel  est  l'arbre  qui  est  le  meilleur 

de  tous  les  arbres.  —  Je  te  le  dis  /  c'est  la 

vigne.—  Dis-moi  où  repose  l'Ame  de  l'homme 

pendant  le  sommeil  du  corps.  —Je  te  ledis: 

elle  est  en  trois  endroits,  dans  la  cervelle, 

ou  dans  le  cœur  ou  dans  le  sang.  —  Dis-moi 

pourquoi  l'eau  de  la  mer  devint  salée.  — 

ie  le  le  dis  :  c'est  à  cause  des  dix  paroles 

oi!i  HoL^e    réunit  les  commandements  de 

Dieu,  et  il  jeta  les  tables  de  l'ancienne  loi 

dans  la  mer,   et  il   répandit  des   larmes 

dans  la  mer;  c'est  pourquoi  la  mer  devint 

salée,  —  Dis-moi  où  est  la  tombe  du  roi 

Moïse.  —  Je  te  le  dis  :  elle  est  près  de  la 

maison  appeléeFegor,etil  n*estnas d'homme 

qui  la  connaisse  jusqu*au  jour  du  jugement. 

—  Dis-moi  qui  nomma  le  premier  le  nom 
de  Dieu.  —  Je  te  le  dis  :  le  diable  nomma  le 
premier  le  nom  de  Dieu.  —  Dis-moi  quelle 
est  sur  la  terre  la  chose  la  plus  lourde  à 
supporter.  —  Je  le  le  dis  :  les  péchés  d'un 
homme  et  la  colère  de  son  Seigneur.  — Dis- 
moi  ce  qui  pîalt  à  un  homme  et  ce  qui  dé- 
piatt  à  un  autre.  —  Je  te  le  dis  :  le  jugement. 

—  Dis-moi  quelles  sont  les  quatre  choses 
qui  n*out  jamais  été  et  qui  ne  seront  jamais 
remplies.  —  Je  te  le  dis  :  l'une  est  la  terre, 
la  seconde  est  le  feu,  la  troisième  est  l'enfer, 
la  quatrième  est  l'homme  avare  qui  est  dési- 
reux des  richesses  mondaines. — Dis-moi, 
pourquoi  le  soleil  est-il  rouge  le  soir?  — 
'oie  Iedis  :  parce  qu'il  regarde  l'enfer.  — 


Dis-moi  pourquoi  il  est  si  rouge  le  matin. — 
Je  te  le  dis  :  parce  qu'il  doute  s'il  pourra  ou 
non  briller  sur  le  monde  entier,  ainsi  que 
l'ordre  lui  en  a  été  donné.  —  Dis-moi 
quelles  sont  les  quatre  eaux  qui  nourrissent 
cette  terre.  —  Je  te  ie  dis  :  ce  sont  la  neige, 
l'eau,  la  grêle  et  la  rosée.  — Dis-moi  qui  le 

Sremier  employa  les  lettres.  —  Je  te  le  dis: 
(ercure  le  géant. 

«Dis-moi,  combien  de  temps  Adam  sé- 
journa-t-il  dans  ie  paradis?  —  Je  te  le  dis  : 
il  y  passa  treize  ans.  —  Dis-moi  quel  jour  il 
pécha.  —  Je  te  le  dis  r  un  vendredi,  et  il  fut 
aussi  créé  ce  jour -là,  et  il  mourut  également 
ce  jour,  et  c'est  pourquoi  Jésus-Christ  souf- 
frit plus  tard  un  vendredi.  —'Dis-moi,  de 
quel  cAié  d'Adam  Notre-Seigneus  prit-il  la 
côte  dont  il  fit  la  femme?  —  Je  te  le  dis  :  du 
côté  gauche.  —  Dis-moi  où  était  assis  Notre- 
Seigneur  lorsqu'il  créa  le  ciel  et  la  terre  et 
toutes  les  créatures.  —  Je  te  le  dis  :  sur  les 
ailes  du  vent.  —  Dis-moi  où  est  la  terre  sur 
laquelle  le  soleil  ni  la  lune  n'ont  jamais 
brillé,  sur  laquelle  le  vent  n'a  jamais  soufflé 
à  aucune  heure  du  jour,  précédemment  ou 
après  ?  —  Je  te  le  dis  :  cette  terre  est  dans  la 
mer  Rouge,  sur  laquelle  le  peuple  d*lsraël 
sortit  de  sa  captivité.  —  Dis  moi. où  le  soleil 
brille  la  nuit.  — Je  te  le  dis:  en  trois  en- 
droits, d'abord  dans  le  ventre  de  la  baleine 
qu'on  appelle  Léviathan,  et  dans  la  seconde 
saison  il  brille  en  enfer,  et  dans  la  troisième 
saison  il  brille  sur  cette  lie  qu'on  appelle 
Glith,  et  c'est  iè  que  reposent  les  Ames  des 
saints  jusqu'au  jour  du  jugement.  —  Dis- 
moi  ce  au'est  le  soleil.  —  Je  te  le  dis  : 
Astriges  le  magicien  dit  que  c'était  une 
pierre  brûlante.  —  Dis-moi  auel  fut  le  pre- 
mier évèaue  dans  l'ancienne  loi,  avant  I  avè- 
nement du  Christ.  —  Je  te  ie  dis  :  Melcbi- 
sédech  et  Aaron.— Dis-moi  qui  fut  le  premier 
évoque  sous  la  nouvelle  loi.  —  Je  te  le  dis  : 
Pierre  et  Jacques.  —  Dis-moi  quel  homme 
prophétisa  le  premier.  —  Je  te  le  dis  : 
Samuel.  —  Dis-moi  quel  fut  le  premier 
médecin.  —  Je  te  le  dis  :  il  se  nommait 
Aslérius.  —  Dis-moi  qui  sont  les  deux 
hommes  oui  sont  dans  le  paradis  et  qui  sont 
toujours  livrés  è  la  tristesse  et  versant  des 
pleurs.  —  Je  te  le  dis  :  c*est  Enoch  et  Elle; 
ils  pleurent  parce  qu'ils  retourneront  sur 
cette  terre  et  Qu'ils  souffriront  la  mort  à 
laquelle  ils  ont  échappé. 

«Dis-moi,  pourquoi  le  corbeau,  qui  autre- 
fois était  blanc,  est-il  devenu  si  noir?—  Je  te 
le  dis  :  parce  qu'il  ne  retourna  pas  dans 
Tarche  d  où  il  avait  été  envoyé.  —Dis-moi, 
comment  le  corbeau,  par  son  obéissance, 
obtint-il  le  pardon  de  sa  précédente  déso- 
béissance?— Je  te  le  dis  :  c'est  lorsqu'il 
nourrit  Elle, auprès  duquel  il  se  rendit  dans 
le  désert  et  qu'il  le  servit.  —  Dis-moi  quelle 
est  la  créature  qui  est  tantôt  mAle  et  tantôt 
femelle.  —  Je  te  le  dis  :  le  poisson  Beidu 
dans  la  mer,  et  le  serp^t  appelé  vipère,  et 
Toiseau  appelé  corbeau.  —  Dis-moi  quels 
sont  les  deux  pieds  que  TAme  doit  avoir.  — 
Je  te  le  dis  :  I  amour  de  Dieu  et  de  l'homme, 
et  si  elle  n'a  ni  l'un  ni. l'autre,  alors  elle 


883 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


reste  sans  pouvoir  marcher.  —Dis-moi,  sur 
combien  d  ailes  faut-il  que  le  cœur  yole  afln 
d'atteindre  au  ciel?—  Je  te  le  dis  :  sur 
quatre,  la  Prudence,  rHumililé,  la  Force  et 
la  Justice.  —  Dis-moi  le  nom  de  la  ville  où 
le  soleil  se  lève.  —  Je  le  le  dis  :  elle  est  ap- 
pelée Juiaca.  —  Dis-moi  comment  s'appelle 
celle  où  il  se  couche.  —  Je  te  le  dis  :  elle  se 
nomme  Janita.  —  Dis-moi  combien  il  y  a 
d'espèces  de  créatures  qui  volent  dans  l'air. 
—  Je  te  le  dis  :  il  y  en  a  cinquante-deux.  — 
Dis-moi  combien  il  y  a  d'espèces  de  poissons 
dans  l'eau.  --  Je  le  le  dis  :  il  y  en  a  trente- 
six.  —  Dis-moi  combien  il  y  a  d'espèces  de 
serpents  sur  la  terre.  —  Je  te  le  dis  :  il  y  en 
a  trenle-qualre.  —  Dis-moi  comment  le 
Christ  naqpii  de  sa  mère  Marie.  —  Je  te  le 
dis  :  par  la  mamelle  droite.  —  Dis-moi  ce 
qui  est  le  plus  cher  h  un  homme  durant  sa 
vie  et  le  plus  répugnant  après  sa  mort.  —  Je 
te  le  dis  :  sa  propre  volonté.  —  Dis-moi  quel 
est  le  faux  ami.  —  Je  te  le  dis  :  c'est  celui 
qui  est  camarade  k  table  et  qui  ne  l'est  pas 
au  moment  du  besoin.  —  Dis-moi  comment 
on  peut  prévoir  la  mort  d'un  homme.  —  Je 
te  le  dis  :  il  y  a  deux  nuages  dans  les  yeux 
d'un  homme  ;  si  tu  ne  les  vois  pas,  alors 
l'homme  mourra  avant  que  trois  jours  ne  se 
soient  écoulés.  » 

Nous  ferons  maintenant  quelques  em- 
prunts à  la  portion  en  vers  du  dialosue 
entre  Salomon  et  Saturne;  celle-ci  est  d  un 
caractère  spécialement  moral  et  sérieux. 

«  Salomoo  dit  :  «  11  est  dépourvu  de  raison 
et  de  sagesse  celui  qui  se  livre  constamment 
aux  pleurs  et  à  la  tristesse  de  l'esprit;  il  est 
grandement  rebelle  à  Dieu.  »  Saturne 
dit  :  «  Pourquoi  ne  pouvons-nous  pas  nous 
acheminer  tous  avec  transport  vers  le 
royaume  de  Dieu?  »  Salomon  dit  :  «  Per- 
sonne ne  peut  retarder  du  moindre  instant 
le  dernier  et  fatal  voyage;  il  faut  qu'il  l'en- 
dure. »  Saturne  dit  :  <i  Mais  comment  se 
fait-il  que,  lorsque  deux  jumeaux  sont  nés 
d'une  même  femme,  leur  gloire  n'est  pas 
semblable?  L'un  est  misérable  sur  la  terre, 
l'autre  heureux  et  honoré  de  dignités  publi- 
ques; l'un  ne  vit  que  fort  peu  de  temps,  il 
languit  dans  ce  vaste  univers  et  le  quitte 
avec  regret.  Je  te  demande,  seigneur  Salo- 
mon, duquel  la  condition  est-elle  préféra- 
ble? »  Salomon  dit  :  «  Une  mère  ne  con- 
sidère pas,  lorsqu'elle  donne  la  vie  à  un  fils, 
comment  son  pèlerinage  s'etfecluera  ;à  tra- 
vers le  monde.  Souvent  elle  nourrit  son  fils 
en  supportant  de  grands  chagrins;  ensuite 
elle  est  obligée  de  prendre  part  aux  peines 
de  son  enfant,  aussi  versera-t-elle  souvent 
&ur  lui  des  larmes  amères.  » 

Ces  extraits  suffisent  pour  donner  une 
idée  du  genre  de  la  rédaction  en  vers  du 
colloque  de  Saturne  et  de  Salomon;  elle  ne 
fifit  pas,  comme  la  partie  en  prose,  des  in- 
cursions hasardées  sur  le  domaine  de  l'his- 
toire et  elle  s'en  tient  aux  réflexions  morales. 

Ajoutons  ici  quelques  autres  détails  que 
nous  devons  à  l'érudition  Je  M.  Kemble. 

Au  moyen  Age,  Salomon  était  envisagé 
comme  le  maître  du  monde  invisible  et 


comme  le  constructeur  du  temple  bien  plus 
que  comme  le  monarque  dont  la  Bibles  re- 
tracé rhisloirc.  Dire  qu'une  chose  éuî 
l'œuvre  de  Salomon,  c'était  la  citer  coniiof 
un  chef-d  œuvre  de  magnificence  et  d'h^bi- 
teté.  On  en  rencontre  maint  exemple  dans 
les  vieux  poètes  français. 

As  esiries  s*apuia  del  (Bvre  Saleinon. 

{Roman  de  Fierabroê. 

Quand  Godefrois  Liber  fut  entrés  d  dooioa, 
Qui  estait   pain  tarés  de  Tuevre  Salemon. 

{Le  chevalier  du  Cf§ne.) 

En  mi  la  nef  trova  an  Ut 
Dont  li  peçon  è  li  limun 
Furent  al  overe  Salemon. 

(Poésieê  de  Marie  de  Frana.) 

Nous  puisons  ces  indications  dans  Ia.>V 
ticede  M.  Francisque  Michel  sur  Welanii* 
forgeron. 

Des  adages  mis  sous  l'autorité  de  Salomon 
et  oui  ne  se  trouvent  pas  toujours  daos  a 
Bible  sont  fréquents  chez  les  auteurs  du 
moyen  âge.  En  voici  deux  exemples  pris 
dans  le  Roman  de  Tristan  publié  pflr 
M.  Francisque  Michel  (1835, 2  vol.  in-i!). 

Sire,  moult  dit  voir  Salemon, 
Qui  de  forches  traient  larruo 
Ja  pus  ne  Tameront  nul  jor. 

(T.  I.  p.  5.) 

Salemon  dit  que  droicturiers 
Que  ses  amis  sont  ses  lévriers. 

(T.  I,  ^  71) 

Remarquons  en  passant  aue  le  premier  ip 
ces  adages  ne  respire  nullement  on  es[)r\\ 
de  charité  chrétienne;  mais  il  était  fort  ré- 
pandu au  moyen  âge,  et  on  le  relrooTedr/ 
un  bon  nombre  d'ouvrages  de  cette  épo;]*, 
notamment  dans  le  Castoiement  publié  i^i 
Barbazan  : 

Quar  qui  le  pendu  despendra 
Le  fais  desur  son  col  cherra. 

Et  dans  un  recueil  de  proverbes  maou^ 
crits  conservés  au  musée  Britannique: 

Larroun  ne  amera  qi  lui  reynt  de  fourches. 

On  pourrait  invoquer  d*ailleurs  de  nom- 
breux passages  qui  montrent  qu'au  moyea 
âge  la  sagesse  de  Salomon  était  regarlée 
comme  ce  qu'il  y  avait  de  plus  digne  d^l- 
ges  :  nous  nous  bornerons  à  trois  cilatitms. 

Se  j  a  voie  le  sens  k'ot  Salemons. 
[Chanton  du  châtelain  de  Coucy,  citées  pir  Ij 
Borde,  E$$ai$  sur  ta  musique^  l.  il,  p.  ^ 

El  je  souhait  autretant  de  boa  sens 
E  de  mesure,  corne  est  en  Saleiaooi. 

{Poésies  du  roi  de  Navarre,  édit.  de  173S,  t.  U. 
p.  i59.) 

E  ieu  agues  atretan  de  bon  sen 
E  de  mesura  cum  ac  Salamos. 
(Elias  Cayrel ,  cité  par  Hcnouard ,  Choix  dt 
poésies  des  Troubadours,  t.  V,  p.  550.) 

Le  cataloguede  labibliothèqueBodieyenne 
à  Oxford  enregistre  un  ouvrage  hébreu  im- 
primé à  Constantinople  en  1517  et  dont  /r 
titre  est  traduit  nar  :  Proverbia  Salomont* 
qaœ  suni  historioiœ  seufabeUœ.  Ce  liîrtj*^ 


^^5 


SÂH    PART.  m.  T-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAM 


S86 


connu  a  peut-être  de  Tanalogie  avec  This- 
toire  de  Marcolphe.  Un  autre  écrit  intitulé 
également  Misclè  Scelomd  {Proverbia  5a/o- 
noniiji  est  mentionné  par  Bartolocci  (^t- 


bliotheca  Rabbinica^  t.  I,  p.  708).  L'auteur 
dit  :  Jntentio  mea  in  eo  est  dare  interpréta^ 
lionem  omnibus  insomniorum  speciebus. 


SAMARITAINS. 


Les  écrits  possédés  par  cette  branche  du 
peuple  juif,  aujourd'hui  presque  détruite» 
sont  peu  connus;  nous  nous  y  arrêterons 
(in  instant.  Un  orientaliste  célèbre,  M.  Sil- 
)festre  de  Sacy»  s*en  était  occupé  avec  zèle; 
voici  ce  qu'il  nous  apprend  :  Les  Samaritains 
possèdent  le  texte  du  Fentateuque  en  hébreu, 
mais  écrit  dans  un  caractère  différent  de  ce- 
lui qu'emploient  les  Juifs,  Outre  ce  texte 
hébreu,  qui  diffère  en  beaucoup  d'endroits 
de  celui  des  Juifs,  et  qui  a  paru  dans  la  Po- 
lyglotte de  Londres,  après  avoir  été  inséré 
dans  celle  de  Paris,  les  Samaritains  ont  une 
version  du  même  livre,  écrite  dans  un  dia- 
lecte particulier,  qui  tient  beau  coup  du  chal- 
déen  et  du  syriaque,  mais  qui  se  distingue 
de  ces  deux  langues  par  certaines  formes 
grammaticales,  et  par  un  grand  nombre  de 
mois  qui  ne  se  trouvent  que  dans  le  sama- 
rilain,  ou  qui  reçoivent  dans  ce  dialecte 
une  significat  ion  différente  de  celle  qu'ils 
ont  dans  les  deux  autres  langues.  La  version 
arahico'samaritaine  parait  faile  non  sur  la 
version  samaritaine,  mais  sur  le  texte  hé- 
breu samaritain.  Les  manuscrits  n'en  sont 
pas  extrémenrient  rares  en  Europe;  le  plus 
remarquable  de  tous  se  trouve  à  Rome  dans 
la  bibliothèque  Barberine;  il  est  sur  parche- 
min, et  il  y   manque  les  trente-trois  pre- 
miers chapitres  de  la  Genèse,  ainsi  que  quel- 
ques feuillets  dans  le  corps  de  l'ouvrage. 
Trois  autres  manuscrits  sont  à  Oxford,  à  la 
bibliothèque  Bodleyenne;  quatre  à  Paris,  à 
la bibliotoèque  Impériale;  il  s'en  trouve  un 
autre  h  la  bibliothèque  de  Leyde.  M.  Sil- 
vestre  de  Sacy  entre,  à  leur  égard,  dans  de 
longs  détails,  ainsi  que  sur  les  travaux  dont 
ils  ont  été  l'objet;  il  signale  quelques  va- 
riâmes Qu'ils  présentent  entre  eux,  mais  qui 
n'empècnent   pas  de  reconnaître  diverses 
rojiies  d'une  même  version.  Quant  à  l'au- 
teur de  cette  version  arabe,  on  manque  de 
données  certaines  h  cet  égard  ;  mais  le  sa- 
vant que  nous  venons  de  nommer  manifeste 
une  bonne  opinion  au  sujet  de  son  travail, 
el dit  que  la  publication  en  serait  utile;  il 
traoscritquelques  passages  qui  montrent  eu 
effet  que  cette  traduction  peut  servir  parfois 
à  éclaircir  le  sens  de  quelques  endroits  obs- 
curs; il  entre,  au  sujet  de  la  collation  des 
divers  manuscrits,  dans  des  détails  circons- 
tanciés qui  ne  doivent  pas  trouver  place 
ïci, 

M.  Renan  (Histoire  générale  et  système 
comparé  des  langues  sémitiques^  1855,  |>. 
219)  s'est  occupé,  de  son  côté,  des  Samari- 
wius.  Anrès  avoir  retracé  leur  rivalité  avec 
es  Israélites,  cetérodil  ajoute  :  a  La  culture 
lUléraire  du  Samaritain  ne  paraît  t^as  avoir 


été  ni  fort  ancienne  'ni  fort  brillante. 
M.  Ewald  suppose  que  sous  la  domination 
des  Perses,  et  sous  celle  des  Grecs,  il  y  eut 
{Geschichte  des  volk.  Jsr.^  t.  111,  n'  part.,  p. 
100  }  une  série  d'historiens  samaritains 
dont  on  retrouverait  des  débris  incohérents 
dans  la  chronique  d'Aborifuth,  et^dans  le  Li- 
vre de  Josué,  ouvrages  composés  en  arabe 
par  les  Samaritains,  à  des  époques  relative- 
ment modernes.  Mais  il  faut  avouer  que  cette 
antique  littérature  aurait  laissé  bien  peu  de 
traces.  La  version  du  Pentateuque,  le  plus 
ancien  des  écrits  samaritains  qui  nous  res- 
tent, version  que  la  plupart  des  critiques 
rapportent  au  premier  siècle  de  notre  ère, 
et  où  se  traduit  l'influence  du  Targum  d'On- 
kélos,  présente  de  si  nombreux  arabismes, 
qu'on  est  forcé  d'admettre  qu'elle  a  subi  des 
retouches  après  l'islamisme.  Les  hj^mnes 
publiés  par  Gésénius  sont  plus  modernes 
encore,  et,  pourla  plupart, certainement  pos- 
térieurs à  Mahomet.  Les  livres  historiaues 
que  possédaient  les  Samaritains  semblent 
être  perdus;  cependant  il  existe,  dit-on,  à 
Naplouse  quelques  textes  inconnus  aux  sa- 
vants «Européens.  (  Robinson,  Palœstina  ^ 
1. 111,  p.  325.)  » 

Le  samaritain  resta  langue  vulgaire  jus- 
qu'à l'invasion  musulmane.  Vers  le  viif  ou 
le  IX'  siècle,  il  (ut  graduellement  absorbé, 
comme  tous  les  autres  dialectessémitiques. 
par  l'arabe  ;  mais  il  continua  d*être  compris 
et  même  écrit«par  les  prêtres,  en  certaines 
occasions  solennelles.  Un  essai  de  gram- 
maire samaritaine,  et  un  traité  de  la  lecture 
de  Thébreu  écrit  en  arabe,  au  xii*  siècle, 
qui  se  trouvent  dans  un  manuscrit  d'Ams- 
terdam (Weyon,  CataL  cod.  orient,  qui  in 
Bibl,  Inst.  regii  Amstelodayni  asservantur^ 
i).4-8),  seraient  dignes  d'être  publiés.  Comme 
les  Juifs  et  les  Syriens,  les  Samaritains  écri- 
vent souvent  l'arabe  avec  leur  caractère  na- 
tional, et  quelquefois,  à  l'inverse,  le  samari- 
tain en  caractère  arabe. 

Celte  antique  branche  de  la  famille  sémi- 
tique est  à  la  veille  de  disparaître.  £n  1820, 
les  Samaritains  étaient  encore  au  nombre 
d'environ  cinq  cents.  Robinson,  qui  visita 
Naplouse  en  1838,  n'en  trouva  plus  que 
cent  cinquante.  Ils  avouent  qu'ils  sont  ré- 
duits à  quarante  familles,  dans  une  suppli- 
que qu'ils  adressèrent,  en  1842,  au  gouver- 
nement françai3  (  Annales  de  philosophie 
chrétienne^  novemnre  1853).  Voir  d'ailleurs 
l'ouvrage  de  M.  Barges ,  Les  Samaritains  de 
Naplouse^  Paris,  1855. 

Parmi  les  savants  qui  se  sont  occupés  des 
Samaritains,  nous  mentionnerons  Basnagc 
(Histoire  des  Juifs,  1716,  t.  Il ,  p.  1  à  302); 


887 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRIPRES. 


il  s'exprime  h  leur  égard  dans  les  termes 
suivants  : 

«Naplouse  était  l'ancienne  ville  de  Sî- 
ehem,  qui  avait  été  détruite  du  temps  des 
Kuerres  de  Vespasien  Ce  prince  y  envoya 
rie  nouveaux  habitants ,  et,  par  recf)nnais- 
sance,  elle  prit  le  nom  de  Flavia  NeapoHs. 
(La  famille  des  Vespasiens  portail  le  nom  de 
Flavius.)  » 

«  Le  mont  Garizim,  au  pied  duquel  Na- 
plouse  est  située,  était  pour  les  Samaritains 
la  montagne  sainte  par  excellence.  Ils  disent 
que  les  eaux  du  déluge  ne  la  couvrirent 
point,  parce  qu'un  lieu,  qui  devait  être  ho- 
noré nar  le  temple  et  la  puissance  de  la  Di- 
vinité, ne  devait  pas  être  souillé  par  la  boue, 
le  limon  et  les  animaux  que  les  eaux  lais- 
sent après  elles.  » 

Ce  qui  concerne  cette  montagne  a  été 
exposé  par  le  Suédois  J.  C,  Poldam,  dans 
ses  deux  dissertations  :  De  iemplo  Samarita- 
norum  in  Garizim,  Upsal,  1720-1722,  in-fc% 
écrits  qu'il  serait  difficile  de  se  procurer  en 
France. 

Nous  avons  déjà  parié  (t?oy.  JosuÉ)  d'une 
chronique  des  Saraanlains;  Basnage  entre 
dans  des  détails  au  sujet  d'une  autre  qu'ils 
possèdent  aussi  ;  il  pense  qu'elle  est  Tœuvre 
de  divers  auteurs  dont  le  travail  a  été  réuni 
trois  siècles  après  l'ère  chrétienne  ;  Reland, 
dans  ses  Disserlatione$  miscellantŒf  1706, 
et  Bernard,  dans  les  Acta  eruditorum^  Leip- 
sick,  1691,  ont  discuté  bien  des  points  rela- 
tifs k  cet  ouvrage ,  et  en  out  publié  quelques 
fragments.  ^ 

Nous  en  citerons,  comme  échantillon,  le 
conseil  donné  par  Balaam  aux  ennemis  des 
Israélites  (circonstance  qu'on  retrouve  aussi 
dans  les  rabbins). 

«Vous  ne  pourrez  jamais  vaincre  les  Is- 
raélites pendant  que  Dieu  les  protégera,  et 
il  les  protégera  toujours  pendant  qu'ils  fe- 
ront de  bonnes  œuvres  ;  il  faut  donc  les  dé- 
tacher du  service  de  Dieu ,  et ,  pour  cela ,  il 
faut  les  prendre  par  leur  faible,  qui  est  Tim- 
pureté.  Le  Dieu  qu'ils  adorent,  haïssant 
loute  action  impure,  ne  combattra  plus  pour 
eux,  et  la  victoire  vous  est  assurée.  » 

LesSamaritains  modernes  n'admettent  que 
le  Penlateuque  ;  quant  à  leurs  livres  parti- 
culiers, ils  sont  fort  peu  connus.  En  écri- 
Tanl  à  Scaliger,  ils  promettaient  de  lui  en- 
voyer des  cantiques  et  des  psaumes,  ce  qui 
doit  s'entendre,  non  des  psaumes  de  David , 
mais  de  quelques  hymnes  qui  entrent  dans 
leur  liturgie.  Le  savant  orientaliste  Castel, 
qui  avait  eu  connaissance  de  la  liturgie  dns 
Sni.aritains,  à  l'usage  de  la  S.yna^ogue  de 
Damas,  en  .^  pla<;é  quelques  extraits  dans 
son  Lexicon  Polygloiton. 

L'écrit  le  plus  important  qu'aient  eu  les  Sa- 
maritains, au  point  de  vue  des  études  bibli- 
ques, c'est  leur  Pentateuque.  Ce  n'est  point 
une  traduction,  c'est  l'hébreu  écrit  en  carac- 
tères samaritains,  avec  quelques  variantes. 
Basnage  lui  consacra  le  chapitre  onze  du  se- 
cond livre  de  son  Histoire  des  Juifs,  W.  Whis- 
toaa^i^n^Ié  sur  quels  points  il  s'éloignait 


du  texte  hébreu  {An  Essay  tottardsrttivnt^ 
ihe  truetext  of  iheOld  Testament ^appmdii, 
London.  1722,  in-8').  Voici  également  Tir- 
dication  de  quelques  autres  ouvrages  iut 
Je  même  sujet  : 

ExercitationeshistoricO'Criticœinutrum^f 
Samaritanorum  Penfateuchum..,  auctorF.  L 
Schwarzius,  Wittemhergœ,  1753,  in-4*;.W 
veaux  éclaircissements  sur  T origine  et  ie  Pmo- 
ieuque  des  Samaritains,  par  un  religieux  fir 
nédictin  de  la  congrégation  de  SaintSfiv 
(D.  Maurice  Poncel],avec  une  Préface  et  uf^ 
notes  parD.  Clément,  Paris,  1760,  in-8*;i)ii. 
puUUio  historico-philotogicO'critica  de  Pn- 
tateucho  Hebrœo-Samaritano^abHebrctù,  e(^t 
masorethico  drscripto  exemplari,  quamprenéi 
0.  D,  Tychsen,  eruditorum  examini  suhjir:*: 
IVr-'rcus  Moses,  Bnetzovii,  1765,  in-i*;  b* 
Pentaleuchi  Samaritani  origine ,  indoU  ti 
auctoritate  commentatio  phiiologicO'Critira, 
scripsit  6.  Gesenius,  Halœ,  181*5,  in4'. 

Ce  texte  a  d'ailleurs  eu  plusieurs  éditions; 
nous  citerons  le  Codex  samarittxnus  Paritirn- 
sisSanctœGenovefœ^prœmissacommentatiodt 
Samarilanœ  gentts  religione  Œvirecentiont,  ^ 
J.  M.  Lohstein.  Francfort,  1781,  in-B";  c\  i^ 
Pentateuchus  Hebriro-Samaritanus ,  charaC' 
tere HebrœO'Chaldaico,  editus  cura.elsliuli'». 
Benj.  Blayney,  Oxford,  1700,  in-H*.  Belle 
édition. 

M.  Silvestre  de  Sacy  inséra  nn  mémoire 
dans  les  Annales  des  voyages,  18t2,  lequel  a 
été  traduit  en  allemand  (Ueber  den  gegn- 
itdrtigen  Zustand  der  Samaritaner),  et  pul»!.»^ 
h  Francfort  en  18li,  in-8*,  64  pages,  h 
voici  un  extrait  : 

«  Les  Samaritains  ont  toujours  possédée 
possèdent  encore  aujourd'hui  la  loi  de  Mn^e 
en  langue  hébraïque.  Cet  exemplaire,  ;i 
même  ,  en  général ,  que  celui  des  Juib,  en 
diffèrejcependantparun  assez  grand  norol*rf 
de  variantes  et  par  une  quantitécoosidéraMe 
d'additions,  d'omissions,  de  ehangeroenu 
qui  ont  été  failli  è  dessein,  soit  dans  Teiem- 
plaire  des  Juifs,  soit  dans  celui  des  Samari- 
tains. Il  en  diffère  encore  essentielienienl 
par  le  caractère  de  l'écriture.  En  outre,  les 
Samaritains  n'ont  jamais  imité  rexempleiii'^ 
Juifs,  des  Syriens  et  des  Arabes,  qui  «n( 
introduit  dans  leur  caractère  des  fis'N^^ 
propres  à  suppléer  h  l'absence  des  vo^eîlw 
et  à  fixer  la  prononciation. 

«Outre  le  texte  du  Penlatcuqne,  les  S-v 
raaritains  en  possèdent  une  version  écrtu* 
avec  Jes  mômes  caractères  que  le  icile  ori- 
ginal ,  mais  dans  un   dialecte  partiniiler, 
auquel  on  a  donné  le  nom  de  samaritain.^! 
qui,  tenant  de  l'hébreu,  du  chaldéenet  au 
syriaque,  en  diffère  cependant  d'une  mani^n» 
asseï  notable,  soit  par  ses  formes  grammai.' 
cales,  soit  par  des  raisons  qui  lui  soni  |v»f- 
ticulières  ou  par  des  acceptions  différente- 
de  celles  qu'ont  dans   ces   autres  \sngii^^ 
des  mots  qui  leursont  communs  avec  le  ^i'*" 
lecto  samaritain.  Plus  anciennement.  '<*^ 
Samaritains  fiaraissent  avoir  eu  poor  N^ 
usage  une  version  grecque  des  iivre5  ne 
Uoiseï  comme  dans  des  temps  poslérrear^i 


8S9 


SAM 


PART,  m.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAM 


890 


)[$  oui  eu  une  tr/iduclion  arabe  des  Diémes 
l;rres  et  des  commentaires  en  la  même 
langue.  Ils  ont  aussi  des  liturgies  écritesi 
soit  en  hébreu ,  soit  en  samaritain  ;  ils 
écrivent  quelquefois  la  langue  arabe  en 
caractères  samaritains,  comme  les  Juifs  ré- 
crivent en  caractères  hébreux.  Il  est  vrai- 
semblable quMIs  ont  eu  des  historiens»  mais 
nous  ne  connaissons  point  leurs  ouvrages, 
si  on  en  excepte  deux  mauvaises  chroni* 
ques  remplies  de  bévues  et  d*anachronismes. 

Le  voyageur  Pietro  délia  Valle  acheta  h 
Damas»  en  1616  »  un  exemplaire  du  Peota* 
teoque  samaritain»  et  le  remit  à  Tambassa- 
deur  français  à  Constantinople»  Achille  Har- 
la^  de  Sancy.  Ce  ministre  Tenvoya  à  la 
maison  des  Pères  de  rOratoire,  et,  d*après 
ee  manuscrit,  le  P.  Morin  inséra  dans  ta  Po'» 
IjfghUe  de  Le  Jay  ce  texte  précieux. 

Depuis,  d*autres  manuscrits  ont  été 
apportés  en  Europe  ;  on  en  reconnaît 
aujourd'hui  quinze  ou  seize  (  868 }»  sans 
parler  de  quelques  fragments  de  litur- 
gies» de  eonmentaires  sur  le Pentateuque»etc. 
Ajoutons  la  version  arabe  des  livres  de 
Moïse»  faite  pour  Tusage  de  cette  secte  »  et 
que  M.  de  Saoy  fait  connaître  dans  un  mé- 
moire latin  publiédansleiReper^ortiim /tir  i^t- 
iAirke  und Morgenlàndische  /iiero/tird'Eich- 
liorn.  Ce  travail»  j:efondu  et  augmenté,  a  re- 
paru dans  le^  tome  XIJX  des  Mémoires  de 
t Académie  de$    inecripiione    et   bellee-lei'- 

l^ons  avons  dit  que  le  texte  samaritain  a 
étéTobjet  des  travaux  de  divers  érudits. 

Ajoutons  que  parmi  les  divers  écrits  de 
Torientaliste  E.  Scheid  »  il  s'en  trouve  un 
intitulé  :  Varietas  leclionum  seleclarum  ex 
Ptntnleueho  SamariianOf  1776. 

Quelques  savants  européens  ont  cherché 
à  établir  des  rapports  avec  les  Samaritains» 
dans  Tespoir  d'obtenir  d'eux  des  renseigne* 
meiitssur  divers  points  des  rites  et  de  Inis- 
toiredes  Juifs.  Joseph  Scaliger  leur  écrivit; 
deux  réponses  adressées  par  les  Samaritains 
de  Naplouseet  du  Caire»  et  datées  de  1589, 
parvinrent  en  Europe  après  !a  mort  de  cet 
érudit.  Ces  lettres  arrivèrent  aux  mains  du 
P.  Morin  qui  en  fit  une  traduction  peu  exacte. 
Elle  fut  publiée  par  Richard  Simon  dans  le 
recueil  intitulé  Antiquikitee  Ecclesiœ  Orten- 
talis;  M.  Silveslre  de  Sacy  en  a  donné  le 
texte  avec  une  traduction  nouvelle  et  quel- 
ques notes  dans  le  Repertorium  déjà  cité. 

En  1671,  Robert  Buntington,  chapelain  de 
la  factorerie  anglaise  d*Alep»  fit  un  voyage 


en  Palestine i  il  visita  les  Samaritains»  qui 
le  chargèrent  de  porter  de  leur  part  des 
lettres  aux  Israélites  qui  étaient  en  An- 
gleterre; plus  tard  ils  adressèrent  à  Hun*  < 
tinglon  une  lettre  arabe.  M.  de  Sacy  donna 
des  détails  sur  cette  correspondance  ainsi 
que  sur  deux  lettres  écrites  en  1686»  à  To- 
rientaliste  Ludolphe»  et  publiées  h  Zeiz  en  • 
1688  sous  le  titre  suivant  :  Epislolœ  Sama^ 
ritancn  Sichemilarum  ad  J,  Ludolphum^  cum 
ejuêdem  Latina  versione  et  annotationibus. 
Accedit  versio  Latina  persimilium  litiera' 
rum  a  Sichemitis  haud  ita  pridem  ad  Angios 
datarum.  (Voy.  aussi  fiasnage»  ouvrage 
cité,  p.  170  180.; 

En  1808»  des  renseignements  relatifs  aux 
Samaritains  furent  transmis  par  des  consuls 
français  au  ministre  des  affaires  étrangères» 
(^nformémentà  la  demande  qu*il  avait  faite. 
H.  de  Sacy  a  extrait  ce  qu*il  y  avait  de  plus 
eurîeux  dans  ces  informations.  (Voy.  aussi 
le  Moniteur,  6  juillet  et  31  aoât  1811.)  Il  en 
résulte  que  les  Samaritains  étaient  réduits 
h  une  soixantaine  d'individus  vivant  dans 
la  misère  et  hahitant  dix  à  douze  maisons 
groupées  dans  un  quartier  de  Naplouse.  Ils 
n'ont  qu  un  seul  livre,  la  Bible,  dont  le  texte 
est  fort  altéré.  Lo  premier  jour  de  Pâques 
ils  célèbrent  h  minuit  la  fête  du  saeritice; 
leur  grand  prêtre  (ou  Khacon)  égorge  avec 
un  couteau  un  mouton  conduit  dans  leur 
synagogue. 

H.  de  Sacy  entra  lui-même  en  correspon- 
dance avec  les  Samaritains»  et  en  1811»  en 
réponse  à  des  questions  qu'il  avait  tran.<- 
mises  sur  les  rites  et  la  croyance  de  ces 
sectaires»  il  regutde  Salan\ëh»  flls  de  Tobie» 
prêtre  lévite  è  Sichem,  un  lon^émoire  écrit 
en  lettres  samaritaines  et  en  hébreu  cor- 
rompu ;  il  en  a  fait  connaître  la  substance  dans 
le  travail  qu'il  a  publié  en  1812,  mais  nous 
n*avons  pas  à  entrer  dans  ces  détails  qui 
sont  étrangers  è  notre  sujet. 

«•Plus  tard^  dans  un  autre  de  ses  ouvrages» 
H.  Silvestre  de  Sacy  (Chrestomalhie  arabe, 
t.  11]  s'occupa  encore»  d'après  Makrizi,  his- 
torien arabe»  des  Samaritains;  il  parla  de 
leurs  deux  chroniques»  Tune  {Le  livre  de 
Jotué)  écrite  en  caractères  samaritains»  mais 
en  langue  arabe;  la  bibliothèque  de  Leydo 
en  possède  le  seul  manuscrit  connu»  la  Bi- 
bliothèque impériale  en  conserve  une  copie 
qui  a  appartenu  au  savani  Relend.  L'autro 
chronique»  dont  l'auteur  se  nomme  AbouU 
fatah,  Cdt  écrite  en  langue  et  en  caractères, 
arabes.  Elle  est  postérieure  à  la  précédente,, 


(868)  LeP.  Horin,  dont  nous  venons  de  parler,  ne  se 
(Onienia  pas  d*édiler  le  texle  s^mariuin;  il  le  prit 
pourMijeid*anvolumein-i«,qu*itÛiparaltre  en  1651  : 
ii^ciiationei  eccieiioiticœ  in  utrumf^ue  Samari" 
tMorum  t^eniateuekum;  de  illorum  reiighne  el  mO' 
n^vi  Cei  ouvrage,  dans  lequel  le  savaBi  oralorien 
J^anbit  le  lexte  samaritain  avec  la  partialiié  de 
'homme  qui  croit  avoir  fait  une  importante  décou- 
^TctÇi  fut  combattu  par  un  éiudii  prolestant,  J.-N. 
Hotiiiigner,  lei|iiel  mit  au  jour,  à  Zurich,  en  1644, 
^  EitrcUationei  anti-Morinianm  de  Pentateucho 


Samantano,,.  in  miibui  non  tantum  firwis  rationi* 
bu*  Pentaleuchui  Samariiieuet  magno  cvnatu  ah  ip*a 
cnfioiifialMS,  convellUur^  apograpkuu  wtioêum  cjt 
llebrœo  auloffrapho  demonuratua,  eed  etiamnennulta 
S,  Seriptnrm  et  antitiuHaUe  io€0.  digUiiiom  de  Sa^ 
mantanûrumr€ligione,uniiU$,  monkuit  iUuêirantur^ 
Les  orientalistes  actuels.  UiissaAi  de  c6'é  toute 
opinion  exagérée ,  voient  dans  le  Pentateuaue  sa- 
maritain ce  qu'il  est  réellement  ;  riiébreu  écrit  en 
caractères  samaritains  avec  quel|ue8  variantes. 


f9t 


DiCTlONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


dont  elle  a  conservé  en  f>lusieurs  endroits 
les  expressions;  elle  est  bien  plus  étendue; 
la  bibliothèque  Bodieyenne,  à  Oxford,  en  pos- 
sède un  manuscrit  dont  Schnurrera  fait  con- 
naître quelques  extraits.  Voir  Eichhorn ,  Ae- 
f^ertorium  fUr  morgenl.  littérature  ix,  iS,  et 
es  articles  de  Paulus  dans  le  Neues  Reper^ 
torium,  t.  I,  p.  117  et  dans  les  Memorabi- 
lien^  t.  II,  p.  îh. 

La  bibliothèque  impériale  en  possède  aussi 
un  manoscrit  incomplet;  il  est  fort  bien 
écrit;  les  noms  propres  hébreux  et  les  ci- 
tations du  Pentateuque  sont  en  caractères 
samaritains.  M.  Silvestre  de  Sacy  a  traduit 
un  fragment  dont  Schnurrer  ne  s'était  pas 
occupéy  et  qui  raconte  Tentrevue  d'Alexan- 
dre le  Grand  avec  Sanaballat,  grand  prêtre 
des  Samaritains.  Selon  le  chroniqueur,  à 
peine  Alexandre  eut-il  aperçu  le  souverain 
pontife»  qn*il  s*empressa  de  descendre  decbe- 
val  et  de  baiser  la  terre  devant  lui  en  lui 
disant  :  «  Mon  seigneur  et  mon  maître,  don- 
nez-moi, je  vous  prie,  votre  bénédiction.  » 
Les  généraux  et  les  officiers  de  ses  troupes, 
le  voyant  agir  de  la  sorte,  en  firent  autant, 

Sooique  étonnés  au  dernier  point  d'une  con- 
uite  dont  ils  ignoraient  le  motif.  Lorsque 
le  roi  fut  seul  avec  eux,  ils  lui  témoignè- 
rent leur  surprise  de  ce  que  les  Samaritains 
l'avaientainsireçu  par  une  puissance  secrète, 
qu'ils  attribuaient  a  des  enchantements  et  à 
la  magie.  Mais  le  roi  leur  apprit  que,  lorsqu'il 
était  en  présence  de  Darius,  il  avait  vu  ce 
même  grand  prêtre  qui,  descendant  du  ciel, 
lui  avait  dit  :  «  Ne  crains  rien,  Dieu  est  avec 
toi  ;  tous  les  peuples  de  la  terre  te  sont  sou- 
mis; tu  triompheras  de  ton  ennemi:  »  paroles 
qui  avaient  eu  leur  accomplissement  exact. 
Alors  Alexandre  fit  de  riches  présents  au 
grand*  prêtre  et  à  tous  les  Samaritains,  et 
reconnut  que  leur  Dieu  était  le  plus  grand 
de  tous  les  dieux. 

Le  précieux  recueil  des  Annales  de  pftt- 
hsophie  chrétienne  renferme,  t.  VIII,  no- 
vembre 1853,  une  lettre  fort  intéressante 
sur  les  Samaritains,  elle  est  sortie  de  !a 
plume  d'un  des  collaborateurs  de  notre 
Dictionnaire  e  M.  le  chevalier  Drach.  On 
nous  saura  sans  doute  gré  de  la  reproduire 
ici: 

▲  M.  Augustin  Bonnbttt. 

«  Monsieur,  docte  el  respectable  ami, 

«  Dans  le  tome  IV,  S-  année  (1"  série), 
de  vos  précieuses  ilnna/es  de  philosophie  chré' 
tienne,  vous  avez  donné  deux  articles  in- 
téressants sur  les  Samaritains.  Depuis  le 
Mémoire  que  feu  M.  le  baron  Silvestre  de 
Sacy  publia  en  1812,  et  que  vous  avez  re- 
produit, on  n'a  plus  rien  appris  touchant 
cette  ancienne  tribu.  Je  suis  heureux  de 
pouvoir  vous  adresser  un  document  qui  four-* 
nira  de  nouveaux  renseignements  sur  les 
Samaritains  encore  existants  de  nos  jours. 


«  Ceux*ci  m'ont  fait  parvenir,  il  y  a  fo- 
viron  douze  ans,  une  lettre  rédigée  dans  lei' 
propre  dialecte,  adressée  h  un  souverain  d? 
rOccident ,  avec  prière  de  la  présenter  î 
Tauguste  destinataire,  et  d'appuver  leQ^r^ 

3uête.  Je  l'ai  remise  fidèlement  avec  iatr^ 
uction  que  j'en  avais  faite.  Le  gooTene- 
ment  du  prince,  k  qui  j'avais  manifesté  e 
désir  de  publier  cette  pièce,  m'engagea,  rir 
certaines  considérations,  de  m'en  ahsk.r 
pour  le  moment  d'alors.  Le  temps  qui  ooa 
sépare  de  l'époque  dont  je  parle,  et  les  ci-- 
constances  n'étant  plus  les  mêmes,  il  mVt 
enfin  permis  de  livrer  au  public  ce  mon- 
ceau de  littérature  orientale,  ^ui  excitera, 
je  pense,  un  vif  intérêt  sous  plusd^uorsi- 
port.  Seulement  j'y  remplacerai  perdes^**, 
comme  indifférent  à  notre  objet,  le  nom  de 
l'Ëtat  dont  ces  pauvres  restes  d'une  naiioQ 
célèbre  dans  les  fastes  religieux,  réclamaieoi 
la  protection,  ou  au  moins  finterventioa 
oflicieuse,  contre  l'oppression  et  les  pers^i- 
cutions  des  musulmans. 

<  Cette  pièce,  qui  renferme  toutes  les  let- 
tres de  l'alphabet,  offre  un  modèle  des  rf- 
ritables  caractères  dont  les  Samaritains  font 
usage  dans  leur  écriture,  caractères  dilTé- 
rents  de  ceux  que  nous  voyons  dans  les  po- 
lyglottes qui  ont  le  Pentateuque  des  Sama- 
ritains et  leur  version,  comme  aussi  dan^ 
les  grammaires  des  langues  orientales,  h 
Tai  calquée  aGn  do  vous  en  donner  an  foc- 
simile  exact.  Dans  la  vue  d'en  faciliter  li 
lecture,  je  transcris  l'original  en  caractères 
hébraïques,  et  j'indique  par  des  chiffres  ks 
lignes  correspondantes  de  l'un  et  de  Taoïre 
texte  ;  c'est  ce  fac-similé  que  vous  avez  ïm 
voulu  faire  graver  pour  le  joindre  à  orUe 
lettre  (868*). 

c  Le  scribe  a  ajouté  au-dessus  des  \)?^^ 
5,  11,  15,  16,  32,  des  lettres  qu'il  avait  ua- 
blié  d*écrire,  et  deux  ooints  au-dessos  i: 
la  ligne  2k. 

«  Cette  supplique  des  Samaritains  ne  porte 
point  de  date.  Cependant  je  sais  qu'elle  fjt 
écrite  vers  la  fin  de  l'été  de  18^2.  Elle»* 
nomme  pas  le  souverain  à  qui  elle  éMi 
adressée,  mais  seulement  le  pays  souom 
à  son  autorité.  Enfin,  un  simple  paraphe 
tient  lieu  de  toute  signature  de  nom  propre, 
bien  crue  la  pièce  émane  du  grand  ftèirt 
Salami  qui  1^  écrite  comme  représentant 
sa  nation. 

•t  L'envoi  de  la  pièce  principale  était  ac- 
compagné :  1'  de  la  généalogie,  en  arabe,  da 
Cohen,  c'est-à-dire  grand  prêtre,  Salamc  "^ 
Sélaméh,  que  les  Samaritains  (ont  remonter 
jusqu'à  Aaron,  frère  de  Moïse  ;  2*  de  dt'U» 
lettres  que  m'écrivaient  un  consul  ànoe 
échelle  du  Levant  et  un  personnages*^ 
tingué  voyageant  en  Orient,  à  (iuij*a«'> 

Srocuré  de  bonnes  recommandations  de  < 
ropagande  de  Home.  Des  extraits  de  cel  e** 
ci  et  la  traduction  de  la  généalogie  appar- 
tiennent de  droit  aux  renseignements  4^^ 
fournit  le  présent  article. 


\86S*)  Nous  ne  reproduisons  pas  Ici  ce  fac-similé. 


«5 


SAM 


PART,  m — LEGENDES  EN  FRAGMENTS. 


SAM 


804 


«éSBAlQUESDE   LA    LETTRE    SAMARITAINE. 


nnibciai  n^m  nrabw  p^TM  P'stïk  'fib  rccnnm  ^nflo  btisd  i 

7^»^  TBTW  TDtypn  isDBnan  roSno  nprnrn  ""^  ro^  « 

Q'Q?n  Sd  ^3  tst  pabba  DOp  ^S^^  iwirn  iTon  tpSst  non  |r^   3 

nayicb  Tan' >bro  pt  Ssa  tinan  p -^ra   :  ]t3î<  traz^n  ha  nnn  * 

îTTOnn  rrm  nro /do  rnn  on*©  T*m^  "piN^  ]h  vmp  pnrui  ncn   5 

ronn  3^  p  a^n  Y^KH  Soa  ]TiTni  pX3«iTi  pcsttna  irna^  nb  6 

.TTxn  pnxn  ruaSwS  nsnfiTi  Mmm  Vnm  rrom  wi  h-dt»  miS^n  7 

D">pn  dh^Sk  tos  prd  nwro  nom  Dias«na  laurp  po  r^N  dod^  mVi  d^Su^h   8 

D^ttmnpyaoDi  D'-ayrt  pS»!  wrp'  :  \atî  joh  wyn  ^vm  Sk  armsho  w  9 

D^yjsna  :  rrori  nrïnaSar.n»  rraits  mn  Ssr  DDom  n-np  Vï  nnn  mv  ^o 

Dn?OTn  rro  DDntnia  ruv  tanaN  :  ***nTDnn  nsbom  Tom  pTin  il 

tara  >nm  p»  y-^na  n^KStim^  pa  3TTp  D'^r-u  "vn  Via  dw  -ï'vi  D^Naron  i2 

^aan  ntra  rmn  totc  Sy  D^oyp  to  D^yaiK  vtbdq  tot^  rra^o'  o^ona  13 

Vip  Ta^nTiH  ivom  dvïti  :  -u^nte  *»a  bîrwr  fe  >3'3;S  Sk  n»iwna  p  ti 

•    «D^S>a»  TO>5Jn  kVi  vim'c»  p  laprcmn  hd  nny  "nn  ^a^o  in  Sy  nw  15 

1MK  Tttm  naTi  b  n»  iixtskV  nana  no^œ  D^ran  ]m  nt-^a  n  16 

T3nm  :  tnaotnan  kVi  tSst  -©wn  kS  mzrySinOOTi  mn  m^nntra  n 

pûTOm  >3rBi  p^pia  Tian  D^S^woorn  Tastra  nnn  •dtuk  »a  p^iTw  hn  18 

kS  7n  nama  cnasuno  mia  s^Sao  *pan  p  mSa^  ^ss  ctn  Sa  n:»  bû  onb  pui  19 

D>D%T  ^san  lany  w:n  la^Sy  "ODri™  D^o'n  rww  :  fn  aw  po  ww  îo 

^Saia  Saia  «bi  wih  tod>  ]m  inpn  nwy  pi  •coa  "on'  rra  D>:3w»K'Tn  21 

mVi  pwn  hS  omSn  Dn>aWD>3>xn  Tinwra  nSk  ommaS  wra  «Vi  Taisa  2« 

pb  laTTOsa  ybtD2  vmn  «b«  :  îTttma  vh\  iab;a  lab  «anaa  ^bi  maa  23 

ib>vn  nînjm  rwwi  rtn  "npn  ]h  p^iabtr  mon-i  mn  by  pn>  24 

Tnron  'o'aa  ntzna  m  -Tara  byi  Tj^tr^n  'K^m  n'ftTn  nN'ra  "utin  25 

•UT»avn  Damom  rmp  bx  mm  \u^  ycnm  wn27  pi  "uas  20 

•a^Ksca  Tiw:  wa  Diw  nw  nha^  »b  nb  ^a  nrmn  trp  •nn  27 

mn^  -Tom  |«  Ta^^n  ^ry  ba  la^an  vraH  ntem  m  bjr  taipr  28 

B'OTi  Hb  ]H  DanpTï  p  «ma  rmsn  :  Tasoai  ynb  bao  Da^mabDD  29 

Dattnr  ]a  opmw  nVbm  :  Da'moma  Ta^by  lorm  opn  pWjr  5u 

Kb]«  inte  ana  pab^«;3  :  cao  aTOm-KT^T  my  rrabya  vh^nn  'a  31 

:  pî<  p3»  :  oa^rroboa  D^p^  naur  bai  dw  byj  caa  «mo  nab  ma'  52 

aa^Tay  wa« 

nanca 

DatZ7 


Traducd'on  d«  fa  lettre   ou  requête  des  Sa- 

maritainê. 

«Exposition  de  demande  et  de  supplica- 
tion devant  Nos  Seigneurs  et  Maîtres  du 
gouvernement  exalté,  et  royaume  puissant, 
le  royaume  généreux  de  ***,  dont  l'allure 
est  la  justice,  l'équité  et  la  droiture.  Que 
notre  bieu  Très-Haut  fasse  durer  sur  lui  le 
lK>nheur  et  la  grAce,  et  fasse  éclater  l'équité 
de  leur  (869)  justice  à  la  face  de  tous  les 
peuples  qui  sont  sous  toute  l'étendue  du 
ciel.  Amen. 

«  Dorénavant  nous  élèverons  en  tout  temps 
iios  mains  vers  celui  qui  trône  au  haut  des 


cieui,  et  nous  prierons  devant  lui,  afln  qu'il 
fasse  durer  et  agrandisse  ce  paradis,  le  royau- 
me exalté,  bienfaisant,  dont  l'équitable  jus* 
tice,  la  bonne  foi  et  la  bonté  (869^)  se  sont 
manifestées  par  toute  la  terre  ;  et  qu'il  dé- 
partisse de  la  multitude  de  ses  miséricordes, 
et  de  sa  puissance,  la  continuation  de  la 
force,  de  la  puissance,  de  la  supériorité,  de 
l'exaltation  et  de  la  victoire  au  gouverne- 
ment généreux,  ainsi  qu'aux  hommes  de 
crédit,  revêtus  de  son  autorité;  et  que  Dieu 
ne  les  laisse  pas  s'écarter  de  leur  équitable 
justice,  mais  qu'il  leur  accorde  ses  dons 
(870) ,  et  maintienne  la  puissance  de  lenr  gou- 


(M9)  Dii  [hommei  au  gouvernement.  Ce  passage 
bribque  du  singulier  au  pluriel ,  et  vice  versa ,  se 
l'enconlre  plus  d'une  fois  dans  celte  lettre.  Il  est 
^êquent  en  hébreu.  Ou  en  verra  un  exemple  dans  le 
t«:xie  du  DenUronome^  xni.  1,  qui  va  élre  cité. 


(869')  A  la  leure  :  Viquhédeleurjuitiee,  et  leur 
bonne  foi  et  leur  bonté.  Voyez  la  note  précédente. 

(870)  Ces  mots  :  On^M  VS^  iImD  nMITO  KUrn 
sont  empruntés  du  livre  de  la  Genèse  xlui,  54. 


1 


895 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Ternement  jusqu'aux  derniers  jours.  Amen, 
amen. 

c  Permettez  que  ces  pauvres  esclaves  sup- 
pliants passent  sous  l*ombre  du  toit  (871)  de 
votre  pitié,  h  la  porte  de  la  bonté  des  mains 
du  gouvernement  eialté.  Ils  implorent  la 
justice  et  la  bonne  grâce  du  royaume  gé- 
néreux de  ♦**  (872). 

«  Nous,  les  esclaves  de  votre  bonté,  som- 
mes la  communauté,  réduite  h  un  petit  nom- 
bre, des  Samaritains  établis  depuis  les  iours 
anciens  dans  la  ville  de  Sichem  (873),  en 
face  du  mont  Garizim,  proche  de  Jérusalem, 
dans  le  pays  de  Chanaan  (87^).  Notre  popu- 
lation nrrive  à  quarante  familles  (875).  Nous 
demeurons  attachés  de  tout  notre  pouvoir 
k  Tobservance  de  la  loi  de  Moïse  le  pro- 
phète, depuis  le  moi  beréschit  (876)  jusqu  aux 
mots  leéne  col  ytsraël  (877).  Et  depuis  le 
jour  où  nos  ancêtres  entendirent  la  voix 
de  Jéhova  (878)  sur  le  mont  Sinaï,  jusqu'à 
présent,  nous  ne  nous  sommes  pas  écartés 
de  notre  religion  (879),  et  nous  n*avons  point 
détourné  notre  voie,  mais  nous  persistons 
h  observer  l'alliance  de  notre  loi,  fidèles  è 
cette  règle  prescrite  par  Moïse  (880)  à  nos 
ancêtres  :  «  Vous  observerez  pour  Texécuter 
tout  ce  que  je  t^ordonne  (881)  aujourd'hui. 
Vous  n'y  ajouterez  rien  ni  n'en  retranche- 
rez rien  ISS2).  » 

9  Et  sachez,  6  Nos  Seigneurs,  que  nous 
sommes  toujours  sous  la  domination  des 
Ismaélites  (883).  Nous  les  honorons  et  nous 
supportons  volontiers  leur  autorité.  Nous 
leur  donnons  paran  de  l'argent,  chacun  selon 
ses  facultés,  supportant  lachargede  leurs  exi- 
gences (884),  afin  qu'ils  ne  prétendent  pas 
que  nous  renoncions  h  notre  foi. 

«  Mais  ces  jours  derniers,  les  gens  de  no- 
Ire  ville  se  sont  tournés  contre  nous,  et  re- 
nouvellent I en rs  vexations  des  temps  passés, 
nous  empêchant  d'observer  les  préceptes  de 
notre  loi.  Et  nous  ne  pouvons  exercer  ouver- 
tement notre  cuite  ;  et  nul  ne  prend  notre 
défense  (885)  :  de  sorte  que  nous  demeurons 

(871)  ^Littéralement  :  De  la  poutre.  Cf.  Gen,,  xix, 
8.  mp  7n  ne,  venerunl  sut  umbram  trahis  meœ. 

(87i)  Litt.  :  //<  ftrUni  en  jutlice  et  en  grâce  le 
roiaume  de.,. 

(875)  Plus  tard  Meapolh^  et  intintiuiant  NaploHêe* 
Cette  ville  esl  appelée  Sichar  en  iaitU  Jean,  iv,  5. 
G*est  à  lort  que  Barbie  du  Bocage,  dans  son  DiC' 
thn.  géogr.  (te  la  Bible ,  distingue  cen  deux  lieux 
«ur  l^auiorité  de  Reicitard. 

(874)  .Nom  bibli<iue  de  la  Palestine. 

(875)  Le  texte  porte  :QiiarafiCe  mattoiif ,  D^*1M 

(876)  Premier  mot  du  texte  hé  »reu  do  Pentate u- 
que.  n  lignifie  :  Au  commencement. 

(877)  Les  trois  derniers  mots  du  texte  bébrpo  du 
même  volume.  Hs  signifient  :  Aux  veux  de  tout 
hroil, 

{%l%y  Les  Samaritains  ne  se  Ibnt  pas  scrupule 
d'écrire  et  de  prononcer  le  nom  divin  Jihova.  C*est 
un  de  leurs  us«ges  que  les  Juirs  leur  imputent  k 
crime.  Voyez  mon  llarmonie  entre  PEgltee  et  la 
Sffnoûûgue,  U  I,  p.  558,  559. 

(879)  Liti.  :  De  nos  observaneee.  Les  Samaritains 
aATocient  d'employer  en  ce  sens  le  radical  noor, 
d*où  ils  tirent  leur  nom ,  D^lDV ,  qui  signifie  pro- 


abandonnés k  notre  malheur*  ayant  le  txnr 
brisé,  sans  sécurité,  sans  repos.  Et  nous  ne 
trouvons  (886)  ni  repos,  ni  refuge,ni  prole^ 
teur. 

«  Dans  de  telles  circonstances  nous  nous 
jetons  entre  vos  mains,  h  la  porte  de  la  mi- 
séricorde de  votre  gouvernement,  afin  qoe 
vous  nous  tendiez  la  main  (887),  que  vniï 
nous  sauviez  de  cette  oppression,  que  Tr«> 
receviez  notre  tète  de  cette  misère,  ûoe  tdqi 
nous  souteniez  dans  l'observance  de  la 
de  Moïse  notre  prophète,  que  vous  nousK* 
mettiez  au  nombrede  vos  esclaves, que roQ« 
nous  fassiez  passer  sous  Tombre  du  (oii  oe 
votre  miséricorde. 

«  Et  les  dernières  générations  saarool  eo- 
core  que  sans  la  puissance  de  Jéhova,  et  sfu 
vous,  nul  nese  serait  inquiété  de  noire  ^t- 
te  (888).  Et  tous  les  jours  de  notre  vie,  noti> 
nous  tiendrons  en  prière,  nous  et  nos  en- 
fants, afin  que  Jéhova  préserve  votre  ro^auiM 
de  toute  oppression  et  de  toute  calamité. 

«  Et  maintenant  nous  supplions  votre  gé- 
nérosité de  ne  pas  repousser  notre  demaDde. 
Ayez  compassion  de  nous  selon  votre  misé- 
ricorde. A  Dieu  ne  plaise  que  s*en  revienne 
avec  un  refus  (889)  celui  qui  recourt  è  voue 
car  au  monde  entier  se  sont  manifesins 
vos  œuvres  de  justice  et  de  bonté.  Nous 
prions  Notre  Seigneur  dans  sa  toute-puis- 
sance de  ne  pas  nous  priver  de  votre  solli- 
citude, et  qu*il  affermisse  votre  règne  lu- 
dessus  de  toute  contradiction,  de  tout  eoDf 
mi.  Amen,  amen.  » 

Nous,  vos  esclaves, 

La  communauté  des  Samarilains, 

Dans  la  ville  de  Sicbea 


Ml 


BITBIIT  D*U1IB  LETTRE  DE  M.  LE  VICOMTCM 

à.  M.  DRACH. 

«  Monsieur  le  chevalier, 

«  Je  suis  à  Jaffa,  de  retour  de  mon  p^'* - 
rinage  dans  la  ville  sainte ,  oiï  grice  i } 
puissantes  recommandations  que  je  dois  à 


E rement  :  Stricte  obeervateurt  (de  la  loi  «Asiîqari 
e  radical  "IDB^,  ayanl  la  signification  A'obuntr, 
revient  cinq  fois  dans  ceita  leure. 
(S80)  LiU.  :  Cette  parole  de  Moite  à  nos  ancéirei. 

1881)  Cliangemeiit  de  nombre.  Voy.  note  SCS. 
h8i)  Ce  verset  du  Deut.  xni,  f  (Vulg.  m.*^^'* 
esl  cité  conformément  au  texte  samaritain,  qui  ^i'- 
fère  ici  du  texte  des  Juifs.  Celui-ci j  porte  :  bs  ni 

vh  mwS  rram  .itih  usth  mana  »a»  •«»  "c^ 


|Nis  le  mot  Ufi7\  «  aujourd'hui. 

^  (885)  C'est-à-dire  des  musulmans. 

(88i)  Litt.  :  La  fatigue  de  leur  loi  de  cêdee».  Ui 
Samaritains  négligeni  souvent  la  (orme  %pp^^  P' 
les  grammairiens  Status  constructus.  Il  y  a  de  cdJ 
d*autres  exemples  dans  cette  leiire  même. 

(885)  Litt.  :  Et  nul  ne  relève  notre  téu. 

(88t$)  On  pourrait  aussi  traduire  x  Ei'dm^ 
trouve  pour  nous  ni... 

(887)  Litt.  :  Que  vous  saisissiet  notre  mds. 

(888)  LiU.  :  Non  relictus  [meset  fêàm  eetOt" 
stère. 

(889)  Litt.  :  S'en  revienne  vide. 


897 


2$AM 


PART.  IIL-LEGENDES  ET  FRAGMENTS* 


SAM 


898 


votre  bonté  «j'Ai  été  on  ne  peut  inieax  reçu. 

«  Comme  tous  m'aviez  paru  le  désirer, 
je  me  sais  empressé  de  voir  par  moi-mfroie 
les  Samaritains  de  Naplouse,  singulier  peu- 
ple composé  de  130  individus,  qui  ont  con- 
servé sans  mélange  le  sang  et  la  religion 
de  leurs  pères.  Le  grand  prêtre  Salami  ibn 
Tobie  m'a  montré  les  rouleaux  de  vieux  par- 
chemins, contenant  les  livres  de  Moïse,  écrits 
de  la  main  d'Abischa,  fils  de  Phinée  (Phi- 
néès),  OIsd'Eiéazar,  fils  d*Aaron.  Telles  sont 
leurs  prétentions  modestes. 

c  L  écriture  m'a  paru  singulière  et  bizarre. 
Malgré  leur  assurance  aue  personne  hors  de 
leur  secte  n'avait  la  de  de  ces  hiéroglyphes^ 
je  soupçonne  que  ce  peut  être  l'écriture  rat>- 
hinique,  ou  quelque  dérivation  d'une  écri« 
lure  an<  ienne,  probablement  connue  de  vo- 
tre immense  savoir.  J'ai  donc  fait  tous  mes 
efforts  pour  décider  le  grand  prêtre  à  vous 
ocrire  quelques  lignes  dans  cette  langue. 
Mais  soit  détiancet  soit  crainte,  je  n'ai  pu  y 
réussir. 

<  Les  Samaritains  sont  très-malbeureux , 
persécutés  par  les  Turcs,  leurs  oppresseurs, 
et  parles  Juifs  leurs  ennemis  implacables. 
Le  grand  prêtre  a  pris  le  parti  d'adresser 
nue  pétition  au  roi  de  ^*^  pour  demander 
la  faveur  d'être  admis  au  nombre  de  ses 
protégés.  Sachant,  M.  le  chevalier,  combien 
ce  souverain  a  de  considération  pour  vous, 
fai  donné  l'idée  à  son  consul  de  vous  en* 
Voyer  à  vous-même  la  pétition  qu'il  va 
lâcher  de  faire  écrire  en  samaritain.  Vous 
aurez  ainsi  sous  les  yeux  un  modèle  authen- 
tique de  leurs  caractères  et  de  leur  idiome. 
ie  crois  en  outre  que,  présentée  par  votre 
ioiermédiaire  à  Sa  Majesté,  la  pétition  aura 
plus  de  chance,  sans  aucun  doute,  que  par 
ia  voie  lente  et  les  formalités  des  bu- 
reaux. 

<  Le  grand  prêtre  Salamé  est  A^é  de  61 
aos.  Il  a  de  l'esprit.  Il  écrit  très-bien  l'arabe 
et  riiébreu,  deu^  langues  qui  vous  sont  fa- 
milières. Comme  par  malheur  je  n'avais 
pas  de  droffman,  il  y  a  bien  des  choses  que 
je  n'ai  pu  lui  demander,  bien  de  ses  répon- 
ses doat  je  n'ai  pu  saisir  le  sens. 

«  Voilà,  Monsieur  le  chevalier,  ce  qu'il  m'a 
été  possible  de  faire  dans  Tespérance  de  vous 
èlre  agréable,  et  dans  l'intérêt  de  la  science, 
si,  comme  je  n'en  doute  point,  vous  prenez 
^  cœur  de  jeter  du  jour  sur  ce  peuple  ex- 
traordinaire, et  jusqu'à  présent  si  peu  con- 
nu. » 

CXTtÀlT d'uWB  LETTRII  DB  M.  *** GONSOL  ▲  ***, 

A   M.  DBAGH. 

<  Monsieur  le  chevalier, 

«  M.  le  vicomte  de  ***$  <]ue  j'eus  le  bon- 
heur de  posséder  chez  moi  pendant  les  pre- 
tuiers  jours  du  mois  de  septembre,  me  parla 
du  désir  que  tous  lui  aviez  témoisne  d'a- 
voir quelques  renseignements  sur  la  secte 
desSaaiariiains,etse  plaignit  d'avoir  échoué 
dans  le  dessein  qui  l'avait  conduit  è  Na- 
plouse,  n'avant  pu  en  rapporter  un  échan- 
tillon de  l'écriture  des  soi-disant  descen- 
dants d'Aaron.  Lui  ayant  dit  que  je  pouvais 


m'en  procurer  en  saisissant  l'occasion  d'une 
requête  que  Salamé,  Qls  de  Tobie,  Cohen, 
grand  prêtre  actuel  des  Samaritains,  désirait 
faire  parvenir  è  Sa  Majesté  ***,  en  recom- 
mandant que  cette  pièce  soit  réidigée  dans 
son  idiome  national,  et  non  en  arabe  ;  M.  de 
***  me  pria  de  faire  en  sorte  de  réussir. 
J'écrivis  par  conséquent  à  Salamé,  et  iiier 
seulement  j'ai  reçu  sa  requête  en  samari'» 
ritain.  J'ai  donc  l'honneur  de  vous  la  remet- 
tre ci-jointe.  Monsieur  le  chevalier,  ainsi 
Ju'une  liste  en  arabe  de  toute  la  généalogie 
es  chefsde  cette  secte,  depuis  Aaron  jusqu'à 
nos  jours.  Je  réclame  de  votre  bonté  de  iaire 
tenir  la  requête  è  Sa  Majesté,  (K>ur  n'aroir 
pas  leurré  d'une  vaine  promesse  le  chHf  de 
cette  tribu,  qui  est  vraiment  malheureuse 
par  tontes  les  exactions  et  toutes  les  ava- 
nies que  le  gouvernement  musulman  lui 
fait  subir,  les  Turcs  prenant  même  parfois 
quelques-uns  de  ses  membre^,  et  les  obli- 
geant è  se  faire  Musulmans,  ainsi  que  cela 
a  eu  lieu,  il  y  a  peu  de  semaines,  envers 
deux  jeunes  gens.  J'ai  donc  prorais  è  Sa- 
lamé de  faire  arriver  sa  requête  jusqu'aux 
pieds  de  Sa  Majesté,  espérant  que  son  gou- 
vernement paternel  prendra  en  considféra- 
tion  la  fâcheuse  position  de  cette  triba,  et 
lui  accordera,  sinon  sa  protection  entière, 
du  moins  réclamera  des  ordres  véhénenls 
d'Abdul-Medjid,  afin  que  ses  gouverneurs  de 
Maplouse  et  ses  pachas  de  Syrie  aient  quel- 
ques égards  pour  ces  M  ou  60  malhenreu* 
ses  familles. 

«  Salamé  m'a  demandé  s'il  y  avait  desee 
coreligionnaires  en  Europe.  Ne  croyant  pas 

Îu'il  en  existât,  au  moins  sous  te  nom  de 
amaritains^  je  lui  ai  répondu  négativement. 
Peut-être  ai-je  fait  erreur.  » 

Cénéaloffie  du  Cohen  Sélamek ,  laquelle  remotUê 

jusqu'à  Aharon» 

SÉLAMEH , 

1.  Fils  de  Asaél. 

2.  Fils  dlMsc. 

3.  Fils  d*Abrabam. 

4.  Fils  d'isaac. 

5.  Fils  de  Sadakeh. 

6.  Fils  de  Sélameh. 

7.  Fils  de  Phinliés. 

8.  Fils  dEléiktar. 

9.  Fils  de  Pbinhès. 
iO.  FiU  d*Eléàzar. 
il.  Fils  d'Abiscbàt. 

12.  Fils  de  Pbinliës. 

13.  FiU  d*£léàzar. 

14.  FiU  de  Phinbès. 

15.  Fils  de  Josepb. 

16.  ¥\U  d*Osée. 

17.  Fils  d*Ainraiu 

18.  Fils  d'Ëlvinaz. 

19.  FUS  de  Naihtitaél. 
«0.  Fils  d*Elétoir. 
21.  Fils  de  Haroun. 
2â.  Fils  d*Aniran. 

23.  Fils  de  Lévy. 

24.  Fils  d*Osée. 

25.  Fils  de  Baba. 

26.  Fils  de  Natbanaél. 

27.  Fils  de  Haroun. 

28.  Fils  d*Amran. 

29.  Fils  de  Haroun. 


50.  Fils  d*Ainran. 

31.  Fils  de  Sadakeb. 

32.  Fils  de  Harotm. 
35.  Fils  d*£léll£ar. 

34.  Fils  de  Haroun. 

35.  Fils  d*Abdaél. 

36.  Fils  d'Eléâzar. 

37.  Fils  d^Abdaél. 
58.  Fils  d*Eléàzar. 

39.  Fils  d^Abdaêl. 

40.  Fils  de  NaUitnaël. 

41.  Fils  de  Phiuhés. 

42.  Fils  d*Eléiiar. 

43.  Fils  de  Natbana. 

44.  Fils  dEléàiar. 

45.  Fils  de  Baba. 

46.  Fils  de  Natbanaél. 

47.  Fils  de  Pbtnbés. 

48.  Fils  de  Lévy. 

49.  Fils  d^Ocboun. 
69.  Fils  d*£léàxar. 

51.  Fils  d*Ocboun. 

52.  Fils  d*Elé4zar. 

53.  FiU  d*Ocbouii. 

54.  Fils  de  Naibauaêl. 

55.  Fils  dOcbouii. 

56.  FiU  de  Naihanaéi  0^ 
bouii. 

57.  ru  d*E(éàzar. 

58.  FiU  de  Baba. 


899 

59.  Fils 

60.  Filf 

61.  Fils 

62.  Fils 
65.  Fils 

64.  Fils 

65.  Fils 

66.  Fils 

67.  Fils 
08.  Fils 

69.  Fils 

70.  Fils 

71.  Fils 

72.  Fils 

73.  Fils 

74.  Fils 

75.  Fils 

76.  Fils 

77.  Fils 

78.  Fils 

79.  Fils 

80.  Fils 

81.  Fils 

82.  Fils 

83.  Fils 

84.  Fils 

85.  Fils 

86.  Fils 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


M) 


d'Eléâiar. 
de  Pbinbès. 
d*Ocboun. 
d*Afnran. 
de  Tobiah. 
de  Scbeiniah» 
d*E1iscbinà.i. 
de  Yebonatban. 
de  YahkaiD. 
de  Nalbanaél* 
de  Yaîr. 
de  Menascha. 
d*Eléàzar. 
de  Lévy. 
d*Ocbiab. 
d*Ocoub. 
de  Daliab. 
de  Hezkiah. 
de  Hanan. 
d*Amran. 
de  Hananiab. 
de  Hezkiab. 
d*AbJaél. 
de  Azariab. 
de  Nalbanaél. 
de  Lévy. 
de  Schériab. 
de  HéUl. 


87.  FiU  d*Ocbiah. 

88.  Fils  d^Acoub. 

89.  Fils  d*AmraD. 

90.  Fils  de  Helkiab. 

91.  FiUd'Amran. 

92.  Fils  de  Saddik. 

93.  Fils  de  Tobiah. 

94.  Fils  d*lsmaét. 

95.  Fils  de  Yehunan. 

96.  Fils  de  Yȕr. 

97.  Fils  de  Daliab. 

98.  Fils  de  Yaîr. 

99.  Fils  de  Yébonathan. 

100.  Fils  de  Hezkiab. 

101.  Fils  de  Sclieloum. 

102.  Fils  de  Scbebel. 

103.  Fils  de  Bariki. 

104.  Fils  de  Scliischi. 

105.  Fils  d^Osée. 

106.  Fils  de  fialiki. 

107.  Fils  de  bchiscbi. 

108.  Fils  d'Ahischâa. 

109.  Fils  d^  Phiiiliès. 
ItO.  Fils  d*Kléàzar. 
111.  FilsdellaroutiJrére 

de  n«ilre  seigneur 
Miiise,  et  soucbe 
des  pooiifes 


«  Telle  est  la  chaîne  de  notre  généalogie , 

J|ui  remonte  jusc}u*à  Haroun  le  prophète, 
rère  de  notre  seigneur  Moïse,  par  la  main 
duquel  la  loi  sainte  nous  a  été  transmi- 
se (890).  » 

«  Il  me  reste  è  consigner  ici  quelques  ob- 
servations sur  les  savantes  pages  de  M.  le 
baron  Silvestre  de  Sacy.  Je  le  fais  en  trem- 
blant ;  car  grand  est  ce  nom  de  si  docte,  de 
si  vénérable  mémoire.  Je  lui  ai  voué  une 
éternelle  reconnaissance.  Il  m*a  dirigé  avec 
une  extrême  complaisance  dans  Tétude  de 
Tarabe,  et  sachant  que  j'étais  un  jeune  homme 
peu  fortuné,  il  eut  la  charité  de  me  pour- 
voir à  ses  frais  des  livres  dont  j*avais  besoin 
pour  cette  élude.  Ma  conversion  à  la  sainte 
religion  catholique  combla  de  joie  cet  excel- 
lent Chrétien  ;  et  pendant  mon  séjour  à 
Home,  il  m'honorait  de  sa  correspondance, 
jusqu'à  la  dernière  époque  de  sa  glorieuse 
carrière  ici-bas.  Nul  ne  respecte  plus  que 
moi  l'autorité  de  ce  grand  homme ,  et  je  ne 
hasarde  mes  observations  que  comme  des 
doutes.  Maissi  elles  ont  quelque  fondement, 
il  faudra  bien  se  conformer  è  cet  apoph<* 

the^me ,  ftk^ç    n^ar^v ,    iXkù  iiAïkw  i  àïîàBtim  f 

amicus  PlatOf  magis  autem  arnica  verilas  (Ga* 
lien). 

1  Je  citerai,  Monsieur,  en  renvoyant  aux 
pages  du  tome  VI  de  vos  Annales  {V  série), 
où  se  trouvent  ses  deux  savants  Mémoires. 

«{  Page  255,  note  3.  «...  et  qu'on  a  observé 
que  les  Samaritains,  en  lisant  la  Bible,  au 
heu  de  prononcer  le  nom  ineffable  ou  Tétra- 

Îrammaton,  disent  Dom,  Haschem  (\e  nom).  » 
e  u'ai  qu'à  renvoyer  à  ma  note  il  ci-dessus 
(note 878),  sur  la  requête  des  Samaritains.  Il 
est  certain  que  les  Juifs,  qui  ne  se  permet- 
tent pas  de  prononcer  le  Tétragrammaton, 
n'auraient  point  osé  écrire  en  toute  lettres 


ce  nom  divin  dans  une  pièce  telle  que  ii 
n6tre. 

«  Page  332  et  suivante.  —  «  Les  Samar- 
tains  se  sont  vantés  longtemps  d'avoir  à  :i 
tète  de  leur  culte  un  descendant  de  la  fj 
mille  d'Aaron.  Aujourd'hui  (  M.  de  Sict 
écrivait  cela  en  1812)  ils  convlenneot  qo^ 
la  race  d'Aaron  est  éteinte  parmi  eux  dtfms 
150  ans,  et  que  le  pontificat  n'est  plus  eiene 
que  par  un  simple  descendant  de  Léti.,.^ 
lameli  à  qui  nous  devons  la  correspoudaft:^ 
dont  nous  donnons  ici  un  extrait,  esti^ 
jourd'hui  revêtu  de  cette  dignité,  et  prtai 
la  qualité  de  prêtre-lévite,  » 

«  On  voit  clairement  par  ce  qui  précèie 
dans  le  présent  article  qu*en  18^2  les  Saa.a- 
ritains  prétendaient  encore  avoir  un  graod- 

f  urètre  descendant  d'Aaron.  Si  le  Salaoïeh  d^ 
'époque  dont  parle  M.  deSacj,  sigoaiir^p:, 
prétre-lévitCf  on  n*en  saurait  conclure  quV 
fût  un  simple  Lévite;  bien  au  contraire,  k 
litre  ]ro  (Cohen)  prêtre^  qu'il  ajoutait  à  *^ 
(Lévi)  Lévite,  prouve  péremptoirementquii 
se  regardait  comme  descendant  de  la  famille 
d'Aaron.  En  effet,  comme  les  prêtres,  CoAs- 
nim  (pluriel  deCoften),  descendants  d'AaroD, 
étaient  en  même  temps  descendants  do  14- 
triarcheLévi  {Deut.  xxi,5,  t^  la  cm3i,/ei 
Cohanim  fils  de  Lévi)^  le  texte  sacré  los  ap- 

Îelle  en  mille  endroits  o^  irsv,  CohMim- 
mytm (pluriel  de  Lévi)  c'est-à-dire  prétrth 
lévites  {Deut.  xvii,  9,  18;  xyih,  1;  xiix,8: 
Josuct  VIII,  33,  alibique  pluries).  Il  s'eos'iit 
que  tout  Cohen  est  Lévi^  mais  tout  I/rt  n'est 
pas  Cohen.  En  d'autres  termes,  un  descen- 
dant d'Aaron  est  en  même  temps  I/rile,rfr; 
mais  un  descendant  de  Lévi ,  qui  n'est  >  «i 
de  la  race  d'Aaron,  n*est  et  ne  peut  pa» s'ap- 
peler Cohen.  Par  conséquent  >  le  SalaoM*Â 
qui,  en  se  conformant  aux  textes  àuDtsiff- 
que  je  viens  d'indiquer,  s'intitulait  Coin- 
Lévif  vrétre-létitCf  dfevait  nécessairemeoi  » 
considérer  comme  descencfont  d'AaroD  «^ 
ligne  directe  masculine. 

il  Je  dois  dire  cependant  que  lesdoni- 
ments  de  cet  article  présentent  uneaotilogie 
que  je  ne  puis  pas  m'ex^lic|uer.  D'après  le$ 
extraits  des  lettres  que  j'ai  donnés,  le  Sala- 
meh,  grand  prêtre  actuel,  est  fils  de  ro6i>,  et 
il  prend  le  titre  de  Cohen,  tandis  que  la  gé- 
néalogie ,  dont  par  malheur  je  n'ai  ^s  ac- 
tuellement Toriginal  i  ma  disposition,  cn»- 
mence  par  Selameh  (Saiameh),  fils  d!Asad, 

«  Pages  338,  339.  —  «  Tant  à  Naploose 
qu'à  Jafa,  le  nombre  des  Samaritains,  hoo- 
mes,  femmes  et  enfants,  peut  monter  en 
tout  à  200.  Ils  forment  trente  fiimilles.  * 

«  Il  n'y  a  point  de  Samaritains  à  iafa.  i< 
le  sais  par  des  rapports  de  voyageurs  et  de 
résidants  de  ce  port.  A  Naplouse,  leur  popo* 
lation  ne  se  compose  plus  que  de  130  ii>^^ 
vidus,  formant  40  ménages,  ainsi  qoooii 
vu  plus  haut.  » 

*  Page  339.  —  «  Ils  sont  vraimenl  Israé- 
lites d origine,  et  descendants  de  i^coot 


{9QÛ\  Dans  celle  généalogie,  les  noms  propres  figurent  sous  leur  forme  arabe,  Haroun  pour  i*^* 
Phiniiès  pour  Phiuéi»,  el  ainsi  de  suite. 


^ 


90i 


SAM 


PART.  Ul.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAM 


902 


nommé  au^si  liraèl.  Ils  sont  de  la  tribu  de 

Joseph.  » 

«  M.  de  Sacy  répète  ici  simplement  Tas- 
sertion  de  Salamen»qi]i  n*a(imettait  que  le 
Penlaleuqae.  Car»  dans  le  fait,  nous  savons 
par  les  autres  livres  saints  que  Salmanasar, 
après  avoir  détruit  le  royaume  dlsraël,  c'est- 
à-dire  les  dii  tribus  schismaliques,  intro- 
duisit dans  le  pays  des  colonies  de  peuples 
étrangers  et  idolâtres ,  lesquelles  se  mêlant 
au  bas  peuple  d'Israël  qu'il  y  avait  laissé, 
formèrent  par  la  suite  la  nation  samaritaine. 
Mais  les  Samaritains  prétendent  descendre 
sans  mélange  de  Jacob.  Ils  disent  dans  leur 
requête  :  «  £t  depuis  le  jour  où  nos  ancêtres 
entendirent  la  voix  de  Jéhova  sur  le  mont 
Sinai.  »  La  femme  samaritaine  dit  également 
à  Notre-Seigneur  :  Numquidtu  major  es  pa-* 

TRB   NOSTRO   JACOB?  IJoan.  IV,  12.  ) 

c  Quant  à  Tétymologie  que  M.  de  Sacy, 
d*après  saintEpiphane,assigne  au  nom  unrm 
(schomeritn)  des  Samaritains,  le  déduisant  du 
radical  yo9 (p*  246  et  suiv.),  ceci  est  confirmé 
par  ma  note  12  (ci-dessus,  note  879)  de  notre 
requête.  Mais  j'aimerais  mieux  traduire  :  àno 

Toû  fû^xet;  ftUTOvc  thaï  t^C  x«rà  rov  vofiov  Mo^Oarlup 

^utràiitaç  a  parce  qu'ils  sont  observateurs  de  la 
loi  de  Moïse.  »  Les  Septante  traduisent  ordi- 
nairement (>ar  fvXâero-ccv  le  *iozr  du  texte  origi- 
nal de  la  Bible»  quand  il  veut  dire  observer.  Il 
en  est  de  m^me  des  dérivés.  Ainsi,  ils  ren- 
dent ce  verset  du  X^m7t9ue,  XXII,  9  T\UO 
îmaro  W  C*'^  ^'s  observeront  mes  ofcsertjan- 

ces),  par:  ^uiécçoyrM  xà  fxjiXàynuxQL  ftou.  M.  de 

Sacy  a  dû  adopter    le  verbe  garder  ,  qui 
s'accommode  à  l'une  et  à  l'autre  interpré- 
Utiou  données  par  saint  Epiphane. 
«  Vous  voyez.  Monsieur,  que  les  Samari- 


tains, dont  la  condition  malheureuse  est 
vraiment  digne  de  pitié;  implorent, le  se* 
cours  de  TOccident  pour  (|u*ils  puissent  être 
fidèles  à  la  foi  des  patriarches  d'Israël.  Je 
désire  vivement  que  leur  vœu  soit  exaucé. 
A  cet  effet,  je  vous  supplie,  Monsieur,  de  les 
recommander  aux  bonnes  prières  des  pieux 
et  nombreux  lecteurs  de  vos  Annales,  afin 
qu'ils  ouvrent  les  yeux  à  la  véritable  foi  d'A- 
braham, qui  a  vu,  ainsi  qu'il  Tavait  ardem- 
ment désiré,  le  jour  du  Sauveur  Jésus  {Joan, 
VIII,  56).  Ces  prières,  j'ose  l'espérer,  ne  se- 
ront pas  sans  effet  daos  ce  moment,  oii  No- 
tre-Seigneur,  le  divin  Pasteur  des  Ames,  jette 
un  rej^ard  de  miséricorde  sur  des  brebis 
perdues  de  la  maison  d'Israël,  oves  quœ  per^ 
terunt  domus  Israël  {Matlh.  x,  6;  xv,  2^),  et 
ramène  dans  le  bercail  de  TEglise  catholi- 
que romaine  une  foule  nombreuse  d>iitre 
les  Juifs,  mes  frères  bien-aimés  selon  la 
chair;  conversions  dues,  en  grande  partie , 
au  zèle  apostolique  des  deux  saints  frères 
Ratisbonne.  Nos  pauvres  Samaritains,  entrés 
ainsi  dans  les  rangs  des  Chrétiens,  obtien- 
dront la  protection  que,  dans  leur  état  ac- 
tuel, ils  invoqueront  toujours  vainement» 
N'oublions  pas  que,  du  temps  de  la  mission 
de  Notre-Seigneur  sur  terre,  leurs  ancêtres 
se  montrèrent  mieux  que  les  Juifs  dociles  à 
sa  parole  et  disposés  à  croire  en  lui.  Et 
multoplures  crediderunt  in  eum  propter  ser~ 
monem  ejus.  Et  mulieri  dicebant  :  Quia  non 
jam  propter  tuam  loquelam  credimus  :  ipai 
enim  audivimus ,  et  scimus^  quia  hic  est  vere 
Salvator  mundi.  (Joan.  iv,  U,  42.) 
«  J  ai  l'honneur,  etc 

«  Le  Chevalier  Dragh.  » 


HYMNES  DES  SAMARITAINS. 


Une  œuvre  liturgique  digne  d'attention 
doit  maintenant  nous  occuper. 

Les  hymnes  des  Samaritains  dont  nous 
donnons  la  première  traduction  française, 
ont  été  publies  enl82&,  àLeipsick,  par  le  sa- 
vant orientaliste  G.  Gésénius.  Ils  forment 
un  petit  voinme  in -4%  peu  commun  en 
France;  le  texte  est  accompagné  d'une  ver- 
sion latine  et  de  notes. 

Divers  savants  avaient  eu,  avant  Térudit 
Allemand,  une  connaissance  de  ces  écrits; 
Edmond  Castell,  le  savant  éditeur  de  la  Bible 
polyglotte  de  Londres  (891),  avait  eu  sous 
les  yeux  deux  copies  manuscrites  d'uno 

(891)  1657,  6  vol.  grand  In-folio  ;  celte  polyglotte 
est  prérérée  à  celles  d'Alcala ,  d*Anvers  et  de  Paris 
qui  l'avaient  précédée ,  parce  qu'elle  est  plus  cor- 
recte et  qu'elle  contient  neuf  langues  différentes. 

(892)  Ce  leiique,  1669  ou  1686,  2  vol.  in-folio, 
est  un  trésor  d'érudition,  et  quoique  les  éludes  aux- 
quelles il  se  rapporte  aient  fait  de  grands  progrés, 
>1  peut  encore  être  très- utilement  consulté.  En  voici 
le  titre,  qui  donne  une  idée  de  ce  que  contiennent 
ces  deux  Tolumes  :  c  Lexicon  beplaglotton ,  Hebrai- 
enin,  Clialdaicuin,  Syriacum,  Samaritanum,  ^lliio- 
picutn,  Arabicuin,  conjunclim,  et  Persicum  sépara- 
t'im,  in  quo  omnes  voces  Hebraic»,  Cbaldaicx, 


portion  de  ces  poésies,  et  il  en  a  cité  et  tra- 
duit (quelquefois  peu  exactement)  divers 
passages  dans  ses  notes  sur  le  Pentateuque 
samaritain,  et  dans  le  Lexicon  heptagtot^ 
tum  (892)  qui  accompagne  son  immense 
travail.  Ne  les  ayant  connus  que  d*une  ma- 
nière incomplète,  et  sur  des  manuscrits  par- 
fois fort  défectueux,  il  n*a  pu  en  saisir  tou- 
jours parfaitement  le  sens.  Au  mois  de  mars 
182&,  ces  mômes  fragments  furent  reproduits 
en  caractères  arabes,  mais  d*une  façon  ()ui 
est  loin  d'être  correcte,  dans  le  Classical 
journal^  n*  57  (893).  Gésénius  ayant  pu  exa^ 
miner    d'autres    manuscrits   conservés    h 

Syrae,  Samaritanae,  ^thiopicâe,  Arabicaeet  Persîca*, 
adjectis  bine  inde  Annenis,  Turcicis,  ludis,  Japu- 
nicis ,  etc.,  ordine  alpliabetico,  sub  sin^ulis  radi* 
cibus  digestae  continentur,  earumque  signification»  a 
ample  et  dilucide  eruuntur,  pruponuntur  et  expti- 
caiitur.  cui  accessit  brevis  ei  harmonica  graniroa- 
tic;e  omnium  praecedentura  lingtiarum  delineatio.  » 
(805)  Ce  journal ,  consacré  à  la  philologie  clas* 
siquc  et  parfois  à  la  critique  biblique ,  a  paru  de- 
puis mars  1810  jusqu^à  décembre  1832;  il  forme 
dt  caliiers  en  46  volumes,  et  il  mérite  d*étre  coiinu 
en  France  bien  plus  qu*ii  ne  Test. 


wz 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


%\ 


Gotha,  et  quo  Seetzeo  (894)  avail  achetés  en 
1806  à  Naplouse,  résolut  de  publier  le  texte 
origiifal. 

Cet  érudit  a  consullé  deux  manuscrits  qui 
sont  à  Londres,  Tun  et  Tautre  au  Musée 
britannique,  fonds  Harlejen  (895). 

L'un,  n**  5i8i,  se  compose  de  9k  pages  et 
servait  de  livre  litursique  dans  la  synago- 
gue de  Damas.  Sur  Tes  marges  sont  quel- 
ques annotations,  en  samaritain  ou  en  arabe. 

L'autre  manuscrit,  n*  5495,  est  de  49  pa- 
ges ;  récriture  est  plus  belle;  il  parait  avoir 
été  destiné  à  des  usages  particuliers  ;  aussi 
les  vers  sont-ils  souvent  accompagnés  d'une 
traduction  arabe.  Il  coudent  aussi  quatre 
calendriers,  d  *après  lesquels  on  voit  que  ce 
manuscrit,  de  même  que  presque  tous  ceux 
eu  samaritain  que  possède  TÈurope,  a  été 
transcrit  vers  Tan  1566. 

Un  des  manuscrits  de  Gotna  est  formé  de 
73  feuillets  ;  il  contient  les  prières  et  les 
hjmnes  que  les  Samaritains  récitent  à  Toc- 
casion  de  la  circoncision  de  leurs  enfants;  le 
tout  est  de  date  fort  récentei  et  Gésénius  ne 
Ta  point  jugé  digne  d*éire  publié.  Il  remar- 
que que  ces  vers  donnent  une  triste  idée  des 
sentiments  qui  animent  les  Samaritains  ac- 
tuels ;  peu  soucieux  de  la  religion  de  leurs 
ancêtres,  ils  se  préoccupent  de  ce  qu'ils  ont 
à  gagner  ici-bas  (896j. 

L'autre  manuscrit,  quoique  bien  plus  court, 
offre  un  intérêt  beaucoup  plus  vif;  on  y 
trouve  six  pièces  de  vers,  (sans  traduction 
arabe),  et  des  fragments  de  deux  autres.  Le 
rbythme  et  Tidiome  dans  ces  manuscrits 
présentent  des  différences  avec  ce  qu'on 
trouve  dans  les  Codices  de  Londres;  la  forme 
des  lettres  est  plus  simple  que  dans  les  ma- 
nuscrits bibliques -des  Samaritains;  elle  se 
rapproche  davantage  des  anciens  alphabets 
sémitiques ,  et  surtout  du  phénicien  ;  c*ebt 
une  preuve  que  les  caractères  employés  ja- 
dis par  les  Samaritains  étaient  plus  simples 
que  ceux  qui  ont  été  imaginés  depuis,  et 
que  les  typographes  européens  ont  passa- 
blement déiigures  de  leur  côté. 

Gésénius  a  ajouté  un  fac-similé  lithogra- 
phie de  ces  caractères,  et  il  est  entré  au  sujet 
du  rbythme  dans  des  détails  qu'il  serait  su- 

HYHNB  PREMIER. 

Sie  récite  de  graiid  malin  chaque  jour  d 
bat.) 


perflu  de  reproduire.  Les  odes  soot  difisées 
|)ar  distiques,  et  il  y  a  dans  chaque  fersaoe 
césure.  La  sixième  ode  est  partagée  eo  ter- 
cets. 

On  rencontre  d'ailleurs  dans  ces  composi- 
tions  de  l'uniformité  dans  les  idées  et  nœ 
imitation,  mais  affaiblie  et  incomplète, Oo 
psaumes  et  des  prophètes. 

La  date  à  laquelle  on  peut  les  rapporter 
est  assez  difficile  à  fixer.  On  remarque,  dir*s 
l'ode  cinq,  des  plaintes  contre  les  euun\^ 
des  Samaritains  qui  les  opprinjent,  oti 
c'est  une  circonstance  qui  se  retrouve  iru. 
souvent  <lans  leur  histoire  pour  quil  jn; 
moyen  de  baser  là-dessus  une  donnée  ui 
peu  certaine.  Avant  la  naissance  du  Sau- 
veur, Jean  Hyrcan  ravagea  Samarie,  la  dé- 
truisit et  renversa  de  lond  en  comble  le 
temple  élevé  sur  le  mont  Garizim  ^Josèpbi, 
Arcnœolog.t  lib.  xiii»  c.  17,  18.)  Vespasiee 
occupa  avec  l'arraén  romaine  ce  pays,  qui 
eut  beaucoup  è  souffrir  de  cette  iuvisioii 
(Id.p  De  belto  judaico^  lib.  v,  c.  3).  Sous  k 
règne  de  Zenon,  les  Samaritains  de  Naploose 
attaquèrent  les  Chrétiens  le  jour  de  la  Pea- 
tecôte,  ce  qui  leur  attira  un  châtimeol  sé- 
vère de  la  part  de  cet  empereur  (Procope, 
De  œdif.f  lib.  y*  c.  7).  Il  y  eut  aussi  des 
troubles  sérieux  h  l'époque  de  Justiniea.  Les 
Samaritains  et  les  Juifs  établis  en  Palestine 
se  soulevèrent  en  faveur  d'un  chef  de  re- 
belles ,  nommé  Julien ,  et  assaillirent  les 
Chrétiens.  Justinien  les  d<#mpta,  et  les  dé- 
pouilla de  touXes  les  faveurs  que  leur  avaient 
accordées  d'autres  empereurs  (897).  Sou5  le» 
Sarrasins  leur  sort  lut  très*misérable.  Co 
bon  nombre  d'entre  eux  se  retirèrent  à  Di* 
mas ,  et  y  exercèrent  la  médecine;  c'«>i 
dans  cette  ville  qu'ont  été  transcrits (vt^ 
que  tous  les  manuscrits  samaritains  qui  soir 
sistent  en  Europe. 

On  ne  saurait  dire  si  c'est  lors  des oil* 
heurs  qui  frappèrent  les  Samaritains  au  n* 
siècIe,ou  si  c'est  plus  tard,  lorsqu'ils  élaieoi 
sous  le  joug  des  mahométans,  que  fureci 
composés  ces  écrits  ;  ils  ont  sans  doute,  ea 
tout  cas,  une  antiquité  de  plus  de  diiMè- 
des ,  et  à  ce  titre  ils  sont  dignes  d'atteo* 
tion. 

Il  n'y  a  pas  de  Dieu  si  ce  n'est  le  Dieu 
nique  (898). 

Créateur  du  monde  f  qui  appréciera  ti 
Grandeur  ? 


(994)  Voy.  sur  ce  voyageur  un  article  intéressant 
de  M.  Ëyrié^  dans  la  Biograplde  unitenellet  t.  XLI, 
p.  459.  I)e  1892  i  tSli,  il  parcourut  U  Palestine 
el  TArabie,  et  mourut  dans  rTemen. 

(895)  Harley,  ciimte  d^Oxford ,  avait  formé  une 
magnifique  collection  dimpriniés  et  de  manuscrits. 
Ces  derniers  furent  achetés  en  bloc  1 0,000  livres 
sterling  par  lo  gouvernement  anglais.  Il  en  a  été 
publié  deux  catalogues;  Tun  eu  1759,  2  vol.  in- 
folio;  rauireiédigé  parR.  Nares,  1802-1812,4 
vol.  iu-folio.  Le  5*  volume  présente  des  fautes  uom- 
hreuses  ;  les  tables  occupent  le  4*  volume. 

(8)M>)  Ce  savant  mentionne  dans  ces  poésies  : 
f  vilioris  sordidiorisquc  argument!  loca  e  quibus 


hitelligitur,  hodiernos  Samarltanes  reniD  nvaé*- 
narum  multo  roagis  quam  aviiae  religiooii  ii»^ 
duci,  ut  si  in  bymno  quidam  circvmstaules  a  ^' 
circumcidendi  pâtre  propter  tKwa  vota  peciuutf 
vtnuroque  sibi  expetuut.  > 

(897)  Yoy.  Procope,  loe.  «i.;  Tbéofto. 
Chronographie .  éd.  I>aris,  f.,  152;  £«tyd[ttt 
Annale»,  t.  II,  p.  156;  PlioUus,  NomtceMM,  ml  i^* 
c.  8;  J.  Gudefroi,  ad  leg.  16  et  24  M.  1^-^ 
De  Judœh  el  Samariianii. 

(898)  Formule  qui  rappelle  celle  qaa  rtp^ 
sans  cesse  les  Masulmaas  :  t  H  ii*y  a  P**  ^'^ 
Dieu  que  Uieu.  i 


d05 


SâM 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SA» 


9CS 


Tu  Vus  fait  magnifiquement  dans  l'espace 
de  sis  jours. 

Dans  la  loi  grande  et  vraie,  nous  lisons 
et  nous  acquérons  la  science. 

Dans  chacun  de  ces  jours,  tu  as  donné  de 
la  lua^niticence  à  tes  créatures  (899). 

Par  la  sagesse,  elles  annoncent  ton  excel- 
lence, et  elles  revêtent  que  ton  empire  di- 
vin n'existe  aue  pour  te  glorifier. 

Tu  as  créé  sans  te  fatiguer  tous  tes  ou- 
vrages  élevés,  tu  les  as  retirés  du  néant  dans 
Tespace  de  six  jours  (900). 

Tu  les  as  créés  parfaits  ;  il  n'y  a  de  dé- 
fauts dans  aucun  d'entre  eux  ;  tu  as  fait  que 
leur  perfection  est  éclatante,  parce  que  tu 
es  le  Seigneur  de  la  perfection,  et  sans  avoir 
ressenti  de  fatigue  tu  t'es  reposé  le  sep- 
tième jour  (901). 

Et  tu  Tas  fait  la  couronne  des  six  jours 
(902). 

Tiâ  l'as  appelé  saint  et  tu  Tas  fait  le  chef, 
le  temps  consacré  à  toute  réunion  (sainte), 
le  prince  de  toute  sainteté. 

Tu  Tas  fait  l'alliance  entre  (903)  toi  et  tes 
adorateurs. 

(899)  Cest-a-dire ,  ta  a»  produit  des  <réaturc% 
magnifuiues. 

(900)  Les  8aiiiariUtD8 ,  d*aceortl  avec  divers 
rabbins,  procÎMDeiit  Texistence  da  néant  avant  la 
création  du  monde,  s'écartant  en  ce  point  de  Topi- 
oioB  des  Alexandrins  et  de  quelques  écoles  orien- 
tales ^ui  eitseignaietit  que  la  nature  est  été  moelle. 
Gésénias  ciie,  à  cet  égard,  l*ouvray[e  de  Muen^cber  : 
Handbuck  dsr  do§metige$chichtSt  11,  45,  lit,  5â0,  et 
il  ajoute  :  <  Âcerrimi  Monotlieismi  vindices  quales 
Samaritano&  fuisse  comperimus ,  niliil  magis  quam 
Del  socium  relormidantes,  ni  sibi  coiiatarenl, 
xieruam  muadi  niateriam  lleo  creanti  quasi  ««ibsi- 
dium  adjiMigere  non  poiuerunt.  Neqtie  aliter  judi  - 
caot  Kuroitae,  ut  Atiaron  ben  Elihu  :  Laudamus 
bium ,  cujuê  Homen  celebraudum  est ,  ^«t  effecil  ex 
HihUo  Mundum  iuu:n ,  et  qui  quicquid  exsiMit  pro^ 
creamil  nuilo  negotio  nulloque  Ubon,  Vide  ejus  liUr 
De  corona  Ugit,  éd.  Kusrgarten,  p.  24,  et  quis  ttt)6- 
rius  ibi  de  Rabfoinorutn  sententiis  dispuiavit  éditer. 

(901)  Le  poète  indique  pa^r  œs  mots  qu*il  faut 
«mendie  dans  un  sens  métapboriqiie  et  allégorique 
tttus  les  passages  de  TEcriture  qui  seinbi^iit  prêter 
au  Seigneur  des  actions  ou  des  sentiuicnts  qui  sont 
ctiez  Xhomnie  le  résultat  de  sa  faiblesse.  C*est  éga- 
lemeot  i«  méinc  point  de  vue  qu*exposent  tes 
écrivains  juifs  les  plus  renommés,  tels  que  Pbilon, 
Jo)>éphe,  MaiioDRide,  SaaJias,  etc.  (  Voy,  la  note  de 
Gébéaius,  p.  45.) 

(90â)  Le  noin  de  couron::e  est  donné  au  sabbat 
comme  étant  roruement  des  six  jours  de  la  semaine 
et  comme  fixant  leur  terme.  Un  autre  pnéie  sama- 
rit«i«i,  ciié  par  Castell  (in  Annùt,  Samar.  ad  Deut. 
xvtH),  eiprime  une  pensée  qu*on  peut  rendre  ainsi  : 
Le  jardin  (Le  paradis)  n'csi  jamais  fermé  le  jour  du 
sabbat ,  et  la  divinité  est  en  lui  coasme  Tarbre  de 
we. 

(905)  Ou  plutôt  le  signe  de  TatUance.  Les  Sania- 
rilaiiis  regardaient  le  sabbat  et  la  circoncialon  comme 
le  double  sigaa  de  railianoe  de  Dieu  avec  las  bom- 
incs.'Dans  la  lettre  que  leur  grand*prètre  écrivit, 
eu  1641,  é  Silifeêtre  de  Saqi,  il  se  trouve  des  détails 
au  sujet  4e  diverses  alliances  avec  les  patriarcbes  et 
•vee  lloise,  €  Nous  vous  opiiqoerons  oe  que  c'est 
que  ces  alliances,  Tune  après  Tautre.  La  première 
est  Talliance  avec  notre  père  Noé ,  au  sujet  de  la» 
quelle  Keu  dit  :  Je  mettrai  mon  are  daM  les  nuées 
'Cm.  lY,  15;,  et  il  $era  le  signe  d'une  alliance  entre 

Diction  If.  des  Apogrtphes.  II. 


Tu  as  enseigné  son  observation;  protège . 
ceux  qui  Tobservent. 

Heureux  ceux  qui  célèbrent  le  sabbat  et 
qui  sont  dignes  de  sa  bénédiction  [99%).  Son 
ombre  sainte  les  délasse  de  tout  travail  et 
de  toute  fatigue^ 

Notre-Seigneuf  nous  a  hongres  do  ses 
dons  excellents;  il  nous  a  donné  le  jour  du 
sabbatf  jusqu'à  ce  que  nous  nous  reposions 
là  où  il  nous  a  préuaré  le  repos  (905). 

Tu  as  manifesté  toute  leur  magnificence; 
tu  Tas  remise  et  révélée  à  Moïse ^  tu  as 
donné  à  ton  ami  (906)  ton  livre  sainL 

Tu  as  donné  au  fils  {en  arabe^  au  serviteur) 
de  ta  maison  les  tables  de  la  loi,  afin  que  tous 
ceux  qui  vivent  de  la  vie  soient  rendus 
heureux  par  le  Seigneur.* 

Celui  d'où  vient  tout  ce  qui  remplit  le 
monde»  celui  qui  donne  la  vie  aux  créatures, 
a  parlé  du  aailieu  du  feu,  disant  :  <  Qu'il  n'y 
ail  pas  pour  toi  de  dieux  étrangers  ;907).  » 

La  prophétielui  élait  destinée  comme  une 
couronne  depuis  lesjoursdo  la  création  (908)  ; 
rillumination  de  Moïse  revAtit  celui  qui  en 
était  digne. 

mot  et  la  terre,  La  seconde  est  Talliance  avec  notre 
père  Abraham ,  relative  à  la  circoncision,  ete.  La 
ir<iistè«ne  alliance  est  celle  du  sabbat ,  etc*  {Exod. 
xixi,  7.)  La  auatpième  alliance  est  celle  des  denx 
tables  de  la  loi.  La  cinquième  alliance  est  raUtanee 
du  sel  (^um.  xvin,  \9)»  pour  toujours  pour  les  en- 
fants d'Israël  coiifurmément  à  tout  ce  que  IMeu  a 
fait  avec  Moïse.  La  sixième  alliance  est  celle  de 
Poffran  te  pascale  au  sujet  de  laquelle  Dieu  a  dit: 
Vous  viendrez  au  lieu  que  le  Seigneur  votre  Dieu 
aura  ehoid  d'entre  toutes  vos  tribus  pour  g  établir 
êon  nom  ,  et  pour  g  habiter,  etc.  (Deut,  xu,  5  seq.) 
La  septième  alliance  est  ralliance  do  sacerdoce  de 
Plii^ee  au  sujet  de  laquelle  Dieu  a  dit  :  Je  lui  ai 
accordé  de  mon  alliance ,  une  alliance  de  paix ,  ce 
sera  pour  lui  et  pour  sa  race  une  alliance  de  sacer^ 
doce  pour  toujours.  iLa  loi  contient  trente-six  allian- 
ces, à  ce  que  dit  le  Talmud  de  Kabylone  (Tract» 
Sanhédrin,  fol.  12i,  t.  Vill,  édil.  d^Amsterdam)  : 
i  Proptcrea  quod  transgressi  sunt  ttSginia  sex  fœ- 
dera  quse  ni  loge  su  ut.  i 

(904)  On  trouve  dans  Castelt  la  citation  d*un 
passage  qui  reproduit  la  même  Idée  :  f  Conserve 
Tobservauce  do  sabl)at  et  offre  avec  zèle  de  gran- 
des offrandes,  afin  que  tu  sois  élevé  et  aue  tu  de- 
viennes riche,  i  Des  rabbins  ont  enseigne  que  ceux 
qui  observaient  ligoureusement  le  S«bbat  pou- 
vaient espérer  la  rémission  des  péHiés.  Origéoe 
signale  la  superstition  qu*apportaient  à  cette  obser- 
vance les  dosithéens,  secte  de  Samaritains  qui  man- 
traient  une  grande  austérité. 

(905)  t/est-à-dire ,  dans  la  tic  éterneite  qui  est 
indiquée  également  comme  le  lieu  de  repos  dans  le 
Livre  de  Job,  iii«  i7 

(9U6)  Expression  qui  a  pu  être  Inspirée  par  cello 
quon  trouve  au  Litre  des  Nombres  (i*.  xii,  7). 
f  Servus  meus  Moyscs  qui  in  omui  domo  mea  fide- 
llssimus  est.*  » 

(907)  Même  feoomroandatton  dans  VExode,  c. 

XX,  S. 

(908)  Divers  rabbins  représentent  Moïse  comme 
ayant  été  Tobjet  du  cboix  divin,  avant  la  création  du 
monde,  pour  annoncer  la  loi  aux  bommes;  ils  loiit 
remonter  Tesprit  de  prophétie  avant  les  six  Jours 
de  la  création,  tandis  que  les  Samaritains  se  con- 
tentent d*en  fixer  Toriglne  à  celte  époque.  (Voy.  la 
note  de  Gésénius,  p.  51.) 

S9 


90f 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


#^1 


Les  tables  de  Talliance  soni  Talir/ient  de 
notre  vie,  aliment  qui  ne  fait  jamais  défaut 
dans  les  siècles  des  siècles  (909). 

Où  est  un  dieu  comme  ie  t)ieu  de  nos 
pères?  Ouest  un  prophète  véridique  comme 
I  ami  de  Dieu? 

Dieu  a  parlé  bouche  à  bouche  au  fils  do 
sa  maison  (910);  il  lui  a  manifesté  des  mi- 
racles (911)  qu*il  n'a  manifestés  à  aucun 
autre. 

Le  créateur,  qui  a  créé  le  monde  et  tout 
ce  qu'il  renferme,  ordonna,  et  Moïse  donna 
la  vie  aux  vivants  (912). 

Le  lecteur  qui  lit  :  Qu'il  n'y  ait  pas  pour 
toi  de  dieux  (élran;^ers),  lit  (aussi)  :  Observe 
le  jour  du  sabbat  pour  Je  sanctifier  (913). 

Il  est  sublime  ot  grand,  celui  h  qui  appar- 
tient toute  gloire;  il  a  élevé  lo  tils  de  sa 
maison  au-dessus  de  tout  le  genre  humain. 

Il  a  joint  maçniQquement  la  gloire  à  la 
gloire  (91^0  «  J^^o va.  Dieu  des  siècles,  et 
Moïse,  prophète  de  toutes  les  générations. 

Il  (Dieu)  fait  de  lui  (Moïse)  ,  par  son 
excellence,  Tocéan  du  discours  (915);  Moï^e 
(est)  le  terme  de  la  révélation,  le  ler.T.e  do 
la  révélation  de  son  Seigneur  (91G). 

(909)  Dans  le  Livre  de  la  Sagesse ,  c.  xvm,  4, 
il  esl  question  de  la  lumière  incorrompue  de  la  loi^ 
idée  qui  revient  à  celle  qu'exprime  le  poète  sama- 
ritain. 

(910)  On  lit  d  ns  le  Livre  des  Nombres  (c.  l'i , 
8)  :  c  G*esl  bouche  à  botictie  que  je  lui  parle  :  il 
nie  voit  ;  ce  n'est  pas  en  énigmes,  i 

(911)  Le  poêle  veut  dire  nue  le  Seigneur  a  révélé 
1  Moïse  les  secrets  de  la  loi.  De»  écrivains  juifs 
représentent  le  législateur  des  Hébreux  comme 
possédant  la  conisaissance  de  profonds  mystères 
ignorés  des  autres  mortels. 

(9 là)  llébraisme  qui  signifie  que  Dieu  commanda 
à  Moïse  de  doimer  aux  bommes  la  loi  viviliante. 
£*est  ain  i  qu*on  trouve  au  //*  Livre  des  Parali- 
vomènes^  r.  xxiv,  8  :  Jussit  rex  ei  fecerunt^ 
id  esl,  ut  facerent, 

(913)  Le  poète  veut  dire  que  dans  le  même  livre 
sacré  où iMdolJLtrie  est  réprouvée,  Tobservaliou  du 
jour  du  Sabbat  est  recommandée  comme  un  pré- 
cepte non  moins  digne  d*étre  suivi  strictement. 
Gesénius  ajoute  la  note  suivante  :  c  Soient  enim  «t 
alibi  Judaci  et  Samaritani  summa  ciimina  idolula- 
tris  comparare.  Cf.  Ligbtfoot,  Ad  Matlh.  xn,  24, 
et  Casteilus,  in  UeplagL  Lcctor  dicitnr  de  assidue 
legis  lectore,  unde  in  titulis  virorum  doctorum 
apiid  Samaritanos,  quales  in  subscripiionibus  codd. 
manuscriptorum  comparent ,  v.  c.  in  subscripiione 
rhvtbmicacelebernmi  codicis  triglolti  Barbenniaui, 

iVoy.  de  Rossi,  Spec.  var.  lect.,  p,  171),  in  graliam 
)omini  archinysagogi  et  prœfecti^  lionorali^  UctO' 
ris  et  oratoris.  > 

(9U)  On  traduirait  plus  littérulement,  en  disant  : 
i  La  nom  au  nom,  il  Ta  joint  avec  la  gloire.  iCe  qui 
rappelle  ce  que  dit  saint  Paul  (Philipp.  n,  9)  :  Do- 
nêvit  ilh  {Deus)  nomen^  tfuoa  est  super  omne  no* 
men. 

(915)  Il  y  a  dans  le  texte  un  jeu  de  mots  qu'on 
ne  saurait  traduire  exactement;  la  même  expression 
signifie  la  mer,  Vocéan,  et  le  terme,  la  fin»  Le  puëie 
rmploie  une  métapiiore  bardie  pour  dire  que  le 
Seigneur  avait,  par  rintermédiaire  de  Muise,  corn- 
uioniqué  aux  hommes  une  mer,  un  trésor  inépui- 
table,  Infini  de  sagesse.  Plusieurs  dictionnaires 
trîentaux  portent  lo  titre  de  Mer  du  discours,  U  a 
taru  à  Lucknow,  eu  18i2 ,  un  dictionnaire  persan 


HYMNE  II  (9nî. 

Tu  es  unique,  toi  dont  la  gluire  esl  ditint;. 
tu  as  créé  ma{iniû<)uement|  et  toutes  cbo^fs 
ont  été  faites  de  ta  main. 

Et  la  joie  de  tes  créatures  fait connalrn 
que  (u  es  élernel  (918);  tu  leur  fais  savoir  i 
toutes  qu'il  n*y  a  point  de  Dieu  si  ce  dm 
toî. 

Tu  as  déployé  toute  ta  puissance  sansdr. 
et  tes  œuvres  révèlent  que  tu  es  unique dcis 
ta  [^randHur. 

Toi  qui  as  revêtu  tos  créatures  (iesLîAr. 
faits  (919)  de  ta  sagesse,  lu  Tas  fait  d'uv 
manière  admirable,  et  (u  as  donné  u:. 
louange  qui  se  dislingue. 

Tu  annonces  sans  voix  et  comme  un  écr  • 
vain  à  celui  qui  eonteaiplo,  que  lu  rs  s 
cause  des  choses,  et  ce  c]ue  tu  as  accnn.  . 
peut  être  entendu  de  quicon((ue  voit  (lo: 

Et  les  œuvres,  résultat  de  ta  puissance. f:; 
sont  qu'une  partie  de  Ion  excellence;  ce:.* 
tu  as  caché  aux  yeux  (des  hommes) esl |.us 
grand  que  ce  que  lu  leur  as  révélé. 

Tu  as  prononi.'é  sans  bouche  des  pan.  es 
et  le  monde  esl  apparu;  les  créatures  sef  .! 
empressées,  et  elles  se  sont  soumises  (9*21  j 
les  ])aroles. 

intitulé  Les  sept  mers;  chaque  mer  est  partage  cr 
fleuves,  en  ruisseaux  et  en  sources.  Cet  ouvrait*  <"< 
dû  à  un  souverain,  à  Âhon-Lahurar-MoeziM .i i- 
Haider,  roi  d'Onde.  M.  Silvesirede  Sacyena  rr.i  i 
compte  dans  le  Journal  des  savants,  déci'mtirc  l^.' 
(  Voy.  aussi  le  Catalogue  de  la  bibliothèque  dr  c<. 
orientaliste,  Paris,  Merlin,  I84C,  t.  Il,  n*  290i  ' 

(916)  Gesénius  fait  sur  ce  passn^çe  (a  o»tf  mi* 
vante  :  c  Quoi  autem  Samariiani,  spretis  oiini' .« 
sequioribus  prophetis  librisque  sacris,  uiiUiiiMom» 
revelationis  divinae  p£a{xT]v  agnosvunt,  id  nu  t< 
nobis  mirnm  videbit'ir  ronsidcranttbus,  crt-^'i 
etiam  uno  ore  llebr^eos  Moscn  reliquis  propt'*:'^ 
anteponee,  multoqne  majorem  ei  quam  idM|(i:« 
prophetis  tribuere  aucloritaiem.  Vide  Oeul.  l\\l^ 
iO;  xLv,  2  seq.  ;  Joseph.,  Arehfrotog  ^  lih.  it.  ï. 
Maimonidesap.  Ilottingerum,  hi  Thesàur.  pftiLi,  p. 
f>()8  ;  Jarchi ,  Ad  A  tint.,  xxx.S;  rtiaoi  scrfj))«'>'' 
Chrisiianos  apud  Hottingerom  {ioc.  cU,).  A«i>}' 
imprimis  Pbilo  Mosen  unum  omnium  sanrti>sitiMiP. 
proplietarum  principcm  nuncupa,  reliques  vr 
scriptores  tact  os  nonnisi  Musis  sectatores,  diK^ 
pulos  vocat  et  assecias.  (De  tita  Ifosis,  p.  681  i 

(917)  Cet  hymne  s*adrcsse  au  Seigneur;  tl  i()  f 
sa  puissance  qui  s*est  manifestée  surtout  dan«  Ij 
création  du  monde  qu*il  a  effectuée  sans  auiouf 
iissistance  étr;«ngére  ;  il  célèbre  sa  sagesse ,  sa  ou 
séri«  orde  et  sa  inuniûcence. 

(918)  Ce  qui  veut  dire  que  les  cris  jojeo«  d^ 
hommes,  et  des  animaux  ai!nonceiit  la  gloire  <ir 
Dieu  ;  pensée  qu*on  retrouve  dans  le  psaume  ci^. 

(919)  lievétir  au  lieu  de  remplir,  de  comLk'r  ^ 
bienfaits^  est  une  locution  admise  dans  les  lango** 
sémitiques,  non  moins  qoe  chez  les  Grecs  •'t  )■* 
fiomains;  voy.  Schultens  sur  Job,  p.  8li«  rt 
Wetsten  sur  saint  Lue,  xxiv,  49.  Oa  trourc  rf)>i 
saint  Ephrem  (t.  111,  p.  i59),  un  pass*^e  ^v^»!* 
peut  rendre  par  i;a/«liidtft«tii  induit,  cl  djnt  ^ 
Codex  Nazarœus  ou  Livre  d'Adam ,  i ,  10  :  Mu- 
bus  et  labibus  non  induit, 

(9i0|  Le  sens  de  ce  verset  est  que  U  loaan(|«  f^ 
la  gloire  de  Dieu  éclatent  dans  le  seul  asped  ^  ^ 
nature,  quol.|Ue  les  oreilles  n'en  soient  poiniti^' 
lées.  C'est  ce  quc^  le  Psalmiste  (xix^  S*5j,  eipnM 
avec  pi  s  d*élévat<on  et  d*babileté. 

(921)  On  peut  remarquer  ici  que  daoi  les  w^ 


909 


SAM 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAM 


910 


Tu  es  le  premier  dont  personne  ne  connaît 
le  comaiencement  ;  tu  es  le  dernier  pour  le- 
quel il  n*y  a  ni  fin  ni  terme. 

Celui  qui  porte  sa  crainte  porte  le  monde; 
qui  ne  portera  pas  la  crainte  de  celui  qui 
porte  (le  monde)  sans  main  (922)7 

Tu  es  unique  et  tu  n*as  point  de  compa- 
gnon; il  ny  a  point  d*autre  que  loi,  ni 
d'associé  à  toi  (923)«  puissant,  éternel,  re- 
doutable, grand,  héros,  formidable. 

Tout  ce  qui  peut  être  assimilée  toi  reste 
bien  au-dessous  de  toi  (924),  et  tu  existes 
au  delà  des  limites  de  tout  ce  qui  peut  être 
exploré. 

Tu  n'as  point  eu  ae  compagnon  quand  tu 
asproduit  le  monde;  tu  n*as  point  été  avec 
un  autre  quand  tu  l'as  créé;  tu  Tas  produit 
seul  et  tu  es  loué  à  cause  do  ta  magnifi- 
cence (925). 

Nous  te  connaissons  par  le  secours  de  la 
raison  et  par  tes  œuvres;  nous  connaissons 
par  le  secours  de  ton  livre  tes  œuvres  t^ar 
loi-méme  (926). 

Nous  louons  tes  bienfaits  d'après  la  res- 
source de  nos  forces;  nous  t'envisageons 
(oinme  tu  es  et  non  comme  nous  som- 
mes (927). 

Nousaésirons  (a  grâce,  nous  altcnJons 
tes  bienfails  {ta  miséricorde^  selon  le  texte 
arabe);  où  détournerions -nous  nos  faces 
luia  de  toi,  si  ce  n*est  derechef  vers  toi  ? 

Coioniedes  étrangers,  nous  sommes  placés 
âla  porte  de  ta  miséricorde,  et  loin  de  toi 
de  refuser  le  nécessaire  à  un  étranger  là 
ttlui  qui  implore  ton  assistance^  selon  le 
itile  arabe). 

Kiendant  nos  mains,  nous  sollicitons  tes 
t<ieufait<,  et  toi,  étendant  les  mains  (928), 


de  ta  grice,  tu    soulages   notre  lassitude. 

L*clme  a  besoin  de  consolation;  nous 
avons  besoin  de  ta  miséricorde;  donne  Tau- 
môire  selon  ta  justice,  Taumône  qui  procède 
de  ta  it)iséricorde. 

Tu  es  porté  h  la  miséricorde,  tu  es  lent  à 
t*irriter  (929);  là  où  tu  vois  la  cessation  dos 
péchés,  tu  es  porté  à  déployer  ta  miséri- 
corde. 

Miséricordieux  des  miséricordieux,  qui 
n*a  point  de  compagnon,  si  ce  n*est  lui-mê- 
me, donne-nous  ce  que  p*  rsonne  ne  peut 
nous  donner,  si  ce  n^est  toi-môme. 

Toi  qui  écoules  les  cris,  et  qui  es  accou- 
tumé à  faire  grftce,  exauce  les  prières  de  no- 
tre humilité  et  de  notre  misère. 

Tu  seras  loué,  tu  seras  glorifié,  tu  seras 
exalté,  6  trùs-véridique  1  Tu  seras  célébré* 
et  quiconque  le  peut,  te  célèbVe  à  cause  de 
ta  grftce. 

Il  n'y  a  point  de  Dieu  si  ce  n'est  un  seul. 

Extrait  des  cantiaues  et  des  discours  de 
notre  maître  le  grand  théologien  (930). 

Il  n'y  a  pas  de  Dieu,  si  ce  n'est  le  seul 
Dieu. 

Dieu  éternel  (931),  qui  vis  dans  Téternité; 
Dieu  supérieur  à  toutes  les  puisssances 
(932),  et  qui  demeures  le  même  dans  l'éter- 
nité. 

Nous  nous  confions  en  tit  grande  puis- 
sance; tu  es  Notre-Seigneur;  tu  as  eonduil, 
par  ta  souveraineté  divine,  le  monde  dès  so^ 
principe. 

Ta  puissance  (était)  cachée,  ainsi  que  ta 
gloire  et  ta  miséricorde  ;  les  choses  cachées 
ont  été  révélées  par  ton  comman  iement  di- 
vin (933). 

Le  commencement  de  toutes  choses,  c'est 


triplions  (Je  manuscrits  bibliques,  les  Samaritains 
Ce  Damas  soûl  appelés  les  fils  de  la  soumission. 

(9iiJ  \ï  porta  la  craiiue,  pour  il  ressenlit  la 
crainic;  hébraîsme  au*on  idrouve  dans  /an.,  xiii, 
^\Job,  xviii,  20;  Jérém,^  xlix,  21.  On  peut  voir 
«'ailleurs  la  longue  noie  de  Gcuésius  sur  ce  pas- 

(923)  Gésénius  fait  en  cet  endroit  la  remarque 

Eivmie  :  c  Niliil  magis  aversantur  Samariiani,  uni- 
lis  Dei  siudiosissimi ,  quam  Dec   sociuni   attjun- 
0rp,  id  quod  non  ab  idololairis  soium,  sid  a  Chri- 
"^nis  eliam  licri  putant.  Unde  in  Libro  Josuœ^ 
Iloitiiigerum  «  p.  487  :   Ne  soeium  adjungatis 
ei  (p.  488)  :   Aie  sit  inter  vos,,,   fœlor  oui 
iynihium^  quo  signiUcavil  ne  soeium  adjunge* 
fbi  Dco,  et  alium  pra:ler  eum  cdlerent.  > 
(îlii)  Celte  peusee  stt  reproduit  dans  le  livre  de 
%Qé:  c  Qui  est  semblable  à  loi?  nulle  chose  com- 
rabic  à  loi  n*esl  senibUble.i 
[t)'ir>)  Citons  ici  la  no;e  de  Gésénius  :  c  Pugnare 
■lur  imprimis  ton  ira  recentiorum  Juddsorum  et 
risiiaiiorum  placitum,  qui  t»apienliae  Dei  byposta- 
,  et  Messis  quasdam  in  creaiione  parles  tri- 
ini,  quod  quidem  dognia  fluxit  e  Inco  Prov,  vni, 
&ei|.,  et   poslea  a  Siracide  (c.  24; ,  Philune , 
lînne  et  Aleiandrinis  exornatum  est.  » 
liô)  C*est-à-dire,  nous  cherchons  à  te  connaître, 
ih  nous  savons  bien  quelle  est  notre  faibles;^, 
m%  nUgnorons  p'»int  qu*il  nous  est  impossible 
tounaitre  U  véritable  nature  divine.  Cette  pensée 
||virou«e  dans  Fhiiou,  De  allegor,^  i,  57;  Ùe  ma* 


M.,  p.  815;  De  somniis,  p.  576  599. 
P<iO  L-o  |M)éie  veut  dire  que,  pénétrés  de 


notre 


faiblesse,  nous  nous  reconnaissons  hors  d'état  da 
comprendre  la  véritable  nature  de  Dieu. 

(9^8)  L'expression  de  main  étendue  était  fort  en 
usage  chez  le4  Hébreux  pour  signilier  la  munlfl* 
cence,  la  générosité  {Prûv,  xxxi,  t20j  ;  elle  est  en* 
core  très-usitée  parmi  les  Arabes. 

^9i9)  CeA  ainsi  que  8*cxprime  rinscrîplion  du 
livre  d  Enoch  :  c  Au  i>om  de  Dieu  mfséricoriiicux 
et  clément,  lent  dans  la  colère  et  qui  possède  beau* 
coup  de  miséricorde,  i 

(930)  Nous  ignorons  quel  élaît  le  nom  de  ce  doc- 
teur, mais  il  jouissait  sans  doute  parmi  les  Sama- 
ritains d*une  rôpuiation  telle  qu*il  était  suffisamment 
désigné  par  le  surnom  que  lui  &Tait  décerné  l'admi* 
ration  de  ses  coreligionnaires. 

(931)  Le  mol  dans  le  texte  original  pourrait  aussi 
signilier  vivant,  comme  dans  divers  passages  de  la 
Bibte,  (Gen,  vu,  4,  23  ;  Deut,  xi,  6,  seq.) 

{95i}  L'expression  de  puissances  ou  de  vertus 
doit  se  prendre  ici  dans  le  sens  d'anges.  Celle  ma- 
nière  de  s'exprimer  est  fréquente  chez  les  auteurs 
ecclésiastiques;  on  la  trouve  chez  les  Talmndites, 
chez  les  Abyssiniens,  chez  les  Syriens  ;  d;uis  le 
lexique  syriaque  manuscrit  de  Bar  Bablul,  le  mot 
qui  signilie  chérubins  est  expliqué  par  vertus  ou 
puissances  puissantes.  Les  Pères  grecs  lou miraient 
de  leur  côté  de  nombreux  exemples.  (Vou,  saint 
Irénée,  Adv,  hœres,  lib.  ii,  5U;  Ëusébe,  Prœvar. 
evang,^  lib.  iv,  6;  Suicer,  Thésaurus  ecctesiasttcus, 
t.  I,  p.  969.) 

(955)  CVst-àdirc  :  les  attributs  les  plus  brillants 
de  ta  Divinité  étaient  comme  cachés  avant  ta  créatiim 
du  monde  et  ils  se  sont  manifestés  en  U  créau\ 


l 


911 


DICTlOiNNAlRE  DES  APOCRYPHES. 


91! 


rélincellt^  {9ik)  de  ton  Tètement  (en  arabe, 
de  ton  feu)  ;  tu  as  choisi  pour  tes  adorateurs, 
les  priocipales  de  toutes  les  nations. 

Où  est  la  foi  sainte  comme  elle  est  en  toi  7 
La  foi  en  toi  conserve  la  Tie  à  celui  qui  en 
est  digne.  Et  nous  conservons  les  choses  né- 
cftfsaires  à  ceui  auiquels  la  vie  est  conser- 
vée; cous  nous  instruisons  et  nous  ap- 
prenons dans  tes  livres  divins  (en  arabe» 
dans  le  volume  de  ta  loi). 

Tu  as  fait  un  grand  miracle*  en  animant 
iee  choses  inanimées;  un  grand  ébranlement 
s*e8t  fait  jusqu'à  ce  qu*il  eû.t  apparu. 

Tes  armées  divines  éiaient  rangées  sur 
le  mont  Sinaï  (d35)  ;  les  armées  de  ton  royau- 
me, qui  peut  les  évaluer? 

Tes  richesses  ont  été  employées  à  élever 
Israël  ;  bienheureuse  est  ia  maison  de  Jacob, 
et  bienheureux  quiconque  obéit  au  Seigneur. 

La  mer  et  ses  flots  sont  soumis  à  (a  vo- 
lonté; ta  droite  {ta  puissance^  d'après  le  texte 
arabe)  couvre  (936)  toutes  tes  œuvres. 

Toutes  choses  t'obéissent;  elles  viennent 
à  tjA  ordre;  toute  chose  atteste  qu'il  n*y  a 
pns  (le  Dieu,  si  ce  n'est  toi  qui  es  unique. 

11  n'y  a  pas  de  divinité,  si  ce  n'est  la 
tienne,  dans  les  lieux  les  pins  élevés  et  dans 
les  plus  bas;  nous  ne  mettons  notre  con- 
fiance en  personne,  si  ce  n'est  en  la  divinité. 

Mon  habitation  future  est  le  siège  de  ton 
empire;  là  il  n'y  a  ni  mer,  ni  Océan,  ni 
même  le  ciel  (937j. 

Tu  as  déployé  ta  sagesse  ;  le  monde  {est 
issu)de  ta  volonté.  Sage  des  sages!  l'excel- 
jence  est  ton  nom. 

Tes  miracles  divins  montrentta  puissance; 


nous  sommes  nourris  par  ta  miséricor  « 
d'une  nourriture  etcellente. 

Tu  as  créé  le  monde,  et  il  n^y  avait  persc^nt:* 
qui  fût  ton  compagnon.  De  son  milieu  tu  au^t  \ 
sortir  les  c^éaturesdelàoùiln'yBvaitrit*D;93^. 

Tu  as  ouvert  la  poussière,  et  de  son  te:- 
lieu  tu  a^  produit  les  choses  nécessaire^:!. 
as  produit,  par  la  droite,  les  créatures,  !ti 
tirant  de  là  où  il  n'y  avait  rien. 

Celui  qui  a   été  formé  de  la  poossièf 
c'est  à  cause  de  lui  que  toutes  cnoses^  - 
créées.  Toutes  les  choses,  qui  sont  n^v 
saires  à  l'homme  lui  sont  assujetties. 

Nous  reconnaissons  tous  ta  divioilé:*: 
vivais  dans  l'éternité,  avant  qu'une  r^j^ 
quelconque  n'existât. 

Tu  es  le  principe  et  ia  On  de  toutes  tr* 
ses;  le  Seigneur  t'St  miséricordieux  e(tr. 
il  Jette  les  jeux  sur  nous,  et  il  nous  juçe. 

Ton  nom  remplitde  biens  toutes  c[im^<. 
il  nourrit  quiconque  est  digne  de  ce  bi*.r- 
fait  ;  nous  louons  la  souveraineté  (en  di^£L 
il  n'y  a  pas  de  Dieu,  si  ee  n'est  toi. 

Donne  aux  pénitents,  je  t'en  conjure,  i  • 
ne-leur  le  monde  (939);  le  convertisseur 
Messie)  s'approche  de  nous  (9M),  et  lu  n  « 
traiteras  selon  ta  miséricorde,  car  lu  en  i 
le  pouvoir. 

HYMNE  III  (9^1)  . 

Dieu  éternel,  qui  étais  avant  le  mofl  * 
Dieu  qui  as  commencé  le  oionde,  et  qai  ' 
imposes  une  fin. 

Dieu  sera,  dans  l'éternité,  dans  nne<f 
meure  élevé;  le  lieu  dont  il  a  fait  chou  ti 
dans  une  demeure  sainte. 


Gésénius  ajoute  :  c  Facile  aiitem  palet,  hoc  Sama- 
riianonim  dôgrea  erope  arced^re  ad  iiotissimuin 
illad  Philoniaiiuni  Pairumque  Graecoium  placilum 
île  X6yv  ^''^^  creatioiieoi  àv&aûixy  iu  ipsa  crfa- 
lione  vcro  el  post  illam  irpo^opcxt^».  (Vide  De  viia 
àloii$^  lib.  ni,  p.  072,  ed,  Maiigey;  Talian.,  Oral, 
m4  Grœcoi,  p.  i45;  Tiicopliil.,  Ad  Àulolye.  lib,  ii« 
c  23;  Terlull.,  Adv.  Pra^.,  c.  7.)  i 

(934)  Citons  ici  la  noie  de  Gésénius  :  ilnielligen- 
dus  esl  igoeus  ille  splejidor  nui,  e  meiiie  scripiorum 
sacrorum  divuin  Mumeu  {vô)ç  olxcov  &itpcs(Tov, 
/  Tim.  VI,  46  )  circMOidabat  et  vcsiis  instar 
(cf.  Psai  civ,  i);  obvohebai  (cL  Exod,  xxiv,  16, 
i7;  xxxiu,  18;  XL,  Zi).  uade  atiam  t^iiM  et  fulgura 
pi-odiiase  dicuniur.  (Cen»  xix,  24;  Leviî^  ix,  2;>; 
Num.  XVI,  35).» 

(935)  Tranbcrivons  également  la  noie  de  Gésénius 
sur  ce  passage  :  c  Copia  cœlestis  in  monte  Sinai 
conspicuae,  quibus  summum  numen  ibi  iuasi  sti- 
paluni  fuit,  sunt  angeti,  qntbus  etian  N.  T.  scrip- 
tores  quasdam  in  legis  laiioiie  partes  tribuunt.  (Act. 
vu,  55;  Galat.  m,  49;  Hebr.  n,  2,  cf.  Joseph. 
Archœolag.,  lib.  xv,  5»  et  e  recentioribus  JuJxis 
PirkeEUeser,  c.  46.)» 

(936)  c  Dexiia  tua obuubrat  omnia  opéra  tua,  i 
Obumbrare,  dans  le  sens  de  protéger,  u*esl  pas  rare 
dans  rEcriiure  sainte. 

(937)  Gésénius  observe  que  ce  verset  indique  un 
point  peu  connu  des  doclriues  samai  iiaines  :  <  Opi- 
nionem  de  vita  beatoruo  in  cœJis,  pioprio  qnaai 
Dei  regtio,  posi  mortero  continuanda,  illamque 
beatorum  ledem  cœl«  slem,  îUudvef  ui  cutn  Giiosiicis 
loquar,  iiXil)pa>|Aa,  ab  omni  terrestrium  reruni  slrai- 
liiodine  immone  prenuntiat,  quod  ita  rxpiieiit, 
neque  mare  (cœleste  iUud  mare,  de  quo  (Uu,  i,  6, 


seq.;  Pêai.  civ,  5;  cii.vm,  l,  al^nificaoi)  •  •' 
adeo  firmamentum  ibi  fuluruni.  » 

(938)6>n.  I,  41. 

(!)39)  Transcrivons  la  note  de  Géséoios  mi'  " 
passage  nn  peu  obscnr  :  c  Sensns  vertionini  '  * 
scnlii  fens  cum  prophetaram  Hcbrateunio  iU^r  ■ 
qui    poët  pœnas    divtttas  impiis  inOictasci"^ 
hominei  ad  melii>rem  fiugem  redUuros  {y^cr..  • 
illttd  Isai»  [x,  24  ;  vn,  3]  nliqvi  eùnvtrteHhr  ^  '  ■ 
et  post  perlectam  roorum  eniendatiooem  et  y^ 
vo\av  novis  beneficiî;»  a  summo  nnmlne  bfaivn 
saepissime  pollicentar.  (V»y.  I««.  iv,  t  sm  ;  **  '' 
X,  21,  seq.;  xxix,  48,  stq^  xxx,  46,atq.;iH>'  ' 
b;  xxxui,  44-16.)» 

(940)  CVsi  le  seul  passage  de  ces  hynn^'' 
est  question  du  MesȔe.  On  voH  par  l*eiilrtii 
Bauvenr  av^  c  la  femme  s.imariuine  (^mi.  (^<  ' 
qu'à  cet  égard  les  espérances  des  JtitfsH»»^»'* 
lagées  par  les  Samari(ain«,  mai»  on  ma.'<nie  >  '- 
seignemcnls  précis  stir  l'idée  que  ces  ^  >*'''  ' 
faisaient  du  Qirist  ou  du  IlesHe.  Ils  «f  >'"' 
qu*il  renverserait  la  foi  mosaïque,  q»*'!  ^'' 
les  naiioiis  autour  de  loi,  quM  réiabltr»rt|  <■" 
nacle  sur  le  inoni  Garixim,  et  qii*apréii  s*'**'  '* 
son  neuple  lieureux,  il  mourrait  ec  leritt^*'' 
auprès  de  Jos«!ph,  cVst  à-dire  dans  la  ^^^  ' 
pliraîm.   L*époqne   de  sa  ver.oee^u^f^^'" 
Die«  seul  coMn;<U.  (Yoy.  ronvragedeJ.  ^^'  ,' . 
rich,  De  CkrUfl^ffiaSaBumimcrumMv*^'^ 
et  la  neie  de  Gésénius,  p.  73.)  . . 

(941)  Cet  hymne  est  indiqué  eomneroafnc*' 

céièbre  docteur  Sefi  al  Uordschani,  <*^''^.. 
SaU,  né  à  IliTdscbaii,  ville  piés  de  N**^ 
pour  but  les  louanges  de  la  4m. 


915 


SAM 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SAM 


«14 


Tes  forces  cach(^es  sont  supérieures  h  tou- 
tes les  forces;  ces  forces  se  sont  montrées 
le  jour  oCi  II  a  prêché  son  nom  (91^2). 

Celte  force  est  celle  qui  est;  après  un 
court Mlence (9i3),  il  proclamera  lui-même: 
«CVst  moi,  c*est  moi  qui  suis  (le  vrai  Dieu).» 

La  puissante  majesté  divine  n*est  pas  sou- 
niise  à  une  autre;  la  graude  majesté  divine 
remplit  le  monde. 

Malheur  è  celui  qui  n*a  pas  foi  en  sa  grande 
puissance;  malheur  à  celui  qui  ne  reconnaît 
pas  qu'il  n'y  a  point  de  Dieu,  si  ce  h*est  le 
seul  Dieu. 

Au  moment  oit  il  a  prêché  son  nom»  le 
monde  a  (remhié  (9H};  au  moment  oit  il  a 
proclamé  (sa  volonté),  et  oit  il  a  dit  :  ic  qu'il 
D'y  ait  pas  pour  toi  de  dieux  étransers»  » 

Les  puissances  (célestes)  et  les  créatures 
s*y  sont  réunies;  Dieu,  auquel  nul  n*est 
semblable,  y  est  descendu  pour  se  révéler. 

Le  mont  Sinaï  a  été  couronné  de  nuées  et 
de  splendeur  ;  la  montagne  a  violemment 
tremblé  h  cause  de  sa  grande  terreur. 

il  y  avait  une  grande  réunion  comme  ja- 
mais il  n*en  a  été  décritei  lorsque  notre  pré- 
cepte sortait  du  feu. 

Toutes  les  puissances  du  monde  caché  se 
produisirent  à  la  lumière  (9.V5),  lorsque  Dieu 
proclama:  «  Je  suis  Jéhova,  ton  Dieu  (9^6).  » 

Sur  deux  tables  il  a  inscrit  les  dix  préceptes 
(OW);  il  les  a  donnés  comme  aiiment  pour  la 
vie  dans  les  siècles  futurs. 

Le  Seigneur  leur  a  montré  deux  tables 
fermes  et  inscrites  d*un  doigt  du  feu  ardent 

w. 

Elles  é'aient  brillantes  comme  la  foudre 
éclatante  (919].  Le  Seigneur  digne  de  véué« 
ration  y  écrivit  de  son  doigt, 

Elles  furent  longtemps  cachées  au  milieu 
du  feu;  Moïse  pria  longtemps  avant  qu'il  ne 
les  reçût. 

Le  temps  donne  une  vie  glorieuse  à  ce- 
lui qui  y  boit;  le  temps  qui  le  fait  participer 
à  la  vie  éternelle. 


Ces  tables  ne  sont  qu'une  étiacelle  un 
monde  cacbé;  une  étineelle  glorifiant  la  sa* 
gesse  pour  tous  tes  siècles  fulurs. 

Ces  tables  contiennent  la  volonté  de  Dieu, 
la  volonté  qu*il  a  décrétée  dans  oea  aix 
jours. 

O  Eternell  les  choses  cachées  ont  été  pro- 
duites à  la  lumière,  au  milieu  des  tonnerres 
et  des  foudres  réunis  en  ce  lieu. 

Le  Miséricordieux  les  a  écrites  de  son 
doigt  ;  le  Miséricordieux  a  effrayé  le  monde, 
lorsqu*il  les  donnait. 

Le  nom  divin  (parut)  de  chaque  côté,  le 
nom  auquel  rien  n'est  semblable,  ni  dans 
ce  qui  est  eaché,  ni  dans  ce  qui  est  manifesté. 

Là  les  vivants  et  les  morts  tremblaient 
continuellement,  lorsque  tu  proolam«is  les 
paroles  qui  y  sont  inscrites. 

HYMNE  IV. 

Toi,  notre  Créateur,  (jui  fus  iorsqo*il  n'y 
avait  rien  si  ce  n'est  toi,  tu  as  fait  sans  as- 
sistance le  monde  et  tout  ce  qui  est  en  lui. 

Nous  croyons  en  toi;  il  n'y  a  point  de 
Dieu,  si  ce  n'est  toi;  nous  avons  conliance 
en  ton  pouvoir ,  eer  tu  es  puissant  et  sou- 
verain. 

Héros  des  héros,  toi  qui  subjugues  loua 
les  héros,  tu  vaincras  l'ennemi,  tu  le  sub- 
jugueras par  la  grandeur  de  (a  force. 

Juge  des  dieux,  toi  dont  la  force  est  au- 
dessus  de  toutes  les  forces,  protège  notre 
cause  et  soumets  nos  ennemis. 

Si  nous  n'avons  nul  qui  noos  secoure  »  il 
nous  donnera  lui-même  son  assistance.  O  roi 
miséricordieux,  aie  pitié  de  notre  humilité  I 

Nous  sommes  tes  serviteurs  et  tes  fils  de 
tes  serviteurs,  et  loin  de  toi  que  ta  oublies 
les  pactes  (que  tu  a^  faits)  avec  nos  aocètres. 

Nous  cherchons  un  refuge  auprès  de  la 
grâce;  du  milieu  de  nos  oppresseurs  puis- 
sants, nous  poussons  nos  cris  vers  toi;  don- 
ne-nous le  repos  (en  nous  délivrant)  de  tous 
nos  oppresseurs. 


(èi%i  G*esl  à-dire,  les  forces,  1t  puissance  ée  Diee 
qui  éiaienl  cachées,  se  60t«t  révélées  dans  la  créa- 
lion  ou  plutôt  dans  la  If^gislaiion  deooée  aux  fidèles. 

(943)  Dana  le  siyie  des  Livres  saints,  le  Seigneur 
M  laii  lorsqu'il  parait  priver  les  hoiumes  de  son 
asûstanee  et  les  laisser  en  butte  aux  auoques  de 
U-wt  eRnemta.  (Ptal.  xxviii,  I  ;  iv,  3;  Habacue.  i, 
U;  Jtrtm.  xuviii,  27;  Ita,  lxiv,  ii;  lxv,  6.)  Il 
peut  y  avoir  là  une  alliisi<m  à  Tétai  d'oppression 
sous  lerfoi*l  vivaient  les  Samaritains,  lorssqae  le 
préire  s'énonçait  ainsi,  état  C|«'on  retrouve  sans 
cesse  dans  leur  btsioire. 

<9U)  Citons  ici  la  note  de  Gésétdns  :  i  In  ipsa 
legtsUiionis  historia  {Exod,  xix,  tti)  popnlus,  qui 
itt  ca&tris  erat,  oonin  nniisse  dicitor.  Poeiae  veio 
nostri,  Judaeurura  srquiorum  exemplo,  id  agunt,  ut 
nagnificenciofem  exliibcanl  tegislaiionis  speciem, 
^inque  fabuHs,  vel,  si  inavis,  im^ginibns  poettcls 
exornent.  Fabulis  rabbiim-is  ornatain  haues  legisla- 
lionis  bisloriam  in  utrogue  Targun,  liieresulymi- 
tanoei  pseudo-Jounth^nts,  Exod.  xix,  16,  seq.»lLe 
Jurgum  ou  paraphrase  cbaldaïque  que  mcnlioune 
i(i  le  savant  alleiitand  p»rte  le  nom  de  Jonathan, 
flU  d'Uriel,  qui  vivait  on  peu  avant  Tère  chrétienne, 
ntais  de  nombreux  anaehronismes  et  les  défauts  de 
fttyle  le  font  regarder  comme  une  œuvre  d'une  date 


plus  récente.  Il  es!  imprimé  dans  la  BibUa  rakbt" 
uica  de  Domberg,  Venise,  1596,  in-folio  ) 

(945)  Il  s'iigit  ici  du  nionJe  encbé  ou  invisible,  du 
monde  spirituel,  séjour  des  anges  et  des  âmes, 
erëé  selon  des  rabbins  et  selon  quelques  socâens 
auteurs  ivoy.  Novatian.,  De  TrinH,  c.  1),  avant 
le  monde  corporel  qui  sert  de  résidence  eux 
hommes. 

(9i6)  Exod.  XX,  2. 

(e47)  Exod.  xxxiv,  23. 

(948)  Deutérottome  { c.  xxxni,  î)  :  m  du^târu 
êju9  lex  ignta,  pas>;agc  nssez  difficiln  dans  le  texte 
original  et  que  M.  Cahen  traduit  ainsi  :  i  dé  iu 
droite  (sortit)  U  feu  de  ia  loL  i  Jarehi  dît  que  la  lui 
ésait  appelée  ennanmée ,  t  quonîan  antiquibus 
SCI  ipta  erat  corani  eu  igné  nîgro  super  superilciet 
tgm-as.  > 

(949)  Des  rabbins  ont  prétendu  que  les  tables  de 
la  loi  étaient  de  saphir,  et  qu'elles  étaient  faites  de  la 
matière  qui  forme  U  trénede  Dieu.  (  l^oy.le  pseudo* 
Jonathan  ad  Exod.  xxxi,  18.)  D'après  Pauieur  do 
Livre  de  Jêiué  cité  par  Hoilingner  (  Emead.  diV 
tertaêionum,  p.  19)  elles  n'étaient  que  d'une  sub- 
stance terrestre  ;  i  £st()ue  arca  illa  fœderis,  in  qtui 
substantia  superior  (cwicstis)  tabut»  neinpo,  quss 
scripsi  igné  superiore.  > 


015 


DICTIONNAIUE  DES  APOCRYPHES. 


Nous  metlons  notre  confiance  en  (a  grâce, 
dans  Tespoirqne  tu  exauceras  nos  vœux;  là 
où  nous  n'avons  personne  qui  nous  assiste, 
il  nous  prêtera  lui-même  son  aide. 

L'ombre  de  (a  misériconle  nous  protège 
comme  une  nuée;  sauve-naus  de  notre  en- 
nemi par  la  main  de  ta  miséricorde. 

L'ennemi  qui  a  détruit  nos  ministres  me 
tuera;  que  l'ombre  de  la  miséricorde  pro- 
tège ceux  qui  sont  dans  l'aiBiction  et  dans 
la  tristesse. 

Réprime  les  jugements  qui  sont  de  notre 
temps  de  vils  blasphèmes  (950),  réprime  la 
main  de  notre  ennemi  qui  est  étendue  pour 
nous  nuire. 

Réprime  les  oppresseurs  qui  se  montrent, 
de  nos  jours,  en  grand  nombre;  déjoue  les 
détestables  conseils  de  nos  ennemis. 

C'est  toi  que  nous  implorons,  ô  roi  de  nos 
esprits  (951);  sans  toi,  il  n'est  pas  de^ésur- 
rertion  pour  notre  vie 

Pîos  vies  s'écoulent  sans  savoir  si  des  ven- 
geurs se  lèveront  pour  nous;  délivre-nous 
des  oppresseurs  qui  nous  châtient  à  cause 
de  notre  faute  (952). 

Ils  nous  ont  haïs  sans  miséricorde,  et  nous 
leur  avons  éiè  assujettis;  l'homme  heureux 
nous  regarde  de  notre  vivant  comme  morts 
(953). 

Toi ,  devant  lequel  tous  les  rois  s'humi- 
lient, devant  lequel  tous  les  héros  trem- 
blent et  frémissent,  venge-nous  de  nis  en- 
nemis dans  le  cœur  desquels  il  n'y  a  nulle 
miséricorde;  délivre-nous  de  nos  souffran- 
ces; fais  qu'ils  tombent  dans  l'inquiétude. 

Privés  de  ta  miséricorde,  nous  vivons  dans 
les  angoisses, iouels  de  nos  ennemis;  punis- 
les  dans  ta  eolère. 

O  miséricordieux  I  prépare-nous  des  ven- 
geurs dans  ta  miséricorde;  qu'ils  accourent 
promptement,  atin  que  nous  soyons  ven- 
es. 


m 


(950)  Ce  passaf^c  esl  tronqué  dans  le  manuscrit  ; 
l'auteur  samariiain  entend  par  ces  juf(i*nicuis  ceux 
que  les  Cbrétieiis  ou  les  uiabométaus  reudaieut 
uIofF. 

(951)  Expression  qui  rappelle  celle  euipioyée  dans 
le  Livre  de*  Nombre»  (xvi,  2i)  :  Forlissime  Deuê 
êpiriiuum  uviversœ  carnis, 

(95i)  L'auteur  envisage  les  calamiiés  Infligées  par 
kss  ennemis  comme  les  châtiments  des  fautes  com- 
mises, et  ces  ennvniis  sont  les  instruments  de  la 
jusiice  divine;  cette  pensée  se  retrouve  fréquem^ 
mont  dans  lc«  écrivains  sacrés.  {Voy.  entre  autres 
haie,  cil.  I,  10.) 

(955)  Ost-à-dire  :  c  Nos  ennemis  enorgueillis  de 
Icirrs  succès,  iront  pour  nous  que  du  mépris,  et 
quoique  nous  soyons  en  vie,  ils  ne  se  soucient  pas 
plus  de  nous  que  si  nous  étions  morts,  i 

(954)  Les  Samariiains  demandent  dVtn;  rétablis 
dans  la  situation  bonorable  où  étaient  leurs  ancê- 
tres; ils  font  lie  grands  éloges  <lu  passé  et  ils  racon- 
lenl  dans  leurs  eliroDiqucs  des  contes  dénués  de 
tout  ftmdenient  au  sujet  d»'s  honneurs  que  les  rois 
i!e  Perse  ci  .\leiuindre  le  Grand  rendirent  k  leurs 
pères.  (S.deSacy,  Chre$tomathie arabe,{A\,  p.  2U9.) 

(955)  Celr  liymne  n*»  st  pas  entier  dans  le  manus- 
crit q(;*a  suivi  Gésénius;  il  se  compose  des  huit 
strophes  d*une  pièce  rangée  suivant  lordr**  alphabé- 
tique. Chaque  strophe  se  compose  de  trois  vers. 

(026J    Interprétation    allégorique  du    jeune   de 


Envoie  par  la  miséricorde  les  hoooeors 
de  nos  ancêtres  (934)  ;  envoie-nous,  i^r  un 
effet  de  ta  bonté,  ce  qui  doit  être  notre  salut 
et  la  perte  de  nos  ennemis. 

Dans  la  puissance  de  ta  miséricorde,  aie 
pitié  de  notre  misère;  viens  au  secours ii« 
notre  humilité  par  la  force  de  tes  juge- 
ments. 

HYMNE  V  (955). 
L'homme  qui  se  réfugie  vers  Dieu  ne  reste 

tas  sans  protecteur;  le  Seigneur  le  proléj'e, 
quel(]ue  extrémité  qu'il  se  trouve,  pour- 
vu qu'il  reste  constant  dans  la  doctrine  de 
Dieu. 

Contemplez  ses  tr 'sors  et  louez-fe:  il$ 
sont  caches  à  la  cité  du  monde,  et  ils  somi 
celui  qui  n  dit  :  «  C'est  moi ,  c'est  mot  qui 
suis.  9 

Ses  fruits  se  recueilleront  lorsqu'ils  pro- 
viennî^nt  du  feu;  le  Seigneur  miséricor- 
dieux les  a  choisis,  et  le  prophète  fidèle  les 
a  reçus. 

Le  malin  était  beau  sur  le  montSioaî,  le 
malin  de  la  vie  a  été  institué  à  cause  du 
jeûne  de  Moïse  (956). 

Les  tonnerres  et  les  foudres  et  les  pluies, 
la  voix  de  la  trompette  et  la  nuée  et  la  splen- 
deur accompagnaient  le  Seigneur  sur  la 
montagne  (957). 

Le  miséricordieux  a  appelé  et  a  dit:  «Qu'il 
n'y  ail  pas  pour  toi  de  dieux  si  ce  n'est  moi; 
car  toutes  choses  viennent  de  moi  et  m'ap- 
partiennent. » 

Le  soleil  brillant  qui  ne  s'éteint  point  est 
le  nom  de  Dieu  (958) ,  et  son  prophète  esl 
en  lui;  Dieu  est  vainqueur  dans  les  guerres. 

Les  portes  du  ciel  (959)  lui  ont  été  ou- 
vertes (à  Moïse)  ;  alors  Dieu  étendit  à  Moïse 
les  deux  tables  de  l'alliance. 

HYMNE  VI  (960). 
11  n'a  jamais  existé  nul  prophète  cooiiBe 

Moïse  dont  il  est  fait  mention  dans  VExode,  iiiiv. 
28,  et  dans  le  Deutironome^  ix,  18;  en  ce  dernier 
endroit,  il  est  expliqué  que  le  législateur  jrûut 
pour  expier  les  péchés  du  peuple.  L'aateur  sami- 
ritaîn  regarde  la  promulgation  de  la  loi  coismek 
malin  du  monde  ;  c*est  une  allégorie  dans  le  geore 
de  celles  de  Plitlon. 

(957)  Ses  images  sont  empruntées  à  YExUi, 
ch.'  XIX,  17. 

(958)  Gésénius  fait  en  cet  endroit  la  nota  svi- 
vanie  :  <  Nomen  D«tdicitur  pro  ip$o  ■ll■l>»^  Mop» 
autem  nunc  post  fata  habitare  dieitur  iu  splefl|1on 
divine,  solis  Instar  fulgente.  Cf.  Dan.  lit*  3.  m 
Librum  Josuœ  apocrvpiium  ap.  Uottingenini»  i" 
Enuead,  diaput.  p.  xé,  ubi  de  Mose  :  i  Ciniit  u 
fclicitaie  maxiroa  et  insenti  benedictioot,  <lcsiiM' 
\\i  tibi altissimum  et  nooilissimum  locum,  portis 
par:ulisi,  i  etc. 

(959)  Expression  qui  se  retrouve  dans  la  Cithi^ 
xxviu,  17. 

(960)  Cet  hymne  célèbre  les  mérites  de  llobe  ei 
parle  du  sort  téservé  lors  du  jugement  dernier,  itft 
prophètes.  Il  a  de  Timportaixe  iiuisqu'il  atteste  1«' 
la  foi  à  la  résurreciion  et  à  la  vie  éterncfleeta t 
répandue  chct  les  Sai'nartiains.  Qneiqn^  i^'^ 
av.iient  eu  des  doutes  à  cet  écard.  {^^'^^ 
Epiphane,  liasres.  9,  n.  43  ;  saint  Crégoiit  le On^** 
}loraL  in  Jab,  c.  xv.)  Gésénius  t envoie  sur  eei  ^ 
\H  à  Hottinguer,  De  moti.  ruurrtclmit  D.  lit  ^' 


917 


SAM 


PART.  III.—  LEGENDES  ET  FRAGSuENTS. 


SAM 


918 


Uoise,  et  il  n'en  existera  point  dans  le  mon- 
de créé. 

Ce  juste*  envoyé  de  Dieu,  est  entré  dans  la 
voie  de  la  perfection  (961;, 

Ce  prophète  véridique ,  ami  de  la  maison 
divine. 

Qui  est-ce  qui  est  comme  lui  parmi  les 
hommes?  qui  est  arrivé  au  même  degré  que 
lui? 

Qui  peut  contempler  ce  que  le  Seigneur  a 
institue  et  raconter  ses  magniûcenccs? 

Elles  sont  comme  ce  qui  est  vaste  et  vide 
|962) ,  et  il  n*y  pas  de  nombre  qu'on  puisse 
leur  assigner. 

Ceu(  qui  le  méprisent  se  raillent  de  lui 
(963),  disant  :  a  Moïse  n'est  pas  comme  les 
prophètes  qui  annonçaient  l'avenir,  s 

Lorsque  chacun  d'eux  est  menteur  et  per- 
verti ,  et  toutes  leurs  paroles  ne  sont  que 
malice. 

Et  au  grand  jour  de  la  résurrection ,  au 
jour  pur  et  splendide,  une  grande  rédetpp* 
tion  sera  annoncée ,  mais  il  n  y  aura  pas  de 
résurrection  pour  eux  (964). 

Rien»  si  ce  n'est  le  feu,  brûlera  dans  leurs 
cœurs  (965j,  et  chacun  d*eux  maudira  ses 
propres  œuvres. 

Tous  resteront  debout,  semblables  à  Fim- 
mobilité  du  rocher  (966). 

Sans  parole,  sans  discours,  comme  cher- 
chant l'impiété. 

El  la  parole  viendra  à  eux  :  t  II  n'y  a  pas 
aujourd'hui  de  délivrance  pour  vous.  » 

Quoique  vous  soyez  maintenant  conver- 
tis à  votre  Dieu,  vous  brûlerez  dans  le  feu. 

A  cause  de  ce  que  vous  avez  fait  h  mon 
peuple  et  à  ceux  (%7)  avec  lesquels  j'avais 
contracté  alliance. 

Car  la  lumière  (968)  est  dans  leurs  mains, 
cl  vous  marchez  dans  les  ténèbres. 

El  vous  subirez  le  jugement;  il  n'y  a  pas 
d'in  quité  è  juger. 

Ennead.  diasert.^  p.  26,  à  Abu!phalaciis,  ap. 
Scliuurrer  (Neueê  reperiorium,  1,  p.  130,  i3i,  450; 
Comment,  arab.  in  fjénesin;nepen,  xvi,  p.  459.) 

(96i)  Ou  de.  la  consommaiion  ;  c'est-à-dife  il  a  élé 
élevé  au  comhle  de  la  félicité.  L*ëxpression  xori' 
iummatug  se  trouv**  dans  VEpilre  aux  Hébreux^ 
c.  V,  9.  Dunsisi  Genèse  (xx,  3;  xxv,  S),  elle  dési- 
gne la  mort. 

(96i)  Expressions  qui  désignent  des  choses  ob- 
scures, nue  les  morlels  ne  doivent  point  pénélrer. 

i9b5)  L*apteur  entend  par  ceux  qui  se  raillent  de 
Vuîse  les  Chréiiens  aussi  bien  que  les  Musulmans, 
Ws(|iiels  no  regardent  pus  Moise  comme  le  plus 
grand  des  législateurs. 

(^f)4)  La  rémission  des  péchés  sera  proclamée, 
ntais  los  ennemis  de  Moise,  les  proptièt<  s  que  les 
Samaritains  taxent  de  fausseté,  ne  n  ssnscitcront 
r^ts  pour  entrer  en  possess^ion  de  la  vie  étt^rnelle, 
fii;<is  pour  être  jetés  dans  renfcr  ;  tel  est  le  sins  de 
te  verset. 

(965)  Image  allégorique  des  craintes  et  des  dou- 
leurs  qui  déchireront  le  eœur  de  i  eux  qui  atten- 
dront le  Jugement;  elle  est  unanime  chez  les  écri- 
uins  orientaux. 

i9(W)  Cmî  rapp  l'e  Texpression  du  i"  Livre  des 
^oit  (ch.  XIV,  37)  ;  El  faclus  est  tient  tapit. 

(967)  F;iÇon  de  parler  dont  on  retrouve  d'autres 
eifuiples  dans  le  texte  hébreu,  entre  autres  dans  le 


Et  la  vérité  nn  se  cachera  pas,  mais  elle 
sera  manifestée  à  la  lumière. 

Et  la  voii  (969)  parviendra  aux  pervers; 
ellese  manifestera  en  venantdu  monde  caché. 

Malheur  à  vous,  malheur  à  vousl  il  n'y 
a  pas  aujourd'hui  de  délivrance  pour  vous. 

Vous  avez  profané  ma  prophétie;  vous 
avez  transgressé  les  préceptes  divins. 

Vous  avez  oublié  mon  domicile,  vous  avez 
renversé  le  siège  saint  (970). 

Vous  avez  opprimé  mon  peuple  et  mon 
premier-né  (971);  vos  pieds  se  sont  égarés 
vers  l'hérésie. 

Vous  avez  enseigné  ces  opinions;  vous 
avez  jeté  un  voile  sur  la  révélation. 
.  C'est  pourquoi  il  n'y  a  pas  de  délivrance 
pour  vous,  ni  de  consolation,  ni  d'espoir. 

Mais  la  colère  dominera  en  vous,  et  une 
série  de  calamités  vous  frappera. 

Mais  mon  peuple  habitera  en  mon  séjour 
et  sa  fontaine  sera  dans  le  jardin  d'Eden 
(972). 

Parce  qu'ils  ont  marché  dans  ma  voie, 
parce  qu'ils  ont  observé  tous  m^s  préceptes. 

Car  j  observe  le  pacte  que  j'ai  contracté 
avec  eux;  j'accueille  les  prières  de  Moise 
(973). 

Israël,  tu  es  heureux  parmi  les  peuples 
dans  ce  monde  et  dans  celui  à  venir. 

GIorifi«-loi  de  Moïse,  ton  prophète  i,  et  in- 
voque pour  lui  le  saint. 

Et  dis  :  «  Que  le  salut  de  Jéhova  soit  sur 
lui  qui  désire  l'éclat  de  la  prophétie. 

Que  le  salut  de  Jéhova  soit  sur  lui  auquel 
est  la  vie  éternelle  (9^^). 

Que  le  salut  de  Jéhova  soit  sur  lui  qui  se 
réjouit  d'un  tel  surnom  (975). 

Que  le  salut  de  Jéhova  soit  sur  lui.  •  C'est 
ce  que  nous  répéterons  en  tout  temps  (976). 

HYMNE  VII. 

(Géséniuê  êtst  contenté  ^indiquer  le  sujet 
de  cet  hymne  et  des  suivants.  Celui-ci  céliors 

Livre  de  Job,  (ch.  n,  9)  Lauda   Deum  et  morers^ 
pour  quamtumvit  Deum  laudabit,  tamen  morieris. 

(968)  La  lumière  de  la  vérité,  la  vraie  doctrine, 
comme  dans  /me,  n,  5;  xlix,  6;  li,  4. 

(969)  La  voix  céleste.  (Voy.  JtaU^  ix,  7;  et 
Da-'iV/,  IV,  28.) 

(970)  Allusion  à  la  destruction  par  Jean  Uyrcan 
du  temple  de  Garizim  dont  les  Samaritains  attri- 
buaient la  fondation  ^  Josué; 

(971)  Le  premier-né  de  Dieu  signifie  le  P^t^^e 
entier  des  Hébreux,  comme  dans  VExode^  iv,  ta. 
Les  Samaritains  qui  voulaient  seuls  passer  pour  les 
vnûs  Hébnux,  revendiquent  en  leur  faveur  eetta 
dénonûuaiion. 

(97i)  Les  rabbins  et  les  musulmans  ont  avancé 
une  foule  de  fables  au  sujet  des  fleuves  cldts  fon- 
taines du  paradis. 

(97.S)  Al>  iso  esi  représenté  comme  intercédant  en 
faveur  des  fidèles.  Les  Juifs  mod-'rnes  admettent 
riiitcrvention  ^n  faveurdesvivMits.  (  Voy»  Hoitinguer, 
Eiineaf/.,p.225.h 

(974)  Liitéralemeiit  :  i^ui  est  le  maître  de  la  vie 
et  de  la  duié^. 

(975)  Gcsénius  convient  qa*il  D*est  pas  sûr  d*avoîr 
bien  rendu  ce  verset  obscur. 

(976)  Littéralement  :  n«  us  qui  sommes  les  fils  de 
riicure  ;  idiotisnte  qui  signifie  immédiatement,  ou 
en  toute  heure,  cm  tout  temps. 


919 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


par/icipef  les  hommes  aux  mystères  de  ia  foi.) 

HYMNE  Vlll. 

[Même  sujet.  On  y  trouve  de  plus  un  éloge 
de  MoUe,  qui  est  gvialifié  d^inlerprête  (de 
Dieu)^  et  des  exhortations  pour  adorer  Dieu 
avec  ferveur  et  humilité.) 

HYMNE  IX. 

(li  enseigne  comment  Us  idiles  à  la  loi  de 
Moïse  peuvent  obtenir  par  tejeûne^  la  prière 
et  lafxété^  la  participation  à  la  vie  éternelle.) 

HYMNE  X. 

(On  trouve  dans  cet  hymne  les  reflets  d'une 
inspiration  qui  rappelle  le  gnosticisme  et  le 
sufisme  (977).  Jl  est  Question  du  mystère  de 
VçLmour  divin  f  auquel  participent  urf  petit 
nombre  d^ hommes  y  mais  ils  doivent,  partout 
où  ils  se  trouvent,  être  égalés  aux  rois  de  la 
terre.  Le  poète  n'ose  pas  se  regarder  comme 
étant  run  d'eux  ;  il  espère  toutefois  jue  des 
fidèles  instruits  dans  ce  mystère,  le  bit  révéle- 
ront. Il  parait,  d'après  cet  hymne,  qu'il  exis* 
tait  chez  les  Samaritains  une  doctrine  secrète 
et  quil  y  avait  parmi  eux  des  personnes  en 
possession  de  mystères  que  la  foule  ignorait. 
Voici  un  passage  extrait  de  cet  hymne  et  re- 
latif à  la  nature  spirituelle  de  Dieu  qui 
remplit  le  monde  et  qu'il  ne  faut  pas  pré* 
tendre  approfondir.) 

Il  n*est  rien  de  pareil  \  lui  el  comme  lui  ; 
ni  l'ombre,  ni  le  corps. 

Nul,  si  ce  rrest  lui-même,  ne  sait  ce  qu*il 
est  ;  il  n'a  ni  compagnon,  ni  créateur. 

11  remplit  le  monde  entier,  et  son  approche 
ne  se  connaît  point. 

11  apparatt  d€  tout  côté  et  en  tout  Heu,  et 
nul  lieu  ne  le  comprend. 

Caché  et  manifesté  à  la  fois,  il  voit  et  sait 
tout  ce  qui  est  caché. 

Caché  et  ne  se  montrant  pas  l  la  vue,  il 


n'existe  rien  devant  lui  et  il  D*eiiste  rien 
après  lui. 

HYMNE  XI. 

{Gésénius  na  traduit  qu*une  portion  iscH 
humne,  lequel  débute  par  des  louemqn  «fra- 
sees  à  Dieu  comme  créateur  du  menie  ) 

Il  a  élevé  les  cieux  des  cieux,  et  il  a  cons- 
truit les  astres  et  le  soleil. 

Et  il  a  (>roduit  la  ferre  (9TO),  et  il  a  ordonné 
è  rherbe  elaux  moissons  d'y  germer. 

Et  il  a  réuni  l'eau  dans  les  mers, el  lia 
ordonne  è  f  homme  de  paraître  comme  le 
cher  des  choses  créées;  il  a  été  créé  de  la 
poussière  du  mont  Safra  (979). 

Le  formant  selon  l'image  et  la  similitude 
de  ses  fils;  il  n'a  rien  ajouté  el  rien  retran- 
ché (980). 

Et  il  l'a  placé  dans  le  jardin  d*Eden  poor 
qu'il  le  cultivât  et  le  gardât. 

Et  la  chatne  de  ses  générations  tsi  suiTanl 
les  décades  ]981). 

A  Noé,  à  Sem ,  à  Eber,  è  Abraham,  fils  de 
Taroch. 

A  cet  homme,  à  celui  qui  a  dit  :  •  Qu*il 
est  redoutable  I  » 

D*où  sortirent  les  douze  trîbits;  cbacisoe 
d'elles  étant  è  lui  h  perpétuité. 

Et  la  plus  chérie  des  tribus,  celle  de  Lévi, 
se  leva  ;  c'est  sa  propriété,  et  voici  quelle 
est  sa  chaîne. 

A  Kahuth,  à  Amram,  au  sommet  éa 
monde  et  à  sa  couronne. 

Moïse,  l'homme  de  Dieu,  qui  est  le  soleil 
et  la  lumière  du  monde. 

Dont  la  lumière  resplendissait  el  avaitsoo 
origine  dans  l'Orient. 

Il  marchait  dans  le  feu,  et  il  subjuguait 
les  forteresses. 

Et  il  montait  au  ciel  (982),  et  la  loi  fut  re- 
mise en  sa  main. 

La  loi  qui  commande  et  preserii  tnules 
choses  aux  vivants. 

La  çrâce  de  léfaova  sur  lui  depuis  la  fin 
jusque  la  fin. 


SAMUEL. 

Bodin  {De  la  République,  I.  i,  c.  tO)  et     (ch.  x,   25),  ont  cru  que  Samuel  avait  écrit 
Sgambatus    (Archiv.  Vet.  Test.,  p.  281)  se     un  livre  sur  le  droit  des  rois, 
fondant  sur  un  passage  du  i"  Livre  des  Avis        Des  rabbins  ont  dit  que  cet  ouvrage  Sfait 

F  Arabie,  p.  557;  Ahaireda,  Annales,  1 1,  p.  M.)  . 

(980)  Les  Samariiaiiis  affirmaient  que  nei  a^éuil 
eewparable  à  Dieu,  ib  éuient  chèques  du  pasaaie  <l< 
la  Genhe,  oii  il  est  dit  (cli.  i,  2tf,  27)  ^je  Die» 
ftt  rboiinne  h  soti  image;  de  même  que  phuear^ 
rabbins,  ils  prétendireul  qu*il  faUaii  enieadie  i 
ri  mage  des  aiigrs.  Telle  est  l*optnion  d'Abea-lJ». 
d'Âbarbeuel  cl  d'autres  inlerprétet  jtti&.  (  I  ^>  ■* 
■oie  de  Gésciihts,  p.  402.) 

(98 1)  Il  y  a  en  eff.l  dii  généralieni  d*AJaa  i 
Noé,  (Mx  de  Moé  à  Abrahaui,  on  conpiant  M  ikoi 
|)a4riarche8.  . 

(082)  Les  rabbins  n*ont  pas  dit  qu*aa  mmm»i  àt 
sa  mort,  Moise  monta  au  ciel,  mais  erlie  cirtom* 
tance  Taisait  partie  des  traéitiens  unariuiar*; 
nous  la  retrouvons  dans  le  Litre  opocrfpke  deJ^f^f* 
voici  le  pansage  qiic  uotis  lisons  dans  Hfiiin^* 
(Smegma  orientale,  p.  455)  :  €  Cumqoe  «aW<i^» 
preti'al»6retMr  et  iiox  ingruerel,  descendit  o^*"^ 
ignca  divins,  quae  illos  et  domiuun  eumm  Hs  ^P^ 
ravit,  ut  nullusquid  accidisset  ci  poslaa  rtKiifnt» 


(977)  Tel  est  U  nom  d^une  docirîne  mystique  ré- 
pandue chez  les  Musulmans.  EWfi  a  été  Tobjet  d'un 
travail  important  dû  à  un  érmiit  prussien  ;  Ssa- 
fismut  site  theosopMcê  Persorum  pautiteisika,  quam 
e  mannserrpîis  brtêiothecœ  reghi  Merotinensit  Per- 
$ieis,  Arabfcis,  Tureicis  eruiï  atqne  ittustravil  t\ 
À.  D.  Tholuck.  M.  Silvestre  de  ^cy  a  rendu  it)mpie 
(le  re  travail  dans  le  Journal  des  savants,  décembre 
f  821  et  janvier  1822. 

^079)  ^'est  ainsi  qiron  lit  dans  Job  (ch.  xxv, 
7)  :  Suspendit  lerram  super  nihilum  ;  Ovidir  dit  de 
même  : 

Terra  pils  similis,  nullo  fulcimine  nixa. 

{Fa$t,  Mb.  VI,  vers.  269.) 

(979)  Nous  STons  déjh  parlé  à  Tarticle  Adam,  des 
fables  rôp.tndues  parmi  les  Orientaux  au  sujet  de 
la  création  du  prcmrfr  bonimc  ;  le  mont  Safra  est 
situé  non  loin  de  la  Mecque,  et  Ton  retrouve  cbea 
l<*s  Musulmans  les  cirronstances  que  le  i^oéte  sa- 
marllam  rappelle  ici.  (  V/ry.  Nhbiihr,  DescripHon  de 


9il 


SAN 


PART,  in.— LEGENDES  ET  FRAfiliffiNTS. 


SAN 


039 


été  déposé  dans  l'arche.  On  ne  peut  douter, 
en  (»ffet,  d'après  le  lexle  de  l'Ecnlure  (/  Reg. 
X,  ^)  :  Locutusest  Samuel  adpopulum  legem 
regni  tt  scripsU  in  lihro^  que  Samuel  n  eût 
composé  un  livre  sur  les  lois  qui  devaient 
régir  les  Israélites^  mais  faule  de  renseigne- 


ments, nous  devons  nou»  abetenif  de  toute 
conjecture  superflue  h  cet  égard  et  renvoyer 
parmi  les  circonstances  apocryphes  ce  qu'on 
pourrait  avoir  avancé  au  sujet  de  cet  écrit 
qui  présenterait,  s*il  était  venu  jusqu^ànous» 
un  véritable  intérêt. 


SANCHONIATHON. 


Cet  auteur  était  phénicien;  c'est,  après 
Moïse,  l'écrivain  le  plus  ancien  dont  il  se 
soit  conservé  quelques  fragments.  On  est 
dans  rincerlîtude  sur  l'époque  où  il  vivait; 
les  uns  le  placent  peu  de  temps  après  Moïse; 
d'autres  le  font  contemporain  de  la  guerre 
de  Troie;  il  y  a  toutefois  près  de  huit 
siècles  d'intervalte  entre  ces  deux  données. 
Porphyre  dit  que  Sanchoniathon  avait  rap- 
porté, au  sujet  aes  Juifs,  beaucoup  de  choses 
très-véritables  qu'il  avait  apprises  du  ]<rétre 
Jérotnbal,  serviteur  du  dieu  Jeno  (Jéhovah). 
Tous  les  fragments  de  Sanchoniathon  que 
nous  possédons  viennent  de  la  traduction 
grecque  de  son  Histoire  ou  Théologie  phéni^ 
cienne  faite  par  Philon  de  Byblos,  qui  vivait 
au  H*  siècle  de  noire  ère.  Eùsèbe(Frœparat. 
Eranjf.,  lib.  i,  c.  9 ,  JO  [983 J)  a  conservé  un 
long  fragment  de  celle  version  ;  TBéodoret  et 
Porphyre  ont,  de  leur  côté,  donné  quelques 
citations.  Les  opinion^  diverses,  les  travaux 
desérudits  au  sujet  de  ces  curieux  débris  de 
ranliquité  ne  doivent  pas  nous  occuper  ici; 
nous  n'avons  h  parler  que  d'un  Sanchoniathon 
apocryphe  qui  a  été  mis  au  jour  il  y  a  une 
vingtaine  d'années.  On  prétendit  que  le  ma- 
nuscrit en  avait  été  découvert  par  un  certain 
colonel  Pereiro  dans  le  couvent  de  Santa 
Maria  de  Merinhico  en  Portugal. 

Une  traduction  allemande  de  cet  ouvrage 
parut  à  Hanovre  en  1836;  elle  fut  aussitôt 
traduite  en  français  par  M.  Lebas  ,  et  elle 
fut  promptement  suivie  d'une  version  lati- 
ne, intitulée  :  Sanchoniatkonis  hisloriarum 
Phœniciœ  libros  novem  Grœce  versos  a 
Philone  Byblio^  edidit,  Latinaque  versione 
donavU  F.  Wagjsnfeld,  Bremœ,  1837,  în-S*, 
205  pag. 

11  y  est  fort  question  de  Saturne ,  des 
géants,  des  monarques  qui  se  succédèrent 
a  Tyr  et  à  Sidon,  des  guerres  qu'ils  soutin- 
rent contre  leurs  voisins  et  contre  des  pi- 
rates. 

Transcrivons  le  début  de  cette  produc- 
tion : 

Prineipium  hujus  universi  ponit  aerem  le* 
ntbrosum  ac  sptritu  fetum  seu  mavis  tene- 
hrosi  aeris  flatum  ac  spiritum^  chaosque  /wr- 
tidum  alla^ue  caligine  circumfusum.  Hœc 
porro  infinUa  esse^  nullumque  nisi  longo  sœ* 
f^lprum  intervallo  terminum  habere,  Verumf 
'u6i  iptVt/uâ,  inquit^  amore  principiorum  suo* 

(983)  Tom.  !•',  p.  3!-*l,  et  46i  de  h  Irtduciion 
^ançaise  de  SI.  Séffuier  de  Saint-Brisson ,  Paris, 

On  peut  consulter  aussi  les  travaux  ae  Cumlier- 
laud  {^nchonialon,  pkœmcian  InnUtry  translatée 
(jmtkelim  kook  of  Kttsebius^  Londres,  niO),el 
^  savaiii  Orelli  [Sanchoniatiê  9uœ  ferunt  [ragnien- 


rum  ftagrare  cœptsset ,  eumque  simnl  esM 
mistio  consetnta,  nejrum  hune  rmUuam  eupi- 
dinem  appeilarufiC.  Js  quiiem  omnium  rerum 
procrealionis  prineipium  fuit,  Tum  spiri$u9 
êuam  ipsius  iniit  procreationem,  ûua  eus  ean^ 
junclione  prodiit  esset  (id  quod  limnmnon" 
nulli^  alii  aquosœ  mistionis  corrtfptionem 
esse  Tolunt)  tx  qua  sequutœ  produciionis 
seminaj  fpsctque  aâeo  rerum  universarum  ge'- 
neratio  êxstiteriî. 

L'authenticité  de  Pouvrage  eut  quelques 
défenseurs,  entre  autres  rorienlalisle  Gésé'^ 
nius  ;  mais  bientôt,  à  des  doutes  tomours 
croissants,  succéda  la  certitude  au'il  s  agis- 
sait d'une  supposition  assez  auroile.  Des 
informations  prises  en  Portugal  montrèrent 
qu'il  n'avait  éié  découvert  aucun  manuscrit 
{Moniteur^  28  octobre  1836),  L'orientaliste 
Grotefcnd,  qui  avait  d'abord  prêté  l'appui 
de  sa  plume  au  pseudo-Sanchoniathon ,  le 
combattit  et  mil  en. évidence  la  supercherie 
dans  un  livre  qu'il  intitula  :  Die  Sanchonta^ 
tonische  Strei(fraqe  nach  ungedrucklen  BriO" 
fen  getoUrdigt,  Leipzig,  1836,  in-8'. 

N  oublions  pas  un  travail  de  M.  £.  Renan  : 
Observations  sur  le  nom  de  Sanchionathon 
inséré  dans  le  Journal  asiatique,  5'  série, 
t.  Vlll,  janvier  1856,  p.  85-88.  Nous  lui 
emprunterons  queUiues  observiitions. 

«  Le  nom  de  Sanchoniathon  est,  parmi  les 
noms  phéniciens  qui  nous  sont  connus,  un 
des  plus  difficiles  à  expliquer.  Les  inlerpré- 
talions  de  Bochart  et  d'Hamaker  sont  auiour«* 
d'hui  tout  à  fait  abandonnées.  Hilzig(/fteof. 
Studien  und  Kritiken,  18^0,  p.  429  et  suiv.; 
Rheinisches  Muséum  {Hr  Philologie^  neue  Fol- 
ge,  X,  p.  87)  croit  y  reconnaître  deux  mots 
qu'il  traduit  par  :  «  Mon  palais  ^c*est*Mire 
mon  goût)  est  la  vérité!  »  Explication  bi- 
zarre qui  se  rattache  à  un  passage  de  Por- 
phyre, cité  par  Eusèbe  même»  et  qui  peut 
s'interpréter  différemment. 

M.  Movers  {Die  Phœnizier,  ï ,  W  )  croit  quô 
la  forme  sémitique  du  nom  de  Sanchoniathon 
peut  se  rendre  par  :  Tola  lex  ehoni^  et  ce 
mot  désignerait  non  un  homme,  mais  l'en- 
semble des  écritures  sacrées  des  Phénî* 
ciens  ;  mais  l'existence  du  dieu  phéni- 
cien Chon  est  fort  douteuse,  et  eommenC 
supposer  que  le  nom  sacramentel  des  écri* 
tures  phéniciennes  fût  devenu  un  nom 
d'homme? 

ta,  Leipzig,  I8Î6,  în-8%)  Couri  deGcbelfn  s'en  est 
aussi  occupé  dans  son  Monde  primitif.  Nous  B'a-- 
vons  pas  d*ailleurs  riiitciilion  de  nienlionner  ici 
Men  d^aulres  diaserlaitoiis  relatives  à  ce  vieil  bis- 
lorieii  ;  nous  renverrons  seulement  ii  Tarlicle  que 
lui  a  eoneacré  M.  Sa)ai«Marliii  dADs  la  Bkfri^hiê 
utmeneUê^  t.  ILL,  p.  S(4* 


913 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES 


«1 


«Il 

«•4 


M.  Ewald  (AbhUndlung  aeber  die  phcprii- 
xirehen  ansichen,  1851,  p.  5^-55,  note  12), 
propose  de  lire  ce  nom  diffidle  d'une  ma- 
nière q\\\  signifie  :  Armé  d'un  poignard.  11 
avoue  d'ailleurs  qu*il  n'a  pas  prétendu  don- 
aer  une  explication  défin-ilive. 

M.  Renan  pense  enfin  que  le  mot  Sancho- 
niathon  peut  signifier  :  domestique  ou  ami. 
d'Alhon,  c'est-à-dire  de  Dieu.  Un  passage  de 
Philon  de  Byblios,  conservé  par  Etienne  de 
Byzance  (De  urbibus)^  au  mot  Am^ix^cic, 
montre  que  athos,  en  pLénicien,  signifiait 
Dieu. 

Le  texte  que  donne  Eusèbe  des  fragments 
de  Saichonialhon  a  été  regardé  par  quelques 
^^rudits  comme  falsifié;  telle  est  du  moins 
Topinion  de  Dodwell,de  Dale,  de  Meiners, 
de  Lobeck;  d'autres  savants  ont  pensé  que 
le  fond  de  ces  fragments  était  autheplique , 
mais  que  Philon  avait  pu  y  laisser  intro- 
duire des  interpolations  et  des  changements. 


Voy.  Fabricius,  Bibliotheca  Grœea^  t  I,p. 
22^,  édit.  de  Haries;  Movers.  Jans  \tsÀn 
nales  (en  allemand)  de  théologie  ei  depkih- 
Sophie  chrétienne^  1836,  Vil,  51 ,  et  la  dis- 
sertatioo  de  J.  L.  Vibe  :  De  Sanckonialhon 
ejusque  interprète  Philone  Byblio^  Chrislii 
nia,  18^(2,  in  i^*. 

Movers,  dans  son  grand  ooTra^e  surteN 
Phéniciens  (  t.  I,  p.  99  et  116-147),  s*est ef- 
forcé d'établirqueSanchoniathon  n  étailpoiat 
un  personnage  réel  et  qu'on  avait  donRé  ce 
nom  au  recueil  des  écrits  qui  expoMient  le^ 
lois  et  les  dogmes  de  ce  peuple.  Phi  Ion  en  pré- 
sentant Sanchonialon  comme  un  biMoneo 
d'une  époque  fort  reculée,  voulut  luidoo- 
ner  plus  de  crédit;  mais  les  fragments  qui 
nous  en  restent,  quoique  précieux  è  ccrtAiDi 
égards,  ne  contiennent  pas  les  vérilab'-^ 
doctrine.<t  des  anciens  Phéniciens ,  et  n'of- 
frent qu'un  mélange  d'idées  pbéaicienoes, 
égyptiennes  et  grecques. 


SEivr. 


Des  auteurs  juifs  ont  attribué  à  Scm 
quelques  écrits  ainsi  que  Sgambatus  a  pris 
la  peine  de  l'expliquer  [Archiv,  Vet.  Test.^ 
p.  16S),  dans  un  passage  que  Fabricius  a  in- 
séré dans  son  Codex  pseudepigraphus  Vet. 
Test.,  t,  1,  p.  283.  Un  livre  hébreu  relatifs 
la  médecine  se  trouve  dans  la  bibliothèque 
de  l^unich,  et  son  tilre  peut  se  traduire 
ainsi  :  Liber  medicamentorum  quem  trans* 


tulerant  Sapientes  antiqui  ex  libre  Semi  fli\ 
Noe. 

Ce  qui  ^>t  relatif  à  Sem  et  à  Cbam  a  été 
longuement  discuté  dans  un  ouvrage  entre- 
pris  par  un  Anglais,  et  dont  il  n*a  para  que 
le  premier  volume:  Origines  bibUcœ^ortif- 
searches  in  primœval  history^  l)y  Ch,  Fil»- 
tone  Beke.  Londres,  183&,  in-8*. 


1 


SÉNÈQUE. 

[Correspondance  de  saint  Paul  avec  Sénique.) 


Ainsi  que  nous  l'avons  dit  à  l'article  Paul 
fSaint),  la  correspondance  de  cet  apôtre  avec 
le  philosophe  Sénèque  devait  trouver  place 
dans  notre  collection  d'écrits  apocryphes; 
nous  avons  d'ailleurs  peu  de  chose  à  dire  au 
sujet  de  cette  production,  car  M.  Amédée 
Fleury  a  épuisé  ce  sujet  dans  le  remarquable 
travail  qu'il  a  publié  en  1853  sons  le  titre 
de  :  Saint  Paul  et  Sénèque  :  Recherches  sur 
les  rapports  du  philosophe  avec  l' Apôtre ,  et 
sur  V infiltration  du  christianitune  naissant  à 
travers  le  paganisme  (Paris,  2  vol.  in-8''). 

Ce  judicieux  critique  pense  qu'il  n'y  eut 
jamais  de  correspondance  échangée  entre 
J'illustre  prédicateur  de  la  foi  chrétienne  et 
le  précepteur  de  Néron ,  mais  le  bruit  de 
leurs  relations  écrites,  répandu,  soit  de  leur 
vivant,  soit  après  leur  mort,  était  la  con- 
séi}uence  de  ce  qui  avait  transpiré  de  leurs 
relations  orales.  Les  lettres  mises  sous 
ce  nom,  remontent  d'ailleurs  à  la  plus 
haute  antiquité;  elles  ont  été  mentionnées 
P'M'  saint  Augustin  {De  civitate  Dei,  lit),  vi, 
10),  et  par  saint  Jérôme  [Epist.  ad  Mace- 
donium),  mais  en  des  termes  qui  montrent 
qu'en  général  elles  passaient  pour  suppo- 
sée?». 

L'ouvrage  qui  circulait  au  iv*  cl  au  v*  siè- 
cle est  perdu;  celui  que  divers  manuscrits  ' 


ont  conservé,  est  une  composition  beaucoup 
plus  récente  où  l'on  a  peut-être  gardé  quel- 
ques-unes des  phrases  qui  se  trouvaiect 
dans  l'ancien  écrit,  mais  qui,  dans  son  en- 
semble, n'offre  ni  mérite,  ni  intérêt.  M. 
Amélée  Fleury  croit  pouvoir  l'attribuer  à 
un  moine  du  ix*  ou  du  x*  nècle;  il  si^ni-e 
«  la  bassesse  du  style,  la  stérilité,  la  pué- 
rilité du  fond.  V  Des  l0(^utions  de  la  f'^is 
basse  latinité,  des  solécismes,  montrent  qjc 
ce  n*est  qu'à  une  époque  de  barbarie  qu'^'U 
pouvait  écrire  ainsi. 

La  plupart  des  critiques  s'accorJant  |K)ar 
rejeter  cette  correspondance  comme  Si>0' 
cryphe,  tombaient  cependant  dans  une  er- 
reur que  M.  Fleury  a  signalée  ;  ils  faisaient 
peser  une  pareille  réprobation  sur  le  recuei. 
qu  avaient  connu  les  Pères,  tandis <|u  il  c<^&* 
vient  de  distinguer  deux  com positions Rt 
différentes;  la  première  écrite  probabtemeDl 
en  grec  ,  était  antérieure  au  siècle  ^*' 
saint  Jérôme  et  do  saint  Augustin;  (a  se- 
conde, écrite  en  latin,  déflgurée  par<lesn<^fl 
sens  historiques  et  dénuée  de  toute  fsleur, 
est  née,  bien  après  le  v*  siècle,  et  ceshi 
disparition  de  la  première  correspopiito  *.* 
qui  a  suggéré  l'idée  de  cette  supposition. 

Nous  avons  essayé,  après  M.  fleoryt  «| 
traduire  de  nouveau  les  lettres  quiport^o/ 


933 


SEN 


PART,  in.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SEN 


026 


le  nom  de  saint  Paal  el  de  Séiièque;  notre     texte   original,  est  moins  élégante,  nous 
rersion  serrant  de  plus  près  peut-être   le     nous  empressons  d'en  convenir. 


LETTRE  PREMIÈRE. 

Séuèque  à  Paul ,  salut. 

Je  crois,  Paul,  que  l'on  t'a  annoncé  que 
hier  nous  nous  sommes  entretenus  avec 
notrft  ami  Lucilius  de  tes  écrits  et  de  di- 
verses autres  choses.  Quelques-uns  de  ceux 
qui  pariagent  tes  doctrines  se  trouvaient  avec 
moi ,  et  nous  nous  étions  retirés  dans  le 
jardin  de  Sallusle  (98i),  lorsque  des  per- 
sonnes qui  passaient  par  là,  ayant  vu  les 
gens  dont  jai  parlé,  se  sont  joints  à  notre 
société.  Assurément,  nous  avons  souhaité  que 
lu  fusses  présent;  c'est  ce  que  je  veux  que  tu 
saches.  Quand  ton  livre  a  été  lu,  c'est-à-dire, 
quand  nous  avons  lu  bien  des  choses  dans 
qneiques*unes  de  ces  lettres  que  tu  as  adres- 
sées à  quelque  ville  ou  à  la  capitale  d'une 
province,  el  qui  exhorte  d'une  manière  ad- 
mirable à  la.  vie  morale,  nous  avons  été  en- 
tièrement réconfortés.  Je  ne  [)ense  pas  que 
les  sentiments  que  tu  exprimes  viennent  de 
t'ii,  mais  c'est  par  Ion  entremise  qu'ils  arri- 
vent à  nous,  et  certainement  ils  viennent 
parfois  de  ta  pensée.  Telle  est  leur  majesté 
et  telle  est  la  générosité  dont  ils  brillent  que 
je  puis  h  peine  croire  que  les  générations 
(ju  elles  doivent  instruire  et  perfectionner, 
soient  en  mesure  d'en  supporter  la  splen- 
(ieur.  Je  désire,  mon  frère,  que  tu  demeures 
en  bonne  sauté. 

LETTRE  II. 

Paul  à  Sénèque,  salut. 

J'ai  reçu  hier  tes  lettres  avec  Joie;  j'au- 
rais répondu  immédiatement  si  j'avais  eu 
(>rès  de  moi  le  jeune  homme  que  je  voulais 
l'envoyer.  Car  tu  sais  quand  et  en  qui,  et  en 
quel  temps ,  et  à  qui  on  doit  se  confier  et  se 
remettre.  Je  te  prie  donc  de  ne  pas  supposer 
que  je  ta  néglige,  lorsque  je  fais  attention 
ttu  choix  de  la  personne  que  j'emploie;  tu 
m'écris  que  mes  lettres  ont  été  bien  accueil- 
lies de  vous  et  en  certain  endroit  ;  je  me  re- 
garde comuQO  heureux  d'avoir  le  suffrage 
d'un  homme  aussi  considéré.  Toi,  censeur 
Il  sophiste,  précepteur  d'un  prince  qui  a  sur 
tous  les  hooimes  un  si  gfand  empire,  tu  ne 
{tarlerais  pas  ainsi,  si  ce  n'était  que  tu  ex- 
primes la  vérité. 

Je  souhaites  que  tu  conserves  longtemps 
une  bonne  santé. 

LETTRE  IIL 

Sénèque  à  Paul,  salut. 

J*di  mis  en  ordre  certains  volumes,  et  les 
ayant  rangés  selon  leurs  divisions,  j'ai  le 
projet  de  les  lire  à  César,  et  si  le  sort  nous 
est  prospère  et  nous  favorise  de  manière 
à  ce  qu'il  nous  prête  une  oreille  attentive, 
peut-être  y  assisteras-tu.  Sinon  je  t'indique- 
rai un  autre  jour  pour  que  nous  assistions 


ensemble  à  cette  besogne.  Je  ne  pourrai  pas 
lui  montrer  cet  écrit  avant  d'avoir  préala* 
blement  conféré  avec  toi  (si  la  chose  peut  se 
faire  impunément),  atin  que  tu  saches  queje 
ne  saurais  me  passer  de  toi.  Porte-toi  bien, 
mon  très-cher  Paul 

LETTRE  IV. 

Paul  à  Sénèque,  salut. 

Toutes  les  fois  queje  reçois  tes  lettres, je 
désire  ta  présence,  et  je  ne  pense  à  autre 
chose  qu'à  te  voir  toujours  avec  nous.  Lor$« 
que  tu  auras  pu  entin  venir  et  que  nous 
nous  serons  vus,  nous  désirerons  nous  re- 
voir encore  sans  délai.  Je  désire  que  tu  t« 
portes  bien. 

LETTRE  V. 

Sénèque  à  Paul,  salut. 

Nous  nous  sommes  af&igés  de  ta  retraite 
trop  prolongée.  Qu'y  at-il?  Quelles  sont  len 
choses  qui  le  retiennent  éloigné?  Est-ce  l'in- 
dignation de  l'empereur,  parce  que  tu  as 
abandonné  ton  ancien  culte  et  ton  ancienne 
secte,  et  que  tu  convertis  les  autres?  Il  y  a 
lieu  alors  de  lui  demander  de  considérer 
que  c'est  un  effet  de  la  réflexion  et  non  de  la 
légèreté.  Porte-toi  bien. 

LETTRE  VL 

Paul  à  Sénèque  et  à  Lucilius,  salut. 

Il  n'est  pas  permis  d'employer  l'encre  et  la 
plume  pour  parler  des  choses  au  sujet  dos- 
quelles  vous  m'avez  écrites;  un  de  ces 
objets  dénote  et  retrace  quelque  chose, 
l'autre  la  mt*t  en  évidence.  C'est  mon  opinion 
surtout  lorsque  je  sais  qu'il  se  trouve  parmi 
vous  des  personnes  qui  me  comprennent 
comme  si  elles  étaient  en  nous  et  chez  nous. 
Il  faut  rendre  honneur  à  tous  d'autant  plus 

au'ilssont  moins  disposés  à  saisir  l'occasion 
e  nous  rendre  justice.  Si  nous  montrons 
de  la  patience  à  ré^i^ard  de  ces  derniers,  nous 
finirons  par  rester  leurs  vainqueurs  de  tout 
côté,  pourvu  qu'ils  soient  de  ceux  qui  fas- 
sent pénitence  de  leurs  fautes.  Portez-vous 
bien. 

LETTRE  VIL 

Sénèque  à  Paul  et  à  Théophile,  salut. 

J'avoue  que  j'ai  été  fort  touché  de  la  lec- 
ture des  lettres  qun  tu  as  envovées  aux  Ca- 
lâtes, aux  Corintnienset  aux  Achéens;  vivons 
de  façon  à  les  proi^a.^er  mutuellement,  avec 
l'amour  divin.  L'es)>rit  saint  répand  en  toi  et 
sur  toi  des  sentiments  élevés  et  sublimes, 
dignes  de  tout  respect,  le  voudrais  ain^i, 
lorsque  tu  exprimes  des  choses  excellentes, 
que  l'élégance  du  style  ne  fasse  pas  défaut  à 
leur  majesté.  Pour  ne  rieu  te  cacher,  mon 
frère,  et  pour  ne  pas  avoir  de  reorocbe  è  me 


(084)  Tacite,  lîv.  xuf,  nous  apprend  qae  Néron      cni(5uhcr,  entre  autres  écrivains,  PanciroUus,  De 
réfiuoniait  ces  iirJins  au  sujet  desquels  on  peut      Xi  Y  regîonibui  urbit  Romanit» 


92? 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


» 


faire»  j  aTOuerai  qu'Auguste  (985)  a  été  louché 
de  tes  sentiments.Lorsque  le  récitdu  commen- 
cement de  ta  marche  dans  la  vertu  lui  a  été 
lUt  ses  paroles  ont  été  qu'il  était  étonné  de 
ce  qu'un  homme  qui  n'ayait  pas  reçu  une  ins- 
truction régulière,  ressentit  de  pareils  sen* 
timents.  Je  loi  ai  répondu  que  les  dieux 
parlent  par  la  houcbe  des  innocents  et  non 
par  l'organe  de  ceux  qui  pourraient  faire  un 
mauvais  usag:e  de  leur  sciencp,  lui  citant 
l'exemple  de  Vatinius  (986),  l'homme  de  la 
campagne,  è  qui  apparurent  dans  les  champs 
de  Reate»  deux  hommes  qui  furent  ensuite 
reconnus  pour  Castor  et  Pollux.  Il  naratt 
asset  instruit.  Porte-toi  bien. 

LETTRE  Vlir. 

Paul  à  Sénèqne,  salut. 

Permets-moi,  non  de  te  réprimander,  mais 
de  te  donner  un  conseil,  quoique  je  n'ignore 
pas  que  César  est  un  admirateur  de  nos  doc- 
trines, mais  il  pi^ut  bien  un  jour  cesser  deles 
admirer.  Je  crois  que  tu  as  fait  une  chose 
grave,  lorsque  tu  as  voulu  porter  à  sa  con- 
naissance des  idées  qui  sont  contraires  à  son 
culte  et  à  son  instruction,  car,  puisqu'il 
adore  les  dieux  des  gentils,  comment  a-t-îl 
pu  te  f^raitre  convenable  de  lui  faire  savoir 
ces  choses?  c'est  ce  que  je  ne  saurais  com- 
prendre qu'en  expliquant  ta  conduite  par 
un  attachement  excessif  pour  moi.  Je  te  prie 
de  ne  plus  agir  ainsi  è  l'avenir.  Il  faut 
prendre  garde,  dans  Taffection  que  tu  ne 
portes,  que  tu  n'offenses  la  maîtresse.  S'il 
persévère,  l'offense  qu'elle  aura  rei^sentie 
n'arrêtera  pas  l'empereur,  et  s'il  ne  veut  pas 
persévérer,  cette  offense  ne  nous  rapportera 
aucun  avantage.  Si  elle  est  une  reine,  elle 
neae  livrera  pas  à  l'indignation,  mais  si  c'est 
une  femme,  elle  se  trouvera  offensée.  Portez- 
toi  bien. 

LETTRE  IX. 

Sénèque  à  Paul,  salut. 

Je  sais  que  si  tu  as  été  ému  en  apprenant 

rar  mes  lettres  que  j'avais  montré  les  tiennes 
César,  ce  n'est  pas  à  cause  de  toi  person- 
nellement, mais  pour  la  nature  même  des 
ehoses  oui  détourne  les  esprits  des  hommes 
de  tous  les  artifices  et  des  mœurs  régulières. 
Je  ne  m'en  étonne  plus  oojourd  hui,  car 
l)eaucoup  d'exemples  m'ont  donné,  à  cet 
égard,  une  connaissance  certaine.  Agissons 
donc  de  nouveau;  si,  dans  le  passé,  j'ai  agi 
avec  trop  de  facilité,  je  te  demande  de  me 
pardonner. 

Je  t'ai  envojé  un  livre  De  copia terborum. 
Porte-toi  bien,  très-cher  Paul. 

LETTRE  X. 

Paul  à  Sénèque,  salut. 

Toutes  les  fois  que  je  t'écris  etque  je  mets 

(9S5)  C^esi -à-dire  Néron.  L*ouvrage,  auribaé  à 
snfiit  Lin,  rapporte  que  cet  empereur  avait  eu  con- 
naissance de«  écrits  de  saint  Paul  :  Et  geripta  illius 
^uidMm  mmitter  Cœêuriê  cotêm  Ulo  reUgil,  et  in 
iranc/tf  admirabilem  reddidit, 

(9K€)  Vof,  Cicéron,  ùe  nature  dtorum^  L  i,c. 
1  ;  Valère-Maxime,  L  i,  e.  8,  eie. 

(986*)  Ou  ne  r«  proche  pas  à  Néron  d\(\oir  fait 


mon  nom  après  le  tien,  je  fais  une  cl.  i 
blâmable  et  qui  ne  convient  pas  è  ma  du.. 
trine  religieuse.  Je  dois,  comme  je  l'ai  sou- 
vent déclaré,  être  tout  à  tous,  etobserrer,  i 
regard  de  ta  personne,  ce  que  la  loi  romaiot: 
a  décidé  pour  honorer  les  sénateurs,  r*es.- 
à-dire  que  celui  qui  leur  adresse  une  Iciire 
choisisse  la  dernière  place;  je  ne  veui  pont 
paraître  désirer  agir  de  plein  gré  avec  mes- 
quinerie à  Ion  égard,  et  de  te  refuser  Tlmn- 
ncur  qui  t'est  Ou.  Porte-toi  bien»  Dîai;rc 
très-dévoué. 

LETTRE  XL 

Sénèque  À  Paul,  salut. 

Je  te  salue,  Paul,  mon  très-cl^r.  Si  tu  si 
été  uni  è  ma  personne  et  h  mon  ami,  toi  q  : 
es  un  homme  si  éminent  et  qui  a$  étécliM^ 
en  ce  but,  si,  dis-je,  tu  veux  bien  non  ]h 
spulement  t'unir  h  moi  de  toutes  les  m- 
nières,  mais  te  mêler  intimement  k  noi,  c« 
sera  un  grand  profit  pour  ton  Séoèt^uf. 
Puisque  tu  es  la  cime  et  le  sommet  de  toos 
les  monts  les  plus  élevés,  est-ce  que  to  ce 
voudrais  pas  que  je  me  réjouisse  si  je  suis 
assez  proche  de  toi,  pour  être  regardé  roniiie 
un  autre  semblable  à  toi?  Ne  te  regarde  don 
pas  comme  indigne  d*être  inscrit  au  déf  .i 
<ie  nos  lettres,  de  peur  que  tu  ne  (iar8i>5fi 
vouloir  m'éproijver  comme  te  jouant  demr>), 
car  tu  sais  bien  que  tu  es  citoyen  romain.  J« 
voudrais  que  ta  place  auprès  de  moi  fût  la 
mienne  auprès  de  toi.  Porte-toi  bien,  tuoa 
très-cher  Paul. 

LETTRE  XIL 

Je  te  salue,  mon  très -cher  Paul.  Penses-tu 
que  je  ne  suis  pas  aiDigé  et  que  ce  ne  son 
pas  un  sujet  de  deuil  de  ce  que  dessupplicfs 
sont  infligés  à  votre  innocence,  parce  que  it 
peuple  entier  vous  regarde  comme  si  pervers 
et  SI  dignes  dechAtiment,  pensant  que  tout 
ce  qui  survient  de  funeste  dans  la  ville  e^i 
votre  ouvrage?  Mais  supportons  le  malhenr 
avec  un  esprit  ferme,  et  faisons  «sage  M 
l'arène  que  le  sort  nous  a  laissée,  jusgu'i 
ce  qu'une  félicité  qui  ne  saurait  être  vaio- 
eue  mette  un  terme  à  nos  maux.  Les  èz'n 
anciens  ont  supporté  le  Macédonien,  fil$<i« 
Philippe,  le  Perse  Darius  et  Denvs;  noir* 
Age  a  dû  endurer  aussi  Gaïus  César,  et li) 
ont  pu  tout  ce  qu'ils  ont  voulu.  DespreuTd 
évidentes  constatent  d'où  provieooeot  les 
incendies  qui  désnlrnt  souvent  la  Tille  de 
Rome  (086^).  Si  la  faiblesse bumainepourait 
dire  quelle  en  est  la  cause,  et  si  oo  pouviu 
impunément  parler  en  ces  ténèlires,  tous  les 
homm<  s  verraient  toutes  les  choses  qni  ^ 
passent.  Les  Chrétiens  et  les  Juifs  6on\ 
tivrés  en  foule  au  supplice  comme  io<to* 
diaires.  Ce  brigand,  quel  qu'il  soit,  [fO\it 
lequel  l'ollice  de  bourreau  est  une  volupté  et 

souvent  meUrc  te  feu  h  la  ville  de  Rome,  nais^ 
lui  impute  un  incendie  qui  causa  tf  immeft^'»  ^^** 
grs.  (Voy.  Oion,  I.  Ltii;  Saétone,  Vit  et  Sén% 
e.  58;  Tacile,  AnnnUt^  I.  xv.)  H  eat  H«abdiiie« 
«an liée  t!u  régne  de  Néron  et  un  an  avant  la  w^^ 
Sénèque ,  l  an  8i7  de  la  rondatiaii  da  Rfln«  «*  *^ 
G4  de  notre  ère. 


9i9 


SET 


PART.  II!.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SET 


03C 


anauel  le  mensonge  sert  de  voile,  est  des- 
tiné è  servir  d'exemple  \  son  époque;  de 
mAme  qu'un  seul  parmi  les  gens  de  bien, 
est  frappé  de  mortau  milieu  d^ine  multitude 
d'ardu Jés,  de  même  il  sera  condamné  pour 
tous  les  coupables,  il  sera  dévoré  par  les 
Sammes.  Cent  trente  deux  maisons,  quatre 
Ilots  ont  brûlé  pendant  six  jours.  Le  feu  s'est 
arrêté  le  septième  jour  (987j.  Je  désire,  frère, 
que  tu  conserves  une  bonne  santé. 

LETTRE  XIIL 

Sénèque  à  Paul,  salut. 

Je  te  salue,  mon  très-cher  Paul.  Tes  ouvra- 
ges sont  remplis  d'expressions  allégoriques 
et  énigmatiques.  Et  c'est  j)ourauoi  il  y  a 
une  telle  force  dans  oeque  tuuis  et  dans 
l'emploi  que  tu  exerces;  elle  devrait  être 
embellie,  non  par  un  ornement  de  paroles  , 
mais  par  un  certain  apprêt.  Ne  t'arrête  pas 
è  un  motif  que  je  me  souviens  de  t'a  voir  sou- 
vent entendu  exprimer,  à  savoir,  que  ceux 
qui  affectent  l'élégance  du  style  corrompent 
les  sentiments  et  ôlent  la  vigueur  au  sens 
des  choses.  Je  voudrais  assurément  que  tu 
m'accordasses  de  veiller  à  ta  latinité  et  de 
l'embellir  par  l'emploi  de  mots  bien  choisis, 
afin  que  1  accomplissement  de  ton  emploi 
généreux  fût  dignement  rempli.  Porte-toi 
bien. 


LETTRE  XIV. 

Paul  k  Sénèque,  salut. 

Il  a  été  révélé  h  tes  méditations  des  cho* 
ses  que  la  Divinilé  a  accordées  à  peu  d'bom* 
mes.  C'est  donc  avec  confiance  que  je  ré- 
pands, dans  un  champ  déjà  fertile,  une  se- 
mence trôs-vig«)ureuse,  non  un  objet  maté- 
riel qui  est  sujet  è  la  corruption,  mais  la 
parole  stable,  divine  de  Dieu ,  qui  croit  et 
qui  reste  dans  Télerniié.  Ce  que  la  prudence 
t'a  prouvé  ne  te  fera  plus  déraut  désormais. 
Tu  dois  regarder  convenable  d'éviter  les 
objections  des  païens  et  des  Israélites.,  Tu 
feras  de  toi  un  auteur  nouveau,  eo  te  mon-» 
trant  irréprochable,  sou^i  le  rapport  de  la  rhé- 
torique, dans  les  éloges  de  Jésus-Cnrist. 
Tu  insinueras  auprès  d  un  monarque  de  ce 
monde,  auprès  des  gens  de  sa  maison  et  de 
ses  amis  ndèles,  cette  sa;;esse  à  laquelle 
tu  es  arrivé.  Les  persuader  sera  chose  dif- 
ficile et  pénible,  et  la  plupart  d'entre  eux 
ne  se  laisseront  nullement  iléchir  par  tes 
insinuations  auxquelles  est  mêlée  la  parole 
de  Dieu,  cet  élément  vital  qui  enfante  un 
homme  nouveau,  exempt  de  corruption ,  et 
qui  attire  perpétuellement  à  Dieu  les  Ames 
qui  se  portent  vers  lui.  Porte-toi  bieOi  Sénè- 
quci  qui  nous  est  trè:»-cher. 


SETH. 


Plusieurs  auteurs  représentent  ce  patriar- 
^e  comme  ayant  inventé  l'alphabet.  D'après 
Michel  Gljcas  {Annal,  p.  1^1),  s'appuyant 
sur  le  témoignage  de  Georges  Syncelle,  il 
découvrit  l'alphabet  hébraïque,  les  signes 
célestes,  la  division  du  temps  en  années,  en 
mois,  en  semaines,  et  il  donna  aux  planè- 
tes les  noms  qu'elles  portent.  Ce  fut  à  l'ange 
Uriel  qu'il  dut  ces  connaissances. 

Jean  Tzelzes,  qui  écrivait  au  xnr  siècle, 
a  également  représenté  Seth  comme  rf^ant 
inventé  les  lettres  des  Hébreux,  {Chiliad.f 
lib.  y  Hiêt.f  c.  16).  Abulpharage  en  dit  au- 
tant dans  son  Historia  dynastiarum  (p.  5}. 

}osk]^\\e  (Antiquités  judaïques^  I.  i,  c.  3), 
raconte  que  les  descendants  de  Seth,  voulant 
conserver  le  souvenir  des  enseignements  de 
ce  patriarche,  au  milieu  des  catastrophes  qui 
devaient  frapper  le  monde,  gravèrent  ce 
qu'ils  avaient  appris  de  lui  sur  deux  colon- 
Bcs, -l'une de  briques,  Tautre  de  pierre.  Il 
ajoute  que  la  colonne  de  pierre  subsistait 

(967)  Cette  catastropne  fut  imputée  aux  Cliré- 
lieiis  tout  comme  I  incendie  de  Londres  en  1(>(>6 
(uipréseuté  comme  roeuvi'e  des  Caltioliques.  Antres 
temps,  mènes  ealomnies. 

(988-98)  Fabricies  trace ,  à  cet  égard ,  la  note 
suivante  :  i  Gueterum  exigua  ft^Je  digna  esse  qiia  de 
Selbi  filioniin  columnis  feruntur,  disputaBt  Jo.-H. 
Umnos  libro  De  Mouiu  anliquitate^  p.  212;  Ri* 
charii  Simon,  Bibliothèque  critiqne^  t.  Il,  p.  54!  ; 
1«*  iaqueiot,  libro  De  Dei  exhUnlia^  p.  iil,  et  St. 
Uoioyiie,  Nûîiê  ad  Varia  $acra,  p.  566),  qui  ansaro 
puiai  dedtsae  tapiàem  SeîMœ  sive  fandationis 
/<a»  luiu.  16;  Josephi  Ûdcm  luotur  Chr.  tklioet* 


encore  de  son  temps  dans  la  Siriade.  Scali- 
ger  (ad  Eusebium),  et  Dodwell  (in  Appendice 
ad  aissert.  Cyprianicas)  conjecturent  que 
c*est  l'Egypte  que  Josèphe  désigne  sous  ce 
nom  (88-98). 

Un  livre  de  Seth  passait  pour  exister  chez 
les  Sj^riens.  Robert  Huntington,  théologien 
anglais,  écrivit  pour  demander  des  rensei* 
gnementssurce  point  à  Eiienne,  patriarche 
aAnlioche,  qui  lui  répondit,  le  2  décem* 
bre  1680,  que  ce  livre  était  défendu  et  qu'il 
ne  pouvait  le  lui  commniquer.  [VovAesEpi" 
stolœ  Uuntinutonianœ,  éditées  par  J h.  Smith, 
Londres,  170î«  in-8%  et  citées  par  FabriciuSp 
t.  I,  p.  156.) 

Diverses  sectes  de  çnostiques  se  vantaient 
de  posséder,  à  l'appui  de  leurs  erreurs,  des 
écrits  de  Seth,  ainsi  que  le  constate  sain^ 
Epiphane  :  Sub  Sethi  nomine  coinpluree  li- 
bros  supposititios  oblrudunt,  (  Hœres.  26» 
n*8.) 

D'après  Anastase  le  Sinaïte  {Hodeg.p.iK)^ 

«en,  diss.  De  intcriplionibue  Hebrœorum  (Liptlje, 
1715).  Singularibus  eiiam  dJsaeriaiionibus,  haac  da 
columnis  Seihi  iradilioiieui  excusseruut  iCgideui 
Slrauchius,  Wiieb.,  1669;  D.-G.  Molierua.  Altorf, 
1699,  et  F.-A.  Slempelius,  Jenx,  1706.  ^eque  de 
ejus  n Je  dubitandum  sibi  existimavit  illustris  Tyclio 
Brahe,  pr^rat.  ad  Astronomi»  instaurât»  Mecliani- 
cam,  qui  Sethi  columnas  primo  loco  refert  inter  illa 
quae  veieres  eondîderant,  ut  ex  lllts  siderum  motua 
specubrcmur.  >  t)epuis  la  pyMicAtion  da  reeuail 
de  Fabriciiis,  un  Sfiédoia,  G.-O.  Bona»,  publia  à 
Upsal,  1735,  in-4%  une  diaaertatteA  D$  soimmmU 
Selhianiê* 


951 


DICTIONNAIUE  DES  APOCRYPHES. 


m 


Selh  poss4dait  tonte  la  splendeur  et  toute 
la  beauté  qu*avait  son  père  Adam  lors- 
que Dieu  le  créa;  les  hommes  qni  vivaient 
h  celte  ^'poque,  frapp(^s  de  la  iragnifique 
figure  de  Selh,  rappelaient  Dieu. 

On  a  vu  dans  le  Livre  du  combat  (TAdam^ 
au  t.  1"  de  ce  Dictionnairey  le  rôle  que  joua 
Selh  dans  les  légendes  antédiluviennes  ;  ce 
fut  lui ,  è  ce  qu  on  raconte,  qui  planta  une 


branche  de  l'arbre  do  vie,  laquelle  devini  ï 
son  tour  un  arbre,  et  Moïse  en  ayant  c  ui»^ 
une  branche,  en  fit  la  verge  avec  laquelle  i 
opéra  de  nombreux  miracles,  le  raaiesii  ai«  r 
lequel  il  rendit  douces  les  eaux  de  Mara  , 
et  la  perche  à  laquelle  il  attacha  le  serp»  m 
d'airain.  (  Voy.  Selden,  Otia  iheologicû, 
p.  107;  Mœbius,  De  œneo  serpenie^  etc.). 


SIBYLLES. 


Les  livres  sibyllins  ont  Joui  durant  long- 
temps d'un  crédit  que  personne  n'est  aujour- 
d'hui disposé  à  leur  accorder. 

M.  Raoul-Rochelle  a,  dans  un  travail  éru- 
dit  qui  f.iit  partie  des  Mémoires  de  l'Acadé- 
mie des  inscriptions  et  belles-lettresy  t.  XIII, 
p.  lâl,  présenté  des  observations  judicieuses 
.sur  Taulorilé  qui,  dans  les  premiers  siècles, 
s'accordait  aux  écrits  des  sil)ylles.  Dans  un 
discours  célèbre,  Constantin  s'attache  aux 
vers  de  la  sibylle  d'Krythrée,  afin  d'y  cher- 
cher des  arguments  en  faveur  de  la  mission 
divine  du  Sauveur.  {Orat.  adcœt.  sanctor.^ 
c.  18  et  19,  apud  Euseb.,  De  laudib.  Con- 
stantin.y  p.  381-85,  édil.  Heinichen.)  De  nora- 
breuiL  artistes  ont,  en  Italie,  placé  les  ligu- 
res des  sibylles  parmi  celles  des  prophèles; 
elles  figurent  dans  la  gigantesque  composi- 
tion dont  Michel-Ange  a  décoré  la  chapelle 
Sixtine. 

Un  grand  nombre  de  monuments  offrent 
encore  dans  des  sculptures  et  dans  d«  s  vi- 
traux les  douze  sibylles  si  chères  au  moyen 
Ago;  le  tableau  suivant,  tiré  des  Heures  à 
Vusage  de  Rouen  y  1508,  et  cité  par  M.  Lan- 
gloi^  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  pu- 
blique  de  la  Société  libre  d'émulation  de 
Roueny  tenue  le  (3  juin  1832  (Rouen,  1833, 
p.  65),  peut  être  utile. 

A  la  suite  du  nom  des  diverses  sibylles, 
nous  [ilaçons  l'emblème  que  leur  donnèrent 
Jes  artistes  du  moyen  Age  et  les  prophéties 
qui  leur  furent  plus  spécialement  attribuées. 

Libyca.  —  Un  flambeau  allumé.  —  La  ve- 
nue de  Jésus-Christ. 

Erythrea.  —  Une  rose.  —  L'annonciation 
de  la  Vierge. 

Cumana.  —  L'image  de  la  plaie  du  Sau- 
veur. —  La  nativité  de  Jésus-Christ 

Santia.  — Un  berceau. — Jésus-Christ  dans 
la  crèche. 

Cyemeria.  —  Une  corne.  —  L'allailement 
de  Jésus-Christ. 

Europa.—Une  épée.— La  fuite  en  Egypte. 

Perstca.  —  Elle  écrase  un  serpent  et  tient 
nne  lanterne.  —  La  victoire  de  Jésus-Christ 
sur  Satan. 

Agrippa.  —  Un  fouet.  —  Flagellation  de 
Jésus-Christ. 

Ji6ur/ina.— Un  gantelet  ou  gant. — Jésus- 
Christ  souflleté. 

(909)  Un  juge  bien  compétent,  M.  Lettonne,  a 
rendu  compte  ou  premier  volume  dans  le  Journal 
des  Savants,  1841,  p.  680.  Il  fait  Tclogc  de  ce  tra- 
vail; la  révisiou  du  texte  révèle  un  critique  judi- 


Delphica.  —  Une  couronne  d'épînes.  — 
Jésus  Christ  couronné  d'épines. 

Elepontia.  —  Une  croix.—  La  crucifiiicn 
de  Jésus  Christ. 

Phrygea  —  Une  croix  ornée  d'un  élen- 
tard.  —  La  résurrection  de  Jésus-Christ. 

Les  diverses  éditions  des  Oracles  sibyllins. 
les  écrits  qui  les  concernent,    se  Irouven/ 
indiqués   dans  le  Lexicon  bibliographicum 
d'Hoiruann,  1. 111,  p.  580  et  suiv.,  avon'es 
dé  ails  qu*il  serait   superflu  de  reproduire 
ici.  Nous  dirons  seulement  que    ce  fui  tn 
1W5,  à  la  suite  de  Théof  rite,  que  le  célèi^re 
imprimeur  vénilien.  Aide,  mit  au  jour  les 
Carmina  sibyllœ  Erytrhœa  de   Christo  Jesu 
Domino   nostro.    ils   furent  reproduits  en 
1515, 15'^^,  I5W,  avec  les  OEuvres  d'Hési^Kie. 
En  15^5,  Xistus  Belulejus  (Sixtus  Dirken; 
puhlia  pour  la  première  fois  les  huit  livres 
de  ces  Oracula^  el  il  j  joignit  d<*s  notes;  ce 
travail  reparut  à  Bâle,  1555avec  les  versiVioi 
métriques  et  les  additions  de  Castalion(Cbâ- 
tillonj.  Les   Oracula   furent  aussi  compris 
d/ms  le  recueil  des  Orthodoxographa  ^  Biale, 
1555  el  1569,  in-folio.  En  1599,   Opsofiœu» 
donna  un  texte  amélioré  par  un  grand  nom- 
bre  de  bonnes  leçons  tirées  de  divers  ma- 
nuscrils  et  par  des  correctionsiagénietjses;  il 
y  joignit  des  noies  nombreuses  et  esliniécs; 
.  son  travail  reparut  en  1607.  Servais  Galle 
mit  au  jour  une  édiliou  nouvelle  cum  notii 
variorum.  (Amsterdam  in-V)  ;  le   comnitn- 
taire  d*Opsopœus   s'y  trouve  ilétuesorémeot 
gonflé  d'addilions  qui,  selon  M.  Letronnci 
ne  Tenrichissent  guère.  Gallancii  inséra  h 
son  tour  les  livres  sibyllins,  en  1789,  dans 
le  tome  I"  de  sa  Bibliotheca  Patrnm  (1788, 
in-folio).  En  1818,1c  savant  Ange  Mai,  duni  le 
zèle  intatigable  a  rendu  tant  de  services  aux 
lettres  et  è  la  religion,  mit  au  jour  un  xit*  li* 
vre  qu*il  avait  découvert  à  Milan  dans  la 
bibliothèque  Ambroisienne  {Voy.  le  Journal 
des  Savants,  1808,  p.  288),  et  en  1828,  il  (H 
parallre  les  livres  (xi  à  xiv)  en  grec,  .^tTec 
des  notes ,  dans  sa  Nova  colleciio  veterum 
scriptorum  (Rome)  vol.  111 ,  part,  in,  p.  202. 
Ces  diverses  éditions  sont  eâ'acées  par  celle!» 
qu*a  données  M.  Alexandre.  (Paris,  D-^<^^ 
frères,  t.  I,  1841,  in-8-;  t.  II,  1832  et  18od 
{9ÎK).) 

riens  et  pénétrant  ;  les  notes,  en  très-lmn  laiin,  soflt 
rédiçécs  avec  une  concision  élégante  qui  d'aclct 
pas  Ta  proroudcun 


9:3 


SIB 


PART,  m.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SiB 


9M 


La  version  latine  de  Gastalion  a  reparu 
dans  1(1  Bibliothèque  dei  Pères ^  édition  do 
Lyon,  t.  II ,  p.  49a,  et  il  existe  quelques  an- 
ciennes traductions  dans  les  diverses  lan- 
pues  de  l'Europe,  mais  elles  sont  oubliées. 
En  français,  on  ne  sait  guère  qu'il  a  paru 
une  traduction  dueàS.Cham{»ier  et  J.Robcr- 
tot.  {Essais  de  litiérature^  septembre  1702, 
février  1703.) 

On  peut  consulter,  mais  avec  réserve  au 
sujet  des  oracles  sibyllins,  les  ouvrages 
des  protestants  David  Blondel  (Des  sibylles^ 
Cliarcnlon  1749.  )n-4»};  Classen  (Libri  m  de 
oraculis  gentilium  et  in  specie  de  oraculis 
sibyllinis.  Helmsladt,  1673,  in-4'J;  Galle 
[Oisstrtalionts  desibyllis,  Amsterdam,  1678, 
in4*J;  Rei-ke  (Exercitationes  de  Valiciniis 
sibyllinis,  Leipsiek,1788,  in-i");  Cave(£^i«/or. 
Huer,  scriplorum  Ecclesiœ,  t.  I ,  p.  57); 
Oiidin  {Comment,  de  scriptoribus  ecclesiasli- 
fij.l.I,  p.  142-178);  Lardner  [Credibility  of 
the  Gospel^  édil.  de  Londres ,  1748 ,  part,  ii, 
vol.  U ,  p.  703-728). 

Bercer  Thorlacius,  dans  une  dissertation 
publiée  en  1815, a  voulu  écarter  toute  idée 
de  fraude  dans  la  composition  de  ces  poé- 
sies; il  s'est  attaché,  à  établir  que  ce  sont  des 
poëraes  religieux  dans  lesquels  les  anciens 
Chrétiens,  au  moyen,  non  pas  d'une  impos- 
ture, mais  d'une  simple  ûclion  poétique  ou 
d'une prosopopée,pourservir  à  leur  mutuelle 
édification  (ut  mutuœ  Christianorum  oîxodt/ijj 
imtrvirent)  ont  exprimé,  dans  d«  s  vers  pro- 
phétiques, tantôt  les  louanges  du  Soiijneur  et 
celles  du  Verbe  incarné,  tantôt  leurs  craintes 
cl  leurs  espérances;  ici,  ils  exhalent  leurs 
peines  et  l'indignation  que  leur  fout  éprouver 
Iw  persécutions  de  l'Eglise  ;  15  ils  épouvan- 
tent par  les  menaces  célestes  les  enne- 
mis du  christianisme,  ou  ils  portent  Telfroi 
du  ju|$ement  de  Dieu  dans  le  cœur  des  mé- 
chants. 

Celle  opinion,  combattue  par  S'archéolo- 
çue  italien  Visconli  [Journal  des  Savants ^ 
1818),  parait  devoir  être  adoptée  en  partiedu 
rooins,  en  dépit  de  l'opposition  de  beaucoup 
'^ecriiiques  modernes,  trop  portés  à  suivre  les  * 
«errements  desécoles  sceptiques  de  l'Allema- 
gne. D^s  érudits  ont  d'ailleurs  cru  décou- 
vrir, dans  ces  derniers  temps ,  que  les  Juifs 
Délaient  pas  demeurés  élrauger&  à  la  con- 
feclion  des  livres  sibyllins.  C'est  ce  que 
Jj.  Gfroerer  a  cherché  à  établir  dans  le  tome 
1  de  son  travailsur  PAi/o  et  la  théologie  d'A- 
lexandrie: il  regarde  quelques  portions  de 
cesiivres(et  principalement  une  bonne  par- 
lie  du  troisième)  comme  étant  l'ouvrage  de 
J^uifs  alexandrins  sous  le  règne  de  Plolomée 
"liilorûéior,  et  comme  précédant  ainsi  d'cn- 
Jtfon  deux  siècles  Tépoque  de  la  venue  du 
sauveur. 

Quant  à  la  date  qu'on  peut  assigner  aux 
P'us  récents  de  ces  écrits,  les  savants  diffè- 
•^^'01.  Thorlacius  en  reconnaît  qui  appartien- 
nent au  a*  siècle  de  notre  ère.  Visconli 
^"  signale  comme  étant  plus  récents;  un 
lissage  du  livre  cinq    commence   ainsi  : 


a  Et  toi,  Sérapis,  qui  t'élèves  sur  des  pierres, 
tu  seras  en  proie  à  la  désolation,  tu  devien- 
dras une  immense  ruine  dans  la  malheu- 
reuse Egypte,  etc..;»  le  savant  archéologue 
y  voit  une  allusion  à  la  célèbre  destruction 
du  temple  de  Sérapis  par  les  ordres  de  Théo- 
dose, l'an  389  de  notre  ère,  et  il  conclut 
qu'après  la  fin  du  iv  siècle,  on  avait  com- 
posé encore  des  vers  sibyllins.  La  preuve 
n'est  peut-être  pas  aussi  forte  qu'elle  le  pa- 
raît au  premier  abord.  M.  Alexandre  a  fort 
bien  montré  qu'il  n'y  avait  rien  d'invrai- 
semblable à  ce  qu'un  des  Chrétiens,  auteurs 
de  ces  poëraes,  etlt  dit  longlemps  avant  l'é- 
vénement :  Un  jour  viendra  où  le  temple  de 
Sérapis  sera  détruit .  La  ferveur  de  son  zèle 
et  la  sincérité  de  î^afoi  ne  lui  permellaient 
pas  de  douter  de  la  ruine  future  de  ce  grand 
appui  du  paganisme. 

Les  meilleurs  critiques  ont  d'ailleurs  re- 
connu dans  ces  livres  ,  où  il  faut  voir  le  tra- 
vail de  cinq  ou  six  siècles,  la  main  de  vingt 
auteurs  différents.  De  là  vient  qu'ils  sont 
écrits  du  style  le  plus  inégal,  tantôt  pur  et 
châtié,  lanlôt  négligé,  iiscorrect  et  de  mau- 
vais goût;  ils  sont,  de  plus,  remplis  d'allu- 
sions  plus  ou  moins  détournées,  de  prédic- 
tions rendues  è  dessein  obscures.  II  résulte 
de  tout  cela  une  multitude  de  difficultés  ♦ 
soit  pour  la  criti(|ue  du  texte,  soii  pou,* 
l'intelligence  de  la  pensée  des  auteurs.  On 
rencontre  parfois  des  séries  de  huit  ou  dix 
vers  auxquels  on  ne  comprend  rien  ou  dont 
on  ne  se  fait  qu'une  idée  vague  et  incom- 
plète. On  devine  bien  qu'il  y  a  là  des  fautes 
de  plus  d'un  genre,  mais  on  ne  sait  com- 
ment retrouver  au  juste  le  thème  de  l'au- 
teur. 

• 

Une  traduction  entière  des  livres  sibyl- 
lins n'offrirait  pas  un  degré  d'intérêt  suffi- 
sant pour  compenser  les  difficultés  qu'elle 
présenterait  et  la  place  qu'elle  occuperait 
dans  un  recueil  plus  spécialement  consacré 
aux  apocryphes  de  la  Bible;  nous  croyons 
cependant  devoir  offrir  à  ceux  qui  n'oni  pas 
eu  l'occasion  de  feuilleter  ces  vieux  volu- 
mes, un  spécimen  de  leur  diction.  Nousera 
prunterons  au  sixième  livre  de  la  traduction 
de  Casialion,  un  passage  qui  annonce  la 
venue  de  Jésus-Christ  : 

iGtcmi  magnum  Natum  cano  pectore  ab  imo 
Cui  s(»lium  Gcnitor  tiibuit  siipremus  babendum. 
^on(lum  Progenilo,  sicpiidem  de  corpore  duplex 
Essiiiil  ;  est  auiem  perlulus  flnclibus  amnis 
Jordatiis,  glauco  cujus  vilviiur  unda... 
Scd  poslquam  Ronia  iEgypium  reg*»i,  împerioqoe 
Freiiabil,  snmmi  tune  sumnna  polenlia  regni 
Rrgts  inexstincii  inurtalihus  exorielur. 
Rcx  elcnim  sanctus  veniet,  qui  lotius  orbis 
Omnia  sxclorum  par  lempora  scepira  tenebit. 
Tuncque  Latînorum  non  eluctabilis  Ira 
Très  Komam  irisli  faiorum  slaniine  perdent, 
Alque  suis  liomiues  perdeniar  în  aeiJibus  omnes 
Tune  eu  m  de  cœlo  torreus  fluet  igueus,  elieu  1 
Me  miser^in),  quando  véniel  lux  illa,  diesque 
iudicis  aelerni,  magni  Regisque  Deique  ; 
Nunc  quid  vos  urbes  oniatis  consiruilisque. 
Templisque,  siadiisque,  foris  sîgnisque,  vel  auro. 
Si  qua ,  vef  argento  fiuni,  saxove,  fotura 


035 


DIGTIONNAlflE  DES  APOCRYPHES. 


TA 


CoM  sii  «eerha  dies,  ad  quant  Yentatis  oportef. 
Biam  venîet.  «aaoïes  homines  cum  iiîdor  denlts 
Sniphuris  afllabil.  Vcrum  Jain  siiigula*  pandain, 
({us  aiala  siui  liomines  passuri  quasque  per  urbea. 

L'auteur,  quel  qu'il  soit,  des  livres  sibyl- 
lins, prédit  dans  les  vers  suivants  les  travaux 
de  saint  Jean-Baptiste. 

Vf  niin  cnm  quiDdam  tox  per  déserta  locomm 
Nunita  mortales  %*eniel  quas  clainet  ad  oinnes. 
Ut  reclos  faciaiil  colles,  aiiimosqiie  repurgenl. 
A  vitiis  et  aqaa  lustrentur  corpora  cuncia, 
ut  iiiiiiquam  deinceps  p'ccent  in  jura  ren;iti  : 
Barbarus  et  tandem,  salt^itbus  illaaueatii<«, 
Mercedî  vocem  hanc,  rxsuin  coiiccdit  iniqux. 
Tune  eril  indiciiim  subito  niortalihus  £gris, 
Cum  lapis  i£gypti  felîx  servaius  nb  oris 
Venerit,  buic  populus  impinget  llebrseus,  et  Iimjiis 
Ductu  con ventent  gantes,  per  eumque  supiv^num 
Cognoscent  nuinenque,  viamque  in  lumine  rectam. 

Nous  n'avons  pas  d'ailleurs  è  discuter  ici 
les  témoignages  qui  constatent  Tautorité 
dont  jouissaient  au  Rioyen  A^e  les  témoi- 
gnages attribués  aux  sibylles.  M.  Edeîestand 
du  Méril  a  dit  quelques  mots  è  cet  égard 
dans  un  savant  ouvrage  que  nous  avons 
déjà  eu  l'occasion  de  citer  (  Origines  de  la 
poéêie  scandinav€^  \k  87).  Voici  un  exemple 
qfie  cet  érudit  emprunte  à  un  drame  reli- 
gieux composé  en  Angleterre.    * 

Yei'e  pande  jain  sibylla 
Uus  de  Cbiisto  prascis  signa. 

{B/lyslerium  fatuarumYirginum^  dans  le  re- 
cueil de  Th.  Wright,  Early  myslenes,  p.  62.) 

Un  autre  Mystère,  composé  en  France  au 
XV  siâcle,  nous  fournit  uu  passage  sem- 
blable. 

Hetie,  sur  Tauctorite 
Devons  entendre  Sébile, 
Qui  fui  royne  moult  noblle 
Ll  dist  q'uiis  naiatroit  de  famme, 
Saiit'corrupcion,  sanz  diffame. 
Lequel  Dieu  et  homme  aeroit 
Mort  et  passion  souffreroit. 
(Nativité  de  N.-S.  Jétug-ChrUt ,  dans  le  recueil 
de  M,  iubinal,  Myêtèreê  inédits,  t.  II,  p.  14.) 


Ajoutons  aussi,  toujours  d'après  ME. 
du  Méril,  que  les  manuscrits  de  la Bi;.  . 
thèque  impériale  k  Paris,  n*69frr  et  Tnv.. 
contiennent  des  prédictions  sibyllines,  air> 
que  des  manuscrits  du  Vatican;  au  xi'^.«. 
clo,  Marbode  mettait  ces  prophéties  en  *'"% 
latins;  deux  ouvrages  populaires  impru  x 
en  Allemagne  (l'un  est  daté  de  Nurember:. 
1518)  s'annoncent  comme  renfermant  «« 
prophéties  des  sibylles,  relatives  aui  w- 
nementsqui  devront  s'accomplir  jus4|u*^  i 
6n  du  monde. 

Les  noms ,  le  nombre  des  sibylles  s- 1 
d'ailleurs  chez  les  écrivains  de  i'autiij. 
l'objet  d'assertions  contradictoires  que  i,  < 
laisserons  à  d'autres  le  soin  d'exposer  (b; 
l'article  Sibylle  dans  la  Real  —  kncychpai 
der  elaesischen  AUerihum$wissenschaft ,  y.- 
bliée  par  Pauly,  t.  VI,  p.  llW.j  II  y  eut  >. 
sibylles  eu  Grèce  et  en  Italie;  leurs  ècr.^ 
furent  réunis  è  Rome  avec  grand  solo;  i^ 
étaient  dans  le  principe  tracés  sur  desfcui  !*^ 
de  palmier,  et  ils  annonçaient  en  vers  eu;- 
inatiques  les  destinées  futures  de  la  t^yi- 
blique.  Ces  écrits  sont  perdus.  On  peut u ai- 
leurs  sur  les  sibylles  et  les  oracles  sib}.- 
Uns  consulter  une  note  du  1"  volume  ". 
iouvrar^e  de  Creuzer,  les  Religions  dtfoÈ' 
iiquiléf  traduit  par  M.  Gui^^niaud. 

Ce  savant  remarque  avec  raison  qae  ce« 
oracles  apocryphes  portent  l'emoreinie  Jc^ 
doctrines  du  neo-nlatonisaie.  L'etnfHeur 
Thêodose  les  fit  brûler,  à  ce  que  nous  if»- 
prend  Rutilius,  Itinéraire^  liv.  ii,c.  51.  <ni 
trouvera  de  plus  amples  détails,  qui  ser^kr»; 
étrangers  au  nlan  de  notre  recueil,  dans  .e< 
écrits  de  Heidebreed,  Dieseriatio  de  >'• 
bytlis,  Berlin  1835,  et  de  F.  Bleek,  IV^' 
die  Entstthung  und  Zusammensetzung  i'' 
Sammtung  sibyllinischer  OraAre/,  dans  le  1/."^ 
iogis€he  Zeitschrifl  de  Schleiermacber  e(  ' 
Welte  (Berlin ,  1819),  t,  1,  p.  120-246;  t.  II. 
p.  172-239. 


SIMON  DE  SAiMAIUE. 


On  a  déjà  vu  le  rôle  important  que  joue 
cet  imposteur  dans  les  ouvrages  apocryphes 
relatifs  h  saint  Pierre.  II  est  digne  qu'on  s'y 
arrôte  un  moment.  Simon  fut  le  chef  d'une 
héré.5ie,  la  première  qui  se  soit  élevée  dans 
TEglise.  fin  fait  de  morale,  il  posait  en  prin- 
cipe qu*il  n'y  a  point  d'actions  bonnes  de 
leur  nature.  Ainsi  les  œuvres  sont  inutiles 
au  salui,  et  l'homme  peut  être  sauvé  sans 
correspondance  de  sa  pari.  Sa  doctrine,  ger- 
me du  gnosticisme,  consistait  en  une  fusion 
entre  les  vérités  du  cbrisiianisme  et  les  £a<* 
blés  de  la  mythologie. 

Ses  écrits  soni  perdus,  sauf  quelques  dé- 
bris qui  ne  sauraient  pemiêitre  de  s  en  faire 
une  idée  bien  exacte.  Ses  disciples  avaient 
un   Evangile  divisé  en  quatre  parties,  et 

au'ils  appelaient  les  quatre  âmes  du  monde, 
n'en  est  rien  parvenu  jusqu'à  nous. 
Le   principal  ouvrage  éminent  de  cette 


école  avait  pour  titre  :  La  grande  nwtdiff^ 
révélation  (McyâXn  ànofmffu);  c'était  une  k>' 
duction  gnostique  remplie  de  fables  et  Oi^^^ 
tendance  fort  peu  morale.  Des  vers  d'Ecn^'c* 
docle  y  étaient  cités. 

L'ouvrago  publié  par  M.  Miller,  soo(> 
titre  de  Phdosophumena ,  et  qui  a  lait  frrif'i 
bruit  dans  le  monde  savant,  racoale  lar* 
do  Simon  d'une  manière  différente  Je  r*:  ' 
qu*on  trouve  dans  les  récits  que  noos  i'*  •'•' 
fait  connaître  article  Li5  (saint)  et  Pis*» 
(saint).  D'après  l'autenr  du  livra  «i<>nt 
nous  venons  de  parler,  Simon  se  serait  t^^t 
enterrer  vivant,  promejttant  de  re^suRi^^ 
comme  Jésus*Christ. 

11  est  fort  question  de  Simon  dans  les  Bf- 
eognitions  attribuées  à  saint  Ciéui«Di.  A» 
livre  11,  Simon  énamère  avec  oon^Uift'O' 
les  iBerveiiles  qu'il  peui  opérer:  «  J<^r"** 
disparaître  de  devant  les  yeux  de  ceui  qu 


S37 


Slft 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SIM 


i^% 


Teulenl  me  voir,  et  je  puis  soudainement 
me  montrer  è  leurs  regards.  Si  je  veux  fuir» 
je  puis  percer  !es  montagnes  et  traverser  les 
rochers  comme  de  la  boue:  si  je  me  préci* 
pile  de  la  cimed*une  montagne  élevée,  j'ar- 
riverai doucement  jusqu'à  terre  sans  me  l'aire 
aucun  mal.  Enchaîné,  je  briserai  facilement 
mes  fers  »  et  je  chargerai  de  liens  ceux  qui 
auraient  cru  me  retenir  captif;  enfermé  dans 
une  prison,  je  commanderai  aux  portes  de 
s'ouvrir  d'elles-mêmes;  j'animerai  des  sta- 
tues, de  sorte  que  ceux  qui  les  verront  se 
mouvoir  croiront  que  ce  sont  des  créatures 
humaines;  je  ferai  sortir  subitement  de  la 
terre  des  arbres  nouveaux,  je  me  précipite- 
rai dans  le  feu  sans  qu'il  me  nuise  en  rien. 
Je  puis  changer  de  visage  de  façon  à  ne  pou- 
voir être  reconnu,  et  je  puis  me  montrer  aux 
hommes  sous  un  double  aspect.  Je  me  trans- 
forme à  mon  gré  en  chèvre  ou  en  brebis.  Je 
fais  pousser  de  la  barbe  au  menton  des  pe- 
tits enfants;  je  vole  à  travers  les  .airs;  je 
montre  des  masses  d'oi  ;  je  ferai  des  rois  et 
je  les  renverserai.  Je  serai  adoré  comme  un 
Dieu;  je  recevrai  publiquement  les  hon- 
ceurs  divins;  les  hommes  m'élèveront  une 
statue  et  me  rendront  hommage  comme  à 
une  divinité.  Qu'est-il  besoin  d*en  dire  davan- 
ta^^e?  Toutcequeje  voudrai  faire,  je  l'accom- 
plirai. » 

On  peut  dire  que  Simon  fui  à  la  fois  un 
faux  Chrétien,  un  faux  Juif,  un  faux  pro- 
phète et  un  faux  Messie  ;  il  crut  voir  dans 
la  doctrine  des  apôtres  Tart  de  disposer  des 
forces  secrètes  de  la  nature  et  de  l'assistance 
(les  esprits  célestes.  C'était  un  enthousiaste 
(héosopbe,  tel  que  les  Apollonius  deXyane 
et  les  Pérégrinus  Proteus.  11  se  fit  un* sys- 
tème où  il  unit,  è  quelques  idées  chrétien- 
nes qu'il  avait  entrevues  dans  les  enseigne- 
ments apostoliques,  les  éléments  que  lui 
fournissaient  la  Kabbale,  l'Egypte,  la  Perse 
et  ia  Grèce;  il  se  nomma  lui-môme  la  pre^ 
mière  puissance  de  Dieu ,  ainsi  que  te  rap- 
porte saint  Irénée  :  Hic  est  viriui  Dei  qua 
vocatur  magna. 

Ses  disciples,  renchérissaqt  sur  son  opi- 
nion, paraissent  l'avoir  pris  pour  Dieu  iui- 
mème. 

Quant  è  la  statue  qu'on  prétend  que  les 
Rotnains  lui  érigèrent ,  le  fait  est  sans  douta 
controuvé;  mais  il  n'aurait  rien  eu  d'ex- 
traordinaire pour  cette  époque.  Apollonius 
(Je  Tyane  eut  non-seulement  une  statue , 
mais  encore  le  titre  de  dieu  ;  Epiphane  de 
Céphalline ,  le  gnostique  »  eut  aussi  une 
statue. 

On  peut  consulter,  au  sujet  d«  cet  héré- 
siarque, le  mémoire  de  H.  Schhirick  :  De 
Simonii  magi  falis  Romanis  commentatio 
hisiorica  et  crilica  (Meisna,  1845,  in-ih*|, 
lequel  renferme  une  analyse  approfondie 
des  traditions  relatives  à  Simon.  Ce  travail 
est  divisé  en  deux  sections  :  De  etattia  quœ 
Simoni  mago  Romœ  posita  fuiise  dîciïur,  et 
/>e  titœ  Simonis  exilu.  Réunissant  à  ce  sujet 
tous  les  détails  que  fournissent  les  anciens 
auieors  ecclésiastiques  et  les  premiers  his- 
toriens de  TEgiise,  il  explique,  en  rappro- 

PjCTlONN.   DES  ApOCHTPHUS.    Ih 


chant  tous  ces  témoignages  particuliers,  l'on* 
^oe ,  la  formation  et  la  diffusion  des  tradi- 
tions sur  Simon,  et  la  confusion  qu'on  a 
faite  de  lui  et  de  Tancien  Simeu$  Deus  des 
Sdbins. 

Voy.  aussi  Fieury,  Histoire  ecclésiasti^e^ 
I.  I,  §7,  et  1.  II,  §23;  Bnicker.  Hist.  cnVicf 
philosophiœ,  t.  II.  p.  667-679  ;  Tillemont , 
Mémoires ^i.  H,  p.  16;  Matter,  Histoire  du 
gnosticisme,  1. 1,  p.  185. — Nous  avons  déjà 
mentionné  les  dissertations  de  Hullmann  : 
De  apostoli  Simonis  Pelri  cum  Simone  Mago 
certamine;  Upsal,  1723,  in -4% 

Ritter,  dans  son  Histoire  de  la  philosophie 
chrétienne  (  traduction  de  M.  Trullard ,  t.  I } , 
dit  quelques  mots  de  Simon.  11  observe  qu« 
le  culte  d'Hélène,  qui  fut  interprété  dans  le 
sens  de  la  transmigration  des  Ames  et  de  U 
fable  de  Siésichore ,  la  diffusion  de  la  révé- 
lation entre  les  Juib,  les  gentils  et  les  Sama- 
ritains, révélation  où  Simon  se  représen- 
tait comme  Torgane  de  Dieu  le  Père,  sont 
des  traits  qui  prouvent  i^ue  la  révélation 
chrétienne  paraissait  à  Simon  et  h  sa  secte 
d*une  importance  très-subordonnée. 

On  trouve  d'amples  détails  sur  Simon  dans 
les  notes  de  Cotelier,  jointes  aux  Recogni^ 
tions  du  pseudo-Clément.  Voir  notamuioni 
le  1. 1 ,  p.  S12,  des  Patres  apostolici,  édit.  de 
172i.  Il  cite  les  témoignages  de  saint  Augus- 
tins  (  lib.  de  Hœresibus  :  Jovem  se  credi  vo* 
/eial.,.),  et  de  lauteurde  l'ouvrage  impar* 
iaitsur  saint  Matthieu,  joint  aux  œuvres  de 
saint  Athanase  :  folare  per  aerem^  sicut  tt 
dominum  diabolus  horiabatur:  slatuam  facere 
ambulare^  aul  commisceri  flammœ  et  non 
comburit  et  alla  qualia  Simon  fecit. 

Nous  ajouterons  que  I«s  tentatives  d«  Si- 
mon pour  voler  dans  les  airs  se  sont  renou* 
veléesè  plusieurs  reprises  ,  sans  qu'il  y  eut 
le  moindre  soupçon  de  maléûce  et  touiours 
sans  le  moindre  succès.  Citons-en  quelques 
exemples  : 

Paolo  Guidoiti ,  artiste  italien,  s'imagina 
qu'il  avait  trouvé  le  secret  de  se  soutenir  en 
1  air.  Il  composa  en  secret  nue  machine ,  et 
lorsqu'il  se  crut  sûr  du  succès,  on  dit  qu'en 
présence  du  Pane  et  de  quantité  de  monde, 
il  osa  vouloir  s  élever  dans  l'espace ,  mais 
que,  la  tête  lui  ayant  tourné,  il  tomba  beu^ 
reusement  dans  une  masse  de  chaux  détrem- 
pée ,  ce  qui  lui  sauva  la  vie.  Ce  fait  a  été 
rapporté  par  Smidis  dans  son  poème  de  la 
Peinture  parlante,  l  Mariette ,  Abécédaire  » 
1853,  t.  II,  p.  3^1.) 

Vers  la  Gn  du  xr*  siècle ,  un  mathémati* 
cien  de  Pérouse,  J.  fi.  Dante,  s'élangant , 
aux  yeux  de  la  foule,  de  la  tour  la  plus  éle- 
vée de  cette  ville ,  traversa  la  place  et  se 
balança  longtemps  en  l'air,  au  milieu  dea 
acclamations  de  la  multitude.  Malheureuse- 
ment la  rupture  du  fer  qui  dirigeait  son 
aile  çauche  détermina  sa  chute,  et  il  se 
rompit  la  cuisse. 

Au  xvur  siècle,  le  marquis  de  Bacqueville» 
personnage  dont  l'originalité  allait  jusau'i 
ia  folie,  voulut  traverser  la  Seine  en  volant 
à  Taidc  d'une  madiine  de  son  invention;  il 
tomba  et  se  cassa  la  jambe^ 

30 


«&9 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


SIMON  ET  JUDE,  APOTRES. 


{La  légende  relative  à  cet  eainis  apôtreê 

{ait  partie  du  jf  livre  de  V Histoire  apoeto* 
ique  A'Abdias;  elle  est  placée  à  la  suite  de 
celle  de  saint  Jacques  le  Mineur.) 

CHAPITRE  PREMIER. 

Les  frères  aînés  de  Jacques,  Simon,  sur- 
nommé le  Cananéen,  et  Jude  qui  s'appelait 
aussi  Thaddée  et  le  Zélé  (999^),  furent  de 
même  les  apôtres  de  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ.  Et  après  la  descente  du  Saint-Esprit, 
ils  se  rendirent  dans  le  pays  où  ils  devaient 
répandre  la  foi,  et  ils  trouvèrent  au  com- 
mencement de  leur  prédication,  deux  grands 
enchanteurs,  Zaroes  et  Arfaxat  qui  s'étaient 
enfuis  d'Ethiopie  pour  ne  pas  se  trouver  en 

{présence  du  bienheureux  apdtre  Matthieu. 
i:t  leur  doctrine  était  pleine  d'impiété;  ils 
blasphémaient  le  Dieu  d'Abraham,  le  Dieu 
d'Isaac  et  le  Dieu  de  Jacob,  et  ils  l'appelaient 
le  dieu  des  ténèbres,  et  ils  disaient  de 
Moïse  qu*il  avait  été  un  malfaiteur;  enfin  ils 
disaient  que  tous  les  prophètes  de  Dieu 
avaient  été  envoyés  par  le  dieu  des  ténèbres. 
Ils  disaient  en  outre  que  TAme  des  hommes 

1)0ssède  une  partie  de  la  divinité,  mais  que 
a  création  du  corps  a  été  faite  parle  Dieu 
méchant,  et  que  l'homme  consiste  ainsi  de 
deux  substances  opposées,  la  chair  vivant 
dans  la  joie,  l'âme  dans  l'aiSiction,  l'Ame  et 
le  corps  étant  ainsi  l'œuvre  des  deux  prin- 
cipes ennemis  l'un  de  l'autre  (1000).  Ils  pla- 
S aient  le  soleil  et  la  lune  au  nombre  des 
ieux  (1001),  et  ils  disaient  aussi  que  l'eau 
avaitune  essence  divine  (1002);  que  le  Fils 
de  Dieu ,  Jésus-Christ,  Notre-Seigneur,  n'a- 
vait que  l'apparence  d'un  corps  humain, 
qu'il  n'était  point  un  homme  vériteible,  qu'il 
n'était  point  né  d'une  vierge  véritable,  qu'il 
n'avait  point  véritablement  souffert,  au'tl 
n'avait  point  véritablement  été  enseveli  et 

au'il  n'était  point  véritablement  ressuscité 
'entre  les  morts  le  troisième  jour  ;  voilà  ce 
qu'ils  soutenaient. 

El  la  Perse  était  infectée  de  semblables 
prédications  par  Zaroes  et  par  Arfaxat,  et 

(999*)  Il  y  a  ici  une  erreur  de  rtiistorien  ;  ce  n'é- 
tait pas  Jade,  mais  Sînioa  qui  arait  le  surnom  de 
Zélé. 

(1000)  C*est  le  fond  des  doctrines  manicbeeniies  ; 
elles  avaient  pour  base  le  dualisme  emprunié  à  la 
religion  des  Perses.  11  n'entre  pas  dans  notre  plan 
de  nous  occuper  ici  de  cette  hérésie  célèbre ,  si  vi- 
goureusement combattue  par  saint  Augustin.  Nous 
mentionnerons,  à  son  sujet,  deux  ouvrages  savants, 
mais  oui,  écrits  par  des  protestants,  ne  doivent  être 
consulta  qu'avec  prudence ,  Histoire  de  Mamehée 
et  du  mantcHéismeyizr  Isaac  Beausobre,  Amsterdam, 
i7M-39,  2  vol.  in-4%  et  Dos  ManUhaisehe  Re/t- 
gionssystem  de  Baur,  Tubingue,  4831,  in-8*.  Un 
autre  protestant  contemporain,  M.  Schmtdt,  a  fait 
de  ces  doctrines  Tobjet  d  un  mémoire  inséré  dans  la 
collection  des  travaux  à^  rAvadéinie  des  scienres 
murales  et  politiques  {Savants  étrangers^  t.  II). 
Voy.  au9^'  le  Dictionuaitt  d^s  ickenees  philosovhi' 
^uft^  t.  IV,  p.  97-105. 

(lUUl)  Saint  Augustin  dit  que.lel  manidiécos 


elle  avait  besoin  de  recevoir  par  le  mojeo 
des  bienheureux  apAtres  Simon  et  Jude,  la 
doctrine  du  Maître  véridique,  c'est-à-dire  da 
Seigneur  Jésus-Christ  qui  a  dit  qull  en- 
verrait du  ciel  le  Saint-Esprit,  suivant  li 
promesse  qu*il  a  faite  :  <  ie  retourne  à  mon 
père  et  je  vous  enverrai  TEsprit  oour  vous 
assister  (1003).  » 

CHAPITRE  II. 

Et  les  saints  apdtres  entreprirent  le  vora- 
ge  afin  de  délivrer  la  Perse  des  erreurs  où  li 
conduisaient  des  docteurs  impies.  Et  qusDd 
ils  furent  venus  dans  le  voisinage  de  ce  pays» 
Simon  et  Jude  dont  nous  parions,  reoco'n- 
trèrent  une  armée  sous  les  ordres  de  Vu* 
rardach,  général  du  roi  de  Babylone  doDi 
le  nom  était  Xerxès  (1004).  11  avait  entre- 
pris de  faire  la  guerre  aux  Indiens  qoi 
avaient  envahi  les  frontières  de  la  Perse,  et 
il  y  avait  à  sa  suite  des  sacrificateurs  e(  de^ 
devins,  et  des  sorciers,  et  des  enchanteurs 
qui,  cha(iue  fois  qu*on  s*arr6iait  pourpa>- 
ser  la  nuit,  sacrifiaient  aux  esprits  ms\m 
et  qui,  donnaient  comme  des  oracles  lean 
paroles  d*imposture. 

Et  le  jour  où  les  apôtres  étaient  \  l'ar- 
mée, ils  se  firent  des  blessures  et  ils  ûrent 
couler  leur  sang  (1005),  mais  ils  ne  nurenl 
rapporter  au  générai  aucun  oracle.  Alors  il» 
se  rendirent  au  temple  des  idoles  dans  aoe 
ville  voisine,  et  ils  uemandèrent  conseil  aui 
esprits  malins,  et  ils  entendirent  uo  espnl 
malin  parler  ainsi  avec  des  hurlements  ter- 
ribles  : 

«  Les  dieux  que  vous  avez  apportés  poor 
vous  protéger  dans  les  batailles  ne  peuieoi 
plus  dorénavant  rendre  d'oracles,  parn 
qu'il  y  a  ici  deux  hommes,  Simon  et  Jud^ 
qui  ont  reçu  de  Dieu  une  puissance  telle 
qu'aucun  de  nous  n'ose  parier  en  leur  pré- 
sence. » 

Vu  rardach,  le  général  de  l'armée  do  r^ 
Xerxès,  ayant  appris  cette  réponse,  fit  cbe^ 

jeûnaient  le  dimanche  et  le  landl  eo  llioiiBear  ai 
soleil  et  de  la  lune.  Alexandre  de  Lycopolis  dil  qo'is 
regardaient  ces  astres,  non  comme  des  dieos.  du» 
comme  le  chemin  qui  mène  Thomme  auprès  ^ 
dieux.  Yog.  aassi  saint  Epiphaoe,  baeres.  66,  ' 
et  22. 

(4002)  De  nombreux  témoignages  atiesteai  q« 
les  manichéens  rendirent  un  culte  aux  éléoeau 
ils  appelaient  Jésus-Christ  Teau  vivante. 

(1005)  ioan.^  xv,  26;  xvi,  7. 

(1004)  L*éUt  politique  de  TAsie  à  Pëpoque  des 
apéires  montre  qu*il  s*agit  ici  d*un  roi  dô  Pirtk*. 
mais  aucun  de  ces  monarques  ae  poru  le  ao»  <J( 
Xeriés  ;  ils  s^appelèrent  tous  Arsace.  Peol-étrt  k 
prétendu  Aiidias,  commettant  un  anaebrooisae 
dont  il  ne  laut  pas  être  surpris  de  sa  part,  a-H|  «* 
vue  le  nouvel  emuire  des  Perses  ëteTé  Tao  tviK 
noire  ère  aur  les  débris  du  rovaune  iks  PurU» 

(1005;  Un  usage  semblable  éuit  en  vigoeor  p>^ 
les  prêtres  des  idoles  au  temps  des  Uébrvai.  (*<^ 
i  Rtg.  xviu,  28.) 


911 


SIM 


PART.  lU.  -  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SIM 


042 


cher  les  apAtres,  et  lorsmi*!!  les  eut  trou- 
rés  il  commença  à  leur  demander  d*où  ifs 
Tenaient  et  qui  ils  ét»ient,  et  pourquoi  ils 
étaient  Tenus  en  ce  pay.«.  Et  le  saint  apdire 
Simon  lui  dit  :  «  Si  tu  nous  demandes  notre 
origine,  nous  sommes  hébreux,  si  tu  nous 
demandes  qui  nous  sommes,  nous  sommes 
les  serTiteurs  de  Jésus-Christ  ;  si  tu  nous 
demandes  le  motif  de  notre  voyage,  nous 
sommes  venus  ici  pour  votre  salut  atin  que 
TOUS  renonciez  à  I  erreur  de  l'adoration  des 
idoles  et  que  vous  reconnaissiez  le  Dieu 
qui  est  dans  le  ciel,  y 

Vurardach,  le  général,  leur  répondit  en 
ces  termes  :  «  Je  me  prépare  maintenant  è 
livrer  bataille  aux  Indiens  afln  de  les  empA- 
eher  d*envahir  la  Perse,  avant  que  les  Mèdes 
ne  soieBl  venus  les  assister.  11  ne  m'est 
dODc  pas  possible  de  m*occuper  de  vous  en 
ce  moment,  mais  si  je  reviens  vainqueur, 
alors  je  vous  écouterai.  » 

Et  alors  TapAtre  Jude  parla  ainsi  :  «i  Econte- 
moi,  Seigneur;  il  est  bien  plus  convenable 
qoétu  apprennes  k  connaître  celui  par  le  se- 
coursduqueltupeuxavoir  la  victoire,  et  que 
tu  écoutes  ce  que  nous  disons  de  sa  part.  » 

Et  le  général  dit  :  «  J*ai  appris  que  ces 
dieux,  lorsqu'ils  sont  devant  vous,  vous  ren- 
dent  des  oracles  ;  je  vous  demande  donc  de 
Qous  annoncer  Tavenir  et  de  nous  faire  sa- 
Toir  quelle  issue  aura  la  guerre.  » 

CHAPITRE  III. 

Alors  Simon  dit  :  «  Atin  que  tu  reconnaisses 
l*erreur  de  ceui  que  tu  regardes  comme  ren- 
dant des  prophéties ,  nous  leur  donnons  la 
puissance  de  rendre  leurs  oracles  ;  lorsqu'ils 
auront  révélé  ce  quMIs  ne  savent  pas,  nous 
montrerons  qu'ils  ont  menti  en  tout  point.  » 

Et  après  avoir  adressé  leurs  prières  au 
Seigneur,  les  bienheureux  apAtres  dirent  : 
«  Au  nom  de  Noire-Seigneur  Jésus-<]hrist, 
nous  vous  ordonnons  de  rendre  des  oracles 
selon  la  manière  habituelle  dont  vous  les 
rendez.  » 

Et  À  ces  paroles,  les  imposteurs  commen- 
cèrent à  être  agités  de  Tespril  malin,  et  ils 
dirent  :  «  Une  grande  guerre  aura  lieu,  et 
des  deux  côtés,  beaucoup  de  combattants  se- 
ront tués.  »  Et  les  apAlres  de  Dieu,  dans 
Teicès  de  leur  joie,  se  mirent  à  rire.  Et  Vu- 
rardach, leur  dit  :  «  J'ai  été  saisi  de  crainte, 
et  Yous  riez.  »  Et  les  apAtres  lui  répondi- 
rent :  «  Que  ta  crainte  se  dissipe,  car  a  notre 
arrivée ,  la  paix  est  entrée  avec  nous  en  ce 
pays,  cesse  donc  de  marcher  en  avant.  De- 
main matin,  à  cette  même  heure,  aui  est  la 
troisième,  ceux  que  tu  as  envoyés  au-de- 
vaut  de  ton  armée,  reviendront  vers  toi  avec 
les  envoyés  des  Indiens,  qui  vous  annonce- 
ront qu'ils  rendent  le  p»j;s  de  votre  domi- 
nation, et  ils  payeront  le  tribut,  et  ils  renon- 
ceront à  vous  attaquer,  et  ils  consentiront 
avec  joie  à  conclure  la  paix  avec  vous  aux 
conditions  que  vous  demandez  maintenant, 
et  à  convenir  du  traité  le  plus  solide.  » 

Mais  les  prêtres  du  général  se  moquèrent 
de  ce  que  disaient  les  apAtres,  et  ilss'érriè- 

rent  :  i  Seigneur»  n*accorde  aucune  foi  è  ces 


hommes;  ce  sont  des  fourbes  et  des  men- 
teurs, des  étrangers  et  des  inconnus;  ils  an< 
noncentdes  choses  agréables  afin  qu'on  n^. 
les  regarde  pas  comme  des  espions.  Mais 
nos  dieux  qui  ne  trompent  jamais,  l'ont  com- 
muniqué leur  oracle;  tu  dois  être  sur  tes 
gardes,  et  veiller  sur  toutes  choses;  ces  hom* 
mes  s^efTorcent  de  t'inspirer  une  sécurité 
trompeuse,  afin  que  tu  ne  prennes  pas  les 
précautions  nécessaireSi  et  pour  que  tu  soi.s 
ainsi  plus  facilement  et  plus  complètement 
vaincn.  » 

Le  bienheureux  Simon  répondit  :  «  Ecoute- 
moi,  général.  Nous  qu'on  appelle  des  étran- 
gers, des  inconnus  et  des  menteurs,  nous  ne 
te  demandons  pas  d'attendre  un  mois;  nous 
t'avons  dit  d'attendre  un  jour,  et  demain, 
dès  la  troisième  heure,  ceux  que  tu  as  en- 
voyés reviendront  ;  avec  eux  viendront  les 
chefs  des  Indiens,  qui  accepteront  les  con- 
ditions que  tu  leur  imiioseras,  et  se  recon- 
naîtront tributaires  de  la  Perse.» 

CHAHTRE  IV. 

Et,  tandis  que  les  apAtres  annonçaient 
ainsi  l'avenir,  les  prêtres  des  Perses,  qui 
étaient  avec  l'armée,  s'écrièrent  devant  tout 
le  monde  :  «  Quoi  !  nos  dieux  sont  couverts 
d'étoffes  de  pourpre,  ornés  d'or  et  de  pier- 
res  précieuses  ;  on  leur  présente  des  victi- 
mes décorées  de  tissus  de  soie  et  de  pourpre, 
et  «ou  leur  iait  hommage  de  toute  la  pompe 
de  Tempire  de  Babylone,  et  lorsqu'ils  nou.< 
cotomaniquent  des  oracles  émanant  de  leur 
divinité,  ils  mentiraient  I  Et  ces  borumes 
en  haillons,  dont  l'aspect  révèle  la  mi^ère, 
osent  s'attribuer, à  eux-mêmes  un  pouvoir 
aussi  grand  I  On  commet  déjà  un  tort  rien 
qu'en  prenant  la  peine  de  les  regarder.  Et 
comment  ne  les  punis-tu  pas,  général,  d'a- 
voir blasphémé  nos  dieux?»  Le  général  dit  : 
«  Il  est  digne  d'attention  que  des  étrangers, 
pauvres  et  inconnus  annoncent  ainsi  clai 
rement  ce  qui  est  contraire  au  témoignage 
de  nos  dieux.  »  Les  prêtres  dirent  :  «  Fais- 
les  garder,  afin  qu'ils  ne  prennent  pas  la 
fuite.  »  Le  général  répondit  :  ^  Je  ne  me 
bornerai  pas  a  les  faire  garder,  mais  je  vous 
mettrai  aussi  sous  bonne  garde  jusqu'à  de* 
main  malin,  afin  que  l'événement  montre 
si  votre  témoignage  est  véritable.  Et  alors 
on  pourra  juger  quel  est  celui  qui  mérite 
d'être  condamné.  » 

CHAPITRE  V. 

Et  le  lendemain  matin,  suivant  ce  qu'a- 
vaient annoncé  les  apAtres,  les  envoyés 
qui  avaient  été  expédiés  au-devant  de  1  ar- 
mée, revinrent  en  grande  hête  sur  des  dro- 
madaires, et  ils  annoncèrent  que  tout  était 
ainsi  que  les  apAtres  l'avaient  prédit.  Alors 
le  général  fut  rempli  de  colère,  et  il  or- 
donna d'élevf  r  un  bûcher,  afin  de  punir  par 
la  peine  du  feu  ses  prêtres  et  tous  ceux  qui 
s'étaient  opposés  aux  apAtres. 

Mais  les  apAtres  se  jetèrent  aux  pieds  du 
général,  et  dirent  :  «  Nous  te  supplions.  Sei- 
gneur, de  ne  pas  faire  que  nous  soyons  la 


w 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRTraES. 


%\M 


nas  leur  perte,  étends  aussi  les  mains  sur  les 
enchanteurs  Zaroes  et  Arfaxat.  Protège  tes 
serviteurs  qui  promettent  de  renoncer  à  tout 
cuUe  des  idoles;  rends  les  fermes  et  cons- 
tants, et  fais  qu'ils  résistent  toujours  avec 
énergie  è leurs  adversaires,  afin  que  tous  re- 
connaissent que  toi  seul  es  le  toutpuissant 
et  que  tu  règnes  depuis  Téteraité  jusqu'à  Té- 
ternité.  » 

Et  après  que  les  assistants  eurent  répon- 
du :  Amen,  leurs  fronts  furent  munis  du  si- 
gne de  la  croix,  et  ils  sortirent,  et  ils  allè- 
rent avec  le  général  auprès  du  roi,  et  peu 
de  temps  après,  les  enchanteurs  survinrent, 
et  ils  essayèrent  de  faire  ce  qu'ils  avaient 
précédemment  accompli,  et  ils  ne  purent 
d'aucune  façon  y  réussir.  Alors  un  des, 
hommes  que  le  roi  avait  réunis,  et  qui  se 
nommait  Zébeus,  parla  ainsi  : 

«  Ecoute,  seigneur  et  roi,  ces  misérables 
doivent  être  expulsés  de  ton  royaume  qu'ils 
souillent,  et  chassés  au  loin,  de  peur  qu'ils 
n'engendrent  une  pourriture  universelle,  car 
ils  ont  de  leur  côté  lange  qui  est  Tennemi 
de  la  race  humaine,  et  ils  trompent  les 
hommes  par  son  ministère,  afin  que  cet  ange 
ait  le  plus  grand  nombre  de  sujets  possible: 
car  il  a  pour  sujets  ceux  qui  ne  sont  pas  les 
sujets  du  Dieu  tout-puissant.  Ces  magiciens 
insistaient  pour  que  les  apôtres  saints  ado- 
rassent les  faux  dieux,  ce  qui  aurait  oflfensé 
leur  Dieu  et  -les  aurait  plus  facilement  fait 
succomber  aux  tentatives  de  leurs  adversai- 
res secondés  par  le  mauvais  ange.  Faisant 
sur  nos  fronts  avec  leurs  doigts  le  signe  de 
leur  Dieu,  ils  ont  dit:  t  Si  après  ce  signe  de 
Dieu,  les  artifices  de  ces  magiciens  l'empor- 
tent, sachez  que  tout  ce  que  nous  avons  en- 
seigné n'est  que  mensonge.  »  Nous  sommes 
donc  ici  réunis  au  nom  au  Dieu  tout-puis- 
sant, et  nous  résistons  aux  magiciens  que 
BOUS  bravons  ;  qu'ils  fassent  aujourd'hui»  s  ils 
te  peuvent,  ce  qu'ils  ont  fiit  hier.  » 

CHAPITRE  X. 

Et  quand  les  enchanteurs  virent  ces  choses, 
ils  furent  irrités  et  ils  firent  venir  une  mul- 
titude de  serpents.  Et  ceux  qui  étaient  là 
furent  effravés^  et  ils  poussèrent  des  cris 
pour  que  le  roi  appelât  les  apôtres.  Des 
envoyés  eurent  Tordre  d'aller  les  chercher,  et 
les  apôtres  vinrent  bientôt.  Et  ramassant  ces 
serpents  dans  leurs  manteaux,  ils  les  diri- 
gèrent contre  les  magiciens,  disant:  «  Au 
nom  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ»  vous 
ne  mourrez  pas,  mais,  tourmentés  par  les 
morsures  de  ces  reptiles,  vous  pousserez  des 
cris  de  douleur.»  Et  aussitôt  les  serpents  se 
mirent  à  dévorer  les  chairs,  des  magiciens, 
qui  hurlaient  comme  des  loups.  Le  roi  et 
tous  tes  assistants,  voyant  ces  choses, 
dirent  aux  apôtres  :  <t  Permettez  que  ces  ma- 
giciens meurent.  »  Mais  ils  répondirent: 
«  Nous  avons  été  envoyés  de  Dieu  pour  rap- 
peler tous  les  hommes  de  la  mort  à  la  vie, 
et  non  pour  les  précipiter  de  la  vie  dans  la 

(1099)  Prov.  xxvi,  %J. 


mort.  )»  Et  les  apôtres,  s*étant  mis  en  pn«rf% 
dirent  aux  serpents  :  «  An  nom  de  lésos* 
Christ,  retournez  aux  lieux  que  ▼ousbabitez, 
et  emportez  avec  vous  tout  le  |>otsoQ  qoe 
vous  avez  répandu  en  ces  magiciens.  ^  Et 
les  magiciens  éprouvèrent  de  nouvelles  doo* 
leurs,  lorsque  les  serpents  renouvelèrHtt 
leurs  morsures  et  sucèrent  le  saog  afan  d* ea 
retirer  leur  venin. 

Les  serpents  s'étant  retirés,  les  apôtres 
dirent  aux  magiciens  :  i  Ecoutez,  impies,  ii 
parole  de  l'Ecriture  sainte  qui  dit  :  «  Celoî 
qui  prépare  une  fosse  pour  son  voisin,? 
tombera  le  premier  (1009).  »  Vous  nousaf/z 
préparé  la  mort,  et  nous,  nous  avons  pré 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ  de  vous  délivrer 
de  la  mort  présente.  Pendant  bien  des  an* 
nées,  vous  auriez  pu  subir  le  toarmeot 
d'être  mordu  par  ces  serpents,  et  voici  qu'an 
bout  de  trois  jours,  nos  prières  font  que 
vous  recouvrerez  la  santé.  Peut-être  que  si 
vous  renoncez  è  votre  impiété,  vouspourrex 
reconnaître  la  vérité  de  Dieu  s'exerçant  sur 
vous,  liais  nous  permettons  que  vous  restiez 
trois  jours  livrés  à  ces  souffrances,  afinqae 
vous  vous  repentiez  de  vos  fautes.  » 

CHAPITRE  Kl. 

Les  apôtres  ayant  parlé  de  la  sorte,  les 
magiciens  furent  portés  dans  leur  maison, 
et  ils  ne  purent  durant  trois  jours,  ni  preo- 
dre  de  la  nourriture,  ni  avaler  aucune  bois- 
son, et  ils  ne  firent  que  crier  sans  relâche  a 
cause  des  douleurs  intolérables  qu'ils  éprou- 
vaient. Et  leurs  souffrances  étant  venues  au 
point  qu'ils  étaient  au  moment  d'expirer,  les 
apôtres  s'approchèrent  d'eux  etdirent  :  i  Dieu 

ne  veut  pas  qu'on  soit  contraint  à  le  senir; 
levez-vous  donc  guéris,  avant  la  liberté  d« 
vous  convertir  du  mal  au  bien  et  de  quitter 
les  ténèbres  pour  aller  à  la  lumière.  «*  M.>is 
ils  persistèrent  dans  leur  perfidie,  et  de 
même  qu'ils  avaient  fui  devant  J'apdirc 
Matthieu,  ils  s'enfuirent  devant  les  deui 
autres  apôtres,  s'adressent  aux  adorateurs 
des  idoles  répandus  dans  tout  le  j>aj$des 
Perses,  et  s'efforçant  d'exciter  des  inimitiés 
contre  les  apôtres,  et  ils  disaient  :  <  Voici 
que  les  ennemis  de  nos  dieux  viennent  yers 
vous.  Si  vous  voulez  c|ue  vos  dieux  vous 
soient  propices,  contraignez  ces  hommes  à 
offrir  (les  sacrifices,  et,  s'ils  sy  refusent, 
tuez-les.  » 

CHAPITRE  XH. 

Tandis  que  les  magiciens  Zaroes  et  Arfaxai 
agissaient  ainsi  en  Perse,  les  bienbeureui 
Simon  et  Jude  restaient  à  Babylone  (i'^pfé^ 
l'invitation  du  roi  et  du  général,  faisant 
chaque  jour  de  grands  miracles,  rendant  U 
vue  aux  aveugles,  l'ouïe  aux  sourds,  re<ire>' 
sant  les  boiteux,  purifiant  les  lépreut  H 
chassant  du  corps  des  possédés  les  déuooi 
de  toute  sorte.  Ils  avaient  aveceux  beaucoup 
de  disciples,  parmi  lesquels  ils  ordonoaie^i 
dans  les  villes,  des  prêtres,  et  des  diacres  * 
des  clercs,  et  ilsfondeûent  beaucoup  d'ét(it^ 


919 


SIM 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


SIM 


«»V; 


Il  advint  un  jour  qu'un  des  diacres  fut  accusé 
de  crime  d'inceste.  Car  il  était  voisin  de  la 
6IIe  d'un  satrape,  homme  très-riche,  et 
celle-«iayantperdusavirginité,étaitprèsd*ac" 
coDcher  et  dans  un  grand  péril.  Et,  inter- 
rogée par  ses  parents,  elle  accusa  Thomme  de 
Dieu,  le  saint  et  chaste  diacre  Euphrosynus. 
Les  pjarents  le  menaçaient  de  tirer  vengeance 
de  lai,  et  les  apôtres  apprenant  cela  allèrent 
les  trouver.  Et  quand  les  parents  aperçu- 
rent les  apôtres,  ils  se  mirent  è  crier  et  à 
emmener  lediacre,disantqu*ilétaitcoupable. 
Alors  les  apôtresdirent:  «A  quelle  heure  est 
né  Penfant?  »  Et  les  parents  répondirent  : 
«  Aujourd'hui,  à  la  première  heure  du  jour.» 
Les  apôtres  dirent  :  «  Amenez  cet  enfant 
ainsi  que  le  diacre  que  yous  accusez.  »  Et 
quand  ce  fut  fait,  les  apôtres  dirent  à  Ten- 
fant  :  «  Au  nom  de  Jésus-Christ,  Notre-Sei- 
gneur,  parle  et  dis-nous  si  ce  diacre  a 
commis  cette  iniquité.  »  Et  Tenfant  répondit 
d'une  voix  ferme  :  «  Ce  diacre  est  un  homme 
saint  et  chaste,  et  il  n'a  jamais  souillé  sa 
chair.»  Les  parents  pressaient  les  apôtres  de 
demander  à  Tenfant  quel  était  le  coupable, 
mais  ils  dirent  :«  11  convientque  nousfassions 
rendre  justice  aux  innocents:  mais  nous  ne 
devons  pas  faire  connaître  les  coupables.  » 

CHAPITRE  XIII. 

Tandis  que  les  apôtres  du  Seigneur  fai- 
saient ces  choses  à  Babylone,  il  advint  que 
deux  tigres  très-féroces,  qui  étaient  enfermés 
dans  des  fosses,  recouvrèrent  par  hasard  leur 
liberté  et  prirent  la  fuite,  dévorant  toutes 
les  personnes  qui  se  trouvaient  sur  leur 
chemin.   Et  tout  le  peuple  consterné  se 
réfugia  auprès  des  apôtres   de  Dieu.  Les 
apôtres,  invoquant  le  nom  du  Seigneur  Je- 
sus-Chnst,leur  ordonnèrent  delessuivredans 
la  maison  où  ils  demeuraient,  etilsy  séjour- 
nèrent trois  jours.  Et  les  apôtres,  réunissant 
toute  1a  foule  du  peuple,  dirent  :  «Ecoutez, 
vous  tous,  fils  des  hommes  qui  êtes  faits  à 
l'imase  de  Dieu,  et  auxquels  Dieu  a  donné 
rinlelligence,  la  mémoire  et  la  raison,  con- 
sidérez ces  hôtes  féroces  qui  n'avaient  jamais, 
été  domptées,  et  qui,  aérant  entendu  le  nom 
du  Seigneur  Jésus-Christ,  se  sont  changées 
«D  agneaux,  tandis  que  les  hommes,  persis- 
tant dans  leur  obstination,  ne  comprennent 
pas  que  ces  images  d*or  et  d'argent  qu'ils 
ont  fondues,  ou  qui  ont  été  faites  en  taillant 
de  la  pierre  ou  du  bois,  au  gré  de  l'ouvrier, 
ne  sont  pas  des  dieux.  Ces  tigres  seront  pour 
vous  un  témoignage  que  ^e  djeu  que  nous 
prêchons  est  le  vrai  Dieu,  et  ils  vous  aver- 
tiront de  ne  point  adorer  un  autre  dieu  que 
Jésus-Christ,  Notre-Seigneur,  au  nom  duquel 
ces  animaux  sont  devenus  doux  comme  des 

moutons,  et  demain  matin,  ils  retourneront 

(1010)  Personnage  imarinaîre.  Il  a  été  question 
<lans  {Histoire  de  laînl  Jean ,  c.  14 ,  d'un  autre 
CratOQ,  philosophe  à  Ephèse. 

(loti)  Citons  ici  un  passage  de  Bède  {RetractaL 
in  Aetorum.^  c.  1)  :  c  oimonêm  Zelotem  et  Judam 
Jacobi  refenint  btstorîA  în  quibus  apostoiorum  pas- 
liones  continentur,  et  a  plurimis  deputanlur  apo-^ 
^fPhis,  pnedicasse  in  Perside,  U)iqae  a  teoiplorum 


dans  les  fosses  qui  leur  servaient  de  séjour.  . 
Quant  à  nous,  reprenant  notre  route,  nous 
allons  parcourir  d'autres  provinces  et  d'au- 

Ïays,  afin  que  l'Evangile  de  Notre-Seigneur 
ésus-Christ  soit  prêché  partout,  p 
Et  le  peuple,  entendant  les  saints  apôtres 
parler  ainsi,  pleurait,  et  les  priait  de  ne  pas 
s'éloigner.  El  touchés  de  leurs  prières,  les 
bienheureux  apôtres  Simon  et  Jude  restèrent 
encore  un  an  et  trois  mois  dans  la  Perse.  Et 
pendant  cette  période,  plus  de  soixante  mille 
hommes  furent  baptisés,  sans  compter  les 
petits  enfants  et  Tes  femmes;  le  roi  lui- 
même  fut  baptisé  le  premier  avec  tous  ses 
grands  officiers.  Et  tout  le  peuple  crut  en 
voyant  que  les  apôtres  guérissaient  d'un 
seul  mot  les  maladies,  rendaient  la  vue  aux 
aveugles  et  ressuscitaient  les  morts  au  nom 
du  SeigneurJésus-Christ,  et  il  détruisit  les 
temples  et  éleva  des  églises. 

CHAPITRE  XIV. 

Les  apôtres  ordonnèrent  dans  la  ville  de 
Babylone,  un  évoque  nommé  Abdias,  qui 
était  venu  avec  eux  de  la  Judée  et  qui  avait 
vu  le  Seigneur  de  ses  yeux,  et  la  ville  fut 
remplie  d^églises.  Et  toulétanl  régulièrement 
ordonné,  les  apôtres  quittèrent  la  Perse,  et  ua 
très-grand  nombre  de  disciples  les  suivait. 
Ils  parcoururent  douze  provincesde la  Perse, 
et  un  long  récit  des  villes  qu'ils  visilèrenl 
et  des  choses  qu'ils  firent  a  été  écrit  par 
Craton,  disciple  de  ces  apôtres  (1010);  cette 
histoire  divisée  en  dix  livres,  a  étélraduiteen 
langue  latine  par  l'historiographe  Africanus, 
et  ceux-là  devront  la  lire,  qui  voudront 
savoir  quels  pays  parcoururent  les  apôtres 
Simon  et  Jucle,  et  de  quelle  manière  ils  sor- 
tirent de  ce  monde  ;  nous  nous  bornerons  h 
en  extraire  peu  de  chose.  Les  magiciens 
Zaroes  et  Arfaxat,  commettant  beaucoup  de 
crimes  dans  les  villes  de  la  Perse,  et  se  don- 
nant comme  étant  de  la  race  des  dieux, 
étaient  enfin  retirés  dans  une  certaine  ville, 
lorsqu'ils  apprirent  que  les  apôtres  s'en 
approchaient.  Partout  où  allaient  les  apôtres 
ils  découvraient  les  crimes  de  ces  malfai- 
teurs» et  ils  montraient  que  leur  doctrine 
avait  été  inspirée  par  l'ennemi  du  genre 
humain.  Il  y  avait  dans  la  ville  de  Suanir 
(1011),  soixante-dix  temples  dont  les  prêtres 
recevaient  chacun  une  livre  d'or  chaque  fois 
que  Ton  célébrait  la  fêle  du  Soleil,  ce  qui 
revenait  quatre  fois  par  an,  une  fois  au  com- 
mencement de  chaque  saison.  Et  les  magi- 
ciens excitèrent  ces  prêtres  contre  Tes 
apôtres  de  Dieu,  en  disant  :  «  Deux  Hébreux 
viendront  ici,  ils  sont  les  ennemis  de  tous 
les  dieux.  Lorsqu'ils  se  mettront  è  dire  qu'il 
faut  adorer  un  autre  dieu,  vous  serez  dé- 
pouillés de  vos  propriétés  et  vous  deviens 

pontiflcibus  in  eiviute  Suanir  oecisos ,  gloriosuni 
«ubiisse  martyriuni.  Quibus  astipalalar  et  liber 
Martyroiogii  qui  B.  Hieronymi  nomine  ac  praeu- 
tione  attituUtur,  qaamvis  idem  Hieronyrous  illiua 
libri  non  auctor  sed  iuterpres  Eusebius  autem  au- 
clor  exslilisse  iiarretur.  i  Les  écrivains  de  ranti<'> 
quilé  ne  parlent  point  de  ceue  ville  do  Suanir*. 


Ml 


DICTH^NAIRE  DES  APOCRYPHES. 


n 


drez  un  objet  de  mépris  pour  le  peuple. 
Parlez  donc  au  peuple  pour  quMI  force  ces 
étrangers  à  sacnfier  avant  quMIs  n'entrent 
dans  fa  ville.  S'ils  y  consentent,  ils  resteront 
en  paix  avec  vos  dieux.  S'ils  refusent  desa- 
crifieri  sachez  qu'ils  sont  venus  pour  votre 
ruine  et  pour  vous  apporter  la  misère  et  la 
Uiort.  % 

CHAPITRE  XV. 

El  il  arrira  ensuite  qu'après  avoir  traversé 
toutes  les  provinces,  ils  parvinrent  à  une 
grande  ville,  nommée  Suanir.  Et  lorsqu'ils 
y  furent  entrés,  ils  habitèrent  chez  un  de 
leurs  disciples,  établi  dans  cette  ville,  nommé 
Sennes,  et  voici  que  vers  la  première  heure 
tous  les  prêtres,  avec  un  t)euple  innombra- 
ble, se  rendirent  à  la  maison  de  Sennes  f*n 
eriant  (1012)  :  «  Livre-nous  les  ennemis  de 
nos  dieux.  Si  vous  ne  sacrifiez  pas  à  nos 
dieux,  nous  les  brûlerons  avec  toi  et  avec  ta 
liaison.  »  Et  les  apôtres  de  Dieu  furent  saisis 
})arlafouleet  conduits  sans  retardautempledu 
Soleil.  Quand  ils  y  furent  entrés,  les  démons 
commencèrent  à  crier  :  «  Qu'y  a-t-il  entre 
vous  et  nous,  apdlres  du  Dieu  rivant?  De- 
puis votre  entrée,  nous  sommes  consumés 
par  des  flammes.  »  Et  ii  y  avait  dans  un 
temple  du  côté  de  l'orient  le  char  du  Soleil 
faiten argent  fondu,  et  dans  un  autre  temple 
l'image  de  ta  Lune.faiteaussi  en  argent  fondu 
et  ayant  également  un  attelage  de  quatre 
chovaux»  aussi  en  argent  fondu. 

CHAPITRE  XVL 

Et  les  prêtres  se  mirent  avec  le  peuple  à 
vouloir  faire  violence  aux  apôtres,  afin  qu'ils 
adorassent  ces  idoles.  Et  Jude  dit  à  Simon  : 
«  Mon  frère  Simon,  je  vois  mon  Seigneur 
J^us-Christ  qui  nous  appelle.  »  Et  Simon 
répondit  :  «  Il  y  a  longtemps  que  je  vois  le 
Seigneur  au  milieu  des  anges.  Car  l'ange  du 
Seigneur  m'a  dit  pendant  que  je  priais  :  «  Je 
vous  ferai  sortir  du  temple,  et  je  ferai  écrou- 
ler le  temple  sur  eux.  »  Et  j'ai  dit  :  «  Non, 
Seigneur,  que  cela  ne  soit  point;  peut-être 
y  en  a-t-il  parmi  eux  qui  se  convertiront  au 
Seigneur.»  Et  tandis  qu'ils  parlaient  ainsi 
entre  eux  en  langue  hébraïque,  l'ange  du 
Seigneur  leur  apparut,  dii^ant  :  <«  Rassurez- 
vous  et  choisissez  une  de  ces  deux  choses, 
ou  la  mort  immédiate  de  tous  ces  hommes, 
ou  pour  vous  la  palme  du  martyre,  avec  la 
confiance  d'un  bon  combat,  j»  Et  les  apôtres 
répondirent  :  <i  II  faut  implorer  la  miséri- 
corde de  Notre-Seigueur  Jésus-Christ,  afin 
qu'il  pardonne  à  ce  peuple  et  qu'il  nous  as- 
siste pour  que  nous  puissions  parvenir  avec 
constance  a  la  couronne.  »  Et  les  apôtres 
étaient  les  seuls  qui  vissent  et  qui  enten- 
dissent l'anime,  et  les  prêtres  voulaient  les 
contraindre  à  adorer  l'image  du  Soleil  et  de 
la  Lune.  Et  les  apôtres  leur  dirent  :  «  Faites 

(1012-14)  Orderic  YiUl  l'appelle  Semnes.  Le  Hart  j- 
rolog«  romain  inscrit  au  50  juillet  le  nom  de  Sennes 
martyr  cbet  les  Perses. 

U<M.3)  Les  Grecs  célèbrent ,,  le  10  iuiii ,  le  roar- 


faire  silence  afin  que  tout  le  peuple  enteod« 
ce  que  nous  répondrons.  »  Et  le  sileoce 
s'étant  rétabli,  ils  dirent  :  «  Ecoutez  tous  et 
voyez;  nous  savons  que  le  soleil  csiresdaTe 
de  Dieu  et  q^ue  la  lune  est  de  même  soumis 
au  commandement  de  celui  qui  Ta  créée.  Et 
ces  astres  placés  dans  le  firmaoïent  ne  sont 
pas  adorés  dans  un  temple  sans  faire  outrage 
à  celui  auquel  les  cieux  obéissent  de  toute 
éternité.  Et  afin  que  vous  sachiez  que  ce» 
statues  sont  remplies  de  démons  et  non  par 
le  soleil,  je  donnerai  mes  ordres  au  démon 

aui  est  dans  la  statue  du  soleil,  et  mon  frère 
onnera  ses  ordres  &  l'autre  démon  qui  est 
dans  la  statue  de  la  lune  et  qui  se  joue  de 
vous,  et  nous  leur  ordonnerons  d'en  sortir 
et  de  les  briser.  »  Et  tout  le  peuple  étant 
dans  faltente  et  l'étonnement,  Simon  dit  a  la 
statue  du  Soleil  :  «Je  te  commande,  à  (ci, 
démon  détestable,  qui  abuses  ce  peuple,  de 
sortir  de  la  statue  du  Soleil  et  de  la  oriser, 
ainsi  que  son  char.  »  Et  lorsque  Jude  eut 
adresse  un  ordre  pareil  à  la  statue  de  la  Lune, 
tout  le  peuple  vit  deux  Ethiopiens  noirs, 
nus,  terribles  dévisage,  s'enfuir  en  poussant 
d'affreux  hurlements.  Alors  les  prêtres  et  le 
peuple  se  jetèrent  sur  les  apôtres  du  Christ 
et  les  massacrèrent  au  milieu  d*un  grand 
tumulte.  Et  les  apôtres  éprouvaient  one 
grande  joie  de  ce  que  Dieu,  par  sa  grâce,  les 
avait  jugés  dignes  de  souffrir  pour  le  nom 
du  Seigneur. 

CHAPITRE  XVII. 

Etiissouffrirentlejour  des  calendes  de  juil- 
let (1013-14).  Et  leur  hôte  Sennes,  qui  avait 
refusé  de  sacrifier  aux  idoles,  souffrit  avec 
eux.  Et,  à  l'heure  de  leur  martyre,  le  temps 
étant  très-serein,  la  foudre  vint  frapper  le 
temple,  le  fendant  depuis  le  sommet  du  toit 
jusqu'aux  derniers  fondements.  Et  les  deai 
magiciens  dont  nous  avons  parlé,  Zaroeset 
Arfaxat,  brûlés  par  la  foudre,  furent  réduits 
en  charbon.  Et  trois  mois  après,   le  roi 
Xerxès  envoya  des  ofliciers  dans  la  ville  de 
Suanir,  afin  qu'ils  confisquassent  les  biens 
des  prêtres  et  qu'ils  apportassent  les  corps 
des  saints  dans  sa  ville.  Et  il  comnaença  i  j 
faire  construire  une  basilique  è  huit  angles 
et  ayant  huit  cent  quatre-vingts  pieds  de 
tour,  et  elle  fut  entièrement  construite  de 
marbre  orné  de  sculpture,  le  chœur  étant 
revêtu  de  lames  d'or.  Et  il  plaça  au  milieu 
un  sarcophage  octogone  d'argent  pur,  où 
furent  déposés  les  corps  des  saints  apôtres, 
et  cet  édifice  fut  construit  durant  trois  an* 
nées  consécutives,  et  il  fut  terminé  le  jour 
anniversaire  de  la  naissance  des  apôtres  et 
consacré  le  jour  de  leur  couronnement,  aus 
calendes  de  juillet.  Et  de  grandes  grâces 
sont   accordées    à  ceux   qui,    croyant  au 
Seigneur  Jésus-Christ»  ont  mérité  de  parve- 
nir en  ce  lieu. 

tyre  de  Jude,  et,  le  19,  cela!  de  Simon.  Bède, 
Usuard,  Adon  et  le  Martyrologe  romain  discoiqae 
leg  deux  apôtres  souiErirent  daas  U  Perte  *4  tt 
octobreii 


«s 


soa 


PARTi  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


80R 


9SI 


Le  récit  d*Abdias  a  serti  de  base  au  cha- 
pitre que  Jacques  de  Voragine  a  consacré 
dans  sa  Légende  dorée  h  saint  Simon  et  à 
saint  Jude.  {Voy.  le  Dictionnaire  de$  légendee 
du  ehristianiemej  Higne,  1855,  col.  1151^.) 
Selon  son  habitude,  il  a  notablement  abrégé 
récrit  qu'il  prenait  pour  guide. 

C  est  également  dans  V Histoire  apoetolique 
que  Mantouan  a  pris  les  récits  qu'il  déve- 
loppe dans  ses  Fasti  sacri  ;  en  voici  un  ex- 
trait : 

Moi  ubi  conjanctîs  in  Perstde  gressibus  ambo 
Pervenere  lares  qui  per  simutacra  lalebant, 
Prolinus  amîssi  tenuere  stlentia  voce. 
Tune  liidos  Persasque  gravis  discordia  in  arma 
Miserai,  instabatque  dies  saevi  aspera  Mariis; 
Dqx  super  eventn  belU  dura  consulit  aras 
Et  simulacrft  ;  lares  trepidi  responsa  negarant, 
Saiicloruin  imperio  Undetn  Ventura  eoacti 
Pandere,  si  seirent  iiimium  cruiiele  fuiarutn, 
Kicidium  cecinere  hominum,  piignamqiie  cruetitam  ; 
Tùm  gemini  fratres  nugas  risere  deoruro  ; 
Au|ue  dyci  :  c  Ne  prsebe  aures,  dixere,  iiefandis 
Iil;iiiibu8;  h«ud  dubiuni  tibi  cras  roralus  ab  liidis 
Pacilieae  véniel  porlans  ramalia  palmse.  i 
Altéra  lux  aderat  ;  veiiii  legatus  ab  hidis 
Pacem  crans,  paceoiqne  ferens  in  Perside  totam. 
Impia  sticcessa  boc  mens  indignnla  magorum, 
Sic  se  posse  putaiis  sanctis  iiiiponere  coram 
Rege  ipso  lulit  in  niedtttrn  genus  omue  veneni  ; 
Oipsadas  et  jaculos  celeres,  hydrosque,  nepasque 
Natrices,  eolubros  et  caetera  quae  per  eremuni 
Solibus  areniein  virosa  aniaialia  serpuni. 
Al  gemini  fratres  pecus  boc  in  membra  magorum 
Gouferiere,  diu  lorlos  sauieque  fluenies 


Pesiifera  mtseraii  bomines  pepnlere  eolubros 
Jn  déserta,  procul  nulHs  babliala  colonts« 
IJl  premerent  rixas,  incerto  semine  nalum 
Infantem  qua  luce  parens  produxeral  illum 
Ad  populumr  fecere  loqui  ;  nec  proditiis  auctor 
Ejus  adullerii,  sed  Talso  crimine  functus 
Reddere  atiem  volait  mendax  infamia  sontem» 
Urbs  ea  clalbrato  clausas  in  carcere  tigres 
Forte  habuit,  quae  lune  adilum  prebenle  Megera 
Exierant,  et  jain  strages  asperrima  passim 
Edila  per  turbas  loiam  tremefecerat  urbem*. 
Hoc  ubi  noveruiit  fratres  crudelia  motislra 
In  naiuram  ovîum  initem  vertere  precando, 
Atque  inde  assuetum  subito  exstiuxere  furorem. 
Pest  varios  casus,  et  posl  miracula  tandem 
Plurima  digressus,  alias  traduxit  ad  oras 
Spiritus  ille  polens  bomines  impellere  quo  vult, 
Ob«ervala  illic  qua  toius  ad  orgia  luce 
Confluerel  populus  lemplum  subiere,  palamque 
Ex  slatuift  jussere  deos  prodire  latentes 
Et  latebras  aperire  suas,  ac  frangere  saxa. 
Ecce  duo  visi  subito  volitare  per  auras 
iEihiopes,  suaque  horrisono  simulacra  fragore 
Sternere  linmi  penimsqae  suas  lacerare  ravernas . 
Protkius  boc  t-mto  pU*bs  exanlmala  tumultu 
Pcrnlci  dat  terga  tugiu.  Tum  loia  repente 
Turba  sacerdoluin  sanclos  invasil,  et  ariiiis 
Oppressere  viros,  simulacrorumque  ruinis 
Conirivere,  deos  animis  furialibus  ulii. 
Nec  ntora  ;  cœpenmt  nuigire  tonitrua  cœlo 
Nigrescente,  micant  subitis  ardoribus  aurae 
Fniniinaque  in  templi  uioiem  contorta  superbam 
Dissolvunt  conquassaiis  laquearia  tectis  ; 
Ecce  ruit  subiimis  apex;  luxau  sequuntur 
Marmora  cum  strepiiu  ingenti  ;  sublaius  m  auram 
Pulvis  il,  et  lemplum  in  parles  est  qualluor  actuui  ; 
Sic  ubi  iraxerunt  ad  Christum  Persida  tolam, 
Migra vere  aaimx  fratrum  super  œibera  sanctae. 


SIMONIENS. 

[Evangile  de$  Simoniens."^ 

Ilenestfait  mention  dans  la  Préface  arabe  mundi  appellarunt.  {ConciL^  edit.  Labbe» 

du  Concile  de  Nicée.  t.  Il,  p.  386.) 

Sibi  aufem  perfidi  i$ti  Simonistœ  Evange^  On  manque  d'ailleurs  de  renseignements 

{tum  effinxerunt  quod  in  quatuor  tomos  se-  à  son  égard* 
cantet  ÏU)rum  quatuor  angulorum  et  cardinum 


SOPHONÏE. 


Clément  d'Alexandrie  {Stromat.^  lib.  y) 
cite  un  passage  de  ce  prophète,  lequel  ne  se 
trouve  point  dans  les  Ecritures  canoniques  : 
«Et  l'esprit  m'enleva  et  me  porta  au  cin- 
quième ciel,  et  je  contemplais  les  anges  qui 
sont  appelés  les  seigneurs,  et  leur  diadème 
était  posé  dans  rfisprit-Saint,  et  le  siège  de 
chacun  d'eux  était  sept  fois  plus  éclatant  que 
le  soleil  à  son  lever;  ils  habitaient  dans  le 
temple  du  salut  et  ils  louaient  Dieu  ineffable 
et  très-haut.  » 


On  pense  que  ce  passage  est  emprunté  à 
la  prophétie  apocryphe  ou  à  Y  Apocalypse  de 
Sophonie  qui  est  indiquée  comme  composée 
de  600  vers  dans  le  canon  de  Nicéphore.  La 
citation  que  nous  venons  dé  transcrire  a  été 
rapprochée  de  quelques  expressions  de  saint 
Paul  et  notamment  de  celle-ci  :  Le  mystère 
qui  avait  été  caché  dans  tous  lès  siècles  et  danê 
tous  les  temps  et  que  Dieu  a  maintenant  ma^ 
nifesté  à  ses  saints,  {CoL  i,  S6.) 


SORTS  DES  APOTRES  ET  DES  PROPHETES. 


Livre  de  divination,  fabriqué  par  quelque 
imposteur  dont  le  nom  est  ignoré.  Pierre  de 
Bloisen  fait  mention  dans  son  traité  De  pra^ 


stigiis  fortunœ.  {Bibliotheca  Patrum^  édil.  àfk 
Lyon,  t.  XXIV,  p.  4268.) 


955 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


» 


T 


TATIEN. 


Les  travaux  de  cet  apologiste  de  la  reli- 
gion au  sujet  du  texte  des  Evansiles  ont 
préoccupé  la  critique  moderne  (1015);  ils 
doivent  nous  arrêter  un  instant. 

Théodoret  (Hœret.  fab.^U  i,  c.  20),  dit  que 
Tatien  supprimait  les  généalogies  et  tout  ce 
qui  prouvait  que  Jésus-Christ  était  né  de  la 
race  de  David  selon  la  chair;  il  ajoute  que 
plusieurs  Catholiques  se  servaient  de  rE- 
vangile  de  Tatien,  parce  au*il  était  plus 
court  que  les  quatre  ensemble  et  qu'il  abré- 
geait le  chemin  de  Tétude.  Il  rapporte  qu'il 
en  avait  trouvé  jusqu'à  deux  cents  exem- 
plaires dans  les  mains  des  Qdèles  et  qu'il  les 
avait  retirés*  y  substituant  les  quatre  Evan- 
giles canoniques  (1016).  V Harmonie  ou  Evan- 
gile qu'on  lit  dans  les  Ôrthodoxographa^^Xe^ 
1559,  in-folio  (1017),  et  qui  porte  le  nom  de 
Tatien,  n'est  point  l'œuvre  de  cet  hérétique, 
car  on  y  trouve  au  chapitre  v  les  généalo- 
gies de  Jésus-Christ,  c'est  Y  Harmonie  à!  Km^ 
monius  d'Alexandrie. 

D'après  saint  Epi phane  (hœres.  46),  TE- 
vangiledes  encratites  ou  de  Talien,  serait  au 
fond  le  même  que  celui  des  Hébreux  (1018), 
mais,  ainsi  que  le  remarque Fabricius  (1019), 
il  y  a  là  quelque  confusion,  car  l'Evan- 
gile selon  les  Hébreux  ou  les  Nazaréens, 
cité  par  Hégésîppe,  par  saint  Papias  et  au- 
tres écrivains  d  une  haute  antiquité,  était  an- 
térieur à  Tatien. 

Quant  au  travail  qui  est  parvenu  jusqu'à 
nous  sous  le  nom  de  Tatien,  on  en  connaît 
une  traduction  fort  ancienne  en  langue  théo- 
tisque,  ou  vieil  allemand,  que  J.  Schilter  a 
publiée  d'après  deux  manuscrits  dans  sou 
Thésaurus  antiquitatum  Teulonicarum  (Ulm, 
1717,  in-folio,  t.  II,  p.  1) ,  en  y  joignant  une 
ancienne  version,  dans  le  même  idiome,  du 

(1015)  Indiquons  entre  autres  auteurs  qui  ont 
traité  ce  sujet:  Zahn,  Hi$l.  crii.^  Einteilung  in 
Taiiens  Ettangelienharmonie  ;  dans  le^  Analecten  de 
Kcil ,  t.  Il ,  p.  65  ;  H.-A.  Daniel ,  Talian  der  Apolo- 
aetik.  Halle,  1857,  in-S»;  Le  Nourry,  Diêterlatio  de 
Tatiano  (dans  Tédition  de  Tatien  donnée  par  Wortb, 
Oxfor  t,  1700,  In  8%  p.  i61«i09,  et  dans  VApparatus 
ad  Dibliothecam  Patrum ,  1. 1 ,  p.  522  ;  Cave ,  Hist, 
Uuer.  êcript.  eccUmiasi..  t.  I,  p.  75;  Dupin,  Bihlio^ 
thèque  de$  auteurs  eceUiiaêiiques,  t.  I,  p.  62  ;  Tille- 
mont,  Mimoiret,  t.  Il,  p.  ilO;  Ceillier,  Hiêtoire  det 
auteurs  sacrés,  t.  Il,  p.  123;  Oudin,  Comment,  de 
seri,)toribus  ecclesiasiieis  ^  t.  1,  p.  210;  Brucker, 
Hisioria  crilka  philosophiœ^  t.  111,  p.  378  ;  Walcb, 
Bibiiotheca  iheologica^  t.  IV,  p.  865,  et  Danz,  Wôf' 
lerbuch  der  theoL  iiteratur^  p.  367. 

11  vient  de  paraître,  à  Breslau,  un  travail  de  G.-A. 
Semisch  :  Tatiani  Diatessaron  :  Antiquissimum  Novi 
Testamenti  Evangeliorum  in  unum  digestorum  spect" 
men, 

(1016)  Hic  (TaiianuM)  Evangeliam  qood  Diates- 
saron  dicitar  composuit ,  amputatis  geneaVogils  et 
aliis  omnibus  qux  Dominum  ex  semine  David  se- 
candum  carnem  naturo  ostendunt.  Eoque  usi  sunt 
lion  modo  qui  ejus  erant  sectx,  sed  ii  etiam  qui 
apostolica  dogmata  sequebantur,  compositionîs 
fraudcm  non  cognoscentes,  sed  simplictos  tanquam 
cowpcndiarlo  lioro  uteutes.  Nactus  sum  etiam  ipso 


dialogne  de  Jésus-Christ  avec  la  Saman- 
taine. 

Le  travail  de  Tatien  reçut  le  nom  de  Dia- 
tessaron.  Un  auteur  syriaque,  Bar-Salibi,clté 
par  Assémani  (Bibiiotheca  orienialis ,  t.  H, 
p.  157,  dit  que  le  Diatessaron  de  Tatien  com* 
mençait  par  le  premier  mot  du  premier  cha- 
pitre de  V Evangile  de  saini  Jean^  mais 
comme  cet  auteur,  ainsi  que  tous  ceux  d'une 
antiquité  peu  reculée,  avait  sous  les  yeai  le 
travail  attribué  à  Tatien,  et  non  celui  qu'il 
avait  réellement  composé,  cette  assertion  oe 
doit  pas  arrêter. 

Victor  de  Capoue,  qui  vivait  au  vi'  siècle, 
s'exprime  de  son  côte  dans  les  termes  sui- 
vants : 

Ex  hisioria  quoyue  ejus  (Eusibii)  eompen, 
quod  TatianuSf  vir  eruditissimus  et  orator 
tllius  temporis  clarissimus^  unum  ex  quatuor 
compaginaverit  Evangelium  cui  titulum  Dia- 
tessaron imposait^  hcet  profanis  implieitut 
erroribus^  non  inutile  tamen  exhibens  studio' 
sis  exemplum^hoc  Evangelium  %st  mihiride* 
tur^  solerti  compaginatione  disposuit.  Et  fur- 
sitan  adhuc  beati  Justini  aahœrens  laten, 
illius  eruditionis  merito  hoc  opus  ejpli' 
cuit.  Abitror  enim  propterea  non  Ammonii 
sed  hujus  esse  editionem  memorati  ro/umi- 
nis  quod  Ammonius  Matthœi  fertur  relation 
evangelistorum  reliquorum  relationem  disctî* 
tos  annexuisse  sermones»  Hic  vero  5.  Lues 
principia  sunt  assumpta,  lieet  ex  maxima 
parte  Ëvangelio  S.  Matthœi  reliquorum  triu» 
aida  conjunxerit  ^  ut  jure  ambigi  pos$il, 
uirum  Ammonii  an  Tatiani  inventio  ejuidem 
operis  debeat  œstimari. 

Ce  passage  a  exercé  les  critiques  ;  Zalm 
(dans les  Analeetende  Keil  et  Tzcnirner.  t.U, 
p.  202);  lltig  {De  hœresiarch.  eevi  apostolici, 

libres  ducentos  în  honore  babitos  in  Ecclesiii  oo- 
stris  quos  omnes  in  unum  congesios  seposui,  et  pra 
liis  quatuor  evangelistanim  Ëvangelia  introdaiî. 
{Hœretie.  fabuL^  lib.  1,  c.  20.) 

(1017)  On  la  trouve  aussi  (fans  uo  autre  recoHI 
publié  également  à  Bàleen  1559,  In-folio.  {M^nu- 
menta  Patrum  orthodoxographoram  ^  p.  659-7^K 
ainsi  que  dans  la  Bibiiotheca  Patrum^  L  Yll,  p.  ^* 
édition  de  Paris.  1644;  1. 11,  part,  n,  p.  205,  eJiL 
de  Lyon. 

(1018)  <  Ab  hoc  Excpatilarum  orta  sueeessto  e$i, 
quibus  venenum  illud  aspersum.  Feront  opus  'M 
quod  ex  quatuor  fivangeliis  contextum  est,  quel- 
que secundum  Hebrasos  nonnuUi  vocaot,  ab  co  cm« 
conscriptum.  • 

(1019)  Codex  aooeryph.  Nop.  Test.^  p»  54X.  C« 
savant  critique  s  exprime  ainsi  :  <  Forte  ferelli 
Epiphanlum  quod  in  utro<|ue  fcvangelio  (Gbiooiu- 
rum  et  Tatiani)  gcnealogias  resectas  esse  ob»f;- 
vasset.  Nisi  faiso  boc  affirmant  de  £vangeli« 
Ebionitanim  Epipbanius.  Non  video  enim  qacin  » 
finem  genealoglas  amputassent  qui  Cbrtstan  veros 
et  nudum  hominem  esse  volebant  ;  ut  autem  iit*  ^ 
babeanl,  difficile  enim  est  baereticorum  vetervoi  »ei- 
sus  rationibus  semper  aasequt ,  eene  Ebiooiuni« 
Evangelium  reetius  Epipbanius  dixisset  cam  f^ 
conveiiire  quod  a  nonnullîi  vo^atum  est  sccnniiA 
Ucbrxos.  f 


967 


TAT 


PART.  m.  -  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAT 


»5S 


Upsi»,  1703»  p.  t82)  ;  Casaubon,  Grotius, 
Voss»  liili,  et  aautres  encore  se  sont  effor- 
cés d'en  préciser  le  sens  et  la  portée.  Nous  ren- 
voyons a  la  dissertation  de  H.  Semiscb  les 
personnes  qui  désireraient  prendre  connais- 
sance de  ces  détails,  trop  minutieux  pour  que 
uous  leur  donnions  place  ici. 

Le  Diaiesiaron  fut  aussi  appelé  Diapenie 
parce  que  l'auteur  joignit  aux  quatre  Evan- 
giles canoniques  celui  des  Hébreux»  qui  avait 
alors  cours  et  autorité  en  Syrie  ;  saint  Epbreni 
composa  sur  le  travail  de  Tatien  un  com- 
mentaire signalé  par  Assémani  (Biblioth. 
orient, 1 1. 111,  part,  i,  p.  12);  les  manichéens 
firent  grand  usage  des  textes  arrangés  par 
Tatien;  nous  avons  déjà  fait  observer  qu'il 
avtfit  sur  divers  points  des  opinions  sembla- 
bles aux  leurs  et  qu'on  ne  trouvait  dans  son 
DiateBsaron^  ni  les  généalogies  de  Jésus- 
Christ,  ni  aucun  des  témoignage  par  les- 
quels il  paraît  que  le  Seigneur  est  sorti  de 
la  race  de  David  selon  la  chair. 

Ritter  (Histoire  de  la  philosophie  chré- 
tienne^ traduite  par  M.  TruTlard,  t.  1,  p.  2%), 
apprécie  Tatien,  mais  sans  parler  de  ses  tra- 
vaux sur  les  Evangiles;  il  observe  que  VA- 
f}ologie  trahit  une  façon  de  penser  qui  s*é- 
oigne  sur  des  points  essentiels  des  doctri- 
nes des  apologistes  qui  l'avaient  devancée; 
on  peut  y  trouver  les  germes  des  variations  de 
ses  sentiments  et  des  erreurs  que  son  auteur 
embrassa.  Cet  écrit  est  une  attaque  violente 
et  passionnée  contre  la  civilisation  srecque, 
que  sa  corruption  effrénée  signalaitd  ailleurs 
à  rindignation  de  toute  Ame  honnête.  Les 
doctrines  de  Tatien  sur  fessence  divine,  sur 
l'origine  du  mal  et  sur  les  points  que  main- 
tenaient les  sectes  gnostiques,  ne  doivent 
point  nous  occuper  ici. 

Divers  écrivains  orientaux  ont  fait  men- 
tion des  travaux  de  Tatien  ;  nous  indique- 
rons entre.autres  l'auteur  syriaque  Denys 
Bar-Salibi'qui,  dans  son  exulic^iion  de  l'Ë- 
vangile  de  saint  Marc  (ch.  ix]  s'exprime  ainsi 
selon  laversionqu'Assémaniafaite  de  ce  pas- 
sade [Bibliotheca  orientaliSf  t.  II,  p.  159)  : 
latianuSf  discipulus  Justini  philosophi 
it  martyriSf  elegit  e  quatuor  illis  Evanaeliis 
ttconnexuit  etconfecit  Evangelium^  quoiDia- 
it$$aron  nuncupabat^  miscellanea.  Hoc  scri- 
ptuminterprelatus  est  Mar  Ephrœmus,  Exor^ 
dium  ejus  fuit  :  Ab  initio  erat  Verbum^  Elias 
Salamensis  qui  et  Aphtonius^  digessit  evan^ 
gelium  instar  {illius)  Diatessaron^  quod  Am- 
monius  eonfecerat  ab  Eusebio  commemoratus 
in  proœmiocanonumEvangelio  appositorum. 
Hoc  Ùimtessaron  quœsivit  iste  Elias^  sed  non 
invtnit;  quapr opter  composuit  aliud  illi  «t- 
int/e.  Reprehendit  autem  Elias  identidem  ca^ 
nones  Eusebii  et  manifestafecit  eorum  menda^ 
Jure  quidem.  Id  vero  exemplar^  quod  Elias 
tlaboravitf  haud  crebro  reperilur. 

BbelJjesu,  évoque  nestorien  de  Nisibe, 
mort  en  1318,  a  confondu  le  travail  d'Am- 
naonitts  d'Alexandrie  et  celui  de  Tatien, 
^n  disant  :  Evangelium  quod  collegit  vir 
^^^XQndrinusAmmoniuSf  qui  etiam  Tatianus^ 
^l.^od  nuncupavit  Diatessaron.  (Assémani, 
ftWiort.ortenr.^t.  111»  c.  12.}  Une  autre  er- 


reur plus  grave  est  celle  dans  laquelle  est 
tombé  Bar-Bahlal,  qui  écrivait  au  x*  siècle,  et 
qui,  dans  un  dictionnaire  syriaque  que  Cas- 
tell  a  cité  dans  son  Lexicon  heptaglott., 
Londres,  fol.  696),  fait  de  Tatien  un  évoque  : 
Diatessaron  appellari  quatuor  Evangelia  ea- 
que  Alexandriœ  a  Tatiano  episcopo  scripta 
ckéservari. 

Parmi  les  manuscrits  arabes  que  possède 
la  bibliothèque  du  Vatican ,  il  s'en  trouve 
un  qui  présente  les  quatre  Evangiles  réunis 
en  un  seul  corps,  et  qui  porte  le  nom  de 
Tatien.  Assémani  le  décrit  ainsi  :  Sacro- 

sanctum  Evangelium vulgo  Diatessaron 

nuncupatum ,  et  in  sectiones  seu  capila  quin^ 
quaginta  quinque  distributum^  auctore  Ta- 
tiano Syro..,  Jnitiumfol.  1  a  terg.  exordium 
primutn  Evangelii  ex  Marco.  Dixit  :Initium 
prœdicationis  Jesu  Christi.    Johannes  :  In 

Îrincipio  erat  Yerbun^.  In  fine  vero  fol.  123, 
œc  a  librario  adnotata  reperias  :  Explicit 
auxilio  Dei  sacrosanctum  Evangelium  quod  ex 
quatuor  Evangeliis  collegit  Taiianus  quod- 
que  Diatessaron  vulgo  dicitur.  On  comprend 
sans  peine  qu'il  ne  s'agit  ici  ni  du  travail 
d'Ammonius,  ni  de  celui  de  Tatien. 

Le  docteur  Semiscb  s'est  livré  à  des  consi- 
dérations étendues  sur  le  caractère  de  la  com- 
pilation de  Tatien.  Il  observe  la  prédilection 
de  cet  écrivain  pour  saint  Jean ,  le  seul  des 
évangélistes  qu  il  cite  dans  son  Oratio  ad 
Grœcos.  Tatien  se  plaisait  aussi  à  remuer  les 
questions  difficiles;  il  avait  écrit  des  livres 
sur  les  problèmes^  ainsi  que  le  rapporte  son 
disciple  Rhodon ,  cité  par  Eusèbe.  (  Hist. 
eccles,,  I.  Y,  c.  13.) 

Observonsd'ailleurs qu'avant  d'entrer  dacs 

l'édition  de  Lyon  de  \à  Bibliothèque  des  Pi^ 
reSf  sous  le  nom  de  Tatien,  le  travail  qui  est 
venu  jusqu'à  nous  avait  été  mis  au  jour  sous 
le  nom  d'Ammonius. 

En  1523,  un  savant  allemand,  Ottomarus 
Luscinius,  avait  publié  à  Augsbourg  un 
mince  volume  in-b**  intitulé  ifvan^eliccpAtf/o- 
riœ  ex  qtmtuor  evangelistis  perpetuo  tenore 
continuata  narratio ,  ex  Ammonii  Alexan^ 
drini  fragmentis  quibusdam  e  Grœco  versa. 
Le  traducteur  ne  dit  nullement  où  il  a  trou- 
vé le  texte  grec,  et  il  a  quelque  doute  sur  le 
vrai  nom  de  leur  auteur,  car  il  s*exprime 
ainsi  dans  son  avant-propos  :  Ammonius 
Alexandrinus ,  in  cujus  fragmenta  jam  pri- 
dem  incidimus  9  modo  fallax  non  sit  titu- 
lus. 

Ce  texte  latin  fut  reproduit  plusieurs  fois, 
notaoQment  à  Erfurt  en  15H,  à  Nyssa  en 
1557,  dans  \e  Micropresbyticon^  Bâie,  1550, 
p.  617,  etc.:  il  fut  aussi  traduit  en  allemand  par 
celui  qui  l'avait  déjà  mis  en  latin.  (Evange^ 
lische  History  nach  aller  Ordnung  wie  sie  er^ 
gangen^  in  ein  Red  gestellt^  durch  Othma^* 
rum  Nachtgal  verdeutscht  ;  Augsburg.) 

Baronius,  se  fondant  sur  la  suppressioa 
des  généalogies  et  sur  l'abréviation  du  texte 
des  évangélistes,  a  cru  que  le  travail  impri« 
mé  au  XVI"  siècle  était  en  effet  l'œuvre  de 
Tatien.  {Annales  ecclesiastici  ;  Anvers,  1597, 
t.  II,  p.  190.  )  Tel  a  été  également  l'avis  peu 
réQéchi  de  Cave  {Script,  eccles,  historia,  Ll» 


S3» 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


f.  hl);  de  Ncvël  Alexandre  (Bist.  eceles.^ 
aris,  1730,  t.  111,  p.  606);  de  Labbe  {De 
tcripi.  eccleê.9  i.  Il,  p.  379);  de  Calov  (^t- 
bliotkf  Nov.  Test,  illuflr.^  1. 1,  p.  Il);  quoi- 
que Valois,  le  judicieux  éditeur  d'Eusèbede 
Césarée,  eût  émis,  dans  ses  notes  sur  VHis^ 
ioire  eccléiiastique  de  cet  évéque  (1.  iv,  c.  29, 
p.  Sk),  une  opinion  différente.  Ce  savant, 
yersé  dans  Tétude  de  pareilles  questions, 
avait  aperçu  une  différence  notable  entre  ce 
que  devait  être  Vauvre  de  Tatien  et  ce  qu'était 
topuicule  trouvé  par  Luscinius»  11  s'exprime 
ainsi  :  Nam  opus  illud  nihil  aliud  est  quam 
paraphrasis  quatuor  Evangeliorum  seupotius 
epitome  eleganter  conscripta  ab  homine  ca- 
tiiolico.  At  Evangelium  Tatiani  ipsismet  evajn^ 
gelistarum  verbis  contextum  erat  ,  resectis 
auntaxat  Us  quœ  ad  Davidicam  Christi  genea^ 
logiam  spectant,  Prœlerea  in  opère  illo  CArt- 
stus  filius  David  dicitur  non  semel,  Dentque 
ires  anni  prœdicationis  Christi  distinguun^ 
iur ,  cum  reteres  annum  unum  prœdicationi 
Christi  tributrunt. 
L'opinion  de  Valois  était  fondée  en  ce  sens 

Îu*il  était  difficile  de  reconnaître  la  main  de 
atien  dans  l'œuvre  publiée  par  Luscinius; 
elle  fut  soutenue  par  Pagi  (Critica  in  Annales 
Baronii,  Coloniœ  1705, 1. 1,  p.  107);  par  Til- 
lemont  (Mémoireê  sur  F  Histoire  eceésiasiique^ 
1695;  t.  Il ,  c.  3  ,  p.  22, 118);  par  lllig  [De 
hœresiarchis  œvi  apostoticit  p.  183  )  ;  par  Miil 
(Proiegomena  in  Nev.  Test. ,  p.  39)  ;  par 
Tentzel  lExercitat.  sefectœ^  Lipsiœ;  1692, 
t.  I,  p.  22il^),  et  par  d'autres  auteurs.  Le 
Nourry  {Apparat,  ad  Biblioth,  maximam  Pa» 
trunif  [Pans,  1703 ,  p.  552)  reconnaît  qu'on 
peut  opposer  divers  arguments  à  l'opinion 
de  Valois;  il  Tappuie  cependant  de  son  mieui 
(1020) ,  et  le  savant  éditeur  des  œuvres  de 
saint  Justin ,  le  Bénédictin  P.  Haran ,  déve- 
loppe les  raisons  déjà  invoquées. 

Ajoutons  que  ,  suivant  la  remarque  de 
Tillemont  (  JM^motVe^  cités )  etd'Oudin  (De 


scriptis  ecclesiastxeis ^  t-  îf  P*  210, 130),  le 
stjle  du  texte  latin  repousse  Tidéo  d'une 
traduction  faite  sur  un  texte  grec. 

Les  critiques  modernes  ne  se  sont  pas  oc- 
cupés de  cet  écrit.  Nous  ne  connaissons  que 
deux  auteurs  allemands  qui,  au  xix'  siècle, 
en  aient  fait  mention  :  Bleck  (Btyirëge  ur 
kritik)  a  pensé  que  l'auteur  avait  connu  le 
Diatessaron  de  Tatien  et  l'avait  imité;  Daniel, 
dans  son  écrit  sur  Tatien  {Tatiantss  der  apo* 
loget^  p.  97) ,  ne  voit  rien ,  dans  la  prodoc* 
tion  dont  il  s'agit,  qui  doive  la  Caire  regar- 
der comme  l'ouvrage. 

Dans  ce  résumé  synoptique,  qui  se  borne 
souvent  à  donner  les  intitulés  des  paraboles 
racontées  tout  au  long  dans  l'Ecriture  sainte, 
et  qui  ,  ne  se  conformant  pas  toujours  à 
un  ordre  bien  rigoureux ,  prend  habituel- 
lement saint  Jean  pour  guide  dans  la  série 
des  faits,  on  rencontre  parfois  des  circons- 
tances qui  semblent  avoir  été  puisées  dans 
des  évangiles  apocryphes  ou  dans  des  tradi- 
tions anciennes.  Cest  ainsi  qu'il  est  dit  qne 
les  Mages  arrivèrent  à  Jérusalem  le  trei* 
zième  jour  après  la  naissance  du  Sauveur,  et 
que  l'Enfant  Jésus  passa  sept  ans  en  Egypte 
jusqu'à  la  mort  d'Hérode.  La  Pentecôte  est 
signalée  comme  étant  la  fête  pendant  laquelle 
Jésus  guérit  un  homme  malade  depuis  trente 
années  {Joan.,  v,  2).  Zachée,  qui  reçut  Jé- 
sus à  Jéricho ,  et  qui  était  de  petite  taille, 
ainsi  ({ue  nous  l'apprend  saint  Luc  (six,  3)i 
est  ici  qualifié  de  nain. 

En  somme,  ce  résumé  sec  et  aride  ne  stn* 
rait,  en  raison  du  peu  de  méthode  gu*il  pré- 
sente, ôire  attribué  à  Tatien,  qui  est  cité 
pour  ses  connaissances  en  chronologie  pir 
Origàne  {Contra  Celsum,  lib.  i,  c.  16.  j  et  |)8r 
Clément  d'Alexandrie.  {Stromai.^  lib.  i,c.Si.) 
Préciser  l'époque  de  sa  composition  est  chose 
impossible,  mais  elle  ne  remonte  pas  pro- 
bablement  à  une  date  fort  ancienne. 


THADDEE. 

(Evangile  de  Thaddée,) 


Il  est  cité  dans  le  décret  du  Pape  Gélase; 
on  n'a  d'ailleurs  nul  témoignage  sur  son 
rompte,  et  Pon  ignore  s'il  s'agit  de  l'apôtre 
Thaddée,  ou  de  Thaddée,  l'undes soixante-dix 


disqlples  que  l'apôtre  Thomas  envoya  au- 
près d'Abgare,  roi  d'Edesse  (Eosèbe,  Hitt- 
eccles.  1. 1,  c.  13.) 


(1020)  <  Masimi  momeiiti  duiit  esse,  qiiod  Ta- 
tiani Dia9es$aroH  Tbeodoreto  ceiisore  eodem  fere 
loco  ac  caiionica  Evangelia  habitum  sit.  Inde  e«* 
lorquet  «  ipsis  evan gelistarum  verbis  conclnnatuiii 
fuisse.  Nuftquam  eoiin  veleres  bominis  privati 
npn^culu  eamdeiii  fidem,  eumdem  honorem  liabiiuri 
fuissent,  quam  ipsi  Evangeliorum  exemplari,  prae- 
aertim,  cum   Diatessaron  a   nonnuUis  Evangelil 


Hebraeorum  nomine  appellatum  tit.  Qaod  HiM 
nerperam  judicalum  sit,  umen  iode  eAd  p«uc 
Talianum  vitara  Cliristi  non  suis,  sed  apofUiIdna 
verbis  descripsisse.  Has  ratlones  ainpuflcauinis* 
Prudentius  Maranus  jam  id  moleste  iulit  qaod  nel' 
libi  hasretîcae  Taliani  doctrinae  consultun  sit,  w 
lei  Mosaica  ila  commendetur,  ut  talUios  TauiBi 
ingeuium  omnino  reluctetur.  » 


SCI 


THE 


PART.  III.  -.  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


THE 


im 


THECLE. 

(AcUi  de  sainte  Tkecle.) 


Nous  avons  déjk,  à  l'article  Paul  (saint), 
signalé  l'existence  de  cette  composition 
remarquable  et  dont  M.  Saint-Marc  Girardin 
a  fait  ressortir  tout  l'intérètau  point  de  vue 
littéraire. 

Les  Acta  Sanctorum  publiés  par  les  Bol- 
landistes  (t.  VI,  de  septembre,  p.  St^6-568), 
renferment  une  longue  dissertation  du  P. 
Stiitin^  sur  ces  Actes;  il  montre  qu'ils  sont 
rem  plis  de  fables;  il  rapporte  ensuite  les 
nombreux  témoisnages  des  saints  Pères  au 
sujet  do  sa  in  te  Thecle.  L'analyse  des  réci  ts  qui 
h  concernent  peut  se  faire  ainsi:  Tbècle, 
fille  de  parents  païens  eut  l'occasion  d'écou- 
ter, pendant  trois  jours,  d'une  funétre  de  la 
maison  de  sa  mère,  la  prédication  de  saint 
Paul.  £lle  refuse  de  se  marier;  elle  est  li- 
vrée à  des  bétes  féroces  qui  ne  lui  font 
aucun  mal  ;  elle  accompagne  saint  Paul  dé- 


guisée en  homme;  c'est  à  l'âge  de  dii-buit 
ans  qu'elle  avait  été  soumise  aux  épreuves 
du  martyre;  elle  fut  ensuite  guidée  par 
une  nuée  lumineuse  vers  une  caverne  où 
elle  passa  soixante-dix  ans.  Des  hommes 
pervers  voulurent  un  jour  lui  faire  violence, 
mais  nn  rocher  s'ouvrit  pour  recevoir  la 
sainte  et  la  mettre  à  l'abri. 

Donnons  ici  la  traduction  de  ces  Actes, 
tels  qu'ils  se  présententcomme étant  l'œuvre 
de  Basile,  évèque  de  Séleucie,  qui  vivait 
vers  le  commencement  du  v*  siècle  et  dont 
il  reste  des  Homélies.  Il  faut  observer  que  les 
critiques  les  plus  judicieux  regardent  ces 
récits  comme  n'étant  pas  l'œuvre  du  prélat 
dont  ils  portent  le  nom.  Ils  nous  sont  par* 
venus  eu  prose,  et  Pholius  (Myrobiblon^ 
cod.  168)  dit  expressément  qu  il  avait  écrit 
en  vers. 


Le  bienheureux  Paul  fut  d'abord  Juif  et 
persécuteur  de  la  foi  ;  mais,  ayant  reçu  le 
saint  baptârae,  et  ayant  été  élevé  à  la  dignité 
d'apôtre,  ainsi  que  saint  Luc  nous  l'apprend, 
il  se  livra  tout  entier  à  l'apostolat.  Parcou- 
rant le  monde  pour  le  salut,  l'instruction  et 
la  vocation  des  gentils,  il  vint  dans  la  ville 
d'Iconium,  afin  d'y  prêcher  aussi  la  vérité. 
C'est  une  ville  de  la  Lycaonie,  peu  éloi- 
gnée de    l'Orient ,    mais    se  rapprochant 
davantage  de  l'Asie,  et  placée  dans  le  pays 
des  Pisides  et  des  Phrygiens.  L'Apôtre,  s'é- 
tani  arrêté  dans  cette  ville,  fut  reçu  avec 
beaucoup  d'amitié  par  Onésiphore,  qui  lui 
accorda  l'hospitalité  la  plus  empressée,  et  il 
advint  qu'il  se  trouva   voisin  de  la  vierge 
Thècle,  non  de  son  plein  gré,  ni  par  suite 
de  quelque  tentative  faite  en  ce  but,  mais 
parce  que  ï'Esprit-Saint  l'y  conduisit,  afin 
que,  par  l'effet  de  ce  voisinage,  Paul  trans- 
mit la  foi  h  la  vierge,  et  qu'il  lui  portAt  la  lu- 
mière ^e  la  foi,  lorsqu'elle  était  encore  dans 
les  ténèbres  de  l'erreur  et  de  l'ignorance. 
£l!e  était  d'une  famille  noble,  et  ses  parents 
tenaient  un  rang  fort  distingué;  ses  riches- 
ses et  sa  beauté  la  faisaient  remarquer  par- 
tout; déjè,  parvenue  è  l'âge  nubile,  elle  avait 
occasionné  des  querelles  et  des  rixes  parmi 
des  jeunes  gens  riches  qu'animait  une  riva- 
lité ardente  et  le  désir  d'avoir  pour  épouse 
une  femme  aussi  accomplie.  Sa  mère,  Théo- 
clée,  la  pressait  de  distinguer  spécialement 
un  nommé  Thamyris,  supérieur  à  tous  les 
autres  qui  florissaient  dans  cette  ville,  et 
que  sa  fortune  et  ses  belles  qualités  plaçaient 
dans  un  rang  élevé;  l'époque  de  leurs  noces 
avait  même  déjà  été  fixée,  lorsque  Paul  vint 
loger  chez  Onésiphore,  et  un  grand  nombre 
de  fidèles  se  réunissaient  pour  entendre  sa 
parnif .  Thècle  s'approcha  d'une  fenêtre  qui 
é«ilt  ouverte,  et  elle  entendit  la  prédication 


de  l'Apôtre  qu'elle  écouta  avec  la  plus 
grande  avidité  (Jésus-Christ  le  voulant  ainsi, 
afin  qu'elle  fût  captivée  de  la  sorte),  et  elle 
resta  è  cette  fenêtre,  comme  si  elle  était 
liée  avec  des  ciiaines  de  fer,  écoutant  Paul 
avec  anxiété. 

Voici  quels  étaient  les  discours  de  l'Apô- 
tre :  «  Vous  qui  vous  êtes  réunis  pour  m'en- 
tend re  annoncer  des  choses  nouvelles,  et  que 
le  monde  ignore,  je  vous  exposerai  une  doc- 
trine qui  est  nouvelle  en  effet,  mais  en  mê- 
me temps  divine  et  salutaire;  je  ne  l'ai  re- 
Îue  de  personne,  si  ce  n'est  du  Verbe  de 
^ieu  qui,  procréé  de  la  forme  et  de  la  na- 
ture humaine,  et  descendu  sur  la  terre,  nous 
a  transmis  ces  préceptes  de  la  vie  évangéli- 
que  et  céleste  :  Heureux  est  celui  qui  est  le 
véritable  contemplateur  de  la  Divinité,  etqui 
a  conservé  son  Âme  pure,  intègre  et  affran- 
chie de  tout  trouble  dans  les  maux  auxquels 
la  vie  de  l'homme  est  exposée  1  heureux  ce- 
lui qui  n'a  point  abandonné  sa  chair  à  d'im* 
pures  voluptés,  mais  qui,  se  maintenant  tou- 
lours  en  présence  de  Dieu,  a  accompli  ûdè- 
lement  ses  devoirs  I  heureux  aussi  celui  qui, 
né  sous  l'empire  de  la  loi  commune,  agit 
comme  s'il  n'était  pas  né,  et  qui  mène  une 
vie  pure  et  exempte  de  toute  souillure,  em- 
ployant toutes  ses  facultés,  non  à  des  cho- 
ses déshonnêtes  et  contraires  à  la  volonté  de 
'  Dieu,  mais  è  celles  qui  sont  agréables  au 
Seigneur,  et  conformes  à  l'honnêteté.  Je  dis 
qu'ri  est  aussi  très-convenable  et  propre  à 
conduire  au  bonheur  dont  je  parle,  que  de 
se  marier  et  d'entrer  au  lit  nuptial  (selon  la 
volonté  de  Dieu)  dans  le  but  d'avoir  des  en- 
fants qui  puissent  remplacer  leurs  parents. 
Encore  plus  heureux  sont  ceux  qui,  vivanc 
dans  la  crainte  et  le  respect  du  Seigneur,  et 
se  maintenant  dans  la  pureté  du  corps  etue 
TAme,  se  consacrent  è  une  virginité  perpé« 


965 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


»i 


laelle,  imitant,  sur  la  terre»  la  vie  des  anges  ! 
Je  regarde  comme  les  plus  heureux  de  tous 
ceui  qui  ont  conserve,  intact  et  entier,  le 
don  de  rinnoc«3nce  baptismale  qu'ils  ont 
reçu,  et  qui  n'ont  souillé  par  aucune  tache, 
soit  en  actions,  soit  en  paroles,  la  robe  de 
Jésus-Christ,  mais  qui  Font  gardée,  jusqu'à 
la  fm,  telle  qu'ils  l'avaient  reçue.  Je  regarde 
surtout  comme  digne  d'envie  la  condition 
de  ceux  qui,  mettant  leur  soin  h  soulager  la 
misère  des  pauvres  et  des  mendiants,  obtien- 
nent du  Seigneur  une  miséricorde  égale  à 
celle  qu'ils  manifestent.  Pour  tout  cela,  i! 
faut  avoir  une  foi  et  un  amour  pour  Jésus- 
Christ  qui  ne  vacille  pas  et  ne  diminue 
point,  mais  qui  reste  stable  et  immuable. 
Celui  qui  tendra  toujours  à  arriver  au 
faîte  de  ces  vertus,  et  qui  ne  se  laissera  pas 
détourner  delà  route  du  ciel,  participera  au 
règne,  à  la  gloire  et  au  repos  du  Seigneur; 
il  obtiendra  les  couronnes  divines  et  les  ré- 
compenses immortelles.  Bienheureux  celui 
qui  les  obtiendrai  mais  qu'il  esta  plaindre, 
celui  qui  n'en  sera  pas  digue,  et  qui  méri- 
tera au  contraire  les  supplices  do  l'enfer  I  » 

Le  bienheureux  Paul  parlait  de  la  sorte 
aux  citoyens  qui  s'étaient  réunis;  il  enflam- 
mait tous  ses  auditeurs,  hommes  et  femmes, 
d'un  désir  ardent  de  se  consacrera  la  piété; 
la  foule  accourait  pour  l'entendre,  oubliant 
le  boire  et  le  manger,  et  négligeant  les  af- 
faires publiques  et  privées,  afin  de  s'adon- 
ner uniquement  au  plaisir  d'entendre  Paul. 
La  vierge  Thècle  restait  chez  elle,  comme  atta- 
chée &  sa  fenêtre,  mais  la  timidité  de  son  Age,  et 
l'usage  qui  imposait  aux  vierges  la  loi  de  ne 
point  sortir  au  dehors,  la  retenaient,  empê- 
chant l'élan  généreux  de  son  esprit,  et  l'o- 
bligeant à  rester  chez  elle,  ce  qu'elle  sup« 
portait  avec  douleur  et  avec  un  vif  regret. 
Elle  ne  pouvait  voir  Paul,  et  elle  l'enten- 
dait avec  difficulté,  et  elle  ne  pouvait  être 
arrachée  de  la  fenêtre,  où  elle  enviait  le 
sort  de  ceux  qui  étaient  à  même  de  contem- 
pler l'Apôtre,  et  de  ne  rien  perdre  de  ses 
discours  ;  elle  ne  s'occupait  plus  de  prendre 
lie  la  nourriture  ou  de  la  boisson,  et  elle  né- 
gligeait toute  sa  parure,  ne  songeant  plus  à 
se  vêtir  avec  élégance,  à  répandre  sur  elle 
des  parfums,  et  à  disposer  ses  cheveux,  com- 
me c'est  l'usage  parmi  les  vierges.  Ce  fut, 
pour  sa  mère  Théoclée  un  grand  sujet  de 
douleur  et  de  craintes,  lorsqu'elle  vit  sa 
fille  oublier  ainsi  tous  les  agréments  et  tous 
les  besoins  de  la  vie,  et  s'attacher  exclusi- 
Tement  k  la  parole  d'un  étranger. 

Elle  s'adressa  aussitôt  h  Thamyris,  pensant 
que  lui  seul  pourrait  fléchir  la  vierge  qui 
lui  avait  été  promise,  et  la  ramener  aux  pro- 
jets d*union  qu*ils  avaient  conçus,  etelleJui 
parla  de  la  sorte  : 

«La  pudeur  et  les  larmes  m'enlèvent  la 
parole,  mon  Thamyris,  et  je  rougis  avant 
de  parler  et  de  te  dire  les  choses  que  j'ai 
à  t'apprend'*e  au  sujet  de  ma  fille.  Ecoute- 
moi  cependant  lorsque,  bien  malgré  moi, 
je  te  raconterai  les  malheurs  qui  me  frap- 
pent. Ta  Thècle,  l'objet  de  tous  nos  vœux, 
celle  eu  qui  nous  avons  mis  notre  espérance. 


nous  abandonne  ei  méprise  sa  mère;  elle 
ne  songe  plus  à  toi  qui  devais  être  son  épom  ; 
elle  n*a  plus  de  pensée  que  pour  un  étraii* 
ger  et  pour  un  imposteur,  un  fourbe,  qui 
loge  à  côté  de  notre  demeure  et  qui  It 
tient  comme  prisonnière,  oubliant  toutes  ses 
occupations.  HAte-toi,  Thamyris,  arrache-la 
des  mains  de  cet  étranger,  ramène-nous«lji, 
conserve  k  nos  deux  familles  leur  antique 
félicité  i  empêche  que  nous  ne  devenions  ud 
sujet  de  raillerie  et  que  cous  ne  fournissions 
l'occasion  aux  propos  les  plus  méchaDls. 
Adresse-lui  des  paroles  caressantes  et  ten* 
dres;  adoucis  avec  la  flallerie,  comûie  avec 
de  l'huile,  rftcrelé  de  son  eapriC;  un  cceor 
endurci  et  exaspéré  résiste  à  la  force,  mais 
il  cède  à  l'aménité  des  représentations  et  à 
la  bonté.  Ramène-la  à  son  ancienne  vie,  à  la 
n)odeslie  et  k  la  soumission  qui  convienneot 
aux  jeunes  filles  et  aux  vierges.» 

Thamyris,  entendant  Théoclée  s'exprimer 
ainsi  et  gémir,  fut  comme  saisi  de  vertige; 
sa.  vue  se  troubla,  ses  idées  s'obscurctreoi, 
lorsqu'il  se  vit  ainsi  passer  d'une  joie  im- 
mense à  une  douleur  extrême.  Il  s'appro- 
cha de  la  vierge  d'un  air  triste  et  abattu, 
versant  des  larmes  et  pouvant  à  peine  res- 
pirer à  cause  de  son  aflliction,  et  il  lui 
adressa  ces  paroles  : 

«  Je  ne  sais  comment  je  commencerai  a  ta 
parler,  ô  vierge  qui  m'est  si  chère.  Tu  m'as 
jeté,  ainsi  que  ta  mère,  dans  le  désespoir  et 
dans  le  plus  grand  embarras.  Tes  actions 
s'écartent  d'une  manière  funeste  du  carac- 
tère que  nous  te  connaissions  et  de  la  bien- 
séance que  tu  avais  toujours  observée;  je 
pense  que  c'est  l'eQ^et  de  l'impulsioa  de 

auelque  génie  malfaisant  qui  s'efforce  de  le 
étourner  des  pensées  honnêtes  et  de  dé- 
truire  le  bonheur  dont  jouissait  ta  lamille, 
nous  infligeant  à  tous  une  marque  d'iipo- 
minie  au  lieu  de  la  gloire  qui  s  attachau  i 
notre  nom.  Reviens  à  ton  Thamyris,  car  je 
suis  à  toi  d'après  la  foi  des  promesses  faites 
entre  nous,  ç[uoique  notre  mariage  ne  soit 
pas  accompli.  Eloigne-toi  de  cette  fenêtre; 
ne  prête  plus  les  oreilles  à  ce  vagabond  élrao- 
ger,  tombé  en  cette  ville,  je  ne  sais  parquet 
hasard  fatal;  il  ne  faut  pas  au'on  puisse  dire 
que  la  fille  de  Théoclée,  femme  des  plus 
respectables,  que  la  fiancée  de  Thamyns,si 
distinguée  dans  la  ville,  abandonne  sè  for- 
tune, sa  famille  et,  qui  nlus  est,  les  princi- 
pes de  son  éducation,  aun  de  s'attacher  i  uo 
étranger  ;  celle  qui  faisait  l'ornement  de  la 
cité  deviendrait  ainsi  un  sujet  de  moquerie 
pour  le  peuple;  elle  repousserait  les  prières 
de  sa  mère  et  les  supplications  de  son  liancé 
pour  se  laisser  séduire  par  les  paroles  trom- 
peuses de  ce  vagabond  et  pour  ne  vouloir 
écouter  que  lui.  Chère  Thècle,  ne  t'eipose 
pas  h  ces  reproches  et  à  ces  calomnies  ;  n'é- 
coute plus  une  voix  insidieuse  et  mets  ton 
honnêteté  et  ta  renommée  au-dessus  d*ao 
plaisir  trompeur  et  blflmable.  Quitta  cette 
fenêtre,  comme  un  endroit  qui  est  iodigC0 
d'une  vierge  élevée  convenablement  et  qui 
te  fera  tomber  dans  l'opprobre.  Si  tu  regar- 
des comme  désagréable  et  fêcheux  ponr  une 


«5 


THE 


PART,  m.—  LEGENDES  ET  IHAGMENTS. 


TilE 


9G5 


vierge  ce  que  je  te  dis»  consens  au  mariage 
convenu  entre  nous  et  qui  est  Tobjet  de 
tous  mes  vœux.  » 

Thamyris  s'efforça  ainsi,  par  ces  paroles 
et  par  beaucoup  d'autres   semblables,   de 
iaire  impression  sur  Thècle,  et  Théoclée  se 
joignant  à  lui,  faisait  de  son  mieux  pour 
amener  sa  fille  aux  mômes  sentiments;  elle 
lui  montrait  son  sein  qui  Tavait  nourrie  et 
ses  cheveux  blancs,  et  elle  la  suppliait  de 
ne  pas  la  désoler  en  f>erséTéranl  dans  son 
entêtement.  Mais  la  vierge,  ne  se   rendant 
nullement  à  ce  qu*ils  disaient,  restait  as- 
sise, n'écoutant  que  la  voix  de  Pau),  et  sans 
regarder   Thamyris,  sans    prêter  l'oreille 
aux  représentations  de  sa  mère,  elle  était 
absorbée  dans  son  désir  de  connaître  Jésus« 
Christ.  Alors  tous  se  livrèrent  à  l'affliction; 
la  maison  fut  remplie  de  cris  et  de  tous  les 
signes  de  la  douleur,  et  Thamyris  se  préci- 
pita au  dehors,  se  dirigeant  chez  Onési^ 
pbore  afin  d'approcher  de  Paul.   Il  s'arrêta 
cependant  en  rencontrant  Demas  et  Hermo- 
gène  qui  n'étaient  pas  des  hommes  de  mé- 
rite ,    quoiqu  ils  affectassent   une   grande 
vertu,  mais  qui  accompagnaient  Paul,  non 
qu'il  ne  sût  pas  ce  qu'ils  étaient  en  réalité, 
mais  il  les  supportait  auprès  de  lui  par  cha- 
rité, espérant  qu'ils  deviendraient  meilleurs. 
Thamvris   leur  demanda    qui  était    Paul, 
d'où  il  venait  et  ce  qu'il  voulait  faire.   Ils 
Tirent  sa  colère  et  son  animation  (ce  qui  n'é- 
tait pas  difficile,  car  Thamyris  était   rempli 
defureur)tet,  croyantavoir  trouvé  l'occasion 
de  répandre  le  venin  delà  haine    et  de  la. 
jalousie    qu'ils  avaient   jusqu'alors  caché 
soigneusement,  ils  parlèrent  a  Thamyris  de 
la  sorte  : 

«  O  toi  le  plus  distingué  des  hommes  (et 
nous  te  donnons  ce  titre  parce  que  nos  veux 
et  nos  oreilles  nous  montrent  avec  évidence 
<|ui  tu  es,  le  mérite  se  manifestant  au  grand 
jour  tout  aussi  clairement  que  le  vice),  écoute 
une  réponse  véritable  au  sujet  des  choses 
sur  lesquelles  tu  nous  interroges.  Nous  ne 
savons  pas  quel  est  cet  étranger  dont  tu  par- 
les, mais  nous  connaissons  que  c'est  un  im- 
posteur qui  erre  sans  avoir   de  résidence 
fixe,  renversant  ce  qui  est  conforme  aux 
règles  ordinaires  ;   il  s'attache   par-dessus 
tout  à  détourner  delà  voie  que  la  nature 
elle-même  a  tracée  au    genre  humain,   et 
qui  consiste  à  perpétuer  la  race  par  le  ma- 
.  nage  ;  11  ne  songe  qu'à  la  détruire  et  à  l'ex- 
termioer.  Il  travaille  h  renverser  par  des 
doctrines  nouvelles  et  étranges  ce  que  la 
nature  a  institué;  il  recommande  le  célibat 
«t  exalte  la  virginité.  Il  prêche   et  enseigne 
que  les  corps  ensevelis  et  détruits  ressusci- 
teront, chose  absurde  et  que  nul  n'a  jamais 
enseignée,  tandis  que  la  véritable  résurrec- 
tion s'opère   dans  la  nature  elle-même  et 
s'effectue  chaque  jour.  Celle-ci  veut  que  la 
chaîne  des  ^tres  se  perpétue,  les  pères  re- 
naissant dans  leurs  enfants  et  les  morts  re- 
paraissant dans  les  vivants.  » 

Demas  et  Hermogène  ayant  parlé  de  la 
^orte,  Thamyris  fut  de  plus  en  plus  exaspéré, 
«1  pensant  qu'il  avait  trouvé  uu  moyen  d'at- 


taque contre  saint  Paul,  il  réprima  pour  un 
moment  son  courroux,  et  il  les  invita  à  ve- 
nir prendre  leur  repas  chez  lui;  il  leur  donna 
ainsi  un  repas  comme  le  prix  des  calomnies 
qu'ils  avaient  répandues  contre  Paul;  il  at- 
tendit à  peine  que  le  soleil  fût  couché,  et  il 
courut  attaquer  Paul  avec  des  gens  du  peu- 
ple et  des  malfaiteurs  habitués  à  tout  oser. 
Chacun  de  ceux  oui  le  suivaient  avait  pris 
pour  armes,  soit  les  instruments  de  son  tra- 
vail habituel,  soit  le  premier  objet  que  la 
fureur  avait  offert  à  ses  mains.  Ils  criaient 
à  haute  voix  :  «Qu'on  le  tue,  qu'on  le  chasse, 
qu'on  le  mène  devant  le  tribunal,  cet  im- 
posteur criminel,  inventeur  de  lois  nouvelles 
et  opposées  à  la  nature  ;  il  vient  pour  faire 
tomber  sur  les  villes  les  plus  graqds  fléaux  ; 
il  attaque  et  repousse  le  mariage  établi  dans 
l'intérêt  de  la  chasteté  et  pour  la  procréa- 
tion des  enfants  légitimes;  sous  prétexte  de 
vanter  la  virginité ,  il  établit  des  lois  qui  fa- 
vorisent l'impudicité.  »  Lorsqu'ils  pous- 
saient ces  clameurs,  beaucoup  d  autres  hom- 
mes, violents  et  audacieux,  se  joignirent  à 
eux,  s'emportant  aussi  contre  Paul.  Toute 
la  ville  était  pleine  de  bruit,  de  tumulte,  de 
gémissements,  comme  si  elle  avait  été  su- 
bitement envahie  par  des  ennemis  qui  y 
auraient  porté  le  ravage.  Thamyris  accou- 
rait vers  le  tribunal,  menant  de  sa  main 
Paul  en  jugement  ;  et,  étant  arrivé  devant  le 
gouverneur,  il  s'exprima  en  ces  termes  : 

«  Je  regarde  comme  un  effet  de  la  bonté 
des  dieux,  et  comme  une  preuve  du  succès 
gui  l'accompagne, que  cet  homme  pervers  et 
impur,  venu  dans  notre  ville  pour  y  porter 
le  trouble,  ait  été  découvert,  et  qu'il  'soit 
traité  selon  la  rigueur  des  lois.  Les  fonc- 
tions de  ta  charge  et  le  sentiment  de  la  jus- 
tice te  font  un  obligation  de  soutenir  l'em- 
pire établi,  de  veiller  au  maintien  des  lois, 
et  de  prévenir  les  périls  qui  peuvent  mena- 
cer l'espèce  humaine.  J'expliquerai  en  peu 
de  mots  comment  tu  as  à  t'acquitter  de  cet 
office.  Cn  homme  est  amené  devant  ton  tri- 
bunal. Je  n'ai  pas  à  dire  qui  il  est,  ni  d'oà 
il  vient  ;  c'est  un  étranger,  inconnu  à  la  plu- 
part d'entre  nous,  et,  recourant  à  Tartiflce 
d'une  feinte  piété,  il  prêche  une  doctrine 
nouvelle  et  monstrueuse,  fatale  au  genre 
humain  entier;  il  réprouve  le  mariage,  qui 
est  toutefois  reconnu  comme  l'origine,  la 
racine  et  la  source  de  notre  nature  ;  c'est  de 
là  qu'émanent  les  pères,  les  mères,  les  en- 
fants, les  familles,  les  villes,  les  bourgs,  les 
champs  ;  c'est  de  là  que  viennent  la  navi- 
gation, l'agriculture  et  tous  les  arts  de  la 
terre,  ainsi  que  le  gouvernement,  la  répu- 
blique ,  les  lois ,  la  magistrature  ,  les  juge- 
ments, les  armées  ;  c'est  de  là  que  décou- 
lent la  philosophie,  la  rhétorique  et  toutes 
les  sciences  libérales  ;  et,  ce  qui  est  encore 

[)ius  important,  les  temples,  les  rites  sacrés» 
es  sacrifices,  les  cérémonies,  les  mystères, 
les  vœux,  les  supplications.  Toutes  ces  cho- 
ses et  beaucoup  d'autres  que  j'omets,  aQn 
de  ne  pas  prolonger  mon  discours,  sont  ac- 
complies parles  hommes,  et  Thomme  n'existe 
que  par  le  mariage.  Cet  étranger,  ainsi  qua 


967 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Kl 


je  Yiens  de  le  dire,  réproote  le  mariage ,  le 
calomnie»  et  s'efforce  d'en  détourner  ses 
auditeurs,  et  on  dit  qu'il  donne  de  grands 
éloges  à  une  virginité  que  je  ne  saurais 
comment  définir.  J'ai  entendu  dire  qu'il 
yantait  le  célibat,  recommandant  de  s'abs- 
tenir d'une  union  légitime,  et  voulant  que 
les  h(»mme$  vécussent  séparés  des  femmes, 
et  les  fe  imes  éloignées  des  hommes.  N'est* 
ce  pas  demander  In  suppression  de  toutes 
les  familles,  des  nations ,  des  villes,  de  l'a- 
griculture, des  arts,  des  études  ,  en  un  mot 
de  tout  ce  qu'il  y  a  sur  la  terre  ?  N'est-ce  pas 
recommander  une  solitude  complète  dans 
l'univers?  Si  de  pareils  principes  étaient 
inculqués  à  tous  les  hommes,  le  genre  hu- 
main  aur()it  bientôt  cessé  d'exister.  J'ai 
brièvement  indiqué  ce  qu'il  a  voulu  faire  ; 
il  te  resie,6  juge,  à  remplir  ton  devoir,  en 
chAtiant  celui  qui  s'est  rendu  coupable  des 
plus  grands  crimes.  Pour  nous,  dont  le  plus 
grand  des  vœux  est  d'avoir  une  épouse, 
d'allumer  les  flambeaux  de  l'byménée,  et  de 
laisser  après  nous  des  enfants  et  les  enfants 
de  nos  enfants,  viens  k  notre  secours,  et 
iirotége  le  mariage,  la  plus  belle  de  toutes 
les  choses,  celle  qui  a  lait  que  tu  es  venu 
en  cette  vie,  et  que  tu  as  une  famille.  Si  tu 
le  fais,  et  si  tu  ne  laisses  pas  cet  étranger 
échapper  au  supplice  c^u'il  mérite,  tu  verras 
après  toi  une  postérité  nombreuse  et  re- 
commaiidable  k  tous  égards,  et  tu  auras  des 
descendants  dignes  de  t'avoir  pour  père  et 
pour  aïeul.  » 

3 

t'es  exprimé  avec  sagesse,  gravité  et  justice 
à  l'égard  de  ce  Paul,  mais  tu  as  oublié,  dans 
ton  discours,  une  circonstance,  et  elle  est 
fort  grave:  c'est  qu'il  est  chrétien,  chose  en 
cx)ntradiction  complète  avec  les  lois,  et  qui 
attire  sur  lui  l'infliclion  immédiate  des  pei- 
nes les  plus  sévères.  » 

Après  que  Demas  se  fut  exprimé  ainsi,  le 
juçe  demanda  à  Paul  qui  il  était,  d'où  il  ve- 
nait, et  ce  qu'il  faisait.  «  Tu  as  entendu, 
dit-il,  ce  dont  Thamyris  t'accuse,  qu'est-ce 
que  tu  as  à  répondre  ?  » 

Paul  répliqua  aiusi  :  ^  O  proconsul ,  le 
meilleur  des  hommes;  je  ne  suis  ni  l'au* 
teur  ni  l'inventeur  de  ma  doctrine,  con- 
tre laquelle  ces  hommes  s'élèvent;  son 
véritable  auteur ,  son  instituteur  et  son 
docteur,  c'est  Dieu  qui,  ayant  pitié  du  genre 
humain,  et  étant  touché  de  ses  calami- 
tés, m'a  envoyé  avec  bien  d'autres,  comme 
le  héraut  de  ses  miséricordes,  afln  que  nous 
arrachions  et  extirpions  complètement  le 
mal  qui  surabondait  en  nous  p;ir  Tignorance, 
l'erreur  et  l'imposture  des  temps  anciens, 
et  aûn  que  nous  puissions  révéler  et  mettre 
en  lumière  les  maux  de  l'idolâtrie  cachés 
pendant  le  cours  de  tant  d'années,  en  dé- 
truisant les  mystères  et  les  sacriGces  des 
hommes  et  des  animaux  qui  avaient  long- 
temps abusé  le  genre  humain  égaré  par  des 
fables,  et  qui  avaient  rempli  en  tout  sens  le 
inonde  d'impiétés  inûuies  et  de  crimes  dé- 


testables, qu'il  noterait  facile  ni  de  eoap* 
ter  ni  d'énoncer. 

«  Les  hommes,  conduits  par  les  fables  et  par 
les  absurdités  de  l'idolfttrie  à  Tignorancede 
Dieu,  véritable  créateur  et  directeur  de  tou- 
tes choses,  se  sont  mis  à  adorer  des  démoas 
de  tout  genre,  terrestres,  infernaux,  turbu- 
lents, impurs,  abominables,  implacables, 
aimant  les  meurtres  et  les  crimes,  toujoun 
altérés  d'homicides,  de  fumée  et  de  sang,  re- 
vageant  comme  la  peste  la  terre  entière  qui 
est  sous  le  soleil  et  l'agitant  cruellement.  l!i 
ont  introduit  les  pratiques  les  plus  infâoifs 
et  les  plus  horribles  :  car,  sous  le  voile  ik 
ces  fables,  l'adultère,  l'inceste,  et  la  débau- 
che la  plus  éhontée  ont  été  célébrés  nar  da 
honneurs  divins  et  ont  reçu  un  culte  reh- 
gieux.  N'est-ce  pas  pour  ce  rootifqu'ooa 
célébré  les  amours  de  Mars  et  de  Vénus,  de 
Jupiter  et  de  Junon,  qu*on  a  GanynièJe, 
le  cygne  et  Léda,  le  taureau  et  lo?  £sl« 
il  nécessaire  de  rappeler  que  des  bœufs, 
des  brebis  et  même  des  chats,  des  milanif  et 
des  crocodiles  ont  été  placés  au  nombre  des 
dieux?  N'a-t-on  pas  eu  honte  de  déiQer  de$ 
hommes  et  de  les  transporter  de  la  terre  daos 
le  ciel  ?  La  multitude  de  ces  dieux  préleih 
dus  n'est-elle  pas  un  sujet  perpétuel  aéioo- 
nement ?  C'est  à  cause  de tousies  maux  pro* 
duits  par  tant  d'impiété  queDieUt  comme  je 
l'ai  dit,  a  eu  pitié  de  la  nature  humaine dnot 
il  était  le  créateur  et  l'auteur  ;  il. nous  a  eu* 
voyés,  nous,  ses  apdtres,  revêtus  de  rauto> 
rite  de  son  Fils  unique,  pour  parcourir  Tuai* 
vers  entier,  le  puriliant  de  tous  les  maui  et 
de  toutes  les  abominations  que  je  viens  de 
te  signaler  et  mettante  leur  place  la  foi,  la 
connaissance  de  Dieu,  et  la  piété,  qu'expri- 
me et  révèle  r^r-dessus  tout  la  très-saiote 
et  adorable  Trinité  du  Père,  du  Fils  et  de 
l'Esprit-Saintydivinité  incréée eld'une subs- 
tance unique,  éternelle,  immuable,  incom* 
parable,  inséparable,  non  circonscrite,  au* 
dessus  du  temps,  au-dessus  du  monde,  ayaat 
même  honneur,  même  trône,  même  gloire, 
de  laquelle  dépendent  toutes  choses,  de  la* 
q  uel  I  e  toutes  choses  déri  vent,  et  dont  rien  n'est 
séparé.  Nous  avons  ensuite  reçu  Tordre  de 
prêcher  l'événement  du  Verbe  de  Dieu  an- 

Brès  des  hommes  daos  la  chair,  lui  qui,  étaot 
ieu  et  existant  toujours  avec   le  Père,  est 
né  dans  la  chair  selon  la  loi  commune  de  la 
nature  humaine,  mais  il  est  né  d'une  vie^e 
affranchiede  toute  union  charnelle;  il  est  oé, 
aûn  de  conserver  l'homme  uu*il  avait  créé 
et  qui  était  son  œuvre,  et  afin  ae  nous  rendre 
à   la  liberté  en  nous  arrachant  à  reopire 
impuissant  des  démons»  et  afin  de  nous  oc»» 
duire  aussi  à  la  sévérité  des  mcDurs  et  à  la 
tempérance ,  en  nous  donnant  les  préceptei 
de  la  chasteté,  de  la  virginité  et  de  la  coati* 
nence  sacrée.  Il  fallait  ainsi  que  les  booDoia^ 
attentifs  i  écouter  la  parole  de  Oieo,  soiviâseof 
avec  constance  le  chemin  de  la  vertu  qui 
mène  à  Dieu,  agissant  ainsi  avec  bonas  vo> 
lonté,  et  non  comme  malgré  eux.  Car  jamais 
le  Seigneur  n*a  eu  recours  à  la  violence  où 
à  la  crainte  pour  conduire  à  la  vertu.  Us 
choses,  pour  être  belles  et  honnêtes,  ont  lie* 


%9 


THE 


PART.  III.  —  LEIGExNDES  ET  FRAGMENTS. 


THE 


970 


soin  d'être  volontaires  et  non  d'être  l'effet  de 
la  nécessité.  Dieu  a  accordé  le  mariage  è  Tes- 
pèce  humaine  comme  un  remède  et  comme 
un  secours,  comme  un  préservatif  contre 
rinconlirjence,  et  comme  une  source  que 
Dieu  a  formée  pour  perpétuer  le  genre  hu- 
main dont  il  est  le  créateur;  elle  est  desti- 
née an  salut,  à  la  conservation  et  à  la  pro- 
n>«;ali(m  de  la  vie  de  l'homme;  ils  se  rem- 
placent les, uns  les  autres  et  se  succèdent 
s«nsqiie  la  race  soit  jamais  éteinte,  et  il  en 
se  a  ainsi  jusqu'à  ce  que  le  lemps  de  la  con- 
sninn  ation  et  de  la  résurrection  vienne  dé- 
truire la  figure  de  ce  monde  et  lui  substituer 
un  état  plus  parfait  et  une  condition  plus 
divine.  Car  il  faut  que  ce  qui  est  mortel  se 
révèle  de  riramorlalité;  il  faut  que  ce  qui  est 
corruptible  se  revête  de  l'incorruptibilité,  et 
il  faut  que  n^ms  retournions  tous  è  notre  pa- 
trie primitive  dont  Dieu  est  le  créateur,  c'est- 
à-dire  au  ciel.  Voilà  ce  que  je  prêche,  ce 
que  j'enseigne,  c'e^tence  but  queje  parcours 
toutes  les  régions  du  monde;  ^'est  pour- 
quoi je  suis  venu  ici  ;  c'est  pour  cela  qu'on 
peut  m'acnuser  si  l'on  veut  et  me  condam- 
ner. Je  suis  prêt  à  toute  espèce  de  combat  et 
à  exposerma  vie  {jour  la  vérité.  ^ 

Paul  ayant  ainsi  répliqué  à  Thamyris  et 
excité  parmi  ses  auditeurs  une  grande  ad- 
miration, à  cause  de  la  clarté  et  de  la  ré50- 
luiiouavec  lesquelles  il  avaitdéfendu  la  foi, 
le  proconsul  ne  trouva  en  Paul  rien  qui  fût 
di^ne  de  blâme,  malgré  le  tumulte  et  les  vo- 
citératiuns  du  peuple  et  malgré  les  inculpa- 
tions de  Thamyris  ;  il  trouvait  dans  ce  qu'a- 
vait dit  l'Apêtre  des  choses  qu'il  approuvait 
et  d'autres  qui  lui  semblaient  ridicules  ;  un 
pareil  discours  était  pour  lui  quelque  chose 
(le  nouve«»u  et  d'extraordinaire,  et  il  voulait 
aussi  écarter  les  difficultés  et  les  colères  sus- 
citées à  cause  de  Paul;  il  ordonna  ainsi 
qu'on  le  ailt  en  prison,  se  réservant  de  i'en- 
leudre  une  autre  fois. 

Ces  ctioses  étant  ainsi  accomplies;  et  ce 
grand  orage  étant   apaisé,  la  vierge  Thècle 
(\^i  était  pleine  d'inquiétude  à   l'égard  de 
son  maître  et  qui  n'ignorait  rien  de  ce  qui 
s'était  passé,  car  la  renommée  lui  en  avait 
proiupiement  apporté  la  nouvelle,  conçut  et 
accomplit  son  projet  avec  plus  de  résolution 
qu'il  n'y  en  a  chez  une  jeune  fille,  avec  plus 
de  courage  qu'il  n'y  en  a  chez  une  femme, 
avec  plus  de  ferveur  et  de  hardiesse  qu'il  n'y 
en  a  d'ordinaire  chez  une  chrétienne.  Se 
dépouillant  de  tous  ses  objets  de  parure  qui 
tHaient  nombreux  et  d'un  grand  prix,  elle  se 
défait  de  ses  colliers,  de  ses  bracelets  et  des 
autres  objets  inventés  sottement  pour  l'orne- 
ment de  son  sexe,  et  elle  se  procure  en 
échange  la  vue  de  Paul.  Le  zèle  de  la  piété 
l^avait  portée  à  préméditer  des  tentatives  au- 
dacieuses et  à  les  exécuter  :  ayant  gaçné  un 
esclave  auquel  la  garde  de  la  porte  était  con- 
fiée, et  lui  ayant  donné  des  bracelets  afin 
d'obtenir  de  lui  qu'il  se  conformât  à  ses  vo- 
lontés, elle  sort  de  sa  maison,  tremblante,  le 
cœur  palpitant  et  la  couleur  du  visage  chan- 
gée; elle  tente  une  entreprise  hardie  et  bien 
eKlraordinaire  de  la  part  d'une  jeune  fille, 

DlCTI0N?C.   DES  ÀPOCIlTPHIfS.  II. 


elle  se  rend  g  la  prison,  profitant  pour  cette 
visite  clandestine  des  avantages  qur  lui  of- 
frait le  temps,  car  la  nuit  était  noire,  profon- 
de et  donnant  beaucoup  de  sécurité  aux  lar- 
rons et  aux  fugitifs. 

Ayant  de  ntême  séduit,  par  un  ample  ca- 
deau, le  gardien  de  la  prison,  et  s'étant  fait 
ouvrir  les  portes  satis  qu'elles  lui  présentas- 
sent d'obstacles ,  elle  entra  et  accourut  vers 
Pfiul  ;  tous  ceux  qui  étaient  présents  furent 
saisis  d'effroi  et  remplis  de  consternation; 
Paul  lui-même  fut  épouvanté  en  voyant 
(qu'elle  avait  fait  ce  Qu'une  jeune  fille  n'avait 
jamais  osé,  mais  la  foi  qu'il  avait  en  Jésus- 
Christ  le  soutint,  et,  appelant  Thècle,  il  la  fit 
asseoir  auprès  de  lui,  il  l'entretint  des  choses 
divines  et  célestes  dont  elle  avait  besoin  ;  son 
discours  était  de  nature  à  rattacher  à  Jésus- 
Christ,  et  à  le  lui  faire  adopter  pour  époux; 
il  fut.  è  ce  que  je  pense,  dans  les  termes 
suivants  : 

«  C'est  è  cause  de  toi,  ô  vierge,  que  je  suis 
chargé  de  chaînes,  comme  tu  levois,ayantété 
accusé  par  ton  fiancé  Thamyris.  J*en  étais  af- 
fligé, non  assurément  parce  que  j'étais  dé- 
tenu en  prison  (loin  de  moi  l'idée  de  perdre 
jamais  le  souvenir  de  ce  que  j'ai  souffert  etde 
ce  que  je  dois  souffrir  pour  Jésus-Christ  I), 
mais  parce  que  je  craignais  beaucoup  de 
perdre  le  bénéfice  de  mes  liens,  et  d'être 
forcé  de  quitter  cette  ville  sans  fruit  et  sans 
utilité,  sans  avoir  pu  gagner  personne  è  Jé- 
sus-Christ; mais  voici  que  je  t'ai  vue,  venant 
je  ne  sais  d'oi!i,  et  tu  m'as  délivré  de  toute 
cette  crainte.  Je  vois  maintenant  une  mois- 
son qui  surgit  et  qui  me  récompensera  de  ce 
que  i'ai  déjà  éprouvé  à  cause  de  toi  et  de  ce 
que  j'éprouverai  peut-être  encore;  c'est  toi 
que  je  regarde  comme  cette  moisson  qui  an- 
nonce déjà  les  épis  mûrs  et  abondants  de  la 
piété  et  de  la  foi.  L-étincelie  d'abord  £sible 
et  obscure  de  mes  paroles  t'a  tellement  en- 
flammée que,  méprisant  ta  mère ,  tes  ri- 
chesses, ta  famille,  ta  patrie,  et  ton  fiancé, 
illustre  à  plus  d'un  titre,  tu  as  saisi  la  croix, 
te  préparant  à  parcourir  la  carrière  de  l'Evan- 
gile; quelle 'joie  n'as-tu  pas  répandue  dans 
le  ciel  sur  les  puissances  célestes,  et  sur 
Jésus-Christ  lui-même?  Quelle  doit  être  la 
fureur  du  démon,  qui,  rempli  d'audace,  se 
regardait  comme  le  dominateur  féroce  de  la 
nature  humaine,  et  qui  se  trouve  bravé  et 
vaincu  par  une  jeune  fille  d'un  âge  aussi 
tendre  que  le  tien?  11  ne  te  rçste  qu'une 
chose  à  faire  :  Ne  te  laisse,  ma  tille, 
abattre  par  aucune  terreur;  que  nulle  fraude 
ne  te  fasse  tomber  dans  Terreur,  que  nul 
désir  des  choses  terrestres  ne  vienne  t'éga- 
rer;  que  le  feu,  que  le  fer,  que  les  bêles  fé- 
roces ne  te  détournent  pas  de  confesser  gé« 
néreusement  Jésus-Christ.  C'est  avec  le  cou- 
rage d'un  homme  et  non  comme  une  femme 
que  tu  dois  agir  désormais;  après  que  tu  te 
seras  livrée  au  roi  des  cieux,  ne  redoute 
plus  aucun  tyran  ;  ne  crains  point  le  démon 
quoiqu'il  multiplie  autour  de  toi  les  épreu- 
ves, quoique  du  haut  des  nuées  il  te  dé- 
clare la  guerre,  quoiqu'il  s'arme  contre  toi 
de  tous  les  instruments  de  rimpiété«  de  tous 

31 


f7i 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


n 


ses  traits,  de  tous  ses  filets.  Il  tentera  contre 
toi  une  ioGnilé  d'attaques ,  il  emploiera 
contre  toi  les  paroles,  les  actions,  les  pro- 
messes, les  coups,  les  caresses,  le  feu,  les 
bêtes  féroces,  les  iuges,  le  peuple,  les  bour- 
reau! et  les  supplices.  Mais  s'il  trouve  chez 
toi  une  constance  inébranlable  et  une  force 
appuyée  sur  Jésus-Christ,  aussitôt  il  fuira 
loin  de  toi,  et  s*échappant  avec  plus  de  ra- 
pidité que  la  parole,  il  te  quittera  encore 
plus  vite  que  Job,  dans  lequel  il  fut  obligé 
de  reconnaître  son  vaincpieur,  quoiqu  il 
Teût  attaqué  de  mille  manières. 

«  Prends  courage,  ma  fille,  et  quoique  je 
sois  enfermé  dans  un  cachot,  je  vais  te  faire 
ïe  portrait  de  cet  ennemi,  afin  que  tu  le  re- 
connaisses facilement.  Il  parait  redoutable 
aui  hommes,  et  il  est  t-n  effet  audacieux, 
impudent,  téméraire,  rempli  de  malice,  ami 
de  la  discorde  et  de  la  guerre;  il  change  sou- 
vent de  forme,  et  il  est  très-prompt  et  Irès- 
babile  pour  préparer  toute  espèce  de  fraude 
et  de  tromperie;  mais,  d'un  autre  côté,  il  e^t 
timide,  impuissant,  sans  force,  et  une  simple 
menace  suifit  pour  le  chasser.  S'il  observe 
un  homme  négligent ,  mou ,  plus  attaché 
à  la  vie  qu'à  Dieu,  alors  il  l'attaque  avec 
violence,  et  il  n'y  a  aucun  genre  de  fraude 
qu*il  ne  prépare  contre  lui;  il  attaque  soit 
par  les  voluptés,  soit  parles  supplices,  il  fait 
tout  (our  arracherce  malheureux  è  l'espoir 
et  à  la  foi,  et  pour  le  précipiter  dans  l'abtme, 
qui  est  son  digne  séjour.  Mais  s'il  voit  un 
homme  ferme,  doué  d'une  énergie  réelle, 
adonné  à  des  pensées  sublimes  et  muni 
des  armes  de  la  foi,  il  emploie  d*abord  les 
flatteries  et  les  caresses,  il  fait  usage  de 
l'imposture,  en  feignant  la  piété;  il  le  séduit 
peu  à  peu  et  sans  bruit,  l'égarant  par  ses 
prestiges,  cherchant  à  le  perdre  par  les  i)!ai- 
sirs  de  la  vie,  et  è  le  faire  chuter  de  son 
état,  afin  de  Tenlever  è  la  piété  après  l'aviiir 
privé  de  son  courage.  S'il  voit  que  son  ad- 
versaire ne  cède  cr  rien,  ne  fléchit  nulle- 
ment, et  résiste  avec  intrépidité  et  fermeté, 
il  l'attaque  avec  des  armes  de  plus  en  plus 
puissantes,  il  cherche  à  TefiTrayer  par  des 
apparitions  de  spectres  et  d'objets  terribles, 
il  tire  le  glaive,  il  allume  le  feu,  il  irrite  les 
juges,  il  soulève  le  peuple,  il  arme  les  bour- 
•reaux,  il  excite  les  bêtes  féroces.  Si  le  fi- 
dèl-e  soldat  de  Jésus-Christ  résiste  à  toutes 
ces  épreuves,  s'il  se  montre  prêt  è  souffrir 
la  mori,  alors  le  démon  tombe  en  faiblesse, 
il  se  tait,  il  se  décourage,  il  s*enfuit  et  il  se 
reconnaît  vaincu.  Le  martvr  de  Jésus-Christ 
est  son  vainqueur,  et  il  est  pour  lui  un 
juste  sujet  d'effroi.  C'est  contre  un  ennemi 
nareil  que  tu  dois  combattre,  ma  fille. 
Aiais,  comme  je  te  l'ai  dit,  tu  as  pour  roi, 
fiour  défenseur  et  pour  époux,  Jésus-Christ; 
ta  résolution  est  digne  de  tout  éloge;  marche 
au  succès,  triomphe  et  règne.  Car  lu  régne- 
ras, je  le  sais  bien,  en  dépit  de  toutes  les 
machinations  qui  seront  dressées  contre  toi, 
et  tu  remporteras  en  toutes  choses  sur  l'en- 
nemi du  genre  humain;  tu  le  vaincras  non- 
seulement  par  toi,  mais  encore  par  beaucoup 
d'auireS|Car  tuinstruiras  un  grand  nombre  de 


personnes,  et  tu  seras  conduite  à  ton  Epout  \ 
rexemple  de  Pierre,  de  Jean,  et  de  luu^ 
ceux  d'entre  nous  qui  somn.es  ê|>5trt's 
et  j'ai  la  certitude  que  tu  dois  au55i  èi:e 
comprise  dans  ce  nombre.  » 

Paul  ayant  dit  dans  sa  prison  ces  clio^rt 
et  d'autres  semblables,  et  enseignant  ainr. 
Thècie,  qui  écoutait  volontiers  ses  U^^ns 
voici  que  Thamyris  vint  de  nouveau  alla* 
quer  Paul  avec  encore  plus  de  violence  «^ue 
la  première  fois,  car  il  avait  conçu  coolr»- 
l'Apôtre  une  fureur  nouvelle,  k  cause  Or 
Té vasion  de  Thècle.  Le  jour  étant  venu  ei  :e< 
rayons  du  soleil  ayant  commencé  k  briller, 
toutes  les  servantes  de  Thècle,  qui  avaiet.! 
coutume  de  coucher  devant  sa  chambrera;- 
tendaient  que,  selon  son  usage,  leur  maîtres'-' 
se  levât,  et  qu'elle  leur  demandât  ce  du: t 
elle  avait  besoin,  comme  les  roailressts  le 
font  d'ordinaire  à  l'égard  de  leurs  servaQte\ 
et  elles  étaient  prêtes  à  accomplir  proœpie- 
ment  ses  ordres.  Le  soleil  étant  déjà  fort  au- 
dessus  de  l'horizon,  Thècle  n'avait  pointai- 
pelé  et  n'avait  donné  aucun  ordre  et  leiser* 
vantes  se  demandaient  entre  elles  :  «  QuVsi- 
ce  que  cela  signifie?  est-ce  que  notre  maî- 
tresse dort  encore,  ou  bien  lui  est-il  arrne 
quelque  chose  de  fâcheux  ?  est-elie  malaJ** 
ou  bien  la  mort  s'est-elle  soudain  emparé-. 
d'elle?  V  Le  temps  s'écoulait,  etcereiarl 
n'annonçant  rien  de  bon,  elles  entrèrer! 
toutes  è  la  fois  dans  la  chambre,  et  ne  trou- 
vant pas  la  vierge,  elles  se  mirent  à  pou$s(r 
de  grandes  clameurs;  Théoclée,appreoaoi  e 
motif  de  ce  lumulle,  tomba  aussitftt  prit^^e 
de  sentiment  et  de  voix;  la  ville  futiœoH- 
diatement  remplie  d'agitation  et  de  rrb; 
tous  les  habitants  couraient  de  çà  et  de  b, 
s'informant  de  ce  qu'était  devenue  Thècle,  <  l 
lacherchant,  car  sa  disparition  était  regard- e 
comme  une  calamité  publique. 

Tandis  que  cela  se  passa. l,  Tnecie  était 
assise  aux  piedsde  Paul,  et  d'un  esprit  fernu- 
et  intrépicle  elle  jouissait  de  sa  doctrine  di- 
vine. Tnamyris  survint  sur  ces  entrefaites, 
ayant  appris  par  un  des  esclaves  ^ue  Tbè.  *" 
était  auprès  de  Paul.  11  se   précipita  rem- 
pli d'un    courroux    qui   allait   jusqu'à  m 
démence,  car  il  regardait  la  vierge  comme 
privée  de  sa  raison,  par  suite  desenchaoïr- 
ments  de  Paul,  et  comme  enlevée  par  lui  a 
l'instar  d'une  proie.  £lle  s'était  enfuie  d 
elle  se  tenait  aux  pieds  de  Paulf  (4)iD(ue en- 
chaînée à  lui,  ce  qui  excitait  |)armi  les  spec- 
tateurs des  soupçons  dépourvus  loutefoi^ 
de  tout  fondement.  Mais  les  témoins  de  m 
choses  ne  connaissaient  ni  Paul  ni  Ttikk, 
et  ils  ignoraient  les  motifs  qui  faisaient qu" 
la  vierge  se  tînt  ainsi  aux  piedsde  l'Apéirc; 
il  l'entretenait  de  choses  que  les  igooran:* 
et   les  esprits   prévenus  pouvaient  regar- 
der comme  absurdes  et  impures.  ThaD))n\ 
voyant  ainsi  Thècle  senle  avec  Paul, se  uii 
h  trembler  comme  on  homme  atteint  de  f  li- 
tige, et  il  fut  sur  le  point  de  perdre  cooo3i5- 
sance  et  même  la  vie,  h  cause  de  l'exoésoe 
sa  douleur.  Lorsque  la  fureur  de  l'aioottr  n 
do  la  jalousie  s'est  eoi parée  d'uii  cour,  e<  *? 
conduit  à  une  rage  qui  se  montre  saosue- 


975 


THE 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


THE 


974 


tour  et  à  un  féritable  délire.  Faisant  saisir 
Pau)  par  ses  esclaves  et  par  les  soldats  qui 
raccompagnaient,  il  le  traîna  au  prétoire,  ne 
négligeant  rien  conlre  lui  de  ce  que  peut 
suggérer  la  colère  ou  conseiller  la  jalousie. 
Cestillius  (c'était  le  nom  du  proconsul)  était 
disposé  à  épargner  Paul,  car  il  avait  été  ému 
de  ses  discours,  et  touché  de  la  piélé  qui 
régnait  en  ce  que  disait  TApôtre,  mais  il 
craignait  Thamyris  et  ceux  qui  l'appuyaieât 
de  leurs  vociférations,  et  qui  demandaient 
conlre  Paul  les  châtiments  les  plus  sévères, 
lacousant  d*avoir  détourné  de  tous  ses  de- 
voirs une  vierge  d'un  rang  distingué,  et  de 
ravoir  persuadée  de  se   porter  à  des  ac- 
tions très-honteuses  et  pleines  d'ignominie, 
n'ayant  plus  nul  souci  de  Thonnêteté  Ces- 
tiliius  voulait  donc  condamner  Paul  à  une 
flagellation  peu  forte  et  è  être  expulsé  de  la 
ville,  pensant  ainsi  ne  pas  avoir  h  sévir  plus 
rigoureusement  contre  lui.  Thècle  fut  amenée 
en  sa  présence,  suivie  de  sa  mère,  qui  de- 
mandait à  grands  cris  que  Paul  fût  très-ri- 
goureusement puni  à  cause  du  crime  qu'il 
avait  commis,  lous  les  assistants  furent  sai- 
sis d'admiration  à  l'aspect  de  la  vierge  dont 
la  beauté  était  exli:aordinaire;  le  juge  fut 
émude  compassion,  etse  mit  à  verser  des  lar- 
mes. Thècle  restait  ferme  et  intrépide,  l'air 
élevé  et  çrave,  et  nullement  émue  de  ce  qui 
se  passait.  Le  proconsul  lui  parla  en  ces 
termes  :  «  Je  crois,  ô  vierge,  qu'il  ne  te 
manque  aucun  des  dons  de  la  nature,  aucun 
des  ornements  de  l'Ame  où  du  corps;  tu  es 
douée  des  avantages  les  plus  précieux,  et 
chacun  de  ceux  qui  te  voient,  ainsi  que  moi 
le  premier,  peuvent  facilement  s'en  con- 
vaincre. Je  ne  puis  dire  quels  sont  les  mo- 
tifs qui  te  portent  à  te  refuser  au  mariage, 
chose  lielle,  honnête  et  louée  d'un  accord 
unanime  par  les  hommes  et  par  les  dieux. 
Cest  elle  qui  peuple  la  terre  d'hommes  et 
(le  tous  les  autres  êtres  animés; c'est  elle  qui 
remplit  l'air  d'oiseaux,  et  la  mer  des  créa- 
tures auxquelles  la  nature  a  assigné  les 
eaux  pour  demeure.  C'est  elle  qui  lait  que 
des  vivants  se  substituent  à  ceux  que  la 
mort  vient  frapper,  de  sorte  que  notre  race 
demeure  immortelle,  des  générations  nou- 
velles venant  remplacer  celles  qui  ne  sont 
plus.iVest  par  une  union  légitime  que  les  ex- 
cès de  la  dét)auchesont  repoussés,  c'est  ainsi 
que  les  liens  de  famille  sont  maintenus  et 
que  les  biens  se  transmettent  par  héritage  à 
ceux  auxquels  ils  doivent  revenir.  Pourquoi 
donc  fuis-tu  le  mariage?  Ton  père  s'est 
choisi  une  compagne  qu*il  a  honorée,  et  il  a 
obtenu  une  Glle  d'une  beauté  éminente  ; 
c*est  le  mariage  qui  a  amené  à  la  vie  chacun 
de  nous.  Thamjris,  ton  fiancé,  est  beau  et 
noble;  il  n'est  pas  indigne  que  Thymétiée 
le  joigne  à  toi.  Il   est    d'une  famille   il- 
lustre ;  ses  richesses  sont  considérables,  et 
nuln'aplusde  pouvoir  dans  la  ville  que  lui. 
Tu  vois  quel  est  son  amour  pour  toi,  combien 
il  te  préfère  à  toutes  choses,  qu'il  na  d'au- 
ire  espoir  que  celui  de  s'unir  à  toi  ;  ne  fais 
pas  tort  \  lui  et  à  loi,  en  repoussant  un  ma- 
ringe  heureux,  qui  vous  doiinera  des  des- 


cendants, ornements  de  votre  patrie  et  de 
votre  famille,  et  qui  perpétueront,  après  vo- 
tre mort,  l'éclat  de  votre  nom.  Si  ce  vieillard 
étranger  t'a  tenu  des  discours,  méprise-les 
comme  étant  des  fables  et  des  folies,  ne  par- 
tage pas  ses  extravagances  ;  il  n'appartient  pas 
à  ton  âge  déjuger  de  pareils  dogmes,  attache- 
toi  plutôt  à  lisser  et  aux  travaux  d'aiguille, ce 
sont  les  devoirs  que  la  nature  a  imposés 
aux  femmes.  Ecoute -moi;  renonce  à  une 
imposture  frivole  ;  prends  un  parti  plus 
sage;  unis -toi  à  Thamvris;  deviens  pour 
nous  tous  un  sujet  de  fête,  de  joie,  d'hila- 
rité. Je  veux  moi-même  conduire  la  danse 
è  tes  noces  ;  je  te  remettrai,  à  toi  et  è  ton 
époux,  des  couronnes  dignes  de  tous  les 
vœux,  et  je  désire  ardemment  pouvoir  de 
même  prendre  part  aux  fêtes  qui  accompa- 
gneront le  mariage  de  vos  enfants.  » 

Le  proconsul  s  efforçait  ainsi,  par  des  pa- 
roles douces  et  caressantes,  de  détourner 
Thècle  du  projet  qu'elle  avait  conçu;  mais 
elle  ne  répondit  pas  un  seul  mot,  jugeant  qu'il 
n'était  pas  digne  del'honneur  d'une femmeet 
de  la  bienséance  d'une  vierge  qu'elle  flt 
entendre  sa  voix  en  public,  et  qu'elle  parlât 
dans  le  théâtre  en  présence  du  peuple  qui 
s^'y  était  rassemblé.  En  effet,  rien  ne  con- 
vient mieux  aux  femmes  que  le  silence 
et  la  tranquillité.  Ne  faisant  aucune  ré- 
ponse ,  elle  demeura  muette  comme  un 
agneau  devant  celui  qui  le  tond,  et  elle  ne 
se  préoccupait  pas  de  ce  qu'elle  pouvait  ré- 

f>ondre,  mais  elle  tenait  sa  pensée  fixée  sur 
es  tourments  qu'elle  serait  appelée  à  sup- 
porter pour  Jésus-Christ ,  montrant  déjà  sa 
patience  et  une  constance  imperturbable 
au  milieu  des  contrariétés  et  des  souffrances. 
Cestillius  voyant  que  Thècle  était  résolue  à 
garder  le  silence,  fut  fort  embarrassé  sur  ce 

Î|u'il  devait  faire  ;  le  peuple  admirait  la 
ermeté  do  la  jeune  fille,  et  soudain  Théo- 
clée,  extrêmement  troublée,  s'écria :«  Qu'at- 
tends-tu, ô  juge?  pourquoi  diffères-tu  de 
punir  cette  ennemie  des  lois  et  du  mariage? 
qu'elle  périsse  celle  qui  ,  repoussant  une 
union  légitime,  mène  la  vie  d'une  femme 
sans  mœurs  et  d'une  misérable  esclave  ; 
celle  qui  refuse  un  époux  que  tout  recom- 
mande, et  qui  s'attache  è  un  vagabond  étran- 
ger et  à  un  imposteur;  celle  qui  est  un 
sujet  d'opprobre  pour  sa  patrie,  pour  sa  fa- 
mille, pour  sa  race  et  pour  moi  surtout  qui 
l'ai  mise  au  monde  au  prix  de  tant  de  dou- 
leurs, n 

Théoclée  s'étant  exprimée  ainsi  avee 
beaucoup  de  véhémence,  le  proconsul  fut 
ému;  il  redoutait  Thamyris  qui  était  fort 
puissant ,  et  qui  était  furieux  de  ce  qu'on 
lui  enlevait  une  fiancée  d'une  beauté  aussi 
accomplie;  il  regardait  aussi  avec  méfiance 
les  principes  des  Chrétiens ,  ei  il  condamna 
Thècle  à  être  brMée.GequiaJvenaitafinquo 
la  puissance  de  Jésus-Christ  se  manifestât, 
afin  que  le  mérite  de  la  martyre  brillât  avec 
éclat,  et  afin  que  le  travail  de  Paul  ne  restât 
pas  infructueux.  Le  bois  ayant  été  apporté 
de  tout  côté,  et  la  flamme  s'élevant  jus** 
qu'aux  cieuxy  la  vierge  reçut  l'ordre  do 


Î75 


DICTIONNAIRE  DES  APOCHYPUES. 


8"« 


monter  sur  ce  bi^cher  embrasé.  Prêle  à  le 
faire  de  graml  cœur,  elle  rej^ardait  le  feu 
avec  joie  el  salisfaclion,  d'un  visage  exempt 
de  trouble  et  plein  d'allégresse,  et  voici  que 
Îésus-Christ  se  montra  à  elle  sous  la  forme 
de  Paul,  affermissant  son  courage,  stimulant 
sa  constance,  et  Thècle,  croyant  que  c'était 
Paul  qu  elle  voyait,  sourit  et  dit  en  elle-mô- 
me  :  «  Voici  que  Paul  m'observe  et  me  re- 
garde, de  peur  que,  perdant  courage,  et  sai- 
sie de  crainte,  je  ne  confesse  pas  intrépide- 
ment ma  foi  en  Jésus-Christ.  Mais,  mon  cher 
Paul,  je  jure,  parle  Seigneur  que  tu  m'as 
fait  connaître,  que  je  ne  trahirai  pas  la 
cause  de  la  religion  ,  et  que  je  ne  serai  pas 
pour  ta  doctrine  un  sujet  de  honte.  Tienjs- 
toi   auprès  do  moi,  mon   maître,  etinvô- 

3ue  Jésus-Christ, afin  qu'il  rafraîchisse  Tar- 
eur  de  ce  feu  par  le  soulfle  de  son  esprit, 
et  qu'il  soutienne  par  son  secours  la  fai- 
blesse de  ma  nature.  »  Ayant  dit  ces  paroles, 
elle  se  fortifia  par  le  sifiçne  de  la  croix,  ou 
plutôt  elle  prit  elle-même  la  figure  de  la 
croix,  en  croisant  ses  bras  sur  sa  poitrine, 
et  elle  s'élança  sur  le  bûcher,  se  livrant  aux 
flammes  aveu  autant  d'intré[Mdité  et  de  ré- 
solution que  pourrait  en  mettre  un  homme 
qui  sVxposera't  aux  rayons  d'un  soleil  ar- 
dent. Le  feu  oublia  it  sa  nature,  el  cédant  à 
la  puissance  de  la  croix,  servit  de  lit  è  la 
vierge,  se  reployant  a\itour  d'elle  pour  la 
dérober  aux  regards  déshonnêles.  De  même 
que  Dieu  avait  apaisé  les  flammes  pour  les 
trois  enfants  jetés  dans  la  fournaise  à  Baby- 
lone,  de  même  il  en  préserva  la  vierge.  La 
terre  elle-même  témoigna  son  mécontente- 
ment de  l'injustice  qu'on  commettait  à  l'é- 
gard de  Thècle,  en  faisant  entendre  un  grind 
bruit.  Une  forte  pluie  tomba  du  ciel  sans 
qu'aucun  nuage  se  montrât.  Dieu  le  voulait 
ainsi  pour  assister  et  honorer  la  martyre. 
Ensuite  uu^  grêle  énorme,  tombant  avec 
cette  pluie,  écrasa  un  grand  nombre  d'ha- 
hitantsd'Iconîum,  les  punissant  de  leur  témé- 
rité à  l'égard  de  Thècle  et  la  délivrant  du  feu. 
Tandis  que  ces  choses  se  passaient,  tous 
les  habitants  étant  frappés  de  crainte  el  de 
consternation,  et  ceux  qui  s'étaient  acharnés 
contre  Thècle  se  repentant  et  taisant  péni- 
tence en  pleurant  amèrement,  Paul  s'était 
retiré  hors  de  la  ville,  dans  un  sépulcre, 
avec  Onésiphore  ;  el,  inquiet  de  ce  qui  ar- 
riverait, il  restait  dans  le  jeûne  et  prosterné 
contre  le  pavé,  invoquant  Jésus-Christ  en 
faveur  delà  vierge.  Commeils  n'avaient  avec 
eux  ni  vivres,  ni  boissons,  car  leur  fuite 
avait  été  trop  rapide  pour  qu'ils  eussent 
pu  emporter  aucune  provision,  les  enfants 
d'Onésipliore,  tourmentés  par  la  faim,  de- 
mandèrent à  Paul  la  permission  de  retourner 
à  la  ville  dans  le  but  de  se  procurer  ce  qui 
leur  était  nécessaire.  Ayant  obtenu  c('tte 
autorisation  et  ayant  pris  un  peu  d'argent, 
ils  [)arlirent.  De  son  cûlé,  Thècle  délivrée 
du  feu,  et  fort  inquiète  au  sujet  de  Paul, 
parcourait  la  ville,  et  elle  rencontra  les  en- 
fants d^Onésiphore,  qui  la  reconnurent  el  la 
conduisirent  è  l'ApAtre  ;  elle  le  trouva 
prosterné  et  demandant  à  Dieu,  en  ver- 


sant des  larmes,  ce  qui  était  déjï  arrom;  i 

La  martyre  s'écria  aussitôt  :  <  0  Difu,  n-. 
et  créateur  de  toutes  choses,  Père  de  l^n 
Fils  unicpie,  adorable,  je  te  rend<i  tra- 
ces d'avoir  été  préservée  de  la  viôlin  * 
du  feu,  et  de  revoir  Paul,  mon  roalir»- ii 
mon  guide;  c'est  lui  qui  m'a  annon^v  \i 
puissance  de  votre  empire,  la  gran  cir 
de  voire  puissance,  l'immutabilité  de  v«>.r* 
déité  dans  la  Trinité,  et  l'existence  uni  p-^ 
et  la  même  de  sa  puissance  et  de  son  é^aîiu'*; 
il  m'a  instruit  du  mystère  de  rincarnaii'u 
de  ton  Fils  unique  et  dw  relTuacilé  de  rt>- 
pril-Saint;  il  m'a  mise  en  possession  du  «.^n 
salutaire  et  sincère  de  la  foi ,  chemin  <W  U 
vraie  connaissance  de  Dieu  ,  et  gage  de  la 
rétribution  du  bonheur  futur.  » 

Paul  entendant  la  voix  de  la  vierge  fi.l 
soulevé  de  terre  comme  parraction  duiie 
machine,  et  tout  ému  d'allégresse  et  de  sur- 
prise, il  dit  :  «  Seigneur,  il  serait  bien  J;f- 
ficile  de  te  rendre  de  dignes  actions  de  z'h- 
ces  pour  les  bienfaits  que  tu  nous  accorhv 
Quelles  express!  »ns  pourraient  rendre  ti 
bonté,  ta  douceur,  ta  puissance,  ta  sa^e^^et 
qui  ponrrait  dire  de  quelle  façon  tu  pro!é«"« 
et  tu  diriges  toutes  les  choses  que  tu  ;i^ 
créées,  étendant  ta  providence  sur  loul  <e 
qui  nous  touche?  Je  le  rends  grâces,  au'au: 
que  le  permettent  les  facultés  humaines,  •.• 
ce  que  lu  as  préservé  ta  servante  Tiif  > 
d'une  manière  aussi  merveilleuse  el  ansNJ 
inespérée  ;  tu  n'as  pas  voulu  que  mes  f.vi- 
gués  el  mes  souffrances  demeurassent  pri- 
vées de  fruit.  Les  afflictions,  les  chaînes,  k> 
coups  que  j'ai  eu  à  supporter,  Tani^nM 
près  de  loi  comme  disciple,  comme  martyre, 
comme  évangélisle  future.  C'est  par  on 
effet  de  la  volonlé  bienveillante  que  cet  ^[i 
de  virginité  a  fleuri,  il  produira  un  nooibrc 
infini  d'autres  vierges.  Ce  grain  si  noMeM 
si  excellent  est  vraiment  fertile,  et  il  e,^; 
digne  de  ion  grenier.  ^ 

Paul  ayant  parlé  de  la  sorte,  Onésiphore, 
ses  esclaves  et  Thècle  furent  remplis  de  joie, 
et  ils  se  livrèrent  tous  à  une  entière  a>!t'- 
gresse  spirituelle.  Ils  prirent  ensuite  la  noor- 
rilurequi  leur  était  n/^cessaire,  et  Thècle  5>- 
dressa  à  Paul  en  ces  termes: 

«  J'ai  été  conservée  par  ton  entremise,  h 
mise  en  mesure  de  recevoir  la  fd  etden- 
vre  pour  Jésus-Christ,  mais  je  no  regarJf» 
pas  comme  sûr  de  me  séparer  de  toi  et'i'lis- 
biter  celle  ville  où  régnent  une  im\'\éié*' 
une  audace  dont  tu  as  été  le  témoin.  J<^ 
donc  le  dessein  de  t'accompagner,  m'a.var: 
fait  couper  les  cheveux,  et  sous  un  dégui- 
sement qui  cachera,  je  pense,  ce  qu'il  pour- 
rait y  avoir  de  beauté  en  moi,  et  qui  ln»in- 
pera  ceux  qui  voudraient  nous  observer  •- 
«Je  le  voudrais,  )/  répondit  Paut,  cmaisj 
crains  l'époque  où  nous  vivr>ns«  et  je  te 
crains  surtout,  car  notre  époque  est  rcmpi  * 
d'immoralité,  el  loi,  tu  es  fort  belle  et  tu  e^ 
dans  un  âge  bien  tendre.  Une  guerre  redou- 
table serait  à  supporter,  d'autant  plos  qu<. 
par  suite  de  la  faiblesse  naturelle  à  ton  svir* 
tu  pourrais  te  repentir  de  ce  que  tu  aiir^i^ 
entrepris,  el  regretter  d*avoir  renoncé  a  « 


977 


THE 


PART.  m.  -  LKCENDES  ET  FRAGMENTS 


THE 


978 


^enro  de  vie  qui  s'ouvrait  devant  toi.  »— «Ne 
crains  point,»  répliqua  Thècle,  «que  pd- 
reille  chose  arrive.  Dieu,  qui  m*a  assistée  sur 
le  bûrher ,  m'accordera  aussi  son  secours 
dans  d'autres  périls;  si  le  démon  nous  tend 
de  plus  en  plus  des  einbûclies,  lu  me  four- 
niras, mon  maître,  pour  lui  résister,  les 
ressources  que  Jésus-Christ  met  à  notre 
disposition;  munie  de  pareilles  armes,  je  ne 
craindrai  rien,  je  ne  m'effrayerai  de  rien,  je 
sprai  supérieure  à  toute  tentation  et  à  toute 
attaque  de  la  part  de  l'ennemi.  Donne-moi 
seulement,  je  te  le  demande,  le  signe  de 
Jésus-Christ  »— «  Que  ce  qui  est  décidé  à  ton 
égard  s'accomplisse ,  »  répondit  Paul  ;  «  m 
seras  la  compagne  de  mon  voyage,  et,  aprè.s 
avoir  attendu  un  peu  de  temps,  tu  recevras 
la  grâce  du  saint  baptême,  qui  est,  pour 
rem  qui  croient  en  Jésus- Christ  et  qui 
mettent  en  lui  leur  cor.iiance,  une  source 
Miépuisable  de  salui  et  de  constance,  ainsi 
qu'un  appui  inexpugnable,  w 

Paul  ayant  ainsi  parlé  et  ayant  renvoyé  à 
la  ville  Onésiphore  et  ses  esclaves,  se  mit 
en  route,  et  ayant  quitté Iconium,  accompa- 
b'né  de  Thècle,  il  arriva  à  Antioche,  ville 
très-belle  et  capitale  de  la  Syrie;  il  advint 
alors  ce  que  TApûlre  avait  prévu,  car  à  peine 
élaienl-iis  aux  portas  de  la  ville  que  la 
beauté  de  Thècle  se  montra  aux  yeux  da 
ceux  qu'ils  rencontrèrent  et  agit  sur  eux 
<-omme  la  foudre;  un  nommé  Alexandre 
rayant  vue  fgt  saisi  d'une  imssion  tellement 
violente  que  ne  pouvant  la  réprimer,  ni  la 
contenir  un  moment,  il  se  jeta  sur  la  vierge, 
pareil  à  un  chien  enragé  ou  à  un  homme 
tourmenté  par  un  esprit  malin.  Cet  Alexandre 
était  Sjrrien  de  nation,  noble  et  riche,  et  il 
jouissait  à  Antioche  d'une  autorité  absolue, 
ne  se  refusant  rien  de  ce  qui  pouvait  concou- 
rir à  ses  plaisirs  et  è  leur  satisfaction.  Le 
))euple  d'Antioche  est  inconstant  et  variable, 
très-atni  des  voluptés,  des  spectacles  et  de 
tout  ce  qui  peut  séduire  les  yeux,  Irès- 
adonné  à  la  vaine  gloire.  Alexandre  ayant 
jeté  sur  Thècle  des  regards  de  convoitise, 
s'adressa  à  Paul  qu'il  regardait  comme  le 
maître  de  cette  vierge,  et  ne  souffrant  aucun 
relard,  n'observant  nulle  bienséance,  il  lui 
adressa  de  vives  prières  et  lui  (it  de  grandes 
promesses.  Trompé  dans  son  attente,  car 
Paul  niait  avoir  aucun  pouvoir  sur  Thècle, 
il  voulut  faire  violence  à  la  jeune  fille  et  il 
la  saisitavec  fureur,  mais  elle  se  mil  à  crier  : 
«  0  crime,  6  tyrannie  sans  frein,  ô  dérègle- 
ment honteux  et  méconnaissant  toute  pu- 
deur I  Je  me  suis  réfugiée  en  cette  ville, 
comme  dans  un  port  et  comme  le  séjour  de 
la  tempérance,  (^l  j'y  trouve  des  passions 
déchaînées.  Quoique  je  sois  étrangère  et  in- 
connue, je  ne  suis  point  sans  patrie  ou  d'une 
race  obsr.ure.  Je  suis  d'iconium,  ma  famille 
est  illustre,  ma  fortune  considérable;  re- 
nonçant au  mariage  et  à  mon  fiancé  Tliariiy- 
ris,  par  amour  pour  la  chasteté  et  la  conti- 
nence, afin  de  servir  Jésus-Christ  sans  nul 
obstacle,  j'ai  été  exilée  de  ma  ville  natale. 
Je  ne  suis  pas,  comme  tu  le  penses,  une  va- 
Hatx)nde  livrée  è  des  amours  honteux    et 


dignes  de  toi,  faisant  trafic  de  ma  beauté  et 
me  livrant  à  i'inconduite;  il  n'enest  rien,  et 
je  ne  ferai  jamais  une  pareille  injure  à  Dieu, 
mon  protecteur;  je  n'oublierai  jamais  les 
promesses  que  je  lui  ai  faites,  et  les  engage- 
ments que  j'ai  contractés  avec  lui  par  le 
moyen  de  Paul.  Ne  fais  donc  pas  violence  à 
une  étrangère,  h  la  servante  de  Dieu.  »  Mal- 
gré les  cris,  les  prières  et  la  résistance  de  la 
martyre,  Alexandre  s'efforçait  d'user  de 
violence  avec  elle;  alors  la  vierge,  montrant 
une  résolution  supérieure  à  celle  d'une 
femme,  Tattaque  à  son  tour;  elle  déchire  sa 
chiamyde,  ses  vêtements  superbes  et  splen- 
dides;  elle  lui  arrache  la  couronne  d'or  d*un 
travail  magnifique  qu'il  avait  sur  la  tête; 
elle  en  forme  un  trophée  aux  yeux  de  tous. 
L'église  consacrée  à  la  vierge  en  ce  même  lieu 
en  conserve  l'image  et  proclame  cette  victoire, 
et  tout  homme  qui  s'en  approche  se  souvient 
aussitôt  de  ce  qui  s'est  passé  et  pense  à 
Thècle  victorieuse  et  à  Alexandre  vaincu. 

Alexandre  ,  irrité  de  l'outrage  qu'il  avait 
subi  et  d(^çu  dans  son  espoir,  était  livré  à 
deux  passions  contraires,  l'amour  et  la  haine,, 
et  il  demeurait  dans  l'hésitation,  entraîné 
tantôt  par  l'une,  tantôt  par  l'autre.  Enfin,  ac- 
courant vers  le  tribunal,  il  demandeque  Thè- 
cle soit  jugée,  encore  plus  courroucé  de  voir 
ses  projets  impurs  déjoués  qu'irrité  d'avoir 
été  vaincu  par  une  femme.  La  fermeté  in- 
domptable et  lo  courage  de  la  vierge  aug- 
mentaient la  haine  de  l'ennemi  qu'elle  avait 
bravé  et  qu'elle  avait  traité  d'une  façon  ou- 
trageante. Thècle,  amenée  pour  être  jugée, 
se  réjouissait,  voyant  dans  ce  qu'elle  avait  à 
souffrir  une  victoire  nouvelle  et  une  conti- 
nuation des  combats  de  son  martyre. 
Craignant  qu'Alexandre  ne  vint  attenter  à 
sa  pudicité  lorsqu'elle  serait  ea  prison  et 
sans  secours,  elle  demanda  uniquement  au 
juge,  non  d'être  épargnée  sous  le  k-apirirt 
des  tourments  qui  pouvaient  lui  être  infligés, 
mais  seulement  que  sa  chasteté  fût  préservée 

[>ure  etsans  tache.  Elleméprisaitentièrement 
e  danger,  mais  elle  avait  la  plus  vive  solli- 
citude pour  la  conservation  de  sa  virginité. 

Il  advint  par  un  effet  de  la  providence  di- 
vine (|ue  parmi  les  femmes  qui  étaient  pré* 
sentes  (car  la  renommée  qui  s'était  attachée 
au  nom  de  Thècle  en  avait  attiré  un  grand 
nombre),  il  s'en  trouva  une,  nommée  Try- 
phène,  illustre  par  sa  parenté  avec  la  race 
royale,  possédant  de  grandes  richesses  et 
s'appliquant  avec  le  plus  grand  zèle  à  la 
vertu  et  à  l'honnêteté  dos  mœurs;  elle  de- 
manda et  obtint  que  Thècle  lui  fût  remise. 
Elle  agissait  ainsi,  partie  par  commisération 
pour  la  vierge  qu'elle  voyait  traitée  d'uno 
manière  si  tyraunique  et  si  injuste  à  cause 
de  sa  chasteté,  partie  parce  qu'elle  comptait 
trouver  en  elle  unecompa^nequi  la  dédom- 
mageât de  la  perle  de  sa  Qlle,  nommée  Fal- 
conilla  et  morte  récemment. 

Le  lendemain,  Thècle  fut,  k  la  demande 
d'Alexandre,  condamnée  h  être  livrée  aux 
bêtes:  Tryphène  ne  put  empêcher  que  ce 
supplice  ne  fût  appliqué  a  celle  qu'elle 
voulait  défendre.  Il  survint  alors  une  chose 


97» 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


digue  d'admiratiôD  et  où  il  faut  voir  un  mi- 
racle éclatant.  Une  lionne  des  plus  féroces, 
déchaînée  contre  Thècle,  perdit  aussitôt  la 
cruauté  de  sa  race,  et  tout  comme  si  elle 
avait  été  nourrie  avec  la  vierge,  elies*assit 
h  ses  pieds,  la  caressant  de  sa  queue  et  don- 
nant les  signes  de  soumission  et  d'attache- 
ment ordinaires  che2  un  chien.  La  vjlle  en- 
tière fut  frappée  de  stupeur,  et  les  assistants 
ne  pouvaient,  h  cause  de  leur  étonnement, 
prononcer  une  seule  parole.  Les  femmes  ne 
lardèrent  pas  à  rompre  le  silence  et  è  élever 
la  voix  contre  les  traitements  qifon  faisait 
subir  è  Thècle,  non  qu'elles  la  regardassent 
comme  martyre,  mais  parce  qu^elles  avaient 
pour  elle  les  sentiments  de  piété  et  de  sym- 
pathie dus  à  une  personne  de  leur  sexe  qui 
était  punie,  contre  toute  justice,  pour  avoir 
voulu  conserver  sa  chasteté.  Les  cris  des 
femmes  ayant  cessé  et  les  bétes  féroces  ne 
faisant  aucun  mal  è  la  vierge,  Tryphëne, 
tout  émue  d'un  pareil  miracle,  ramena 
Thècle  en  sa  maison.  Le  soir  étant  venu, 
Tryphène  allait  se  livrer  au.sommeil,  quand 
Fa'conilla  lui  apparut  et  s'adressa  à  sa  mère 
en  ces  termes  :  a  Renonce  à  ce  deuil  profond 
aaquel  tu  te  livres  à  cause  de  moi,  ne  verse 
pas  des  larmes  inutiles  et  ne  déchire  pas 
(on  ftme  en  l'abandonnant  ainsi  à  la  douleur; 
c'est  à  quoi  je  t'exhorte,  ma  mère.  Ton  af- 
fliction ne  me  soulagera  en  rien  et  elle  te 
fera  périr.  Mais  prie  pour  que  Thècle  habite 
avec  toi;  elle  le  tiendra  lieu  de  fille  è  ma 
place,  et  elle  invoquera  Dieu  pour  que  je 
puisse  obtenir  sa  miséricorde  et  échapper 
au  séjour  des  hommes  injustes.  » 

Fatconilla,  ayant  ainsi  parlé,  parut  s'en- 
voler; aussitôt  Tryphène  sortit  de  son  lit, 
pleine  de  ioie  et  versant  des  larmes  en  même 
temps  (selon  qu'elle  pensait  è  la  fille  qu'elle 
avait  perdue  ou  à  ce  oui  lui  avait  été  révélé 
ao  sujet  de  Thècle);  elle  appela  la  vierge,qui 
couchait  dans  la  même  chambre  qu'elle  et 
elle  lui  dit  :  «  Ma  fille,  chère  enfant  que 
Dieu  m'a  donnée,  c'est  le  Seigneur  qui  t'a 
conduite  ici  pour  te  jeter  dans  mes  bras,  afin 
que  tu  me  consoles  de  tous  mes  malheurs  et 
que  tu  réconcilies  avec  lésus-Christ  l'âme 
de  ma  fille  Falconilla;  ce  qui  lui  aura  man- 
qué sous  le.  rapport  de  la  loi,  tu  y  supplée- 
ras par  ton  intercession;  va  et  prie  le  roi 
Jésus-Christ  d'accorder  à  ma  fille,  par  faveur 
pour  toi,  le  repos  et  la  vie  éternelle.  C'est  ce 
qu'atteste  Falconillaelle-mèmeouim'aapparu 
cette  nuit.  » 

Tryphène  ayant  parlé  de  la  sorte,  la  vierge, 
toujours  prête  à  supplier  le  Seigneur,  éleva 
vers  le  ciel  ses  mains  saintes  et  pures  et 
prononça  la  prière  suivante  :  «  Jésus-Christ, 
roi  du  ciel,  de  tout  ce  qu'il  y  a  dans  les 
cieux  et  au  delà  des  cieux,  Fils  du  Père  su- 
prême et  tout-puissant,  qui  m'as  accordé  la 
grflce  de  croire  en  toi,  c\ui  as  allumé  pour 
moi  le  flambeau  de  la  vérité  et  qui  m'as  jugée 
digne  de  souffrir  pour  toi,  accorde  è  ta  ser- 
vante Tryphène  l'accomplissement  des  vœux 
qu'elle  forme  poursaUlie;  fais  que  son  âme 
ioit  comprise  dans  le  nombre  des  âmes  de 
ceux  qui  ont  jadis  cru  en  toi ,  et  qu'elle 


jouisse  des  déiioes  nu  paradis.  Seiffoeur, 
rends  à  Tryphène  tout  le  bien  qu'elle  m'a 
fait^  Ta  sais  qu'elle  a  été  la  gardienne  de  ma 
virginité;  c'est  elle,  après  Paul,  qui  m'a  as- 
sistée, elle  m'a  arrachée  à  la  fureur  insensée 
d'Alexandre,  elle  m'a  réchauflfée  dans  son 
sein  après  le  supplice  du  cirque  ;  quoiqu'elle 
soit  reine,  revêtue  de  ton  amour  et  de  ta 
crainte,  elle  s'est  abaissée  vers  moi  avec 
bienveillance.  En  retour  de  tous  ces  bien- 
faits, elle  demande,  elle  désire  qoe  sa  fille 
uniaue  et  chérie  obtienne  quelque  re(>05.  » 
Thècle  ayant  prononcé  dépareilles  prières, 
Tryphène  se  livra  à  une  douleur  telle 
qu  elle  n'en  avait  jamais  éprouvé  depuis  la 

Çerte  de  sa  fille,  car  elle  déplorait  le  sort  de 
hècle  qui,  douée  d'une  si  grande  beauté  et 
de  tous  les  avantages  de  l'esprit,  devait  pé- 
rir si  cruellement  dans  un  âge  encore  tendre. 
Alexandre  vint  chercher  la  vierge  pour  la 
conduire  è  l'amphithéâtre,  déjà  plein  d'un 
peuple  immense  qui  s'agitait  en  tumulte  et 
se  plaignait  du  retard.  «  Le  gouverneur,  » 
dit-il,  «  est  assis  et  le  peuple  s'im^iatiente; 
il  faut  qu'elle  combatte  les  bêtes  féroces.  • 
Tryphène,  accablée  de  douleur,  s'écria  :  ■  O 
malheureuse  que  je  suisi  que  de  calamités 
de  plus  en  plus  cruelles  se  succèdent  pour 
m'accabler!  je  reste  seule  et  privée  de  se- 
cours, livrée  k  la  viduité,  sans  enfants,  saos 
famille,  pressée  de  toute  part  par  les  an- 

f;oisses.  J'ai  toutefois  une  ressource  au  mi* 
ieu  des  infortunes  qui  m'entourent  et 
semblent  ne  me  laisser  aucune  issue.  Je 
m'adresserai  au  Dieu  et  au  Sauveur  de 
Thècle.  O  Seigneur,  elle  m'a  annoncé  ta 
puissance,  elle  m'a  ouvert  ta  voie  véritable 
et  droile  de  tes  préceptes  et  de  la  piété; 
manifeste-toi  aujourd'hui  à  ta  servante 
Thècle,  assiste-la  dans  ses  dangers,  montre 
avec  éclat  que  tu  la  couvres  de  ta  protec- 
tion.» 

Tryphène  parlait  de  la  sorte  lorsque  sur- 
vinrent des  soldats  envoyés  par  le  gouver- 
neur avec  l'ordre  d'amener  Thècle  par  force. 
Tryphène,  hors  d'état  de  leur  résister,  ne 

f)ouvait  que  céder  à  la  violence,  mais  prenant 
a  main  de  la  vierge,  elle  l'accompagna,  la 
pleurant  comme  si  elle  était  déjà  morte, 
remplissant  l'air  de  ses  cris  de  douleur  et 
disant  :  «  0  malice  des  démons  1  que  de  ca- 
lamités elle  fait  tomber  sur  moil  J'ai  perdu 
une  fille  que  j*aimais,  et  voici  que  j'accom- 
pagne à  la  mort  celle  qui  me  tenait  lieu  de 
mon  enfant.  J*ai  vu  mettre  Falconilla  au 
tombeau,  je  verrai  Thècle  toute  vivante  dé- 
chirée par  les  bêtes,  quoiqu'elle  n'ait  rien 
fait  de  digne  du  supplice  et  parce  qu'elle  a 
voulu  préserver  sa  chasteté  et  conserver  (a 
pureté  de  son  corps  et  de  son  âme.  O  tyran- 
nie affreuse  1  ô  ville  d'Antioche,  commenl 
peux-tu  souffrir  un  pareil  forfait?  • 

Thècle,  émue  de  ces  paroles,  ne  put 
s'empêcher  de  ressentir  une  vive  douleur  et 
versant  un  torrent  de  larmes,  elle  s'a^iressa 
à  Dieu  en  ces  termes  :  «  Seigneur,  mon 
Dieu  et  mon  protecteur,  j'ai  mis  en  toi  toute 
ma  confiance;  cVst  pour  toi  que  j'ai  quitté 
ma  patrie ,  que  j*ai  repoussé  ma  mère  •  que 


m 


THE 


PART.  111.  »  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


THE 


982 


• 

Je  me  suis  refusée  au  mariage;  jette  les  yeux 
sur  iDoi  et  envisage  ce  qu*on  teute  contre 
ruoi  ;  arrachemoi  à  ces  bâtes  redoutables,  et 
de  môme  que  déjà  tu  m*as  préservée  du  feu, 
récompense  les  peines  que  ta  servante  Trj- 
phène  s'est  données  pour  moi.  Tu  vois 
qu'elle  se  consacre  à  toi;  elle  conserve  ma 
virginité,  elle  s'expose  pour  moi  aux  injures 
et  aux  mauvais  traitements.  C'est  à  sa  com- 
misération et  à  son  secours  que  je  dois 
d'avoir  préservé  ma  pureté,  d'avoir  surmonté 
la  race  qui  animait  Alexandre  contre  moi  et 
(l'arriver  au  combat,  ayant  sauvé  ma  virgi- 
nité qui  tVst  chère,  ne  m'inquiétant  pas  de 
la  férocité  des  bétes,  mais  aj^ant  trouve  dans 
le  ciel  un  protecteur  en  toi,  et  sur  la  terre 
une  amie  dans  Tryphène.  Qu'au  milieu  de 
ces  flots  agités,  ta  providence  m'accorde  un 
port  qui  me  serve  ae  refuge.  » 

La  vierge  ayant  fini  son  oraison,  un  grand 
tumulte  se  faisait  entendreau  loinpaHescris 
que  poussaient  les  bètes  féroces,  par  les 
clameurs  du  peuple  et  par  les  vociférations 
des  femmes  qui  se  trouvaient  au  cirque  et 
disputaient  entre  elles  au  sujet  de  I  arrêt 
rendu  contre  Tbècle;  celles  a  qui  l'incon- 
duite  était  familière  se  réjouissaient  du  mal 
projeté  contre  la  vierge,  tandis  que  celles 
qui  aimaient  la  pureté  et  l'honnêteté  du 
cœur  se  lÎTraientà  1  affliction  et  s'attristaient 
comme  si  un  malheur  public  avait  frappé  la 
cité  ;  elles  réprouvaient  avec  force  la  barba- 
rie qu'on  déployait  contre  une  vierge  aussi 
pure,  et  il  y  en  avait  qui  étaient  si  attendries 
qu'elles  auraient  voulu  pouvoir  mourir  avec 
Thècle. 

Au  milieu  de  l'attente  universelle  et  des 
regards  attirés  vers  un  spectacle  aussi  inusi- 
té, Thècle  fut  introduite,  arrachée  de  force 
aux  bras  de  Tryphène  et  dépouillée  de  ses 
vêlements,  afin  que  les  lions  éprouvassent 
contre  elle  une  irritation  encore  plus  forte, 
car  les  corps  d'une  grande  beauté  ont  cela 
de  particulier  qu'ils  attirent  sur  eux  d'une 
façon  particulière  les  regards  des  bêles  sau- 
vages et  qu'ils  excitent  leur  fureur.  On  lÂcha 
alors  contre  elle  derechef  une  lionne  dont 
l'aspect  fit  que  le  théâtre  fut  rempli  de  cla- 
meurs et  de  larmes;  cette  lionne  s'élança 
(iabord  avec  rage,  mais  à  mesure  qu'elle 
s'approchait  de  la  vierge, sa  colère  s'apaisait, 
et  se  couchant  à  ses  pieds,  sans  lui  faire  au- 
cun mal,  elle  la  défendait  contre  les  autres 
animaux.  Elle  mit  en  pièces  une  ourse  fu- 
rieuse qui  voulait  se  jeter  sur  Thècle;  elle 
cotuballit  avec  acharnement  un  lion  qui 
voulait  se  précipiter  sur  la  vierge,  et  ils  pé- 
rirent ensemble.  Les  spectateurs  furent  saisis 
d'une  vive  douleur  en  voyant  emporter  le 
cadavre  de  la  lionne,  et  ils  regardaient  ses 
combats  avec  les  autres  animaux  comme  un 
miracle  encore  plus  grand  que  la  douceur 
qu'elle  avait  montrée  a  l'égard  de  Thècle. 

.  Le  proconsul,  irrité  de  ce  que  Thècle  avait 
ainsi  été  préservée,  fit  lâcher  contre  elle  un 
grand  noiubre  de  bêtes.  La  vierge,  ne  se 
préoccupant  pas  de  leurs  hurlements  et  de 
leur  fureur,  priait  ainsi  en  son  cœur  .*  <i  Je 
te  rends  de    grandes    actions  de  grâces, 


Seigneur  Jésus-Christ,  de  ce  que  tu  as  or* 
donné  à  mon  égard;  tu  m'as  conduite  h  la 
lumière  de  la  foi,  par  l'entremise  de  Paul, 
lorsque  j'étais  encore  dans  la  retraite  de  la 
maison  maternelle,  occupée  à  des  ouvrages 
de  femme  et  destinée  à  avoir  Thamyris  pour 
époux  ;  tu  as  voulu  que  je  souffrisse  pour  toi 
des  fatigues  et  des  tourments;  tu  m'as  livrée 
en  spectacle  au  peuple,  tout  en  veillant  sur 
mon  salut  et  en  me  lournissant  l'occasion  de 
te  témoigner  ma  foi;  tu  m'as  jugée  digne 
d'éprouver  pour  loi  des  supplices  et  des  af* 
flictions.  Mais  les  périls  augmentent;  la  rage 
de  mes  ennemis  s'accroît;  soutiens.  Sei- 
gneur, la  faiblesse  de  la  nature;  ne  permets 
pas  que  je  me  décourage  dans  les  combats 
que  j'ai  a  traverser;  ne  souffre  point  que  je 
)erde  la  couronne  à  laquelle  j'aspire  et  que 
e  sois  exclue  de  ton  royaume;  accorde-moi 
e  baptême  du  martyre  ;  délivre-moi  ainsi 
des  tentatives  des  persécuteurs  et  mets-  moi 
à  l'abri  de  leur  fureur.  » 

Ayant  ainsi  parlé,  la  vierge  regarda  au- 
tour d'elle  et  vit  un  bassin  remt)li  d'eau  où 
nageaient  des  phoques  et  des  bêtes  marines 
ennemies  de  Toomme  ;  elle  s'adressa  à  Jésus- 
Christ  et  dit  :  «  Seigneur,  je  suis  baptisée 
en  ton  nom  en  ce  dernier  jour,  »  et,  brû- 
lante du  désir  de  donner  sa  vie  en  mourant 
pour  Jésus-Christ,  elle  s'élança  en  cette  eau. 
Le  peuple  poussa  de  grands  cris  en  voyant 
une  chose  aussi  effrayante.  Mais  le  Seigneur 
n'abandonna  point  la  martyre  ;  un  feu  céles- 
te l'entoura,  voilant  son  corps,  ei  les  bêtes 
marines  perdirent  aussitôt  toute  leur  féro- 
cité. Alexandre,  restant  sans  crainte  et  sans 
honte,  persistait  dans  sa  colère  et  voulait 
faire  venir  d'autres  animaux  féroces,  pen- 
sant dans  sa  colère  impie  qu'il  pouvait  vain- 
cre Dieu  qui  est  invincible  ;  mais  les  femmes 
qui  étaient  dans  le  cirque,  émues  de  compas- 
sion à  l'égard  de  Thècle,  et  agissant  par  une 
impulsion  divine,  jetèrent  une  grande  quan- 
tité de  parfums  et  d'onguents  qui,  tombant 
dans  le  feu,  produisirent  une  vapeur  qui 
mit  en  fuite  une  partie  des  bêtes  et  plongea 
les  autres  dans  un  sommeil  profond,  de  sorte 
que  Thècle  resta  seule  et  auranchie  d'enne- 
mis. Alexandre  ne  se  découragea  point  ce- 
pendant et  il  dit  au  gouverneur  :  «  J'ai  deux 
taureaux  extrêmement  sauvages  et  féroces; 
si  tu  ordonnes  que  cette  femme  soit  attachée 
à  leurs  corps,  nous  verrons  bientôt  la  fin  de 
son  supplice.»  Le  gouverneur,  quoiqu'à  re- 
gret, en  donna  la  permission ,  son  visage  té- 
moignant le  regret  qu'il  en  éprouvait.  Ale- 
xandre, voulant  ajouter  à  la  férocité  des 
taureaux ,  fil  appliquer  contre  eux  des  mè- 
ches enflammées;  mais  il  dépassa  ainsi  lu 
but  qu'il  se  proposait,  car  le  feu  fit  périr  les 
taureaux  et  consuma  les  tiens  qui  attachaient 
Thècle,  et  elle  n'éprouva  aucun  mal.  Try- 
phène ,  accablée  de  douleur  et  d'inquiétude, 
n'avait  pas  attendu  jusqu'alors;  on  l'avait 
emportée  hors  du  cirque  privée  de  connais- 
sance. Ce  nouveau  miracle  remplit  les  ha- 
bitants d'Antiocbe  de  stupeur  et  causa  au 
juge  une  frayeur  immense.  Alexandre,  éton- 
né et  épouvanté,  tomba  la  face  contre  terre 


933 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


et    adressa    ces    paroles  au    gouverDeur  : 

«  Je  suis  vaincu  par  cette  femme  et  je  ne 
sais  si  elle  est  une  créature  humaine,  ou  une 
déesse  ou  un  mauvais  génie;  en  vain  ai-je 
voulu  déchaîner  contre  elle  la  fureur  des 
animaux  les  plus  féroces; soit  par  ses  presti- 
ges, soif  par  une  puissance  surnaturelle»  elle 
a  dompté  leur  fureur.  Qu'elle  soit  expul- 
sée de  notre  ville,  qu*elle  aille  ailleurs  por- 
ter au  loin  les  témoignages  de  son  esprit 
audacieux  et  superbe.  Une  frayeur  légitime 
s'estemparée  decette  cité;  Tryphène  est  peut- 
être  au  moment  de  mourir.  Si  elle  périt, 
César,  dont  elle  est  la  parente,  s*en  ven- 
gera sur  nous;  alors  c*en  est  fait  de  moi, 
c'en  est  fait  d'Anlioche,  et  tu  te  trouveras 
aussi  exposé  aux  périls  les  plus  graves. 
Crois-moi,  délivrons-nous  de  ce  fléau  et 
veillons  i  notre  sûreté.» 

Le  gouverneur,  ému  de  ce  discours  et  se 
félicitant  de  ne  pas  avoir  à  prononcer  une 
sentence  aussi  inique,  fit  venir  Thècle  et  lui 
demanda  qui  elle  était  et  par  quel  art  elle 
avait  dompté  les  bétes  féroces.  Il  pensait, 
suivant  l'usage  des  hommes  qui  méconnais- 
sent la  puissance  de  Dieu,  qu'elle  avait  re- 
cours à  la  magie,  afin  d'effectuer  les  mira- 
eJesdont  Dieu  est  l'auteur.  Thècle  lui  ré- 
pondit en  ces  termes  : 

«  J«  suis,  comme  tu  vois,  une  femme  d'uh 
âge  fort  tendre,  dépourvue  d'amis;  mais  i'ai 
pour  me  proléger  el  pour  me  défendra  Dieu 
tout-puii^sant  et  son  Fils  unique,  existant 
avec  son  Père  avant  tous  les  siècles,  et  qui, 
descendu  sur  la  terre,  a  été  annoncé  par  les 
prédications  et  par  les  œuvres  d'un  grand 
nombre  de  ses  disciples  et  surtout  de  Paul, 
mon  maître.  C'est  par  l'assistance  de  Jésus- 
Christ  en  qui  je  crois  que  j'ai  triomphé  des 
désirs  impurs  d'Alexandre  et  que  j'ai  échap- 
pé à  tous  les  animaux  féroces  déchaînés 
contre  moi.  Quiconque  aura  mis  en  lui  une 
confiance  sincère,  recevra  de  lui  des  bien- 
faits semblables  à  ceux  que  j'ai  obtenus,  et 
môme  plus  grands.  C'est  lui  qui  est  le  terme 
du  salut,  le  fondement  de  la  vie  éternelle,  le 
refuge  de  ceuxcjuisontbaltus  de  la  tempête, 
le  repos  des  affligés ,  l'appui  de  ceux  qui  sont 
dans  le  désespoir;  celui  qui  ne  croira  point 
en  lui  sera  voué  à  la  mort  éternelle.  » 

Le  juge  admirant  la  fermeté  et  la  résolu- 
tion de  la  vierge,  touché  également  de  la 
sagesse  et  de  la  gravité  de  ses  paroles  et  res- 
sentant pour  elle  de  la  vénération  plutôt  que 
de  la  commisération,  ordonna  de  lui  donner 
aes  vêtements  convenables  à  son  sexe  et  à  son 
rang. Thècle  s'en  revétitavecjoie  et  dit  :  «Dieu 
qui  m'a  secourue  lorsque  j'étais  livrée  à  la  fu- 
reur des  bètes féroces  m'a  revêtue  de  l'éclatde 

salumièr6lorsquej'étaisnue;c'estluiquim'a 
couverte  de  sa  gloire  lorsque  j'étais  dans  un 
état  rempli  d'ignominie;  je  lui  demande 
au'en  retour  de  ce  que  tu  fais  pour  moi-,  il 
t  accorde  la  grâce  de  la  résurrection  et  d'être 
admis^  dans  son  rovaume:  je  le  prie  de  te 
donner  les  biens  éternels  en  échange  des 
objets  terrestres  dont  tu  me  gratifies.  » 

^  Le  gouverneur  s'adressa  ensuite  au  peuple 
d  Antioche  et  lui  tint  ce  discours  :  «  Habi* 


tants  d'Anlioche,  notre  concitoyen  Aleian- 
dre  a  accusé  cette  jeune  Qlle  de  crimes  qui 
ne  sont  nullement  prouvés  et  qui  ne  parais- 
sent pas  véritables.  Il  n'est  pas  juste  de  ju- 
ger de  sa  vie  et  de  sa  conduite  d'aurès  de 
pareilles  accusations  inspirées  par  la  pas- 
sion; il  faut  plutôt  nous  en  rapporter  aui 
miracles  dont  nous  avons  tous  été  ténioinscl 
qui  sont  faits  pour  nous  frapper  d'admin- 
tion.  Exposée  aux  bêtes  les  plus  furieuses, 
elle  n'a  rien  eu  è  éprouver  de  leur  cour- 
roux; n'est-ce  pas  une  preuve  cpie»  du  haut 
du  ciel,  un  Dieu  a  combattu  pour  elle,l8  pro- 
tégeant à  cause  de  la  pureté  de  ses  mœurs 
et  de  sa  vertu  ?  Vous  l'avez  vue  avec  stupeur 
et  avec  effroi  étendre  ses  mains  vers  le  ciel 
et  arrêter  ainsi  les  bêtes  sauvages  déchaî- 
nées   contre  elle  et  qui  venaient   tomber 
à  ses   pieds,    la  caresser  et  la*  garder.  Uq 
miracle    aussi  éclatant  a    été  annoncé  à 
la    ville  entière  par  les  cris  qui   oui  re- 
tenti dans  le  cirque.  Il  faut  donc  la  recon- 
naître pour  une  personne  pieuse,  chaste  e( 
aimée  de  Dieu  qui  la  protège  par  des  mer- 
veilles éclatantes.  Aie  bon  courage»  6  vierge  ; 
tu  n*auras  plus  rien  à  souffrir  parmi  nous. 
Couverte  de  tes  armes  de  diamant  et  inpé- 
nétrables,  tu  es  d'ailleurs  h  l'abri  de  tout  ce 
qu'on  pourrait  tenter  contre  toi.  Va  où  tu 
le  désireras,  et  fais  que  ton  Dieu  nous  soit 
propice  et  favorable.  » 

Le  peuple,  entendant  ce  discours,  témoi- 
gna sa  joie  par  de  grands  cris,  et  des  fem- 
mes, se  hâtant  de  courir  auprès  de  Trvphè- 
ne ,  lui  apportèrent  la  nouvelle  que  Thècle 
avait  été  préservée  de  la  fureur  des  bêtes  el 
qu'elle  venait  vers  elle.  Tryphène  revint  à 
la  vie,  en  apprenant  ces  choses  :  elle  reganla 
avec  empressement,  aûn  d'apercevoir  Thè- 
cle; et  la  voyant,  elfe  la  serra  dans  ses  bras, 
l'embrassant  et  versant  des  larmes  de  joie, 
et  elle  lui  parla  en  ces  termes  : 

a  Je  me  réjouis,  ô  ma  fille,  de  te  revoir 
saine  et  sauve  auprès  de  moi,  contre  toute 
attente,  et  arrachée  à  tant  de  maux;  je  m'en 
réjouis  surtout,  parce  que  je  trouve  ainsi  iâ 
preuve  de  la  vérité  de  tout  ce  que  tu  m'as 
dit.  I^  manière  miraculeuse  dont  tu  as  échap- 
pé à  la  mort  me  donne  l'assurance  que  Fai- 
conilla,  ma  fille  unique  et  bien-aimée,  a 
obtenu  par  tes  prières  ce  oui  lui  était  né- 
cessaire. Viens  donc  et  sois  rnéritièrede  tous 
mes  biens;  tu  m'as  mise  en  possession  des 
biens  célestes,  comment  ne  t'abandonnerais- 
jepasdes  biens  terrestres  etfragiles?  Viens  et 
prends,  à  tous  égards,  la  place  de  Falconilia.  > 

Tryphène  ayant  ainsi  parlé,  Thècle  se  mit 
h  instruire  les  personnes  en  grand  nombre 
qui  étaient  rassemblées  chez  elle;  elle  leur 
enseigna  la  foi  en  Jésus-Christ ,  et  elle  y 
amena  tous  les  esclaves  de  Tryphène  et 
beaucoup  d'habitants  d'Antioehe ,  ainsi  que 
des  soldats.  Mais  au  milieu  de  la  joie  qui  ré- 
gnait dans  la  maison  de  Tryphène,  la  vierge 
était  toujours  inquiète  et  agitée  au  sujet 
de  Paul ,  dont  elle  parlait  sans  cesse  et  dont 
elle  désirait  ardemment  la  présence.  «  Où 
est  Paul?  »  disait-elle  ;  «  qui  me  rendra cetu: 
que  Jésus -Christ  m'a  donné  pour  me  cou 


985 


THE 


PART,  m.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


THE 


98ft 


duireà  la^foi  et  qui  iD*a  enseigné  h  ré^^ler 
ma  vie  selon  les  préceptes  de  Dieu  ?  »  Mal- 
gré la  gloire  que  lui  avaient  rapportée  les 
miracles  dont  elle  avait  été  Tobjet,  elle  ne 
faisait  pas  moins  de  cas  de  son  maître,  mais 
elle  avait  de  plus  en  plus  de  la  vénération 
poiirceiui  qui  Tavait  unie  h  Jésus^Christ.  Kn- 
tin,  à  force  de  s'informer  et  de  deman  Jer  des 
nouvelles  au  sujet  de  Paul ,  elle  apprit  qu*il 
était  à  Myrrlies,ville fort  bellede  la  Lycie;  elle 
partit  aussitôt  d'Antioche,  vêtue  en  homme, 
afin  de  cacher  sa  beauté  sous  ce  déguise- 
ment. Car  tout  ce  qu'elle  avait  souffert,  en 
rendant  de  plus  en  pl.is  éclatante  la  beauté  de 
son  Ame,  n*avait  nullement  altéré  cellede  son 
visa^^Cû.  Quoique  Myrrhes  soit  h  une  grande 
distance  d*Antioche  par  terre  et  par  mer, 
elle  y  parvint  bientôt,  le  dé$ir  quVIIc  avait 
de  revoir  son  maiirc  Tempèchant, ainsi  que 
les  esclaves  et  les  servantes  de  Tryphène 
qui  raccompagnaient,  de  ressentir  les  fati- 
gues du  voyage. 

£tant  enree  dans  la   ville,  elle  trouva 
bientôt  Paul  appliqué  à  ses  travaux  ordinai- 
res, instruisant,  prêchant  et  annonçant  la 
foi  aux  infiiièles  qui  étaient  en  grand  nom- 
bre dans  la  Lycie,  tant  hommes  que  femmes. 
Qunnd  elle  parut,  elle  remplit  tous  les  as- 
sistants d*une  stupeur  telle,  qu'ils  ne  pou- 
vaient parler,  et  Paul  lui-même  fut  effrayé, 
cîr  ce  qu'il  avait  appris  des  maux  que  ïliè- 
cle  avait  soufferts  lui  avait  donné  beaucoup 
d'inquiétude.  Il  la  mena  hors  de  la  présence 
de  ceux  qui  se  trouvaient  là,  de  crainte  que 
quelques-uns  d'entre  eux  ne  fussent  frappés 
de  sa  beauté  et  qu'il  n'en  résultât  de  graves 
dissentiments,  et  lui  demandant  ce  qui  s'é- 
tait passé,  il  en   entendit  bientôt  le  récit 
exact.-  Il  a  Imira  la  fermeté  et  le  courage  de 
Thècle,  il  rendit  grâces  au  Seigneur  de  l'ap- 
pui qu'il  lui  avait  donné;  il  pria  aussi  pour 
Trypnène  qui  avait  été  d'un  grand  secowrs 
pour  la  vierge.  Thècle, remplie  de  joie,  s'a- 
dressa ensuite  à  Paul  dans  les  termes  sui-> 
vanls  : 

«Je  ne  saurais,  ô  mon  maître,  exprimer 
convenablement  tout  ce  que  j'ai  obtenu  de 
loi.  C'est  toi  Tjui  m'as  fait  connaître  Dieu, 
roi  de  toutes  onoses,  et  Jésus-Christ,  son  Fils 
unique,  régnant  avec  le  Père  et  créateur  de 
toutes  choses,  et  le  Saint-Esprit  r/'gnant  con- 
jointement avec  le  Père  ei  le  Fils  et  sancti- 
fiant toutes  choses.  C'est  par   toi  que  j'ai 
connu  les  mystères  de  la  Trinité  ineffable 
cl  adorable.  C'est  toi  qui  m'as  enseigné  le 
mystère  de  la  naissance  de  Jésus -Christ, 
né  d'une  vierge  restée  vierge;  tu  m'as  appris 
sa  Passion,  sa  mort,  sa  résurrection,  son 
ascension  au  ciel ,  d'où  il   reviendra  pour 
iager  to.us  les  hommes.  C'est  par  toi  que  j'ai 
connu  le  bonheur  éternel  et  sans  fin  du 
royaume  céleste,  ainsi  que  les  peines  de 
l'enfer  qui  n'auront  pas  de  terme.  C'est  toi 
qui  m'as  enseigné  la  vertu  du  saint  baptême 
et  la  grâce  de  la  cha-teté  et  de  la  virginité. 
C'est  toi  qui  m'as  révélé  les  avantages  de  la 
continence  et  de  la  résignation,  les  mérites 
du  jeûne,  de  la  prière  et  de  Taumôno.  C'est 
toi  qui  m'as  dit  quelles  étaient  les  couron- 


nes réservées  à  ceux  aui  combattent  et  qui 
souffrent  pour  Jésus-Cnrist.  Enfin,  pour  ^ne 
résumer  en  un  mot,  tu  m'as  enseigne  quelles 
sont  les  récompenses  promises  à  celui  qui 
règle  sa  vie  selon  la  loi  de  Jésus-Christ  et 
quelles  sont  les  palmes  qui  lui  seront  don- 
nées. S'il  te  reste  encore  Quelque  chose  à 
m'apprendre,  daigne  m'en  laire  part.  Il  est 
bientôt  temps  que  je  m'éloigne  de  toi  et  que 
je  retourne  à  Iconium ,  ma  patrie.  Ne  cesse 
point  de  prier  pour  mnî,afin  que  je  parcoure 
sans  broncher  la  carrière  de  la  piété  jusqu'à 
son  terme  et  que  je  parvienne  ensuite  au 
royaume  céleste,  me  réunissant  à  J^Ssus- 
Christ  mon  roi  et  mon  Epoux,  pour  lequel 
j'ai  souffert  tout  ce  que  j'ai  eu  à  endurer 
jusqu'ici  et  pour  lequel  j'ai  encore  peut-être 
d'autres  épreuves  è  traverser,  d'autres  com- 
bats à  livrer,  d'autres  victoires  à  remporter. 
O  mon  maître,  ne  cesse  jamais  d'offrir  à  Dieu 
tes  prières  en  faveur  de  ta  fille,  car  tu  m'as 
engendrée  pour  Jésus-Christ  lorsque  tu  étais 
dans  les  fers.  » 

Paul  lui  répondit  :  «  Tu  as  montré,  â 
vierge,  une  raison  admirable;  la  constance 
de  ta  foi  a  brillé  en  toutes  choses,  et  tu  as 
déjà  achevé  la  course  des  travaux  apostoli- 
ques; rien  ne  te  manque  pour  arriver  h 
lancomplissement  du  ministère  apostoli- 
que et  (le  la  prédication  de  la  parole  di- 
vine. Va  donc,  enseigne  la  parole  de  Dieu  , 
accomplis  le  cours  de  la  prédication  et  viens 
me  remplacer  en  partie  dans  mes  travaux 
pour  Jésus-Christ.  Le  Seigneur  t'a  choisie 
par  mon  entreprise  pour  que  tu  t'acquittes, 
toi  aussi,  des  fonctions  d'apôtre,  et  il  t'a 
donné  une  énergie  conforme  aux  préceptes 
de  Jd  religion  chrétienne,  et  les  dons  que  tu 
as  reçus  doivent  grandement  multiplier.» 

Paul  ayant  ainsi  parlé,  la  martyre  remit 
h  l'Apôtre,  afin  qu'il  les  distribuât  aux  pau- 
vres, les  trésors  qu'elle  avait  reçus  en  don 
de  Tryphène,  une  grande  quantité  d'argent 
et  des  vêtements  fort  précieux,  et  après 
avoir  prié  Paul  de  la  recommander  à 
Dieu ,  elle  reprit  le  chemin  d*Iconium. 
Etant  arrivée  dans  cette  ville,  elle  laissa  de 
côté  sa  mère,  ses  parents  ei  sa  propre  mai- 
son, et  elle  se  rendit  chez  Onésiphore,  sti- 
mulée par  le  souvenir  et  par  l'amour  du  pre- 
mier rayon  de  la  foi  qui  l'avait  itiuminéeen 
cette maison.Quand  elle  revit  l'endroitoù  Paul 
se  tenait  assis  pour  enseigner,  elle  se  pros- 
terna et  embrassa  la  terre  en  l'arrosant  de 
ses  larmes  et  elle  prononça  ces  i»aroles: 

«  Seigneur,  toi  qui  as  bien  voulu  le  révé- 
ler à  moi  en  ce  même  lieu  par  suite  de  ta  mi- 
séricorde à  mon  égard  olq«ii  m'as  fait  com- 
prendre la  doctrine  de  Paul,  toi  qui  m'as 
jugée  digne  de  combattre  avec  le  ieu,  avec 
les  chaînes  et  avec  les  bêtes  féroces,  toi  qui 
as  couvert  de  ta  luuiière  mon  corps  dé- 
pouillé do  vêtements,  toi  qui  m'as  accordé 
le  bienfait  du  saint  baptem<%  toi  qui  m'as 
fait  la  grâce  de  revoir  Paul  afin  que  je  fusse 
derechef  fortifiée  par  ses  discours,  toi  qui, 
après  mes  longs  voyages,  m'as  ramenée  dans 
ma  patrie  et  dans  cette  maison  qui  m*est  si 
chère,  accorde-moi,  ainsi  qu  à  tous  ceux  qui 


9S7 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


son[  ici,  de  ne  rien  faire  è  Tavenir  qui  ne 
soit  agréable  à  toi  et  à  ton  Fils  ;  ne  permets 
pas  que  je  ni*écarte  jamais  de  la  religion 

3ue  tu  m*as  révélée  et  de  la  foi  que  nous 
evons  soutenir,  lors  roè^e  que  nous  de- 
vrions combattre  contrôle  feu,  les  bâtes  fé- 
roces et  tous  les  supplices  inventés  par  nos 
persécuteurs;  donne-moi  la  force  de  snppor- 
tertoutgenre  delorturesetde  mort;  fais  c|ue 
je  sois  trouvée  digne  de  souffrir  [)Our  toi  et 
pour  ton  nom  et  d  avoir  part  ensuite  aui  dé- 
lices du  paradis  et  aux  joies  que  tu  réserves 
è  ceux  qui  te  sont  chers.  » 

Après  avoir  parlé  de  la  sorte,  la  vierge 
eut  divers  entretiens  au  sujet  de  la  foi  et  de 
la  règle  de  la  vie  chrétienne  avec  sa  mère 
Théocîée.  Tbamyris  était  mort  avant  son  re- 
tour, et  elle  se  rendit  ensuite  à  Séleucie. 
Cette  ville  est  ]a  cafiilale  de  Tlsaurie,  et  elle 
est  située  à  l'entrée  des  montagnes  du  côté 
de  rOrient;elle  est  près  du  fleuve  Calydnus, 
qui,  venant  de  l'intérieur  du  pays,  arrose  de 
vastes  régions  et  traverse  beaucoup  de  cités 
avant  d'f*rriver  jii:,qu*ii  elle.  Thècle  choisit 
pour  sa  demeure  le  sommet  d*unemonlagnf^ 
près  de  cette  ville,  ainsi  qu*Ëlie  et  Jean- 
Baptiste  avaient  choisi  pour  leur  résidence, 
l*un  le  Carmel  et  Tautre  le  désert;  elle  s'op- 
posa au  démon  Sarpédou  qui  s'était  placé 
au  milieu  des  flots  toujours  agités  sur  cette 
plage,  et  qui,  par  ses  impostures  et  par  de 


faux  oracles,  avait  éloigné  les  habitants  de 
la  foi  ;  elle  en  flt  autant  contre  Miaenre  , 
gardienne  des  citadelles  et  présiianlè  !i| 
guerre,  etdontrimage,munie  dei^égide,  était 
robjet  d*an  culte  de  la  part  d'bomiàes  igoo- 
rantset  séduits. 

Après  qu'elle  eut  longtemps  annoncé  la 
parole  de  Jésus-Christ,  enseignant  les  pré- 
ceptes de  la  foi  h  un  très-grand  nombre 
dénommes  et  les  enrôlant  parmi  la  milice  du 
Seigneur,  après  avoir  accompli  beaucoup 
de  miracles  (tels  qu*en  avaient  faits  Pierrt? 
k  Aotioche  et  k  Rome,  Paul  k  Athènes  et 
chez  toutes  les  nations,  et  Jean  l'excellent 
théologien  à  Ephèse),  elle  ne  mourut  pas  de 
la  manière  ordinaire  (  k  ce  que  rapporte  la 
renommi*e  ),  mais  elle  entra  toute  vivante 
dans  la  terre  qui,  par  un  efi'et  de  la  volonté 
de  Dieu,  s'ouvrit  pour  la  recevoir  k  un  en- 
droit où  a  été  construite  la  table  sacrée  de 
la  liturgie,  et  qui  est  entouré  de  colonnes 
éclatantes  d'argent.  C'est  de  Ik  que,  comme 
du  canal  de  sa  bienveillance  vir^^inale,  sur- 
gissent des  sources  de  grâces  et  de  bienfaits 
pour  ceux  qui  l'implorent  et  qui  y  trouvent 
la  guérlson  de  leurs  maux  et  de  leurs  in- 
firmités, l'expulsion  des  démons  et  les  se- 
cours dont  ils  ontbesoin.  Si  Dieu  le  permet 
et  si  la  bienheureuse  Tbèfle  nous  seconJe, 
nous  raconterons  dans  un  autre  livre  ces 
miracles  si  dignes  d*admiration  (l<âl). 


THOMAS. 

(Histoire  de  saint  Thomas^  d'après  l'Histoire  apostolique  d^Abdias.) 


CHAPITRE  PREMIER. 

L'Evangile  rapporte  que  le  bienheureux 
Thomas  fut  choisi  avec  les  autres  disciples 
pour  les  fonctions  d'anôire  (1022),  et  qu'il 
fut  par  le  Seigneur  (1023)  appelé  du  nom  de 
Didyme,  qui  signifie  jumeau.  Il  parut  après 
la  résurrection  du  Seigneur  montrer  de  la 
méfiance,  car  il  dit  aux  disciples  qui  affir- 
maient avoir  vu  Jésus-Christ  qu'il  n'y  ajou- 
terait foi  que  lorsqu'il  aurait  touché  de  ses 
mains  les  cicatrices  et  les  traces  des  plaies  du 
Seigneur  (  1024  );  cependant  blAmé  par  son 

(lOît)  Le  Livre  des  miracle$  opérés  par  Tinter- 
cession  de  sainte  Tliéclc  s*^  trouve  dans  Snrius  et 
daos  crautres  auteurs,  mais  comme  il  est  étranger 
k  notre  sujet ,  nous  iravons  pas  k  lui  donner  place 
ici.  Nous  laissons  légalement  de  céié  les  récits  de 
Sin^écn  MéUipliraste  et  d*Adon  ;  ils  ne  font  guère  que 
r  produire  les  Actes  que  nous  avons  traduits. 

Saint  Ambroise  (De  virginibus^  lih.  ii)  parie  d*un 
(les  miracles  que  relatent  ces  biographes. 

<  Tbccla  copulam  fugiei  s  nuplialem ,  et  sponsi 
fiirore  damnata ,  naiuram  oliam  l>estiarum  vîrgint- 
laiis  veneratione  mutavit.  Namquc  parala  ad  feras, 
cnni  aspecius  quoque  declinarct  virorum ,  ac  vi- 
lalia  ipsa  sxvo  nflerret  leoni,  fecit  ut  qui  impudicos 
ilelulerant  oculos,  pudicos  referrent.  Cernere  erat 
lingPDtem  pedes  bef>tiam,  cubi!ar«  liund,  muta 
testillcantcm  sono,  quod  sacrum  virgiuis  corpus 
violare  non  posset.  brgo  adorjihat  prxdam  stiam 
bestia  et  proprise  obsila  iiaturae ,  naturam  indue- 
rat  quain  homines  audserant.  i 


Maître  qui  lui  apparut  et  confirmé  dans  la 
foi  et  ayant  reçu  le  don  de  rEsprit-Saint»  il 
envoya  Thaddée  (1025),  un  des  soixante-dix 
disciples,  à  Abgare,  roi  d*Ede5se,  afin  de  te 
guérir  de  la  maladie  dont  il  était  affligé,  se- 
lon la  paroleqiie  le  Seigneur  lui  avaitécrite. 
Et  Thaddée  accomplit  sa  mission ,  oart  étant 
venu  près  du  roi  et  ayant  fait  sur  lui  le 
signe  de  la  croix,  il  le  guérit  de  toutes  ses 
souffrances.  Et  tandis  que  cela  se  passait, 
Thomas  restait  à  Jérusalem,  où  il  reçut  (>ar 
une  inspiration  divine  l'ordre  d'aller  dans 
l'Inde  (1026)  afin  de  montrer  la  lumière  de  la 

On  remarque  que  ces  faux  Actes  dont  parient 
TerluUien  {De  baptismo)  et  saint  JérAtne  (  Ae  scripi. 
ecctes.) ,  renfermaient  des  circonstances  al»on(es , 
telles <ine celles  du  baptême  d*un  lion, dont  il  n*tst  |>a& 
question  dans  les  récits  de  Basile  de  Sc'eucie  ;  c*e»t 
sur  ces  compositions  apocryphes  que  8*appu  jaîent  dis 
hérétiques  qui  préienttaieiït  que  les  femmes  diraient 
avoirledroiidcprôclieretd*en*icignerdansleséglisies, 
saint  Paul  ^yanl  reconnu  iiThèctt'  ledroit  (i*agir  ainsi. 

(i022)  Bfarc.  m,  15. 

(10i5)  Ceci  n^est  point  dans  les  ETniis^ilet  »  mais 
saint  Jean  dit,  en  effet  (xi ,  16) ,  que  Tapôtre  dont 
il  s'agit  était  appelé  Didyme.  Telle  esi  d'ailleurs  h 
traduction  du  mot  hébreu  Thomas.  Thilo,  dans  ars 
Acta  S.  Thoniigf  que  nous  publierons  plus  loia. 
donne,  p.  9i,  une  longue  note  sur  les  iiems  «k 
Tapôtre  ;  il  suffit  de  la  bignalor. 

(1024)  Joan,  xx,  U. 

(1025)  Eusèl>e,  lli$t.  ecclén.,  1. 1,  eliap.  denii^. 
(4026)  Origcne,  cité  par  Easèbe  (Iftaf.  ««ritfi.. 


989 


THO 


PART.  in.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


THO 


9^0 


f  érité  à  un  peuple  qui  gisait  encore  dans  les 
ténèbres  (1027).  Je  me  souviens  d'avoir  lu 
on  livre  où  était  raconté  son  voyage  dans 
i'inde  avec  les  choses  qu'il  y  avait  accom- 

fiies,  et  ce  livre  est  rejeté  par  auelques-uns 
causb  de  la  prolixité  de  ses  récits;  laissant 
de  côté  les  choses  superflues,  je  rappellerai 
celles  que  constate  une  foi  assurée,  qui  sont 
agréables  aux  lecteurs  et  qui  peuvent  don- 
ner de  la  force  à  l'Eglise 

CHAPITRE  IL 

Le  bienheureux  Thomas  ayant  reçu, 
comme  nous  l'avons  dit,  de  fréquents  avis 
du  Seigneur  oui  lui  recommandait  de  se 
rendre  dans  1  Inde  citérieure ,  et  fuyant 
comme  lin  autre  Jonas  devant  la  face  du 
Seigneur,  différait  d'y  aller  et  n'accomplis- 
sait pas  cequq  la  volonté  divine  lui  prescri- 
vait, et  le  Seigneur  lui  apparut  dans  la 
nuit,  disant  :  «  Ne  crains  pas ,  Thomas,  de 
descendre  dans  l'Inde,  car  ie  vais  avec  toi  et 
je  ne  t'abandonnerai  pas  (1028),  mais  je  t'y 
glorifierai  et  tu  y  accompliras  le  bon  com- 
bat (1029}  y  rae  confessant  devant  les  hom- 
mes de  ce  pays,  et  ensuite  je  t'en  retirerai 
avec  gloire  et  je  te  placerai  avec  tes  frères 
dans  mon  royaume.  Car  apprends  qu'il  faut 
que  lusouffresbeaucoupàcausede moi (1030) 
afin  que  tous  connaissent  que  je  suis  le  Sei- 
gneur, ainsi  que  tu  le  leur  enseigneras.  » 

£t  le  bienneureux  apôtre  ayant  entendu 
ces  paroles  dit  :  «  Je  t'en  prie.  Seigneur,  ne 
dirige  point  ton  serviteur  en  ce  pays  (103t|, 
car  il  est  éloigné  et  plein  de  dangers  (1032), 
et  les  habitants  sont  méchants  et  dans  l'i- 
gnorance de  la  vérité.  »  Mais  il  arriva  qu'à 
celle  époque ,  un  Indien  nommé  Abbas 
était  à  Jérusalem,  ayant  été  envoyé  en  Syrie 
par  le  roi  Gandaférus,  afln  de  se  procurer 
quelqu'un  habile  dans  l'art  de  l'architecture. 
Et  le  Seigneur  lui  apparaissant  durant  le 
jour  sous  une  forme  humaine,  lui  dit  :  «Que 
fais-tu  ici,  toi  qui  es  venu  d'un  pays  si  éloi- 
gné? »  Et  il  répondit  :  «  J'ai  été  envoyé  par 
mon  maître,  le  roi  de  l'Inde,  afin  de  cher- 
cher un  architecte  qui  puisse  lui  élever  des 

1  ni ,  c.  41) ,  dit  que,  diaprés  une  vieille  tradition , 
K'  suri  désigna  le  pays  des  Parlhes  comme  la  con- 
trée où  Thomas  devait  aller  prêcher  la  foi.  Cesi  ce 
qu'on  lit  aussi  dans  les  Récognitions  clémentineê , 
1.  IX,  c.  29.  Mais  une  autre  tradition,  conformai  aux 
lëcils  du  pscudo-Ahdias  •  signale  Thiile  comme  le 
titéàtre  des  prédications  de  Tapétre;  telle  est  Topi- 
iiion  de  saint  Amhtoise  (m  psaL  xlv),  de  sanit 
Jérôme  (epist.  iiV)  et  autres  auteurs  que  cite  Ba- 
rot'itis  {UartyroL^  21  Dec.)  Voy.  aussi  la  note  de 
Fabricius,  Cod.  apoc.  Novi  Test.^  t.  1,  p.  t>89. 

(t0i7)lfa(//i.iv,  17.^ Observons  que  li^s  légendes 
que  raconte  Abdias,  au  sujet  de  saint  Thomas,  re- 
■iionient  à  une  haute  anliquilé  et  qiron  les  trouve 
avec  quelques  modiilcalions  dans  bien  des  auteurs, 
lioumiiient  dans  VHitloire  ecctésia$llque  d'Orderic 
Vital  (insérée  par  Ducbesne,  en  Itt!),  dans  les 
^cTiptore»  iVormuniirct,  et  publiée  derechef  par 
M.  A.  Le  Pr  vost,  i838et  sui«r.,  i  vol.  in-8°),  dans 
les  Méné€$  des  Grecs,  dans  les  Vies  latines  de  Papô- 
irc  inséiées  dans  les  recueils  de  Lipoman  {Ad  6 
Oiiob,)  et  de  Surius  (Ad  21  Dec.)  Quant  aux  noni- 
Ucui  et  anciens  écrivains  ecclésiastiques  qui  ont 


palais.  »  Et  le  Seigneui  lui  dit  :  «  J*ai  un 
serviteurquetute  procure  ras,  si  tu  le  veux.» 
Et  aussitôt  il  l'amena  à  la  demeure  de  Tho- 
mas, et  le  lui  montrant,  il  dit  :  a  Voici  mon 
serviteur,  Tarchitecte  dont  je  t*ai  parlé. 
Maintenant,  conviens  d*un  prix  avec  lui. 
Et  quand  il  Taura  reçu,  conduis-le  où  tu 
vouaras.  »  Et  Abbas  agit  ainsi,  et  amenant 
avec  lui  le  bienheureux  Thomas,  il  le  con- 
duisit à  son  navire. 

CHAPITRE  m. 

Et  s*élant  embarqués,  ils  arrivèrent  le 
troisième  moisdans  Tlnde  citérieure,  et  l'en- 
voyé du  roi  vit  avec  une  surprise  extrême 
la  rapidité  avec  la(juelle  avait  été  accompli 
un  voyage  qui  exigeait  plus  de  trois  ans. 
(1033).  Sortant  du  navire,  ils  entrèrent  dans 
la  première  ville  de  l'Inde,  et  ils  entendi- 
rent le  son  des  inslrumenis  de  musique,  et 
ils  trouvèrent  toute  la  "ville  livrée  à  Tallé- 
gresse.  El  demandant  à  Tun  des  habitants  ce 
que  c'était,  il  leur  répondit:a  Notre  roi  marie 
aujourd'hui  sa  flile  unique, et  voilà  pourquoi 
il  y  a  une  grande  joie  dans  la  ville,  et  les 
dieux,  à  ce  que  je  crois,  t'ont  amené  ici  en  ce 
moment  pour  que  tu  assistes  à  ces  fêtes.  »  Et 
comme  ils  causaient  ainsi,  tout  d'un  coup,  la 
voix  d'un  héraut  rempli  la  ville  entière,  di- 
sant :  «  Ecoutez  tous,  habitants  de  cette  ville, 
riches  et  indigents,  étrangers  et  pauvres, 
rendez-vous  au  palais  du  roi,  et  prenez  pari 
au  festin;  réjouissez-vous  et  soyez  dans  la 
joie.  Si  quelqu'un  se  soustrait  à  Tallégresse 
universelle,  il  sera  criminel  de  lèse-majesté.  » 
Et  quand  Abbas  eut  entendu  cela,  il  dit  à 
l'apôtre  Thomas  :  «  Allons,  afln  de  ne  pas 
nous  trouver  en  faute  devant  le  roi.  »  Et 
étant  entrés  au  palais,  on  leur  ordonna  de 
se  coucher  sur  le  lit  du  banquet.  Et  Tapô- 
ire  Thomas  se  coucha  au  milieu,  tous  les 
habitants  le  regardant  et  sachant  qu'il  était 
étranger.  Il  y  avait  à  ces  noces  une  jeune 
fille  de  la  race  des  Hébreux  qui  chantait 
des  psaumes,  et  quand  elle  entendit  le  bien- 
heureux Thomas  qui  priait  et  bénissait  Dieu» 
elle  comprit  qu'il  était  du  même  pays,  et 

mentionné  les  pays  de  l'Orient  où  l'apôtre  alla 
porter  le  flambeau  de  la  foi,  leurs  témoignages  ont 
été  réunis  par  Thilo,  note  ad  Aeta^  p.  97. 

(1028)  Josue  I,  5. 

(IUÎ9)  //  Tim.  IV,  7. 

(1030)  Aet.  IX,  16.  .      s   w. 

(1031)  Nous  avons  «îéjà  vu  dans  la  rrlaiion  de  Pro- 
chore  saint  Jean  refuser  également  de  se  rendre  en  Asie. 

(1032)  Dans  l'antiquité  et  même  au  muyen'  Âge , 
les  idées  les  plus  cxtraonTHiaires ,  les  plusdéjKmr- 
vues  de  fondement,  étaient  répandues  au  sujot  de 
rinde.  En  1491 .  le  cosmograpbe  Martin  Rhaim 
«'îcrivail  au  sujet  du  royaume  de  Zambri  qu'il  pla- 
çait près  de  l'Ile  de  Java  ;  •  en  ce  pi>ys  les  hommes 
et  les  femmes  ont  d«  s  queues  comme  celles  des 
chiens ,  et  chacun  d'eu»  a  la  force  Ue  cinq  hommes 
ordinaires,  i  , 

(1033)  On  ne  sait  trop  quelle  est  cette  route  qu  il 
fallait  suivre  pour  aller  <ie  la  Judée  dans  l'Inde  et 
qui  exigeait  une  traversée  de  trois  ans,  mais  on  voll 
là  une  de  ces  hyperboles  qui  abondeul  dans  les  ré- 
cits des  Orientaux. 


9îl 


DICTIONNAIRE  DES  APOdRWllES. 


ff 


elle  le  rogardaîl  avec  admiration,  et  ne  ces- 
sait de  contempler  son  visage.  Et  lui,  compre- 
rianl  qu'elle  était  de  la  race  des  Hébreux, 
la  regardait  aussi  fixement. 

L'échanson  du  roi,  enflammé  de  colère, 
donna  un  soufflet  à  l'apôlre,  disant  :  «  Pour- 
quoi regardes-tu  ainsi  cette  fomme?  »  Mais 
le  bienheureux  Thomas»  élevant  les  mains 
au  ciel,  dit  :  «  Que  Dieu  ait  de  l'indul- 
gence pour  toi,  mon  Hls,  e^u  jugement  futur, 
mais  clans  ce  siècle,  la  main,  qui  m*a  frappé 
injustement  sera  elle-même  frappée  (lOSij.» 
La  nuit  approchait  et  soudaiii  Tcau  man- 
qua 5  ceux  qui  servaient  les  convives.  Et 
comme  beaucoup  avaient  été  en  puiser  et 
qu'ils  tardaient  d'en  rapporter,  l'cchanson 
courut  aussi  vers  la  fontaine.  Et  comme  il 
en  approchait,  un  grand  lion  se  jela  sur  lui, 
le  saisit  et  le  déchira  en  lambeaux.  Et  un 
chien  qui  était  là,  prit  sa  main  droite  et 
revenant  au  palais' il  la  porta  devant  les 
cnnvives.  Et  comme  on  s'informait  quel 
était  celui  des  servPeurs  qui  avaîi  disparu, 
on  reconnut  que  Téchanson  avait  élO  tué 
près  de  la  fontaine,  et  que  c'était  sa  main 
que  le  chien  avait  rapportée,  le  lion  ayant 
dévoré  le  reste  du  corps.  El  la  jeune  Israé- 
lite, apprenant  cela,  brisa  les  roseaux  (1035) 
et  tomba  aux  pieds  de  l'apôtre ,  en  s'é- 
criant  :  a  Voici  vraiment  le  serviteur  du  Dieu 
vivant,  car  tout  ca  qii'il  a  dil  s'est  promple- 
nient  accompli.  »  Et  le  roi,  ayant  appris 
ces  choses,  se  prosterna  aux  pieds  de  l'a^ 
poire,  disant  :  «  Je  te  prie,  homme  de  Dieu, 
de  prier  ton  Dieu  pour  ma  fille  unique 
que  je  marie  aujourd  hui,  et  je  te  supplie  de 
la  bénir  ainsi  quescm  époux.  «L'apôtre,  s'y 
refusant',  fut  de  force  mené  jusqu'auprès 
des  époux',  et  alors,  étendant  les  mains, 
il  pria  sur  eux,  disant  :  «  Je  te  prie.  Sei- 
gneur, do  répandre  ta  bénédiction  sur  ces 
jeunes  gens  ut  de  leur  inspirer  d'agir  comme 
il  conviendra  do  le  faire.  » 

El  ayant  terminé  sa  prière,  il  sortit  et 
tous  les  assistants  s'étant  retirés,  l'époux 
revint  vers  la  chambre  nuptiale.  Et  voici 
que  le  Seigneur  lui  apparut,  sous  ta  forme  de 
Thomas  l'apôtre,  assis  sur  son  lit.  Et  le  jeune 
hon)me  eiîrayé  lui  dit  :  «  Est-ce  que  lu  n'es 
pas  sorti  tout  à  l'heure?  Et  comment  es-»- 
lu  rentré  derechef?  »  Et  le  Seigneur  ré- 
pondit ;  a  Je  ne  suis  pas  Thomas,  mais  son 
frère;  il  m'a  recommandé  h  vous,  pour  que 
je  vous  ga<de  de  tout  mal.  Ecoutez  donc 
mon  conseil.  Abandonnez  toutes  les  préoc- 
cupations du  siècle  et  croyez  au  Dieu  vivant 
3 lie  vous  prêche  mon  frère  Thomas.  Vivez 
ans  la  chasteté  et  éloignez  de  vous  tout 
souci  de  cette  vie  mortelle,  afin  qu'élevant 
par  la  sainteté  du   corps  et  de  l'âme  un 


(1054)  Plusieurs  passages  de  saint  Augustin  (Con- 
tra Adimanlum  ,  c.  17  ;  Contra  Fausium ,  I.  x\si , 
c.  79;  De  termone  Dontini  in  monte,  1.  i,  c.  SO) , 
aliesleiit  qu'un  pareil  récil  se  trouvait  dans  les 
Actes  de  saint  Tliomug  ayant  cours  parmi  les  ma- 
Dicliéeus. 

(lOôîf)  Le  te\te  porte  calami ,  mais  ce  passante 
parait  altéré  par  la  négligence  des  copisies.  On 
pourrait  lire  tfiattmi  ou  calathi»  Fabricius  suppose 


temple  à  Dieu,  vous  acquériez  celle  \r 
peruéluelle  qu'aucune  fin  ne  terminf.  >  \\ 
parlant  ainsi  et  les  bénissant,  il  sortit  ue 
la  chambre. 

CHAPITRE  IV. 

Le  matin  étant  venu,  le  roi  vint  U^  »•• 
siter,  et  il  trouva  le  jeune  lionime  a^>> 
et  la  jeune  fille  auprès  de  lui,  ne  manl'e.MAri 
aucune  honte  comme  l'exige  la  biensé.Mi*. 
nuptiale.  Et  le  roi  leur  dit  :  «  Pour  *\\u 
motif  ètes-vous  ainsi  assis?»  El  lejcunr 
homme  répondit  :  «  Nous  rendons  grâ«  e<  : 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ  qui  a  dau^c 
nous  appeler  à  le  connaître,  afin  que,  qu.- 
lani  les  ténèbres,  nous  suivions  les  lumi^r- 
de  sa  vérité,  s  Et  le  roi  dit  è  la  jeune  ti..* 
«  Pourquoi  ne  te  conforroes-tu  pas  h  .j 
bienséance  que  réclament  les  noces,  tl  fH)ur- 
quoi  lèves-tu  ainsi  hat*diment  les  yeui?i 
El  elle  répondit  :  «  Ces  noces  sont  (lassa^^ 
res  ;  i'ai  été  unie  au  Roi  des  cieux  dont  >; 
chamDrenuptialebrilled'unerlarléimmi'nv. 

dont  les  noces  sont  chastes»  dont  la  ièi". 
n'e^t  jamais  dépourvue  de  aiets^  dont  :.t 
maison  est  l'asile  d'une  joie  coùtiuue!.*, 
d'une  allégresse  éternelle  et  d'une  satisfa - 
tion  perpétuelle,  dont  le  visage  resplendit 
sur  tous  ceux  qui  croient  en  Ini  et  dont 
les  vêtements  exhalent  la  suavité  de  diver» 
parfums,  dont  les  jardins  sont  toujours 
émaillés  de  lis,  de  roses,  el  qui  Oeunssent 
dans  une  verdure  per})éiuelle.  » 

Et   tandis  qu'elle  pariait  ainsi,  le  roi  dé- 
chira ses  vêlements,  disant  :  «  Poorsuiv»»! 
ce   magicien  que  j'ai  de  mon  plein  gré  in- 
troduil  dans  mon  palais,  m'occasionnanlairiM 
la  perte  de  mes  enfants.  Voici  qu'il  a  jeté  sur 
eux  un  maléfice  et  qu'ils  se  disent  chrétiens.» 
Et  rempli  de  colère,  il  envoya  des  officiers 
h  la  recherche  de  l'apôtre,  mais  ils  ne  le 
trouvèrent  pas,  car  il  était  parti  avec  AbMs 
pour  d'autres  régions  de  l'Inde.  Et  les  jtu- 
nés  gens  prêchèrent  depuis  ce  temps  'a  pa- 
role du  Seigneur  avec  tant  de  zèle  que  l'ji 
le  peuple  fut  converti  au  Seii^neur,  cl  is 
roi,  père  de  la  jeune  fille,  louché  de  cojii- 
ponciion  au  cœur,  crut  au  Seigneur  Jês'J>- 
Christ.  El  ayant  appris  que  le  liienbeureui 
apôtre  élaii  allé  dans  les  autres  régions  de 
l'Inde,  il  se  rendit  auprès  de  lui  avec  tous 
ceux  qui  croyaient,  et  il  le  rejoignit  el,  tom- 
bant è  ses  pieds,  il  le  pria  de  lesconsainr 
tous  parla  grâce  du  baptême.  Et  l'apôtre, 
en  l'entendant,  se  réjouit  et  rendit  gri'«i 
au  Seigneur  et,  après  un  jeûne  de  sept  jours 
il  les  baptisa  au  nom  de  la  Trinité.  Ht  le 
roi  demanda  que  ses  cheveux  fussent  cou- 
pi^s  (103G;,  et  il  fut  ordonné  diacre,  etil  rc^u 

ipie  Tauieur  a  voulu  dire  que  la  jeune  Isriél.'tf  AJ* 
cliil  les  gcMoux. 

(1036)  Celle  coupe  de  cheveux  ou  lonsurc  hV»i 
probablement  son  origine,  comme  signe  à«  ii 
prof'  B<iou  cléricale  ou  monasttque ,  que  loo^fntirt 
après  IVpoque  qu'indique  le  prciendu  AbJu»  0- 
nVn  trouve  du  moins  ancun  indice  cenaio  âwiU 
les  trois  premiers  bièiles.  Voir  une  longue  M<*['' 
Fabricius,  Cod.  apoçr.  Not,  TeU^  I.  Ii  P-  ^^' 


593 


THO 


PART,  m.-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


THO 


091 


fermement  attaché  à  la  doctrine  de  Tapô- 
tre. 

CHAPITRE    V, 

Tandis  que  ces  choses  sepassaienl,  ren- 
voyé Abbas  approcha  du  roi  Gandaférus  Pt 
lui  annonça  q\ril  avait  trouvé  Thomme  qu'il 
avait  demanrié.  Kt  le  roi,  rempli  de  joie, 
ordonna  qu'on  ramenAl  en  sa  présence  et 
il  lui  dit  :  «  Quelles  sont  les  œuvres  et  quel 
flrl  connais-iuî  »  Et  l'apôtre  ré[)ondit  :  «  Je 
suis  le  servite-tr  d'un  architecte  éminent. 
Je  suis  très-expert  en  fait  de  bois  et  de 
riment»  ^t  dans  tout  ce  qui  concerne  la 
liâiisse.  »  Et  le  roi  répondit  :  «  J'avais  be- 
soin d'un  homme  qui  eût  ces  connaissan- 
ces. »  Et  étant  sorti  de  la  ville,  il  lui  montra 
un  endroit  et  lui  dit  :  x  Si  tu  es  vraiment  un 
architecte,  tu  construiras  pour  moi  un  pa- 
lais en  cette  plaine.  Quand  tu  l'auras  achevé, 
j'éprouverai  si  tu  es  parfaitement  au  fait 
(les  autres  œuvres.  »  Et  Tapôlre  dit  :  «  Ce 
lieu  convient  pour  élever  nn  palais  où  le 
roi  devra  résider  perpétuellement,  car  la 
plaine  est  d'uno  grande  étendue,  l'eau  l'ar- 
rose et  l'air  y  est  salubre.  »  Et  le  roi  ayant 
donné  la  mesure  de  l'édifice  et  laissé  une 
grande  quantité  d'or,  se  rendit  dans  une  au- 
tre ville,  priant  l'apôtre  de  construire  promp- 
lement  cet  édifice.  Et  le  bienheureux  Tho- 
mas, ayant  reçu  l'argent,  ])arcourait  les  villes, 
prêchant  la  parole  de  Dieu  et  il  distribuait 
aux  pauvres  l'or  du  roi,  et  il  guérissait  tous 
les  malades  qui  étaient  dans  ce  pays.  Et 
quelques  jours  s'étant  écoulés,  le  roi  envoya 
•juelques-uns  de  ses  officiers  à  l'aftôtre  afin 
de  voir  s'il  avait  besoin  de  quelque  chose 
et  ce  qui  avait  été  exécuté  h  l'égard  du 
palais.  Et  étant  venus  h  l'apôtre  et  lui  ayant 
expliqué  les  ordres  du  roi,  le  bienheureux 
Thomas  leur  répondii  :  «  Le  palais  que  le 
roi  a  ordonné  de  construire  est  déjà  élevé, 
et  il  y  a  encore  quelque  chose  qui  est 
nécessaire  pour  la  toiture,  et  il  convient 
que  le  roi  l'envoie.  »  Les  envoyés  rappor- 
tèrent au  roi  les  paroles  de  Tapôtre  et  il 
envoya  de  nouveau  de  l'argent  à  Thomas, 
en  lui  faisant  dire  de  faire  promptement 
couvrir  l'édifice, 

CHAPITRE  VI. 

El  bien  du  temps  après,  le  roi  pensant 
que  l'ouvrage  devait  être  fini,  vint  è  cette 
ville^  et,  interrogeant  ses  amis,  il  désirait 
voir  le  palais  que  Thomas  avait  élevé.  El 
ils  dirent  :  «Il  n  a  été  construit  aucun  palais 
en  celte  ville,  mais  Thomas  parcourt  le  pays, 
distribuant  ton  or  et  prêchant  un  Dieu  nou- 
veau dont  il  n'a  jamais  été  entendu  parler 
ici,  et  il  promet  je  ne  sais  ([uelle  vie  éter- 
nelle, disant  que  les  hooimes  qui  auront 
cru  au  nopi  de  son  Dieu  vivront  perpé- 


i; 


tuellement;  il  chasse  les  démons,  il  guérit 
les  malades,  il  ressuscite  les  morts  et  il  ne 
veut  recevoir  aucune  récompense.  De  là  il 
ressort  évidemment  qu'il  est  un  magicien 
et  qu'il  séduit  le  peuple,  l'entretenant  en  des 
croyances  très-vaines.  » 
Le  roi,  apprenant  ces  nouvelles,  fut  rem- 
li  de  colère  et  il  fit  amener  Thomas  devant 
ni,  et  il  lui  dit  :  a  Montre-moi  Tédifice  quo 
tu  as  construit;  autrement  tu  mourras.  »  Et 
l'apôtre  répondit:  ^ L'édifice  que  tu  as  com- 
mandé, ô  roi«  est  déjà  terminé,  m^ûs  tu  ne 
le  verras  pas  maintenant;  tu  le  verras  dans 
le  siècle  futur  et  tu  y  résideras  dans  la  béa- 
titude. y>  Alors  le  roi,  enfiammé  de  fureur, 
dit  :  «t  Tu  es  venu  ici,  à  ce  que  je  vois, 
pour  te  moquer  de  nous.  >»  Et  aussitôt  il 
ordonna    qu*il  fût  envoyé  en  prison  ave.c 
Abbas.  Et  le  frère  du  roi,  apprenant  que  l'ar- 
gent du  trésor  avait  été  dissipé  et  qu'il  n'e& 
restait  rien,  fut  rempli  d'indignation,  et  af- 
fligé de  la  perte  faite  par  son  frère,  il  fut 
jsaisi  de  la  fièvre  et  il  tourna  la  tète  dans 
son  lit,  et  appelant  le  roi,  il  lui  dit  :  «  Voici 
que  les  jours  de  mon  trépas  sont  arrivés, 
et  maintenant,  en  te  recommandant  ma  fa- 
mille, je  vais  exhaler  l'esprit,  mais  je  te  prie 
de  faire  trancher  la  tète  à  ce  magicien  dont 
la  malice  est  la  cause  de  mes  souffrances.» 
Et,  après  avoir  dit  ces  mots,  il  se  tut.  Et 
il  gisait  les  yeux  fermés,  ne  prenant  point 
de  nourriture  et  ne  proférant  pas  un  mot. 
Et  le  troisième  jour,  ayant  ouv«Tt  les  yeux, 
il    appela  derechef  son  frère,  en   disant  : 
«  J'ai  la  confiance  égale  à  mon  espoir   que 
tu  ne  me  refuseras  pas  ce  que  je  te  demande. 
Maintenant  je  te  prie  de   me  faire  un  doD 
du  palais  que  cet  étranger  a  élevé  pour  toi.  » 
Et  le  roi  étant  frappé  d'étonnement,  parce 
que  Thomas   n'avait  élevé  pour  lui  aucun 
palais,  son  frère  se  mit  à  lui  expliquer  ce 
Qu'il  voulait  dire,  et  il  lui  apprit  qu'il  avait 
été  conduit  par  deux  hommes  qui  lui  avaient 
montré  un  palais.  Et  il  lui  eu  décrivit  toute 
la  splendeur,  lui  exposant  quelle  en  était 
l'étendue,  et  comment  étaient  les  fenêtres 
et  le  toit,  et  ses  guides    lui  dirent  :  «^  Voilà 
la  maison  que  Thomas,  l'apôtre  du  Christ, 
a  élevée  pour  ton  frère,  v  Et  le  roi  ayant 
entendu  ces  choses,  dit  à  son  frère  :  «  Si 
ce  palais  le  plaît,  donne  de   l'argent  à  cet 
étranger,  et  qu'il  en  construise  pour  toi  un 
autre  semblable.  Moi,  je  n'aL)andonneraipas 
une  demeure  que  j'ai  recherchée  en  medon- 
nnnt  beaucoup  de   peine,  v  Et  se  rendant 
précipitamment  à  la  prison,  il  remit  l'apôtre 
en  liberté,  en  le  priant  de  lui   pardonner 
l'injure  qu'il  lui  avait  faite,  et  il  demanda 
è  recevoir  le  si^ne  de  la  croix  (1037)  et  à 
croire  au  Dieu  de  l'apôtre.  Kt  le  bienheu- 
reux Thomas  lui  prescrivant  de  jeûner  (1038) 
pendant  sept  jours,  lui  prêcha  la  parole  du 


Entre  autres  trailés  spéciaux  sur  ce  sujet,  on  peut 
citer  ccltii  de  Prosper  StciUrl ,  De  coronis  et  ton* 
»ufis  paaanoTum  ,  Judœorum  et  ChThtianorum , 
Douai,  IttiS;  et  celui  «te  Ziegler,  De  tonsura  tleri' 
corum,  (Ce  dernier  ouvrage  est  Tœuvre  d*uii  pro- 
teiutu.) 


(1037)  C'e.u-àdirc  le  baptême. 

(t05>}  Quant  à  li  coutume  de  faire  précéder  le 
baptême  par  1  '  jcûuc^  elle  est  mentionnée  par  saint 
Justin  le  martyr  et  par  T«rt<'llieu.  Cotelier,  daut 
St's  noies  sur  les  ConstUution$  apostolique$ ^  I.  vui^ 
c.  22,  a  réuni  divers  lépioigimges  à  cit  é|$iirJ. 


995 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


5« 


Seigneur.  Et  le  septième  jour»  il  baptisa  le 
roi  et  son  frère  au  nom  du  Père,  et  du  Fils, 
et  du  Sainl-Esprit,  et  il  baplisa  après  eux 
une  grande  foule  de  peuple.  Et  le  roi,  sor- 
tant avec  son  frère  des  fonts  baptismaut, 
vit  un  jeune  hornine  couvert  de  vêtements 
blancs  (1039)  et  tenant  une  grande  lampe, 
lequel  dit  :  «  La  paix  soit  avec  vous»,  »  et  il 
disparut  aussitôt. 

CHAPITRE  VII. 

L*apôtre  étant  ensuite  sorti  de  la  ville, 
Toici  qu'une  femme,  possédée  d*un  démon 
immonde,  accourut  au-devant  de  lui,  et 
lorsqu'elle  vit  Tapôlre,  Tesprit  la  jeta  par 
terre  et  lui  dit  :  «  Qu'y  a-t-il  entre  nous  et 
toi,  apôtre  du  Dieu  tout-puissant?  Tu  es 
venu  avant  le  temps  nous  expulser  dt  nos  de- 
meures. »  Et  le  bienheureux  Thomas  se  tour- 
nant vers  lui,  dit  :  «  Au  nom  du  Christ,  mon 
mattre,  je  te  commande  de  sortir  de  celte 
femme  et  de  nefaire  aucun  mal  à  son  corps.  » 
Et  aussitôt  le  démon  sortit  en  disant  :  «  Tu 
m'expulses  aujourd'hui  du  corps  de  cette 
femme,  mais  l'en  trouverai  une  plus  noble 
dans  laquelle  j  entrerai.»  Etaussitôtqueledé- 
mon  eut  été  expulsé,  la  femme  étant  guérie, 
se  jeta  aux  pieds  de  l'apôtre,  sollicitant  le 
signe  du  salut. 

Et  le  bienheureux  Thomas  alla  è  une  fon- 
taine qui  était  proche  et  il  la  sanctifia,  et  il 
baptisa  cette  fe.iime  avec  beaucoup  d'autres 
personnes.  Ensuite,  ayant  béni  du  pain,  il 
le  leur  distribua,  disant  :  «  Que  la  grAce  du 
Seigneur  soit  avec  vous.  »  Et  beaucoup  de 
personnes  recevant  cette  grâce,  il  vint  parmi 
elles  un  jeune  homme  pour  recevoir  la  bé- 
nédiction, et  sa  main  fut  paralysée  et  il  ne 
pouvait  plus  la  porter  à  sa  bouche.  Et  l'a- 
pôtre, ayant  vu  cela,  dit  :  «  Voici  que  tous 
ceux  qui  reçoivent  de  ce  pain,  sont  rendus 
h  la  santé;  dis,  jeune  homme,  quel  crime  tu 
as  commis  pour  qu'il  l'arrivé  une  chose  pa- 
reille h  celle  que  tu  éprouves,  p  Et  le  jeune 
homme  dit  en  tremblant  :  «  Comme  tu  pré- 
chais il  y  a  trois  jours,  je  l'entendis  dire  que 
les  adultères  n'auraient  point  de  part  au 
royaume  de  ton  Dieu  (1039  ^).  Et  quand  je 
revins  h  ma  maison ,  je  vis  ma  femme  en 
adultère  avec  un  autre  homme,  et  aussitôt 
je  lui  portai  un  coup  qui  la  tua,  et  elle  gtt 
morte  a  la  maison,  v  Et  l'apôtre,  ayant  en- 
tendu ces  mots,  ordonna  d'apporier  de  l'eau 
dans  un  vase;  et,  levant  les  mains  du  jeune 
homme,  il  le  (guérit  et  il  dit  :  «  Montre-moi 
en  quel  endroit  gtl  ta  femme  morte,  v  Et  en 
la  voyant,  l'apôlre  se  prosterna  pour  prier  et 
il  dit  :  «  Sei{$neur  Jésus-Christ  qui ,  dans  ta 
bonté,  as  daigné  promettre  c|ue  tu  m'accor- 
derais, par  un  effet  do  ta  niiséricorde,  tout 
ce  que  je  le  demanderais,  ressuscite  cette 
femme  morte,  afin  que,  par  sa  vie,  beaucoup 

(1039)  Nous  avons  déjà  eu  Toccasion  de  men- 
tionner t'.ans  la  première  partie  du  Diclionnaire  de% 
apocryphes^  col.  1555,  Tbabilude  si  fréquente  chez 
lus  aiicitMis  auteurs  ecclésiastiques  de  représenli*r 
|f*8  anges  et  les  saints  comme  couverts  de  vêtements 
blancs. 

(1059*)  Cû.at.  v,li9,  SI. 


de  fidèles  soient  amenés  a  la  vie  éteroe !Io  i 
Et,  prenant  la  main  de  la  femme,  il  la  re^ 
suscita.  El  elle,  voyant  TapAlre,  se  jeia  à  <oi 
pieds,  en  rendant  grâces  h  Dieu.  Et  hc<iu- 
cou(),  voyant  ce  miracle,  commencèrfut  i 
croire  et  ils  furent  baptisés  par  ra|>^»trts  u 
ils  lui  offrirent  des  présents  qu'il  divi::- 
huait  aussitôt  aux  pauvres.  Sa  renocniD^e  «^ 
répandant  dans  le  pays,  la  foule  se  n'univ. 
sait  chaque  jour  plus  nombreuse,  apport .:  t 
les  malades  et  les  mettant  sur  les  plates  <  u- 
bliques  oi^  devait  passer  le  saint  apôtre.  K*. 
quand  il  les  voyait,  il  les  guérissait  tou«aj 
nom  de  Noire-Seigneur  Jésus-Christ,  en  tai- 
sant sur  eux  le  signe  de  la  bienheu^cu^': 
croix. 

CHAPITRE  VIII. 

Et  un  parent  du  roi  Mesaens  apprendM 
ces  nouvelles,  vint  à  l'apôtre,  disant  :  ■  £i 
vérité,  j'ai  reconnu  que  tu  es  le  vérilaic 
médecin,  que  tu  guéris  tous  les  malades,  et 
tu  ne  reçois  cependant  aucune  récompen^». 
Et  ma  femme  et  ma  fille,  en  revenant  d^on»' 
noce,  ont  été  saisies  par  le  démon  el5^'it 
cruellement  lourmeniées.  Je  te  prie  de  renir 
et  de  les  bénir,  car  je  suis  certain  que  tu 
peuxles  sauver  au  nom  de  ton  Dieu.  « 

Alors  le  bienheureux  apôtre,  ayant  pii'é 
de  cet  homme,  dit  :  «i  Si  tu  crois,  ta  fille  e!  !3 
femme  seront  guéries.  »  Et  il  appela  «*^n 
diacre,  celui  qui  avait  été  roi  de  la  preniif-re 
ville  de  Tlnde  où  l'apôtre  était  arrivé  et  où  d 
avait  été  à  des  noces,  et  il  lui  dit  :  «  Vaei 
réunis  tous  ceux  qui  croient  en  moi.  »  Kt 
quand  ils  furent  venus,  il  leur  dit  :  •  VH.ti 
que  je  m'éloigne  de  vous,  restez  fermes  danN 
la  foi  et  conservez  ce  que  vous  avez  reçu  «ie 
moi.  Aimez  le  Seigneur  Jésus-Chrisl  par  le- 
quel vous  êtes  nés  une  seconde  fois  dars  v 
baptême,  je  vous  laisse  ce  diacre  et  vous  re 
reverrez  plus  mon  visage.  »  Et  étendant  le» 
mains,  il  les  bénit,  disant':  k  Garde, sei- 
gneur,  je  t'en  prie,  ton  troupeau  que  tu  as 
daigné  réunir  par  mes  soins  afin  qu'if  ne  r^ 
cule  pas  en  arrière,  et  que  nul  de  ceux  oui 
le  composent  ne  retourne  vers  le  dénj'fi; 
mais  que  tous,  protégés  par  ta  puissanctN 
méritent  d'obtenir  la  vie  éternelle  et  de  ré- 
gner à  toujours  avec  toi  auquel  honneur  ei 
gloire  doivent  être  rendus  avec  le  Père  éter- 
nel et  avec  l'Esprit  Saint  dans  les  siècles  •'*•> 
siècles.  A  Et  lorsque  tous  eurent  répondu  : 
«  Amen ,  »  le  bienheureux  apôtre,  embrassa  t 
quelques-uns  d'entre  eux  (1040),  œontJ 
dans  un  char  avec  le  parent  du  roi  Mesdeu* 
et  partit  avec  lui.  Et  le  peuple  pleura  beau- 
coup en  le  voyant  s'éloigner  et  s'affligea  de 
son  absence. 

CHAPITRE  IX  (1041). 
El  comme  l'apôtre  approchait  de  la  >na<' 

(1040)  AcL  XX,  U 

(1041)  Fabricius  a,  par  su'le  dVne  erreur  ilrm- 
pression,  donné  à  deux  chaptlres  coiiMcv'tti '' 
numéro 9  ;  afln  de  ne  pas  bouleveiser,  pour  le^  "^ 
pitres  suivants.  Tordre  quil  suit ,  nous  atoos  it^^ 
sou  secon  J  chapitre  9  au  premier. 


997 


TllO 


PART.  III.-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


THO 


998 


son  Ju  prince  avec  lequel  il  cheminait,  Tes- 
pril  malin  a^ita  les  femmes  et  elles  éprou- 
vaient de  grandes  souffrances.  Et  quand  Ta- 
pôlre  fut  venu ,  Tesprit  immonde  dit  : 
c  Pourquoi  nous  persécutes-tu  ,  Thomas  , 
apôtre  du  Dieu  vivant?  Tu  nous  avais  liéjà 
expulsés  de  1*Indo,  et  il  n'est  plus  d*endroit 
où  nous  puissions  fuir  ta  présence.  »  Alors 
lapôlre  comprit  que  c*était  le  démon  qu'il 
avait  d'abord  chassé  du  corps  d'une  femme 
dans  rinde  seconde  et  il  lui  dit  :  «  Au  nom 
de  Jésus-Christ,  Fils  du  Dieu  vivant  que  je 
prêche,  sortez  et  allez  dans  un  pays  désert 
et  n'inquiétez  plus  les  hommes.  »  Et  aussi- 
tôt les  démons  sortirent  des  femmes.  Et  tom- 
bant par  terre,  elles  restèrent  comme  mor- 
tes; mais  leur  prenant  la  main,  il  les  releva, 
et,  ayant  béni  du  pain,  il  leur  donna  de  la 
nourriture. 

Et  le  bienheureux  Thomas  prêcha  oans 
rinde    entière,    annonçant   l'Evangile   de 
Nûlre-Seigneur  Jésus-Christ.  Et  ce  n'était 
point  seulement  par  ses  discours,  mais  en- 
core par  ses  œuvres  qu'il  faisait  entrer  la 
foi  dans  le  cœur  des  barbares.  Et  celui  qui 
un  peu  avant  avait  été  incrédule,  disant 
(i0i2):  «  Si  je  ne  vois  pas  la  marque  dis 
clous,  je  ne  croirai  pas ,  »  rassemblait  des 
peuples    innombrables   qui    croyaient    en 
Dieu.  Et  je  pense  que  c'était  par  une  suite 
de  la  providence,  divine  qu'il  avait  touIu 
s^assurer  ainsi  delà  vérité  de  la  résurrec- 
tion, parce  que,  devant  répandre  la  parole 
de  Dieu  parmi  des  nations  féroces  et  idolâ- 
tres, il  convenait  qu'il  eût  toute  l'instruction 
nécessaire  pour  convaincre  ceux  qui  hési- 
taient à  croire.  Et  il  trouva  dans  l'Inde  des 
hommes  ainsi  que  des  femmes  qui  reçu- 
rent la  parole  du  Seigneur,  et  chaque  jour 
il  guérissailbeaucoupd'entreeuxqui  étaient 
malades.  Et  une  femme  nommée  Mygdonia, 
femme  de  Charisius,  parent  du  roi  Mesdeus, 
apprenant  les  prodiges  qu'accomplissait  le 
saint  apôtre,  vint  vers  lui  ;  et  comme  elle  ne 
pouvait  a[>procher  à  cause  de  la  foule,  ses 
esclaves  frappaient  le  peuple  et  repous- 
saient beaucoup  de  monde,  ce  que  l'apôtre, 
lorsqu'il  le  vit,  leur  défendit  de  faire.  Et  de 
la  place  ayant  été  faite,  celte  femme  s'appro- 
cba,  et  elle  tomba  aux  pieds  de  Thomas,  et 
elle  lui  dit  :  «  Aie  pitié  de  moi,  apôtre  du 
Dieu  vivant,  car  nous  sommes  comme  des 
Mtesqui  sont  dépourvues d'intelligence.i»  Et 
l'apôlrel'entendantparler  ainsi,  dit:  «Ecoute, 
ma  tille,  ne  mets  pas  la  confiance  dans  les 
richesses  que  tu  possèdes,  mais  distribue- 
les  plutôt  en  totalité  aux  pauvres,  aHn  que 
fuyant  cette  existence  passagère,  lu  acquiè- 
res la  vie  étemelle;  laisse  donc  des   idoles 
muettes  et  sourdes,   et  connais   le   Dieu 
vivant,  v 

El  après  que  l'apôtre  lui  eut  prêché  la  foi 
jusqu'au  soir,  la  femme  ayant  reçu  le  si- 
gne de  la  croix,  revint  en  sa  maison.  Et, 
étant  entrée  dans  sa  chambre,  elle  pleura 
beaucoup  en  priant  le  Seigneur,  aOn  qu'elle 
put  trouver  grâce  pour  ses  fautes,  et  elle 

mi)  Joan.  XX.  25. 


était  continuellement  dans  la  tristesse,  jus- 
qu'à ce  que  son  mari  venant,  demanda  la 
causede  son  chagrin,  et  les  serviteurs  répon- 
dirent :  «  Notre  maîtresse  reste  dans  sa 
chambre  ;  »  et  le  mari  étant  venu  vers  elle, 
lui  dit:  «  Pourquoi  es-tu  triste  et  pourquoi 
ton  cœur  est-il  troublé  ?  Je  sais  que  tu  t'es 
rendue  auprès  d'un  magicien  ,  et  que  tu  as 
entendu  de  lui  des  paroles  insensées  qui  ne 
servent  h  rien.  Laisse  donc  de  vaines  pen- 
sées, et  lève-loi  afin  que  nous  mangions  en- 
semble. » 

Et  la  femme  lui  répondit  :  t  Laisse-moi , 
je  te  prie,  cette  nuit,  car  je  ne  prendrai  ni 
nourriture,  ni  boisson ,  et  je  ne  reposerai 
pas  en  ton  lit.  »  Et  le  mari,  la  quittant,  tit 
son  repas  avec  ses  amis.  Et  quand  le  matin 
fut  venu,  il  revint  à  elle  et  il  dit:  «Mygdonia, 
écoute  mon  songe.  Je  pensais  que  j'ét^tis 
avec  le  roi  Mesdeus,  et  un  aigle  survint  et 
enleva  deux  oiseaux  très-beaux  et  s'enfuit, 
et  ensuite  il  en  enleva  deux  autres  et  les 
porta  à  son  nid  ;  et  le  roi  voyant  cela,  lança 
un  dard  et  perça  l'aigle  qui  n*en  éprouva 
aucun  domma^e.vEt  la  femme  ayant  entendu 
ces  paroles,  dit:  «  Ce  que  tu  dis  est  fort  heu- 
reux, ainsi  que  la  vision  que  tu  as  eue.  »  Et 
se  rendant  de  nouveau  au  palais  ,  elle  vint 
trouver  le  bienheureux  Thomas,  et  elle  le 
trouva  qui  enseignait  le  peuple,  et  tombant 
à  ses  pieds,  elle  dit  :  «J'ai  entendu  ta  prédi- 
cation et  je  retiens  dans  un  cœur  exempt 
de  souillures  toutes  les  paroles  que  mon 
oreille  a  reçues.  »  Et  elle  resta  à  entendre 
sa  parole  jusqu'au  soir.  La  nuit  étant  venue, 
elle  revint  dans  sa  maison,  et  elle  ne  prit 
aucune  nourriture,  et  elle  ne  dormit  pas 
avec  son  mari.  Et  Charisius,  son  mari,  re- 
grettant d'être  séparé  d'elle,  prit  le  matin 
des  vêtements  misérables  et  se  rendit  auprès 
du  roi,  et  quand  le  roi  le  vit  ainsi  avec  des 
habillements  honieux ,  il  dit  :  «  Pour  quel 
motif  as-tu  pris  un  costume  aussi  misera*^ 
ble  ?»  Et  Charisius,  répondit  :  «  Parce  que 
j'ai  (lerdu  ma  femme,  à  cause  d'un  magicien 
que  Sapor  a  introduit  en  ce  pays,  dans  l'in- 
tention de  le  perdre.  >» 

CHAPITRE  X. 

Et  aussitôt  le  roi  ordonna  ae  faire  venir 
Sapor.  Et  les  esclaves,  envoyés  pour  le  cher- 
cher, le  trouvèrent  assis  auprès  de  Tapôtre 
et  écoutant  la  parole  de  Dieu,  et  Mygdonia 
était  h  leurs  pieJs.  Et  les  esclaves  dirent  : 
«  Le  roi  est  rempli  d'un  courroux  qui  oie- 
nace  ta  tête,  et  tu  passes  ton  temps  à  écouter 
des  discours  oiseux  I  Viens,  car  il  te  mande.  » 
El  Sapor,  se  levant,  pria  Tapôtre  d'adresser 
une  prière  en  sa  faveur.  Et  l'apôtre,  s^étant 
tourné  vers  lui,  dit  :  «  Ne  crains  rien,  mais 
espère  dans  le  Seigneur;  il  sera  notre  pni- 
tecleur,  et  nous  ne  craindrons  pas  que  nul 
mortel  ne  puisse  nous  nuire.  »  Et  Sapor  alla 
vers  le  roi,  et  le  roi  lui  dit  :  «  Quel  est  ci! 
magicien  que  tu  as  reçu  en  ta  maison,  qui 
jette  le  trouble  dans  ce  pays  et  parmi  notre 
peuple?  »  Sapor  répondu*:  «Tu  as  su,  ô  ex- 


999 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


luOO 


cellent  monarque,  quelle  avait  été  mon  af- 
flictioD  à  cause  de  ma  femme  et  de  ma  fille 
unique,  qui  étaient  tourmentées  par  le  dé- 
mon; elles  ont  été  guéries  par  cet  homme» 
et  beaucoup  de  malades  recouvrent  égale- 
ment la  santé  par  Timposition  de  ses  mains, 
et  il  obtient  de  son  Dieu  tout  ce  qu*ii  lui  de- 
mande. » 

Quand  le  roi  Mesdeusetit  entendu  ces  pa- 
roles, il  ordonnna  qu'on  lui  amenât  Ta^JÔ- 
tre;  mais  les  enclaves  ne  purent ,  à  cause  de 
la  foule,  s*approchcr  de  lui;  alors  Charisius, 
ému  de  fureur,  traversa  la  foule  et  dit: 
«  Lève-toi,  homme  malfaisant,  et  viens  en 
présence  du  roi;  ton  art  magique  ne  t*est 
d'aucun  secours.  »  Et  lui  ayant  mis  une  corde 
au  cou  (i0/»3),  il  le  traîna  vers  le  roi,  di- 
sant :  «  Que  Jésus -Christ  vienne  (lOi^*) ,  et 
qu'il  Tarrache  de  mes  mains.  » 

L'apôlre  fut  ainsi  conduit  devant  le  roi, 
qui  lui  dit  :  «  De  quelle  nation  es-tu  et  quelle 
est  ta  patrie,  et  au  nom  de  qui  fais -tu  ces 
miracles?  »  Et  le  bienheureux  Thomas  ré- 
pondit :  «  Mon  Dieu  est  ton  Dieu;  c'est  le 
Créateur  du  ciel  et  de  la  terre,  et  de  tout  ce 
qu'ils  renferment.  C'est  lui  seul  qu'il  faut 
adorer,  &t  non  des  idoles  sourdes  et  muettes.» 
Le  roi,  ayant  entendu  ces  paroles,  fut  rem- 
pli de  colère,  et  il  ordonna  qu'on  tourmen- 
tât l'apôtre  après  lavoir  étendu  sur  un  che- 
valet, et  (ju'on  le  mit  en  prison  après  Tavoir 
battu.  Et  l'apôire  rendait  grâces  à  Dieu  de  ce 
qu'il  avait  été  jugé  digne  de  souQrir  pour 
son  non'.  (10^5).  Charisius,  revenant  chez  lui, 
disait:  «Maintenant  ma  femmeauraconimerce 
avec  moi ,  puisi^ue  j*ai  ôté  ce  magicien  du 
milieu  de  ce  peuple.»  fit,  arrivé  chez  lui, 
il  la  trouva  les  cheveux  coupés  et  assise  par 
terre,  et  il  dit:  «  Très-chère  épouse,  de 
quelle  folie  ton  esprit  est -il  saisi  pour  que 
tu  agisses  de  la  sorte?  Est-ce  que  ce  magi* 
cien  sera  plus  puissant  que  moi?  Ne  vois-tu 
pas  que  toute  l'Inde  me  vénère,  et  que  je  fais 
tout  ce  que  je  veux,  ayant  l'appui  du  roi? 
J'ai  de  grandes  richesses.  »  Ht  elle  répondit  : 
«Toutes  ces  choses  sont  terrestres  et  retour- 
neront à  la  terre  :  celui-là  est  heureux  qui 
s'unira  à  la  vie  éternelle.»  Et  Charisius, 
entendant  ces  paroles,  reposa  en  son  lit. 

CHAPITRE  XI. 

Mygdonia,  ayantpris  de  l'or,  le  donna  aux 
gardes,  et,  entrant  dans  la  prison,  elle  em- 
brassa les  pieds  de  l'apôtre,  en  écoutant  la 
parole  du  Seigneur.  Et,  étant  revenue  à  sa 
maison,  tandis  que  son  mari  était  auprès  du 
roi,  elle  se  prosterna  par  terre  dans  sa  cham- 
bre, et  elle  priait  Dieu  en  versant  des  lar- 
mes, disant:  «Aie  pitié,  Seigneur,  de  mon 
ignorance  ,  afin  que  j^obtienue  le  salut  éter- 
nel. »  Et  sa  nourrice,  voyani  cela,  lui  dit: 
c  Quelle  perversité  est  en  ton  cœur,  uour 

(1045)  Circonstance  qnî  se  retrouve  daos  VUU- 
loire  de  »aiHl  Jacques  le  Majeur^  c.  8. 

(1044)  biiîlation  de  ce  qu'on  lit  dans  ïEvaugite 
de  iainl  MaUhieu^  «xvii,  45. 

(1045)  Acl.  V,  41. 

(1046)  Ce  passage  sîgniGe  d'après  le  texte  grec  : 


qu'abandonnant  ton  mari,  qui  te  place  daos 
la  situation  la  plus  honorable,  tu  t*affiij:e^, 
te  livrant  aux  jeûnes  et  aux  veilles,  et  ttf 
laissant  séduire  par  le?  paroles  de  oe  ma^^i- 
cien?v 

Et  Mygdonia  répondit  :  «  Ce  n'est  poir.i 
chez  moi  perversité,  mais  une  raison  [«r- 
faite;  car  l*homme  doit  connaître  son  Créa- 
teur, et  mériter  d'obtenir  la  vie  élernelîf. 
Plût  à  Dieu  que  l»i  crusses  h  Jésus-CItri  i. 
et  que  tu  participasses  à  nos  travaux  (IOV€,.  • 
Et  la  nourrice  répondit  :  «  Si  je  re.'Onna.s  h 
vérité  de  ce  que  tu  dis,  je  t'imiterai.  »  Al»'f* 
Mygdonia  dit:  «  Les  dieux  que  j*ai  a-iot  ^ 
jusqu'à  présent  ne  sont  rien  ;  le  vrai  Dieu  t< 
Jésus-Christ,  par  qui  les  siècles  ont  été  fous 
qui  a  racheté  hioiome  qu'il  avait  formé  au- 
paravant, qui  s*est  fait  hornme,  qui  est  m* 't 
et  qui  a  été  enseveli,  qu\  est  desceudo  a<ji 
enfers  et  qui  a  délivré  ceux  que  retenait  la 
mort  détestable  (lOW).  Et,  revenant  ensuit*, 
il  nous  a  enseigné  à  ressusciter.  Et  «1  e^t 
monté  aux  cieux  ;  il  est  assis  à  la  droite  dv 
Dieu   le  Père  lout-puissant,  acconlant  1*^ 
dons  célestes  à  ceux  qui  croient  en  lui.  Et 
son  règne  n'a  point  de  Gn,  sa  joie  ne  véni 
jamais,  sa  lumière  ne  s'éteint  jamais.  Il  rè^ne 
avec  le  Père  et  TEsprit-Saint,  maintenant  et 
dans  tous  les  siècles  des  siècles.  » 

Et  la  nourrice,  nommée  Narchia,  enten- 
dant ces  paroles,  crut  immédiatement  eu 
Dieu.  Et  se  rendant  toutes  deux  à  la  prison, 
avant  donné  de  l'argent ,  elles  entrèrent  et 
elles  entendirent  la  parole  de  Dieu  que  prê- 
chait l'apôtre,  et  qui  se  réjouit  grandement 
de  la  foi  de  Mygdonia,  par«:e  qu'elle  fulcau^e 
que  beaucoup  d'autres  se  convertirent  à\i 
Seigneur.  Et  comiue  elles  demandaient  ].* 
bapiéme,  Tapôirc  dit  à  Mygdonia  :  «  Va  à  ta 
maison,  et  prépare  les  choses  qui  sont  nêce>- 
saires,  et  j'irai  vous  baptiser.  »  Les  feœints 
se  retirèrent;  le  bienheureux  apôtre  se  ren- 
dit ensuite  à  la  maison  de  Mygdonia,  et  !d 
baptisa  avec  sa  nourrice  et  beaucoup  d*<ia- 
tres.  Et  il  revint  dans  la  prison,  et  la  porte 
en  fut  fermée 

CHAPITRE  XII. 

Et  comme  Charisius  était  fort  affligé  de  !a 
conversion  de  sa  femme,  le  roi  lui  envoya 
son  épouse  avec  son  fils  Zuran,  afin  qu'eli* 
s'entretint  avec  Mygdonia,  sa  parente,  et 
qu'elle  l'engageât  à  renoncer  au  genre  oe 
vie  qu'elle  avait  embrassé,  et  à  se  réunir  k 
son  mari.  Et,  étant  entrée  dans  la  maison  oe 
Mygdonia,  elle  lui  dit:  «  Pourquoi»  ma  trt-î^ 
chère  sœur,  t'é^ares-tu  k  la  suite  d'un  n.a- 
gicien  qui  prêche  h  notre  patrie  uo  Dteu 
nouveau?  Renonce  à  ces  opinions  funoîi*. 
et  livre-toi  à  la  joie  dans  la  maison  avec  '.v 
mari  auquel  tes  parents  t'ont  confiée,  et  n'<- 

Si  tu  participes  à  nos  combat»  contre  Ira  ôtmo^^ 
et  le  monde ,  ui  auras  aussi  part  à  notre  mos- 

pensc. 

(1047)  Cetie  idée   se  retrouve  daos  lEiae^V 
apocryphe  de  Nicodèmc. 


1001 


tHO 


PART,  m.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS 


TIIO 


lOCt 


bandonne  pas  les  dicut  de  notre  pa/s»  de 
peur  qu'ils  ne  s*irrit<nt  contre  toi.  i» 

El  Mygdonia  répondit  :  «J'ai  erréJuscfU^à 
présent  en  suivant  de  vaines  idoles  qui  ne 
(Meuvent  ni  parler,  ni  se  mouvoir,  ni'  rien 
faire;  j'ignorais  la  parole  du  Dieu  qui  a  fait 
le  ciel  et  la  terre,  et  toutes  les  choses  qu*ils 
renferment  :  les  métaux,  les  bois  et  les  pier- 
res avec  lesquels  on  fabrique  ou  on  fond  ces 
idoles,  sont  l'œuvre *de  sa  parole,  et  nous 
sommes  ses  créatures.  Il  n'est  donc  pas  juste^ 
ma  très-chère  sœur,  que  nous  abandonnions 
le  Créateur  pour  adorer  la  créature  qui  nous 
a  été  donnée  pour  nous  servir.  »  Mygdonia 
ayant  ainsi  parlé,  Zuzanès,  le  fils  du  roi, 
dit  :  «  Et  qui  a  créé  toutes  choses,  si  ce  n'est 
nos  dieux?  carJupiier  possède  le  ciel,  Junon 
gouverne  les  airs,  Neptune  règne  sur  les 
mers,  Platon  juge  les  enfers,  Phœbus  illumine 
le  jour  et  Bérecynthie  (iOi8-49)  la  nuit,  » 
Et  Mygdonia  lui  rép^mdit  en  souriant:  «Mon 
très-cher  enfant,  tous  les  êtres  que  tu  nom- 
mes sont  condamnés  dans  Tcnfer,  parce  qu'ils 
n'ont  pas  connu  le  Dieu  vivant  :  car,  si  tu 
recours  aux  anciennes  fables,  tu  verras  qu'ils 
étaient  livrés  à  l'impureté,  et  qu'ils  ont  com- 
mis les  méfaits  que  les  juges  poursuivent  et 
punissent  aujourd'hui  chez  les  méchants.  Us 
sont  morts  et  ils  ne  vivent  pas;  mais  notre 
Dieu  demeure  dans  les  siècles  éternels, 
et  celai  qui  croira  en  lui  sera  transporté 
de  cette  mort  passagère  dans  la  .vie  éter- 
nelle. » 

Et  Mygdonia  lui  ayant  dit  ces  choses  et 
d'aatres  semblables,  la  femme  du  roi  fut 
touchée  en  son  cœur ,  et  elle  dit  à  son  fils  : 
«  C*est  avec  raison  que  noire  sœur  a  quitté 
sou  mari  et  les  richesses  terrestres,  afin 
d'obtenir  la  vie  éternelle.  Plût  à  Dieu  que 
nous  vissions  cet  homme  qui  nous  ferait  con- 
naître la  vérité.  %  Et  Mygdonia  ,  pleine  de 
joie,  alta  à  l'apôtre  et  lui  raconta  tout  ce  qui 
s'était  passé.  Et  il  en  eut  une  grande  allé- 
gresse, et,  prêchant  constamment  la  parole 
<ia  Seigneur ,  il  les  bénit  en  leur  imposant 
les  mains,  et  leur  dit  de  se  retirer.  Mais  la 
femme  du  roi  ne  retourna  plus  à  son  mari, 
et  son  fils  ne  révéla  rien  à  son  père  de  ce 
c|u*il  avait  appris. 

CHAPITRE  XIII. 

Lorsque  le  roi  Mesdeus  sut  que  sa  femme 
ri  son  fils  avaient  été  convertis  par  l'apôtre, 
il  fut  rempli  de  colère,  et  il  ordonna  qu'on 
les  amenât  devant  lui.  Et  comme  il  ne  put 
leur  persuader  de  renoncer  la  vraie  foi ,  il 
commanda  d'enfermer  sa  femme  dans  une 
prison  obscure,  et  de  mettre  son  fils  dans  le 
même  cachot  que  l'apôtre.  Et  Charisius  fit 
de  même  enfermer  sa  femme  avec  la  nour- 
jice  Narchia  dans  une  prison  obscure.  Et  le 
roi  ordonna  aussitôt  qu'on  amenât  devant 
lui  Thomas,  les  mains  liées  derrière  le  dos, 
et  il  lui  dit  :  «  Qu'est-  ce  que  c'est  donc  que 
ton  Dieu,  qui,  par  ton  entremise,  sépare  de 

• 

(1048  49)  Surnom  de  Cybèlts  dîviiiilé  phrygienne, 
Inqnelle  et»»'  dam  le  piiticipela  persoun'Ucalion  de 
la  Inné. 

DlTTIO?!!!.   DBS   ApOGRTPBKS.  II. 


nous  nos  épouses?  »  El  Thomas  répondit^ 
«  Tu  es  roi,  et  tu  ne  veut  pas  que  rien  soit 
impur  chez  ceux  qui  te  servent.  Si  toi,  qui 
n*es  qu'un  homme,  tu  veux  avoir  des  esda- 
ves  des  deux  sexes  exempts  de  souillure, 
combien^  h  plus  forte  raison,  dois-tu  croire 
que  Dieu  exige  des  serviteurs  très-chastes  et 
très-purs?  Si  je  prêche  que  Dieu  aime  chez 
ses  serviteurs  et  chez  ses  servantes  ce  que 
tu  aimes  chez  tes  serviteurs  et  chez  tes  »er* 
vantes,  en  quoi  suis-je  coupable?!» 

Alors  le  roi  dit  :  «  J*ai  permis  à  ma  femme 
de  sauver  sa  parente  Mvgdonia  de  Tablme 
où  elle  tombait,  ei  tu  l^ds  fait  tomber  dans 
le  mèmeabtme.  »  L'apôtre  répondit  :  a  II  n*y 
a  d'autre  abtme  que  de  s'éloigner  de  la  chas- 
teté et  de  se  livrer  è  Pimpureté.  Celai  qui 
s'arrache  à  Tin  pureté  et  qui  embrasse  .a 
chasteté,  sort  de  l'abtmo  pour  parvenir  au 
salut,  et  il  quitte  les  ténèbres  pour  entrer 
dans  la  lumière.  »  Et  le  roi  Mesdeus  dit  : 
«  Puisque  tu  as  sé|iaré  de  nous  l'esprit  de 
notre  compagne,  fais  qu'un  nouveau  chan» 
gement  s'opère,  et  que,  revenant  vers  nous, 
ces  épouses  soient  comme  elles  étaient  au- 
paravant. » 

Et  l'apôtre  dit  :  ^  L'ordre  du  roî  est  erro* 
né.  »  Et  le  roi  dit  :  «  Quelle  est  donc  mon 
erreur?  »  Et  le  bienheureux  Thomas  répon^ 
dit  :  «  J*ai  construit  une  tour  élevée,  et  tu 
médis,  à  moi  qui  Tai  élevée^  de  la  détruire; 
j^ai  creusé  profondément  dans  la  terre  et 
j'ai  fait  sortir  une  fontaine  du  gouffre,  et  tu 
me  dis  de  le  combler  1  Je  leur  dirai  plutôt 
ces  paroles  de  mon  Dieu  :  «  Celui  qui  aime 
son  fière,  ou  sa  mère,  ou  ses  enfants,  ou  sa 
femme  plus  que  Dieu,  n'est  pas  digne  de 
Dieu  (1Ô50).  9  Tu  es  un  roi  temporel ,  et  si 
ta  volonté  ne  s'exécute  pas,  tu  infliges  des 
punitions  temporelles.  Mais  Dieu  est  le  roi 
éternel,  et  si  sa  volonté  est  méprisée,  il 
châtie  éternellement.  Après  que  tu  as  tué  le 
corps,  tu  ne  peux  tuer.Tflme  (1051);  mais 
le  vrai  Dieu  peut  j^ter  Tâme  et  le  corps  dans 
le  feu  éternel.  •  Et  Charisius,  qui  se  tenait 
auprès  du  loi,  dit:  «  Si  tu  diffères  davan- 
tage de  faire  périr  ce  magicien,  il  noua  fera 
aussi  tomber  dans  le  précipice.  * 

CHAPITRE  XIV, 

Alors  le  rd,  rempli  de  fureur,  ordonna 

9u^on  chauffât  des  baguettes  de  fer  et  il  or- 
onna  qu'on  déchaussât  Papôlre  afind*app'i- 
quer  sur  ses  pieds  nus  ces  lers  rougis  au  feu. 
Mais  avant  que  ce  supplice  n*eût  pu  être 
infligé  à  l'apôtre,  de  reau  jaillit  et  elle 
éteignit  lefeu.  Et  l'apôtre  dit  au  roi  :  «  Ce  n'est 
pas  pour  moi  que  ce  miracle  s'opère,  mais 
pour  toi,  atin  que  tu  croies.  Le  Seigneur 
peut  me  donner  .a  patience  nécessaire  pour 
que  je  ne  redoute  pas  tes  feux.  »  Alors  Cha- 
risius se  tournant  vers  le  roi,  dit  :«  Ordonne 
qu'on  le  jette  dans  la  cuve  des  eaux  bouil- 
lantes des  bains.  »  Et  le  roi  en  a^ant  donné 
l'ordre,  l'eau  ne  put,  non-seulement  devenir 

(lanO)  II11I//1.X,  37. 

(1051)  Mauh.  X,  38.  ^      , 

32         * 


1003 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPUDS. 


\    \ 


bouillante,  mais  même  acquérir  le  moindre 
degré  de  chaleur,  et  Tapôlre  en  sortit  sain 
et  sauf  le  lendemain. 

EtCbarisius  dileiicore  au  roi  :  «Fais  qu'il 
«acritie  au  dieu  soleil  et  qu'il  encoure  la 
'  rolërede  son  dieu  qui  le  déliYre  des  maux 
auxquels  on  l'expose.  »  £t  Thomas  étant 
pressé  d'entrer  dans  le  temple  et  d*oBrir  un 
sacrifice  à  l'image  du  soleil,  se  mit  à  rire  en 
f)réseuce  du  roi  et  dit  :  ^O  roi,  dis-moi,  qui 
est-ce  qui  l'emporte  de  ta  personne  ou  do 
ton  image?  Je  ne  doute  pas  que  tu  ne  sois 
bien  supérieur  à  ton  portrait.  Et  comment 
pourrez- vous  abandonner  votre  Dieu  et 
rendre  un  culte  à  son  portrait  ?  » 

La  statue  du  soleil  était  en  or,  et  elle  avait 
tievant  elle  quatre  chevaux  d*or,  les  rênes 
abattues,  comme  s'ils  se  dirigeaient  d'un 
"élan  rapide  vers  les  cieux.  Et  Tapôtre  dit  au 
Toi,  lorsqu'on  voulait  le  conlr«»indre  h  adorer 
la  statue  :  «  Tu  te  trompes,  ô  roi,  si  tu  penses 
coiiime  l'a  dit  Charisius,  que  mon  Dieu  s*ir- 
riterait  contre  moi,  si  j'adorais  ton  Dieu.  Je 
veux  que  tu  saches  que  c*cst  contre  ton  Dieu 
qu'il  se  courroucera,  et  il  le  renversern 
aussitôt  queje  l'en  supplierai.»— «Est-ce  que 
ton  Dieu  que  les  Juifs  ont  crucifié,  peut 
renverser  le  soleil,  ce  dieu  invincible?  • 
L'apôlre  répondit  :  «  Veux-tu  (éprouver  si 
rcla  peul  se  faire?»  El  Charisius  dit:  «  Il 
cherche  des  prétextes  pour  ne  pas  adorer  le 
soleil  et  pour  ne  pas  luioiïrir  de  sacrifice  !  >» 
Et  l'apôtre  repartit  :  «  Si  mon  Dieu  ne  le 
renverse  pas,  je  lui  offrirai  un  sacrifice.  » 
Et  quand  le  roi  et  Charisius  y  eurent  con- 
senti, ils  le  conduisirent  dans  le  temple, 
accompagné  d'un  grand  cortège,  ainsi  qu'il 
^tait  d  usage. 

CHAPITRE  XV. 

ï)t  des  jeunes  filles  les  suivaient  en  jouant 
de  la  lyre;  d'autres  jouaient  de  la  flûte, 
d'autres  du  tambour,  d'autres  portaient  des 
-vases  pour  les  sacrifices  ou  des  encensoirs. 
Et  lorsqu'ils  furent  entrés  dans  le  temple, 
l*apôtredit  à  l'idole  :  «  Je  t'adresse  la  parole, 
h  toi,  ô  démon  aui  habites  dans  cette  image, 
qui  donnesdes  réponses  aux  hommes  insensés 
et  trompés  qui  te  rendent  un  culte  ;  je  t'ad- 
jure, au  nom  de  Jésus-Christ,  mon  Seigneur, 
que  les  Juifs  ont  crucifié,  de  sortir  de  cette 
statue  et  de  le  tenir  debout  devant  moi,  afin 
qu'on  te  voie,  et  je  te  commande  de  faire  ce 
que  je  t'aurai  commandé.  i>  Et  le  démon, 
étant  sorti  delà  slatue,se  tint  devant  l'apôtre 
qui  seul  pouvait  le  voir  et  qui  lui  dit  : 
u  J'adore  (fecŒur  mon  Seigneur  Jésus-Christ; 
lorsque  j'aurai  fléchi  mes  genoux  en  terre  et 
quejet'auraidild'adorer  cotte  idole,  je  prierai 
inon^eigneiîr  afin  qu'il  envoie  son  ange  qui 
h*  reléguera  et  t'cnfcruiera  dans  l'abimo.  » 
£t  le  démon  répondit  :  «r  Je  te  prie,  apôtre 
(le  Dieu,  de  ne  pas  me  reléguer  dans  l'abime. 
Accorde-moi  seulement  cette  faveur  et  je 
tuerai  tous  ces  gens  qui  sont  ici.  » 

L'apôtre  lui  dit  alors  :  «  Je  l'enjoins,  au 
nom  do  Jésus-Christ  mon  Seigneur,  de  ne 
nuire  à  aucun  de  ces  hommes  et  de  ne  tou- 
cher qu'à  celte  statue.  Aussitôt  que  j'aurai 


fléchi  les  genoux,  brise-la.  »  Uapôtre  parait 
au  démon  en  langue  hébraïque,  et  perscore 
ne  savait  ce  qu'il  disait,  ni  avec  qui  il  s^n- 
tretenait.  Et  se  tournant  vers  le  roi»  il  dit: 
«Réfléchis,  ô  roi,  h  ce  que  lu  penses;  la  dis 
que  cette  idole  est  invincible  et  <]ue  mon 
Dieu  est  un  homme  qui  a  été  crucifié  t^ar  ie> 
Juifs;  c'est  pourquoi  si  ton  dieu  est  le  plus 
puissant  et  si  je  ne  peux  le  briser  par  riavo- 
cation  du  nom  de  mon^Dieu,  non-seulen.eni 
j'adorerai  le  démon  qui  se  cache  en  lui,  roâia 
encore  je  lui  offrirai  un  sacrifice.  Mais  ^i 
ton  dieu  est  vaincu  et  brisé  en  petits  :n<*r- 
ceaux,  il  sera  juste  qu'au  contraire,  lu  aban- 
donnes l'erreur  et  que  lu  suives  la  vérité.  » 
Et  le  roi  dit  :  «  Oses-tu  ro'adresserde  sem- 
blables propos?  Situ  continues,  je  le  fins 
déchirer  les  veines  à  moins  que  tu  n'a  ion ^ 
le  soleil  et  que  tu  ne  lui  offres  un  5acrifirc.  • 
L'apôtre  répondit  :  «J'adore,  maiseen'e^( 
pas  une  idole.  J'adore,  niais  ce  n*eA  pas  du 
métal.  J'adore,  mais  ce  n'est  pas  une  vaii  e 
image.  J'adore  mon  Seigneur  Jésus-Chris!» 
au  nom  duquel  je  t'enjoins,  à  (oi  déui^n 
caché  dans  cette  statue,  de  briser  la  stjilue 
et  le  métal,  sans  faire  de  mal  à  perscODo.  ■ 
Et  aussitôt  l'idole  fondit  comme  delà  ciie 
mise  devant  un  grand  feu  et  disparut.  Ai«ri 
tous  les  jtrôtres  saisis  de  i-onsiernation.  so 
mirent  à  pousser  de  grands  cris,  et  le  m 
s'enfuit  vers  Charisius.  Le  grand  prêtre  frai^- 
pait  l'apôtre,  et  une  grande  sédition  s'élevi 
parmi  le  peuple,  mais  la  majeure  partie  on 
peuple  était  avec  l'apôtre.  Et  le  roi  Me^deus, 
lort  troublé,  fil  enfermer  dans  une  prl^ofl 
Tapôtre  Thomas  et  son  fllsZuzaDèsel  pia- 
sieurs  autres. 

CHAPITRE  XVL 

L'apôtre  ne  cess^iil  dans  sa  prison  decon* 
firmer  les  fidèles,  disant  :  <  Crevez  an  Dieu 
(lue  je  prêche,  croyez è  Jésus  dont  j'annoore 
1  Evangile  ;  il  aide  ses  servite<  rs,  Usoula^"" 
les  travailleurs;  mon  Ame  se  réjouil  en  Ui 
parce  que  j'ai  accompli   mon  tea)ps  ctqu'^ 
je  m'approche  de  celui  que  j'ai  désiré  voir. 
Sa  beauté  m'anime  à  dire  qui  il  est,  mats  s.i 
grandeur    surpasse   mon    entendement  ci 
excède  mon  intelligence,  do  sorle  que  je  no 
puis   comprendre  et  expliquer  ce  que  j- 
désire  dire  de  lui.  Mais  toi.  Seigneur,  qui  a^ 
coutume  de  remplir  l'Ame  indigente,  a^^- 
corde-moi  ce  qui  me  manque,  et  sois  arer 
moi  jusqu'à  ce  que  je  vienne  vers  toi  et  que 
je  te  voie.  »  Quand  Zuzanès  entenJit  qu* 
Thomas  disait  que  le  temps  était  accotnj/t 
où  il  devait  sortir  de  ce  monde,  il  désira 
qu'avantde  mourir,  l'apôtre  guérit  sa  fomu 
Manazura,  qui   était   paralytique,  et  ii  li- 
supplia  d'aller  vers  elle.  Ayanl  doncgagn»-' 
lézarde  et  donné  sa  parole  qu'ils  refon- 
draient, il  sortit  de  prison  avec  I  apôtre  el  lo 
mena  en  sa  demeure.  Et  il  pria  que  lemi* 
nislî^re  de  diacre  lui  fût  accordé,  el  iNe- 
manda  h  recevoir  la  bénédiction  lévin\|ui\' 
car  il  dit  qu'il  était  résolu  de  servir  Dieuel 
qu'il  en  avait  pris  depuis  longteinns  la  <J^; 
termination  en  son  esprit,  mais  au  il  sViail 
marié  à  l'âge  de  vingt  ans«  pour  ooétri  m>ïï 


iC05 


THO 


PART.  lU.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TIÎO 


1006 


père,  el  que  depuis  trois  ans,  il  n^avait  eu 
d'elle  aucun  enfant  et  qu'il  n'avait  jamais 
connu  d'autre  femme  que  son  épouse,  et  que 
depuis  quelque  temps,  il  s'abstenait  d'avoir 
commerce  avec  elle,  parce  gu'elïe  s'appli- 
quait h  la  chasteté  rt  qu'elle  desirait  entendre 
les  discours  de  Thomas,  mais  qu'elle  ne 

Kuvait  Tenir  à  cause  de  ses  infirmités.  Si 
pôtre  voulait  la  guérir,  elle  s'empresserait 
d'accourir  auprès  ae  lui.  Et  Thomas  lui  ré- 
pondit :  «  Si  tu  crois,  tu  verras  les  merveilles 
du  Dieu  et  comment  il  guérit  ses  serviteurs.» 

CHAPITRE  XV». 

Et  lanilis  qu'ils  parlaient  ainsi,  la  femme 
du  roi»  qui  se  nommait  Treplia,  etMvgdonia, 
la  femme  de  Cbarisius  qui  était  l'ami  dti 
roi,  et  Narcbia,  la  nourrice,  ayant  donné 
trois  cent  soixante  pièces  d'argent,  furent 
introduites  par  !e  garde  auprès  de  l'apôtre. 
El  elles  trouvèrent  Siforat,  commandant  de 
la  garde  du  roi,  el  Zuzanès,  et  Sifore,  sa 
femme  et  sa  fille,  et  d'autres  personnes  at- 
tentives aui  paroles  de  l'Evangile.  Et  quand 
les  trois  femmes  furent  en  présence  do 
Thomas,  il  les  interrogea,  leur  demandant 
arec  la  permission  de  qui  elles  étaient  ei- 
trées  ou  qui  leur  avait  ouvert  la  prison,  et 
cominent  elles  étaient  sorties  du  lieu  où 
elles  avaient  été  enfermées. 

Et  Treptia  répondit  :  «  N'es-tu  pas  celui 
qui  nous  a  ouvert  In  porte  et  qui  nous  a  dit  : 
«Sortez  et  allez  à  la  prison  aOn  que  nous 
recevions  les  frères  qui  y  sont,  etleS.eigneur 
fera  éclater  sa  gloire  en  nous  ?»  Et  lorsque 
nous  nous  sommes  approchées  de  la  porte, 
subitement  tu  as  disparu  à  nos  yeux,  mais 
le  bruit  qu'a  fait  la  porte  nous  a  montn'^que 
tu  étais  entré.  Et  nous  avons  ensuite  obtenu 
du  geôlier,  auquel  nous  avons  fait  un  pré- 
sent, qu'il  nous  laissât  entrer  auprès  de  toi, 
voulant  te  demander  de  faire  quelque  con- 
cession qui  puisse  apaiser  la  colère  du  roi.  ^ 

Alors  Thomas  questionna  Treptia,  lui  de- 
mandant comment  elle  avait  été  enfermée 
par  son  mari,  cl  quel  avait  été  le  motif  de 
sacolère,  puisqu'il  n'épargnait  pas  sa  propre 
épouse.  Kt elle  répondit:  «Tu  me  demandes 
comment  j'ai  ée  enfermée  lorsque  tu  ne 
m'as  jamais  quittée,  mais  que  tu  t'es  absenté 
pendant  une  heure  seulement.  Je  m'étonne 
que  lu  ne  saches  pas  comment  j'ai  été  enftr- 
roée.  Mais  si  tu  veux  l'apprendre,  écoule- 
moi.  Le  roi  Mesdeus  a  envoyé  vers  moi  el  a 
ordonné  qu'on  me  conduisit  auprès  de  lui, 
et  il  m'a  dit  :  «  Esl-ce  que  ce  magicien  a 
acquis  sur  loi  nne  puissance  entière?  r.nr 
Tai  appris  ce  qu'il  accomplit  aver.  de  l'huile 
(1052),  du  pain   et  de   Teau   magiqui^    Et 

(f052)  Ceci  a  trait  au  b.iptéme  administré  avec 
Phuile,  au  pain  eucharistique  ei  h  Teau.  Tui-ibe, 
ëvéque  d*Asilorga ,  s'exprime  ainsi  dans  sa  IcUre  à 
Idace  et  ï  Ceponiiis  :  f  lUud  aulcm  specialiter  in 
illtft  Aaibus  qui  S.  Thomas  dicuntnr  pras  caeleris 
notandum  a;que  exsecrandum  est  qaod  dicil  eum 
non  bapltzare  per  tquam,  sicut  habet  Domiiiica  prie- 
dlcaiio  aique  iraditio,  sed  per  oleum  solum  ;  quod 
quidem  Priscillianislae  non  recipinut,  sed  Manichxi 
Ccquuntur,  quae   tucresis  eisdem  libris  utilur,  et 


comme  il  n'a  pu  venir  auprès  de  toi  avec  ses 
sortilèges,  il  n*a  rien  accompli  sur  toi.  CVst 
pourquoi  exécute  mes  ordres,  autrement  tu 
seras  jetée  en  prison.  »  El  comme  je  refusais 
de  lui  obéir  et  que  je  disais  qu'il  pouvait 
faire  ce  qu'il  voulait,  qu'il  avait  mon  corps 
en  sa  puissance,  mais  que  je  ne  souffrirais 
pas  que  mon  ftme  pértt  avec  lui,  il  donna 
l'ordre ide  m'enfermcrdansun  cachot  obscur. 
Et  il  ordonna  aussi  d'enfermer  Mygdonia 
que  son  mari  Charisius  accusait,  ainsi  que 
sa  nourrice  Narcbia.  Mais  tu  nous  as  prouvé 
Tavanlage  do  venir  à  loi,  el  c'est  pourquoi 
nous  sommes  prêles  à  obtenir  de  toi  la 
grâce  de  la  bénédiction.  ^ 

CHAPITRE  XVIIK 

EtTreptia  ayant  ainsi  parlé,  l'apôtre  re- 
connut aussitôt  les  bieniaits  de  Celui  qui 
prit  la  figure  de  l'espèce  humaine,  afin  de 
consoler  Tes  affligés  et  de  soulager  les  peines 
des  malheureux.  El  il  se  mit  h  rendre  grAces 
au  Seigneur  Jésus,  de  ce  qu'il  fortifiait  les 
malades,  de  ce  qu'il  raffermissait  les  conva- 
lescents et  de  ce  qu'il  donnait  l'espérance  à 
tous  ceux  qui  étaient  livn^s  ï  l'inquiétude, 
El  tandis  que  les  captifs  s'entretenaient 
ainsi  dans  la  prison,  les  gardes  vinrent, 
disant  qu'ils  devaient  élein^ire  les  lumières, 
afin  que  personne  ne  pât  aller  instruire  le 
roi  qu'ils  ét.'tient  ensemble  et  (ju'ils  confé- 
raient ainsi.  Les  lumières  étant  donc 
éteintes,  les  gardes  se  placèrent  à  leur  poste. 
El  l'apôtre  Thomas,  voyant  que  tout  était 
couvert  parles  ténèbres,  se  mit  h  demander 
une  lumière  au  Seigneur,  disant: «  Eclaire* 
nous.  Seigneur,  car  les  enfants  des  ténèbres 
nous  ont  donné  pour  séjour  des  endroits 
ténébreux.  Mais  toi,  Seigneur,  daigne  illu- 
miner tes  serviteurs  avec  ta  lumière  sainte, 
avec  cette  lumière  que  nul  homme  ne  peut 
enlever  et  quenul  homme  ne  peut  éteindre.» 
Aussitôt  le  jour  parut,  et  toute  la  prison  fut 
dans  la  clarté.  Les  autres  prisonniers  qui 
étaient  détenus  pour  diverses  causes  veil- 
laient. Et  les  serviteurs  de  Dieu  n'avaient 
pu  dormir,  parce  que  Jésus^ChrisUles  exilait 
et  que  Celui  qui  a  dit  :« Réveille-toi,  toi  qui 
dors,  et  relève-toi  d'entre  les  morts,  et  Jésus- 
Christ  t*éclairera  (1053),  »  ne  souffrait  pas 
que  nous  dormissions  (105^).  Et  tandis  qu  ils 
se  livraient  entre  eux  à  divers  entretiens, 
Thomas  dit  è  Zuzanès :«  Va  et  prépare-nous 
tout  ce  qu'il  faut  préparer  pour  le  ministère. » 
Et  Zuzanès  lui  demandant  comment  il  pour- 
rait franchir  les  portes  de  la  prison  ou  qui 
les  lut  ouvrirait  puisqu'elles  étaient  toutes 
fermées  et  que  les  gardes  se  livraient  au 
sommeil,  Thomas  répondit  :  «  Croisa  Jésus- 

eadi*m  dogmala  et  bis  détériora  seciatur.  » 

(1055)  Ephe*.  V,  14. 

(1054)  Ici  le  narrateur  t'exprime  comme  ayant 
fait  partie  des  Chrétiens  renlermés  avec  Papôtri!. 
C*est  probablement  une  trace  de  récrit  d'après  Ifi* 
quel  le  prétendu  Abdias  a  travaîUé  ei  qui  était  donné 
comme  Tœuvre  d'un  témoin  oculaire.  On  pourrait 
aussi  supposer  une  erreur  de  copiste  et  lire  eoi  au 
lieu  de  no$. 


1007 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


1001 


Christ,  et  va  e(  la  trouveras  les  portes  ou* 
vertes.  »  Et  les  autres  le  suivirent.  Kt  lors- 
qu'ils eurent  parcouru  la  moitié  du  chemint 
Manazara,  femme  deZuzanès,  le  rencontra, 
en  allant  elle-même  è  la  prison  et  ayant  re- 
connu son  mari,  elle  dit  :  «  Zuzanès,  mon 
mari.  ^  Et  Payant  reconnue,  il  lui  demanda 
comment  elle  se  trouvait  ainsi  sur  la  voie 
publique  au  milieu  de  la  nuit,  et  comment 
elle  avait  pu  se  lever,  elle  qui  était  jadis 
dans  Timpossibilité  de  le  faire.  El  elle  ré- 
pondit :  t  Un  esclave  du  Seii^neur  (1055), 
mettant  sa  main  sur  moi,  m  a  guérie.  Et 
j*ai  été  avertie  en  songe  de  venir  auprès  de 
cet  étranger  qui  est  détenu  dans  la  prison. 
Je  m'empresse  donc,  afin  que,  suivant  la 
vision  que  j'ai  eue  en  songe,  je  puisse  rece- 
voir une  santé  parfaite.  »  Et  Zuzanès  lui 
demanda  quel  était  cet  esclave  qui  avait  été 
avec  elle.  Et  Manazara  répondit  :  «  Ne  le 
vois-tu  pas  qui  me  tient  par  sa  main  droite 
et  qui  me  soutient?  » 

CHAPITRE  XIX. 

Tandis  qu'ils  parlaient  ainsi,  Thomas 
8*a(procha  d'eux,  ainsi  que  Sifore,  général 
des  armées  du  roi,  et  sa  femme  et  sa  fille, 
et  Treptia  et  Mygdonia  et  Narchia,  qui  se 
rendaient  également  à  la  maison  de  Zuzanès. 
El  lorsque  Mazanara  eut  vu  l'apôtre,  elle 
l'adora,  disant  :  «  Tu  es  venu ,  toi  qui  es  le 
médecin  qui  me  guérit  de  mes  sounrances. 
Je  t'ai  vu  cette  nuit,  et  tu  me  remettais  à  cet 
esclave,  aGn  qu'il  me  conduisit  près  de  toi  h 
la  prison.  Et  tandis  que  tu  aurais  dû  atten- 
dre ma  venue,  cependant  tu  n'as  pas  voulu, 
dans  ion  extrême  bonté,  me  laisser  souffrir 
davantage,  et  tu  es  venu  au-devant  de  moi.  » 
Et,  avant  dit  ces  mots,  elle  se  retourna  et 
elle  cuerchait  l'esclave,  mais  il  disparut  sou- 
dain à  ses  yeux,  et  il  n'était  plus  visible.  Et, 
affligée  de  ce  qu'elle  avait  perdu  celui  qui 
la  soutenait,  elle  dit  :  «  Je  ne  peux  marcher 
seule,  et  l'esclave  aue  tu  m'as  confié  ne  se 
montre  plus.  »  Et  rapôtre  lui  dit  :  «  C'est 
Jésus-Christ  qui  t*a  accompagnée;  il  restera 
ton  guide  et  ton  appui.  »  Et  Manazara,  cou- 
rant au-devant  d'eux,  s'empressa  de  retour- 
ner en  sa  maison;  et  quand  TapOtre  et  les 
autres  v  furent  arrivés,  la  maison  fut  sou- 
dain éclairée  d'une  grande  lumière. 

Kt  Thomas  se  mit  à  prier  et  à  dire  :  x  Sei- 
gneur, toi  qui  es  l'aide  des  malades,  l'es- 
poir et  la  consolation  des  malheureux,  le 
port  de  ceux  qui  sont  ballottés  par  la  tem- 
pête, la  résurrection  des  morts  et  la  rédemp- 
tion des  pécheurs;  toi  qui,  à  cause  de  nous, 
as  souffert  les  tourments  de  ta  Passion  ;  toi 
qui  as  pénétré  dans  les  domiciles  de  la  mort 
et  dans  les  enfers,  pour  que  nous  fussions 
délivrés  des  vertiges  de  la  mort;  toi  que  les 
princes  de  la  mort  ont  vu  venir  avec  sur- 
prise et  qu'ils  n'ont  pu  retenir,  mais  qui, 
au  contraire,  les  as  dépouillés  de  leur  an- 
cienne domination,  et  qu'ils  ont  vu  ,  en  gé- 
missant ,  revenir  charge  de  trophées  (1056)  ; 

(iOS5)  C'est-à-dire  an  anse. 

(10561  C'est  encore  une  alluiion  aux  idées  qu*es- 


Seigneur,  Seigneur,  c'est  avec  raison  que 
nous  le  glorifions,  toi  qui  es  venu  dans  uoe 
substance  paternelle  et  parfaite,  afin  qoe 
nous  ayons  en  nous  les  entrailles  de  ta  mi- 
séricorde (1057).  Quiconque  entre  an  nombre 
de  tes  serviteurs  est  admis  par  toi  è  partager 
tes  biens;  toi,  qui  as  jeûné  quarante joun 
afin  de  remplir  par  une  bénédiction  perpé- 
tuelle les  âmes  de  ceux  qui  sont  affamés, 
sois,  je  t'en  supplie,  avec  tes  .serviteurs  Zq* 
zanès,  etManazara,etTreptia;  daigne  les  ad* 
mettre  dans  ton  troupeau,  et  les  comprendre 
au  nombre  de  tes  saints,  et  les  assister  dans 
cette  région  où  domine  l'erreur.  Sois  le  mé- 
decin  pour  les  malades  qui  souffrent  dans 
celte  servitude  du  corps,  suis  le  repcs  din% 
le  travail ,  sois  notre  force  dans  les  circons- 
tances difficiles,  sois  le  soutien  de  nos  cœurs 
et  la  vie  de  nos  flmes,  afin  qu'ils  soient  les 
temples  de  ta  miséricorde  et  que  l'Eipril- 
Saint  habite  en  elles,  i» 

CHAPITRE  XX. 

Et  ayant  achevé  la  bénédiction,  Tapi^tra 
reçut  le  sacrement  et  rendit  grAces  au  Sei- 
gneur, disant  :  «  Que  ton  sacrement.  Sei- 
gneur Jésus,  soit  pour  nous  un  principe  ^d 
vie,  et  qu'il  serve  à  la  rémission  de  nos  pi- 
chés  de  même  que  la  Passion  a  été  célébrée 
pour  nous.  Tu  as  bu  pour  nous  ce  fiel,  aGa 
que  toute  l'aq^ertume  de  l'ennemi  dageora 
humain  mourût  en  nous.  Tu  as  bu  aussi  poor 
nous  du  vinaigre,  afin  que  noire  fat'gue  fût 
fortifiée.  Tu  as  été  couvert  de  crachats  pour 
nous,  afin  de  répandre  sur  nous  la  rosée  cé- 
leste. Tu  as  été  frappé  d*un  roseau  fragile, 
afin  de  raffermir  notre  faiblesse  pour  la  vie 
perpétuelle  et  Téternité.  Tu  as  été  couronné 
d'épines,  afin  de  couronner  d'un  laurier  tou- 
jours vert  ceux  qui  croiront  en  toi.  Tu  as 
été  enveloppé  d'un  linceul  afin  de  nous  re- 
vêtir du  vêlement  de  ta  force.  Tu  as  voulu 
être  mis  dans  un  sépulcre  neuf,  afin  de  f'»r- 
mer  pour  nous  une  nouvelle  grâceetdes  siè- 
cles nouveaux.  » 

Et  quand  il  eut  achevé  ces  paroles,  l'apûtra 
donna  TEucharistie  à  ceux  que  nous  avons 
nommés,  et  il  dit  :  «  Que  cette  Eucbari-tio 
vous  conduise  à  la  vie  et  aux  entrailles  de 
la  miséricorde,  et  à  la  grAce  du  salut,  et  è  la 
santé  de  vos  Ames.  »Et  tous  ayant  répondu 
Amen,on  entendit  une  voix  qui  disait  aussi: 
«Amen.  »Et,  en  entendant  cette voix,ilslom- 
bèrent  la  face  contre  terre.  Et  une  voix  vint 
derechef,  disant  :  «  Ne  craignez  point,  mais 
croyez.  » 

CHAPITRE  XXI. 

Et  ils  se  disposèrent  ensuite  à  retourner, 
Thomas  auprès  de  ses  gardiens,  Treptia. 
Mygdonia  et  Narcbia  dans  leur  prison.  Et 
avant  qu'elles  ne  sortissent,  l'apOire  leur 
parla,  clisant  :  t  Ecoutez  ma  dernière  prédi- 
cation, car  je  ne  serai  pas  longtemps  en 
celte  chair;  je  vais  vers  le  Seigneur  Jésos, 
vers  celui  qui  m'a  ranheté,  vers  celui  qm 

prime  le  paeudo-ëvangile  d^*  Nicouene,  c.  xxi. 
(1057)  Lue.  I,  7a. 


100» 


TRÛ 


PART,  lir.-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TUO 


lOlO 


8*est  humilié  jusqu'au  dernier  degré  afin 
qu*il  élevât  tous  les  hommes  du  fond  de  la 
bassesse  (1058).  S'il  m'a  appelé,  moi  indigne, 
aux  fonctions  du  ministère  sacré,  je  puis,  à 
bien  plus  forte  raison,  espérer  de  lui  une 
réconipense  après  TaToir  servi  dans  la  vé- 
rité. Le  Seigneur  est  bon  et  juste;  il  sait 
accorder  ses  récompenses  selon  les  mérites 
de  chacun.  Il  est  riche  en  ses  présents,  gé- 
néreux en  ses  grftces;  il  n*est  jamais  parci- 
monieux en  ses  bienfaits.  Il  a  daigné  accor- 
der de  grandes  faveurs  à  moi,  pauvre  et  in- 
firme serviteur,  et  il  m*a  traité  bien  au  delà 
de  mes  mérites.  Ses  miracles  doivent  vous 
provoquer  à  louer  leur  Auteur.  Ce  n'était 
point  par  ma  propre  vertu  que  j'accomplis- 
sais des  merveilles;  j'obtenais  au  nom  de 
mon  Seiçneur  Jésus,  je  ne  commandais 
pas  (1059).  Je  ne  suis  pas  le  Christ,  je  ne 
suis  qu'un  serviteur  du  Christ;  je  ne  suis 
pas  l'arbitre,  mais  le  ministre  de  celui  qui 
m'envoie.  Et  c'est  pourquoi,  ma  course 
étant  achevée,  je  vous  donne  ces  avis  afin 
que  votre  foi  ne  diminue  pas  lorsque  vous 
verrez  les  hommes  exercer  sur  moi  leur 
puissance  et  que  je  serai  livré  aux  supplices  ; 
car  j'accomplis  la  volonté  de  Dieu,  et  il  est 
juste  que  je  veuille  ce  que  Dieu  ordonne. 
Car  s*if  a  reçn  la  mort  pour  nous,  combien 
ne  devons-nous  pas  être  rassurés  contre  la 
mort  de  ce  corps  dans  la  vue  de  la  volonté 
de  Dieu?  La  mort  n'est  pas  la  destruction  do 
notre  être;  ce  n'est  que  la  décomposition  de 
notre  corps.  C'est  pourcfuoi  je  ne  demande 
pas  que  ma  mort  soit  différée.  Croyez  que  je 
pourni  la  différer  si  je  voulais;  mais  je  de- 
mande plutôt  à  être  uélivré  de  ce  corps,  et  à 
aller  voir  le  Seigneur  miséricordieux,  qui 
m'accordera  la  récompense  la  plus  généreuse 
en  retour  des  travaux  que  j'ai  accomplis  et 
des  fatigues  que  j'ai  souffertes.  » 

CHAPITRE  XXIL 

L*apÔtre  ayant  ainsi  parlé,  tous  retour- 
nèrent dans  la  prison  ténébreuse,  et  Thomas, 
revenu  dans  son  cdchot,  dit  :  «  Seigneur 
Jésus,  qui  as  beaucoup  souffert  pour  nous, 
que  ces  portes  se  ferment  comme  elles  Té- 
taient auparavant,  et  que  les  sceaux  soient 
rétablis  sur  elles.  »  Et  l'aiiôtre  retourna  à  la 
prison;  et  les  femmes  ne  pouvaient  s'empê- 
cher de  verser  des  larmes,  parce  qu'elles  sa- 
vaient que  le  roi  Mesdeus  ne  manquerait  pas 
de  le  faire  périr.  Et  l'apôtre  étant  venu, 
trouva  les  sardes  qui  discutaient  entre  eux, 
disant  :  a  Hélas!  comment  sommes- nous 
tombés  sur  ce  magicien?  Voici  qu'il  a  ou- 
vert, par  ses  enchantements,  les  portes  de  la 
prison,  et  il  a  voulu  emmener  avec  lui  tous 
les  prisonniers.  Il  faut  que  nous  nous  em- 
pressions d'annoncer  au  roi  ce  qui  est  sur- 
venu pour  sa  femme  et  son  fils,  ainsi  que  pour 
cet  étranger.  »  Thomas  les  entendait  dire  et 
gardait  le  silence.  Et,  au  point  du  jour,  ils 

(I05S)  Imitation  de  ce  que  dit  saint  Paul,  EpUre 
aux  Philippknt,  c.  ii,  7-9. 

.(1059)  De  même  saini  Pierre  proclame  (AcL  m. 
|3),  que  ce  n*est  point  par  sa  propre  puissance  qu*ii 


allèrent  vers  le  roi .  demandant  que  ce  ma- 
gicien fût  éloigné  deux,  et  qu'il  ne  tùi  pas 
renfermé  ailleurs,  parce  qu'il  forçait  toutes 
les  clôtures  par  son  art  magique.  Ils  dirent 
ensuite  que  les  portes  de  la  prison  s'étaient 
ouvertes,  et  que  la  femme  du  roi  était  entrée 
avec  d'autres  personnes  qui  ne  s'étaient  pas 
éloignées  de  Thomas.  Et  le  roi,  entendant 
ces  choses,  demanda  à  voir  les  sceaux  qu'il 
avait  appliqués  sur  la  porte,  et  il  les  trouva 
intacts.  Et  il  dit  aux  gardes  que  ceux  qui  di- 
saient que  Treptia  et  Mygdonia  étaient  en- 
trées dans  la  prison  se  trompaient,  puisque 
les  sceaux  n'avaient  pas  été  brisés.  Mais  les 

Sardes  persistèrent  à  soutenir  qu'ils  avaient 
it  la  vérité.  Et  Mesdeus,  s'appuyant  sur  son 
tribunal,  ordonna  d'amener  l'apôtre,  et  lui 
demanda  s'il  était  un  esclave  ou  un  homme 
libre. 

Et  Thomas  répondit  :  «  Je  suis  l'esclave  du 
seul  Etre  sur  lequel  tu  n'as  pas  de  puissance.  »> 
Et  Mesdeus  lui  demandant  dereciief  pourquoi 
il  était  venu  en  ce  pays,  l'apôtre  dit  que  c'é-. 
tait  afin  de  sauver  bien  des  hommes,  et  qu'il 
devait  en  sortir  par  les  mains  de  Mesdeus. 
Alors  le  roi  lui  demanda  quel  était  son  met- 
tre et  quel  était  son  nom  et  son  pays.  Et 
Thomas  répondit  :  a  Mon  mattre  est  ton 
Dieu,  le  Seigneur  du  ciel  et  de  la  terre.  Tu 
ne  peux  entendre  son  nom,  mais  celui  qui 
lui  a  été  donné  en  ce  monde  est  Jésus- 
Christ.  )>  Et  le  roi  lui  faisant  des  menaces 
s'il  ne  lui  obéissiiit  pas  et  disant  qu'il  dé- 
truirait tous  ses  maléfices  et  qu'il  en  purge- 
rait toute  l'Inde,  Thomas  lui  dit  :  •(  Ces  ma- 
léfices s'en  iront  avec  moi,  mais  sache  qu'ils, 
ne  feront  {)as  défaut  (1060).  » 

-Et  le  roi  pensait  comment  il  ferait  mou- 
rir Thomas.  Il  craignait  le  peuple,  parce- 
que  beaucoup  parmi  les  plus  distingués  ad- 
miraient les  œuvres  de  l'apôtre  et  croyaient 
en  Jésus. 

CHAPITRE  XXIII. 

Le  roi  pensant  donc  qu'il  fallait  agir  avec 
ruse  à  regard  de  Thomas,  fit  entourer  la 
ville  d'hommes  armés  et  ensortit,  emmenant 
Thomas;  et  le  peuple  pensait  qu'il  en  sor- 
tait afin  que  Thomas  lui  fit  voir  quelques- 
unes  de  ses  œuvres,  et  on  crovait  que  le  roi 
voulait  apprendre  quelque  chose  de  l'apô- 
tre. Mais,  quand  le  roi  l'ut  à  la  moitié  d  un 
mille  environ  de  la  ville,  il  laissa  Thomas  h, 

Suatre  soldats,  leur  adjoignant  un  homme 
minent  en  dignité,  et  il  leur  ordonna  de 
conduire  l'apôtre  sur  une  montagne  qui  était 
près  de  là  et  de  le  frapper  du  glaive.  Et  le 
roi,  ayant  donné  ces  ordres  revint  à  la  ville. 
Le  peuple  informé  de  cec]ui  se  passait  suivait 
Thomas,  voulant  le  délivrer.  Mais  les  sol- 
dats tenaient  l'apôtre,  deux  à  la  droite  et 
deux  à  la  gauche,  et  leur  chef  marchait  aussi, 
le  tenant  par  la  main.  Et  Tapôtre  disait  que 
de  grands  et  divins  miracles  se  révéleraient 

accomplit  des  miracles. 

(1060)  Passage  obscur  et  corrompu  dans  le  texte* 
latin. 


mi 


mCTIONNAmE  DES  APOCRTPIIES. 


i:!î 


h  foccasion  de  sa  mort»  et  il  disa't  qu*i| 
était  conduit  par  quatre  soldats,  parce  quMl 
était  formé  des  quatre  éléments,  lesquels 
possédaient  les  quatre  principes  de  la  créa- 
tion, et  étant  venu  au  lieu  de  son  supplice, 
il  exhorta  ses  compagnons  à  conserver  leur 
foi  dans  le  Seigneur  Jésus  et  à  Tadorer,  et 
il  pria  Zuzanès  de  donner  une  récompense 
aux  gardes  afin  qu*ils  lui  laissassent  lo  temps 
de  prier.  Et  cette  permission  lui  étant  don- 
née, il  commença  h  rendre  grâces  de  ce  •4u*il 
avait  élé  en  ce  monde  gouverné  par  Jésus- 
Christ  et  de  ce  qu'il  était  appelé  par  le 
Sauveur.  Et  il  dit  que  Jésus-Christ  était  le 
protecteur  dans  le  danger,  le  consolateur 
dans  les  chagrins,  Tappui  dans  les  fatigues, 
et  la  récompense  de  celui  qui  l'avait  servi 
en  ce  monde. 

CHAPITIIE  XXIV. 

Et  Thomas  dit  ensuite  :  «  Seigneur,  tu 
m*as  annoncé  que  j*é(ais  à  toi,  c*est  pour- 
quoi je  n*ai  point  pris  d'épouse  aGn  de  me 
consacrer  tout  è  (oi»  et  de  crainte  que  le 
commerce  conjugal  ne  diminuât  la  grâce  de 
ton  temple  ou  ne  diminuât  mon  application 
vers  toi.  Tu  as  éloigné  mon  esprit  de  la  cu- 
pidité pour  les  richesses  du  siècle,  en  mo 
donnant  des  biens  célestes  et  en  m'ensei- 
gnaot  qu'il  y  avait  dans  l'opulence  des  cm* 
Barras  et  non  des  avantages.  Et  tu  m'as  con- 
duit à  me  contenter  ici  de  la  pauvreté  et  à 
rechercher  la  possession  inépuisahie  des 
richesses  divines  et  les  trésors  cachés  en 
Jésus-Christ  (1061  )«  afin  que  satisfait  de  les 
biens  je  n'en  désirasse  (^as  d'autres.  Je 
suis  donc  devenu  pauvre,  indigent,  pèlerin 
et  esclave,  souffrant  la  prison,  les  jeûnes,,  la 
faim  et  la  soif,  supportant  les  fatigues  et  le 
travail  (1062),  afm  que  dans  ma  conGance  de 
ne  pas  périr,  mon  espoir  ne  fût  pas  confondu. 
Jette  donc  tes  yeux  sur  moi,  Seij^neur,  car 
je  n'ai  pas  caché  ton  argent,  mais  je  l'ai  posé 
sur  la  table  et  je  l'ai  partagé  parmi  les  ban- 
quiers (1063).  Appeléa  ta  table, j'y  suis  vnu 
<?t  jene  me  suis  pas  excusé  sur  la  nécessité 

(iOGI)  Col.  Il,  5. 

(10(52)  Sailli  Paul  s'cipriine  de  la  même  ma- 
filèrc.  (Il  Cor,  vi,  i,  5.) 

(1065)  Maith.  xsv.  27. 
(f06i)  Luc.  viv,  48. 
(1063)  Luc.  XIV,  19,  20. 

(1066)  Matth,  xsir,  10;  Apoc.  m,  18. 

(1067)  Uatth.  XXV,  à. 

(1068)  Ce  passage  et  le  suivant  paraissent  faire 
allusion  à  des  circonstanc«'s  racontées  dans  des 
écrits  apocryphes  aujourd'hui  perdus;  peul-éire  y 
Bura-t-il  dans  ces  paroles  une  allusion  à  la  parabole 
du  bon  Saroaiilain.  Luc,  x,  50  seq. 

(10G9)  La  nuit  était  partagée  chez  les  Juifs  en 
trois  parties,  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains  e*i 
((uatre.  (Vop.  les  Commentateurs  sur  VEvaiigite  de 
$aint  Manhteu,  xiv,  25. 

(1070)  C/estrà-dire,  c  je  n'ai  eu  aucune  indulgence 
p.»ur  mon  corps,  i 

(1071)  Le  sens  de  ceci  est  ;  j**  n'ai  pas  voulu  que 
pion  &me  fût  soumise  à  mon  corps. 

(1072)  Les  démons,  les  esprits  malins. 

(a)  Pline  {llitt,  nat.,  I.  ii,  c.  96)  mentionne  Gala- 
ftiine  parmi  les  Iles  toujours  ilottanteK.  c  In  Lydia, 
ÎQiulse  qu»  vocaniur  Calaminac,  non  vciitis  solum 


d*aller  voir  ma  terre  (106i),  et  Je  n*ai  pi 
préféré  à  Thonneur  d'être  à  ton  f«  stin  le 
besoin  d*éprouver  des  couples  de  b(Bufs  ou 
la  nécessité  de  me  marier  (1065).  J*ai  éié  in- 
vité h  des  noces«  et  j*ai  revélo  dos  tète- 
ments  blancs  (lOGG);  irttendaDt  que  le  Sei- 
gneur revint  des  noces  je  n*ai  point  négligé 
de  m»  munir  d*^huile  (1(J67);  j*ai  ganlé  loute 
la  nuitma  maison,  et  je  n*ai  pas  été  dépouillé 
par  des  voleurs  (1068);  j*ai  entouré  mes 
pieds  de  chaussures  aCn  que  les  traces  de 
mes  pas  ne  fussent  pas  décourertes. 

«  J*ai  observé  la  première,  la  seconde  et  îa 
troisième  veille  afin  de  voir  ton  vhage  et 
de  contempler  ta  spb  ndeur  lorsque  la  nuit 
a  fini  son  cours  (1069).  Je  n*ai  pas  ren«ia 
la  vie  è  mon  corps  mort  (1070)  et  je  ne 
Tdi  pus  soutenu  dans  sa  défaillance,  mais 
je  Tai  pluldi  châtié,  après  que  tu  me  Teus 
remis  lié  Et  j*ai  tué  mon  cap  if,  afin  de 
ne  pas  lier  celui  que  j'avais  reçu  libre  (1071). 
J*ai  souffert  l'opprobre  sur  la  terre  afin 
d'espérer  la  récompense  dans  le  ciel.  Ain5i, 
si  j'ai  servi  avec  fidélité,  secours-moi.  Sei- 
gneur Jésus,  afin  que  les  voleurs  (1072)  ne' 
me  surprennent  pas  et  qu'ils  ne  jettent  pas 
leurs  filets  sur  moi.  Que  ta  gloire  enve- 
loppe ton  serviteur,  afin  que  les  puissances 
ennemies  n^osent  pas  attaquer  celui  qui 
s'appuiera  sur  une  telle  grâce  Est-ce  que 
je  leur  ai  obéi  lorsqu'elles  voulaient  m'in- 
terdire  le  passage?  Elles  accourent  au  devaut 
de  ceux  qui  sont  à  elles»  et  ne  les  laissent 
pas  avancer  d'avantage.  Sois  donc  avec  moi, 
Seigneur,  pour  que  je  quitte  ce  monde  en 
paix  et  avec  ta  grâce.  Dirige  ton  serviteur 
dans  la  vérité,  dirige  ma  route  vers  ton 
sié^e,  et  que  le  diable  ne  puisse  rien  coolr<* 
naoi.  Que  ses  yeux  soient  aveuglés  par  la 
lumière.  Que  sa  bouche  se  taise  et  qu'il 
ne  trouve  rien  en  moi  qu'il  puisse  U:re 
être  diè;ne  de  ses  œuvres.  » 

Ayant  ainsi  parlé,  l'apôlre  dit  aux  soldais: 
«(Venez  et  accomplissez  l'ordre  de  celui  qui 
vous  a  envoyé.  »  Et  quatre  soldais  apfTo- 
chant  le  percèrent  de  leurs  lances  (1073) 

(1073)  Saint  Ilippolytc  de  Tlièbes  dit  qne  saii.t 
Thomas  fut  percé  d'une  lance  dans  les  quatre  par- 
tics  de  son  corps.  On  lit  également  dans  Nicolas  <i0 
f  :)phlagonic,  dans  le  Méiiologe  (6  0€tol>re)  publié 
|rir  Ughelli  (îialia  tncra,  t.  VI,  p.  1095)  dao«  1« 
Synaxairc  des  Grecs,  dans  le  Martyrologe  romain, 
cic.,  que  Tapôtre  fut  tué  à  coups  de  lance.  Un  an* 
cwn  écrit,  q4ie  f:ite  Baronius  (ad  an.  17,  n.  115). 
dit  qu'il  fut  crucilié  et  qu*un  Brahni»ne  l«  frappa 
d'une  lance  pendant  <nril  priait  sur  la  croix  ;  oa 
llagiologe  maauscril  {Voy.  Florentinius,  p.  U6\ 
:nirii;e  qu'il  fut  tué  d'un  coup  d*épéo  par  legniMl 
prêtre  des  idoles  dans  le  temple  du  soleil. 

Ni  Abdia;,  ni  le  Synaxaire  des  Grecs  ne  itom- 
ment  le  lieu  où  saint  Thomas  souffrit  le  martur. 
Orderic  Vital  dit  qu'il  fut  mis  à  mort  dans  la  t*I« 
de  Calamine  sous  le  régne  du  roi  N«^rfeiis.  Gn> 
go  re  Barhebncus,  dans  sa  Chronifiuê  $yriaqw,  àA 
que  le  corps  du  saiiil  était  dépoté  à  Gatantin'* 
(  Voy.  Assemani,  Biblioth.  crient.,  i.  III.  p.  ^}  i 
Cette  ville  est  inconnue  des  géograpbes  ei  son  eii** 
tence  parait  douteuse  (a).  Un  autre  auteur  sinaquf^ 

sed  eliam  conlis  quo  libeat  Impul-ae,  moltoniM 
civium  Mithrîdatico  belle  salas.  »(  Voy.  Saan»i<«k 
ExcrcH.  plinianœ,  p.  89.) 


4013 


THO 


PART.  III.—  LEGENDES  ET  FIUGMEINTS. 


ItiO 


1014 


et  le  bienheureux  apôtre  tomba,  et  il  mou- 
rut. Et  les  frères  rensevelirent  en  versant 
des  larmes  dans  le  sépulcre  royal  où  des 
rois  avaient  été  ensevelis,  après  avoir  revêtu 
son  corps  d'étoffes  précieuses  et  après  Tavoir 
eiul>aumé  avec  des  aromates. 

CHAPITRE  XXV. 

Et  TapAtre  apparut  soudain  à  Sifore  et  à 
Zuzanès  qui  refusaient  d'aller  è  la  ville  et  qui 
étaient  assis  tout  le  jour  auprès  du  sépul- 
cre, et  il  leur  dit  :  «  Pourquoi  étes-vous 
assis  et  me  gardez-vous  ainsi?  Je  ne  suis 
plus  ici;  je  suis  monté  au  ciel  et  j*ai  reçu 
tout  ce  que  j*espérais.  Levez-vous  donc,  partez 
d'ici,  et  bientôt  je  vous  reverrai  avec  moi.  » 
Et  quand  ces  choses  se  passaient  auprès 
de  Tapôtre,  la  reine  Treptia  et  Mygdonin, 
amenées  par  Charisius  et  Mesdeus  s'affli- 
geaient, mais  elles  résistaient  h  leur  vo- 
jonté.  Et  Tapôtre  se  montia  à  elles  et  dit  : 
«  Ne  vous  ésarez  pas,  pnrce  que  le  Seigneur 
Jésus  vous  oonnera  bientôt  son  assistance,  y 
Fa  Mesdeus  et  Charisius,  ne  pouvant  vain- 
cre la  résolution  de  leurs  épouses,  les  aban- 
donnèrent à  leur  propre  volonté.  £t  les 
frères  se  rassemblaient  avec  beaucoup  do 
consolation  et  de  joie.  Et  Sifore  était  prêtre 
et  Zazanes  diacre,  et  ils  avaient  été  or- 
donnés par  le  saint  apôtre  lorsqu'il  monta 
sur  la  montagne  où  ils  devaient  mourir, 
et  ils  jouissaient  de  Tassistance  fréquente 


du  Seigneur,  et  les  progrès  de  la  foi  aug- 
mentaient journellement.  Ht  le  Seigneur 
leur  ajouta  celte  grâce,  que  le  fils  de  Mls- 
deus  ayant  été  saisi  du  démon  et  personne 
ne  pouvant  s^e  rencontrer  qui  le  guérit, 
son  père  eut  une  inspiration  divine  et  dit  : 
«  J'irai  et  j'ouvrirai  les(5pulere,  et  prenant 
les  os  du  corps  de  l'apôtre  je  les  suspen- 
drai au  corps  de  mon  Qls,  et  il  sera  guéri,  v 

Et  Mesdeus»  suivant  sa  pensée,  se  rendit 
sur  la  montagne,  et  Thomas  se  révéla  à  lui» 
(lisant  :  «  Tu  n*as  pas  cru  aux  vivants  et  voilà 
que  tu  ajoutes  foi  aux  morts!  Mais  ne  crains 
pas,  le  Seigneur  Jésus  aura  pitié  de  toi,  et 
par  suite  de  sa  bonté,  il  te  montrera  les 
entrailles  de  sa  miséricorde.» 

Et  Mesdeus,  ayant  fait  ouvrir  le  sépulcre, 
ne  put  pas  trouver  les  os,  parce  que  des  frères 
avaient  déjà  enlevé  h»s  saintes  reliques  et 
les  avaient  ensevelies  dans  l'église  d'Edesse. 
Et  le  roi  emporta  tout  ce  qu'il  put  tnuver 
de  terre  et  de  débris  sur  lequel  avaient 
reposé  les  os  de  l'apôtre,  et  il  l'appli  lua  à 
son  Gis,  et  il  dit  :  «  Je  crois  en  toi,  Jésus- 
Chrisl,  parce  que  celui  qui  trouble  Tintelli- 
gence  àes  honimes  s'est  éloigné  de  moi.  » 
Et  l'enfant  fut  guéri  sur  l'heure  (107i^),  et 
il  y  eut  une  grande  joie  parmi  les  frères  à 
cause  de  la  conversion  du  roi  Mesdeus  vers 
le  Roi  céleste  Jésus-Christ,  à  qui  reviennent 
l'honneur  et  la  gloire  dans  les  siècles  des 
siècles.  Amen. 


Jacques  de  Voragine  a  pris  la  narration 
d'Abdias  pour  base  du  récit  qu'il  fait  de 
la  vie  de  saint  Thomas,  mais  il  a  abrégé 
récrit  qui  lui  servait  de  guide.  {Voy.  Te 
Dictionnaire  des  légendes  du  Christianisme^ 
Migne,  1855,  col.  1177.) 

La  conversion  de  Migdnnia,  la  mort  de 
saint  Thomas  tué  nar  Vevesque  des  ydolles 
dans  rinde,  forme  le  sujet  du  vu*  livre  des 
Mystères  des  actes  des  apôtres,  (Voy,  le 
Dictionnaire  des  Mystères^  Migne»  1855,  col. 
97.) 

Jean-Baptiste  Mantuan,  dans  ses  Fasti  sa* 
cri  ^ue  nous  avons  déjà  cités  è  plusieurs 
reprises,  s'est  inspiré  d'Abdias  pour  retracer 
l'histoire  de  l'apôtre;  offrons  ici  un  échan* 
tillon  de  sa  poésie  : 

AiWenere  locos  ubi  connabialta  priiic*'ps 
Fesia  ceiebrabat,  discis  redotentia  plenis 

Amron,  fils  de  Matthieu,  avance  que,  d*aprè8  la 
Iraditioa  d«^s  Nestoriens  le  sépulcre  de  Thomas 
était  dans  Hle  de  Meilan. 

Au  milieu  de  ces  obscurités,  ce  qu'on  peut  dire 
avec  le  plus  de  vraisemblance»  c*est  que  saint 
Thomas  prêcha  b  foi  dans  la  Svrie  et  se  rendit  à 
Edesse  ou  il  avait  envové  devant  lui  Thaddée.  C'est 
f .?  que  rapporte  la  tradiiion  constante  des  Syriens 
i  l  des  Glialdéens  qol  nomment  comme  apôtres  par 
cvcellence  Tliomas  ei  Tbaddée  ou  Adée,  et  ses  dis- 
ciples Maris  et  Aghée.  (Voy.  Assemani,  vol.  III, 
1.  M,  p.  3  et  éuiv.)  On  comprend  d'ailleurs  que  par 
suite  des  guerres  continuelles  entre  les  Parthes  et 
les  Romains,  les  écrivains  ecclésiastiques  des  pre- 
iMters  siècles  n'aient  eu  que  des  idées  assez  confuses 
tur  les  progrés  de  la  loi  dans  les  régions  au  delà 


Tiscei  a  fumabaiit  -  el  crant  communia  vulgo  : 
Accubuere  epulis.  Casu  cilharistria  virgo 
He!  raico  moJulans  Inudem  serinone  Tonanti 
Hic  aderat  :  dulces  ut  sensit  apostolus  hymnes 
I\it  in  exccs^ium  mentis  :  subi^oque  remansit 
Atlonito  similis  converse  in  sidéra  vuUn. 
Ecce  minislrorum  quidam  <'um  forsitau  illom 
Deridere.  dapes  putat,  et  conlemnere  festa , 
Sancta  hominis  stricto  percussit  tempera  pugno. 
Taie  nefas  Deus  est  ulius  :  nam  solus  aquatum 
Du  m  petulans  percussor  abit,  jejuna  leonum 
Venit  lu  ora  ;  icuent  Llenim  rura  illa  leones 
Sicut  nostra  lupus,  fera  martia,  dorcas  et  ursus,. 
Nec  morn  louga  fuit  :  servi  canis  ore  cruen  o 
Attuhi  ad  mensas  posuilq<ie  sub  ipsius  ora 
Priiicipis  invente  divulsam  a  corporc  dekiram. 
Hoc  animadvertens  princeps  deprendit  in  ipso 
Esse  viro  divini  aliquid,  Cliristoque  recepto 
Protinus  ad  sacrum  venit  cum  conjuge  fon'.cm  ; 
1  otaque  paulatim  fim^s  diffusa  per  ilios 
fiarbara  gens  confessa  lidero,  Cbristumque  sec  ta 

[est. 

de  l'Euphrate.  Halhenreusement  la  doctrine  de^ 
l'Evangile  que  saint  Thomas  avait  préchée  Re- 
tarda pas  à  se  corrompre  par  suite  du  mélange  des> 
idées  de  la  Perse  et  de  l'Orient.  Le  gnoslique  Bar- 
de^ane  dont  nous  avons  déjà  parlé  avait  vu.  1<*  jour 
à  EJesse  ou  aux  environs  ;  le  roanichéisuie,  c^ui  prit, 
l'aissance  parmi  les  Perses,  se  répandit  d»ns  la 
Syrie.  (  Voy,  la  dissertation  de  SIm.  de  Vries,  De 
origine  et  progretsu  religiouis  Christianœ  in  veleri 
Penarum  regno,  dans  le  Muséum  haganum  de  Bai- 
key,  t.  m.  p.  288.)  Abulpbarage  affirme  que  Manèi 
envoya  plusieurs  de  ses  disciples  répandre  ses. 
erreurs  dans  l'InJe.  [Hislor,  tiynast.,  p.  8i.) 

(1074)  Fabricius  met  ici  en  note  :  c  Eiiain  ptist 
mortem  miracuUi  edendo  vivum  se  dempnsir.'isso» 
Thomam  ail  Gaudentius  Bnxianus«  hom.  17.  i 


tMS> 


DICTiœiN.Uft£  DES  APOCRYPHES. 


I0:r. 


His  Ua  in  ^thiopum  siertli  regione  peraciis 
Oceani  sulcantar  aquae,  zephyroque  secuodo 
Persida  lran»gressi,  patriîs  poiiutitur  arenU 
Qua  fuerant  niajçno  slaluenda  palalia  sumptu, 
Roge  saluialo  q^am  primum  Lucifer  orlus 
A  qiia^slore  Thomas  conflala  pecunia  duduni 
Krgo  operis  laiili  subito  numerau  :  subiiidc 
Rex  abiens  lolum  bellis  escrcuit  annum. 
Inlerea  sine  re  viduas,  sine  doie  puellas 
Mendicosque  onnes  cogens  dispescuit  aurom 
Oinne  Tliomas  :  relique  domum  consiruxit  Olympo. 
lies  ubi  cognovii  fraudem,  si  dîcere.rraiideui 
Fas»  optts  est  s^nctum,  subito  conjecii  In  atri 
Carcans  antra  vinini  :  sed  mox  revocatut  ab  orco 
Yi  supcrum  régis  fraier  regalia  narrât, 
Tecta  manu  constructa  Tliomae  qu»  vidil  in  astiis. 
Pœniiuit  facti  regem,  Chrisiumque  professus, 
JEre  viruin«solvii;  qui  roox  convcrsus  ad  ortutn 
Solis  :  et  ad  terras  quibiis  est  pcninsula  n<ftnen 
Aurea^^duQ)  leraure»  abigit,  diini  langnida  sanat 
(^orpoia.dum  verbis  Veoerem  proscindit  acerbîs, 
0ucia  pudicitix  studio  regina  maritum 
Odity  et  amplexus  laïuit  pertaesa  jngalea. 
Hoc  œgra  rex  mente  rerens,  nudata  coegît 
Ferre  super  caadens  Ihomioem  ye«tigi;i  forrom. 
Sed  gelidis  gravis  ardor  aquis  exslinguilur  orto 
Fonte,  per  Derl)osos  salions  qui  murmurât  agros. 
Ductus  et  ad  solis  templum  prodire  copgît 
^re    larem».    suaque  in  terram   simuiarra    re- 

[pente 
Siernere,  et  in^<»nti  templum  prostrare  lumultu. 
Divuro  ignominiam  confractaque  tf  m pla.  dolentes, 
Arma  sacerdotes  animis  flagrant ibus,  arma 
Arma  voc^iit.  nudlsque  Thomam  mocronibus  ur* 

[geol» 
Atque  iia  subverso  roigravit  in  xthera  sole. 

11  ne  faut  pas  confondre  YHUtoire  d*Ab- 
dks  avec  ies  AcUs  de  saint  Thomas^  pro- 
duction écriie  sous  Tinspiration  du  mani- 
chéisme :  ces  Actes  avaient  cours  chez  les  apo* 
lactiques»  secte  gnostique,  qui  prétendait  se 
distinguer  par  une  grande  sévérité  de  mœurs  ; 
Us  semblent  composés  pour  recommander  la* 
cessalioa  du  mariage  ou  du  moins  la  con- 
tinence la  plus  absolue,  La  véritable  prophé- 
tie d»  celte  légende  est  Tapparilion  de  Jésus- 
Christ  qui  vient  engager  deux  jeunes  époux 
ài  se  conserver  à  la  chasteté. 

Elle  nous  est  parvenue  dans  une  rédac- 
tion gricque  qui  a  pour  titre  :  OiptoSo»*  wl 

)€$  et  martyre  d«  sQint  Thomas  Vap6tre, 
Ces  Actes  ont  été  publiés  en  grec  par  Thilo, 
&  Leipzig,  1823,  in-fr*.  Ce  savant  les  a  fait 
précéder  d^une  introduction  de  cent  vinçt- 


six  pages,  ob  il  s  o>i'iC0pc  surtout  du  pru..  t 
qu'il  avait  (et  quil  n*a  pu  exécuter  queo 
partie)  de  donner  une  nouvelle  édition  du 
Codex  afocryphas  Noti  TestametUi  de  F«- 
bricius.  Le  texte  occupe  les  pages  I  ï  76; 
les  variantes  sont  placées  au  bas  des  pagfs. 
Le  reste  du  volume,  p.  77  à  198  est  con- 
sacré à  des  notes  assez  longues  sur  plosieurs 
des  questions  que  soulève  la  lecture  de  ces 
c^crits;  nous  avons  indiqué  succinctement 
quelques-unes  de  ces  annotations,  qu'il  nVn- 
trait  point  dans  notre  plan  de  reprodnire. 

Richard  Simon,  dans  ses  Observations  neu- 
veUes  sur  le  texte  et  Us  versions  du  Nouttmt 
Testament f  p.  7  et 8,  avait  parié  de  ces  Acte5, 
et  plusieurs  savants  en  avaient  de  même 
fait  «mention  de  leur  c6té  (Koy.  Ittig., /^f 
Patribus  apostolieis^  p.  19;  BeausotM*e,  BUt. 
du  manickéismtf  1. 1,  p.  416  ;  Mosheim,  Yer^ 
such  einer  KetzergeschichtSy  p.  \\h\  KIouker, 
De  apocryphis  Nov.  Test,^  p.  340;  Nitzsih, 
Theolog.  studien^  fasc.  1,  p.  6i,  etc.)t  (Mis 
personne  ne  les  avait  publiés  eo  entier. 

Le  savant  allemand  a  pris  pour  base  de 
son  travail  le  manuscrit  n*  331  de  la  Bi- 
bliothèque impériale,  fol.  313  et  suiv.  ;  c'est 
celui  qui  paratl  offrir  la  rédaction  la  plus 
ancienne;  le  texte  est  d'ailleurs  écrit  par 
un  copiste,  peu  instruit,  et  les  fautes  n  j 
sont  pas  rares.  Thilo  consulta  de  plus  ki 
manuscrits  suivants  :  n*  1408,  foi.  91  h  93; 
la  rédaction  a  été  revue  et  ce  qui  a  sembié 
peu  orthodoxe  est  corrigé,  omis  ou  abrégé; 
n'U&iybon  lexte^  lequel,  ^auf  queUiuesdis* 
cours  qui  ont  été  abrégés,  peut  ser\ir  ui'\e^ 
ment  à  améliorer  celui  du  n*  331  ;  te  aMt76 
fburnit  quelques  détails  qui  manquent  dans 
les  autres.  C  est  ce  manuscrit  que  (licbard 
Simon  consulta. 

FautQ  de  t^mps,  l'éditeur  ne  pulexaoïi- 
ner  les  manuscrits  de  la  Bibliotbèqtie  im- 
l^riale,  1485,  1510, 1514, 1540,  1551, 155^  A. 
1556,  qui  renferment  aussi  ces  Actes  de  saint 
Thomas.  Un  manuscrit  de  la  bîbliottièqae 
fiodieyenne  à  Oxford  donne  aussi  cette  pro» 
duclion  ;  Grabe  avait  le  projet  de  la  publier, 

La  version  que  vous  plaçons  ici  a  été 
revue  par  un  helléniste  distingué  qui  a  bien 
voulu  nous  communiquer  quelques  obser* 
valions;  nous  nous  sommes  empressé  de 
leur  donner  place. 


VOYAGES  ET  MARTVaE  DE  SAINT  THOMAS  L'APOTRE, 


En  ce  temps-là,  tous  tesapAlres  étaient  réu- 
nis è  Jérusalem,  Simon,  surnommé  Pierre  s 
^ndré,  son  frère;  Jacaues,  fils  de  Zébédée; 
lean,  son  frère;  Philippe  et  Barthélémy; 
Thomas  cl  Matthieu  le  rtiblicain;  Jacques, 
(ils  d^Alpbéejt  Simon  le  Cananéen;  et  Jude, 

(1075)  Le  nom  de  Jude  joint  à  celui  de  Thomas 
no  se  trouve  point  dans  les  Evangiles  ou  dans  les 
Actes  des  «paires^  TliO*nas  n*y  est  appelé  que  de  ce 
liom  auquel  e&t  joint  quelquefois  celui  de  Oidynie. 
(ioan.  XI,  16;  xs,  14.)  Cusèbe,  dans  son  llisioire 
sççléêiaêtUfus,  meiuioiine  tout^rois  Thomas  comme 


flls  de  Jacques }  nous  nous  partageâmes  (oo« 
tt'S  les  rt^'gions  de  la  terre,  afin  que  chacun 
de  nous  partit  pour  le  pays  que  le  sort  lui 
avait  assigné,  et  allât  dans  la  nation  où  ie 
Seigneur  renverrait.  L*Inde  écbot  k  Jude 
Thomas  (1075) ,  nommé  aussi  Didynae  ;  mais 

s*appelant  aussi  Jude,  mais  e*est  le  seul  é%en9^\ 
qu*on  ait  de  celle  assertion,  et  on  a  confecittré 
qu  il  y  avait  une  erreur  dans  le  teste  d  Eusebe.  On 
se  sait  d'aiUeors  rien  de  certain  sur  IVMÎfiiie  de 
saint  Thomas,  et  c*est  sans  aaiorlié  que  les  Cites 
rapportent  qu*il  était  fils  d*an  lM»«lan|er 


1017 


TQO 


PART,  ni.^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TIIO 


It^iS 


îi  De  voulait  point  parlir,  sous  prétexte  que 
sa  mauvaise  santé  I  empêchait  de  voyager, 
et  que  parlant  la  langue  hébraïque,  il  ne 
pourrait  annoncer  la  vérité  aux  Indiens. 
Alors  le  Seigneur  lui  apparut  pendant  la 
nuit,  et  lui  dit:  «Ne  crains  rien,  Thomas, 
pars  pour  Tlnde ,  et  annonces*y  la  parole, 
car  ma  grâce  sera  avec  toi.  »  Mais  il  refu- 
sait encore,  et  disait:  «  Envoie-moi  où  tu 
voudras  ,  car  je  n*irai  point  dans  Tlnde.  >» 
Il  y  avait  alors  à  Jérusalem  un  certain  Ab- 
bane,  récemment  arrivé  de  Tlnde,  d*où  le  roi 
Gondaphorus  Tavait  envoyé  pour  lui  acheter 
et  lui  ramener  un  charpentier  (1076).  Le  Sei- 
gneur voyant  cet  homme  se  promener,  vers 
midi,  sur  le  marché,  lui  dit  :  «  Veux-tu  ache- 
ter un  charpentier?»  —«Oui,»  répondit-H. — 
«  J'ai,  »  lui  ait  le  Seigneur,  «  un  esclave  quiest 
charpentier,  et  je  veux  le  vendre.  »  En  disant 
ces  mots,  il  lui  montra  de  loin  Thomas  ;  ils 
fixèrent  le  prix  à  trois  livres  d'argent  en  lin- 
got; l'acte  de  vente  fut  rédigé  ainsi  :  «  Moi , 
Jésus,  fils  de  Joseph  le  charpentier,  je  re- 
connais avoir  vendu  Jude,  mon  esclave,  à 
toi,  Abba ne,  envoyé  du  roi  Gondaphorus.  »  Le 
marché  étant  fait,  le  Seigneur  prit  Jude  Tho- 
mas, nommé  aussi  Didyme,  et  le  conduisit 
à  Abbane  le  marchand  (1077).  Abbane  lui  dit: 
«  Cet  homme  est-il  ton  maître?  »  —  «Oui,  » 
répondit  Tapôtre,  «il  est  mon  maître. »—«< Je 
t*ai  acheté  de  lui ,  »  dit  Abbane.  —  L*ap6tre 
garda  le  silence. 

Mais  le  jour  suivant,  dès  Taubo,  il  pria  le 
Seigneur  humblement,  et  lui  dit  :  «  JMrai  où 
tu  voudras.  Seigneur  Jésus  ;  quh  ta  volonté 
soii  faite.  »  Et  il  alla  rejoindre  Abbane,  n'em- 
portant que  la  somme  pour  laauelle  il  avait 
été  vendu  ;  car  le  Seigneur  la  lui  avait  don- 

(1076)  Nîcépliore  dans  son  HUloire  eccléiiastique^ 
|i,  40,  dit  gue  le  sort  assigna  à  saint  Thomas  Plndc 
c-t  PËihiopie;  a»  lieu  du  roi  Gondapliore  il  nomme 
Siiiindaeus  qni  porte  le  nom  de  Sniidaeits  dans  les 
Synaxairea  des  Grecs  et  des  Syriens  (du  6  octobre). 
11  compte  la  Taprobane  parmi  les  contrées  de  FO* 
rient  que  visitèrent  les  disciples  de  Jésus-Chri.si  ; 
idée  quUl  a  prise  sans  doute  de  la  Topo^raphia 
C/irisliofic  de  Cosmas  Indicopleustcs,  qui  dit  airiî 
y  a? ait  des  Chrétiens  résidant  à  Taprobane.  (  Yofj, 
rouvrage  de  Cosmas,  dans  Montfaiicon,  Cotlectio 
nova  Patrum  €l  scriplçrum  GrçscoTum^  t,  II,  p.  i78 
et  337.) 

Le  pseudo-Abdias  donne  au  roi  qui  reçut  Tapétre 
le  nom  persan  de  Saper  (cli.  9  et  10),  nom  qui 
n*esi  point  dans  la  relation  grecque;  Tbistoire  des 
Perses  fait  mention  du  roi  Sapor,  mais  il  régnait  au 
iu«  siècle,  de  l*an  241  à  Tan  ili  ;  il  fonda  la  ville  de 
Gandisapor,  située  au  delà  du  Tigre  et  à  peu  de 
distancfï  de  Suse. 

(1077)  Micétai  dePaphlagoniedansson  Encomium 
5.  Thcmm,  publié  par  le  P.  CombcÛs  dans  son 
Auctuatium  norm.  Grufe,  Patr^  0t6/tol/i.,  1. 1,  p.  367, 
rapporte  les  mêmes  circonstances,  et  le  savant  édi« 
leur  observe  en  note  que  dans  les  Menées  des  Grecs, 
]3  conducteur  de  rapdire  dans  Tinde  porte  le  nom 
d*Âzan. 

(1078)  Les  Actes  grecs  rapportent  que  Tapôiro 
arriva  i  la  ville  d'Andropolis,  OrJeric  Vital  rap- 
pelle Andrinopolis  ;  on  ne  connaît  point  de  cité  qui 
ait  porté  Tusou  l*kutre  de  ces  noms;  ils  «««ntsaus 
dQuie  une  corruption  d'AdriaiiopoH»»  mais  les  villt*8 
aio^i  désignées  parce  qû*ellei  aurent  leur  création 


née,  en  disant:  «Emporte  cette  somme  et 
ma  bénédiction,  partout  où  tu  iras.  »  L'a- 
pôtre trouva  Abbane  occupé  à  transporter 
ses  bagages  dans  le  navire  ;  il  Taida  aussitôt. 
Quand  ils  furent  embarqués,  Abbane  inter- 
rtigea  Tnpôtce  :  <k  Quel  métier  sais- tu?  »  lui 
dit-il?  «  Avec  le  bois,  >»  dit  Thomas,  «je 
fais  des  cbarrues,  des  jougs,  des  balances, 
des  navires,  des  m&ts  et  des  roues  ;  avec  la 
pierre,  des  temples,  des  colonnes,  et  des 
prétoires  pour  les  rois.  »  Abbane  lui  dit  : 
«  Nous  avons  précisément  besoin  d'un  ou- 
vrier comme  toi.  »  Ils  partirent  alors,  et» 
poussas  par  un  vent  favorable,  ils  arrivèrent 
promptement  à  Andropolis,  ville  royale.  Us 
débarquèrent  et  entrèrent  dans  la  ville. 

Tout  è  coup  ils  entendirent  résonner  au* 
tour  d'eux  des  flûtes,  des  orgues  hydrauli- 
ques et  des  trompettes.  «  Quelle  fêle  célè- 
bre-t-on  dans  la  ville  (1078),  »  demanda  Ta- 
pôlre?  Ceux  quitétaient  là,  lui  dirent  :  «Les 
dieux  t'ont  conduit  ici  pour  ton  plaisir  :  le 
roi  marie  sa  fille  unique,  et  tu  vois  les  ré- 
jouissances et  les  divertissements  de  la  noce 
Le  roi  a  envoyé  partout  des  hérauts  pour 
convier  aux  noces  riches  et  pauvres,  escla* 
ves  et  hommes  libres,  étrangers  et  citoyens. 
Si  quelqu'un  refuse  et  n'assiste  pas  aux  no- 
ces, il  sera  puni.)»  Abbane,  entendant  cela, 
dit  à  l'apôtre  :  «  Allons-y  donc,  nous  aulres, 
de  peur  d'irriter  le  roi,  nous  surtout  qui 
sommes  étrangers.»— «Allons,  »  dit  Tapôlre. 
Us  descendirent  dans  une  hôtellerie,  s'y  re- 
posèrent quelque  temps,  et  rejoignirent  la 
foule.  L'apôtre,  voyant  beaucoup  de  person- 
nes qui  étaient  à  table,  s'y  mit  aussi  ;  et  tout 
le  monde  avait  les  yeux  Oxés  sur  lui,  car  on 
reconnaissait  qu'il  était  étranger,  et  qu'il 

à  Pentpereur  Adrien,  sont  d*unc  origine  bien  moins 
ancienne  que  Tàge  apostolique.  D'ailleurs  ta  ira- 
ditioii  qui  montre  saint  Thomas  comme  ayant  porté 
le  flambeau  de  la  fol  en  Orient  est  fort  ancienne; 
les  Récognilions  ciémemines  (liv.  ix,  c.  29)  sigti:i- 
lent  Tapôire  comme  ayant  prêché  chez  les  Parlli  '&  ; 
Fortunatau  vr  siècle,  dit  que  la  Perse  fut  le  théâ- 
tre de  SCS  sn«'cès  : 

Bellica  Persidis  Thomœ  subjecta  vigori. 
Saint  Chrysosiome  (  llom.  in  m  apost.  )  dit 
que  Thomas  blanchit  les  Ethiopiens  parlp  biptémt*. 
Btùyidiç  Sià  ^aitxh[ui'coç  XeuxavUi  toOç  AtO(oi:xç.  Il 
est  à  croire  que  Tillustre  patriarche  de  Constanti- 
nople  voulait  seulement  désigner  des  nations  loin- 
taines sans  vo«I(»ir  fixer  précisément  rEihiopie 
comme  ayant  été  visitée  par  saint  Thomas.  Asst^. 
mani  {Bibliolheca  OrientalU^  t.  111,  paru  u,  p.  iSl 
s'exprime  en  œs  termes  : 

c  Chrysostorous  ipse  cum  iEthiopcs  a  Thoroa 
dealbatos  scribit,  vel  ^thiopîcum,  hoc  est  nigrun\ 
colorem  désignât,  qui  Indis  i£thiopibus>tue  eom- 
mtinis  est  ;  vel  îu  ea  fuisse  sententia  dieendus  es| 
Thomas  ^ibiopiam  primum,  seu  Arabi^m  fe^icero 
(banc  entm  antiqui  Indiani  ^tbiopiamque  dixere) 
peragraverit,  antequam  ex  Mefu>potamia  et  Chaldiei, 
conjunctis  cum  Arabia  regionibus  in  Parthiam, 
Peisidem  et  Indiam  proftci^>ceretllr.  i  Saint  Gré-' 
ffoire  de  Wazianze  (oral.  25,  ad  Arianos),  saint 
Àmbroise(Éiiarra^  tu  ptaL  xlv,  v.  10),  saint  Gré- 
goire (m  kvang.  lib.  i,  bom.  17),  Grégoire  de  Tours 
(Ue  gioria  mariyrum^  lib.  i,  c.  z3),  et  bien  d*autres 
auteurs  rendent  également  témoignage  aux  travauj( 
de  taini  Thomas  dans  VOtk»L 


10  9 


niCllONNÂlRE  DES  APOCRYPHES. 


lOi) 


arrv^u  a  un  pays  loinlaio.  Abbane,  en  sa 
q:ialtté  d'homme  libre,  se  mit  h  table  dans 
nn  autre  lieu.  Les  convives  mangeaient  et 
buvaient,  l*apôtre  ne  goûta  à  rien,  aussi  les 
V  isins  lui  disaient  :  «  Pourquoi  es-tu  venu 
ici,  puisque  tu  ne  mangesni  nebois  ?  » — xJe 
sais  venu,  h  leur  dit-il,  n  pour  quelque  chose 
de  plus  important  que  le  manger  et  le  boire, 

Cour  accomplir  la  volonté  du  roi;  car  des 
érauts  ont  procl.uiié  ses  ordres,  et  celui  qui 
lui  aura  désobéi,  encourra  sa  ven^^eance.  » 
Quand  ils  eunnt  mangé  et  bu,  on  apporti 
des  couronnes  et  des  parfums:  chacun  en 
prit,  pour  s'oindre  le  visage,  la  barbe  et  d*au- 
très  parties  du  corps.  L*apôtre  s'oignit  le 
haut  de  la  (Ole,  se  mit  des  parfums  sous  les 
narines,  s*en  versa  dans  1rs  oreilles,  s'en 
appliqua  sur  les  dents  et  sur  la  poitrine  ; 
puis  il  se  plaça  sur  le  front  une  couronne 
tressée  de  myrte  et  d'autres  fleurs,  et  prit 
dans  sa  main  une  lige  de  roseau.  Une  joueu- 
se de  flûte,  tenant  à  la  main  son  instrument, 
allait  auprès  de  tous  les  convives  ;  quand 
elle  fut  arrivée  vis-à-vis  de  l'apôtre,  elle  se 
pencha  vers  lui,  et  joua  pendant  longtemps. 
Cette  femme  était  juive.  L'apôtre  avait  les 
yeux  baissés  vers  la  terre  :  tout  à  coup  un 
deséchansons  étendit  la  main  et  lui  donna 
un  soufflet.  L'apôtre  releva  les  yeux,  et,  re- 
gardant celui  qui  l'avait  frappé,  il  lui  dit  : 
«  Le  Dieu  que  je  sers  te  pardonnera  dans 
l'éternité  cette  injustice,  mais  en  ce  monde, 
il  fera  éclater  sa  puissance,  et  je  verrai  cette 
main,  qui  m'a  frappé,  déchirée  par  un 
chien.  » 

Et  aussitôt  il  se  mit  h  chanter  ce  qui  suit  : 
«  La  tille  de  la  lumière  ,  la  Vierge,  en  qui 
resplendit  l'éclat  et  la  magniQcence  des  rois , 
iirille  d'une  beauté  sans  tache  ;  ses  vêtements 
ressemblent  aux  fleurs  du  printemps;  de 
suaves  parfums  s'en  exhalent;  près  d'elle 
est  assis  le  roi»  nourrissant  de  son  ambroi- 
sie tous  ceux  qui  viennent  à  lui;  sur  son 
front  repose  la  vérité;  ses  pieds,  qui  s'agi- 
tent en  cadence,  marquent  sa  joie  ;  sa  bouche 
s'ouvre  avec  grâce;  trente-deux  personnes 
chantent  ses  louanges;  sa  langue  est  comme 
une  tapisserie  qui  s'entr'ouvre  devant  ceux 
qui  entrent  ;  son  cou  est  comme  les  degrés 
que  le  Créateur  du  monde  a  façonnés;  ses 
deux  mains  montrent  le  chœur  des  âges 
heureux,  et  ses  doigts  désignent  les  portes 
de  la  ville;  sa  chambre  lumineuse  exhale 
l'odeur  du  baume  et  des  parfums,  la  douce 
senteur  de  la  myrrhe  et  du  nard;  le  sol  est 
jonché  de  myrtes  et  de  fleurs  odoriférantes, 
vi  le  lit  est  orné  de  roseaux.  Les  amis  de 
l'époux  se  tiennent  autour  de  l'épouse;  ils 
soin  au  nombre  de  sept,  et  c'est  elle  qui  les 
a  choisis;  elle  a  aussi  sept  paranymphes  qui 
dansent  devant  elle;  elle  a  douze  serviteurs 
(jui  lui  sont  dévoués,  et  qui  ont  les  yeux 


(1070)  L;i  tradition  relative  à  la  morl  de  l*échan- 
»oii  est  fort  ancienne  et  devait  être  trés-répandne, 
car  8  tint  Augustin  er  a  <'ait  nientiou  à  trois  reprises 


seront  assis  à  ce  festin  où  les  grands  sont 
appelés;  ils  seront  de  ce  repas  nupUal,  fù 
sont  conviés  ceux  qui  participent  à  la  lio 
éternelle;  ils  auront  des  vêtements  rmaut 
et  des  robes  étincelanles;  ils  seront  dans  a 
joie  et  l'allégresse;  ils  célébreront  dans  leurs 
chants  le  Père  de  l'univers,  dont  la  lumière 
les  inonde;  la  vue  de  ce  maître  lésa  iliuini- 
nés;  ils  se  sont  nourris  de  son  nmbroi5ie 
qui  ne  s'épuise  jamais,  ils  ont  bu  d'un  vin 
oui  n'éveille  ni  la  soif,  ni  la  concupiscente; 
ils  ont  loué  et  chanté,  a\ec  l'esprit  vivant, 
le  Père  de  la  vérité  et  la  Mère  de  la  sa- 
gesse. » 

Quand  il  eut  chanté,  tous  ceux  qui  étaieut 
présents,  le  regardaient  en  silence;  ils  con* 
templaient  sa  flgure  qui  s'éiait  transformé'' ; 
mais  ils  ne  comprenaient  |>oint  ce  qu'il 
avait  dit,  car  il  était  hébreu,  et  il  avait  |iarM 
hébreu.  Seule  la  joueuse  de  flûte  avait  tout 
compris, car  elle  était  de  la  mèmenation.  Il  't 
s'éloigna  de  Tapôlre  et  joua  devant  lesa>iln*s 
convives;  mais  elle  tournait  à  chaque  ins- 
tant lesyeux  vers  lui:  careileraimaitcomme 
un  frère;  d'ailleurs  il  surpassait  en  beauté 
tous  ceux  qui  éiaient  là.  Quand  elle  eut  fiai 
dejouer,elle  s'assit  devant  lui,  etie  regarda 
fixement;  mais  lui,  ne  regardait  personne; 
les  yeux  baissés  vers  la  terre,  il  attendait  le 
moment  de  s'éloigner. 

Cependant  l'écnanson  qui  lui  avait donoé 
un  soufflet  descendit  vers  la  fontaine,  pour 
y  puiser  de  l'eau  ;  il  y  trouva  un  lion  qui  le 
tua,  le  mit  en  pièces,  et  le  laissa  en  cet 
état  (1079)  ;  aussitôt  les  chiens  se  dispulèreol 
les  membres  sanglants,  et  un  chien  noir 
ayant  saisi  la  main  droite,  l'apporta  vers  ks 
convives.  A  cette  vue  tous  demeurèreot 
stupéfaits,  et  regardèrent  quel  était  celui 
d'entre  eux  qui  mau'iuait.  Quand  on  eut  re- 
connu que  cette  main  était  celle  de  l'échan- 
son  qui  avait  frappé  l'apôtre,  la  joueuse  de 
flûte  brisa  son  instrument,  en  jeta  les  dé- 
bris, et  s'assit  aux  pieds  de  Thomas,  en  di- 
sant :  <i  Cet  homme  est  Dieu,  ou  envoyé  de 
Dieu  ;  car  je  lui  ai  entendu  dire,  en  hébreu, 
à  réchanson:« Cette  main  qui  m'a  frappé,  je 
la  verrai  déchirée  par  les  chiens  I  »  Et  vous 
aussi;  vous  Tavez  vue,  et  ce  qu'il  avait  pn^ 
dit  est  arrivé. sQuelques  convives  crurent  re 
que  disait  la  joueuse  de  flûte,  les  autres  ne 
la  croyaient  pas.  Mais  le  roi  ayant  appris 
cela,  vint  trouver  l'apôtre,  et  lui  dit:*  Lève- 
toi,  et  viens  avec  moi  prier  pour  ma  tille; 
car  c'est  mon  unique  enfant,  et  je  la  marie 
aujourd'hui.  »  Mais  l'apôtre  ne  voulait  p^s 
le  suivre,  car  le  Seigneur  ne  lui  avait  pas 
encore  fait  connaître  sa  volonté;  le  roi  l'em- 
mena, malgré  lui,  vers  !a  chambre  nuptiale, 
afin  qu'il  priât  pour  les  époux.  * 

L'apôtre  commença  alors  à  prier  en  ces 
termes  :  «  Mon  Seigneur  et  mon  Dieu,  toi  le 
compagnon  de  tes  .serviteurs,  le  guide  cl  le 
soutien  de  ceux  qui  croient  en  toi,  le  refuse 
et  le  repos  des  opprimés,  l'espoirdes  paurres 

diverses  :  Contra  Adimanium,  c.  17  ;  Caiiira  f  fu« 
tum^  lib.  xxu,  c.  7^;  De  iermom  Domini  im  wtemu^ 
1  b.  I,  c.  20. 


1091 


TIIO 


PART.  UL— LEGENDES  ET  rRAGMËNlb. 


TIIO 


102i 


et  I&  rançon  des  n^alfaeureux  9  le  médecin 
des  Ames  malades^  lesauveur  de  toute  créa- 
ture«  toi  qui  donnes  la  vie  h  Tunivers  et  la 
force  aux  Âmes,  tu  prévois  Tavenir,  afin  de 
faccomplir  par  nos  mains;  Seigneur,  qui 
dévoiles  les  mystères  cachés,  et  mets  au 
jour  les  plus  secrètes  pensées;  Seigneur, 
qui  as  planté  le  bon  arbre,  dont  les  fruits 
sont  les  bonnes  œuvres;  Seigneur,  qui  es 
en  toutes  choses,  qui  circules  dans  tout  l'u- 
nivers, qui  vis  dans  toutes  les  créatures,  et 
te  révèles  dans  leurs  actions;  Jésus-Christ , 
Fils  de  miséricorde,  Sauveur  parfait,  Christ, 
Fils  du  Dieu  vivant,  puissance  invincible, 
(|iii  renverses  l'ennemi,  voix  qui  le  fais  en- 
tendre aux  princes  et  poursuis  leurs  abus; 
messager,  qui  as  été  envoyé  du  ciel,  es  des- 
cendu jusqu*aux  enfers,  en  as  ouvert  les 
portes,  en  as  retiré  ceux  qui  depuis  long- 
temps é:aient  renfermés  dans  ce  séjour  de 
ti'nèbres ,  et  leur  as  montré  le  chemin  du 
nel  ;  je  le  prie.  Seigneur  Jésus-Christ,  je 
l'invot|ue  pour  ces  doux  jeunes  époux;  ac- 
corde-leur secours,  aide  et  protection.  » 

Puis  il  leur  imposa  les  mains,  en  leur  di- 
sant: a  Le  Seigneur  sera  avec  vous,  »  et 
8[»rès  ces  paroles,  il  se  retira  (1080). 

Le  roi  |>ria  les  paranymphes  de  sortir  de 
la  cliarubre  nuptiale.  Tout  le  monde  s*étanl 
retiré,  et  la  chambre  étant  close,  l'époux 
souleva  la  tenlurc  de  la  porte,  aûn  d'intro- 
duire son  épouse  auprès  de  lui.  El  II  vit  le 
Seignetir  Jésus  qui  s'entretenait  avec  elle, 
sous  les  traits  de  Judo  Thomas  l'apôtre,  qui 
venait  de  sortir  après  les  avoir  bénis.  «  N'es- 
tu  pas  sorti  tout  à  l'heure?  o  lui  dit-il, 
û  Comment  donc  te  Irouves-tu  ici  7  »  Lo 
Seigneur  lui  répondit  :«  Je  ne  suis  pas  Tho- 
mas, je  suis  son  frère.  »  Il  s'assit  alors  sur 
le  lit,  leur  ordonna  de  s'asseoir  sur  des  siè- 
ges, et  il  leur  parla  en  ces  termes  :  «  Sou- 
venez-vous, mes  enfants,  de  ce  que  mon 
frère  vous  a  dit,  et  de  la  bénédiction  qu'il 
vous  a  donnée;  sachez  que  si  vous  vous  dé- 
gagez de  cette  union  grossière,  vous  devien- 
drez des  temples  purs  et  saints;  vous  serez 
délivrés  des  douleurs  de  l'enfantement;  vous 
ne  chargerez  point  votre  vie  de  ces  soins 
qui  mènent  àla  perdition  Mais  si  vous  avez 
beaucoup  d'enfants,  vous  deviendrez  pour 
eux  d'avides  ravisseurs,  dépouillant  l'or- 
pheliu  et  pillant  la  veuve,  et  vous  vous  expo- 
Ci  080)  Le  chant  que  Tauteor  grec  met  dans  la 
1.0  iche  de  saint  Thomas,  lors  des  noces  de  la  lille 
du  roi,  est  d^nne  int^rpréialion  difficile  en  bien  d^s 
passages.  C-  tte  poésie  porte  le  cachet  de  rOrienl  ; 
flk  appartient  au  cercle  dMdées  qui  éuicnl  fanii- 
licr-s  aux  manichéens  et  aux  gnosliqnes,  mais  il 
rrsl  *  fort  peu  de  tesiiges  de  composiiioiis  de  ce 
genre.  Les  manuscrits  sont  d*une  incorrection  qui 
augmente  rembarras  d'un  traducteur.  On  pourrait 
croire  que  )c  texte  grec  a  été  rédigé  d'ap  ci  un 
original  syrîaiiue.  L'auteur  célèbre  des  noces  cét«>s- 
les  qui  empêchent  les  noces  terrestres.  Il  a  eu  cvi- 
déminent  en  vue  les  passages  de  l'Ecriture  sainte 
f  ù  le  Sanvrur  se  compare  à  un  époux  (Matih.  ix, 
45;  XXV,  I),  où  saint  Jean-Baptiste  appelle  Jésus 
1  époux  cl  se  désigne  lui-même  comme  Fami  de 
l'époux.  (Jonn.  ni,  19.)  —  i^'oy.  aussi  saint  Paul, 
fMlrt  au9  Enhéiienf,  v,  3i  et  VApûcaliip%e^  xix,  7; 


serez  à  de  cruels  châtiments.  Beaucoup  d'en- 
fants sont  un  embarras  ;  ils  sont  tourmentés 
par  une  foule  de  démons  cachés  on  visibles; 
ils  deviennent  épileptiques»  phthisiques, 
estropiés,  sourds,  muets,  paralytiques  ou 
fous.  S'ils  se  portent  bien,  ils  sont  oisifs, 
ou  s'occupent  d*œuvres  mauvaises  et  détes- 
tables :  ils  sont  convaincus  d*adullère,  do 
meurtre,  de  vol,  de  libertinage;  c'est  pour 
vous  un  chagrin  continuel.  Mais  si  vous 
voulez  m'en  croire,  et  conserver  à  Dieu  vos 
ftmes  sans  souillures,  vous  aurez  des  en- 
fants de  vie  exempts  de  toutes  ces  impure- 
tés; vous  coulerez  tranquilles  et  contenus 
une  vie  sans  douleur  et  sans  inquiétude  , 
dans  l'attente  de  ces  fiançailles  divines  et  sans 
tache,  où  vous  serez  conduits  dans  celte 
chambre  nuptiale,  séjour  de  lumière  et 
d'immortalité.  » 

Quand  les  jeunes  époux  eurent  entendu 
ces  r^aroles,  ils  obéirent  au  Seigneur,  s'a- 
Ltandonnèrent  au  Seigneur,  s'abstinrent  de 
tout  désir  charnel*  et  demeurèrent  en  ce 
lieu  pour  y  passer  la  nuit.  Le  Seigneur  sor- 
tit en  leur  disant  :  a  Ma  grâre  sera  avec 
vous.  »  Au  lever  du  jour,  le  roi  alla  vers  la 
chambre  nuptiale,  chargea  une  table  de  mets, 
et  l'apporta  devant  l'épouse  et  l'époux  ;  mais 
il  les  trouva  assis  en  face  l'un  de  4'autre  : 
l'épouse  n'avait  point  le  visage  voilé ,  et 
l'époux  était  radieux  de  joie.  La  mère  de 
la  jeune  mariée  s'approcha  d'elle,  et  lui  dit: 
a  Pourquoi,  ma  fille, es-tu  assiseainsi?Pour- 
quoi  ne  rou!^is-lu  point?  Pourquoi  as -tu 
1  air  d'être  unie  depuis  longtemps  à  ton 
époux  î  »  Son  père  lui  dit  :  «t  Est-ce  ton  vif 
amour  pour  ton  époux,  qui  t'empêche  de 
to  voiler?» La  jeune  épouse  répondit  :«Oui, 
mon  p^re,  j'éprouve  un  vifamour;jo  prie 
le  Seigneur  do  me  conserver  l'amour  que 
j'ai  ressenti  cette  nuit,  et  l'époux  qu<»  j'ai 
connu  aujoufd'1)ui.  Je  ne  me  voilerai  plus  la 
face,  car  le  miroir  de  la  honte  a  été  eloigisé 
de  mes  jeux;  je  ne  ressens  ni  confusion,  ni 
trouble,  car  je  me  suis  abstenue  des  œuvres 
dont  on  rougit;  si  je  ne  suis  point  interdite, 
c'est  que  je  n'ai  point  lieu  de  l'être  ;  si  je  suis 
dwns  la  joie  et  l'allégresse,  c'est  que  le  jour 
de  ma  joie  n*a  point  été  troublé;  si  j'ai  fait 
peu  de  cas  do  mon  époux,  et  de  cette  union 
que  je  vais  oublier,  c'est  que  j'ai  contracté 
une  autre  union  ;sijo  ne  me  suis  point  unie 

9;  XXI,  2.)  D*ailleurs  une  comparais  n  semblable 
était  répandue  chez  les  manichéens,  comme  le 
montre  ce  que  dit  Fausle  cité  par  saint  Augustin. 
(Contra  Fauslum^  1.  xv,  c.  1.)  «  ilxc  ergo  cau>a 
est,  unde  nos  parum  acceiamus  Tesiamentum 
Vêtus  :  et  quia  Ecclesla  nostra,  sponsa  Christi, 
pauperior  q*  îJem  ei  nupt;i,  scd  diviti,  conlonta  sit 
bonis  mariii  sui,  humilium  amatorum  dedignaïur 
opes,  I  etc.  Les  gnosiiqucs  pat  hienl  aussi  de  noces 
n.ystiqucs  entre  le  Sauvi  ur  et  rintelligencc  qu*ils 
appelaient  Achamolh,  et  qut,  mère  de  lu  sa^e>Ae 
(S.)nliia),ioua  t  un  R'and  rôle  dans  le  syslèinc  ima- 
gine par  Valenlin.  Tiiilo  (p.  225)  ent:e  à  cet  égard 
dans  des  détails  qui  nous  ccaricraient  de  notre 
sujet;  il  rappoile  <ies  passades  de  saint  Irénée,  de 
lertullien,  de  saint  EphreiD,  qui  cou^Utcnt  ces 
rêveries. 


ias3 


DlUTlOrSNAlRE  DES  APOCRYPHES. 


t9.| 


k  cet  «époux  terrestre,  c^est  que  j*ai  trouvé 
un  époux  Yrairoent  digne  de  ce  nom.  »  Elle 
parla  encore  quelque  temps  en  ces  termes, 
et  son  époux  ajouta  :  «  Je  te  rends  grâces. 
Seigneur,  toi  qui  as  été  annoncé  par  I  étran- 
ger, et  qui  es  venu  parmi  nous,  tu  m'as 
sauvé  de  ma  ruine  ;  tu  as  déposé  un  germe 
de  vie  dans  mon  sein  ;  tu  m*as  guéri  de  celte 
maladie  incurable,  éternelle;  tu  t*es  révélé 
à  moit  tu  m*as  montré  mon  état  véritable; 
tu  m*as  racheté  de  la  mort,'  tu  m'as  conduit 
jt  un  sort  meilleur;  tu  m'as  affranchi  des 
choses  terrestres,  et  tu  m'as  jugé  digne  des 
célestes  et  des  éternelles  ;  tu  t'es  abaissé 
jusqu'à  moi  Jusqu'à  mon  néant,  atindero'u- 
nir  à  ta  grandeur;  tu  n'as  point  éloigné  de 
moi  ta  miséricorde,  tu  m  as  appris  à  me 
chercher,  à  me  connaître  moi-même,  à  voir 
ce  que  j'étais,  et  ce  que  je  suis  maijitenant, 
aGn  9ue Je  pusse  redevenir  ce  que  j'étais  au- 
trefois. Toi  que  je  n'avais  jamais  vu,  tu  t'es 
présenté  à  mes  yeux:  mais  aujourd'hui  je 
t'ai  vu,  et  je  ne  puis  t'oublier;  mon  cœur 
brûle  d'amour  pour  toi  ,  je  ne  puis  parler 
de  toi,  comme  il  le  faudrait;  je  ne  trouve 
que  des  paroles  mesquines,  insufiisantos, 
indignes  de  ta  gloire;  mais  tu  n'exif^es  point 
que  le  dise  ce  que  je  ne  saurais  dire;  ces 
paroles,  c'est  mon  amour  pour  loi  qui  me  les 
a  inspirées.  » 

Le  roi  ayant  entendu  les  deux  époux  s'ex- 
primer ainsi,  déchira  ses  vêtements,  et  dit  à 
ceux  qui  l'entouraient  ;  ^  Sortez  vite,  et 
parcourez  toute  la  ville;  arrêtez  et  condui- 
sez ici  cet  homme,  ce  magicien,  qu'une  fa- 
tale destim^e  a  conduit  dans  nos  murs; 
c'est  moi-même  qui  l'ai  amené  dans  ma 
maison,  et  lui  ai  demandé  de  prier  pour  ma 
malheureuse  fille;  celui  qui  l'arrêtera,  et 
me  l'amènera,  peut  me  demander  quelle 
faveur  il  voudra,  jela  lui  accorderai. »  Tous 
sortirent  et  parcoururenlla  ville,  pour  cher- 
cher l'apôtre;  mais  ils  ne  purent  le  trouver, 
car  il  s'était  embarqué.  Ils  allèrent  à  l'hô' 
tellerie  ott  il  était  descendu,  et  ils  y  ren- 
contrèrent la  joueuse  de  flûte  qui  pleurait, 
et  se  désolait,  parce  que  l'apôtre  ne  l'avait 
point  emmenée  avec  lui.  Ils  lui  racontèrent 
ce  qui  était  arrivé  aux  deux  époux  :  elle 
s'en  réjouit,  et,  oubliant  son  chagrin,  elle 
dit  :  «  Moi  aussi,  j'ai  trouvé  le  repos;  » 
puis  elle  se  leva,  alla  trouver  les  deux 
époux  et  resta  avec  eux,  jusqu'à  ce  que  le 

(1081)  Les  Actes  grecs  mentionnent  Tapôlre 
comme  constntîsanl  un  palais  pour  le  roi.  C*est  là 
rorigtne  de  Féquerre  ou  de  la  règle  ^oe  les  pein- 
ires  placent  souvent  d.tfis  les  mains  de  saint 
Thomas.  Une  ancienne  tradition  rapporte  que  cet 
instrument,  jeié  par  les  flots  sur  le  rivage,  ne  put 
être  enlevé  p;«r  plut^ieurs  hommes,  mais  que  Taiiô- 
tre  le  souleva  comme  une  paille  afin  de  remployer 
pour  les  fondements  de  régisse  qu'il  construisait. 
Athanase  Kircher  dans  sa  (Ihina  illuêtrata,  Rome, 
1677,  c,  79,  raconte  cette  légende  en  des  termes 
qnc  nous  allons  reproduire  :  c  Christus  Deus  snam 
legem  duodocini  apostolos  docebat,  a  quorum  nu- 
méro nnus  adveiiit  llalloporam,  manu  tenens 
baculum,  alri  dicunt  regulam  fabri  iignarii,  cl 
palum.  Feitur  lue  pahis  e  mari  in  iittus  dejcctus, 
«ilis  £iiis»e  vastitutis.  ut  coronlures  ad  eum  loco  • 


roi  lui-même  se  fût  converti.  Beaucoup  de 
frères  accoururent  dans  la  ville  ;  mais  la  r^- 
nommée  leur  apprit  bienlAl  que  ra|)A(re 
prêchait  dans  l'Inde  :  ils  partirent  aussitôt 
et  allèrent  le  rejoindre. 

Lorsque  l'apôtre  fut  arrivé  dans  les  villes 
deTInde,  avec  Abbanele  marchand,  celui- 
ci  alla  trouver  le  roi  Gondaphorus,  et  lui 
annonça  qu'il  avait  amené  avec  lui  un  char- 
pentier. Le  roi  en  fut  eni^banté,  et  ordonna 
que  cet  homme  vint  le  trouver.  Quand  il 
fut  entré,  le  roi  lui  dit  :  «  Quel  métier 
sais-tu  ?  »  L'apôfre  répondit  :  «  Je  suis  char- 
pentier et  architecte.  »  Le  roi  ajouta  :  «  Queli 
ouvrages  sais-tu  exécuter  avec  le  boi5ft 
avec  la  pierre?»  L'apôtre  dit:  «Avec  le 
bois,  je  fais  des  charrues,  des  jougs,  des 
balances,  des  roues,  des  navires,  des  rames, 
des  mâts  ;  avec  la  pierre,  des  temples,  des 
colonnes,  des  prétoires  pour  les  rois.  »  te 
roi  dit  alors  :  «  Veux-tu  me  construire  on 
palais?  y  —  «  Oui,  »  dit  l'apôtre  ;  «  car  jo 
suis  venu  ici  pour  j  exercer  mon  état.  » 
Alors  le  roi  remmena  hors  de  la  ville,  et 
r.hemin  faisant,  il  s'entretenait  avec  lui  do 
la  construction  d*un  prétoire,  de  la  manié* 
re  d'en  établir  les  fondations;  enQn  ils  arri* 
vèrent  h  l'endroit  où  devait  s'élever  le  bâti- 
ment. <i  C'est  ici,  »  dit  le  roi,  «  que  ie  veux 
faire  bâtir.  «  —  «Ce  lieu  est  bien  choisi,* 
dit  1  apôtre.  (En  effet,  il  7  avait  de  l'eau  etde 
l'ombrage.)  —  «  Commence  donc  à  bâlir,  » 
dit  le  roi.  a  Je  ne  puis,  »  ditl'apô-re,  <  com- 
mencer maintenant.  »~  «Quand  le  pourras- 
tu  ?  1»  —  «  Je  commencerai  en  novembre, 
et  je  finirai  en  avril.  »  Le  roi  étonné  lui  dit  : 
«  Mais  c'est  en  été  qu'on  bâtit  générale* 
ment  ;  et  loi  tu  pourras  achever  mon  palais 
en  hiver?  »  L'apôtre  dit  :  «  Il  en  doit  être 
ainsi  ,  et  non  autrement.  1»  —  «  Bien,  »dit 
le  roi,  a  trace-moi  un  plan  de  l'ouvrage.  *- 
Aussitôt  l'apôtre  prit  une  mesure  et  Iraçà 
des  lignes  sur  ie  terrain  ;  il  tourna  les  por- 
tes du  côté  du  soleil  levant,  les  fenêtres  au 
couchant,  è  l'exposition  du  vent  ;  il  mil  la 
boulangerie  au  midi,  et  au  nord  le  réservoir 
d'eau.  (1081).  Le  roi  ayant  vu  cela  lai  dit: 
«  Tu  es  un  habile  ouvrier»  Ji^ne  d'entrer 
au  service  d'un  roi,  >»  et  il  partit,  lui  lais- 
sant une  somme  considérable.  Quand  il  le 
fallait,  il  lui  envoyait  de  l'argent  et  toutes 
les  provisions  nécessaires  pour  lut  et  pour 
ses  ouvriers.  Cependant  l'apôtre  parcourait 

vendum  non  fuerînt  sulTicientes,  quem  lamfo  spo* 
stolus  pro  Ëcclesiae  constitucndx  rMn'laiuriiio,a  rqio 
donaium.  ciiigulo  proprio  alligatum,  in  viriotc 
Cliristi  et  sa  nets  crucis,  non  secus  ac  paleam 
levissimam  traxisse  traditur.  >  Assemani  {BMiotk 
Orient.^  vol.  ill,  part,  n,  p.  31)  mcnlioone  é^J<^ 
ment  ce  récii.  Au  v  et  au  vi*  siècle,  il  existait  des 
images  de  saint  Thomas  où  il  était  représenté  te- 
nant lin  roseau,  ainsi  que  noi|S  rapprend  Frodcoc^. 
{Psychom,^  vers.  8i6.)  Pline,  l.ivi,  parle  des  roiessx 
de  l*lnde  comme  servaiU  &  faire  des  lances,  et  oa 
peut  croire  qu*on  supposait  que  le  saint  avait  aitis* 
été  tué  d*un  coup  ae  lance.  Les  martyrs  éiaiefit 
habituellement ,  nous  n*avoni  pas  besoio  «k  1^ 
redire,  dépeinu  tenant  les  tnairuaients  de  ksf 
supplice. 


lOtS 


THO 


PART.  m.  --  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


THO 


lOlG 


les  Tilles  et  les  rampâmes,  etdistribuait  tout 
ce  qu'il  avait  ;  il  faisait  Tauinâne  aui  pau- 
Tresy  aux  malheureux,  et  il  les  soulageait, 
eu  leur  disant  :  «  Ce  qui  appartient  au  roi 
lui  sera  rendu,  mais  il  faut  pour  le  moment 
que  les  pauvres  soient  soulagés.  » 

Cependant  le  roi  envoya  quehiu*un  vers 
rap6tre,  avec  une  lettre  ainsi  conçue:  » 

ir  Dis-moi  où  lu  en  es,  et  ce  qu'il  faut 
que  je  t'envoie.  )» 

L*ap6tre  lui  répondit:  «Le  prétoire  est 
bâti,  il  n*y  manque  plus  que  les  toits.  » 

Le  roi  apprenant  cela,  lui  envoya  de  Tor 
el  de  Targent  en  lingots,  et  lui  écrivit  : 
«  Puisque  le  prétoire  est  construit,  fais  le 
couvrir.  » 

L*apôtre  dit  alors  au  Seigneur  :  «  Je  te 
rends  grâces.  Seigneur,  de  ce  que  tu  es  mort 
pendant  Quelques  jours,  pour  que  je  vécus- 
se éternellement  en  toi,  de  ce  que  lu  m'as 
vendu  pour  racheter  un  grand  nombre 
d'hommes  par  mes  mains.  »  £l  il  ne  cessait 
de  prêcher  et  de  soulager  les  malheureux 
en  disant  :  «  C'est  le  Seigneur  qui  a  donné 
tous  ces  biens  ;  c'est  lui  qui  nourrit  les  hom- 
mes; il  est  le  père  nourricier  des  orphelin^, 
rintendanldes  veuves,  le  repos  et  le  soula- 
gementdetousIesopprimés.vQuandleroifiit 
dans  la  ville,  il  interrogea  ses  amis  au  sujet 
du  palais  qu'avait  construit  Thomas  (108-i). 
Ceux-ci  répondirent,  qu'il  n'avait  point 
construit  de  palais,  ni  rien  fait  de  ce  qu'il 
avait  annoncé;  mais  qu'il  parcourait  les  vil- 
les et  les  campagnes,  qu'il  donnait  aux  pau- 
vres tout  ce  qu'il  avait,  qu'il  prêchait  l'u- 
nité de  Dieu,  guérissait  les  malades,  chas- 
sait les  démons,  et  faisait  beaucoup  d'autres 
choses  étonnantes.  «  Nous  croyons,»  ajoutè- 
rent-ils, «  que  c'est  un  magicien. Cependant 
les  aumônes  qu'il  répand,  lc*s  cures  au'il 
opère  sans  exiger  d'argent,  sa  simplicité,  sa 
bonté,  son  assurance,  montrent  que  c'est  un 
juste,  un  envoyé  de  ce  Dieu  qu'il  annonce  ; 
car  il  jeûne,  i!  prie  continuellement,  il  ne 
mange  que  du  pain  avec  du  sel,  ne  boit  que 
de  l'eau,  n'a  qu'un  manteau,  qu'il  fasse 
beau  ou  mauvais,  nerecoitriende  personne, 
mais  donne  tout  ce  qu  il  a.  »  Le  roi  enten- 
dant ces  paroles,  se  frappa  le  front,  et  se- 
coua longtemps  la  tête.  Puis  il  fit  venir  le 
marchand  qui  avait  amené  l'apôtre,  et  l'a- 
pôtre lui-même,  et  dit  à  ce  dernier  :  «  As-tu 
construit  mon  palais?»  — «  Oui,  »répondit- 
îK  «  Quand  irons-nous  le  voir?  »  —  «  Tu 
ne  peux  le  voir  maintenant,  mais  quand  tu 
auras  quitté  la  vie,  tu  le   verras.  •  Le  roi 

(1083)  Il  y  a  à  cet  épard  quelques  différences  dans 
les  réciis  des  légendaires  :  il  v  en  a  qui  représentent 
le  palais  romnie  ayant  été  réelfemeut bâti.  Les  jacotti- 
tif8,daDsrOfficesyriaquede8aintTlionias(au5juillei), 
en  fout  lueulion  :  i  Ipsequidem  (Thomas)  adrairabile 
palatiuin  roetiebatur.  Domiaus  vero  iiiud  ad  eœlum 
tisque  ertgebai.  •  Ils  ajoutent  que  Tbomas  fut  vendu 

{lar  le  Seigneur  trente  pièces  d'argent  au  marciiand 
labaii.tandisque  les  Actes  grecs  fixent  le  prix  h  trois 
bvics  d^argent  en  lingots.  Uii  esclave  éta  t  oniinaîre- 
iiipnt  esiiiné  chez  les  Hébreux   trente  sicles  ou 
'  pièces  d'argent.  (Kojf.  Exodêt  sxi,  5:2»  et  les  coin - 
aueuiaiears  sur  saiui  MouMeu^  xxvi,  15.)  Ordtric 


irrité  les  fit  tous  deux  charger  de  ehatnes, 
et  conduire  en  prison,  jusqu'à  ce  qu'il  sût 
ce  qu'était  devenu  son  argent;  l'apôtre  de- 
vait ensuite  mourir  avec  le  marchand.  L'a- 
pôtre se  rendit  tout  joyeux  à  ta  prison,  et  il 
disait  au  marchand  :  «  Ne  crains  rien  ;  crois 
seulement  au  Dieu  que  j'annonce,  et  insé- 
ras délivré  des  misères  de  ce  monde,  et  tu 
recevras  la  vie  éternelle.  »  Cependant  le  roi 
se  demandait  comment  il  le  ferait  périr,  et 
il  avait  résolu  de  les  livrer  au  feu,  après  les 
avoir  fait  écorcher.  Mais  celte  nuit  mêmp, 
Gad,  son  frère,  tomba  malade,  et  le  chagrin 
qu'il  ressentit  de  la  tromperie  dont  le  roi 
avait  été  victime  le  mit  dans  un  très-grand 
danger.  11  fit  appeler  le  roi  et  lui  dit  :  «  Mon 
frère,  je  te  conhe  ma  maisonet mes  enfants; 
car  l'offense  qu'on  t'a  faite  m'a  accablé  de 
douleur,  et  je  vais  mourir;  mais  si  ta  ven- 
geance n'atteint  pas  ce  magicien,  je  n'aurai 
point  de  repos  dans  l'autre  monde.  »  Le  roi 
dit  à  son  frère  :  «  Pendant  la  nuit,  j'ai  ré- 
fléchi à  la  manière  de  le  faire  périr,  et  j'ai 
résolu  de  le  faire  écorcher,  puis  brûler, 
avec  le  marchand  qui  l'a  amené.  »  Pendant 
qu'ils  s'entretenaient,  l'flme  de  Gad,  frère 
ou  roi,  sortit  de  son  corps.  Le  roienfuttrès- 
affligé,  car  il  l'aimait  fort,  et  il  ordonn.i 
qu'il  fût  enseveli  avec  des  habits  roagnid- 
ques.  Pendant  qu'on  préparait  les  funérail- 
les, des  anges  prirent  l'âmede  Gad,  frère  du 
roi, l'emportèrent  dans  fe  ciel,  lui  en  montrè- 
rent les  habitations*,  et  lui  demandèrent  en 
quel  lieu  il  voudrait  habiter.  Quand  ils  fu- 
rent près  de  In  maison  que  Thomas  l'apôtre 
avait  bâtie  pour  le  roi,  Gad  les  aperçut  et  dit 
aux  anges  :  a  Je  vous  en  prie,  seigneurs,  per- 
meltez-moi  d'habiler  l'une  de  ces  demeures 
souterraines.  »  Mais  ils  lui  dirent  :  «  Tu  ne 
peux  habiter  cette  maison.»— «Pourquoi, »ré- 
pondit-il  ?  «  C'est  que  ce  palais,  »  repri- 
rent-ils, «  est  celui  que  le  Chrétien  a  cons- 
truit pour  ton  frère.  ^  Il  leur  dit  :  «  Alors  je 
vous  conjure,  seigneurs,  permettez-moi  de 
retourner  près  de  mon  frère,  pour  lui  ache- 
ter ce  palais;  car  mon  frère  n'en  connaît 
point  la  beauté,  et  il  me  le  vendra.»  Alors  les 
anges  laissèrent  aller  l'Âme  de  Gad  ;  et  pen- 
dant qu'on  le  revêtait  de  ses  habits  funèbres» 
elle  rentra  dans  le  corps  et  dit  à  ceux  qui 
étaient  là  :  «  Appelez  mon  frère,  pour  que 
je  lui  demande  une  grâce.  »  On  courut  aa- 
noDcerau  loi  que  son  frère  était  revenu  à 
la  vie,  et  le  roi,  accompagné  d'une  fouie 
nombreuse,  se  rendit  en  toute  hâte  près  do 
son  frère,  et  il  était  debout  à  côté  de  son  lit. 

Vital  se  platt  à  donner  du  palais  construit  par  Ta- 
pêtre  une  description  pompeuse  dont  il  puise  sans 
doute  les  détails  dans  son  imagination.  <  Thomas 
auteui  arundinem  apprehendit  et  metîendo  dtxit  : 
<  Ecce  januas  hic  dii»|K)nam  et  ad  ortum  solis  in- 
gressum;  primo  auUni^  secundo  salotatorium , 
tertio  consistoriura,  in  quaito  tricorium,  ni  quinto 
zetas  liieroales,  in  sexto  apsfivaies  ,  in  septimo 
epicauitorium  et  iriclinia  accubitalia,  in  o;taw 
tuermas,  in  dooo  gymnasia,  in  decimo  eoquinam, 
in  undecimo  colombes  et  aquamm  iacas  in- 
floentes,  in  duodt*umo  hippodronnm  H  par  gjrum 
arctts  deambulatorioa.  • 


IWT 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHE». 


49iS 


romme  frappé  de  stupeur,  et  ne  pouvant 
lui  parler.  Alors  son  frère  Inidit  :  <c  Jecrois 
et  jesuisconTaincu»  mon  frère»  que  si  l'on 
favait  demandé  la  moitié  de  ton  royaume 
pour  me  rappeler  è  la  vie,  tu  Taurais  donnée 
itour  moi  :  je  te  conjure  donc  de  m'accorder 
la  ^rftre  que  je  te  demande.  «  Le  roi  luidit  : 
«  Quelle  est  cette  grâce  ?»--aJure-moi,  »lui 
dit  son  frère,  «  que  tu  me  l'accorderas.  »  Le 
roi  dit  :  «Je  jure  de  te  donner,  dans  tout  ce 
quim'apparlient,  ce  que  tu  me  demande- 
ras. »  Gad  lui  dit:  «  Vends-moi  ce  palais 
aue  tu  as  dans  le  ciel.  »  —  «  Comment,  » 
it  le  roi,  «  ai-je  un  palais  dans  le  ciel?  »  — 
«  C*est,  »  répondit  Gad,  «  celui  qun  t'a  bâti 
ce  Chrétien  qui  est  maintenant  en  prison  et 
qui  t*a  été  amené  par  un  marchand  qui  Ta- 
vait  acheté  d'un  certain  Jésus.  » 

Voyant  le  roi  embarrassé ,  Gad  ajouta  : 
«  Je  parle  de  cet  esclave  hébreu  que  lu  vou- 
lais châlier  comme  coupable  d'une  impos- 
ture è  ton  égard;  et  c'est  aussi  à  cause  de 
lui  que  j'étais  mort  dans  raffliction,  et  que 
maintenant  je  suis  revenu  h  la  vie.  »  Alors, 
le  roi  s'étant  mis  h  réfléchir,  comprit  qu'il 
s'agissait  de  choses  qui  lui  importnient, 
de  biens  à  venir  et  éternels,  et  il  dit  :  «  Ce 
palais,  je  ne  puis  le  le  vendre;  car  mon 
désir  est  d'y  entrer  et  de  Thabiter,  et  d'être 
jugé  digne  de  ceux  qui  l'habitent.  Mais  si  tu 
veux  véritablemeni  en  acheter  un  sembla- 
ble, eh  bienl  Thom'me  vit  encore,  et  il  t'en 
bitira  un  plus  beau.  »  Et  aussitôt  il  envoya 
tirer  de  prison  l'apôtre,  ainsi  que  le  mar- 
chand qui  avait  été  enfermé  avec  lui,  et  il 
lui  dit  :  «  Je  te  prie,  comme  un  homme  qui 
prie  le  serviteurde  Dieu  ;  supplie  pour  moi, 
et  implore  celui  dont  lu  es  le  serviteur,  atin 
cfu'il  me  pardonne  et  qu  il  oublie  le  mal  que 
je  t  ai  fait  et  celui  que  j'avais  dessein  de  te 
faire;  aQn  que  je  me  rende  di^ne  d*habiler 
cette  demeure  h  laquelle  je  n'ai  travaillé  en 
rien»  et  que  tu  m'as  seul  édifiée  par  ton  tra 
▼ail,  avec  l'aide  et  ta  grAce  de  ton  Dieu,  et 
que  je  devienne,  moi  aussi ,  le  serviteur  et 
I  esclave  de  ce  Dieu  que  tu  annonces.  »  Et 
le  frère  du  roi  étant  tombé  aux  genoux  de 
J'ap6tre,luidit:«Jel*cn  prie  et  je  t'en  supplie 

(t08i*)  Nous  irhésilons  pas  il  croire  qiril  y  a  une 
lacune  entre  la  lin  de  ce  chapitre  et  le  cominence- 
ineiit  du  chapitre  suivant.  On  s*atlendait  à  voir 
administrer  le  baptême  au  roi  Gondaphorus  et  à  son 
fière  »pré8  Tin  vocation  de  saint  Thuuias;  et  voici 
que  la  narraiiun  se  poursuit  sans  que  le  sacrement 
toit  administré.  T«»ui  à  Plieure  les  no-iveiux  Chré- 
tiens dcni.'ind«iont  ce  que  Tauteur  des  Actes  appela 
xhé  ofpaYîSa  toû  XoÛTpou.  Nous  aurons  à  nous  ex- 
pliquer sur  la  signillcaiion  de  ces  m.ts;  mais,  île 
ffuelque  manière  quon  les  interpiétc,  il  n'y  aura 
pas  «le  description  du  haptéine  rorineUeineitt  admi- 
nistré. Il  1(6  sera  question  ni  d*inimersion,  ni  d*as- 

I  ersion ,  ni  d*iufusioti ,  ni  même  d*eau  baptismale, 
(.oinment  rendre  raison  de  cette  singularité?  Faut<il 
fiupposer  un  ouLU  du  narrateur  ou  une  négligence 
des  copistes?  Ce  qui  nous  ferait  pencher  pour  la 
dernière  h>poilièse,  c*est  Tétat  géné.al  du  teite 
molilé  ou  altéré  en  plusieurs  endroils.  fehi  surloiU 
un  passage  de  la  narration  abrégée  que  le  pseuilo- 
Abdias  nous  a  donnée  des  Actes  de  i^aint  Tliomns. 

II  arrive  au  récit  de  la  conversion  des  deui  princes, 


à  la  face  de  ton  Dion,  obtiens  que  je  devienne 
digne  de  le  servir  et  de  travailler  pour  lai, 
et  de  jouir  avec  ses  élus  des  spleocleun  que 
ses  anges  m'ont  fait  voir.  » 

L'apôtre,  transporté  de  joie,  dit  :  c  Je  i^ 
rends  témoignage,  Jésus,  que  lu  as  fait  luir>* 
la  vérité  dans  l'Ame  de  ces  hommes;  ror 
c'est  toi  qui  es  le  seul  Dieu  de  la  vérité,  <  t 
non  pas  un  autre;  tu  es  celui  qui  sait  tout, 
tout  ce  quMgnore  le  monde;  Seigneur,  tu  <  < 
celui  qui,  en  toutes  cboses,  se  montre  {hmi: 
les  hommes  plein  de  tendresse  el  d*in<ii.  - 
gence  ;  car  les  hommes,  jouets  de  l'erreur  i  : 
est  en  eux  ,  t'ont  méprisé,  et  toi,  ta  n'as  { '« 
méprisé  les  hommes.  Et  mainlenani«enc'*n 
sidéralion  de  ma  prière  et  de  ma  suppiio- 
lion,  accueille  le  roi  et  son  frère,  conf^n  .- 
les  dans  ton  troupeau  après  les  avoir  puril;'.> 
par  ton  baptême  et  frottés  de  ton  huile,  iiour 
les  délivrer  de  l'erreur  qui  les  envirt^nn*»; 
garde-les  aussi  des  loups,  en  les  transporunt 
(h'ins  tes  prairies;  abreuve^les  è  ta  soum- 
immortelle,  à  cette  source  qui  n'est  jam.'«i> 
ni  troublée  ni  tarie.  Entends  leur  prière  et 
leur  supplication  ;  ils  veulent  devenir  lu 
serviteurs  et  travailler  à  ton  service,  et  pror 
cela,  ils  seraient  heureux  d'être  periécul"^ 
par  les  ennemis,  do  mériter,  |»ourram«:u' 
de  toi,  leur  haine,  leurs  outrages  et  la  m<>ri 
même,  en  un  mot,  de  souffrir  tons  les  msut 
que  tu  as  soufferts  pour  nous,  afin  de  ï\nn> 
acheter,  toi,  notre  Mettre  et  vérilablcinont 
bon  Pasteur.  Donne-leur  de  mettre  en  toi 
seul  leur  confiance  et  l'espoir  de  leur  salut, 

Su'ils  ne  peuvent  en  effet  tenir  que  de  Un: 
onne-leur  de  s'affermir  dans  tes  mjs{èr*^> 
et  de  recevoir  les  parfaits  trésors  de  tesgra- 
ces,  et  de  tes  dons,  en  sorte  qu'ils  fl^urisstii! 
dans  ton  service  et  qu*ils  portent  dos  fru  ts 
mûrs  dans  le  sein  de  ton  Père  (1082^).  » 

Après  s*être  mis  complètement  h  U  di  <• 
position  de  l'apdtre,  le  roi  Gondaphornset  s<*:i 
frère  Gad  le  suivaient,  ne  le  q  littant  jan  a. s. 
pourvoyant  eux-mêmes  aux  besoins  d«« 
malheureux,  toujours  donnant  et  soula^çeari 
toujours.  Et  ils  le  prièrent  de  leur  donnt  r 
aussi  le  sceau  confirmalif  du  baptême,  quM 
leur  restait  à  recevoir  (1083^ ,  en  disant  : 

il  m:iuiunnc  expressément  le  bapièmc ,  parle  d'u  < 
jeûne  de  sept  jours  qui  le  précéda  el  d'une  Itutul  f 
dont  rapôlie  cunsacia  Teau. 

Quoi  qu*il  en  soit,  il  nous  a  paro  import«ni  <'e 
faite  dés  à  présent  cette  remarque,  parce  qudc 
se  latlaclie  intiine-i  ent  aux  passages  qui  vont  sui- 
vre el  aux  notes  dont  ils  s  roni  Tobjet. 

;1085)  Le  sceau  coutirmatir  du  baptén^e,  c*esi«î- 
dire  la  conftrmation.  Dans  une  longue  note  qo'ii  a 
consacrée  à  Peiplicalion  de  ce  passage,  Tbilo  «sur 
d^élablir  qu'il  est  question  du  baptême  et  des  cénf* 
monies  accessoires  et  cuniplément;tires  de  ce  »jcr«- 
inenl.  Selon  lui,  tt)v  ff^paytSa  xoiî  Xovtpou  sr^rni- 
lierait  le  baptême  lui-même,  qui  e^l  le  $ctuu  dtUI  t 
(ob&ignaiio  fidei),  et  les  phrases  qui  suivent  [Uj  i.i 
ToG  iXci(ou6é(  (ovrai  Ti]v  açosyt^a. ..  xp^'ci*»*  àUv^;' 
devraient  s*enteiidre  de  Fonction  baptismal**. 

A  tous  les  arguments  qu*il  emprunte  pour  to«* 
tenir  sa  tbè^e,  soit  aux  ressoarces  de  l'inductiM. 
soit  à  Texamen  des  doctrines  manichéennes  cl  so<b* 
liqups  ,  it  suflit  d*opposer  rexplicaiion  ^empuef*^ 
et  littérale  du  texte.  *Ea2f|6ij9sv  aOtoO  ha  xj\  ^.* 


I3!î9 


THO 


PART.  Ili.  —  LEGEIVDES  ET  FRAGMENTS. 


THO 


io:o 


c  Haintenant  que  nos  Ames  sont  libres  et 
pleines  de  zèle  envers  Dieu ,  donne-nous  le 
sceau;  car  nous  t*avons  entendu  dire  que  )e 
Dieu  que  tu  annonces  reconnaît^  au  signe 
cJont  il  les  a  marquées,  les  brebis  qui  lui 
appartiennent.  »  L*apôtre  répondit  :  «  C\.st 
avec  juio  que  je  vous  Toffre;  oui,  recevez 
le  sceau  divin,  et  participez  ensuite  avec 
moi  à  celte  Eucharistie,  à  ce  pain  de  béné- 
diction du  Seigneur  ,  qui  achèvera  votre 
sanctiflcation.  Car  ce  uain,  c'est  le  Seigneur 

e^paylSa  toû  AouTpou  fiiÇcjvTai  Xoiic^v,  ils  prièrent 
r«p6trf  de  leur  donuer  aussi  le  sceau  (cottflrinalif ) 
du  baptême.  Tous  les  mois  de  cette  phr.tse  (»nt  u  e 
valeur,  et  une  valeur  propre.  Cependant  Tliijo  pa- 
rait f»c  tenir  aucun  compe  de  xa\ el  de  Xoiirôv.  Kn 
second  lieu,  <)  ff^paY^Ç  tou  Xoû-rpou  n'est  pa^^,  comme 
il  Tentend,  obtiguatio  fidei^  mais!  bien  obtignatio 
baplismi,  le  sceau  du  haplème.  Ce  n'est  pas  tout.  Si 
xfyf  09paYt6a  toO  XoÛTpou  signitie  le  baptême,  et 
que  par  conséquent  les  cérémonies  dont  il  est  fait 
mention,  Touction  et  rimposilion  des  mains,  se 
rapportent  à  fadministration  du  bapiéme,  comment 
s'exfiiiquer  que  Pauleur  des  Actes  u*oubiie  du  bap- 
té-i:e  que  le  point  essentiel,  U  matière  m.émc  du 
i^acrenient.  Peau?  Pour  lépondre  Ji  celle  objection, 
Tbilo  suppose  que  Fauteur  liérélique  des  Actes, 
aprè«  avoir  indiqué  seulem  ni  la  lotion  baptismale 
(toO  AObtpou),  aurait ,  par  es^prit  de  secte,  aflécté  de 
taire  le  rite  solennel  de  la  punlicalion  pour  s*étendre 
sur  le«  cénsmonies  complémentaires,  telles  que 
Tonciion ,  TimpoMlion  des  mains ,  etc.  Mais  celte 
hypothèse,  toute  gratuite,  ne  jubtilic  pas  romissiou 
complète  Ou  rite  vulgaire .  non  plus  que  cette  ex- 
pression qui  dcNienl  alors  étrange,  6ià  xoij  fcXafou 
6iÇio*/Taii  Ti)v  a^paylSa.  La  matière  pr<»pre  du  Lap- 
lénuî  étant  Peau,  il  devient  impossible  de  voir  le 
bapléme  dans  une  cérémonie  où  il  n'est  Tait  aucune 
mention  de  cet  élément  essentiel. 

Au  couiraire ,  la  confirmation  a  pour  matière 
propre  ronclion  (ou  chrèuie) ,  à  laquelle  s'ajoutent 
l'iinposition  des  mains  et  riu\ocaiion  au  Sainl- 
Ksprit.  Or,  que  voyons-nous  dans  le  tableau  de  la 
cérémonie  qui  non»  occupa?  D'abord  l'onction  sé- 
parée de  la  purilicatlon  bap  ismale,  onction  solen- 
nelle, imprimant  un  caractère,  puisqu'il  est  dit  que 
les  dcui  princes  reçoivent  te  sceau  par  Vhuile,  puis 
une  imposition  des  mains  ;  enfui  une^  invocation 
loHie  particulière  du  Saint- Ksprit  qu«  Tapétresup- 

ËM  de  descendre  dans  ceux  qu'il  a  oints  et  beni:f. 
»t-ce  U  le  baptême  ou  la  conllrmation?  Il  y  a  plus. 
L'Ëglise  définit  la  c.uifirmation  un  tacrement  qui 
dôme  à  ceux  qui  ioni  bapiihét  le  Saini-Ehprit  pour 
Uê  forlifitr  dans  la  foi  el  les  rendre  parfaits  Chré- 
tiens. Or,  dans  ce  passage  dont  il  est  question, 
nous  voyons  rapdtre  demander  à  Dieu  ,  qu'après 
avoir  purifié  les  deux  princes  par  le  baptême,  il 
leur  donne  de  s  affermir  et  d'être  confirmés  dans 
set  saints  mystères  (îva  ps6oiia>eûï(Jt  tlç  Ta  j^uaif^pia) 
cl  de  recevoir  les  trésors  parfaits  de  ses  dons  («sa 
•réXcwi).  Eux-mêmes  demamlenl  de  recevoir  aussi  le 
sceau  qu'il  leur  reste  à  recevoir  parce  que  leurs  âmes 
sont  devenues  libres  (ryCoXaCoujwv  -ctôv  ^^ux^^v). 
Pois  saîni  Thomas,  après  les  avo;r  marques  du 
sce.iu  du  Seigneur,  invociue  sur  eux  U  principe  de 
force  (olxavoiiCa  toO  àppl"^)- 

Ces  explxalions  nous  paraissent  suOisantes  pour 
justifier  notre  inierpréialion.  Nous  pourrions  f au- 
toriser encore  par  le  témoignage  de  plusieurs  an- 
leurs  sacrés  (a) ,  mais  il  nous  seuïble  que  toute 
preuve  exirmseque  devient  superflue  devant   les 

fd)  Pour  0UQ8  borner  i  deux  ciutioos,  voyez  Richard 
Slmoo.  dans  ses  Observ,  noo  ,  p.  8,  et  Hammond,  dans  son 
livre  ùt  la  Cooftraiallon.  Ils  pensent  que  ^nM  stgnUie 


lui-même,  c'est  le  Seigneur  et  Dieu  de  tous, 
Jésus-Christ,  celui  que  j'annonce,  le  seul 
Père  de  la  vérité,  en  qui  je  vous  ai  appris  à 
croire.  »  Puis  il  leur  commanda  d'apporter 
de  rhuilo,  afin  que  par  l'huile  ils  reçussent 
le  sceau  divin  (1084).  Ils  apportèrent  donc 
Thuile,  et  ils  allumèrent  plusieurs  flam- 
beaux, car  il  élnit  nuit. 

Et  l'apôtre  s'étant  levé  les  bénit  par  un 
signe  de  croix.  Alors  le  Seigneur  sa  révéla  à 
eux  par  la  voix,  disant  :  «  Paix  à  vous,  mes 

termes  si  formels  du  it'xle. 

Il  nous  reste  cependant  à  prévoir  et  à  rombait*e 
une  oi)jeciion  qui  pounait,  non  pas  sout^mir,  mais 
élayr-r  un  peu  la  tlièse  croulante  de  Thilo.  Cette 
objection  consisterait  1*  in  dire,  avec  nous,  que  U 
purification  baptismalea  été  faite  précéJemment.  soit 
qu'on  la  soos-entende  après  rinvocation  de  l'aisêlie 
ou  qu'on  la  comprenne  dans  la  lacune  que  nous 
avons  signalée  ;  ^  à  ajouter,  contre  notre  avis,  quo 
les  deux  princes  demandent  ici,  non  pas  le  baptême, 
mais  les  cérémonies  complémentaires  du  baptême  ; 
et  ce  serait  là  le  seris  de  Tf/;  T^payl^a  toO  Xovxpou 
(cérémonie  qui  couronne  el  parfait  le  baptême).  — 
Ainsi  modifiée,  la  thèso  pounuil  cfi^rir  au  moins  un 
côté  spécieux.  Em  cfT-t,  on  ne  peut  nier  que  It*. 
b-ntême  eût  lu  -n  ême ,  comme  il  Ta  encore  ,  son 
onction  par  l*buile ,  sa  réception  du  Saint-Esprit, 
et  jusqu'à  un  certain  point  son  imposition  de  mains, 
puisque  iiécessaireni«*nt  le  prêtre  mol  la  main  sur 
cel>.i  qui  reçoit  !e  baptême  en  le  marquant  nu  front, 
puis  sur  d  autres  parties  du  corps,  du  signe  de  la 
croix  (ce  qui  est  déjà  une  sorte  de  sceau,  at^pa-^Lç)» 
Tdut  cela  est  vrai  ;  mais  nous  avons  à  répondre  que 
dans  radmini>lration  du  brptômf ,  il  n*y  a  pas 
d'onction  faite  isolément  et  san^  purification  a<i 
moins  rérente  par  IVau  baptismale.  H  est  vrai  que 
PEglise  diffète  quelquefois  les  cérémonies  acces- 
soires du  baptême  après  ron<loiemeiii  ;  mais  c*est 
toujours  à  regret,  en  exigeant  des  raisons  graves» 
et  pour  un  temps  irès-couri.  h  n*y  a  pas  non  plus, 
da<  s  ce  sacrement ,  d^iinposilion  de  mains  solen- 
nelle et  sacrainenieile,  ni  d^invocalion  spéciale  <-t 
prolongée  de  rEsprit-Sainl.  Or,  la  cérémonie  i|ui 
noua  occupe  oiï'C  le  triple  carac>è.e  d*ouclion  iso* 
lée,  d'imposition  de  mains  solennelle  ,  d*invocatit>R 
spéciale  au  Saint-Esprit.  Comment  y  voir  le  coin 
plément  du  baptême?  Encore  une  fois,  comment 
douter  qu*il  s*agisse  de  la  confirmation? 

(1084)  C*est  sans  d'Ute  ce  passage  qui  a  donné 
lieu  à  révêque  espagnol  Turibe  de  dire  que  les  ma- 
nicliéeus  étaient  dans  rusa;;c  de  baptiser  avec  de 
rhuile.  (Vo^.  sa  Lettre  aux  évêques  Idace  el  Cépo^ 
fifut,  insérée  parmi  celles  de  saint  Léon  le  GraiiJ , 
t.  I ,  p.  ^2) ,  où  il  s*exprime  ainsi  :  «  tllud  au  em 
sp<*cialiter  in  illis  Actibus  qui  sandi  Thomu;  di- 
cuntur,  prx  caeteris  noiandom  aique  exsecrjudum 
eit,  quod  dicit  eum  non  baptizare  per  aquam,  sicut 
habet  Dominica  prx'dicatio  atque  iraditi<i ,  ^ed  per 
oletim  solum  ;  qiiod  quidcm  isti  nosiri  (Priscillic- 
nistœ)  noii  reciplant,  sed  Manicbxi  seouantur.  i 
Fabficius,  dans  ses  Notée  sur  le  pseudo-Abdias ^ 
I.  IX,  c.  17,  et  Tillemont,  Mémoires  sur  l'histoire 
ecclésiastique,  t.  I,  part,  iii,  p.  089,  ont,  d*après 
Turibe,  iinpuiécvt  usage  aux  m-nichéens.  Bcaii- 
tobre,  dans  sou  lîi%toire  du  manichéisme^  t.  I, 
p.  415,  et  Mosiiei m, Commenr.,  p.8tli,oiit  cberclié  à 
les  en  disculper.  Thilo,  p.  102  et  suiv.,  discute 
longuement  sur  le  sens  qu*ii  faut  attribuer  au  |>aa- 
sage  des  Actes  grecs. 

ta  confirmaUon,  et  que  ToncUon  sepprêe  du  baptême  ap- 
pariieot  à  ce  sacrement.  Pourquoi  Tbilo  rejeue-t-il  let  r 
opinion  avec  dédain  et  refuae-t-U  même  de  l'examiucrT 


f05i 


INCTroNNAIRB  DES  APOCRYPRES. 


ICI 


frires,  »  Et  ils  entendirent  sa  voix,  mais  no 
virent  pas  sa  figure;  car  ils  n'avaient  pas 
encore  reçu  la  oernière  et  suprême  em- 
preinte. Et  ]'ap6tre,  ayant  pris  Thuile  et 
rayant  répandue  sur  leur  tête,  les  frotta,  les 
oignit  et  commença  à  dire:  «Viens,  saint 
nom  du  Christ,  qui  es  au-dessus  de  tous  les 
nomsl  Viens,  vertu  du  Très-Haut,  miséri- 
corde infinie  1  Viens,  grâce  suprême  1  Viens, 
mère  miséricordieuse I  Viens,  toi  (jui  dis- 

f^euses  la  m&le  vertu  l  Viens,  toi  qui  révèles 
es  secrets  mystères  t  Viens ,  mère  des  sent 
demeures  (1085),  toi  qui  dois  trouver  le 
repos  dans  la  huitième  I  Viens,  Tatné  des 
cinq  membres  de  notre  esprit,  qui  sont  Tin- 
telligence,  la  conception,  le  conseil,  la  ré- 
flexion, le  raisonnement;  communique-toi 
è  ces  nouveaux  serviteurs.  Viens,  Esprit- 
Saint;  purifie  leurs  reins  et  leur  cœur,  et 
marque-les  de  la  suprême  empreinte,  au 
nom  du  Père  et  du  Fils  et  du  Saint-EsnriL» 
£t  quand  ils  eurent  été  marqués  de  rem- 
preinte,  un  jeune  homme  leur  apiarut,  te- 
nant une  lampe  allumée,  et  la  luniière  que 
projetait  cette  lampe  fit  pâlir  leurs  flambeaux. 
Puis  la  visio|i  disparut  pour  eux.  Mais 
Tapôtre  dit  au  Seigneur  :  «  Seigneur,  ta  lu- 
mière est  immense  h  nos  yeux,  et  nous  ne 
Ï mouvons  en  supporter  Téclat,  car  elle  confond 
a  puissance  de  notre  vue.  »  Et  une  lueur 
ayant  brillé,  Tapôtre  rompit  du  pain  et  les 
admit  à  partager  TEucharistie  du  Seigneur. 
Ilsfurent  rem  plis  de  joie,  et  beaucoup  d'au- 
tres qui  avaient  foi  se  joignirent  à  eux  et 
ils  venaient  se  réfugier  dans  Je  Sauveur. 

Quant  à'  Tapôtre ,  il  ne  cessait  pas  d*an- 
noncer  Dieu  et  de  leur  dire  :  «  Hommes  et 
femmes,  jeunes  gens  et  jeunes  filles,  adoles- 
cents et  vieillards ,  esclaves  ou  hommes 
libres,  gardez-vous  de  la  luxure,  deTavarice 
et  de  la  gourmandise  ;  car  ces  trois  péchés 
sont  la  source  de  taute  iniquité.  En  elfet,  la 
luxure  paralyse  l'esprit;  elle  obscurcit  la 
vue  de  Tâme  et  Temnêche  de  gouverner  le 
corps,  en  débilitant  Inomme  tout  entier  et 
en  mettant  son  corps  dans  un  état  de  maladie. 
L*avarice  livre  TAme  à  la  terreur  et  à  la 
honte,  en  rappliquant  tout  entière  aux  in- 
térêts du  corps  et  en  pillant  le  bicnd'autrui, 
avec  la  conscience  secrèe  qu'elle  ne  rend 
pas  à  autrui  ce  qui  lui  appartient  (1086J. 

(1085)  Cette  expresiion,  de  même  que  plusieurs 
passages  obscurs  de  l*invocalîon  proooacée  par 
Tapôtre,  se  rappnrie  k  ie»  points  peu  connus  des 
doctrines  manichéennes  ei  gnosiii|ues.  La  puissance 
qu*appeile  saint  Tliomas  n'est  ponU  rEsprit-Saliit , 
c*esi  un  des  êtres  que  les  ^nosti(|ues  regardaient 
comme  la  mère  de  la  vie  spiruuelle,  comme  la  mère 
du  Gliribt  lui-même  et  comme  rinlerprète  de  la 
Divinité*  Lturs  i>iées,  à  cet  égard ,  variaient  selon 
leurs  diverses  sectes  et  sont  restées  peu  définies. 
iVoy,  Beausobre ,  llisl.  du  manichéisme , l.  vi ,  c.  5 ; 
Moslieim,  Spécimen  MsU  hœrei^  p.  I59'14S)  ;  Nean- 
der,  Matier,  etc.)  Tbilo,  p.  182  et  suiv.,  entre  dans 
de  longues  explications  sur  cette  partie  du  teste 
grée,  il  montre,  par  exempte,  quel  est  le  sens  des 
mots,  la  mâle  vertu  :  c  Masculuni  dicitur  id  quod  est 
plénum  et  perfecturo.  •  Les  sept  demeures  sont  les 
iApt  planètes  ou  les  sept  cieux  dont  11  est  souvent 
question  ebef  les  gnostiques,  ta  huitième  est  le 


Enfin  la  gourmandise  expose  Tftme  k  millt 
soucis  et  à  mille  inquiétudes,  tourmeoi^ 
qu'elle  est  toujours  de  manquer  de  œ  qui  la 
flatte  et  convoitant  ce  qu*elie  voit  loin  de^i 
portée  (1087).  Si  vous  vous  affranchisse!  'i- 
ces  passions,  vous  vous  affranchirez  des 
soucis,  des  chagrins  et  des  craintes,  et  c'est 
h  vous  que  s'appliquera  la  parole  du  Sau- 
veur :    Ne  soyez  point  en  eouci  pour  le 
lendemain^  car  le  lendemain  prendra  soin  de 
ce  qui  le  regarde  (l088).Souvenez^vousaos.M 
des  paroles  qui  précèdent  :  «  Considériez  lî^s 
corhcaux  ;  voyez  les  oiseaux  dn  ciel  ;  ils  ne 
sèment  ni  ne  moissonnent,  ni  n'entassent 
dans  les  greniers;  et  cependant  Dieu  pour- 
voit à  leurs  hesoins.  Ne  pourvoirat-il  pa.^ 
bien  p1ut6t  aux  v6tres,  hommes  de  peu  «le 
foi  (1089)  ?  %  Acceptez  donc  son  assistance, 
mettez  vos  espérances  en  lui  et  ayez  foi  en 
son  nom;  car  il  est  le  juge  des  vivants ei 
des  morts,  et  lui-même  il  donnera  h  chacun 
selon  ses  œuvres,  lorsqu'il  apparaîtra  dan% 
sa  splendeur  future  è  l'heure  où,  devant 
comparaître  en  sa  présence  pour  être  jug^ 
nul  ne  sera  admis  à  dire  pour  son  eico^e 
qu'il  n'avait  point  entendu  sa  parole,  ùr 
ses  hérauts  Tannoncont  dans  les  quatre  ré- 
gions  du  monde.   Rejentez-vous  donc  d 
croyez  à  l'Evangile;    recevez  le  joog  de 
douceur  et  le  fardeau  léger,  afin  qne  vous 
viviez  et  que  vous  ne  mouriez  pas.  Voilà  ce 
qu'il  faut  acquérir;  voiih  ce  qu'il  faut  éviter, 
sortez  des  ténèbres,  afin  que  ta  lumière  vous 
reçoive;  venez  vers  celui  qui  est  vérilabli- 
mcnt  bon ,  afin  qu'il  vous  donne  la  grâc*',  et 
que  sa  marque  soit  déposée  dans  vos  âmt*^.» 
Quand  il  eut  cessé  de  |)arler,  quelques- 
uns  des  assistants  lui  dirent  :  «  Le  moment 
est  favorable  pour  que  le  créancier  réclame 
ce  qui  lui  est  dû.  »  Et  il  répondit  :  •  Celui 
è  qui  il  est  dû  est  toujours  disposé  è  recon* 
vrer  sa  dette,  et  même  au  delà;  mais  c*est 
à  nous  à  lui  payer  au  moins  ce  que  nous  Ini 
devons  (1090).  »  Et  les  ayant  bénis ,  il  prit 
du  pain,  de  l'huile  des  légumes  et  du  sel. 
et  leur  donna  à  manger;  pour  lui,  il  ohserra 
le  jeûne,    car  le  jour  du  Seij^neur  était 
proche.  Mais  la  nuit,  pendant  quil  dormaiu 
le  Seigneur  apparut  debout  è  son  <-berel, 
disant  :  a  Thomas,  lève-toi  au  point  du  jour 
et  quand  tu  auras  béni  tout  le  monde,  après 

séjour  de  la  perfection. 

(f086)  Ici  le  teste  a  subi  une  altération  quimul 
la  pensée  de  l*auteur  assez  difficile  à  saisir.  Nois 
avons  suivi  la  correction  de  Tliilo  ;  mais  noos  sfoai 
cru  devoir,  dans  riiiiérèt  de  la  ionique,  adopter  «m 
sens  un  peu  différent  de  celui  qu*d  propose. 

(1087)  La  phrase  gn*cque  paraU  égalemeat  ton 
aliérée.  Cependant,  telle  quVtle  est,  elle  offre o» 
sens  assez  raisonnable,  pour  qo*il  soit  ioutilvtt- 
recourir  à  la  leçon  conjecturale  du  savant  cao*' 
roeniaieur. 

(1088)  Mauh.  vt,  54. 

(1089)  MMUh.  fi,  35;  Lue.  m,  ii.  Le  vtiv 
évangélique  n'est  pas  littéralement  reprodsiu 

(timO)  L'auteur  emploie  ici  le  mot  yptôMT^v  (dé- 
biteur) dans  le  sens  de  créancier;  et  Tbilo  jo>t>^'' 
ou  du  moins  explique  e^i  emploi.  Nous  iro^<>^* 
di*  lire  XP^^^^'  qui  »  1^  mR>  obîectir  d  wû^ecu 


1035 


THO 


PART.  ill.  -*  LEGENDES  ET  FnAGMSNTS. 


THO 


liiSl 


la  prière  et  Tadoration,  ya-t'eii  jusqu'au 
deuxième  mille  sur  la  route  qui  refçarde  le 
Lefanty  et  là^  je  ferai  éclater  ma  gloire  en  la 
personne»  car  ton défiart  sera  cause  que  beau- 
coup se  réfugieront  en  moi,  et  toi,  tu  mani- 
festeras la  nature  et  tu  confondras  la  puis- 
sance de  renneroi.  »  Thomas,  sMtant  levé, 
dit  à  ceux  de  ses  frères  qui  étaient  avec  lui  : 
t  Mes  enfants  et  mes  frères,  le  Seigneur 
veut  accomplir  aujourd'hui  quelque  événe- 
ment par  moi.  Faisons  par  nos  prières 
qu'aucun  obstacle  ne  nous  empêche  de  le 
servir  et;  que  l'événement  s'accomplisse  par 
nous»  aujourd'hui  comme  toujours,  suivant 
ses  désirs  et  sa  volonté.  » 

Et  ayant  dit  ces  paroles,  il  leur  imposa 
les  mains  et  les  bénit.  Et  ayant  rompu  le 
pain  de  l'Eucharistie,  il  le  leur  partagea  en 
disant  :  5  Cette  Eucharistie  tournera  pour 
vous  en  miséricorde,  en  pardon»  en  pitié, 
et  non  pas  en  condamnation.  »  Et  ils  dirent  : 
«  Amen.  » 

Et  l'apAtre  sortit  pour  aller  vers  l'endroit 
que  le  Seigneur  lui  avait  désigné;  et  lors- 
qu'il fut  arrivé  auprès  du  deuxième  mille, 
s*étant  un  peu  détourné  de  sa  route,  il  vit  le 
cadavre  d'un  bel  adolescent  qui  gisait  sur  la 
terre,  et  il  dit  :  «  Seigneur,  n'est-ce  pas  pour 
cela  que  tu  m'as  invité  è  venir  ici,  afin  que 
je  visse  cette  épreuve?  Que  ta  volonté  soit 
faite  comme  tu  le  désires.  »  El  il  commença 
à  prier,  disant  :  «  Seigneur,  juge  des  vivants 
et  des  morts  qui  gisent  sur  la  terre,  maître 
et  père  de  tous  les  hommes  (oui,  tu  es  le 
père  non-seulement  des  Ames  qui  sont  dans 
las  corps,  mais  encore  de  celles  qui  en  sont 
sorties,  car  tu  es  le  maître  et  le  juge  des 
âmes  qui  sont  dans  la  souillure);  Seigneur, 
viens  à  cette  heure  où  je  t'invoque ,  et  mon- 
tre ta  gloire  en  faveur  de  ce  jeune  homme 
gisant  ici.  k  Et  s'étant  retourné,  il  dite  ceux 
qui  le  suivaient  :  «  Cela  n'est  pas  un  effet  du 
hasard;  c'est  l'ennemi  qui  est  la  cause  et 
îauteur  de  celte  violence.  Et  vous  allez  voir 
qu'il  a  pris  sa  forme  accoutumée,  et  qu'il 
s'est  révélé ,  non  par  un  autre  animal ,  mais 
par  celui  qui  lui  obéit  aveuglément.  »  Et 
comme  l'apôtre  parlait,  voilà  qu'un  immense 
serpent  9orlit  de  son  repaire»  allongeant  la 
tète  ,  et  agitant  sa  queue  sur  le  sol  ;  et  pre- 
nant une  voix  sonore,  il  dit  è  l'apôtre  :  <  Je 
raconterai  en  ta  présence  pour  quelle  cause 
j'ai  tué  ce  ieunehomme,  puisque  lu  es  venu  ici 
pour  confondre  mes  œuvres.»  Et  l'apAlre  dit  : 
«  Parle  donc.  »  Et  le  serpent  reprit  :  'c  II  y  a 
dans  ce  pays  une  femme  très-belle;  un  jour, 
comme  elle  passait ,  je  la  vis  et  je  la  désirai. 
Je  me  mis  donc  à  la  suivre  et  à  l'épier.  Or  je 
trouvai  ce  jeune  homme  qui  l'embrassait: 
puis  il  s'unit  À  elle,  et  ils  se  livrèrent  en- 
semble è  d'aulres  actes  honteux.  11  m'eût  été 

(1091)  Il  serait  diflicîle  de  préciser  le  sens  de 
ceiu  allusion.  Peat-éire  ces  qiiaire  frères  repré- 
seitiaieut  •  ils  riiunuiiilé  considérée  dans  quatre 
grandes  races  subsistantes  après  la  blessure  faile  à 
tous  les  hommes  di«ns  la  personne  d*Âdam.  Les 
qualre  frères  ne  pourraient -ils  pas  éire  encore 
TËuropéen,  rAfricain,  rAsiaUiiue  et  Thomiue  des 
pays  inconnus ,  au  delà  de  Tiadus  et  du  Gange ,  ou 

DiCTioNi!!.  DES  Apocryphes.  II. 


facile  de  te  rendre  témoin  de  leurs  turpitu- 
des; car  je  sais  que  tu  es  le  frère  de  Jésus- 
Christ  et  que  tu  travailles  sans  relAche  è  en- 
traver notre  influence;  mais  je  ne  voulus 
pas  le  faire,  et  je  ne  luai  pas  le  ieunehomme 
sur  l'heure  même.  Mais  je  l'observai,  et  le 
soir,  comme  il  passait  auprès  de  moi,  je  le 
frappai  et  lui  donnai  la  mort,  à  lui  qui  avait 
osé  faire  une  pareille  action  le  jour  du  Sei- 
gneur. »  L'apôtre  lui  demanda  :  «r  Dis-moi , 
de  quel  sang,  de  quelle  race  sors-tu?  >» 

Et  le  serpent  répondit  :  «  Je  suis  un  reje- 
ton de  la  race  rampante  et  malfaisant  comme 
elle;  je  suis  fils  de  celui  qui  a  blessé  et  frap- 
pé les  quatre  frères  qui  étaient  debout 
(1091);  je  suis  fils  de  celui  qui  est  assis  sur 
le  trône  de  perdition  et  qui  prélève  sa  part 
sur  le  gain  des  usuriers;  je  suis  fils  dugran«i 
apostat  qui  entoure  la  sphère  comme  d*uno 
ceinture  (1092);  je  suis  frère  de  celui  qui  est 
en  dehors  de  l'Océan  et  qui  tient  sa  queue 
dans  sa  bouche  ;  je  sui^:  celui  qui ,  ayant  pé- 
nétré dans  le  paradis  par  la  naie,  a  dit  à 
Eve  tout  ce  que  mon  père  m'avait  enjoint 
de  lui  dire  ;  je  suis  celui  qui  a  soufflé  le  feu 
et  la  flamme  dans  le  cœur  de  Caïn,  pour  qu*il 
tuAt  son  frère,  et  c'est  par  moi  que  les  ron- 
ces et  l'ivraie  ont  poussé  sur  la  terre;  je  suis 
celui  qui  a  précipité  les  anges  du  ciel  sur  la 
terre,  ef  les  a  attachés  aux  femmes  par  les 
liens  de  la  concupiscence,  afin  que  d'eux 
naquissent  des  enfants  terrestres  et  que  ma 
volonté  pût  s'accomplir  en  eux;  je  suis 
celui  qui  a  endurci  le  cceur  de  Pharaon,  afin 
qu'il  fît  mourir  les  enfants  d'Israël  et  les 


cpurbftt  sous  un  joug  de  fer;  je  suis  celui 

aui  a  égaré  la  foule  dans  le  désert,  lorsqu'elle 
t  le  veau  d'or;  je  suis  celui  qui  a  stimulé 


Hérode  et  enflammé  Caïphe  de  l'ardeur  du 
mensonge  en  la  présence  de  Pilate,  car  cela 
me  convenait  ainsi;  je  suis  celui  qui  a  en- 
flammé, puis  acheté  Judas,  pourqu'il  livrât 
le  Christ;  je  suis  celui  qui  habite  et  posséda 
rabtme  du  Tartare,  et  le  Fils  de  Dieu  m*a 
attaqué  le  premier,  et  il  a  choisi  les  siens 
parmi  les  miens;  je  suis  frère  de  celui  qui 
t  doit  venir  de  l'Orient,  et  à  qui  le  pouvoir  est 
donné  de  faire  ce  qu'il  voudra  sur  la 
terre.  » 

Quand  le  serpent  eut  parlé  en  présence  de 
la  foule  qui  Técoutait,  Vapôlre,  élevant  la 
voix,  s'écria  :  «  Tais-loi,  impudent,  et  sois 
couvert  de  confusion ,  car  tu  vas  mourir  à 
jamais;  ton  œuvre  de  ruine  est  achevée. 
Crains  de  dire  les  choses  que  tu  as  faites  par 
tes  suppôts;  au  nom  de  Jésus,  au  nom  de 
celui  qui  combat  encore  contre  vous  pour 
sauver  les  hommes,  je  te  Tordonne,  suce  le 
venin  qui  a  fait  mourir  cet  homme,  reprends- 
le  après  l'avoir  tiré  de  son  saug.  »  Le  ser- 
pent répondit:  «  Non,  le  temps  de  notre 

de  FAllantique  ? 

(f  092)  Ceue  image  est  sans  donte  une  allusion 
aux  embûches  que  Satan  dresse  au  genre  humain  ; 
il  est  probable  quelle  a  trail  à  quelque  éymbole  dcA 
vi«*ille8  religions  de  TOrienL  On  en  peut  dire  auiant 
de  rimage  suivante  :  <  qui  tieni  sa  queue  dans  sa 
bouche.  I 


33 


^ovs 


dictionnaire:  des  apocrtpucs. 


îm 


œuvre  n'esl  pas  encore  passé»  comme  tu  l*as 
dil.  Pourquoi  me  forces- tu  à  reprendre  le 
venin  dont  j*ai  empoisonné  cet  homme  et  è 
mourir  avant  le  temps?  Quand  mon  père 
aura  sucé  et  repris  le  mal  qu*il  a  répandu 
dans  la  création  »  c'est  alors  que  sa  fin  sera 
Tenue. i>L*apôtre  lui  dit  :  «  Montre  donc  dès 
h  présent  la  nature  de  ton  père.  »  Et  le  ser- 

i)ents*é(ant  approché  appliqua  sa  gueule  sur 
a  plaie  du  jeune  homme,  et  exprima  le  ve- 
nin du  cadavre.  Et  en  peu  de  temps  la  peau 
du  jeune  homme»  qui  était  couleur  de  pour- 
))re,  commençait  à  blanchir  et  le  serpent  se 
gonQait.  Quand  le  serpent  eut  absorbé  en 
ui-mémetout  le  poison,  le  jeune  homme, 
ayant  fait  un  bond,  se  tint  debout,  puis  il 
courut  se  jeter  aux  pieds  de  Tapûtre.  Quant 
au  serpent,  il  s'enfla  au  point  d'éclater  et 
mourut;  son  venin  et  son  fiel  se  répandi- 
rent; et  à  l'endroit  où  le  venin  s'était  ré- 
pandu, il  se  fit  une  profonde  ouverture, et  le 
serjienty  fut  englouti.  Alors  l'a^iôtre  dil  au 
roi  et  à  son  frère  ;  «  Prenez  des  ouvriers, 
comblez  lablme  où  le  serpent  a  été  englou- 
ti «  posez  des  fondements,  et  sur  ces  fonde- 
ments, bâtissez  une  maison  qui  serve  d'ha- 
bitation aux  étrangers.  » 

Le  jeune  homme  disait  à  Tapôtre  en  ver- 
sant des  larmes  abondantes:  «J'ai  péché  en- 
vers le  Dieu  que  tu  annonces  et  envers  toi , 
mais  écoute  ma  prière  :  car  tu  es  un  homme 
avant  deux  formes»  et  Ton  te  rencontre  là 
ou  lu  veux  être  rencontré,  et  tu  n'es  arrêté 
par.  personne,  comme  je  Je  vois  bien.  J'étais 
auprès  de  toi,  je  l'ai  aperçu«  cet  homme  qui 
te  parlait:  n  Par  loi,  »  disail-il»  «  j'ai  beau- 
coup de  miracles  à  faire  éclater,  beaucoup 
de  grandes  œuvres  à  accomplir,  dont  tu 
recevras  la  récompense;  tu  ressusciteras 
beaucoup  d'horgnes,  et  ils  demeureront 
dans  une  paix  «il  dans  une  lumière  éter- 
nelles, comme  des  enfants  de  Dieu.  Ainsi,» 
ajouln-t-il  en  parlant  do  moi,  «  ressuscite  ce 
jeune  homme  qui  a  été  frappé  par  l'ennemi, 
et  sois  son  a[)pui  en  toute  circonstance,  v 
Voilà  pourquoi  tu  es  heureusement  venu 
ici,  voilà  pourquoi  tu  retourneras  heureu- 
sement vers  celui  qui  ne  t'abandonne  jamais. 
Pour  moi,  jo  n'ai  plus  ni  crainte  ni  remords; 
car  il  m*a  éclairé  en  me  tirant  des  angoisses 
de  ta  nuit,  et  j'ai  retrouvé  le  repos,  et  je 
suis  délivré  du  jousc  de  celui  qui  m'avait 
excité  à  faire  le  mal.  J'avais  péché  contre 
celui  qui  m'av/iit  enseigné  le  bien.  Mainte- 
nant j'ai  laissé  aller  le  uls  des  ténèbres,  qui 
me  forçait  à  pécher  selon  ses  œuvrrs,  maisj'ai 
rencontré  Thomme  de  lumière  qui  est  mon 
frère.  J'ai  laissé  aller  celui  qui  obscurcit  et 
aveugle  ses  esclaves,  afin  qu'ils  ne  voient 
pas  ce  qu'ils  font,  qu'ils  se  couvrentde  honte 
à  leur  insu»  et  marchent  par  leurs  actions 
au  but  que  lui-même  a  marqué;  mais  j'ai 
trouvé  celui  dont  les  œuvres  ne  sont  que* 
lumière,  dont  les  actions  ne  sont  que  vérité» 
et  (]u'on  ne  se  repeni  jamais  d'avoir  suivi. 

(I09Ô)  Le  texte  porte  (JLoi9f;ç  qui  n  offre  aucun 
8em  :  nous  .ivuns  substitué  (jia6^TTi((djsrfp/e),*que 
seiubLui  indiquer  le  inouvement  de  la  pensée_<it 


Je  me  suis  éloigné  de  celui  qnî  ne  laisst 
après  lui  que  le  mrnsonge»  qui  préoUe  les 
hommes  et  les  guide  comme  une  ombre 
dans  les  ténèbres,  tandis  que  derrière  eux 
marche  l'opprobre  s'étalantavec  impuJenre 
dans  le  désœuvrement;  maisj'ai  trouvé  re- 
lui qui  fait  briller  à  mes  yeux  des  splcn« 
deurs  afin  que  je  les  possède,  le  fils  de  la 
vérité,  le  frère  de  la  concorde,  celoi  q-i 
dissipant  l'obscurité  illumine  sa  rréalorc, 
qui  guérit  les  blei^sures  et  anéantit  les  en- 
nemis des  siens.  Je  t'm  supplie,  homme  du 
Seigneur,  fais  que  je  voie,  uue  je  cont(vnpie 
de  nouveau  celui  qui  s'est  dérobé  à  mes  re- 

§ards,  fais  que  j'entende  encore  cette  voix 
ont  je  ne  puis  exprimer  les  merveilles,  car 
elle  n'est  pas  l'effet  de  cette  machine  toute 
corporelle,  n 

L'apôtre  lui  répondit:  «t  Si,  comme  la 
l'as  dit,  tu  as  perdu  la  conscience  des  ini- 
quités dont  tu  as  été  l'instrument,  et  si  ta 
connais  celui  qui  les  a  accomplies  en  toi,  lu 
deviendras  le  disciple  (1093)  docile  de  celai 
dont  l'amour  échauffe  ton  cœur  et  que  lu 
veux  aujourd'hui  contempler,  tu  le  verras, 
tu  seras  avec  lui  p«ur  réternité«tu  te  reposa* 
ras  dans  son  repos,  et  tu  feras  une  fiarlie  Je 
son  allégressp.  Mais  si  tu  n*as  pour  lui 
qu'un  zèle  pusillanime,  si  tu  retomi>es  dnnt 
tes  fautes  passées,  si  tu  perds  de  vue  celte 
imago  radieuse,  ce  visage  pur,  qui  mainte- 
nant s^offre  à  les  yeux,  si  tu  oublies  l'éclal 
resplendissant  de  celui  qui  est  en  ce  mo- 
ment l'objet  de  tes  désirs  ,  non-seulement 
tu  seras  privé  de  celte  vie,  mais  encore  de 
la  vie  future,  et  tu  retourneras  vers  celui 
que  tu  disais  avoir  pcrUu,  et  tu  ne  verras 
plus  celui  que  tu  disais  avoir  trouvé.  » 

Ayant  ainsi  parlé,  Tapôlre  se  dirigea  t 
vers  la  ville,  tenant  la  main  du  jeune  hoiunit', 
et  lui  disait  :  «  Ce  que  lu  as  vu,  mon  enfant, 
n'est  qu'une  faible  partie  des  innombrables 
merveilles  de  Dieu.  Car  ce  n'est  pas,  sur  cef 
objets  qui  frappent  nos  regards,  qu'il  nous 
évangélise;  if  nous  annonce  de  plus  grandes 
choses.  Tant  que  nous  sommes  dans  lesliens 
du  corps,  nous  ne  pouvons  dire  et  fairo 
voir  les  biens  qu'il  réserve  à  nos  Ames.  Si 
nous  disons  qu*il  nous  dispense  la  lumière, 
cela  est  visible,  et  nous  en  jouissons;  qu'il 
nous  donap  ia  richesse,  cela  est  aussi  réel  et 
sensible  en  ce  monde,  et  nous  pouvons  en 
parler  :  il  est  dit,  en  effet,  qu*un  riche  en- 
trera difficilement  dans  le  royaume  des 
cieux  (1094.).  S'agit-il  de  vêtements  splendi- 
des,  dont  se  couvrent  les  voluptueui  en 
cette  vie?  il  est  dît  également  que  ceux  qui 
portent  des  habits  efféminés,  sont  dans  le  pa- 
lais i\es  rois.  Des  festins  magnifique»?  Il 
nous  a  été  prescrit  de  nous  en  abstenir,  de 
peur  que  nos  cœurs  ne  soient  appesantis  |>ar 
la  gourmandise  et  l'ivrognerie,  et  par  les 
soucis  de  cette  vie  selon  cette  parole 
de  l'Evangile  :  Ne  soyex  point  en  ioufi 
pour  voire  âme^  de  ce  que  voue  nuÊmgeres  el 

la  siiuilliude  roalériclle  des  termes. 
(1094)  Cf.  Hatth.  xix,  i3;  Marc,  x,  Si. 


IW7 


THO 


PART.  IIL— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TIÎO 


\r% 


de  ce  que  vous  boirez;  ni  pour  votre  corpe^ 
de  ce  aue  vous  serez  vêtus  :  Tàme  nest-dle 
pus  plus  que  ia  nourriture^  et  le  corps  plus 
que  les  vêtements  (1095)  ?  £u6n»  est-il  ques- 
tion de  ce  repos  passager,  dont  nous  jouis- 
sons ici-bas?!!  a  élé  aussi  défini  et  jui^é. 
Hais  nous  voulons  parler  du  monde  d'en 
haut,  de  Dieu  et  de  ses  anges^  de  la  nourri- 
iure  éternelle»  des  vètemenls  qui  durent  et 
ne.  passent  pas,  de  toutes  ces  merveilles  que 
roêil  ne  voit  pas,  que  i*oreiile  n'entend  pas, 
que  l'Âme  des  pécheurs  ne  saurait  conce- 
voir, et  que  Dieu  prépare  pour  ceux  qui 
l'aiment.  Aie  donc  loi  en  lui,  toi  aussi,  mon 
enfant,  afin  de  vivre;  mets  ta  confiance  en 
lui,et  tu  ne  mourras  pas.  Car  il  est  insensi- 
ble aux  présents;  pourquoi  lui  en  oOrirais- 
tu?  Il  ne  demande  pas  de  sacrifices;  pour- 
quoi lui  sacrifierais-tu?  Mais  tourne  tes. re- 
gards vers  lui,  et  tes  yeux  ne  s'égareront 
pas;  car  sa  magnificence  et  sa  beauté  feront 
nattre  eti  toi  le  désir  de  l'aimer,  et  tu  ne 
consentiras  plus  à  te  détourner.  » 

Pendant  que  l'apôtre  parlait  à  ce  jeune 
homme,  une  foule  nombreuse  s'approchait. 
En  se  détournant,  il  les  vit  qui  montaient 
f  ourle  considérer,  et  se  dirigeaient  vers  les 
lieux  élevés.  Alors  il  leur  dit  :  «  Hommes, 
qui  êtes  venus  pour  l'assemblée  du  Christ, 
et  qui  voulez  croire  en  Jésus,  instruisez- 
vous  par  ce  qui  se  passe  ici,  et  réfléchissez. 
A  moins  de  vous  placer  sur  les  hauteurs, 
vous  ne  pouvez  me  voir,  moi,  infime  créa- 
ture, moi  qui  suis  semblable  à  vous.  Si  donc, 
vous  ne  pouvez  voir  votre  semblable,  à 
moins  de  vous  élever  un  peu  au-dessus  de 
la  terre,  celui-là,  qui  demeure  dans  les  ré- 
gions supérieures,  et  qui  maintenant  se 
trouve  dans  les  régions  souterraines,  com- 
ment pouvez-vous  le  voir,  si  d*abord  vous  ne 
vous  élevez  au-dessus  de  votre  vie  passée, 
des  actions  qui  vous  nuisent,  des  désirs  qui 
vous  troublent,  de  la  richesse  qu'il  faut  lais- 
ser ici-bas,  de  cette  demeure  qui  tombe  en 
ruine  dès  cette  vie,  de  ces  vêtements  qui 
sont  en  lambeaux,  de  celle  beauté  qui  vieil- 
lit et  disparait  ?  Que  dis-je?  au-dessus  de  ce 
corps  tout  entier,  en  vue  duquel  tous  ces 
faux  biens  sont  amassés,  de  ce  corps  qui, 
en  vieillissant,  devient  poussière,  retour- 
nant ainsi  en  sa  propre  nature?  Car  tous  ces 
faut  biens  n'élèvent  que  vos  corps,  et  non 
vos  esprits.  Ah  1  tournez-vous  plutôt  vers 
l'Homme  de  notre  cœur,  vers  Jésus-Christ, 
que  nous  vous  annonçons,  afin  que  votre  (1096) 
espérance  soit  en  lui,  et  que  vous  viviez  en 
lui  pendant  les  siècles  des  siècles,  afin  qu'il 
soit  pour  vous  un  compagnon  de  route  en  ce 
monde,  qu'il  vous  préserve  des  égarements, 
et  devienne  pour  vous  un  portconlre  lesagita- 
tionsde  la  mer.  Il  sera  pour  vous  une  source 
jaillissante  dans  cette  région  desséchée,  une 
oasis ferliledans  ce  pavs  de  famine,  un  refuge 
pour  vosâmes,  un  médecin  pourvus  corps. » 

En  écoutant  ces  paroles,  la  foule  asscm- 

(1095)  Matik.  VI,  25. 

(10116  Tlous  avons  subtt'tuë  ûpicijv  fyolré)  à  vip.cl)v, 
(«lofrtfXqui  nous  semblait  arrêter  renchatncnicnl  des 
idées. 


blée  pleurait,  et  elle  disait  à  l'afiôlre  :  «  Uo.ii- 
rae  de  Dieu,  de  ce  Dieu  que  tu  annonces, 
nous  n'osons  pas  dire  quu  nous  sommes  à 
lui,  parce  (|ue  les  actions  que  nous  avons 
faites  s*éloignent  trop  de  sa  nature,  pour 
lui  être  agréables;  mais,  sMI  s'attendrit  pour 
nous,  s'il  a  pitié  de  nous,  s'il  couvre  de  son 
pardon  nos  fautes   passées,  s*il  nous  tient 

auittes  des  péchés  que  nous  avons  commis 
ans  notre  égarement,  et  s'il  consent  à  no 
plus  nous  les  imputer,  s'il  oublie  nos  erreurs 
premières,  nous  deviendrons  ses  serviteurs, 
et  nous  accomplirons  sa  volonté.  »  L'apôtre 
leur  répondit  :  «  Il  ne  vous  reproche  pas  les 
fautes  que  vous  avez  commises  dans  votre 
égarement;  il  ferme  les  ^eux  sur  les  chutes 
que  vous  avez  faites  par  ignorance.  » 

L'apôtce  entra  dans  la  ville  suivi  de  toute 
la  foulé  ;  il  songeait  à  aller  chez  les  pareiils 
du  jeune  homme  qu'il  avait  ressuscité  :  car 
ceu!^-ci  l'avaient  supplié  d'entrer  dans  leur 
maison.  Tout  à  coup  une  femme  d'une 
grande  beauté  poussa  un  grand  cri  en  di- 
sant :  «  Apôtre  du  nouveau  Dieu,  toi  qui 
es  venu  dans  Tinde,  serviteur  de  ce  Dieu 
saint  et  seul  bon,  car  c'est  par  toi  qu'il  est 
annoncé  le  Sauveur  des  Ames  qui  viennent 
à  lui;  c*estpar  toi  qu'il  guérit  les  corps  de 
ceux  qui  sont  atteints  par  l'ennemi;  et  c'est 
toi  qui  es  la  cause  visible  de  toutes  les  con- 
versions qui  se  font  en  lui,  ordonne  qu'on 
me  conduise  en  ta  présence  pour  que  je  te 
raconte  ce  qui  m'est  arrivé,  et  que  de  toi 
me  vienne  1  espérance,  et  que  ceux  qui  t'ac- 
compagnent sentent  aussi  se  raffermir  leur 
espoir  en  ce  Dieu  que  tu  annonces.  Car  je 
SUIS  cruellement  tourmentée  par  l'ennemi , 
voilà  déjà  cinq  ans.  Avant  ce  temps ,  j'étais 
une  femme  vivant  dans  le  repos,  et  la  paix 
m'environnait  do  toutes  parts,  et  je  n'avais 
nul  souci  :  car  je  n'étais  préoccupéo  de  qui 
que  ce  fût  au  monde* 

^  Mais  il  arriva  qu'un  jour,  en  sortant  du 
bain,  je  vis  venir  à  moi  une  sorte  d'hommo 
plein  de  trouble  et  d*agitation.  Le  son  de  s.i 
voix  me  paraissait  être  sourd  et  çrAle  ;  et 
s'étant  placé  en  face  de  moi,  il  me  dit:  a  Moi 
et  toi  nous  allons  nous  confondre  dans  un 
seul  amour,  et  nous  nous  unirons  l'un  à 
l'autre,  comme  le  font  un  homme  et  une 
femme.  »  Et  moi  je  lui  répondis  :  «  Je  ne  me 
suis  pas  unie  à  mon  fiancé  (1097)  que  j'ai 
supplié  de  ne  pas  m'épouser;  quand  tu  veux 
t'unir  à  moi  par  une  espèce  dadultèro , 
comment  me  livrerai-je  à  toi  ?  »  Et,  en  di- 
sant cela,  je  m'éloignai  de  lui.  Et  je  dis  à 
ma  jeune  esclave  :  «  Tu  as  vu  ce  jeune  hom  • 
me  et  son  impudeur?  comment  a-t-il  pu 
sans  rougir  me  parler  avec  cette  liberté  ?  » 
Elle  me  répondit  :  «  Je  n*ai  vu  qu'un  vieil- 
lard qui  te  parlait.  »  Or,  commej'étais  dans 
ma  maison  après  mon  souper,  je  sentis  naî- 
tre un  soupçon  dans  mon  cœur,  en  rétlô- 
chissant  qu'il  m*était  apparu  sous  un  douhlo 
aspect.  Je  m'endormis  avec  cette  idée.  Et 

(1097)  Le  grec  porte  xc])  £p(i,3r:cj> ,  moi  qui  ne  ^a 
trouve  que  dans  le  Glossaire  de  Du  Cangii ,  où  il  u 
la  signiiicaiioo  que  nous  lui  donnons  Ici. 


iû:9 


DICTION'NAIRC  DES  APOCRTrilES. 


«  40 


luifétAnt  venu  cette  nuil-là,  s*unit  à  aïoi 
par  un  commerce  infâme.  Quand  il  fui  jonr, 
je  le  vis  etmesauvaj  loin  do  lui; mais,  proQ- 
tant  de  la  nuit  qui  est  propice  à  ses  œuvres, 
il  revenait  et  abusait  de  moi.  Et  aujourd'hui, 
telle  que  tu  me  vois,  voilé  cinq  ans  qua  je 
suis  tourmentée  par  lui,  et.qu'ii  ne  m'a  pas 

Ïr.iltée.  Or  je  sais  avec  certitude  oue  les 
émons,  les  esprits  et  le^  maudits  I  obéis- 
sent, et  qu'ils  deviennent  tremblants  devant 
tes  invocations.  Prie  donc  pour  moi ,  et 
chasse  de  moi  le  démon  qui  me  tourmente , 
afin  que  je  retrouve  ma  liberté,  que  je  ren- 
tre dans  ma  nature  primitive ,  et  aue  je 
jouisse  de  la  grfloe  accordée  h  mes  frères.  » 
Alors  Tapôlre  dit  :  «  O  perversité  insurmon- 
table! iu)pudeuce  du  démon I  èlre  nalfa^* 
sant,  qui  jamais  ne  se  lasse;  être  difforme, 
qui  subjugue  la  beauté  1  être  à  mille  formes! 
Il  se  montre  dans  l'état  qu'il  désire;  mais  sa 
nature  ne  saurait  changer.  Quelle  fourberie! 
quelle  ardeur  insatiable!  Arbre  amer,  qui 
porte  des  fruits  amers!  O  diable»  qui  lottes 
pour  ravir  le  bien  d'nutruil  O  mensonge, 
qui  as  recours  à  l'impudence!  Etre  dont  la 
méchanceté  rampe  comme  le  serpent,  et  qui 
^ui  ressembles  par  ta  nature,  n  A  peine  i  a- 
pôtre  avait-il  cessé  de  parler,  que  le  ma^ 
lin  esprit  apparut  et  se  plaga  devant  lui  ;  per- 
sonne ne  le  voyait  excepté  la  femme  et 
l'apôtre.  Mais  ayant  pris  une  voit  retentis- 
sante,ilditoes paroles,  que  tous  entendirent. 
«  Qu'y  a-t-il  entre  nous  et  toi,  apdtre  du 
Très-Hautî  Qu'y  a-l-jl  entre  nous  et  toi,  es- 
clave de  Jéaus-Cbrisl?  Qu'y  a-t-tl  entre 
nous  et  toi«  ministre  de  l'Ë^prit-Saint  f 
Pourquoi  veui-tu  nous  perdre  quand  notre 
heure  n'est  pas  encore  venue?  Pourquoi 
veux -tu  usurper  notre  puisàtanco  ?  Jus- 
qu'à ee  jour,  en  etfet,  nous  avions  droit 
d'espérer  encore  quelque  temps  de  répit. 
Qu'y  a-t-il  entre  nous  et  toi?  Tu  as  droit 
sur*^les  tiens»  Qt  nous  sur  les  nôtres.  Pour- 
quoi veux-tu  user  de  violence  à  notre  égard, 
toi  qui  enseignes  à  ne  pas  user  de  violence? 
Pourquoi  recherches-tu  les  choses  d'autrui  » 
comme  si  les  tiennes  propres  ne  te  sufGsaient 
point?  Pourquoi  imites-tu  le  Fils  de  Dieu, 
qui  nous  a  fait  du  mal?  Car  tu  es  entière- 
ment semblable  à  lui,  comme  s'il  t'avait  en- 
gendré. Nous  avions  songé  h  le  dompter, 
comme  le  reste  des  hommes;  mais,  s'etanl 
mis  en  garde ,  il  nous  a  soumis  à  sa  puis- 
sance. En  etfet,  nous  ne  le  connai.ssions  pas; 
il  nous  a  trompés  par  la  fi^^ure  qu*il  avait 

f)rise,  par  sa  pauvreté  et  sa  détresse.  Après 
'avoir  considéré,  nous  pensions  que  c'était 
un  homme  revôfu  de  chair,  et  nous  igno- 
rions que  c'est  lui  qui  donne  la  vie  aux 
hommes.  Il  nous  a  accordé  un  plein  (louvoir 
sur  les  créatures  qui  sont  nôtres»  et,  dans  les 
limites  de  ce  temps  où  nous sommes,il  nous 
a  permis  de  ne  pas  nous  en  dessaisir,  mais 
de  nous  faire  sentir  en  elles:  et  toi,  au  mé- 
pris de  nos  droits  et  en  dehors  de  ta  mission, 
tu  veux  nous  dominer  et  nous  vaincre.  « 

Ensuite  il  se  mit  à  pleurer,  en  disant  : 
«Je  t'abandonne,  ma  belle  compagne,  que 
j'ai  rencontrée  il  y  a  longtemps,  et  dans  la 


possession  de  qui  je  me  reposais;  je  te  laissa, 
ma  sœur  bien  aimée  et  fidèle,  eo  qui  i'aî 
pris  mon  bon  plaisir*.  Que  ferai-je?  je  ri. 
^  gnore;  qui  appeilerai-je  pour  me  servir  et 
me  venger?  Je  sais  ce  que  je  ferai;  je 
[partirai  pour  un  pays  où  la  renomoi/^^ 
do  cet  homme  n'est  pas  parvenue»  et  )è, 
peut-être,  je  pourrai,  è  ta  place,  retroiiv<»r 
une  compagne  •bien-aimée.  »*Puis,  élevant 
la  voix,  il  continua  :'«  Demeure  en  (leit, 
puisque  tu  as  trouvé  un  refu^^e  auprès  d'un 
plus  puissant  que  moi;  mais  comme  je  l'ai 
dit,  je  m'en  irai,  et  jVn  chercherai  une  au- 
tre qui  te  ressemble,  et,  si  je  n'en  trouve 
pas,  je  reviendra  pour  moi.  Car,  je  saisqu'pn 
demeurant  auprès  de  cet  homme  tu  trouves 
en  lui  un  refuge;  mais,  lui  parti,  (a  seras 
telle  que  lu  étais  avant  sou  arrivée;  tu  lui 
deviendras  inconnue,  et  en  même  temps  qoe 
l'occasion  reviendra,  pour  moi  la  liberté; 
aujourd'hui ,  je  redoute  le  nom  de  cel  li  qui 
t'a  délivrée.  »  Ayant  dit  ces  paroles,  le<i^ 
mon  disparut.  A  l'endroit  même  où  il  venait 
de  disparaître ,  r»e  vil  une  flamme  et  de  la 
fumée,  et  tous  ceux  qui  étaient  venus  là  L- 
rent  frappés  de  crainte. 

L'apôtre  voyant  ces  choses  dit  :  t  11  n'y 
a  rien  de  surprenant  ni  d'étrange  dans  te 
spectacle  que  vous  présente  le  démon;  mAÎ^ 
i-l  8  montré  sa  nature,  Télémentdans  Icqu  I 
il  sera  brûlé;  en  effet  le  feu  ranéanlira,  et 
la  fumée  du  feu  se  dissipera  dans  les  airs.  • 
Ensuite  il  commença  à  firier:  «  Jt^sus-Chrisi, 
mystère  impénétrabU^  qui  m'as  été  révélé; 
c'ciï  toi  qui  m'as  dévoilé  d'innombr?li!es 
mystères;  c'est  toi  qui,  me  distinguant  ei.tra 
tous  mes  compagnons,  m*as  contié  trois  ;>a- 
rôles  qui  me  brûlent  et  que  ie  ne  puis  redire 
h  d'autres  :  Jésus-Christ,  nomme  crudtié, 
mort,  enseveli;  Jésus,  Dieu  né  d'un  Dieu, 
notre  Sauveur,  toi  qui  ressuscites  les  morts  e{ 

aui  guéris  les  malades  ;  Jésus,  toi  qui  manques 
e  tout  et  qui  pour  sauver  k*s  antres  ne 
manques  de  rien  ;  toi  qui  pêches  les  poissons 
pour  noire  dîner  et  notre  souper,  et  qui, 
avec  un  seul  pain,  rassasies  tonte  la  muiti* 
tudc;  Jésus,  toi  qui,  comme  homme,  te  re- 
poses des  fatigues  du  voyage,  el»  comme 
Dieu;  te  promènes  sur  les  flots. 

«  Jésus  Très-Haut,  voix  née  fies  entrailles 
les  plus  miséricordieuses.  Sauveur  de  tous 
les  hommes,  droite  de  ia  lumière,  qui  con- 
f(mds  le  malin  dans  sa  propre  nature,  et 
circonscris  sa  puissance  daiii  un  seul  lieu; 
toi  qui  es  un  être  unique,  et  l'afné  d'un 
peuple  de  frères;  Dieu  né  du  Dieu  Très- 
Haut,  et  cependant  homme  naguère  ettoure 
méprisé;  Jésus-Christ,  toi  qui  ne  détournes 
pas  les  yeux  quand  nous  t'invoquons;  loi  qui 
t'es  donné  en  exemple  à  tous  par  ta  vie 
terrestre;  toi  qui,  pour  l'amour  de  nous,  e5 
plongé  par  des  juges  dans  une  prison ,  et 
qui  délivres  tous  les  prisonniers;  toi  qu'on 
appelle  un  vagabond  errant,  et  qui  retires 
les  tiens  de  Terreur;  Jésus,  je  te  prie  pout 
ceux  qui  sont  ici,  et  qui  te  prient  'ctti* 
mêmes  et  qgi  croient  eu  loi  :  ils  te  pritui, 
en  effet,  de  leur  accorder  tes  grâces,  pleins 
d'espérance  en  ton  appui ,  et  certains  û^^^ 


1041 


THO 


PART.  III.  —  LEGEIlDfiS  fil  FEAGM ËNTS. 


TIIO 


mi 


tenir  ton  secours  de  ta  granJeur  mfiuie.  Us 
ourrent  leurs  oreilles  pour  entendre  les  dis- 
cours <jui  sortent  de  notre  bouche.  Que  ta 
paix  vienne  et  habite  en  eux,  afin  quMIs 
soient  purifiés  de  leurs  fautes  passées,  nùa 
qu'ils  aépouillent  le  vieil  homme  avec  ses 
œuvres,  et  qu*ils  revêtent  Thoninie  nouveau, 
celnlque  je  leur  annonce  à  cette  heure.  » 

Et  leur  ayant  imposé  les  mains,  il  les 
bénit  en  disant  :  «  La  grAcede  Nolro-Seigneur 
Jésus-Christ  soit  avec  vous  jusqu'à  la  fin  des 
siècles.  )»  Et  ils  répondirent  :  «  Amen.  • 
Alors  la  femme  le  supplia  en  disant  :  «  Apd* 
tre  du  Très-Haut|  aonne-moi  le  signe  du 
saiut  (1098],  afln  que  Tennemi  ne  revienne 
pas  en  moi.  d  L'apôtre  la  fil  approcher  de 
lui,  et  lui  ayant  imposé  les  mains,  il  la  mar* 
quadu  sceau  divin  au  nom  du  Père,  et  du 
Fils,  el  du  Saint-£sprit.Beaucoupd'autres  en- 
core furent  marquesdu  sceau  en  même  temps 
qu*elle.  L'apAtre  ordonna  à  son  diacre  d'ap- 
prêter une  table,  et  on  apporta  un  banc  qui  se 
trouvait  là.  Ayant  déplié  une  nappe  sur  ce 
banc,  il  y  plaça  le  pain  de  bénédiction.  Puis, 
5*en  étant  approché,  il  dit  :  «  Jésus-Christ, 
Fils  de  Dieu,  qui  nous  as  jugés  dignes  de 
prendre  part  à  TEucharislie  do  ton  corps 
saint  et  de  ton  sang  précieux,  vois,  nous 
osons  célébrt;r  celte  Eucharistie  et  invoquer 
ton  saint  oom  :  viens  et  communique-toi  à 
nous.  » 

Il  ajouta  :  «  Viens,  miséricorde  parfaite; 
viens,  dispeilsatrice  de  la  mâle  vertu;  viens, 
toi  qui  sais  les  mystères  de  Télu  ;  viens,  toi 
q  li  partages  tous  les  combats  ,de  l'athlète 
généreux;  viens,  silence  oui  révèles  les 
merveilles  de  la  grandeur  infinie;  viens,  toi 
qui  dévoiles  les  choses  cachées  et  découvres 
les  choses  secrètes,  sainte  colombe  qui  en- 
gendres les  frères  jumeaux:  viens,  mère 
niytérieuse,  nui  te  manifestes  dans  tes  œu- 
vres, et  i^ui  donnes  la  joie  et  la  pait  à  ceux 
qui  s'unissent  à  toi;  viens,  et  communique- 
toi  à  nous  dans  cette  Eucharistie  que  nous 
célébrons  en  ton  nom,  et  dans  cette  agape 
qui  nous  rassemble  sous  ton  invocation.  » 
Ayant  ainsi  parlé,  il  traça  sur  le  pain  le  signe 
de  la  croix,  et  l'ayant  rompu,  il  commença  à 
le  distribuer.  Il  en  donna  d  abord  à  la  femme, 
en  disant  :  «  Reçois  ceci  pour  la  rémission 
de  tes  péchés  et  le  rachat  de  tes  fautes  d'ici- 
bas  (1099).  »  Ensuite  il  en  donna  à  tous  ceux 
qui  avaient  reçu  le  si^ne  de  la  bénédiction. 

Or  il  y  avait  là  un  jeune  homme  qui  avait 
commis  une  action  criminelle  :  s*élanl  ap- 
proché de  ra|)6tre,  il  prit  avec  sa  bouche  le 
pain  de  TEucliaristie:  car  ses  mains  venaient 
d'être  subitement  desséchées,  au  point  qu'il 
ne  pouvait  les  porter  à  ses  lèvres.  Les  assis- 

(i098)  Le  texte  porte  Tf]v  <j^pail^.  Evidemment, 
il  ft*agU  encore  toi  de  la  eonllrmation ,  et  non  du 
Itaptéme.  La  cérémonie  qui*va  suivre  offre  tous  h  s 
caracières  de  celle  qui  a  été  décrite  »u  chapitre 
XXVI.  La  démoniaque  demande  que  Ventiimi  m 
Tfvienne  pa$  en  elle ,  el  Tapôlro  invoque  encore  le 
principe  de  («)rce  (i\  xoiviuvta  toû  àppi^^).  Cette 
femme  éiaii  clirélieiuie  depuis  cinq  ans. 

(i099^  Etç  Xiitpov  alcuvîwv  àjjLapttiiJLitwv ,  «lil  l^ 
Icxie.  Pour  péué'ver  dans  la  pensée  de  Taiittur,  il 


tants,  ayant  vu  cela,  en  instruisirent  TapA- 
tre.  Celui-ci,  ayant  appelé  le  jeune  horamts 
lui  dit  :  «  Dis-inoi,  mon  enfant,  et  parle  sans 
crainte;  qu*as-tu  fait,  et  comment  en  es-tu 
venu  là?  car  TEucharistie  du  Seigneur  vient 
de  t'accuser.  En  effet,  ce  bienfait,  qui  se  ré- 
pand sur  un  grand  nombre,  guérit  surtout 
ceux  qui  s*en  approchent  avec  la  foi  et  Ta- 
raour;  pour  toi»  il  t*a  paralysé,  et  cela  ne 
s*est  pas  fait  sans  quelque  influence,  h  Le 
jeune  homme,  convaincu  par  I  Eucharistie 
du  Seigneur,  s'étant  avancé,  tomba  aux  pieds 
de  fapôlre,  et  le  pria  en  disant  :  «  J'ai  fait 
une  action  mauvaise,  mais  Je  croyais  en  faire 
une  bonne.  Je  m*étais  épris  d'une  femme 
qui  habitait  hors  de  la  ville,  dans  une  hôtel* 
lerie;  elle  aussi  m*aimait.  Or  je  t'avais  en- 
tendu parler,  et  j'avais  eu  foi  dans  le  Dieu 
vivant  que  tu  .annonces;  je  m'étais  approché, 
et  j'avais  reçu  de  toi  le  signe  du  salut  avec 
les  autres.  Et  tu  disais  :  «  Quiconque  aura 
contracté  une  liaison  impure,  surtout  en 
état  d'adultère,  oeiu|-là  ne  vivra  pas  au[)rès 
du  Dieu  que  j'annonce.  »  Gomme  j'aimais 
violemment  cette  femme,  je  la  suppliais  et 
lui  conseillais  d'habiter  avec  moi,  et  d'adop- 
ter cette  vie  chaste  et  pure  que  lu  recom- 
mandes. Elle  ne  le  voulait  pas.  Alors  je  pris 
une  épée  et  je  la  tuai,  cnr  je  né  pouvais  la 
voir  se  livrer  à  un  autre.  » 

Ayant  entendu  ces  paroles,  l'apôtre  dit  : 
K  O  commerce  insensé,  à  quel  excès  d'im- 
pudence ne  te  portes-tu  pas?  O  concupis- 
cence invincible,  comment  as-tu  poussé  cet 
homme  à  a^ir  ainsi?  O  œuvre  du  serpent, 
avec  quelle  fureur  tu  t'acharnes  sur  les 
tiens  1»  Puis  il  commanda  qu'on  lui  apportât 
de  l'eau  dans  un  bassin.  L'eau  ayant  été  ap- 
portée, il  dit  :  «  Viens,  eau  des  eaux  éter« 
nelles^étre  des  êtres,  qui  nous  a  éii  an- 
noncé; viens,  source  de  repos  qui  nous  a  étu 
promise,  puissance  du  salut,  émanation  de 
cette  autre  puissance  qui  triomphe  de  tout  et 
soumet  tout  à  sa  volonté;  viens  et  habite 
dans  cette  eau-ci,  afin  que  la  grâce  de  l'Es- 
prit-Saint  s'accomplisse  complètement  en 
elle.  »  Et  il  dit  au  jeune  homme  :  «  Va,  lava 
tes  mains  dans  cette  eau.  >»  Et  celui-ci  ayant 
obéi,  ses  mains  furent  guéries.  Et  l'apôtre 
lui  dit  :  «  Crois-tu  en  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ  el  en  sa  toute-puissance?  »  Il  répon- 
dit :  «  Quoique  je  sois  bien  infime,  j'y  crois. 
Mais  j'avais  aj^i  ainsi,  croyant  bien  agir; 
ainsi  que  je  l'ai  dit,  j  avais  prié  cette  femme, 
et  elle  n'a*pas  voulu  consentir  à  se  con.^erver 
pure.  » 

L'apôtre  lui  dit  :  «  Retournons  dans  l'hô- 
tellerie, où  tu  as  commis  cette  action,  et 
voyons  ce  qui  est  arrivé.  »  Le  jeune  homme 

nous  a  fallu  forcer  un  peu  le  aens  du  mot  atévtoç. 
Uoe  autre  interprétaliou  s^étail  d*abord  préseuiée  à 
notre  esprit.  Il  nous  avait  semblé  que  ataiviov,  Juini 
à  ryapàmu}\UL ,  pouvait  prendre  le  sens  de  qut  eii- 
traine  une  peine  éternelle ,  pichi  mortel  ttit  conse- 
il ueni.  Les  fautes  vénielles  Sont  remUee  (tt;  Sçftftv 
Àoapticûv)  ;  les  péchés  mortels  soni  raclieiés  (cic 
XvTpov).  liais  p^t-élre  l'explication  éiait-elk  un 
peu  tubtile. 


lOiS 


BlCTIONNÀiRE  DES  .VPOCRYPHES' 


lo:l 


précédait  Tapotre  pour  lut  montrer  le  che- 
luio.  Et  ^uand  ils  turent  arrivés  dans  l'hô- 
tellerie, ils  trouvèrent  la  femme  étendue. 
Ûapôtre ,  à  cette  vue,  fut  consterné,  car 
c'était  une  belle  jeune  fille,  et  il  ordonna 
qu'on  la  portât  au  milieu  de  Tbôtellerie. 
Ceux  qui  étaient  là,  l'ayant  placée  sur  un 
lit,  l'emportèrent  et  la  déposèrent  au  milieu 
de  la  cour  de  rh6tellerie.  Alors  l'apôtre  posa 
sa  main  sur  elle  ,  et  commença  à  parler  : 
«  Jésus,  toi  qui  te  manifestes  à  nous  en  tout 
lieu  (car  iu  veux  que  nous  te  trouvions 
partout),  tu  nous  as  permis  de  demander  et 
de  recevoir,  et  non-seulement  tu  nous  as 
enseignés  à  te  prier,  toi  qui  es  toujours  pré- 
sent aux  yeux  de  l'esprit,  toi  dont  la  forme 
nous  échappe,  mais  que  tes  œuvres  font  as- 
sez voir;  oui,  nous  te  connaissons,  dans  la 
mesure  de  notre  faiblesse,  par  tes  actions 
sans  nombre,  et  toi-même,  dans  ta  bonté 
intjnie,  tu  nous  donnes  accès  dans  ta  maison 
en  disant  :  Demandez^  et  il  vous  sera  donné; 
cherchez^elvous  trouverez;  frappez^  et  ilvous 
sera  ouvert  (tlOO).  Nous  te  prions  donc  avec 
la  conscience  de  nos  péchés  ;  nous  ne  te  de- 
mandons ni  or,  ni  argent,  ni  domaine,  ni 
aucune  de  ces  choses  qui  viennent  de  la  terre 
et  y  retournent,  mais  ce  que  nous  tedeman- 
dons  avec  instance,  c'est  que  par  ton  saint 
nom  et  ta  toule-puissance  tu  ressuscites  cette 
femme  en  vue  de  la  croyance  et  de  la  foi  des 
assistants.  » 

Ayant  fait  cette  prière,  il  marqua  le 
jeune  homme  du  signe  de  la  croix,  et  lui  dit: 
c  Va,  et  prenant  la  main  de  celte  femme, 
dis-lui  :  «  C'est  de  mes  mains  que  je  t'ai 
tuée  par  le  fer;  c'est  avec  mes  mains  et  par 
ma  foi  en  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  que 
je  te  ressusciterai. »Le  jeune  homme  s'élant 
avancé  se  tint  debout  auprès  de  la  morte,  en 
disant  :  a  J'ai  eu  fi)ien  toi,  Jésus-Christ.  »  £t 
tournant  les  yeux  sur  Tapôlre  Jude  Tho- 
mas, il  ajouta  :  <t  Prie  pour  moi,  afin  que  le 
Seigneur,  que  j'invoque  de  mon  côté,  me 
vienne  en  aide.  »  Puis  avant  placé  sa  main 
sur  celle  de  la  femme,  il  dit  :  «  Viens,  Sei- 
gneur Jésus*Christ,  et  donne-nous,  à  elle 
la  vie,  è  moi  les  arrhes  de  ta  confiance.  » 
Et  aussitôt  qu'il  eut  tiré  à  lui  la  main  de  la 
morte,  elle  bondit  et  se  tint  assise,  attachant 
ses  regards  sur  la  foule  qui  était  là.  Elle  vit 
aussi  l'apôtre  qui  était  vis  à-vis  d'elle,  et 
s'élançant  hors  de  sou  lit,  elle  tomba  à  ses 
pieds,  et  s'attacha  à  ses  vêlements  en di* 
sant  :  «  Dis-moi,  maître,  où  est  cet  autre 
qui  t'assiste  dans  tes  œuvres,  celui  qui  n'a 
pas  permis  que  je  restasse  dans  ce  lieu  ter- 
rible et  dangereux,  mais  qui  m'a  livrée  à  toi, 
en  disant  :  «  Prends-la  sous  ta  garde,  afin 
qu'elle  soitsanclifiée,  et  qu'ensuite  elle  soit 
ramenée  en  son  séjour  primitif?  »  Or  l'apôlre 
dit  à  la  femme  :  «  Dis-mous  en  quel  lieu  tu 
t'es  trouvée.  »  Elle  répondit  :  «  Ainsi,  toi 
qui  me  protèges,  toi  à  qui  j'ai  été  confiée  » 

niOO)  MaXih,  VII,  7. 

(itOl)   Nous  donnons  la   traduction  exacte  de 
cette  phrase  d'après  le  leile  tiue  nous  avons  sous 


lu  veux  bien  m*entendre?  »  Pais  elle  coin* 
mença  à  parler  :  «  Un  homme  se  saisit  de 
moi;  il  avait  une  figure  repoussante,  élaiten- 
tièrement  noir,  et  ses  vêtements  étaient  mi- 
sérables. Il  me  conduisit  dans  un  lieu  où  se 
trouvaient  plusieurs  gouffres;  il  s'en  échap- 
pait des  odeurs  fétides  jet  des  exhalaisons 
pernicieuses.  Il  me  forçait  à  me  pencher 
sur  chaque  gouffre.  Dans  l'un  je  ?is  un  ar- 
dent brasier,  et  des  cercles  de  feu  y  tour- 
naient, et  dans  ces  cercles  des  âmes  étaient 
suspendues,  se  heurtant  les  unes  contre  les 
autres;  on  y  entendait  bien  des  cris  et  des 
hurlements;  mais  il  n'vaTait  personnepour 
les  délivrer.  Alors  cet  nomme  me  dit  :  <  Ces 
Ames  sont  de  la  même  race  que  toi;  elles 
ont  été  condamnées  ausupplice  et  à  l'anéan- 
tissement pour  un  temps  prescrit;  alors 
d'autres  seront  amenées*  à  leur  place,  qui 
seront  elles-rodmes  remplacées  à  leur  tour. 
Ce  sont  les  ftmes  de  ceux  qui  ont  troublé 
l'union  de  l'homme  et  de  la  feorme.  »  Et 
ayant  de  nouveau  regardé,  jn  vis  des  enfants 
nouyeau-nés  entasses  les  uns  sur  les  autres, 
se  débattant  les  uns  contre  les  autres  ;  ils 
étaient  placés  auprès  d'eux.  Avant  repris  la 
parole  ,  il  me  dit  :  «  Ces  enfants  sont  les 
leurs,  et  ils  ont  été  placés  là  pour  témoi- 
gner contre  eux.  » 

Ensuite  il  m'emporta  vers  un  autre  ^f- 
fre,  et  m'étant.  penchée ,  je  vis  s'onvnr  un 
amas  de  fan^e  et  de  vermine ,  et  les  flmes 
qui  s'y  roulaient,  et  j'entendis  un  immense 
grincement  de  dents  qui  venait  d'elles  et 
montait  jusqu'à  moi.  Et  l'homme  me  dit  : 
«  Ces  Ames  sont  celles  des  femmes  qui  ont 
abandonné  leurs  maris;  et  se  sont  souillées 
par  l'adultère ,  et  c'est  pour  cela  qu'elles 
ont  été  précipitées  dans  ces  tourments.  » 
Ensuite  il  me  montra  un  autre  gouffre,  et 
m'étant  penchée,  je  vis  des  Ames  qui  étaient 
pendues ,  les  unes  par  la  langue,  les  autres 
par  les  cheveux,  d'autres  par  les  mains, 
d'autres  enfin  par  les  pieds  la  tète  en  bas  ; 
elles  exhalaient  de  la  fumée  et  du  soufre. 
L'homme  qui  était  avec  moi,  me  dit  alors  : 
tf  Ces  Ames  suspendues.par  la  langue  sont 
celles  des  calomniateurs,  qui  ont  tenu  des 
discours  mensongers  et  honteux  (iiOl),  ont 
vécu  sous  l'impudence,  marchant  çà  et  là 
tète  nue  dans  le  monde.  Les  Ames  suspen- 
dues par  les  mains  sont  celles  qui  ont  ravi 
et  dérobé  le  bien  d'autrui,  n'ont  jamais  rien 
donné  à  des  conditions  équitables,  et  nesont 

f)as  venues  en  aide  aux  opprimés;  mais  el- 
es  agissaient  ainsi  pour  tout  accaparer,  et 
ne  prenaient  nul  souci  de  la  justice  et  de  la 
loi.  Les  Ames  suspendues  par  les  pieds  sont 
celles  qui,  dans  leur  folie  et  leur  emporte- 
ment, se  sont  précipitées  dans  les  voies  de 
la  dépravation  et  du  désordre,  ne  visitant, 
pas  les  malades,  n'accompagnant  pas  ceut 
qui  sortaient  de  la  vie.  Ainsi  chacune  de 
ces  Ames  est  traitée  selon  ses  œuvres.  » 
a  Puis,  m'ayant  emmenée  encore.  Il  m^ 

les  yeux  •  mais  il  est  facile  de  voir  qu'il  y  a  benne  ; 
c  Les  Ames  suspendues  par  les  cheveu^  tout  c«llei 
qui  oui  vécu  dans  rimpudeoce,  i  etc. 


1045 


THO 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGATENTS. 


TUO 


1045 


monira  une  caverne  tout  è  fait  ténébreuse» 
d*où  sortait  une  odeur  infecte;  un  grand 
nombre  d*Aaies  se  penchaient  en  deiiors 
pour  aspirer  un  peu  d*air;  mais  les  gar* 
diens  ne  leur  permettaient  pas  de  se  pen- 
cher. Celui  qui  était  avec  moi»  me  dit: 
«  Ceci  est  la  prison  des  ftnies  que  tu  as 
▼ues;  car  lorsqu'elles  ont  subi  leur  peine» 
chacune  suivant  ses  iniquités,  elles  sont  rem* 
placées  par  d'autres,  et  sont  livrées  à  de 
nouveaux  châtiments  :  quelques-unes»  pour- 
tant» se  consument  entièrem^^nt  dans  le 
DJÔine  lieu.  » 

•  Les  panliens  de  cette  sombre  caverne 
dirent  à  rbomme  qui  s*était  emjiaré  de  moi: 
«  Livrez-nous  cette  femme»  pour  que  nous 
la  réunissions  aux  autres  jusqu'à  l'heure 
où  elle  devra  être  livrée  à  son  châtiment.» 
Mais  il  leur  répondit  :  «  Non,  je  ne  vous  la  li- 
vre pas»  parce  que  je  cntins  celui  qui  me 
Ta  remise.    £n  effet,  je  n'ai  pas  regu  Tor^ 
dre  de  la  laisser  ici  ;  mais  je  1  emporte  avec 
moi  jusqu'à  ce  que  je  reçoive  un  ordre 
qui  décide  de  son  sort.  y>  Et  m*ayant  saisie, 
il  me  transporta  dans  un  autre  endroit,  où 
se  trouvaient  des  hommes  soumis  à  des 
tourments  amers.  C'est  alors  que  celui  qui 
le  ressemble  m'a  prise  à  son  tour,  et  m'a 
remise  entre  tes  mains  en  disant  :  «  Prends- 
la  »  car  c'est  une  des  brebis  qui  sont  égarées.  » 
Et  après  avoir  été  prise  par  toi»  je  suis  en 
ta  présence.  Fais  par  tes  prières  que  je  ne 
retourne  plus  dans  ces  lieux  de  torture  que 
je  viens  de  voir.  »  Alors  l'apôtre  dit  à   la 
fnule  assemblée  :  «  Vous  avez  entendu,  mes 
frères,  ce  qu'a  raconté  cette  femme.  Ces  châ- 
timents ^ne   sont  pas   les  seuls;  il  y  en  a 
d'autres  encore  pires.  Si  vous  ne  vous  tour- 
nez pas  vers  le  Dieu  que  j'annonce,  si  vous 
ne  renoncez  pas  à  vos  œuvres  passées  et  »ux 
actions  que  vous  avez  faites  sans  connais- 
sance» vous  trouverez  votre  fin  dans  ces 
châtiments.  Ayez  donc  foi  en  Notre-S^signeur 
Jésus-Christ;  dès  aujourd'hui  il  vous  remet 
les  péchés  que  vous  avez  commis  jusqu'à 
présent,  et  un  jour  il  vous  purifiera  de  tou- 
tes les  convoitises  corporelles  qui  restent 
sur  la  terre»  et  il  vous  guérira  de  tou- 
tes les  erreurs  qui  vous  suivent,  vous  ac- 
compagnent ou  vous  précèdent  ici -bas.  Or» 
que  chacun  de  vous  dépouille  le  vieil  hom- 
me ,  et  revête  le  nouveau.  Laissez  là  vos 
anciennes  voies  et  votre  conduite  passée. 
Que  les  voleurs  ne  volent  plus,  mais  aulls 
gagnent  leur  pain  par  leur  travail  et  leurs 
sueurs;  que  les  débauchés  ne  se  livrent 
plus  k  la  débauche»  de  peur  de  se  livrer 
d'eux-mêmes  aux  châtiments  éternels;  car 
la  débauche  est  de  tous  les  maux  le  plus 
désagréable  à  Dieu.  Renoncez  à  l'avarice» 
au  mensonge»  à   l'ivrognerie,  à  la  calom- 
nie, à  rendre  le  mal  pour  le  mal;  car  toutes 
ces  choses  sont  contraires  et  antipathiques 
au  Dieu  que  j'annonce.  Mais  vivez  dans  la 
foi»  dans  la  douceur,  dnns  la  sainteté  et  dans 
l'espérance,  qui  sont  la  joie  de  Dieu,  afin  de 
devenir  ses  enfants  et  de  rei'.evoir  les  bien- 


• 

faits  qu'il  ne  donne  qu'à  un  petit  nombre.  » 
Tout  le  peuple  eut  donc  foi,  et  ils  mon^ 
trèrent  une  âme  docile  au  Dieu  vivant  et 
à  Jésus-Christ,  mettant  leur  joie  dans  ses 
œuvres  bénies  et  dans  le  saint     ministère 
que  l'apôtre  exerçait  en  son  nom.  Ils  lui 
apportaient  beaucoup  d'argent  pour  le  sou- 
lagement des  veuves;  car  il  v  en  avait   un 
grand  nombre  rassemblées  clans  les  villes, 
et  il  leur  envoyait  à  toutes,  par  l'entre- 
mise de  ses  serviteurs»  les  choses  nécessai- 
res» vêtements  et  nourriture..  Mais  il  ne 
cessait  pas  d'évangéliser;  il  leur  disait  et 
leur   montrait  que  Jésus -Christ  est  bien 
celui  qu'ont  prophétisé  les  Ecritures,  an- 
nonçant qu'il  viendra,  sera  crucifié  et  res- 
suscitera le  troisième  jour  d'entre  les  morts. 
11  les  instruisait»  et  leur  expliquait,  en  re- 
montant aux  prophètes»  tout  ce  qui  louche 
Jésus-Christ»  prouvant  qu'il  fallait  qu'il  vint 
et  qu'en  lui  s  accomplissent  toutes  les  pré- 
dictions dont  il  avait  été  le  sujet.  La  re- 
nommée de  l'apôtre  s'étendit  dans  toutes  les 
villes  et  dans  toutes  les  contrées;  et  tous 
ceux  qui  avaient  dans  leur  famille  des  ma- 
lades ou  des  démoniaques»  les  lui  amenaient» 
et  il  les  guérissait;  et  ceux  qu'on  plaçait 
sur   la  route*  où  il  devait   passer»  il  les 
guérissait  aussi  par  la  puissance  du  Sei- 
gneur. Alors  tous  ceux  qu'il  avait  guéris 
disaient  d'un  cœup  unanime  et  avec  une 
seule  voix.  «Gloire  à  toi,  Jésus,  qui  donnes 
à  tous  également  la  guérison  par  Thomas» 
ton  serviteur  et  ton  apôtre  I  Revenus  à  la 
santé  et  à  la  joie»  nous  te  demandons  la 
grâce  de  faire  partie  de  ton  troupeau»  et 
d'être  comptés  parmis  tes  brebis.  Accueille-^ 
nous  donc»  Seigneur,  et  ne  nous  impute' 
pas  les  chutes  et  les  fautes  que  nous  avons 
faites»  lorsque  nous  étions  dans  l'ignorance.» 
Et  l'apôtre  dit  :  «  Gloire  au  Fils  unique 
du  Père»  à  l'atné  de  tant  de  frères  I  Gloire 
à  toi»  défenseur  et  soutien  de  ceux  qui  vien- 
nent se  réfugier  en  toit  à  toi  qui  veilles 
éternellement  pour  éveiller  ceux  qui  sont 
(ii\ns  le  sommeil»  qui  vis  pour  rendre  la 
vie  à  ceux  qui  sont  couchés  dans  la  mori; 
Dieu,  Jésus-Christ»  Fils  du  Dieu  vivant» 
notre  libérateur  et  notre  appui»  refuge  et 
repos  de  tous  ceux  qui  souffrent  pour  te 
servir»  consolateur  de  ceux  qui,  pour  la 
gloire  de  ton  nom,  supportent  le  poids  du 
jour  et  la  gelée  de  la  nuit;  nous  te  remer- 
cions des  grâces  dont  lu  nous  as  comblés, 
de  l'assistance  que  tu  nous  as  prêtée  dans 
ton  amour,  et  du  don  que  tu  nous  as  fait  de 
toi,  en  venant  en  nous. 

«  Accomplis  donc  jusqu'à  la  fin  tes  des** 
seins  en  nous,  afin  que  nous  trouvions  no- 
tre assurance  en  toi;  abaisse  les  yeux  sur 
nous  :  car  pour  toi  nous  avons  quitté  notre 
patrie»  pour  toi  nous  sommes  devenus  des 
étrangers  en  tout  lieu,  et  cela  sans  regret 
ni  déplaisir.  Abaisse  les  veux  sur  nous,  et 
traite-nous  selon  tes  miséricordes,  afin  que 
tous  nos  péchés  nous  soient  pardonnes  c* 
que  nous  puissions  jouir  de  la  gloire.  « 


mi 


DICTIONNAIRE  DfiS  APOCUTPHES. 


lois 


TITE. 


Il  existe  sous  le  nom  du  jurisconsulte 
Zénar,  des  Actes  apocryphes  ue  la  passion 
de  saint  Tite.  Us  sont  cités  dans  les  Menées 
des  Grecs,  ad  23  August,:  dans  le  recueil 
des  Boliandistes,  Acla  55.,  ad  k  Januar.y  et 
dans  le  Catalogus  sanctorum  de  Pierre  de 
Nataiibus.  (vu,  108.) 

M.  Amédée  Fleury  en  parle  (Saint  Paul 
et  Sénique,  t.  II,  p.  29}  et  ne  les  regarde 
pas  comme  fort  aulérieurs  au  xi*  siècle.  Us 
n'ont  pas  encore  été  publiés.  Nous  men- 
tionnons, d*après  ce  savant,  ce  que  Pierre 
de  Nataiibus  en  a  extrait  au  sujet  de  la  pré* 
tendue  conversion  de  Pline  le  Jeune;  il  en 
résulte  que  saint  Tite,  pendant  qu'il  était 
évègue  de  Crète,  passait  un  jour  devant  un 
tenûTyile  que  faisait  construire,  par  ordre  de 
Tempereur,  le  proconsul  Secundus  (c*est-à- 
dire  Pline  le  Jeune)  pour  être  dédié  à  Ju- 
piter; ce  temple,  sur  une  parole  de  malé- 
diction prononcée  par  le  saint  évèque,  s'é- 
croula aussitôt.  Le  proconsul  étant  venu  lui 
demander  la  raison  d'un  pareil  fait,  Tite  lui 
répondit  qu'il  pouvaitfaire  reprendre  la  cons- 
truction, mais  à  la  condition  que  le  temple 
serait  dédié  au  Dieu  des  Chrétiens  et  non 


1)lus  à  Jupiter.  Moyennant  cette  condition, 
a  construction   du  temple  fut  reprise  et 
achevée.  Frappé  d*un  tel  mirncle,  SecuDdus 
se  convertit  et  reçut  le  baptême  avec  s<*a • 
Gis. 

La  ChronitpAe  apocryphe  de  Deiter  con- 
firme  ce  récit.  [Ad  ann,  220,  i  3,  éd.  Bivar, 
Lyon,  1620,  p.  270.)  Voici  la  traduction  de 
ce  qu'elle  renferme  k  cet  égard  : 

«  L'évèque  Tite  avait  converti  à  la  foi 
Pline  le  Jeune  lorsqu'il  se  rendit  de  la  Bj- 
thinie  dans  l'île  de  Crète,  où  il  fut  chargé 

f>ar  Trajnn  de  faire  construire  un  temple  en 
*honneur  de  Jupiter.  11  y  a  des  auteurs  qui 
riensent  que  Pline  mourut  martyr  à  C6me 
e  7  août.  » 

Mais,  ainsi  que  lefont  remarquer  les  Bol- 
landistes  {ad  kJanuar.)^  le  Secundu$^  martyr 
à  C/)me,  dont  l'Eglise  célèbre  la  fête  le  7 
août,  était  un  soldat  de  la  légion  Ihébaioe, 
et  le  prétendu  martyre  de  Pline  ne  saurait 
trouver  de  partisans,  quoiqu'il  soit  égale» 
meut  indiqué  dans  les  Adver$aria  A\i  soi* 
disant  Luilprand,  édités  en  16^0,  et  sortant 
de  la  même  fabrique  que  le  prétendu  Dex* 
ter. 


TOBIE. 

(Livre  de  Tobie.) 


Il  existe  du  Livre  de  Tobie  un  texte  hé- 
breu (1102),  édité  par  Fagins  et  qui  présente 
des  différences  avec  le  texte  canonique;  on 
y  remarque  quelques  circonstances  nourel- 
les  ;  ce  telle  a  été  inséré  avec  une  traduction 
latine  dans  le  tome  IV,  p.  35-63  de  la  Bible 
polyglotte  publiée  à  Londres  par  Walton, 
165S^1658,  8  vol.  in-folio;  nous  en  mettrons 
ici  une  version  française  : 

CHAPITRE  PREMIER. 

C'est  le  livre  de  Tobie,  fils  d'Hananeel,  fils 
de  Gabriel,  de  la  race  d'Ascbel,  de  la  tribu 
de  Nephtali,  qui  fut  amené  captif  avec  lés 
habitants  delà  terre  de  Nephtali. Salmanazar, 

(1102)  Citons  k  cet  égard  une  indicalion  que 
fournit  M.  Caben.  1^  manuscrit  de  la  bibliolhèqite 
Saint-Germain  des  Prés,  iv  236  (aujourd'hui  fii- 
)iliothé<|ue  iiiipétiale)  renferme  une  version  per- 
sane, en  caractères  hébreux,  de  diverses  livris 
apocryphes.  CVst  d*abord  une  histoire  de  Toliie, 
racontée  d*une  manière  fort  différente  de  celle  de 
nos  bibles;  on  y  reron<  ait  la  ver>ion  littérale 
d*iiii  texte  hébreu  rabbinique  dent  on  ne  lonnalt 
ni  Tauteur,  ni  l*ige  et  qui.  publié  en  i54i  avec  une 
version  latine  par  Seb.  Munster,  a  été  reproduil 
dans  la  Polyglotte  de  Londres,  i.  IV,  avec  un  autre 
texte  fort  différent  donné  par  F^gius. 

On  trouve  ensuite  :  4'  Vhhioire  de  Judith^  éga- 
lement traduite  de  Thébreu,  sur  un  texte  qui  a  été 
buhlié  à  Venise  sans  indication  d*annéc,  mai-^  pro- 
bablement vers  la  fin  du  xm*  siècle.  (K09.  le  catalo- 
gue de  la  bil»liotlièque  d'Oppenheimer,  p.  659.)  11  a 
eié  réimprimé  àFurch  en  Bavière»  tu  1784.  Cette 
seconde  édition  est  parlaitcinti.t  d*a(  coid  avec  la 


roi  d*Assyrie,  Temmena  captif  arec  tous  les 
habitants  de  la  Galilée.  Moi,  Tobie,  je  che- 
minai tous  les  jours  de  ma  rie  dans  la  justice 
et  dans  la  vérité.  Et  je  rendis  de  granJs 
services  à  tous  mes  frères,  à  mon  pf*up!e  et 
à  tous  ceux  qui  étaient  en  exil  et  qui  avaient 
été  emmenés  captifs  avec  moi.  Lorsque  j'é- 
tais en  ma  maison,  dans  la  terre  dlsrsèt, 
j*étais  fort  jeune,  et  toutes  les  personnes  Je 
la  maison  de  mon  père,  appartenant  è  la 
tribu  de  Nephtali,  avaient  cessé  d*aller  A  ta 
maison  de  David  qui  était  dans  la  ville  sainte 
de  Jértisalem  que  le  Seigneur  avait  chol^d 
parmi  toutes  les  tribut  d'Israël.  Et  il  or- 
donna aux  fils  dlsraël  de  lui  immoler  en  ce 

version  persane,  excepté  dans  quelques  endroits  où 
le  traducieur  persan  a  mal  lu  le  texte  bébrru  Cf 
texte  est  assez  moderne  ;  il  n*y  a  pas  de  doute  qo'il 
n'ait  été  fait  par  un  Juif  d'Europe,  d'après  te  tene 
de  la  VuL'ate,  quoiqu  il  en  diffère  rn  plusii-urs  en- 
dr<  ils  ;  2*  VHntoire  de  Bel  et  du  Dragon  qai  doit 
avoir  une  source  analogue  ^  cel'e  de  rbi»loi<e  «!< 
Judith.  La  seule  rédaction  connue  parmi  lesJuiIi 
est  celle  qu'on  trouve  dans  le  livre  de  Jo»ipp<t» . 
mais  elle  ne  ressemble  point  à  la  \ersion  p^ruwi 
qui  s'accorde  beaucoup  mieux  avec  tes  textes  (trfc 
et  latin,  quoiqu'elle  en  diffère  en  plasieun^  passage*. 
La  verhiou  persane  ea  qui  aKx>nde  d'hébraîsacs,  m 
peut  dériver  que  d'une  version  hébraïque  q«*M 
rabbin  d'Eurofie  aura  faite  sur  U  Bible  grecqecot 
latiue;  5*  V Histoire  apocryphe  dee  Machakéee;  C*^ 
une  version  littérale  du  ltrr«  ifin/tocAM  primitivr* 
ment  écrit  en  langue  chahlaïque  et  depuis  ira^oil 
en  hébreu.  L  original  cbaldaii|tte  existe  en  loaiios 
crii,  la  virsion  hébraïque  a  M  imprimée* 


1049 


TOB 


PART,  ni.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TOB 


1030 


lieo  des  sacrifices  pacifiques.  Et  il  sanctifîa 
)e  temple  aa  nom  du  Seigneur  des  armées 
atio  que  son  nom  y  habitftt  dans  les  siècles 
et  k  perpétuité.  Toutes  les  tribus  d*lsraël 
avAient  abandonné  le  Seigneur,  et  elles  ado* 
mient  Baat  et  des  idoles  exécrables,  et  c*est 
ne  que  faisait  aussi.la  tribu  de  Nephtaii  (1 103). 
Moi  seul  j'adorais  le  Seigneur,  et  je  rne  ren- 
(laisà  Jérusalem  trois  fois  dans  Tannée,  ainsi 
que  la  loi  de  Moïse  l'a  prescrit  à  jamais.  £t 
fûbseryais  les  préceptes  relatifs  aut  premiers 
fruits,  aux  dîmes  et  aux  prémices  des  toi-* 
suns,  que  je  donnais  aux  prêtres,  filsd*Aa<* 
ron(llM).  Je  donnais  les  premières  dtmes 
aux  fils  de  Lévi,  habitant  à  Jérusalem,  qui  se 
tenaient  devant  l0  Seigneur,  afin  de  le  servir 
et  de  bénir  en  son  nom.  Je  vendais  les  se- 
condes dîmes»  eten  ayant  reçu  l'argent  je  mon* 
tais  h  Jérusalem,  où  je  le  dépensais  pour  cha- 
que chose  que  désirait  mon  Ame,  et  j'agissais 
ainsi  chaque  année.  J'employais  les  troisiè- 
mes dtmes  k  restaurer  la  maison,  ainsi  que 
me  Pavait  recommandé  Débora,  la  mère  de 
mon  père.  Car  j*étais  demeuré  orphelin  de 
mon  père  et  de  ma  mère.  Quand  je  fus  arrivé 
à  Page  viril  9  je  pris- une  femme,  nommée 
Hanna,  qui  uiisait  partie  de  la  maison  de 
mon  père;  et  elle  engendra  un  fils  auquel  je 
donnai  le  nom  de  Tobie.  Et  lorsque  nous 
fûmes  conduits  captifs  à  Ninive,  il  arriva 
que  tous  mes  frères  et  la  maison  de  mon 
père  mangèrent  le  pain  des  gentils.  Mais 
moi,  je  veillais  avec  vigilance  a  no  pas  être 
souillé  par  les  aliments  et  le  pain  des  gentils. 
Car  je  chérissais  le  Seigneur  de  tout  mon 
cœur  et  de  toute  mon  Âme.  Et  le  Sei^jneur 
Dieu  me  donna  de  trouver  grâce  et  miséri- 
corde aux  yeux  du  roi  Salmanazar.  11  m'éta- 
blit l'intendant  de  tous  ses  domaines,  de 
sorte  que  ie  pus  parcourir  tons  ses  Etats  et 
la  terre  de  Médian,  où  je  laissai  en  dépôt 
chez  Abiel,  fils  de  Gabriel,  la  somme  de  dix 
talents  d*argent. 

Le  roi  Salmanazar  étant  mort,  Sanherib, 
son  fils,  régna  è  sa  place:  ce  fut  un  homme 
méchant,  dur  et  de  mœurs  corrompues,  et 
par  suite  de  la  crainte  qu'il  inspirait,  je  ne 
pus  retourner  dans  la  terre  de  Médian.  Pen-- 
danl  le  rè^ne  de  Salmanazar,  je  rendis  de 
grands  services  è  tous  les  frères  :  car  je  dis- 
tribuai mon  pain  parmi  ceux  qui  avaient 
faim  et  je  vêlis  ceui  qui  étaient  nus;  lors- 
qu'un Israélite  était  mort,  on  le  jetait  au 
delà  du  mur  sans  Tensevelir,  car  tel  était 
.  Tordredu  roi  ;  moi,  je  faisais  bonne  garde,  et 
foules  les  fois  que  je  voyais  .un  cadavre, 
j'allais  dans  la  nuit  et  je  l'ensevelissais. 
Quand  Sanherib  revint  avec  ignominie  de 
l'attaque  qu*il  avait  entreprise  contre  Jéru- 
salem, il  fit,  dans  ses  accès  de  fureur,  périr 
un  (^raod  nombre  d'Israélites  (1105),  et  je 
les  ensevelis  en  secret  et  en  cachette.  Et 
quelque  temps  après,  le  roi  s'informa  des 
cadavres  de  ceux  qu*il  avait  fait  mettre  k 

(llr.3)  Tous  \e<  hommes  de  ta  tribu  de  NephuH 
off'3ieiit   (les    sacrifices    et   des  holoc^usies   aux 
veaux  d'or  que  Jéroboam,  fils  de  iNa*:ot,  rui  dldfacl 
aNûi  élevés  à  Betbel  et  à  Dan. 


mort,  et  comme  on  ne  les  trouvait  pas,  un 
des  habitants  de  )9inive  répondit  au  roi  et 
dit  :  «  Tobie  a  enseveli  les  morts.  >»  Le  roi, 
ayant  appris  cela,  voulut  me  faire  mourir,  et 
je  m'échappai  en  secret.  Lorsqu'on  annonça 
au  roi  que  je  m'élais  enfui,  il  ordonna  do 
confisquer  tous  mes  biens,  de  sorte  qu'il  ne 
me  resta  rien,  si  ce  n'est  Hanna,  ma  fem- 
me, et  Tobie.  mon  fils.  Je  restai  caché  pen- 
dant quinze  jours,  après  les(|uels  Adramalech 
et  Sarrazar,  fils  de  Sanherib,  se  levèrent  et 
tuèrent  leur  père,  et  se  sauvèrent  ensuite 
flans  le  pays  d'Arnral.  Et  Esarhaddon,  fils  de 
Sanherib,  Végna  h  sa  place,  et  il  établit  mon 
frère  Aharon,  fils  d'Hananeel,  gouverneur 
de  tous  ses  Etals,  et  celui-ci  introduisait  et 
congédiait  les  jçens  d'auprès  du  roi.  El  mon 
frère  Aharon  intercéda  pour  moi  auprès  du 
roi,  pour  que  je  pusse  revenir  a  Ninive.  El 
mon  frère  Aharon  était  échanson  du  roi, 
préposé  à  la  carde  de  son  sceau  et  à  la  ré- 
ception des  tributs  tl  aux  registres  des  dé- 
iienses  et  des  recettes.  Et  le  roi  Esarhadon, 
ils  de  Sanherib,  commnnda  à  mon  frère 
Aharon  de  me  rendre  ma  maison  ma  femme 
Hanna  et  mon  fils  Tobie. 

CHAPITRE  IL 

A  la  fête  des  Tabernacles,  je  donnai  un 

f;rand  festin,  et  lorsaue  j'étais  assis  à  table» 
e  dis  à  mon  fils  Tobie  :  «  Mon  fils,  sors  et 
vois  si  tu  trouves  par  hasard  quelqu'un  de 
nos  frères,  et  amène-le  afin  qu'il  mange  avec 
nous.  Hflte-toi  et  ne  tarde  point,  je  t'auen- 
drai.  y»  Et  il  sortit  et  revint  bientôt,  en  di- 
sant :  a  Mon  père,  il  y  a  un  des  fils  d'Israël 
qui  glt  mort  dans  la  campagne.  >  Et  quand 
j  entendis  ces  mots,  nulle  nourriture  n'entra 
dans  ma  bouche,  mais  je  me  levai  et  je  portai 
le  cadavre  en  ma  maison  afin  qu'il  y  resiAt 
jusqu'à  ce  que  le  soleil  fût  couché.  Ensuite 
je  lavai  mes  mains  et  je  mangeai  mon  pain 
avec  tristesse  et  en  gémissant.  Et  lorsque, 
ce  même  soir,  j'eus  creusé  une  fosse  et  que 
j'eus  enseveli  ce  mort,  mes  voisins  me  rail- 
laient, disant  :  «  Voici  cet  homme  qui  a  été 
forcé  de  se  sauver,  parce  qu'il  ensevelissait 
les  morts,  et  à  peine  est-il  revenu  qu'il  re- 
commence à  leur  donner  la  sépulture,  et  il 
ne  craint  point  que,  si  le  roi  l'apprend,  il  ne 
lofasse  périr.  )>  Mais  moi,  sans  me  laisser 
émouvoir  de  ce  qu'ils  disaient,  j'ensevelis  le 
mort  et  je  ne  rentrai  point  dans  ma  maison 
parce  que  j'étais  souillé.  Et  je  dormis  hors 
de  mon  vestibule,  me  couchant  contre  le 
mur,  le  visa?;e  découvert.  J'ignorais  qu'une 
hirondelle  avait  fait  son  nid  sur  ce  mur,  et 
ayant  ouvert  les  yeux,  les  petits  oiseaux 
laissèrent  tomber  leur  fiente  qui  tomba  dans 
mes  yeux  et  les  troubla  aussitôt  tellement 
que  je  fus  dans  l'impossibilité  de  vuir  da- 
vantage. Et  quoique  beaucoup  de  médecins 
vinssent  pour  me  guérir,  je  ne  rencontrai 
aucun  remède  qui  me  rendit  la  vue.  Mon 

(1104)  Fmroent,  vin  nouveau,  huile,  figues,  gr»- 
Dalles  et  tous  tes  f ru  ils  de  i:i  terre. 

(1105)  Ecraser  les  eufauls,  éventrcr  les  feiimics 
enceintes. 


1051 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


1161 


frère  Ab«ron  me  persuada  enfln  de  me  rendre 
eo  Allemagne  (1106)»  où  mon  épouse  tra- 
vaillai! pour  les  femmes  ei  recevait  le  salaire 
de  ses  travaux.  1!  arriva  un  jour  qu'on  lui 
donna  en  payement  un  chevreau?  et  quand 
elle  Peut  amené  et  qu'il  commença  à  bêler, 
je  dis  :  «x  D*où  vient  ce  chevreau  ;  peut-être 
a-t-il  été  volé;  rends-le  à  son  maître ,  car  il 
ne  faut  pas  que  nous  fassions  notre  nourri- 
ture d'un  objet  volé.  »  Et  elle  me  répondit  : 
«  Mon  Seigneur  vit  (1106^). Personne  ne  sait 
que  tu  as  fait  de  grandes  aumônes  pendant 
tous  les  jours  de  la  vie,  et  cependant  tous  les 
bienfaits  que  tu  as  distribués  ne  te  servent 
de  rien.  Tu  restes  dans  les  ténèbres^  n*ayant 
rien  et  ne  jouissant  d'aucun  bien,  h 

CHAPITRE  III. 

Quand  j'entendis  ce  qu'elle  disait,  mes 
entrailles  furent  émues,  et  je  commençai  à 
pleurer  amèrement  et  à  dire  :  «  Tu  es  juste. 
Seigneur»  et  tes  jugements  sont  justes,  ainsi 
que  toutes  tes  voies  qui  sont  la  justice  et  la 
vérité:  tu  juges  avec  équité  et  vérité  tous 
ceux  qui  viennent  en  ce  monde.  Souviens- 
toi  do  luoi,  Seigneur,  et  du  haut  de  fa  de- 
meure, jette  les  yeux  sur  ton  serviteur.  Ne 
te  souviens  pas  de  mes  péchés  et  des  péchés 
de  mes  pères.  Nous  avons  beaucoup  péché 
contre  toi,  et  nous  nous  sommes  écartés  de 
tes  préceptes.  Tu  nous  a  abandonnés  au 
mépris  des  nations,  h  la  captivité,  et  tu  nous 
a  laissés  devenir  une  fable   pour  tous  les 

{>euples  de  la  terre  parmi  lesquels  tu  nous  a 
étés.  Agis  maintenant  selon  ta  grande  mi- 
séricorde et  regarde-nous  du  haut  de  ta  de- 
meure. Ne  nous  traite  pas  selon  nosiniquités 
et  selon  les  iniquités  de  nos  pères;  nous 
n'avons  pas  marché  en  ta  présence  selon  la 
vérité.  Mes  iniquités  se  sont  emparées  de 
moi  et  je  ne  peux  plus  voir,  ce  qui  me 
plonge  dans  une  grande  ignominie.  Traite- 
moi  selon  l'abondance  de  tes  miséricordes 
et  reprends  mon  flme,  car  la  miséricorde  est 
meilleure  que  la  vie.  Car  je  suis  fatigué 
d'entendre  les  opprobres  des  hommes,  le  te 
prie  donc  de  m'appeler  auprès  de  mes  pères, 
dans  l'habiiation  réservée  k  tout  vivant.  Ne 
cache  pas,  je  t'en  prie,  ton  visage  de  devant 
moi  et  ne  détourne  pas  tes  yeux  de  ma 
prière.  » 

Il  arriva  en  même  temps  oue  de  grandes 
afflictions  frappèrent  Sara,  fllle  de  Raguel, 
dans  la  terreae  Médian,  car  ayant  été  donnée 
en  mariage  h  un  homme,  la  première  nuit, 
avant  qu'il  n'approchât  d'elle,  il  périt. 
Satan,  qu'on  appel  le  Asmodée,  était  avec  elle 
(1107),  étouffant  les  hommes  oui  voulaient 
approcher  d'elle,  et  il  arriva  qu  elle  eut  suc- 
cessivement sept  maris  qui  moururent  tous. 
Et  Sara  ayant  eu  une  querelle  avec  les  ser- 
vantes dans  la  maison  de  son  père,  elles  se 
mirent  k  lui  faire  des  reproches,  disant  : 
<c  Ne  rougis-tu  pas  et  n*as-tu  pas  de  honte, 
car  tes  parents  t  ont  donnée  k  sept  maris,  et 

(1106)  In  Alemanh;  sel  n  lu  version  des  Sep- 
tante, in  Elymaida, 
(I1U6M  Formule  do  lerment  en  usage  chez  Ici 


lu  les  as  étouffés  (oust  Qu*7  a-t-ti  àoùf. 
d'étonnant  k  ce  que  tu  nous  chàtiesainsi  ?  Il 
est  évident  que  tu  mourras  sans  avoir  de  fis 
ni  de  fille.  »  Sara,  ayant  entendu  ces  paroles 
fut  enflammée  de  courroux  et  elle  fut  «ai-it 
d'un  chagrin  si  violent  qu'elle  avait  le  tié>ir 
de  s'étrangler,  et  elle  l'aurait  fait  si  elle 
n'avait  pas  eu  cette  pensée  :  «  Si  j*agis  ainsi, 
je  connu  irai  au  sépulcre  la  vieillesse  de 
mon  père  et  de  ma  mère,  en  les  accablant 
de  douleur.  »  Et  elle  se  retira  et  se  prosterna 
devant  sa  fenêtre,  priant  et  disant:  <  Que 
le  Seigneur  notre  Dieu  soit  béni,  et  que  son 
nom  puissant  et  redoutable  soitt>éoî,  main* 
tenant  et  dans  tous  les  siècles.  Que  tous  tts 
ouvrages  te  louent.  Seigneur,  et  que  toute 
chair  te  groriiie.  Seigneur,  mes  yeux  sont 
tournés  vers  toi  ;  reçois  mon  âme  par  ud 
effet  de  ta  bonté  et  ôte-la  de  ce  monde,  r^r 
je  suis  accablée  de  maux,  et  je  suis  deveooe 
un  sujet  d'opprobre  et  de  raillerie  dans  la 
bouche  de  tous  les  vivants.  Est-ce  queles  se- 
crets des  cœurs  et  des  reins  ne  sont  pas  mani- 
lestés  devant  toi  ?  Tu  sais  que  je  suis  pure 
de  toute  tache  et  de  tout  commerce  avec  les 
hommes  ;  je  n'ai  pas  souillé  mon  nom  ni  !e 
nom  de  mes  parents  dans  la  terre  de  notre 
exil.  Je  suis  la  Qlle  unique  de  mon  père,  et 
il  n'y  a  pas  d'héritier  qui  lui  succède;  je 
n]ai  point  de  frère,  et  tes  frères  de  mon  père 
n'ont  point  de  Qls,  et  il  n'a  point  de  lareot 
qui  puisse  être  pour  son  âme  un  sujet  df: 
consolation  J'ai  été  donnée  en  mariage  à 
sept  hommes,  qui  tous  sont  morts,  aussi  n'y 
en  aura-t-il  plus  qui  veuille  m'épouser.  Ja 
te  prie.  Seigneur,  par  ton  nom;  qu'il  te  pla  ^e 
de  me  faire  périr,  me  délivrant  ainsi  daoi 
la  multitude  de  tes  miséricordes,  de  Tof)- 
probre  que  je  redoute.  nEt  sa  prière  monta  en 
même  temps  que  celle  de  Tobie,  en  pré- 
sence de  notre  Père  céleste.  Et  Diea  eut 
pitié  d'eux,  et  il  ordonna  k  Raphaël,  son 
ange,  de  guérir  les  yeux  de  Tobie  et  de 
donner  en  mariage  Sara,  Glle  de  Raguel,  à 
Tobie,  Qls  de  Tobie,  en  chassant  Saua 
loin  d'elle,  car  Tobie  était  son  parent. 

Et  k  la  même  heure,  Tobie  ayant  fini  sa 
prière,  rentra  en  sa  maison,  et  SaradescrO'iit 
de  l'appartement  dans  lequel  elle  avait  prié. 

CHAPITRE  IV. 

• 

Le  même  jour,  Tobie  se  souvint  du  dé}  iM 
qu'il  avait  fait  dans  la  maison  d'Ahîel  dans 
la  terre  de  Médian,  et  il  pensa  ainsi  en  Im 
même  :  <  J'ai  prié  le  Seigneur  et  je  lui  ai 
demandé  de  mourir;  pourquoi  n'appellerai- 
je  pas  mon  fils  Tobie,  et  pourquoi  ne  1  a 
donnerai-je  pas  des  instructions  au  sujet  «io 
cet  argent  avant  de  mourir  ?»  Et  ayant  fan 
appeler  son  fils,  il  lui  dit  :  «  Lorsque  je  srrM 
mort,  ensevelis -moi  aussitôt  et  honore  u 
mère  tous  les  jours  de  ta  vie.  Ne  détourne 
pas  d'elle  tes  yeux,  mais  fais  tout  ce  qu*e..f 
Voudra  et  demandera.  Ne  soi5  pas  fâcheui 
pour  elle;  souviens-toi  de  tout  ce  qu'elle  a 

Hébreu  K. 
(iiU7)  Asmodée,  pnoce  des  démoBf. 


iosi 


TOB 


PARf .  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS, 


TOB 


10:4 


souffert  pour  toi,  et  de  toutes  les  douleurs 
qu'elle  a  ressenties,  lorsqu'elle  te  portait  en 
son  sein.  Lorsqu'elle  sera  tuortf,  place-la 
dans  le  même  lombeau  que  moi.  Souviens- 
toi  tous  les  jours  de  ta  vie  du'  Seigneur 
notre  Dieu,  afin  de  ne  pas  nécher;  ne  délaisse 
point  ses  voies  et  n'oublie  point  ses  pré- 
ceptes. Fais  ce  qui  est  juste  tout  le  temps 
que  tu  vivras.  Ne  pèche  pas  et  ne  marche 
lioint  dans  la  voie  des  hommes  méchants, 
mais  que  la  vérité  soit  avec  toi,  alors  tu 
rendras  tes  voies  prospères  et  tu  agiras  avec 
prudence.  Mon  fils,  consacre  à  des  aumônes 
tout  ce  que  tu  possèdes.  Ne  détourne  pas 
tes  yeux  du  pauvre  et  du  malheureux,  de 
peur  que  le  Seigneur  ne  se  détourne  au5^i 
de  toi.  Si  tu- as  de  grands  biens,  que  (es  aur 
mônes  soient  considérables;  si  tû  possèdes 
peu,  que  ta  main  donne  toutefois.  Tu  te 
créeras  ainsi  un  trésor  qui  te  sera  utile 
dans  les  moments  de  tribulation.  L'aumône 
délivre  de  la  mort  et  protège  ceux  qui  l'ont 
faite,  et  elle  délivre  de  la  condamnation  de 
la  géhenne.  Une  grande  et  ample  récom- 
pense est  accordée  devant  Djeu  à  ceux  qui 
s'appliquentàTaumône.  Mon  fils, abstiens-toi 
de  toute  inconduite;  prends  une  femme 
dans  ma  famille,  dans  la  maison  démon  père. 
Ne  là  prends  pa$dans|une  autre  tribu,  caries 
anciens  prophètes  comme  Noé,  Abraham, 
Isaac  et  Jacob,  nos  pères,  ont  tous  pris  leurs 
femmes  parmi  les  tilles  de  leurs  frères,  de  là 
leurs  fils  ont  été  bénis  et  leur  postérité  pos- 
sédera la  terre;  mon  fils,  aime  ton  procnain 
comme  toi-même,  et  ne  fais  pas  d'affront  à 
tes  frères,  les  fils  de  ton  peuple,  ou  plutôt 
prends  une  épouse  parmi  eux.  Le  faste  pré- 
cède l'aliaissemcnl  et  l'orgueil  de  l'âme 
marche  avant  la  ruine.  C'est  à  cause  de  la 
vanité  de  l'Ame  que  la  pauvreté  et  la  honte 
sont  venues  en  ce  monde,  et  la  honte  est  la 
mère  de  la  faim.  Mon  fils,  que  le  salaire  de 
celui  qui  aura  travaillé  (jour  toi  ne  [>asse  pas 
la  nuit  en  ta  main,  mais  donne-le  lui  dans 
le  jour  même  où  il  aura  travaillé  pour  toi, 
et  il  arrivera  ainsi  aue  Dieu  t'accordera  de 
suite  tout  ceque  tu  demanderas.  Ecoute  mes 
paroles,  mon  fils,  et  fais-y  attention.  Ne  te 
souviens  pas  des  injures  et  n'en  tire  pas 
vengeance.  Sois  modéré  en  toutes  tes  voies. 
Ne  bois  jamais  jusqu*à  t'enivrer  et  n'aie  pas 
de  rapport  avec  les  gens  livrés  à  l'intempé- 
rance. Donne  ton  pain  k  celui  qui  a  faim  ; 
babille  ceux  oui  sont  nus.  Fais  en  toutes 
circonstances  l'aumône,  et  fais-la  de  bon 
ec£ur.  N'écoute  jamais  les  mauvais  conseils 
des  impies,  et  ne  néglige  pas  le  conseil  des 
hommes  sages  et  prudents.  Ne  méprise  pas 
un  bon  avis.  Loue  et  glorifie  en  tout  temps 
ton  créateur.  Tourne  tes  voies  vers  Dieu, 
et  espère  en  lui;  il  le  secondera  et  rendra 
tes  voies  prospères,  car  il  n'y  a  ni  sagesse, 
ni  prudence,  niconseil  en  opposition  à  Dieu. 
Il  élève  qui  il  veut;  il  abaisse  qui  il  veut. 
Observe  ce  que  je  te  dis,  mon  fils,  et  accom- 
plis mes  préceptes:  qu'ils  ne  sortent  jamais 
de  ton  esprit;  attache->les  plutôt  à  ton  cou  et 
joins-les  à  la  table  de  ton  cœur;  c'est  ainsi 
que  tu  trouveras  grâce,  louange  et  bonne 


renommée  en  présence  de  Dieu  et  des 
hommes.  Apprends  aussi,  mon  fils,  aue  j'ai 
déposé  de  l'argent  dans  la  maison  a'Abiel, 
fils  de  Gabriel,  dans  la  terre  de  Médian,  à 
savoir  dix  talents  d'argent.  Ne  t'inquiète  pas, 
mon  fils,  de  ce  que  nos  ressources  sont  di- 
minuées et  de  ce  que  notre  main  a  perdu  de 
sa  force,  mais  fie-tof  au  Seigneur  de  tout  ton 
cœur,  fais  ce  qui  lui  plaît,  évite  tout  péché 
et  toute  iniquité,  et  rien  ne  te  manquera.  » 

CHAPITRE  V. 

Tobie,  ayant  entendu  ces  paroles,  répon- 
dit :  «  Mon  père,  j*exécuterai^  avec  fidélité 
tout  ce  que  tu  me  recommandes.  Mais 
comment  pourrai-je  recevoir  de  l'argent  d'un 
homme  que  je  ne  connais  point  et  qui  m'est 
inconnu?  »  Alors  son  père  lui  donna  aussi 
le  billet  signé  par  Abiel,  disant  :  «Montre- 
lui  cet  écrit,  et  il  te  remettra  l'argent. 
Hftte-ioi,  mon  fils,  va  et  cherche  un  homme 
qui  t'accompagne,  et  auquel  nous  donne- 
rons une  rémunération  ;  peut-être  à  ton  re- 
tour, serai-je  encore  vivant,  s  Et  le  fils,  ayant 
reçu  de  l'argent  en  sa  main,  alla  sur  la  place 

f publique  pour  chercher  un  homme  qui  vou- 
ût  aller  avec  lui.  Et  voici  que  l'ange  Ra- 
phaël ,  ayant  pris  la  figure  d'un  homme,  se 
tint  devant  lui,  et  Tobie  s'approcha,  et  lui 
dit  :  «  Mon  frère,  as-tu  fait  le  vojrage  du 
pays  de  Médian  ?»  Et  l'ange  répondit  :  «  Je 
l'ai  fait.  »  Tobie  dit  alors  :  t  Est-ce  que  tu 
connais  bien  le  chemin  ?  »  Et  il  répondit  : 
«  Je  le  connais,  ainsi  que  la  maison  d'Abiei 
où  j'ai  passé  la  nuit.  »  Tobie,  l'a j;ant  entendu 
parler  ainsi,  dit  ;  «  Attends-moi  ici  un  mo- 
ment, jusou'à  ce  que  j'aie  été  parler  à  nion 
\\ère.»  Et  lange  répondit  :«Je  t'attendrai.  » 
Alors  Tobie  alla  vers  son  père,  et  lui  dit  : 
«  Mon  père,  j*ai  trouvé  un  jeune  homme 
qui  ;a  souvent  fait  le  voyage  que  je  vais  en- 
treprendre. »  Le  père  lui  dit  :  «  Amène-le 
ici,  afin  que  je  sache  en  quel  lieu  il  est  né, 
et  s'il  est  digne  que  je  te  confie  à  lui.  »  Et 
aussitôt  il  rappela  en  sa  maison,  et  après 
des  salutations  réciproques,  Tobie  dit  : 
«Mon  frère,  de  quelle  tribu  ou  de  quelle 
famille  es-tu  J  »  VA  l'ange  répondit  :  «  Cher- 
ches-tu un  mercenaire  qui  accompagne  ton 
fils,  ou  bien  t'informes-tu  des  familles  et 
des  tribus  ?  »  Tobie  répliqua  :  «  Je  désire 
savoir  ton  nom  et  la  famille  de  ton  père.  » 
Alors  l'ange  répondit  :  «Je  suis  de  la  famille 
d'Hananie,  fils  du  grand  Azarias,  et  mon 
nom  est  Azarias.  »  Tobie  répondit  :  «  Voilà 
qui  est  bien;  ne  te  fâche  pas  si  je  t'ai  inter- 
rogé à  l'égard  de  ta  l'amille.  Je  sais  mainte* 
nant  que  tu  es  notre  parent,  et  que  tu  es 
d'une  famille  honorable *et  renommée.  J*ai 
connu  Hananie  et  Jothas ,  fils  de  Salmon, 
homme  pieux,  et  souvent  nous  sommes  mon- 
tés ensemble  à  Jérusalem  pour  offrir  les. 
prémices  et  les  dîmes.  Ils  n'ont  certaine-  t 
ment  pa&  abandonné  le  Seigneur  notre  Dieu,  ! 
et  ils  n'ont  point  suivi  ces  vaines  idoles  k  la 
suite  desquelles  nos  pères  se  sont  égarés  ; 
ce  sont  des  fils  d'Israël  qui  sont  de  la  race 
des  saints  et  de  la  famille  des  justes.  Ainsi, 
mon  frèrci  si  lu  le  veux,  je  te  donnerai  un 


lOoS 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


1A*.C 


demi-sicie,  aelpoidsjuste,  pour  chaque  jour 
depuis  que  tu  seras  parti  jusqu'à  ce  que  tu 
reviennes  en  paix.  Et  quand  tu  seras  revenu, 
Rajouterai  à  ta  rémunération  ce  qui  sera 
convenable.  »  L*ange  répondit  :  a  Je  ferai  ce 
que  tu  proposes,  v  EtTobiedit  à  son  fils  : 
t  Prépare  ce  dont  lu  as  besoin,  et  dispose- 
toi  a  te  mettre  en  route.  »  El  il  se  prépara 
aussitôt.  Et  quand  il  fut  au  moment  de  par- 
tir,  son  père  le  bénit  en  disant:  «  Que  le 
Seigneur,  le  Dieu  des  deux,  qui  habite  au 
plus  haut  des  oieux,  vous  protège,  et  qu'il 
envoie  son  ange  devant  vous  pour  vous  as- 
sister pendant  voire  voyage.  >»  Et  quand  il 
eut  parlé  ainsi,  ils  partirent  et  allèrent  en 
paix,  et  un  chien  qu'avait  le  jeune  Tobie, 
allait  avec  eux.  Mais  la  mère  se  mil  à  pleu- 
rer et  à  dire  à  son  mari  :  «  Pourquoi'as-tu 
laissé  i^artir  notre  fils?  il  était  le  bflton  de 
nos  mains,  l'appui  el  le  soutien  de  notre 
maison.  Et  maintenant  tu  l'envoies  au  loin 
chercher  de  l'argent  comme  si  Dieu  ne  nous 
avait  pas  toujours  assistés  jusqu'à  présent; 
comment  a-t-il  pu  venir  en  ton  esprit  la  pen- 
sée insensée  de  faire  réclamer  cet  argent» 
en  exposant  mon  fils  aux  dangers  d'un 
voyage,  faitsur  une  route  qu'il  neconnatt  pas, 
et  sur  laquelle  un  accident  mortel  peut  lui 
survenir?  »  Tobie  lui  répandant,  dit  :  «  C'»*st 
assez,  cesse  de  parler  ainsi;  je  suis  con« 
vaincu  de  la  miséricorde  de  Dieu,  elle  fera 
qu'ils  reviendront  sains  et  saufs,  et  tes  yeux 
reverront  ton  fils,  car  Dieu  enverra  son  ange 
qui  protégera  leur  route  afin  qu'ils  revien- 
nent en  iM&ix;  cesse  donc  de  pleurer,  a» 

CHAPITRE  VI. 

Lorsqu'ils  se  furent  mis  en  route»  le  soir 
approchant,  ils  entrèrent  dans  la  ville  de 
Ledikin  où  ils  passèrent  la  nuit.  Et  leieune 
Tobie  étant  entré  dans  le  fleuve  afin  de  ra- 
IVaichir  son  corps,  un  grand  poisson  sortit 
du  fleuve,  et  menaçait  de  l'engloutir.  Et 
l'an^  s'apercevant  de  cela,  accourut  eu 
s'écriant  «  Ne  crains  rien,  Tobie  ;  saisis  le 
poisson  comme  un  homme  courageux ,  et 
tratne-le  hors  du  fleuve.  »  Aussitôt  le  jeune 
bomme  prenant  courage»  saisit  le  poisson 
el  le  tira  hors  de  Teau.  Et  l'ange  Raphaël 
lui  dit  :  «  Ouvre  le  i  oisson  el  retires-en  le 
cœur»  le  foie  et  le  fiel,  et  conserve-les  avec 
soin.  »  Le  jeune  homme  fit  ce  que  l'ange 
lui  commandait,  et  ayant  préparé  le  reste 
du  poisson,  ils  le  mangèrent.  Se  levant  en- 
suite» ils  continuèrent  leur  route  jusqu'à  ce 
qu'ils  arrivèrent  auprès  de  la  ville  d'inkab- 
tnanis»  où  le  jeune  homme  interogea  l'ange» 
disant  :  «  Mon  frère  Azarias»  à  quoi  nous 
serviront  le  cœur» «le  foie  et  le  fiel  du  pois- 
son» et  pourquoi l'avons-nous  pris?  «  Lange 
lui  répondit  :  «  Le  cœur  et  le  foie  servent 
contre  les  entreprises  du  démon  et  de  l'es- 

Erit  malin.  Et  s'ils  sont  placés  sur  des  char- 
ons  ardents,  el  qu'on  dirige  leur  fumée  sur 
un  tiomme  ou  sur  une  femme  qui  sont  possé- 
dés du  démon»  le  démon  sera  chassé  et  n^ 
pourra  revenir  à  eux.  Et  si  un  homme  ma- 
*  lade  des  yeux  se  les  frotte  avtc  le  fiel,  il  sera 
aussitôt  guéri»  et  il  recouvrera  l'usage  de  la 


vue  comme  précédemment.  •  Lorscfu'iis ai^ 
prochèrent  de  la  ville  de  Rigû,  l'ange  dit  au 
jeune  homme  :  4  Si  tu  le  veux,  nous  rn^rc 
rons  dans  cette  ville»  el  nous  passerons  !a 
nuit  dans  la  maison  de  Raguei  ;  il  est  ton 
parent  el  de  la  famille  de  ton  père.  Il  a  nne 
fille  unique  d'une  grande  beauté,  noonmt^c 
Sara,  et  si  tu  veux  la  prendre  pour  épouse, 
nous  en  parlerons  avec  son  père,  el  il  \ç 
l'accordera,  car  elle  te  revient  par  le ilnii 
de  la  parenté.  Et  de  même  que  tu  es  l\U 
unique,  elle  est  une  fille  unique,  vertueuse 
et  bien  élevée.  Laisse-moi  donc  parler,  et 
nous  en  entretiendrons  ton  père.  Et  qu.in  I 
nous  serons  de  retour,  nous  célébrerons ain>i 
une  grande  fête,  car,Raguel,  père  de  celte  jeu- 
ne iifle,  a  juré  qu'il  ne  la  donnerait  pas  b  un 
étranger  qui]  ne  ferait  point  partie  de  sa  fa- 
mille,suivanl  le  précepte  qu'a  établi  Moïse.tie 
donner  sa  fille  à  celui  qui  est  do  sa  faniille.i 
Lejeunehomme  entendant  ces  naroles.ré* 

})ondit  et  dit  à  l'ange  :  «  Mon  frère  Azarias, 
'ai  appris  que  cette  jeune  fille  avait  eu  H'\>i 
maris»  qui  tous  étaient  morts  la  {ireniitrA 
nuit.  Je  suis  l'unique  enfant  de  mon  pèi^ 
et  de  ma  mère,  et  je  crains  que  la  mort  n? 
me  frappe  comme  el!e  a  frappé  les  premiers 
maris  de  Sara  ,  car  il  y  a  auprès  d*elle  uti 
démon  qui  ne  fait  de  mal  à  aucun  bomlrl^ 
si  ce  n'est  à  celui  auquel  elle  est  donnée 
comme  épouse.  Je  crains  donc  de  mourir  et 
de  conduire  ainsi  au  sépulcre  la  vieillesse 
de  mon  père  et  de  ma  mère  plongés  dans  k 
désespoir»  car  ils  n'ont  pas  de  fils  qui  les 
ensevelisse.  » 

Alors  l'ange  lui  dit  :  «  Tu  no  songes  pas  S 
ce  que  l'a  recommandé  ton  père  de  ne  pa^ 
prendre  une  femme  hors  de  sa  famille.  Suis 
mon  conseil,  mon  fils»  et  épouse  Sara,  r?r 
elle  doit  être  ta  femme.  Quant  à  ce  qui  re- 
garde le  démon  dont  tu  as  parlé,  ne  ion 
inquiète  pas»  et  lorsque  tu  épouseras  SarJt 
quand  tu  seras  entré  dans  sa  chambre,  prni  Is 
le  cœur  elle  foie  et  place-les  sur  le  feu,  ji'^- 
qu'à  ce  qu'ils  donnent  de  la  fumée*  el  aussi- 
tôt que  le  démon  aura  senti  cette  fumé\  1' 
s'enfuira  et  il  ne  reviendra  jamais  auprè>  0* 
ta  femme  El  priez  tous  deux  le  Sctgueur. 
car  il  est  miséricordieux  et  clément,  e(  ii 
aura  pitié  de  vous.  Il  n'y  a  rien  que  lu  duivo 
craindre.  Elle  t*a  été  destinée  dès  leconimm- 
cément  du  monde.  Tu  l'épouseras  et  tu 
retourneras  avec  elle  auprès  de  ton  pt-r^ 
et  elle  t'engendrera  des  enfants»  ce  qui  sc} 

Cour  toi  un  motif  de  joie.  »  Lorsque  le  jeur." 
obie  eut  entendu  ces  paroles,  il  fut  é|  r'< 
d'amour  pour  la  jeune  ulle  avant  de  Vàu  f 
vue.  El  quand  ils  entrèrent  dans  la  ville, 
advintqu'ils  la  rencontrèrent»  et  ils  la  sal  -' 
renl»  et  Tange  dit  à  Tobie  :  «  C*est  cette  jtu:/ 
fille.  » 

CHAPITRE  VIL 

Ils  entrèrent  ensuite  dans  la  maison  J^* 
son  père  Raguel,  et  Raguel  dit  à  sa  femr  ? 
Adna  :  «  Ce  jeune  homme  ressemble  i  T  •• 
bie,  fils  de  mon  frère.  »  El  aussilâl  il  les  int  - 
rogea  disant  :  1  Mes  frères,  d'où  êtes- vou^> 
El  ils  répondirent  :  «  Nous  sommes  d.^  * 


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roB 


PART.  IIL-  LEGENDES  ET  FRAGiilENTS. 


TOB 


1058 


Irihn  de  Nephtali  qui  a  élé  amenée  captive 
SNinive.  »  El  il  dit  :  t  Est-ce  que-vous  jn'a- 
yez  pas  connu  Tobie,  noire  frère  T  »  El  ils 
n^pondirent  :  «  Nous  l'avons  connu.  »  Et  il 
dil  encore  :  «  Est-ce  qu'il  est  bien  por- 
tant? »  Et  ils  dirent  :  «  11  est  en  bonne  santé; 
voici  Tobie  sou  fils.  »  En  entendant  ces  pa- 
roles, Ra^nel  se  leva  aussitôt  et  embrassa 
Tobie  en  versant  des  larmes  de  joie.  Et  il  le 
bénil,disant  :  «  0  mon  fils,  fils  d'un  père  bon 
et  juste,  sois  béni  dans  le  Seigneur.  »  Ils  lui 
apprirent  alors  que  Tobie  avait  perdu  la  vue, 
et  à  celte  nouvelle,  Raguel  se  mil  5  pleurer 
amèrement,  ainsi  que  sa  femme  et  sa  fille, 
mais  il  conserva  pour  ses  hOles  un  visage 
gai  et  serein.  Il  fil  tuer  un  bélier,  qui  fut  ap- 
prêté avec  soin,  et  le  soir,  il  se  mirent  à 
table.  Et  quand  ils.  furent  au  moment  de 
cûoimencer  leur  repas  et  de  briser  le  pain, 
fange  dit  à  Tobie  :  «  Mon  frère  Azarias, 
parle,  je  t*en  prie,  de  ce  dont  tu  m*as  parlé 
en  chemin  ;  |>eul-ètre  pourrons-nous  mener 
celle  chose  h  bonne  fin.  y»  Alors  ranp;e  se  mit 
è  parler  à  Raguel  au  sujet  de  sa  fille.  Et  Ra- 
guel dil  :  «  Je  vous  en  prie,  mes  frères,  man- 
gez, buvez  et  soyez  satisiaits.  Il  est  certain, 
mon  fils  Tobie,  qu'elle  le  revient  par  le  droit 
de  parenté.  Mais  je  te  dirai  ce  qui  s'est  passée 
J'ai  donné  successivement  ma  fille  à  sept 
maris  qui  soûl  morts  au  monionl  où  ils  s'ap- 
prochaient d'elle. 'B')is  et  mange,  mon  fils, 
demain  nous  verrons  ;.ce  qu'il  convient  de 
faire,  b  Tobie  répondit:  a  Je  ne  iiuis  rien  faire 
jus(|u'à  ce  que  nous  sovons  d  accord.  »  Ra- 
gutil  répondit  :«  Ma  fille  est  devant  toi; 
qu'elle  soit  ton  épouse  comme  la  loi  Tor- 
donno  et  ainsi  que  le  prescrit  Tusage.  Que 
K*  Dieu  tout-puissant  vous  soit  propice  et 
ijti'ii  vous  conserve.  »  Et  aussitôt  avant  fait 
approcher  sa  fille  et  la  prenant  parla  maiu, 
il  dit  au  jeune  homme  :  «  Voici,  mon  fils, 
elle  est  ton  épouse  setx^n  Tusage  établi  en 
Judas  et  en  Israël  ;  reçois-la  et  mène-la  & 
ton  père.  »  Et  ayant  fait  venir  des  témoina» 
ils  furent  mariés  en  leur  présence,  et  l'acte 
qui  stipulait  ce  qui  lui  était  donné  en  dot 
fut  écrit  et  signé.  El  cela  fait,  la  bénédiction 
étant  dite,  ils  commencèrent  à  souper.  Ra- 

Î;uel  appela  sa  femme  et  lui  dit  :  «  Prépare 
a  chambre  où  tu  mèneras  ta  fille.  »  Et  quami 
Sara  y  fut  conduite,  elle  se  mit  à  pleurer 
dans  l'amertume  de  son  âme,  mais  le  Sei- 
gneur Dieu  reçut  ses  larmes.  Et  sa  mère  es* 
saya  de  la  consoler  et  de  la  réconforter,  di- 
sant :  «  Ma  fille,  aie  bon  courage,  et  ne 
crains  rien.  Le  Seigneur  Dieu  du  ciel  aura 
pitié  de  toi  et  le  donnera  de  l'allégresse  et 
de  la  joie,  au  lieu  du  deuil  et  de  la  dculenr 
qui  est  en  toa  ccQur.  » 

CHAPITRE  VIII. 

Lorsqulls  se  furent  levés  de  table,  ils  con- 
duisirent Tobie  auprès  de  la  jeune  fille, 
et,  avant  d'entrer ,  il  demanda  qu'on  lui 
apportât  un  bassin  rempli  de  charbons  ar- 
dents sur  lesquels  il  plaça  le  cœur  et  le  loie 
du  poisson,  et  ensuite  il  fil  des  fumigations 
sur  la  jeune  fille,  sur  lui-même  et  dans  toute 
la  maison.  Et  quand  Asmodée  sentit  l'odeur 


de  la  fumée,  il  s'enfuit  jusqu'il  rextrémité 
de  la  terre  d'Egypte.  El  tout  le  monde  étant 
sorti  de  la  chambre,  Tobie  la   ferma  en  de- 
dans et  dit  à  la  jeune  fille  :  «c  Mettons-nous 
ensemble  en  prière,  et  peut-être  Dieu  aura- 
t-il  pitié  de  nous.  V  Et  Tobie  dit  :  «Sois  béni. 
Seigneur,  notre  Dieu  et  Dieu  de  nos  pères"; 
que  ton  nom  grand  et  saint  soit  béni  dans 
les  siècles  et  à  jamais.  Que  les   cieux  des 
cieux,  que  la  terre  et  que  tout  ce  qu'ils 
renferment,  te  louent.  Tu  as  créé  le  premier 
homme,  et  tu  lui  as  donné  Eve  pour  épouse, 
et  lu  as  ainsi  préparé  la  vie  à  tout  le  genre 
humain.  Tu  as  dit:  a  II  n'est  pas  bon  que 
rhommo  soit  seul;  je  lui  donnerai  un  sou- 
tien i|ui.sera  auprès  de  lui.  »  Seigneur  Dieu, 
ce  n'est  pas  dans  des  vues  déréglées  que  j'é- 
pouse cette  jeane  fille,  mais  pour  accomplir 
ta  parole,  qui  est  véritable.  Dieu  clément  et 
miséricordieux,  que  ta  bonne  volonté  soit 
devant  toi,  afin  que  tu  nous  sois  propice  et 
que  tu  nous  accordes  de  lonzs  jours  et  de 
nombreuses  aunées  de  vie.  p  La  jeune  fille 
répondit  :«Amen,»elUspassèrentainsila  nuit. 
Raguel,  se  levant  de'grand  malin,  allaaix  lieu 
de  la  sépulture,  et  creusa  une  fosse  disant  : 
«  Il  est  peut-être  mort;  je  l'ensevelirai  la 
nuit,  afin  qu'on  ne  sache  pas  son  décès  et 
que  ce  ne  soil.  (K)int  pour  nous  un  nouveau 
sujet  do  honte,  d  El  étant  rentré  chez  lui,  il 
dit  à  sa  femme  Adna  :  «  Envoie,  je  t'en  prie, 
une  des  servantes  afin  de  voir  s'il  est  mort, 
car,  dans  ce  cas»  je  l'ensevelirai.  «Et  la  ser- 
vante étant  entrée  les  trouva  assis,  et  elle 
sortit  et  dit  ;  «  Il  est  vivant.  »  Alors  Raguel 
bénit  le  Seigneur  en  disant  :  «  Sois  béni. 
Seigneur,  Dieu  de  toute  chair  ;  que  ton  nom 
glorieux  soit  béni  ;  il  est  au-dessus  de  toute 
bénédiction  et  de  toute  louante.  Que  tes 
anges  te  bénissent  et  aue  les  saints  te  glo- 
rifient. Que  tous  tes  élus  te  rendent  grâces 
el  te  bénissent.  Sois  béni.  Seigneur,  notre 
Dieu,  roi  du  monde,  qui  m'as  comblé  de  joie 
en  ne  laissant  pas  arriver  ce  que  je  redoub- 
lais. Tu  as  eu  pUié  de  moi  par  suite  de  l'a- 
bondance de  ta  miséricorde.  Sois  béni,  Sei* 
gneur,  toi  qui  as  eu  pitié  de  ces  deux  créatu- 
res qui  sont  les  enfanls  uniques  de  leurs  pa- 
rents; sois-leur  propice  à  jamais,  afin  que 
leurs  jours  el  leurs  années  s'écoulent  dans 
la  tranquillité  et  dans  la  paix,  d 

Il  ordonna  ensuite  à  ses  esclaves  de  com« 
bler  la  fosse  qu'il  avait  faite,  et  il  fit  un 
festin  et  une  fêle  qui  dura  quatorze  jours. 
Et  Raguel  dit  avec  serment  à  Tobie  :  «  Jus- 
qu'à coque  les  quatorze  jours  soient  écou- 
lés, je  ne  le  laisserai  pas  aller,  et  tu  ne  pas- 
seras pas  le  seuil  de  ma  porte;  après  qu'ils 
seront  écoulés,  reçois  la  fetpme,  et  prends 
la  moitié  de  mes  biens  et  retourne  à  ton  père. 
Le  reste  de  mes  biens  te  sera  donné  après 
ma  mort  et  celle  de  ma  femme.  » 

CHAPITRE  IX. 

Alors  Tobie  apivela  l'anga  Rapoaël  et  lui 
dit  :  «Mon  frère  Azarias,  prends  avec  loi 
deux  chameaux  et  quatre  esclaves,  et  va  au- 
près d'Abiel  qui  a  le  dépôt,  et  remets<^lui 
son  écrit,  afin  qu'il  te  le  rende.  Et  invite-le 


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DIGTIOiNNAIRE  DES  APOCRYPOE& 


im 


aussi  k  tenir  aa  banquet»  car  tu  sais  que  mon 
père  compte  chaque  jour»  et  si  nous  som- 
mes absents  plus  de  temps  qu'il  ne  s'y  at- 
tend, il  sera  plein  d'inquiétude.  D'ailleurs 
mou  beau -père  Raguel  a  juré  qu'il  ne  .per- 
mettrait pas  que  je  parte  avant  que  quatorze 
jours  ne  sr»ienl  écoulés»  et  je  dois  obéir  %  sa 
votonté.A^apbaël  partit  donc  et  se  rendit  au- 

i^rèsd'Abiel»  chez  lequel  il  (:assa  cette  nuit. Et 
e  matin  étant  venu»  il  lui  montra  son  écrit 
revêtu  Je  son  sceau.  Alors  Abiel  apporta  des 
sacs  pleins  d'argent  que  Tobie  avait  cachetés 
de  son  sceau.  Raphaël  prit  cet  argent  et,  de 
très-grand  matin»  il  se  mit  en  route  avec 
Abiel  et  ils  vinrent  prendre  part  au  festin. 
£t  leur  arrivée  fut  un  motif  de  grande  joie 
pour  Tobie  et  pour  sa  femme  Sara. 

CHAPITRE  X. 

Cependant  Tobie  comptait  les  jours  entre 
le  départ  et  le  retour  de  son  fils,  et  quand 
ils  furent  accomplis,  comme  il  n'était  pas  de 
retour,  il  commença  à  être  inquiet  et  à  pen- 
ser :  «  Peut-être  lui  est-il  arrivé  queit|ue 
malheur  en  route»  ou  bien  Abiel  est  mort» 
et  on  refuse  de  lui  rendre  l'argent.  »  Et  sa 
femme  lui  dit  :  «  Assurément  mon  fils  est 
mort.»  Alors  elle  se  mit  à  pleurer  et  è  crier: 
«  Malheur  à  moil  j'ai  perdu  la  lumière  do 
mes  yeux,  mon  fils  Tobie I  «  Et  Tobie  lui 
répondit  :  «  Ne  laisse  pas  tes  yeux  verser 
fies  larmes  et  ta  bouche  pousser  des  cris  de 
douleur»  car  ils  reviendront  sains  et  saufs;» 
mais  elle  se  refusait  à  croire  son  mari»  et 
elle  disait  :  «  N'essaie  pas  de  me  consoler  et 
ne  me  parle  pas  ainsi,  car  mon  fits  est  cer- 
tainement mort.  »  Et  chaque  jour  elle  allait 
sur  le  chemin  que  son  Qls  avait  suivi  en 

f>artant,  elle  se  lamentait  et  passait  toutes 
es  journées  sans  prendre  de  nourriture  et 
toutes  les  nuits  sans  sommeil.  Elle  ne  cessa 
de  s*allli)$er  jusqu'à  ce  que  les  jours  des  no- 
ces furent  accomplis.  Alors  Tobie  dit  à  Ra- 
guel»  son  beau-père  :  «  Seigneur,  laisse-moi 
retourner  auprès  démon  père  et  auprès  de  ma 
iuère*»car  je  sais  (j[u*ils  désespèrent  de  me  re- 
voir. »  Raguel  lui  répondit  :  uMon  Qls»  j'en- 
verrai demain  matin  quelqu'un  auprès  de 
ton  père  et  auprès  de  ta  mère»  et  je  leur 
ferai  savoir  ce  qui  s'est  passé.  »  Tobie  ré- 

Kndit  :  «  Je  ne  puis  y  consentir,  seigneur, 
rai  moi-même  vers  mon  père  et  vers  ma 
mère.  «  Alors  Raguel  se  leva  et  lui  remit  sa 
femme  Sara  et  la  moitié  de.sa  fortune»  des 
esclaves,  des  servantes,  de  l'argent  et  de 
ror»et  il  les  bénit»  disant  :  «  Mon  tils»  que  le 
Seigneur»  Dieu  d'Israël»  rende  vos  vies  heu- 
reuses et  qu'il  fasse  que  je  voie  vos  fils  et  vos 
filles  avant  que  je  ne  meure.  »  Et  il  dit  à  Sa- 
ra :  «  Honore  ton  beau-père  et  ta  belle-mè- 
re; ce  sont  maintenant  tes  parents;  que  Je 
Dieu  saint  et  béni  fasse  que  ta  bonne  renom- 
mée parvienne  jusqu'à  moi»  et  ce  sera  pour 
moi  un  grand  sujet  d'allégresse.  »  Ayant 
ainsi  parlé, il  Tembrassa.et  Adna»  sa  femme» 
la  belie-roère  de  Tobie,  lui  dit  de  son  c6té  : 
«  Mon  très-cher  fils,  que  Dieu  me  fasse  la 


grâce  de  voir  les  enfants  qoe  tu  auras  de  n  4 
fille.  Alors  je  me  réjouirai  dans  le  Seigneur. 
Maintenant,  je  remets  ma  fille  ea  tes  mains 
comme  un  dépôt;  ne  lui  donne»  mon  fii<, 
aucun  sujet  d'affliction  ni  de  honte,  car  eil» 
va  dans  un  lieu  qui  lui  est  étranger.  »  £t 
quand  elle  parlait  ainsi, son  cmurélait  ccmme 
percé.  Ensuite  ils  partirent,  et  Tobie  hénit 
le  Seigneur  qui  avait  favorisé  son  voyage. 

CHAPITRE  XI. 

Et  comme  ils  approchaient  de  Ninive, 
l'ange  Raphaël  dit  à  Tobie  :  «  Ignores- lu 
comment  ta  as  laissé  ton  père?  Allons  et 
préparons  la  maison.  Prends  le  fiel  du  poif- 
son  en  la  main.  »  Tobie  prit  le  fiel  du  pois- 
son en  sa  main  et  ils  continuèrent  leur  rou- 
te. Le  chien  les  suivit.  Et  voici  que  sa  mère 
était  assise  sur  la  route»  et  aussitôt  qu*elle 
les  vit,  elle  les  reconnut.  Et  elle  courut 
vers  son  mari»  disant  :  «  Seigneur»  voici  qae 
ton  fils  vient»  avec  cet  homme  oui  était  paru 
avec  lui.  »  Mais  l'ange  Raphaël  dît  au  jeuno 
Tobie  :  «  Mon  frère,  écoute  ma  voix.  Lors- 
que tu  seras  entré  dans  la  maison  et  qu  - 
ton  père  aura  ouvert  les  yeux  et  qu'il  t'aura 
embrassé»  frotte  ses  yeux  avec  le  fiel»  et 
aussitôt  il  sera  guéri,  et  il  recouvrera  la 
vue.  »  Et  voici  que  sa  mère,  accourant,  se 
jeta  à  son  coa  en  pleurant  et  en  disant  :  ^  Je 
mourrai  sans  regret  puisque  je  t'ai  revu 
(1107^).  »  Et  Tobie  avança  pour  embrasser 
son  fils.  Et  le  jeune  homme  tomba  aux  pieds 
de  son  père»  et  il  se  releva  ensuite»  et  li 
frotta  ses  yeux  avec  le  fiel  en  disant  :  «  No 
crains  rien,  mon  père.  »  Et  aussitôt  les  ta- 
ches de  ses  yeux  furent  dissipées.  Et  lors* 
qu'il  eut  ouvert  les  yeux  et  qu*il  vit  son  fils* 
il  se  jeta  à  son  cou»  pleurant  et  disant: 
«  Béni  soit  le  Seigneur  Dieu,  et  béni  soit  soa 
nom  glorieux  dont  le  règne  dure  dans  l'é- 
ternité et  perpétuellement.  Que  toutes  tes 
œuvres  soient  bénies  et  que  tous  les  roinis- 
tresde  ta  volonté  soient  bénis.  Tu  m'as  blessa 
et  tu  m'as  guéri.  Et  je  revois  mon  fils  qui  m'a 
ani^oiicé  toutes  les  choses  merveilleuses  et 
admirables  que  le  Seigneur  a  faites  dans  U 
terre  dé  Médian.»  Et  Tobie»  louant  etgl<>. 
rifiant  Dieu»  s*empressa  de  se  rendre  au 
devant  de  sa  belle-fille  avant  qu'elle  ne  fût 
arrivée  à  la  porte  de  Ninive.et  tous  ceui  qui 
les  voyaient  étaient  dans  Tétonnement  date 
qu'il  allait  de  la  sorte.  Et  Tobie  leur  ra- 
contait tous  les  prodiges  que  Dieu  avait 
accomplis  et  comment  il  avait  eu  pitié  de  lui. 
Et  quand  il  vit  Sara»  il  la  salua  et  lui  dit: 
«  Ma  fille,  sois  bénie  dans  le  Seigneur.  ¥,i 
béni  soit  le  Seigneur  qui  t*a  amenée  auprès 
de  nous.  Maintenant»  ma  fille,  voici  ta  mai- 
son ,  ton  père  et  ta  mère.  »  Et  il  y  eut  una 
grande  joie  dans  toute  la  ville  de  Nini^e. 
Ses  frères»  ses  parents  et  les  grands  di 
royaume  vinrent,  et  ils  firent  dans  la  maison 
de  Tobie  une  fête  qui  dura  sept  jours,  et 
Tobie  fut  rempli  dejoie^ 

CHAPITRE  XII. 

Alors  Tobie  s'approcha  de  son  fils  et  lai 


(lt07*)  Le  chien  qui  reconnati  ses  maîtres  et  qui  court  les  carsser  (Tob,  xi,  9,  est  oublié  k\l 


mi 


TOB 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TOB 


lOGS 


Jit  :  «  Mon  Ois,  vois  a  récompenser  Thomme 
qui  fa  accoropa;4;né.  »  Et  Tobie  répondit  : 
«  Seigneur,  il  convient  que  nous  lui  don- 
nions la  moitié  de  Targent  que  j*ai  rappor- 
té, car  il  nous  a  rendu  de  grands  services. 
Il  m'a  délivré  du  poisson  »  il  m\i  procuré 
mon  épouse,  il  i*a  guéri  et  il  est  allé  cher- 
cher Targent.  »  Et  le  père  répondit  :  «  Mon 
fils,  il  est  juste  et  convenable  que  nous  lui 
donnions  la  moitié  de  l'argent.  »  Et  aussitôt 
il  appela  l*ange  Raphaël  ei  lui  dit  :*«  Azà- 
rias,  mon  fils,  reçois  pour  la  rémunération 
de  ta  peine  la  moitié  de  l'argent  et  vis  en 
paix.  »  Et  range  répondit  :  «  J*ai  un  secret 
que  je  vous  dirai;  »  alors  le  père  et  le  fils 
entrèrent  avec  lui  dans  une  chambre,  et 
range  leur  dit  :  «  Rendez 'grâces  au  Dieu 
saint  et  béni.  Louez-le,  bénissez  son  nom 
et  glorifiez- le  dans  les  assemblées  du  peu- 
ple. Souvenez-vous  de  toutes  les  merveilles 
qu'il  a  Taites  pour  vou9.  Il  est  bon  de  mettre 
sa  confiance  dans  le  Seigneur  et  de  célébrer 
le  nom  du  Très-Haut.  Il  est  bon  de  raconter 
et  de  méditer  les  miracles  de  Dieu  ;  ne  soyez 
pns  lents  h  raconter  et  h  vanter  ses  mer- 
veilles. La  gloire  qu'il  faut  rendre  k  Dieu 
est  de  raconter  ses  merveilles;  la  gloire  qu'il 
faut  rendre  aux  rois  est  de  cacher  leurs  se- 
crets. Vous  avez  fait  le  bien;  c'est  pour- 
quoi le  bien  vous  est  arrivé.  La  prière  est 
bonne  avec  le  jeûne.  Faire  ce  qui  esl  juste  est 
nteilleur  que  l'or  et  Targent ,  car  la  justice 
délivre  de  la  mort  et  expie  l'initiuité.  Dieu 
rassasiera  de  la  longueur  des  jours  quiconque 
fait  la  justice.  Les  impies  haïssent  leur  pro- 
pre vie  et  comb  ttent  contre  leur  âme.  Je  ne 
vous  cacherai  rien.  Au  commencement  de 
mon  discours,  je  vous  ai  dit  que  Thonneur 
à  rondre  aux  rois  consistait  à  cacher  leurs 
actions,  mais  que  pour  gloriQer  Dieu,  il 
fflliait  proclamer  ses  miracles.  Rappelle- 
toi  l'heure  à  laquelle  tuas  prié  :  à  celle 
même  heure,  ta  belle-fille  Sara  pria.  Lors- 
qu'elle était  encore  dâus  la  maison  de  son 
père,  alors  je  fis  entrer  vos  larmes  en  pré« 
sence  de  Dieu.  Lorsque  tu  ensevelissais  les 
morts ,  j'étais  avec  toi.  Lorsque  tu  as  quitté 
ta  table  pour  aller  ensevelir  ta  nuit  un  mort 
apporté  en  ta  maison ,  j'étais  avec  toi  ;  Dieu 
m*a  envoyé  pour  te  guérir  ainsi  que  ta  belle- 
fille  Sara.  Je  suis  Raphaël»  un  des  sept 
ançesqui  sô  tiennent  debout  devant  Dieu  et 
qui  sont  les  ministres  de  ses  volontés.  » 

Et  quand  ils  l'eurent  entendu  s'exprimer 
ainsi,  ils  furent  épouvantés,  et  ils  tombèrent 
sur  leurs  faces,  remplis  d'épouvante.  Alors 
i!  leur  dit:  «La  paix  soit  avic  vous;  ne 
craignez  rien,  mais  plutôt  bénissez  le  Sei- 
gneur, parce  que  vous  avez  trouvé  grAce  de- 
vant ses  yeux.  C'est  d'après  son  ordre  que 
'e  suis  auprès  de  vous;  louez-le  et  glorifiez* 
e  tous  les  jours  de  votre  vie.  Pendant  tout 
le  temps  que  j'ai  passé  avec  vous,  je  n'ai  bu 
ni  mangé,  quoique  Je  (Virusse  boire  et  man- 
ger. Célébrez  le  Seigneur  parce  qu'il  est 
bon.  Maintenant  je  vais  remonter  h  ma  ta- 
ble. Ecrivez  dans  le  livre  des  chroniques 
tout  ce  dont  vous  avez  été  témoins,  et  ce  qui 
▼ous  est  arrivé,  i»  Et  quand  il  eut  achevé 


de  parler,  il  disparut  de  devant  leurs  yeux. 
Et  ils  racontèrent  la  gloire  de  Dieu  et  ses 
miracles,  et  comment  l'ange  leur  était  ap- 
paru 

CHAPITRE  Xin. 

Alors  Tobie  se  mit  à  prier,  et  dit  :  <«  Béni 
soit  le  Soigneur  qui  vit  dans  tous  les  siècles» 
et  béni  soit  le  nom  glorieux  de  celui  dont 
le  règne  subsiste  à  toujours  et  perpétuel- 
lement. C'est  lui  qui  ma  frappé  et  qui  m'a 
guéri.  Il  blesse  et  il  guérit,  il  mène  aux  en- 
fers et  il  en  ramène.  II. n'est  personne  qui 
puisse  rien  enlever  de  sa  main.  Maison 
d'Iraëi ,  bénissez  le  Seigneur;  chantez  ses 
louanges,  célébrez-lc,  raconlez  tous  ses  mi- 
racles. Cherchez  toujours  son  image,  et  an- 
noncez ses  œuvres  aux  peuples  parmi  les- 
quels il  vous  a  relégués.  Gloritiez-le  aux 
yeux  de  tous  les  vivants.  C'est  votre  Dieu, 
c'est  votre  Père  depuis  le  commencement 
des  siècles,  et  il  sera  votre  Sauveur  jusqu'à 
la  Ou  de  toutes  les  générations.  C'est  lui  qui 
vous  châtie  à  cause  de  vos  iniquités,  afin 
qu'il  ait  pitié  de  vous  k  la  fin  des  jours  ,  et 
qu'il  vous  sauve.  Il  vous  rassemblera  du 
milieu  de  tous  les  peuples  parmi  lesquels 
vous  êtes  dispersés,  si  vous  revenez  a  lui 
de  tout  votre  cœur.  Louez  donc  le  Seigneur, 
et  célébrez  celui  dont  le  règne  dure  pen- 
dant toute  réternilé.  Et  moi,  dans  la  terre 
de  notn?  captivité,  je  confesserai,  je  louerai 
et  je  célébrerai  le  roi  de  tous  les  rois.  Je 
montrerai,  devant  tous  les  vivants,  ses  mi- 
racles, sa  vertu  et  sa  puissance.  Quant  h 
vous,  pécheurs  délinquants,  retournez  vers 
le  Seigneur;  p<'Ut-étre  aura-t-il  pitié  de 
vous,  car  il  est  un  Dieu  clément  et  d'une 
^  grande  patience,  de  sa  miséricorde  est  im- 
^'  mense.  Je  crierai  vers  Dieu,  et  mon  âme 
bénira  le  Seigneur  Dieu  du  ciel.  La  gloire 
et  la  splendeur  sont  devant  lui,  la  puissance 
et  la  splendeur  sont  dans  son  sanctuaire. 
Que  tous  les  peupif.s  célèbrent  ses  merveil- 
les dans  la  cité  sainte  de  Jérusalem.  Jéru- 
salem, ville  sainte,  il  te  fera  porter  la  peine 
des  iniquités  de  tes  fils,  mais  il  les  sauvera 
ensuite.  Jérusalem,  bénis  et  glorifie  le  roi 
vivant  dans  tous  les  siècles.  Il  se  tournera 
vers  toi,  et  fera  habiter  son  nom  au  milie>i 
de  toi.  11  relèvera  tes  ruines,  et  il  rassem- 
blera chez  toi  tous  les  captifs  qui  seront 
dans  l'allégresse,  et  il  établira  k  toujours 
tous  tes  fils  au  milieu  de  toi.  De  nombreu- 
ses nations  demanderont  ton  alliance,  et 
s'informeront  du  nom  du  Seigneur  très-haut. 
Les  rois  de  Tharse  et  des  tles  te  feront  des 
présents.  Les  rois  de  Seleba  et  de  Saba  t'ap- 
porteront des  dons.  Tous  ceux  qui  t'aiment 
se  réjouiront  de  génération  en  génération 
et  se  livreront  à  l'allégresse.  Tous  ceux  qui 
t'ont  haïe  seront  confondus  et  chassés  au 
loin.  Réjouis-loi,  Jérusalem,  de  ce  que  tes 
fils  sont  réunis  au  milieu  de  toi  ;  Jà  ils  loue- 
ront et  béniront  le  nom  du  Seigneur.  Heu- 
reux tous  ceux  qui  s'affligent  à  cause  de  loi  ; 
ils  seront  dans  lajoie  et  I  admiration  h  cau>e 
de  ta  grande  gloire,  ol  leur  allégresse  durera 
k  jamais.  Mon  Ame,  bénis  le  Seigneur,  le 


I0o3 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


icCi 


grand  roi,  car  il  a  construit  Jérusalem  avec 
es  pierres  précieuses,  avec  des  saphirs,  des 
diamants  et  des  émeraudes,  et  tous  ses  murs 
seront  construits  de  pierres  resplendissan- 
tes. Ses  tours  et  ses  palais  seront  d*or  pur, 
toutes  ses  places  seront  pavées  de  pierres 
précieuses  apportées  d'Ophir;  alors  tous 
ses  habitants  seront  dans  la  joie,  et  ils  di- 
'  ront  :  «  Louez  le  Seigneur;  béni  soit  le  Sei- 
gneur qui  a  exalté  à  jamais  ta  puissance.  » 
£t  ce  fut  la  prière  que  lit  Tobie. 

CHAPITRE  XIV. 

Tobie  avait  cinquante-huit  ans  lorsqu'il 
perdit  la  lumière  de  ses  yeux,  et,  après  avoir 
été  guéri,  il  distribua  beaucoup  aaumônes 
(ttoé)  ;  et  il  eut  encore  \)\ms  de  crainte  pour 
le  nom  du  Seigneur,  qu*il  glorifiait  en  tout 
temps.  Et  il  advint  que  Tobic,  étant  devenu 
vieux,  m  venir  son  fils  avec  les  six  fils  (1109) 
qui  étaient  nés  de  lui,  et  il  lui  dit  :  «  Je  sens 
que  je  suis  accablé  de  vieillesse  ;  prends 
garde,  après  ma  mort,  de  séjourner  à  Ninive, 
car  lu  dois  tenir  pour  certain  et  manifeste 
que  la  prophétie  du  prophète  Jonas  s'ac- 
complira. Prends  donc  tes  fils  et  tout  ce  que 
tu  possèdes,  et  va  dans  la  terre  de  Médian; 
là  sera  la  paix  dans  le  temps  prescrit.  Nos 
autres  frères  d*lsraël,  qui  sont  a  Jérusalem, 
seront  tous  menés  en  exil,  et  Jérusalem  sera 
réduite  en  ruines,  et  la  montagne  de  la  mai- 
son du  Seigneur  restera  désolée  pendant 
Suelque  temps.  Alors  les  fils  d'Israël  vien- 
ront,  et  ils  la  rebâtiront,  mais  le  temple  ne 
sera  pas  construit  selon  Tancicn  modèle.  Et 
ils  y  séjourneront  pendant  de  longs  jours, 
jusqu*à  ce  qu*un  siècle  se  soit  écoulé.  Alors 
ils  subiront  derechef  une  «aplivilé  très- 
grande.  Mais  enfin  Dieu  saint  et  bon  se  sou- 


viendra d'eux,  et  il  les  réunira  des  quatre 
coins  du  monde.AlorsJérusatem,  la  cité  sam* 
te,  sera  rebâtie  avec  magnificence  et  splen- 
deur, et  le  temple  sera  construit  avec  iDa.:rj.. 
Gcence,  et  ne  sera  ulus  ni  détruit  ni  renvirs* 
durant  tous  les  siècles,  ainsi  que  les  pr»- 
phètes  Tout  prédit.  Alors  les  nations  se  cou* 
verliront,  et  elles  adoreront  le  Seigneur,  et 
rejetteront  les  images  de  leurs  dieux.  L>  e^ 
loueront  et  proclameront  sou  nom  subliiLt*. 
Il  élèvera  la  puissance  de  son  peuple  devàni 
toutes  les  nations.  Et  toute  la  race  d'hr.i 
célébrera  et  glorifiera  son  nom  saint.  Toi^ 
ceux  qui  observent  la  justice  et  la  piété  <k. 
ront  dans  Tallégresse.  Maintenant,  mon  fi  s. 
fuis  loin  de  ce  lieu,  car  les  choses  que  les  pn^ 
phètes  ontannoncéess'accoroplironLObserTc 
la  loi  de  notre  Dieu,  et  conforme-toi  à  &e^ 
préceptes.  Sois  juste,  intègre  et  droit,  i\ 
alors  tes  voies  prospéreront.  Mon  fils,eo5e- 
velis-moi  avec  soin,  etptace  la  mère  art' 
moi.  Ne  séjourne  pas  h  Ninive.  Dieu,  qui 
est  bon,  sera  ton  soutien  en  toutes  choses. 
«  Et  vous,  fils  d'Israël,  ayez  courage,  que 
votre  cœur  se  raffermisse,  et  que  vos  roaiD^ 
ne  soient  pas  brisées.  Vous  recevrez  la  re- 
compense de  vos  œuvres.  Dieu  vous  élèrera, 
lors(]|u'il  aura  pitié  de  vous,  parce  qu'iliM 
le  Dieu  du  jugement.  Heureux  tous  ceux  qM 
es|)èrent  en  luil  Multipliez,  mes  fils,  vo«au- 
môixes  et  vos  prières  devant  le  Seigneur  du 
njonde,  parce  que  Taumône  et  la  prière  atti- 
rent la  miséricorde  de  Dieu,  comme  il  est 
écrit  :  «  L*aumône  délivre  de  la  mort.  »BéDi 
soit  le  Seigneur  qui  a  fait  des  merveilles  ad- 
mirables et  terribles  pour  moi,  pourmun 
père,  pour  mes  maîtres  et  pour  tous  leui 
(lui  espèrent  en  lui.  Béni  soit  le  Seigneur 
dans  l  éternité.  Amen.  Amen  (lilO).  » 


L'histoire  touchante  de  Tobie  a  fourni  le 
sujet  de  plusieurs  compositions  dramatiques. 

Corneille  de  Schoen  (Schonœus)  y  a  puisé 
Tune  des  pièces  contenues  dans  son  Teren- 
tius  Christianus^  «t  ou  recueil  de  comédies  sa- 
crées, écrites  d'un  style  térentien.  »  Cette 
collectioiip  oui  renferme  dix*sept  pièces,  a 
obtenu  les  honneurs  de  plusieurs  éditions 
plus  ou  moins  complètes  (1111). 

L'auteur  suit  assez  exactement  le  récit  de 
la  Bible,  se  permettant  seulement  Tintroduc- 
lion  dtt  quelques  personnages  nouveaux, 
tels  que  Nabathus,  Àchior  et  Àgio^  pauvres 
que  Tobie  assiste,  Myda ,  son  serviteur, 
Phœdra  et  Myrrhina^  servantes  de  Sara,  £y- 
chu$  et  5osia,  serviteurs  de  Razuel. 

Nous  ne  donnerons  qu'un  échantillon  de 
cette  œuvre.  La  capture  du  poisson,  offrant 
des  difiTicultés  à  la  représentation,  Schoen  a 

(1108)  On  remarquera  que  ce  chapitre  présenta 
deâ  dill'érences  »ssez  sensibles  avec  celui  de  la 
Bible;  il  ne  dit  ^as  que  Tobie  atait  cent-deax  ans 
lorsqiiMl  mourut. 

(1 109)  Sept,  suivant  le  livre  caaooiqiie  (v.  5). 

(Il  10)  Ici  6*arréle  le  livre.  On  ify  trouve  pas  les 
quatre  derniers  versets  relatifs  à  la  vie  et  à  la  nwrt 
de  Toltic  le  fils. 

(Ililj  Les  éditions  d*Amsterdam,.  1G29  (repro- 


C référé  en  faire  l*objet  d*ua  récit  daos  \\ 
ouche  de  Tobie  : 

Quid  quisque  vitet,nunquam  homtni  salis  caiilaoKïi; 
Me  iniserum.  totus  liorreo,  post^uam  niihi 
Triste  illud  succurrii  periculuin.  Dettm 
immortalem  I  plane  perieraiii,  ni  Azarias 
Bleus  roihi  succurrisset.  Modo  in  Tigri 
Diim  me  lavo  piscis  quidam  imniani9  es  ioi^, 
IVosilieus  gurgite,  me  omnis  inroriunii, 
Malique  securum,  inopinale  biantibtts 
liivadii  faucibus.  Hic  ego  formidine 
l^ianimatus,  truculentam  belluam  branchib 
Corripio,  Azariae  inclainans  opem  ;  cnjus 
Auxilio  superiore  vadens  prostratiun  bumi 
CouOcio,  coiifectumque  ex  utero  quaoïoni 
Possum,  cor  et  fel  palpitant!  detrabens  : 
Qtis  usuni  sit  in  medicina,  ut  is  a^serebat,  tuoi 
iiabilura,  alque  base  de  re  iu  itinerc  plura  wiiii  io.>i 
Se  narraiurum  promisit. 

Citons  aussi  :  Tobiœmalrimoniuni^\t\ï^*\ 

duitesen  1646  avec  un  nouveau  titre),  Liipsig,  l<-«^ 
Cologne,  1652,  Frauc'ort,  I71i,  sont  indiqure^a^ 
Manuel  du  tibraire. 

Nous  en  avon^  vu  mi^.  autre  datée  de  HirS^m. 
4594  ;  nous  poaséd'ins  une  édition  de  Loft<lr<«« 
1615,  qui  c«iniieiit  Tobmm$  et  deai  autres  pi<^<^. 
notons  enfin  que  Tobmu$  est  joiat  à  uoit  pn*  a 
dans  rédition  de  Paris,  t779,  qui  est  bderaiCfc. 


loes 


TER 


PART.  UI.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


VER 


f06S 


1794,  intermède  en  musique,  exécuté  dans 
le  couvent  des  Lazaristes.  —  Tobie^  tragi- 
comédie  eu  un  acte  avec  des  chœurs  dans  Tes 
(autres  de  Mmesdes  Ruches,  Paris,  1579,  in- 
4'.  (  Voy.  la  BiblioiMque  du  tkéàirt  français^ 
1756,  t.  1,  p.  204.)  —  Thobie,  Ira^i-comédie 
en  cinqacles  et  en  vers,  par  J.  Ouyn,  Rouen, 
1606.  {Voy,  la  A'ftfîo/Aèaue  ci-dessus  citée»  1. 1, 
p.  316.) 


Signalons  aussi  une  pièce  de  Haus  Sachs, 
jouée  en  1533,  et  intitulée  :  Ton  dem  Tkobia 
und seinemSohn^ die gantxe  Histori.  (Histoire 
entière  de  Tobie  et  de  son  fils.)  Cn  jeu  (Sptf), 

{lar  J.  Aclierman,  Zwickau,  1539,  in-S^  — 
In  autre  /eu,  par  G.  Wickram  de  Colmar, 
Strasbourg,  1562,  in-8^ 


V 

VALENTINIENS. 

{Ev<mgile  des  Valentiniens.) 


Il  ne  parait  pas  que  Valentio,  un  des  plus 
célèbres  chefs  du  gnosticisrae  (1112),  ait  hii- 
roème  composé  un  Evangile,  mais  ses  disci- 
ples en  fabriquèrent  un  qu'ils  appelèrent 
vEvangilede  la  vérité.  Saint  Irénée  en  parle 
(I.  ni,  c.  11)  :  Qui  sunt  a  Valentino  in  tan- 
tum  processerunt  audaciœ  ui  quod  ab  his  non 
olim  conscriplum  est^  veritatis  Evangelium 
tiiulent^  in  nihilo  conteniens  aposlolorum 
Ecangeliis. 

Saint  Epipnane  en  fait  également  mention 
(Haeres.  31}  ;  voici  comment  commençait  cet 
Evangile  :  L'âme,  ou  la  pensée,  d'une  gran- 
deur indestructible,  ou  indéfectible  par  son 
élévation,  souhaite  le  salut  aux  indestructi- 
bles qui  sont  parmi  les  prudents,  les  psy- 
cliiquos,  les  charnels,  les  mondains;  je  vais 
vous  parler  de  choses  ineffables,  secrètes,  et 
qui  sont  élevées  au-dessus  des  cieux,  qui 
ne  peuvent  être  entendues  ni  par  les  Princi- 
pautés, ni  par  les  Puissances,  ni  par  les  su- 
jets, ni  par  aucun  autre  que  par  l'entende- 
ment  immuable,  etc. 


Des  fragments  de  Valentin  se  trouvent  dans 
le  sixième  livrede  Touvrage  contre  les  héré- 
sies attribué  à  saint  Hippolyte,  (p.  184-198 
de  Fédition  de  M.  Miller);  ils  ont  été  repro- 
duits par  M.  Bunsen  dans  ses  Antenicœana, 
dont  nous  avonsdéjà  parlé  (t.  I,  p.  76-96). 

Observons,  èi  ce  propos,  que  M.  Bunsen 
dit  quelques  mots  du  Livre  de  la  fidèle  Sa^ 
gesse  qui  a  été  publié  à  Berlin,  et  dont  nous 
avons  tenté  de  donner  une  version,  à  la  fin 
du  premier  tome  de  ce  Dictionnaire,  Le  sa- 
vant Prussien  ne  regarde  pas  ce  livre  comme 
étant  rœuvredeValentin;illesignale  comme 
devant  être  inintelligiblepourles  neuf  dixiè- 
mes des  lecteurs  :  il  n'y  voit  qu'une  produc- 
tion copte,  appartenant  à  la  secte  des  Mar- 
cossicns,  et  contenant  des  rêveries  sur  les 
lettres,  les  mots  et  les  sons  :  The  coptic  trea- 
lise  is  a  most  worthless  and  I  trust  purely 
coptic  offshoot  of  the  Marcossian  heresy  ofthe 
latest  sand  most  stupid  mysticity  aboui  let' 
terSfSoundsand  words. 


VÉRONIQUE. 


Nous  avons  dans  le  1"  volume  de  ce  i>ic- 
rionnoire,  col.  1170-1178,  inséré  la  traduc- 
tion d'un  fragment  écrit  en  latin  et  intitulé  : 
la  Vengeance  du  Sauveur^  dans  lequel  il  est 
question  des  récits  apocryphes  relatifs  à 
sainte  Véronique. 

Le  Dictionnaire  des  légendes  du  christia- 
nisme^ col.  1202  et  suiv.,  présente  aussi  quel- 
ques détails  sur  le  même  objet. 

Un  poëme  manuscrit  conservé  à  la  biblio- 
thèque Impériale,  n"  7498-3,  et  7595,  relate, 
en  deux  mille  trois  cents  vers  environ,  la 
guérison  de  Vespasien  par  sainte  Véronique, 
le  siège  de  Jérusalem  et  la  mort  de  Pilate. 
Nous  en  offrirons  une  analyse  succincte 
diaprés  VHistoire  littéraire  de  la  France, 
t.  XXll,  p.  402-416. 

«  Vapasian  (  Vespasien),  empereur  de  Rome, 
est  afuigé  d*ttne  lèpre  contre  laquelle  toute 
la  science  de  ses  médecins  demeure  impuis- 

(111%)  y  ou.  au  sujet  de  cet  hérésiarque  el  de  ses 
doctrines,  Fleury,  Histoire  ecclésiastique,  tiv.  lu, 
I  28  et  8U1V.,  t.  I,  p.  532,  él'l.  de  Paris,  1758«  e* 

DiCTioNN.  DES  Apocryphes.  11. 


santé  ;  mais  il  apprenu  que  aans  la  ville  de 
Jérusalem  se  trouve  une  vertueuse  femme, 
nommée-  Vérone,  qui  garde  sur  un  voile 
l'empreinte  des  traits  d*un  grand  prophète, 
injustement  crucitié  par  les  Juifs.  Tout  mai 
sur  lequel  on  applique  ce  iroile  est  guéri.  On 
conseille  au  malade  d'envoyer  à  Jérusalem 
un  serviteur  Gdèle  pour  chercher  Vérone  et 
pour  la  décider  à  venir  à  Rome  avec  son 
voile.  Le  sénéchal  Gui  est  chargé  de  ce  mes- 
sage. Arrivé  à  Jérusalem,  il  descend  chez 
le  bon  Juif,  père  d'une  des  trois  Maries; 
celui-ci  le  présente  à  la  femme  qui  possède 
l'image  miraculeuse.  Vérone  raconte  com- 
ment la  Mère  du  Sauveur  lui  remit  le  voile 
empreint  des  traits  de  son  Qls;  elle  consent 
facilement  au  voyage  (|u'on  lui  propose.  lia 
se  rendent  h  Rome,  où  l'image  divine  guérit 
en  effet  Vespasien.  L'empereur  veut  montrer 
une  reconnaissance  proportionnée  au  bien- 

les  divers  auteurs  cités  dans  le  lomç  I"  de  ce  IHe^ 
tionnaire,  cul.  1179. 


34 


«67 


BICTIONNAmE  t»es  APOCRYPHES. 


40a 


fait;  il  permet  au  Pape  sainl  Clément  de 
prêcher  librement  TEvangiie  k  Rome,  et  il 
fait  lui-même  le  serment  de  venger  la  mort 
dn  Sauveur  et  de  recevoir  le  baptême  à  son 
retour  de  Jérusalem. 

Il  part  en  effet  avec  son  fils  Titus  à  la  tête 
d*une  nombreuse  armée.  Pilale,  de  son  côlé, 
prépare  une  résistance  désespérée.  Les  r,ir- 
eonstances  de  la  célèbre  famine  que  souffri- 
rent les  Juifs  durant  le  sié^re  sont  racontées 
d'après  Tautorité  de  Josèplie,  avec  additiou 
d'épisodes  fabuleux. 

Les  deux  empereurs  retournent  h  Rome 
avec  Vérone,  et  Pilate  est  enfermé  à  Vienne, 
dans  les  Gaules;  après  deux  ans  d'une  pri- 
son rigoureuse,  la  tour  dans  laquelle  il  est 
détenu  s'abîme  dans  le  Rhône;  on  peut  en- 
core voir  k  Vienne,  dit  le  poète,  le  puits 
f>ar  lequel  il  fut  précipité  dans  le  fond  de 
'enfer. 

Encore  troverez  lai^tue  en  nn  piTtuîs  ra<Mit, 
Mainl  home  l'a  véu  ei  voient  et  verroiil. 

La  tradition  de  la  délivrance  et  de  la  pri- 
son de  Joseph  d'Arimathie,  qu'on  retrouve 
dans  la  première  partie  du  roman  ou  poëme 


du  saint  Graal,  est  rapportée  ici  au  bon  père 
Jacobus,  père  d'une  des  trois  Maries. 

Quelques  détails  indiquent  une  certaine 
délicalesse  de  mœurs,  assez  rar#  dans  in 
productions  littéraires  du  moyen  âge.  Ainsi, 
quand  Gui  le  sénéchal  invite  Vérone  è  le 
suivre  jusqu'à  Rome,  il  a  soin  de  l'avertir 
qu'elle  pourra  se  faire  accompagner  d*oDe 
autre  femme. 

Saint  Clément,  suivant  le  poëte,  après  la 
guérison  de  Tempereur,  enferma  U  sainte 
toile  sous  l'autel  de  saint  Siméon  à  Rome. 

En  un  moult  ru  be  autel  qui  fut  Mint  Sioiéon 
'Scella  la  toaille  que  de  fi  lu  scet  o  •. 

Dans  le  blocus  de  Jérusalem,  Titus  eut 
recours,  pour  ne  pa<  manquer  d'eau  en  cc^ 
pays  arides,  k  un  singulier  expédient  d'>nt 
il  n'est  pas  facile  de  rendre  compte.  11  fan 
tuer  et  saler  une  multitude  de  bœufs:  on  en 
rassemble  ensuite  les  peaux,  on  les  jeu  i 
l'une  à  l'autre  avec  du  plomb  fondu,  oo  eu 
tapisse  la  vallée  de  Josaphat,  dans  laquelle 
on  amène  l'eau  de  la  mer  Morte  qui  s*j  con- 
serye  saine  et  abondante. 


X 

XAVIER  (LE  PÈRE). 


Nous  avons  déjà  fait  mention  dans  le 
tume  1*'  de  ce  Dictionnaht  de  Thistoire  de 
Jésus-Cbrist,  écrite  en  persan  par  ce  mis- 
sionnaire, et  imprimée  avec  une  traduction 
latine,  1639,  in-fc*.  Elle  est  surchargée  de 
circonstances  qui  ne  sont  point  dans  les 
Evangiles  canoniques  et  qui  ont  été  em- 
pruntées aux  livres  apocryphes  ou  à  des 
traditions  sans  autorité.  Paruii  les  légendes 
qu'elle  raconte,  nous  en  citerons  une  que 
Ton  retrouve  chez  divers  autturs  du  moycMj 
fige. 

«  Il  y  avait  k  Rome  un  temple  consacré  à 
Apollon  et  où  le  diable  rendait  ôeA  oracles; 
^lant  interrogé  sur  la  question'  de  savoir 
coaibien  de  temps  ce  temple  subsisterait, 
le  malin  esprit  ri^pondit  :  «  Jusqu'à  ce 
«  qu'une  vierge  enlcinle,  sans  cesser  d'être 
«  vierge.»  Les  Romains  jugeant  la  chose  im- 
])Ossible,  en  conclurent  que  ce  temple  sub- 
sisterait à  jamais  ei  ils  inscrivirent  sur  une 
Iliaque  de  marbre  posée  au  fronton  :  «  Tem- 
«  pie  de  la  P^ix  et  de  l'Eternité.  »  Mais  Pédi- 
fice  s'écroula  dans  la  nuit  même  où  naquit 
JésuS'Christ.  « 

«  Le  jour  de  la  naissance  de  Jésus-Christ 
on  vit  en  Espa^^ne  trois  soleils  qui  se  mon- 
trèrent à  la  fois,  jetant  une  vive  clarté  et 
qui  se  réunirent  ensuite  en  un  seul,  et  dans 
cette  nuit  on  vit  aussi  en  Espagne  une 
nuée  éclatante  qui  illuminait  les  ténèbres 
de  sorte  qu'on  y  voyait  comme  en  plein 
jour.  » 

La  circonstance  apocryphe  de  l'appari- 
tion d'un  triple  soleil  parait  avoir  été  avan- 
cée pour  la  première  fois  au  xi' siècle.  Elle 


est  rejetée  par  les  meilleurs  critiques,  qui 
supposent  que  cette  légende  est  enipraniee 
kce  que  dit  Pline  d'une  apparition  sembla- 
ble, laquelle,  comme  le  reman]ue  Barootus, 
se  serait  produite  quarante  ans  avant  fère 
chrétienne. 

Brodant  sur  un  traitrapportédans  VErangilt 
de  VEnfance^  le  P.  Xavier  dit  que  des  IL^jv- 
tiens  pianièrent  les  arbres  qui  dooneni  le 
baume,  mais  ces  arbres  ne  donnèrent  loint 
leur  produit  jusqu'à  ce  au 'on  se  Mt  avisé  de 
faire  arroser  la  terre  ou  ils  s'élevaient  {^ar 
le  ruisseau  dans  lequel  Marie  lavait  les  lan- 
ges de  TEnfanl-^ésus.  Ils  fournirent  alors  uoo 
récolte  fort  abondante. 

Nous  avons  dit  que  le  P.  Xavier  avait  de 
même  écrit  en  persan  une  Histoirt  de  satnt 
Pierre^  qui  parut  aussi  à  Le^de  en  1639,  et 
qui  contient  un  récit  de  la  vie  du  prince «ic^ 
apôtres  d'après  les  Actes  et  les  apocryihe'^. 
J^  Légende  dorée  et  les  récils  du  pseu<)o- 
Abdias  ont  également  été  mis  à  contribuii'^n. 
On  y  remarque  divers  miracles  dont  il  aV?t 
point  fait  mention  ailleurs;  cest  ainsi  <{•:• 
celte  histoire  raconte  que,  lorsque  rapôir- 
était  sur  ta  croix,  on  vit  un  çrand  nombre 
d'anges  paraître  autour  de  lui  ;  l'un  d*eoi 
tenait  une  couronne  de  fleurs.  On  vit  ao^^- 
le  Sauveur  avant  en  main  un  livre  qui 
ouvrit  et  qu'il  remit  k  Pierre.  Voici  le  p»r- 
trait  que  le  P.  Xavier  trace  du  premier  chef 
de  l'EfÇlise.  Sa  taille  était  à  peine  aa-de<'M^ 
de  la  moyenne;  son  teint  d  un  blanc  uns 
sur  le  rou^^e,  les  cheveux  courts  et  h^n??»^* 
ainsi  que  la  barbe,  les  yeux  très-noir^  cl 
dépourvus  de  sourcils,  louez  long  etpoiuiu. 


1069 


TAS 


PART.  lIL-LEGEiNOES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


t07ft 


Il  tenait  toujours  sa  tète  inclinée  sur  sa  poi- 
trine; ses  pleurs  ne  cessaient  de  couler  sur 
ses  joues  et  avaient  creusé  comme  un  ruis- 
seau sur  chacune  d'elles.  11  passait  les  {ours 
à  instruire»  et  les  nuits  à  prier  en  jeûnant 
sans  cesse. 

C'est  dans  l'œuvre  de  Jacques  de  Voragîne 
que  le  P.  Xavier  a  puisé  les  circonstances 


qu'il  rapporte  au  sujet  des  cnatnos  qui 
avaient  servi  h  lier  saint  Pierre  et  qui  se 
réunirent  d'elles-mètnes  pour  n'en  former 

3u*une  seule  dont  l'application  produisait 
e  grands  miracles.  (  Et  quirunque  eam 
gutturi  suo  alligavit,  a  c^uocunque  morbo 
sauaium  fuisse,  ac  dœmoniacis  liberationem 
contigisse.) 


Y 


YASCHAR    (SÈPHER  HAIYASCHAR) 

[l^ivre  dit  juste)  9 
Tradoit  pour  la  oremière  fois  du  texte  hébreu  rabt)inir|ue,  accompagné  de  noies  et  précédé  d\inc  diiseru- 

tilion  sur  ce  livre, 

Par   le  chevalier  P.  L.  B.  DRACH. 

AVANT-PROPOS; 


Le  liirre  dont  nous  offrons  au  public  la 
première  traduction,  est  connu  généralement 
sous  le  titre  de  roscAar,  lonn  "lEOi  c'est-à- 
dire»  Livre  du  juste;  mais  lui-même  s'inti- 
tule k  la  ijremière  ligne  du  texte  :  Livre  de 
la  généraiiûn  dCAdam,  dih  rrtSnilD.  Ce  titre, 
pris  de  la  Genèse^y^i^  peut  aussi  setraduire|c 
Livre  de  l'histoire  de  Inomme.  Un  auteur  an- 
cien le  cite  sous  un  autre  tilre  :  jsMyn  ^IT* 
Chronique^  ou  Annales^  et  ^nHPi  D>ïa»n  ^lai. 
Chronique  longue^  Annales  longues  (t  1 13].  On 
trouvera  l'explication  de  ces  divers  titres 
dans  ce  que  nous  aurons  à  dire  plus  loin 
du  livre  même. 

Le  titre  Yaschar^  qui  se  lit  deux  fois  dsns 
le  texte  original  de  l'Ancien  Testament,  Jos. 
X,  13,  et  //  Samuel,  i,  18,  a  déjà  fixé  l'atten- 
tion des  docteurs  de  la  Synagogue  et  des 
Pères  de  l'Eglise;  et  jusqu'à  nus  jours,  il 
a  continué  d'être  l'objet  des  recherches  et 
des  méditations  des  savants  qui  s'occupent 
de  questions  bibliques.  La  ulupart  de  ceux-- 
ci, dominés  (tardes  idéespréconçues, comme 
cela  n'arrive  que  trop  souvent,  au  lieu  de 
chercher  la  lumière  dans  les  documents  an- 
«iens,  et  de  pénétrer  au  fond  de  la  matière, 
se  sont  laissés  aller  à  tous  les  écarts  de  l'i- 
magination, cette  folle  du  logis,  comme  la 
caractérisait  sainte  Thérèse.  Le  livre  du 
Yaschar,  véritable  Proléo,  prend  sous  leur 
plume  toutes  sortes  de  formes.  Les  uns  en 
font  un  recueil  d'odes  héroïques  en  l'hon- 
neur, soit  des  forts,  soit  d'un  seul  fort  d'Is- 
raël. Ouvrez  les  livres  des  autres,  il  vous 
apparaîtra  tantôt  comme  une  élégie  funèbre, 
èmx^&iov,  tantôt  comme  un  recueil  de  canti- 
ques sacrés;  et  puis, la  fantasmagorie  chan- 
geant, c'est  un  rituel  qui  règle  Tes  devoirs 
religieux  et  les  cérémonies  du  culte.  Nous 
n'en  finirions  pas,  si  nous  voulions  faire 
passer  sous  les  yeux  du  lecteur  toutes  les 
métamorphoses  qu'on  a  fait  subir  au  pauvre 
Yaschar. 

Ce  sont  surtout  les  exégètes  allemands 

(1113)  L*a«liectir  Tnnn  est  an  singulier  parce 
qu*oii  ious-euteml  W  luoi  nSO,  livre. 


qui  donnent  carrière  à  leur  imaginatioti 
quand  vous  leur  demandez  ce  qu'était  ce 
livre.  Car  aucune  hypothèse,  quelque  étran- 
ge qu'elle  soit,  ne  les  arrête,  pourvu  tou- 
tefois qu'elle  frappe  par  son  etrangelé,  et 
que  surtout  elle  renverse  les  croyances  ad- 
mises par  toutes  les  générations  depuis  la 
plus  haute  antiquité.  Un  docteur  anglais, 
ministre  de  la  parole  de  Dieu,  s'est  fait  le  dis- 
ciple passionné  de  ces  rationalistes  témérai- 
res, pour  apprendre  d'eux  la  manière  de 
démolir  pièce  à  pièce,  à  coup  de  paradoxes, 
tout  l'édifice  des  saintes  Ecritures.  Il  manie 
celles-ci  avec  une  hardiesse  et  des  utopies 

3ui  prouvent  combien  il  a  profité  des  leçons 
e  ses  maîtres.  Et,  »fin  de  passer  mattre  lui* 
même,  il  a  façonné  son  chef-d'œuvre.  Il  a  re- 
trouvé le  livre  Yaschar,  lui,  non  pas  enfoui 
sous  un  tas  de  manuscrits  poudreux  de 
quelque  bibliothèque  inexplorée,  mais  dans 
le  Pentateuque,  qui,  au  dire  du  ministre 
anglican  et  de  ses  Gamaliels  germains,  n'a 
vu  le 'jour  qu'au  temps  de  Josias,  roi  do 
Juda,  c'est-à-dire  plus  de  huit  cents  ans 
après  Moïse.  Voici  comment  s'est  passée  la 
chose  :  Helcias,  grand  prêtre  de  ce  temps- 
là,  a  fondu  les  lois  du  législateur  d'Horeb 
précisément  avec  notre  Yaschar,  Telle  est 
l'originequ'assi^neau  Pentateuque  la  sagacité 
dessommités  rationalistes  d'outre-Rhin.  Il  ne 
s'agissaitdoncplusquede  lasimple  opération 
de  dégager  le  Yascharde  cet  amalgame.  C'est 
ce  qu'a  fait  bravement  le  ministre  anglican 
dans  un  livre  publié  è  Berlin  sous  le  litre  : 
Vashr  fragmenta  archetypa  carminumHebrai* 
curum,  M.  TabbéCruice,  supérieur  de  l'école 
des  hautes  études  ecclésiastiques,afait  bonne 
justice  de  cette  œuvre  excentrique,  comme 
aussi  des  excès  et  des  chimères  de  l'exégèse 
rationaliste  allemande  en  vénérai,  dans  un 
article  spirituel,  écrit  avec  Te  talent  et  Téru- 
dition  qui  distinguent  cet  ecclésiastique, 
une  des  plus  belles  gloires  du  clergé  iriin- 
çais  (111&). 

(H  14)  Rê9ue  contemporaine^  inarii  ISlîC.  —  IU\ 
savant  do  Bordeaux,  M.  0ruii«(,  nous  appreuU  ()uU 


•1071 


DICTlOiNNAlRiSi  DES  APOGHYPIfES. 


I«71 


Nous  lisons  dans  le  même  iir(ir.le:«Audelà 
du  Rhin,  rimagination  domine  tout,  This- 
loire,  la  philosophie  «  la  théologie  même. 
I)  y  a  sous  ce  ciel  germanique»  je  ne  sais 
quel  charme  puissant  qui  porte  aux  values 
rèreries.  >»  En  effet,  ceux  gui  ne  connais- 
sent pas  les  livres  qui  se  publient  en  Allema- 
gne, ne  sauraient  se  faire  une  idée  des  dérè- 
glements, des  débauches  d'esprit  du  ratio- 
nalisme dans  ce  pays.  Et  ces  impies  écarts, 
résultat  de  la  libre  interprétation  du  sys- 
tème protestant,  se  débitent  sous  le  titre 
pompeux  d*herméneutique  et  d'exégèse  bi- 
blique. Le  mythe  y  joue  un  grand  rôle  :  les 
vérjtés  les  plus  positives,  les  croyances  les 
plus  fondées,  y  deviennent  des  mythes,  des 
conceptions  poétiques,  de  vaines  allégories. 
Ces  tristes  excès  vont  sans  cesse  crescendo, 
Strauss  a  mythisé  la  divine  personne  de 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ.  Ou  a  eu  beau 
lui  montrer  qu'à  son  exemple,  on  pourrait 
faire  un  mythe  plus  juste  que  le  sien  de 
Napoléon  1"  et  de  sa  famille,  il  n'en  a  pas 
moins  trouvé  une  suite  d*imitateurs  qui  ont 
renchéri  sur  lui,  jusqu'à  Feuerbach.  Celui- 
ci,  que  l'on  croyait  être  arrivé  à  l'extrême 
limite  des  ridicules  utopies,  a  été  lui-iitème 
débordé  par  d'autres.  Cependant  l'existence 
de  Jésus-Christ,  attestée  par  tant  de  monu- 
ments et  une  tradition  qui  remonte  sans 
interruption  jusqu'au  temps  de  la  vie  ter- 
restre du  Verbe  fait  chair,  gênait  désa- 
gréablement leur  manie  d'en  foire  un  être 
fantastique,  un  messie  imaginaire.  Mais  voi- 
Ih  enfin  un  de  ces  cerveaux  disposés  en  X, 
qui  arrange  l'affaire  de  la  manière  suivante, 
au  grand  applaudissement  des  autres  ratio- 
nalistes crompires  :  Oui,  Jésus  a  existé; 
mais  c'était  un  homme  né,  comme  tout  au- 
tre, d'un  père  et  d'une  mère.  Seulement, 
Dieu,  émerveillé,  ou,  si  vous  voulez,  char- 
mé de  sa  vertu  et  de  sa  science  exception- 
nelle, l'associa  à  sa  divinité.  Nous  conseil- 
lons à  l'ingénieux  auteur  de  cet  expédient 
dt)  ne  pas  solliciter  un  brevet  d'invention. 
D'autres  hérétiques  ont  pris  date  avant  lai, 
il  y  a  de  cela  près  de  dix-huit  cents  ans. 
D'après  Gérinthe,  Jésus  né  è  la  manière  or- 
<linaire  des  hommes,  était  arrivé  à  la  di- 
gnité de  Christ  par  les  progrès  de  sa  ver- 
"tu  (1115).  Carpocrate  enseignait  :  Par  sa  na- 
ture, Jésus-Christ  était  ce  que  sont  tous  les 
homiBes;  mais  il  s'en  distinguait  par  la 
-sainteté  de  sa  vie,  par  sa  sagesse,  par  sa 
i^ertu,  par  sa  justice.  Son  Ame  entin,  8*étant 
acquittée  de  tous  ses  devoirs,  s'unit  au  Père 

«xidie  UQ  opuscule  en  anglais,  tiré  à  petit  nom- 
bre^ et  non  livré  au  commerce  :  Bibttographicai 
noie$  oit  The  book  of  Jasher^  Loiidon,  1^.  Onze 
pages  in-4*.  Nous  n'avons  pas  pu  trouver  cette  notice. 
Le  Galtgnani  's  Messenger^  du  iS  novembre  IS28, 
annonçait  que  le  Uvre  Yauhar  était  retrouvé,  c  Cet 
ancien  ouvrage, i  écrivait*!!,  c  fut  obtenu  âi  grands 
frais  par  Alcazius,  Thomme  le  plus  illustre  de  son 
temps,  à  Gazan,  en  Perse,  où  il  parait  avoir  été 
conservé  denuis  Tépoque  du  retour  des  Jutls  de  la 
capilviiéde  Bahylone,  ayant  été  transporté  par  Cyrus 
dans  son  propre  pays.  »  Nous  doutons  que  le  fait 
aolt  vrai,  car  on  n*auraii  pas  manqué  de  publier  un 
livre  de  celle  importance. 


céleste  (1116).  Les  êbioniles  diraient  que 
Jésus  était  un  prophète  de  vérité,  ^rpo^f^rr^i 
XiYoueri  t^ç  àXY)6e(aç ,  qu*il  était  devenu  Chri«»t 
Fils  de  Dieu  par  progression,  ^ul\  Xpist^  ITIlv 
BsoO  x'ixà  ?cpoxo7c^v,  et  par  conjonction,  xa\««cî 
ouv&^etav,  avec  Dieu,  effet  de  sa  tendance  vers 
lui  (1117). 

Depuis  quelque  temps,  des  ennemis  de  ta 
religion  prennent  k  tache  d'acclimater  en 
France  les  plus  étranges  divagations  des  ima- 
cinations  délirantes  de  l'Allemagne  rationa- 
liste; et  ceux  qui  prostituent  à  ces  extrava- 
gances exégéliques  un  certain  talent  d'écrire 
sont,  4iélas  i  prônés  et  encouragés. 

Nous  avons  déjè  averti  qne  notre  lirre  ne 
s'intitule  lui-même  que  Livre  de  la  généra- 
tion  d'Adam.  Il  est  bien  remarquable  que 
l'on  soit  généralement  convenu  de  fintituler 
différemment,  "et  de  le  désigner  sous  le  nom 
de  ittnn  nSD ,  Livre  du  Yasr.har^  lÀrre  du 
jusiCy  Liber  reeti.  Pour  expliquer  cette  sin- 
gularité, il  suffit,  pensons-nous,  de  déter- 
miner avec  simplicité  et  bonne  foi  le  sens 
de  ces  mots  niD^n  "nSD*  l^^^  auteurs  qui  se 
sont  occupés  de  cette  question ,  non  pas 
pour  Téclaircir,  mais  pour  raccommoder  à 
leurs  systèmes  préconçus,  veulent,  les  ut.s 
que  Yaschar  soit  une  abréviation  ooiTisraH 
ou  de  son  syqonjme  Yeschurun^  p  w;\  et 
que  le  titre  signiOe  livre  d'Israël^  i^ur, 
histoire  d'Israël;  les  autres,  que  les  deux 
termes  hébreux  signiGent  Litre  du  juste ^ 
d'un  hommfi  juste  déterminé,  istius  recti,  de 
Josué;  d'autres  encore  traduisent,  le  l.irre 
droit,  prenant  narM  pour  un  adjectif,  une 
leuilbi  droite,  simple,  qui  ne  se  met  pas  en 
rouleau.  Ces  diverses  interprétations  sont 
fautives.  V  II  ne  faut  pas  confou  ire  af,  'ch 
avec  û;,  f,  deux  éléments  différents,  |iour 
faire  de  Yaschar^  Israël.  2r  Yeschurun  est 
une  expression  poétique.  Or  les  titres,  qui 
doivent  être  simples,  sans  prétention,  in- 
diquent la  nature  et  le  contenu  de  Tou- 
vrage  sans  s*élever  au  langage  des  dieux. 
3**  Si  Yaschar  représentait  un  nom  propre, 
il  ne  pourrait  pas  être  précédé  de  l'articie 
définitif  n.  4*  Aurait-on  intitulé  Livre  du 
juste,  sans  le  nom  du  personnage  k  qui 
l'on  donnait  cette  qualification  si  commuue 
à  tant  d'autres?  5'  Pour  exprimer  feuille 
droite^  non  roulée,  on  aurait  dû,  selon  les 
règles  de  la  langue  hébraïque,  mettre  far- 
ticle  n  devant  le  substantif  aussi  bien  que 
devant  Tadjectif. 

Examinons  maintenant   sans  prétention 

(1115)  *It)ooOv  6à  xaxà  TEpoxoitjiy  ^pcTc^v  xtxÀf^- 
96àt.  Epîpb.,  Adv.  hœr.  1. 1,  p.  S»,  C,  de  J*éditioii 
de  Cologne. 


0£p(j>OeT<ia  i\  aùxl]  4^x4  mû  *Ii}doO  &véÂ6t2  sp6ç  cifv 
auTbv  natépa.  M.,  pp.  103  D  e(  103  A. 

(1117)  Id.,  p.  UaC— L'erreur  du  P.  Bemiw. 
condamnée  par  le  Saint-Siège,  sons  Renolt  XIV  H 
sous  Clément  XH I,  renremie  oiiela^i^  venin  de 
anciennes  hérésies. 


1073 


TAS 


PART.  III LEGENDES  ET  FIIAGMENTS. 


\AS 


«074 


aucune  le  sens  vrai  de  noire  titre,  le  sens 
obvie»  judicieux,  ou  pour  mieux  dire,  celui 
<]ue  Ton  y  attachait  dès  les  temps  anciens. 
Le  sens  le  plus  simple,  qui  s*offre  de  soi- 
même  à  quiconque  n*est  pas  dominé  par 
une  préoccupation,  est  celui-ci  :  livre  de  ce 
qui  est  droit,  sincère,  exact,  qui  sert  de  rè- 
(çle;  en  d'autres  termes,  relations  précises, 
c'est-à-dire,  commentaires,  mémoires,  jour- 
nal, annales,  ou  comme  on  dirait  en  hébreu, 
paroles  des  jours  (lil8j,  ma^ry  ^nT,  sincères^ 
pour  servir  de  matériaux  à  l'histoire  ;  Ton 
pourrait  «goûter  :  ()Our  l'instruction  des  fidè- 
d^les, en  tant  que  ce  livre  contribuée  les 
diriger  dans  la  voie  du  Seigneur,  par  les 
instructions  qu'ils  peuvent  y  puiser.  Il  ré- 
sulte de  l'explication  que  le  Talmud,  traité  De 
l'idolâtrie^  toi.  25  recto,  donne  de  notre  ti- 
tre, explication  que  répètent  le  Médrasch- 
Rabba  sur  la  Genèse^  chap.  vi,  de  graves 
commentateurs  anciens,  et  que  donne  aussi 
la  paraphrase  cbâldaï'jue^  que  le  titre,  Livre 
du  juste^  peut  s'appliquer  à  tout  écrit  qui 
contient  1  histoire  des  patriarches  et  du  peu- 

File  d'Israël,  depuis  l'origine  du  monde.  Voi- 
à  pourquoi  lePentaleuque  est  appelé  Livre 
du  juste  (1119),  mais  plus  spérialement  la 
Genèse  (1120).  De  Kossi  possédait  dans  sa 
bibliothèque,  sous  le  n*960,  un  codex  hé- 
breu du  Pentateuque,  écrit  en  14'»2,  où  cha- 
cun des  cinq  livres  dont  il  se  compose  a 
une  dénomination  propre; savoir,  la  Genèse: 
Séphêr  haîyaschar^  Livre  du  juste;  V Exode: 
Sépherhahherithj  Livre  de  (^alliance  ;  le  Lé- 
vitique  :  Sépher  thorath  cohanim^  Livre  de  la 
loi  des  sacerdoteSy  etc.  (1121). 

L'auteur  de  la  Préface  de  notre  livre  dit: 
«Il  se  trouve  écrit  que  ce  livre  est  appelé, 
Livre  duiuste^  parce  aue  tout  y  est  racouté 
suivant  1  ordre  des  évenemeuts  sans  aucune 
interversion.» 

Les  rabbins  du  Talmud  donnent  no>ir  rai- 
son du  titre  livré  dujuste^  appliquée  la  Ge- 
nèse^ parce  qu'elle  rontient  l'histoire  des 
justes^  Abraham,  Isaac  et  Jacob(1122).Nous 
notons  ceci  aCn  d'expliquer  pourquoi  saint 
Jérôme  traduit.  Liber  justorum^  changeant 
en  pluriel  lesingulierittn.  On  sait  combien 
ce  Père  était  versé  dans  les  traditions  rabbi- 
niques.Il  est  tellement  constant  qu'il  traduit 
justorum  en  suivant  les  rabbins,  que  dans 
ses  commentaires  sur  Isaïe  xuv,  1-5,  et  sur 
Ezéchiel  xviii,  3.  k^  il  répète  explicitement 
leur  enseignement  sur  ce  sujeL  Unde^  dit- 
il,  et  liber  Geneseos  appellatur^  v  justorum  m 
Abraham^  Isaac  et  IsraëL 

Mais  avant  d'aller  plus  loin,  nous  devons 
signaler  ici  un  fait  attesté  par  Josèphe  et 

(1118)  On  verra  plus  loin  que  notre  Livre  du 
jiule  est  cité  sous  ce  litre  dans  le  Yalkut^  Chnine 
des  Pères  hnr  TA .  T. 

(1119)  Outre  le  Talmud  et  des  rabbhis  postérieurs 
à  sa  composilion,  un  ms.  ancien  du  Liiue  du  jusîe, 
ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin. 

(1120)  talmud,  ubi  supra. 

(1121)  De  Rossi,  inss.  coJices,  vol.  III,  pag.  22. 
Yarlœ  ùelionei  V.  7.,  t.  IV,  p.  22. 

(1122)  Talmud.,  tbid, 

(1123)  S.  Jérôme  ne  veut  pas  prendre  sur  lui  de 


d'autres  écrivains  anciens  et  admis  par  des 
savants  distingués  des  temps  modernes,  qui 
ont  l'ait  de  l'Ecriture  sainte  l'objet  spécial 
de  leurs  éludes.  Il  est  certain  que,  dès  le 
principe  de  l'existence  du  peuple  hébreu,  il 
tenait  exactement  registre  de  tous  les  évé- 
nements qui  intéressaient  la  nation,  h  me- 
sure qu'ils  arrivaient.  Ces  mémoires,  ces 
commentaires  contemporains,  rédigés  par 
des  scribes  qui  avaient  caractère  pour  rem- 
plir cet  office,  étaient  déposés  et  soigneu- 
sement conservés  aux  archives  nationales. 
C'est  ainsi  que  chaque  tribu  et  chaque  sub- 
division de  tribu  avait  aussi  ses  tables  de 
généalogie.    A  des  épot^ues  postérieures, 

Ju'on  ne  saurait  déterminer  avec  certitude, 
es  écrivains,  poussés,  pour  ainsi  dire,  tm- 
pulsif  et  surtout  guidés  |)arr£st>rir  de  Dtfté, 
ou  mieux,  par  l'Esprit  Dieu,  rédigèrent  d'a- 
près ces  pièces  les  livres  dont  se  compose 
notre  canon  de  l'Ancien  Testament.  De  là 
vient  que  l'on  rencontre  fréquemment  dans 
les  Livres  saints  que  telle  chose  ou  tel  nom 
subsiste  jusqu'à  ce  jour ^  musqué  in  prœsen» 
tem  diem,  »  Des  remarques  pareilles  disent 
assez  clairement  que  l'écrivain  rend  comjpte 
de  choses  arrivées  longtemps  avant  lui.  Cest 
ce  qui  fait  dire  à  saint  Jérôme  à  l'occasion 
de  cette  f'hrase  biblique,  usque  in  hodier^ 
num  diem  :—  Certe  hodiernus  dies  illius  tem- 
poris  œslimandus  est  quo  historia  ipsa  con* 
texta  est,  {Adv.  Ilelvia.,  n.  7.)  Quand  la  tra- 
dition de  la  S)'nagoguenous  apprend, d'après 
le  Talmud,  traité  Baba-Bathra^  fol.  30  verso, 

3ue  Moïse  a  écrit  son  livre^  on  peut  enten- 
re  simplement  qu'il  a  rédigé  le  texte  de  ses 
lois,  texte  qui  plus  tard  a  été  inséré  littéra- 
lement dans  le  Pentateuque.  (}uant  à  la  ré- 
daction définitive  de  la  partie  historique, 
le  Talmud  ne  lui  attribue  que  le  cliapitre  qui 
traite  de  Balaam  (1123). 

Mais  il  n'est  pas  indifférent  pour  lasujet 
que  nous  traitons  ici  de  transcrire  le  com- 
mencement du  |>assage  où  le  Talmud  noojme 
l'auteur  de  chacun  des  livres  de  l'Ancien 
Testament.  On  verra  qu'il  ne  s'agit  pas  des 
auteurs  de  la  rédaction  définitive,  mais  bien 
de*  ceux  qui  avalent  écrit  les  Mémoires  el 
les  Annalesd'après  lesquels  furent  composés 
plus  tard  les  livres  du  canon  sacré.  On  com- 
prend combien  il  est  important,  pour  l'au- 
torité de  ces  Mémoires,  de  savoir  de  qui  ils 
proviennent.'«Moiseaécritsonlivre(cequele 
texte  appelle,  le  livre  de  ta  loi  de  Moise.Veut. 
IV,  W;  xixiii,  iih;  Jos.  i,  7;  xxiii,  6,  et  ali- 
bi pluries)  et  le  chapitre  de  Balaam  (glose  de 
Yarkhi  :  «  Les  prophéties  et  les  paraboles  de 
Balaam,  bien  qu'elles  n'aient  pas  rapport  à 

décider  à  qui  appartitsnt  la  dernière  rédaction  du 
Peoiatcuque.  Sive  Moysen  dieere  volueris  auciorem 
Pentaieuchi,  écril-il,  $tve  Exram  ejusdem  initaura- 
torem  operis,  non  recuso.  (Adv.  Helvid.,  n.  7.)tH  ne 
faut  pas  s*y  tromper.  Le  Père  si  savant  en  matière 
d^Ecrilure  sainte  ne  rejette  nullement  un  rédacteur 
entre  Bloise  et  Esdras.  Il  semble  dire  :  c  II  n*t«t 
pas  certain  que  la  forme  actuelle  du  Penialeunne 
appartienne  ^  Moïse.  Quant  à  Esdras,  Il  a  peui-êtrt 
rétabli  le  texte  qui  existait  avant  la  captivité,  quel 
qtt*en  fût  rédacteur.  > 


1075 


OICTIONNMUE  DES  APOCRYPHES. 


I07C 


sa  loi,  à  son  objetyiiià  sc$  actes.  »»}  et  lelti^e 
de  Job.  Jlosuô  a  écrit  son  livre  et  les  huit 
derniers  versets  du  Deuléronome  (qui  renfer- 
ment le  récit  de  la  mort  de  Moïse).  Samuel  a 
/fcrit  son  livre,  \e  Livre  des  Juges  et  celui  de 
jtv^Ât  »  etc.  Nous  arrêtons  ici  notre  citation» 
çt  la  soumettons  à  Texamen  du  lecteur.  Le 
Livre  de  Josué^  ce  qui  veut  dire,  \  histoire  de 
Josué»  ne  doit  certes  pas  sa  forme  actuelleau 
successeur  de  Moïse.  Outre  qu'on  y  trouve 
la  mon  de  Josqé^nous  lisons  au  chap.  iv,ver- 
set  9f  que  les  pierres  placées  par  Josué  au 
milieu  du  lit  du  Jourdain,  j  sont  demeurées 
jusquà  ce  jour f  «  et  sunt  ibt  usque  in  pressent 
tem  diem.  »  Ceci  a  dû  être  écrit  à|une  époque 
beaucoup  postérieure  au  fait.  Au  chapitre 
^lyi^etSl,  l'auteur  nomme  les  montagnes 
du  pays  d'Israël  et  du  pays  de  Juda.  Cette 
distinction  de  la  naiiondes  Hébreux  en  Juda 
et  en  Israël  était  inconnue  au  temps  de  Jo- 
isué  (112&).  Dans  le  Livre  de  Samuelf  divisé 
en  deux,  les  preuves  de  sa  postériorité  è 
l'existence  de  ce  prophète  abondent  égale- 
ment. Nourn'en  citerons  que  deux  ou  trois, 
comme  nous  avons  fait  pour  le  Livre  de  JO' 
sué.  Au  chapitre  ix  du  livre  i,  SaUl  et  ses  ser* 
yiteurs  sont  è  la  recherche  de  Samuel,  et 
ils  demandent  è  des  filles  de  Bamatha:  Le 
voyant  est-il  ici?  «Car,  »nous  avertit  fau- 
teur, f  au  lieu  du  nom  prophète,  U5t7/  au/otir- 
d*Atit|  on  disait  anciennement  le  voyant.  » 
Qui  enim  propheta  dicitur  hodie,  vocabatur 
plim  videns.  Ce  même  terme  prophète,  M^n^, 
qui  n'était  pas  encore  usité  du  temps  de  Sa- 
muel, se  lit  dans  le  Livre  des  Juges,  iv,  k;  vi, 
9,  dix  fois  dnns  d'autres  versets  du  premier 
Livre  de  Samuel.  Il  se  rencontre  aussi  dans 
la  Genèse  xx,  7,  dans  les  Nombres  xi,  29  et 
beaucoup  de  fois  dans  le  Deuléronome,  Au 
chap.  xxyii,6,  le  roi  Acbis  assigne  pour  de- 
meure à  David,  qui  luyait  SaiiT,  la  ville  de 
Sicéleg.  L'auteur  ajoute:  Cest pourquoi  Si- 
céleg  cH  possédé  par  les  rois  de  Juda  jjusquà 
ce  jour.  Ici  il  est  manifestement  question 
des  successeurs  de  Salouion  sur  le  trône  de 
Jérusalem.  On  sait  qu'au  chapitre  xxvni  du 
même  Livre  de  Samuel^  la  pythonisse  d'£u- 
dor  évoque  Samuel  d'entre  les  morts. 

Tous  ces  livres  ont  donc  été  rédigés  à  des 
époques  pOdtérieures  aux  événements  qu'ils 
racontent,  d'après  les  Hémoires,  les  com- 
mentaires laissés  pardes  prophètes  contempo- 
rainsdesfaits;c'est-à-dire,pardes  scribes  pu- 
blic^, pans  la  paraphrase  chaldaïque,  scribe, 
jnaDDi  et  prophète,  n«rM,  sont  synonymes  en  ce 
sens.  C'est  pour  cette  raison  que  le  recueil  des 
livres  purement  historioues  de  Josué^  des 
Juges f  de  Samuel  et  des  miSf  esl  dénommé, 

(iii4)  La  tendance  de  cette  scission,  chose  re- 
marquable, 8*e8t  roanifesiée  de  bonne  heure.  Il  est 
dit  au  //•  Livre  de  Samuel,  chap.  ii,  qu^après  la 
mort  de  Saut,  David  devint  roi  de  Juda,  et  Isboselli, 
roi  de  tout  ïsraêL 

(1 125)  Lq  Livre  du  juit^.^en  la  fin  du  Livre  de  Josué, 
tWi  :  c  l'i  dans  le  Livre  des  guerres  de  Jéhova,  qu^oiil 
i  crit  Moïse  ei  Josué  et  les  enfants  d*lsraêl.>  Ces  Actes 
(Ml  Mémoires  se  continuaient  de  généraltoii  en  gé^ 
l'éialion.  On  n'en  s:iurait  douter,  et  Josèpbe,  que 
I4wH;&  allons  citer,  1  aHirme  positivement. 


prophètes,  parce  que  ces  livres,  ont  été  tiret 
des  Mémoires  des  prophètes  qui  avaient  mU 
par  écrit  chacun  les  événements  de  aoo 
temps.  Ces  écrivains  et  orateurs  publics,  ap- 

{>elés  dans  TEcriluro  fils  des  prophètes^  c  /i- 
tt  prophetarum  »  (/  Reg,  xx,  35;  //  Beg.  u, 
3,  5,  7,  15  et  alibi),  formaient  des  collèges 
sous  le  régime  de  la  vie  commune.  {/  Sam. 
X,  5,  6,  11;  XIX,  20  et  alibi.j  Ils  ont  laissé 
une  quantité  de  matériaux  nistoriqoes  qui 
sont  perdus,  et  dont  une  partie  e^t  dtée 
dans  ]*£criture  :  le  XtïTe  des  guerres  de  Je* 
hova  (1125),  le  Livre  du  juste^  les  Histoires 
ou  Chroniques,  «  Terba  dicrwm,  »de  plusieurs 
rois  juifs.  {I  Reg.  xiv,  19,  29;  xv,  7;  /  Po- 
ralip.  xvii,  24  ;  xxix,  29;  11  Paralip.  ix,  S9; 
xn,  15;  XX,  34;  xxvi,  22;  xxxiii,  19.) 

Josèphe  (C.  Ap.  i,  6»  7),  après  avoir  nom* 
mé  plusieurs  nations  anciennes  qui  pre- 
naient le  plus  grand  soin  d*écrire  leurs  an- 
nales ,  les  Egyptiens,  qui  en  donnaient  la 
charge  à  leurs  prêtres,  les  Babyloniens,etc., 
ajoute  :  «  Je  me  contenterai  de  faire  voir 
brièvement  que  nos  ancêtres  ont  eu  le  mèaie 
soin,  si  ce  n'est  plus  grand  ;  que  c'était  Tuf- 
fice  des  grands  prêtres  et  des  prophèt«>s; 
(]ue  cela  a  continué  avec  la  même  exactitude 
jusqu'à  notre  temps,  et,  j'ose  rafDniier,  con- 
tinuera toujours...  La  faculté  d'écrire  ces 
choses  n'est  pas  donnée  è  tous»  afin  qu'elles 
ne  soient  pas  discordantes,  mais  aux  seuls 
prophètes  oui  ont  toujours  mis  par  écrit 
d'une  manière  précise  chacun  ce  qui  arri- 
vait en  son  temps  (1126).  » 

Ou  voit  par  le  contexte  même  que  Josèphe 
)arle  ici  des  Mémoires,  des  Annales,  des 
,  ournaux,  dressés  en  tout  temps  jusqu'à  ses 
]  ours  par  les  prophètes  et  les  grands  pré- 
'  res,  et  non  du  canon  sacré  qui  était  arrêté 
depuis  Esdias,  et  qui,  d'ailleurs,  sera  l'ob- 
jet du  n**  8  suivant  de  sa  réfutation  d'Apioo. 
Jl  espérait  la  continuation  de  ces  Hémoires. 
Nous  verrons  plus  loin  qu'il  met  notre  Lfrrt 
du  juste  aunombredeces  documents  enciens 
conservés  aux  archives  du  temple. 

Théodoret,  dans  son  commentaire  Sur  Jo- 
sué, question  14,  prend  occasion  de  la  cita- 
tion du  Livre  du  juste  pour  en  inférer  que 
le  Livre  de  Josué  a  été  rédigé  par  un  écrivain 
postérieur  daprès  un  Mémoire  ancien  (tl27). 
£t  dans  la  question  4*  sur  le  11*  Livre  des 
Rois,  parlant  encore  d\x  Livre  du  juste,  il  dit  : 
«  D'ici  résulte  évidemment  que  le  Litre  des 
Roisoéié  extrait  de  plusieurs  livres  pro- 
phétiques. »  Le  savant  évèque  arrive  à 
cette  conclusion  :  qu'il  y  avait  autrefois  drs 
livres  dans  lesquels  les  prophètes  avaient  tn- 
legistré  les  événements  de  leurs  temps,  it 

(1126)  "Otc  t^v  auT^jv,  iS)  yàp  lt(iw  cl  xal  lAiîw. 
Twv  eEpT;(i.év(i}V  ènoii^aavTo  'rtjv  icepl  tàç  àv«YP*x** 
i7ci(jiéXeiavy  xolç  dpxicpeOai  xa\  xolç  icpo^^xat;  tovto 
icpofftdÇavçfiç  •  xaX  cbç  piéxpi  "tûv  xab'  ^jii^  Xf*^' 
iceçuXaxxai  icoXXrjç  &xpt6eto^,  et  61  Opa9ÛTfpo>f  u* 
TceZv,  xaX  çuXaxOf)asTai,  iceipdoouai  avvcd(uî»;  ^>- 
$dc7X£iv...  àxs  ji^TB  toO  ùicoypa^petv  «6t«{ou5»-¥ 
TiâJiv  5vToç,  uLihte  ttv^  Iv  lolç  ypaf^\iiwiç  l^w^^; 
Sia^bT/faç*  dAXit  (idv(i)v  xûv  rzçii^xtav^  xà  ft  ya* 

^li27)  AfjXov  To(*/vv  xdtvxc'jwv  ù;  5Xk6;  ttçtCt 


1077 


YAS 


PART.  III.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


tOTÎfc 


qui  p^us  tard  oni  servi  'de  matériaux  à  la 
romfios^tion  dçs  diverses  parties  delà  Bible. 
Il  s'explique  à  cet  égard  avec  plus  d*étendue 
dans  sa  Préface  sur  le  i*'  Livre  des  Rois. 
Enfin,  dnns  son  comraeniaire  surle  chapitre 
u  du  ///•  Livre  des  Rois^  question  49,  il 
répèle  que  Thistoire  des  Rois,  a  été  tirée  de 
plusieurs  autres  livres  prophétiques  plus 
anciens,  des  actes  compilés  par  les  prophè* 
tes  ou  écrivains  publics  qui  avaient  précé- 
dé, seuls  chargés  du  soin  de  mettre  par  écrit 
ce  qui  arrivait  de  leurs  temps.  «  Comment 
<loit*on  entendre,  dit*il,  ces  mots  :  Ces  choses 
ne  sont- elles  pas  écrites  au  Livre  des  jours  des 
roisdeJuda?  (1128)  Il  en  devient  évident  que 
tous  les  événements  furent  mis  par  écrit 
dans  le  temps  même  uù  ils  avaient  lieu,  et 
que  c*est  dans  ces  livres  qu*ont  puisé  tant 
notre  auteur  (des  Livres  des  Rois)  que  les 
auteurs  lies  Paralipomines  (1129).  » 

Le  célèbre  commentateur  Rabbi  L<saacA- 
bart>anel  soutient  cette  thèse  avec  beaucoup 
de  chaleur  dans  la  Préface  de  son  commen- 
taire sur  les  premiers  prophètes.  Abicht  et 
d*après  lui  Richard  Simon  et  plusieurs  au» 
très,  sont  dans  Terreur  quand  ils  avaucenl 
qu'Abarbanel  est  sur  ce  point  en  désaccord 
avec  le  Talmud.  S'ils  avaient  lu  une  dixaina 
de  lignes  plus  loin  ils  auraient  vu  que  ce 
rabbin,  qui  se  serait  bien  gardé  de  contredi- 
re le  Talmud, déclare  qu*il  ne  s*écarte  aucu- 
nement de  renseignement  de  ce  code,  et  que 
le  sens  du  passage  du  traité  Baba-Bathra  que 
nous  avons  donné  plus  haut,  est,  ainsi  que 
nous  Tavons  expliqué  nous-mème,  celui-ci  : 
Moïse,  Josué,  Samuel,  ont  écrit  les  Mémoi- 
res qui,  après  eux,  devaient  servir  de  base  à 
Il  composition  duPentateuque,  des  livresde 
Josué  et  de  Samuel,  Au  reste,  le  texte  du  /*' 
Livre  des  Paralipomines  xxix,  29,  nous  ap- 
prend qu*ouire  Samuel  deux  autres  prophè- 
tes, Nathan  et  Gad,  ont  concouru  par  leurs 
commentaires  à  fournir  des  matériaux  à  This- 
toire  de  David,  sujet  de  !a  presque  totalité 
iïes  deux  livres  de  5amttf/. 

Plus  d*un  siècle  avant  Abarbanel,  on  au- 
tre commentateur  célèbre,  Rabbi  Lévi-ben- 
Gerson,  soutenait  la  même  thèse.  Selon  celui- 
ci,  le  Livre  du  juste ^  cité  dans  le  Livre  de 
Josué  h  Toccasion  de  l'arrestation  miracu- 
leuse du  soleil,  n'était  autre  chose  qu'une 
Chronique  dont  il  attribue  la  perte  aux  vicis- 
situdes do  la  dispersion  d'Israël.  Lévi-ben- 
Gerson  devait  donc  admettre  que  le  Livre  de 
Josué  ûans  sa  forme  actuelle,  n'est  pas  l'œu- 
vre de  Josué.  Car,  outre  qu'un  écrit  contem- 
porain n'ajoute  rien  à  l'autorité  de  l'affirma- 
tion touchant  un  feii  d'hier,  le  chef  des  Hé- 
breux n'avait  pas  besoin  d'invoauer  ce  té- 
moignage en  présence  d'iine  génération  qui 
avait  été  elle-même  témoin  du  miracle.  Le 
même  rabbin  était  aussi  persuadé  que  le 
Talmud  que  nous  avons  cité  plus  haut  ne 

ue-caYeveTrépcov  tIjv  p(6^ov  Ta'jTr^v  ffuvéYp*^'»,  3^«- 
tôiv  èÇ  èrépa;  p{6Xo'j  xà;  àçopjxiç. 

(1198)  Lo  teilf^  plus  loin.* 

(I  Iî9)  Oûc  voT|xéov,  ovK  lêob  raffra  xirpaxrai 
è,il  fii6Alov  4(^|w  râ)»*  i\iiBp(ùr  ttùv  fiao'LUu)r 


parlait  que  des  auteurs  des  Mémoires  primi»- 
tifs.   Car  on  verrait  plutôt  un  mahométan 
déchirer  le  Coran  qu'un  rabbin  de  ces  temps- 
là  oser  contredire  le  Talmud. 

Parmi  les  savants  modernes,  beaucoup,  et 
des  plus  judicieux,  admettent  qu'il  existait 
des  Mémoires  anciens  antérieurement  h  la 
rédaction  des  livres  dont  se  compose  la  Bible 
hébraïque  :  Masius  {Préface  sur  Josué  et 
commentaire  sur  le  cA.  x  du  même  livré) ^  Ri- 
chard Simon  {Hist.  crit.  du  V.  7.,  Préface 
et  1. 1,  chap.  2),  Pererius  (nous  voulons  dire, 
le  Jésuite,  car  nous  n'acceplons,  ni  ne  don- 
nons, comme  une  autorité  Isaac  Peyrerius, 
le  fameux  préadamite),  Gésénius  {De  Penta- 
teucho  Samaritano,  p.  6-S),  Spanhemius,  ou 
Spanheim.  {Hist.  Eccl.  F.  T.,  ep.  6,  n.  5,  52.) 
Rosenmueller,  dans  ses  Préfaces  sur  le  Pen- 
tateuque  et  sur  le  Livre  de  Josué^  umùme  un 
grand  nombre  d'autres  savants  qui  étaient 
persuadés  de  la  véritédes  actes  préexistants. 

Il  est  nécessaire  de  faire  observer  que  les 
écrivains  inspirés  à  qui  nous  devons  le  ca-- 
non  actuel,  n  ont  extrait  des  monuments  an- 
ciens (]u'ils  avaient  sous  les  yeux  que  ce  que- 
Bieu  jugeait  propre  pour  notre  instruction,, 
en  vue  de  nous  porter  à  l'obserrance  de  sa 
loi  salutaire.  Ils  retranchaient  des  événe- 
ments, des  faits,  des  circonstances,  que 
n'auraient  pas  négligés  des  auteurs  ordinai- 
res d'histoire;  comme  aussi,  d'inspiration, 
ils  faisaient  des  changements  et  des  addi** 
lions  aux  documents  primitifs.  Pour  tout  ce 
qui  »  trait  à  la  nature  des  choses  créées,  ils 
s  exprimaient  conformément  aux  idées  du« 
vulgaire.  Car,  il  faut  bien  le  savoir.  Dieu 
n'a  voulu  faire  de  son  Livre  par  excellence^ 
la  Bible,  un  cours  régulier,  ni  d'histoire,  ni 
de  physique,  pour  satisfaire  notre  curiosité 
sur  ces  matières.  L'unique  objet  en  est  de 
nous  porter  à  aimer  et  à  adorer  Dieu,,  et  de 
nous  montrer,  moyennant  l'enseignement 
infaillible  de  notre  sainte  mère  l'Eglise  , 
comment  nous  pouvons  arriver  au  salut  éter- 
nel, grâce  au  Médiateur,  ce  soleil  divin  dont 
la  lumière  s'annonce  dès  les  premiers  cha- 
pitres de  la  GenisCf  et  va  grandissant  à 
travers  tout  le  Testament  Ancien,  jusqu'à  ce 
que,  la  plénitude  des  temps  étant  arrivée, 
elle  paraît  dans  tour  son  éclat  dans  le  Testar 
ment  de  la  nouvelle  alliance. 

C'est  à  ce  principe  qu1l  faut  attribuer  les 
nombreuses  lacunes  dont  un  lecteur  attentif 
de  la  Brble  ne  peut  manquer  d'être  frappé. 
Nous  nous  bornerons  à  en  citer  quelques 
exemples  dans  le  Pentateuquo.  Genèse  xil.iu 
19,  Abraham  revient  de  là  terre  de  Moria  à 
Bersabéif  et  y  avait  «a  demeure^  c  et  habi- 
tatit  ibi.  »  Au  septième  verset  suivant,  sa 
femme,  Sara,  meurt  è  Cariath-Arbé  ou  la 
villed^Àrbéef  appelée  plus  tard  Hébron  — uEi 
mortuaest  incivitateArbee^quo!  est  Uebron.u 
Et  Abrahan,  continue  le  texte,  s'y  trans- 

lovSa;  Ka\  èvceOScv  Br\Xoy  (>>ç  &7cavxa  ouvcypâ^r^ 


à^OjOjxiç. 


§079 


DICTIONNAIRE  DES  AI^OCATPHES. 


porta,  •  veniique  Abraham^  &  pour  la  p/m- 
rer  et  en  faire  le  deuit^  et  le  reste.  Comment 
se  fait-il  que  Sara  meure  à  huit  lieues  de  son 
domicile? 

Genite  xxviii,  5,  Jacob  quitte  précipi- 
tamment Bersabée»  où  demeuraient  ses  pa- 
rents, pour  se  soustraire  à  la  vengeance  de 
son  frère  atné.  Il  part  sans  autre  bagage  que 
sa  personne  et  son  bâton,  car  il  dit  lui-même 
plus  loin,  xxxii,  10  :  Tai  passé  ce  fleuve  du 
Jourdain  ne  portant  que  mon  bâton  :  «  In  ia- 
culo  meo  transivi  Jordane/n  istum,  )»  Chaldaï- 

aue  d*Onkelos  :  Car  seul  Vax  passé  ce  Jour- 
ain.  Au  chapitre  xxxy,  il  revient  de  Méso- 
potamie, el  pendant  qu*il  est  en  route  pour 
retourner  auprès  de  son  père,  à  la  ville  a'Ar- 
bée,  voilà  gue  Débora  meurt  dans  son  camp, 
eiilest  obligé  de  l'enterrer  sous  un  chêne  de 
la  montagne  de  Bélhel,  où  il  se  trouvait  en 
ce  moment.  On  n*est  pas  peu  surpris  de  voir 
à  sa  suite  la  nourrice  de  sa  mère,qu*il  n'avait 
pas  emmenée  lors  de  sa  fuite  de  la  maison 
paternelle. 

Genèse  xx.xYii^  25 et  suiv.,  les  fils  de  Ja- 
cob voient  venir  une  caravane  d'Ismaélites  : 
^Viderunt Ismaelitas  viatores ventre ;9 ei  Juda 
leur  propose  de  vendre  Joseph  à  ces  Ismaé" 
lites  :  tidelius  est  ut  venundetur  Ismaelitis.n 
Verset  immédiatement  suivant  :  Et  les  mar^ 
chands  madianites  étant  venus  auprès  d'eux^ 
«  et  prœtereunlibus  Madianitis  negotiatori' 
buSf  »  ils  tirèrent  Joseph  de  la  citerne  et  le 
vendirent  aux  Ismaélites^  a  vendiderunt  eum 
Ismaelitis.  »  Enfin,  au  verset  36  il  est  dit 
que  les  lUadianites  le  revendirent  en  Egypte  : 
mMadianitœ  vendiderunt  Joseph  in  Egypto.»  11 
manque  évidemment  quelque  chose  dans  le 
texte,  car  il  n'a  pu  confondre  des  Ismaélites, 
descendants  d'Ismaël,  avec  des  Madianites, 
descendants  de  Célhura. 

Genèse  xLviii,  22,  Jacob  dit  à  Joseph  :  Je 
te  donne  en  plus  qu'à  tes  frères  la  partie  de 
pays  que  j'ai  conquisii  sur  les  Amorrhéens 
par  mon  épée  et  mon  arc  :  «Quam  tuli  de  manu 
Amorrhœi  in  gladio  et  arcu  meo.  n  Le  texte 
sacré  ne  nous  a  montré  nulle  part  Jacob  ti- 
rant répée  ni  tendant  l'arc  contre  un  ennemi. 

Exoa,  IV,  18  et  suiv.,  sur  Tordre  de  Jé- 
hova  Moïse  quitte  sa  retraite  de  Madian  et 
s'achemine  vers  l'Egypte  avec  sa  femme  et 
ses  enfants  :  Tulit  ergo  Moyses  uxorem  suam 
et  fUios  suos.  Dans  un  gîte  sur  sa  route,  Sé- 
phora,sa  femme,  s'empresse  de  circoncire 
son  fils,  afin  de  soustraire  son  époux  à  l'effet 
de  l'indignation  de  Jébova.  Moïse  arrive  en 
Egypte,  délivre  les  enfants  d'Israël  et  les 
conduit  au  désert  après  le  passage  miracu- 
leux de  la  mer  Rou^e.  Quand  Jethro,  beau- 
père  de  Moïse,  apprit  ces  choses  en  Madian, 

(1130)  Feu  M.  Brentano  nous  a  raconté  aue  |ors- 
qu  on  lisaii  la  Bible  k  la  fameuse  Eméric,  elle  arrê- 
tait fréquemment  le  lecteur  en  lui  disant  :  c  M;iis 
vous  sautex  (ueberspringl)  ici  cfuelque  chose,  i  Ou 
hii  disait  <fue  le  texte  ne  portait  rien  de  plus.  Alors 
elle  ajoutait  ce  qu'elle  savait  y  manquer.  Entendant 
lire  au  chapitre  xui,  19,  de  V Exode  :  El  Moïse  em- 
porta (d'EgypU)  tes  o$»ements  de  Joseph,  Elle  dit  : 
€  Vous  ne  me  lisez  pas  comment  Moïse  les  a  re- 
trouvés, i  Là  dessus  elle   raconta  tous  les  détails 


tYprt/,  lit-on  an  coaçitre  xvul«  S^fk^rafi 
de  Moyse^  qu'il  avait  renvoyée^  al  n$  deux 
fils.  Or,  on  ne  trouve  dans  tool  ce  qui  pré- 
cède dans  le  texte,  ui  quand,  ni  pourqiiot, 
ni  comment  Moïse  avait  renvoyé  en  Madian 
sa  femme  el  ses  enfants. 

Dans  sa  là*  EpUre  à  limothéè^  m,  8,  le 
docte  disciple  de  Gamaliel  cite»  comme  ane 
chose  notoire  parmi  les  .HébreuXf  la  résis- 
tance qne  firent  à  Moïse  en  Kgypte  Jmmès 
et  Mambrès,  Le  texte  de  V Exode  observe  nn 
silence  absolu  sur  ces  deux  magieiens. 

Le  Livre  du  juste  supplée  à  ces*  lacunes, 
comme  aussi  à  d*autres  qn*il  serait  trop  long 
d'indiquer  toutes  ici  (1130}. 

Nous  pouvons  maintenant  procéder  d'un 
pas  assuré  à  la  solution  de  cette  première 

Juestion  :  Quel  est  le  livre  du  juste  nommé 
ans  Josu^et  dans  Samuel?  Le  sens  droit  dit, 
et  ce  qui  précède  le  prouve,  que  c'était  un 
recueil  de  Mémoires,  de  relations  sincères 
de  lous  les  événements  mémorables  de  cha- 
que époc^ue.  Livre  du  juste  peut  s'expliquer 
ainsi   :  livre  de  récits  exacts,  véridiques. 

Couvant  servir  de  règle,  de  norme^  soit  aui 
isloriens,  soit  aux  fidèles.  Ceux-ci  y  puisent 
de  salutaires  instructions. 

Josèphe,  qui  écrivait  dans  un  siècle  où  la 
tradition  était  encore  vivante  parmi  ses  co- 
religionnaires ,  confirme  pleinement  que 
telle  était  la  nature  du  Xtrre  du jtale.  Après 
avoir  raconté,  Ant.f  liv.  v,  cbap.  1,  n.  17,  te 
miracle  du  soleil  arrêté  sur  Gabaon,  il  ajoute 
ces  mots  remarquables  :  «  Que  le  jour  se 
soit  prolongé  alors,  était  déliassé  la  durée  or- 
dinaire, c'est  ce  que  font  reconnaître  les  Mé- 
moires déposés  dans  le  temple  (1131).  »  Il 
est  incontestable  qu'ici  Josèphe  a  voulu  re- 
produire les  propres  paroles  du  texte  de 
Josuéf  X,  13  :  M  Cela,  MM,  n'est-il  pas  écrit 
dans  \e  Livre  du  juste?  »  S*ii  avait  voulu  sim- 
plement parler  de  la  Bible,  il  n'aurait  pas 
renvoyé  son  lecteur  aux  archives  du  temple. 
La  Bible  était  très-répandue  tant  en  grec 
qu'en  hébreu.  Ajoutons  que  nulle  part  ail- 
leurs, dans  ses  Antiquités^  où  il  raconte  tou» 
les  grands  miracles  de  l'A.  T.,  il  ne  renvoie 
à  ces  Mémoires  déposés  au  temple.  Et  com- 
ment aurait-il  renvoyé  à  la  Bible»  puisqu'il 
prévientdansson  préambulequ'il  la  reproduit 
toutentière,  comprenant,  selon  sa  chronolo- 
gie, un  espace  de 5000  ans?  Ptulomée,assure- 
t-il,  n*en  a  obtenu  du  grand  prêtre  Etéazar 
qu'une  partie.  Quant  à  lui,  Josèphe,  il  s^en- 
gage  h  n  en  rien  reXraiurAer,et  à  n  y  rtenq;<»i- 
ter.  ToO'co  yàpB^  xauTtjç  noifjseiVT^ç  itpaxpjntiiç 
^jrf}77«<i4^t)r  o06èv  xpocBeïÇt  oùS*  aS  xapaXixmr, 

On  conçoit  qu'aprèscela  il  eûlété  tout  à  fait 

qui  sont  dans  notre  Livre  du  juste  et  dans  d^aatr» 
recueils  de  traditions  de  la  Synagogue  ancienae* 

(1  l5t)  'Ozi  Sk  xh  urixoç  «cr^c  tp^pfiÇ  iid^iaxt  Tdtt, 
xai  Toû  ouv^Souç  iitAeovaot,  6i)AoOTai  Sti  wv  à^- 
xei|iivfuv  èv  Tcp  hoCi  ypaiLyÂ^tay,  Ce  que  rpnd  tinu 
Angiolini,  le  uieilleur  traducteur  de  Josépbt  :  O» 
poi  il  giorno  creseesse  atlora  ad  assai,  e  wtnc«iM  fU 
usait  i*oii/!fit,  si  fà  paiese  dalle  memorie  riposte  id 
tempio 


DM 


TAS 


PART.  m.  *  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


MRS 


superflu  de  dire  ;  C*est  ce  que  Ton  peut  voir 
daos  la  Bible. 

Le  Livre  du  Juste  a  été  classé  dans  les  Ikié* 
moires  primitifs  par  des  commentateurs  an- 
ciens. On  ne  lira  pas  sans  intérêt  les  deux 
passages  suivants  de  Théodoret  sur  Josué  : 
c  Que  veut  dire,  cela  tCest-il  pas  écrit  au  Li- 
we  du  droit  f  L'auteur  après  nous  avoir  fait 
eonnattre  la  puissance  du  prophète,  qui 'par 
sa  seule  parofe  arrêta  le  mouvement  des 
erands  luminaires,  jusqu'à  ce  que  sa  victoire 
fût  complète,  n'était  f)as  sans  crainte  dercn- 
contror  quelque  incrédule,  et  il  dit  que  ce 
fait  est  consigné  dans  un  ancien  Mémoire.  » 

TC  èoTi  t6,  aùx^  rovro  jéxpaxrat  ènï  rà  BiCMor 
zov  eùSoûç  ;  AifidÇiç  4{^^>  '  ^  vuyyPa^cùç  toû 
-Rpovjtou  djv  auvaaiv,  Sx(  lAyi^  (A^vc|>  y^T)9d{uvoç 
TspooT^vat  touç  (uyoÀouç  çuioTYJpaç  xtxh>Auxcv«  Uaç 
xatà  xpàxoç  èvUr^aev  OicetS^fUvoç  {x^tt^  àntax'harj^ 
T^  Xdyq),  Ef  T)  ToOto  èv  T({)  noXoLit^  eùpeGY^vai  ouy^pa^- 
(lati.  Sur  le  11*  livre  de  Samuel^  question 
k  :  «  Quel  est  ce  Livre  du  droit?  Il  résulte 
d'ici  avec  évidence  uue  Thistoire  des  Règnes 
a  été  extraite  de  plusieurs  livres  prophé* 
tiques  (livres  anciens  écrits  par  des  pro- 
phètes). Car  l'écrivain  après  avoir  parlé 
du  chant  lu^bre,  ajoute  :  Voici  que  cela 
est  écrit  au  Livre  du  droit,  noWv  èari  ih  B(6X{ov 
ToO  eùOoûc  (1152J  ;  A^X<Sv  è9Ti  xàvTeûOev  ùç  Ix 
isoXXîtfv  7cpo9T)Ttx(i>v  pt6X£(i>v  ^  tcîjv  BadiXeicôv  Isto- 
p(a  ouvcypA^T] .  Etiojv  y^P  ^  ffu^ypa^ebç  Ta  icep\ 
Toû  Oo^vou,  icp09é9i)xcv  *  */ïoi^  yéxpaxxiu  èjiï  vov 
Bf€Mov  Toif  evOovç. 

Voici  le  commentaire  de  Priicope  sur  no- 
tre rerset  de  Josué  :  «  L'auteur  dit  :  Je  ne 
suis  pas  le  premier  qui  parle  de  ce  miracle. 
Il  existe  un  livre  qui  le  faisait  connaître  déjà 
avant  moi.  » 

D'après  R.  Lévi-ben-Gerson ,  commen- 
taire sur  les  deux  versets  de  Josué  et  de  Sa- 
muel  :  «  Le  Livre  du  jtute  était  un  livre 
connu  de  tout  le  monde,  Dorrpo,  dans  ces 
temps-là»  et  il  s*esl  perdu  par  suite  de  la 
dispersion  d'Israël.  »  Rabbi  Jacob  Fidanque, 
dans  ses  annotationsau  commentaire  d'Abar- 
banel  sur  Josué^  le  donne  également  pour 
un  livre  ancien  qui  ne  se  retrouve  plus. 

Ce  sentiment  sur  le  Livre  du  juste^  men* 
tienne  dans  Jo«u^  et  dans  Samuel^  est  suivi 
par  les  commentateurs  modernes  les  plus 
estimés  :  Dom  Calmet,  Ferrarius,  Drusius» 
sanctius»  Bonfreri^us ,  et  puis  Huet,  Barto- 
locci,  etc.  Le  premier  dit  que  c*est  l'opinion 
la  plus  soulenabie.  Nous  pensons  que  la 
liaraphrase  que  Josèphe,  dans  ses  Antiqui- 
tés^ lait  du  verset  du  Livre  de  Josuéy  auto- 
risé à  dire  que  celte  opinion  est  incontes- 
table aux  yeux  de  tout  critique  de  bonne  foi 
et  d'un  jugement  droit. 

Tout  ce  qui  précède  n'est  qu'une  prépa- 
ration pour  arriver  à  la  question  prin- 
cipale, celle  qui  a  trait  au  livre  dont  nous 
donnons  ici  la  traduction.  Notre  Livre  du 

(1132)  Les  exemplaires  ont  fauliteroent  ici,  ^i- 
fXCov  tè  c6fe6£v  et  au  comnieiicement  du  passage 
que  noot  allons  citer,  piaXCov  th  eOO^;.  H  faut  cor- 
riger pi6X{ov  ToO  eOOÔGç,  confoniiéineiii  au  teite 
ongîiial,  ism  "GD,  et  comme  écrit  Théodoret  lui- 
uiéme  à  la  fin  de  ce  dernier  passage 


juste^  isrn  nSD,  est-il  celui  mentionné  dans 
Josué  ei  dans  Samuel?  Nous  avouons  qu'au- 
cun des  modernes  dont  nous  avons  pu  voir 
les  dissertations  sur  ce  sujet,  ne  le  pense. 
Les  principales  raisons  sur  lesquelles  ils 
s'appuient  sont,  que,  t*  On  rencontre  dans 
notre  livre  les  noms  de  nations,  de  pays, 
de    villes  et  d'hommes  ,   modernes  corn- 

ftarativement  aux  temps  de  la  rédaction  de 
a  Bible,  tels  que  les  Lombards,  la  Germa- 
nie, VAnglie  [Anglia)^  et  même  Bénévent. 
2*11  ne  s'y  trouve  ni  le  cantique  dont  Je  li* 
vre  de  Josué  nous  a  conservé  un  fragment, 
ni  l'élégie  de  David  sur  la  mort  de  Saiil  et 
de  Jonathas,  qu'on  lit  dans  notre  Bible.  3" 
Notre  Livre  du  juste  renvoie  lui-même  aux 
livres  écrits  parMoïse  et  par  Josué.  fc'  Abicht 
trouve  que  l'hébreu  de  notre  livre  est  pur 
et  sans  mélange,  et  par  conséquent  il  n'né- 
site  pas  à  lui  assigner  pour  date  le  xiii'  siè- 
cle, et  à  l'attribuer  à  quelqu'un  des  rabbins 
de  la  péninsule  Ibérique  qui  alors  firent 
refleurir  la  pureté  de  la  langue  sainte. 

Avant  de  répondre  à  ces  difllcnllés,  nous 
demandons  la  permission  d'eiposer  quelle 
est  notre  intime  conviction  au  sujet  du  Livre 
du  juste  dans  sa  forme  actuelle.  Le  style  de 
*ce  livre  varie  continuellement.  Des  passages 
admirables,  dont  l'hébreu  est  pur,  simple 
et  naturel  comme  celui  du  texte  original 
de  l'Ancien  Testament,  sont  fréquemment 
entrecoupés  par  d'autres  passages  écrits 
dans  le  mauvais  rabbinique  qu'un  savant 
Israélite  do  Berlin  a  justement  qualifié  de 
basse  hébraicilé  du  plein  moyen  âge.  Le  Livre 
dtijfu«(f  actuel  renferme  deux  éléments  dis- 
tincts. Il  se  compose  de  fragments  de  l'an- 
cien et  véritable  Ltt^re  dujusle,  dont  le  der- 
nier s'arrête  au  Livre  des  Juges,  Une  main 
hardie  a  relié  ces  fragments  entr'eux'  par 
les  traditions  répandues  dans  les  recueils 
anciens  conservés  dans  la  Synagogue,  le 
Talmud,  les  Médraschim,  les  diverses  para- 
phrases chaldaïques,  etc.  Ce  qui  nous  con- 
firme dans  cette  pensée,  outre  le  style  de  cer- 
tains passages,  digne  de  ranlic|uité,  c'est  un  fait 
qui  est  demeuré  inaperçu  iiis(]irà  présent. 
Un  célèbre  rabbin,  Rabbi  Siméon,  surnommé 
le  prince  des  prédicateurs^  a  donné  dans  un 
ouvrage  intitulé,  Fa/ihi/Simfont,  des  extraits 
de  tous  les  livres  de  l'antiquité  hébraïque  en 
forme  de  CAafne  des  Pères  sur  tout  l'Ancien 
Testament.  Il  y  a  recueilli  les  principales 
expositions  du  Siphra,  du  Siphri,  de  la  Me- 
khiltha,  des  chapitres  de  R.  Eliéser,  du 
Médrasch-Rabba,  du  Médrascb-Thankhuma 
et  autres  Médraschim,du  Talmud,  et  d'autres 
livres  anciens  (1133).  Or,  parmi  ces  livres 
anciens  figure  précisément  le  Livre  dujustCj 
sous  le  titre,  D'DM  ^tit.  Verba  dienim,  Chro^ 
«iç«e,el,  7riKn^'.TT,  Chronique  longue^  eequi 
insinue  que   le  ^m,  Xtvre  des  Paralipomè" 

(1155)  c  Qtiesto  libre  offre  donqae  una  raccolca 
délie  spiegazioni  morali  ed  allegoricbe  d^li  anlichi 
doltori  ebrei,  le  miali  si  Irovaiio  «parse  nel  Tamiid, 
iiel  Sifré,  Sifrè,  taiicliiimà,  llecbillâ  ed  *a/(n  anli' 
M  êcritti  sopra  il  sagro  teste.  Dc-Rossi, 
storieo  degli  autori  ebrct.  i 


1085 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYraES. 


1084 


nés  de  la  Bible  n*en  est  qu*un  abrégé.  L'au- 
teardu  Yalkut  en  transcrit  plusieurs  passa* 
ges  qui  se  trouvent  littéralement,  saufqueU 

3ues  rarianles  de  peu  d'importance  (1134), 
ans  Je  Yaschar  actuel,  et  qui  appartiennent 
probablement  aux  fragments  dont  nous  avons 
parlé. 

On  ne  connaît  pas  Pépoque  précise  de  ce 
R.  Siraéon.  Non-seulement  il  ne  pouvait  être 
postérieur  au  iciii'  siècle,  mais  selon  toute 
probabilité  il  a  précédé  ce  siècle.  Voir.i  ce 
qu'en  dit  le  chroni(]ueur  David  Gans  (corn- 
Dpencenient  du  sixième  millénaire,  i'*  par* 
tie)  :  «  J'ignore  en  quel  temps  florissait 
R.  Samuel  le  Prédicateur,  auteur  du  Yalkut. 
Mais  j*ai  trouvé  dans  le  livre  Meor-Enayimf 
cbap.  19,  que  R.  Azariaa  copié  auelque 
chose  d'un  manuscrit  ancien  du  Yalkut  de 
R.  Siméon,  qui  portait  la  date  de  S070.  » 
C'est-à-dire  1310  (1135).  On  peut  raisonna- 
blement supposer  que  le  Yalkut  existait 
longtemps  avant  l'exemplaire  manuscrit 
qu'en  a  vu  R.  Azaria. 

Une  autre  circonstance  qui,  selon  nous, 
prouve  invinciblement  que  plusieurs  passa- 
ges du  Livre  du  juste  ne  sont  pas  de  la 
5upposition  de  quelque  rabbin ,  c'est  que  - 
sur  certains  points  ils  ne  sont  pas  d'accord 
avec  le  texte  de  notre  Rible.  Nous  en  indi- 
querons dans  le  cours  de  notre  traduction. 

Les  remplissages  qui  relient  les  fragments 
de  l'ancien  Yaschar^  doivent  remonter  au 
delà  du  X*  siècle  :  car  on  y  reconnaît  des  er- 
reurs d'histoire  et  de  chronologie  profanes, 
comme  aussi  de  géographie,  aussi  grossières 
que  celles  qu'on  rencontre  dans  le  Talmud 
et  dans  les  Médraschim.  Dans  lessiè'îles  sui- 
vants, et  surtout  dans  le  xii'et  le  xiii' siècle, 
les  rabbins  s'adonnèrent  avec  succès  à  l'é- 
tude de  la  philosophie  et  de  toutes  lesautres 
sciences  des  nations.  Ils  se  distinguaient  par 
leur  profonde  connaissance  de  la  langue 
arabe;  et  ils  ont  transporté  en  hébreu,  d'a- 
près des  versions  arabes,  plusieurs  ouvra- 
ges grecs  de  philosophie  et  de  mathémati- 
ques, qui  n'existent  plus  dans  la  langue  ori- 
ginale (1136). 

Il  nous  sera  maintenant  facile  de  répon- 
dre aux  objections  contre  l'identité  du  livre 
Yaschar.  V  II  est  indubitable  que  lef  noms 
comparativement  modernes  ont  été  interca- 

(1134)  Une  de  ces  van»iUes  esta  remarqner.  On 
lit  dans  noire  livre  Yaichar^  section  Seheuioih  : 
c  Ce  sont  là  les  magiciens  et  sorciers  dont  il  est 
écrit  clans  le  Livre  de  la  loi,  i  L'exemplaire  <te 
H.  Siméon  porlait  :  i  dont  il  est  écrit  dans  le  Livre 
du  june,»  Ce  titre  se  donnaîidonc  au  Pentatt.uQue 
entier,  ou  9ux  mémoires  qui  ronl  précédé. 

(1155)  Wolfius,  le  célèbre  auteur  de  la  Biblio- 
tlieca  llebraica,  a  mal  compris  le  passage  de  David 
Gans.  Il  écrit  :  K.  Schimon,  qui  dici  soUt  princeps 
cottcionaiorum,  flornii  ZOIQ^  Ciir,  1310, /««te  Canzio 
ad  hune  annum,  et  H.  Axaria  m  Meor  Enajim,  Il  a 
pris  la  date  d*uue  copie  manuscrite  du  Yalkut  pour 
celle  de  Fauteur  même.  Inutile  d'ajouter  que  cette 
méprise  a  été  répétée.consiamment  par  tous  les  sa- 
vants qui  depuis  WoHlus  ont  écrit  sur  des  maiiéres* 
rabbiniques.  Vorstius,  qui  a  fait  de  la  clironM,uc 
rte  l>4vi«l  Gans  une  version  latine  pleine  de  contre  - 
•cjiSf  traduit  ce  passage  comme  si  Axaria,  tabbin 


lés  dans  le  texte»  soit  uar  l'auteur  des  reoi* 
plissages,  soit  par  des  copistes.  Mais  en 
supposant  l'homogénéité  du  livre,  la  pre- 
mière objection  serait  encore  sans  valeur. 
On  sait  qu'il  s'est  glissé  dans  certains  codex 
d'ouvrages  d'une  authenticité  et  d'une  aniî- 

auité  incontestables,  des  noms  et  des  faiti 
ont  fauteur  ne  pouvait  pas  avoir  connaH^ 
sance.  Outre  les  notes  marginales,  qui,  ï  la 
longue  passaient  dans  le  texte,  parce  que 
des  copistes  sans  intelligence  les  prenaient 
pour  quelque  chose  d'oublié  par  leur  pré- 
décesseur, ces  mêmes  copistes,  quand  ils 
appartenaient  è  la  terrible  classe  des  demi* 
savants,  ne  se  faisaient  pas  scrupule  de  re- 
manier  leur  auieur  comme  t>on  leur  sem- 
blait, dans  la  pensée  d'éclaircir  des  passages 
3ui  leur  semblaient  obscurs  ou  de  rectifier 
es  erreurs.  Ils  le  défiguraient,  et  iQeltaiett 
sur  son  compte  ce  qu'il  n'avait  pu  écrire. 
Les  copistes  juifs»  en  particulier,  se  don- 
naient ne  grandes  licences  à  cet  égard.  Et 
depuis  l'invention  de  l'imprimerie,  combien 
de  fois  n'a-t-on  pas  dénaturé  des  textes?  Go 
a  ajouté  à  des  livres  de  Tantiquité,  les  iiaro* 
phrases  chaldaïques,  la  Mekhiltha,  etc.,  par 
exemple,  certaines  choses  dont  d^^s  savants 
se  sont  prévalus  pour  en  disputer  la  date 
(1137).  Si  le  monde  doit  durer  encf^re  im 
grand  nombre  de  sièéles,  unSaumaise  futur, 
en  suivant  la  logique  de  ces  savants,  éta- 
blira dans  une  thèse  pleine  d'érudition  que 
Feller  n'est  pas  l'auteur  du  dictionnaire qai 
portera  encore  son  nom  en  38S8.  Il  décou- 
vrira nue  des  personnages  qui  j  sont  o^ra* 
mes  n  ont  paru  sur  la  scène  du  monde  qu'a- 
près  la  mort  du  célèbre  Jésuite.  2*  Quand 
le  texte  dit  :  Ce/a,  M^,  n'est-it  pas  écrite 
etc.?  il  atteste  un  livre  qui  rend  compte 
du  même  miracle.  C'est  ainsi  qu'entendent 
ces  paroles  Josèphe,Théodoret,Procope,etun 
grand  nombre  d'autres  comini-ntateurs.  Il 
ne  renvoie  pas  à  un  cantique.  L'on  n'est  pas 
même  sûr  que  le  chapitre  x  de  Josué  rvo* 
ferme  des  vers  :  c'est  un  point  fort  contesté, 
malgré  l'air  de  symétrie  et  de  parallélisme 
de  quelques  phrases.  L'auteur  des  Additions 
aux  fragments  du  Livre  du  juste,  a  supp!ét* 
au  défaut  d'un  cantique  par  un  choix  de 
passages  des /'«aiime^  de  David  (1138).  Il  a 
seulement  inséré  dans  cette  espèce  ue  cen* 

de  presque  la  fln  du  xvi*  siècle,  avait  vo  en  1510 
le  nis.  du  Yatkut. 

(1136)  La  première  des  éditions  conDoes  Hn  tin« 
Yaschar,  est  celle  4le  Venise  1625,  in -4*.  L*élitr»r« 
Joseph  iHs  Samuel,  déclare  qull  est  le  premier  s 
faire  imprimer  ce  livre  diaprés  la  copie  tirée  à  U- 
vourne,  par  Rabbi  Joseph  Athias,  irun  maniiKni 
très-ancien  et  très-bon.  C  est  ce  <)u*attesteut  tout 
les  rabbins  de  Venise  dans  le  priviléjçe  de  dit  •«« 
qu*il8  accordèrent  k  Tëditeur.  Eartolocci  et  quek|ori 
autres  bibliographes,  trompés  prolMblemeiit  |iar 
un  passage  de  la  Préface  du  livre,  que  iKmsdooiMMtf 
plus  loin,  ont  cru  que  la  pn^uiièm  édition  a  été  faile 
à  Naples.  On  ne  connaît  p  «int  d^éditioo  de  Naplc». 

(1 157)  Quand  le  docte  >VulHus  rapporte  c«t  mkv« 
d'objections  contre  ranliquité  de  certaiiu  livrw,  <i 
ajoute  souvent  :  Ni$i  dicere  relis  tjusmpdi  Ucê  « 
tecentiori  manu  pedetentim  esse  inserta. 

(1 158)  Abicht  qui  ne  s*e$l  aucuncntcot  apcr^  ç^ 


1083 


VAS 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


lOM 


t'^n  Ipdcmriîirorscl  de  la  prière  d'Habacuc  : 
Jl^  soleil  et  la  lune  tont  restés  immobiles  dans 
leurs  demeures.  S*il  avait  reconnu  cjuelque 
chose  de  poétique  dans  le  récit  du  Livre  de 
Josué,  il  n'aurait  pas  manqué  de  l'encadrer 
dans  le  cantique  ae  sa  façon.  On  nous  de- 
mandera peut-être  :  Dans  ce  cas,  pour  quel 
motif  l'auteur  des  suppléments  a-t-il  sup- 
posé un  cantique?  Nous  répondrons  :  Si  4e 
texte  de  la  Bible  n'attribue  pas  de  cantique 
à  Josué,  la  tradition  lui  en  attribue  un.  Un 
des  livres  les  plus  anciens,  la  Hekliiitha, 
section  Beschallakh^  énumèredix  cantiques 
des  temps  bibliques,  dont  l'un  est  celui  de 
Josaé.  Quant  à  la  complainte  de  David,  il  est 
bien  naturel  qu'elle  manque  dans  notre 
Livre  du  juslSf  puisque  les  fragments  qu'on 
en  a  pu  recueillir  n'arrivent  pas  jusqu'au 
Livre  de  Samuel.  3*  Les  termes  dont  notre 
auteur  se  sert  pour  renvoyer  aux  écrits  de 
Moïse  et  de  Josué,  et  d'autres  enfants  d'Is^ 
raèt  (1139),  prouvent  qu'il  avait  en  vue 
les  Mémoires  de  ces  personnages.  «  Ces 
choses,  B  dit-il,  «  sont  écrites  dans  le  Livre 
des  i4cle«,que  Josué  a  laissé  aux  enfantsd'ls- 
raëU»Sinan  to  Sh  tow  mt -sd  Sj;  dhtd  oan. 

Il  est  prouvé  que  Josué  n'a  pas  écrit  le  Li- 
tre de  Josué^  du  canon  sacré.  Nous  avons 
déjà  parlé  du  Pentateuque.  Remarquons  en- 
core que  l'auteur,  au  même  lieu,  renvoie 
aussi  au  Livre  des  guerres  de  Jéhova;  ce  qui 
prouve  que,  de  son  temps,  ce  livre  était  en- 
core connu  et  pouvait  être  consulté.  4*  La 
supposition  d'Abichl  tombe  devant  les  ex- 
traits du  Livre  dujuste^  donnés  parSiméon 
dans  son  Yalkut.  Voyez  plus  haut. 

Nous  espérons  que  le  lecteur  jugera 
comme  nous  que  le  Livre  du  juste^  même 
dans  son  état  actuel,  tronqué  et  plein  d*in- 
tcrcalations  subséquentes,  méritait  d'être 
traduit.  Il  jette  du  jour  sur  un  grand  nom* 
bre  de  passages  du  Pentateuque,  qui  n'ont 
\ias  encore  été  expliqués  d*ufie  manière  sa- 
tisfaisante. Il  place  a  leur  lieu  convenable 
d'intéressantes  traditions  éparses  dans  d'au- 
tres monuments  de  la  Synagogue  ancienne. 

Nous  avons  fait  notre  traduction  ayant 
sous  les  yeux  trois  éditions  différentes  du 
texte  original.  Ce  n'est  qu'en  les  comparant 
entre  elles  que  nous  avons  pu  rectifier  les 
nomtjreuses  fautes  typographiques  dont  elles 
fourmillent.  La  version  bébréo-germaine, 
que  nous  indiquerons  dans  les  notes  par 
version  judaïque^  nous  a*  aidé  également  à 
retrouver  les  leçons  déligurées  par  la  né- 
gligence des  correcteurs  juifs.  L'absence 
de6  voyelles  (on  sait  une  tous  les  livres  rab- 
biniquesen  manquent)  présentait  une  autre 
difGculté,  celle  de  rendre  les  noms  propres 
étrangers,  d'autant  plus  que  les  rabbins  an- 
ciens, dans  leur  ignorance  des  noms  histo- 
riques de  toute  nation  autre  que  la  leur, 

ce  soi-disant  cantique  de  Josué  so  compose  entière- 
nient  de  lafnt)eau\  des  Psaume»^  trouve  que  Tbé- 
breu  en  vaut  presque  ce\ni  de  la  Bible.  «  Ul  si  phra- 
fin  resplcl;tB,  (ère  nihti  ^ïi  qnod  cum  bibliio  hlylo 
non  conveniat.i  O.  fere  est  curieux. 

(1159)  Votfei  vers  la  fln  du  Deutéronome  ci  du 
UvTe  4e  Joiwi. 


n'en  figuraient  pas  exactement  les  conson- 
nes. Ce  n'est  qu'à  force  de  recherches  que 
nous  avons  pu  rétablir  ces  noms. 

La  Préface  mise  en  lèle  du  Livre  du  juste 
par  le  premier  éditeur  nous  apprend  com- 
ment ce  livre  a  été  retrouvé.  C'est  un  conte 
fait  à  plaisir. 

Nous  allons  donner  quelques  extraits  de 
cette  Préface. 

K  Le  présent  livre,  appelé  le  Livre  du 
juste,  a  été  retrouvé  et  est  maintenant  en- 
tre nos  mains.  Quand  la  ville  sainte  de 
Jérusalem  fut  dévast(^e  par  Titus,  tous  les 
officiers  militaires  s'y  précipitèrent  pour  la 
piller.  Un  des  généraux,  nommé  Sidrus, 
étant  arrivé  à  uiie  maisfin  grande  et  vaste, 
y  pénétra  et  s'empara  &&  tout  ce  qu'elle 
renfermait.  Sur  le  point  de  se  retirer,  il 
avisa  une  muraille  que  dans  sa  sagacité  il 
soupçonna  devoir  i^acher  des  trésors.  Aus- 
sitôt il  la  démolit  et  trouva  devant  lui  une 
tonne  pleine  de  livres.  Elle  contenait  le 
Pent'iteuque,  les  Prophètes  et  les  Hagio- 
graphes;  des  histoires  des  rois  du  peuple 
Israélite  et  des  rois  des  autres  nations,  com- 
me aussi  beaucoup  d'autres  livres  qui  con- 
cernaient Israël.  Là  aussi  était  un  dépôt  des 
livres  de  la  Mischna  mise  en  ordre  (1 140), 
*et  de  beaucoup  de  rouleaux.  Outre  cela,  il 
s'y  trouvait  toutes  sortes  de  comestibles,  et 
du  vin  en  abondance.  A  sa  grande  surprise, 
il  y  vit  un  vieillard  assis  et  étudiant  dans 
ces  livres.  Il  dit  au  vieillard  :  Comment  se 
fait-il  que  tu  te  trouves  ici,  sans  une'flme 
auprès  de  toi?  Le  vieillard  répondit  :  io 
savais  depuis  de  longues  années  que  Jéru- 
salem devait  être  ruinée  une  seconde  fois  ; 
c'est  pourquoi  j'ai  bâti  cette  maison,  et  m'y 
suis  ménagé  cette  roiraite  secrète,  où  j'ai 
transporté  des  livres  pour  mes  études •  et 
des  provisions  pour  me  soutenir.  Peut-être, 
pensaiS'je,  sauverai-je  ainsi  ma  vie.  Or, 
Dieu  voulut  que  le  vieillard  inspirât  des 
sentiments  de  bienveillance  et  de  pitié  au 
général,  qui  le  retira  avec  ses  livres  de  ce 
lieu-là,  en  lui  donnant  de  grands  témoi- 
gnages de  considération.  11  s'en  fit  accom- 
pagner de  ville  en  ville  et  de  pays  en  pays 
jusqu'à  Séville.  Le  général  ayant  reconnu 
que  le  vieillard  était  versé  dans  toutes  les 
sciences,  le  garda  auprès  de  sa  personne, 
eut  pour  lui  toutes  sortes  d'égards  et  se  fit 
son  disciple.  Us  se  bâtirent  en  dehors  de  la 
ville  une  maison  fort  élevée  où  ils  placé* 
rent  tous  les  livres  déjà  mentionnés.  £l 
cettH  maison  existe  encore  en  ce  jour  à  Sé- 
ville. Quand  les  rois  d'Edom  (1141)  nous 
forcèrent,  Dieu  le  permettant,  d'émi^rer  de 
pays  en  ^ays  au  milieu  de  grandes  misères, 
ce  livre  aiipelé  Génération  d^Àdam^  avec 
beaucoup  d'autres  de  la  maison  de  Séville, 
finit  par  arriver  entre  nos  mains  dans  noire 

(1140)  La  Mischna  n*a  pu  être  mise  par  écrit  que 
vers  la  lin  du  ii«  siècle  dé  notre  ère.  Voy.  noire 
Harmonie  entre  VEgiise  el  la  Synagogue,  tout.  I, 
p.  li!>  et  suiv.. 

(lUI)  En  rAbbinique,  Edotn  ost  le  nom  généri- 
que des  Cliréticns,  comme  latiaèl  est  Cilui  des  nia- 
uomciaiis. 


«067 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRIPKS* 


yillo  de  Naples,  qui  es)  sous  la  domination 
du  roi  d'Espasoe.  (Que  sa  gloire  soit  exal- 
lée I)  Ayant  observé  que  ces  livres  traitent 
de  sciences  diverses,  nous  avons  volontiers 
formé  le  projet  de  les  reproduire  par  la 
voie  de  l'impression. 

«  Le  présent  livre  l'emporte  en  excellence 
sur  tous  les  autres.  Il  nous  en  est  parvenu 
douze  copies ,  nous  les  avons  exami- 
nées, et  avons  reconnu  qu^elles  sont  telle* 
ment  concordantes ,  que  pas  une  d'elles  n'a 
une  lettre  de  plus  ou  de  moins  que  les  au- 
tres. Et  il  se  trouve  écritque  ce  livre  est  celui 
appelé  (11^2)  Livre  du  juste.  Il  parait  qu'il 
est  ainsi  appelé,  parce  que  tout  y  est  raconté 
selon  Torcire  des  événements  sans  interver- 
sion aucune.  Tel.  est  son  principal  titre  ; 
mais  le  public  s'est  habitué  a  l'appeler  Livre 
de  la  génération  d*Adam.  w 

L'auleur  de  la  Préface  dit  ensuite  que  les 
GrecSf  les  Romains  et  certains  pays  des  rois 
d'Edom^  possédaient  encore  de  son  temps 
notre  livre  traduit  en  leurs  langues.  II  donne 
même  les  titres  de  ces  traductions,  non 
en  ^rec,  ni  en  latin,  ni  dans  la  langue  de 
qiiei(|ue  pays  d'fdom,  mais  dans  le  mauvais 
espagnol  des  Juifs  méridionaux,  et  si  mal 
figuré  ei  lettres  hébraïques,  que  depuis 
les  grands  savants  des  xvi'  et  xyii'  siècles 
jusqu'à  nos  jours,  on  n'a  jamais  réussi  à  en 
reconnaître  tous  les  mots.  11  nous  conte 
aussi  que  Ptolémée  ,  à  l'instigation  de  Juifs 
traîtres  à  leur  naiion,  a  fait  demander  à 
Jérusalem  la  Bible  des  Hébreux.  Afin  de  ne 
i)as  livrer  le  volume  sacré  à  un  infidèle,  on 
lui  expt^dia  le  Livre  du  juste.  Mais  les  mê- 
mes traîtres  l'ayant  averti  que  ce  n'étaitfpas 
lo  véritable  livre  de  la  loi ,  le  roi  en  fut 


trfts-irrité,  et  obligea  les  Juifs  à  le  loi  en- 
voyer. Ne  Toulant  pas  être  joué  de  nouveau, 
il  se  fit  amener  en  même  leoipti  soixaitie- 
dix  anciens,  et  les  fit  enfernâer  séperéiDeot 
dans  soixante-dix  maisons,  avec  ordre  a 
chacun  de  lui  écrire  U  livre  de  la  loi.  L'E»- 
prit-Saint  wipn  rm  Tint  reposer  sur  eux, 
et  leur  soixante-dix  copies  furent  parfaite- 
ment conformes  les  unes  anx  antres.  L^  r«i 
en  éprouTa  une  grande  joie,  combla  d'hoo- 
neurs  les  anciens  et  tous  les  Juiftf,  et  envou 
des  présents  à  Jérusalem.  Après  la  mort  i^f 
Ptolémée,  les  Juifs  enlevèrent  par  adresse 
de  sa  bibliotbèoue  le  livre  de  la  loi,  iiui> 
ils  y  laissèrent  le  Livre  du  juste  pour  Yius* 
truction  des  rois  suivants.  Ceux-ci  pouvaient 
y  apprendre  quelles  merveilles  Dieu  a  opé- 
rées; qu'il  n'y  a  pas  d'autre  Dieu  que  lai.ei 
qu'il  a  choisi  Israël  d'entre  tous  les  pettp{e>. 

«  Et  voici,» continue  la  Préface,  ■  que  tu 
trouveras  dans  ce  livre  quelques  récib  qui 
regardent  les  rois  d'Aram,  de  Cétbim  et  d'A- 
frique de  ces  temps-lk,  bien  que  de  ;>riuie 
abord  ces  détails  paraissent  ne  devoir  (U5 
entrer  dans  le  cadre  de  ce  livre.  Hais  ea  i 
voulu  faire  toucher  au  doigt  la  différence 
qui  existe  entre  les  guerres  des  autres  na- 
tions dont  l'issue  dépend  de  coiyonctun^H 
ordinaires,  et  celles  des  Juifs,  où  Dieu  fait 
éclater  ses  merveilles  tant  qu'Israël  niei  ^» 
confiance  en  lui.  )» 

En  dépit  de  l'assertion  de  fauteur  de  ia 
Préface,  il  est  avéré  que  le  Livre  dujusu  n  s 
jamais  été  traduit  ni  en  grec,  ni  en  latin,  m 
en  aucune  langue  moderne;  il  n'en  esi^y 
qu'une  espèce   de  paraphrase  en  hébreu- 

f;ermain,  jargon  des  Juiis  du  rit  alleuiani, 
es  plus  nombreux  en  Europe. 


CECI  EST  LE  LIVRE  DE  LA  GENERATION  D'ADAM  (i!i5. 

QUE  mXU  CRÉA  SUR  LA  TERRE  AU  JOUR  OU  JÉBOVA  DIEU  FIT  LA  TERRE  ET  LE  CIEL. 

LIVRE  DE  LA  GENÈSE. 


Section  Bereschilh  (tlH). 

Dieu  dit  :  Faisons  Phommeè  noire  image  et 
k  notre  ressemblance.  Et  Dieu  créa  t*homme 
h  son  image.  Jéhova  Dieu  forma  Thorame  de 
la  poussière  de  la  terre,  et  il  souQla  dans  ses 
narines  une  âme  vivifiante:  et  Thomme  de- 
vint un  être  animé  partant  (11^5). 

Et  Jéhovadit  :  Il  n'est  pas  bon  c|ue  Thomme 
soit  seul.  Je  vais  lui  faire  une  aide  pour  être 
sa  compagne.  Alors  Jéhova  fit  tom!)er  un 
profond  sommeil  sur  Thomme,  qui  s'endor- 
mit, et  il  enleva  une  de  ses  côtes,  et  la  revéïit 
de  chair,  et  en  forma  une  femme  qu'il  amena 

(1U2)  Dans  la  Bible,  «ans  doule. 

(li^)  On  pourrail  aussi  iraduire  :  Livre  de  rori^ 
gine,  nu  de  Vhisloire  de  Vhomme. 

(1144)  Le  Peiilateuque  esl  divisé  en  auUiii  de 
tecUons  qu^il  y  a  de  «emaincs  dans  Tannée  judai- 

aue.  Chaque  samedi  on  ''ail  dans  la  Synagogue  leciurc 
'une  section. 


devant  Thomme.  Et  l'homme  se  réveilla  <;e 
son  sommeil,  et  voici  qu'une  femme  se  tena:: 
devant  lui.  Et  il  dit:  Celle-ci  est  un  o^  •!' 
mes  os.  Elle  sera  appelée  isscha  (femme),  *9t 
elle  a  été  tirée  d*un  isch  (homme).  Eirhonu:  - 
la  nomma  Eve,  parce  quelle  était  la  mère  Ji 
tous  les  vivants  (lli!k6).  Dieu  les  bénit  e(  y 
appela  Adam  au  jour  de  leur  création  M  t^' 
Et  Jéhova  dit  :  Fructifiez  et  multiplioi  "i 
remplissez  la  terre.  Jéhova  Dieu  ^ril  A*i.*)M 
et  sa  femme  et  les  plaça  dans  le  jardind*bi':^ 
pour  le  cultiver  et  pour  le  garder.  Et  li  icar 
donna  ce  précepte  :  Vous  mangerez  de  i  '^> 
les  arbres  du  jardin  ;  mais  pour  Tarbre  d^'  <i 

(il45)  Hébreu,  -TarîD,  loquens^  ce  qui  veui  a»rf. 
pensant  et  pouvant  oeinmuniquer  ms  peascct  h 
moyen  de  la  |iarole«  Oiéu  a  donné  urne  U»it  â 
Adam. 

(1146)  Hébreu,  nnn,  du  verbe  rm,  w»«.  pai  ftr- 
mu  talion  des  lettres  1  et  ). 

(1147)  AUam  signitic  propremctti,  ao«iM. 


I0S9 


YAS 


PART.  IIL  ~  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1090 


science  da  bien  et  dn  mal,  vous  n*cn  mange- 
rez point:  car  auionr  où  vous  en  mangerez 
vous  mourrez  (lllS).  Et  après  les  avoir  hénis 
et  leur  avoir  imposé  ce  précepte»  ils*enleva 
d'auprès  d'eux.  Or  Adam  et  sa  femme  de- 
nieuraientdans  le  jardin  selon  le  commande* 
ment  de  Jéhova.  Mais  le  serpent  que  Dieu 
avait  créé  en  même  temps  ou*eux  sur  la 
terre,  s'avança  vers  eux  pour  les  séduire  et 
leur  faire  transgresser  le  précepte  que  Dieu 
leur  avait  donné.  Il  tenta  la  femme  pour  la 
porter  à  manger  de  Tarbre  de  la  science. 
La  femme  lui  prêta  Toreille,  et  contrevenant 
h  Tordre  de  lébova,  elle  cueillit  du  fruit  de 
l'arbre  de  ta  science  du  bien  et  du  mal,  et 
en  mangea.  Elle  en  donna  aussi  è  son  époux» 
qui  en  mangea  également.  Et  Dieu  snt  cela, 
et  il  fut  irrité  contre  eux,  et  les  maudit.  En 
ce  même  jour  Jébova  Dieu  les  chassa  du 
jardin  d'fiden,  pour  aller  cultiver  la  terre 
d'où  ils  avaient  été  tirés;  et  ils  se  retirèrent 
vers  l'orient  du  jardin  d'Eden. 

Or  Adam  connut  sa  femme  et  elle  enranta 
deux  fils  et  trois  filles  (11^9).  Elle  nomma 
Talné  Caïn,  disant  :  J'ai  acquis  de  Dieu  un 
homme.  Et  elle  nomma  le  putné  Ahel,  car 
elle  dit  :  En  vanité  nous  sommes  venus  sur 
la  terre,  et  en  vanité  nous  en  serons  retirés 
(1150).  El  les  garçons  grandirent,  et  leur  père 
leur  donna  des  possessions  sur  la  terre.  Caïn 
cultivait  te  sol ,  et  Abel  nourrissait  des  trou- 
peaux. Or,  au  bout  de  jours  et  d'années  les 
jeunes  gens  offrirent  chacun  une  offrande 
d  Jéhova.  Caïn  offrit  des  fruits  de  la  terre, 
et  Ahel  de  ses  plus  belles  et  plus  grasses  bre- 
bis. Jéhova  se  tourna  vers  l  oblation  d'Abel, 
ett^agréa;  mais  il  ne  regarda  point,  ni 
n*agréa  Toblation  de  Caïn:  car  il  avait  offert 
à  Jéhova  du  rebut  des  fruits  de  la  terre.  Et 
à  cause  décela  Gain  jalousait  son  frère  Abel, 
et  ii  cherchait  un  prétexte  pour  le  tuer. 
Après  un  certain  temps  Caïn  et  Abel  son 
frère  allèrent  aux  champs  pour  leurs  occu- 
pations. Caïn  était  h  labourer  sa  terre  lors- 
que le  troupeau  d'Abel  vint  à  traverser  ses 
sillons.  Cette  chose  fâcha  violemment  Caïn 
qui  marcha  furieux  vers  Abel  son  frère,  et 
lui  cria  :  Qu'y  a-l-il  de  commun  entre  nous, 
pour  que  tu  viennes  demeurer  où  il  te  plaît 
sur  ma  terre,  avec  tes  troupeaux,  et  les  y 
faire  paître?  Abel  répondit  à  Caïn  son  frère  : 
Je  dirai  de  même,  qu'y  a-t-il  de  commun 
entre  nous,  pour  que  tu  manges  du  produit 
de  mes  brebis,  et  te  revêles  de  leur  laine? 
Maintenant  quitte  la  laine  de  mps  brebis 
dont  tu  es  vêtu,  et  paie-moi  le  prix  de  leurs 
produits  et  de  leur  chair,  que  tu  as  consom- 
més. Cela  fait,  je  sortirai  de  ta  terre,  ainsi 
que  tu  le  demandes,  et  je  volerai  dans  l'es- 
pace supérieur,  si  je  puis.  Caïn  dit  alors  à 
son  frère  Abel:  Si  je  te  tuais  aujourd'hui, 

(1148)  Vous  deviendrei  mortels. 

(Iti  »)  La  Bible  ne  fait  pas  mention  de  ces  fiUes  ; 
m.iN  la  tradition  en  a  conservé  le  souvenir.  Le 
Môdt  ascli*  nabba  dit  à  cette  occasion  :  c  Ils  sont  allés 
an  lit  «feux,  et  ils  se  sont  levés  sept  :Caln  naquit  avec 
une  sœur  jumelle,  et  Abel  avec  deux  sœurs  jumelles. 
Malgré  W,  silence  de  4a  Bible,  il  faut  de  toute  néces- 


qui  rechercherait  ton  sang  de  ma  main? 
Ahel  répondit:  N*est-il  pas  vrai  que  Dieu 
qui  nous  a  créés  me  vengera,  et  recherchera 
mon  sang  de  ta  main  ?  Car  Jéhova  est  le  juge 
et  l'arbitre,  et  il  rend  à  l'homme  méchant 
selon  la  méchanceté  qu'il  a  opérée  sur  la 
terre.  Or,  si  tu  me  tues  ici,  Dieu  connaîtra 
ton  action  secrète,  et  il  te  condamnera  pour 
le  mal  que  tu  as  résolu  de  me  faire  en  ce 
jour.  A  ces  paroles,  Caïn  entra  en  fureur 
contre  Abel  son  frère,  et  il  se  leva  précipi- 
tamment, et  il  saisit  le  soc  de  sa  charrue,  et 
en  frappa  aussitôt  son  frère,  et  le  tua  :  et  le 
sang  d'Abel  CMiait  sur  la  terre  devant  son 
troupeau.  Après  cela  Caïn  se  repentit  d'avoir 
tué  son  frère,  et  en  fut  très-affligé  et  pleura 
sur  son  corps.  EtCaïns'étant  levé  creusa  une 
fosse  dans  le  chanin,  et  y  déposa  le  cadavre  de 
son  frère  etrejeta  la  terre  sur  lui.  Or  Jéhova 
sut  ce  que  Caïn  avait  fait  à  son  frère,  et  il 
lui  apparut  et  lui  dit  ;  Oii  est  ton  frère  Abel, 
qui  était  avec  toi? Et  Caïn  faisant  un  men- 
songe, répondit  :  Je  ne  le  sais.  Suis-je,  moi, 
le  gardien  de  mon  frère  ?  Alors  Jéhova  lui 
dit  :  Qu'as-tu  fait?  La  voix  du  san^  de  ton 
frère  crie  vers  moi  de  la  terre  où  tu  l'as  ré- 
pandu. Tu  l'as  tué  sans  motif;  car  la  réponse 
qu'il  t'avait  faite  était  selon  la  raison.  Tu 
m'as  menti,  pensant  en  ton  cœur  que  je  ne 
t'aipas  vuetquej'ignorerais  ton  forfait.  Main» 
tenant,  sois  maudit  et  éloigné  de  la  terre 
qui  a  ouvert  sa  bouche  pour  recevoir  de  ta 
main  le  sang  de  ton  frère  et  son  corps  ina- 
nimé. Dorénavant  lorsque  tu  cultiveras  !e 
sol  il  ne  te  donnera  plus  sa  force  productive 
comme  il  avait  comatencé,  car  il  te  produira 
des  épines  et  des  chardons  ;  et  tu  seras 
errant  et  fugitif  sur  la  terre  jusqu'au  jour  de 
ta  mort.  Eii  môme  temps,  Caïn  sortit  de  la 
présence  de  Jéhova,  du  Lieu  où  il  était,  et  il 
vaguait  à  l'aventure  avec  tout  ce  qu'il  pos- 
sédait, avançant  vers  l'orient  d'Eden. 

En  ces  jours-là  Caïn  connut  sa  femme,  et 
elle  conçut  et  lui  enfanta  un  fiis,  et  il  le 
nomma  Uénoch,  parce  que  Jéhova  l'avait 
laissé  alors  en  repos  sur  la  terre,  et  il  n'était 
plus  errant  et  fugitif  comme  auparavant 
(1151).  A  la  mèmeépoQue  Cain  semitàbÂtir 
une  ville  à  laquelle  il  donna  le  nom  de  son 
fils  Hénoch,  parce  qu'il  s'y  fixa  à  demeure. 
A  Hénoch  naquit  Irad,  et  Irad  engendra  Ma- 
huiaël,  et  Mahuiaël  engendra  Mathusaël»  et 
Mathusaêl  engendra  Lamech. 

Or  Adam  dans  la  cent  trentième  année  do 
sa  vie  connut  de  nouveau  Eve  sa  femme,  et 
elle  conçut  et  enfanta  un  fils  à  la  ressem- 
blance et  è  l'imaged'Adam,  et  elle  le  nomma 
Seth,  disant  :  Dieu  m'a  donné  un  autre  fils  à 
la  place  d'Abel,  tué  par  Caïn  (1152). 

Seth  ayant  vécu  .cent  cinq  ans  engendra 
un  fils  qu'il  nomma  Enos,  pour  signifier  qu'en 

site  admettre  que  nos  premiers  parents  mirent  a« 
monde  des  filh»  aussi  bien  que  des  fils.  > 

(1150)  Caïn-,  ]ip,  de  rup  acquérir.  Atiel,  Son, 
vanité. 

(1151)  Hénoch,  "run,  denTI«  camper» 

(115i)  Selli,  r0,  de  rw  et  nnZ7,  po$er {remplacer). 


IMS 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ponr  mener  sur  la  terre  une  rie  sage  et 
iioureuse.  En  peu  de  jours  il  leur  donna  ses 
iii^lruclions,  reprenant  ce  qui  n*était  pas 
lâen,  et  leur  prescrivit  des  lois  et  des  règles 
À  observer.  Il  opéra  la  paix  entre  eui,  et  leur 
traça  le  chemin  de  la  vie  éternelle.  Or  il  ar- 
riva que  des  hommes  se  tenant  auprès  d'Hé- 
noch  qui  discourait  aver.  eux,  levèrent  les 
yeux  au  del  et  virent,  et  voici  que  la  forme 
d'un  grand  cheval  descendait  du  ciel  en 
traversant  Tair  qui  est  au-dessus  de  la  terre; 
et  ils  manifestèrent  à  Hénoch  ce  qu'ils 
voyaient.  Hénoch  leur  dit  :  f/est  pourmoi  que 
ce  cheval  descend  sur  la  (erre.  Le  temps  et 
le  jour  sont  arrivés  où  je  dois  m*en  aller 
d'auprès  de  vous,  et  vous  ne  me  verrez  plus. 
A  la  mèuif^  heure  le  cheval  étant  descendu 
vint  se  placer  devant  Hénoch.  Et  tous  les 
hommes  qui  se  trouva:*ent  auprès  d*Hénocli 
voyaient  le  cheval.  Et  Hénoch  ordonna  que 
de  nouveau  on  publiât  :  Quel  est  l'homme 
désireux  de  connaître  les  voies  de  Jéhova 
son  Dieu?  Qu'il  se  rende  ce  jour  même  au- 

1>rès  d'Hénoch  avant  qu'il  ne  vous  soit  en- 
evé.  Et  tous  les  hommes  accoururent  en- 
semble ce  jour-là  auprès  d'Hénoch.  De  mê- 
me, tous  les  rois  de  la  terre,  avec  les  chefs 
et  les  seigneurs,  ne  le  quittaient  pas  de  toute 
la  journée.  Hénoch  leur  départit  encore  de 
sages  enseignements,  leur  donna  des  pré- 
ceptes concernant  le  cullç  de  Jéhova»  pour 
les  observer  toute  leur  vie  durant,  et  assura 
de  nouveau  la  paix  entre  eux.  Après  cela  il 
se  leva  et  monta  sur  le  cheval.  Tous  Ins 
hommes,  au  nombre  d'environ  huit  cent 
mille,  le  suivirent  pendant  la  marche  d'une 
journée.  Ue  lendemain  il  leur  dit  :  Retour- 
nez-vous-en à  vos  tentes;  ne  marchez  pas 
davantage,  de  peur  que  vous  ne  mouriez. 
Et  une  partie  s'en  retourna.  Les  autres 
l'accompagnèrent  pendant  la  marche  de  six 

tournées.  Et  chaque  jour  Hénoch  répétait  : 
letournez  à  vos  tentes  de  peur  que  vous  ue 
périssiez;  mais  ils  ne  voulaient  pas  l'écou- 
ter. Le  sixième  jour  Hénoch  leur  adressa  de 
nouveau  la  parole  et  dit  :  Laissez-moi  et  al- 
lez-vous-en à  vos  tentes  :  car  c'est  demain 
que  je  m'élèverai  au  ciel,  et  quiconque  d'en* 
tre  vous  restera  auprès  de  moi  perdra  la  vie. 
Et  beaucoup  s'en  retournèrent.  Mais  il  y  eut 
\ii  des  hommes  résolus  à  rester  et  à  s  atta- 
cher à  ses  pas.  Et  ils  lui  dirent  :  Nous  te 
suivrons  au  lieu  où  tu  te  rends.  Vive  Jého- 
va 1  la  niort  seule  nous  séparera  de  toi.  Et 
comme  ils  s'obstinaient  à  marcher  avec  lui,  il 
ne  leur  dit  plus  rien.  Ainsi,  ils  le  suivirent 
et  ne  voulurent  pas  le  quitter.  Or,  les  rois 
en  se  retirant  prirent  note  du  nombre  do 
ceux  qui  demeuraient  à  la  suite  d'Hénoch. 
Le  septième  jour  Hénoch  monta  au  ciel  au 
milieu  d'un  ouragan,  sur  un  char  de  feu 
traîné  par  des  chevaux  de  feu.  Le  huitième 
jour  les  rois  envoyèrent  relever  le  nombre 
des  hommes  restéa  avec  Hénoch  au  lieu 
d'où  il  était  monté  au  ciel,  ils  y  altèrent 

(tl62)  Ce  nom  est  un  de  ceux  de  ce  livre  qui  iic 
se  rencontrent  nulle  part  dans  la  Bible. 
(1165)  Noé,  ru,  de  Tïïl  reposer.  M^nahcm,  OTCQ» 


eux-mêmes,  et  ils  trênvèrent  toute  la  terrç 
couverte  de  neige,  et  i^r^dessus  la  neige  de 
grands  blocs  de  glace.  Ils  dirent  :  Venez, 
brisons  cette  glace  et  regardons,  de  peur 
que  ceux  restés  avec  Hénoch  n*aient  fiérî 
sous  la  neige.  Et  ils  firent  ainsi,  et  fouillant 
dans  la  neige  ils  trouvèrent  le  nombre  exatt 
des  hommes  restés  avec  Uénoch«  ensevelis 
morts  sous  la  neiçe.  Ils  cherchèrent  long- 
temps aussi  Hénocn;  mais  ils  ne  le  troavè- 
renl  point,  car  il  était  monté  au  del.  Or, 
tous  les  jours  qu'Hénoch  avait  vécu  sur  la 
terre  étaient  de  trois  cent  soixante-cina  ans. 
C'est  dans  la  cent  treizième  année  de  la  vie 
éh  Lamech,  fils  de  Malbusala,  qu*Héoodb 
monta  au  ciel. 

Après  lascension  d'Hénoch  an  del  loos 
les  rois  de  la  terre  se  levèrent  et  prirtfct 
Mathusala  son  fils  et  le  sacrèrent  poi|r  les 
gouverner  à  la  place  de  son  père.  Malbusala 
pratiquait  ce  qui  est  bien  aux  yeux  delého- 
va,  selon  ce  que  lui  avait  enseigné  son  père. 
Et  lui  aussi,  durant  tous  ses  jours,  iostmi- 
sait  les  hommes  dans  la  sagesse,  la  science 
et  la  crainte  de  Jéhova;  et  il  ne  se  détour- 
nait de  la  bonne  voie  ni  à  droite  ni  à  gauche. 
Mais  sur  la  fin  des  jours  de  Mathusala,  les 
hommes  se  retirèrent  de  Jéhova,  et  |ierver« 
tirent  la  terre,  et  résistèrent  h  Mathusala,  et 
ne  Toulurent  plus  lui  obéir.  Ils  se  livraient 
au  vol  et  au  brigandage.  Jéhnva  trèa-îrriie 
contre  eux  à  cause  de  leurs  crimes»  frapf»a 
les  fruits  de  la  terre  de  sorte  qu'en  ces  jour^ 
Ih  il  n'y  eut  ni  ensemencement  ni  récolte; 
et  quand  on  jetait  quelque  semence  dans  la 
terre,  elle  produisait  toutes  espèces  de  mau- 
vaises plantes  qu'on  n'avait  point  semêe<. 
Malgré  cela  les  hommes  ne  revenaient  point 
de  leur  mauvaise  voie»  et  leur  main  de- 
meurait étendue  jiour  continuer  è  faire  et* 
qui  déplaît  aux  yeux  de  Jéhova,  et  è  Tirriler 
piar  leurs  œuvres.  Et  Jéhova,  outré,  se  repen- 
tit d'avoir  fait  l'homme,  et  il  résolut  d'en 
exterminer  la  race  de  dessus  la  Cice  de  la 
terre.  ^ 

En  ces  jours-lè  vtnt  à  mourir  Selh  ûi^ 
d*Adâm,  en  la  cent  soixante-huitième  anno*- 
de  l'Age  de  Lamech,  fils  de  Mathusala.  Et 
tous  Ws  jours  de  la  vie  de  Seth  furent 
de  neuf  cent  douze  ans.  Lamech  Agé  tïv 
cent  quatre-vingt-un  ans  prit  rK>ur  femiue 
Asmoa  (1162)  fille  de  son  onele  Elisua,  ti  s 
d'Hénoch.  En  ce  temps  là  on  ensemençait  la 
terre,  et  l'on  récoltait  un  peu  de  quoi  man- 
ger. Les  hommes  ne  quittaient  pas  leur 
mauvaise  voie  pour  revenir  à  Dieu.  Au 
bout  d'une  année  la  femme  de  Lameeii 
enfanta  un  fils.  Mathusala  le  nomma  No4| 
disant  :  La  terre  se  repose  de  sa  malé- 
diction; mais  Lamech  son  père  le  nom- 
ma Manahem,  disant  :  Celui-ci  nous  $ouU* 
f^era  des  travaux  pénibles  que  nous  impose 
a  malédiction  dont  Jéhova  a  frappé  la  terre 
(1163).  L'enfant  grandit  et  fut  sevré;  et  il 
marchait  sur  les  tiacea  de  Mathusala  son 

de  ans.  conjug.  Piel,  comoler.  Le  leiie  de  la  Bibit 
laisse  désirer  quelque  chose.  Il  ne  donne  <|iBe  le  pre- 
mier de  ces  uoms,  Noé,  d  lui  aUribue  TeiyaMto^ 


{Ot7 


YAS 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


lOM 


aïeul»  étant  parfait  et  droit  avec  Jéhova. 
Mais  les  autres  hommes^  qui  s*étaieiit  mul- 
tipliés en  fils  et  en  filles»  s'éloignaiem  de 
Jéhora,  et  ils  apprenaient  les  uns  au  t  autres 
leurs  mauvaises  praliaues,  et  ils  offensaient 
Jéhova  de  plus  en  pkis.  Chacun  se  faisait 
sou  dieu  à  lui.  Ils  arrachaient  et  ravissaient 
les  uns  aux  autres  leurs  biens,  et  la  terre 
était  pleine  d'oppression  et  d'iniquité.  Leurs 
juges  et  leurs  magistrats  (116^)  en  levaient  dé 
force  toutes  les  femmes  qui  leur  plaisaient, 
môme  celles  qui  appartenaient  à  des  maris. 
Les  hommes  aussi  amenaient  des  bestiaux 
de  la  terre,  et  des  bâtes  des  champs  et  des 
oiseaux  du  ciel,  et  les  habituaient  à  s*accou- 

[^ler  avec  des  espèces  qui  n'étaient  pas  les 
eurs,  afin  de  braver  Jéhova  par  cette  chose. 
Et  Dieu  vit  que  toute  la  terre  était  corrom- 
pue; car  toute  chair  avait  corrompu  sa  voie, 
tant  l'homme  que  la  bote.  El  Jéhova  dit  :  Je 
vais  effacer  de  dessus  la  terre  depuis  rhom"- 
me  jusqu'à  l'oiseau  du  ciel,  le  bétail  et  les 
bêtes  des  champs;  car  je  me  repens  de  les 
avoir  créés.  Or,  tous  ceux  qui  étaient  fidèles 
à  Jéheva  mouraient  en  ces  jours-là,  afin 
qu'ils  ne  vissent  pas  le  désastre  dont  Jéhova 
avait  décidé  d*accabler  la  race  d'Adam,  àlais 
Noé  trouva  grflce  aux  yeux  de  Jéhova,  qui  fit 
choix  de  lui  et  de  ses  enfants  pour  repeu- 
pler toute  la  face  de  la  terre. 

Section  tfoi. 

En  l'année  quatre-vingt-quatrième  de  la 
vie  de  Noé,  mourut  £nos,  fils  de  Seth^  â^é 
de  neuf  cent  cinq  ans.  Et  dans  la  cent- 
soixante-dix-neuvième  année  de  la  vie  de 
Noé  mourut  Cainan,  fils  d'Ënos,  Et  tous  les 
jours  de  Caïnan  furent  de  neuf  cent  dit 
ans.  Et  dans  la  deut  cent  trente-quatriôme 
année  de  la  vie  de  Noé  mourut  Malaléel , 
fils  de  Caïnan.  Et  tous  les  jours  de  Malaléel 
furent  de  huit  cent  quatre-vingt-quinze  ans. 
Et  Jared  ,  fils  du  Malaléel,  mourut  en  ce 
temps-là,  dans  la  trois  cent  soixante-sixième 
année  de  la  vie  de  Noé.  Et  tous  les  jours  de 
Jared  furent  de  neuf  cent  soixante-deux  ans. 

11  arriva  après  un  grand  nombre  de  jours, 
en  l'année  trois  cent  soixante-sixième  de  la 
▼ie  da  Noé,  lorsque  eurent  fini  de  mourir 
du  milieu  des  hommes  tous  ceux  qui  avaient 
été  fidèles  à  Jéhova,  hors  Mathusalaqui  sur- 
vivait encore,  (il  arriva)  que  Jéhova  dit  à 
Noé  et  à  Mathusala  :  Convoquez  tous  les 
hommes,  et  annoncez-leur  ces  paroles  :  Voici 
ce  que  dit  Jéhova  :  Revenez  de  vos  mau- 
vaises voies,  quittez  vos  œuvres  criminelles, 
et  il  révoquera  la  sentence  qu'il  a  pronon- 

du  second.  On  voit  dans  le  Métlrasch^Rabba  que 
déjà  deux  rabbins  anciens  ont  fait  la  r6iii|«n|iie 
«iu*il  n*y  a  pas  de  rapport  entre  le  nom  de  Nué  et 
lëiyroologie  que  lui  assigne  la  Bible.  Sai.  Yarlihi 
dit  dans  son  commeniaire  que  d'après  rét]rmologie 
il  aurait  dû  se  nommer  Manahem.  C'est  ici  le  pre- 
mier des  endroits,  où  l'écrivain  inspiré,  pour  une 
raison  que  nous  ignorons,  a  laissé  une  lacune. 

il 464)  Selon  notre  livre,   les  enfanu  de  Dt^n, 
Hlii  Dei,  >  de  la  Cenèêe  vi,  %  n'étaient  pas  les 
anges  déchus. 
(  1 165)  La  tradition  des  rabbins  dit  que  cette  Naéma 

DiCTio?i!i.  DES  Apocryphes  II. 


cée  contre  la  terre,  et  elle  ne  sera  pas  mise 
à  exécution.  Je  vous  accorde,  dit  Jéhova« 
encore  cent  vingt  ans  pour  vous  convertir. 
Noé  et  Malhusafa  se  levaient  tous  les  jours 
de  grand  matin  pour  exhorter  les  hom- 
mes. Mais  ceux-ci  détournaient  l'oreille  de 
leurs  paroles,  ôt  demeuraient  endurcis 
Or,  Noé,  fils  de  Lamech,  s'abstenait  de 

E rendre  femme,  car  il  disait  t  Puisque  Jé- 
ova  doit  exterminer  les  hommes  de  dessus 
la  terre ,  que  me  servira  d'avoir  des  en- 
fants? Mais  Noti  était  un  parfait  juste  au 
milieu  des  générations  perverses  *de  son 
temps,  et  Jéhova  l'avait  choisi  pour  pefpé» 
tuer  par  ses  descendants  l'espèce  humaine 
sur  toute  la  terre.  Jéhova  dit  donc  à  Noé  : 
Epouse  une  femme,  car  toi  et  tes  enf)tnt$ 
vous  serez  conservés  sur  la  terre.  Noé  alla 
et  fit  choix  de  Noéma,  Qlle  d'Hénoch  (1165), 
et  elle  était  âgée  de  cinq  cent  quatre-vingts 
ans.  Noé,  lorsqu*il  l'épousa,  était  âgé  de 
quatre  cent  auatre-vin^t-dix-huit  ans.  Elle 
conçut  et  enfanta  un  dis,  et  Noé  le  nottama 
Japheth,  disant  :  Que  Dieu  me  répande  par 
ma  postérité  sur  la  terre.  Elle  conçut  di^ 
nouveau  et  eut  un  tils,  et  Noé  le  nomma 
Sem,  disant  :  Dieu  m*a  mis  en  état  de  cofi- 
server  la  vie  sur  la  terre  (1166).  Noé  avait 
cinq  cent  deux  ans  quand  Noemà  nàit  eu 
monde  Sem.  Les  garçons  grandissaient  ^t 
marchaient  dans  les  voies  de  Jéhova,  s^loia 
tout  ce  que  leur  avaient  enseigné  MaihuMlA 
et  Noé  leur  père.  En  ce  temps-là  mourut 
Lamech,  père  de  Noé,  dans  la  cint}  cdnt 
qualre- vingt-quinzième  année  de  Noé.  Hais 
il  n'avait  pas  marché  de  tout  son  cœur  su<* 
les  traces  de  scm  père.  El  tous  les  jours  dé 
Lamech  furent  deseptcentsoixante-Klix^sept 
ans.  Jéhova  dit  alors  à  Noé  et  à  Mathusala  : 
Levez-vous  et  criez  de  nouveau  aut  oreilles 
de  tous  tes  hommes  les  paroles  que  déjà 
une  fois  j'ai  mises  dans  votre  bouche.  Ils 
se  levèrent  et  firent  comme  Jéhova  leur 
avait  comtnandé.  Mais  lés  hommes  ne  Yovi- 
lurent  pas  les  écouter.  Après  cela,  Jéhova  dit 
à  Noé  :  La  fin  de  to*ite  chaih  est  arrivée 
devant  moi;  je  vaistoutextermineraveclasu- 
perficîe  même  delà  terre.  Maintenant,  prends 
du  bois  de  cyprès  et  va  vers  tel  endroit  (1167)^ 
et  construis-toi  une  grande  àfche  que  ttt 
monteras  en  cet  eedfoit-lè.  Tu  lui  donneras 
une  longueur  de  trois  cents  coudées,  une 
largeur  de  cinquante  coudées  et  une  hauteur 
de  trente  coudées.  Et  tu  f  feras  une  porte 
ouvrant  sur  le  côté,  et  la  rétréciras  rers  le 
sommet  jusqu'à  la  largeur  d'une  seu!e  cou- 
dée. Tu  l'enJuiras  de  poix  en  dedans  et  en 

était  sœur  de  Tubalcaîn  (YOf.  Medr.-R*).  Klle  aurait 
été  «le  lieaucoup  plus  vieille  que  celle  de  notre  iitrc« 
dont  rage  pouvait  être  parfaiiement  celui  d*une  li'l<*. 
d'Hënocli.  Si  le  présent  passage  avait  eié  fabriqiié 
par  un  rabbin,  il  n^aurait  certes  pas  contredit  le 
Bléilrascb.  La  nible  ne  dit  pas  quel  était  le  tfioui  de 
la  femme  de  Noé. 

(il06)  Sem,  319,  de  DIQr,  mettre.  Japheth,  ns\ 
de  nn)9,  coiijug.  Hiphil,  étendre^  répandre.  La  iniis- 
sance  de  Cham  manque  dans  noire  livre. 

(1167)  «odSk  ^^Ss.  expression  employée  quand  on 
ne  veut  p'^s  désigner  clairement. 

3o 


I090 


DlGTIONNAïaE  DES  APOCRYPHES. 


IIM 


dehors.  Car  voici  que  je  vais  amener  un  dé- 
luge d'eau  pour  faire  périr  toute  chair  d'au- 
dessous  du  ciel.  Et  tu  entreras  dans  Tarche, 
toi  et  ta  famille,  et  tu  y  réuniras  de  tous  les 
êtres  vivants  par  couples,  m&le  et  femelle, 
afin  d'en  conserver  les  espèces  sur  la  terre. 
Tu  feras  aussi  dans  l'arche  provision  de  tout 
ce  que  mangent  les  bêtes.  Va  choisir,  pour 
les  marier  à  tes  fils,  trois  jeunes  filles. 

Noé  se  leva  et  construisit  l'arche  confor- 
mément h  tout  ce  que  Jéhova  lui  avait  com- 
mandé. 11  la  commença  dans  sa  cinq  cent 
quatre>vingt-quinzième  année,  et  dans  sa 
six-centième  année  il  la  termina  dans  tous 
ses  détails.  Il  donna  [)our  femmes  à  ses  fils 
les  trois  Glies  d'Eliacim,  Gis  de  Mathusala, 
selon  ce  que  Jéhova  lui  avait  ordonné.  En 
ce  temps-là  mourut  Mathusala,  Ois  d'Ué- 
noch,  âgé  de  neuf  cent  soixante-neuf  ans. 

Après  la  mort  de  Mathusala,  Jéhova  dit  à 
Noé  :  Entre  dans  Tarche  avec  tous  les  tiens. 
Et  voici  que  je  vais  assembler  vers  toi  tous 
les  animaux  de  la  terre,  les  bètes  des  champs 
et  les  oiseaux  du  ciel  :  tous  arriveront  au- 
tour de  Tarche.  Alors  tu  eu  sortiras  et  te 
tiendras  sous  la  porte,  et  tu  livreras  entre 
les  mains  de  tes  fils,  pour  l'introduire  dans 
l'arche 9  toute  bête  qui  s'avancera  d'elle- 
même  et  s*accioupira  devant  toi;  mais  tu 
laisseras  dehors  toute  béte  qui  restera  de- 
bout devant  toi.  Et  dès  le  lendemain,  Jéhova 
amena  autour  de  l'arche  un  nombre  im- 
mense de  toutes  sortes  debétes;  et  Noé,  se 
tenant  sous  la  porte,  exécuta  la  chose  qui 
lui  avait  été  prescrite.  Il  fit  entrer  dans  l'ar- 
che deux  individus  de  chaque  espèce,  un 
mAle  et  une  femelle,  mais  sept  individus 
des  bètes  et  des  oiseaux  purs  (1168).  Or,  une 
lionne  s'avança  avec  ses  deux  lionceaux,  un 
mAle  et  une  femelle,  et  tous  trois  s'accrou- 
pirent devant  Noé.  Soudain  les  deux  lion- 
ceaux se  relevèrent  et  se  jetèrent  sur  Ja 
lionne  et  la  maltraitèrent,  et  elle  s'enfuit  au 
milieu  des  autres  lions.  Les  lionceaux  re- 
vinrent et  s'accroupirent  devant  Noé,  qui, 
frappé  de  ce  fait,  les  fit  entrer  dans  l'arche. 
Et  les  autres  quadrupèdes  et  oiseaux  conti- 
nuaient à  stationner  en  ce  lieu-là,  tout  è 
l'entour  de  l'arche.  Pendant  sept  jours,  la 
pluie'  n'arrivait  pas  encore;  mais  Jéhova 
effrayait  le  monde  par  un  ouragan  véhé- 
ment ,  par  Tobscurcissement  du  soleil ,  par 
des  éclairs  et  des  tonnerres ,  et  il  ébranlait 
la  terre  en  secouant  ses  fondements,  et  ses 
habitants  en  étaient  terrifiés.  Or,  Jéhova 
voulait  par  ces  épouvantables  phénomènes, 
intimider  les  hommes  et  les  ramener  à  lui; 
mais  ils  ne  rentraient  pas  en  eux-mêmes,  et 
continuaient  à  l'irriter. 

Et  il  arriva  au  bontde  sept  jours,  en  la  six- 
centièmeannéedeNoé,que]eseaux  du  déluge 
se  répandirent  sur  la  terre,  toutes  les  sour- 
ces de  l'abîme  firent  irruption  sur  la  terre 
en  la  perçant»  et  les  cataractes  du  ciel  s'ou- 

(1108)  De  ceux  dont  l.i  loi  mosaïque  permot  de 
manger  ou  dVffrir  des  sacrinccs. 

(11U9)  Image  frappante  des  damnes  sans  retour 
et  de  leur  tardif  tl  inutile  repentir  :  A  morte  perpe- 


vrirent  largement.  La  pluie  dura  sur  la  terre 
quarante  jours  et  quarante  nuits.  Mais  Kim} 
et  sa  famille  et  tous  les  êtres  vivants  quM 
avait  avec  lui,  étaient  entrés  dans  Tarche 
pour  se  garantir  des  eaux  du  déluge,  et  Jë^ 
hova  en  avait  fermé  la  porte  sur  eux«  Tous 
les  autres  hommes,  molestés  (>ar  la  ploie« 
car  les  eaux  croissaient  considérablement, 
s'attroupèrent  au  nombre  d*environ  sept 
cent  mille,  des  deux  sexes,  et  vinrent  tous 
auprès  de  l'arche.  Et  ils  crièrent  h  Noé,  di- 
sant :  Ouvre-nous,  aGn  que  nous  entrions. 
Pourquoi  veux-tu  que  nous  mourions?  Il 
leur  répondit  de  l'intérieur  de  Tarctie,  en 
élevant  la  voix  :  N*est-il  pas  vrai  que  vous 
avez  été  rebelles  à  Jéhova?  Vous  avez  mëoie 
dit  :  11  n'existe  pas.  C'est  en  punition  de 
vos  crimes  qu'il  vous  accable  de  ce  désastre 
afin  de  vous  exterminer  de  la  surface  de  la 
terre.  N'est-il  pas  vrai  que  je  vous  ai  |iréché 
cette  chose  pendant  ces  cent  vingt  ans  pAS^^ 
ses?  Vous  n'avez  pas  voulu  écouter  la  voix 
de  Jéhova,  et  maintenant  vous  avez  souci 
de  conserver  votre  vie.  Et  tous  répondireni  à 
Noé  :  Nous  voici,  nous  revenons  ii  Jôhora; 
de  grâce,  ouvre-nous ,  aGn  que  nous  ne  pé* 
rissions  pas.  Noé  répondit  :  Vous  ne  revenez 
à  Jéhova  qu'à  Theure  où  vous  vojez  les 
angoisses  qui  vous  pressent.  Que  ne  voqs 
êtes-vous  convertis  a  lui  de  bonne  velouté 
pendant  le  répit  de  cent  vingt  ans  qu'il  vous 
a  donné?  Dorénavant,  il  détournera  son 
oreille  dC/  vos  cris,  et  vous  ne  parviendrez 
plus  à  le  fléchir  (1169).  Et  ne  pouvant  plus 
supporter  la  violence  toujours  croissante  de 
la  pluie,  ils  se  précipitèrent  sur  Tarctie  pour 
en  briser  la  porte  et  y  pénétrer.  Mais  Je* 
hova,  excitant  contre  eux  les  bètes  qui 
l'entouraient,  elles  les  attaquèrent  et  on 
tuèrent  un  grand  nombre,  et  les  autres  s^eo- 
fuirent  de  tous  côtés  et  se  dispersèrent  sur 
toute  la  face  de  la  terre. 

Or,  toute  chair  de  la  terre  périt  dans 
l'eau,  depuis  Thomme  jusqu'aux  animaax  : 
les  quadrupèdes,  les  reptiles  et  les  oiseaux 
de  l'air.  Il  ne  survécut  que  Noé  et  toot  ce 
qui  avec  lui  était  retiré  dans  l'arche.  Les 
eaux  augmentaient  prodigieusement  en  vo- 
lume et^  en  force,  et  elles  soulevèrent  Tar- 
clie  à  une  grande  hauteur  au-dessus  de  la 
terre.  L'ange,  ballottée  par  l'agitation  des 
flots,  qui  se  battaient  entre  eux,  se  renver- 
sait et  pensait  se  briser.  Et  tout  ce  qu'elle 
renfermait  d'êtres  vivants  étaient  boulever- 
sés p$le«mèle  comme  le  potase  b«»aillant 
dans  la  marmite  (1170).  Tous  les  êtres  de 
I  arche  furent  consternés  :  les  lions  rugis- 
saient, les  bêtes  bovines  meuglaient,  les 
loups  hurlaient,  et  chaque  autre  espèce  se 
plaignait  en  son  langa<{e.  Leurs  voix  con- 
fondues s'étendaient  au  loin.  Noé  aussi  et 
ses  enfants  criaient  et  pleuraient  dans  leur 
anxiété  et  effroi,  vi  ils  se  virent  arrivés 
jusqu'aux  portes  de  la  mort.  Alors  Noé  éle- 

tua  libéra  not,  Jesu. 
(1 170)  Ainsi  l.uéralement  le  texte.  TVn  V»  ^ 


IlOi 


YAS 


Part.  lll.-LECiENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


Ilot 


¥a  sa  voix  suppliante  vers  Jéhova,  disant  : 
Degrftce»  A  Jéhova  1  secourez-nous,  car  nous 
n*avons  pas  la  force  de  supporter  ce  mal 

3ui  nous  enveloppe.  Les  vagues  furieuses 
es  eaux  ro*assiégent,  les  torrents  de  Bélial 
m*épouvantent,  je  suis  entouré  des  lacets  de 
la  mort.  Exaucez-nons,  ô  Jéhova  !  exaucez- 
nous.  Délivrez-nous,  ô  Jéhova  !  délivrez- 
nous.  Tournez  votre  face  vers  nous,  pre- 
nez pitié  de  nous  et  sauvez-nous.  Jéhova 
entendit  la  voix  de  Noé,  et  il  se  souvint  de 
lui;  et  il  Gt  aussitôt  passer  sur  la  terre  nn 
▼enl  doux,  et  les  eaux  se  calmèrent,  et  Tar- 
che  vogua  tranquillement;  et  en  même 
temps  les  sources  de  Kabîmeet  les  cataractes 
du  ciel  se  fermèrent.  En  ces  jours-là,  les 
eaux  allaient  toujours  en  diminuant,  et 
l'arche  s'arrêta  ennn  sur  les  montagnes  d*A- 
rara^.  Alors  Noé  ouvrit  la  fenêtre  de  Tarche, 
et  il  invoqua  de  nouveau  Jéhova,  disant  : 
Je  vous  prie,  ô  Jéhova!  Dieu  de  la  terre 
et  des  mers  et  de  tout  ce  qu'elles  renfer- 
ment, tïrez-nous  do  la  prison,  délivrez-moi 
des  entraves  dont  vous  m'avez  chargé,  car 
je  m'affaiblis  beaucoup,  et  je  m'épuise  en 
gémissements.  Jéhova  entendit  la  voix  de 
Noé,  et  lui  dit  :  Tu  sortiras  de  Tarche  dès 

3 ne  tu  y  auras  complété  une  année  entière 
e  séjour.  Or,  cette  année  étant  révolue  le 
vingt-septième  jour  du  deuxième  mois,  la 
terre  était  desséchée,  et  Noé  enleva  la  cou- 
verture de  l'arche.  Cependant  Noé  et  ses 
enfants  ne  voulaient  pas  sortir  de  Tarche 
sans  l'ordre  de  Jéhova.  Et  le  jour  arriva  où 
Jéhova  leur  dit  :  Sortez  de  l'arche.  Alors 
Noé  et  ses  cnf/inls  allèrent  s'établir  chacun 
dans  le  pays  que  Jéhova  leur  assigna,  et  ils 
le  servaient  fidèlement  tous  les  jours  de 
leur  vie.  Jéhova  les  avait  bénis  lors  de  leur 
sortie  de  l'arche,  en  leur  disant  :  Fructifiez 
de  manière  à  remplir  toute  la  terre;  muN 
tipliez-vous  en  très-grande  Quantité. 

Et  voici  les  noms  des  enfants  do  Noé  : 
Japheth,  Cham  et  Sem.  Et  ils  eurent  des 
enfants  après  le  déluge.  Voici  les  noms  des 
fils  de  Japheth  :  Gomer,  Magog,  Madaï,  Ja- 
Tan»  Thubal,  Mosoch  et  Thiras  ;  sept  fils.  Les 
fils  de  Gomer  furent  :  Ascenès,  Riphath  et 
Thogorma.  Les  fils  de  Magog  :  Elaï ,  Halaph 
etLobob.  Les  fils  de  Madaï  :  Ahvan,  Zita, 
Honi  et  Lot.  Les  fils  de  Javan  :  Elisa,  Thar- 
sis,  Cethim  et  Dodanim.  Les  fils  de  Thubal  : 
Ariphaî,'  Césed  et  Thoori.  Les  fils  de  Mo- 
socn  :  Dedan,  Zaron  el  Sibsani.  Les  fils  de 
Thiras:  Benib,  Géra,  Bizon,  Lophrion  et 
Gilac.  Voilà  les  enfants  de  Japheth,  selon 
leurs  familles,  comprenant  en  ces  jours-là 
environ  quatre  cent  soixante  hommes.  Voi- 
ci les  enfants  de  Cham  :  Chus,  Mesraim, 
Phuth  et  Chanaan  ;  quatre  fils.  Les  fils  de 
Chus  :  Saba, Hevila«  Sabatha.  Kegma,  Saba- 
tacha.  Les  fils  de  Regma  :  Raba  ei  Dedan. 

(117!)  Version  jadaîque,  Merain. 

(1172)  Pliateg.  de  :hùtàisperter  el  diviser.  Jeciaii, 
do  TDp  dans  la  cotijui^.  Hipliil,  amoindrir, 

(1173)  La  Bible  lui  donne,  lors  de  la  naissance 
de  ces  fils,  80ixantc-di\  ans,  àgu  que  notre  livre, 
plus  loin,  ne  lui  donne  qu'à  la  naissance  d*Abrani. 


Les  fils  de  Mesraim  :  Lud,  Ana,  LaabiNeph-- 
toa,  Pbélros,  Chasiuh  et  Caphtor.  Les  fils 
de  Phuth  :  Gebal,  Hadan,  Bena[et  Eden.  Les 
fils  de  Chanaan  :  Sidon  ,  Hetn,  Amorrhi, 
Gergesi,  Hevi,  Araci,  Sini,  Arvadi ,  Samari 
etHamath.  Voilà  les  fils  de  Cham,  selon 
leurs  familles.  Leur  dénombrement  était  en 
ces  jours-là  de  sept  cent  trente  hommes. 
Voici  les  fils  de  Sem  :  Elam,  Assur,  Ar- 
phaxad,  Lud  et  Aram;  cinq  fils.  Les  fils 
d*Elam  :  Sosan,  Mahol  et  Hermon.  L^s  (ils 
d'Assur  :  Merus  (1171)  et  Mucil.  Les  fils 
d*Arphaxad  :  Salé,  Aner  et  Escol.  Les  Ji's 
de  Lud  :  PholhoretHizzaion  Et  les  fils  d'A- 
ram  :  Us,  Hul,  Géther  et  Mes.  Voilà  les  fils 
de  Sem  selon  leurs  familles.  Leur  nombre 
en  ces  jours-là  montait  à  trois  cents  hom- 
mes. Voici  les  générations  de  Sem  :  Sem 
engendra  A rphaxad,  et  Arphaxad  engendra 
Salé,  et  Salé  engendra  Héber.  D*Héber  na- 
quirent deux  fils:  le  nom  de  l'un  était  Pha- 
leg,  parce  que  pendant  sa  vie  les  hommes 
furent  dispersés,  ef  à  la  fin  de  ses  jours  la 
terre  fut  divisée.  Et  il  nomma  le  second 
Jectan,  parce  que  dans  ses  jours  la  vio  des 
hommes  fut  amoindrte  (1172).  Voici  les 
fils  de  Jectan  :  Eimodad,  Salepn,  Asarmolh, 
Jaré,  Aduram,  Uzol,  Décla,  Ebal,  Abimaël, 
Saba,  Ophir,  Hevila  et  Jobab.  Tous  ceux-là 
furent  les  fils  de  Jectan.  Et  Phaleg  engendra 
Reu.  Reu  engendra  Sarug.  Sarug  engendra 
Nachor.  Naclior  engendra  Tharé.  Et  Tharé, 
étant  Agé  de  trente-huit  ans,  engendra  Aran 
et  Nachor  (1173). 

En  ces  jours-là  Chus,  fils  de  Cham,  fils  de 
Noé,  prit  dans  sa  vieillesse  une  femme  qui 
enfanta  un  fils,  et  on  le  nomma  Nemrod, 
parce  que,  en  ce  temps-là,  les  hommes  re- 
commençaient à  se  révolter  contre  Dieu  et  à 
le  braver  (1171!^).  L'enfant  grandit,  et  son 
père  Taimait  tenciremeut,  parce  qu'il  était  le 
fils  de  sa  vieillesse.  Et  Chus  lui  fit  présent 
des  tuniques  de  peau  que  Dieu  avait  faites 
pour  Adam  et  sa  femme,  lorsqu'ils  sorti- 
rent du  paradis.  Car  après  leur  mort  ces  lu- 
niques  furent  données  à  Hénoch,  fils  de  Ja- 
red.  Hénoch,  au  temps  de  son  enlèvement 
vers  Dieu,  les  donna  à  Mathusala  son  fils. 
Après  la  mort  de  Mathusala,  Noé  les  prit  et 
les  garda  avec  lui  dans  l'arche.  A  la  sortie  de 
Tarclie,  Chamjcs  déroba  et  les  cacha  si  bien 
que  ses  frères  ne  pouvaient  les  retrouver. 
Cham  les  donna  clandestinement  à  Chus  son 
fils  atné,  qui  en  faisait  mystère  à  ses  frères 
et  à  ses  fils.  Quand  Nemrod  eut  atteint  Tige 
de  vin^tans,  il  le  revêtit  de  cet  habillement 
qui  lui  communiqua  une  force  extraordi- 
naire, et  il  devint  un  puissant  chasseur  sur 
la  terre.  Il  construisait  des  autels  et  y  im- 
molait en  l'honneur  de  Jéhova  les  bêtes  qu'il 
prenait  à  la  chasse.  Nemrod  s'éleva  par  sa 
puissance  au-dessus  de  ses  frères,  et  il  les 

Il  y  a  en  entre  dans  ce  passage    l)eaucoup    <1e 
noms  qui  ne  figurent  pas  dans  la  Bible,  et  les  de-  ^ 
grés  de   descendance  ne  s*accordent  pas  toujoun  * 
avec  ceux  de  la  Genèse.  L*ivrcsse  de  Noé  est  patad« 
sou 4  silence. 

(4 I74J  Ncinro  ',  1T3:,  de  TTCi  w  révoUit* 


iiOS 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


tIM 


{»roté$ce&it  contre  lours  agresseurs  des  con- 
rées  d'alentour;  car  Jéhova  le  rendait  victo- 
rieux dans  chacune  de  ses  expéditions  guer- 
rières. Et  il  devint  roi  dans  le  pays.  Dès 
lors  quand  un  chef  armait  ses  gens  pour 
aller  a  laguerre,  on  lui  disait,  par  manière 
de  proverbe  :  Puisse  Dieu  te  protéger  contre 
tes  ennemis  et  te  rendre  fort  comme  Nemrod, 
le  puissant  chasseur  sur  la  terre,  toujours 
victorieux! 

En  ce  lemps-lr^,  Nemrod  étant  âgé  de  qua- 
rante ans,  ses  frères  étaient  en  guerre  avec 
les  enfants  de  Japheth ,  et  ils  succombèrent. 
Alors  Nemrod  alla  et  rassembla  toutes  les  fa- 
milles des  enfants  de  Chus,  près  de  quatre 
cent  soixante  hommes.  II  prit  aussi  à  sa 
solde  ses  amis  et  familiers,  environ  quatre- 
vingts  hommes.  Avec  celte  armée  il  oocrbai- 
tit  contre  les  ennemis  de  ses  frères,  et  les 
défit  et  les  soumit  h  son  pouvoir  et  à  celui 
de  ses  frères.  Il  établit  des  gouverneurs 
dans  leurs  villes  et  emmena  de  leurs  en- 
fants on  otage.  ElNemlrod  revint  de  cette  ex- 
pédition triomphant  et  plein  de  joie.  Alors 
tous  ses  frères  et  sas  amis  s^assemblèrent 
devant  lui  et  le  proclamèrent  leur  roi,  et  ils 
posèrent  sur  sa  tète  la  couronne  royale.  Il 
préposa  sur  ses  serviteurs  et  sur  son  peuple 
des  princes,  des  juges  et  des  masislrats,  et  il 
créa  général  de  son  armée  Thare,  Gis  de  Na- 
chor,  et  il  Téieva  en  dignité  au-dessus  de. 
tous  ses  princes. 

Or,  Nemrod  investi  de  Tautorilé  absolue 
de  roi,  et  victorieux  de  tous  ses  ennemis,  ré- 
solut, après  avoir  demandé  favis  de  ses  con* 
seillers,  de  se  bâtir  une  ville  très-grande  en 
étendue.  Et  Ton  trouva  pour  son  emplace- 
ment une  plaine^spacieuse  vers  TOrient.  Et 
Nemrod  nomma  la  ville  bâiie  Sennaar,  parce 
queJéhova avait  renversé  ses  ennemis (1175). 
Il  y  régnait  en  sécurité,  car  nul  n*osalt  Tin* 
quléler,  et  sa  puissance  s'étendait  au  loin. 
Toutes  les  nations  des  autres  pays,  en  appre- 
nant sa  eloire,  venaient  en  foule  se  prosterner 
devant  lui  la  fai  e  contre  terre,  et  lui  offrir 
des  présents,  et  le  reconnaissaient  pour  leur 
souverain  seigneur.  Et  plusieurs  venaient 
demeurer  dans  sa  ville  de  Sennaar. 

Mais  Nemrod  cessa  de  marcher  dans  la 
▼oie  de  Jéhova,  et  il  devint  plus  impie  que 
tous  les  hommes  qui  ravalent  précédé  depuis 
le  déluge.  Il  façonnait  des  idoles  de  bois  et 
de  pierre  et  les  adorait,  et  il  portait  ses  ser- 
viteurs et  les  habitants  du  pays  à  s'élever 
contre  Jéhova.  Mardon,  son  fils,  surpassait 
même  son  père  en  impiété.  Et  cela  faisait 
dire  :  Des  impies  provient  Vimpiité.  Ces  pa- 
roles sont  devenues  un  proverbe  qui  dure 
jusqu'à  ce  jour  (1176). 

iTharé,  élevé  aux  plus  hautes  dignités, 
était  fort  aimé  et  estimé  du  roi  et  de  ses 
prioees.  11  prit  une  femme  qui  s'appelait 
Amthela,  et  elle  conçut  et  enfanta  un  fils. 
Et  Tharé  nomma  son  dis  Abraiii  ;  car,  dit-il, 


3 


le  roi  m'a  élevé  au-dessus  de  tous  ses  prin- 
ces (1177),  Lors  de  cette  naissance,  Tharé 
était  Agé  de  soixante-dix  ans.  Et  il  arriva 
que  dans  la  nuit  oik  naquit  Abram,  tous  les 
serviteurs  de  Tharé,  tous  les  sages  ei  loes 
les  magiciens  de  Nemrod  se  réunirent  ebez 
Tharé  pour  se  réjouir  avec  lui  en  mangeant 
et  en  buvant.  Eu  sortant  de  sa  maison,  las 
sages  et  les  magiciens  levèrent  les  yeux  an 
ciel,  et  voici  qu'ils  observèrent  une  grande 
étoile  qui  accourait  de  l'Orient  avec  une  ex- 
trême vitesse  et  engloutit  une  étoile  à  cba* 
cun  des  quatre  vents  du  firmament.  Us  fo* 
rent  frappés  de  ce  phénomène,  et  ils  com- 
Mirent  ce  qu'il  signifiait.  Ils  se  dirent  donc 
'un  à  l'autre:  Ceci  n'a  rapport  à  rien  moins 
u'à  l'enfant  né  cette  nuit  à  Tharé.  Il  doTieo- 
ra  grand  et  se  multipliera  infiniment.  Loi 
et  sa  postérité  se  rendront  maîtres  de  la  terre* 
après  qu'ils  auront  tué  de  grands  roia.  Ijb 
lendemain  ils  se  levèrent  tous  de  bon  matin 
et  se  réunirent  en  conseil.  Et  ils  se  dirent  : 
Le  roi  ignore  le  phénomène  qui  nous  a  ap« 
paru  hier  au  soir.  Si  dans  la  suite  des  temps 
il  en  est  instruit,  il  nous  demandera  :  Pour* 
quoi  m'avez-vous  caché  cette  chose?  ecnons 
serons  tous  condamnés  à  mourir.  Venez 
maintenant,  annonçons  au  roi  ce  que  nous 
avons  vu,  et  nous  ne  courrons  pas  de  risque. 
Ils  allèrent  donc  se  présenter  devant  le  roi^ 
et  se  prosternant  la  face  contre  terre»  ils 
crièrent  :  Vive  le  roi  I  Vive  le  roi  I  Et  ils  lui 
rendirent  compte  du  festin  de  Tharé  et  du 
phénomène  céleste.  Et  ils  ajoutèrent  :  Nous 
avons  approfondi  ce  qu'annonce  ce  prodige, 
et  nous  avons  reconnu  par  notre  science  le 
malheur  qui  menace  tous  les  rois  de  la  terre 
de  la  part  de  l'enfant  de  Tharé.  Maintenant, 
ô  roi  notre  seigneur,  nous  t'avons  averti.  Si 
le  roi  le  trouve  bon,  il  comptera  au  père  ce 

Îue  vaut  l'enfant,  et  nous  lui  ôterons  la  vie. 
eur  discours  plut  aux  y«'ux  du  roi  qui 
aussitôt  manda  eu  sa  présence  Tharé  et  lui 
répéta  toutes  les  paroles  des  sagf'S  ei  des 
magiciens.  Puis  il  ajouta  :  Maintenant,  livre- 
moi  cet  enfant,  afin  que  nous  le  fassions  mou- 
rir avant  que  se  développe  le  danger  qu  il 
amène  avec  lui  au  monde,  et  je  te  dennersi 
pour  son  prix  la  maison  pleine  d'or  et  d  ar- 
gent. Tharé  répondit:  Tout  ce  que  mon 
seigneur  le  roi  désire  sera  accompli  par  son 
serviteur.  Mais  que  le  roi  me  pertuette  de 
lui  raconter  ce  qui  m'est  arrivé  hier.  Le 
conseil  oue  le  roi  me  donnera  servira 
de  règle  a  ma  réponse  concernant  la  rhose 
qu'il  exige  de  moi.  Le  roi  lui  dit:  Parle.  Et 
Tharé  commenta  ainsi  :  Aéion»  fiis  de  Morad, 
vint  hier  au  soir  dans  ma  maison  et  me  dit  : 
Cède-moi  le  beau  et  grand  cheval  dont  le  roi 
t'a  fait  présent.  Je  t'en  pèserai  en  retour  de 
l'argent  et  de  l'or,  et  je  remplirai  ta  maison 
de  paille  et  de  fourrage.  Je  lui  répondis  : 
Attends  jusqu'à  ce  que  j'aie  vu  le  roi,  et  je 
ferai  comme  il  me  dira.  En  entendant  ces 


(1175)  .Sennaar,  nirrJT,  de  nva,  renvener^  préci- 
pittr,  Propremeiil,  eacvêsio. 

(1176)  kn  effel,  ou  lil  i  Reg.  nxiv,  14  :  Sicul  et 
in  proHrbio  antiquo  dicuttr^  Ab  inipiis  egredietur 


intpietag. 

(n77)Âbram,  de^N,  père^  seigneur^  et  cn* 

élevé* 


1105 


TAS 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FIUGMEL^TS. 


VAS 


1)08 


paroles  de  Tharé,  le  roi  se  fâcha  et  lui  dit  : 
As-ta  perdu  la  raison  pour  penser  à  con- 
ciofe  un  pareil  marché?  Insensé,  n*as-tu 
pas  assez  d*or  et  d*argent,  et  à  plus  forte 
raison  de  fourraffe,  pour  que  tu  aies  besoin 
de  le  défaire  du  beau  eheval  dont  je  t*ai  fait 
présent  et  oui  n'a  pas  son  second  sur  la 
lerre?El  Tnaré  dit  au  roi:  Tel  est   pour- 
lant  ce  que  me  propose  le  roi  mon  seigneur» 
A  quoi  me  servira  tout  )*or  et  tout  Tarant 
si  je  perds  le  fils  qui  doit  en  hériter  (1178)? 
Après  ma  mort  mes  biens  retourneraient  au 
roi  qui  me  les  a  donnés.  Mais  les  paroles 
Je  tharé  et  son  excuse  excitèrent  encore  da^ 
Tantage  la  colère  du  roi.  Tharé  voyant  Tir* 
ritation  du  roi,  dit  :  Que   Tindignation  du 
roi  mon  seigneur  ne  s*alluffle  pas  davantage 
contre  son  serviteur.  Qu'il  dispose  de  tout 
t^  que  j'ai,  qu'il  me  traite  selon  son  bon 
plaisir  :  je  lui  offre  mon  fils  gratuitement. 
Mais  le  roi  dit  :  Non,  je  veux  Tacheter  et 
payer  son  prix.  Tharé  dit  alors  :  Je  demande 
en  grâce  qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  un 
mol.  Accorde-moi  un  répit  de  trois  jours, 
sfin  que  je  puisse  informer  de  cette  chose  ma 
femme  et  ceux  de  ma  maison,  et  les  y  pré- 
parer. Et  le  roi  acquiesça  à  cette  prière  de 
Tharé.  Le  troisième  jour  s'élant  levé,  le  roi 
fit  dire  k  Tharé  :  Livre-moi  ton  fils,  ainsi  que 
je  te  Tai  ordonné,  de  peurque  je  n'envoie  de 
mes  gens  massacrer  tout  ce  qui  se  trouve 
dans  ta  maison,  et  l'on  n'y  épargnera  pas 
même  l'animai  qui  urine  contre  le  mur.  Et 
Tharé  fit  diligence,  car  l'ordre  du  roi  était 
pressant,  et  il  prit  Tonfant  qu'une  de  ses  es- 
claves avait  mis  au  monde  le  jour  de  la 
naissance  d'Abram,  et  il  l'apporta  au  roi,  et 
en  reçut  le  prix.  Le  roi  saisit  l'enfant  et  le 
lança  avec  force  contre  terre,  et  la  tête  de 
l'enfant  se  fracassa  et  il  expira  aussitôt.  Le 
roi,  ses  princes,  et  ses  serviteurs,  comme 
aussi  tous  les  magiciens  et  tous  les  sages,  se 
croyaient  certains  que  c'était  Abram  qui  ve- 
nait de  périr.  Et  le  roi  perdit  la  pensée  de 
cette   chose  et  l'oublia  entièrement.  C'est 
ainsi  que  Jéhova  protégea  Tharé,  afin  qu'A- 
bram  son  fils  fût  conservé  en  vie.  Thare  prit 
secrètement  son  fils  Abram,  sa  m^re  et  sa 
nourrice  et  alla  les  cacher  dans  une  caverne; 
et  il  leur  apportait  de  la  nourriture  chaque 
mois.  Et  Jénova  était  avec  Ahram  qui  crois^ 
sait.  Or,  Abram  resta  dans  la  caverne  l'es- 
pace de  dix  ans. 

Et  Aran,  filsde  Tharé,  frère  aîné  d*Abram, 
prit  en  ces  jours-Ift,  à  l'Age  de  trente-neuf 
ans,  une  femme,  et  elle  conçut  et  enfanta  un 
fils  qu'il  nomma  Lot.  Elle  conçut  de  nou- 
veau et  enfanta  une  fille,  et  elle  la  nomma 
Melcha.  Elle  conçut  encore  et  enfanta  une 
fille,  et  elle  la  nomma  Saraï.  Aran  avait  qua- 
rante-deux ans  lors  de  la  naissance  de  Saraï, 
et  Abram  dix  ans  (1179). 

En  ces  jours-là  Abram  sortit  de  la  caverne 
avec  sa  mère  et  sa  nourrice;  car  le  roi  et 

(1 178)  U  parati  qo* Abram  devait  être,  comme  plus 
tard  Itaac,  Panique  héritier  de  son  père. 

(tl79)Ue8  ftges  ne  concordent  pas  avec  ceux  que 
uipposele  teitc  de  la  Bible;  mais  diaprés  uoire 


ses  serviteurs  n*avaieiit  plus  aucun  souve* 
nir  de  ce  qui  s'était  passé  à  son  égard.  Et  il 
alla  demeurer  dans  la  maison  de  Noé  et  de 
Sem  son  fils,  afin  d*y  apprendre  la  doctrine 
de  Jéhova  et  ses  voies.  Et  nul  ne  connaissait 
Abram,  qui  recevait  l'instruction  de  Noé  et 
de  Sem  durant  de  longs  jours,  trente-neuf 
ans.  Abram  connaissait  Jénova  depuis  l'Age 
de  trois  ans,  et  il  lui  est  resté  attaché  jus- 
qu'au jour  de  sa  mort,  selon  tout  ce  que 
Noé  et  Sem  lui  avaient  enseigné.  Mais  tous 
les  autres  habitants  de  la  terre  étaient  rebel- 
lesàJéhova,  leur  créateur, et  le mettaienten 
oubli.  Ils  servaient  des  dieux  étrangers.  lis 
se  façonnaient  chacun  son  idole  pour  l'ado- 
rer :  idoles  de  bois  et  de  pierre,  qui  n'en- 
tendent pas,   ne  parlent  pas,  et  ne  peuvent 
pas  sauver.  Il  n'était  pas  alors  sur  toute  la 
terre  un  seul  homme  qui  connût  Jéhova,  ex- 
cepté Noé  et  sa  maison  et  ceux  qui  étaient 
sous  sa  direction  (1180).  Le  roi  et  tous  ses 
serviteurs,  comme  aussi  Tharé  avec  toute  sa 
maison,  étaient  les  principaux  adorateurs  du 
bois  et  de  la  pierre.  Tharé  avait  douze  gran- 
des idoles,  selon  le  nombre  des  mois  de 
l'année.  Il  servait  chacune  d'elles  pendant 
son  mois,  en  lui  offrant  des  oblations  et  des 
libations.  Mais  Abram  qui  grandissaitsecrè- 
tement  dans  la  maison  de  Noé,  avait  reçu  de 
Jéhova  un  cœur  intelligent  et  prudent,  et  il 
comprenait  que  la  génération  de  ses  jours 
était  adonnée  à  des  vanités,  car  les  idoles 
qu'elle  adorait  étaient  de  fausses  divinités 
qui  ne  pouvaient  donner  aucun  secours* 
Lorsqu'il  observa  pour  la  première  fois  le 
soleil  comme  il  éclairait  toute  la  terre,  il  pen- 
sa en  lui-même:  Ce  soleil  est  sûrement  Dieu 
et  je  t'adorerai.  Et  durant  cette  journée  en- 
tière il  l'honorait  et  l'invoquait.  Le  soir  ve- 
nu, le  soleil  disparut  comme  de  coutume. 
Alors  Abram  de  nouveau  p«^nsa  en  lui-même  : 
Sûrement,  celui-ci  n*est  pas  Dieu.  £t  il  se 
demanda  :  Qui  donc  est  celui  qui  a  fait  le 
ciel  et  la  terre,  et  créé  l'homme  ?  Où  se 
tient-il  ?  Pendant  qu'il  parlait  ainsi  en  son 
cœur,  la  nuit  s'obscurcissait  sur  lui.  Et,  le- 
vant les  yeux  vers  les  quatre  vents,  il  re- 
connut que  le  soleil  avait  abandonné    le 
temps  aux  ténèbres.  Et  apercevant  la  lune 
accompagnée  des  étoiles,  il  dit:  Pour  cette 
fois,  voici  le  Dieu  qui  a  créé  la  terre  et 
tous  les  hommes.  Et  voici  ses  serviteurs  qui 
se  tiennent  devant  lui  prêts  k  recevoir  ses 
ordres.  Et  pendant  cette  nuit  entière  il  hono- 
rait la  lune  et  l'invoquait.  Au  retour  du  ma- 
tin, qui  ramena  comme  à  l'ordinaire  le  so- 
leil, et  effaça  du  ciel  la  lune,  Abram  recon- 
nut qu'aucun  des  astres  n'est  Dieu,  mais 
qu'ils  sont  les  serviteurs  de  Jéhova,  leDieu 
qui  a  créé  toutes  choses.  Et  Abram  conti- 
nuait à  demeurer  dans  la  maison  de  Noé,  et 
il  y  apprenait  à  connaître  Jéhova   et  ses 
voies.  Et  il  lui  restait  fidèle  tous  les  jours 
de  sa  vie. 

livre  Abram  était  eiTectlvement  plus  jeune  qirAran 

de  trente-deux  ans.  

(1180)  A  la  leure  :  sous  son  conseil.  VOT  nn. 


f!07 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


iiM 


El  le  roi  Nemrod  était  souverain  matlre 
de  toute  la  terre,  et  toute  la  terre  avait  une 
seule  langue,  et  les  mêmes  manières  de  par- 
ler. Et  tous  les  princes  de  Nemrod,  et  tous 
ses  grands  se  concertèrent  ensemble,  Phuth 
et  Mesraïm  et  Chus  et  Chanaan,  suivant 
leurs  familles,  et  ils  dirent  l'un  à  son  pro- 
chain :  Allons,  bâiissons-nous  une  ville,  et 
élevons  au  milieu  d'elle  une  tour  solide  et 
fortifiée  dont  le  sommet  atteigne  iusqu'au 
ciel.  Nous  rendrons  notre  nom  célèbre;  car 
nous  maîtriserons  le  monde  entier  eu  sub- 
juguant par  la  force  nos  ennemis  avant 
qirils  viennentnous  attaauer  pour  nous  dis- 
perser sur  toute  la  face  de  la  terre.  Ils  allè- 
rent se  présenter  devantle  roi,  et  lui  répétè- 
rent toutes  ces  paroles  ;  et  le  roi  approuva 
la  chose  qu'ils  proposaient.  Et  toutes  les  fa- 
milles se  réunirent,  environ  six  cent  mille 
individus,  et  se  mirent  à  la  recherche  d*un 
lieu  assez  étendu  pour  y  asseoir  la  ville  et  la 
tour.  Et  après  avoir  parcouru  toute  la  terre, 
âls  n'en  trouvèrent  aucun  qui  fût  préférable 
à  la  plaine  située  à  TOrient  du  pays  de  Sen- 
naar.  Elle  avait  nne  étendue  de  deux  an- 
nées de  marche.  Tous  alors  s'y  transportè- 
rent et  s'y  logèrent.  Ils  se  mirent  à  faire, 
pour  leurs  constructions,  de  la  brique  qu'ils 
mettaient  cuire  au  feu. 

Or,  l'entreprise  de  construire  la  tour  fut 
pour  eux  l'occasion  de  se  révolter  contre 
Jébova»  Dieu  du  ciel,  et  de  l'irriter,  llsson- 
geàient  à  le  combattre  de  près  et  à  s'empa- 
rer du  ciel.  Et  ils  se  partageaient,  selon 
leurs  familles,  en  trois  classes.  La  première 
disait  :  Nous  monterons  au  ciel  et  nous  le 
combattrons.  La  deuxième  disait  :  Montons 
au  ciel,  et  plaçons-y  nos  dieux  pour  les  ho- 
norer. La  troisième  disait  :  Montons  au  ciel, 
et  frappons-/e  de  nos  arcs  et  de  nos  flèches. 
Mais  Dieu  connnaissant  ce  qui  était  au  fond 
de  leurs  pensées,  regardait  la  ville  et  la  tour 
(1181)  en  construction.  La  tour  était  déjà  ar- 
rivée ï  une  hauteur  telle  que  ceux  qui  por- 
taient le  ciment  et  les  briques  aux  maçons, 
mettaient  une  année  entière  pour  arriver 
jusqu'à  eux.  Et  le  nombre  des  porteurs  qui 
sans  cesse  montaient  et  descendaient  était 
infini.  Et  lorsqu'une  brique  s*échappait  de 
la  main  de  l'un  d'eux,  et  se  brisait,  tous  en 
pleuraient;  mais  quand  un  homme  tombait 
et  se  tuait,  nul  n'y  faisait  attention.  Or,  du 
haut  de  la  tour  qu'ils  continuaient  h  élever, 
ils  lançaient  contre  le  ciel  des  ilèches,  et 
elles  retombaient  teintes  de  sang.  Alors  ils 
disaient  l'un  à  son  prochain  :  Ali  1  voilà  c|ue 
nous  tuons  tout  ce  qui  est  dans  le  ciel  I 

(4181)  Mot  sublime  dont  la  Bible  seule  offre  des 
exemples.  Le  texte  de  ta  Genèse  dil  simpleiiieiit  : 
Kt  Jéliova  descendit  pour  voir  la  ville  ei  la  tour  que 
bâtissaient  lesenfauts  d'Adam. 

(1182)  Nous  pensons  qn*un  rabbin  a  introduit 
dans  notre  livre  ces  septante  anges,  qu*il  a  été 
chercher  dans  la  cabale,  parce  que  le  texte  de  la 
Bible  est  un  de  ceux  qui  indiquent  le  mystère  de  la 
T.-S.  Trinité. 

(1185)  Expression  du  texte,  TTSn. 

(1184)  Dnrutzn  D^DIpS,  version  jud.  et  le  livre 
Uébr-germ.  TzecuaUiéna  :  Affen  und  Meerkaizen. 


Mais  Jéhova  voulait  par  là  les  eotrelenir 
dans  leur  égarement,  aQn  de  les  faire  dispa- 
raître  de  la  terre. 

Ils  continuaient  ainsi  à  bAlir  pendant  une 
longue  suite  de  jours  et  d'années.  A  la  fin 
Dieu  dit  aux  septante  anges  (1182)  que  leur 
dignité  approche  de  la  splendeur  de  sa 
gloire  :  Allons,  descendons  et  confondons 
leur  langue  de  telle  sorte  qu'ils  ne  se  com- 
prennent plus  entre  eux.  Et  ainsi  il  fil.  De- 
puis ce  jour,  l'un  n'entendait  plus  l'idiome 
de  l'autre;  et  lorsqu'un  maçon  recevait  de 
la  main  de  son  compagnon  (1183)  des  maté- 
riaux qu'il  n'avait  pas  demandés,  il  les  lui 
lançait  à  la  tète  et  le  tuait  :  et  un  grand 
nombre  d'eux  moururent  de  cette  manière. 
£t  Jéhova  punit  les  trois  classes  selon  leurs 
œuvres  et  leurs  pensées.  Ceux  qui  avaient 
dit  :  Montons  au  ciel  et  pkiçons-jr  nos  dieux, 
furent  transformés  nn  sin(;es  et  en  ba- 
bouins (118^).  Ceux  qui  avaient  dit  :  Frap- 
pons le  ciel  de  nos  Oèches,  s'entre- tuèrent 
eux-mêmes.  Ceux  qui  avaient  dit  :  Faisons- 
lui  la  guerre,  Jéhova  les  dispersa  par  toute 
la  terre.  Les  autres,  comprenant  le  mai 
qu'ils  s'étaient  attiré,  abandonnèrent  leur 
entreprise  et  se  dispersèrent  d'eux-mêmes. 
Quant  à  la  tour,  la  terre  ouvrant  sa  bouche, 
en  engloutit  un  tiers:  un  feu  descendu  du 
ciel  en  consuma  un  autre  tiers,  et  le  troi» 
sième  tiers  en  subsiste  jusqu'à  ce  jour(il85). 
C'est  ainsi  que  fut  arrêtée  la  construction  de 
la  ville  et  de  sa  tour.  Ce  lieu  fut  nommé 
Babel,  parce  que-Jéhova  y  confondit  la  lan- 
ffue  de  toute  la  terre  ;  et  voici  qu*il  est  k 
I  orient  de  Sennaar. 

En  ces  jours- là  mourut  Phalegt  fits 
d'Héber,  âgé  de  deux  cent  trente- neuf  ans, 
en  la  quarante-huitième  année  de  la  vie 
d'Abram  61s  de  Tharé. 

Lorsque  Jéhova  eut  dispersé  les  hommes 
sur  toute  la  face  de  la  terre,  h  cause  dn  pé- 
ché de  la  tour,  ils  se  rassemblèrent  suivant 
leurs  familles  et  leurs  langues,  etémigrè* 
rent  vers  les  quatre  plages  du  monde.  Là,  ils 
s'arrêtafent  et  bâtissaient  des  villes  qu'ils 
appelaient  de  leurs  propres  noms,  ou  de 
ceux  de  leurs  enfants,  ou  des  événements 
qui  leur  advenaient.  Et  voici  les  enfants  de 
Japheth  par  familles  :  Gomer.  Magog,  Madai, 
Javan,  Thubal,  Mosoch  etThiras  (1186).  Les 
enfants  de  tiompr,  selon  leurs  villes,  sont  : 
les  Francs  qui  demeurent  dans  le  pays  de 
France,  sur  le  fleuve  de  France,  le  fleuve  de 
la  Seine.  Les  enfants  de  Riphath  senties 
Bretons   qui  demeurent  dans   le   pajsde 

(1185)  Il  y  a  ici  de  la  confusion  dans  le  UxK 
Aptes  les  troii  tiers  de  la  tour,  il  parte  d'une  antre 

f)ariie  qui  est  restée  suspendue  dans  Pair»  et  éoet 
e  circuit  (le  circuit  de  son  ombre,  fans  dodie)  eu 
de  trois  Journées. 

(1 186)  Ce  qui  suit  jusqa*à  la  fin  de  l'aliiiéa  B*aii 
qu'un  lauilieau  du  Yosipliou  hébreu  rapporté  ku 
H  ne  s^accorde  pas  avec  notre  texte*  U  énamére  les 
descendants  de  Riphaili,  de  Tboxorina,  d'Ctisa,  et 
Cétliini  et  des  Dodanim  que  notre  texte  n*a  pas  no»- 
loës  parmi  les  fils  deJaphetb.  Par  contre,  il  oedM 
rieu  des  descendants  de  Magog. 


1109 


YAS 


PART.  III.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


lltO 


B-sîagne  sur  te  fleuve  de  Lira  (1187),  qui 
Tcrse  son  eau  dans  la  grande  mer  do  Géhon, 
qui  est  l'Océan.  Les  enfants  de  Thogorma 
forraèrenl  dix  familles  ;  et  voici  leurs  noms  : 
Cozar  (1188),  Palzii\ach  (1189),  les  Bulgares; 
Anchialus  (1190),  Ragabib  (1191',  les  Turcs 
(11%);  Biiz  (1193),  Zabuch  (119/^),  les  Hon- 
grois et  Tilrualz  (1195).  Tout  ceux-là  sont 
allés  demeurer  au  Nord,  et  bâtirent  des  villes 
qu'ils  nommèrent  de  leurs  propres  noms. 
Ils  sont  établis  jusqu'à  ce  jour  sur  les  fleu- 
ves Héthia  et  Italach  (1196).  Mais  les  Hon- 
grois, les  Bulgares  et  les  Patzinachs  sont 
établis  sur  le  grand  fleuve  du  Danube.  Les 
enfants  de  Javan  sont  Ips  Grecs  qui  demeu- 
rent dans  le  pays  de  Macédoine.  Madaï,  ce 
sont  les  Hérules  qui  demeurent  dans  le  pays 
de  Chorasan.  Les  enfants  de  Thubai  sont 
ceux  qui  demeurent  dans  le  pays  de  Tos- 
cane sur  le  fleuve  de  Pise  (1197).  Les  en- 
fanls  de  Mosoch  sont  les  Sibsani  (1198). 
Thiras,  ce  sont  les  Russes,  les  Posnaniens 
(1199)  et  les  Anglais.  Tous  ceux-ci  allè- 
rent et  se  bfttirentdes  villes  qui  sont  situées 
sur  la  mer  de  Jébus  et  sur  la  rivière  de 
Cura  (1200)  qui  se  décharge  dans  le  fleuve 
do  Taragan.  Les  enfants  d'Elisa  sont  les 
Allemands.  Ceux-ci  se  bà'irent  aussi  des 
villes  qui  sont  situées  entre  les  montagnes 
du  Jura  et  la  Septimanie  (1201).  lis  ont  con- 
quis le  pays  d'Italie,  et  ilsy  demeurent  jus- 
qu'à ce  jour.  Les  Céthim  sont  les  Romains 
qui  demeurent  dans  la  plaine  de  Campanie, 
sur  la  mer  du  Tibre  (1202).  Les  Dodanim, 
sont  ceux  qui  demeurent  dans  les  villes  de 
la  Hier  de  Géhon  (1203),  dans  le  pays  de 
Bardena  (120&).  Telles  sont  les  familles  des 
enfants  de  Japheth  selon  leurs  villes  et  leurs 
langues,  après  leur  dispersion  d'auprès  de 
la  tour. 

Les  enfants  de  Cham  furent  :  Chus, 
Mesraïm,  Phuth  et  Chanaan,  selon  leurs 
descendances  et  leurs  villes.  Tous  ceux-ci 
allèrent  et  b&lirent  aux  lieux  dont  ils  firent 
choix,  des  villes  auxquelles  ils  donnèrent 
les  noms  de  leurs  pères  :  soit  Chus,  soit 
Mesraïm,  soit  Phulh,  soit  Chanaan.  Les  en- 
fants de  Mesraïm  furent  :  les  Ludim,  les 
Anamim,  les  Lahabim,  les  Nephthuim,  les 
Phétrusim,  iesChasluïm  et  les  Capbthorim; 

(1187)  La  Loire. 

(1188)  Pour  les  noms  qui  suivent  on  ne  peut 
que  tâtonner.  Le  Pltaleg  de  Bocbart,  savant  admi- 
rable -que  personne  n*a  encore  pu  égaler,  m*a  été 
(Pun  grand  secours.  Cozar,  sur  la  mer  Caspienne, 
qu*un  géographe  Nubien  appelle,  à  cause  de  ce  voi- 
sinage, la  mer  Chozar, 

^li89)  Ce  nom  est  dans  Cédrène.  Les  Daces. 
Suidas  dit  :  Les  Daces,  maintenant  Paizinaciies, 
Adcxeç  ot  vOv  TkoL'zÇiMaydtai, 

(1190)  Ville  de  la  Thrace,  sur  le  PoiU-Euxin. 
Dans  notre  texte  les  lettres  ont  élé  transposées, 
CnJD^Sn,  pour  DTS>paK. 

(1491)  bochan  pense  qu*au  lieu  de  imn  on  doit 
lireiiTtnf  Raguse,  anciennement,  Epiduure.  Ragusi 
vecchio. 

(1192)  Pomponius  Mêla  et  Pline  les  placent  près 
drs  Palus-Méotides. 

(1193^  Ancienne  ville  de  la  Dacle.  La  Napuca  de 
iHolomee. 


sept  familles.  Tous  ceux-ci  sont  établis  sur 
le  fleuve  Sihor  qui  est  le  fleuve  de  l'Esypte. 
Les  Phétrusim  et  les  Chasiuïm  s'allièrent, 
entre  eux  par  des  mariages  et  ils  donnèrent 
naissance  aux  Philistins,  aux  Gazéens,  aux 
Geraréens,  aux  Gétbéens  et  aux  Accaroniens 
(1205)  :  cinq  familles.  Ceux-ci  se  bâtirent 
cies  villes  et  leur  imposèrent  les  noms  de 
leurs  pères,  qu'elles  portent  jusqu'à  ce  jour. 
Les  enfants  de  Chanaan  aussi  se  bâtirent 
des  villes  et  les  nommèrent  de  leurs  proprev 
noms  :  onze  villes  avec  leurs  innombrables 
villages.  Or,  quatre  hommes  de  la  race  de 
Cham  se  portèrent  dans  la  région  de  la 
plaine.  Et  voici  les  noms  de  ces  hommes  : 
Sodome,  Gomorrhe,  Adama,  Seboïm.  Ils  bâ- 
tirent quatre  villes  et  les  nommèrent  de  leurs 
noms,  et  ils  y  habitaient  en  sécurité  et  s'y 
multipliaient  prodigieusement.  Séir,  fils  de 
Hur,  Gis  de  Hévéus,  61s  de  Chanaan,  trouva 
une  vallée  vers  la  montagne  de  Pharan,  et 
il  s'y  établit  avec  ses  sept  fils  et  tous  les  siens. 
11  donna  son  nom  à  la  ville  qu'il  y  bâtit. 
C'est  le  pays  appelé  Séir  jusqu'au  jour  pré- 
sent. Voilà  les  familles  des  enfants  de  Cham 
selon  leurs  langues  et  leurs  villes  après  leur 
dispersion  d'auprès  de  la  tour. 

Les  enfants  de  Sem,  fils  de  Noé,  père  da 
tous  les  enfants  d'Héber,  s'en  allèrent  aussi 
et  se  bâtirent  des  villes  dans  les  lieux  où  ils 
immigrèrent,  etles  nommèrentdeleursnoms. 
Les  enfants  de  Sem  furent  :  Elam,  Assur, 
Arphaxad,  Lud  et  Aram.  Assur  voyageant 
au  loin  avec  ses  enfants,  population  très- 
nombreuse,  rencontra  une  vallée  fort  spa- 
cieuse :  ils  y  bâtirent  quatre  villes  qu'ils 
nommèrent  soit  de.  leurs  noms,  soit  des 
choses  survenues.  Et  voici  les  noms  de  ces 
villes  :  Ninive,  Résen,  Chalé  et  Rohoboth. 
Et  les  Assyriens  y  demeurent  jusqu'à  ce 
jour.  Les  enfants  d'Aram  aussi  allèrent  el 
se  bâtirent  une  ville  à  laquelle  ils  donnèrent 
le  nom  de  leur  frère  aîné  Us,  et  en  firent 
leur  demeure.  C'est  le  pays  d'Us,  ainsi  appelé 
jusqu'à  ce  jour. 

La  deuxième  année  après  l'événement  de 
la  tour,  une  homme  sortit  de  Ninive,  de  la 
maison  d'Assur.  Et  son  nom  était  9éla.  11 
allail  cherchant  où  il  pourrait  demeurer  avec 
les  siens»  St  ils  arrivèrent  aux  enviroos  des. 

(tl94)  *piT.  11  faudrait  lire  peut-être  •fjnt,  Za- 
voich,  nom  d*une  race  taiare  célèbre,  sur  le  Volga, 
'  (1195j  Probablement  la  Misnie  de  Germanie,  ap- 
pelée anciennement  Dalemincia. 

(1196)  Plutôt,  Ethel  qui  estBlaUcli. 

(n97)L'Aruo. 

(1198)? 

(1199)  Les  Polonais. 

(1200)  «TtD,  Une  autre  édition  porte  Bura,  rrtO. 
(I201J  Une  partie  de  la  France  méridionale  et  de 

ritalie  était  regardée  comme  appartenant  à  la  Ger- 
manie, parce  qu'elle  obéissait  à  des  chefs  germains. 
Ijà  pays  d'Arles,  la  Provence,  le  Dtapiiiné  et  la 
Savoie. 

(1202)  La  Méditerranée. 
1203)  L^Adrialique. 

(1204)  Peup'e  de  llllyrie,  appelé,  les  Bardiensi^ 
Bardaei,  Ba^aaTot. 

(1305)  Tous  noms  bibliques. 


il  kl 


DlGTiONNAlBE  QES  APOCRYPHES. 


tm 


villes  dQ  la  plaine,  en  face  de  Sodome,  e(  ils 
s'y  arrAlèrent.  L*homme  se  mil  à  bAlir  une 
petite  fille  qu*il  nomma  de  son  nom.  Bêla; 
et  le  territoire  en  est  appelé  Ségor  (petit) 
jus((u'ik  ce  jour.  Voilà  les  familles  des  enfants 
de  Sem  selon  leurs  langues  et  leurs  villes 
«ombreuses,  £t  ils  se  donnèrent  des  rois 
dans  tous  leurs  établissements,  pour  être 
gouvernés  sous  leur  autorité  à  tout  jamais. 
Et  Nemrod  résidait  encore  dans  le  pays  de 
8ennaar  dont  il  était  roi,  et  il  avait  bAti  qua- 
tre villes.  Il  appela  Tune  Babel,  en  souvenir 
de  la  confusion  des  langues;  la  seconde, 
Arach,  à  cause  de  la  dispersion  des  hommes; 
Ja  troisième,  Achad  ,  parce  qu'il  s'y  était  li- 
vré une  grande  bétail  le  ;eniin  la  quatrième, 
Chalanné,  parce  que  là  ses  chefs  et  ses  guer- 
riers ravalent  abandonné  et  s'étaient  déda* 
rés  coRlre  lui  (1206).  11  établitdans  ses  villes 
le  peuple  qui  lui  était  demeuré  fidèle,  et  il 
renouvela  avec  le  reste  de  se$  si^jets.le  pacte 
de  éA  royauté.  Ses  chefs  et  ses  serviteurs  lui 
dv>nnèfent  le  nom  d*Amraphel,  à  cause  de  la 
perte,  d'une  partie  de  ses  gens  lors  de  la 
construction  de  la  tour,  et  decequi  lui  était 
arrivé  h  lui-même  (1207).  Cependant  Nemrod 
no  revenait  pas  à  Jéhova,  et  il  continuait  à 
donner  aui  hommes  l'exemple  de  l'impiété. 
£t  même  son  fUsMardon  surpassait  dans  son 
impiété  toutes  les  abominations  de  son  père, 
et  il  induisait  les  hommes  à  pécher.  Vers  ce 
lomps-là  les  familles  de  la  race  de  Cham 
étaient  en  guerre  entre  elles.  £t  Chodorla- 
homor»  roi  d'Elam,  marcha  contre  les  cinq 
villes  de  la  plaine,  et  les  vainquit  et  les  ré-r 
duisit  sous  sa  puissance.  Elles  lui  restèrent 
soumises  pendant  douze  ans,  lui  payant  tri- 

£n  ces  jours-là  mourut  Nachor  fils  de  Sà^ 
rvg»  dans  la  quarante- neuvième  année 
d'Abram  (ils  de  Tharé. 

Or,  dans  la  cinquantième  année  de  sa  vie, 
Abram  quitta  la  maison  de  Noé,  et  révint 
dans  celle  de  son  père  qui  était  toujours  gé- 
néral de  l'armée  du  roi  Nemrod,  et  conti- 
nuait à  suivre  le  culte  des  dieux  étrangers, 
qui  ne  sont  qqe  bois  et  pierre.  EtAbram 
voyant  chez  son  père  douze  idoles  érigées 
dans  un  temple  qui  leur  était  consacré,  fut 
enflammé  de  colère,  et  il  dit  :Vive  Pieu  I ces 
simulacres  ne  resteront  pas  dans  la  maison 
de  mon  père.  Que  le  Dieu  qui  m'a  créé  me 
punisse  plusieurs  fois  si  dans  trois  jours  je 
ne  les  aurai  pas  tous  brisée.  Et  en  sortant 
de  ce  lieu  il  trouva  son  père  assis  dans  la 
cour  extérieure.  Alors  il  s'arrêta  devant  lui, 
el  lui  adressa  celte  demande  :  Apprends- 
moi,  6  mon  père,  où  est  le  Dieu  qui  a  créé 
le  ciel  et  )a  terre  et  tous  les  hommes  :  celui 
qui  t'a  créé,  qui  m'a  créé.  Son  père  lui  ré- 
pondit: Celui  qui  a  créé  tout  cela  est  chez 
nous,  dans  cette  maison.  Et  son  père  le  mena 
dans  iesanciuaire  où  étaient  rangées  en  ordre 

(IÎ06)  Babel,  Sil,  confusion.  Arach,  "pK,  élol- 
gncmenl.  Aehndfi^Mf  prises,  uiélée.  Chalauiié,  rC'^^f 

de  la  raciue  nS^,  en  tiuir. 
(i^é\  Le  lexte  de  la  Ceuèiât  cbap.  xiv, appelle  le 

roi  de  Scunaar  Amrapkeif  bsnî3.s.  La  tradition  dit 


douze  idoles  grandes,  accompagnées  d'aolres 
plus  petites  sans  nombre;  et  il  dit  k  Abram 
son  flis  :  Voici  les  dieux  qui  ont  f^il  et  con- 
servent tout  ce  que  tes  yeux  voient  sur  la 
terre.  Et  Tharé,  après  s'être  prosterné  devant 
chacun  de  ses  dieux,  sortit  du  temple  aT«*c 
son  fils.  Alors  Abram  alla  trouver  sa  mèreet 
lui  dit:  Mon  père  m'a  fait  voir  ses  dieni; 
maintenant  hâte-loi  et  me  prends  un  che- 
vreau du  troupeau,  et  accommode-le  en  m^is 
appétissant,  pour  que  je  le  leur  offre.  Et  sa 
mère  fit  ainsi.  Et  Abram  alla  présenter  le 
plat  de  chovrean  aux  dieux  de  son  père,  qui 
en  ignorait.  Abram  passa  la  journée  entière 
à  les  observer,  et  pas  un  sou  de  vmîx,  pas  le 
moindre  mouvement  de  leur  part:  nul  n*é* 
tendit  la  main  vers  le  plat.  Alors  Abram  5c 
railla  d*eux  disant:  Ce  mets  n'est  peut-être 
pas  de  votre  goût,  ou  pas  assez  copieux. 
Attendez,  je  vous  régalerai  mieux  demain: 
nous  verrons  ce  qui  en  sera  à  la  fin.  Le  len- 
demain il  demanda  è  sa  mère  trois  beaux 
chevreaux  en  ragoût  plus  relevé,  et  il  les  poou 
devant  les  mêmesdieux,  toujours  è  Tiusnde 
son  père.  Et  il  s^assit  pour  voir  s*ils  manji^e- 
raient.  Pendant  qu*il  remanjuait  en  ce  lieu 
le  même  silence  et  la  même  immobilité  qoe 
le  jour  précédent,  voici  que  l'esprit  delého?i 
s'empara  de  lui,  et  dans  son  indignation 
contre  son  père,  il  parcourut  la  maison  en 
S*écriant:  Malheur  et  malédiction  sur  mon 
père  et  sur  toute  cette  mauvaise  génération, 

3ui  donnent  leur  cœur  à  ces  vanités,  et  reti- 
ent un  culte  impie  à  de  pareilles  idoles  de 
bois  et  de  pierre,  qui  ont  une  bouche  et  ne 
parlent  point,  des  yeux  et  ne  voient  point, 
des  oreilles  et  n'entendent  point,  des  mains 
et  ne  touchent  point,  des  pieds  et  ne  mir- 
chenl  point.  Qu'ils  soient  comme  elles,  toiH 
ceux  qui  les  font,  et  tous  ceux  qui  s*y  con- 
fient.Et  il  se  saisit  promplementd*unenarbr, 
et  courut  dans  la  salle  des  dieux  de  son  père, 
et  les  mil  en  pièces  tous  ensemble.  Mai>  il 
épargna  le  plus  grand  et  lui  mit  la  bâche 
entre  les  mains,  et  sortit  ensuite. 
Cependant  Tharé  en    entendant  le  bruit 

3ui  retentissait  dans  son  sanctuaire  se  bâia 
'y  accourir,  et  voici  que  les  morceaux  de 
ses  dieux  brisés  jonchaient  le  sol,  et  il  eoir? 
dans  une  grande  colère.  Il  se  précipita  hors 
du  temple  à  la  recherche  d*Abram,  et  il  le 
trouva  assis  dans  la  maison.  Et  il  lut  d  t: 
Pourquoi  as-tu  commis  ce  crime  envers  mes 
dieux  ?  Abram  répondit  :  Non,  mon  sei^eur. 
je  n'ai  rien  fait  de  coupable.  Lorsque  je  leur 
offris  le  plat  de  chevreau  ,  tous  y  mirent  (a 
main  pour  en    manger  avant  que  le  plu^ 

grand  s^approchflt.  Alors  celui-ci  mécontent 
e  leur  précipitation,  alla  s*armer  d«  la  ha* 
che,  et  dans  sa  colère  les  mil  en  pièces  l'un 
après  l'autre.  Et  voici  que  le  fer  est  encore 
dans  sa  main.  Mais  Tharé  s*em porta  davan- 
tage contre  Abram  et  Ini  dit  :  Quel  est  ce 

que   e*est  Kemrod  qui  est  sumomnié  AmfmpUl^ 

parce  qu'il  avait  ordonné,  -TQjt,  jelex,  Vw»  Al»ra« 
dans  le  four  ardent.  Voy.  lfedrascb-Ral>lM.  Ce 

peut  aussi  se  déduire  de  SQ3,  tomber,  virir. 


iîîl 


\kS  PARt!  III.  --  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


HU 


mensonge  que  to  me  contes?  C*est  loi  qui  as 
mis  la  hache  è  la  main  du  plus  grand.  Com- 
ment ces  dieux  pou vaîent*ils faire  ce  que  tu 
dis?  N*est-il  pas  vrai  qu'ils  ne  sont  que  du 
bois  et  de  la  pierre,  et  que  c*est  moi  qui  les 
ai  façonnés?  Alors  Abram  répondit  k  son 
père  :  SHI  en  e$l  ainsi,  pourquoi  adores-tu 
dos  idoles  de  cette  incapacité?  Pourront-elles 
te  protéger  quand  tu  les  invoqueras,  ou  te 
sauver  des  ennemis  qui  viendront  t*altaquer? 
Toi  et  tousceuxqui  t*imilent»  vous  avez  tort 
et  ¥Ous  a^ssez  en  hommes  insensés  d'ado- 
rer du  bois  et  de  la  pierre,  matières  brutes 
et  sans  raison,  et  de  mettre  en  out>li  Jéhova, 
le  Dieu  quiacréé  le  ciel  et  la  terre.  Vous 
attirerez  sur  vous  de  grands  roaux.N*esi-ce 
pas  ainsi  que  nos  ancêtres,  dans  les  jours  du 
temps  passé,  ont  irrité  par  leurs  iniquités 
Jéhova,  Dieu  de  Tunivers,  quia  fait  périr 
toute  la  terre  dans  les  eaux  du  déluge?  Main- 
tenant, 6  mon  seigneur  et  père  ,  renonce  h 
cette  impiété  et  attache-toi  à  Jéhova.  Sur  cela, 
Abram  courut  en  présence  de  son  père  reti- 
rer la  hache  de  la  main  du  grand  dieu,  et  le 
brisa,  puis  il  s'enfuit.  Tharé  désolé  de  Fac- 
tion d'Abram  son  fils,  alla  sans  retard  se  pré- 
senter devant  le  roi  et  se  prosterna  la  face 
contre  terre.  Nemrod  lui  dit:  Que  t'est-il 
arrivé?  Tharé  répondit:  Mon  seigneur,  un 
enfant  m'est  né,  il  y  a  cinquante  ans,  et  il  a 
lait  en  ce  jour  à  moi  et  è  mes  dieux  ceci  et 
cela.  Maintenant,  A  roi,  mon  seigneur,  en- 
voie des  hommes  et  fais-le  amener  devant 
toi,  et  juge-le  selon  la  justice,  afin  que  nous 
évitions  le  courroux  de  nos  dieux.  Et  le  roi 
envoya  trois  gardes  qui  amenèrent  Abram 
en  SB  présence.  Ce  jour-là  Nemrod  était  assis 
sur  son  trône,  et  tous  les  princes  et  officiers 
étaient  assis  devant  lui,  et  Tharé  était  assis 
en  avant  d'eux.  Et  Nemrod  interrogea  Abram 
sur  ce  qu'il  avait  fait  à  son  père  et  à  tousses 
dieux.  Abram  répéta  les  paroles  qu'il  avait 
dites  à  son  père  ;  savoir,  que  c'était  le  grand 
dieu  qui  avait  brisé  les  autres  dieux.  Le  roi 
lui  dit:  Ces  dieux  ont-ils  la  faculté  de  parler, 
de  maneer,  de  faire  tout  ce  que  tu  viens  de 
dire?  Alors  Abram  lui  répondit  :  Puisqu'ils 
ne  sont  capables  d'aucune  action ,  pourquoi 
lessers-tu?  Pourquoi  égares-tu  les  hommes 
après  ces  vanités^  Peux-tu  penser  qu'ilssont 
en  état  de  te  protéger,  ou  cle  faire  en  ta  fa- 
veur quoi  que  ce  soit,  grand  ou  même  petit? 
Pourquoi  ne  servez-vous  pas,  vous  autres, 
le  Dieu  de  toute  la  terre,  qui  a  le  pouvoir  de 
vous  conserver  en  vie  et  devons  laire  mou- 
rir, selon  qu'il  lui  platt?  Malheur  è  toi,  6 
roi  insensé,  niais,  idiot  1  malheur  h  toi  jusque 
dans  l'éterniié  I  J'espérais  que  tu  enseigne- 
rais à  tes  sujets  la  voie  droite,  et  en  vérité 
tu  n'as  pas  a^i  selon  ce  qui  est  bien.  Toute  la 
terre  est  pleine  de  tes  péchés  et  des  péchés 
de  ton  peuple  qui  t'imite  dans  le  mal.  N'as- 
tu  pas  entendu  dire  qu'en  punition  des  mê- 
mes péchés  dont  se  rendaient  conpables  nos 
Itères  dans  tes  jours  de  l'antiquité,  le  Dieu  de 
l'univers  envoya  les  eaux  du  déluge  nui  Q- 
rent  périr  tout  être  vivant,  et  lîoulever- 
sèrent  même  la  snrfacede  la  terre  ?Mainle- 
naiit,  renonce  à  tes  mauvaises  œuvres  et  sers 


le  mettre  de  l'univers  qui  tient  ton  Ame  en 
sa  main,  et  tu  seras  heureux.  Mais  si  ton 
cœur  est  assez  pervers  pour  ne  pas  prêter 
l'oreille  è  mes  exhortations,  tu  seras  à  la  fin 
de  tes  jours  humilié  jusqu'à  la  terre,  et  tu 
mourras  couvert  de  honte.  Et  Abram  ayant 
prononcé  ces  paroles  leva  les  yeux  au  ciel 
et  dit  :  Que  Jéhova  regarde  tous  les  impies 
et  qu'il  les  ju/;e*  A  ces  paroles  d'Abram  le 
roi  le  Gt  saisir  et  enfermer  dans  une  pri- 
son. 

Et  le  dixième  jour  après  cela  le  roi  assem- 
bla devant  lui  tous  ses  officiers,  les  gouver- 
neurs de  toutes  les  provinces  et  les  sages,  et 
il  leur  demanda  de  porter  une  sentence 
contre  le  fils  de  Tharé  qui  avait  offensé  les 
dieux  et  maudit  le  roi.  Tous  répondirent: 
Quiconque  maudit  le  roi  doit  être  suspendu 
au  bois;  mais  puisque  celui-ci  a  fnit  toutes 
les  choses  qu'il  avoue  lui-même,  et  a  traité 
nos  dieux  avec  mépris,  la  loi  ordonne  qu'il 
soit  consumé  par  le  feu.  Si  le  roi  approuve 
cette  sentence,  qu'il  envoie  de  ses  serviteurs, 
et  qu'ils  chaufient  pendant  une  nuit  et  un 
jour  le  four  h  briques  du  roi,  et  qu'ensuite 
on  y  jette  cet  homme.  Et  le  roi  ordonna 
d'entretenir  un  grand  feu  dans  le  four  pen- 
dant trois  jours  et  trois  nuits,  après  lesquels 
il  Cxi  tirer  Abram  de  la  prison  pour  le  faire 
brûler.  Et  tous  les  serviteurs  du  roi,  ses 
princes,  ses  guerriers,  tous  les  juges,  comme 
aussi  tous  les  habitants  du  pays,  au  nombre 
d'environ  900,000  hommes,  se  tenaient  eu 
face  du  four,  pour  y  voir  précipiter  Abram. 
Toutes  les  femmes  et  tous  les  enfants  rem- 
plissaient les  toits  des  maisons  et  des  tours; 
et  il  ne  restait  pas  une  Ame  h  la  maison,  car 
tous  voulaient  être,  au  moins  à  distance, 
témoins  de  ce  spectacle. 

Or,  lorsqu'on  amenait  Aoram,  les  sages 
en  considérant  sa  face  s'écrièrent  :  O  roi, 
notre  maître,  nous  reconnaissons  dans  les 
traits  de  cet  homme  l'enfant  que  nous  avons 
dénoncé  au  roi,  il  y  a  déjà  cinquante  ans^ 
parce  que  la  nuit  de  sa  naissance  une  étoile 
prédisait  sa  future  domination.  Et  main- 
tenant, son  père  est  également  coupable  :  il 
a  désobéi  à  ton  ordre  et  s'est  joué  de  toi  en 
te  présentant  un  autre  enfant,  que  tu  as  fait 
mourir.  Le  roi  fut  enflammé  de  colère,  et  il 
ordonna  de  lui  amener  Tharé,  et  il  lui  dit  : 
As-tu  entendu  ce  qu'ont  dit  les  magiciens? 
Avoue-moi  la  vérité,  et  tu  échapperas  è  ta 

Çeine.  Tharé,  voyant  le  roi  irrité,  lui  dit  : 
'u  as  entendu  la  vérité  de  la  bouche  des 
sages,  6  roi,  mon  seigneur;  ce  qu'ils  ont  dit 
est  réellementarrivé.  Le  roi  lui  dit  :  Et  corn* 
ment  as-tu  osé  désobéir  à  mon  ordre  en  me 
livrant  un  enfant  qui  n'était  nas  le  tien?  Et 
tu  en  as  encore  reçu  le  prix  1  Tharé  répondit  i 
Mes  entrailles  s'éiaient  émues  sur  le  sort  du 
fils  qui  est  ma  chair  et  mon  sang.  l.e  roi  lui 
dit  :  Qui  t'a  donné  le  conseil  de  me  trom- 
per? Si  tu  ne  me  caches  rien  lu  ne  mourras 
pas.  Et  Tharé,  dans  Teffroi  que  lui  inspirait 
le  roi,  dit  :  C'est  Aran,  mon  fils  aine,  qui 
m'a  conseillé  cette  chose.  Or,  Aran  était  âgé 
de  trente-deux  ans  lors  do  la  naissance  d'A- 


4115 


DtCTIONNiURE  DES  APOCRYPHES. 


1114 


l)raDi(1208).  A  la  vérité  Aran  n'avait  donné 
au^un  conseil  à  son  père;*maisTharé  parlait 
ainsi  pour  se  soustraire  à  la  peine  qui  le 
menaçait.  Le  roi  lui  dit  :  Aran  ton  fils,  qui 
t*a  conseHIé  cette  chose,  mérite  la  mort.  Il' 
périra  dans  le  feu  avec  Abram.  Or,  en  ce 
temps-là  Aran  inclinait  vers  la  croyance 
fi'Abram,  mais  il  cachait  sa  pensée  au  fond 
de  son  cœur.  Il  était  indécis  et  se  disait  en 
hii-méme  :  Si  dans  cette  épreuve  mon  frère 
remporte  sur  le  roi,  je  me  déclarerai  hau- 
tement pour  lui;  et  si  le  roi  est  le  plus  fort, 
les  dieux  du  roi  seront  les  miens. 

£t  Aran,  par  ordre  du  roi,  fut  lié  avec 
Abram,  et  on  les  amena  tous  deux  pour  les 
livrer  au  feu.  Et  les  serviteurs  du  roi  les 
saisirent  et  les  dépouillèrent  entièrement, 
ne  leur  laissant  sur  le  corps  que  leurs 
chausses;  puis  ils  leur  attachèrent  ensemble 
les  mains  et  les  pieds  avec  des  cordes  de 
chanvre,  et  les  portèrent  et  les  précipitèrent 
au  four.  Mais  Jéhova  prit  parti  pour  Abram. 
Il  eut  pitié  de  lui  et  le  préserva  de  la  vora- 
cité  du  feu,  qui  ne  brûla  que  ses  liens. 
Quanta  Aran,  il  fut  subitement  dévoré  par 
Tardeur  des  flammes,  parce  que  son  cœur 
n^était  pas  entier  avec  Jéhova.  Aran  était 
A^é  de  quairo-vingt-deux  ans  lorsqu'il  pé- 
rit ainsi  h  Ur  des  Chaldéens.  £t  les  hommes 
qui  les  avaient  précipités  au  four  périrent 
également  au  nombre  de  douze;  car  une 
flamme  s*en  élança  vers  eux,  et  les  brûla 
tous.  Mais  Abram  se  promenait  librement 
au  milieu  du  feu  pendant  trois  jours  et  Irois 
nuits  ;  et  les  serviteurs  du  roi  le  voyaient,  et 
ils  allèrent  en  instruire  le  roi.  Lorsque  le 
roi  entendit  ce  qu*ils  lui  rapportaient,  son 
cœur  fut  agité  violemment,  et  il  ne  voulut 
pas  les  croire.  Il  envoya  donc  d'autres  ser- 
viteurs dignes  de  sa  confiance,  pour  s'assu- 
rer de  ce  prodige,  et  ils  revinrent  lui  dire 
ce  qu*ils  avaient  vu.  Alors  le  roi  se  leva  et 
s  y  porta  lui-même,  et  il  vit  Abram  qui  allait 
et  venait  au  milieu  du  feu,  couvert  de  ses 
chausses.  Il  aperçut  aussi  le  corps  d*Aran 
réduit  en  charbon  et  en  cendre.  Alors  le  roi 
ordonna  de  retirer  Abram  du  feu;  mais  lors- 
que ses  serviteurs  s'approchèrent  du  four, 
une  flamme  ardente  s'en  échappa  contre 
eux,  et  ils  furent  contraints  de  fuir.  Mais  le 
roi  renouvela  impérieusement  son  ordre, 
disant  :  Hdtez-vous  de  retirer  Abram ,  de 
peur  que  je  ne  vous  fasse  mourir.  Ils  avan- 
cèrent de  nouveau  ;  aussitôt  le  feu  tira  con- 
tre eux  une  langue  plus  rude  que  celle  du 
lion,  et  leur  dévora  le  visage.  Et  huit  d'en* 
Ire  eux  moururent  de  cette  façon.  Le  roi, 
voyant  enûn  que  ses  serviteurs  ne  pouvaient 

11908)  Voy.  plus  haut  noie  1175. 

(t209)Ces'500  linmmos  avec  18  esclaves  eiifanls 
de  la  maison,  vernaculi,  loUs  exercés  aux  armes, 
êxptdHK  rormèrent  !e  détacljemeut  avec  lequel 
Aliram  iléfil  les  cinq  rois,  dont  Tun  était  précise- 
oi^'iit  Memrod-Amrapliel.  Voy.  Genèse  cliap.  xiv. 

Abraham  sauvé  miraculeusement  du  four  ardent 
ik  Ur  en  Chatdée  en  récompense  de  sa  foi  et  de  son 
iè\e  pour  la  gloire  de  Jéhovah,  et  le  motif  de  sa  con- 
itamnation,  sont  une  tradition  de  la  Synagogue. 
Elle  est  consignée  dans  les  livres  anciens,  la  Pa- 


approcher  du  feu  sans  être  brûlés,  éleva  la 
voix  et  cria  :  Abram,  serviteur  dn  IMeu  qui 
est  au  ciel,  viens  ici  devant  moi  t  Atiraoi 
obéit,  et,  couvert  de  ses  chausses,  alla  se 
tenir  devant  le  roi.  Dans  ce  moment,  le  roi, 
ses  officiers  et  les  habitants  du  p^ys,  ea 
voyant  Abram  qui  avait  été  préservé  du  feu, 
se  prosternèrent  tous  devant  lui.  Et  Abram 
leur  dit  :  Ne  vous  prosternez  pas  devaotmoû 
mais  devant  le  Dieu  de  Tunivers,  uui  vou» 
a  créés,  et  servez-le,  et  marchez  dans  ses 
voies.  C*est  lui  qui  m*a  sauvé  du  feu.  Il 
étend  la  protection  de  sa  main  puissante  sor 
tous  ceux  qui  ont  confiance  en  lui.  Et  le  roi 
fit  à  Abram  de  riches  présents,  et  lui  donna 
les  deux  principaux  serviteurs  de  sa  maison, 
le  nom  de  Tnn  était  Oni,  et  le  nom  de  Tautre, 
Eliéser.  De  même,  les  grands  officiers  du  roi 
et  ses  autres  serviteurs  firent  à  Abram  des 
présents  considérables  en  argent ,  en  or  et 
en  pierres  précieuses.  Abram  se  retira  «"q 
paix  à  la  maison  de  son  père.  El  beaucoup 
de  serviteurs  du  roi  le  suivirent  et  s*atta* 
chèrent  à  lui ,  environ  trois  cents  hom- 
mes (1209). 

En  ce  temps-l& ,  Nachor  et  Abram  épon- 
sèrent  deux  fliles  d*Aran  leur  frère.  Le  oom 
de  la  femme  de  Nachor  était  Melcha ,  et  le 
nom  de  la  femme  d'Abram,  Saraï.  Et  Sarai 
était  stérile. 

Et  deux  ans  après  qu*Abram  fut  sorti  du 
feu,  il  arriva  que  Nemrod,  confirmé  sur  le 
trône  royal  à  Babylone,  s*endormit,  et  il 
rêva  qu*il  se  tenait  avec  toute  son  armée 
dans  la  vallée  qui  est  en  face  du  four  h  bri- 
ques du  roi.  Il  leva  les  yeux,  et  voici  qu*uo 
homme  de  la  ressemblance  d*Abram  sortit 
du  four,  tenant  à  la  main  une  épée  une,  et 
se  précipita  sur  le  roi  pour  le  frapper.  Le 
roi  se  mit  à  fuir;  mais,  pendant  sa  fuite, 
rhomme  lui  lança  sur  la  tète  un  oeuf  qui  se 
changea  à  Tinstant  eu  un  grand  fieuve,  dans 
lequel  fut  noyée  toute  son  armée.  Le  roi 
échappa  seul  avec  trois  hommes  qui  étaient 
devant  lui.  Il  considéra  ces  hommes,  et  voici 
qu*i!s  étaient  couverts  d*ornements  royaux, 
et  ils  avaient  la  mine  et  le  port  de  rois.  Quand 
tous  quatre  se  furent  éloignés  de  là  par  la 
fuite,  le  fleuve  redevint  un  œuf  dont  sortit 
un  petit  poussin  qui  se  mit  à  voltiger  au- 
tour de  la  tête  du  roi,  et  lui  creva  un  oui 
Celle  chose  eUraya  le  roi  tellement  qu*il  se 
réveilla  avec  de  violents  battements  de 
cœur.  Dès  le  matin,  le  roi  se  bêta  de  se  le- 
ver de  sa  couche,  et  il  manda  devant  lui  le» 
sages  et  tous  les  magiciens ,  et  il  leur  ra- 
conta le  songe.  Alors  un  sa);e  des  serviteurs 
du  roi,  nommé  Anuki  (l2iÔ),  s*adre$santaa 

mplirase  cliaUlalque  de  lonallian,  le  TalmiKl.  te 
Médrasch-Rabba,  le  Médrasiii  Sclinkli^rt4>b.  Kîfe 
revient  souvent  dans  la  liturgie  de  la  S^osfOf «f. 
La  ir.ort  d^Aran,  toile  qu'elle  est  racontée  ki,  e«t 
également  de  la  tradition  constante  de  la  Synagon^, 
aussi  bien  que  le  moven  employé  par  AlirihiB 
pour  amener  son  père  à  confes^r  laî-mêiDe  fit»- 
puissance  des  idoles,  en  lui  ilisanl  que  la  |n«k 
Mlole  avait  brisé  toutes  les  aulres. 
(1210)  Version  judaïque  :  Anuko. 


IM7 


YAS 


PART.  m. —LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1119 


roi,  lui  dit  :  Ceci  n*est  rien  autre  chose  que 
lo  danger  qui  menace  le  roi  mon  seigneur 
dans  le  temps  à  Tenir  de  la  part  d'Abram  et 
(le  ses  enfants.  Et  voici  qu*il  arrivera  des 
jours  où  Abram ,  ses  enfants  et  les  gens  de 
sa  maison,  altaaueront  en  armes  le  roi  mon 
seigneur,  et  ils  battront  tous  les  corps  de  son 
armée.  Quant  à  ce  que,  dans  ton  songe,  tu 
os  échappé  du  danger,  par  la  fuite,  avec  trois 
hommes  tes  pareils,   cela  signifie  que  toi 
seul  avpc  trois  autres  rois  du  pays,  tes  al- 
liés, vous  parviendrez  à  vous  soustraire  au 
sorlde  vos  guerriers.  Pour  ce  que  tu  as  vu 
que  leQeuve  est  redevenu  un  œuf  dont  est 
sorti uu  poussin  qui  t'a  crevé  un  œil,  cela 
ne  veut  dire  autre  chose,  sinon  qu'il  arri- 
vera un  temps  où  la  race  d*Abram  tuera  le 
roi.  Le  songe  du  roi  mon  seigneur  est  une 
vérilé,  et  Tinterprôtation  de  Ion  serviteur 
est  exacte.  Et  puis,  ne  sais-tu  pas  que  tes 
sages  ont  vu  cette  chose  dans  le  ciel,  il  y  a 
Hnquante-deux  ans,    lors  de  la  naissance 
d'Abram?  Pourquoi  le  roi    mon    seigneur 
permet-il  pour  son  malheur  qu'Abram  existe 
dans  ce  pays  la  vie  sauve?  11  faut  qu'il  meure 
afin  que  ta  personne  soit  en  sûreté,  et  ton 
trône  inébranlable.  EtNemrod  adopta  Tavis 
d*Anuki,  et  il  chargea  secrètement  quelques- 
uns  de  ses  gens  ae  s*emparer  d'Abram  et 
de  le  lui  arnener  pour  le  mettre  à  mort. 

Or,  Eliéser,  l'esclave  que  le  roi  avait  don- 
né à  Abrana,  fut  témoin  de  tout  ceci,  et  il 
courut  et  en  donna  avis  à  son  maître  avant 
l'arrivée  des  gens  du  roi.  Et  Abram,  écou- 
tant le  conseil  d'Eliéser,  s'enfuit  prompte- 
râent  à  la  maison  de  Noé  et  de  Sem  son  fils, 
et  il  s'y  tint  caché.  C'est  ainsi  qu'il  échappa 
aux  gens  du  roi  qui  arrivèrent  et  le  cher- 
chèrent vainement  dans  sa  maison  et  dans 
tout  le  pays,  en  parcourant  toutes  les  routes. 
Ne  l'ayant  pas  trouvé,  ils  s'en  revinrent  au- 
près du  roi,  dont  la  colère  se  calma  ;  et  bien- 
tôt après  il  oublia  entièrement  Abram. 

El  Abram  était  caché  dans  la  maison  de 
Noé  depuis  un  mois  entier,  lorsque  Tharé, 
toujours  grand  auprès  du  roi,  y  vint  le  vi- 
siter secrètement.  Alors  Abram  dit  à  son 
père  :  Ne  sais-tu  pas  que  le  roi,  excité  f)ar 
ses  impies  conseillers,  songe  à  m'ôler  la  vie, 
clhexteruiinermon  nom  de  dessus  la  terre? 
Lève-loi,  allons-nous-en  tous  ensemble  au 
pays  de  Chanaan,  pour  nous  soustraire  à  sa 
tvrannie,  de  crainte  i]u'à  la  fin  tu  ne  périsses 
également.  Car  ce  n'est  pas  par  affection 
pour  loi  que  Nemrod  te  comble  d'honneurs, 
mais  pour  son  propre  avantage,  et  dût-il 
nuiltiplier  tes  biens  d'autant  et  encore  d'au- 
tant, ce  ne  sont  que  des  vanilésde  ce  monde, 
tt  les  richegses  ne  serviront  de  rien  au  jour 
de  la  vengeance  (1211)!  Fais  donc  ce  que  je 
te  dis  :  éloignons-nous  de  la  malice  de  Nem- 

(121 1)  Non  prodemnl  dioUiœ  in  die  utiionis.  {Prov, 

XI,  4,'; 

(t^li)  Il  est  dit  au  livre  de  hCenète^  xn,  i,  Sep- 
tuaginta  quiiufue  annorum  erat  Abram  cuin  e/fredere- 
'xr  àt  Haran,  Et  cependant  le  chiffre  du  Yasctiar 
ite  saurait  être  attribué  À  une  des  feules  d*impres- 
tion  dont  il  fourinilie.  Ahram  avaH  cinquante  ans 
i^squ'il  fut  jeté  au  four  à  briques.  Ajoutei  deux 


rod.  Renonce  à  toutes  ces  nullités  que  tu 
poursuis  et  sers  Jéhova  ton  créateur,  et  il 
t'en  arrivera  bonheur.  Noé  et  Sem  prenat  ( 
ensuite  là  parole,  dirent  :  Abram  parle  se- 
lon la  bonne  raison  en  tout  ce  qu'il  te  con- 
seille. Et  Tharé  se  rendit  au  désir  de  son 
fils;  car  Jéhova  disposa  favorablement  son 
esprit,  afin  qu'Abram  ne  tombflt  point  sons 
le  glaive  du  roi.  Tharé  prit  donc  Abram  son 
fils,  Lot,  fils  d'Aran,  son  petit-fils,  Saraï  sa 
bru,  comme  aussi  toutes  les  personnes 
de  sa  maison,  et  sortit  aveo eux  d'Ur  desChaU 
déens,  de  la  Babylonie,  pour  aller  au  pays 
de  Chanaan.  Et  étant  venus  jusqu'à  Haran, 
ils  s*y  arrêtèrent,  parce  que  le  pays  était 
bon  et  assez  spacieux  pour  j  établir  tous 
ceux  de  leur  suite.  Les  habitants  du  pays 
de  Haran  voyant  qu'Abram  était  bon  et  agréa- 
ble aux  honâmes  et  è  Jéhova  son  Dieu  qui 
l'assistait,  plusieursd'entreeux  s'attachèrent 
è  lui,  et  entrèrent  dans  sa  maison.  Et  Abram 
leur  enseigna  la  doctrine  de  Jéhova  et  ses 
voies  saintes. 

Or,  après  la  troisième  année  de  la  demeu- 
re d'Abram  è  Haran,  Jéhova  lui  apparut  et 
lui  dit  :  Je  suis  Jéhova  qui  t'ai  tiré  d'Or  des 
Chaldéens,  et  qui  t'ai  sauvé  de  la  main  de 
tous  tes  ennemis.  Si  tu  m'es  fidèle,  et  que 
tu  gardes  mes  préceptes  et  mes  ordonnances, 
je  fierai  tomber  tes  ennemis  devant  toi,  je 
multiplierai  ta  postérité  comme  les  étoiles 
du  ciel,  j'enverrai  ma  bénédiction  sur  tou- 
tes les  Œuvres  de  tes  mains  et  tu  auras 
abondance  de  toutes  choses^  Maintenant,  lè- 
ve-toi, prends  ta  femme  et  tout  ce  que  ta 
possèdes ,  et  va-t'en  au  pays  de  Chanaan 
pour  y  établir  la  demeure.  C'est  là  que  je 
serai  ton  Dieu  et  que  je  te  bénirai.  Et  Abram 
se  leva  et  fit  tout  comme  Jéhova  lui  avait 
commandé. Et  Abram  était  âgé  de  cinquante- 
cinq  ans  lorsqu'il  sortit  de  Haran  (1912). 
Arrivé  au  pays  de  Chanaan,  il  dressa  sa 
lente  au  milieu  des  habitants  du  pays.  Mais 
Nachor,  frère  d'Abram,  et  Tharé  son  père, 
et  Lot,  fils  d'Aran,  étaient  restés  à  Haran 
avec  tout  ce  qu'ils  possédaient. 

Et  quand  Abram  fut  établi  en  Chanaan, 
Jéhova  lui  apparut  et  lui  dit  :  Ceci  est  le  pays 
que  je  l'ai  donné,  pour  le  posskler,  toi  et 
ta  postérité  après  toi  à  jamais:  toutes  ces 
rér^ions  que  tu  vois.  Et  Abram  construisit 
un  autel  à  l'endroit  même  où  Jéhova  lui 
avait  parlé,  et  il  y  invoqua  le  nom  de  Jé- 
hova. 

En  ce  temps-là  mourut  Noé,  dans  la  cin- 
quante-huitième année  de  l'âge  d'Abram,  et 
afirès  la  troisième  année  du  séjour  d'Abram 
d  iiis  le  pays  de  Chanaan.  Et  tous  les  jours 
que  Noé  avait  vécu  sur  la  terre  furent  de 
neuf  cent  cinquante  ans. 

Dans  la  cinquième  année  de  la  demeure 

ans  qui  se  sont  écoulés  de}Mti:«  cet  événement  jus- 
qu'au songe  de  Nemrod,  et  les  trois  ans  du  séjour 
dWhram  à  llaran,  vous  arriverez  précisément  à 
cinquante-cinq  ans.  Mais  il  faut  considérer  qu'A» 
hrani  a  Quitte  lUran  à  deux  époques  différente», 
séparées  1  une  de  Tau  ire  par  un  espace  de  vingt  ana. 
Voy.  le  telle  du  Yatchar  un  i>cu  plas  loin. 


IflO 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


im 


d'Abramdans  ic  pays  de  Chanaan,  les  habi- 
tants de  SodoDie  et  de  Gomorrhe  et  do  tou- 
tes les  villes  de  la  plaine  se  ré?oilèrenl  con- 
tre l'autorité  de  Chodorlahomor,  roi  d^EIam. 
Car  depuis  douze  ans,  tous  les  rois  des  villes 
de  la  plaine  étaient  assujettis  à  Chodorlaho- 
mor  et  lui  payaient  un  tribut  annuel.  Et 
dans  la  douzième  année  de  la. demeure  d'A- 
bram  en  Cbanaan,  Nemrod,  roi  de  Sennaar, 
instruit  de  cette  révolte,  déclara  la  guerre  à 
Chndorlahomor,  roi  d*Elam,  afin  de  le  sou- 
mettre à  sa  puissance.  Car  Chodorlahomor 
avait  été  un  de  ses  générauxs  et  lors  de  la 
dispersion  de  la  tour  de  Babel,  il  se  fil  roi 
du  pays  d'EIam,  et  se  proclama  indépendant 
de  son  maître.  Et  Nemrod  entra  en  campa- 
gne avec  une  armée  de  sept  mille  hommes 
qu*il  avait  réunis.  Chodorlahomor  marcha 
contre  lui  avec  cinq  mille  combattants.  Et  la 
bataille  s'étant  engagée,  Nemrod  et  son  peu* 
pie  furent  défaits  par  les  gens  de  Chodorla- 
homor, et  il  en  tomba  environ  six  cents 
hommes,  et  Mardon,  fils  de  Nemrod,  tomba 
aussi  avec  eux.  Nemrod  s*enfuit  dans  son 
pays,  rouvert  de  honte  et  de  confusion,  et 
il  resta  longtemps  humilié  sous  la  main  de 
Chodorlahomor. 

Cependant  Chodorlahomor,  revenu  dans 
sou  pays,  députa  de  ses -généraux  vers  les 
rois  ses  voisins,  Arioch,  roi  d*Ellazar,  et 
Tbadal,  roi  des  nations,  et  il  fit  alliance 
avec  eux,  et  les  amena  k  son  obéissance. 

Dans  la  quinzième  année  de  la  demeure 
d'Abram  dans  le  pays,  qui  était  la  soixante- 
dixième  de  son  Age,  Jéhova  lui  apparut  et 
lai  dit  :  Je  suis  Jéhova  qui  t*ai  tiré  d*Dr 
des  Chaldéens  pour  te  donner  ce  pays  en 
possession,  depuis  le  fleuve  de  TEgypte jus- 
qu*au  grand  fleuve  de  l'Euphrate.  Quant  ï 
toi,  tu  seras  recueilli  avec  tes  pères,  en  paix, 
après  une  heureuse  vieillesse.  Ettesenfants, 
en  la  quatrième  sénération,  reviendront  dans 
ce  pays  pour  le  posséder  éternellement 
(1213).  Alors  Abram  édifia  un  autel  et  y  invo- 
qua le  nom  de  Jéhova  en  lui  offrant  des  ho- 
locaustes. Vers  le  môme  lemps  Abram  revint 
à  Hararj  pour  voir  son  père  et  sa  mère.  Il  s'y 
arrêta  Tespace  de  cinq  ans  avec  sa  femme  et 
tout  ce  qu'il  posséiiait.  Et  d'autres  gens  de 
Haran  s'attachèrent  encore  à  Abram,soixan* 
le-(Jouzc  hommes.  Et  il  leur  apprit  à  cou« 
Q<)ltre  Jéhova  et  sa  doctrine. 

Section  Lech-Lecha, 

Et  Jéhovah  apparut  de  nouveau  k  Abram, 
et  lui  dit  :  N'est-il  pas  vrai  que  je  t'ai  or- 
donné, voici  vingt  ans,  disant  :  Va-t*en  de 
ton  paj's,  de  ta  parenté  et  de  la  maison  de 
ton  père,  au  pays  que  je  t'avais  indiqué,  afin 
de  te  le  donner,  k  toi  et  è  tes  enfants;  car  là, 
dans  ce  pays,  je  te  bénirai  ,  je  te  ferai 
devenir  une  grande  nation,  et  je  rendrai  ton 
nom  illustre.  Toutes  lesfamillesde  la  (erre 
seront  bénies  en  toi.  Maintenant,  lève-toi, 
sors  do  ce  lieu,  et  retourne  au  pays  de  Cha- 

(liiS)  Ces  mots,  reviendront  Jant  c^.  pay»,  gup- 
posenl  Tannonce  de  la  servitude  d'Ezvpte.  (Genèie, 

XV.  13,  14.)  6.F        ^  » 


naan  avec  (a  femme  et  tout  ce  que  ta  po5s^* 
des,  tous  ceux  qui  sont  nés  dans  ta  maison» 
et  toutes  les  flmes  que  tu  as  acquises  a  Ha- 
ran. Et  Abram  se  leva  et  s*en  revint  en  Cija* 
naan  selon  l'ordre  de  Jéhova,  et  il  planta  sa 
tenle  dans  la  chênaie  de  More  pourydecneu* 
rer.  Abram  était  âgé  desoixante*quinze  aïs 
lors  de  cette  transmigration.  Et  Lot,  fils  d\\- 
ran,  son  frère,  raccompagnait  avec  tout  r^f 
qu'il  possédait.  Jéhova  lui  apparut  de  dou- 
veau  en  cet  endroit,  et  lui  dit  :  le  donnerai 
ce  pays.k  ta  postérité;  et  Abram  éleva  fn 
l'honneur  de  Jéhova  qui  lui  était  apparu  un 
autel  qui  est  encore  dans  la  chênaie  de  Uo- 
ré  jusqu'à  ce  jour. 

vers  le  même  temps,  vivait  dans  la  tcrr* 
de  Sennanr  un  homme  sage,  habile  dans  loti* 
tes  sortes  de  sciences,  aun  extérieur  irè<- 
beau,  mais  pauvre  et  dépourvu  de  tout;  i) 
s'appelait  Rekion.  Pressépar  le  besoin  il  ro- 
rohit  d'aller  montrer  sa  sagesse  à  Asuira>, 
filsd'Enam,  roi  d*Egypie.  Il  pensait  :  Peut- 
être  trouverai-je  grâce  à  ses  yeux,  et  il  m  ê- 
lèvera  endignitéet  me  donnera  de  quoi  etis* 
tor.  Quand  Rekion  arriva  en  Egypte,  les  ha* 
bitants  Tinslruisirentde  la  coutume  du  n>i, 
laquelle  le  fâcha  et  l'aiBigea  beaucoup.  Car 
te  roi  no  se  rendait  visible  c|u'un  jour  dans 
l'année.  Ce  jour-là  il  sortait  de  son  palais, 
et  rendait  la  justice  à  tout  son  pays;  et  tou» 
ceux  qui  avaient  affaire  au  roi  venaient  en 
sa  présence  et  lui  adressaient  leurs  deman- 
des. Le  roi  rentrait  ensuite  dans  son  pala*s 
et  s'y  tenait  un  an  entier.  Le  soir  étant  ve- 
nu, Rekion  cherchant  un  abri  trouva  les  rui* 
nés  d'une  boulangerie  de  la  villeetily  lassala 
nuit  dans  Tamertume  de  son  âme  et  la  souf- 
france de  la  faim.  Et  le  sommeil  se  tint  loin 
de  ses  yeux,  car  il  pensait  comment  il  ferait 
pour  se  nourrir  jusqu'au  jour  de  la  sortie  du 
roi.  Le  lendemain  il  se  mit  à  vaguer  par  la 
ville,  et  il  lui  arriva  de  rencontrer  des  hom- 
mes qui  vendaient  des  légumes  :  et  ces  ûom- 
mes  avaient  fort  bonne  mine.  Il  leur  deman- 
da comment  ils  soutenaient  leur  vie,  et  i!s 
lui  répondirent:  En  achetant  ces  légumes  crt 
les  r^'vendantaux  habitants  de  la  ville.  Alors 
Rekion,  voulant  gagner  son  existence  de  la 
mêmQ  manière,  se  procura  comme  il  put  un 
peu  de  légumes  et  les  exposa  en  vente.  Mais 
comme  il  n'avait  ni  le  langage  ni  les  maniè- 
res de  ceux  du  pays,  on  le  raillait,  et  des 
enfants  de  Bélial  (1214)  s'attroupèrent  au* 
tour  de  lui  et  lui  enlevèrent  ses  légumes 
sans  en  rien  laisser  entre  ses  mains.  Acca- 
blé de  tristesse  et  irrité  contre  toute  la  ville, 
il  retourna  aux  ruines  de  la  boulangerie  et 
y  passa  la  seconde  nuit  pendant  laquelle  jI 
chercha  dans  sa  grande  sagesse  le  moyen  tic 
se  tirer  de  l'extrême  besoin  et  de  vexer  tes 
Egyptiens.  Et  voici  ce  qu'il  imagina.  Le  len- 
demain de  grand  malin  il  engagea  trcnic 
hommes  vigoureux,  et  enfants  daBéltai, 
pourvus  d'armes,  et  il  les  conduisit  dans  IV 
venue  de  l'enceinte  des  tombeaux,  et  il  leur 

(4214)  Eufantê,  filt  de  Bélial,  S^bam,  stjk  et 
Biul<f,  pour,  lioninies  vils  et  méprîsaliles,  sshv^» 
sujets. 


iiii 


YAS 


PART.  ni.---LEGENI>ES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


iisk 


donnacette instruction  :  Le  roi  vous  ordonne  : 
sojez  coura^QX  et  fermes,  et  ne  laissez  passer 
aucun  mort,  pour  être  déposé  ici,  sans  que 
Ton  TOUS compteauparavant  deux  centspièces 
d'argent.  Cet  ordre  ayant  été  exécuté  avec 
rigueur,  Rekion  et  ses  hommes  amassèrent 
en  huit  mois  de  grandes  richesses  en  or, 
en  argent  et  en  pierres  précieuses.  Rekion 
acheta  des  chevaux  et  des  bêtes  de  somme 
en  quantité.  11  recruta  encore  d'autres  hom- 
mes et  se  forma  une  escorte  de  cavaliers. 

Après  ta  révolution  de  Tannée,  quand  ar- 
ma le  jour  de  la  sortie  du  roi  en  ville,  tous 
les  Ëgjptiens  accoururent  au  près  de  lui  pour 
se  plaimlre,  selon  ce  qu'ils  avaient  concerté 
entre  eux,  de  l'injuste  perception  dont  il 
avait  cbareé  Rekion  et  sa  troupe.  Ils  dirent: 
Vive  le  roi  éternellement  1  Quelle  est  cette 
chose  que  tu  fais  à  tes  serviteurs  de  ne  per- 
mettre renterrement  d'aucun  mort  qu'au 
prix  d*une  somme  considérable?  Cela  a-t-il 
jamais  été  pratiqué  dans  notre  pays  depuis 
(es  rois  anciens  jusqu'à  ce  jour?  Nous  sa- 
vons que  le  droit  du  roi  est  de  mettre  an- 
nuellement un  impôt  sur  les  vivants  ;  mais 
loi,  non  content  de  cela,  tu  mets  en  outre  un 
impôt  journellement  sur  les  morts.  Nousn*y 
tenons  plus,  et  toute  la  ville  est  ruinée.  Le 
roi  en  entendant  leur  discours  fut  enflammé 
de  colère,  car  il  ne  savait  rien  de  cette  chose, 
et  il  s'écria  :  Qui  a  osé  commettre  cette  mau- 
vaise action  que  je  n'ai  point  commandée? 
Qu*oamelesignalt  lEtilshiirendirentcompte 
de  lout  ce  qu'avaient  fait  Rekion  et  ses  gens. 
£t  le  roi  Tit  comparaître  devant  lui  Rekion  et 
ses  hommes,  lilais  Rekion  envoya  par  ses 
serviteurs  au  roi  un  présent  consistant  en 
mille  jeunes  garçons  et  jeunes  fliles  tous  vê- 
tus de  byssus,  de  fin  lin,  d'étoffes  richement 
brodées,  et  montés  sur  des  chevaux  super- 
bes. Il  vint  ensuite  lui-même»  et  se  proster- 
nant devant  le  roi  la  face  contre  terre,  il  lui 
offrit  de  l'or,  de  l'argent  et  des  pierres  lines 
en  erande  quantité,  ainsi  qu'un nombrecon- 
sidérable  de  chevaux  d'une  rare  beauté.  Le 
roi,  ses  serviteurs  et  tous  les  Egyptiens  ad- 
mirèrent les  grandes  richesses  de  Rekion  et 
la  belle  prestance  de  sa  personne.  Et  le  roi 
le  fit  asseoir  en  sa  présence  et  l'interrogea 
sur  tout  ce  qu'il  avait  fait.  Mais  Rekion  ré- 
pondit à  toutes  les  questions  avec  tant  de 
sagesse  et  de  grAce  (^u'il  plut  singulièrement 
au  roi  et  à  ses  officiers.  Et  depuis  ce  jour  le 
roi  l'eut  en  grande  atfection.  Le  roi  prenant 
ta  parole  lui  dit  :  Ton  nom  ne  sera  plus  Re- 
kion, mais  Pharaon^  car  tu  m'as  payé  l'impôt 
des  morts  (1215).  Ensuite  le  roi  et  ses  ser- 
viteurs, de  l'avis  des  sages  et  des  habitans 
de  l'Egypte,  résolurent  de  faire  gouverner  le 
pays  par  Rekion-Pharaon  sous  "autorité  du 
roi;  et  ainsi  fut  fait.  Rekion-Pharaon  gou- 
vernait donc  l'Egypte,  rendant  la  justice,  lui 
tous  les  jours,  et  le  roi  Asuiras  uu  seul  jour 

(«!5)nr*a»Pl>ara<>n»  ^^  ÎHS»  V^V^^  ^"  suppose 
que  le  roi  d'E'^ypie  partait  hébreu. 

(tii6)  Les  llébieux,  comme  d'autres  peuples, 
croyaient  que  leur  pays  élail  le  nombril,  n*ai3.  cVst- 
à-dire,  le  point  culminant  de  la  terre.  De  là  t  ex- 


par  an.  Et  il  fut  afrtté  pai*  un  statut  étemel 
que  tous  les  chefs  de  l'Ëtat  s'appelleraient 
dans  la  suite  Pharaon.  Voilé  pourquoi  les 
rois  de  l'Egypte  portent  le  nom  de  Pharaon 
jusqu'à  ce  jour. 

En  cette  même  année  le  pays  de  Chanéén 
était  désolé  par  une  grande  famine.  C'est 
pourquoi  Abram  descendit (1216)  en  Egypte 
avec  tous  les  siens.  Et  pendant  qu'ils  mAr* 
chaient  sur  le  bord  du  fleuve  de  l'Eg^ptei 
Abram  jeta  un  regard  dans  l'eau  et  il  re- 
marqua combien  Saraî  sa  femme  était  belle. 
Et  il  lui  dit:  Dieu  t'a  formée  avec  tant  d'a<- 
vantage  que  je  crains  que  les  Egyptiens  né 
me  tuent  pour  te  posséder  ;  car  iïn'y  a  point 
de  crainte  de  Dieu  dansces  lieux.  MaisTOièt 
la  grâce  que  tu  me  feras.  Dis,  je  te  prie,  k 
tous  ceux  qui  t'interrogeront,  que  tu  es  ma 
sœur,  afin  qu'on  me  fasse  du  bien  par  égard 
pour  toi,  et  que  nous  vivions  et  ne  mou- 
rions pas.  Il  recommanda  aussi  à  tous  ceux 
de  sa  suite,  comme  aussi  è  Lot  son  neveu, de 
dire  aux  Egyptiens  que  Saraï  était  sa  sœur. 
Malgré  cela  Abram  n'était  pas  entièrement 
rassuré  contre  la  perversité  des  Egyptiens, 
et  il  cacha  Saraï  sous  les  effets  enfermésdans 
une  caisse.  Lorsqu'ils  arrivèrent  à  l'entrée 
de  la  ville  les  gardiens  de  la  porte  leur  di- 
rent :  Payez  les  droits,  le  dixième  de  le  va- 
leur de  tout  ce  que  tousportez,  ensuite  vt)us 
entrerez.  Et  Abram  les  satisfit,  ils  aperçu- 
rent alors  une  caisse  restée  close,  et  ils  di^ 
rent  :  Ouvre  cette  caisse  afin  que  nous  la  ' 
Tisitions  et  que  tu  payes  les  droits  de  tout  ce 
qu'elle  renferme.  Abram  répondit  ;  Cette 
caisse  ne  s'ouvrira  pas  ;  mais  je  tous  en  ac- 
quitterai telle  somme  que  vous  m'imposerez. 
Non,  dirent-ils,  elle  est  pleine  de  pierreries, 
et  nous  en  prendrons  la  dixième  partie.  Et 
jls  le  repoussèrent  violemment  et  forcèrent 
le  couvercle.  A  ce  moment  ils  furent  éblouis 
de  l'éclat  de  la  beauté  de  Saraï;  et  tous  l'en^ 
tourèrent  pour  l'admirer. 

Or,  les  officiers  du  roi  coururent  atinoi^cer 
à  Pharaon  ce  qu'ils  venaient  de  voiront  exal- 
tèrent Saraï  dans  leur  récit.  Alors  Pharaon 
envoya  prendre  la  femme.  Et  lorsqu'elle 
parut  devant  lui,  elle  plut  à  ses  yeux,  et  il 
admira  beaucoup  sa  beauté.  Il  fut  si  con- 
tent qu'il  distribua  des  présents  à  tous  ceux 
qui  lui  en  avaient  donné  t'avis.  Cependant 
Abram  était  inquet  au  sujet  de  son  épouse, 
et  il  priait  Jéhova  de  la  sauver  de  la  main  de 
Pharaon.  Saraï,  de  son  côté,  priait  anssi,  di- 
sant :  Jéhova  Dieu,  c'est  pour  te  complaire 
3ue  nous  avons  quitté  notre  patrie  ,  aban« 
onné  notre  parenté,  pour  allerdansun pays 
étranger  et  au  milieu  d'une  nation  que  nous 
n'avons  connue  ni  hier  ni  avant-hier.  Main* 
tenant  que  pour  préserver  notre  maison  de 
la  famine  nous  sommes  venus  jusuu'ici,  voilà 
que  ce  grand  malheur  est  tombé  sur  moi. 
Je  te  supplie»  Jéhova  Dieu»  protége-moicon- 

pression  si  fréquente  dans  l'Ancien  et  le  Nouvena 
Testumeni  :  monter  au  pays  de  Clianaan,  descendre 
dans  lt!S  anires  pays.  Dans  la  Palestine  même  on 
mouiaii  à  Jérusalem* 


ftis 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ti:4 


tre  cetjrnD,  et  par  ta  miséricorde  fais-moi 
éprouver  les  effets  de  ta  bénignité.  Et  Jéhova 
exauça  Sarai  et  il  envoya  un  ange  à  son  se- 
cours. El  ie  roi  vint  et  s*assit  devant  Sarai. 
Mais  l'ange  de  Jéhova  se  tenait  auprès  d*eux 
et  il  devint  visible  aux  yeux  de  Saraïet  lui 
dit  :  Ne  crains  rien  ;  Jéhova  a  exaucé  ta 
^prière.  Le  roi  s'approcha  de  plus  près  et  dit 
à  Saraï  :  Quel  est  cet  homme  qui  t  a  amenée 
en  Egypte?  Elle  répondit:  Cet  homme  est 
mon  frère.  Le  roi  reprit  :  C'est  notre  devoir 
de  l'élever  aux  plus  hautes  dignités,  et  de 
lui  faire  tout  le  bien  que  lu  nous  comman- 
deras. Aussitôt  le  roi  envoyaàAbramdeTor, 
de  l'argent»  des  pierres  précieuses  en  grande 
quantité,  comme  aussi  des  troupeaux  de  gros 
et  de  menu  bétail  et  des  esclaves  des  deux 
sexes.  Et  par  ordre  du  roi  Abram  vint  de- 
meurer danssonpalais^etil  fut  déclaré  grand 
dignitaire  du  royaume.  Et  le  roi  s'approcha 
de  Saraï  et  voulut  la  toucher,  mais  Tange  ie 
frappa  rudement  sur  la  main ,  et  Pharaon  la 
retira  tout  effrayé.  Et  durant  toute  la  nuit, 
dès  que  le  roi  s'avançait  vers  Saraï,  l'ange  le 
frappait;  et  le  roi  devint  tremblant  de  tous 
ses  membres.  De  même,  l'ange  frappait  pen- 
dant cette  nuit-lè  tous  les  serviteurs  de  Pha- 
raon et  toute  sa  maison,  de  sorte  que  ie  pa- 
lais retentissait  de  cris  et  de  pleurs  de  tous 
côtés.  Le  roi  comprenant  que  tout  ce  mal 
arrivait  à  cause  de  la  femme  étrangère,  s'é- 
loigna d'elle  et  chercha  h  l'apaiser  par  des 
paroles  conciliantes.  Et  il  l'interrogea  de 
nouveau  sur  le  compte  de  Thomme  avec  qui 
elle  étaft  venue.  Et  Saraï  avoua  ta  vérité  et 
dit  :  Cet  homme  est  mon  époux.  Si  je  t'ai  dit 
qu'il  était  mon  fr.ère,  c'est  parce  que  je  crai- 
gnais que  dans  leur  perversité  les  Egyptiens 
ne  le  fissent  mourir.  Et  le  roi  renonça  û  Saraï, 
aussitôt  les  atteintes  de  l'ange  cessèrent. 
Quand  le  matin  fut  levé  le  roi  manda  Abram 
et  lui  dit  :  Que  m'as-tu  fait  là  de  me  dire 
que  c*est  ta  sœur,  et  d'amener  sur  moi  et  sur 
lûule  ma  maison  ce  grand  châtiment,parce  que 
j*ai  voulu  prendre  pourfemmetasœur7Main« 
tenant  voilà  ton  épouse;  va-t'eu  et  sors  de 
mon  pays,  de  peur  que  nous  ne  mourions 
tous  à  cause  d  elle.  Et  Pharaon  en  lui  ren- 
dant Saraï  lui  donna  encore  des  brebis,  des 
bŒufs,des  esclaves  de  l'un  et  de  l'autresexe, 
de  l'argent  et  de  l'or.  Le  roi  donna  aussi  à 
Saraï  une  jeune  fille  que  sa  concubine  lui 
avait  enfantée,  et  il  lui  dit  :  Ma  fille,  il  vau- 
dra mieux  pour  loi  d*élre  Tesclavede  Saraï 
que  de  devenir  une  dame  distinguée  de  ma 
cour.  Abram  se  leva  donc  pour  remonter  de 
l'Egypte  avec  tout  cequ*il  possédait.  Pharaon 
commanda  des  hommes  pour  Tescorter  dans 
la  route.  Et  Abram  revint  au  pays  de  Cha* 
naan,  au  lieu  où  il  avait  dressé  un  autel  et 
où  il  avaitauparavant  fixé  sa  tente. 

Pareillement  Lot,  iils  d*Aran,  frère  d'A- 
bram,  possédait  des  troupeaux  considérables 
en  gros  et  en  menu  bétail,  et  des  lentes;  car 

(1217)  Le  texte  de  la  Bible  porte  :  et  le  roi  de 
Halji,  (ville)  qui  est  (aui>si  nommée)  Ségor.  Begem 
l/a/of,  ipia  en  Segor,  H  faut  supposer  que  le  rui 
avilit  donné  son  propre  nom  à  sa  capitale. 


Jéhova  le  favorisait  pour  l'arnoor  d*Abranv 
Mais  lespfltresd'Abram  eurentde  fréquentrs 
contestations  avec  ceux  de  Lot;  car  ie  f*fi}^ 
ne  suffisait  pas  pour  leurs  nombreux  irc:- 
peaux.  En  outre,  lorsque  ceux  d'Abram  n-* 
trouvaient  pas  assez  de  pAturage,  ils  ne  sVti 
abstenaient  pas  moins  des  champs  des  habi- 
tants du  pays,  tandis  que  les  pAiresde  Loi  y 
menaient  leur  bétail  :  et  les  |)Atres  d*Abram 
les  en  querellaient.  De  leur  côté  les  cens  «ii 
pays  venaient  aussi  vers  Abram  et  Je  qui - 
reflaient  à  cause  des  dégâts  des  pAtres  de  Lr»'. 
Et  Abrtfm  disait  è  Lot  :  Pourquoi  reods-t;i 
mon  nom  odieux  parmi  les  habitants  de  a 
contrée  en  ordonnant  à  tes  (tâtres  d*al>«-r 
dans  les  champs  des  autres?  Ne  sats-tu  \<i^ 
que  je  ne  suis  qu'unélran^er  f*armi  les  C^  »- 
nanéens?  Mais  Lot  n*écoulait  point  sa  von 
et  continuait  selon  la  même  chose.  Et  It-^ 
habitants  du  pays  venaient  sans  cesse  s" 

ylaindre  à  Abtam.  Enfin  Abram  dit  à  L«'t- 
usqa*à  quand  seras-tu  un  scandale  pour 
inoi?  Qu*il  n'y  ail  plus  de  conlescation  enir** 
nous  deux  puisque  nous  sommes  pareotf. 
Séparons-nous;  éloigne-toi  de  root,  et  fi 
chercher  un  autre  heu  pour  y  demeurer 
avec  ta  maison  et  ton  lȎtail.  Ne  crains  rien, 
car  si  quelqu*un  te  moleste  tu  m'en  instrin* 
ras  et  j*irai  te  venger  :  seulement  va*t'<n 
loin  de  moi.  Alors  Lot,  levant  les  yeux  ver< 
la  plaine  du  Jourdain,  vit  que  ia  contrée  ôî^-t  l 
bien  arrosée  et  excellente  pour  la  nourriture 
des  hommes  et  du  bétail,  et  il  alla  y  plantt  r 
sa  tente,  et  il  demeura  sur  le  territoire  n^ 
Sodome.  Et  Abram  demeura  pendant  iM*a<j- 
coup  de  jours  et  d'années  dans  la  diènaie  or 
More,  qui  esl  à  Hébron. 

Vers  la  même  époque  Cbodorlabacnor, 
roi  d'Elam,  envoya  un  message  aux  n»)« 
qui  demeuraient  autour  de  lui;  savoir,  t 
Nemrod,  roi  de  Senna^r,  qui  élait  sons  ^->n 
obéissance;  h  ses  alliés  Th<-idal,  roi  des  d»* 
tiousy  et  Arioch,  roi  d'Ellazar,  leur  faisan! 
dire:  Venez  m'aider  à cliâtier  les  Tille>  «î*- 
la  terre  de  Sodome,  parce  qu'elles  sont  en 
révolte  contre  moi  depuis  treize  an*.  Et  r«^ 
quatre  rois  se  mirent  eh  campagne  en-' 
leurs  troupes,  environ  huit  cent  mille  botn- 
mes,  et  ils  tuaient  tous  ceux  qu*its  renrt»»- 
traient  sur  leur  chemin.  Et  les  cinq  r>*:« 
suivants  s'avancèrent  contre  eux  :  Seiiaa.*, 
roi  d*Adama  ;  Semeber,roi  deSeboim  ;  Baf*. 
roi  de  Sodome;  Berta.  roi  de  Gomorrb* . 
Bala,  roi  de  Ségor  (1217).  Et  ils  se  rencc<r.* 
trèrent  dans  la  vallée  de  Sétim.  Dans  i 
mêlée  de  ces  neuf  rois,  ceux  de  Sridome  •  : 
de  Gomorrhe  furent  défaits  par  les  rois  J'h- 
lam  ,  et  ils  prirent  la  fuite.  Or,  ia  Taille  •'  - 
Sétim  élait  pleine  de  puits  de  biiuoiv. 
jans  lesquels  tombèrent  les  rois  de  Su<ln'^  * 
avec  leurs  guerriers  poursuivis  par  IfS  r»*  ^ 
d*Elam(1218).Erceux  qui  échappèrent  se  ^  .- 
vèrentdari!>lesmonlagnes.Les  roisd'Rlan  «^c 
poursuivant  l'ennemi  arrivèrent  iu$4)u*à  j 

(1218)  Le  lecteur  aura  compris  que  le*  r^t  i*.'  - 
/a m,  le$  roh  de  Sodome^  veul  dire,  le  tpi  rfTba»  t 
ses  partisans  ie  roi  de  :$odome  et  ses  paitisaas. 


Ilâ5 


YAS 


PART,  m.  — LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


If  26 


terre  de  Sodome  dont  ils  pillèrent  toutes  les 
▼illes.  Ils  emmenèrent  aussi  prisonnier  Lot, 
neveu  d*Abram,  etprirent  toutes  ses  riches- 
ses et  rentrèrent  dans  leur  pays. 

Or^  un  serviteur  d'Abram,  Oni  (1219), 
qui.  avait  été  présent  à  la  bataille,  vint  ra- 
conter à  Abram  tout  ce  qui  était  arrivé. 
Ai>ram,  en  apprenant  la  captivité  de  son  ne- 
veu Lut,se  leva  aussitôt  avec  ses  hommes  au 
nombre  de  trois  cent  dix-huit,  et  se  mit 
cette  nuit-là  même  à  la  poursuite  desquatre 
rois  et  les  vainquit.  Toutes  leurs  armées 
périrent  par  les  armes  d*Abram,  hormis  les 
quatre  rois  quis*enfuirent  chacun  d*un  autre 
côté.  Abram  rapporta  tout  le  butinquiavait 
étéfait  sur  Sodome,  et  ramena  pareillement 
Lot  avec  toutes  ses  richesses,  leurs  femmes  et 
leors jeunes enfants.LorsquIl  s*en  retournait 
}>arla valléedeSétim,  Bara,  roi  de  Sodome,  et 
cequi  restait  de  ses  gens  sortirent  des  puits 
de  bitume,  et  allèrent  au-devant  de  lui  et  de 
sa  troupe. Pareillement  Adonisédech,  roi  de 
Jérusalem  (1220),  qui  est  le  môme  person- 
nage que  Sem,  fils  deNoé,  sortit  au-devant 
d*Abram,  tut  apportant  du  pain  eiduvin; 
et  ils  s'assirent  ensemble  dans  la  vallée  du 
roi.  Xdonisédech  bénit  Abram,  et  Abram 
lui  offrit  la  dtme  de  tout  le  butin  qu'il  avait 
enlevé  à  ses  ennemis  :  car  Adonisédech  était 
prêtre  devant  Dieu. 

Cependant  les  rois  de  Sodome  etdeGomor- 
rhe  «'approchèrent  d*Abram  et  le  suppliè- 
rent, disant  :  Rends-nous  les  captifs  que  tu 
as  ramenés  et  garde  tout  le  bien  pour  toi  et 
pour  tes  gens,  Abram  répondit  aux  rois  de 
Sodome  (1221)  :  Vive  Jéhova  qui  a  créé  le 
ciel  et  la  (erre,  qui  m*a  préservé  de  tant  de 
danger,  et  qui  en  ce  jour  a  livré  mes  enne- 
mis entre  mes  mains,  si  je  retiens  quoi  que 
ce  soit  de  toute»  qui  vous  appartenait,  afin 
qua  vous  ne  vous  vantiez  pas  plus  tard,  di- 
sant :  Cest  nous  qui  avons  enrichi  Abram 
par  Tabandon  de  notre  bien.  Jéhova  mon 
Dieu,  en  qui  je  me  confie,  m'«  fait  cette  pro- 
messe :  «Tu  n'éprouveras  jamais  de  besoin, 
car  j'enverrai  ma  bénédiction  dans  toutes  les 
œuvres  de  t<*s  mains.»  Et  maintenant  pre- 
nez tout  cequi  est  h  vous,  et  retirez-vous. 
Vive  Jéhova  1  je  ne  retiendrai  ni  une  Ame, 
ni  un  cordon  de  chaussure^  ni  un  01.  Excep- 
té toutefois  ce  que  mes  gens  ont  pris  pour 
leurnoarriture,  et lapartdubutinqui revient 
h  mes  alliés,  Aner,  Escol  et  Mambré.  Et  i| 
les  congédia  en  leur  recommandant  Lot  qui 
s*en  retourna  aussi  h  Sodome.  Et  Abram 
revint  avec  les  siens  au  lieu  de  son  habita- 
tion, dans  la  chênaie  de  More,  qui  est  à  Hé- 

bron. 

En  ce  temps-là  Jéhova  apparut  h  Abram 
encore  une  fois  à  Hébron,  et  il  lui  dit:  Sois 
tranquille:  une  grande  récomponse  l'est  ré- 
servée devant  moi  ;  car  je  ne  l'abandonnerai 


Eas  jusqu'à  ce  que  je  t*aie  multiplié  et  béni. 
>t  je  rendrai  ta  race  semblable  aux  étoiles 
du  ciel,  qui  ne  peuvent  être  ni  mesurées  ni 
comptées.  Et  je  donnerai  à  tes  enfants,  pour 
possession  éternelle,  tous  ces  pays  que  tu 
vois  de  tes  yeux.  Seulement  sois  courageux 
et  persévérant  pour  marcher  en  ma  présence 
et  être  parfait. 

Dans  la  soixante-dix-huitième  année  de 
la  vie  d'Ahram  mourut  Revi  fils  de  Phaleg. 
Et  tous  les  jours  deReii  furent  dedeux  cent 
trente-neuf  ans. 

Abram  était  â.;é  de  quatre-vingt-cinq  ans, 
et|demeurait  depuis  dix  ans  dcms  le  pays  de 
Chanaan  lorsque  Saraï  voyant  qu'elle  était 
toujours  stérile,  prit  Agar,  dont  PharHonlui 
avait  fait  préseut,  et  l'amena  à  son  mari  en 
lui  disant:  Voici  ma  servante,  prends-la 
pour  femme,  afin  que  je  puisse  avoir  des  en  • 
fants  par  elle:  Car  elle  avait  enseigné  à  Agar 
la  connaissance  de  Jéhova,  et  les  œuvres 
qu'il  agrée,  et  Agar  n'en  négligeait  aucune. 
Et  Abram  consentant  à  ce  que  demandait 
Sara,  prit  pour  femme  sa  servante  Agar. 
Mais  celle-ci,  voyant  qu'elle  avait  conçu), 
s'en  réjouit  bieaucoup  et  n'iîut  plus  d'estime 
pour  sa  mattress's  c.tr  elle  pensait  au  fond 
de  son  cœur:  Ceci  n*arrive  que  parce  que  je 
vaux  mieux qu'elledevant  Jéhova,  quia  vou- 
lu m'acrorder  la  fécondité  a  près  peu  dejours. 
Et  Saraï,  voyant  qu'Agar  (!'lail  enceinte,  en 
devint  jalo'.ise.  Elle  dit  alors  à  Abram  :  Le 
tort  que  j'éprouve  est  de  ton  fait  ;  car  lors- 
que tu  priais  Jéhova  de  le  donner  des  en- 
fants, pourquoi  n'as-tu  pas  demandé  d*en 
avoir  no  moi?  Et  quand  en  ta  présence  Agar 
mé|3rise  mes  paroles,  parce  qu'elle  s'enor« 
gueillitdesa  grossesse,  pourquoi  ne  la  re- 
prends-tu pas?  Puisque  tu  me  traites  ainsi, 
que  Jéhova  juge  entre  toi  et  moi.  Abram 
répondit  à  Saraï:  Voici  que  ta  servante  est 
en  ton  pouvoir,  dispose  d'elle  selon  qu'il  te 

f>laU.  Et  Saraï  lui  ut  endurer  tant  de  souf- 
rances  qu'elle  s'enfuit  au  désert.  Mais  un 
ange  de  Jéhova  vint  trouver  Agar  au  lieu  où 
elle  s'était  réfugiée,  et  lui  dit:  Sois  sans 
crainte,  car  je  multiplierai  ta  postérité.  Et 
voici  que  tu  mettras  au  monde  un  Gis,  et  tu 
le  nommeras  Ismaël.  Maintenant  retourne 
vers  Saraï  ta  maltresse,  et  humilie-toi  sous 
sa  main.  Et  Agar  appela  ce  lieu,  où  se  trouve 
un  puits,  Puits  du  vivant  qui  ma  regardée. 
Ce  puits  est  entre  Cadés  et  Barad.El  à  l'heu- 
re même  Agar  retourna  à  la  maison  de  sa 
maîtresse.  Lorsque  son  terme  fut  arrivé,  elle 
enfanta  un  his  à  Abram,  qui  le  nomma  Is- 
otaël.  Abram  était  Agé  de  quatre-vingt-six 
ans  lors  de  cette  naissance. 

Dans  la  quatre-vingt-onzième  année  de  la 
vie  d'Abram  la  guerre  éclata  entre  les  enfans 
de  Céthim  (12*22)  et  les  enfants  do  Thubal. 
CarlorsqueJéhova  dispersâtes  hommes  sur 


(4219)  Ont,  Voy.  plus  haut  colonne  H 16. 

(1220)  La  Geuè$e,  xiv,  18,  porte  :  Melcliiséilcrli, 
roiiieSMein.  Aloni  signille  Seigneur,  et  Molr4a, 
roi.  Salem  el  Jériisaloin  désiKncni  ta  môme  viUe. 

(1221)  Yoy,  ci-devanl  noie  1218. 

Îl2i2)  Ou  voit  par  ce  qwi  suit  que  les  enfants  de 


Célliim  étaient  les  habitants  de  Tancienne  Saturnh* 
ou  Ausonie.  Nous  entrons  ici  dans  un  supplément 
(lu  Yaschar.  Que  ce  supplément  sort  trét-aiicien,  cl 
île  beaucoup  antérieur  au  xin*  hiccle,  cVst  ce  qo«î  ^ 
Ton  voit  par  le  sinj^ulicr  tra^estis?iemcntdu  fait  de  * 
iVnlèvcmeiit  des  Sabincs.Yojpz  notre  avant-propos. 


Ili7 


DIGTIONNAlae  DES  APOCRYPHES. 


ilfl 


toute  la  surface  de  la  terre,  les  enfants  dô 
Céthim  se  formèrent  en  une  troupe  et  allé* 
rent  jusqu'à  la  plaine  de  Campanie  où  ils 
s'établirent  et  se  bâtirent  des  villes  sur  le 
Qeuve  du  Tibre.  Quant  aux  enfants  de  Thu- 
bal,  ils  s'établirent  dans  la  To<:cane,et  leurs 
limites  touchaient  aux  deux  fleuves  (12^3). 
lis  bâtirent  une  ville  qu'ils  nommèrent  Sien« 
De  (122i),  diaprés  le  nom  d'un  fils  de  Thu- 
bal  leur  père;  et  ils  la  possèdent  jusqu'à  ce 
jour.  Les  enfants  de  Cétnim  attaquèrent  les 
enfanis  de  Tbubal,  qui  furent  vaincus  et 
perdirent  treize  cent  soixante  dix  hommes. 
Alors  les  enfants  deThubal  firent  le  serment 
entre  eux  de  ne  point  s'allier  par  des  maria- 
ges avec  les  enfants  de  Céthim.  Nul  d'entre 
eux  ne  pouvait  plus  donner  sa  fille  k  un  en« 
fantde  Céthim.  Car  en  ce  temps-là  les  filles 
du  peuple  de  Tbubal  étaient  d'une  beauté 
qui  n'avait  pas  sa  pareille  sur  toute  la  terre; 
et  quiconque,  même  les  princes  et  les  rois, 
prisait  les  charmes  d'une  belle  femme  choi- 
sissait son  épouse  parmi  elles.  Au  bout  de 
trois  ans,  après  ce  serment,  environ  vingt 
chefs  de  Céthim  firent  la  demande  de  filles  de 
Tbubal,  mais  ils  eurent  un  refus.  Et  il  arriva 
qu'aux  jours  de  la  moisson,  pendant  que  les 
enfants  de  Tbubal  étaient  aux  champs,  tous 
les  jeunes  gens  de  Céthim  se  réunirent  et 
entrèrenten  silence  dans  la  viilede  Sienne, 
et  ravirent  chacun  une  jeune  fille  de  Thubat 
et  emmenèrent  dans  leurs  vilteà  les  person-» 
nés  enlevées.  Les  enfants  de  Tbubal  se  mi« 
rent  aussitôt  en  Champagne  pour  les  attaquer, 
mais  ils  rencontrèrent  sur  leur  route  une 
haute  montagne  fortifiée,  et  ils  furent  con* 
traints  de  se  retirer.  Après  un  an  révolu  les 
enfants  de  Tbubal  prirent  à  leur  solde  des 
hommes  de  toutes  les  villes  de  leur  voisina- 
ge, environ  dix  mille  combattants,  et  ils 
marchèrent  de  nouveau  contre  les  enfants 
de  Céthim;  et  cette  fois  ils  furent  les  plus 
forts.  Alors  les  enfants  de  Céthim,  assiégés 
dans  leur  ville  principale,  et  réduits  à  l'ex- 
trémité, firent  montersur  les  murailles  leurs 
femmes  avec  leurs  enfants,et  ils  crièrent  aux 
enfants  de  Tbubal  :  Est-ce  que  vous  venez 
faire  la  guerre  à  vos  enfants  et  à  vos  filles? 
Ne  sommes-nous  pas  depuis  longtemps  de 
vos  es  et  de  votre  chair?  Et  à  l'instant  les 
enfants  de  Tbubal  cessèrent  le  combat  et 
s'en  retournèrent  dans  leur  pays.  En  ce 
temps-là  les  enfanis  de  Céthim  se  réunirent 
et  se  bâtirent  deux  villes  sur  ta  mer,  et  ils 

(1223)  U  Tibre  et  TArno. 

(1234)  Texte  hébreu,  wx ,  Siehètiê. 

(1225)  Ardée  et  Antium. 

(4226)  Abram,  DniN;  Abrabam,  DrmM;  Sara!, 
tnW;  Sara,  mw. 

(1227)  Texte  hébreu  de  la  Cenè$e,  xviii,  3  :  Sei' 
gneur^  $i  fat  trouvé  grâce  à  les  yeux,  ne  pane  pas, 
je  te.  supphe,  au  delà  de  ton  serviieur,  La  iiiassore 
marque  expressément  qur  Seigneur^  ^jin  (AJouaï), 
est  sabUy  snp;  c'est-à-dire,  quM  parlait   à  Dieu 

même.  On  sait  que  ce  texte  est  un  de  reux  qui  in- 
diquent le  plus  clairement  la  trinité  de  Personnes 
dans  TEssence  unique  et  indivisible  de  la  Divinité. 
Tribut  occurrit  et  unum  adorât,  0>i  est  fondé  à 
cruire  que  les  éditeurs  j*  ifs  ont  tel  cba  gc  le  texte 


nommèrent   Tune  tria    et  l'autre   Àntsm 
(1225). 

Abram,  fils  de  Tbaré,  avait  alors  quatre* 
vingt  dix-neuf  ans.  fit  Jéhova  liki  apparut 
et  lui  dit  ;  Je  veux  établir  mon  alltaiice 
entre  moi  et  toi,  et  je  multiplierai  la  race 
exirémemebt.  Voici  le  signa  de  moc  aU 
liance,  qui  sera  éternelle,  et  ce  signe  sera 
dans  votre  chair:  Vous  circoncirez  tout  mâle 
dans  le  huitième  jour  do  sa  naissance.  Eiéo- 
rénavant,  toi,  tu  ne  t'appelleras  plusitfrraai, 
mais  il6raAam.  Pareillement,  ta  femm^  ne 
s'appellera  plus  Sarat,  mais  Sara  (1296).  Car 
je  vous  bénirai  tous  deux,  je  multiplier»i 
votre  postérité  après  vous,  et  vous  devien- 
drez un  grand  peuple^  et  des  rois  sortirvnt 
de  vous.  £t  Abraham  se  leva  ai  oinx»iicu 
tous  les  individus  mâles  de  s^  maiaonv  eom* 
me  aussi  ceux  qu'il  avait  acquis  è  prix  d  ar- 
gent :  il  n'en  resta  pas  un  seul  d*iocirooQcis. 
Abraham  lui-même  et  son  fils  IsmaéU  âgé 
de  treize  ans,  circoncirent  ià  chair  de  leur 
prépuce.  Le  troisième  jour,  Abrabaoi  alla 
s'asseoir  devant  l'entrée  de  sa  tente,  poar  se 
chauffer  au  soleil  et  soulager  la  sottffrance 
de  sa  chair. 

Seciion  Yalyera. 

Et  Jéhova  lui  apparut  dans  la  chênaie  de 
More,  et  envoya  vers  lui,  pour  le  visiter, 
trois  an^es  de  ceux  qui  le  servent.  Assis 
devant  l'entrée  de  sa  tente,  il  leva  les  yeux 
et  vit  à  une  certaine  distance  trois  bumines 
ni  arrivaient.  Aussitôt  il  courut  au-devant 
'eux,  et,  les  saluant  perdes  prosteroaiiriciN 
il  leur  dit  :  Je  vous  prie,  venez  jusque  cb«*z 
moi,  si  j'ai  trouvé  grâce  k  vos  yeux,  et  man- 
gez un  morceau  de  pain  (iâ7).  Et  il  les 
pressa  avec  tant  d'insistance,  qu'ils  se  ren- 
dirent chez  lui.  Il  leur  présenta  de  Teau 
pour  se  laver  les  pieds,  et  les  fil  asseoir  sous 
l'arbre  qui  ombrageait  l'entrée  de  sa  tente. 
Abraham  courut  prendre  un  veau  du  Irou- 

f»eau,  tendre  et  bon;  et  après  l'avoir  saigné 
1228),  il  le  donna  à  son  serviteur  Eiiéétr 
pour  l'apprêter.  Il  rentra  ensuite  dans  la 
tente,  et  dit  k  Sara  :  Pétris  promptement 
trois  mesures  de  fleur  de  farine,  et  iais-ea 
des  gâteaox  pour  couvrir  le  pot  à  viande; 
et  elle  fit  ainsi.  Et  Abraham  se  bâta  de  ser* 
vir  aux  hommes  du  beurre  avec  du  lail  ue 
vache  et  de  brebis,  et  ils  en  mangèrent.  H 
leur  servit  ensuite  le  veau  qu'il  avait  ê\'- 
prêté,  et  ils  en  mangèrent.  Or,  quand  le  re- 

du  YinehoTn  chose  qu'heureusement  ils  ae  pcatrui 
pat9  faire  h  la  Bible. 

(I22S)  Les  Juifs  ne  mangent  d*aocun  aaimal  mm 
qu*il  soit  égorgé,  jugulé,  en  observani  otiiaiv-s 
prescriptions  pharisaîques.  Il  y  a  des  boroiurs  aa- 
toriséâ  pcMir  faire  ccUh  opération.  On  les  appelle  ra 
hébreu,  Schokhetim,  du  verbe  Sci^khal^  ju;ii!ct. 
Quelques  consistoires  qualîGent  ces  foncnonnaiH  s 
é^sacrificaieurt.  Cesi  ridicule.  La  synagO[|;tir  t«j-- 
tée  de  Dieu  pour  le  plus  grand  des  crimes,  n'a  pu» 
ni  sacrifices  ni  sacrificateurs  :  Sine  tacrifeh  et  hm 
altari,  {0$ee  ni,  4.) 

Le  mol  in p  1127^1,  et  jugulav.t  eam,  qui  n*est  fo» 
dans  la  Bible,  a  été  évidemment  ajouté  à  iii^irc  icue 
du  Ytuchar  par  1  éJileur. 


a 


1129 


YAS 


PART,  m.  — LEGENDES  ET  FRAGfilENTS. 


YAS 


1130 


pas  fui  fini,  l'un  d'eux  lui  dit  :  Je  reviendrai 
vers  toi  à  celle  même  heure  dans  un  an  de 
notre  TÎe,  et  Sara  ta  femme  sera  mère  d*un 
fils.  Ensuite  ces  hommes  se  levèrent  de  là 
et  continuèrent  de  marcher  .vers  les  lieui 
où  ils  avaient  été  envoyés. 

£n  ces  jours-là,  les  habitants  de  Sodome 
et  da  Gomorrhd  et  des  autres  villes  de  la 
Pentapole  étaient  mauvais  et  pécheurs  de- 
vant Jéhova  j^at  toutes  leurs  abominaiions, 
qui  étaient  si  nombreuses  et  si  horribles, 
qu*ellescriaient  vengeance  jusqu'au  ciel.  Ils 
avaient  dans  leur  pays  une  vallée  spacieuse, 
de  rétendue  d*une  demi-journée  de  marche, 
arrosée  par  de  belles  sources,  et  couverte 
de  verdure.  Chaque  année,  tous  les  habi- 
tants de  Sodome  et  de  Gomorrhe  s'y  ren- 
daient et  se  livraient  pendant  quatre  jours  à 
toutes  sortes  de  divertissements,  et  à  la 
danse,  au  son  d'une  musique  brujanle.  £t 
à  l'heure  de  l'enivrement  de  la  joie,  ils  se 
levaient  tous  ensemble,  et  chacun  s'empa- 
rait de  la  femme  ou  de  la  fille  vierge  de  son 
prochain,  qui  n'y  regardait  pas,  et  jouait 
avec  elle,  et  s'approchait  d'elle  charnelle* 
ment  pendant  une  journée  entière.  £t  après 
la  fôte,  ils  s'en  retournaient  chacun  chez 
soi  avec  sa  femme  et  les  siens,  comme  si 
rien  de  mal  ne  s'était  commis.  Lorsqu'un 
étranger  arrivait  dans  une  de  leurs  villes, 
soit  pour  acheter,  soit  pour  vendre  des  mar- 
chandises, tous,  hommes,  femmes  et  en- 
fants, venaient  et  lui  enlevaient  chacun  un 
petit  morceau,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  lui  restât 
plus  rien  entre  les  mains.  Quand  l'étranger 
se  plaignait  qu'on  l'avait  dépouillé  de  sou 
bien,  chaque  individu  s'approchait  de  lui, 
disant  :  Que  t'ai-je  pris,  moi?  Tu  vois  que 
ce  n'est  qu'un  petit  lambeau.  £t  ils  le  chas- 
saient de  la  ville  pour  les  avoir  à  tort  accu- 
sés de  Yol,  et  ils  le  poursuivaient  de  leurs 
cris  et  de  leurs  huées  jusqu'à  la  porte  de  la 
yi41e.  Un  homme  d'£lam  voyageait.  11  me- 
nait avec  lui  un  âne  portant,  attaché  avec 
une  corde  longue,  un  tapis  précieux,  teint 
des  plus  fines  couleurs.  Quand  il  passait  par 
Sodome,  le  soleil  se  coucha  sur  lui  (1229), 
et  il  demeura  dans  la  rue,  et  nul  ne  le  re- 
cueillait dans  sa  maison.  Jl  y  avait  alors  à 
Sodome  un  individu  méchant  et  enfant  de 
Bélial,  et  rusé  pour  le  mal  ;  et  son  nom  était 
Hédud.  Il  leva  les  yeux  et  vit  le  passager, 
et  il  alla  à  lui  et  lui  dit  :  D*où  viens-tu,  et 
où  vas-tu?  L'homme  lui  répondit  :  Je  fais 
route  d'Hébron  à  £iam.  Le  soleil  s*est  ici 
couché  sur  moi.  Je  suis  arrèlé  dans  la  rue» 
et  personne  ne  me  recueille  dans  sa  demeu- 
re. J'ai  pourtant  du  pain  et  de  l'eau  et  de 
la  paille  et  du  fourrage;  je  ne  manque  de 
rien.  Hédud  lui  dit  :  C'est  moi  qui  pour- 
voirai à  tous  tes  besoins,  et  je  ne  veux  pas 
aue  tu  couches  dans  la  rue.  £t  il  l'amena 
ans  sa  maison,  ils  ôtèrent  ensuite  de  l'Ane 
la  corde  et  le  tapis.  Hédud  serra  l'un  et  Tau- 
tre  dans  un  endroit  secret  de  sa  maison,  et 
mit  ensuite  de  la  nourriture  devant  l'Aue. 
L^étranger  mangea  et  but  et  passa  la  nuit 

(1329)  Slyle  biblique.  Il  fut  surpris  par  la  nuU. 
DiCTi0!<?r.  DES  Apogbyphes.  II. 


dans  cette  maison.  Le  lendemain,  l'étran- 
ger se  leva  de  bonne  heure  pour  continuer 
son  voyage.  Mais  Hédud  lui  dit  :  Souliens 
ton  cœur  d'un  morceau  de  pain  avant  de 
partir.  £t  ils  se  mirent  à  manger  et  à  boire 
ensemble  pendant  tout  ce  jour-là.  A  l'appro- 
che du  soir,  Hédud  dit  à  son  hôte  :  Voici 
que  le  jour  incline  vers  sa  nn;  consens,  je 
te  prie,  à  passer  avec  moi  encore  cette  nuit, 
et  que  ton  cœur  s'égaye.  £t  il  lui  fit  tant 
d'instances,  que  l'homme  se  décida  à  res- 
ter. Le  deuxième  jour,  l'homme  se  leva  de 
grand  matin  {»our  s'en  aller;  Ht^dud  le  re- 
tint encore  ce  jour-là  sous  prétexte  de  le 
faire  raanser,  afiu'de  le  faire  rester.  Mais,  sur 
le  tard,  l'nomrae,  décidé  à  partir,  bâta  son 
Ane,  et  dit  à  Hédud  :  Rends-moi  le  tapis  et 
la  corde,  afin  que  je  rattache  sur  l'âne.  £t 
Hédud,  le  regardant  d'un  air  surpris,  luidil: 
Que  dis-tu?  L*homme  répéta  :  Je  te  prie, 
mon  seignenr,  de  me  donner  la  corde  et  le 
tapis  teint  de  belles  couleurs  que  tu  as  pris 
en  garde  et  mis  dans  un  endroit  sûr  de  ta 
maison.  Alors  Hédud  lui  dit  :  Voici  l'inter- 
prétation du  songe  que  sans  doute  tu  as  fait 
cette  nuit.  La  corde  signifie  que  tes  jours 
seront  prolongés  comme  elle.  Le  tapis  que 
tu  as  vu  teint  de  belles  couleurs  t'annonce  que 
tu  posséderas  une  vigne  dans  laquelle  tu 
planteras  toutes  sortes  d'arbres  fruitiers. 
L'étranger  lui  dit  :  Non  pas  ainsi,  mon  sci- 

Sneur,  c'est  bien  en  veillant  que  je  t'ai  con- 
é  ces  objets.  Hédud  lui  dit  :  Ne  t'ai-je  pas 
dit  que  c'est  un  songe  que  tu  as  eu?  Je  te 
l'ai  interprété.  Or  toute  interprétation  de 
songe  m'est  payée  quatre  pièces  d*ari<ent; 
mais  je  ne  t'en  demande  que  trois.  £t  ils 
contestèrent  beaucoup,  et  ils  vinrent  en^ 
semble  devant  Sacar,  le  juge  du  lieu.  £t  le 
juge  dit  à  l'étranger  :  Le  bon 'droit  est  du 
côté  de  Hédud  ;  car  il  est  connu  dans  toutes 
les  villes  de  ces  environs  comme  expert  dans 
l'interprétation  des  songes.  £t  ils  recom- 
mencèrent à  contester.  L'étranger  répétait  : 
Je  veillais;  et  Hédud  objectait  :  C'est  endor- 
mant que  tu  as  vu  cela.  11  ajouta  :  Je  ne  t'a- 
vais demandé  d'abord  c|ue  trois  pières  d'ar- 
gent; maintenant,  j'exige  les  quatre  pièces 
qui  me  sont  dues,  et  déplus  le  prix  de  ce 
que  toi  et  ton  âne  avez  mangé  et  bu  dans 
ma  maison.  £t  comme  ils  élevaient  la  voix, 
le  juge  les  chassa  de  sa  présence,  et  ses  ser- 
viteurs les  mirent  promptementt  à  la  porto. 
Alors  tous  les  gens  de  Sodome  s'attroupèrent 
autour  de  l'étranger ,  l'accablèrent  de  mau- 
vaises paroles,  et  le  poussèrent  hors  de  leur 
ville.  £t  l'homme  s'en  alla  sans  tapis,  sans 
monture,  pleurant  et  ayant  l'&me  abreuvée 
d'amertume. 

Les  Quatre  villes  avaient  chacune  son  juge, 
dont  £liéser,  serviteur  d'Abraham  travestis- 
sait les  noms  de  cette  f  façon.  Sacar  y  \o 
nom  du  juge  de  Sodome,  en  Sacra  (men- 
teur); Sarcavy  le  nom  de  celui  de  Gomorrhe, 
BnSacrura  (imposteur}  ;  Sabnach,  le  nom  de 
celui  d'Adama,  enCasban  (faussaire};  l/arson, 
le  nom  de  celui  do  Sebaïm  en  Maizledi» 


36 


I13t 


DICTIONNAIRE  DES  AfOCRTPIIES. 


«m 


Et  par  Tordre  de 
niants  mirent  an  lit  dans 


(violateur  de  la 
cesîuges,  les  hi 

La  place  pubiiaue  de  chacune  de  leurs  vifles. 
Et  quand  un  nomme  étranger  arrivait  par- 
mi eux,  ils  le  saisissaient  et  rétendaient  de 
force  sur  ce  lit.  Trois  hommes  se  plaçaient 
au  chevet  et  trois  hommes  au  pied  du  lit. 
Si  l'étranger  se  trouvait  être  [)lus  court  que 
le  lit,  les  six  hommes  le  tiraient,  sans  ré'- 
pondre  à  ses  cris  de  douleur,  jusqu'à  ce 

3u*il  atteignit  la  môme  longueur.  Si  sa  taille 
épassait  la  longueur  du  lit ,  les  six  hommes 
se  mettaient  aux  côlés  latéraux  et  lui  élar- 
gissaient les  flancs  jusau'à  ce  qu'il  «irrivAl 
aux  portes  de  In  mort  (lz30).  Ils  répondaient 
à  ses  cris  :  Ainsi  est  traité  tout  étran^^er  qui 
vient  dans  noire  ville.  Lorsqu'un  mendiant 
venait  dans  le  pays,  chacun  lui  donnait  uno 
pièce  de  monnaie  après  Tavoir  marquée; 
mais  en  môme  temps  on  publiait  pariout  la 
défense  de  lui  vendre  la  moindre  quantité 
de  pain,  ou  de  le  laisser  sortir  de  la  ville. 
Quelques  jours  après,  le  pauvre  expirait  de 
faim,  et  chacun  venait  reconnaître  sa  pièce 
et  la  reprenait.  Ils  le  dépouillaient  ensuite 
de  ses  vêtements  et  se  les  disputaient  entre 
eux,  et  le  plus  fort  les  emportait  chez  lui. 
Lot  avait  une  tille  du  nom  de  Phallith,  et 
elle  était  devenue  la  femme  d'un  habitant  de 
Sodome.*  Cette  femme,  voyant  un  homme 
tomber  d'inanition  au  milieu  de  la  rue,  et 
près  de  rendre  l'esprit,  en  eut  pitié,  et  pen- 
dant un  certain  nombre  de  jours  le  nourris- 
sait secrètement.  Et  voici  comment  elle  s'y 
prenait  :  chaque  fois  qu'elle  allait  chercher 
de  l'eau  à  la  fontaine,  elle  cachait  du  pain 
dans  sa  cruche,  et  en  passant  devant  le  pau- 
vre, elle  laissait  tomber  le  pain,  et  semblait 
ne  pas  s'en  apercevoir.  Le  pauvre  le  ramas- 
sait et  s'en  nourrissait.  Les  habitants  de  So- 
dome,  étonnés  de  voir  le  pauvre  conserver 
si  longtemps  la  vie,  soupçonnaient  que  l'un 
d'eux  contrevenait  à  la  défense  de  la  loi,  et 
ils  apostèrent  trois  hommes  pour  guetter  le 
coupable.  Ces  hommes  surprirent  Phaltith 
dans  son  action,  et  ils  l'amenèrent  devant  le 
juge  et  lui  montrèrent  le  pain  qu'ils  avaient 
arraché  de  la  main  du  pauvre.  Alors  tous 
ceux  de  Sodome  s'assemblèrent  en  tumulte 
et  allumèrent  un  grand  feu  au  milieu  de  la 

f^lace  publique,  et  y  jetèrent  la  femme,  qui 
ut  réduite  en  cendres. 

Il  advint  un  jour  que  Sara,  femme  d'A- 
braham, envoya  Eliéser  à  Sodome  pour  sa- 
luer Lot  et  s'informer  de  son  état.  En  arri- 

(1230)  Le Talmud,  traité  Sanhédrin,  fol.  109  verso, 
dil  autrement  :  Quand  il  était  plus  long,  on  le  rac- 
courcissait; quand  il  était   plus  court,  on  Talion* 

ffeait.  nn  pnrw  vti  ^3  rxo  ^]r>a  Tnxo  "o.  C'est 

exactement  le  lit  de  Procuste. 

(1251)  Sodouiiie,  habitant  de  Sodome.  V09.  le 
Complément  du  Dictionnaire  de  TAcadéuiie. 

(1232)  Le  lalmud,  à  Tendrolt  déjà  ciié,  rapporte 
un  autre  tour  de  malice  du  serviteur  trAbranam. 
11  était  défendu  dans  Sodome,  sous  des  peines  ^é^ 
vères,  d*inviler  aux  repas  publics  des  individus 
étrangers  à  la  ville.  (Jn  jour  les  honnêtes  citoyens 
de  Sidome  se  régalèrent  d'un  splcndide  fesHn. 
Èliéser  y  vient  sans  foçon  et  B*assied  à  la  dernière 
place.  Aussitôt  une  clameur  générale  s^êlève.  Qui 


vant  dans  la  ville,  le  servitear  d'Abnhani 
vit  qu'un  habitant,  après  avoir  terrassé  un 
étranger,  lui  enlevait  ses  vêtements  ei  ré- 
pondait à  ses  plaintes  par  des  sarcasmes. 
L'étranger  supplia  Eliéser  en  pleurant  de  t<» 
protéger.  Alors  Eliéser,  s'approcbant ,  dit 
au  Sodomite  (1231)  :  Pourquoi  trattes-ta 
aussi  indignement  ce  pauvre  borame«  gai  est 
venu  sans  déGance  dans  votre  pajrs?  Le  So- 
domite lui  répondit  :  Est-il  ton  frère?  Est- 
ce  que  nous  t'avons  établi  aujourd'hui  juge 
dans  notre  ville,  pour  que  tu  aies  le  droit  de 
prendre  la  défense  do  qui  t'intéresse?  Elié- 
ser essaya  de  lui  arracber  les  vêtements 
d'entre  les  mains;  mais  le  Sodomite  prit 
une  pierre  et  le  blessa  au  front  et  en  fit  cou- 
ler beaucoup  de  sang.  Aussitôt  le  Sodomife 
retint  Eliéser  par  le  bras,  lui  criant  :  Il  faut 
que  tu  me  paves  pour  t'avoir  opéré  une  sai- 
gnée; car  telle  est  la  loi  chez  nous.  El  i) 
l'entraîna  devant  le  juge,  à  qui  Bliéser  dit  : 
Cet  homme  m'a  blessé  jusqu'au  sang,  et  il 
veut  encore  que  je  lui  en  donne  le  salaire. 
Et  le  juge  prononça  :  Cet  homme  a  raison; 
acquitte-toi  de  ce  que  tu  lui  dois,  conformé- 
ment au  droit  de  Sodome.  En  entendant 
celte  sentence,  Eliéser  s*arma  d'une  îoonle 
pierre  et  en  fit  une  blessure  sançiante  au 
juge,  et  lui  cria  ;  Ce  que  tu  me  dois  pour 
t'avoir  tiré  de  ton  mauvais  sang,  donne-le 
à  cet  homme,  afin  que  je  sois  quitte  envers 
lui.  Et  les  laissant  régler  ensemble  leur 
compte,  il  s'en  alla  (1232). 

Pareillement  dans  la  ville  d'Adama  était 
une  jeune  personne,  fille  d'un  homme  riche 
de  la  ville.  Dn  passager,  arrêté  dans  son 
voyage  par  la  chute  du  jour  se  trouTait  de- 
vant sa  maison  et  criait  lamentablement, 
demandant  de  quoi  étancher  la  soif  brûtan  e 
dont  il  était  dévoré.  La  jeune  fille,  touchée 
de  compassion,  lui  apporta  de  Tenu  et  du 
pain.  Dès  que  la  chuse  fut  connue,  00  \m 
traduisit  devant  le  tribunal  du  juge.  Et  voi* 
ci  la  peine  à  laquelle  elle  fut  condamnée. 
Le  juge  la  fit  mettre  toute  nue  et  enduire 
de  miel  depuis  les  pieds  jusqu'au  sommet 
de  la  tête,  et  on  l'exposa  dans  cet  état  au 
milieu  de  plusieurs  essaims  d*abeîlles  qui 
la  piquaient  de  leurs  dards;  et  son  corps  er>- 
do'ori  enfia  démesurément.  Et  personne  ne 
s^émouvait  des  plaintes  de  la  jeune  tille; 
mais  ses  cris  montèrent  jusqu'au  ciel  et  j 
furent  entendus.  Et  Jéhova  devint  jaloux  lic 
venger  cette  fille  et  tous  les  crimes  de  S*- 
dome;  car  il  les  avait  gratifiés  de  la  pros(»é- 

€it  celui  qui  a  invité  ut  élranffer  t  Eliéser  dil  K>«i 
haut  :  Cett  alui  qui  esl  a$si$  à  eàU  d«  m»u  S-  n 
voisin  se  voyant  sous  le  poids  d*aoe  aossi  f  rj%« 
accusation,  prend  son  manteau  ei  s'esquiva.  Elics^r 
avance  d*une  place,  et  son  nouveau  vrtiû  jc- 

f prudent  do  mettre  sa  personne  en  sûreté,  pt  ^  ( 
*eiennple  du  premier.  Eliéser  a\«nçait  lonioars  •« 
donnant  un  nouveau  toitin  qui  ilevenalt  ainsi  roa 
pable  de  son  invitation.  Tous  les  convif«s  dispa- 
raissent Tun  après  Tautre  jusqu*att  dernier  i*c.e* 
sivcmenl.  Eliéser  resté  seul  maître  de  la  uUe,  f>- 
donne  tout  son  soûl,  puis  s'en  va  tranqmlkm:;.t 
faire  sa  digestion  à  Uélirou  soos  la  leitle  4c 
maître. 


1153 


TAS 


PART,  m.  — LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


au 


rîlé  et  de  rabondance  de  toutes  choses,  et 
ils  n*ont  pas  soutenu  la  main  du  pauvre  et 
de  llndisent.  Et  la  mesure  de  leur  malice 
était  comble  devant  Jéhova.  Et  Jéhova  en- 
voya vers  Sodome  et  Gomorrhe  et  les  autres 
Tilles,  pour  les  détruire,  deux  des  anges  qui 
étaient  venus  chez  Abraham.  Or,  Lot  était 
assis  à  la  porte  de  Sodome,  lorsque  le  soir  il 
vit  arriver  les  anges.  Aussitôt  il  courut  au- 
devant  d'eux,  et,  se  prosternant  la  face  con- 
tre terre,  il  les  pria  avec  de  grandes  instan- 
ces d*entrer  dans  sa  maison,. et  les  y  intro- 
duisit Il  leur  servit  à  manger  et  leur  prépa- 
ra des  couches  pour  la  nuit  (1233).  Et  dès 
l'aurore  du  lendemain,  les  anges  dirent  à 
Lot  :  Lèye-toi,  sors  de  ce  lieu  avec  tous  les 
tiens,  de  peur  que  tu  ne  sois  enveloppé 
dans  le  chAtiment  de  la  ville;  car  Jéhova  est 
sur  le  point  de  la  détruire.  Et  ils  saisirent 
vivement  par  la  main  Lot,  sa  femme  et  ses 
deux  filles,  et  les  jetèrent  (123^)  hors  du  ter- 
ritoire des  villes  coupables,  et  ils  dirent  à 
Lot  :  Sauve-toi  I  Et  Lot  se  mit  à  fuir  avec  les 
siens.  A  la  même  heure,  Jéhova  fit  pleuvoir 
du  ciel  du  souffe  et  du  feu  sur  Sodome,  Go- 
morrhe et  les  autres  villes,  et  les  retourna 
sens  dessus  dessous  avec  toute  la  plaine.  Et 
tous  les  habitants  et  toutes  les  plantes  péri- 
rent. La  femme  de  Lot  se  retourna  et  jeta  les 
yeux  sur  les  villes  qui  se  renversaient,  car 
ses  entrailles  étaient  émues  à  cause  de  celles 
de  ses  filles  qui  n*avaient  pas  voulu  sortir 
avec  elle  de  Sodome;  mais,  pendant  qu'elle 
regardait  en  arrière,  elle  devint  une  statue 
de  sel.  Et  jusqu'à  présent,  elle  est  encore 
en  ce  lieu.  Les  hôtes  à  cornes  la  lèchent 
chaque  jour  jusqu'aux  ongles  des  pieds; 
mais  tout  ce  que  la  langue  du  bétail  lui  en- 
lève se  retrouve  repoussé  le  lendemain  ma- 
tin. Et  cela  se  voit  jusqu'au  jour  d'aujour- 
d'hui. 

Pendant  que  Lot  demeurait  dans  la  ca- 
verne d'Odollam  (1235)  avec  ses  deux  filles, 
celles-ci  l'enivrèrent  de  vin,  et  couchèrent 
avec  lui.  Car  s'imaginant  que  tout  avait  péri 
sur  la  terre,  elles  disaient  :  Il  n'existe  plus 
d*homme  pour  continuer  la  génération  de 
notre  espèce.  Et  toutes  deux  conçurent  de 
leur  père  et  enfantèrent  chacune  un  fils. 
L'aînée  nomma  son  enfant  Afoafr,  disant  :  Je 
l'ai  eu  de  mon  père.  La  cadette  nomma  le 
sien  Ben-Ammi.  Celui-ci  est  le  père  des  en- 
fants d*Ammon  jusqu'à  ce  jour.  Lot  partit  en- 
suite  de  ce  lieu,  et  alla  demeurer  de  l'autre 
côté  du  Jourdain  avec  ses  deux  filles  et  leurs 
fils,  qui  devinrent  grands  et  prirent  des 
femmes  du  pays  de  Chanaan,  et  se  multi- 
plièrent pfoaigieusement. 

Après  avoir  demeuré  vingt-cinq  ans  dans 
le  pays  de  Chanaan,  étant  dans  la  centième 
année  de  son  Age,  Abraham  partit  de  la  chê- 
naie de  Membre  et  alla  demeurer  dans  le 
pa^^'S  des  PhiUslins.  Et  il  dit  h  Sara  sa  femme  : 
Fais-moi  la  grAce  de  répondre  à  quiconque 
l'interrogera  sur  ton  état,  que  tu  es  ma 

(1933)  La  scène  nocturne  racontée  dans  la  Genèse 
xix,  i  et  suiv.,  est  omise  ici. 
(Ii5i)  EKpressiaa  de  notre  texte,  Tn^non,  et 


sœur,  afin  que  nous  nous  garantissions  de 
la  perversité  des  gens  de  ce  pays,  et  qu'ils 
ne  me  fassent  pas  mourir  à  cause  de  toi.  Or 
les  serviteurs  d'Abimélech,  roi  des  Philis- 
tins, allèrent  lui  dire  :  Un  homme  est  arrivé 
de  Chanaan  pour  demeurer  dans  ce  pays,  et 
il  a  avec  lui  sa  sœur  qui  est  de  la  plus  gran- 
de beauté.  Le  roi  envoya  des  sens  pour  se 
faire  amener  Sara,  et  quand  il  la  vit,  elle 
plut  extrêmement  à  ses  yeux.  Et  il  lui  de- 
manda: Qu'est-ce  que  l'homme  avec  qui  tu 
es  arrivée  dans  nos  contrées?  Sara  répondit  : 
C'est  mon  frère.  Nous  arrivons  de  Chanaan 

I)our  chercher  un  lieu  où  nous  puissions  ha- 
nter. Abimélech  dit  à  Sara  :  Voici  que  mon 
pays  est  à  ta  disposition.  Etablis  ton  frère 
où  il  te  plaira  le  mieux;  et  ce  sera  à  nous 
à  rélever  en  dignité  au-dessus  de  tous  les 
seigneurs  du  pays,  en  ta  considération.  Et 
Abimélech  fit  appeler  Abraham  et  lui  répéta 
ces  paroles.  Et  quand  Abraham  se  retira  de 
la  présence  du  roi,  il  fut  suivi  de  riches  pré- 
sents royaux.  Le  soir,  àTheure  où  Thorame 
se  livre  au  repos  de  la  nuit,  le  roi,  étant 
assis  sur  son  trône,  fut  surpris  d'un  profond 
assoupissement  qui  le  tint  jusqu'au  matin. 
Et  il  vit  en  songe  un  ange  de  Jéhova,  mar- 
chant vers  lui  et  tenant  en  sa  main  une  épée 
nue.  Et  arrivé  près  du  roi,  il  se  mit  en  pos- 
tière de  le  frapper.  Le  roi,  tremblant  de 
frayeur,  lui  dit  :  Quel  est  mon  crime,  pour 
que  tu  viennes  me  tuer  avec  ton  épée?  L'an- 

§e  répondit  :  Il  faut  que  tu  meures  à  cause 
e  la  femme  qui  a  été  amenée  hier  dans  ta 
maison;  car  elle  est  mariée,  elle  est  l'é- 
pouse d'Abraham.  Si  tu  ne  te  hAles  de  la 
rendre  à  son  mari,  sache  que  tu  mourras,  et 
toute  ta  maison  mourra  avec  toi. 

Dans  la  même  nuit ,  tous  les  Philistins 
virent  la  forme  d'un  homme  gigantesque, 
tenant  à  la  main  une  épée  nue  dont  il  les 
frappait  en  courant  de  tous  côtés  ^  et  le  pays 
était  rempli  de  cris  d'angoisse  et  d'un  grand 
tumulte  toute  celte  nuit-là  et  le  lendemain. 
De  plus,  Jéhova  leur  obstrua  toutes  les  is- 
sues du  corps ,  à  cause  de  la  femme  d'A- 
braham dont  Abimélech  s'était  emparé.  Le 
lendemain  matin,  Abimélech, agité  dans  tous 
ses  membres,  et  consterné,  fit  appeler  tous 
ses  officiers,  et  leur  raconta  son  songe  ;  et  ils 
furent  tous  épouvantés.  Alors  l'un  d'eux, 
élevant  la  voix ,  dit  :  Roi,  mon  seigneur , 
rends  cette  femme  à  son  époux;  car  elle  lui 
appartient.  Le  même  fait  est  arrivé  à  Pha- 
raon, et  il  en  a  éprouvé  de  grands  maux. 
Car  telle  est  la  manière  de  cet  nomme;  par- 
tout où  il  met  le  pied ,  il  publie  :  C'est  ma 
sœur.  Maintenant,  fais  en  sorte  que  toi  et 
tes  serviteurs,  nous  vivions  et  ne  mourions 

Eas.  Et  Abimélech  prit  du  gros  et  du  menu 
étail,  des  esclaves  de  l'un  et  de  l'autre  sexe 
et  mille  pièces  d'argent,  et  donna  le  tout  à 
Abraham  en  lui  rendant  Sara  sa  femme.  Il 
lui  dit  ;  Voici  que  tout  mon  pays  est  à  votre 
disposition;  habitez  en  quelque  lieu  qu'il 

projecerunt  eum.  Nous  avuns  dû  traduire  le  pronom 
suflUe  au  pluriel. 
(1235)  La  Cenèie  ne  désigne  pas  la  caverncu 


1135 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ii:» 


TOUS  plaira  de  choisir.  Abraham  et  Sara  sa 
femme  sortirent  de  la  présence  du  roi  avec 
honneur  et  comblés  démarques  d'estime.  Et 
ils  établirent  leur  demeure  dans  la  terre  de 
Gérare. 

Cependant  les  ofliciers  du  roi  continuaient 
il  ressentir  d'affreuses  douleurs  par  suite  des 
coups  que  fange  leur  avait  portés,  è  rause 
de  Sara ,  pendant  une  niiit  entière.  Alors 
Abimélech  envoya  dire  h  Abraham  :  De  grA- 
ce,prie  Jéhova  ton  Dieu  pour  nous,  tes  ser- 
viteurs, aûn  qu*il  nous  délivre  de  cette  mort. 
Et  Jéhova,  exauçant  la  prière  d*Abraham, 
guérit  Abimélech,  ses  serviteurs  et  tout  son 
peuple. 

£t  il  arriva  en  ce  temps-lè,  Abraham  de- 
meurant depuis  quatre  mois  et  des  jours 
dans  le  pnys  des  Philistins,  que  Jéhova  se 
souvint  de  Sara  et  la  visiia;  etelle  conçut  et 
enfanta  un  flls  à  Abraham.  Abraham  nomma 
Isaac  le  fils  qui  lui  était  né  de  Sara.  Et  il  le 
circoncit  le  huitième  jour  de  sa  naissance  , 
selon  le  ccTmmandemenl  de  Dieu  pour  toute 
sa  postérité  après  lui.  Lors  de  la  naissance 
d*Isaac,  Abraham  avait  cent  ans,  et  sa  femme 
quatre-vingt  dix  ans.  L'enfant  grandissait  et 
au  jour  de  son  sevrage,  Abraham  fit  un 
grand  festin.  Sem  et  Héber,  tous  les  grands 
du  pays,  comme  aussi  le  roi  Abimélech  avec 
ses  omciers  et  Phicol,  g^énéral  de  son  armée, 
vinrent  manger  et  boire  et  se  réjouir  à  ce 
fe>lin.  Pareillement  Tharé,  père  d'Abraham, 
et  Nachor,  son  frère,  arrivèrent  de  Haran, 
pleins  de  joie,  pour  prendre  part  à  cette  fête. 
Tharé  et  Nachor  se  réjouirent  avec  Abra- 
ham, et  s'arrêtèrent  auprès  de  lui  dans  le 
|)6ys  des  Philistins  pendant  dt^s  jours  nom- 
breux. 

Dans  la  première  année  de  la  naissance 
d'isaac,  fils  d'Abraham,  mourut  Sarug,  fils 
de  Reù.  Et  tous  les  jours  de  Serug  furent  de 
deux  cent  trente -neuf  ans. 

Or  Ismaël,  fils  d'Abraham,  avait  quatorze 
ans  quand  Sara  mit  au  monde  Isaac.  Et  Dieu 
fut  avec  Ismaêl,  et  il  grandit  et  devint  un 
habile  tireur  d'arc.  Et  il  arriva  qu'Isaac,  &gé 
de  cinq  ans,  étant  assis  à  l'entrée  de  la  tente, 
Ismaël  vint  se  placer  vis-à-vis  de  lui ,  et 
banda  contre  lui  son  arc  armé  d'une  flèche, 
pour  l'en  frapper.  Sara,  voyant  cela,  pousssa 
un  cri  d'effroi,  et  Tare  s'échappa  des  mains 
dîsmaëi,  et  il  courut  se  cacher  derrière  un 
buisson.  Aussitôt  Sara,  appelant  Abraham, 
lui  dit  :  Chasse-moi  cette  esclave  avec  son 
enfant;  car  son  fils  ne  doit  pas  recueiHir 
l'héritage  cj^ui  revient  k  mon  fils.  Il  lui  a  lait 
aujourd  hui  ceci  et  cela.  Abraham,  écoutant 
la  voix  de  Sara,  prit  le  lendemain  de  grand 
matin  douze  miches  de  pain  et  une  outre 
d'eau,  et  remit  le  tout  à  Agar  qu'il  renvoya 
avec  son  fils.  Et  Agar  s'en  alla  avec  son  fils 
jgsqu'au  désert  de  Pharan  (1236),  et  ils  res- 
tèrent longtemps  au  milieu  des  scénites  du 
désert.  Et  Ismaël  exerçait  l'état  de  tireur 
d'arc.  Ils  allèrent  ensuite,  lui  et  sa  mère,  en 

(1256)  La  CenèH,  xxi,  14,  b  fait  aller  au  désert 
ée  Bersaliée.  C'est  lorsque  Utuaél  fut  homme  que, 
d'^Drés  le  même  livre,  verset  21,  il  fixa  sa  demeure 


Egypte.  Et  Agar  donna  à  son  61s  une  femme 
de  ce  pays,  et  son  nom  était  Meriba  (lS37j. 
La  femme  d'Ismaël  lui  enfanta  quatre  tits  H 
une  fille.  Ensuite  Ismaël  quitta  TEgypte 
avec  sa  mère,  sa  femme  et  ses  enfants  et  tooi 
ce  (ju'il  possé'lait,  et  s'en  retourna  au  déseru 
et  ils  y  habitaient  sous  des  tentes  sans  lieu 
fixe,  car  ils  étaient  nomadt'S.  Et  Dieu  donna 
à  Ismaël ,  k  cause  du  mérite  de  son  père 
Abraham,  du  menu  bétail  et  du  gros  béuii 
en  grande  quantité,  et  des  tentes  remplies 
de  richesses.  Mais  il  n'allait  pas  voir  la  face 
de  son  père. 

Au  bout  d'un  certain  nombre  de  jours» 
Abraham  dit  à  Sara  sa  femme  :  Je  m'en  vais 
visiter  Ismaël  mon  fils  ;  car  je  désire  fort  1« 
revoir  après  une  si  longue  séparation.  It 
monta  sur  un  de  ses  chameaux,  et  s*eDfonça 
dans  le  désert;  car  il  avait  appris  où  sod  &U 
avait  planté  ses  tentes.  Et  il  arriva  à  la  tente 
d'Ismaël.  C'était  le  milieu  du  jour,  et  te  sik 
leil  versait  une  chaleur  ardente.  Il  y  trou  «a 
la  fomme  dlsmaël  avec  ses  enfants;  mais 
Ismaëi  et  sa  mère  étaient  absents.  Abraham 
demanda  à  la  femme  où  était  Ismaël,  ef  e  > 
lui  répondit  :  Il  est  allé  à  la  chasse.  £t  Abre« 
ham  ne  descendit  pas  de  son  chameau,  se- 
lon ce  qu'il  avait  promis  par  serment  à  Sara 
son  épouse.  Il  dit  à  la  femme  d'Ismaël  :  Ua 
fille,  donne-moi  un  peu  d'eau,  car  ie  suis 
épuisé  de  lassitude  et  de  soif.  Elle  lui  ré- 
pondit :  Nous  n'avons  ici  ni  eau  ni  pain.  El 
elle  rentra  dans  la  tente  sans  te  recarder  m 
lui  demander  qui  il  était;  mais  elle  battait 
ses  enfants  et  les  maudissait,  maudissant  en 
même  temps  Ismaël  son  mari,  et  inverti  vaut 
contre  lui.  Abraham  fut  pénitdement  affecté 
de  tout  ce  qu'il  entendait,  et  it  appela  la  fem- 
me hors  de  la  tente,  et  lui  dit  :  Quand  ti/o 
mari  reviendra,  tu  loi  répéteras  ces  propres 
paroles  :  Un  homme  fort  âgé  est  venu  ici  du 
pays  des  Philistins  pour  ta  visiter.  Sa  flgore 
et  sa  personne  sont  comme  ceci  et  comme 
cela.  Je  ne  lui  ai  point  demandé  oui  il  était. 
Ne  t'ayant  pas  rencontré,  il  m'a  dit  :  An  re- 
tour de  ton  mari,  tu  lui  diras  ceci  :  L*bomœe 
ordonne  qu*au  plus  tôt  tu  jettes  dehors  le 
mât  qui  soutient  ta  tente,  pour  le  remplacer 
par  un  autre.  Après  ces  paroles,  Abraiiam 
tourna  bride  et  s'éloigna.  Et  Ismaël  revint 
de  la  chasse  avec  sa  mère.  Après  avoir  prê- 
té attention  à  toutes  les  paroles  de  sa  femme, 
il  reconnut  que  le  vieillard  était  son  père,  et 
que  sa  femme  n'avait  pas  honoré  Tétrang^r. 
Il  comprit  aussi  l'ordre  de  son  uère»  et  it  n* 
puisa  cette  mauvaise  femme  de  chez  lui.  t' 
alla  ensuite  au  pays  de  Chanaanety  prit  oi  f 
autre  femme  et  l^introduisit  dans  sa  tente  ^ 
la  place  de  la  première. 

Trois  ans  s  étaient  écoulés ,  et  Abrahan. 
dit  :  Je  m'en  vais  de  nouveau  visiter  Isn^^ 
mon  fils;  car  voilà  un  grand  nombre  de  jours 
que  je  ne  l'ai  vu.  Et  étant  monté  sur  »i>: 
chameau,  il  entra  lians  ie  désert  et  arriva  î 
la  tente  d'Ismaël  au  milieu  du  jour.  Bt  il  sp* 


dans  le  désert  de  PhaniD. 

(1257)  Meriba,  rono,  acariâtre,  morom.  M 
Irix.  La  Bible  ue  donue  pas  le  nom  de  ccUc 


fllSY 


TAS 


PART  IIL—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1138 


peialstnaël.  Mais  sa  femme,  sortant  de  la 
tente»  dità  Abraham:  Mon  seigneur,  Ismaëi 
n'est  pas  ici.  Il  est  allé  chasser  dans  les  ter- 
res  et  visiter  Tenclos  des  chameaux.  £t  elle 
ajouta  :  De  grAce,  mon  seigneur,  mets  pied 
è  terre  et  entre  dans  la  tente  pour  manger 
un  morceau  de  pain,  car  tu  es  las  de  ton 
voyage.  Abraham  lui  dit  :  J*ai  hAle  de  m*en 
retourner.  Donne-moi  seulement  un  peu 
d'eau,  car  j*ai  soif.  Et  la  femme  courut  avec 
empressement  et  lui  apporta  de  la  tente  de 
Teau  et  toutes  sortes  d  aliments.  Et  elle  le 
pressait  de  manger  et  de  se  rassasier.  Abra- 
iiaoTY,  le  cœur  content,  mangea  et  but,  et  il 
bénit  son  Gis  Ismaêl.  Et  quand  il  eut  fini  de 
manger,  il  loua  Jéhova.  Il  dit  ensuite  à  la 
femme  :Quand*lsmael  reviendra,  tu  lui  re- 
diras ces  propres  paroles  :  Un  homme  fort 
Â^é  est  venu  ici  du  pays  des  Philistins.  Son 
extérieur  est  comme  ceci  et  comme. cela.  Il 
m'a  dit  :  Quand  ton  mari  reviendra,  tu  lui 
diras  ceci  :  Voici  ce  que  recommande  le 
vieillard  :  Le  mAtque  tuas  fixé  dans  ta  tente 
est  excellent  :  ne  1  en  ôte  point.  Après  avoir 
laissé  ses  ordres,  il  reprit  sur  son  chameau 
la  route  de  Gérare.  Au  retour  d'Ismaël,  sa 
femme  courut  au-devant  de  lui  toute  joyeu- 
se, et  lui  raconta  toutes  ces  choses.  Et  Is- 
Hiaéi  reconnut  que  l'étranger  était  son  père, 
et  il  en  loua  Jéhova.  Bienldt  après,  Ismaëi 
prit  sa  femme,  ses  enfants,  ses  troupeaux 
et  tout  ce  qu'il  possédait,  et  quittant  ce  lieu, 
il  alla  au  pays  des  Philistins  auprès  de  son 
père,  et  demeura  avec  lui  longtemps  (1238). 
Abraham  prokjngea  sa  demeure  dans  le 

F>ays  des  Philistins  I  es|)ace  de  vingt-six  ^ns. 
1  en  sortit  ensuite  avec  sa  maison  et  tout 
ce  qu'il  possédait,  et  s'en  éloigna.  Il  voya- 
gea jusqu'aux  environs  d'Hébron  où  il  s'éta« 
biit.  Ses  serviteurs  creusèrent  des  puits  en 
cet  endroit.  Mais  les  serviteurs  du  roi  des 
Philistins,  ayant  appris  que  ceux  d'Abraham 
avaient  creusé  des  nuits  sur  la  frontière  de 
leur  pay5,  vinrent  leur  faire  une  querelle, 
et  s'emparèrent  de  force  du  puits  princi- 
pal. Et  Abimélech,  ayant  connu  cette  chose, 
alla  trouver  Abraham  avec  Phicol,  général 
de  son  armée,  et  vingt  hommes  de  ses  gens, 
pour  s'entendre  avec  lui  au  sujet  de  ce  qui 
s'était  passé.  Abraham  gourmanda  Abimé- 
lech à  cause  de  la  violence  dont  ses  servi- 
teurs avaient  u>é.  Le  roi  dit  à  Abraham  : 
Vive  Jéhova  qui  a  créé  toute  la  terre  I  ce 
n*est  que  d'aujourd'hui  que  je  suis  exacte- 
ment instruit  de  ce  que  mes  serviteurs  ont 
fait  aux  tiens.  Et  Abraham  offrit  à  Abimé-- 
lech sept  brebis,  en  lui  disant  :  Accepte-les, 
je  te  prie,  de  ma  main,  afin  que  ceci  me  ser- 
ve de  témoignante  que  c'est  moi  qui  ai  creusé 
ce  puits.  Et  Abimélech  prit  les  sept  brebis, 
auxquelles  Abraham  ajouta  du  gros  et  du 
menu  bétail  en  grande  quantité.  Et  Abimé- 
iocti  confirma  par  serment  à  Abraham  la  pro- 
priété du  puits.  Ensuite  ils  se  jurèrent  une 
alliance  réciproque.  C'est  pourquoi   Abra- 

(1238)  Il  paraît  qa*A(^ar  est  morte  entre  la  pre- 
mière et  la  seconde  visite  d* Abraham  à  la  teuie 
d*l«in»èl  au  désert. 


ham  nomma  ce  puits  Bersabée  (1239).  Abi- 
mélech s'en  ristourna  avec  les  siens  dans 
son  pays.  Abraham  resta  à  Bersabée,  où  il 
demeura  longtemps.  Et  ses  lentes  arrivaient 
jusqu'à  Hébron. 

Abraham  planta  un  grand  bosquet  à  Ber* 
sabée,  et  il  y  ouvrit  quatre  entrées  en  treille 
de  vigne  vers  les  quatre  vents  du  monde,  afin 
que  tout  voyageur  pût  y  arriver  de  son  côté 
pour  boire  et  manger  jusqu'à  satiété,  et  puis 
continuer  sa  route.  Car  la  maison  d'Abra- 
ham était  ouverte  à  tout  venant.  Celui  qui 
Avait  faim  et  soif  y  trouvait  à  manger  et  à 
boire;  celui  qui  était  nu  et  dépourvu,  des 
vêtements  et  de  l'argent.  Et  Abraham  prati- 
quait cette  chose  tous  les  jours,  et  prêchait 
à  chacun  la  croyance  en  Jéhova  qui  l'avait 
créé  sur  la  terre. 

Nachor,  frère  d'Abraham,  et  son  père, 
étaient  restés  à  Haran  ;  car  ils  n'étaient  pas 
entrés  avec  Abraham  en  Chanaan.  Nachor 
eut  à  Haran  des  enfants,  nés  de  son  épouse 
Melchn,  fille  d'Arau  et  sOeur  de  Sara.  Et  voici 
leurs  noms  :  Uns,  Bus,  Camuël,  Cased,  Azo, 
Pheldas,  Jedlaph  et  Balhuël.Sa  concubine, 
appelée  Roma,  lui  enfanta  Tabée,  Gaham  , 
Taas  et  Maacha.  Tous  les  fils  de  Nachor  fu- 
rent donc  au  nombre  de  douze  sans  compter 
les  filles.  Ceux-ci  eurent  à  leur  tour  des  en- 
fants à  Haran.  Les  enfants  de  Hus,  l'aîné  de 
Nachor,  furent  Abiharaph,  Gaddin  et  Mé- 
los (ISM),  et  leur  sœur  Debora.  Les  enfants 
de  Bus  :  Barachiel,  Noëmath,  Savé  et  Modno. 
Les  enfants  de  Camuël  :  Aram  et  Rohob.  Les 
enfants  de  Cased  :  Anamélech,  Mésar,  Bonon 
et  Jephi.  Les  enfants  d'Azo  :  Pheldas,  Jami* 
chi  et  Aphar.  Les  enfants  de  Pheldas  :  Arod, 
Amoram ,  Merid  et  Milach.  Les  enfants  de 
Jedlaph  :  Mosan,  Chisan  et  Mosi.  Les  enfants 
de  Bathuël  :  Sachar  et  Laban  avec  Rébecra 
leur  sœur.  Ce  sont  là  les  familles  des  en- 
fants de  Nachor.  Aram,  fils  de  Camuël,  et 
Rohob  son  frère,  émigrèrent  de  Haran  avec 
leurs  femmes  et  leurs  enfants;  et  ayant  ren- 
contré une  vallée  auprès  du  fleuve  de  l'Eu- 
phrate,  ils  y  bAtirentune  ville  qu'ils  nom- 
mèrent Photnor,  du  nom  de  Phothor,  fils  d'A- 
ram.  Et  cette  ville  est  dans  la  Mésopotamie 
jusqu'à  ce  jour.  Les  enfants  de  Cased  allè- 
rent de  leur  c6té  à  la  recherche  d'un  lieu 
d'habitation,  et  ils  trouvèrent  une  vallée  eu 
face  du  pays  de  Sennaar,  et  ils  y  bâtirent 
une  ville  qu'ils  nommèrent  du  nom  de  Ca- 
sed leur  père.  Et  ceci  est  le  pays  des  Cas- 
dim  (12U)  jusqu'à  ce  jour.  Et  ils  y  fructi- 
fièrent et  multiplièrent  extrêmement. 

Tharé,  père  de  Nachor  et  d'Abraham,  so 
remaria  dans  le  temps  de  sa  vieillesse,  et  il 
prit  une  femme  du  nom  de  Phelila.  Elle  con- 
çut et  lui  enfanta  un  Uls  qu'il  nomma  Soba< 
Après  avoir  engendré  Sol»a,  Tharé  vécut  en- 
core vingt*cinq  ans,  et  il  mourut  eu  la  trente- 
cinquième  année  de  la  naissance  d'isaac,  fils 
d'Abraham,  et  il  fut  enterré  à  Haran.  Et  tous 
les  jours  de  Tharé  furent  de  deux  cent  ci  k\ 

(1239)  Bersabée,  ynuT  *uO,  puits  du  jurement. 

(1240)  Version  judkïque,  Métchaph,  nv^Q. 

(1241)  Casdim,  DH»,  les  Ch.ildécns, 


1139  DICTiOiNNAlRE  DES 

an/.  Soba»  ûls  de  Tharé,  engendra»  k  Tâge 
de  trente  ans,  Aram,  Aciaû  et  Meric.  Aram, 
fils  de  Soba,  eut  trois  femmes,  et  il  engendra 
douze  fils  et  trois  filles.  Et  Jéhora  gratifia 
Aram,  fils  de  Soba,  de  grandes  richesses  en 
troupeaux  et  en  objets  précieux.  Or,  ne  trou- 
vant pas  suffisamment  de  pAturage  dans  la 
région  de  Haran,  il  en  partit  avec  ses  frères 
et  res  enfants  de  Nachor,  leurs  narents,  pour 
chercher  une  autre  terre.  Et  ils  trouvèrent 
une  vallée  au  delà  du  pays  d'Orient,  et  ils 
s'y  établirent  et  y  bâtirent  une  ville  qu'ils 
dénommèrent  du  nom  de  leur  frère  aîné, 
Aram.  Et  ceci  est  Aram-Soba  (12/»2)  jusqu'à 
ce  jour. 

Sacrifice  d^Abrabam  (1241). 

Isaac  allait  toujours  grandissant,  et  Abra- 
ham son  père  l'instruisait  dans  la  connais- 
sance de  Jéhova  et  de  ses  préceptes.  Il 
avait  atteint  Tâge  de  trente-sept  ans  lorsque 
Ismaël ,  qui  allait  et  venait  avec  lui,  se  van- 
tait contre  lui,  disant  :  J'avais  treize  ans  lors- 
que je  me  suis  laissé  circoncire,  et  j'ai  ex- 
posé ma  vie  pour  accomplir  le  précepte  que 
Jéhova  avait  donné  %  mon  père.  Isaaciui 
répondait  :  Tu  te  vantes  contre  moi  pour 
avoir,  par  obéissance  à  l'ordre  de  Jéhova, 
retranché  de  ton  corps  un  peu  de  peau  su- 
perflue. Vive  Jéhova ,  Dieu  de  mon  père 
Abraham  l  S'il  disait  à  mon  père  :  Prends 
Isaac  et  me  le  sacrifie  en  holocauste,  non- 
seulement  je  ne  m'y  refuserais  pas,  mais  je 
m'y  prêterais  avec  ioie.  Jéhova  entendit 
ces  paroles,  et  elles  lui  plurent.  Et  il  réso- 
lut d'éprouver  Abraham  en  cette  chose.  Et 
il  arriva  un  jour  que  les  enfants  de  Dieu 
(ISU.),  étant  venus  pour  se  tenir  devant  Jé- 
bova ,  Satan ,  l'adversaire  des  enfants  de 
l'homme,  y  vint  aussi.  Et  Jéhova  (12tô)  lui 
demanda  :  D'où  viens-tu?  Il  répondit  :  Je 
viens  de  planer  par  toute  la  terre.  Et  Jého- 
va lui  demanda  :  Qu'as-tu  à  me  rapporter 
de  SCS  habitants?  Satan  lui  réj-ondit  :  J'ai 
lemarqué  qu'ils  pensent  à  toi,  te  servent  et 
l'invoquent  quand  ils  ont  besoin  de  quelque 
chose;  mais,  l'ont-ils  obtenu?  ils  te  négli- 
gent et  te  mettent  eu  oubli.  Regarde  cet 
Abraham,  fils  de  Tharé.  Tant  qu'il  désirait 
que  tu  le  rendisses  père,  il  t'élevait  des  au- 
tels partout  où  il  passait,  et  t'v  ofi'raitdes 
sacrifices,  et  il  ne  cessait  de  prêcher  ton  nom 
aux  habitants  de  la  terre.  Mais  maintenant 
qu'est  né  son  fils  Isaac,  il  te  néglige.  Voici 
qu'il  a  ofi'ert  un  grand  banquet  à  ses  amis'; 
mais  pour  Jéhova,  il  n'a  pas  pensé  à  lui; 
car,  de  tant  de  bestiaux  qu  il  a  tués  à  l'oc- 
casion de  la  fête  du  sevrage  de  son  enfant, 
il  ne  t'a  offert  en  holocauste  ou  en  hostie 
pacifique,  ni  un  bœuf,  ni  une  brebis,  ni  une 
chèvre ,   ni  même  une  couple  de  pigeon- 

(iâi2)  C  est-à-dire,  la  Syrie  de  Soba.  Voy.  // 
Sam.  VIII,  3;  I,  6. 

(1245)  Les  détails  qui  suivent,  vraiment  drama- 
tiques, sont  épars  dans  les  Médraschim,  dans  la 
paraphrase  chaldaïque  de  Jonathan,  dans  les  cha- 
pitres de  R.  Eliéser  et  autres  livres  anciens.  Ils  ont 
éié  insérés  en  mnieure  partie  dans  le  livre  hébréo- 
(crmain  ïteéna-vréna. 


APOCRYPHES. 


1140 


neaux  (1246).  lin  outre,  depuis  le  joar  où  fl 
lui  naquit  ce  fils ,  et  il  y  a  de  cela  aujour- 
d'hui trente-sept  ans,  il  n*a  plus  érigé  un 
seul  autel  en  ton  honneur.  Il  te  met  efi  oq- 
bli  parce  quMl  ne  lui  reste  rien  k  te  deman* 
der.  Jéhova  dit  à  Satan  :  As-tu  conTeoabte- 
ment  fixé  ton  attention  sur  mon  serTîteur 
Abraham?  Car  il  n*a  pas  son  pareil  sur  la 
terre.  C'est  un  homme  simple  el  droit  de- 
Tant  moi,  craignant  Dieu  et  évitant  le  mal. 
Par  ma  viel  si  je  lui  disais  :  Sacrifie-moi  ton 
fils  Isaac,  il  ne  me  le  refuserait  pas  ;  k  plus 
forte  raison,  si  je  lui  demandais  un  holo- 
causte de  ses  brebis  ou  de  ses  bœuEs.  El  Sa* 
tendit  :  Essaye  »  et  tu  verras  s'il  ne  te  dés- 
obéira pas. 

En  ce  temps-lk,  le  Verbe  de  JébOTt  fut 
à  Abraham  (1247),  et  il  l'appela  :  Abraham  1 
Et  Abraham  répondit  :  Me  Toici.  Et  il  dit  : 
Prends  ton  fils,  ton  enfant  unique,  ton  bien- 
aimé  fils  Isaac,  et  va-t'en  avec  lui  aa  pays 
de  Horia,  et  là,  tu  me  le  sacrifieras  sur  celle 
des  montagnes  oti  t'apparattra  la  gloire  de 
Jéhova  au  milieu  d'un  nuage.  Et  Abraham 
entra  dans  sa  tente  et  s'assit  devant  Sara  et 
lui  dit  :  Voici  que  notre  fils  est  grand.  Il 
aurait  dû  apprendre  depuis  longtemps  tout 
ce  qui  a  trait  au  culte  de  Dieu.  Dès  le  matin 
de  lajournée  de  demain, Je  leconduirai  k  Té- 
colede  Sem  et  de  son  fils  Héber.  Sara  ré|M>n- 
dit  :  Tu  dis  bien,  mon  seigneur;  fais  ainsi 
que  tu  proposes.  Mais,  je  te  prie,  ne  m'en 
sépare  pas  pour  beaucoup  de  jours,  car 
mon  &me  est  étroitement  liée  k  son  âme. 
Abraham  lui  dit:  Ma  fille,  supplie  Jéhova 
notre  Dieu  de  nous  favoriser  de  sa  béni- 
gnité. Et  Sara  veillait  toute  la  nuit,  pleoraot, 
baisant  son  fils,  le  pressant  contre  son  sein« 
le  recommandant  à  la  sollicitude  d'Abra- 
ham. Elle  disait  plus  de  sept  fois  (iîto)  : 
Je  te  prie,  mon  seigneur,  prends  garde  à  crt 
enfant  unique;  n'Ate  pas  ton  œil  de  dessus 
lui  tout  le  long  du  chemin.  Dès  qu'il  aura 
faim,  donne-lui  à  manger;  dès  qu'il  aura 
soif,  fais- le  boire.  Ne  le  laisse  pas  marcher 
à  pied,  ni  s'asseoir  au  soleil.  Ne  lecontretJi» 
en  rien.  Le  matin  venu,  elle  revêtit  son  ti.s 
de  la  meilleure  et  de  la  plus  belle  des  robes 
que  le  roi  Abiméloch  lui  avait  données ,  -t 
oNe  mit  sur  sa  léte  une  coiffure  qu'elle  orna 
d'une  pierre  de  grand  prix.  Elle  préfKira 
aussi  des  provisions  de  tout  ce  que  son  ti:» 
aimait  le  plus.  Abraham,  Isaac  et  les  serti- 
teurs  qui  les  accompagnaient  sortirent  de  la 
tfnte  et  se  mirent  en  chemin.  Et  Sara  leur 
faisait  la  conduite,  et  baisait  son  fils,  et  ne 
cessai  t  d  e  pousser  des  cris  et  des  lamentations  ; 
etelledisaitenpleurant'.Quisaitsijelereter- 
rai  jamais,  ,ô  mon  fiist  Alors  Abraham  lui 
dit  :  Rentre  à  l'instaut  dans  ta  tente.  Et  cooi* 
me  on  entendait  encore  de  loin  Sara  qui 

(I2U)  Les  anges. 

(l!245)Cr.  Jo^,  chap.  i,n. 

(l<246)  Le  sacrifice    des  pauvres.   ¥oy.  Ldtu.^ 

Cli:tp.  V. 

(1247)  Ainsi  le  texte  à  la  lettre  :  mr  nfft  HKI 

DTI2M   Sh. 

(Vik%)  Nombre  pluriel  indcteraùaé. 


1141 


lAb 


FAhK  111.— LhGËND£S  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1l4i 


pleurait  dans  sa  tente,  Abraham  se  mit  à 
pleurer,  et  les  serviteurs  pleuraient,  et  Isaac 
pleurait  (1249).  Et  Sara  se  tenait  dans  sa 
tente,  et  elle  était  dans  l'affliction,  et  elle 
parlait  de  son  fils  à  toutes  ses  servantes  et 
à  tous  ses  serviteurs. 

Après  la  marche  d*une  journée,  Abraham 
garda  auprès  de  lui,  pour  le  servir,  seule- 
ment Ismaël,  fils  d*Agar,  et  son  serviteur 
Eliéser.  Or,  chemin  faisant,  ces  deux  hom- 
mes  s'entretenaient  en  cette  manière.  Is- 
maël. dit  :  Voici  qu'Abraham  mon  père  va 
pour  sacriGer  Isaac  en  holocauste,  selon  Tor- 
dre de  léhova.  A  son  retour,  il  me  dési- 
gnera pour  être  son  héritier,  car  je  suis  son 
premier-né.  Mais  Eliéser  lui  objecta,  di- 
sant :  N'est-il  pas  vr»i  qu'Abraham  t'a  chas- 
sé avec  ta  mère,  et  a  juré  que  tu  n'hériteras 
d*aucune  partie  de  son  bien?  A  qui  laissera- 
t-il  ses  richesses,  si  ce  n'est  à  son  serviteur, 
qui  est  le  fidèle  de  sa  maison,  qui,  la  nuit 
comme  le  jour,  a  touiours  été  attentif  à 
exécuter  sa  volonté  et  a  satisfaire  ses  dé- 
sirs (1250)? 

Abraham  était  en  marche  lorsque  Satan, 
sous  la  figure  d'un  vieillard  à  cheveux  blancs 
et  à  l'air  vénérable,  s'approcha  de  lui  et  lui 
dit  :  Es-tu  fou  ou  imbécile  d'aller  en  ce 
jour  immoler  ce  fils  unique,  enfant  des  der- 
niers jours  de  ta  vie?  Tu  te  figures  que  c'est 
un  ordre  de  Jéhova,  détrompe-toi;  c'est 
une  illusion  :  car  Jéhova  est  bon  et  n'est 
point  cruel.  Mais  Abraham  ne  tarda  point  à 
reconnaître  qu'il  entendait  les  paroles  insi- 
dieuses de  Satan.  Et  il  le  gourmanda  en  ter- 
mes durs,  et  le  vieillard  disparut  à  ses  yeux. 
Et  voici  venir  derrière  Isaac  un  jeune  hom- 
me d'un  extérieur  élégant,  et  il  lui  dit  se- 
crètement à  l'oreille  :  Tu  ne  sais  pas,  et 
l'on  ne  t'en  a  pas  averti,  que  ton  vieux  père, 
dont  la  tôle  s'égare,  te  mène  jusqu'à  un  lieu 
où  il  doit  t'égorger,  contre  toute  raison. 
Maintenant,  mon  ami, ne  te  laisse  pas  faire; 
car  ses  sens  sont  affaiblis.  Ne  sacrifie  pas 
inutilement  ta  jeunesse  et  la  beauté  ravis- 
sante de  ton  corps,  le  t'enseignerai  à  jouir 
gaiement  de  la  vie.  Et  Isaac  dit  à  Abraham  : 
Mon  père,  as-tu  entendu  le  jeune  homme? 
Abranam  lui  demanda  :  Quel  jeune  homme? 
Car  il  no  voyait  point  Satan.  Et  Isaac,  éten« 
dant  le  doigt  de  la  main,  répondit  :  Celui-ci. 

(1249)  D'après  le  texte,  Isaac  s*avise  le  dernier 
de  plearer,  circonstance  qui  nous  a  toujours  frappé. 
11  y  aurait  ici  lieu  de  faire  une  observation  qui 
■rappariient  pas  à  Tobjel  de  nos  noies.  Nous  ciie- 
rons  cependant  ce  mot  remarquable  d*un  sage  de 
rOrient  :  Dans  la  famille,  Famour  qui  monte  (ajou- 
tez, et  quand  il  monte;  c'est-à-dire,  des  enfanis 
aux  parents)  ne  saurait  se  comparer  à  celui  qui 
descend. 

(1250)  n  y  a  de  quoi  rougir  de  notre  espèce  quand 
on  voit,  comme  ici,  le  cœur  humain  dans  soq  dés- 
habillé. Encore  une  fois,  nous  faisons  des  notes 
critiques  et  nonMnorales;  nous  voulons  seulement 
conclure  que  ce  passage  appartient  aux  fragments 
nnciena,  h  Tun  de  ces  prophètes  qui  d*un  seul  trait 
de  pinceau  ukontraieut  à  nu  toute  la  misère  du  cœur 
lin  main.  Cf.  Genè$e^  vi,  5. 

(1251)  Filii  vestri,  dit  Notre-Seigneur,  in  quo 
eiiciuttt  (Beetzebub)!  Matih.  xu,  27. 


Il  m*a  dit  ceci  et  cela.  Et  Abraham  maudit 
Satan  au  nom  de  léhova,  et  le  jeune  hom- 
me s*évanouit  de  devant  les  yeux  d'isaac 
(1251).  Et  ils  continuaient  à  marcher,  et  voi- 
là qu'ils  rencontrèrent  sur  leur  chemin  un 
torrent  large  et  profond,  qui  roulait  ses  eaux 
avec  fracas.  Ils  y  entrèrent  pour  passer  au 
bord  opposé.  Et  I  eau  enveloppait  leurs  jam- 
bes. Et  ils  arrivèrent  au  milieu  du  courant, 
et  voici  que  l'eau  montait,  montait  rapide- 
ment, et  atteignait  jusqu'à  leur  menton  :  et 
ils  pensèrent  être  noyés.  Alors  Abraham, 
rappelant  ses  souvenirs,  dit:  Je  connais  ce 
pajTS  d'hier  et  d'avant-hier  (1252)  ;  il  n'a  ja- 
mais coulé  en  ce  lieu  ni  rivière  ni  torrent. 
C'est  rimpie  Satan  qui  s'est  changé  en  eau 
pour  arrêter  nos  pas.  Et  il  le  gourmanda  et 
lui  cria  :  Que  Jéhova  te  réprime,  Satan! 
Laisse-nous,  car  nous  voyageons  poiM*  faire 
la  volonté  de  notre  Dieu.  Alors  une  vapeur 
légère  s'éleva  en  l'air,  et  l'endroit  où  po- 
saient leurs  pieds  était,  comme  par  le  temps 
passé,  de  la  terre  sèche  couverte  de  pous- 
sière (1253). 

Or,  le  troisième  jour,  Abrabnin,  en  levant 
les  yeux,  reconnut  la  montagne  que  Dieu 
lui  avait  signalée.  Une  épaisse  nuée  en  cou- 
vrait la  cime,  et  la  gloire  de  Dieu  apparais- 
sait au  milieu.  Et  Abraham  dit  à  Isaac  : 
Aperçois-tu  comme  moi  quelque  chose  sur 
cette  montagne?  Isaac  répondit:  J'y  vois 
dans  un  nuage  épais  l'éclatante  gloire  de 
Jéhova.  Alors  Abraham  connut  que  son  fils 
était  agréé  devant  Jéhova  pour  lui  être  of- 
fert en  holocauste.  Il  dit  ensuite  à  Eliéser 
et  à  Ismaël  :  Voyez-vous  sur  cette  monla- 
gtie  ce  que  nous  y  voyons?  Ils  répondirent: 
Nous  n'y  apercevons  rien  du  tout  :  elle  est 
comme  les  autres  montagnesde  toute  la  terre. 
Abraham  comprit  qu'il  n'était  pas  agréa- 
ble devant  Jéhova  que  ces  hommes  en  ap- 
prochassent. Et  il  leur  dit  :  Arrêtez-vous  ici 
avec  Tûne  tandis  que  j'irai  aveclsaac  jusque- 
là,  où  nous  nous  prosternerons  devant  Jé- 
hova,  après  quoi  nous  reviendrons  à  vous. 

Et  Abraham  prit  le  bois  qui  devait  consu- 
mer l'holocauste,  et  le  chargea  sur  Isaac.  Il 
portait  lui-même  le  feu  et  le  couteau  sacri- 
ficatoire.  Pendant  qu'ils  marchaient  vers  le 
lieu,  isaac  dit  :  Mon  père,  voici  le  feu  et  voi« 
ci  le  bois.  Où  donc  est  l'agneau?  AbrabaiQ 

(135i)  Depuis  longtemps. 

(Ii53)  A  leur  jour  de  Tan,  vers  le  milieu  de  sep- 
tembre, les  Juifs  vont  encore  maintenant  réciter 
les  trois  derniers  versets  du  prophète  Michéc  {et 
proiicUt  in  profundum  waris  omnia  peccata  nostra) 
au  bord  d*un  courant  d*eau,  eu  mémoire,  dit  le 
rituel,  de  ce  que  le  démon  s*est  chance  en  torrent, 
pour  opposer  un  obstacle  à  Abraham  lorsqu^il  allait 
sur  la  montagne  de  Moria  offrir  son  fils  en  hôlo« 
caoste  à  Jéhova.  Voy.  le  Minhaghim,  article,  Ho$ch- 
Hatschana,  et  le  lladraUi'Qodescn  du  Makhzor. 

Depuis  ce  jour  jusqu^à  la  fé(e  du  Kippur,  c^est 
pour  la  synagogue  un  temps  de  pénitejice  et  de 
propitiation  pendant  lequel  elle  invoque'conslam- 
ment  le  mérite  du  sacrifice  volontaire  dîsaac,  fi- 
gure la  plus  parfaite  du  sacrifice,  seul  méritoire, 
du  divin  Agneau  immolé  sur  le  Calvaire,  que  1*09 
croit  être  la  montagne  de  Moria. 


I4<8 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Itil 


répondit  :  Mon  fils,  c'est  toi-roème  que  lé- 
hova  a  daigné  choisir  pour  lui  être  onert  en 
holocauste  sans  tache.  Et  Isaac  repartit  : 
Tout  ce  que  Jéhoya  ordonne,  je  le  ferai 
avec  joie  et  de  bon  cœur.  Abraham  reprit  r 
Mon  fils,  7  aurait-il  dans  ton  cœur  Une  seule 
pensée  contraire?  Dis-le-raoi  et  ne  me  ca- 
che rien.  El  Isaan  protesta  :  Vive  Jéhoval 
ô  mon  père,  et  vive  ton  ftme,  ii  n*y  a  rien 
dans  mon  cœur  qui  décline  à  droite  ou  à 
gauche  touchant  la  chose  une  Jéhova  Ta 
commandée',  si  ce  n'est,  Béni  soit  Jéhova 
qui  a  voulu  de  moi  I  Ces  paroles  comblèrent 
de  joie  Abraham.  Et  ils  arrivèrent  au  lieu 
marqué ,  et  ils  préparèrent  toutes  choses. 
Abraham  construisit  Tautel ,  Isaac  lui  pas- 
sant  les  pierres  et  le  ciment.  Et  après  avoir 
rangé  symétriquement  les  bûches  sur  Tau- 
tel,  Abraham  se  disposait  à  y  placer  Isaac 
pour  rimmoler.  Celui  ci  lui  dit  :  Mon  père, 
étreins-moi  en  me  liant,  de  peur  qu*en  sen- 
tant le  fer  dans  ma  chair,  je  ne  m*agite  et 
ne  me  débatte,  et  ne  rende  ainsi  le  sacrifice 
illégitime  et  invalide.  Quand  la  victime  sera 
consumée,  tu  recueilleras  ce  qui  restera  de 
mes  cendres,  et  tu  le  porteras  à  ma  mère,  et 
tu  lui  diras  :  Voici  Todeur  agréable  de  ton 
fils  Isaac  (1254).  Maintenant,  hAte-toi,  exé- 
cute la  volonté,  de  Jéhova  notre  Dieu.  Et 
Abraham  était  à  la  fois  heureux  du  dévoue- 
ment de  son  fils,  et  oppressé  jusqu'au  fond 
de  son  flme  paternelle.  Son  œil  pleurait  amè- 
rement, et  son  cœur  était  dans  une  joie 
sainte.  Jsaac  était  lié  et  eouché  sur  Tautel , 
tendant  le  cou,  et  Abraham  mettait  la  main 
au  couteau,  lorsque  les  anges  de  la  miséri- 
corde s'avancèrent  jusqu'au  trône  de  Jého- 
va et  demandèrent  grâce  pour  la  vie  d'I- 
saac  qui  s'offrait  en  victime  volontaire  è  sa 
gfoire  divine.  Alors  Jéhova  (1255)  apparut 
a  Abraham,  et  lui  cria  du  ciel,  disant  :  Abra- 
ham, ne  porte  point  la  main  sur  le  jeune 
homme,  et  ne  lyi  fais  pas  la  moindre  lésion; 
car  je  sais  maintenant  que  tu  crains  Dieu, 
puisque  tu  ne  m'as  pas  refusé  ton  fils  uni- 
que. Et  Abraham,  levant  les  yeux,  aperçut 
un  bélier.  Or  Jéhova  Dieu  avait  formé  ce 
bélier  depuis  le  jour  où  il  fit  le  ciel  et  la 
terre,  et  l'avait  réservé  pour  ô're  substitué 
en  holocauste  h  la  place  d'isaac.  Et  le  bélier 
levait  les  pieds  pour  se  livrer  h  Abraham; 
mais  Satan  lui  opposa  un  buisson  touffu,  et 
embarrassa  ses  cornes  dans  les  branches  en- 
trelacées de  la  plante.  Abraham  alla  le  dé- 
f;ager  et  l'immola  en  l'honneur  de  Jéhova. 
i  aspergea  l'autel  avec  le  sang  de  la  victime 
en  disant  :  Ceci  est  en  lieu  et  place  de  mon 
fils.  Et  de  même  à  chacune  des  fonctions  du 
sacrifice,  il  répétait  :  Ceci,  en  lieu  et  place 
de  mon  fils.  Jétiova  agréa  le  sacrifice  d  isaac 
dans  le  bélier  (1256),  et  il  bénit  en  ce  jour-là 

(1254)  Lorsque  le  corps  adorable  de  la  victime 
du  Calvaire,  détaché  de  la  croix,  fut  déposé  dans 
les  bras  de  sa  virginale  et  immaculée  Mère,  une 
Tni\  devait  lui  dire  :  Voici  Todeur  agréable  de  ion 
Fils. 

Odenr  n^r^afr/e,  est  l'expression  d a  texte  biblique 
nr^  rp"^,  oui  veut  dire,  Sacn/lre  agréable  à  Dieu. 

(1155)  Lange  de  la  Settcte  zxif,  11,  était  donc 


Abraham  et  toute  sa    postérité   après  lui. 

CependantSatan,  sous  la  figure  d  un  vieil- 
lard a  cheveux  blancs  et  à  Tair  sérient  ei 
composé,  se  présenta  à  Sara  et  lui  dît  :  le  (? 
plains,  Sara.  Tu  ignores  tout  ce  qu^Abrahaii) 
a  fait  aujourd'hui  h  ton  fils  Isaac.  11  Ta  i.*.- 
et  immolé  sur  un  autel  sans  pi  lié,  sans  arr^ 
ter  le  regard  sur  lui,  malgré  les  pleurs  et  I^a 
cris  de  ton  enfant  chéri,  et  malgré  sa  ré5i«- 
tnnce  jusqu'à  la  fin.  Et  il  répéta  une  second 
fois  les  mAmes  paroles  de  mensonge,  et$*en 
alla.  Sara  pâlit,  et  un  tremblement  agita  tOQ< 
ses  membres,  et  elle  laissa  tomber  sa  (èie 
dans  le  giron  d'une  servante  et  demeura  im- 
mobile comme  une  pierre.  Elle  éleva  ensuite 
la  voix  et  pleura  avec  grand  bruit,  et  se  lais- 
sait tomber  par  terre,  et  jetait  de  la  poos- 
sière  sur  sa  tête,  et  se  répandait  en  lamen- 
tations. Et  elle  se  leva  avec  ses  servantes  et 
ses  serviteurs,  et  alla  s'enquérir  d'isaac  i  h 
maison  de  Sem  et  d'Héber,  et  elle  interro- 
geait tous  les  passants;  mais  nnine  \iOumi 
la  renseigner.  Elle  était  arrivée  jusqu'à  Ca- 
riath-Arbée  qui  est  Hébron,  et  voici  que  le 
même  vieillard  se  présenta  de  nouveau  d^ 
vaut  elle,  et  lui  dit  :  L'information  que  je 
t'ai  donnée  n'est  pas  eiacte.  Ton  fils  est  en 
vie,  Abraham  ne  l'a  pas  égorgé.  Et  même 
tous  deux  sont  en  marche  pour  venir  te  re- 
trouver dan^  ta  maispn.  A  ces  paroles,  elle 
éprouva  une  joie  excessive,  et  la  joie  lui  lit 
rendre  I  flme,  et  elle  mourut  et  fut  réuuie  à 
son  peuple. 

Abraham,  après  avoir  terminé  toutes  cho- 
ses sur  la  montagne  de  Moria,  revint  avec 
Isaac  auprès  de  ses  serviteurs,  et  ils  s'ache- 
minèrent ensemble  vers  Bersabée,  et  arri- 
vèrent  dans  leur  maison.  Et  ils  cherchèrent 
Sara  et  ne  la  trouvèrent  point.  Et  il  leur  fut 
dit  :  Elle  est  allée  jusqu'à  Hébron  pour  foui 
chercher  ou  s'informer  oit  vous  étiez  allés; 
car  on  lui  avait  rapporté  ceci  et  cela.  Abra- 
ham et  Isaac,  étant  allés  à  Hébron,  la  trou- 
vèrent décédée.  Et  ils  élevèrent  la  voii  et 
pleurèrent  beaucoup.  Isaac  se  jeta  sur  la  f^re 
de  sa  mère  et  la  baisait  et  pleurait,  et  s'é- 
criait  :  Ma  mère,  ma  mèrel  pourquoi  mV 
bandonnes-tu? 

Section  Khaiyé-Sara. 

Toute  la  vie  de  Sara  fut  de  cent  viogt-sert 
ans.  Elle  mourut  à  Cariath-Arbée,  qui  est 
Hébron  dans  le  pays  do  Chanaan  (1257).  Kt 
Abraham  s'y  rendit  pour  la  pleurer  et  faire 
ses  funérailles.  Et  Abraham  se  leva  de  devant 
la  dépouille  de  son  épouse,  et  s'adressaot 
aux  enfants  d'Heth,  il  leur  dit  :  Je  suis  par 
mi  vous  étranger  et  habitant.  Concédez-moi 
la  propriété  d  un  tombeau  pour  enterrer  «ds 
morte  de  devant  ma  présence.  Ils  lui  rép^m- 
dirent  :  Voici  que  tout  ce  pays  est  devant 

Jéhova  luî-mémc.  L'envoyé  de  Jébova,  le  TrrU  de 
Jéhova. 

(ii56)  Remplacé  et  représenté  par  le  bâier. 

(ii57)  Là  Bible  passe  sous  silence  eommeni  Siri 
mourut  à  Hébron  Undis  qoe  son  domicile  ëuii  % 
Bersabée,  c'est-à-dire,  i  une  disUince  d  eoviroo  bui 
lieues  de  ctiez  elle. 


fila 


TAS 


PART.  IIL—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS 


TAS 


I14C 


loi.  Enterre  (a  morte  dans  le  meilleur  de  nos 
sépulcres;  car  nul  oe  te  le  refusera.  Abra- 
ham dit  :  Puisque  vous  êtes  si  bien  disposés, 
intercédez  pour  moi  auprès  d*Ephron,  fils 
(le  Séor,  aGn  au*il  m'accorde  la  caverne  dou- 
ble qui  est  à  lextrémité  de  son  champ.  Je  la 
lui  payerai  tout  le  prix  qu*il  demandera.  Et 
£;>hroD,  alors  assis  au  milieu  des  enfants 
(J'Hetb,  dit  à  Abraham  :  Ton  serviteur  est 
prêt  h  le  complaire  en  tout  ce  que  tu  dési- 
rée Voici  nue  le  champ  et  la  caverne  sont 
devant  toi.  Tu  en  donneras  ce  qu'il  te  plaira. 
Abraham  4uî  dit  :  Non  pas  ainsi;  mais  je 
Teiii  acquérir»  movennant  leur  prix  com- 
plet, la  caverne  et  fe  champ  comme  posses- 
sion éternelle,  pour  en  faire  un  lieu  de  sé- 
pulture. Et  Ephron  et  tous  ses  frères  consen- 
tirent à  cette  proposition.  Aussitôt  Abraham 
pesa  entre  les  mains  d'Ephron  quatre  cents  * 
sicles  d'argent.  Et  la  vente  fut  écrite  sur 
une  feuille  revêtue  de  leurs  sceaux,  ainsi 
que  du  témoignage  de  quatre  témoins,  dont 
les  noms  étaient:  Amigal,fils  d'Abisué,  Hé- 
théen;  Elihoran,  Dis  d'Asunas,  Hévéen;  Ab- 
(ion.Qls  d'Abira,  Gomérien  (1258);  Actil,  fils 
d\\bidès,S:donien.  Lorsque  l'acte  de  la  vente 
eut  été  authentiqué ,  selon  la  coutume, 
Abraham  enterra  avec  de  grands  honneurs 
Sara,  vêtue  magnifiquement.  Sem,  fils  de 
Noé,  avec  son  fils  Héber,  Abimélech,  Aner, 
Escol  et'Mambré,  ainsi  que  tous  les  grands 
du  pajs,  suivaient  le  convoi.  Abraham  fit 
durer  le  deuil  pendant  sept  jours,  après 
lesquels  il  envoya  Isaac  à  la  maison  de  Sem 
et  d'Héber,  pour  y  être  instruit  dans  la  doc- 
trine de  Jénova.  Et  Isaac  y  demeura  trois 
ans.  Et  Abraham  retourna  avec  tous  ses 
serviteurs  à  Bersabée,  lieu  de  son  habita- 
tion. 

Après  un  an  révolu,  vint  à  mourir  Abi- 
mélech, roi  des  Philistins.  Il  était  Agé  do 
cent  trente-neuf  ans.  Et  Abraham  se  trans- 
porta avec  tous  ses  hommes  au  pays  des  Phi- 
listins pour  consoler  la  maison  d'Abinié- 
Icchettous  ses  serviteurs,  après  quoi  il  s'en 
retourna  chez  lui.  Et  Abimélech  étant  mort, 
tous  ceux  de  Gérare  prirent  son  fils  Nem- 
lacti,  âgé  de  douze  an<^,  et  le  firent  régner  à 
la  place  de  son  père.  Et  ils  lui  imposèrent  le 
nom  d'Abimélech;  car,  selon  la  coutume  de 
(iérare,  tous  les  rois  portaient  le  nom  d'A- 
bimélech. Et  Lot  aussi  mourut  en  ces  jours- 
là,  dans  la  trente-neuvième  année  d'isaac, 
fils  d'Abraham.  Et  tous  les  jours  de  Lot 
lurent  de  cent  quarante-deux  ans. 

El  voici  les  fils  de  Lot,  nés  de  ses  filles  : 
Moab,  l'aîné,  et  Ben^Ammi  (1259).  Ceux-<!i 
prirent  des  femmes  du  paj^s  de  Chanaan,  et 
eurent  des  enfants.  Les  enfants  de  Moab  fu- 
rent :  Her,  Menïon,  Tharsin  et  Canvil.  Ce 
i^onl  ]h  les  quatre  patriarches  des  Moabites 
JMsqu'à  aujourd'hui.  Les  enfants  de  Ben- 
Ammi  :  Gérim,  Hison,  Rabboth,  Selon,  Aï- 
non  et  Meïom.  Ce  sont  les  six  patriarches 

(1258)  Gomérien,  c  des  enfants  de  Gomer.  i  Ver- 
t>\on  jud.  :  c  Géraréen,  de  la  ville  de  Gérare.  >  La 
ii^m  du  leite  hébreu  est  phis  probable. 

(t259j  Btn-Ammù  c'est-a-Jire  lils  de  mon  peup!e, 


des  Ammonites  jusqu'au  présent  jour.  Les 
diverses  familles  des  enfants  de  Lot  sa 
mirent  en  quête  d'autres  pays,  car  elles 
étaient  devenues  trop  nombreuses  pour  de- 
meurer ensemble;  et  elles  s'établirent  dans 
des  régions  de  leur  convenance  et  y  bâtirent 
des  villes  qu'elles  dénommèrent  de  leurs 
propres  noms. 

En  ce  temps-là  mourut  Nachor,  fils  de 
Tbaré  et  frère  d'Abraham,  dans  la  quaran- 
tième année  de  la  vie  d'isaac,  et  il  fut  en- 
terré h  Haran.  Et  tous  les  jours  de  Nachor 
fhrent  de  cent  soixante-douze  ans.  Et  ap- 
prenant la  mort  ce  son  frère,  Abraham  en 
fut  extrêmement  affligé,  et  il  regretta  long- 
temps son  frère. 

Abraham  fit  venir  devant  lui  Eliéser,  son* 
principal  serviteur  et  intendant  de  sa  mai- 
son, et  il  lui  dit:  Voici  que  je  suis  devenu 
vieux  et  avancé  en  Age,  et  j'ignore  le  jour  de 
ma  mort.  Va  donc  chercher  pour  mon  fils 
une  femme  h  Haran,  dans  la  famille  et  dans 
la  maison  de  mon  père.  Et  je  t'adjure  de  ne 
jamais  choisir  pour  mon  fils  une  des  filles 
du  peuple  de  ce  pays  de  Chanaan,  au  milieu 
duquel  nous  habitons.  Jéhova,  Dieu  du  ciel 
et  de  la  terre,  qui  m'a  retiré  de  la  maison 
de  mon  père,  pour  m'amener  ici,  et  qui 
m'a  promis  de  donner  à  ma  postérité  ce 
pays  en  possession  éternelle  ,  enverra  lui- 
même  son  ange  devant  toi  pour  que  tu  réus- 
sisses dans  ton  voyage.  Eliéser  dit  à  son 
maître  :  Si  la  femme  que  je  trouverai  dans 
ta  parenté  refuse  de  me  suivre  jusque  dans 
ce  pays-ci,  ramènerai-je  ton  fils  au  pays  de 
ta  naissance?  Abraham  lui  répondit  :  Garde* 
t'en  bien;  Jéhova,  devant  qui  j'ai  cons- 
tamment marché,  fera  réussir  l'objet  de  ton 
voyage.  Et  Eliéser  s'engagea  par  serment  de 
se  conformer  à  tout  ce  que  son  maître  lui 
prescrivait.  Il  prit  dix  chameaux  de  ceux 
de  son  maître,  et  partît  pour  Haran,  la 
ville  de  Nachor  et  de  Tharé.  El  Abraham  en- 
voya chercher  è  la  maison  de  Sem  et  d'Hé- 
ber Isaac  qui  revint  chez  son  père  à  Bersa- 
bée. Cependant  Eliéser  et  les  hommes  qu'il 
avait  avec  luiarrivèrent  auprès  de  Haran» 
et  ils  s'arrêtèrent  hors  de  la  ville  près  d'une 
fontaine,  où  ils  firent  reposer  les  chameaux. 
Là  Eliéser  invoqua  l'assistance  du  Dieu  de 
son  maître.  Et  Jéhova  l'exauça  eh  faveur 
d'Abraham  son  fidèfe  serviteur,  et  il  fit  arri- 
ver auprès  de  lui  la  fille  de  Bathuel ,  fils  de 
Melcha,  femme  de  Nachor,  frère  d'Abraham  ; 
et  elle  amena  Eliéser  h  ses  parents.  Eliéser 
apprit  à  ceux-ci  qui  il  était  et  l'objet  de  sa 
mission.  El  ils  s'en  réjouirent  beaucoup,  et 
bénirent  Jéhova  d'avoir  ainsi  disposé  ila 
chose,  et  ils  lui  accordèrent  Rébecca  pour 
devenir  l'épouse  d'isaac.  Or  la  jeune  fille 
était  d'une  grande  beauté,  vierge  parfaite. 
Agée  en  ces  jours-là  de  dix  ans.  Bathuel  et 
ses  fils,  Laban  et  Sachar  (1260),  préparèrent 
un  festin,  et  Eliéser  et  ses  hommes  s'y  as- 

csi  synonyme  de  Ammon.  Voy.  Gen,  xix.  38. 

(liéO)  Ce  personnage  n'est  pas  nommé  d;ins  la 
Bible.  Nous  avons  vu  plus  b^ut  col.  115Hque  <^é* 
taii  le  frère  de  Laban  et  de  Kébccca. 


fU7 


nicnoNNAniE  des  apocryphes. 


11(1 


sirent.  Et  ils  mangèrent  et  burent  paiement 
tout  cesoir-)à.  Le  lendemain  malin,  Elié- 
ser  appela  toute  la  faraiHe  de  Bathuel,  et 
dit  :  Congédiez-moi  pour  que  je  retourne 
▼ers  mon  mattre.  Et  ils  firent  partir  avec  lui 
Bébecca,  accompagnée  de  sa  nourrice  Débo- 
ra,  fille  de  Hus,  et  lui  donnèrent  (1261)  de 
l'or«  de  Targent,  des  serviteurs  et  des  ser- 
vantes» et  la  bénirent.  Et  Eliéser  revint  au 
pays  de  Chanaan  auprès  de  son  mattre.  Isaac 
prit  pour  femme  Rébecca,  et  Tintroduisit 
dans  sa  tente.  Or  Isaac  était  A^é  de  qua- 
rante ans  lorsqu'il  épousa  Rébecca»  fille  de 
Bathuel,  son  cousin  germain. 

En  ce  temps-là  t  Abraham  dans  sa  vieil- 
lesse se  remaria  atec  une  femme  du  pays 
de  Chanaan,  nommée  Céthura.  Elle  lui  enranta 
Samram,  Jecsan,  Madan,  Madian,  Jesboc  te 
Sué.  Les  enfants  de  Samram  furent  :  Abihan, 
Molich  et  Méria  ;  les  enfants  de  Jecsan  :  Sa- 
ba  et  Dadan  ;  Ihs  enfants  de  Dadaa  :  Amida, 
Job,  Gohi,  Elisée  et  Nolhah(1262j  ;  les  enfants 
de  Madian  :  Epha,  Opher,  Hénoch,  Abida  et 
Eldaa  ;  les  enfants  de  Jesboc  :  Machiri,  Bi- 
diia  et  Thathir.  Les  enfants  de  Sué  :  Beldad, 
Hemdad,  Monan  et  Méban.  Ce  sont  \h  les  en- 
fants qu*Abraham  THébreu  eut  de  Céthura 
la  Chananéenne.  Abra!iam  les  renvoya  tous 
avec  des  présents,  les  éloignant  d'Isaac  son 
fils.  Et  ils  allèrent  vers  la  montagne  de  1*0- 
rient,  et  là  se  bâtirent  six  villes  quMIs  ha- 
bitent jusqu'à  ce  jour.  Mais  les  enfants  de 
Saba  et  de  Dadan,  avec  ceux  de  Jecsan,  ne 
s'établirent  pas  avec  leurs  frères  dans  des 
villes.  Ils  sont  nomades  dans  diverses  con- 
trées et  dans  les  déserts,  jusqu'à  ce  jour.  Les 
enfanis  de  Madian,  fils  d'Abraham  ,  prirent 
à  l'Orient  vers  le  pays  de  Cutha,  et  y  ren- 
contrèrent une  grande  vallée,  et  ils  s'y  ar- 
rêtèrent et  y  bâtirent  des  villes  qu'ils  habi- 
tent jusqu'à  ce  jour.  Et  ceci  est  le  pays  de 
Madian.  Et  voici  les  noms  des  enfants  de 
Madian  selon  leurs  divisions  et  leurs  villes  : 
Eplia,  Opher,  Hénoch,  Abida  et  Eldaa.  Les 
enfants  d'Epha  furent  :  Méthah,  Mésar,  Evi 
et  Salua.  Les  enfants  d'Opher  :  Ephron, 
Sur,  Aliron  et  Médon.  Les  enfants  d'Hénoch  : 
Rasuël,  Uecem,  Ozi ,  Eliosab  et  Haled.  Les 
entants  d'Abida  :  Hur,  Malur,  Carvel  et 
Molhi.  Les  enfants  d'Ëldaa  :  Roé ,  Jachir, 
Réba,  Malhia  et  Gabul.  Ce  sont  là  les  fa- 
milles desMadianites,  répandus  dans  le  pays 
de  Madian. 

Et  voici  les  générations  d'Ismaël,  fils  d'A- 
braham. Lsmael  épousa  une  femme  du  pays 
d'Egypte,  nommée  Mériha,  et  elle  lui  onianta 
Nabaïoth,  Cédar,  Adbéel,  Mabsam,  et  leur 
sœur  Basemath.  Mais  Ismaël  chassa  Mériba, 
parce  qu'elle  lui  déplaisait  beaucoup,  ainsi 
qu'à  son  père  Abraham;  et  elle  s'en  alla  et 
retourna  en  Egypte  (1263).  Ismaël  prit  en- 


sQTte  une  femme  du  pajrs  de  Clianaan,  nom- 
mée  Malchith,  et  elle  lui  enfanta  Masoia,  Du* 
ma,  Massa,  Hadar,  Tbema,  Jéthur,  Naphiset 
Cedma.  Ces  douze  fils  d'Ismaêl  devinrentdes 
chefs  de  familles,  et  ils  se  répandirent  dans 
la  suite  sur  la  face  de  la  terre,  auprès  du  dé> 
sert  de  Pbaran.  Leurs  établissements  s'éteu- 
daient  depuis  Hevila  jusqu'à  Sur  qui  est  en 
face  dupays  d'Egypte  sur  la  route  d'Assyrie. 
Ismaël  et  ses  enfants  demeuraient  dans  ces 
contrées  et  s*y  multipliaient  prodigieuse- 
ment. 

Et  voici  les  noms  des  fils  de  Nabaïoth, 
premier-né  d'Ismaël  (1264)  :  Meud,  Sojid  et 
Maaïon.  Les  fils  de  Céd/ir  :  Elion,  Casem, 
Hamed  et  Ali.  Les  fils  d'Abdéel  :  Eaniud,  h- 
bim.  Les  fils  de  Mabsam  :  Abdia,  Abd-Mé* 
lech  et  Jetis.  Les  enfants  de  Masma  :  Sam- 
roa,  Secarion  et  Ohad  :  Les  fils  de  Duiua: 
Casem,  Ali,  Mahmad  et  Amad.  Les  fiis  de 
Massa  :  Malon,  Mula  et  Abd-Adon.  Les  fiU 
de  Hadad  :  Nazur,  Mensear  et  Abd-Hélech. 
Les  fils  de  Tbema  :  Sagir,  Saadon  et  Icul 
Les  fils  de  Jethur  :  Meric,  Jais,  Ilui  et 
Phaïth.  Les  fils  de  Nanhis  :  At>d-Thao)ir, 
Abioseph  et  Mir.  Les  fils  de  Cedma  :  Ckalif. 
Thahthaï  et  Amir. 

En  ces  iours-là,  Rébecca,  femme  d'Isaar, 
était  stérile.  Et  Isaac  revint  auprès  de  son 
père  au  pays  de  Chanaan  (1265).  Et  Jéhou 
fut  avec  Isaac  et  avec  Abraham  son  père. 

Vers  ce  temps-là  mourut  Arphaxao,  fiisde 
Sem ,  fils  de  Noé.  Et  tous  les  jours  d*.^r* 
phaxad  furent  de  quatre  cent  Irente-buit 


ans. 


Section  Tholedoth'Filskhaq. 


Rébecca  était  encoN  stérrle  dans  la  cin- 
quante-neuvième année  d'Isaac.  Et  elle  di'  h 
son  époux  :  En  vérité,  mon  seigneur,  j'ai 
entendu  dire  que  Sara,  ta  mère,  était  au.^si 
en  un  temps  stérile,  jusqu'à  ce  que  mon  sei- 
gneur Abraham,  ton  père,  uria  pourele; 
alors  elle  conçut  de  lui.  Maintenant,  toi 
aussi,  va  et  prie  notre  Dieu,  afin  que  dans 
sa  miséricorde,  il  se  souvienne  de  nous,  et 
qu'il  m'accorde  des  enfanis.  Isaac  lui  dit  : 
Mon  père  a  déjà  prié  notre  Dieu  de  multi- 
plier ma  postérité.  C'est  donc  par  toi  que 
cette  stérilité  nous  afllige.  Rébecca  reprit: 
De  grâce,  va  cependant  prier,  toi  aussi,  et 
Jéhova  t'exaucera.  Et  Isaac  obtem|>éra  à  la 
demande  do  son  épouse  ;  et  i  Is  se  le  vèrent  tous 
denxetallèrentaupaysdeMoria,  afin  d'y  prier 
Jéhova  et  de  le  consulter.  Et  ils  arriVerenl 
en  ce  lieu-là.  Et  Isaac,  se  plaçant  en  face  «io 
sa  femme,  pria  Jéhova  daccomplir  fiarei.' 
Tassurance  qu'il  avait  donnée  à  Abraham  <ie 
multiplier  sa  postérité  cumme  les  étoiles  du 
ciel  et  comme  le  sable  de  la  mer.  Jéhofa 
accueillit  favorablement  la  prière  d'Isaac, 


(1261)  nS  I3nn,  et  donnèrent  à  elle. 

(1262)  Genèse  xxv,  5  :  Filii  Dadan  fuerunt,  Aa- 
SHrtvi,  et  Latuiim,  ei  Loomim. 

(1263)  Voy.  plu»  haut  col.  M^. 

(1204)  Plusieurs  de  ces  noms  ont  clé  conservés 
par  les  ismaélitett.  Uamed^  TCF],  et  llamud,  et  avec 
le  IN  servile  Mahoiad,  l^TIG,  est  le  ooiu  de  Maho  • 


met.  Le  nom  iïAli  est  connu.  AhdiiU  Ahdiê  {serti* 
teur  de  Dieu)  répondent  à  Abdallah  (en  iralie,  ier> 
viteur  de  Dieu.)  De  même,  Abd-Adon  ^saniieur  <ia 
Seiffneur),  Abd-MéLech  (serviteur  du  roi  tfu  cmO*^* 

S  1265)  Le  texte  oe  nous  apprend  |ias  où  il  ei^ 


ffl9 


TAS 


PART.  HL— LEGENDES  ET 


TAS 


II» 


et  Rébecca  sa  femme  devint  enceinte.  Et  il 
arriva  qu'ioia  septième  mois  de  sa  grossesse, 
les  enfants  commençaient  à  s*en(rechoquer 
dans  son  sein;  et  elle  eu  était  fort  incom- 
modée. Et  elle  interrogeait  toutes  les  fem- 
mes si  elles  avaient  éprouvé  pareille  chose; 
et  elles  répondaient  que  non.  Alors  elle  se 
plaignait,  disant  :  Pourquoi  cela  m^arrive- 
t*il  a  moi  seule?  Elle  alla  trouver  Sem  et 
Héber  pour  les  consulter  et  les  prier  d'inter- 
céder  pour  elle  auprès  der  Jéhova.  Et  elle 
s^adressa  pour  la  même  chose  à  Abraham. 
Tous  lui  répondirent  de  la  part  de  Jéhova, 
et  lui  dirent  :  Tu  portes  dans  ton  sein  deux 
enfants,  deux  nations,  dont  Tune  sera  plus 
paissante  que  l'autre;  Talné  sera  assujetti  au 
plus  jeune.  Lorsque  ses  jouFS  pour  la  déli- 
vrance furent  accomplis,  il  se  vériQa  qu'elle 
était  mère  de  deux  jumeaux,  ainsi  que  lé- 
bova  le  lui  avait  fait  annoncer.  Le  premier 
qui  sortit  était  roux  et  tout  velu  comme  une 
pelisse.  Et  tous  le  nommèrent  Esaii.  En- 
suite sortit  le  second  dont  la  main  tenait 
serré  le  talon  d'Esaii.  C'est  pourquoi  on  le 
nomma  Jacob  (1266).  Isaac  avait  soixante 
ans  lors  de  la  naissance  de  ces  enfants. 

Or  les  enfants  de  Rébecca  atteignirent 
TAge  de  quinze ans,etdevinrentdesl)Ommes. 
Esaû  était  d'un  caractère  artificieux  et  rusé, 
exercé  à  la  chasse  dans  les  champs.  Quant  à 
Jacob,  c'était  un  homme  simple,  sage  et  ca- 
sanier, se  pénétrant  de  la  doctrine  de  Jéhova, 
et  des  bonnes  leçons  de  son  père  et  de  sa 
inère.  Il  restait  volontiers  dans  sa  tente,  et 
n'en  sortait  que  pour  mener  paître  ses  bre- 
bis. 

Isaac  demeurait  avec  toute  sa  maison  au- 
près d'Abraham  son  père,  dans  le  pays  de 
Chanaan,  conformément  à  ce  aue  Dieu  leur 
avait  ordonné.  Mais  Ismaël  sen  était  allé 
avec  tout  ce  qu*il  possédait,  et  demeurait 
dans  le  pays  d'Héviia.  Les  enfants  des  cou* 
cubines  d'Abraham  s'étaient  retirés  égale- 
ment dans  d'autres  régions.  Abraham  avait 
assigné  pour  l'héritage  d'Isaac  toutes  ses  ri- 
chesses et  tous  ses  eifets  précieux.  Il  lui 
commanda  de  rester  Qdèle  à  Jéhova  qui  l'a- 
vait assisté  dans  toutes  les  positions  de  sa 
vie,  bonnes  et  mauvaises.  Il  lui  prescrivit 
d'instruire  ses  enfants  dans  la  doctrine  de 
Jéhova,  et  dans  ses  préceptes,  pour  n'en 
dévier  ni  à  droite  ni  à  gauche,  et  de  faire 
continuer  cet  enseignement  et  cette  obser- 
vance des  commandements  de  Dieu  dans 
toute  la  suite  de  sa  deseendance,  de  siècle  en 
siècle.  Abraham  bénit  ensuite  Isaac,  et  lui 
expliqua  la  doctrine  de  Jéhova. 

En  ce  tentps-là,  Jacob  et  Esaii  ayàni  TAge 
de  quinze  ans,  Abraham  mourut  âgé  de  cent 
soixante* quinze  ans,  et  fut  réuni  à  son  peu- 
pie  après  une  vieillesse  prospère.  Ses  tils, 
Isaac  et  Ismaël.  Tenterrèrent  dans  la  caverne 
qu'il  avait  acquise  d'Ephron  métbéen  en 

(1260)  Esaû.  Wt  fait.  Jacob,  yf:^\  de  3PV,  ta- 
(on. 
(1267)  Voy.  plus  haut  col.  iiOf. 
1268)  Voy,  plus  haui  col.  1117. 
1269j  La  Ocnè$e,  xxv,  32,  ruopo!  le  bien  ces  pa« 


\ 


possession  perpétuelle.  Et  tous  les  enfants 
des  concubines  étaient  venus  prendre  pari 
aux  funérailles  de  leur  père  ;  de  même  aussi 
tous  les  habitants  de  Chanaan  avec  leurs  rois 
et  leurs  chefs,  et  tous  les  habitants  du  pars 
de  Haran  avec  les  princes  et  les  grands  du 
peuple.  Ensuite  tous  les  habitants  de  Cha- 
naan^ depuis  les  vieillards  jusqu'aux  petits 
enfants,  et  tous  ceux  des  autres  pavs  qui 
avaient  connu  Abraham,  Grent  pour  fui  un 
deuil  d'une  année  entière  ;  car  il  avait  été 
bienfaisant  envers  tous ,  et  s'était  rendu 
agréable  à  Dieu  et  aux  hommes.  Il  avait  ini- 
tié les  Chananéeos  à  la  connaissance  de  Jé- 
hova, et'leur  avait  appris  à  la  servir. 

Et,  après  la  mort  d  Abraham,  Dieu  bénit 
Isaac,  son  fils,  et  ses  enfants.  Et  Jéhova  fut 
avec  Isaac  de  la  même  manière  qu'il  avait 
été  avec  son  père. 

Esaû  allait,  selon  son  habitude,  fréquem- 
ment à  la  chasse  pour  prendre  du  gibier. 
Nemrod,  roi  de  Babel,  appelé  aussi  Amraphel, 
avait  également  l'habiiude  d*ailer  chasser. 
Or  Nemrod  était  jaloux  d'Esaii,  et  il  cher- 
chait sans  cesse  à  le  tuer.  Il  arriva  un  jour 
qu'Esau  étant  à  chasser  dans  les  champs  vit 
venir  Nemrod,  accompagné  de  deux  hommes» 
dans  un  lieu  isolé;  caries  gens  du  roi  et  ses 
guerriers,  chassaient  de  divers  autres  côtés. 
Alors  Esaû  s'embusqua  pour  guetterNemrod. 
Le  roi,  à  la  recherche  de  ses  gens,  passa  au- 
près d'Esaû  caché.  Esaû  sortit  aussitôt  de  sa 
cachette,  et  tirant  son  glaive,  il  se  jeta  sur 
lui  et  lui  trancha  la  tète.  Il  combattit  ensuite 
les  deux  hommes  du  roi,  qui  appelaient  les 
autres  guerriers  è  leur  secours,  et  les  tua 
également.  Quand  il  vit  dans  le  lointain  les 
gens  du  roi  accourir  aux  cris  qu'ils  avaient 
entendus,  il  se  bâta  de  dépouiller  Nemrod 
de  la  robe  que  son  père  lui  avait  laissée  en 
héritage ,  et  à  laquelle  il  devait  sa  puis- 
sance (1267)  et  il  s'enfuit  à  la  ville,  et  cocha 
la  robe  dans  la  maison  de  son  père.  Et  ainsi 
fut  avéré  le  songe  de  Nemrod;  car  il  fut  tué 
d'une  manière  humiliante  par  un  descendant 
d'Abraham  (1268).  Les  officiers  de  Nemrod  le 
rapportèrent  à  Babylone,  et  l'enterrèrent 
dans  sa  ville.   Tous  les  jours  de  la  vie  de 
Nemrod  furent  de  deux  cent  quinze  ans  ;  et 
sa  royauté  avait  duré  cent  quatre-vingt-cinq 
ans.  Après  sa  mort  son  royaume  fut  démem- 
bré en  plusieurs  Etats  ;  car  tous  les  çois  qui 
lui  avaient  été  soumis  reprirent  chacun  sa 
première  autorité,  et  les  officiers  de  Nemrod 
leur  furent  assujettis  pendant  longtemps. 

Esaû  était  arrivé  chez  son  père  las  et  brisé 
de  la  crainte  de  ceux  qui  l'avaient  poursuivi. 
Il  était  inquiet  jusqu'à  désespérer  de  la  vie 
et  il  dit  à  Jacob  sou  ftière  :  Puisque  je  vais 
mourir  (1269),  à  quoi  me  servira  la  primo- 
géniture?£t  Jacob  agit  avec  adresse,  mais 
c*est  Jéhova  qui  avait  ainsi  disposé  les 
choses,  et  il  se  fit  vendre  par  Esaû  son  droit 

rôles  d'Ésaû  :  En  morior^quid  mihi  proderuni  pri- 
mogenita  î  mais  elle  rie  nous  apprend  pas  ce  qui 
menaçait  ta  vie  d'Esaù.  Cëiail  le  meurtre  du  roi 
de  Babel.  P.r  contre,  le  Haschar  ne  dit  pas  qoe  io 
Drix  de  la  vente  éiait  un  plat  de  leniilles. 


1151 


blCflORNAlRE  DES  APOCRYPHES. 


flK 


d^itnesse»  comme  aussi  sa  part  de  la  caYerne 
double  qa* Abraham  avait  acquise  des  enfants 
d*Heth.  Jacob  écrivit  larente  surune  feuille, 
et  tous  deux  y  apposèrent  leurs  sceaux  en 
présence  de  témoins. 

Dans  Tannée  de  la  mort  d'Abraham  Jéhova 
amena  sur  le  pays  une  grande  famine,  c*est 
pourquoi  Isaac  se  disposait  à  descendre  en 
Egypte,  comme  avait  fait  son  père.  Mais  la 
nuit  suivante  Jéhova  lui  apparut  et  lui  dit: 
Ne  descends  pas  en  Egypte.  Va  à  Gérare  au- 
près d*Abiméiech,  roi  des  Philistins,  et  restes- 
y  jusqu'à  la  cessation  de  la  famine.  Lorsque 
Isaacfut  arrivé  k  Gérare,  les  habitants  du 
pays  remarquèrent  combien  Rébecca  était 
t>elle.  Et  quand  ils  interrogeaient  Isaac  au 
sujet  de  sa  femme,  il  leur  répondait:  C'est 
ma  sœur;  car  il  craignait  qu'ils  ne  lui  6tas- 
sent  la  vie  è  cause  d  elle.  Les  princes  du 

Eays  parlèrent  à  Abimélech  avec  éloge  de  la 
eauté  de  la  femme.  Mais  le  roi  ne  fit  pas 
attention  à  ce  qu'ils  disaient ,  et  ne  leur  ré- 
pondit rien.  Il  retenait  seulement  que  l'é- 
tranger déclarait  qu'elle  était  sa  sœur.  Au 
bout  de  trois  mois,  Abimélech  en  regardant 

Car  la  fenêtre  de  l'habitation  d'Isaac,  vit  qu'il 
adinsit  familièrement  avec  Rébecca;  car 
Isaac  demeurait  en  face  du  palais  du  roi.  Et 
le  roi  dit  à  Isaac  :  Quelle  est  cette  chose  que 
tu  nous  as  faite  en  disant  de  ta  femme  qu'elle 
est  ta  sœur?  Pour  peu  qu'un  des  principaux 
de  la  nation  se  fût  approché  de  ta  lemme,  tu 
aurais  été  pour  nous  la  cause  d'un  grave  dé- 
lit. Isaac  réf)ondit  :  Je  craignais  ae  perdre 
la  vie  è  cause  de  ma  femme.  Bientôt  après  le 
roi  fit  amener  en  sa  présence,  par  ses  princes 
et  ses  ofiiciers,  Isaac  et  Rébecca ,  et  il  les  fit 
revêtir  d'hahils^royaux  et  promener  sur  des 
chevaux  dans  les  rues  de  la  ville.  Et  l'on  pro- 
clamait devant  eux  :  Quiconque  touchera  À 
cet  homme  ou  h  cette  femme,  sera  puni  de 
mort.  Et  l'on  ramena  ensuite  Isaac  et  Ré- 
becca au  palais  du  roi.  Et  Isaac  allait  s'en- 
richissant  toujours  par  la  munificence  d'A- 
bimélech  qui  se  souvenait  de  son  alliance 
avec  Abraham;  car  Jéhova  voulut  qu'Isaac 
trouvât  grâce  devant  le  roi  et  devant  ses  ser- 
viteurs. Abimélech  dit  aussi  à  Isaac  :  Voici 
que  tout  mon  pays  est  devant  toi.  Demeure 
oïl  il  te  plaira  le  mieux,  jusqu'à  ce  que  tu 
t*en  retournes  enChanaan.Etildonna  à  Isaac 
des  champs  et  des  vignes  dans  les  meilleures 
terres;  afin  qu'il  pût  vivre  jusqu'à  la  fin  des 
jours  de  famine  de  son  pays.  Isaac  ayant 
ensemencé  ses  champs,  recueillit  la  même 
année,  par  la  bénédiction  de  Jéhova,  une 
moisson  centuple.  Cet  homme  devint  fort 

Euissant,  possédant  des  troupeaux  de  menu 
étail  et  de  gros  bétail,  et  de  nombreux  ser- 
viteurs pour  le  labour.  Lorsque  les  jours 
de  la  famine  furent  passés,  Jéhova  apparut 
à  Isaac  et  lui  dit:  Lève-toi, retourne  au  pays 
de  Chanaan.  Et  Isaac  revint  à  Hébron  avec 
tout  ce  qu'il  possédait. 

Quelque  temps  après,  dans  le  courant  de 
la  même  année,  Jacob  et  Esaù  étant  ftgés  de 
dix-huit  ans,  mourut  Salé,  fils  d'Arphaxad. 


Et  tous  les  jours  de  Salé  furent  de  aottr* 
cent  trente-trois  ans.  C'est  aussi  alors^jolsue 
envoya  son  plus  jeune  fils  è  la  ooaisoa  de 
Sem  et  d'Héber,  afin  qu'il  y  apprit  la  loi  de 
Jéhova  dans  sa  totalité;  et  Jacob  y  demeura 
l'espace  de  trente-deux  ans.  Quant  k  Esaû* 
il  ne  lui  plut  pas  d'y  aller,  et  il  resta  dans  ta 
maison  de  son  père.  Il  allait  iournellemeot  4 
la  chasse  pour  prendre  du  gibier;  mais  il  sa- 
vait aussi  faire  la  chasse  aux  cœurs  des  hom- 
mes, pour  les  surprendre  et  les  tromper: 
car  il  était  artificieux  et  rusé.  Après  bien  des 
jours,  il  alla  chasser  dans  le  pajn  deSéir, 
qui  est  le  pays  d'Edom,  et  il  continuait  à  y 
chasser  pendant  un  an  et  quatre  mois.  En  ces 
lieux  il  vit  la  fille  d'un  Chananéen*  nommée 
Judith,  fille  de  Beéri,  fils  d'Opber,  d'entre 
les  familleii  d'Heth,  fils  de  Chanaan,  et  il  l'a- 
mena à  Hébron,  où  résidait  son  père,  ei  il 
cohabita  avec  elle.  EtEsaû  était  âgé  de  qua* 
rante  ans  lorsqu'il  se  maria. 

En  ce  temps-lè,  dans  la  cent  dixième  an- 
née d'Isaac  et  la  cinquantième  de  Jacob,  mou* 
rut  Sem,  fils  de  Noe  k  l'âge  de  six  c^nts  ans. 
Sem  étant  mort,  Jacob  s'en  revint  auprès  de 
son  père  au  pays  de  Chanaan.  Dans  la  cio- 
quante-sixième  année  deJacobdes  hommes 
arrivant  de  Haran  informèrent  Rébecca  de 
tout  ce  qui  concernait  I^ban,  son  frère.  Adîna« 
femme  de  Laban,  comme  aussi  toutes  ses 
servantes,  avaient  été  stériles,  et  il  n'avait 
point  d'enfants.  Mais  Jéhova  se  soavf«it 
d'Adina,  et  elle  conçut  et  enfanta  deux  filles 
jumelles  (1270).  Laban  nomma  l'alné»  Lia« 
et  la  putnéeRachel.  Rébecca  se  réjouit  beau- 
coup en  apprenant  ces  événements. 

Or  Isaac  était  devenu  vieux  et  fort  avancé 
en  Age,  et  la  vieillesse  avait  obscurci  ses 
yeux,  de  sorte  qu'il  n'y  voyait  plus.  El  il 
appela  son  fils  Esaù  et  lui  dit  :  Sors  dans  les 
champs,  et  prends-moi  quelque  gibier,  ei 
fiiis  m'en  un  ragoût,  et  porte-le-moi ,  afin 

3ue  je  te  bénisse  avant  ma  mort,  fisaii  prit 
onc  ses  armes  et  sortit  à  la  campagne.  Or 
Rébecca  avait  entendu  toutes  ces  paroles,  ei 
elle  se  hâta  d'appeler  son  fil$  Jacob,  et  lui  dit: 
Ton  père  a  ordonné  è  Esaù,  ton  frère,  ceci  et 
cela  ;  je  l'ai  entendu  moi-même.  Maintenant, 
toi,  dépêche-toi  et  fais  ce  que  je  te  commande 
Va  au  troupeau,et  apporte-moi  deu  x  des  mei  I- 
leurs  chevreaux.  Je  les  accommoderai,  ei  tu 
les  apporteras  k  ton  père,  oui  en  mangera  et 
te  bénira  avant  le  retour  d  Esaû.  Et  Jacoh  fit 
ainsi,  et  apporta  le  mets  à  son  père.  Isaac  dit 
à  Jacob  :  Qui  es-tu,  mon  fils?  Il  répondit: 
Moi,  Esau,  ton  fils  aîné.  J'ai  exécuté  ce  que 
tu  m  as  ordonné.  Maintenant,  viens  t*a$seoir 
et  mange  de  ma  chasse,  afin  que  tun  âme  m« 
bénisse  selon  ta  promesse.  Isaac  mangea  t 
but  et  devint  de  bonne  humeur,  et  il  t)éni. 
Jacob.  Celui-ci  sortait  de  la  présence  de  son 
père  lorsQue  Ksnû  revint  de  la  campagne 
avec  du  gioier.  Il  prépara  aussi  un   ragoût, 
et  le  porta  à  son  père.  Isaac  demanda  :  Quel 
est  donc  le  chasseur  qui  m'a  apporté  k  man- 
ger avant  ton  retour T  Je  Tai  béni.  Eàaûcoai« 
prit  que  c*ctait  son  frèro  qui  Tâvail  préveatt» 


(1270)  Autre  circonsUnce  qu'on  ne  lit  pas  dans  la  Cenctt. 


ff» 


TAS 


PART,  ni.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


4(84 


et  11  fut  pris  d*ane  grande  colère  contre  lui, 
et  s'écria  :  Ce  n'est  pas  sans  raison  que  son 
nom  est  Jacob;  car  voici  la  deuxième  fois 

3uMI me  fourbe.  Il  ma  soutiré  mon  droit 
*alnesse,  et  maintenant  il  surprend  la  béné- 
diction qui  m'attendait  (1271).  Et  il  se  mit  à 
pleurer  amèrement.Isaac  entendant  lespleurs 
de  son  fils  lui  dit  :  Que  puis-je  faire,  mon 
fils  7  Ton  frère  a  par  astuce  enlevé  ta  béné- 
diction.  Et  Esaiiaigri  contre  son  frère,  nour- 
rit au  fond  de  son  cœur  une  haine  profonde 
pour  lui.  Jacob  effrayé  de  Tirri talion  de  son 
frère,  s'enfuit  è  la  maison  d'Héber»  fils  de 
Sem,  et  s'y  tint  caché  en  continuante  étudier 
la  loi  sacrée.  Jacob  était  ftgé  de  trente-six 
ans  lorsqu'il  s'enfuit  d*Hébron,  qui  est  en 
Cbanaan.  Mais  Esaù  éprouvait  un  profond 
déplaisir  en  voyant  que  Jacob  avait  échappé 
i  sa  vengeance  après  avoir  surpris  par  ruse 
sa  bénédiction.  Il  en  voulait  aussi  à  son  père 
et  à  sa  mère  à  cause  de  ce  qui  s*était  passé. 
C'est  pourauoi»  emmenant  sa  femme,  il  les 
quitta  et  s^en  alla  au  pays  de  Séir.  11  vit  là 
une  autre  femme  des  filles  d'Heth,  nommée 
Basemalh,  fille  d'Elon  l'Héthéen,  et  il  en  fit 
sa  deuxième  épouse.  Il  changea  son  nom  en 
Ada,  disant  :  J'ai  manquéla  bénédiction  (1272). 
£saii  resta  à  Séir  pendAut  six  mois  sans  aller 
Yoir  son  père  et  sa  mère.  It  revint  ensuiteà 
Hébron  et  logea  dans  la  maison  de  son  père 
ses  deux  femmes»  qui  chagrinaient  et  mé- 
contentaient Isaac  et  Rébecca  par  leur  feçon 
de  vivre.  Car  elles  ne  marchaient  pas  dans 
les  voies  de  Jéhova^  mais  elles  servaient 
des  idoles  de  bois  et  de  pierres,  leur  ofi'rant 
des  sacrifices  et  de  l'encens,  ainsi  que  leurs 
pères  leur  avaient  enseigné  :  et  elles  étaient 

Elus  impies  que  leurs  pères.  Et  Isaac  et  Ré- 
ecca  avaient  de  l'aversion  pour  elles.  Et 
Rébecca  dit  à  Isaac  :  Je  suis  dégoûtée  des 
filles  d'Heth.  Si  Jacob  en  épousait  une,  je  dé- 
sirerais ne  pas  vivre. 

En  ces  jours-là  Ada,  femme  d'Esaû,  con- 
çut et  lui  enfanta  un  fils  qu'il  nomma  Eli- 
phaz.  Esaû  était  alors  âgé  de  soixante-cinq 
ans.  Dans  la  même  année  mourut  Ismaël, 
fils  d'Abraham.  Et  tous  les  jours  de  la  vie 
d'Ismaël  furent  de  cent  trente-sept  ans.  Isaac 
le  regretta  et  fit  son  deuil  pendant  longtemps. 
Or,  après  quatorze  ans  de  séjour  dans  la 
maison  d'Uéber,  Jacob  eut  le  désir  de  revoir 
ses  parents,  et  il  retourna  auprès  d'eux. 
A  son  retour  se  réveilla  la  haine  d'Esaû,  qui 
cherchait  l'occasion  de  le  tuer  Cependant  il 
dit  :  Mon  père  est  fort  avancé  en  âge,  et  son 
deuil  n'est  pas  éloigné.  Dès  que  mon  père 
sera  mort  je  tuerai  mon  frère  Jacob.  Rébecca 
fut  instruite  de  son  dessein,  et  elle  fit  appe- 
ler aussitôt  son  fils  Jacob  et  lui  dit:  Lève-toi, 
▼a-t'en  sur  -  le-  champ  h  Haran,  auprès  de 
I^ban,  mon  frère,  et  tu  y  resteras  un  certain 
temps  jusqu'à  ce  que  la  colère  de  ton  frère 
se  soit  apaisée.  Isaac  aussi  fit  venir  en  sa 
présence  Jacob  et  lui  recommanda  de  ne  pas 
prendre  pour  femme  une  des  filles  de  Cba- 

(1271)  Le  verbe  apy  signifie  aussi,  cirronvimr^ 

[tmrber.  En  quelque  sorte,  prendre,  frtpper  par  der* 
fikre 


naan,  mais  d'aller  plutôt  à  Haran,  à  la  mai- 
son de  Bathuel,  son  grand-père,  etd*épouser 
une  des  filles  de  Laban,  son  oncle;  d*ètra 
constamment/fidèle  à  Jéhova,  en  le  servant 
soigneusement,  et  de  ne  jamais  l'abandonner 
pour  la  vanité  des  idoles.  II  le  bénit  ensuite, 
et  lui  dit  :  Le  Dieu  tout-puissant  te  fera 
trouver  grâce  devant  les  gens  du  pays  où  ta 
vas.  Tu  y  trouveras  une  femme  selon  ton 
désir,  bonne,  attachée  aux  voies  de  Jéhova. 
Dieu  te  donnera  pour  toi  et  pour  ta  posté- 
rité ce  qu'il  a  promis  par  la  bénédiction  d'A- 
braham, en  te  multipliant  et  te  faisant  deve* 
nir  un  peuple  nombreux.  Et  Jéhova  te  ra« 
mènera  dans  ce  pays  de  la  demeure  de  tes 
pères,  avec  joie  et  bonheur,  riche  en  enfants 
et  en  biens.  Il  lui  fit  ensuite  de  grands  pré- 
sents en  or  et  en  argent,  et  il  le  congédia. 
Jacob  baisa  son  père  et  sa  mère,  et  partit 
pour  la  Mésopotamie  de  Syrie.  Or  Jacobétait 
âgé  de  soiicinte-quinze  ans  lorsqu'il  s'en  alla 
de  Bersabée  et  du  pays  de  Chanaan. 

Et  il  arriva  lorsque  Jacob  se  mit  en  voya^^e 
pour  aller  à  Haran  qu'Esaûappela  son  fils  Eli- 
phaz,  et  lui  dit  secrètement:  Voici  que  Jacob 
part.  Maintenant  hâte-toi  de  te  ceindre  de 
ton  épée.  Tu  courras  et  le  dépasseras  et  te 
mettras  en  embuscade  dans  l'une  des  gorges 
des  montagnes  sur  sa  route,  et  tu  le  tueras 
et  prendras  tout  ce  qu'il  porte  sur  lui.  Or 
Elipha^,  alors  âgé  de  treize  ans,  était  un 
homme  alerte,  adroit  tireur  d'arc,  car  son 
père  Ty  avait  exercé,  hardi  chasseur  et  brave 
au  combat.  Eliphaz  fit  ce  que  son  père  lui 
avait  commandé,  en  prenant  avec  lui  dix 
hommes  des  parents  de  sa  mère,  et  il  sur- 
prit Jacob  sur  l'extrême  limite  du  pays  ds 
Chanaan,  en  face  de  la  ville  de  Sichem.  Jacob 
voyant  venir  à  lui  Eliphaz  tenant  songlaiva 
levé,  et  les  hommes  qui  l'accompagnaienr, 
s'arrêta;  car  il  ne  savait  ce  que  cela  signi- 
fiait. Et  il  leur  demanda  :Qu'avez-vous  pour 
courir  après  moi  jusqu'ici  armés  de  vos  épées? 
Eliphaz  s'approcha  de  lui  et  répondit:  Mon 
père  m'a  ordonné  ceci  et  cela.  Il  faut  main- 
tenant que  j'exécute  ses  ordres.  Alors  Jacob 
faisant  un  pas  en  avant,  supplia  Eliphaz  et 
ses  hommes  disant  :  Voici  tout  ce  que  j'ai 
sur  moi,  et  ce  aue  mes  parents  m'ont  donné. 
Prends  tout  cela  et  va-t'en.  Mais,  de  srâce, 
ne  me  tue  pas;  et  cela  te  sera  imputé  a  jus* 
ticedans  mon  souvenir.  Et  Jéhova  toucha 
le  cœurd'Eliphaz  et  de  ses  compagnons  en 
faveur  de  Jacob,  et  ils  eurent  pitié  de  lui  et 
ne  le  tuèrent  pas.  Mais  ils  le  dépouillèrent 
de  tout  ce  qu  il  avait  emporté  de  Bersabée, 
et  ne  lui  en  laissèrent  absolument  rien.  Re- 
venus auprès  d'Esaû,  ils  lui  rendirent  compte 
de  leur  course,  et  lui  remirent  tout  ce  qails 
avaient  enlevé  à  Jacob.  Mais  Esaû  s'emporta 
contre  Eliphaz  et  les  hommes  (^ui  étaient 
sortis  avec  lui,  parce  qu'ils  avaient  laissé 
vivre  Jacob;  et  il  ne  voulut  pas  les  écouter 
dans  leur  justification.  Cependant  il  prit  l'or 
et  l'argent  et  toutes  les  autres  choses  qu'ils 

(1272)  Ada,  du  verbe  my,  qui  signifie,  irandiU 
{Job  xsvni,.^.) 


1155 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRTPIŒS. 


itSt 


avaient  6tées  à  lacob,  et  porta  le  tout  à  sa 
maison  (1273). 

Vers  le  même  temps  Esaû  considérant  que 
son  père  en  bénissant  Jacob  lui  avait  recom- 
mandé de  ne  pas  choisir  sa  femme  parmi  les 
Allés  de  Cbanaan,  et  que  celles-ci  déplaisaient 
à  ses  parents,  alla,  lui  aussi,  vers  ta  maison 
dîsmaël  son  oncle,  et  épousa,  outre  lesfem- 
mes  qu*il  avait  déjà,  Mahéleth,  Qlle  d'Ismaël 
et  sœur  de  Nahaïoth. 

Section  Yalyéué. 

Jacob  poursuivant  sa  route  parvintè  mont 
Moria  (1274^),  et  il  y  passa  la  nuit  dans  la 
proximité  de  la  ville  ae  Luz.  Cette  nuit-là 
Jéhova  apparut  à  Jacob,  et  lui  dit  :  Je  suis 
Jéhova,  Dieu  d'Abraham  et  Dieu  de  ton  père 
Isaac.  Je  te  donnerai  la  terre  sur  laquelle  tu 
es  couché,  pour  toi  et  pour  ta  postérité.  Et 
voici  que  je  serai  avec  toi  partout  où  tu  iras, 
pour  te  garder.  Sois  donc  sans  crainte.  Je 
multiplierai  ta  postérité  comme  les  étoiles 
du  ciel.  Je  ferai  tomber  tes  ennemis  devant 
toi;  et  quand  ils  te  combattront  ils  ne  pour- 
ront rien  contre  toi.  Je  te  ramènerai  dans  ce 
pays  avec  une  famille  nombreuse,  comblé 
defélicilés  et  de  richesses.  Et  Jacob  éveillé 
de  son  sommeil  se  réjouit  beaucoup  de  cettte 
vision,  9t  il  appela  ce  lieu  Béthel  (1275).  Ses 
jambes  devinrent  légères  par  le  contente- 
ment, et  il  marcha  vivement  vers  la  région 
d*Orient,  et  il  arriva  devant  Haran,  et  s'y 
reposa  auprès  du  puits  des  pasteurs.  Il  trouva 
en  ce  lieu  des  hommes  sortis  de  la  ville  avec 
leurs  brebis,  et  il  leur  demanda  :  Connais- 
sez-vous Laban,  Gis  de  Nachor?  Ils  répon- 
dirent: Nous  le  connaissons;  et  Rachel,  sa 
fille,  doit  arriver  ici.  Il  s'entretenait  encore 
avec  eux,  lorsque  survint  Rachel  avec  le  trou- 
peau de  son  père,  car  c'était  elle  qui  le  gar- 
dait. Dès  que  Jacob  vit  Rachel,  fille  du  frère 
de  ^a  mère,  il  courut  vers  elle,  et  l'embrassa, 
et  éleva  la  voix  en  pleurant.  Et  il  dit  à  Rachel 
qu'il  était  fils  de  Rébecca,  sœur  de  son  père» 
et  aussitôt  elle  courut  annoncer  cela  a  son 
père.  Jacob  pleura  encore,  et  davantage, 
parce  quHI  n'avait  rien  à  offrir  à  ses  parents. 
En  apprenant  l'arrivée  de  son  neveu,  Laban 
co.urut  au  lieu  où  il  était.  Il  le  baisa  et  le 
serra  dans  ses  bras,  et  l'amena  dans  sa  mai- 
son et  lui  servit  à  manger.  Alors  Jacob  ra- 
conta à  Laban  tout  ce  que  lui  avait  fait  son 
frère  Esaii,  comme  aussi  ce  qu'Eliphaz  lui 
avait  fait  dans  son  voyage. 

Or  Laban  n'avait  pas  encore  de  QIs  en  ces 
jours*là;  car  ses  femmes  et  ses  servantes 
étaient  stériles,  hors  Adina,  qui  seule  lui 
avait  donné  deux  filles.  Lia  et  Rachel  (1276). 

Jacob  demeurait  dans  la  maison  de  Laban 
depuis  un  mois  de  jours  lorsque  Laban  lui 

(1273)  En  ajouUnl  an  récit  de  la  Geuhe  ia  cir- 
eonsiaiice  que  nous  apprend  le  Yaschar^  savoir, 
que  Jacob  était  parU  muni  d*un  riche  viatique,  il 
n*en  dt*meure  pas  moins  constant  qu*il  arriva  au 
Jourdain  dans  un  grand  déiiùment,  el  qu^il  pouvait 
dire,  in  baculo  meo  irantivi  Jordanem,  ou,  comme 
p<)rte  la  Paraphrase  Cahldaïque,  $eul  fat  pas$i  ce 
Jourdain.  Voy.  notre  Avant-Propos. 

(it7i)  Montagne  sanclifiée  par  les  deux  plus 


dit:  Pourquoi  me ser virais-tu  graloitementf 
Dis-moi  quels  doivent  être  tes  gages.  Jaeob 
répondit:  Je  te  servirai  pendant  sept  ans  pour 
Bachel  ta  fille  cadette.  Laban  agréa  la  propo- 
sition, et  Jacob  commença  son  service  de 
sept  ans. 

Dans  la  deuxième  année  du  séjour  de  Ja- 
cob à  Haran,  qui  était  la  soixante-dix-neu- 
vième  de  son  flge,  vint  à  mourir  Héber,fils 
de  Salé,  Agé  de  quatre  cent  soixante-qoatre 
ans.  Jacob  en  fut  fort  afiligé,  et  il  le  pleura 
et  en  fit  le  deuil  longtemps  (1277).  Dans  la 
troisième  année  du  séjour  de  Jacob  à  Haran, 
Basemath,  fiile  d*lsmaël  femme  d'Esaû,  en- 
fanta un  Gis,  el  Esaii  le  nomma  Raguël.  Et 
dans  la  quatrième  année  du  séjour  de  Jacol» 
h  Haran ,  Jéhova  visita  Laban  en  faveur  de 
Jacob,  et  il  lui  naquit  des  fils.  Et  voici  leurs 
noms:Béor,  le  premier-né,  Abib,  le  puîné, 
Moras,  le  troisième.  Et  Jéhova  gratifia  en- 
core I^ban,  en  faveur  de  la  présence  de  Jacob 
dans  sa  maison,  d'autres  fils  et  filles»  de  ri- 
chesses et  d*houneurs  ;  de  façon  qu*il  devint 
un  homme  très-puissant.  Et  Jacob  servait 
Laban  par  des  travaux  tantà  la  maison  qu'aux 
champs,  et  la  bénédiction  de  Jéhova  éiait 
dans  tout  ce  que  touchait  sa  main. 

Dans  la  cinquième  année  du  séjour  de  Ja- 
cob à  Haran ,  mourut  au  pays  de  Chanaan 
Judith,  fille  de  Beéri,  femme  d'Esaû.  Klle  nV 
vait  pas  de  fils,  mais  des  filles.  Et  voici  les 
noms  de  ses  filles  :  Hersith,  lalnée,  et  Pbit- 
hith ,  la  cadette.  Après  la  mort  de  Judith, 
Esaii  transféra  en  Séir  le  parcours  da  ses 
chasses  journalières,  et  il  demeura  long- 
temps dans  ce  pays  L'année  diaprés, 
Esaû  épousa  outre  les  femmes  qa*il  avait, 
Oolibama,  fille  d'Ana ,  petite- fille  de 
Sebéon,  Hévéen,  et  il  revint  avec  elle 
au  pavs  de  Chanaan;  et  Oolibama  lui  en- 
fanta Jéhus,  Jhéion  et  Coré,  trois  fils.  Et 
il  y  avait  de  fréquents  combats  enire  les jpas- 
teurs  d*Esa\i  et  ceux  des  habitants  de  Cha- 
naan; car  les  troupeaux  d'Esaii  étaient  telle- 
ment nombreux,  qu'ils  épuisaient  les  pâtu- 
rages du  pays.  C'est  pourquoi  Esaû  pnt  ses 
femmes,  ses  enfants,  ses  troupeaux  el  tout 
ce  qu'il  possédait,  et  alla  se  fixer  dans  la 
terre  de  Séir.  Toutefois,  il  revenait  de  temps 
à  autre  au  pays  de  Chanaan  ponr  voir  son 
père  et  sa  mère.  Et  il  s'allia  par  des  maria- 
ges aux  Horrbéens,  donnant  de  ses  filles 
aux  fils  de  Séir  TAmorrhéen.  Il  donna  Mer- 
sith,  sa  fille  atnée,  à  Ana,  fils  de  Sébéoo, 
frère  de  son  épouse;  et  il  donna  Pbnhith  à 
Eser,  fils  de  Balaan,  THorrhéen.  Et  Esao  de- 
meurait sur  la  montagne  de  Séir  avec  ses 
enfants  qui  fructifièrent  et  maltipliireDt 
prodigieusement. 

Or,  la  septième  année  Jacob  avait  fiai  le 

grands  sacriOoes  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  TnU- 
meut:  celui  dlsaac  et  celui  du  divin  Rédeoiptetir. 
Le  premier,  figure;  le  second,  réalité.  Fm.  tolos 
haut  note  i25i. 

(1275)  Bétbel,  SmtVI,  maison  de  Dieu. 

(Ii7b)  Voy.  plus  haut,  col.  i15S. 

(1277)  On  lit  souvent  dans  le  Yasckur.  Béèer.  fh 
de  Stm,  parce  qu*il  était  rarrière-pctlt^fils  de  '^ 
Sem,  Arohaxad,  Salé,  Héber 


1157 


1AS 


PART.  in.  «-  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1158 


lomps  de  son  service,  ei  il  dit  k  Laban  : 
DooDe-mui  ma  ferunie,  car  j*ai  rempli  les 
ioursde  mon  service.  Alors  Laban  invita  tous 
les  habitants  du  lieu  h  un  festin.  Pendant  la 
soirée,  Laban  entra  dans  la  chambre  oii  Ja- 
cob et  les  invités  étaient  réunis,  eji  il  étei- 
f;nit  toutes  les  lumières  de  la  maison.  Jacob 
ui  dit  :  Pourquoi  nous  fais-tu  celte  chose? 
Laban  répondit  :  Telle  est  la  coutume  chez 
nous.  Il  amena  ensuite  sa  fille  Lia  à  Jacob 
qui  en  fil  sa  femme;  mais  il  ne  savait  pas 
que  c*était  elle.  Et  Laban  donna  à  Lia  pour 
servante  Zelpha,  son  esclave.  Les  invités  sa- 
vaient tous  que  Laban  substituait  une  fille  à 
fautre,  mais  ils  n*en  avertirent  point  Jacob. 
Les  mêmes  amis  vinrent  dans  la  maison  de 
Jacob,  et  ils  mangèrent  et  burent  et  se  livrè- 
rent h  la  joie  toute  la  nuit.  Ils  chantaient 
en  s'accompagnant  d'instruments  de  musi- 
que, répétant  en  chœur  :  Hilélal  Hilélat  Le 
lendemain,  quand  le  jour  éclairait,  Jacot>, 
se  retournant  vers  sa  temme,  vit  que  c'était 
Lia  qui  couchait  è  ses  côtés,  et  il  dit  :  Je 
comprends  maintenant  le  refrain  que  chan- 
taient les  amis  toute  la  nuit.  Cest  Liai  ré- 
pétaient-ils (1278).  Et  Jacob  appela  Laban  et 
lui  dit  :  Que  m*as-tu  fait  là?  Ne  t*ai-je  pas 
servi  pour  Rachel?  Pourquoi  donc  m*as-tu 
trompe  en  me  donnant  Lia?  Laban  lui  ré- 
)>ondit  :  Cela  ne  se  pratique  pas  a'nsi  dans 
notre  lieu  de  marier  la  cadette  avant  Tatnée. 
Mais,  si  c*est  ton  désir  d'épouser  aussi  la 
sœur  de  celle-ci,  prend!«-la  pour  sept  autres 
années  de  ton  service.  Jacob  s'engagea  pour 
les  sept  annéessuivantes,  et  épousaaussi  Ra- 
chel, qu*il  aima  plus  que  Lia.  Et  Laban  donna 
è  Rachel,  pour  servante»  son  esclave  Râla. 

Et  Jéhova,  voyant  que  Lia  était  peu  ai- 
mée, la  rendit  féconde,  et  elle  enfanta  à  Ja- 
r'ob  quatre  fils  dont  voici  les  noms  :  Ruben, 
Simém,  Lévi,  Juda.  Rachel,  voyant  qu'elle 
était  stérile,  devint  jalouse  de  sa  sœur,  et 
elle  donna  è  Jacob  sa  servante  Râla,  qui  en- 
fanta deux  fils.  Dan  et  Nephthali.  Lia,  de  son 
côté,  voyant  qu'elle  avait  cessé  d'avoir  des 
enfants,  prit  é^^alement  sa  servante  et  la  don- 
na pour  femme  à  son  mari.  Et  Zelpha  aussi 
enfanta  à  Jacob  deux  fils ,  Gad  et  Aser.  Ce- 

Îendant  Lia  conçut  de  nouveau  et  enfanta  à 
acob  deux  fils  et  une  fille,  Issachar  et  Za- 
bulon  avec  leur  sœur  Dina.  Gomme  Rachel 
continuait  h  être  stérile,  elle  adressa  de  fer- 
ventes prières  à  Jéhova,  le  suppliant  de 
mettre  nn  è  sa  confusion.  Et  Jéhova  l'exau- 
ça, et  elle  eut  un  fils  qu'elle  nomma  Joseph, 
pour  dire:  Que  Jéhova  m'accorde  un  autre 
tils  (1279).  Jacob  était  Agé  de  quatre-vingt- 
onze  ans. 

En  ce  temps-lk,  Rébecca  expédia  du  pays 
de  Chanaan,  vers  Jacob,  sa  nourrice  Débora, 
fille  de  Hus,  et  deux  hommes  des  serviteurs 
d'Isaac,  pour  le  rappeler  è  la  maison  de  son 

(li78)  Hiléla,  r/fT7}f  sorte  de  cri  de  Joie,  pour 

HiUa.  hnS  MVT,  c*es(  Ua, 

(1179)  Joseph,  vpt,  addal,  qu\l  ajoute.  Diaprés 
la  iraditioii ,  Kacliel ,  douée  ,  ainsi  que  les  aulri'S 
mèreê  du  peuple  de  Dieu,  de  IVsprit  de  prophéiit», 
lavait  qu'il  ne  devait  sortir  de  Jacob  «lue  douze  fils. 


père.  Jacob  voulut  se  rendre  aux  ordres  de 
sa  mère;  car  ses  quatorze  années  de  service 
étaient  finies,  et  il  dit  à  Laban  :  Donne-moi 
mes  femmes,  et  permets -moi  de  m'en  re- 
tourner dans  mon  pays;  car  voici  que  ma 
mère  m*a  envoyé  dire  de  revenir  à  la  maison 
de  mon  père.  l!iaban  lui  répondit  :  Je  te  prie, 
si  }ài  trouvé  grAce  à  tes  yeux,  ne  me  quitte 
pas.  Je  te  donnerai  tel  salaire  [que  tu  deman*- 
deras,  pourvu  que  tu  restes  avec  moi.  Ja- 
cob répondit  :  Voici  quel  sera  mon  salaire. 
Je  passerai  dans  les  troupeaux,  et  j*en  sé- 
parerai pour  moi  toute  brebis  et  toute  oliô- 
vre  tachetée,  mouchetée  ou  rousse.  Moyen* 
nant  ceci,  je  continuerai  à  soigner  tes  trou- 
peaux. Laban  fit  ainsi  et  lui  accorda  de  son 
menu  bétail  ce  qu'il  avait  demandé.  Alors 
Jacob  livra  entre  les  mains  de  ses  fils  le  bé- 
tail qu'il  avait  ainsi  mis  décote  pour  lui,  et 
lui-même  faisait  pattre  celui  de  Laban.  Les 
serviteurs  dlsaac,  voyant  que  Jacob  ne  par- 
tait pas  avec  eux,  s'en  retournèrent  au  pays 
de  Chanaan.  Mais  Débora  resta  auprès  de  Ja- 
cob à  Haran,  et  s'attacha  à  ses  femmes  et  à 
ses  enfants. 

Et  Jacob  servit  Laban  encore  l'espace  da 
six  ans,  pendant  lesquels  il  séparait  des 
troupeaux  de  Laban  pour  lui,  suivant  son 
pacte,  toutes  les  bêtes  tachetées ,  mouche- 
tées et  rousses.  El  il  devint  très-riche  en 
troupeaux,  en  esclaves,  en  chameaux  et  en 
Ânes.  Il  possédait  lieux  cent  mille  troupaaux 
de  menu  bétail  (1280).  Et  comme  ses  bêtes 
étaient  grandes  de  taille,  d'une  excellente 
conformation  et  d'une  fécondité  extraordi- 
naire, toutes  les  familles  cherchaient  hs'^n 
t)rQCurer.  On  lui  offrait  f)our  une  de  ses  bre. 
rs,  soit  un  esclave,  soit  une  esclave,  soie 
un  chameau,  soit  un  Ane  :  tout  ce  qu'il  exi» 
gf^ait;  de  sorte  que  les  richesses  de  Jaeob 
allaient  croissant  rapidement.  Et  les  fils  de 
Laban  en  devinrent  jaloux,  et  ils  disaient  : 
Jacob  s'est  approprié  la  meilleure  part  de  ce 
qui  appartient  à  notre  père,  et  c'est  des 
biens  de  notre  père  qu'il  est  devenu  si  puis- 
sant. Jâcob  entendit  ces  murmures.  Il  s'a-- 
perçut  aussi  que  le  visage  de  Laban  et  celui 
de  ses  fils  n'étaient  plus  pour  lui  comme  au- 
paravant. Alors  Jéhova  apparut  è  Jacob,  ti 
fui  dit  :  Lève-toi,  sors  de  ce  pays,  retourne 
dans  ta  patrie;  je  serai  avec  toi.  Jacob  mit 
aussitôt  sur  des  chameaux  ses  femmes,  ses 
enfants  et  tout  ce  qu'il  possédait,  et  prit  le 
chemin  de  Chanaan  pour  retourner  auprès 
d'Isaac  son  père.  Laban  ignorait  le  dénart 
de  Jacob;  car  ce  jour-là  il  était  allé  au  lieu 
de  la  tonte  de  ses  brebis.  Or  Rachel,  en 
partant,  déroba  les  théraphim  de  son  père,  et 
les  cacha  sous  la  couverture  de  son  cha- 
meau. Et  voici  comment  se  faisaient  les  thé- 
raphim :  On  prenait  un  homme,  ce  devait 
être  un  premier-né,  on  regorgeait  et  on  lui 

destinés  k  devenir  les  patriarches  d'auunt  de  tri- 
bus. G*est  pourquoi  elle  ne  pouvait  plus  demander 
qiriin  flts,  et  pas  plus.  Voy.  le  Medrascb-Rabba  et 
Tarklit  sur  ce  text*^  de  la  Genète. 
(liSO)  Ainsi  le  texte  de  toutes  les  éditions:! 


1189 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


net 


tranchait  ensuite  la  tète,  et  on  la  salait.  Qoand 
le  sel  avait  suiBsamment  pénétré  la  tête,  on 
la  frottait  avec  de  l'huile.  OnNlui  mettait  en- 
fln  sous  la  langue  une  petite  lame  de  cuivre 
ou  d'or  sur  laquelle  était  gravé  un  nom  ma- 
gique. On  conservait  cette  tête  dans  un  en- 
droit convenable  de  la  maison,  et  l'on  en- 
tretenait devant  elle  un  luminaire.  Quand 
on  se  prosternait  devant  elle,  elle  répondait, 
par  la  vertu  du  nom  magique  qu'elle  avait 
sous  la  langue,  à  toutes  les  questions  qui  lui 
étaient  adressées.  D'autres  faisaient,  à  des 
heures  favorables,  qu'ils  connaissaient,  des 
figures  humaines  en  or  et  en  argent.  Ces  fi- 
gures recevaient  l'influence  des  astres ,  et 
prédisaient  l'avenir.  Or,  Rachel  emporta  les 
tbéraphim  de  son  père,  afin  qu'ils  ne  lui  in- 
diquassent pas  la  direction  que  Jacob  avait 
prise. 

Laban,  rentré  chez  lui ,  ne  trouva  ni  Ja- 
cob, ni  les  personnes  qui  composaient  sa 
maison.  Il  courut  à  ses  tbéraphim,  et  voici 
qu'ils  étaient  disparus.  Alors  il  alla  consul- 
ter les  tbéraphim  de  la  maison  d'un  autre, 
et  ils  lui  apprirent  toutes  les  choses  qu'il 
voulait  savoir.  Aussitôt  Laban,  assemblant 
ses  frères  et  tous  ses  serviteurs,  se  mit  à  la 
poursuite  de  Jacob,  et  il  l'atteignit  sur  la 
montagne  de  Galaad.  Alors  Laban  dit  à  Ja- 
cob :  Pourquoi  t'es-tu  enfui  de  chez  moi  fur- 
tivement, emmenant  mes  tilles  et  leurs  en- 
fants comme  des  captifs  de  guerre,  sans  que 
j'aie  pu  les  embrasser  et  leur  faire  la  con- 
duite dans  la  joie  de  mon  cœur?  Et  en  t'en 
allant,  tu  as  dérobé  mes  dieux.  Jacob  répon- 
dit :  Je  craignais  que  tu  ne  me  privasses  vio- 
lemment de  tes  filles.  Quant  à  tes  dieux,  la 
Eersonne  sur  qui  tu  les  trouveras,  mourra, 
aban  chercha  les  tbéraphim  dans  les  ten- 
tes, et  fouilla  dans  les  bagages;  mais  il  ne 
les  trouva  point.  Et  Laban  dit  h  Jacob  : 
Viens,  contractons  une  alliance  qui  soit  un 
témoignage  entre  toi  et  moi.  Dieu  sera  té- 
moin entre  nous,  si  tu  affliges  mes  filles  ou 
si  tu  prends  d'autres  femmes  avec  elles.  Et 
ils  ramassèrent  des  pierres  et  en  firent  un 
monceau.  Laban  dit  :  Ce  monceau  sera  en 
ce  jour  témoin  entre  toi  et  moi.  C'est  pour- 
quoi on  l'appela  Galaad  (1281).  Ils  égorgé* 
rent  ensuite  des  bestiaux  et  les  mangèrent 
sur  le  monceau,  et  ils  passèrent  ensemble  la 
nuit  sur  la  montagne.  Le  lendemain»  de  t)on 
matin,  Laban  embrassa  ses  filles  et  s'en  sé- 

1)ara  en  pleurant  pour  retourner  chez  lui. 
lacob  aussi  reprit  son  chemin. 

Dès  que  Laban  fut  de  retour  dans  son  pays, 
il  se  hâta  d'envoyer,  par  un  autre  chemin, 
au  pays  de  Séir,  son  fils  Béor,  Agé  de  dix- 

(liS!)  Ou  mieux  Gat-Ed,  17^:,  te  monceau  té- 
moin, CVsi  Jacub  qui  lui  donna  ce  nom  en  hébreu. 
Laban  le  nomma  dans  le  même  sens  en  cbaldaî- 
que,  Yeqar'Satiaduiha^  HSTntVO. 

(l^i)  Jacob  n'avait  qu'une  fille,  Dîna.  Noire 
lionnéte  homme  de  Laban  avait  set  raisons  pour 
cbaui<er  le  singulier  en  pluriel. 

(1283)  Nous  avons  vu  que  Laban  Tavait  laissé  sur 
la  montagne  de  Galaad.  Nais  il  comptait  que  dans 
rintervalle  Jacob  de\ait  arriver  au  Jaboc  qu*il  était 
obligé  de  passer,  puisuue  ce  torrent,  partant  de  la 


sept  ans,  avec  Abi-Horeph,  fils  de  Hos,  et 
dix  hommes,  et  il  leur  ordonna  de  donner 
cet  avis  à  Esaii  :  Voici  ce  que  te  mande  ton 
oncle  et  ami,  Laban,  Jls  de  Batbuël.  As-tn 
jamais  appris  une  chose  comme  celle  que 
m'a  faite  ton  frère  Jacob?  11  est  arrivé  ici 
dénué  de  tout.  Tai  couru  au-devant  de  lui, 
et  je  l'ai  accueilli  dans  ma  maison,  et  je  fai 
comblé  de  grands  biens,  et  je  lui  ai  dooné 
pour  femmes  mes  deux  filles  et  mes  deux 
servantes.  Dieu  l'a  béni  à  ma  considération, 
de  façon  qu'il  est  devenu  puissant  en  ri- 
chesses, et  qu*ileutdes  fils  et  des  fil  les  (1283) 
et  des  esclaves  femmes,  comme  aussi  des 
troupeaux  innombrables  de  gros  et  de  menu 
bétail,  des  cha  neaux  et  des  Anes  ;  et  une 
quantité  considérable  d'or  et  d'argent  et  d'ob- 
jets précieux.  Lorsqu'il  s'est  vu  en  posses- 
sion d'une  fortune  aussi  grande,  il  m'aaitan- 
donné,  partant  furtivement,  sans  que  j'aie 
pu  embrasser  mes  filles,  qu'il  a  entraînées 
comme  des  captives  prises  à  la  guerre.  Il  m'a 
aussi  volé  et  emporté  mes  dieux  pénates.  Il 
s'est  dirigé  vers  le  najN  de  Chanaan  pour 
retourner  chez  son  père.  Je  Tai  laissé  sur  le 
torrent  de  Jaboc  avec  toutes  ses  riches- 
ses (1283).  Maintenant  si  tu  veux  marcher 
contre  lui  tu  le  trouveras  en  ce  lieu^li,  et  tu 
pourras  le  traiter  comme  il  te  plaira.  A  cette 
annonce  Esim  sentit  se  ranimer  en  son  cœur 
toute  son  inimitié  contre  Jacob,  et  il  se  hâia 
de  prendre  ses  fils,  ses  serviteurs  et  tous 
ses  esclaves,  au  nombre  de  soixante  hom- 
mes. 11  alla  aussi  assembler  tous  les  enfants 
de  Séir  et  tous  leurs  auxiliaires,  trois  cent 
quarante  combattants.  Avec  cette  troupe  de 
quatre  cents  hommes,  tous  tirant  l'épée,  il  se 
porta  au-devant  de  Jacob  pour  l'accabler.  Il 
partagea  sa  troupe  en  sept  corps,  chacun 
d'environ  soixante  hommes,  et  il  mit  ft  leur 
tète  Eliphaz,  son  fils  atné  et  six  Horrbéens. 
Esaii  se  tenait  au  milieu  d'eux,  et  les  con- 
duisait avec  célérité  (128&). 

Les  mêmes  messagers  de  Laban  allèrent, 
en  quittant  Esaii,  au  pays  de  Chanaan  auprès 
de  Rébecca,  et  lui  dirent:  Voici  que  ton  fils 
Esaii,  ayant  appris  que  son  frère  Jacob  est 
en  chemin,  a  réuni  quatre  cents  coml)attaots, 
et  il  marche  à  sa  rencontre  pour  se  jeter  sur 
lui,  et  le  dépouiller  de  tout  ce  qu'il  apporte. 
EtRébecca  se  hâta  d'en voyerà  Jacob  soixante- 
douze  hommes  des  serviteurs  d'Isaac.  Et  ces 
hommes  le  rencontrèrent  au  delà  du  torrent 
de  Jaboc.  Dès  que  Jacob  les  vit  il  les  recon- 
nut, et  les'  embrassa  avec  de  grandes  d*^- 
monstrations  de  joie  ,  et  s'informa  de  l'état 
de  son  père  et  de  sa  mère.  Il  dit  :  C'est  ua« 
troupe  que  Dieuenvoie  à  mon  secours.  Eiil 

montagne,  coupait  sa  route  pour  aller  se  jeter  daitt 
la  mer  ie  Tibériade,  non  loin  du  cour»  du  Jo«r- 
dain. 

(1%8i)  La  Genète^  xxxn,  6,  nous  dit  hieo  que  Esau 
arrivait  en  armes  et  à  marche  forcée  au-devaot  de 
Jacob  :  Et  ecce  properai  tibi  in  ùccurêum  euu  f*« 
dringentiê  viril.  Mais  elle  ne  noua  appreini  pv*tti 
coinment  Esaù  savait  que  Jacob  revenait,  la  tvmkt 
qu'il  suivait,,  et  même  i^udroit  où  il  le  rtaeuan^ 
mu 


«61 


fAS 


PART,  m.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


lies 


nomma  le  lieu  de  la  rencontre  Mahanaîm»  ce 
qui  reut dire,  double  camp  (1285). Les  en- 
Tovés  de  Rébecca  lui  dirent  :  Ta  mère  nous 
a  ait  partir  pour  t*informer  que  ton  frère 
EsaQ  s'avance  vers  toi  avec  de^  hommes  de 
Séir  l'Horrbéen.  Maintenant, mon  fils,écoute 
mon  conseil  et  agis  selon  ta  propre  prudence. 
Ne  le  heurte  pas«  mais  plutôt  appaise-le  par 
d'humbles  supplications,  et  offre-lui  des  pré- 
sents de  tout  ce  dont  Dieu  t'a  favorisé.  Parie- 
lui  avec  ouverture  de  c<bur,  et  lémoigne-lui 
toute  ta  déférence  pour  ton  atné.  C'e^t  ainsi 
que  tu  pourras  éviter  le  danger  qui  te  me- 
nace. Et  Jacob  disposa  toutes  choses  confor- 
mément à  ce  que  sa  mère  voulait  qu'il  lit. 

Section  Vaîyiichlakh 

'  A  la  même  époque,  Jacob  députa  vers  EsaQ 
des  messagers  pour  lui  porter  des  paroles 
suppliantes,  et  lui  parler  eq  ces  termes: 
Voici  ce  que  te  fait  dire  ton  serviteur  Jacob: 
Que  mon  seisneur  Esaû  ne  pense  pas  que  ta 
bénédiction  de  mon  père  m'ait  profité  ;  car 

(tendant  vingt  ans  j'ai  été  soumis  à  un  dur 
abeur  par  Laban,  qui  m'a  trompé  dix  fois, 
en  changeant  les  conditions  de  mon  salaire. 
Et  cela  aura  été  sans  doute  raconté  à  mon 
seigneur.  Mais  Dieu  a  considéré  mes  péni- 
bles efforts,  et  il  a  touché  en  ma  faveur  le 
cœur  de  Laban  ,  qui  devint  mieux  disposé 

I>our  moi,  et  je  suis  parvenu  à  posséder,  par 
a  miséricorde  de  Dieu,  quelques  bœufs,  bre- 
bis, serviteurs  et  servantes.  Et  maintenant 
en  chemin  pour   retourner  auprès  de  mon 

rire  et  de  ma  mère,  je  fais  savoir  tout  cela 
mon  seigneur  afin  de  trouver  grâce  A  ses 
jeux.  Et  les  messagers  rencontrèrent  Esaû 
à  l'extrémité  du  pays  d'Edom.  Esaii  leur  ré- 

Eondit  avec  hauteur  et  insolence  :  Je  sais 
ien,  par  des  avis  certains,  combien  Jac^b  a 
mal  agi  envers  Laban.  Il  ne  s'est  pas  mieux 
comporté  envers  moi  ;  car  deux  fois  il  m'a  nui 
par  surprise.  J*ai  patienté  jusqu'à  ce  jour; 
mais  voilà  que  je  viens  à  lui  avec  mes  gens 
pour  le  traiter  selon  ce  qu'il  mérite.  Les  mes- 
sagers revinrent  auprès  de  Jacob  et  lui  rap- 
portèrent ces  paroles  d*Esaû.  Jacob  en  fut 
consterné,  et  une  grande  inquiétude  l'agi- 
tait. Il  invoqua  ardemment  l'aide  de  Jéhova 
son  Dieu.  Après  avoir  achevé  sa  prière,  il 
partagea  en  deux  camps  les  individus  et  les 
troupeaux  qu'il  avait  avec  lui.  Il  confia  un 
des  camps  à  Damésec,filsd'Eliéser  serviteur 
d'Abraham,  et  l'autre  à  Alinus  (1286),  égale- 
ment fils  d'Eliéser.Etil  leiircommandade  se 
tenir  éloignés  l'un  de  Tautre  aune  certaine 
distance,  afin  quesiEsaûsejetaitsur  un  camp, 
l'autre  pût  lui  échapper.  Et  Jacob  passa  toute 
la  nuit  à  donner  des  ordres  à  ses  serviteurs. 
Cependant  Jéhova  avait  exaucé  la  prière 
de  Jacob,  et  il  envoya  quatre  anges  du  ciel 
supérieur  oour  le  protéger  contre  la  fureur 

(IS85)  En  comparant  ce  passante  avec  le  texte 
de  la  GeHèiêf  xxxn,  i,  il  faudrait  dire  que  les  angeê^ 

ia^3l6Qt  de  la  Bible  sont  simpleoieni  des  êmunféê. 
yhc,  imge^  en  hébreu,  comme  arï«^oc«  atige/iu, 
en  grec,  signifie  proprement,  inwnfé  en  m/ufon. 
DiCTi0!^:i.  DBS  Afocrtphks.  II. 


d'Esaii.  Ces  anges  allèrent  au-devant  d'Esaû, 
et  prirent  l'apparence  de  centaines  et  de 
milliers  de  cavaliers  armés  de  toutes  pièces, 
et  ils  se  partagèrent  en  quatre  corps.  Le  pre- 
mier corps  en  rencontrant  Esaii  et  ses  quatre 
cents  hommes,  fondit  sur  eux.  Esaû  saisi  de 
frayeur,  tomba  de  dessus  son  cheval,  et  ses 
quatre  cents  hommes  se  dispersèrent  de  tous 
côtés.  La  troupe  de  cavaliers  leur  cria  d'une 
voix  qui  retentit  au  loin  :  Ne  sommes-nous 

Êas  les  gens  de  Jacob,  le  serviteur  de  Dieu? 
lui  est-ce  donc  qui  pourrait  nous  résister? 
Esaû  leur  dit:  Oh  1  Jacob,  mon  seigneur, 
votre  maître  est  mon  frère.  Voici  vingt  ans 
que  je  ne  l'ai  vu.  J*ai  appris  aujourd'hui  qull 
revenait.  Et  tandis  que  je  voyage  pour  aller 
au-devant  de  lui,  et  lui  faire  boa  accueil, 
vous  me  traitez  de  la  sorte  I  Les  anges  lui 
répondirent:  Vive  Jéhova  1  Si  Jacob  n'était 
pas  ton  frère,  ainsi  que  tu  le  protestes,  nous 
t'aurions  anéanti,  loi  et  jusqu'au  dernier  de 
tes  hommes.  Mais  nous  vous  épargnons  tous 
en  considération  de  Jacob.  Le  premier  corps 
passa  devant  Esaû  et  les  siens,  qui  étaient 
revenus,  et  il  continua  sa  route.  Quand  Esaû 
et  ses  hommes  eurent  fait  environ  une  para- 
sange  de  chemin,  voici  que  le  deuxième 
corps  de  cavaliers  se  précipita  sur  eux  le  fer 
à  la  main.  Et  les  choses  se  passèrent  de  la 
même  manière.  Et  il  en  fut  également  ainsi 
quand  Esaû  rencontra  le  troisième  corps,  et 
après  lui  le  quatrième  corps.  Or,  Esaû,  per- 
suadé qu*il  avait  rencontré  des  troupes  for- 
midables appartenant  à  Jacob,  craignait  son 
frère,  et  il  s  appliquait  à  dissimuler  sa  haine 
contre  lui. 

Jacob,  de  son  c6té,  durant  toute  cette  nuit- 
là,  consultait  avec  ses  serviteurs,  en  passant 
d'un  camp  à  l'autre,  et  il  résolut  avec  eux 
d'offrir  à  son  frère  des  présents  de  tout  co 
qu'il  possédait,  afin  d'adoucir  sa  colère.  Et 
dès  le  matin  il  choisit  dans  les  troupeaux  les 

[)résents  qu'il  destinait  à  Esaû.  Et  en  voici 
e  dénombrement.  Parmi  les  brebis  il  choisit 
quatre  cent  quarante;  parmi  les  chameaux 
et  les  ânes,  trente  de  chaque  espèce;  parmi 
le  gros  bétail,  cinquante  têtes.  Il  partage.! 
tout  cela  en  dix  troupeaux  séparés,  sous  la 
conduite  de  dix  serviteurs,  et  il  leur  or- 
donna ceci  :  Eloignez-vous  l'un  de  l'autre,  et 
mettezdel'espaceentrevostroupeanx.Quand 
Esaû  et  ceux  qui  sont  avec  lui  arriveront 
près  de  vous  et  vous  demanderont  :  Qui  étes- 
Tous,  et  où  allez-vous,  et  à  qui  sont  toutes 
ces  bètes  que  vous  conduisez?  Vous  leur  ré- 

Jondrez  :  Nous  sommes  des  serviteurs  de 
acob.  Nous  allons  au-devant  de  son  frère 
pour  le  saluer;  et  voici  que  Jacob  lui-même 
arrive  derrière  nous.  Ces  troupeaux  sont  le 
présent  qu'il  envoie  à  son  frère  Esaii.  S'ils 
vous  demandent:  Pourquoi  reste-t-it  en  ar- 
rière, et  ne  s'empresse-t-il  pas  de  voir  la  face 
de  son  frère?  Vous  répondrez:  Il  nous  suit 

Voilà  pourquoi  Jésus-Chnat,  le  mallre  et  créaieur 
des  anges,  est  appelé  lui-flième  iiiif«,  parce  <^ii*ii  a 
éU  envoyé  sur  la  terre  pour  y  remplir  une  intMioii. 
Tu  {Poter)  me  miatili  in  mundum»  [Joan.  xvii,  18.) 
(1286)  Ce  oom  n*a  pas  la  physioDomie  tiébraî- 
que. 

37 


ItCS 


DlCttONNAIRE  DES  APOCRTPHFlSk 


llfl 


joyeux  de  la  rencontre  de  son  frère;  mais  il 
a  dit  :1e  veux  auparavant  me  concilier  «a 
sa  bonne  grâce  par  le  présent  dont  je  me  fais 
précéder.  Peut-être  m*accueillera-t-il  favo- 
rablement. Les  serviteurs  partirent  donc 
/  avec  les  troupeaux,  et  Jacob  resta  auprès  de 
ses  camps  au  bord  du  torrent  de  Jaboc.  Vers 
le  milieu  de  la  nuit,  il  prit  ses  femmes  et  ses 
servantes  et  les  fit  passer  avec  tout  ce  qu*il 
avait  è  Tautre  bord  du  torrent.  Quant  à  lui» 
il  resta  seul  en  deçà  du  Jaboc.  Alors  un 
homme  se  présenta  et  lutta  avec  lui  jusque 
vers  Taurore  ;  et  l'emboiturede  la  cuisse  de 
Jacob  fut  luxée.  Mais  dès  que  parut  l'aube 
du  jour  Thomme  lâcha  Jacob  et  il  le  bénit 
et  disparut. 

£t  Jacob  passa  le  gué,  boitant  de  la  jambe 
lésée.  Quand  il  fut  arrivé  au  bord  opposé  le 
soleil  se  leva  pour  lui  (1287},  et  il  marcha 
avec  tout  son  monde  jusqu'au  milieu  du  jour. 
Levant  alors  les  yeux,  il  vit  dans  le  lointain 
Esaii  venant  à  lui,  accompagné  de  quatre 
cents  hommes;  et  iJ  fut  saisi  de  crainte. Il  se 
hâta  de  distribuer  ses  enfants  auprès  de  leurs 
mères,  et  il  enferma  Dinadans  une  caisse 

Ïu'il  remit  entre  les  mains  de  ses  serviteurs, 
t  il  .passa  devant  tous  les  siens  è  la  ren- 
contre de  son  frère,  et  en  s'approchant  de  lui 
il  se  prosterna  sept  fois  contre  terre.EtDieu 
lui  fit  trouver  grâce  devant  Esaû  et  sa  suite, 
car  il  avait  exaucé  sa  prière.  Esaû,  de  son 
c6té,  non-seulement  craignait  Jacob  à  cause 
des  nombreuxcavaliersdeguerrequ^ii  pensait 
être  ses  serviteurs  (I288),mais  aussi  son  res- 
sentiment se  changea  en  véritable  tendresse 
fraternelle.  Dès  qiril  aperçut  Jacob  il  courut 
vers  lui,  se  jeta  à  son  cou  et  le  tint  longtemps 
embrassé.  Et  ils  pleuraient  tous  deux.  Les 
quatre  cents  hommes,  ainsi  que  son  GIsEli- 
phaz  et  les  quatre  frères  de  celui-ci,  conçu- 
rent pour  Jacob  de  la  crainte  et  de  Kaffection, 
et  ils  le  baisaient  et  le  serraient  daas  leurs 
bras.  Esaû  en  levant  les  yeux  vit  derrière 
Jacob  ses  femmes  et  ses  enfants,  gui  ne  ces- 
saient de  se  prosterner  devant  lui.  Et  il  de- 
manda à  Jacob  2  Qui  sont  tous  ceux-ci?  Jacob 
répondit  :  Ce  sont  les  enfants  dont  Dieu  a 
gratifié  ton  serviteur.  Esaû  demanda  encore 
à  Jacob:  Qu'est-ce  que  la  caravane  que  j'ai 
rencontrée  hier?  Jacob  répondit:  Cest  un 
présent  que  j'ai  envoyé  devant  moi,  afin  de 
trouver  grâce  aux  yeux  de  mon  seigneur. 
Et  il  insista  en  disant:  Accepte,  je  te  prie,  le 
orésenl  offert  de  ma  part  à  mon  seigneur. 

(1287)  Noire  texte  porte,  comme  celui  de  la  Ge^ 
nè$€f  *|S  rrm  ,  onusque  esl  et,  comme  iradoit  la 
Yulgali*.  Diaprés  la  tradition,  cet  ci,  à  /ut,  veut  dire 
que  Jacob  fut  instantanément  guéri  par  les  premiers 
rayons  du  soleil.  Cest  à  celte  circonstance  que  les 
rabbins  appliqnent  ce  verset  de  Malachie,  iv  ,  2  : 
Soi  jutliliœ ,  et  $anan$  in  alis  eju*.  Voy.  le  Mé- 
drascb*Rabba,  ici,  le  Talmud,  traité  Khulin,  fol. 
S)l  verso;  traité  ^n^^t/ri  ii,rol.95,verso.  Yaïklis  in  loco. 

(1288)  Voy,  page  précédente. 

(1289)  Le  texte  de  la  Cenèu  xxsni,  18  :  Et  Jacob 
arriva  D2Q^  "l^V  thff>  Les  LXX  et  la  Vulgate  pren- 
nent D^  pour  te  nom  propre  de  la  ville  de  Salem. 
Saint  Jérôme,  dans  ses  questions  hébraïques,  traite 
de  la  diflliculié  qu'offre  ce  texte.  Salem  ou  Jérusa- 


Esaiidit:  Pourquoi  cela?  Garde  lot)  bien: 
ce  serait  i  moi  à  t*en  offrir  autant,  pnisque 
j*ai  vu  ta  face,  et  que  je  fai  trouvé  en  vie  et 
en  santé.  Mais  Jacob  insista  de  noaveao, 
disant  :Je  te  prie,  mon  seigneur,  si  j*ai  trouvé 
grâce  à  tes  yeux,  accepte  de  ma  main  ce 
présent,  puisque  j'ai  vu  ta  face  avec  la  satis- 
faction que  donne  la  vue  delà  face  de  Dieu, 
et  que  tu  m*as  pris  en  amitié.  Alors  Esaû  re- 
çut le  présent  de  bestiaux,  nomme  aussi  de 
ror,  de  Targent  et  des  pierres  précieuses. 
Et  Esail  distribua  la  moitié  des  Iroupeaai 
aux  hommes  de  sa  suite»  pour  leur  paje,  ec 
Tautre  oioitié  è  ses  fils  ;  et  il  confia  à  Eliphaz, 
sou  fils  aîné,  Tor  et  Targent  avec  les  pierres' 
fines. 

Esaii  dit  ensuite  à  Jacob  :  Nous  resteroDs 
à  ton  cAté,  et  nous  vovagerons  avec  toi  è  pe- 
tites journées,  jusqu  à  ma  résidence»  et  là 
nous  demeurerons  tous  deux  ensemble.  Ja* 
cob  répondit  :  Je  voudrais  faire  selon  ce  que 
dit  mon  seigneur;  mais  mon  seigneur  sait 
que  io  mène  des  enfants  en  bas  Age.  En  ou- 
tre. Tes  brebis  et  les  vaches  ont  besoin  tie 
marcher  lentement,  à  cause  de  leurs  p^tils^ 
nés  récemment.  Si  on  les  forçait  de  press«r 
le  pas,  tu  n'ignores  pas  que  la  fatigue  les 
ferait  périr.  C'est  pourquoi,  que  mon  sei- 
gneur passe  devant  son  serviteur,  tandis  que 
moi  j'avancerai  lentement  au  pas  des  enfants 
et  des  petits  du  troupeau,  jusqu'à  ce  que 
j'arrive  auprès  de  mon  seigneur  à  Séir.  Esaii 
dit  encore  :  Je  te  laisserai  au  moins  une  par- 
tie de  ma  suite  pour  t'eseorter  et  aider  à 
porter  tes  fardeaux.  Jacob  répondit:  Mon 
seigneur  est  trop  gracieux.  Va-t'en  arec  tes 
hommes  :  je  te  suivrai  à  mon  aise  {lour  aller 
demeurer  avec  toi  à  Séir.  Or  Jacob  parlait 
ainsi  afin  d'éloigner  Esaii  de  son  chemin,  <rl 
se  diriger  lui-même  vers  le  pa  vs  de  Cbanaan 
et  vers  la  demeure  de  son  père.  Esaiâ  s*en 
alla  donc  avec  tous  ses  hommes,  et  Jacob 
tourna  sa  face  vers  Chanaan,  et  s'arrêta  pen- 
dant quelque  tem(}S  à  l'extrême  limite  du 
pays.  Après  cela,  Jacob  passant  la  frontière 
voyagea  jusqu'à  la  ville  de  Sichem  dans  la 
territoire  deSalem  (1289),  et  il  campa  en  de- 
hors de  la  ville.  Et  il  acheta  des  enfants 
d'Hémor  le  terrain  sur  lequel  il  s'était  arrêté 
moyennant  cinq  sicles  (1290).  Il  y  bâiil  une 
maison,  et  y  fixa  sa  demeure.  Et  pour  loger 
s^s  troupeaux,  il  construisit  des  cabanes  : 
c'est  ce  qui  a  fait  donner  à  ce  lieu  le  nom  de 
Socolh  (cabanes). 

lem,  et  Sichem  sont  notoirement  deux  vhies  drf* 
férentes.  D'après  les  Paraphrases  chaldaiqoes ,  U 
version  persane  de  R.  Saadia  et  presque  tous  lr% 
rabbins,  ce  dScZT  est  Fadj^ctir  bien  connu  qui  ^tgniâf», 
«a/imt,  ineolumis,  sain  et  sauf.  Le  Jaukûr  aplaait 
la  difûculté  tout  en  demeurant  d'accord  avec  les 
LXX.  Ajoutons  que  si  ce  passaj^e  du  Yûickar  avait 
été  écrit  par  un  rabbin,  îl  aurait  certaineineal  ^n- 
ployé  vhvf  comme  adjectif  couformément  au  Tau 
rouJ,  traité  Schabbat^  fol.  35  verso,  et  an  Médrasdi- 
Beréschîd.  par.  79. 

(1390)  La  Genèse  xxini,  19,  dit  :  cent  keritas.  Ita.« 
on  f  oit  dans  le  Talmud,  trnité  RoKh'Ha$sck0mm  foL 
96,  recto,  que  la  kestta  équivaut  à  onenraoafr*J. 
c'est-à-dire,  un  vingtième  du  sicl^:. 


1185 


VAS 


PAUT.  m.—  LE<;ENDES  et  rilAGMBNTS, 


YAS 


IIM 


Jacob  demeurait  à  Socolh  depuis  plus  do 
dis-huit  mois,  lorsque  les  femmes  des  habi: 
tants  de  Sichem  sortirent  de  la  ville  pour 
danser  et  faire  des  réjouissances  à  l'occasion 
de  la  fête  des  jeunes  filles.  Et  les  femmes  de 
Jacob,  Rachel  et  Lia,  vinrent  avec  leurs  ser- 
vantes voir  la  fête,  et  elles  s*as$irent  pour  la 
regarder*  Et  Dina,  fille  de  Jacob,  était  avec 
elles.  Les  hommes  et  les  principaux  chefs  de 
la  ville  assistèrent  égalemelit  à  la  fête.  Alors 
Sichem,  fils  d'Hémor  prince  du  pays,  remar- 
qua Dina  assise  à  cdté  de  sa  mère,  et'elle 
lut  plut  beaucoup,  et  son  âme  s'attacha  à 
elle.  Etîi  demanda  à  ses  amis  et  à  ceux  de 
sa  suite  :  Qui  est  cette  jeune  fille,  que  je  n'ai 
jamais  connue  dans  notre  vilie^T  Ils  lui  ap- 

E firent  que  c'était  la  fille  de  Jacob,  fils  d'A- 
raham  l'Hébreu,  qui  demeurait  dans  le 
canton  depuis  quelque  temps.  Et  il  envoya 
des  hommes  et  la  fit  enlever  de  force.  Et 
lorsqu'elle  eut  été  amenée  dans  sa  maison, 
il  lui  fit  violence.  Et  il  l'aima  encore  davan- 
tage, et  la  retint  chez  lui.  Quand  Jacob  fut 
instruit  que  Sichem  avait  flétri  sa  fille,  il 
envoya  deux  de  ses  serviteurs  pour  lâcher- 
cFier.  Mais  Sichem  et  ses  gens  les  chassèrent 
de  la  maison,  et  ne  leur  permirent  pas  d'ar- 
river jusqu'à  Dina.  Bien  plus,  Sichem  s'assit 
auprès  d'elle,  et  à  leurs  yeux  la  baisait  et  la 
serrait  dans  ses  bras.  Cette  chose  couvain- 
ouit  Jacob  entièrement  du  déshonneur  de  sa 
nlle;  mais  il  se  tint  tranquille  jusqu'au  re- 
tour de  ses  fils,  qui  faisaient  paître  le  bétail 
dans  les  champs.  Il  envova  sans  retard  h  Dina 
deux  filles  des  enfants  de  ses  esclaves,  pour 
la  servir  et  lui  tenir  compagnie. 

Cependant  Sichemdépula  trois  de  ses  amis 
▼ers  son  père,  Hémor  TUévéen,  fils  de  Hidé- 
cem,fils  de  Pharad,  pour  lui  dire:  Donne- 
moi  cette  jeune  fille  pour  femme,  Hémor  se 
transporta  h  la  maison  de  Sichem  et  lui  dit: 
N*dvons-nous  pas  de  filles  dans  notre  nation 
pour  que  tu  ailles  choisir  pour  femme  une 
étrangère  parmi  les  Hébreux  ?  Sichem  lui 
répondit  :  C'est  que  celle-ci  me  plaît. Donne- 
la-moi  pour  épouse.  Et  comme  Hémor  ché- 
rissait son  fils  il  consentit  à  son  désir,  et  ^1 
sortit  pour  proposer  la  chose  à  Jacob.  Mais 
avant  son  arrivée  à  la  maison  de  Jacob  lés 
frères  de  Dina  étaient  rentrés.  Et  quand  ils 
apprirent  l'attentat  de  Sichem,  ils  en  furent 
accablés  et  remplis  d*indignation.  Et  sans 
même  penser  à  faire  rentrer  le  bétail,  ils  en- 
tourèrent tumultueusement  leur  père,  et  s'é- 
crièrent :  N'est-il  pas  vrai  que  cet  homme,  et 
de  même  ses  sujets,  méritent  la  mort.  Car 
Jéhova,  Dieu  de  la  terre,  a  défendu  à  Noé  et 
è  sa  race  la  rapine  et  la  fornication  (129l|. 
Or,  Sichem  a  ravi  notre  sœur  et  en  a  abuse, 
et  pas  un  seul  habitant  de  sa  ville  ne  lui  en 
a  fait  des  remontrances.  Pendant  qu'ils  par- 
laient encore  voici  Hémor  oui  arnvait,  et  il 
dit  à  Jacob  et  à  ses  fils  :  L  âme  de  mon  fils 
s'est  attachée  à  votre  fille.  Accordez-la-lui 

(1291)  La  défense  de  la  rapine  et  de  la  fornicâ- 
lion  faisaient  partie,  d'après  la  tradition ,  des  sept 
préceptes  iro|)osés,  sous  peine  de  mort,  4  toute  la 
race  de  Noé.  On  les  appelle  te$  sept  précépie$  Noa^^ 


pour  épouse.  Allions-nous  par  des  mariages; 
vous  nous  donnerez  de  vos  filles,  et  vous 
en  prendrez  des  nôtres.  Fixez-vouf  dans  no- 
tre pays,  et  nous  y  formerons  un  seul  peu- 
ple. Car  notre  pays  est  spacieux;  vous  pour- 
rez y  trafiquer,  y  acauérir  des  possessions 
en  terre,  selon  votre  non  plaisir,  sans  que 
l'on  vous  dise  un  seul  mot.  En  ce  moment 
survint  son  fils  Sichem,  qui  répéta  les  mêmes 
paroles  que  son  père,  et  il  ajouta  :  Pourvu 
que  je  trouve  grAce  à  vos  yeux,  je  ferai  tout 
ce  que  vous  me  prescrirez.  Imposez-moi  une 
dot  aussi  riche  qu'il  vous  plaira  et  je  la  don- 
nerai volontiers.  Quiconque  n^obéira  pas  h 
tout  ce  que  vous  ordonnerez  sera  puni  de 
mort.  Seulement  donnez-moi  cette  jeune 
personne  en  mariage.  Siméoa  et  Lévi,  usant 
d'artifice,  répondirent:  Notre  volonté  est  de 
vous  complaire.  Donnez-nous  le  temps  d'en- 
voyer consulter  Isaac,  noire  grand-père, 
sans  l'avis  duquel  nous  ne  pouvons  rien  dé- 
cider en  cette  chose  ;  car  il  connaît  mieux 
que  nous  les  coutumes  établies  par  notre 
père  Abraham.  Nous  ne  vous  dissimulerons 
rien  de  sa  réponse.  Les  paroles  de  Siméon 
et  de  Lévi  firent  plaisir  à  Sichem  et  à  son 
père,  et  ils  se  retirèrent  contents.  Après  leur 
départ,  les  fils  de  Jacob  délibérèrent  sur  le 
moyen  de  les  décevoir,  et  de  les  tuer  avec 
tous  les  habitants  de  la  ville,  en  réparation 
de  l'attentat  de  Sichem.  Et  Siméon  aonna  c% 
conseil:  Disons-leur  :  Soyez  circoncis  coname 
nous  le  sommes;  sinon,  nous  prendrons  no- 
tre fille,  et  nous  nous  en  irons  d'ici.  S'ils 
font  ce  que  nous  demandons,  nous  atten- 
drons qu'ils  soient  malades  de  leur  plaie,  et 
nous  pourrons  en  toute  sûreté  passer  au  fil 
de  l'épée  tous  les  mAles.  Le  conseil  de  Si- 
méon fut  trouvé  bon.  Le  lendemain,  Sichem 
ne  manqua  point  de  revenir  avec  Hémor  son 
père.  Les  enfants  de  Jacob  leur  dirent:  Vos 
propositions  plaisent  k  notre  grand-pèro 
Isaac;  mais  il  nous  a  avertis  disant  :  lion 
père  Abraham  m'a  ordonné  ceci  de  la  partde 
notre  Dieu,  maître  de  toute  la  terre  :  Tout 
homme^  étranger  à  la  race  d'Abraham,  qui 
voudra  épouser  une  fille  de  ses  descendants 
Hébreux,  devra  préalablement  recevoir  en 
sa  chair  la  circoncision,  lui,  et  tous  les  mAles 
qui  sont  sous  son  obéissance.  Sachez  donc 
que  nous  ne  pouvons  donner  notre  fille  k  un 
homme  incirconcis;  car  ce  serait  un  oppro- 
bre parmi  nous.  Mais  nous  consentirons  h 
tout  ce  que  vous  proposez  si  vous  voulez 
circoncire  tous  les  mAles  de  votre  ville.  Que 
si  vous  vous  y  refusez,  nous  viendrons  dans 
votre  maison  et  nous  reprendrons  noire  sœur 
malgré  vous,et  nous  nous  éloignerous<levotre 
pays.  Sichem  et  son  père  se  hAtèrent  de  se 
rendre  à  la  porte  de  leur  ville ,  et  ils  y  con- 
voquèrent tous  les  habitants  et  leur  dirent: 
Ces  hommes,  les  fils  de  Jacob,  veulent  s'in- 
corporer dans  notre  peuple.  Ils  nous  appor- 
teront leurs  richesses  en  trafiquant  dans  le 

ehideê.  Voy.  le  Talmud,  traité  Sanhédrin,  fol.  56. 

Nous  voyons  ici  le  motif  du  massacre  des  babitanU 
de  Sîebem,  dont  la  justiAcatlon  o*est  pas  ez| 

clairement  dans  la  BtMe. 


1167 


DICTIONNAtftE  DES  ÂPOCRTt^HES. 


It€8 


pays,  assez  vaste  pour  les  recevoir.  Nous 
prendrons  de  leiirs  filles  pour  femmes,  et 
nous  leur  en  donnerons  des  nôtres  (1292)^.  Ils 
y  mettent  une  seule  condition»  conformé- 
ment à  un  précepte  de  leur  Dieu;  c'est  que 
nous  soyons  tous  circoncis.  Tous  se  soumi- 
rent à  la  voit  de  leurs  princes»  Hémor  et 
Sicbem,  qui  étaient  fort  honorés  par  eux.  Le 
lendemain,  de  çrand  matin,  tous  s'étant  as- 
semblés dans  rintérieur  de  la  ville,  ils  firent 
appeler  les  fils  de  Jacob  qui  s'occupèrent  à 
leur  (pratiquer  la  circoncision  tout  ce  jour-l2l 
et  le  jour  suivont.  Hémor  et  Sichem  »  ainsi 
que  les  cinq  frères  de  celui-ci,  furent  pa- 
reillement circoncis.  Les  Sichémites  se  reti- 
rèrent ensuite  chacun  dans  sa  maison  pour 
se  soigner.  Or,  Jéhova  avait  lui-même  dis- 
posé ainsi  toutes  choses,  afin  de  livrer  les 
hommes  de  Sichem  entre  les  mains  des  fils 
iie  Jacob,  en  punition  de  leurs  crimes. 

Or,  le  nombre  de  ceux  qui  avaient  reçu  la 
circonoision  dans  la  ville  était  de  six  cent 
quarahte-cinq  hommes  et  de  deux  cent 
sofxante-seize  enfants.  Mais  Hidécem ,  fils 
de  Pharad,  père  d'Hémor,  et  ses  six  frères, 
n'avaient  pas  écouté  la  voix  de  Sichem  et 
d'Hémor  pour  se  circoncire  ;  car  ils  avaient 
du  mépris  pour  la  proposition  des  fils  de 
Jacob.  Ils  étaient  très-irrilés-  de  ce  qui  s'é- 
tait fait,  et  de  ce  que  les  ^ens  de  la  ville  n'a- 
vaient pas  voulu  se  laisser  dissuader  par 
eut.  Le  deuxième  jour  au  soir  on  découvrit 
que  huit  petits  enfants  n'avaient  pas  été  <^r- 
concis  ;  car  leurs  mères  les  avaient  tenus 
cachés.  Sichem  et  Hémor  envoyèrent  des 
hommes  pour  les  prendre  et  les  circoncire. 
Hais  Hidécem  et  ses  six  frères  se  jetèrent 
avec  leurs  épées  sur  ces  hommes  pour  les 
tuer.  Ils  voulurent  aussi  tuer  Sichem  et  Hé- 
mor avec  Dina.  Et  ils  leur  dirent  :  Quelle 
est  cette  conduite  que  vous  avez  tenue? 
N'y  a-t-il  pas  de  filles  chez  vos  frères  les 
Ghananéens,)POur  que  vous  alliez  demander 
une  fenjme  aux  Hébreux,  que  vous  n'avez 
connus  ni  hier  ni  avant-hier  7  Et  pour  l'ob- 
tenir TOUS  faites  une  chose  que  vos  pères 
n'ont  jamais   pratiquée    ni  ordonnée.  Nu 

Sensez  pas  que  cela  vous  portera  bonheur. 
;t  que  répondrez- vous  à  vos  frères  les  Cha- 
nanéens  lorsque  demain  (1293)  ils  viendront 
vous  demander  compte  de  cette  chose  étrange 

3ue  vous  avez  faite  pour  l'amour  d'une  fille 
es  Hébreux  7  Où  .fuirez-YOus  pour  cacher 
:  k  jamais  votre  honte  7Quant  à  noua,  nous  ne 
))OUTons  pas  supporter  plus  longtemps  la 
»cbose  indigne  que  vous  avez  faite.  Dès  de- 
main nous  assemblerons  les  Gbananéens  de 

•  Ions  ces  pays,  et  nous  viendrons  et  nous 

•  TOUS  massacrerons  avec  vos  nouveaux  alliés, 
au  point  de  ne  laisser  survivre  abeun  indi- 
vidu ni  chez  TOUS  ni  chez  eux.  Héoior,  Si- 
chem et  les  habitants  de  la  ville  en  enten- 
dant ces  menaces  d'Hidécemet  de  ses  frères, 
tramblèrenc  pour  leor  vie,  et  se  repentirent 
de  tout  ce  qu'ils  avaient  fait.  Alors  Sichem 
et>  Hémor  repondirent  k  Hidéoem,  leur  pro- 
che parent,  et  à  ses  frères  :  Nous  reco'nnais- 

(1992)  lâ,  comme  dans  la  Bible,  ils  it*attribueut 
k  choix,  contrairement  aax  termes  de  la  proposi- 


sons  qiie  tout  ce  que  vous  dites  est  juste.  Ce 
n*est  pas  parce  que  nous  aimons  let  Hébreux 
que  nous  avons  lait  cette  chose  inaccontoroée 
parmi  nous  ;  mais  parce  que  nous  avons  voulu 
obtenir  d'eux  ce   que  nous  désirions.  Dès 

3ue  nous  l'auroas  obtenu,  nous  nous  join- 
rons  h  vous,  et  nous  traiterons  ces  étran- 
gers selon  ce  que  vous  avez  résolu  vous- 
mêmes.  Attendez  seulement  que  nous  soyons 
guéris  et  que  nous  ayons  repris  nos  forces. 

Or,  Dina  avait  entendu  tout  cet  entretien, 
et  elle  expédia  promptement  à  la  maison  de 
Jacob  une  des  deux  servantes  qu'il  lui  avait 
envoyées,  et  elle  fit  savoir  à  son  père  eti 
5es  frères  ce .  qui  se  préparait  contre  eui. 
A  cette  annonce,  Jacob  et  s^  fils  furent  ex- 
trêmement irrités  contre  les  habitants  de  la 
ville  de  Sichem,  et  Siméon  et  Lévi  pronon- 
cèrent ce  serment  :  Par  la  vie  de  Jéhova, 
Dieu  de  toute  la  terre  1  dans  la  journée  de 
demain  tout  périra  dans  cette  ville.  Le  len- 
demain Siméon  et  Lévi  marchèrent  contre  la 
ville,  etils  furent  assaillis  en  route  par  quatre 
jaunes  gens  qui  n'étaient  pas  circoncis,  parce 
qu'ils  salaient  cachés  pendant  l'opénition. 
Les  fils  de  Jacob  en  tuèrent  deux,  et  lesdeox 
Autres  s'enfuirent  et  se  cachèrent  dans  des 

fmits  de  bitume,  de  sorte  qu'ils  ne  purent 
es  trouver.  Siméon  et  Lévi  entrèrent 
ensuite  dans  la  ville,  et  passèrent  au  fil  de 
Tépée  tous  les  mâles  jusqu'au  dernier»  avec 
Hémor  et  Sichem  ;  etils  se  retirèrent  em- 
menant Dina.  £t  la  ville  retentissait  des  cris 
et  des  lamentations  des  femmes  et  des  jeunes 
enfants.  Les  fils  de  Jacob  revinrent  ensuite 
pour  enlever  tolit  le  butin  de  la  ville  et  de 
ses  dépendances.  Pendant  qu'ils  réunissaient 
les  dépouilles  voici  environ  trois  cents  fem- 
mes qui  les  leur  disputèrent  et  leur  lan- 
çaient des  pierres.  Mais  Siméon  se  porta 
contre  elles  et  les  passa  toutes  au  fil  de  I*épée. 
11  rejoignit  ensuite  Lévi.  Et  ils  emmenèrent 
aussi  tout  le  bétail  ainsi  qu'un  certain  nom- 
bre de  femmes  et  d'enfants  ;  etils  arrivèrent 
triomphants  auprès  de  leur  père.  Quand  Ja- 
cob vit  le  traitement  qu'ils  avaient  fait  è  la 
ville,  il  ,se  f&cha  violemment  contre  eux,  et 
il  leur  dit:  Qu'avez-vous  fait  là?  Tavais 
trouvé  une  demeure  tranquille  dans  ce  pays, 
où  nul  ne  me  disait  une  parole  déplaisante, 
et  voilà  que  vous  m'avez  rendu  odieux  aux 
Chananéens  et  aux  Phérézéens.Nous  sommes 
en  petit  nombre  :  s'ils  se  réunissent  tous 
contre  nous,  ils  nous  accableront  et  nous 
extermineront.  Siméon  et  Lévi  et  tous  leurs 
frères  répondirent  à  Jacob:  Nous  Tirions 
paisiblement^  et  Sichem  a  osé  outrager  liotrt 
sœur.  Pourquoi  as-tu  gardé  le  silence?  Notre 
soeur  doit-elle  être  traitée  impunémentcomme 
une  courtisane? 

Or,  les  femmes  vierges  que  Siroecafet 
Levi  avaient  emmenées  captives  étaient  aa 
nombre  de  quatre-ringt-cinq.  Il  se  trouvait 
parmi  elles  une  petite  fille,  nommée  Buna^ 
d'une  grande  beauté,  que  Siméon  réservait 
pour  en  Aire  sa  femme.  Les  enCints  maies 

lion  des  fils  de  Jacob. 
(1295)  Dans  quelque  temps. 


1169 


YAS 


PART.  111.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


117? 


2u*ils  avaient  pris  sans  leur  6ter  la  vie, 
taieht  au  nombre  de  quàranle-sept.  Toutes 
ces  femmes  et  tous  ces  jeunes  (garçons  et 
leurs  descendants  sont  demeurés  esclaves  des 
Hébreux  jusqu'à  la  sortie  de  ceux-ci  du  pays 
d'Egypte. 

Or,  les  deux  jeunes  hommes  de  Sichem 
qui  s'étaient  cachés  dans  des  puits  de  bi- 
tume rentrèrent  dans  )a  ville  après  que  Si- 
méon  etLevi  en  furent  sortis,  et  ils  la  trou- 
vèrent toute  dévastée,  sans  un  seul  homme 
survivant,  et  les  femmes  parcouraient  les 
rues  en  se  désolant.  Et  ils  rapportèrent  aux 
habitants  de  Taphna  comment  les  flis  de  Ja- 
cob avaient  ruiné  une  des  villes  du  peuple 
chananéen,  sans  craindre  les  autres  habi- 
tants du  pays.  Mais  Jasub,  roi  de  Taphna, 
ne  voulut  pas  croire  que  deux  hommes  eus- 
sent détruit  une  grande  ville  comme  Sichem  ; 
car  pareille  chose  ne  s'était  jamais  vue  ni  aux 
jours  deNemrod,  ni  à  aucune  époque.  Et  il  y 
envoya  deux  exprès  qui  revinrent  lui  dire  : 
Nous  n'avons  trouvé  dans  la  ville  ruinée  ni 
un  homme»  ni  une  pièce  de  bétail  ;  rien  que 
des  femmes  qui  pleurent.  Alors  Jasub  dit  à 
tout  son  peuple  :  Soyez  courageux  et  allons 
combattre  ces  Hébreux  pour  venger  les  ha- 
bitants de  Sichem.  Mais  les  conseillers  qu'il 
assembla  lui  dirent  :  Tu  ne  pourras  pas  avec 
tes  seulesforcesvaincreces  Hébreux,  puisque 
deuxd'entre  eux  ont  été  assez  forts  pour  mas- 
sacrer une  ville  entière.  Si  tu  les  provoques 
ils  viendront  nous  exterminer  tous  ensemble. 
Il  faut  plutôt  inviter  tous  les  rois  nos  voisins 
à  se  joindre  à  nous.  C'est  ainsi  que  tu  en 
Tienoras  &  bout.  Ce  conseil  ayant  plu  à  Ja- 
sub, il  envoya  dire  aux  sept  rois  des  Amor- 
rhéens  :  Jacob  THébreu  et  ses  &ls  ont  fait  à 
la  ville  de  Sichem  ceci  et  cela;  et  vous  l'i- 
gnorezl  Maintenant  venez  et  aidez-moi  k  les 
exterminer  de  dessus  la  face  de  la  terre.  Les 
rois  frappés  de  l'action  des  fils  de  Jacob,  ar- 
rivèrent avec  toutes  leurs  troupes,  formant 
ensemble  une  armée  de  dix  mille  hommes 
tirant  l'épée,  afin  de  marcher  contre  les  en- 
fants de  Jacob.  A  la  nouvelle  qu'il  en  eut, 
Jacob  fut  effrayé  et  troublé,  et  il  renouvela 
ses  reproches  contre  Siméon  et  Lévi.  Mais 
Jiida  lui  répondit  :  La  vengeance  de  mes 
frères,  a  été  juste;  que  crains-tu?  C'est  Jé- 
bova  notre  Dieu  qui  a  livré  en  leurfpuissance 
la  ville  de  Sichem  à  cause  qu'elle  était  cou- 
pable :  c'est  aussi  lui  qui  abattra  devant  nous 
tous  les  rois  chananéens  pour  que  nous  les 
cbAtions  de  la  même  manière.  Calme-toi , 
aie  confiance  en  Jéhova  notre  Dieu,  et  prie- 
le  pour  nous,  afin  qu'il  nous  assiste,  qu'il 
nous  protège  et  qu'il  fasse  tomber  nos  en- 
nemis devant  nous.  Après  cela  Juda  ordonna 
ceci  à  un  des  serviteurs  de  son  père  :  Va, 
observe  où  campent  les  rois  ennemis  avec 
leurs  troupes.  Le  serviteur  monta  sur  la 
pente  de  la  montagne  de  Sion  (ISM)»  et  il  vit 

(1291)  Il  ue  faut  pas  confondre  cette  montagne 
(te  Sfon,  en  hébreu  rtHn? ,  communémeul  appelée 
Moni'Uermon ,  avec  Sion  de  Jérusaleoi  en  héoreo, 

(1295)  Dans  plusieurs  des  combats  doat  le  récit 


de  loin  l'armé^  des  rois  se  tenant  dans  Iq 
c^mpagtie.  Et  il  revint  annoncer  à  Juda:  Voici 
que  les  rois  tiennent  la  campagne  avecdefî 
troupes  nombreuses  comme  le  sable  du 
bord  de  la  mer.  Juda  dit  à  Siméon  et  \  Lévi 
et  à  tous  ses  frères  :  Prenez  courage  et  soyez 
de  valeureux  guerriers;  car  Jénova  notrii 
Dieu  est  avec  nous,  et  vous  n'avez  rien  i^ 
craindre.  Levez-vous,  prenez  chacun  vos 
armes,  et  allons  combattre  ces  incirconcis« 
£t  tous,  grands  et  petits,  s'armèrent  :  leji 
onze  fils  et  tous  les  serviteurs  de  Jacob.  Lej^ 
serviteurs  dlsaac,  armés  de  toutes  pièces^ 
vinrent  aussi  d'Hébron  pour  se  joindre  h 
eux.  Et  ils  étaient  en  tout  cent  douze  com- 
battants. Et  Jacob  marchait  avec  eux  (1295). 

Cependant  les  enfants  de  Jacob  envoyèrent 
à  Hébron-Carialharljée  dire  à  kaac  fils  d'A- 
braham leur  père  :  Prie  pour  nous  Jéhova 
notre  Dieu,  afin  qu'il  nous  sauve  de  la  main 
des  Chananéens  qui  viennent  pour  nous  at- 
taquer, et  qu'il  les  abatte  devant  nous.  Et 
Isaac  se  mil  en  prière,  et  il  conclut  en  ce», 
mots  :  Maintenant,  6  Jéhova  Dieu,  Dieu  do* 
toute  la  terre,  rend  vain  le  conseil  de  ces  rois». 
que  la  terreur  de  mes  eB>£ants  tombe  suri 
eux,  et  qu'ils  n'aient  pas  le  coaur  de  les  comr 
battre.  Abaisse  leur  orgueil ,  et  qu'ils  s'eu%* 
retournent  sans  oser  approcher  de  mes  en-, 
lants  ;  car  tu  es  assez  puissant  pour  opérer 
de  ces  choses. 

Pendant  ce  temps  les  fils  de  Jacob  et  les 
serviteurs,  forts  de  leur  confiance  en  Jéhova. 
leur  Dieu,  s'avançaient  vers  les^rois.  Et  leur 

Îère,  qui  était  dans  leurs  rangs»  priait  aussi 
éhova,  ainsi  que  Juda  l'y  avait  exhorté.  El 
il  priait  dans  les  termes  de  la  prière  de  son 
père  Isaac, 

Or,  les  rois  des  Amorrhéens  avaient  as-, 
semblé  un  grand  conseil,  afin  de  déoider  ce 
qu'ils  feraient  à  Têtard  des  enfants  de  Jacob. 
Hais  Jéhova  avait  exaucé  la  prière  d'I-. 
saac  et  de  Jacob,  et  il  leur  inspira  une 
grande  peur  des  enfants  de  Jaèob,  de  ma- 
nière qu'ils  se  laissèrent  aller  à  un  profond^ 
découragement.  Car  leurs  conseillers  leur 
dirent  d'une  voix  unanime  :  Avez-vous  perdu 
la  raison  pour  vouloir  vous  mesurer  contro 
ces  forts  Hébreux,  et  pour  aller  en  ce  jour  au- 
devant  de  votre  perte  totale?  Voici  que  deux 
seuls  des  leurs  sont  entrés  hardiment  dans  la 
ville  de  Sichem  et  en  ont  Massacré  tous  les 
habitants,  sans  que  nul  ait  pu  leur  résister, 
comment  prétendez-vous  supporter  leurs 
coups  quand  ils  sont  tous  réunis?  Ignorez- 
vous  que  leur  Dieu  les  favorise  d'une  ma- 
nière spéciale,  et  qu'il  opère  en  leur  faveur 
des  prodiges  tels  qu'on  n'en  a  jamais  vu  de 
semblables,  et  qui  surpassent  le  pouvoir  de 
tous  les  dieux  des  autres  peuples?  Leur 
Dieu  sait  combien  les  Hébreux  lui  rendent 
amour  pour  amour,  puisque  le  père  de  leur 
race  lui  aurait  offert  enholocausle  son  fils- 

va  suivre,  Jacob  fit  des  prodiges  de  valeur.  C'est  co 

3ui  explique  ces  paroles  du  patriarche  :  Oicaifi  tuti 
ê  manu  Amorrhœi  in  aiadio.  ei  arcu  meo,  iGên, 
xLviii,  Î2.)  Dans  la  Bible  on  ne  voit  pas  Jacob 
donner  une  chiquenaude     uu  eurant. 


1171 


DiCTlÛNXAlRE  DES  APOCRYPHE^ 


HT 


•j 


unique  et  chéri,  s*il  ne  Ten  avait  pas  empo- 
ché. G*est  pourquoi  il  a  juré  solennellement 
de  protéger  ses  descendants  contre  tout 
danger  qui  Tiendrait  les  menacer.  C'est  lui 

3ui  a  sauTé  leur  père,  Abraham  l'Hébreu, 
e  la  main  de  Nemrod  et  de  ses  serviteurs, 
qui  ont  cherché  bien  des  fois  à  le  faire  mou- 
rir. C'est  lui  qui  l'a  fait  sortir  sain  et  sauf 
du  fond  d'une  fournaise  ardente.  Le  même 
Abraham,  suiri  de  son  fidèle  serviteur  et  de 
quelques  hommes,  a  fait  éprouver  une  dé- 
faite sanglante  aux  cinq  roisd'Elam,  parce 
qu'ils  avaient  touché  à  son  neveu  qui  demeu- 
rait à  Sodome.  N*avez-vous  pas  entendu  ra- 
conter comment  leur  Dieu  a  frappé  Pharaon, 
roi  d'Egypte ,  et  Abimélech ,  '  roi  de  Gérare , 
ainsi  que  leurs  peuples,  parce  qu'ils  avaient 
voulu  s'emparer  de  la  femme  d'Abraham? 
Nous  avons  yu  de  nos  propres  yeux  Esaû 
réduit  k  l'impuissance  lorsqu'il  marchait  avec 
quatre  cents  hommes  contre  Jacob,  qu'il  dé- 
testait, pour  l'anéantir  avec  tous  les  siens. 
Et  dans  ces  derniers  jours,  comment  deux 
hommes  auraient- ils  pu  exercer  sur  une 
grande  ville  une  vengeance  terrible,,  si  Dieu 
ne  leur  avait  pas  prêté  sa  force?  Itfain- 
tenant  sachez  que  vous  ne  pourrez  rien 
contre  ces  hommes,  eussiez- vous  mille  fois. 
le  nombre  de  soldat<;  que  vous  avez  conduits 
ici.Carc'està  leurDieuque  vous  avez  affaire, 
et  TOUS  périrez  tous  en  ce  jour.  Les  rois,  en 
entendant  parler  de  la  sorte  leurs  conseillers, 
tentaient  leurs  cœurs  défaillir,  et  ils  n'osè- 
rent plus  engager  le  combat  ;  et ,  tout  trem- 
blants, ils  regagnèrent  prooiptement  chacun 
leurs  états.  Cependani  les  fils  de  Jacob  gardè- 
rent Jusqu'au  soir  leur  position  yis-k-vis  du 
mont  Sion.  A'ors,  voyant  que  les  rois  n'a- 
vançaient pas  contre  eux,  ils  s'en  retournè- 
rent au  lieu  de  leur  demeure  (1296). 

En  ce  temps-là  Jébova  apparut  à  Jacob, 
lui  dîsaqt  :  Xève-toi ,  monte  k  Béthel ,  de- 
meurea-jTi  et  iais-y  un  autel  en  l'honneur 
du  Dieu  qui  t'est  apparu  en  ce  lieu,  et  qui 
l'a  délivré,  toi  et  tes  enfants,  de  toute  peine. 
Et  Jacob  monta  k  Béthel  avec  ses  enfants  et 
tous  les  siens ,  conformément  k  l'ordre  de 
jféhova.  E(  il  s'arrêta  k  Luz  l'espace  de  six 
inois.  Jacot)éUil  alors  Agé  de  quatre-vingl- 
divneufans. 

Vers  le  même  temps  ipourut  Débora,  fille 
d'Us,  nourrice  de  Rébecca,  qui  voya^jeaitavec 
Jacob.  Et  ^acob  l'enterra  au-dessous  de  bé- 
thel, au  pied  d'un  chêne  (1297).  Rébecca, 
fille  de  Bathuel,  mère  de  Jacob,  mourut  ti^ussi 
k  cette  époque ,  dans  la  ville  d'Hébron- 
Cariatbarbée,  âgée  4e  cent  trente-trois  ans, 

(IÎ90)  La  Bible  résume  en  quelques  mots:  Terror 
D^  it^vn$ii  omne$  per  eireuitum  çivitau^,  (Genège 
XXXV,  5.) 

£297)  La  Cep,  xxxv,  8,  dîi  bien  que  Jacob  perdit 
ora  à  bëlLel  ;  mais  le  texte  sacré  ne  nous  dit 
nulle  part  par  quelle  circonstance  elle  se  trouvait 
d^ins  la  suite  de  Jacob«  <iui  était  parti  seul  pour  la 
Mésopotamie.  Voif.  plus  uaut,  colonne  1158. 
(121>8)  V(y.  plus  haut,  colonne  il59. 
(1299)  Notre  texte  perle,  ainsi  que  celui  de  la 
BlDlê,y-M  mi3.  On  ne  coiiuait  pas  cette  mesure. 

Lap  irammairient  ne  sont  pas  d'accord  si  la  ^ 


et  elle  fut  enferrée  oans  la  caverne  double 
qu'Abraham  avait  achetée  des  enfants dUetb. 
Jacob  pleura  beaucoup  sa  mère,  et  il  fit  un 
deuil  pour  elle  et  pour  Débora,  et  il  nomma 
le  lieu  où  11  était  le  chêne  des  jfUurt.  Labin 
le  Svrien  mourut  aussi  en  ces  jours-Ik,  frap- 
pé de  Dieu  parce  qu'il  avait  trahi  l'alliaoca 
qu'il  avait  jurée  à  Jacob  (1298). 

Jacob  avait'  atteint  l'âse  de  cent  ans ,  et 
Jéhova  lui  apparut  et  le  bénit,  et  il  lai  im- 
posa le  nom  d'Israël.  Rachel,  femme  de 
Jacob,  devint  enceinte  en  ces  jours-ik.  Ver« 
le  môme  temps,  Jacob  quitta  avec  les  siens 
Béthel  pour  aller  retrouver  son  père  k  Hé- 
bron,  et  dans  ce  voyage,  à  une  certaine  me- 
sure itinéraire  (1299)  d'Ephrata,  Racbel 
donna  le  jour  à  un  fils  ;  mais  elle  eut  un 
travail  si  dur  qu'elle  en  expira.  Jacob  l'en- 
terra sur  le  chemin  d'Ephrata  k  Bethléem , 
et  il  érigea  sur  son  tombeau  un  monument 
qui  subsiste  jusquk  ce  jour.  Et  les  jours  de 
Racbel  furent  de  quarante-cina  ans.  El  Ja* 
cob  nomma  ce  fils  de  Racbel  Benjamin, 
parce  qu'il  lui  était  né  dans  le  pays  du 
Sud  (1300). 

Après  la  mort  de  Rachel ,  Jacob  fixa  son 
habitation  dans  ta  tente  de  Bala,  servante  de 
la  défunte.  Mais  Ruben  en  fut  blessé  et 
irrité,  à  cause  de  Tinjure  faite  à  Lia,  sa  m4ro, 
et,  dans  son  mouvement  d'impatienoe,  il 
entra  dans  la  tente  de  Bala  et  en  retira  !a 
couche  de  son  père  (1301).  C'est  alors  que 
Ruben,!  pour  n'avoir  nas  respecté  la  concfae 
de  son  père,  fut  privé  de  sa  part  de  primo- 
génilure  „  de  la  royauté  et  du  sacerdoce.  Le 
droit  d'aînesse  fut  transféré  k  Joseph  f  1302; , 
la  royauté  k  Juda  et  le  sacerdoce  k  Lévi.  £t 
Jacob»  poursuivant  son  voyage»  arriva  à 
Membre -Cariatharbée  qui  est  k  Hébron* 
résidence  d'Abraham  et  d'isaac,  et  il  demeura 
auprès  de  son  père.. 

Voici  les  générations  d'Esaû,  qu'il  eut 
dans  le  pays  de  Cbanaan.  Ada  lui  enfanta 
Eiiphaz,  son  fils  atné.  Basémath  lui  donna 
Rahuël.  Oolibama  fut  mère  de  Jébus,  d*liié- 
lon  et  de  Coré.  Les  enfants  d*£Iipbaz furent: 
Théaian,  Omar,  Sépho,  Galbam,  Ceoez  K 
Amalec.  Les  fils  de  Rabuëi  furent  :  Nahaib, 
Zara,  Samma  et  Héza.  Les  enfansde  iéhus: 
ïbamna,  Al  va,  Ithath.  Les  enfants  d'Ibéion: 
Alla,  Pbinon  et  Cencz.  Les  enfants  de  Coré: 
Théman,  Mebsar,  Hagdiel  etiram. 

Et  voici  les  noms  des  enfants  de  Séir 
l'Horrhéen»  qui  habitaient  le  pays  de  Séir: 
Loihan,  Sobal»  Sébéon,  Ana,  Dison,  £ser  et 
Disap,  sept  tils.  Les  enfants  deLotban  :  Bon, 
Héman  et  leur  sœur  Tbamna.  Cette  Tluimo« 

appartient  9U  nom  ou  n^est  qu^une  servile« 
(1300)  Benjamin,|)Q)  p  ,  fils  du  Sud. 

(1301  )  Tel  estle  sens  quedunnent  au  Ctxlede  la  Cr« 
ixiv,  2i,  la  paraplir.  cliald,  de  Jonathan,  le  Ta* 
inud»  traité  Schaboat^  fol.  55,  verse,.  Tarkbi 

D'après  lenettamenls  de%  XII  pairiarcMet^  KnWo 
serait  réellement  lombé  dans  un  abominable  in- 
ceste. Ses  sens  s*égarèreni  quand  il  vit  Bala,  pn^ 
de  vin,  dormir  sur  son  lit  toute  découverte.  ma«i 

XCtTO  èVTqj)  XOlTÛVt. 

(130i)  Gen.  xlvih,  i2. 


i\iz 


TAS 


PART»  111. -LEGENDES  ET  FRAGBIENTS. 


TAS 


4-174 


était  Tenue  s*offrir  è  Jacob  et*à  ses  enfants; 
mais,  comme  ils  la  refusèrent,  elle  alla  et 
devint  concubine  d*Ëliphaz,  filsd'Esaû,  et 
elle  lui  enfanta  Amalec.  Les  enfants  de  So- 
f>al  :  Alvan,  Hanabat,  Ebal,  Sépho  et  Onam. 
Les  enfants  de  Sébéon  :  Aïa  et  Ana.  C'est  cet 
Ana  qui  a  trouvé  les  Hj^brides  (1303)  dans  le 
désert,  lorsqu'il  menait  paître  les  fines  de 
Sébéon  9  son  père.  Un  jour,  il  poussa  son 
troupeau  jusqu^au  rivage  de  (a  mer,  en  face 
du  désert  des  nations,  et  voici  qu'une 
bourrasque,  soufflant  de  la  baute  mer  sur 
tes  ânes,  les  arrêta  court  à  leur  place.  Bien- 
tôt après  sortirent  du  désert  qui  borde  ia 
mer  environ  cent  vingt  monstres  énormes 
et  horribles,  et  ils  s'arrêtèrent  en  cet  eadroit. 
Ces  monstres  avaient  forme  humaine  depuis 
les  reins  jusqu'aux  extrémités  inférieures, 
et^  par  la  partie  supérieure,  ils  avaient  )a 
forme  les  uns  d'ours  ,  les  autres  de  ser- 
pents (1304-).  Ils  traînaient  après  eux  une 
queue  qui  descendait  du  haut  des  épaules, 
et  se  terminait  en  queue  de  coq  de  bruyère. 
Et  ils  se  précipitèrent  tout  è  coup  sur  les  Ânes, 
les  enfourchèrent  et  partirent  avec  eux ,  et , 
jusqu'à  ce  jour,  on  ne  les  a  plus  revus.  Un 
de  ces  monstres  s'était  approché  d'Ana  et 
Pavait  frappé  de  sa  queue  pour  Técarter. 
Ana ,  tout  effrayé  de  ce  spectacle ,  se  mit  à 
courir  jusqu'à  Séir,  afin  ae  mettre  sa  vie  en 
sûreté.  Il  raconta  à  son  père  et  à  ses  frère;>  ce 
qui  lui  était  arrivé.  Des  hommes  en  troupes 
nombreuses  allèrent  à  la  recherche  des  Anes, 
mais  ils  ne  les  retrouvèrent  point.  Ana  et 
ses  frères  n'allaient  plus  de  ce  côté-là,  car 
ils  craignaient  pour  leur  vie.  Les  enfants 
d'Ana  furent  Dison  et  sa  sœur  Oolibama. 
Les  enfants  de  Dison  :  Hamdan,  Eseban,  Je- 
thram  et  Cbaran.Les  enfants  d'Eser  :Ba(aan, 
Zavan  et  Acan.  Les  enfants  de  Dison  :  Hus 
et  Aram. 

Jacob,  Agé  de  cent  cinq  ans,  dans  ta  neu- 
vième année  de  sa  demeure  en  Chanaan, 
quitta  Hébron  pour  retourner  h  Sichem  et  y 
habiter*  car  il  y  trouvait  des  pâturages  plus 
gras  et  plus  abondants.  La  ville  de  Sicliem 
avait  été  rebâtie,  et  elle  renfermait  trois 
cents  habitants,  tant  hommes  que  femmes. 
Jacob  s'établit  dans  la  portion  de  terrain 
qu'il  avait  acquise  d'Hémor,  père  de  Sichem. 

Or»  les  rois  chananéens  et  amorrhéens  des 
pays  circonvoisins  en  apprenant  le  retour 
(les  enfants  de  Jacob  se  dirent  entre  eux  : 
Les  enfants  de  Jacob  seraient-ils  donc  reve- 
nus pour  ruiner  de  nouveau  cette  ville  de 
Sichem,  et  en  massacrer  tous  les  habitants? 
Et  ils  résolurent  de  réunir  leurs  forces  pour 
leur  faire  la  guerre.  Et  Jasub,  roi  de  Taplina, 
appela,  dans  le  pays  tous  les  rois  d'autour  de 
lui  avec  leurs  armées  qui  étaient  nombreu- 
ses comme  le  sable  du  rivage  de  la  mer; 
savoir;  Elon,  roi  de  Gaas;  Ëhuri,roi  de  Silo; 


Parathon,  roideSartan;  Laban,  rot  de  Belho- 
ron,  et  Sacbir,  roi  de  Mahnaïm.  Ils  se  parta- 
gèrent en  sept  corps,  formant  sept  camps, 
pour  envelopper  les  enfants  de  Jacob.  Ils 
envoyèrent  ensuite  à  ceux-ci  un  écrit,  por- 
tant :  Sortez,  et  nous  nous  mesurerons  dans 
la  plaine,  afin  que  nous  prenions  de  vous  1» 
vengeance  des  habitants  de  Sichem,  et  que 
nous  vous  empêchions  de  recommencer  Id 
massacre  de  celte  ville.  Les  fils  de  Jacob 
transportés  de  colère,  s'armèrent  aussitôt 
contre  les  rois  avec  cent  deux  de  leurs  ser-* 
viteurs,  et  se  portèrent  sur  une  éminence 
prèsde  Sichem.  Et  au  milieu  d'eux  était  Ja- 
cob invoquant  le  secours  de  Jéhova.  À 
peine  Jacobeut-il  terminé  sa  prière  que  la 
terre  futébranJée  d'un  violent  tremblement, 
et  que  le  soleil  s'obscurcit.  Les  rois  furent 
consternés  de  ces  phénomènes,  d'autant  plus 
que  Jéhova  leur  fit  enlemire  du  côté  des  en- 
fanls  de  Jacob  le  roulement  d'une  grande 
quantité  de  chariots  de  guerre,  et  le  bruit 
d'une  nombreuse  i^avalerie,  et  le  fracas 
d'un  camp  immense.  En  même  temps  les 
fils  de  Jac'il)  s'avancèrent  contre  eux  en  je- 
tant de  grands  cris.  Les  rois  commencèrent 
à  lAcher  pied,  mais  bientôt  après  ils  s'arrê- 
tèrent en  disant  :  Ce  serait  trop  de  honte  de 
fuir  une  seconde  fois  devant  ces  Hébreux. 
Quand  les  fils  de  Jacob  virent  que  les  trou- 
pes des  rois,  nombreuses  comme  le  sable 
de  la  mer,  leur  tenaient  tête  ,  ils  crièrent 
vers  Jéhova  :  Secours*-nou&,  ô  Jéhova,  se- 
cours-nous ;  car  c'est  en  toi  que  nous  nous 
confions,  afin  que  nous  ne  mourions  pas  do 
la  main  des  incirconcis  qui  viennent  contre 
nous  en  ce  jour.  Ils  marchèrent  ensuite  au 
combat  d'un  pas  ferme.  Mais  Juda  courut 
en  avant  d'eux  avec  dix  de  ses  serviteurs. 
Jasub,  roi  de  Taphna,  sortit  le  premier  avec 
son  armée  à  la  rencontre  de  Judo.  Or,  Jasub 
était  un  vaillant  guerrier.  H  montait  un 
cheval  très-vigoureux,  et  depuis  la  tête  jus- 
qu'aux pieds  il  était  couvert  de  fer  et  de  cui- 
vre. Il  pouvait,  étant  è  cheval,  lancer  des  flè- 
ches, des  deux  mains,  devant  lui  et  der- 
rière lui,  ainsi  qu'il  avait  coutume  de  faire 
dans  toutes  ses  expéditions  euerrières,  et  il 
ne  manquait  jamais  le  but  ou  il  visait.  Mais 
quand  il  s'apprêtait  à  tirer  sur  Juda  Jéhova 
nouait  (1305)  sa  main  de  telle  sorte  que  tous 
ces  traits  allaient  frapper  ses  propres  gens. 
Malgré  cela  il  avançait  toujours  plus  près  de 
Juda,  essayant  de  le  percer  avec  ses  flèches. 
11  n'était  plus  qu'à  la  distance  de  trente 
coudées,  lorsque  Juda  ramassa  à  terre  une 
grande  pierre  du  poids  de  soixante  sicles,  et 
courant  sur  le  roi  il  la  lui  lança  avec  force, 
et  elle  rencontra  spn  bouclier.  Le  choc  fut 
si  violent  que  Jasub  fut  précipité  de  son  che- 
val, et  que  son  bouclier  alla  tomber  à  quinze 
coudées  derrière  lui,  aux  pieds  du  deuxième 


(1305;  Il  y  a  dans  noire  teite  D^o^  comme  dans 
la  Genèse,  Le  lecteur  a  toute  liberté  de  traduire  ce 
terme  autrement  que  nous. 

(1304)  Notre  iexie  nsp,  nom  qui  ne  se  litqu*une 

fois  dans  la  Bible,  U.  xxxiv,  15.  La  sifçnificalion  la 
plus  probable  est  celle  do  l'arabe  rrrsSP»  ixovtCx;» 


terpens  jaculut  Uerpeni  aurore^  dard.)  La  version 
judaïque  le  rcna  par  «în^es  {Affen).  Krrturmani* 
feste|;  car  dans  le  texte  d'haïe  c'est  un  ovipare. 
Les  commentateurs  hébreux  en  fout  un  oiseau  « 
ehouetie,  hibou^  etc. 
(1305)  Expression  du  tex)e.  niOrp'V 


1175 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES 


ilTf 


corps  d'armée.  Et  lôs  autres  rois  fureat  fort 
effrayés  ea  voyant  cette  preuve  de  la  grande 
force  de  Juda.  Celui-ci  courut  aussitôt  aux 
soldats  de  Jasub  et  abattit  avec  son  épée  qua- 
rante deux  hommes»  et  tous  les  autres  pri-* 
rent  la  fuite  sans  lui  opposer  aucune  résis- 
tance. Jasub  était  encore  étendu  par  terre; 
mais  se  voyant  abandonné  des  siens,  il  se 
redressa  promptement  et  combattit  Juda;  et 
leurs  boucliers  se  heurtaient  avec  un  bruit 
effroyable.  Et  Jasub  levant  sa  hache  d'ar- 
mes en  asséna  un  coup  sur  la  tête  de  Juda, 
dont  le  bouclier  qu'il  y  opposa  fut  brisé  en 
deux.  Juda  u*ayant  plus  de  bouclier,  se  hflta 
de  frapper  avec  son  épée  les  jambes  de  Ja- 
sub, gui  furent  séparées  au  cou-de-pied. 
Le  roi  tomba  par  terre  et  laissa  échapper 
sa  hache  d'armes.  Juda  s'en  saisit  et  lui  en 
trancha  la  tète  (ju'il  jeta   auprès  des  tron* 

Îons  de  ses  piedsf  Les  fils  de  Jacob  en- 
lardis  par  cet  exploit  de  Juda,  se  précipitè- 
rent sur  les  Tàu^s  des  rois  et  en  firent  un 
Jrand  carnage.  Quinze  nulle  hommes  tom- 
èrent  somme  les  épis  sons  le  fer  du  mois- 
sonneur :  et  un  grand  nombre  prit  la  fuite. 
Pendant  ce  temps  Juda  dépouillait  le  cada- 
vre de  Jasub  des  pièces  de  son  armure.  Mais 
voici  que  neuf  chefs  de  Tarmée  de  Jasub 
vinrent  attaquer  Juda.  Celui-ci  les  prévint 
avec  promptitude  et  lança  au  premier  une 
pierre  qui  lui  fracassa  la  tète  et  le  fit  tom- 
ber mort  de  son  cheval.  A  cette  vue  les  au- 
tres huit  se  sauvèrent;  mais  Juda  et  ses  dix 
hommes  coururent  après  eux,  les  atteigni- 
rent et  les  tuèrent. 
Les  enfants  de  Jacob  continuaient  de  frap- 

Iier  dans  les  divers  camps  des  rois,  et  ils 
eur  tuaient  beaucoup  de  monde.  Toute- 
fois, les  rois  et  leurs  chefs,  retenus  par  la 
honte,  ne  voulaient  pas  abandonner  leur  po- 
sition; mais  leurs  cris  impératifs  et  leurs 
exhortations  ne  pouvaient  arrêter  des  corps 
entiers  qui  fuyaient,  parce  qu'ils  étaient  ter- 
rifiés, et  entraînèrent  à  la  fin  la  déroute  de 
Tarmée  entière. 

Après  avoir  défait  les  armées  des  rois,  les 
fils  de  Jacob  revinrent  auprès  de  Juda  pen- 
dant qu'il  achevait  de  tuer  les  huit  cheïs  de 
Jasub,  et  de  les  déppuiller  de  leurs  armu- 
res et  de  leurs  vêtements.  Et  Lévi  en  se  re- 
tournant vit  qu'Elon,  roi  de  Gaas,  et  qua- 
ione  de  ses  chefs  venaient  pour  le  frapper 
par  derrière.  Aussitôt  il  courut  à  leur  ren- 
contre avec  douze  de  ses  serviteurs  et  ils  les 
tuèrent  à  coups  d'épée.  Et  Ehuri,  roi  de  Silo, 
qui  accourait  au  secours  de  Jasub,  arriva 
près  de  Jacob,  et  à  sa  portée.  Jacob  lui  dé- 
cocha une  flèf:he  et  le  tua.  Alors  les  quatre 
rois  survivants  dirent  :  Nous  ne  sommes 
plus  eu  état  de  tenir  tête  aux  Hébreui;  qui 
ont  tué  les  trois  rois  et  les  chefs  les  plus 
forts  d'entre  nous.  Lss  fils  de  Jacob  voyant 
que  les  rois  léchaient  pied,  les  pressèrent 
avec  plus  de  vigueur  et  les  poursuivirent 
eux  et  leurs  troupes  jusqu'à  la  porte  de  la 

<1306)  Nous  verrons  dans  la  suite  du  Yauhar  des 
preuves  de  sa  légèreté  extraordinaire  à  la  course, 
bans  son  testament  il  dit  :  /*arati  Ui  piedi  léjert 


ville  d'Haser;  et  dans  celle  poursoîle  ib 
leur  tuèrent  encore  plus  de  quatre  mille 
hommes.  Jacob,  de  son  c6té,  ne  visait  de  son 
are  qu'aux  rois,  et  il  les  tua  Ions  les  quatre 
l'un  après  l'autre  du  premier  traiL  El  Juda 
s'étant  assuré  que  dans  Taction  il  avait  perdu 
trois  de  ses  serviteurs,  devint  exaspère  con- 
tre les  Amorrhéens. 

Les  fuyards  arrivés  devant  Baser  en  tron* 
vèrent  la  porte  fermée,  et  ils  l'enfoncèrent 
etse  précipitèrent  pêle-mêle  dans  la  place, 
afin  de  se  cacher  dans  cette  ville  qui  était 
très-spacieuse.  Les  enfants  de  Jacob  venaieol 
derrière  eux,  mais  quatre  héros,  lrès*ezer- 
cés  k  la  guerre,  sortirent  de  la  porte,  ar- 
més d'épées  et  de  javelots,  et  les  arrêtèrent. 
Alors  Nephthali  aux  pieds  légers  (19W\ 
prit  son  élan  contre  eux,  et  d'un  mAmecoup 
d'épée  abattit  la  tête  aux  deux  plus  avancés. 
Les  deux  autres  se  mirent  h  fuir,  mais  il 
s'élança  après  eux  et  les  atteignit  et  les  tua. 

Cependant  les  enfants  de  Jact)b  arrivés 
devant  les  murailles  de  la  ville,  n*en  purent 
trouver  la  porte.  Alors  Juda  d'un  sautint  sur 
le  rempart,  et  Siméonet  Lévi  le  suivirent  de 
la  même  manière.  De  là  ils  descendirent 
dans  l'intérieur  de  la  ville  oiH  Siméon  et 
Lévi  firent  main  basse  sur  tous  les  fuyards, 
et  en  outre  ils  passèrent  au  fil  de  l'épée  toa^ 
les  habitants,  ainsi  que  leurs  femmes  et  leurs 
enfants.  Il  s'élevait  de  la  ville  des  cris  qui 
retentissaient  jusqu'au  ciel,  et  cela  donnait 
aux  autres  fils  de  Jacob  de  rinqniétndepour 
leurs  frères  qui  s'^  étalent  introduits.  Alors 
Dan  et  Nephthali,  sautèrent  à  leur  Cour  sur 
le  rempart  pour  voir  ce  qui  se  passait 
dans  la  ville;  et  ils  distinguèrent  les  cris 
des  habitants  qui  répétaient  d'une  vois  sup- 

f)liante  :  Prenez  tout  ce  que  nous  avons,  mais 
aissez-nous  la  vie!  Quand  Siméon  et  Lévi 
eurent  exterminé  toute  Ame  humaine  de  la 
ville,  ils  revinrent  sur  la  muraille  où  ils 
trouvèrent  Dan  et  Nephthali.  Et  ils  appelè- 
rent leurs  autres  frères  et  leur  indiquèrent 
la  porte  de  la  ville  par  où  ils  y  entrèrent 
aussitôt.  Et  s'étant  réunis  ils  ramassèrent 
les  dépouilles  d'Haser,  qu'ils  emportèrent* 
emmenant  en  même  temps  tout  le  bétail  et 
tous  les  captifs. 

Le  jour  suivant  les  enfants  de  Jacob  al- 
lèrent attaquer  Sarlan;  car  ils  avaient  ap- 
pris que  ceux  restés  dans  la  ville  s'armaient 
contre  eux,  parce  qu'ils  avaient  tué  leur  roi. 
Or,  Sartan  était  une  ville  forte,  bAtie^  sur 
une  hauteur.  Elle  était  ceinte  d'un  fossé 
profond  de  cinquante  coudées  et  lai^  de 
quarante.  Les  enfants  de  Jacob  ne  purent 

[)as  au  premier  moment  trouver  l'entrée  de 
a  ville,  car  l'entrée  était  du  c6lé  opposé  k  !i 
route  qui  menait  k  la  place  ;  et  oatre  cela 
les  habitants  avaient  retiré  le  pont  do  fossé. 
Les  gens  de  Sartan  n'osaient  sùrîir  en  ra5e 
campagne  parce  qu'ils  redoutaient  les  vain- 
queurs d'Haser;  mais  ils  montèrent  sur  lei 
murailles  et  insultaient  et  maudissaient  les 

comme  un  cerf,  K0O90C  f^fAiiv  toC;  ia>3\v«  ùç  nayy. 
Cette  particularité  est  indiquée  dans  la  Bible  fm 
ces  mots  :  Nepkthalif  cervus  emi$$it$.  {Cen,  xtn^fî) 


i 


1177 


YAS 


PART.  ni.-*LEC£NnES£T  FRAGMENTS.' 


TAS 


1178 


enfanls  de  Jaoob.  Ceux-ci  transportés  d'une 
violente  colère  prirent  leur  essor  avec  tant 
de  force  que  d*un  seul  saut  ils  franchirent 
toute  la  largeur  du  fossé.  Et  ils  trouYèrenl 
rentrée  de  la  ville  et.s'apprélàrentàen  bri- 
ser les  portes  qui  avaient  des  serrures  et  des 
verrous  de  fer  ;  des  guerriers  au  nombre  de 
quatre  cents  les  en  empêchèrent  en  leur  en* 
vojant  de  la  muraille  des  pierres  et  des  ilè* 
ches.  Alors  ils  sautèrent  sur  la  muraille, 
Juda,  le  premier,  du  côté  de  l'Orient  de  la 
ville,  et  après  lui,  Gad,à  TOccident,  Siméon 
et  Lévi  au  Nord,  Dan  et  Kuben  au  Sud, 
Aussitôt  les  ennemis  qui  gardaient  la  mu« 
raille  s'enfuirent  et  coururent  se  cacher  dans 
la  ville.  Issachar  et  Nephtbali  restés  au  pied 
de  la  muraille,  s'approchèrent  des  portes  et 
y  mirent  le  feu,  et  tout  le  fer  se  fondit  par 
la  grande  chaleur.  Tous  les  fils  de  Jacob  pé- 
nétrèrent donc  dans  la  ville  avec  leurs  gens, 
et  ils  firent  main  basse  sur  tous  les  habitants 
dont  aucun  ne  put  leur  faire  résistance. 
Deux  cents  hommes  environ  s'étaient  enfuis 
et  cachés  dans  une  tour,  mais  Juda  la  fit 
écrouler  sur  eux,  et  tous  périr.  Les  enfants 
de  Jacob  étant  montés  sur  les  décombres  de 
cette  tour  en  aperçurent  une  autre  qui  était 
très-forte,  et  si  haute  que  son  sommet  tou- 
chait au  ciel  (1307),  et  ils  s'y  portèrent 
promptement  avec  tous  leurs  gens  et  la  trou- 
vèrent remplie  d'hommes,  de  femmes  et 
d'enfants,  plus  de  trois  cents  individus.  Ils 
en  tuèrent  beaucoup,  mais  un  certain  nom- 
bre s'en  échappa.  Pendant  que  Siméon  et 
Lévi  poursuivaient  ceux  échappés  de  la  tour, 
voici  que  douze  hommes  très-forts  et  vail- 
lants sortirent  d'une  retraite  où  ils  s'étaient 
cachés,  et  engagèrent  avec  eux  un  combat 
acharne:  Siméon  et  Lévi  ne  purent  les  ré- 
duire, et  eurent  leurs  boucliers  brisés.  Alors 
un  des  ennemis  dirigea  son  glaive  sur  la 
tète  de  Lévi,  qui  détourna  le  coup  avec  la 
main;  mais  peu  s'en  fallut  qu'il  n'eût  la 
main  coupée.  Et  Lévi  saisit  le  glaive  avec 
son  autre  main  et  l'arracha  de  force  è  son 
adversaire,  et  lui  en  fit  sauter  la  tète. 
Les  onze  autres,  en  voyant  tomber  un  des 
leurs,  s'animèrent  de  plus  en  plus  contre  les 
fils  de  Jacob.  Voyant  que  le  combat  restait 
égal,  Siméon  poussa  un  cri  effroyable  qui 
fil  trembler  ces  forts.  Et  Juda  ayant  reconnu 
de  loin  la  voix  de  sonirère  Siméon,  et  son 
cri ,  accourut  avec  Nephthali.  Celui  -  ci 
voyant  que  ses  frères  n'avaient  plus  de  bou- 
cliers, courut  en  prendre  deux  de  leurs  ser- 
viteurs et  les  en  aripa.  Or,  Siméon,  Lévi  et 
Juda  se  battaient  avec  les  onzes  forts  jus- 
qu'au déclin  du  jour  sans  pouvoir  les  faire 
céder.  Et  itcoh  instruit  de  cette  chose,  en 
{ut'très*peiné  ;  et  après  avoir  invoqué  Jé- 
heva  il  se  rendit  avec  Nephthali  au  lieu  du 
combat,  et  tirant  de  l'arc  il  fit  tomber  d'a- 
bord trois  de  ces  hommes.  Li;s  huit  autres 
en  se  retournant  s'aperçurent  qu'ils  avaient 
des  adversaires  devant  et  derrière  eux,  {et 
ils  eraigQirent  pour  leur  vie  et  prirent  la 


fuite.  Mais  en  fuyant  ils  rencontrèrent  Dan 
et  Aser  qui  tombèrent  sur  eux  k  l'iropro- 
viste  et  leur  tuèrent  deux  hommes.  Juda  et 
ses  frères  poursuivirent  ce  qui  en  restait  et 
les  tuèrent  tous  jusqu'au  dernier. 

Les  enfants  de  Jacob  retournèrent  ensuite 
à  l'intérieur  de  la  ville  pour  rechercher  les 
ennemis  qui  pouvaient  y  être  cachés,  et  ils 
trouvèrent  près  de  vingt  jeunes  gens  au  fond 
d'un  souterrain.  Gad  et  Aser  les  tuèrent,  de 
même  qiie  Dan  et  Nephthali  se  ietèrent  sur 
tous  ceux  qui  s'étaient  échappes  de  la  se* 
coude  tour,  et  les  tuèrent  tous.  En  somme, 
les  enfants  de  Jacob  ne  laissèrent  en  vie  h 
Sartau  que  les  femmes  et  les  enfants.  Ils 
emportèrent  tout  ce  qu'ils  choisirent  dans  le 
butin  ,  et  prirent  tout  le  bétail.  Or,  les  gens 
de  la  ville  avaient  été  tous  très-forts.  Un 
seul  d'entre  eux  pouvait  mettre  en  fuite 
mille  hommes  ordinaires,  et  deux  d'entre 
eux  ne  reculaient  pas  devant  dix  mille 
hommes  (1308). 

Les  fils  de  Jacob,  sortis  deSartan,  avaient 
parcouru  un  espace  de  près  de  deux  cents 
coudées  lorsau  ils  rencontrèrent  les  hom- 
mes de  Tapnna,  qui  venaient  venger  la 
mort  de  leur  roi,  et  enlever  aux  fils  de  Ja- 
cob tout  le  butin  d'Haser  et  de  Sartan.  Mais 
les  fils  de  Jacob  les  battirent  et  les  poursui- 
virent jusqu'à  la  ville  d'Arbèle.  Ils  entrè- 
rent ensuite  dans  Taphna  pour  en  faire  pri- 
sonniers de  guerre  les  habitants,  mais  a  la 
même  heure  ils  apprirent  que  les  gens  d'Ar- 
bèle marchaient  contre  eux  pour  délivrer 
tous  leurs  frères  captifs.  Alors  les  fils  de  Ja- 
cob laissèrent  dix  nommes  à  Taphna  pour 
piller  la  ville,  et  ils  sortirent  à  la  rencontre 
des  gens  d'Arbèle.  Or,  ceux-ci  arrivaient 
accompagnés  de  leurs  femmes  qui  étaient 
exercées  aux  travaux  de  la  guerre.  Ils  for- 
maient un  corps  de  quatre  cents  combat* 
tants,  tant  hommes  que  femmes.  A  leur  ap- 
proche les  fils  de  Jacob  élevèrent  la  voix  et 
poussèrent  un  cri  fort,  semblable  au  rugis- 
sement du  lion  et  au  mugissement  des  va* 
gués  courroucées  de  la  mer.  Les  Arbélieni 
en  furent  tellement  effrayés  qu'ils  s'enfui- 
rent è  leur  ville,  où  les  fils  de  Jacob,  en  les 
poursuivant,  entrèrent  avec  eux.  Alors  s'en- 
ga(;eaun  vif  combat,  et  les  femmes  se  ser- 
vaient avec  adresse  de  leurs  frondes.  Le 
comt>at  se  prolongea  jusqu'au  soir,  et  lea 
enfants  de  Jacob  étaient  en  danger  de  sue* 
combersous  les  efforts  de  l'ennemi.  Alors» 
dans  leur  détresse,  ils  invoquèrent  Jéhova, 
qui  les  exauça  et  leur  accorda  la  victoire. 
Et  ils  passèrent  au  fil  de  l'épée  tous  les  hom- 
mes, toutes  les  femmes  et  tous  les  enfiints, 
qui  tombaient  sous  leurs  mains,  comme  aussi 
les  gens  de  Sartan  oui  étaient  accourus  aa 
secours  d'Arbèle.  Or,  les  femmes  trans- 
portées de  fureur  à  la  vue  de  leurs  maris 
étendus  mortSj  montèrent  sur  les  toits,  et 
firent  tomber  une  pluie  de  pierres  et  de  tui- 
les sur  les  enfanls  de  Jacob.  Ceux-ci  péné- 
tièrent  dans  les  maisons  et  massacrèrenl 


(1307)  Uoede  ces  usures  bibliques  et  oriejitalcs, 
eu^il  ne  but  pas  prendre  à  la  lettre. 


(1S08)  Autre  exagération  orieiilale.  Voij.  Uinéroe. 
DcuUrQHome  xixii,  50. 


ino 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ïm 


toutes  les  femmes  éyec  le  tranchant  de  Té- 
ffée.  Ils  s'emparèrent  ensuite  de  beaucoup 
de  captifs*  d'un  butin  considérable  et  de 
tout  le  bétail  des  habitants. 

Le  cinquième  jour  les  enfants  de  Jacob 
apprirent  que  lesgensdeGaas  se  disposaient 
h  les  attaquer,  pour  venf^er  la  mort  de  leur 
roi  et  de  leurs  chefs,  qui  étaient  tombés  au 
nombre  de  quatorze  dans  le  premier  combat  ; 
c»t  ils  prirent  les  armes  pour  marcher  contre 
eux.  Or,  Gaas  renfermait  une  population 
fort  nombreuse  et  puissante,  et  ta  ville  était 
la  mieui  fortifiée  de  toutes  celles  des  Amor- 
rhéens  :elle  était  entourée  d'une  triple  mu- 
raille. Quand  les  fils  de  Jacob  arrivèrent  de- 
vant Gaas  ils  trouvèrent  les  portes  de  la  ville 
fermées,  et  cinq  cents  hommes  garnissaient 
le  haut  de  la  muraille  extérieure.  Et  une 
fouleinnombrable comme  le  sable  du  rivage 
de  la  mer,  qui  s'était  embusquée  en  dehors 
de  la  ville,  se  montra  alors  et  enveloppa  les 
enfants  de  Jacob,  sur  lesquels  tombait  en 
mAme  temps  du  haut  de  la  muraille  une 
grêle  de  pierres  et  de  flèches.  Juda  voyant  ce 
danger  extrême  jeta  un  cri  horrible  et  si  ef- 
frayant que  plusieurs  hommes  tombèrent  du 
haut  delà  muraille,  et  que  les  ennemis  du 
dehors  de  la  ville,  de  môme  que  ceux  du  de- 
dans, furent  saisis  d*un  violent  tremblement, 
et  craignaient  pour  leur  vie.  Les  Gis  de  Ja^^ 
cob,  repoussés  de  la  porte  par  les  pierres  et 
les  flèches,se  tournèrent  con're  ceux  du  de- 
hors de  la  ville,  et  les  firent  tous  tomber 
comme  les  épis  des  champs  au  temps  de  la 
moisson  ;  et  les  guerriers  ennemis  n'oppo- 
Haient  aucune  résistance,  car  ils  étaient  en- 
core saisis  du  cri  de  Juda.  Les  enfants  de 
Jacob  s'approchèrent  de  nouveau  de  la  porte, 
mais  les  pierres  et  les  flèches  recommencè- 
rent à  tomber  sur  eux  comme  une  pluie 
d'orage,  et  les  forcèrent  de  s'éloigner.  Alors 
les  gens  de  Gaas  se  mirent  à  les  insulter  par 
ces  paroles  :  Pourquoi  entreprenez-vous  une 
guerre  que  vous  êtes  incapables  de  soutenir? 
Vous  vous  êtes  étrangement  trompés  en  vous 
flattant  de  pouvoir  traiter  la  ville  de  Gaas 
comme  TOUS  avez  fait  les  autres  villes  des 
Amorrhéens,  lesquelles  en  comparaison 
d'elle  n'étaient  que  des  villages  ouverts. 
Ceux  que  vous  avez  tués  devant  notre  porte 
étaient  les  faibles  et  les  lâches  d'entre  nous, 
et  ils  ont  pris  peur  de  la  voix  de  vos  cris  de 
guerre.  £t  ils  maudissaient  par  leurDieu  les 
enfants  de  Jacob,  et  continuaientà  leur  lan- 
c*»r  des  flèches  et  des  pierres.  Juda  et  ses 
frères  en  entendant  ces  blasphèmes,  éprou- 
vèrent une  violente  colère.  Et  Juda,  enflam- 
mé de  zèle  pour  Thonneur  de  son  Dieu ,  s'é- 
cria :  Aide-nous,  Jéhova  1  Jéhova,  sois-nous 
en  aide,  à  nous  et  à  nos  frères  1  En  même 
temps  tenant  son  épée  nue,  il  prit  un  grand 
élan  et  sauta  sur  la  muraille,  et  il  y  tomba 
à  califourchon,  mais  son  éuée  lui  échappa  de 
ia  main  par  la  secousse.  Il  jeta  son  cri  dont 
tous  les  nommes  oui  étaient  sur  la  muraille 
furent  tellement  effrayés  que  plusieurs  d'en- 
tre eux  tombèrent  sur  le  sol  d'au-dessous  et 
se  tuèrent.  Les  autres,  témoins  de  la  vigueur 
de  Juda,  eurent  peur  de  lui  et  se  sauvèrent 


dans  l'intérieur  de  la  ville.  Mats  qnelcniet- 
uns  s'aperçurent  que  Juda  n'avait  pas  d  épéa 
et  ils  reprirent  courage  et  revinrent  sur  loi 
i)Our  le  faire  mourir  en  le  précipitant  do 
naut  du  mur  vers  ses  frères.  Et  vingt  boni» 
mes  de  la  ville  se  joignirent  h  eux  pour  tes 
renforcer.  Ils  entourèrent  donc  Juda,  et 
crièrent  et  levèrent  leurs  épées  sur  lui.  Juda 
effrayé  cria  du  haut  de  la  muraille  h  ses  frè- 
res. Alors  Jacob  et  ses  fils  tirèrent  des  flècljfs 
d*en-bas,  et  tuèrent  trois  de  ces  hommes.  D 
Juda  cria  de  nouveau  :  Jéhova,  aide-nous! 
Jéhova,  délivre-nous  I  Sa  voix  paissante,  qui 
retentit  au  loin,  terrifia  de  telle  sorte  les 
hommes  qui   l'entouraient,  qu'ils  ietèrent 
leurs  épées  et  s'enfuirent.  Alors  Juda  s'em- 
parant  des  armes  tombées  sur  la  mataille, 
se  précipita  sur  ceux  qu'il  pouvait  atteindra 
et  en  tua  une  vingtaine.  Cependant  d'autres 
individus  de  la  ville,  hommes  etfemmes,3a 
nombre  d'environ  quatre-vingt,    montèrent 
sur  la  muraille,  et  entourèrent  Juda.  Mais 
Jéhova  mit  la  crainte  dans  leur  cœur,  et  ils 
n'osèrent  le  serrer  de  près.  Pendant  ce  temps 
Jacob  et  ses  fils  ne  cessaient  de  tirer  de  Tare 
contre  lesassaillanls,  et  ils  en  tuèrent  encore 
dix,  qui  tombèrent  à  leurs  pieds  du  bauldela 
muraille. Cettenouvelleçertedeleurs  frères, 
excita  une  plusgrandeanimositédaos  le  oceur 
des   habitants  de  Gaas,  mais  ils  n'osèreot 
lui  venir  de  trop  près.  Alors  se  présenta  on 
fort,  nommé  Arod,  qui  s'élança  sur  Juda 
et  lui  déchargea  sur  la  tête  un  grand  coup 
d'épée.  Juda  se  bêla  de  lui  opposer  son  bou* 
clier  qui  fut  taillé  en  deux.  Le  fort  après 
avoir  frappé  fut  saisi  d'une  terreur  soudaine 
et  prit  la  luite.  Et  dans  sa  course  ses  pieds 
heurtèrent  contre  un  obstacle  sur, la  mu- 
raille, et  il  tomba  en  bas  du  côté  des  enfants 
de  Jacob,  qui  l'assommèrent.  Le  coup  du 
fort  avait  été  si  vigoureux  que  Juda  manqua 
d'y  succomber,  et  il  en  ressentait  des  dou- 
leurs qui  lui  arrachaieotdes  cris  lamentables. 
Quand  Dan  entendit  la  voix  plaintîTe  de  soo 
frère,  il  fut  enflammé  de  colère,  et  faisant 
un  recul  loin  en  arrière  il  s'élança  sur  la 
muraille.  A  Tapparilion  de  Dan  tous  les  dé- 
fenseurs de  la  muraille  s'enfuirent,  et  ils 
montèrent  sur  la  seconde  muraille  d*où  iU 
tirèrent  des  flèches  et  jetèrent  des  pierres 
sur  Dan  et  Juda,  qui  les  évitaient  à  grami- 
peine,  et  peu  s'en  fallut  qu'ils  ne  périssoct 
en  ce  lieu.  Jacob  et  ses  fils,  qui  se  tenaieot 
devant  la  porte  de  la  ville,  ne  pouvaient  plus 
tirer  Sur  ceux  qui  étaient  sur  la  seconde  mu- 
raille, car  ils  étaient  hors  de  leur  yue*  Mai> 
Dan  et  Juda  ne  pouvant  pas  plus  longtemps 
supporter  les  traits  des  habitants,  Mutèrent 
auprès  d'eux  sur  la  seconde  muraille;  et  tous 
jetèrent  un  cri  d'effroi  et  descendirent  préci- 
pitamment de  la  muraille.  Jacob  et  ses  fiis 
en  entendant  ces  cris  des  gens  de  la  villet 
devinrent  fort  inquiets  de  Dan  et  de  Juda; 
car  ils  ne  les  voyaient  plus.  Alors  Nephtha  t 
n'y  tenant  plus,  fit  un  eflort  désespéré  et 
sauta  sur  la  première  muraille  pour  savoir 
ce  que  signifiaient  ces  cris.  Pendant  ce teiup> 
Issachar,  et  Zabulon  s'approchèrent  de  li 
porte  et  l'cufoncèrent,  et  tous  les  leurs  sa 


ttst 


YAS 


PART.  Hf.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


I1S2 


précipitèrent  dans  la  ville.  Nephthali  était 
sauté  de  la  première  muraille  sur  la  seconde 
au  secours  de  ses  frères. Quand  les  habitants 
de  Ta  Tille,  qui  étaient  sur  cette  muraille,  vi- 
rent le  troisième  frère,  ils  s'enfuirent  tous 
et  descendirent  dans  les  rues.  Mais  Juda» 
Dan  'et  Nephthali  descendirent  aussi  dans 
rintérieurde  la  place  à  la  poursuite  de  Ten^ 
neoii.SiméonetLévi  ignorant  que  la  porte 
était  forcée,  sautèrent  sur  la  muraiMe,  et  de 
là  descendirent  auprès  de  leurs  frères.  Ce- 
pendant les  habitants  attaqués  de  toutes  parts, 
tombèrent  au  nombre  de  vingt  mille,  nom- 
mes et  femmes;  et  nul  ne  put  résister  au 
bras  des  fils  de  Jacob.  Ceux-ci  épargnèrent 
beaucoup  de  femmes  et  les  enfants.  Un  tor- 
rent de  sang  coulait  de  la  ville  et  arrivait 
jusqu'à  la  descente  de  Bélhoron.  Quand  les 
gens  de  Béthoron  aperçurent  *de  loin  ce 
cours  desang,  soixante-dix  d'entre  eux  lere- 
inontèrent,  et  ils  arrivèrent  jusqu'à  Gaas,  et 
ils  entendirent  les  cris  des  habitants,  qui 
montaient  jusqu'au  ciel.  Les  flots  de  sang 
allaient  toujours  grossissant,  car  les  Qls  de 
Jacob  ne  cessaient  de  frapper  jusou'au  soir. 
Alors  les  hommes  de  Béthoron  s'écrièrent  : 
Ceci  est  sûrement  le  fait  de  ces  Hébreux;  car 
ils  ne  veulent  laisserenpaix  les  villes  d'au- 
cun peuple  amorrhéen.  £t  ils  revinrent  en 
courant  à  Béthoron,  et  ils  en  assemblèrent 
tous  les  habitants  et  leur  firent  prendre  les 
armes  pour  aller  combattre  les  enfants  de 
Jacob. 

El  après  avoir  remporté  une  victoire  com- 
plète, les  enfants  de  Jacob  se  répandirent 
dans  la  ville  pour  dépouiller  les  morts.  Ils 
arrivèrent  à  un  quartier  éloigné  où  ils  firent 
la  rencontre  de  trois  hommes  forts  qui  n'a- 
vaient pas  d'épées.  L'un  des  trois  forts,  qui 
coururent  sur  eux ,  prit  Zabuion  à  bras-le- 
corps,  parce  qu'il  voyait  que  c'était  un  jeune 
garçon,  presque  enfant,  et  le  jeta  violem- 
ment à  terre.  Alors  Jacob  accourut  avec  son 
épée  levée,  et  d'un  coup  le  partagea  en  deux 

Ear  les  reins»  et  son  cadavre  tomba  surZa* 
uloo.  Et  le  deuxième  fort  arriva  précipi- 
tamment et  saisit  Jacob  en  s'efforçant  de  le 
faire  tomber  par  terre.  Et  Jacob  cria  contre 
lui,  alors  Siméon  et  Lévi  étant  accourus,  le 
blessèrent  avec  leurs  épées  aux  deux  cuisses 
et  le  firent  tomber.  Le  fort  se  releva  furieux, 
mais  avant  qu'il  fût  redressé  Juda  se  préci- 
pita sur  lui  et  lui  fendit  la  tète,  et  il  expira. 
Quand  le  troisième  fort  vit  gue  ses  compa- 
gnons étaient  morts,  il  se  mit  à  fuir,  et  les 
enfants  de  Jacob  coururent  après  lui  dans  la 
ville.  Mais  dans  sa  fuite  le  fort  trouva  par 
terre  l'épée  d'un  habitant,  et  il  la  ramassa  et 
se  mit  en  défense  contre  eux.  Il  se  tourna 
vers  Judfl,  qui  n'avait  pas  de  bouclier,  pour 
le  frapper  sur  la  tète,  et  Nephthali  avança 
promptement  son  bouclier  qui  reçut  lecoup 
d'épée  et  garantit  Juda  du  danger.  Alors  Si- 
méon et  Lévi  se  jetèrent  sur  le  fort,  et  lui 
assénèrent  chacun  un  coup  de  leur  épée  avec 
tant  de  vigueur  qu  ils  coupèrent  son  corps 
en  deux  de  haut  en  bas.  Le  jour  s'était  déjà 
changé  en  soir  et  les  en&ints  de  Jacob  prirent 


tout  le  butin  de  Gaas,  et  sortirent  de  la  ville, 
la  nuit  étant  close. 

Les  enfants  de  Jacob  suivaient  la  montée 
de  Bélhoron,  et  voici  que  les  habitants  de 
cette  ville  arrivaient  en  armes  à  leur  ren- 
contre. Le  combat  commença  aussitôt  sur  la 
côle,  malgré  l'obscurité  de  la  nuit.  Or,  les 
habitants  de  Béthoron  étaient  tous  des  héros 
dont  un  seul  i)0uvait  tenir  tête  à  mille 
hommes  ordinaires.  Ils  jetaient  des  cris  qui 
ébranlaient  la  terre.  Et  les  enfants  de  Jacob 
eurent  peur  de  ces  hommes  ;  car  ils  n'étaient 
pas  habitués  à  se  battre  dans  l'obscurité.  Us 
crièrent  donc  vers  Jéhova,  disant  :  Aide- 
nous,  Jéhova,  et  sauve-nous,  afin  que  nous 
ne  mourions  pas  de  là  main  de  ces  incircon- 
cis. Et  Jéhova  exauça  leurs  prières,  et  il  en- 
voya un  esprit  de  vertige  et  une  horrible 
confusion  dans  le  camp  des  Bélhoroniles, 
qui  dans  les  ténèbres  de  la  nuit  tournèrent 
leurs  armes  chacun  contre  son  prochain,  et 
ils  firent  entre  eux-mêmes  un  grand  massa- 
cre. Les  enfants  de  Jacob,  sachant  que  Jé- 
hova avait  frappé  d'illusion  leurs  ennemis, 
afin  qu'il  se  battissent  entre  eux,  se  retirèrent 
en  silence,  plus  loin  avec  tous  les  leurs.  Et 
ils  se  reposèrent  tranquillement  de  leurs  fa* 
tigues  toute  la  nuit,  tandis  aue  ceux  de  Bé- 
thoron étaient  aux  prises  cnacun  avec  son 
frère,  et  chacun  avec  son  prochain,  et  jetaient 
des  cris  qui  retentissaient  au  loin.  Ces  cris 
furent  entendus  des  habitants  de  toutes  les 
villes  chananéennes ,  des  Héthéens,  des 
Amorrhéens,  des  Hévéens  :  et  même  les  rois 
chananéens  d'au  delà  du  Jourdain  enten- 
daient aussi  ces  cris  pendant  toute  la  nuit. 
Us  disaient  :  Ce  sont  sans  doute  les  Hébreux 
qui  malmènent  les  sept  villes  qui  ont  pris 
les  armes  contre  eux;  car  ces  Hébreux  sont 
doués  d*uneforceà  laquelle  rien  ne  résiste. 
El  tous  les  autres  Chananéens,  et  ceux  qui 
demeuraient  au  delà  du  Jourdain,  crai- 
gnaient les  enfants  de  Jacoh,  et  ils  disaient: 
Pourvu  qu'ils  ne  nous  fassent  pas  autant 
qu'à  ces  villes. 

Or,  pendant  toute  cette  nuit-là  un  nombre 
prodigieux  de  Béthorcnites  avaient  péri  les 
uns  par  la  main  des  autres.  Le  matin  du 
sixième  jour  ayant  lui,  les  autres  habitants 
de  Chanaan  virent  la  terre  jonchée  de  cada- 
vres, comme  le  sol  d'une  grande  boucherie 
Test  de  brebis  et  de  béliers.  Les  enfants  de 
Jacoh  arrivant  avec  toute  leur  captivité  de 
Gaas,  entrèrent  dans  Bélhoron.  11^  trouvè- 
reni  la  ville  encore  rempli  d'hommes,  et  ils 
les  attaquèrent  et  en  firent  un  grand  carnage 
qui  dura  jusqu'au  milieu  du  jour. 

C'est  ainsi  aue  les  enfants  de  Jacob  firent 
éprouver  à  Béthoron  le  sort  de  Gaas ,  de 
Taphna,  d'Haser,  de  Sartan  et  de  Silo.  Ils 
s'en  revinrent  ce  jour-là  à  Sichem  avec  les 
captifs  de  Béthoron  et  les  dépouilles  des  au- 
tres villes.  Et  ils  se  reposèrent  des  fatigues 
de  tous  ces  combats,  et  passèrent  la  nuit 
tranquillement.  Mais  ils  n'entrèrent  pas  dans 
la  ville  de  Sichem,  de  peur  d'y  être  enfermés 
par  de  nouveaux  ennemis,  qui  auraient  pu 
venir  mettre  le  siège  devant  la  place.  Kt  ils 
campèrent  sur  Ho  terrain  que  Jacob  avait 


1115 


DKTIOraUJBE  DES  APOCRYPHES. 


liai 


acheté  d'Hémor.  Au  bout  de  deux  jours,  per- 
sonne n'étant  Tenu  les  inquiéter,  ils  entrè- 
rent dans  la  Tille  aTec  tout  leur  monde,  et 
s'établirent  dans  leurs  habitations. 

Or,  les  habitants  de  tous  les  autres  pays, 
considérant  que  dans  les  temps  anciens  on 
n'avait  jamais  tu  d'exploits  semblables  à 
ceux  des  enfants  de  Jacob,  les  craignaient, 
et  ils  résolurent  de  ne  rien  entreprendre 
contre  eux.  Et  Japhia  roi  d'Hébron  envoya 
sous  mains  aux  rois  d'Hȕ,  de  Gabaon,  de 
Salem,  d'Âdullam,  de  Lachis,  d'Asor,  et  à 
tous  les  rois  chananéens  leurs  Tassaux,  di- 
sant :  Venez  vers  moi,  et  nous  irons  ensem- 
ble trouTor  les  enfants  de  Jacob,  afin  de  faire 
avec  eux  un  traité  de  paix  et  d*alliance  ré- 
ciproque. N*amenez  pas  avec  vous  beaucoup 
de  monde.  Que  chaque  roi  ne  soit  accompa- 
gné que  de  ses  trois  principaux  chefs,  et 
chaque  chef«  de  trois  pages.  Le  quarantième 

i'our  tous  les  rois  se  trouvèrent  réunis  à 
léfiron  au  nombre  de  vingt  et  un  ;  car  ils 
avaient  une  grande  déférence  pour  tous  les 
avis  de  Japhia.  El  ils  dirent  au  roi  d'Hébron  : 
Vadevantnousharançuerlesenfantsde  Jacob. 
Nous  viendrons  ensui  te,  et  nous  confirmerons 
tes  paroles.  Et  ainsi  fil  le  roi  d'Hébron. 
Cependant  les  enfants  de  Jacob  apprirent 
que  les  rois  de  Chauaan  étaient  assemblés, 
et  avaient  établi  un  camp  à  Hébron.  Ils  en- 
voyèrent secrètement  quatre  de  leurs  servi- 
teurs avec  ordre  d'explorer  le  c^mp  chana- 
néen,  et  s'il  n'était  pas  trop  grand,  de  relever 
le  nombre  des  guerriers  dont  il  se  compose. 
Les  serviteurs  revinrent  et  rapportèrent  que 
les  rois  n'avaient  qu'une  faible  troupe  de 
deux  cent  quatre-vingts  hommes,  en  les  y 
comprenant  eux-mêmes  (1309).  Les  enfants 
de  Jacob  dirent  :  Puisqu'ils  sont  en  petit 
nombre,  nous  ne  sortirons  pas  tous  contre 
eux.  Le  lendemain  malin,  les  dix  fils  de  Ja- 
cob firent  prendre  les  armes  seulement  à 
soixante-deux  hommes,  et  se  mirent  è  leur 
tête  avec  Jacob  leur  père;  car  ils  s'atten- 
daient à  élre  attaaués.  En  sortant  de  la  porte 
de  Sichem  ils  levèrent  les  yeux  et  ils  virent 
Japhia  qui  marchait  sur  la  route  suivi  de 
ses  chels,  et  se  dirigeait  vers  eux;  et  ils  s'ar- 
rêtèrent à  leur  place.  Le  roi  et  ses  chefs 
«^'avançaient  toujours  et  se  prosternaient  la 
face  contre  terre.  Quand  Japhia  fut  arrivé  en 
la  présence  de  Jacob  et  de  ses  fils,  ils  lui  di- 
rent :  Qu'est-ce  qui  t'amène  près  de  nous, 
roi  d'Hébron?  Que  demandes -tu?  Japhia  ré- 
pondit :  De  grAce,  mes  seigneurs,  souffrez 
que  les  rois  des  Chananéens  se  présentent 
aujourd'hui  devant  votre  face,  afin  de  faire 
la  paix  avec  vous.  Mais  les  enfants  de  Jacob 
ne  se  fiaient  pas  h  ses  paroles,  et  ils  les  at- 
tribuaient à  une  ruse.  Le  roi  pénétrant  leur 
pensée,  dit  :  De  grAce,  mes  seigneurs,  croyez 

aue  nous  venons  dans  des  dispositions  paci- 
ques.  Cela  est  si  vrai  que  nous  ne  portons 
aucune  arme.  Les  fils  de  Jacob  répondirent  : 
S*il  en  est  ainsi,  que  les  rois  avancent  sans 
armes.  Et  Japhia  expédia  un  homme  vers  les 


rois,  qui  Tinrent  et  se  proslemèreot  la  faee 
contre  terre  doTant  Jacob  et  deTaot  ses  fils. 
Ceux-ci  couTaincus  quêtes roisétaienisiocè- 
res,  conclurent  la  paix  aTec  eux,  en  les  sou* 
mettant  à  un  tribut  annuel.  Et  ils  se  jorèreot 
réciproquement  de  ne  plus  commettre  d'ac- 
tes d'hostilité  les  uns  envers  les  antres.  Les 
chefs  des  rois  et  leurs  servants  vinrent  en- 
suite devant  la  face  de  Jacob  et  de  se»  fils,  ai 
leur  offrirent  des  présents  en  se  prosleroaat 
devant  eux.  Et  les  rois  supplièrent  hoinble- 
ment  les  fils  de  Jacob  de  leur  rendre  les  cap- 
tifs, et  ils  leur  rendirent  tous  les  hommes 
qu'ils  avaient  emmenés  prisonniers,  aiori 
que  les  femmes  et  les  enfiints,  et  en  outre 
tous  les  troupeaux  et  autre  butin,  qu'ils 
avaient  enlevés  dans  les  sept  villes.  Les  rois 
se  prosternèrent  de  nouToau,  et  ils  enTO^è- 
rent  chercher  des  présents  plus  riches,  qu  ils 
leur  offrirent.  Les  enfants  dé  Jacob  congé- 
dièrent ensuite  les  rois,  qui  se  retirèrent 
chacun  dans  sa  ville,  et  les  enfants  de  Jacob 
rentrèrent  dans  leur  ville  de  Sichem  (1310). 
Depuis  ce  jour-là  la  paix  régna  constam- 
ment entre  les  enfants  de  Jacob  et  les  rois 
de  tout  le  pays  de  Chanaan.  Jiêis  elle  cessa 
lorsque  les  enfants  d'Israël  revinrent  au  mê- 
me pays  pour  en  prendre  possession. 

Section  Vatyéscheb. 

Ajirès  la  révolution  d'une  année  les  en- 
fants de  Jacob  quittèrent  Sichem  et  allèrent 
établir  leur  demeure  à  Hébron  auprès  d'Isaae 
leur  père  ;  mais  ils  laissèrent  tous  leurs  trou- 
peaux ^  Sichem,  à  causes  des  excellents  et 
abondants  pAlurages  du  pa^s. 

Et  il  arriva  dans  la  cent  sixième  année  de 
la  vie  de  Jacob,  dixième  de  son  reloor  de 
Mésopotamie,  que  Lia  son  épouse  mourut  è 
Hébron,  à  l'Age  de  cinquante  et  un  en.  Jacob 
et  ses  enfants  l'enterrèrent  dans  la  caverne 
double  qu'Abraham  avait  achetée  des  en- 
fants d'Heth,  pour  en  faire  une  propriété  de 
sépulture  de  famille. 

Or,  les  fils  de  Jacob  étaient  considérés  de 
tous  les  habitants  du  pavs,qui  avaientapprb 
les  hauts  faits  de  leur  force  et  de  leur  bra- 
voure. Mais  Joseph  et  Benjamin,  enfants  de 
Rdchel,  n'avaient  pas  pris  part  à  leurs  expé- 
ditions contre  les  villes  amorrhéennes ,  car 
ils  étaient  encore  trop  jeunes.  Joseph  ren- 
dait justice  aux  travaux  guerriers  de  sm 
frères  ;  mais  il  croyait  son  mérite  supérieur 
au  leur,  et  en  son  cœur  se  prisait  plus  qu'au- 
cun d'eux.  Et  aussi  Jyacob  sou  père  l'aimait 
ulus  que  ses  autres  GJs,  parce  qu'il  était  ren- 
iant de  sa  vieillesse.  Et  à  cause  de  sa  ten- 
dresse pour  lui  il  lui  donna  une  tunique  ri- 
che par  ses  couleurs  éclatantes  et  Tsriées. 
Joseph  voyant  la  prédilection  dont  il  était 
l'objet,  s'élevait  encore  davantage  aiik^lessus 
de  ses  frères.  Et  il  faisait  h  son  (lère  de  mau- 
vais  rapports  sur  leur  compte.  Tout  cela  fur 
ciiuse  que  ses  frères  le  baissaient,  et  ne  la; 
adressaient  jamais  de  paroles  amiables.  Jo« 
seph  avançait  en  Age,  et  sa  présomption 


(1309)  Le  chiffre  D'éUit  réellement  que  de  275.     lées  en  partie  dans  les  T€$tQment9  éa  xn  Hêfiêt- 
{itw)  Les  f uerres  te  fils  de  Jacob  sont  racon-     cAea.  Voy.  Teiiament  4^  Juda. 


I1S5 


lAS 


PART,  m.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


1186 


croissait  avec  lui.  il  avait  dix-sent  ans  lors- 
qu'il eut  un  sonse  qu'il  raconta  a  ses  frères 
en  ces  termes  :  Nous  étions  tous  occupés  à 
lier  des  gerbes  dans  un  champ.  Ma  gerbe  se 
dressa  et  se  tint  debout.  Vos  gerbes  l'entou- 
rèrent aussitôt  et  se  prosternèrent  devant 
elle.  Ses  frères  lui  dirent  :  Que  veut  dire  ton 
songe?  Te  flattes-tu  de  devenir  notre  roi,  et 
de  nous  tenir  sous  la  puissance?  11  alla  en- 
suite faire  le  même  récit  à  son  père,  qui 
l'embrassa  et  le  bénit.  Et  ses  frères  devinrent 
jaloux  de  lui,  et  leur  haine  allait  en  augmen- 
tant. Il  eut  après  cela  un  autre  songe  dont  il 
rendit  compte  à  son  père,  ses  frères  étant 
présents.  Il  dit  :  Voilà  que  j'ai  eu  encore  un 
songe.J'ui  vuse  prosterner  devant  moi  lesoleil 
lalune  etonzeétoi  les.Son  père,  qui  savaitc|ue 
ses  frères  le  haïssaient  pour  ces  choses,  lui  dit 
avecséyéritédevanl  eux  :  Que  signifie  cesonge 
dont  tu  tires  avantage  contre  tes  frères?  Pen- 
ses-tu en  ton  cœur  que  nous  viendrons,  ta 
mère  (1311)  et  moi  avec  tes  onze  frères,  nous 
prosterner  devant  toi  ?  Cependant  Jacob  gar- 
dait soigneusement  le  souvenir  de  ces  songes. 

Joseph  vendu  par  ses  frères. 

Uu  jour  les  fils  de  Jacob  allèrent  à  Sichem 
pour  faire  paître  les  brebis  qui  restaient 
toujours  en  ce  lieu.  Et  l'heure  de  faire  ren- 
trer le  bétail  étant  passée  sans  qu'ils  fussent 
revenus  à  la  maison,  Jacob  devint  inquiet, 
pensant  en  lui-même  :  Qui  sait  si  les  gens 
de  Sichem  ne  les  ont  pas  attaqués?  Il  dit 
donc  è  Joseph  :  Tes  frères  sont  en  retard. 
Va  voir,  je  te  prie,  où  ils  restent,  et  reviens 
me  rassurer  sur  leur  salut  et  sur  le  salut  des 
brebis.  Et  Joseph  arrivé  à  Sichem  ne  les 
rencontra  point.  11  les  chercha  dans  les  envi- 
rons et  s'égara  dans  des  lieux  inhabités  sans 
plus  savoir  quelle  direction  prendre.  Alors 
un  ange  de  Jehova  se  fit  trourer  près  de  lui 
(1312).  Et  Joseph  lui  dit  ;  Je  sais  à  la  re- 
cherche de  mes  frères.  As-tu  appris  où  ils 
gardent  les  troupeaux?  L'ange  de  Jéhova 
répondit  :  Je  les  ai  vus  ici  avec  leur  bétail, 
et  je  lésai  entendus  comme  ils  disaient  qu'ils 
voulaient  le  conduire  à  Dothan.  Et  Joseph 
alla  k  Dothan,  où  il  les  trouva.  Mais  dès  que 
ses  frères  l'aperçurent  de  loin,  ils  résolurent 
de  le  faire  mourir.  Et  Siméon  dit  :  Voici 
l'homme  aux  songes  qui  nous  arrive.  Main- 
tenant tuons*]e  et  le  jetons  dans  une  des  ci- 
ternes de  ce  désert,  et  nous  dirons  k  notre 
Kère  qu'une  béte  féroce  l'a  dévoré.  Mais  Ru* 
en  leur  dit  :  Ne  faites  pas  cela,  comment 
pourrions-nous  soutenir  le  regard  de  notre 
père?  Jetez-le  plut6t  dans  cette  citerne  pour 

(1311)  JSa  mère  était  morte;  mais  cette  partie 
do  songe  devait  s*appliquer  à  Bala  qui  lui  tenait 
liée  #e  mère  après  la  mort  de  sa  maîtresse,  et  avait 
pris  le  soin  de  rélever.  Ainsi  les  rabbins,  qui  ajou- 
tent :  c  D'alUeurs  11  n'y  pas  de  songes  qui  ne  ren- 
fermant des  ekoiêi  taniei.  •  tïheCL  U^Vh 

(ISli)  La  Genèiêf  tixii,  15,  dit  simplement  :  /n- 
veint  eum  tir  $rranl€m  in  agro.  Mais  une  tradition 
constante  enseigne  que  ce  fut  TanKe  Gabriel.  Voy. 
ila  paraphr.  cbald.  de  Jonathan,  le  Blédrasch-Rabba 
et  le  Médrasch-Thoukliuma,  Yarkhî,  etc.  En  effet, 
il  est  à  remarquer  que  dans  le  texte  de  la  Bible  • 


qu'il  j  meure;  mais  ne  portez  pas  la  main 
sur  lui  pour  répandre  son  sang.  Or,  Ruben 
donnait  ce  conseil  afin  de  le  sauver  de  lenr 
violence,  et  de  le  ramener  à  son  père.  Quand 
Joseph  fut  arrivé  près  d'eux,  ils  le  saisirent 
et  le  jetèrent  par  terre,  et  le  dépouillèrent 
de  sa  belle  tunique.  Ils  le  soulevèrent  en- 
suite et  le  préci pilèrent  au  fond  d'une  citer- 
ne. Or,  cette  citerne  n'avait  pas  d'eau,  mais 
elle  renfermait  des  serpents  et  des  scor- 
pions (1313).  Joseph  eut  peur  de  ces  bêtes 
venimeuses  et  jetait  les  hauts  cris;  mais  Jé- 
hova les  fit  entrer  dans  leurs  trous,  et  elles 
ne  lui  firent  pas  de  mal.  Et  du  fond  de  la  ci- 
terne Joseph  criait  h  ses  frères  :  Que  vous 
ai-je  fait?  En  quoi  suis-je  coupable  envers 
vous?  Comment  ne  craignez-vons  pas  Jého- 
va? Ne  suis-je  pas  des  mêmes  os  et  de  la 
même  chair  que  vous,  puisçiue  votre  père 
est  aussi  le  mien?  En  me  traitant  ainsi  com- 
ment pourrez-vous  jamais  lever  les  yeux  de- 
vant notre  père?  Ruben,  Siméon,  Lévi,  mes 
frères,  tirez-moi  de  la  fosse  ténébreuse  où 
vous  m'avez  descetidu,  et  vous  ne  craindrez 
pas  de  paraître  devant  Jéhova  et  devant  mon 
père.  S'il  m'est  arrivé  de  vous  offenser, 
n'est-il  pas  vrai  que  vous  êtes  de  ces  enfants 
d'Abraham,  d'isaac  et  de  Jacob,  qui  prennent 
pitié  de  l'orphelin,  donnent  à  mangera  celui 
qui  souffre  de  la  faim,  de  l'eau  è  celui  que 
tourmente  la  soif,  des  vêtements  à  celui  qui 
est  nu?  Et  vous  n'auriez  pas  pitié  de  TOtre 
propre  frère I  Si  j'ai  péché  contre  vous,  par« 
donnez-moi  pour  ^amou^de  notre  père.  El 
il  continuait  à  les  implorer  par  d'autres  sup- 
plications semblables.  Mais  ses  frères,  im- 
portunés de  ses  cris  inutiles,  s'éloignèrent  à 
la  distance  d*un  trait  d'arc,  afin  de  ne  pas 
l'entendre*  Et  ils  s'assirent  pour  prendre 
leur  repas.  En  mangeant,  ils  agitaient  encore 
entre  eux  la  question  s'ils  devaient  le  laisser 
mourir  ou  le  ramener  à  son  père.  Et  voici 
qu'ils  aperçurent  dans  le  lointain,  sur  le 
chemin  de  Galaad,  une  caravane  d'Ismaélites 

2ui  se  rendaient  en  Egypte.  Alors  Juda  dit  : 
lue  nous  reviendra-t-il  de  laisser  mourir 
notre  frère?  Dieu  pourrait  nous  en  demaur 
der  compte.  Voici  mon  avis  :  veodons-le  k 
ces  Ismaélites,  qui  l'emmèneront  en  Egypte. 
Là  il  se  perdra  parmi  les  habitants  du  pays» 
et  l'on  ne  saura  plus  rien  de  lui.  Et  les  frè* 
res  se  décidèrent  pour  ce  parti.  Hais  pendant 
leur  délibération,  et  avant  rapproche  des 
Ismaélites,  il  vint  h  passer  devant  eux  sept 
marchands  madianiles  qui  manquaient d^eau. 
Et  apercevant  la  citerne  de  Joseph»  au-des- 
sus de  laquelle  voltigeaient  plusieurs  espè- 

Joseph  ne  loi  demanda  pas .  êotex-tom  ak  $onî  me$ 
frirei  7  mais  tndica  mtfti  ubt  pageanU 

(1513)  Ceci  est  ekicore  une  tradition.  Parapbr. 
chald.  de  Jonathan.  Médraseti,  Tarkhi  et  'Hilmad, 
traité  Sehahbat,  fol.  tt  refto.  Le  Talmml  dit  qee 
celte  tradition  est  indiquée  dans  le  texte  Uébreu  qiii 
porte  à  la  lettre  :  t%  la  eileme  était  vMe,  il  11*9  ataii 
peint  d'eau.  Puisqu'on  nous  dit  que  la  citerne  éuit 
Tîde,  demande  le  Talmud,  qu'est-il  besoin  d'ajouter 
qu'il  n*y  avait  point  d'eau?  Hais  le  texte  veut  nous 
apprendre,  répond-il,  qu'elle  était  vidé  d'eau»  mais 
reiifennalt  des  serpents  et  des  scorpions» 


mi 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


tl&3 


ces  d'oiseaux,  ils  y  coururent  dans  l'espé- 
rance de  pouvoir  élancher  leur  soif.  Et  ils  y 
entendirent  la  voix  de  Joseph»  qui  pleurait 
et  appelait  à  son  secours.  Ils  regardèrent  au 
fond 9  et  ils  remarquèrent  qu*iT  y  avait  un 
jeune  garçon  bien  lait  et  beau  do  visage.  Et 
tous  réunirent  leurs  efforts  et  Ten  retirè- 
rent; et  reprenant  ensuite  leur  chemin,  ils 
repassèrent  devant  les  fils  de  Jacob  (13H). 
Ceux-ci,  voyant  leur  frère  au  milieu  d*eux, 
dirent  :  Que  faites- vous  là,  de  prendre  notre 
esclave  et  de  remmener?  C'est  nous  qui 
l'avons  mis  dans  la  citerne,  parce  qu'il  a  été 
rebelle;  rendez-nous  à  Tinslant  notre  es- 
clave. Les  Madianites  répondirent  :  Celui-ci 
votre  esclave?  C*est  vous  plutôt  qui  files  ses 
esclaves;  car  il  est  mieui  formé,  plus  beau 
de  visage  et  d'un  aspect  plus  noble  que  vous 
tous.  Certainement  vous  nous  en  imposez  : 
nous  ne  vous  écouterons  donc  point.  C'est 
nous  (|ui  avons  trouvé  ce  jeune  garçon  dans 
une  citerne  du  désert,  et  nous  le  garderons. 
Les  fils  de  Jacob  s'approchèrent  d'eux  avec 
vivacité,  et  leur  dirent  :  Rendez-nous  sur- 
le-champ  notre  esclave,  sinon  vous  mourrez 
tous  par  le  tranchant  de  notre  épée.  Les 
Madianites,  à  leur  tour,  élevèrent  la  voii,  et 
de  part  et  d^autre  on  tira  Tépée.  Alors  Siméon 
flt  un  saut  de  sa  place,  et,  tenant  son  épée 
levée,  s'avança  vers  les  Madianites,  et  il 

troussa  un  cri  qui  retentit  au  loin  et  ébranla 
a  terre.  La  vue  terrible  de  Siméon,  et  la 
commotion  produite  par  la  force  de  sa  voix, 
firent  tomber  sur  leur  face  les  Madianites, 
saisis  de  terreur.  Siméon  leur  dit  d'un  accent 
de  colère  :  Ne  suis-Je  pas  Siméon,  fils  de 
Jacob  ruébreu,  qui  seul  ai  ruiné  la  ville  de 
Sichem,  et  les  autres  villes  des  Amorrhéens 
avec  l'assistance  de  mes  frères?  Ainsi  me 
traite  Dieu,  et  même  davantage  (1315),  si 
vou^  étiez  accompagnés  de  tous  les  hommes 
de  Madian  et  do  tous  les  rois  de  Chanaan, 
vous  ne  seriez  pas  assez  forts  contre  moi. 
H&tez-vous  de  me  rendre  ce  jeune  garçou, 
de  peur  que  je  ne  livre  votre  chair  en  pAture 
aux  oiseaux  du  ciel  et  aux  bêtes  des  champs. 
Les  Madianites,  tout  tremblants,  adressèrent 
alors  aux  Qls  de  Jacob  des  paroles  douces,  et 
drrent  :  Vous  avez  dit  que  ce  garçon,  votre 
esclave  y  a  été  rebelle,  et  que  c'est  à  cause 
de  cela  que  vous  l'avez  enfermé  dans  une 
citerne.  Que  ferez -vous  d'un  esclave  qui 
n'est  pas  disposé  à  obéir?  Défaites-vous-en. 
Nous  vous  le  payerons  tel  prix  que  vous 
fixerez.  Ils  avaient  un  grand  désir  de  l'ache- 
ter, à  cause  de  son  extrême  beauté.  Les  fils 

(1314)  Ici  nous  soromes  formellement  en  contra- 
diciion  avec  la  Genège,  d*après  laquelle,  xiixvii, 
28,  ce  sont  les  frères  de  Joseph  qui  le  lirérenl  «de 
U  cilerne.  En  outre,  dans  le  texte  de  la  Bible  il  y  a 
une  confusion  des  Madianites  et  des  Ismaélites, 
difficile  à  débrouiller,  tandis  que  dans  le  Yatchar 
tout  est  clair.  Voy,  notre  Avanl-propos. 

(1515)  Formule  hébraïque,  fréquente  dans  la  Bi- 
ble. «|W^  rw  D^nSK  Th  rvarp  ro.   Buih.  t,  17;  i 

Sam.  ni,  17;  xiv.  H  ;  xx,  13  ;  xxv,  22  ;  U  Sam.  m, 
9,  35;  aix,  U  ;  /  Rég.  ii,  23  ;  11  Reg.  i.  21. 

(1316)  Vingt  piiNces  d^argcnt,  Notre-Seigneur  Je- 


de  Jacob  agréèrent  la  proposition  des  Madia- 
nites, et  leur  vendirent  Joseph  moyennant 
vingt  pièces  d'argent  (1316).  Et  Ruben,  leur 
frère,  n*était  pas  présent.  Or,  il  plat  à  Jébova 
de  dis|)oser  ainsi  les  choses,  afin  que  les  fils 
de  Jacob  ne  fissent  pas  mourir  leur  frère. 

En  faisant  route,  les  Madianites  commen- 
cèrent à  se  repentir  d'avoir  acheté  ce  garçon. 
Qu*avons-nous  fait?  se  dirent-ils  entre  eux. 
Cet  enfant  si  beau  et  de  si  élégante  stature  a 
été  volé  peut-ôtre  au  nays  des  Hébreux.  O* 
hommes,  dont  l'un  a  fait  aujourd'hui  preuve 
d'une  force  prodigieuse,  l'auront  enlevé  aver 
violence  du  milieu  des  siens  :  c'est  pourqurii 
ils  nous  l'ont  cédé  à  vil  prix.  Si  sa  famille, 
en  le  cherchant  par  tous  pays,  le  trouve 
entre  nos  mains,  nous  sommes  tous  perdus. 
Pendant  qu'ils  s'entretenaient  ainsi,  voici 
que  la  caravane  d'Ismaélites,  que  les  fils  û^ 
Jacob  avaient  vue  d'abord,  arrivait  près 
d'eux,  et  ils  dirent  :  Vendons  le  garçon  à 
ceux-ci,  même  pour  le  peu  d*argeni  que 
nous  en  avons  donné,  afin  de  nous  garantir 
du  malheur  qu'il  pourrait  attirer  sur  no^ 
tètes.  Et  en  effet,  ils  te  vendirent  aux  Ismaé- 
lites pour  le  prix  des  vingt  pièces  d  argent 
qu'ils  en  avaient  donné  eux-mêmes»  Les 
Madianites  continuèrent  à  marcher  ver« 
Galaad,  et  les  Ismaélites,  après  avoir  placé 
Joseph  sur  un  chameau,  tinrent  la  roota 
d'Egypte. 

Quand  Joseph  sut  qu'on  le  conduisait  en 
Egypte,  si  loin  de  Chanaan  et  de  son  père,  il 
se  mit  à  jeter  des  cris  déchirants  et  à  pleurer 
amèrement.  Alors  un  homme  le  fit  marcher 
à  pied;  mais  il  n'en  continuait  pas  moins  è 
pleurer  et  à  se  lamenter,  répétant  sans  cesse  : 
O  mon  pèrel  ô  mon  père  I  Et  un  Ismaélite  $^ 
fâcha  contre  lui  et  le  frappa  sur  la  jone;  et 
Joseph  en  pleura  davantage.  Et  le  chagrin 
l'affaiblit  tellement,  qu'il  ne  marchait  qo  avec 
peine.  Mais  tous  ces  hommes  qui  le  condui- 
saient le  battaient,  le  tourmentaient  et  l'ef- 
frayaient, pour  Tobliger  à  se  taire.  Et  Jébova. 
voyant  les  souffrances  de  Joseph,  enveloppa 
la  caravane  de  ténèbres  et  d*une  terreor 
vague,  et  toute  main  nui  le  frappait  se  séchait 
aussitôt.  Et  les  Ismaélites  disaient  cbacnn  i 
son  prochain  :  Quelle  est  cette  chose  que 
Dieu  nous  fait  dans  notre  voyage?  Car  il  ne 
leur  venait  pas  à  la  pensée  que  ce  pouvait 
être  à  cause  de  leur  esclave. 

Et  ils  vinrent  à  passer  sur  la  route  d*E- 
phrata,  auprès  du  lieu  où  Rachel  était  en- 
terrée. Joseph,  reconnaissant  le  monument 
que  son  père  y  avait  laissé,  courut  se  jeter 

sus-Cbrisi  que  Joseph  préfigurait  Tut  vendu  povr 
freiife  pièces.  JlanA.  XXVI,  15.  Saint  Ambroise,  di 
Jo9.,  c.  5,  saint  Aucustin,  Origéne  et  le  Vénérable 
Bède,  onilu  dans  des  exemplaires  de  la  Ctmèat, 
trente  pièces.  Cette  divergence  des  exennbirr» 
est  parfaitement  expliquée  dans  la  ceofessiea  ju- 
rait Gad,  sur  son  lit  de  mort,  i  Nous  le  veodln^  » 
dit-il ,  c  Juda  et  moi,  trente  pièces  d^or ,  dont 
nous  retînmes  en  cachette  dix,  et  n*eu  oioniràm'^ 
que  vingt  h  nos  frères.  »  'Eyà)  xa\  *lo06ai;  zs::^- 
xafuv  oràTÔv  Tolç  'lapiaijXttatç  X'  j^pvatciiv*  xsl  ^s 
tincL  diroxpû^^cvxeç ,  tôt,  x*  iSsfÇa{uv  cot;  àCcXçtt» 
f2(iu>v.  (letlament  de  Cad,y 


il39 


YAS 


PART.  111.  —  LEGEKDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1190 


sur  le  tombeau  de  sa  mère,  el  Tinonda  de  ses 
larmes.  Et  il  s*écria  dans  son  amertume  ;  O 
ma  mèrel  ô  ma  mère!  ô  toi  qui  m*a$  donné  le 
jour  l  éveille-loi  et  lève-toi,  et  regarde  comme 
ton  fils  a  été  réduit  en  esclavage,  et  nul  n*a 
pitié  de  moi.  Lève-toi  et  regarde  l*état  misé- 
rable de  ton  enfant,  et  pleure  avec  moi  sur 
mon  malheur.  Eveille-toi,  ma  mère;  secoue 
ton  sommeil»  et  prends  ma  défense  contre 
mes  frères,  dont  la  cruauté  m'a  arraché  à  la 
tendresse  de  mon  vieux  père,  le  seul  appui 
qui  me  restait.  Eveille-toi  et  plaide  ma  cause 
devant  Dieu.  Eveille -toi,  ma  mère;  secoue 
ton  sommeil,  et  regarde  la  désolation  de 
l*Âme  de  mon  père,  qui  te  chérissait,  qui 
s*était  soumis  pour  toi  à  une  dure  et  longue 
servitude.  Console-le,  je  Ten  supplie,  et  par 
ta  voix,  qu*il  aime,  adoucis  Tamerlume  qui 
accable  ses  vieux  jours.  Et  il  répandit  sur  le 
tombeau  de  sa  mère  une  abondance  d'autres 
exclamations  douloureuses.  Après  cela,  vain- 
cu parla  désolation  de  son  ftme,  il  s'affaissa 
sur  le  tombeau,  et  y  demeura  immobile 
comme  une  pierre.  Et  voici  qu'une  voix 
plaintive,  sortant  de  dessous  terre,  fil  enten* 
dre  ces  paroles  :  Mon  filsl  mon  Qlsl  Joseph, 
mon  enfanll  j*ai  entendu  la  voix  de  tes 
pleurs,  tes  cris  désespérés  et  tes  plaintes.  Je 
sais  tout  ce  que  tu  souffres,  mon  Ois,  et  ma 
tristesse  est  profonde  comme  le  fond  de  la. 
mer.  liais  espère  en  Jéhova,  ô  mon  fils. 
Joseph,  mon  enfant,  aie  toute  confiance  en 
lui,  et  ne  crains  pas;  car  Jéhova  est  avec  toi, 
et  il  *e  protégern  dans  toutes  les  peines  au- 
devant  desquelles  tu  portes  les  pas.  Lève« 
toit  mon  fils,  va  en  Egypte  avec  tes  maîtres, 
et  sois  tranquille;  car  Dieu  t*accompagne.  Et 
la  voix  se  tut. 

Or,  un    des  Ismaélites   vit  que  Josepn 
s'était  arrêté  sur  un  tombeau,  où  il  pleurait, 
et  ii  se  mit  en  colère  contre  lui,  et  Ten 
chassa  en  le  frappant  rudement  et  le  mau- 
dissant. Joseph  dit  h  ces  hommes  :  Que  je 
trouve  grAce  à  vos  yeux,  pour  que  vous  me 
rameniez  à  la  maison  de  mon  père,  qui  vous 
comblera  de  richesses.  Ils  lui  répondirent 
avec  mépris':  N'es-tu  pas  un  vil  esclave?  Où 
serait  ton  père?  Si  tu  en  avais  un  d'aussi 
riche  que  ^u  dis,  tu  n'aurais  pas  été  vendu  à 
si  bon  marché,  comme  tu  l'as  été  déjà  deux 
fois.  Et  s'emportant  contre  lui  pour  avoir 
voulu  les  tromper,  ils  le  frappèrent  et  le 
chfttièrent  avec  plus  de  dureté.  Et  Joseph 
foudait  en  larmes.  Alors  Jéhova,  voyant  les 
cruels   traitements  que  Joseph   subissait, 
frappa  et  chfltia  ces  hommes  de  plus  en  plus 
fort.  Tout  autour  d'eux  des  éclairs  brillaient, 
des  coups  horribles  de  tonnerre  éclataient , 
et  leur  fracas  ébranlait  la  terre;  un  vent  im- 
pétueux bouleversait  la  caravane.  Les  hom- 
mes ne  connaissaient  plus  leur  chemin.  Les 
chameaux   et  les   autres    bêtes  devinrent 
rétifs,  et  quand  on  les  battait  ils  se  cou- 
chaient par  terre.  Alors  les  hommes  se  de- 
mandèrent entre  eux  :  Quelle  est  cette  chose 
que  Dieu  nous  fait  en  ce  jour?  Et  l'un  d'eux 
dit  :  Hélas  I  c'est  la  punition  des  mauvais 
traitements  de  cet  esclave,  n'en  doutez  pas. 
Maintenant    oriez-l*,  suppliez-le  de  nous 


pardonner;  et  nous  saurons  à- cause  de  qui 
ce  mal  nous  arrive.  Et  ces  hommes,  prenant 
un  ton  suppliant,  demandèrent  pardon  h 
Joseph,  et  dirent  :  Nous  avons  pécné  contre 
Dieu  et  contre  toi.  Sois-nous  propice,  et  prie 
ton  Dieu  d'éloigner  de  nous  celte  mort;  car 
nous  confessons  notre  pioché.  Et  Joseph  til 
selon  leur  demande;  et  Jéhova,  rexaucan(« 
délivra  les  Ismaélites  du  désastre  dont  il  les 
avait  frappés.  L'orage  cessa,  la  terre  de- 
meura sans  tremblement,  la  tempête  se  cal- 
ma, les  bêtes  se  levèrent,  et  la  caravane  re- 
prit sa  marche 

Or,  les  Ismaélites  dirent  :  Nous  savons 
maintenant  que  tout  ce  mal  nous  est  arrivé 
à  cause  de  ce  pauvre  esclave.  Qu'avons-nous 
besoin  d'exposer  de  nouveau  nos  personnes 
à  des  calamités  pareilles?  Avisons  à  ce  que 
nous  ferons  de  ce  jeune  garçon.  Un  d'eux 
dit  :  Ne  nous  a-t-il  pas  priés  de  Je  ramener 
à  son  père?  Retournons  sur  nos  pas  jusqu'au 
lieu  qu'il  nous  indiquera,  et  nous  recevrons 
le  prix  que  nous  en  avons  donné,  et  nous 
nous  en  irons  en  paix.  Un  autre  dit  :  Voilà 
que  ce  conseil  est  excellent;  mais  le  chemin 
serait  trop  long  et  nous  détournerait  du  but 
de  notre  voyage.  Un  troisième  dit  :  Voici  le 
parti  auquel  nous  devons  nous  arrêter.  Nous 
arriverons  bientôt  en  Egypte,  et  nous  l'y 
vendrons.  Nous  en  retirerons  un  prix  consi- 
dérable, en  même  temps  que  nous  nous 
délivrerons  du  danger  de  toute  infortune 
ultérieure.  Et  cet  avis  fut  adopté 

Repentir  des  frères  de  Joseph.  —  Douleur  de  Ja- 
cob et  de  Ruben. 

Après  que  les  fils  de  Jacob  eurent  vendu 
Joseph ,  leur  cœur  fut  agité,  et  ils  se  repen- 
tirent de  ce  qu'ils  avaient  fait.  Ils  auraient 
couru  après  lui  pour  le  racheter  à  tout  prix 
et  le  ramener;  mais  il  n'était  plus  temps. 
Ruben,  de  son  côté,  retourna  seul  à  la 
citerne  pour  en  retirer  son  frère,  et  le  ren- 
dre à  Jacob.  11  se  tint  au  bord,  et  u'entendil 
aucun  mouvement  au  fond.  11  appela  : 
Joseph  1  Joseph  I  et  aucune  voix  ne  lui  ré- 
pondit. Alors  il  se  dit  :  Sûrement,  il  est 
mort  de  frayeur,  ou  bien  un  serpent  l'a  tué. 
Il  descendit  dans  la  citerne  et  ne  Vy  trouva 
point.  Il  remonta,  et  dans  son  affliction  il 
déchira  son  vêlement.  Car  il  disait  :  Cet 
enfant  est  perdu.  Que  répondrai-je  à  mon 
père,  s'il  est  mort?  Il  se  rendit  auprès  de  ses 
frères,  qu'il  trouva  plongés  dans  la  tristesse 
el  embarrassés  de  paraître  devant  leur  père. 
Ruben  leur  cria  :  Joseph  n'est  plus  dans  la 
citerne.  Qu'en  avez -vous  fait?  Répondez; 
car  c'est  h  moi,  t'atné,  que  notre  père  le  re* 
demandera.  Ses  frères  lui  répondirent  :  Nous 
avons  fait  ceci  et  cela  ;  mais  bientôt  après 
notre  cœur  a  été  déchiré  d'un  profond  re- 
pentir. Nous  sommes  réunis  en  ce  lieu  pour 
imaginer  une  excuse  à  donner  h  notre  père. 
Ruben  leur  dit  :  Vous  avez  commis  une 
action  détestable,  qui  fera  descendre  triste- 
ment dans  la  tombe  les  cheveux  blancs  de 
notre  père.  Ruben  s'assit  ensuite  au  miliou 
de  ses  frères,  et  ils  s'engagèrent  tous  ensem- 
ble par  serment  à  ne  pas  découvrir  la  chose 


1191 


DICTfOIfflAIRE  DES  APOCRYPHES. 


Iltl 


k  lenr  père.  Ils  dirent  en  outre  :  Quiconque 
donnera  connaissance  du  fait,  soit  à  notre 
père»  soit  k  quelqu'un  de  sa  maison,  soit  à 
qui  que  ce  soit  du  pays»  nous  nous  réunirons 
tous  conlre  lui,  et  nous  le  tuerons  avec  le 
tranchant  de  nos  glaives.  Par  suite  de  ce  ser- 
ment, les  fils  de  Jacob  avaient  peur  l'un  de 
Tautre,  depuis  le  plus  grand  jusqu'au  plus 
petit,  et  tous  ensevelirent  le  secret  au  lond 
de  leur  cœur. 

Et  les  fils  de  Jacob  ayant  accueilli  le 
moyen  proposé  par  Issachar,  se  hâtèrent  d'é- 
gorger un  chevreau,  et  ils  mirent  en  lam- 
beaux la  tunique  de  Joseph,  et  la  trempè- 
rent dans  le  sang,  puis  la  traînèrent  dans  la 
poussière.  Ils  chargèrent  ensuite  Nephthali 
de  la  porter  dans  cet  état  à  leur  père,  et  de 
lui  dire  :  Nous  ramenions  le  bétail  d'au  delà 
de  Sichem,  lorsque  nous  trouvâmes  sous  nos 
pas,  dans  le  désert,  cette  tunique  souillée 
de  sang  et  de  poussière.  Regarde  si  ce  n'est 
pas  cène  de  ton  fils.  Dès  que  Jacob  aperçut 
cette  tunique,  il  la  reconnut  et  il  tomba  la 
face  contre  terre  sans  mouvement.  Quelques 
heures  après  il  se  releva  et  poussa  un  cri 
douloureux,  disant  :  C'est  la  tunique  de  mon 
fils  Joseph  1  Et  il  pleura.  Il  envoya  prompte- 
ment  vers  ses  fils  un  serviteur  qui  les  ren- 
contra en  chemin,  car  ils  revenaient  avec  les 
brebis.  Ils  arrivèrent  le  soir  à  la  maison, 
ayant,  en  signe  de  deuil,  les  vêtements  dé- 
chirés et  la  tète  couverte  de  terre  et  de  pous- 
sière. Ils  trouvèrent  leur  père  pleurant  et 
exhalant  sa  douleur  en  plaintes  et  en  gémis- 
sements. Jacob  leur  dit  :  Quelle  est  cette  in- 
fortune dont  vous  m'avez  accablé  en  ce  jour? 
Avouez-moi  tout,  et  ne  me  celez  rien.  Et  ils 
lui  racontèrent  en  détail  comment  ils  avaient 
trouvé  la  tunique  sur  le  chemin  de  Sichem, 
et  qu'ils  la  lui  envoyèrent  sans  retard,  afin 
de  savoir  s'il  la  reconnaissait  pour  être  celle 
de  leur  frère  Joseph.  Et  Jacob  s'écria  d'une 
voix  désespérée  :  C'est  vraiment  la  tunique 
de  mon  fils.  Une  béte  féroce  Ta  déchire  et 
dévoré.  Je  l'ai  envoyé  aujourd'hui  pour  s'as- 
surer de  votre  salut  et  de  celui  des  brebis, 
et  revenir  m'en  instruire.  Il  est  parti  pour 
exécuter  mes  ordres.  Et  cela  lui  est  arrivé 
tandis  que  je  le  croyais  au  milieu  de  vous. 
Ses  fils  lui  répondirent  :  Il  n'est  pas  venu 
jusqu'à  nous;  et  nous  no  l'avons  plus  revu 
depuis  que  nous  sommes  sortis  d'auprès  de 
toi.  Quand  Jacob  eut  entendu  ces  paroles,  sa 
douleur  et  ses  pleurs  redoublèrent.  Et  il  se 
leva  et  déchira  ses  vêtements,  et  couvrit  ses 
reins  d'un  cilice.  Joseph,  mon  fils  I  Mon  fils 
Joseph I  répétait-il  en  pleurant;  c'est  moi 
qui  ai  causé  ta  mort  si  cruelle,  en  t'en  voyant 
seul  vers  tes  frères.  Comme  je  souffre  de  ta 
perte,  Joseph  mon  fils,  comme  j'en  souffre  I 
Que  ta  vie  m'était  douce,  que  ta  mort  m'est 
a  mère  I  Plût  à  Dieu  que  j'eusse  péri  à  ta  pla- 
ce! Reviens,  reviens  ici,  et  sois  témoin  de 
mon  affliction.  Viens,  de  grâce,  et  compte  les 
larmes  qui  coulent  des  yeux  de  ton  père,  et 
présente-les  dans  le  ciel  devant  la  face  de  Je- 


hova,  afin  qu'il  retire  son  courroux  de  des- 
sus nous.  Mais  pourquoi  as-tn  péri  pir  une 
mort  qui  ne  doit  pas  être  celle  d'un  eobnt 
d'Adam  ?  Tu  es  tombé  sous  les  coups  d'on 
ennemi  aussi  cruel  qu'indigne.  Mais  c*est 
Dieu  qui  m'a  donné  cet  enfant  chérit  et  c*est 
lui  qui  me  l'enlève;  tout  ce  aue  Dieofiit 
est  bien.  C*est  sous  le  poids  de  ta  multitude 
de  mes  péchés  que  mon  fils  a  succombé.  Et 
il  san{;lottait,  et  il  tomba  par  terre,  et  ne 

ÎouvAit  plus  proférer  une  parole.  Les  fils  de 
aooh  en  voyant  l'accablement  de  leur  père, 
regrettèrent  encore  plus  ce  qu'ils  avaientfaii 
et  ils  pleurèrent  abondamment.  Et  juda  sou- 
leva  de  terre  la  tête  de  son  père  et  la  posa 
sur  ses  genoux,  et  il  essuya  les  larmes  qui 
couvraient  ses  joues;  et  il  pleura  en  teoaot 
sur  ses  genoux  la  tête  de  son  père  qui  de- 
meurait immobile.  Les  autres  fils  de  Jacol> 
aussi  se  désolaient  et  jetaient  des  cris  en 
vovant  leur  père  en  cet  état  étendu  sur  le 
sol. 

Or,  tous  les  enfants  de  Jacob,  tous  ses  ser- 
viteurs et  les  enfants  de  ses  serviteurs,  Teo- 
tourèrent  pour  le  consoler,  mais  il  ne  voo- 
lait  recevoir  aucune  consolation.  Alors  toute 
la  maison  de  Jacob  fit  un  grand  deuil  à  cause 
de  la  mort  de  Joseph  et  de  Taffliction  de  son 

Eère.  Quand  Isaac  apprit  l'accident  il  pleura 
eaucoup  ainsi  que  toute  sa  maison.  Et  il 
partit  avec  tous  ses  gens  de  la  ville  d'Uébroo, 
où  il  demeurait,  et  vint  trouver  son  fils  Ja- 
cob pour  le  consoler  et  calmer  son  corar; 
mais  Jacob  ne  voulait  pas  se  laisser  consoler. 
Après  un  certain  temps  Jacob  se  leva  de 
terre  (1317),  mais  ses  pleurs  inondaient  en- 
core sa  face,  et  il  dit  à  ses  fils  :  Levez-vous, 
prenez  vos  arcs  et  vos  épées  et  sortez  aux 
champs.  Vous  trouverez  peut-être  des  restes 
du  corps  de  mon  fils.  En  ce  cas,  vous  me  les 
apporterez,  et  je  les  enterrerai  avec  honneur. 
Allez  à  la  recherche  des  bêtes  sauvages,  et 
amenez-moi  vive  la  première  que  vous  ren- 
contrerez. Peut-être  Jéhova  aura-t-il  piliê 
de  mon  affliction  et  vous  amènera  celle  qui  a 
dévoré  mon  fils,  et  je  me  vengerai  sur  elle. 
Les  fils  de  Jacob  entrèrent  dans  le  désert 
vers  un  lieu  fréquenté  par  les  bêtes,  et  voi- 
ci venir  à  eux  une  louve,  et  ils  la  prirent  et 
revinrent  avec  elle,  et  dirent  à  leur  père  : 
Celle-ci  est  la  première  bête  que  nous  avons 
rencontrée  ;  c|uant  au  corps  de  ton  fils,  ooos 
n'en  avons  rien  découvert.  Et  Jacob  s^aisu- 
sant  la  bête  lui  cria  d'une  voix  forte,  en 
pleurant  et  ayant  le  cœur  ulcéré  :  Pourquoi 
,  as-tu  dévoré  mon  fils  Joseph  sans  craioie  do 
'  Dieu  de  la  terre,  et  sans  égard  ponr  la  peine 

Sue  je  devais  en  éprouver?  Tu  n'avais  pas 
e  raison  pour  tuer  mon  fils,  qui  ne  l'avait 
jamais  fait  de  mal,  ni  à  aucun  des  tiens.  Voi- 
là pourquoi  Dieu  va  venger  {»ar  ma  wa^m 
rinnocent  opprimé.  Mais  Jéhova,  pour  la 
consolation  de  Jacob*  ouvrit  la  boncoe  de  U 
bête,  et  elle  lui  répondît  en  ees  ternes  : 
Vive  Dieu  qui  m'a  créée  sur  la  terre»  et  viTf 
ton  âme,  mon  seigneur,  je  n*ai  pas  vu  ton 


(1517)  Encore  maintenant  les  Juifs  pendant  les     ne s'asseoieni que  parterre.  C'est  peat«étr«  à 
joars  de  leur  grand  deuil  pour  de  proches  parents      coutume  que  notre  texte  fait  allusion. 


1103 


YAS  PART.  ip.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


m 


frU,  et  je  ne  me  suis  pas  assouvie  de  ses 
Diembres.  Pnr  le  Dieu  qui  nous  a  tous  créés, 
jamais  de  ma  vie  je  n'ai  geâté  de  chair  hu- 
maine. Je  viens  moi-même  d'un  pays  éloi- 
gné» et  depuis  dix  jours  je  cherche  dans  ce 
pays  mon  louveteau,  qni  a  disparu  d'auprès 
de  moi,  et  je  ne  l'ai  plus  revu.  J'ignore  s*il 
est  mort  ou  vif.  Nous  souffrons  tous  deux 
d'une  mèrne  infortune;  et  tes  fils  en  me  cap- 
turant ont  ajouté  un  nouveau  malheur  à  mon 
malheur  déjà  si  grand.  Maintenant,  ôhomme» 
roe  voici  en  ta  puissance,  tu  peui  me  trai* 
ter  selon  ce  qu'il  te  plaît;  mais  retiens  les 
paroles  que  Dieu  m'a  prêtées  dans  cette  oc- 
currence. Jacob,  émerveillé  de  ce  prodige, 
rendit  la  liberté  è  la  louve,  et  elle  s'en  alla. 
£t  Jacob  continuait  pendant  do  longs  jours  à 
pleurer  son  ûls  et  à  en  être  en  deuil. 

Josepb  en  Egypte. 

Les  Ismaélites  maîtres  de  Joseph  étaient 
arrivés  à  la  frontière  du  pays  d'Egypte,  et  ils 
allaient  la  franchir,  lorsqu'ils  rencontrèrent 
quatre  hommes  des  enfants  de  Madian  fils 
d*Abraham,  qui  sortaient  de  l'Egypte.  Et  les 
Ismaélites  leur  dirent  :  Voulez-vous  acheter 
cet  esclave?  Les  Madianites  demandèrent  à 
l*examiner,  et  ils  virent  que  c'était  un  jeune 

f arçon,  beau,  admirablement  formé,  et  ils 
achetèrent  moyennant  cinq  sicles.  Les  Is- 
maélites entrèrent  en  Egypte,  et  les'Madia- 
nilesy  rentrèrent  également  le  même  jour. 
Et  les  Madianites  se  dirent  mutuellement  : 
Nous  avons  entendu  que  Putiphar,  eunuque 
i'i3i8)  de  Pharaon,  chef  de  la  garde  du  ootps 
du  roi,  cherche  un  esclave  de  bonne  mine 
pour  le  charger  de  la  enduite  de  toute  sa 
maison,  allons  lui  proposer  celui-ci.  Lors- 
qu'ils furent  arrivés  en  la  présence  de  Puti- 
phar, ils  lui  dirent  :  Nous  avons  un  esclave 
tel  que  tu  en  cherches  un  ;  si  lu  consens  à 
nous  en  donner  le  prix  que  nous  désirons, 
nous  te  le  vendons.  Putiph.ir  répondit:  .Ame- 
nez-le-raoi,  que  je  le  voie.  S'il  me  convient, 
je  vous  le  payerai  le  prix  que  vous  deman- 
derez. Lorsqu'il  le  vit  il  lui  plut  extrême- 
ment. Putiphar  leur  dit  alors  :  Combien  exi- 
gez-vous pour  ce  jeune  garçon?  Ils  répon- 
dirent :  Qunive  cents  pièces  d'argent.  Et  Pu- 
tiphar consentit  à  leur  donner  les  quatre 
cents  pièces.  Mais,  ajoula-l-il,  il  faut  que 
vous  m'ameniez,  auparavant  celui  de  qui 
vous  le  tenez.  Je  crains  que  cet  enfant  n'ait 
été  volé  ;  car  il  a  l'air  de  n  être  ni  esclave,  ni 
flis  d'esclave.  Je  remarque  en  lui  un  sang 
pur  et  beau.  Alors  les  Madianites  allèrent 
et  revinrent  avec  les  Ismaélites  qui  le  lui 
avaient  vendu.  Et  ceux-ci  dirent  :  C'est  réel- 
lement un  esclave  qun  nous  avons  vendu  à 
ces  hommes.  Putiphar  donc  compta  l'argent 
aux  Ismaélites,  pour  le  remettre  aux  Madia- 
nites qui  le  reçurent  de  leur  main  et  parti- 

(1518)  Eunuque  veut  dire  officier  du  palais  d'un 
prince.  Voy.  ks  corn  men  la  ires  sur  In  Bible. 

(1519)  Dans  le  chap.xxxvii  de  la  Genéw,  le  verset 
98  faii  amener  Joseph  en  Kgyplc  par  Us  Ismaéliies. 
ei  d'après  le  verset  26  il  psi  vendu  à  Pulipliar  par 
les  Madianites,  sans  que  l'on  nous  diée  counnent 
teux-€Î  en  éiaient  devenus  possesseurs 

DlCTIOii:^.  DES  Apocrtphes.  11. 


rent  pour  leur  pays.  Les  Ismaélites  s'en  re- 
tournèrent également  chez  eux  (1319). 

Et  Putiphar  conduisit  Joseph  a  sa  maison 
et  Vy  installa  pour  commencer  son  service. 
Et  Joseph  trouva  grAce  aux  yeux  de  Puti- 
phar, qui  lui  donna  sa  conOance  et  lui  remit 
la  ge>tion  de  sa  maison  ei  de  tout  ce  qu*iL 
possédait  :  en  sorte  que  Joseph  était  le  gé- 
rant supérieur  de  son  maître,  et  que  rien  ne 
se  faisait  que  par  ses  ordres.  Et  Jéhova  était 
avec  Joseph  et  faisait  prospérer  toutes  les 
œuvres  de  sa  main.  Et  Jéhova  bénit  la  mai- 
son de  Putiphar  &  cause  de  Joseph.  Joseph, 
alors  âgé  de  dix-huit  ans,  était  un  jeune 
homme  d'une  éclatante  beauté,  et  d'une  belle 
taille,  au  point  que  Ton  ne  trouvait  pas  son 
pareil  dans  toute  l'Egypte. 

En  ce  lemps-là,  pendant  que  Joseph  allait 
et  venait  dans  la  maison  pour  son  service, 
Zalicha,  femme  de  son  maître  (1320),  le  regar- 
dait et  voyait  combien  il  était  beau,  et  conçut 
en  son  cœur  le  désir  de  le  posséder  ;  car  son 
Ame  s'était  fortement  attachée  au  jeune 
homme.  Et  elle  le  tentait  tous  les  jours  par 
des  paroles  et  des  actes  t^our  le  séduire  et 
l'induire  au  mal;  mais  Joseph  ne  tournait 
pas  les  yeux  vers  la  femme  de  son  maître. 
Cfuand  Zalicha  lui  disait  :  Que  ta  personne 
est  charujantel  Parmi  tous  les  serviteurs  il 
n'y  en  a  pas  un  qui  puisse  t'ètre  comparé  pour 
les  grAces  du  corps;  quand  eUe  disait  de  ces 
choses,  Joseph  répondait  :  Celui  qui  m'a 
formé  n'est-il  pas  le  créateur  de  tous  les 
hommes  T  et  on  ne  l'offense  pas  impunément 
en  abusant  de  ses  dons.  Quand  elle  lui  di- 
sait :  Que  ta  voix'est  douce  et  délectable! 
Prends,  je  te  prie,  la  harpe  qui  est  dans  la 
maison,  et  joues-en  avec  tes  belles  mains,  et 
fais-moi  entendre  ta  voix  enchanteresse,  Jo- 
seph répondait  :  Ma  voix  ne  doit  se  faire  en- 
tendre qu'en  Thonneur  de  mon  Dieu,  et  pour 
célébrer  ses  louanges.  Elle  lui  dit  encore  : 
Comme  ta  chevelure  est  belle!  Prends  ce 
peigne  d'or  pour  l'accommoder.  Joseph  té- 
moigna enfin  son  impatience,  et  lui  dit  :  Jus- 
qu'à quand  m'importuneras- tu  de  tés  cri* 
minelles  solliciiationsT  Va ,  occupe-toi  des 
soins  de  ton  ménage.  El  elle  répondit  :  Je 
n'ai  soin  et  souci  que  de  toi. 

C'est  ainsi  que  Zalicha  brûlait  d'attirer  Jo- 
seph dans  sa  couche.  Quand  il  s'acquittait 
dans  la  maison  des  devoirs  de  .sa  charge,  elle 
s'assevait  devant  lui,  le  pressait  sans  cesse 
pour  le  porter  à  satisfaire  sa  passion,  au 
moins  è  la  regarder.  Mais  il  ne  lui  prêtait 
point  attention.  Elle  lui  dit  un  autre  jour': 
Si  lu  refuses  de  me  complaire  je  te  ferai  su- 
bir le  sort  des  criminels,  et  je  te  soumettrai 
à  un  joug  de  fer.  Joseph  lui  répondit  :  Dieu, 

3ui  a  créé  l'homme,  affranchit  les  captifs  et 
élivre  les  opprimés.  Mon  maître  m'a  confié 
les  affaires  de  sa  maison ,  où  nul  ne  m'est 

(iSiO)  Zalicha,  ro^Sr.  La  Bible  ne  donne  pas  le  nom 
de  la  femme  de  Putiphar.  Il  est  à  remarquer  çiae  les 
Arabes  niaboméUns  ont  conservé  la  u*adition  du 
nom  que  nous  lisons  ici  dans  le  Yaschar  :  ils  Pécn- 
veiit,  HrpVî.  Voy.  le  Coran  dft  Maracci ,  surate  xn. 
De  Joteph^  et  son  Prodrome,  part,  iv,  p.  99. 

38 


1195 


DICTIONNAmE  DES  APOCRYPHES. 


4IM 


égal  en  aulorilé.  Il  a  mis  en  mon  pouTOir  / 
tout  ce  qu*il  nossède  et  toutes.les  personnes 
de  sa  depenoance.  Il  ne  s*(-&t  réservé  que 
toi»  parce  que  tu  es  son  épouse.  Comment 
pourrais-je  faire  cette  chose  sans  pécher  con- 
tre mon  maître  et  contre  mon  Dieu?  Malgré 
cela  Zalicha  ne  renonçait  pas  k  ses  mauvais 
desseins,  et  elle  continuait  à  solliciter  Joseph 
Journellement. 

Et  minée  par  son  ardeur,  Zalicha  tomba 
gravement  malade.  Et  toutes  les  feiïimes  des 
grands  de  l'Egypte  vinrent  la  visiter,  et  lui 
demandèrent  :  Pourquoi  as-tu  si  mauvaise 
mine,  toi  qui  ne  manques  d*aucun  bien?  N'es- 
tu  pas  l'épouse  d'un  seigneur  élevé  en  di- 
gnité et  puissant  auprès  du  roi?  N'est-il  pas 
vfai  que  ton  époux  est  attentif  à  prévenir 
tous  tes  désirs?  Elle  leur  répondit  :  Vous 
connaîtrez  aujourd'hui  même  la  cause  de 
mon  malaise.  Elle  ordonna  k  ses  suivantes 
de  servir  un  goûter  à  ces  femmes,  et  elle 
]eur  fit  donner  des  couteaux  bien  aûilés  pour 
peler  les  oranges  (1321).  Pendantquelles  man- 
geaient, Zalicna  fit  paraître  dans  la  salle  du 
féslin  Joseph  paré  d'un  vêlement  magni- 
fique. Dès  que  les  femmes  aperçurent  Jose|)h 
elles  ne  [)urcnt  plus  détacher  leurs  yeux  de 
dessus  lui.  Et  toutes  se  coupaient  profondé- 
ment les  mains,  et  les  oranges  qu'elles  te- 
naient se  couvraient  de  sang,  et  elles  ne  s'en 
apercevaient  pas;  car  elles  étaient  absorbées 
•dans  la  contemplation  du  bel  esclave.  Zali- 
cha leur  dit  alors  :  Que  faites-vous  là?  Au 
Jieu  de  couper  vos  oranges  vous  coupez  vos 
nains.  Et  les  femmes  regardèrent;  et  voici 
que  le  sang  coulait  en  abondance  de  leurs 
mains,  et  souillaient  leurs  vêtements.  Les 
femmes  i'épondirent  :  C'est  ton  esclave  qui 
a  causé  cet  accident,  en  captivant  nos  regards 
que  nous  tenions  fixés  uniquement  sur  sa 
beauté.  Zalicha  dit  alors  :  Vous  ne  l'avez 
devant  vous  qu'un  peu  de  temps,  et  voilà 
que  vous  en^tes  éprises.  Comment  voulez* 
TOUS  que  moi  c|ui  1  ai  constamment  dans  ma 
maison,  et  qui  le  vois  à  toute  heure,  je  ne 
meure  pas  de  langueur?  Les  femmes  lui  di- 
rent :  Il  est  ton  esclave  et  assujetti  à  ton  o- 
béissance  :  que  ne  lui  commandes-tu  selon  le 
désir  de  ton  cœur  au  lieu  de  te  laisser  aller 
«à  la  mort?  Elle  leur  répondit  :  Je  lui  fais  tous 
les  jours  la  menace  de  le  tuer,  et  il  n'en  est 

Sas  ébranlé.  Je  lui  promets  toules  sortes  de 
iens,  et  il  n'en  est  pas  ému.  C'est  ce  qui 
me  met  dans  l'état  ou  vous  me  voyez.  Et  la 
Jépgueurde  Zalicha,  causée  par  son  amour 
pour  Joseph  ,  allait  toujours  en  empirant  ; 
mais  les  gens  de  sa  maison' ignoraient  la 
cause  de  sa  maladie. 

Quelque  temps  après,  il  arriva  que  le  Nil 
déborda.  Or,  le  débordement  du  Nil,  en 
Egypte,  est  fêté  par  des  réjouissances,  au  son 
-des  instruments  de  musique,  en  présence  du 
iroi  et  des  grands  du  pays.  Et  toute  la  maison 


de  Putiphar  alla  assister  h  la  fête.  Mais  Zali- 
cha ne  sortit  point  de  chez  elle.  Elle  disait  : 
Je  suis  trop  malade.  Demeurée  toute  seule, 
elle  entra  dans  son  appartement  et  se  para 
de  vêtements  royaux,  et  orna  sa  tète  des 
pierres  les  plus  précieuses,  montées  en  or  et 
en  argent,  et  elle  embellit  son  visage  et  sa 
chair  avec  toutes  sortes  de  fards ,  selon 
l'usage  des  femmes  égyptiennes,  et  elle 
remplit  son  appartement  et  toute  la>  maison 
de  l'odeur  des  plus  fins  parfums.  Elle  se 
plaça  ensuite  devant  l'entrée  de  son  apparte- 
ment, à  Tendroit  où  Joseph  était  obligé  de 
passer  pour  ses  occupations.  Joseph,  revenu 
des  champs,  rentra  dans  la  maison  pour  y 
faire  l'ouvrage  prescrit  par  son  maître;  mais 
apercevant  Zalicha  et  tout  ce  qu'elle  avait 
disposé,  il  rétrograda.  Zalicha  cna  après  loi  : 
Qu  as-tu,  Joseph,  pour  ainsi  retourner  en 
arrière?  Voici  que  je  me  range  pour  te  lais^ 
ser  passer.  Et  Joseph  alla  au  lieu  de  son 
service.  Et  voici  que  Zalicha  vint  se  placer 
en  face  de  lui,  dans  ses  atours,  et  parfumée 
d'odeurs  enivrantes.  Et  d'une  main  elle  sai* 
sit  à  Timproviste  Joseph  par  sa  tunique,  et 
de  l'autre  main  elle  tira  de  dessous  ses  vête- 
ments un  couteau  meurtrier  qu'elle  appro- 
che de  la  gorge  de  Joseph,  et  lui  cria  :  Vite, 
satisfais-moi,  ou  tu  es  mort.  Joseph,  effrayé, 
s'enfuit;  mais  Zalicha  retenait  avec  tant  de 
force  sa  robe,  qu'elle  se  déchira  et  resta  dans 
sa  main.  Et  Zalicha,  tremblant  pour  elle- 
même  si  la  chose  venait  à  être  connue,  osa 
de  ruse.  Elle  reprit  ses  vêtements  ordinaires 
et  rétourna  au  lit  de  sa  maladie,  où  elle 
déposa  à  côté  d'elle  la  robe  de  Joseph.  Lnrs- 
qu  elle  entendit  rentrer  les  gens  de  la  mai- 
son, elle  commença  à  pousser  de  grands 
cris,  et  tous  accoururent  &  la  voix  d'un  petit 
garçon,  qui  les  avertit.  Zalicha  leur  dit,  en 

{)leQrant  bruyamment  :  Voyez  ce  que  m'a 
ait  votre  maître  en  introduisant  dans  la 
maison  cet  homme  hébreu,  qui  a  tenté  d'en- 
trer dans  mon  lit  malgré  moi.  A  peine  étiez- 
vous  sortis  qu'il  est  revenu  au  logis;  et, 
après  s'être  assuré  qu'il  se  trouvait  seul  avec 
moi,  il  s'est  jeté  sur  moi,  et  a  voulu  me  faire 
violence.  Mais  comme  je  le  retenais  par  ses 
habits  et  appelais  au  secours,  la  peur  lui  a 
pris,  et  il  s  est  sauvé  hors  d'ici.  Et  voici  sa 
robe  qui  est  restée  dans  ma  main.  Les  gens 
de  la  maison  ne  dirent  rien;  mais,  îndign<!'S 
de  l'action  de  Joseph,  ils  allèrent  instruire 
Putiphar  de  tout  ce  que  son  épouse  leur 
avait  appris.  Et  Putiphar  courut  k  la  maison, 
transporté  de  colère.  H  entendit  sa  femme 
l'accabler  de  reproches.  Quelle  n'est  pas  toa 
imprudence,  et  ton  insouciance  à  l'égard  de 
mon  honneur,  d'avoir  placé  auprès  de  moi 
ce  jeune  et  audacieux  esclave  hébreu,  qui 
n'a  pas  craint  d'entreprendre  d'abuser  de 
moi  i  Et  par  Tordre  de  Putiphar  on  frappa 
cruellement  Joseph,  qui  poussait  de  granJs 


(1321)  Cette  éprouve  à  laquelle  Zalicha  soumet 
les  danies  égyptiennes  est  également  racontée  dans 
ta  surate  déjà  citée.  En  général  rhisfoire  de  Joseph 
d^i  Coran  s*accordc  mieux  avec  le  Yaschar  qu*avoc 
ic  ic\t9  (Je  la  Genèie.  Par  exemple ,  on  y  voit  éga- 


lement que  Joseph  a  été  tiré  de  la  cileme  »on  par 
SCS  frères,  mais  par  une  criravane  de  voyageur». 
nn^KW.  Nous  prions  le  lecteur  i!e  relire  auj»*»  ^c 
Tesiamenl  de  Joseph  dans  le  tome  1**^  du  pr^nt 

recueil. 


It97 


YAS 


PART.  lu.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


nos 


cris  de  douleur.  Il  levait  les  regards  au  ciel, 
el  disHJt  :  Jéhova,  mon  Dieu,  tu  sais  que  je 
suis  innocent  de  ce  dont  on  m'accuse.  Ne 
permets  pas  que  j'expire  sous  les  coups  de 
ces  méchants  incirconcis,  pour  une  fausse 
imputation. 

Pendant  que  l'on  châtiait  ainsi  Joseph , 
Jéhova  délia  la  langue  è  un  enfant  de  onze 
mois»  et  il  dit  à  ceux  qui  ne  cessaient  de 
frapper  :  Ou'a?ez-vous  contre  cet  homme 
pour  le  maltraiter  de  la  sorte?  Tout  ce  que 
dit  ma  mère  est  faux  et  conlrouvé.  La  chose 
s'est  passée  en  réalité  comme  ceci  et  comme 
cela.  Et  l'enfant  raconta  toutes  les  sollicita- 
tions et  les  tentatives  de  Zalicha  jour  par 
jour.  Quand  l'enfant  eut  Bni  de  proférer  la 
vérité,  il  redevint  privé  de  la  parole  comme 
auparavant.  Tous  furent  en  admiration  de  ce 
prodige;  et  Putipbar,  confus  de  la  révélation 
de  son  fils,  ordonna  que  les  coups  cessas- 
sent. 11  fit  ensuite  traduire  Joseph  devant  le 
tribunal  des  prêtres,  qui  lui  demandèrent  : 
Pourquoi  as-tu  fait  celle  chose  à  ton  maître? 
Joseph  répondit  :  Non,  mes  seigneurs,  je 
n'ai  point  fait  de  mal;  mais  la  cnose  s'est 
passée  comme  ceci  et  comme  cela.  Il  se 
tourna  ensuite  verâ  Putiphar,  et  lui  dit  : 
Mon  maître,  par  la  vie  de  Jéhova  et  par  la 
vie  de  ton  âme,  tu  n*as  pas  entendu  la  vérité 
de  la  bouche  de  ton  épouse.  Voici  une  année 
(entière  que  tu  as  mis  en  mon  pouvoir  toute 
ta  maison  el  tout  ce  que  lu  possèdes.  As-tu 
reconnu  dans  mon  service  une  seule  faute 
digne  de  répréheusion?  Les  prèlres  dirent  à 
Putiphar  :  Fais -nous  apporter  la  robe  de 
Joseph,  aGn  que  nous  l'examinions.  Si  elle 
est  déchirée  par-devant,  ta  femme  l'atlirait 
sur  son  lil;  si  elle  est  déchirée  par  derrière, 
elle  l'écartait  de  sa  personne.  Quand  on  eut 
ai»porté  la  robe,quiélait déchirée  par-devant, 
les  juges  prononcèrent  d'une  voix  unanime  : 
Cet  esclave  n*a  rien  fait  qui  mériie  la  mort. 
Ta  femme  est  une  fourbe;  car  c'est  elle  qui 
a  eu  recours  à  la  violence  (1322).  Toutefois, 
pour  sauver  ton  honneur,  il  serait  expédient 
de  le  condamner  à  la  prison.  Et  Putiphar  le 
fit  enfermer  dans  la  prison  où  l'on  détenait 
les  officiers  du  roi,  el  il  y  resta  enfermé  douze 
ans. 

Mais  Zalicha  n'avait  pas  encore  renoncé  à 
Joseph;  et  au  bout  de  trois  mois  elle  allait  le 
trouver  chaque  jour,  et  s'efforçait  de  le  per- 
suader. Jusqu'à  quand,  disait-elle,  veux-tu 
rester  dans  cette  prison?  Obéis-moi,  et  je  t'en 
tirerai.  Joseph  répondait  :  Il  vaut  mieux  ne 

Eas  l'obéir  que  de  devenir  rebelle  à  Dieu. 
Il  comme  elle  voyait  qu'elle  ne  réussissait 
point ,  elle  lui  dit  è  la  fin  :  Je  te  ferai  arracher 
les  yeux,  je  te  ferai  charger  de  clialnes^et  je 

(13^)  Dans  le  Coran  Tinnocence  de  Joseph  est 
reconnue  de  la  même  manière,  avec  celle  diffé- 
rence que  la  lunique  fui  irouvéë  déchirée  par  der- 
rière; ce  qui,  nous  en  demandons  pardon  à  M.  Ma- 
homel,  n*a  pas  Tombre  du  bon  sens.  Oùt  été  une 
preuve  évidenlc  de  la  culpabilité  de  Joseph. 

(1523)  Version  jud.,  Jamuél.  11  est  nommé  Ja- 
mucl,  Gen.  xlvi,  10,  elNamuél,  Sum.  xxvi,  12. 

(1524)  Kot/.  plus  haut  colonne   ItCS. 
(1523)  Geii.  X,  25-29. 


te  livrerai  au  pouvoir  dliommes  que  tu  n'as 
connus  ni  hier  ni  avant-hier.  Joseph  répon- 
dit :  Le  Dieu  de  toute  la  terre  est  assez  fort 
pour  me  délivrer  de  t6ut  le  mal  que  tu  me 
veux  faire.  Car  il  peut  rendre  la  vue  aux 
aveugles,  élargir  les  prisonniers,  protéj§er 
les  étrangers  dans  les  pays  inconnus.  Et  Zali- 
cha cessa  de  visiter  Joseph. 

Enfants  des  frères  de  Joseph. 

L'année  môme  de  la  (ranslation  de  Joseph 
en  Ei-îypte,  Ruben  alla  à  Thamnatha,  el  il  y 
épousa  Elioram,  fille  d'Havi,Chananéenne; 
et  elle  lui  enfanta  Hénoch,  Fallu,  Hcsron  et 
Charmi.  Siméon,  son  frère,  prit  pour  femme 
Dina,  sa  sœur;  et  elle  lui  enfanta  Namuel 
(1323),  Jamin,  Âhod,  Jnchin  et  Sohar.  En- 
suite il  s'approcha  de  Bunn,la  Chananéenne 
qu'il  avait  emmenée  caplive  de  \n  ville  de 
Sichem  (132^),  et  elle  lui  enfanta  Saûl.  Buna 
était  affectée  au  service  de  Dina.  Vers  le 
même  temps,  Juda  alla  trouver  h  Odollam  un 
homme  qui  s'appelait  Uiras.  Il  y  vit  la  fille 
d'un  Chananéen  nommée  Habith,  filledeSué. 
et  il  l'épousa  et  s'approcha  d'elle;  et  elle  lui 
enfanta  Her,  Onan  et  Séla.  Lévi  et  Issachar 
allèrent  au  pays  d^Orient,  et  ils  épousèrent 
les  deux  filles  de  Jobab,  fils  de  Jectan,  fils 
d'Héber  (1325).  L'aînée,  nommée  Adina,  de- 
vint la  femme  de  Lévi;  el  Arida,  la  cadette, 
devint  la  femme  d'issachar.  Et  ils  revinrent 
avec  leurs  femmes  au  pays  de  Chanaan,  à  la 
maison  de  leur  père.  Adina  enfanta  à  son 
mari  :  Gerson,  Caalh  et Mérari.  Arida  enfanta 
à  son  mari  :  Thola,  Phua,  Job  et  Semron, 
Dan  alla  au  pays  de  Moab,  et  prit  pour  femme 
Aphialath,  fille  d'Amudan,  Hoabite,  et  l'a- 
mena au  pays  de  Chanaan.  Or,  Aphialatli 
était  stérile;  mais  Dieu  la  visita  dans  la 
suite,  et  lui  donna  un  fils  qu'elle  nomma 
Husim.  Gad  et  Nephthali  allèrent  jusqu'à 
Haran,  et  y  épousèrent  les  deux  filles  d*£- 
rooram,  fils  de  Hus,  fils  de  Nachor.  Neph- 
thali prit  Mérimath,  l'atnée,  et  Gad  prit 
Usith,  la  cadette;  et  ils  les  amenèrent  au 
pays  de  Chanaan,  h  la  maison  de  leur  père. 
Mérimath  enfanta  Jasiël,  Guni,  Jézer  et  Sal- 
lem.  Usith  enfanta  Sephion,  Haggi,  Suni, 
Esébon,  Eri,  Arodi  et  Aréli.  Aser  alla  et 
épousa  Edon,  fille  d'AphIal,  fils  d'Hadar,  fils 
d  Ismaël;  et  il  l'amena  au  pays  de  Chanaan. 
Edon  étant  morte  sans  enfants,  Aser  passa  le 
fleuve  et  prit  pour  femme  Hadora,  fille  d'A- 
bimaël,  fils  d'Héber,  fils  de  Sem.  Cette  jeune 
ff^mme  était  belle. et  douée  de  beaucoup 
d'esprit.  Elle  avait  eu  pour  mari  Melchiel, 
fils  de  Sem,  et  elle  lui  avait  enfanté,une  fille 
nommée  Sara  (1326).  Melchiel  étant  mort, 
Hadora  revint  à  la  maison  de  son  père  :  c'est 

(13Î6)  Sara,  mU  et  mo.  Non  ,TW  comme  s'é- 
crit en  hébreu  le  nom  de  Sara,  femme  d*Abraham. 
Le  lexlc  des  Nombres  xxvi,  46,  porte  :  Nomen^  an- 
lem  filiœ  Aser,  fuit  Sara.  La  paraphr.  cbald.  d'On- 
kelos  explique  ainsi  ce  lexie  :  El  le  nom  de  ta  fiitê 
de  la  femme  d'Aser,  était  Sara,  Elle  n*élail  fille  a  A- 
ser  qu'à  lilrc  de  litle  adoptive. 

Celte  leçon  de  la  paraptif.  d'OnkcIfis  ne  se  trouve 
pas  dans  les  é<lilions  ordinaires:  mais  elle  est  ci* 
léc  par  Naklsménides.   Quelques  édilcurs  la  doa* 


lîUO 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


IM 


Ik  qa*Aser  Tépousa.Et  il  l'amena  nu  pays  de 
Chanaan  avec  sa  fille  Sara,  ftgée  de  trois  ans, 
qui  fut  élevée  dans  la  maison  de  Jacob.  Et 
Sara  marchait  dans  les  voies  saintes  des 
enfants  de  Jacob,  et  n*eD  déviait  en  aucune 
manière.  C'est  pourquoi  Jéhova  la  gratifia  de 
sagesse  et  d'intelligence.  Hadora  conçut  et 
•enfanta  Jamné,  Jésua,  Jessui  et  Béria.  Zabu- 
lon  alla  en  Madian  et  y  prit  pour  femme 
Marusa,  fille  de  Motad,  flis  d*Abi(la,  Gis  de 
Uadian,  et  Tamena  au  pavs  de  Chanaan.  Klle 
enfanta  Sared,  Elon  et  Jahélel.  Jacob  envoya 
demander  à  Aram,  fils  de  Soba,  fils  de  Tharé, 
l^lahalia,  sa  file,  pour,  la  faire  épouser  à 
Benjamin,  son  fils,  âgé  de  dix  ans.  Et  Maha- 
lia  vint  à  la  maison  de  Jacob,  et  elle  devint 
la  femme  de  Benjamin.  Elle  conçut  et  enfanta 
Bêla,  Béchor,  Asbel,  Géra  et  Naaman.  Ben- 
jamin alla  ensuite,  è  Tâge  de  dix-huit  ans,  et 
épousa  Harbalh,  fille  de  Zamran,  fils  d*Abra- 
ham  (1337),  en  outre  de  sa  première  femme. 
Et  Harbath  enfanta  Ehi,  Ros,  Mophim,  Ophim 
et  Ared. 

Juda,  s*'8  fils  et  sa  bru. 

En  ces  jours -IJi,  Juda  alla  h  la  maison  de 
Sem,  et  prit  pour  Her,  son  fils  aîné,  Tha- 
inar,  fille  d*Elam,  fils  de  Sem.  Mais  Her,  en 
^approchant  de  sa  femme,  répandait  ailleurs, 
«fin  de  ne  pas  la  féconder.  Et  Jéhova  abhorra 
tellement  cette  action  qu'il  le  fit  mourir. 
Après  la  mort  de  son  premier-né,  Juda  dit  à 
Onan  .  Accomplis  envers  ta  belle-sœur  le 
devoir  du  lévirat  (1328),  afin  de  susciter  de 
la  postérité  à  ton  frère.  Onan  prit  donc 
Tbamar  pour  femme.  Mais  comme  il  imitait 
l*aboroination  de  son  frère,  Jéhova  le  prit  en 
horreur  et  le  fit  aussi  mourir.  Alors  Juda  dit 
à  Thamar  :  Va  demeurer  dans  la  maison  de 
ton  père  jusqu'à  ce  aue  mon  fils  Séla  soit 
devenu  grand.  A  la  vérité,  Juda  n*avait  pas 
intention  de  le  lui  donner  pour  époux,  crai- 
gnant qu*il  ne  mourût  coiome  ses  frères 
atnés.  Thamar  retourna  donc  h  la  maison  de 
«on  père,  et  y  demeura  longtemps.  Après  la 
révolution  de  quelques  années,  Halith  vint 
à  mourir.  Et  quand  Juda  fut  consolé  de  1» 
mort  de  sa  femme,  il  alla  avec  Hiras,  son 
ami,  &  Tharonatha,  pour  y  assister  à  la  tonte 
de  leurs  brebis.  Thamar,  instruite  de  l'arri- 
vée de  Juda  dans  son  pays,  et  voyant  qu'on 
ne  la  voulait  pas  marier  avec  Séla,  quitta  ses 
habits  de  veuve,  s*enveloppa  d*un  ample 
vêtement,  se  couvrit  la  fact^  d*un  voile,  et 
elle  alla  s'asseoir  à  la  t>ifurc.ition  du  chemin 
de  Thamnatha.  Juda,  en  passant  par  ce  lieu, 
la  vit  et  l'emmena  avec  lui  (sans  la  recon* 

nent  faussement  comme  une  variante  de  Jona- 
than. 

Gf Ue  Sara  est  une  des  personnes  qui,  d*apiés 
les  rabbins,  ont  été  admises  au  paradis  san$  goûter 
ta  morr,  parce  qu'elle  avait  assuré  Jacob  que  Jo- 
seph était  en  vie.  Elle  était  prophétasse. 

(1327)  6>«.  XXV,  2. 

{1528)  Deut.  xxv,  5-10.  Il  est  conslniii  que 
plusieurs  lois  du  Pentateuque  étaient  observées 
par  les  Hébreux  longtemps  avant  la  publication 
de  ce  code.  De  ce  nombre  ét:iit  le  lévirni.  Le 
précepte  de  la  circoncision  (Lmi  xn,  5)  datait 
du  temps  d'Abraham.  La  dittinciioii  des  animaux 


naître),  et  sVtpprocha  d'elle,  et  elle  conçut 
de  lui.  Gt  BU  temps  de  sa  délivrance  elle  eut 
deux  jumeaux,  dont  Tatné  fut  nommé  Ph»* 
rès,  et  le  cadet,  Zara. 

Continuation  de   Thisioire   de  Joseph  en  Egypte. 

En  ce  temps-lè,  deux  officiers  de  Pharaon, 
le  grand  échanson  (13^)  et  le  grand  panne* 
lier,  faisaient  leur  service  devant  le  roi  pen- 
dant qu*il  prenait  son  repas  avec  les  servi- 
teurs et  les  chefs  auxquels  il  donnait  la  table. 
£t  il  arriva  que  Ton  trouva  une  quantité  de 
moucherons  dans  le  vin  présenté  par  le 
grand  échanson,  et  des  fragments  de  craie 
dans  le  pain  du  pannetier.  Pnaraon  ordonna 
de  châtier  Tun  et  l'autre,  et  de  les  mettre  en 
prison.  Et  le  chef  de  la  garde  du  corps  com- 
mit Joseph  à  leur  service.  An  bout  d*un  an, 
tous  deux,  étant  encore  incarcérés,  eurent 
chacun  un  songe  dans  la  même  nuit.  Quand 
Joseph  se  présenta  le  matin  pour  les  servir, 
il  leur  trouva  le  visage  alléré;  el  il  leor  de- 
manda :  Pourquoi  avez-vous  aujourd'hui  la 
mine  si  triste?  Ils  lui  répondirent  :  C'est  que 
nous  avons  rAvé  des  choses  singulières,  et  il 
n*y  a  ici  personne  qui  sache  interpréter  nos 
songes.  Joseph  leur  dit  :  Racontez-moi  vos 
songes.  Puisse  Dieu  leur  donner  un  sens 
favorable,  selon  vos  désirs.  Le  grand  4cban- 
son  raconta  le  sien  en  ces  termes  :  Je  voyais 
devant  moi  un  grand  cep  de  vigne  se  parta- 
geant en  trois  bmnches.  Il  n*a  pas  tardé  k 
pousser  des  boutons,  des  fleurs  et  des  grap- 
pes, lesquelles  sont  devenues  aussitôt  des 
raisins  parfaitement  mûris.  J*ai  cueilli  de 
ces  raisins,  et  j*en  ai  exprimé  le  jus  dans 
une  coupe  que  j'ai  mise  dans  la  main  de 
Pharaon,  et  le  roi  y  but.  Joseph  lui  dit  :  Les 
trois  branches  de  la  vigne  signîQent  trois 
jours.  Dans  trois  jonrs,  le  roi  ordonnera  ton 
élargissement  et  te  rétablira  dans  ta  charge, 
et  tu  lui  serviras  le  vin  comme  par  le  passé. 
Mms  aue  je  trouve  grâce  à  tes  yeux  ;  ne 
m'oublie  pas  auprès  du  roi.  Quand  tu  seras 
heureux,  fais-moi  la  miséricorde  de  me  tirer 
de  cette  prison.  Car  j'ai  été  enlevé  dans  le 
pays  de  Chanaan,  et  vendu  ici  comme 
esclave.  Ce  qui  vous  a  été  raconté  au  sujet 
de  la  femme  de  mon  mattre  est  faux  :  c'est 
injustement  que  j'ai  été  mis  dans  cette 
fosse  (1330).  Le  grand  échanson  répondit  à 
Joseph  :  Si  le  roi  me  rend  sa  faveur,  ainsi 

aue  tu  me  l'annonces,  je  ferai  tout  ce  que  tu 
ésires,  et  je  te  tirerai  de  cette  fosse. 
Le  grand   pannetier  voyant  que  Joseph 
avait  bien  interprété   le  sungt;  du  grand 
échanson  (1331),  s'approcha  de  Joseph  et  lui 

purR  et  des  animaux  impurs  {Letiu  xi)  éuit  déjà 
connue  de  Noé.  Voy.  Genèse^  vu,  e.La  sanctifi- 
cation du  sabbat  {Exod.  xx,  8-1  i)  remonte  a 
la  première  semaine  de  la  création,  où  Dieu  béMii 
et  sanctifia  le  septième  jour.  (Gen  u,  3.) 

M329)  II  est  nommé  plus  loin  Mérud. 

(1530)  On  sait  que  les  prisons  des  anciens  étalcut 
des  souterrains. 

(1331)  LMnterprétation  de  Jo<irpb  lai  parut  par- 
r.iitement  convenir  au  sonj^e.  Mais  d'après  le  Me- 
drascli-Rabba ,  chacun  des  dvu\  avait  va  dsins 
son  sommeil  Tinterorétation  du  songe  de  Tautre 


f201 


YAS 


PART.  III — LEGENDES  ET  FllAGMEiNTS. 


TAS 


«Of 


raconta  aussi  son  songe.  Il  lui  dit  :  Il  ine 
semblait,  dans  mon  songe»  que  je  portais  sur 
la  tête  trois  corbeilles  tressées.  La  corbeille 
supérieure  contenait  toutes  sortes  de  pâtis- 
series* comme  en  mange  Pharaon;  et  les 
oiseaux  du  ciel  en  venaient  manger  de  des- 
:»us  ma  tête.  Joseph  lui  dit  :  Les  trois  cor* 
beilles  que  tu  as  vues  signifient  trois  jours. 
Dans  trois  jours»  Pharaon  examinera  ta 
cause  et  te  ron<iamnera  à  la  potence;  les 
oisenux  du  ciel  se  repaîtront  de  ta  chair  sur 
ton  corps. 

Ce  même  joar,  la  reine  enfanta  un  fils  au 
roi  d'£gypte,  et  ce  fut  la  cause  d*une  grande 
joie  pour  tout  le  pays,  pour  tous  les  princes 
et  serviteurs  de  Pharaon.  Le  troisième  jour 
de  la  naissance  du  royal  enfant  «  Pharaon 
donna  un  festin  à  tous  ses  princes  et  servi- 
teurs, comme  aussi  aux  chefs  de  faruiée  du 
pays  d*£gypte  et  du  pays  de  Gessen.  Et  ce 
festin  se  continuait  pendant  huit  jours  con- 
sécutifs «  accompagné  du  son  des  instru- 
ments de  musique  et  de  danses (1332J. 

Mais  le  grand  échanson  oublia  totalement 
Joseph,  et  ne  pensait  nullement  à  en  faire 
mention  au  roi,  bien  c]u*il  Teût  promis.  C*est 
Jéhova  qui  avait  ainsi  disposé  la  chose,  afin 
de  punir  Joseph  de  ce  qu'il  avait  mis  sa  con- 
fiance dans  un  homme.  Et  Joseph  demeura 
en  prison  encore  deux  ans,  jusqu'à  Taccora- 
piissement  de  la  douzième  année  de  sa  dé- 
tention. 

Mortd'Isaac  et  ses  obsèques. 

IsaaCy  fils  d'Abraham,  qui  demeurait  en 
Chanaan,  vivait  encore  en  ce  temps-là.  Il 
était  A^é  de  cent  quatre-vingts  ans.  Or^  Esaii 
ayant  appris  que  son  père  approchait  du  jour 
de  sa  mort,  se  rendit  auprès  de  lui  avec  tous 
ses  enfants,  partant  du  pays  d*Edom ,  où  ils 
étaient  établis  an  milieu  des  enfants  de  Séir. 
Jacob  et  ses  enfants  quittèrent  également 
leur  demeure  d'Hébron,  et  vinrent  auprès  de 
leur  père  Isaac.  Et  Isaac  dit  à  Jacob  :  Fais 
approcher  de  moi  tes  enfants,  afin  que  je  h*s 
bénisse.  Et  Jacob  fit  avancer  ses  onze  fils 
devant  Isaac.  Celui-ci  les  serra  dans  ses  bras 
et  les  baisa  Tun  après  Tautre.  Et  Isaac  les 
bénit  en  ce  jour-là,  disant  :  Que  le  Dieu  de 
vos  pères  vous  bénisse  et  multiplie  votre 
postérité  jusqu'à  la  quantité  des  étoiles  du 
ciel.  11  bénit  aussi  les  enfants  d'Esau,  di- 
sait :  Que  Dieu  mette  votre  crainte  sur  tous 
ceux  qui  vous  voient,  et  votre  terreur  sur 
tous  vos  ennemis. 

Et  Isaac  réunit  autour  de  lui  Jacob  et  ses 
fils,  et  il  dit  à  Jacob  :  Jéhova,  Dieu  de  toute 
la  terre,  m*a  adressé  la  parole,  et  m*a  dit  :  Je 
donnerai  ce  pays  en  possession  à  ta  posté- 
rité. Si  tes  enfants  gardent  mes  statuts  et  les 
voies  que  j*ai  prescrites,  je  m'en  tiendrai 
envers  eux  au  serment  que  j'ai  fait  à  ton  père 

(1552)  11  existe  ici  une  lacune  dans  le  texte  du 
Yaxchar. 

(1555)  Une  pièce  revèiue  des  formes  léjiales 
s'appelle  en  hébreu  ^TUl  nSD,  tibellui  aperlu$.  (Voy. 
Jérémie^  xxxu,  14),  eVst-à-dire,  pouvant  être  exhi- 
bée toutes  et  quanics  fois  il  le  fallait. 


Abraham.  Maintenant,  lïion  tils,  apprends  h 
tes  enfants  la  crainte  de  Dieu  et  la  conduite 
qui  plaît  à  ses  yeux.  Après  avoir  fait  ces  re- 
commandations, Isaac  expira  et  fut  réuni  à' 
son  peuple,  âgé  de  cent  quatre-vingts  ans. 
Aussitôt,  Jacob  et  Esaii  se  jetèrent  sur  son 
visage  et  pleurèrent.  Et  ses  tils  Jacob  et  Esaii 
le  portèrent  à  la  caverne  double,  leurs  en- 
fants marchant  nu-pieds  tout  autour  du  cer* 
cueil  et  ne  cessant  de  pleurer  et  de  se  lamen- 
ter. Tous  les  rois  du  pays  de  Chanaan  accom- 
pagnaient le  convoi,  et  rendaient  toutes  sortes 
d  honneurs  à  la  dépouille  dlsaac.  Et  Jacob  et 
Esaii  enterrèrent  leurpèreàCariatharbée^qui 
est  Hébron,  avec  les  honneurs  qui  se  rendent 
aux  rois.  Et  ils  firent,  comme  aussi  tous  les 
rois  de  Chanaan,  un  grand  deuil  à  Toccasioa 
de  sa  mort. 

Partage  de  la  succession  d*Isaac. 

« 

Après  la  mort  d'Isaac,  Esnû  dit  h  Jacob  r 
Apporte  tout  ce  que  notre  père  a  laissé;  fais- 
en  deux  parts,  et  c*est  moi  qui  choisirai  Tune 
des  deux.  Jacob  répondit  :  J*y  consens  volon- 
tiers. Quand  il  eut  fait  les  deux  parts,  il  dit  à 
Esaii  :  Voii'i,  tu  peux  choisir  celle  que  tu 
préfères.  Mais  écoute  ce  que  je  vais  te  dire  : 
Jéhova,  Dieu  du  ciel  et  de  la  terre,  a  fait  une 
promesse  à  nos  pères  Abraham  et  Isaac,  eri 
ces  termes  :  Je  donnerai  à  la  [postérité  ce 
pays  eR  possession  éternelle.  Maintenant» 
voici  devant  toi  d*un  côté  la  totalité  des  biens 
laisbés  par  notre  pèro,  et  d'un  autre  côté  la 
promesse  de  la  possession  de  toute  la  terre  de 
Chanaan.  Choisis  celle  de  ces  deux  pans  qui 
te  platt  le  mieux»  et  je  prendrai  l'autre.  Esau 
hésita  etalla  consulter  Nabaioth,  fils  d'IsmaëU 
qui  était  alors  dans  ce  pays-là.  Nabaïoth  lui 
répondit  :  Quelle  est  cette  chose  que  Jacob  te 
dit?  Voici  que  lous  les  enfants  de  Chanaan 
occupent  en  toute  sécurité  la  terre  de  leur 
habitation,  et  Jacob  pense  pouvoir  la  possé- 
der à  jamais  avec  sa  postérité?  Va  et  accepte 
les  biens  de  ton  père,  et  cède  à  Jacob  la  pos 
session  de  ce  pays,  selon  ce  qu'il  te  propose. 
Esaii  prit  donc  toutes  les  richesses  de  son 
père,  et  n'en  abandonna  absolument  rien  à 
son  frère.  Jacob,  de  son  côté,  retint  toute  la 
terre  de  Chanaan,  depuis  le  fleuve  d'Egypte 
jusqu'au  fleuve  do  l'Euphrate,  y  compris  la 
caverne  double  qu'Abraham  avait  acquise 
d'EphroR.  Et  Jacob  dressa  de  cette  conven- 
tion un  instrument  de  vente,  qu'il  scella,  et  y 
ajouta  Tatteslalion  écrite  de  témoins  croya^ 
blés  (1333).  Il  mit  ensuite  cet  acte  de  vente 
dans  un  vase  de  terre  bien  clos  (133^),  afin 
qu'il  se  conservât  longtemps  sans  s'altérer,  et 
il  le  donna  en  garde  à  ses  Gis. 

Songe  de  Pharaon  expliqué  par  Joseph. 

En  ces  jours-là,  après  la  mort  d'isaac.  Pha- 
raon, roi  d'Egypte,  vit  en  songe  que,  pendant 

(1351)  Cette  manière  de  garder  les  titres  était 
usitée  chez  les  anciens.  Ou  lit  au  nièuie  endroit 
de  Jéréniie  :  Et  pone  illot  in  rase  fuiili,  ul  pmna" 
nere  poisint  diebtt$  muUU.  Voy.  commentaire  de 
saint  Jérôme. 


ÎÎO^ 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


i3M 


qu'il  se  tenait  sur  le  bord  du  Nil,  sept  vaches 
belles  et  en  bon  point  montèrent  du  fleuve. 
Derrière  elles  montèrent  sept  autres  vaches 
hideuses  et  consumées  de  maigreur.  Celles-ci 
engloutirent  les  premières,  etmal^récela<elles 
conservaient  leur  mauvais  aspect.  Et  s'étant 
éverllé,  Pharaon  s*endormit  de  nouveau;  et 
dans  uu  autre  songe  il  vit  sept  épis  pleins  et 
beaux.  Après  ceui-ci  poussèrent  de  la  terre 
sept  autres  épis,  grêles  et  desséchés  par  le 
vent  brûlant  d'est  (1335),  et  ils  engloutirent 
les  premiers.  Le  matin,  le  roi,  conservant  le 
souvenir  de  ses  songes,  en  eut  Tesprit  fort 
inquiet.  Et  il  se  hâta  de  mander  devant  lui 
tous  les  devins  et  tous  les  sages  de  l'Egypte. 
Quand  ils  eurent  entendu  le  récit  des  songes 
de  Pharaon»  ils  dwM  tous  d'une  voix  una- 
nime :  Vive  le  roi  élerneilement!  Voici  Tin- 
terprétation  de  tes  songes.  Les  sept  vaches 
belles  signifient  qu'à  un  certain  temps  il  te 
nallr'a  sept  filles.  Les  sept  vaches  maigres  qui 
]es  suivirent  et  les  engloutirent  t'annoncent 
que  ces  filles  mourront  pendant  ta  vie.  Et 
voici  la  signiS(  ation  des  sept  épis  pleins  et 
des  sept  épis  grêles  et  desséchés  :  Un  temps 
viendra  ou  tu  bâtiras  sept  villes  dans  diffé- 
rentes régions  du  pays  d'Egypte,  mais  ces 
villes  seront  toutes  détruites  pendant  ta  vie. 
Le  roi  ne  voulut  pas  accepter  leurs  interpré- 
tations; car  il  voyait,  dans  sa  sagesse,  qu'elles 
ne  rencontraient  pas  la  vérité.  Et  il  leur  dit  : 
Comment  osez-vous  dire  des  choses  sembla- 
bles? Votre  bouche  n*a  proféré  aue  men- 
songe et  faufiTseté.  Prenez  garde  d'encourir 
la  mort.  Pharaon  fit  ensuite  rechercher  d'au- 
tres saçes,  qui  vinrent  se  présenter  devant 
lui.  Mais  ils  n'interprétèrent  pas  d'une  façon 
plus  satisfaisante  que  ceux  qui  les  avaient 
procédés.  Et  le  roi  se  fâcha  encore  plus  fort 
contre  ceux-ci,  et  il  leur  dit  :  Dans  toutes  vos 
explications,  il  n*y  a  pas  un  mot  de  vrai.  Il 
fit  ensuite  publier  dans  toutes  les  contrées 
de  l'Egypte,  savoir  :  Tout  sage  possédant  la 
science  de  rinterprétation  des  songes,  qui 
ne  se  présentera  pas  de  suite  devant  le  roi» 
sera  puni  de  mort.  Mais  celui  qui  donnera 
au  roi  l'interprétation  exacte  et  vraie  de  ses 
songes  en  obtiendra  teUe  gr&ce  qu'il  sollici«- 
tara. 

On  vit  alors  arriver  devant  Pharaon  tous 
les  sages,  tous  les  devins  et  tous  les  magi- 
ciens aEgypte,  de  Gessen,  de  Ramessès,  de 
Tiiphné,  de  Tanis  et  de  toute  l'étendue  de 
]*£gypte.  Les  gouverneurs  des  provinces,  les 
princes  et  les  officiers  du  roi  y  vinrent  égale- 
ment. Quand  le  roi  leur  eut  raconté  ses  son- 
ges, tous  furent  frappés  de  stupeur,  tant  ces 
visions  leur  parurent  étranges.  Or,  les  sages 
se  partagèrent  en  plusieurs  opinions,  tou- 
chant le  sens  des  songes  du  roi.  Les  uns 
disaient  :  Les  sept  vaclies  belles  sont  sept 
rois  de  la  race  de  Pharaon,  qui  régneront  en 
Egypte.  Les  sept  mauvaises  vaches  sont  sept 
princes  oui  se  lèveront  contre  eux  et  les 
feront  périr.  Les  sept  épis  sont  les  sept 
grands  chefs  de   rE^y^^l®»  Q^'i  tlans  une 


guerre  intestine,  tomberont  au  poufoir  de 
sept  chefs  leurs  inférieurs.  D'autres  expli- 
quaient en  ce  sens  :  Les  sept  vaches  belles 
sont  les  sept  forteresses  de  l'Egypte,  el  les 
sept  mauvaises  vaches  sont  les  sept  Dations 
du  pays  de  Cbanaan,  lesquelles  viendront  les 
attaquer  à  la  fin  des  jours,  et  les  détruiront. 
Les  sept  épis  de  deux  Qualités  annoncent 
que  ta  postérité  récupérera  le  trAne  de 
1  Egypte,  et  se  tournera,  avec  tous  les  habi- 
tants de  ce  pays,  contre  les  Cbananéens  des 
sept  villes,  plus  puissants  au*eux,  et  les  dé- 
feront. D'autres  élisaient  :  voici,  A  roi,  l'in- 
terprétation de  tes  songes  :  Les  sept  vaches 
belles  sont  sept  reines  que  tu  épouseras 
dans  des  jours  à  venir,  et  les  sept  mauvaises 
vaches  signifient  qu'elles  mourront  toutes 
pendant  ta  vie.  Les  sept  épis  bons  el  les 
sept  mauvais  annoncent  quatorze  fils  que  ta 
auras.  Dans  la  suite  des  jours  ils  se  battront 
entre  eux,  et  les  sept  plus  faibles  tueront  les 
sej)t  plus  forts.  D'autres,  enfin,  exposaient 
devant  le  roi  cette  interprétation  :  Les  sept 
belles  vaches  sont  sept  fils  que  tu  auras,  et 
qlii,  à  la  fin  d'un  certain  nombre  de  jours, 
seront  mis  à  mort  par  sept  de  tes  chefs.  Les 
sept  épis  beaux  de  ton  deuxième  songe  sont 
ces  mêmes  chefs,  qui,  dans  la  suite,  seront 
vaincus  et  mis  à  mort  par  sept  chefs  moins 
forts  qu'eux.  Ces  chefs  s'armeront  pour  ven- 
ger tes  fils,  et  feront  retourner  à  ta  race  la 
couronne  d'Egypte.  Mais  le  roi,  dans  sa 
sagesse,  comprit  qu'encore  de  ceux-ci  nul 
n'avait  bien  rencontré.  Et  Jéhova  avait  ainsi 
égaré  Tesprit  des  plus  sages  de  r£ffypte,afin 
do  tirer  Joseph  de  la  prison  et  de  1  élever  en 
gloire  dans  le  pays  qui  se  vantait  de  sa 
science.  Le  roi,  irrité  jusqu'à  la  foreur 
contre  les  sages  et  les  magiciens,  les  fit 
chasser  honteusement  de  sa  présence.  1!  fit 
ensuite  publier  dans  toute  l'Egypte  Tordre 
d'exécuter  à  mort  tous  les  sages  et  tous  les 
magiciens  du  pays,  sans  en  épargner  nn 
seul.  Alors  les  ofliciers  de  la  garde  du  roi 
tirèrent  partout  l'épée,  et  se  mirent  à  les 
frapper.  C'étaient  ces  sages  et  ces  magiciens 
gui  entretenaient  le  peuple  dans  l'erreur  des 
fausses  divinités. 

Et  il  arriva  après  cela  que  Mérud,  le  graod 
échanson,alla  se  prosterner  devant  Pharaon, 
et  lui  parla  en  ces  termes  :  Vive  le  roi  éter- 
nellement, et  que  sa  puissance  royale  s'é- 
tende sur  toute  la  terre  I  Tu  avais  sujet,  il  y 
a  de  cela  deux  ans,  d'être  mécontent  de  les 
serviteurs,  le  grand  pannetier  et  mol,  et  tu 
m'as  fait  mettre  en  prison  avec  lui.  Pendant 
notre  détention  nous  étions  servis  par  un 
esclave  du  chef  de  la  garde  du  corps.  Hébreu 
de  nation  et  nommé  Joseph,  (]ue  son  maître, 
fâché  contre  lui,  y  détenait  Or,  peu  de 
temps  après  notre  entrée  dans  la  maison 
d'arrêt,  le  grand  pannetier  et  moi  eûmes 
dans  la  même  nuit  chacun  un  songe.  La 
matin  nous  lui  racontâmes  ce  que  nous 
avions  vu  en  sommeil,  et  il  nous  en  donna 
des  interprétations  qui  se  sont  vérifiées  avec 


(15?5)  Les  veiïls  d'est,  à  l'égard   de  l'Egypte,   venaient  d'un  pays  fort  arîdc  et   fort  clwuil,  H 
devaient  être  secs  el  brûlants. 


1205 


TAS 


PART.  Iir.  — .  LEGENDES  ET  FRAGMNTS. 


ïx\S 


!«0(^ 


uDe  telle  exactitude,  'fu'il  n'en  est  pas  tombé 
à  terre  un  seal  mot.  Maintenant,  6  roi  mon 
mattre,  ne  fais  pas  périr  inutilement  des 
Egjrptiens.  Qu'il  plaise  au  roi  de  faire  ame- 
ner en.  sa  présence  cet  esclave,  qui  t'expli- 
quera tes  songes  arec  précision  et  d'une 
manière  infaillible.  Le  roi»  goûtant  l'avis  du 
grand  écbanson,  tit  arrêter  le  massacre  des 
sages  d'Egypte.  Il  ordonna  ensuite  de  lui 
amener  Josepb,  et  il  dit  à  ses  officiers  :  Usez 
de  ménagement  et  ne  lui  causez  pas  de  sur- 
prise, de  peur  que  son  esprit  ne  soit  troublé; 
car  il  serait  interdit,  et  ne  pourrait  parler 
devant  moi  avec  calme  et  réflexion. 

Et  les  officiers  du  roi  allèrent  et  tirèrent 
Joseph  de  la  prison,  et  coupèrent  ses  che^ 
veux,  et  changèrent  son  vêtement  usé  et  en 
lambeaux.  Et  Joseph  vint  en  la  présence  de 
Pharaon,  qui  était  assis  sur  son  trône,  re- 
vêtu de  ses  ornements  royaux.  Son  manteau 

(f536)  Comme  les  soixante-dix  langues  vont 
Jouer  un  grand  réle  dans  Tbisloire  de  Joseph,  il 
est  nécessaire  d*en  dire  ici  un  mot. 

D'après  la  tradition  de  la  Synagogue,  lorsque 
Dieu  voulut  confondre  la  langue  des  hommes  réu- 
nis pour  ronstiuire  la  leur  de  Babel,  il  descendit 
sur  la  ville,  accompagné  des  soixante-dix  anges 
qui  se  tiennent  constamment  en  la  présence  de  la 
gloire  divine,  et  dont  chacun  protège  une  des  soixan- 
te-dix Dations  de  ce  monde.  Chacun  des  anges  mit 
sur  les  lèvres  de  sa  nation  une  tangue  différente  ; 
de  sorte  que  les  hommes  de  nations  diverses  ne 
8*entf  ndaient  plus  entre  eux.  Telle  est  aussi  Texpli- 
cation  que  donnent  des  versets  7  et  8  du  xi*  chapitre 
de  la  uenèUf  la  paraph.  chald.  de  Jonathan ,  les 
chapitres  de  R.  Lliéser  et  plusieurs  commentaires 
rabbiniques. 

On  lit  dans  la  Chronique  de  David  Gaus,  n**  partie, 
année  996  du  deuxième  millénaire  :  c  Dans  les 
jours  de  la  reine  Sémiramis,  en  Pan  996,  eut  lieu  la 
construction  de  la  tour  et  la  confusion  des  langues. 
Et  le  nombre  des  langues ,  d'après  renseignement 
de  nos  docteurs,  que  leur  mémoire  soit  en  bénedictioni 
égutait  celui  des  nations  nommées  dans  la  section  Noé 
{Gen.  x);  savoir,  quatorze  issues  de  Japheth;  trente, 
de.  Cham  ;  vingt-six,  de  Sem  :  en  tout  soixante- 
dix.  Mais  les  écrivains  nazaréens  (chrétiens)  en  fout 
moQter  le  nombre  à  soixante-douze.  > 

oTm  D>3Dtt/)  D-tSDD  'hsTi  D^-ûTun  nst3i 

K,  Isaac  Âbarbanel,  dans  son  commentaire  sur 
le  cbap.  X  de  la  Genèu,  transcrit  un  long  pnssage 
de  Rabenu  Nissim,  qui  explique  plus  eu  détail  la 
division  des  nations  primitives  selon  le  nombre  de$ 
goixanle-dix  lauguei  fréquemment  menlionnées,  dit- 
il,  dam  Cemeignement  de  no$  docteurs,  quê  leur 
wémoire  ioit  en  bénédiction.  Voy,  aussi  {'Exposition 
de  lu  Genèse  par  le  rabbin  Bjkhaî,  fol.  ii),  col.  2. 

L'inscription  du  monument  ordonné  par  Moïse 
dans  le  Deuiéronomet  xxvii,  8,  devait  être  dans  les 
soixante-dix  langues.  TalmuJ,  traité  Sola^  fol.  52 
recto  et  fol.  36  recto.  Paraph.  chald.  de  Jona- 
than, Yarkhi. 

Une  des  qualités  exigées  pour  être  élevé  à  la  di* 
gnité  de  membre  du  ^rand  Sanhédrin,  éuit  de  con- 
naître les  soixante-dix  langues,  t  Car,  i  dit  le  Tal- 
niud,  traité  Sanliédrin,  fol.  17  recto,  c  le  Sanhé- 
drin ne  doit  pas  avoir  besoin  d^interprètes.  » 

rDcmm  ^sa  nsu9D  (sic)  ^-nruo  Mn  kw 

Uardochée  découvrit  le  complot  formé  contre  la 
vie  d'Assucrus,  parce  que  les  conspirateurs,  qui 
étaient  de  Tarse,  parlaient  de  leur  projet  en  langue 
de  Tarse,  et  pensaient  u*étre  coinpiis  de  personne. 


et  sa  couronne  brillaient  comme  des  éclairs, 
par  la  quantité  d*or  fin  et  de  pierres  pré- 
cieuses qui  en  relevaient  les  riches  élofTe» 
et  la  matière.  Et  le  trône,  qui  étincelait  d'or, 
d*argent  et  de  diamants,  avait  soixante-dix 
marches. 

Or,  la  coutume  établie  en  Egypte,  pour 
quiconque  paraissait  devant  le  roi  et  avait  à 
lui  parler,  était  celle-ci  :  Tout  personnage 
de  distinction,  estimé  du  roi,  montait  jus- 

3u*à  la  trente -unième  marche,  et  le  roi 
escendait  jusqu'à  la  trente-sixième  marche^ 
et  s'entretenait  avec  lui.  Tout  autre  ne  mon* 
tait  que  trois  marches,  et  le  roi  descendait 
jusqu'à  la  quatrième,  et  s'entretenait  avec 
lui.  D'après  une  autre  coutume,  tout  homme 
qui  savait  parler  les  soixante -dix  lan- 
gues (1336)  pouvait  franchir  toutes  les 
soiiante-dix  marches,  jusau'au  siège  du  i*oi; 
mais  celui  oui  ne  oosséaait  oas  toutes  les. 

Mais  Mardochée  était  membre  du  Sanhédrin,  eC 
par  conséquent  entendait  tonte  leur  c<»n versa tion. 
Voilà  ce  que  nous  dit  le  Talmud,  traité  de  ifep/itV/a, 
fol.  13  verso. 

Il  est  bien  vrai  que  les  écrivains  chrétiens  comp- 
tent soixante-douze  langues.  Nous  pensons  que 
cette  différence  provient  de  ce  qu'ils  suivaient  la 
version  des  Septante.  Or,  celle-ci,  dans  le  chap. 
x  de  la  Genèse^  versets  2*2  et  24,  donne  deux  gé- 
nérations de  plus  que  le  texte  hébreu  ;  savoir,  ua 
Cainan  fils  de  Sem  et  un  Gaïnan  fils  d*Arphaxad. 

Clément  d'Alexandrie  {Slrom.  lib.  i,  p.  518  de 
redit,  de  Paris  iG29),  Euphorus  et  plusieurs  au- 
tres historiens  c  disent  que  les  nations  et  les  langues 
sont  au  nombre  de  soixante-quinze.  Mais  de  fait  il 
parait  qu*il  n*y  a  que  soixante-douze  langues  gé- 
nérales, ainsi  que  renseignent  nos  écritures,  i^at* 
vovrai  5è  elvai  xa\  xaià  t6v  &XY)6q  X6yov  at 
')fev(xa\  ScdXexxoi  50o  xa\  i66o(x^xoyca,  dç  ai  f)(ii- 
Te  pat  itapafiiSôaJi  ypa^aL 

Avant  d*atler  plus  lom  nous  consignons  ci  une 
observation  qui  ne  sera  pas  inutile  pour  plusieurs. 
Nous  nommons  simplenTent  Clément  le  célèbre  maî- 
tre d*Origène,  parce  que  Uome,  la  boussole  infaillible 
des  Chrétiens,  ne  le  comprend  pas  dans  le  catalo- 
gue des  saiuts. 

Saint  Gpiphane  (Ado,  hœres.^  llb.  i,  n.  5),  après, 
avoir  dit  que  la  folle  entreprise  des  constructeurs 
de  la  tour  de  Babel  déplut  à  Dieu,  ajoute  :  c  Car  il 
divisa  leurs  langues,  en  partageant  (multipliant)  la 
seule  quMs  avaient  en  soixante-douze  ;  selon  le 
nombre  des  hommes  (chefs  des  nations)  qu*il  v 
avait  alors.»  Àieaxi^aae  y^P  aOxcùv  xà;  -xkûiaaoL^^  xoV 
&ic6  (itâtç  elç  è6$o{JiT;xo'/xa6uo  $Uvei(ie,  xaxd(  xîôv 
xdxe  Âvôpcjv  d(piO(i^v  eOpeQévxa.  Voy.  aussi  hérésie 
59,  n.  7. 

Pour  ne  pas  trop  allonger  cette  note  nous  ne 
citerons  également  que  deux  Pères  latins  anciens.. 
S.  Augustin  (DeCiv.  Dei,  lib.  xvi,  cap.  6)  :  c  Ex  illis 
igitur  tribus  hominibus,  Noe  filiis,  scptuaginia 
très,  vel  potius,  ut  ratio  declaratura  est,  scptua- 
ginia duus  geiites,  totidemque  linguae  per  terras 
esse  cœperunt,  quae  cresceudo  et  insulas  impleve- 
runt.  » 
Voy.  aussi  les  chapitres  3,   10  et  il  du  même 

livre.  ^      _ 

S.  Ji^rémc  (CommenU  in  Matth.  xxvi,53)  :  «  S«^P' 
tuaginta  duo  millia  angeloium,  in  quot  gentes  ho* 
minum  lingua  divisa  est.  i  C'est- h-dire  autant  de 
fois  mille  anges  que  la  langue  des  hommes  les  a 
divisés  en  nations.  La  note  marginale  des  Béné- 
dictins porte  :  It'Aqum  divi^œ  in  li. 


ii07 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


not 


8oixante*dit  langues,  montait  seulement  au- 
tant de  marches  qu'il  savait  de  langues.  Une 
loi  spéciale  des  Egyptiens,  en  vigueur  en  ces 
jours-là,  et  rigoureusement  observée,  sta- 
tuait que  nul  n*était  apte  à  régner  sur  eux  et 
gouverner  leur  pajs,  s*il  ne  savait  parler  les 
soixante-dix  langues. 

Et  Joseph,  après  s*étre  prosterné  devant  le 
roi  la  face  contte  terre,  monta  à  la  troisième 
marche,  et  s'y  arrêta^  et  le  roi  descendit  vers 
lui,  et  s'arrêta  sur  la  quatrième  marche.  Et  il 
dit  à  Joseph  :  J*ai  eu  un  songe  que  les  sages 
et  les  magiciens  n*ont  pu  interpréter  selon  la 
vérité.  A  la  suite  de  ceci,  j'ai  entendu  dire 
que  tu  es  un  saviant  habile  dans  l'exacte  inter- 
prétation des  songes.  Joseph  répondit  :  Que 
Pharaon  veuille  me  dire  quel  a  été  son  songe. 
Mais  n'est«il  pas  vrai  que  tes  interprétations 
des  songes  dépendent  de  Dieu?  Et  Pharaon  fit 
è  Joseph  le  récit  de  tout  ce  qu'il  avait  vu  dans 
son  rêve.  Et  l'esprit  de  Dieu  s'empara  de 
Joseph  à  l'heure  où  il  se  trouvait  en  la  pré- 
sence du  roi,  et  il  connut  clairement  ce  qui 
devait  arriver  à  Pharaon  pendant  tout  le 
cours  de  sa  vie,  et  par  conséquent  la  signifi- 
caiion  véritable  de  tîon  songe.  Il  dit  donc  à 
Pharaon  :  Que  le  roi  ne  s'imagine  pas  avoir 
eu  deux  songes  différents.  Il  n'y  en  a  eu 
qu'un;  mais  le  Dieu  du  ciel  a  voulu  lui  an- 
noncer avec  certitude  l'événement  qu'il  va 
amener  sur  la  terrre  décidément  et  prochai- 
nement :  c'est  pourquoi  il  te  l'a  figuré  sous 
une  double  vision.  Voici  maintenant  l'inter- 
prétation vraie  de  ton  songe  :  Les  sept  vaches 
et  les  sept  épis  de  belle  apparence  sont  autant 
d'années,  de  même  que  les  sept  vaches  et  les 
sept  épis  maigres.  Le  tout  n'est  qu'un  seul 
et  même  songe.  Il  arrivera  par  toute  la  terre 
sept  années  d'une  fertilité  extraordinaire; 
mais  elles  seront  suivies  immédiatement 
d'autant  d'années  d'unô*  stérilité  désolante, 
au  point  que  la  famine  fera  périr  les  h/dd- 
tants  de  beaucoup  de  pays.  Occupe-toi  de 
trouver  dans  tes  Etats  un  homme  bien  pru- 
dent, bien  sage,  expert  dans  la  conduite  de  la 
chose  publique,  afin  de  le  charger  de  l'admi- 
nistration de  ton  pays.  Cet  homme  nommera 
des  intendants  chargés  d'amasser  sous  ses 
ordres,  dans  tes  greniers,  de  grandes  provi- 
sions de  blé«  durant  tes  sept  années  d  abon- 
dance; et  ils  les  conserveront  pour  les  années 
de  famine.  De  môme,  que  par  ton  ordre 
chaque  habitant  de  tes  Etats  mette  en 
réserve,  pendant  les  sept  années  d'abon- 
dance, une  certaine  quantité  de  la  récolte  de 
ses  champs,  et  qu'il  la  garde  dans  ses  gre- 
niers pour  lui  servir  de  ressource  pendant 
les  jours  de  famine. 

Le  roi  se  prit  h  questionner  Joseph  :  Qui 
sait  et  qui  pourrait  m'assurer  que  tes  paroles 
rencontrent  le  vrai  point?  Joseph  répondit  : 
Dieu  permet  que  je  te  donne  un  signe  de 
l'accomplissement  de  ma  prédiction  et  de  la 
bonté  (le  mon  conseil.  Voici  que  ton  épouse 
ressent  en  ce  moment  les  douleurs  de  l'onfan- 
teuient,  et  elle  te  donnera  un  fils,  et  tu  en 
auras  de  la  joio.  Et  au  même  temps  où  cot 

(I3ô7y  Yvij,,  plus  haut,  colonne  lâOI, 


enfant  sortira  du  SQin  de  sa  mère,  ton  ti^ 
aîné,  qui  a  deux  ans  (1337)  et  est  plein  Wf 
santé,  expirera.  Mais  l'enfant  qui  oaJtra  au- 
jourd'hui calmera  le  chagrin  que  le  causcM 
cette  mort.  Après  avoir  prononcé  ces  (laro- 
les,  Joseph  se  prosterna  devant  le  roi,  et  se 
retira. 

A  peine  Joseph  fut-il  sorti  de  la  présence 
de  Piiaraon  que  se  vérifia  le  si^ue  qu'il  lui 
avait  donné.  La  reine  accoucha  d'un  fus,  dont 
la  naissance  combla  de  joie  le  roi.  Mais  à  li 
même  heure  le  palais  fut  rempli  de  conster' 
nation  et  de  cris  lamentables,  car  on  y  trouva 
le  fils  aîné  de  Pharaon  étendu  inanimé  sur  1« 
sol  d'une  chambre.  Les  serviteurs  du  roi  lai 
^annoncèrent  avec  crainte  l'effroyable  acci- 
dent; mais  sa  douleur  fut  tempérée  par  b 
pensée  qu'il  lui  était  né  un  autre  Qls.  Et 
Pharaon  reconnut  la  véracité  de  toutes  les 
paroles  de  Joseph. 

Convocation  du  conseil  royal  poar  délibéra   sv  k 

ctioix  d*un  vice-roi. 

Après  ces  choses,  le  roi  convoqua  tous  $fs 
princes,  les  gouverneurs,  les  cheis  et  les  offi- 
ciers. Et  quand  ils  furent  réunis,  il  leur  dit  : 
Vous  avez  entendu  les  paroles  de  cet  Hébreu, 
et  vous  avez  vu  que  de  son  signe  de  cootir- 
mation  rien  n'est  tombé  è  terre.  Je  sais  que 
son  interprétation  du  songe  est  exacte,  et 
elle  se  vérifiera  certainement.  Maintenant, 
avisez,  cherchez  un  mo^en  pour  garantir 
l'Egypte  du  malheur  imminent  qu'il  nous  a 
prédit.  Tâchez,  je  vous  prie,  de  découvrir  on 
Egyptien  qui  ait  comme  lui  le  cœur  rempli 
de  sagesse  et  de  prudence ,  et  je  le  mettrai  à 
la  tète  du  pavs;  car  je  sais  que  nous  n'échap- 
perons au  desastre  delafaminequ'autantqae 
nous.suivronsleconseildonnépar  cet  Hébreu. 
Tous  répondirent:  Certes,c'est  un  conseil  salu- 
taire que  celui  de  cet  Hébreu.  Maintenant,  ô 
roi  notre  seigneur,  tu  es  investi  du  supréms 
pouvoir;  fais  ce  qui   te   parait  le  mieux. 
Confie  la  direction  des  affaires  du  pays,  sous 
ton  autorité,  à  celui  que  tu  préfères,  à  celui 
que  dans  ta  sagesse  tu  as  éprouvé  être  habile 
à  sauver  tes  peuples.  Le  roi  dit  alors  aux 
chefs  assemblés  :  Puisque  Dieu  a  révélé  k 
cet  homme  tout  ce  qu'il  nous  a  ann'<ncé»  je 
suis  sûr  que  nous  ne  trouverons  pas  dans 
toute  l'Egypte  un  homme  sage  et  prudent 
comme  lui.  Si  tel  estvotre  avis»  c'est  lui  que 
je  nommerai  à  cette  dignité;  car  sa  grande 
sagesse  sera  notre  salut.  Et  les  princes  ré* 
pondirent  au  roi  :  N'est-il  pas  vrai  qu'un 
statut  inviolable  de  l'Egypte  prescrit  que  nul 
ne  pourra  être  roi  ni  vice-roi,  dans  ce  pars, 
s*il  ne  sait  toutes  les  langues  des  bomoies? 
Maintenant,  ô  roi  notre  seigneur,  voici  que 
cet  Hébreu  ne  parle  que  la  langue  bébrjiî- 
que.  Et  comment  un  homme  qui  ne  |iarle 
pas    même   notre   langue   pourrait* il  éir^" 
notre   vice -roi?   Toutefois,   fais- le   »enir 
devant  toi,  examine-le  en  toutes  choses,  et 
agis  en  conséquence  du  résultat.  Et  to  h>it 
approuvant  leur  avis,  promit  qu'il  serait  fait 
ainsi;  et  il  les  congédia. 


4209 


TAS 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


liiH 


€eUe  nuit-lè  JéhoTa  envoya  vers  Joseph, 
m  Egypte,  un  de  ses  anges  qui  sont  de  ser- 
vice devant  sa  gloire.  Et  Fange  arriva  devant 
la  couche  où  Joseph  reposait,  dans  la  prison 
de  son  maître;  car  Putiphar  Tavait  réintégré 
dans  la  prison,  è  cause  de  son  époui^e. 
Joseph,  éveillé  de  son  sommeil  par  une 
secousse  de  l'ange,  se  leva  et  se  tint  debout. 
Et  voici  qu'un  ange  de  Jéhova  s'offrit  à  sa 
vue.  Et  range  de  Jéhova  lui  enseigna  cette 
nuit-lè  les  langues  de  tous  les  hommes,  et  il 
changea  son  nom  en  Jehosepk  (1338).  L*ange 
de  Jéhova  disparut,  et  Joseph  se  recoucha 
émerveillé  de  cette  vision. 

Le  matin  étant  arrivé,  le  roi  convoqua  de 
nouveau  auprès  de  sa  personne  sqs  princes 
et  ses  officiers,  et  il  se  fit  amener  en  même 
temps  Joseph.  Le  roi  Gt  approcher  Joseph, 
qui  commença  à  parler  les  langues  de 
toutes  les  nations.  Et  à  chaque  nouvelle 
langue  qu'il  parlait,  il  franchissait  une  mar« 
che  du  trône,  de  sorte  qu'il  arriva  jusqu'à 
}a  soixante*dixièine,  et  se  trouva  en  face 
du  siège  du  roi.  Et  le  roi  se  réjouit 
beaucoup  d'entendre  Joseph  parler  toutes 
îes  langues,  et  les  princes  aussi  se  réjoui- 
rent avec  le  roi.  Et  il  plut  au  roi  et  aux 
princes  d'établir  Joseph  vice-roi  de  tous  les 
Etats  d'Egypte.  Le  roi  dit  à  Joseph  :  Puisque 
Dieu  l'a  révélé  toutes  les  choses  que  lu  nous 
asfait  conualtre,  elque  tu  m'as  dnnné  des 
conseils  marqués  du  sceau  de  la  plus  grande 
sagesse,  c'est  h  toi  que  je  confère  la  haute 
dignité  que  tu  m'engages  de  créer,  et  lu  ne 
t'appelleras  plus  Jo«ep/i,  mais  ton  nom  sera 
Psonthomphaneh  (1338*).  Tu  seras  mon  second 
et  de  toi  dépendra  le  gouvernement  de  mon 
royaume,  et  tout  mon  peuple  sera  sous  ton 
obéissance.  C'est  de  ta  main  que  tous  mes 
oflic.iersel  mes  princes  recevront  leur  trai- 
tement de  chaque  mois.  Tous  les  gens  du 
}iays  devront  se  prosterner  devant  toi.  Je  se- 
nti au-dessus  de  toi  seulement  par  le  trône. 
Etieroi  liradesa  main  son  anneau,  et  le 
mit  au  doigt  de  Joseph,  et  il  le  revêtit  du 
costume  royal,  et  plaça  sur  sa  tôte  une  cou- 
ronne d'or,  et  orna  son  cou  d'un  collier 
d'or. 

Le  roi  dit  encore  à  Joseph  :  Je  suis  Pha- 

w 

(1538)  Joseph,  v]DV;  Jeliosepli,  v|D%T.  LVxlrail 
guivanl  du  Talmud  peut  servir  de  cuuiineiilaire  à 
noire  passage  du  Yasehar.  c  Les  astrologues  de 
Pharaon  dirent:  Un  esclave  que  son  inattre  a  payé 
vingt  pièces  d*argent,  tu  veux  le  faire  notre  gou- 
verneur! Pharaon  leur  répondit:  Je  reconnais  en 
lui  les  qualités  d*un  prince.  mTWm  KH  TTOllû  ^J'Ua. 
Ils  lui  répliquèrent:  Dans  ce  cas  il  doit  posséder  les 
goixauie-dii  langues.  Arriva  Gahriei  et  lui  en- 
seigna les  soixante-dix  langues.  Joseph  ne  pouvant 
les  apprendre,  Tange  ajouta  à  son  nom  une  leitre 
du  nom  du  Très-Saint,  })éni  soit-il  (le  n  du  nom 
nw,  Jéhova),  et  il  les  apprit.  Car  il  est  écrit  (P$al, 
Lxxxi,  6):  It  a  posé  un  témoignage  en  Jehouph.  Je 
comprii  toute  langue  que  je  n'avait  pas  connue.  Le 
lendemain,  en  quelque  laugue  que  Pharaon  l'entre- 
tenait,  il  lui  répondait  dans  la  même  langue,  i  TaU 
niud,  traité  .So((/,fol.  58  verso. 

Les  Décisions  des  additions  du  Talmud  nous  ap* 
prennent  que  rtiébreu  nVst  pas  compris  dans  les 
70  langutif . 


raon  (1339),  et  sans  ton  ordre  nul  ne  remue» 
ra  ni  la  m^in  ni  le  pied,  pour  commander  à 
mon  peuple  dans  toute  retendue  de  l'Egyp* 
te.  Or,  Joseph  était  Agé  de  trente  ans  lors- 

3u'il  devint  vice-roi  d'Egypte.  Pharaon  or- 
onna  aussi  que  Joseph  monlAt  dans  son 
deuxième  char,  celui  qui  marchait  immé- 
diatement à  la  suite  du  char  du  roi.  Alors 
on  promena  Joseph  dans  les  principales  rues 
de  la  ville,  porté  sur  un  cheval  magnifique 
des  écuries  du  roi,  précédé  d'une  grande 
quantité  de  divers  instruments  harmonieux, 
et  suivi  de  mille  timbales,  de  mille  sistres 
et  de  mille  nables.  Cinq  mille  hommes  te- 
nant à  la  main  des  épées  flamboyantes,  exé- 
cutaient toutes  sortes  de  jeux  gymnasliqiies 
devant  lui,  et  vingt  mille  des  grands  du 
royaume,  ceints  d'un  ceinturon  de  cuir  par- 
semé d'or,  marchaient  à  la  droite  de  Joseph» 
et  autant  à  sa  gauche.  Toutes  les  femmes  et 
toutes  les  jeunes  filles,  montées  sur  les  ter« 
rasses  des  maisons,  assistaient  pleines  de 
joie  au  triomphe  de  Joseph;  et  elles  gar- 
daient le  silence,  tant  elles  étaient  captivées 
desabeauté  (iSkO),  Tous  les  serviteurs  du 
roi  le  précédaient  et  le  suivaient,  et  l'encen- 
saient avec  les  aromates  les  plus  exquis  et 
les  plus  chers.  Vingt  hérauts  criaient  de- 
vant lui:  Voyez  l'élu  du  roi,  qui  doit  gou- 
verner en  son  nom  tout  le  royaume.  Qui- 
conque ne  lui  obéira  pas,  ou  ne  se  proster- 
nera pas  devant*  lui  la  face  contre  terre, 
sera  condamné  à  mort  comme  rebelle  au 
roi  et  au  vice-roi.  Et  tous  les  Egvptiens  se 
prosternaient  devant  Joseph,  la  lace  contre 
terre,  et  ils  s'écrinient  :  Vive  le  roi  !  vive  le 
vice-roi  1  et  les  réjouissances  publiques  du« 
rèrcnt  longtemps  au  milieu  de  la  musique, 
des  chants  et  des  danses.  Mais  Joseph  sur 
son  cheval  de  parade  levait  les  yeux  au  ciel, 
et  disait  :  Qui  tire  le  pauvre  de  la  pouss'ère 
et  relève  l'indigent  de  l'abjection?  C'est 
Jéhova  Sabaoth.  Heureux  l'homme  qui  se 
confie  en  lui(13/i^t). 

Josepfa,  ses  richesses,  son  mariage. 

Joseph  suivi  des  princes  et  des  oflTiciera 
de  Pharaon  parcourut  toute  l'Egypte,  afin 
d'inspecter  le  pays  et  les  greniers  du  roi  ;  et 


l 


(1558')  YovOoiAçavf^x  ^^  1>  version  des  Septantn, 
ue  saint  Jérôme  traduit  fort  bien,  Sahator  mundi, 
es  Kgyptie:ts  appc^laienl  leur  pays  le  monde. 

Un  savant  égy|ilologue  de.  Rome ,  feu  le  P.  Un* 
prelli,  religieux  barnabite,  a  montré  d'une  manière 
uicontestable  que  ce  nom  est  véritablement  égyp- 
li«*u.  Il  se  compose  des  éléments  suivants,  11  arti- 
cle. Xovt'Oo,  sauveur  du  monde.  M.  préposition. 
4ev2x  ,  éternel,  éternellement  (  à  Texempl^  des 
LXX  ii0U2i  figurons  en  grec  par  x«  le  hori  du  cophif*, 
qui  e&t  une  h  aspirée).  Lv  sous  entier  est  :  Salvator 
(le  Sauveur)  mundi  in  œUrnum,  Votj.  la  disserta- 
tion de  feu  le  P.  Ungarclli,  DcUa  iscriiione  gero* 
glifica  incisa  sopra  unsarcofago  vaticanO'ezigio.Houie^ 
typ«»graptiic  de  la  Propagande,  18i2. 

(I3r>9}  Je  me  réserve  le  litre  de  roi. 

nSiU)  n  faut  convenir  que  la  beauté  de  Joseph 
opérait  en  cette  circonstance  un  grand  miracle  ;  et 
notre  auteur  n*a  eu  garde  de  passer  S'ius  silence 
cet  étonuaut  silence. 

(1541)  /  Saim,  n,  8  ;  PsaL  lxxiiv,  13 


K 


liii 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


I2li 


il  revint  en  rendre  compte  &  Pharaon.  Et  le 
roi  fil  don  à  Joseph  de  grandes  propriétésen 
cham|>s  et  en  yignes,  comme  aussi  de  trois 
mille  talents  d*argenty  de  mille  talents  d*or» 
de  pierres  précieuses  et  d'autres  objets  de 

Îrix  en  grande  quantité.  H  donna  aussi  à 
o$eph  cent  esclaves  pour  le  servir,  et  Jo- 
seph lui-môme  en  envoya  acheter  un  bon 
nombre.  Le  jour  suivant  le  roi  ordonna  à 
tous  les  Egyptiens,  sous  peine  de  mort,  d'of- 
frir è  Joseph  des  présents.  A  cet  effet  on 
dressa  sur  la  place  publique  une  grande  es- 
trade couverte  d'un  tapis,  où  toutes  les  of- 
frandes devaient  être  déposées.  Et  les  Egyp- 
tiens la  chargèrent  de  pièces  de  monnaie, 
de  bijoux  d'or  et  autres  objets  ouvrés  en  or 
et  en  argent,  de  pierres  Ones,  chacun  selon 
ses  facultés.  Et  Joseph  prit  toutes  ces  cho- 
ses et  les  mit  dans  ses  trésors.  Tous  les 
grands  du  royaume  donnaient  à  Joseph 
toutes  sortes  de  témoignages  de  respect',  et 
lui  faisaient  de  riches  présents,  parce  qu'ils 
voyaient  qu'il  était  le  favori  du  roi. 

Le  roi  envoya  de  ses  serviteurs  à  la  mai- 
son de  Pulipliéra  fils  d*Ahiram ,  prêtre 
d'On  (13^2)  pour  chercher  sa  Glle  cadette,  et 
il  la  donna  pour  femme  à  Joseph.  Cette  jeune 
fille  était  fort  belle,  vierge  et  très- pudique. 
Et  Joseph  fit  b&tlr  f)Our  son  habitation  un 
vaste  etsomfitueux  palais  dont  la  construc- 
tion dura  trois  ans  jusqu'à  son  entier  achè- 
vement. Joseph  se  fit  aussi  confectionner  un 
trône  d'une  grande  magnificence,  en  or  et 
en  argent,  et  enrichi  de  diamants.  On  y 
voyait  figurés  tout  le  pays  d'E^^yple  et  le  Nil 
dans  son  débordement.  Jéhovà  ajoutait  ron- 
tinuellemcnt  de  la  sagesse  à  la  sagesse  de 
Joseph,  et  il  disposait  le  cœur  des  grands  et 
du  peuple  de  manière  que  leur  alfection  pour 
Joseph  allait  toujours  croissant.  Jéhuva  était 
avec  Joseph,  qui  devenait  de  plus  en  plus 

finissant,  et  son  renom  s*étendait  sur  toute 
a  terre.  Joseph*avait  une  garde  de  quarante 
mille  vaillants  guerriers,  et  do  six  cents 
soldats  d'élite,  pour  défendre  le  roi  et  lui- 
même  contre  toute  attaque  subite,  sans 
compter  les  chefs  et  ofliciers  du  roi.  L'ar- 
mée se  composait  de  tous  les  habitants  de 
l'Egypte,  qui  étaient  innombrables. 

Expédition  guerrière  de  Joseph. 

En  ce  temps-là  les  hommes  armés  de 
Tharsis (131^3)  tombèrent  sur  les  enfantsd'Is- 
maël,  et  restèrent  longtemps  à  dévaster  leur 
pays.  Les  enfants d'Ismaël  étaient  alors  en- 
core peu  nombreux,  et  ne  pouvaient  résis- 
ter aux  enfants  de  Tharsis;et  ils  étaient  ré- 
duits à  l'extrémité.  Alors  les  anciens  d'Is- 
maël envoyèrent  une  lettre  au  roi  d'Egypte, 
disant  :    Envoie  à  tes  serviteurs,   nous  ta 

(I3i2).  Cest-Mlre  Ilcliopolîs.  S.  CyrUlo,  qui 
vivait  dans  le  pays,  dii  dans  soti  comiuenlairc  sur 
0$ée  :  1.68  Egyptiens  appellent  le  soleil,  Oit.'ûv  $i 
àuxi  xax*  aÙTouç  h  *Haioc. 

Notre  texte  distingue  parfail4*inent  par  Tortlio* 
graphe  des  noms  le  beau-père  de  Joseph  d'avec  son 
ancien  maître. 

(1345).  Contrée  de  TAfrique  d*aprés  ce  qui  f^sx 
racouté  ici,  ce  qui  confirme  ropinioii  de  lleni»Ier 


prions,  des  généraux  et  des  troupes  pour 
nous  secourir  en  combattant  les  enfaoïs  de 
Tbarsis  ;  car  nos  forces  sont  épuisées  de- 

Îuis  longtemps.  Et  Pharaon  leur  envoya 
oseph  avec  les  vaillants  et  l'armée  quM 
commandait,  ainsi  qu'avec  les  vaillants  de 
la  maison  du  roi.  Et  ils  allèrent  vers  les  en» 
fants  d'Ismaël  au  pays  d'Hévila  pour  leur 
porter  secours.  Et  Joseph  défit  les  enfants 
de  Tharsis,  et  se  rendit  maître  de  tool  leur 

Fays,  et  les  enfants  dlsmaêi  s'y  établirent  et 
habitent  jusqu'à  ce  jour.  Après  la  conquê- 
te de  leur  pays  les  enfants  de  Tbarsis  le 
quittèrent  jicécipilamment  et  se  portèrent 
dans  la  région  des  enfants  de  Javan  leun 
frères  (13H).  Joseph  et  tous  ses  vaillants  et 
toute  son  armée  revinrent  en  Egypte»  car  il 
n'en  manqua  pas  un  seul  homme. 

Les  années  d^abondance. 

Après  la  révolution  de  Tannée,  dans  la 
deuxième  année  du  règne  de  Joseph,  Jébo- 
va  donna  è  toute  la  terre  une  grande  fer- 
tilité qui  dura  sept  ans  consécutifs,  ainsi 
que  Joseph  l'avait  annoncé.  Et  Joseph  éta* 
blit  des  intendants  qui,  sous  ses  ordres, 
amassaient  tout  le  superQu  des  récoltes»  et 
le  portaient  dans  les  greniers  préparés  par 
Joseph  ;  Joseph  ordonna  de  prendre  le  bié 
de  réserve  en  épis  avec  de  la  terre  do  champ 
qui  Ta  produit.  Et  il  amassa  dans  Tespaca 
de  sept  années  du  blé  en  une  si  grande 
quantité  qu'on  ne  le  pouvait  plus  calculer. 
Et  Joseph  tlt  clore  les  magasins,  et  y  prépo- 
sa des  gardiens. 

De  leur  côté,  les  habitants  de  TEgypte 
amassaient  aussi  tant  de  provisions  que  tous 
les  greniers  du  pays  regorgeaient  de  grains. 
Mais  ils  négligeaient  les  précautions  recuiu« 
mandées  { ar  Joseph. 

Les  enfants  de  Joseph. 

,Aséneth,  fille  de  Putiphéra,  enfanta  i  Jo- 
seph deux  (ils,  Manassé  et  Ephr/iïm.  Joseph 
avait  trente-quatre  ans  lors  de  leur  nais- 
sance. Les  jeunes  garçons  grandissaient  et 
marchaient  dans  la  voie  et  la  discipline  de 
leur  père,  et  ne  s'en  écartaient  ni  a  dro  te 
ni  à  gauche.  Et  Jéhova  était  avec  les  jeums 
gens,  et  ils  devinrent  intelligents  et  habiles 
dans  toutes  sortes  de  connaissances  et 
dans  la  science  du  gouvernement.  Tous  les 
princes  et  tous  les  grands  de  TEgypte  les 
honoraient  beaucoup,  et  ils  étaient  eu  la 
compagnie  des  fils  du  roi. 

Les  années  de  stérilité 

Les  années  d'abondance  étaient  passées,  et 
elles  furent  suivies  do  sept  années  de  stéri- 
lité; et  la  famine  se  déclara  dans  tout  le 

qui  place  le  pays  de  Tharsis  en  Ethiopie  oe  Ahjv 
si  nie.  La  plupart  des  auteurs,  Bochart  à  Icurtrir, 
veulent  que  Tharsis  soit  TËspagne.  Dans  Euik, 
XXVII,  li,  les  LXX  traduisent,  Rapxu^^tot,  et  U 
Vnigate,  Carthaj^inenses.  Ce  qui  peut  encore  s*ae- 
corder  avec  le  récit  du  Yatchar. 

(I5ii)  Tharsis  était  (Ils  do  Javan.  \uen*  x,  4).  Ou 
voit  hicn  iei  que  les  torritoires  des  enfants  de 
Tharsis  et  des  enfants  d'isiuaët  étaient  v.i^itts. 


1213 


TAS 


PART,  ill.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


lîU 


|)ays.  Le  défaut  de  récoltes  obligea  les  Egyp- 
tiens à  ouvrir  leurs  greniers;  et  ils  trou* 
vèrent  leurs  provisions  g&tées  par  les  cha- 
rançons et  les  calandres»  au  point  qu'ils  ne 
pouvaient  en  tirer  aucune  utilité.  Alors, 
pressés  par  la  faim,  tous  les  habitants  de 
lEgypte  vinrent  et  crièrent  devant  Pharaon  : 
Donne  de  quoi  a)an{;er  à  tes  serviteurs.  Faut- 
il  que  nous  mourions  de  faim  devant  tes 
yeux,  nous  et  les  Ames  de  nos  maisons? 
Pharaon  leur  dit  :  Pourquoi  criez-vous  vers 
moi?  N*est-il  pas  vrai  que  pendant  toute  la 
durée  des  sept  années  de  fertilité  Josef)h 
vous  recommandait  de  préparer  des  provi- 
sions pour  la  disette?  quo  ne  Tavez-vous 
écouté?  Les  Egyptiens  répondirent:  O  roi, 
notre  seigneur,  par  la  vie  de  ton  Ame,  nous 
avons  fait  ainsi  que  Joseph  nous  avait  dit; 
mais  notre  blé  rempli  de  charançonsetdeca- 
iandres  n'est  pas  mangeable.  Le  roi  enappre- 
nant  ce  malheur  fiit  fort  effrayé,  et  il  leur 
dit  :  Puisque  un  pareil  désastre  vous  a  frap- 
pés, allez  vers  Joseph,  et  conformez-vous  à 
tout  ce  qu'il  vous  prescrira,  et  n'y  faites 
faute.  Ils  allèrent  donc  et  dirent  à  Joseph  : 
Donne-nous  de  quoi  nous  sustenter.  Faut-il 
que  nous  mourions  en  ta  présence?  car  il 
nous  est  arrivé  ceci  et  cela.  Alors  Joseph 
ouvrit  ses  greniers  et  pourvut  de  blé  les 
Egyptiens. 

La  famine  dans  les  autres  pays.  —  Mesures  prises 
par  Joseph  eu  prévision  de  Farrivée  de  ses  frères 
en  Egypie. 

La  famine  était  sur  toute  la  face  de  la 
terre,  en  tout  pays;  et  en  Egypte  seulement 
on  trouvait  des  grains  à  acheter.  Tous  les 
habitants  de  la  terre  de  Chanaan,  de  celle 
des  Philistins,  d*au  delà  du  Jourdain,  les 
Orientaux  et  beaucoup  d'autres,  ayant  ap- 
pris qu'il  y  avait  du  blé  en  Egypte,  s'y  ren- 
daient pour  s'en  procurer.  Et  Joseph  ouvrit 
les  magasins  d'abondance,  et  y  commit  des 
intendants  c|ui  en  vendaient  à  tous  ceux  qui 
se  présentaienljournellement. 

Or,  Joseph  prévoyait  que  ses  frères  de- 
vaient aussi  arriver  en  Egypte,  afin  d'y  trou- 
ver de  quoi  soulager  la  famine  qui  pesait 
fort  sur  leur  pays,  11  fit  donc  publier  ce  dé- 
cret :  D'ordre  du  roi,  du  vice-roi  et  de  leurs 
ministres,  tout  homme  qui  veut  obtenir  du 
blé  en  Egypte  doit  s'abstenir  d'y  envoyer 
d'autres  personnes.  Qu'il  y  vienne  lui-môme, 
ou  qu'il  se  fasse  représenter  par  ses  fils. 
Tout  Egyptien  ou  étranger  qui  achèterait 
du  blé  eii  Egypte  pour  le  revendre  en  quel- 
que lieu  que  ce  soit,  sera  puni  de  mort.  Que 
chacun  en  achète  la  seule»  quantité  néces- 
saire pour  les  besoins  de  sa  propre  maison. 
Nul  n'amènera  plus  qu'une  bête  de  souitne, 
et  celui  qui  en  amènera  davantage  sera  puni 
de  mort.  Joseph  plaça  en  outre  des  gardes 
è  toutes  les  portes  de  la  ville,  et  leur  donna 
ce  commandement  :  Vous  ne  laisserez  passer 
personne  qu'après  qu'il  aura  donné  son  iiom 
avec  celui  de  son  pore  et  relui  de  son  aïeul 
paternel;  et  vous  m'enverrez  chaijue  soir  la 
.iste  des  arrivants.  El  ces  ordres,  publiés 


dans  tous  les  pays  de  la  terre,  s'exécutaient 
rigoureusement.  Or,  Joseph  avait  pris  toutes 
ces  dispositions  afin  d'obliger  ses  frères  de 
venir  eux-mêmes  en  Egypte,  et  afin  de  con- 
naître leur  arrivée. 

Jacob  envoie  ses  lilt  en  Egypte. 

En  ce  temps-là  «acob  apprit  qu'il  y  avait 
du  blé  en  Egypte,  et  il  dit  à  ses  fils  :  Tout 
le  monde  va  s'approvisionner  en  Egypte. 
Pourquoi  voulez-vous  paraître  devant  les 
habitants  de  ce  pays  comme  ayant  suflisam- 
ment  i\es  vivres?  Allez  aussi  en  Egypte,  et 
achetez-nous  un  peu  d'aliments,  afin  que 
nous   vivions  et    que  nous  ne  mourions 
pas.  Et  ses  fils  se  disposèrent  è  partir.  Jacob 
leur  fit  celte   recommandation  :  Lorsque 
vous  serez  arrivés  devant  la  ville  de  Pha- 
raon, n'y  entrez  pas  ensemble  par  la  même 
porte,  afin  de  ne  pas  vous  faire  remarquer 
des  habitants.  Mais  Jacob  n'envoya  pas  avec 
eux  Benjamin  :  De  peur,  dit-il,  qu  il  ne  lui 
arrive  quelque  accident  en  route.  Les  fils 
de  Jacob    partirent   donc  au   nombre   de 
dix.  Pendant  qu'ils  étaient  en  route,  les  fils 
de  Jacob,  repentants  de  ce  qu'ils  avaient  fait 
à  Joseph,  se  dirent  enlre  eux  :  Nous  savons 
que  Joseph  a  été  conduit  en  Egypte.  Puis- 
que nous  y  allons,  nous  le  chercnerons.  Si 
nous  le  trouvons,  nous  le  rachèterons;  et  si 
son   mattre   ne   veut  pas  nous  le  rendre 
moyennant  rançon,  nous  emploierons  la 
violence,  et  nous  mourrons  plutôt  que  d'y 
renoncer.  El  ils  continuèrent  à  marcher  vers 
l'Egypte  dans  cette  ferme  résolution.  Lors- 
qu'ils approchèrent  de  la  ville  ils  se  sépa- 
rèrent l'un  de  l'autre,  et  ils  se  présentèrent 
aux  dix  portes,  où  les  gardiens  prirent  leurs 
noms.  Et  le  soir  Joseph  vit  par  la  liste  des 
étrangers  que  ses  frères  étaient  arrivés  iso- 
lément, chacun  par  une  porte  différente. 
Aussitôt  Joseph  rendit  celte  nouvelle  or- 
donnance :  Vous,  intendants,  aurez  h  fer- 
mer incontinent  tous  les  magasins,  hormis 
un  seul  où  l'on  dispensera  du  blé  à  tous 
ceux  qui  en  demanderont.  En  même  temps 
il  donna  à   l'intendant  du  magasin  resté 
ouvert  les  noms  de  ses  frères,  et  lui  dit  :  Tu 
demanderas  les  noms  de  tous  ceux  qui  se 
présenleront  devant  toi  pour  acheter  des 
grains,  et  tu  arrêteras  ceux  qui  déclareront 
s'appeler  ainsi,  et  tu  me  les  enverras. 

Or,  les  fils  de  Jacob,  entrés  dans  la  ville, 
se  réunirent  pour  aller  à  la  recherche  do 
leur  frère  avant  d'acheter  du  blé.  Ils  explo- 
rèrent pendant  trois  jours  le  quartier  des 
prostituées;  car  ils  disaient  :  Joseph  est  re- 
marquablement beau,  et  ou  l'aura  mis  dans 
une  de  ces  maisons.  Mais  ils  ne  le  rencon- 
trèrent point  dans  cette  partie  de  la  ville. 
Joseph,  informé  que  les  hommes  dont  il 
avait  donné  les  noms  no  s'étaient  pas  pré- 
sentés au  majgasin  de  vente,  chargea  des 
serviteurs  habiles  de  les  découvrir  et  de  les 
lui  amener.  Ces  serviteurs  les  cherchèrent 
en  vain  dans  les  villes  d'E^^'Vpte  et  jusque 
en  Gcsscn  et  Uamessès.  Alors  Joseph  en- 
voya seize  serviteurs  plus  exercés  en  cette 


»t5 


DIGTiONNAlRE  DES  APOCRYPHES. 


iil< 


obo^e  (ISi-S)  t  les  d'striboant  cIads  les  C[uatre 
quartiers  de  la  ville.  Et  quatre  d  entre 
eui  les  trouvèrent  tous  les  dii  dans  une 
maison  de  prostitution,  faisant  perquisition 
de  leur  jeune  frère,  et  ils  les  emmenèrent. 
Les  fils  de  Jacob  furent  conduits  devant  le 
vice-roi  assis  sur  son  trône,  vêtu  de  i^yssus 
et  de  poupre,  ayant  en  léte  une  magnifique 
couronneaor,  etentouré  de  tous  les  vaillants 
de  sa  garde,  et  ils  se  prosternèrent  devant  lui 
la  face  contre  terre.  Et  en  considérant  le 
vice-roi  ils  furent  frappés  de  sa  beauté,  des 
(;râces  de  sa  personne  et  de  la  noblesse  de  sa 
mine,  et  ils  se  prosternèrent  de  nouveau 
devant  lui  la  face  contre  terre.  Joseph  re- 
connut ses  frères  è  la  première  vue,  mais 
eux  ne  le  reconnurent  pas,  à  cause  de  son 
changement.  Joseph  leur  demanda  :  D*où 
venez-vous?  Tous  répondirent  :  Tes  ser- 
viteurs viennent  du  pays  de  Chanaan,  pour 
acheter  des  subsistances.  Car  la  famine  est 
grave  dans  notre  pays,  et  nous  avons  appris 
que  Ton  trouve  des  vivres  en  Egypte.  Joseph 
leur  dit  :  Si  tel  est  Pobjet  de  voire  voyage, 
pourquoi  ètes-vous  entrés  dans  la  ville  par 
dix  por!es  diiTérentes?  Non,  vous  êies  venus 
explorer  ce  pays.  Tous  répondirent  à  la  fois: 
Il  n*en  est  pas  ainsi,  seigneur;  nous  som- 
mes d'honnêtes  gens  :  tes  serviteurs  n'ont 
jamais étéespions.  Tesservileurssontfrères, 
fils  d'un  homme  du  pays  de  Chanaan.  Notre 
père  nous  a  recommandé  ceci  :  Lorsque 
vous  serez  arrivés  devant  la  ville  de  Pha- 
raon, n'y  entrez  pas  tous  ensemble  par  la 
môme  porte,  de  peur  de  vous  faire  remar- 

Siier  des  habitants  du  pays.  Et  Joseph  :  Voi- 
bien  ce  que  j'ai  dit  :  vous  vous  êtes  sé- 
f»arés  pour  reronnaître  les  côtés  faibles  de 
a  place.  N'est-il  pas  vrai  que  lor$qu*on  vient 
en  ce  pays  pour  acheler  des  vivres,  on  se 
relire  sans  tarder  afin  d'apporter  à  la  maison 
la  nourriture  qu'attend  la  famille?  Mais 
TOUS,  voilà  trois  jours  que  vous  vaguez  par 
la  ville.  Et  qu'aviez*vous  à  faire  dans  le 
quartier  des  prostituées,  où  l'on  vous  a  trou- 
vés? C'est  que  les  espions  ne  dédaignent  fias 
ces  lieux.  Ils  répondirent  :  O  seij^neur,  à 
Dieu  ne  plaise  aue  tu  aies  de  nous  une  pa- 
reille opinion.  Nous  sommes  en  tout  douze 
frères,  fils  de  Jacob,  fils  d'Jsaac,  fils  d'A- 
braham THébreu.  Lo  plus  jeune  est  resté 
avec  notre  père  en  Chanaan.  Un  autre  manque 
et  nous  ne  savons  ce  qu'il  est  devenu.  Nous 
pensions  qu'il  se  pourrait  qu'il  fût  diins  ce 
j)ays-ci;  et  nous  Pavons  cherché  jusque  dans 
les  maisons  des  prostituées.  Joseph  leur 
demanda  :  L'aviez- vous  cherché  dans  tous 
les  autres  pays,  de  sorte  qu'il  ne  restait  plus 
que  l'Egypte?  Et  s'il  y  est,  qu'y  a-t-il  de 
commun  entre  un  enfant  de  Jacob  et  les 
maisons  de  prostitution?... si  toutefois  vous 
m'avez  déclaré  sincèrement  quels  sont  vos 
parents.  Ils  répondirent  :  Nous  avons  en- 
tendu dire  que  ce  sont  des  Ismaélites  qui 
nous  l'ont  dérobé,  et  qu'ils!  ont  vendu  pour 
être  conduit  en  Egypte.  Or,  ton  serviteur 


notre  frère  est  très-beau,  r.*est  pooranoi 
nous  pensions  :  On  l'aura  sûrement  mis  dans 
une  de  ces  maisons.  Nous  le  ch*Tchions  p/>T2r 
le  racheter.  Joseph  leur  dit  :  Tout  cela  nVst 
que  dissimulation etimposture.  Vous oient^^i 
par  votre  âme  en  affirmant  çiiie  vou<  é(r« 
enfants  d'Atiraham.  Aussi  vrai  que  Ptiaraoo 
vit,  vous  êtes  des  espions,  et  vous  vous  te- 
niez dans  ces  retraites  du  vice  et  de  l'in- 
famie afin  qu'aucun  hbnnète  homme  ne  cr>n- 
nût  votre  présence  dans  ce  pays.  José)  h 
ajouta  :  Et  si  vous  l'aviez  trouvé,  ce  frer- 
peut-être  imaginaire,  et  que  son  mattre  eo 
eût  demandé  une  rançon  considérable,  l'aQ* 
riez-vous  donnée?  Ils  répondirent  :  Oui.  Il 
demanda  encore  :  Et  si  son  mattre  s*était  re* 
fusé  à  vous  le  rendre  pour  aucun  prix,  qn  au- 
riez-vous  fait?  Nous  l'aurions  tué,  ré|>fm- 
dirent-ils, et  nous  aurions  reprisnotrefr^re, et 
nous  nous  en  serions  allés.  Joseph  dit  :  Oa 
précisément  ce  que  je  soutiens.  Vous  ét^s 
des  espions,  et  vous  êtes  venus  avec  te  |>ro- 
jet  de  massacrer  les  habitants  de  adre  i^j^. 
Ne  croyez  pas  que  nous  ignorions  que  deux 
d'entre  vous  ont  mis  à  feu  et  è  sang  la  vii  e 
de  Sichem,  dans  le  pays  de  Chanaan,  i^'^^r 
cause  <le  votre  sœur.  Vous  venez  dans  le  des- 
sein d'en  faire  autant  en  Egypte  pour  voire 
frère.  Maintenant  il  n'y  a  qu  une  chose  qui 
puisse  me  convaincre  que  vous  êtes  5iD<  ères 
dans  ce  que  vous  déclarez.  Je  vous  croirai, 
si  vous  envoyez  l'un  de  vous  chercher  votre 
plus  jeune  frère  pour  me  l'amener  ici.  K( 
Joseph  se  relira  promptementdans  sb  cbaoï- 
bre  pour  soulager  son  cœur  en  pleurant; 
car  il  était  ému  d'amour  et  de  compassion 
pour  ses  frères.  Il  se  lava  ensuite  le  vîMi^e 
et  revint  vers  ses  frères,  dont  il  sépara  Si- 
méon  et  commanda  de  le  lier.  Mai:^  Simé^n 
ne  voulut  pas  s'y  soumettre;  et  comme  j1 
était  d'une  vigueur  extraordinaire,  ou  ne 
parvint  pas  h  le  lier.  Joseph  appela  ses  Tail- 
lants, et  il  en  parut  soixante-<lii  àes  plus 
forU;  tenant  à  la  main  leurs  épées  nues.  El 
les  fils  de  Jacob  furent  glacés  de  terreur. 
Joseph  dit  :  Saisissez  cet  homme,  et  enf^^r- 
mez-le  jusqu'à  l'arrivée  de  son  plus  jeun** 
frère.  Les  guerriers  mirent  aussitôt  la  nivn 
sur  Siméon;  mais  celui-ci  poussa  un  en  ef- 
froyable qui  retentit  au  loin,  et  les  vaillant» 
en  furent  terrifiés  de  telle  sorte  qu'ils  tom- 
bèrent sur  leur  face  par  terre.  Et  la  rraînte 
leur  inspira  de  s'enfuir«ettous  ceux  qui  en- 
touraient Joseph  s'enfuirent  aussi,  trem- 
blant poureux-ménies.  Il  ne  resta  avec  Joseph 
que  Manassé  son  fils.  Manassé,  excité  paria 
force  que  montrait  Siméon,  marcha  droit  i 
lui  et  lui  déchargea  sur  la  nuque  un  coup 
de  poing  si  lour(>que  Siméon  en  fut  domi  le. 
Et  Manassé,  le  tenant  étroitement  serré,  w 
lia  et  le  poussa  dans  la  prison.  Tous  les  (li^ 
de  Jacob  étaient  stupéfaits  de  I  action  d«) 
Manassé;  mais  Siméon  leur  cria  :  Le  hxt% 
qui  m'a  frappé  n'est  pas  égyptien  :  c'e^t 
sûrement  un  bras  de  la  race  oc  Jacuh. 


(1545)  Les  langues  unentiles  n'ont  pas,  coiiiine      we$  kabiiet,  exercés   en  celte  chote^  miles  pccet* 
les  iiôlrcs,  un  terme  spécial  qui  désigne   les  hom-      saiies  «iaiis  tout  gouvcinciiienl  régulier. 


lifT 


YAS 


PART.  111.  ^  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


Hte 


Joseph  renvoie  ses  Tréres  en'Glianaan. — Nouvelles 

iiiquiéiudes  do  Jacob. 

loseph  commanda  ensuite  à  Tinteiidant 
des  greniers  de  mesurer  à  ses  frères  autant 
de  blé  qu*ils  pouvaient  porter»  et  de  repla- 
cer dans  le  sac  de  chacun  son  argent.  Il  les 
congédia  ensuite  en  leur  disant  :  Prenez 
garde  de  contrevenir  h  mes  ordres  ;  et  quand 
Yous  m'aurez  amené  votre  autre  frère,  je 
TOUS  rendrai  celui  que  je  retiens  en  prison, 
et  TOUS  pourrez  ensemble  retourner  auprès 
de  votre  père.  Tous  répondirent  :  Nous 
nous  conformerons  ponctuellement  à  Tordre 
de  notre  seigneur;  et  ils  se  prosternèrent 
devant  lui.  Et  ils  chargèrent  chacun  sur  son 
Ane  le  blé  qu'il  avait  acheté,  et  se  mirent  en 
route  pour  retourner  au  pays  de  .Ghanaan. 
Lorsqu'ils  furent  arrivés  à  la  première  cou- 
chée, Lévi  délia  son  sac  pour  donner  à 
manger  aux  flnes,  et  voilà  que  tout  le  poids 
(la  somme)  de  son  argent  se  trouvait  à  Tou- 
verture.  Ktluiet  tous  ses  frères  en  furent 
trouitlés,  et  ils  dirent:  Qu'est-ce  que  Dieu 
nous  fait  là?  et  que  deviennent  les  miséri- 
cordes de  Jéhova  envers  nos  pères  Abraham, 
Isaac  et  Jacob,  puisqu'il  permet  aujourd'hui 
que  le  roi  d*Eg/pte  nous  crée  des  tracasse- 
ries? Juda  leur  dit  :  Ne  demandez  pas  où 
sont  les  miséricordes  de  nos  pères.  Hél 
n'est-il  pas  vrai  que  nous  sommes  coupables 
devant  Jéhova  notre  Dieu,  pour  avoir  été 
immiséricordieux  envers  notre  propre  frère, 
et  ravoir  vendu  comme  un  vil  esclave? 
Ruben  ajouta:  Je  vous  ai  bien  dit  :  Ne  [lé- 
chez pas,  et  ne  faites  pas  de  mal  à  cet  en- 
fant. Vous  ne  m'avez  pas  écouté.  Maintenant 
Dieu  recherche  son  sang  de  nos  mains. 

Et  quand  ils  étaient  près  d^arriver,  Jacob 
sortit  au-devant  d'eux  avec  toute  sa  maison. 
il  leur  dit  au  premier  momt*nt  :  Et  Siméou 
voire  frère  où  est- il?  Pourquoi  ne  le  vois-je 
pas  au  milieu  de  vous?  Et  ses  fils  lui  rendi- 
rent compte  de  tout  ce  qui  leur  était  arrivé 
en  Egypte.  Entrés  dans  la  maison,  ils  ouvri- 
rent leurs  sacs,  et  voici  que  chacun  y  re- 
trouva son  argent.  El  leur  trouble  fut  au 
comble,  et  Jacob  le  partagea.  Leur  père  dit 
alors:  Vous* ne  cessez  de  m'accabicr  do 
maux.  Je  vous  envoie  Joseph  pours'informer 
de  votre  salut,  et  vous  venez  me  dire  qu'il 
a  été  dévoré  par  une  bète  féroce.  Siméon 
part  avec  vous  pour  l'Egypte,  et  voilà  que 
vous  me  dites  que  le  roi  i  a  mis  en  prison, 
lui  qui  est  invincible.  Maintenant  vous  me 
demandez  Benjamin,  sansdoute  pour  le  fio're 
périr  également.  C'est  ainsi  que  vous  faites 
descendre  avec  douleur  ma  vieillesse  dans 
le  tombeau.  Non,  Benjamin  n'ira  point  avec 
TOUS.  Seul  il  me  reste  de  sa  mère,  et  je  pré- 
vois qu'il  lui  arriverait  malheur  dans  ce 
voyage.  Ruben  dit  à  son  père  :  Si  à  noire 
retour  je  ne  te  le  représente  pas,  tu  pourras 
faire  mourir  mes  deux  enfants.  Et  Jacob  dit 
à  ses  fils  :  Demeurez  ici,  et  ne  retournez 
plus  en  Egypte;  car  jamais  mon  Gis  Benja- 
min ne  vous  y  accompagnera,  de  peur  que 
\f\  ne  le  perde*conime  ses  deux  autres  frères. 
Juda  dit  aux  autres  enfants  de  Jacob  :  Lais- 
sez-le en  repos  jusqu'à  ce  que  nos  provi- 


sions  soient  épuisées  :  quand  la  fairo  mena- 
cera sa  vie  et  celle  de  toute  la  maison,  il  dira 
de  lui-même  :  Partez  avec  votre  frère. 

Jacob  consent  à  un  second  voyage  en  Egypte. 

Et  la  famine  allait  toujours  s'ag^^ravant 
dans  tous  les  pays,  qui  ne  trouToient  qu'en 
Egypte  de  quoi  soutenir  la  vie.  Les  enfants 
de  Jacob  demeuraient  tout  ce  temps  chez 
eux,  jusqu'à  l'entière  consommation  de 
leurs  vivres,  et  la  maison  de  Jacob  était 
pressée  par  la  faim.  Alors  toutes  les  per- 
sonnes de  la  famille  entourèrent  Jacob  et 
crièrent  :  Donne-nous  du  pain.  Faut-il  que 
nous  mourions  sous  tes  yeux?  Et  Jacob 
ému  de  piié  pleura  amèrement.  Il  appela 
ses  fils  et  leur  dit  :  Vous  voyez  que  vos  en- 
fants pleurent  et  demandent  dû  pain;  et  il 
n'y  en  a  pas  à  leur  donner;  allez  donc  en 
acheter.  Juda  lui  répondit  :  Si  tu  ne  laisses 
pas  aller  notre  plus  jeune  frère  avec  nous, 
nous  ne  pourrons  pas  retourner  en  Egypte; 
car  le  roi  a  protesté  que  nous  ne  verrous 
pas  sa  face  si  noire  plus  jeune  frère  n'est  pas 
avec  nous.  Tu  as  appris  par  la  voix  de  la 
renommée  aue  ce  roi  n*a  pas  son  pareil, 
dans  le  monde  entier,  en  puissance  et  en  sa- 
gesse. Et  nous  qui  avons  vu  tant  de  rois, 
nous  n*en  connaissons  aucun  qui  puisse  lui 
être  comparé.  Tu  vois  que  dans  la  terre  de 
Ghanaan  tous  les  rois  le  cèdent  en  grandeur 
et  en  mérite  à  Abimélech,  roi  de  Palestine; 
sache  qu'Abimélech  reste  en  arrière  du 
moindre  des  ministres  du  roi  d'Egypte.  Nous 
avons  vu,  ô  notre  père,  la  magnificence  de 
son  palais,  de  son  trône  et  de  ses  nombreux 
serviteurs.  Nous  l'avons  vu  dans  tout  l'éclat 
de  sa  pomoe  royale,  et  nos  yeux  ont  été 
éblouis  de  la  grâce  et  de  la  majesté  que  Dieu 
a  répandues  sur  sa  personne.  Nous  vou- 
drions, ô  notre  père,  que  tu  eusses  entendu 
les  paroles  de  sagesse,  de  prudence,  de  sa* 
gacilé,  que  Dieu  mettait  dans  sa  bouche  lors 
de  son  entretien  avec  nous.  II  connaît  tout 
ce  qui  est  arrivé  tant  à  nous  qu'à  nos 
frères,  depuis  le  commencement;  et  il  nous 
a  demandé  avec  un  vif  intérêt  :  Votre  père 
dans  sa  vieillosse  avancée  est-il  bien  ?  Nul 
ne  s'adresse  à  Pharaon;  car  tout  se  fait  par 
les  ordres  du  vice-roi.  Quand  il  nous  prit 
pour  des  espions,  nous  fûmes  sur  le  point, 
excités  par  la  colère,  de  traiter  l'Egypte 
comme  nous  avions  fait  les  villes  des  Amor- 
rhéens;  mais  le  respect  pour  cet  homme 
nous  subjuguait,  et  nous  n'osions.  Jacob 
dit  :  Vous  m*avez  fait  un  grand  mal  en  ap- 

f prenant  au  roi  que  vous  aviez  un  autre 
rère.  Juda  répondit  :  Rien  n'est  caché  de- 
vant sa  perspicacité.  Mais,  pour  le  moment, 
confie  à  ma  main  le  jeune  garçon,  afin  que 
nous  puissions  nous  procurer  des  vivres.  Si 
je  reviens  sans  lui,  je  serai  coupable  en- 
vers toi  pendant  tous  les  jours.  Ne  vois-tu 
pas  comme  tous  nos  petits  enfants  pleurent 
de  faim  autour  de  loi,  sons  que  tu  puisses 
les  soulager?  Prends  pitié  d'eux,  et  laisse 
partir  notre  frère  avec  nous.  Où  serait  ta 
confianre  en  Jéhova,  qui  a  assisté  en  tout 
temps  tes  pères  et  toi-mèmcy  si  tu  crains 


1119 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


îm 


aulanl  qtio  le  roi  d'Egypte  ne  retienne  ton 
fils?  Je  jure  par  Jéhova  que  je  braverai  fa 
mort  pour  le  ramener  et  te  le  rendre  sain  et 
sauf.  Si  nous  n'avions  pas  tant  lardé,  nous 
aurion!^  déjà  été  deux  fois  acheter  du  blé,  et 
nous  l'aurions  ramené  Siméon  avec  Benja- 
min. Seulement,  prie  Jéhova  notre  Dieu, 
aOn  que  dans  sa  bonté  il  nous  fasse  trouver 
grâce  et  faveur  devant  le  roi  d'Egypte,  et 
devant  ses  gens.  Jacob  dit  :  Jo  me  confie  en 
Jéhova  notre  Dieu,  qui  tiendra  étendue  sur 
vous  la  main  de  sa  proleclion,  et  vous  ren- 
dra agréables  aux  yeux  du  roi  d'Egypte  et 
de  ses  serviteurs.  Maintenant  levez-vous, 
allez  vers  cet  homme,  munissez-vous,  [des 
meilleurs  et  plus  recherchés  produits  de 
noire  pays,  pour  les  lui  offrir.  Le  Dieu  loul- 
puissant  vous  fera  trouver  miséricorde  de- 
vant le  roi,  qui  vous  renverra  avec  Benjamin 
et  Siméon  vos  frères.  Et  ils  se  disposèrent 
pour  leur  départ,  et  prirenl dans  leurs  mains 
des  plus  délicats  produits  du  pays,  ainsi  que 
double  somme  d'argent.  Jacob  leur  recom- 
manda de  nouveau  instamment  son  fils 
Benjamin.  Ayez  de  lui,  dit-il  aussi,  le  plus 
grand  soin  dans  ce  voyage,  et  ne  vous  en 
séparez  en  aucune  manière,  ni  en  route  ni 
en  Egypte.  Il  étendit  ensuite  ses  mains  et 

J)ria  Jéhova  avec  une  grande  Ferveur.  Les 
émmes  et  les  enfants  des  fils  de  Jacob  le- 
vèrent aussi  les  yeux  au  ciel,  et  crièrent 
vers  Jéhova,  afin  qu'il  protégeât  leurs  époux 
cl  leurs  pères,  et  ne  les  laissât  pas  succooi- 
ber  sous  la  puissance  du  roi  d'FJgypte. 

Lettre  de  Jacob  au  vice-roi  d'Egypte. 

Jacob  remit  entre  les  mains  de  Juda  et  de 
ses  frères  une  lettre  pour  le  roi  (13/i6)  d'E- 
gypte. Elle  était  conçue  en  ces  termes  : 

«  Au  puissant  et  sage  Psonthomphanech, 
roi  d'Egypte,  de  la  part  de  ton  serviteur 
Jacob,  fils  d'Isaac,  fils  d'Abrahaui  l'Hé- 
breu, salut. 

c  Ce  sera  une  chose  connue  de  mon  sei- 
gneur le  roi  d*Egypte  que,  dans  notre  pays 
de  Chanaan,  nous  avons  beaucoup  à  souffrir 
de  la  famine.  Déjà  une  première  fois  je  t'ai 
envoyé  mes  fils  pour  obtenir  de  ta  bonté  un 
peu  de  provisions.  Car  je  suis  entouré  de 
soixante-dix  enfants,  et  je  suis  très-vieux; 
mes  yeux,  appesantis  par  Page,  sont  devenus 
obscurs.  Outre  cela,  je  pleure  journellement 
un  fils  chéri,  du  nom  de  Joseph,  qui  a  dis- 
paru de  ïïMi  présence.  C'est  moi  qui  avais 
ordonna  à  mes  fils  de  ne  pas  entrer  ensem- 
ble dans  ta  capitale,  de  peur  que  les  habi- 
tants n'en  prissent  ombrage.  Je  leur  avais 
de  plus  ordonné  de  parcourir  la  ville  et  d'y 
chercher  mon  fils  Joseph.  Tu  les  as  regardés 
comme  explorateurs  de  ton  pays.  Nous  avons 
appris  par  la  renommée  combien  tu  es  sage 
et  prùaent;  dès  lors  tu  as  dû  reconnaître  sur 
leur  mine  qu'ils  sont  loin  d'être  espious.  Tu 
es  devenu  célèbre  par  ton  interprétation 
prophétique  du  songe  de  Pharaon;  celui  qui 
possède  une  telle  sagesse  n'a  pu  se  mé« 
prendre  sur  la  qualité  de  mes  fils  et  sur  leur 
caractère. 

(1546)  C'est-à-dire  le  vice -roi. 


«  Cette  fois,  6  roi  mon  seigneur,  Jenvoie 
en  ta  présence  mon  fils  Benjamin,  aïo^i  i^ie 
lu  en  as  exprimé  le  désir  à  mes  enfants.  J^^ 
te  supplie  cle  tenir  l'œil  sur  lui  jusqa*ù  <p 
qu'il  me  soit  revenu  sain  et  sauf  avec  «f^ 
frères.  En  revanche,  Jéhova  noire  Dieu  aura 
l'œil  sur  toi  et  siir  ton  foyaumi*. 

«  SaiS'tu  comment  notre  Dieu  a  trar*^ 
Pharaon  et  le  roi  de  Palestine,  Abimct»^?i. 
pour  s*êlre  emparés  de  Sara  ma  mère?  Vs^- 
tu  pas  appris  qu'Abraham  notre  père,  suiti 
de  quelques  hommes  eu  petit  nombre,  i 
vaincu  et  tué  les  neuf  rois  d'Elamî  U-i- 
d'eux  de  mes  fils,  Siméon  et  Lévi,  ont  dé- 
truit les  villes  des  Amorrhéens  au  oomlr^ 
de  huit,  pour  une  injure  faite  à  leur  s^pur? 
La  présence  de  Benjamin  peut  seule  lesctn* 
soler  de  la  disparition  de  leur  frère  J^s€(>^. 
Jiige  à  quels  excès  ils  se  porteraient  si  quei* 
qu'un  mettait  la  main  sur  lui.  Tu  ne  doi^ 
pas  ignorer,  ô  roi  d'Egypte,  que  nous  so-n- 
mes  forts  de  la  puissance  de  Dieu,  qui  ne 
nous  abandonne  jamais,  pnrce  que  vn 
oreille  est  continuellement  attentive  à  n>>9 
prières.  Quand  j'appris  de  la  bouche  de  mes 
fils  ton  comportement  envers  eux,  j'info- 
quai  Jéhova  pour  toi.  Sans  cela,  aussi  vrai 
que  Dieu  vit,  ta  ruine  et  celle  de  ton  [)eu(  ^ 
serait  déjà  consommée,  et  mon  fils  Benjamin 
ne  serait  pas  venu  en  tai^résence.  Mais  jt 
l'ai  épargné,  pensant  que  tu  auras  de  t)on< 
procédés  pour  mon  fils  Siméon,  qui  estre^e 
dans  ta  maison.  Il  est  de  Fintérét  de  loit 
ton  pays  de  renvoyer  en  paix  mes  fils  avec 
leurs  fières. 

«  Maintenant,  voici  que  je  t*ai  manitefié 
tout  ce  qui  est  au  fond  de  mon  cœur.  • 

Deuxième  voyage  en  Egypte. 

Les  fils  de  Jacob  emmenant  Benjamin  a'- 
lèrent  en  Egypte  et  vinrent  se  présenter  à 
Joseph.  Et  Joseph  apercevantan  milieud'cui 
Benjamin,  son  frère,  leur  donna  le  salut  «ie 
paix,  et  il  commanda  à  Tintendanlde  sa  moi- 
son  de  leur  préparer  un  festin.  Quanti  il 
fut  midi  Jose))h  envoj'a  inviter  ces  homri  e< 
è  venir  devant  lui  avec  Benjamin.  Et  in 
hommes  parlèrent  à  l'intendant  au  sujet  «Je 
l'argent  qui  avait  été  remis  dans  leurs  sat.». 
Mais  il  leurdit  :  N'en  ayez  pas  d'inquiétude; 
et  en  même  temps  il  leur  amena  leur  frèr<5 
Siméon.  Et  Siméon  dit  à  ses  frères  :  A  peif  e 
éliez-vous  sortis  de  la  ville  que  le  maître  de 
l'Egypte  m'a  retiré  de  la  prison  où  il  mV 
vail  enfermé  sous  vos  yeux;  bien  plus,  il 
m'a  gardé  dans  sa  maison,  et  m'a  comblé  <l<^ 
bontés.  Et  Juda  prit  Benjamin  par  la  niA.n, 
et  tous  vinrent  ensemble  en  la  pré^cnre  <<c 
Joseph  et  se  prosternèrent  devant  lui  la  fa** 
contre  lerre.  Joseph  leur  dit  :  Ktes-^oi;* 
bien?  Vos  enfants  sont-ils  bionî  Votre  vi-  it 
père  est-il  bien?  Ils  lui  répondirent  :  N  «^^ 
nous  portons  tous  bien.  Alors  Judo  reniât  i 
Joseph  la  lettre  que  Jacob  lui  envoyait.  H 
quand  il  l'ouvrit  il  reconnut  Técriiore  li** 
son  père.  Et  cotnme  il  ne  pouvait  réunir  ^c-» 
larmes,  il  se  rt'tira  prom^uemenl  dans  ^;n 
cabinet  et  pleura  abondammeul.  Aj^rès  »  é- 


1211 


YAS 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


im 


tre  laré  le  visage  il  revint  à  ses  frères,  et  il 
leva  les  yeax  et  vit  Benjamin.  Il  leur  dit  : 
Est-ce  iàVotre  plus  jeune  frère  dont  vous 
m'avez  parlé?  Alors  Benjamin  s'avança,  et 
Joseph  lui  imposant  sa  main  sur  la  tête  lui 
dit  :  Que  Dieu  te  soit  favorable,  mon  filsl 
£t  Joseph  en  reconnaissant  son  frère,  fils  de 
sa  mère,  se  sentit  une  seconde  fois  pressé 
de  pleurer,  et  il  entra  dans  sa  chambre  inté- 
rieure et  soulageason  émotion  pardes  pleurs. 
Et  après  s'être  lavé  le  visage  il  sortit  et  se 
contint.  11  ordonna  ensuite  de  servir  le  re- 
pas. 

Or,  Joseph  tenait  &  la  main  la  coune  dans 
laquelle  il  avait  l'habitude  de  boire  a  table. 
£IIe  était  d'argent  et  garnie  desardoines  et 
de  perles  de  grand  prix.  Lorsque  les  frères 
allaientse placer,  Joseph  frappa  sur  la  coupe 
et  dit  :  Ce  vase  à  boire  m'apprend  que  Ru- 
ben  est  l'aîné  de  vous  tous;  que  Siméon, 
Lévi,  Juda,  Issachar,  Zabulon,  sont  enfants 
de  la  même  mère.  Et  il  les  Ht  asseoir  en  les 
appelant  dans  l'ordre  de  leur  naissance.  Il 
dit  ensuite  :  Je  vois  aussi  que  le  plus  jeune 
n'a  pas  de  frère  maternel  parmi  vous.  Je  suis 
en  Cela  comme  lui.  Qu*il  vienne  donc  pren- 
dre place  à  côté  de  moi.  Gt  Benjamin  monta 
jusqu'au  trône  et  s'assit  en  face  de  Joseph. 
Or,  tous  ces  hommes  étaient  en  admiration 
d'une  pareille  certitude  de  divination.  Pen- 
dant le  repas  Joseph  leur  envoyait  de  sa  ta- 
ble la  portion  de  chacun;  mais  à  Benjamin 
ilservait  double  portion.  Manassé  etEphraïm 
voyant  cela,  donnaient  aussi  leurs  portions 
à  Benjamin,  et  Aséneth  en  fit  autant  :  de 
sorte  que  Benjamin  recevait  cinq  portions 
de  chacun  des  mets  (13^7).  Joseph  fit  aussi 
offrir  du  vin  è  ses  frères;  mais  ils  refusé* 
rent  d'en  boire,  disant  •  Depuis  le  jour  de 
la  disparition  de  notre  frère  Joseph  nous 
nous  abstenons  de  vin,  et  nous  ne  man- 
geons d'aucun  mets  délicat.  Mais  Joseph  les 
conjura  avec  tant  d*in$(ance  qu'ils  bureut 
avec  lui  du  vin  à  satiété  (13V8) 

BeoJamiD  reconnaît  Joseph   par  l'inspection   d*un 

globe  asironomiqiie. 

Après  cela  Joseph  s'entretint  en  particu- 
lier avec  Benjamin,  et  il  lui  demanda  :  As- 
tu  des  enfants?  Benjamin  répondit  :  Ton 
serviteur  en  a  dix,  qui  s'appellent.  Bêla, 
Béchar,  Asbel,  Géra,  Naaman,  Echi,  Ros, 
Mophim,  Hophim  et  Ared.  Je  leur  ai  donné 
ces  noms  qui  tous  expriment  mon  regret 
du  frère  unique  que  j'ai  perdu.  Joseph  se  fit 
apporter  son  globe  des  corps  célestes,  au 
moyen  duquel  il  calculait  les  temps,  et  il 
dit  à  Benjamin  :  On  m'assure  que  les  Hé- 

(1347)  Gen.  xlui,  33  :  Sederunt  eoram  eo,  pri- 
mogenilttê  juxta  primogenita  lua,  et  minimus  juxta 
œtatem  itiam.  Et  mirabantur  iitmis.  —  Ibid.^  34  : 
Sumptit  partibus  qua$  ab  eo  acceptrant^  majorque 
pàr$  venit  Benjamin,  ita  ut  quinque  parlibui  exce- 
deret. 

Ces  deux  versets,  surtout  le  premier,  n'ont  de 
sens  qu'autant  qu'on  y  applique  la  tradition  consor- 
véc  dan»  le  Yaichnr.  et  qui  se  trouve  aussi  dans 
plusieurs  livres  des  rahhins.  Voj^.MéJraschRahba, 
Médrascii-Tliaiikliuma,  Yaikhi. 


breux  possèdent  toutes  les  sciences  ;  entends* 
tu  quelqiie  chose  à  cet  instrument?  Et  Ben* 
jamin  :  Ton  serviteur  connaît  les  sciences 
que  son  père  lui  a  enseignées.  Alors  Josenh 
le  pria,  disant  :  Examine  la  position  des 
astres,  afin  de  découvrir  le  lieu  précis  de 
l'Egypte  où  se  trouve  ton  frère  Joseph,  puis- 
que vous  autres  êtes  persuadés  qu'il  est  en 
ce  pays.  Benjamin  ayant  pris  le  globe  en- 
tre ses  mains,  l'examina  attentivement.  Il 
partagea  ensuite  le  ciel  de  l'Egypte  en  qua- 
tre régions  astrologiques,  et  tout  h  coup  il 
fut  saisi  de  stupeur  ;  caril  reconnut  quece- 
lui  qui  était  assis  devant  lui  sur  un  trône, 
était  lui-même  son  frère.  Joseph,  s'aperce- 
vant  du  saisissement  de  Benjamin  lui  de- 
manda :  Qu'as-tu  découvert,  et  quelle  est 
la  chose  qui  te  fait  éprouver  une  si  vive 
sensation?  Benjamin  désignant  du  doigt  un 
point  du  globe,  répondit  :  Il  est  indiqué  ici 
que  Joseph  mon  irère  est  assis  près  de  moi 
sur  ce  trône.  Joseph  lui  dit  aussitôt  :  Oui, 
c'est  moi  qui  suis  ton  frèro  Joseph;  mais  ne 
révèle  pas  la  chose  à  tes  frères.  Voici  que  je 
vais  vous  congédier  tous  ensemble.  Jedon« 
nerai  en  même  temps  ordre  de  vous,  rame- 
ner en  ville,  et  je  te  prendrai  du  milieu  de 
tes  frères  comme  pour  te  garder.  S'ils  ex- 
posent leur  vie  pour  te  ressaisir  je  saurai 
qu*ils  se  repentent  sincèrement  de  ce  qu'ils 
m'ont  fait.  Mais  s'ils  t'abandonnent  tu  de- 
meureras avec  moi,  et  j'emploierai  la  force 
contre  eux,  et  les  chasserai  d'ici,  et  je  ne  me 
ferai  pas  connaître  à  eux. 

La  coupe  trouvée  dans  le  sac  k  blé  de  Benjamin. 

En  ce  jour-là  Joseph  commanda  à  son  in-> 
tendant  de  remplir  de  blé  les  sacs  de  ses  fr^ 
res,  d'y  replacer  l'argent  qu'il  en  avait  reçu, 
d'introduire  la  coupe  d'argent  dans  le  sac  à 
blé  de  Benjamin ,  et  de  lui  donner  des  provi- 
sions pour  la  route.  Le  lendemain  de  bon 
malin  les  hommes  chargèrent  leurs  fines,  et 
s'acheminèrent  avec  Benjamin  vers  le  pays 
de  Chanaan.  Ils  n'étaient  pas  encore  loin  de 
la  ville  lorsque  le  gouverneur  du  palais  du 
vice-roi  courut  après  eux  par  ordre  de  son 
maître,  et  leur  dit  ;  Pourquoi  avez-vous  dé- 
robé la  coupe  de  mon  maître? En  entendant 
ce  reproche,  ils  furent  indignés  et  s'écriè- 
rent :  Si  lu  peux  trouver  la  coupe  sur  l'un 
de  nous,  qu*il  subisse  la  mort,  et  nous  tous 
consentirons  à  devenir  esclaves  de  ton  maî« 
tre.  Et  ils  s'empressèrent  de  décharger  leurs 
fines,  pour  faire  visiter  leurs  sacs.  Et  voici 
que  la  coupe  se  trouva  dans  te  sac  de  Ben- 
jamin. Alors  tous  les  frères  déchirèrent  liurs 

(iStô)  Le  Médrasch-Rabba  dit  également  que 
depuis  le  jour  de  la  vente  de  Josepli  ils  n*avaient 
pas  bu  devin. 

Noire  texte  porte,  comme  la  Bible,  Tiatm.  La 
\ulgate  traduit  trop  littéralement,  et  inebriati  $unt. 
Le  verbe  hébreu  ne  signifle  pas  toujours,  s>ri- 
vrer^  mnis  bien  souvent  boire  a  $atiété^  ou  mieux, 
pour  nous  servir  d'une  expression  populaire,  boirt 
ton  content,  sans  se  laisser  aller  jnsqu'k  Tivresse. 
Tri  esi  cviilomm-nt  le  sens  ici.  Ils  ne  burent  pas 
comme  des  Anglais. 


41^ 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


lia 


yêtements,  et  retournèrent  h  la  ville  arec  le 
gouverneur  du  palais;  et  pendant  le  trajet 
ils  ne  cessaient  oe  frapper  Benjamin.  Juda, 
outré  de  colère,  s'écria  :  Vive  Dieu!  cet 
homme  ne  me  fait  ramener  que  pour  causer 
en  ce  jour  la  ruine  de  sa  capitale.  Et  ils  ar- 
rivôrenfau  palais  de  Joseph,  qui  était  assis 
sur  son  trône,  et  ses  plus  forts  guerriers  se 
tenaient  à  sa  droite  et  è  sa  gauche.  Joseph 
leur  dit  avec  sévérité  :Quelle  estcetle  action 
que  vous  avez  faite  d^emporler  ma  coupe? 
Je  sais  que  vous  l'avez  prise  pour  qu'elle 
vous  indique  le  lieu  de  ce  pays  où  est  vo- 
tre frère.  Et  Juda  fit  entendre  ces  paroles  de 
son  aOliction  :  Que  répondrons-nous  à  mon 
seigneor?  Qu'alléguerons-nous,  et  comment 
nous  justifierons-nous?  Dieu  a  trouvé  l'ini- 
quilé  do  tes  serviteurs;  c'est  pourquoi  il 
nous  accable  de  ce  malheur.  Joseph  se  leva 
brusquement  et  leur  arracha  Benjamin  de 
vive  force,  et  entra  avec  lui  dans  son  ap- 
partement dont  il  ferma  la  porte  derrière  lui. 
Le  gouverneur  du  palais  vint  ensuite  dé- 
clarer, savoir  :  Voici  ce  que  dit  le  vice-roi  : 
Retournez  en  paix  auprès  de  votre  père.  Je 
me  contente  de  retenir  le  voleur  de  ma 
coupe. 

Section  Vàiyiggasch. 

JosepI)  se  faii  connaître  à  ses  frères. 

Et  Juda  courant  après  Joseph  enfonça  la 
porte  d*un  coup  de  sa  main.  Il  vint  avec  ses 
frères  se  placer  devant  lui,  et  l'npostropha 
en  ces  termes  :  Que  mon  .seigneur  ne  soit 
pas  irrité  de  ce  que  j*ai  fait,  et  souffre  que 
ton  serviteur  expose  un  mot  devant  toi.  Jo- 
seph lui  dit  :  Parie.  Et  Juda  commença  ainsi: 
N'est-il  pas  vrai  que  la  première  lois  que 
nous  sommes  venus  acheter  des  vivres,  tu 
nous  as  traités  d'espions?  Nous  nous  sommes 
justifiés  de  cette  accusation  en  t'amenant 
Benjamin;  et  voici  que  lu  nous  suscites  une 
autre  querelle.  Maintenant,  6  roi,  accorde 
ma  demande,  et  renvoie  avec  nous  notre 
jeune  frère  à  son  père,  de  peur  que  lu  ne 
sois  cause  en  ce  jour  de  ta  ruine  et  de  celle 
de  toute  l'Egypte.  Tu  n'ignores  pas  ce  que 
mes  frères  Siméon  et  Lévi  ont  fait  à  Sichem 
ot  aux  autres  villes  des  Amorrhéens  pour 
venger  Dina  noire  sœur;  que  ne  feraient-ils 
pas  pour  délivrer  Benjamin  leur  frère?  Et 
moi,  je  suis  plus  f^^rt  qu'eux;  et  je  ferai  sen- 
tir en  ce  jour  la  puissance  de  mon  bras  à  loi 
et  à  ton  pays,  si  tu  ne  rends  pas  la  liberté  à 
notre  frère;  car  vous  ne  pourrez  pas  lenir 
contre  moi.  Tu  entends  les  Egyptiens  s'en- 
tretenir encore  maintenant  dus  plaies  hor- 
ribles dont  Dieu,  qui  a  fait  choix  de  notre 
famille,  a  frappé  un  Pharaon,  parcequ'il  avait 
osé  enlever  Sara  notre  mère.  Notre  Dieu  se 
souviendra  de  son  alliance  avec  Abraham, 
et  il  t'accablera  de  maux,  pour  te  punir  de 
l'ailliction  que  tu  causes  à  notre  père,  et  des 

(1549)  I^  texte  dit  autrement.  Submergemini  in 
torum  sptuii. 

(1350)  Médmsch-Rabba  rlM/(drascl)-TIiankhuma. 
«  Je  coiiimf'nccral  par  loi  et  je  finirai  par  Pharaon.  > 
Vny.  aussi  Yarkfii. 


fausses  accusations  dont  tu  te  plais  è  d'>ms 
vexer.  Joseph  lui  répondit  :  Pourquoi  eu- 
gères-tu  ainsi  votre  force,  et  que  signiti^nt 
toutes  ces  vanlerios?  Si  je  le  commandaiv  i 
mes  nombreux  et  vigoureux  guerriers,  lU 
vous  écraseraient  toi  et  tes  frères  ici  pré- 
sents (13i9).Et  Juda  :  C'est  plutôt^  (oietani 
tiensà  tremblerdevant  moi  ;  car  si  je  tire  m  *iï 
épée,  vive  Jéhoval  cène  sera  pas  en  tsid. 
Je  massacrerai  toute  l'Egypte,  en  coraniH)- 
çant  par  toi  et  en  finissant  "par  ton  maltr(fp:a- 
raon  (1350).  Et  Joseph  :  Tu  n'as  pas  seul  en 
partage  une  force  extraordinaire;  je-  sud 
plus  vigoureux,  plus  robuste  que  toi.  Si  lu 
tires  ton  épée,  je  la  retournerai,  moi,  c^^d- 
tre  la  gorge  et  contre  celle  de  tes  frèr*-?. 
Juda  reprit  :  Dieu  est  témoin  entre  toi  »; 
nous  que  nous  n'avons  jamais  Touln  te  fair'; 
la  guerre.  Donne-nous  seulement  notre  frt"  i-, 
et  laisse-nous  partir  Iranquilleaient.  Josp,  ' 
répliqua:Parlaviedc  Pharaon  vous  viendri-z 
avec  tous  les  rois  de  Chanaau  que  vous  &" 
pourriez  pas  m*arracher  votre  irère.  Main- 
tenant, allez-vous-en  retrouver  votre  père. 
Quant  à  votre  frère,  il  demeurera  moa  en- 
clave, car  il  a  commis  un  vol  dans  le  i^alatN 
du  roi.  Telle  est  la  loi  en  Egypte.  Et  Juda  : 
Tu  es  indigne  du  titre  de  roi.  Un  roi  réftaol 
avec  profusion  sur  tout  son  pays  de  l'or  h 
de  Targent,  soit  par  des  dons,  soit  par  ces 
sacriQces.  Toi  tu  fais  gra'nd  i>ruit  d'une 
coupe  que  tu  ns  mise  toi-même  dans  le^^ac 
de  notre  frère,  et  voilà  que  tu  crics  qu'elle  ii 
été  volée.  A  Dieu  ne  plaise  qu*un  entant:- 
Jacob  commette  une  pareille  bassesse,  q ut! 
vole  le  moindre  objet  à  toi  ou  à  quelque  au- 
tre,soit  roi,  soitprince,  soitsinaple  humai::. 
Garde  plutôt  le  silence  touchant  cette  chose, 
autrement  on  dirait  dans  tout  le  pays  que 
le  chef  de  l'Egypte  s'est  auorellé  avec  t'* 
étrangers  pour  un  peu  d  argent,  ou  qu'il 
lesaaccusés  d'un  cnme  imaginaire, afin  «U* 
s'approprier  leur  frère  comme  esclave.  J-^ 
seph  répondit  :  Prenez  la  coupe  et  relirez- 
vous  de  ma  présence;  mais  il  faut  qaa  von* 
renonciez  à  votre  frère  car  il  m'appardeni 
en  toute  justice.  Et  Juda  :  El  comment  nf» 
rougis-tu  pas  de  hasarder  cette  pro|M)siiiori? 
Nous  ne  renoncerions  pas  à  notre  frère  ('»u- 
mille  fois  la  valeur  de  ta  coupe,  pas  nièu.* 
pour  Targent  qui  est  entre  les  mains  de  tuis 
les  hommes  sur  la  terre.  Nous  mourrons 
plu  lot  que  de  te  le  laisser.  Et  Joseph  :  Vou^ 
qui  avez  fait  si  bon  marché  de  voire  auie 
frère,  que  vous  avez  vendu  pour  vingt  i  >é- 
cesd*argenl, et  dont  vous  avezperdu  lalra<e, 
seriez-vous  plus  difliciles  pour  celui-ci?. 4 
ces  mots,  Juda,  tout  humilié,  changea detio. 
Que  pourrons-nous  dire  h  notre  |)ère,  qui 
tombera  dans  un  chagrin  mortel  si  nou«  u^ 
lui  ramenons  pas  notre  frère?  Vous  liitei. 
répondit  Joseph,  que  le  seau  a  entrahit'  •* 
corde  (1351).  Juda    :   Tu   recours  au  laco- 

(1551)  Proverbe  hébreu.  ^Sn  nnwtrnTrt. 
Mwl  à  ntol,  la  corde  a  $U'vi  te  U0U,  Après  Ij  p^'''^ 
de  Josrpli,  celle  de  Bt*rijuiiiiri.  Joseph  a  aun^'  1^ 
jaiuiii. 


1S85 


TAS 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


Ii26 


songe  pour  couyrir  ton  injustice.  Joseph  : 
S*il  en  était  ainsi,  je  ne  ferais  que  vous  ren- 
dre monnaie  pour  monnaie;  car  vous  avez 
les  premiers  menti  à  votre  père,  en  lui  don- 
nant à  entendre  qu'une  bète  féroce  avait  dé- 
voré votrefrère,tandisque  vous  l'aviez  vendu. 
Que  n'allez-vous  dire  à  votre  père  qu'une 
bête  féroce  a  de  même  dévorécelui-ci?  Jo- 
seph 6t  à  Juda encore  d'autres  reproches  sem- 
blablesqni  i'huniiliaienteitrèmement.  Alors 
Juda,  hors  de  lui,  enleva  une  pierre  qui  se 
trouva  sous  sa  main,  pesant  plus  de  quatre 
cents  sicles^et  la  jeta  en  l'air,  et  la  reçut  dans 
la  main  gauche,  et  la  réduisit  en  poussière  en 
la  pressant  entre  ses  doigts.  Manassé  re- 
marquant la  frayeur  de  son  père,  prit  une 
pierre  du  même  poids,  et  en  ût  exactement 
autant.  Juda-se  tournant  vers  ses  frères,  leur 
dit  :  Je  vous  ai  déjà  communiqué  ma  pen- 
sée. Cet  homme  ne  peut  pas  être  Egyptien  : 
il  doit  appartenir  à  notre  sang.  Juda  dit  en- 
suite à  Nephthali  :  Cours  et  compte  les  quar- 
tiers de  la  ville,  et  reviens  promptement 
m'en  dire  le  nombre.  Hais  Siméon  lui  dit: 
Ne  prends  pas  ce  soin.  Je  vais  à  l'instant  sur 
une  montagne,  et  j'en  lancerai  sur  la  ville  un 
rocher  qui  écrasera  tous  les  habitants.  Or, 
ils  ne  savaient  pas  que  Joseph  comprenait 
ce  qu'ils  disaient  entre  eut  parlant  la  langue 
sainte  (1352).  Et  comme  Joseph  craignait 
qu'ils  ne  fissent  de  grands  dégâts  dans  la 
ville,  il  ordonna  à  Manassé  de  réunir  à  la 
hâte  toute  l'armée,  piétons  et  cavaliers,  avec 
des  tambours,  des  trompettes  et  autres  ins- 
truments les  plus  assourdissants. 

Nephthali  accomplitsa  missionen  peu  d'ins- 
tants ;  car  il  était  agile  à  la  course  comme  les 
chevreuils  des  champs,  et  passait  si  légère- 
ment sur  les  plantes  qu'il  ne  les  courbait  pas. 
11  rapporta  donc  que  les  quartiers  de  la  ville 
étaient  au  nombre  de  douze.  Juda  dit  alors 
à  ses  frères  :  Dépéchez-vous  de  ceindre  cha- 
cun votre  épée.  Nous  ne  laisserons  pas  une 
Âme  en  vie  dans  toute  la  ville.  Vous  tuerez 
chacun  un  quartier;  et  moi,  je  suis  assez 
fort  pour  venir  à  bout  de  trois  quartiers. 
Pendant  que  Juda  prononçait  ces  paroles, 
voici  qu'arrivaient  les  Egyptiens  et  tous 
leurs  vaillants.  Ils  étaient  cinq  cent  neuf  ca- 
valiers et  dix  mille  piétons,  outre  quatre 
cents  hommes  qui  avaient  coutume  de  com- 
battre sans  épée  et  sans  lance ,  ne  faisant 
usage  que  de  la  force  de  leurs  poings.  Tous 
entourèrent  les  fils  de  Jacob,  et  commencè- 
rent à  les  étourdir  par  leurs  cris,  et  par  le 
bruit  de  leurs  instruments.  Car  Josepn  leur 
avait  défendu  de  toucher  à  un  seul  d'eux. 
Juda  voyant  qu^une  partie  de  ses  frères 
étaient  effrayés,  leur  dit:  Que  craignez-vous, 
puisque  la  protection  de  Dieu  nous  est  assu* 
rée?  11  tira  son  épée  et  s'élançant  contre  l'ar- 
mée des  Egyptiens,  il  poussa  un  cri  terrible 


et  prolongé.  Et  Jéhova  fit  tomber  la  crainte 
de  Juda  et  de  ses  frères  sur  les  vaillants  et 
les  hommes  qui  les  cernaient,  et  tous  s'en- 
fuirent avec  une  précipitation  telle  qu'ils 
renversèrent  ceux  qu'ils  rencontraient,  et 
dont  plusieurs  restèrent  morts  par  terre.  Et 
Juda  avec  ses  frères  les  poursuivirent  jus- 
qu'au palais  de  Pharaon.  Ils  retournèrent 
vers  Joseph,  et  rugissaient  devant  lui  comme 
des  lions  en  fureur,  et  comme  les  flots  qu'ir- 
rite l'agitation  de  la  mer.  Joseph  satisfait  du 
dévouement  de  ses  frères  pour  Benjamin,  se 
persuada  (]u'ils  regrettaient  de  cœur  le  mal 
qu'ils  avaient  voulu  lui  faire  à  lui-même,  et 
résolut  de  leur  découvrir  qu'il  était  leur 
frère  Joseph.  Il  envoya  Manassé  poser  la  main 
sur  répaule  de  Juda,  dont  aussitôt  la  colère 
s'apaisa.  Joseph  lui  demanda  ensuite  avec 
douceur:  Pourquoi  te  mets-tu  en  avant  plus 
que  tes  frères?  Juda  lui  répondit  sur  le  même 
ton  :  Sache  que  je  me  suis  rendu  garant  de 
ce  jeune  homme  envers  mon  père,  en  lui 
disant  :  Si  je  ne  te  le  ramène  pas,  je  serai 
coupable  envers  toi  pendant  tous  les  jours. 
Maintenant  que  je  trouve  grAce  à  tes  yeux 
pour  que  tu  le  renvoies  avec  mes  frères,  je 
resterai,  moi,  à  sa  place  pour  (e  servir  en 
tout  selon  ta  volonté.  Situas  besoin  de  m*en- 
voyer  contre  un  roi  ennemi  de  dure  résis- 
tance, je  te  donnerai  des  preuves  de  ma 
force  et  de  ma  fidélité.J'anéantirai  son  armée 
et  je  t'apporterai  sa  tète.  Joseph  dit  alors: 
Je  vous  rendrai  votre  plus  jeune  frère,  si 
vous  m'amenez  à  sa  place  son  frère  de  mère, 
puisque  vous  dites  qu'il  a  été  conduit  dans 
ce  pays,  et  que,  d'ailleurs,  nul  de  vous  ne 
s'est  rendu  garant  pour  lui  envers  votre  père. 
Siméon  lui  objecta  :  Ne  t'avons-nous  pas  dit 
tout  d'abord  que  nous  ne  savons  où  le  trou- 
ver, et  que  même  nous  ignorons  s'il  n'est 
pas  mort?  Comment  peui-tu  nous  imposer 
une  semblable  condition?  Et  Joseph  :  Vous 
dites  que  Joseph  est  perdu,  et  peut-être  mort, 
si  je  l'appelais  et  quM  parût  devant  vos  yeux, 
me  le  donneriez-vous  pour  me  servir  à  la 
place  de  votre  plus  jeune  frère?  Alors  Juda 
entra  dans  une  grande  colère,  au  f)oint  que 
ses  yeux  s'injectèrent  de  sang,  et  il  s'écria 
avec  tous  ses  frères  :  Plutôt  que  d'abandon- 
ner ce  frère  retrouvé,  nous  exterminerions 
toute  l'Egypte,  ou  nous  mourrions  tous  jus- 
qu'au dernier,  en  combattant.  Alors  Joseph 
se  mit  à  appeler:  Joseph  I  Joseph I  Et  pen- 
dant que  ses  frères  se  tournaient  qui  d'un 
côté,  qui  d'un  autre,  pour  voir  par  où  en- 
trerait Joseph,  il  leur  dit  :  Où  se  perdent  vos 
regards?  Joseph  est  devant  vous.  Le  frère  que 
vous  avez  vendu,  et  qui  a  été  mené  en  Egypte, 
c'est  moi  (1353).  Maintenant,  qu'il  ne  vous 
f&che  pas  de  m'avoir  vendu,  car  c*est  Dieu 
qui  ma  envoyé  ici  devant  vous  pour  votre 
conservation  durant  la  famine.  Et  Benjamin 


(1352).  Voy.  plu8  haut,  noie  1538. 

(1353)  Dan»  ia  Genè$e  le  dénoùroent  est  amené 
auirement  ;  et,  certes  il  n'y  perd  pas.  A'o»  le  pu- 
lerat  ultra  colûbere  Joseph.  EuvavUque  vocem  cum 
(Utttf  et  dixU  fralribuê  iuis:  Ego  êumJoieph.  Adliuc 
paêer  mew  vitit  ? 

DiCTioNN.  DBS  Apocryphes.  II» 


Notre  Yoiehar  néglî^  le  adhue  paler  meus  vîWi  t 

sans  douie  parce  que  jusqu^à  présent  II  a  été  trop 

souvent  question  du  père  pour  que  Joseph  ne  fût 

sûr  de  son  existence. 
Dans  le  Médrascli'Rabba  le dénoftment  est  rapporté 

comme  dans  le  Yatchar, 

39 


îni 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


fSI 


en  entendant  tout  cela,  accourut  de  Tinté- 
rieur  de  Tappartement,  et  se  jetant  au  cou 
de  Joseph,  il  l'embrassa  et  pleura.  Alors  les 
autres  Kères  s'approchèrent,  et  eux  aussi 
embrassèrent  Joseph.  Et  Joseph  et  tous  ses 
frères  pleurèrent  abondamment. 

Joseph  fait  de  riches  présents  à  tous  les  membres 
de  sa  famille  de  Cbanaan. 

Cependant  le  bruit  s'était  répandu  dans  fe 
palais  du  roi  que  ces  hommes  étaient  les 
frères  de  Joseph.  Et  Pharaon  s'en  réjouit 
beaucoup,  et  il  envoya  de  ses  serviteurs  fé- 
liciler  Joseph  de  l'arrivée  de  ses  frères.  De 
môme  tous  les  chefs  des  diverses  armées 
vinrent  en  féliciter  Joseph.  Et  Pharaon  fit 
dire  par  ses  serviteurs  è  Joseph  :  Invite  tes 
frères  à  aller  prendre  dans  leur  pays  tout 
ce  qu'ils  ytont  laissé,  et  tu  les  établiras  dans 
]a  meilleure  province  de  l'Egypte. 

Or,  Joseph  distribua  de  son  propre  trésor 
h  ses  frères  ;  savoir,  h  chacun  un  double  vê- 
tement de  prince  et  cent  sicles  d'argent. 
Mais  à  Benjamin  il  donna  cinq  habillements 
de  rechange,  brodés  d*or  et  d'argent,  et  trois 
cents  sicles  d'argent  II  leur  commanda  de  se 
refèlirde  ces  habillements,  et  les  présenta 
è  Pharaon.  Le  roi  se  réjouit  extrêmement  en 
voyant  que  tous  les  frères  de  Joseph  étaient 
des  hommes  robustes  et  de  belle  stature. 
Au  sortir  de  la  présence  de  Pharaon,  ils  firent 
leurs  préparatifs  pour  retourner  en  Clianaan 
auprès  de  leur  père.  Et  Benjamin  était  avec 
eux.  Joseph  leur  donna  pour  le  voyage  onze 
des  chars  de  Pharaon;  et  pour  le  transport 
do  son  père  il  fit  partir  avec  eux  le  char  de 
son  jour  de  triomphe.  Il  envoya  aussi  aux 
enfants  de  ses  frères  des  habillements  selon 
leur  nombre,  et  cent  sicles  d*argont  pour 
chacun  d'eux.  Et  pour  les  femmes  de  ses 
frères  il  envoya  des  habillements  de  la  garde- 
robe  des  épouses  du  roi,  ainsi  que  des  par- 
fums, secs  et  liquides.  Il  donna  aussi  à  cha- 
cun de  ses  frères,  dix  hommes  de  peine  pour 
faire  le  service  de  l'émigration  en  Egypte. 
Il  remit  h  Benjamin  de  plus  qu'à  ses  autres 
frères,  pour  ses  enfants,  dix  habillements, 
€inqcentssictesd'argenl;  outre  cela,  dix  chars 
qui  étaient  un  présent  de  Pharaon.  Et  à  son 
j)ère  il  envoya  dix  Anes  chargés  de  tout  ce 
que  l'Egypte  produit  de  meilleur,  eldix  fines- 
ses portant  une  grande  quantité  de  provi- 
sions de  bouche  pour  l'entretien  de  toute  sa 
maison  tant  en  Chanaan  que  pendant  la  route 
pour  venir  en  Egypte.  Il  envoya  à  Dina  sa 
sœur  des  robes  brochées  d'or  et  d'argent, 
ainsi  que  des  aromates  et  toute  espèce  de 
parfumeries  à  l'usage  des  femmes.  Il  en  en- 
voya autant  aux  femmes  de  Benjamin  de  la 
part  des  épouses  de  Pharaon.  Il  ajouta  à  tout 
cela,  pour  ses  frères  et  pour  leurs  femmes, 
toutes  sortes  de  pierres  fines  de  grand  prix, 

(l35i)Cesl-à-dire,  Alie  adoptive.  Voy.  ci-devant 
note  1oi6. 

(1555)  DmSm  rm  SjnrUui  Dei.  Yaikhi:  La  glaire 
ditine  e$i  tnviue  repoter  sur  lui 

(1556)  Paraphr.  chald.  de   Jonaihan,  Nombres 
SiTi,  40  :  Klle  •  élé  introduUe  en  vU  dam  le  Para- 


et  d'autres  articles  précieux  que  les  grands 
du  pays  lui  avaient  offerts. 

Quand  les  fils  de  Jacob  partirent ,  Joseph 
les  accompagna  jusqu'aux  confins  da  pays, 
et  en  les  quittant  il  leur  dit  :  Ne  vous  que* 
reliez  pas  en  route  à  mon  sujet;  car  c*est 
Dieu  qui  a  ainsi  disposé  les  choses  afind'as' 
surer  l'existence  de  notre  famille  si  nom- 
breuse. Voici  que  nous  avons  encore  devant 
nous  cinq  années  entières  de  famine.  Il  leur 
dit  aussi  :  Arrivés  è  la  maison,  n'annoncei 
pas  la  nouvelle  à  mon  père  brasquemeol; 
mais  usez  d'un  prudent  ménagement. 

La  bonne  nouvelle  annoncée  à  Jaoob. 

Lorsque  les  fils  de  Jacob  furent  arrivés  i 
l'entrée  du  pays  de  Chanaan,  ils  se  consul- 
tèrent entre  eux  sur  le  moyen  d'apprendre 
l'existence  et  l'élévation  de  Josepli  k  leur 
père  graduellement,  afin  de  ne  [Mis  lui  cau- 
ser un  saisissement  mortel.  Et  en  s*«tcheini- 
nant  vers  leurs  demeures  ils  virent  arriver 
Sara,  fille  (1354]  d'Aser,  qui  sortait  à  leur 
rencontre.  La  jeune  fille  était  d'un  aspect 
très-agréable,  sage  et  habile  à  jouer  de  la 
harpe.  Ils  lui  donnèrent  le  baiser  de  paii, 
et  lui  dirent  :  Va  chanter  au  son  de  la  bar(>e 
devant  notre  père  ceci  et  cela.  Et  elle  prit 
son  instrument,  et  de  sa  voix  la  plus  douce 
elle  fit  entendre  ces  paroles  aux  oreilles  du 
vieillard  affligé  : 

Joseph  mon  oncle  n*esl  pas  mort 
Favorisé  p>ar  le  Dieu  Tort, 
D'Ëgyple  il  est  devenu  maître. 
La  joie  en  ton  cœur  va  renaître. 

Au  son  du  chant  agréable  qui  répétait  ces 
vers  plusieurs  fois,  il  sembla  è  Jacob  qu'il 
s'éveillait  d'un  songe,  et  la  joie  s'introdaisit 
doucement  dans  son  &me.  En  même  temps 
l'esprit  de  Dien  vint  reposer  sur  lui  (1355), 
et  il  comprit  que  le  chant  de  Sara  était  Tei- 
pression  de  la  vérité.  Et  il  bénit  la  jeûna 
fille,  et  lui  dit  :  Ma  fille,  la  mort  n'aura  point 
prise  sur  toi  pendant  l'élernité,  parce  que 
tu  as  ranimé  mon  esprit  (1356).  Mais  répète- 
moi  ta  chanson  :  elle  me  fait  du  bien.  Pen« 
dant  que  Jacob  parlait  ainsi,  voici  que  ses  fils 
arrivèrent  devant  sa  porte,  montés  sur  des 
chevaux  et  des  chars,  et  précédés  de  nom- 
breux serviteurs.  Il  se  leva  promptement 
pour  les  recevoir,  et  il  vit  ses  fils  en  habits 
de  princes.  Et  ils  lui  dirent  :  Joseph  notre 
frère  vit.  Il  tient  sous  sa  puissance  toute  l'E- 
gypte. C'est  lui-même  qui  te  fait  annoncer 
cet  heureux  message.  Et  ils  étalèrent  devant 
ses  yeux  toutes  les  belles  choses  qu'ils  ap- 
portaient pour  lui,  et  ils  distribuèrent  aux 
autres  ce  que  Joseph  leur  envoyait.  A  cette 
vue',  Jacob  fut  entièrement  convaincu  de  U 
vérité,  et  sa  joie  fut  grande,  et  il  s'écria:  Puis- 
que mon  fils  Joseph  vit  encore  ma  félicité 
est  au  comble.  Je  veux  l'aller  voir  avant  de 

dis,  sous  la  conduite  de  soixante  myriades  ^a»fet. 
parce  qu^elle  avait  annoncé  à  Jacob  qna  Josepk  HaU 
encore  vivant. 

U  Talmuil,  traité  Dérecli-Ereu  SuU.  cbap  I". 
met  celte  Sara  au  nombre  des  neuf  personaaftt 
qui  ont  été  admis  tout  en  vie  dans  le  paradis. 


im 


TAS 


PART.  III.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


itSO 


mourir.  Je  descendrai  en  Egypte,  pourvoir 
mon  fils  et  ses  enfants.  Et  Jacob,  après  s'6lre 
baigné,  et  avoir  rasé  tout  son  corps  (1357), 
se  revêtit  des  habillements  envoyés  par  Jo- 
seph, et  mit  sur  sa  tête  la  thiare  également 
envoyée  par  son  fils.  Toutes  les  personnes 
de  sa  maison  se  revêtirent  de  même,  et  elles 
célébrèrent  de  grandes  réjouissances.  Les 
habitants  de  Cbanaan  vinrent  en  foule  féli- 
citer Jacob.  £t  Jacob  offrit  des  festins  somp- 
tueux pendant  trois  jours  aux  rois  et  à  tous 
les  grands  du  pays. 

Jacob  va  en  Egypte. 

Or,  après  ces  choses  Jacob  dit  :  J*irai 
voir  mon  fils  en  Egypte,  msis  je  retournerai 
en  Chanaan,  parce  que  Dieu  ayant  promis  ce 
pays  à  Abraham,  je  ne  dois  pas  Tabandonner 
pour  toujours.  Il  pensait  aussi  intérieure- 
ment :  Je  liens  à  m'assurer  si  mon  fils,  qui 
demeure  parmi  les  E^ptiens^  a  conslirvé 
dans  son  cœur  la  crainte  de  Dieu.  Mais  le 
Verbe  de  Jéhova  (1358)  se  communiqua  à  lui 
en  cette  manière  :  Descends  en  Egypte  avec 
toute  ta  maison,  et  ne  crains  pas  d  y  demeu- 
rer ;  car  je  te  ferai  devenir  dans  ce  pays  un 
peu  pie  nombreux.  Pour  ce  qui  est  de  Joseph, 
rassure-toi  à  son  sujet.  Il  a  persévéré  dans  sa 
fidélité  à  me  servir.  Et  Jacob  se  réjouit  beau- 
coup de  )a  piété  de  son  fils.  Jacob  et  ses  fils, 
chacun  emmenant  toutes  les  personnes  de  sa 
maison,  partirent  donc  joyeusement deBer- 
sabée  et  du  pavs  de  Chanaan,  et  se  mirent 
en  route  pour  l'Egypte  selon  Tordrede  Jého- 
va. Quand  ils  furent  près  d'arriver,  Jacob 
envoya  en  avant  de  iui,Juda  demander  à  Jo- 
seph qu'il  lui  assign&t  un  lieu  pour  sa  de- 
meure. Joseph  aussitôt  disposa  pour  son 
[>ère  et  toute  sa  maison,  une  habitation  dans 
e  pays  de  Gessen.  11  fit  ensuite  atteler  son 
char  et  se  porta  au-devant  de  son  père  au 
milieu  de  tous  ses  vaillants,  de  tous  ses  ser- 
▼iteurs  et  de  tous  les  principaux  chefs  de 
l'Egypte,  revêtus  de  byssus,  de  pourpre,  d*or 
et  d'argent,  et  portant  leurs  armes;  car  il 
les  avait  tous  convoqués  sous  peine  de  mort. 
Ils  étaient  accompagnés  de  troupes  d'hom- 
mes qui  jouaient  de  tous  les  instruments 
usités  en  Egypte,  et  répandaient  tout  le  long 
du  chemin  des  aromates  et  des  parfums.  Et 
toutes  les  femmes  des  Egyptiens,  montées 
sur  les  terrasses  des  maisons  et  sur  les  mu- 
railles, tenaient  à  la  main  des  sistres  et  des 
nables. 

Lorsque  Joseph  se  trouva  ne  plus  être 
éloigné  de  son  père  que  de  cinquante  cou- 
dées, il  descenait  de  son  char  pour  marcher 
à  pied,  et,  à  son  exemple,  tous  les  Egyptiens 
mirent  pied  à  terre.  Jacob,  étonné  et  plein 
d'admiration  à  la  vue  du  camp  brillant  et 
nombreux  qui  s'avançait  vers  lui,  demanda 
à  Juda  :  Qui  est  celui  qui  marche  au  milieu 
des  guerriers,  orné  de  vêtements  royaux, 
portant  un  manteau  de  pourpre  et  une  cou- 
ronne de  souverain  ?  Car  Pharaon  avait  en- 


voyé à  Joseph  sa  propre  couronne  pouraller 
au-devant  de  son  père.  Juda  lui  répondit  : 
C'est  Joseph,  c'est  ton  fils,  qui  est  roi.  Et  Ja- 
cob se  réjouit  beaucôun  de  la  gloire  de  son 
fils. 

Et  Joseph  arrivé  près  de  son  père  se  pros- 
terna devant  lui«  et  tous  les  hommes  de  sa 
suite  se  prosternèrent  avec  lui  la  face  contre 
terre.  Mais  Jacob  courut  à  Joseph,  et  s'é- 
tant  jetéà  son  cou,  il  le  baisa  et  pleura.  Et 
Joseph  en  serrant  son  père  dans  ses  bras,  le 
baisa  et  pleura.  Et  tous  les  Egyptiens  étaient 
attendris  jusqu*aux  larmes  Jacob  dit  à  Joseph: 
Maintenant  je  puis  mourir,  et  je  mourrai 
content,  puisque  tu  es  encore  vivant,  que 
j'ai  vu  ta  lace,  et  que  je  suis  témoin  de  ton 
élévation  aux  plus  grands  honneurs  de  la 
terre.  Ensuite  tous  les  fils  de  Jacob,  leurs 
femmes  et  leurs  enfants,  vinrent  embrasser 
Joseph,  et  pleurèrent  avec  lui  abondamment. 
Jacob  et  toute  sa  maison  firent  ensuite  leur 
entrée  dans  la  ville  avec  Joseph.  Et  Joseph 
les  établit  à  Gessen,  la  meilleure  contrée  de 
rEgypte. 

Joseph  présente  sa  famille  au  roi 

Et  Joseph  dit  à  son  père  et  h  ses  frères  : 
Je  m'en  vais  trouver  Pharaon,  et  je  lui  an- 
noncerai que  mon  père  et  mes  frères  sont 
v^nus  vers  moi  avec  tout  ce  qu'ils  possè- 
dent, et  que  maintenant  ils  sont  au  pays  de 
Gessen.  11  choisit  donc  parmi  ses  frères, 
Ruben,Issacbar,  Zabulon  et  Benjamin,  et  les 
présenta  à  Pharaon,  il  dit  au  roi:  Mon  père, 
mes  frères,  et  toute  la  maison  de  mon  père, 
me  sont  arrivés  avec  tout  leur  avoir,  et  leur 
gros  et  menu  bétail.  Us  désirent  demeurer 
MU  Egypte;  car  dans  le  pays  de  Cbanaan  ils 
souffrent  de  la  famine.  Pharaon  dit  à  Joseph  : 
Etablis  tes  proches  dans  notre  plus  belle 
province,  et  nourris-les  de  tout  ce  que  le 
pays  produit  de  meilleur.  Joseph  répondit 
au  roi  :  Voici  que  je  les  ai  fait  demeurer  à 
Gessen  avec  leurs  troupeaux,  à  cause  des 
Egyptiens,  qui  ont  en  horreur  les  pasteurs 
de  menu  bétail.  Pharaon  dit  à  Joseph  :  Con- 
tente tous  les  désirs  de  tes  frères.  Les  fils 
de  Jacob  se  prosternèrent  devant  Pharaon, 
et  ils  se  retirèrent  de  sa  présence  en  paix. 
Après  cela,  Joseph  présenta  à  Pharaon  son 

f)ere.  Et  Jacob  se  prosterna  devant  le  roi  et 
e  salua  par  un  souhait  de  bonheur.  Et  Ja* 
cob  et  ses  fils  avec  leurs  familles  s'en  allè- 
rent au  pays  de  Gessen,  où  était  leur  habi- 
tation. 

Richesses  amassées  par  «osepb  peodant  les  années 

de  famine. 

Ce  fut  la  deuxième  année  de  la  famine,  et 
la  cent-trentièine  de  la  vie  de  Jacob.  Et  Jo*» 
seph  nourrissait  abondamment  et  délicate- 
ment son  père,  ses  frères  et  leurs  familles 
pendant  tous  les  jours  de  la  famine.  Il  leur 
donnait  aussi  an  par  an  à  chacun  leur  be- 
soin de  vêtements  et  d'étoffes.  Il  avait  cons- 


(1357)  Choses  que  selon  les  rabbins,  il  n'avait 
pa»  faiiet  depuis  qu*il  pleurait  son  ûls,  à  la  ma- 
Bière  de  ceux  qui  sont  en  deuil. 


(t358)  Ainsi  le  texte:  mn^  "07,    Yerbum  /<- 
hovœ. 


IS5i 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ic; 


tammentà  sa  table  son  père,  et  il  en  envoyait 
des  portions  à  ses  frères.  Pareillement  tous 
les  Egyptiens  recevaient  de  la  maison  de  Jo- 
seph de  quoi  se  nourrir  suflSsamment  pen* 
dant  la  durée  de  la  stérilité;  car  ils  lui  ven- 
daient en  échange  tout  cequ*ils  possédaient. 
C*est  ainsi  que  Joseph  acquit  pour  Pharaon 
tous  les  champs  et  autres  terres  des  Egyp- 
tiens. Et  quand  ceux-ci  n*eurent  plus  de 
terres,  ils  apporlèrent.à  Joseph  leur  or,  leur 
argent,  leurs  pierres  fines  et  aussi  leurs 
étoffes  précieuses,  afin  d'obtenir  de  quoi 
manger.  Joseph  amassa  de  celle  façon 
soixante-douze  talents  d*or  et  d'argent,  et 
des  pierres  précieuses  sans  nombre.  Et  il 
cacha  ses  richesses  en  quatre  lieux  diffé- 
rents; savoir,  dnns  le  désort  qui  longe  la 
mer  Rouge,  auprès  du  fleuve  deTEuphrate, 
dans  les  déserls  qui  avoisinent  la  Perse  et 
la  Médie.  De  ce  qui  après  cela  lui  reslait 
encore  entre  les  mains  il  déposa  vingt  ta- 
lents dans  le  trésor  de  Pharaon,  et  il  en  dis- 
tribua une  certaine  quantité  entre  ses  frères, 
leurs  femmes  et  les  autres  personnes  de  leurs 
maisons. 

Dernière  maladie  de  Jacob. — Il  demande  à  être  en- 
terré dans  la  caverne  double  d*Iiébron— Ses  der- 
lûércs  cxhorlations. — Prédiction  de  la  servitude 
d'Egypte  et  de  la  délivrance  des  eufauti  d'Israël. 

La  période  de  stérilité  étant  finioi  on  re- 
commença à  ensemencer  la  terre,  et  elle 
produisait  chaque  année  des  moissons  comme 
en  temps  ordinaire.  Joseph  exerçait  son  au- 
torité sans  trouble,  car  toutes  les  affaires 
se  géraient  par  ses  ordres.  Jacob  et  ses  en- 
fants avaient  pris  racine  dans  la  terre  de 
(lessen.  Ils  s*y  multipliaient  prodigieuse- 
menty  et  y  vivaient  tranquilles  pendant  tous 
les  jours  de  la  vie  de  Joseph.  Les  fils  de  Jo- 
seph, Epbraïm  et  Manassé,  se  tenaient  cons«* 
tamment  dans  la  maison  de  leur  aïeul,  et 
dans  la  compagnie  des  enfants  des  frères  de 
leur  père,  afin  d'apprendre  à  connaître  les 
Yuies  de  Jébova  et  sa  doctrine. 

SectioQ  faikhi. 

En  ces  jours-là  Jacob  était  fort  avancé  en 
Age.  Il  y  avait  déjè  dix-sept  ans  qu'il  demeu- 
rait en  Egypte,  et  tous  les  jours  de  sa  vie 
étaient  de  cent  quarante-sept  ans.  Et  alors 
il  fut  pris  de  la  maladie  dont  il  devait  mou- 
rir. Il  envoj^a  chercher  son  fils  Joseph,  et  il 
lui  dit,  ainsi  qu'à  ses  autres  fils  :  Voici  que 
je  vais  mourir.  Le  Dieu  de  vos  pères  vous 
visitera'  et  vous  ramènera  au  pays  que  Jé- 
bova a  juré  de  vous  donner,  à  vous  et  a  votre 
postérité  après  vous.  Quand  donc  je  serai 
mort, vous  m'enterrerez  auprès  de  mes  pères 
dans  la  caverne  double  d'Uébron,  dans  le 
pays  de  Chanaan.  Et  il  leur  fit  promettre 
avec  serment  de  faire  ainsi.  Ensuite  il  les 
exhorta  disant  :  Servez  Jébova  votre  Dieu; 
car  c'est  lui  qui  vous  sauvera  de  toute  cala- 
mité, de  même  qu'il  en  a  sauvé  vos  pères. 

Jacob  dit  aussi  :  Appelez-moi  lous  vos 
enfants.  Et  tous  les  enfants  de  ses  fils  se  réu- 
nirent autour  de  lui.  Et  en  les  bénissant  il 
leur  dit  :  Que  Jéliova  Dieu  de  vos  pères  vous 


multiplie  des  milliers  defois  autant  qoevoQs 
êtes  maintenant;  qu'il  vous  bénisse  et  ac- 
complisse sur  vous  les  bénédictions  qa*il  a 
données  à  votre  père  Abraham. 

Le  lendemain  Jacob  appela  de  nouveau  ses 
fils  autour  de  lui,  et  il  prononça,  avant  de 
mourir,  sur  chacun  d'eux  la  bénédiction  qui 
convenait  à  son  caractère.  Et  voici  que  ces 
bénédictions  sont  dans  le  livre  de  la  loi  de 
Jéhova,  écrit  pour  Israël.  Jacob  dit  aussi  à 
Juda  :  Je  sais,  mon  fils,  que  tu  es  Se  plus  vi- 
goureux de  tes  frères,  et  leur  roi,  et  que  ta 
postérité  régnera  sur  leurs  enfants  jusqu'à 
l'éternité.  Mais  exerce  tes  enfants  au  manie- 
ment des  armes,  àûn  qu'ils  puissent  défen- 
dre leurs  frères  contre  tout  ennemi. 

Ce  même  jour-là  Jacob  ordonna  à  ses  en- 
fants; savoir  :  Voici  qu'en  ce  jour  je  serai 
réuni  à  mon  peuple.  Vous  m'emporterez 
d'£$;ypte,  et  vous  me  déposerez  dans  la  ca- 
verne double,  ainsi  que  je  vous  l'ai  déjà 
prescrit.  Mais  vous  seuls  porterez  mon  cer- 
cueil, et  nul  de  vos  enfants.  Et  voici  dans 
quel  ordre  vous  porterez  mon  cercueil.  Juda, 
Issachar  et  Zabulon  le  soutiendront  devant; 
Ruben,  Siméon  et  Gad  à  la  droite;  Epbraïm, 
Manassé  et  Benjamin  derrière;  Dan,  Aser  et 
Nephthali  à  la  gauche.  Vous  ne  permettrez 
pas  àLévi  de  vous  aider  à  porter,  car  lui  et 
ses  enfants  sont  destinés  &  porter  Tarche 
de  l'alliance  de  Jéhova.  Joseph  mon  fils  ne 
doit  pas  non  plus  vous  aider  à  porter  mon 
cercueil,  àcausédesadignité  royale.  Ephraïm 
et  Manasséi  ses  fils  le  remplaceront  en  cette 
chose.  Ne  vous  écartez  en  rien  de  cet  ordre 
de  convoi.  Jéhova  vous  récompensera  éter- 
nellement, vous  et  vos  enfants,  si  vous  rol>- 
servez  exactement.  Et  vous,  mes  fils,  hono- 
rez-vous les  uns  les  autres,  et  chacun  son 
prochain.  Recommandez  à  vos  enfants  et  à 
vos  petits-enfants  de  servir  tous  les  jours 
Jéhova,  Dieu  de  vos  pères.  Car  si  vous  opé- 
rez ce  qui  est  bon  et  agréable  aux  yeux  de 
Jéhova  votre  Dieu,  en  marchant  dans  toutes 
ses  voies,  vos  jours  et  ceux  de  vos  enfants 
et  de  vos  petits-enfants,  seront  prolongés  sur 
la  terre  jusqu'à  l'éternité.  Et  toi,  Joseph, 
mon  fils,  pardonne  le  crime  de  les  frères,  et 
tout  le  mal  qu'ils  t'ont  fait  ;  car  Dien  Ta  voulu 
ainsi  pour  ton  bien  et  pour  celui  de  tes  en- 
fants. Mon  fils,  protège  tes  frères,  selon  la 
puissance  que  tu  en  as,  contre  la  malveil- 
lance des  Ej^yptiens,  et  ne  les  affilie  pas  toi- 
même;  carje  les  confie  à.  la  main  de  leur 
Dieu.  Les  fils  de  Jacob  répondirent  à  leur 
père:  Nous  nous  conformerons  à  tout  ce  que 
tu  prescris.  Puisse  Dieu  Aire  avec  nous!  Ja- 
cob leur  dit  :  Dieu  sera  effectivement  avec 
vous,  si  vous  gardez  toutes  ses  vt»ies,  s-^ns 
vous  en  détourner  ni  à  droite  ni  à  gauche, 
mais  accomplissant  ce  gui  est  bon  et  agréable 
à  ses  yeux.  Car  je  sais  que  de  grandes  et 
nombreuses  calamités  vous  attendent  daos 
ce  pays,  vous  et  vos  enfants.  Hais  demeurez 
fidèles  à  Dieu,  et  il  vous  délivrera  de  toute 
angoisse.  Instruisez  vos  enfants  dans  lacon- 
naissance  de  Jéhova,  et  il  vous  suscitera  de 
vos  enfants  un  sauveur  gui  vous  délivrera^le 
vos  oppresseurs,  vous  tirera  de  TEisypte  rt 


1253 


YAS 


PART.  rn.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1231 


VOUS  ramènera  jusqu'au  pays  de  vos  pères, 
que  vous  posséderez  tranquillement. 

Après  avoir  prononcé  ces  paroles,  Jacob 
retira  les  pieds  dans  le  lit,  et  il  expira  et  fut 
recueilli  à  son  peuple.  Alors  Joseph  se  pré- 
cipita sur  son  père  en  jetant  un  cri  lamen- 
table, et  il  pleura  sur  lui  en  le  baisant,  et  il 
s'écria:  Mon  père  1  mon  pèrel  Toutes  les 
femmes  des  fils  de  Jacob,  et  toute  sa  maison 
arrivèrent  également  et  baisèrent  Jacob  en 
pleurant  amèrement.  El  les  Qls  de  Jacob  dé- 
chirèrent leurs  habits,  et  entourèrent  leurs 
reins  de  cilices,  et  se  jetèrent  la  face  contre 
terre,  et  répandirent  des  cendres  sur  leurs 
tAtes.  £t  Asénetb,  femme  de  Joseph,  ayant 
été  avertie  de  l'affligeant  événement,  se  re- 
vêtit d*un  cilice,  et  vint  avec  toutes  les  fem- 
mes delà  ville  pleurer  Jacob  et  en  faire  le 
deuil.  Pareillemenl  les  Egyptiens  qui  avaient 
connu  Jacob  se  rendirent  près  de  son  corps 
aussitôt  qu'ils  eurent  appris  qu'il  était  dé- 
cédé, et  ils  le  pleurèrent  pendant  beaucoup 
de  jours.  Il  arriva  môme  du  pa^vs  de  Cha- 
naan  des  bomraesqui  avaient  été  instruits  de 
la  mort  de  Jacob,  et  ils  le  pleurèrent  pen- 
dant soixante-dix  jours.  Et  le  deuil  était 
général  en  Egypte,  et  parmi  les  habitants  du 
pays  de  Gessen. 

Funérailles  de  Jacob. — Esaûy  survient. 

Et  il  arriva  qu'après  cela  Joseph  ordonna 
aux  médecins  d'embaurâer  son  père  avec 
toutes  sortes  d'essences  fines  ;  ce  qui  fut 
exécuté.  A  la  fin  des  soixante-dix  jours  de 
deuil,  Josephdit  &  Pharaon  :  Je  désire  mon- 
ter au  pays  de  Chanaan  afin  d'y  enterrer  mon 
père,  selon  qu'il  me  l'a  fait  promettre  par 
serment.  Je  reviendrai  ensuite  ici.  Pharaon 
envoya  dire  h  Joseph  :  Fais  ainsi  que  tu  as 
juré." Et  Joseph  se  leva  avec  tous  ses  frères 
pour  aller  enterrer  leur  père   dans  le  pays 
de  Chanaan,  conformément  à  ce  qu'il  avait 
prescrit.  Au  môme  temps  Pharaon  fit  pu-  ' 
blier  :  Tout  homme  qui  s'abstiendra  de  con- 
courir avec  Joseph  et  ses  frères  à  honorer 
les  funérailles  de  Jacob,  sera  puni  de  mort. 
Enexécution  decctordre,  tous  les  serviteurs 
de  Pharaon  et  les  anciens  de  sa  maison, 
comme  aussi  les  anciens  do  l'Egypte,  les 
princes  et  les  seigneurs,  se  joignirent  aux 
enfants  de  Jacob  pour  aller  au  pays  de  Cha- 
naan. Or,  les  fils  de  Jacob  portèrent  le  cer- 
cueil dans  l'ordre  que  leur  père  avait  réglé. 
Le  cercueil  était  d  or  pur,  enrichi  de  pierres 
précieuses  qui  garnissaient  le  couvercle  tout 
autour.  11  était  recouvert  d'un  drap  brodé 
d'or  ayant  des  attaches  que  retenaient  des 
agrafes  d'onyx  et  de  perles  (1359).  Joseph 
posa  sur  la  tète  de  son  pèro  une  grande  cou- 
ronne d'or,  et  lui  mil  &  la  main  un  sceptre 
d'or.  Et  le  cercueil  était  accompagné  de  l'es- 
corte qu'ont  les  rois  en  leur  vie.  Les  troupes 
de  l'Egypte,  rangées  eu  ordre,   marchaient 
en  tôle  sous  le  commandement  des  valeu- 
reux chefs  de  Pharaon  et  de  ceux  de  Joseph. 
Après  elles  venaient  les  autres  Egyptiens. 
Tous  ces  hommes  étaient  revêtus  de  leurs 

(1359)  Texte,  nVn. 


armures,  et  portaient  leurs  épées  et  les  au- 
tres armes  onensives.  Les  pleureurs,  et  au- 
tres hommes  à  gages  pour  le  deuil,  mar- 
chaient à  une  certaine  distance  du  cercueil, 
et  faisaient  grand  bruit  de  lamentations.  Jo.- 
seph  el  les  officiers  de  sa  maison,  tous  nu* 
pieds,  marchaient  aux  deux  flancs  du  cer- 
cueil. Ils  étaient  accompagnés  du  reste  des 
serviteurs  de  Joseph  et  de  ses  forts  guer-' 
riers  armés  de  toutes  pièces.  Cinqunnteser- 
viteurs  de  Jacob  précédaient  le  cercueil,  et 
répandaient  sur  la  route  de  la  myrrhe  et  de 
l'aloès  et  d'autres  substances  aromatiques, 
sur  lesquels  passaient  les  fils  de  Jacob  por- 
teurs du  cercueil.  Au  dernier  rang  venait 
une  foule  d'Egyptiens  de  toutes  les  classes. 
Joseph  avançait  de  celle  manière,  jour  par 
jour  avec  ce  camp  nombreux,  vers  Je  pays 
de  Chanaan.  Et  Ton  parvint  à  l'aire  d'Atad, 

3ui  est  au  delà  du  Jourdain,  et  l'on  y  célébra 
es  funérailles  grandes  et  solennelles.  Les 
rois  de  Chanaan,  au  nombre  de  trente  et  un, 
instruits  de  ce  qui  se  passait,  s'y  rendirent 
avec  leurs  suites,  pour  faire  le  aeuil  de  Ja- 
cob et  le  pleurer.  Et  quand  ils  virent  sur  le 
cercueil  la  couronne  de  Joseph,  ils  ôlèrent 
tous  de  leurs  tètes  leurs  couronnes,  et  les 
rangèrent  sur  les  quatre  côtés  du  dessus  du 
cercueil. 

Or,  Esaiî,  qui  demeurait  sur  la  montagne 
de  Séir,  ayant  été  instruit  de  toutes  ces  cho- 
seS|  se  leva  avec  ses  enfants,  toute  sa  mai<^on 
et  tousses  serviteurs,  foule  très-considéra- 
ble, et  ils  vinrent  à  Taire  d'Atad  pour  pleu- 
rer Jacob  et  prendre  part  h  ses  funérailles.. 
A  cette  occasion ,  les  Egyptiens  et  les  Cha- 
nanéens  recommencèrent  avec  eux  leurs 
pleurs  et  leurs  gémissements. 

Conflit  sangliitit. 

Le  convoi  partit  de  ce  lieu-là  et  arriva  à 
Hébron  pour  y  enterrer  Jacob  auprès  de  ses 
pères.  Quand  on  fut  devant  la  caverne  de 
Carialh-Arbée  (1360),  Esaii  et  ses  fils  en  bar- 
rèrent de  leur  corps  l'entrée,  et  ils  dirent  à 
Joseph  :  Jacob  ne  sera  pas  enterré  ici;  car 
cette  caverne  est  à  nous.  Joseph  enflammé 
de  colère,  dit  à  Esaû  :  Quelle  est  celle  pré- 
tention que  tu  mets. en  avant  en  ce  jour? 
N'est-il  pas  vrai  qu'après  la  mort  d'Isnac,  il  y 
a  de  ce  temps  vingt-cinq  ans,  tu  as  vendu  à 
mon  père  Jacob,  pour  de  grandes  richesses, 
ta  part  et  celle  de  ta  postérité,  non-seule- 
ment de  ce  champ  avec  sa  caverne,  mais 
aussi  de  tout  le  pays  de  Chanaan?  Esaiî  ré- 
pondit :  Ce  que  tu  dis  est  faux.  Je  n'ai  rien 
vendu.  Or,  Esaiî  niait  ainsi,parce  qu'il  savait 
que  Joseph  était  absent  à  I  époque  de  cette 
vente.  Joseph  lui  objecta  :  Mais  mon  père  a 
dressé  de  celte  vente  un  contrat  en  bonne 
forme.  Il  est  revêtu  de  rattestalion  de  té- 
moins, et  nous  le  conservons  en  Egypte.  Et 
Esaiî:  Produisez  ce  contrat,  et  j'accepterai 
tout  ce  qu'il  contient.  Alors  Joseph  appela 
son  frère  Nephthali,  et  lui  dit  :  Cours  avec 
la  vélocité  dont  tu  es  doué,  et  apporte-nous 
d'Egypte  les  écrits  authentiques  passésentre 

(1360)  Vulgale,  cîrKai  krbu\ 


1255 


DIGTIOiNNAlRE  DES  APOCRYPHES. 


IÎ3I 


notre  père  et  son  frère  ;  celui  de  la  vente  de 
ce  pays  et  celui  du  renoncement  au  droit 
d*alnessc  ;  aGn  que  nous  confondions  l'impu- 
dence d^Esaii  et  de  ses  61s.  Et  Nephthaii  par- 
tit avec  la  vitesse  du  vol  de  l'oiseau.  Or, 
Neplithali  avait  les  iambes  plus  légères  que 
les  chevreuils  des  champs.  Dans  sa  course 
rapide  il  passait  sur  les  plantes  sans  les  faire 

Rlier.  Quand  Esaù  et  ses  enfants  virent  que 
epbthaii  était  parti  pour  chercher  les  ti- 
treSy  ils  disputèrent  la  caverne  plus  violera- 
ruent,  et  ils  engagèrent  un  combat  avec  Jo- 
seph et  ses  frères.  Mais  les  fils  de  Jacob  et  les 
tîgypliens  leur  opposèrent  une  vigoureuse 
résistance,  et  leur  tuèrent  quarante  hom- 
mes. 

Et  Husira,  fils  de  Dan,  était  éloigné  du  lieu 
du  l'.ombat  l'espace  de  vingt  coudées  ;  car  il 
élait  resté  avec  d'autres  enfants  de  Jacob 
près  du  cercueil,  pour  le  garder.  Or,  Husim 
élait  sourd  et  muet  :  cependant  il  remarqua 
qu'il  y  avait  du  tumulte.  Il  demanda  donc 
(par  signes)  :  Qu'est-ce  qui  empêche  d'en- 
terrer Te  mort?  Et  que  veut  dire  ce  mouve- 
ment que  j'aperçois?  On  lui  fit  comprendre 
qu'Esaii  et  les  siens  s'opposaient  par  les  ar- 
mes à  l'enterrement  do  Jacob  dans  la  ca- 
verne. Aussitôt  il  courut  à  Esau  dans  ia 
roôlée,  et  d'un  coup  de  son  épée  fit  rouler  sa 
tète  loin  du  tronc  au  milieu  des  combat- 
tants. Après  ce  fait  d'Husim  les  fils  de  Jacob 
demeurèrent  vainqueurs,  et  ils  enterrèrent 
sans  résistance  leur  père  dans  la  caverne 
sous  les  yeux  des  fils  d'Esaii. 

Et  Jacob  fut  enterré  dans  la  caverne  dou- 
ble, revêtu  d'habits  précieux,  et,  par  les  soins 
de  Joseph,  avec  les  honneurs  qui  se  ren- 
dent aux  dépouilles  des  rois. 

Joseph  et  ses  frères  observèrent  ensuite 
le  grand  deuil  de'sept  Jours  (1361  ). 

Peu  de  temps  après  cela,  penclant  que  le 
cadavre  d'Esaiî  était  encore  gisant  par  terre 
sans  sépulture,  la  lutte  recommença  plus 
forte  entre  les  enfants  de  Jacob  et  ceuxd'E- 
sAii,  qui  étaient  venus  mettre  le  feu  à  la  ville 
d'IIéhron,  où  se  tenaient  alors  les  enfants 
de  Jaiob.  Mais  ceux-ci  d<*6rent  les  enfanis 
d'Esaù,  et  leur  tuèrent  quatre-vingts  hom- 
mes, tandis  qu'eux-mêmes  n'en  perdirent 
pas  un  seul.  La  main  de  Joseph  s'appe5nnlit 
sur  tous  les  gens  d'Esaii,  et  il  fit  prisonnier 
Sepho,  fils  d'Eliphaz,  et  cinquante  de  ses 
compagnons.  Il  les  chargea  de  chaînes,  et 
Jes  mit  entre  les  mains  de  ses  serviteurs 
pour  les  emmener  en  Egypte.  Ceux  de  la 
maison  d'Esaûqui  restaient^  s'enfuirent  avec 

(1561)  Pour  le  deuil  des  Hébreux  anciens,  Voy. 
Fleiirt,  Mœurs  des  Israélites,  ii*  partie,  xvin . 

(i.V)^)  Une  partie  nolable  des  pages  suivantes 
appartient  éviciemment  aux  suppléments,  et  se 
compose  dVmprunts  faits  au  livre  hébreu  Yosiphon, 
de  Joseph-ben-Gorion. 

(1565)  Ce  benaba  nommé  dans  la  Genèse,  xxxvi, 
52,  est  une  des  viUesdontRosenmucUer  dit:  *  Igno- 
ramus,  nunn  Intra,  an  extra  Idumaeam  quaerendae 
sint.  I  S.  Jérôme,  De  loàs  Uebr.^  nous  apprend  que 
de  son  temps  il  y  avait  encore  dans  ce  pays  deux 
lieux  appelés  Dennaba.  (Par  deux  nn  comme  récri- 
vent les  LXX,  Aevva6à.) 


Eliphaz,  afin  de  ne  pas  tomber  en  captivité, 
et  emportèrent  le  corps  d*Esaii.  Les  enfants 
de  Jacoh  les  poursuivirent  jusqu*à  la  fron- 
tière de  Séir.  Mais  ils  n'en  frappèrent  aucun« 
par  égard  pour  la  dépouille  d'Esaû  qa*il« 
portaient.  Joseph  et  ses  frères  retournèrentk 
Hébron,  où  ils  se  reposèrent  ce  jour-Ji  et  \t 
lendemain  des  fatigues  des  combats.  Quant 
aux  enfants  d'Esaii,  revenus  à  la  montagne 
de  Séir,  ils  y  enterrèrent  le  tronc  de  leur 
père  ;  car  sa  tète  avait  été  enterrée  à  Hébron, 
sur  le  lieu  môme  du  combat. 

Expédition  des  enrants  d*Esaû  contre  TEgypie. 

Dès  le  troisième  jour  après  ces  événements, 
les  enfants  d'Esaû  s'occupèrent  à  réanirsous 
les  armes  tous  lea  enfants  de  Séir  THorrhéen 
et  tous  les  enfants  de  l'Orient,  et  eii  for- 
mèrent une  armée  nombreuse  eorome  le 
sable  de  la  mer,  et  ils  descendirent  vers  TB- 
eypte  pour  attaquer  Joseph  et  délivrer  leurs 
frères  captifs.  Joseph,  ses  frères  et  les  vai^* 
tants  d'Egypte  marchèrent  à  leur  reacontre 
jusqu'à  Hamessès,  et  leur  firent  éprouver 
une  perte  très-considérable.  Ils  leur  tuèrent 
six  cent  mille  hommes,  parmi  lesquels  tous 
les  vaillants  des  enfants  de  Séir  THorrhéen. 
Le  peu  d'hommes  qui  survécurent  à  la  dé- 
faite s'enfuirent  avec  Eliphaz,  fils  d'Esau. 
Joseph  et  ses  frères  les  poursuivirent  jusqu*à 
Socoth,  et  leur  tuèrent  encore  en  ce  lieu 
trente  hommes.  Ceux  qui  purent  échapper 
s'enfuirent  chacun' chez  soi.  Joseph,  ses  frè- 
res et  les  guerriers  Egyptiens  s'en  revinrent 
triomphants  en  Egypte.  Sepho,  fils  d'Eliphax, 
et  ses  compagnons  de  captivité,  déjà  si  aiDî- 
gés,  éprouvèrent  une  nouvelle  affliction. 

* 

Guerre  entre  les  enfants  d'Esaû  et  les  enfants  de 

Séir  (136^). 

Lorsque  les  enfants  d'Esaii  et  les  enfanis 
de  Séir  furent  de  retour  dans  lenr  pa^s, 
ceux-ci  dirent  aux  premiers  :  Vous  voyez 

Sue  c'est  à  cause  do  vous  que  nous  avons 
prouvé  cette  grande  défaite,  et  qu'il  nenous 
reste  plus  un  seul  vaillant,  un  seul  homme 
connaissant  Tari  de  la  guerre.  Maintenant, 
retirez-vous  de  notre  territoire  cl  allez-vous- 
en  au  pays  de  Chanaan,  patrie  de  vos  ancê- 
tres. De  quel  droit  vos  enfants  posséderont- 
ils  un  jour  ce  pays-ci  avec  les  nôtres?  Mais 
les  enfants  d'Esatï  ne  voulanipa»  obtempérer 
à  cet  ordre,  les  enfanis  de  Séir  résolurent  de 
les  expulser  par  la  force  des  armes.  Alors 
les  enfants  d  Esaii  envoyèrent  secrètement 
dire  à  Aïnias ,  roi  de  benaba  ,  en  Afri- 
que (1363)  :  Accorde-nous  du  secours  eo 

Le  supplément  du  Taschar,  ou  'plutél  le  Toti- 
phon,  qu^il  copie,  en  fait  maladroitement  la  ccléUte 
Tille  Je  Carihage,  en  Afrique. 

Il  y  a  dans  ces  fragments  rabbioiqves  des  rémi- 
niscences d'Enée  et  de  Turnus,  se  disputant  la 
main  de  Lavinîe,  appelée  ici  Jania,  et  des  gnerns 
entre  les  Romains  et  les  Canhaghiois.  Mais  tout  y 
est  dcliguré  et  arrangé  velut  œgri  somaM,  eomine 
di'.  Horace.  On  y  rapporte,  eitire  autres,  qu^Anai- 
bal,  roi  de  Carihage,  après  ses  expéditions  coafrt 
les  Romains,  retourna  dans  sa  Tille,  et  y  finit  ' 
rcusemeni  ses  jours.  Credat  Judxus  Apclu. 


1337 


TAS 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


lî>> 


hommes,  afin  quMIs  nous  sou  tiennent  contre 
les  enfants  de  Séir  THorrliéen  ;  car  ils  ont 
résolu  de  nous  chasser  de  ce  pays.  Aïnias 
(136&)t  qui  à  cette  époque  voulait  du  bien 
aux  enfants  d'Esali,  leur  envoya  cinq  cents 
fantassins,  bons  soldats,  et  huit  cents  cava- 
liers. De  leur  côté,  les  enfants  de  Sélr  avaient 
mandé  aux  enfants  de  TOrient  et  aux  Ma- 
dianites,  disant:  Vous  avez  vu  le  mal  que 
les  enfants  d*£saii  ont  attiré  sur  nous  en 
nous  entraînant  dans  une  guerre  contre  les 
enfants  de  Jacob,  dans  laquelle  presque  toute 
notre  nation  a  péri.  Venez  donc  nous  aider 
à  les  expulser  de  notre  pays,  et  à  venger  sur 
eux  la  mort  de  nos  frères,   dont  i!  sont  la 
cause.  Les  enfants  de  TOrient  accueillirent 
la  demande  des  enfants  de  Séir,  et  ils  leur 
envovèrent  huit  cents  hommes  exercés  h  ti- 
rer I  épée.  La  bataille  entre  les  deux  partis 
se  livra  dans  le  désert  de  Pharan.  Lesenfants 
de  Séir  restèrent  vainqueurs  des  enfants 
d'Esaû,  et  ils  tuèrent  deux  cents  hommes 
des  gens  d*Àïnias.  Le  jour  suivant,   les  en- 
fants d*£saû  retournèrent  è   la  charge  ;  et 
l'issue  du  combat  leur  fut  encore  contraire, 
et  les  enfants  de  Séir  les  serrèrent  de  près. 
Les  enfants  d*Esaû  voyant  que  les  enfants 
de  Séir  avaient  le  dessus,  une  partie  d*entre 
eux  se  tourna  contre  ses  frères,  et  se  joignit 
à  Tennemi.  Dans  cette  deuxième  journée  les 
enfants  d'Esaû  avaient  éprouvé  une  nouvelle 
perte  notable,  et  il  y  périt  vîngt^huit  hom- 
mes des  gens  d'Aïnias.  Le  troisième  jour 
les  enfants  d'Esaii  accablés  de  tristesse,  di- 
rent l'un  è  l'autre:  Que  ferons-nous  à  nos 
frères  qui  se  sont  jpintsànos  ennemis  contre 
nous?  Et  ils  firent  dire  de  nouveau  à  Aïnias, 
roi  de  Denfrba  :  Envoie-nous  encore  du  se- 
cours pour  combattre  les   enfants  de  Séir, 
qui  déjà  deux  fois  ont  été  plus  forts  que 
nous.   Aïnias    leur   envoya    un    nouveau 
corps  auxiliaire  de  six  cents  vaillants  guer- 
riers. Au  boutde  dix  jours  les  enfanis  d'Esaû 
nttaquèrent  dans  le  désert  de  Pharan  les  en- 
fants de  Séir,  qui  cette  fois,  furent  entière- 
ment défaits.  Tous  leurs  guerriers  au  nom- 
bre de  plus  de  deux  mille,  périrent  dans  ce 
combat,  jusqu'à,  leur  dernier  homme;  et  il 
ne  survécut  de.  leur  peuple  quelesieunes 
enfants,  qui  étaient  restés  dans  la  ville.  Les 
Madianites  et  les  enfants  de  l'Orient  s'étaient 
retirés  du  combat  à  l'heure  môme  où  ils  vi- 
rent que  les  enfants  de  Séir  succombaient. 
Mais  les  enfants  d'Esaii  les  poursuivirent 
jusqu*à  leur  pays,  et  leur  tuèrent  dans  leur 
fuite  deux  cent  cinquante  hommes.  Du  côté 
des  enfants  d'Esaii  environ  trente  hommes 
avaient  été  tués,  mais  par  la  main  de  ceux 
de  leurs  propres  frères  qui  avaient  tourné 
leurs  armes  contre  eux.  Et  cela  fut  un  sur- 
croît d'afflictions  pour  tousjes  enfantSi  d'Esaû. 

(1564)  Aïnias.  Le  texte  porte,  Angias,  DM^^âSH. 
Mais  il  est  clair  que  Fauteur  a  voulu  donner  ici  le 
nom  grec  d'Enée,  dont  il  fait  un  roi  de  Garthage, 
AtvcCo^.  Prononcez  fii,  t.  Sous  la  main  des  copistes 
Ignorants  le  2  est  devenu  a*  et  le  premier  t  est  deve- 
nu 2t  cbangeroents  nui  peuvent  arriver  facilennent 
dans  récriture  rabbînique,  surtout  dans  Tan- 
eienne  écrilure  rabbînique.  Il  est  certain  que  pri- 


Les  enfants  d*Esaii,  revenus  à  Séir,  mas- 
sacrèrent tout  ce  qu'ils  y  trouvèrent  de 
femmes  et  d'enfants,  et  ne  conservèrent  en 
vie  que  cinquante  jeunes  garçons,  qu'ils  ré- 
duisirent en  esclavage,  et  cinquante  jeunes 
filles  qu'ils  prirent  pour  épouses.  Et  ils  s'em- 
parèrent de  tous  les  troupeaux  et  de  toutes 
les  richesses  des  enfants  de  Séir.  Ils  parta- 
gèrent tout  le  pays  en  cinq  districts,  selon 
le  nomhredes  fils  d'Esaii.  Et  jusqu'à  ce  jour 
ils  possèdent  en  toute  sûreté  la  terre  de  Séir. 

Les  enfants  d*Esaû  se  donnent  un  roi. 

En  ces  jours-là  les  enfants  d'Esaii  délibé- 
rèrent de  se  donner  un  roi,  pour  gouverner 
le  pays  et  pour  les  commander  à  la  guerre. 
Mais  ils  jurèrent'tous  que  jamais  un  homme 
de  leur  nation  ne  régnerait  sur  eux.  Car  de- 
puis la  trahison  de  leursfrèresdans  la  guerre 
contre  les  enfants  de  Séir  ils  se  déficient 
chacun  de  son  propre  fils,  de  son  frère,  de 
son  ami.  Or,  il  y  avait  parmi  les  ofhciers  atta- 
chés au  service  personnel  d'Aïnias,  roi  de 
Denaba  ,  un  homme  nommé  B(Ua  ,  fils  de 
Béor  (1365J.  C'était  un  vaillant  guerrier, 
beau  et  bien  fisit,  instruit  dans  toutes  les 
sciences^  homme  de  conseil.  Il  n'avait  pas 
son  pareil  parmi  tous  les  officiers  d'Âïnias. 
Les  enfants  d'Esaii  l'élurent  donc  pour  ré- 
gner sur  eux.  Et  après  lui  avoir  donné  l'onc- 
tion royale,  il  se  prosternèrent  devant  lui  en 
s'écriant:  Vive  le  roi  l  vive  le  roi  l  Et  ils  éten- 
dirent par  terre  un  grand  tapis  sur  lequel 
tous  déposaient  en  offrande  des  biioux  do 
prix  et  des  pièces  do  monnaie;  de  sort« 
qu'ils  enrichirent  leur  roi  en  or,  en  argent 
et  en  pierres  fines.  Ils  lui  firent  aussi  un 
trône,  et  lui  placèrent  sur  la  tète  une  cou- 
ronne royale,  et  lui  construisirent  un  palais 
pour  sa  résidence.  Et  Bftla  régna  l'espace  de 
trente  ans  sur  les  enfants  d'Esaii. 

En  ce  temps-là  les  gens  d'Âïnias  s'en  re- 
tournèrent à  Denaba  auprès  de  leur  mattra, 
après  avoir  reçu  leur  paye  de  guerre  do  la 
main  des  enfants  d'Esaii: 

Mort  de  Pharaon. 

Dans  la  l rente-deuxième  année  de  la  des- 
cente d'Israël  en  Egypte,  qui  était  la  soixante- 
onzième  delà  vie  de  Joseph,  il  arriva  que 
Pharaon,  roi  d'Egypte,  mourut,  et  son  fil^ 
Hagron  lui  succéda.  Les  Egyptiens  changè- 
rent son  nom  en  celui  de  Pnaraon;  car  telle 
est  lenrcoutumeàl'égarddeleprs  rois  (1366). 
Mais  Pharaon  avant  de  mourir  avait  institué. 
Joseph  tuteur  de  son  fils;  en  sorte  que  Ma- 
gron  était  sous  l'autorité  de  Joseph,  si  ce 
n'est  qu'il  portait  le  titre  de  roi  et  était  assis 
sur  le  trône.  Les  Egyptiens  y  donnèrent  la 
main  volontiers;  car  ils  aimaient  Joseph  et 
louaient  la  sagesse  avec  laquelle  il  gouver- 

mitivement   ce  nom  était  écrit,  OH^'TH    (Aïnias). 

Morin,  Exerc.  biblicœ^  lib.  ii,  exerc.  i,  cap.  3, 
numéros  8  et  9,  déchiffre  parfaitement  plitsiuut  s  des 
noms  historiques  déilgurés  dans  le  Yoêiphon.  Mais 
il  ne  donne  pas  celui  qui  est  i^objet  de  cette  noie. 

(1565)  Gen.  xxxvi,  32:  fie/a  /i/iui  Beor  nomtnquf 
urhii  ejus  Denaba. 

(1306)  Voy,  plus  haut  colonne  iiti^ 


1339 


DTCTIOKNAIRE  D£S  APOCRYPHES. 


nait  leur  pays.  Et  même  après  la  mort  de  Pha- 
raon ils  avaient  pensé  à  le  faire  roi;  mais 
plusieurs  8*y  étaient  opposés,  en  disant:  Il 
ne  convient  pns  qu'un  étranger  soit  notre  roi. 
Cependant  Josepn  retenait  Te  suprême  pou- 
voir et  rien  ne  se  faisait  que  sur  sa  décision 
et  par  ses  ordres;  et  nul  ne  le  contredisait. 
Jéhova  était  constamment  avec  lui,  et  il  hu- 
milia tous  les  ennemis  de  TEgypte,  et  rédui- 
sit sons  son  obéissance  tous  Les  pays  à  sa 
portée,  depuis  Teitrème  limite  de  la  Pales- 
tine jusqu  au  grand  fleuve  de  TEuphrate.  Et 
tous  les  peuples  lui  apportaient  des  présents 
en  même  temps  qu'ils  acquittaient  les  tri- 
buts qui  leur  avaient  été  imposés. 

Nouvelles  hostilités  des  enranis  d^Esaû  contre  les 
enfants  de  Jacob  et  contre  l'Egypte.  —  Suite  de 
leurs  rois. 

Les  enfants  d'Esaii  demeuraient  sans  trou- 
bles dans  leur  pays  sous  le  gouvernement 
de  leur  roi  Béla^  et  ils  s'étaient  multipliés 
prodigieusement.  Alors  ils  résolurent  une 
expédition  gjuerrière  contre  les  fils  de  Jacob 
et  les  Egyptiens,  afin  de  délivrer  Sepho,  fils 
d'Eliphaz,  leur  frère,  et  ses  compagnons  de 
captivité.  C'était  la  cinquantième  année  de 
la  descente  de  la  famille  de  Jacob  en  Esypte, 
et  la  trentième  du  règne  de  Bêla.  Et  ils  dé- 

{)titèrent  vers  les  enfants  de  l'Orient  pour 
aire  la  paix  avec  eux»  et  les  engager  dans 
leur  armée.  Ils  obtinrent  aussi  des  troupes 
d'Aïnias,  roi  de  Deuaba,  ainsi  que  des  en- 
fants d'ismaël.  Ils  réunirent  ainsi  à  Séir  une 
armée  nombreuse  comme  le  sable  de  la  mer, 
pas  moins  de  huit  cent  mille  hommes,  à  pied 
et  h  cheval.  Et  ils  descendirent  vers  l'Egypte 
et  établirent  leur  camp  auprès  de  Ramessès. 
Joseph  se  porta  contre  eux  avec  ses  frères 
et  les  meilleurs  guerriers  de  l'Egypte  au 
nombre  de  six  cents  hommes  (1367).  Les 
enfants  de  Jacob  commencèrent  le  combat, 
et  Jéhova  livra  entre  leurs  mains  les  enfants 
d'Esaù  et  les  enfants  de  l'Orieht,  au  point 

au'un  nombre  immense  de  leurs  morts,  plus 
6  deux  cent  mille,  couvrit  le  terrain.  Bêla 

(1367^  Six  cents  hommes.  Ainsi  toutes  les  édi- 
tions et  la  version  juil. 

(1368)  Genète  xxxvi,  53:  Moriuuê  est  auJem  Be* 
/a,  et  regnavitpro  eoJobab  fiUuê  Zarm  de  Botta.  Sans 
dire  la  darëe  de  son  règne. 


fils  deBéor  était  tomlié  au  miliea  des  siens. 
Joseph  et  ses  frères,  ainsi  que  les  Egyptiens, 
continuèrent  à  faire  un  carnage  affreux  d«s 
enfants  d'Esaii.  Et  lorsque  ceux-ci  Tirent 
que  leur  roi  était  tué  ils  se  découragèrent 
entièrement,  et  se  mirent  \  fuir.  Joseph»  ses 
frères  et  les  Egyptiens  les  poursulvirfntila 
distance  d'une  journée  do  chemin»  et  le»ir 
tuèrent  encore  beaucoup  de  monde.  Les 
Egyptiens  perdirent  dans  ce  combat  douze 
hommes  ;  mais  il  n'en  manqua  pas  un  seul 
du  côté  des  fils  de  Jacob.  De  retour  en  Egypte, 
Joseph  ordonna  de  doubler  le  poids  des 
chaînes  de  Sepho  et  de  ses  |comp^noos,  et 
d'aggraver  leurs  souffrances. 

Cependant  les  enfants  d*Bsaii  et  les  en- 
fants  de  TOrient  rentrèrentchez  eux  couvertf 
de  confusion  ;  car  ils  avaient  perdu daos  cette 
campagne  leurs  roeilleursboromes  de  guerre. 

Les  enfants  d'Esaii  se  hâtèrent  de  rempla* 
cer  leur  roi,  mort  en  combattant,  et  ils  élu- 
rent pour  roi  Jobab  fils  de  Zara,  qui  était  du 
pays  de  Bosra  (1368).  Son  règne  fut  de  dix 
ans. 

Et  les  enfants  d'Esaû  ne  tentèrent  jamais 
plus  de  combattre  les  fils  de  Jacob  ;  car  ils 
avaient  éj^rouvé  la  puissance  de  leur  bras,et 
ils  les  craignaient.  Mais  depuis  ce  tempsjus* 
qu'à  ce  jour  les  deux  races  ont  Tune  pour 
l'autre  une  haine  profonde  et  implacable. 

Jobab,  roi  d*Edom  (1369),  étant  mort,  les 
enfants  d'Esaii  élurent  à  sa  place  Husam  du 
pays  de  Theman  (1370).  Et  il  régna  en  Edom 
sur  les  enfants  d*Ssaii  pendant  vingt  ans« 

Joseph  et  ses  frères. 

Et  Joseph  gouvernait  tranquillement  !*£- 

f;ypte  dont  aucune  guerre  ne  troublait  plus 
e  repos  pendant  le  reste  de  ses  jours  et  de 
ceux  de  ses  frères. 

Les  autres  entants  de  Jacob  demeuraient 
avec  sécurité  dans  le  pays  de  Gesseti,  et  sa 
multipliaient  de  plus  en  plus.  Et  ils  ser* 
vaient  Jéhova,  selon  tout  ce  que  Jacob  leur 
père  leur  avait  prescrit. 

Fin  du  livre  de  la  Genèse. 

{Î^G9)Genèse  xxxvi,  1  et  8:  E$au.  ipte  eU  tÀom. 

(1370)  Ibid,^  verset  34  :  Cumque  morlums  essef  /•- 
bat,  regmvil  pro  eo  Uusam  de  (erra  THemoMorumf 
sans  durée  de  règne. 


LIVKË  DE  L*EXODE. 


Section  Schemoth. 


Dénombrement  des  enfants  d*Israél  [(1371) . 

Et  voici  les  noms  des  enfants  d'Israël, 
issus  de  Jacob,  qui  s'établirent  en  Egypte, 
après  y  être  arrivés  chacun  avec  sa  maison. 
Les  enfants  de  Lia  :  Ruben,  Siméon,  Lévi, 
Juda,  Is&achar,  Zabulon  et  leur  sœur  Dina. 
Les  enfants  de  Rachel  :  Joseph  et  Benjamin. 
Les  enfants  de  Zelpha,  servante  de  Lia;  Gad 
etAser.  Les  enfants  de  Bala,  servante  de  Ra- 
chel :  Dan  et  Nephthali.El  voici  les  généra- 
tions qui  leur  naquirent  dans  le  pays  de 

(1571)  La  Bible  place  ce  dénombrement  dans  le  Livre  delà  Cenhe. 


Cnanaan,  avant  leur  arrivée  en  Egypte  avec 
Jacob  leur  père.  Les  enfants  de  Ruben  :  Hé* 
noch,  Phallu,  Hesron  etCharmi.  Leseofantf 
de  Siméon  :Jamuël,Jamin,'Ahod,  Jachio»  So- 
bar  etSaûl,  fils  de  laChanaanite.  Les  enfiints 
de  Lévi  :  Gerson,  Caath,  Merari  et  Jochabed, 
leur  sœur,  qui  naquit  pendant  la  descenteen 
Effypte.  Les  enfants  de  Juda:  Her,  Onan, 
Séla,  Phares  et  Zara.  Hais  Her  et  Onan  mou- 
rurent dans  le  pays  do  Chanaan.  Les  entants 
de  Phares  étaient  :  Hpsron  et  Hamul.  Les  en- 
fants d'issachar  :  Thola,  Phua,  Job  et  Sem- 
ron.  Les  enfants  de  Zabulon:  Sared,  Eloaet 


«211 


TAS  PART.  111 — LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1213 


Jahélel.  Dan  eut  un  fils,  Husim  (1372).  Les 
enfants  de  Nephthali  :  Jasiêl,  Guni,  Jéser  et 
Sailem.  Les  enfants  deGad:  Séphion,Hagj$1, 
SunI,  Esébon,  Eri,  Arodi  et  Ari^li.  Les  en- 
fants d'Aser  :  Jamné,  Jésua,  Jessui,  Béria, 
et  Sara  (1373),  leur  sœur.  Les  enfants  de  Bé- 
ria :  Héber  et  Malchiël.  Les  enfanls  de  Ben- 
jamin :  Bêla,  Béchor,  Asbel,  Géra,  Naam«nn, 
Echi,  Ros,  Mophira,  Ophim  et  Ared.  Les  fils 
de  Joseph,  qui  lui  étaient  nés  en  Egypte: 
Manassé  et  Ephraïm. 

Or,  toutes  les  personnes  issues  des  reins 
de  Jacob,  et  venues  avec  lui  en  Egjpte,  fu- 
rent au  nombre  de  soixante-dix. 

Mort  de  Joseph. 

Et  Joseph,  comme  aussi  ses  frères,  de- 
meuraient avec  sécurité  en  Egypte.  Ils  jouis- 
saient de  la  prospérité  du  pavs  pendant  tous 
les  jours  de  la  vie  de  Joseph.  Joseph  avait 
yécu  en  Egypte  quatre-vingt-treize  ans,  et 
il  avait  gouverné  le  pays  pendant  quatre- 
Tingtsans  (137i),  quand  ses  jours  touchè- 
rent à  sa  mort.  Alors  il  fit  venir  devant  lui 
ses  frères  et  toute  la  maison  de  son  père. Et 
il  leur  dit  :  Voici  que  je  vais  mourir.  Dieu 
vous  visitera  certainement,  et  vous  fera  re- 
monter de  ce  pays  dans  celui  qu'il  a  juré  à 
vos  pères  de  vous  donner.  Or,  lorsque  ceci 
arrivera,  vous  emporterez  mes  ossements 
avec  vous.  El  il  le  fit  promettre  par  serment 
aux  enfants  d*Israël,  qui  s*y  obligèrent  pour 
eux  et  pour  leur  postérité.  Et  dans  la  même 
année,  qui  était  la  soixante-dixième  depuis 
la  descente  d^lsraël  en  Ej^ypte,  Joseph  mou- 
rut A|{é  de  cent  dix  ans.  Et  tous  ses  frères  et 
tous  ses  serviteurs  se  levèrent  et  Tembau- 
raèrent  suivant  l'usage  de  TEgynte;  et  ils  le 
mirent  dans  un  cercueil  rempli  d'aromates 
et  de  toutes  sortesde  compositions  faites  d'a- 
près l'art  du  parfumeur,  et  ils  l'enterrèrent 
au  bord  du  fleuve,  qui  est  le  Nil  (1375).  Et 
ils  firent  en  son  honneur  un  deuil  de  sept 
jours,  et  le  pleurèrent  ainsi  que  fit  toute 
l'Egypte,  pendant  soixante-dix  jours  (1376). 

Or,  après  la  mort  de  Joseph  les  Egyptiens 
commencèrent  à  maîtriser  les  enfants  d'Is- 
raël, et  le  Pharaon  qui  avait  succédé  à  son 
père  comme  roi  d'Egypte,  reprit  tout  le  pou- 
voir royal,  et  tous  les  actes  du  gouverne- 
ment étaient  sous  son  autorité,  et  son  règne 
fut  sans  troubles.    . 

Evasion  de  Sépho. 

Au  retou  r  de  Tannée,  la  soixante-douzième 
après  la  descente  d'Israël  en  Egypte,  Sépho 

(1572)  Voy,  pins  haut,  colonne  1235. 
'     (1573)  Voy.  plus  liant,  note  1526. 

(1374)  Il  y  a  ici  visiblement  une  erreur  de  chif- 
fres ;  car  d^iprés  notre  Yatehat  et  d'après  la  Bilile, 
Joseph  avait  déjà  dix-sepi  ans  quand  il  fut  vendu. 
\\  avait  trente  ans  lorsqu'il  fut  fait  vice*roi  d'Egyp- 
te. Voyez  plus  haut  colonnes  1185  et  1210,  Genè$e 
XX  XVII,  2  et  xLi,  46.  En  effet  quelques  lignes  plus 
loin  le  Yatehat  dit  que  Joseph  mourut  dan$  la  mi- 
me année  i^gé  de  cent  dix  ant,  àgc  que  lui  donnent 
aussi  la  Cenète,  l,  22  et  les  Teitamenu  dei  douu 
patriarches  (Test,  de  Levi. ^n'^XM). 

(1375)  Texte,  nTW. 


fils  d*Eliphaz,  fils  d*Esaû,  s*enfuit  d'E^ypie 
ayecses  compagnons  de  captivité,  et  ils  se 
réfugièrent  en  Afrique,  qui  est  Denaba,  au- 
près du  roi  Aïnias.  Le  roi  Les  reçut  avec  de 
grands  honneurs,  et  mit  Sépho  à  la  tète  de 
son  armée.  Sépho  plut  beaucoup  an  roi,  ainsi 
qu*à  son  peuple,  et  il  exerça  longtemps  le 
commandement  de  l'armée.  Or,  Sépho  se 
voyant  fort  considéré  d'Aïnias  et  de  tous  les 
grands  du  pays,  les  incitait  sans  cesse  à  réu- 
nir toute  Tarmée  et  aller  attaquer  les  Egyp- 
tiens et  les  enfants  de  Jacob,  afin  de  venger 
ses  frères.  Mais  tous  refusaient  constam- 
ment d*écouter  Sépho  en  ceci.  Le  roi  d* Afri- 
que connaissait  la  force  des  enfants  de  Jacob, 
se  souvenant  combien  ils  avaient  maltraité 
son  armée  dans  leur  guerre  contre  les  en- 
fants d'EsaiJ* 

Aînias  e^Turnus  se  disputent  la  main  de  Jauia(1577). 

En  ce  temps-lk  il  y  avait  dans  la  ville  de 
Phusimna,  au  pays  de  Céthim,  un  homme 
appelé  Huzi,  et  les  enfants  de  Céthim  le  vé- 
néraient comme  un  Dieu.  Cet  homme  mou- 
rut sans  fils,  mais  il  laissa  une  fille,  nommée 
Jania(1378),  dont  la  beauté  et  l'esprit  n'a- 
vaient rien  de  comparable  sur  toute  la  face 
de  la  terre.  Les  gens  d'Aïnias  ayant  vu  cette 
fille,  en  parlèrent  &  leur  maître  avec  éloge. 
Alors  le  roi  d'Afrique  envoya  la  demander 
en  mariage  aux  enfants  de  Céthim,  qui  la 
lui  accordèrent.  A  peine  les  ambassadeurs 
d'Aïnias  eurent-ils  quitté  le  territoire  du 
pays  de  Céthim,  que  voici  arriver  des  en- 
voyés de  Turnus  roi  deBénévent  (1379),  qui 
venaient  faire  la  demande  de  Jania  pour  leur 
maître;  parce  que  on  lui  en  avait  fait  de 
grandes  louanges.  Les  hommes  de  Céthim 
leur  répondirent  :  Nous  l'avons  déjà  promise 
avant  votre  arrivée  à  Aïnias,  roi  d'Afrique, 

2ui  l'avait  fait  demander  pour  en  faire  son 
pouse.  Nous  ne  pouvons  pas  retirer  nntre 
promesse  ;  car  nous  aurions  &  craindre  qu' Aï- 
nias ne  vienne  nous  attaquer  à  main  armée, 
et  ne  nous  extermine;  car  Turnus,  votre 
roi,  ne  pourrait  pas  nous  protéger  contre  sa 
main  puissante.  Les  ambassadeurs  de  Tur- 
nus s'en  retournèrent,  elrapporlèrentàleur 
maître  la  réponse  des  enfants  de  Céthim.  Or, 
ceux-ci  envoyèrent  une  lettre  à  Aïnias,  di- 
sant :  Voici  que  Turnus  nous  a  député  une 
ambassade  au  sujet  de  Jania,  qu  il  désire 
épouser.  Nous  lui  avons  répondu  comme 
ceci  et  comme  cela.  Nous  avons  appris  qu'il 
réunit  toute  son  armée  pour  te  déclarer 
la  guerre.  Son  plan  est  de  passer  par  Sardo- 

(1576)  Koj^.  plus  haut,  note  1561. 

(1377)  L'autour  des  suppléments  continue  à  co- 
pier des  passages  du  livre  Yosiphon^  chapitres  2 
et  5. 

Pour  les  combats  entre  Aïni:is  et  Turnus,  Voy. 
Tite-Live  i,  2  et  Enéide^  vu,  5>  scq. 

(1378)  Cet  lluxi  est  Latinas.  Pliuzimna  la  prin- 
cipale vitle  du  Latium,  appelée  Cétbim  (  Voy.  note 
4363).  Jania  n^est  autre  que  Lavinie.  Voy.  Tile- 
Live  I,  i.  Elle  est  aussi  un  peu  Didon  dans  le  rêve 
désordonné  du  Yoiiphon. 

(4379)  Le  texte,  crumn,  Turgue.  Liseï,  DTiTin. 
Turaiis,  roi  des  Rutules.  Voy.  note  I3&L 


fU5 


DIGTIONN.URE  DES  APOCRYPHES. 


liU 


nia  (1380),  afln  d*attaqucr  Ion  frère  Lucos, 
et  tomber  ensuite  sur  toi.  A  l'annonce  con- 
tenue dans  la  lettre  des  enfants  de  C^lhim, 
Aînias  fut  transporté  de  colère,  et  il  se  leya 
et  réunit  toute  son  armée,  et  vint  dans  les 
tles  de  la  mer.  Il  aborda  h  Sardonia,  et  alla 
trouver  Lucos  sou  frère,  roi  de  Sardonia. 

Lorsque  Néblos,  fils  de  Lucos,  apprit  que 
son  oncle  Aînias  arrivait,  il  sortit  a  sa  ren- 
contre avec  une  grande  suite,  et  le  baisa  et 
le  serra  dans  ses  bras.  Il  lui  dit  :  Quand  tu 
feras  alliance  avec  mon  père,  pour  qu'il  se 
joigne  à  toi  contre  Turnus  ,  demande-lui 
qu'il  me  fasse  général  de  son  armée.  Aînias 
ayant  fait  celte  demande,  Lucos  y  acquiesça. 
Et  les  deux  frères  se  levèrent  et  marchèrent 
contre  Turnus  avec  un  nombre  de  troupes 
très-considérable.  Ils  montèrent  dans  des 
▼aisseaux  et  arrivèrent  dans  la  région  d'As- 
thores  (1381).  Ils  rencontrèrent  dans  la  plaine 
de  Campanie  Turnus,  qui  était  en  marche 
▼ers  Sardonia,  et  aussitôt  s'engagea  entre 
eux  un  combat  très-acharné.  Mais  l'action 
fut  fatale  à  Lucos,  roi  de  Sardonia.  Toute 
son  armée  y  périt,  comme  aussi  son  fils  Né- 
blos. Cependant  Aînias  recommença  la  ba- 
taille, et  ii  tua  Turnus  de  sa  propre  main,  et 
il  défit  son  armée  au  tranchant  de  Tépée. 
Ceux  qui  n'étaient  pas  tombés  voyant  que 
Turnus  leur  roi  était  mort,  prirent  la  fuite. 
Mais  Aînias  et  son  frère  Lucos  les  poursui- 
virent jusqu'au  partage  du  chemin,  oui  est 
entre  Albano  et  Rome.  C*est  ainsi  qu  Aînias 
vengea  Néblos,  son  neveu,  et  l'armée  de  son 
frère  Lucos. 

Et  Aînias  ordonna  à  ses  serviteurs  de  con- 
fectionner un  simulacre  d'homme  en  or,  et 
d'y  enfermer  le  corps  de  Néblos.  Néblos  fut 
rois,  en  outre,  dans  un  cercueilde  bronze,  et 
enterré  en  ce  môme  lieu-là.  On  éleva,  sur 
son  tombeau,  au  bord  de  la  route,  une  haute 
tour,  qui  est  appelée  jusqu*à  ce  jour,  mo- 
nument  de  Néblos.  Et  Turnus,  roi  de  Béné- 
vent,  fut  aussi  enterré  en  ce  lieu-lè.  Et  voici 
que  sur  la  bifurcation  du  chemin,  entre  Al- 
bano et  Rome,  les  deux  tombeaux  Font  en 
face  l'un  de  l'autre,  et  une  voie  pavée  passe 
entre  eux,  jusqu'à  ce  jour. 

Après  l'inhumation  de  Néblos.  Lucos,  son 
père,  s'en  retourna  avec  les  débris  do  son 
arméeà  Sardonia  son  pays.  Aînias,  son  frère, 
s'avança  avec  ses  troupes  jusqu'à  Bénévent, 
capitale  de  Turnus.  Quand  les  habitants  de 
la  ville  furent  informés  de  son  approche,  ils 
sortirent  au-devant  de  lui  avec  des  pleurs 
et  des  supplications,  demandant  en  grâce  de 
ne  pas  les  mettre  à  mort,  et  de  ne  pas  dé- 
truire leur  ville.  Aînias  accueillit  favorable- 
ment leur  prière,parcequeBénéventétaitcon- 
sidérée  comme  une  ville  de  la  fédération  des 
enfants  de  Cétbim.  Seulement,  à  partir  de  ce 

(1380)  «"PwTno  Tous  ces  noms  soni  transcrits  du 
grec,  non  du  latin,  £ap{a>.  £ap6a)v.  lap^uivr\,  Sar- 
dioia,  la  Sardaigiie. 

Ceci  prouve  que  les  supplf^nients  datent  d*une 
époque  où  le  Rrec  était  encore  à  peu  prés  la  Inngne 
vuiverselle.  C'est  ainsi  que  Ton  rencontre  aussi  dans 
la  mischna,  dans  la  ghoiuara  et  dans  les  médras- 


jour,  des  troupes  en  armes  da  roi  d^Afriqui^ 
conduites  par  Sépho,  le  généraU  et  Quelque* 
fois  par  Aînias  lui-même,  venaient  de  temps 
à  autre  piller  des  provinces  de  Cétbim,  eleo 
emportaient  un  grand  butin. 

Aînias  changea  ensuite  de  route  avec  toBt 
son  monde,  et  arriva  à  Phuzimna,  où  il 
épousa  Jania,  fille  d*Huzi,  et  l'emmena  d«s$ 
sa  capitale  d'Afrique. 

Lesenfaots  deJacob  perdent  leurs  intmanilés— M«t 
de  Zabulon  et  de  Siméon. 

Il  arriva  en  ce  temps-là  que  Pharaon»  roi 
d'Egypte,  commanda  à  tout  son  peuple  de 
lui  construire  dans  sa  ville  un  cbiteaufort. 
Il  obligea  les  enfants  de  Jacoh  d'aider  les 
Egyptiens  dans  ce  travail.  Les  Egyptiens  lui 
bâtirent  un  château  magnifique,  dont  il  il 
sa  résidence  royale.  £t  il  régnait  sans  crainte 
d'aucun  ennemi. 

En  la  soixante-dixième  année  de  la  des* 
cente  d'Israël  en  Egypte  mourut  Zabaloo, 
fils  de  Jacob,  Âgé  de  cent  quatorze  ans.  Et  il 
fut  mis  dans  un  cercueil,  et  consigné  à  ses 
enfants.  Et  en  l'année  soixante-quinzième 
mourut  Siméon,  son  frère,  à  l'âge  de  cent- 
vingt  ans  (1382).  Lui  aussi  fut  enfermé  dans 
un  cercueil  et  consigné  à  ses  enfants. 

Sépbo.—Balaam  fils  de  Béor. 

Et  Sépho,  filsd'Eliphaz,  fils  d'Bsaû,  con- 
tinuait d'inciter  journellument  Aioias  è  al* 
taqupravec  les  armes  les  enfants  de  Jacob 
en  Egypte.  Mais  Aînias  s'y  refusait  parce 

Su'on  lui  avait  représenté  que  les  enfants  de 
acob  avaient  fait  preuve  d'une  force  ex- 
traordinaire dans  leur  guerre  contre  lès  en- 
fants d'Esaû.  Cependant  après  un  long  espace 
de  temps  Aînias,  cédant  aux  importunitès 
de  Sépho,  réunit  une  foule  nombreuse 
comme  le  sable  du  rivage  de  la  mer,  et  se 
dirigea  vers  le  pays  d'Egypte. 

Or,  il  y  avait  parmi  les  serviteurs  d*A'i« 
nias  un  garçon  de  quinze  ans,  nommé,  Ba- 
laam  fils  de  Béor.  Ce  garçon  était  trè(-iD$- 
truit  et  très-habile  dans  la  science  de  la 
magie.  Aînias  lui  dit  donc  :  Fais-nous  des 
expériences  magiques,  afin  que  nous  sa- 
chions qui  sera  victorieux  dans  la  guerre 
que  nous  entreprenons,  de  nous  ou  des  en- 
fants de  Jacob.  Alors  Balaam  se  fit  apporter 
de  la'ciret  et  il  en  façonna  des  cavaliers  el 
des  chars  do  guerre,  disposés  de  manière  à 
représenter  les  deux  armées  ennemies.  Il 
plongea  ces  figures  dans  de  l'ean  enchantée, 
qu'il  tenait  toute  prête.  Et  s*armant  d'une 
branche  de  palmier,  il  pratiqua  des  sortilè- 
ges sur  l'eau.  Aussitôt  il  yaperçot  les  lé- 
gions d'Aînias  abattues  sous  les  coups  d'^i 
fi^^urcs  représentant  les  enfants  de  iacob 
Balaam  manifesta  cette  vision  è  Aînias,  qui 

chim  un  bon  nombre  de  termes  crées.  Foy.  notre 
Avant- propos. 

(1581)  unvte;»!?  Quelque  lieu  de  Ilulie  mai* 
dionale,  sans  doute. 

(1582)  Le  livre  des  Tcitaments  des  douu  péiritr- 
che%  donne  le  même  âge  à  Z.bulon  et  à  SioHioo.  1^ 
Bible  ne  dit  pas  à  quel  ùgc  ils  sont  morts. 


1 


I1i5 


YAS 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS 


TAS 


fiia 


se  découragea;  et  renongant  à  l'expéditioa» 
il  retourna  dans  sa  capitale,  et  s'y  tint  tran- 
quille. 

Lorsque  Sépho,  fils  d*E!iphaz  se  fut  as- 
suré qu'Alnias  renonçait  à  Teipédition  de 
1  Egypte,  il  s'enfuit  d*auprès  de  lui»  et  s*èn 
alla  au  pays  de  Céthim.  Les  hommes  de  Ce- 
thim  le  reçurent  avec  grand  honneur,  et  le 
prirent  à  leur  solde  pour  diriger  leurs  guer- 
res en  tout  temps»  et  lui  firent  de  riches  pré- 
sents. Car  les  troupes  du  roi  d'Afrique  con- 
tinuaient à  faire  des  incursions  dans  Je  pays 
de  Céthim,  et  à  le  ravager;  ce  qui  avait  en- 
fin obligé  les  habitants  à  se  retirer  sur  la 
montagne  de  Coptésa  (1383) 

Un  jour  Sepho  perdit  un  bœuf,  et  en  fai- 
sant le  tour  de  Iffmontagne,  pour  le  chercher, 
il  entendit  son  meuglement,  et  il  découvrit 
au  pied  de  la  montagne  uno  caverne  spa- 
cieuse dont  l'entrée  était  bouchée  par  un 
bloc  de  pierre.  11  brisa  la  pierre  et  pénétra 
au  fbnd  de  la  caverne.  Il  vit  qu'an  mons- 
tre énorme,  dont  la  moitié  supérieure  avait 
l-a  forme  de  l'homme,  et  la  moitié  inférieure 
celle  d'un  quadrupède,  dévorait  son  bœuf. 
Et  Sépho  attaqua  le  monstre,  et  le  tua  avec 
son  glaive.  Lorsque  les  habitants  de  Céthim 
connurent  celte  chose,  ils  s'en  réjouirent 
beaucoup,  et  ils  dirent  :  Quels  honneurs 
rendrons-nous  k  cet  homme  pour  avoir  tué 
le  monstre  qui  détruisait  nos  troupeaux  ?  Et 
ils  convinrent  tous  de  lui  consacrer  un  jour 
de  Tannée  et  de  l'appeler  fêle  de  Sépho.  Et 
tous  les  ans  à  pareil  jour,  ils  faisaient  des  li- 
bations en  sop  honneur  et  lui  offraient  des 
présents. 

Maladie  de  Jania,  reine  d* Afrique» 
En  ce  temps-là,  Jania  fille  d'Huzi,  femme 
d'Aïnias,  tomba  malade.  Et  le  roi ,  comme 
aussi  les  seigneurs  de  sa  cour,  en  furent  in- 
quiets. Aïnias  dit  h  ses  gens  :  Que  pourrais- 
jefai re  pour  le rétablissementdelasanléde  Ja- 
nia? Ils  lui  répondirent:  L'air  et  l'eau  de  notre 
pays  ne  valent  pas  l'air  et  l'eau  de  la  terre  de  Cé- 
thim :  c'est  ce  qui  a  causé  la  maladie  de  la 
reine.  Et  encore  dans  sa  patrie  elle  ne  bu- 
vait d'autre  eau  que  celle  que  ses  parents 
faisaient  arriver  pour  elle  de  Ferme  (1384.) 
au  moyen  d'un  aqueduc.  Alors  Aïnias  com- 
manda à  ses  serviteurs  de  lui  chercher  dans 
des  amphores  de  l'eau  de  Ferme  en  Céthim. 
Et  on  la  pesa,  et  elle  fut  trouvée  plus  légère 
que  les  eaux  d'Afrique.  Aïnias  voyant  cela 
ordonna  à  tous  ses  officiers  d'appeler  des 
tailleurs  de  pierres  par  milliers  et  par  my- 
riades. Et  quand  ils  furent  réunis  on  les  em- 
ploya à  tailler  une  masse  innombrable  de 
pierres.  On  fit  venir  ensuite  des  maçons  qui 
construisirent  avec  ces  pierres  un  pont  très- 
solide,  au  moyen  duquel  ils  amenèrent  en 
Afrique  un  courant  d  eau,  partant  du  pays 

(1585)  Texte,  nHrrap.  Version  Jud.,  cophiua. 

(t584)  Firinium,  ou  Firmuro,  dans  le  Piceniim. 

(13>i5;  Outre  l'énorme  disUnce  qui  séparait  Car- 
thage  de  Fermo,  il  faut  encore  considérer  que  cet 
aquedi*''  aurait  nécessairement  traversé  la  Méditer- 
ranée. 


de  Géthim  (1385).  Cette  eau  servait  h  tous  les 
usages  de  la  reine  Jania  ;  soit  pour  boirot 
soit  pour  pétrir  ses  p&tes,  soit  pour  ses  bains 
et  pour  le  blanchissage  de  ses  effets;  de  même 
aussi  pour  arroser  les  plmtes  dont  elle  se 
nourrissait,  et  les  arbres  fruitiers  dont  les 
productions  étaient  réservées  pour  elles.  Le 
roi  voulut  aussi  que.  Ton  apportât  dens  de 
nombreux  vaisseaux  de  la  terre  et  des  pier- 
res du  pays  de  Géthim.  Et  les  architectes 
en  bâtirent  un  palais  pour  Jania.  Et  la  reine 
recouvra  la  santé.- 

Séplio  repousse  une  Incursion  des- Africains. — ^11  est 

fait  roi  de  Géthim. 

L'année  suivante  les  troupes  d'Afrique  re- 
commencèrent à  descendre  dans  le  pays  de 
Géthim  afin  de  faire  du  butin,  comme  par 
le  passé.  Mais  Sepho  marcha  contre  eux  et 
les  combattit,  et  les  mit  en  ftiite.  Il  sauva  , 
de  celte  façon  le  pays  de  Céthim. 

Les  enfants  de  Géthim  émerveillés  de  la 
valeur  de  Sépho,  résolurent  do  l'élire  pour 
leur  roi.  Et  Sépho,  devenu  chef  du  gou- 
vernement, alla  soumettre  les  enfants  de 
Thubal,  et  les  pays  maritimes  qui  les  avoî- 
sinaient.  Au  retour  de  cette  expédition,  les 
enfants  de  Géthim  confirmèrent  de  nouveau 
la  royauté  de  Sépho,  et  ils  lui  construisirent 
un  grand  palais  pour  sa  demeure.  Sépho  y 
plaça  un  trône  élevélqu'il  avait  fait  fabriguer. 
Et  il  régna  sur  le  pays  de  Géthim,  ainsi  que 
sur  toute  la  terre  d  Italie,  l'espace  de  cin- 
quante ans. 

Mort  de  cinq  fils  de  Jacob  et  du  roi  d*Edom. 
Gette  même  année -le,  qui  était  la  soi- 
xanle-dix-neuvième  de  la  descente  d'Israfil 
en  Egypte,  mourut  dans  ce  pays  Ruben, 
fils  de  Jacob,  âgé  de  cent  vingt  cinq  ans.  Et 
il  fut  mis  dans  un  cercueil,  et  consigné  a 
ses  enfants.  En  l'an  quatre-vingtième  mou- 
rut son  frère  Dan,  à  l'âge  de  cent  vingt- 
quatre  ans.  Lui  aussi  fut  rais  dnns  un  cer- 
cueil, et  consigné  à  ses  enfants.  En  la  môme 
année  mourut  Husam,  roi  d'Edom,  et  après 
lui  régna  Adad,  fils  de  Badad,  pendant  trente 
cinq  ans  (1386).  Et  en  l'an  quatre-vingt- 
unième  mourut  en  Egypte  Issachar,  fils  de 
Jacob.  Il  avait  cent  vingt-deux  ans  quand 
arriva  le  jour  de  sa  mort.  Et  il  fut  mis  dans 
un  cercueil,  et  consigné  à  ses  enfants.  El 
en  l'an  quatre-vingt-deuxième  mourut  soo 
frère  Aser,  à  l'âge  de  cent  vingt-trois  ans. 
Et  il  fut  mis  dans  un  cercueil  en  Egypte» 
et  consigné  à  ses  enfanls.  L'an  quatre-vingt- 
troisième  mourut Gad,  âgé  de  cent  vingt-cinq 
ans.  El  il  fut  mis  dans  un  cercueil,  et  consi- 
gné è  ses  enfants  (1387J. 

Origine  de  rinimilié  héréditaire  entre  les  deux 
nations  Madiaii  et  Moab(158S). 

Or,  en  l'an  quatre-vingt-quatrième  Adad 

(1386)  Gen.  xxxyi,  55.  Hoc  {Uusam)  quoqnê 
viortuo,  regnavH  pro  eo  Adad  /i/tut  Badad, 

(1587)  Voici  Fâge  qu'assigne  h  ces  patriarches  le 
livre  de  leurs  lestamenls :  Ruben,  125  ans;  Dan, 
125 ans;  Issacbar,  122  ans;  Aser,  126  ans;  Cad» 

425 ans.  ,    .^  i 

(1388)  Madian  et  Moab^  est  un  proverbe  iiébreu  qui 


t«47 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ILS 


fils  de  Badad»  roi  d'Edom,  qui  était  dans  la 
cinquième  année  de  son  règne,  réunit  tous 
les  enfants  d*Edom,  au  nombre  de  quatre 
cent-mille  combattants»  et  il  marcha  contre 
les  Moabiles,  pour  les  soumettre  à  sa  puis- 
sance, et  les  rendre  ses  tributaires.  Les 
enfants  de  Moab  en  apprenant  cette  chose 
eurent  grand  peur,  et  ils  envoyèrent  prier 
les  enfants  de  Madian  d*accourir  à  leur  aide. 
Adad  était  déjà  arrivé  sur  le  territoire  de 
Moab.  Alors  Moab  et  les  enfants  de  Madian 
$*avancèrent  à  sa  rencontre,  et  ils  lui  livrè- 
rent bataille  dans  la  campagne  de  Moab.  Et 
il  tomba  du  côté  des  enfants  de  Moab  et  de 
Madian  des  morts  par  milliers.^  Le  combat 
s'agçrava  principalement  sur  les  enfants  de 
Moab,  et  leur  main  s'afTaiblit.  Et  ils  tournè- 
rent le  dos,  abandonnant  les  enfants'de  Ma- 
dian. Mais  les  enfants  de  Madian  ne  con- 
naissaient pas  la  retraite  de  Moab,  et  ils 
soutinrent  avec  fermeté  un  combat  inégal, 
et  ils  tombèrent  devant  Adad,  qui  les  tailla 
en  pièces  ;  et  il  n*échappa  pas  un  seul  homme 
des  auxiliaires  de  Moab.  Adad,  ayant  réduit 
sous  sa  domination  Moab,  qui  s*était  sous- 
trait au  combat,  lui  imposa  untributàpa^er 
d*année  en  année.  11  $*en  retourna  ensuite 
dans  son  pays. 

Quelque  temps  après ,  les  Madianites 
qui  n'étaient  pas  sortis  à  la  guerre  ap- 
prirent que  leurs  frères  avaient  succombé 
dans  la  bataille  contre  Adad  parla  faute  des 
enfants  de  Moab,  qui  les  avaient  abandon- 
nés, afin  de  pourvoir  à  leur  propre  salut. 
Alors  les  cinq  princes  de  Madian  et  le  peu- 
ple résolurent  d'attaquer  en  armes  Moab,  et 
de  prendre  la  vengeance  de  leurs  frères.  Ils 
firent  appel  aux  enfants  de  TOrient,  de  môme 
sang  qu*eux;  et  tous  les  enfants  de  Céthura, 
leurs  frères,  vinrent  se  joindre  à  eux  con- 
tre Moab.  Quand  les  entants  de  Moab  appri- 
rent cette  chose,  ils  eurent  grand  peur.  Et  de 
leur  côté  ils  expédièrent  une  lettre  à  Adod  Qls 
deBadad,  roi  d  Edom,  lui  disant  :  Viens  nous 
aider  à  humilier  les  Madianites  qui  se  sont 
armés  contre  nous,  pour  venir,  accompa- 
gnés de  leurs  frères  de  rOrient,  prendre  de 
nous  la  vengeance  des  Madianites  qui  sont 
tombés  dans  le  combat  que  tu  leur  as  livré. 
Et  Adad  arriva  dans  le  pays  de  Moab  pour 
s*opposer  aux  Madianites.  £t  la  bataille  de- 
vint opiniâtre  dans  la  campagne  de  Moab. 
Et  Adad  frappa  avec  le  tranchant  de  Tépée 
les  enfants  de  Madian  et  les  enfants  de  TO- 
rient.  Ceux  qui  échappèrent  du  fer  du  vain- 
queur prirent  la  fuite;  mais  Adad  les  pour- 
suivit jusqu'à  leur  pays,  et  en  fit  encore  un 

signifie,  deux  ennemis  tmp/a«/i6/M.  Voy.leMédrasch- 
Rabha  el  Yarkhi  sur  les  Nombres  xii,  4. 

(1389)  Genèse  xxxvi,  55,  €  Adad  fitius  Badad  qui 
percussit  Madian  in  regione  Moab,  i  Ces  quelques 
mois  font  visiblemeot allusion  aux  détails  que  don* 
nele  Yaschar, 

Nous  avons  vu  que  h  tradition  assigne  également 
pour  origine  de  la  haine  des  deux  nations  la  dé- 
faite éprouvée  par  les  Madianites  en  cette  circons- 
lance. 

Ce  morceau  du  Yaschar  doit  élre  un  des  plus 
anciens.  Car  du  temps  de  Baiac,  roi  des  Moabiles 


grand  carnage.  Et  Adad,  après  avoir  délivré 
Moab  du  danger  qui  l'avait  menacé,  s'en  re- 
tourna dans  le  pays  d*Edoro. 

Depuis  celte  époque  il  existe  une  haioe 
implacable  entre  la  nation  de  Madian  et  celle 
de  Moab,  au  point  que  tout  Madianite  qui 
est  rencontré  dans  le  pays  de  Moab,  «st  nus 
è  mon  ;  et  ainsi  tout  Moabite  qui  est  rencon- 
tré dans  le  pays  de  Madian  (1389). 

Mort  de  Jiida,  de  Nephihali  el  de  Lévi.  —  Nmiv4Je 
descente  des  Africains,  qui  leur  tourne  à  mal. 

En  Tannée  quatre-vingt-sixième  de  la des^ 
cenle  de  Jacob  en  Egypte,  mourut  Juda, 
Agé  de  cent  vingt-neuf  ans.  Et  on  Terobauma, 
et  on  le  mit  dans  un  cercueil,  et  il  fat  con- 
signé h  ses  enfants.  En  l'année  quatre-vingt- 
neuvième  mourut  Nephthali,  à  TAgc  de  cent 
trente-deux  ans.  Et  il  fut  enfermé  dans  un 
cercueil  et  consigné  à  ses  enfants. 

Dans  la  treizième  année  du  règne  de  Se- 

t»ho  sur  les  enfants  de  Géthim,  qoi  éuit 
'année  quatre-vingt-onzième  de  la  descen- 
te de  Jacob  en  Egypte,  les  Africains  revin- 
rent attaquer  le  pays  de  Géthim,  pour  le 
piller  comme  par  les  temps  passés.  Il  y  avait 
treize  ans  quMIs  n'avaient  reparu  sur  ces 
rivages.  Mais  Sépho,  Qls  d*£linhaz,  s'avan- 
ça contre  eux  avec  une  partie  ue  son  armée, 
et  il  en  fit  un  grand  carnage.  Les  Afri- 
cains fuirent  devant  Sé|ibo,  qui  les  pour- 
suivit, et  en  tua  encore  un  grand  nombre 
jusqu'à  la  proximité  d'Afrique.  Ainias  en 
éprouva  une  haine  violente  contre  Sépho, 
mais  il  le  craignait  pendant  lon^^temps. 

Et  en  la  quatre-vingt-treizième  anné^ 
Lévi  mourut  en  Egypte.  Il  était  Agé  de  cent 
trente-sept  ans.  On  le  mit  dans  un  cercuei', 
et  il  fut  consigné  entre  les  mains  de  ses  en- 
fants (1390) 

Oppression  des  enfants  d^lsraêl.  —  Mort  de 

Pharaon. 

Or,  quand  les  Egyptiens  virent  que  tons 
les  his  de  Jacob,  frères  de  Joseph,  étaient 
morts,  ils  commencèrent  à  opprimer  les  des- 
cendants de  Jacob,  et  è  leur  rendre  la  vie 
amère.  Et  ils  les  poursuivirent  de  leur  haine 
depuis  ce  jour  jus()u'à  celui  où  les  enfants 
d'iraël  sortirent  de  l'Egypte.  Ils  leur  ôtèrent 
tou  tes  les  vignes  et  tous  les  champs  que  Joseph 
leur  avait  donnés, ainsi  que  toutes  les  Inriles 
maisons  qu'ils  habitaient.  Ils  leur  enlevèrent 
aussi  toutes  leurs  provisions  des  meilleures 
productions  de  l'Egypte.  Et  la  main  des 
Egyptiens  allait  s'appesantissani  toujours 
davantage  sur  les  enfants  d'Israël.   Et  ils 

les  deux  nations  se  réconcilièrent  pour  opposer 
leurs  forces  réunies  aux  enfants  dMsrjél,  <)ai  »on» 
la  conduite  de  Moise  s^approchaient  de  leurs  pay». 
Voy.  Nombres  xiii,  A. 

(1390)  D'après  le  livre  des  Testaments  iesécrnup*- 
triarchesy  Juda  parvint  à  l'àgede  119ans(Ti9l.tfe  Ja- 
da  numéros  xn  ex  xxvi);  Nepbihali,  a  Fàge  de  130  ans 
(le  ins.  grec  d*Oxford  porte  132  ans,  comme  n^i^ 
Yaschar);  Lévi  à  Tàge  de  137  ans  (féal,  et  Un^ 
n*  xix).  Au  reste  VExode  vi,  16,  no>tt  donne  es 
chiffre. 


Ii49 


ÏAS 


PART.  m.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1S50 


fMisaient  éproavertant  de  vexations  aux  en- 
fants d*lsraël  que  ceux-ci  furent  à  la  tin  dé- 
goûtés de  la  vie. 

Après  beaucoup  de  jours,  dans  Tannée  cent- 
deuxième  de  la  descente  dlsraël  en  Egypte, 
Piiaraon  roi  d*Egypte  mourut,  et  Molal ,  son 
fils,  lui  succéda.' Tous  les  puissants  d'Egypte, 
et  en  général  tous  ceux  de  la  génération  qui 
avaitconnu  Joseph,  moururentencesjours-Ià. 
Et  il  8*éleva  une  génération  d*hommes  qui 
n'avaient  pas  connaissance  des  Gis  de  Jacob, 
ni  de  la  l)ravoure  qu'ils  avaient  déployée  eu 
faveur  de  l'Egypte.  C'est  pourquoi  ils  con- 
tinuaient  à  persécuter  les  enfants  de  Jacob, 
et  h  les  accabler  par  les  travaux  les  plus  ru- 
des. Ils  semblaient  ignorer  que  Joseph  et  sa 
famille  avaientsauvé  l'Egypte  dans  un  temps 
de  famine.  Mais  tout  ceci  fut  dans  les  des- 
seins de  Jéhova  en  faveur  dos  enfants  d'Is« 
raëi,  et  pour  leur  bien,  afin  qu'ils  appris- 
sent tous  è  connaître  Jéhova  leur  Dieu,  à  le 
craindre  et  k  le  servir,  eux  et  leur  postérité  ; 
et  aussi  afin  qu'ils  fussent  témoins  des  si* 
gnes  et  des  miracles  que  Jéhova  devait  opé- 
rer en  Egypte  à  cause  d'eux. 

Molal  avait  vingt-six  ans  quand  il  monta 
sur  le  trône,  et  son  règne  dura  quatre-vingt- 
quatorze  ans.  Les  Egyptiens  lui  tirent  pren- 
dre le  nom  de  Pharaon,  comme  à  son  père, 
selon  ce  qu'ils  pratiquent  envers  chacun  de 
leurs  rois. 

Dernière  expédition  des  Africaius  contre  Céthim. 

Eu  ce  tomps-Iè  des  troupes  d'Aïnias,  roi 
d'Afrique,  vinrent  de  nouveau  se  répandre 
ilans  le  pays  de  Céthim,  pour  le  piller  ;  mais 
Srépho  averti  de  leur  présence,  marcha  con- 
tre eux,  et  il  les  tailla  en  pièces,  de  telle  fa- 
çon qu'il  n'en  demeura  pas  un  seul  pour 
en  apporter  la  nouvelle  è  son  maître.  Quand 
Aïnias  vint  à  savoir  l'extermination  de  toute 
son  armée  par  Sépho,  il  réunit  tous  les  hom- 
mes du  pays  d'Afrique,  foule  nombreuse 
comme  le  sable  du  rivage  de  la  mer.  Il  en- 
voya aussi  dire  à  son  frère  Lucos  :  Viens  à 
moi  avec  tout  ton  monde,  et  aide-moi  à 
battre  Sépho  et  les  enfants  de  Céthim,  parce 
qu'ils  ont  détruit  Tarmée  de  mes  soldats. 
l«ucos  vint  se  joindre  à  lui  avec  une  milice 
extrêmement  nombreuse.  Lorsque  Sépho  et 
les  enfants  de  Céthim  apprirent  celte  chose, 
(a  peur  et  l'inquiétude  agitèrent  violem- 
ment leur  cœur.  Alors  Sépho  envoya  de  son 
côté  une  lotire  à  Adad  fils  de  Badad,  roi 
d'Ëdom,  et  à  tous  les  enfants  d'Esaû,  di- 
sant :  Je  suis  instruit  qu* Aïnias,  roi  d'A- 
frique, et  son  frère,  chacun  conduisant  une 
Dombreusearmée,  sont  en  marche  pour  tom- 
ber sur  nous;  et  nous  avons  peur.  Mainte- 
nant, mes  frères,  si  vous  ne  voulez  pas  que 
nous  périssions  totalement,  venez  me  trou- 
ver abn  que  nous  nous  opposions  ensemble 
aux  forces  d'Aïuias.  Les  enfants  d'Ësaii  ré- 
pondirent par  lettre  aux  enfants  de  Céthim 
et  à  Sépho,  savoir  :  Nous  ne  pouvons  pas 
prendre  les  armes  contre  Aïnias  et  son  ueo- 

(1391)  Voy.  plus  haut,  colonne  1239. 

(1592)  TOîTDID.  Version  iud.,  Ptiiip/iar,  -e^TffO. 


pie;  car  il  y  a  depuis  longtemps  entre  nous 
et  eux  alliance  et  amitié,  depuis  le  temps 
de  Bêla  fils  de  Béor,  notre  premier  roi,  et  de- 
puis les  jours  de  Joseph,  fils  de  Jacob,  gou- 
verneur de  l'Esypte,  contre  qui  nous  avons 
combottu  au  delà  du  Jourdain,  lorsqu'il  en- 
terrait son  père  (1391).  Sepho.renonça  donc 
au  secours  de  ses  frères  les  enfants  d'Esaû, 
et  sa  peur  augmenta. 

Cependant  Aïnias  et  Lucos,  après  avoir 
organisé  leur  armée,  montant  à  huit  cent 
mille  hommes,  atteignirent  le  territoire  de 
Céthim.  Sepho,  bien  qu'il  tremblât,  sortit 
contre  eux  avec  trois  mille  hommes;  c'était 
tout  ce  qu'il  put  réunir  des  enfants  de  Cé- 
thim. Et  ceux-ci  dirent  à  Sépho:  Invoque 
h  notre  secours  le  Dieu  de  tes  ancêtres. 
Peut-être  nous  protégera-t-il  contre  Aïnias 
et  son  peuple.  Car  nous  avons  entendu  dire 
que  c'est  un  Dieu  grand;  qu'il  protège  tous 
ceux  qui  mettent  en  lui  leur  confiance.  Alors 
Sépho  implora  Jéhova,  et  dit  :  O  Jéhova 
Dieu  d'Abraham  et  d'Jsaac,  mes  pères,  qu'il 
devienne  manifeste  aujourd'hui  uue  tu  es 
le  véritable  Dieu,  et  que  tous  les  dieux  des 
nations  ne  sont  que  vanité  et  erreur.  Sou- 
viens-toi aujourd'hui  en  ma  faveur,  je  te 
supplie,  de  ton  alliance  avec  Abraham  no- 
tre père,  et  que  nos  pères  nous  ont  trans- 
mise. Pour  1  amour  d'Abraham  etd'lsaac, 
mes  pères,  fais-moi  la  grAce  de  me  sauver, 
ainsi  que  les  enfants  de  Céthim,  de  la  main 
du  roi  d'Afrique.  Et  Jéhova  exauça  la  prière 
de  Sépho,  en  considération  d'Abraham  et 
d*lsaac. 

Et  Sépho  en  vint  aux  mains  avec  Aïnias 
et  son  peuple.  Et  le  combat  tourna  contre 
Aïnias;  car  Sépho  abattit  avec  lé  tranchani 
de  l'épée  les  gens  d'Aïnias  et  de  Lucos,  son 
frère.  Et  il  en  tomba  jusqu'au  déclin  du 
jour  environ  quatre  centroille  hommes  :  Aï- 
nias ayant  perdu  dans  cette  rencontre  toute 
son  armée,  ordonna  par  rescrit,  savoir: 
que  tout  ce  qui  se  trouve  d'hommes  en  Afri- 

3ue,  vienne  me  rejoindre,  depuis  TA^e  do 
ix  ans  et  au-dessus.  Quicondue  négligera 
cet  ordre  sera  puni  de  mort,  et  le  roi  confis- 
quera tout  son  avoir.  Les  habitants  d'A* 
frique,  effrayés  de  la  menace  de  leur  roi, 
sortirent  des  lieux  de  leur  demeure  au  nom« 
bre  de  trois  cents  mille  âmes,  tant  hommes 
laits  que  jeunes  garçons,  et  se  rangèrent 
sous  les  signes  (drapeaux)  d'Aïnias.  Au  bout 
de  dix  jours  le  roi  d'Afrique  engagea  une 
nouvelle  action  contre  Sépho  et  les  enfants 
de  Céthim,  et  la  bataille  devint  très-achar- 
née entre  eux.  Mais  Sépho  coucha  par  terre 
de  nombreux  soldats  de  Tarmée  d'Aïnias  et 
de  Lucos;  près  de  deux  mille  hommes.  Et 
Sosiphtar  (1392),  général dei'arméed* Aïnias, 
toml)a  aussi  dans  ce  combat.  Les  troupes 
africaines  voyant  que  Sosiphtar  était  mort, 
prirent  la  fuite  avec  Aïnias  et  Lucos;  mais 
Sepho  etles  enfants  de  Céthim  les  poursui- 
virent, et  en  tuèrent  encore  deux  cents 
hommes.  Ils  s'attachèrent  particulièrement  it 

Ce  dernier  nom  paraît  être  une  faate,  soit  de  €0« 
oîste.  soit  d*iinpressioiu 


1151 


n'iCTlONNAlRE  D£S  APOCRYPHES. 


«:,• 


Asdrubal  (1393),  Gis  d'Aïnias,  qui  se  sauvait 
avec  son  pere»  et  lui  tuèrent  vingt  hommes  ; 
mnis  Asdrubal  lui-même  leur  échappa.  Aï- 
nias  elLucos  arrivècenl  en  Afrique  frappés 
de  terreur.  Depuis  ce  temps  Ainias  n'entre- 
prit plus  rien  contre  Sépho. 

Balaam.  ^  Ingratitude  de  S^ho  envers  Jéhova. 

Balaam  fils  de  Béor  avait  accompagné  Aï- 
nias  dans  son  expédition;  et  quand  il  vit  que 
Sépho  était  resté  vainqueur,  il  abandonna 
Aïnias  et  déserta  à  Géthim.  Il  fut  accueilli 
avec  honneur  par  Sépho,  qui  connaissait  son 
habileté  comme  magicien,  et  par  les  enfants 
de  Céthim.  Balaam  se  fixa  donc  auprès  de 
Sépho,  qui  lui  tit  de  riches  présents,  pour 
raltaclier  à  son  service.  ' 

Or,  Sépho,  revenu  de  la  guerre,  ordonna 
de  faire  l'appel  de  tous  les  enfants  de  Céthim 
qu'il  y  avait  conduits.  Et  voici  qu'il  n'en 
manqua  pas  un  seul,  ce  dont  il  éprouva  une 
grande  joie;  car  celte  chose  affermissait  la 
royauté  dans  sa  main.  Et  il  donna  un  grand 
festin  à  tous  ses  serviteurs.  CependantSépho 
ne  pensait  ()oint  à  Jéhova,  qui  l'avait  pro- 
tégé, et  qui  l'avait  sauvé  lui  et  son  peuple, 
des  armes  redoutables  du  roi  d'Afrique; 
mais  il  continuait  à  marcher  dans  la  voie 
àéprouvée  des  enfants  de  Céthim  et  des  en* 
fants  d'Esaû,  en  servant  des  dieux  étran- 
gers, suivant  le  culte  que  lui  avaient  ensei- 
gné ses  frères  de  la  postérité  d'Esaii  ;  c*est 
pourquoi  le  proverbe  dit  :  Des  impies  sort 
fimpWé  (13%). 

Expédition  de  Sépho  coutre  TEgypte. 

Et  Sépho,  après  sa  victoire  sur  l'armée 
d'Afrique,  tint  conseil  avec  tous  les  enfants 
de  Célhim,  et  ils  décidèrent  d*aller  en  Egypte 
faire  la  guerre  aux  enfants  de  Jacob,  et  au 
rai  Pharaon.  Car  Sépho  avait  appris  que  tous 
les  forts  de  l'Egvpte  étaient  descendus  dans 
le  tombeau,  ains  (jue  Joseph  et  ses  frères, 
et  que  ceux-ci  a^  ment  laissé  en  Egypte  leurs 
descendants,  les  enfants  dlsraêl.  il  pensait 
prendre  la  vengeance  de  ses  frères,  les  en- 
fants d'Esaiî,  que  Joseph  et  ses  frères,  assis- 
tés des  Egyptiens ,  avaient  tués  lorsqu'ils 
vinrent  à  Hebron  pour  enterrer  Jacob  (1395). 
Et  il  envoya  des  ambassadeurs  à  Adad  fils  de 
Badad,  roi  d'Edom,  et  à  tous  ses  frères  les  en- 
£ints  d'Esaii,  leur  mandant  :  N'avez-vouspas 
dit  que  vous  ne  vouliez  pas  porter  les  armes 
contre  le  roi  d'Afrique,  parce  ({u'il  est  votre 
allié?  Voici  que  seul  je  l'ai  combattu  et 
vaincu.  Maintenant  j'ai  résolu  de  faire  la 
guerre  h  TEgypte  et  aux  enfants  de  Jacob, 
qui  y  demeurent,  afin  de  prendre  ma  revan- 
che du  mal  que  leurs  pères  nous  ont  fait,  à 

(1593)  YoiU  bien  iin  nom  carthaginois.  Nous 
reneouireronsplus  tard  un  Annibai^  roi  d'Afrique^ 
i^ui  se  transpone  avec  son  armée  dans  le  pa}i$  de 
C^//rim,  en  dëfièit  les  habitants  dans  plusieurs  ba- 
tailles sanglâmes  oui  réduisent  les  enfams  de  Ce- 
tkimkûtut  doigu  de  leur  ruine,  et  reste  diX'^uit  aus 
en  vainoueur  sur  leur  territoire. 

D'après  le  latchar^  c'est  aniérîeureroent  à  Tex- 
Dédition  d'Annikal  que  les  Enfantt  de  Célhim,  (les 
nomains);  sous  la  conduite  de  Laiinus^  leur  roi,  se 


nous  enfants  d'Esaii,  dans  le  pays  de  Cha- 
naan,  lors  de  l'enterrement  de  Jacob.  Donc, 
si  telle  est  votre  volonté,  venez,  aidez-moi  1 
venger  nos  frères.  Et  les  enfants  d'EsaO  se 
réunirent  en  grand  nombre,  et  allèreol  S€ 
joindre  à  lui.  Sépho  avait  envové  faire  la 
même  invitation  aux  enCants  de  l'Orient  el 
aux  enfants  d*lsmaêl  ;  et  ils  vinrent  é^\t* 
ment  se  joindre  à  lui.  Ils  rangèrent  en  ordre 
.  leurs  armées  à  Hébron  ;  et  le  camp  de  leurs 
innombrables  soldats  couvrait  le  terrain  de 
trois  journées  de  marche.  Et  ils  portèrent 
leurs  pas  vers  TEgypte,  et  vinrent  camper 
dans  la  plaine  de  Phalurès,  vers  Daphné. 

A  la  nouvelle  de  leur  arrivée  les  Egyp* 
tiens  accoururent  de  toutes  les  contrées  de 
)eur  pays,  au  nombre  de  trois  cent  mille 
combattants.  Ils  firentvenirausM  du  paysde 
Gessen  une  partie  des  enfants  d'Israël,  des-- 
quels  arrivèrent  à  leur secourscentcinqaante 
hommes  armés.  Les  Egyptiens  et  les  entants 
d'Israël  se  portèrent  à  la  rencontre  des  rois 
ennemis  jusque  en  avant  du  territoire  de 
Gessen,  en  face  de  Phaturès.  Or,  lesKgyp- 
.  tiens  se  défiaient  des  Israélites,  et  ne  vou- 
laient pas  former  avec  eux  un  même  camp: 
car  ils  disaient  :  Les  enfantsU'Esaii  et  les  en- 
fants d'ismaël  sont  de  même  sang  que  les 
enfants  d'Israël,  et  ceux-ci  pourraient  bien 
nous  livrer  entre  les  mains  de  leurs  frères. 
Ils  dirent  donc  aux  enfants  d'Israël  :  (iardez 
ici  votre  position.  Nous  irons  seuls  corn* 
battre  les  enfants  d'Esaû  et  les  enfants  (TIs- 
maël.  S'il  arrive  qu'ils  soient  plus  forts  que 
nous,  vous  accourrez  tous  à  notre  secours. 

Et  dans  le  camp  de  Sépho  se  trouvait  Ba- 
laam fils  de  Béor  l'Araméen.  Et  Sépho  lui  dit. 
Fais-nous  connaître  par  tes  sortilèges  lequel 
des  deux  partis  sera  victorieux.  Balaam  se 
leva  et  fit  des  conjurations  et  des  exercices 
magiques;  mais  il  n'obtint  aucun  signe.  Il 
recommença  plusieurs  fois,  et  toujours  en 
vain.  Alorsdésespérant  de  réussir,  il  renonça 
è  toute  opération  ultérieure.  C'est  qne  Jé- 
hova liait  les  esprits  impurs,  et  les  empê- 
chait d'obéir  h  Balaam,  afin  de  faire  tomber 
Sepho  et  son  peuple  sous  les  coups  des  en- 
fants d'Israël  qui  invoquaient  leDieu  de  leurs 
pères,  et  avaient  confiance  en  sa  paissante 
protection. 

Les  Egyptiens  marchèrent  à  Tenneroi  sans 
prendre  dans  leurs  rangs  un  seul  Israélite. 
Biais  le  combat  leur  devint  fatal  :  ils  perdi- 
rent ce  jour-là  cent  quatre-vingts  hommes» 
tandis  que  du  c6té  des  rois  il  n'en  tombaqne 
trente.  Les  Egyptiens  ayant  tourné  le  dos, 
les  enfants  d'Esaû  et  ceux  d'ismaël  les  pour- 
suivirent, les  harcelant  et  leur  tuant  da 
monde  jusqu'au  lieu  de  lastation  des  enfants 

rendirent  sur  des  vaisseaux  eo  Afrique  et  vaiiigti* 
rent  Asdrubal,  successeur  d'Ainîas,  qui  perdil  use 
grande  pariie  de  son  armée.  De  tels  anacliroBisiiies 
ne  sont  pas  rares  dans  les  livres  des  ancîeiis  rab* 
bins. 

(1594)  /.   Samuel  xxiv,  U:  Sieut  ei  in  prmÊsrHê 
antiquo  dicitur,  Ab  impiit  egredielur  tttpiefss.  Toy 
col.  1103. 

(1395)  Voy.  plus  haut  colonne  1155. 


1253 


YAS 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1254 


d'Israël.  Alors  ils  crièrent  à  ceux-ci  :  Vile, 
à  notre  secour§!  Aussitôt  les  Is;«'aélUes  invo- 
quant de  nouveau  Jéliova,  leur  Dieu,  se  pré- 
eipiièrent  au-devant  des  troupes  des  rois.  Et 
Jéhova  les  livra  en  leur  puissance  ;  car  ils  en 
tuèrent  jusqu'à  quatre  mille  hommes.  Outre 
cela»  Jéhota  envoya  dans  les  rangs  de  Tarmée 
des  rois  une  perturbation  d'esprit;  de  sorte 
que  la  vue  des  enfants  dlsraëf  les  terri6a»et 
qu'ils  prirent  la  fuite.  Les  enfants  d*I$raël 

f)oursuivirent  les  gens  des  rois  jusqu'aux 
imites  du  pays  d'Etniopiey  et  en  tuèrent  en- 
core deux  mille  hommes.  Les  enfants  d'Is« 
raël  ne  perdirent  pas  un  seul  des  leurs. 

Les  Israélites  se  vendent  de  rabaodon  des 

Egyptiens. 

Quand  les  Egyptiens  virent  les  enfants 
d'Israël,  en  si  petit  nombre,  engagés  dans  un 
combat  inégal  contre  toute  la  masse  des  ar- 
mées des  rois ,  ils  tremblèrent  pour  eux- 
mêmes,  et  ils  coururent  se  cacher,  comme  se 
cachent  de  honte  ceux  qui  ont  fui  d'un  champ 
de  bataille.  Ils  abandonnèrent  ainsi  les  Is- 
raélites à  leurs  propres  forces.  Mais  ceux-ci 
en  s'en  revenant  victorieux  tuaient  tous  les 
Egyptiens  qu'ils  rencontraient  en  route,  en 
leur  reproctiant  leur  lâcheté  et  leur  perfidie. 
Quelquefois  les  enfants  d'Israël  criaient  les 
uns  aux  autres  :  Courez  sus  à  ces  Ismaélites, 
ou,  h  ces  Edomites,  ou,  à  ces  enfants  de  Ce- 
thiml  Et  ils  en  tuèrent  jusqu'à  deux  cents, 
lis  savaient  bien  que  c'étaient  des  Egyp- 
tiens, mais  ilsusaientde  ruse  pour  les  punir. 
Les  autres  Egyptiens  ne  s'en  apercevaient 
pas  moins  que  c'était  une  vengeance  que  les 
enfants  ;d'lsraêl  voulaient  exercer  sur  leur 
nation;  mais  ils  dissimulaient  leur  ressenti- 
ment, car  ils  les  craignaient  après  avoir  été 
témoins  de  leur  force  prodigieuse. 

Les  enfants  d'Israël  s'en  retournèrent 
joyeux  à  Gessen,  et  ceux  qui  survivaient 
des  Egyptiens  se  retirèrent  chacun  chez 
soi. 

Gommencemenl  de  la  serviiude  d*Egypte. 

Après  ces  événements  tous  les  conseillers 
de  Pharaon  et  tous  les  anciens  de  l'Egypte 
vinrent  ensemble  devant  le  roi.  Et  se  pros* 
ternant  devant  lui  la  face  contre  terre,  ils 
lui  dirent:  Voici  que  les  enfants  d'Israël 
forment  un  peuple  nombreux,  et  plus  fort 
que  nous.  Tu  sais  comment  ils  se  sont  con- 
duits envers  nous  en  revenant  de  la  dernière 
guerre.  Tu  as  vu  la  vigueur  de  leurs  bras; 
elle  surpasse  celle  de  leurs  pères,  puisq^ue 
une  poignée  de  leurs  combattants  a  délait 
une  armée  immense,  sans  perdre  un  seul 
homme;  s'ils  avaient  été  plus  nombreux  ils 
auraient  exterminé  l'armée  entière  des  rois. 

(1396)  Le  texte  de  VExode  porte  y-u<n  p  TtTTit 
et  oicendat  e  l#rni,  ou  comme  traduit  la  Vulgaie, 
egrediatur  de  terra. 

Le  Talmud  trailé  Sota,  fol.  It  recto,  objecte; 
«  Au  lieu  de,  et  H  monterait  du  pay$,  on  aurait  dû 
mettre  dans  le  texte,  et  nous  monleriom  du  payt.  i 
La  j{lo8e  de  Tarkhi  ajoute:  c  Ce  que  les  Egyptiens 
craignaient.  c*est  d*étre  eux-mêmes  expulsés  du 
pays.  Car  pour  les  Israélites,  les   Egyptiens  ne 


Maintenant,  il  est  urgent  de  délibérer  sur  le 
moyen  de  les  faire  périr  peu  à  peu;  ôar  si 
leur  population  continue  h  s'accrotlre  dans 
ce  pays,  ils  seront  un  embarras  pour  nous. 
S'il  arrive  que  nous  ayons  une  guerre,  ils 

[)0urraient  se  déclarer  contre  nous,  joindre 
eur  force  extraordinaire  aux  efforts  de  Ten- 
nemi,  soit  pour  nous  exterminer,  soit  pour 
nous  chasser  de  ce  pays  (1396).  Le  roi  ré- 
pondit :  Voici  le  moyen  que  je  propose',  et 
auquel  il  faut  s'en  tenir.  Phitnom  et  Ra- 
messes  sont  des  villes  ouvertes.  Il  nous  im- 
porte à  nous  tous,  habitants  du  pays,  de  les 
munir  de  remparts,  et  de  les  fortifier  contre 
toute  attaque  hostile.  Maintenant  usez  de 
ruse  envers  ces  gens.  Faites  publier  en 
Egypte  et  à  Gessen,  par  ordre  du  roi,  sa- 
voir :  «  O  hommes,  habitants  de  l'Egypte,  do 
Gessen  et  de  Phaturès,  vous  savez  que  les 
enfants  d'Ksaii  et  les  enfants  d'Ismaël  ont 
essayé  d'envahir  notre  territoire.  Afin  de 
nous  garantir  par  la  suite  de  toute  surprise, 
le  roi  nous  ordonne  d'enceindre  de  murail- 
les Phithom  etRamessès,  et  de  les  fortifier. 
Ceux  d'entre  vous,  Egyptiens  ou  Israélites, 
qui  veulent  nous  aider  dans  ces  travaux, 
recevront  exactement  leur  paye  chaque  jour.  » 
Vous  commencerez  par  y  mettre  la  main 
vous-mèjQes  ,  aGii  d'attirer  les  autres  par 
votre  exemple;  et  pendant  ce  premier  temps 
vous  ferez  réitérer  la  proclamation  jour- 
nellement. Il  vous  arrivera  des  Israélites,  et 
vous  ne  manquerez  pas  de  les  payer  chaque 
jour.  Dès  que  tous  tes  Israélites,  alléchés  par 
l'appAt  du  gain,  travailleront  avec  vous,  vous 
vous  retirerez  des  travaux  l'un  après  l'autre 
insensiblement.  Vous  reparaîtrez  ehsuiteen 
qualité  d'exacteurs  et  de  commissaires  des 
travaux,  et  vous  les  contraindrez  à  maçonner 
seuls,  sans  paye.  S'ils  résistent  vous  emploie- 
rez la  force.  De  cette  chose  résultera  pour 
nous  l'avantage  d'élever  des  fortifications  à 
peu  de  frais,  pour  les  enfants  d'Israël  un 
affaiblissement;  car  leur  population  dimi- 
nuera :  la  bâtisse  et  d'autres^corvées  épuise- 
ront leur  vigueur,  et  vous  les  empêcherez 
d'aller  trouver  leurs  femmes. 

Ce  conseil  plut  aux  serviteurs  au  roi,  et 
ils  firent  crier  la  proclamation  dans  toute 
l'Egypte,  à  Daj^ihné,  à  Gessen  et  dans  toutes 
les  villes  voisines  de  l'E^rypte.  En  peu  de 
temps  se  présentèrent  des  Egyptiens  en 
foule,  et  tous  les  enfants  d'Israël,  pourcons- 
truire,  avec  les  serviteurs  de  Pharaou,  les 
fortifiiuitions  de  Phithom  et  de  Ramessès.Les 
seigneurs  Egyptiens  faisaient  semblant  de 
travailler  avec  les  enfants  d'Israël,  et  leur 
payaient  chaque  jour  le  salaire  de  leur  ou- 
vrage. Mais  après  l'espace  d'un  mois  les 
Egyptiens  commencèrent  à  disparaître  les 

devaient  pas  demander  mieui  que  d*étre  débarras- 
sés d^un  ennemi  intérieur  dont  ils  avaient  toulà 
craindre.  A  cela  «^pond  Rabbi  Abba  Bar-Caliana  : 
Tel  est  en  effet  k  sens  de  ces  paroles.  Si  elles  sem- 
blent dire  le  contraire,  c'est  comme  quelqu*un  qui 
voulant  parler  d*Mn  mallieur  qu*ti  appréhende, 
s'exprime  comme  si  son  prochain  en  était  menaeé.» 
Celle  exposition  est  aussi  dans  le  llédrasch-R:ib- 
ba  et  dans  le  commentaire  de  Yarkhi  sur  TExodcu  . 


H55 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


iUf 


nns  après  les  autres,  de  sorte  qu'au  bout  de 
quatre  mois  et  quelques  jours  les  Israélites 
restèrent  seuls.  Des  Egyptiens  rerinrent 
alors  avec  le  titre  d'intendants  et  de  sur- 
Teillaiits  des  travaux.  D'autres  Eg^rptiens  se 
présentèrent  comme  préposés  des  impôts,  et 
reprenaient  aux    Israélites  tout  le  salaire 

au'ils  leur  avaient  donné  précédemment.  Et 
es  lors  on  leur  déniait  tout  salaire.  Quand 
un  Israélite  refusait  de  travailler,  alléguant 
qu*on  ne  le  payait  pas,  il  y  était  contrainte 
force  de  mauvais  traitements  delà  part  des 
Egyptiens. C'est  ainsi  quelesenfants  d'Israël, 
les' uns  façonnant  les  briques,  les  autres  ma- 
çonnant, construisirent  les  remparts  et  les 
forts  de  Philhom  et  de  Ramessès,  ainsi  que 
d'autres  lieux  d*Egypte.  Ils  étaient  de  plu.s 
astreints  à  toutes  sortes  d'autres  travaux 
durs  dans  les  champs.  Cet  état  dura  pendant 
de  bien  longues  années,  jusqu'au  jour  où 
Jéhova  se  souvenant  de  son  peuple,  le  retira 
de  dessous  le  joug  de  l'Egypte.  Et  les  en- 
fants d'Israël  changèrent  le  nom  du  roi  d'E- 
gypte, Malol^  en  Maror,  parce  qu'il  leur 
rendait  la  vie  amère  (1397).  Mais  plus  on  les 
opprimait,  plus  leur  nombre  augmentait.  Et 
les  Egyptiens  n'en  avaient  -que  plus  d'hor- 
reur pour  eux. 

Les  enfants  de  Lévi  ne  s*élaient  pas  pré- 
sentés pour  travailler  aux  fortifications  des 
villes;  car  ils  soupçonnaientque  l'offre  d'une 
paye  considérable  était  une  embûche.  Et 
comme  ils  s'étaient  tenus  à  l'écart  dans  le 
principe,  les  Egyptiens  les  laissèrent  libres 
par  toute  la  suite  du  temps. 

Alorl  d'Adad  et  suites  de  cet  événement. 

• 

Vers  ce  temps-là,  en  la  treizième  année  du 
règne  de  Pharaon,  et  la  cent-quinzième  de 
la  descente  d'Israël  en  Egypte,  mourut  Adad 
flis  de  Badad,  roi  d'Edom,  et  il  eut  pour  suc- 
cesseur Semia  de  Masréca  ,  du  pays  desen« 
fants  de  fOrient,  et  il  régna  durant  dix-huit 
ans  (1396).  Il  mit  sur  pied  une  armée  dans 
le  but  d'aller  attaquer  Sépho,  fils  d'Eliphaz, 
et  les  enfants  de  Céthim,  parce qu'ilsavaient 
fait  la  guerre  à  son  allié  Aïnias,  et  détruit 
son  armée.  Mais  les  enfants  d'Esaû  lui  re- 
présentèrent que  Sépho  était  leur  frère»  et 
ils  le  déterminèrent  à  renoncer  à  son  en- 
treprise. 

Quand  les  Egyptiens  apprirent  cette  chose, 
ils  en  profitèrent  habilement  pour  accabler 
les  enfants  d'Israël  d*un  surcroît  de  travaux. 
Et  ils  disaient  aux  enfants  d'Israël  :  Hâtez- 
vous  de  terminer  les  fortifications  du  pays, 
de  peur  que  les  enfants  d'Esati  ne  viennent 
nous  surnrendre;  car  ce  serait  à  cause  de 
vous  qu'ils  prendraient  lesarmescontre  nous. 
A  la  vérité  ils  craignaient  que  les  Israélites 

(1397)  -flQ,  amer. 

M398)  Cenèuxxxst,  36:  Cnmque  moriuus  esset 
Adady  regnavit  pro  eo  Semia  de  Masreca, 

(1389)  On  sait  que  ce  personnage  est  le  sujet 
d*an  des  livres  de  fAncîen  Testament.  Nous  ver- 
rons sa  conversion  dans  les  pages  suivantes  de  ce 
livre. 

Dans  le  livre  Enuq-Hammélech,  de  Rabbi  Na- 


ne  renouvelassent  le  traitement  qu'ils  lear 
avaient  fait  subirjlorsdela  guerreavec  leseii- 
fants d'Esaû  dans  les  jours d'Adad.  Mais  plus 
ils  cherchaient  è  faire  diminuer  le  nombra 
des  enfants  d'Israël  en  les  écrasant  de  travaux 
excessifs,  plus  la  population  de  c^ux»cipre-| 
nait  de  l'acccroisseroent.  Et  l'Egypte  polla- 
lait  d'enfants  d'Israël.  * 

Nouvelles  mesures  contre  les  enfants  d*Israd. 

En  l'année  cent  vingt-cinquième  de  la 
descente  d*lsraël  en  Egypte»  tous  les  anciens 
du  pays,  et  ses  sages,  se  présentèrent  devant 
le  roi  en  se  prosternant  la  face  contre  terre, 
et  ils  dirent  :  Vive  le  roi  éternellement.  Tu 
nous  as  donné  un  conseil  dont  rexécution  a 
produit  un  effet  contraire  au  résultat  qae 
nous  en  attendions.  Les  enfants  d'Israël»  en 
dépit  de  leurs  fatigues,  se  multiplient  è  Toe 
d'œil,  au  point  que  notre  pays  en  est  rempli. 
Maintenant,  donne-nous  dans  ta  sagesse  un 
nouveau  conseil.  Le  roi  répondit:  Cherchez 
vous-mêmes  quelle  autre  voie  nous  pour- 
rions essayer.  Alors  un  officier  du  conseil  du 
roi,  nommé  Job,  de  la  terre  de  Hus,  en  Mé- 
sopotamie, (1399),  prit  la  ()arole.  et  dit:  Que 
le  roi  entende  mon  avis,  si  cela  Iniest  agréa- 
ble. Le  conseil  donné  dans  le  temps  par  le 
roi  était  excellent.  Il  ne  faut  jamais  rien 
relâcher  des  fatigues  imposées  aux  enfants 
d'Israël.  Mais  voici  une  mesure  de  plus  que 
vous  devez  opposer  à  la  multiplication  ex- 
traordinaire des  enfants  d'Israël ,  laquelle 
nous  orée  un  danger  en  cas  de  guerre.  Si  le 
roi  le  trouve  bon  il  rendra  un  décret  qui 
sera  inscrit  dans  le  codedes  lois  deTEgypte, 
afin  qu'il  devienne  strictementobligaloire, 
savoir  :  Que  soit  répandu  à  terre  le  sang  de 
touç  les  enfants  mâles  qui  dorénavant  naî- 
tront des  Hébreux.  Qu'il  plaise  donc  ao  roi 
d'en  prescrire  l'exécution  ft  toutes  les  sages- 
femmes  Israélites.  Ce  conseil  eut  Tapproba- 
tion  du  roi  et  des  seigneurs. 

Et  Pharaon  manda  les  sages-femmes  Israé* 
lites,  dont  l'une  s'appelait  Sephora,  et  l'antre 
Phua,  et  il  leur  dit:  Quand  vous  acuucherez 
les  femmes  des  Hébreux  vous  regarderez 
sur  le  siège  d'accouchement  (IbOO),  si  c*est 
un  garçon  vous  le  tuerez ,  si  c'est  une  fille, 
vous  pourrez  la  laisser  vivre.  Si  vous  n'ob- 
servez pas  ce  que  je  vous  ordonne,  je  vous 
ferai  consumer  par  le  feu  avec  vos  maisons. 
Mais  les  accoucheuses  craignaient  Dieu,  et 
n'obéissaient  pas  au  roi.  Elles  donnaient  des 
soins,  comme  par  le  passé,  h  tous  les  en- 
fants, aux  garçons  comme  aux  filles,  afin  de 
les  conserver  en  bonne  santé.  La  chose  ayant 
été  dénoncée  au  roi,  il  fit  appeler  les  sage»- 
femmes  ,  et  leurdit:  Pourquoi  avez-vous 
laissé  vivre  les  enfants  mflles  ?  Elles  ré|ion- 

pbthali,  fol.  107  verso,  il  est  dit  que  BaImid,  Job 
et  Jetliro,  grands  magiciens,  étaient  membres  du 
conseil  de  Pharaon  ;  mais  les  deux  derniers  se  sout 
convertis  âi  Jéliova. 

(1400)  Notre  texte  a,  comme  YExode^  XPS2H,  a« 
duel,  tlont  ta  signilicalion  la  plus  probalile  rsi 
ielta  parturienlii.  Elle  est  dIsDOsêe  de  nunière  à  te- 
nir écartées  les  deux  jambes.t*est pourquoi  ce  s«te* 
tantif  a  toujours  la  forme  ducUe. 


1157 


TAS 


PART.  III.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1388 


dirent  toutes  deux  :  Que  le  roi  ne  s'imaffine 
pas  que  les  femoies  Israélites  ressemblent 
aux  égyptiennes.  Celles-là  ont  le  tempéram- 
ment  des  animaux  (1401).  Elles  se  délivrent 
elles  -  mêmes  ayant  l'arrivée  de  Taccou* 
cheuse.  Il  y  a  longtemps  que  nousi  tes  ser- 
vantes» n'avons  assisté  une  de  ces  femmes 
dans  son  travail  d'enfant.  Et  Pharaon  ajouta 
foi  à  leurs  paroles»  et  elles  purent  se  retirer 
en  paix  de  sa  présence.  Or,  Dieu  récompensa 
les  sages-femmes.  El  le  peuple  Hébreu  con- 
tinuait à  augmenter  prodigieusement. 

Naissance  tPAaron  et  de  Marie. — Mort  de  Seplio*— 
Nouvelle  désertion  de  Balaaaii 

11  y  eut  en  ces  jours-là  au  pays  d'EgyptH 
un  homme  de  la  race  de  Lévi  ;  son  nom  était 
Amram,  fils  de  Caath,  fils  de  Lévi,  Gis  d'Is- 
rdël.  Cet  homme  alla  et  prit  pour  femme  Jo« 
cltabedy  fille  de  Lévi,  sœur  de  son  père  ;  et 
elle  était  â^ée  de  cent  vingt-six  ans.  La 
femme  devint  enceinte  et  enfanta  une  fille, 
h  qui  elle  donna  le  nom  de  Marie  ;  parce  que 
déjà  alors  les  Egyptiens  rendaient  la  vie 
amère  aux  enfants  d'Israël.  Et  elle  conçut 
de  nouveau,  et  mit  au  monde  un  fils,  qu'elle 
nomma  AaicoQ,  parce  que  pendant  sa  gros- 
sesse Pharaon  commençaità  répandre  le  sang 
des  enfants  mâles  du  peuple  Hébreu  (UOâ]. 

En  ce  temps-là  mourut  Sepbo,  fils  d'Eh- 
phaz,  après  avoir  régné  sur  tous  les^nfants 
ue  Cétbim  pendant  cinquante  ans.  Et  il  fut 
enterré  à  Nabana,  ville  du  pays  de  Céthim, 
Il  eut  pour  successeur  Janus,  un  des  plus 
vaillants  héros  des  enfants  de  Céthim  (U03). 

Et  après  la  mort  de  Sepho,  Balaam,  fils  clu 
Béor,  8*enfuit  du  pays  de  Céthim,  et  se  ren- 
dit auprès  de  Pharaon,  roi  d'Egypte,  qui  le 
reçqt  avec  grand  honneur  ;  car  ^il  avait  en- 
tendu parler  de  sa  science.  Le  roi  lui  fit  des 
présents,  l'éleva  en  dignité  et' le  fit  conseil- 
ler. Balaam  se  fixa  en  Egypte.  Et  les  officiers 
le  traitaient  avec  distinction;  car  ils  dési- 
raient tous  être  instruits  par  lui  dans  la 
science  de  la  magie. 

Songe  de  Pharaon.-— Balaam,  Jéthro  et  Job  consol'^ 
lès.— Les  enfaets  des  Hébreux  Jetés  au  Ûeuve. 

En  la  cent  trentième  année  de  la  descente 
d*Israël  en  Egypte^  Pharaon  eut  un  songe.  As- 
sis sur  son  trône,  il  leva  les  yeux  et  aperçut 
devant  lui  un  vieillard  tenant  à  la  main  une 
balance  de  marchand,  qu'il  souleva  devant 
Pharaon.  Il  prit  tous  les  anciens,  tous  les 
seigneurs,  tous  les  grands  de  l'Egypte,^  et 
les  liant  en  un  faisceau,  il  les  mit  dans  l'un 
des  bassins.  Il  prit  ensuite  un  petit  agneau 
de  lait,  et  le  mit  dans  l'autre  bassin  ;  et  voici 
que  le  côté  de  l'agneau  emporta  celui  de 
tous  ces  hommes.  Pharaon  s'éveilla. 

Dès  le  mAtin  le  roi  fit  appeler  ses  servi- 
teurs, et  il  leur  raconta  ce  songe,  dont  ils 
conçurent  une  grande  frayeur.  Le  roi  dit 


ensuite  k  ses  sages  :  Interprétez-moi  le 
songe  que  j  ai  eu.  Alors  Balaam  fils  de  Béor 
prenant  la  parole,  dit  :  Ceci  ne  signifie  rien 
moins  qu'un  grand  malheur  qui  se  produira 
sur  l'Egypte  dans  la  suite  des  temps.  Car  il 
nattra.en  Israël  un  enfant  qui  ruinera  l'E-- 
gypte,  fera  périr  ses  habitants,  et  emmènera 
d'Egypte  son  peuple  par  la  puissance  de  son 
bras.  Maintenant,  ô  roi,  notre  seigneur,  il 
faut  aviser  aux  moyens  de  détruire  les  en- 
fants d^lsraôl,  et  d'anéantir  leur  e)»pérance: 
c'est  ainsi  que  nous  préviendrons  le  mal- 
heur dont  l'Ei^ypte  est  menacée.  Le  roi  dit 
à  Balaam  :  Conseille-nous  toi-même;  car 
foutes  nos  mesurescontre  les  enfants  d'Israël 
ont  échoué  jusqu'à  présent.  Balaam  répon- 
dit t  Fais  venir  tes  deux  principaux  conseil- 
lers, et  nous  verrons  ce  qu'ils  proposeront  : 
ton  serviteur  parlera  ensuite.  Le  roi  fit  donc 
appeler  Ra^uél  le  Madianile  (iM4)  et  Job  le 
Husite,  et  il  leur  dit  :  Vous  avez  entendu 
mon  songe  et  son  interprétation.  Mainte- 
nant, voyez,  conseillez  ce  que  nous  devons 
résoudre  contre  les  enfants  d'Israël.  Le  Ma- 
dianile  Raguël  répondit  :  Vive  le  roi,  vive 
le  roi  éternelle  nenll  S'il  platl  au  roi,  je  lui 
conseillerai  de  laisser  les  Hébreux  en  repos 
et  de  ne  pasies  molester;  carilssont  les  élus 
de  leurDieu,  et  sa  proprelpossessioui  par  pré- 
férence à  toutes  les  nations  et  à  tous  les  rois 
de  la  terre.  Et  qui  jamais  a  porté  la  main 
sur  eux  sans  que  leur  Dieu  en  ait  tiré  ven- 
geance? Tu  n  ignores  pas  que  Pharaon  l'an- 
cien s'étant  emparé  de  Sara,  femme  d'Abra-» 
ham,  qui  venait  demander  l'hospitalité  en 
Egyple ,  leur  Dieu  le  frappa,  ainsi  que  sa 
maison^de  grandes  plaies,  dont  il  n'obtint  la 
g;uérison  qu'en  restituant  Sara  à  son  époux» 
Plus  tard  Abimélech,  roi  de  Gérare»  enleva 
aussi  la  femme  d'Abraham.  Mais  son  Dieu 
apparut  à  ce  roi  dans  un  songe  et  l'effraya 

Sardes  menaces,  en  môme  temps  qu'il  frappa 
e  stérilité  depuis  les  femmes  des  hommes 
jusqu'aux  femelles  des  hôtes.  Abimélech  re* 
connut  humblement  au'il  avait  mal  agi,  et  il 
rendit  à  Abraham  sa  lemme,  et  le  combla  de 
riches  présents.  Le  môme  Abimélech  chassa 
de  Gérare  Isaac,  parce  qu'il  était  jaloux  de 
ce  que  la  belle  Rébecca  était  sa  femme.  Mais 
Dieu  manifesta  la  protection  dont  il  couvrait 
Isaao;  car  tous  les  courants  d'eau  du  pays 
d'Abimélech  séchèrent,  et  la  terre  ne  pro- 
duisait point  de  fruits»  Cette  calamité  ne 
cessa  que  lorsque  le  roi,  avec  une  suite 
nombreuse  de  ses  amis  et  Phicol,  général 
de  son  armée,  sortit  de  Gérare  pour  aller 
trouver  Isaac,  et  prosterné  devant  lui  la  face 
contre  terre,  le  pria  d'intercéder  pour  lui 
auprès  de  Jéhova.  De  môme,  Jacob»  homme 
simple,  fut  sauvé  à  cause  de  sa  simplicité, 
de  la  main  de  son  frère  Esaû,  et  de  la  main 
de  Lahaut  son  oncle  maternel,  lesquels  en 
voulaient  tous  deux  è  sa  vie.  Les  rois  oe 


(ilOl)  Yaickar  ei  Exode,  nm.  Nous  adopteas  le 
sens  qu^aUacheni  à  ce  leroie  le  Médraseh'Rabba,  le 
Talmud,  iratié  Sota.  fol.  11  verso,  et  la  version 
Jud.  Vûff.  aussi  Yarkhl. 

(14Ûi)llarie.  En  hébreu,  OnQ,  Miriam.  De  -^Q, 

DlCTlONCf.  DES  APOCaTPHBS.  II. 


amer.  —  Aaron.  En  hébreu,  pîTH.  De»  p^lH»  grom- 
teue. 

(iéXffj  Texte  hébreu,  «rP3KV  »  Jauiw.  Mieux  la 
version  jud.,  ViaM^t  Janut, 

(1404)  Jélbra  le  futur  beau-père  de  Moïse. 

40 


f«59 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


•     1M 


Ch  naan  tombèrent  tous  à  la  fois  sur  lui  et 
sur  ses  fils,  4:our  les  exterminer.  Mais  leur 
Dieu  les  [protégea»  et  ils  allaquërent  h  leur 
tour  les  rois  et  les  tuèrent.  En  effet,  qui  ja- 
ni?iis  a  porté  la  main  sur  ce  peuftle  sans  que 
Dieu  Ten  ait  puni.  N'est-il  pas  vrai  ane  Pha- 
raon, Pancien,  ton  grand-père,  a  élevé  Jo- 
seph au-dessus  de  tous  les  seigneurs  de  )*E- 
gypte,  pour  avoir  par  sa  grande  sai^esse 
préservé  de  la  famine  les  habitants  de  ce 
pays?  Il  donna  ensuite  Tordre  de  faire  ve- 
nir en  Egypte  Jaeob  et  ses  enfants,  afin  au*à 
la  faveur  de  leur  mérite  devant  Dieu  l'E- 
gypte et  le  pays  de  Gessen  demeurassent  à 
l'abri  de  la  famine  qui  désolait  les  autres 
pays.  Veuille  donc  renoncer  au  dessein  de 
faire  périr  les  enfants  d'Israël.  Si  leur  pré- 
sence en  Egypte  te  déplaît,  renvoie-les  d*ici, 
et  qu'ils  s'en  aillent  en  Chanaan,  pays  de  la 
demeure  de  leurs  ancêtres.  Mais  Pharaon 
en  entendant  ce  discours  entra  en  fureur 
contre  Jétbro,  qui  sortit  de  la  présence  du 
roi  couvert  de  confusion.  Et  quittant  le 
même  jour  l'Egypte,  il  s'en  alla  en  Madian 
son  pays,  emportant  avec  lui  le  bâton  de  Jo- 
seph. 

Le  roi  dit  alors  h  Job  le  Husite  :  Toi,  Job, 
quel  est  ton  avis  au  sujet  des  Hébreux  ?  Job 
répondit  :  N'est-il  pas  vrai  que  tous  les  lia- 
l)ilants  du  pnys  sont  en  ta  puissance  Y  Traite 
les  Hébreux  selon  le  jugement  de  la  propre 
prudence.  Et  Balaam  dit  h  son  tour:  Toutes 
les  mesures  prises  jusqu'ici  par  le  roi  con- 
tre les  Hébreux  demeureront  sans  résultat. 
Car,  si  tu  les  attaques  p.'ir  le  feu,  ils  y  résis- 
teront. En  effet,  n*e$t-il  pas  vrai  que  leur 
Dieu  en  a  retiré  sain  et  sauf  leur  père  Abra- 
ham,à  UrenChaldée?Veux-lulesexterminer 
par  le  fer?  Sache  qu'lsaac  leur  ancêtre  a  été 
tioustraitau  fer  du  sacrifice,  et  un  bélier  a 
été  substitué  à  sa  place.  Que  si  tu  penses  h 
réduire  leur  nombre  h  force  de  travail  et  de 
faii|/ue$,  tu  n'y  réussiras  pas  davantage  ;  car 
déjà  Jacob,  leur  père,  a  été  soumis  à  toutes 
sortes  de  travaux  pénibles  chez  Laban,  et 
en  vérité  il  n'en  prospérait  que  mieux. 
Maintenant,  voici  le  moyen  que  je  propose, 
et  auquel  le  roi,  mon  seigneur,  doit  s'en  te- 
nir. Nul  de  cette  nation,  ni  aucun  de  ses  pa- 
triarches, n'a  passé  par  ré[>reuvc  de  l'eau. 
C'est  donc  cet  élément  qu'il  faut  emplojrer 
contre  eux,  pour  les  faire  disparaître  entiè- 
rement. Si  cela  plait  bu  roi,  il  ordonnera 
qu'à  partir  de  ce  jour  on  jette  dans  le  fleuve 
tous  les  enfants  qui  naîtront  d'eux. 

Aussitôt  le  roi  fit  publier  dans  toute  TE- 

(1405;  Ainsi  le  texte.   nWM   rxmraa  tnSd 

(tiOG)  Diaprés  le  Talmiid,  traité  Sota,  fol.  Il 
verso,  et  le  Médrascli-Yalkul  sur  le  cliap.  xvi  d*£- 
lichiel,  les  HéWrcux  nourrissaient  de  lait  ei  de  miel 
les  enfants  du  premier  âge. 

Voy.  plus  de  détails  sur  cet  objet  au  tome  II  de 
noire  Harmonie  enlre  CEgliu  et  la  Synagogue^  pa- 
ges 3i3  et  suivantes. 

(Ii07)  ces  détails  se  lisent  dans  le  Talroud,  ubi 
supra,  et  dans  le  Médraseb-Rabba  de  TExode.  Ut 
•pptiqueni  â  cette  dernière  eircoDstanee  les  paro- 


gypte  un  ordre  ayant  force  de  loi»  Mv^ir  t 
Dorénavant  tout  enfant  mAle  nouveau^né 
des  Hébreux  doit  ^Ire  jetée  Peau. Et  il  en- 
voya tousses  serviteurs  au  pays  de  Gessen» 
où  habitaient  les  enfants  d'Israël»  pour  met- 
tre son  ordre  à  exécution. 

Or,  quand  les  enfants  d'Israël  apprirent 
cette  chose,  ils  se  conduisirent  direrseroem. 
Les  uns  se  séparèrent  de  leurs  femmes,  les 
autres  continuèrent  à  vivre  avec  elles.  De 
ce  jour-là  en  avant,  quand  les  femmes  de 
ceux-ci  sentaient  les  premières  atteintes  de 
l'enfantement  elles  sortaient  aux  champs 
s'y  délivraient,  et  laissant  le  leur  g^nitnre, 
s'en  retournaient  chez  elles.  Mais  celui  qui 
avait  juré  h  Abraham  de  multiplier  $a  race 
envoyait  è  Tenfant  un  ange  de  ses  serviteurs 
célestes  (1405).  Cet  ange  le  lavait,  le  net* 
toyait,  l'oignait,  le  réchauffait.  Ces  soins 
étant  accomplis,  il  mettait  h  la  portée  de 
l'enfant  deux  pierres  polies;  dn  l'une  d'elles 
il  suçait  du  lait,  de  1  autre,  du  miel  (1406/, 
Sa  chevelure  s'allongeait  jusqu*à  ses  ge* 
noux.  pour  le  tenir  couvert  mollemeat.  hi 
par  l'expresse  volonté  de  Dieu  la  terre  s*oo- 
viait  et  recevait  dans  son  sein,  comme  dans 
un  berceau,  tous  ces  êtres  faibles,  et  les  gar- 
dait jusqu'à  leur  entière  croissance.  Alors  la 
terre  ouvrait  sa  bouche  et  les  rendait  k  la 
lumière^  Vous  eussiez  vu  ces  ieunes  Hé* 
breux  pousser  du  sol  comme  Vberbe  des 
champs,  et  comme  les  plantes  des  forêts.  Et 
ils  dirigeaient  leurs  pas,  sans  se  tromper, 
chacun  vers  sa  famille,  et  vers  sa  roaisoo 
paternelle.  Les  Egyptiens,  qui  s'étaient  aper» 
çus  de  l'absorption  des  petits  enfants  ^c* 
taientauxchamps  chacun  avec  sa  charrue  at- 
telée de  deux  bœufs,  et  labouraient  profon* 
dément  la  terre  qui  couvrait  les  enfants 
Hébreux;  mais  ils  ne  pouvaient  jamais  les 
atteindre,  ni  leur  nuire.  C'est-ainsi  que  le 
peuple  d'Israël  augmentait  et  se  multipliait 
prodigieusement  (1W7). 

Cependant  Pharaon  envoyait  jonmelle- 
ment  à  la  recherche  des  enfants  d  Israël.  Et 
quand  on  en  trouvait,  on  les  arrachait  vio- 
lemment des  bras  des  mères,  et  on  les  je* 
tait  au  fleuve.  Mais  on  ne  faisait  pas  atten- 
tion aux  Qlles  (U08]. 

Naissance  de  Moïse.— Son  adoption  par  la  prtnoetse 
fiutliia,  fille  de  Pharaon. 

En  ce  temps-là  l'esprit  de  Dieu  fat  sur 
Marie,  fille  d'Amram  et  sœur  d'Aaron.  Et 
elle  allait  par  la  maison  en  répétant  :  Voici 
que  pour  le  coup  il  nous  naîtra,  de  mou 

les  du  psalinisle  {Pêoi.  cxxix,  3)  :  Super  éortù  m9 
araverunt  araloret^  protongavermnt  tvifroi  êmo$,  Lrf 
enfants  Hébreux,  sortis  de  terre,  disent  ces  dfvi 
recueils,  arrivaient  par  troupes  nombreuses  rej4Mji- 
dre  leurs  parents. 

Ce  sont  là  de  véritables  niKbinades,  qitll  hm 
bien  se  garder  de  meure  sur  le  compte  des  écriTains 
du  Yaichar  ancien. 

(  U08  )  Ce  passage  sappoie  que  nrui»^ 
femmes  Israélites,  soudatnemeot  prises  de  mil 
d*enfant,  «^avaient  pas  le  temps  d*aller  se  déUvntf 
dans  les  champs,  et  de  faire  aiMorber  kmn  eetati 
par  la  terre. 


iseï 


YAS 


PART  111.—  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


père  et  de  ma  mère,  un  fils  qui  sauvera  Is- 
raël (le  la  tyrannie  des  Egyptiens.  Aiurain 
avait  répudié  sa  femme  depuis  trois  ans 
(H09);  mais  quand  il  entendit  cette  prédic- 
tion» il  reprit  Jocliabed  et  la  ramena  chez 
lui.  La  femme  d*Amram  devint  enceinte*  et 
au  septième  mois  de  sa  grossesse  elle  en- 
fanta un  fils.  En  ce  moment  la  maison  fut 
remplie  d'une  lumière  éclatante,  comme  celle 
du  soleil  et  de  la  lune  dans  leur  plus  grande 
splendeur.  La  mère  voyant  que  cet  enfant 
était  beau  et  d*un  aspect  agréable,  le  cacha 
pendant  trois  mois  dans  une  chambre  se- 
crète. 

Or,  les  Ej;yptieuA  avaient  imaginé  une 
ruse  pour  découvrir  les  enfanls  que  les  Hé- 
breux tenaient  cachés.  Leurs  femmes  por- 
tant sur  I  épaule  leurs  propres  enfants  qui. 
ne  parlaient  pas  encore,  allaient  à  Gessen 
où  étaient  les  Hébreux.  Elles  entraient  dans 
les  maisons  sous  couleur  de  visiter  les  fem- 
mes iscaélites.  El  quand  leurs  enfants  fai- 
saient entendre  les  sons  inarticulés  propres 
à  leur  âge,  le  petit  Hébreu  qui  était  caché 
y  répondait.  Aussitôt  elles- allaient  le  dé- 
noncer à  Pharaon,  qui  le  faisait  prendre  et 
mettre  à  mort. 

Jochabed  ne  put  cacher  plus  longtemps 
son  enfant,  dont  l'existence  avait  été  portée 
è  la  connaissance  du  roi.  Et  afin  de  préve- 
nir son  enlèvement  par  les  exempts  égy^n 
liens,  elle  prit  un  coffre  de  Jonc,  et  IVn- 
duisit  de  bitume  et  de  poix.  Elle  y  mit  en- 
suite son  fils,  et  Texposa  ainsi  au  milieu  des 
roseaux  de  la  rive  du  fleuve. 

Or,  Marie  se  tint  à  une  certaine  distance 
de  cet.eud roi t, afin  desavoir  ce  qui  arriverait 
à  son  petit  frère,  et  ce  que  deviendraient  ses 
propres  prédictions.  Et  Dieu  envoya  sur 
i*£gypte  en  ces  jours-là  des  chaleurs  telle- 
ment fortes  que  les  habitants  en  eurent  la 
peau  comme  brûlée,  et  ils  cherchaient  du 
soulagement  dans  les  eaux  du  Nil.  En  cette 
occasion»  Batbia,  fille  de  Pharaon,  y  alla 
aussi,  pour  se  baigner.  Ses  filles  de  service 
la  suivaient  sur  le  bord  du  fleuve,  où  se  te- 
naient beaucoup  de  femmes  égyptiennes. 
Alors  Bathia«  en  promenant  le  regard  sut 
le  fleuve,  aperçut  un  coffre  de  jonc  sur  la 
surface  de  Peau;  et  elle  Tenvuya  prendre 
par  une  de  ses  servantes.  L'ayant  ouvert, 
elle  vit  un  enfantqui  pleuraiLËIIeen  eut  pi- 
tié, etdit  :  C'est  un  enfant  des  Hébreux.  Tou- 
tes les  Egyptiennes  du  bord  s'oArirent,  Tune 
après  l'autre,  pour  lui  donner  de  leur  lail* 

(1409)  Il  était  un  de  ceux  que  s'étaient  séparés 
de  leurs  femmes.  Voy.  colonne  précédente. 

(UIO)  Moïse,  rnro.  MohIU,  Jusèpbe,  Puilon,  CM« 
ment  d'Alexandrie,  quelques  anciens  Pères  de  TK- 
gli»e,  ont  parfaitement  reconnu  que  ce  nom  se 
compose  de  dc:ux  mois  égyptiens,  dont  le  premier, 
}Mi>,  signifie  fan,  et  le  second,  laitwrr.  Celui-ci  est, 
d'après  l^n.  Rossi  (£iyiii.  JEqypt,)  ouaai,  et  d'après 
Jablonski  (Opuscule,  1. 1)  ouae. 

A  rexeiuple  des  LXX,  nous  transcrivons  en  a  le 
djandja  du  copte,  dont  nous  n'avons  pas  de  ca- 
ractères dans  ce  moment. 

(iill)  Héber,  norif  aUachemeni^  r/anton.— Jécu- 

tUcU  Sk^TTON  de  mo,  efpérer.  et  b»,  Oku.  —  Ja- 


mais  l'enfant  ne  voulut  prendre  le  sein  d'au- 
cune d'elles.  Or,  Jéhova  lui  inspirait  cetta 
répugnance,  afin  de  le  faire  revenir  au  sein 
deaa  mère.  Alors  Marie,  qui  s'était  mêlée 
à  ces  femmes,  dit  h  la  fille  de  Pharaon  : 
Veux-tu  que  j'aille  te  chercher  pour  cet  en* 
fant  une  nourrice  parmi  les  femmes  des  Hé* 
breux?  La  fille  de  Pharaon  lui  dit  :  Va.  Aus- 
sitôt la  jeune  vierge  alla  et  appela  la  mère 
même  de  l'enfant.  Et  la  fille  de  Pharaon  dit 
À  Jochabed  :  Prends  cet  enfant,  et  nourris* 
le-moi.  Je  te  donnerai  pour  ton  salaire  deux 
pièces  d'argent  par  jour.  La  femme  prit  l'en- 
fant et  le  nourrit.  Et  lorsque,  au  bout  de 
deux  ans,  l'enfant  fut  eu  âge  d'être  sevré* 
elle  le  rapporta  è  la  fille  de  Pharaon,  nui 
l'adopta  et  lui  donna  le  nom  de  Moïse*  di- 
sant :  Parce  que  je  l'ai  retiré  de  l'eau  (IMO). 
Mais  Amrara,  son  père,  le  nomma  Héber; 
parce  que,  dit-il,  c'est  pour  lui  que  je  me 
suis  réuni  à  ma  femme.  Jochabed  le  nomma 
Jécuthiel,  car -elle  avait  espéré  à  son  sujet 
en  Jéhova,  qui  le  lui  avait  rendu.  Sa 
sœur,  Marie,  le  nomma  Jared,  parce  qu'elle 
était  descendue  au  fleuve  pour  le  suivre  et 
savoir  ce  qu'il  adviendrait  de  lui.  Son  frère, 
Aaron,  le  nomma  AbiZanoé,  disant  :  Mon 
I  ère  avait  quitté  ma  mère,  et  pour  lui  il  Ta 
reprise.  Caath,  son  aïeul  paternel,  le  nom* 
ma  Abi-Ghedor,  parce  que  Dieu  avait  fermé, 
à  cause  de  son  mérite  futur,  la  plaie  de  la 
maison  d'Israël  ;  car  on  cessa  de  jeter  k  l'eau 
les  enfants  mflles.  La  femme  chargée  de  lu 
soigner  le  nomma  Abi-Succa,  parce  uu'il 
était  demeuré  caché  pendant  trois  mois  dans 
une  chambre-cabane,  de  crainte  des  enfants 
de  Cham«  Tout  le  peuple  d'Israël  le  nomma 
plus  tard  Séméia  fils  deNathanaël,  car  en  seê 
ours  Dieu  entendit  leurs  gémissements,  et 
es  sauva  de  la  main  de  leurs  oppresseura 
<1W1). 

Et  Moïse,  adopté  par  Bathia,  fille  do  Pha- 
raon, était  élevé  avec  les  fils  du  roi, 

Mort  du  roi  d*£doni. 

En  ces  jours-li  mourut  le  roi  d'Edom, 
dans  la  dix-huitième  année  de  son  règne,  et 
il  fut  enterré  dans  le  palais  qu*il  s'était  bêti 
au  pays  d'Edom.  Alors  les  enfants  d'Esaii 
envoyèrent  k  Phathor  (1(^12),  situé  sur  le 
fleuve  (d'Euphrate),  et  en  firent  venir  un 
jeune  homme  beau  de  figure  et  bien  fait  de 
corps,  du  nom  de  Saûl  ;et  ils  l'établirent  roi 
à  la  place  de  Semla.  Et  Saiil  gouverna  le 

red,  Ti'.  deuendre,  —  Abi-Zanoé  ,  TOSt  ^OM,  de 
^2H.  MOU  père,  etrOÎ,  abandonner,  quitter.  — >  A^i* 
Gbedor,  Tta  UH,  de  an,  père^  et  Tra,  eneeindrt, 
ftnner.  •—  Abt-Succa,  rCD  tlM.  de  3m,  père,  ei 
nx>  cabane.  —  Séméia,  ;pysiV,  Dieu  a  enlcoda.  » 

Natlianael,  bicns.  Dieu  a  donné,  accordé. 

Le  Médrascb-Rabba  et  le  Makbzor  (fête  de  Sim  • 
kbat-Tbora)  donnent  à  Moïse  ces  mémei  noma 
avec  quelques  auirM.  Le  Makhxor  ponctue  Tavanl- 
deruier  nom,  Àbi-Socho^  ce  qui  en  changerait  la  ai* 
giiiûcation. 

(1413)  Le  teSoupd  des  LXX,  Nombres^  xxii,  l| 
el  d*Eu8ébe,  De  locU,  etc. 


1i63 


DICTIONNAIRE  DES  APOCHTPIIES. 


*     f«4 


pays  d*Eaom  pendant  Tespace  de  quarante 
nos  (1418). 

Aggravation  de  la  servitude. 

El  Pharaon  voyant  qu'en  dépit  du  conseil 
de  Balaam  les  enfants  aisraël  iractiûaienl  et 
multipliaient  et  pullulaient  dans  tout  le  pays 
d'Egypte,  leur  fit  notiSer,  savoir  :  Que  nul 
de  vous  ne  diminue  rien  de  sa  tAcbe  de  cha- 
que jour;  car  ce  qui  manquera  à  sa  maçon- 
nerie, soil  en  tnortier,  soit  on  briques,  sera 
comblé  par  le  corps  du  plus  jeune  de  ses 
fils.  L'on  exigeait,  en  conséquence  de  cet 
ordre,  la  somme  du  travail  de  chaque  Hé- 
breu avec  une  telle  rigueur  que  journelle- 
ment on  arrachait  des  entants  des  bras  des 
mères  pour  les  murer  à  l'endroit  laissé  ina- 
::hevé  par  leurs  pères  épuisés  de  forces. 

L^enrant  Moïse  enlève  là  couronne  de  la  tête  du  roi. 
— Balaam  change  encore  de  pays. 

Dans  la  troisième  année  de  l'âge  de  Moïse 
Pharaon  était  à  manger,  ayant  à  sa  droite 
Alpharaonith,  la  reine,  et  à  sa  gauche,  Ba- 
thia,  qui  tenait  Moïse  sur  ses  genoux.  Ba- 
laam, fils  de  Béor,  avec  ses  deux  fils  et  tous 
les  grands  seigneurs  du  royaume,  avaient 
pris  place  à  la  table  du  roi.  Tout  à  coup  le 
jeune  garçon  étendant  la  main  s'empara  de  la 
couronne  du  roi,  et  se  la  posa  sur  la  tête. 
Le  roi  et  les  princes,  saisis  de  ce  fait,  se  re- 
gardaient avec  élonoement.  Enfin,  le  roi, 
s'adressent  aux  seigneurs,  dit  :  Que  pensez- 
vous  d'une  chose  pareille?  Et  guel  traite- 
ment mérite  l'audace  de  ce  petit  Hébreu  ? 
Alors  fialaaro,  fils  de  Béor,  prenant  la  pa- 
role, dit  :  Happelle-toi,  6  roi  mon  maître,  le 
songe  que  tu  as  eu,  il  y  a  longtemps,  et  com- 
ment ton  serviteur  te  l'a  inter{)réié  (lil^i). 
Considère  que  ce  garçon  appartient  aux  Hé- 
breux, <)ui  possèdent  l'esprit  de  Dieu.  Et  ne 
va  pas  t'imaginer,  seigneurrooo  roi,  qu'étant 
si  jeune,  ce  garçon  a  dû  agir  sans  discerne- 
mont.  1(  sufut  qu'il  soit  de  la  race  des  Hé- 
breux pour  que  nous  nous  persuadions  (]ue 
tout  jeune  au'il  est,  il  a  fait  cette  chose  avec 
réflexion,  ann  d'acquérir  un  droit  h  la  royauté 
d'Egypte.  Car  telle  est  Tallure  des  Hébreux 
d'employer  des  voies  détournées  pour  sur- 
prendre les  rois  et  leurs  ministres.  Ne  sais- 
tu  pas  que  par  les  mêmes  movens  Abraham 
leur  père  est  parvenu  à  détruire  l'ariuée  de 
Nemrod,  roi  deBabyloue,  et  à  tromper  sob« 
tilement  Abimélecb,  roi  de  Gérafe,  en  sorte 

S[u'il  a  acquis  la  propriété  du  pays  des  en- 
onts  de  Heth,  et  de  tout  le  royaume  de  Cha- 
naan.  Descendu  ensuite  en  Egypte,  il  foisait 
passer  Sara,  son  épouse,  pour  sa  sœur,  afin 
de  tendre  un  piège  aux  E^^yptiens  et  à  leur 
roi.  Ainsi  faisait  aussi  son  tils  ]saac  en  ve- 
nant demeurer  àGérare.  H  v  p/irvint  k  sur- 
passer la  puissance  d*Abimélech,  roi  du 
pays,  n  voulait,  lui  au8si,  attirer  un  malheur 
sur  la  terre  des  Philistins,  en  disant  de  Hé- 
becca,  sa  femme  :  Elle  est  ma  sœur.  Jacob 

(1413)  Geuhe^  xxxvi,  S7  :  Hoc  (Semla)  quoqui  mor" 
tuo,  regnavU  pro  eo  Soûl  de  fiutio  RohoboUi, 

(1414)  Voy,  plus  IjsuI,  colonne  1257. 


n'a  pas  moins  usé  de  ruse  envers  son  frère 
pour  le  dépouiller  de  son  droit  de  primo- 
géniture,  et  lui  enlever  sa  bénédiction.  H 
se  transporta  ensuite  en  Méso[)Otamie  de 
Syrie,  auprès  de  Laban,  son  oncle  maiernel. 
et  s'emp'ira  subtilement  de  ses  filles,  de  ses 
troupeaux,  de  (outson  avoir,  et  s*enfuit  avrc 
tout  cela  an  pays  de  Ghanaan  auprès  de  son 

fière.  Son  fils  Joseph,  vendu  pi^r  ses  propres 
rères,  serv«iit  comme  esclave  en  E^'ptCt^iù 
il  avait  été  amené.  Mais  sa  perversité  le  fit 
mettre  en  prison.  Il  y  était  depuis  douze 
ans  (H15)  lorsque  Pharaon  l'ancien  eut  cer- 
tains songes.  Ce  roi  le  fit  tirer  de  prison,  et 
l'éleva  en  digfiité  au-dessus  de  tous  les  sei- 
gneurs nationaux,  parce  qu'il  lui  nv.-iil  in- 
terprété ses  songes.  Quan«l  la  famine  régn  it 
sur  toute  la  (erre,  Joseph  fit  venir  en  Eg^f'te 
son  père,  ses  frères  et  tout  le  personnel  de 
leurs  maisons,  et  il  les  nourrit  aux  dépens 
du  pays.  Bien  plus,  il  acquit  la  propriété  de 
tout  ie  sol  égyptien  et  réduisit  les  habksnts 
de  ce  pnys  à  la  condition  d'esclaves.  Main- 
tenant, mon  roi,  sois  persuadé  que  ce  gar- 
çon s'élève  en  Egypte  a  la  place  de  ses  pères 
pour  en  faire  autant.  Il  jouera  le  roi  et  tous 
ceux  qui  sont  revêtus  de  Taulorité  publique. 
Si  cela  platt  au  roi,  répandons  son  sang  à 
terre,  de  peur  qu'en  grandissant  il  ne  s'em- 
pare de  la  royuuté,  ce  qui  serait  la  perte 
de  l'Egypte.  Le  roi  dit  k  Balaam  :  Appelons 
encore  tons  les  ju^es  et  tous  les  sages»  afin 
de  nous  assurer  si  cet  enfant  est  véritable- 
ment digne  de  mort;  s'il  en  est  ainsi  que  tu 
le  dis,  nous  le  ferons  périr. 

Le  roi  fit  donc  mander  devant  lui  tous  le« 
sages  de  l'Egypte,  et  ils  arrivèrent  ayant 

{)armi  eux  un  ange  de  Jéhova,  qui  avait  pris 
'extérieur  de  l'un  d'eux.  Pharaon  leur  ayant 
exposélachose, Tance,  sous  l'apparence d'uD 
des  pages  du  roi,  du  en  présence  de  toute 
l'assemblée  :  Que  le  roi  ordonne  d'apporter 
un  vase  contenant  des  diamants,  et  un  autre 
vase  rempli  d'une  braise  ardente.  Suivant 
que  l'enfant  prendra  de  l'un  ou  de  l'autre, 
nous  jugerons  s'il  agit,  ou  non,  avec  discer- 
nement. Tous  ayant  approuvé  ce  conseil,  les 
deux  vases  furent  apportés  et .  posés  devant 
Moïse.  L'enfant  allait  étendre  sa  main  vers 
les  diamants,  mais  l'ange  la  poussa  invisihl»- 
roent  vers  la  braise,  et  en  même  temps  l'é- 
teignit.  L'enfant  en  prit  une  poignée  et  la 

f^orta  à  la  bouche  ;  et  ses  lèvres  et  sa  langue 
urent  en  partie  entamées  par  la  chaleur  qoe 
la  braise  conservait.  C'est  de  Ik  qu'il  est  de- 
venu lourd  de  bouche  et  pesant  de  lan- 
5 ne  (H16).Le  roi  et  les  seigneurs  décidèrent 
e  laisser  vivre  l'enfant. 
Et  Moïse  continuait  k  demeurer  dans  la 
maison  de  Pharaon.  Il  était  élevé  wree  h  s 
fils  du  roi,  et  était  vêtu  de  pourpre.  Batbia, 
fille  de  Pharaon,  le  regardait  comme  son  en- 
fant. Il  était  honoré  |»ar  tous  ceux  da  palais, 
et  les  Egyptiens  te  respectaient.  Devenu  plus 
grand,  il  se  rendait  chaque  jour  à  Ijesseo, 

(1415)  Voy.  colonne  1 20! . 
(UI6)6>aiJM  enim  ore,  eigrarh  tingwatgalEsoé. 
iT,  10),  diaprés  le  texte  licbmi. 


U65 


TAS 


PART.  111.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


lAS 


li(^ 


OÙ  élaîent  ses  frères.  Ceux-ci  lui  apprirent 
que  c*étsil  par  riosligalion  de  Balaam,  fils 
de  Béor,  qu'on  les  accablait  de  Iravaux  qui 
leur  laissaient  h  peine  le  temps  de  respirer; 
et  que  le  môme  Balaam  avait  engagé  Pha- 
raon h  le  faire  mourir,  lorsque,  encore  en- 
fant, il  avait  ôlé  la  couronne  de  la  tète  du 
roi.  Et  Moïse  irrité  contre  Balaam»  cherchait 
à  le  tuer,  etenép'ait  Toccasiou  chaque  jour. 
Après  un  certain  temps  il  fut  dit  k  Balaam: 
Sois  sur  tes  gardes;  car  voici  que  le  tils  de 
Batbia  en  veut  à  ta  vie,  et  te  guette  p(»ur  te 
Tûter.  Balaam  eut  peur;  et  il  quitta  l'Egypte 
avec  ses  deux  fils,  et  ils  se  réfui^ièrent  au- 
près de  Cicanus  (itkl7),  roi  d'Ethiopie. 

A  la  prière  de  Moïse,  Pharaon  accorde  aux  enfants 
d*Israéi  le  repos  du  septième  jour. 

Moïse  vivait  librement  dans  le  palais  du 
roi,  et  Jéhova  le  rendait  agréable k  Pharaon, 
à  ses  serviteurs  et  aui  Egyptiens,  qui  tous 
l'aimaient  i>eaucoup.  Un  jour  Moïse  étant 
allô  visiter  ses  frères  h  Gessen,  fut  extréme- 
ment  peiné  de  les  voir  assuiettisà  de  si  durs 
Iravaux.  A  son  retour,  il  alla  se  prosterner 
devant  le  roi,  et  lui  dit:  De  grAce,  mon  sei- 
gneur» je  viens  l'adresser  une  petite  de- 
mande :  ne  me  refuse  pas.  Pharaon  lui  dit  : 
Parle.  Alors  Moïse  dit:  Qu'il  te  plaise  d'ac- 
corder à  tes  serviteurs  les  enfants  d'Israël» 
qui  sont  à  Gessen,  un  jour  de  la  semaine» 
pour  s'y  re[>oser  de  leur  travail.  Le  roi  ré- 
pondit :  Voici  que  je  t'exauce  :  Il  sera  fait 
selon  ton  désir.  Aussitôt  Pharaon  fit  publier 
dans  toute  l'Egypte  et  à  Gessen  »  savoir  : 
A  vous,  tous  les  enfanlsd'Israë!.  Faites  votre 
ouvrage  pendani  six  jours»  et  le  septième 
jour  vous  jouirez  d*un  repos  absolu.  Ainsi 
Vordonnent  le  roi  et  Moïse»  Qls  de  Batbia. 
Or,  ceci  fut  ainsi  disposé  par  Jéhova»  ()ui 
commencail  k  se  souvenir  des  enfants  d'Is- 
raël, en  faviTur  de  leurs  pères,  pour  lesdé- 
livrer^tA  la  servitude  de  Pharaon.  Et  Moïse 
s«)  réjouit  beaucoup  de  son  heureux  succès. 
£t  Jéhova  tut  avec  Moïse,  et  son  renom  se 
répandit  dans  toute  l'Egypte.  Il  était  en  es- 
time aux  yeux  des  Egyptiens  et  aux  yeux 
des  enfants  d'Israël.  Et  il  était  ailenlif  à  faire 
du  bien  k  son  peuple  auprès  du  roi. 

Moïse  tue  on  Egjtien  et  est  condamné  à  mort.  — 
Rtmontrauces  d*Aaron  au  peuple  hébreu. 

Moïse»  ftgé  de  dix-huit  ans,  se  rendait  à 
Gessen  dans  l'intention  de  visiter  son  père  et 
sa  mère.  Arrivée  un  endroit  nù  travaillaient 
les  enfants  d'Israël,  il  aperçut  un  E^ptien 
qui  battait  un  Hébreu.  Celui-ci  voyant  ve- 
nir Mo'iso,  courut  se  mettre  sous  sa  protec- 
tion; car  il  connaissait  son  crédit  dans  le 
palais  de  Pharaon,  et  il  lui  dit  :  Aide-moi» 
seigneur!  Cet  Egyptien  est  entré  denuitdans 
ina  maison,  et  m'a  garrotté,  et  en  ma  pré- 
sence il  a  abusé  de  ma  femme  Et  mainte- 

j[U17)  Texte,  DUp^.  I^  livre  de  ta  tfie  de  Moise  a, 
JNicanue» 

(U18)  On  sait  qu>n  Orient  ce  sont  des  chefs 
mililaircs  qui  remplissent  les  fonctions  de  lK>ur- 
rcau. 


nant  il  veut  m  ôter  la  vie.  Moise,  en  appre- 
nant cette  odieuse  action»  fut  rempli  de  co- 
lère conire  l'Egyptien.  Il  se  retourna  de  tous 
côtés»  et  voyant  qu'il  n'y  avait  là  personne, 
i;  (ua  l'Egytien  elle  cacha  dans  le  sable.  L'Is- 
raélite étant  rentré  chez  luise  disposait  à 
répudier  sa  femme;  car  il  n'est  pas  admis 
dans  la  maison  de  Jacob  qu'un  homme  ait 
commerce  avec  sa  femme  après  qu'elle  a  été 
souillée  par  un  étranger.  La  femme  allas'en 
plaindre  à  SHS  frères,  qui  auraient  tué  le  mari 
s'il  ne  s'était  échappé  de  leurs  mains  par  la 
fuite. 

Le  lendemain  Moïse  sortit  encore  vers  ses 
frères,  et  il  vit  que  deux  hommes  Hébreux 
se  querellaient»  et  il  dit  au  plus  violent: 
Pourquoi  frappes  -  tu  ton  prochain?  Cet 
homme  lui  répondit  :Qui  t'a  établi  sur  nous 
thefel  ju^e?  Penses-tu  me  tuer  comme  tu 
as  tué  l'Egyptien?  Moïse  craignit  et  se  dit: 
En  vérité,  la  chose  est  connue.  En  eOèt,  Pha- 
raon en  fut  informé,  et  il  conclamna  Moïse 
k  mourir.  Mais  Dieu  envoya  son  ange 
qui  prit  la  ressemblance  du  ciief  des  satel- 
lites (U18}et  revêtit  celui-ci  de  l'apparence 
de  Moïse.  L'ange  de  Jéhova ,  saisissant  le 
glaive  abattit  la  tète  du  chef  des  satellites. 
Il  prit  ensuite  Moïse  par  la  main,  le  trans- 
porta hors  de  la  frontière,  et  le  déposa  en  un 
lieu  distant  de  l'Egypte  de  quarante  tour- 
nées de  marche. 

Et  Aaron  resté  seul  en  Egypte,  prophéti- 
sait en  ces  termes  aux  enfants  d'Istaël: 
Voici  ce  que  dit  Jéhova,  Dieu  de  vos  pères: 
Eloignez  de  vous  les  idoles,  qui  sont  une  abo- 
mination h  ses  yeux;  et  une  les  faux  dieux 
de  l'Egypte  ne  vous  souillent  pas.  Mais  les 
enfants  d'Israël  étaient  alors  récalcitrants,  et 
ne  voulaient  pas  obéir  à  Aaron.  Et  Jéhova 
les  aurait  exterminés  s'il  ne  s'était  pas  sou* 
venu  de  son  alliance  avec  Abraham,  Isaacet 
Jacob.  Dans  le  même  temps  la  main  dePha* 
raon  allait  toujours  s'appesantissant  sur  les 
enfants  d'Israël»  jusqu'à  l'époque  où  Jéhova 
envoya  son  Verbe  et  les  visita  (U19). 

Guerre  des  Eihiopiens  contre  des  peuples  leurs  tri- 
butaires.—Perlidie  de  Balaam. 

En  ce  temps-lè  éclata  une  grande  guerre 
entre  les  enfants  de  Chus  ,  les  enfants  de 
rOrient  et  les  enfants  d'Aram.  Ces  deux 
peuptes  s'étaient  soulevés  contre  le  roi  de 
Chus  (d'Ethiopie),  dont  ils  dépendaient.  Ci- 
canus» roi  d'Ethiopie»  voulant  les  ramener 
sous  son  obéissance,  marcha  contre  eux  avec 
tous  les  enfants  de  Chus»  oui  formaient  une 
armée  nombreuse  comme  le  sable  de  la  mer. 
Avant  de  se  mettre  en  campagne  Cicanus 
conQa  à  Balaam  et  à  ses  deux  tils  la  gardede 
la  ville, ainsi  que  iasurveiliance  du  bas  i  ea- 
ple  qu'il  y  laissait.  Il  marcha  ensuite  è  l'en- 
nemi» tua  la  majeure  partie  de  ses  combat- 
tants» et  lui  fit  beaucoup  de  prisonniers.  Et 

(1  iiO)  Ainsi  le  texte  :  TTIT  TO  7VFV  nSif  TVf  17. 
mpsri.  Le  psalniisle,  cvn,  ÎO.  selon  l'iiébr.  s'ex- 
priuie  piécisémeut  dans  l«s  mêmes  termes  *  Misit 
Yerbum  $uum  H  sanaifit  toi. 


KAl 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


tiCS 


après  avoir  soutnis  les  rebelles,  il  imposa 
un  tribut  sur  leur  pays  comme  auparavarK. 

Mais  pendant  Tabsence  de  Cicaous,  Ba« 
laam  se  concerta  avec  le  peuple  pour  se 
révolter  contre  le  roi,  et  Tempêcherde  ren- 
trer dans  sa  viMe.  Les  habitants  déclarèrent 
Balaam  Jeur  roi,  lui  jurèrent  fidélité  et  nom- 
mèrent ses  deux  Tvls  commandants  supé- 
rieurs des  troupes.  Et  ils  se  mirent  à  exhaus- 
ser leurs  reniparts,  et  à  les  rendre  inexpu- 
gnables de  deux  côtés  de  la  ville.  Au  troi- 
sième cfrté  ils  creusèren-t  d'innombrables 
fossés  jusqu^au  ilduve  qui  coule  autour  du 
pays  de  Cnus^  (1420);  et  ils  firent  arriver 
reau  du  fleuve  dans  les  fossés.  Quant  au 
quatrième  côtéyils  y  rassemblèrent  parleurs 
euchmitemcnts  et  leursopéralions magiques, 
une  quantité  innombrable  de  serpents  et 
d^autres  bêtes  venimeuses.  C'est  ainsi  qu'ils 
munirent  la  place.  Après  cela  ils  s'y  enfer- 
mèrent; et  nul  ne  pouvait  plus  ni  entrer  ni 
sortir. 

Cependant  Cicanus  revenait  triomphant 
dans  son  pays,  entouré  des  chefs  de  l'armée. 
Lorsqu'ils  approchèrent  delà  capitale,  ils 
remarquèrent  que  les  murs  en  avaient  été 
exhaussés  jusqu'il  une  grande  hauteur.  Ils  en 
ftirent  surpris;  mais  ils  ne  tardèrent  pas  à 
se  dire  les  uns  aux  autres  :  Sans  doute,  les 
bai)itants  trouvaient  que  notre  absence  se 
prolongeait,  et  ils  ont  conçu  de  la  crainte 
pour  l'issue  de  notre  expédition.  C'est  pour- 
quoi ils  ont  exhaussé  et  fortifié  les  murs  de 
]ft  ville,  de  peur  que  les  rois  de  Channan  ne 
vinssent  les  attaquer.  Arrivés  à  l'entrée  de  la 
Tille,  et  en  trouvant  les  portes  closes  ,  ils 
crièrent  aux  portiers  :  Ouvrez-nous,  afin  que 
BOUS  entrions.  Mais  les  portiers ,  par  ordre 
de  leur  roi,  Balaam  le  magicien,  refusèrent 
d'ouvrir.  Alors  s'engagea  devant  la  porte  un 
eombat  dans  lequel  l'armée  de  Cicanus  per- 
dit trente  hommes.Le  jour  d'après,  les  gens 
de  Cicanus  recommencèrent  Tatlaque  du 
eôlé  du  fleuve  qu'ils  essayaient  de  passer  à 
gué;  mais  tous  ceux  qui  s'avançaient  dans 
feau  tombaient  dans  les  fossés  et  se  noyaient. 
Alors  le  roi  fit  couper  desarbres  et  construire 
des  radeaux  pour  le  transport  de  ses  soldats. 
Mais  quand  ces  radeaux,  au  nombre  de  dix, 
étaient  arrivés  sur  les  fossés,  des  moulins 
eaebés  au  fond  faisaient  tournoyer  Teau,  et 
les  entraînaient  dans  des  gouflres  avec  deux 
cents  hommes  qu'ils  portaient.  Le  troisième 
jour  l'armée  de  Cicanus  tenta  une  attaque  du 
c6té  des  serpents;  mais  elle  ne  put  appro- 
cher de  la  ville  ,  car  les  bètes  venimeuses 
avaient  déjà  tué  les  premiers  cent  soixante- 
dix  hommes  qui  sétaient  avancés  contre 
elles.  Et  le  roi  renonça  k  prendre  la  ville  h 
force  ouverte;  et  il  la  tint  assiégée  pendant 
oeufans* 

Moïse  arrlTe  au  camp  de  Cicanus.— Ifort  de  ce  ro». 

Or,  Moïse,  lorsqu'il  s'enfuit  d'Egypte  pour 
se  soustraire  k  la  vengeance  de  Pharaon,  ar- 
riva au  c^mp  de  Cicanus  devant  la  ville  de 

l'Ii^)  €ênè$ê,  u,  i5  :  Cehon:  ipse  al  ^ui  âreuH 
ûmuem  terram  JEihiapiœ, 


Chus*  atil  y  resta  neuf  ans,  tant  que  dmrale 
siège.  I!  était  àiiné  du  roi,  des  chefs  et  do 
toute  l'armée.  Il  avait  l'air  imposant  el  ma- 
jestueux. Sa  taille  était  bien  prise,  et  sa  force 
égalait  celle  d'un  lion  dans  I  âge  de  vigueur. 
Et  à  cause  de  sa  grande  prudence,  le  roi  le 
choisit  pour  son  conseiller. 

Et  au  bout  de  nenf  ans  Cicanus  eut  une 
maladie  si  grave  qu'il  en  mourut  le  septième 
jour.  Il  fut  embaumé  et  enterré  devant  It 
porte  de  la  ville,  qui  regarde  le  nord  de  l'E- 
gypte (H2i).  On  éleva  sur  sa  tombe  un  haut 
monument  en  grandes  pierres,  sur  lesquelles 
ses  secrétaires  gravèrent  tons  ses  exploits 
guerriers.  Et  voici  que  l'inscription  subsiste 
jusqu'à  ce  jour. 

Moïse  élu  rot  d*Eibîopie. 

Après  la  mort  de  Cicanus,  les  chefs  et  les 
soldats  de  son  armée  commencèrent  à  6tre  fa- 
tigués du  sié^e  de  la  ville.  Et  ils  dirent  :  Qu'al- 
lons-nous  faire  maintenant? U  y  a  déjà  neuf 
ans  que  nous  nous  tenons  en  rase  campagne, 
hors  de  nos  maisons.  Si  nous  combattons  la 
ville,  nous  succomberons  et  mourrons.  Si 
nous  restons  ici  à  tenir  la  ville  assiégée, 
nous  périrons  également.  Car  les  rois  d'E- 
dom  et  les  enfants  de  l'Orient  vont  appren- 
dre la  mort  de  notre  roi,  et  ils  viendront  tom- 
ber sur  nous  à  l'improvisle,  et  nous  succom- 
berons jusqu'au  dernier.  Maintenant,  venex, 
donnons-nous  un  roi,  et  nous  pourrons  con- 
tinuer le  siège  jusqu'à  ce  que  la  ville  soit 
réduite. 

Or,  dans  toute  l'armée  des  enfants  deChna 
il  ne  se  trouvait  aucun  homme  qui  pût  être 
comparé  à  Moïse.  Et  ils  se  hâtèrent  el  jetè- 
rent par  terre  chacun  ses  vêtements,  pouren 
former  une  haute  élévation,  et  ils  v  firent 
monter  Moïse.  Aussitôt  au  milieu  oes  Cbo* 
fares,  des  trompettes,  éclatèrent  de  toutes 
parts  les  cris  :  Vive  le  roil  vive  le  roi  t  £t 
tout  le  peuple  et  ses  chefs  jurèrent  de  lui 
donner  pour  épouse  la  reine  Adonia,  Etbtc^ 
pienne,  veuve  de  Cicanus.  Ils  firent  aussi 
publier  cet  ordre  :  Que  chacun  oS're  à  Moïse 
de  ce  qu'il  possède.  On  étendit  sur  l'éléva- 
tion un  drap,  et  ils  y  jetèrent ,  les  uns  des 
bijoux  d'or,  les  autres  des  pièces  de  mon- 
naies, des  pierres  précieuses,  de  Por  et  de 
l'argent  en  grande  quantité.  Et  Moïse  en- 
fe^ma  ces  riches  présents  dans  son  trésor. 
Moïse ftgé  de  vingt-septansdevint  ainsi  roi  de 
Chus,  dans  la  cinquante-cinquième  année  de 
Pharaon,  roi  d'Egypte,  laquelle  était  lacent 
cinquante-septième  depuis  la  descente  d'Is- 
raël en  Egypte.  Et  sou  règne  sur  le  |uiys  de 
Chus  dura  quarante  ans.  Et  il  était  très-aiœé 
du  peuple,  car  Jéhova  le  rendait  très-a^rfa- 
ble  à  tous  les  enfants  de  Chus. 

Moïse  orend  Sa  ville. 

Le  septième  jour  du  règne  de  Moïse,  tous 
les  enfants  de  Chus  se  réunirent  et  vinrent 
se  prosterner  devant  lui  la  face  contre  terre, 
et  ils  dirent:  Donne-nous  un  conseil  pour 

(li21)  Version  jud.:  où  le  fleuve  se  lottrno  t> 
VEgypie. 


1109 


TAS 


FAUT,  m.— LEGENDES  ET  FRAGMENTS 


YAS 


ii70 


nous  rendre  niattres  de  la  ville.  Car  voilà 
neuf  ans  que  nous  Tassiégeons  et  rfue  nous 
ne  voyons  point  nos  enfants  et  nos  femmes. 
Le  roi  répondit  :  Si  vous  suivez  ce  que  ie 
vais  vous  prescrire,  Jéhova  vous  livrera  la 
ville;  mais  si  nous  la  combattons  comme 
nous  avons  fait  du  vivant  de  Cicanus,  nous 
ne  pourrons  que  perdre  beaucoup  de  monde. 
Ordonnez  è  toute  la  population  du  camp, de 
par  le  roi,  d*aller  h  la  forêt,  et  que  chacun 
vn  rapporte  un  petit  de  cigogne.  Quiconque 
reviendra  sans  en  apporter  un,  sera  puni  de 
mort,  et  son  bien  sera  adjugé  au  roi.  Vous 
élèverez  ces  petits  oiseaux,  et  vous  les  dres- 
serez h  la  chasse  comme  on  y  dresse  les 
éperviers.  Les  enfants  de  Chus  se  confor- 
mèrent eiactemMt  h  cet  ordre  du  roi.  Quand 
les  cifçognes  furent  assez  grandes  le  roi  or- 
donna de  fes  laisser  «ans  nourriture  pendant 
trois  jours.  Le  troisième  jour  s*étant  levé  le 
roi  dit  aux  enfants  de  Chus:  Ceignez  vos  ar- 
mes et  soyez  des  hommes  courageux;  que 
chacun  porte  sur  le  poing  sa  cigogne.  Et  les 
ayant  raenfis  du  côté  qui  était  gardé  |)ar  les 
serpents,  il  leur  dit  :  Lftchez  vos  oiseaux 
sur  les  serpents.  Cela  étant  fiijt,  les  cigognes 
se  précipitèrent  sur  ces  reptiles  et  les  dévo- 
rèrent tous,  de  sorte  qu'en  moins  d'une  heure 
elles  eurent  nettoyé  ta  p'ace  (l/î.22).  Alors  le 
roi  et  les  chef^  commandèrent  aux  trom- 
pettes do  sonner  le  signal  de  Tatlaqne.  Et 
y\s  devinrent  maîtres  delà  ville,  et  s'y  main- 
tinrent. Les  révoltés  de  la  ville,  au  nombre 
de  mille  cent  hommes,  étaient  tous  tombés 
pendant  le  combat,  tandis  que  'es  troupes  du 
siège  n'en  perdirent  pas  un  seul. 

Les  enfants  de  Chus  rentrèrent  chacun 
dans  sa  maison,  auprès  de  sa  femme  et  de 
ses  enfants,  et  chacun  se  remit  en  possession 
de  sa  propriété.  Quant  à  Balaam,  il  avait  ou- 
vert la  porte  de  la  ville,  opposée  an  lieu  de 
l'attaque,  et  il  s'était  en'ui  avec  ses  fils  et 
ses  huit  frères.  Il  revint  avec  eux  en  Egypte 
auprès  du  roi.  Ce  sont  là  les  magiciens  et 
sorciers  dont  il  est  écrit  dans  le  livre  de  la 
Loi  que  Pharaon  les  opposait  à  Moïse  chaque 
fois  (jue  Jéhova  frappait  de  nouvelles  plais 
les  K^yptiens^ 

(i422)  Il  esl  probable  que  le  terme  bébreu  de 
noire  texte,  HTon.  que  Ton  traduit  eigogne^  est  ici 
ponrtfris,  dont  nous  n'avons  pas  le  nom  bébreu.  Ou 
plutôt  comme  ces  deux  oiseaux  ont  beaucoup  de  rap- 
port entre  eux,  au  point  (|ue  plusieurs  auteurs  ont 
confondu  Tibis  avec  la  cigogne,  Tun  et  l'autre  est 
désigné  en  bébreu  par  le  même  nom. 

Il  est  à  remarquer  que  Josèpbe  {Antiq,  ii,  10) 
raconte  également  que  dans  son  expédition  contre 
VEifiippie,  Moïse  se  débarrassa  des  ierpentt,  obsta- 
cle «érieux  qu^il  rencontra,  en  lâchant  sur  ces  rep* 
liles  une  quantité  d*t^i<,  que  son  armée  portait  dans 
des  cages  d'nsitr. 

On  sait  que  Tibis  fait  une  guerre  continuelle 
aux  ter|>ents,  si  nombreux  en  Egypte.  Ce  service 
lui  a  valu  les  honneurs  de  la  divinité  de  la  part  des 
Egyptiens. 

(U23)Cha8el  Cbanaan  étaient  ftls  de  Gham  le 
maudit. 

Ce  maria^  de  Moïse  avec  une  princesse  étblo- 
pieiine  explique  seuh  les  paroles  suivantes,  selon 
(«;  texte  bébreu,  du  livre  des  Nombreê^  m,  i  :  Lo» 
€uta  ni  Maria  et  Aaron  contra  Jfoyifa,  ol  eamoi 


Mariage  de  Moïse  avec  *a  reine  étbiopienne, 

Adonia. 

Et  Moïse  s'étant  rendu  maître  de  la  ville 
par  $a  prudence,  les  enfanls  de  Chus  liti 
confirmèrent  de  nouveau  la  royauté,  comme 
aussi  ils  consacrèrent  solennellement  son 
union  avec  la  reine  Adonia,  TElhiopienne. 
Mais  Moïse  qui  craignait  Jéhova,.  Dieu  da  ses 
pères,  n*<eut  point  commerce  avec  elle  ;  et  il 
ne  la  regardait  même  pas.  Il  se  souvenait 
qu^Abraham  avait  adjuré  Eliéser  son  servi- 
teur, disant  :  Tu  ne  choisiras  pas  pour  Isaac 
mon  fils  une  femme  des  filles  de  Chanaan. 
De  même  Isaac,  quand  Jacob  s*enfuit  de  de- 
vant Esaii,  son  frère,  dit  à  son  fils  :  Tu  ne 
prendras  point  pour  femme  une  des  filles  de 
Chanaan,  et  lu  ne  t'allieras  k  aucun  des  fils 
deCham;  car  Jéhova  noire  Dieu  a  donné 
Cham  ,  fils  de  Noé,  et  toute  sa  postérité» 
comme  esclave  nui  enfants  de  Sem,  et  aux 
enfanls  de  Japheih,  ainsi  qu'à  leur  postérité,, 
pour  toujours  (U23). 

Et  Moïse  gouvernait  les  enfants  de  Chus 
avec  sagesse  et  prospérité. 

Expédition  guerrière  de  Moïse,  roi  de  Cbus. 

En  ce  temps-là  le  pays  d*Aram  et  les  en- 
fants de  rOrient  ajant  apnris  la  mort  de 
Cicanus,  se  révollèri'nt  de  nouveau  contre 
Tautoritéde  Chus.  A  cette  nouvelle,  Moïse 
réunit  des  enfan's  de  Chus  uue  armée  de 
trente  mille  hommes,  et  il  marcha  d'abord 
contre  les  enfants  de  TOrient.  Ceux-ci  se 

{portèrent  à  sa  rencontre,  et  le  combat  devini 
brt  animé.  Mais  Jéhova  livra  les  enfants  de 
rOrient  dans  la  main  de  Moïse,  et  ils  eureni 
trois  cents  hommes  de  tués.  Les  autres  pri- 
rent la  fuite  ;  et  Moïse  les  poursuivit  et  les 
força  à  se  soumettre.  Et  il  leur  imposa  un 
tribut  comme  par  le  temps  passé.  Il  en  fit 
ensuite  autant  aux  enfanls  d'Aram.  qui  perdi- 
rent un  grand  nombre  des  leurs.  Et  Moïse  s*en 
retournaaupaysdeChusavecloutson  peuple. 

Mort  de  Saùl,  roi  d'Edom  ;  d*Ainins,  roi  d'Afrique, 
et  de  Janus,  roi  de  Cétliiin. 

Qitinze  ans  après  cet  événement,  mourut 
Saûl,  roi  d'Edom,  et  Balanan,  fils  d'Achobar» 

Hxorii  JEthiopUicSt  quain  acceperai  :  uam  uxorem 
jEihopi$$am  acceverai .Ce  texte  esi  un  des  tourments 
des  commentateurs,  parce  que  le  fait  principal  qu*it 
mentionne  nVst  pas  raconté  dans  la  Bible.  Cepen* 
dantle  mariage  do  Moïse  avec  uneétbiopienne  esl 
aussi  attesté  par  la  parapb.  chaldaîquede  Jonatban, 
par  la  Vie  de  Moïse,  ei  par  losèpbe(ubi  supra),  oui 
nomme  la  princesse  Bkp€iÇf  Tharhie^  et  par  ie  Mé- 
drasch-Yalkut. 

Le  commentateur  Rabbi  SamueUben-Méir,  petit- 
HsdeTarkhi,  explique  notre  texte  par  ce  fait. 
Meudelssobu,  célèbre  philosophe  et  rabbin  alle- 
mand, admet  cette  explication,  à  Texclusion  de 
toute  autre.  Il  ajoute  que  TEcriture  sainte  passe  en 
général  sous  silence  les  faits  historiques  qui  n*out 
pas  un  rapport  direct  i  la  providence  de  Dieu  sur 
son  peuple,  et  aux  préceptes  qu'il  lui  a  donnés. 
Car,  ajoute-t-il,  il  est  h'>r»  de  doute  C|u*^jn  per- 
sonnaj^e  du  caractère  de  Moïse,  a  passé  par  Liien 
des  vicissitudes  depuis  sa  condamnation  qui  Ta 
obligé  de  s'enfuir  d*Egypte  jusqu'à  T&ge  de  quatre- 
vingts  ans.  011  il  s*est  remontré  dans  ce  pays.  I  oy« 
notre  Avant-pr.  pos,  col.  Il»7^. 


iâ7i 


DICTIONNAIRE  INES  APOCRYPHES. 


tri 


régoa  à  sa  place,  et  son  règne  dura  trente- 
huit  ans  (U2I^). Sous  son  règne,  Moab  secoua 
le  joug  d^Edom,  auquel  il  était  assujetti  de- 
puis le  jour  où  Adad,  fils  de  Badad,  avait 
DaUu  MadianetHoab  (USS).  Aïnias,  roid'A* 
friquei  mourut  aussi  en  ces  jours-là  «  et 
Asdrubal,  son  fils,  régna  à  sa  olace.  C*est 
alors  que  mourut  aussi  Janus,  roi  des  en- 
fants de  Céihim.  Et  il  fut  enterré  dans  le 
palais  qu'il  s'était  bfttidans  la  plairfo  de  Cam- 
pante. £t  son  Qls  Laiinus  lui  succéda. 

Expédition  de  Latinus  contre  le  royiiume  d^Afrîque 

(U26). 

I^tînus  devint  roi  des  enfants  de  Céthim 
dans  la  yingt-deuxîème  annéedu  règne  de 
Moïse  en  Chus;  et  son  règne  dura  quarante- 
çina  ans.  Il  éleva  une  grande  forteresse,  et 
y  bâtit  un  beau  palais  uour  sa  demeure. 

La  troisième  année  de  son  règne  Latinus 
fit  construire  de  nombreux  vaisseaux,  et  il 
traversa  la  mer  avec  toute  son  armée  afui 
de  porter  la  guerrôdans  les  possessions  d'As- 
drubal,  fils  d'Aïnias,  roi  d  Afrique.  Arrivé 
en  Afrique,  Latinus  livra  bataille  à  Asdru- 
bal  et  le  vainquit  et  fit  un  grand  carnage 
de  son  armée.  Et  il  détruisit  laqueduc  par 
lequel  Aïnias  son  père  faisait  arriver  de 
Teau  du  pays  de  Céthim  pour  l'usage  de  son 
épouse  Jania,  fille  d'Busi(U27).  Mais  le  reste 
des  vaillants  d'Asdrubal  reprirent  courage; 
leurcŒurfut  pleindudésiroese  venger,elils 

E référèrent  la  mort  à  la  vie.  Ils  livrèrent  à 
^  atinus  une  nouvelle  bataille, qui  tourna  en-^ 
çore  au  désavantage  des  gens  d'Afrique, 
dont  il  périt  une  très-grande  quantité.  Et 
Asdrubal  aussi  resta  mort  sur  le  champ  de 
|>ataille. 

Orj  Asdrubal  avait  une  fille  nommée  Os- 
pasina  (li^28).  Elle  était  si  belle  que  tous 
les  gens  d'Afrique  brodaient  son  portrait  sur 
leurs  vêtements  de  luxe.  Ceux  qui  accom- 
pagnaient Latinus  lui  en  ayant  parlé  avec 
0loge,  il  se  la  tit  amener  et  en  lit  son  épouse. 
Il  s'en  retourna  ensuite  au  pays  de  Cé- 
thim, 

fixpédition  d*AnnibnI,roi  d^Arrique.contre  les  enfants 
de  Cétbim  (les  Romains). 

Après  le  départ  de  Latinus  tous  les  habi- 
tants d'Afrique  prirent  Annibal,  frère  puîné 
d'Asdrubal,  et  le  firent  roi  de  tout  leur  pays. 
Or,  Annibal  devenu  roi  prit  le  parti  daller 
faire  la  guerre  aux  enfants  de  Céthim,  afin 
de  venger  son  frère  Asdrubal  et  les  habi- 
tants d'Afrique,  qu'ils  avaient  tués.  Il  équipa 
une  flotte  nombreuse,  sy  embarqua  avec 
toute  son  armée,  et  arriva  en  Céthim.  El  il 
attaqua  les  enfants  de  Céthim,  r|ui  tombèrent 

(1424)  Cenète,  xxxvi,  S8:  Cumqueet  hic  {Saui) 
f 6i/ii«l,  tucce$iU  in  regnum  Balanan  fiUui  Achobar, 

rU25)  Voy^  plus  haut  col.  1247. 

(!426)  Troisième  guerre  punique  déAgurëe  à  la 
wanière  des  ra^bbins.  Us  connaissaient  alors  le  nom 
de  Tancien  roi  Latinus,  tandis  qu'ils  ignoraient  celui 
deScipion  Emilien. 

(1427)  Voy.  plus  haut,  colonne  1245. 

(1428)  M:nscnM.  Uneautreédition.Oioîiiona,  ver< 
|îoa  jud.  (hphiêona. 


devant  lui  en  une  quanliié  prodigieuse  II 
tua  leurs  chefs  et  leurs  nobles  (l(^)eiabii- 
tit  des  gens  du  peuple  plus  da  quatr^vinit 
mille  honHnes.  Pendant  l'espaee  de  dii-buit 
ans  Annibal  exerça  des  hostilités  contre  tes 
enTants  de  Cétbim.  Et  après  8*ètre  maintenu 
longtemps  avec  son  armée  dans  leur  pays, 
il  s  en  retourna  en  Afrique,  où  il  régna  Irâo- 
quiliement  à  la  place  de  son  frère. 

Désastres  des  enfants  dTlphraîm  qoi  ont  toohi 
prévenir  Theure  de  la  délivrance. 

En  Tannée  cent  quatre-vingtième  de  la 
descente  d'Israël  en  Egypte,  trente  mille 
vaillants  héros  des  enfants  d'Ephraîm,  fils 
de  Joseph,  sortirent  de  l'Egypte.  Car  ils  di- 
saient  que  le  terme  de  la  servitude,  fixé  an- 
ciennement par  Jéhova  au  patriarche  Abrs- 
ham,  était  arrivé  (IH^O).  Ils  s'armèrent  de 
toutes  pièces,  et  se  fièrent  k  leur  force.  I  » 
ne  prirent  point  de  provisions  pour  la  roote* 
pas  même  du  pain  pour  le  premier  ioor: 
Car,  emriortant  de  1  or  et  de  l  argent,  ils  di- 
saient :  Les  Philistins  nous  eu  vendron;;  cl 
s'ils  ne  veulent  pas  nous  en  vendre,  nous  en 
prendrons  de  force.  En  effet,  ils  étaient  tel- 
Jeiiient  vigoureux  qu'un  seul  d*entre  eut 
mettait  en  fuite  mille  ennemis,  et  deux  uoa 
myriade  d'ennemis  fU31).  Ils  se  dirtgènfnt 
vers  le  pays  de  Gf^tn,  et'  ils  rencontrèrent 
les  pasteurs  des  troupeaux  des  indigènes. 
Et  ils  leur  dirent  :  Donnei-nous  de  vos  bre- 
bis; car  nous  u*avnns  rien. mangé  de  look 
la  journée.  Les  pasteurs  répondirent  :  (^ 
bétail  ne  nous  appartient  pas  :  nous  n'en 
pouvons  vendre  à  quelque  prix  que  ce  soit. 
Les  enfants  d'Ephraïm  s'étant  avancés  pour 
en  prendre  de  force,  les  pasteurs  jetèrent 
descris^qui  attirèrentlesgensdeGelb.  Ceus- 
ci  voyant  les  dispositions  hostiles  des  en- 
fants d'Ephraïm*  se  retirèrent  et  appelèrcn: 
aux  armes  tout  le  pars.  Et  une  forte  action 
s'engagea  dans  la  vallée  de  Getb,  et  les  deui 
partis  y  éprouvèrent  de  grandes  pertes.  Le 
lendeniain  ceux  de  Geth  appelèrent  h  leur 
secours  toutes  les  villes  de  la  Palestine,  ômi 
il  arriva  quarante  mille  hommes  armés.  Or, 
les  enfants  d'Ephra'im,  privés  de  nourriture* 
depuis  trois  jours,  étaient  épuisés  de  besoin 
et  de  fatigue.  Et  Jéhova  abandonna  les  en- 
fants  d'Ephraïm  entre  la  main  des  Philis> 
tins,  et  ils  les  frappèrent  tous  h  mon,  lYai- 
ception  de  dix  qui  purent  s'échapper  Jj 
combat.  Et  ceci  était  arrivé  en  punition  de 
ce  que  les  enfants  d'ispbraïm  avaient  con- 
trevenu è  la  volonté  de  Jéhova,  eu  sortant 
de  l'Egypte  avant  le  terme  qu'il  avait  fiié. 

Or,  du  côté  des  Philistins  il  n'était  \^^ 
tombé  moins  de  vingt  mille  hommes.  Et 

(U20)  n  est  bon  de  se  rappeler  ici  ia  descripltmi  àt 
la  bataille  de  Campes,  donnée  par  Tite-ljie, 
XXII,  44,  sqq. 

(1430)  Le  Médrascb-Rabba,  oommenceoMiil  ér  U 
section  BetchallMkh,  établit  qo^ils  se  troinpaie«t  àc 
trente  ans  dans  leur  supputation.  Voy.  mm  U 
parapb.  chald.  de  Jonathan.  Exode^  xiii,  17. 

(1451)  Nous  allons  voir  que  ceci  n^eal  qa'one  de 
oes  exagérations  si  familières  aux  Ofieptaux, 


1975 


YAS 


PAHT.  lU.  — LEGENDfiS  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


lf74 


.ears  frères  les  emportèrent  et  leur  don- 
nèrent la  sépulture  dans  leurs  villes.  Mais 
les  cadavres  des  enfants  d*£phraïai  demeu* 
rèrent  abandonnés  sur  le  sol  pendant  bien 
des  jours  et  des  années.  Et  toute  la  vallée  de 
Getb  était  jonchée  d'ossements  humains 
(1432). 

Cependant  les  dix  hommes  échappés  du 
combat  parvinrent  en  Egypte  et  rapportè- 
rent aux  enfants  d'Israël  tout  ce  qui  leur 
était  arrivé.  Leur  père  fit  le  deuil  de  ses  en- 
fants pendant  de  longs  jours.  Et  ses  frères 
vinrent  le  consoler;  alors  il  s'approcha  de  sa 
femmci  et  elle  enfanta  un  fils,  mrelle  nomma 
Beria^  parce  que  une  calamité  était  arrivée 
dans  sa  maison  (1&33}. 

Moïse  renvoyé  de  Chas. 

Moïse,  fils  d'Amram,  était  alors  encore 
roi  dans  le  pays  de  Chus.  Son  rè^ne  était 
prospère,  et  il  gouvernait  avec  justice  et 
intégrité.  Tous  les  enfants  de  Chus  l'ai- 
maient et  le  respectaient  infiniment. 

Dans  la  quarantième  année  de  son  règne, 
tandis  qu'il  était  assis  sur  son  trône  ayant 
la  reine  devant  lui,  et  les  seigneurs,  lui  fai- 
sant cercle,  Adonia  dit  en  présence  de  tous: 
Que  faites-vous,  6  enfants  de  Chus,  d'avoir 
celui-ci  pour  roi  depuis  quarante  ans?  fgno- 
rez-vous  que  pendant  tout  ce  temps  il  n'a 
pas  voulu  approcher  de  moi,  ni  adorer  les 
dieux  de  notre  pays?  Ecoutez-moi  :Ménacris, 
mon  fils,  est  erand  maintenant.  Qu'il  soit 
votre  roi;  car  ii  vous  convient  mieux  d'être 
sujet  du  fils  de  votre  mattre,  plutôtque  d'un 
étranger,  qui  h'est  pas  de  votre  chair;  d'un 
esclave  du  roi  d'Egyple.  Les  paroles  d'Ado- 
nta  firent  impression  sur  le  peuple  et  tes 
princes.  Et  ils  disposèrent  les  choses  en 
conséi]uence  pendant  le  reste  de  la  jour- 
née. Le  lendemain  matin  ils  proclamèrent 
roi  Ménacris,  fils  de  Cicanus.  Touteiois  ils 
n*osèrent  porter  la  main  sur  Moïse,  parce 
que  Jéhova  était  avec  lui,  et  parce  qu'ils 
se  souvenaient  du  serment  qu'ils  lui  avaient 
prêté.  Ils  le  comblèrent  donc  de  présents,  et 
le  renvoyèrent  avec  de  grandes  marques 
d'honneur. 

Or,  cet  événement  était  dans  les  desseins 
de  Jéhova;  car  le  temps  était  arrivé  de  tirer 
Israël  de  dessous  l'oppression  des  enfants  de 
Cham(U3^). 

(1432)  D*après  le  talmud,  traité  Sanhédrin,  fol. 
92  v4>rso,  ce  seraient  les  ossements  de  ceux  que  le 
le  prophète  Ëzéchiel  a  rappelés  k  la  vie.  {Èzech, 
ixxvn.) 

On  lit  dans  VExode^  zui,  17  :  Cum  emisistei  Pha^ 
raonpopulum,  non  eot  duxit  Deui  per  wam  terrœ 
PhUhlhiim,  quœ  vicina  e<^  etc.  Le  Médrasch-Rabba, 
ubi  supra,  explique;  Dieu  voulait  leur  éviter  le 
spectacle  des  ossements  des  Ephraîmiles*  qui  aurait 
pu  les  décourager,  etjlejir.  faire  rebrousser  chemin 
vers  rEg3fpte.  * 

(i455^  Beria,  nr^»^ir«t'  rtT^,  m  cêlamitaU. 

Le  Talmud,  le  Médrasch-Rabba  et  la  piraph. 
cbsld  jde  Jonathan,  sur  Exode^  un,  17,  M^t  êuprOf 
nteniioilAent  cet  événement,  sans  entrer  dans  lei 
deuils  qu^ils  supposent  notoiremeoi  connus. 

Tout  lecteur  judicieux  conviendra  que  le  récit  de 


lf<M8e  e»  Madian. 


Moïse  était  Agé  de  soixante*sept  ans  lors- 
qu'il sortit  de  Chus.  Et  comme  il  ne  voulait 
pas  retourner  en  Egypte,  parce  qa'il  crai- 
gnaitPharaon,  il  alla  en  Madian. Il  étaitassis 
auprès  d'un  puits  dans  ce  pays,  lorsque  les 
sept  ailes  deRaguël,  Madianite,j  arrivèrent, 
et  eUes  tirèrent  de  l'eau  pour  abreuver  les 
troupeaux  de.  leur  père.  A  ce  moment  sur- 
vinrent des  bergers  qui  les  chassèrtnit.  Mais 
Moïse  se  leva,  et  prit  leur  défense,  et  fit 
boire  leurs  brebis.  Les  filles  revenues  chez 
leur  père,  lui  dirent  :  Un  Egyptien  nous  a 
protégées  contre  la  brutalité  des  bergers.  Il 
a  même  puisé  de  l'eau  poumons,  et  anreuvé 
nos  troupeaux.  Raguêl  demanda  :  Et  oii  est- 
il?  Pourquoi  l'avez-vous  laissé  s'en  aller? 
Et  il  l'envoya  chercher,  et  l'introduisit  dans 
sa  maison.  Moïse  mangea  du  pain  avec  Ra«j 
guël,  et  lui  raconta  comment  il  s'était  enfui 
d'Egypte,  et  comment  il  avait  été  roi  de  Chus 
pendant  quarante  ans.  Et  Kaguël  en  appre- 
nant ces  choses,  dit  en  son  cœur  :  Je  tien- 
drai celui-ci  prisonnier,  afin  de  me  rendre 
agréable  aux  enfants  de  Chus  ;  car  sûrement 
il  s'est  enfui  de  chez  eux.  Et  il  garda  Moïse 
en  prison  pendant  l'espace  de  dix  ans.  Pen- 
dant tout  ce  temps,  Séphora,  une  des  filles 
de  Raguël,  touchée  de  compassion  pour  l'é- 
tranger, le  nourrissait  secrètement  de  pain 
et  d'eau. 

Nouvelles  cruautés  de  Pharaon. 

Pendant  ce  temps,  la  main  des  Egyptiens 
allait  s'aggravent  de  plus  en  plus  sur  les 
enfants  d'Israël  |>arles  travaux  les  plus  durs. 
Or,  Jéhova  entendit  les  prières  d'Israël,  et 
les  gémissements  de  son  peuple  montèrent 
jusqu'à  lui,  et  il  frappa  le  roi  d'Egypte  d'une 
lèpre,  qui  le  couvrit  de  plaies  horribles  de- 
puis la  tète  jusqu'aux  pieds.  Mais  le  roi  s'en 
endurcit  encore  davantage  contre  les  enfants 
d'Israël,  et  il  leur  rendait  la  vie  plus  amère, 
en  les  accablant  de  nouveaux  travaux 

Et  Pharaon  demanda  des  remèdes  contre 
son  mal  à  ses  sages  et  kses  magiciens.  Ceux- 
ci  lui  dirent  :  Nous  te  guérirons  si  nous 
pouvons  appliquer  à  tes  plaies  du  sang  frais 
de  petits  enfants.  Aussitôt  Pharaon  envoya 
des  officiers  qui  arrachèrent  violemment  des 
bras  de  leurs  mères  de  jeunes  enfants  Hé- 
breux, et  chaque  jour  on  en  égorgeait  un 
pour  appliquer  son  sang  sur  le  corps  du  roi. 

la  malheureuse  écbauflburée  des  enfants  d^Ephraîm, 
avec  les  détails  qu*en  donne  notre  Yauiiar,  offre  le 
sens  naturel,  et  surtout  vrai,  du  passage  suivant  du 
/••  livre  deê  ParaUpomène$ ,  vn,  20-25  :  Filii  au- 
UmEphraim.,,  occiderunt  auîem  eoi  viri  Gethindi^ 
genœ,  qma  descendervni  uî  invaderenl  pû$iessione$ 
eorum.  Luxit  iffitur  Ephraim^  pater  eorntn^  tnultiê 
ëiehit^etvenerunl  fratret  ejn$  ut  con$o(arentnr  eum* 
IngreHus  eu  ad  uxorem  iuam,  qum  comcepit^  et  pé* 
périt  fitium,  et  vocavit  nomen  eju$  Btria,  eo  qw>d  t« 
malts  domus  ejui  artus  euet. 

Nous  aionterons,  en  explication  du  dernier  verset, 
que  pendani  le  grand  deoil,  les  Hébreux  ne  peu- 
vi^nt  pas  user  du  mariage. 

;4i5i)  Mesraïm,  père  des  Egyptiens,  était  (ils  dO 
Lham, 


**'*  DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 

Bt  les  enfants  ainsi  tués,  furent  au  nombre 
de  cent  soixante-quinze (lW4*).]^ais  Jéfiova 
opéra conrrai rement  au  remède,  et  le  mal  ne 
faisait  qu'empirer.  Et  le  roi  en  souffrit  dix 
ans.  El  è  mesure  que  Pharaon  s'acharnait 
contre  les  enfants  d'Israël,  Jéhova  augmen- 
tait ses  souffrances.  Sa  plaie  se  changea  en 
une  gale  de  la  pire  espèce;  et  il  eut  en  ou- 
tre d  atroces  douleurs  d'entrailles. 


court  de  stature.  Sa  taille  n*était  que  d*oiie 
coudée  et  un  pouce,  il  avait  alors  dix  ans. 
Le  roi  résolut  de  le  désigner  pour  son  suc- 
cesseur. Il  lui  fit  épouser  Géduda  (1U8|, 
fille  d'Abilal,  qui  devint  mère  de  quatre  fils. 
Adica  lui-même  alla  ensuite  et  prit  trois  au- 
très  femmes,  dont  il  eut  huit  61s  et  trois 
filles. 


Accident  qui  arrive  à  Pharaon. 

Vers  ce  temps  deux  serviteurs  de  Pharaon, 
revenant  du  pays  de  G«s.sen,  prévinrent  le 
roi  que  les  enfants  d'Israël  se  relâchaient 
considérablement  de  leurs  travaux.  Pharaon, 
déjà  aigri  par  ses  souffrances,  entra  dans  une 
grande  colère  contre  les  enfaiils  d'Israël, 
et  il  s'écria  :  Ils  savent  que  je  suis  malade, 
et  ils  veulent  me  narguer.  Hâtez-vous  d'at- 
teler mon  char.  J'irai  moi-même  à  Gessen, 
et  je  verrai  s'ils  osent  me  mépriser  et  me 
braver.  Ses  serviteurs  attelèrent  un  char; 
mais  ils  durent  \b  placer  sur  un  cheval,  car 
il  ne  pouvait  supporter  les  secousses  du 
véhicule  à  roues.  Il  partit  pour  Gessen  es- 
corté  de  dix  cavaliers,  et  de  dix  piétons. 
Vers  la  limite  du  territoire  de  l'Kgypie  le 
cheval  du  roi  se  trouvait  sur  un  chemin 
étroit,  bordé  d'un  côté  par  le  mur  de  cl^ 
ture  des  vignes,  et  aj'ant  de  l'autre  c6lé  une 
vallée  profonde.  Les  chevaux  du  char  s'é- 
tant  subitement  emportés,  ils  poussèrent 
<lans  la  profondeur  de  la  vallée  le  cheval 
OUI  portait  le  roi,  et  ils  y  tombèrent  eux- 
roôtnes,  entraînant  le  char,  qui  se  bouleversa 
sur  le  roi  gisant  en  partie  sous  le  poids  de 
son  cheval.  Pharaon  poussait  des  cris  la- 
mentables ;  carses  chairs  étaient  déchirés,  el 
•es  os  brisés. 

C'est  ainsi  que  Jéhova  manifesta  qu'ilavait 
entendu  les  plaintes  des  enfants  d'Israël. 

Pharaon  désigne  son  successeur. 

Les  serviteurs  du  roi  le  reportèrent  à 
bras  en  Egypte,  et  le  déposèrent  sur  son 
lit.  ht  le  roi  connut  que  sa  fin  était  proche. 
La  reine  Alpharaonith  et  tous  les  grands 
officiers  et  serviteurs  de  Pharaon  vinrent  en 
sa  présence,  et  son  état  les  fil  pleurer  amè- 
rement. A  cette  occasion  son  conseil  lui  pro- 
8 osa  de  se  choisir  un  successeur  parmi  ses 
Is.  Or,  le  roi  avait  trois  fils  et  deux  filles, 
que  lui  avait  donnés  son  épouse  ,  la  reine 
Alpharaonith;  outre  les  enfants  de  ses  con- 
cubines. Et  voici  leurs  noms  :  Ethro  (U35), 
I  aîné.  Adica  (U36),  le  second;  Morion,  le 
troisième.  L-s  filles  s'appelaient  :  l'aînée, 
Bathia;  la  cadette,  Ecusiih  (IW7J.  Ethro  éiail 
irréfléchi,  Irés-précipilé  dans  tout  ce  qu'il 
faisait.  Adica  était  très-spirituel  elrusé,  pos- 
sédani  toute  la  science  de  l'Egypte;  mais  il 
était  fort  laid  de  figure,  épais  de  corps  et 

(1434*)  Le  Médrasch-Rabba  dit  que  dans  ceue  cir- 
consiance  Pharaon  prenait  journeUemeutdeux  iKiins. 

de  lyènlante  ""  ^  ^^*  ^^^^^  composé  du  sang 
(1455)  Ver«i*on  Jud..  Ethn. 
(U56)  Ead.,  Adicitm. 


Mort  de  Pharaon.— Adica  lui  succède. 

La  maladie  du  roi  arriva  au  point  que  sè 
chair  se  corrompait  comme  celle  d*Dne  cha- 
rogne abandonnée  dans  les  champs  pendant 
les  plus  fortes  chaleurs  de  Tété.  Alors  il  s'en*- 
pressa  de  faire  reconnaître  pour  roi  son  fils 
Adica.  Et  au  bout  de  trois  ans  Pharaon  mou- 
rut misérablement,  honteux  et  confus  do 
dégoût  qu'il  in<ipirait.  Sf's  serviteurs  l'eD- 
terrèrent  en  toute  hâte  à  Tanis,daos  la  sépol* 
ture  des  rois  d'Egypte.  Mais  son  corps  ne 
fut  pas  embaumé,  selon  ce  qui  se  pratiquait 
pour  les  rois»  à  cause  de  son  odeur  infecte 
qui  ne  permettait  pas  d'y  toucher. 

Dans  l'année  deux  cent  sixième  de  la  des- 
cente d'Israël  en  Egypte,  Adica  commença  h 
régner.  On  changea  son  nom,  suivant  la  cou* 
tume  du  pays,  en  celui  de  Pharaon.  Mais  les 
sages  le  surnommaient  Ebus,  ce  qui  dans  la 
langue  des  Egyptiens  signifie  Bref  ^1439). La 
chose  oui  achevait  de  le  rendre  hideux  c'é- 
tait sa  barbe,   qui  lui  descendait  jusqu'aux 
chevilles  des  pieds.  Il  a  régné  seulement 
quatre  ans,  tandis  que  ses  ancêtres  avaient 
tous  occupé  le  trône   pendant  longtemps. 
te  règne  de  Malol  son  père  avait  été  dt^ 
quatre-vingt-quatorze  ans,  dont  dix  passés 
en  maladie.  Adica  gouvernait  avec  prudence: 
mais  à  l'égard  des  enfants  d'Israël  il   était 
plus  mauvais  que  son  père,  et  que  tous  ses 
prédécesseurs;  et  il  aggravait  extrêmement 
son  joug  sur  eux.  Il  se  transporta  avec  ses 
serviteurs  à  Gessen,  et  il  leur  dit  :  Je  veux 
que  vous  terminiez  votre  tâche  de  chaque 
jour,  et  que  dorénavant  vous  n'v  mettiez 
plus  de  négligence  comme  vous  faisiez  au 
temps  de  mon  père.  A  cet  effet,  il  instiica 
des  surveillants  pris  parmi  les  enfants  d'Is- 
raël, et  il  établit  sur  ceux-ci  des  exacteurs, 
qu'il  choisit  parmi  ses  serviteurs.  Il  fixa  en- 
suite la  quantité  de  briques  à  faire  journelle- 
ment par  chacun;  et  il  s'en  retourna  en 
Egypte. 

Or,  les  exacteurs  firent  annoncer  par  les 
surveillants,  savoir:  Voici  ce  qu'ordonne 
Pharaon  :  Ce  qui  manquera  au  compte  de  vos 
briques  sera  complété  par  vos  petits  enfants. 
Et  ainsi  faisaient  les  exacteurs  :  ils  arta- 
chaient  les  enfants  aux  mères,  et  les  met- 
taient à  la  place  des  bri^^ues  qui  manquaient, 
et  leurs  pères  éplorés  étaient  contraints  t  les 
ajuster  dans  les  constructions,  et  à  les  cou- 
vrir de  mortier.  Et  aucun  des  témoins  n*ea 

(ii37)  Version  juo.,  Eemâ. 

(1438)  Ead.,  Garéda  on  Gandm. 

(1439)  Ead.,  Ecuê.  Ces  deux  nent  ooaUnéb 
donnent  le  root  copie  «oSx,  et  ibébaiqiie,  muCx, 
peut,  eoun,  bref,  Vov.  Dicl.  f<mie  et  PtjnB, 
p.  194.  '  ' 


Ii77  TAS  PART.  IH.  —  LEGENDES 

ressentait  de  compassion.  Il  périt  ainsi  cent 
soixante-dix  enfants,  dont  une  partie  resta 
Hans  la  maçonnerie,  et  les  autres  en  furent 
rei'rés  morts. 

Kl  Dieu  entendit  en  ces  jours-là  les  plain- 
tes et  les  cris  de  douleur  des  Hébreux,  et 
il  se  souTint  de  l'alliance  qu'il  avait  con- 
tractée en  leur  faveur  avec  Abraham,  Isaac 
et  Jacob.  Et  il  résolut  de  les  délivrer. 


ET  FRAGMENTS. 


TA5 


IS7S 


Moïse  est  rendu  à  la  lilïcrlë  cl  obtient  une  fille  de 

Raguél. 

Or,  Moïse  était  retenu  en  prison  depuis 
dix  ans  dans  la  maison  de  Raguëi  le  IMadia- 
nite,  lorsque,  en  la  première  année  du  règne 
de  Pharaon-le-Bref,  Sôphoradilà  Raguëi  son 
père  :  L'Hébreu  que  lu  as  enfermé  il  y  a 
dix  ans  dans  la  prison,  .a  été  entièrement 
oublié.  Maintenant,  mon  père,  envoyons  voir 
s'il  esi  encore  vivant.  Car  son  père  ignorait 
qu'elle  l'avait  nourri  pendant  tout  ce  temps. 
Raguëi  lui  observa  :  Est-il  possible  qu'un 
homme  enfermé  depuis  si  longtemps  dans 
un  cachot,  sans  manger  ni  boire,  subsiste 
encore?  Séphora  lui  répondit  :  N'as-ln  pas 
entoudu  dire  que  le  Dieu  des  Hébreux  est 
grand  et  redoutable,  ne  cessant  d'opérer  des 
prodiges  en  leur  foveurî  C'est  lui  qui  a  ga- 
ranti Abraham  du  feu  de  la  fournaise  dTr 
en  Chaldée;  Isaac,  du  glaive  de  son  père; 
Jacob  de  l'agression  de  l'ange  au  passage  du 
torrent  de  iaboc.  Il  a  fait  aussi  plus  d'un 
prodige  en  faveur  de  cet  homme-ci.  Il  l'a 
sauvé  desflotsdufleuvede  l'Egypte, du  glaive 
de  Pharaon,  et  de  celui  des  enfants  de  Chus. 
Il  a  bien  pu  aussi  le  préserver  de  la  faim,  et 
Je  maintenir  en  vie.  Ei  Raguëi  se  laissant 
persuader,  envoya  au  cachot  voir  ce  que 
Moïse  était  devenu.  Et  il  fut  trouvé  plein  de 
vie,  se  tenant  debout  en  louant  et  en  priant 
le  Dieu  de  ses  pères.  Et  sur  l'ordre  de  Ra- 
guëi on  le  tira  de  la  prison,  on  le  rasa,  on 
changea  son  vêtement  qui  était  tout  usé,  et 
on  lui  servit  à  manger. 

Après  ceci  Moïse  descendit  au  jardin,  qui 
était  derrière  la  maison,  et  il  y  adressa  de 
ferventes  actions  degrâces  à  Jéhpva,  quidéjà 
tant  de  fois  l'avait  protégé  miraculeusement. 
Pendant  sa  prière  il  aperçut  une  verge  de 
saphir,  plantée  au  milieu  du  jardin.  Il  s'en 
«approcha,  et  il  vit  que  le  nom  ineffable  du 
Dieu  des  armées  y  était  nettement  gravé. 
Après  avoir  lu  ce  nom  il  étendit  la  main  et 
arracha  de  la  terre  cette  verge  aussi  facile- 

(1440)  Genè$et  xxv,  5  :  Dedilque  Abraham  cuneta 
quœ  posséderai  Isaac. 

(1441)  Genèse^  xxxu,  10:  Inbaculo  meo  iransivi 
Jordanem  istum, 

(1442)  CenèsBj  XLvin,  22  :  Do  tibi  partem  nnam 
extra  fratres  f uo«,  quant  tuli  de .  manu  Amorrhœi  in 
gtadio  et  arcu  meo, 

(1445)  Voy.  plus  haut,  colonne  1259. 

(144i)Ragucl  était  de  la  famille  des  Cinéens. — 
yoj.Juaes^  I,  16;  IV,  11. 

(1445)  Gersam.  De  na,  étranger,  hôte,  CKT,  ià. 

(1440)  D*après  une  Mécbilta,  rapportée  par  le  Mé- 
drasch-Yalkui,  iétbro  aurait  impose  une  condition 
à  Moïse,  qui  y  souscrivit  ;  savoir,  que  le  premier 
enfant  serait  élevé  dans  la  religion  païenne  du  pays. 


ment  que  l'on  détache  une  branche  debrous* 
sailtes  de  la  forêt.  Or,  cette  verge  était  celle 
au  moyen  de   laquelle  notre  Dieu  devait 
opérer  tant  et  de  si  grands  miracles.  Elle 
avait  été  créée  immédiatement  après  le  ciel 
et  la  terre  avec  leurs  armées,  les  mors  et  les 
fleuves  avec  leurs  poissons.  Quand  Adam  fut 
expulsé  du  iardin  d'Ëden,  i!   l'emporta  dans 
sa  main.  Elle  échut  ensuite  à  Noé,  qui  la 
laissa  àSem  et  à  sa  postérité,  et  elle  passa  en 
la  possession  d'Abraham.  Celui-ci   la  donna 
h  Isaac  avec  tout  son  avoir  (IWOj.Jacob  l'em- 
porta lorsqu'il  s'enfuitenMésopotamie(lWl); 
el,  revenu  auprès  de  son  père,  il  ne  laqiiitta 
point.  En  Egypte  il  en  fit  don  à  Joseph. Telle 
fut  la  part  qu'il  accorda  de  plus  à  Joseph  qu'à 
ses  frères  ;  car  Jacob  l'avait  enlevée  de  force 
h  son  frère  EsaCi,  qu'il  appela  Amorrhéen, 
à  cause  de  son  inimitié  (1U2).  Après  la  mort 
de  Joseph,  les  grands  de  la  maison  du  roi 
envahirent  son  palais,  et  s'emparèrent  de 
tout  ce  qu'il  renfermait;  et  la  verge  devint 
le  partage  de  Raguêl.  Celui-ci   eh  quittant 
l'Egypte,  remporta  en  Madian  (1M3),  et  la 
planta  dans  son  jardin.  Les  plus  robustes 
Cinéens  (iVA),  avaient  essayé  de  l'arracher, 
car  la  main  de  Séphora  était  è  ce  prix,  mais 
aucun  d'eux  n'y  put  réussir.  La  verge  resta 
ainsi  plantée  dans  le  jardin  de  Raguêl  jusqu'à 
l'arrivée  de  celui  à  qui  elle  était  destinée  de 
Dieu,  et  qui  la  tira  de  terre  sans  difficulté. . 
Quand  Raguëi  vit  que  Moïse  tenait  à  la  main 
la  verge,  il  en  ftit  frappé  d'admiration,  et 
aussitôt  il  lui  accorda  sa  fille  en  mariage. 
Or,  Séphora  marchait  dans  la  voie  des  fem« 
mes  de  nos  patriarches,  et  ne  cédait  point  en 
sainteté  à  Sara,  Rébecca,  Rachel,  Lia.  Elle 
congut  et  enfanta  un  fils,  que  son  père  nomma 
Gersam,  disant  :  J'ai  été  hôte  dans  une  terre 
étrangère  (1445).  Mais  il   ne  put  pas  le  cir- 
concire, parce  que  son  beau-père  Raguëi  s'y 
opposait  (1446).  Elle  conçut  de  nouveau  (1447) 
et  mit  au  monde  un  fils,  que  Moïse  circoncit, 
et  il  le  nomma  Eliéser,  disant  :  Le  Dieu  de 
mon  père  m'a  assisté  ,  et  m'a  garanti  du 
glaive  de  Pharaon  (1448). 

Mort  de  Balanan,  roi  d  Edoro.— Adar  son  successeur. 

En  ce  temps-là  vint  à  mourir  Ralanan,  roi 
d'Edom,  et  il  fut  enterré  dan*«  son  palais. 
Alors  les  enfants  d*Esaû  envoyèrent  cher- 
cher au  pays  d'Edom  Adar,  et  le  firent  roi. 
Le  règne  d'Adar  dura  quarante  -  huit 
ans  (1449).  U  forma  le  projet  de  marcher 

Les  suivants  pouvaient  suivre  la  religion  de  leur  père. 

C'est  en  haine  de  cette  criminelle  concession,  dit 
la  Mécbilta,  que  Tange  de  Jéhova  aurait  tué  Moïse 
'dans  son  voyaj;e  vers  TEgypte,  si  la  nière  ne  se  fût 
empressée  de  circoncire  Teniant. 

(1447)  Le  Médrasch-Yalkut,  qui  donne  un  long 
extrait  du  livre  Yasehar,  porte  ici  :c  Et  après  trois  ani 
elle  conçut  de  nouveau,  >  etc* 

(li48)  Eliéser.  De  vSn,  mon  Dieu^  et  -m»  secoure^ 
protection. 

C'est  à  la  cérémonie  de  la  circoncision  aae  Ton 
imposait  nn  nom  aui  garçons.  {Luc.  n,  21.)  Cda 
s'observe  encore  maintenant. 

(U49)  Genèse,  xsxvi,  f9:  Isto  ^Balanan)  quoqK€ 
mortuoy  regnavit  pro  eo  Adar. 


1279 

contre  les  enfanUde  Hoêiby  et  de  les  assu- 
jettir aux  enfants  d'Esaû,  comme  ils  l'avaient 
été  autrefois.  Mais  il  dut  y  renoncer;  car 
les  enfants  de  Moab  en  ayant  été  inslruiis, 
s'empressèrent  de  se  donner  un  chef  d'entre 
leurs  frères,  et  ils  mirent  sur  pied  une  nonj- 
breuse  année.  Ils  firent  aussi  venir  comme 

auxiliairesles  enfants  d'AmmonJeurs  frères, 
Adar  eut  peur  de  se  mesurer  arec  eux;el  il 
ue  leur  lit  pas  la  guerre. 

Apparition  de  iéhoTa  dans  le  buisson  ardent. 

Pendant  ce  temps  le  roi  d'Egypte  augmen- 
tait incessamment  les  pénibles  travaux  dont 
il  écrasait  les  enfants  d'Israël.  Il  avait  fait 
publier  dans  tout  le  pays,  savoir:  Ne  donnez 
plus  de  menue  paille  à  ces  gens  pour  pétrir 
J  argile  de  leurs  briques.  Qu'ils  aillent  eux- 
mêmes  en  ramasser  où  ils  pourront  en  trou- 
ver, et  qu'il  ne  manque  cependant  rien  de 
la  quamilé  de  briques  qu'ils  ont  à  livrercha- 
quejour.  Car  ce  sont  des  fainéants.  Mais 
1  heure  de  la  délivrance  fixée  par  Jéhova 
était  arrivée. 

El  Moïse  gardait  les  troupeaux  de  son 
beau-père.  Un  jour  qu  il  les  mena  au  désert 
de  Sm,  portant  en  main  sa  verge,  un  che- 
vreau s'enfuit.  El  Moïse  courant  après  lui 
arriva  à  la  montagne  de  Dieu,  en  Horeb.  En 
ce  lieu-là  Jéhova  lui  apparut  dans  un  buis- 
son. Le  buisson  éiait  tout  en  feu,  et  le  feu  ne 
le  consumait  })oinl.  Comme  Moïse  s'avançait 
pour  admirer  ce  prodige  de  pi  us  près,  Jéhova 
du  milieu  de  la  flamme  lappela,  et  lui  or- 
donna de  descendre  en  Egypte  vers  Pharaon, 
aun  de  le  sommer  de  renvoyer  les  enfants 
d  Israël  de  sa  servitude.  Jéhova  ajouta  :  Va, 
retourne  en  Egypte  sans  crainte,  car  tous  les 
hommes  qui  en  voulaient  à  ta  vie  sont  morts. 
Et  Jéhova  lui  enseigna  en  même  temps  les 
miracles  et  les  prodiges  qu'il  devait  opérer 
devant  Pharaon  et  devant  ses  serviteurs,  afia 
de  leur  prouver  que  c'était  Jéhova  qui  l'en- 
voyait. ^ 

Et  Moïse  s*en  revint  annoncer  cette  chose 
a  Jéthro,  son  beau-père,  qui  lui  dit  :  Va  en 
paix.  Aussitôt  Mmse  se  leva  et  se  miten  route, 
emmenant  sa  femme  et  ses  enfants.  Il  était 
dans  une  batellerie  sur  le  chemin  lorsque 
un  ange  de  Jéhova  descendu  du  ciel,  lui 
chercha  querelle  et  le  menaça  de  le  tuer,  à 
cause  de  son  ûls  aîné  qu'il  n'avait  pas  cir- 
concis  en  transgression  de  l'alliance  que  Jé- 
hova avait  contractée  avec  Abraham.  Mais 
feephora  s  empressa  de  ramasser  un  des  cail- 
loux aigus  de  cet  endroii-là,  et  elle  circoncit 
son  fils.  Et  elle  délivra  par  ce  moyen  son 
époux  et  son  fils  de  la  main  de  l'ange  de 
Dieu.  ^ 


rva 


DICTIONNAIRE  DES;  APOCRYPHES. 

Aaron  envoyé  au-devaal  de  Moïse. 

En  ce  jour-là  Aaron  marchait  le  long  de 
la  rive  du  fleuve  en  Egypte.  Et  Jébora  s« 
manisfesta  à  lui  en  ce  lieu,  et  lui  dit  :  Va  au 
désert,  à  la  rencontre  de  Moïse.  IJ  y  alla«  et 
il  rencontra  son  frère  sur  la  montagne  de 
Dieu,  et  il  l'embrassa.  Alors  Aaron  levant 
les  yeux  vit  Séphura  et  ses  enfants,  et  il  dit  à 
Moïse  :  Qui  sont  ceux«ci  avec  toit  Moïse  ré- 
pondit :  L'épouse  et  l.es  eufants  que  Dieu 
m'a  donnés  en  Madîan.  Mais  Aaroo  eol  du 
déplaisir  de  les  voir  aller  en  Egypte;  et  il 
dit  à  Moïse  :  Renvoie  cette  femme  avec  !^es 
enfants  chez  son  père  (IWO).  Et  ainsi  lit 
Moïse.  Séphora  demeura  avec  ses  enfants 
d'ins  la  maison  de  son  père  jusqu'au  temfis 
où  Jéhova  affranchit  son  peuple  de  la  tyran- 
nie de  Pharaon,  et  le  tira  de  TEgyple  (liSl). 

Moïse  et  Aaron  devant  Pharaon. 

Moïse  et  Aaron  arrivèrent  en  Egypte,  et 
ils  annoncèrent  leur  mission  k  rassembb-e 
des  enfants  d'Israël.  Et  toute  la  nation  en 
ressentit  une  grande  joie.  Le  lendemain,  de 
bon  malin.  Moïse  et  Aaron  prirent  la  verge 
de  Dieu,  et  allèrent  jusqu'au  palais  de  Pha- 
raon. Il  y  avait  à  l'entrée  de  la  demeure 
royale,  attachés  avec  des  chaînes  de  fer, 
deux  énormes  lions  que  nul  ne  pouvait  tra- 
verser ,  ni   pour  entrer ,  ni   pour  sortir. 
Quand  le  roi  voulait  admettre  quelqu'un  en 
sa  présence,   les  enchanteurs    allaient  et 
apaisaient  les  lions  par  des  paroles  mysté- 
rieuses, et  amenaient  l'homme  devant  te  roi. 
Moïse  balança  sa  verge  sur  les  lions  et  les 
détacha,  puis  il  alla  droit  avec  Aaron  à  l'ap- 
partement de  Pharaon.  Les  deux  lions  K-s 
suivaient,  imitant  les  mouvements  de  ca- 
resses que  fait  un  chien  joyeux  quand  son 
mettre  revient  des  champs.  Pharaon  »  en 
voyant  cette  chose ,  fut  frappé  d'admiration, 
et  en  même  temps  il  éprouva  de  l'embarras, 
car  la  face  de  Moïse  et  d'Aaron  était  écla- 
tante de  lumière  comme  celle  des  anges  de 
Dieu  (U52).  Et  il  leur  dit  :    Que  vouiex- 
vous?   Ils  répondirent:   Jé'nova,  Dieu  des 
Hébreux,  nous  envoie  vers  toi  pour  te  dire  ; 
Renvoie  mon  peuple ,  aOn  qu^I  me  serve. 
Pharaon,  saisi  de  crainte,  répon<lit  :  Retirez^ 
vous  et  revenez  demain.  Lorsqu'ils  furent 
sortis  du  palais,  Pharaon  fit  appeler  Balaam 
le  magicien,  et  ses  deux  fils  Jannès  et  Mem- 
bres (1&53) ,  comme  aussi  tous  les  autres  sor- 
ciers et  enchanteurs,  et  les  conseillers.  Et  le 
roi  leur  répéta  les  paroles  de  Moïse  et  d'Aa- 
ron. Il  leur  apprit  gue  ces  Hébreux  s'étaient 
présentés  devant  lui  suivis  des  lions  gardiens 
de  la  porte,  et  que  ces  bêtes  étaient  joyeusi^s 
de  les  accompagner.  Balaam,  prenant  la  pa- 


(1450)  Une  Mëcnilta  citée  par  le  Médrasch-Yjilkui. 
;itinbue  a  Aaron  ces  paroles:  i  Nous  plaignons  déjà 
assez  le  sort  des  Hébreux  qui  sont  en  Egfpie.  Pour- 
quoi  veux-tu  en  augmenter  le  nombre.  » 
Il  j.  ^"^  yf««*«'' n'admet  pan  cette  version  ;  car 
«  a  du  plus  baut  que  la  u-ibu  de  Lévi  était  ezemou; 
des  travaux.  ^ 

U  raison  d*Aaron  était  toute  simple.  La  mission 
ae  Moïse  était  périlleuse  et  en  même  temps  labo- 


rieuse jusqu*après  Tentiére  sortie  d*Egvpte.  Une 
fallait  pasquiffût  occupé  de  sa  femme' et  de  srs 
enfants.     * 
(<45l)  Voy.  notre  Avant-propos,  col.  1079.  lOW- 

M 492)  Texte,  ûts  enfanu  de  Dieu.  rrrrSlCT  »a. 

(1455)  JITim.  m,  8:  Quemadmodum  auumJtn- 
nés  etMamhres  reithertml  Moy^,^  Voy,  noire  Anat» 
propos,  colonne  1080. 


1Î91 


YAS 


PART.  in.--LEG£MDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


12S9 


role«  ait  an  roi  :  Ces  hommes  ne  sont  que 
des  magiciens  comme  nous.  Fais- les  appe- 
ler, et  nous  les  éprouverons.  Le  malin 
venui  Pharaon  fil  appeler  Moïse  et  Aaron. 
Et  ils  prirent  la  ver^^e  de  Dieu,  et  vinrent 
devant  le  rot.  Ils  lui  dirent;  Voici  ce  que 
Jébova,  Dieu  des  Hébreux ,  te  fait  dire:  Ren- 
voie mon  peuple,  afin  quM  me  serve.  Pha- 
raon leur  répondit  :  Qui  voudra  croire  sur 
voire  affirmation  que  c'est  Dieu  qui  vous  en- 
voie vers  moi?  Donnez- en  une  preuve,  et 
Ton  ajoutera  foi  à  vos  paroles.  Alors  Aa- 
ron se  hAta  de  jeler à  lerre  la  verge ,  laquelle 
«ussitfil  se  changea  en  serpent.  Los  magi- 
ciens, vovanl  cela,  jetèrent  chacun  son  bAton 
sur  le  sol ,  et  ils  se  changèrent  tous  en  ser- 
pents. Mais  le  serpent  d*Aaron  dressa  la  tète 
et  ouvrit  la  gueule  pour  engloutir  les  ser- 
pents des  magiciens.  Et  Balaam  dit  h  Aaron  : 
C'est  une  chose  ordinaire  en  tout  tem[)s 
que  les  serpenls,  ainsi  que  les  autres  ani- 
maux vivants,  se  dévorent  entre  eux.  Fais 
donc  redevenir  bftton  ton  serpent,  et  nous 
en  ferons  autant.  Si  ton  bAton  engloutit  nos 
bAtons,  nous  serons  convaincus  que  l'esprit 
de  Dieu  est  en  loi;  si  non,  tu  es  un  simple 
sorcier  comme  nous  autres.  Aussitôt  Aaron 
toucha  la  queue  de  son  serpent,  et  il  n'avait 
qu'un  bâton  à  la  main.  Les  magiciens  en 
ayant  fait  autant,  le  bAton  d* Aaron  avala 
tous  les  autres  bAlons. 

Et  Pharaon,  après  cette  épreuve  surpre- 
nante, se  fit  apporter  le  registre  où  étaient 
inscrits  les  noms  de  toutes  Tes  fausses  divi- 
nités de  TEgypte ,  et  l'on  y  chercha  le  nom 
de  Jéhova,  mais  il  ne  s'^  trouva  point.  Les 
sages  de  Pharaon  ^ui  dirent:  Nous  avons 
entendu  que  le  Dieu  des  Hébreux  est  un  fils 
de  sages,  et  issu  des  rois  de  l'Orient  (145^). 
Alors  Pharaon,  s'adressan^  h  Moïse  et  à  Aa- 
ron, leur  dit  :  Je  né  connais. pas  ce  Jéhova 
que  vous  me  nommez,  et  je  ne  renverrai 
nas  son  peuple.  Kt  ils  dirent  au  roi  :  Jé- 
hova, Dieu  aes  dieux,  est  son  nom.  C'est  lui 
qui  nous  a  députés  vers  toi.  Maintenant, 
laisse  -  nous  pénétrer  dans  le  désert  trois 
journées  de  cnemin,  afin  que  nous  lui  oi^ 
frions  des  sacrifices;  car,  depuis  notre  des- 
cente en  Egypte,  il  n'a  r«  çu  de  nous  ni  ho- 
locauste, ni  oblalion.  Si  lu  refuses,  sa  colère 
s'enflammera  contre  loi ,  et  il  frappera  l'E- 
gypte par  la  peste  et  par  le  fer.  Et  Pharaon  : 
Apprenez  -  moi  quelle  est  sa  puissance. 
Ils  répondirent  :  C'est  lui  qui  a  créé  le  ciel 
et  la  terre,  et  tout  ce  qui  existe. C'est  lui  qui 

(1454)  FiU  de  sages,  D^œn  p,  est  iro  bébraïsme, 

poar  sage,  savani  dam  ta  loi  divine. 

Ce  passage  est  fort  remaraiiable.  On  y  reconnaît 
celle  iraditioii  universelle  d  un  Rédempteur  divin, 
qui  devail  s*incarner  et  natire  en  Judée,  et  dont  les 
apôtres  devaient  faire  la  conquête  du  inonde,  c  Pei^ 
crebueral  Oriente  loto  vêtus  et  cotisions  opinio,  i 
dit  Suétone,  in  Vespas.,  <  esse  in  (atis,  uteo  tempore 


Judaea  profecii  «  rerum  poiirenlur.  i  —  Voy.  notre 

"  p,  t.  f,  p.254 

Cl  Î74. 


Harmonie  entre  f  Eglise  et  la  Synagoguit 


Juu  des-  rois  d'Orient.  La  Judée  où  naquit  Jé- 
sus, pu  de  David,  est  à  rOrieni  de  rEg>'ptc. 
(1455)  Ceci  nous  donne  la  clef  de  ce  reproche 


gouverne  la  nature.  La  vie  et  la  mort  sun^ 
un  effet  de  sa  volonté.  N'est-ce  pas  lui  qui  t*a 
créé  dans  le  sein  de  ta  mère,  qui  t'a  animé, 
qui  t'a  élevé  sur  le  trône?  C'est  aussi  lui  qui 
te  reprendra  ton  flme ,  et  fera  retourner  ton 
corps  k  la  terre,  d'oii  il  a  été  tiré.  Le  roi, 
irrité  de  ces  paroles,  s'écria:  Lequel,  par* 
rai  les  dieux  de  toutes  les  nations,  est  capa- 
ble de  fiiire  ces  choses?  Le  Nil  est  mon  œu* 
vre,  et  c'est  moi  qui  me  suis  fait  ce  que  je 
suis  (U!i5)l  Et  il  les  chassa  de  sa  pré- 
sence ,  et  en  même  temps  il  ordonna  de 
rendre  plus  dur  le  travail  des  enfants  d'Is- 
raël. 

Moïse  et  Aaron,  sortis  du  palais,  virent 
que  la  condition  de  leur  peuple  était  empi- 
rée;  car  les  eiacteurs  de  Pharaon  étaient 
devenus  plus  exigeants.  Et  Moïse  revint  vers 
Jéhova,  et  lui  dit:  Pourquoi  as-lu  afiligé 
ce  peuple?  Car,  depuis  que  tu  m'as  envoyé 
yers  Pharaon,  il  l'opprime  plus  cruellement. 
Et  Jéhova  répondit  k  Moïse:  Tu  yas  voir 
que  Pharaon  renverra  de  sou  pays  les  en- 
ïanis  d'Israël,  forcé  par  une  main  puissante 
et  par  des  plaies  affreuses. 

Section  Bo^  ei  les  iuivanies  du  livre  de 

f  Exode. 

Les  plaies  dTgypte« 

Après  deux  ans  accomplis  (1456),  Jébova 
députa  de  nouveau  Moïse  vers  Pharaon  ; 
mais  le  roi  refusa  d'obéir  à  la  voix  de  Jého- 
va. Alors  Dieu  fit  éclater  sa  puissance  en 
Egypte ,  en  frappant  Pharaon  et  ses  servi- 
teurs de  plaies  grandes  et  terribles.  Par  le 
ministère  d^Aaron,  il  changea  en  sang  toute 
l'eau  de  l'Egypte.  Un  Egyptien  en  puisait-il? 
Il  ne  voyait  dans  sa  cruche  que  du  sang.  En 
versait -il  dans  sa  coupe  pour  boire?  Du 
sang.  Due  femme  péCrissait-elle  sa  pAte? 
faisait -elle  cuire  sqs  mets?  Du  sang  par* 
tout. 

Jéhova  envoya  de  nouveau  (1457),  et  toutes 
les  eaux  des  Egyptiens  produisirent  une  si 
grande  quantité  de  grenouilles,  qu'elles  ve- 
naient infester  les  maisons.  Quand  les  Egyp- 
tiens buvaient  de  l'eau,  ils  avaient  le  ventre 
plein  de  grenouilles  qui  coassaient  dans  leur 
corps  comme  dans  les  étants.  L'eau  de  leurs 
mets  sur  le  feu  se  changeait  en  grenouilles 
Leurs  lits  en  étaient  remplis,  et  même  leur 
transpiration  se  changeait  en  grenouilles. 
Avec  tout  cela,  la  colère  de  Dieu  ne  se  reti- 
rait pas  encore  d'eux,  et  sa  main  vengeresse 

adressé  à  Pharaon  par  Eséchiett  xxix,  5.  Noos  tra- 
duisons d'après  le  texte  hebrea.  Sic  dint  Adonai 
Jéhova  :  Ecce  ego  contra  te,  Pharao,  rex  ^gypti^ 
draeo  magne,  qui  cubât  in  medio  fluviorum  suomm; 
qui  dixit  :  Meus  fluvius  meus,  et  ego  feci  me. 

(4456)  Ceux  qui  croient  que  les  plaies  d^Egypte 
suivaient  iinmédialemeiit  la  menace,  et  quelles  ar- 
rivaient coup  sur  coup,  oublient  la  longanimité  de 
Dieu,  qui  a  laissé  écouler  deux  ans  avant  de  frap^ 
per  la  première  plaie.  Numquid  voluntatis  tneœ  eti 
mors  impii,  dicit  Dominus  Deus,  et  non  ut  eon9eriom 
tura  viis  suis^  et  vivat?  {Esuh.  xvni,  23.) 

(1457)  Ainsi  le  texte  «ans  régime  exprim. 


fM3 


D1CTI0NNAIR€  DES  APOCRYPHES. 


m\ 


deiucnraU  élendae  sur  ]*Egypte  ;  car ,  par 
une  aotrc  plaie,  la  poussière  de  la  terre  se 
converlit  en  vermine  pédiculairey  dont  le 
sol  fut  chargé  d*une  «épaisseur  de  deux  cou- 
dées. Hommes  et  animaux  ,  comme  aussi  le 
roi  et  la  reine,  étaient  couverts  de  cette  ver- 
mine» et  les  E{$}plieas  en  étaient  extrême- 
ment moleslés. 

Jéhova  fit  arriver  ensuite  en  Egypte  toute 
espèce  de  bêtes  des  champs,  qui  ravagèrent 
le  pays  en  s*atlaquant  aux  hommes,  aux 
bestiaux,  aux  arbres,  à  toutes  les  plantes  de 
la  terre.  Puis  Jéhova  envoya  contre  eux  une 
foule  d'animaux  nuisibles:  des  serpents  et 
autres  reptiles;  des  scorpions,  des  rats  et 
autres  rongeurs;  des  lézards,  des  puces,  des 
ffuèpes  et  toutes  sortes  d'autres  insectes  ai- 
lés. Une  mouche  venimeuse  les  pourchassait 
jusque  dans  les  chambres  les  plus  iniérieu* 
res  du  logis  ;  les  puces  et  les  moucherons 
s'introduisaient  dans  leursyeux  et  dans  leurs 
oreilles.  Ils  s'enfermaient  dans  leurs  mai- 
sons, et  les  tenaient  soigneusement  closes, 
espérant  de  se  garantir  ainsi  de  l'invasion  de 
ce  mélange  de  bêtes  et  d'insectes;  mais  Dieu 
commanda  au  monstre  marin  Silinoth  (lili-58} 
de  sortir  de  l'eau  et  de  venir  en  Egypte.  Ce 
monstre,  qui  a  des  bras  longs  de  dix  cou- 
dées (1^59),  montait  sur  les  toits  des  habi- 
tations, et,  passant  son  bras  par  la  couver- 
tore  ,  il  brisait  le  plafond ,  et  tirait  la  ser- 
rure ou  le  verrou  de  la  porte  et  l'ouvrait. 
Alors  tout  le  mélange  de  bêtes  se  précipitait 
dans  la  maison ,  et  se  jetait  sur  les  Egyp- 
tiens. 

A  cette  plaie  Dieu  fit  succéder  une'  épi- 
Kootie  qui  emportait  chenaux,  ânes,  cha- 
meaux, bétail,  et  causait  aussi  la  mort  de 
beaucoup  d'hommes.  Il  ne  resta  du  bétail 
des  Egyptiens  que  la  dixième  partie;  mais  il 
ne  périt  pas  une  seule  [»ièce  du  bétail  des 
enfants  d'Israël  en  Gessen. 

Dieu  mit  ensuite  un  feu  ardent  dans  leur 
chair ,  qui  se  gerçait  profondément  et  se 
couvrait  d'une  mauvaise   gale ,  depuis  la 

Ç tante  des  pieds  jusqu'au  sommet  de  la  tête, 
uns  les  Egyptiens  étaient  couverts  de  pus- 
tules, leur  chair  se  corrompait,  et  il  en  cou- 
lait une  humeur  fétide. 

Et  la  main  de  Jéhova  demeurait  toujours 
étendue  sur  l'Egypte,  et  il  y  fit  tomber  une 
grêle  tellement  violente  qu'elle  détruisit  les 
vignes,  brisa  les  arbres,  écrasa  et  brûla  lès 
légumes  et  les  blés;  car  elle  était  entremêlée 
du  feu  du  ciel.  Les  hommes  et  les  bestiaux 
qui  s'y  trouvaient  exposés  périrent  soit  par 
les  grêlons,  soit  par  la  foudre,  et  toutes  les 
chaumières  des  habitants  de  la  campagne 
furent  démolies. 

Bientôt  après ,  Jéhova  amena  sur  le  pays 


quatre  espèces  de  sauterelles  en  on  si  granl 
nombre,  qu'elles  dévorèrent  tout  ce  <]ii«>  !.i 
grêle  avait  épargné  dans  les  cbaraps.  A  la 
vérité,  les  Egyptiens  se  consolaient  en  partie 
de  l'invasion  de  ces  sauterelles ,  car  ils  en 
salèrent  une  très-grande  pa^t'e  pour  leur 
nourriture  (KhCO);  mais  Jéhova  fit  lever  i.n 
vent  impétueux  d'Occident  qui  emporta  les 
sauterelles  et  les  précipita  dans  la  nicii 
et  les  sauterelles  salées  disfuirnrent  jui« 
qu'A  la  dernière  avec  les  autres  sauterel- 
les (1^61). 

Dieu  envoya  ensuite  des  ténèbres  épais<fs 
qui  enveloppèrent  pendant  trois  jours  l'K* 
gypte  et  Phaturès.  On  ne  voyait  pas  la  main 
quand  on  la  portait  à  la  bouche,  et  nul  ne 
pouvait  quitter  la  position  dans  laquelle  il 
avait  été  surpris. 

Il  y  avait  en  ces  jours  beaucoup  d^lsraélites 
qui  étaient  rebelles  è  Jéhova,  et  ne  voulaient 
pas  croire  à  la  mission  divine  do  Moisc  ei 
d'Âaron.  Ils  répétaient  :  Nous  ne  voulons 
pas  sortir  de  l'Egypte,  car  nous  mourrions 
de  faim  dans  le  désert.  Ils  n'accordaieot 
aucune  confiance  à  Moïse.  C'est  pendant  les 
trois  jours  de  ténèbres  que  Jébova  les  6t 
mourir  et  qu'on  les  enterra.  Tout  ceci  i  I  u»- 
su  des  Egyptien^ ,  qui ,  autrement,  s'eo  se- 
raient réjouis  (1&62). 

L* Agneau  pascal  en  Egypte. — Dernière  plaie. 

Lorsque  les  jours  des  ténèbres  furent  (tas- 
sés, Jéhova  envoya  Moïse  et  Aaron  dire  aui 
enfants  d'Israël  :  Célébrez  une  fête,  et  irti* 
molez  un  agneau  pascal  dans  chaque  fiimille. 
Car,  au  milieu  de  la  nuit,  j'arriverai  en 
Egypte,  et  j'y  ferai  mourir  tous  les  premiers- 
nés ,  depuis  l'homme  jusqu'à  la  bête.  Et  i^ 
où  je  verrai  vos  victimes  pascales^  je  passerai 
par-dessus  vous.  Et  les  enfants  dlsraël  fi- 
rent ainsi  qu^il  leur  avait  été  ordonné.  Or, 
dès  Theure  de  minuit,  Jéhova  parcourot 
l'Egypte,  et  y  frappa  tous  les  premiers-nét, 
tant  nremiers*nés  de  mère  que  premier«-né$ 
de  père ,  depuis  l'homme  jusqu'à  la  béte. 
Alors  Pharaon,  ses  serviteurs  et  tous  les 
Egyptiens  se  levèrent  en  hâte  de  leurs  eoo- 
ches,  à  cause  des  cris  lamentables  qneroo 
entendait  de  toutes  parts;  car  il  n'j  avait 
pas  une  maison  où  il  ny  eût  au  moins  on 
mort.  Même  les  effigies  et  les  simolacrei 
des  premiers-nés.  décédés  avant  ce  jour^là 
s'effaçaient  ou  tombaient  par  terre  et  se  bri- 
saient. Il  y  en  avait  qui  étaient  inhumas 
dans  la  maison  paternelle.  Les  chiens  dé- 
terraient  leurs  ossements,  et,  les  traînant. 
venaient  les  jeter  devant  les  Egyptiens. 

Alors  Bathia,  fille  de  Pharaon,  sortit  arec 
le  roi ,  de  nuit,  pour  aller  à  la  recherche  d« 
Moïse  et  d'Aaron.  Et  ils  les  irouvèreol  dans 


(1458)  Une  aatre  edUion,  Sulonoth.  Version  jnd.. 
SUonitk. 

(ii59)  Yersion  jud.,  une  queue  longue  de  10 
coudées. 

(1460)  Plusieurs  peuples  se  nourrissent  de  saute- 
relles. On  les  appelle  à  cause  de  cela,  acridopkayei 
(AxptaoTAyoi,  tnangeun  de  sauterelUi).  Les  Orientaux 
ie»  aceouimodent  de  différentes  façons.  11  est  dit  de 


saint  Jean-Baptiste  :  Eêca  antem  ejuâ  itêt  Uauif. 

(1461)  Ce  tour  malicieux  des  santiMvUes  ul^ 
est  rapporté  aussi  sérieusement  qu'icf  dans  le  ll^- 
drascli-llabba,  dans  la  paraph.  chald.  de  Jonacàta 
et  dans  le  commentaire  de  Varkhi.  Les  Italkaidi' 
sent  :  EA,  $arà  f 

(1462)  Se  lit  aussi  dans  le  Médmch-«abliiar 
dans  Yarkhi. 


If  85 


Y  AS 


PART.  III.--  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


lAS 


1186 


leur  maison,  oiangeanl  et  buvant  griment 
»vec  d^Aulres  Hébreux.  El  Balhia  dit  à  Moïse  : 
l^st-ce  en  reconnaissance  de  tout  le  i)ien 
que  je  i*ai  fait  que  tu  amènes  celte  grande 
calamité  sur  moi  et  sur  la  maison  de  mon 
père?  Moïse  lui  répotidil  :  As -lu  élé  al- 
(einte  d'une  seule  des  dix  plaies  donl  Jé- 
hova  a  frapp<^  l'Egypte?  Et  cependani  lu  es 
la  preroièrc-née  de  ta  mère.  Elle  iépli(|na: 
Eh«  que  m'importe,  puisque  je  vois  <ians 
PaQliction,  mon  frère  le  roi ,  et  tous  ses  ser- 
vileurs  ;  leors  premiers- nés  étant  morts 
comme  tous  les  autres  premiers-nés  de  l'E- 
gypte ?  Moïse  lui  représenta  que  Pharaon 
et  les  autres  familles  de  TEgyple  s'étaient 
eiix-mèmes  altiré  ce  malheur,  parce  qu'ils 
avaient  résisté  à  Jéhora. 

Pendant  ceci.  Pharaon  en  posture  de  sup- 
pliant s'approchade  Moïse  et  d*Aarou  et  des 
autres  enfants  d'Israël  qui  étaient  avec  eux, 
et  il  leur  dit  :  Levez-vous^  je  vous^  prie, 
emmenez  tous  vos  frères,  les  enfants  d'Israël 
qui  se  trouvent  dans  le  pays,  avec  leurs 
troupeaux  et  tout  ce  qu'ils  possèdent  :  qu'ils 
n^abandonnent  ici  rien  de  ce  qui  est  k  eux. 
Veuillez  seulement  prier  pour  moi  Jébova 
Totre  Dieu.  Moïse  dit  à  Pharaon  :  Et  loi  aussi» 
tu  es  premier-né  par  ta  mère  (1463),  Mais 
la  volonté  de  Jébova  est  que  tu  vives  en- 
core, afin  qu'il  te  fasse  voir  ces  jours-ci  sa 
Srande  puissance  et  la  force  de  son  bras 
tendu. 

Et  li*s  Egyptiens  pressaient  les  enfants 
d'Israël  de  s'en  aller  ;  car  ilsdisaienl  :  Nous 
allons  tous  mourir.  Ils  leur  donnèrent  des 
richesses  considérables  en  bestiaux  et  en 
objets  précieux,  selon  la  promesse  par  ser- 
ment que  Jéhova  avait  faite  à  noire  père 
Abraham  (1464).  Les  enfants  d'Israël  relar- 
dèrent leur  départ  jusqu*au  malin  ;  et  lorsque 
les  Egyptiens  impatients  insistaient  pour 
qu'ils  partissent  immédiatement,  ils  leur 
répondaient  :  Sommes-nous  des  larrons  ^ui 
b'esquivent  nuitamment?  Les  enfants  d  Is- 
raël empruntèrent  aux  Egyptiens  de  la  vais- 

<U63)  Une  Méchlita,  le  Médrasch-Rab^a,  et  au- 
ires  écrits  anciens,  altestenl  que  Pharaon  élail  le 
premier-né  de  sa  mère.  Voy.  aussi  Yarklii  sur 
Exode^  xn,  S^,  avec  rexposition  de  Elie  Mizrakhi. 

(1464)  €enè*e,  xy,  14  :  El  posl  hœc  egredieniur 
cummaana  gubilantia. 

(1465)  Exode,  xn,  36  :  Dominu»  antem  dédit  gra- 
Uam  pojmlo  coram  jEçyptiis,  ut  commodarent  eis  :  et 
êpoliaverunt  jEgyptum. 

(1466;  Tahnud,  traité  Sota,  fol.  15  recto  :  c  Nos 
docteurs  enseignent  :  Tiens  et  considère  combien 
les  œuvres  pies  étaient  chères  à  Moïse,  notre  doc- 
teur. Tandis  que  tout  Israël  était  occupé  à  piller 
TËgypte,  il  ne  pensait,  lui,  qu'à  prendre  les  osse- 
ments de  Joseph  pour  les  emporter.  Et  par  quel 
moyen  Moïse  notre  docteur,  est-il  parvenu  à  con- 
naître le  lieu  de  sépulture  de  Joseph?  On  lui  avait 
appris  que  Sara,  Glle  (adoplive)  d^Aser,  la  seule  per- 
sonne de  la  génération  nui  avait  vu  mourir  Joseph, 
vivait  encore.  Moïse  alla  la  trouver,  et  lui  deman- 
da :  Saurais-tu  où  Joseph  est  enterré  ?  Elle  lui  ré- 
pondit: Les  Egyptiens  lui  ont  fait  un  cercueil  de 
métal,  et  l'ont  fait  couler  au  Tond  duNil.aftn  que  l'eau 
en  fûtbénie.Alors  Moïse  alla  se  placersur  le  bord  duNil 
et  il  dit:  Joseph  1  Joseph t  voici  arrivée  Theuré  où  le 
TrAi-Sâliit,  béni  soit-il,  a  juré  de  nous  délivrer  de 


selle  d'or  eld'argent,  comme  aussi  des  étof- 
fes précieuses;  et  il  dépouillèrent  l'Egypte 
(1463).  Mais  Moïse,  pendant  ce  temps,  n'eut 
a  cœur  que  d'aller  au  fleuve  d'Egypte,  et 
d*en  retirer  le  cercueil  de  Joseph,  afin  de 
l'emporter  (1&66).  Et  loutes  les  tribus  em- 
portèrent de  même  chacune  le  cercueil  de 
son  patriarche. 

Or,  la  demeure  des  enfants  d'Israël  dans 
le  pays  d'Egypte,  où  ils  étaient  soumis  à 
dx;  durs  traVaux,  fui  de  deux  cent  dix 
ans. 

Les  Egyptiens  se  mettent  ^  la  poursuUe  des  enfants 

d^lsraéL 

Les  enfants  d'Israël  partirent  d'Egypte, 
(fo  Gessen  et  du  pays  de  Ramessès  pour  al- 
ler à  Sucolh.  Ils  étaient  environ  six  cent 
mille  hommes  à  pied,  sans  compter  leurs 
femmes  .et  leurs  petits  enfants.  Ils  avalent 
aussi  à  leur  suite  un  nombreux  mélange  de 
toute  sorte  de  menu  peuple  tl^67).  Et  ils 
établirent  leur  campé  Socolh  le  quinzième 
jour  du  premier  mois  (U68).  Ils  partirent 
ensuite  deSocoth  et  allèrent  campera  Elhani 
qui  esta  l'entrée  du  désert. 

Les  Egyptiens  employèrent  trois  jours  à 
donner  la  sépulture  à  tous  les  premiers-nés 
que  Jéhova  venait  de  frapper.  Après  ces  in- 
humations beaucoup  d'Egyptiens  résolurent 
d'aller  au  lieu  où  les  Israélites  s'étaient  ar- 
rêtés, afin  de  les  ramener  en  Egypte  de  gré 
ou  de  force;  car  ils  regrettaient  de  les  avoir 
affranchis  de  leurs  travaux.  Tous  les  chefs  de 
Pharaon  se  levèrent  donc  de  grand  malin  et 

Eartirent  avec  une  armée  de  sept  cent  mille 
ommes.  Arrivés  au  lieu  du  campement  des 
enfants  d'Israël,  ils  trouvèrent  Moïse,  Aaron 
et  tout  le  peuple  devant  Phihahiroth,  man- 
geant et  buvant,  et  solennisant  la  fête  de 
Jéhova.  Les  Egyptiens  leur  dirent  :  N'avez- 
vous  pas  dit  :  Nous  irons  dans  le  désert,  un 
chemin  de  trois  journées.  Nous  y  sacriSe* 
fons  h  notre  Dieu ,  ensuite  nous  revien- 
drons? Voici  maintenant  cinq  jours  que  vous 

la  servitude  ;  et  voici  Toccasion  d^exécuter  ce  que  ta 
as  Tait  promettre  par  serment  à  Israël  (d'emporter 
d'ici  tes  ossements).  Si  tu  le  montres,  à  la  bonne 
heure.  Si  non,  nous  voilà  dégagés  du  serment  que 
tu  nous  as  fait  prêter.  Au  même  instant  le  cercueil 
de  Joseph  monu  du  fond  de  Teau  et  v  surnagea.  » 
Voyez  aussi  Médrasch-Rabba.  section  Schemoth^  Mé- 
drasch-Yalkut,  ibid,,  et  section  Zoth-Uabberakha. 

Ce  sont  ces  détails  que  la  sœuriEmmericb,  paysan- 
ne ignorante,  qui  ne  savait  pas  même  lire,  ajouta 
au  texte  de  la  Bible  quand  on  lui  lut  le  chapitre  de 
lafsortie  d'Eg>'pte.  —  Voy.  notre  Avant-propos,  eo« 
lonnel079,  note  il30. 

(1467)  Yulgate,  m/aux  promiscuum  innumerabiit, 
L*hébreu,  l"l  in?,  mtxtura  magna.  Cette  mixture  se 
composait  en  majeure  partie,  selon  les  rabbins,  de 
la  population  inquiète  et  remuante  d'une  espèce  de 
faubourg  Saint-Marceau  de  Tanis.  C'est  elle  que 
l'on  mettait  en  fennentation  dans  tontes  les  émeu- 
tes et  révr^tes  contre  Moïse  pendant  les  quarante 
ans  avant  le  passage  du  Jourdain,  ffombretf  xi,  4  : 
Vulgus  quippe  promitcuum^  quod  aseenderat  cum  «w» 
kagravit  denderio,  iedêns  et  flens,  etc. 

(4468)  Le  15  du  mois  deNlsan,  premier.  Jovr  de 
b  fête  de  Piques,  appelée  aussi  fête  des  Aavnei. 


It87 


DlCTlOM^AIRIii  UhS  APOCRYPHES. 


î^iA 


êtes  partis.  Pourquoi  ne  revenez-vous  pas? 
Muise  et  Aaron  répondirent  :  Dieu  nous  a 
noiiflé  sa  volonté,  en  disant  :  Vous  ne  re- 
tournerez plus  en  Egypte  (U69).  Mais  nous 
allons  dans  un  pays  où  coulent  le  lait  et  le 
miel,  selon  ce  que  Jébova  a  juré  h  nos  pè« 
res  de  nous  le  donner.  Les  Egyptiens  com- 
mencèrent alors  une  attaque  contre  les  en- 
fants dlsraël.  Mais  Jébova  inspira  du  cou- 
rage è  ceux-ci,  et  ils  opposèrent  énergique- 
ment  leurs  armes  à  celles  de  leur  ennemi^ 
et  ils  furent  les  plus  forts,  lis  firent  éprou- 
ver une  i^rande  perte  d'hommes  aux  Égyp- 
tiens, qui  prirent  la  fuite. 

Passage  de  la  mer  Rouge» 

Les  chefs  de  Pharaon,  revenus  en  Egypte; 
lui  rendirent  compte  de  ce  qui  venait  de  se 
passer.  Alors  le  cœur  de  Pharaon  et  de  ses 
serviteurs  fut  changé,  et  ils  se  repentirent 
d*avoir  renvoyé  Israël.  Jébova  môme  les 
endurcit  ainsi,  c^r  il  voulait  les  précipiter 
dans  la  mer  Rouge. 

Pharaon  fit  donc  atteler  son  char  de  guerre, 
et  ne  laissant  dans  le  pays  que  les  femmes 
et  les  enfants,  il  ût  marcher  avec  lui  tous 
les  hommes,  au  nombre  d'un  million  (1^70} 
de  combattants.  Et  il  atteignit  Israël  campe 
sur  la  mer  Rouge.  Les  enfants  dlsraôl  en 
levant  les  yeux  virent  que  toute  TEgypte 
arrivait  sur  eux,  et  ils  eurent  grand*peur,  et 
ils  invoquèrent  Jébova.  Or,  la  crainte  des 
Egyptiens  lut  cause  que  les  eufanls  d'Israël 
se  partagèrent  en  quatre  partis.  Un  parti,  les 
enianls  de  Ruben,  de  Siméou  et  d*Issachar, 
voulait  se  jeter  à  la  mer.  Et  Moïse  leur  dit: 
Ne  craignez  point.  Demeurez  fermes,'  et 
vovez  comment  Jébova  vous  sauvera  mira*^ 
culeusement  en  ce  jour  (U71).  Un  autre 
parti,  les  enfants  de  Zabulon,  de  Benjamin 
et  de  Neplithali,  était  d'avis  de  s'en  retour- 
ner avec  les  Egyptiens.  Moïse  leur  dit  :  Ne 
craignez  point;  car  les  Egyptiens  que  vous 
T0]rez  à  présent,  vous  ne  les  reverrez  ja-, 
mais  plus  (H72).  Cn  troisième  parti,  les  en- 
fants de  Juda  et  de  Joseph,  Toulait  marcher 
à  l'ennemi  et  le  combattre.  Moïse  leur  dit  : 
Tenez-vous  à  votre  place;  car  Jébova  com- 
battra pour  vous.  Quant  è  vous  demeurez 
tranquilles  (H73).  Un  quatrième  parti,  les 
enfants  de  Lévi,  de  Gad  et  d'Aser,  voulait 
se  jeter  au  milieu  des  Egyptiens,  et  mettre 
le  désordre  dans  leurs  rangs.  Moïse  leur  dit  : 
Ne  bougez  pas,  et  soyez  sans  crainte.  Seu- 
lement, invoquez  le  secours  de  Jéhova. 

Moïse  se  mit  ensuite  lui-même  en  prière; 
mais  Jéhova  lui  dit  :  Que  fais->tu  ?  Ce  n'est 

(1469)  Deutéronome,  xvn,  16:  Nec  redueet  populum 
inJSgyptum,  Prœiertim  cum  Dominuê  prœceperit  vobii^ 
ut  nequaquam  ampUus  per  eamdem  vtam  revertaminL 

(1470)  L*hébreu  exprime  ce  chiffre,  dix  foi$  cent 
tnitte, 

(1471)  Nolile  timere^  itate  et  videte  magnttlia}Dth' 
mim  (jnœ  facturui  est  hodie.  [Exod.  xit,  15.) 

J1472)  Notite  timere  :  JSfwiioê  enim  quoi  nune 
tiaetUt  tuquaquam  [ultra  vtaebiliê^  usque  in  umpi' 
t^mum.  (Ibid.) 

(1475)  Dominu$  pugnabit  pro  vobis^  et  vo9  tacebitit* 
(IM.,  14.) 


pas  le  moment  de  m*invoquer.  Commande 
aux  enfants  d'Israël  «le  marcher.  Pour  lot, 
étends  ta  verge  sur  la  mer,  et  divisc*la  aQo 

3ue  les  enfants  d'Israël  passent  au  milieu 
'elle  i^  pied  sec  (iklk).  Moïse  ayant  éienda 
sa  verge  sur  la  mer,  ses  flots  se  partagè- 
rent en  doute  voles  dans  lesquelles  les  tri- 
buts des  enfants  dlsraêl  passèrent  avec  leurs 
chaussures  sèches,  ainsi  qu*un  homme  qui 
chemine  sur  une  route  pavée. 

Quand  les  enfants  d'Israël  furent  eDtrés 
dans  la  mer,  les  Egyptiens  les  y  suivirent; 
mais  les  dois  retombèrent  sur  eux,  et  ils 
furent  tous  noyés.  Pharaon  seul  échappa  du 
désastre  général,  parce  qu'il  rendit  gloire 
è  Jéhova,  et  crut  en  lui.  Jébova  envoya  un 
ange  qui  le  retira  du  milieu  des  Egyptiens 
flottants  dans  Teau,  et  le  jeta  sur  la  terre  de 
Ninive.  Il  devint  roi  de  ce  pays  et  7  régna 
longtemps  {iVJ&). 

En  ce  jour-là  Jéhova  sauvalsraëldelamaîn 
des  Egyptiens.  Les  enfants  d'Israël  virent  que 
tous  les  Egyptiens  avaient  péri  sous  le  bras 
puissant  que  Jéhova  Avait  étendu  sur  eui. 
Alors  Moïse  et  l'es  enfants  d'Israël  empan- 
nèrent ce  cantique  :  Je  chanterai  en  Thon* 
neur  de  Jéhova,  parce  qu'il  a  fait  éclater  S3 
gloire.  Il  a  précipité  daus  la  mer  le  cheval 
et  son  cavalier.  Voici  que  ce  cantique  est 
écrit  dans  le  livre  de  la  loi  de  Dieu. 

Pérégrination  dans  te  désert.  — •  BaUille  de 

Haphîdiin 

Apres  ceïa  les  enfants  d'Israël  s'avancè- 
rent dans  le  désert  et  établirent  leur  campa 
Mara.  Jéhova  leur  donna  en  ce  lieu  des  pré- 
ceptes et  des  ordonnances,  et  il  leur  com- 
manda de  marcher  dans  ses  voies  et  de  le 
servir.  Ils  partirent  de  Mara  et  arrivèrent  h 
Elim,  oùily  avait  douze  fontaines  et  soi- 
xante-dix palmiers.  Et  ils  campèrent  en  ce 
lieu  auprès  des  eaux.  Ils  quittèrent  Elim  et 
arrivèrent  au  désert  de  Siu,  le  quinzième 
jour  du  deuxième  mois  de  leur  sortie  d'E- 
Kypte.  C'est  alors  que  Jéhova  commença  à 
leur  faire  tomber  du  ciel  leur  nourriture  de 
chaque  jour,  appelée,  la  manne.  Ils  la  man- 
gèrent pendant  les  quarante  ans  qu'ils  res- 
tèrent dans  le  désert  jusqu*à  leur  entrée  dans 
la  terre  de  Chanaan  pour  cn  prendre  pos- 
session. Ils  partirent  du  désert  de  Sin  et 
vinrent  camper  à  Alus  :  Ils  partirent  d'Alos 
et  vinrent  camper  h  Raphidim. 

C'est  là  qu'arriva  pour  les  combattre  Ama- 
lec,  fils  d'Eliphaz,  fils  d'Esaû,  et  frère  de 
Sépho.  11  amenait  avec  lui  mille  quatre- 
vingts  myriades  d'hommes,  tous  magiciens, 

(1474)  Quid  clamai  ad  mef  Loqi^e  fttm  fêntl 
ut  proficiscantur.  Tu  autem  éleva  virgam  imuu^  H 
extende  manum  tuam  tuper  mare,  et  divideiUué;  mt 
qradiantur /ilii  lerael  in  medio  mari^per  stmim.  (  fM., 

(1475)  Médrasch-YalkiU  sur  le  prophète  Jon».  el 
chapitres  de  Rabbi-EUézer,  chap.  ilui.  De  tf§cm- 
cité  de  la  pénitence. 

C'est  Pharaon  converti  et  roi  de  Ninive,  q«,  d'a- 
près ces  livres,  engagea  les  Ninivîtet  à  Caire  la- 
tence. 


1289 


VAS 


Part.  m. -légendes  li  fiugments» 


YAS 


fiOO 


experts  dans  Vari  d'évoquer  les  esprits.  Il 
livra  h  Israël  une  hilaille  grande  et  terri- 
ble. Mais  Jéhova  le  fit  succomber  sous  les 
efforts  des  enfants  d'Israël  et  de  Josué,  fils 
de  Nun,  Ephraïmite^  serviteur  de  Moïse. 
Les  enfants  d'Israël  frappèrent  Amalei*.  et 
son  monde  avec  le  tranchant  du  glaive.  Mais 
l'action  avait  été  rude  pour  les  enfants  d'Is- 
raël. £t  Jéhova  dit  à  Moïse:  Ecris  cet  évé- 
nementy  pour  en  conserver  la  mémoire, 
dans  un  livre  que  tu  confieras  à  la  garde  de 
Josué«  fils  de  Nun»  ton  serviteur.  Et  tu  or- 
donneras aux  enfants  dlsraël,  savoir:  Quand 
vous  serez  entrés  dans  la  terre  de  Chanaafi 
vous  exterminerez  de  dessous  le  ciel  le  sou- 
venir d'Àmalec.  Moïse  prit  donc  un  livre 
et  y  inscrivitles  paroles  suivantes  :  Souviens- 
toi  de  ce  que  t'a  fait  Amalec  dans  le  che- 
min, lorsque  vous  sortiez  de  l'Egypte;  de 
quelle  sorte  il  a  marché  à  toi  dans  le  che- 
min, et  a  donné  sur  ceux  qui  par  lassitude 
étaient  restés  en  arrière  de  toi  ;  et  toi-même 
étais  fatigué,  épuisé.  Il  ne  craignait  pas  Dieu. 
Lorsque  Jéhova  ton  Dieu  t'aura  clonné  du 
repos  de  tous  les  ennemis  à  l'entour  (de  toi) 
dans  le  pays  que  Jéhova  ton  Dieu  te  donne 
pour  partage  de  possession,  tu  extermine- 
ras le  souvenir  d  Amalec  de  dessous  le  ciel. 
Ne  l'oublie  pas  {ikl6).  Si  un  roi  (dlsraél) 
a  compassion  d'Amalec,  ou  de  sa  mémoire, 
ou  de  ses  enfants,  je  ne  le  lui  pardonnerai 
pas,  et  je  le  ferai  disparaître  du  milieu  de 
son  peuple  (liii-77).  Moïse  écrivit  toutes  ces 
paroles  dans  un  livre,  et  recommanda  aux 
enfants  d'Israël  de  s'en  bien  pénétrer  (H78). 

Arrivée  de  Jéthro  au  camp  d'Israël. 

Les  enfants  d'Israël  partirent  de  Raphi- 
dim  et  vinrent  camper  au  désert  de  Sinâï, 
dans  le  troisième  mois  de  leur  sortie  d*K- 
gypte.  C'est  alors  que  Raguël  le  Madianito, 
ayant  appris  les  prodiges  que  Jéhova  avait 
opérés  pour  sauver  Israël  de  la  main  des 
Egyptiens,  alla  trouver  Mo!ise  au  désert,  à 
la  montagne  de  Dieu,  où  était  le  camp  d'Is- 
raël, et  if  amena  avec  lui  Séphora,  sa  tille, 
et  les  deux  enfants  de  celle-ci.  Et  Moïse,  ac- 
compagné de  tout  le  peuple,  fut  à  la  rencon- 
tre de  son  beau-père,  et  le  reçut  avec»  de 
grands  honneurs.  Depuis  ce  jour  Jéthro  con- 
i'essait  la  foi  de  Jéhova.  Et  il  demeura  avec 
les  siens  au  milieu  des  etifants  d'Israël  pen- 
dant un  long  espace  de  temps. 

Les  dix  cotniDandements  promulgaés  sur  la  montagne 

de  Sinaî. 

Au  sixième  jour  du  troisième  mois  de  la 
sortie  d'Egypte,  Jéhova  donna  sur  la  mon- 
tagne de  Sinaï  les  dix  commandements  ;  et 
pendant  tout  ce  jour*lh  Israël  se  réjouit 
iieaucoup  en  Jéhova.  La  gloire  de  Jéhova, 
enveloppée  d'un  nuage,  reposa  sur  le  mont 

|U76)  Deutéronomc,  x\v,  !7-i9,  selon  Thëbreu  k 
U  leure. 
.  (1477)  Voy.  I  Samuel,  xv,  tout  le  chapitre. 

(1478)  On  voit  ici  clairement  que  les  trois  ver- 
sets <iii  DeuiéronovM  que  le  ïaschar  vient  de  donner, 

DlCT10>.^,  PCS  ArOCRYPHBS.  II. 


Sinaï.  Jéhova  appela  Moïse  qui  pénétra 
dans  le  nuage,  et  gravit  jusqu'au  sommet  de 
la  montagne.  Et  il  y  demeura  quarante  jours 
et  quarante  nuits  sansmanger  ni  boire.  Pen- 
dant ces  jours,  'Jéhova  lui  enseigna  les  pré- 
ceptes et  les  lois  qu'il  devait  prescrire  aux 
enfants  d'Israël.  Au  bout  de  quarante  jours, 
Jéhova  remit  à  Moïse  les  dix  commande- 
ments, tracés  par  le  doigt  de  Dieu  sur  deux 
tables  de  pierre. 

Le  veau  d'or. 

Or,  Its  enfants  d'Israël,  voyant  que  Moïse 
tardait  beaucoup  à  descendre  de  la  monta- 
gne, s  attroupèrent  contre  Aaron,  et  lui  di- 
rent :  Nous  ne  savons  ce  qui  est  advenu  à 
Moïse.  Maintenant,  lève-toi,  fais-nous  un 
dieu  qui  nous  conduise;  sinon  tu  mourras. 
Àaron  eut  peur  du  peuple,  et  il  se  fit  appor- 
ter de  l'or,  et  le  façonna  en  veau  jeté  en 
fonte. 

Et  Jéhova  dit  à  Moïse  :  Va,  descends  delà 
montagne;  car  ton  peuple,  que  tu  as  fait 
sortir  d'Egypte,  s'est  perverti.  Il  s'est  fabri- 
qué un  veau  fondu,  et  il  l'adore.  Maintenant, 
laisse-moi  faire;  je  vais  l'exterminer,  car 
c'est  un  peuple  au  cou  roide.  Mais  Moïse 
supplia  Jéhova,  intercédantpour  le  peuple. 
Il  descendit  ensuite  de  la  montagne,  tenant 
h  la  main  les  deux  tables  de  pierre.  Lorsqu'il 
arriva  près  du  camp,  il  vit  le  veau.  Aussîldt 
sa  colère  s^enfiamma,  et  il  brisa  les  tables 
au  bas  de  la  montagne.  Il  pénétra  ensuite 
dans  le  camp,  se  saisit  du  veau  et  le  calcina 
dans  te  feu,  et  le  réduisit  en  poussière.  Il 
jeta  ensuite  cette  poussière  dans  de  Teau  qu'il 
fit  boire  aux  enfants  d'Israël.  Et  de  ceux  qui 
avaient  le  plus  coopéré  h  la  confection  du. 
veau,  trois  mille  périrent  par  le  glaive  de 
leurs  frères. 

Les  deuxièings  tables  de  la  loi. 

Le  jour  suivant  Moïse  dit  Je  vais  re- 
monter sur  la  montagne  vers  Jéhova;  peut- 
être  obtiendrai-je  la  rémission  de  votre  pé- 
ché. Et  il  retourna  vers  Jéhova,  et  le  supplia 
pour  Israël  pendant  quarante  jours  et  qua- 
rantcnuits.  Jéhova  écouta  la  prière  de  Moïse, 
etse  laissa  fléchir. 

El  Jéhova  dit  alors  à  Moïse  :  Taille  deux 
nouvelles  tables  de  pierre,  et  apporte-les- 
moi  afin  que  j'y  grave  les  dix  commande- 
ments. Moïse  descendit  de  la  montagne  ;  et 
après  avoir  taillé  les  deux  tables  il  revint 
sur  la  montagne  de  Sinaï  vers  Jéhova,  qui 
inscrivit  les  dix  commandements  sur  les 
nouvelles  tables.  Moïse  s'arrêta  aussi  cette 
fois  auprès  de  Jéhova  pendant  quarantejours 
et  quaranienuits.  Jéhova  lui  donna  en  outre, 
pour  Israël,  des  préceptes  et  des  lois.  Il  trans- 
mit aussi  aux  enfants  d'Israël  l'ordre  de  lui 
dresser  un  tabernacle ,  afin  qu'il  y  fît  de- 
meurer son  nom  (1{^79).  Jéhova  lui  montra 

formaient  primitivement  une  simple  note  laissée 
par  Moïse  dans  ses  mémoires.  —  Voy»  notre  Avants 
propos. 

(1479)  Il  est  notoire  que  le  Nom  ainsi  personni- 
fié est  ce  qu  on  appelle  en  ihcologie,  Deuë  unuè  <t 

41 


It91 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


itn 


le  modèle  du  tAberoacle  et  de  tous  ses  usten- 
siles. 

Au  bout  des  quarante  {ourSi  Moïse  des- 
cendit de  la  montagne»  tenant  à  la  main  les 
deux  tables,  et  il  instruisit  Israfil  de  tout  ce 
dont  Jéhova  l'avait  chargé.  Ia<«  enfants  d'Is- 
raël, remplis  de  joie,  répondirisnt  :  Nous  exé- 
cuterons de  point  en  point  tout  ce  que  Jé- 
hova a  ordonné.  Ils  se  levèrent  comme  un 
seul  homme,  et  ils  offrirent  pour  la  confec- 


tion du  tabernacle  chacun  de  toul  ce  qu'il 
possédait  :  de  l'or,  de  largenl,  du  cuivre  ei 
une  grande  quantité  d'autres  matériaux.  Tous 

les  artisans  intelligents  et  habiles  se  pré- 
sentèrent et  façonnèrent  toutes  les  cboses 
conformément  aux  types  que  JéhoTa  avait 
montrés  à  Moïse.  Et  tout  I  ouvrage  fut  trr- 
miné  au  bout  de  cinq  mois.  Et  Muise  lesbé- 
uit. 

Fin  du  livre  de  l'Exode, 


LIVRE  DU  LÉVITIQUE  ET  LIVRE  DES  NOMBRES. 


Sacre  d*Aaron  et  de  ses  fils— Dédicace  du  laberna- 
cle  et  de  Tautel  des  sacrifices». — Mort  de  Nadiii  et 
d'Abiu. 

Le  vin^t-troisième  jour  du  douzième  mois 
Moïse  prit  Aaron  et  ses  fils,  et  leur  donna 
l'onction  sacrée,  après  les  avoir  revêtus  dçs 
ornements  sacerdotaux,  et  Moïse  offrit  lui- 
même  les  sacrifices  :  tout  cela  conformément 
à  ce  gue  Jéhova  lui  avait  prescrit.  Il  amena 
ensuite  Aaron  et  ses  fils  K  l'entrée  du  ta- 
bernacle, et  il  leur  dit  :  Ne  sortez  pas  d'ici, 
car  c'est  Jéhovaqui  l'ordonne  ainsi. 

Le  huitième  jour,  où  commençait  le  pre- 
mier mois  (14.80)  de  la  deuxième  année  de 
la  sortie  d'Egypte,  Moïse  ayant  terminé  de 
dresser  le  tabernacle,  et  d'en  placer  les  us- 
tensiles, apuela  Aaron  et  ses  fils;  et  ils  offri- 
rent, selon  l'ordre  de  Jéhova,  des  holocaustes 
et  des  victimes  expiatoires,  pour  eux  et  pour 
Israël. 

Le  même  jour,  Nadab  et  Abiu,  deux  fils 
d' Aaron,  prirent  du  feu  profane  (1481),  et 
l'apportèrent  devant  Jéhova,  ce  qui  n'était 
.  pomt  conforme  au  commandement  qu'il  leur 
avait  fait.  Et  un  feu  sortit  de  la  présence  de 
Jéhova,  et  les  fit  mourir. 

Offrande  des  chefs  des  tribus.— La  Pâque. 

'A  l'occasion  de  la  dédicace  de  l'autel,  les 
princes  des  tribus  firent  leur  offrande  pen- 
><fant  douze  jours,  l'un  après  l'autre.  Ils  pré- 
sentèrent, chacun  en  son  jour,  un  plat  d'ar- 
gent de  cent.trente  sicles,  un  bassin  d'argent 
de  soixante-dix  sicles,  au  poids  du  sanc- 
tuaire :  tous  deux  pleins  de  fine  farine,  pétrie 
avec  de  l'huile,  pour  l'oblotion.  Un  bassin 
d'or,  pesant  dix  sicles,  plein  d'encens.  Un 
jeune  taureau,  un  bélier  et  un  agneau  d'un 
-an,  pour  l'holocauste.  Un  jeune  bouc  pour 
la  victime  expiatoire  des  péchés.  Et  pour 
hosties  pacifiques,  deux  bœufs,  cinq  béliers, 
xinq  boucs,  cinq  .agneaux  d'un  an. 

Après  ceci,  le  treizième  iour  du  mois. 
Moïse  ordonna  aux  enfants  d  Israël  de  faire 
la  Pâque  ;  et  ils  l'immolèrent  le  jour  qua- 
torzième, selon  le  précepte  de  Jéhova. 

DéiiomjDrement  des  individus  roàles.  — Campements 

dans  le  désert. 

Le  premier  jour  du  deuxième  mois  Jéhova 
dit  h  Moïse  :  Relevez,  toi,  Aaron  et  les  douze 

;<rtji«f ,  Dieu  un  et  Irtn.  C*est  la  tancta  ei  individua 
Trinita»,  indiquée  par  les  éléments  du  nom  tétra- 
gramniatique  n%T,  YeHova,  —  Voy.  noire  Harmonie 
£ntre  l*E(fliêe  et  la  Synagogue,  t.  I,  p.  'iOSsqq.— Les 
Orientaux  enfants  U*lsinaél  désignenr  Dieu  le  plus 
Muuveûi  jiar  les  deux  lettres  médialcs  de  ce  tïom,  Ti, 


princes  des  tribus,  le  chiffre  total  de  toosles 
mâles  des  enfants  dlsraël,  à  partir  de  l'âge 
de  vingt  ans.  Et  ils  en  firent  le  dénombn*- 
menl  dans  le  désert  de  Sinaï.  Et  tuas  ceci 
au-dessus  de  vingt  ans,  qui  furent  compiés 
par  familles,  se  trouvèrent  former  le  nombre 
de  six  cent  trente  mille  cinq  cent  cinquante 
hommes.  Mais  les  enfants  de  Lévi  ne  furent 

fias  compris  dans  le  dénombrement  de  ieun 
rères  d'Israël.  Et  le  nombre  des  mâles  d*0Q 
mois  et  au-dessus  fut  de  vingt-deux  mille 
deux  cent  soixante- treize  fl482}.  Moïse  ins- 
talla les  sacerdotes  et  les  lévites  chacun  dans 
ses  fonctions,  selon  que  Jéhova  l'avait  réglé. 
Le  vingtième  jour  du  mois  la  nuée  s'életà 
de  dessus  le  tabernacle  de  témoignage,  et 
aussitôt  les  enfants  d'Israël  partirent  du  dé- 
sert  de  Sinaï  pour  continuetîleur  voyage.  Us 
marchèrent  laisanl  le  chemin  de  trois  jour- 
nées, et  la  nuée  s'arrêta  audésert  dePbarao. 
Là  s'alluma  coulrelsraël  la  colère  de  Jéhovi, 
car  ils  l'irritèrent  en  lui  demandant  de  Is 
chair  à  manger.  Il  leur  en  donna  pendant  on 
mois,  et  ensuite  il  en  fit  mourir  un  ^rsod 
nombre.  On  enterra  les  morts  en  ce  iieu, 
qui,  pour  cette  cause,  fut  nommé,  les  së|/ii/- 
cres  de  la  concupiscence. 

Et  ils  partirent  des  sépulcres  de  ta  con- 
cupiscence et  vinrent  camper  à  lla>én»vb, 
qui  est  dans  le  désert  de  Pharan.  Cest  a 
Haséroth  que  Jéhova  se  fâcha  contre  Marif, 
k  cause  de  ses  propos  sur  le  compte  deMoîs". 
Elle  devint  couverte  d'une  lèpre  blanche 
comme  la  neige,  et  elle  demeura  recluse  hors 
du  camp  l'espace  de  sept  jours,  jusqu'à  ^a 
guérison.  Après  cela  les  enfants  d'Israël  par- 
lirent  d'Hasérolh  et  vinrent  camper  à  i  ex- 
trémité du  désert  de  Pharan. 

Les  explorateurs  de  la  terre  de  Chanaan. 

En  ce  temps-là  Jéhova  dit  à  Moïse  :  EnToie 
douze  hommes,  un  homme  par  triba,  pour 
reconnaitrele  pays  de  Chanaan.Cesbomoies 
après  avoir  parcouru  le  pays  depuis  le  dé- 
sert de  Sin  jusqu'à  Rohob,  sur  la  route  d*E- 
math,  revinrent  auprès  de  Moïse  et  d'Â8n»ff 
au  bout  de  quarante  jours;  et  ils  leur  lirer; 
un  rapport  selon  le  penchant  de  leur  cwar. 
C'est-à-dire,  dix  d'entre  eux  décrièrent  d*^ 
vaut  les  enfants  d'Israël  le  pays  qu'ils  avaient 
reconnu,  disant  que  c'est  un  pays  qui  dévore 

ce  qui  en  arabe  veut  dire.  Lut.  —  Voy.  ibid,^  p.  557. 
(liSO)  Lie  mois  de  Niçan. 
(1«81)  Le  texte  hébreu  :  feu  étranger, 
(ti8â)  IVaprcs  le    Uvre  des  Nombres,  vu  it.<t 

dernier  chiffre  fut  celui  de  tous  les  preniteivo^i 

Diàles. 


1293 


YAS 


PART.  III.  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


TAS 


mi 


ses  habitants.  El  ils  ajoutèrent  :  Mieux  vau- 
drait pournotts  de  retourner  en  Egypte.  D*uq 
autre  cAlé^Josué,  filsdeNun,  etCaleb^fils 
de  Jéphonéy  les  deux  autres  explorateurs, 
répétaient  :  Le  pays  est  extrêmement  bon. 
Il  est  h  souhaiter  que  Jéhoya  nous  soit  assez 
favorable  pour  nous  y  faire  arriver  ;  car  c'est 
un  pays  où  coulent  le  lait  et  le  miel.  Mais 
Jes  enfants  d'Israël  ne  les  écoutèrent  point, 
et  s'en  rapportèrent  au  dire  des  autres  qui 
décriaient  le  pays  de  plus  en  plus.  Alors  Jé- 
liova»  irrité  des  murmures  des  enfants  d'is- 
rail,  jura  en  disant:  Aucun  homme  de  cette 
génération,  depuis  vingt  ans  et  au-dessus, 
ne  verra  le  pays,  excepté  Caleb,  fils  de  Je- 
l>honé,  et  Josué,  Qls  de  Nun.  Cette  généra- 
tion perverse  s'éteindra  dans  le  désert,  et  ce 
sont  ses  enfants  qui  entreront  dans  le  pays, 
et  en  prendront  possession.  En  effet,  la  co- 
lère de  Jéhova  fit  errer  les  enfants  d'Israël 
dans  le  désert  pendant  quarante  ans,  jusqu'à 
ce  que  fût  consumée  cette  mauvaise  géné- 
ration qui  n'était  pas  constante  dans  sa  fidé- 
lité à  Jéhova.  Le  peuple  s*arrèta  longtemps 
au  désert  de  Pharan,  et  il  se  dirigea  ensuite 
vers  l'intérieur  du  désert  par  h  chemin  de 
la  mer  Rouge. 

Révolte  de  Coré. 

En  ce  temps-là  Coré,  fils  d'Isaar,  fils  de 
Gaath,  fils  de  Lévi,  ameuta  beaucoup  d'hom- 
mes d'entre  Israël,  qui  se  soulevèrent  contre 
Moïse  et  Aaron,  et  contre  toute  l'assemblée. 
Et  Jéliova  entra  en  colère  contre  eux,  et  la 
terre  ouvrant  son  abîme,  engloutit  tous  les 
rebelles,  avec  leur  familles  et  tout  ce  qu'ils 
possédaient  :  tous  ceux  du  parti  de  Coré. 
Après  ceci  Dieu  fit  longtemps  tourner  le 
peuple  autour  de  la  montagne  de  Séir,  pen- 
dant dix*neuf  ans. 

Dieu  dit  alors  à  MoL^e  ;  Abstiens-toi  de 
tout  acte  d'hostilité  contre  les  enfants  d'Esaù, 
oar  je  ne  vous  donnerai  pàs  un  seul  pied  de 
terre  de  leur  pays,  ayant  assigné  a  Esaû  la 
roontagne  de  Séir  à  titre  d'héritage.  Vous 
jchetterez  d'eux  à  prix  d'argent  de  quoi 
manger,  et  vous  leur  payerez  de  môme  I  eau 
que  vous  boirez.  Et  les  enfants  dlsraël  fi« 
rent  ainsi  que  Jéhova  avait  ordonné  à  cet 
i^gard.  A  une  époque  ancienne  les  enfants 
d'Esaii  portèrent  la  guerre  chez  les  enfants 
de  Séir,  et  ils  les  vainquirent  avec  l'assistan- 
ce de  Jéhova.  ils  les  exterminèrent  entière- 
ment, et  s'établirent  dans  leur  pays,  et  ils  y 
demeurent  jusqu'à  ce  jour  (1&S3).  C'est 
pourquoi  Jéhova  défendit  de  molester  les 
enfants  du  frère  de  Jacob. 

Mort  de  Latinus. 

Vers  cette  époque  mourut  Latinus,  roi  des 
enfants  de  Cétnim,  dans  la  quarante-cinquiè- 
me année  de  son  règne,  laquelle  était  la  qua- 
torzième de  la  sortie  d'Egypte.  Il  fut  enterré 

(1485)  Voy.  plus  haut,  colonne  1258 

(1484)  Deutéronome,  u,  9. 

(1485)  Dans  ce  passage  il  8*e$t  introduit  dans  le 
texte  hébreu,  par  la  faute  àe%  typographes,  un  ilë- 
a^rdre  oui  le  rend  inintelligible.  Il  ne  peut  a^  rétablir 


dans  le  palais  qu*il  s'était  fait  bfltir  en  Cé- 
thim.  Son  successeur  fut  Avianus  qui  régna 
trente-huit  ans. 

Pérégrinations  dans  le  désert.  —  Sébon  et  Mo<ib. 

Et  les  enfants  d'Israël,  «près  avoir  passé 
la  dernière  limite  du  pays  d'Esaû,  au  bout 
de  dix-neuf  ans,  entrèrent  dans  le  chemin 
qui  conduit  au  désert  de  Moab.  Et  Jéhova 
dit  à  Moïse  :  Ne  moleste  point  Moab,  et  ne 
cherche  pas  la  guerre  avec  lui  ;  car  je  ne 
donnerai  rien  do  son  pays.  (liSi).  Les  en- 
fants d'Israël  parcoururent^pendant  dix-neuf 
ans  tout  le  contour  du  désert  de  Moab,  sauA 
attaquer  cette  nation. 

Dans  la  trente-sixième  année  de  la  sortie 
d'Egypte,  Séhoc,  roi  des  Amorrhéeus  (1485), 
mit  en  campagne  contre  Moab,  par  une  dis- 
position de  Jéhova,  une  armée  puissante. 
En  même  temps  il  envova  des  messagers  à 
Béor,  fils  de  Jannès,  fils  de  Balaam,  conseil- 
ler du  roi  d'Egypte,  et  à  son  fils  Balaam, 
pour  les  inviter  à  venir  maudire  Moab,  afin 

Îue  cette  nation  pût  être  vaincue  par  lui. 
éor,  fils  de  Jannès,  et  son  fils  Balaam,  étant 
arrivés  de  Phothor  de  la  Mésopotamie  à  la  ca- 
pitale de  Séhon,  ils  maudirent,  en  présence 
de  Séhon,  le  peuple  de  Moab  et  son  roi.  Et 
Jéhova  livra  les  Moabites  en  la  puissance  de 
Séhon,  qui  les  humilia  et  tua  leur  roi,  et  il 
emmena  captifs  un  grand  nombre  de  leurs 
garçons  et  de  leurs  filles.  Et  Séhon  s'empara 
de  toutes  les  villes  de  Moab,  comme  aussi 
d'Hésébon;  car  c'était  aussi  une  ville  de 
Moab.  Et  Séhon  établit  à  Hésébon  ses  princes 
et  les  grands  de  son  royaurre.  Il  mit  aussi 
des  garnisous  dans  les  autres  villes  conqui- 
ses.- C'est  pourquoi  Béor  et  son  fils  Balaam 
prononcèrent  en  style  poétique  ces  paroles  : 
Venez  à  Hésébon;  que  la  ville  de  Séhon  soit 
rebâtie  solidement.  Malheur  à  toi,  Moab;  tu 
es  perdu,  peuple  de  Chamosl  Voici  que  cela 
est  écrit  dans  le  livre  de  la  loi  de  Dieu 
(11^6).  Séhon  s'en  retourna  dans  son  pays, 
et  il  combla  de  riches  présents  Béor  et  son 
fils  Balaam,  et  les  congédia.  Ceux-ci  s'en  re- 
tournèrent dans  leur  \^ys  et  dans  leur  ville» 
en  Mésopotamie. 

Mon  de  Marie.— Le  roi  ifEdoui  refuse  le  passage  par 
son  pays. — Mort  d Aaron. 

En  ce  temps-là  les  enfants  d'Israël  quit- 
tant le  chemin  du  désert  de  Moab,  et  reve- 
nant sur  leurs  pas,  marchaient  autour  du 
désert  d'Kdom.  Et  toute  l'assemblée  arriva 
au  désert  de  Sin  le  premier  mois  de  la  qua- 
rantième année  de  la  sortie  d'Egypte. 

Pendant  la  station  des  enfants  d*lsraël  à 
Cadès  dans  le  désert  de  Sin,  Marie  mourut  et 
y  fut  enterrée. 

En  ce  même  temps  Moïse  envoya  des  am- 
bassadeurs vers  Adad,  roi  d'Edom,  lui  man- 
dant :  Ainsi  dit  Israël  ton  frère  :  Laisse-moi 

qu*au  moyen*  de  b  version  judaïque,    faite  proba- 
blement sur  un  manuscrit,  ou  sur  une  édition  eor* 
recie  que  nous  n*avons  pas. 
(iiS6)  iVon:^ref,  xxi,  i7-3l. 


1295 


DlCTlONNximE  DES  APOCRYPHES. 


IS6 


passer,  je  te  prie,  par  ton  pays.  Nous  n'irons 
point  à  travers  les  champs,  ni  les  vignes,  et 
nous  ne  boirons  point  Teau  de  tes  citernes. 
Nous  suivrons  le  grand  chemin.  Edom  lui  fit 
répondre  :  Tu  ne  passeras  point  par  mon 
'territoire.  Et  il  sortit  contre  Israël  avec  une 
armée  nombreuse.  Israël  se  détourna  d*nn 
autre  cdté,  et  n'engagea  point  la  guerre  avec 
lui.  Et  toute  rassemblée  arriva  auprès  de  la 
montagne  de  Hor. 

Jéhova  dit  alors  h  Moïse  :  Avertis  Aaron 
quVn  ce  lieu  il  va  être  réuni  h  son  peuple 
(lW7j  ;  car  il  ne  doit  pas  enlmr  dans  le  pays 
que  j  ai  assigné  aux  enfanls  dlsraël.  Et  Aa- 
ron monta  sur  la  montagne,  selon  Tordre  de 
Jéhova,  et  il  y  mourut  le  premier  jour  du 
cinc|uième  mois  de  la  quaianlième  année 
(de  la  sortie  d'Egypte).  Il  élait  âgé  de  cent 
vingtttrois  ans. 

fiëfaite  dii  roi  d'Arad. 

Le  roi  d*Arad,  Chananéen,  qui  habitait 
vers  le  sud,  ayant  appris  qu'Israël  arrivait 
[tar  le  chemin  des  explorateurs,  rangea  son 
armée  en  ordre  de  bataille,  aQn  de  les  com- 
battre. Les  enfants  d'Israël,  épouvantés  à  la 
vue  de  cette  grande  armée,  eurent  la  pensée 
de  retourner  en  Egypte,  et  ils  se  replièrent 
à  la  distance  d*environ  trois  journées  de 
chemin,  jusqu*àMoseroth-Bénéiaacan,  où  ils 
s'arrêtèrent  pendant  trente  jours.  Quand  les 
enfants  de  Lévi  virent  qu'Israël  ne  voulait 
plus  avancer,  ils  furent  remplis  de  zèle  pour 
la  gloire  de  Jéhova,  et  ils  cttaquèrent  leurs 
frères  et  en  tuèrent  un  grand  nombre,  et  ils 
ramenèrent  de  force  le  peuple  à  sa  précé- 
dente station  auprès  de  la  montagne  de  flor. 
Or,  le  roi  d'Arad  se  tenait  toujours  en  ce  lieu 
prêta  livrer  bataille.  Alors  Israël  prononça 
un  vœu  ainsi  conçu  :  Si  tu  me  livres  ce  peu- 
ple entre  les  mains,  je  vouerai  ses  villes  à 
i'anathèrae.  Jéhova  exauça  la  prière  d'Israël, 
<]ui  extermina  le  peuple  chananéen  d*Arad, 
^t  détruisit  ses  villes.  Et  la  contrée  fut  nom- 
mée Uorma  (1^88). 

Moab  refusa  le  passage  par  son  pays  —  Défaite  des 
rois  Schoii  clOg.  —  Conquêtes. 

Les  efifantÀ  d'Israël  partirent  de  la  monla- 
gue  de  Hor  et  vinrent  camper  à  Oboth.  Ils 
envoyèrent  dire  à  Moab  :  Laisse-nous,  de 
i^râce,  traverser  ton  pays,  pour  aller  au  lieu 
de  notre  destination.  Mais  les  enfants  de 
Moab  s'y  refusèrent.  Ils  craignirent  que  les 
i  iif  tnts  d'Israël  ne  les  traitassent  comme  les 
avait  traités  Séhon  ,  roi  des  Amorrhéens 
(1^89).  Or,  Jéhova  avait  défendu  aux  enfants 
d'Israël  de  faire  la  guerre  à  Moab;  c'est  pour- 
quoi ils  s'éloignèrent  de  sa  frontière,  et  ils 

1187)  Expression  biblique,  poiirmounr. 

1488)  HDTI,  Anathcnie,  pays  ruine. 
^  ltô9)  Voy.  colonne  précédente. 
(1490)  Deutéronome,  ii,  19. 
(U91)  Une  autre  édition,   ^aaron.  Version  jud., 

(1492)  En  hébreu,  nD15.  par$a.  La  parsa  des  rab- 
bins est  une  mesure  itinéraire  correspondant  à  ia 
diftiéjue  partie  d'une  journée  de  marche  d'un  homme 


arrivèreni  sur  les  bords  de  TAmon,  qui  »"- 
lave  le  pays  de  Moab  de  celui  des  Anior- 
rhéens.  Leur  camp  était  sur  la  froolièn;  <:e 
Séhon,  dans  le  désert  de  Cadémoth. 

Et  les  enfants  d'Israël  envoyèreot  des  a  -  - 
bassadeurs  au  roi  des  Amorrhéens,  lui  f •  * 
sant  dire  :  Permets-nous  de  passer»  n<>  « 
iVn  prions,  par  ton  pays.  Nous  n'irons  \4.r: 
è  travers  les  champs,  ni  les  vipies.  Nou5  i^ 
lioirons  point  Feau  de  tes  citernes.  >o«.s 
suivrons  droit  le  grand  chemin  jusqu'il  re 
que  nous  ayons  franchi  ta  frontière.  Mais 
Séhon  n'accorda  point  le  passage.  El  roème 
il  appela  aux  armes  tout  le  peuple  amnr- 
rhéen,  et  le  conduisit  au  désert  contre  Israé, 
h  qui  il  donna  bataille  à  Jasa.  Et  Jéhova  li- 
vra Séhon  dans  la  main  des  enfants  dlsrat*. 
Ils  passèrent  au  fd  de  Tépée  toute  ram*? 
amorrhéenne,  et  lis  ven^^èrent  ainsi  M^^»  . 
A  ia  suite  de  cette  victoire  les  enfants  d'Kr  »: 
prirent  possession  du  pays  de  Séhon,  H:j 
butin  qu'il  renfermait.  Et  ils  s*élabiirefit 
dans  toutes  les  villes  des  Amorrhéens,  #je- 
puis  TArnon  jusqu'au  Jaboc,  aroisinant  le 
pays  d'Ammon. 

Les  enfants  d'Israël  pensaient  à  attaquer 
les  enfants  d'Ammon,  et  h  s'entparer  é»9i^ 
ment  de  leur  pays;  mais  Jéhova  leur  du  : 
Tu  ne  molesteras  point  les  enfants  d'As>* 
mon,  et  tu  ne  les  provoqueras  point  è  li 
guerre;  car  je  ne  te  donnerai  rien  de  kur 
pays  (1490).  Les  enfanls  d'Israël  obéirent  i 
la  voix  de  Jéhova,  et  changeant  de  route,  i  > 
montèrent  par  le  chomin  de  Basan ,  p.i«$ 
dont  Oç  était  roi.  Celui-ci  accouipagoé  <:<"$ 
plus  vaillants  héros  amorrhéens,  et  d*und 
nombreuse  armée,  sortit  pour  cooibaure 
Israël.  Og  élait  un  géant  d'une  force  prooi- 
gieuse,  et  son  fils  Naaros  (1491)  le  surpassait 
en  force.  Alors  Og  dit  en  son  cœur  :  Tout  \e 
camp  des  enfants  d'Israël  n'occupe  qu'un  t*i- 
pace  de  trois  parasanges  (lW2hje  vais  dore 
les  tuer  d'un  seul  coup,  sans  epée,  sans  lai.- 
ce«  Il  monta  sur  la  montagne  de  J.isa,  y  |  rit 
une  roche  de  la  circonférence  de  trois  par-i- 
sanges,  et  la  ciiargea  sur  sa  tAtc  pour  la  jft»  r 
sur  le  camp  d'Israël,  et  l'écraser.  Mà\b  i«i) 
ange  de  Jéhova  survint  et  pratiqua  un  tn  i 
au  milieu  de  la  roche,  qui  tomba  lourdei:  i  : 
sur  les  épaules  d'Og.  Elle  le  renversa  p'»r  ^'  l 
poids,  et  le  tint  serré  par  le  cou.  En  n.^i. - 
temps  Jéhova  dit  aux  enfants  d'Israël  :  V 
craignez  point  cet  homme,  car  voirî  que;e 
Tai  livré  en  votre  puissance,  avec  toui  s<>3 
peuple  et  toutson  territoire.  Traitez-le cocDii'e 
vous  avez  traité  Séhon.  Moise,  suivit  sensé- 
ment de  quelques  hommes,  alla  Ters  Vm- 
droit  où  élait  Og,  et  le  tua  en  lui  portant  .  < 
coups  de  sa  verge  sur  les  chevilles  des  1 2>  .s 


ordinaire,  antremeut,  à  deux  mille  coudées  oo  p: 

Dnisius,  dans  ses  Animadteriionn^  i,  44,  fjtt  ..  i 
preuve  d^une  grande  érudition  rabbinique.  H  «ii»  j 
Tappuî  de  celle  mesure  un  passage  de  roOir^  r*^ 
nique  du  sabbat  appelé,   de  para$chût^êck. i  .  * 
Avec  un  degré  d'érudition  de  plus,  il  auraa  mi  ., . 
ce  passage  ii  est  que  la  reproduction  dune  ¥€rc' 
du  Taluiud  de  Jérusalem,  Irallë  Schekalim,  «uunïi 
plus  grave  que  deux  vers  d'un  poète. 


fi97 


1fAS 


Part.  Ilh  »  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


1198 


rU93)  Les  enfants  d'fsraël  se  mirent  ensuite 
à  la  poursuite  des  fils  d*Og  et  de  tout  son 
peuple,  et  ils  les  frappèrent  jusqu'à  n'en  pas 
laisser  survivre  un  seul. 

Moise  envoya  ensuite  reconnaître  Jas<T  ; 
car  c'était  une  ville  considérable.  Les  explo- 
rateurs se  confiant  en  Jéhova,  altaquèrenl 
eux-mêmes  les  habiUnls,  et  ils  se  rendirent 
maîtres  de  la  ville,  ainsi  que  de  ses  bourga- 
des, et  chassèrent  les  Amorrhéens  qui  y  de- 
meuraient. 

Les  enfants  d'Israël  prirent  aussi  les  pays 
des  deux  rois  amorrhéens  qui  étaient  en 
deçà  du  Jourdain,  depuis  le  torrent  d'Arnon 
jusqu'au  monlHermon,  comprenant  soixante 
villes. 

Balac  et  Balaani. 

Les  enfants  d'Israël  poursuivirent  leur 
marche,  et  ils  arrivèrent  dans  les  plaines  de 
Moab,  en  deçà  du  Jourdain,  vis-à-vis  de  Jé- 
richo. Quand  las  enfants  de  Moab  surent  ce 
3ui  était  arrivé  aux  deux  rois  amorrhéens, 
s  eurent  une  grande  peur  des  enfants  d'Is- 
raël. Les  anciens  d'entré  eux  dirent:  Voici 
que  Séhon  et  Og,  les  plus  puissants  des  rois 
amorrhéens,  n'ont  pu  résistera  leurs  forces, 
comment  leur  résisterons-nous?  Nous  leur 
avons  refusé  le  passage  par  notre  pays; 
maintenant  ils  vont  tournçr  contre  nous  leur 
é|)ée  terrible,  et  ils  nous  extermineront,  lis 
choisirent  un  des  leurs,  Balac,  fils  de  Séplior, 
Moabite,  et  le  firent  roi  :  car  Balac  était  un 
sage  éminent.  Les  anciens  de  Moab  dépu- 
tèrent aussi  vers  les  enfants  de  Madian,  pour 
leur  proposer  des  conditions  de  paix.  Car 
depuis  les  jours  où  Adad,  fils  de  Badad,  roi 
d'Édom,  avait  battu  Madian  dans  la  campa- 
gne de  Moab,  il  y  avait  haine  et  guerre  entre 
les  peuples  (Ikd'k).  Les  anciens  de  Madian  se 
transportèrent  au  pays  de  Moab,  pour  con- 
clure la  paix.  Les  enfants  de  Moab  dirent 
alors  aux  anciens  de  Madian  :  Ce  peuple  dé- 
truira incessamment  toute  l'étendue  de  notre 
pays,  ainsi  que  le  bœuf  qui  dévore  l'herbe 
jusqu'à  la  racine.  Les  anciens  de  Madian  ré- 
pondirent :  Nous  avons  entendu  dire  que 
lorsque  Séhon  porta  la  guerre  chez  vous,  il 
ne  vous  a  vaincus  qu'après  avoir  fait  venir 
de  Mésopotamie,  pour  vous  maudire,  Béor, 
filsdeJannès,  et  son  fils  Balaam.  Mainte- 
nant, vous,  de  voire  côté,  envoyez  chercher 

(1495)  Cette  étrange  mésaventure  du  géant  Og 
est  racontée  dans  le  Talmud,  traité  Berachot.  fol. 
5i  verso,  et  dans  la  Paraphrase  Chald.  de  Jonalhan , 
mais  avec  quelques  variantes.  D'après  Jonatban,  le 
Ciunp  dlsraél  occupait  un  terrain  de  sixparasanges, 
et  0^  chargea  sur  sa  lète  une  roche  de  pareille  cir- 
conférence. Cette  roche  fut  trouée  d'après  le  Tal- 
mud, par  des  fourmis,  d'après  Jonathan ,  par  un 

reptile,  ^Sht  (ce  nom  chaldaique  peut  aussi  se  tra- 
duire, un«er).)Le  Talmudnous  apprend qu'Og  cher- 
ctiait  à  se  débarrasser  de  son  in<'4>unnode  collier,  et 
i|ue  ses  efforts  n*at)ou tissaient  qu*à  Tobliger  de  faire 
d'horribles  grimaces  ;  car  sa  mâchoire  était  tirée  à 

Siuche  et  à  droite  avec  une  telle  violence  que  ses 
ents  se  cassaient. 

Mais  pourquoi  Moïse  a-t-il  frappé  si  bas?  C*esl  ce 
que  le  Talmud,  ibid,,  va  nous  eiûltqoer.  La  taille  de 
Mdise,  dit-il,  mesurait  dix  coudées,  il  sarma  d'une 


son  fils  Balaam,  et  prenez-le  à  votre  servicu 
pour  qu'il  maudisse  le  peuple  qui  vous  ins« 
pire  de  l'appréhension.  Ce  conseil  fut  ap* 
prouvé  des  anciens  de  Moab.  Et  Balac,  leur 
roi,  envoya  des  messagers  è  Balaam,  fils  de 
Béor,  et  lui  fit  dire  :  Voici  qu'un  peuple  sorti 
de  l'Egypte  réouvre  la  face  de  la  terre,  et  il 
est  campé  vis-à-vis  àe -moi.  Viens  donc,  jeté 
prie,  maudis-moi  ce  peuple;  car  il  est  plus 
fort  que  moi.  J'espère  que  par  ce  moyen  je 
pourrai  lui  tenir  tète,  et  lerepousserdemon 
pays;  car  j'ai  appris  que  celui  q^e  tu  bénis 
est  béni,  et  que  celui  que  tu  maudis  est  mau^ 
dit.  Les  envovés  de  Balac  lui  amenèreni  Ba- 
laam. Mais  Jehova  dit  à  celui-ci  :  Tu  ne  mau- 
diras pas  mon  peuple:  car  il  est  béni.  Ce- 
pendant Balac  excitait  journellement  Balaam 
a  maudire  Israël;  mais  en  vain, à  cause  de 
la  défense  que  Jéhova  avait  faite  à  Balaam. 
Balac  voyant  qu'il  n'obtenait  pas  l'objet  de 
sa  demande ,  se  leva  et  se  retira  chez  lui. 
Balaam  également  partitde  là,  et  alla  au  pays 
<le  Madian. 

Les  enfants  d'Israël  se  laissent  entraîner  dans 

rimpureté. 

Et  les  enfants  d'Israël  transféreront  leur 
camp  sur  le  Jourdain  ,  depuis  Bethsiraoth 
jusque  Abelsatim,  à  l'extrémité  des  plaines 
de  Moa!). 

Or,  dans  la  vallée  de  Settim,  où  ils  se- 
tenaient,  les  Moabites,  qui  les  craignaient, 
dressèrentleurs  tentes  en  face  d'eux.  Eteprès 
avoir  couvert  de  beaux  et  précieux  vêtements, 
et  d'ornements  d'argent  et  d'or,  leurs  fem- 
mes et  leurs  filles  les  plus  belles,  ils  les  fi- 
rent asseoir  devant  l'entrée  des  tentes,  afin 
que  leur  vue  captivAt  les  enfants  d'Israël,  et 
les  fît  renoncer  à  toute  hostilité  contre  Moab. 
En  effet, les  enfantsd'lsraël  se  passionnèrent 
pour  les  filles  de  Moab,  et  allèrent  auprès 
d'elles.  A  l'arrivée  de  chaque  Hébreu,  les 
gens  de  la  tente  sortaient  pour  le  recevoir, 
et  lui  adressaient  ces  paroles  insidieuses: 
Vous  autres  savez  bien  que  nous  sommes- 
tous  frères,  enfants  de  Lot  et  d'Abraham, son 
proche  parent.  Pourquoi  ne  vous  établiriez- 
vous  pas  au  milieu  de  nous?  Et  par  la  dou- 
ceur ae  leurs  discours  ils  l'attiraient  dans 
rintérieur  de  la  tente.  Là  ils  lui  servaient 
des  mets  de  viande,  du  pain,  et  surtout  du 
vin  en  abondance.  Quand  ils  avaient  égaré 

hache  (non  de  sa  verge,  romme  on  lit  dans  le  Ya- 
schar),  longue  de  dix  coudées,  et  s'élevait,  en  sau- 
tant, à  la  hauteur  de  dix  coudées. 

A  ce  compte  la  distance  de  la  plante  du  pied  à  la 
cheville  d*Og  était  de  trente  coudées. 

Nous  citerons  une  autre  aventure,  relative  à  Og, 
que  nous  tirons  du  Talmud,  traité  Atdda,  fol.  îi 
verso. 

c  11  a  été  enseigné  ce  nui  suit  :  Ahba  Saut,  et  se- 
lon d'autres,  Rabbi-Yoklianan,  a  rapporté  :  J*ai  été 
fossoyeur.  Un  jour,  en  poursuivant  un  cerf,  je  cou- 
rus après  lui  dans  le  fémur  d'un  mort  la  dfstnncede 
trois  parasanges.  Je  n'atteignis  pas  le  cerf,  et  le 
bout  du  fémur  ne  se  voyait  pas  encore,  tjuand  j*en. 
revins  on  m*apprit  que  c'était  le  îés^jix  ^*^%  r<»  ^ 
Basan.  > 

(1494)  Voy.  plus  haut,  colonne  i2l7» 


If99 


OICTIONNAIRG  DES  APOCRYPHES. 


1300 


sa  raison,  ils  faisaient  paraître  devant  lui  une 
jeune  femme  belle,  et  il  en  usait  avec  elle 
selon  son  désir. 

Alors  ta  fureur  de  Jéhova  s'alluma  contre 
Israël,  à  cause  de  celte  infamie;  et  il  en  fit 
périr  vingt-quatre  mille  hommes,  par  une 
maladie  loudroyante  dont  il  aiQigea  leur 
camp. 

Or,  un  homme  des  enfants  de  Simëon, 
Zambri  fils  do  Sala  était  son  nom,  s'appro- 
cha, h  la  vue  de  tout  le  peuple,  delà  Madia- 
nite  Gozbi,  fille  de  Sur,  roi  de  Hadian.  Et 
Phinéès,  fi!s  d*Eléazar,  fils  d'Aaron,  indigné 
de  cette  action  éhontée,  s'arma  d'une  lance; 
et  ayant  rejoint  les  coupables,  il  les  tua  tous 
deux  d'un  même  coup  en  les  transperçant  de 
son  arme  par  le  milieu  du  corps.  Aussit&t 
la  mortalité  du  camp  s'arrêta. 

Nouveau  dénombrement 

Après  la  cessatioq  de  la  mortalité,  Jéhova 
dit  a  Moïse  et  à  Eléazar,  fils  d'Aaron,  sacer- 
dote  :  Relevez  la  somme  totale  de  toute  l'as- 
semblée des  enfants  d'Israël,  de  ceux  propres 
à  la  guerre,  depuis  vingt  ans  et  au-dessus. 
Et  Moïse  et  Eléazar  firent  le  dénombrement 
des  enfants  d'Israël  par  familles.  Etleurnom* 
brese  trouva  être  de  sept  cent  mille  sept 
cent  trente.  Et  le  dénombrement  des  enfants 


de  Lévi,  depuis  l'âged'un  mois  et  aa-de$su$t 
donna  le  chiffre  de  vingt-trois  mille.  Eo  ce 
jour-là  il  ne  restait  plus  un  seul  homme  de 
ceux  dont  Moïse  et  Aaron  avaient  fait  le  dé- 
nombrement au  désert  de  Sinaï ,  excepté 
Caleb,  fils  de  Jéphoné,  et  Josué.  fils  de  Non; 
car  Jéhova  avait  prononcé  cette  sentence  : 
Ils  mourront  tous  dans  le  désert. 

Expédition  contre  liadlan. 

Jéhova  dit  ensuite  à  Moïse  :  Ordrone  aux 
enfants  d'isratl  de  venger  de  Madian  leors 
frères.  Les  enfants  d'Israël  choisirent  pour 
cette  guerre  douze  mille  hommes  par  tribu 
Et  ils  vainquirent  Madian  et  ils  en  tuèrent 
tous  les  mAies.  Ils  passèrent  de  même  au'fil 
de  l'épée  les  cinq  princes  de  Madian,  etavee 
eux  Balaam,  fils  ae  Béor.  Ils  emmenèrent 
captifs  les  femmes  de  Madian  et  leurs  petits 
enfants,  et  ils  prirent  tout  le  bétail  et  toutes 
les  richesses  du  pa^s.  Et  ils  revinrent  avec 
leur  butin  aux  plaines  de  Moab,  vers  Moïse 
et  Eléazar.  Ceux-ci  sortirent  h  leur  reocon» 
tre,  ainsi  que  tous  les  princes  de  rassemblée^ 
avec  des  démonstrations  de  joie.  Et  le  butin 
fut  partagé  entre  les  hommes  de  l'expédi- 
tion et  le  restant  de  l'assemblée  d'Israël. 

Ftn  du  livre  du  Lévitique  et  du  Hvrt  4ê$ 

Nofnbres. 


LtVRE  DU  OEUTÉRONOME. 


Mort  de  Moïse.  — Josué  lui  succède. 

En  ce  temps-là  Jéhova  dit  à  Moïse  :  Voici 
que  tes  jours  sont  arrivés  près,  de  la  mort. 
Prends  Josué ,  fils  de  |Nun ,  et  rendez-vous 
tous  deux  au  tabernacle  de  témoignage,  afin 

aue  je  lui  donne  mes  instructions.  Et  Moïse 
t  ainsi.  Et  Jéhova  apparut  dans  le  taberna- 
cle de  témoignage  au  milieu  d'une  colonne 
de  nuée,  laquelle  s'arrêta  à  l'entrée  du  ta- 
bernacle. Et  Jéhova  donna  ses  instructions  à 
Josué,  fils  de  Nun,  et  lui  dit  :  Sois  ferme  et 
courageux,  car  c'est  toi  qui  introduiras  les 
enfants  dlsraël  dans  ie  pays  que  je  leur  ai 
promis  par  serment;  et  je  t'assisterai. 

Moïse  fit  à  Josué  les  mêmes  recommanda- 
tions. Et  puis  s'adressant  à  toutisraël,  Moïse 
dit:  Vousavez  vu  toutle  bien  que  Jéhova  votre 
Dieu  vous  a  fait  dans  le  désert.  Maintenant, 
observez  tous  les  préceptes  de  sa  loi.  Mar- 
chez dans  la  voie  de  Jéhova  votre  Dieu,  et 

LIVRE 

Reconnaissance  de  Jéricho.— Passage  du  Jourdain^ — 

Agneau  pascal. 

Après  la  mort  de  Moïse,  Jéhovadit  à  Josué, 
fils  de  Nun  :  Lève-toi,  passe  le  Jourdain, afin 
de  mettre  les  enfanta  d  Israël  en  possession 
du  pays  que  je  leur  ai  destiné.  Tout  lieu  où 
\ous  mettrez  le  pied  sera  à  vous.  Vos  limites 
8*élendront  depuis  ce  désert  du  Liban  jus- 
qu'au grand  fleuTO  de  l'Euphrate.  Nul  ne 
))0urra  te  résister  tant  que  tu  vivras.  Je 
jserai  avec  toi,  de  même  que  j'ai  été  avec 
Moïse.  Seulement,  sois  ferme  et  constant 
ilans  l'accomplissement  de  toute  la  loi  que 
Moïse  t'a  prescrite.  Ne  te  détourne  de  cette 
voie  nik  droite  ni  à  gauche,  afin  quetusois 
heureux  en  tout  ce  q\in  tu  entreprendras. 

Et  Josué  donna  cet  ordre  aux  préposés 


ne  vous  en  écartez  ni  à  droite  ni  à  gauche. 

Moïse  enseigna  de  nouveau  au  peuple  I» 
préceptes  et  les  lois  à  observer  selon  la  pres- 
cription de  Jéhova.  Ne  sont-ils  pas  écnis 
dans  le  livre  de  la  loique  Dieu  a  donnée  a 
Israël  par  le  ministère  de  Moïse? 

Lorsque  Moïse  eut  fait  ses  dernières  re- 
commandations, Jéhova  lui  dit  :  Monte  sur 
la  montagne  d'Abarim,  et  là  tu  moorras  et 
tu  seras  réuni  à  ton  peuple,  ainsi  qu*a  été 
réuni  Aaron  ton  frère.  Mo'ise  y  monta,  et  il 
y  rendit  l'e^^rit,  par  la  volonté  de  Jéhova» 
sur  le  territoire  de  Moab,  dans  la  quaran- 
tième année  de  la  sortie  d'Egypte.  Les  en- 
fants d'Israël  pleurèrent  Moïse  pendant  trente 
jours.  Et  le  temps  du  deuil  de  Moïse  était 
accompli. 

Ftn  du  livre  du  Deutéronome  et  de  tomi  le 

Pemateuque, 

DE  JOSUÉ. 

d'Israël  :  Passez  dans  les  rangjs  du  camp»  el 
commandez  au  peuple ,  savoir  :  Approvi- 
sionnez-vous de  vivres,  car  dans  trois  jours 
vous  franchirez  le  Jourdain  pour  aller  vous 
mettre  en  possession  du  pays  oui  vous  est 
destiné.  Et  tout  fut  exécuté  ttonibrmémenl  à 
l'ordre  de  Josué. 

Et  Josué  envoya  deux  espions  à  Jéricho, 
pour  reconnaître  la  ville  et  le  pays.  Au  bouc 
de  sept  jours,  ces  hommes  revinrent  au  camp 
d'Israël,  et  ils  dirent  à  Josué  :  Jéhova  nous  a 
livré  le  pavs;  et  ses  habitants  sont  atterrés  à 
cause  de  I  appréhension  que  nous  leur  cau« 
sons.  Le  lendemain ,  Josué  et  tout  Israël  se 
levèrent  de  bon  matin,  et  après  être  partîsde 
Settim  ils  franchirentle  Jourdain.  Josuéétail 
alors  Agé  de  quatre-vingt-deux  ans.  Et  I* 


i;)Oi 


\AS 


PART.  IIL— LEGENr^ES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


Ijina 


peuple  monta  sur  le  rivage  opposé  du  Jour- 
dain  le  dixième  jour  du  premier  mois,  et  il 
posa  son  camp  à  Galgal,  à  l'angle  oriental 
de  Jéricho.  Et  lesenfanisdlsraéi  immolèrent 
Ja  victime  pascale  à  Galgal,  dans  les  plaines 
de  Jéricho,  le  jour  quatorzième  du  mois, 
conformément  à  ce  qui  est  prescrit  dans  la 
loi  de  Moïse.  Le  lendemain  de  la  pAque  la 
manne  cessa  de  toml)er,  et  les  enfants  d'Is- 
raël commencèrent  à  se  nourrir  des  fruits 
de  la  terre  de  Chanaan. 

Frise  de  Jéricho. 

Or,  Jéricho  avait  une  enceinte  et  des  for- 
tifications. La  ville  était  soigneusement  fer- 
mée h  cause  des  enfants  d'Israël,  de  telle 
sorte  que  nul  ne  ponvaity  entrer  ni  en  sor- 
tir. Mais  Jéhova  dit  h  Josué:  Lève- toi,  voici 
que  je  livre  entre  tes  mains  Jéricho  et  toute 
sa  population.  Que  les  combattants  fassent  le 
tour  de  la  ville  une  fois  par  jour  pendantsix 
jours.  Les  prêtres  sonneront  de  la  trompe^ 
et  en  môme  temps  le  peuple  poussera  un  cri, 
et  aussitôt  les  murailles  de  la  ville  s'écrou- 
leront, et  chacun  y  entrera  en  marchant  de- 
vant soi  (1M5).  Et  Josué  se  conforma  exac- 
tement h  tout  ce  que  Jéhova  lui  avait  com- 
mandé. Le  septième  jour  les  enfants  d'Israël 
tirent  sept  fois  le  tour  de  la  place,  et  les  sa- 
cerdol64  faisaient  résonner  les  trompes.  Au 
septième  tour  Josué  dit  au  peuple:  Cri^z; 
car  Jéhova  nous  livre  la  ville.  Mais  la  ville 
sera  anathèroe,  ainsi  que  tout  ce  qu'elle  ren- 
ferme. Gardez-vous  de  toucher  a  quoi  que 
ce  soit,  de  peur  d'attirer  l'anathème  et  la 
confusion  sur  le  camp  lui-même.  Cependant 
tout  ce  qui  est  argent,  or,  cuivre  et  ler,  sera 
réservé  et  consacré  à  Jéhova,  et  devra  être 
déposé  dans  son  trésor. 

Et  au  moment  où  s'entendirent  le  son  des 
trompes  et  les  grandes  clameurs  du  peuple, 
les  murs  de  Jéricho  s'affaissèrent  sur  eux- 
mêmes.  Et  les  guerriers  entrèrent  dans  la 
ville,  chacun  droit  devant  soi,  et  ils  détrui- 
sirent avec  le  tranchant  du  glaive  tout  ce 
qu'elle  renfermait, hommes,  femmes,  jeunes, 
vieux,  bœufs.  Anes,  menu  bétail.  Mais  tout 
ce  qui  était  argent,  or,  cuivre  ou  fer  fut  dé- 
posé au  trésor  |de  Jéhova.  Et  la  ville  elle- 
même  fut  livrée  aux  flammes.  Alors  Josué 
prononça  cette  imprécation  ;  Maudit  soit 
l'homme  qui  rebâtira  Jéricho.  Que  son  pre- 
mier-né meure  lorsqu'il  en  jettera  les  fon- 
dements, et  aue  le  dernier  de  ses  enfants 
expire  lorsqu  il  en  posera  les  portes. 

Cependant  Achan,  fils  de  Cnarmi,  fils  de 
Zabdi,  fils  de  Zaré,  fils  de  Jufla,  viola  l'ana- 
thème. II  en  déroba  divers  objets  et  les  cacha 
dans  sa  tente.  Et  cotte  chose  excita  le  cour- 
roux de  Jéhova  contre  Israël. 

Suite  de  la  violation  de  ranathème. 

Après  l'incendie  de  Jéricho,  Josué  envoya 
des  espions  h  la  ville  de  Haï,  qu'il  avaitdes- 
sein  d  attaquer.  A  leur  retour,  ces  hommes 

(1495)  Il  y  a  ici  dans  notre  texte  une  lacune  que 
le  lecteur  comblera  facilement  en  relisant  le  chapi- 
tre VI  de  Josué. 

(1496)  Diaprés  le  texte  de  la  Bible,  Jotué,  viii,  3, 
i  et  ii,  il  V  a  au  deux  corps  d^ambusqués,  Tun  dv 


I 


f 


lui  dirent:  Ne  mène  contre  la  ville  que  trois 
mille  combattants.  Ils  suffiront  pour  la  ré^ 
duire,  car  ses  habitants  sont  peu  nombreur. 
Mais  le  combat  devint  funeste  aux  enfants 
d'Israël ,  car  les  gens  de  Haï  leur  tuèrent 
trente-six  hommes,  et  les  mirent  en  fuite^ 
Josué  en  voyant  ce  désastre  déchira  ses 
vêtements,  et  se  prosterna  la  face  contre 
terre  devant  Jéhova,  lui  et  les  anciens  d'Is- 
raël, ayant  tous  la  tête  couverte  de  pous» 
sière.  Et  Josué  dit:  Hélas  1  pourquoi,  6  Jé- 
hova, as-tu  fait  passer  le  Jourdain  à  ce 
teuple?  Maintenant  qu'Israël  a  tourné  le  dos 
ses  ennemis,  que  pourrai-je  dire?  Tousiea 
Chananéens  qui  habitent  le  paysapprendront 
notre  défaite,  et  ils  nous  cerneront,  et  ils 
extermineront  jusqu'à  notre  souvenir.  Jé- 
hova dit  à  Josué  :  Pourquoi  demeures-la 
prosterné?  Lève-toi.  Israël  a  péché  en  pre- 
nant certains  objets dcU'ana thème.  Je  ne  serai 

)lus  avec  lui  s'il  ne  fait  disparaître  jusqu'à 

a  trace  de  ce  crime.  Josué  se  leva  et  con- 
voqua le  peuple,  et,  par  l'ordre  de  Jéhova, 
fit  approcher  le  rational.  Et  le  sort  désigna 
la  tribu  de  Juda,  et  dans  celle-ci  fut  ensuite 
désigné  Achan,  filsdeCharmi.  Josué  ditalors 
h  Acnan:  Avoue-moi,  je  te  prie,  mon  fils, 
ce  que  tu  as  fait  de  répréhensible.  Achan  ré- 
pondit :  J*ai  vu  dans  le  butin  un  magnifique 
manteau  de  Sennaar,  deux  cents  sicles  d  ar- 

;ent  et  un  lingot  d'or  de  cinquante  sicles. 

'ai  convoité  ces  objets,  et  je  les  ai  dérobés* 
Et  voiei  qu'ils  sont  enfouissons  la  terredans 
ma  tente.  Josué  fit  enlever  ces  choses  de  ta 
tente  d'Achan.  Il  mena  celui-ci  à  la  vallée 
d'Achor,  et  il  y  fulbrûléavecTanathèmequ'il 
avait  soustrait,  avec  ses  fils  et  ses  filles,  et  en 
général  avec  tout  ce  qui  lui  appartenait.  Et 
toul  Israël  lapida  le  corps  d'Achan,  et  amassa 
sur  Jui  les  pierres  eu  un  monceau.  C'est 
pourc^uoi  ce  lieu  fut  nommé  vallée  d'Achor, 
ce  qui  veut  dir^,  vallée  de  félonie.  Et  la  co- 
lère de  Jéhova  fut  apaisée. 

Prise  de  la  ville  de  Haï. 

Après  ces  choses,  Josué  revint  sur  Haï.  Et* 
Jéhovalui  dit  :  N'aie  aucune  crainte.  Voici 
que  je  livre  en  ta  main  la  ville  et  son  roi  et 
ses  habitants.  Tu  leur  feras  subir  le  traite- 
ment de  Jéricho,  à  la  différence  qpe  vous^ 
prendrez  pour  vous  leurs  dépouilles.  Dressa 
a  l'ennemi  une  embuscade  derrière  ta  ville. 
Et  Josué  choisit  parmi  les  guerriers  trente 
mille  des  plus  vaillants,  et  les  envoya  s'em- 
busquer (ii96).  Et  il  leur  dit>:  Nous  simu- 
lerons la  fuite  devant  les  gens  de  Haï. Quand 
vous  verrez  que  nous  les  aurons  attirés  à 
notre  poursuite  loin  de  leur  ville,  vous  sor- 
tirez de  votre  embuscade,  et  vous  irez  l'oc- 
cuper. Et  ainsi  il  arriva.  Les  enfants  d'Israël 
Iflcnèrent  oied  pac  ruse ,  et  s'enfuirent  du 
c6té  du  désert.  Aussitôt  tous  les  gens  de  Haï 
se  mirent  h  leur  poursuite.  Et  il  ne  resta  pas 
un  seul  hoounedans  la  ville,  qu'ilslaissèrent 

30,000  hommes,  l'autre  de  5.000  hommes.  Il  est 
bon  de  lire  le  commentaire  de  Masius  sur  ce  cha- 
pitre. On  y  trouvera  une  nouvelle  preuve  que  if* 
livre  de  Josué  a  été  rédigé  diaprés  des  mémoints  aa- 

citm. 


1505 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


iZiiï 


abandonnée  et  ouverte.  Alors  les  hommes 
de  l'embuscade  y  entrèrent,  et  y  mirent  le 
feu.  Lorsque  les  habitants  de  Haï,  lelant  un 
regard  en  arrière,  virent  que  la  fumée  de 
leur  ville  montait  jusqu'au  ciel,  ils  perdirent 
courage,  et  ne  savaient  plus  de  quel  côté 
fuir.  Et,  en  effet,  ils  se  trouvèrent  resserrés 
entre  deux  armées,  qui  les  massacrèrent 
jusqu'au  dernier.  ElMélus(14.97),  roi  de  Haï. 
fut  bris  vif  et  amené  h  Josué.qni  le  suspen- 
dit a  un  arbre;  et  il  mourut.  Les  enfantsd'ls- 
raël  revinrent  ensuite  dans  la  ville,  et  firent 
ruain  basse  sur  tous  les  individus  qu'ils  y 
trouvèrent.  Les  morts  de  Haï,  tant  en  hom- 
mes qu'en  femmes,  furent  au  nombre  de 
douze  mille. 

Et  les  enfants  d'Israël  s'emparèrentdetout 
Je  bétail  des  habitants,  ainsi  que  de  leurs  au- 
tres dépouilles. 

Les  Gabaonites. 

Or,  les  rois  chananéensd'au  delàdu  Jour- 
dain ayant  appris  ce  qui  était  arrivé  à  Jéri- 
cho et  à  Haï,  se  liguèrent  ensemble  pour 
combattre  Israël.  Mais  les  habitants  de  Ga- 
baon,  craignant  de  succomber  dans  cette 
guerre,  usèrent  d*arlifîce.  Ils  vinrent  trouver 
Josué  et  tout  Israël,  et  ils  leur  dirent:  Nous 
arrivons  d'un  pays  fort  distant  de  ces  con- 
trées, poussés  par  le  désir  de  faire  alliance 
avec  vous.  Les  enfants  d'Israël  firent  alliance 
avec  eux,  et  les  princes  de  l'assemblée  d'Is- 
raël ratifièrent  la  paix  par  la  religion  du 
berment.  Les  enfants  d'Israël  ne  tardèrent 
pas  h  savoir  que  les  Gabaoniles  étaient  cha- 
nanéens  et  leurs  voisins.  On  ne  les  mit  point 
à  mort,  à  cause  du  serment  par  le  nom  de 
Jéhova,  qui  leur  avait  été  fait,  mais  Josué 
les  condamna  à  couper  du  bois  et  h  porter 
de  l'eau.  Et  il  les  distribua  pour  ce  service 
entre  les  tribus  d'Israël. 

Josué  arrête  le  soleil. 

Adonisédec,  roi  de  Jérusalem, appritcom- 
nient  les  enfants  d'Israël  avaient  traité  Jéri- 
cho et  Haï,  et  i!  envoya  vers  Oham,  roi d'Hé- 
bron,  vers  Pharam,  roi  de  Jérimoth,  vers 
Ja[)hia,roi  deLachis,vers  Dabi r,  roi  d'Eglçn; 
et  ils  leur  fit  dire:  Venez  joindre  vos  forces 
aux  miennes, afin  que  nous  puissions  battre 
les  enfants  d'Israël,  et  les  habitants  de  Ga- 
haon,  qui  ont  fait  la  paix  avec  eux.  Ces  cinq 
rois,  après  avoir  réuni  leurs  troupes,  qui 
étaient  nombreuses  comme  le  sable  du  ri- 
vage de  la  mer  ,  mirent  le  siège  devant  la 

(1497)  La  Bible  ne  donne  pas  ce  nom. 

(1498)  Texte  D^n^T,  lempora.  Le  Talmud,  traité 
.Abada-Zara,  fol.  25  recto,  rapporte  plusieurs  opi- 
nions relativement  à  la  durée  de  Tarrestation  du 
soleil.  Rabbi  Eliézer  la  fixe  à  36  heures.  II  est  d'ac- 
cord avec  le  livre  Yaschar  ;  car,  ces  56  tempt  sont 
36  heures, 

(1499)  La  tradition  de  la  Synagogue  attribue  à 
Josué  un  cantique. — (Voy.  notre  Avant-propos,  co- 
lonne 1085.)  —  Le  livre  de  Josué  ne  le  donne  pas.  11 
est  perdu  avec  le  mémoire  qui  le  contenait,  ou, 
peut-^lre,  avec  les  mémoires  qui  le  contenaient. 
L^auieur  des  suppléments  du  Yaschar  Ta  remplacé 
par  un  centon  composé  presque  en  entier  de  versets 


ville  de  Gabaon,  et  commencèrent  a  l*atu- 
quer.  Les  Gabaonites  envoyèrent  dire  à  Jo- 
sué :  Arrive  promptement  à  notre  secours, 
car  tous  les  rois  amorrhéens  se  sont  tieués 
contre  nous;  et  ils  ont  déjk  commencé  les 
hostilités.  Et  Josué  arrivé  de  Galgalavecla 
totalité  de  ses  hommes  de  guerre,  toml»a 
inopinément  sur  les  cinq  rois,  et  il  leur  tua 
près  de  Gabaon  un  monde  infini.  DeM)ncôt^s 
Jéhova  mit  la  confusion  et  la  terreur  dans 
leur  camp;  et  ils  se  mirent  à  fuir.  Josoé  les 
poursuivit  l'épée  dans  les  reins,  par  le  che- 
min qui  monte  vers  Béthoron,  jusqu'à  Ma- 
céda.  Et  pendant  la  fuite  des  rois,  Jéhova 
lançait  du  ciel  sur  eux  une  grêle  de  pierres, 
qui  leur  tuait  plus  de  monde  que  le  fer  des 
Uébreuv. 

Or,  pendant  que  Josué  achevait  dn  défaire 
l'ennemi,  le  jour  commençait  à  incliner  vers 
le  soir.  Alors  Josué  s'écria  en  présence  de 
tout  le  peuple  :  Soleil,  arrète-toi  surGabaon, 
et  toi,  lune,  sur  la  valléed'Aïalon,  jusqu'à  ce 
que  ma  nation  se  soit  vengée  de  ses  ennemisl 
Et  Jéhova  obéit  au  commandementde  Josoé* 
de  telle  sorte  que  le  soleil  s'arrêta  court  au 
milieuduciel  pendant  trente-six  tempsi)496}. 
La  lune  également  s'arrêta  et  retarda  son 
arrivée  l'espace  d'un  jour  complet.  Il  n'y  a 
jamais  eu,  ni  avant  ni  après,  un  jour  pareil 
è  celui-là,  Jéhova  obéissant  à  la  voix  d'un 
bomme  pour  le  prolonger  d'autant. 

Alors  Josué  prononça  ce  cantique  au  jour 
où,  Jéhova  abattit  les  Armorrhéens  devant 
Josué  et  devant  les  enfants  d'Israël ,  et  il  dit 
en  l'assistance  de  tout  Israël  {li99)  :*** 

Or,  pendant  le  combat,  les  cinq  rors  s'é* 
chappèrent  à  pied ,  et  se  cachèrent  dans  une 
caverne.  Josué  les  chercha  dans  la  mêlée, 
et  ne  les  rencontra  point  ;  mais  on  vint  lui 
annoncer  qu'ils  se  tenaient  cachés  dans  une 
caverne.  11  fit  aussitôt  poster  des  hommi-s 
à  l'entrée  de  la  caverne ,  afin  d*empêcber 
la  fuite  des  rois.  Après  Tentière  défaite  des 
Amorrhéens,  Josué  fit  retirer  les  rois  du 
lieu  où  ils  étaient.  Quand  ils  eurent  été 
amenés  en  sa  présence,  il  appela  les  prin- 
cipaux chefs  de  l'armée,  et  il  leur  dit: 
«  Mettez  chacun  le  pied  sur  le  cou  d'un  roi, 
car  c'est  ainsi  que  Jéhova  traitera  tous  ses 
ennemis,  p  11  les  fit  ensuite  mettre  à  mort  et 
jeter  dans  la  caverne ,  à  l'entrée  de  laquelle 
on  roula  de  grosses  pierres  (1500). 

Josué  marcha  te  même  jour  contre  Ma- 
céda,  et  il  traita  comme  Jéricho  cette  ville, 
son  roi  et  sa  population.  De  là  il  passa  à 

et  de  demi-versets,  pris  comme  au  hasard  dams  le 
Livre  des  Psaumes.  Le  choix  en  a  été  fait  sans  foèi« 
sans  le  moindre  tact.  Un  seul  vers  de  ce  ioi-disaiic 
cantique  de  Josué  mentionne  le  soleil  el  la  lune  ar- 
rêtés dans  leur  course  ;  mais  c'est  le  prophète  Ha- 
bacuc,  lU,  ii,  qui  en  fournil  les  paroles.  Vn  astre 
seul  vers  chante  la  grêle  de  pierres.  Il  est  copié  eu 
verset  où  le  Psalmiste  (cv,  52)  dépeint  une  des  plaies 
de  TEgypte  :  Au  lieu  de  pluie,  il  leur  enToya  de  b 
grêle. — Voy.  notre  Avant-propos  colowie  lOfliiS. 

Cette  pièce  ne  mérite  sous  aucun  rapport  d^élre 
traduite. 

(1500)  Conférez  ce  passage  avec  Josué,  i,  26,  t7. 


1305 


YAS 


PART,  m LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


YAS 


130§ 


Leima,  la  prit  et  lui  fit  aussi  éprouver  le 
sort  de  Jéricho.  Il  passa  ensuite  à  Lachis 
pour  l'attaquer,  et  Horam,  roi  de  Gazer,  ac- 
courut k  la  défense  de  la  ville;  mais  iosué 
le  défit  avec  tout  son  peuple,  sans  qu'il  en 
demeurât  un  seul.  Il  prit  ensuite  Lachis, 
et  il  lui  fit  ce  qu'il  avait  fait  à  Lebna.  De  là 
il  se  tourna  vers  Eglon.  Il  prit  cette  ville, 
et  il  fit  passer  au  fil  de  Tépée  toute  sa  popu- 
lation. De  là  il  passa  à  Hébron,  l'attaqua,  la 
prit  et  la  détruisit.  De  cette  ville,  il  revint 
vers  Dabir,  et  tout  Israël  avec  lui.  Il  attaqua 
Dabir,  la  vainquit,  et  y  fit  main  basse  sur 
le  roi  et] sur  toutes  les  Ames,  sans  laisser 
subsister  un  seul  individu,  ainsi  qu'il  avait 
fait  à  Jéricho.  Il  défit  de  la  même  manière 
loua  les  rois  araorrhéens,  depuis  Cades- 
barné  jusqu'à  Gaza,  et  il  s'empara  de  leurs 
pajs  d  un  seul  coup  »  car  Jéhuva  combattait 
pour  Israël. 

Et  Josué  revint  avec  tout  Israël  à  Galgala» 
oik  était  son  camp  (1501). 

Défaite  des  autres  rois  de  Chanaan,  et  conquête  de 

leurs  pays. 

Lorsque  Jabin ,  roi  d'Asor ,  eut  appris  ce 
que  Josué  avait  fait  à  tous  ces  rois  amor- 
rhéens,  il  envoya  vers  Jobab,  roi  de  Madon  ; 
yers  Laban,  roi  de  Séméron;  vers  Jépboi, 
roi  d'Acbsaph ,  et  vers  les  autres  rois  amor- 
rhéensy  leur  faisant  dire  :  «  Hfttez-vous  de 
venir  vous  joindre,  à  nous ,  afin  que  nous 
puissions  exterminer  les  enfants  d'Israël 
avant  qu'ils  arrivent  sur  nous  »  et  nous  trai- 
tent comme  ils  ont  traité  les  autres  rois  du 
pays.  »  Tous  ces  rois,  ils  étaient  dix-sept, 
arrivèrent  avec  autant  d'hommes  qu'il  y  a 
de  grains  de  sable  sur  le  riviige  de  la  mer, 
et  avec  des  cavaliers  et  des  charriots  de 
guerre  en  si  grande  quantité  qu'il  n'était  pus 
possible  de  les  nombrer.  Et  ils  se  réunirent 
en  un  seul  camp  sur  les  eaux  de  Mérum , 

rKir  livrer  bataille  à  Israël.  Mais  Jéhova  dit 
Josué  :  «c  N'aie  point  peur  d'eux  ;  car,  de- 
main à  la  m^me  heure,  ce  seront  autant  de 
cadavres  couchés  par  terre  devant  vous.  Tu 
couperas  les  nerfs  de  leurs  chevaux,  et  tu 
brûleras  leurs  chariots.  » 

Josué  et  tous  les  guerriers  d'Israël,  étant 
tombés  à  l'improvi.^te  sur  les  rois,  firent  un 
grand  carnage  de  leur  armée;  car  Jéhova 
les  livra  en  leur  puissance.  Les  enfants  d'Is- 
raël se  mirent  à  la  poursuite  des  fuyards, 
et  ils  les  tuèrent  tous  jusqu'au  dernier.  Et 
pour  tout  le  reste,  Josué  se  conforma  à  ce 
que  Jéhova  lui  avait  ordonné. 

Josué  revint  ensuite  sur  Asor,  la  vainquit 
et  y  mit  le  feu,  après  y  avoir  exterminé  tout 
être  vivant.  Il  en  fit  autant  à  Séméron,  à 
Achsaph,  à  Adulam,  ainsi  qu'à  toutes  les 
autres  villes  des  rois  dont  il  venait  de  triom- 
pher. Les  enfants  d'Israël  s'emparèrent,  dans 
ces  villes,  de  tout  le  bétail  et  de  l'autre  bu- 
tin; quant  aux  hommes,  ils  n'en  laissèrent 

(1501)  En  style  moderne  on  diinit  ouartier  gé- 
néral. 

(1501)  Deutéronome,  xx,  16,  17  d*après  li*  texie 
hébreu  :  Yerum  de  urbibu$  populorum  Aorum,  quoi 


pas  en  vie  nne  seule  Ame,  conformément 
a  ce  que  Jéhova  avait  commandé  à  Mmse 
(1502). 

Ainsi,  Josué  et  les  enfants  d'Israël  se  ren- 
dirent mattres  de  tout  le  pays  de  Chanaan  » 
après  on  avoir,  vaincu  et  tué  les  trente  et  un 
rois  ;  sans  compter  Séhon  et  Og,  de  l'autre 
cÂté  du  Jourdain.  Ceux-ci  avaient  éié  vain- 
cus par  Moïse,  qui  donna  leurs  villes  aux 
tribus  de  Ruben  et  de  Gad,  et  à  une  moitié 
de  la  tribu  de  Manassé. 

Et  Josué,  après  avoir  mis  cinq  ans  a  con- 
quérir tous  les  royaumes  de  ce  eôté-ci  du 
Jourdain,  les  distribua  en  possession  de 
propriété  aux  neuf  et  demie  autres  tribus. 
Et  le  bruit  des  armes  cessa  dans  tout  le 
pays,  et  dans  toutes  les  villes  qui  avaient 
appartenu  aux  Amorrhéens  et  aux  Ghana- 
néens. 

Les  Romains  étendent  leurs  conquêtes. 

Dans  cette  cinquième  année  du  passage 
du  Jourdain  par  les  enfants  d'Israël ,  se 
livrèrent  de  grandes  et  terribles  batailles 
entre  Edom  et  les  enfants  de  Céthim.  Car 
Avianus,  roi  de  Céthim,  dans  cette  année, 
qui  était  la  trente-unième  de  son  règne,  se 
mit  en  campagne  avec  une  forte  armée  de 
ses  meilleurs  soldats,  pour  aller  à  Séir  et 
attaquer  les  enfants  d'Esaii.  Adad,  roi  d'E- 
dom,  en  ayant  été  informé,  marcha  contre 
lui  avec  des  troupes  nombreuses  et  vaillan- 
tes, et  il  lui  livra  bataille  dans  la  campagne 
d'Edora.Mais  les  enfants  de  Céthim  l'empor- 
tèrent sur  les  enfants  d'Esaii,  en  leur  tuant 
vingt-deux  mille  hommes,  et  les  autres  pri- 
rent la  fuite.  Les  enfants  de  Céthim ,  s'étant 
mis  à  leur  poursuite,  atteignirent  Adad, 
roi  d'Edom,  et  le  prirent  vif,  et  l'amenèrent 
à  Avianus,  roi  de  Céthim,  qui  le  fit  mettre 
à  mort.  Adad  était  alors  dans  la  quarante- 
huitième  année  de  son  règne.  Les  enfants  de 
Céthim  continuèrent  à  poursuivre  l'armée 
d'Edom ,  et  lui  tuèrent  encore  une  quantité 
de  monde. 

Les  enfants  de  Céthim  soumirent  ainsi  à 
leurdomination  Edom  ,  qui  n'osait  plus  le- 
ver la  tète;  ils  le  rendirent  tributaire,  et  uni- 
rent son  uays  au  leur,  de  manière  à  n'en 
former  qu  un  seul  royaume. 

Après  avoir  établi  des  gouverneurs  dans 
les  provinces  d'Edom,  Avianus  s'en  revint 
à  Céthim,  son  pays,  où  il  se  fit  bâtir  un 
grand  palais  potir  sa  résidence  royale.  Et  il 
régna  sans  trouble  sur  les  enfants  de  Céthim 
et  sur  Edom. 

Partage  au  sort  de  la  «Terre -Saince. 

En  ces  jours-là,  lorsque  les  enfants  d'Israël 
eurent  été  mis  en  possession  de  tout  le  pays 
des  Chananéeus  et  Ags  Amorrhéens,  Jéhova 
dit  à  Josué  :  «  Te  voilà  vieux ,  avancé  en 
Age ,  et  il  reste  encore  beaucoup  de  pays  à 
conquérir.  Partage  la  totalité  du  territoire 

Jéhova^  Dent  tttu$,daturut  e$t  tibï  in  hœreditatem, 
non  vmfUabit  uUam  animam,  Sed  devovendo  devo^ 
vebi*  eo$  :  Hethamm,  et  Amorrhœnm,  etc.  Quemad^ 
modum  prœcepit  tibi  Jehota^  Deui  tuut. 


1301 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


\m 


«Qtre  les  neuf* tribus  et  la  demi- tribu  de 
Manassé  à  titre  de  propriété.  »  Et  Josué  fit 
le  partage  par  la  voie  {du  sort;  mais  il  n'as- 
signa point  de  possession  territoriale  à  la 
tribu  (le  Levii  car  il  ne  doit  avoir  d'autre 
héritage  de  cette  nature  que.  les  offrandes 
qui  se  font  à  Dieu  :  ainsi  Ta  ordonné  Jéhova 

{)ar  l'organe  de  Moïse.  De  même  aussi ,  con« 
brmément  à  l'ordre  que  Jéhova  avait  trans- 
mis par  l'organe  de  Moïse  ^  Josué  accorda  à 
Caleo,  fils  Jéphoné,  la  montagne  d'Hébron, 
comme  une  part  de  plus  qu'à  ses  frères. 
C'est  pourquoi  Hébron  est  de;^enu  la  pro- 
priété de  Caleb  et  de  sa  postérité  jusqu  à  ce 
jour. 

Et  les  enfants  d'Israël  donnèrent  aux  lé- 
Tites,  de  leurs  propres  possessions ,  cer- 
taines villes  avec  leurs  dépendances ,  pour 
leur  servir  d'habitation  et  pour  l'entretien 
de  leur  bétail ,  selon  l'ordre  de  Jébova  ma- 
nifesté à  Moïse.  Ils  donnèrent  aussi  à  Josué, 
fils  de  Nun,  par  ordre  de  Jéhova,  une  pos- 
session de  terre  au  milieu  des  leurs  ;  c  est- 
è-dire  la  ville  qu'il  avait  lui-même  de* 
mandée,  Thamnathsaré,  située  sur  la  mon- 
tagne d'Epbraïm,  et  Josué  la  bAtit  et  l'ha- 
bita. 

Et  Josué  convoqua  tous  les  enfants  d'Israël, 
les  bénit  et  leur  recommanda  de  servir  fidè- 
lement Jéhova.  Il  les  renvoya  ensuite  cha- 
cun dans  sa  ville  et  dans  sa  possession.  Les 
enfants  d'Israël  servirent  Jéhova  pendant 
tous  les  jours  de  Josué.  Jéhova  leur  donna 
la  tranquillité  sur  toutes  leurs  frontières, 
et  ils  cfemeuraient  en  sécurité  dans  leurs 
villes. 

Mort  d'Avianus.  —  Expédition  de  son  successeur 
contre  les  Bretons  et  contre  les  Gemiains. 

En  ce  temps-là  vint  à  mourir  Avianus, 
roi  de  Céthim,  dans  la  trente-huitième  an- 
née de  son  règne,  laquelle  était  la  septième 
depuis  qu'il  régnait  surEdom.II  fut  enterré 
dans  le  palais  qu'il  s'était  bAti.  11  eut  pour 
successeur  Latinus,  dont  le  règne  fut  de 
cinquante  ans.  Celui-ci  conduisit  une  armée 
pour  aller  combattre  les  habitants  de  la  Bre- 
tagne et  ceux  de  la  Germanie  (1503),  des- 
cendants d'Elisa ,  fils  de  Javan.  il  les  vain- 
quit et  les  rendit  tributaires.  Il  appprit  alors 
que  les  enfants  d'Edom  s'éiaient  soulevés 
contre  Céthim.  Il  revint  sur  eux,  les  défit 
et  les  réduisit  de  nouveau  sous  la  puissance 
des  enfants  de  Célhim,  avec  lesquels  ils  ne 
formaient  plus  qu'un  même  Etat.  Et  pen- 
dant le  Ions  espace  de  temps  que  dura  celte 
réunion ,  Euom  n!eut  pas  de  roi  propre. 

Dernières  exhortations  de  Josué.—  Eaierrement  des 
douze  patriarches.  —  Mort  de  Josué.  —  Mort  du 
grand  prêtre  Eléazar. 

Dans  la  vingt- sixième  année  du  passage 


du  Jourdain  ,   laquelle  était  la  soixante- 
sixième  de  la  sortie  d'Egypie,  Josué,  accablé 
de  vieillesse,  car  il  était  Agé  de  cent  huit 
ans,  convoqua  tout  Israël,  ses  juges  et  ses 
préposés,  et  il    leur  dit:  «Vous  avei  fo 
comment  Jéhova  a  combattu  pour  vous.  Ar- 
rivé à  la  dernière  période  de  ma  vie,  je  vous 
exhorte  encore  une  fois  à  vous  aSermir  dans 
la  fidèle  observance  et  exécution  de  toute  la 
loi  de  Moïse ,  afin  de  ne  pas  vous  ea  écarter 
ni  k  droite  ni  à  gauche,  et  afin  de  ne  pas 
vous  mêler  aux  gentils  qui  restent  encore 
dans  ce  pays.  Que  les  noms  de  leurs  idoles 
ne  soient  jamais  sur  vos  lèvres.  Demeurex 
invariablement   attachés  à  Jéhova  ,  votre 
Dieu,  et  servez-le,  ainsi  que  vous  avei  Wt 
jusqu'à  présent.  »  Israël  repondit  d*une  Toix 
unanime  :  «  Nous  servirons  Jéhova ,  notre 
Dieu,  pendant  tous  nos  jours,  nous,  nos 
enfants  et  les  enfants  de  nos  enfants,  et  toute 
notre  postérité  éternellement.  » 

Quand  les  enfants  d'Israël  furent  établis 
avec  sécurité  dans  leurs  villes,  ils  s'occu- 
pèrent à  enierrer  les  cercueils  de  leurs  pa- 
triarches, fils  de  Jacob,  qu'ils  avaient  ap- 
portés d*Egypte.  Chaque  père  de  tribu  fut 
enterré  dans  la  possession  échue  à  ses  en- 
fants. Et  voici  les  noms  des  villes  où  iis 
furent  enterrés  :  Ruben  et  Gad,  à  Rumia, 
dans  le  pays  que  Moïse  avait  donné  à  leurs 
enfants  de  Tautre  côté  du  Jourdain;  Siméoa 
et  Lévi,  à  Menda,  ville  échue  aux  enfants 
de  Siméon,  mais  assignée,  pour  y  habiter,  i 
des  enfants  de  Lévi  ;  Benjamin,  dans  la  ville 
de  Benjamin,  vis-è-vis  de  Bethléem  ;  Issa- 
charet  Zabulon,  à  Sidon;  Dan,  h  Eslbaol; 
Nephthali  et  Aser,  k  Gadès-Nephthali  ;  Jo- 
seph, à  Sichem,  dans  la  portion  du  champ 
que  Jacobdvait  achetée  des  enfants  d*Bémor; 
Benjamin,  à  Jérusalem,  en  regard  des  Je- 
buséens. 

Et  après  la  révolution  de  deux  ans  Josoé 
mourut,  âgé  de  cent  dix  ans.  11  avait  élé 
juge  d'Israël  pendant  vingt-huit  ans. 

Et  les  autres  actions  de  [Josué,  ses  gtier- 
res  contre  les  Chananéens,  ses  réprimandes 
adressées  à  Israël  et  ce  qu'il  lui  a  prescrit, 
comme  aussi  les  noms  des  villes  dont  lei 
enfants  d'Israël  ont  pris  possession  de  son 
vivant,  voici  que  tout  cela  est  écrit  dans  le 
livre  de  Josué  k  l'usage  d'Israël,  et  dans  le 
livre  des  ffuerres  de  Jéhova,  rédigé  par  Moïse, 
par  Josué  et  par  les  enfants  d'Israël. 

Et  les  enfants  d'Israël  enterrèrent  Josoé 
dans  le  territoire  de  la  possession  qui  lai 
avait  été  donnée,  à  Thamnathsaré. 

Eléazar,  filsd'Auron,  mourut  aussi  en  ces 
jours-là.  Et  il  fut  enterré  sur  la  colline  qm 
avait  été  donnée  à  Phinéès,  son  fils,  sur  li 
montage  d'Ephraïm. 

.  Fin  du  livre  de  Jotué. 


LIVRE  DES  JUGES. 


Dernières  conquêtes. 

Après  la  mort  de  Josué  il  restait  encore 
des  Chananéens  dans  le  pays.  Les  enfants 
d'Israël  déci'iés  k  les  déposséder  des  contrées 


qu'ils  occupaient,  consultèrent*  Jébova,  di« 
sant  :  Qui  ae  nous  ira  le  premier  combattre 
les  Chananéens  pour  prendre  leur  paysTJ^ 
hova  répondit  :  Juda.  Les  enfants  de  Joda 


(ltM)3)  Texte,  k^:)X1  N^:isns.  Expéditions  de  Jules  César^ 


1300 


ZOR 


PART.  11l«  —  LEGENDES  ET  FRAGMENTS. 


ZOR 


1510 


dirent  alors  à  la  tribu  de  Siméon  :  Marchez 
avec  nous,  et  aidez-nous  à  conquérir  le  pays, 
qui  nous  est  tombé  en  partage.  Nous  vous 
aiderons  à  notre  tour  pour  entrer  en  posses- 
sion du  vôtre.  Les  deux  tribus  joignirent 
donc  leurs  forces.  Et  Jéhova  livra  entre  les 
mains  o»  Juda  les  Chananéens,dont  dix  mille 
homnies  lurent  taillés  en  pièce  à  B4zéc.  Ado- 
nibézec,  piince  de  Bézéc  ayant  fui  devant 
les  enfants  de  luda,  ils  coururent  après  lui, 
et  le  prirent.  El  ils  lui  coupèrent  les  gros 
doigts  des  mains  et  des  pieds.  Adonibézec 
dit  alors  :  Soixante-dix  rois,  ayant  les 
gros  doigts  des  mains  et  des  pieds  coupés, 
ramassaient  sous  ma  table  les  restes  des  plais. 
Dieu  me  rend  ce  aue  j'ai  fait  aux  autres.  11 
fut  mené  à  Jérusalem,  où  il  mourut.  C*est 
ainsi  que  les  enfants  de  Juda  devinrent  maî- 
tres de  tout  le  pays  des  montagnes. 

Les  enfants  de  Joseph  allèrent  à  la  con- 
quête de  Béthel,  autrement  nommé  Luza  ; 
et  Jéhova  fut  avec  eux. 

Pendant  quMIs  assiégeaient  la  ville,  qu'ils 
avaient  reconnue  auparavant,  ils  firent  pri- 
sonnier un  homme  qui  en  sortait,  et  ils  lui 
dirent  :  Indique-nous  une  voie  [mr  laquelle 
nous  pourrons  pénétrer  dans  la  ville,  et  nous 
te  ferons  miséricorde.  Et  l'homme  leur  en- 


seigna une  voie  seccète.  Et  les  enfants  de 
Joseph  arrivèrent  par  surprise  dans  Tinté- 
rieur  de  la  ville,  et  ils  en  passèrent  ^tous  les 
habitants  au  fil  de  l'épée.  Mais  ils  laissè- 
rent se  retirer  sain  et  sauf  l'homme  qui  leur 
avait  montré  une  entrée.  Il  s'en  alla  avec  sa 
famille  au  pays  de  Héthim,  et  il  y  bAlit  uod 
ville,  qu'il  nomma  Luza. 

Et  les  enfants  d*lsraél,  établis  dans  leurs 
villes,  servirent  Jéhova  pendant  tous  les  jours 
de  Josué  et  des  anciens  qui  survécurent  à 
Josué,  et  avaient  été  témoins  oculaires  des 

faraudes  choses  que  Jéhova  avait  faites  en 
aveurdlsraël.  Et  les  anciens  jugèrent  Israël 
pendant  dix-sept  ans  après  la  mort  de  Josué. 
Eux  aussi  eurent  à  conduire  Israël  contre  des 
Chananéens,  jusqu'à  ce  que  Jéhova  eut  fait 
disparaître  du  pays  cette  nation  totalement; 
afin  d'y  établir  Israël,  et  lui  en  assurer  la  tran- 
quille possession,  suivant  la  promesse  qu'il 
avait  faite  par  serment  à  leurs  pères»  Abra- 
ham, Isaac  et  Jacob. 

Béni  soit  Jéhova  éternellement.  Amen 
et  Amen. 

Demeurez  fermes,  et  que  votre  cœur  soit 
fort,  6  vous  tous  qui  espérez  en  Jéhova. 

Fini  et  terminé.  Gloire  à  Dieu,  qui  a  créé 
l'univers  (i5M). 


z 


ZAGHARIE. 


Sozomène  (Ei$t.€ccUsia$tique^  I.  ix,  en. 
dernier)  rapporte  que  le  prophète  Zarharie 
apparut  à  Coloroeras,  fermier  du  village  de 
Ghupher  en  Palestine,  qu'il  lui  révéla  où 
était  son  tombeau  et  que  des  fouilles  y  fi- 
rent découvrir  un  ancien  livre  hébreu  mais 


non  canonique.  Nicéphore  [HUt.  eecles. 
t.  XIV,  c.  8)  reproduit  le  récit  de  Sozomène. 
On  trouve  indiqué  dans  les  anciennes  stî- 
chométries  un  livre  attribué  à  Zacharie,  père 
de  saint  Jean-Baptiste  et  composé  de  cinq 
cents  vers. 


ZOROASTRE. 


Nous  aurons  l'occasion  dans  le  recueil  des 
Livret  $acré$  de  toutes  le$  religions  oui  fera 
parliedelasérîedenos  publications,  ae  parler 
avecquelque  détail  dece  mjrstérieux et  célè- 
bre personnage;  aujourd'hui  nous  nous  bor- 
nerons à  mentionner  les  Oracles  magiques^ 
composition  apocryphe  publiée  sous  son 
nom. 

Le  texte  grec,  avec  une  traduction  latine 
en  regard,  se  trouve  dans  le  tome  II,  part,  ii, 
du  fcUire  Maxime^  revu  par  M.  Hase  et  qui 


fait  partie  delà  collection  Lemaire,  Paris  1823. 
Fabricius  {Bibliotheca  Grœca^  1. 1,  p.  310,  édit. 
de  Harlès)  parle  assez  longuement  de  cette 

f>roduction.  Elle  se  compose  des  sentences 
ormées  d'un  ou  de  deux  vers  ;  il  y  en  a 
d'assez  obscures;  d'autres  sont  des  conseilsde 
morale  tels  que  ceux-ci  :  Cherche  le  paradis, 
—  Un  père  emploie  la  persuasion,  et  non  la 
crainte  ;  plusieurs  font  allusion  an  culte  du 
feu(1505}et  représentent  cet  élément  comme 
l'origine  de  toutea  choses. 


(1501)  Cette  ligne  est  la  traduction  du  sigle 

Vsham  qui  ce  met  ordinairement  à  la  iio  des  livres 

hébreux.  On  trouvera  dans  notre  Pieux  hébraîsant,^ 
paffe  59,  les  mots  dont  se  compose  ce  sigle,  ainsi 
qu  une  ample  explication  de  cette  sentence. 


(1505)  c  Cum  spectaris  citra  formam  ullaro  sacro- 
sanctum  i^em  lucentem  liucque  et  illuc  subsiliefi- 
tem  ad  univer»!  orbis  aitttudiaera,  audi  ignis  vo- 
cem.  I 


ADDITIONS. 


ADAM.  — Donnons  les  titres  de  denx  des 
outrâmes  que  nous  signalons  à  Tégard  d'A- 
dam; on  verra  sur  quels  sinj^uliers  sujets 
s*e\erce  parfois  la  patience  des  érudits  ger- 
maniques : 

Goelze  :  Quanta  $tatura  Adam  fuit,  Lips. 
1727, 4;  Bruckner  :  Adam  n'a-t-il  réellement  té- 
tu  que  900  ans ?Aurich,  1799, 8*'  (en  allemand). 

APOTRES  (Evangile  DES  douze).  —  Il  ne 
nous  est  connu  que  par  le  témoignage  de 
saint  Jérôme  qui  le  cite  parmi  les  nombreux 
Ev«ngiles  supposés  (Aliuà  guidera  ferlur 
Evangelium  ^od  duodecim  scripsisse  dicun- 
tur;  Commentar.  m  5.  Lucam,  Proœra.), 
et  par  l'autorité  de  Théophylacte  qui  men- 
tionne parmi  les  apocryphes  l'Evangile  selon 
les  Egyptiens  et  celui  qu'on  appelle  selon 
les  douze  {Ad  Luc,  Proamium). 

Saint  Justin  signale  comme  source  des 
sentences  et  des  préceptes  qu'il  expose»  des 
écrits  laissés  par  lesapôtres  et  par  leurscom- 
pagnons,  et  il  les  appelle. ilf^motres  des  apô^ 
très  ou  Evangiles,  On  peut  demander  ce  qu'il 
entendait  par  là.  Les  différences  nombreuses 
.]ue  l'on  remarque  ne  sont  pas  une  preuve 
qu'il  n'avait  pas  en vueles Evangiles  canoni- 
ques» car  on  ne  peut  douter  que  saint  Justin, 
de  même  qu'une  foule  d*auteurs  anciens»  ne 
citÂt  très-souvent  de  mémoire;  parfois  il 
Jui  arrive  de  rapporter  des  passages  de  l'E- 
criture» sans  indiquer  dans  quel  livre  il  les 
a  pris;  il  a  sans  doute  eu  aussi  sous  les 
yeux  l'Evangile  des  Hébreux»  ou  celui  de 
saint  Pierre,  peut-être  une  co{)ie  de  l'Evan- 
gile de  saint  Matthieu  où  des  interpolations 
s'étaient  glissées. 

M.  PauIdeLagarde,  professeur  de  langues 
orientales  à  Berlin,  a  publié,  en  1857, le  texte 
syriaque  des  Didascalia  apostolorum,  8*, 
Leipzig,  vu  et  121  pages;  le  même  savant  a 
donné,  sous  le  titre  de  Reliquiœ  juris  eccle- 
siastici  antiquissimœj  le  texte  d  un  recueil 
de  règlements  de  divers  genres  qui  portent, 
en  général,  le  nom  du  Pape  saint  Clément 
et  qui,  s'ils  ne  sont  pas  de  lui»  remontent 
du  moins  aux' premiers  siècles  du  christia- 
nisme. On  trouve  en  syriaque  dans  ces  Re^ 
liquiœ  un  livre  intitulé  :  Testament  de  No-- 
tre-Seigneur  Jésus-Christ  et  paroles  que  le 
Sauveur  prononça  devant  les  snints  apôtres 
après  être  ressuscité  d'entre  les  morts, 

CLEMENT  (Saint).  —  Il  n'est  pas  hors  de 
propos  de  compléter  ici  les  renseignements 
bibliographiques  que  nous  avons  donnés  à 
l'égard  des  écrits  attribués  à  ce  disciple  de 
saint  Pierre.  Le  texte  des  Con^n'luaon^apo^- 
toliques  a  été  reproduit  dans  le  tome  1*'  de 
la  Patrologia  Grœca,  Latine  tantum  édita 
(Migne»  1856»  gr.  in-8%  col.  335-592);  il  est 
accompagné  des  notes  de  Cotelier  et  de 
Le  Clerc;  on  trouve  en  téie:  1*  le  Judicium 
deCotelieraui précède  l'éditionqu'il  a  donnée 
de  cet  écrit  dans  ses  Paires  apo«/o/tct;  ^  l'Ad- 
notalio  critica  et  cArono/o^ica  qu'on  lit  dans 
les  CofictitapubliésparMansi,  Florence,  1759» 


in-fol.  t.  I,  p.  254;  3',  une  savarile  nolir^ 
De  Constitutionibusapostolicis  editisabBip* 
polyto,  episcopo  Portuensi,  emprontéeèlou- 
vrage  de  Magistris  :  De  vita  et  operibussan- 
cli  Hippolytif  Kome,  1795,  in-folio;  V  Ihs 
passases  des  anciens  auteurs  ecclésiastiques 
relatifs  à  ces  constitutions. 

Quant  aux  Récognitions,  le  texte  latin, 
accompagné  des  noies  de  Cotelier,  placées 
au  bas  des  pages,  est  dans  le  tome  l''  de  h 
Patrologia  Grœca,  Latine  tantum  édita  (Mi- 
gne, 1856,  gr.  in-8%  col.  615-862).  Oatroou 
eu  tète:  1**  le  Judicium delibrisRecognitionum 
inséré  par  Cotelier  dans  lesPo^re*  apostolin, 
Amsterdam,  1724.,  in-fol.  t.  V%  p.  490;  2* 
une  dissertation  sur  l'auteur  anonyme  des 
Récognitions,  placée  par  Galland  dans  u 
Eibliotheca  veterum  Patrum,  t.  II,  d'aprt: 
VHisloire  littéraire  d'Aquilée  de  J.  Fonia- 
nini  ;  3'  la  Préface  qu'E.  C.  Gersdorf  a  mi>e 
eu  tète  de  son  édition  des  Récognitiom, 
Leipzig»  1838»  in-8%  laquelle  forme  lel" 
volume  de  la  Sibliolkeca  Patrum  eccletw- 
sticorum  Latinorum  selecta. 

L'Abrégé  des  actions,  voyages  et  prédica- 
tions de  saint  Pierre,  chef  des  apAtres»  con- 
tenant sa  Vie  écrite  par  Clément,  adressée  à 
Jacques»  évèque  de  Jérusalem»  est  de  aième 
compris  dans  la  Patrologia,  t.  1",  col  1071- 
j  122  :  il  avait  été  inséré  dans  les  Patres  opo- 
stolici  de  Coielier,  t.l",  p.  755. 

DAVID.  — M.  OEttinger  dans  sa  Biblioor^ 
phie  biographique  (Bruxelles,  1850,  col.  3^) 
signale  vingt-six  ouvrages  divers  relatifs  a 
David,  et  on  pourrait  en  ajouter  quelques 
autres.  Plusieurs  d'entre  eux  sont  des  iiiir 
sertations  spéciales  du  genre  de  celles  que 
l'Allemagne  a  produites  en  si  grand  nombre 
et  qu'il  serait  à  peu  f)rès  impossible  dese 
jjrocurer  en  France;  tellessont  les  disserta- 
tions de  G.  A.  Stubner  {De  monomachia  Daf 
vidis  cum  gigante  Philistœo,  Aitorf.  1702),  H 
de  J.  E.  Muller  {De  Davide  musico,  ilu- 
dolstadt  1704.). 

Les  principaux  biographes  du  célèbre  roi 
d'Israël  ont  été  l'abbé  de  Choisy  (Histoirtdt 
lavie  de  David,  Paris,  sans  date,  i*);  P.  Delanj, 
(Historical  account  of  the  life  and  reign  of 
David,  Londres,  17U-i2,  3  vol.  in-l^j;^* 
Chandler,  (History  of  the  life  of  David,  Lon- 
dres 1758,  2  vol.  8-;  1766,  2  vol.  8*;  176^» 
2  vol.  8")  et  J.  L.  Ewald»  David,  Leipzig;, 
1791ik.96,  2  vol.  8-. 

EGYPTIENS  (Evangile  DBS). —  On  peut 
consulter  dom  Calmet»  Dissertations  sur 
l'Ancien  et  le  Nouveau  Testament,  1713,  8*, 
1. 1'%  p.  166.  Saint  Epiphane ditque  lesSabel- 
liens  y  cherchaient  I  appui  de  leur  erreur, 
prétendant  que  le  Sauveur  avait  dit  que  le 
Père»  le  Fils  et  le  Saint-Esprit  ne  font  qu'un; 
ce  qui  est  vrai  dans  le  sens  catholique,  pui>* 
que  les  trois  personnes  divines  ne  5oat 
qu'une  xtaôme  essence,  mais  il  est  faux  9^0 
le  Père,  le  Fils  et  le  Saint-Bsprii  oe  soient 
pas  trois  personnes  distinctes  et  que  c^ 


«M5 


ADDITIONS. 


I5U 


ne  soit  pas  trois  noms  d*nn   même  être. 

Baronius  Md  ann,  44,  n.  48)  pense  que 
quelques  heréliqufS  d*Egvpte  avaient  forgé 
cet  évangile  sous  le  nom  de  saint  Marc.  Gra- 
Le  {Spicileg  Patrum^  t.  ï,  p.  31)  suppose 
qu'il  fut  composé  par  les  Chrétiens  d'Egypte 
avant  que  saint  Luc  n*eûl  écrit  le  sien,  et  que 
c'est  ce  prétendu  évangile  que  saint  Luc  a 
en  vue  lorsqu'il  dit  (ohap.  1,  1)  que  plu- 
sieurs ont  entrepris  d'écrire  l'histoire  des 
choses  dont  la  vérité  a  été  connue. 

Mill  (Proleg.  m  Nov.  Test.)  suppose  qu'il 
a  été  composé  en  faveur  des  Esséniens. 

ENOCH.  —  Voici  les  litres  des  deux  ou- 
vrages relatifs  à  ce  patriarche  et  introuvables 
en  France.  —  F.  G.  Fiohaber,  Selectœ  de 
lienoch  quœstiones.  Vitebergœ,  1716.  —  G. 
d'Oulrein,  Dissertatio  de  Melchisedecho  non 
EnochOf  Amsterdam,  1712,  8". 

EVANGILES  APOCRYPHES.  —  Un  au- 
teur contemporain  a  dit  avec  raison  :«Les  li- 
vres apocryphes  sont  des  recueils  d'emprunts 
fnils  aux  Evan^^iles  canoniques,  mêlés  de 
fables,  de  merveilles  puériles,  grossières,  a\> 
surdes;  c'est  laque  se  trouve,  si  l'on  peut 
s'exprimer  ainsi,  la  mythologie  du  christia- 
nisme. Aucun  travail  d  apologétique,  aucune 
introduction  au  Nouveau  Testament  n'est 
aussi  propre  à  éclairer  un  incrédule  qu'une 
simple  lecture  de  ce  ramas  de  mensonges 
emprunté  à  nosEvangiles  quoiqu'ils  affectent 
de  reproduire  les  formés  des  récits  sacrés. 
La  différence  est  si  palpable,  si  saisissante 
qu'elle  force  la  foi;  se  détournant  avec  dé- 
goût de  ces  fables,  on  se  repose  avec  délice 
&u  milieu  de  la  divine  et  touchante  majesté 
de  la  parole  de  Dieu.  Nous  ne  pouvons  qu'in- 
diquer le  parallèle  si  utile  à  tracer  entre  les 
Livressaints  etcescontrefaçonsdéplorables.  » 

HEUMAS.— Disons  de  plus  au  sujet  du 
livre  du  Pasteur^  qu*il  est  cité  par  saint  Iré- 
née,  Clément  d^Alexandrie,  Ongène  et  d'au- 
tres Pères.  Saint  Athanase  et  saint  Jérôme 
le  mentionnent  comme  n'étant  point  du 
nombre  des  livres  canoniques. 

Adon,  Usuard  et  le  Martyrologe  romain 
fixent  au  9  mai  la  fêle  d'Hermas,  mais  sans 
rien  dire  de  particulier  à  son  égord.  Les 
Grecs  l'ont  inscrit  dans  leurs  «calendriers  à 
la  date  du  8  mars  et  du  5  octobre,  et  le  ran- 
gent au  nombre  des  soixanle-dix  disriples- 

Dupin  {Bibliothèque  des  auteurs  ecclésias- 
tiques, 1698,  t.  1",  p.  1-12),  parle  du  livre 
du  Pasteur  et  en  donne  une  analyse. 

JANNES  et  MAMBRES.  —  Divers  papyrus 
du  Musée  britannique  font  mention  deAnni 
ou  Janni,  chef  des  archers,  qui  se  trouva  en 
rapport  et  en  antagonisme  avec  Moïse.  (Foy. 
Fr.  Lenormand,  Les  Livres  chez  les  Egyptiens^ 
dans  le  Correspondant^  25  février  1858, 
p.  299  et  suiv.  )  Ce  renseignement  iinportaiit 
est  unecontirmation  précieuse  pour  la  tradi- 
tion juive  dont  parle  saint  Paul.  (Il  Tim. 

JESUS-CHRIST.  — Nous  pouvons  faire 
entrer  deux  ouvrages,  l'un  anglais,  l'autre 
allemand 9  dans  l'énumération  que  nous 
avons  entreprise  des  compositions  dramati- 
ques relatives  à  Noire-Seigneur  :  G.  Sandys, 


Christ  's  Passion,  a  tragedy,  1610;  Benott 
Edelpock,  Comédie  von  der  freudenreichen 
Geburl  Jesu  Chrisli,  Augsbourg,  1580. 

Indiquons  aussi  l'ouvrage  de  H.  Samson^ 
extrêmement  rare  en  France»  Syntagma  ht- 
storicum  Passionis  Domini  nostri  Jesu  Christi 
poeticis  numeris  inclusum,  Riga ,  1610,  8% 
et  n'oublions  pas  le  Jésus  enfant,  poëme 
épique  par  le  P.  Th.  Ceva,  traduit  pour  la 
première  fois  par  M.Delatour,  Paris,  18^,  8^ 

11  ne  serait  pas  difficile  de  donner  bien 
plus  d'étendue  à  un  semblable  inventaire, 
mais  nous  avons  dû  savoir  nous  borner. 

JOSEPE.-V Histoire  littéraire  de  laFran- 
ce,  rédigée  par  des  membres  de  l'Académie 
.des  Inscriptions  et  faisant  suite  au  travail 
entrepris  par  les  Bénédictins,  a  consacré, 
(t.  XVni,  p.  373),  un  article  à  Jean  de  Li- 
moges, auteur  Je  la  correspondance  sup- 
posée entre  Pharaon  et  Joseph.  Cet  écrivain, 
d'ailleurs  inconnu,  vivait  au  xiii'  siè- 
cle. 11  dédie  son  livre  à  Thibauld,  roi  de  Na- 
varre, comte  de  Champagne,  mais  on  ne  sait 
s'il  s'agit  de  Thibauld  III  ou  de  Thibauld  IV. 
Quoi  qu'il  en  soit,  la  première  épltre  sert 
de  dédicace;  elle  annonce  les  sujets  dont  il 
sera  question.  Dans  la  seconde  lettre.  Pha- 
raon demande  aux  magiciens  l'explication 
du  songe  qu'il  a  eu.  Les  excuses  qu*ils 
donnent  à  cet  égard  remplissent  la  troisième 
lettre.  Dans  la  quatrième,  le  monarque  or- 
donne à  ses  ministres  et  à  ses  conseillers  de 
chercher  dç  plus  habiles  interprètes.  Dans 
la  cinquième,  le  grand  échanson  indique 
Joseph;  Pharaon  lui  adresse  la  sixième.  Les 
dix  épîtres  suivantes  entre  le  roi  et  Joseph 
roulent  principalement  sur  les  devoirs  des 
princes.  La  dix-septième  est  écrite  à  Joseph 
par  les  courtisans  :  au  milieu  des  compli- 
ments, on  y  voit  percer  une  malveillance 
contenue.  Joseph  répond  dans  la  dix-hui- 
tième. Enfin,  dans  les  deux  dernières,  ces 
niêmes  courtisans  entretiennent  Joseph  de 
la  réforme  survenue  dans  la  conduite  du  roi, 
et  Joseph  leur  écrit  pour  les  consoler. 

Après  toutes  ces  lettres,  qui  occupent  64 
pages  in-8",  vient  une  production  intitulée  : 
Songe  moral  de  Pharaon.  Ce  songe  est  le 
niè:iie  ()ue  dans  la  Genèse;  il  amène  des 
exf>li(.6lions  et  des  discussions  morales  et 
mystiques.  Pharaou  n'a  d'autres  idé^s  que 
celles  oui  étaient  répandues  au  moyen  âge. 
Lorsqu'il  enioint  à  ses  ministres  de  se  mettre 
h  \:\  recherche  d'un  interprète,  il  emprunte 
les  formules  des  bulles  ou  des  lettres  ponti- 
ficales; on  le  voit  attacher  une  grande  im- 
portance au  nombre  sept;  il  parie  des  sept 
planètes ,  des  sept  parties  de  la  philosophie, 
des  sept  arts  libéraux,  des  sept  étoiles  du 
grand  char  céleste,  des  sept  branches  du 
Nil,  etc. 

Le  style  de  ces  lettres  est  affecté;  les  an- 
tithèses sont  fréquentes,  les  expressions 
bibliques  aL)ondent  ;  les  souvenirs  de  la  lati- 
nité classique  sont  très-rares.  Joseph  n*a- 
di*esse  à  Pharaon  que  des  leçons  communes 
et  values;  toutefois,  elles  provoquent  Tad- 
miration  du  prince,  qui  se  montre  décidé  h 
eu  faire  son  profit.  Les  courtisans  prient 


1315 


DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


m 


Joseph  de  modérer  la  rigueur  de  ses  con- 
seils» la  sévérité  de  ses  admonestations.  Il 
leur  répond  avec  peu  de  ménagement  et  les 
qualifie  ûHnsani  doctores,  insensati  doetores. 

On  comprend  que  nous  ayons  jugé  inutile 
dMmiter  Fabricius,  qui  a  insère  en  entier 
ces  stériles  déclamations  dans  son  recueil 
des  livres  apocryphes. 

JOSEPH  BEN  GORION.  —  Il  existait  du 
temps  des  Machabées  un  Joseph  fils  de  Ma- 
thathiasy  fils  de  Gorion,  et  c'est  à  un  auteur 
du  même  nom,'contemporAin|de  Titus,  qu*on 
a  attribué  nne  Histoire  de  la  guerre  judaU 
que  qui  est  aujourd'hui  bien  connue  pour 
avoir  été  composée  au  xii'  siècle. 

La  première  édition  du  texte  hébreu  for-* 
me  un  volume  sans  nom  de  ville,  ni  d*im- 

f frimeur,  imprimé  à  Hantoue,  en  ikSO;  elle 
ut  suivie  d'une  autre  qui  vit  le  jour  à  Cons- 
tantinople,  en  1510,  in-(^*;  elle  est  moins 
belle,  mats  le  texte  est  plus  élendu,  et  Ton 

Îa  ajouté  le  commentaire  de  R.  Tani,  fils  de 
achia,  touchant  Gorionides  et  son  livre. 
L'édition  de  Venise,  1546,  en  est  une  copie. 
S.  Gagnier  publia  à  Oxford,  en  1706,  certe 
histoire,  avec  und  traduction  latine,  une 
préface  et  des  notes,  J.  F.  Breithaupt  la 
fit  également  paraître  à  Gotha,  1710,  in-4*; 
cette  dernière  édition  provoqua  de  la  part 
de  Gagnier  des  ot)servations  qui  furent  in- 
sérées dans  la  Bibliothèque  choisie  de  Le- 
clerc,  t.  XXV,  p.  38-118. 

On  neut  d'ailleurs  consulter  sur  cette  his- 
toire Kossi,  Dizionario  degli  aulori  ebrei: 
Oudin,  Scriptores  ecclesiasticit  t.  11,  col.  10- 
32;  Beugnot,  Les  Juifs  d'Occident^  m*  par- 
tie, p.  33;  Fabricius,  Bibliotheea  Grcrca,  t.V, 
p.  22;  Vosstus,  De  historicis  Grœcit;  Bar- 
tolocci,  Bibliotheea  rabbinica,  1. 111,  p.  799  ; 
un  article  d'Hartmann  dans  VEncyclopédie 
allemande  de  Ersch  etGruber. 

Tout  apocryphe  qu'elle  est,  cette  histoire 
n'est  pas  indigne  d*atteution.  Elle  offre  la  lé- 

f;ende  de  cette  portion  importante  des  anna- 
es  du  peuple  hébreu  dont  Josèphe  a  tracé 
un  récit  plus  sérieux.  Veut-on  avoir  un  spé- 
cimen des  contes  que  débite  gravement  Jo- 
seph leGorioniste,Josiffonou  Josipnon,  c^r 
ces  divers  noms  lui  sont  donnés  dans  les  diffé- 
rentes éditions  ou  traductions  de  son  livre.  Il 
vous  dira  gravement  que  le  palais  bâti  par 
Hérode  avait  cent  coudées  de  long,  autant  de 
large  et  une  hauteur  égale.  Chaque  pierre 
employée  dans  cette  construction  avait  dou- 
ze coudées  sur  huit.  Les  portes  étaient  cou- 
vertes d'or  pur  et  incrustées  de  pierres  pré- 
cieuse^; les  piédestaux  et  les  chapiteaux  des 
colonnes  étaient  d'argent.  Le  roi  y  fit  placer 
une  vigne  en  or  qui  pesait  un  millier  de  li« 
vres;  les  raisins  étaient  représentés  par  des 
grains  de  cristal. 

On  apprend  aussi  dans  ce  récit  quequatre« 
vingt-douze  mille  Juifs,  hommes  et  femmes, 

(106)  On  a  aassi  donné  à  cet  ouvrage  le  nom  de 
livre  des  Combats  du  Seigneur,  M.  Glaire  (Introduc^ 
tien  à  t Ecriture  sainte,  4845, 1. 1,  p.  4il)  observe  que 
ce  livre  pourrait  bien  n'être  qu'un  simple  récit;  le 
passage  bébreuest  d'ailleurs  fort  obscur;  voir  la  note 
de  51.  Cahen,  p.  lOâ  de  sa  traduction  des  JSombru. 


furent  noyés  dans  le  Jourdain  en  fuyant  les 
Romains  ;queleurs  cadavres  furent  entraloés 
dans  la  mer  Morte,  et  que  Néron  fut  tué 
pai*  le  feu  du  ciel  qui  tomba  sur  lui. 

JOSUtï.  —  La  chronique  dont  nous  par- 
lons a  trouvé  un  éditeur;  elle  a  été  publiée 
sous  le  titre  de  ;  Chronicon  SamarUanum 
Arabice  conscriptum  cui  titulus  est  Liber  Jo* 
«u(F,  ex  unieacodiceScaligeri^  nunc  primum 
edidit^  Latine  vertit^  annotatione  tiurm* 
xit.  Th.  G.  J.  Jugaboll,  Lugduni  Balavorum, 
18M,  in-^*,  VIII  et  369  pages  ,  plus  le  texte 
arabe.  Une  dissertation  sur  le  manuscrit, 
sur  son  contenu  et  sur  les  questions  difer* 
ses  que  soulève  cette  production,  occupe 
129  pages.  Elle  présente  des  renseignements 
étendus  sur  les  Samaritains  et  sur  ceux  du 
moyen  âge  qui  se  divisèrent  en  plusieurs 
sectes,  telles  que  les  Dosilhéens  qu'il  faut 
distinguer  des  Qusanites  ou  Samaritains  o^ 
thodoxes. 

La  traduction  occupe  les  pages  130-198. 
Elle  est  accompagnée  de  notes,  pag.  199452, 
qui  sont  principalement  philologiques  et 
qui  révèlent  une  étude  approfondie  des  lan- 
gues sémétiques  et  de  la  littérature  de  TO- 
rient. 

LIVRES  mentionnés  dans  VEcriture  sain» 
te  et  qui  ne  sont  point  venus  jusqu^à  nous.  — 
Il  y  auraità  ce  sujet  des  questions  très-inté- 
ressantes à  discuter,  et  le  travail,  dont  M.  Is 
chevalier  Drach  a  enrichi  ce  volume,  mon- 
tre quel  parti  la  science  peut  tirer  de  Texa- 
men  de  ce  qui  se  rattache  à  ces  ouvrages 
dont  la  perte  doit  être  un  vif  sujet  de  re- 
gret. Pour  le  moment  du  moins,  nous  de- 
vons nous  bornera  une  énumérationso^ 
cincte. 

Livre  des  batailles   de  TEternel^   iodiipi 

f»ar  Moïse  au  livre  des  iVom6rea,  xu,  IV 
1506). 

L'unique  exemple  d*un  ouvrage  cité  dans 
le  Pentateuque»  car  le  livre  de  VAUia%cî 
mentionné  dans  VExode^  xxiv,  7,  pa- 
raîl  être  tout  simplement  le  recueil  des  lois» 
des  ordonnances,  des  instructions  que  Dieu 
avait  données  à  son  peuple,  et  qui  sont  dé. 
critps  dans  les  chapitres  précédents  de  YExo- 
de  (1507). 

Livre  des  justes  {Josue  x,  13,  //  Reg,h 
i8):Nonne  scriptum  est  hoe  in  libroJustorumf 
Sicut  scriptum  est  in  libro  Justorum. 

Livres  des  paroles  des  Jours  ou  Chrontgue 
de  Salomon(IJJ  Reg.  xu^i):  Ecceuniverta 
scripta  sunt  in  libro  verborum  dierum  Salo' 
$nonis. 

Chronique  des  rois  d'Israël  {IReg.  xiVi  19). 

Chronique  des  rois  de  Juda  (/  Reg.  nh 
29;  XV,  7). 

Livre  de  Nathan  et  de  Gad  sur  le  roi  Da- 
vid,  (/  Parai,  xxix,  29)  :  Gesta  David  scripf 
sunt., An  libro  Nathan  prophetœ atque  in  vo- 
lumine  Gad  videntis, 

(1507)  Voy.  J.  B.  Glaire,  Le  Pentateuqne  nse  sm 
traduction  française  et  des  notes  phUotoaiguet,  imnAU 
Exode,  p.  176.  M.  Cahen, qui  traduitaiitsi  cepafSM» 
c  il  prit  le  livre  d'alliance  et  le  lut  aax  oreillei^i 
peuple, >  cite  ainsi  ropinion  du  rabbin  Itrchi  <|iu^ 
qu'il  s'agit  d'une  partie  du  Peniateuqnt. 


1517 


ADDITIONS. 


IS18 


Livres  de  Nathan»  d*Ahîas  et  de  Addon  sur 
le  roi  Salomon  {II  Parai,  ix,  29)  :  Reliqua 
operum  Salomonit  scripta  sunt  in  verbis  fla^ 
than  prophetœ^  et  in  libris  Ahiœ  Sitonitis^  in 
visione  quoque  Addo  videntis. 

Livres  des  prophètes  Semeia  et  Addo  sur 
Roboara  (// Para/.  XII,  15)  :  Opéra  Roboam 
scripta  sunt  in  libris  Semeiœ prophetœ  et  Addo 
videntis  et  diligenter  exposita. 

Livre  de  Jéhu  sur  Josaphat  (//  ParaL  xx, 
34)  :  Reliqua  gestorum  Josaphat  scripta  »unt 
in  verbis  Jehu  filii  Hanani  quœ  digessit  in  /t- 
bros  regum  Israël, 

Livre  dlsaïe  sur  le  roi  Osias  (//  Parai. 
XXVI,  22)  :  Reliquœ  sermonum  Ozai  scripsit 
Isaias  filius  Amos. 

Livre  de  Ozai  sur  le  roi  Ma  nasses  (7/ jPa- 
ral.  xxxiiï,  18)  :  Oratio  ejus  et  exauditio.,. 
scripta  sunt  in  sermonibus  Ozai.  ' 

Livie  des  Lamentations   (II  Parai,  xxxv, 

25). 

Livre  de  Jérémie  Hali  par  Jéhu  {Jerem. 
ixxvi,  2,  6,  23). 

Livre  des  lois  du  royaume  (/  Reg.  x, 
25)  :  Locutus  est  Samuel  ad  populum  legem 
regni^  et  scripsit  in  libro. 

Dix  mille  Paraboles,  mille  et  cinq  Canti- 
ques et  THistoire  naturelle  de  Salomon 
(/«fff.iv,  32,  33). 

MARIE.  —  Mous  n*avons  pas  cra  devoir 
nous  occuper  de  la  tradition  qui  attribuée 
saint  Luc  des  portraits  de  la  mainte  Vierge  ; 
disons  seulement  qu'elle  est  fort  ancienne  ; 
Théodore  le  Lecteur  qui  florissait  vers  Tan 
327  raconte  que  l'impératrice  Eudoxie  en- 
voya de  Jérusalem  à  Pulcbérie  une  ima^e 
de  la  Mère  de   Dieu  que  saint   Luc  avait 

Î>einte.  Nicéphore  Caliste  qui  écrivait  vers 
a  fin  du  xnr  siècle,  rapporte  le  même  fait. 
(Ats^ecc/^5.,l.u,c.23.)SaintEpiphanedonne 
une  description  de  la  physionomie  de  la 
sainte  Vierge,  laquelle  correspond  avec  une 
exactitude  frappante  à  fimage  attribuée  à 
saint  Luc  et  conservée  à  Monte-Vergine. 

On  pourrait  citer  d'autres  ouvrages  dédiés 
'  à  la  sainte  Vierge,  nous  nous  bornerons  à 
signaler  VHortus  variarum  inscriptionum 
-tfOthon  Aicher,  Salzbourt^,  1676,  8*. 

PAUL.  —  {Actes  de  saint  Paul  et  deThècle,) 
—  Complétons  les  détails  bibliographiques 
que  nous  avons  donnés  à  Tégard  de  cette 
production. 

LetextegrecpubliéparGrabedanssonSpt- 
eilegium  sanctorum  Patrum,  1. 1,  p.  95,d*aprës 
un  manuscrit  de  la  bibliothèque  Budleyenne 
à  Oxford  (cod.  Raroccianus  180),  est  dé- 
fectueux et  coupé  de  lacunes.  Jdhnes  l'a  re- 
produit tel  quel  dans  son  ouvrage  que  nous 
avons  déjl^  mentionné  :  A  new  and  fuit  me* 
thod  of  settling  the  canonicai  authority  of 
the  New-Testament  (t.  11,  p.  353);  Fabricius 
ne  jugea  pas  à  propos  decomprendre  ces  ac* 
tes  dans  son  recueil  ;  il  est  probable  que  ce 
savent  craignait  de  donner  trop  d'extension 
à  une  collection  déjà  volumineuse.  Thilo 
pensait  avec  raison  que  cette  composition 
devait  trouver  place  dans  le  corps  des  apo- 
cryphes, et  il  se  proposaitde  la  publier  après 
avoir  revu  le  texte  sur  trois  manu.^cri'sgrecs 


de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris  (a* 
U54,  fol.  72  -  77  ;  n'  520,  fol.  39  ;  n'  lb68 , 
fol.  38- U.) 

Col.  674.  Parmi  les  nombreux  ouvrages 
relatifs  à  Tapôtre  des  Gentils,  il  est  h  pro- 
pos de  signaler  le  livre  érudit  et  pénétrant 
de  M.  Conybeare  et  Howsen  sur  I  origine  , 
la  vie,  les  voyages  de  saint  Paul;  ils  onl 
appliqué  à  cette  étude  toute  Thabileté  de  la 
critique  moderne,  et  la  connaissance  appro- 
fondie des  textes,  des  monuments  et  des 
lieux.  Ainsi  s'exprime  M.Villemain  dansun 
rapport  fait  à  l'Académie  française  en  1854. 

SALOMON.  —  Les  écriis  relatifs  h  Salo- 
mon sont  nombreux.  M.  OËltinger  (Riblio* 
graphie  biographique^  Bruxelles,  1850,  col. 
1600-1601),en  indique  vingtetun,  sans  comp- 
ter onze  dissertations  spéciales  sur  l'Ophir 
et  douze  ouvrages  relatifs  au  temple.  Nous 
indiquerons  parmi  les  principaux  travaux 
biographiques,  la  Vie  de  Salomon  par  Tabbé 
de  Lhoisy,  Paris,  1687;  son  Histoire  en  an- 
ffiais  f)ar  Th.  Thomas.  Oxford,  1813,  et  en 
irançais,'par  Megaden.  Bruxelles,  1842,  le 
grand  travail  de  Juan  de  Pineda,  De  rebut 
gestis  Salomonis  lib.  VI 11^  publié  h  Venise 
en  1611,  in-folio,  a  reparu,  toujours  en  ce 
même  format,  qui  effraye  la  paresse  mo- 
derne, à  Mayence  en  1613,  à  Anvers  en  1621» 
à    Cologne  en  1685. 

SÉNÈQUE.  [Correspondance  de  sai  nt  Paul 
et  de  Sénèque.)  —  Depuis  Timpression  de 
Tarticle  que  notre  Dictionnaire  a  consacré 
h  cette  correspondance,  un  nouvel  ouvrage 
a  vu  le  jour  à  cet  égard  ;  c'est  Y  Etude  criti^ 
que  sur  les  rapports  supposés  entre  Sénêauo 
et  saint  Paulf  par  M.  Cb.  Aubertin,  1857, 
in^".  Il  en  a  été  rendu  compte  dans  la  Revue 
contemporaine^  15  avril  1858,  p.  725.  Signa- 
lons succinctement  le  but  de  i  auteur. 

Au  moyen  âge  on  regardait  Sénèque 
comme  ayant  été  décidément  chrétien;  plus 
tard  on  modiûa  cette  idée  troj^  absolue,  on 
se  borna  à  supposer  que  le  philosophe  avait 
connu  TApôtre  et  qu'il  avait  été  touché  de 
son  éloquence.  H.  Fleury,  rajeunissantcette 
idée*  suppose  que  Sénôque  a  connu  saint 
Paul,  qu'il  lui  a  parlé,  lui  a  écrit,  en  a  reçu 
des  lettres,  a  lu  ses  Epltres,  l'Ancien  et  le 
Nouveau  Testament,  et  qu'estimant  lechris- 
tianisme  sans  y  croire,  il  est  mort,  se  con- 
tentant de  copier  dans  ses  écrits  les  maxi- 
mes des  Chrétiens  sans  y  conformer  sa  con- 
duite. Le  philosophe  n'est  plus  le  disciple 
de  l'Apôtre,  mais  son  plagiaire. 

M.  Aubertin,  combattant  la  théorie  de  M. 
Fleury,  discute  les  témoignages  sur  lesquels 
on  a  voulu  établir  ie  christianisme  de  Sénè- 
que, et  il  cherche  à  prouver  que  le  précep- 
teur de  Néron  n*a  connu  ni  saint  Paul,  ni 
l*£glise,  ni  la  doctrine  des  Juifs.  Examinant 
ensuite  les  passages  de  Sénèque  oiï  l'on  a 
cru  trouver  la  preuve  d'une  connaissance 
des  Livres  saints,  il  s'ctforce  d'établir  que  la 
plupartde  ces  conformités  extérieures  didét*s 
ou  d'expressions,  qui  peuvent  faire  illusion 
au  premier  abord,  recouvrent  un  désaccord 
profond  dans  les  doctrines. 

Nous  ne  prétendons  point  discuter  celte 


4319 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


\::\ 


quesfîon  vivement  débattue  ;  maïs  nous 
avoDs  dû  exposer  les  divers  travaux  qu'elle 
a  produits. 

THOMAS.  —  La  relation  du  baptême 
dans  une  fontaine  de  la  démoniaque  que 
guérit  saint  Thomas,  est  une  circonstance 
digne  d'être  remarquée,  parce  qu'elle  est 
un  indice  de  l'ancienneté  des  documents 
dont  ie  rédacteur  du  récit  que  nous  tradui- 
sons a  fait  usage.  On  ne  baptisait ,  au  com- 
mencement de  r£^lise ,  que  dans  des  eaux 
vives.  Et  po8ê  jejunium ,  in  fontibus  qtti  con- 
tigui  ttabentur  mari,  perennts  aquœ  mihi  ba- 
ptismum  dédit.  { Récognitions  ^  liv.  vi,  15. 
Voir  Hussi  les  Clémentines  ,  homélie  9 , 
n.  19.  ) 

La  sanctiQcation  de  Peau  étaif,  à  ce  qu*ob- 
serve  le  protestant  Beausobre  {Hist.  du  mani- 
chéisme^ p.  kn)f  en  usage  parmi  les  Yalen- 


tiniens,  à  ce  que  dit  Théodoret  (in  E>i 
apud  Fabricium,  Siblioth.  Grœc.^  t.  V,  p.Kii . 
Ces  hérétiques  prétendaient  que  Teau  Hj; 
infectée  par  des  esprits  impurs  qu'il  fa!ld; 
chasser  par  Texorcisme*  et  que  le  Saini- 
Esprit,  descendant  ensuite  dans  cette  eaj, 
la  pénétrait  d'une  vertu  divine.  Ils  en^e- 
gnaient,  dit  l'auteur  grec  que  nous  citnnï, 
que  l'eau ,  étant  exorcisée  et  rendue  par  là 
propre  au  baptême ,  n'admet  plus  ce  qui  h 
mauvais;  au  contraire»  elle  reçoit  la  sancti- 
fication. 

Il  est  question,  un  peu  plus  loin,  dujeûoe 
imposé  aux  prosélytes  qui  se  disposairM 
à  recevoir  le  baptême  :  c'est  une  couiiiiu? 
fort  ancienne.  Saint  Justin  le  Martvr  n 
parte ,  et  il  en  fait  mention  dans  les  Const- 
tutions  apostoliques^  1.  vii«  22;  mais  la  dur^ti 
de  ce  jeûne  n'était  pas  fixée. 


TABLE   DES  MATIERES 


00 


DES  pni^XlPAUx  personnages  et  des  principaux  écrits  dont  il  est  questkm 

DANS  le  deuxième  VOLUME  DU  DICTIONNAIRE  DES  APOCRYPHES. 


ABDIAS,  80D  Histoire  apostolique,  11. 

ABGARE,  roi  d'Kdesse,  leUre  adressée  k  Noire-Sei- 
(ÇDeur  Jésus-Cbrisl,  19. 

ARRAHAM ,  ouvrages  aUribués  à  ce  patriarche,  et 
traditions  le  coDceroant,  27. 

ADAM,  livres  qui  lui  soot  attribués,  et  traditions  à  son 
égard,  39. 

AGREDA  (Mabie  d*),  sa  Cité  mystique  citée,  589. 

ALEXANDRE,  héros  fabuleux,  57. 

AMMONtUS,  auteur  d'une  Harmonie  des  Evangiles^  57. 

ANANIE,  AZARIE  et  MISAEL.  cantique  qui  leur  est 
altribué,  57. 

ANDRE  (Saiht),  son  histoire  diaprés  Abdias,  57;  son 
Evangile,  95;  ses  Actes,  95;  poème  anglo-saxon  le  con- 
cernant, t02. 

ANNE  (Sainte),  105. 

ANTiOCHUS  £PIPHANE,8on  histoire  d'après  un  texte 
hébreu,  105. 

APELLE,  son  Evangile,  1 1l. 

AP0C\LYPSE,  d'Eiie,  219;  de  saint  Etienne,  227;  de 
Marie,  645. 

APOTRES,  écrits  qui  leur  ont  été  attribués,  llt.l52: 
leurs  Actes  apocryphes,  151. 

ASSENAH,  mère  de  Moïse,  837. 

BALAAH,  ses  prophéties,  157. 

B.iR4BBAS,  159. 

BARDESANE,  hérésiarque,  159. 

BARNABE  (Saint),  son  Evangile,  139;  ses  Actes,  145; 
EpUre,  149. 

BARTHELEMY  (Saint),  son  histoire  diaprés  Abdias, 
149;  son  Evangile,  189;  ses  révélations,  160. 

BARCCH  [Bpltre  attriimée  à),  161 

BASILIDB,  hérésiarque,  167. 

BEN-SIVA,  ses  adages,  167. 

BEROSE,  historien,  175 

GAIN,  177. 


CANONS  DUCONDLE  D*ANTIOCHE,  Utribaés  »i 
apôtres,  114. 

CERINTHE,  hérésiarque,  151. 
CHAM,15l. 

CLEMENT  (Saint),  131. 

COMPOSITIONS  DRAMATIQUES  relitifes  i  Ut 
bara,  59 ;  à  Adam,  56 ;  à  Cain.  178  ;  à  Daoiei.  lU;  î  U- 
vid,  205;  k  saint  Jacques.  275;  à  Jésos-OriA,  Kv » 
Jub,  402;  à  Josepb,  450:  aux  Mages,  47t;i  IhntX. 
à  Marie-Madeletne ,  542;  à  Saiomoo,  871;  à  T<<^><> 
1063. 

CONSTITUTIONS  APOSTOLIQUES,  117. 

rORE,  185. 
DAMEL,  185. 

DAVID,  écrits  qui  lui  ont  été  attribués,  t91i()éui;i 
le  concernant,  194. 
DEXTER,  historien  supposé,  203. 

DOROTHEE,  catalogue  des  apôtres  ei^àao^^ 
207. 

EBIONITES,  215. 

EGYPTIENS,  217. 

ELDAM  et  MODAL,  219. 

ELIE.  219. 

ENCRATITES,  225. 

ENFANCE  DE  NOTRE-SEIGNEUR,  eit»itt'^«  I»'» 
qui  porte  ce  titre,  575. 

ENOCH.  225 

ENOS,  223. 

ESDRAS,  2J7 

ETIENNE  (Saint),  227. 

EVANGILE  ETERNEL,  229. 

EVANGILE  VIVANT,  229.  ^ 

EVANGILES  APOCRYPHES,  leon  cineliw  g<»^ 
reux,23l. 

EVANGILES  dt  saint  André,  93;  dA|»pt««'^"'^ 


432i 


TABLE  DES 


saint  Barnabe,  159;  de  saint  Barthélémy,  159;  des  Ebio- 
Dites,  215;  des  E|?.vptiens,  217;  des  Encra lil es,  225  ; 
d*Eve,  241  ;  des  Hébrenx,  247;  «l'Hésycl^ius,  263;  de 
saint  Justin,  449;  des  Manichéens,  471  ;  de  la  Naissance 
de  Marie,  635;  des  Nazaréens,  635;  de  la  Perfection, 
679;  9de  saint  Philippe,  679;  des  Simoniens,  951;  de 
Thaddée,  959. 

EVE,  45,  241. 

EZECHIEL,  2i5. 

GENESE  (Petite),  245. 

GOG  R  MAGOG,  947- 

HEMOROiSSE,  déUils  la  concernant,  «  lettre  à  Pi- 
late,  253. 

HëRMàS,  son  livre  da  Pailetfr,  255. 

HESTCHIUS,  hérétique,  ses  travaux  ;nir  TEvangile, 
263. 

HYMNES  DES  SAMABrTAJN3,901. 

IGNACE  (Saint),  prétendue  lettre  qqe  \^\  ^crit  la 

ttinto  Vierge,  501. 

ISAIE,  263. 

JACOB,  265. 

JACQUES  (Sfiii^t)  le  Majeur;  son  histoire  d>près  Ab- 
dias,  265. 

JACQUES  (Saint)  le  Mineur  ;  son  histoire  diaprés  Ab- 
dias,  275;  sa  liturgie,  281. 

JANNES  ET  MAMBRES,  323. 

JEAN  (Saint)  TEvangéliste,  321  ;  son  histoire  d'après 
AlMiias,  527;  d*aprës  Méiitus.  597;  d'après  Prochore, 
759;  Livre  du  pas$age  de  Marie,  qui  lui  est  attribué, 
traduction  de  ce  texte  arabe,  503. 

JEREMIE,  363. 

JESUS-CHRIST,  sa  lettre  à  Abgare,  26;  sUtue  élevée 
^r  rhéroorhoîsse,  255;  écrits  et  adages  attribués  au 
!!>auveur;  déUils  bibliographiques,  366;  rapport  dit  par 
Pilate,  745.  o    r   h     .       ,     r»-  t^ 

JOACHIM,  399. 

JOB,  401 ,  son  tesUment  d'après   un  texte  grec,  403. 

JOSEPH  D'ARIMATHIE,  431. 

JOSEPHE,  439. 

JOSUE,  439. 

JUDAS  ISCARIOTE,  449. 

JUDE  (Saint),  apôtre,  son  histoire  d'après  Abdias. 
939. 

JULES  L'AFRICAIN,  traducteur  de  VBistoire  apotla-^ 
lique  d'Àbdias,  12.  '^ 

JUSTIN  (Saint),  ses  travaux  sur  l'Evangile,  449. 

LEGENDES  BIBLIQUES  des  Musulmans,  34,  46,  195, 
419,  627,  641,  847.  ,  ' 

LENTULUS,  sa  lettre  relative  à  Jésus^hrist.  453. 

LEUCIUS,  hérétique,  auteur  d'écrits  apocryphes,  455. 

.J:^^  (Saint),  son  récit  de  la  passion  de  saint  Pierre, 
459. 

LITURGIES  des  apôtres,  125;  de  saint  Jacques,  281  ; 
de  saint  Marc,  477;  de  saint  Matthieu,  563;  de  saint 
Pierre,  731. 

LOT  ,469. 

MAGES  (Les  rois),  469 

MANICHEENS,  411. 

MARC  (Saint),  son  histoire,  473;  sa  liturgie,  477. 

MARCION,  hérétique,  ses  travaux  sur  les  Evangiles. 
491. 

MARCOLPHE,  Interlocuteur  de  Saloroon,  872. 

MARDOCHEE,  499. 

MARIE  (La  très-sainte  Vierge  ),  lettres  qui  lui  sont 

attribuées,   499;  Livre  de  ionpauage  attribué  àsaini 
Jean,  505  ;  déUiis  bibliographiques,  ^7. 

MARIE-MADELEINE,  541. 

MATHUSALEM,  |543. 

MATTHIAS  (Saint),  écrits  qui  lui  ont  été  attribués;  son 
bi«toire,  543 

DiGTioliPr.  DES  Apocryphes.  II, 


MATIERES.  1321 

MATTHIEU  (Saint),  son  histoire  d'après  Abdias,  549  ; 
sa  liturgie,  Soo. 

MELCHTSEDECH,  583 

MELITON,  évéque  de  Sardes,  Livre  du  pasêaae  de  la 
irèistttnu  Vierge,  587.  r-^'^-nf»  ««  «» 

MELITUS.  Passion  de  taini  Jean  tEvangélisie,  597. 
^^NDAITES  (Secte  des),  ou  ChréUens  de  saint  Jean, 

METHODIUS  (Saint),  ses  prétendues  prophéties,  615. 
MICHEL  (Saint),  canaque  qui  lui  est  ^tlribuiS,  622. 

*l^L«5'  ^*te  attribués»  à  ce  patriarche  ou  le  concep* 
nant,  625. 

NATHAN,  635. 

NAZAREENS,  635. 

NEMROD,  63. 

NOE,  639. 

^OELS,  déUils  bibliographiques  sur  ces  composittoas, 

NORIA,  fempie  de  Noé,  647. 
OC,  649. 1597. 

ORPHEE,  écrits  apocryphes,  6491 
PARADIS  TERRESTRE,  47,  note. 
PATRIARCHES,  651. 

PAUL  (Saint),  653;  son  histoire  d'après  Abdias.  687- 

9K.'!SfniSL?î'*^^^'  sa  correspondance  avec  Sénèqoe 
923,  son  histoire  comprise  dans  celle  de  sainte  ThSîlel 

PERFECTION  {Evangile  de  la),  679. 

d'aWbM?!^'''"'  •"^^^~'  ""'-'^^  "^^ 


-  V^j^^^X  ^^^^  1«  concernant   écriu  qui  lai  soQi  at- 
tribués,  747.  ^^ 

PROCHORE,  son  histoire  de  saint  Jean,  759. 
PROPHETIES  DIVERSES,  620. 
PTMANDRE,  Livre  attribué  à  Hermès,  261. 
ROCAIL,  815. 

liv^M^  81?^'  ^***^*'  *"'  ^"*  *^^  ®*  ®*^^*«  ^*  •«• 

iiiA^f;2!?^^'iïï?*"®"**^*«>"««™ant  et  écrite  oui  lui  oui 
a*Sl*oîS5Sn:'8??'  "^  XWofel^a^  Sof^nï!  ouv^ge 

SAMARITAINS,  885;  notice  de  M.  le  chevalier  Drach 
les  concernant,  891  ;  leurs  hymnes,  90i;  ™'^*"®'  ""*^ 

SAMUEL,  919. 

SANCHONIATON,  historien  phénicien,  921. 
SEM,  923. 

SENEQUE,  sa  correspondance  avec  saint  Paul,  923. 

SEPHER  léUirah,  livre  cabalisUque  attribué  à  Abra- 
ham, 29. 

SETH,  950. 

SIBYLLES,  931. 

§tMON  DE  SAMARIE,  819,  935. 

SIMON  (Saint)  et  SAINT  JUDE,  apôtres;  leur  hUloire 
d'après  Abdias,  939.  ' 

SOPHONIE,  951. 

SUIDAS,  lexicographe  grec,  cité,  383. 

SYMBOLE  DES  APOTRES,  111. 

TATIEN,  ses  travaux  sur  le  texte  des   Evangiles, 
955. 

THECLE  (Sainte),  ses  Actes,  961 . 

THOMAS  (Saint)  ;  son  histoice  d'après  Abdias,  967  ; 
ses  Voyages,  d'après  un  texte  grec,  10 1 5. 

TITE,  1047. 
TOBIE,  1047. 

42 


4525 

VÀLENTIN,  hérésiarque,  1065. 
VERONIQUE,  le^  miracles,  1065. 
VINCENT  DE  BEAUVA1S.  eilé,  fSVL 
XAVIER  (Le  Père),  1067. 


TABLE  DES  MATIERES. 


\:i\ 


YASCHARD,  ou  LIVRE  DU  JUSTE,  1070. 
ZACHARIE,  1389. 
ZOHAR  (Uvre  du),  27,  mte, 
20R0ASTRE,  1309. 


ADDITIONS. 


4 DAM,  oa?ragesqalIe  concernent,  1511. 

APOTRES  {Evangile  des  doute),  1311. 

CLEMENT  (Sainl),  déUils  bibliographiques  sor  ses  di- 
Ters  écrite,  1511. 

DAVID,  ses  princl(>aax  biographes,  1312. 

EGYPTIENS  {EvmgiU  des),  1312. 

ENOCH,  oo?rages  relatifs  h  ce  patriarche,  1515. 

EVANGILES  APOCRYPHES,  1313. 

HERMAS,  sa  fdte;  aotenrs  qoi  ont  cité  ses  écrits, 
1515. 

JANNES  R  MAMBRES,  1515. 

JESUS-CHRIST,  compositions  dramatiques  dont  il  est 
le  sujet,  1515. 


JOSEPH,  sa  Correspondance  arec  Pharaon;  looge  no 
rai  de  ce  dernier,  15  U. 

JOSEPH  ben  Gorion,  son  HisUnre  de  la  gmrt  jv 
datque,  1515. 

JOSUE,  1516. 

LIVRES  mentionnés  dans  l'Ecriture  saiole  et  qoiiu 
sont  point  venus  jusqu'à  nous,  1516. 

MARIE,  1517. 

PAUL  (Actes  de  saint  Paul  et  de  Tbècle).  Nooreiii 
détails  bibliographiques,  1516. 

SALOMON,  divers  écrits  qui  ont  rapport  ï  ce  priKt 
1518. 

SENEQUE.  {Correspondance  de  saini  Paul  A  itSià 
que),  1518. 

THOMAS,  1519. 


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Imprimerie  HIGME  au  Petit-Monlrouge. 


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316. 


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